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Full text of "Dictionnaire général et complet des persécutions souffertes par l'église Catholique depuis Jésus-Christ jusqu'à nos jours"

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NOUVKLI.K 


NCYCLOPEDIE 

THÈOLOGIQUE, 


OU  NOUVELLE 

IH  DH  DICTIONNAIRES  SDR  TOUTES  LES  PARTIES  DE  LA  SCIENCE  RELIGIEUSE , 

OrmANT,  EN   FRANÇAIS   ET   PAR   ORDRE   ALPHABETIQUE, 

L\  PLUS  CLAlIlb;,  LA  PLUS  l-ACILK.  LA  PLUS  COMMODE,  LA  PLUS  VAUIÉE 
ET  LA  PLUS  COMPLÈTE  DES  THEOLOGIES. 

CES   DICTIONNAIRES  SONT  CEUX   : 

DES  LIVRES  APOCnvrilES,  —  DES  DÉCRETS  DES  CONGRÉGATIONS  ROMAINES, 
—  DE  DISCIPLINE  ECCLÉSIASTIQUE,  — DE  LÉGISLATION  MIXTE,  TIIÉOUIQUE  ET  PRATIQUE,  —  DE  PATROLOCIE,' 
DE    BIOCUArillE    CHRÉTIENNE    ET     ANTl-ClIRÉTll.NNE  ,     —    DES    CONI  UERIES  ,    —    d'iIISTOIRE     ECCLÉSIASTIQUE, 
—  DES  CROISADES, —  DES  MISSIONS,* —  DES  LÉGENDES,  —  h'aNECDOTES  CHRÉTIENNES,  — 
D'aSŒTISME,  des  INVOCATIONS  A  LA  VIERGE,   ET  DES  '  INDULGENCES, 

—  des  prophéties    et   des  miracles,  —  de    bibliographie   catholique, 
— d'Érudition  ecclésiastique,  —  de  statistique  chrétienne,  —  d'économie  charitable^ 

DES   persécutions,  —  DES  ERREURS  SOCIALISTES, 

—  DE     PHILOSOPHIE   CATHOLIQUE,  —  DE  PHYSIOLOGIE    SPIRITUALISTE,   —    d'aNTI PHILOSOPHISME, —. 

DES  APOLOGISTES  INVOLONTAIRES. 

DE    LA    CHAIRE    CHRÉTIENNE,   —    D'ÉLOQUENCE,    irf.,    —  DE     LITTÉRATURE,     l'rf.,   —  d'aRCIIÉOLOGIE  ,    t(^., 

—  d'architecture,    DE    PEINTURE     ET    DE     SCULPTURE,     id.,  —  DE    NUMISMATIQUE,    td.,  —  d'iIÉRALDIQUE  ,   td.f 

—  DE  MUSIQUE,  id., — DE  PALÉONTOLOGIE,  1(1.,  — DE  BOTANIQUE,  td.,  ^DE  ZOOLOGIE,  id., 

—  DE  MÉDECINE  USUELLE,  —  DÈS  SCIENCES,   DES  ARTS  ET  DES   MÉTIERS,  ETC. 

PUBLIÉE 

PAR   M.    L'ABBÉ    MIGNE, 

ÉDITEUK  DS^A  BIBLIOTHÈQUE  UNIVERSELLE  OU  CLBROÉ, 

,  OU 

r    ■*  DES  COURS  COMPLETS   SUR   CHAQUE   BRANCHE   DE   LA    SCIENCE   ECCLÉSIASTIQUE. 

I-RIX  :  6  FA.  LE  VOL.  POUR  LE  SOUSCRIPTEUR  A  LA  COI  LECTION  ENTIÈRE,  7  FR.,   8  FR.,  ET  MÊUK  10  FR.  WOl  l€ 

SOUSCRIPTEUR   A    TEL   OU   TEL    DICTIONNAIRE  PARTICULIER. 


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TOME  GINQUIEHIE. 

B  n  

DICTIONNAIRE  DES  PERSÉCUTIONS. 

9  VOLUMES,    PRIX  :    16   FRANCS. 
TOME   SECOND. 


S»IMPRIME   ET    SE   VEND   CHEZ    J.-P.   MÎGIVE  ,   ÉDITEUR 

AUX  ATliLlEKS  CATHOLIQUES,  RUE  DAMBOISE,  AU  PETIT-MONTROUGE, 

BARRIÈRE    d'enfer    DE     PARIS. 


5 


1851 


THE  INSTITUTE  Of  li'En'*FVn  SIUOÎIS 

10  ELMSLEV  f-LACe 

TORONTO  6,  CANADA. 

SEP  2  2  1931 


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DICTIONNArRi: 

(;i:ivi^nAL  et  complkt 

DES  PERSÉCUTIONS 

SOUFFERTES    PAR  l'ÉGlISE   CATiïOLIOCE 

DEPUIS  JÉSUS-CIIUIST  JUSQU'A  NOS  JOURS. 

PEUSéCVTIONS    DES   JLIFS,    DES    EMl'EUEl  RS    IlOMVINS,    DES    EMPI-REl  HS    D  ORIENT,    DES    AIVIB7I9  , 

DES    ICONOCLASTES,    DES    VANDALES,    DES    UOIS    DE    TEIISE,    d'aKMÉME. 

TERSÉCUTIONS  DANS  LES  MISSIONS   MODERNES,  NOTAMMENT  EN   CHINE,   EN  COCIIINCUINE, 

AU    JAPON,    EN    AUYSSINIE,    EN    EGYPTE,    EN    AMÉRIQUE; 

PUIS    EN    ANGLETERRE,    EN    ALLEMAGNE,    EN    RUSSIE    ET   EN    FRANCE    EN    1793,    ETC.,   ETC. 

Les  «•iirccs  principales  auxquelles  on  a  puisé  sont  t 

LIS   ACTES  DES  Al'ÔTBES ,    LES    PÈRES   DE    l'ÉOLISE  ,    ET    NOTAMMENT    ELSÈBE ,    SOCRATE  ,    SOZOMÈNE,    LACTANCE  , 

SAINT  JUSTIN,   SAINT  CYPRIEN,  SAINT  JÉRÔME,  SAINT  JEAN   DAMASCÉNE,  SAINT  JEAN  CHRVSOSTOME, 

SAINT  GRÉGOIRE  DE  TOURS,   SAINT  MARUTIIAS,   LE  MARTYROLOGE  ROM  VIN  ET  AUTRES,   LES  MENÉES  DES  GRECS, 

SULPICE  SÉVÈRE,  ELISÉE  AVARTARED,  BOLLANDUS  ET  SES  CONTINUATEURS,    DAROMUS, 

SURIUS ,  FERRARIS,  USSÉRIUS ,   BEDE,   MABILLON ,    TILLEMONT,   FLEURY, 

RUINART,  LES  ASSEMANI,   LES  LETTRES   ÉDIFIANTES,   TOURON,   FONTANA,  HENRION,   ROHRBACHER, 

SI    LA   PLUPART    DES  HISTORIENS    ANGLAIS,    FRANÇAIS    ET    AUTRES,    TANT    ANCIE.>vS    QUE    MODERNES. 

Aul'Mir  de  ]'Ui$ii>ire  (jmérnU-  des  Persi'cuiinns  de  l'Rfilise;  des  Passim  dnm  teins  yai)por(t  avec  la  religion, 

lu  philosopliie,  la  ttliiiiiolcgie  ci  tu  médecine  léfiale; 
Da  L>i  ftinnie  (pb^siolob'ie,  iiis»yire  ti  woialc;;  de  'l'Orumn  dommicaie  (CoaJiueiilaire  sur);  du  Lkre  det  fauiTM* 

PUBLIE 

PAR   M.    L'ABBÊ    MIGIVE, 

EDITEUR  DE  liA  UIBIOTHÈQUE  UNIVERSELLE  DU  CLERGÉ, 

00 
PES  tfOVtM  COMritBTS  SUR  CHAQUE   BRANCHE   DE   LA   SCIENCE   ECCLÉSIASTlQUBt 


2   TOL.    PRIS   :    16   FRANCS. 


TOME    DEUXIEME. 


S'IMPRIME  ET  SE  VEND  CHEZ  J.-P.  MIGNE,  EDITEUR, 

AUX  ATELIERS  CATHOLIQUES,  RUE  D'AMBROISE,   AU  PETIT-MONTROUGE, 

BABBIÈHE    d'enfer    DE    PaUIS. 

1851 


lui.  tiiniic  >l  oM,  »\\  roiii-M'iiUoiige. 


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i)i(;n()NNAii;i: 
DES  PERSÉCUTIONS 

DE  l'EGlISE  CATnOUOUE. 


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\l\,  l'un  (les  deux  liciilcnnnts  de  police 
de  la  ville  de  PiMùn,  nvail  le  bonheur  d'<^lro 
né  chrélien.  Sa  probiUS  son  désinléressc- 
ineiit,  le  faisaient  eslinier,  et,  mieux  que 
cela,  aimer  de  tout  le  monde.  A  cette  (^poijue, 
à  la  suile  de  la  d(^non(ialion  de  Tsi-Teliin;^- 
Go,  chef  cOnunissaire  d\i  tribunal  des  Mathi*- 
maliqucs,  la  persécution  s'était  élevée  contre 
les  chrétiens^,  ordre  avait  été  donné  aux 
mandarins  ipii  appartenaient  h  la  reli^^ion 
chrélieiuie,  de  se  dénoncer  eux-mêmes.  Le 
collègue  de   Ma  nommé  Ly,  qui  lui  portait 

envie  à  cause  de  sa  pO()ularité,  clicrcha  h  le     pas  dans  la  résolution  de  vous  corriger  d« 
perdre.   Il  lui  dit  qu'il  eût  h  obéir  h  l'arrêt      vos  fautes  |)assées?  ■<  Oui,  répondit  .Ma,  mais 


soit  ca5s<î  et  traduit  au  Sin-[)Ou.  »  On  ar- 
racha à  Ma  les  insignes  de  sa  (Jignilé  ;  on  le 
conduisit  a\i  tribunal  des  crimes  sur  un«i 
charrette  découverte.  Il  ne  .se  démentit  [»as 
un  moment.  Les  odicicrs  et  les  ministres 
conunencèrent  h  se  [tiquer  d'amour-nioprft 
dans  cette  an'c-ire.  Un  jour  l'un  d'eux  le  me- 
naça des  plus  cruels  louiments,  mais  un 
autre  dit  :  «  Il  résistera  ;  vous  n'y  entendez 
rien,  laissez-moi  faire  :  puis  s'adressant  h 
Ma  :  «  Vous  avez  oll'ensé  l'empereur,  no 
vous  en  repentez-vous  f)as?  et  n'él(.'S-vous 


du  Sin-pou,  h  se  dénoncer  iui-môme  s'il  no 
voulait  qu'd  lui  épargiiAl  la  poine  en  le  fai- 
.sant.  Fort  embarrassé,  Ma  consulta;  il  dut 
prendre  son  parti.  Le  31  décembre  1768,  il 
présenta  au  tribunal  du  gouverneur  dont  il 
était  membre,  un  écrit  conçu  ainsi  :  «  Pour 
obéir  à  l'arrôt  du  tribunal  des  crimes,  je 
déclare  que  moi  et  ma  famille  sommes  chré- 


je  ne  puis  sortir  de  la  religion  chréliemie, 
ni  renon-cer  à  Dieu.  »  Ma  eut  beau  prolester 
après  cette  réponse  qu'il  était  ciirétien,  le 
ministre  alla  faire  son  rapport  5  Terafiereur 
qui  fit  publier  dans  les  bannières  l'ordro 
suivant  ;  «  La  résistance  que  .Ma  a  faite  à  mes 
volontés  méritait  une  punition  exemplaire  ; 
il  convenait  de  le  traiter  en  criminel;  mais 


tiens  depuis  trois  générations;  nos  ancêtres  comme  la  crainte  lui  a  ouvert  enti-i  les  yeux 

embrassèrent  la  religion  dans  le  Leao-long  et  l'a  fait  sortir  de  la  religion  chrétienne,  jo 

leur  pays;  nous  connaissons  comme  eux  que  lui  f  lis  grAce  :  je  veux  même  qu'il  soit  nian- 

c'est  la  vraie  religion  qu'il  faut  suivre;  nous  darin  du  titre  de  Cheon-pei.  Qu'on  respecte 

y  sommes  tous  termes  et  constants.  »  Les  c  tordre!  »  Comme  on  le  voit,  Ma  n'avait 

mandarins  du  tribunal  aimaient  beaucoup  pas   apostasie,   et  cependant   l'habileté   du 

Ma;  ils  lui  dirent  :  «  A  quoi  pensez-vous?  ministre  qui  l'avait  interrogé  et  sa  mauvaise 

pourquoi  vous  perdre?  attendez  qu'on  vous  foi  pi-o  iuisirent  le  même  scandale  que  s'il 

recherche.  »  «  C'est  malgré  moi,  dit  Ma,  que  l'eût  fait.  Ma,  fort  de  sa  conscience  et  cer- 

je  fais  cette  démarche,  on  m'y  force.  »  Là-  tiin  de  n'avoir  pas  trahi  son  Dieu,  resta 

dessus  on  le  conduisit  au  muiistre  qui  le  ainsi  dans  la  position  qu'on  lui  avait  faite, 

reçut  avec  amitié.  Pour  le  sauver,  on  ne  vou-  Eut-il  raison?  nous  ne  le  pensons  pas.  Il  est 

lait  tirer  de  lui  qu'une  parole  un  peu  équi-  un  principe  de  morale  admis  partout,  c'est 

voque,  mais  Ma  s'en   donna   de  garde.  Sa  que  non-seulement  il  ne  faut  pas  faire  h 

fermeté  irrita  ses  juges;  l'empereur  finit  par  mal, mais  qu'il  ne  faut  pas  sembler  l'avoir  fait, 

le  livrer  au  tribunal  des  princes  et  des  grands  C'est  une  faute  très-grande  que  de  rester 

de  l'empire  pour  y  être  examiné  et  inter-  volontairement   cause ,  même  involontaire, 

rogé.  Ma  montra  un  courage  qui  étonna  ses  d'un  scanda'.c.  L'homme  qu'on  accuse  d'un 

juges.  Dès  le  lendemain  ils  jtrésentèrent  à  crime  est  dans  l'obligation  de  s'en  défendre, 

l'empereur  le  placet  qu'on  peut  voir  à  l'ar-  Dans  la  primitive  Eglise,  beaucoup  de  chré- 

tu'le  Chine,  année  1768,  commençant  par  ces  tiens  furent  ainsi  accusés  par  des  juges  d'a- 

mots  :  «   Vos  sujets,  nous,  premier  minis-  voir  apostasie,  ne  l'ayant  pas  fait;  presque 

tre,  »  etc.,  et  finissant  par  ceux-ci  :  a  avec  toujours  on  les  vit,  saintement  révoltés  d'une 

ce  placet.  »  L'empereur  répondit  :  «  Que  Ma  semblable  imputation,  venir  d'eux-mêmes, 

DiCTIONN.    DES    PerSÉCITIONS.     II.     D  iQ  V  ^ 

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oste-nsiblemonl  ot  publiquement  protester 
(  onlro  la  position  ipi'oîi  prt'loncl.iit  lowr  fairp, 
cl  >ft  proclamer  hautement  chrétiens  :  vo;l,i 
la  règle.  Maintenant  il  fut  des  saints  qui, 
par  humilil'S  ilit-on,  rosièrenl  sons  le  coup 
d'imputations  calomnieuses,  et  s'en  remi- 
rent .'i  Dieu  du  soin  de  les  juslilier  devant 
les  hommes.  Celte  rrndnito  est  fjuolqucfois 
louée  par  les  historiens.  Il  est  bien  l'jicile  de 
poser  des  règles  g«^nérales,  mais  il  est  bien 
tém(^raire  souvent  d'en  faire  l'application  en 
descendant  dans  les  consciences  pour  les 
juger.  Cette  question  nous  semble  sérieuse- 
ment enibarrassanle,  et  nous  n'osons  pas  la 
trancher  d'une  façon  absolue. 

MACAIHE  (saint),  fut  martyrisé  en  Ar- 
m^^nie,  souj  l'empire  de  Trajan,  en  l'année 
107.  Les  Actes  do  ce  saint,  qui  sont  com- 
muns à  saint  Zenon  et  h  saint  Eudoxe,  por- 
tent que  Trajan  fit  martyriser  h  la  fois  onze 
mille  soldats  à  Méliline,  ville  d'Arménie, 
parce  cpi'ils  n'avaient  pas  voulu  renoncer  au 
christianisme.  Ces  actes  n'ont  point  un  ca- 
ractère assez  sérieux  pour  que,  sur  leur 
autorité,  on  adopte  l'opinion  que  Trajan  ait 
pu  ordonner  un  aussi  gran  I  massicre.  Les 
Siénées  des  Grecs  disent  que  les  onze  mille 
soldats  furent  mis  h  mort  sous  Trajan  ou 
sous  Adrien,  son  successeur.  Nous  ne  de- 
V0  1S  adopter  que  des  opinions  certaines  : 
celle-ci  est  loin  d'être  établie  sur  ries  preu- 
ves. Baronius  se  fonde  probablemenl  là- 
dessus  pour  dire  que  ces  soldats  sont  les 
chrétiens  cruciliés  sur  le  mont  Araial,  sous 
Adrien,  et  doit  rE;j;lise  fait  la  fête  le  22  juin: 
rien  ne  le  démontre.  Nous  regrettons  do 
n'avoir  pas  de  documents  plus  précis  sur  le 
saint  dont  nous  parlons. 

MACAIUE  (saint),  martyr,  fut  décapité  à 
Lyon  en  177,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Marc-Aurèle.  Il  dut  h  sa  qualité  de  citoyen 
romain  de  n'être  pas  exposé  aux  bêtes  , 
comme  plusieurs  de  ses  compagnons.  L'E- 
çlisc  fait  sa  fête  avec  celle  de  saint  Polhin 
le  2juin. 

.MACAIUE  (saint).  [Saint  Denis  .  qui  est 
l'historien  de  son  martyre,  le  notume  heu- 
reux {felix).  Il  se  nommait  Macar,  qui,  en 
grec,  signifie  hnirrur  fxynyp],  et  non  pas 
;l/arcar,  conmic  l'écrit  Dom  Uuinarl.  ]  Saint 
Maoar,  dont  on  a  fait  Macnirr,  était  origi- 
naire de  Lydie.  Il  fut  arrêté  h  .Mexandrie 
avec  li'S  sain I s  dont  saint  Denis  parle  dans 
.sa  lettre  sur  le  niariyrc  des  saints  d'Alexan- 
drie. Rit'n  ne  put  b'  contraindre  h  renoncer 
à  Jésus-Christ,  qnelipie  moyen  ijue  in'it  em- 
ployer le  juge  pour  l'y  forcer,  il  fut  con- 
dnniné  h  être  brillé  vif.  L'Eglise  fait  sa  f.'le 
le  30  octobre,  Adon,  l'siiard  et  quclipies 
autres  ont  m.irqué  sa  fêl(«  le  8  déi  embre  : 
c'est  ce  (pu  a  fait  l'erreur  des  auteurs  du 
Martyrologe  roniain ,  bî-sipuds  oui  iisc.'it 
Macaire  martyr  ft  Alexandrie  sous  Dèce, 
sous  deux  dale.s,  celle  du  .'10  octobre  et  celle 
du  8déceml)re,  (Oinine  s"d  s'aiiissa.l  de  ileux 
saints  dilTéreî)ls. 

MACAIUE,  confes'^eur,  fut  arrêté  h  r.oir.o 
avec  saml  Moyse  et  ses  conpagnon-^,  sous 
le  règn»»  dr*  l'eniporeur  Dec/",  en  l'année  2.^0. 


Il  soufTrit  courageusement  pour  la  foi  les 
tourments,  la  prison  pendant  dix-huit  mois. 
En  sortant,  il  eut  le  malheur,  comme  plu- 
sieurs autres,  et  notamment  saint  Maxime, 
de  tomber  dans  le  schisme  de  Novatien,  en- 
traîné qu'il  fut  par  Novat;  mais  bientôt, 
grAce  aui  exhortations  de  saint  Denys  d'A- 
lexandrie, de  saint  Cyprien  et  de  saint  Cor- 
neille, il  revint  h  la  vérité.  Quelques  auteurs 
le  nomment  aussi  Célérin.  Il  ne  faut  pas  le 
confondre  aver  saint  Célérin,  lecteur  de  l'E- 
glise de  Carlhage,  et  confesseur  à  Rome  en 
même  temps  que  lui.  Deux  s  t  urs  de  .saint 
Macaire,  Cornélie  et  Emérite,  eun-nt  la  gloire 
de  confesser  le  nom  de  Jésus-Christ  avec 
leur  frère  et  ses  compagnons. 

MAC.MUE  (saint  ,  martyr  à  .Mexandrie, 
fut  mis  à  mort  dans  cette  ville  sous  l'empi  e 
de  Dèce  et  sous  le  gouverneur  Valère  Sa- 
binius  eft  l'année  230.  Il  fui  décapité  avec 
saint  Fau«te,  prêtre,  saint  Bibe  ou  Abibe,  et 
plusieurs  autres  dont  les"  Menées  des  Grecs 
ronl  uKMition.  Ce  qu'il  y  a  de  filcheux,  c'est 
qu'il  y  a  contradiction  sur  presque  tous  les 
I  oints  entre  le  récit  des  Menées  et  celui  de 
leurs  Actes,  cpii,  à  part  cela,  n'otfrenl  pas  un 
grand  caractère  d'authenticité.  L'Eglise  ho- 
nore ces  saints  le  5  septembre. 

MACAIUE  (saint),  soldat  et  martyr,  fut 
mirtyrisé  à  Mélitine  en  Arménie,  av'ec  ses 
comj)agnons  Endoxe  ,  Zenon  et  quatre  cent 
quatre  autres  dont  les  noms  ne  sont  point 
parvenus  jusqu'à  nous.  Ces  saints  soldats 
ayant  quitté  le  baudrier  durant  la  persécu- 
tion de  l'empereur  Diodétien,  ils  furent  tous 
mis  à  mort.  Ils  sont  inscrite  au  Martyrologe 
romain  le  o  septembre. 

MAC.VIUE  (saint;,  d'Egypte,  instituteur  des 
solitaires  de  Scélé  et  coiuesseur,  est  le  plus 
illustre  de  tous  les  solitaires  d'Egypte  après 
saint  Antoine,  qui  en  est  le  chef.  11  y  cul 
plusieurs  Macaire.  Celui  d'Egypte,  duquel 
nous  voulons  écrire  la  vie,  surnommé  le 
Grand  par  Pallade,  naq^uit  uans  le  commen- 
cement du  IV'  siècle.  Etant  tout  jeune,  il  al- 
lait avec  d'autres  enfants  mener  paître  ses 
bœufs;  chemin  faisant,  ils  volèrent  des  fi- 
gues. Saint  Macaire  en  mangea  une.  et  de- 
puis il  racontait  qu'à  chaque  fois  qu'il  se 
souvenait  de  cette  faute  il  en  pleurait 
encore  comme  d'un  péché  considérable. 
Etant  encore  tout  enfant  il  se  retira  dans 
une  ffllule,  auprès  d'un  vdiage  d'Egypte. 
Bollandus  croit  avec  beaucoup  d'apparence 
(pie  cette  première  retraite  précéda  celle 
qu'il  lit  à  l'i^jv'  de  trente  ans.  Etant  in  Egypte, 
il  sortit  u;i  jour  d»  sa  cellule ,  et  trouva 
au  retour  un  homme  qui  le  volait  et  qui 
meitidtsiir  s(M1  chaimau  tout  ce  (ju'il  possé- 
dait. Il  s'approcha  de  lui.  comme  si  c'eOt  été 
nu  étr;'.nger,  et  l'aida  même  à  charger  son 
chameau.  Mais  (]uaiid  le  ehame:iu  fut  (bar- 
ge, le  voieur  lui  avant  donné  un  coup  do 
^meî  pour  le  faire  marcher,  il  ne  put  jamais 
pc.:v..'i  r  à  le  faire  se  lever.  Macaire,  voyaut 
cela,  rentra  dans  sa  cellu'ie,  et  ayant  encore 
ri-ouvt»  une  petite  bresche,  il  l'apporta  et  dit 
au  voleur  :  <»  .Mon  frère,  voilà  ce  (pic  votre 
rM.-'nienu  attend.^il  :  <>  et  l'ayant  mise  avec  le 


n  MAC 

l'cslc,  il  (îniini  lin  vou\)  de  pied  mi  cluiintMii 
«l  lui'  runiiiKiii.lii  (II'  SI-  loNcr.  Il  iimnliM  i|iii"l- 
q\ws  pns  «liirnnl  li'sipicls  U»  suint  miuliiii  li' 
vnlrnr;  ninis  hicMiliM  l'.Miiinwil  sr  h;n.ssM  di- 
niiiMc.iii  ri  im  vonliil  plus  luarclicr  (|n'un 
n'tMU  jui|)nrav;uil  Atr  loiil  cTfiini  .iji^iiiiIcM.ul 

nn  wiiiil.  ,     •     ,  I 

rue  ,nilr<>  ni!ii(|in'  cncdrc  plus  iKJMMnilWn 
(lo  la  p!il:"nc('  dit  pieux  Mililaicf»  csl  r;i((iii- 
1(^1'  p,-ii'  liii-ni(^ini' CM  CVS  ItTuics  :  «  l.orsipni 
j'(Mais  cnciiit»  jcnnc,  nMiic  r\\  l'^^yplc  «la-is 
ma  (•(•Unie,  on  luc  vint  prendic  et  on  m'or- 
(loiina  clerc  dans  un  village;  niais,  ii(? 
ponvani  ac('r»|.ier  ccll(>  cliari^e ,  jo  in'o'i- 
fnis  dans  un  aiilre  villau;e,  où  il  s(>  trouva 
un  lionnue  de  hien.  un  s(''cidier,  (|ui  venait 
]trendre  l(>s  (Uivra};(>s  (pie  j'avais  faits,  cl  riuî 
fournissait  cecini  ni'(''laii  n('((>ssairc.  Il  arriva 
(pi'nno  tille  du  uiiMiie  lieu  loiuha  dans  la 
fornication  par  la  leidalinn  du  diahie,  cl 
ronnne  on  lui  demanda,  lors(pi'on  s'apen.nl 
de  sa  {grossesse,  aV(C(pii  elle  avait  couuuisce 
piVlu^  elle  r(^pondil  on  mo  manpiaul  (]ue 
c\'{ait  (ivtr  cet  (nutcliorète.  Aloi's  ses  |)a- 
ronts  vinrent  me  prendre,  nu>  penciircnl  au 
cou  des  pots  do  tcrro ,  dos  auses  de  cru- 
ches, et  autres  choses  seml)lal)les,  et ,  mo 
menant  i).ir  les  rues  du  village  en  me  bat- 
tant juscpia  me  faire  rendre  TAim» ,  ils 
criaieni  :  «  YoWh  le  beau  moine  (]ui  a  violé 
«  notre  iille.  »  Vainemout  un  vieillard  vou- 
lut les  arr(Mcr  :  celui  qui  prenait  soin  de 
moi  marchait  dorrii're,  tout  confus.  Ils  di- 
rent qu'ils  ne  cesseraient  de  me  battre  si 
je  ne  trouvais  quelqu'u'i  qui  répondît  pour 
moi  i]cii  nlinuuils  de  leur  tille.  Je  fis  si- 
gne à  mon  ami,  qui  s'engagea.  Je  retournai 
dans  ma  cellule,  et  faisant  vendre  tout  ce 
que  je  pouvais  de  paniers,  j'en  envoyai  le 
jn-oduit  à  celte  femme.  Je  me  disais  :  «  Ma- 
caire,  lu  as  trouvé  femme,  il  i'aut  travailliT 
plus  qu'auparavant.  Je  travaillais  nuit  et 
jour.  A  son  terme  celte  fille,  no  pouvant  ac- 
coucher, avoua  la  vérité  et  nomma  le  cou|:a- 
ble.  Mon  ami  vint,  tout  ravi,  médire  cette 
bonne  nouvelle.  Tout  le  village  voulait  venir 
me  féliciter  et  surtout  me  demander  |>ardon. 
Pour  éviter  cela  je  pris  la  fuite  et  vins  dans 
celte  solitude  où  je  suis  resté.  » 

Cette  solitude  c'était  Scété,  où  le  saint 
passa  les  soixante  dernières  années  de  sa 
vie.  Il  avait  alors  trente  ans.  Le  désert  de 
Scété,  dans  la  Libye,  était  (Soigné  de  tout 
lieu  habité.  C'était  un  lieu  aride  où  nul  che- 
min tracé  ne  conduisait,  où  le  monde  n'avait 
aucun  commerce.  Les  solitaires  y  étaient 
éloignés  de  toute  consolation  humaine.  Sans 
autre  eau  que  l'eau  saumàtre  du  désert , 
ils  étaient  exposés  aux  bêtes  féroces,  et  sans 
cesse  tourmentés  par  d'insupportables  mous- 
tiques. En  356  la  sainteté  des  solitaires 
était  devenue  si  illustre,  que  le  désert  se 
peupla  extraordinairement.  Ils  y  avaient 
quatre  églises.  Ceux  qui  voulaient  une  solitude 
complète  éiaieiit  obligés-d'aller  vivre  ailleurs. 
Après  dix  ans  passés  dans  la  praticjue 
de  toutes  les  vertus  religieuses,  saint  Ma- 
caire  alla,  à  quinze  journées  de  là,  trouver 
saint   Antoine.  Ce  fut  à  cotte  époque  qu'il 


MAC 


U 


fui  cl.vé  HU  sacerdoce  :  I  é\(\pi  •  le  conlr/jl- 
K  lil  d'/icccpler  cet  lifiniieiir.  Il  rnenait  l« 
VIO  la  (iliis  «usIi'to  et  la  plus  ibnc;  «-'n  vi- 
sage oxliTuié  juniom.ail  l.i  rinuour  d«î  s"ii 
abstinence.  Il  Irnvailln  l  houvoiil  i\  foin*  b  h 
réc(dli's  ;  il  portait  liii-ménie  m*s  p.'Miiers 
au  marché.  Ses  lieui(;s  de  liav/iil  no  !<•  dji- 
lrayai«!nl  pas  do  la  priùro,  cnr  il  |  i  ifiit  «nns 
cesse.  Il  ainiail  passionni'iiKiil  va  scblcdo. 
Il  éiait  plein  do  chari'é  et  de  doureur  |  oiir 
ses  frères  et  pour  lout  hî  niondo.  Il  disait 
(pus  la  doiici  iir  peut  lout  gagiu  r,  t."iidi« 
(pie  l'orgueil  el  la  vanil'''  peuvent  toul  jier-dre. 

Saint  Macairc  avait  \c  don  dos  nuracles. 
Son  Iiisloiie  racorilo  (pi(>  deux  fois  il  lit  par- 
ler d(!S  moiis,  la  |  remièro  fois  pour  con- 
vaincr(î  un  héréiitpio,  l'autre  fois  L»onr  ren- 
dre service  à  une  pauvre  femim;  dont  le 
mari  éla  l  moit  sans  lui  r('vé  or  un  secn-t 
important.  Los  ,iulr(  s  miiacdos  du  ^aint  sont 
nombreux.  Les  bornes  ol  lo  but  do  cet  ou- 
vrag(.'  iKuis  enqu"''  lient  d'onirer  dans  d(  s  dé- 
tails h  col  égard.  Notre  t/)clu;  est  de  montrer 
*aint  Macairo  comme  défenseur  (\o  la  foi. 

L'hérésie  des  ari(  ns  iidectait  l'I^gypto; 
mais  c'était  on  Kgypte  aussi  que  I)i(  u  avait 
suscité  les  filus  fermes  soutiens  du  la  foi  do 
IV'icée.  Los  Alexandre,  les  Atiianaso  et  ti'nt 
d'autres  lumières  de  l'Eglise  oi,t  il'uslré  à 
jamais  celte  contrée.  Les  saints  annchorètes 
de  la  Tliébaido  rostèi-eiit  aussi  inviolabh;- 
ment  attachés  <i  l'orthodoxie.  Le  démon  ne 
voulut  |)as  les  laisser  on  repos,  il  amena 
vers  eux  les  persécuteurs.  Nous  ne  voyons 
pas  qu'ils  aient  été  in'iuiétés  sous  Con.s- 
tanco.  Il  n'en  fut  pas  de  même  sous  Valons. 
Lure,  l'évOque  intrus  qui  avait  chassé  de  son 
siège  PioiTo,  successeur  de  saint  Athanase, 
se  tiouvant  appuyé  de  lauloriié  impériale, 
comni'l  les  plus  horribles  violences  dans 
toute  l'Egypte.  Après  avoir  ravagé  les  vil- 
les, il  tourna  sa  fureur  contre  les  déserts; 
il  vint  porter  la  guerre  jusque  dans  les 
solitudes,  h  ceux  qui  depuis  si  longt(.'mps 
avaient  fui  le  monde.  Ce  fut  un  peu  après 
la  mort  (ie  "N'aientinien,  arrivée  en  375,  que 
beaucoup  de  moines  de  Nitrie  furent  tués 
par  les  soldats.  Cette  persécution  contre  les 
solitaires  dura  jusqu'à  l'année  3T6,  époque  à 
laquelle  les  guerres  des  Golhs  forcèrent  Va- 
lons h  laisser  un  fiou  repose.'*  l'Eglise.  Dès 
l'an  373,  Valons  avait  fait  ucc  loi  qui  sta- 
tuait que  tous  ceux  qui,  couvrant  leur  pa- 
resse des  apparences  de  la  piété ,  s'é- 
taient retirés  dans  les  solitudes,  y  fussent 
recherchés  par  le  comte  d'Egypte ,  forcés 
d'accomplir  envers  leur  patrie  ce  qu'on  exi- 
geait communément  de  tous  les  citoyens, 
sous  peine  de  voir  leurs  biens  confisqués 
au  profit  de  ceux  qui  accompliraient  à  leur 
place  ces  devoirs  auxquels  iis  cherchaient  à 
se  soustraire.  Celte  loi,  juste  au  fond,  de- 
vint un  moyen  de  persécution  par  la  mau- 
vaise foi  de  Valens.  Mais,  après  la  moi  t  do 
son  frère.  Valons  ne  se  borna  pas  à  cetie 
loi  ;  il  Of-donna  renrôlement  dos  moines 
dans  ses  armées.  Luce,  qui  avait  obtenu  de 
l'empereur  la  permission  d'agir  comme  il 
rontendrait  contre  tous  les  seciafeurs    de  la 


15 


MAC 


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16 


foi  do  \\côc.  pflrlil  d'AloT.indrio  h  la  tAt« 
»!•'*  Irois  niiile  hommes,  ciynlicrs  el  rTtit.ns- 
.♦iin';,  cl  acrornp.i^ni^  ilii  comtn  d'E^.vplo  vint 
dans  le  désert,  pour  y  raetlre  à  mort  tous  les 
serviteurs  de  Dieu.  Ils  arrivèrent  dans  res 
dé'^erts  el  y  trouvèrent  des  ermites  occupés  à 
leurs  ouvrages  ordiniires  ,  c'est-à-dire  à 
prier,  h  guérir  les  n)alades  et  à  chasser  les 
dt'rnons,  mais  dos  di'mons  moins  méchants 
Cl  18  ceux  qui  possédaient  l'Ame  de  Luce. 
Ils  y  trouvèrent,  dis -je,  non  des  gens 
armés  et  préparés  h  se  défendre,  mais  des 
saints  bien  décidés  à  donner  leur  sang  plu- 
tôt que  de  trahr  leur  foi.  Ils  y  trouvèrent 
des  anachorètf»;  tout  nus,  qui  n'étendaient 
pas  seulement  la  main  pour  détourner  les 
coups  qu'on  leur  donnait ,  qui  tendaient  le 
cou  pour  recevoir  la  mort,  et  ([ui  ne  disaient 
nuire  chose,  sinon  :  «  Mon  ami,  que  venez- 
vous  faire?  »  Miis  ni  la  douceur  ni  les  mi- 
racles ne  furent  capables  de  lléihir  les  exé- 
culeurs  dune  senleme  épiscopale.  Ils  leur 
défendirent  d'ahord  de  continuer  à  faire 
leirs  prières  dans  leurs  églises,  dont  ils, 
leur  inlerdirent  l'entrée,  et  puis,  passant 
plus  avant,  ils  employèrent  le  fer  et  les  ar- 
mes et  firent  dans  ces  solitudes  des  maux 
et  des  violences  qui  ne  sont  pas  imagina- 
bles, à  ((uoi  néanmoins  Luce  prt  encore 
plus  de  part  que  les  sollats,  et  on  écrit 
(pi'il  .<>ur()assa  tout  ce  qui  s'était  vu  dans 
la   persécution  des  païens. 

On  vit  renouveler  en  eux  ce  que  l'Apôtre 
dit  des  ancic'is  justes,  ils  souH'raienl  les 
moqueries,  les  fouets  ,  la  nudité,  les  chaî- 
nes, les  prisons.  Ils  étaient  lapidés,  ils  mou- 
laient par  le  tranchant  de  l'épée,  ils  étaient 
va,:^abonds,  couverts  de  peaux  de  brebis  et 
de  ]>eaux  de  chèvres,  abandonnés,  alUigés, 
persé'Utés,  eux  dont  le  monde  n'elait  |)as 
di.^ne,  et  ils  passaient  leur  vie  erranl  dans 
les  déserts  et  dans  les  montagnes  et  se  re- 
tirant dans  les  antres  et  dans  les  cavernes 
de  la  terre,  (lepndant  c'étaient  ceux  ii  (|ui 
tout  le  monde  rendait  un  témoignage  si 
avantageux,  h  cause  de  leur  foi,  de  leins 
œuvres  et  des  miracles  que  la  gr<U'e  de  Jé- 
sus-Christ faisait  par  leurs  mains.  Mais  la 
Providenec  divine  ne  permetlait  cpi'ils  soul- 
fri>sent  toutes  ces  chosis  que  pour  le  bien 
des  autres  lidèles.  h  qui  l'exemple  de  leur 
patience  devait  être  utde.  Saint  Jérôme  et 
Ornse  hous  assurent  que  (les  troupes  en- 
tières de  UKuncs  répandirent  leur  sang  à 
Nitrie  par  la  fureur  des  soldats  ;  mais  Dieu 
n'«  pas  permis  que  nous  en  sussions  les 
noms.   fTilIemonl,  vol.    VIII,  p.  6I0.| 

I.uce  ((btiut  du  gouverneur  un  ordre  de 
haimissemenl  contre  les  deux  M.icaire , 
Pamb'in  .  Hf'naclide  et  Isidore,  qui  étaient 
considini  s  efjnime  les  nères  des  autres.  O  \ 
les  enleva  la  nuit  de  leurs  relluljs,  et  on 
les  conduisit  dans  une  lied  ICg\ pie  envinm- 
née  de  marais,  où  M  n'y  avait  pas  uu  seid 
habilflnl  qui  fiU  chiélie'u.  On  voulait  qu'ils 
n'y  pussent  recevoir  aucune  consolation  et 
qu'il»,  ne  pusfent  y  accomplir  en  au(  une 
Ifleon  lf'>  exercices  de  In  vie  (pids  avaient 
fudm^sée.  Après  avoir  guéri,  en  .■djord^nt 


dans  cette  tle,  une  fille  possédée  du  démon, 
les  saints  solitaires  entreprirent  de  conver- 
tir tous  les  habitants.  Bientôt  le  succès  dé- 
passa leur  attente,  les  mirachs  qu'ils  ac- 
complissaient firent  que  les  habitants  accou- 
raient à  l'envi  vers  eux  pour  se  faire  bapti- 
ser. Lfle  entière  devint  chrétienne.  Cette 
nouvelle  étant  venue  à  Alexandrie  y  produi- 
sit une  grande  rumeur  ;  on  accusait  Luce  de 
faire  la  guerre  non  pas  seulement  aux  hom- 
mes, mais  h  Dieu  même.  Le  peuple  se  sou- 
leva. Il  fut  obligé  d'ordonner  secrètement 
qu'on  rendit  la  liberté  aux  saints,  et  qu'on 
les  la  ssàt  retourner  dans  leurs  solitudes. 
Telle  fut  la  persécution  que  saint  Macaire 
d'Kgn)tc  et  ses  compagnons  eurent  à  souf- 
frir. Cependant  il  y  a  une  exception  h  ce  ré- 
cil  ;  car  saint  Pambou  fut  banni  h  Diocésa- 
rée.  Ce  fut  après  ce  retour  que  saint  Ma- 
caire eut  Kvagre  pour  disciple  dans  sa  soli- 
tude. L'extrême  vieillesse  et  la  fatigue  du 
saint  ayant  fait  supposer  aux  solitaires  d'E- 
py()lc  (pie  sa  fin  était  proche,  les  (tlus  an- 
c  ens  de  la  montagne  de  Nitrie  vinrent  vers 
lui,  et  lui  dirent  que  les  solitaires  désii  aient 
le  voir  ;  que  comme  ils  ne  pouvaient  pas 
tous  venir  le  trouver,  ils  le  priaient  de  vou- 
loir bien  venir  lui-même.  U  se  rendit  à  leur 
prière. 

Voilà  tout  ce  que  nous  pouvons  dire  de 
ce  grand  saint,  qui  mourut  à  IVige  de  qua- 
tre-vingt-dix ans  ,  après  en  avoir  passé 
soixante  dans  le  désert.  Le  Martyrologe  ro- 
main marque  sa  fête  au  16  janvier.  Il  est 
célèbre  comme  fondateur  de  la  vie  solitaire 
à  Scété  ,  comme  confesseur,  et  aussi  comme 
écrivain  |)armi  les  Pères.  U  reste  de  lui 
une  éi>itre  parfaitement  authentique,  et  cin- 
quante homélies  qu'on  lui  attribue.  {  Voy. 
Atuan  vsk.) 

.MACAIHL:  i  sainll  d'Alexandrie,  prêtre 
des  cellules  et  confesseur,  naquit  à  Alexan- 
drie, où  d'abord  il  fut  marchand  de  ilragées, 
de  fruits  et  d'autres  petites  (hoi.es  sembla- 
bles, il  fut  quehpie  ti-mps  disciple  de  saint 
Ai.loiiie,  (pu  lui  donna  l'habit  inoHasli(]ue. 
Il  a  passé  au  luo.ns  soixante  ans  dans  la  so- 
litutie,  et  comme  il  est  mort  en  395  ou  300, 
il  doit  s'être  retiré  du  monde  au  plus  tard 
en  ;{;}.'>,  c'est-à-dire  fort  peu  de  temps  après 
que  Macniie  d'Egypte  se  fut  relégué  dans 
les  déserts  (|(.  S.  été.  Il  ne  resta  pas  toujours 
d;u:.-.  la  Ihébinde,  où  était  saint  .Vntoine  : 
dès  l'an  373,  il  était  uu  des  Pères  les  plus 
eotisidérables  de  la  montagne  de  Nitrie. 
Hulin  dit  ipie  sa  demeure  liabituelle  éîait 
h  Sct'té.  En  un  certain  endroit  de  ses  écrits, 
il  dit  «pi'il  avait  vu  l'un  des  Macaire  dans  le 
dt'^erl  d'en  haut,  el  lautrc  dans  le  désert 
d'en  bas.  Pourtant  Hulin  dislingue  ce.s  deux 
dé-erls  de  ctnix  di'  Scétt',  des  cellules  et  de 
Nitrie.  Il  parait  malgré  et  la  qu'il  s'attacha 
priuplemonl  aux  cellules,  juiisipi'il  est 
(pialilié  prê're  de  ce  lieu.  Ce  fut  vers  l'an  3V0 
(ju'il  fut  ele\é  au  sacerdoce.  Pallade  dit 
qu'il  a  demeuré  trois  ans  aux  cellules  avec 
lui.  Mac.'iiri'  menait  une  vie  excessivement 
auslèie.  Ayant  entendu  parbn'  des  austéri- 
tés des  soblaiies  de  Tabeiine   il  voulut  cou- 


^^ 


MAC 


MAC 


(S 


iinttro  plus  ^wirliouiiùrniiii'ijl  co  <iir«>ii  (Ji->;iii 
kUi  r<)Vc('ll«uico  tlo  lour  vie.  Il  iiiaiTlia 
(luiii/.d  jmirs  |i<iiir  arriver  h  Talx-iiiir,  où  il 
lui  rt'rii  |)iir  l'abbé  saiiil  l'acAiiic  11  lui  dù- 
niaiidâ  h  ciilror  couiiun  .s(»lilain(  dans  su 
maison.  "  <•'''"  "*'  *'•'  P<'i't.  '"'  <''l  l'abl'i)  ; 
vous  CMos  IropavaiK^ô  ».mi  rtn<-  r'*ur  vous  sou- 
nii'ltro  a\\\  austérités  (jue  iiolrti  rôj^le  nrcs- 
cril-  »  ^«'l'f  jours  il  le  rid'usa  ainsi.  «  Uccc- 
vt'^-inoi,  mon  pérc,  disait  Macairo  ;  si  je  no 
jcrtno  |)as,  si  jo  no  praluiue  |ms  los  nu^nms 
nnslénlés  (pie  les  autres,  vous  mo  cliasse- 
vei.  »  l'act^me,  voyant  sa  persévérance,  lo 
ro^ut  au  liombro  de  ses  IVéros.  Ils  éluicnl 
quatorze  cents. 

Lo  carême  étant  venu,  saint  Macairo  ro- 
niarqua  ipio  (pieltpies-uns  voulurent  lo  pas- 
ser, les  uns  on  no  mangoanl  (pie  lo  soir,  los 
autres  on  ne   mangeant  (juo  tous  les   doux 
jours,  les  autres  en  demeurant  ciiui  jours  sans 
prendre  aucune   nourriture;  d'aiUres  enlin 
en  passant  la  nuit  enliére  debout,  et  demeu- 
rant assis  lo  jour  pour  travadler  à  quoique 
ouvrage  :   cpiant  h  lui,  il  prit  beaucoup  do 
fouilles  de  palmier,  et  se  mit  dans  un  coin,  où 
il  resta  debout  durant  tout  le  carômc,  sans 
manger  et  sans  boir.N  sinon  quelques   feuil- 
les do  chou  crues  qu'il  se  permettait   le  di- 
manche. Si  parfois  il  était  obligé  de  sortir, 
aussitùt  il  retournait  h  son  ouvrage  et  conti- 
nuait h  demeurer,  debout  en  silence,  sans 
seulement    se  permettre   une   parole.   Son 
cœur  priait,  durant  que  ses    mains  travail- 
laient. Quelques-uns   ayant  remarqué   cela, 
dirent  en  umriuurant  à  l'abbé  :  «  D'où  nous 
avez-vous  amené  cet  homme,  qui  vit  comme 
s'il  était  un  pur  esprit,  et  qui  semble  n'être 
venu  parmi  nous  que  pour  nous  condam- 
ner par  son  exemple?  faites-le    sortir,  ou 
bien  nous  sortirons  tous  dès  aujourd'hui.  » 
Saint  Pacôuie,  ayant  appris  comment  avait 
vécu  celui  dont  ils  faisaient  tant  de  plaintes, 
pria  Dieu  de  lui  révéler  quel  il  était.  Ayant 
su  que  c'était  Macaire,  il  le  prit  par  "la  main, 
et  le  menant  à  la  chapelle  :  «  Vous  êtes  Ma- 
caire, et  vous  n'avez  pas  voulu  me  le  dire? 
Je  vous  rends  grAces  de  ce  que  vous  avez 
humilié  mes  enfants,  en  leur  ôtant  tout  su- 
jet de  vanité.  Vous  nous  avez  assez  éditiés 
par  votre  présence.  Je  vous  supplie  de  re- 
tourner dans  votre  cellule   ordinaire,    et  là 
de  prier  pour  nous.  »  A  la  prière  de  saint 
Pacôme  et  de  tous  les  frères,  il   se  retira. 
C'est  en  3i8  que  mourut  saint  Pacôme,  le 
fait  que  nous  venons  de  raconter  est  donc 
autérieur  à  cette  époque.  Si  nous  voulions 
entrer  dans  le  détail  de  ses  austérités,  nous 
pourrions  remplir   des   pages,    mais  nous 
avons  assez  dit  pour  ce  que  nous  permet  le 
cadre  qui  nous  est  tracé. 

Saint  Macaire  arriva  à  l'extrême  perfection 
delà  vie  monastique,  et  reçut  de  Dieu  les 
grâces  les  plus  abondantes.  Il  avait  le  don 
desrairacles;  il  lisait,  dit-on,  dans  les  âmes  de 
ceux  qui  voulaient  recevoir  la  communion, 
et  voyait  parfaitement  quelles  étaient  leurs 
dispositions,  bonnes  ou  mauvaises.  Ce  saint, 
dit  Uutin,  avait  sa  cellule  dans  le  voisinage 
de  la  caverne  d'une  lionne.  Cette  bôto  étant 


non<cfl)jx    /lui 
qu'ils  étnient 


nu  jour  SOI  lui  apiiorl/i  •>(••» 
pii'us  du  saint,  il  recorinul 
aveu>:;|es,  et  (pie  J.i  lionne  les  lui  amcn.iil 
aliii  qu'il  leur  riMida  la  vue.  S'étaiil  mis  imi 
miére  il  obtint  la  giiéiison  (le.H  lioiiconux. 
i.a  mère  recoiiii.iissjiiile  lui  ap|iMi'ta  au  bout 
do  queliMie  temps  plusieurs  lnisoiit  d<:  bnj- 
bis  (ju'elle  avait  tuées. 

V(Ms  .*J7.')  ou  .'J7(»,  les  di-u\  Miicairo  furent 
bamiis  5  la  sollicitation   do  Imce,  ainsi   qun 
nous   l'avons  raconté  dans  la  Vie  de  .suiul 
Maciiuic    d'Kgypl<;  (  »'«»/     S(;ii    article)].    On 
peut    voir   dans  la  Vie  de  ro  saint  ce   qu"; 
soulfrirent  los  moines  de  Nilrio  et  commenl 
linil  cette    pfM'sécution    (pii  permit  h   noiio 
saint  (h;  r(!venir  dans  sa  solitude.   L'an  '.i'J\, 
Pallade,  depuis    évêipie    d'nélén(j|)olis,    on 
Bilhynie,    étant    venu    du   désert  d*;  Nitne 
dans  celui  des  cellules,  y  resta   trois  ans, 
sous  la   conduite   do  notre  saint,  (pii    était 
alors  prêtre  do  ce  lieu,  où  il   vivait  dans  la 
solitude.    Pallade    raconte  un(;   iiilinité    do 
miracles  opérés  par  lui  et  dont  il  fut  témoin. 
Saint   Macaire   moumt   trois  ans  après  qu(î 
Pallade  fut   venu   aux    cellules,  c'est-à-dire 
en  l'an  de  Jésus-Christ  391,  ce  qui  porto  la 
mort  du  saint  en  39'i^  ou  .'J'J5.   Pallade   rap- 
I»orte  (ju'il  était  assez  petit  de  taille  ;  il  avait 
peu  de  cheveux  et  de  barbe.    On  attribue 
cette  calvitie  à  son  extrême  austéiité.   L'L- 
glise  romaine  fait  la  fête*  de  saint  Macaire 
d'Alexandrie,  le  2  janvier. 

MACAIRE  (saint),  prêtre  et  martyr,  donna 
sa  vie  pour  Jésus-Christ  avec  un  autre  saint 
prêtre  nommé  Eugène.  Ce  fut  en  Arabie 
qu'arriva  leur  martyre.  Ces  deux  saints  com- 
battants ayant  repris  Julien  l'Apostat  de  son 
impiété,  furent  cruellement  meurtris  (Ih 
coups,  puis  relégués  dans  un  vaste  désert 
où  ils  périrent  [)ar  le  glaive.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  20  décembre. 

MACAIRE  (saint),  confesseur,  finit  sa  vie 
en  exil,  sous  l'empereur  Léon,  pour  la  dé- 
fense des  saintes  images.  L'Eglise  honora 
sa  sainte  mémoire  le  1"  avril. 

MACAIRE  (saint),  reçut  la  palme  de  com- 
battant de  la  foi  en  Syrie,  avec  saint  Julien. 
Nous  n'avons  aucun  document  relatif  à  l'épo- 
que et  aux  diverses  circonstances  de  leurs 
souffrances.  L'Eglise  honore  leur  mémoire 
le  12  aotlt. 

MACAIRE  (saint),  fut  couronné  à  Rome 
avec  les  saints  Rufin,  Juste  et  Théophile, 
dans  des  circonstances  et  à  une  époque  que 
nous  ignorons.  Ils  sont  inscrits  au  Martyro- 
loge romain  le  28  février. 

MAC  A  RIE  (sainte),  reçut  la  glorieuse  palme 
des  combattants  pour  la  foi,  dans  la  province 
d'Afrique.  Elle  eut  pour  compagnons  de  son 
triomphe  saint  Janvier  et  sainte  Maxime. 
L'Eglise  fait  collectivement  leur  fête  le  8 
avril. 

MACÉDO  (saint) ,  martyr,  répandit  son 
sang  pour  la  défense  de  la  religion  avec 
saint  Philet,  son  père,  sainte  Lydie,  sa  mère, 
et  saint  Théaprépide,  son  hère.  Il  eut  encore 
pour  compagnons  de  ses  combats  saint  Am- 
phiioquc,   chef  de  milice,  et  saint  Coronas, 


i9 


MAC 


greffier.  L'Ej^li  -c  honore  la  iiiéujoiro  de  ces 
glorieiiv  niarivrs  \v  27  mars. 

MACKDONK  sainU  .  reçut  la  piltno  rlti 
martyre  .^  .Méré"-  cm  l'iirygio,  avec  les  saints 
'i  héiMlulo  et  Tatien.  Après  divers  lourincils 
que  le  prtv-îidenl  Alniacjut»  leur  lil  soutVrir, 
SOIS  le  rè.;ne  de  Julien  l'Apostat,  ils  lurent 
couchés  sur  des  grils  ardents  et  y  accoa)pli- 
rent  leur  martyre  avec  allé.^resse.  Ils  sont 
inscrits  au  Martyrologe  romain  le  i'2  sep- 
tcnd)re. 

MACÉDONE  [>(\ml\  soulTrit  le  martyre  h 
NicouK'dio  avec  Patrice,  sa  lennne,  et  leur 
lillc.  Modeste.  Ils  sont  inscrits  au  Martyro- 
loge rfi  m. i  in  le  13  mars. 

MACHADO  (le  bienheureux  François), 
jésuite  portugais,  partit  en  1625,  avec  Men- 
dez,  nommé  patriarche  d'Abyssinie,  pour 
aller  porter  la  lumière  de  la  foi  catholique  à 
cette  contrée,  qui,  depuis  le  temps  de  saint 
Athanase,  était  en  proie  aux  erreurs  (pie  les 
hérésies  si  fréquentes  durant  les  [)remiers 
siècles  de  l'Eglise  y  avaient  semées.  C'était 
h  la  prière  de  Melcc  Segued,  Négous  d'Abys- 
sinie, que  le  pape  avait  nommé  le  saint  pa- 
triarche, ipii  jiartit  avec  notre  saint  et  sept 
autres  religieux  du  même  ordre.  En  écrivant 
à  Mcndez,  Melec  SegueJ  avait  dicté  qu'on 
eût  ;\  prendre  par  le  Dankali  pour  pénétrer 
dans  ses  états.  Le  secrétaire  a\ail  écrit  Zeila 
au  lieu  de  Dankali.  Ce  fut  cette  erreur  de  sa 
part  (pji  coûta  la  vie  au  P.  Machado  et  au 
P.  Pereira,  son  compagnon.  Mendez,  pré- 
voyant les  immenses  ditïicultés  qu'il  y  avait 
h  pénétrer  dans  l'Abyssine,  divi>a  sa  troupe 
en  deux  bandes.  Une,  formée  de  quatre  jé- 
suites, alla  par  mer  et  parvint  assez  heureu- 
sement après  quelques  dangers  courus  ; 
l'autre,  formée  du  même  nombre,  prit  par 
terre.  Notre  saint  en  faisait  partie.  Ces 
quatio  serviteurs  de  Jésus-Christ  ignor.dent 
jusqu'aux  noms  des  peuples  chez  lesquels 
ils  (levaient  passer  pour  se  rendre  en  Al)ys- 
sinie  :  ils  se  se,  arèrent  :  deux  prirent  la  route 
do  Zeili,  deux  celle  de  .Melinde.  Le  roi  de 
Z'^ila  lit  arrêter  les  deux  premiers,  le  P.  >L\- 
ciiado  et  le  P.  Pereira,  et  les  lit  jeter  dans  un 
cachot  où  ils  languirent  longtemps.  Vaine- 
ment le  Négous  lil  pour  les  racheter  toutes 
les  otlres  possibles,  le  roi  barbare  ne  voulut 
ri  II  entendre  et  leur  lit  couper  la  tète  h  tous 
deux. 

ALVCIUS  (saint),  lecteur  (le  l'Eglise  d'Emèse, 
fut  airtMé  aver  saint  Silvnin,  son  évè(pi(\  et 
livré  aui  bètes  après  avow  enduré  un  grand 
n()mbre  de  tourments.  Sa  fêle  arrive  le  C 
février.  fVo//.  Siivun  d'Euièse.) 

M.VCO  \le  bienheureux  Joskpii),  mission- 
naire de  la  compagnie  de  Jésus,  rend  la 
palme  du  maityreeii  1717,  avec  le  P.  Hlai^'e 
de  Sylva  et  trente  de  leurs  iiéo[thytes.  Ils 
furent  surpris  cl  massacrés  par  les  Payaguas, 
au  moment  où  ils  descendaient  le  lleuve  du 
Paraguay. 

M.VCÙUE  (saint)  ,  niarivr  5   Carlhage  on 

S.'iO,  S()us  le  règne  et  sous  la   perse(uii(Mi  (h; 

'em()ereur  Dèce,  fut  o  ifermé  dans  uncaihot 

avec  une  foule   d'autres  chrétiens,  où,  par 

cnjre  de  rtoipereur,  on  les  laissa  mourir  de 


MAC  % 

faim.  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces  saints 
martyrs  le  17  avril,  avec  celle  de  saint  Map- 
paliiiue.  (Vo//.  Victoria.) 

MACRE  (sainte',  (pie  l'Eglise  romaine  ho- 
nore comme  martyr  le  11  juin,  eut  la  gloire 
de  ron(iuérir  le  ciel  en  mourant  pour  Jésus- 
Christ,  vers  l'an  287.  sous  l'empire  de  Dio- 
clétien  el  sous  le  gouvernement  de  Uictius 
Varus.  préhM  du  Prétoire.  Son  sacrifice  s'ac- 
conqilit  dans  une  ile  que  forme  la  Nore  à 
son  embouchure  dans  la  Vesle,  non  loin  de 
Finies,  ville  du  diocèse  de  Reims,  Son  corps, 
qui  avait  été  enterré  tout  près  du  lieu  où  la 
sainte  avait  subi  son  martyre,  fut  depuis 
transféré  à  Fîmes,  où  un  nommé  Daudirfe 
fit  bâtir  une  fort  belle  église  dédiée  à  la 
sainte.  Cette  translation  et  l'édification  du 
nionument  eurent  lieu  du  temps  de  l'empe- 
reur CliarltMiiagne. 

MACRIEN  [Titus  Fitlvius  Julius  Macria- 
nus),  na([uit  en  Egypte  de  paren's  pauvres, 
et  parvint  des  derniers  échelons  de  la  milice 
aux  postes  les  plus  élevés.  Il  avait  la  con- 
fiance de  Valérien,  à  qui  par  méchanceté  il 
inculqua  l'idée  ridicule  et  cruelle  tout  à  la 
fois  de  se  livrer  à  la  magie.  A  son  instigation, 
Valérien  fit  des  sacrifices  humains  el  immo- 
la des  enfants,  ^xjur  lire  dans  leurs  entrail- 
les sanglantes  les  secrets  de  l'avenir  el 
celui  de  ses  destinées.  Ce  fut  lui  cfui  par  ses 
obsessions  et  par  ses  calomnies  porta  le  vieil 
empereur  à  persécuter  les  chrétiens  qu'au 
commencement  de  son  règne  il  avait  proté- 
gés dune  manière  toute  spéciale.  Eu  258.  il 
accompagna  Valéiien  dans  la  guerre  contre 
les  Perses.  On  prétend  (^l'ille  trahit,  et  (jue 
ce  fut  lui  ([ui  fut  cause  de  la  perte  de  la  ba- 
taille que  l'armée  romaine  livra  à  Saj  or.  On 
ajoute  même  (pi'il  fut  cause  d'  la  prise  de 
^  alérien  par  les  Perses.  Ce  (piil  y  a  de  cer- 
tain, c'est  que  depuis  longtemps  Macrien  rê- 
vait l'empire  ;  de  longue  main,  il  s© 
préparait  h  rusur[)er,  si  loutefois  on  peul 
nommer  ainsi  ce  que  faisaient  si  souvent  les 
généraux  romains  en  s'em|Kirant  (V\v\  \.vo'.\ù 
toujours  h  la  merci  du  plus  audacieux  ou 
de  celui  (jui  payait  le  mieux  les  soldats. 
Après  la  piise  de  ^;^lérifn,  Macrien  se  fit 
proclamer  ein(>ereur.  el  associa  ses  deux  fils 
a  l'empire,  en  les  faisant  déclarer  Augustes 
par  les  troupes.  Il  fil  avec  succès  la  guerre 
aux  Perses,  et  se  maintint  .tlurant  une  année 
en  Orient.  Ensuite  il  vint  en  Occident,  pour 
y  (  oic.battreCallien.mais  il  trouva  en  Illyrie 
i)oiiiitien,  g'-neral  do  cet  empereur,  ipii  le 
vaiiiipiit.  Macrien,  se  croyant  trahi,  pria  ses 
soldats  de  le  tuer,  ce  (prils  tirent,  (.et  évé- 
nement se  passa  vers  le  8  mars  de  l'année 
202.  Ses  fils  paitagèrent  son  sort.  Encore 
un  perséculfur,  un  instignttnir  de  persécu- 
t'ons  ([ue  Dieu  |"unit  d^uiie  fa(;on  exem- 
p'ajre. 

Macrien  persé(  u(a-l-il  les  chrétiens  ?  Beau- 
coup d'auteiii  s  en  ont  dout('»  :  cepeiîdant  c'est 
un  fait  incontestable.  On  n'aurait  pas  de  faits 
positifs  pour  l'établir,  qu'on  pourrait  le  dire 
sans  crainte  de  se  trom;ier,  en  se  souveiianl 
de  la  haine  violente  qu'il  portait  aux  chré- 
tiens ;  en  se  souvenant  surtout  de  linnuence 


21  MAD 

qu'il  oxt'ivn  .sur  V.'ili'-rkMi  ,  [luiir  lo^  pm- 
l.'i"  h  piMM'i'ulfi'  li'>i  iliscipirs  il(!  Ji'siis-dlirisl. 
Mais  riiisloiro  osl  Ih,  positive,  iK)iir  ullir- 
imr.  A|ir(Vs  la  |)rist!  dcN  mUm  icii  ,  (;alli(5ii  rcii- 
(iil  (n  paix  h  l'Ki^lisc!  :  c'est  là  un  l'ait  iiicoii- 
l('stal>l(".(  y'oif.  soti  Jiitich).)  Cit  (pii  no  l'est 
jiasmnins.  c'est  'pio  le  bienfait  de  celte  pnix 
110  s'cleniiil  p'is  i>iix  piitviiices  (pii  étaient 
SOUS  la  iloininalion  île  Macrieii,  cniiime  par 
oxeinple  à  la  TalesliMe,  oTi  saint  Marin,  sol- 
dai, lut  mailyrisé.  (Voy.   Mvuin.) 

MACUOlli'i  (saint),  martyr,  est  inscrit  au 
Alarlyrolo^;»!  romain  le '20  juillet.  Il  souH'rit 
le  martyre  à  Damas,  avei;  les  saints  marivrs 
Sabin, 'Julien,  Cassie,  Saule,  et  dix  autres 
qui  nous  sont  inconnus.  L'I^j^lise  l'ait  hnir 
l'tMe  collectivement. 

MACKOUK  (saint),  soulTrit  le  martyre  sous 
l'empereur  Licinius,  avec  saint  Julien.  Nous 
lie  possédons  point  d'autres  détails  sur  eux  : 
ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le  13 
sei)leml)i(\ 

MADAIIUK,  ville  de  l'Afrique  propre,  a 
vu  le  martyre  de  saint  Nami)hanion  et  de  ses 
coujoagnoùs.  (»n  ignore  comi)létcment  à 
quelle  é|)Oipie  aiiivaleur  mort. 

MADKLEINE  (  la  bienheureuse),  é|)Ousc 
de  Minami,  soulVril  le  martyre  au  Japon, 
l'aniiée  1G02,  avec  Louis,  c\gédese[)t  ou  huit 
ans,  son  lils  adoi)lif  ;  Agnès,  femme  de  Ta- 
cuenda,  et  Jeanne,  belle-mère  de  cette  der- 
nière. Ou  peut  voir  auxaiticles  Minami  et 
Taci'ekda  comment  ces  saintes  femmes  les 
encouragèrent  au  martyre,  comment  la  mère 
et  l'épouse  de  Tacuendà  furent  les  courageux 
témoins  do  leur  mort.  L'arrêt  qui  avait  pro- 
noncé la  peine  capitale  contre  ces  deux  saints 
condamnait  les  saintes  que  nous  venons  de 
nommer  à  être  crucifiées.  Après  la  mort  de 
Tacuendà,  Jeanne  et  Agnès  venaient  de  pas- 
ser dans  un  cabinet  attenant  à  la  chambre  où 
l'exécution  avait  eu  lieu.  Elles  avaient  avec 
elles  la  tète  du  saint  martyr,  elles  l'embras- 
saient et  la  couvraient  de  larmes.  Tout  à 
coup  un  bonheur  inattendu  leur  fut  donné. 
Madeleine,  femme  de  Minami,  entra  avec  le 
petit  Louis  âgé  de  7  ou  8  ans,  comme  nous 
avons  dit  plus  haut,  qu'elle  et  son  mari 
avaient  adopté.  Elle  leur  dit  qu'elle  venait 

f)artager  avec  elles  le  bonheur  de  mourir  pour 
a  foi,  et  leur  annonça  que  le  lendemain  elles 
allaient  être  crucitiées.  On  peut  voir  au  titre 
de  Jeanne  les  détails  de  leur  martyre.  Made- 
leine fut  frappée  de  la  lance  encore  fumante 
du  sang  de  Louis. 

MADIR  (saint),  martyr,  souffrit  le  martyre 
avec  saint  Chélidoine.  Ces  deux,  soldats  fai- 
saient partie  de  l'armée  campée  à  Léon,  ville 
de  Galice.  Etant  partis  pour  Calahorra  pen- 
dant une  persécution  qui  s'alluma  contre  les 
chrétiens,  ils  y  souffrirent  diverses  tortu- 
res pour  la  confession  du  nom  de  Jésus- 
Christ,  et  reçurent  ainsi  la  couronne  du 
martyre.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  3  mars. 

MADURÉ,  vaste  royaume  qui  était  situé 
dans  le  milieu  du  pays  de  la  grande  pénin- 
sule qui  forme  l'Hindoustan  (  en  deçà  du 
Gange).  Pour  donner  une  idée  de  ce  pays  et 
de  l'état  dans  lequel  y  était  le  christianisme 


.MAD 


U 


en    1700  et    aii'iéi'S    iirécédenlus,    l/iissonf 
parler  le  P.  Ilonchet.  «  Cette  mission  est  des- 
servie j)Mr  sept  jésuites  (jui  y  travadh  nt  «vci; 
des  piuiieset  un  succès  pri'.sque  iiiciMyjdjle». 
(^11  n'est  pas  trop  «pie  do  (  orler  ii  LiO.OUD  \<  s 
indiens  (pi'ils  oui  convertis,   (.'l   lu   noiiibre 
en  augiiieiile  (micoii»  dinqui-  jour.  L<'S  pre- 
miers missionnaires  île  .M.idui'i-  furent  Ubsiu 
heureux  pour  opérer  des  coiivei'-ions  écla- 
lanles  dans  la   canin   des  voleurs,  i::\  ûlliror 
beau-oup   à    l'Evangile  et  .«e  coficilier  l'e.s- 
tiiiK!  et  la  vénération  de  cfMix  mêmes  (pii,  par 
leins  j)assions,  résistaient  l\  la    vérité.   Ou 
doinie  à   ccîtto  casti;    ce  nom  odieux,  parco 
(pje  ceux  (pii  la  composent  se  font  un  mé- 
tier d(!  voler  sur  les  grands  chemins.  Quoi- 
(|u'un  grand  nombre  se  soient  faits   chré- 
tiens et  (ju'ils  aient  aujourd'hui  horreur  do 
l'ombnî  même  du  vol,  ils  ne  laissent  pas  de 
leliMiir  leur  ancien  nom,  et  les  voyageurs  re- 
doutent de  passcT  dans  les  forêts  où  ils  ont 
fixé  hîur  habitation.   Ci'pendanl  comme  le.s 
anciennes  habitudes  et  les   inclinations  na- 
turelles ne  se  perdent  pas  si  vite  ni  si  aisé- 
ment, on   épnmve  longtemps  ces  sortes  do 
catéchumènes  avant  (pie  de  les  admettre  a 
la  grAce  du  baptême;  maistiuand  une  fois  ils 
l'ont  reçu,  ce  sont  absolument  d'aulres  hom- 
mes :  bien  loin  de  continuer  leurs  brigaiida- 
ges,  ils  se  montrent  charitables,  hospitaliers 
et  n'oublient  rien  pour  engager  les  autres  a 
renoncer  à  leur  infAmepassion.» 

A  l'époque  où  le  P.  Bouchel  entra  dans  le 
Maduré,  la  caste  des  voleurs  s'était  rendue 
presque  indépendante,  et  fixait  elle-même  le 
montant  des  impositions  qu'elle  voulait  bien 
payer  à  l'état.  Le  roi  de  Maduré  venait  de 
mourir;  un  prince  do  ce  pays  crut  l'occa- 
sion favorable  de  s'emparer  de  la  couronne; 
la  caste  prit  parti  pour  lui  ;  les  voleurs  réunis 
en  troupes  assiégèrent  la  ville  de  Maduré,  la 
prirent  et  mirent  l'usurpateur  en  possession; 
mais  ces  sortes  de  gens  étant  plus  pro[)re3 
à  faire  un  coup  de  main  qu'à  se  déiendre 
dans  les  formes,  ne  conservèrent  pas  long- 
temps leur  conquête.  Le  Taluvas  (c'est  le 
nom  que  l'on  donne  au  prince  qui  gouverne 
le  royaume  sous  l'autorité  du  souverain)  se 
mit  à  la  tète  des  troupes,  arriva  à  la  faveur 
de  la  nuit  devant  la  ville,  en  fit  enfoncer  les 
portes  et  s'en  vit  le  maître  avant  que  les  re-- 
bellcs  eussent  eu  le  temps  de  se  fortifier.-îii 
môme  de  se  reconnaître.;  une  grande  par- 
tie fut  taillée  en  pièces  et  le  reste  n'éch  -ppa 
au  carnage  que  par  la  fuite  et  en  se  retirant 
avec  précipitation  dans  les  forêts. 

Les  missionnaires  se  servirent  des  mal- 
heurs que  cette  caste  des  voleuis  venait  d'é- 
prouver, pour  convertir  un  grand  nombre 
d'entre  eux;  et  maintenant,  ajoute  le  nais- 
sionnaire  qui  a  écrit  cette  relation,  «  il  n'y  a 
guère  de  lieu  dans  tout  le  Maduré  où  nous 
soyons  mieux  reçus  et  plus  en  sûreté  que 
dans  le  pays  qu'ils  habitent;  si  quelqu'un  de 
ceux  mènies  qui  n'ont  pas  embrassé  le  chris- 
tianisme était  assez  hardi  pour  enlever  la 
moindre  chose  aux  docteurs  de  la  loi  du 
vrai  Dieu  (c'est  ainsi  qu'ils  appellent  les  pré- 
dicateurs  de  l'Evangile),  on  ne  manquerait 


i^  MAD 

Pas  d'en  faire  un  châtiment  exempFarre.  Le 
.  Bouchet,  viïiilcur  de  la  mission  de  Ma- 
diiré,  mil  à  profil  ces  moments  précieux  de 
tranquillitf^  pour  donner  h  celle  d'Aour  tout 
r«5clat  dont  ello  pouvait  être  susceptible  ; 
cette  mission  avait  été  fondée  depuis  près 
d'un  siècle  par  lesjésuiles  portugais.  Comme 
il  connaissait  parfaitement  legéniede  ces  peu- 
ples, qui  se  laissent  prendre  par  les  sens,  il 
résolut  d'y  bâtir  une  église  assez  belle  pour 
donner  de  la  curiosité  et  y  attirer  les  inlidè- 
Ics  Elle  ne  fut  pas  plutôt  achevée  qu'on  ve- 
nait la  voir  de  toutes  parts  et  surtout  de  la 
ville  capitale,  qui  n'en  est  qu'h  quatre 
lieues  ;  cela  donnait  occasion  au  Père  de  par- 
ler de  Dieu  à  une  grande  multitude  de  peu- 
ple; plusieu:s  se  convertiront  et  vinrent  s'é- 
tablir h  Aour,  (jui  est  devenu  par  là  une  des 
plus  grosses  bourgades  du  royaume.  L'église 
est  b.ltie  au  milieu  d'une  grande  cour;  les 
murailles  de  distance  en  distance  sont  pein- 
tes et  ornées,  en  dedans,  de  hautes  colonnes 
qui  soutiennent  une  cornifhe,  laquelle  rè- 
gne tout  autour  du  bâtiment.  Le  pavé  est  si 
propre  et  si  bien  uni  qu'il  paraît  n'être  que 
d'une  seule  piorrc  de  marbre  b'anc  ;  l'autel 
est   au   milieu  de   la  croisée,  afin  qu'on  le 

f»uisse  voir  de  tous  côtés;  huit  grandes  co- 
onnes  qui  soutiennent  une  couronne  impé- 
riale en  font  tout  l'ornement;  l'or  et  l'azur 
y  brillent  de  toutes  parts,  et  l'architecture 
indienne  mêlée  avec  celle  d'Euro|»e  y  fait 
un  très-agréable  elTet.  Comme  celle  église 
estdédiéeà  la  sainte  Vierge,  les  chrétiens  y 
■viennent  en  pèlerinage  de  tous  les  endroits 
du  royaume, et  les  grâces  continuelles  qu'ils 
V  reçoivent,  par  la  puissante  intercession  de 
la  mère  d«'  miséricorde,  animent  et  soutien- 
nent leur  foi  qui  est  encore  pure  et  en  sa 
première  vigueur. 

«  Aour  est  la  mis'^ion  la  plus  considérable 
de  Maduré,  n.m-seulemt^nl  à  cause  du  voisi- 
nage (le  la  capitale,  mais  parce  qu'il  y  a  vingt- 
neuf  églises  qui  en  dépendent.  On  n'admet 
les  catéchumènes  au  baptême  qu'après  de 
grandes  épreuves  et  trois  à  quatre  mois  d'ins- 
truction; une  fois  devenus  chrétiens,  ils  vi- 
vent comme  des  anges.  L'Kglisc  de  Maduré 
olfre  une  parfaite  image  de  l'Eglise  naissante; 
on  ne  pont  retenir  ses  larmes  de  joie  et  de 
ronsol.Ttion,  quand  on  est  témoin  de  l'em- 
pressement de  ces  pennies  pour  entendre  la 
parole  de  Dieu,  de  l'ardeur  avec  laqtielle  ils 
se  portent  à  tous  les  e\ercices  do  pi(''li'>,  du 
7.èlo  qu'ils  ont  pour  se  nrorurer  mutuelle- 
ment tous  les  secours  nécessaires  au  salut, 
■tour  se  prévenir  dans  tous  leurs  besoins, 
loiir  nvancercharpie jour  clins  les  voies  de 
a  sainteté  évangélirpio  ;  heureiispment  |>our 
eux,  ils  n'ont  h  condiattre  aucun  d(>s  f)bsla- 
cles  qiM  sn  rencnnlrent  parmi  les  autres  peu- 
ples de  rinde;  ils  n'ont  point  de  connnuni- 
calinn  avec  les  Européens  dont  les  scamlaîes 
el  la  vie  licencieuse  corrompent  trop  sou- 
veit  les  nouveaux  chrétiens.  Lfur  vie  est 
frugale,  ils  ne  font  point  de  connnerce,  se 
ronlentenl  de  ce  f|ue  le  travail  iJes  mains 
ou  la  rullurc  des  terres  leur  fournil  pour 
vivre  cl  %f*  vèijr;  riche?  de  leur  pauvreté. 


MAD 


U 


ils  trouvent  encore  dans  leurs  privations 
personnelles  de  quoi  se  montrer  généreux 
envers  les  indigents.  » 

Le  P.  Bouchet  se  trouvait  chargé,  dans  ïf. 
Maduré,  de  la  conduite  de  trente  mille  âmes  ; 
les  autres  missionnaires  ne  sont  guère  moins 
occupés;  ce  travail  surpasserait  ïeurs  forces, 
s'ils  n'avaient  de  ressources  que  dans  leur 
propre  zèle;  mais  ils  ont  chacun  huit,  dix  el 
quel(}uefois  douze  catéchistes,  tous  ayant  le 
talent  de  la  parole,  instruits  de  nos  mystères 
et  de  notre  sainte  religion;  ces  catéchistes 
précèdent  les  missionnaires  de  quelques 
,  ours  et  préparent  les  néophytes  h  recevoir 
es  sacrements.  Le  P.  Bouchet  pourrait  dire 
d'Aour  ce  que  disait  saint  Grégoire  le  Thau- 
maturge, en  mourant,  de  sa  ville  épiscopale  : 
«  Il  n'y  avait  que  dix-sept  chré'tiens  quand 
j'y  SUIS  arrivé;  grâce  h  Jésus-Christ,  je  n'y 
vois  aujourd'hui  que  dix-sept  inlidèles.» 

Trichirapali  est  la  viHe  où  le  roi  de  Ma- 
duré fait  sa  résidence  ordinaire.  Le  P.  Bou- 
chet y  avait  fait  bâtir  une  église  sur  les  rui- 
nes d'une  pagode;  on  en  avait  abandonné 
l'emplacement  aux  premiers  missionnaires 
de  Maduré;  mais,  pendant  les  guerres  qui 
dévastèrent  ce  pays,  ils  avaient  été  obligés 
de  quitter  cette  ville  et  d'aller  se  cacher  dans 
les  bois.  Pendant  leur  absence  un  idolâtre 
s'en  était  emparé,  et  éleva  un  petit  temple 
qu'il  remplit  do  pagodes  de  toutes  les  espè- 
ces. La  paix  ayant  rétalth  cht»cim  dans  ses 
propriétés,  le  P.  Bouchet  se  remit  en  pos- 
session de  ce  lieu,  et  il  a  ol>ligé  le  prêtre  des 
idoles  d'en  sortir.  Ce  fut  un  spectacle  glo- 
rieux à  la  religion,  et  digne  de  compassion 
tout  ensemble  que  de  voir  les  mouvements 
empressés  que  se  donnait  col  homme  pour 
enlever  ses  dieux.  Les  chrétiens  se  mon- 
traient impatients  de  le  voir  délogé,  et,  pour 
en  finir  plus  vite.  |>renaient  eux-mêmes  les 
idoles  et  les  mettaient  par  terre  sans  beau- 
coup de  f)récaution  ;  plusieurs  se  trouvaient 
brisé'cs  :  el  l'idolâtre  en  ramassait  les  mor- 
ceaux épars,  noyant  son  dépit  dans  beaucoup 
de  larme>s,  mais  n'osant  se  plaindre,  parce 
qu'on  ne  lui  enlevait  qu'un  emplacement  au- 
(pii  I  il  n'avait  aut  un  droit,  l'ayant  usurpe^ 
sur  s«'S  légitimes  possesseurs.  Le  tem(ile  fut 
abattu,  ol  sur  ses  ruines  on  bàlil  une  église, 
et  une  petite  niaison  destinée  au  logement 
des  missionnaires. 

Il  n'y  avait  h  Trichirapali.  quand  le  P.  Bou- 
chet prit  le  gouvernement  de  celle  mission, 
(pie  des  églises  h  lusage  des  parias,  la  der- 
nière de  toutes  les  casl»«s  et  la  plus  méprisée 
des  Indiens,  ce  qui  donnait  une  idée  désa- 
vantageuse de  notre  religion;  auiourd'hni, 
par  les  travaux  infatigables  de  cet  admira- 
ble missicuinaire.  an  y  trouve  qufltre  églises 
po  ir  les  h.iiites  cistes,  placi-os  chacune  dans 
un  (h\s  (pialre  (piarliorsde  la  ville.  Les  mis- 
si(U)s  du  royaume  de  Maravasel  de  celui  de 
Maissour  sont  sous  la  dépendan(~e  de  la 
mission  de  Maduré.  Les  ouvriers  évangéli- 
ques.  qui  cherchent  le  travail  «'t  les  croix, 
trouvent  (lans  ces  deux  Klats  de  quoi  satis- 
faire pleinement  leur  zèle,  et  l(>  succès  ré- 
pond   aux   fniigu^'s   qu'il*  wnibrassenl  avec 


tti 


MAC 


roiiiMp;!'.  I.c  P.  M/uliii   n   h/iptisr,  d/iiis  son 

(lisliirl  ,  «Ml  imtiiisilc  iiiii|  iikms,  <»ii/.f  conls 

iiTSMimos,  cl  le  V.  Ijiiiic/.,  (Ijuis  Ii-  M.inivns, 

(^^^s  (If  <lit    luillc,  en    inoiiis  de  \\i\\\  mis; 

'Mv.'iii^il»'  y  ''>'l  «'iKuii-  cluwjiKî  jour  ll(>  IIOIl- 

V('«iix    |>n)Ki'r.s.    (  Lctt.    <'ilif.,    vol.    IN  ,    p. 

«0.) 

I\irmi  l«^s  missionnaires  i|ni  «mmciiI  la 
gidiro  (In  sKullVir  dans  lo  Mndun'î  poiu-  la 
i-cliKion  chit'lit'nm',  il  laid  lanj^cr  h-s  IM'. 
l'ranrois  I.vim:/.  «'(  Siinon  CxinAi.iio  (»<*//. 
leurs' nrticlos)  ;  puis  lo  V.  Honianl  de  Saa, 
cpii.  avant  convtMli  un  riche  liahilant,  lui 
truellèuienl  nialUaile.  <>ii  I"'  tiappa  avec 
tant  do  l)rutali((\  ([u'ou  lui  lit  sauter  une 
parlie  des  dents. 

MA(i.\l)()\0,  villo  d'Afriquo,  capitale  du 
rovaunu'  du  nuMue  nom.  où  lurent  niassa- 
criVs  les  IM».  François  et  Chérubin,  tous  deux 
capucins. 

mdALLANKS  (lo  bienheureux  Fiunçois), 
Porlui^ais,  de  la  conipa;;;nie  d(>  Jésus,  l'r.isait 
itartiodes  soivanle-neuf  niissionnair(\s  (pio 
le  P.  A/(>veilo  citait  venu  recruter  à  Uoine 
pour  le  llrésil.  {Voy.  Azkvkdo.)  Leur  navire 
i'iit  pris,  le  15  juillet  1571,  par  des  corsai- 
res calvinistes,  (pii  les  massacrèrent  ou  h^s 
jeii^reul  .^  la  mer.  (Du  Jarric,  Hisloire  des 
vhosrs  plus  vicinorahlcs,  t.  Il,  p.  278;  Tau-- 
iier,  Socictas  Jcsu  nsqne  ad  xanguinis  et  vitœ 
profusioiuin  militans,  p.  IGO  et  170.) 

MACiKS  (Lr.  cukk  dks).  Ce  saint  reçut  la 
palme  immortelle  du  martvre  sous  le  règne 
de  Hazguerd,  roi  de  Perse.  Excité  par  les 
mages  et  par  son  premier  uiinistre,  nonuué 
Mdjir-Nerseh,  ce  prince  poursuivait  avec 
acharnement  les  chrétiens  d'Arménie,  et  il 
en  avait  confié  six  à  la  garde  du  chef  des 
ni  'ges  en  même  temps  gouverneur  du  pavs 
d'Abar,  qui  les  tenait  captifs  dans  la  vifle 
fitrte  de  Ninehabouli,  Ces  six  chrétiens 
étaient  :  Sahag,  évèque  de  Uichdounik  ;  Jo- 
se|)h,  |)alriarche  de  Vaiotz-tzor  et  du  village 
Hulotzmanz;  Léonce,  archiprèlre  de  Vanauf, 
du  village  d'itcavank;  Mou3he,  prêtre  de 
Halpage  ;  Archen,  prêtre  de  Pakrévant,  du 
village  d'Eléheg  ;  Kalchatch,  diacre  du  pays 
de  Richdounik.  Le  chef  des  mages  voyant 
ces  saints  demeurer  fermes  dans  leur' foi, 
les  mallraila  beaucoup  et  les  fit  enfermer 
dans  un  noir  et  humide  cachot  où  deux  ga- 
melles de  soupe  épaisse  et  une  cruche  d"e  lu 
composaient  tous  leurs  aliments.  Etonné  de 
les  voir  joyeux  et  bien  portants  malgié  leur 
dure  captivité,  et  la  grossière  nourriture 
gu'il  leur  faisait  donner  depuis  quarante 
jours ,  ce  mage-gouverneur  vint  une  nuit 
rôder  autour  du  cachot,  soupçonnant  que 
quelqu'un  de  ses  serviteurs  portait  des  ali- 
ments aux  prisonniers,  protégé  par  les  té- 
nèbres, Il  s'approclia  doucement  du  soupi- 
rail de  la  prison  et  fut  témoin  d'un  prodige 
étrange  ;  chacun  des  prisonniers  brillait 
d'un  éclat  merveilleux  au  milieu  de  l'obscu- 
rité de  la  nuit.  1!  fut  si  épouvanté  de  ce  pro- 
dige que  bientôt  il  renonça  aux  erreurs  du 
niagisme  et  se  fit  inslruiVe  de  la  religion 
des  chrétiens  par  ses  prisonniers.  Hazguerd 
venait  d'envoyer  un  des  grands  de  si  cour, 


MAC  m 

iKMumé  Tem  habouli, /diti  de  ffdrê  monrlr  !<'î 
prc'-lii'"»  ronlit'H  au  rliel'  des  m/i^i-s.  Oiinnd    11 

(uiivn  pour  exé(!uter  Ic.h  ordres*  sa.MKuinniroi 
<lu  roi,  il  ne  fut  \>ns  peu  éionné  de  irouvor 
le  mage  assis  au  milieu  des  piisoniiiers, 
é( oulant  leurs  discours,  ot  le»  eeicouraKennl 
au  marlyre.  'l'encliabouli  avertit  le  ri>\  de  en 
qui  se  passait.  Celui-ti  lui  d<  lendit  de  punir 
piibbipiiniKnil  le  mage-gouverneur  h  <:nu.so 
du  tori  qui  en  résulterait  pour  la  loi  <le  Zo- 
roaslre,  mais  lui  ordonnait  d(>  reiivo\er  se- 
crètement en  exil,  dans  un  pays  lointain,  au 
nord  d(^  Kliorassan,  où  il  reçut  la  |ialiiii;  du 
martyre  hs  'M)  jiiillel  '«.'iV. 

MAtilN  (sailli),  fut  martyrisé  h  Tnrrngono, 
h  luie  époipu!  et  dans  des  circonstances  qui 
nous  sont  enlièicmeiil  ineonimes.  Il  est 
inscrit  au  Martyrologe  romain  le  25  aoi'it. 

MACilNK  (saint),  martyr,  reçut  la  cou- 
ronne du  martyre  en  Afri(pie,  avec  les  saints 
Claude,  Crispin,  Jean,  Etienne.  Les  détails 
sur  leur  martyre  inan(iuent.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  3  décembic. 

1\IA(1NE  (saint),  évêcjue,  fut  martyrisé  h 
Anagni  durant  la  persécution  (i(î  l'empereur 
Dèce.  Nous  n'avons  aucun  détail  sur  lui. 
L'Eglise  fait  sa  fête  le  11)  aoi'it. 

M.\GNE  (saint),  diacre  et  martyr,  fut  mis 
h  mort  en  258,  sous  Valérien,  avec  saint 
Sixte,  en  même  temps  que  les  saints  dia- 
cres Félicissime,  Agapet,  Janvier,  iMagne, 
Vincent,  Etienne.  Ils  furent  tous  décapités. 
L'Eylise  honore  la  méinoire  de  tous  ces 
sai'Vis  le  G  aoiU. 

MACNE  (saint),  martyr,  eut  la  gloire  de 
répandre  son  sang  pour  la  foi  à  Fossom- 
brone,  avec  les  saints  Aquilin,  démine,  Gé- 
lase  et  Donat.  Le  Martyrologe  romain  ne 
donne  point  les  circonstances  de  leur  mar- 
tyre ;  il  n'indique  même  pas  en  quelle  an- 
née il  eut  lieu.  L'Eglise  célèbre  leur  mé- 
moire le  k  février. 

MAGNE  (saint),  martyr,  reçut  la  couronne 
du  m:rtyreavec  les  saints  Caste  et  Maxime. 
On  n'a  aucun  détail  sur  le  lieu,  la  date  et 
les  circonstanues  de  leur  martyre.  L'Eglise 
fait  leur  fête  le  '*  septembre. 

MAGNE  (saint)  ,  évèqi:e  et  confesseur, 
souifrit  à  Milan  pour  la  défense  de  la  reli- 
gion chrétienne.  Nous  n'avons  pas  de  docu- 
ments authenti(}ues  relatifs  à  l'époque  et 
aux  circonstances  de  son  combat.  L'Eglise 
l'honore  comme  confesseur  le  5  novembre. 

MAGNE  (saint),  reçut  la  palme  du  mar- 
tyre pour  la  confession  de  sa  foi  et  pour  la 
défense  de  la  religion  chrétienne.  Nous 
ignorons  en  quel  lieu,  à  quelle  époque  et 
dans  quelles  circonstances  son  martyre  ar- 
riva. L'Eglise  fait  sa  fête  le  1"  janvier. 

MAGNÈCE,  préfet,  est  connu  dans  les  an- 
nales des  martyrs,  comme  ayant  fait  don- 
ner la  palme  tiu  martyre  au  soldat  Just. 
L'époque  précise  nous  est  inconnue. 

MAGNÉUIC  (saint),  évêque  et  confesseur, 
souffrit  à  Trêves  pour  la  défense  de  la  reli- 
gion chrétienne.  Les  détails  authentiques 
nous  manquent  com])létement  sur  son 
compte.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le 
25  juillet. 


17 


MAJ 


MACMMEN,  magistral  do  la  ville  de 
Thib.ire.  dans  lAfriquo  proconsulaire,  ayant 
reçu  los  «Slils  de  PiocitMien  qui  ordonnaient 
au\  clirt^tiens  dt>  livrer  les  saintes  Ecrilurcs, 
fit  arrêter  saint  Fi'lix,  évc^que  de  cette  ville, 
el  lui  ordonna  d(>  lui  livrer  les  saintes  Ecii- 
tures.  Sur  le  refus  persistant  de  lévôque,  il 
l'envoya  au  proconsul  de  la  province  à  Car- 
thai;'^ 

AI AtiNl'S  i'saint\  martyr,  h  Fondi,  dans 
la  Terre  de  Labour,  sous  le  règne  de  Dèci\ 
mourut  en  l'an  250.  On  n'a  {)as  de  docu- 
ments certains  sur  le  genre  de  mort  qu'il 
soulFril.  (Jiieli(ues  (écrivains  le  font  rvô  pie 
de  Trani.  LFglise  fait  la  fôte  de  saint  Ma- 
gnus  le  19  août. 

-M.VHANfcS  (saint),  mirtyr  en  Perse,  souf- 
frit pour  Jfsus-Christ,  en  .'J.'JO  de  notre  ère, 
durant  la  [ters(^rution  que  le  roi  Sapor  suscita 
contre  les  cliri^tie-is.  Ses  Actes  lui  étant 
couuiiuns  avec  saint  Sapor,  évèque  de  Beth- 
Niclor ,  nous  renvoyons  à  l'article  de  ce 
saint.  Leur  fête  a  lieu  le  30  novembre. 

.>L\H.\HIS  (saint),  martyr,  mourut  pour  la 
foi  en  327,  sous  Sapor.  (Voy.  pour  plus  de 
détails,  les  actes  de  saint  Jonas  et  de  saint 
Baracuise  h  leurs  articles  respectifs.) 

MAHARSAPOK  (saint),  martyr,  était  un 
prince  persan,  iliuslr(î  par  ses  vertus  et  son 
zèle  pour  la  foi  chrétienne.  Durant  la  persé- 
cution d'Yesdedgerd,  il  fut  arrêté  avec  Sa- 
por et  Sabutaca.  Il  fut  applicpu;  h  une  ques- 
tion fort  cruelle,  languit  ensuite  dans  uie 
prison  infecte,  où  on  lui  laissa  endurer 
toutes  les  angoisses  de  la  faim.  Kamcné  de- 
vant le  juge,  il  fut  condamné  à  être  jeté  dans 
un«  fosse  [irofonde  el  obscure  dont  on  ferma 
hcf méliquemcnf  l'entrée.  Quelques  jours 
après,  les  soldats  l'ouvrirent  el  y  trouvèrent 
le  cadavre  du  saint,  h  genoux  et  environné 
de  lumière.  O  fut  en  i21  que  saint  .Mahar- 
sapor  consomma  son  marlvre,  sous  le  règ-ie 
de  Vararanes,  fils  d'Yesiledgerd.  L'Eglise 
honore  la  mémoire  de  ce  saint  martyr  le  27 
novembre, 

MAKiiUN  (saint),  reçut  la  couronne  des 
glorieux  combattants  de  la  foi  h  Nyon.  Il 
eut  pour  compagnons  de  sa  gloire  les  saints 
Valérien  et  (iordien.  Nous  n'avons  pas  de 
détails  sur  eux.  L'Eglise  fait  leur  fête  lo 
17  septembre. 

.MAISSOCU.  partie  de  l'IIindoustan,  oh  le 
P.  Dacuiilia  fut  maityrisé  [tour  la  foi  chré- 
tienne en  1711.  {Vni/.  son  article.)  Le  I». 
B('^.  lii  y  fut  aussi   horriblement  tourmenté. 

MAJ  ELU  isainl\  fut  au  nondu-e  des  ([la- 
rante-huit  martyrs  mis.'i  mnil  .ivec  s<inl  Sa- 
turnin en  Afiiijue,  sous  le  proconsul  Anu- 
li'i.  en  l'an  de  Jésus-Christ  .•{05.  sous  le  rè- 

fne  (l  durant  la  perse  Mition  si  atio  c  que 
l'if.me  Dioch'tien  suscita  cont  e  l'Eglise 
«lu  SeigKMir.  (Voi/.  Sati  iwm.)  L'Eglise'  fait 
la  léte  de  tous  c  s  sanils  niaiiyrs  le  11  fé- 
vrier. 

MAIOIUt'  'saint\  mnrtyr,  souiïril  le  mar- 
lvre sous  le  règne  de  Mum  rie.  rni  des  V;m>- 
ddes.  vers  l'an  48'».  On  lui  lit  endurer  h's 
tortures  les  plus  affreuses  en  |)résence  de 
"•a  mère  qui    forldiait  son  courage   malgr«5 


MAM  M 

ses  propres  souffrances,  el  qui  l'aida  à  mou- 
rir sans  peur  pour  sa  foi.  L'Eglise  honore  sa 
mémoire  le  (idéeembre. 

.M.VJORQl'E  ;JE4>-  de',  de  la  compagnie  do 
Jésus,  Aragonais,  faisait  partie  des  mission- 
naires que  le  bie  dieureux  Azevedo  était 
venu  recruter  à  Home  nour  le  Brésil.  (Voy. 
A/evedo.)  Leur  navire  tut  pris,  le  15  juillet 
1571,  par  des  corsaires  calvinistes  qui  les 
massacrèrent  ou  les  jetèrent  à  la  mer.  Tel 
fut  le  martyre  de  notre  bienheureux.  (Du 
Jarric,  Hift.  des  chosex  plua  wcrnorables,  etc., 
t  11,  p.  278.  Tanner,  Socictns  Jean  ttsque  ad 
sfinr/uinis  et  vitœ  profitsionem  tnililans,  p. 
IGl)  et  ITO.) 

.MALCH  saint),  fut  martyrisé  h  Césflrée  on 
Palestine,  sous  l'emjiereur  Valérien,  avec 
les  saints  Prisque  et  Alexandre.  Tous  trois 
habitaient  la  campagne,  près  la  ville.  Sain- 
tement envieux  de  la  glore  du  martyre,  ils 
allèri.'nt  h  Césarée  déclarer  au  gouverneur 
qu'ils  étaient  rhrétiens.  Ils  furent  horrible- 
ment te.urme'Héset  ensuite  livrés  aux  bétes. 
L'Eglise  latine  fait  la  fête  do  saiul  Malch  le 
28  mars.  [Voy.  Puisque.) 

MALCHL'S  (saint),  martyr  à  Ephèse,  est 
fêté  |>ar  l'Eglise  le  27  juillet.  Il  est  l'un  des 
se|)t  Dormants  dont  saint  Grégoire  de  Tours 
nous  a  donné  une  histoire.  Voy.  Dobmants 
(les  sept». 

M.VLDON.VT  (le  bienheureux  Jean),  Espa- 
gnol, de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  se  ren- 
dait l'an  IG'JO  des  îles  Philippines  dans  le 
Camboge  afin  d'y  répandre  la  lumière  de 
l'Evangile.  lors(pril  (ut  pris  avec  son  com- 
jiagnon  Alphonse  Ximenès,  par  l'ordre  du 
roi  de  Siam  el  lue  en  iiaine  du  christia- 
nisme. 

.M.\ LINES,  ville  de  Belgique,  a  vu  1«  mar- 
tyre de  saint  Kombaud,  fils  d'un  roi  d'Ir- 
lande et  évêque  de  Dublin. 

M.XLRl'BE  (saint  ,  ermite  et  martyr  en 
Ecosse,  y  vivait  dans  la  pratique  des  plus 
grandes  austérités.  Il  fut  force  de  sortir  de 
son  désert  à  cau^e  des  incursions  des  Norwé- 
giens.  Ayant  voulu  prêcher  l'Evangile  h  ces 
barbares  qui  désolaii-nt  sa  patrie,  ils  le  mas- 
Sicrèient  sous  le  roi  Dirican,  vers  l'an  10'*0, 
dans  la  province  de  Mernis.  L'Eglise  fait  sa 
fêle  le  27  aoiU. 

MAM  A  (sainte\  vierge,  subit  le  martyre 
dans  l'année  313  de  Jésus-Christ,  sous  le 
règne  de  Sapor  dit  Longue->'ie.  Elle  était  do 
Reth-Seleucie.  Sa  fêle  est  inscrite  au  .Marty- 
rologe romain  le  iO  novembre. 

MAMAS  saint',  ordinairemctii  apf>elé  saint 
Mammes,  nacpiil  d'une  famdie  obscure.  Son 
père  était  un  pauvre  lierger  qui  ne  lui  lé- 
gua ni  fortune  ni  titres,  rien  <le  ce  que  lo 
iiioiiile  ;i(lmire  et  convoite.  Saint  Mamas  vi- 
vait comme  avait  vécu  son  père,  du  pro- 
duit d'un  pauvre  lraiq>eau  qui  lui  apparte- 
nait, ou  bien  paissant  hvs  troupeaux  d'au- 
trui.  L'histoire  ne  nous  instruit  pas  h  ce  su- 
jet. Saint  Basile  dit  qu'il  n'avait  d'autres  ri- 
chesses que  la  nourriture  qui  lui  était  néces- 
s.iire  pour  vivre,  daulro  logement  et  d'au- 
Iro  abri  que  le  ciel,  le  criMix  des  rochers  ou 
le  feuillage  des  bois.  Saint  (Iré-goire  dit  que 


to 


MAM 


MAX 


50 


Jcs  l)ic,li('S  venaient  h  l'eiivi  se  l'.iire  (niiro 
i);ir  lui,  el  1(1  lumrrissHienl  de  li m  Lut.  l'io- 
l»(\l)leiiieiil  (pie  celle  ei^(•M|l'^l;lll(•e  e^l  une  de 
ces  nnmlireiises  iKclifes  à  l'iilde  de,si|iie||es 
Ins  liishirieiis  einhellisscMl  lo  récit.  I*()iin|ii(ii 
M  Mii;is  se  seidil  il  noiiii  de  liiil  dr  hii  lies 
pui.siiii'il  avait  un  lioiipeaii  (|iii  pouvait  jiour- 
voir  A  SCS  besoins  de  ce  cAlé  ? 

Saint  Manias  soullVil  le  niait  vie  siiiis  Aii- 
rt'lie'i,  cil  27.'J  on  "27'i.  Il  l'nl  ancMe  (  l  déra- 
y'\US  «prùs  iivoir  sonlVer!  plnsic'irs  supplices, 
^cs  Actes  lappoi'tciit  ipie  ce  lut  avec  joio 
qn'il  soulViii  1'  niait}  re,  el  lit  à  I)i4'U  i'ul- 
Irande  de  sa  vi(\ 

(le  In!  ?i  C.ésaiéo  do  Tappadoro  qu'ont  lien 
la  nioil  de  sailli  Manias.  Saiiil  ('iié;:,()ire  di! 
Na/.ianzo  dit  ti;ni'éinenl  (pie  de  son  teni|)s 
.saint  Mainas  était  le  pasteur  de  ce  te  éj.^lise, 
c'esl-h-dire  (pu;  son  corps  y  était,  el  cpTil  y 
C'UreliMiaii  la  piété  des  peuples  parla  yinmie 
(inanlilé  de  miracles  qu'il  y  opérait.  Saint 
Jl;isile  dit  (pi'oii  y  recevait  heancoun  de.  gr.\- 
ces  de  la  part  dn  saint,  dont  l'assistance  se 
nianifo>tail  dans  beani'onp  de  circonstances, 
vl  noIainnuMil  pour  la  ^uérison  des  nia'ades, 
cl  pour  la  résurrection  d'entants  nio.'ts(]u'o:i 
ninenail  h  son  lomboau ,  pour  cpi'il  les  ra- 
inen.U  h  la  vi(>. 

J/li^.;lise  fait  la  féto  de  saiiil  RFanias  le  17 
août.  L'éu,lise  cathédrale  do  La'ii^res  jiossède 
une  partie  de  ses  reliciui-s  qu'o'i  y  ap[)orla 
de  Constanti'iople  ,  au   comunsncenienl  du 
\u\'  siècle.   I/éj;liso  do  Sceaux,   près  Paris, 
en  a  aussi  un  i'ragmrnl.  On  raconte  (jne,  vers 
le  milieu  du   iv'  siècle,   il  arriva  une   chose 
(pii  [)eut  avoir  contribué  grandoiue  il  h  la  ré- 
l)utalion  du   nom  de  saint   Manias.   Julien, 
depuis  apostat,  et  Gallus,  son  frère,  étaient 
élevés  en  Cappadoco,près  deCésarée.Coiniiie 
ils  n'avaient  à  celle  épn({uc  aucune  port  aux 
allaires  de  l'Klat,  ils  s'occupaient  souvent  à 
faire  réparer  les  éf^lisos,  h  faire  orner  les  tom- 
beaux des  martyrs.  Ils  résolurent  de  cons- 
truire une  église  autour  du  tombeau  de  Saint 
JMamas.  Ils  paitagùrent  l'ouvrage  entte  eux, 
et  lûchaienl  de  se  surjiasser,  tant  par  la  prom- 
ptitude que  par  la  magnificence.  Il   arriva 
des  prodiges,  qui  furent  comme  la   i)ro,.hé- 
tip  de  ce  que  devait  èlre  Julien  plus  lard. 
Car  taudis  que  les  travaux  de  Gallus  avan- 
çaient, tout  ce  que  Julien  avait  fait  cons- 
truire tombait  en  ruines.  Tantôt  la  ferre  re- 
jetait les  fondemcLls  Qu'on  avait  déjh  posés, 
tantôt  elle  ne  soull'rait  "pas  qu'on  dépo-s.U  une 
seule  pierre.  Sozomène  dit  que  ce  '.irodige 
était  de  son  temps  attesté  par  beaucoup  de 
personnes,  qui  le  tenaient  de  ceux  nui  l'a- 
vaient vu.  Nous  n'hésitons  ras  à  voir  dans 
cette  manifestation  de  la  puissance  divine 
une  pro[)hétie  de  l'apostasie  de  Julien,  mais 
nous  n'irons   pas  jusqu'à  trouver  étonnant 
que  Dieu  eût  du  discernement   dans   cette 
circonstance.  Un  auteur  estimable,  que  nous 
ne  voulons  pas  nommer,  a  écrit,  en  parlant 
de  ce  miracle,  cette  phrase  «lue  nous  avons 
peine  à  comprendre  :  Mais  Dieu  fit  paraître 
en   cette  rencontre  un  discernement  éton- 

KANT. 

MAMLACHA  (sainte),  vierge,  endura  le 


iiiarlvrc  iionr  l.i  cuiifesMou  de  sa  foi,  en  l'an 
•  l'i.'J  lie  Jesus-dlirist,  sous  lo  rè^ne  do  Sapor 
dit  I.o  i;^n«'-Vie.  l'ille  était  oi  iKinairr- 1|.'  Ildli- 
<ieriiiai.  S,i  l'.ie  est  inscrite  au  Marlyiolu^ij 
l'oni/iio  le  '.)•)  novembre. 

MA  Ml'.  I, 'ri-;  is;uiilij,  martyre,  était  oii;^i  • 
iiaiic  de  l'(is(!.  yVyaiiv  reiiom  é  au  culte  d.  .s 
idoles  pour  enibinsser  la  foi  <  lirétieUMO,  sui- 
vant raverlisseiiie;it  (pi'elle  (vi  avnit  jecii 
d  ni  ange,  elle  l'ut  lapidée  par  les  paiiMi.s  el 
jelée  dans  un  lac  prolond.  O.i  trouve  son 
nom  insci'it  au  Martyrologe  njinain  le  17  oc- 
lobr(,'. 

MA.MII.I.II.:N  (  aint),  reçut  la  palme  des 
roinageiix  combattants  delà  foi  à  'itonie.  On 
ignore  h  (pn'r(!  <  ixnpie  et  dans  cpielles  cir- 
conslaiices.  I/Kglise  fait  sa  fêle  Ic'  12  mars. 
A/ANA(1I'^  élail  piésidinil  à  Triisle,  sous 
lerèg'ie  de  rempincur  Dioclétien.  Il  lit  niel- 
Ire  h  mort  saint  Just,  qui  ne  voulait  point 
sacrifier  aux  idoles. 

MANCOS  (sainti,  soulïrit  le  martyre  h  Evo- 
ra,  en  Portugal.  Nous  ne  [)Ossédons  aucun 
détail  relatif  h  ses  combats.  L'Eglise  l'ho- 
nore comme  martvr  le  l;i  mai. 

MANi)ALE  (sainlj,  reçut  la  couronne  du 
martyre  h  Homo,  sur  la  voie  Aurélie me, 
ave:;  les  saints  Kasilide,  Tripode  (!t  vingt 
autres.  Ce  fut  sous  l'empire  d'Aurélim 
<pj'eut  lion  bur  glorieux  sacrilice,  en  l'an- 
née 273  ou  -llï.  Les  Actes  de  ces  saints  ne 
sont  pas  de  nature  h  inspirer  une  grande 
coiiliance.  Pierre  de  Natal ibus  et  Moml)iiiius 
nous  en  ont  donné  de  fort  dilférents  :  ceux 
de  Pierre  de  Nataiibus,  surtout,  sont  pleins 
de  léçits  fabuleux,  ce  qui  n'empôche  pas 
BaronUis  n'y  renvoyer  ses  lecteurs.  On  v  re- 
marque, et  le  Mai  lyi-ologe  romain  les  a\sui- 
vis.  qu'Us  souiiVirent  sous  un  préfet  de  Rome 
nommé  Platon  :  ce  Platon  n'est  pas  dans  la 
liste  de  Uucoherius.  L'Eglise  fuit  la  fêle  de 
ces  sai'Us  le  10  juin. 

MANDEVILLE  (lînRXARD  de),  né  h  Dort, 
en  Ho  laniie,  en  1G71,  y  étudia  la  médecine, 
reçut  le  degré  de  docteur,  ])assa  à  Londres, 
s'y  fr;a  ,  cl  y  exerça  son  art  de  médecin. 
Voulant,  par  vanité,  se  faire  un  nom,  il  com- 
posa plusieurs  ouvrages  on  vers  el  en  prose. 
Parmi  ces  demi,  rs,  deux  surtout  peuvent 
être  regarùés  comme  philosophiipies  ,  ses 
Pensées  libres  sur  la  religion  et  sur  le  bonheur 
de  la  nation,  1  vol.  in-12,  et  La  fable  des 
aùeil-'es,  ou  Les  vices  prives  font  la  prospérité 
publique,  qui  a  élé  liT.duit  en  français,  4  vol. 
in- 8". 

Dans  le  dernier,  l'auteur  paraît  avoir  eu 
pou'  but  de  détruire  tout.-  moralité  ;  il  y  dé- 
peint les  sujets  d'un  Etat  simsla  ligure  d'a- 
eilles  qui  habitaient  ensemble  une  ruche  et 
avaient  les  mœuj-s  des  sociétés  humaines  ; 
chaque  portion  do  cette  grande  réunion  du 
peuple  ailé  était  livrée  au  vice  :  cependant, 
la  ruche  allait  bien,  tout  y  prospérait.  11  ar- 
riva que  des  abeilles  fourbies  et  hypocrites  se 
flaignirenl  de  l'iniquité  oui  régnait  parmi  el- 
les ;  elles  invoquèrent  la  probité.  Jupiter  les 
exauça  et  purgea  la  ruthe  <is  tout  désordre  ; 
alors  la  paix  el  l'abondance  y  régnèrent, 
mais  les  arts  se  retirèrent.  Les  abeilles  fu- 


î 


V 


SI 


MA^( 


MAR 


5î 


ronl  attaq'it'f's,  se  défendirent,  triomphèrent, 
non  sans  perdre  beaucoup  de  roml mitants  : 
leur  nombre  alla  en  diminuant.  Celles  qui 
restaient  se  cachèrent  dans  un  trou  d'arbre, 
pour  y  jouir  sans  crainte  du  secret  bonheur 
que  donne  la  vertu. 

Telle  est  l'image  de  ce  qui  arriverait  h  une 
nation  (^ui  bannirait  de  son  sein  tous  les  vi- 
ces ;  il  n'y  aurait  plus  d'administrateurs, 
plus  de  tritjunau\  ni  de  mai;istrats.  plus  d'ar- 
mée ni  de  force  publique  (juelconcjue  ,  plus 
de  luxe,  de  faste,  ni  d'excès  en  aucun  genre  ; 
par  consé(iuenl  plus  auiun  de  o-s  arts  in- 
nombrables, destinés  à  fo\irnir  aux  jouis- 
sances des  Ames  corrom[>ues.  Que  devien- 
draient alors  ceux  qui  vivent  honorablement 
des  emplois  créés  [)Our  contenir  ou  satisfaire 
les  vices  ?  Ils  seraient  réduits  h  mourir  de 
faim  ;  la  monotonie  de  la  vertu  rendrait  la 
nation  probe  semblable  aux  abeilles  retirées 
dans  un  trou. 

L'idée  de  vertu  est  venue,  selon  Mande- 
ville,  des  législateurs,  qui,  voulant  organi- 
ser les  sociétés  telles  qu'elles  sont,  ont  es- 
sayé de  persuader  aux  hommes  qu'il  valait 
mieux  soumettre  ses  penchants  que  de  les 
suivre.  Là-dessus,  ils  ont  établi  arbitraire- 
ment une  distinction  entre  des  actions  (ju'ils 
ont  appelées  bonnes  et  d'autres  qu'ils  ont 
appelées  mauvaises.  La  vanité  doit  être  re- 
gardée comme  le  premier  principe  de  la 
Vertu  :  car  tous  les  hommes  agissent  par  va- 
nité, et  plus  ils  sont  vertueux,  plus  la  va- 
nité chez  eux  est  raffinée. 

Les  notions  de  bien  et  de  mal  sont  donc 
le  fiuit  de  l'éducation.  La  morale  naturelle, 
pour  les  individus,  consiste  en  ce  qu'ils  rè- 
glent leurs  penchants  de  manière  h  obtenir 
la  plus  grande  sommede  bonheur  possible  et 
de  l)onheur  sensuel,  bien  entendu.  La  source 
de  ce  bonheur  se  trouve  <lans  l'existence 
du  mal  physique  et  du  mal  moral  ;  car 
sans  l'existence  de  ce  double  mal,  il  n'y  au- 
rait ni  médecins,  ni  avocats,  ni  juges,  ni 
militaires,  ni  arts,  ni  fabri»pies,  etc. 

Il  est  aisé  de  voir  combien  ce  système  pa- 
radoxal, renouvelé  en  partie  de  nos  jours 
•par  les  Saint-Simoniens,  est  subversif  de  la 
religion,  du  bon  ordre  et  de  la  morale  en- 
tière (Bouvier,  Hist.  de  la  philos.,  t.  Il, 
p.   207  . 

MANKS,  chef  des  buccellariens,  soldats 
préposés  aux  exécutions,  fut,  h  Coiislanli- 
nople,  un  des  plus  ardents  ministres  des 
perséeiiiions  (pie  Constantin  Copronyme,  Ui- 
rieiix  iconoclaste,  lit  endurer  aux  catholi- 
ques. 

.>LVNNKE  sainte^  souiïrit  le  martyre  h 
Tomes,  dnns  le  Pont,  avec  le  Tribun  M.iriel- 
lin  son  époux  et  leurs  enfants  Jean,  Sérapion 
et  Pii-rie.  Noms  n'avons  .iucud  «h'-lail  sur  eux. 
L'Eglise  lait  leur  fête  If  'il  aoiU. 

•MANS  ou  M*iMi  saint  .  évcVpie  et  marlyr 
rn  FIcossc,  viv.iit  sous  h»  règne  d(>  Diinea'i. 
l'ne  armée  de  Norvégiens,  conimandt'e  par 
le  roi  Hacon,  étant  venue  ravager  les  Iles 
Orcades.  re  saint  évèque  essaya  de  maîtri- 
ser leur  fureur.  Comme  ils  le  menaçaient  do 
le  faire  mourir,  il  répondit  courng'  u«îemenl 


Gu'il  était  prêt  h  donner  sa  vie  pour  la  cause 
Ue  Dieu  et  de  son  troupeau,  mais  que  de  la 
part  du  Seigneur  il  leur  défendait  de  maltrai- 
ter son  peuple.  On  lui  coupa  aussitôt  la  tôto. 
Son  martyre  arriva  en  llO't,  et  l'Eglise  ho- 
nore sa  mémoire  le  16  avril. 

MANS,  chef-lieu  de  la  Sarthe.  Plusieurs 
auteurs  ont  fait  saint  Julien,  premier  évoque 
de  cette  ville,  martyr  :  c'est  une  erreur  qui 
vient  de  la  confusion  qu'ils  établissent  entre 
lui  et  un  autre  Julien,  inscrit  au  Martyrologe 
le  27  janvier  comme  le  saint  évèqiie. 

MANSUET  s'iint),  évoque  et  martyr,  souf- 
frit la  mort  en  .\fri(|ue  avec  l'évèqùe  Papi- 
nien.  Ils  soullrirent  durant  la  persécution  des 
Vandales,  sous  Genséric.  roi  arien.  On  leur 
brûla  le  corps  avec  des  lames  de  fer  ardent. 
L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  28  novembre. 
MANSUET  (saint  ,  martyr,  mourut  à 
Alexandrie  pour  la  foi,  avec  les  saints  Sé- 
vère, Appien,  Donat,  Honorius,  et  d'autres 
martyrs  dont  les  noms  ne  nous  sont  pas  par- 
venus. On  ignore  l'époque  à  laquelle  eut  lieu 
leur  martyre.  L'FIglise,  qui  les  a  mis  au 
nombre  de  ses  saints,  honore  leur  mémoire 
le  30  décembre. 

MANSUET  (saint),  évêque  et  confesseur, 
souiïrit  de  grandes  tortures  à  Milan,  pour  la 
défense  et  l'honneur  de  la  religion  de  Jésus- 
Christ.  Les  dé  ails  nous  manquent  sur  son 
compte.  II  est  inscrit  au  Martyrologe  romain 
le  19  février. 

MANUEL  fsaint),  souffrit  le  martyre  à 
Chaleédoine  avec  ses  compagnons  Isniaël  et 
Sabel.  Etant  venus  vers  Julien  l'Apostat  en 
nualilé  d'ambassadeurs  du  roi  de  Perse,  afin 
de  conclure  la  paix  avec  lui,  cet  empereur 
voulut  les  contraindre  de  vénérer  les  idoles, 
et  sur  le  refus  généreux  qu'ils  on  tirent,  on 
les  lit  périr  par  le  glaive.  L'Eglise  fait  leur 
immortelle  mémoire  le  17  juin. 

MAPPAMQUE  (saHit\  eut  le  bonheur  de 
cueillir  la  palme  du  martyre  à  Carthage,  sous 
le  règne  de  l'emjiereur  Dèce,  en  l'année  250. 
Saint  Cyprien  tait  mention  de  lui  dans  sa 
lettre  aux  martyrs  et  aux  confesseurs.  Ce 
saint  évèipie  le  loue  de  la  fermeté  avec 
laquelle  il  refusa  des  billets  de  réconciliation 
et  d'indulgence  h  ceux  qui  étaient  tombés. 
Il  se  Itorna  à  demander  dans  une  lettre  qu'on 
accordAt  cette  faveur  h  sa  mère  et  à  sa  sœur, 
\\  (pii  ce  malheur  était  arrivé.  L'Eglise  do 
Cartilage  était  alors  attristée  de  la  facilité 
avec  laquelle  les  martyrs  et  les  confesseurs 
ilo'inaieiil  dos  liillets  de  réconciliation  aux 
tonihe's.  La  veille  de  sa  mort ,  il  annonça  au 
proconsul  que  le  lendcMuain  il  aurait  le  plaisir 
d  un  nouveau  combat ,  et  d'un  comb.it  do 
Dieu.  Il  tint  paroln,  le  lendemain  il  combattit 
et  il  vainquit,  en  mourant  dans  les  tourments 
dt>  la  ipiesiion.  L'Eglise  célèbre  sa  AMe  le  17 
avril.avecc(<lleileses  tHtmbreuxcompagnons. 
MAI'HII,  sainte  reçut  la  couronne  du 
martyre  à  Porto,  a^iw  les  saints  Martial, 
Saturnin,  l'pii'.èîe,  Félix  et  leurs  compa- 
çnoiis,  dont  les  noms  sont  ignorés.  L'Eglise 
fait  leur  fête  le  22  aoiU. 

MAltACAPANA     le  raciqno   de),   fit.    en 
1520,  mouiir  Denis,  fK're  lai  do  l'ordre  de.s 


RX 


MAI\ 


M  A  II 


S4 


I 


Frnncisoniiis  ;  voici  dniis  qiiolltv^  rircon^- 
tnnns.  AKoiiso  de  Ojt'ila ,  s'rl/ml  n-iidii  h 
Cumaiia  pour  la  p(^(lic  ii<'s  |H'tl("s,  lil  venir 
h  son  boni  plusiciirs  des  ludtilaiil.s  dn  pav-s, 
qu'il  oinincna  duns  un  nuire,  pi»ur  les  y 
vendra  connue  esclaves.  IMus  lard  ,  (Manl 
(h^scendii  /i  (erre,  il  y  lut  Im'-  pai-  \i>i  caciipuî 
(le  Maracapana.  Tons  les  lùnopéens  de  la 
cunli'ée,  soupeonncVs  d'avoi)' (renipé  dans  la 
trainson  de  cet  ollicier,  Cureiil  ol)lii;;(''s  de  s» 
relirer  h  Ilaili.  Il  ne;  resta  (pu-  Denis,  (|ui 
xMidaut  six  jours  fui  cacin'',  mais  ipii  au 
tout  d(M'ci  temps,  poussé  par  l.i  faim,  lut 
()hlii;é  de  se  livrer  auv  nalurels.  (leu\-(i  l(; 
frapp(''rent  si  rudement,  (pi'ils  lui  lirent  sau- 
ter la  cervelle.  Non  coulent  di;  cette  ven- 
R(NUico,  le  caciipu'  invila  ceux  de  Cdiirihiidii 
h  se  d(Mair(»  d(^  leur  cùl(^  des  religieux  (pii 
liahitai(Mil  au  milieu  d'eux  le  couvent  d(i 
Saiute-l'"oi.  ('.'{Haienl  des  domiiucains.  Les 
deux  religieux  de  Sainte-Foi  ii^Mioraient 
l'événenuMit  (pu*  nous  venons  de  (lir(î,  hieii 
qu'il  se  lilt  |)assé  A  (|uel(juos  lieues  seule- 
ment de  chez  eux.  Cétait  le  saint  jour  du 
dimanche.  L'un  d'eux  n'était  pas  piètre.  11 
venait  de  recevoir  l'absolution  pourconnnu- 
nier,  l'autre  ét.iit  sur  le  point  d'otl'rir  le 
saint  sacrilice  :  les  naturels  arrivèrent  connue 
des  forcenés,  égorgèrent  les  deux  religieux, 
mirent  le  l'eu  au  couvent  et  brisèrent  les 
cloches,  les  images,  les  croix,  un  christ,  et 
jetèrent  les  débris  do  ces  choses  saintes  sur 
les  chemins  des  environs.  Ils  coupèrent  les 
arbres  plantés  par  les  européens,  voulant 
ainsi  ellacer  jus(iu"Ji  la  dernière  trace  de  leur 
séjour  au  milieu  d'eux.  Bien  des  lois,  dans 
l'histoire  américaine,  on  trouve  de  tels  évé- 
nements :  la  cupidité,  la  cruauté  des  vain- 
queurs, éloignaient  les  indigènes  de  la  reli- 
gion qu'on  leur  prêchait,  et  les  poussaient  à 
de  terribles  représailles. 

MAUC  (saint),  évangéliste,  apôtre  de  l'E- 
gvpte  et  martyr,  était  Juif.  Ses  Actes,  qui 
paraissent  anciens,  quoiqu'ils  ne  soient  {)as 
originaux ,  disent  qu'il  était  du  pays  de 
Cyrène  dans  la  province  de  Libye  appelée 
Pentapolis  ou  Cyrénaïque.  Bède  dit  encore 

au'on  tenait  qu'il  était  de  la  race  sacerdotale 
'Aaron,  et  cela  se  trouve  dans  un  ouvrage 
qui  porte  le  nom  de  saint  Jérôme,  quoiqu'il 
ne  soit  pas  de  lui;  quelques  anciens  ont  dit 
(fu'il  était  du  nombre  des  soixante-dix  disci- 
ples de  Jésus-Christ.  Néanmoins  la  tradition 
la  plus  commune  et  la  mieux  autorisée  est 
u'il  a  été  converti  après  la  résurrection  de 
ésus-Christ  par  la  prédication  des  a{)ôtres. 
Beaucoup  de  Pères  ont  dit  qu'il  était  disci- 
ple et  inter|)rète  de  saint  Pierre,  et  f[ue  c'est 
e  môme  Marc  que  cet  apôtre  appelle  son  fils 
dans  sa  première  épître.  Les  auteurs  ne  sont 
pas  d'accord  sur  le  titre  d'interprète  ;  les 
uns  entendent  par  là  que  notre  saint  évan- 
géliste écrivait  en  style  correct  les  épîtres  de 
l'apôtre,  les  autres  prétendent  que  cette  fonc- 
tion consistait  à  rendre  en  grec  ou  en  latin 
ce  que  saint  Pierre  prêchait  dans  sa  langue 
maternelle.  Saint  Marc  composa  son  Evan- 
jgilc  à  la  sollicitation  des  chia'^iens  de  Home, 
et  saint  Pierre,  qui  ap[irouva  cet  ouvrage,  le 


l 


l 


lUit  en  usage  dans  l'I-iglise.  On  (ir«<lefid  avoir 
anptuid'lnii  h  Venisi;  l'original  de  ci  |  r;v,in- 
gili',  CI  lit  de  1,1  pKipre  main  de  saint  Mate. 
(Juihpn-s  modei  IIC5I  assurent  (pie  saint  iMirrro 
envoya  notn-  saiiil  prèelwc  rKvnn^^ilc  ii  A<pii- 
lée  ;  (pie,  rliir.inl  un  léjoiir  d,.  deux  ans  et 
demi,  il  convertit  un  Kiand  tioiiibre  de  per- 
sonnes et  fonda  cette  I';;.;lis(.  (pii  devint  iino 
des  plus  (('-lèlires  (h;  l'Oecidiiit.  Ce  fut  en 
raiiiiée  lt\),  d'après  les  historiens  d'I-lgypti?, 
(pie  saint  Mare  alla  prêcher  rKvan^-iJr  (l.ins 
I  l'igvpte,  dans  la  TlK-haide  et  dans  la  Ld)VO 
(lyrénaupie.  Il  (h'sceiidit  h  Cyrène,  y  lit  (pj;,n- 
tité  de  miracles  cl  convertit  iin  graiid  iKjinliro 
d'habilaiils.  Api'ès  avoir  consaeié  environ 
dou/.(;  afis  h  évatigéliser  la  Marmariipie  et 
rAinmonia(me  (en  Libye),  il  eut  une  vision 
dans  huiuelle  Ditiii  lui  ordonnait  d'aller  ré- 
pandre la  foi  dans  la  ville  d'Alexandrie ,  la 
i)r<'mière  de  l'empire  après  Homo.  Il  prit 
donc  congé  de  ses  disciples,  et  arriva  au 
terme  (h;  son  voyage,  la  7*  année  du  règno 
de  Néron,  après  deux  jours  de  traversée. 

On  rapporte  qu'étant  entré  dans  la  ville 
pnr  le  (juarlier  appelé  Bennide,  son  soulier 
vint  à  se  rompre;  il  le  porta  aussitôt  à  un 
savetier  nommé  Annien  ,  qui  s'étant  blessé 
la  main  nvcr.  son  alêne,  s'écria  de  douleur  : 
«  Ah!  mon  Dieu!...  »  Saint  Marc,  rempli  de 
joie  en  entendant  cette  exclamalion,  |,ar  la- 
quelle l'idolAtre  reconnaissait  malgré  lui  un* 
seul  Dieu,  fit  un  peu  de  bouc  avec  sa  salive, 
l'appliqua  sur  la  plaie  qui  giiérit  h  l'instant. 
Annien,  touché  de  ce  miracle,  le  for(;a  d'en- 
trer chez  lui  et  prendre  un  peu  de  nourriture, 
après  quoi  il  se  fit  baptiser  ainsi  que  touto 
sa  maison.  Tel  serait,  si  l'on  on  croit  les 
historiens  d'assez  médiocre  autorité  qui  ra- 
content cet  incident,  le  commencement  de 
la  religion  chrétienne  à  Alexandrie.  En  peu 
de  temps,  le  nombre  des  chrétiens  se  multi- 
plia d'une  manière  étonnante;  le  nombre  en 
était  si  grand,  que  toute  la  ville  se  souleva 
contre  ce  Caliléen  qui  venait  détrôner  les 
dieux  de  l'empire.  Forcé  de  s'enfuir,  saint 
Marc  élut  Annien  ou  Ananie,  pour  le  rem- 
placer en  qualité  d'évêque;  il  ordonna  éga- 
lement trois  prêtres,  nommés  Mélie,  Sabin 
et  Cerdon;  sept  diacres  et  onze  autres  per- 
sonnes qui  devaient  servir  de  ministres , 
après  quoi  il  retourna  dans  la  Pentapole  afin 
d'échapper  aux  poursuites  des  païens.  Après 
y  avoir  séjourné  deux  ans  ,  il  retourna  à 
Alexandrie  d;int  il  trouva  la  nouvelle  chré- 
tienté en  très-bon  état.  Il  ne  tarda  pas  à  se 
rendre  à  Rome  où  il  fut  témoin  du  martyre 
de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  et  d'oii  il  se 
rendit  de  nouveau  à  Alexandrie.  Ce  fut  alors 
quelles  [)aïens,  devenus  furieux  des  miracles 
qu'il  faisait  et  des  railleries  sanglantes  dont 
les  chrétiens  accablaient  leurs  idoles,  réso- 
lurent de  s'emparer  de  lui,  criant  que  c'était 
un  magicien.  Un  jour  qu'ils  otlraient  un  sa- 
crifice à  leur  idole  Sérapis,  plusieurs  d'entre 
eux  ,  chargés  de  le  chercher,  le  trouvèrent 
disant  la  messe.  On  croit  que  c'était  le  24 
avril  de  l'année  68. 

Ici,  nous  laisserons  parler  Tillemont  lui- 
même  :  «  Ils  se  saisirent  de  lui,  lui  mirent 


3S 


M.VR 


M\I\ 


SO 


tmo  corde  nu  cou  rt  le  traîneront  on  criant 
qu'il  f.ill.iit  mener  ce  buflle  h  Biicoles.  qui 
était  un  lieu  prôs  de  la  mer  jilein  de  rorli  s 
et  de  |)r»''ripie«'5,  deslint'*  apinremment  pour 
nourrir  les  bœufs.  Durp.nl  qu'on  le  traînait 
ai'isi  depuis  It»  matin  jusqu  au  soir,  et  que 
l'on  couvrait  la  tene  et  les  pierres  de  son 
sang  et  des  morceaux  de  chair  qui  s'arra- 
chaient de  son  corps,  il  h^nis-^ait  Dieu  et  lui 
rentlait  pnkes  de  ce  qu'il  lavnit  ju;.^é  digie 
de  soullrir  pour  son  sainl  nom.  Quand  le 
soir  fut  venu,  ils  le  mirent  dans  u  le  prison 
en  att-  ndait  qu'ds  eussent  résolu  comment 
ils  le  feraient  mourir. 

«t  Dieu  le  consola  la  nuit  pir  deux  visions 

aue  Bède  a  crues  di,j;nes  d'être  marquées 
ans  50-1  Marivrologe.  Il  lui  (  nvoya  d'ahoid 
un  ani^e  qui,  en  faisant  trembler  la  terre, 
vint  l'assurer  que  son  nom  était  écrit  dans 
le  livre  de  vie.  lit  lorsque  le  saint  remerciait 
Dieu  de  celle  faveur  et  le  priait  de  ne  le 
point  priver  de  sa  grâce  ,  Jésus-Christ  lui 
apparut  en  la  même  forme  (ju'il  avait  eue  sur 
la  terre  et  lui  donna  la  pa  x.  Le  lendemain  , 
dès  le  malin,  les  infidèles  le  tirèrent  de  la 
prison  et  le  traînèrent  comme  le  jour  précé- 
dent jusqu'à  ce  qu'enfin  il  c  ndil  son  âme  à 
Dieu  et  consomma  son  martyre  le  25'  jour 
d'avril,  auquel  les  Eg'ises  grecque  et  la- 
tine ,  aussi  bien  que  les  Egyptiens  cl  les 
Syriens,  célèbrent  aujourd'hui  sa  lète.  Les 
païens  ne  se  conlenlant  jtas  de  lui  avoir  ùlé 
la  vie,  brillèrent  son  cor|>s  dans  un  lieu  ap- 
pelé les  Messagers  ou  les  Anges,  l'ayant 
traîné  de  Bucoles  jusqu'en  col  endri)il.  Mais 
un  grand  orage  qui  survint  les  ayant  obligés 
de  se  retirer,  les  chrétiens  ramassèrent  ce 
ui  restait  de  son  corp-;,  le  portèrent  au  lieu 
e  Bucoles  où  ils  avaient  aecoutumé  de  s'as- 
sembler [)0ur  prier,  et  l'entt  rrèrenl  en  cet 
endroit  du  cùtéde  l'Orienl,  en  un  lieu  creusé 
dans  le  roc,  près  d'une  vallée  où  il  y  avait 
>lusieurs  tombeaux.  Il  est  maniué  qu'ils 
'enterrèrent  avec  les  cérémonies  du  |)ays  en 
y  joignant  la  prière.  »  (lillcmont,  tome  II, 
page  !I6.) 

S'il  faut  en  croire  les  Actes  do  saint  Pierre 
d'Alexandrie,  ils  disent  d'une  manière  posi- 
tive rpie  Bucoles  fut  le  lieu  du  martyre  de 
noire  saint ,  et  rpi'eii  .'{10,  il  y  avail  rni  cet 
endroit  une  église  et  un  cimetière  de  Saint- 
Marc  Ils  disfiit  encore  que  saint  Pie  re 
soud'rit  le  martyre  en  ce  licni,  et  (piavanl  de 
mourir,  il  obtint  des  bourrcviux  la  liberté  de 
f«ire  sa  prière  au  tombenu  de  sa  ni  Marc; 
nous  vfiyons  aussi  (pi'au  m*  siècle  ,  l'Kgliso 
d'Alexandrie  conservait  encore  le  manteau 
ou  pnllinm  de  saint  Marc,  et  (pio  le  nouvel 
rvéque  ne  pouvait  légitimement  prendre 
possession  de  son  trône  rpi'après  avf)ir  ro- 
▼^lu  ce  manteau.  La  fêle  de  ce  saint  Fvan- 
j^élisle  se  fut.  roinine  nous  lavons  dit,  dans 
toute  l'Kglise  le  -i.'i  d'avril.  Le.s  (Irecs  font 
enrore  une  mémoire  parîiculière  de  cet 
apôtre  (comme  ils  rajij)elleiit)  le  tt  janvier. 
Au  dire  des  Egyptiens,  son  épisropat  dîna 
sept  ans,  depuis  l'année  l".0  ou  01  qu'il  vint 
li  Alexandriejiis  |n'?i  sa  mort.  Nict'-phore  n'en 


a 


1 


rompt»;   que  deux   et   attribue   le    reste   à 
Annien. 

n  Le  corps  de  saintMarc.ditTiIIemonl(t.II, 
p.  9S),  était  encore  révéré  h  Alexandrie  au 
vin'  siècle,  quoique  la  ville  fill  alors  sons 
Il  domi  iition  des  malioméla-is.  11  y  était 
enterré  dans  un  lombi-au  de  marbre  devant 
l'autel  dune  église  qu'on  trouvait  à  droite 
en  entrant  dans  la  vill  ,■  du  rôle  de  la  terre  , 
hors  de  la  porte  orien'ale.  Il  y  avait  là  un 
moi  a>lère  (pii  subs  stail  cnco-.e  avec  l'église 
en  870.  On  préteml  ipie  vers  l'an  815  sous 
l'empire  de  Léon  r.\rménien  ,  le  corjis  du 
saint  en  fut  ôié  et  transporté  à  Venise.  Nous 
sommes  contraint  d'avouer  que  r»ous  n'avons 
point  d  histoire  de  cette  iranslaiion  qui  nous 
en    apprenne    aucune    particularité    qu'on 

finisse  regarder  comme  certaine.  Mais  pour 
e  fond,  Bernard,  moine  français,  (}ui  lit  lo 
voyage  d'Orient  en  l'an  870,  nous  as>ure  que 
le  corps  de  saint  .Marc  n'était  plus  à  Alexan- 
drie, parce  que  les  Vénitiens  l'avaient  enlevé 
à  celui  rpii  en  avail  la  garde  et  l'avaient  [lorté 
dans  leur  île.  Les  Vénitiens  croient  l'avoir 
encore  aujourflbui  dans'la  superbe  cha[)elle 
de  leurs  ducs  ipii  porte  le  nom  de  saint 
Mf:rc.  Il  parait  (ju'on  ne  sait  pas  précisément 
en  quel  endroit  il  est.  Il  est  certain  que  dans 
le  MX'  siècle,  le  duc  et  les  procurateurs  n-  la 
ré|»ubli<]ue  prétendaient  le  savoir  seuls  et  en 
faisaient  un  secret  aux  autres.  Celte  répu- 
lilique  a  pris  saint  Marc  pour  son  |tatron,  et 
elle  fait  la  mémoire  de  sa  translation  le  31 
janvier.  Cette  tradition  de  l'Eglise  de  Venise 
n'em[)èche  pas  ([uon  ne  [irétende  avoir  en 
d'autres  endroiis  divi'rses  reluiues  de  saint 
Marc,  ou  môme  le  corps  entier.  » 

MAIU:  fsninP.  d'Alin  ivilie  du  LatiunV, 
fut  le  premier  évècpie  de  la  ville  d'Alm.  Il 
fut  martyrisé  le  28  avril  %,  sous  l'empire  et 
durant  la  perséiulion  de  Domilien.  Après 
avoir  prêché  l'Evangile  dans  la  Campanie,  il 
fut  tué  par  les  paysans  qui  lui  enfoncèrent 
deux  clous  dans  la  lète.  Barouius  a  nus  sa 
fêle  dans  le  Martyrologe  romain  au  jour  do 
sa  mort. 

On  construisit  à  Afin  une  église  sur  le  lieu 
où  re|>osait  son  corps;  au  bout  de  quejtpies 
années  cette  église  fut  complètement  ruuiée 
et  détruite,  de  sorte  ((u'on  ne  savait  plus  où 
reposait  le  corps  du  saint.  Ce  fut  le  samedi 
17  juillet  lOo.'l  qu'on  le  retrouva,  sous  lépis- 
copal  d'  Léon,  ('-vèipie  d'.Min.  Il  fut  déposé 
dans  l'église  calln-drale  de  la  Sainte-Vierge  , 
jusquà  ce  (ju'il  fut  replacé  par  l'évèque  dans 
un»>  c<l'so  l)AI?e  SUIS  «on  invocation. 

MABC  (saint),  diacre  de  l'Eglise  de  ïrieste, 
soiillril  le  martyre  dans  ceîte  ville  avec  saint 
Prime,  prêtre,  (le  :\\t  sous  l'enq^ire  d'Adrien 
(pieiiî  lieu  leur  tr.omphe,  1-  10  mai,  jour 
ampiel  l'Eglise  célèbre  ieur  fêle. 

MABC  , sainte  martvr,  fi.t  mis  à  mort  îi 
Borne  avec  saint  Timollu-e,  sous  l'innpire  n«» 
Marc-.Vurèle.  L'Eglise  fait  sa  fêle  le"2i  mars, 
(hi  manfpii'  absolument  de  docnnn-nls  his- 
toriqiiis  .uilheuliqucs  sur  son  compte. 

M.VBC  (saintl,  martyr,  domia  .•■a  vie  pour 
la  foi  sous  l'empire  et  durant  la  persécution 
de  Claude  II,  <lil  h^  Ciolhiipie,  avec  les  saints 


57 


M\U 


M\n 


TA 


TIh'ixIoso.  Piorrc,  I.nrms  t-r  f(iinrnnl('-siT 
niilnvs  sn|(|/ils.  (iiic  le  lyniii  lil  (lri;;i|iili'i-  ;uis^ 
}«ilAl  .iiinVs  i|iio  lo  |).'i|><'  It's  cul  li.'i|)lis(S.  Ils 
lurent  (tMl(>ir<Vs  sur  la  voie  S;il;iri,i,  iivcr  plii- 
siinis  niilrcs  m.irlyr'i ,  ;iii  iminhrc  de  ce  il 
vin;;;!.  l/l'^iAli**''  lu)nort^  hnir  iiM'iMi()ir(.î  lo  25 
ocliihi-c. 

MMU;    et    MAlUll'.I.Ml'lN  (saints),  ('lair-il 
dciii  ({■('Vi's  jimicaiix,   Mis  do  'rrani|tiilliii  cl 
i\v  Marcic.  Ils  ri  ii(>;il  cxccssivciiH-iil  liclics. 
Ils  ('laiciil  iiiaiM's  t'I  avaiciil  des  cidails.  Sous 
C/iri'i  en  '2S'i,  ils  riir(vil  jirnMrs  pour  la  Un  , 
cnr  ils  rtaiciil  (•lir(''li('Ms  drs  Inii'    fciiiicssc, 
quoi(|iio  leur  prie   cl  Unir  mci'c  iiisscil  cii- 
coro  païnns.   I.cs   Aclcs   do  sninl  Sebastien 
(|iii  rapportent  ec  lait  n'cxplitpicnl  pas  coni- 
nicnl  cela  s(>  |)ul  l'aire.  Ils   .Mouli'hl   tpic  1  's 
enfants  de  Marc  eldc;  Marcolûen  (^lair:»!  v\\\- 
nw^nies  païens  :  ce  di-rnier  lail   paraît    a^.^e/. 
peu  probable  :  conuuenl  ces  deux  saints  au- 
raienl-ils  pu  soulVrir,  eux  convertis  au  eliris- 
lianisiue,  (pi'on  él(M'Al  leurs  enfants  dans  les 
ti^iiùbres  dn  pa;-;ani>nio?  Ils  bircvit  conduits 
en  prison,  et  Cin-oniaco,  préfet  de  Rome,  les 
condamna   h  Alit>  décapitiVs.    F.eurs  i)arents 
obtinre  11  un  délai  do  trente  jours  pour  Texé- 
cuiion  de  la  sentence,  cspéianl  les  détermi- 
ner à  abjurer  leur  religion.  On  les  condu  sit 
dans  la  maison  de  Nicostrale,  |)remicr  };rci1ier 
de  la  préfecture.  Là,  'lYanrpjilIin,    Marcio, 
leur   pérc  et  leur  mère,  puis  leurs  femmes 
et  leurs  enfants,  vinrent  les  trouver  e:  essayè- 
rent pour  les  vaincre  tout  ce  que  les  larmes, 
les   su[>p  ications   ont    de   puissance.    Mais 
eux-mêmes  furent  co  iveriis  à  Jésus-Clu'ist, 
et  leur  conversion  fut  due  en  partie  h  saint 
Sébastien,   oilicier  de  la  maiîOn  de  l'emne- 
reur.  Ce  saint  oilicier  venait  tous  les  jours 
visiter  les  saints  dans  leur  prison.  Chromace 
lui-même  fut  miraculeusement  converti,  mit 
les  saints  en  liberté,  puis  se  retira  à  la  cam- 
pagne après  avoir  doimé  sa  démission.  Ce 
fut  un  nommé  Castule  ,  chef  des  éluves  au 
palais  de  l'empereur,  qui  cacha  chez  \i  les 
deux,  saints;  ils  y  restèrent  fort  loni;temps; 
mais  enlln  ils  furent  trahis  par  Torquat  qui 
récemment    avait   apostasie.    On    se   saisit 
d'eux,  et  Fabien,  successeur  de  Chromace, 
les  lil  garrotter  à  un  poteau  sur  lequel  on  leur 
fixa  les  pieJs  avec  des  clous.  Ils  furent  un 
jour  et  une  nuit  dans  cette  position  doulou- 
reuse,  et  le  lendemain  on  les  perça  à  coups 
de  lance.  Leur  séjiulture  eut  lieu  dans  VAre- 
narium,  à  deux  milles  de  Home.  Ce  lieu  fut 
de()uis  un  cimetière  ,  lacé  sous  leur  invoca- 
tion. L'Eglise  fait  leur  fôle  le  18  juin.  (Voy. 

SÉIIASTIEN.) 

MARC  (saint),  martyr  en  Egvpte,  dans  la 
Thébaïde ,  mourut  pour  la  loi  en  l'an  do 
Jésus-Christ  304.,  avec  son  frère  saint  Mar- 
cien.  Il  périt  avec  eux  une  grande  muliitudo 
de  chréjens.  Eusèbe  donne  le  détail  des 
tortures  qu'on  leur  faisait  endurer.  Les 
fouets,  les  ongles  de  fer,  le  feu,  k-s  noyades, 
tout  ce  que  la  cruauté  des  nersécuteurs  in- 
venta pourtourmenterles  chrétiensélait  em- 
ployé contre  ces  généreux  soldats  de  Jésus- 
Christ.  L'Eglise  célèbre  leur  fête  le  4  octobre. 

MARC  (saint),  berger,  exerçait  cette  pro- 


fession Iranfpiilli'  <laiis  1rs  efivirons  rl'An- 
tioclu;  de  l'isidic.  Il  faisait  de  nombreux 
luir/iclns,  ciw  en  ri'compense  d(!  son  éniinente 
pii'h'',  Dieu  lui  avait  acc<)idé  colle  puis'-aiice 
SI  conuuune  aux  sanils  de  la  prinntivc  l-!^|  so 
et  si  rare  de  nos  jours,  il  (  onverlil  h  la  reli- 
gion clut'lienne  un  urand  nombre  de  soldits, 
l'insloire  ilii  Inndc.ipii,  .ly.inl  étééinervinllés 
des  prodij;,es  (piil  accomplissiiii,  se  déclar/i- 
leiil  cbréliens  cl  furent  lu/irl  \  lise-,  en  dill'é- 
rciils  lieux  poiu-  la  loi.  Saint  Marc  lui-mêmo 
cufullil  la  glmieuso  couronne  du  niartvrfj 
dans  la  vide  d'Anlioche  avec  ses  trnis  fièi  es, 
Ali'xandr(î,  Alpin;  et  /o/.inu",  et  les  «-ainls 
Nicon,  Néon  et  llidiodore.  L'ICglise  fait  leur 
fêle  le  2S  septembre. 

MARC  isaintj,  martyr,  e\it  la  gloire  d« 
soullVir  pour  la  loi,  h  Nicéecn  Rilliynie,  avec 
les  saints  'l'iirnisétas  et  Horre/,  son  (ils,  h'S 
.saintes  Arabie  ,  Nympli(jdora  et  Tliéodora. 
L(!  Martyr(doge  romain  ne  marque  [loint  h 
quelle  ép0(pui  eul  li(ni  leur  martyre.  Ils 
furent  .'ous  livrés  ii  des  brasiers  ardents. 
I-/Eglise  honore  la  mémou-e  de  ces  saints 
niar  yrs  le  l.'J  mars. 

!\L\RC  (sainlj,  fut  martyrisé  on  Afri({ue 
dans  des  circonsiances  que  io  Martyrologe 
nuiiain  ne  marqi'o  point.  Il  eut  p mr  com- 
pagnons (le  sa  gioiic  les  saints  Rufin  et  Va- 
lero. C'est  le  10  novembre  que  l'Eglise  fait 
leur  mémoire. 

MARC  (saint),  fut  marîyrisé  à  Sorrento 
avec  les  saints  Quinctus,  Quinctille  et  neuf 
autres  qui  sont  inconnus.  Ils  sont  inscrits  au 
Martyrologe  romain  le  19  mars. 

MARC  (saint),  fut  décapité  pour  la  foi  de 
Jésus-Chr.st  avec  saint  Mucion.  Un  jeune 
enfant  les  ayant  avertis  tout  haut  do  ne  pas 
sacrilier  aux  idoles,  on  le  fit  fouetter  ;  et 
comme  il  ne  sistait  de  plus  en  plus  à  confes- 
ser Jésus-Chiist ,  il  fut  massacré  avec  un 
chrétien  nommé  Paul  qui  exhortait  les  mar- 
tyrs également.  Ils  sont  inscrits  au  Mar- 
tyrol(»ge  romain  le  3  juill  t. 

MARC  (saint),  fut  couronné  avec  saint  Ro- 
bustien;  on  ignore  à  quelle  époque  et  dans 
quelles  circonstances.  L'Eglise  honore  leur 
mémoire  le  31  août. 

MARC  (saint),  fut  martyrisé  en  Egypte 
vers  l'année  30'i-  ou  305,  avec  saint  Marcien, 
que  les  anciens  Martyrologes  disent  être  son 
pèie.  Ces  courageux  combattants  de  la  foi 
eurent  d'autres  compagnons  encore  que  nous 
ne  connaissons  pas.  L'iigiise  fait  leur  fête  le 
k  octobre. 

MARC  (saint),  martyr,  répandit  son  sang 
pour  Jésus-Christ  en  Afrique  avec  les  saints 
Faustin,  Lucius,  Caniiide,  Celien,  Janvier  et 
Fortunat.  (Ko//,  l'article  Faustin  pour  ren- 
seignements plus  explicites.) 

MARC  (saint),  soulfrit  le  martyreà  Antioche 
de  Pisidie.  Il  eut  pour  compagnon  de  sa 
gloire  saint  Etienne.  Nous  n'avons  aucun  dé- 
tail sur  la  date  el  lesditférentes  circonsances 
ûr  leur  combat.  Nous  savons  seulement  qu'il 
arriva  durant  la  persécution  de  Dioclétien. 
L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  22  novembre. 

MARC  CVRLVCOPULE,  Cretois,  soulfrit 
la  mort  pour  la  foi  chrétienne  le  6  juin  163i 


st  M.vn 

Jeune  enporo  ,  et  ne  pouvant  supporter  les 
mauvais  Iraitonif'nls  »le  son  père,  il  se  renJ 
à  Sniyrne.  Agé  de  !(>  ans,  et  y  embrasse  le 
mahomélisme  à  la  grande  joie  des  Turcs. 
Deux  ans  .Tpr»''s,  il  rentre  en  lui-ni»'yme  ,  re- 
tourne en  0«'te,  y  passe  deux  antros  années 
dans  les  prières,  les  jeûnes  et  les  larmes  : 
non  content  de  ces  pénitences,  il  revient  h 
Sniyrne  en  liabit  de  chrétien.  In  marchand 
de  sa  connaissance  le  rencontre,  lui  demande 
ce  qu'il  vient  faire,  s'il  ne  sait  pas  la  peine 
de  mort  qu'il  l'attend;  il  l'oxliorle  h  s'enfuir 
au  plus  vile  et  lui  en  oll're  les  moyens.  Le 
jeinie  hon)me  le  remercie,  lui  racconte  son 
nisloire,  ajoutant  (pi'il  vient  donner  sa  vie 
pour  celui  qu'il  a  eu  la  faiblesse  de  renier. 
Aussit»')t,  il  entre  dans  une  églis<\  y  passe  la 
nuit  en  prières,  se  confesse  avec  larmes, 
reçoit  la  communion,  puis,  soiti  de  là,  dis- 
tribue au\  pauvres  l'argent  (pii  lui  reste. 
A  un  Turc  qui  le  connaît  fort  l)ien  ,  il  ra- 
conte ce  qui  lui  est  arrivé  ;  l'autre  par 
compassion  s'elTorce  do  le  ramener  au  ma- 
homélisme. mais  vainement.  D'autres  Turcs 
surviennent  qui  le  mènent  au  cadi.  Les  ex- 
hortations ayant  échoué,  le  juge  lui  fait  ap- 
Eliquer  cent  cinquante  coups  de  nerf  de 
œuf  sur  les  pieds  et  sur  le  ventre,  puis  jeter 
en  prison  où  il  n'ap[»araîl  plus  aucune  trace 
de  ses  plaies.  Il  y  passe  six  jours  ,  privé  à 
peu  près  de  toute  nourriture;  les  Turcs  le 
visitent  continuellement ,  pour  le  gagner  à 
force  de  promesses.  Comme  il  demeure  iné- 
branlable, le  juge  le  condatnne  h  avoir  la  tète 
tranchée  :  le  bourreau ,  par  maladresse  ou 
cruauté ,  la  lui  hache  en  lambeaux  plutôt 
qu'il  ne  la  lui  coupe.  Les  chrétiens  rachè- 
tent son  cor|)s  pour  une  très-grande  somme 
et  lui  donnent  une  sépulture  honorable. 
(Rohrbacher,  Ilist.  univrr.  de  l'F.ql.  cathol., 
citant,  t.  XXV,  p.  SS.'i,  Léo  Allatius,  n"  12.) 
MARC,  abonna  d'Abyssinie,  est  un  des 
plus  abominables  parmf  cos.  Judas  qui  dans 
tous  les  tem[)S  ont  été  la  honte  de  l'Iunua- 
nilé.  Il  était,  quoi(|ue  attaché  à  la  religion 
d'Alexandrie, ami  du  P.  Agalhonge,  supérieur 
des  Capucins  d'Egypte,  avec  lequel  il  avait 
eu  plusieurs  conférences  dans  lesipielles  il 
ne  s'était  pas  montri"  fort  éloigné  de  revenir 
à  l'unité.  Le  P.  Agallionge  ayant  ap[)ris  ['('tat 
malheureux  de  r.Mtyssinie,  violemment  per- 
sécutée dejtuis  l().l2  par  Rasilides  ,  lils  et 
.successeur  du  N  'gous  Mi-lec-Segued  ,  vint 
trouver  le  palriarcte  d'Alexandrie,  dmpiel 
il  obtint  la  nominatifui  de  .Marc  c(»mme 
abonna  d'.Xbyssinie,  h  la  place  de  l'aventu- 
rier cruel  et  cupifle  que  Basiliiles  avait  ac- 
rej)té.  Marc,  investi  de  sa  nouvelle  digiiité, 
jiartit  avec  des  lettres  du  pa'riarche  (iiii  re- 
rommandfiif  h  BaMiides  de  traiter  les  ca- 
tholiques avec  moins  d(>  dureté.  Le  Père 
Agathonge,  jugeant  h>s  circonstances  conve- 
nables pour  entier  en  .Vbyssinie  ,  y  entra 
par  Souakiin  avec  le  P.  Cassien  de  Nantes, 
religieux  de  son  «irdre.  Ils  étaient  déguisi's 
en   marchands  ariin-niens.  Cependant,   dès 

?|u'ih  enrr'Ut   mis  le  pied  dans  lo    pays  ,    ils 
urent  arrêtés  et  conduits  devant  Marc,  qui 
les  reconnut  facilement.  L'amitié,  Ihuma- 


Mvn 


^0 


nilé,  la  religion,  tout  lui  faisait  un  devoir  de 
les  s.Tuvpr.  Traître  à  tous  les  devoirs  que  lui 
imposaient  ces  grands  mobiles  de  tous  le.$ 
actes  humains,  il  répondit  que  ces  hommes 
étaient  des  prêtres  romains  qui  venaient  en 
Abyssinie  pour  y  détruire  la  foi  d'AIeian- 
dric.  Il  savait  bien  que  dans  sa  bouche  celte 
réponse  équivalait  à  un  arrêt  de  mort.  Les 
deux  saints  furent  \\  l'instant  même  saisis 
par  la  populace  et  lapidés.  Ainsi  fut  consom- 
mé le  martyre  de  deux  saints,  et  consomm»^ 
aussi  le  crime  d'un  nouveau  Judas. 

M.XRC  ,  catéchiste  tonquinois  ,  ayant  été 
pris,  le  12  avril  1730,  à  Batxa,  avec  les  saints 
missionnaires  Jean-(iaspard  Cratz  ,  Alle- 
mand, Barthélémy  Alvarez,  Kmmanuel  d'A- 
breu  et  Vincent  de  Ciinza.fut  amené  avec 
eux  devant  le  tribunal.  On  leur  o, donna  do 
fouler  aux  pieds  un  crucifix  qu'on  leur  pré- 
senta, lis  refusèrent  remplis  d'horreur,  et 
furent  mis  en  prison,  d'où  on  bs  tira  pour 
être  décapités  le  12  juin  1737,  comme  on 
peut  voir  à  l'article  Ai.vabez.  Marc  représenta 
que  si  les  missionnaires  étaient  condamnés 
h.  mort  pour  avoir  prêché  la  foi,  il  devait 
l'être  plus  justement  encore  pour  les  avoir 
introduits  dans  le  Tonquin.  Mais,  malgré  ses 
représentations,  il  ne  lut  qu'exilé. 

MAKC-AURÈLE  (  A:stomn  ),  dit  le  Philo- 
sophe, seizième  empereur  romain,  monta  sur 
le  trône  en  161.  Il  naquit  le  ^tJ  avril  121  do 
Jésus-Christ.  Il  eut  pour  père  Annius  ^■erus, 
descendant  en  ligne  directe  de  Nuraa  Pom-* 
pilius.  Par  sa  mère  il  descendait  d'un  roi  de 
Salente.  Capitolin  afTirme  que  cette  généalo- 
gie était  prouvée;  il  renvoie  à  ce  propos  à 
un  ouvrage  connu  de  son  temps.  Eulrope 
(!.  vin,  ch.  9)  avait  dit  la  même  chose  avant 
Capitolin.  Adrien,  q^ui  l'aimait  et  l'estimait 
beaucoup,  aurait  désiré  l'adopter;  il  le  trouva 
trop  jeune.  (7est  pour  cela  qu'il  adopta  son 
oncle  Anloniji  le  Pieux,  afin  que  Marr-.\u- 
rèle  pût  lui  succéder.  Adrien  aimait  .Marc- 
Aurèle,  parce  qu'il  avait  découvcrl  eu  lui 
une  grandeur  d'Ame  extraordinaire.  Marc- 
Aurèle  fut  un  des  i)Ius  beaux  exemples  que 
nous  ait  légut's  l'humanilé  de  la  vertu  hu- 
maine dans  un  prince;  mais  le  Seigneur  dont 
les  desseins  sont  impénétrables,  permit  <]ue  cet 
hoiuine,  si  vertueux  suivant  le  monde,  tôt  at- 
taché d'une  façon  inébranlable  aux  dogmes  et 
aux  prati.iues  de  l'idolAlrie,  religion  dt-jà 
démonétisée  aux  yeux  de  tout  ce  qui  avait 
vie  int(>llectuelle  dans  l'ancien  montle.  Bien 
plus,  il  voulut  (pie  par  amour  de  cette  même 
idolAtrie  cl  des  philosophes,  ennemis  des 
chrétiens,  un  des  empereurs  les  plus  équi- 
tables, les  plus  humains  qui  aient  illustre  le 
trône,  divinl  l'un  des  plus  acharnés  persé- 
cuteurs des  disciples  de  Jésus-Chrisl.  O  sa- 
gesse, ô  verlu,  ô  grandeur  do  l'Ame  I  qu'êU-s- 
vous  donc  quand  vous  ne  venez  pas  du  ciel  ? 
Néant  et  vanilé;  mirage  qui  surprt'ud  les 
yeux,  mais  (pii  s'evanouil  comme  une  fu- 
inée.  A  toute  vertu  il  faut  la  grAce  ;  à  toute 
grandeur  il  faut  l'appui  de  Dieu.  Rien  n'éclôl 
que  pour  mourir  dans  le  c(pur  de  l'homme, 
si  un  rayon  d'en  haut  n'a  pas  vivifié  le  germe. 
Ain«ii,<la*is  les  lieux  «omiires  et  écoutes,  tout 


41 


MAR 


MAH 


H 


co  i\\\\  luill  sVtioIo  «»t  meurt  snns  lo  rnyoïi 
(lo  Mtldil  <|ui  (liiiiiM)  l/i  Ion-)' cl  (|iii  ciilrclii'iil 
la  vie.  Il  irciilie  point  (I.ims  nolr-e  |il/iii  di^ 
dire  cmiiie  lui  M;iri-Aiiiel(!  (uiiuiiie  lé^is'u- 
leur,  coimiio  cniKiiK-iviiil  :  c'iîsl  le  |icis(''cu- 
teiii-  <|iie  nous  li  .iihiisons  à  nolr(>  li.'n  re.  Nous 
(lev»)lis  le  regarder  avee  l'audace  dc!  la  vérih'i 
(h^pouillnnl  les  nioils  des  oii|ieau\  de  la 
uloire  cl  de  loul  loclin(|uant  de  Icius  verlus 
iniildcs. 

A  laiil  ans,  MaroAurMi^  élail  dcjà  placé 
par  Adrien  dans  nue  coiu|ia}^nie  de  prtHres 
païens;  il  y  devint  si  lialiilc,  (pi'il  savait  par 
Cd'ur  toutes  les  toiiuules,  Ions  les  riles  (pii 
étaient  on  usag(?  dans  les  dilléreutcs  céré- 
monies ou  récojttioMS  d'adf'ples.  Il  devint 
lelleinenl  épris  îles  sacriliccs  et  d(!s  cérémo- 
nies dos  païens,  ({ue,  (piand  à  Konu!  on  ne 
faisait  pas  d'oifraudes  |>ubli(pies  dans  les 
temples,  il  en  Taisait  dans  sa  maison  ;  (piaiid 
il  allait  dans  des  pa>s  lointains,  son  bonlieur 
était  d'y  célébrer  les  cérémonies  des  dieux 
qu'on  y  véiu^rait.  A  Rome  il  adorait  Jupi- 
ter, à  Athènes  Cérès,  en  Kgy[)le  il  eilt, 
connne  Adrien,  célébré  les  mystères  d'isis. 
Ainsi  la  vertu  dos  païens  c'était  la  |)rostitu- 
tion  de  l'idée  divine  et  de  l'adoration  <i  tou- 
tes les  turpitudes  ou  h  toutes  les  cliinières 
que  l'inibécillilédu^cnre  liumainavait  mises 
à  la  place  du  vrai  Dieu  sur  les  autels  do  la 
terre.  Chez  les  Anloiiins  cette  faiblesse  su- 
perstitieuse était  comme  une  lèpre  hérédi- 
taire qui  se  transmettait  avec  la  pour{)re. 
Marc-Aurèlo  professa  aussi  une  estime  et 
un  amour  considérables  pour  la  philosophie  ; 
il  eut  des  maîtres  parmi  les(]uels  les  plus 
célèbres  sont  Hérode  Atlicus,  Cornélius 
Fronlo,  Junius  Rusticus,  qui  Ut  mourir  saint 
Justin. 

Dans  ses  Pensées  ce  prince  remercie  les 
dieux  de  n'avoir  point  laissé  aller  son  esprit 
aux  erreurs  des  sophistes.  Que  d'autres  ad- 
mirent comme  modestie  cet  orgueil,  nous 
l'appellerons  par  son  nom   vulgaire.  Oui , 
c'est  là  de  l'orgueil,  commun  à  tous  ceux 
qui  se  disent  philosophes,  et  qui,  se  croyant 
en  possession  de  la  vérité,  accusent  d'erreur 
tout  ce  qui  n'est  pas  leur  croyance.  Quel  est 
donc  le  philosophe  qui  n'ait  pas  la  préten- 
tion d'avoir  par  devers  lui  la  bonne  philoso- 
phie? Marc-Aurèle  aimait  les  stoïciens,  il  fut 
surtout  instruit  par  eux.  Fait  césar  par  An- 
tonin ,  il  n'en  continua  pas  moins  à  cher- 
cher les  leçons  des  philosophes.  A  la  mort 
d'Antonin,  il  fut  contraint  par  le  sénat  d'ac- 
cepter la  conduite  des  atlaires.  Il  associa  à 
l'empire  L.  Commode,  comme  lui  tils  adoplif 
d'Antonin,  et  qui  prit  le  nom  de  L.  Verus. 
Sous  le  règne  de  ce  prince  si  doux  pour 
tout  le  monde,  et  si  enclin  à  la  justice,  l'E- 
glise eut  à  souffrir  une  persécution  violente. 
11  faut  l'attribuer  à  1  amour  excessif  que 
Marc-Aurèle  avait  pour  la  religion  païenne, 
et  à  l'ascendant  qu'avaient  pris  sur  lui  les 
philosophes.    Pour  n'en    nommer    qu'un , 
Crescent,  par  exemple,  diffamait  publique- 
ment les  chrétiens,  les  accusait  de  tous  les 
crimes  imaginables.  Si  Marc-Aurèle  ne  porta 
pas  d'édits,  ne  lit  pas  de  lois  contre  eux,  il 

DiCTIONN.   DES   PerSÉCUTIOS.  II. 


1rs  nprsécnin  et  les  lit  porsérulor  en  vertu 
desltiiN  »ii  d«)s  éilils  anciens.  L'n  très-^rniid 
nombre  dn  clirélieiis  versèrent  |(!ur  san^ 
pour  la  foi  sous  son   rè^ne. 

Nous  n(;  devons  point  parler  des  guerres, 
des  triomphes  de  Marc-Aurèle  ;  une  ffi  ule 
nous  inlf-resse,  c'est  celle  où  il  fut  miracu- 
leusement sauvé  avec  son  armi-c)  |»ni'  h's 
prières  des  chrétiens.  On  sidt  comiiuîrit  nyant 
ét('!  enveloppé  par  les  Oiiades  avec  sou  ar- 
mée, il  allait  la  voir  |)(''iir  tout  «'nlière  do 
soif  et  de  chaleur  sans  la  pluie  miraculpu.su 
(pi'oi)liiit  par  ses  prières  la  h'^^ion  .M('lilirn;, 
presipie  entièrement  composée  de  clinlicns. 
On  peut  voir  les  détails  de  ce  miracle  dans 
l'article  I'i:nsC-:r.i:rioN.  Marc-Aur'le,  nu  dire 
de'l'ertullien,eii  lulsi  touché, (pi  il  écrivit  une 
letlr(!  par  la(|uclle  il  défendait  de  poursui- 
vre les  (;!irélicns.  11  ordonnait  nrm  pas  qu'on 
leur  fit  giAce  <'n  (-as  de  dénonciation,  mais 
(pi'on  mît  h  mort  l'accusateur  aussi  bien  (juo 
l'accusé.  La  leitie  de  Marc-Aurèle  n'empê- 
cha pas  conqilélement  la  peisécution  ;  elle 
raltiédil,clle  l'empêcha  d'être  aussi  violente, 
mais  el!e  n'en  dura  pas  moins  jusqu'à  la  liu 
de  son  règne. 

Marc-Aurèle,  vainqueur  des  barbares  qui 
à  deux  ou  trois  rejtrises  avaient  envahi  l'em- 
pire romain,  était  rentré  à  Rome  apràs  huit 
années  d'absence;  il  espérait  y  vivre  en 
paix  dans  une  retraite  qu'il  s'était  choisie, 
({uand,  au  bout  de  deux  ans,  il  fut  obligé  de 
se  remettre  en  campagne  pour  rcj)Ousserde» 
peui)les  germains  qui  relevaient  l'éiendard 
de  la  révolte,  et  qui  violaient  le  territoire  de 
l'empire.  La  fortune  n'abandonna  point 
Marc-Aurèle  :  il  les  battit,  les  poursuivit 
ju>que  dans  leur  pays  ;  mais  il  y  trouva  la 
mort.  La  peste  se  mit  dans  son  armée,  et 
lui-même  en  fut  atteint  à  Vienne  en  Autri- 
che, llysuccombale  17  mars  180, à  cinquante- 
neuf  ans ,  apiès  en  avoir  régné  dix-neuf. 
11  avait  reçu  du  ciel  la  récompense  de  ses 
vertus  terrestres.  Gloire  militaire,  réputation 
universelle  de  sagesse  et  de  justice,  amour 
de  ses  sujets ,  rien  ne  lui  avait  manqué. 
Il  avait  eu  les  bonheurs  de  ce  monde  en  ré- 
compense de  ses  vertus  mondaines;  mais 
Dieu  l'avait  doué  d'un  esprit  éminent  de  jus- 
tice, d'une  intelligence  peu  commune,  et  il 
avait  fermé  les  yeux  à  la  lumière  qui  écla- 
tait alors  si  splendide  et  si  victorieuse  sur 
les  ruines  du  monde  ancien;  bien  plus,  il 
avait  persécuté  les  chrétiens  avec  acharne- 
ment ;  il  avait  dédaigné  ces  voix  que  Dieu 
fait  entendre  aux  princes  et  aux  peuples 
quand  il  leur  envoie,  pour  les  instruire,  ses 
Calamités  ou  ses  miracles.  Le  secours  ines- 
péré qu'il  avait  reçu  d'en  haut  quand  il  était 
enveloppé  par  les  Quades,  secours  qu'au 
dire  de  Tertullien  il  avait  d'abord  attiibué 
aux  chrétiens,  il  avait  souffert  que  sur  une 
colonne  votive  on  l'attribuât  à  Jupiter  Plu- 
vieux. La  peste,  la  famine,  qui  avaient  désolé 
l'empire,  il  avait  prétendu  les  détourner  en 
immolant  partout  à  ses  dieux  irrités  les  dis- 
ciples de  Jésus-Christ. 

Dieu  attendait  Marc-Aurèle   au  seuil  de 
.  l'éternité.  Approchez  de  ce  lit  de  dçuieuroii 


43 


MAR 


MAR 


li 


gît    un  si  grand   prince,  rjni  meurt  de  la 
posto.loin  delà  rotrailo  qu'il  r<^vnil  si  douce 
a  si'S  vion\  ans.  Lo  ralmo  e<;t-il  au  fond  de 
ce  cœur    mourant?    S'endort-il    paisible   à 
lombrc  de  ses  vertus?  Non,  (U^h  le  grand 
D.eu  «jui  se  vt-nge  le  tient  duis  sa  main.  Cri 
homme  se  croit  empoisonni^  :  et  par  ijui?  par 
son  fds,  par  celui  qu'il  a  assené  au  trône. 
L'Iioritage  qu'd  laisse,  cet  empire  qu'il  a  au 
(ieliorsfortilié  |)ar  ses  victoires  et  par  ses  ron- 
quôies,  au  dedans  par  ses  lois  sages  et  lal)orieu- 
semenlfaites,vadHVinirlaiiroied'unscél('jiat, 
et  d'ua  céléraî  sou  lils.  D-tes  si  le  chevalet  des 
martyrs  ne  valait  pas  mieux  que  l'oeiller 
du  m  marque!  Quand  Dieu  fait  ainsi  gémir 
une  âme  sous  la  donleiir  poi  j,nanle,  ou  bien 
quand  le  bourreau  déchire  un  corps,  de  quel 
côté  i)Ius  grande  est  la  soullrano^:'?  Puis,  h  ce 
moment  suprême  où  Ihoinme  (juittant  tout 
sent  aussi  que  tout  le  quitte,  qu*lle  doit 
être  son  angoisse,  s'il   voit  si  pénible  et  si 
douloureuse  l'entrée  de  cette  éternité  où  la 
mort  le  mène?  Que  lui  garde  donc  le  Maître 
qui  le  fait  mourir,  s'il  le  frappe  si  rudement 
h  cet  instant  ternble?  Quel  trouble  plus  af- 
friux  que  la  soulfrance  mùmel  Ah!  que  les 
grandeurs  tie  Thomme    sont  vaines  et  les 
justices  de  Dieu  terribles  1  Marc-Auiéle  est 
moit  chAtié  par  Dieu.  Ici  finit  l'histoire.  Le 
regard  humain  s'arrête  ;  l'éternité  nous  dira 
ce  que  nous  ignorons. 

Nous  devons  ici  donner,  à  propos  de  Marc- 
Aurèle,  ce  que  dom  Ruinart  a  écrit   comme 
réfutalion  de  Dodwel  en  ce  qui  le  concerne. 
Cet    historien   partial   avait    prétendu  que 
Marc-Aurèle   n'avait    pas   été    perse, Mileur. 
Voltaire,  à  l'article  Perskcltion  du  Dicfion- 
naire  philosophique,  av.nt  dit  la  môme  chose. 
Doclwel   atlrilme  ù  l'empereur  Aiilonin  la 
raort  do  saint  l'olyc-rtrp<.' ,  de  Justin  et  de 
quelques  autres  martyrs,  contre  le  sentiment 
général  des  savants,  qui  la  l'ont  arriver  sons 
le  régne  de  Marc-Aurele.  Nous  ne  nous  ar- 
rêterons pas  davautaj^e  à  éclaircir  ce  dilTé- 
rend ,    avant  nsse/ d  autres   preuves  de  la 
persécution  excitée  par  cet  empereur.  Nous 
ne  saurions  loulelois  uous  empêcher   d'ob- 
server en   passant   que   Dolwel   se  trom;>e 
cncoîc  lorsqu'il    prétend  qu'on  ne   peut  in- 
férer de  la  pr.nnièie  apologie  de  saint  Justin 
que  la  pers<''(  utimi  dont  il  parlt?  se    oit  éten- 
due h  plus  de  trois  murt_>  rs,  parce  que  l'apo- 
logie n'en  muuine  que  trois,  puisque  dès  le 
commenceuK-nt  nK''me  de  l'on -rage,  l'autiMir 
ins  nue  l'idée  u'une  per>é>;ulion  presque  ge- 
Dérale.  Voici  ses  paroles  :  «  Co   (|ue  nous 
venons  do'  voir  arriver  dans  notre    ville,  ô 
Romains,  par  l'ordie  (ITibicius,  et  ce  (pie 
ks  gouverneurs,  contre  toutes  les  régies  de 
Injustice  et  de   la   raison....,  ce  sont   sans 
joule  les  démon>  (|ui  font  leurs  ell'orts  pour 

nous  nro;  urer  la  mort »  11  fut  ensuite  le 

récit  uo  eflh'  y\r  Ptoloiuée  cl  de  ses  compa- 
gnons, que  le  préfet,  sans  avoir  égard  ii  leur 
iiiriocenoe,  venait  d'envoyer  au  supplice  pour 
avoir  confessé  le  nom  île  Jésns-rjirisl.  Mais 
voyons  m  liu.-nant  ce  que  Dodwel  pense  do 
la  perst  de  Marc-Auréle. 

«  Il  soutient  «{UO  l'empereur  n'eut  aucune 


part  1\  cette  persécution  ,  et  que  le  nombre 
des  martyrs  qu'elle  enleva  fut  bien  moins 
ronsidérnble  rpTon   ne  le  croit   (ommuné- 
meiit.  Il  le  réduit  aux  seuls  martyrs  de  Lyon; 
il  ne  V'Ut  pas  même  qu'Usaient  soutTert  pour 
Il  cause  de  la  religion,  iviais  parce  qu'ils  fu- 
rent convaincus,  sur  la  déposition  de  leurs 
est-laves ,  de  meurtre  et  d'inceste.  Il  n'est 
donc  pas  étonnant,  dit-il,  que  le  plus  doux 
et  le  plus  clinnent  des  empereurs   ait  donné 
un  édit  contre  les  chrétiens;  mais  on  doit 
plutôt  admirer  sa  modération  et  son  équ  té, 
en  ce  qu'il  n'a  pas  voulu  que  les  peines  por- 
tées par  c<'t  édit  tombassent  inditiéremment 
sur  tous  les   chrétitms,  son  intention  étant 
qii  il   n'eût  d'etfet  qu'^i  l'égard   de  ceux  de 
>  ienne   et  de  Lyon.  Il  ajoute  que  cela  se 
passa  la  septième  année  de  l'empire  de  Marc- 
.'Vurèle  ,  parce  que  ce  fut  durant  la  solennité 
des  jeux,  «pii,  selon  lui,  n'arrivait  (jue  tous 
les  cinq  ans,  et  non  la  dix- septième  ,  sui- 
vant le  calcul  d'Kusèbe.  Que  pour  les  autres 
persécutions  qui  parurent  dans  les   autres 
provinces,  sous   h,»   même   empereur ,  elles 
n'étaient  que  des  suiti's  de  celle  de   Lyoa  , 
et  voici  comment  il  explique  la  chose.  «  Aus- 
sitôt ,  dit-  1,  que   la  mort  des  chrétiens  de 
Lyon  fut  sue  dans  latirèce,  et  que  les  motifs, 
quoique  supposés ,  en   eurent  été  publiés 
parmi  le  peuple,  d  se  fît  dans  celte  province 
un  soulèvement  général   contre   tous    ceux 
qui   faisaient   profession   du  christianisme, 
(pii  toutefois  n  eut  aucune  suite  sanglante,  à 
cause  que  les  magistrats  des  villes,  qui  d'or- 
dinaire dans  ces  rencontres  étaient  les  seuls 
qui  remuassent,  n'avaient  pas  le  pouvoir  de 
condamner  <i  mort.  Ce  fut  cetl  •  éuiolion  po- 
pulaire qui  donna  lieu  à  l'apologie  d'Atné- 
nagoras.  Les  mêmes  nouvelles  et   avec  les 
mêmes  fauiS.vs  circonstances,   étant  aussi 
passées  en   Asie ,  y  excitèrent  les  mêmes 
mouvements  de  fureur  contre  les  chn  tiens, 
ce  ((ui  obligea   pareillement   .\poll  naire  et 
Méliton  d'écrire  pour  la  défense  de  leurs 
tjères  que  la  calomnie  o|)primait  en   tant  do 
lieux.  »   Il  faut  maintenant  lépondre  en  dé- 
tail h  tous  ces  chefs. 

«  Kn  premier  lieu.  la  mort  des  martyrs  de 
Lyon  doit  être  rapfiortée  h  la  dix-septième 
année  de  Marc-Aurèle  ,  et  nous  le  prouvons 
par  l'fiistoire  d'Eusèbe  .  qui  se  trouve  en 
cela  loiiforme  h  si  chroniiiue.  Pour  ce  qui 
regarde  les  jeux  de  Lyon,  qui,  au  sentiment 
(li>  Dodwel  ,  ne  se  célébraient  (pie  tons  l's 
cinq  ans,  nous  ne  vc)yon.s  p  s  qu'il  l'a  >■  uie 
d'aucune  raison  déinoMstra.Uve  ,  il  uVn  a 
que  de  probables  ;  mais  nous  lui  opposons 
le  lémoignage  de  .M.  de  Marca  et  celui  du  P. 
Pagi,  qui  trouvent  que  ces  sortes  de  jeux  so 
.soleiuiisaiiMil  souv-nit  chaque  année.  Mais 
quand  bien  même  la  sidenuilé  ne  s'en  serait 
fiùle  que  tous  les  cinq  ans,  op  n'en  pourrait 
rien  tuer  de  certain,  puisque  tantôt  on  les 
reculait ,  tantôt  on  les  avançait .  et  l'ordro 
étan'  une  fois  rompu,  on  ne  songeait  plus  à 
le  rétablir.  On  n'estime  pas,  au  rest(>,  qu'en 
ce  qui  regarde  lépoq  e  {|ui  doit  lixer  lecom- 
meucemenl  du  pontificat  d'Eleuthère,  on 
doive  abandonner    Eusèbe  et  les  anciens 


45 


MAR 


MAU 


4r, 


ôorivnins  ccrli^sinstiquos.  pnur  snivro  Fnli- 
chf,  autour  \t,n\v.  «lu  x*  siftdo.  Il  f;iul  nriin- 
Icii.-nl  voir  si  ces  .-.'i.iil^  m.iilvrs  diiI  (^I(' cnii- 
<laiiiii(5s.  <»ii  cuiiiiiK^  (iniitiiMi  s  dn  dciiv  des 
plus  graiwls  criiiifS  ,  «iiisi  que  le  pti'lcinl 
l)(jil\V(I.  (••!  soiilciiic'il  ((iiiiiiic  (  lirrliciis.  11 
n'v  u  |>(Hir(»'l.i  (jM^  (itiviir  la  IcHk-  (pic  li-s 
V,glij>os  (lo  Vit'iiiH'  «'1  de  Lyon  tV-iivcnl  uiix 
l'jili.sr.s  d'Asile  :  «  On  y  rai'iuilo  d'abord 
(jui'  K>  L;()uvfrnriir  de  I..V<>ii  ayant  dt'iii m  l('; 
.'i  Atlalô  s'il  ('lait  chri'lu'ii ,  AÏtalt!  r('|Hiii<lil 
qu'il  ('lait  chrrlicn  ,  cl  la  Idlrc  ajoid.'  «lu'il 
fu.t  aujisilùl  mis  au  lau:;;  dos  inarljrs  Le 
iiÙMiU'  Allalc.  pciiduil  qu'on  lui  faisait  l'airo 
1(»  tour-  de  raiii|»hilli(';11r(',  avait  un  t'crilcau 
altat'liô  dovaiil  lui,  où  ou  lisait  ces  luols  vu 
latin  :  «  Crst  ici  AtUde  le  chrétien  !  »  El,  cii- 
liii,  In  iii(^nu'  It  tire  |()i'l(\  «'u  Icinuvs  (<\|),(''s  : 
«  quo  ri'u\  (jui  no  rouj^i'-saioiil  poiul  d'a- 
vouor  cocpj'ilsôtaionl.so  voyaient  sur  l'Iicuro 
oliarj;('s  d(«  fors,  counnoôlanl  cliri'lions,  sans 
ÔIro  pr(''V(Mius  d'auouu  autre  crime.  »  Il  ost 
vrai,  nous  n'en  disronvonons  pas ,  que  do 
j)aroils  forfaits  o'it  ôl(^  souvent  iuqiulôs  aux 
chrétiens;  maisaulrcclioso  est  d'cMrc  accusé, 
autre  chose  est  d'être  convaincu  ;  et  il  est 
clair,  par  la  seule  lecture  du  resorit  de  lom- 
perour,  (ju'il  fut  domé  contie  les  chréliens 
comme  chréliens  et  non  comme  coupables 
d'incosto  et  d'homicide  ;  «  car  ce  pri'Ho  or- 
donna quo  ceux  qui  coiifesseraie";l  fussent 
mis  h  moit,  ot  qu  au  contraire,  ceux  qui  re- 
noncerai(M't  fussent  renvoyés  nbsous.  »  Si 
doncPédil  eilt  élédécoiné  contre  des  crimi- 
nels d'homicide  et  d'inceste,  ainsi  que  Dod- 
wel  le  soutient,  les  chréliens  ((ui  auiaient 
nié  ces  crimes  auraient  dû  être  déclarés  in- 
nocents ,  et  les  apostats  qui  les  auraient 
avoués  auraient  dû  être  envoyés  au  sup- 
plice, et  cependant  il  arrivait  tout  le  con- 
traire ;  car  on  faisait  mourir  ceux  qui  con- 
fessaient Jésus-Christ,  et  ceux  qui  le  renon- 
çaient étaient  mis  en  liberté.  C'est  encore 
une  pure  idée  de  Dodwel  ,  et  qui  est  sans 
fondement,  que  celte  restriclion  qu'il  donne 
à  redit  de  Marc-Aurèle,  le  réduisant  aux 
seuls  chrétiens  de  Vienne  et  de  Lyon,  ce 
qu'il  aurait  bien  de  la  peine  à  montrer,  puis- 
que ni  la  lettre  de  ces  E;j,lises  ni  aucun  au- 
tre monument  de  l'aidiquité  ne  sauraient 
lui  en  fournir  aucune  preuve.  Au  reste,  il 
faut  comurendie  dans  cette  persécution  le 
martyre  cie  saint  Benig'ie  de  Dijon,  celui 
de  saint  Symphorien  d'Aulun,  et  ceux  de 
quelques  autres  martyrs.  Nous  croyons  aussi 
qu'on  "doit  rap[.orler  à  ce  règne  de  Mai'c- 
Aurèle  la  morl  de  plusieurs  martyrs  qui 
ont  soutïert  en  Bouri^Oj^ne,  et  que  la  confor- 
mité des  noms  a  rangés  sous  celui  d'Auré- 
liep.    "  "  ;  ";-  ^^  ; i  y  ■  i   ;i-    y  V 

«  D'ailleurs ,'  sTies'm'àrtyrs'  3ë'  T,f6n  ont 
souffert  la  dix-sep! ième  année  de  Marc-Au- 
rèle, il  est  impossible  que  c'ait  été  à  leur 
occasion  qu'Athéuagoras  ait  composé  son 
apologie  pour  les  chrétiens.  Or  celte  pièce 
même  nous  fourpi,t  un  argument  d'oii  l'on 
peut  inférer  que  la  lettre  d^s  Eglises  de 
Vienne  et  de  Lyon,  qui  est  une  relation  de 
la  mort  de  ces  saints,  n'était  pas  venue  à  sa 


r.nnnaissnnco  ;  rnr  ,  parlant  dos  rnloinnie» 
dont  on  nnir(i«vnit  rinMOi'cnofdeschrél  on.s, 
il  dil  <i  qu'elles  ont  sl  [OU  d'a(»j  aroiico  do 
véri.é,  (pi'il  n'>  a  mpcsteiir  au  nionrjo  nn- 
sr/.  iNipudont  pour  oser  dirn  rpril  ;dt  «'•lé 
tinuoin  des  crinws  (prou  leur  jmputo.  Nous 
avons,  ajoulo-t  il  ,  des  ts(  laves;  les  uns  on 
ont  plusnnns,  les  autres  on  ont  peu;  ils  sont 
ti'moins  do  lotîtes  nos  ai  lions,  et  tioits  no 
pouvons  riiMi  leur  cacher  do  lonl  <  o  quo 
nous  fiusons;  cependant  on  n'cni  trouvora 
point  jusipj'ici  qui  ait  osé  dépcsor  contre 
nous  lien  do  pareil.  »  Si  la  htli'e  des  K^-Ji.ses 
eût  été  connue,  Athén.'goras  eût-il  \>\ï  j)ar- 
lor  ainsi?  car  voici  co  (pi'on  y  lil  :  «  On  iirit 
aussi  {piohiuos  os(  laves  païens  (jui  sorvrtiont 

chez  dos  chrétiens,  lesqiuds nousnccusè- 

nnit  faussenjent de   faire   d(;s   repas  do 

Thieste  et  des  noces  d'OEdifte  (c'est-à-dire 
do  faire  des  repas  où  l'on  sort  de  la  chair 
d'hoMune,  et  d  avoir  dos  oommcn-oos  inces- 
tueux ) (>t  d'autres  crimes.  »  Nous  pas- 
sons volontiers  h  Dodwel  ces  persécutions 
excitées  par  les  (nis  tumultucnix  du  peuple, 
et  forliliéos  de  l'aut  rite  dos  magistrats  des 
villes  ;  mais  il  faut  aussi  quil  demeure  d'ac- 
ccn-il  avec  nous  qu'elles  empruntaient  ensuite 
le  glaive  de  ceux  qui  avaient  droit  de  s'en 
servir,  et  que  souvent  une  émotion  pof)u- 
lairo  devenait  une  information  juridique, 
lorsque  du  peuple  elle  passait  aux  gouver- 
neurs dos  provin'-es  et  aux  oîficiers  de  l'em- 
pereur. Athénagor.  s  nous  le  dira  en  orc  en 
termes  formels  :  «  On  outrage  l'innocence  , 
on  attaque  la  réputation  dos  gens  de  bien 
par  des  calomnies,  et  le  nombre  des  calom- 
niateurs est  si  grand  ,  que  les  proconsuls  et 
les  juges  délégués  par  vous  dans  les  pro- 
vinces, ne  peuvent  sufùre  h  l'in.struction  de 
tant  de  procès,  ni  à  entendre  toutes  les  ac- 
cusations qu'on  porte  devant  eux.  »  Voici 
encore  quelque  cl)0se  de  plus  f  irt  ;  nous  le 
prendrons  dans  l'apologie  de  Aiél  ton  :  c'est 
que  l'on  vit  en  ce  temps-là  des  é  iis  impé- 
riaux donner  du  poids  à  la  persécution.  «On 
voit  de  nos  jours,  dit-il  ,  des  choses  incon- 
nues aux  âges  supérieurs  :  la  piété  est  per- 
sécutée, la  vertu  est  inquiet  ^e  par  de  nou- 
veaux   édits  qui  courent  toute  l'Asie  ,   et 

d'impudents    uélate  .rs se   servent  des 

rescrils  {\^^  souverain  pour  exercer  impuné  • 
ment  leurs  infâmes  biig:Uidages  sur  des  per- 
sonnes de  mérite »  Il  est  vrai  queMéli- 

ton  semble  douier  si  ces  ordonnances  sont 
en  effet  émanées  des  empereurs;  mais  cela 
ne  nous  fait  rien ,  puisque  entln  elles  ren- 
daient permises  les  horribles  violences  qu'on 
faisait  aux  chrétiens,  et  qu'elles  armaient  la 
cruauté,  iinpuissante  d'elle-même,  d'une  au- 
torité sacrée.  «  Si  ces  choses  ,  dit  iJéliton  à 
l'empereur,  se  font  par  vos  ordres,  elles  sont 
bien  faites,  et  nous  recevons  sans  murmurer 
une  mort  dont  une  main  auguste  a  signé 
l'arrêt.  »  Ce  même  apologiste  nomme  Saga- 
ris,  évêque  ,  qui  souffrit  alors  le  martyre 
sous  Servilius  Paulus,  proconsul  d'Asie.  Po- 
Ijcratejointà  ce  même  martyr  i'évêque  Tra- 
séas  et  quelques  autres  tidèles,  et  Apollonius 
fait  aussi  mention  de  Traséas. 


a 


MAR 


MAR 


46 


«Toiil  cela  nous  fait  voir  qu'Eusèbe  a  parlé 
juste  quand  il  a  dit  quo  ,  sous  IVmpire  do 
Man  -Anrôle  ,  raninio>ilé  et  la  fureur  d(\s 
peiipit\s  lirt  nt  par  loul  le  monde  un  nouil)ro 
presque  inlini  de  martyrs.  «C.ar  ces  émo- 
tions p«^pul.'iires,  entrainàntavec  la  multiiude 
les  gouverneurs  et  les  juges,  les  poussaient 
jusqu'h  répandre  beaucoup  de  sang.»  Nous 
en  voyons  un  exemple  dans  la  mort  des  mar- 
tyrs de  Lyon  ,  qu'Eusèbe  propose  exprès  , 
aiin  gu'où  pOt  connaître  par  là  ce  qui  se 
passait  dans"  les  autres  provinces.  L'auteur 
de  la  Cliionicpie  Pascale  ou  d'Alexandrie 
s'accorde  avec  Eusèbe,  en  mettant  sous  cha- 
que année  de  Marc-Aurèle  les  noms  de  di- 
vers martyis.  Nous  avons  un  écrivain  jdus 
ancien  encore  que  n'est  cet  auteur,  ni  Eusèbe 
niéuie  ,  c'est  Théophile,  évoque  d'Aniioche, 
qui  vivait  sous  Marc-Aurèle.  V'oici  comme 
il  parle  :  «  Jusqu'ici  Ion  n'a  point  cessé  de 
persécuter  les  cluétiens  qui  adorent  le  vrai 
Dieu;  la  sainteté  de  la  vie  qu'ils  mènent  n'a 
pu  les  garantir  de  la  fureur  (les  persécuteurs. 
On  assomme  les  uns  à  coups  de  pierres,  on 
égorge  les  autres,  et  l'on  voit  tous  les  jours 
des    tidèles    déchirés    impitoyablement    de 

verges,  etc "  Enfin  ,   Denys,   évéque  de 

Corinlhe,  nous  apprend  que,  sous  Marc-Au- 
rèle, les  mines  étaient  [)euplées  de  chrétiens  : 
c'est  dans  une  lettre  qu'il  écrit  au  pane  So- 
tère.  où  il  le  loue  «  de  la  charité  qu'il  a  de 
fournir  aux  tidèles  qui  travaillent  aux  mé- 
taux ,  les  choses  nécessaires  à  la  vie.  »  Et 
c'est  en  vain  que  Dodwel  nous  vante  si  fort 
la  clémence  de  Marc-Aurèle.  Capitolin  nous 
le  dépeint  tout  autrement,  et  non-seulement 
comme  un  prince  adonné  à  toutes  sortes  de 
superstitions,  mais  encore  connue  un  juge 
inexorable  et  d'une  sévérité  outrée  contre 
ceux  qui  étaient  prévenus  de  grands  crimes. 
L'on  sait  assez,  et  Dodwel  lui-même  n'en 
disconviendra  pas,  que  les  chrétiens  étaient 
mis,  en  ces  tem}>s-la,  par  les  empereurs  et 
leurs  sujets,  au  nombre  de  ces  tameux  cou- 
lables.  Mais ,  après  loul ,  l'ingratitude  de 
ilarc-Aurele  ne  parut  (pie  trop  à  I  endroit  des 
chrétiens,  puisque,  bien  loui  de  leur  témoi- 
gner sa  reroiuiaissance  pour  avoir,  par  leurs 
prières, obtenudela  pluieàson  armée  réduite 
par  la  soif  aux  dernières  extrémités  dans  la 
guerre  (pi'il  faisait  aux  Marromans,  il  s'avi- 
sa d'attribuer  ce  se(  ours  imprévu  et  mira- 
culeux à  son  Mercure.  L'on  voit  dans  le  Ca- 
binet du  roi  une  médaille  d'argent  qui  con- 
lirme  ce  lait,  rapi)orté  par  Diuii.  Tertullien 
veut  qu'à  l'occasion  de  cette  pluie  Marc- 
Aurèle  ail  dontK'!  un  rescnl  en  faveur  des 
chrétiens.  Les  auteurs  ecclésiastiques,  com- 
me Apollinaire,  Eusèbe  et  d'autres,  parlent 
aussi  de  celle  pluie;  mais  pres(|ue  tous  les 
savants  rcjellenl  comme  suppose  ce  rescril 
de  Marc-Aurèle,  qui  se  trouve  à  la  tin  de 
lapologie  de  saint  Justin.  Ils  ne  croient  pas 
non  |)lus  que  la  U'gion  toute  composée  do 
chrétiens ,  qu'on  af»pelait  In  Fulminnntr  , 
doive  son  non»  î»  cette  aventure.  Eusèbe  mê- 
me rein.inpie  que  les  paie,  s  ont  parlé  déco 
miracle,  san<  toutefois  l'attribuer  aux  priè- 
res des  nôtres.  Le?  uns  veulent  <iue  ce  soit 


l 


un  effet  des  charmes  de  la  magie,  et  les  au- 
tres une  récompense  de  la  piété  de  l'empe- 
reur envers  les  dieux.  Rome  conserve  en- 
core aujourd'hui,  dans  la  colonne  Anto- 
nienne,  un  monument  de  cette  merveille , 
mais  attribuée,  suivant  l'opinion  des  gentils, 
à  la  puissance  de  Jupiter;  car,  parmi  plu- 
sieurs bas-reliefs  qui  représentent  les  belles 
actions  de  .Marc-Aurèle  ,  on  voit  un  Jupiter 
(Jupiter  Pluvius)  donnant  de  la  pluie.  Baro- 
nius  nous  a  laissé  une  description  de  cette 
fameuse  colonne,  au  second  tome  de  ses  An- 
nales; mais  nous  l'avons  depuis  peu  plus 
heureusement  et  plus  sensiblement  repré- 
sentée dans  les  estampes  de  Pierre  Saint- 
Bartoli.  » 

MARCHAND,  missionnaire  dans  la  Co- 
chinchine,  y  souffrit  le  martyre.  Le  prince 
MinhmAnd,  s'étanl  emparé  du  royaume  au 
préjudice  d'un  jeune  prince,  fils  de  Cant, 
ancien  élève  de  l'évèque  d'Adran,  persécuta 
les  chrétiens  dans  la  persuasion  que  les  mis- 
sionnaires portaient  intérêt  au  jeune  roi 
qu'il  avait  spolié.  Au  mois  de  septembre 
183o,  M.  Marchand  ayant  été  pris  dans  une 
forteresse  oii  les  rebelles  le  retenaient  captif, 
l'usurpateur  fut  confirmé  dans  son  idée  pre- 
mière que  les  chrétiens  faisaient  partie  des 
conspirations  qui  s'ourdissaient  fréquem- 
ment contre  lui.  Le  30  novembre,  M.  Mar- 
chand fut  soumis  aux  plus  alîreuses  tortures, 
après  quoi  on  l'attacha  h  une  potence  figu- 
rant la  croix.  Au  roulement  du  tambour, 
deux  bourreaux  i)lacés  auprès  de  lui  lui 
coupèrent  les  mamelles  qui  vinrent  tomber 
à  ses  pieds  ;  le  saint  martyr  ne  fit  aucun  mou- 
vement; les  exécuteurs  enlèvent  encore  deux 
grands  morceaux  de  chair  dans  le  dos  du  pa- 
tient qui  s'agite,  vaincu  par  l'atroce  douleur 
qu'il  ressent,  et  lève  les  yeux  au  ciel.  Deux 
lambeaux  de  chair  du  gras  des  jambes  tom- 
bent bientôt  aussi  sous  le  fer;  et  M.  Mar- 
chand expire  aussitôt.  La  sentence  portant 
que  le  saint  aurait  la  tête  tranchée,  les  bour- 
reaux la  lui  coupèrent  et  partagèrent  le 
cadavre  en  (piatre  morceaux.  On  jela  sa  tête 
dans  un  vase  rempli  de  chaux,  et  on  la  pro- 
mena par  toutes  les  provinces  du  royaume, 
alin  de  l'expostT  aux  yeux  du  peuple  et  l'em- 
nêclier  par  Ih  d'embrasser  une  religion  dont 
1rs  pro[)agateurs  étaient  si  sévèrement  punis. 
On  broya  ensuite  cette  tête  et  on  la  jeta  à  la 
mer,  où  le  corps  l'avait  été  précédemment. 

MARCEL  (saint),  avait  été  converti  par 
saint  Pierre.  Il  fut  martyrisé  sous  le  règne 
de  l'empereur  Domitien.  L'histoire  ne  nous 
dit  pas  ce  (pi'il  (Hait,  ni  tni  quel  lieu  il  souf- 
frit. LEgliso  fait  sa  fête  le  7  octolire. 

>LVRCEL  (saint),  demeurait  dans  la  ville 
do  Lyon,  quand  s'éleva,  sous  l'empereur 
Marc-Aurèle,  la  violente  persécution  qui  mit 
l'Eglise  de  Dieu  à  une  des  plus  cruelles,  mais 
en  même  temps  des  plus  glorieuses  épreuves 
qu'elle  ait  subies.  Il  tpjitta  Lvon,  et  vint  dans 
les  villes  voisines  prêcher  lEvangilc,  mais  il 
fut  arrêté  près  de  ChAlons-sur-Saône,  où  on 
lo  conduisit.  Il  V  souffrit  dilferentes  tortu- 
res, et  enlin  y  lut  brûlé  vif  le  i  septembre, 
jour  au(iuel  l  Eglise  célcbre  sa  fôto. 


4^  MAU 

MAUC.I'.K  (saint),  l'ul  mflrlyris('i  U  Uoino, 
sons  rtinpin'  do  V/ilriicii  ,  «vt^c  Uv-.  saints 
IliiiMolvlo,  lùis(M)(',  Adiias,  Maxiuio,  Ni'-oii, 
vl  les  snintos  Pauline  cl  Mario.  L'Kglisc  Inil 
SIX  l"(Mo  lo  '2(l(^(tMnl>i(>.  (Pour  plus  amples  (!('>- 
tails.  voy.  los  Actes  de  i>ainl  Uiitoi.vti:,  h  so/i 
ailitle.) 

MAKCKL  (srtinl),  eenluiioii.  fut  niartyrisrt 
tMi  Maurilanie,  snus  l'empire  de  Dioelélien, 
vn  l'an  '2W.  (Haroniiis,  Smiiis,  Kuinarl, 
|).  •Ml;  Tillemonl,  t.  IV,  p.  t>75.)  Les  Actes 
(|ue  nous  donnons  ici  sont  pris  de  lUiinart. 
L'Kglise  l'ail  la  lùte  do  sainl  Marcel  le  30 
oclohro. 

«  Dans  une  villo  do  Mauritanie,  où  la  li''- 
Rion  de  Trajan  avait  son  ([uarlier,  les  soldais, 
voulant  céiehrer  le  jour  de  la  naissance  do 
reni|)ereur,  lo  tirent  à  leur  manière,  c'est-à- 
dire  (lu'ils  conunencèrenl  dès  lo  malin  Maire 
grande  chère,  h   boire  h  la  santé  du  prince, 
el  h  ollVir  oour  lui  des  sacrilicos.   Il  n'y  eut 
que  Marcel,  un  des  centurions  ou  capitaines 
de  la  légion,  qui  refusa  do  prendre  part  à 
celle  fôle,  qu'il  traitait  de  profane;  el  de  su- 
persliliouso.  Poussé  mémo  d'un  mouvement 
soudain,  dun  zèle  ardent  et  impétueux,  il 
jeta  son  baudrier  au  pied  de  l'étendard,  en 
s'écrianl  :  «  Je  suis  soldat  de  Jésus-Christ,  le 
«  Roi  éternel.  »  Puis,  se  dépouillant  de  sa 
casaque  et  de  ses  armes,  et  arrachant  de  son 
cou  la  médaille  de  plomb  sur  laquelle  était 
gravée  une  vigne,  qui  était  la  marque  de  ca- 
pitaine, il  marcha  dessus,  et  ajouta  :  «  Je 
«  renonce  dés  ce  moment  au  service  de  vos 
«  empereurs,  et  au  culte  de  vos  dieux  de 
«  pierre  et  de  bois,  qui  ne  sont  que  des 
«  idoles  sourdes  et  muettes.  S'il  n'est  per- 
«  mis  de  faire  le  métier  de  la  guerre  qu'à 
«  cette  malheureuse  condition  de  sacrifier  à 
«  des  hommes  mortels  et  à  des  dieux  inani- 
«  mes,  voilà  mon  baudrier  et  ma  médaille, 
«  et  mon  épée,  et  mes  armes  ;  j'abandonne 
«  tout,  je  quitte  le  service,  et  je  cesse  de 
«  marcher  sous  les  enseignes  de  Rome.  » 

«  Une  action  faite  avec  tant  d'éclat  surprit 
également  tous  ceux  qui  en  furent  témoins. 
Ils  se  saisirent  de  Marcel,  et  le  menèrent  à 
Anastase  Fortunat,  leur  commandant ,  qui 
l'envoya  sur-le-champ  en  prison.  Après  que 
la  fête  fui  finie,  et  que  cet  officier  général 
fut  sorti  de  table,  il  assembla  le  conseil  de 
guerre,  et  commanda  qu'on  amenât  Marcel. 
Alors  le  colonel  lui  dit  :  «  D'où  vient  que, 
«  contre  Tordre  et  les  lois  de  la  discipline, 
«  vous  avez  osé  jeter  par  terre  votre  baudrier 
«  et  vos  armes  ?  »  Marcel  lui  répondit  :  «  Dès 
«  le  mois  de  juillet  dernier,  comme  l'on  célé- 
«  brait  dans  le  camp  la  fête  de  l'empereur,  je 
«  déclarai  tout  haut  que  j'étais  chrétien  et 
«  soldat  de  Jésus-Christ,  Fils  du  Père  tout- 
«  puissant,  et  qu'ainsi  je  ne  pouvais  plus 
«  servir  dans  l'armée  des  Césars.  —  Votre 
«  emportement ,    reprit    Fortunat ,   a   trop 
«  éclaté  pour  que  je  le  puisse  dissimuler,  et 
«  ie  ne  puis  m'erapêcher  d'en  donner  avis  à 
«  la  cour.  Cependant,  je  vous  ferai  conduire 
«  sous  bonne  et  sûre  garde  à  Aurèle  Agrico- 
«  lau,  qui  est,  comme  vous  savez,  lieutenant 


MAR 


60 


•r  du  préfet  du  |»réloire  en  celte  province,  et 
«   <|ui  y  (Mimiiiande  en  chef.  » 

«  Le  IroisHiiie  des  calendes  de  novembre, 
l'on  conduisii  Marcel  h  Tun^^cr  (1),  où  Agri- 
colan     faisait    onlmaireiiient    sa    résidence. 
L'oflicier  auquel  il  av.ut  l'ié  consigné,  lo  pré- 
sentant à  ce  gouverneur,  lui  dit  :  «  Seigneur, 
«  voilà    le    centurion    Marcel  (pu;    Fortunat 
o   renvoie  par-devant  votre  (^ramleiir.  Il  vous 
«  écrit,  el,  si  vous  rordonne/.,  on  fera  lec- 
«  tiir*;   de    la    Ndlre.    Atjrirolan   :   (^u'on    la 
«  fasse.  »  On  lui  ( c  qui  suit  :  «  A  monsei- 
«  gneur  Agricolan,  Fortunat,  et  le.reHle...Al(ii 
«  olliciei-,  après  avoir  jeté  son  baudrier,  s'est 
«  dit  hautement  chrétien  en  présence  de  tous 
«  les  soldats,  accompagnant  celte  déclaration 
«  impie  de  mille  blasphèmes  contre  les  dieux 
«  immoilels ,   el   conlr*;   nos   Irès-aujinsles 
«  empereurs.  Je  vous  l'envoie,  afin  que  co 
«  (|ue  voire    prudence   ordonnera  touchant 
«  cette  all'aire  soit  prompleiiient  exécuté.  >• 
Celle  lettre  étant  lue,  Agricolan  dit  à  Marcel  : 
«   Ce  (pie  votre  colonel    nuî  mande  de  vous 
«  est-il  vrai,  el  avez-vous  parlé  de  la  sorte?  » 
Marcel  répondit  :  «  Oui,  seigneur,  j'ai  tenu 
«  ces  discours,  je  ne  m'en  défends  f)as\  Ayri- 
«  colan  :  Vous  êtes  capitaine  en   pied,  ser- 
«  vaut  actuellement  dans  la  lésion  deTrajan? 
«  Marcel  :  Oui,  seigneur,  je  le  suis.  Agrico- 
«  lan  :  Quelle  fureur,  ou  quelle  folie  vous 
«  a  poussé  à  commettre  une  action  si  crimi- 
«  nelle,  et  à  proférer  des  paroles  si  inju- 
«  rieuses  à   la   majesté   des  dieux   et   des 
«  Césars?  Marcel  :  Ce  n'est  point  la  fureur 
«  qui  fait  parler  ceux  (|ui  cragnent  le  Dieu 
«  tout-puissant.  Agricolan  :  Vous  demeurez 
«  donc  d'accord  d'avoir  dit  tout  ce  qui  est 
«  contenu  dans  le  procès-verbal  que  votre 
«  colonel  m'a  envoyé?  Marcel  ;  Oui,  sei- 
«  gneur,  j'en  demeure  d'accord,  je  l'ai  dit. 
«  Agricolan  .-Vous  avez  jeté   vos   armes? 
«  Marcel  :  Je  les  ai  jetées;  car  je  n'ai  pas 
«  cru  qu'il  fût  de  la  dignité  d'un  chréti.-n, 
«  qui  a  l'honneur  de  servir  Jésus-Christ,  de 
«  rester   au   service   d'un    homme   mortel. 
«  Agricolan  :  Les  lois  de  la  discipline  mili- 
ce taire  qui  ont  été  violées  par  ce  centurion 
«  demandent  un  exemple  de  sévérité  en  sa 
«  personne,  et  je  ne  puis  me  dispenser  de  le 
«  punir.  »  Il  prononça  donc  contre  lui  cette 
sentence  :  «  Nous  condamnons  Marcel,  cen- 
«  turion  de  la  légion  de  T rajan,  à  avoir  la 
«  tête  tranchée,  pour  avoir  renoncé  publi- 
«  queraent  et  volontairement  au  serment  de 
«  soldat,  et  avoir  proféré  des  paroles  peu 
«  respectueuses  contre  les  dieux  et  Tempe- 
«  reur,  ainsi  qu'il  est  porté  par  les  informa- 
«  tions  faites  contre  lui  par  Anastase  Fortu- 
«  nat,  son  colonel,  et  dont  on  nous  a  fait 
«  la  lecture.  » 

«  Marcel,  en  allant  au  supplice,  dit  à 
Agricolan  :  Que  le  Dieu  tout-puissant  que 
j'adore  vous  comble,  seigneur,  de  ses  béné- 
dictions. Ce  fut  dans  ces  sentiments  de  cha- 
rité et  de   douceur  que  mourut  ce  martyr 

(1)  Capitale  de  la  Mauritanie.  Elle  l'esl  aujour- 
d'hui d'une  province  du  royaume  de  Fez  ,  appelé^ 
Babata. 


51 


MAR 


ftlAR 


53 


de  J(^sus-Christ,   auquel  soient  honneur  et 
gJoiro  dans  fous  les  si^f"les.  » 

MARCFI.  Sainf,  nmrlyr,  ^t-^it  rîiarre  (]o 
l'éjilisp  d'Assise.  D^s  l'aniK^o  303.  anr^s  la 
publicatioM  des  é(\\\s  des  empereur*;  nif)cl<^- 
tien  et  M.iKiiuifn,  il  fui  arrAl<<  avec  son  6xf^- 
^p,  saiuf  S.ihin,  et  mis  eu  prison  ju>((u'?i  !a 
Tenue  de  ^'«>^uslie^,  gouverneur  d'^  l'Ouibrio 
et  de  l'Efrurie.  Aussitôt  son  arrivée,  Vf^nus- 
fien  fit  rompnraître  les  prisonniers  devant 
lui.  Sur  leur  refus  de  sarriii.'r,  il  les  fit  tour- 
menter si  horrildement.  que  Mire  d  et  Kxu- 
i)4ranre  moururent  au  milieu  di^s  supplices. 
Ce  fut  dans  la  villn  d'.\«sise  qu'ils  reçurent 
la  couronne,  au  commeneement  de  l'année 
30V.  î.'Mir  f.Me  a  lieu  le  30  d'cembre. 

MAUCF.I,  'sain!;,  pape  «d  martyr,  succéda 
au  pape  Man-rllln  en  308.  A  fieine  sur  le 
siège  pnnlili.al,  il  s'occupa  do  maintenir  la 
discipline  (.-iclési  islique  et  df  (invaillec  à 
faire  ohsei-vrr  les  canons  qui  regardaient  la 
pénitence.  Avant  rencontré  des  Confralir- 
teurs,  il  fut  dé-^oncé  par  eux.  et  surtout  par 
un  apostat  ?i  l'égard  duquel  il  avait  iugé  h 
pro  'OS  d«'  s' vif.  Le  tyran  Maxen^c  le  bani'it 
de  Rome,  airès  un  an,  se[)t  mois  et  vingt 
jours  de  pontificat.  II  niourul  en  exil.  L'Eglise 
fait  sa  fé'e  le  IGjanvier. 

M.\RCFL  'saint;,  iJrélre  et  mar'vr,  mourut 
pour  la  foi  catholique  à  Nicomt^die.  Il  fut 
précipité  du  haut  d'un  loclier  [)ar  les  ariens, 
du  temps  (i<'  l'empereur  Coi,stan(  e.  L'Eglise 
célèbre  sa  mémoire  le  26  novembre. 

MARCEL  (.>aint),  martvr,  ayant  généreu- 
sement confe>sé  Jésus-Christ  en  urésence  de 
Julien  l'Apostat,  fut  attaché  h  la  queue  de 
chevaux  indomptés,  avec,  les  s.iints  KIpide, 
Eusto.-he,  et  plusieurs  autres  dont  les  nouis 
ne  nf»us  sont  pomt  parvenus.  Ces  saints 
combattants  furent  tirés  avec  viidonce, déchi- 
rés et  enfin  jetés  dans  le  feu,  où  ils  accom- 
f»liri'nt  leur  courageux  martyre.  L'Eglise  fait 
eur  fi'dft  le  16  novembre. 

MAIttTJ.  Saint  ,  fut  martyrisé  en  Afrique 
»Vrc,  Publius  cl  Julitn,  dans  des  circonstan- 
ces et  h  une  épotpie  (|'ii  nous  sont  incon- 
nues. Ils  eurent  encore  d'autres  cou)|iagii(>ns 
dont  les  nom>  sont  ignorés.  L'Egliie  f>iii  leur 
ff^f  •  le  10  février. 

MAHCEL  (saint),  évéque  et  martyr,  fut 
tfiartyrisé  h  Aparaée  en  Syrie.  Ayant  ren- 
Yersé  un  temple  de  Jupiter,  il  fut' massacré 
par  une  tronie  de  gentils  en  fureur.  Il  est 
ii)<!f  rit  au  Martyrologe  romain  le  IV  août. 

MARCEL  (saml),  soumit  le  martyre  .^ 
Argentan  ;u'ec  saitit  An\><lase,  hunnuo  do 
guerre.  T'i  is  dtnjx  furent  décapités  eu 
riionneur  de  Jésus-Christ.  Ils  sont  inscrits 
au  M 11'       '     e  romain  le  20  juin. 

MAUci  I  lint),  donna  sa  vie  pour  Jésus- 
Chnsl  h  Capoue.  Il  eut  i)0ur  compagnons  de 
Sou  martyre  |  .s  saints  Caste,  Emile  et  Satur- 
nin. L'Egl  s  •  fiif  iiMir  s.iiiite  mémoire  le  6 
octobre. 

MARCELLIL.N  (  saint),  martyr,  fr^re  de 
saini  llirc,  fils  de  s.inl  Tra  iq  oHiu  et  de 
sainl-!  Mar.  ie,c\il  la  j^loirc  i!l'  moiuir  pour 
Jésus-Chri^-t,  .^  Rome,  eu  2*^'',  n> 

do  Dioclélicu,  alors  que  Roiue  Oiv>..^j«.,,.  !..i- 


rin.  (Vny.  Marc  et  Sebastien.)  La  fête  de 
saint  ^larcellien  a  lieu  le  18  juin. 

MABCELLIN  i  saint  )  ,  pape  et  martyr, 
souffrit  pour  la  foi  à  Rome,  sous  l'emperetir 
Maximien,  avec  les  saints  Clmde,  Cyrin  et 
Antonin.  11^  furent  décapités.  Il  y  eut  alors 
tine  5n  furieuse  persécution  ,  qu'en  moins 
d'un  mois  dix-'-^ept  mille  chrétiens  ob  inrent 
la  pilnie  du  martyre.  L'Eglise  fait  leur  im- 
morfplle  mémoire  le  26  avril. 

MARCI'LLIN  s.iinf),  évéque  et  confesseur, 
soulfrit  h  llnveime  [Hnir  la  défende  de  la  re- 
ligion chrétienne.  Les  détails  ii  uis  mmquenl 
sur  son  coniple.  Il  e^l  honoré  dans  l'Eglise  l« 
5  o  tobre. 

MARCKLLIN  'saint^.  prêtre  et  confesseur, 
soulfrd  à  Dtveuler,  ville  des  Pays-Bas.  .Nons 
ignorons  ks  «liverses  circonsl-juces  de  son 
combat.  L'E^hsef^it  sa  mémoire  le  IV  juillet. 

MARCELLIN  (sait.l),  fut  tué  par  les  héré- 
tiques, à  Cailliage,  pour  avoir  défendu  la  foi 
catholiipie.  L'Eglise  l'honore  comme  martyr 
le  6  avr.l. 

MARCELLIN  (saint),  était  tribun.  Il  souf- 
frit le  martyre  à  Tomes,  dans  le  Pont.  Les 
compagnons  de  son  Irioniphe  f  irent  .Mannee, 
sa  lemme,  et  teurs  enfuils,  Jean,  Sérapion  et 
Pierre.  L'Eglise  les  honore  comme  martyrs 
le  27  août. 

MARCELLIN  (saint),  martyr,  fut  mis  à 
mort  pour  Jésus-Christ  en  l'an  3uV  ,  sous 
l'empire  de  Diociétien,  avec  saint  Pierre.  Ils 
étaient  :  le  premier,  prêtre;  le  second,  exor- 
ciste de  rE.j:lise  ro.uainc.  De  peur  que  les 
chrétiens  prissent  leurs  corps  |>oui-  leur  ren- 
dre les  derniers  devoirs  et  les  honneurs 
qu'ih  avaient  coutume  dacronit  r  aux  reli- 
ques des  Uiaityrs,  le  juge  d<inua  l'ordre  au 
bourreau  d'exécuter  les  deux  saints  dans 
une  forél  éloignée  de  Rouu'.  On  les  conduisit 
dans  un  lieu  plein  de  ronces  et  de  bruyères; 
et  là.  le  bourieau  leur  ayant  dit  de  quels 
ordres  \\  était  chargé,  tous  deux  se  muent 
immédiatement  à  eidever  les  ronces  et  les 
bruyères,  pour  p  éparer  leur  tombeau.  Ils 
furent  décapités  eustnuble,  et  enterrés  au 
lieu  même.  Peu  de  jouis  amés,  ui.c  daiim 
nonmiéo  Luiile  a[)pnt  par  lévélation  ce  qui 
s'était  passé  ;  die  se  îra.ispo  ta ,  avec  une 
autre  fcmuie  noinraée  F  rmine,  ^  li  ndioit 
qui  lui  avait  été  désigné,  trouva  (t  enleva 
les  corps  des  saints,  et  h '^  enleria  près  do 
celui  de  saint  1  b  iive,  sur  la  voie  Lavi.  ane, 
dans  Ijs  Cai.n  oiiil)  'S.  L»'  pape  Daiuase  ra- 
conte (pi'étant  tout  enfant  il  apprit  ces  parli- 
cularitts  du  bou.reau  lui-même.  Pcrcussor 
rrtulU  tnihi  Ditinasn ,  cuin  purr  rssfin.  Ces 
mots  se  trouvent  «luis  l'épilaole  iiuil  inscri- 
vit sur  le  tiuubeau  des  saints.  L'Eglise  honore 
leur  miMiioire  le  2  juin. 

MARCELLIN  ,sainf  .fut  décapité  à  Pé- 
roux*.  piMidanl  l.i  persécution  de  Dèce,  pro- 
bablement eu  i.'il,  av  c  los  .«ai  Us  Florence, 
Julien,  Cyriaque,  Fauslc.  L'Eglise  honore  la 
mémoire  do  tous  ces  saints  martyrs  le  .'ijuin. 
C'est  à  tort  que  le  Marlyiologe  iui  rimé  à 
Lille  (Catalogue  pour  l'usage  des  b.iplémoS), 
dit  le  V  d-'  ce  lU'iis. 

.MARCliXLlN  ^saiut),  martyr,  mourut  j'oui 


58 


MAU 


la  foi  cliit'In'iiiH»  sons  rcmpim  do  \h\'^y,  \uw 
onln>  «lu  ('((iisiil/iiit*  l'mmnlr.  Kcvs  A(it<!S 
nu'on  n  ilo  lui  ol  di*  ses  comixiKiKiiix ,  smnl 
V('.(i(M»  l'I  s;iiiit  Sf^comlioii  ,  \w  sont  rirti 
UKMiis  (nratillirnli(|iifs.  AïKMr  dans  la  villn 
d(«  Homo,  il  y  «iibil  div(>rH  loiiniKnils.  Il  lui 
tMisiiit(>  (Mivo\(^  (Ml  ToscaMc,  où  il  fui  ilôca- 
i)ili^    l,'lvj,lisr  l'ail  sa  l'iMc^  lo  \)  aoAl. 

MAIUllA.  jeune  lillc  sorlio  dos  dornieis 
iMO^s  (in  |)(«ni>!i',  fnl   la  niailr.'ss(^  do  C.oni- 

in(t(l(',(|ni  la  l. lisait  Iraiior  cl  lionoror  ooi o 

si  ollo  OUI  cHrt  r('>i'll('ino'U  iinpc'Tdrico.  Kilc! 
nvnil  boanconp  d'iillVclioM  <>l  do  pondiant 
p(»nr  los  chnMions;  ot  connin»  ollo  pouvait 
tout  sur  l'ospril  dn  Comniodo,  ollo  lit  (luo,  du- 
rant son  n'gno,  ils  no  i'iironl  pas  p('rs('>cul(''s. 
Miroia  leur  fit  de  grands  hieus;  o"osl  iov- 
prossioM  dont  so  sert  Li»  Nain  do  Tillonio'U. 
Connnodo  ayant,  (>n  VM,  mis  lo  nom  do  sa 
niaitrosso  sur  uno  liste  do  proscription, ocllo- 
ci  s'en  aponMil,  ot  lui  doinia  du  poisoi  dont 
il  mourut.  Oi'^'l'iues  mois  aitrôs,  Julien  la  lit 

tuor.  ^  , 

MAHCIANILLE  (sainte),  môro  de  Cclso, 
soullVil  pour  la  loi  sous  lo  r(>;^in!  do  (ial('>ro 
et  (le  Ma\imi'i,  le  (i  janvier  313,  aYe('  saint 
Julien  rHosi)italier.  Sa  ièU\  arrive  le  9  jan- 
vier. (Voi/.  (-Iiaslelain,  p.  10(5.) 

MAUCiANOPOLIS,  ville  de  Tlirace ,  fut 
lémoin  du  marl,\rc  de  sainte  M('litinc,  sous 
romi.tereur  Ant(V\iM  et  lo  président  Antio- 
chus.  Elle  soud'rit  par  ordre  du  dernier. 

iMAUClE  (sainle),  lenunc  de  Tranquillin, 
mère  des  saints  Marc   et  Marcollien  ,  (Hait 
naïen-io,  ainsi  que  son  mari,  quoi(iue  depuis 
lonylomps  SOS  doux   fils  fusscit  chrétiens. 
Quand  le  préfet  Chromace  les  eut  fait  arrcler 
comme  tels  en  2Sï,  durant  que  C.arin  était 
maître  de  Rome,  et  qu'il  les  eut  condamnés 
à  être  décapités,  après  leur  avoir  fait  subir 
divers  tourments,  Marcie  et  Tranquilli-i  ob- 
tinrent un  sursis  do  trente  jours  à  l'exécu- 
tion :  ils  espéraient   pouvoir ,  pendant   ce 
temps,  venir  h  bout  d'obtenir  d'eux  ce  que 
les  tourments  n'avaient  pas  pu.  Marcie  vint 
donc  auprès  d'eux  avec  son  mari,  avec  les 
femmes  et  les  enfants  des  deux  saints;  et 
tout  ce  que  les  sun[)licalions,  tout  ce  que  les 
larmes  ont  de  puissance  fut  inutdement  em- 
ployé pour  les  vaincre.  Saint  Sébastien,  oîH- 
cier  du  palais  de  l'empereur,  venait  fréquem- 
m-nt  visiter  los  saints  martyrs  dans  leur  pri- 
son; il  y  rencontra  leurs  parents.  A  la  suite 
de  plusieurs  conférences,  et  surtout  après 
qii'il  les  eut  rendus  témoins  de  divers  mira- 
cles qu'il  opéra,  il  les  convertit;  Marcie, 
comme  les  autres,  fut  baptisée  par  le  saint 
prêtre  Polycarpe.  Après  que  le  préfet  Chro- 
mace, converti  lui-môme,  eut  renoncé  à  sa 
charge  pour  se  consacrer  entièrement  à  la 
pratique  des  vertus  chrétiennes,  Marcie  pro- 
fita de  l'otTre  qu'il  fit  à  beaucoup  de  chré- 
tiens de  se  retirer,  durant  la  persécution, 
dans  les  terres  qu'il  possédait  en  Campanie. 
Elle  y  vécut  jusqu'en  l'année  286,  époque  à 
laquelle  les  persécuteurs  la  tirent  mourir, 
avec  les  saints  Ariston,  Cres(^,entien,  Euty- 
chien,  Urbain,  Vital,  Juste,  Félicissirae,  Fé- 
lix (ou  du  moins  l'un  de  ces  deux,  derniers), 


MAU  •"'* 

<il  s/iinlo  Symiiliorose.  L'Eglise  fait  na  létc  lo 
2jiullcl. 

MAUCIK  fsaitit),  martyr,  mourut  pour  la 
foi  av(3c  Ion  saints  Im'II*,  LJlci'do,  Imh  innat , 
et  leurs  eompa,;nons  dont  les  noms  noilt 
i);n')ri'S,  /Missi  Inni  ipic  les  «ainls  (^léunic!, 
lùtlropo  ol  ll/isilis(pic,  soldats.  Ils  oxpiicroiil 
.sur  la  «;roi\  durant  la  perséciiljon  do  Maxi- 
mien,  sous  le  président  As(lé|ii;ido.  l.n  ]\r\i 
<|('  leur  martyre  est  («xnpiétcmi  ni  inconini. 
C/osl  lo  3  mars  (pu;  rEylis(!  célcbic  leur  nié- 
mo'ro. 

MAItClE  (sainte),  reçut  la  palm*^  du  mar- 
tyre; à  Syra(nise,  avec  s;iinl  llulin.  On  i;.;ii')r«« 
complètement  h  qiudh!  épo  pie  (!t  dans  (piolh  s 
circonstances.  Ils  sont  inscrits  au  Marlyro- 
loj^'c  romain  lo  21  juin. 

MAIU'.IK  (saint('),  martyre,  ré|tan(lil  son 
san^'  h  Césaréo  vu  Paloslino.  Kilo  oui  pfuir 
compagnes  (|((  sfui  martyre  los  saintes  Z'- 
naï.le,  Cyro  ot  Valero.  I/Egliso  honore  la 
sainlo  mémoire  do  ces  (;;lorieuses  martyres 


le 


5  juni. 


MAUrJEN  (saint),  évoque  et  martyr,  fut 
massacré  par  les  Juifs,  après  avoir  firèché  la 
religion  h  Syracuse.  Saint  Pierre  lui-m('me 
l'avait  ordonné  évoque.  Il  est  inscrit  au  Mar- 
lyi'ologc  romain  le  1'*  juin. 

IMAÏICIKN  (saint),  martyr  en  Campanie, 
sous  lo  rèf^ne  de  l'empereur  Domilien.  On  ne 
possède  aucun  document  sur  ce;  saint  mart ,  r. 
L'Ej;lise  on  fait  la  fêle  le  2  juillet. 

MAUCIEN,  évèfpie  de  Tc'irtono,  fut  marty- 
risé sous  lo  règne  d'Adrien,  d'autres  disent 
do  Tra.ian,  dans  sa  ville  épiscopale,  le  27 
mars.  Ni  ses  Actes,  ni  l'histoire  que  donne 
Boll  indus  de  l'invention  de  ses  reliques,  ne 
nous  paraissent  de  nature  à  mériter  la  con- 
fiance. On  fait  sa  fête  le  6  mars. 

IMAUCIEN ,  consulaire  sous  l'empereur 
Dèce,  tit  arrêter  et  comparaître  h  son  tribu- 
nal saint  Acace,  évoque  d'Anlioche  (Antio- 
chia  ad  Cragiim).  Il  argumetita  longuement 
avec  lui  sans  pouvoir  n-  le  convaincre,  ni  le 
contraindre  à  abjurer.  Moins  cruel  que  la 
plupart  des  magistrats  de  cette  époque,  il  fit 
mettre  le  saint  en  prison,  [)0ur  aUendre  la 
d '-cision  que  Dèce  prendrait  à  son  égard.  Ce 
farouche  tyran,  par  un  caprice  qu'on  n'aurait 
guère  aitendu  de  son  naturel  sanguinaire, 
fut  tellement  enchanté  des  réponses  vives  et 
spir.tuoUes  du  saint ,  qu'il  donna  l'ordre 
qu'on  le  laissât  librement  pratiquer  sa  reli- 
gion; mais  il  n'en  récompensa  pas  moins 
Alarcien ,  en  le  nommant  gouverneur  de  la 
Pamphylie. 

MAliCIEN  (saint),  fut  martyrisé  à  Nicomé- 
die,  sous  le  règne  de  l'empereur  Dèce,  avec 
saint  Lucien  et  plusieurs  autres  dont  l'Eglise 
fait  la  fête  le  26  octobre.  Ses  Actes  étant  en 
même  temps  ceux  de  saint  Lucien,  il  faut 
recourir  à  l'article  de  ce  dernier. 

MARCIEN,  était  président  à  Rome,  sous  le 
règne  de  l'empereur  Numérien.  Il  y  fit  souf- 
frir le  martyre  à  saint  Marin,  sénateur  ro- 
main ,  qui  faisait  profession  de  la  foi  du 
Christ. 

MARCIEN  (saint) ,  frère  de  saint  Marc,  fut 
martyrisé  avec  lui  en  Thébaïde,  en  l'an  de 


55 


MAR 


Jésus-Christ  30V.  sntis  \e  r^gnc  et  durant  la 
per>écatio'i  do  DiorUMion.  i  Pour  plus  de  d»^- 
lails,  voy.  .M\rc.)  La  fOte  de  ces  deux  saints 
arrivp  \v  '*  nrlohro, 

M.UK-IEN  isaint),  martyr,  fut  mis  à  mort 
en  Mésic,  pour  la  foi  chrétienne,  en  303, 
sous  le  règne  de  Dioclélien.  Ses  Actes  sont 
fort  beaux  ;  les  voici  en  entier. 

Actes  de  saint  Marcien  et  de  saint  Nicandre, 
tirt^s  du  cahinrt  des  livres  du  P.  Mahillnn, 
confrontés  avec  rni.r  qu'Antoine  Carraccioli 
rapporte  dans  son  Histoire  de  Xnples. 

Je  vais  exposer  aux  yeux  de  la  postérité 
les  glorieux  romhats  que  les  saints  martyrs 
Nicandre  et  Marcit-n  eurent  h  soutenir  con- 
tre Kenfer.  Ils  portèrent  quelque  temps  les 
armes  pour  les  empereurs  ;  mais  renonçant 
à  la  gloire  vaine  et  frivole  (jue  le  monde 
donne  pour  toute  récompense,  ils  quittèrent 
le  service  des  princes  de  la  terre  et  prirent 
parti  dans  Tarmée  de  Jésus-Christ ,  où  sa 
grAce  les  appelait.  On  leur  fit  bientùt  un 
crime  de  ce  changement,  et  on  les  déféra  à 
Maxime,  gouverneur  de  la  Mésie  (i),((ai,  les 
ayant  fait  venir  en  sa  présence,  leur  dit  : 
«Vous  n'ignorez  pas  (pi'il  y  a  des  ordres 
précis  fies  empereurs  de  sacritier  aux  dieux  ; 
venezdonc, Nicandre,  et  vous  aussi,  Marcien, 
venez  doiunT  des  marques  de  votre  soumis- 
sion. —  Ces  ordres,  répontlit  Nicandre,  sont 
pour  ceux  qui  les  veulent  suivre;  pour  nous, 
étant  chrétiens,  nous  sommes  dispensés  d'y 
obéir.  —  Mais  à  profios,  reprit  Maxime,  d'oiî 
vient  que  vous  ne  vous  présentez  plus  pour 
recevoir  votre  paye?  —  C'est,  n'plitiua  Nican- 
dre, que  l'argent  fourni  par  i'im[>iété  est  une 
peste  «pli  infecte  ceux  qui  veulent  servir 
Dipii.  _  Je  vous  tiens  quittes  pour  un  peu 
d'encens,  repartit  Maxime.  donne/.-en  aux 
jipnx.  —  Kn  bonne  foi,  seigneur.  ré()li(pia 
aussitôt  Nicandre.  comment  un  clu'étien  ((iii 
adore  un  Dieu  immortel,  un  Dieu  qui  a  tout 
fait  de  rien,  h  ipii  il  doit  son  être  et  sa  con- 
servation ,  comment,  dis -je,  ce  chrétien 
pourra-t-il  abandonner  le  culte  de  ce  Dieu 
pour  le  rendre  à  du  bois  et  h  des  pierres?  » 
La  fenune  de  saint  Nicandre,  nommée  Daria, 
était  présente  lorsrpie  le  gouverneur  inter- 
rogeait ainsi  son  mari.  Llle  |»rit  la  parole 
pour  l'encourager  :«  (îardez-vous  bien  ,  lui 
dit-elle,  mon  r.U^T  mari,  de  faire  ce  que  l'on 
veut  exiger  de  vous  ;  garde/,-vous  bien  de 
renoncer  Jésus-Christ  notre  bon  maître.  Le- 
vez les  yeux  au  ciel,  vous  l'y  verrez.  Oui, 
c'est  lui  h  qui  vons  devez  être  lidèle  jus(prà 
la  mort;  il  ne  inan(piera  pas  de  venir  à  votre 

secours,  de  vous  soutiniir »  Maxime  Tin- 

lerroinpant  :  «  Méehanle  femme,  lui  ilil-il, 
pourquoi  souhaitez  -  vous  (|ue  votre  mari 
meure?  —  A  Dieu  ne  plaiso,  seigneur,  que 
jaie  celte  pensée.  répondil-elle;je  souhaite, 
au  contraire,  qu'd  vive  toujours  et  (|u'il  ne 
meiire  jamais.  —Ce  n'est  iMijnt  cela,  dit  le 
j^riuverneur,  c'est  que  vous  \oudriez  avoir 
un  autre  mari.  —  Helas  !  seigneur,  répondit- 
rlle.  "»i  vo.,s  me  souproune/  d'une  pareiih» 
chose,  vous  pouvez  m  en  punu.  Faites-moi 

(I)  i>uivanl  la  conjecture  dv  Uoui  Tliicirv  Uuiuart. 


MAR  56 

mourir  la  première,  si  toutefois  les  femmes 
sont  comprises  dans  l'édit  ;  aussi  bien  je 
désire  donner  ma  vie  pour  Jésus-Christ.  — 
Je  n'ai  point  d'ordre  pour  faire  mourir  les 
femmes,  repartit  Maxi(ne;  je  ne  vous  accor 
derai  pas  ce  que  vous  me  demandez  ;  seu- 
lement voiis  irez  en  prison.  » 

Après  que  le  gouverneur  eut  fait  mettre 
Daria  en  prison,  il  revint  à  son  mari.  «Ne 
vous  amusez  j)as.  lui  dit-il,  aux  discours  de 
votre  femme  ,  ni  à  tout  ce  qii'on  pourrait 
vous  dire  d'approchant,  il  y  aurait  du  dan- 
ger pour  votre  vie  ;  mais  prenez  du  temps 
pour  vous  résoudre,  et  pour  délibérer  avec 
vous-même  si  vous  voulez  vivre  ou  mourir. 
—  Imaginez-vous,  répondit  Nicandre,  que  ce 
délai  est  déjh  écoulé  ;  ma  résolution  est  prise  ; 
c'est  de  ne  rien  faire  qui  puisse  me  faire  tort.  » 
Le  gouverneur  tout  joyeux  dit  :  «  Que  les 
dieux  soient  bénis! —  Oui,  dit  en  même 
temps  Nicandre,  que  Dieu  soit  béni!»  Le 
gouverneur  croyait  (jue  le  martyr,  en  disant 
<{u'il  ne  voulait  rien  faire  qui  lui  fit  tort, 
avait  résolu  de  sacrifier  pour  sauver  sa  vie  ; 
c'est  ce  qui  lui  avait  dire  :  Que  les  dieux 
soient  bénis  ;  et  sur  cette  espérance  il  se  re- 
tirait fort  content  de  lui-même,  avec  Leuco- 
nius,  qui  était  île  son  conseil  ;  mais  il  fut  bien 
surpris  d'entendre  le  saint  rendre  grAces  à 
Dieu,  dans  une  espèce  d'extase,  et  le  prier 
de  le  délivrer  des  périls  et  des  tentations  du 
siècle,  car,  retournant  sur  ses  pas,  il  lui  dit  : 
«  Conmient  donc  1  il  n'y  a  qu'un  moment 
que  vous  vouliez  vivre,  et  maintenant  vous 
demandez  à  inourir?  »  Nicandre  lui  répon- 
dit :  «  Ne  croyez  pas  que  je  renonce  h  la 
vie:  non.  sans  doute,  je  l'aime,  j'en  désire 
la  jouissance  avec  passion,  et  je  suis  prêt  à 
tout  faire  pour  l'obtenir;  mais  c'est  la  vie 
éternelle,  et  non  celte  vie  mortelle  et  passa- 
gère pour  la(]uelle  j'ai  si  peu  d'attache,  (jue 
jo  vous  l'abaudoime;  faites-en  ce  que  vous 
voudrez  ;  car  enlin  je  suis  chrétien.  —  Et 
vous,  Marcien,  dit  le  gouverneur  en  se  tour- 
nant vers  cet  autre  martyr,  que  luc  répon- 
dez-vous? —  Les  mêmes  choses  (pie  mon 
compagnon,  repartit  incontinent  Marcien. — 
Kh  l)ien  1  lui  dit  le  gouverneur,  vous  irez 
doue  avec  lui  en  prison  pour  y  attendre  l'un 
et  l'autre  le  même  clK^timeiit.  » 

Ils  y  demeurèrent  vingt  jours,   au  bout 
desqmds   ayant  été  introduits   pour    la   se- 
conde fois  en  la  présence  du  gouverneur,  il 
leur  dit  :  «  Je  vous  ai  donné  tout  h»  tem[)s  ipio 
vous  pouviez  souhaiter  pour  vous  ilétermi- 
niM' ;  êtes-vous  enlin  résolus  d'obéir  ?  »  Mar- 
citMi    pr(niant  la  [tarole  répondit   pour  son 
compagnon   et  pour  lui  :  «  Seigmnir,  tous 
v.>s  discours  ne  nous  feront  jamais  aban- 
doniKn-  la  foi,  ni  méconnaître  celui  de  qui 
nous  la  tenons.  Nous  le  voyons,  nous  enten- 
dons sa  voix,  il  nous  appelle  ;  di^  grAce,  ne 
nous  r(>ienez  plus.  Notre  foi  s'arcom(»lit  au 
jounl'hui    en    Jésus-Christ ,   renvoyez-nous 
proiupttnnent.  que  nous  puissions  voir  en- 
fin   le  Cru(  itié  (pie  nous  adorons.  —  Vous 
v> niiez  donc  mourir,  répliqua  le  gouverneur, 
vos  désirs  vont  être  acc(Mnplis,  vous  mourrez. 
—  No  nous  faites  plus  languir  après  cclta 


Bî                                     MA  H  MA  II                                 es 

(Joiico  attt'iito,  (lii(Mit-ils,  iiniis  vnns  on  cou-  rniv  (|tii  rrcticiil  en   lui  ,    vous  voilJi  sur  lo 

jurons,  sciniiciir,  p.ic  If  sailli  (les  riiiiMTCurs.  poini   d'uri   voir  rrll'i'l.  Oin'   \()\is  f-lt-s  licii- 

Aii  riîstc,  ccircsl  |MMiil  1,1  (laiiilc  de  sucnuii-  ifiix  !  vous  (Mes  divs  i  lirr''liciis  narfails.  »  i'.r- 

iicr  suiis  la  ri|^iuiiii-  tics  .su|)|ilii'cs  (|ui  nous  |ii>iiilaiil  l/i  rcninif  i|i<  Maniiii  li>  suivait  toii- 

lait  vous   prier  du  liAlcr  nolic   iiiorl  ;    luir  jours  ni  |ilcuiaiit   cj   le  liianl  ii  dli'.  (ir;  ipii 

saiiilc  iiii|iali("M((î  (l'cMic  Iiciin-iix  nous  rend  ohlij^i'a  le  saiiil  df  duc  ii  Zolic;us  :  «  ll«;lcii'/- 

si  priissanls,  et  pciil-cMn' si  iiu|ioi'luns.       Ji;  la,  jo    vous  prie.  »  /dIkus  tpiilla  l«;  martyr 

SUIS  l)i(Mi  aise,  dil   le  nouv«'i  ncur ,  <pio  ccirt  <•!  lit  rc  (pTil  souliaiiail.  I.orsijij'on  lut  ainvi'j 

vienne  do   vous;  ce  n'i-sl  pas  iiuu,  coiuino  au  lieu  où  on  devait    les  lairc;  mourir,  Mar- 

voiis  voyez,  ipii  vous  lais  mourir,  mes  mains  cion,  jetant  les  jeux  autour  de  lui,  appela 

sont  iîuiocenles  di^  voiro  san;^,  vous  nu'  l'or-  Zoticus,  et  lo  pria  de  l'ain.'  avancer  sa  rfmmo. 

coz  h  l(î  i<^paii(lre  ;  mais  ciilin.  piiisipu'  vous  Klle  vint  ,  il  la  haisa  ,  et  lui  dit  :  «  AINîz  an 

ne  sortez  pas  di^  mondi!  à  l'avc^nluic,  (jue  nom  ilu  Seii^nenr.  il  n'est  pas  h  pnipos  ipio 

vous  savez  où  vous  allez,  et  (pie  vous  croyez  vous  soyez  témoin  do  ce  (pii  va  so  passer,  et 

nuo  votro  mort  sei'a  suivie  d'un   honlieur  ayant    l'Amo  encore  toute    païenne  et  sou- 

oternel,  jo  vous  en  lélicile  ;  alNeis,  il  faut  mise  au  démon,  vous  n'êtes  pas  dii^ne  d'.is- 


vous  satisfaire.  »  Il  prononça  en  iiuMiie  temps  sisli^r  au  sacrilic(;  (pn;  nous  allons  oll'rir.  »  Il 
l'arrêt  (pii  les  condamnait  h  perdit;  la   ItMe.  j)ritonsuile  son  fils,  (|n'il  haisa;  [)uis,  regar 
A  |)eine  eut-il  lini,  (pu;  nos  saints  martyrs  danl  lo  ciel,   il  «lit  :  «  Dieu  toul-puis.sant , 
s'écriériMil   tout  d'une  Voi\  :  «  Que  la   [Wiix  servez -lui  de  fn^vc*  »  Après  cela   les  doux 
soit  avec  vous,  A  le  plus  doux  et  le  plus  lia-  martyrs  s'cmhrassèronl,  et  s'oloit^nérent  un 
main  des  jn;.:;es  !  »  Puis,  so  liilt'int  d'arriver  i)eu  l'un  de  l'autre,  j)our  so  |)répnror  à  la 
nu  lieu  de  leur  supplice,  ils  bénissaient  le  mort.   .Marcien  ayant  aperçu  la    l'(;mmo   de 
Seigneur,  ils  lui  rendaient  mille  actions  de  Nicandre,   l,i(juelie  ne  pouvait  approcher  à 
gr.lcos,  ils  étaient  dans  la  joie.  cause  de  la  foule,  il  lui  donna  la  main  |)our 
Daria  mise  en  liberté  avait  eu  permission  la  l'aire  passer,  et  la  conduisit  où  était  son 
d'aceompagner   son  mari  (Nicandre)  ;  Papi-  mari.  Ce  saint  lui  dit  seulement  :  «  Que  le 
nitMi,  l'réro  du  martyr  Pasicrate,  était  av«;c  Seigneur  demeur(;avoc  vous.»  Et  elle,  restant 
elle,  el  elle  portait  entre  ses  bras  le  lils  de  toujours  auprès  de  lui  :  «  Mon  seigneur,  lui 
Nicandre,  et  s'aiiprochant  du  saint,  il  se  ré-  dit-elle,  il   faut  jusqu'à  la  tin  donner  des 
jouissait  avec  lui  de  l'heureuse  destinée  qui  marijues  de  son  courage;  j'ai   été  dix  ans 
l'attendait.   D'un  autre  cùté,  les  parents  de  sans  vous  voir;  le  ciel  est  témoin  dos  vœux 
Marcien  le  suivaient  fort  désolés,  et  mêlant  que  je  faisais  alors  pour  jouir  do  votre  pré-f- 
leurs larmes  et   leurs  plaintes  aux  plaintes  sence;je  vous  revois  entin  afirès  une  ab- 
ct  aux  lai'mes  de  son  é{)ouse  infortunée.  Elle  sence  si  longue,  et  je  vous  revois  prêt  à  en- 
marchait  innnédiatement  après  lui.  Ses  che-  trer  dans  la  gloire.  C'est  maintenant  que  je 
veux  épars  (>t  en  désordre  et  sa  robe  déchi-  vais  être  la  plus  heureuse  de  toutes  lesfem- 
rée  maniuaient  la  douleur  profonde  que  res-  mes,  la  plus  digne  de  considération  :  en  un 
sentait  son  ûme.  «  Marcien,  disait-elle,  mon  mot,  je  serai  la  veuve  d'un  martyr.  Courage 
cher  Marcien  ,   hélas  !  mes  pressentiments  donc,  mon  seigneur,  rendez,  par  votre  mort, 
n'étaient  que  trop  véritables  :  voilà  ce  que  un  témoignage  éclatant  à  la  divinité  de  Jé- 
j'ayais  toujours  appréhendé,  et  ce  qui  m'a  sus-Christ.  Montrez-vous  à  lui  au  sortir  du 
déjà  coûté  tant  de  pleurs.  Malheureuse  que  combat  ;  jouissez,  en  le  suivant,  du  fruit  de 
je  suis  !  ah  1  tu  ne  nie  réponds  rien,  cruel  !  votre  victoire  ;  et  quelquefois  aussi  parlez- 
Cher  époux,  prends  pitié  de  mon  infortune  ;  lui  en  faveur  de  votre  femme.  »  Le  bourreau 
mon  seigneur ,   ayez    quelque  compassion  interrompit  cet  entreàen  ;  il  banda  les  yeux 
d'une  épouse  qui  vous  fut  si  chère  autrefois,  aux  deux  martyrs,  et  il  leur  trancha  la  tète 
et  qui  vous  fut  toujours  fidèle.  Regardez  du  le  12  des  calendes  de  juillet,  sous  le  règne 
moins  votro  fils,  ce  gage  si  doux  dun  inno-  éternel  de  Jésus-Christ, 
cent  amour.  Daignez  laisser  tomber  sur  nous  MARCIEN  (saint),  martyr,  était  un  person- 
un  de  vos  regards  :  notre  misère  nous  rend-  nage  fort  illustre  de  Rome  ;  il  avait  un  tils 
elle  méprisables?  Où  courez-vous? à  la  mort,  nommé  Jean,  qui,  étant  venu  à  mourir,  fut 
Pourquoi  nous  haïssez-vous  ?  On  t'enlève,  tessuscité  par  saint  Abonde,  prêtre,  et  saint 
on  t'arrache  à  ma  tendresse,  cher  époux,  et  Abondance,  diacre-  Ces  faits  étant  venus  à  la 
mes  yeux  te  verront  enfoncer  un  poignard  connaissance  des  persécuteurs,  ces  quatre 
dans  le  cœur ,  et  tomber  sous  le  couteau  saints  furent  pris  et  martyrisés  sous  Dioclé- 
meurtriercomme  une  malheureuse  victime.  »  tien,  à  Rome,  sur  la  voie  Flaminienne.  L'E- 
Saint  Marcien,  se  retournant  vers  sa  femme,  glise  fait  leur  fête  le  16  septembre, 
et  la  regardant  d'un  air  sévère  :  «  Jusqu'à  MARCIEN  (saint),  martyr,  versa  son  sang 
quand,  lui  dit-il,  souffrirez-vous  que  le  dé-  pour  la  religion  en  Egypte,  durant  la  per- 
nion  vous  mette  un  bandeau  sur  les  yeux?  sécution  de  Galère-Maximien.  11  eut  pour 
Eloignez-vous  do  nous,  et  nous  laissez  ache-  compagnons  de  son  martyre,  dont  le  Marty- 
ver  en  |)aix  notre  sacrifice.  »  Zoticus,  qui  était  rologe  romain  ne  donne  pas  de  détails,  les 
chrétien,  et  qui  aidait  h  marcher  à  Marcien,  saints  Nicanor,  ApoUone  et  quelques  autres 
lui  dit  :«  Courage,  vous  venez  de  remporter  qui   sont    inconnus.  L'Eglise   honore  leur 
une  grande  victoire.  Hélas  1  chétifs  et  faibles  mémoire  le  5  juin. 

mortels  que  nous  sommes,  d'où  nous  vient  MARCIEN  (saint),  fut  honoré  de  la  palme 

une  foi  si  vive  et  si  pleine  ?  Souvenez-vous,  du  martvre  vers  l'année  30i  ou  303,  dans  la 

mon  frère,  des  promesses  que  Dieu  fait  à  province  d'Afrique,  ll^t  pour  compagnons 


59 


MAR 


MAR 


•0 


d'^  50iiffrflnces  saint  M.irr  quo  los  «inri^ns 
Mflrlvrolo;;('S  disent  «>lre  son  frèro.  et  d'au- 
lrP'<  onfore  dont  li>s  noms  sont  ignorés.  IN 
sont  inscrits  au  Marl)rolo^e  rom  lin  le  V 
ortohn^. 

MARriEN  (saint;,  mirtyr,  rst  inscrit  au 
"^Marlyrologo  romain  lo  2R  mars.  Il  souffrit  à 
RotTiP  aTC"  les  sainls  Pif^rro.  J  vin,  'a^^sicn, 
sainte  Thèrie  et  (ijusiours  nufn's  do-it  les 
noms  ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à  nous. 
L'Eglise  fait   leur' m^nioiro    rollfctivem  nt. 

MARCIEN  (saint;,  eut  le  glorieux  privilégie 
de  verser  soi  sang  pour  la  loi  de  Jésus- 
Christ  dans  11  proviiiro  d'Afrique.  Il  eut 
pour  compagnon  de  ses  soutfraires,  sur  les- 
quelles nous  n'avons  aucun  détail,  sai'it 
Fortunnl.  L'Ej^li^e  fait  collectivement  leur 
mémoire  le  17  avril. 

MAKCIEN  (saint),  éyêque  et  confesseur, 
soutfrit  à  Ravenne  pour  la  "défense  de  la  re- 
ligion chrétienne.  Nmis  ne  possédons  a;i:un 
document  relatif  à  sou  combat.  Si  uiémuire 
est  honorée  dans  l'Eglise  le  •22  mai. 

MARCIEN  (saint),  fut  martyrisé  dans  la  ville 
d'icùne  par  le  présidi-nt  Pcrennius.  Les  dé- 
tails que  nous  possédons  sur  lui  ne  vont 
p  ts  au  delà.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le 
11  juillet. 

MARCIEN  (saint),  était  chantre  àConslan- 
tinople.  11  30U. frit  des  tortures  et  It  mort 
en  l'honneur  de  Jé>us-Chr(St  aveo  le  sous- 
diarre  Martyre.  Les  hérétiques  les  massa- 
crèrent sous  le  rè-çnc  de  Constance.  Us  sont 
honorés  dans  l'Eglise  le  2ooclo!)re. 

MARCIEN  (sain'l,  martyr,  cinnllit  la  palme 
du  martyre  eu  Airitjue,  à  une  époque  que 
nous  ignorons  complètement.  Il  ♦ut  pour 
compa:;nons  de  son  martyre  les  saints  Ai|ui- 
lin,  Géminé,  Eugène,  Quinctus,  Théodote 
et  Triplioii.  Le  Martyrolo  ;e  romain  ne  nous 
a  donné  aucune  circonstance  de  hnir  co  nhat. 
L'Eglise  honore  leur  iminorlello  mémoire  le 
k  j  uivier. 

MARCIEN  saint),  est  inscrit  au  Martyro- 
loge romain  avec  saint  Julien  et  huit  aiitres 
qui  nous  sont  iuronnus,  le  9  aoAt.  L'tnpie 
Léon,  empermir  (l'Orient,  leur  lit  s mlfiir 
divers  tourments  avant  de  les  faire  décapi- 
ter, parce  qu'ils  nvaienl  élevé  l'image  du 
Sauvt'ur  sur  la  port<î  ^l'Airain. 

MKRr.lKNNE  (sainte),  martyre,  est  fort 
oélèhre  dois  les  Mart  *  rolog"s  latins,  ipii  la 
mettent,  les  uns  le  9  janvier  etd'aulns  le  II 
ou  1-2  juillet.  Nous  en  avons  une  hymne  ti- 
rée <iu  hréviaire  golhiipn»  ou  mo/Trahe  de 
Tolède  et  des  Actes  donnés  par  H  illaiidus, 
dont  on  voit  bien  que  cette  hymne  a  été 
pn^".  On  ne  peut  pas  dire  (pi  ;  ces  Actes 
s'utnit  ongniaux,  puisipiils  (>araissf'nt  érnts 
plu' jours  années  après  la  mort  de  la  sainte; 
et  in^'-mi^  iU  e.mtinrin'ni»  plu->i(  urs  particu- 
larités qui  doiunnl  tiuclque  Ii»;u  de  les  te- 
nir pour  sus  eiH.  Mus.  d'antre  part,  ils 
s<»nt  lHlt»m';nl  p.nliiiJarisc;  p'  dun  style  >i 
grive,  qu'il  est  diili  île  de  ne  h-ur  pas  tlon- 
lier  qu  Ique  rmvanco.  L'hvune  même  du 
liréviairt"    (le    r  ■    n^si'i    Imlle  et 

••sez  aucicQuc  ^^u.   .vj  t  >uivuir  aulori^ier. 


C'est  pourquoi  nous  ne  craindrons  pas  de 
rapporter  ce  qu'ils  contiennent. 

Ii>  ne  nous  apprennent  pa>  en  quel  temps 
la  s.Tinte  a  vécu  et  a  souir»'rt.  Vincent  de 
Be mvais  et  d'autres  nouveaux  auteurs  l'ont 
mise  sous  Dioch'-iien,  et  c'est  pour  les  suivre 
que  nous  en  parlons  ici,  (luoupi'ih  n'aient 
peut-être  pas  eu  d'autre  raison  de  le  laire 
qu'une  présomption  ixénémle  (pii  fait  attri- 
buer h  cette  persécution  les  martyrs  dont 
on  ignore  le  temjis.  Les  Espagnols  s'atfi- 
buenl  celte  sauiti\  mais  sur  des  autorités 
null.Miient  considénddes.  Ses  Actes  disent 
qu'elle  soutfrit  à  Césarée  qui  est  un  nom 
co.nmun  h  hi'aucoup  d**  villes.  Mais  les  cir- 
constmces  nous  déterminent  assez  claire- 
ment à  l'entendre  de  Césarée  en  Mauritanie, 
et  presque  t  us  les  Martyrologes  l'expli- 
quent d .'  cette  Césarée,  qu'on  croit  commu- 
nément être  la  villed'Alger, quoique  des  per- 
sonnes habil'S  en  douient. 

Cela  nous  sert  h  expliquer  ce  que  les  Ac- 
tes ajoutent,  nu'elle  éta  t  de  la  ville  de  Ru- 
su;;cur;  car  l'histfure  de  l'Eglise  nous  ap- 
prend qu'il  y  avait  une  ville  de  Rusuccur 
dans  la  ^laurHaide  Césarienne.  Nous  ne 
pouvons  donc  douter  que  ce  ne  soit  la  («atrie 
de  notre  sainte.  Elle  était  sort.e  d'une  famille 
illustre.  D  eu  lui  avait  donné  aussi  d»'s  ri- 
chesses et  de  la  beauté.  Mais  méprisant 
toutes  ces  choses,  elle  vint  demeurer  à  Cé- 
sarée dans  une  petite  cellule  où  eUe  con- 
si'rvait  sa  chasteté  qu'elle  avait  consacrée  à 
Dieu,  fuyant  l'ambaion  et  les  délices  du 
inonde. 

Etant  un  jour  sortie  pour  voir  la  ville,  di- 
sent ses  Actes,  ou  pluti')t  pour  quelque  sujet 
plus  important,  elle  se  renconlia  parmi  une 
grande  foui  >  de  pniple  en  un  lieu  proche  la 
porte  de  Fioase  qui  est  aussi  une  ville  de 
Muiritan'e  assez  près  de  Césarée.  Dans  cette 
place,  a>ant  vu  sur  une  fontaine  une  Diane 
de  marbre,  elle  lui  abattit  la  tète  et  la  brisa 
tout  entière.  C'est  une  de  ces  sortes  d'aLtions 
q  .i  étant  contre  l'ordre  de  la  ■.iscipline  ordi- 
naire de  l'Egl  se  ne  se  peuvent  bien  faire 
(fue  p.ir  une  inspiration  du  Saint-Esprit. 
M  »;s  aussi  nous  ne  devons  pas  les  condam- 
ner légèrement  puisv|u'elles  ne  sont  pas  ex- 
traor  linaires  dans  les  martyrs  les  plus  au- 
lie  niques  et  les  plus  saints.  Le  peuple 
prés  nt  ?i  cette  action  se  jeta  sur  la  sainte  et 
aprè-i  l'avoir  meurtrie  de  coups  la  mena  au 
tiibun.d  tiuju.;e.  Marcienne  prévint  son  iu- 
le rogatoire  en  confessant  publiquement 
Jésus-Chr'sl  et  en  exhortinl  le  peU)  le  à 
abando  nier  des  dieux  qu'ils  avaient  faits 
eux-mêmes. 

Leju:;-',  l'ayant  fait  fouettt^r  par  les  minis- 
tres 'le  la  tpieNtion,  la  lit  renfermer  eu  une 
académie  de  gladiateurs  pour  leur  être  aban- 
di>nnée  :  ce  qui  n'étonna  pas  la  sainte  »pii 
savait  que  Dieu  ('«lait  le  gardien  de  sa  chas- 
teté. En  elfet  un  gladiateur  nommé  Flammée 
h  qui  elle  avait  été  donnée  en  g.uvie,  ayant 
voulu  venir  au  lieu  où  elle  était  et  où  elle 
pnH^ail  toute  la  nuit  en  prières,  il  trouva, 
dise  it  les  Actes,  une  muraille  iiui  l'emitècha 
de  l'approcher  jusqu'à  co  que  le  jour  étant 


et  MAR 

vomi  il  lui  (lemniMla  p.irdoii  m  plciinml  cl 
la  ronjuiairohlciiii  <lii  l>i''ii  ipi'il  |hU  s<)ilir 
(It)  rt'ilii  a(^'l(l('(llll('  ili*  tçladi.iti'urs.  I,a  saiiilo 
lui  (iroiiiil  (|ii('  Dii'ii  le  drliviciail  Ni  jour 
(|ii"(!llo  .soiillViiail  lo  iiiarlyrc,  cl  ccl.i  aiiiva 
t'ircclivoiin'iit. 

l,('  biiiil  (le  eu  luirailc  s'i'lanl  rc|iainlu 
|»ail(»ut  cl  le  .iUri;<.«  aya  II  coiuiiianlc  (|ii() 
^lalTicmlt'  l'i^l  livrcc  î»  un  aulro  j^ladialiiiirct 
jo  l<>M(J(MiiaiM  à  Mil  lidisiciiic,  leur;.  dcsscMMS 
uriiui'H'Is  lurcnl  loiijotiis  aii(Mt''S  par  va'XU) 
liiuradlc  dont  DiiMi  ciiviroiiiiail  sa  sorvanlc, 
justiu'ii  ctNiiiCiiliii  Icjii.^Ac  n'eut  pln^  la  iiai- 
diosso  du  ruxfioscr  du  nouveau.  Ccllu  uiei- 
vuillo  c^t  sans  doute  surju-enanlc,  mais  (jtii 
1)0  sail  (jiiu  Diou  a  l'ait  parait  le  pailiiulièit!- 
nuMit  sa  puissance  pour  dérendre  la  ciiao'iiîlù 
de  SOS  épouses?  Kl  si  l'on  considère  les  di- 
V(M'S  miiacl(»s  (pi'il  a  opérés  pour  cela,  (Jii 
trouvera  peul-éli-e  (|ue  les  aiili'es  paraîlroul 
t'ucoro  plus  inei'oyablcs  ijue  eului-ci.  Saiiilo 
Marcienne,  voyant  sa  ohastelu  en  assuraïu-e, 
parée  (pu^  Dieu  on  ftre-iail  la  [)roleeliun,  no 
son,-;ea  plus  qu'^  so  préfiaror  au  marlyro. 

ha  suite  des  Arles  est  obscure:  je  ne  sais 
s'ils  veulonl  diie  (jue  l'on  voulail  J'airo  ap- 
prendre h  la  sainte  l'arl  des  gladiateurs.  Nous 
savons  par  Eusobe  (]no  l'on  y  a  quol.|uot'ois 
contiaiuné  les  ehrélicns  ;  mais  il  y  a  pou 
d'apparence  que  cola  ait  élc  jusqu'à  dos 
filles. 

Le  lieu  où  était  la  sainte  était  auprès  (le  la 
maison  dun  Juif,  nouuué  Budaire,  qui  ('lait 
prince  de  la  synagogue.  Quelques-uns  do 
cotte  maison  so  moquant  de  la  sainte  et  lui 
disant  des  injures,  elle  maudit  colle  maison, 
priant  Dieu  de  faire  descendre  le  feu  du  ciel 
poiu-  la  consumer,  et  do  ne  point  |)ermo}U'e 
qu'elle  fiU  jamais  rebâtie;  mais  qu'au  con- 
traire les  pierres  que  l'on  eu  Iransporteiat 
causassent  la  ruine  dos  au'tres  maisons  où 
on  les  voudrait  employer.  Cette  prière,  qui 
est  assurément  extraordinaire,  fui  exaucée, 
disent  ses  Actes,  de  lelle  sorte  qu'au  mo- 
ment mémo  que  la  sainte  rendit  l'esprit,  la 
Diaison  et  tous  ceux  q;ii  étaient  dedar.s  fii- 
re'it  consumés  par  le  feu  du  ciel.  Les  Juifs 
l'ayant  souvent  voulu  rebâtir,  elle  tombait 
toujours  en  ruiu-  s,  et  ceux  qui  envouluient 
prendre  les  pierres  se  bâtirent  plutôt  des  sé- 
pulcres que  des  maisons. 

Le  jour  de  son  martyre  fut  le  9  de  janvier, 
ou  le  U  de  juillet;  car  ses  Actes  se  lisent 
diiréremmeni.  Les  gladiateurs  descendiren.t 
ce  jour-là  dans  rampliithé.Ure  pour  combat- 
tre, et  Flammée  y  reçut  la  liberté  par  la  voix 
du  peuple  (jui  as>istait  au  spectacle,  comme 
la  sainte  le  lui  avait  promis.  M.iis  ce  même 
peuple  iiyant  demandé  que  Marcienne  fût 
exposée  aux  bêles,  on  l'allacha  à  un  poteau, 
^t  on  lâcha  un  lion  très-fuàeux,  qui  se  vint 
ieter  sur  elle,  tout  en  coura  U,  et  mit  ses 
grill'es  sur  sa  poitrine.  Mais,  dès  qu'il  l'eut 
sentie,  il  la  laissa  sans  lui  avoir  fait  aucun 
mal.  Le  peuple,  surpris  de  celte  merveille, 
dit  qu'il  fallait  laisser  aller  ceito  chrétienne;  ^ 
Bûais  Budaire,  qui  avait  avec  lui  ses  enfants 
Et  ipielques  Juifs  ramassés  pour  le  seconder, 
éiciia  un  tumulte,  criant  qu'il  fallait  obtenir 


MAIl 


61 


du  Kouvcrticnr  fpie  l'on  l.'^diAl  un  laurcui 
sur  elle.  Cida  lut  fait,  et  le  tiuircan  ayant 
bb-'sé  la  sainte  h  la  mamelle  nvcc  SOS  cor- 
ne-;, cM(!  londia  h  demi  morte,  toute  cou- 
verte de  sanjr. 

On  la  relira  dans  une  jofje,  où,  opr^sfuTon 
cul  cla  irlié  son  San,;,  on  la  ramena  pour  re- 
cevoir encore  une  autre  coui(jnm;,  cl  on 
rattacha  pour  la  troisième  fois  au  polr-nu. 
Alors  elle  s'écria  :  «  Jo  vous  vois,  Seij^Mcur, 
je  vous  suis,  rccevc/.  l'âme  de  voire  .servante: 
c'est  vous  qui  nve/.  été  avec  moi  dans  la  pri- 
son ;  c'est  vous  (lui  ave/  daigné  conserver 
ma  clui'>l"'t('.  »)  Alors  le  juge,  dont  la  riolcie 
s'enllammait  d(^  plus  en  j)lus,  lit  lâcher  un 
grand  léoiiard,  ipii  se  jeta  sui-  la  sai nie,  lui 
orraclia  d  un  seul  coup  de  dent  presqui'  loiili! 
la  peim,  et  ainsi  sépara  son  âme  d'avec  son 
coi'ps. 

Voilà  ce  que  les  Actes  de  sainte  Maicienne 
rapporlfiit  d'elle.  L'hymne  du  bréviaire  go- 
thique contient  les  inèmos  choses,  (pioique 
avec  moins  d'étendue.  Celle  h,  mne  donne 
sujet  do  croin;  (|u'elle  a  été  fort  honorée  ca 
Espagne,  et  l'on  fait  |t(jrl(M-son  nom  à  b -an- 
coup  de  personnes  dans  le  Portugal.  C'est 
apparemment  ce  qui  adonné  sujet  à  quelques 
autours  de  incMlre  son  martyri!  en  K>pagne. 
Oa  pourrait  pout-ê;re  croire  qu'elle  a  été 
martyrisée  à  Césarée,  et  transportée  à  To- 
lède,"^  et  ([ue  c'est  pour  cette  raison  (pjo  le 
Maityrolo^;e  romain,  après  avoir  mis  cette 
sainte  dans  la  Mauritanie  le  Ojair  ier,  la  met 
à  Tolède  le  12  juillet.  Car  cela  vient  appa- 
remment, dit  liaronius,  de  ce  (|  le  l'un  est  le 
jour  de  sa  mort,  et  l'aulre  c  lui  de  Sa  tran^s- 
latiou.  Il  y  en  a  (fui  e>i  font  deux  saintes  dif- 
férentes, mais  cela  n"a  pas  de  fondement.  Sa 
fête  est  mi.s8  le  11  janvier  par  Usuard,  Adon, 
Notker  et  divers  autres,  et  le  11  juillet,  non- 
seulement  jîar  plusieurs  martyrologes  lea- 
nuscrits,  mais  même  i)ar  deux  exemplaires 
d'Usuard,  gardés  à  Saint-Germain-des-Prés, 
qu'on  croit  être  les  plus  authentiques.  11  y 
a  aussi  bien  tle  l'apparence  que  sa  nt  Mar- 
cien,  marqué  ce  jour-là  dans  les  mari}  rolo- 
ges  de  saint  Jérôme,  à  Césarée  de  Maurita- 
nie, n'est  pai  diiTéront  de  sainte  Marcien;  e; 
car  ces  sortes  de  changements  y  sont  ordi- 
naires. 

MAftCIENNR  (sainte),  fut  martyrisée  avec 
les  suintes  Susanne  et  Pallade.  Ces  trois  fem- 
mes, qui  étaient  les  é^jonses  de  soldats  mar- 
tyrs, dont  les  noms  sont  inconnus,  furent 
massacrées  avec  leurs  petits  enfants.  Elles 
sont  honorées  par  l'Eglise  le  2i  mai. 

MARCIENNE  (sainte),  vierge  et  martyre, 
fut  exposée  aux  bô;es  dans  le  cirque  de  To- 
lède. Elle  accomplit  ainsi  son  courageux 
martyre.  L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  12 
juillet. 

MARDAÎRE  (saint),  donna  sa  vie  pour  la 
foi  chrétienne,  sous  le  p!ésid;mt  Lysias,  en 
Arménie,  au  pays  des  Arabraques,  au  leiups 
de  la  persécution  de  l'empereur  DiocL  tien. 
11  endura  de  crnels  tourments  avant  de  con- 
sommer son  sacrifice.  L'Eglise  honore  sa 
mémoire  le  13  décembre.  (Pas  de  détails  sur 
son  martyre.} 


es  MAR 

MARDOINE  (saint\  fut  m^irtyrisé  h  Nico- 
m<^flie  avec  saint  Mi).î(loine:  le  ^iromicr  mou- 
rut dans  uno  fosso  où  on  l'nvait  jolé,  le  se- 
cond fut  I  nllf^.  Leur  inartyro  arriva  sous  lo 
règne  de  l'impie  et  cruel  Diorlélien.  Ce  fut 
aussi  en  re  temps-lJj  r^u'un  diarre  de  saint 
Anthynie,  (^vi'^que  de  Niromé  lie,  portant  des 
lettres  aux  martyrs,  fut  arrêté  par  les  païens 
qui  le  lapidèrent.  Ils  sont  inscrits  au  Marty- 
rologe romain  le  23  déennhre. 

MARDOINK  (saint),  sourtVit  le  martyre  à 
Nëoct^sarf^e.  avec  les  saints  Musone,  Eugène 
et  Métellus.  Ils  furent  brûlés,  cl  leurs  cen- 
dres jet(^es  dans  la  rivière.  L'Eglise  célèbre 
leur  mémoire  le  2i  janvier. 

MARtS  (sainte  de  la  jirovince  des  Huzi- 
tes,  mourut  pour  la  foi  chrétienne,  eu  l'an 
3V.1  de  Jésus-Christ,  sous  le  règne  de  Sapor, 
dit  Longuft-^'ie.  Il  n'était  fpie  laïque.  Sa  fOte 
est  inscrite  le  30  novembre  au  Martyrologe 
romain. 

MARGUERITE  (sainte),  vierge  et  martyre, 
souffrit,  d'après  les  anciens  martyrologes, 
dans  la  ville  d'Antiochede  Pisidie,  durant  la 
dernière  persécution.  Son  père,  qui  était 
prêtre  des  idoles,  fut  son  accusateur,  et  elle 
périt  par  lo  glaive.  On  prétend  que  son  corps 
se  garde  à  Slonte-Fiascone  en  Toscane.  Son 
martyre  arriva  vers  l'an  275.  L'Eglise  honore 
sa  mémoire  le  20  juillet. 

MARCirKRITE  , sainte),  fut  au  nombre  des 
quarante-huit  martyrs  rais  à  mort  avec  saint 
Saturnin  en  Afriqup,  sous  le  proconsul  Anu- 
liii,  en  l'an  de  Jésus-Christ  305,  sous  le  règne 
et  durant  la  persécution  si  atroce  que  l'in- 
fAine  Dioclétirn  suscita  contre  l'Eglsc  du 
Seigneur.  {Voy.  Satlrsin.)  L'Eglise  fait  la 
fête  de  tous  ces  saints  le  11  février. 

MARCrERITE  MIDDLEION  (la  bienheu- 
reuse, femme  de  ClitluTco,  l'un  des  plus  ri- 
ches habitants  de  la  cité  d'York,  mourut 
martyre  en  1586,  sous  le  règne  du  monstre 
couronné  ipii  se  nommait  Elisabeth  d'Angle- 
terre. {Voy.  le  titre  de  cette  reine.)  On  sait 
comment  cette  femme  sa  guinaire,  apostate, 
relapse,  après  avoir  sucé  le  lait  de  l'hérésie 
dans  son  berceau,  a[)rès  avoir  reçu  les  le- 
çons de  son  père,  l'infâme  Henri  NUL  et  de 
sa  njère  Anne  de  Boulen,  fil  semblant  de  se 
convertir  à  la  religion  catholique,  sous  le 
règne  de  sa  vertueuse  sieiir  Marie,  et  com- 
ment, après  sa  mort,  libre  enfin  de  montrer 
ses  sentiments  véritables,  elle  donna  cours  à 
sa  fureur  et  h  sa  cruauté  contre  les  catholi- 
ques de  la  malheureuse  .\ngleterre.  Au  nom- 
bre des  lois  atroces  (luelle  avait  portées, 
que  son  parlement  de  bourreaux  avait  sanc- 
tionnées ou  votées,  il  y  en  avait  une  (pii  dé- 
fendait h  tout  sujet  de  la  couronni>  d'.\ngle- 
lerre  de  recevoir  cho/.  lui  un  prêtre  catholi- 
que. (]ette  loi  et  beaucoup  d'aulres  sembla- 
l)les  remplirent  les  prisons  d'Angleterre  de 
détenus,  et  firent  un  noml)re  inouï  de  mar- 
Iv Ts.  Au  nombre  de  <  es  derniers  est  la  sai'ite 
femme  dont  nous  allons  diri-  la  condamna- 
lion  rt  le  suppl<'«. 

Kilo  était  mère  de  plusieurs  enfants  :  elle 
était  do  ces  mères  (pu  savcnil  que  le  lait  ma- 
lerncl  n'est  pas  la  seule  nourriture  qu'elles 


MAR 


64 


■  doivent  donner  k  leurs  enfants,  et  qu'elles 
n'ont  rien  fait  {)oureui  si,  de  bonne  heure, 
soit  par  elles-mêmes,  soit  par  les  maîtres 
qu'elles  leur  donnent,  elles  ne  les  nourris- 
sent pas  du  lait  [Mirde  la  foi  et  des  délices  de 
l'amour  divin.  Elle  t'tail  de  celles  qui  savent 
que  les  croyances  reçues  dans  le  bas  Age  im- 
urègnenl  l'âme,  et  demeurent  en  elle  toute 
la  vie,  et  que  ces  croyances,  bonnes  ou  mau- 
vaises, sont  une  des  choses  k  propos  des- 
quelles Dieu  demande  peut-être  le  plus  grand, 
le  plus  rigoureux  compte  aux  parents.  Elle 
crut  f)Ouvoir  éviter  de  tomber  sous  le  coup 
de  la  loi  auenous  venons  de  mentionner  un 
peu  plus  haut  -.  elle  choisit  pour  ses  enfants 
un  précepteur  selon  le  cœur  de  Dieu,  un  prê- 
tre catholique,  qu'elle  logea  dans  sa  maison, 
accomplissant  tout  k  la  fois  ce  que_j;on 
amour  maternel  lui  prescrivait  de  faire,  en 
choisissant  un  tel  maître  à  ses  enfants,  et  ac- 
complissant un  devoir  de  charité  en  logeant 
dans  sa  maison  l'homme  que  la  barbarie  do 
la  reine  condamnait  à  ne  trouver  nulle  part 
un  al>ri  prolecteur,  un  toit  hospitalier.  Bien- 
tôt la  sainte  femme  fut  dénoncée  :  on  la 
trahia  devant  un  des  tribunaux  institués  par 
la  reine  pour  juger  les  crimes  pareils  à  celui 
dont  on  l'accusait.  D'Ds  sa  conscience,  elle 
crut  ne  pas  devoir  répondre  auï  questions 
qui  lui  lurent  faites,  aux  accusations  qui  fu- 
rent portées  contre  elle.  Elle  ne  voulait  pas, 
en  répondant,  reconnaître  en  quelque  sorte 
à  ce  tribunal  le  droit  de  la  juger  et  de  con- 
naître de  questions  qu'il  n'appartient  |)as 
aux  hommes  de  décider.  Elle  garda  le  silence 
le  plus  absolu.  La  loi  était  formelle;  en  fous 
cas  elle  eiU  été  condamnée,  elle  le  fut.  Le 
25  mars  1586  on  la  fit  sortir  de  sa  prison  :  à 
côté  se  trouvait  le  lieu  du  supplice:  elle  y 
vint  avec  nuatre  de  ses  femmes  dont  le  dé- 
vouement lui  resta  fidèle  jusqu'au  dernier 
moment.  .Après  qu'elle  eut  fait  sa  prière,  le 
juge  qui  présidait  au  supplice  donna  l'ordre 
aux  bourreaux  de  la  déshabiller.  Vainement, 
se  jetant  h  ses  pieds,  elle  le  supplia  qu'on 
lui  épargnât  cette  confus  on  ;  vainement  les 
femmes  qui  l'accompagnaient  joign  rent 
leurs  prières  aux  siennes:  le  juge  refusa. 
Tout  ce  (pi'il  voulut  bien  acc'  nier,  ce  fut 
qu'elle  serait  déshabillée  par  s«*s  femmes  et 
non  par  les  bouireaux.  Sur  sa  demande,  il 
ordonna  aussi  «pie  les  assistants  détournas- 
sent les  yeux  ilurant  celte  opération.  Quand 
les  femmes  de  Marguerite  lui  eurent  ôté  ses 
vêtements,  elles  lui  passèrent  une  longue 
chemise  en  grosse  toile.  A'ors  la  sainte,  avec 
un  calme  et  une  trampiillité  qui  émurent 
tous  les  témoins  de  son  martyre,  sVHeiidil  à 
terre  :  on  lui  mit  un  mouchoir  sur  les  yeux  ; 
sa  chemise  lui  couvrait  la  plus  grande  partie 
du  corjvs.  S«)us  son  dos  on  avait  place  une 
pierre  anguleuse  et  pointue  ;  on  étcfidit  sur 
son  vi»ntre  et  sur  sa  poitrine  une  porte,  sur 
Infjuelle  on  mit  d'énormes  (viids.  A  la  dou- 
leur que  ressentit  Marguerite,  elle  joignit  les 
mains  sur  son  visage.  Le  juge  lui  dit  :  «  Otei 
vos  mains,  il  faut  tpi'on  vous  les  attache.  » 
Alor<;  deux  exécuteurs  s'avancèrent  et  les  lui 
lièrent  à  deux  pieui  ;  ils  lui  allachcrent  aussi 


•' 


OK 


MAR 


MAU 


M 


les  piods.  Oïl  rcconiiiKMir.n  h  rhnrKfr  do  jihis 
on  |tlu.s  la  Uibir,/»  l'aidctlc  poids  (pii  pcs/iiciit 
plnsicnrs  (•ciilaiiics  de  livres.  Sdiis  cclh- linr- 
ril)li'  picssioii  «pii  rtMiasait,  la  saiiilr  ik;  (il 
oiihMKMc  ipio  vvs  seules  paroles  :  <(  Jc^siks, 
Jt'siis,  aM'/.  pilié  <!•'  moi.  »  l'illc  les  répéta 
pliisitnws  l'ois,  laiil  (pielN?  ml  la  lorci!  dr 
parler.  Totijours  on  ajoutait  (l(^  nouveaux 
poids  ;  enlin,  la  poiliinc  l'ut  écrasée,  les  cA- 
Ivs  hrisées,  au  point  (pi'clles  passaient  h 
travers  la  jieau.  Cet  a(lr(Mix  supplice  dura 
plus  d'un  (piarl  d'heure  avant  (pie  la  saintes 
rendit  l'Ame. 

Voili\  quels  étaient  les  suppliées  (pie  la  fé- 
roce Klisahelli  faisait,  en  tons  lieux  lUi  son 
royaume,  «Midurer  aux  (•atlioli(iues.  Aujour- 
d'Iiui,  les  Anglais  sont  fiers  do  co  nioiislro 
d'initpiité;  ils  évcxpient  son  souvenir  (|uand 
ils  parlent  de  gloire.  Jamais  les  Uomains  n'a- 
vnienl  été  licrs  do  Tihùro.  Elisabeth,  c'était 
l'Ame  (lo  Néron  dans  la  pean  de  Messaline. 
Voilh  quelle  était  l'héronie  de  l'Angleterre 
prol(vstanlo. 

MAU(;UKUITE  DE  LOUVAIN  (sainte), 
vierge  et  martyre,  deux  couronnes  célestes 
et  immortelles  sur  la  KHc  d'une  simple  fille 
d'auberge.  Le  Dieu  (jui  récompense  chacun 
suivant  ses  mérites  ne  regarde  pas  ici-bas 
aux  conditions  de  ceux  qui  le  servent.  Le 
])auvre  sous  ses  Iiaillons  est  souvent  davan- 
tage pour  lui  que  le  potentat  sur  son  trône. 
La  religion  chrétienne  l'emporte,  par  cela 
seulement,  sur  toutes  les  autres:  elle  est  la 
religion  de  1  égalité.  Ce  fut  vers  lo  connnen- 
cement  du  xiii'  siècle  que  naquit  notre  sainte. 
De  bonne  heure  elle  donna  les  marques  d'une 
grande  piété  et  d'une  vertu  solide.  Aussitôt 
qu'elle  fut  d'âge  à  pouvoir  travailler,  ses  pa- 
rents, qui  étaient  ouvriers,  obligés  de  gagner 
chaque  jour  le  pain  quotidien,  se  virent  dans 
la  dure  nécessité  de  mettre  l'enfant  en  ser- 
vice; mais  ils  lui  tirent  un  trésor  de  leurs 
conseils  et  de  leurs  recommandations.  Du 
reste,  ils  la  plaçaient  chez  un  parent  auquel 
ils  la  recommandèrent  avec  fervent  amour. 
Ce  parent  était  un  homme  vertueux,  nommé 
Aniand:  il  tenait  une  auberge.  A  côté  des 
voyageurs  qui  payaient  le  gîte  qu'ils  trou- 
vaient dans  sa  maison,  il  y  avait  toujours  une 
j)lace  que  la  charité  chrétienne  gardait  aux 
pauvres  et  aux  pèlerins.  Marguerite  n'avait 
donc  que  de  bons  exemples  à  recevoir  du 
côtiî  de  ces  parents  chez  lesquels  on  la  pla- 
çait. Bientôt  elle  s'y  fortiiia  dans  la  vertu  : 
non  contente  d'accomplir  ses  devoirs  de  ser- 
vante, elle  faisait  tous  ses  elforts  pour  se 
rendre  utile  et  charitable  envers  les  pauvres 
et  les  pèlerins  qui  fréquentaient  l'auberge. 
Elle  résolut  de  consacrer  à  Dieu  sa  virginité  : 
aussi  évitait-elle  avec  un  soin  tout  particu- 
lier ce  qui  aurait  pu  porter  la  plus  légère  at- 
teinte à  sa  pudeur.  Au-dessus  de  ces  timidi- 
tés qu'ont  d'ordinaire  les  filles  qu'on  tient 
éloignées  du  contact  du  monde,  Marguerite 
osait  parler  et  lever  la  tête  ;  elle  résistait  à 
toute  tentative  de  séduction  avec  une  force 
et  une  énergie  de  volonté  qui  la  faisait  nom- 
mer la  fière  Marguerite  ;  elle  ne  soutirait  de- 
vant elle  ui  une  action  ni  une  parole  com- 


promettante ou  ('•(|uivo(pie.  C'était  une  sainte 
lille,  chaste  et  pure,  el  ro.spe(i«''e.  llno  fenuiio 
[•eut  ioii|nurs  (\tre  dans  la  posilim  ipridlo 
sait  prendre. 

Amnnd  cl  sa  remnie,  ayant  pris  la  résolu- 
tion de  se  vouer /i  la  vie  iiH»iiaslirpif.,  veidi- 
rent  tout  ce  (piils  possé.|,iMiit.  (^uand  Mar- 
guerite sut  leur  dessein,  elle  prit  h-  voile 
dans  l'ordre  de  Saint  lleinanl.  Ooehpjes  scé- 
lérats (pii  iiabilaicnl  le  pa  ys, 's.unant  que 
l'argent  provenant  de  la  v(!nl»;  était  cncoro 
dans  la  inaisr»n  d'Aniand,  s'hahillèienl  r;n 
pèlerins,  <ît,  le  soir,  vinrent  deni.inder  l'hos- 
pitalité. ni(;n  rpi'Amaiid  se  ïùi  décidé  h  fiar- 
tir  le  lendemain  |)oiir  l'alihaye  d(;  Villeis,  il 
ne  crut  pas  pouvoir  refuser  cette  (euvre  cha- 
ritable. Pour  les  traiter  jilus  convenablement, 
cf)iiiiiie  il  n'avait  pins  de  vin  dans  sa  mai- 
son, il  en  envoya  acheter  par  .Marguerite. 
Des  que  celle-ci  fut  partie,  les  brigands  as- 
sassinèrent sans  j»itié  les  deux  personnes 
qui  avaient  bien  voulu  les  reccsvoir  sons  hîur 
toit.  A  son  retour,  Marguerite  fut  assaillie 
par  eux  :  ils  la  traînèrent  hors  de  la  ville. 
Aj)rès  l'avoir  beaucoup  maltraitée,  ils  déli- 
bérèrent entre  eux  sur  ce  qu'ils  allaient  faire 
d'elle.  L'un  d'entre  eux  voulait  la  garder 
pour  femme,  pour  conserver  ses  jours;  mais 
Marguerite  dit  qu'elle  aimait  mieux  mourir 
que  de  violer  son  vœu  de  chasteté.  Un  des 
assassins  la  blessa  grièvement  au  cou,  et  en- 
suite lui  ayant  enfoncé  son  poignard  dans  le 
cœur,  précipita  son  corps  dans  la  Dvle,  le  2 
septembre  1225.  On  raconte  que  Dieu,  vou- 
lant montrer  combien  le  sacrifice  de  cette 
viorge  lui  était  agréable,  lit  flotter  son  corps 
sur  la  surface  de  la  rivière.  11  remonta  con- 
tre le  courant  jusque  dans  la  ville.  Une  lu- 
mière céleste  l'entourait,  et  on  entendait  des 
chants  harmonieux. 

MARIANNES  ou  DES  LARRONS  (îles), 
appelées  encore  Archipel  de  Saint-Lazare, 
sont  une  chaîne  de  dix-sept  îles  du  Grand- 
Océan.  Les  principales  îles  de  ce  groupe  d'î- 
lots, qui  sont  habitées,  sont  Guam  .(chef- 
lieu  Agana),  Tinian,  Saypan  ou  Saint-Joseph, 
Agrigan,  l'Assomption.  La  cruauté  drs  Es- 
pagnols fut  si  grande  à  l'égard  des  indigè- 
nes, qu'on  n'en  compte  guère  plus  que  deux 
mille.  «  La  raee  indigène,  dit  Henrion  (t.  IV, 
p.  537),  se  désigne  dans  le  pays:  sous  le  nom 
de  Chainorre  ou  de  Chamorrin,  ou  encore 
de  Ghamorris,  nom  qu'il  serait  difficile  de 
justifier  d'une  manière  satisfaisante  :  peut- 
être  une  méprise  des  compagnons  de  Ma- 
gellan a-t-elle  donné  naissance  à  cette  quali 
fication  qui  s'est  maintenue  depuis.  Quoi 
qu'il  en  soit,  les  indigènes  étaient  partagés 
en  trois  classes:  les  nobles,  matoas;  les 
demi-nobles,  atchaots ,  et  les  hommes  du 
peuple,  mangatchangs.  Les  matoas  comman- 
daient aux  deux  autres  classes;  ils  étaient 
constructeurs  de  pirogues,  guerriers  et  pê- 
cheurs. Les  atchaots  étaient  admis  à  les  ai- 
der, sous  de  certaines  conditions.  Quant  aux 
mangatchangs,  espèce  de  parias,  la  naviga- 
tion leur  était  interdite.  La  langue  marian- 
naise  n'a  point  de  mot  ()Our  désigner  la  Di- 
vinité, d'où  le  P.  Le  Gobien  a  conclu  que 


fi7  M\R 

ces  in«ti1iiros  n'nvnionl  -iiinme  id(^o  d'un 
Etn»  siinrt^me.  D'aatrfs  ;iiitarilt'S  [ir<''loinJonl 
qne  dfs  rroynnrrs  v.i^iies  rj^jinatf'nt  parmi 
eiiN.  Voici  quelles  l't.iient  l(>urs  i(](''es  sur 
i'ori.^ino  du  monde.  Pontan  oti  Fruita  i  , 
hiiunip  lrr's-in;<^nieiix,  vt'cut  tin  grand  t!om- 
bre  d'nnnô''s  dans  les  es,>aces  iiiia'j^inairos 
qui  exi^'taioiU  avail  la  cré.ilim.  A  sa  inort, 
il  chargea  ses  sœurs  do  faire  de  sa  poitrine 
et  de  ses  éi>a!ilfs  lo  riol  et  la  lerro,  de  ?os 
y.Mii  le  soleil  et  la  lune,  et  de  ses  sourcifs 
arc-en-riel.  Los  >ïariann'is  reconnaissaient 
fim.iiorlaliffMle  l'Ame  :  suivant  eux,  l'homme 
qui  mourait  tranquillement  et  sans  aucune 
aoulcur  allait  en  paradis  et  y  jouissait  des 
arhrt'S  et  dos  fruits  qui  y  sont  en  abondance; 
tandis  que  relui  dont  lès  derniers  moments 
étaient  violents  et  agités,  allait  dans  l'enfer, 

?u'ils  appolaient  sassala^;oliam.  Le  diable 
tait  connu  chez  eux  sous  le  nom  de  KViti  ou 
Aniti  (nia.tvfis  esprit).  Ils  croyaient  que  si 
quehiu'un  ronvorsait  le  pilier  d'une  maison, 
l'Ame  de  celui  qui  l'avait  construite  no  man- 
querait pas  de  venir  invisibloment  tirer  ven- 
geance iriHic  telle  action.  Seloii  eux,  le  dia- 
ble demeurait  parmi  les  vivants,  et  n'y  et  ut 
occupé  qu«»  faire  du  mal.  Heureusement,  les 
âmes  de  leurs  ancêtres  s'y  opposaient  et 
Venaient  h  leur  secours  dans  le  morne  il  du 
danger.  Il  y  avait  des  âmes  j)!us  fortes  que 
le  démon,  d'autres  ([ui  l'étaient  moins:  les 
rrc  idères  avaient  apparfeim  aux  honmics 
mtrépid'^s  et  actifs;  les  secondes  aux  pares- 
seux et  aux  lAclies.  Les  femmes  avaient  aussi 
dos  Ames,  mai>  de  moindre  valeur  que  celles 
des  hommes.  ||  n'est  pas  silr  qu'on  en  accor- 
dât aux  7t)ar>'jnic/nugs.  Vn  fait  assez  singu- 
lier, c'est  la  crainte  suj>erstitieus'>  qu'inspi- 
rait aux  Minannais  I'oisimu  Carolin,  n:)m!ué 
0(07,  présage  de  mauvais  temps  ;  son  appa- 
rition sur  cette  cote  é'.ait  toujouis  d'un  fu- 
neste augure.  Dans  le  péril  et  h;  besoin,  les 
indicielles  invoquaient  les  antis  (âmes  des 
morts),  d'ab.)rd  à  voix  ordinaire,  puis,  le 
dan",er  cnnt  nmnt,  sur  un  ton  plus  haut; 
en  .1  de  toutes  leurs  forces.  Ces  cris  per- 
çants si.;niti;M.*nt  :  a  Ames  des  morts,  secou- 
Tez-nous,  si  votre  fnuiillo  vous  l'ut  cliére.  » 
Les  makams  ou  sorci(;rs,  qui  rem;)lissaient 
niie  esitéee  de  sact^rdoc»,  se  divisaioi\t  \'n 
deux  classes:  lunede  man^iatch.ui^s,  ne  fai- 
sant iMie  le  mal  ;  l'autre  de  nobles,  ne  f  tisant 
que  le  bien.  Ces  deniers  pro:-urnieni  de 
bonnes  pèches,  d'heureux  voyages,  de  b  lle-s 
récolles  et  une  leinpi'rature  conv.'nable.  Les 
mikanas,  pour  s'aider  dans  le  irs  prédic- 
tions, ganlaienl  chez  eux  les  crAnes  de  leurs 
raor  s,  e  ifnrm'^s  dnns  des  ()nrners.  Indéjien- 
damin^nt  de  cf*s  si>reiprs,  des  Enmlis  (gué- 
risseurs ou  guérisseusf»s)  s'adonnaient  h  la 
cure  cle  maladies  spéciales,  dislocation  ou 
fnrture  dos  membres,  bl(«ssuros  de  toiit 
genre,  fièvres,  'le...  » 

M\KIK,  nom  d'une  femme  qui  ronffssa 
cnuri.;iMisement  li  foi  ehiéiiinme  en  •2.>0 , 
sou-»  le  rè^çne  de  l'ernperour  Déco;  pendant 
dit-huit  ojois,  comme  saint  Moyse  et  tous 
les  aulr<s  rofifi'^se'irs,  elle  ru  lnr«  la  prison, 
les  l  turmeuts,  la  faim,  la  soif,  sans  que  rion 


MAR 


fis 


p<*if  ébranler  <!on  courage.  Î1  est  fait  mention 
d'tll  »  dans  la  lettre  qii»;  Lucien,  eonlosseiir 
do  Carlhage ,  écrivit  aux  confesseurs  de 
Rome,  et  qui  est  misi*  parmi  colk-s  de  saint 
Cyprien.  (Po  ir  voir  plus  de  «létails,  recourez 
h  l'art  de  de  Moysk,  confesseur.) 

MARIE  (sainte),  fut  martyrisée  à  Rome, 
sous  l'ompire  de  Valérien,  avec  le>  saints 
Hi|)polyle,  Eus«'be,  Marcl.  Adrias,  Maxime, 
Néon,  et  sainte  Pauline.  L'Eglise  fait  si  fô  e 
le  2  dé-'cmbre.  (Pour  plus  amples  détails, 
roM.  Ifs  Actifs  de  saint  Hippolyte,  à  son  ar- 
ticle.) 

MARIE,  mère  de  saint  Marien  qui  fut 
raar^yri^é  à  Larabèse  en  Numidie,  assista  au 
martyre  de  son  Uls,  non  pour  le  détourner 
de  soulfrir  la  mort  pour  la  foi,  mai>  pour  l'y 
engager,  pour  l'encouragera  persévérer  avec 
constance  dans  le  glorieux  combat  qu'il  sou- 
tenait |>our  Jésus-Christ.  (Toy.  Mariek.) 

MAI'.IE  l'sainto',  esclave  et  martyre,  appar- 
tenait à  Teriullus,  sénateur  romain.  Dès  son 
enfance,  elle  faisait  profession  du  christia- 
nisme. Les  prati(]ues  pieuses  auxquelles  elle 
se  livrait  déplaisaient  beaucoup  à  sa  maî- 
tresse; mais  son  maître  lui  poitait  beaucoup 
dalfe.  lim  à  cause  de  sa  tidéliié  et  de  son 
ex'ictitude  à  remplir  tous  ses  devoirs.  Les 
édits  cruels  de  D  o<  létien  ayant  été  promul- 
gués, la  terreur  dovi.t  univei selle  ilans  l'em- 
pire. Teriullus.  tpii  cnignait  que  les  persét.u- 
teurs  ne  découvrissent  que  M.uie  était  cbré- 
lieme,  et  ([ui  aurait  clé  très-aifeclé  de  la 
perdre,  mit  tout  en  ceuvre  pour  l'amener  à 
sacrifier  aux  idoles.  Marie  fut  inébranlable 
dans  sa  foi.  Tertullus, alors,  mù  pari  égoisme 
et  peut-être  aussi  j)ar  une  compassion  mal 
entendue,  lit  cruell .ment  fouetter  Marie, 
pour  qu'elle  lui  ol)  it  et  qu'elle  ne  cou.ût 
pas  risque  d'être  dénoncée  au  préfet.  Sa 
constance  aya;it  résisté  à  ce  siq)plice,  Marie 
fut  enfermée  trente  jours  iluraut  dans  un 
cachot  noir,  où  oti  lui  donnait  seulement  la 
nourriture  sufiisante  pour  (|u"olle  ne  mounlt 
pas  d  •  faim.  Ce  fur»nt  ces  tourments  eux- 
mêmes,  que  Terlnll  is  em|)loyait  pour  sau- 
ver sou  es(lav(>.  ({ui  la  perdirent.  Le  juge, 
instruit  de  re  «pii  se  passait,  réclama  !a  (tri- 
sonniére.  Dans  l'inlerio^ntoire  qu'elle  subit, 
•Mario  fut  calme  et  f  rmc;  elle  répondit  avec 
une  grande  dignité.  D'abord,  en  l'ontendaAt 
si  c  >;irageuse  dans  ses  réponses,  le  peujdo 
demanda  (ju'elte  fiU  brùlco  vive.  La  sainte 
dit  aii  jug.^  :  «  J'ai  avec  moi  le  Dieu  que  je 
sers  :  vos  tou''iiienls,  je  ru>  jes  redoute  >Jonc 
pas.  Ils  peuvent  tout  au  plus  m'arraclier  une 
vie  que  je  brûle  «le  donner  pour  Jésus- 
Christ.  »  Le  juge  la  lit  toiiinuMter  si  cru  II e- 
ineiit,  i|ue  la  poputa  c.  qui  naguère  dom.in- 
ddl  sa  iitoit,  cridit  pour  qu'on  cessât  de  la 
tourmentiT.  Le  •:  .  (pii  >  :  '  iio 
ém.Miio,  la  lit  cl  . .  et  les  >    .    ;   >- 

cendirent  liii  cbevalet.  On  contia  sa  garde  à 
UI)  soldat.  La  jeune  r  -  .  qui  craij;nait 
b's   dang'TS  que  sa   liii  ,'ouvail  tourir 

arnc  un  pareil  gardien,  prit  la  fuite»  et  se 
x<  '  .      ,    '  ■  ,     !  '       -,  où  elle  ti  i  '  ■     - 

r<.  ..  ■  Li.iLii'  _-L  •  j  _  Ui  :.  Ou  iio  sait  p,  -  '  •- 1    ,1  -  '-' 


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|)n^('is(«  (\o  st\  HKirl.  I."lv;lis(*  l'Iioiion;  «•oiiiiiKi 
lll.ill^  IV  II"  1"  iinvcmhic. 

MAIllli  (sHiiitf),  lillt'  'I''  sHJ'il  Snlijriiin.i 
|)r(Mi-i>,  l'iit  nu  iioinlu')'  «les  i|iuii'.'iiil('  hiiil 
iiiarlyrs  mis  A  inoil  /iviîc  sitiiil  S.iliiiriin,  en 
AlViquo,  sons  Id  piucfiiisiil  A'iiiliii,  v\  l'an 
<1)>  JtVsiis-dlirisI  ;J().'),  siuis  II'  ir^iir  i-l  dur  tiil 
hi  pcrséciilioM  si  h'iiiltii'  ^uc  I  iiilihnc  Dio- 
cléliu'i  siiscila  coiilio  I  Kglio(^  du  Sui>;iH'ur. 
(Voy.  Smiumn.)  1.'I'".j;Iis(' l'ail  la  l'iMi»  du  Ions 
ces  saillis  iiiailyi's  li'  Il  iV-vricr. 

MAIUK  (saiiilo),  iioiii  do  doux  vior«os  roii- 
nnciocs  à  DiiMi,  cl  iiiail.vics  on  Prise  Sdus  le 
roi  Sapnr,  avoc  saiiilo  rm'.»:!.!-;.  (>"//•  •"»"  nuin.) 

WAIUI':  (suiulo),  (Hail  iiit\'o  do  .sainl  Ahra- 
nam,  [triMro,  solilaiio  (  1  conrossoiir.  Cv  .s.'iiit 
ijlanl  roiili-»'  da  is  la  suliludo,  vors  la  liciili'- 
liuiti^iijo  aniico  do  son  .'i}j;o,  im  rolitiir  do  .^a 
mission  dans  un  jAiaml  vdla^i»  païon  dos  tMi- 
virous  d'Kdosso,  on  lui  anioiia  iiolro  saiuto, 
i\iw  son  l'rôio  vu  niouraul  avail  laissée  oi- 
pliolino.  KMo  u'avail  o'uoio  (|iio  sopl  ans  ; 
iit^aninoins   AbiaLaiu  lil  aussilùl  disLibuor 
aux  pauvros  los  grands  bions  (jue  sou  |)ôio 
lui  avail  laissés,  ol  la  lit  luollro  dans  une  ool- 
lulo  proclio  de  la  sienne,  où  il  .y  avail  uno 
feuôlro  par  hujuolle  il  l'inslruisail.  Elio  pro- 
lila  leilomeul  sons  sa  condnile,  cpreil  •  d^'- 
vinl  pailaile  iiuilalriee  de  ses  vérins,  à  quoi 
sailli  Kplnein  conlribua  aussi  par  les  exlioi- 
talions  qu'il  lui  faisait  loixpi'il  venait  voir 
soinl  Abraluuu,  son  ;uni.  (k'pendant,  au  bout 
do  vingt  ans,  iMaiio  se  laissa  iiialbouieuso- 
uieut  ii'oniiiir  par  iiii  l'au\  nioiiio,  qui  l'avait 
vue  par  sa  l'euètre  en  venant  voir  souv^  ni  io 
saint.  Ce  crime  lajcladans  le  désespoir,  et 
au  lieu  d'avouer  sa  l'aule  à  son  oiiole  pour 
se  relever  et  embrasser  la  pénitence,  elle  no 
songea  qu'ici  le  fuir  et  s'en  alla  dans  une  ville 
où  elle  s'abandonna  enl;èremciil  au  péché 
durmil  deux  ans.  Saint  Abraham  ayant  re- 
marqué que  depuis  deux  jours  il  ne  l'entoi- 
dail  point  clianiei'  des  psaumes,  coiiiiue  elle 
avait  accoutumé  de  faire  avec  lui,  il  l'appela 
pour  lui  ea  demander  la  cause.  Comme  elle 
ne  répondit  pas,  il  jugea  aussitôt  que  le  dia- 
gou  l'avait  engloutie,  selon  un  so'ige  qu'il 
en  avail  ou.  Il  pleura  et  [iria  sans  cesse  pour 
elle.  Mais  au  bout  de  <leu\  ans,  ayant  su  le 
lieu  et  l'état  déploiablc  où  elle  était,  il  prit 
un  cheval  et  un   habit  de  soldat,   avec  un 
grand  chapeau  qui   lui  couvrait  le  visage,  et 
il  s'en  alla  à  l'hùlelierie  où  elle  logeait.  Il 
dit  qu'il  venait  e.xpiès  pour  elle,  se  lit  ap- 
.pi  èler  un  grand  souper,  et  lorsqu'il  se  trouva 
seul  avec  sa  nièce,  il  se  lit  connaître  à  elle. 
Elle  se  trouva  dans  une  sur})rise  et  une  con- 
fusion étranges  :  mais  le  saint  lui  témoigna 
tant  de  bonté  et  l'assura  tellement  de  l.i  mi- 
séricorde de  Dieu,  à  qui  il  lui  promit  de  sa- 
tisfaire pour  elle  avec  saint  Eplirem,  qu'en- 
tin  elle  reprit  courage  et  se  résolut  de  s'en 
revenir  avec  lui,  pour  achever  le  reste  de  ses 
jours  dans  la  pénitence.  Il  lui  fit  laisser  là 
tout  ce  qu'elle  avail  d'argent  et  de  hardos 
comme  le  tenant  du  démon  qui  l'avait  trom- 
pée, ot  la  fil  monter  sur  son  cheval  qu'il 
conduisit  à  pied.  Nous  ne  louchons  qu'en 
un  mot  une  hisloire  5i  édifiante  et  si  admi- 


rablo  qu'nit  poiil  dire  ^tro  l'arlioij  In  iilus 
s/nnio  t'I  1,1  plus  ^i.indi' qnr*  s  uni  Al'i.iliain 
ail  jamais  f/nlo.  Il  f/nil  étrn  un  i>aiiii  Ivp'iroHi 
pour  on  iiwnqnri  If  déljiij  o(  \  l'.iiio  lo<)  ri'— 
ili'vions  qn'i  II.'  nioiilr,  aussi  bnu  quo  pour 
roprése  il»;r  «voi;  ipndli;  anlcur  oj;tlo  lieu- 
rriiso  (lérlKiii'SSo  oinbrass.i  la  pénjionro  ot 
la  prali  |ua  iliiranl  h's  qniji/.f  on.s  iju\>||ij  vé- 
cut oncnro  depuis,  dix  aub  avec  uni  oucie, 
ot  cinq  depuis  la  mort  de  re  saint.  Dion  vou- 
liil  méuie  lui  ai  rordtn'  nin.-  maripu>  iju'd 
agréait  sa  péniltmoo,  en  lui  dt^nnanl  la  ^ràco 
do  gui  rir  les  maladies,  au  boni  di-  lr<iis  ans 
(pi't  ll(!  y  bii  eniréo,  et  (ont  le  peupl"  venait 
avec  joii!  lui  d(  inaiider  ses  pnéros.  On  as- 
sure (pi'à  rinnre  de  sa  mort,  il  parut  sur 
son  vissage  uno  sjilendcnir  (jiii  lil  glonliiT  le 
Seigneur  à  tous  ceux  qui  é-tnicnl  piésenls. 
l.ivs  (irees  foui  la  félcî  do  s.unt  Abraham  el 
de  sainte  AJario,  sa  nioco,  le  21)  oi  tobre,  au- 
({uol  ils  en  font  leur  principal  olliceconjoin- 
(emonl  avec  celui  di;  sainte  An.isiasie,  ot 
l'on  croit  ipae  cet  oflice  a  été  composé  par 
un  saint  Joseph,  qui  vivait  au  ix.' siècle.  Les 
Copliles  font  aussi  la  fêle  de  saint  Abraham 
le  dernier  du  mois  liabai  ou  Pauphi,  c'est- 
à-dire  vers  le  27  octobre.  Les  Latins  ne  l'ho- 
iioreit  que  depuis  peu,  tantôt  le  29  octobre 
avec  les  Grecs,  tantôt  le  IG  mars,  auijuel  Ba- 
lOiiius  l'a  mis  dans  le  Martyrologe  ro.iiain. 
Kux  et  les  Urecs  le  nomment  queUiuofois 
seul,  et  quelquefois  avec  sa  nièce.  (  Tillc- 
inont,  vol.  Vil,  p.  587.) 

MARIE  (la  bieiiheureuso),  naquit  en  Es- 
pagne. Le  jour  des  Uaineaux,  ayant  osé  [)ar- 
courir  les  rues  de  la  ville  saint  ;  en  analhé- 
matisant  Mahomet,  elle  fut  jetée  dans  un 
grand  f.ni  el  y  périt.  Ses  os  furent  vendus 
aux  chrétiens,  qui  se  les  parlagérenl  pieuse- 
ment. {Chroniques  des  Frères  MineurSfi.  IV, 
p.  557.) 

xMAKlE-ÏHÉUÈSE  (la  bienheureuse),  jeune 
fille  du  pays  des  Maronites,  eut  le  bonheur 
de  se  convertir  à  la  religion  catholique  et  de 
mourir  j)0ur  la  foi  dans  les  circonst  mces  quo 
nous  allons  raconter  en  ciîant  le  P.  Nacchi  : 
«Une  femme  nonnnéc  Vonni  Joussephe,  pour 
s'éloigner  des  troubles  qui  agitaicmi  le  Mont- 
Liban  vint  se  réfugier  dans  un  village  près 
de  Saida.  Elle  était  fort  âgée  et  très-inlirm"; 
son  corps  était  presque  tout  couv  r.  d'ul- 
cères ;  si  on  la  touchait  (^our  la  soulager,  on 
lui  f;».is:iit  soutl'rif  des  douleurs  très-aiguës. 
D'ailleurs,  son  extrême  pauvreté  la  privait 
des  commodités  de  la  vie  les  plus  nécessai- 
res. Un  état  aussi  déplorable  que  le  sien  était 
moins  étonnant  ({ue  la  patience  qu'elle  faisait 
constamment  paraître  dans  ses  maux.  Jamais 
on  ne  l'entendait  se  plaindre,  bien  au  con- 
traire. On  voyait  sur  son  visage  une  douceur 
et  une  égalité  d'humeur  inaltérables.  Les 
voisines  qui  venaient  la  visiter  ne  pouvaient 
assez  admirer  sa  tranquillité  dans  un  état  si 
douloureux.  Entre  ces  voisines,  il  y  avait 
une  jeune  fille,  âgée  de  vingt  ans,  qui  fut 
nommée  quelque  temps  avant  sa  moi  t  Ma- 
rie-Thérèse. Elle  avait  été  élevée  par  son 
père  et  sa  mère  dans  la  religion  et  les  er- 
reurs de  sa  nation.  Cette  jeune  fille,  charmée 


f, 


Tl  MVR 

des  vertus  qn'cllf*  fl(^<  otivrait  dnns  la  malade, 
«^lait  cvWo  qui  l.i  frô|ii''iitnit  lo  plus  souvent. 
S'rnlreieunnt  un  jour  avt-o  elle,  elle  lui  de- 
manda rommcnt  il  se  pouvait  faire  que,  souf- 
frant autant  im'elle  soulfrait,  rllf  n»'  <»>  plai- 
nftjamais  et  pariUtonjours  ronlrnte.  «  C'est, 
ui  r»^pond  t  la  patiente  Maronite,  quo  je  ne 
sf)iilTre  pas  seule;  rar  le  Diou  que  j'adore  et 
qui  est  le  seul  adorable,  ni'aidt!  par  sa  grAce 
à  soulTrir.  Sa  grAce  m'a  fait  aimer  mes  dou- 
leurs, parce  qu'ellf  m'a  fait  connaître  que 
mes  soulfrances  me  rendr-nt  agréable  h  ses 
yeux;  et  que  les  siennes,  pour  le  salut  de 
mon  Ame,  ont  é\6  beaucoup  plus  grantles. 
Mais  vous  avez  le  mallunir  d'ignorer,  ajouta 
la  malade  à  la  jeune  tille,  que  vous  avez  eu 
auta  it  de  part  que  moi  à  ses  souffrances.  — 
Quel  est  donc  ce  Dieu  qui  a  souffert  pour 
moi?  reprit  la  jeune  tille;  je  voudrais  bien 
le  connaître.  —  Je  vous  l'apprendrai  quand 
vous  le  voudrez,  lui  dit  la  Maronite.  » 

«  La  jeune  fille,  frappée   de  ces  discours, 
revenait  souvent  visiter  la  Maronite  qui  no 
manquait  pas  de  profiter  de  ces  occasions  pour 
l'instruire  des  principales  vérités  du    chris- 
tianisme   et  de  nos   augustes  mystères.  La 
jeune  fdle  écoutait  avec  pliisir  ses   instruc- 
tions, et  les  méditait  chez  elle  avec  attention. 
Dieu  de  son  côté  préparait   intérieurernent 
son  Ame  à  recevoir  la  divine  semence  que 
l'on  y  jetait.  Sur  ces  entrefaites   il  se  pré- 
senta un  parti  pour  cette   fille.  Son   père  le 
jugeant  convenable  h  sa  famille,  le   proposa 
comme  une  atfaire  si  bien  conclue,  (ju'il  ne 
s'agissait  plus  que  de  l'exécuter.  Sa  fille  em- 
plova  toutes  les  raisons  qu'elle  put  imaginer 
pour  faire  changer  la  volonté  (le  son   père; 
mais  n'ayant  rien  pu  gagner,  elle  le  conjura 
de  lui  laisser  la  liberté   de  se  choisir  elle- 
même  un  époux  qui  ptU  faire  sou  bonheur. 
Le  père,  qui  avait  un  intérêt  tout  particulier 
à  se  donner  le  gendre  (luil  avait  choisi,  dé- 
clara à  sa  fille  qu'ell  1  n'aurait  point  d'autre 
époux  et  (pi'il  regardait  sa  résistance  comme 
une  rébellion    manilesle.  La  lille  ne  lui    ré- 
pondit que  par  une  abondance  de  larmes  et 
de  gémissements  capables  de  toucher  le  cieur 
du  plus  dur  de  tous  les  pères;  mais  celui- 
ci  n'en  fut  que  plus  irrité.  Il  la  menaça  de 
la  chasser  de  chez  lui    et  de  l'abandonner; 
les   menaces  nem|)é(  hèrent  pas  sa  lille  de 
persister  dans  sa  résolution,  ce  qui  obligea 
soir  père  d'engager  un  de  ses  oncles  (prello 
aimait  de  faire  ses  efforts  |)our    l'amener  .^ 
consentir  h  ses  volontés.  Londe  fil   de  son 
mienx  pour  vaincre  la  rési.>tance  de  sa  nièce, 
en  lui  représentant  d'un  cAté  le  tort  (pielle 
se  faisait  de  refuser  un  parti  aussi   avanla- 
geiu  que  celui  (pie  l'on  proposait,  et  lui  ex- 
posant de  l'autre  tout  co  ([u'clle  avait  a  cran- 
dre  (le  l'indignation  d'un  père  offensé  par  sa 
(iésobiissant  e.  La  jeune  lille  qui  avait  pris 
le  nom  de  Marie- Thérèse,  n'osant  pas  encore 
déclarer  les   sentimentj   que   Dieu  mettait 
dans  son  cœur,  ne  put  opposi>r  h  tout  ce  que 
lui  dit  son  oncle  (pie  sa  n'[tugnancc  extrême 
et  invincible  à  tout  état)lisscment,  tel   qu'il 
])\\\  être,  le  sup|>lianl  en  même  temps  de  lui 
Uuuucr  la  plu^  grande  du  toutes  les  manques 


M\n  72 

de  tendresse  en  obtenant  de  son  père  la  grAce 
de  ne  lui  en  parler  jamais.  L'onde,  attendri 
des  |)aroles  de  sa  nièce,  lit  tout  ce  qu'il  i>ut 
pour  persuader  à  son  père  de  ne  j)oint  for- 
cer l'inclination  de  sa  fille  et  de  songer  plu- 
iùl  h  marier  sa  cadette. 

Pendant  ces   négociations   Marie-Thérèso 
trouvait  chaque  jour  des  moments  pour  aller 
secrètement  rendre  conqtteà  sa  directrice, 
sa  voisine,  de  tout  ce  qui  se  passait.  Celle-ci 
la  fortifiait  dans  ses  résolutions  et   l'instrui- 
sait de  toutes  les  vérités  qu'elle  devait  croire. 
Elle  l'animait  par  l'espérance  d'un  bonh'ur 
éternel,  dont  Dieu  récompenserait  ce  qu'elle 
souffrait  et  ce  qu'elle  aurait  encore  à  souffrir 
pour  sou  saint  nom.  Elle  lui  enseignait  la 
pratique  des  vertus  qui  lui  étaient  nécessai- 
res et  lui  en  faisait  faire   les   actes.  Marie- 
Thérèse  revenait  toujours  d'auprès  de  cette 
bonne  amie  avec  plus  d'amour  et  plus  d'at- 
tachement pour  la  religion  chrétienne.  Son 
père,  qui  avait  gardé  le  silence  pendant  (quel- 
ques jours,  pour  donner  le  loisir  h  sa  fille  de 
wire  ses   réflexions,  voyant  que   ni    lui  ni 
son  oncle  n'avaient  pu  la  réduire  à  obéir,  re- 
garda sa  résistance  comme  un  mépris  de  son 
autorité  et  un  affront  que  sa  propre  fille  lui 
faisait.  Piqué  de  ces  pensées,  il  prit  la  réso- 
lution de  marier  sa  cadette    et  de  se  défaire 
de    l'aînée,   qui   lui   était  devenue  un  objet 
odieux.  .Marie-Thérèse  fut  bient(it  informée 
de  ses  desseins.  Elle  en   avertit  sa   bonne 
amie  Maronite  (lui  la  disposa  h  souffrir  avec 
mérite  ce  qu'elle  avait  îi  craindre  de  la  fu- 
reur de  son  père.  Elle  ne  fut  pas  longtemps 
sans  en  sentir  les  effets;  car  ce  père   inhu- 
main, croyant  causer  un  chagrin  mortel  à  sa 
fill(>,  fit  les  noces  de  sa  cadette  avec  un  grand 
appareil;  mais   il  n'en  demeura  pas  là.  Con- 
servant toujours  contre  sa  fille  aînée  un  vif 
ressentiment  de  son  refus  et  l'accusant  d'une 
rébellion  crimiuello  et  punissable  des  der- 
niers supulices,  ce  père  inhumain  n'eut  [^as 
horreur,  clans  uneassembl  e  chez  lui  où  l'on 
)reiiail  du  café,  d'en  faire  donner  une  tasso 
)réparée  à  cette  innocente   victime,  qui  la 
)ut  sans  savoir  qu'elle  devait  lui   causer  la 
mort.  Peu  de  temps  après,  elle  se  sentit  atta- 
quée d'une  lièvre  lenle,  acconi|)agnée  de  fris- 
sonnements et   de    défaillances  fréquentes, 
(pii  ravertir(Mit  (pie  ses  jours  s'abrégeaient  et 
(ju'elle  ne  devait  plus  songer  qu'à  mettre  eu 
prali(iue  ce  qu'elle  avait  fl[)pris  de  sa  direc- 
trice, la  Maronite.  La  fièvre  lente  qui  la  con- 
sumait red(Uibla.  Dieu  lui  fil  la  grAce  de  con- 
server jus(pi'au  dernier  >ou(>ir  assez  de  pré- 
sence desprit   pour  produire   les  actes    les 
plus    héroKiues  de  notre  sainte  religion  et 
pour  faire  à  Ditni  le  sacrifice  de  $>a  vie.  .\insi 
nKnirul  celte  jeune  martyre.  Son  Ame,  comme 
nous  le  devons  espérer  de  la  bonté  de  Dieu 
pour  elle,  fut  enlevée  au  ciel.  Son  père,  pour 
satisfaire  son  ressentiment  contre  elle,  litje- 
ler  inhumainement  son  corps  dans  un  puits. 
Mais  Dieu  ne  permit  pas  (pie  le   crime  d'un 
tel    père  reslAt   impuni  ;  il    mourut    subite- 
ment Heu  de  temps  après  la   sainte  mort  do 
sa    fille.  Exemple  de  In    sévérité  redoutablo 
des  ju^jemouli  du  Dieu,  C(jiuuie  la  converMun 


7S  M\U 

cl  riiciliMmso  (lu  (le  (("lin jeune  lilld  est  ime 
iiianuM)  sensilile  <l«  ses  inliiiies  iiuséiicoi- 
(les.  ('es  deux  (•V(''Menielils  ;\i'rivi">i'eul  vers 
la  lin  i\o  l'anuée  1(5'.>7.  ..  (Ilennon,  vul.  III, 
p.  "279.) 

MAUIM-MADKI.KINI':  (hi  bieiilienreusej , 
lui  ni.iilyriséo  au  Ja|)()U  en  lOI.'t,  dans  lis 
royaunu'  (rAiinin,  avee.  sa  uu>re  Jeanne,  son 
|)(Ve  'raealatiiuundo,  snn  frère  Jaecines,  A^é 
do  1'2  ans  ,  Léon  l'aeniMidonii  (Inniénion  , 
Paul  son  lils,  Aj;;é  do  27  ans,  l'ainxida  Lu- 
guyiWnon  (Li^on),  Maillie  sa  i'eunne. Tous  l'n- 
riMil  condanuiés  au  supplice  du  feu.  Nolro 
bionlieureuse  viiM'^e,  vouée  au  SeigiU'Ur,  el 
Agée  seulonient  de  1*.>  ans,  reslail  dehoul  el 
seud)lail  plein(>  de  force  el  île  vi(!  ipi(>it|u'ell(! 
panU  loule  cousuniée.  Ou  croyait  (pTelie  al- 
lait s'ntlaissor,  ipiand  on  la  vit  prendre  des 
charbons  ardents,  les  niottre  sur  sa  lète  el 
s'en  faire  une  couronne.  Pou  après ,  elle 
j^lissa  le  long  do  son  poteau,  se  coucha  dans 

10  brasier  et  y  expira  paisiblemcnl. 
MAUllî  (la  princesse),  l'ommo  do  Paul,  di- 
xième lils  de  Sounou,  prince  du  sang  impé- 
rial des  'l'artares  Manlclioux,  se  convertit  au 
clmstianismo  el  fut  ba|itisée  vers  l'an  1720. 
Son  mari  étant  à  la  guerre  daHS  le  Thibet 
avec  le  qualorzièn\e  lils  de  l'empereur  Kang- 
hi,  elle  suivit  en  exil  à  Yeou-Oué  dans  la  Tar- 
tario  sou  mari  et  toute  sa  famille.  L'empe- 
reur avait  prononcé  cette  peine  contre  Sounou 
et  tous  les  siens,  parce  qu'il  avait  appris  que 
plusieurs  d'entr'cux  s'étaient  convertis  au 
christianisme.  (  Voy.  les  articles  Sounou  , 
Paul,  Cuiise.) 

MARIEN  (saint),  lecteur,  fut  martyrisé  h 
Lambèse  en  Numidie ,  avec  saint  Jacques, 
diacre.  Durant  la  persécution  de  Dèce,  il 
avait  déjà  triomplié  en  confessant  glorieuse- 
ment le  nom  de  Jésus-Christ.  Tous  deux, 
après  des  supplices  cruels,  furent  martyri- 
sés avec  plusieurs  autres.  Nous  donnons  ici 
leurs  Actes  tirés  de  Tillemont,  tels  que  saint 
Augustin  les  a  connus. 

Saint  Jacques  était  diacre,  et  saint  Marien 
lecteur  ;  c'est  pourquoi  nous  le  nommons 
ordinairement  le  dernier.  Néanmoins,  ceux 
qui  en  parlent  le  mettent  presque  toujours 
le  premier  ,  et  il  semble  ,  en  effet ,  qu'on 
remarquât  en  lui  cruelque  éminence  de  grâce. 

11  avait  une  excellente  mère,  nommée  Ma- 
rie, comme  Bollandus  soutient  qu'il  faut  lire 
dans  ses  Actes,  sans  recourir  même  à  l'au- 
torité de  saint  Augustin,  qui  ne  nous  per- 
met pas  d'en  douter.  Jacques  avait,  ce  sem- 
ble, quelque  chose  de  plus  ferme  et  de  plus 
austère,  il  avait  déjà  acquis  le  titre  de  con- 
fesseur dans  une  autre  persécution  qui  pou- 
vait être  celle  de  Dèce. 

On  ne  dit  point  de  quelle  Eglise  ni  de  quel 
pavs  ils  étaient.  11  semble  seulement  qu'ils 
n'étaient  pas  de  la  Numidie,  oii  il  plut  à  Dieu 
de  les  couronner.  Ils  y  vinrent'  ensemble 
avec  celui  qui  a  écrit  cette  histoire  ;  car  ils 
ne  se  séparaient  presque  jamais.  11  semble 
même  qu'ils  fussent  parents.  L'auteur  ne 
marque  point  quel  était  le  sujet  de  leur 
voyage.  Jacques  eut  en  chemin  une  vision  qui 

DlCTION>.   DES  PeRSÉCUT10]N;S.    U. 


MAU 


74 


lui  uiu)|)rédi(-lion  de  son  inartyru  el  dccolui 

(\r    Maricn. 

Pour  les  y  préparer,  Dieu  les  lit  arrêter 
(|uel(pu)s  jours  en  un  lieu  a.s.icz  proclK!  do 
(.utile,  noMuni-  Mii^^iias,  et  il  y  lit  venir  en 
nièiiie  temps  deux  >ainUévè(pies,(pii  avai<;iit 
déjii  élé  baïuHs  pour  la  fui,  mais  qu'on  lai- 
sail  alors  reveinr  d'exil,  pour  les  mener  un 
pMiverneur  (pii  voulait  les  iViin;  mourir,  ut 
les  fane  passer  non  des  la  peine  à  la  peine, 
connue  disaient  les  païens,  mais  tie  la  gloire 
des  confesseurs  l\  la  gloire  des  marivrs. 

(les  deux  évè(|ues,  nommés  A|;ape  el  S*;- 
condin,  étaient  tous  deux  admirables  pour 
leur  grandi!  charité,  h  (pioi  l'on  ajoulail  uni! 
pureté  el  ium;  cliaslcîté  enlièr(îs.  N(jus  tn-u- 
vons  un  Secondin  dans  h;  tilro  de  la  letlro 
5'i-"  de  saint  (lyprien  à  sainl  Corneille.  Il  y 
en  a  deux  dans  le  concile  de  (bailliage  (;ii  250, 
outil!  Secondin  d(!  Thambes  dans  la  Hyza- 
cène  ou  la  Numidie,  qui  y  (.'st  (pialili/;  mar- 
tyr. Ainsi  il  semble  (lue  ce  pourrait  être  ce- 
lui-ci. Néanmoins  ,  le  P.  Kuinart  met  lou- 
joui's  Thandjes  ou  Thambaye,  connue  il  l'ap- 
[telle,  dans  la  lîyzacène. 

Ces  deux  saints  furent  donc  conduits,  par 
l'ordre  de  Dieu  plutôt  que  par  celui  des  hom- 
mes, à  Muguas,  pour  y  passer  quehjues  jours 
avec  Jacques  et  Marien.  Car  ne  se  conten- 
tant pas  du  feu  (pie  leur  seule  vue  et  l'exem- 
ple de  leur  courage  allumaient  dans  les  cœurs, 
ils  ré[)andai(>nt  encore  sur  les  autres,  par 
leurs  exhortations,  cet  esprit  de  grâce  et  de 
vie  dont  ils  étaient  remplis,  et  avec  d'autant 
plus  d'eflicacité ,  qu'étant  près  de  mourir 
pour  Jésus-Christ ,  c'était  lui  qui  vivait  et 
parlait  en  eux.  Ainsi  en  quittant  ce  lieu  pour 
continuer  leur  voyage,  ils  laissèrent  Jacques 
et  Marien  pleinement  disposés  à  les  imiter, 
comme  il  parut  aussitôt. 

Le  feu  de  la  persécution,  qui  était  alors 
fort  grand  partout,  était  particulièrement  al- 
lumé à  Cirthe,  comme  dans  la  première  ville 
de  la  Numidie,  et  le  gouverneur  y  avait  en- 
voyé des  soldats  pour  y  prendre  tous  les 
chrétiens.  Deux  jours  donc  seulement  après 
qu'Agape  et  Secondin  furent  partis  de  Mu- 
guas, une  troupe  de  païens  fut  assiéger  ce 
lieu  qu'on  regardait  comme  une  retraite  des 
chrétiens.  Jacques  et  Marien  furent  pris  et 
menés  à  Cirthe  avec  l'auteur  de  leur  histoire. 
Divers  chrétiens  les  suivaient  non  en  pleu- 
rant, mais  en  se  réjouissant  de  leur  bonheur 
et  les  animant  à  la  constance.  Les  païens  s'en 
aperçurent,  leur  demandèrent  s'ils  étaient 
chrétiens ,  et  comme  ils  l'avouèrent  sans 
crainte,  on  les  mena  aussi  en  prison,  et  ils 
:>ouû"rirent  le  martyre  avant  les  deux  saints. 

Jacques  et  Marien  furent  présentés  aux 
magistrats  de  la  ville  de  Cirthe  et  à  quel- 
ques autres  officiers,  pour  être  interrogés  ; 
et  on  les  menaçait  de  tous  les  supplices  les 
plus  cruels.  Jacques  confessa  qu'il  était  chré- 
tien, et  même  diacre,  sans  craindre  la^mort  à 
laquelle  Valérienavait  condamné,  en  258,  tous 
ceux  qui  servaient  l'Eglise  dans  ce  degré  et 
dans  les  supérieurs.  Pour  Marien,  comme  il 
n'était  que  lecteur,  etqu'ainsi  il  eût  pusauver 
sa  vie  en  perdant  sa  foi,  on  s'eiiorçade  l'y  obli- 

â 


7X 


MAK 


UAH 


76 


ger  par  IfS  tMlll•n^L•^l^  de  la  i|uesnoh.  Pour  lf5 
Ini  tniro  sniitVni.  nu  le  suspendit  non  parles 
mains,  roninie  c'«'la;t  l'ordinaire,  mais  par 
le?  ponros,  rff  <pii  étad  beaucoup  |ilus  sen- 
sible ;  »'t  on  loi  attacha  iiiùnio  des  poids  an\ 
pieds.  Mais  rouune  il  était  plein  de  conlianco 
en  Dieu,  plus  son  corps  aoutlVail,  plus  son 
Aine  s'élevait  au  ci.l.  La  i  ruaulé  des  bour- 
reaux avant  enlin  ct'(ié  h  son  (  onraj^e,  il  l'ut 
enfermé  dans  la  prison  avec  JacijUfS  et  les 
autres  chrétiens  ipii  prirent  part  à  sa  joie,  et 
s'unirent  à  lui  pour  rendre  j;ràcesà  Dieu  par 
de  fréipienles  prières  de  la  victoire  qu'il  avait 
remportée  en  lui. 

Agape  el  Secondin  furent  sans  doute  les 
premiers  h  lui  rendre  cet  olVice  de  diarilé, 
s'ils  étaient  alors  dans  la  niCMue  prison,  connue 
il  y  a  assez  d  apparence.  Ce  qui  est  certain, 
c'est  (pi'ils  consonnuèrent  le  sacritice  do 
leur  fol  par  le  martyre,  quelque  temps  avant 
les  saints  Jacques  "et  .Mariai).  Saint  Agape 
apparut  depuis  à  saint  Jacques  plein  d'une 
joie  toute  célesle,  on  l'invitant,  avec  saint 
Malien,  au  banquet  qu'il  leur  avait  préparé; 
et  ils  V  prirent  part  dès  le  lendemain.  On 
marque  de  lui  qu'il  aimait  deuxj  unes  lilles, 
Terlulie  el  Au'onia,  comme  si  c'eussent^  été 
ses  i  ropros  enfants  ;  mais  il  les  aimait  d'une 
manière  digne  d'un  t'-vèque  et  d'un  martyr. 
Car  il  demandait  à  Dieu  très-souvent  (pi'il 
leur  fit  la  grâce  de  soulfrii  avec  lui  pour  son 
nom.  hntin  il  obtint  du  ciel  cette  réponse  : 
«  Il  n'est  pas  besoin  que  vous  me  demandiez 
par  tant  de  prières  ce  que  vous  avez  obtenu 
par  une  seule.  » 

Nous  trouvons  dans  les  .Martyrologes  de 
saint  Jérôme,  au  \'l  d'août,  saint  Agape  mar- 
tyr, el  d.ms  la  suite  du  même  jour  les  sain- 
tes Tertulle  et  Antonia.  Florentinius  ue  fait 
pas  dilliiullé  de  croire  que  ce  sont  celles 
doit  nous  parlons,  el  que  ce  peut  ôlre  lo 
véritable  jour  de  leur  martyre.  Usuard  et 
plusieurs  autres  manpienl  saint  Agape  avec 
sailli  Secondin  le  2'.»  «l'avril,  au([Uel  le  Mar- 
tyrologe de  saint  Jérôme  mel  saint  S,iron- 
din  ou  Secondien,  évoque.  Ils  y  joigni'Ul  les 
saintes  Tertulle  el  Anlonia  avec  le  titre  do 
vierges,  qu'elles  mérilenl  selon  toutes  les 
a|q)areiices.  Ils  mettent  leur  martyre  h  Cir- 
ihe,  quoicpj'il  soil  plutôt  arrivé  à  Lambèse. 
Le  calendrier  de  l'iijjlise  de  Carlhage  met  lo 
iA  de  mai  saint  Secondien,  martyr;  mais  il 
V  a  bien  de  l'appartMice  (pie  baiiit  Secondin, 
évèuue,  com|)agnon  de  saint  Agape,  a  souf- 
fert b    12  avril  avec  lui. 

&;unt  Jaiques  et  ^aint  .Marien  passèrent 
quelques  jours  h  Cirtlie  dans  les  ténèbres  et 
dans  l'horreur  >le  la  prison.  On  les  y  tour- 
luentail  encore  par  la  faim.  .Mais  la  parole  ili> 
Dieu  leur  était  une  liès-claire  lumière,  et 
un  pain  qui  les  iinuirissail  parfaitement. 
Dieu  les  v  t  onsola  j.ar  une  vi>ion,  dans  la- 
quelle saint  Cypriei)  apparut  à  saint  Marieii 
comme  assis  i\  l.i  droite  du  grand  juge  ;  et  il 
lui  tit  buin  lie  la  iu< me  f  )iit.iine  dont  il  avait 
t>a  le  premier.  C'était  lui  prédire  son  mar- 
tyre ;  »«t  Dieu  lit  espérer  lut  ore  eette  gr.lce 
il  lou.s  le^  JiiHres  qui  étaient  avet  eiu  dans 
ies  niison»,  ^»ar  une  autre  vision  qu'eut   un 


de  ces  saints  confesseurs,  nommé  Emilien. 
Il  était  chevalier  romain,  el  quoiqu'il  eût 
près  de  cintpianteans,  il  avait  toujours  vécu 
dans  une  parfaite  continence.  Sa  principale 
oceupation  (\nn<>  la  («rison  était  la  prière.  Ses 
jeûnes  étaient  très-fré([i;cnts  ,  et  il  passait 
«[u  Iquefois  deu\  jours  sans  m  m.,'er  ,  se 
préparant  ainsi  au  sacrement  de  Dieu,  di- 
sent les  Acl  s.  J,>  ne  sais  s'ils  entendent  le 
mai  lyre  ou  l'Eucharistie.  Ce  saint  peut  èire 
«îaint  Emilien,  marqué  dans  les  Martyrolo- 
ges de  saint  Jérôme,  le  30  d'avril.  Usuard, 
AfJon,  Nolker  et  [)Iusieurs  autres  le  mar- 
quent certainement  le  20. 

Les  saints.  a;>rès  avoir  passé  quelque  temps 
dans  la  prison,  furent  am^  nés  une  seconde 
fois  devant  le  magistral  'le  Cirthe,  qui  de- 
vait les  envoyer  à  Limbèse  où  était  le  gou- 
verneur, en  lui  manjuint  do  quoi  ils  étaiest 
accusés  et  convaincus,  afin  qu'il  donnAt  con- 
tre eux  le  dernier  arrêt.  Beaucoup  de  chré- 
tiens se  trouvèrent  h  cette  aciion,  et  un  en- 
tre autres,  qui  se  Ht  remarquer  de  tout  le 
monde  par  l'ardeur  et  l'éclat  que  la  grâce 
qu'il  allait  recevoir  de  Jésus-Christ  faisait 
paraître  sur  son  visage.  Le  peuple  lui  di^- 
manda  en  fureur  s'il  était  chrétien.  Il  se  hâta 
de  l'avouer,  i,>t  fut  aussitôt  joint  aui  autres 
qui,  en  se  pré()arant  au  mariyre,  acquirent 
cette  nouvelle,  vieiime  à  JésusAMirist. 

Ils  furent  tous  con  luits  h  Lambèse  par  un 
chemin  l'.icheux  et  dilHcile,  qui  était  de  huit 
ou  neuf  lieues.  Ils  furent  présentés  au  gou- 
verneur et  ensuite  menés  en  prison  ;  car  les 
j>aiens  n'avaient  pas  d'autre  logement  pour 
les  saints.  Ils  v  deineurèreit  plusieurs  jours, 
durant  iescpiels  le  gouverneur  était  occupé  à 
faire  mourir  un  fort  grand  nombre  de  cliré- 
tiens,  tous  laïques  ;  car  il  les  séparait  à  des- 
sein des  ecclésiastiques,  croyant  les  vaincre 
plus  aisément  quand  lisseraient  seuls.  Ceux 
qui  a\ aient  été  pr  s  à  Mu,uas  après  saint 
Jacques  et  saint  Marien  furent  sans  doute 
de  ce  nombre,  puis(ju'ils  bs  précèdent  dans 
le  martyre.  Il  y  eut  une  femme  martyrisée 
le  2  ou  3  mai  avec  ses  deux  entants  jumeaux, 
encore  fort  jeunes.  Usuard  et  plusieurs  au- 
tres mettent  leur  fête  le  21)  d'août  à  Cirllie  ; 
ce  qui  est  une  faute  visible. 

Saint  Jacipies  et  les  autres  ecclésiastiques 
comnieiii,aient  à  s'attrister  de  ce  que  loa 
dill'i'rait  leur  victoire,  lorsque  saint  Agapt» 
apparut  à  sainl  Jacques  la  nnil  (jui  jiiéceda 
le  G  de  mai,  comme  l'invitant  lui  et  Marien  à 
un  festin  qu'il  faisait  ;  et  dans  la  même  vi- 
sion l'un  des  deux  jumeaux  qui  ava.eiil  souf- 
fert trois  jours  auparavant  leur  dit  de  se  ré- 
jouir, (  ar  ils  soiiperaieut  tous  ensemble  lo 
jour  .suivant.  Dieu  ipii  leur  avait  fait  d'Ile 
|)romesse  la  lit  accomplir  par  le  gouverneur, 
qu;,  dès  le  lendemain,  aOraiu  hit  par  sa  sen- 
tence les  deux  saints,  et  beaucoup  d'autres 
ecclésiastiques,  des  misères  de  ce  siècle  pour 
les  unir  au\  saints  patri.irches. 

On  les  mena  dans  une  ajjréable  vallée  cou- 
née  par  une  rivière,  qu'on  croit  être  cejle  de 
ra.,yde  ;  el  1;\  on  les  lit  placer  en  diverses 
nies  .sur  ies  bords  du  lleuve,  atin  (jue  l'exé- 
cuteur allAt  de  rang  en  rang  leur  couper  la 


)t  MVIi 

lôtc,  t't  iiu'on  |"^t  j'''*'''  i'"'^'"'"  li'iirs  rui'ii.s 
diuis  l'ciui  ;  car  on  m-  voiil.iil  jmn  i|U(j  r(jllti 
(luaiiUlô  il(«  cdiiis  lil  |taiailn'  rcxK-sdu  cri- 
nii'  (It'S  [«r.srcilli'iir.s  ;  le  liniiiln»'  "les  iiliil-- 
lyrs  (U/Uil  si  KiMiiil  M'"'»  ■'^'  ""  '•'*'  '''^^  Ions  jc- 
l(!^s  on  un  iiK^iiK^  nidi-nil  il(<  lu  riviùru,  ils  un 
cussi'iil  iiritMt^  II'  (Mnits. 

On  leur  lianda  Ics^ciu;  jiiais  leur  rtiiir, 
(Shiin^o  delà  Imnion».  de  Dii'U,  Vd.yail  des 
mcrvcillrs  (|iir  Imis  les  juilrcs  ne  |Hmv,iii'Ml 
«litTcovoir  ;  cl  ils  1rs  di,s;ii(MU  aux  ilirclu'ii.s 
(|iu  se  icMcoidiviicMl  .iniucs  d'cMix  ;  c'iHaiciil 
jKirlicidi('>i'cuiciil   des    mciiaccs  do    giicnc  ; 
cl. sailli  Maricii  déclara  hosilivcMUciil  i|iic  la 
tciie  élail  menacée  do  |>lUMOurs  iiiau\  poiir 
veiiiJier  lo  sang  des  jusles.  Jamais  iii(»|iliélic 
ne  lui  mieux  accomidic  ijuc   le  lui  ccllc-lii, 
])ar  la  [)iisc  {\c  Valéiieu  (joi  arriva  en  2(>(),  cl 
par  les  malheurs  elVroj.djles  (jui  lui  .surxiu- 
rcMl  sous  lo  reloue  d(>  Ciallieu.  Du'u  voulul 
apprendre  par  avance  aux  ehréliens  la  iévé- 
rilé  avec  la«piello  il   allail  les  venger,    tant 
pour  réprimer  les  insulles  dos  pan'us  ([uo 
pour  les  animer  eux-mêmes  h  ipiillor  avec 
joio  lo  moiide,  menacé  de  lanl  de  malheurs. 
La  mère  do  saint  Marien  so  trouva  ;i  son 
martyre,  noi  pour  le  ilélournor  île  soidlVir 
la  mort,  connue  d'autres  nièies faisaient  par 
des  caresses  maihoiu-enses,  mais  plulùl  poin- 
l'y  exhorter.  Kilo  le  vil  mourir  avec  inie  joie 
semblable  à  la  mère  des  Maohabéos,  et  digne 
du  nom  si  glorieux  do  Mario  qu'elle  i)orlail. 
Elle  embrassai!  son  lils,  baisait  son  cou  avec 
piété,  s'oslimant  hturouse  de  se  voir  mère 
d'unmartyr,  et  elleélait  eiicorepluslieureuso 
d'étro  dans  des  soinimtNits  si  dillérents  do 
ceux  de  la  chair  et  do  la  nature.  Mais  sa  foi 
l'assurait  qu'elle  no  perdait  point  son  lils  et 
qu'e  le  ''envoyait  seukmont  au  lieu  où  elle 
espérait,  le  suivre  dans  peu  de  temps. 

La  fô'e  de  saint  Jacques  et  do  saint  Ma- 
rien est  marquée  lo  30  avril  dans   divers 
Martyrologes  et  même  dans  les  plus  anciens. 
Néainnoius  il  y  a  bien  de  l'apparence  que 
le  vrai  jour  de  leur  mort  est  le  G  do  mai  au- 
quel l'Eglise  d'Afrique  les  honorait  au  vi' 
siècle.    Les   Martyrologes  de  saint  Jérôme 
mettent  aussi  ce  jour-la  en  Afrique,  saint- 
Secondin,  évoque,  saint  Jacques,  saint  Ma- 
rien et  un  grand  nombre  d'autres  martj  rs, 
hommes    et  femmes.  Nolker  et  Raban  '  los 
mettent  aussi  le  même  jour.  Saint  Augustin 
fit  son  sermon  28i'  sur  Mnricn  et  saint  Jac- 
ques, le  jour  de  leur  fête.  11  s'y  étend  parti- 
cuiièremont  sur  les  éloges  de  Mario,  mère 
!e  saint  Marien.  L'Eglise  calhé  .raie  dlîu- 
eubio  dans  l'Ombi  ie,  est  dédiée  sous  le  nom 
de  ces  doux  saints  martyrs,  dont  elle  croit 
posséder  les  corps  ;  et  elle  célèbre  leur  trans- 
lation le  10  de  mai.  Mais  on  ne  dit  point 
quand,   ni  comment  ils  y  ont  été  apportés. 
MARIEN   (-^aint),    diacre,    fut   martyrisé 
avec  le  prêtre  saint  Diodore,   et  un  grand 
nombre  de  chrétiens  qui  s'étaient  rendus 
dans  la  sablonnière  oii  étaient  enterrés  les 
saints  martyrs  Chrisantho  et  Darie  sa  femme, 
pour  célébrer  leur  fête  et   pour  y  assister 
au  saint  sacrifice.  L'empereur  Numérien  fit 
obstruer  l'entrée  de  cette  sablonnière  avec 


M  Ml 


7h 


un<>  énorme  quantiti-  de  Nabh-  cl  de  |iieiiuii 
u  (tu  >  uceniuula  ;  de  sorle  (jno   tous  tvnx 
ni  s'y  (rouvaii'iil  y  périn'iil  au  hoiil  du  peu 
e   ti'iiips.    (JiihikI   ItoMK!  Idi.te    entière  eut 
(piillé  II)  (ull'dr->  idide."!,  l)li!U  rÛVc'da  le  lieu 
où  se  trouvaient  Imis  (es  saints  luarlyri^.  On 
lil  une  ouverture  pour  y  ai  river  et  on  Ironva 
les  .saintes  reli<pii's,  (.omme  il  b'y  oiiOrail 
ix'aucoiip  de  miracli'.'',  on  y  (:on.sliul'')l  nno 
v(>ùt(!  pour   f.dre  de  la  Sidjloniiiére   un  lieu 
où    les  liilèlos  pusscMit  s'assoiuhh  |-.  Ou  ré- 
para ce  lien  en  deux  |>ai-  uni;  muraille.  D'un 
(•nté  on  mil  les  reliques  de  sailli  'ilirisauiho 
et  d(!  sainli!  Darie;  de  l'aulre,  celleh  desaiul 
Diodore ,    d'!    saint   Marien,    et  des  autres 
mailyrs.  L'l"'glise  ei'-lèbre  la  l'été  dosaini  .Ma- 
rien et  de  SOS  glorieux  compagnuus  le  1" 
déceiiibro. 

>L\IUEN  (saint),  martyr,  dont  la  fête  est 
eélebiéo  par  l'Eglise  lo  17  octobre,  avec 
cell(!  de  sqint  Victor  et  do  saint  Alexandre, 
compagnons  de  son  triomplie,  cueillit  sa 
gloiieuso  couronne  à  une  époque  et  dans 
des  circonslances  que  nialheui  ousoment  l'his- 
tuire  ne  précise  |)as. 

MAUIN  (saint),  soldat,  eut  la  ghjiro  de  re- 
cevoir la  couronne  du  niaityre,  à  (lésaréo  on 
Palestine,  (.uraiit  la  persécution  de  \<dérien 
coitinuéo  |)ar  Macrion,  à  qui  la  Palestine 
était  soumise  à  cette  époque.  Nous  donnons 
oiilièrcniont  ses  Actes. 

Quoique  la  paix  eût  été  rendue  à  l'Eglise, 
on  ne  laissait  pas  de  voir  encore  do  temps 
en  temps  couler  le  sang  chrétien.  Marin  ré- 
pandit alors  le  sien  à  Césnréo.  C'était  un  sol- 
dat do  marque,  de  ceux  qui  servent  .uprès 
des  gouverneurs  de  provinces,  considérable 
d'ailleurs  p.ar  ses  richesses  et  la  nobles-e  de 
sa  race,  il  perdit  la  vie  pour  Jésus-Christ,  et 
ce  fut  à  l'occasion  que  je  vais  rapporter.  11 
y  a  dans  la  milice  romaine  nne  filace  hono- 
rable (ju'on  nomme  la  vigne.  Ceux  qui  y 
parviennent  sont  faits  centeniers  ou  capi- 
taines. Cotte  place  étant  venue  à  vaquer 
dans  le  corps  où  servait  Marin  ,  il  se 
présenta  pour  en  être  pourvu,  conmie  y 
ayant  droit  par  son  ancienneté.  Mais  celui 
qui  lo  .Miivait  immé  liatemenl,  dans  l'esiié- 
rance  de  l'obtenir  pour  lui-même,  l'alla  dé- 
férer au  gouverneur,  l'accusant  d'être  chré- 
tien ,  et  par  conséquent  incapable  de  possé- 
der aucune  charge  militaire  et  civile.  A 
quoi  le  uéluteur  ajoutait  qu'ayant  toutes  les 
qualités  requises  pour  être  honoré  de  cette 
dignité,  il  devait  succéder  au  droit  de  Marin, 
qui  en  était  déi  hu  à  cause  de  la  religion 
qu'il  professait.  Sur  cette  accusation,  le  gou- 
verneur fait  venir  Marin,  l'interroge  sur  sa 
religion.  Marin  n'hésite  pas  un  moment  ;  i' 
répond  qu'il  est  chrétien.  Le  gouverneur 
qui  l'aimait  et  qui  voulait  le  sauver,  lui 
donne  trois  heures  pour  prendre  sa  dernière 
résolution.  En  sortant  du  palais,  il  rencon- 
tre Théodecne,  son  évêque.  Il  lui  dit  ce  qui 
vient  de  lui  arriver,  la  proposition  que  lui 
fait  le  gouve'.neur,  le  délai  qu'il  lui  accorde. 
Ce  récit  les  conduisit  in>ensiblement  jusqu'à 
l'église.  Ils  y  entrent  ;  l'évèque,  qui  avait 
son  dessein,  conduit  Marin  auprès  de  l'au- 


79 


MVR 


MAU 


80 


tel  :  \h,  so  toiirnaiit  toul-à-t  oup  vct^  lui.  il 
enlr'oiivre  un  pou  sa  casaque,  et  découvre 
son  ép»'o;  pui^,  lui  montrant  d'une  main  le 
livro  <\o<  Evangiles  ijui  était  sur  rautel.  et 
mettant  l'autrt^  sur  la  garde  de  son  épée  : 
«  Il  faut  choisir,  lui  dit-il,  mon  cIut  Ma- 
rin. —  Mon  choix  est  tout  fait,  ré|)ondit  ce 
généreux  soldat  en  étendant  le  bras  vers  le 
livre  des  Evangiles;  voici  ce  que  je  choi- 
sis. —  Allez  en  paix,  lui  dit  l'évùque,  et  de- 
meurez ferme  dans  le  choix  que  vous  venez 
de  faire.  Attachez-vous  h  Dieu,  et  il  vous 
forlitiera.  »  Marin  sort  de  l'église  et  reprend 
le  chemin  du  palais  ;  comme  il  en  était  pro- 
che, il  s'entendit  nommer  par  un  crieur  jm- 
blic  :  c'était  le  gouverneur  qui  le  faisait  ci- 
ter devant  lui,  le  temps  qui  lui  avait  été  ac- 
cordé étant  expiré.  Il  omparait;  le  gouver- 
neur le  presse  de  déclarer  ce  ((u'il  est  et  ce 
qu'il  veut  être.  «  Je  suis  chrétien,  seigneur, 
répond  Marin  :  C'est  tout  ce  que  j'ai  à 
dire.  »  A  peine  eut-il  achevé  la  dernière 
parole,  que  le  gouverneur  l'envoya  au  sup- 
plice. 

Ce  fut  en  cette  rencontre  qu'Asturius,  qui 
se  trouvait  pour  lorsàCésarée,  flt  une  action 
qui  a  rendu  son  nom  plus  célèbre  et  sa  mé- 
moire plus  glorieuse  que  n'auraient  fait  sa 
dignité  de  sénateur  romain,  la  faveur  des 
empereurs  ,  son  illustre  naissance  et  ses 
grandes  richesses  ;  car  il  possédait  toutes  ces 
choses.  Il  assistait  à  la  mort  de  Marin,  et, 
poussé  d'un  sentiment  de  dévotion  el  d'une 
vénération  religieuse  pour  les  sacrées  dé- 
pouilles de  ce  bienheureux,  il  chargea  sur 
ses  épaules  ce[)récieux  dépôt,  sans  craindre 
de  souiller  une  robe  blanche  qu'il  avait, 
d'une  étoffe  très-riche  et  toute  brochée  d'or, 
et  le  porta  ainsi  dans  un  lieu  écarté,  où  il 
l'enterra  de  ses  propres  mains. 

L'Eglise  latine  fait  la  fête  de  saint  Marin 
le  3  mars. 

MAKIN  (saint),  fut  martyrisé  à  Rome.  Ce 
saint,  qui  était  sénateur  romain,  ayant  été 
arrêté  sous  l'empereur  Numérien'  par  le 
préfet  Marcien,  pan^e  qu'il  faisait  profession 
de  la  religion  chrétienne,  fut  mis  sur  le  che- 
valet etdéchiré  avec  des  ongles  de  fer  comme 
un  esclave,  puisjetédansune poêle  brûlante: 
mais  le  feu  s'élanl  changé  en  rosée  il  n'en 
ressentit  aucune  atteinte.  Il  fut  ensuite  ex- 
posé aux  bètes  (pii  ne  lui  tirent  jinint  de 
mal  :  enlin  ineni'  une  seconde  fois  devant 
l'autel,  et  les  idoles  ayant  été  renversées  par 
la  foret'  do  sa  prière,  il  fut  frappé  d'un  coup 
d'épée  et  mérita  la  palme  du  martyre.  I/E- 
glise  fait  sa  glorieuse  mémoire  If  20  dé- 
ctMMltre. 

MARIN  (saint),  souffrit  le  martyre  h  Ana- 
zarbe  en  Cilicie,  sous  l'empereur  Diocléticn 
ri  le  présiilfiit  l.ysias.  Ce  saint  vieillard  , 
«près  avoir  été  <h'!(hiré  ^  coups  de  fouet  et 
dislo([aé  ,  périt  par  les  dents  des  botes 
féroces  auxquelles  il  fnt  exposé.  L'Eglise 
honore  sa  mémoire  I"  8  août. 

MARIN  saint),  fut  martyrisé  en  Afrique 
avec  saint  Nabor.  Ils  furent  dé.ppités.  Ott 
ignore  complètement  le  lieu  préi  ,s,  l'époque 
el  les  diverses  circonstances  de  leur  martyre. 


Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le  10 
juillet. 

MARIN  (sainti  ,  fut  martyrisé  à  Tomes 
en  Sc.vlhie  avec  les  saints  Tliéodote  et  Sédo- 
phe.  Nous  n'avons  pas  d'autres  détails  sur 
eux.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  5  juillet. 

MARIS  (saint),  seigneur  persan,  qui,  avant 
embrassé  la  foi  chrétienne  et  distribué  son 
bien  aux  pauvres,  vint  à  Rome,  pour  visiter 
les  tombeaux  des  martyrs,  avec  Marthe  sa 
femme,  et  ses  deux  lils  Àudifax  et  Abaolium. 
Le  Martyrologe  romain  dit  que  ce  fut  du 
temps  de  rem{)ereur  Claude,  et  qu'ayant  été 
arrêtés  comme  chrétiens  ,  ils  soulfrirenl  les 
bastonnades,  le  chevalet,  le  feu,  les  ongles 
de  fer;  qu'eniin,  après  avoir  eu  les  mains 
coupées  ,  ils  accomplirent  leur  martyre. 
Marthe  fut  noyée  dans  une  mare  ;  les  autres 
furent  décapités,  et  leurs  eorps  brûlés.  Voilà 
ce  que  nous  trouvons  au  Martyrologe  ro- 
main, sous  la  date  du  19  ianvier.  Mainte- 
nant si  nous  consultons  les  Actes  de  ces 
saints  martyrs.  Actes  que  Bollandus  admet, 
que  Tillemont  rejette,  nous  y  voyons  que 
saint  Maris,  sa  femme  et  ses  fds,  soulfrirenl 
sous  .Vurélien,  en  l'an  270,  et  non  pas  sous 
Claude.  Ces  Actes  font  évidemment  erreur  : 
d'abord  Aurélien,  (jui  monta  sur  le  trùne  en 
l'année  270,  ne  persécuta  les  chrétiens  que 
sur  la  fm  de  son  règne,  c'est- h-dire  quatre 
ans  plus  tard.  Ensuite  ils  ajoutent  un  fait 
d'où  ressort  d'une  façon  péremptoire,  (pi'il 
y  a  confusion.  Aurélien,  disent-ils,  lit  p^'rir 
un  grand  nombre  de  chrétiens  dans  l'amplii- 
thédtro  :  les  uns  furent  tués  à  coups  de 
flèches,  les  autres  brûlés.  Qu'on  aille  5  l'ar- 
ticle de  Blaste,  on  verra  que  cela  s'est  pa>sé 
sous  Claude.  Faut-il  aussi  relever  une  phrase 
de  ces  actes  ainsi  conçue?  «  .Vurélien,  qui 
n'avait  rien  du  mérite  de  Claude  II,  son 
prédécesseur.  »  Laservililé  qui  écrit  l'histoire 
des  princes  pour  com|)laire  à  eux  ou  aux 
autres,  a  certes  bien  des  privilèges,  elle  le 
prouve;  l'ignorance  en  a  non  moins  <}uelle. 
Laquelle  ûas  deux  tenait  la  plume  en  écri- 
vant cette  phrase  ?  Nous  ne  savons  tro|),  c'est 
l'une  ou  l'autre.  Aure'lirn  n  avait  rien  du 
mérite  de  Claude  ;  il  fut  un  des  plus  grands 
empereurs  qui  aient  illustré  le  trône  des 
Césars.  Passons. 

De  nos  jours  on  a  beaucoup,  à  propos  de 
socialisme,  agité  la  (juestion  de  savoir  jus- 
u'à  ipiel  |)oinl  était  obligatoire  le  précepte 
ui  ordonnait  aux  premiiTS  chrétiens  de 
donner  leurs  biens  aux  pauvres,  de  les  met- 
tre en  commun.  Nouscro\ons  que  ces  Actes 
nous  fournissent  l'occasion  de  dire  que  la 
plu[)art  du  temps  ce  précept<\  qui  serait  du 
reste,  si  om  rappli(iuait  rigoureusement,  la 
ruine  de  la  société,  sigtiiliait  simplement 
(pi'il  fallait  faire  la  charité.  Nous  voytuisque 
saint  Maris  avait  distribué  son  i)i»'n  aux 
pauvres,  suivant  la  coutume  des  premiers 
chrétiens,  et  (pi'ensuiie  il  était  venu  h  Rome 
pour  visiter  les  tomlieaux  des  apôtres.  Saint 
Maris  était  un  nohle  persan.  Il  en  devait 
coûter  [lour  venir  de  Perse  à  Rome  ;  il  avait 
donc  gardé  une  j)arlie  de  son  bien.  L'alié- 
nation complète  de  ce  bien  n'était  donc  pas 


81 


MAR 


oliligatdin».  Puis, s'il  ne  s'(M/iit  rion  rc^sorvc''  ini 

l'cloiif.  ii'i>i1(-il  p.'is  (''ti-  liii-iiir»iiir  ;iv(m;  srs 
rtilMiils,  i|iii  iii<  s,'iv<iii-ii(  ;iiii  un  iiirlicr,  n  \i\ 
cliarKiMhvs  clirétitMis?  Ici  nous  (liivoiishornrr 
CCS  fcllcxitiiis  (|ut>  hicii  (rjuilics  vies  dos 
saillis  MOUS  .'lui'.iiciil  ;niloiis»''  m  laiic 

L'Egliso  lail  la  UHd  de  saint  M.iiis  l(!  Il) 
janvier. 

MAKOI.K  (s«inl),  (WcVpio  ol  confesseur, 
soiillVil  Ji  Milan  pour  l'iionncur  de  sa  loi. 
Nous  ne  possédons  aucini  docunienl  anllicn- 
li(pje  sur  soiiconiplo.  L'Kylise  l'ail  .sa  léle  lo 
!2;J  avril. 

MAHON  (.sainl),  recul  la  palme  (hi  niar- 
tvre  avec  les  sainls  lùilycliès  cl  Victorin. 
Ils  avaienl  d'abord  (Hé  exilés  |>our  la  lV»i  dan.s 
l'ile  (le  l'once,  avec  la  hienlieui'euse  Klavio 
Doniilille,  et  ensuilt»  rai)|)elés  sous  l'euipe- 
r(>ur  Nerva  ;  mais  depuis  leur  relour,  ayant 
l'ail  plnsieui's  conversions,  ils  furent,  duianl 
la  persécution  dv  Trajan,  mis  h  mort  par  di- 
vers supplices,  suivant  la  sentence  du  juge 
>'al('rien.  L'Ki!;iise  fait  leur  fêle  le  15  avril. 

MAKSKILLK,  Massilia,  maintenant  clu'f- 
lieu  du  dé|iarlcmenl  des  Bouclies-du-Uliùne, 
vil  le  célèbre  martyre  de  saint  Victor  ,  ofli- 
cier  détaché  de  la  légion  Tliébéenne,  et  de 
SCS  compagnons,  saint  Alexandre,  saint  Lon- 
ginet  saint  Félicien.  Ce  i-cmarquablo  événe- 
ment eut  lieu  en  290,  par  ordre  et  en  pré- 
sence de  l'empereur  MaximitMi. 

MAKSKS,  |ieuples  tl'Ilalie,  qui  habitaient 
près  duLalium,  dans  les  montagnes  qui  en- 
tourent le  lac  Fucin.  On  nonnnait  aussi 
Marses  une  tribu  de  la  Germanie  qui  habi- 
tait au  nord  de  la  Lippe.  En  présence  de 
celle  même  appellation  donnée  à  deux 
peuples  dill'érenls,  il  est  assez  difficile  de 
dire  où  furent  martyrisés  saint  Simplice  et 
ses  fils  saint  Victorien  et  saint  Constance, 
que  le  Martyrologe  romain  se  contente  de 
placer  simplement  au  pays  des  Marses. 

MARTHE  (sainte),  vierge  et  martyre,  reçut 
sa  glorieuse  couronne  dans  la  ville  d'Astorga 
en  Espagne,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Dèce,  en  251,  sous  le  proconsul  Paterne.  On 
a  d'elle  une  histoire  évidemment  trop  nou- 
velle pour  qu'on  doive  y  ajouter  une  grande 
contiance.  Ses  reliques  sont  encore  dans 
l'abbaye  de  Fera,  dans  le  diocèse  d'Astorga. 
L'église  porte  le  nom  de  la  sainte.  Sa  fête 
a  lieu  le  23  février. 

MARTHE  (sainte),  femme  de  saint  Maris, 
noble  Persan,  vint  à  Rome,  avec  lui  et  ses 
deux  fils,  les  saints  Audifax  et  Abachum, 
pour  visiter  les  tombeaux  des  apôtres. 
Arrêtée  avec  son  mari  et  ses  fils,  comme 
chrétienne,  elle  endura,  sous  l'empereur 
Claude  H  le  Gothique,  en  2T0,  la  bastonnade, 
le  chevalet,  le  feu,  les  ongles  de  fer,  eut  les 
mains  coupées,  et  fut  enfin  noyée  dans  une 
mare.  L'église  vénère  la  mémoire  de  sainte 
Marthe  le  19  janvier. 

MARTHE  (sainte),  vierge  consacrée  à  Dieu, 
et  martyre  en  Perse,  dans  la  septième  année 
ue  la  persécution  de  Sapor,  avec  sainte 
rHÈcLE.  {Voy.  ce  nom.) 

MARTHE  (sainte),  fut  martyrisée  à  Cologne 
avec  sainte  Saule  et  plu.sieurs  autres  dont 


M  Alt  H 

les  niinis  ^lorienx  ne  sont  point  p/irveini:i 
jusqu'à  nous.  |'!lles  «-(int  inscrites  au  Marty- 
ru|n;^r  l'oiniiiM  le  20  octobre. 

.MAIll  IIK  (Iji  hienliciireusej,  lui  marty- 
risi'ii  au  J.ipoii,  en  HilU,  dans  le  royaume 
d'.Vrima  ,  avec  son  •'•puiix  Léon  Faiuxida 
Lnguyémon,  Adrien  Tacalalinnindo,  Ji.'onno 
sa  femme,  sa  lille  Marii-  Madeleine,  vierge 
vniu'e  au  Si'ignenr  el  J/i((pies  son  lils,  Agé 
lie  don/.o  ans,  enlin  Léon  'J'/icueiidond  (^inié- 
nion  <'l  son  lils  Paul,  .^gé  de  viii;^l-sept  /mis. 
Ils  fui'(Mil  (  oiidaniné-s  tous  an  siipplu  i-  du  fi;u. 
On  peut  voir  les  détails  do  leur  mnityre  h 
rarlicle  Tmixida  Li(;i  vi'imo.n  (IJoii). 

.M  A  un  AL  (sainlj,  l'un  des  sept  fils  de 
sainte  Félicité,  fut  martyrisé  avec  elle  et  ses 
frèi'(>s  à  Rome,  en  lOV,  sons  le  règne  de 
l'empereur  Marc-Aurèle.  Le  préfet  l'ublius 
ayanffail  venir'Martial  devant  lui,  lui  dit  : 
«  .le  plains  vos  infortunés  frères  ;  ils  se  sont 
attiré  eux-mêmes  l(\s  malheurs  dont  ils  vont 
être  accablés.  Voulez-vous  suivre  leur  exem- 
ple, el  mépriserez-vous  comme  eux  les  or- 
donnances de  nos  princes? —  Ah  !  Puijlius, 
répondit  Martial,  si  vous  saviez  ({uels  tour- 
ments effroyables  sont  préparés  dans  les 
enfers  h  ceux  (jui  adorent  les  démons  1... 
mais  Dieu  tient  encore  la  foudre  suspendue, 
n'attendez  pas  ([u'il  la  lance  sur  vous  et  sur 
ces  mêmes  dieux  en  qui  vous  mettez  votre 
confiance.  On  reconnaissez  que  Jésus-Christ 
est  l'unique  Dieu  que  l'univers  doit  recon- 
naître, ou  tremblez  à  la  vue  des  flammes  qui 
sont  prêtes  <\  vous  dévorer.»  Le  préfet  en- 
voya à  l'empereur  le  procès-verbal  de  ce  qui 
avait  eu  lieu  dans  les  interrogatoires  qira- 
vaient  subis  les  enfants  de  Félicité,  et  Marc- 
Aurèie  commit  pour  les  juger  des  juges 
particuliers.  Martial  fut  par  l'un  d'eux  con- 
damné à  avoir  la  tête  tranchée,  ce  qui  fut 
exécuté  le  10  juillet,  jour  auquel  l'Eglise 
célèbre  la  fête  de  saint  Martial. 

MARTLVL  (saint),  martyr  à  Carthage  en 
250,  sous  le  règne  et  durant  la  persécution 
de  l'empereur  Dèce,  fut  enfermé  dans  un 
cachot,  avec  une  foule  d'autres  chrétiens, 
où,  par  ordre  de  l'empereur,  on  les  laissa 
mourir  de  faim.  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous 
ces  saints  martyrs  le  17  avril,  avec  celle  de 
saint  Mappaliquè.  {Voy.  Victorin). 

MARTIAL,  évêque  de  Mérida  en  Espagne, 
n'eut  pas  le  courage  d'envisager  les  tour- 
ments et  le  trépas  pour  la  foi  dont  il  était 
le  ministre.  Sous  le  règne  de  Dèce,  il  eut  le 
malheur  de  renoncer  son  Dieu,  celui  qui 
l'avait  élevé  à  sa  dignité  de  successeur  des 
apôtres,  pour  sacrifier  aux  idoles.  Il  fut 
déposé  dans  un  concile,  car  il  était  resté  sur 
son  siège,  l'espèce  d'apostasie  qu'il  avait 
commise  le  lui  permettant  ;  son  crime  était 
celui  d'avoir  donné  dans  l'erreur  des  libel- 
latiques.  Félix  fut  nommé  évêque  à  sa  place. 
Bientôt  Martial,  sachant  que  Basilide,  coupa- 
ble du  même  crime  que  lui,  était  allé  à 
Rome  où  il  avait  été  admis  par  le  pape 
Etienne  à  la  communion  comme  évoque, 
voulut  aussi,  lui,  se  faire  recevoir  comme 
jouissant  encore  des  droits  épiscopaux,  par 
ses  collègues  d'Espagne.  Ceux-ci  en  écrivi- 


85 


MAK 


MAR 


84 


leiit  à  sainl  Cyprien  et  J»  sflini  Etienne.  Ce 
dernier  avait  <'\é  trompe^  par  RiJ^ilide.  Après 
«  es  lettres,  et  surtout  cf  qun  lui  «écrivit  saint 
Ciprien,  Klienne  maintint  la  d'-posilion  des 
évr>.jues  lihcllaliques,  Martial  et  B.)silid»\ 

M.\KTI\L  fsaint),  martyr,  reçut  la  cou- 
ronne ru  Kspagne  pour  Jêsus-Christ,  vn  lan 
30».  La  persécution  dti  tyran  Diorléticn 
di^cimait  alors  lEglise.  Ce  fut  un  nommé 
Eugène,  qui  commandait  une  partie  de 
rEs[)aj;ne  pour  les  Romains,  qui  lo  lit 
mourir  ave?  les  saints  Janvier  et  Martial. 
La  fête  de  ces  siints  arrive  le  13  octobre. 
(Pour  plus  do  détails,  loy.  les  Actes  de 
saint  J\>viEn,à  son  article.) 

MARTIAL  (saint),  fut  martyrisé  h  Sara- 
gosse  en  Espagne,  par  les  ordres  do  Dacien 

2 ni  en  était  gouverneur,  en  1  an  de  Jésus- 
hrisl  .T,)V,  durant  la  p  ^rsécution  de  Dioclé- 
lion.  Dix-sept  autres  furent  martyrisés  avec 
lui. On  trouvera  leurs  noms  à  l'arlicie  Dacie-h. 
Les  dix-huit  martyrs  île  Siragosse  sont  très- 
honorés  en  Espagne.  C'est  Prudence  qui 
rapporte  ce  qu'on  sait  d'eux.  Ils  sont  inscrits 
au  Martyrologe  romain,  sous  la  date  du  16 
avril.  {Voff.  Prudence,  dr  Cor.  hym.  i.  Til- 
leinont,  vol.  V,  p.  'l-I'd.  Vasseus»  lirlgn.) 

MARTIAL  (saint  ,  reçut  la  palme  d'os  glo- 
rieux cond)attants  de  la  foi  en  Afrique  avec 
saint  Lnunnl  et  vingt  autres  de  leurs  com- 
pagnons dont  nous  ignorons  les  noms.  Nous 
n'avons  pas  de  détails  authentiques  stir 
eux.  Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  le  '28 
septemlue. 

MARTIAL  fsaint),  versa  son  sang  pour  11 
défense  de  la  religion  h  Porto.  11  eut  pour 
compagnons  de  son  martyre  les  saints  Satur- 
nin, Epictète,  Mapril,  et  leurs  compagnons 
dont  les  homs  ne  sont  point  parvenus  np;- 
qu'à  nous.  L'Eglise  fait  collectivement  hnir 
fête  le  ?î-2  aoiU. 

MAR  TIN  sauit',  évéque  et  martyr,  versa 
son  sang  |»our  la  défense  de  la  religion 
chrétienne  à  Trêves  et  dans  des  circonstan- 
ces qui  nous  sont  inconnues.  Nous  ignorons 
complètement  à  quelle  «''[joipu'  (Mit  lieu  son 
martyre.  Il  est  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
main le  \\)  juillet. 

MARTIN  (sainti,  fut  lun  des  (piarnnte-huit 
martsTS  mis  k  mort  avec  saint  Saturnin  en 
Afrique,  sous  le  proconsul  Annlin  .  en  l'a  i 
de  Jésus-Christ  -Wo,  sous  le  rvgne  et  durant 
la  perséi  ulion  si  terrible  que  l'infAme  Dio- 
clétien  «n'alita  contie  l'Iv^ilise  du  Seiuneur. 
(î'oy.  Sati  «MX.)  L'Eglise  célèbre  la  fiMe  de 
tous  ces  saints  le  tt  février. 

,M  VRI'IN  ,>a  ni),  éyèrpic  de  Toins  et  con- 
fesseur, est  un  de^glomnix  lleurons  dec  tle 
couronna  de  saints  que  l'Enlisé  de  France 
porte   sur  sn  lèle.  C'est   ini   *^aint.    c'est   un 

J;rftnil  hounne.  Nous  mêlons  le  saint  au  pro- 
ane  dans  celte  «ccunniUition  d'épithèles  ; 
c'est  qu'?»  qu>  I  |ui'  point  de  vue  que  l'un  con- 
sidère celle  grande  ligine  .  ou  p^t  obligé  de 
s'incliner  dcY.ml  elle,  chrétien  ou  Franç.^is. 
Siini  Mnrlin  de  Tours  est  en  quelque  sorte 
le  père  dune  pléiade  de  sanils  qui  coiiverli- 
reiil  les  contrées  oi^i  j'ai  passé  ma  vie.  (Cha- 
cun d'eux  n  attaché  son  nom  h  quelque  vide. 


M  quelque  tillage.  Et  dans  cette  histoire  des 
temps  passés,  je  retrouve  toute  celle  de  mes 
icunes  années  :  chaifue  nom  que  je  relis 
mn  raopellp  un  cloch  r  de  mon  p'ays.  Pnf- 
<Jon,  cher  lecteur  :  où  n'irais-je  i»às,  dans 
cette  évocation  des  souvenirs  ?  De  la  maison 
qui  m'a  vu  naître  à  la  tonih:^  de  mon  père? 
Souvenirs  d'enfance  et  d'Age  d'homnte  parse- 
mant la  route  de  qu  'Iques  rares  bonhi'^urs 
mêlés  h  tant  fl'ilhisione  {omh''es.  Pardon, 
mais  quel  est  clui  d'entre  vous  nui  ne  sente 
au  nom  d'un  sa  ni  s'éveiller  en  lui  quel  ;uc 
souvenir  écho  du  passé  qui  sourit  ou  qui 
pleure?  C'est  ain««|  que  la  r  ligion  chré- 
tienne jalonne  notre  existence  h  tous  :  par- 
tout la  croix  ou  des  noms  saitils  planant  sur 
nos  souvenirs  et  \s  localisant.  C'est  celte 
religion  (pii  U'uis prend  an  berceau,  qui  nous 
mèue  à  la  tondie,  et  qui  marque  toiMes  les 
haltes  de  notre  vie  dans  le  deuil  oti  dans  la 
joie.  Dans  les  contrées  agrestes  de  la  Vendée, 
h  tout  carrefour  où  passe  un  mort,  on  met 
une  petite  croix  de  bois;  h  toute  chapelle  ou 
croix  près  de  laquelle  passe  une  mariée,  on 
met  un  bouquet.  Croix  et  bou'pn'fs  laissés 
en  arrière,  voilA  notre  existence.  Au-dessus 
de  chacun  d'cux  l'Eglise  h  mis  une  consola- 
tion ou  hier» une  espérance.  Souvenons-hjus, 
h  l'aide  des  signes  sacrés  ;  les  souvenirs  se 
purifient  de  plus  en  plus  sous  de  tels  gar- 
diens. 

Originaire  de  la  Pnimonie,  de  la  ville  de 
Salinrie,  saint  Martin  dut  naître  en  .316  oïl 
.■'17.  Son  père,  desim[>le  soldat  devenu  tri- 
bun, éiflit  païen  comme  toute  sa  famille.  Il 
fut  élevé  i\  Pavie  dans  1»  Milan  ds.  Il  ne  fit 
pas  d'études,  le  temps  lui  manquait.  A  dix 
ans  il  se  lit  catéchumène  ;  et  h  douze  il  vou- 
lut se  retirer  dans  le  df'sert.  Malgré  le  grand 
désir  (pi'il  eut  d'entrer  dans  la  vie  ascétique, 
les  circonstances  le  forcèrent  d'entrer  (fans 
la  p'ilic^  dès  l'Age  de  quinze  ans.  Il  servit 
rinq  ans,  et  ne  se  retira  du  service  mdit  drc 
qu'H  r.^ge  de  vingt  ans,  sous  le  règne  de 
Constantin,  en  :VM\.  \\\\  portos  d'Alniens, 
n'étant  que  catéchumène,  il  dn  uia  la  moitié 
de  sa  casaque  ft  un  pauvre  (jui  lui  dcman- 
dnit  lauiuAne.  Après  avoir  quitté  l'armée, 
il  se  retira  auprès  de  saint  Hdaire  :  quanrl 
ce  sainl  évèque  eut  reconnu  le  inérite  de 
Martin,  il  le  voulut  retenir  a\q>rès  de  lui.  et 
ne  luj  permit  (.'aller  en  son  pays,  pour  y 
convettir  sa  famille,  qu'à  la  condition  for- 
în  die  fpi'il  reviendrait.  Il  ne  piil  pas  con- 
vertir son  père,  tna's  d  eut  le  bonheur  de 
réussir  près  de  sa  mère  et  d'un  grantl  nora- 
be  d'attln-s. 

Ce  fut  dans  ce  pays  (|ue  sainl  Martin  souf- 
frit publiquement  le  fotwl  pour  la  divinité 
de  jésu^-i  luisl  î*a  patrie  était  complète- 
ment intecté.-  de  l'hérésie  des  arien^.  Ayant 
apnns,  M  la  fin  de  35'5,  le  bannissement  de 
s,n"nf  ililaire,  il  se  retira  h  Milan,  pour  y 
vivre  dans  la  siditude  :  il  en  fiit  ehassé  par 
Auxenc'.  celui  qui  avait  occupé  le  siège  de 
sa  nt  De  is,  et  qui  fut  forcé  p,ir  la  niorl  de 
ci'der  ce  siège  de  Milan  h  saint  Ambroise.  H 
.se  retim  dans  l'Ile  tiallinaire,  sur  leS  côtes  de 
Toscane  («upr^s  d'Albeugn}.  Il  y  i.-i  i  quel- 


(lUP  t«'in|»s;  riiflls  (1)^  «lu'il  cul  i\\)\\vU  (pio  (|iil  ni  Mi\\\  dfSul*''  aii|)(iMiV(itil,  i-l  qui  cm  l'ut 
Ooiisl;initw\vrtll  fXMMuis  à  saint  llilairc  di-  fi;i|»|).'' t|i.  noinc/iii  raiincc  ipil  siiivii  sa  rimii. 
rcloiiiiicf  dans  son  (lincc'^so,  CM  cxt'M'ution  (lo  Diçii  lui  dcniuviit  qu'un  |trclciidu  inarlyr 
sa  |ifi>nM'S,s(»,  il  se  r(>ndil  anpr^s  de  lui.  Pi(Vs  mi'on  iMiiiuijnt  h  'I'oiii'h,  cl  sur  le  loiiilican 
de  Pnilicis,  Il  clalilil  nn  nionasli'^rc  h  (lru\  dni|iii|  la  |.i<'li'  des  lidi-lcs  avait  bAli  un  nra- 
licues  environ  de  la  ville:  ce  tiKuiasii^n!  tniie  et  un  autel,  n'i'-lail  aidr(M|u'uii  vrjleur 
existait  encore  n\\  lemps  de  saiid  (ii(^;j,oire  (|ui  avait  «'té  o\cculc  [mur  ses  crimes.  Il  nr- 
i\('  'l'oni's,  (|ui  en  parle.  ('.«>  l'nl  dans  ce  nio-  lAia  inie  l'ois,  h  cmu\  cenis  pas  de  loin,  uni; 
n.'isléic  (\\\{'  s.MinI  NIailiu  rtvssnscil»  tni  mort,  troupe  de  païens,  eu  ne  Tiisanl  <pie  li-  sij^no 
Deux  nuires  l'ois  il  aecomplil  li'  miMue  pro-  «!(•  I.i  cmix.  Sain!  Martin  détruisit  l'idolAlrio 
i\\p\  inic  l'ois  avatd  son  épisropal ,  !a  se-  ([ui  rt'';.^iiail  encore  dans  la  plus  ^la-ide  pnr- 
c'oMde  l'ois  élanl  évéïpie.  Imî  des(Jaules;  il  h/llit  pinsicuis  églises,  fil 
l/l\glis(»  de  'l'onis,  anjoiird'liui  si  célèhi'c  de  nouveaux  miiacles  tpii  le  retnlifeiil  nn 
prti-  le  nom  de  sain!  Mai  lin,  a  eu  pour  pre-  oliieldr  v^'-nération  pour  loul  le  pays. 
iiiicM'  éviVpu'  saint  TialiiM»  qui  y  vint  de  l/an  .IH.'J,  Maxime  se  révolta  contre  (Ira- 
Home  vers  lo  lenjps  de  l)é('(>,  vers  l'an  "i!)!).  tien  (mi  An^lel(>rre;  (Iralien  fut  vaincu  ot 
Apr^S  sa  mort,  (pu  eut  lieu  (vi  ."lOO,  son  si(''g(»  tué  h  Lyon,  le  2.')  aoi1l.  Il  resta  maitrc  ahsolti 
resta  tr(M>le-sepl  ans  sans  évéqne.  Oiiand  les  des  (lanles,  de  l'Anj^leteire  et  de  l'r'.spa^ne. 
)n'icns  savaient  ipio  (pn'l(]n'un  avait  cm-  Il  élahlit  li»  si('';^o  <!(!  son  youvernemr;nl  <'i 
.^rass»^  la  foi  chiélienne,  ou  ils  l(>  déchiraient  Trêves,  où  beaucoup  d'évéqnes  h;  vinrcMit 
k  coups  de  l'oui^l,  ou  bien  ils  le  faisaient  pé-  trouver  d(!  divers  i  tidroils,  pour  lui  deman- 
rir  par  le  Lçlaive.  Après  cet  espace  de  temps  der  dilVérenles  i^rAcos  en  faveur  des  vaincus, 
écoulé,  saiid  l.idoire  ou  Mtoire  fut  nommé  des  prisonniers,  des  malbouroux.  A  for(;edo 
<^vé(]ue  de  Tours,  et  gouverna  celle  lîi;liso  solliciter,  le  plus  j^rand  nombre  prit  l'Iiabi- 
durant  Irente-t'ois  ans,  jusqu'en  l'ainiéo  tiido  de  la  flatterie,  et  des  façons  de  courli- 
371  ou  372.  Celait  un  lionniie  do  grande  sans.  Saint  Martin  seul  soutint  l'honneur  de 
piété,  qui  augmenta  beaucoup  le  nond)ro  son  saint  caractère  et  de  son  siège.  Il  solli- 
ues  chrétiens  dans  la  ville;  ce  fut  lui  ({ui  y  citait  la  grAce  qu'il  demandait  pour  qucl- 
bAtit  la  première  église.  Il  est  assez,  proba-  qucs  prisonniers  ,  d'une  façon  si  noble  qu'il 
ble  qu'après  sa  mort  son  siège  fut  vacant  jiaraissait  commander  plutôt  (juc  sui)|)lier.  Il 
durant  di\  mois.  Ce  fut  alors  que  le  suf-  s'assit  h  latab'e  de  l'empereur,  qui  en  fut  si 
frage  de  tout  le  peuple  de  Tours  appela  ilatlé,  qu'il  v  convia  tout  ce  ([u'il  y  avait  de 
saint  Martin  h  être  son  troisième  évèque.  Il  graïul  et  d'élevé  autour  de  lui.  Maxime  avait 
fallut,  dit-on,  user  d'artilice  et  de  violence  tant  d'estime  et  de  conliance  dans  le  saint 
pour  rairachîM"  de  son  monastère.  Pendant  évèque  de  Tours,  qu'il  le  mandait  à  cliaque 
que  tout  le  pi'uple  voulait  saint  Martin  pour  instinf  pour  lui  lendre  ses  devoirs,  ou  [lour 
évèque,  phisieurs  des  prélats  voisins  s'y  op-  proliler  de  ses  conseils.  Saint  Martin  n'était 
losaienl  à  muse  de  son  extérieur  vil  et  pas  venu  solliciter  que  pour  quehpios  ofli- 
uuuble.  Ce  furent  des  einiemis  (ju'il  garda  ciers,  il  était  venu  demander  surtout  la 
toui(»urs  :  ils  étaient  furieux  de  voir  en  lui  grAce  desprisrillianistes,  hérétiques  d'Espa- 
la  vertu  qu'ils  ne  trouvaient  pas  en  eux-  gne,  qu'il  avait  anathémalisés  avec  la  [)lu- 
niémes.  Le  j)lus  acharné  de  tous  fut  Févè-  part  des  évoques  de  France,  mais  qu'il  ne 
que  Défenseur,  le  [iremier  évôcjue  d'Angers,  voulait  pas  voir  ])oursuivre  et  condamner 
Ce  fut  fort  peu  de  temps  après  son  ordina-  par  rem|)ereur,  devant  lequel  Ithace  les  ac- 
tion que  saint  Martin  fonda  l'abbaye  deMar-  cusait  avec  un  acharnement  indicible.  S;iint 
moutier,  la  plus  ancienne  de  toutes  celles  Martin  jugeait  avec  une  raison  qu'on  aurait 
qui  se  voient  encore  aujourd'hui  en  France  :  bien  dû  suivre  toujours  depuis,  que  les  cho- 
c'était  là  qu'il  faisait  sa  résidence;  tous  les  ses  de  la  foi  étaient  du  ressort  de  l'Eglise 
jours  il  en  partait  pour  venir  faire  le  ser-  et  non  point  de  celui  du  pouvoir  sécuber. 
vice.  Dans  son  logis,  oii  il  y  avait  une  foit  «  Saint  Martin,  n@n  plus  que  saint  Am- 
^etite  cour,  il  n'avait  pour  s'asseoir  qu'ime  broise,  ne  communiquait  point  avec  Ithace, 
selite  selle  d(>  bois.  Ayant  eu  occasion  d'al-  ni  avec  les  évèques  qui,  en  communiquant 
er  pour  atfaires  à  la  cour  de  Valentinien,  avec  lui,  s'étaient  chargés  de  la  même  haine. 
Justine  ,  seconde  femme  de  ce  prince  ,  Maxime  les  soutenait,  et  faisait  par  son  au- 
arienne  forcenée,  celle  qui  plus  tard  perse-  torité  que  personne  n'osait  les  condamner; 
cuta  violemment  saint  Arabroise,  inlluença  il  n'y  eut  qu'un  évèque,  nommé  Théognoste, 
tellement  son  mari  qu'il  ne  voulut  pas  rece-  qui  rendit  publiquement  une  sentence  con- 
voir  saint  Martin  :  ce  ne  fut  qu'au  bout  d'as-  tre  eux.  Ces  évèques  ithaciens,  étant  assem- 
sez  longtemps  qu'il  put  parvenir  à  avoir  au-  blés  à  Trêves  pour  l'élection  d'un  évèque, 
dience.  Quand  Valentinien  l'eut  vu,  il  sut  obtinrent  de  l'empereur  qu'il  envoyât  en 
découvrir  en  lui  l'homme  de  Dieu,  lui  ac-  Espagne  des  tribuns  avec  un  souverain  pou- 
corda  beaucoup  |)lus  qu'il  ne  demandait,  et  voir,  pour  rechercher  les  hérétiques  et  leur 
voulut  le  combler  de  présents  (jue  le  saint  ôter  la  vie  et  les  biens.  On  ne  doutait  pas 
refusa,  préférant  la  pauvreté  aux  richesses,  que  beaucoup  de  catholiques  ne  se  trouvas- 
Saint  Martin  se  rendit  extrêmement  célè-  sent  envelopj'és  dans  cette  recherche.  Car 
bre  par  le  grand  nombre  de  miracles  qu'il  on  jugeait  .ilors  les  hérétiques  h  la  vue,  sur 
opéra  :  Ainsi,  pendant  vingt  ans,  à  la  de-  la  pâleur  du  visage  et  sur  1  habit,  plutôt  que 
mande  d'Auspice,  préfet  du  prétoire,  il  em-  par  l'examen  de  la  foi.  Ayant  obtenu  cet  or- 
pêcha  la  grêle  de  tomber  dans  un  canton,  dre,  ils  apprirent  le  lendemain,  lorsqu'ils  s'y 


1 


9/ 


MAR 


MAR 


8ft 


K 


atloniiaifiit  lo  nioio'^.  (|m^  saint  Martin  allait 
arriv»^r  à  Trêves;  rar  il  fut  obligé  dy  faire 
plusieurs  voyages  pour  des  affaires  de  cha- 
ritt'.  Ils  en  furent  fort  alarmés,  sachant  (pin 
ce  qu'ils  venaient  de  faire  lui  déplairait,  et 
craignant  que  plusieurs  ne  suivissent  lauto- 
rifé  d'un  si  grand  homme.  Ils  tinn-nt  conseil 
avec  l'enipiTeur;  et  il  fut  résolu  d'envoyer 
au-devant  de  saint  Martin  des  olliciers,  pour 
lui  défendre  d'approcher  de  plus  |)rès  de  la 
ville  s'il  ne  promettait  de  garder  la  paix  avec 
les  évéques  qui  y  étaient.  Saint  Martin  s'en 
dëfit  adroitement  en  disant  qu'il  viendrait 
avec  la  paix  de  Jésus-Christ. 

«  Etant  entré  de  nuit,  il  alla  à  l'église,  seu- 
lement pour  y  faire  sa  prière;  et  le  lende- 
main il  se  rendit  au  palais.  Ses  principales 
demandes  étaient  pour  le  comte  Narsès  et  le 
gouverneur  Leucadius,  qui  avaient  irrité 
Maxime  par  leur  attachement  au  parti  de 
Gratien.  Mais  ce  que  saint  Martin  avait  le 
;ilus  h  cœur,  c'était  d'empêcher  que  ces  tri- 
ouns  ne  fussent  envoyés  en  Espagne  avec  la 
puissance  de  vie  et  àe  mort;  et  il  était  en 
peine  non-seulement  pour  les  catholiques, 
qui  pourraient  ôtre  inquiétés  à  cette  occa- 
sion; mais  pour  les  hérétiques  mômes,  à 
qui  il  voulait  sauver  la  vie.  Les  deux  pre- 
miers jours,  l'empereur  le  tint  on  suspens, 
soit  pour  lui  faire  valoir  les  grAces  qu'il  de- 
mandait, soit  par  la  répugnance  de  pardon- 
ner à  ses  ennemis,  soit  par  avarice,  pour 
profiter  de  leur  dépouille.  Cependant  les 
évoques,  voyant  que  saint  Martin  s'abstenait 
de  leur  conimunion,  vont  trouver  l'empe- 
reur, et  disent  que  c'était  fait  de  leur  répu- 
tation si  ro[)iniAtreté  de  Théognoste  se  trou- 
vait soutenue  par  l'autorité  de  Martin;  (pi'oii 
n'aurait  pas  dd  le  laisser  entrer  dans  la  ville  ; 
que  l'on  n'avait  rien  gagné  à  la  mort  de 
Priscillien,  si  Martin  entreprenait  sa  ven- 
geance. Enfin  prosternés  devant  l'empereur 
avec  larmes,  ils  le  conjurent  d'user  de  sa 
puissance  contre  lui. 

<<  Quelque  attaché  que  Maxime  fiU  h  ces 
évoques,  il  n'osa  user  de  violence  contre  un 
homme  si  distingué  pour  sa  sainteté.  Il  le 
prend  en  particulier,  et  lui  re[)résenle  avec 
douceur  que  les  hérétiques  avaient  été  jus- 
tement (  ondamnés  par  l'ordre  des  jugements, 
I>lufùt  (pi'ii  la  noiusuite  des  évéques;  qu'il 
n'avait  point  (le  cause  de  rejeter  la  comuui- 
nion  d'ilhace  et  de  ceux  de  son  parti  ;  que 
Théognoste  seul  s'était  st''paré  d'eux,  et  plu- 
t(jt  par  haine  que  par  raison;  (pie  nuMue  un 
concile  tenu  peu  de  jours  auparavant  avait 
déclaré  Ithace  innocent.  Comme  .saint  Mar- 
tin n'était  point  touché  de  ces  raisons, 
rem|»ereiir  entra  en  colt're,  le  quitta,  et  en- 
voya iuis'.itt'd  des  gens  pour  faire  mourir 
ceux  dont  il  demamlail  la  grAce.  Saint  Mar- 
tin en  fut  av(;rli  comme  il  était  dijh  nuil; 
alors  il  court  an  |>alais,  il  promet  de  commu- 
niquer si  l'on  pardonne  h  ces  malheureux, 
pourvu  (]ue  l'on  rap|>elAt  aussi  les  tribuns 
que  Ion  avait  envoyés  en  Espagne.  .VussittM 
Maxime  lui  accorda  tout. 

«  Ee  b'ndeniain,  comme  les  ithaciens  (le- 
vaient faire  l'unlinalion  do   leviique    Félix, 


saint  Martin  communiqua  avec  eux  ce  jour- 
Ih,  aimant  mieux  céder  pour  un  peu  de 
temps  (jue  de  ne  pas  sauver  ceux  qui  allaient 
«^tre  égorgés.  Mais  tpielaue  etfort  que  fis- 
sent les  évéques  pour  le  f;nre  souscrire  k  cet 
acte  en  signe  de  communion,  ils  ne  purent 
jamais  l'y  résoudre.  Le  lendemain  il  sortit 
promptement  de  Trêves,  et  gémissait  par  le 
chemin  d'avoir  trempé  tant  soit  peu  dans 
cette  communion  criminelle.  Etant  prés  d'\in 
bourg  nommé  Andelhauna ,  aujourd'hui 
Ethernach  en  Luxembourg,  à  deux  lieues 
de  Trêves,  il  s'arr(Ma  un  peu  dans  les  bois, 
laissant  marcher  devant  ceux  de  sa  suite. 
Là,  c(Dmme  il  examinait  cette  faute,  que  sa 
conscience  lui  reprochait,  un  ange  lui  appa- 
rut, et  lui  dit  :  «Ton  remords  est  bien  fondé  ; 
mais  tu  n'as  pu  en  sortir  autrement  :  re- 
prends courage,  de  peur  de  mettre  en  péril 
même  ton  salut.»  Il  se  donna  bien  garde  de- 
puis ce  temps  de  communiquer  avec  le  parti 
d'ilhace;  et  pendant  seize  ans  qu'il  vécut 
encore,  il  ne  se  trouva  à  aucun  concile,  et 
s'éloigna  de  toutes  les  assemblées  d'évôques. 
Saint  Sévêre-Sulpice  le  raconte  ainsi,  et  il 
ajoute  :  «  Au  reste,  sentant  moins  de  grAce 
«  et  de  facilité  à  ilélivrer  les  possédés,  il 
«  nous  avouait  de  temps  en  temps  avec  lar- 
«  mes  qu'il  sentait  une  diminution  de  puis- 
«(  sance,  à  cause  de  celte  malheureuse  com- 
«  munion,  où  il  s'était  engagé  malgré  lui 
«  pour  un  moment.»  Félix,  qui  fut  ordonné 
en  cette  occasion,  était,  comme  l'on  croit, 
évoque  do  Trêves,  homme  de  mérite,  et 
compté  entre  les  saints.  »  (Fleury.) 

Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  saint 
Martin  continua  pai>il)lement  à  administrer 
son  diocèse,  h  contribuer  .Ma  conversion  des 
païens.  11  faisait  de  nombreux  miracles.  Il 
vint  à  Trêves  une  quatrième  fois  près  du 
pr(''fet  des  (iaules  ;  car  depuis  387  cette  ville 
n'était  plus  la  résidence  des  enq)ereurs.  Il 
vécut  encore  un  certain  nombre  d'années 
dans  la  pratique  de  ses  devoirs  et  dans 
l'exercice  des  plus  hautes  vertus.  Dieu  en- 
tin,  voulant  le  laire  venir  à  lui,  lui  révéla  le 
moment  de  sa  mort.  Sachant  que  ce  moment 
était  proche,  il  partit  pour  Candes,  qui  était 
à  l'extrémité  de  son  diocèse,  du  côté  d'An- 
gers, afin  d'y  terminer  un  dilL'rend  survenu 
entre  les  erclésiasti(iues  de  ce  lieu.  Il  mou- 
rut après  avoir  accompli  ce  dernier  acte 
épiscopal,  comme  il  voulait  revenir  à  son 
monastère  de  Marmoutier.  La  lièvre  le  tint 
(luehiues  jours  et  il  rendit  son  Ame  il  Dieu 
(fans  la  paisible  assnranee  (pie  lui  donnait  la 
saintet('*  de  sa  vie.  Longtemps  son  corps  fut 
conservé  dans  la  ville  île  Tours;  les  hugue- 
nots le  brOlêrent  h  r(''poiiue  de  leurs  ravages 
en  France.  S.iint  Martin  mourut-il  en  397 
ou  en  400?  Les  auteurs  sont  divisés  sur 
ce  point.  L'Eglise  fait  sa  fête  le  11  no- 
vembre. 

MAHriN  (saint),  pape  et  martyr,  mourut 
pour  j.t  défense  île  la  religion  chrtUienne  en 
l'an  de  Ji'siis-Chrisl  G5'i.  Il  na(juit  à  Todi;  il 
devint  célèbre  dans  le  clergé  romain  [vir  son 
jirofond  savoir  et  sa  grande  sainteté.  Il  était 
diacre   seulement   quand  le   pape  riiéodoro 


89  MAR 

l'onvoyii  fil  (|iiiilil(''  <lt'  uoiico  ^  (-oiistjiiiliiKi- 

itlo.  AiHt^-s  1,1  1 1  tlf  <•<*  |"i|'"'.  '1  '""'  <•'••  I"""" 

lui  sii(((^(lt'r.  Il  iiH'iila  sur  le  liAiu'  |H»iililitwil 
011  juillol  (iV'J.  Ce  ïul  r;iiiiMM' suiv.iiilf  (iiiil 

lilll,    (lilllS     r«^Klis(!    (Il'   l.llllflll,    MM   (nMilll!  (1(1 

cvul  chu\  ('V(\|M('s  coiilrc  los  niiiimlli(''lilcs. 
On  y  COiidaiiMia  |»lMsi(Mir.s  ikm-somiuikcs  cm- 
g/i^(V<  (Ijmis  cclh'  lu^ivsif,  et  iiolaiiiiiKMil  l'.uil, 
(|in  occupait  alors  lo  siégo  di!  (loii.slaiili- 
noplo. 

Pcrsi'cHtion  contre  le  papr  saint  Martin. 

«  Lo  paiH'  saint  Martin  s(>Mlit  l)ii'nt(M  les 
clVots  (lo  l'indi^Malioii  do  i'fin|torour  (lon- 
slaïU.  Avant  (pui  l'on  oOl  nouvcdlo  à  (lon- 
slanlinoplo  du  conoilo  do  Latraii,  roiiiitcrc.ur 
onvo\a  pour  ovanpio  on  llalio  Olvnipins, 
son  Vliaiidx'llan,  avec  ordro  ilo  lairo  sous- 
crire lo  tvpo  h  tous  los  évc^quos  ot  los  pro- 
priôtairos'  do  torr(>s.  «  Si  vous  pouvez  , 
«  aioula-l-il,  vous  assurer  do  l'ariiu'o  d'Ita- 
«  lio,  vous  arrôtercz  Martin,  ciui  a  éli'  k>j;at 
«  ioi  h  Consfantinoplo.  Que  si  vous  trouvez 
«  do  la  résistance  dans  rarin(:'0,  tenez-vous 
«  en  repos  jusqu'à  ee  que  vous  soy(>z  maître 
«  do  la  province  ot  que  vous  ayez  '^iv^nc  les 
«  troupes  de  Rome  ot  de  Ravenne  pour  faire 
«  exécuter  nos  ordres.  » 

«  Olynipius  arriva  h  Rome,  trouva  le  con- 
cile assemblé;  il  voulut  d'abord  exciter  un 
schisme  dans  l'Eglise  par  le  moyen  des 
troupes  qu'il  amenait  ,  h  quoi  il  travailla 
longtemps,  mais  inulilomonl;  et  ne  pouvant 
réussir  par  la  violence,  il  eut  recours  h  la 
trahison.  Comme  le  pape  lui  présentait  la 
communion  dans  l'église  de  Sainte-Marie- 
Majeure,  il  voulut  lo  faire  tuer  par  son 
écuyer.  Ce  qui  était  d'autant  plus  facile,  que 
le  pape  allait  communier  chacun  à  sa  place, 
comme  il  a  été  observé.  Mais  l'écuyer  as- 
sura depuis  avec  serment  qu'il  avait  été 
frappé  d'aveuglement  et  n'avait  point  vu  le 
pape,  quand  il  vint  donner  la  communion 
a  l'exarque.  Celui-ci,  voyant  la  protection 
de  Dieu  sur  le  pape,  lui  déclara  les  ordres 
qu'il  avait  reçus,  fit  la  paix  avec  lui,  et 
passa  en  Sicile  avec  son  armée  contre  les 
Sarrasins,  qui  s'y  étaient  déjà  établis.  Mais 
l'armée  romaine  y  périt  et  l'exarque  mourut 
ensuite  de  maladie. 

«  L'empereur  envoya  pour  lui  succéder 
Théodore,  surnommé  Calliopas,  avec  un  de 
ses  chambellans,  nommé  aussi  Théodore  et 
surnommé  Pellure,  et  leur  donnant  ordre 
d'enlever  le  pape,  l'accusant  d'hérésie,  parce 
qu'il  avait  condamné  le  type.  On  l'accusait 
aussi  de  ne  pas  honorer  la  sainte  Vierge 
comme  mère  de  Dieu  :  ce  qui  était  une 
suite  de  la  calomnie  précédente  ;  car,  les 
monothélites,  comme  les  eutychéens,  accu- 
saient la  catholique  de  nestorianisme.  On 
chargeait  encore  le  pape  de  crime  d'état  et 
d'avoir  envoyé  des  lettres  et  de  l'argent  aux 
Sarrasins.  Le  pape,  averti  des  desseins  que 
l'on  avait  sur  lui,  s'était  retiré  avec  son 
cierge  dans  l'église  de  Latran,  quand  l'exar- 
que CalUopas  arriva  à  Rome  avec  le  cham- 
bellan Théodore  et  l'armée  de  Ravenne. 
C'était  le  samedi  15  juin  653.  Le  pape,  qui 


M  Alt 


M 


était  considérabli'incnl  malade  dcpuiH  lo 
mois  d'oclolirc,  envoya  au-dev/iiit  de  l'ex/ir- 
(lile  (piehiiics  persoinicH  de  Son  clergé  ;  et 
I  e\.ir<pie  les  re(;ul  dalis  le  p;il«is,(Tr)y.>iil  «pio 
le  p/ipe  étrtil  avi'c  eux.  Mais,  ne  l'y  Irrjiivanl 
pas,  il  dit  <iux  premiers  du  ^•U•r^^é  :  Nous 
voulions  l'/idorer;  mais  di-niaiii,  <|ui  est  di- 
iii.inclie,  Miius  Tirons  trouver  et  le  saluer  ; 
car  aMJrturd'IiMi,  il  ne  nous  n  pus  été  possi- 
ble. ()n  voit  ici  li's  mots  d'adorer  el  do  sa- 
luer employés  irKlill'i'i-emiiienl,  «;l  il  y  avait 
loni^li'nipN  (pio  l'on  disait  adi/rer  r(MM- 
portMir. 

u  Le  leiideiiiain  ditiianclie,  10  juin,  la 
niosso  fut  célél)ié(!  dans  la  mém»!  église  d(« 
Latran,  et  l'oxaripio  craignant  la  multitude 
du  [x'uplo,  envoya  dire  au  pa|)e  :  «  Je  suis 
«  si  fatigué  du  voyage,  (pio  je  ne  puis  vous 
«  aller  voir  aujourd'hui  ;  mais  j'irai  demain 
«  sans  l'auto  adorer  Votre  Sainl(îlé.  »  Le  lundi 
malin,  il  envoya  son  cartulair(i  et  (|uel(pies 
autres  de  sa  suite,  dire  au  pape  :  «  Vous  avez 
«  préparé  des  armes  et  amassé  des  i)ierr<;8 
«  [)our  vous  (léh'ndro,  el  vous  av«;z  dos  gens 
«  armés  là-dodans.  »  Le  pap(!  1(!S  envoya  vi- 
siter toute  la  maison  épiscofiah;  pour  rendre 
eux-mêmes  lémoignagi,'  s'ils  y  auraient  vu 
des  armes  ou  des  pierres.  Ils  rf.'vinrenl  sans 
avoir  rien  trouvé,  et  il  leur  dit  :  «  Voilà 
«  comme  on  a  toujours  agi  contre  nous,  i)ar 
«  des  faussetés  et  des  calomnies  :  Quand 
'(  01ym|)ius  vint,  il  y  avait  aussi  dos  men- 
«  tours  (jui  disaiiMit  (jue  je  pouvais  le  re- 
«  i)ousser  à  main  armée.  » 

«Ils  s'en  allèrent  avec  cette  réponse; 
mais  une  domi-heure  n'était  pas  encore  pas- 
sée quand  ils  revinrent  avec  des  troupes.  Le 
pape,  malade,  était  couché  sur  son  lit  à  la 
porte  de  l'église.  Les  soldats  entrèrent  ar- 
més d'écus,  de  lances  et  d'épées,  avec  leurs 
arcs  bandés.  Ils  brisèrent  los  cierges  de 
l'église  et  en  jonchèrent  le  pavé  avec  un 
bruit  effroyable  joint  à  celui  de  leurs  armes. 
En  mémo  temps  ,  Calliopas  présenta  aux 
prêtres  et  aux  diacres  un  ordre  de  l'empe- 
reur pour  déposer  le  pape  Martin,  comme 
indigne  et  intrus,  et  de  l'envoyer  à  Constan- 
tinople  après  avoir  ordonné  un  autre  évoque 
à  sa  place.  Alors  le  pape  sortit  de  l'église, 
et  le  clergé  s'écria  en  présence  de  l'exarque 
et  du  chambellan  Théodore  :  «  Anathème  à 
«  qui  dira  ou  croira  que  le  pape  Martin  a 
«  changé  un  seul  point  dans  la  foi  el  à  qui- 
«  conque  ne  persévère  pas  jusqu'à  la  mort 
«  dans  la  foi  catholique.  »  Calliopas,  voulant 
se  justifier  devant  les  assistants,  commença 
à  dire  :  Il  n'y  a  point  d'autre  foi  que  la  vôtre 
et  je  n'en  ai  point  d'autre  moi-même. 

«  Le  pape  se  livra  donc  sans  résistance  pour 
être  mené  à  l'empereur.  Quelques-uns  du 
clergé  lui  criaient  de  n'en  rien  faire  ;  mais 
il  ne  les  écouta  pas ,  aimant  mieux  mourir 
dix  fois,  comme  il  dit  lui-même,  que  d'être 
cause  qu'on  répandît  le  sang  de  qui  que  ce 
fût.  Il  dit  seulement  à  l'exarque  :  «  Laissez 
«  venir  avec  moi  ceux  du  clergé  que  je  ju- 
«  gérai  à  propos.  »  Calliopas  répondit  : 
«  Tous  ceux  qui  voudront,  qu'ils  viennent, 
«  à  la  bonne  heure,  nous  ne  contraignons 


M  MAR 

•  personne.  »  0"P''l^>f*5-un»  des  évoques 
s  pcri^rpnt   :   «  Nous    inonrrnns    et    vivrons 

•  nvor  lui.  »  Ensuite  Calliopas  dil  m  pfljK.'  : 
«  Venez  avec  nous  au  nal.iis.  >'  Il  y  alln  flonc 
le  rn^me  jour,  et  lo  leniifinnin  ni.inli.  18 juin, 
tout  lt>  riorgé  vint  le  trouvi  r  nvcr  |>ln>i|i'nrs 
autre?  qui  s'étaient  preparc^s  h  .seinbanpipp 
avec  !ni,  et  avaient  (]&]h  niis  l.^nr-^  li;inlf,s 
dans  Ifs  hirques.  Mais  la  nuit  suivante,  vers 
Ja  sitièmo  heure,  r'esl-à-<lire  à  minuit,  on 
tin  le  pape  (lu  pa'ais.  (t  l'm  renfertna  tous 
reu\  (Je  s<i  suite  et  (livc ses  clios(>s  qui  lui 
étaient  nécessaires  pour  soi  voya;^e;  on  lui 
Jai-sa  seulement  sit  jeunes  serviteurs  et  un 
pot  h  l)()ire. 

«  On  le  fit  ainsi  sortir  rie  Rome,  dont  on 
referuin  l<-s  portes  aussitôt  ,  de  peur  que 
quel(ju"un  ne  le  suivit;  et  on  renunena  d.in.s 
une  oarque  sur  le  Tibre.  Ils  arrivèrent  h. 
Porto  vers  la  quatrième  heure  du  jour,  le? 
13  des  calendes  do  juillet,  r"est-h-dire  le 
mercredi  19  juin,  h  dix  heures  du  matin. 
Ils  en  partirent  le  même  jour  et  .nrrivè- 
rent  h  Misène  le  1"  de  juillet.  De  là,  ii.s 
passèrent  en  Calahre,  puis  en  plusieurs  fies 
où  ils  furent  arr(M(^s  pendant  (rois  mois. 
Enlin  ils  airivèrent  à  l'ile  de  Na\o,  où  ils 
deujeurèrent  un  an.  Pendant  tout  ce  voyage, 
lep.ipo  fut  travail  ('•  d'un  cours  de  ventre  qui 
ne  lui  donnait  point  de  repos,  avec  un  dégot^t 
ilFroN able  ;  toutefois,  on  ne  hii  accorda  au- 
cun soulagement,  Qxeepté  h  Na\o,  où  d  se 
baigna  deux  ou  trois  l'ois  et  logea  (Jans  U'  e 
maison  de  la  ville.  Hors  de  \h,  il  ne  sortit 
point  du  vaisseau,  qui  ('•(ait  sa  prison,  quoi- 
que ceux  qui  le  conduisaient  prissent  terre 
h  toute  occasion  pour  se  reposer.  Cepen- 
dant, h  Rome,  Eugène  fut  ('labll  pape  par 
autorité  de  lempereur.  Il  était  Romain,  lils 
de  Ruflnien,  et  clerc  dès  son  bas  Age;  il  ne 
fut  élu  fpie  le  0  septembre  6o.^,  et  tint  le 
.«ainf-siége  près  de  trois  ans.  »    Fleurv.i 

«Le  pape  saint  Martin  était  prisonnier  dans 
l'Ile  d(>  Naxo.  où  on  envo\ait  de  la  part  des 
évèques  et  des  lidèles,  tout  ce  (pii  lui  était 
nécessaire  pour  ses  ditlérents  besoins.  Mais 
ses  gardes  ne  soulfiaienl  pas  (pie  rien  de 
tout  cela  lui  fût  remi.s  :  ils  pillaient  tout, 
même  en  sa  présence,  le  rhargeanl  des  re- 
proches les  plus  outrageants.  Ils  maltrai- 
taient même  de  paroles  et  de  '"O  ipsçeux  qui 
apportaient  les  présents  et  les  chassaient  en 
disant:  «Quiconque  rime  ret  houniie,  est 
"  ennemi  de  lEtat.  ><  Le  saint  pape  sentait 
plus  vivement  les  injures  de  ses  bienfaiteurs, 
que  les  (!■  uleurs  de  s.i  goutte  et  «lèses  au- 
ties  incommodités.  Etant  pariis  de  Na\o  et 
arrivés  ^  .\byde,  reu\  (pii  le  comluisaieiit 
envoyèrent  h  Consiaiitinople  donner  avis  (bi 
son  arrivée,  le  traitant  d'hi'réliipie.  dentuMuf 
de  Dieu  r-t  de  rebelle,  ipn  soulevait  tout 
l'empire.  Entln  saint  Marhn  arriva  h  Con- 
^tanlinople  le  17  scpieuibre  iWi.  On  b» 
laissa  au  port  denius  le  uiatui  ju<(pi'ft  tpiatre 
heures  après  midi,  dans  le  vaisseau,  nuM'hé 
sur  tin  grnbni.  exposé  en  spectacle  h  tout  le 
monde.  Plusieurs  tnsoliuts ,  et  mèiue  des 
païens,  s"ap()r  ichaienl  et  lui  disaient  des 
paroi»^  ouii «géantes.  \>r^   le   courber  du 


MAR 


M 


soleil,  vint  un  srribe  nommé  Sagolève,  avec 
plusieurs  tfardes.  On  tira  le  pape  de  la  bar- 
que, on  remporta  sur  un  brancard,  on  le 
mena  dans  la  pri.son,  nommée  Prandéaria  ;  et 
Sauolève  défendit  que  fiersomie  de  la  ville 
ne  sût  fpiil  y  était.  [>e  pape  demeura  donc 
enfermé  dans  celte  prison,  sans  [)arlcr  à  per- 
sonn»!  .  pendant  (piatre-vingl-treize  jours  , 
'pii  Ibnt  Iroi.s  mois,  cest-i»-dire  depuis  le 
17  septembre  jusqu'au  17  décembre. 

"  Ce  fut  apparemui'-nt  de  là  (ju'il  écrivit 
le.s  deux  lettres  à  Théodore.  Dans  la  pre- 
mière, il  se  juslitie  contre  les  calomnies  dont 
on  le  chargeait;  premièiement,  par  le  té- 
moignage que  le  clergé  de  Rome  avait  rendu 
de  sa  foi  en  présence  de  lexarque  Calliopas, 
ensuite  par  la  protestation  qu'il  fait  lui- 
luème  de  la  di'fendre  jus(pi'à  la  mort.  Puis 
il  ajoute  :  «Je  n'ai  jamais  envoyé  aux  Sai- 
"  rasins  ni  argent,  ni  lettres,  ni  I  écrit  (pie 
«  l'on  dit,  pour  leur  mar.^uer  ce  qui  s  doi- 
«  vent  croire.  J'ai  seulement  drmné  quelque 
«  peu  de  chose  à  des  serviteurs  de  Dieu  qui 
«  Venaient  chercher  des  aum(")nes;  mais  ro 
«  n'était  pas  pour  les  Sarrasms.  Q  lant  à  la 
"  glorieus(^  vi»>rge  Marie,  Mère  de  Dieu,  ils 
«  ont  porté  faux  témoignage  contre  moi;  car 
«  ie  déilare  anathème,  et  en  ce  monde  et  en 
"  l'autre,  quiconque  ne  Ibonoro  pas  au-des- 
«  sus  do  toutes  les  créatures,  excepté  son 
«  tils,  Notre-Seignenr.  « 

'<  Dans  l'autre  lettre,  il  raconte  comme  il 
fut  enlevé  de  Rome,  et  comme  lexanpie 
Calliopas  présenta  un  ordre  de  l'enipereur 
pour  fiire  élire  un  autre  pape  à  sa  place. 
Sur  quoi  il  dit  :  t(  On  ne  la  encore  jamais 
«  fait,  et  j'espère  qu'on  ne  le  feia  jamais; 
«  car,  en  l'fibsencede  l'tWèipie,  l'archidiacre, 
«  l'arcbipi-étre  et  lo  priniicier  tiennent  sa 
rt  place.  »  Ayant  raconté  ce  qu'il  a  soutr-rl 
dans  l,>  vo  âge,  il  ajoiiio  h  la  tin  :  «  Il  y  a 
«  (iiiaiante-sept  jours  (jue  je  n'ai  pu  obtenir 
«  cle  me  laver  ni  d'eau  chaude  ni  d'eau 
«  frtiide;  je  suis  tout  fondu  et  refroidi,  car 
«  le  llux  de  ventre  ne  m'a  point  donné  de 
«  repos  jusqu'à  présent,  ni  sur  mer  ni  sur 
«  terre;  j'ai  le  corps  tout  bnsé,  et  (juand  je 
«  veux  prendre  de  la  no  uriture.je  manque 
"  de  celle  <pii  me  pourrait  tortiller,  et  je  suis 
n  entièrement  dégoûté  .b' celle  (pie  j'ai.  Mais 
a  j'espère  en  Dieu,  (pii  voit  tout,  que  (piaml 
«  il  m'aura  tiré  de  cette  vie,  il  recherchera 
n  ceux  (pli  me  perséeuteni  fiour  les  amener 
«  i  péuilence.  » 

n  Le  vendnvli,  l.S  déci  inbre  65i,  le  pape 
saint  Martin  fut  tiré  de  sa  prisrm  dès  le  ma- 
tin et  amené  dans  la  chambre  de  Rueoléon, 
.sacellaire,  c'esi-à-dire  grainl  trésorier,  où, 
dès  la  veille,  on  avait  (Ioiuk»  ordre  à  tout  lo 
sénat  d(>  s'assembler.  Saint  Mirtin  y  fut  ap- 
porte dans  une  cluise,  car  \a  navigaii(ui  et  la 
pri-on  avaient  augmeuié  ses  maladies.  Le 
sacellaire,  le  regniflanl  de  lun,  lui  com- 
manda de  se  lever  de  la  chaise  et  de  se  tenir 
debout.  On'"! i"'"  olFuners  représentèrent 
qu'il  ne  pouvait,  et  b«  sacellaire  «  lin  en  co- 
lère qu'on  le  soutint  dt^s  deux  «,\lé!«,  ce  qui 
fut  fait. 

t  Alors  le  sacellaire  lui  parla  ainsi  :  «tDis, 


«5                                     '^All  >IAli                                ft* 

«  inisiMviblo,  i|in>l    mal   l'a  l'ail  rfiii|icrcur  ?  "  tiiiol  nous  t'X|tlimu;/-vou»  c«  <|ii'il  <lil?  » 

«  T'a-t-il   a'1(^    (jii('l(|n,)    rhosc?   T'a-l-il  oit  Puis   il   litrnn'iila   nu   scribe  Sugdlt^Vf  k  il  v 

«  nriiiK^  par  viuli-iicc  ?  »  I-c  |m|i('  lie  n'iioiidil  avait  l'iicon-  «Icliurs  irniilrcs  lériioinH.  «  Oui. 

rit'ii.    [a'  8;ic('II,iiii'    lui  dit  trim  Imi  d'aulo-  «  Kci^mîi-r,  dit  li- s. nln-,  il  y  <'ii  »  l'Insionr;».  " 

ril6  :  «Tu  no  rc'ixuids  nns?  'l'es  aiciisalciirs  Mais  ceux  (jui  présidaiiMil  h  l'flkiyiiibli^»'  tli- 

«  vo"  I  clilrcr.  »  Aiissilol  on  les  lil  ciiln-r  au  rcnt  (|iit'  c'cti  Mini  i\s^t'/. 

jioiiibn'  do  vingt,  la  |)  ii|tarl  soldais  l'I  Kc'is  ..  Le    saccdiairo   so   Icv^  cl  (Mitrn  n\.i  |talni« 

bn.laiix  ;    (|ii('l(iuos-iins    avaient    été    «vtio  pour  l'aine  sou  ra|>|n»il  à  rcmpereur.  Ou  (il 

l'('\.in|iie  Ol\iii|tiu>,    eiIre    autri>s    André,  soilir  le  pape  de  la  rliambre  du  i  ouM'il.  tou- 

soii  seiréla  re.   \a)    pa:u',  les  voya'it  enlror,  iourspiirt  •  sur  um-  eli.iisc,  ri  un  !.•  mil  dans 

(lit    eu   .soiiriaid   :    «  SoMl-ee  l.\  les  léiu-iins  ?  l.i  cnur.  (pii  était  devant,  pi  es  (leM'rtin-ie  do 

«  l'M-ee   là  voire  procédiir(>?  »  l*iiis,  (Oiiiine  i'cinperciir,   où    t'iiil  le  peuple  s'as^eiidilail, 

ou   les   lil  jurer  sur  les  l'!\ai),;il'S,  il  dil  au\  pdiir  iiltciidrc  l'enli  l'O  du  sarcllairr,  l.e  |.apo 

iiingis'rnls:  «  Jo  vous  prie  au  Moin  do  Dieu,  était   envinuiié   des   f,'ardes,    ol   c'était   un 

«  ne  les  faites  point  jiirei';  (pi'ils  disent  sans  speitaele  lerrilde.  Pou  do  temps  après,  on  le 

M  serment  ce  (pi'ih  voudio  it.  el  laites  ce  (pio  lit    apporter  sur  une  terrasse,  alin  (|ue  l'i-m- 

a  vous  voudrez.   Qu'esl-il  besoin  ([u'ils  |ier-  pereur   pill  lo    voir  |i«r   les  jalousies  d'-  sa 

«  dent  ainsi  leurs  ;^uies?»  clianibre.  On  leva  donc  le  |)ap(!,  en  lo  soulo- 

«  Le  prcmii'r  do  ses  accusateurs  fut  Doro-  naiit  dos  deux  côtés  au  milieu  de  la  lerrasse 

thée,  pnirice  ilo  Cilicio,  (jui  dit  avec  sonnent,  en  présence  do  loul  le  sénat;  el  il  s'amassa 

parlant  du  pape  :«  S'il  avait  ciiupiante  têtes,  une   grande  foule  autour  de   lui.  AU)rs    le 

«  il  mérilorait  tic  les  perdre,  pour  ovoii'  seul  sacollaire  sortit  delà  clhunbrede  roiuporour, 

«  roMversé  el  perdu  tout  l'Occidi'nt.»  Il  était  et  fondant  la  presse,  vint  dire  au  papo  :  «  He- 

de  concert  avec  Olvmpius  et  ennemi  mortel  «garde    comme    Di(,>u     t'a    livré   entre  nos 

de  l'empereur  el  de  IKtal.  Un  des  témoins  dit  «  mains.  Tu  faisais  des  eU'oits  contre  l'em- 

aussi  que  lo  papo  avait  conjuré  avec  Olym-  «pereur,  avec    quelle   es[)érance?  Tu    as 

plus,  et  pris  le  serment  dos  soldats.  Ou  do-  «  abandonné  Di(>u,  et  Dieu  t'a  abandonné.  » 

manda  au  pape  s'il  on  était  ainsi.  Il  répon-  Aussi  lui  il  commanda  h  un  de  ses  gardes  de 

dit  :  «  Si  vous  voulez  entendre  la  vérité,  je  lui  décbircr  son  manteau  ol  la  courroie  de  sa 

«  vous  la  dirai.  Quand  le   type  fut  fait    et  chaussure,  pu'S  il  le  mit  entre  les  inains  du 

«  envoyé  h  Rome  [lar  l'empereur. ..»  Alors  le  préfet    do    Constantinople,   en  lui    disant: 

préi'el  Troïle   rinterrompit,  en  criant  :  «Ne  «  Prenez-le,  seigneur  préfet,  et  le  mettez  en 

«  nous  parlez  point  ici  do  la  foi,  il  est  ([ues-  «  [)ioces  tout  mainlenant.  »  Il  commanda  auï 

«  lion  du  crime   d'Etat.  Nous  sounnos  tous  assistants  de  l'anathématiser.  Mais  il  n'y  eut 

ft  chrétiens  et  orthodoxes,   les  Romains  et  pas  vingt  personnes  qui  crièrent  analhème  ; 

«  nous.  —  Plilt  à  Dieu  !  dit  lo  pape;  toute-  tous  les  autres  baissaient  le  visage  el  se  re- 

«  fois,  au  jour  terrible  du  jugement,  je  ren-  tiraient  accablés  de  tristesse. 

*  drai  témoignage  contre  vous  sur  cet  ar-  «  Les  bourreaux  le  prirent,  lui  otèrent  son 
E  licle  môme.  »  pallium  sacerdotal  el  le  dépouillèrent  de  tous 

«  Trode  lui  dit  en  colère  :  «  Quand  vous  ses  babils,  ne  lui  laissant  qu'une  seule  lu- 

«  voyiez  le  malheureux  Olympius  former  de  nique   sans  r.einture;  encore  la  déchirèrent- 

«  tels  projets  contre  l'empereur,  que  ne  l'em-  ils  des  deux  côtés  depuis  le  haut  jusqu'en 

«  pu.  hiez-voiis,  loin  d'y  consentir?  »  Le  pape  bis,  en  sorte  que  l'on  voyait  SOil  corps  à  nu. 

réjiondit   :    «Dites-moi,    seigneur  Troïle,  Ils  lui  mirent  un  carcan  de  fer  au  cou  et  je 

«  quand  Geo  ges,   qui    avait  été  moine  et  trainèrent  ainsi  depuis  le  palais  par  le  nii- 

«  depuis  II  agistrat,  vint  ici  du  cauip  el  lit  ce  lieu  de  la  ville,  attaché  avec  le  geôlier,  pour 

*  que  vous  savez,  où  éliez-vous  et  ceux  qui  montrer  qu'il  était  condamné  h  mort;  et  un 
«  sont  avec  vous?  Non-seulement  vous  ne  autre  portait  devant  lui  l'épée  dont  il  devait 
«  r'^sislàtes  poin,  mais  il  vous  harangua  et  être  exécuté.  Malgré  ses  soutfrances,  il  con- 
«  chassa  du  palais  qui  il  voulut.  Et  quand  servait  un  visage  serein,  mais  tout  le  peuple 
a.  Valeutin  se  revêtit  ne  la  i)ourpre  avec  un  pleurait  et  gémissait,  hors  quelque  peu  qui 
«  ordre  de  l'eiupereur  et  s'assil  avec  lui,  où  lui  insultaient.  Etant  arrivé  au  prétoire,  il 
«  étiez-vous?  que  ne  rempêchâtes-vous?  fut  chargé  de  chaînes  et  jeté  dans  une  pri- 
«  pourquoi,  au  contraire,  prîtes-vous  tous  son  avec  des  meurtriers.  Mais,  environ  une 
«son  parti?  Et  moi,  comment  pouvais-je  heure  après,  on  le  transféra  dans  la  prison 
«résister  à  Olympius  qui  avait  touies  les  de  Diomède.  On  le  traînait  si  violemment, 
«  forces  d'Italie  ?  Est-ce  moi  qui  l'ai  fait  qu'en  montant  les  degrés,  qui  étaient  hauts 
«  exarque?  Mais  je  vous  conjure,  au  nom  de  et  rudes,  il  s'écorcha  les  jambes  et  lesjar- 
«  Dieu,  faites  au  plus  tôt  ce  que  vous  avez  rets,  et  ensanglanta  l'escalier.  Il  semblait 
«  résolu  de  moi  :  car  Dieu  «ail  que  vous  me  prêt  à  rendre  l'âme,  tant  il  était  épuisé;  et, 
«  procurez  une  grande  récompense.  »  Je.ne  en  entrant  dans  la  prison,  il  tomba  et  se 
vois  point  qui  était  ce  Georges  dont  parle  ce  releva  plusieurs  fus.  On  le  mit  sur  un  banc, 
pape;  mais  pour  Valentin,  il  fut  le  chef  du  enchaîné  comme  il  était  et  mourant  de  froid, 
parti  contraire  h  l'impératrice  Martine.  Le  car  l'hiver  était  insupportable ,  et  c'était, 
pape  parlait  latin  et  ce  qu'il  disait  était  ex-  comme  il  a  été  dit,  le  lo  décembre.  Il  n'avait 
pliqué  en  grec  par  le  consul  Innocent,  fils  de  personne  des  siens,  qu'un  jeune  clerc  qui 
Thomas,  qui  était  d'Afrique.  Mais  le  sacel-  l'avait  suivi  et  se  lamentait  auprès  de  lui. 
laire,  ne  pouvant  souffrir  les  réponses  du  «  Deux  femmes  qui  gardaient  les  clefs  de 
saint  pape,  dit  en  colère  à  innocent  :  «Pour-  la  prison,  la  mère  el  la  tille,  touchées  de  com 


05 


MAR 


MAR 


90 


passion,  voulaient  soulager  le  saint  pape, 
mais  elles  n'osaient  ^  cause  du  geôlier  qui 
était  attache^  avec  lui;  et  elles  croyaient  (pie 
l'ordre  allait  venir  pour  l'exécuter  à  mort. 
Quehiuos  heures  apr^s  un  oflirier  appela 
tl'en  l>as  le  geôlier,  et,  (pinnd  il  fut  descendu, 
une  de  ces  femmes  emporta  le  pape,  le  mit 
dans  un  lit  et  le  couvrit  bien  pour  le  ré- 
chauffer. Mais  il  demeura  jusqu'au  soir  sans 
pouvoir  parler.  Alors,  l'eunuque  Grégoire, 

2ui  de  chambellan  élait  devenu  préf«>t  de 
onstantinople,  lui  envova  son  maître  d'hô- 
tel, avec  quelque  peu  de  vivres,  et  lui  en 
avant  fait  prendre,  il  lui  dit  :  «  Ne  succom- 
«  hez  pas  en  vos  peines,  nous  espérons  en 
«  Dieu  que  vous  n'en  mourrez  pas.»  Le  saint 
pape,    qui    désirait   le  niartv  re ,   n'en   fut 

?[ue   plus   aûligé  ;   aussitôt    on   lui  ôta  les 
ers. 

«Le  lendemain,  l'empereur  alla  voir  le 
patriarche  Paul,  qui  était  malade  à  la  mort, 
et  lui  compta  tout  ce  que  l'on  avait  fait  au 
pape.  Paul  soupira,  et  se  tournant  vers  la 
muraille,  il  dit  :  «  Hélas  1  c'est  encore  pour 
«  augmenter  ma  condamnation.  »  L'empe- 
pereurlui  demanda  pourquoi  il  parlait  ainsi; 
Paul  répondit  :  «  N'est-ce  pas  une  chose 
«  déplorable  de  traiter  ainsi  un  évéque.  » 
Ensuite  il  conjura  instamment  l'empereur 
de  se  contenter  de  ce  que  le  pape  avait  souf- 
fert. Paul  mourut  en  effet,  après  avoir  tenu 
le  siège  de  Constantinople  treize  nus;  et 
Pyrrhus,  qui  était  présont,  voulut  y  entrer. 
Mais  plusieurs  s'y  opposaient  et  publiaient 
dans  le  palais  le  libelle  de  rétractation  (|u'il 
avait  donné  au  pope  Théodure,  souleiiant 
qu'il  s'était  par  là  rendu  indigne  du  sacer- 
doce et  que  le  patriarche  Paul  l'avait  anathé- 
matisé. 

«  Comme  le  trouble    était  grand  à   cette 
occasion,  l'empereur  voulut  être  édairci  de 
ce    que  Pyrrhus  avait  fait  à  Home;  et  pour 
cet  effet,  il  envoya  Démosthène,  commis  du 
sacellaire,  avor  un  greflier,  pour  inlerro;.ier 
le  paj)e  dans  la  pri>on.  -Quand   ils  furent 
entrés,  ils  lui  dirent  :    «  Voyez  en  quelle 
«  gloire  vous  avez  été,  et  en  (piel  t'tat  vous 
«  êtes  réduit.  C'est  vous  sml    (pii  vous  y 
«  êtes   rais.  »   Le  pape  répondit  seulement  : 
n  Dieu  soit  loué  de  tout.  »  Démosthène  dit  : 
«  L'empereur  veut  savoir  de  vous  ce  (jui  s'est 
«  passé   ici  et  à  Rome  h  l'égard  de  Pyrrhus, 
«  ci-<levant   patriarche.   Pourquoi  alla-t-il  h 
«  Home?  Fut-ce  par  ordre  de  quelqu'un,  ou 
«  de   son    mouviMiient?   —    De  son    propre 
«  mouvement,   réponilit  le   pape.  »   Démos- 
thène  dit   :    n  ('omment  lit-il  ce  libelle  ?  Y 
«  fut-il  contraint?»  Le  pape  rt'pondil  :  «  Non, 
«  il  le   tit  de  lui-même.  »   Démosthène  dit  : 
«  Quand    Pyrrhus  vint  h  Rome,  eonunent  le 
«  pape    Théodore,    votre   prédécesseur  ,    le 
«  reçul-d  ?   comme    un  évèque  ?  »  Le  pa['0 
répondit  :  n  Kt  comment  donc  ?  Puis(pravant 
«  que  Pyrrhus  vitU  à  Rome,  Théodore  avait 
«  écrit  nettement  à  Paul  (pi'il  n'avait  pas  bien 
«  fait  d'usurper  le  sk'-s'c  d'un  autre.  Pyrrhus, 
■  Venant   ensuite  de  lui-même  juix  pn.'ds  de 
«  sanit   Pierre,  comment  pouvait-il  s'empê- 
«  cher  do  le  recevoir  et  de  l'honorer  comme 


«  évèque?  —  Il  est  vrai,  dit  Démosthène. 
«  >îais  (|*où  tirait-il  sa  subsistance?  »  Le  pape 
répondit  :  «  Sans  doute  du  palais  patriarcal 
«  de  Rome.  »  Démosthène  dit  :  «  Quel  pain 
«  lui  donnait-on  ?  »  Le  paj^e  répondit  :  «  Vous 
«  ne  connaissez  pas  rKglise  romaine.  Je  vous 
«  dis  «pie  quiconque  y  vient  demander  l'hos- 
«  nitalité,  cpielque  misérable  qu'il  soit,  on 
«  lui  donne  toutes  les  choses  nécessaires  : 
«  saint  Pierre  ne  refuse  personne.  On  lui 
«  donne  du  pain  très-blanc  et  des  vins  de 
«  diverses  sortes,  non-seulement  c»  lui,  mais 
«  au\  siens.  Jugez  par  là  comme  on  doit  trai- 
«  ter  un  évèque.  » 

«  D{'niosthène  dit  :  «  On  nous  a  dit  que 
«  Pyrrhus  a  fait  ce  libelle  par  force,  qu'on 
n  lui  a  mis  des  entraves  et  fait  soutTrir  beau- 
«  coup  de  maux.  »  Le  pape  répondit  :  «  On 
«  n'a  rien  fait  de  semblable.  Vous  avez  5 
«  Constantinople  plusieurs  personnes  qui 
«  étaient  alors  à  Rome,  et  qui  savent  ce  qui 
«  s'y  est  passé,  si  la  crainte  ne  les  empôclio 
«  de  dire  la  vérité.  Vous  avez  entre  autres  le 
u  patrire  Platon,  ([ui  était  e\ar(iue,  et  (pii 
«  envoya  ses  gens  à  Pyrrhus.  Mais  h  quoi 
«  l)on  tant  de  questions  ?  me  voilà  entre  vos 
«  mains,  faites  <le  moi  ce  qu'il  vous  plaira. 
«  Quand  vous  me  feriez  hacher  en  pièces, 
«  comme  vous  avez  ordonné  au  préfet,  je 
«  ne  communupie  point  à  l'Kglise  de  Con>- 
«  tantinople.  Est-il  encore  question  de  Pyr- 
«  ihus,  tant  de  fois  déposé  el  analhématisé?» 
Démosthène  el  ceux  qui  l'accouipagnaient, 
étonnés  de  la  constance  du  pape,  se  retirè- 
rent après  avoir  mis  par  éi-rit  toutes  ses 
réponses. 

«  Le  pape  saint  Martin  demeura  donc  dans 
la  prison  d(>  Diomède  ((uatre-vingt-cinqjours, 
(pii  font  près  de  trois  mois,  cl  avec  les  trois 
mois  de  la   première  prison,  près  de  six, 
c'est-à-dire  depuis  le  17  septembre  jus(ju';ui 
10  mars   GoV.    Alois  le   scribe  Sagolève  lui 
vint  dire  :   «  J'ai  ordre  de  vous  transférer 
«  chez  moi   et  de  vous  envoyer  dans  deux 
«  jours  où  le  sacellairt.»  commandera.  »  Le 
pa[)e  demanda  où  on  le  voulait  mener  ;  mais 
il  ne  voulut  pas  le  lui  ilire,  ni  lui  permettre 
de   demeurer   dans  la  même  prison  jusqu'à 
son  exil.  Vers  he  soir,  le  pape  dit  à  ceux  qui 
étaient  auprès  de  lui   :  «  N'ene/..  mes  frères, 
«  disons-nous  adieu,  on  va  m'enlever  d'ici.» 
Alors  ils  burent  chacun  un  coup,  et  le  pape, 
se  levant    avec  une  grande  constance,  dit  à 
un  de  ses  assistants  qu'il  aimait  :  «  Venez, 
«  mon  frère,  donnez-m<u  la  paix.  "  Celui-ci, 
qui  avait    déjà  le  coMir  stTn'',  ne  put  retenir 
sa  douleur  el  tit  un  grand  cri;  les  autres  s'é- 
crièrent aussi.   Le  saint  i)ape,  les  regardant 
d'un  visage  serein.  les  en  reprit;   el  mettant 
les  mains   sur   la  tète  du  premier,  il  dit  »>n 
souriant:   «  Tout   ceci  est  bon,  mon  frèn;, 
«il  est  avant.igeux;   faut-il   en  user  ainsi  ? 
n  Vous  tievriez  plutôt  vous  réjouir  de  mon 
«  état.  »   Celui-ci,  lui  répomlit   :    «  Dieu  le 
«  sait,  serviteur  «le  Jésus-Christ,  je  me  ré- 
«  jouis  (le  la  gloire  qu'il  vous  prépare;  mais 
«  je  m'afllige  de»  la  perle  de  tant  d'autres.  » 
Après  donc  l'avoir  salué  tous,  ils  se  retirè- 
rent. Aussitôt  vint  le  scribe,  qui  l'emmena 


07  M  A  II 

dans  sa  m.iisoM  ;  («I  il  lui  ilil  iproii  l'i-nviiyait 
cil  exil  h  (llicisniic. 

«  lui  ollbl,  on  !<•  ,lil  ('iuliar(|ii('r  scciMj^- 
iiictil  le  j«Mi(li  sailli,  (|ui,  ccllt'  aiiiii'-cd.'i."),  t'Iait 
II»  'JC»  iii.irs,  cl  aiircs  avoir  nasse  en  divcr.s 
lieux,  il  arriva  a  (llicrsono  1(1  1!)  mai.  (l'ost 
lui  iiu'^iiiii  <|iii  le  ilil  ainsi,  dans  une  letlri; 
(inil  ('crivil  à  iiii  de  ses  |>lns  cliers  amis  h 
(.onstanlinonle,  on  il  ajoiile  :  «  Le  purleiir 
«  (le  ('("Ile  lellre  esl  arrivé  nii  mois  après 
«  nous  d((  lly/aiiee  à  (lliersonc.  Sv,  me  suis 
i<  réjoui  de  Sun  arrivée,  crovaiil  (juc  l'on 
«  m'aurait  eiivovt'  d'Italie  (|iiel(|ne  secours 
«  pour  ma  sulisislance.  .I(>  le  lui  ai  demande, 
«  cl  ayanl  appris  cpi'il  n'apporlail  rien,  je 
«  m'en  suis  ('loiiiu'' ;  mais  j'en  ai  loui-  Dieu, 
«  qui  mesure  nos  souli'rances  comiiU!  il  lui 
«  jiiatt.  Vu  |)rincipalcmenl  (pi(>  la  raiiiine  et 
«  la  disette  est  telle  en  ce  pavs,  ipic  l'on  y 
«  parle  de  pain,  mais  sans  eu  voir.  Si  ou  no 
«  nous  envoie  du  secours  d'Italie  ou  do 
«  Pont,  nous  no  pouvons   alisoliiiiK-iil  vivre 

ici  :  car  on  ne  [leut  y  rien  trouver.  Si  donc 
i.il  nous  vient  de  Ih  du  blé,  du  vin,  de 
«  riuiilo,  ou  (piel(|ue  autre  chose,  envoyez- 
«  les-nous  prompli'iucnl,  comme  vous  [lour- 
«  rez.  Je  ne  crois  pas  avoir  si  mallrailé  les 
«  saints  qui  sont  à  Home,  ou  les  ecclésiasti- 
«  ques,  qvi'ils  doivent  ainsi  mépriser  à  mon 
«  égard  le  commandement  du  Seigneur.  Si 
«  saint  Pierre  y  nourrit  si  bien  les  étrangers, 
«  qut>dirai-je  de  nous,  ([ui  sommes  ses  scr- 
«  viteurs  propres,  tpii  l'avons  servi  du  luoins 
«  quel([ue[)(>u  et  ipii  sommesdansun  tel  (>xil 
«  et  une  telle  alllicliou?  Je  vous  ai  spécilié 
«  certaines  choses  (|ue  l'on  peut  acheter  par 
«  delii,etquc  je  vous  prie  de  m'envoyeravec 
('  votre  soin  ordinaire,  <\  cause  de  mes  grands 
«  besoins  et  de  mes  fréciuentes  maladies.  » 

«  Il  écrivit  encore  une  lettre,  au  mois  de  sep- 
tembre, où  il  dit  :  «  Nous  sommes  non-seu- 
«  lemcnt  séparés  de  tout  le  reste  du  monde, 
«  mais  privés  même  de  la  vie.  Les  habitants 
«  du  pays  sont  tous    païens,  et  ceux  ({ui  y 
«  viennent  d'ailleurs  en  prennent  les  mœurs, 
«  n'ayant  aucune  charité,  i)as  même  la  cora- 
«  passion  naturelle  qui  se  trouve  entre  les 
«  barbares.  Il  ne  nous  vient  rien  que  de  de- 
ce  hors,  par  les  barques   qui  arrivent  pour 
«  charger  du  sel,  et  je  n'ai  pu  acheter  autre 
«  chose  qu'un  boisseau  de  blé  pour  quatre 
«  sous   d'or.   J'admire  le  peu  de  sensibilité 
«  de  tous   ceux  qui  avaient  autrefois  quel- 
«  que  rapport  avec  moi,  et  qui  m'ont  si  ab- 
«  solument  oublié  qu'ils  ne  veulent  pas  seu- 
«  lement  savoir  si  je  suis  encore  au  monde. 
«  J'admire  encore  plus  ceux  qui  apparticn- 
«  nent  à  l'église  de  Saint-Pierre,  du  peu  de 
'>■  soin  qu'ils  ont  d'un  homme  qui  est  de  leur 
«  corps.Sicettcéglise  n'a  point  d'argent,  elle 
«  ne  manque  pas.  Dieu  merci,   de  blé,  de 
«  vin  et  d'autres  provisions,  pour  nous  don- 
«  ner  au  moins  quelque  petit  secours.  Avec 
«  quelle  conscience  paraîtrons-nous  au  tri- 
«  bunal  de  Jésus-Christ,  nous  qui  sommes 
«  tous  formés   de  la   même    terre?  Quelle 
«  crainte  a  saisi  tous  les  hommes  pour  les 
«  empocher  d'accomplir  les  commandements 
«  de  Dieu  ?  Ai-j.e'paru  si  ennemi  de  toute 

•^'■/   e-j.  '«      "^ 


MAIt 


f)A 


'<  ri'Vli"^e  e(  lieux  eu  pailnidier?  J<'  |iim 
"  Dieu  toutefois,  par  rinler«;(;.ssion  de  naini 
<<  Pierre  ,  (lo  le»  conserver  inéliiaidnhU!» 
«  dans  lu  loi  oi  lliodoxe,  priiiiipalemont  le 
»  oasteiir  qui  hi  K<»ii\erne  li  |)ré.i(rnl,  c'esl- 
«  n-dire  le  \m\n>  Kiif^ènc.  Pour  r-e  inisérablo 
«  corps,  leSei^neiir  en  aiiia  soin.  Il  est  pro- 
«  (lie,  de  quoi  sllis-je  en  peine  ?  car  j'espero 
«(  en  sa  miséricordi!  ipi'il  no  lardera  pas  h 
«   lerminer  ma  carri(''i('.  >- 

«  Le  pap(!  saint  Martin  ik;  fut  pas  frustré 
de  son  (ispérniico,  car  il  mourut  le  jour  di» 
sainte  lMlpli('liiie,  Ki  du  luéliK!  mois  de  sr  p- 
lenibri  ,  indiclion  (piatoizii-me,  l'an  iV.V.'».  Il 
avait  tenu  le  sainl-siége,  h  com[)ler  depuis 
sou  oïdiiiation  jiisrpi'à  sa  moi  l,  six  ans  un 
mois  (;t  vingt-six  jouis,  lui  deux  ordinations, 
au  mois  de  décembre,  il  lit  onze  pr<^tres  et 
cinq  diacres  ;  et  d'ailleurs  trente-trois  év(V 
nues.  Il  fut  enterré  dans  une  église  de  la 
"Vierge,  .^  une  stades  (h;  la  ville  di;  Chersone; 
et  il  y  eut  depuis  un  grand  concours  de  |)eu- 
plc  h  son  t()mb(îau.  I/Kglise  greiKjue  l'Inj- 
nqrc  (domine  ciuifesseur,  le  IV  avril  ;  et  l'E- 
glise latine,  comme  martyr,  le  2  novembre. 
On  prétend  (ju(!  ses  reli(pics  ont  été  d(.'puis 
rapportées  h  Home,  dans  l'église  dédiée  long- 
temps auparavant  à  saint  Martin  de  Tours.» 
(Fleury,  t.  II,  p.  873.  ) 
.  MARTIN  (le  bienheureux),  frère  mineur, 
prcourait,  vers  l'année  13V0,  avec  un  autre 
frère  nommé  Ulric,  les  terres  voisines  de  la 
mer  Baltique  et  du  golfe  de  Finlande  nour  y 
répandre  la  semence  de  l'Evangile.  Ils  s'ar- 
rêtèrent en  un  lieu  fortifié  du  duclié  de  Li- 
vonic,  et  tandis  que  Martin  disait  la  messe, 
Ulric  alla  prêcher  sur  la  place  publique,  fut 
arrêté  et  mis  à  mort.  (  Voy.  Uluic.  )  Notre 
saint  ayant  été  conduit  ensuite  au  tribunal 
du  duc,  fut  également  condamné  à  la  mort. 
Entr(5  autres  supplices,  on  fit  pénétrer  par 
son  gosier  un  long  tissu  de  soie  au  moyen 
duquel  on  entraînait  ses  entrailles.  Après 
cette  cruelle  torture,  il  fut  pendu.  Une  S(Teur 
du  duc,  qui  était  chrétienne  et  abbesse  d'un 
monastère,  y  ensevelit   notre  saint. 

MARTIN  DE  SPOLÈTE  (le  bienheureux}, 
franciscain  italien,  animé  d'un  ardent  désir 
de  gagner  des  âmes  à  Jésus-Christ,  partit  en 
1530  pour  le  royaume  de  Fez,  dont  le  roi  et 
son  beau-frère  étaient  bienveillants  pour  les 
chrétiens.  Ils  le  détournèrent  néanmoins  de 
sa  résolution  à  cause  des  difficultés  que  l'en- 
treprise présentait.  Rien  n'arrêta  Martin  ;  il 
commença  ses  prédications  avec  un  grand 
succès  et  battit  plusieurs  fois  les  rabbins 
dans  des  discussions  publiques.  Ceux-ci 
ayant  circonvenu  le  roi,  eurent  l'adresse  de 
lui  faire  craindre  que  les  discours  de  notre 
bienheureux  ne  soulevassent  le  peuple.  Le 
beau-frère  du  prince,  qui  affectionnait  Mar- 
tin, l'engagea  à  (quitter  le  pays,  mais  il  ré- 
pondit que  Dieu  lui  avait  donné  mission  de 
convertir  les  musulmans  de  Fez,  et  que  s'ils 
lui  promettaient  de  se  convertir  il  n'hésite- 
rait pas  à  entrer  dans  une  fournaise  ardente. 
La  cour  accepta.  Mais  quand  Martin  sortit 
sain  et  saufdu  bûcher,  un  Maure  lui  perça 
la  i'.oitrine  de  sa  lance  et   un  autre  lui  brisa 


/, 


\  '^. 


\^f^ 


^.„^.ij  j^ 


m-  MAR 

la  lôte  avec  iine  tuile  ;  c'est  ainsi  qu'il  rem- 
j)Orla  la  roiironno  du  in.irtyre.  On  rrul  g/- 
néralpint'iil  que  rotto  mort  avait  (ié  cnm- 
m^n(lo>^par  U*  roi. Quoi  qu'il  en  soit,  lesdeux 
mpuririer^  ['«^rirent  huit  jours  aprt's  :  le  pre- 
mier fut  tu(s  le  second  eut  la  ItMo  fendue  par 
une  pierre  tjui  tomha  d'en  haut.  Les  relques 
de  notre  hienheur'ux  opérèrent  plusieurs 
miracles.  (  Histoire  des  chérifs,  etc..  traduite 
de  l'espagnol  de  Di^t^ode  Torrès,  par  M.  le 
dur  d'Angotil^nie  le  père,  M  la  suite  de  IM- 
friqtte  de  .Mnruiol,  p.  18(i. } 

MARTINK  (sainte),  vierge  martyre,  est  ho- 
norée par  l'Eglise  le  3ii  janvier.  Ses  Arles 
disent  qu'elle  soulTrit  à  Rome  sous  Vlaximin, 
avec  sainte  Talienne.  Ce  sont  des  plus  mau- 
vais ipie  nous  cormaissions. 

MAHTINKZ  (  le  bienheureux  PiEunE  \  de 
la  compagnie  de  Jésus,  fut  (né  en  haine  de 
la  religion  chrétienne,  le  28  ,se|)teml)re  l,o66, 

6ar  les  indigènes  de  la  Floride.  Don  Pedro 
[encndez  de  Avilcz  avait  été  chargé,  en  1565, 
de  s'eni|tarer  do  ce  pavs,  et  il  avait  d'siré 
que  plusieurs  religieux  d  *  la  rom[»agnie  de 
Jésus  lui  fussent  adjoints.  C'est  ce  qui  occa- 
sionna le  dé[)art  de  notre  bienheureux,  de 
Jean  Koger  et  du  coadjuleur  François  de 
Villaréal.  Le  navire  (jui  portait  ces  saints 
religieux  s'étant  trouvé  séparé  du  reste  de 
la  tloUe,  arriva  le  premier  :  on  voulut  en- 
voyer I  lusieurs  Belges  pour  reconnaitre  le 
point  de  débarquement  ;  mais  ils  refusèrent, 
a  moins  que  notre  saint  ne  les  y  accompa- 
gnAl.  A  peine  descendus  au  rivage,  le  vais- 
seau (ju'ds  venaient  de  quitter  fut  poussé  f)ar 
la  tempête  jusqu'^  Cuba.  Le  lendemain  de 
leur  des  -eiiie  svir  la  cùte,  une  troupe  de  na- 
turels >e  rua  sur  eux  d Une  manière  mena- 
çante. L"  P.  M.irtinrz  fut  saisi  avec  deux 
Belges,  tandis  qu'il  s'elf.ipçail  do  faire  é'chap- 
per  le  reste  de  ses  c(mq)agnons.  Il  expira 
avec  ces  deux  hommes  sous  un  terrible  coup 
de  massue,  le  28  septeuduo  loOti.  (  Sncietas 
Jesu  iisr/Hf  ad  snnfjuinis  et  vilœ  profusionem 
mililfin.i,  p.  '*V3.) 

>LVIMINKZ  i>aint  François), jésuite  chi- 
nois, prêchait  la  foi  chrétienne  h  Xankai 
(province  de  Nankin).  Il  (•Inil  un  descompa- 
gnon.s  du  lue  do-ureux  P.  Uicci,  (pu  !<!  pr(>- 
mier  eut  le  bordieur  de  porter  le  llaml)eau 
de  l'Evangile  chez  les  (Chinois.  Ayant  con- 
verti et  biptisé  un  fameux  doi-U'ur  c  linois, 
il  fut  cruellement  battu  à  pli. sieurs  reprises, 
v.l  expira  enlinau  milieu  des  tourments,  v(>rs 
l'anni'i'  liiio. 

MAK  riNIKN  (saint),  martyr,  l'un  des  prin- 
cipaux gardesde  saint  Pierre  et  de  saint  Paul, 
da  (S  la  prison  Maine,  titie.  (iOnverli  par  eux 
•insi  quf  saint  Processe  et  quarante-sept  au- 
tres giirdes,  il  fut  marlyrisi'^  par  or(li(>  de 
Néron,  en  I  anné»^  lit»,  pou  de  tcnnps  après 
SHint  Pierre  et  saint  Paul.  \  }  ny.  Proc.ksse.  ) 
Sa  fêle  est  inscrite  nu  .Vlartvrologo  romain 
sous  la  date  du  2  juillet. 

MARTINIEN  saint  ).martyr.>iEphèse.  est  fêté 

par  rE,.;lise  le  27  juillet.  ||  est  I  un  des  sept 

Donnants  dont  saint  (îrégiure  île  Tours  nous  a 

donne  une  histoire.  Vni/.  DuHMAMTStLes  sept.) 

MAK  i  INIEN  saint),  fui  martyrué  en  Afri 


MAR 


100 


que  avec  saint  Saturien  et  deux  de  leurs  fiè- 
res.  Ces  saints  combinants,  durant  la  per- 
sécution des  Vandales,  sous  (ïenséiic,  roi 
arien,  étant  esclave  d'un  certain  vandale, 
furent  convertis  h  la  foi  catholiipie  par  sainte 
Maxiiiie,  vierge,  qui  servait  aus.-i  le  même 
maitre.  Ces  hommes  courageux  demeuiant 
fermes  dans  la  f  n  qu'ils  avaient  embrassée, 
furent  d'abord  battus  et  déchirés  jus  pi'aux 
os  avec  des  bAlons  pleins  de  nœuds  ;  mais 
comme,  après  leur  avoir  fait  endurer  long- 
temps le  même  su;». lice,  on  les  trouvait  le 
lendemain  aussi  sains  que  si  on  ne  leur  eOt 
fait  aucun  mal,  on  les  envoya  en  •  xil.  L?i, 
après  avoir  converti  un  grand  nomb  e  de 
ba  bares  et  obtenu  du  souverain  ponlife  un 
prêtre  et  (|uei(|ues  autres  ministres  de  l'E- 
glise pour  les  baptiser,  ils  furent  enlin  liés 
par  les  pieds  derrière  des  chariots  à  quatre 
chevaux,  ((u'on  fil  courir  au  travers  des 
broussailles  dans  une  forêt  pleim-  d  épines, 
supfdice  dans  lequel  ils  perdirent  la  vie.  Pour 
la  vierge  Maxime,  après  plusieurs  combats 
dont  Dieu  la  lit  toujours  sortir  victorieuse, 
elle  fut  supérieure  de  religieuses  dans  un 
moi  astère  nombreux  où  elle  mourut  s  inte- 
rnent. L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  16 
octoi»re. 

>L\RTOLF,  ville  célèbre  par  son  évéque 
saint  Brîce,  (|ui  y  coifessa  Jésus-Christ  dans 
les  toiirmeids.  Il  y  mourut  en  paix  avec  le 
titre  de  confesseur. 

MAKTORY  ;saint),  soull'i  il  le  martyre  avec 
les  saints  Alexandre  et  Sisinne,  du  temps  de 
reinpi'reur  Honorius.  ils  furent  persécutés 
par  les  gentils  dans  le  >al-d'Anagne,  comme 
l'écrit  Paul.u  dans  la  Vie  <Ie  saint  Ambroise, 
et  obtinrent  ainsi  la  couronne  du  ma* Ivre. 
L'Eglise  fait  leur  immortelle  mémoire  le  29 
mai. 

MARTYRE  isaint),  sous-diace  et  inartvr, 
fut  massacré  à  Constantinople  par  les  héré- 
tiques, avec  le  chantre  Man  ieu.  Nous  n'a- 
vons pas  d'antres  détails  sur  leur  compte. 
L'Egli>efail  leiirsainte  mémoire  le2ooctol>re. 

.>IARrVRE  i)'i  >  JEiNK  F.NKAMT.  Prudt  iice 
nous  a  laissé  l'histoire  d'un  jeune  enfant, 
martyrisé  en  3u3,  sous  l'empire  de  Diode- 
tien;  tdie  est  tellement  éjiliante,  que  nous 
la  donnons  dans  son  entier:  d'ailleurs  nous 
le  devons,  puisqu'e'le  augmente  le  nombre' 
des  pièces  aulhntiques  de  noire  ouvrage. 
Nous  la  copums  lexluelleme.  t  d'après  cet  au- 
teur. Nous  prenons  telle  qu'elle  esi,  cette 
pièce,  quonpie  s(ui  déi)ul  puisse  paraître  au- 
noiicor  (pielque  chose  de  lionqué. 

«  {)\\r  ]r  peu  que  nous  \enons  de  vous 
déi'ouvnr  des  mystères  de  not.e  salut  et  ne 
l'espérance  qui  nous  est  donnée  du  b  uiheiir 
éienn  I,  vous  suilise,  continua  saint  Romain; 
on  doit  sur  ces  matières  garder  i.ii  silence 
res|»eclueux,  et  Jesus-Chrisl.  nr)tre  maître  , 
no>|s  défend  de  jeter  les  perles  devant  les 
aniuiaux  immondes,  de  crainte  (pi'ils  ne  les 
foulent  aux  pieds  et  qu'ils  n'en  ternissent 
l'éclat  et  la  blancheur.  Mais  pui8(pi'il  ne 
nous  est  pa/  furmis  de  vous  donner  une 
connaissance  plii>.clmpi'-  de  c^^s  profonds  ei 


divins  secre 


l'ad- 


101  MAIl 

Iriirri  1)1  niison  seule,  sans  l(^  sorours  tlo  la 
foi,  Qsl  iiiiililn  pour  ()ii  iM'iit'Ircr  l;i  motoii- 
(iriii'  ;  (•i);il('iil<>iis-  tous  de  ('imsullcr  les  clio- 
srs  (iiii  iioii.s  ciiviriiiiiii'iil.  N'oiilr/.-voiis  (|U0 
nous  l'assioii.s  |i.iil('i-  la  iialnic,  (lu'rllo  s'i^x- 
|tli(|uo  dans  loiilo  sa  iiiiivrl(' ?  Je  n<i  V(3iix 
|)(iiiil  d  aulrt'  ItMiioiii  des  vt^riti-s  (|ii(i  j'ai 
nvfliioéos.  ijut»  ('{'lui  (iiu'  celle  iialure  Nim|'l(i 


MAIl 


IM 


ol  sans  lard  IVra  parler  elle-iiu^mc!  :  Je  l'iit- 
repto  pour  ju|^e  ;  lailes  venir  un  (Uifaiil  île 
sept  ans,  do  moins  si  vous  voulez,  potn-vu 
qu'il  n*'  sache  encure  lien  de  l'arl  de  llal- 
lor  ;  qu'il  n'ail  ni  pendiaul  ,  ni  aversion, 
Cl  que  celto  j)elile  Ame,  élanl  encore  dans 
une  parfaite  nulilleronce,  n'aj^isse  ipui  par 
les  mouvements  tout  ours  d'une  n.iliu'e  in- 
nocente. Faisons-ea  l  expérionce  ;  (pie  l'en- 
fance aujourd'hui  devienne  la  maîtresse  de 
l'âge  [)aiVait  ;  apprenons  il'une  laiiH,ue  cpii  no 
fait  que  bi^'^ayer  ce  que  nous  devons  croire 
(le  la  divind(\  je  suis  pr(M  ^  souscrire  au  lé- 


moi^nage  iju'elle  en  l'endrn. 

«  Le  gouverneur  accepte  le  parti  ;  il  se  fait 
amener  un  entant  (]u'o'i  arraclu»  pres(iue  à  la 
inamolle  de  sa  mC're.  Kh  bienl  inlerro^ez-le, 
dit-il  il  Uonuvin  ,  et  soumettons-nous,  j'y 
consens  ,  h  tout  ce  que  les  dieux  nous  an- 
nonceront par  sa  bouche.  Uomaiti  brûlant 
d'impatience  d'eu  faire  répreuve  :  Dites-nous 
un  peu,  mon  tils,  lui  dit-il,  lequel  des  deux 
croyez-vous  le  plus  raisonnable  et  le  plus 
conforme  h  la  vérité,  ou  dadorer  un  seul 
Dieu  et  un  Jésus-Christ ,  ou  bien  d'adorer 
plusieurs  dieux.  I.'enlant  sourit,  et  répo  idit 
sans  hésiter:  Ce  que  les  hommes  adorent, 
et  ce  qu'ils  appellent  Dieu,  qi.el  qu'il  soit, 
doit  ôlre  un  :  or  ce  Dieu  a  un  hls   unique, 

Îui  ne  fait  qu'un  Dieu  avec  son  Père,  et  c'est 
ésus-Chrisl.  Mais  qu'il  y  ait  plusieurs  dieux, 
aiouta-l-il,  les  enfants  mômes  n'en  croient 
rien.  Vne  réponse  si  précise  et  si  peu  atten- 
due jeta  l'étonnement  et  la  fureur  dans  l'àme 
du  tyran,  vn  même  temps  que  la  rougeur  et 
la  confusion  lui  couvraient  le  visage.  D'un 
côté,  les  lois  ne  lui  permettaient  pas  de  faire 
violence  à  un  âge  si  tendre  ;  et  d'un  autre,  le 
fol  entêtement  qu'il  avait  pour  ses  dieux  le 
pressait  de  punir  des  paroles  qui  leur  étaient 
si  injurieuses.  Qui  vous  a  si  bien  instruit, 
lui  dit-il  entin ,  petit  impie?  Seigneur,  ré- 
pondit l'enfant,  c'est  ma  mère  qui  m'a  appris 
ces  vérités,  et  c'est  Dieu  qui  les  a  apprises  à 
ma  mère.  C'a   été  la   première  nourriture 
qu'elle  m'a  donnée;  j'ai  sucé  la  connaissance 
d'un  seul  Dieu  en  suçant  le  lait  de  ses  ma- 
melles, et  le  nom  de  Jésus-Christ  est  la  pre- 
mière l'arole  qu'elle  m'a  appris  à  prononcer. 
Qu'on  aille  quérir  cette  mère,  s'écrie  le  gou- 
verneur en  furie,  qu'elle  vienne  pour  être 
témoin  de  l'heureux  succès  que  vont  avoir 
ses  belles  instructions.  La  mort  de  ton  en- 
fant va  être  la  récompense  de  la  doctrine 
que  tu  lui  as  inspirée,  et  il  est  bien  juste  que 
tu  pleures  la  perte  de  celui  que  ton  impiété 
a  déjà  perdu.  xMais  aux  dieux  ne  plaise  qu'un 
sang  SI  vil  et  si  méprisable  rougisse  l'épée  de 
nos  bourreaux  ;  la  mort  linirait  trop  tôt  son 
supplice,  celui  de  son  fils  en  sera  un  pour 
«lie,  et  pins  long  et  plus  sensible,  et  l'on 


.sait  (pie  le  lournitril  le  plus  ritçoureuii  qu'on 
pnivse  ('.lire  souffrir  h  une  mèrp,  Uklde  Liiro 
soull'rir  son  |ils  h  ses  y(ni\. 

a  II  coMoiuH'  le   donc   (pi'on  suspctiih;  en 
l'air  ce  pcîtil  martyr,  après  lui  inoir  fait  6ler 
ses   habits;  il   livre   ce  corps  d(*lical  (i  une 
cruelle  et  s/Mijj;linite  lla^elhilinn.  Iliontftt   les 
verges  coupent  sa  chidr  iiuiocenle  en   niillo 
endroits,  vl  tirent  olus  de  hoi  (pic  du  b<ing 
des  |)less(U'(!s  (j\i'elles  font.  \U\  roc'iur  se  se- 
rait attendri  à  un  |iareil  spectacle  ,  et  il   nu- 
rait  pu  faire  pii'lr(.'  au  marbre  ol  iui  bronze 
leur  insensibilité  njiliirel'o.   A    chaipie  foiç 
(|ue  l'ijsier  impitoyable  allait   fraiper  cetliî 
tendre  victime,  h  cha(pio    fois  il  revenait 
couvert  d'un  nouveau  sang.  Tons  les  assis- 
tants fondaient  en  larmes;  il    n'y   eut   pas 
)ns(|u'aux  boiM'rea\ix  (pii  lu)  (iomiassenl  di!s 
m;ii(pM-s  de  compassion  ;  on  vit  couler  des 
|)leurs  l(!  long  d(!   ces   faces  nn'na(;antes,  et 
ces  yeux  toujours  secs  h  la  vue  des  plus  hoi- 
I ibles  tourments  ,  en  répandiienl  alors  pour 
la  prem:èr(î  fois.  Tout  [)l(;nre  ,  hors  le  lyran 
et  la  mère:  cette  généreuse  fennn;'  fr.il  p:i- 
laitre  une  joie  tran(juillo;  l'amour  de  Jésus- 
Christ  soutient  en  elle  l'amour  maternel;  il 
lui  (jte  sa  faiblesse  naturelle;  il  le  rend  [)lus 
fort  ([ue  le  cœur   mênje  des  bourreaux.   La 
grAce  triomphe  de  la  nature  dans  le  cœur 
d'une  mère;  elle  l'endurcit,  et  étoulfanl  en 
lui  tons  les  sentiments  d'une  piété  troi)mol|e, 
elle  l'alfermit  par  une  constance  toute  chré- 
tienne qu'elle  lui  ins[)ire. 

«  Cep(!ndaiit  ce  nauvre  enfant,  brtilé  d'une 
soif  ardente  que  lui  cause  la  rigueur  des 
tourments  qu'il  endure  ,  demande  ci  boire. 
J'ai  soif,  s'écrie-t-il,  qu'on  me  donne  un  peu 
d'eau.  Mais  sa  mère  s'avançant  et  prenant 
un  air  sévère  et  un  ton  de  voix  plus  animé 
que  de  coutume  :  A  quoi  pensez-vous  ,  mon 
lils,  lui  dit-elle;  la  peur  vous  trouble-t-elle 
le  jugement,  cédez-vous  ainsi  à  la  douleur? 
j'attendais  de  vous  [)lus  de  fermeté,  et  j'avais 
répondu  à  Dieu  de  votre  constance.  Le  fruit 
de  mon  sein  manque  de  courage,  et  ne  vous 
ai-je  donné  la  vie  ipiepour  avoir  le  déj)laisir 
de  vous  voir  craindre  la  mort?  Vous  cleman- 
dcz  un  peu  d'eau,  et  vous  allez  être  dans  un 
moment  à  la  source  des  eaux  vives;  de   ces 
eaux  qui  ,  coulant   sans  interrompre  leur 
cours  dans  les  âmes  saintes  ,  apaisent   leur 
soif  et  en  éteignent  toute  l'ardeur.  C'est  là, 
mon  iils,  c'est  là  qu'il  faut  aller  boire  une 
heureuse  éternité.  Encore  un  peu  de  temps, 
et  vous  vous  trouver  z  sur  ces  courants  (lé 
licieux,  si  toutefois  vous  ne  ressentez  point 
ici-bas  d'autre  soif  que  celle  de  voir  Jésus- 
Christ.  Ah  !  mon  lis,  si  jamais  vous  pouvez 
approcher  vos  lèvres  altérées  de  cette  uivine 
fontaine,  si  jamais  votre  langue  desséchée 
peut  seulement  y  toucher,  il  n'y  a  plus  pour 
vous  de  soif  à  craindre,  et  votre  cœur  plei- 
nement rassasié  s  'ra  dans  un  éternel  rafraî- 
chissement. Maintenant  il  faut  que   vous 
buviez  les  eaux  amères  du  calice  du  Sau- 
veur; mille  enfants  bien  plus   jeunes  que 
vous  y  ont  bu  avant  vous ,  mon  tils  ;  cette 
troupe  de  martyrs  au  berceau  préféra  l'amer- 
tume de  ces  eaux  à  la  douceur  du  lait  ;  mai§ 


103 


MAR 


MAR 


104 


àpeino  en  ciiront-ils  goûté,  qup  cotte  amer- 
tiimp  fut  rhnniiée  m  une  douceur  qu'on  ne 
peut  exprimer.  Que  cet  exemple  vous  anime, 
ô  généreux  enfant  !  O  mon  ius,  mon  unirfue 
consolnlionl  La  vertu  est  pour  tous  les 
«Iges,  cl  le  père  commun  des  hommes  n'en  a 
pas  exclu  l'enfance;  il  veut  qu'elle  ait  ses 
triomphes,  aussi  bien  que  WV^q  lo  plus  avan- 
cé. Je  vous  l'ai  dit  plusieurs  fois,  lorsque  je 
vous  enseignais  à  exprimer  vos  petites  pen- 
sées par  des  sons  en(  oro  imparfaits,  et  vous 
vous  en  souvenez  sans  doute  :  Isaac  était  fils 
unique;  mais  sur  le  point  d'être  immolé  au 
Seigneur,  jetant  les  yeux  sur  l'autel  où  il 
devait  consommer  son  sacrifice  ,  il  y  monta 
hardiment  ;  et  sans  marquer  aucune  répu- 
gnance, il  présenta  sa  létc  à  son  père  ,  qui 
devait  être  le  sacriticateur.  Je  vous  contais 
aussi  quelquefois  le  fameux  couibat  do  ces 
se[»t  frères  contre  le  tyran  Antiochus;  tous 
sept  étaient  sortis  d'un  même  sein  ,  et  celle 
qui  leur  avait  donné  la  vie,  voyant  d'un  côté 
les  supplices  qu'on  leur  préparait,  et  de  l'au- 
tre les  récompenses  f|ui  leur  étaient  of- 
fertes, ne  balança  pas  un  moment  ;  on  sait 
qu'elle  choisit  les  supplices  pour  ses  sept  fils  : 
N'appréhendez  pas,  mes  enfants,  leur  dil- 
clle,  de  verser  mon  propre  sang  qui  coule 
dans  vos  veines;  répandez-le  généreusement 
pour  la  gloire  du  Pieu  que  nous  adorons,  du 
Dieu  de  nos  pèrej;.  Ses  )cu\  furent  témoins 
des  tourments  qu'on  leur  fit  endurer ,  sans 
qu'on  vit  tomber  une  seule  larme  ;  elle  leur 
vit  donner  à  tous  sept  une  mort  cruelle,  sans 
qu'on  lui  entendît  |)ousser  le  moindre  sou- 
tir.  La  joie  éclatait  sur  son  visage  ,  lorsque 
es  bourreaux  en  plongeaient  un  dans  Ihuile 
Douillante,  ou  qu'on  applifjuait  à  l'autre  des 
âmes  de  cuivre  ardentes.  Sa  joie  redoublait 
quand  on  arrachait  à  celui-ci  la  peau  de  la 
tôte,  et  que  par  une  raillerie  inhumaine  on 
la  lui  couvrait  ensuite  d'un  pot  de  terre  en 
guise  d'un  bonnet  royal.  Courage  ,  mon  fils, 
lui  disait-elle ,  ce  pot  de  terre  deviendra 
bientôt  sur  votre  tètr^  une  couronne  tout 
élincelante  de  [)ierreries.  Et  tpiand  jiar 
l'ordre  du  tyran  on  coupait  à  celui-là  la 
langue,  celle  admirable  femme  disait  :  Nous 
voil<\  enfin  arriv(''s  au  conibh*  de  la  gloire, 
puisque  Dieu  veut  bien  accepter  en  sacri- 
fice la  partie  de  notre  cor|>s  la  plus  digne  de 
lui  être  olîerte.  Oui ,  Seigneur,  utie  langue 
qui  a  eu  l'honneur  de  confesser  votre  saini 
imm  est  une  victime  digne  de  vous.  Qnv 
celte  lidèle  interprète  des  peust-es,  (jue  cette 
ambassadrice  du  cœur,  (jue  cette  sage  con- 
fidente de  l'Ame,  qui  s'en  sort  si  heiireuse- 
nietU  ou  pour  soulager  ses  peines  ,  ou  pour 
confier  ses  secrets,  que  cette  langue,  dis-je, 
que  vous  nous  aviez  donnée  pour  chantt>r 
vos  louanges,  soit  mise  sur  votre  aulel, 
comme  les  prémices  du  sacrifice  entier  que 
nous  sommes  prêts  à  vous  faire  de  tout 
notre  corps.  Qu'ellr  obtienne  le  même  hou- 
npur  pour  tous  les  autres  n>embres;  qu'elle 
vous  les  présente,  S<igueur,  comme  elant 
leur  chef  et  leur  condut  tru'e. 

«  C'était  ainsi,  mon  fils,  coulinue  la  mère 
de  nolic  petit  martyr  ,  que  la  mère  des  Ma- 


chabées  ,  par  ces  paroles  toutes  brûlantes 
d'un  feu  noble  et  généreux,  les  animait  h 
mourir  pour  la  loi  de  Dieu;  et  ce  fut  par 
leur  mort  quelle  triompha  se\A  fois  d'Antio- 
chus,  et  qu'elle  se  vit  comblée  d'une  gloire 
immortelle.  Il  ne  tiendra  qu'à  vous,  mon  fils, 
que  je  n'aie  aucun  sujet  ue  lui  porter  envie, 
et  vous  pouvez  me  rendre  la  plus  glorieuse 
mère  du  monde.  Je  vous  en  conjure  nar  ce 
sein  o\i  vous  avez  été  conçu ,  cl  qui  aurant 
neuf  mois  vous  a  servi  de  demeure  et  de  re- 
traite. Si  vous  avez  trouvé  quelque  plaisir  à 
sucer  le  lait  que  mes  mamelles  vous  ont  si 
libéralement  fourni  ;  si  le  sommeil  que  vous 
avez  si  souvent  [)iis  sur  mes  genoux  et  entre 
mes  bras  a  eu  pourvousquelquecharme;sije 
n'ai  rien  épargné  pour  vous  faire  avoir  tous  ces 
petits  jouetsqui  plaisent  si  fort  à  l'enfance,  ne 
vousrelAchez  point,  et  mourez,  mon  fils,  pour 
celui  qui  seul  est  l'auteur  de  tous  ces  biens. 

«  Pendant  que  cette  mère  vraiment  chré- 
tienne tâchait  d'inspirer  à  son  fils  une  force 
et  une  constance  au-dessus  de  la  faiblesse 
de  son  Age ,  ce  généreux  enfant  riait  des 
tourments  et  semblait  insulter  à  la  douleur. 
Ce  que  voyant  le  préfet ,  il  le  fit  détacher  et 
conduire  en  prison.  Mais  il  voulut  que  Ro- 
main, comme  ayant  donné  occasion  à  tout 
ce  désordre,  fôt  tourmenté  à  son  tour  avec 
une  extrême  rigueur.  Les  bourreaux  le  pren- 
nenl  donc  ,  leur  fureur  à  peine  ralentie  se 
rallume,  el  ils  remettent  le  fer  dans  ses  plaies 
encore  toutes  sanglantes.  Romain  les  excite 
lui-même,  il  les  nomme  des  lâches  :  0  hom- 
mes sans  vigueur,  leur  dit-il,  si  toutefois 
vous  méritez  qu'on  vous  appelle  des  hom- 
mes, vos  bras  faibles  el  tremblants  n'ont  pu 
depuis  tant  de  temps  renverser  ce  méchant 
édilice,  qui  déjà  tombe  lui-même  eu  ruines. 
Il  na  presipie  jilus  de  soutien,  et  cependant 
vous  maïKpiez  de  force  pour  l'abattre;  il  ré- 
siste loujoursà  vos  elforts impuissants.  Voyez 
avec  (pielle  activité  une  meute  do  chiens 
di'cliire  un  cerf  dont  ils  font  curée.  Quelle 
ardeur  ne  font  point  paraître  des  vautours, 
lorsipie  ayant  découvert  un  cadavre,  ils  fon- 
dent dessus,  le  mettent  en  pièces,  se  servant 
pour  cela  de  leur  bec  «'t  de  leurs  serres.  Ap- 
prenez donc  des  bêles  carnassières  à  être 
jilus  ardents  ai>rès  la  proie  oui  vous  tombe 
entre  les  mains.  Misérables!  la  faim  vous  dé- 
vore, et  vous  ne  faites  rien  pour  l'apaiser  : 
vous  avez  la  voracité  des  loups ,  que  n'en 
avez-vous  donc  l'impétuosité?  ('es  paroles 
pi(|uèrent  le  gouverneur  jusqu'au  vif,  et 
elles  lo  déterminèrent  à  prononcer  sur 
l'heiue  la  sentence  de  mort  contre  celui  qui 
ne  les  avait  dites  (pià  (O  dessein.  Puisque 
tu  as  une  si  grande  impatience  de  mourir, 
lui  dit-il,  il  faut  la  satisfaire;  eh  bien  !  tu  se- 
ra>  brôlé  tout  vif,  et  dans  peu  ton  corps 
sera  ré<luit  en  cendres.  Alors  le  saint  mar- 
tyr, comme  les  bourreaux  rentrainaient  au 
lieu  du  supplice,  se  relournant  vers  le  pré- 
fet :  J'en  appelle,  dil-il.  au  tribunal  de  Jésus- 
Christ,  de  mou  Dieu.  .Vh  I  r'on  est  trop,  dit 
nrét  ipitammenl  le  gouverneur,  pourquoi  dif- 
rérer  davantage  à  punir  l'impiété;  (lu'ils  pé- 
rissent tous  doux,  e'  lo  uiaîlrc  et  le  disci- 


105 


MAR 


MMl 


106 


l 


ct'iinn  tlii  disciple,  cl  (|ii(>  la  Ihiiiittin  rx[)ii> 
celui  <hi  tiinlli'(s  (|iir  niii  et  l'aiilir  iMiliti 
iui'Ui(Mi(  ;  mais  tnic  leur  moil  stul  (lillù- 
rcnlc. 

«  IV'iidaiit  <p''""  •''■'"''"''''  '•'  lii^tluT,  l'«i\«')- 
t'iiUMir  |ii-('>|iaiail  son  coiilclas  |hiiii-  Ctlvv  la 
vio  h  uoUo,  pclil  luarlyr.  Sa  iiutc  Ut  vonliil 
p<irt(MM'll('-m(^iii(' jusipic  sur  rrclialaïKl  ;  ainsi 
Altol,  au  ('()iiuu(Mi('(Mii(>iil  (lu  uioiidf,  potiait 
III)  (ondrc  agneau  choisi  (>iitr(;  inilU^ ,  pour 
l'alkM'  ollVir  h  Dieu  sur  un  aulel  de  gazon. 
L'exécuteur  avant  d(Miiandé  l'enlanl,  celto 
saint(^  t'eiiuuo  le  lui  mit  aussitôt  ontro  los 
mains;  elle  tu;  s'an\usa  pas  à  i-épandr(î  des 
larmes,  et  elle  ne  désli()n('ra  point  son  saeri- 
lice  par  dos  manpies  d'un(>  ti'islesse  ]n'U 
religieuse;  elle  s(>  contenta  siîulenuMit  do 
"baiser  ce  cher  lils  (lour  la  dernière  fois,  et 
olle  lui  dit  ce  peu  do  jiaroles  :  Allez  ,  mon 
lils,  allez  où  votre  heui'ouso  deslim^o  vous 
apix'llc;  mais  lors(pie  vous  serez  auprès  do 
Jésus-Ohrist ,  du  moins  souvenez-vous  do 
votre  mère  :  jusciu'ici  je  vous  ai  nommé  mon 
fils,  je  vous  nommerai  h  l'aveiir  mon  Sei- 
gneur. Elle  dit,  et  le  bourreau  [)ronant  d'une 
main  celto  tOte  innocente  ,  la  coupa  d'un 
seul  coup.  Cependant  la  [)ieuse  mère  chan- 
tait ce  verset  d'un  des  sacrés  cantiques  de 
David  :  Que  la  mort  des  saints  est  précieuse 
devant  Dieu  1  Celui-ci  ,  ô  mon  Dieu  1  était 
votre  serviteur  et  lo  lils  do  votre  servante, 
ïlllo  étetidit  son  voile  pour  recevoir  cette 
tôte  (]ui  lui  était  si  chère,  et  pour  ne  rien 
por.lre  du  saiig  qui  sortait  à  gros  bouillons 
«es  veines  coupées.  Elle  rejoignit  ensuite  la 
tôle  à  son  corps,  et  chargée  de  ces  précieu- 
ses dépouilles ,  elle  alla  les  déposer  dans 
l'endroit  le  p!us  honorable  de  son  Jogis.  » 

MAKTYRKS  (Les  quarante  vierges  J'An- 
tiocue).  L'Eglise  honore  le  24  décembre  la 
mémoire  de  quarante  vierges  d'Antioche,  qui, 
durant  la  persécution  de  Dèce ,  donnèrent 
leur  vie  pour  la  foi.  Le  Martyrologe  romain 
n'entre  à  leur  égard  dans  aucun  détail,  seu- 
lement il  dit  qu'elles  périrent  par  divers 
supplices. 

MARTYRS  D'ALEXANDRIE  victimes  de 
Là  PESTE.  Au  nombre  des  punitions  que 
D'ieu  envoya  à  l'empire  romain,  à  cause  des 
crimes  des  peuples  et  des  prévarications 
des  empereurs,  la  peste  de  250  fut  une  des 
plus  terribles.  Elle  dura  douze  ans,  rava- 
geant successivement  toutes  les  contrées  de 
l'empire,  jetant  la  désolation  dans  les  la- 
milles,  dépeuplant  les  campagnes  et  trans- 
fornant  les  cités  en  vastes  champs  de  deuil 
et  de  mort.  Alexandrie  fut  une  des  villes  les 
plus  maltraitées  ;  c'était  la  seconde  cité  de 
l'empire,  elle  comi)lail  à  celte  épo  jue  900,000 
habitants.  Saint  Denys  en  était  évèque,  et  la 
persécution  de  Dèce  commengait  à  y  exer- 
cer ses  fureurs.  Le  saint  évèque  parle  ainsi 
de  cetie  grande  calamité  :  «  On  n'enteud  que 
des  cris  de  tous  côtés  :  tout  le  monde  pleure, 
toute  la  ville  ne  retentit  que  de  gémisse- 
ments et  de  soupirs,  par  lesquels  on  re- 
grette ou  ceux  qui  sont  morts  ou  ceux  qui 
DicTiONN.  DES  Persécutions.   IL 


sn  moiirnnt Il  n'y  a  j>ns  do  m«ison  f>ù  il 

n'y  ail  des  funérailles.  Kt  plilt  a  Dmu  miil 
n'y  ei^i  (pi'un  moit  dans  cluKpie  maison!..,» 
Le  saint  évètpie  a^it  dans  ces  douloiireusex 
circonstances  comme  mi  minisire  du  citd 
dint  a^ir  ;  il  porta  parloiil  les  sccfuirs  de  In 
reiif^ion,  secours  nialémls  aussi  bien  i\\Ui 
secours  spirituels.  Ses  prêtres  cl  sesdiacies, 
ainsi  (pie  beamoiip  d'aiilces  clnéii(fis,  mar- 
(•hèreiil  sur  s(;s  tractis,  se  hrenl  les  imitatciir.s 
do  son  zèle  et  de»  sn  charilé.  Heaucoup  mou- 
rurent victimes  de  leur  dévouemenl,  el  Irou- 
vèriMil  la  mort  dans  les  soins  (pi'ils  doniiaienl 
h  leurs  frères  mourants,  Sainl  Denys  dit  avec 
raison  (pie,  ces  martyrs  de  la  chaiilé  sont 
aussi  illustres,  aussi  méritants  (pj(!  les  mar- 
tyrs de  la  foi.  L'l<].;lise  a  été  do  l'avis  du 
saint  évô(pn'.  Raronius  a  mis  ces  saintc.'s 
victimes  de  la  charité  au  Martyi'olog(;  ro- 
main, sous  la  (lato  du  2S  février,  jour  au- 
(piel  l'Eglise  rumaino  les  honore  coinm(î 
martvrs. 

MÀKTVRS  D'ALKXANDRIK,  sous  Théo- 
dose, en  302.  Tillemont,  dans  son  Histoire 
de  Théodosc,  a  donné  sur  ces  saints  martyrs 
et  les  événements  anx(|uels  ils  durent  lour 
glorieuse  couronne,  des  détails  si  beaux  que 
nous  les  cil  ns  comme  Actes  do  ces  mar- 
tyrs. Ces  détails  sont  basés  sur  les  récils  des 
meilleurs  historiens,  Théodoret,  Kullin,  So- 
crate,  Sozomène.  L'Egli^e  fait  la  fêle  do  ces 
saii  ts  martyrs  le  17  mars. 

Dieu,  dit  Tillemont,  qui  voulait  effacer  les 
restes  de  l'idolâtrie  par  le  moyen  de  Théodose 
elde  ses  enfants,  ne  soulfrit  pas  que  lidole  de 
Sérapis  résislAl  plus  longtemps  à  laglo;rede  la 
croix.  L'occasion  dosa  ruine  vint  d'un  grand 
bâtiment  public  fort  ancien,  mais  fort  né- 
gligé, en  sorte  qu'il  n'y  avait  que  les  gros 
murs  qui  pussent  servir  à  quelque  chose. 
C'était  un  temple  de  Bacchus.  On  disait  que 
Constance  lavait  autrefois  donné  aux  évo- 
ques ariens  d'.-\lexandrie  [h  Grégoire  ou  à 
Georges);  et  Théophile,  qui  gouvernait  la 
même  Eglise  sous  Théodose,  le  demanda  à 
l'empereur,  qui  le  lui  accorda  pour  en  faire 
une  nouvelle  église,  à  cause  que  le  nombre 
des  fidèles,  qui  croissait  toujours  rendait  les 
autres  trop  petites.  Théophde,  voulant  donc 
mettre  ce  lieu  en  état  de  servir  aux  chré- 
tiens, et  faisant  pour  ce  sujet  oter  les  statues 
et  découvrir  des  lieux  obscurs  et  secrets  qui 
y  étaient  joints,  on  aperçut  dans  un  endroit 
des  cavernes  cachées  et  creusées  sous  terre, 
qui  paraissaient  plus  propres  à  couvrir  des 
larcins  et  des  crimes  qu'à  faire  des  cérémo- 
nies de  religion.  On  y  trouva  en  effet  les 
instruments  les  plus  ridicules  et  les  plus  in- 
fâmes des  superstitions  païennes,  que  Théo- 
phile fit  promener  publiquement  par  la  vi  le, 
pour  se  moquer  de  ces  mystères  honteux. 

Les  païens ,  et  surtout  les  philosophes , 
voyant  qu'on  avait  découvert  ces  lieux  d'in- 
famies e.  de  crimes,  ne  purent  retenir  la  dou- 
leur qu'ils  avaient  de  ce  qu'on  révélait  aux 
yeux  de  toute  la  terre  leurs  œuvres  de  ténè- 
bres qu'ils  avaient  eu  soin  de  cacher  durant 
tant  de  siècles.  Us  entrèrent  dans  une  furie 
extrême,  et,  non  contents  de  se  venger  par 

k 


lot 


NAR 


MAR 


IM 


dP5  i'ijiit^"»  pf  dos  mnlt^di»  Hnns.  romme  cola 
■il  ordinfliro.  ils  prinsni  les  nrinos,  at- 
■  ni  le:*  chii'tiens  avoc  It  |)é(',  vl  lis 
r(^(lmsirf  nt  h  roi  onssor  la  firre  par  la  force 
.'*  «nn<:  donto  pnr  lo  u;nnvonifiir).  On 
\  1  une  miorroonvorto  dans  AJt'xnii'irip, 

rt  il  s'y  donnait  souvent  dos  romlinls  au  nii- 
liiMi  d»'s  placps.  I.os  paious  éfniful  do  hf-aii- 
rmip  iiift^rit^urs  pour  li'  nombre  et  la  (pialit«5; 
mais,  ayant  atfairo  h  dos  porsonnos  dont  la 
rrli>;ion  no  peut  «oulliir  la  tureur  et  la 
rrunuié,  ils  on  hlossaicnt  beaucoup,  en 
tuaient  un  assez  grand  nombre,  m  compa- 
raison de  coii\  qu'ils  penlnienldo  leur  coté. 

Ils  se  retiraient  après  le  combat  dans  le 
temple  de  Sérapis  comme  dans  leur  fort  : 
d'où  ils  faisaient  de  fréquentos  sorties  sur 
les  chrétiens.  Ils  en  prenaient  plusieurs,  les 
emmenaient  dans  ce  te»nple,  et  \k  les  for- 
çaient de  sacrilier,  m<^me  par  la  violence  des 
tourments.  Mais  pour  ceux  qui  refusaient  de 
le  faire,  ils  employaient  contre  eu\  de  nou- 
veaux genres  cle  supplices,  et  les  faisaient 
entin  mourir,  cruciliant  les  uns,  coupant  les 
jambes  aux  autres,  et  les  prf^cipitant  dans  les 
cloaques  de  leur  temple,  après  l<ur  avoir 
ca-'sè  les  jambes.  Ils  n'exerçaient  d'abord  ces 
cruautés  qu'avec  irembleraent  ;  mais  dans  la 
suite  le  désespoir  et  la  rage  les  rendirent 
plus  hnrdis  et  plus  t»  méraiies. 

Après  avoir  vécu  <pu,'lque  temps  de  vols 
et  do  rapines,  le  désir  de  se  rassasier  encore 
davantage  du  sang  de  Itnirs  concitoyens 
leur  fit  chercher  un  chef,  sous  la  con<luile 
duquel  ils  pussent  se  défendre  dans  leur 
fort,  si  on  les  y  \enait  «tîafpier.  et  conti- 
nuer leurs  brij;an(lages  :  ils  choisirent  ponr 
cela  un  certain  ()lyuq>e,  qui  portail  Ih^bil  et 
le  nom  de  philnsonhe,  qui  avait  un  grand 
zèle  pour  lidolAtrie  mourante,  qui  lavait 
toujours  soutenue  dans  la  ville,  et  (pii  avait 
de  grands  taleiUs  pour  se  faire  écoulei-  d'une 
populace  superstitieuse.  On  peut  voir  dans 
Sindas  un  élo-^e  de  cet  Olympe,  tiré,  h  ce 
qu'on  croit,  d'Kunapo.  On  prêt»  nd  (piil  avait 
pré<lit  que  son  Sérapis  abandonnerait  son 
temple. 

Une  sédition  toute  semblable  à  celle-ci, 
dans  ses  circonstaiKtîs  et  dans  son  origine, 
arriva  du  temps  d»-  saint  Aihau.iso,  et  nous 
doutons  si  ce  n'est  jioint  uiu'  même  chose 
rapportée  î»  dos  tenq»s  diiïiTents.  Quoi  qu'il 
en  «<oit.  celle  «ju'oii  met  sous  Oui'^lanco  nu 
suus  Julien  oui  un  succès  tout  ditl'erent  de 
eelle  qui  ai  riva  en  ce  lomps-ri.  I.e  Martyro- 
loge rom  'in  uiar(|ue  le  17  de  mars  outre  les 
saints  elles  niatlyrsct'ux  qui.  ayatit  élé  pris 
en  ceUe-e^  par  les  païens,  a^m^ront  mieux 
*- •  ilTrir  la  mort  que  d'.idoror  l'idole  do  Sé- 
1  ■  is,  on  qnoi  nous  allons  voir  (|u'on  a 
suivi  les  sentiments  du  grand  Théodose. 

I  1  '  •  avait  alors  cour  nrél'oi  Kvagr»», 
et  l  '  1  f>our  général  de  la  inili»  o.  Ces 
dfiiT  magistrats,  chargés  de  faire  observer 
les  lois  et  les  ii'.l-sdf  la  jpsiiri>,  vo\«nt 
que  h  sédition  •le^  païens  continuait  avec, 
tant  d'audace  H  de  fur»Mir,  ernignirenl  qu'elle 
II'»  lit  de  f*  '  î  ^^  suites,  et  jniîérenl  qu'ils 
«ioTaicnl  et;      •    'r  tous  bnus  soms  et  toute 


letir  autorité  pour  l'arrêter.  Us  vinrent  au 
teinjde  parler  aux  séditieux,  demandèrent 
(ju'lle  élail  la  cause  de  hur  soulèveDjenl,  et 
comiueul  ils  étaient  assez  haidis  et  assez 
impies  pour  répandre  lo  sang  de  leurs  conci- 
toyons  devant  les  autels  de  leurs  rjieux.  Les 
ôé«jitieux,  toujours  bien  eiifermés  dans  leur 
temple,  netiient  entendre  pour  toute  raison 
qu'un  cri  <onfus  et  tumultueux.  Cependant 
on  leur  fit  dire  que  leur  cntrepiise  était  un 
crime  dKlat,  qu'ils  atliraient  sur  eux  toute 
la  puissance  de  reoipire,  el  qu'ils  s'expo- 
saient à  tout  ce  que  les  lois  ordonnent  en 
punition  de  semblables  aUenlat>;  mais  rien 
ne  les  ébranla,  el  comme  on  ne  pouviut 
aussi  avoir  rai.Non  d'eux  tant  qu'ils  demeu- 
reraient ainsi  retranchés  dans  leur  fort,  h. 
moins  d'y  em|tloyer  une  f-^rce  supérieure, 
on  informa  l'empereur  de  toute  latlaire. 

Pendant  qu'on  attendait  ses  orures,  les  sé- 
ditieux s'o{)iniAtraienl  dans  leur  entreprise, 
par  la  vue  même  des  peines  que  méritaient 
leurs  crimes.  Olympe  les  animait  encore  à 
mourir  plutôt  généreusement,  s'il  était  be- 
soin, que  d'al)aiidonner  Va  religion  el  les  cé- 
rémonies de  leurs  pères,  leur  en  faisant  es-* 
pérer  do  grandes  récompenses  de  leurs 
dieux  (qui  ne  se  pouvaient  défendre  eux- 
mêmes).  Ayant  n^manjué  que  la  fjerte  de 
leurs  idoles,  (ju'on  renversait  dans  tout  l'O- 
rient |>ai  ordre  de  Théodose  el  de  C>iiège, 
les  ineUnit  dans  une  grande  conslernation, 
il  leur  reuiontia  qu'ils  ue  devaient  |kis  \Mn\v 
cela  peixii-e  courage  et  renoncer  à  leur  reli- 
gion ;  (|ue  les  statues  et  les  images  de  leurs 
«lieux  étont  d'une  njaliùre  coriupiible,  il  ne 
fallait  pas  s'élonner  qu'on  les  eilt  brisées  et 
entièrement  détruites,  mais  que  les  vertus 
invisil)les  dont  elles  avaient  été  le  si'  go  s'é- 
taient retirées  dans  le  ci<  1.  >  oilà  comment 
il  amusait  les  païens  qui  étaient  avec  lui 
dans  le  tem[»le  de  Sérapis,  et  les  entretenait 
dans  leur  ré\olte 

Opendant  l'empereur,  informé  de  ce  qui 
se  passait  J»  Alexandrie,  y  envoya  sf  s  onires, 
où  il  relevait  le  bonlu  ur  des  citréliens  qui 
avaient  remporté  en  cette  rencontre  la  gloire 
du  iiiarl\re.  Croyant  dt  ne  f|iio  le  sang  (piils 
avaient  réfvindu  devant  les  autels  des  dé- 
nmns  qu'ils  lefusaiont  d'athtrer.  les  avait 
nuidus  inactvrs,  el  que  la  douleur  de  leur 
mort  était  surmontée  par  la  gioire  de  leurs 
nn'Tites,  il  ne  voulut  point,  selon  sa  douceur 
ordiiit^ire,  (pi'on  en  (hMU.indAt  la  vengeance. 

Il  suivait  en  cola  l'esi^nt  de  rKi;lise,  puis- 
que dans  la  suile  de  ci  Ile  année  même,  un 
roi  ci.e  empêcha  les  ent.inls  d'un  saml  évê- 
qne  de  demander  ju^^iice  de  la  mort  do  leur 
père  assassiné  par  les  paions;  et  l'on  on 
P'iirrait  encore  rapporter  d'autres  ex«>mples 
où  Ion  en  a  usé  ue  la  même  sorte,  de  |>cur 
qui-  les  soutlYanres  dos  inaiiyrs,  <jui  doivent 
être  glorieuses  et  honoral)li  s  à  I  Kgliso,  ne 
lui  devinssent  honteuses  par  l'ellusion  du 
sangtie  ses  ennemi'!,  qui.  quoique  juste,  pa- 
rait toujours  odieuse.  Outie  celle  raison, 
TliétKlo>e,  qui  souhaitait  de  corriger  el  non 

ti.i-*  do  piirir  les  ('<.iipaf)les.  espérait  que  sa 
►onté  les  ferait  rouuir  do  leur  criffie»  et  les 


100 


MAfl 


liorlorait  h  oiiihrrtssor  l.i  lui  clin'liciiiio.  Mnis 
(>i)  iiK^nu'  lnii|iii,  l'oiir  iMMipcr  In  niciiiu  h  va)A 
si'tlilio  is  (|tii*  lt"<  |)'i.(>ii.s  raiMiiciit  |i(iiii'  l.i  (In- 
l'tuiM'  (If  Iciiih  lnii|"lt">,  il  nrdo'iiwi  iin'un  ra- 
si'iail  tous  (MMix  i|iii  (>tai«>iil  (Ijiiis  AlcNJUitlric, 
t»l  il  (tHiiiml  rt'\(''('iilit)'i  (If  i'v\  (lidrc  i\  \'ù- 
V(^(|ii(i  rii(''()|>liil(>,  (|in  raviiil  sollicilcc.  il  (l(<- 
Vitil    cUre   tioiilciai    iiiii-    lo   |)ri'i''l    il   |i;ii'    lo 

{•(illllc. 

l.iir.sqiK"  (u«  roscril  lui  iiiriv('',  il  m)  lil 
ooiiiuic  tino  |)('lili'  InWf  ciilio  les  (K;u\  par- 
tis, (iiii  s'.issciiiMc'i'cul  snr  l.i  nl.ico  ilu  Iciu- 
]»lo  (le  St'i')i|pi.s  jionr  en  «MiU'iulro  la  hs'luii!. 
Los  chrtHu'iis,  V()_)aiil  dès  la  preiiiièro  |».igo 
(ji\f  r>  iHj  (M'i  wv  y  lil.tiiiiiil  la  vainc  supcrsii- 
iKt'i  lU's  païens,  jo.èii'hl  «•lUssil.H  nu  i^iaiid 
cri  du  joit'.  Mais  co  (|ui  pcnl  sui prendre, 
o'esl  (pie  les  paions,  t)nl)li  ni  lonlt'  leur 
iierlf.douieurèi  enl  eoiislei  nés  cl  saisis  d'une 
exlriiino  hau'ur  :  cliaruu  d'eux  ne  sonj^ua 
(pi'à  se  cacher;  les  uns  clieiclic'reul  pnur 
cela  les  rei  oins  les  plus  enrunees  (U  les  plus 
inaccessibles,  (>i  les  autres  se  uiiilèreiit  sc- 
cr^leiuent  [lariui  lesi^hri'lieiis.  Tout  leniondt; 
reconnut  ainsi  les  ell'cls  visibles  do  la  pié- 
sence  de  Dieu,  qui,  va  relevant  le  courage 
de  ses  serviteurs,  aval  banni  des  autres  la 
l'ureur  que  le  démon  leur  avait  inspirée. 

Olvuipe,  leur  chef,  s'était  retiré,  dès  la 
nuit  de  devant,  pour  un  sujet  qui  mérite 
d'élrt^  rapptxté.  Car  cette  nuit  là,  ayant  en- 
lendu  dans  le  temple  de  Sérapis  où  il  était, 
coiume  Sozomèiie  dit  l'avoir  appris,  une 
voix  qui  cliania.l  Allrluia,  quoique  les  por- 
tes l'usseul  lerniécs,  et  tout  le  monde  dans 
un  grand  re()os,  il  se  douta  que  c'était  ua 
présage  de  la  victoire  des  chrélieuS,  et,  sor- 
tant secrèiemeiit  du  temple  à  l'heure  môme, 
il  monta  sur  un  vaisseau  et  s'en  alla  en 
Italie. 

11  y  eut  beaucoup  d'autres  païens  qui,  ne 
se  croyanl  pas  en  sûreté  ai)rès  les  violences 
qu'ils  avaient  faites,  se  cachèrent  en  divers 
endroits  de  la  ville.  D'/iutres  l'abandonnèrent 
absolument  pour  so  reiiror  en  a'auires  lieux  ; 
parmi  eux  éiaientdeux  gramma.i'iens,  Hel- 
îa'le  et  Annuone,  sous  lesquels  Socrate  dit 
qu'il  avait  étudié  àConstaniino()le,  étant  en- 
core l'on  jeune;  et  li  ajoute  qu'on  tenait 
qu'ils  c.vaienl  tous  deux  été  pontii'es,  Hel- 
lade  de  Jupiter,  et  Amiuone  d'un  singe  (dont 
l'<  rreur  déplorable  dos  p.aeus  i'disail  un  dieu). 
Heliade  se  vantait  quelquefois  d'avoir  tué 
jusqu'à  neul'chiélie.9,  daiis  la  sédition  dont 
nous  avons  parié.  Quelques-uns  veulent  que 
cet  Heliade  soit  celui  dont  Pliotius  nous  a 
couservé  quelques  extraits;  mas  Photius 
fait  if.  sie  1  plus  ancien  de  près  d'un  siècle. 

Le  rescrit  de  l'empereur  ayant  donc  été 
lu,  et  les  païens  se  trouvant  contraints  de 
céder,  Tliéophile,  soutenu  par  le  gouverneur 
el  lo  général,  se  mil  en  devoir  d'abattre  les 
temples.  Le  peuple  était  tout  près  de  coin* 
mencer  par  la  source  de  l'erreur,  c'est-à-dire 
par  1  idole  de  Sérapis  ;  mais  les  païens  ayant 
lait  courir  le  bruit  que  si  quelqu'un  était 
assez  hardi  pour  y  toucher,  le  ciel  fondrait 
tout  d'un  coup  sur  la  terre,  qui  s'ouvrirîùt  à 
1  heure  même  et  s'y  abîmerait  :  cela  donnait 


MAR  iitj 

(pii'lqini  0ppré|i«'iiMon  mit  [tliih  sinipici. 
Ni'aniiioinH  un  soldat,  (iiii  nvail  plus  do  roii- 
liance  en  sn  Un  (pie  ((ans  ses  nriiies,  a  wiiit 
Mil  ore  été  lUiiiiK*  pal  'I'liéii|.||  le,  dérlwir^cn 
de  toute  Ml  for(  it  un  «-oup  de  co;^n6u  Mir  la 
joue  (le  celle  idole.  I-ln  ihAiik-  temps  et  le» 
tlilttiells  et  les  païens  jclcjciil  loiis  un  «r'Ild 
cri;  niais  Sérapis  ne  dit  iiioi,  et  ni  le  ciel  ni 
la  terre  ne  l>ia'il(''n!nt  poiiil  (le  Ifin  plact',  Lo 
soldat  l'idoui  liant  doiK^  ii  la  (h  i-c,  riiil  CU 
nièces  le  genou  de  l'idole,  i[ui  n'était  que  de 
itois  pourri  :  on  le  jela  d.uis  le  l'eu,  i  t  il  lu  i^ja 
tout  coiiime  un  autre  bois.  O'iallaaussit  1  a  la 
tète,  (juilouiba  avec  lo  célèbre  boisseau  (pi'elle 
p  iilail.  et  ensuite  .'(  tous  les  un  inbres  l'un 
après  l'atilie.  A  mesure  (pi'on  en  avait  à 
demi  cotqié  quehiu'uii,  d'aulics  ranachaieiit 
avec  des  cordes  :  on  en  portait  les  mor- 
ceaux par  tout»'  la  ville  .'i  la  vtic  de  ses  ado- 
rateurs, i)uis  ou  les  jetait  au  fiMi.  Ltî  tronc 
fut  biûie  lu  demi  r,  dans  ramjilnthéi^lre. 
>  oilà  (piclle  fut  la  lin  du  ilieu  S.  raidis,  (jui 
avait  servi  si  longtemps  à  abuser  tant  de 
peuples.  Tliéodoret  ajiuitn  h  en  récit  de 
lUilin  que,  quanti  on  rb.itlit  la  tôle  de  cette 
statue,  il  en  sortit  une  b.inde  de  souris,  à 
qui  celte  divinité  des  Egyptiens  servait  de 
demeure. 

Il  y  avait  dans  co  temple  une  image  du 
soleil  dans  un  char  de  fer,  tjui  était  susjien- 
due  en  l'air  i)ar  une  jiierro  d'aimant  atta- 
chée à  la  voûte;  un  serviteur  de  Dieu  ayant 
connu  cet  aitilice  par  une  inspira'ion  parti- 
culière, (jta  l'aimant,  et  aussiltjt  toute  cette 
machine  tomba  par  terre  et  se  brisa  en 
pièces. 

On  rapporte  que  lorsque  tout  ceci  arriva, 
une  partie  du  peuple  d'Alexandrie  ne  lais- 
sait pas  d'être  dans  le  cirque  occu[)ée  à  voir 
les  cours,  s  des  chariots;  un  des  cocheis 
étant  tombé,  se  releva  si  promptement,  qu'il 
ne  laissa  pas  de  passer  les  autres  et  de  rem- 
porter le  i)rix.  Sa  mère  s'appelait  Marie,  et 
le  peuple,  faisant  a{)parerament  allusion  à 
Jésus-Chri  t,  s'écria  sur  cela  :  Le  fils  de  Ma- 
rie est  tombé,  s'est  rvlcté et  a  vaincu.  Ces  cris 
continuaient  encore  lorsqu'on  vint  dire  que 
Théophile  avait  abattu  l'idole  tJe  Sérapis  et 
était  maître  de  son  temple.  On  prétend  que 
cotte  histoire  venait  de  saint  Kpiphane. 

Théophile  démolit  le  temple  même  de  Sé- 
rapis, et  en  lit  un  monceau  de  ruines,  sans 
en  laisser  autre  chose  que  les  fondements, 
qu'on  ne  put  ôler,  à  cause  de  la  grandeur  et 
delà  pesanteur  des  pierres.  En  démolissant 
ce  temple,  on  trouva  des  croix  gravées  sous 
diverses  pierres;  ce  qui  ayant  surpris  les 
assistants,  les  païens  et  les  chrétiens  vou- 
laient chacun  tirer  cette  renco.itre  à  leur 
avantage,  jusqu'à  ce  que  quelques  personnes 
qui  entendaieni  les  hiéroglyphes  et  les  hgu- 
res  sacrées  des  Egyptiens,  et  qui  avaient  em- 
brassé la  religion  chrétienne,  découvrirent 
que,  selon  les  règles  de  cette  science,  la 
croix  signifiait  la  vie  future.  Ainsi  c'avait 
été  par  un  ortire  paiHiculier  de  la  Provi- 
dence que  les  Egyptiens,  sans  connaître  le 
mystère  de  là  croix,  l'avaient  en  quelque 


lit 


MVR 


MAP 


112 


sorte   prftphiHisé,  pour  sorvir  h  la  conver- 
sion (le  leurs  siinosseiirs. 

Il  V  avnii  ni'Mui'  pnrmi  eux  une  ancienne 
tradition,  qu.-  \rviv  nlii^ion  et  le  lem[)le  de  Sé- 
ra()is  dureraient  jus-^^u'au  temp?  (jue  ce  signe 
di>  Il  vie  paraîtrait  d.ins  1»'  monde:  et  il 
srinhle  que  (>ela  se  soit  trouvi'"  itiors  rnanpié 
sur  les  pierres  inôtnes  du  temple.  Ainsi, 
voyant  alors  la  croix  arhort^e  de  toutes 
parts,  l'éioiMiement  de  ce  succès  les  f)orlait 
a  embrasser  la  religion  clirtHionne,  à  confes- 
ser leurs  p«^(  hi'S,  et  à  recevoir  le  baptême. 
Kt  c'étaient  au^si  ()rincip  dément  les  priHros 
et  les  ministres  des  temples  qui  se  conver- 
tissaient, parce  (pTils  avaient  su  ces  préilic- 
tions  plutôt  que  le  simple  peuple,  qu'ils 
avaient  abusé  p«r  leurs  tromperies. 

Toute  la  ville  d'Alexandiie  était  pleine  de 
bustes  de  Sérapis.  Il  y  en  avait  en  rliaqne 
maison  dans  des  niches,  sur  les  portes  et 
aux  fenêtres.  Mais  on  les  détruisit  si  univer- 
sellement qu'il  n'en  resta  plus  aucun  vesti.^e, 
et  qu'on  n'entendit  môme  plus  parler  ni  de 
cet>e  idole,  ni  d'aucune  autre.  Au  lieu  de 
ces  abouiinations,  chacun  s'empressait  de 
faire  peindre  la  croix  de  Noire-Sei^neur  sur 
les  murailles,  les  piliers,  les  seuils,  les  por- 
tes et  les  fenêtres  de  sa  maison. 

Comme  c'était  la  coutume  eu  Egypte  de 
porter  au  temple  de  Sérapis  In  toise  destinée 
a  mesurer  les  débordements  du  Nd,  pour 
reconnaître  que  c'était  lui  qui  en  était  l'au- 
teur, lorsque  sa  statue  eut  été  abattue  et 
réduite  en  cendres,  tous  les  païens  préten- 
daient que  Sera, lis,  outré  df  l'injure  (juctn 
lui  avait  faite,  ne  fournirait  plus  la  même 
quanlilt'  d'eaux  que  par  le  p.issé.  .Mais  Dieu, 
pour  montrer  que  c'était  lui-même  (jui  ré- 
glait et  qui  opérait  l'accroissement  des  eaux 
du  Nil,  et  non  Sérapis,  qui  était  bien  posté- 
rieur à  ce  lleuve,  permit  (piil  se  déborda 
depuis  ce  temps-là  à  une  aussi  grande  liau- 
teur  qu'on  sût  ([u'il  fiU  jamais  monté  aupa- 
ravant. On  commenta  dès  lors  h  en  poiler 
la  mesure  dans  l'Eglise,  pour  rendre  hom- 
mage à  c.  lui  qui  est  le  Sei,.5neur  et  le  seul 
maître  des  eaux.  Constantin  as  ail  déjh  fait 
mettre  dans  l'ég  isc  d'Alexandrie  cette  me- 
sure du  (h'bordiMiicnl  ;  mais  Ji;iien  l'.Vpostat 
l'avait  fait  r.qiporier  dans  le  temple  de  Séra- 
pis ;  et  on  ne  trouve  point  (jue  ses  succes- 
seurs l'en  eussent  fait  ùler  jusqu'à  ce 
temps-ci. 

Ce  fut  peut-être  alors  riu'arriva  ce  que 
rap[>orte  So/omène ,  que  le  Nil  tarda  plus 
qu'a  l'or  lin/ure  h  se  déborder;  et  il  semble 
que  livs  païens  avaient  fait  (iuel(pu\s  sacrili- 
ces  mafîiuues  ,  pensa  it  qu'ils  le  pourraient 
arrêter,  o'  préférant  la  joie  de  se  ven;-;rr  par 
tous  les  maux  (pii  en  eussent  pu  arriver  h 
tout  le  public  et  à  eu\-mèmes.  Les  E^yp- 
tio  is  coiniiieiiçainnl  déjà  à  attribuer  re  re- 
tardement nu  mépris  tpi'oii  faisait  du  fleuve, 
pI  à  se  plaindre  de  re  (pi'il  ne  leur  était  plus 
permis  île  lui  oifiir  des  sicrilit  es  selon  la 
coutume  de  leur»  pères.  Le  préfet  d  Egypte, 
voyant  que  le  jieuple  se  mutinait  et  se  dis- 
[osail  à  une  sédition ,  en  donna  avis  à  l'em- 
perour;  mais  co  religieux   prince   répondit 


qu'il  n'avait  garde  rie  manquer  de  fidélité  à 
Dieu  pour  une  abondance  pnssngère  que  le 
dél)ordemenl  du  Nil  pouvait  produire,  quand 
même  les  superstitionsdu  pn^'anisme  seraient 
capables  de  le  causer  ou  de  l'empêcher. 
«  Que  plutôt  ,  <lil-il  ,  ce  fleuve  ne  coule  ja- 
mais, si,  pour  le  faire  couler,  il  faut  des  en- 
chantements ,  s'il  se  plait  aux  sacritices  et 
s'il  peut  souiller,  par  le  mélange  tiu  sang  des 
victimes,  des  eaux  qui  tirent  leur  source  du 
paradis.  »  Dieu  exauça  sa  foi  :  rar,  inconti- 
nent après,  le  Nil  se  déborda  avec  une  telle 
violence,  qu'il  couvrait  les  lieux  les  plus  éle- 
vés jusqu'où  il  pouvait  monter;  et  comme, 
après  être  arrivé  à  sa  plus  grande  hauteur, 
ou  il  ne  s'élevait  que  rarement,  il  s'enllait 
encore  de  plus  en  plus,  il  lit  apiiréhendcr 
l'inondation  de  la  ville  d'Alexandrie  et  des 
pays  les  plus  bas  de  la  Libye  ,  à  ceux  qui 
peu  auparavant  avaient  appréhendé  la  sé- 
cher(>sse  et  la  disette.  Cet  accident  fut  cause 
encore  de  la  conversion  d'un  grand  nombre 
de  païens. 

Après  que  le  temple  de  Sérapis  eut  été 
ruiné,  on  y  bM\\  d'un  côté  une  eglisp  et  de 
l'autre  un  marli/re,  dit  Rufin  (ce  que  je  n'en- 
tends pas  bien ,  si  l'on  ne  vei.t  dire  que  par 
le  mot  d'église  il  marque  celles  qui  ser- 
vaient seulement  pour  bs  assemblées  du 
peuple ,  sans  être  consacrées  sous  le  nom 
d'aucun  sainte.  Celle-ci  porta  le  nom  d'Ar- 
cade. Le  martyre,  qui  étai*  tout  enrichi  d'or, 
servit  pour  mettre  des  reliques  de  saint 
Jean-Ba|iliste,  apportées  sou5  Julien  à  saint 
Atlianase,  qui  les  avait  fait  serrer  secrète- 
ment dans  la  muraille  d'une  église,  pour  >er- 
vir,  disait-il  par  un  esprit  de  prophétie  ,  à 
ceux  ipii  viendront  a[)rès  nous.  L'histoire 
apocryphe  de  la  translation  prétendue  du 
cnef  de  saint  Jean-Baptiste  à  Saint-Jean- 
d'Angely,  ipii  est  parmi  les  œuvres  de  saint 
Cyprien,dil(pie  l'égiise  biltie  par  Théophile, 
qui  était  extrêmement  grande,  fut  dédiée, 
par  ordre  de  Tliéodose ,  le  29  noi'ii,  avec  un 
grand  concours,  tant  du  peu[)le  que  de  tous 
les  prélats  voisins. 

L'histoire  de  la  démolition  du  temple  de 
Sérapis  avait  été  écrite  par  Sophrone,  ami  de 
saint  Jérôme  ,  vers  l'an  ."Mil;  et  saint  Jérôme 
dit  que  c'était  un  ouvrage  très-considérable; 
mais  il  n'est  pas  venu  lusqu'à  nous.  (Tillc- 
m<trit.  flisfnirr  tir  Throdosf.) 

MAHiVHS  DAMBtllNE^LEs\  furent  mas- 
sacrés ,  en  1565 ,  «Jans  une  invasion  que  fi- 
rent les  mahomélans  de  Java.  Ces  clir»^liens, 
connaissant  la  haiiu^  de  leurs  persécuteurs 
pour  la  croix  ,  cachèrent  la  leur  dans  une 
fosse  profonde.  Les  mahonn'tans.  furieux  de 
ne  la  pas  trouver,  massacrèrent  six  cents 
chrétiens  sans  pouvoir  les  amener  à  décou- 
vrir •  >ù  était  cette  croix.  Ces  bourreaux  abo- 
minables coupaient  les  membri-s  de  leurs 
victimes  et  les  dévoraimt  devant  elles.  Les 
jeunes  gens  s'enfu  aient  pour  (  hercher  un 
n  fuge  dans  les  rochers;  beaucoup  se  préci- 
pitèrent dans  la  mer,  où  ils  furent  recueillis 
par  un  navire  portugais  (|ui  venait  à  leur 
SfM'ours.  Le  P.  Niigne/.  Hibern  écha|)pa  à  leur 
fureur,  et  un  Aiuboinais,  qui  le  trouva  trois 


i  15  MAH 

jours  apiiN.s  nis/int  h  l<>in'  et  h  niMilit'  liiist'. 
1(Oiaiisn(Ml;i  chu/,  «les  clirrlictns  .  où  il  lui 
nccucilli  /ivcr  IxMilit'iu'.  (Du  Jarrh-,  llistoivv. 
tics  rhitsrs  lis  /'/"•'•'  im'iiiDnililis  .  I.  I  ,  |».  (VH .) 
MAinVKS  DAN  I  lOCIII-;  iiir  S\iM),  nu 
IH\H.  Hih.iis,  sull.in  (I  l';^;v|ili' ,  sc)  n'iulit 
Mi.iiir'o  (II'  |ilusi('uis  villiis  de  S\  i'i(i  :  Auliii- 
,.|i,.  lut  (lu  iionihfd  (le  ((•lies  (|ui  ciircil  lu 
niidlicur  de  touihcr  s(Mi.s  sn  lyraïuiic.  r.ctio 
vil!(»  nvail  alors  deux  couvculs  de  IrniuM-s, 
l'uu  de  D(nuiuicaiu(>s,  l'aulri!  de  Krauciscai- 
iics  (,)uaud  le  |)aliiarcluKsul  (juo  les  luu-ul- 
maiis  approclunonl,  il  r('iMii(  loulcs  ers  lillcs 
du  St'ijAucur  daus  I(>  couvcnl  dt's  Douiinicai- 
nos ,  ot  \h  il  les  |n(V-ha  avoc  foire,  les  invi- 
taul  .^  souilVir  la  uiorl  |)lul(M  (|u'^  coiiscnlir 
aux  oulra^cs  dont  les  vaiu(iU(Mirs  no  uiau- 
(jucraiciil  pas  do  vouloir  les  rendre  vicliuu's. 
Ces  saintes  lenunes  (pii  savaient  bien  (pie  la 
lueilhMiro  volonti^  ne  saurait  pas  los  souslraiii! 
«ux  exi,^(Mices  dos  luusuluians.  se  (UMi^uriV 
reiil  toutes  (Ml  so  coupant  iinilnelleiiieiil  le 
nez.  (le  moyen  do  sauvegarder  leur  pudeur, 
tlo  la  nuHtfo  i\  l'ahri  des  insultes,  ful-il  une 
insiMiviliou  du  Saint-K»|)ril  ?  11  faut  radiuel- 
tre  pour  le  trouver  excusable.  Avec  une  loi 
vive  et  une  grande  conlianoe  en  Dieu  ,  elles 
auraioMl  pu  ne  pas  se  dc^'lipirer,  en  se  sou- 
venant couunent  Dieu  ,  dans  les  premiers 
siècles  de  l'Eglise  luilitante,  savait  i)rotéger 
les  saintes  i\\n',  la  brutalité  des  juges  prcHen- 
dait  livrer  h  la  brutalité  des  débauchés.  Les 
musulmans,  les  voyant  en  cet  état,  les  égor- 
gèrent toutes.  Le  patriarche  lut  égorgé,  av(>c 
quatre  frères  précliiurs,  au  {)ied  du  grand 
autel  de  son  église,  où,  prosterné,  il  priait 
Dieu  pour  son  peu[)le.  Tous  les  Franciscains 
que  les  vainqueurs  trouvèrent  daus  la  ville 
et  dans  les  couvents  voisins  furent  emmenés 
captifs.  Cette  année  vit  le  martyre  de  plus  de 
cent  Dominicains  de  la  province  de  Terre- 
Sainte  ,  que  le  barbare  sultan  lit  mourir  et 
envoya  rejoindre  au  ciel  leurs  glorieux  com- 
pagnons d'Antioche.  (ronlana,  Monumcnta 
Dominicana,  1-268.) 

MARTYRS  DE  CRÈTE  (Les  dix),  souffri- 
rent ensemble    sous  l'empire  de  Dèce.  Un 
commun  martyre  les  avait  réunis  dans  la 
gloire  et  dans  ïe  triomphe,  l'Eglise  fait  leur 
fête  en  un  même  jour.  Ces  saints  martyrs 
sont  :  Théodule,  Saturnin,  Euporc,    tous 
trois  de  Gorlyne,    métropole  de  l'île,   Zo- 
tique   de  Gnosse,    Agatope    de   Panorme , 
Basili  le  de  Cydonie ,  Evareste  d'Héraclée, 
puis    Gélase,   Punicien  et    Cléomène ,   des- 
quels on  ne  désigne  pas  la  patrie.  Les  trois 
premiers  avaient  été  instruits  dans  la  foi  par 
saint  Cyrille,  évêque  de  Gorty  ne.  Arrêtés  pour 
la  foi,  ils  eurent  à  souffrir  toutes  sortes  de 
tourments  ,  d'outrages  ,  de  tortures  ,  avant 
môme  qu'on  les  conduisît  au  gouverneur,  qui 
faisait  sa  résidence  à  Gortyne.  Ce  fut  un  23 
décembre  qu'ils  furent  interrogés.  Ce  jour 
était    spécialement   consacré  à  Jupiter,  qui 
était  la  principale  divinité  du  pays.  On  bi-ur 
donna  l'ordre  de  lui  offrir  des  sacrifices;  ils 
refusèrent  courageusement  d'offrir  des   sa- 
crilic(>s  à  des  idoles.  «Vous  connaîtrez,  dit 
le  juge,  la  puissance  des  dieux  ;  ce  ne  sera. 


MAR 


1(4 


p.'is  impiiiiéineiit  (|uo  vous  fnnnqiiorc/.  do 
respect  n  Cl  tic  illiislre  asseinbb'M'  ipii  jidoro 
b^  KHiiid  Jiipilrr,  Juiioii  Kliét;  et  les  /iiilroH 
dieux. —  Cesse/.,  n'-pliquèieiit  les  iii.iilyr.S, 
de  lioiis  parler  de  Jii|iil<'r  et  de  Ubée,  sa 
mère;  nous  savons  leur  KétiéaloKie  et  riiis- 
toim  de  leurs  actions;  tioiis  pouvons  vous 
uiiiiilrer  le  tombeau  di;  Jiipiirr  :  il  est  nlS 
dans  celle  Jle;  il  a  été  roi,  ou  plubM  tyran  du 
son  pays;  il  s'est  abandonné  i\  louics  soiles 
d(!  desordres  ,  et  m  nue  à  des  abouiiiialKjns 
contre  nature;  il  a  eu  recours  aux  (nichin- 
leiiieiils  pour  corrompre  les  autres  :  cmix  ipii 
rhoiioretil  comme  un  di(ni  ne  doivent  point 
s(!  faire  scrupule  du  l'imiter.  »  ((îodebcurd, 
vol.  XMI.  p.  Xy.i.) 

Le  juge,  voyant  (pi'il  ne  pouvait  rien  ol>- 
teiiir  des  saillis  martyrs,  n  éco'ila  plus  (pio 
sa  rag(;  et  (pie  sa  fureur  :  il  hnii  lit  souffrir 
d'horribles  tortures.  Pendant  (juils  les  su- 
bissaient, le  peuple  avait  besoin  d'être  cou- 
t(niu  ;  sans  cela  il  «n'it  mis  les  saints  martyrs 
en  pièces.  Les  chevalets,  les  ongles  de.  fer, 
les  fouets  armés  de  jilomb  ,  tous  les  instru- 
ments d(!  supplice  fiiiunit  tour  ii  tour  em- 
jilojés  contre  eux.  Loin  de  s'en  j)laindre,  ils 
ne  faisaient  que  répéter  :  «  Nous  sommes 
chrélieiis;  dût-on  nous  faire  soulfiir  mille 
morts,  nous  les  soutfiiions  avec  joie.  »  Le 
jieuple  vociférait  pour  animer  le  juge  contre 
eux.  Du  reste,  il  n'avait  pas  besoin  d'être 
excité;  il  accomplisait  à  merveille  sa  mis- 
sion de  férocité.  11  encourageait  lui-môme 
les  bourreaux  <i  ne  pas  se  fatiguer.  Enfin, 
ayant  éjuisé  toutes  les  insjjii allons  de  la 
cruauté  la  plusrallinée,il  condamna  les  saints 
à  être  décapités.  Pendant  qu'on  les  condui- 
sait au  supplice ,  ils  demandaient  à  Dieu 
deux  choses  pour  eux  :  persévérance  jusqu'à, 
la  lin  et  grâce  pour  leurs  bourreaux.  Les 
chrétiens  les  enterrèrent  secrètement.  De- 
puis,  leurs  reliques  ont  été  transportées  à 
Rome.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  2J  décembre. 

MARTYRS  DE  DAMAS  (Les],  étaient  au 
nombre  de  vingt-deux.  Le  gouverneur  de 
ceite  ville,  homme  cupide  et  plein  d«'  haine 
pour  les  (.h  étions  qui  étaient  riches,  fit  met- 
tre le  f 'U  à  deux  quartiers  de  Damas  en 
1351,  et  les  accusa  de  ce  crime.  La  plupart, 
pour  se  soustraire  aux  tortures,  lui  payèrent 
de  grosses  sommes.  Vingt-deux  chrétiens 
néanmoins  ,  pleins  de  courage ,  aimèrent 
mieux  souffrir  pour  le  nom  de  Jésus-Christ. 
Ils  furent  cloués  à  des  croix  et  promenés 
pendant  trois  jours  sur  des  chameaux.  Le 
si.ltan  d'Egypte  ayant  appris  ces  barbaries, 
fit  couper  en  deux  l'avide  gouverneur,  et 
Dieu  vengea  ainsi  l'innocence  de  ses  servi- 
teurs. (Rinaldi,  an.  1351,  n"  25.) 

MARTYRS  DE  DAMlETTE  (Les),  en  1261. 
Les  Frères  Prêcheurs  qui  portaient  la  lu- 
mière évangélique  dans  celle  ville  et  dans 
ses  environs,  furent  massacrés  en  l'an  1261 
par  les  musulmans,  au  nombre  d'environ 
deux  cents.  /Foniana,  Monumenta  Domini- 
cana.) 

MARTYRS  ÉGYPTIENS  (Les  tkente-sept). 

«  Témoignage  rendu  à  la  divinité  de  Jésus- 
Christ  par  Paul,  Pansius,  Denys,  Thonius, 


(13 


MAR 


Horprez  ,  Tforu*: ,  un  anfro  Denys  ,  Aninio- 
nius,  Bpssammo,  Agnthus.  Rpctimbiis,  Bas- 
tanio.  S.Hin.ifhe  ,  Profc^."^ .  Orinn.  Collntns, 
Di^lymc,  Plosius,  Arntus,  Thronns,  Hi|ij»t';is, 
Romain,  S.iturnin  ,  Piniilins,  Sérapioii,  Pa- 
rias, Baslanione,  PanlhrTO,  un  autre  Papias, 
Pioscoro  ,  Héron,  Polariion,  Peleciiis,  Eco- 
nit''nc,  Zotiquc,  Ciriaquc  et  un  autre  Ammo- 
nius. 

rt  F/on  rit  cette  troupe  de  braves  soldats 
de  Ji^sus-Christ  niarchei-  tôle  baissée  au  mar- 
tyre. Le  juge  en  fut  errrayé,  troublé,  pres- 
que hors  (b^  son  bon  sens.  Car  c'étaient  tous 
gens  do  distinction ,  des  premières  familles 
d'Kgypte  ,  et  qui  soutenaient  !'é(Iat  de  leur 
naissance  par  celui  de  leurs  richesses.  Le 
Saiiil-Ksprif  les dis[)ersa dans  toute  lEgypte; 
il  on  fit  commo  ipiatre  quadrilles  ,  qu'il  en- 
voya dans  les  quatre  parties  de  la  province 
pour  y  annoncer  la  parole  et  la  connaissance 
du  vrai  Dieu,  et  pour  porter  aux  peuples  qui 
étaient  encore  dans  les  tf''nè:»res  la  lumière 
et  la  vérité.  Les  uns  prirent  à  l'orient  et  les 
autres  au  couchant;  ceux-ci  au  midi,  et  ceux- 
là  au  septentrion.  M;\is  la  plupart  des  habi- 
tants de  ces  diverses  contrées  ,  aimant  leur 
ignorance  et  leurs  ténèbres  bien  plus  que  la 
science  du  salut,  que  ces  illustres  prédica- 
teurs (I)  allaient  répandant  sur  leur  route, 
ne  les  regardaient  que  comme  des  hommes 
ordinaires,  se  jetaient  sur  eux,  les  cliar- 
geaient  de  chaînes  comme  des  gens  qui 
avaient  de  mauvais  dessems  ou  qui  ensei- 
gnaient une  docl  ine  [)ernicieuse,  cl  les  mal- 
traitaient en  plusieurs  manières. 

«  F>a  nouvelle  tic  celte  mission  vint  bien- 
tôt aux  oreilles  du  gouverneur  d'E:;ypie;  il 
prit  feu  d'abord  ,  et  la  colère  allumant  la 
Cruauté,  il  prit  tumultuaircm  nt  lavis  do 
son  consed  ,  rt  envoya  partout  des  soldats 
avec  ordre  de  lui  amener  ces  saints  miss  on- 
naires  ,  qui  ,  ceiiendant,  n'ayant  tous  qu'un 
même  esprit,  une  nii-me  foi  cl  une  même  vo- 
lonté, s'étaient  réj)andus  par  toute  l'EgypIo 
et  l'environnaient  en  queVpie  soite  ,  nion- 
trant  aux  hommes  la  voie  [)Our  arriver  au 
honfnur  éternel.  Ils  reconnaissaient  tous 
Paul  yiour  leur  chef;  Paul  (pii,  |)ar  son  z>lo 
et  son  ardente  diarilé,  avait  beaucoup  de  rap- 
port avec  1»>  grand  ApAtre  des  nations.  Pa  i- 
sius  le  suivTit  de  près;  Denys  atteignait 
Pansius;  ei  Tlu»  'iiis.  Horpr.  /.  cl  Horus  mar- 
chaient après  eux  d  u  i  pas  presque  égal ,  et 
étaient  suivis  h  |)eu  de  distance  d'un  autrt^. 
Denys,  des  deux  AinuKUiius  cl  d'Agalhus. 
Ceiix-lh  nvai(Mil  pour  leur  pailngo  la  partie 
orientale  de  l'Egvjite.  Ceux  tpn  Iravaill  lient 
h  di'friclier  les  endroits  les  jilus  seplenlrio- 
nain  ne  le  cédaient  aux  premiers  ni  en  ca- 
pacité, ni  en  |)iété  ,  m  en  /.Me  anoslolique. 
Ce  n'est  pns  (ju'il  n'y  rùl  une  espèce  de  ja- 
lousie entre  eux.  C'était  h  qui  établirait 
mieux  et  plus  promptemenl  le  royaume  de 
Jésus-Christ.  Le  chef  de  (cilc  socoide  l'ancie 
était  Recuiubus  ,  avec  Bislame  ,  Sarmatho  , 

(I)  Ol  rnilrnil  a  f.iil  rr'i>'  .»  'loin  Thierry  Riii- 
n.irl  qtip  rr^  Irr  lU^n-nl  nurlyrs  i-i.iiiMil  «Ifs  tjiaorcs 
ou  qiirlqiM>s  :)ntrt*<i  miniftlre»  iiiA  rii-iir»  ilc  It^i^o, 
«pioiquc  le»  n).)rl)rologos  les  nommvnl  soldais. 


HAR  il6 

Pmtée.Orion.qui  briMail  extrêraomcnt  parmi 
ses  confrères;  Collutus  et  Didyme,  auxtiuels 
Plésius  et  Aratus  s'étaient  joints.  La  troisième 
troupe,  qui  parcourait  le  midi,  avait  à  sa  tète 
Théonas ,  que  le  Seigneur  avait  |>lanté  lui- 
même  <le  .Si  main.  11  aviit  avec  lui  Hi|tpéas, 
Romain  et  S.iiumin;  Pinulius  et  B.TSlamone 
s'étaient  attachés  à  lui;  Sèrapion  ,  Papias  et 
Pa  .thè.M  ne  l'abandonnaient  po'nt.  La  partie 
occidentale  n'élait  pas  moins  bien  paitagée 
que  les  trois  autres;  elle  avait  aussi  bien 
qu'elle  ses  docteurs  et  ses  prop'iètes;  le  se- 
cond Pa[>ias  ,  Diosc.ore  ,  Hé-ron  et  Potamon, 
qui  avaient  pour  adjoints  Pétécius,  Kcomène, 
2oliq  le,  Ciriaque  et  Bessamone. 

«  C  s  trente-sept  envoyé-s  du  Seigneur  tra- 
vaillaient avec  beaueoup  de  succès  dans  toute 
l'Egypte.  Lie  noble  ft  sainte  émulation  les 
animait;  chacun  cherchait  à  se  distinguer 
par  un  amour  plus  a;d  ni  pour  Jésus-Christ 
et  par  une  [ilus  grande  indilférence  pour  la 
vie.  Ils  couraient  do  ic  les  villes  et  les  bour- 
gi  le^,  et  disaient  aux  |>euples  qu'ils  assem- 
bliient  :  «  Consnlez-vous ,  nos  cliers  frères, 
«  si  les  vérii''s  (jue  nous  vous  anuon(;ons 
«  vous  ont  été  inconnues  jusq^u'ici,  l'igno- 
«  rance  n'est  péché  que  lorsipi  on  ignore  ce 
«  qu'on  ne  peut  pas  ignorer.  .Maintenant  que 
a  nous  vous  avons  découvert  vos  erreurs, 
a  que  vous  v  avez  renoncé ,  déplorons  tous 
«  ensembl.'  Vaveuglement  de  nos  pères;  dans 
«  qutdies  épaissis  ténèbres  n'oiit-ils  pas 
«  marché?  quelle  longue  suite  d'égarements  ! 
«  d  uis  (jiiels  précifiices  ne  les  oul-ils  pas 
«  jetés,  avant  que  le  Fils  de  Dieu  quilliU  le 
«  s  'in  de  son  Père  ?  Mais  enliu  le  Père 
«ne  voulait  plus  retenir  son  FiU,  il  lui 
«  donna  h  permission  de  descendre  du  ciel 
«  en  terre  et  de  se  nwêtir  tie  notre  n  tlurc. 
«  Le  Fils,  ayant  celle  permission,  seminessa 
a  de  descendre  et  de  se  faire  hoiume.  11  com- 
«  mença  par  prècliiT  les  grandeurs  de  son 
0  Père;  ensuite  il  iirêcha  ses  propre-^  gran- 
«  deurs,  sa  divinité,  sa  l^ii•^lion  .  contirniant 
«  par  ses  actions  re  (jne  les  pro|>hèles  avaient 
«  pri'dil  de  lui ,  et  auiorisaiil  en  même  temps 
a  ses  actions  par  le  témoignagedes  prtiphèles, 
«  qui  n'avaient  rien  dit  ni  rien  écrit  que  ce 
a  (jue  .son  esprit  leur  avait  dicté.  Car  avant 
«  qu'il  vint  enseigner  lui-même  sa  doctrine 
«  et  prom  liguer  .^a  loi ,  il  avait  eiKsCuné 
«  dite  même  iloi  triiio  et  donné  celte  même 
«  loi  p.ir  ses  prophètes.  »  C'est  ainsi  (jue  no.s 
saints  missionna  ros  allaient  pla  ilanl  la  foi 
dans  l'Egypte.  IN  faisaient  entrer  dans  le 
bon  chemin  ceux  (jui  s'i'garaient  ;  ils  instrui- 
saient des  mystères  delà  religion  ceux  qu'ils 
trouvaient  dociles,  et  ils  puriliaient  de  leurs 
péchés  ceux  qui  les  confessaient  haute- 
ment. 

«  Cependant  le  gouverneur,  ainsi  que 
nous  avons  dit,  averti  îles  |>rogrès  qu'ils  l.ii- 
s.iienl  dans  toute  I  ét«M»  lut?  de  son  gouver- 
nement, avanl  envoyé  do  tous  c«Mt's  des  sol- 
dais pour  les  lui  amener,  ils  turent  tous  nr- 
rèies  et  présentés  à  ce  juge.  11  emnioya  d'a- 
bord, pour  les  '>l)igor  h  sacniier,  1.  s  tlalto- 
ries  et  les  promesses.  Evitez  une  mort  cruelle, 
leur  dit-il;  sauvez-vous  des  touimuuts  qui 


117 


MAIl 


MA  II 


IIH 


vous  iiKMincont;  nccommMdc/.-voïis  n\i  fomps. 
Cnr  i  iiliit  il  laiil  ou  Mirniirr  ou  nioui  ir.  Paul, 
pnciaut  Iji  [mo\o  pour  lous,  irpundii  ;  Nmis 
SHvoiKs  corlainonHiUl  tiu'il  vaut  luifux  niuu- 
liicpiii  s.uiiliiir  ;  ainsi  ne  nous  ('pait^Mcz  pas. 
Sur  u'ilo  (li'claiJiliou  ,  If  jugti  [inuHwi^a  la 
suuliMKut  (lo  uiorl  coiilrc"  lous  les  Irontc-.sopt. 
Il  coiuiainiia  au  l\'U  rcuxip'i  avaiciil  piYcluj 
1,1  loi  A  l'oiiiut  l'I  au  iiiuli.  Il  lil  haut  li^r  la 
tOlo  à  i'vn\  <|ui  l'uvuieiil  atmoncéu  «u  si'p- 
fenlrioii;  cl  pouiMfux  <|ni  «vaifiil  liavaillù 
h  lucciiitMil ,  il  k'.s  lit  alla»  lur  à  lies  croix. 
Mais,  pour  parler  plus  juslc ,  il  les  punil 
moins  (pi'il  lu'  les  ilniuia  poiii-  piolccleurs  ^ 
1  l';j,\  pic,  jiuiï.(pM>,lou.|<»urs  parlâmes  ciit[u.'lro 
troupes,  ils  voilleul  t.i)Uliiuiclleuu>ul  sur  les 
(jualio  eaiilons  lie  la  proviuic,  avec  ciicoto 
plus  ilo  eliarik^  el  du  zèle  nuu  iluranl  leur 

VIO.  u 

MARTYUS  DK  COUCIM   Lks  svints)  .   au 

nomliru  de  div-ueul',  claieul  lous  religieux  ou 
jutHros  séculiers.  Ils  l'urtMU  poudii.s  ii  Uiil, 
IMr  los  calvinistes,  en  hai'U>  de  la  religion 
fallioli(iue  ,  le  9  juillet  ld7-i.  l/Kf^lisu  lail 
colleeliveuiont  Iihu'  liMe  le  9  juillet. 

Rl.VUTVUSCiUKCS  (Lis  i)i\-m:i  k  .ii;ijm;s), 
en  15liG,  dans  lile  de  Cliio,  l'urenl  mis  h  uK^rt 
par  les  Turcs  [)our  la  foi  calhol  ([ue.  Un  d'en- 
tre eux  élait  do  la  noble  lauiille  des  Jusli- 
uiani. 

MARTYUS  DTTALIK  (Les    saints),  sous 
les  Lombards,   sont,  dit   saint  (irégoire    le 
(Il ami,   au  nombre   d'environ  ijualre  cents. 
Ils  donnèrent  leur  vie  pour  la  foi  chrétienne, 
dans  lo  vr  siècle.  Les  Lombanls,  peui»le  en- 
core prosi|ue  sauvage  h  cette  é[)ot[uc,  sortis 
des  forùls  de  la  Scandinavie  et  de  la  Pomé- 
rann»,  vinrent  d'abord   lial)iter  en   Allema- 
gne  les   contrées  qui    forment   aujourd'hui 
l'Autriche  el  la  Bavière.  Bientôt  aj  rès,  pro- 
gressant toujours,  ils  franclurcnt  les  Alpes 
et  toQibèreni  sur  l'Italie.  Mal  défendue,  elle 
ne   put   résister,   et  toute  la  [)artio  septen- 
trionale devint  la  proie  de  ces  barbares.  Par- 
tout oti  ils  passèrent,  ils  laissèrent  la  désola- 
tion et  le  ravage.  Non  contents  d'avoir  dé- 
pouille les  vaincus  et  de  les  traiter  avec  une 
crua  té   inouïe,   ils  voulu;  ent  les   fa  rc  re- 
noncer à  la  religion  chrétienne.   Ce  fut  par 
quarante  paysans  que  la  persécution  di'bu- 
ta.  Les  barbares  voulurent  les  contraindre  à 
manger  des  viandes  qui  avaient  été   olï  ries 
aux  idoles.  Leurs  (uforts  furent  inutiles,    et 
les  serviteurs  de  Jésus-Christ  refusèrent  de 
se  souiller  de  cette  abomination.  Ils  furent 
alors  inhumainement   massacrés  par  ces  fé- 
roces vainqueurs.  Bientôt  après,  les  Lom- 
bards essayèrent  de  forcer  d'autres  prison- 
niers à  adorer  leur  principale  idole.  C'était 
une  tête  de  chèvre,  devant  laquelle  ils  fai- 
saient des  génuflexions  et  chantaient  des 
espèces  d'hymnes.  Ils  la  portaient  en  pro- 
cession partout  où  ils  allaient.  Les  chrétiens 
refusèrent  avec  horreur  d'otfrir  aucun  hom- 
mage à  celte  méprisable  idole.  Ils  préférè- 
rent mourir  que  de  se   perdre  en  aposta- 
siant.  Ils  eurent  le  sort  des  premiers,  et  fu- 
rent massacrés  f»ar  les  barbares.  L'Eglise  les 
honore  coUeclivement   sous  la  date  du  2 


mars.  Il  est  h  re^rciltor  (jn'nn   n'ait  pas  pluN 

de  di'lads  sur  celle  persécution,    remarq--  i 
l)le    par   le  courage   et   par   le    nond)re   li' 
mai  l\  I  s. 

MAlirVIlS  Dr  J\l»()N.  Vm/.  Ju'oN 

MAIM  \  U>  1)1  S  M  MU  S  MAINTS.  Kn  l'an- 
née .')n;i,  rempi-reiu'  Dioch'i  en  |tul»lia  un 
édil  où  le>  iiiagisliats  recevaicnl  r«»r(li(!  do 
brûler  tout  ce  qu'ils  pouiiaie  it  .saisir  des 
livres  saints  en  possession  des  (hrélions. 
Beaucoup  de  ces  magistrats  eiirenl  recours 
aux  su|)plices,  aux  viideiices  l'oiii  forcer  le.s 
clnéliens  h  leur  doinier  ces  livres;  mnis 
beaucoup  de  ces  derniers  préférèrent  iiiou''ir 
(lue  de  se  icndi  e  coupables  d'iui  |  areil  crime. 
(.0  sont  ces  saints  cpn;  l'Iiglise  honore  sous 
le  nom  de  maityis  des  livies  saints,  le  '2  «lu 
mois  dej  iiivier.  (J  yy.  lluinart,  Act<:s  dr  sdiiil 
Sut  ami  II  :  Lad.,  tic  Moi  le  persecttl.  ;  Baro- 
niiis,  Ainiiil.  in  I\I<irti/r.  roin.) 

.MAinVUS  .MASSVLIIALNS  (Li:s  saints), 
versèrent  leur  sang  poiu'  Jésus-Christ,  en 
Alrifpie.  On  leur  a  (lonné  le  nom  dt;  .Massy- 
litaiiis  ,  nrobablement  part  e  qu'ils  furent 
martyrises  aux  environs  de  Massyla,  pays 
(pii  s'étendait  le  long  des  côtes  de  la  mer. 
Bède  fait  mention  de  ces  saints  combattants, 
dont  lo  nom  se  trouve  inscrit  dans  les  ca- 
lendriers les  plus  anciens.  L'Eglise  fait  leur 
fêle  le  y  avril. 

MARTYUS  D'OSTIE,  sous  Claude  II  le 
Golhi(|ue.  Les  Actes  de  ces  saints  sont  la 
seule,  mais  Irès-importante  pièce  aulhenti- 
(^ue  que  nous  ayons,  à  propos  des  martyrs 
laits  par  la  persécution  de  Claude,  ils  ont  été 
trouvés  à  Turin,  dans  un  manuscrit  grec 
qui,  i)ar  les  soins  de  la  bibliothèque  de  la 
Propagande,  à  Uomo,  a  élé  im[)rimé  et  tra- 
duit en  latin,  pendant  que  la  révolution  fran- 
çaise nous  ten  fit  sous  le  joug  de  la  le''''*^ur. 
A  cette  terrible  et  douloureuse  époque,  on 
fciisait  d.s  martyrs,  mais  on  ne  pensait  guère 
à  mettre  dans  les  bibliothèques  de  la  répu- 
blique les  histoires  des  maityrs  des  siècles 
passés. Nous  nous  sommes  ()rocuré  l'ojivrage 
imprimé  à  Rome  :  nous  avons  traduit  ces 
Actes  en  français,  tels  que  nous  les  donnons 
ici.  On  n'en  avait  depuis  longtemps  qu'une 
assez  mauvaise  traduction  latine,  offrant  des 
lacunes  considéiables.  Les  faits  contenus 
d.ais  ces  Actes  ont  tous  eu  lieu  en  2G8,  pre- 
mière année  de  Claude,  et  non  pas,  comme 
l'o  it  dit  presque  tous   les  auteurs,  en  269. 

Sous  l'empereur  Claude,  Uh  ius  Romulus 
étant  vicaire,  une  violente  persécution  s'é- 
leva contre  les  chrétiens.  Censorinus,  maître 
des  oUices,  secrètement  chrétien  et  crai- 
gnant Dieu,  accompagnait  partout  l'empe- 
reur Claude  ;  quand  il  voyait  des  chrétiens 
qu'on  menait  à  la  mort  ou  en  prison,  il  les 
encourageait  secrètement ,  et  tant  qu'il  le 
pouvait,  fournissait  des  aliments  à  ceux  qui 
éiaient  captifs  ou  enchaînés  :  bien  plus,  il 
était  toujours  prêt  à  instruire  les  catéchu- 
mènes. Ce  que  l'empereur  Clauue  ayant  ap- 
pris, il  le  fil  arrêter,  amener  devant  lui,  et 
lui  parla  en  ces  termes  :  C'est  donc  vous, 
fidèle  adorateur  des  dieux,  vous  qui  èies 
toujours   près  de  notre  majesté,  qui  faites 


119 


MAR 


MAR 


120 


de  toiles  choses?  Certes,  jamais  notre  cl»5- 
luence  n'a  repoussé  ceux  qui  l'implorent; 
mais  nous  gouvernons  la  ré|»uhli((ue  en  vou- 
lant i|ue  chacun  respecte  nos  dieux.  Cen- 
sorinus  répondit  :  Jh  rendrai  témoignage  do 
JésiiN-ThrisI,  mou  Sei,-;neur;  lui  seul  est  le 
vrai  Die  i,(|ui  a  été  crucilié,  enseveli,  et  qui 
est  ressuscité  le  troisième  jour,  en  présence 
des  garnies  qui  l'avai'-nt  mis  en  croix.  Après 
sa  résurrection,  il  n|tparut  h  ses  discMples, 
ef,  en  leur  présence,  monta  aux  cieux.  C'est 
lui  qui  naguère  a  daigné,  (piiitant  le  sein 
de  Dieu,  son  Pèrts  naître  d'une  vierge;  car 
il  est  venu  sur  la  terre  pour  l'amour  des 
hommes,  tout  en  ne  quittant  pas  les  cieux. 
Claude,  irrité,  lui  dit  :  (À'nsoriiius,  vous  êtes 
fou;  et  aussitôt  il  ordonna  que  les  soldats  le 
conduisissent  h  la  ville  d"Oslit\  et  qu'il  y 
fi1i  emprisonné.  Amené  dans  cette  ville,  dis- 
tante d'environ  quinze  mille  pas  de  Homo,  il 
y  fut  mis  en  |)risoM  et  enchaîné;  nuit  et  jour 
il  chantait  les  louanges  du  Seigneur. 

Dans  le  même  lieu,  près  la  ville  d'Ostic, 
logeait  une  dame  nomm'-e  C  iryse,  d'origine 
impt'riali',  (|ui  iU\\i\  avait  soulî'crt  plusieurs 
persécutions  et  subi  plusieurs  condamna- 
lions;  elle  vivait  dans  sa  maison,  avec  des 
hommes  pieux  cl  des  vierges.  Tous  les  jours 
elle  envoyait  des  vivres  à  Censorinus,  et  ve- 
nait e.le-mème  laver  ses  chaînes,  ainsi  que 
son  visage  et  s:\s  mains.  Il  y  avait  dans  le 
niérne  lifu  un  saint  prêtre  nommé  Maxime, 
et  un  diacre,  nommé  Archelaiis,  qui,  tous 
les  jours,  oirraient  lo  saint  sacrifice  en  cttan- 
tant  des  hymnes  au  Seigneur.  Ce  s-iint  i)rêtre 
opérait  grand  nombre  de  miracles  au  nom 
de  Jésus-Christ.  Quelquefois  il  vénal  voir 
Censorinus,  et  aussitôt  les  chaînes  du  saint 
confesseur  lo  nbaient  de  ses  pieds  et  de  ses 
mains.  Le  saml  prêtre  se  tournant  vers  les 
gardes  de  la  prison,  leur  parla  ainsi  :  Mes 
frères  ,  abandonnez  le  culte  des  démons  , 
renoncez  aux  volu|)tés  temporelles,  conver- 
tiss^'Z-vous  à  lésus-Christ  Noire-Seigneur, 
souverain  maître  de  toutes  choses,  lecjuel 
était  avant  les  siècles,  et  ([ui  viendra  juger 
les  vivants  et  les  morts,  et  punira  par  le  leu 
les  péchés  du  monde.  Le  temps,  le  ciel  cl  la 
terre  passeront  ;  mais  Nolre-Se  gneuc  Jésus- 
Christ  est  et  'icra  toujours  le  même.  Les  gar- 
des direnl  h  Maxime  :  Que  ferons-nous  p  )ur 
relui  que  vous  nous  annoncez,  (lue  nous 
connaissons  par  vos  paroles  et  par  les  mira- 
cles que  vous  faiti's  en  sou  nom  ;  car  ces 
chaînes  viennent  île  tomber  nar  sa  puissance 
et  vos  prières  ?  Que  chacun  ue  vous,  leur  dit 
Maxime,  reçoive  le  baplême  et  croie  en  Jé- 
sus-(^hrist.  Fils  "le  Dieu  ;  abandonne/,  le  vain 
culte  des  idoles  et  repentez-vous  de  vos 
fau'cs  :  dans  vntrn  ignorance,  vous  avez 
b'aspht'mé  son  saml  nom  et  pcrséinilé  les 
saints.  Tous  alors  dans  un  même  esprit,  h 
savoir  :  Fi-lix.  Maximus.  Kaiisiinus,  Hcicu- 
lanius,  >uiiionuN.  MMiacinns,  Mcias,  Com- 
inf>diiis.  Hernes,  Maurus,  Kusebius,  Uusti- 
cius,  .Monacrius,  Amandimis.  Olyiupius,  Cy- 
prins avec  Tlu-odore,  Icurlnbuii.  tombèrent 
aux  pieds  du  bienhfureux  Maxime,  d» man- 
danl  s'il  les  trouvait  digues  de  recevoir  le 


baptême.  Celui-ci  ayant  accompli  tout  ce  qui 
est  d'usage  en  pareille  circonstance ,  les 
avant  revêtus  d'Iiabits  fournis  par  sainte 
Cliryse,  et  après  les  avoir  réunis  dans  un 
banquet  offert  aussi  par  elle,  les  baptisa  au 
nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-F'sprif.  En- 
fi'i  ils  reçurent  tous  la  lumière  et  la  grAce 
de  Dieu.  La  nuit  venue,  l'évêque  Cy[)rieQ 
les  oignit  du  saint  chrême  au  nom  dnChrist, 
ef.  après  l'ablution,  les  instruisit  dans  la  foi 
et  les  marqua  du  signe  de  la  croix. 

Pendant  ce  tem[is-li^,  le  fils  d'un  cordon- 
nier qui  demeurait  dans  cet  endroi»,  mou- 
rut, et  les  bienheureux  Cyprien,  Maxime  et 
Chryse,  ainsi  que  les  autres  nouveaux  chré- 
tiens, entendirent,  en  passant,  le  cordonnier 
qui  se  lamentait  sur  la  mort  de  son  fdS. 
Alors  le  prêtre  Maxime  dit  au  cordonnier: 
Croyez  en  Jésus-Christ  Noire-Seigneur,  en 
présence  de  nous  tous,  vous  vivrez,  et  votre 
lils  vous  sera  rendu.  Cet  homme,  tout  en  lar- 
mes, répondit  :  Conmient  croirai-je  en  celui 
que.i'ai  toujours maudil  dejuiisma  plus  tendre 
enfance  ?  Repentez-vous,  dit  Maxime,  de  ce 
que  vous  avez  fait,  car  noire  Dieu  écoule  le 
repentir  :  il  ne  nous  rend  point  se  on  nos 
fAufes,  mais  selon  son  infinie  miséricorde. 
Ha(>lisez-moi  donc  en  son  nom.  pour  que  j» 
croie.  Il  fut  baptisé  au  nom  de  la  sainte  Tri- 
nité, et.  a|»rès  avoir  reçu  le  signe  du  Christ, 
il  revint  tout  joyeux  vers  son  hls.  Le  prêtre 
Maxime,  ne  pouvant  retenir  ses  larmes, 
parla  en  ces  termes  :  Seigneur  Jésus-Christ, 
qui  avez  daigné  prendre  la  forme  d'un  es- 
clave pour  nous  racheter  de  l'esclavage  du 
démon,  jetez  un  coup  dœil  sur  l'œuvre  de 
vos  mains,  afin  que  cet  homme  vous  recon- 
naisse pour  son  auteur  et  son  créateur.  Sei- 
gneur, dit  l'évêque  Cyprien,  qui,  par  l'eiret 
de  Votre  infinie  miséricorde,  avez  été  cruci- 
lié sous  Ponce-Pilate.  pour  le  salut  des  hom- 
mes, qui  avez  ressuscité  Lazare  et  rappelé 
h  la  vie  le  lils  unique  de  la  veuve,  montrei 
aujourd'hui  votre  puissance  en  faveur  de  cet 
homme,  votre  serviteur,  atin  qu'il  recon- 
naisse que  vous  êtes  le  Dieu  vivant,  le  seul 
vrai  créateur  de  toutes  choses,  qui  régnez 
dans  les  siècles  des  siècles.  Tous  les  assis- 
tants n'pondirent  :  Amen,  .Alors  le  mort  re- 
vint à  la  vie  et  parla  en  ces  termes  :  J'ai  vu 
Notre  Seigneur  Jésus-Christ  qui  m'a  ramené 
des  ténèbres  à  la  lumière.  Après  (piil  eut 
été  calée  lise,  il  fut  baptisé  au  nom  du  Pèro 
et  du  Fils,  et  reçut  le  signe  du  Saint-Ksprit. 
Sainte  Chryse  lui  servil  de  marraine  el  lui 
donna  le  nom  «le  Fausle  :  il  était  près  d'en- 
trer dans  sa  douzième  année.  Peu  de  temps 
après,  (m  apprit  i\  rem[)ereur  Claude  (juun 
ieiine  enfant,  grAce  aux  |>nères  de  ces  luin- 
neureux  chrétiens,  élail  ressuscité  denlro 
les  morts.  Cela  na  pu  se  faire,  dit  l'empe- 
reur, qu'avec  le  secours  de  la  magie.  Il  lit 
venir  ri|>ius  Uomulus,  vicaire  de  Home,  et 
lui  donna  les  ordres  suivanls  :  Sounuiiez 
Chryse.  femme  sacrilège,  (pii  a  souillé  la 
noblesse  de  sa  naissance,  et  qui  demeure 
avec  deux  magiciens,  h  divers  tourments, 
jiisipià  ce  <|ue,  ce<lant  à  n(»s  ordres,  elle 
uduro  nos  dieux  et  nos  décises.Si  clic  obéit, 


m 


M  Ml 


M  Mi 


m 


qji'ollo  viv(>  ;  liit'M   plus,   i|ii'<)ii   drcliiii'    l.i 

«(Mlldlicc  (li'J/i  n'Ilililt'  ((ililic  rllr.  (Mi.iiil  h 
<'()ii\  (|ii('  vous  |ir(<M(li('Z  iivcc.  clic,  l'ailcs  Uvs 
loiinuciilcr  de  divcrscvs  iiiaMi(''rcs. 

Ia>    vi(;«in'  IHiiiiis    Unimdiis    ('lanl    venu 
dans  la  ville  d'Oslits  uidu'Ui.i   de   nicllrc  en 
niisoii   Ions  les  saints  sans   excepiion.    1.(5 
leiideniain  malin,   ii('»s  son  lever,  il  lit  luwo- 
ner  (levant    lui    la  l)ienliein(Mise  (llnyse,    et 
ini  parla  en  ces  ternies  :  {)\n'\  loi    ainonr  de 
la  Miat;i(>  vous  porle  donc  A   ternir  eu  voiis- 
nit^uu^  l'éclat  (In  sani:;  iniiK'-rial  cl  voire  uohli; 
ori;j;i!H»?  ('e  sont  Itien  |)lut(M  les  di-nions  (|ui 
vous  (roin|UMil,  (I<miI  j'ai  lerni  la   ^;Ioir(»,  rc- 
j)oudit   la   sainte,   en  (|uillant  le  culte  vain 
des  idoles  l'ailos  de  main   d'Iionnuc,  pour  li 
fonnaissance  du  l)i(Mi  vivant,  niuipuî  et  seul 
vrai,  et  de  son  Kils  unitpu',  Nolre-Scij:;neur 
Jésus-Christ,    (jni   viendra   ini;;or  los  vivants 
et  los  morts,  et  pr(Sipilcr  dans  les  livit^'lires 
le  démon,   votre  prolecteur    et   l'empereur 
Claude  lui-même.   Ulpius   Uomnliis  s  écria  : 
(]etlc  l'cnime  est  devenue  l'olle  de  ma^ie  ;  (;t, 
se  tournant  vers  elle  :  Renoncez,  lui  dit-il, 
h  de  telles  inei)ties,  et  souvenez-vous  de  vo- 
tre naissance    I.a  l)i(>nlieureuse  ('hrysc»,  lui 
souillant  au   visasse,   lui    dit  :  Misérable,    si 
vous  connaissiez  le  Dieu  créateur  du  ciel  et 
do  la  tcrr(\  votr(>  bouche  n'eût  i)oinl  proféré 
ce  blasphème.  Irrité  de  cette  ui)()stro|)he,  le 
vicaire  la  (it  attacher  à  la  roue.  Pendant  ([ue 
ses  i\iembres  élaieid  lion-iblement  dishxinés, 
la  sainte,    ravttnna'ite   de  joie    et  de  yaité, 
parla  en  ces  termes  :  Je  vous  rends  grAces, 
feeigneur  Jésus,  (|ui  daignez   m'élever  des 
enfers    aux   régions    célestes.   Nous   allons 
voir,  lui  dit  le  vicaire,  si  votre  Christ  va  ve- 
nir vous  délivrer.  Je  n'en  suis  pas  digne,  dit 
Chryse  ;  mais  celui  qui  veut  bien  m'arra- 
cher  des  ténèbres  de  ce  monde,  pourra  bien 
vous  perdre  ainsi  i]ue  votre  empereurClaude. 
Pendant  qu'elle  parlait  ainsi,  tout  à  coup  la 
roue  se  brisa,  et  quand  on  la  détacha,  on  vit 
qu'elle  n'avait  aucune    blessure.    Roniulus 
ordonna  qu'on  la  déchirât  à  coups  de  fouet, 
et  lit  crier  par  le  héraut  :  Que  Chryse,  la  sa- 
crilège, ({ui  a  blasphémé  nos  déesses  et  mé- 
prisé Claude,   empereur  de  notre  républi- 
que, expire  sons  les  coups.  Mais  la  bien- 
heureuse vierge  criait  à  haute  voix  :  Soyez 
béni.  Seigneur  Jésus-Christ  que  je  vais  bien- 
t(jt  voir.  Romulus  ordonna  de  lui  brûler  les 
côtes  avec  des  torches  ardentes.  Comme  on 
ex(^cutait  cet  ordre,  la  sainte  dit  d'une  voix 
claire,  avec  une  gaîté  que  rehaussait  encore 
la  beauté  de  son  visage  :  Vous  n'avez  donc 
pas  honte,   malheureux,   de  regarder  ainsi 
un  corps  qui  vous  rappelle  celle  qid  vous  a 
donné  le  jour  ?  Vous  méritez  ce  qui  vous  ar- 
rive, lui  dit  Romulus,  vous  qui  avez  trahi 
nos  dieux  immortels,  méprisé  la  dignité  im- 
périale, pour  vous  livrer  aux  pratiques  infâ- 
mes de  la  magie.  La  sainte  était  couchée  par 
terre,  à  demi-brûlée  :  il  ordonna  de  la  re- 
conduire en  prison. 

Alors  il  ordonna  d'amener  les  saints  con- 
lesseurs,  le  prêtre  Maxime  et  le  diacre  Ar- 
cnelaus.  C'est  donc  par  vous,  leur  dit-il,  (]u'on 
blasphème  les  noms  de  nos  dieux.?  c'est  donc 


la      vous  ([ui  jH'rvertJHve/,  les  Iioitinie»  pour  qu'iln 


ne  croient  poi'it  '.'  Nous  ne  nerverlissrjtis  per- 
sonne, rt-po-idil  le  prêtre  NIaxime  ;  mai'^,  par 
la    grAc((  de   Nolre-Seinneur  Jésus- Christ, 
nous  arrachons  tous  les  homnies  des  ericurs 
de    l'idolâtrie.    Ces    lionrrrirs,   dit  Romulus  , 
sont  certes  bien  dignes  de  mort.    H  lit  con- 
duire   le  diacr'e    /Sichelans  sons  l'nrcade  (pii 
est  devant    le    Ihéâtic.    pour   ipiil   y    eût  la 
tète   tianchée  ;  cet  ordre  ayant   été  exéciilé, 
il  lit  iccnnilnii'e  Maxime  en  prison.   t,a  nuit 
étant  venue,  un  piètre,  iionuin''   lùivei)!-,  re- 
cueillit les  restes  du  martyr,  et  les  cnsjîvelit 
dans  un  cliainp.  IM-esipi'en    nième  temps  h  s 
soldats    (pii,    par   le   miiiistèi'(î   de   .Maxime, 
avaiiMit  cru   on  Jésus-Christ,  furtMit   mis  ;i 
mort  de  la  même  manière.  Ouaiid    Romulus 
eut  aiipr-is  (|ue  ses  (U'drcs  avaient  ('té  (;xécu- 
tés,  il  commanda  ([ue  les  saints  confesseurs, 
Maxime,    le  prêtre  et  révê(pi(!   Cyriac,  eus- 
sent la  tête  Ir'aiichi'e  da-is  la  prison,  et  ipio 
leurs  corps  fussc^nt  jetés  à  la  mer.  Le  prêtre 
Eusèbe  les   ayant    retrouvés,  les  recueillit 
avec  soin  et   les   ensevelit  près   (h;  la    ville 
d'Ostie,  dans  un  champ  f)rès  du  bord  de  la 
mer,  el  les  déposa  tous  dans  la  même  grotte. 

11  cacha  Taiirinus  et  Herculaiiius  dans  le 
port  de  Rome.  Le  quatrième  jour  environ  il 
trouva  sur  le  rivage  les  corps  des  autres 
saints  que  \o  Ilot  avait  rejetés,  il  |)la(;a  le 
bienheureux  tribun  Théodore  (lans  un  ca- 
veau voûté,  il  réunit  les  corps  d(!  tous  les 
autres  martyrs  et  les  déposa  dans  le  même 
lieu  que  leurs  compagnons  Cyriac  et  Maxime. 

L(;  cinquième  jour,  Romulus  ordonna  (pi'on 
tirât  sainte  Chryse  de  sa  prison.  Quand  elle 
fut  devant  lui,  malheureux,  lui  dit-elle  avec 
véhémence,  pouKjuoi  perdez-vous  les  jours 
qui  vous  sont  donnés  ?  Reconnaissez  enfin 
que  le  Christ  qui  vous  a  créé  est  le  seul  vrai 
Dieu,  cessez  d'adorer  des  pierres  ou  de  vains 
simulacres  d'airain,  d'or  ou  d'argent,  pour 
adorer  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  crucitié 
sous  Ponce  -  Pilate  ,  ressuscité  d'entre  les 
moits  trois  jours  après  avoir  été  enseveli , 
monté  aux  cieux  d'oii  il  descendra  de  nou- 
veau pour  juger  les  vivants  et  les  morts,  et 
punir  par  le  ieu  les  péchés  du  monde.  Vous 
verrez  bient(jt  votre  Christ,  lui  dit  Romulus, 
à  moins  que  vous  ne  sacrifiiez  aux  dieux  im- 
mortels. Vous  avez  parlé,  lui  dit-elle,  avec 
vérité  ,  quoique  tard  elle  est  sortie  de  votre 
bouche  quand  vous  m'avez  dit  que  je  verrais 
le  Christ  si  je  ne  sacrifiais  à  vos  démons. 
Alors  Romulus  entlammé  de  colère ,  parce 
qu'il  avait  été  {tris  par  ses  propres  paroles, 
ordonna  qu'on  lui  meurtrît  le  visage  à  coups 
de  pierre,  mais  sainte  Chryse  criait  à  haute 
voix  :  (iloire  vous  soit  rendue,  Jésus-Christ 
mon  sauveur,  qui  m'avez  jugée  digne  de  fi- 
gurer parmi  vos  serviteurs  et  vos  servantes. 
Ecoutez,  lui  dit  Romulus  ,  les  conseils  de  la 
prudence,  adorez  nos  dieux,  saciificz-leur  et 
prenez  un  mari  d'une  condition  égale  à  la 
vôtre.  Alors  la  bienheureuse  vierge  lui  dit 
à  haute  et  intelligible  voix  :  J  ai  déjà  pour 
époux  le  créateur  du  ciel  et  de  la  terre,  Jé- 
sus-Christ, Fils  du  Dieu  vivant,  que  vous  ne 
voulez  pa:»  connaître  pour  vous  attacher  au 


iU 


MAR 


MAR 


1*4 


démon  qui  vous  inspire  la  rage  féroce  dont 
votre  cœur  est  rempli.  Enflammé  de  colère  , 
Romulus  onlDMua  au  bourreau  de  la  frapper 
de  fouels  armés  île  plomb.  Plus  on  la  Irap- 
Hail,  plus  son  courage  ét<iit  ^rand  ;  alors  le 
juge  ordonna  de  lui  altacber  une  yrando 
nierre  au  cou  et  de  la  jeter  ainsi  à  la  mer. 
Lr  flot  ayant  njelé  son  cor|)S  au  rivage,  le 
bienheureux  Nonus,  qu'on  a  surnommé  Hip- 
jolyle,  l'emporta  et  l'ensevelit  dans  une 
propriété  où  e  le  hnbiiait ,  près  des  murs  de 
a  ville  d'Oslie,  le  19  des  calendes  de  septem- 
bre (V*  aoù'). 

Alors  le  vicaire  fit  arrôler  un  nommé  Sa- 
binianus ,  intendant  de  colle  propriété ,  et 
corameiça  h  l'interroger  sur  les  alfaires  de 
sainte  Chryse,  lui  «lisant  :  Celte  ft-mme  sa- 
crilège, nommée  Chryse.q  li  par  amour  pour 
la  magie  a  mieux  aimé  mourir  que  vivre , 
possédait  de  grandes  richesses  ;  apportez- 
nous  donc  ses  trésors  et  sa  garde-robe,  et  si, 
comme  le  veulent  les  édits  impériaux,  vous 
sacriliez  aux  dieux,  vous  vivrez.  Sabinianns 
répondit  :  J'ai  été  instruit  par  sainte  Chryse 
dans  le  détachement  de  toutes  choses  ,  elle 
m'a  appris  h  confesser  un  seul  Dieu,  Noire- 
Seigneur  Jésus-Chnst,  né  de  l'Espril-Saint  et 
de  la  vierge  Marie  ,  c'est  pouniuoi  nous  n'a- 
vons ni  or,  ni  argfrit,  ni  pie,rrt>s  |)récieuses. 
HAtcz-vous,  lui  dit  Uomulns,  livrez  aux  em- 
pereurs les  trésors  que  vous  avez  cachés,  et 
sacrifiez  aux  dieux.  Certes  je  ne  suis  pas  di- 
gne ,  dit  Sabinia'ius  ,  de  soulTrir  (]Ui'|que 
chose  pour  mes  péchés,  à  moins  (pie  le  Sei- 
g  leur,  moM  Dimi,  ne  daigne  me  l'accorder  ; 
c'est  pourquoi  je  vous  le  déclare  ,  mettant 
ma  confiance  en  lui,  je  ne  possède  pas  plus 
les  trésors  méprisabhîs  que  vous  me  deman- 
dez ,  que  je  n'ai  la  volonté  de  fléLliir  le  ge- 
nou devant  vos  idoles.  Ayant  dit  cela  et  plu- 
sieurs antres  choses  sinublatiles,  Sabinianns, 
d'après  l'ordre  que  Uomulus  donna  au  bour- 
reau, fut  frappé  sur  la  tète  avec  des  laniè- 
res armées  di;  |)lomb. 

Le  bienheureux  vieillard  Hippolyte  ayant 
appris  cela,  vint  trouver  Uoinuluset  lui  dit 
à  haute  Voix  :  Maliicin-t'uv,  si  vous  connais- 
siez Jésus-Chrisl,  Fils  dts  Dien,  bien  lo  n  de 
sup|)licier  de  celte  manière  les  saints  qui  le 
servent,  pour  les  forcer  h  sacrifier  à  vos  ido- 
les, vous  vous  in(  lim'ricz  vous-même  devant 
le  créateur  el  l'autour  de  loules  choses  et  (ba- 
vant ses  serviteurs,  i-l  vous  n'adoreru'z  point 
des  pierres  aui  sont  mûrîtes  et  inanimées. 
Ayant  entendu  cela,  Uomulns  unira  dans  une 
véhémente  colère  el  ordonna  do  le  précipiter 
les  mains  el  les  pieds  allac'iés  dans  une 
fosse  profomle.  Le  bienheureux  Hippolyle 
ayant  été  précipité  dans  ujie  fosse  allenanle 
ou  port,  dos  voix  fur,.rU  entendues  poniant 
l'espar^  d'une  heurç.  semblables  à  des  voix 
d'enfants  (pii  e,i«;sent  rendu  ^r;^ces  à  Dieu. 
Pendant  ce  lenij»s-i;i,  i|  rendit  l'Ame  nu  Sei- 
gneur, le  onzième  jour  des  i-alendes  de  sep- 
tembre i'22  aoOl.) 

Komulus  di.jail  :  Il  est  évident  que  celte 
folie  provient  de  l'art  do  bi  ni.igic  ;  el  il 
»«'inil  h  (Tier  avec  colère:  Sabinianns  a 
i'ié  déduit  par  l'arl  de  la  ma($ie,  par  l'amour 


do  l'argent,  par  l'altrait  des  richesses  ;  je  le 
fera!  mourir  pour  l'arracher  h  cette  folle  ma- 
nie, s'il  ne  consent  à  adorer  nos  dieux.  A[)rès 
avoir  dit  d'autres  choses  semblables,  il  le  fit 
frapnor  à  coups  de  b.\tons  ,  en  faisant  crier 
par  le  héraut  :  Livre  tes  trésors  h  nos  em- 
pereurs et  adore  les   dieux  tout-|)uissanls 
auxijuels  obéissent  les  chefs  de  notre  répu- 
bli(|ue.  Mais  Sabinianns  disait  :  Jésus-Chiist 
mon  Seigneur,  ijui  avez  daigné  me  compter 
parmi  vos-  servileurs  ,  grAces   vous   soient 
rendu  'S.  Après  qu'il  eut  été  longiemps  battu, 
son  visage  gardait  sa  tr inquillité  et  son  a.s- 
sura  ice,  de  telle  sorte  que  Uomulus,  en- 
flammé de  colère,  ordonna  de  l'attacher  au  che- 
valet; pendant  (ju'ondi-loquail  ses  membres 
et  que  la  voix  du  héraut  résonnait  encore  à 
ses  0  eil'es,  lui  ne  disait  rien  que  ces  paro- 
les :  Je  vous  rends  grâces,  Jésus-Chrisl  mon 
S'igneur.  Le  vicaire  dit  aux  assistants  :  Cet 
insensé  se  confie  dans  les  promesses  de  la 
magie;  et  il  ordonna  (lu'on  le  brûlât  avec  des 
torches.  Pendanttpi'nn  les  approchait  de  lui, 
Romulus  lui  iiit  :  Malheureux,  ayez  pitié  de 
vous-même,  rendez  les  trésors  que  nous  sa- 
vons avoir  été  cachés  par  vous.  Mais  le  bien- 
heureux Sabinianns,  martyr  du  Christ,  ren- 
dait grAces  au  Seigneur  en  disant  :  Seigneur 
mon    Dieu ,    recevez    mon    âme   entre    vos 
mains  :  ayant  ainsi  parlé  ,  il  rendit  trauquil- 
lement  rés()rit.   Uomulus  ordonna  de  jeter 
son  corps  dans  un  i>uils.  Bientôt  après,  un 

f>rètre  nommé  Cordius  ,  relira  nuilamijieut 
e  corps  du  puits  el  l'ensevelit  près  de  celui 
de  sainte  Chryse,  le  odes  calendes  de  sep- 
tembre ^28  août.'.  Par  la  gr.'ice  ,  la  miséri- 
corde et  l'humanilé  de  Notro-Seigneur  Jésus- 
Chnst,  le([uel  avec  le  Père  el  le  Saint-Esprit 
uossède  la  gloire,  la  puissance,  rh',)nneur  e*. 
l'adoration  .  maintenant  et  dans  les  siècles 
des  siècles.  Ainsi  soit-il  (1). 

MARTYRS  DE  PERSE  (Les  cent  vingt). 

Ac(es  des  cent  n'ufjt  martyrs,  ptirmi  lesquels 
neuf  iirrijcs  consacrées  au  Seigneur,  tes  au- 
tres prêtres  ,  diacres  et  clercs  de  différents 
degrés. 

Dans  la  cinquième  année  tle  la  persécu- 
tion que  nous  eûmes  k  soulfiir  par  l'ordre 
du  roi  (pii  se  trouvait  pour  lors  h  Séleucie  , 
cent  viiut  cbréli«'ns  de  dilVérents  lieux,  de 
plusieurs  v  lies  voisines  ,  au  nombre  des- 
quels neuf  vierges  consacrées  au  Seigneur, 
It's  autres  prêtres,  diacres  el  clercs  de  dilfé- 
ronls  ordres,  arrêtés  pour  la  foi  ,  fureni  mis 
en  prison  où  ils  eurent  ?»  soutfrir  pend mt 
.six  mois  de  la  fétidité  de  leuis  eaehols  et 
d'une  l'onle  de  tonrments,  jusqu'h  ce  ((ue  la 
tin  de  l'hiver  arrivant,  ils  perdirent  une  vie 
plus  pénible  que  la  mort.  Au  milieu  de  ces 
soulTrances  et  do  ces  temps  malheureux, 
une  certaine  femme  noble  de  la  ville  d  Ar- 
lielle,  do  la  province  d'Hadjabena  et  nom- 

(I)  r>.in>«  h  ir.'^iliirtinn  Lilinc  ipio  nous  avons  «iii- 
vi<\  l.i  lonniili'  qui  liiiil  ces  Aclfs  esi  ain.«ii  reiidiio  : 
I\i(jniinh  Hdhuiio  iioslio  Jrtu  (.hrtao,  fui  eti  gloria  et 
imiirnum  in  Circula  srrulorum.  .li»i<*;j.  Ni>us  ne  savons 
p.ts  pourquoi  le  traducteur  3'e^t  .liiisi  éloigne  du 
icii«  grec,  (|u«  pou«  avons  liiiér»lemenl  rmcni. 


i85 


MAU  M AH  m 


nx^ti  J.i/dun  loclo,  fi'tiiiiK"  dont  on  (loit  pMilci-  les   r-nnornis  do   la  justice   C'est   jioiir'|iioi 

avec.  ^|•Jmd  t'Io^Ai' .  ■'-''   |'rt''St'iil.\  |iiiiir  les   nt^i-  «''|(»i;^iic/.  ilr  vous   li;  H'|ios  durant  rctlf  iniil 

courir.  Sou  nom  ,  nn  piTsan  ,  si^nilin  nile  de  pour  li-  sfun  de  rctte  ^raiid"  nfTairn  ;  vcuil- 

/>/(■».  (]('lli'  riMiunc,  tr^s-riilic,  nourrit  di>  ses  le/  [icnsi'i'i  |irr|iar('r  votr«'rotirn^«',  rt  fjno  l« 

dcuiors  ff'tl"' <"'""■'•'  dcMuarl  vrs  lanl  (lu'cllc  fali^uc  iif  soil   point   assf/,  l'ortr    pour  vous 

resta  «laos  les  prisons  pul»li(pi(>s  ;  elin  an'.-  «'•loii^ner  des    louant^i-s   d(»    Dieii   et    do    Ift 

coniplil   LM'tlc   (l'uvre  de  v<mIu    avet;  iu\e  si  j)ri(''re.  Vous  reeevre/.  le   fruit   de  votre  «ol- 

ur/uid»*  eonslanee  d.' coura-r^e  ,  avee   une  si  licilude  et  devossoi-is;  (arinournnt  hono- 

grando  l)ont(^  t\\\r  non-seulement  <'llo  sulllt  ral)lem(Mit  pour-  Jésus-Chrisl  (pruni<pn'in<'nt 

^  Ions  les  besoins  dos  saints,  mais  qu'encore  vous  chérissez  ,    vous  rcMnporleir/.   In    cou- 

t'Ile  ne  cherclia  pour  les   soulager  et  no  ro-  roruie  du  mart}  re. 

çul  aucune  aide.  Coppiidnnl   tout  cela  ('•tait  dit  rio  f.iron  ni 
Dans  c(»l  espacodo  ttMnns,  los  hionlinuroux  dans  le  dessoin  (pi'ils  tm  pnssont  compron- 
mail.vrs,  cilés  au  Irilnuial   suivaiu  le  cajinci!  du»  ((u'ils  devaient   niom'ir  le  jour  suivant, 
et  l'iniipiilé  des  lnu^('s,  l'uronl  IVcSpuMunuMil  Mais  eux,  que;   l'arrivj^e  iiiopini''(!  de  colle 
battus  i\  coups  de   l"onet  et  lourmcMilés  |)ar  fennnn  tenait  dans  l'élonnoment  :  Pourfjnoi, 
l0ul(-'s  sortes  de  sup|)li(Os.  Pendait  loiil   le  dirent-ils,  vous  esl-il  venu  dans  l'espril  <ie 
toujps  de  Ctt  supplice,  le  visage  el  la  ph^'sio-  nous  traiter  anjfturd'hui  d'une  fa<;on  si  li'*^- 
noiiiie  des  saiids  niontrnienl  un   si  (^nunent  raie  et  si  granil(\  et  d'un  autre  cAt(';  de  nous 
Coura;j;e  contre  les  scui lira nces,  (pie  le  prcV'el  jtarler  ainsi  dt;  nos  devoirs'.'  Mais  (die,  dissi- 
leur  «lisant  au  nom  du  roi  que  s'ils  n'ado-  uml  ml  :  Pourquoi  vous  préoccuper  de  cela? 
raient  le  soleil   ils  pc^riraiei.t  ceplainonient  dii-ello;    pense/,   (juo  j'ai   accom|ili   envers 
tous  du  dernier  supplice,  tous  n^potidirent  vous  les  devoirs  que  ji;  devais  remplir.  Cette 
d'un  seul  cœur  et  d  une  seule  voii  on  ces  dame  ayant  éludé  ainsi  la  curiosité  de  ceux 
termes  :  Loin  de  nous  un  si  grand  crime;  (pii  rinterroi^er.icnt  par  l'anihi^uilé  de  ses 
on  ne  nous  verra  [)oinl  ,  nous  qui  sonnnes  paroles,  se  retira  dans  sa  maison.  Le  leiide- 
les  serviteurs  du  vrai  Dieu,  souverain  créa-  main  de  grand  malin  elle  revint  5  la  iirison 
teiu' de  l'univers  ,  (pii,  par  sa  force  divine,  et,    déposant  toute  dissimulation,  el'e  leur 
soutient  el  gouverne  toutes  choses,  avoir  la  parla  en  ces  termes  :  Maintenant  il  faut  teu- 
perlidie  de  déserter  ou  répudier  le  culte  du  dre  au  ciel  des  mains  suppliantes  ,  oublier 
souverain  créateur,  ]UHir  [lorler  nos  boni-  tout  autre  soin  et  vous  appliquer  avec  giande 
mages  au  soleil,  chose  vile  et  cré'e  par  lui.  ferveur  d'es{)rii  et   pureté  de   cieur  ^   une 
Pourquoi   ne  nous   conduisez- vous   pas   à  soûle  chose  ,  à  vous  rendre  la  divinité  pro- 
l'instant  au  supplice?  pourquoi  ne  nous  don-  piic  Le  jour  suprême   est  arrivé  qui  doit 
nez->ous  pas  celte  joie  supi'éme  ?  i)ourquoi  vous  concluire  décorés  de  la  couronne  Iriom- 
relardez-vous  noire  mort  qui ,   nous  an-a-  phale  auprès  des  habitants  des  cieu\  ;  mais 
chant  à  vos  caprices  et  h  vos  insultes  quo-  auparavant ,  il  vous  faut  livrer  un  terrible 
tidiennes  ,  nous  conduira  dans  le  port   tant  combat  sur  la  terre  et  dresser  un  trophée 
désiré  du  repos  ?  magnifique,  après  avoir  vaincu  votre  enneud. 
Le  jour  désigné  pour  le  supplice  des  mar-  Vous  qui  allez  vous  rendre  vers  Dieu  ,  pré- 
tyrs  avançait.  Jazduiidoete  ayant  appris  en  parez-vous  ;  vous  allez  soutfrir  une  mort  il- 
secret  d'un  certain   chrétien  de   ses   amis  lustre,  vous  allez  verser  votre  sang  pour  la 
que  c'était  le  matin  du  jour  suivant  que  la  plus  grande  gloire  du  Seigneur;  quant  au 
bienheureuse    cohorte    devait    marcher  au  reste,  pour  ce  qui  me  regarde  ,  je  vous  eu 
supplice  ,  se  rend  immédiatement  à  la  pn-  supplie,  oblenez-moi  les  grâces  de  ce  ui  que 
son,  lave  les  pieJs  des  martyrs,  etleurôtant  je  prie  el  sui^plie  uniquement.  Car  si  vous 
leuis  vôtoraents  souillés  par  la  malpropreté  m'obtenez  du  Seigneur,  que  vous  aimez  avant 
du  lieu,  elle  mit  à  chacun  d'eux  un  vêtement  tout,  el.:pour  lequel  vous  allez  donner  bientôt 
blanc  et  les  ona  comme  les  époux  desdnés  votre  vie,  qu'il  me  soil  accordé  par  lui  de 
au  lit  céleste.  Bientôt  elle  leur  fil  servir  un  jouir  de  votre  présence  au  dernier  jour  du 
spirnJiile.  festin  :  elle  les  sert  elle-même  à  monde,  d'aller  vers  vous,  de  vous  parler,  de 
table  :  e;. suite  ^'e  s'etforce,  jiar  un  discours  vivre  avec  vous  l'éternité,  je  regarderai  celle 
convenable  à  la  circmstance ,  d'enflammer  grAce  que  j'aurai    obtenue    comme   telle, 
encore  le  courage  des  saints  martyrs  déjà  si  qu'aucune  plus  grande  ne  pourrait  m'êlre 
bien  préparés   de  cœur.   Dépouillez    toute  accordée.  J'ai  pour  témoin  ma  conscience 
crainte,  leur  disait-elle ,  vous  que  la  foi  en  du  nombre  de  crimes  que  j'ai  commis.  Ce- 
Dieu  soutient  au  milieu  de  ces  temps  mal-  p.  ndant ,  si  vous  voulez  bien  intercédi^r  en 
heureux  ,  qui  vous  fortifiez  dans  les  pro-  ma  faveur,  j'ai  confiance  que  par  votre  inter- 
messes magnifiques  qu'il  fait  à  chaque  page  vention  j'obtiendrai  de  Dieu  le  pai'don  de 
des  saints  Evangiles  et  qu'il  nous  a  laissées  mes  crimes. 

comme   confirmées  par  serment  ;  vous  que  Les  vieillards  vénérables  de  la  troupe  lui 

l'illustre  exemple  du  Seigneur  provoque  à  répondirent  :  Nous  avons  confiance  que,  par 

la  vertu.  Car  le  Christ  étant  sur  la  terre  a  la  gra;ide  clémence  et  la  suprême  bonté  de 

souffert  dans  son  humanité  les  plus  cruels  noire  Dieu,  nos  prières  pour  vous  seront 

supphces  ;  il  a  ouvert  ainsi  pour  nous  les  exaucées,  et  qu'il  arrivera  que  poui   votre 

portes  du  martyre,  afin  que  nous  puissions  bienveillance,  que  pour  les  bienfaits  de  vo- 

par  elle  voir  son  visage  et  transporter  son  tre  charité,  que  pour  tout  ce  que  vous  avez 

image  dans  nos  cœurs.  Enseignez  ainsi  à  ne  fait  pour   nous  à  cause   de  Dieu  dans  ces 

Voiut  craindre  la  mort  que  nous  font  souflrir  temps  difficiles,  il  vous  donnera  une  am 


127 


M\R 


MAR 


128 


plerécomponso.  ot  rjuo  les  clinsos  que  vous 
(leniandicz  tout  .^  1  iicuro  vous  seront  tou- 
tes accordi^es  entirrenicnf . 

D^s  que  le  malin  du  jour  (h'-si-^ue  eut 
lui,  le  roi  ordonna  que  les  nnrlyrs  fussent 
conduits  au  suppliée.  Ja/.dutidnrle  vint 
au-dovant  d'^-ux  qu.Tid  ils  étaient  enrorc 
dans  le  vostiltule  de  la  prison,  elle  n'hrsita 
pas  h  se  jeter  h  leurs  pieds,  h   leur  prendre 

t)ieuseine'it  les  mains  et  h  leur  donner  le 
taiser  d'adieu.  Quand  les  licteurs  les  cu- 
rent conduits  rapidement  hors  de  la  ville,  et 
(pi'ils  furent  déjh  sur  le  lieu  du  supplice,  le 
grand  préfet  tpii  avait  i)résidé  à  leur  juge- 
ment leur  demanda,  en  leur  promettant  leur 
grâce,  s'ils  voulaient  adorer  le  soleil.  Alors 
toutela  troupe  des  martyrs  s'écria  d'une  voix 
haute  et  reieidissante  :  Vous  -le  savez  |)eut-Atro 
pas,  car  vous  êtes  aveugle  des  .veu\  et  de  l'es- 
prit, que  les  coupables,  quand  on  les  traîne 
au  supplice  ,  ne  [peuvent  dissimuler  leur 
crainte,  la  pAleur  de  leurs  visages;  mais  que, 
par  l'habitude  honteuse  de  leurs  corps  et 
par  leurs  sombres  vêtements,  ils  trahis- 
sent l'intime  tristesse  de  leur  Ame.  Mainte- 
nant voyez  le  sourire  éclore  sur  nos  visages 
comme  les  roses  naissantes  u-i  jour  de  prin- 
temps ;  voyez  quels  beaux  habits  nous  avons, 
combien  ils  sont  splendides  :  assurément  ils 
ne  tra(iuisent  ni  la  crainte  ni  le  deuil.  Cou- 
rage donc,  appli(niez-nous  les  supplices  (pie 
bon  vous  semblera  aussi  longtemps  (jue 
vous  vo  idrez,  âmes  atroces  éternelles  ,  exer- 
cez sur  nous  vos  colères.  Ilien  n'est  ])lus 
dans  notre  volonté  que  de  ne  pas  niépriser 
le  nom  du  souverain  Créateur  pour  adorer 
le  soleil,  divinité  vaine  et  insignili.-iite  ;  la 
crainte  de  votre  |)Ouvoir  n'obtiendra  rien  de 
nous,  nous  n'en  faisons  aucun  cas,  |>a^  plus 
que  des  ordres  de  votre  roi.  Nous  n'obéirons 
pas  et  ne  commeUrons  point  ce  crime  irré- 
missible; rien  pour  no\is  n'est  plus  beau  que 
de  recevoir  une  mort  honorable,  et  nous 
penserons  être  arrivés  h  notre  but  si  nous 
donnons  pour  le  royaiimc  d'en  haut  non- 
seulement  nos  richesses,  mais  la  lumière 
dont  nous  jouissons,  pour  ce  royaume  vers 
lequel  vous  nous  poussez  sans  le  savoir,  et 
duquel  vousiu'  nous  enlevez  pas  laghure  im- 
mort lie  en  nous  ôiant  la  vie.  Entin  le  pré- 
fet ordr)una  (pie  les  coupables  re(;ussent  im- 
médiat ment  le  coup  miulel  .  \  l'instant 
même  les  lu.irtyrs  ayant  présenté  leurs  têtes 
au  bourreau  ,  moururent  courageusement 
pour  Jésus-Christ. 

Ja/dundocto  ,  la  nuit  venue,  conduisit  de 
sa  maison  des  embaumeurs,  tit  envelopper 
dans  des  linceuls  les  saintes  relii(ues,  et, 
crnignant  le  pouvoir  <les  mages,  les  lit 
portiT  dans  in  li»Mi  éloigné  de  la  ville,  où, 
aynni  fait  «Teuser  de  grandes  fosses,  (>||e  lit 
faire  des  tombi  nux  d.ins  les(piels  on  mit  les 
corps  cin<j  pir  cinq.  Cette  troupe  de  saints 
mart\  rs  re(;ul  la  r-onronne  le  sixièmejour  de 
la  lune  du  mois  d'avril.  [Tradiutinn  de  l'aiir- 
leur.) 

Ces  saints  martyrs  sont  nonnnés  le  G  avril 
dans  !>•  Mirlvndoge  rcunaui. 

MAUTVUS  DL    PONT,   sous   Dioclélien. 


On  ne  sait  ni  les  noms  ni  le  nombre  de  ces 
saints  martyrs  ;  on  ignore  aussi  la  date  pré- 
cisedeleurscombats.  Seulement  on  sait  que  ce 
fut  sous  Dioclétien  qu'ils  souffrirent.  Les  uns 
furent  arrosés  de  plomb  fondu,  les  autres 
jteroés  sous  les  on;-;les  avec  des  roseaux  très- 
aigus.  Après  divers  autres  tourments  (pi'on 
leur  fit  souffrir,  tous  méritèrent  par  uno 
mort  glorieuse,  de  rerevoir  de  Dieu  la  cou- 
ronne de  gloire.  Leur  fête  est  inscrite  au 
Martyrologe  le  7  février. 

MARTYRS  DES  PREFETS,  en  Perse. 

Passion  d^s  mnrti/rs  (jin  furent  misa  mort 
par  les  préfets  en  diffrrents  lieux,  «ans 
compter  ceux  qui  y  furent  mis  par  le  tribunal 
du  roi.  I 

Presque  dans  le  même  temps  où  Bar- 
bascemcn  reçut  la  couronne  du  martyre,  une 
affreuse  tempête  se  déchaîna  sur  nos  terres, 
elle  allligea  véhémentement  notre  peuple, 
renversa  les  églises,  livra  aux  prostitutions 
du  vulgaire  les  objets  sacrés  do  notre  reli- 
gion. .\lors  on  vit  les  forts  et  les  hommes 
courageux  progresser  et  croître  en  nombre;, 
les  faibles  au  contraire  et  les  gens  inertes 
languiitont  et  faillirent  h  la  tAcho  :  on  vit 
ceux  qui  hésitaient  tomber,  ceux  au  con- 
traire qui  étaient  constants  défendre  avec 
plus  d'ardeur  la  vérité  re(;ue  et  établie  :  on 
vit  ceux  qui  étaient  ardents  et  alertes  courir 
lour  rem[ilir  leurs  tAches  ,  au  contraire  les 
)aresseux  et  les  oisifs  cherchèrent  un  igno- 
)le  repos.  Quoi  I  parce  que  les  tyrans  ont 
tiré  le  fer  sur  leur  [)roie,  se  sont  précipités 
sur  les  Ames  généreuses  ,  leur  ont  arraché 
ce  qu'elles  possédaient,  ils  se  sont  imaginé 
augmenter  leurs  riihcsses  à  eux-mêmes  par 
ces  raj>ines?  Mais  la  voix  q;ii  réveillera  les 
morts  les  dissi|)era  un  Jour,  quand  elle  ren- 
dra aux  martyrs  les  biens  qui  leur  auront 
été  erdevés  et  qu'elle  ap[)liquera  h  leurs  [)er- 
sécuteurs  les  chAtimenls  mérités. 

Quoi(pie  dans  un  grand  nombre  de  lieux 
il  soit  certain  qu'une  multitude  de  chré- 
tiens soiiMit  uKuts  en  témoignage  de  la  foi 
chrétieimt> ,  il  n'est  parvenu  jusiju'h  nous 
((U(i  les  noms  d'un  petit  nombre  consignés 
dans  ([uelipies  écrits  :  ce  serait  hors  tle  pro« 
pos  (pie  je  voudrais  rapporter  leurs  combats 
illustres  dans  de  tro[)  longs  discours,  car  je 
ne  crois  pas  j)ouvoir  en  apprendre  davantage 
en  racontant,  ni  |)ouvoir  ttuit  embrasserduno 
manière  pleine  et  parfaite.  Car  ce  (jue  je  vais 
dire,  je  le  sens  |)ar  troi»  bref  et  par  trop  in- 
complet,sion  C(uisidêre  lessoulTrancessi  lon- 
gues (pi(>  C(vs  saints  eurent  h  endurer.  Tout  co 
que  j'aurai  écrit  sera  trop  petit,  car  leurs  tour- 
ments excèdent  toutes  mesures.  (3epen  tant  jo 
n(>  |>uis  rieri  en  dire  davantage,  n'ayant  pouil 
vu  leurs  Actes  chez  leurs  juges,  ne  pouvant 
pis  y  supph'er  par  ma  pensé(>.  les  refaire  do 
mes  mains  ou  les  embrasser  dans  une  course 
imaginalive.  Car  il  est  dillicile  dv  parler  de 
ce  (pi'on  n'a  appris  de  personne,  défaire  l'his- 
tornpie  de  choses  dont  on  n'.i  pas  les  docu- 
miMits.  ou  d'atteindre  un  but  (pi'on  ne  voit 
pas;  c'est  un  ouvrage  certes  ditrunle  :  je 
m'eirorcerai  cepeudaut ,  j'onlreproudrai  d'à- 


12» 


MAIt 


MAU 


i:v) 


hoiilcr  pnr  mon  (liscoiiis  et»  (|ni  est  f^rnnd  cl 
(li^iic  (le  l()iKUiK<*s,  (l.iiis  le  iii.iil\n'  d»»  (cs 
saillis;  /m  iii(^lili>  |)niiil  se  lioiivit  In  coinliiil, 
»'l  1,1  victoiii',  cl  l(>  iiwiilyrc,  cl  l;i  coiii-otiiic, 
cl  la  lin  lie  liMis  les  iiiaiiv  «•!  de  tous  les  la- 
liciirs. 

(.)iii  ilniic  pcuira  rac(tiil(>r  dimicmcnl  ces 
choses,  (Ml  lioiiverdes  syinholcs  n.ii'  la  coiii- 
paraisoii  des(|iicl.s  il  iiioiilrc  la  lieawlé  dos 
cImiscs  (ju'il  (•('•lèhre  ?  le  livre  ipii  fiil  iiié- 
iiioire  de  leurs  hauts  faits  rcsseiiihle  ?i  la 
plaine  ccMnotuuS'  d(>  cèdres  élovt'ïs  ou  à  la 
prairie  où  nous  allons  les  jours  de  f'èlcs,  (;l 
(pii  est  diaprée  de  lleurs  odorantes,  car  leurs 
noms  {.-oui  des  Heurs  pleines  d(>  partuius  pour 
les  esprits  purs,  (>l  les  lis  printaniers  sonl 
les  lollrcs  de  Icin*  nom.  Leur  san^  'i  ar- 
rosé nos  provinces  el  l'a  répandu  sur  nos 
terres  comme  la  rosée,  nous  api'orlant  h  la 
fois  la  joie  el  le  deuil,  des  jours  joyeux  mê- 
lés à  do  tristes  jours.  Leurs  torps  sonl 
comme  les  mamelles  d'uni^  bonne  nourrice  ; 
leurs  os  sont  un  jardin  fécond  ;  leur  champ 
s'est  emichi  pour  la  moisson,  et  la  gerbe  a 
été  otl■erlei^  Tauti^l.  Leur  troupeau  s'est  pro- 
pagé [tarmi  les  autres  li'oupcaux  d'une  façon 
prodigieuse;  il  a  fourni  divs  agneauv  pour 
viitimes.  Leur  volonlé  a  été  le  prêtre,  leur 
cor[>s  riiolocaustc,  et  leur  martyre  une  im- 
molation douce. 

Courage  i  onc ,  pensons  combien  leurs 
tourments  furent  terribles,  combien  leurs 
discours  furent  doux  et  agréables  !  Autant 
leurs  supplices  sont  faits  nour  lerrilier, 
autant  les  récompenses  qui  leur  sont  pro- 
mises sont  faites  pour  nous  attirer  et 
nous  engager  I  Combu-n  horrible  et  combien 
atroce  fut  le  supplice  dont  ils  moururent, 
mais  combien  leur  mémoire  est  belle  et  di- 
gne d'envie!  La  maison  du  sang  nous  mon- 
tre du  sang  :  le  seuil  de  la  mort  est  couvert 
de  carnage.  C'est  pourquoi  le  sujet  de  notie 
discours  est  le  sang  versé  par  le  fer  des  ty- 
rans et  la  mort  illustre  des  martyrs  au  mi- 
lieu (le  supplices  cruels.  Nous  recueillons 
des  ruines  et  des  morts. 

Venez  donc  ici,  qui  que  vous  soyez,  amis  de 
la  sagesse  qui  avez  soif  d'amour  et  de  pieuse 
douleur,  et  vous  serez  navrés.  Approchez, 
dis-jo,  et  soulagez  par  de  pieuses  larmes  vo- 
tre cœur  oppressé.  Accourez ,  qui  que  vous 
soyez,  qui  êtes  sages,  el  qui  aimez  et  sou- 
lagez par  les  pleurs  votre  cœur  en  proie  aux 
pensées  tristes.  Lavez  dans  la  douleur  les 
souillures  de  votre  àme  ;   purifiez  par  l'a- 
mour votre  cœur,   qui  que  vous  soyez  qui 
attendez  prudemment  dans  les  laTmes  et  sou- 
haitez un  monde  meilleur.  Hâtez-vous,  dis-je  : 
que  votre  tête  répande  l'eau,  que  vos  yeux 
aient  des  fontaines  de  larmes  ;  préparez  vos 
oreilles,  que  votre  esprit  soit  attentif;  lisez 
la  liste  des  noms;  pensez  combien  furent 
terribles  les  tempêtes  de  calamités  déchaî- 
nées sur  la  tête  des  martyrs.  Que  votre  cha- 
rité comprenne  les  ardeurs  de  leurs  cœurs  ; 
supposez  en  vous-mêmes  la  grandeur  de 
leurs  tourments,  quM  ne  m'est  [)as  donné  de 
raconter,  tanldsdépassenl  el  mon  intelligence 
et  ma  faible  éloquence.  De  ces  athlètes  du 


Chri*.l,  Irts  uns  morts  par  le  ^Liive,  les  au- 
tres l'ciaséi  soijs  une  grêle  de  |iM'rres  ,  me- 
sure/. alteiilivrnMMit  les  soulIrniMe»,  évaluez- 
en  la  giandfur,  vous  serez  sliipélaits.  Il  vous 
appailieiil  d'appiéiHi-  (|;ims  voire  c<iMir  lu 
rage  (If  la  miilliludc  iiriéné((  lapidant  le» 
saints,  cl  la  finie  des  t.r.uis  déclialii's  ritu- 
tr(!  les  martyrs.  Preiic/.  Kard»-  (piand  vous 
aurez  parcouru  menlalemi  nt  la  passion  dn 
ce»  bienheureux  maityis,  n'allé/  |,,is  tondier 
dans  l'inertie  de  (d'Ur  ;  ijprès  r.ivou  méiliti-o 
ne  gardez  |ias  le  silence  ;  remplisse/,  volro 
co'iir  de  douleur  et  di;  joie,  (il  vos  >cu\  do 
larmes,  lui  voyant  cette  Iroiipe  de  moits  vi- 
vants, ces  bataillons j')yeux  ue  liépassés;  eii 
les  voyant  séfiarés  (le  nous,  pleurez;  en  les 
voyant  réunis  h  Dieu  ,  r(''jouisse/-vous.  Do 
celle  joie  et  de  (  (îlle  tristesse  vous  relirez 
deux  avantages  :  l'un  de  laver  vos  corps  [lar 
les  larmes,  l'autre  de  rajeunir  votre  /\mo 
pour  la  résurre.  lion  ;  car  c'est  \h  (pi'il  faut 
lendn>  toutes  vos  espérances  ;  c'e^t  là  (pie 
tout  (•(!  qui;  vous  espérez  vous  sera  (hjnué. 
Ce  cpii  e.sl  ici  esl  nassagiîr,  ce  qui  est  là  haut 
est  éternel.  (Traduction  de  l'nidnir.) 

MAKI  VHS  l)K  KAiniK  Kl  DL  SINAL 
En  373,  les  Arabes  massacrèrent  plusieurs 
saints  anachorètes  (l'histoire  dit  quarante)  du 
mont  Sinai.  Au  nombre  de  ces  sainis  mar- 
tyrs, étaient  saint  Isaie  et  saint  Sabas.  Ce 
fut  dans  la  môme  année,  que  les  Blemmyens, 
peuple  féroce  qui  habitait  rElhio|)ie,  martyri- 
sèrent un  grand  nombre  d'ermites  de  Raiihe. 
Les  princi|)au\  parmi  les  ermites  étaient 
Paul,  leur  abbé  ;  xMoïse,  dont  l'élofjuence  et 
les  miracles  avaient  amené  au  christianisme 
les  habitants  de  Pharan,  (|ui  étaient  ismaé- 
lites; et  Psaès,dont  l'austérité  était  si  jirodi- 
gieuse,  qu'on  en  parlait  dans  tout  le  pays. 
Ces  saints  solitaires  s'étaient  interdit  l'usage 
du  pain.  Ils  ne  vivaient  que  de  dattes  ou 
d'autres  fruits  sauvages.  Ici,  qu'il  nous  soit 
permis  de  dire  que  celle  austérité,  qui  nous 
parait  si  grande,  l'était  beaucoup  moins  chez 
des  hommes  qui  habitaient  ces  climats, 
qu'elle  ne  le  serait  chez  nous,  par  exem|)le. 
Les  hommes  des  pays  chauds  vivent  de  fort 
peu,  et  de  nos  jours  encore,  en  Arabie,  en 
Egypte,  en  Orient,  on  trouve  des  hommes 
qui,  sans  la  moindre  prétention  à  l'austérité, 
à  la  mortification,  mèneni  une  vie  plus  dure 
que  nos  moines  de  la  Trappe.  Il  faut  jnger 
chaque  chose  à  son  point  de  vue  :  c'est  le 
moyen  d'être  vrai,  d'être  juste.  L'Eglise  fait 
la  fête  de  ces  saints  marlvrs  le  li  janvier. 

MARTYRS  DE  ROME  (Les  saints).  En 
l'année  64,  Néron,  le  plus  exécrable  des 
monstres  qui  aient  déshonoré  le  trijne,  fit 
mettre  le  feu  à  Rome.  Cette  superbe  capi- 
tale du  monde  avait  quatorze  quartiers,  trois 
furent  entièrement  détruits;  dans  sept  au- 
tres, il  ne  resta  que  quelques  débris.  L'in- 
cendie dura  six  jours  d'abord,  et,  s'étant  ral- 
lumé quand  on  le  croyait  éteint,  il  dura  trois 
autres  jours  encore.  Néron  qui  était  à  An- 
tium  à  une  journée  de  la  ville,  s'y  rendit 
quand  on  vint  lui  dire  que  le  feu  approchait 
de  son  palais.  En  voyant  l'océan  de  flammes 
qui  couvrait  Rome,  il  donna  toutes  les  mar- 


1SI 


MAR 


MAR 


iSi 


(|ups  (l'nno  rxlr^'^mc  joie.  Il  monla  siir  une 
liant"-  tour  <1  où  il  |univ.)it  roiitompitjr  tout 
1  ♦•ml»ra  pmi'iil,  et  la,  en  hnbil  ilc  joueur  do 
Ivrp.  il  (  h.mlrt  un  pot'uip  (|u'il  avoil  l'.ùl  sur 
rincHiiilif  de  Troif.  SouvcU  •  n  l'avail  tn- 
tendu  o\prinier  \o  plaisir  qu'il  «mrait  k  voir, 
roiumcaiitn'fois'Priiun.  l'inceiidiode  sa  villo. 
Nous  ii'entroprendrons  pas  de  dire  Texlrôme 
désolation  des  habitants,  dont  plusieurs  se 
prt'cipilèrent  de  dési'«.i)oir  dans  tes  tlaïunies. 
Ils  furent  réduits  pcMidani  longtemps  à  ein  r 
sans  asile,  et  dt'-nués  de  tout.  Ils  se  réfu- 
giaient dans  les  tombeaux  et  dans  les  vieilles 
masures.... 

Tacite  n'ose  pas  afl'irnier  positivement  que 
Néro'i  f\it  l'auteur  de  l'incendie;  cependant 
cet  »^crivaiM  raconte  des  faits  qui  ne  laissent 
nus  de  doute  à  cet  égard.  Avant  même  que 
l'empereur  fiU  revenu  d'Antium,  ses  olli- 
ciers  défendaient  qu'on  éteignît  le  feu,  me- 
naçant et  frappant  ceux  qui  s'opposaient  à 
ses  progrès.  11  y  avait  aussi,  dans  tous  les 
quartiers,  une  foulede  gens  inconnus  qui  fai- 
saient la  même  chose,  ou  qui  même  augmen- 
taient le  feu,  le  propageaient,  jetant  partout 
des  torches  entlammées. 

Ce  que  nous  avons  dit  de  la  joie  de  Néron, 
les  faits  que  nous  venons  de  rapporter,  tout 
autorise  à  dire  que  ce  fut  lui  qui  brdla  Rouie. 
Que  motif  pouvait-il  avoir?  Pour  qui  tonnait 
ce  prince  abominable,  en  fallait-il  d'autre 
que  celui  de  se  procurer  un  beau  spet  tacle, 
de  jouir  quelque  temps,  comme  il  le  ût,  de 
cette  subUme  horreur?  Mais  Néron  en  avait 
aussi  d'autres.  11  avait  la  manie  des  construc- 
tions; il  voulait  faire  rebâtir  Rome  sur  un 
nouveau  plan  et  lui  donner  son  nom.  Il  vou- 
lait aussi  s'approprier  les  immenses  riches- 
ses que  contenait  la  cité  et  les  historiens 
du  temps  nous  disent,  comment  en  ell'et  il 
s'empara  de  tout  ce  qui  était  dans  les  dé- 
combres, sous  prétexte  de  tout  faire  dé- 
bla\f  r  à  ses  frais. 

Home  perdit  ses  plus  beaux  monuments; 
)re*que  tous  les  chefs-d'œuvre  des  arts, 
i^s  dépouilles  de  l'univers  conquis,  accumu- 
ées  d.uis  les  temples  et  les  bbliolliècpies 
nbliqucs.  On  ne  sv  trompa  point  de  couf)a- 
le,  et  Ihorreur  de  tout  1  empire  déMgu.i  le 
tyran  ro:nme  incendiaire.  Alors,  il  voulut 
se  montrer  bon  et  génénux.  H  lit  ost«'nta- 
tion  de  M  bif.  f.ns<*uice  et  di's  .soins  (pi'il  se 
thnna  [)Our  soulager  tant  d>'  mlbers  de  mal- 
heureux qu'il  avili  faits.  Il  U'ur  ouvrit  .ses 
jarilins  et  h's  vastes  bâtiments  ipi'ils  co'ile- 
nn  (Mil.  Il  tii  venir  des  vivres  et  les  autres 
(  .isfs  nécessaires  de  tonte  l'Ilalie.  Il  coin- 
racuça  ï\  faire  i  eronstruirc  Uoiuc  sur  un  |>laa 
iDagnili(pn< .  mais  tout  cola  n'mni  écha  joint 
le  |M-U|.|t'  (if  lui  t;arder  sa  haine  |)our  1  i-xé- 
crablo  crime  qu'il  avait  couimis.  .Mors,  co 
nirmsire  c  royant  donner  le  chaige  h  lopi- 
nioii  pnlil.qii»'  ,  «niusa  les  chn-licns  d'élro 
|p..*  iiutearB  <i«'  l'incMidie.  Personne  ne  fut 
trouip''  y»%T  celte  indi^-irt  ralomiie.  Pourtant 
les  <  hi  l'iifiis,  rniiiiiie  tous  ceux  qui  foiil  pro- 
fession d'une  rnligi  'Il  nouvelle,  étaient  haus 
M  ralon  '  —  f-ix  rpii  ne  les  coiinais- 
Mi«iit  p  '      ^   .         .    .lUscdc  Cl  la.  crut  <pie  ta 


C 


ralomnie  qu'il  lançait  contre  eux  serait  fa- 
cili'iiient  adoptée  pnr  le  peuple  de  Rome. 
Mais  ceux  riui  détestaient  le  plus  les  chré- 
ti.'iis  ne  se  lais>èrei)t  point  trom|>er,  et  ne 
prireut  point  le  change  sur  le  crime  du  ty- 
ran. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  au  rapport  de  Ta- 
cite, (le  Suétone,  c'est  «pi'une  grande  multi- 
tude de  chrétiens  soulfiirent  le  martyre  dans 
les  premiers  temps  de  cette  persécution. 
Ainsi  que  le  pre.aicr  de  ces  auteurs  le  rap- 
porte, on  le."*  arrêtait  comme  incendiaires, 
luais  on  les  (mnissait  comme  ennemis  du 
ffrnre  humnin  ei  i  omme  sectateurs  d'une  su- 
perstition damnnhlf.  Le  premier  feu  ne  cette 
persérulioi  fut  do-^c  allumé  par  la  fureur 
arbitraire  du  tyran.  li  y  a  lieu  de  croire  qu'à 
celte  époque  il  n'y  aviit  point  encore  de  lois 
contieles  chrétiens.  Ecoutons  Tacite  nous 
rai  onter  les  horribles  su[)plices  qu'on  leur 
faisait  endurer. 

«  Dans  leurs  supplices  même,  ils  furent 
traités  avec  insulie  :  on  couvrait  les  uns  de 
peaux  de  bétes  pour  les  faire  dévofer  par 
des  chiens.  On  en  attachait  d'autres  à  des 
croix.  Plusieurs  étaient  revèlus  de  tuniques 
enduites  de  poix  et  de  soutire,  et  on  les  fai- 
sait briller  en  manière  <Je  llambcaux  pour 
éclairer  la  nuit.  Ces  suj  pliccs  étiient  un 
spectacle  qui  s'exécutait  dans  les  jardins  de 
l'empereur.  Pendant  ce  temps,  il  donnait  au 
peuple  le  divertissement  dos  courses  de  cha- 
riots, se  mêlant  pa;mi  la  foule  en  habit  de 
cocher,  ou  monté  sur  le  sié.^e  d'un  char  et 
tenant  les  rênes.  De  là,  naissait  la  (  omuiisé- 
ration  pour  des  hommes  véritablement  cou- 
pables et  dign"S  de  toutes  sortes  de  sufipli- 
ces,  mais  qui  semblaient  immolés  au  plaisir 
inhumain  (l'un  seul,  et  non  à  l'utilité  publi- 
que. »  ilielouino.  Histoire  générale  des  per- 
sécutions, t.  1",  p.ig.  liy.). 

MARTYRS  DU  SAFED.  On  désigne  sous 
ce  noui  les  six  cents  et  quelques  martyrs 
ipie  le  sultan  d'Eg^\  pte  Bibars  lit  décapiter 
pour  la  foi,  en  l'an  de  Jésus-Christ  126d.  Ce 
prince  musulman,  ayant  pris  sur  les  chré- 
tie  is  le  château  de  Safed,  lit  dire  à  ses  pri- 
sonniers qu'ils  eussent  à  choisir  entre  la 
mort  et  rislariti.snie.  Jacques  do  Podio  et 
Jéiémie,  freines  un  leurs,  etuployèrent  louto 
la  nuit  à  encourager  les  chrétiens  i^i  préférer 
la  couronne  glorieuse  du  martyre  fi  l'oijieui 
avantage  de  l'aeost  sie.  Le  le-ijemain  la  gar- 
nison l<H»t  eaitière  se  présenta  couragouse- 
nuiit  au  In-pas.  fous  les  prisonniers  turent 
décapitée».  Ilibars,  pour  se  vcMiger  des  Fran- 
ciscains, (pii  avaient  été  cause  d'un  si  géné- 
reux di'viMiement,  les  lit  écorcher  vifs,  ainsi 
inrun  templier.  C'était  le  prieur  de  l'onlre. 
il  les  lit  accabler  de  coups  de  bâton  ,  après 
qu'ils  curent  enduié  l'.ilTreux  supplice  ijue 
nous  veno'is  iïv  dire;  ensuiie,  on  les  meuâ 
au  lieu  où  les  six  cents  martyrs  avaient  en 
Ja  tète  tranchée.  Ils  y  moururent  de  la  mémo 
iai,-on.  Il  est  bien  clau  «p.'il  ne  faut  }>as  com- 
pr'-ndre  parce  récit,  que  nous  rendons  h  peu 
près  dans  les  lerme>»  que  non.s  trouvons 
dans  Wadding.  .in.  l'itio,  n"  9.  ipie  i  es  saints 
ont  été  entièremeût  écorchés.  Nous  iwuvons, 


4» 


ilikR 


MAI! 


I^t 


nous  ini'ï.liMin  ,  «riinurr  <|iriiii  p/nnl  siip- 
pliit*  n't'Nl  p.'is  (lt<  iinliini  ?i  laisser  crii\  i|ui 
Voiil  soiiircrt  .«iwilili  s  (!<'  sniilliic  «iiiioiw 
fc  (in'o'il  (Miiliii''  Mos  saillis  iiliis  l.ud. 

M.VIM  VUS  Sl^lll-IIAINS,  li'S  plus  «iicioiis 
in.'iilyis  <I''^'|"I""'  ''""'  "'""^  as  mis  nmiiais- 
saiii-i'.  On  l<'N  iinmiiu!  ainsi,  parco  t|in!  ino- 
hiihlfiinMil  ils  élaifiil  ilo  Scillillo,  ville  »lo  la 
prdviiico  piDConsiilaini ,  (jui  est  (•.clic  tlu 
Carlha^e.  (yoi/.  Si-kuai'  ) 

MAUTYKS  |)KS^:i{ASrK  (l.ics  QUAR-iNU;), 
soiillViiciil  en  iJ'iO,  laiis  celle  ville,  sons  rciii- 
pcK'nr  l^icinins.  Tous  élaicnl  ^.oldals  ilaus 
le  niOnio  (orps,  (pioiipi'ils  Inssenl  de  dillVî- 
renls  p.\ys.  S'il  lanl,  en  croire  sainl  (Iré^oiiv, 
dt'  Nysse,  ils  i'aisaioMl  partie  de  la  lésion  Ful- 
niinaiilo.  Nous  n(M;ro.vons  pas  pouv»)ir  mieux 
donner  lenr  liisloire,  (pi'tMi  citanl  l'Iioinélie 
l'aile  en  leur  honneur  par  sainl  Uasile  lo 
(iraiid.  L'iislise  l'ail  leur  l'Cilo  le  10  mars. 

JlomiHic  de  saint  Basile  le  Grand  en  Vhonneur 
(les  quarante  martt/rs  de  Séhaste. 

Cirion,  Candide,  Domnus,  Mt''lilon,  Domi- 
tien,  Iîuuok;,  Sisinnius,  Kraclius,  Alcxaiulre, 
Jean,  Claud(>,  Alhanase,  Valôrien,  liliun, 
Kcdilius,  Acacius,  Vivien,  lîlie,  Tlit'odulo, 
Cyrillo,  Flavius,  ScWérien,  Valerius,  Chu- 
dion,  Sacerdon,  Priscus,  Euliquius,  Enli- 
quès,  Umerand,  Filoclimon,  Vivien,  Michal, 
Lysimaquo.  ,  Tliéoftliilc  ,  Xantée,  Ag^jjias, 
L<)once,  HesyeUius,  Caius  cl  Gorgonius. 

Ce  n'est  pas  un  seul   marlyr,  ni  deux,  ni 
<lix,  que  l'Eglise  proftose  aujourd'hui  ànolrc 
véjuM-ation  ;  ce  sont  quaraule  n^rtyrs,  qui, 
D'ayant  tous  qu'une  dme  répandue  eu  divers 
corps,    ont   donné  les   iiièines    marques  de 
constance,  et,  conspiianl  tous  à  soutenir  etîi 
défendre  la  foi  de  Jésus-Christ,  ont  s>scrilié 
en  un  même  jour  leur  vie  pour  elle.   Nulle 
inégalité    entre   eux  ,  mêiues  sentiments , 
même  valeur,  mêmes  combats,  même  gloire 
et  mêmes  couronnes.  Mais  oCi  trouver  des 
louanges  pour  quarante  victorieux  tout  à  la 
fois?  Quelle  éloquence  assez  aboud-aite  en 
pourrait  autant  fournir  ?  Quarante  langues 
sufliraienl  à  peine  i)Our  louer  quarante  con- 
quérants de  cette  sorte.  Eh  quoi  1  un  seul  de 
ces  vaillants  hommes,  s'il  était  loué  connue 
il  faut,  épuiserait  facilement  tout  ce  que  nous 
avons  de  génie,  et  consumerait  le  médiocre 
fonds  que  nous  pouvons  avoir  fait  de  belles 
paroles  ;  que  fora    donc  cette  multitude  de 
iiraves,    ce    bataillon  qu'aucun  ennemi  n'a 
jamais  pu  vaincre,  et  qu'aucun  orateur  ne 
pourra  jamais  dignement  louer?  Essayons 
toutefois  d'ébaucher  les  exploits  mémorables 
de  ces  illustres  guerriers,  rappelons  la  mé- 
moire de  leurs  hauts  faits,  et  ayons  en  cette 
rencontre  bien  moins  en  vue  notre  réputa- 
tion que  l'utilité  de  nos  auditeurs.   J'ai  dit 
que  j'allais  lâcher  d'ébaucher  le  tableau  des 
Délies  actions  de  nos  quarante  héios.  C'est 
que  les  orateurs  peignent  avec  la  langue, 
comme  les  peintres  parlent  avec  le  pinceau  : 
et  ce  que  la  peinture  met    devant  les  yeux 
par  le  moyen  des  couleurs,  un  récit  histori- 
que le  fait  entendre  à  l'oreille  par  le   dis- 
cours ;  mais  enfin,  et  les  peintres  et  les  ora- 


teurs ne  doivent  avoir  pour  lin  de  leurs  '»u- 
vra^es  (|iie  d'ex<:iler  dain  lus  Ctuitm,  [mv  In 
vue  el  itar  ruine,  l'/iiiioiir  de  \n  verlii  <  l  In 
d<''sir  d  limier  les  i^ia-idch  aclioos  qu'ils  re- 
pré.senlcril.  Ainsi»  en  \n\iH  raconlant  cidlex 
du  <('s  (plaçante  iii«rl\iH,  rxMi.^  nous  «'n'orce- 
roiis  de  V(jiis  inspirer  Cl!  doir,  el  nous  nu 
doutons  point  (pie  ce  dessein  tw*  réu!»!»i!«Ne, 
pour  peu  di!  disposition  que  nous  trtiiivions 
dans  v<»s  ((l'iiis.  Ee  plus  lui  élo^^(J  qu'on 
unisse  l'aire  d'un  martyr,  c'esl  de  proposer 
le  iiiarivr  p<H»r  modèle  l\  ceux  (ini  en  écou- 
lent l'éloge.  Jùi  ell'el,  OU  lie  loue  pas  un 
sainl  eomuK'  on  lou(!  un  h<jnnnedu  monde, 
el  le  paiié>;yi  Kpie  es!  bieiid  If  lent  de  l'o/ai- 
son  iu'ièbie.  l'onr  composer  celle-ci,  h; 
inonde  fournit  h  l'orateur  tous  les  matériaux 
dont  il  a  besoin  ;  mais  coiiiinenl  einpinnti>r 
du  iuo')(i(!  de  (juoi  louer  celui  a  (^ui  le  monde 
esl  crucilié? 

Nos  (piaranle  martyrs  n'avai(Mil  pas  tous 
pris  naissance  sous  un  même  climat;  plus 
d'une  ville  les  réclamait  jwur  ses  citoyens. 
M  lis  à  (juoi  bon  parler  ici  des  lieux  (pii  ks 
virenl  naître,  puisiiu'ils  ne  ro(  (»iinaissai«nt 
plus  de  patrie  sur  la  terre?  La  vér  table  pa- 
trie des  martyrs  est  la  cité  de  Dieu,  qu'il  a 
conslruiie  pour  être  le  si'jour de  ses  élus; 
c'est  la  Jérusalem  céleste,  celle  ville  libre, 
la  mère  de  Paul  et  de  tous  ceux  ipii  comme 
lui  soupirent  après  celle  heureuse  demeure. 
Sur  la  terre,  el  selon  le  tours  ordinaire  de 
la  natuce,  il  y  a  dill'érenles  familles  ;  dans  le 
ciel,  el  suivant  l'ordre  de  la  grâce,  il  n'y  en 
a  qu'une.  Dieu  en  est  le  chel";  il  est  le  père 
de  tous  les  saints,  qui  sont  tous  frères  |  ar 
l'adopiion  du  Saint-Esprit  et  par  l'union 
d'une  parfaite  charité.  Tels  furent  nos  guer- 
riers ;  ils  étaient  tous  dans  la  tleur  de  leur 
Age,  d'une  taille  avantageuse,  d'une  valeur 
reconnue ,  et  qui  s't  talent  distingués  par 
plus  d'une  belle  action.  Comme  ils  savaient 
parfaitement  la  guerre,  leur  mérite  et  leur 
bravoure  les  avaient  fait  parvenir  aux  char- 
ges de  l'armée  ;  ils  étaient  connus  des  em- 
pereurs, qui  les  honoraient  de  leur  estime, 
et  ils  s'étaient  souvenus  d'eux  dans  la  distri- 
bution des  honneurs  et  des  récompenses 
militaires. 

Dans  le  temps  qu'ils  étaient  le  plus  floris- 
sants, on  publia  un  édit  qui  défendait  à  qui 
que  ce  fût  de  confesser  Jésus-Christ,  el  qui 
décernait  des  peines  très-sévères  contre  ceux 
qui  refuseraient  d'y  obéir.  Ce  fut  pour  lors 
que  l'injustice,  la  violence  et  la  fureur  s'em- 
parèrent des  triliuuaux  ;  ce  n'était  partout 
qu'embûches  secrètes  ou  guerre  déclarée, 
accusateurs  publics  ou  ennemis  cochés.  On 
allumait  des  feux,  on  plantait  des  croix,  on 
creusait  des  fosses,  on  préparait  des  roues, 
des  fouets,  des  ciievalels  ;  les  épées  et  les 
haches  faisaient  briller  en  mille  lieux  divers 
leur  acier  funeste.  Dans  cette  horrible  agita- 
tion où  se  trouvaient  les  tidèles  ,  les  uns 
fuyaient,  les  autres  succombaient  ;  plusieurs 
étaient  incertains  du  parti  qu'ils  devaient 
)reudre,  d'autres  se  rendaient  avant  rùême 
e  combat,  d'autres  pâlissaient  à  la  vue  des 
tournaents,  «t  perdaient  eourag^  .dès  l^n 


l 


15S 


MAR 


MAR 


136 


trée  ;  d'antros  ronibaltait'iil  d'abord  vaillam- 
ment, mais  ils  so  relàcliaifU  dniis  la  suite, 
ils  abandonnaient  la  victoire  iorsiurd  n'y 
«nvait  plus  (ju'un  pas?»  faire  |)Our  vainrro  ;  et 
semblables  à  des  gens  (jui  font  naufrage,  ils 
jetaient  dans  la  mer,  pour  sauver  leur  vie, 
le  fruit  de  leurs  sueurs  et  de  leurs  longs  tra- 
vaux. 

Le  président  Agricolaiis  ayant  fait  voir 
cet  édit  h  rarm(5e,el  e\bortanr  un  chacun  ci 
s'y  soumettre,  ces  vaillants  lionmies,  sans 
ôtre  épouvflntés  par  le  péril  où  ils  allaient 
s'exposer,  s'avancèrent  liardimrnt,  et,  d'une 
voix  assurée,  (  onfes-^èrent  Jésus-Cduist.  O 
langues  heureuses!  qui  prononçâtes  un  si 
saint  nom,  l'air  qui  le  reçut  en  fut  consacré  ; 
les  a'iges,  qui  l'entendirent,  y  ré, tondirent 
par  leurs  ap|)laudissements  ;  les  démons  en 
lurent  frap|>és  comme  d'un  Irait  de  feu,  et 
le  Seigneur  récrivit  au  plus  haut  Jes  cieux  ! 
Voilà  donc  nos  quarante  officiers  qui  l'un 
après  l'autre  s'avancent  vers  le  tribunal  en 
disant  :  Je  suis  chrétien.  Ainsi  l'on  v(jit  les 
athlètes,  en  un  jour  de  spectacle,  se  faire 
inscrire  sur  le  rôle  des  combattants  ,  avec 
cette  ditrérence  que  ceux-ci  ,  laissant  leurs 
noms  de  famille,  se  lirent  enregistrer  sous 
celui  du  Sauveur,  en  sorte  que  tous  les  qua- 
rante ne  se  donnèrent (piuii  même  nom.  Ils 
ne  disaient,  point,  ie  m'appelle  un  tel  ou  un 
tel,  maisje  m'ap|ielle  chiélien.  Le  président 
demeura  (juelque  temps  dans  l'incertitude 
s'il  emploierait  les  menaces  ou  les  flatteries; 
il  se  détermina  enfin  à  se  servir  d'a))Ord  de 
celles-ci.  Que  faites-vous,  mes  enfants,  leur 
dit-il,  et  pourquoi  |)erdre  ainsi  tant  de  belles 
années  ((ue  les  dieux  vous  promettent? 
Pourquoi,  par  une  mort  piématuiée,  mettre 
lin  h  une  vie  douce,  et  qu'une  jeunesse  tlo- 
rissanle  vous  doit  rendre  si  chère  ?Quoi  1  de 
braves  gens  comme  vous,  se  résoudi  e  à  mou- 
rir comme  des  criminels  1  11  leur  offrit  en- 
suite de  l'aigenf,  puis  il  leur  faisait  espérer 
d'obtenir  pour  eux  de  l'empereur  des  digni- 
tés et  des  grades  ;  en  un  m.it  il  mit  en  usage 
mille  sortes  de  finesses,  il  les  tourna  de  cent 
manières  pour  tAcher  de  les  vaincre  et  de 
les  faire  consentira  ce  qu'il  souhaitait.  Mais 
<)uand  il  vit  (pie  tout  cela  m;  fai>ait  rien, 
que  toutes  ces  belles  promesses,  que  ces  of- 
Ires  si  brillantes,  si  avantageuses  en  appa- 
rence, n'avaient  i>u  1rs  ébranler,  il  tenta  un 
autre  moyen.  Il  leur  mil  devant  les  }eux  bs 
sup[)lices  les  plus  affreux,  il  leur  remplit 
l'imagination  (le  plaies,  de  sang,  de  nmrts. 
Cette  menace,  capable  de  jeter  l'etfroi  dans 
le.s  /^mes  les  plus  intrépides,  ne  lit  aucun 
elfet  sur  celles  de  nos  gens  de  guerre.  «  Que 
«  pr»'-tende/-V()us  ave<;  toutes  ces  offres,  ù 
«  cimemi  de  Dieu,  dirent-ils  au  |>résident? 
m  (Irove/.-vous  pouvoir  ,  par  vos  pré'sents. 
«  nous  engager  à  abandonner  le  culte  du 
«  D.eu  vivant  pour  celui  de  vos  mauvais 
«démons?  Il  f  unirait  pour  cela  nous  per- 
«  siiader  que  ce  cpie  vous  nous  offrez  vaut 
t  autant  que  ce  qio  vous  voulez  nous  faire 
«  perdre.  Nfuis  ne  vouluns  point  de  v«»s 
«  dons,  qui  ne  peuvenl  nous  causer  qu'un 
«  dommage  évident.  Nous  refusons  vos  hon- 


«f  neurs.  qui  ne  sauraient  qnenons  plonger 
n  dans  un  abime  d'ignominie.  Donnez-nous 
«  des  richesses  (jui  soient  éternelles,  et  une 
«  gloire  qui  ne  passe  jamai>.  Vous  nous  pro- 
«  mettez  les  bonnes  giAces  de  l'empereur,  et 
«  vous  voulez  nous  faire  perdre  celles  de 
«  Dieu.  Vous  nous  faites  valoir  je  ne  sais 
«  (piels  avantages  <jue  le  monde  vous  four- 
«  ml  ;  ignorez-vous  que  nous  méprisons  le 
«  monde  entier?  S.ichez  rjue  tout  ce  (pii 
«  tombe  sous  les  sens,  (|ue  tout  ce  que  la 
«  vue  trouve  de  beau,  tout  ce  qu'elle  offre 
«  à  l'esprit  de  rare  et  de  surprenant,  tout 
«  cela  n'approchera  jamais  de  ce  que  l'espé- 
«  rance  nous  fait  seulement  entrevoir.  Vous 
«  voyez  le  ciel  ;  rien  n'est  plus  digne  de  no- 
«  tre  attention,  rien  n'a  plus  de  véritable 
«  grandeur;  cela  est  vrai.  Et  la  terre,  quelle 
«  vaste  étendue  I  Combien  de  merveilles  ne 
«  renfermc-t-elle  pas  dans  son  sein?  Et  ce- 
«  pendant  la  possession  de  tout  cela  ne  peut 
«  égaler  la  félicité  que  Dieu  prépare  aux 
«  justes.  Car  enfin,  la  terre  et  le  ciel  passe- 
«  ront,  et  celte  félicité  ne  passera  jamais. 
«  Ce  n'est  donc  que  pour  la  jouissant  e  de 
«  cetie  félicité  que  nous  pouvons  concevoir 
«  quelque  aml)ition  ;  ce  n'est  que  pour  cet 
«  unique  b.en  que  nous  ressentons  de  l'ar- 
«  deur  ;  c'est  la  seule  gloire  après  laq  elle 
«  nous  soupirons.  Nous  souhaitons  d'être 
«  heureux ,  et  nous  craignons  fort  d'être 
«  malheureux.  Le  feu  de  l'enfer  nous  fait 
«  peur  ;  car,  h  l'égard  de  celui  dont  vous 
«  nous  menacez,  bien  loin  que  nous  le  crai- 
«  gnions,  c'est  lui-même  qui  nous  craint  ;  il 
«  est  aussi  bien  (|ue  nous  soumis  à  Dieu,  et 
«  il  n'ose  se  jouer  h  ceux  ipii,  comme  nous, 
«  méfirisent  les  idoles.  N'ouiez-vous  ijue  nous 
«  vous  disions  ce  que  nous  pensons  de  vos 
«  tourments?  Ce  ne  sont  franchement  que 
«  de  légères  égratignures  faites  de  la  main 
«  d'un  enfant.  Vous  pouvez  à  la  vérité  faire 
«  un  peu  d-  mal  à  notre  corps;  (]ue  s'il  ré- 
'<  siste  longtemps,  tant  mieux  pour  nous, 
«  notre  couronne  en  sera  plus  belle  ;  que  si, 
«  au  contraire,  il  succombe  sous  vos  prê- 
te miers  coups,  tant  mieux  encore,  nous  îe- 
«  rons  plus  tOt  délivrés  de  vos  mains.  .Mais 
n  enfin,  n'est-ce  pas  unecliose  insupportable 
«  de  voir  ijue  vous  vouliez  étendre  votre 
«  |>uissance  jus(|ue  sur  les  Ames,  et  (jue 
((  vous  n'iMitriez  précisément  en  fureur  (jue 
«  parce  ipie  nous  obéissons  plulùt  aux  or- 
«  lires  de  Dieu  qu'aux  vôtres.  Cette  préfé- 
«  rence  vous  choipie.  vous  vous  en  offensez 
n  comme  d'une  injure  faite  à  votre  autorité  : 
«  nous  sommes  criminels,  parce  que  nous 
«  avons  de  la  religion  ;  et  la  litbdité  (|ue  nous 
«  gaulons  h  notre  Dieu  niéiite  les  derniers 
«  supplices.  Nous  n'aimons  pas  assez  la  vie, 
«  et  nous  ne  cra  gnous  nas  si  f«irt  la  mort, 
n  pour  (pie  le  désir  de  1  une  et  l'appréhen- 
n  sion  do  l'autre  nous  fassent  condescendre 
•  à  votre  vdionté.  (iar,  alin  tpie  vous  le  sa- 
«  (liiez,  nous  sommes  prêts  à  souffrir  et  vos 
n  roues,  et  vos  chevalets,  et  vos  feux,  pour 
n  la  fniipienous  professons,  et  pour  l'amour 
«  du  Dieu  (pie  nous  adorons.  » 
La  liberté  de  co  discours  excita  dans  l'âmo 


1S7 


M  AU 


M  Ml 


ir.fi 


(1(1  prcmdcill  iiii(<  liiniir  (|iii^  l'oi^^tU'il  cl  lii 
niiaiilc,  (|iii  on  raisnicnl  drj/i  If  r;inicl('>ri', 
rctiiliiitvil  (Micorn  plus  viuli'iilc.  Il  rif  drlihrrn 
plus  s'ilddil  rail»'  iiKiui  ir  ces  };('"n'Tcii\  t|ii('- 
tù'iis,  mais  dt"  (picllc  iiiorl  cl  di'  (pici  sup- 
plice il  les  d<»il  l'aire  iiiouiir.  Il  ne  nc  ^■^^\\- 
tciMo  pas  d'un  supjilicc  oïdiiiaue  mi  d'une 
niorl  coiniuuMc,  il  veut  «pn-hpic  choso  d'(»x- 
«juis.  Voici  ce  ipTii  invcnla.  On  était  alors 
dans  le  plus  l'orl  dt«  riiiv(>r,  cl  on  sait  d'aU- 
loiirs  (ju(^  rArnu'nic  esl  ini  pays  «xtrc'^ine- 
ment  froid  (1)  duranl  celle  saisuM  ;  le  jtrt'si- 
denl  clioisil  poin-  son  dt>ssein  une  nuil  (pie 
II)  froid  était  de  heaucoup  augujent('*  par  un 
veut  de  hise  (pii  souillait  avec  violence;  il 
commanda  cpie  les  saints  fusseid  couduils 
sur  un  étang,  et  \h  ox|)osés  tout  nus  h  l'air, 
('eux  (pli  oit  (piel(piefois  éprouvé  la  riiiiuMir 
d'un  fi(tid  Apre  cl  [uipianl  s'iiuai;iner(tnl  l'a- 
l'ilement  la  grandeur  d'un  pareil  supplice. 
D'abord  le  corps  est  saisi,  le  sa'igso  glace,  (>t 
une  pâleur  livide  s'empare  do  toute  la  su- 
perticic  de  la  cliaii;  ctisuiteon  frissonne,  les 
dents  80  (  liO(]uout  l'une  contre  l'autre,  les 
veines  se  léli  écisseiil,  le  corps  se  raccourcit  ; 
entin  une  douleur  aiguë  s'msinue  partout, 
pénétre  jus(iu'au\  moelles,  et  cause  de  moi- 
telles  convulsions.  Alors  les  exirémilés  du 
corps  s'en  séi;arent,  et  les  membres  tombent 
par  pièces;  car  la  chaleur  iialurcllc  se  reli- 
raut  des  |)arlies  extéi  ieures  vers  les  parties 
nobles  et  internes,  il  f.uil  nécessairement 
C|Ui^  ces  finrties  ainsi  abandonnées  de  ce  feu 
(jui  enlielient  la  vie  ,  meurent;  mais  eu 
même  temps  celles  vers  lesquelles  la  chaleur 
s'est  retirée  ,  n'en  pouvant  supporter  l'aug- 
mentation, en  soit  éloiiifiîes. 

On  conduisit  les  saints  sur  cet  étang,  qui 
n'est  pas  fort  éloigné  de  la  ville.  La  glace  en 
était  plus  dure  que  le  marbre,  et  aussi  im- 
mobile qu'un  rocher,  et  si  épaisse,  que  les 
gens  de  pied  et  les  chevaux  marchaient 
dessus  comme  sur  la  terre  ferme;  il  était  de- 
venu un  chemin  public.  Borée,  de  sou  ha- 
leine, tuait  tous  les  oiseaux  et  les  autri^s 
bètes  de  la  campagne  qui  osaient  en  appro- 
cher. Quel  fut  donc  le  courage  de  nos  mar- 
tyrs, lorsqu'ayant  jeté  les  yeux  sur  cet  ef- 
froyable lit  où"  la  cruauté  du  tyran  les  avait 
condamnés  à  passer  la  nuit,  ils  y  entrèrent 
gaiement ,  ôtèrent  leurs  habits,  et  s'avancè- 
rent hardiment  vers  la  mort  qui  les  atten- 
dait, s'exhortant  l'un  et  l'autre,  non  à  mourir, 
mais  à  vaincre?  Nous  ne  nous  dépouillons 
pas,  dirent-ils,  de  nos  habits,  mais  du  vieil 
homme,  que  l'erreur  et  les  mauvais  désirs 
corrompent.  Soyez  béni,  Seigneur,  de  ce 
que  nous  quittons  le  péché  en  quittant  ce 
vêtement  honteux,  et  la  marque  du  crime 
de  notre  premier  père.  Le  serpent  fut  cause 
que  nous  le  prîmes  dans  le  paradis,  mais 
nous  en  fûmes  en  même  temps  chassés;  et 
aujourd'hui  Jésus-Christ  nous  l'ôte  pour 
nous  faire  rentrer  dans  le  paradis.  On  nous 
dé[)Ouiile  pour  l'amour  de  notre  Dieu,  et 
notre  Dieu  a  bien  été  dépouillé  pour  l'amour 

(1)  Saint  Chrysostome  s'en  plaint  dans  ses  lettres 
4  et  ()  à  Olympiade. 

DiCTIONN.     DES     PERSÉCUTIONS.    IL 


de  nous.  Si  lo  inniiri!  a  soMlI'eit  relie  peiiir, 
esl-ce  un  si  grniid  ellorl  h  l'oselave  de  l/j 
soull'iir?  Du  moins  avoiis-nouH  celh*  coti.so- 
lalion,  «pie  nos  mains  n'ont  lias  .servi  it  d)'- 
poiiilliM-  le  Sauvoir  ;  c(j  MncriloKe  fut  lo  crime 
des  soldais  romains.  I.n  temps  est  rude,  il 
esl  vrai,  l'hiver  se  l'ail  senlii  d/ins  toute  sn 
violence,  mais  nous  jouirons  dHiiH  le  ciel 
d'un  ('lernel  piinlemps;  Abraham  nous  r^'- 
(haiiHera  uaiis  son  sein.  Il  faut  ipie  le  Iroid 
détacdie  nos  nieds  <le  noire  r;orps,  {ijin  (pi'on 
non-,  en  rende  dans  le  ciel  dimmorlels.  Il 
faut  (pie  le  froid  fasse  tomber  nos  mains, 
jioiir  pouvoir  les  élevei'  \t;vs  Dicni.  Combien 
de  nos  compagnons  nvons-nruis  vus  périr 
(unis  !<'S(|ivers((»mbal s  où  nous  nous  sommes 
tr(uivés?  Ils  donnaient  leur  vie  pour  le  ser- 
vice d'un  homme,  et  nous  avons  le  bonheur 
de  sacrilii  r  la  mMie  pour  les  inti'rèts  d'un 
J)ieu,  Mais  combien  ne  scélérats,  combien 
d'iiif.ùnes  brigands  ont  soulfert  la  mort  pour 
leurs  crimes,  et  nous  ne  la  soull'rirons  ()as 
pour  la  justice"?  Chers  compagnons,  ne  nous 
leflehons  point  ;  ne  donnons  sur  nous  au- 
cune prise  au  démon.  11  ne  s'agit  (jue  de  notre 
corps,  ne  réf)argnons  pas.  Puis(jue  entin  nous 
ne  vivons  que  |)our  mourir,  mourons  puur 
vivre  éternellement.  Seigneur,  daignez  iiOi- 
norer  notre  sacritice  de  vos  re^iards,  recevez- 
nous  comme  autant  de  victimes  vivantes 
cpie  nous  vous  imm-dons  de  nos  piopies 
mains.  Sacritice  nouveau,  nouvel  holocauste 
qut.'  le  froid  déiruit,  que  le  froid  consume. 

C'est  de  cette  sorte  que  nos  saints  martyrs 
s'animaient  à  soulfrir  constamment,  chacun 
donna  lit,  pour  ainsi  dire,  et  recevant  l'ordre 
tour  à  tour;  ils  passa  ont  cette  allreusenuit, 
comme  s'ils  eussent  été  au  bivouac.  Ils  sup- 
jiorlaient  patiemment  le  présent,  ils  se  ré- 
jouissaient de  l'avenir,  et  ils  se  moquaient 
des  vahis  offortsde  leur  ennemi.  Ils  faisaient 
celle  prière  :  Nous  sommes  entrés  quarante 
d  ns  la  (^arrière,  qu'il  vous  plaise.  Seigneur, 
nous  couronner  tous  quarante  :  qu'il  n'y  en 
ait  pas  un  qui  ne  r  çoive  le  prix  de  la  course. 
Vous  lavez  consacré,  Seigneur,  |  ar  votre 
jeune,  ce  nombre  de  quarante;  ce  fut  après 
un  pareil  nombie  de  jouis  que  Moïse  fut 
jiîgé  digne  de  promulguer  dans  le  monde 
votre  loi,  et  que  le  prophète  Elle  mérita  de 
vous  voir.  Nos  quarante  martyis  priaient 
ainsi  :  mais  ils  eurent  la  douleur  d'en  voir  un 
des  quarante  abandonner  son  poste,  et  dé- 
serter hoiiteusement.  Mais  leur  [irière  ne 
laissa  pas  d'avoir  son  elfi  t,  et  Dieu  la  leur 
accorda  dans  toute  son  étendue. 

Le  gouverneur  avait  commandé  un  soldat 
pour  garder  les  quarante  mart^u's.  Le  grai^d 
froid  l'avait  obligé  d'enirer  dans  le  lieu  des 
exercices  qui  (liait  proche  de  l'étang,  il  s'y 
était  mis,  comme  il  avait  pu,  à  l'abri -le  l'in- 
clémence de  l'air.  11  avait  aussi  ordre  de 
preîidre  garde  si  quelqu'un  des  quar.mte  ne 
viendrait  point  à  changer  de  senlunents.  En 
ce  cas,  il  y  avait  là  un  bain  pour  réchauffer 
ceux  (jui  demanderaient  grâce.  L'expédient 
était  admirable  pour  faire  des  apostats  ;  et 
c'était  un  trait  de  grande  adresse  au  gouver- 
neur, d'avoir  su  si  bien  choisir  le  lieu  u-i 


139 


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l40 


rombal.  qn»'  b^s  roinhallanfs,  pres:>és  de  so 
reudrf',  pussent  trouver  aussitôt  un  socours 
Gonlre  la  mort.  C'éiail  sans  doute  de  quoi 
•^branler  lour  constance  ;  et  c»»  fut  ce  qui 
rendit  celle  des  martyrs  plus  recomiuan- 
dahl©.  Ce  soldat  donc,  qui  observait  ave 
s<^)in,  de  l'endroit  nù  il  sT'lad  mis  h  couvert, 
tout  co  qui  se  passait  sur  létan.;,  connue  en 
devant  rendre  compte  au  gouverneur,  aper- 
çut des  anges  qui  descendaient  ô\i  ciel, 
ayant  les  mauis  chargt^es  do  couronnes  et  «le 

frésents  qu'ils  rlislril)uaient  aux  martyrs,  à 
exception  d'un  seul,  ('/était  celui  qui,  dans 
le  moment  mf^-me,  c«^dant  au  froid  une  fu- 
neste victoire,  et  donnant  un  triste  exom- 
jle  d'inconstance  et  de  faiblesse  ,  quittait  le 
")arti  de  Jésus-Christ  pour  se  jeter  dans  ce- 
ui  de  son  ennemi.  Déplorable  condition  de 
Ihommo  !  Un  soldat,  qui  jusqu'alors  avait 
passé  pour  vaillant,  abandonne  lAchement 
son  général,  ses  compagnons  ;  il  manque  de 
cœur,  il  se  laisse  prendre;  et  ce  qui  est  de 
plus  lamentable  ,  cet  infortuné  transfuge  , 
en  perdant  le  ciel,  ne  jouit  pas  longtemps 
de  la  terre.  Car  h  peine  fut-il  entré  dans  le 
bain,  que  l'eau  clnude  venant  à  dissoudre 
ses  membres  «jue  le  froid  tenait  encore  un 
peu  unis  ensemble,  il  y  expira.  Ainsi  ce 
malheureux,  qui  pour  conserver  un  reste  de 
vie  n'avait  pas  craint  de  connnettre  un 
crime,  n'en  tira  nueini  avantage.  Celui  qui 
en  prolita  fut  le  garde  du  gouverneur.  Cm-, 
ayant  vu  ce  misérable  sortir  do  l'élang  et 
courir  vers  le  bain,  il  prit  aussitôt  sa  place  ; 
el  ùtant  ses  habits,  il  se  joignit  aux  trente- 
neuf  antres,  disant  avec  eux  :  Je  suis  chré- 
tien. Un  changement  si  soudain  remplit 
d'abord  nos  martyrs  détonnement,  puis  de 
|oie  et  de  consolation  ,  lorsqu'ils  virent  la 
perte  ({u'ils  venaient  'le  faire  si  heureuse- 
ment réparée.  C'est  ainsi  que  dans  une  ba- 
taille, quand  un  corps  qui  fait  front  à  l'en- 
nemi se  trouve  éclairci  jiar  l»  chute  de  quel- 
ques soldats  ,  on  a  soin  de  remplir  aussitôt 
ces  Vides,  de  crainte  que  l'ennemi  ne  pénètre 
par  Ih,  comme  par  aiit  ml  de  brèches,  jus- 
qu'au centre  de  l'armée.  Kniin  cet  heureux 
soldat  vit  un  miracle,  A  reconnut  la  vérité, 
il  eut  recours  à  Dieu,  il  fut  mis  au  nombre 
des  martyrs,  (/est  ainsi  ei'core  ({ue  .Malliias 
l)rend  la  niace  du  traître  Judas;  que  Paul, 
fpii  éiait  liirr  un  perséiuleiir ,  est  aujour- 
d'hui un  apôtre.  L:\  voialion  de  notre  sol- 
dat, aussi  bien  que  celle  du  docteur  des 
gentils,  venant  directement  de  Dieu,  t»t  non 
des  hommes,  il  croit  en  Jésus-Christ,  il  est 
l)aplisé  non  par  un  ministre  de  l'Kglise, 
mais  [lar  la  foi  seule;  non  dans  l'eau,  mais 
dans  son  piiq)re  sang. 

Cependant  le  jour  parut  ;  et  comtno  on 
leur  trouva  encore  rpielipie  reste  de  vie,  on 
lesjeta  tous  sur  un  bikher  pour  y  être  con- 
sumés, et  leurs  cendres  furent  i.èlt'es  avtx 
les  eaux  du  fleuve.  De  sorte  que  tous  les 
éléments  contribuèrent  à  li'ur  martyre.  Ils 
e-idurèrent  premièrement  divers  tourments 
sur  la  terre  ;  après  ils  furent  exposés  à  ui»  air 
glacé,  puis  mis  sur  un  biVher,  .t  entin  jolés 
d  ii>*  une  nvière.  Ils    pouvaient  dire   avec 


beaucoup  de  raison  :    Nous  nvona  passé  par 
Ir  frn  et  par  />«»«,  et  t'OM.«  nous  avez  mil  en- 
gtiite  dans  un    lieu  de  rafrnieinssement  [P$aL 
i.W).  Ce  sont  ces  bienheureux    »old<Hs  qui, 
faisant   garde  jour   el    nuit   dans  cette  pro- 
vince, sont  comme   autant  de   tours  qui  nr- 
rélcnt  les  courses  de   nos  ennemis.   Leurs 
sainlf^s  reliques  ne  furent  pas  toutes  aban- 
données au  courant  du  fleuve;  la  plus  grande 
partie  de  ce  trésor  est  restée  sur  terre  non 
en  un  seul  endroit ,  mais  répandue  en  divers 
lieux,  et  faisant  celui  de   plusieurs  églises 
Chose  admirable  !  Ils  sont  tous  en  ciiaque 
lieu,  ils  ne  sont  f)as  même  séparés  après  leur 
mort.  La  |>orlion  que  nous  en   avons  obte- 
nue est  un  bienf  lit  du  ciel  ;  c'est  pour  nous 
une  source  perpétuelle  de  grAces;  c'est  pour 
les  chrétiens  un  secours  toujours  prêt ,  ipie 
C'tto  nombreuse  assemblée  de  martyrs,  que 
cette  aruK'e  viclori*^use  et  tnomplianle,  c^ue 
ce  chœur  de  sain's  uni  à  ceux  des  anges 
pour  louer  Dieu.  Je  vous  ai  vus  souvent  en 
peine   pour  trouver  dans  le    ciel    queltpic 
saint  qui  voulût  se  rendre  notre    interces- 
seur aufirès  de  Dieu  ,  el  vous  er»  avez  qua- 
rante qui  n'ont  tous  qu'une  inèmc  voix  iiour 
demander  les  gr.lces  qui  vmis  sont  néces- 
saires. En  (pielque  lieu  (pie  deux    nu  trois 
personnes  soient  assemblées  an  nom  du  Sei- 
gneur, le  Seigneur  est  au  milieu  d'eMes  ;  et 
qui  peut  douter  qu'il  ne  soit  présent  au  mi- 
lieu de  quarante  ?  Quiconque  donc  es4  dans 
l'afiliction,  qu'il  aille  «'i  eux,  ils  feront  cesser 
ses  peintîs.  Quel((u'un  est-il  dans   la  joie  , 
qu'il  s'adresse  à  nos  saints,  ils  savent  don- 
ner de  la  durée  à  la  prospérité.  Une  mère 
leur  porte  ses  vœux  [lour  son  tils;  une  femme 
leur  va  demander  le  retour  de  «on  mari  qui 
est  en  voyage  ;  une  autre  implore  leur  se- 
cours dans  la  maladie  du  sien,  .\llous  donc 
aus'^i  nous  autres  leur  offrir  nos  [irières.Que 
les  jeuaes  gens  les  prennent  pour  modèles 
de  leur  conduite;  ils  étaient  jeunes;  que  les 
pères  souliailenl  d'avoir  des  enfants  qui  leur 
ressemblent,  ils  ont  fait  le  bonheur  de  leurs 
pères  ;  mais  que  les  mères  règlent  leur  ten- 
dresse sur  l'exemple  que  nous  allons  leur 
proposer  ;  il  est  de  la  mère  de  l'an  de   nos 
quarante  martyrs.  Cette   femme   admirable 
vil  (|u'on  a\ail  chargé  un  chariot  des  corjKs 
de  ces  saints,  pour  les  porter  sur  un  brtcher 
où  ils  devaient  Aire  brrtiés,  o\  q\\'i)u  laissait 
Ih  son  lils  ijui  respirait  encore,  ayant  résisté 
plus  longtemps  que  les  autres  à  la  violence 
du  froid,  parce  (pi'on  esnéraif  toujours  que 
tint  qu'il  serait  en  vie  ,  il   pourrait   changer 
de  sentiment.'*.  Klle  le  prit  entre  ses  bras,  et 
de  ses  propres  mains  elle  le  mit  d ms  le  cha- 
riot sur  les  corps  de  ses  comj»agnoiis  ;  elle  ne 
s'amusa  point  k  répandre  des  larmes  ,  elle 
ne  déshonora   point   la  victoire  de   son  lils 
par  des  plaintes.   ,\llez  ,  lui  dit-elle,  mon 
lils,  achevez  glorieusement  avec  tos  compa- 
gnons la  course  (pie  tous  avez  si  glonetHe- 
ment  commenci^e  avec  eux.  Ahl  mon  lils,  je 
ne  crains  pour  tom  fju'une  chose,  c'eârt  que 
vous  n'arrivie/  plus  tard  (pie  les  autres  en  la 
présence  du  Heignenr.  ()  mère  digne  d'un 
tel  tilsl  6  Ûls  digne  d'une  telle  mère  1   lils 


Ul  MAIl 

liciirtMiX  d'avoir  iMi  unu  u»(>r^*  t/m  lui  nil  l'iiil 
sucer  lu  i»iiHi^  «ver  lu  lail  ;  Mièic  liciurusti 
d'avoir  (Ml  un  lils  ipii  ail  si  hicii  n'i  uudu  il 
rt^dncdlioiJ  saillir  (|ii('  vous  lui  avio/.  d'i'i- 
Ui'c  I  t.i'  déuiou,  linii|(!iix  de  s.i  di'l'-iilc,  s'nlla 
caclicr  an  fou»!  do  l'cider.  Jl  l'nMuissail  do 
r;ij;,o  <'U  vo3aMl  loulcs  ses  luachiiuîs  d«'uiou- 
((^(!S  \mr  la  ridrliU'  cl  la  coiislancc  di;  nos 
martyrs.  Kn  ciïi'l  ,  il  avait  si  Iticii  conccrli^ 
foules  (hoscs  ,  (ju'd  srinhlail  (\uv  ses  des- 
seins ne  pouvr.ienl  ni;ui(iuer  de  réussir.  F,e 
temps,  le  lieu,  les  personnes,  riiorreur  d'unc! 
nuil  d'iiiver,  la  saison  la  plus  l'rnido  et  lu 
plus  l'AcIionse  do  l'aïuiée,  un  «limai  de  fri- 
mas 01  de  glanons  ,  tous  les  v(miIs  du  niM'd 
mailres  (l(>  l'an",  en  un  mol  loulo  l;i  nature  h 
sa discriMion.Olroupe sacrée I  brijj;adesainlo 
h.ilaillon  invincible  ,  glorieuse  compagnie 
de  martyrs  !  A  sih\s  ol  lidèli's  gardiens  du 
goure  lîumain  ,  charilahles  associés  à  nos 
misères  ,  députés  de  la  naluro  humaine  au- 
tres do  Dieu  ,  puissants  intercesseurs  pour 
os  chrétiens,  astres  du  monde  ,  Ihiirs  de 
'F<-;iiso  ,  oui ,  jo  lo  dis  ,  llours  intolligonlos, 
tlours  qui  biillez  parmi  les  éloilo;-. 

Martyrs  dignes  dos  louanges  de  tous  les 
siècles,"  les  portes  du  paradis  vous  furent  ou- 
vertes; les  anges,  les  prophètes,  les  patriar- 
ches, tous  les  saints,  accoururent  de  tous  les 
endroits  du  ciel  pour  être  spectateurs  do 
roniiéé  Ir'omplianie  (lue  vous  y  fîtes.  Qu'il 
était  charmant,  ce  spociaclc.  ol  digne  d  oc- 
cuper tous  les  bi(>nhoureux  !  Q^i^^ranle  jeunes 
guerriers,  h  la  tleur  do  leur  Age,  égaux  on 
fnérile,  on  valeur,  en  réputation,  méprisent 
Ïa  vie,  aiment  Dieu  plus  que  pères,  enfants, 
femmes,  |)arents,  lo  gloritionl  en  leurs  corps, 
le  gloritient  en  son  corps  mystique,  s'érigent 
un  tro[)héo  des  dépouilles  de  l'enfer  et  sont 
couronnés  de  la  propre  main  de  Jésus- 
Christ. 

MARTYRS  DE  TANA.  En  132^,  Jourdain 
Catalani,  Français  d'origine ,  était  domini- 
cain. Voulant  aller  semer  la  parole  de  Dieu 
jusque  dans  le  Ralliai,  il  se  joignit  h  quatre 
franciscains  :  Thomas  de  Tolonlino,  qui  na- 
guère avait  évangéîisé  l'Arménie  ,  et  qui 
était aloisAgé  desoixanle  ans;  JacquesdoPa- 
doue,  Pierre  de  Sienne,  et  lo  frère  lai  Démé- 
liiiis  do  Titlis ,  Géorgien  de  nation  ,  versé 
dans  les  langues  orientales  ,  et  qui  servait 
d'interprète  aux  trois  prédicateurs  de  son  or- 
dre. Ces  franciscains  demeuraient  à  Tauris, 
lorsque  rospéranco  <lu  ma.rtyre  et  le  désir 
de  pro|iager  la  foi  parmi  les  musulmans  et 
les  idolâtres,  au  prix,  mémo  de  leur  sang, 
les  porlèr.  nt  à  s'cml)arquer  avec  Jourdain, 
dans  le  port  d'Ormuz.  Ils  firent  d'abord 
voile  pour  Columbum  (Coiam  sur  la  côte  du 
Malabar),  et  comptaient  aller  de  là  visiter 
l'église  de  saint  Thomas,  h  Méliapour;  mais 
la  tempête  ou  plutôt  le  mauvais  vouloir  du 
pilote  les  conduisit,  au  mois  d'avril  1322,  à 
Tana,  dans  l'île  de  Salcette,  où  dos  nesto- 
riens  les  accueillirent.  Ceux-ci  les  ayant 
priés  d'envoyer  l'un  deux  à  Paroco  (Baroch 
sur  le  Nerboudha  dans  le  Guzerate),  aûn 
a'y  instruire  et  baptiser  quelques  chrétiens. 


M\I\ 


m 


u\i\\s  de  nom  totileniunt,  qui  n'y  lioiivaniii, 
Jiiiird.'iiii  fut  dési^iK-  <l'iiii  conunuii  no  (ird 
pDiii  celle  mission,  pareo  (pi'd  .suvail  niiL'ot 
(pii)  ses  CduipjiKnoiis  la  langue  per:>iiiio.  Cu- 
iieiKJant  une  (pu-i  elle  h'i'i.uiI  éluvée  nitro  Il-h 
liùle.s  dos  li  .1111  is(  anis,  ht  reuuuo  alla  s«  pl/iiii- 
dro  de  son  mûri  au  cadi,  ajoutuiil  «pi Cllo 
|i(tuvail  iiivinpier  lo  témoigna^»;  dos  ipjalro 
reli;.;ieu\.  lidcjiuié  aiii.si  de  leur  présence  è 
T'iiia  ,  lo  cadi  luai.du  les  fiéres  mineurs. 
'l'Iiomas,  Jae(pios  cl  Déméliiiis  alleient  lo 
ti(ui\(.'r,  Pierre  loslaiit  cho/.  leur  hôte  itour 
y  garder  les  ornomonls  et  les  uulros  objet» 
(pi'ils  avaient  apportés  avec  eux.  Inloriog(''g 
sur  la  religi(;u  <i  l'instigation  d'un  inusul- 
nian  d'Alexandiii!  nommé  Youssonf,  hs 
trois  fianciseaiiis  proelamèrcnt  la  divinité 
do  Jésus-Clirisl,  ol,  comme  on  leur  deman- 
dait ce  qu'ils  pensaient  (h;  Mahomet,  Tho- 
mas ne  f)ul  taire  ipu;  cet  imposl(!ur  ontiai- 
nait  la  pcute  éloinoHi;  dc'  rr,u\  (jui  suivaient 
sa  faiisso  loi.  Los  musulmans,  furieux,  eni- 
jiloyèi'ent  tour  h  tour  les  menaces  et  les 
promesses  jtour  obtenir  nm,-  rétiaclalion. 
Voyant  ane  les  franciscains,  inébranlables 
dans  la  l'oi,  refu.s'iiint  d'aposlasiei-,  ds  leur 
arrachèrent  le  capuchon  et  les  exf)0sèrent, 
liés  à  dos  poteaux,  à  l'ardeur  du  soleil,  dont 
on  ce  lieu,  et  à  cotlo  éi)0(|uo  de  l'année,  on 
ne  peut  soutenir  pendant  une  heure,  à  dé- 
couvert, les  rayons  brûlants,  sans  succom- 
ber. Néanmoins,  les  trois  religieux  demeurè- 
rent depuis  l'heure  de  tierce  jusqu'à  colle 
de  iionc,  exposés  à  ce  soleil  dévorant,  dont 
une  douce  rosée  venait  de  temps  on  temps 
mifiger  l'ardeur,  jiour  qu'elle  ne  pilt  leur 
nuire,  et  ils  ne  cessèrent  de  chanter  les 
louanges  de  Dieu.  L'étonnement  et  la  rage 
des  persécuteurs  leur  firent  inventer  un 
nouvem  supj)lice.  Par  l'ordre  du  cadi  et 
du  gouverneur  on  éleva  sur  la  place  publi- 
que un  grand  bûcher,  et  on  dit  aux  martyrs 
que  si  leur  foi  était  vraie ,  ils  ne  seraiîent 
pas  brûlés;  qu'au  coniraire,  si  elle  était  fausse, 
ils  seraient  réduits  en  cendres.  «Nous  sommes 
prêts,  répon(Jirent-ils,  à  entrer  dans  ce  bû- 
cher et  à  endurer  tous  les  tourments  pour 
l'amour  de  Jésus-Christ;  mais  si  le  fou  nous 
consume  en  punition  de  nos  péchés,  i.otre 
foi  n'en  sera  pas  moins  vraie,  car  elle  émane 
de  la  source  même  de  la  vérité;  el  si  nous 
ne  sommes  pas  brûlés,  nous  ne  le  devrons 
qu'à  la  clémence  divine.  » 

Thomas  réclamait  le  privilège  de  l'Age 
pour  entrer  le  premier  dans  le  feu;  mais 
quatre  musulmans,  à  la  vue  d'un  peuple  im- 
mense ,  en  approchèrent  Jacques  ,  le  plus 
jeune  des  religieux.  Muni  du  signe  de  la 
croix,  il  pénétra  au  milieu  des  flammes,  les 
bras  étendus,  les  yeux  élevés  au  ciel,  glori- 
fiant Dieu  ot  Jésus-Christ  son  Fils  unique, 
ou  invoquant  la  Vierge  Marie.  Il  y  demeura 
ainsi,  miraculeusement  préseivé,  jusqu'à  ce 
que  tout  le  bois  se  trouvant  consumé,  les 
flammes  s'éteignissent  sans  qu'un  cheveu 
manquât  à  sa  tèto,  ni  un  fU  à  ses  vêtements. 
Emu  de  ce  prodige,  le  peuple  inclinait  vers 
le  christianisme  et  proclamait  la  sainteté  des 
serviteurs  de  Dieu,  ministres  d'une  religion 


il^ 


MVR 


MAR 


M\ 


v<^rilnble  et  vivifinnle.  Mnis  le  cadi,  (^lovant 
In  vni\,  proti'sla  (\>\'\\ii  iiéfaionl  ni  s«iinls, 
ni  serviteurs  de  Dieu,  ni  ministres  tie  la 
vraie  religion,  et  que  Jat;ques  avait  él»>  pré- 
servt^  pnr  son  vi^teinent,  tissu  de  laine  de  la 
tcrrt' (rAl)raliani  (jiio  le  Soigneur  avnit  h.'-- 
nie.  Faisant  aussitôt  |)rt^parer  un  bûcher 
dru\  fois  plus^rand  que  le  premier,  sur  le- 
quel on  répandit  de  lliuile  et  de  la  résine, 
il  ordonna  de  mettre  le  martyr  à  nu,  de  lui 
laver  tout  le  corps  pour  en  détacher  tout  pré- 
servatif magique,  (le  l'oindre  ensuite  d'huile 
et  de  beurre.  En  présence  d'un  grand  nom- 
bre d'idolAlres,  dont  jdusieurs  adoraient  le 
feu,  de  beaucoup  do  musulmans,  de  qutl- 
qnes  chrétiens  et  des  autres  religieux  qui, 
prosternés,  priaient  Dieu  avec  ferveur,  Jac- 
ques entra  dans  ce  second  bûcher  avec  la 
même  liberté  desprit, y  resta  et  en  sortit 
protégé  par  la  môme  vertu  divine.  La  mul- 
titude, frappée  d  élonnement,  cria  tout  d'une 
voix  que  ces  hommes  étaient  justes  et  saints. 
Le  gouverneur,  voyant  les  disj  ositions  du 
})euple,  embrassa  Jacques,  qui  avait  revêtu 
ses  habits ,  et  les  autres  franciscains.  11 
donna  de  grands  éloges  h  leur  religion,  leur 
promit  sa  protection,  mais  les  j>ria,  alin  de 
déjouer  la  malice  du  cadi  et  de  prévenir  toute 
embûche,  de  passer  le  bras  ae  mer  qui  sé- 
pare l'ile  de  Salcette  de  la  terre  ferme:  les 
franciscains  le  lui  promirent,  tout  en  décla- 
rant qu'ils  ne  fuyaient  ni  les  embûches,  ni 
la  mort  dont  on  pouvait  les  menacer  pour 
Jésus-Christ.  Le  nestorien,  leur  hôte,  les  ac- 
compagna et  les  conduisit  sur  le  continent, 
dans  la  maison  d'un  idolâtre  son  ami.  iM.iis 
la  nuit  suivante,  le  cadi  vint  trouver  le  gou- 
verneur, et  se  plaignit  de  1  injure^  faite  à 
>Jahomel  dont  tout  le  peupl'  ne  manque- 
rait pas  de  déserter  la  loi  pour  adopter  la 
foi  etr'jngère  des  chrétiens.  Le  gouverneur 
résista  d'abord  à  ses  insinuations,  et  parla  de 
rinnoceiice  des  martyrs.  Le  juge  inique  lit 
alors  entendre  le  langage  de  la  menace.  Re- 
doutant la  disgrâce  du  |)rince,  le  taible  gou- 
verneur ordonna  à  quatre  satellites  de  pour- 
suivre les  serviteurs  de  Dieu,  et  lit  saisir  tous 
les  chrétiens  qui  se  trouvaient  dans  la  ville. 
Les  bourreaux  cherchèrent  d'abord  en  vain, 
dans  lobsi  urité,  la  nouvelle  demeure  des 
trois  fr.inciscains  ;  mais  ceux-ci  s'étant  levés 
vers  minuit  pour  dire  matines  furent  «nilin 
aperçus.  On  s'euqiara  d'eux  et  ou  les  con- 
duisit au  pied  d'un  arbre  :  «  Nous  sommes 
chargés  de  vous  mettre  h  mort,  leur  dirent 
les  satt'llites,  et  nous  ne  le  faisons  (pi'à  ri^- 
grct,  sachant  que  vous  êtes  bons  et  saints; 
mais  nf>us  ne  pouvo^is  désobéir  sans  ex[)o- 
ser  notre  vie  et  celle  de  tous  les  inMres.  » 
Les  religieux  reçurent  cette  nouvelle  avec 
joie  et  s  exhnrtèrent  mutuellement  au  mar- 
tyre. Oi  saisit  d'abord  Jacques  (pie  le  feu 
avait  res|)eclé  deux  fois  ;  un  cou[)  de  cime- 
tère  lui  fendit  la  lête  jusqu'aux  yeux.  Un 
des  satellites  pi eiianl  (ni-uili'  par  la  bartie  le 
frèn;  Ihomas,  que  son  .1.;e  rendait  plus  vé- 
nérable encore,  lui  l'Iongi  a  son  énée  dans  le 
dos;  comme,  au  moimnit  de  si  (fuite,  il  in- 
voquait   la    sainte  VierKo   h   haute  voix,  un 


autre  l'égorgea.  Déméfrius    reçut  plusieurs 
blessures;  on  l'acheva  en  lui  passant  l'épée 
au  travers  du  cor[)s.  Puis  les  satellites  liai- 
chèrent    les  trois  tètes,  et  mutilèrent  les 
corps  d'une   manière   horrible.  En  ce  rao- 
m»  nt,  la  nuit,  d'abord  très-obscure,  s'écl.iir- 
cit.au  point  qu'on  aurait  cru  le  j<jur  arrivé  ; 
les  éclairs,  la  grêle,  le  tonnerre,  se  succé  ;è- 
rent  d'une  manière  menaçante,  et  au  milieu 
d  une  tempête  telle  (ju'on  n'en  avait  pas  vu 
de  semblahle  dans  ce  pays,  le  vaisseau,  qui 
avait  frauduleusement  amené  les  martyrs  à 
'fana,  périt  avec  ses  marchandises    et  ses 
matelots,  dans   ce  port  ordinairement   tran- 
quille et  sûr.  Les  bourreaux  n'en  remplirent 
pas  moins  jusqu'au   bout  leur  funeste  mis- 
sion; ils  allèrent  au  [)remier  asile  des  fran- 
ciscains, y  saisirent  le  f. ère  Pierre,  alors  en 
oraison ,  et  le  conduisirent    lié  devant  le 
cadi,  qui  le  pressa  d'apostasier,  prodiguant 
les  piomesscs  et  les  menaces  pour  lui  fair»; 
renier  sa  foi.  Le  lidèle  serviteur  de  Jésus- 
Christ  ne  répondit  (^u'eii  disant  anathèrae  à 
^:ahomet.  Après  qu  il  eut  passé  le  rtsie  de 
la  nuit  en  prison,  on  le  ût  reparaître  pour  le 
contraindre  à  prononcer  au  moins  une  fois 
le    mot  17a/  [Allah,  synonyme   de  un  seul 
Dieu),  qui  en  soi  n'a  rien  que  de  catholique, 
mais  qui,  dans  l'aceeption  particulière  des 
musulmans,  est  exclusif  du  mystère  de  la 
sainte  Trinité.  Aussi  ne  put-on  obtenir  que 
Pierre   le  prononçAt.  Après   avoir   cruelle- 
ment frapi)é  le  martyr,  on  le  suspendit  avec 
une  corde  à  un  arbre ,  et  de  là,  pendant  deux 
jours,  sans  (|ue  la  corde  l'étranglAt,  il  conti- 
nua, comme  du  haut  d'une  chaire,  à  louer 
Dieu,  h  contirmer  les  néophytes  dans  la  foi, 
à  convertir  les  inlldèles.  Détaclié  enlin  [lar 
l'ordre  du  gouverneur,  il   fut  décapiié  hors 
de  la  ville.  Qi^elque  temps  a{)rès,  les  quatre 
martyrs  apparurent  ensemble   h  un  chrét  en 
de  T.ma,  qui,  les    voyant   enviroiniés  d'une 
splendeur  éclatante,  leur  demanda  s'ils  vi- 
vaient; ils    répon  lirent    qu'ils  jouissaient 
dans  h-  paradis  d'une  vie  de  délices,  exempte 
de  soucis  et  de  contradictions,  et  qu'en  ce 
momeiitJourdain,  leur  compagnon  de  voyage, 
entrait  au  port.  En  (>n'et,  Jourdain,  qui  était 
parti  pour  Paroco,  s'étant  arrêté  chemin  fai- 
sant, (juiiize  jours  .^  Su])^ra  ^Sefer),  y  avait 
appris  l'arrestation  des   frères  mineurs  res- 
tés i\  Taiia.  Uetoiiinant  aus>itôt  sur  ses  pas 
pour    faire  des  démarches  en  leur   faveur, 
auprès  des  autorités  du  pays,  ou   pour  jar- 
tager  leur  couronne,  il   sut   à  son  arrivée 
(pie   tous  les  (juatre  V(>naie;U  d'être   mis  à 
mort.  .\    l'aide  d'un  jeune    (îénois  qui   se 
trouvait  h  Fana  ,  il    s'occupa  d'enlever  les 
corps   de  ces    martyrs.  Celui  de   Pierre  ne 
put  être  trouvé;  ceux  de    Jacques,  de  Tho- 
mas et  de  Démétrius,  gisaient  encore  au  lieu 
du  supplice.  p(>r>oune  n'ayant  osé  leur  don- 
ner ia   sépulture  «^  cause  du  cadi;  ils  exha- 
laient une  odeur  suave  et  étaient  aussi  frais 
que  le  jour  de  Unir  mort.  Jour<lain  les  trans- 
porta   secrètement  à  Supera   et  les  déposa 
avec  honneur  dans  une  église. 

Le  supplice  des  martyrs  ne   demeura  pas 
impuni,  et  le  gouverneur  qui  l'avait  ordonné 


us 


MA  II 


MAK 


UO 


ou  poniiiN,  <'\|>i/i  son  ciiiiif.  l'iic  imil,  \m\- 
(Iniil  (pril  (loiiii.'iil  ,  les  (ni.ilif  rriinciscains 
lui  niip/inirciil  iww  (Hi;ilii«  aii^^lcs  du  lit, 
|)^.\^(iis'^nlll  (iii.tirc  t^l.iivcs  de  l'i'ii,  et  li'  mc- 
iKic.iiil  (le  l'i'xl  s'il  110  Iniilnit  plus  Imiiuii- 
iH'MK'iii  les  clinMicii';.  M|)()iiv;iiil(' ilc  cfllc  vi- 
sion, il.jciM  tic  ^liiinis  cris,  i-l  le  IciKlrm.iiii, 
iinrlo  cniiscil  iiuMuimIt  l'iiiitincMadi,  il  hiisa 
les  f(M's  dos  clu-olions  caplils,  rappola  ceux 
qui  s'ôlaionl  exiles,  loui'  deiuaiida  pardon  (i 
tous,  otchMViulit  sous  1/1  peiu(>  eapilale,  par 
un  édil  public,  de  eatiser  la  uioiudi-e  injuro 
aux  adorateurs  de  J('sus-Christ.  Il  ré|)an(lil 
aussi  beaucoup  (rauuu^n(>s  daus  lo  sein  (l(!S 
paiivres  ot  éleva  (pialre  oratoires  en  l'Iiou 
rieur  dos  cpialre  martyrs.  Ces  dispositions 
ni'uvclii's  socondèrent  la  eonversioii  d'un 
tr^s-|iraiul  noiul>r(>  d'idolAtros  et  de  niusnl- 
luans.  Ils  furent  l.)a|»tisés  par  Jourdain,  (pio 
la  liberté  «ccordéo  nu  ministère  apostolicpio 
(UMtM'ini'ia  A  séjourner  plusieurs  années  h 
Tana,  et  qui,  dans  une  lettn»  adressée,  au 
mois  de  janvier  1323,  aux  su|)érieursdes  frè- 
res prêcheurs  et  tuineurs  ûc  la  Perse,  leur 
demanda  des  auxiliaires.  C(>|)endant  les  répa- 
rations du  gouverneur  étaient  insuflisantes  ; 
Dieu  voulut  ipie  le  prince  même  dos  malio- 
métans  devînt  liMslrumenl  de  sa  justice  ci 
l'égard  du  persécuteur.  Ce  prince  le  fit  ve- 
nir, et  motivant  sa  sentence  sur  ce  que  le 
gouverneur  avait  méprisé  les  miracles  de 
Bieu  et  condamné  avec  impiété  des  hommes 
que  tant  de  merveilles  reconnnandaient,  il 
le  condamna  .^  mort  avec  toute  sa  famille. 
De  l'Hindoustan  les  reliques  des  martyrs 
franciscains  fur(>nt  |)ortées  en  Chine  par  le 
B.  Oderic.  Ce  dernic",  né  cVPordenone  dans 
le  Frioul  vers  1-2fc;6,  était  entré  dans  l'ordre 
de  Saint-François^  ù  Udine.  Il  portait  cons- 
tamment un  cilice  ou  corset  en  mailles  de 
fer  sur  la  chair  nue,  qu'il  domptait  d'ailleurs 
par  de  fréquentes  tlagellations;  il  marchait 
•m-pieds,  couvert  d'une  simple  tunique  et 
ne  se  nourrissait  que  de  pain  et  d'eau.  Il 
refusa  toujours  les  dignités  qu'on  lui  offrit 
dans  son  ordre.  Ami  de  la  solitude  et  de  la 
prière,  il  obtint  de  ses  supérieurs  la  per- 
mission de  mener  la  vie  érémitique,  dans  la- 
quelle il  ht  de  tels  progrès  en  vertu  et  en 
sainteté ,  qu'il  opéra  une  foule  de  conver- 
sions. Dieu  lui  accorda  aussi  le  don  des  mi- 
racles. Vers  131V,  il  se  dévoua  aux  missions 
lointaines  de  l'Asie.  Arrivé  à  Constantino- 
ple,  il  traversa  la  mer  Noire,  prit  terre  à  Tré- 
bizonde,  se  dirigea  par  la  grande  Arménie 
sur  Ornmz,  et  s'embarqua  dans  ce  port  pour 
la  cote  du  Malabar.  Il  apprit  à  Tana  la  mort 
glorieuse  des  quatre  frères  mineurs,  et  re- 
cueillit celles  (Je  leurs  reliques  qui  étaient 
déposées  à  Supéra.  Ce  missionnaire  visita 
les  îles  de  Ceylan,  do  Sumatra,  de  Java  et 
de  Bornéo.  D'après  l'énumération  des  difli- 
cultés  qu'il  eut  à  surmonter  pour  arriver  k 
la  Chine,  on  peut  sui)[ioser  (pi'il  y  ])énétra 
par  les  contrées  marécageuses  de  Pégu  et 
d'Ava.  Ce  fut  à  Zeyton  on  Siven-Tcheu, 
qu'Oderic  laissa  son  précieux  dépôt  ;  cir- 
constance qui  nous  conduit  à  rappeler  ce 
qu'avaient    fait    les    premiers    suffragants 


dontn'-s  h   Moriierorvino.  flleiirioii,  Hiulnire 

(1rs  Misi<iniis,\w .  i",  p.   1()H.) 

MAiriYKS  in  TKMi:,  ou  vuJKairement 
la  j)J<issr  hidiiclir.  On  di'signe  ainsi  300 
martyrs  qui  ,  sous  le  rè^iK»  do  Vnlérif'n 
et  de  <lallieii  ,  soull'rirenl  )a  niort  firuir 
Jésus-Christ.  I,e  M.ulyrolo^c  roiiiiiii,  fj'a- 
près  Prudence,  (pii  s'ap|)uie  sur  la  rz-nom- 
ni/'r,  raconle  ipie  le  jug",  ayant  fait  dresser 
s(ui  tribunal  à  côte  d'un  four  h  cli.iux  , 
lit  mettre  le  feu  i\  ce  four  et  lit  élever 
un  autel  siu'  lequel  il  lit  a[)|)Orter  du  sej 
et  un  foie  de  cochon  ,  pour  (pi'on  ollVil 
1UI  .sacrilic(!  aux  dieux.  Il  ordoruin  aux 
chrétiens  d'avoir  h  clif)isir,  entre  sacrifier 
et  se  jeter  eux-mêmes  dans  le  four  prtiir  y 
être  consumés.  Les  chrétiens  ,  ne  voulant 
pas  sacrifier,  se  jetèrent  dans  h;  feu,  où  ils 
furent  bientôt  consumés,  au  nombre  de 
300.  Leurs  restes  furent  retirés  du  four , 
et,  comme  ils  é'aient  mêlés  ?i  la  clianx  , 
on  leur  donna  le  nom  de  Masse  bldrirlu; , 
sous  leqmd  ils  sont  généralement  connus. 
Voilh  le  fait  tel  (jue  nous  le  trouvons  raconté. 
Mainlenant,  on  nous  i)ermettia  bien  (juf^l- 
ques  réflexions.  D'abord,  nous  ne  trouvons 
])as  parfaitement  justifiable  que  des  chré- 
tiens se  donnent  la  mort  eux-mêmes,  sur 
la  simple  injonction  d'un  juge.  Qu'ils  la  re- 
çoivent, c'est  différent.  Ensuite,  nous  con- 
cevons diflicilonienl  un  four  à  chaux  oij  300 
personnes  puissent  so  jeter  h  la  fois  et 
être  consumées.  Puis,  en  admettant  que 
300  personnes  [mssent  être  consumées 
dans  ce  four,  leurs  restes  mêlés  à  la  chaux 
seraient  bien  loin  de  faire  une  masse 
blanche,  si  l'on  admet  la  combustion  pous- 
sée "un  peu  loin  ;  si  on  ne  l'admet  pas, 
on  aura  de  la  chaux  vive  en  pierre,  qu'au- 
cune matière  humide  ne  sera  venue  étein- 
dre, et  le  mélange  aura  été  impossible. 
Saint  Augustin,  dans  un  sermon  {Sermmnes 
ex  Ben.,  t.  V,  serm.  306.  ch.  2,  p.  12.39), 
dit,  à  plusieurs  reprises ,  qu'ils  'mouru- 
rent par  le  glaive  des  persécuteurs.  Ce 
nom  de  Masse  blanche  n'aurait-il  point 
été  donné  à  ces  martyrs  pour  deux  rai- 
sons, d'abord  à  cause'  de  leur  nombre, 
ensuite  à  cause  de  ce  que  le  martyre 
est  censé  blanchir  l'âme  de  toute  souil- 
lure, ou  bien  à  cause  de  l'éclatante  blan- 
cheur que,  d'ordinaire,  on  dit  appartenir 
aux  bienheureux?  L'Eglise  fait  la  fôte  des 
martvrs  d'Uticjue  le  2i  août. 

MARTYRES  DE  VALENCIENNES  (Les) 
étaient  onze  religieuses  ursulines,  qui 
avaient  élevé  presque  toutes  les  dames 
de  la  ville  dans  la  ynété  et  dans  l'exer-. 
cice  des  vertus  chrétiennes.  Elles  furent 
victimes  des  horreurs  et  des  atrocités  de 
la  révolution  française.  La  veille  de  leur 
mort,  elles  communièrent  de  la  main  d'un 
prêtre  qui  partageait  leur  prison  et  qui, 
peu  de  temps  après  elles,  mourut  aussi 
sur  l'échafaud.  Elles  se  coupèrent  les  che- 
veux et  allèrent  à  la  guillotine  les  mains 
liées  derrière  Je  dos ,  ayant  pour  tout 
vêtement  une  chemise  et  un  jupon.  Après 
avoir  chanté  le  Te  Deum  et  récité  les  li- 


U7 


MAK 


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148 


lanies  «le  la  sMinie  Vierge  .  elles  {»réseii- 
lèrent  leurs  ttHes  au  bourreau,  le  23  oc- 
tobre 171)».  Tir!^  de  l'abhé  Carron,  Con- 
fUirur»  de  la    foi,   t.  II.) 

M.VRTVIIS  DYOHK.  La  trop  famonse 
Elisabeth  (l'Aii,'lef''rre.  tii;4iio  lille  de  lin- 
fàine  Henri  >  III,  a>an(,  après  la  mort 
de  sa  sœur  Marie,  fait  retomber  son 
rovaumo  dans  le  srhisnio  d'où  ceUe  prin- 
cesse l'avail  fait  sorlir,  fit,  en  exécution 
des  lois  quelle  et  le  parlement  avaient 
portées  coiilre  les  catlioli(iiies,  arriver,  en 
1577.  un  grand  nombre  de  ses  sujets, 
comme  coupables  d'avoir,  soit  professé  la 
religion  catholique,  soit  eu  des  iap|)orls 
avec  le  pa|)e,  S'il  reçu  dt^s  f)rètr»'S  ra- 
tholiques,  so  t  refusé  de  reconnaître  la  su- 
prématie religie<ise  de  la  reine,  soit  enfin 
refusé  de  fréquenter  les  teuii'les  protes- 
tants. Les  prisons  dAnglelerro  regorgoaienl 
de  ces  saints  confesseurs  de  la  foi.  Beau- 
coup 50  ilfrirent  \"  martyre;  bi-aiicoiip 
moururent  des  langHfïurs  et  des  souffrances 
dune  loi.gue  raptivilé;  d'autres  furent  em- 
portés ,  en  1578,  par  une  maladie  [)esti- 
lentielle  '4ui  sévit  surtout  dans  les  pri- 
sons, où  tant  de  malheureux  étaient  en- 
tassés. Ceux  que  nous  désignons  sous  le 
nom  de  martyrs  d'Vork  i)érirent  de  cette 
maladie  dans  le  château  de  ce  nom,  où 
ils  étaient  détenus  pimr  la  foi,  au  nom- 
bre  de    plus   de    vingt,   le  3  février  1578. 

MARTYHS  (NoMBUE  des;.  Beamoup  d'in- 
crédules, d'hérétiques,  de  philosophes,  ont 
voulu  contester  le  nombre  [irodigieux  des 
saints  martyrs  moits  pour  la  toi  chré- 
tienne. On  conçoit  dans  qui'l  intérêt  :  amoin- 
drir les  gloires  du  ehristianisme  était  le 
seul  but  (pi'avaient  ces  hommes  de  men- 
songe. Nou«  ne  prendrons  pas  à  tikhe  do 
combattre  tous  ceux  qui  ont  calonmié 
l'histoire  à  cet  égard  ;  nous  prendrons 
senlement,  parmi  1  s  sommités,  ceux  qui 
ont  poussé  le  plus  loin  b-ur  audace.  D'a- 
b(»rd,  Voltaire,  ensuite  Dodwel,  (pii  sem- 
ble avoir  spécialement  pris  à  tAche  de 
démontrer  que  rK.;lis('  n  eu  fort  j)eM  do 
martyrs.  Quant  au  premier,  d.uis  celle 
question  comme  dans  toutes  les  autres 
qu'il  traite,  il  prf)céde  par  l'allirmation 
dénuée  de  preuvi-s,  par  l'imputation  ca- 
lomnieuse. l)odwe!  dsrule.  Nous  les  trai- 
terons diHéreoMU'iit.  bien  qu'au  fond  tous 
deux  nient  le  même  but  et  qu'ils  diiVê- 
rent  sinqtlement  dans  les  moyens  emplo,  é's 
pour  l'atteindre.  Dans  son  Dictinnnnirr 
philosophique,  vol.  VII,  png.  'iVl.  \'oltaire 
dit  :  n  (ie  n'est  |  as  Dioclétien  que  je 
nommerai  persécuteur,  car  il  lui  dix-huil 
ans  entiers  le  prolecteur  des  chrétiens  ; 
el  si,  dans  les  derniers  lenq»s  de  .son 
etupire,  il  ne  les  sauva  jsts  (les  ressen- 
limenis  de  Galère,  il  ne  lut  en  cela  qu'un 
prince  séduit  et  etitrainé  p.ir  la  cabale 
au  del.'l  de  son  cararlére ,  comme  tant 
flaiilres.  Je  donnerai  encore  moins  le  iiom 
de  |)ers  ruttnirs  aux  Trajan,  aux  Anlonin: 
je  croirais  prononcer  un  blasphème.  »  Pour 
[épondie   à    dp  pareille»  sottises,  nous  ren- 


vovons  à  l'histoire  tout  entière,  et  spé- 
cialement aux  titres  des  princes  dont  Vol- 
taire fait  l'énuméralion.  Cependant,  nous 
I  rif>ns  nos  lecttmrs  d'^  ne  pas  i^nser  que 
nous  les  plaçons  dans  la  catégorie  de  ceux 
<pii  peuvent  être  dupes  du  Dirfinnnoire 
philosophique.  Quant  à  Dodwel ,  il  a  été 
réfuté  par  Ruinart  de  telle  façon,  que  nous 
citerons  m  entier  ce  qu'il' a  dit  sur  le 
nombre  des  martyrs  en  général  ;  qu.uil  à 
ce  que  Dodwel  a  prétendu  de  chaque  persé- 
cution i>olément,  la  réfutation  se  trouve 
au  tilr^  de  chaque  prince  per6écut»ur  en 
particulier. 

Il  n'y  a  personne  qui  n'ait  été  surpris  de 
voir,  parmi  les  dissertations  du  sieur  Henri 
Dodwel,  sur  les  œuvres  de  saint  Cyprien  (1), 
celle  (jui  a  pioiir  titre,  Dn  petit  nombre  fies 
martyrs.  Cet  auteur,  homme  d'adleurs  illus- 
tre par  sa  grande  érudition  el  par  la  connais- 
sance ([u'il  a  de  l'aiiliquité.  après  avoir  fait 
l'apologie  des  tyrans,  et  avoir  tâché  de  dé- 
créditer les  auteurs  qui  lui  sont  contraires, 
ou  du  moins  après  avoir  fait  quelques  elTorts 
l)Our  les  détourner  dans  un  sens  qui  favorise 
son  opinion;  cet  auteur,  dis-je,  prétend 
prouver  qu'il  y  a  en  très-peu  de  chrétiens 
qui  aient  souifert  })0ur  la  foi,  durant  les 
anciennes  persécutions,  et  que  celle  foule 
de  mirtvrs  dont  l'Kglise  catholique  honore 
la  mémoire  dans  son  ollice  et  dans  ses  Mar- 
tyrologes, u'y  a  été  introduite  qu'Ji  la  faveur 
de  certains  récits  fabuleux,  et  par  l'autorité 
de  ciuelques  moines  oisifs,  qui  ont  pris  soin 
de  les  répandre  fiarmi  les  tidèles  dont  ils 
ont  impudemment  sur[)ris  la  crédulité.  Nous 
ne  croyons  pas  que,  qinique  léi^ère  teinture 
qu'on  nit  de  l'histcure  ecclésia.<tique,  on 
j)uisse  ignorer  que  la  tradition  de  l'Eglise, 
touchant  le  grand  nombre  des  martyrs  qii'elh» 
révère,  ny  ait  été  reçue  par  le  consentement 
unanime  de  toutes  les  Kglises  du  monde,  et 
suivant  le  sentiment  général  de  tous  les 
Pères;  cependant  nous  avons  cru  devoir 
nous  étendre  un  peu  au  bmg  sur  ce  te  ma- 
tière, soit  pour  empêcher  que  les  ennemis 
des  calholi(pies  ne  prennuTit  leur  silence 
)our  un  aveu  de  hnir  défaite,  el  pour  ne  pas 
aisser  à  des  gens  qui  tirent  avantage  de 
tout,  la  vaine  joie  d'un  trioniphe  im.iginaire; 
soit  pour  venger  l'injure  qu'on  fait  aux  mar- 
tyrs, et  repousser  la  calomnie  dont  on  pré- 
tend noin  ir  rE.;lise,  que  saint  Augustin 
appidie  \i\  m»^re  des  marlyrs.  El  alin  d'éviler 
loute  confusion,  nous  suivrions  le  même  or- 
dre qu'a  Miivi  Doiwrl  :  nous  examinerons 
d'abord  lesobjeclionsgé  léralesipid  propose, 
et  descendant  ensuite  dans  le  détail,  nous 
parroiirrons  avec  lui  chaque  persécution  en 
parliciilitM'. 

Dodwel  nous  objecte,  en  premier  lieu, 
(pie  n  .si  le  nombre  des  martyrs  eût  été  aussi 
cons:<l(''rablp  <jue  nous  le  urélendons.  il  eût 
éti'  pres(pie  impnssil>le  (]ue  leuvs  noms  se 
fussent  p.rilus.  ('ar,  comni''.  suivant  le  té- 
moignage de  saint  Cypriini  (/•.';>.  30.  édit. 
Oxon.  I,  on  en  taisait  mémoire  tous  les  ans, 

(i)  Imprimées  ;'«  Otfonl  en  I68i. 


ut) 


MAIl 


MAft 


ISO 


lonr.s  iKims  (^tnioiit  ônils  ilniis  les  f/islOM  <lf 
rM^'IIsc,  filln  (iii'iiii  |»vU  irirliit!!'  Iinir  lOUi 
selon  lo  riiiitf  M'-"  ''■**  «^''''"^  "'"i^''  •■♦'*'  Marly- 
rolo^ios.  Au  n'sti',  rrs  sdilcs  de  ic^;islrc» 
(Mnient  («muis  iivoc.  boHinouptli' soin  ild'cxac- 
litiide,  «•oiniiH'  on  pi'iil  In  voir  |>Hr  les  loiwm- 
K(>S  tiiiP  r»  s«int  év(\iiu'  do'iiu',  dans  nnc  dn 
sesleltri'S  (/'j'usi/.  rf/.  ijhsI.  \'1  ),  à  un  noninn'î 
'lorliili',  (lonl  d  pi-isc  ('\lr(^ni('nM'nl  la  dili- 
i;rnrf  el  riippluiilion  h  s'aciinilter  ilr  ce  iiii- 
n'sl(^i'e.  (lellf  nii^nii-  lellie  nous  a|t|)reM(j  (|ne, 
(oïd  0('fnp(^  (|n'il  l'i'll  de  ses  l'oneiions  é|iisco- 
palos,  il  ne  laissait  pas  de  do  nuT  ses  soins 
pour  tonir  en  hon  ordi'e  ces  l'asles  sacrés.  Il 
esl  encore  certain  (pi'on  y  écrivail  les  noms 
de  tous  ceux  (jui  niouraienl  pour  la  loi;  on 
ne  faisait  «lois  aucune  dilVt^rence  des  per- 
soiuies.  l,es  UKiityrs  d'uiu^  coiidilion  servilo 
ou  peu  rolovc^c,  les  enfants,  les  i'eunues,  los 
rat(Vl)unu''nos  ni(Mne  y  avaient  leur  plac<', 
aussi  bien  (luo  les  martyrs  d'inie  naissance 
illustro  ('t  d  une  (pialilé  dislin^uch!;  témoin 
ce  jeune  enfant  (pii  sotilVril  avec  saint  llo- 
main;  tiMiioin  encore  sainte  Félicité  elsainto 
Klandine,  tontes  denv  esclaves,  et  tant  dau- 
tres  martyrs  d'un  nom  obscm-,  que  ni  l'ilKC» 
ni  l'état,  iii  le  se\e  moins  noble  n'excluaient 
fias  du  rang  triiouîieur  ({u'ou  donnait  ii  tous 
ceux  qui  perdaient  la  vie  i)our  Jésus-C.luist, 
el  dont  les  actes  et  les  noms  ayant  été  re- 
cueillis avec  un  si  grand  soin,  devaient  être 
parvenus  jusqu'aux  siècles  suivants.  De  plus, 
le  conmierce  continuel  (jue  la  chaiité  entre- 
tenait entre  les  K^lises  faisait  passer  les 
noms  des  martyrs  dans  les  provinces  étran- 
gèn^s,  f)ar  le  moyen  des  lettres  circulaires, 
doiit  quelques-unes  sont  venues  juscju'à 
nous,  (flnt  était  grande,  ajoute  Dodwel,  lap- 
plieatioi  qu'avaient  les  premiers  chrétiens 
h  inslruire  la  postérité  de  tout  ce  qui  regar- 
dait les  martyrs;  de  sorie  que  rien  n'a  dû 
échapper  à  sa  connaissance. 

«  Jetons  maintenant  les  yeux,  continue  ce 
savant  Anglais,  sur  ce  qui  nous  reste  de  ces 
sacrés  monuments;  consultons  les  anciens 
auteurs,  qui  avaient  encore  entre  les  mains 
les  mémoires  que  nous  n'avons  plus;  com- 
bien y  trouverons-nous  peu  de  martyrs  ?  Le 
calendrier  de  Buchérius  fut  fait  au  iv'  siècle, 
et  à  peine  y  trouve-t-on,  dans  chaque  mois, 
trois  ou  quatre  martyrs;  et  plus  les  xMarty- 
lologes  remontent  vers  les  premiers  temps 
de  l'Eglise,  plus  ils  sont  succincts.  Les  ho- 
mélies que  les  saints  Pores  prononçaient  aux 
solennités  des  martyrs,  en  eontienuent  un 
très-petit  nombre  :  Eusèbe  en  reconnaît  peu, 
soit  dans  son  livre  des  martyrs  do  la  Pales- 
tine, qui  nous  reste,  soit  dans  son  recueil 
des  anciens  martyrs,  que  nous  avons  perdu, 
et  dont  il  nous  a|)prend  quelque  chose  dais 
son  Histoire  ecclésiastique.  Le  livre  des  Cou- 
ronnes, que  Prudence  avait  exprès  composé 
à  la  gloire  des  martyrs,   n'en  fait   pas  un 
grand  dénombrement  :  et  Origène  ne  dit-il 
pas  en  termes  formels,  écrivant  contre  Celse 
(  Lib.  m  ),  que  le  nombre  de  ceux  qui  ont 
versé  leur  sang  pour  Jésus-Christ  est  très- 
peu  con.sidérable?  L'on  trouve,  outre  cela, 
peu  d'édits  contre  les  chrétiens,  et  avant 


hlutlellvU  l'un  compte  p<-u  d'eUipeicui:»  qui 
les  ujeiil  |iersô(;utés  (jUvtMli'Mieiit,  du  moin> 
si  nous  un  croyouH  deux  léuioiu.s  irrépro- 
chnbles  el  nidleineiil  sii>j»ect.s,  Tertullicii, 
dans  son  /l//"/(»(/c7»V/Mf,  et  Laclunce,  d/jns 
louvragc!  a<Jmiral»le  qu'il  a  lai.ssé  dr  la  mort 
(tes  prrst'riilrui s.  Ojj  ,suil  même  (jue  la  plu- 
part d(!S  enipereui>  qtji  passent  pour  les 
enneuiis  déclarés  do  l'Eglise  élnienl  des 
pHfices  d'un  i^Npril  p^iisible,  et  dont  les  in- 
clin/itions  étaient  ast.e/  purlécj»  u  In  douceur, 
et  (pu'  pour  les  aulret,,  ils  étaient  auiis  des 
clinHiens;  ils  les  prolégeoienl  hautement,  et 
p(jurvowiient  à  leur  sûreté  par  des  relents 
et  des  (n'domianc(!s.  11  y  a  ap[)arorico(|ue  les 
gouverneurs  des  provinces  n'étaient  pas  f(jrt 
cruels  sous  des  etupereurs  si  mo(Jérés,  el 
l'on  peut  croire  que  ces  preiuiers  ofliciers  de 
l'enqjire  aimaient  h  faire  leur  coui'  h  leurs 
maîtres,  cmi  imitant  leur  clémence,  tsainl 
And)roise  nou^  en  assure,  dans  une  do  ses 
lettres  :  Je  sais,  dit-il  (Jî/jifil.  ()8  ),  que  filu- 
sieurs  magistrats  imuMus  fcc  ^ont  vynlés  d'a- 
voir ra[)porté  à  Uome  les  haoljej;  et  les  fais- 
ceaux de  leiu'  magistrature,  sans  les  avoir 
trempés  dans  le  sang.  »  V  oilà  un  abrégé  des 
objections  de  Dodwel;  il  faut  maintenant  ré- 
pondre à  chacune  en  i.)articulier. 

Je  réponds  donc  premièrement,  que  Dod- 
wel  ne  saurait  tirer  aucun  avantage  contre 
nous  des  calendriers  anciens,  s'il  ne  nous 
en  produit  un  qui  contienne  lui  seul  les  noms 
de  tous  les  martyrs  qui  ont  jauiais  été  recon- 
nus pour  tels  dans  tout  le  monde  chrétien, 
ou,  ce  qui  revient  au  môme,  s'il  ne  nous 
représente  le  calendrier  de  cliaque  Eglise  en 
particulier,  alin  que  de  tous  ces  ditférents 
calendiiers  on  en  forme  un  d'où  l'on  puisse 
extraire  au  juste  le  nombre  des  martyrs,  el 
connaître  par  là  s'il  y  «n  a  peu,  comme  le 
prétendent  nos  adversaires,  ou  beaucoup, 
comme  les  catholi(iues  le  croient.  «  Mais,  ré- 
pond Dodwel,  vous  ne  pouvez  nier  que  le  ca- 
lendrier de  iBuchérius,  que  je  })roduis,  ne 
soit  du  moins  une  preuve  manifeste  du  peu 
de  martyrs  de  l'Eglise  d'Occident,  c'est-à- 
dire  de  l'Eglise  latine,  et  peut  ainsi  suppléer 
à  ce  qui  manque  au  recueil  d  Eusèbe,  qui  ne 
nous  a  nen  donné  des  martyrs  de  celle 
Eglise;  cai  il  faut  remarquer,  continue-t-il, 
que  ce  calendrier  ne  parle  pas  seulement  des 
martyrs  d'Italie,  mais  de  ceux  des  autres 
provinces  de  l'Occident;  et  cependant  ils  ne 
font  tous  ensemble  (]u'un  très-petit  nombre 
de  martyrs.  »  Mais  j'en  appelle  de  Dodwel 
à  Dodwel  même  :  croit-il  de  bonne  loi  que 
dans  tout  l'Occident  il  n'y  ait  jamais  eu  aucun 
autre  martyr  que  ceux  qui  sont  compris  dans 
ce  calendrier  de  Buchéîius,  et  que  l'Orient 
n'en  reconnaisse  point  hors  ceux  dont  Eu- 
sèbe a  fait  le  catalogue  ?  Je  ne  puis  compreu-  . 
dre  comment  un  homme,  qui  sans  doute  ne  ; 
passera  j;imais  pour  étranger  dans  l'histoire 
ecclésiastique,  se  soit  de  lui-même  renleimé 
si  mal  à  propos  dans  un  déûlé  d'où  il  lui 
sera  si  dilficile  de  se  dégager. 

Nous  lui  soutenons  donc  que  ce  cale'i- 
drier  unique  qu'il  emploie  pour  foilitier 
son  opinion,  ne  peut  lui  être  d'aucun  usage, 


Voi 


MAR 


MAR 


152 


l''  Pnrreqnf^  ciiaquo  E.^lise  partirnlière  avait 
so'i  calondripr  qui  lui  él.iil  projm».  et  tout 
dilTt^rpiil  fie  celui  dt'S  autres  Ei^Iises,  dais 
lequel  il  élait  très-rare  qu'on  écrivit  le  nom 
«if  quelque  aulre  inarl.vr  (^trnn.ri>r,  quand 
nif^me  il  e'U  ('lé  d'uic  Kj^lise  voisine.  Tel  est 
le  calendrier  romain  de  Ruchérius.  2°  Il  s'en 
fn'la'l  beaucoup  que  Ton  écrivit  dans  ces  ca- 
lendriers le  nom  de  tous  ceux  qui  souf- 
fraient le  martyre  dans  la  ville  ou  dans  la 
province  oCi  élnit  cette  Eglise  particulière. 
3'  On  doit  cmrlure  de  ce"s  deux  premiers 
chefs,  que  plusieurs  martyrs  qui  nous  sont 
mainten^'nt  inconnus,  ou"  qui  nous  parais- 
sent douteux,  parce  qu'ils  nous  viennent 
d'un  endroit  suspect,  seraient  recniuius  do 
nous  aujourd'hui  sans  aucune  diflicuUé,  si 
nous  avions  les  calendriers  de  toutes  les 
Eglises  particulières.  Examinons  ces  trois 
points  en   peu  de  mots. 

De  tous  les  calendriers  qui  ont  précédé  les 
iMartyrologes  ordinaires,  il  n'y  en  a  que 
deux  (]ui  soient  vennsjusqu'à  nous.  Le  pre- 
mier est  celui  de  Bucliérius,  (pii  a  été  fut 
à  Rome,  au  iv'  siècle,  sous  le  pontilicat  de 
Libère.  Le  second  est  celui  de  Carthage,  qui 
fut  dressé  et  renilu  public  au  v'  siècle.  Or,  il 
estévidentquenil'unni  l'autre  n'ontétéécrils 
pour  toute  1  Eglise  d'Occident.  Car,  pour 
celui  de  Buchérins,  il  est  tellement  propre 
à  lEglise  de  Rome,  que  lorsqu'il  fait  men- 
tion de  saint  Cypri.  n,  il  ajoute  aussitôt 
l'endroit  de  Rouie  où  la  fête  de  ce  saint 
évêque  se  célébrait  (  1  )  :  d'où  il  est  aisé  de 
conclure  quf  ce  ca'ennrier  ne  contenait  que 
les  nonii  des  martyrs  dont  la  solennité 
se  faisait  dans  les  Eglises  et  les  titres  de 
cette  ville.  Mais  ce  qui  doit  mettre  la  chose 
hors  de  doute,  c'est  que  ce  môme  calendrier 
ne  contient  que  le  nom  des  évèques  de 
Rome,  et  ne  dit  pas  un  mot  des  évèqties  des 
villes  voisines  et  des  Eglises  q\ii  so  it.  pour 
ainsi  dire,  sous  les  murs  de  Rome.  A  l'égard 
du  calendrier  de  l'Eglise ;le  Carthage,  le  seul 
titre  décide  d'abord  en  notre  faveur  :  dans 
ce  livre-ci  est  marqué  le  jour  de  la  mort 
des  martyrs  et  des  ('vèiiues  dont  l'Eglis')  de 
Carthage  fait  l'annivrsaiie.  11  n'y  est  parh'- 
que  des  évèiiues  de  Carthage.  Car,  hors  le 
nom  de  saint  .Vugusiin,  si  célèbre  en  tous 
lieux,  et  celui  de  (pielc(ues  martyrs  des 
plus  fameux,  on  n'y  en  remarque  aucun, 
ni  d'évèfjue,  ni  de  martyr,  qui  ne  soit  de 
cette  Egl  se.  Une  preuve  d'ailleurs  (|ue  ce 
calendrier  n'était  pas  commun  à  toutes  les 
Eglises  lie  r.Vfrupie,  c'est  qu'on  n'y  trouve 
point  plusieurs  solennités  de  celle  d'Hip- 
pone  :  par  exemple,  on  n'y  trouve  point 
saint  Fruelueux  et  ses  rompagnons.  h  I  hon- 
neur de  .,ui  saint  Au,-,uslin  a  fait  un  dis- 
cours [Snm.  273).  On  n'y  fait  aucune 
mention  des  vingt  martyrs  dont  ce  saint 
docteur  a  prononcé  le  panégyrique  [Srrm. 
325);  on  ny  parle  point  non  plus  de  saint 
Félix  et  de  samt  Cennade,  anciens  martyrs 
d'Lsale,  et  loues  dans  le  livre  des  miracles 
de  saint  Etienne. 

Au  reslp,  (piil  y  vM  pour  chaque  Eglise 

(1)  Homir  celebratur  in  Cnii.xii. 


un  calendrier  particulier,  c'est  ce  que  Sozo" 
mène  nous  ar.prend  par  occasion,  au  v'  li- 
vre de  son  Histoire  \('np.  .3) ,  OÙ,  j)ariant  de 
deux  villes  de  la  Palestine  (Gaze  ou  Asca- 
lon  et  Constance'!  ,  il  observe  que.  quoiqu'il 
n'y  eût  (pie  quatre  lieues  de  dislances  enlib 
ces  deux  villes,  qu'elles  fussent  soumises  à 
une  même  juridiction  temi  orelle.  qu'elles 
eussent  les  mêmes  magistrats,  les  mêmes 
officiers  de  police,  en  un  mot,  les  mêmes 
lois  et  les  mêmes  coutumes  civiles,  elles 
n'avaient  cependant  rien  de  commun  pour 
l^  spirituel  et  pour  la  juridiction  ecclésias- 
tique. «Car,  dit  cet  historien,  chacune  avait 
son  évèque,  son  clergé,  ses  jours  de  fête  pnr- 
ticuliers,  consacrés  h  la  mémoire  de  ses 
propres  martyrs,  et  des  évêques  qui  l'a- 
vaient gouvernée,  »  et  par  coueéqueni,  un 
calendrier  particulier,  où  ni  év6(pie,  ni  mar- 
tyr étranger,  n'était  inscrit.  Il  est  vrai  que 
dans  les  Eglises  pntiiarcales  on  récitait, 
durant  les  saints  mystères,  les  noms  de  quel- 
ques évêques  des  autres  Eglises  ;  mais 
comme  cela  ne  se  pratiquait  que  [)Our  mar- 
quer la  communion  des  Eglises  et  des  évê- 
ques, on  voit  assez  que  cela  ne  fait  rien  au 
sujet  rpie  nous  traitons. 

Mais,  bien  loin  que  les  noms  des  matU-rs 
étrangers  trouvassent  place  dans  ces  fastes 
sacrés ,  il  arrivait  souvent  que  les  noms 
même  des  martyrs  du  lieu  ne  s'y  rencon- 
traient pis  :  ce  qui  pouvait  provenir,  ou  de 
leur  multitude,  ou  de  ce  que  le  feu  de  la 
persécution  était  quelquefois  si  violent,  que 
les  lidèles  ne  pouvaient  savoir  ni  leurs 
noms,  ni  l'endroit  où  leurs  corns reposaient. 
Prudence ,  dans  son  livre  des  Couronnes 
(Hymne  11'*,,  assure  que  Rome  possédait  un 
nombre  intini  de  martyrs  qu'elle  ne  connais- 
sait pas;  saint  Paulin,  saint  Léon  et  quel- 
((ues  autres  Pères  sont  dans  le  même  senti- 
ment. On  en  a  même  découvert  {)Iusieurs 
dans  ces  derniers  siècles,  et  de  savants  anti- 
((u.iires  (Aring,  Reyney  et  Dubois)  les  ont 
déterrés  avec  les  marbres  qui  les  couvraient. 
Le  Révérend  P.  Mabillon  en  loue  quel ques- 
uns  dans  som  Voifti'jr  d'Italir  p.  1."Î9).  De  ce 
nombre  est  Pnmilius;  une  épouse  tidèle  tit 
son  épilaphe,  que  le  livre  de  Home  souter- 
raine nous  conserve.  Ou  y  lit  le  nom  de 
(iordien,  ipii  fut  égorgé  sur  les  corps  encore 
sanglants  de  ses  enfants  et  de  sa  femme 
(I.ii).  m,  r.  '22^  On  y  ht  celui  di»  Marcelle, 
eiiviroum';  de  cinij  cent  cinquante  martyrs 
(Lib.  IV,  f.  37):  ceux  de  Siraplicius,  de  Faus- 
lin.  de  (~!onslam  e,  à  qui  le  fer  ôia  la  vie,  que 
le  [>oison  n  avait  pu  lui  faire  perdre  {Lih.  u, 
c.  10)  ;  ceux  de  Servdien  et  d  un  aulre  Sim- 
plicius  J.ih.  III.  r.  22'.  vl  enlin  celui  de  Ru- 
lin,  suivi  de  plus  d(«  cent  <ie  ses  généreux 
compagnons  {Apud  Ros.  lib.  m,  f.  27).  Mais 
Rome  n'a  pas  é:é  li  seule  ville  qui  ail  eu 
dans  son  seiîi  i\o  semblables  trésors  sans  les 
connaître  :  les  autres  villes  d'Italie  en  ont 
aussi  renfermé  plusieurs,  que  les  révolu- 
tions des  temps  ont  mis  au  jour,  par  les 
ordres  de  la  Providence.  La  terre  de  Milan 
couvi  it  l(>s  corps  de  s.nnt  Cervais  et  de  saint 
Prolais  durant  plusieurs  aiiuées,  et  il  fallut 


IM 


M  Ml 


MA  H 


ir4 


ntid  1(1  r'w\  l(»s  (li^couvrll  ft  saint  Aiuhroisi». 
(.omhii'ii  (rilliislics  martyrs,  (it  ipii  iir  sont 
iiicoMims  h  «iMii'i  (les  iliiiHifiis  ,  ddut  les 
l'nslps  n'oiil  jamais  parlr?  Doilwrl  liii-mtMim 
nvdiip  t|iio  i;  a  ('Ir  la  (Icstiin'f  (!(•  ceux  (|iii  (ml 
suiiUVrl  If  m.irlyrd  du  Icmiis  d^'s  apùlrcs. 
Mais  il  (*sl  curlaiii  (|ii(>  ('(>la  S(i  doit  (''Iciidru 
jiis(|ii'aiiv  sif'^clcs  (|iii  oïd  suivi  imm(''(lial('- 
iii(<iit  ('t<  |)n>mi(>r  .'i;;,<>  du  ('lirisli.uiiMiic  Lt) 
cfllciulricr  d(»  lliiclKirius,  si  souvent  (•il('s  n'a 
point  sai'd  l^n.'Hc,  ipic  Trajan  lit  mourir,  ni 
le  |iap(»  'r(''l('sp|ioi(«,  ni  l.ucius,  ni  t'ru\  (pii 
soiiIVrirt'ul  avcM'.  lui  sous  lus  Anionins,  ni 
Apcdionius,  (pii  versa  son  sanjA'  sous  l'em- 
pire de  (iouunode,  ni  Ouintus,  ([ui  arcompa- 
i;na  le  pape  Sixt(^  au  supplico,  ni  Mois(î  et 
les  autres,  doul  saint  (lyprien  reli'^ve  la  eous- 
lau(!e,  (pii  lurent  iunuoles  dmant  la  persi-eu- 
tion  do  l)(''cius  ou  do  Val(^rion,  ni  liliuslro 
vioriA'o  Soli'>r(»,  parenle  d(>  saini  Amhroise,  (>t 
si  fort  o\aU(''e  par  ce  ^rand  évt^iue.  lùilin  lo 
|)apo  Damaso,  suoeossotn"  do  Lihciro,  a  (chaulé 
dans  sos  vers  plusi(MU's  mai-tyrs  ([ui  ont  ('l(^ 
couronnés  durant  les  (lenii('MCs  |)ei'S(''eu- 
tions,  ((ui  cependant  no  se  trouvent  pas  dans 
ce  calendrier,  coiiuue  l*i(>rro,  Marcelin,  Maur, 
lùiliclie,  r-hrysanlhe  et  Darie,  et  l'acolyte 
ïarsicius,  qui  aima  mieux  livrer  aux  gentils 
son  corps  (juc  les  choses  sacrc'os  (Carni.  il, 
'il,  31,  35  cl  30).  La  piose  de  saint  (Wx'goiro 
le  Grand  n'a  pas  moins  retenti  des  louan;4es 
des  marlyrs  que  les  vers  de  son  pn'-déces- 
seur.  Nous  avons  diverses  homt'lies  de  ce 
saint  pape,  qui  ont  toutes  été  prononcées  à 
la  gloire  de  ces  illuslres  confesseurs  de  Jésus- 
C.hrist  {Ilom.  '2S,  3:2,  33,  3'i-).  11  y  en  a  u!io 
qui  le  fut  au  tombeau  de  saint  Nérée  et  do 
saint  Achilée,  au  jour  de  leur  f(He;  une  autre 
h  l'honneur  de  saint  Processus  et  de  saint 
Marlinien,  une  autre  pour  saint  Félix,  une 
autre  pour  saint  Jean  et  saint  Paul ,  une  au- 
tre entin  pour  saint  Monnas.  Et  toutefois  le 
calendrier  romain  avait  laissé  tant  de  saints 
martyrs  dans  l'oubli. 

Le  calendrier  de  Carthage,  quoique  beau- 
coup plus  ample  que  celui  de  Home ,  ne 
laisse  pas  d'ôtre  fort  défectueux  et  de  passer 
sous  silence  plusieurs  martyrs  d'ailleurs 
très-connus  dans  l'Eglise.  Il  ne  dit  rien  de 
Rutile,  qui,  après  avoir  longtemps  fui  de- 
vant les  f)ersécuteurs ,  tomba  enlin  entre 
leurs  mains,  et  finit  sa  vie  par  le  feu;  ni  de 
Mavilus,  qui  fut  condamné  aux  bètes,  sous 
l'empire  de  Sévère  ;  ni  de  Laurent ,  ni 
d'Ignace,  ni  de  Célérine,  ni  de  Bassus,  ni  de 
Fortunien,  ni  de  tant  d'autres  illustres  Car- 
thaginois, dont  les  noms  et  les  actions  hé- 
roïques se  seraient  perdus  sans  les  lettres  de 
saint  Cyprien,  qui  a  pris  soin  de  conserver 
les  uns  et  les  autres.  On  peut  dire  la  même 
chose  des  calendriers  c^ui  ont  été  faits  dans 
les  siècles  postérieurs  :  nous  le  voyons  par 
le  fameux  Missel  Mosarabique ,  qui  ne  fait 
aucune  mention  de  quelques  martyrs  consi- 
dérables d'Espagne,  que  les  beaux  vers  de 
Prudence  ont  préservés  de  l'injure  du  temps  : 
Zoël  de  Cordoue,  Cucuphe  de  Barcelone,  la 
vierge  Encratis,  et  surtout  les  dix-huit  mar- 
tyrs de  Saragosse.  Enfin,  l'exemple  de  sainte 


l*er|)éiue  et  di'  sainl(!  F<^Iicitrt,  dont  se  sort 
l)ii(|\v((l,  pour  prouver  (pw  l'on  n'a  rn-ri  oirns 
d/ins  ces  e.di'ndni'rs,  piiisiiiron  y  a  donné 
place  h  (les  fcinnics  cl  h  (i(!8  escInvRK;  cci 
()\em(ile,  dis-p-,  pionvi-  (oui  le  conlrnin!  do 
ce  ipi  d  prt'-lenil.  \:[  nous  n<-  noux  servirons, 
poin-  l'en  convaincns  <pie  (|(;s  [i/uol»5.s  ()ro- 
|»res  de  s.dnl  Augustin.  Voici  commi'  il  pailc, 
au  sermon  iiS.3  :  «  Nous  célélirons  aujour- 
d'hui la  lélo  de  deiiv  saintes  martyres.  »  Kl 
il  Conclu!  ainsi  :  «  Des  hommes,  cii  ce  jour, 
ont  aussi  mérili'  rtionneiir  du  triomplic  ; 
oui,  ce  même  jour  a  été  témoin  do  la  vicloiro 
(pie  des  honnues  g(''néreu\  ont  rerrqxirléc  eu 
ri'pandanl  leiu'  sang;  cep'M dant  ce  n'est  pas 
leur  nom  (pii  a  rendu  ce  jour  reconnnanda- 
ble  (mais  celui  de  ces  adnn'rables  femmes); 
non  (pu»  leur  sexe  soit  plus  noble  (pu-  celui 
des  honnues,  mais  parce  qu'il  y  a  (pn'l(ju(i 
chose  de  plus  uu-rveilleux  à  voir  la  faiblessn 
d'une  femmii  triompher  de  l'ancien  ennemi 
des  hommes.  » 

Mais  |)Our(pioi  remonter  si  haut,  et  (piel 
besoin  de  recourir  à  des  exemples  si  éloi- 
gnés ,  puiscpi'on  peut  observer  la  mr^mo 
chose  dans  les  calendrieivs  d'aujourd'hui, 
(jui,  bien  loin  de  couq)rendre  les  noms  des 
martyrs  qui  ont  souffert  dans  les  royaunu's 
et  dans  les  |)ays  étrangers,  ne  comprennent 
j)as  mémo  les  noms  de  ceux  qui  ont  rougi 
de  leur  sang  la  terre  la  plus  proche?  La  plu- 
part des  Eglises  ne  reconnaissent  pas  leurs 
j)ropres  patrons,  et  il  arrive  souvent  que  les 
martyrs  ou  les  évoques  d'une  Eglise  re(;oi- 
vent  d'un  f)euph!  étranger  l'honneur  que 
leur  propre  peuple  ne  songe  pas  h  leur  ren- 
dre. Cela  provient ,  selon  ma  pensée ,  de  ce 
que  leurs  sacrées  relicpies  ont  été  transfé- 
rées dans  un  autre  lieu  que  celui  qu'ils  ont 
honoré  de  leur  moit,  ou  parce  que  leurs 
Actes  se  sont  perdus.  «  Saint  Patrocle,aa 
rapport  de  saint  Grégoire  de  Tours  [Lib.  i 
Mirac.  c.  Ci),  était  peu  honoré  du  [leuple  de 
Troyes  ;  sa  sainteté  était  obscure ,  et  son 
nom  aussi  peu  connu  que  l'histoire  de  son 
martyre;  mais  dès  qu'elle  eut  été  trouvée, 
on  vit  s'enlever  une  raagnitique  église  sur  son 
tombeau ,  et  sa  fête  célébrée  tous  les  ans 
avec  un  concours  et  une  dévotion  incroya- 
bles. »  Voici  encore  une  autre  raison  que 
Fronton  allègue  du  peu  de  martyrs  qui  se 
rencontrent  dans  les  anciens  calendriers  : 
c'est,  dit  ce  docte  chanoine  régulier  [In  prœ- 
not.  ad  Calencl.  a  se  vulgat.),  que  l'on  n'y  in- 
séi'ait  c[ue  les  noms  des  saints  dont  la  fête 
était  solennisée  par  l'assemblée  du  peuple  et 
par  l'oblation  publique  du  sacrifice  ;  ce  qu'il 
prétend  api)uyer  d'un  passage  de  saint  Gré- 
goire le  Grand  :  «  Nous  avons ,  dit  ce  saint 
pontife  [Lib.  vu,  ep.  9,  indict.  1),  les  noms 
de  presque  tous  les  martyrs,  recueidis  dans 
un  volume  et  distribués  dans  tous  les  jours 
de  l'année,  auxquels  nous  avons  accoutumé 
de  célébrer  solennellement  la  messe  à  leur 
honneur.  Ce  n'est  pas,  ajoute-t-il,  que  ce 
recueil  contienne  toutes  les  circonstances  de 
leur  mort,  ni  les  divers  tourments  qu'ils  ort 
endurés;  on  y  a  seulement  marqué  le  nom 
du  saint,  le  jour  et  le  lieu  de  son  martyre. 


155 


MAR 


MAR 


lâti 


Ainsi  l'on  peut,  chaque  jcnir  du  nn^is,  hono- 
rer pln<;ienr5  fiiIMes  <lo  divers  siècles  et  de 
differi-iites  provinro?,  comme  ayant  re(;ii  co 
jour-lh  In  coumnnv')  du  n)artjre.  Voilà  l'un 
des  plus  jincions  Mnrlyrologes,  où  l'on  i'inl 
ft^ipic  jour  mi'moin*  do  plusieurs  mnrlxrs. 
Celui  qu'o  1  attribue  h  saint  Jérôme,  qui 
prtM-f'de  rerlninemonl  tous  ceux  nui  imt  du 
moins  paru  jusqu'ici ,  met  pareillement  h 
chaque  jour  plusieurs  martyrs.  Fronton 
trouve  encore  de  quoi  foriilior  son  senti- 
ment, dans  c«'s  paroles  de  saint  Aslôre.  évù- 
?ue  d'Aniasée  :  «  Si  quoiqu'un,  dit-il  (In 
jicom.  de  SS.  Mnrtyrih.:,  avait  assez  <le  dé- 
votion envers  les  martyrs  [>our  vouloir  hono- 
rer jiar  une  fOte  parliculiùre  la  mort  et  les 
souffrances  de  chacun  d'eux,  toute  lamée 
serait  pour  lui  un»'  fOte  conlinuclie.  »  Et  c'est 
ce  qui  a  donné  lieu,  sans  doute,  h  établir  des 
solennités  générales  qui  renfermassent  tous 
les  martyrs  d'une  province.  Le  calendrier  de 
Cartilage  en  m  uque  plusieurs  :  il  y  a  une 
homélie  de  saint  Cliryso^tomo,  des  Martyrs 
d'F.rjypic;  et  rien  n'est  plus  ordinaire,  dans 
les  écrits  des  saints  Pures,  que  ces  sortes  de 
discours  qui  ont  pour  titre  :  des  Martyrs  ou 
de  tous  les  Martyrs. 

Au  reste,  coiume  ces  deux  calendriers 
nous  fournissent  les  noms  de  plusieurs 
saints  quiju»qu'ici  nous  étaient  inconnus, 
et  nous  ôtent  d'une  manière  presque  iiifail- 
lible  et  par  It.ur  seule  lecture,  tout  ce  (jui 
pourrait  nous  rester  de  doute  touchant  ijuel- 

2ues  autres,  nous  avons  cru  les  devoir  join- 
reaux  Actes  que  no  is  rapportons,  comme 
un  su|iplément  deceu\  qui  nous  manquent. 
Et  il  ne  faut  point  douter  (]ue  si  nous  avions 
les  calendriers  des  autres  Ivglises,  nous  n'en 
tirassions  les  noms  d'un  très-grand  nombre 
de  martyrs;  ce  qu'il  est  facile  de  prouver 
par  quantité  de  passages  des  Pères,  où  jiar 
oecasion  il  est  fait  mi'ition  de  plusieurs  so- 
lennités de  jainis.  Théodorel  en  nomme 
sept  ou  huit  :  c'est,  dis  lit  ce  Père  aux  (îriîcs 
de  son  temps,  en  leur  reprochant  le  dérègle- 
ment de  leurs  mœurs,  qui  se  faisait  voir 
jusque  dans  les  a;-tions  les  plus  saintes; 
c'est  par  de  "çran  is  repas  (jue  le  peuple  cé- 
lèbre la  fête  des  saints  martyrs,  Pierre,  Pnul, 
Thomas,  Sergius,  Li'once,  Antoine,  Mau- 
rice  L'on  en  trouve  nussi  dans  .Maxime. 

évèqup  de  Madaure.  Gildas  le  Sage,  qui  dans 
le  T'  sièiMe  nous  a  lai-sé  un  si  tii>iie  l;d)Ieau 
des  dévistri  s  d'  lAngU  lerr(\  maniue  entre 
les  martyrs  anglais,  Alban,  doVérolame, 
Aaron  et  Julien,  lf)us  di-ux  d"  la  ville  de 
Chester  (ou  de  Cai-rléon).  Les  calendriers  de 
'France,  apportés  par  saint  (Irégoire  de 
Tours  'f.il>.  de  Glor.  mnrt.),  nous  en  ont 
encore  iourni  quelques-uns.  (jn  y  peut  join- 
•  fre  Timottièe  et  Apollinaire,  célèbres  à 
Heims.  et  f  onuis  parle  testament  de  saint 
Hemv  ;  Eutrope,  premier  évèque  de  Xaintes, 
quef''oituint  chante  dan.s  ses  vers;  .VmaramI, 
r»'véré  pnr  le  peuple  l'.Mby,  et  avec  (pii  uu 
évèipie  Eugène  partagea  la -iloire  du  marl}re, 
dur.Tut  la  persécution  d'Hunneric;  Mallosus 
et  Vil  Ion,  :i  Cologne;  Aninjien.  en  Auvergne; 
Baudil,  à  Nltues,  et  Quentin,  dans  lo  Vunneii- 


dois.  dont  saiut  Eloi  releva  pour  la  seconde 
fois  les  sacrées  reli(|ues  du  lieu  qui  les  cou- 
vrait, drégoire  de  Tours  étend  sa  recherche 
jusipi'aux  martyrs  étrangers  :  il  nonnne  saint 
Clément,  pape,  avec  sauii  JeJ>n  et  sa  nt  Paul  ; 
Sergius,  Cùme,  Damicn,  Domilius,  tous  qua- 
tre fameux  dans  l'Orient;  Isidore,  dansi'iJe 
de  Chio.  et  Polycucle,  h  Cuiîstanlinople.  Je 
sais  que  le  témoignage  de  cet  hist(»rien,  sou- 
vent trop  crédule,  n'est  pas  toujours  rece- 
vahle  dans  les  faits  qu'il  rapporte  et  dans  le 
récif  des  miracles  ([u'il  alTirme  avec  une 
bonne  foi  peu  éclairée,  surtout  ceux  qui  sont 
arrivés  dans  des  temps  éloignés  du  sien  ;  on 
ne  peut  toutefois  lui  refuser  créance  pour  les 
noms  des  martyrs  dont  il  nous  a  donné  le 
catalogue.  Mais  aussi  qu'on  n'aille  pas  s'i- 
maginer que  les  martyrs  de  France  qu'il  n'y 
a  pas  compris,  soient  pour  cela  des  saints 
nouvellement  déterrés,  puisqu'il  s'en  faut 
beaucouf)  que  son  catalogue  soit  exact,  et 
qu'il  en  nomme  |)lusieurs,  dans  son  Uisloire, 
dont  il  ne  parle  nullement  dans  son  livre 
des  Martyrs,  tels  tpie  sont  Cassius  et  les 
autres  martyrs  d'Auvergne,  Créjiin  et  Cré- 

jnnien.de  Soisso  is  ,  Caprais,  d'Agen Et 

ne  devons-no  is  pas  à  saint  Ouen  la  con- 
naissance de  saint  Piaton  de  Tournay,  de 
sainte  Cnjombe  de  Sens,  de  saint  Lucien,  de 
saint  Julien,  et  de  saint  Maximien  de  Beau- 
vais,  lorsque,  dans  la  Vie  de  saint  Eloi,  il 
nous  apprend  que  ce  saint  évèque  de  Noyou 
til  des  cliâsses  pour  les  corps  de  ces  sauiti 
martyrs?  C'est  ainsi  tjue  Pru  lence  elle  .Mis- 
sel luosarabique  nous  ont  conservé  la  mé- 
moire de  quelques  saints  d'Espagne,  que 
Procope  nous  a  fait  connaître  di  s  saints  de 
Conslantinople ,  et  que  d'autres  auteurs 
ont  fait  passer  d'autres  saints  juscju'à  nous, 
îe  ne  vois  pas,  au  reste,  ce  que  peut  pré- 
tendre Dodwel,  lorsqu'il  nous  dit  que  si  l'oû 
mettait  à  part  les  homélies  ijui  .sont  certaine- 
ment des  Pères,  d'avec  celles  qui  sont  sup- 
jiosées,  il  resterait  peu  de  martyrs  dont  on 
célébrAt  la  lète  ;  je  ne  vois  pas,  dis-|e,  l'a- 
vantage qu'il  peut  tirer  de  celte  proposition, 
à  moins  ((u'il  ne  prouve  en  même  temps 
deux  choses  :  l'u'ie.  que  nous  avons  toutes 
les  homélies  des  Pères  sur  le  sujet  des  mar- 
t\rs;  l'autre,  qu'il  n'v  a  jamais  eu  de  fêle  de 
martyrs,  sans  qu'elle  ait  été  accompagnée 
d'une  homélie.  Certes,  avec  cet  argument 
Dudwel  va  d'un  seul  trait  effacer  plus  de  la 
luoitit';  du  calendrier  de  Buclunius.  L'illustre 
vierge  et  la  généreuse  martyre  Eugénie  était 
révérée  de  toute  la  terre,  au  siècle  et  au 
témoignage  de  ^aint  A  vil.  évè.pie  de  Viemie  : 
cependant  nous  ne  trouvons  aucune  boni  lie 
prononcée  à  sou  hoiri(-ur;  n(»us  n'eu  trou- 
vons aucune  pour  snuile  Thècle,  qui  la  pre- 
mière, parmi  les  femmes,  a  levé  l'étendard 
du  martyre,  ni  pour  saint  Sixte,  pape.  Ou 
n'a  pas  laissé  de  metlie  da  ts  ce  rec  uoil  des 
homélies  des  Pères,  dont  on  a  tiré  les  noms 
et  les  .Vcles  de  ipuMques  martyrs,  et  l'on  a 
néglig'  d'y  en  mettre  d'autres  «lui  ne  peu- 
vent tout  au  plus  nous  apprentire  que  leur 
nom.  comme  le  sermon  de  saint  Chry.siis- 
tume  {Serm.  66,  tom.  F),  où  il  parle  de  saint 


tû7 


M  AU 


MAU 


m 


Hnssus,  évôquo  cl  mdil.vr,  cl  i'lio«ii6lit*  <lo 

saitil  rit-rrc  (:iirv<;f)l(>^Mii«  \)in\v  ^iù\\\  A|inlli- 
nuire,  inciiiii'i' t^vAjiic  (lii  llavctiiic.  Les  /m- 
lios  oiivngt's  (les  n*>r''s  no  soiil  jifts  moins 
qiio  IiMirs  lioiiitMics  rcmiilis  (l((  ces  saci(^s 
nioninnc'Mls  du  la  f;lnirti  des  niail.vrs.  Il  y 
on  a  lin  dans  sai'il  Clénicnl  d'Alcxa-idiic,  h 
la  gloire  de  saint  l'ii'irc,  le  piinn-  des  apn- 
tiTS  ;  saint  lla.silc  1(>  (iiand,  dans  S(im  livio 
do  1,1  divinité  dn  Saiiit-I-Npril  [('(ip.  'iiOj,  inuo 
saint  Atlié  !();(>  u»;  sainl  (lirp^oiri'  df  Na- 
zia'iz(*  lait  l'élD^o  de  sainl  Oieslc,  dans  nnn 
do  SCS  oi-aisons;  .<;,'iinl  JéiAnui  (lonnc  nno 
place  ho  loiahic  parmi  les  Pries  et  les  niai- 
tyi'S  de  ri'lj^dise,  h  Mélliodins,  évé  pn-  tl'O- 
Ivnipo  (en  l-yeie),  cl  ensnito  do  Tvr,  cl  h 
Victorin,  d(>  "Pélavo  :  sainl  Nil,  discipli!  do 
sainl  Chrvsoslonio  ,  a  consneré  dans  ses 
écrits,  la  mémoire  de  s.iint  Platon,  martyr, 
et  de  sainl  Onésime,  élève  de  sainl  Paul.  Kl 
onlin  sainl  Auj^nslin  (Smn.  2S0)  a  donné  des 
louanges  A  la  Jeunesse  de  Néniésien,  ponr 
avoir  répandu  son  san.i;  innocent  pour  Jésus- 
Christ,  aussi  bien  (|uà  Salvius.  h  ("latuli.'n  (>t 
Agildc,  dont  ee  sainl  orateur  a  rendu  le  nom 
iitnuortel  par  son  éloquence.  Ajoute/.  Papias, 
martyr  de  Pliiladelphie;  "Me;  euro  el  Aqui- 
lina,  nonnnés  avec  honnenr  dans  la  Chioni- 
quG  pascale  -,  Mocius,  hnié  par  Sozomèno 
{Lib,  VIII,  0.17);  Acaco,  [)ar  Socrale  (Lib. 
VI,  c.  23);  Enphrosinc,  jiar  sainl  Avil  de 
Vienne;  Père j;rin  I",  évéque  d'Auxcrre,  |)ar 
l'auleur  de  la  Vie  de  saint  Germain  (écrite 
an  V  siècle),  son  successeur;  Tnnolliée, 
Tliea  et  Maure,  inartyi'S  do  Gaze,  d  nis  la 
Vie  do  saint  Porphyre;  Saturnin,  martyr  de 
Sardaigne,  dans  la  Vie  do  saint  Fulgence  ; 
Polycuc'.e,  Menas  et  trente-trois  autj-es  mar- 
tyrs, da-^s  la  Vie  de  saint  Knlhvmc,  et  Jan- 
vier, évéque  de  Naplcs,  dans  Voraison  l'u- 
nèbre  de  saint  Paulin.  Ajontez  encore  à  tant 
de  saints  mirtyrs,  la  famille  entière  des 
Cantiens  [Cantius,  Cantianus,  CantianiL), 
martyrs  d'Aqnilée,  do'd  Fortnnat  a  chanté  la 
victoire;  Syrus  de  Gènes,  Entychc  de  Fé- 
renlino,  Pro>_'ule,  Sabin,  Erasme,  Césaire, 
Marllie,  Julienne,  et  le  fameux  sainl  Christo- 
phe, do'il  l>>s  Actes  sont  si  défectueux,  tous 
préconisés  par  saint  Gré^oiie  lo  Grand,  et 
tant  d'autres  enfin,  dont  les  noms  se  lisent 
dans  les  auteurs  ecclésiastiques,  (>tc(uo  i;ous 
sommes  contrainls  d'omettre  pour  passer  à 
d'autres  preuves. 

Si  nous  consultons  maintenant  les  Pcrrs 
du  IV*  et  du  V'  siècle,  touchant  le  nombre 
des  martyrs,  ils  nous  diront  tous  qu'il  est 
presque  infini.  Des  milliers  do  maityrs  , 
disait  saint  Augustin  à  son  peuple  {Srrm.  i 
de  Temp.),  vous  environnent  de  tous  côtés. 
Mille  et  mille  martyrs,  dit-il  ailleurs  {Senn. 
300j,  ont  rougi  la  terre  deleur  sang.  La  terre, 
depuis  Etienne,  dit-il  en  un  autre  endroit 
(Serin.  3\k),  regorge  du  sang  des  martyrs.  Et 
écrivant  contre  Fauste,  il  lui  dit  :  «  Des  mil- 
liers de  nos  martyrs  se  présenteront  devant 
vous.  »  Il  les  compte  par  légions  ;  il  assure 

3u'on  ne  peut  les  compter;    et  à  loccasion 
e  la  pêche  de  saint  Pierre,  il  se  fait  à  lui- 
inême  cette  question  :  «  Mais  quoi,  y  aura- 


l-il  tant  de  b'iintit  iiam  lu  eiel?  »  Et  d  réjujud 
ainsi  :  ..  Oui;  car  enfin,  f-nns  pnrhr  îles  fl- 
dèh's  (pii  d'inie  vie  sainte  juissenl  h  une  vie 
biridieiu'eus(!,  (piand  il  n'y  ntirnil  rpie  les 
seulsmarlvis.qiic'li'prodi^iî'usermdlilndc!  • 
C'est  le  scntime'il  de  sanil  Alliana.s«',  de  hi\itïl 
AmbroiKO,  de  saint  Jér^nn*,  di*  sainl  Chry- 
sosioiiic,  (i(«  s.iinl  Asiérc,  el  ^énér  ahim  ni 
de  tons  les  Percs  «  '  di-  fous  les  nntour»  ec- 
clésiasti(pies. 

\'oici  ini  pas.sage  dOrigèiu;  (pii  seniblo 
favoriser  l'opinion  de  Dodwel,  et  ipii  loule- 
fois,  bien  entendu,  lui  devient  tout  h  fait 
inutiU'.  Ce  -avant  Pèie,  éci'ivant  conlre  (Icdso 
{l.ib.  ni',luidit(ju'onpeul  facilcnM'iilconqder 
les  ehréliens  (jui  sont  morts  pour  leur  reli- 
gion, parci'  (pi'il  en  est  nnnl  pfu,  et  seule- 
ment de  Unnps  en  temps  et  [)ar  intervalh-. 
Mais  Origène,  par  ces  |)aroles,  ne  j»rél(*nd 
pi'ouvcr  autre  clinse,  sinon  ipie  les  pcisécu- 
tions  (pji  s'étaient  élevées  conlre  les  fidèles 
n'avaient  pas  été  si  violentes,  (pi'elles  eus- 
sent été  capables  irexteiniiner  entièrement 
les  chrétiens,  et  qu'on  pouvait  dire  qu'd 
n'en  était  mort  (jue  très-peu,  si  on  h's  com- 
paiait  h  ceux  ^lui  i-estaicnt,  «  Dieu,ajoule-t-il, 
s'opj)Osanl  h  la  ruine  générale  de  ces  honnnes 
consacrés  à  son  culte.  »  11  faut  remarquer  ici 
que  le  dessein  d'Origène  n'est  autre  chose 
(|ue  de  montrera  Celse  que  la  religion  chré- 
tienne ne  devait  i)as  sa  naissance  à  une  sé- 
dition et  h  un  esprit  de  révolte,  comme  co 
philosophe  le  reprochail  faussement  aux 
chrétiens,  «  i)uis(iu'ils  n'ont  jamais  eu  re- 
cours aux  armes  jjour  di'iendre  leur  vie 
contre  ceux  qui  l'attaquaient,  cl  que  leurs 
lois,  au  contiaire,  les  obligent  de  tendre  le 
cou  à  leurs  ennemis,  et  de  se  laisser  égorger 
comme  de  paisib  es  brebis.  Ainsi,  de  peur  que 
cette  douceur  et  cette  patience  ne  vinssent 
à  causer  leur  ruine  entière,  et  afin  que  les 
})lus  faibles  ne  fussent  pas  exposés  sans  cesse 
aux  frayeurs  d'une  moil  toujours  prochaine, 
Dieu,  par  sa  bonté,  avait  bien  voulu  pourvoir 
h.  leur  sûreté,  et  avait  d'un  seul  clin  d'œil 
renversé  les  cruels  projets  de  leurs  ennemis, 
et  rendu  leurs  efforts  impuissants ,  en 
sorte  que  ni  les  rois  ni  les  gouverneurs  de 
province  n'avaient  plus  aucun  jjouvoir  de 
leur  nuire.  »  Et  il  est  certain,  par  d'autres 
passages  d'Origène,  qu'il  était  fort  persuadé 
de  cette  multitude  de  martyrs.  «  11  n'y  a 
loint  de  ville,  dit-il  dans  une  de  ses  homé- 
ies  [Hom.  8  m  Josue],  où  le  nom  des  chré- 
tiens ne  soit  en  horreur;  tous  les  hommes, 
do  quelque  rang  et  de  quelque  condition 
qu'ils  soient,  s'unissent  ensemble  pour  les 
détruire.  »  Il  dit  ailleurs  'Lib.  ii  contra 
Celsum)  :  «  Nous  voyons  tous  les  jours  plu- 
sieurs personnes  qui  savent  fort  bien  que 
s'ils  confessent  Jésus-Christ,  on  les  fera 
mourir,  et  qu'au  contraire  ils  seront  ren- 
voyés absous  et  mis  en  liberté,  s'ils  le  re- 
noncent :  cependant  leur  foi  est  si  grande 
et  leur  piété  si  sincère,  qu'elles  leur  fout 
mépriser  généreusement  la  vie,  et  courir 
volontairement  à  la  mort.  »  Et  dans  son 
commentaire  sur  l'Epitre  aux  Romains  {Cap. 
v),  il  assure  qu'on  voit  souvent  des  hommes 


I 


15» 


AlAR 


MAP. 


iOO 


qui  so  prf^sf^ntpnt  dovant  los  juges,  rie  leur 
propre  inouvemont  et  sans  y  «Mre  forctV>,  et 
qui  rroiont  que  c'est  peu  pour  «nix  d'endurer 
qiK^lques  alTronts  pour  Ji^sus-Christ.  s'ils  ne 
suufTrenl  oncorc  pour  lui  I,t  mort  la  plus 
rnielle.  »  Il  dit  enlin,  en  un  aut-e  endroit 
(Lit),  i  contra  Crlsiim\  rpio,  rfuoi(pi'il  y  ait 
une  peine  dp  mort  dt^rornée  contre  ceux  qui 
se  trouveront  aux  asspnibl»''es  des  lidèles, 
elles  ne  laissent  pas  «TtHre  Ir^s-nombreuses.» 
Le  lecteur  reiuarquora  qu'Origène  écrivait 
ceci  avant  les  horribles  boucheries  des  Dé- 
cius,  fies  ^'alérien  l't  des  Dioclétien. 

Mais  le  grand  Iréi '«>,  plus  ancien  qu'Ori- 
gine, et  p.utaitement  instruit  desatTnires  de 
l'Kglise  grec([ue  et  de  l'iMat  de  l'Kglise  la- 
tine, ayant  reçu  de  ce'le-lh  les  premières 
connaissances  de  la  religion  chrétienne,  et 
vivant  actuellement  dans  celle-ci;  le  grand 
Iréni'e.  dis-je,  n'admet  pas  seidement  cette 
mnUilude  de  martyrs,  mais  il  veut  (]u'elle 
soit  la  marque  ^  laquelle  on  puisse  recon- 
naître la  véritable  Eglise,  et  la  discerner  des 
autres  sectes.  C'est  dans  son  livre  Contre  les 
hérésies,  c'est-h-dire  dans  un  ouvrage  com- 
posé, de  l'aveu  mémo  de  Dodwel,  avant  la 
|)ersécution  de  l'Eglise  de  Lyon  et  au  com- 
mencement de  leinpire  de  Marc-Auréle. 
Voici  ses  paroles  ^Lih.  iv,  c.  6ij  :  «  Partout 
où  l'Eglise  se  rencontre,  cette  sainte  mère 
envoie  au  ciel  avant  elle,  par  le  mai-tyre, 
une  multitude  de  ses  enfants,  qu'elle  olFre 
au  Père  comme  un  gage  de  l'extrême  amour 
iju'elle  a  f)Our  lui.  Mais  les  autres  assem- 
blées non-seulement  n'ont  point  de  imr- 
tyrs;  il  n'y  a  ([ue  l'Eglise  qui  aime  à  souH'rir 
les  opprobres,  pour  t'^moigner  à  Dieu  quel 
est  l'excès  de  sa  charité,  et  quelle  est  la 
grandeur  de  la  foi  qui  lui  fait  confesser  hau- 
tement Jésus-Christ.  Souvent  on  l'a  vue 
s'affaiblir  par  la  perte  de  son  sang  et  de  ses 
membres,  puis  tout  h  coup  se  rétablir,  re- 
prendre de  nouvelles  forces,  et  redevenir 
mère  d'un  [)lus  grand  nombre  d'enfants.  » 
Nous  rapporterons  les  témoignages  des  au- 
tres Pères,  lorsque  nous  traiterons  des  per- 
sécutions en  particulier.  Voyons  cependant 
s'il  est  vrai  (lu'Eusèbe  soit  aussi  favorable  à 
Dodwel,  qu'il  ose  s'en  vanter. 

Eusèl)e,  conmie  nous  l'avons  déjh  remar- 
f|ué,  avait  recueilli  dans  deux  ouvrages  dif- 
érenls,  les  noms  de  tous  les  martyrs  (pii 
avaient  [)u  verdr  à  sa  connaissancf  :  le  pre- 
mier de  ces  recueils  i  omprenait  les  martyrs 
anciens;  et  le  second,  les  martyrs  (pu,  de 
son  ternes,  aviient  soufTt^rt  dans  la  Palestine. 
Nous  donnerons  cebii-ci  tout  (>ntier,  et  lors- 
que nous  y  aurons  joint  ce  (}ue  le  même  au- 
teur ra-'porti'  ailleurs  'Lib.  vm.  fUst.  errl.) 
(le  la  mémo  persécution,  le  lecteur  pourra 
ju^er  si  Dodwel  peut  avec  justice  orétiMidrc 
d'avoir  Eusébe  dans  son  jiarti.  A  l  égard  du 
premier  recueil,  qui  ne  se  trouve  plus  de- 
ptiis  plusii'iirs  siècles,  Dodwel  nous  dit  d'un 
ton  aHiruinlif  (pie  par  l'Iiisloire  même  d'Eu- 
sèhe  on  doit  rondure  (ni'd  ne  eoutenait 
qu'un  Irés-petil  nombre  de  martyrs.  Il  nous 
mirait  fait  plaisir  de  prodmre  ces  passa'.;ps 
prétendus  de  l'histoire  ecclésiastique,  puis- 


'i 


qu'il  est  constant,  par  divers  endroits  do 
celle  histoire,  que  son  auteur  a  reconnu  une 
infinité  de  martyrs,  quoiqu'en  effet  il  n'en 
ait  nommé  que  très-|>eu.  Nous  ne  cherche- 
rons point  d'autres  interprètes  de  la  pensée 
d'Eusèbe,  qu'Eusèbe  même.  Il  dit  donc 
{Lih.  m,  c.  3^}  que.  durant  la  persécution 
de  Trajan.  plusieurs  fidèl^^s  soulinrent  géné- 
reusement le  combat,  quoiqu'ils  se  vissent 
attaqués  de  tous  côtés  par  divers  tourments. 
Il  assure  {L.  v,  init.)  que,  sous  Anlonin,  la 
constmce  d'une  infinit''  de  martvrs  se  fit  ad- 
mirer de  tout  l'univers.  Il  décrit  la  persécu- 
tion que  Sévère  alluma  (L.  vi.  r.  1\  pen- 
dant laquelle  on  vit  dilluslres  athlètes  com- 
buiroponrlapié'éet|)ourlafoi,danstoutesles 
Eglises  du  monde.  Il  [)arledansles mêmes  ter- 
mes des  persécutions  de  Dèce  cl  de  Va'érien. 

Pour  ce  qui  re;arde  Prudence,  l'on  ne 
peut  pas  dire  qti'il  favorise  le  moins  du 
monde  Dodwel,  si  l'on  ne  nous  fait  voir  que 
ce  prince  des  poètes  chrétiens  s'est  engagea 
chanter  dans  ses  vers  tous  les  martyrs  qui 
furent  jamais  II  fait  l'éloge  de  plusieurs,  il 
ne  dit  rien  aussi  de  plusieurs;  mais  il  est 
étonnaîit  que  sa  muse  ne  lui  ait  rien  inspiré 
})our  l'illustre  Léocadie,  dans  l'Eglise  de  la- 
quelle fut  tenu  le  quatrième  concile  de  To- 
lède. 

Voici  enfin  la  dernière  ressource  de  Dod- 
wel ;  c'est  la  ch'mencc  des  empereurs  ro- 
mains. .<  Il  y  a  eu  peu  il'empereurs,  dit-il, 
qui  aient  persécuté  l'Eglise;  l'on  trouve  peu 
d'édits  rendus  contre  les  fidèles,  et  plusieurs 
de  ces  princes  afi'eiîtaicnt  si  fort  la  réputa- 
tion d'être  cléments,  qu'ils  voulaient  même 
paraître  ne  punir  les  coupabb's  qu'?\  regret. 
Il  ne  faut  point  douter.  ajoute-t-il,que  les  mi- 
nistres de  princes  si  déboiuiaires  ne  se  soient 
fait  un  devoir  d'imiter  la  douceur  de  leurs 
maîtres.  »  Ma's  pour  renverser  cet  argu- 
ment de  Dodwel,  il  n'y  a  qu'à  jirésuppo-er 
cette  vérité  constante,  que  ce  qui  excit  lil  les 
perséinitions  contre  lEglise  n  était  pas  ton- 
jours  la  rigueur  des  édits,  ou  l'animoMlé 
des  juges  parlicnliers.  ou  les  dame  ts  du 
p(Miple,  comme  le  répète  si  souvent  Dodwel; 
mais  la  disposition  (le  la  jurisprmlence  ro- 
maine, dont  lt\s  lois  ne  soulfraient  dans 
l'empire  aucuiu»  religion  étrangère  [Cirer, 
lih.  II  (le  f.eif.).  Or,  l(>s  chrétiens  non-seule- 
ment voulaient  introduire  une  religion 
étrangère  et  nouvelle  laii  moins  les  Romains 
le  [pensaient  ainsi^,  mais  ils  soutimaient  dn 
plus  que  toute  autre  religion  (pie  la  leur 
était  tausse  et  ridicule.  La  puissance  des 
empereurs,  (piehpie  absolue  (pi'elle  fiU  eu 
toute  autre  chose,  était  contrainte  de  se 
soumettre  h  ces  lois,  surtout  lorsi]ue,  du 
consentement  d(>  tout  l'empire,  elles  st>  trou- 
vaient fortifiées  par  de  nouveaux  décrets. 
Ce  qu'Origène  coulirme  d'une  manière  élé- 
gante et  ironi(pie  :  Le  s('nat,  dit-il  [llom.  9 
in  Jostte\  le  peuple  elles  empereurs  ont  or- 
donné (pi'il  n'y  aurait  plus  de  chrétiens. 
Terlullieu  recotinaît  pareillement  qu'il  y 
avait  des  lois  r  iidiies  contre  le  clirislia 
iiisme  (.l/)o/.  r.  37).  On  ne  doit  donc  pas  s'é- 
tonner, après  cela,  si,  malgré  la  paix  Uonnéu 


U'<i                                MA  il  MA  II                              46« 

piir  l<vs  cmixMours  h  l'KKliso,  los  (•lir(^lion.s  (juiscs  «t  irclinrclK^fM,  ot  ils  w  nnignctit 
nu  luissjiifiil  \n\s  (l'(Mi(!  soiivciil  drli^ii-s  ri  i  kui  (lavaiilM^r  <|iic  dn  voir  mourir  <;eux 
punis,  (■omiiK'  im  |u'ul  hi  vnir  |wir  la  mort  (lu'ils  loin  iiiiiiln.i.  Ijiir  cniaiit»'  iiisnii.ihl*! 
do  saint  A|tollonnis,  (|ni  lui  ( ond.innu;  à  <•!  o|.nii.iirr  |,. ni  lail  |Mtndrt' soin  des  plaies 
pordio  I»  liHn  (à  Cosaiûo  <'n  ralcsliiicj,  |iar  (pi'ils  oui  lailcs;  ds  Irs  KUJ^risscnl,  ali-i  (pio 
lin  ari(M  du  sônal,  rendu  en  cxiMiilion  d  un  les  in('inl)rc.s  rciKuncIt'».  soii-nl  en  t';lal  do 
aiuicn  dccicl  de  celle  coiiipa^nie,  (pu  avail  soutenir  de  nouveaux  lom  nictits,  et  (pio  les 
par  Ih  prétendu  eiii|u\lier  (pie  les  (•iir(''liens,  veines  so  icinplis^eni  d'un  nduvcnu  .snnu 
«prC's  avoir  él»'-  (h'iionct's,  ne  lussent  leii-  (piiK  puissent  encore  r(''paiidr('.  (iependanl 
\oyvs  absous.  Par  la  nu'^iiie  raison,  Marin  (((iiiinue  Lactaiice  (('(ift.  \ij,  j'en  m  v,j  ,,\^1 
ne  put  (Witor  la  mort,  (|uoi(pi(i  (lalieii  eiU  sieurs  (pn  su  gloriliuient  (Je  leur  condoitn 
fait  piil)li(M'  un  ('dit  en  laveur  des  clirétiens.  nio(l('i(''e  en  va',  point,  el  «pii  n».  <  i;ii^ii,i|,.||| 
Mais  ([uaiid  des  lois.si  st'iveres  veiiaiontii  rcci;-  pas  de  dire  (pjc  le  temps  de  leur  adminisli/i- 
voir  une  nouvelle  iorco  des  ordoiinaiicos  du  lion  n'avait  point  vU'.  soiiilh'!  par  les  criiaulés 
prince,  c'élail  (lour  lors  (pie  la  peiS(''ciiiioii  (pi'on  reprorliait  aux  autres.  Les  plu-,  hk'-- 
s'allumait  avec  violence;  on  recluM'cliail  les  clianls  de  tous  les  iiommes  veulent  parailio 
clirétiens  avec  une  extrémo  cxaetilude,  (  l  justes,  eux  qui  suL'passenl  en  inliiimanilc') 
lors(prils  étaient  pris,  on  leur  faisait  soui-  les  l.éles  les  [dus  l'arouclies.  »  Il  pcnirsuil 
l'rir  tout  ce  ipio  larajAc  des  persécutouis  [i(»u-  [Cap.  li),  el  il  relev(!  L'ur  justice  avec  les 
vait  inventer  do  sup[)liccs  nouveaux.  Co  niOmos  couleurs  dont  i)  h  dépeinl  leur  cîé- 
n'est  pas  ipie  ces  ordo;iiiaiices  du  piincefus-  inence.  ><  Us  nomment  justice  toutes  les  lior- 
seiil  toujours  nécessaires  pour  auloiisor  la  leurs  dont  les  aiicie  is  t^  laiis,  dans  les  plus 
persécution,  et  nous  voyons,  parcelle  la-  noirs  accès  de  leur  rage,  accdblaieiil  l'inno- 
meuso  lettre  de  JMino  le  Jeuiu!  <i  Trajan,  cenc(î  inalhouieuse;  et,  (|uoi(pj'ils  soient di-s 
qu'il  ne  laissait  pas  de  poursuivre  el  cou-  exemples  allreiix  de  cruauté  el  d'injuslice, 
damner  les  clirétiens,  quoiqu'il  n'y  eût  alors,  ils  veulent  passer  [)Our  dr.-,  modèles  de  sa- 
seloii  DodNV(d  même,  aucu'i  étiit  rendu  cou-  gesse  el  d'é({uilé.  Jùili'i,  lour  a  iressaiit  la 
Ire  eux.  11  n'osa  loulelois  d'abord  suL-ipeiidre  parole  :  Esl-il  donc  jiossible,  leur  dil-il,  ('» 
ces  cruelles  exécutions,  sans  un  rescrit  de  âmes  perdues  1  que  vous  ayez  pour  la  jus- 
rem()eicur,  n'ayant  |)ris  la  résolution  de  le  tice  une  aversion  si  prodigieuse,  cjue  vous 
consuller  (|u'ai)rès  en  avoir  l'ail  mourir  plu-  n'appréliendiez  pas  de  couvrir  les  plus  grands 
sieurs,  et  que  la  multitude  de  ceux  qui  res-  crimes  de  son  nom  sacré,  el  l'innocence 
taienl  h  punir  reill  déterminé  à  l'aire  cesser  vous  est-elle  devenue  si  odieuse,  que  vous 
les  su[)plices.  Au  reste,  nous  apprenons  de  la  jugiez  indigne  d'un  supplice  ordinaire?  » 
Laclance  que  le  nombre  de  ces  édils  n'é-  Que  si  le  même  auteur,  dans  son  livre  De  la 
tait  pas  si  i)eu  considérable  que  le  j)i  étend  mort  des  persécuteurs,  ne  compte  que  cinq 
Dodwel,  })uisque,  selon  cet  iincieo  auteur  empereurs  qui  aient  mérité  de  [)ùi  ter  un 
{Lib.  V  Jnst.,  cap.  11),  «  un  proconsul  (Do-  nom  si  infâme,  on  ne  doit  pas  inférer  de  là 
mitius)  se  servant  du  pouvoir  que  lui  don-  qu'il  n'y  en  ait  jamais  eu  d'autres.  Car  Lac- 
nait  sa  charge,  ramassa  en  sept  volumes  les  tance  ne  parle  que  de  ceux  que  le  ciel  avait 
rescrits  et  les  ordonnances  des  empereurs  frappés  d'une  mort  funeste,  pour  avoir  été 
contre  les  clirétiens,  atiu  que  les  juges  pus-  les  auteurs  des  diverses  perséculio'is  dont 
sent  trouver  dans  ce  recueil  tous  les  genres  1 -Eglise  avait  été  agitée,  comme  le  titre  et 
de  tourments  dont  ils  devaient  se  servir  pour  toute  la  suite  du  livre  le  font  assez  connaître, 
punir  ceux  qui  seraient  convaincus  de  n"a-  Ainsi,  il  n'est  pas  étonnant  qu'il  ne  uommei 
doier  qu'un  seul  Dieu.  »  Et  il  ne  sert  de  ni  Trajan,  ni  les  Antonins,  dont  la  mort 
rien  de  nous  0{)poser  la  modération  de  quel-  avait  été  paisible  et  naturelle,  avec  Néron, 
ques  empereurs,  et  leurs  inclinations  à  la  Valérien  et  ces  autres  monstres,  de  qui  la 
clémence,  puisque  ceux-là  mêmes  à  qui  les  lin  avait  été  accompagnée  de  circonstances 
auteurs  païens  attribuaient  ces  vertus,  ont  également  sanglantes  et  honteuses.  On  doit 
éié  en  eil'et  les  plus  cruels  persécuteurs  raisonner  de  même  en  ce  qui  regarde  l'Jwo- 
des  chrétiens.  Et  Ion  ne  s'étonnera  pas  de  /o<7e7«5'ife  ;  le  dessein  de  son  auteur  étant  de 
ce  que  la  conduite  de  ces  princes  envers  les  montrer  aux  païens  que  la  religion  chré- 
fidèles,  quelque  inhumaine  qu'elle  lût,  ne  tienne  n'avait  eu  pour  ennemis  que  des  prin- 
passat  pus  pour  cruauté,  si  l'on  consicière  ces  dont  la  mémoire  et  les  ordonnances 
que  les  chrétiens  étaient  regardés  comme  étaient  en  horreur  chez  les  païens  mêmes,  il 
des  sacrilèges,  des  ennemis  publics  et  des  ne  devait  pas  nommer  parmi  les  persécu- 
gens  noircis  des  plus  énormes  crimes.  Sué-  leurs  d'autres  princes  que  les  Romains  re- 
tone  en  était  bien  persuadé,  lorsqu'entre  les  gardaient  comme  les  pères  de  la  patrie  et 
ordonnances  dignes  de  louange  qu'il  dit  comme  des  empereurs  très-religieux, 
avoir  été  publiées  par  Néron,  il  mtt  celles  MAKTYRILÎS  (saint),  lecteur,  eut  là  gloire 
qui  décernaient  des  peines  contre  les  chré-  de  verser  son  sang  pour  la  religion  cliré- 
tiens :  une  sorte  d'hommes,  dit-il,  adonnés  tienne,  sous  le  règne  d'Arcadius,  en  l'an  de 
à  une  nouvelle  suiicrstition  et  à  la  magie.  Jésus-Christ  397,  à  Anaune  (Val  d'Anagna), 
Pour  la  douceur  qu'on  attribue  aux  juges  et  avec  saint  Sisinnius,  diacre,  et  saint  Alexan- 
aux  gouverneurs  de  provinces,  la  voici  dé-  dre,  portier.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  29  mai. 
peinte  par  Lactance  (Lj6.  V,  c.  11),  avec  dés  (Pour  les  détails  de  son  histoire,  voy. 
traits  admirables.  Sisinnius.) 
«  lis  font  sentir  au  corps  des  douleurs  ex-  MARUTHAS  (saint),  martyr,  mourut   en 


lei 


M.VS 


MAT 


164 


confessant  Jésus-Christ  en  Perse,  sous  le 
roj  Sapor,  vers  l'amét^  3-27.  [Voy.,  pour  plus 
de  tlriails,  les  Arles  de  saint  ioMkS  et  de 
Saint  B*nA(.uiSK  à  leurs  articles.) 

MASCARKCNAS  (Pierrk  de),  dn  la  Com- 
pagnie de  Jé.>us,  retourna  plusu-urs  fois  à 
Céiebes  pour  les  inlérùts  de  1»  foi,  cl  y 
mourut  en  loSl,  enipoisoiuié  parlfs  Maho- 
niétans.  ^Tanner,  Snnetns  Jesu  nsque  ad  snn- 
guinis  et  vitœ  profusiotwin  militnn.s,  p.  2'i^i.) 

MASSA01:aH,  ville   d'AInssinie   d  mis  le 
Suuiara,  était  ><tuiiHse  aux  Turcs  du  temps 
de  Melec  Srgued,   négnus    dAl)>>sinie,  et 
de  Basilides,  son  lils,  qui  lui  succéda  <n  16-J2. 
Quan  I  ce  dernier  prnice  renvoya  de  ses  Ktals 
le   patriarche  Mendez  et  les  autres  jésuites, 
qu'y  avait  fait    venir  son   père,  Jean  Akay 
qui  les  protégeait,  et  qui  était  B.iharnagast  h, 
leur  donna  des  lettres   de    reconunandalion 
pour  le  gouverneur   turc  de   cette  ville  par 
laquelle  ils  devaient  passer.  Ce   gouverneur 
était  un   homme  cruel  et  cupide,  qui  crut  ce 
que  Basilides  lui  lit  dire  des  jésuites,  à  savoir 
cju'ils     emportaient    avec    euï    toutes   les 
richesses  d'Abyssinie.  Il  les  lit  fouiller  avec 
beaucoup  de  soin.  On   ne    trouva    en  h-ur 
possession    que   deux  calices   et    quelques 
reliquaires  sans  valeur.   Il   avait  dit  avant 
l'arrivée  des  jésuites,  cpiil  ne  serait  content 
que  quand  il  les  aurait  tués  tous  de  sa  main. 
Il   l'aurait  fait,  s'\\  n'avait  pas    rétléchi  que 
les  Portugais  pourraient  lui   })a}er  rangon 
pour  les  délivrer.  Alors    il    fait   dire    aux 
jésuites   d'avoir  h  choisir  entre  la  mort  ou 
donner  une  rançon   de   trente   mille  écus. 
Cependant  il  réduit  la  somme  à  vingt  mille, 
nuis  à   quinze  mille,  menaçant  les  Pères  de 
tes   faire    empaler,  si    elle   ne   lui    est  pas 
comptée  sur  l'heure.  Quelques-uns  de  ses 
conlidents,   craignant  (jue  les   Portugais  ne 
vinssent  plus  taid  veiig»^r  leurs  compatriotes, 
firent  entendre  au  bâcha  qu'il  valait  nueux 
capituler   avec   eux    et  abaisser    encore   le 
chiffre  de  la  somme  exigée.  Ils  s'otlriicnt  ù 
faire  les  avances  de  celle  à  laquelle  il  s'ar- 
rêta en  dernier   lieu,  se  coutentant,  dirent- 
ils,  de  la  |»arole  des  jésuites.  Le  bâcha  reçut 
ainsi    quaire    mille   cinq    cents   écus.     Les 
jésuites  devaient,  d'après  les  comlitions  .sti- 
pulées, s'embariiuer  dans  deux  heuics.  Il  lui 
vint  en    pensée   qu  ils  pourraient    bien,  un 
coup  partis,  ne  pas  |)iver  la  r.uiçon  aNancce 
pour    eux  ;  il   dit    ipi^l    en   garderait    Inns 
comme  otages,  et  (pu^   \os  autres   [louvaifiit 

t)arlir  pour  aller  (  hercher  la  raiiçun.  Il  retint 
o  [)atriareho  Mendez,  Diego  de  Malos  et 
Antoine  Fernandez.  (^epcnulanl,  comme  (O 
dernier  él.iit  pliisqu'oi  ln^énaire,il  consentit, 
sur  les  instar/tes  du  P.  Jérùtiie  Lobo,  ^  en 
mettre  un  autre  à  saplai  e.Le  P.Lobnse  rendit 
d'abord  aux  Indes,  ensuite  à  Lisbonne  et  à 
Home.  Dans  celle  dernière  ville,  il  s'adressa  à 
rambassadeur  de  Fiaice.qm  écrivit  au  consul 
du  (iaire  toucli.uit  la  m  ilheuieusu  positnm 
des  prisonniers  de  Massanuah.  (^e  fonction- 
naire lit  écrire  par  le  paclia  du  i'.aire  h  celui 
de  Souakim.  qui  avait  jundntiun  sur  Mas- 
saouah.  L«s  iiitenlions  du  consul  de  France 
furent aussitAiexécut4es, le  pacha  ileSouakim 


écrivit  sur-le-champ  à  celui  lie  Massaouah 
eu  termes  forl  durs,  pour  lui  re|>rocher  sa 
conduite  et  lui  ord  ^nner  de  rendre  immé- 
diatemenl  la  liberté  à  ses  prisonniers.  Le 
baclia  prévaricateur  n'osa  pas  désobéir,  mais 
il  trouva  encore  moyeu  u'exlorquer  sii 
mille  cruzades  aux  marcliaiids  portugais 
qui  faisaient  le  commerce  de  la  mer  Unuge. 
Ici,  ((u'il  nous  soit  permis,  en  passant,  d« 
remlre  un  juste  hommage  à  cette  inlluence 
prolectrice  ipi'e'cerçait  pailoul  la  France.  Le 
monde  connai;sait  I  esprit  chevaleresque  et 
généreux  de  notre  nation,  toujours  prèle  à 
voler  au  secours  des  opprimés.  Aussi  dès 
qu'une  civilisation  était  en  danger,  dès 
qu'une  nationalité  était  menai  ée,  des  qu'une 
infortune  élevait  la  voix  de  ses  "louleurs, 
la  France  intervenait.  Dans  ce  leraps-là  sun 
épée  généreuse  était  assez  longue  pour 
atteindre  et  combattre  l'oppression  jus- 
qu'aux bouts  du  monde. 

Après  toutes  ces  horribles  perséculious, 
les  PP.  Petra  Santa  et  Antoine  Virgoleta 
demeurèrent  à  ilassaouah  dans  les  ain.ées 
qui  suivirent,  sous  la  protection  du  bâcha 
de  Souakim.  Le  P.  de  Virgoleta  t  tant  mort  au 
commencement  de  16+2,  le  P.  Petra  Santa 
demanda  de  nouveaux  collègues  el  fui  rejoint 
par  les  P.  Félix  de  Saint-Séverin  et  Joseph 
Torlulani  d'Altino.  Sur  i  es  entrefaites,  a  la 
plat;e  du  hacha  (jui  protégeait  les  mission- 
naires, on  en  avait  envoyé  nn  autre  qui 
éiait  •xlrèmement  cruel  et  cupide.  Le  uégous 
Basilides  lui  envoya  un  ambassadeur  chai  gé 
de  lui  remettre  cent  ciiKjua'Ue  onces  d'or 
et  cinquante  esclaves,  à  la  condition  qu'il 
ferait  mourir  les  missionnaires,  ou  les  lui 
livrerait,  t^e  baroare  lit  venir  en  sa  présenCii 
et  décapiter  les  P.  Félix  de  Saint-Séverin 
et  Joseph  Tortulani  d'Altino,  puis  il  se  lit 
apporter  la  tète  du  P.  Pelra  Santa.  Comme 
il  le  eo  uiaissait,  il  ne  voulut  pas  le  faire 
paraître  devant  lui. 

MAl'APANt;,    chrétien    apostat,   fut    le 
meurtrier  de  Sanvilores,  apôtre  des  des  .Ma- 
riannes.  <<  Sauvilores  i,dil  Uenrion, //<«/.  <li's 
miss.,  t.  IV,  p.  5»()),  accompagné   du    cale- 
(liiste  Pierre  Calan-sor,  était  cillé,  le  2  avril 
1G72,  au  village  d.'  Tumliaui,  pour  y  régé- 
nérer la  tille  de  Matapang,  chrétien  .q)0siat. 
Fliilrt>  dans  ma  maisu  i,  impo.steur,  lui  dit  ce 
barbare,  tu  v  trouveras  une  tète  de  mort  tpie 
je  garde;  baplise-laj  y  consens.— Laisse-moi 
l)ii|)tiser  la  tille  mal  «de,  puisque  lu   es  lui- 
même  baptisé,  repond  le  serviteur  de  Di  u. 
lu  me  tueras  ensuite,  .si  tu  veux.  Je  |  er- 
drai  volonliers  la  vi«'  du  corps  pour  piocu- 
rer  la  vie  de  TAïue   à  cette    eiilani.    Sanvi- 
lores repouss*';  so  met  à  cdécliiser    la  jeu- 
nesse du  villa.;e:  au  lieu   d'a«i<isler  h  cette 
iiisli m  lion,  M.itapang  va  !»'a>surer  d'un  com- 
plice pour  assassiner  le  missioiuiairo.  L'op6- 
Ire   proliie   de   son  absence   pour  pénétrer, 
avec   le  catéchiste,  dans   .sa  maistui,  où  il 
bafilisc  la  jeune  tîllo  :  sur    ces  entrefaites 
anivenl  les  meurtriers.   Calangsor  est  tu«5 
|>ai  lidoLltre  llirao.   Sauvilores.  voyant  que 
l'heure  de  sa  mort  a  sonné,  préseiUc  la  eru 
cilix    aux   deux    indigènes.   •   Sachez  ,  leur 


ICU 


MAI 


Mat 


m 


(lit-il,  (\w  r>»Mti  OMl  In  flOilv»M-;iiii  SjtJKiicur 
(1(1  loiitcs   les    nnliniis    cl    (ju'iI   est   l(»    seul 

llinilKI     (JU'OII      doive      a<l(ll'(*l'     (i.'IIIS       l'ilc     l|(! 

(idiinlinin.  »  A  |kuii(»  ii-l-il  jyoul»^  :  «Ah  !  M«- 

(?i(i,ili^,  ((in'  IMi'ii  le  l'.'issc  iriiM'i  iididi-  !  » 
((n'Ilinio  lut  <liM'li<'ii-^c  un  |4,i-:iiiil  ('(hi|i  .sur  la 
l(^(»',  cl  ((iiff  M.Ml/ipaii;^  lui  pusso  sa  Iniicu  à 
livivi'CS  le  corps j 

MArMUNI'l  (sjiiiilc),  iii;!rl,vrc,  cul  le  hnn- 
lipiir  (itnuourii  pour  .l<Vsu.s-(l!jii.sl,  dans  la 
vdic  de  Lyon,  en  raini(''c  177,  sons  le  i(\j;iie 
de  rcmi)rreur  Anlonin  Marc-Aurele.  Sa 
(jualiu';  (io  ciloyeinu)  romaine  lil  (|ii'(>lle  lut 
tl<^c.'«f)il('e  au  lieu  d'c'^tre  e\pos('e  aux  IkHcs, 
couune  le  l'urcnl  pliisKîurs  des  conipau,n()tis 
de  sniMt  IV)lliin.  L'l\^lis(i  t'ait  leur  l'iHe  à  tous 
\o  -2  juin. 

MA'ri'lKNK  (saint),  ('VtVpie,  rei-ul  la  cou- 
ronne du  martyre  l\  Milan,  sons  l'empereur 
Maximion.  On  le  mit  iTahord  enpiison,  puis 
on  le  lla;j;e.la  à  diverses  icprises  ;  eiilin  , 
niein  (io  K">'"''  pour  avoir  conl'('ss(3  souvent 
la  loi,  il  s'endormit d.ms  le  Seigneur.  L'Kgliso 
fait  sa  t'(Me  le  18  jnil,o!. 

MATH  1  AS  (saint),  aoiMre,  resta  toujours 
avec  Jésus-Christ  et  les  a)»(Mres  depuis  le 
baptême  de  saint  Jean  jus((u'à  l'Asceiision. 
Nous  n'avons  rien  de  ccitaiii  sur  ce  saint 
apôtre.  «  Ce  qu'il  y  a  de  i)liis  remanpjable, 
dit  Tilleinont  (t.  l^  p.  VOG),  ce  sont  les  Actes 
du  martyre  de  ce  saint,  tirt^s,  selon  la  pr(3- 
lace,  d'un  livre  hcHireu  intitulé  :  Le  Livre  des 
condanuiés,  parce  (]u'il  contenait  la  con- 
dannialion  et  la  mort  de  ceux  (jui,  selon  les 
Juifs,  avaient  violé  la  loi,  c'est-ii-dire  de 
saint  Malhias,  dos  deux  saints  Jacques  et  de 
saint  Etienne.  Ces  Actes  ont  été  traduits  en 
latin  dans  le  \iv  sièchs  par  un  luoine  de 
l'abbaye  de  Saint-Malhias  à  Trêves,  en  la- 
quelle on  prétend  que  sont  les  leliques  de 
cet  apôtre.  »  Ce  moine  étant  fort  en  peine  de 
savoir  comment  il  pourrait  trouver  la  Vie  de 
notre  saint  a[)ôtre,  s'adressa  à  un  Juif  qui, 
pensant  le  trom[)v.r,  lui  apporta  le  Cantique 
des  caniiques.  Le  moine,  ayant  reconnu  sa 
fourberie,  la  lui  reprocha  fortement.  Le  Juif 
alors  lui  promit  avec  serment  de  le  conten- 
ter, «  craignant,  dit  le  moine,  que  je  ne  lui 
«  rendisse  quoique  mauvais  oilice  auprès  du 

«  prince  avec  lequel  j'étais  assez  bien Il 

«  m'apporta  donc,  continue  le  moine,  un  au- 
«  tro  livre  intitulé  :  La  Vie  de  saint  Mathias, 
«  et  me  rex[)liqua  tout  du  long,  dans  la 
«  croyance  qu'il  avait  que  je  l'entendais 
«  comme  lui.  Un  an  après,  l'archevêque  de 
«  Trêves  se  fit  expliquer  le  même  livre  par 
«  un  autre  Juif  qui,  se  trouvant  dans  un  fort 
«  grand  danger,  avait  besoin  de  son  secours; 
«  son  explication  se  trouva  toute  conforme  à 
«  la  première,  hormis  «m  un  article.  » 
^  Le  moine  composa  donc,  d'après  ce  livre, 
l'histoire  de  saint  Malhias  ;  il  avoue  seule- 
ment qu'il  l'a  un  peu  étendue.  Ce  qu'elle 
contient  de  saint  Mathias,  outre  ce  que  l'E- 
criture nous  en  apprend,  dit  Tdlemont  (t.  I, 
p.  VOT),  '(C'est  qu'il  était  de  Bethléem,  de  la 
tribu  de  Juda,  d'une  naissance  illustre  ;  qu'il 
fut  fort  Dien  instruit,  tant  par  ses  parents 
que  par  un   homme   incomparable  nommé 


SMUi'on  ;  qu'après  la  l'enb-rôlo,  il  cul  |»(iiir 
paila^i'  l;i  l'alolnie  ;  <|ii'il  y  lit  un  ^lariri 
nombre  do  muai  l(;s  ol  y  convertit  lieam  (»up 
(le  monde;  (pie  Irriiic-iruis «us environ  /iprè» 
la  passion,  le  jeiuH!  Aiiiniis  ayniil  Tiil  inoii- 
iir  sainl  J.k  (pies  le  Mineur  ii  Jt'rusûlcm, 
S'iiiil  Malhias  fut  pris  en  m<'^mo  l<;rup!i  (jii 
<1.iIi1('m'  el  aiiieiii'  dev.tnl  Ananus  ,  lequel 
lui  a)aiil  fut  une  lurgue  li.uaiiyui'  et  uyuul 
ùc(MJlé  sa  réponse,  voyant  (ju'il  p(!rhi^lail  î 
confesser  Jésus-CIn  isl,  h;  condaïuna  h  <jlro 
lapi(l(''  ;  ((îla  fut  aussiU'jl  exécul(s  el  ensuilu 
on  lui  tram  ha  la  lèl(j  ^i  la  rouiaiin;.  »  N(jus 
livrons  (;etle  histoiii'  à  l'appréci.ilion  U  s 
lecl  urs,  en  faisant  observer  tou!ef(iis,  i]ne 
les  auteurs  les  plus  sérictix  et  les  plus  re- 
coiumandiibles,  ElorenliMiis,  le  I'.  (.oinbi-hs 
el  Hollandus  la  regardent  coiuiikj  Ires-sus- 
pecle.  Il  (ixisle  aussi  une  tradition  chez  les 
(irecs,  (|ui  porte  ipie  le  saint  aj)ùlre,  après 
avoir  prêché  l'Evangile  dans  la  Colcliide,  y 
a  soullert  le  martyre.  Ces  derniers  fonl  sa 
fêle  le'.)aoi1l,  et  les  Latins  le  2V  février.  Les 
vill(!s  de  Trêves  et  de  Uome  prétendent  avoir 
le  corps  de  saint  .Malhias. 

MATHLVS  (saint),  l'un  des  vingt-six  mar- 
tyrs ilu  Japon,  (pii  furent  cruciliés  à  Naii- 
ga/.aqui,  en  l'aimée  L'i'J7,  le  o  février,  sous 
le  règm;  de  Taïcosama ,  était  un  |)auvro 
artisan  japonais.  Quand  l'oIBcier  qui  vint 
arrêter  dix-sejit  chrétiens,  savoir:  cinq 
franciscains  el  douze  lai(pies ,  lit  l'appel 
des  noms,  il  se  trouva  que  .Wathi.is,  l'un 
d'entre  eux,  ne  répondit  pas.  Il  était  sor- 
ti j)Our  aller  faire  des  emplettes.  Alors 
Malhias  l'artisan  se  présenta  el  dit  à  l'ollicier  : 
«  Jt!  me  nomm  î  Mathias,  je  ne  suis  proba- 
blement (las  celui  que  vous  cherchez,  mais 
n'impoile,  je  suis  chrétien,  et  je  tiendrai 
très-volontiers  sa  place.  —  Soit,  dil  roificier, 
peu  m'importe,  pourvu  que  je  remplisse  ma 
liste.  »  Mathias  fut  mis  avec  les  autres  el 
eut  le  bonheur  de  leeevoir  la  couronne  du 
martyre.  [Voy.  Japon). L'Eglise  fait  la  fête  de 
ce  saint  le  5  février. 

MATHIEU  (saint;,  martyr,  était  ermite  eu 
Pologne.  Il  y  soutfr.t  le  martyre  avec  d'ay- 
tres  ermites  ses  compagnons,  les  saints  B(^- 
noil,  Jeai,  Isaac  et  Cliristin.  On  ignore  à 
quelle  époque  et  dans  quelles  circonstances 
eut  lieu  leur  martyre.  L'Eglise  cé.èbre  leur  ' 
mémoire  le  12  novembre. 

MATHIEU  (Le  prince),  fils  de  la  princesse 
Agnès,  petit-fils  de  Jea-i,  fils  de  Sounou  Ré- 
gulo,  Chinois,  fut  baptisé  en  1721  avec  son 
frère  Thomas  et  ses  deux  sœurs,  sa  mère 
Agnès  et  sa  grand'mère  Cécile.  Il  part.igea 
l'exil  que  l'empereur  Young-Tching  pro- 
nonça, en  172i,  contre  toute  sa  famille  cou- 
pable presque  tout  entière  d'avoir  embrassé 
la  religion  chrétienne ,  et  fut  envoyé  à 
Yeou-Oiié,  petite  place  militaire  de  la  Tar 
tarie,  à  90  lieues  de  Pékin,  au  delà  de  la 
gran(le  muraille.  Peut-être  fut-il  de  ceux  que 
l'année  suivante  atteignit  le  jugement  qui 
condamnait  plusieurs  des  petits-fils  de  Sou- 
nou à  être  mis  à  mort.  (On  croit  que  l'em- 
pereur commua  !a  peine.)  Pour  les  détails  de 
cet  exil,  roy.  Chink  et  Sounou. 


ici 


MAL 


MAO 


4  PS 


MATTIFRIN  'sninll,  confessa  Jésus-Christ 
<»n  (ialiiiais.  Nous  ignorons  l'époque  et  les 
dilTeienli'S  circonstances  ijui  iliuslrèrenl  sa 
confession.  H  est  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
nia  n  !<"  1"  novembre. 

MATUONE  vsamtf),  nom  de  deux  saintes 
parmi  les  quarante  huit  martyrs  compagnons 
(le  saint  Saturnin.  prAlre.  mis  à  mort  en  ."JOo 
de  r^re  chrétienne,  en  Afri'|ue,  sons  le  pro- 
consul Anulin,  durant  It^pouvantable  ]iersé- 
cutii'U  que  la  rage  de  Dioclétien  avait  sou- 
levée contre  l'Kglise  de  Dieu.  (>'o//.  Satir- 
m:v.)  La  tôte  de  tous  ces  saints  est  au  Mar- 
tyrologe romain,  h  la  date  du  11   février. 

MaIuoNK  (saintt')  ,  mourut  pour  la  foi 
à  Thessalonique.  Servante  d'une  femme 
juive,  elle  adorait  Îésus-Christ  en  secret,  et 
se  dérobait  tous  les  jours  pour  aller  dms 
l'église  olTrir  à  Dieu  sa  prière.  Un  jour  elle 
fut  surprise  par  sa  maîtresse.  Celle-ci,  après 
])lusieurs  autres  sortes  de  mauvais  traite- 
ments, lui  donna  tant  et  de  si  rudes  coups 
de  l)Alon,  qu'elle  rendit  son  Ame  iimocenlc 
en  persévérant  à  confesser  le  nom  de  Jésus- 
Christ.  L'Kgli>e  fait  sa  mémoire  le  15  mars. 

MATUONE  ^  sainte:,  martyre,  souffrit  le 
martyre  à  Amide,  en  Paphlagoiie,  avec  les 
saintes  Alexandra,  Claude,  Eu|)hrasie,  Jus- 
tine, Eu[)hémie,  Théodose,  Dir|)hule  et  sa 
sœur.  On  ignore  l"é[)oque  où  eut  lieu  leur 
uiartyre.  L'Eglise  les  honore  le  20  aiars. 

MATURE  (saint),  l'un  des  glorieux  mar- 
tyrs de  Lyon,  sous  le  règne  de  l'euqx'reur 
Marc-Aurèle,  et  compagnon  des  saints  Epa- 
gathe,  Sanctus,  Altale,  Pothin,  Ponticus, 
Alexar.dre,  Epipode.  Mature  fut  un  de'  ceux 
contre  qui  la  rage  du  gouverneur,  des  sol- 
dats et  du  peuple,  sévit  le  plus  violemment. 
11  fut  horriblement  tourmenté:  le  fer,  le  feu, 
leschcvalets, furent  employéspour  lui  comme 
à  l'égard  d<*  ses  compagnons.  E'isuite  on  h' 
mil  dans  une  prison  obscure,  où  on  le  mit 
dans  les  ceps,  les  jambes  écartées  jusqu'au 
cinquième  trou.  Pendant  (pi'il  é(ait  dans  cet 
étal,  les  bourreaux  rrnouvfièrcnt  cintre  lui 
les  supplices  qu'il  avait  déjà  endurés.  Plu- 
sieurs saints  niounn-ent  duraîil  cet  lio;i-il)le 
tourment;  Malurc  en  bOrtil  victorieux.  Quel- 
ques jours  après,  ayant  été  conduit  à  lam- 
phitheAtre  avec  Sanctus,  Blandine  et  .\tlale, 
il  y  passa  de  nouveau  par  tous  les  suppliées 
qu'il  avait  déjh  subis.  Les  fouets,  la  dent  des 
bêles,  rouvrirent  ses  plaies  h  denn  fermées. 
Il  fut,  couHue  ses  compagnons,  placé  sur  une 
chaise  de  fer  rougie  au  feu,  et  enlin  termina 
ses  joiir^  |tar  un  roup  d'épée  dauN  la  gorge. 

.MAUK  ^saintj,  l'un  des  garder  de  la  [»rison 
de  saint  Ccusorin  ou  Ccnsorinus,  sous 
Claude  II  le  Cioihiqiu',  fut  eonveiii  h  la  foi 
chrétienne  par  le  prêtre  saint  .Maxime,  avei^ 
les  autres  gardes  de  la  prison ,  lesquels 
ét.dent  Fflix.  M.ixime.  Fausiin.  Hereulan. 
Numère,Siorariiui>,Mene,Ciinimo(le.  Herne, 
£usèbe,  Rustupic ,  Amandinus,  Monacre, 
OI\mpe,  (',>  prier),  Thi'oilore.  iP  >nr  voir  leur 
histoire,  recourez  à  huiubî  M\htvhs  n'Os- 


TiE.)  Ces  saints  ne  sont  pas  nommés  dans  lo 
Miirlvrnlf)gn  romain. 
MALK  ^saini),  tils  de  saint  Claude,  tribun, 


et  de  saillie  Hilarie,  frère  de  saint  Jason,  fut 
martyrisé  par  ordre  de  l'empereur  Numéricn, 
avec  son  père,  son  fière  et  soixante-dix  sol- 
dats. Il  eut  la  tète  tranchée  ainsi  que  son 
frère.  Son  père,  atiaché  à  une  énorme  pierre, 
avait  été  précipité-  d;ins  le  Tibre.  Sainte 
Hiiarie  lit  enteirer  les  restes  de  ses  deux  fils. 
LeiMS  (cliques  sont  aujourd'hui  dans  l'église 
cathédrale  de  Lucques,  (»ù  ou  les  transféra 
de  l'églse  de  Sainte-Praxède,  oij  le  pape 
Pascal  I"  les  avait  d'abord  fait  mettre.  LE- 
glise  fait  la  fêle  de  cette  sainte  famille  de 
martyrs  le  3  décembre.  iVoij.  Clalue  et  Hi- 

LAR'E.) 

MAUK  (saint),  martyr,  était  venu  k  Rome 
d'Afr.que,  son  pays,  "pour  visiter  les  tom- 
beaux des  saints  .ip.dres.  11  fut  arrêté  comme 
chrétien,  sous  l'empire  de  Numérien,  et  mar- 
tyrisé par  ordre  deCéiérin,  préfet  de  la  ville. 
L'Eglise  célèbre  sa  fête  le  22  novembre. 

.MAUK  (Sai'it),  soldat  et  martyr,  fut  cou- 
ronné cl  Rome  sur  la  voie  de  Nomenle,  avec 
un  autre  soldat  nommé  Papias.  Ayant  con- 
fessé Jésus-Christ  sous  le  lèg-ie  de  l'empe- 
reur D:oclétien,  on  leur  cassa  les  mAchoires 
avec  des  cailloux,  par  l'ordre  de  Laodice. 
préfet  de  la  ville.  En  cet  état,  il  les  lit  enlei- 
mer  dans  un  cachot,  puis  meurtrir  à  coups 
de  bâton,  et  enlin  déchirer  avec  des  fouets 
garnis  de  plond),  jusqu'à  ce  (pi'ils  expiras- 
sent. Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  romain 
le  29  janvier. 

MALR  ^s  tint),  reçut  la  palme  des  glorieux 
combattants  de  la  foi  à  Rome  sur  la  voif 
Latine,  avec  le  prêtre  Bon,  l'auste  et  neuf 
autres,  dont  les  noms  malheureu>emcnt  sont 
ignorés.  Leur  martyre  est  rapporté  dans  les 
Actes  du  pape  sai.it  Etienne.  L'Eglise  fait 
leur  sainte  mémoire  le  1"  août. 

MAUR  (saint),  fut  martyrisé  à  Reims,  à  une 
époque  et  dans  des  curonstances  cpii  sont 
couq>létemenl  ignorées.  Il  eut  plusieurs com- 
jtagnons  dans  son  triomphe,  mais  leurs  noms 
ne  sont  point  parvenus  jusipi'h  la  postérité. 
L'Eglise  fait  leur  léle  le  22  août. 

MAUR  (saint),  évè(|ue  (  l  confesseur,  souf- 
frit à  ^■éro•le  [»our  la  défense  de  la  religion 
chrétienne.  On  ignort>  tompleiemeyl  les  dil- 
lére  lies  circonstances  qui  idustrèrenl  son 
triomphe.  Il  est  iiisciit  au  Martyrologe  ro- 
main le  21  novembre. 

M.VUR  (samtj,  évè(iue  et  confesseur,  souf- 
frit h  Verdun  pour  \r  nom  de  Jésus-Chnst. 
Nous  ignoroi.s  completeme'it  l'époque  <  t  les 
diverses  circonstances  de  sa  confession. 
L'Eglise  fait  sa  fête  le  8  novembre. 

.>I.Vl  R  ^saintj,  lut  un  des  nouibreux  mar- 
tyrs (|ue  la  persécution  d«  Trajan  lit  monter 
aux  eieiix.  Il  fut  mailyrise  en  Pouille  avec 
saint  l'.mlalemon.  La  Iradition  ne  nous  dit 
rien  de  |)lus  sur  ce  saint  martyr  dont  la  fête 
lombi'  le  27  juillet. 

.MAIRE  ^^a^1tl'),  martyre  .^  Ravenne,  était 
nourrict*  de  sainle  Fusque.  Convertie  par  sa 
jeune  maîtresse,  elle  eut  le  bonh(>ur  cl  la 
goiie  d'être  associée  à  «  Ile  dans  les  persécu- 
tions domestiques  que  lui  tit  subir  son 
père  ;  et  ciisuite  dan"-  les  tourmenis  aux- 
quels le  gouverneur  (Juuitien  ta  condanui  i 


<«•» 


MA  11 


mai; 


ii(, 


nvdiil  tin  la  l'airn  mourir.  {Voi/.  s.iinlM  Vvh- 
v»iii.;.)  I,a  l""H(i  tl(j  .s/iinlc  M.iiirr  arrivo  le  \'i 
IV'vrirr. 

MAIMU"!  (sainte*),  fut  iiiarlyrisc-c  («•!  TIii'- 
liuilc  avi'C  sdii  (''jHiiix,  sailli  'riiiiollii'''',  par 
Idrilic  d'Arici,  ^;(iiivi'iiifiii  île  la  [Moviiicc 
Apiôs  |iliisi(Mirs  aulrt's  loiiiiiiciils  ils  liiicvil 
mis  en  croix  où,  avaiil  vriii  |i(«ii(laiil  iiciil 
jours,  S("  i'oililiaiil  riiii  l'autre  d ms  la  loi, 
ils  a<'foiii|ilirt'iil  leur  martyii'.  I/I']f^lis(<  lait  la 
nM'iiioirtMlo  i!OS  saints  coiiihallaiils  le  3  mai. 
MAl'IUs  (sainte),  vier;.;'e  el  iiiarlyre,  soiif- 
l'i  it  la  inori  h  (]onslaMliiin|i!e  pour  la  tlél'eiise 
(le  la  roli;^ion  clirélietine.  Nous  ignorons 
les  (liversi's  i'ircoiistaiie(>s  de  son  mart,^  re. 
L'l'',j.;lise  lai!  sa  IcMe  le  .'{()  iioveml)rt\ 

MAIMUCK  (saint),  martyr,  dont  I'Fxj;liso 
fait  la  r(Ho  It^  -2'2  st>pteiiil)i'e,  avec  celle  de 
tous  SCS  coiupa  ;no)s,  el  iiolaminenl  de  saint 
l'Aupc^'io  ol  (le  saint  Candide,  est  un  Ars  [ilus 
«•(Mi'^bres  marlyrs  doiil  l'Iiistoiri*  ail  '^i\V{l6  le 
souviMiir.  (llief  d'iiiK»  léu;ioii  puissante  parle 
iioiiihrc,  par  le  courai^e,  il  préfôra  mourir  tpie 
sncrdiorauxdieux  d(^  l'empire  ;  ilselaissa  tuer 
avec  ses  soldais,  sans  opposer  la  moiîidrc 
n'-sislaice,  c|uand  il  aurait  |)u  vondri;  clièro- 
nieut  sa  vie,  pcut-Olro  nuMuc»  la  sauver  avec 
celle  dos  siens.  Ce  fut  le  cruel  iMaximicn,  col- 
lègue de  DiockHien,  qui  fit  mourir  cette  glo- 
rieuse légion  de  saints,  en  l'année  28G, 
ainsi  que  le  rap[)orte!U  les  Actes  du  martyre 
de  saint  Maurice,  donnés  par  saint  Eucher, 
•jt  que  nous  rapportons  in  extenso. 

J'ai  pris  la  plume  pour  écrire  les  circon- 
stances d'un  combat  si  glorieux  à  Jésus- 
Christ  ;  ce  n'a  été  que  dans  la  crainte  que 
le  temps  ne  vînt  h  en  elïacer  insensiblement 
la  mémoire.  Au  reste,  je  les  tiens  d'auteurs 
dignes  de  foi,  de  ceux-là  mêmes  qui  m'ont 
assuré  les  avoir  apprises  du  saint  homme 
Isace,  évoque  de  Genève,  à  qui  le  bienheu- 
reux évèque  de  Sion,  Théodore  (ce  Théo- 
dore assista  au  concile  d'Aquilée,  et  y  sous- 
crivit en  381),  en  avait  fait  le  récit."  Ainsi, 
comme  on  voit  les  fidèles  venir  en  foule  des 
provinces  les  plus  éloignées  aux  tombeaux 
de  ces  saints,  y  otTrir  de  l'or,  de  l'argent  et 
d'autres  choses  piécieuses,  nous  y  appor- 
tons cette  histoire,  que  nous  mettons  à  leurs 
pieds,  et  que  nous  prenons  la  liberté  de 
leur  présenter  sous  vos  auspices,  les  conju- 
rant de  vouloir  bien  nous  accorder  leur 
protection.  Et  vous,  notre  très- cher  frère 
en  Jésus-Christ,  ne  nous  refusez  pas  de 
nous  donner  quelque  part  en  votre  souve- 
nir ;  surtout  nous  vous  le  demandons  en  ce 
jour  solennel,  que  vous  célébrez  tous  les 
ans  à  l'honneur  de  ces  illustres  soldats,  et 
toutes  les  fois  que  vous  prierez  devant  leurs 
saintes  reliques. 

Nous  voulons  laisser  à  la  postérité  l'his- 
toire du  martyre  de  ces  généreux  soldats 
qui,  dans  les  champs  d'Agaune,  donnèrent 
leur  vie  pour  Jésus-Christ.  La  grandeur  du 
sujet  nous  y  invite,  et  nous  nous  y  sen- 
tons porté  par  le  désir  de  contribuer  à  la 
gloire  de  tant  de  saints,  pour  la(iuelle  nous 
travaillerons  avec  d'autant  plus  do  solidité, 
,que  nous  sommes  certain  que  le  récit  que 

DlCTIONN.  DES  PeRSÉCUTIOINS,  IL 


nous  allons  l'-iiri'  est  lue  de  ménioires  ties- 
aiillieiiliipies.  En  ell'cl  la  tr/idilion  n'en  a 
pu  eiiroro  (Mr<'  air.nlilie  par  l/i  lo'iîAueur  du 
temps  ;  el  nous  loin  lions  piesque  h  ceux 
ipii  en  ont  élt-  li-nioiiis.  l-.nli  i  nous  iiou« 
['.lisons  un  sensible  plaisir  ■  c  pubin  r  le 
boiibi'iir  trAf^aiiiie,  el  de  ^ralilier  le  peiiplo 
liilèle  ipii  riiabib;  ;  car  .si  les  villes  (pu  ont 
riiuii.  (!ur  d'iMre  les  déposilaires  d('s  dù- 
poiiilles  sacrées  d  un  inart\r  sont  le^jurjées 
avec  uiM!  (!spèco  d(î  vénération  religieus*;, 
(piel  respcM't  ik;  doil-on  [loinl  avoir  pour  iiri 
li(!U  consacré  par  le  .sang  de  plus  de  six  mi|- 
!(.'  martyrs  ? 

Lorsipie  le  monde  gémissait  sous  la  ty- 
rannie de  DioclétKMi  (;t  d(!  Maximien,  le  (;io| 
se  peuplait  de  martyrs  ;  tontes  le.s  provi'i(:«;s 
(l(>  l'cMiipire  y  envoyaient  en  foule,  et  il  no 
se  passait  point  de  jours  (pi'il  n'en  tomb.lt 
l)liisieurs  sous  le  tranchant  de  réjiée.  Maxi- 
mien  S(!  signala  en  celt(!  renconire;  et 
comme  il  surjiassait  de  beaucoup  son  col- 
lègue (Ml  avarice,  vn  cruauté  el  en  impudicilé, 
il  l'emporta  aussi  sur  lui  par  l'atlache  (pi'iî 
avait  au  culte  exécrable  di;  ses  dieux,  el  par 
la  haine  (lu'ilavail  conçuecontrf  le  vrai  DiiHi; 
en  sorte  ([u'il  arma  pour  ainsi  dire  touto 
son  impiété  à  la  ruine  et  h  la  destruction 
du  nom  chrétien.  Dès  qui'  quelqu'un  osait 
professer  ouvertement  le  christianisme,  aus- 
sitôt on  voyait  son  logis  environné  de  sol- 
dais qui  l'enlevaient  d'entre  les  bras  de  sa 
famille  et  le  traînaient  au  sui)plice.  Entin  le 
tyran  avait  t' llement  à  cœur  d'abolir  la  re- 
ligion de  Jésus-Christ,  qu'il  (it  une  trêve 
honteuse  avec  les  barbares,  pour  s'appliquer 
tout  entier  à  persécuter  les  fidèles. 

Il  y  avait  alors  à  l'armée  une  légion  nom- 
mée la  Thébaine.  Une  légion  était  de  six 
mille  six  cents  hommes  effectifs.  Maximien 
avait  fait  venir  celle-ci  d'une  des  provinces 
de  l'Orient  où  elle  avait  ses  quartiers,  et 
avec  ce  nouveau  renfort  il  aurait  pu  mar- 
cher sur  le  ventre  de  l'ennemi,  si  l'injuste 
péission  qui  l'animait  contre  les  chrétiens 
ne  lui  eût  fait  préférer  le  cruel  plaisir  de 
répandre  leur  sang  à  la  gloire  de  vaincre  les 
ennemis  de  l'empire.  Car  cette  légion  Thé- 
baine était  toute  composée  de  braves  gens, 
d'une  valeur  éprouvée,  intrépides  dans  le 
péril  et  qui  avaient  vieilli  la  plupart  dans 
le  métier  ;  au  reste,  fidèles  à  Jésus-Christ, 
inébranlables  dans  leur  foi,  et  qui  savaient 
rendre  à  Dieu  ce  qui  appartient  à  Dieu,  en 
même  temps  qu'ils  rendaient  à  César  ce  qui 
appartient  à  César.  {Voy.  Tillemont,  dans  ses 
Notes  sur  la  persécution  de  Dioclétien.)  L'em- 
pereur les  ayant  commandés  avec  d'autres 
troupes  contre  les  chrétiens  qu'il  fais  lit  en- 
lever partout  et  conduire  à  la  mort,  ils  décla- 
rèrent nettement  qu'ils  ne  pouvaient  obéir  à 
des  ordres  si  injustes,  et  qu'ils  n'étaient  pas 
venus  pour  être  les  ministres  de  la  cruauté 
du  prince,  mais  pour  lui  aider  à  remporter 
des  victoires.  Maximien  n'était  pas  loin  du 
camp,  car  il  s'était  rétiré  à  Martigny  (ou 
M.irtinach,  ville  de  Suisse),  où  il  se  reposai* 
d'une  longue  traite  (ju'il  avait  faite.  Mais  à  la 
première  nouvelle  qu'il  y  reçut  de  cette  gé-^ 

6 


171 


M  AU 


MAU 


172 


nf^reuso  résistance  do  la  l(^:;io?i  Th('>baino," 
il  nnroiinit  (ilcin  'lo  ra;^fi  ol  ne  ros[)iranl  qwn. 
snni  ft  <y\o  veng'^nnre.   >fais  avant  i|no  ilc 
pa«.<;i'r  o  itrf',  il  faut  qno  jo   donn»'  le  plan 
du  lieu  où  f(>tto  l<^gion  fêtait  ramp(''p. 

Agaune  «ist  éloig-i»^  do  denèvo  d>nviron 
GO  milles,  et  de  quatorze  milles  du  lac 
L''man  (lac  deGon^ve).  Ce  lieu  est  situé 
dan-!  u'io  vallt'e  au  milir'u  des  Alr»f*s,  dont 
1p<;  pointes  la  counuinont  de  tous  rnt(^.  Le 
RluNne,  qui  coule  au  travers,  ne  laisse  sur 
ses  deux  rives  qn Un  rhe.nin  étroit  et  dilli- 
cile.  Oiis  roi'hers  s'avanci-nt  de  l'un  et  de 
l'autre  côté  de  son  lit  jusque  sur  ses  hor  Is. 
Mais  apr(>s  que  l'on  a  (lassé  ce  Ion.;  détilt", 
le  pied  df'S  monta;^nes  venant  ;\  s'eiar^^ir  à 
droite  et  à  gauche,  elles  forment  un  c  rcle 
qui  renferme  une  campagne  assez  étendue, 
au  milieu  de  laquelle  est  le  bourjj  il'A- 
gaune.  C'était  là  où  \\  lé^ioi  Thébaine  s'était 
reliri'o,  après  avoir  fait  sa  di'claratio  i  (ju'elle 
ne  i^ouvait  déférer  aux  ordres  cruels  île 
l'em  lereur.  La  fureur  qu'elle  excita  dans 
l'esprit  de  ce  prin\;e  fut  si  violente,  qu'il 
commanla  sur-le-champ  qu'on  déciuiùt 
(qu'on  en  tuAt  de  dix  un  }  la  Icjjion,  atin  que 
ce  iX  que  le  sort  ain'ail  épar^^nés,  épouv.ui- 
tés  par  le  danger  qu'ils  venaient  d'éviter  et 
par  la  vue  de  leurs  compagnons  égorgés  à 
leurs  yeux,  se  résolussent  <\  obéir;  mais  ni 
ce  triste  spectacle,  ni  la  crainte  d'une  i)arfilk 
destinée  ne  purent  les  ébranler.  Ils  s'écriè- 
rent tous  qu'on  ne  verrait  jamais  leurs 
mains  souillées  du  meurtre  de  It.'urs  frèics, 
ni  fumantes  de  leur  sang  innocent  ;  qu'ils 
d'iesiaient  le  culte  imjjie  des  i(|.)les;  cju'ils 
étaient  les  adorateurs  du  vrai  Dieu,  et  qu'ils 
en  hn-  raient  les  dernières  extréuntés,  et  la 
mort  môme,  plutôt  (|ue  île  faire  la  mointlre 
chose  contre  la  religion  qu'ils  professaient. 
Cela  ayant  été  rapporté  à  Maximien,  il  or- 
donna ([u'on  dét'imAi  la  légion  pour  la  se- 
conde fois,  et  qu'on  ne  l,dss.U  jias  ensuite 
de  contraindre  ceux  qui  resteraient  à  exé- 
cuter ses  premiers  ordres.  La  légion  lut 
«lonc  encore  dé(;imée,  mais  le  reste,  sans 
s'étonner,  persévéra  toujours  dans  le  même 
refus;  les  olliciers  et  les  soldats  s'exhortant 
niutufllement  b-s  uns  les  autres  à  demeu- 
rer fernu's  dans  une  si  belle  résolution. 

Mais  celui  qui  leur  inspirait  le  plus  cell!'  ad- 
mirable feiuii'té  était  saint  .Maurice,  leur  co- 
Imi  1,  aiiipiel  se  joignirent  Lxupère,  ma- 
réchal de  camp,  cl  Candide,  prévôt  di*  la  lé- 
gion. Ces  trois  i>incifrs  ne  cessaient  de  leur 
représ-ntcr  la  sainteté  du  serment  qu'ils 
avaient  fiil  à  Jésus-lJhrist,  la  lidélit'  cj  l'ils 
lui  dev;n<Mil  romme  h  leur  véritable  empe- 
reur; uu'il  était  b-Mii  di^  mourir  |)our  la  dé- 
fense (l.*  la  loi  de  Dieu  ;  que  l'ext'inpb»  de 
leurs  rom[>agn()ns,  (pi'ils  voyaient  élondus 
sur  la  pous-.iiT»',  comme  élaiil  dt's  vicliui  -s 
sacritiées  à  la  gloire  de  ce  grand  Dion,  les 
devait  inerveilicusom  ni  encourager;  ipiedii 
haut  du  eicl  où  ils  veo.iitMit  d<>  mont  i ,  ils 
leur  tendaient  la  main  el  leur  mont  ni  ni 
d  vironn.îs  toutes  pareilles  à  celles  qu'ils 
.1  .uenl  lirille."  sur  leurs  leles.  Ces  trois 

grands  homiues  n'eurent  pas  de  |ieiuu  à  al- 


■  liimer  dans  le  cceiir  do  leurs  soldats  ce  feu 
divin  dont  ils  brûlaient  eux-mêmes  :  tons 
souniraieni  après  le  martyre.  Ainsi  animés 
de  ce  beau  feu,  ils  lirenl  pn'-senter  à  Maxi- 
mien  un  écrit  conçu  à  peu  près  en  ces  termes  : 
n  Seigneur,  nous  sommes  vos  stddats,  il 
est  vrai;  mais  nous  sommes  aussi  les  servi- 
teurs du  vrai  Dieu,  et  nous  faisons  gloire 
de  le  confesser.  Vous  nous  ave  honorés  de 
la  milice;  mais  nous  devons  à  Dieu  le  don 
inestimable  de  l'innocence.  Nous  recevons 
de  vous  la  solde  connue  une  récompense 
due  h  nos  travaux  ;  m  lis  nous  tenons  de 
Dieu  la  vie  comme  un  don  purement  gratuit 
et  que  nous  -lo  pouvons  jamais  nn-riier.  Il 
ne  nous  est  donc  plus  permis  d'obéir  à  no- 
tre empereur,  dès  que  notre  Dieu  nous  le 
défend  ;  oui,  notre  Dieu  est  le  vôtre,  soi- 
gne ir.  Cominandez-nou.s  des  choses  justes, 
vous  nous  trouverez  soumis,  obéissants, 
prêts  h  tout  cntre[)rendre  pour  votre  service 
et  i)our  votre  gloire.  Monlre/î-nous  l'ennemi, 
et  nous  vous  répondons  de  sa  défaite  ;  nos 
mains  n'attendent  que  votre  ordre  pour  se 
tr  Miioer  dans  son  saU;^;  ma  s  nous  ne  répan- 
drons jamais  celui  de  nos  frères,  de  vos  su- 
jets. Avons-nous  pris  les  .irmes  pour  exter- 
miner les  Uomains,  ou  f)0ur  les  défendre? 
Ef  n'est-ce  pas  pour  la  justice,  pour  la  (-on- 
servation  de  rein|>ire,  p  mr  y  maintenir  la 
Iran  ju  llité.  que  nous  avons  iusqu' à  présent 
combattu?  Ça  to  jours  été  là  le  prix  aussi 
bien  que  le  motif  de  tant  de  |>érils  où  nous 
nous  exposions  cha  pie  jour.  Mais  euîin,  sei- 
gneur, si  nous man  pions  àlaUdélitéipienous 
avons  promise  à  Dieu,  quelle  assurance  au- 
riez-vousque  nous  vous  garderons  celle  (jue 
nous  vous  avons  jurée?  Un  double  serment 
nous  lie  en  vers  Di«Mi(>t  envers  notre  empereur: 
si  nous  violons  le  premier,  le  second  nous 
doit  neu  couler  à  rompre.  Vous  nons  oom- 
manuez  d'égorger  des  chrétiens;  que  n'em- 
ployez-vous h  ce  grand  exploit  vos  autres 
soldais?  Ils  vous  ont  si  bien  servi  lors(|ue 
vous  bnir  avez  ordonné  de  faire  main-basse 
sur  nos  compagnons  !  (Juailende.z-vous  à 
en  faire  aillant  do  nous  ?  (Jui  vous  arrête? 
Nous  cont'essons  un  Dimi  créateur  de  tou- 
tes choses,  e.t  un  Jesus-Cdinst,  son  Fils 
et  l>ieu  comme  son  Père.  Nous  venons  de 
voir  nos  cIkm's  compagnons  expirer  sous 
le  fer  imnirlrier  de  vos  boiirreaus,  et  nous 
sommes  tout  couverts  de  leur  sang.  Nous 
avez-vous  vus  vi>rser  la  moindre  larme  ? 
Avons  nous  jeté  le  moindre  soupir?  Vt)us 
a-t-on  dit  (|ue  nous  di'plorions  leur  uiort 
prématurt'o?  .\u  coiilraire,  nous  lavo'is  ac- 
coiuiMgii'e  de  nus  vuuix.  de  mdle  marques 
de  joie.  Nous  leur  portons  envie,  nous  les 
estiin  'US  heureux  d'avoir  ("lé  trouvés  di- 
gues de  soutl'rir  pour  leur  Dieu.  Au  res'i^ 
qu'on  n'appréhende  rien  de  notre  désespoir; 
la  (  rainte  de  la  mort  n'armera  point  nos 
mains  pour  repousser  celle  qu'on  nous 
voudra  doiiuor;  et  notre  em|)ertMir,  quoique 
ac'iarné  à  no.re  perle,  ne  nous  en  sera  |tas 
moins  rospeclable.  Nous  ne  parerons  point 
les  coups  (pi'il  nous  lera  porter,  el  nous  ne 
nous  servirons  po'nl  de  nos  armes  i>our  cm- 


i7.^ 


MAtI 


M\t. 


17i 


p^clior  ['(«xrculioii  (l(>  Sfs  (irdrcs,  (|ii('l(|iMti- 
juslcs  (iii'ils  soiciil.  Nous  ;\iin(itis  (Ioim: 
inii'iix  nioiiiir  nons-iiK^mcs  (|ii(>  ûi'  l'niri'  In 
iiioii.dii'  iii.'il  'i  iHis  rrcics  ;  cl  («iitiM^  mniirir 
iii'iocciitiJ  oi  vivre  niii|t;i|tl(>s,  il  n'y  ;i  pus  h 
li,iliiiic('r  «u  clmix.  ImiIIii  nous  sommes 
elii'eti<'iis,  nous  Me  imiivons  nous  résomli'o 
à   verser   le    s;ni;^   des    ehr(''linis,  » 

!\l;iximien,  sY'l/ml  f.iit  lire  eel  éeiil,  (';^'ji'e- 
nie'il  l'oil  el  lesneclneiix,  el  n"es|)(raiil  |ilii.s 
(lt«  pouvoir  Viiitiero  la  (•oiisl.'ince  de  ces  ^6- 
n(^ieiix  clnM'IiiMis,  résohil  de  les  laii'i;  Ions 
p;iss(>r  par  le  lil  de  l'épt'e.  Nos  sainis,  voyant 
ap|iroehor  les  soldats  l'épée  nu(N  mirent  l)as 
les  armes;  et  |>r<V*<OMlaMt  la  yorj;(>  à  leurs 
bourreaux,  ils  reeevaieiil  le  coui»  moi  le! 
sans  [loussei'la  muiudro  plainte.  Ils  auraient 
pu  vendre  bien  iiu>r  leur  vi(\  el,  foris  de  leur 
noudire  el  d»"  b'ur  valeur,  l'aire  sentir  aux 
soldats  (lui  les  niassacraioiil  qu'il  n'cHaitpas 
si  facile  do  I;i  leur  (M(>r  ;  mais,  se  ressouve- 
nant que  celui  qu'ils  adoraient  el  pour 
l'amour  duquel  ils  mouraient,  semb'ablo^  un 
paisible  a.Aueau,  u'avait  pas  m^^me  ouvert  la 
bouelio  pour  se  plaindre  de  ri'mislieo  de  ses 
ennemis,  ils  se  laissùrent  dt^'liircr  comuio 
d'innocentes  brebis  qu'uue  bande  de  loups 
allâmes  oU  assaillies  dans  un  lieu  écarté.  I.a 
terre  i'ut  eu  uu  instant  couverte  de  corps  ou 
morls  ou  mouraids;  el  do  longs  ruisseaux 
de  sang  c  niaient  de  tous  cùtés.  Quel  tyran, 
quelque  altéré  qu'il  en  fût,  en  a  jamais  fait 
couler  ainsi  des  torrents  sur  le  sable?  Un 
seul  ari'él  a-t-il  jamais  puni  tant  de  crimi- 
nels i\  la  fois '/Cependant,  quoique  un  crime 
couuuis  par  une  nuillitude  de  coupables  de- 
meure [)resque  toujours  impuni,  ici  la  mul- 
titude ne  peut  sauver  môme  des  innocents. 
C'est  ainsi  qu'un  seul  homme,  abusant  de  sa 
puissance,  tit  périr  d'une  seule  parole  un 
peuple  tout  entiei'  de  saints.  C'est  ainsi  que 
lui  éleinte  dans  son  sang  celte  légion  d'an- 
ges mortels;  mais  ii  faut  croire  que  dans  le 
moment  elle  s'alla  joindre  aux  légions  des 
es(;rits  célestes,  pour  louer  et  bénira  jamais 
le  Dieu  des  années. 

Le  martyr  Victor  n'était  pas  de  la  légion, 
il  ne  portail  même  plus  les  armes  ;  mais  ayant 
obtenu  des  Litres  de  vétéran,  il  s'était  re- 
tiré à  la  campagne.  Comme  il  voyageait,  le 
hasard  le  coiduisit  dans  le  camp  de  Maxi- 
mien,  le  jour  de  celte  hoi'rijjlc  expédition 
dont  nous  venons  de  parler.  Il  y  trouva 
ceux quiyavaienleupart, qui  faisaientg  ande 
chère.  H  y  avait  eu  ])Our  récompense  de  leur 
infâme  cruauté  les  dépouilles  des  martyrs;  et 
après  les  avoir  partagées  entre  eux,  ils  se 
réjouissaient  de  celte  bonne  fortune.  Ils 
n'eurent  pas  plutôt  aperçu  Victor,  qu'ils  l'in- 
vitèrent à  se  mettre  à  table  avec  eux  ;  pleins 
de  vin  el  encore  plus  enivrés  d'une  folle 
'oie,  ils  lui  racontèrent  ce  qui  venait  de  se 
passer.  Mais  lui ,  frémissant  d'horreur  et 
détestant  en  lui-môme  ces  meurtriers,  il  ne 
put  se  résoudre  de  toucher  à  des  viandes  ar- 
rosées du  sang  humain.  11  se  lève  prompie- 
ment,  et,  fuyant  uu  repas  si  funeste,  il  mé- 
ditait déjà  sa  retraite,  lorsque  ies  soldats, 
s'en  apercevant,  lui  demandèrent  brusque- 


uu'nt  s'il  n'i'l/iil  p/is  (lirétieii.  u  Om,  je  In 
suis,  bMH-  rt'pondd-il,  el  jo  li;  Hcrui,  ûvei-  la 
\^\f\ri'  de  Dieu,  tant  (pie  je  vivrjii.  i>  A  pcino 
eul  il  lArlii-  celle  p;irolc,  (pj'ds  .se  jel(''H.'nt 
sur  lui  el  le  massiicr(''reiil. 

Au  r(vsle,  de  ce  grand  iioiidxc  de  uailwh, 
ntuis  n'avons  pu  .savoir  le  n(»iii  (pje  de  Ct.-s 
trois,  savoir  :  de  sjunt  Maurice,  de  «iriTil 
Kxiqièr-e  et  de  saint  (Candide,  qiiclqui  s  rv- 
cherclies  (pie  ikmis  ayons  pu  faii c.  A  \h  véiiié, 
la  ville  de  Soleiiro  conserve  cik orc  aujour- 
d'hui la  mémoire  de  \  icior  et  d'Ours  Un 
Ihsiis),  ipi'on  li(jMl  commniiéincnl  être  deux 
soldais  (I(«  celh;  bienli(!ureuse  légion,  et  (pii 
enduièreni  le  mai  lyre  (ians  celle  ville. 

Il  l'aiil  mai'ileiiaiil,  pour  la  salisl'aclion  des 
lecteurs,  (jue  je  rapporte  quelle  fnl  la  lin  tra- 
gi(|ue  et  fuiiesU!  du  tyinn  iMaximienf.  H 
s'avisa,  pour  sf»u  mallieur,  de  Ibrmer  le  dea- 
sein  de  fair(!  |)érir  Constantin  son  gen- 
(lr(>,  qui,  après  la  mort  de  son  père  Co'ts- 
taïu'e,  vtMiait  d'être  élevé  ^i  l'empin*.  Mais 
ce  nouvel  emjiereur  ayant  découvert  la  mau- 
vaise intenlion  d(i  son  beau-i  ère  el  s'éiant 
heureusement  sauvé  des  embûches  ([ue  M  ;- 
ximien  lui  avait  dressé(S,  il  le  surprit  lui- 
même  dais  Marseille;  et  s'éiant  assuré  do 
sa  personne,  il  le  lit  étrangler.  Ainsi  tinit 
sa  vie,  par  une  mort  digne  d'elle,  un  des 
plus  méchants  hommes  <pii  aient  jamais 
monté  sur  le  trtjne  des  Césars. 

A  l'égard  des  bienheureux  martyrs  d'A- 
gaune,  la  tradition  nous  apprend  rpie,  plu- 
sieurs années  après  leur  passage  au  ci  1,  le 
saint  évoque  de  Sion,  Théodore,  eut  révéla- 
tion du  lieu  qui  iwinfermait  leurs  corps  sa- 
crés, et  qu'il  leur  fit  au  môme  endroit  élever 
une  fort  beUa  é'glise.  Durant  qu'on  la  bâtis- 
sait, il  arriva  une  chose  (jue  nous  jie  pou- 
vons nous  dispenser  de  rapporter  ici.  Parmi 
les  ouvriers  qui  travaillaient  à  cet  édifice,  il 
y  en  avait  un  qui  était  païen.  Un  dimanche, 
pendant  que  les  autres,  qui  étaient  chrétiens, 
assistaient  à  l'oirice  divin,  lui  seul,  sans  res- 
pect du  jour,  s'obstina  à  continuer  son  tra- 
vail ;  mais  une  troupe  de  ces  saints  martyrs 
apparaissant  à  lui  environnés  d'une  grande 
lumière,  il  fut  saisi  par  des  mains  invisibles 
et  tourmenté  fort  longtemps.  Cependant  les 
mart  rs  cpi  étaient  présents  à  son  supplice 
lui  reprochaient  son  impiété,  et  la  hai'diesse 
qu'il  avait  eue  de  mettre  ses  mains  profanes 
et  idî.làtres  ?)  un  ouvrage  destiné  à  servir  de 
temple  au  Dieu  vivant.  Ce  pauvre  homme, 
effrayé  de  cette  vision,  intimidé  ])ar  cette  ré- 
primande, mais  b  en  plus  vivement  enc.ire 
touché  par  la  douleur  des  coups  qu'il  avait 
reçus,  courut  à  l'assemblée  des  fidèles  et  se 
fit  chri'tien. 

J'ajouterai  encore  un  miracle  connu  et 
avéré  de  toute  la  province.  La  femme  de 
Quincius,  personnage  considérable  par  son 
rang,  était  si  fort  paralytique,  qu'elle  n'avai' 
plus  aucun  usage  de  s  s  jambes.  Elle  souhaitct 
qu'on  la  conduisit  à  Agaune,  espérant  d'y 
recouvrer  lasaiiiéparrintercession  des  saints 
martyrs.  En  etfet,  en  ayant  obtenu  la  per- 
mission de  son  mari,  on  ne  l'eut  pas  plutôt 
portée  dans  l'égUse,  que  ses  jambes  à  demi 


17.' 


MVX 


MAX 


170 


morlps  rt'priront  une  noiivollo  vie.  Elle  ro- 
tourna  do  son  pied  h  l'Iintollerie,  et  elle  porte 
mainterinl  p;irtoiil  où  elle  va  un  Irmoign.ijie 
visil>Ie  et  antlientique  du  [lonvoir  (|iie  ces  il- 
liisires  It^gionn  dresonlaiiprèsdi"  Diru.Nons 
ne  dirons  rien  de  plusitMirs  auir»''^  miracles 
qui  so  t'ont  tous  les  jours  parli-ur  enlreuiise. 

MAt'HK'.E  (saint),  martyr,  reçut  la  palme 
des  i;lorieii\  roinhattanis  de  la  loi  ?i  Niro[io- 
lis  en  Anuériie.  11  eut  poi?r  compagnons  de 
son  martyre  les  saints  Léonce  et  Daniel.  On 
leur  lit  d'abord  e-idurcr  |)iusieurs  tortures, 
sous  rf-mpereur  Licinius  et  le  président  Ly- 
sias,  apr^s  quoi  ils  achevèrent  leur  martyre 
(la\s  le  l'eu  où  ils  furent  jetés.  L'Eglise  ho- 
nore leur  mémoire  le  10  juillet. 

MAlllKlE  SEUPI  (le  bienheureux),  de  la 
compagnie  de  Jésus,  naquit  à  Viana  en  Es- 
pagne. 11  était  confesseur  du  roi  (piand  il 
s'embarqua  h  Lisbonne,  avec  douze  autres 
jésuites  oont  il  était  supé-rieur,  alin  de  semer 
la  parole  de  1  Evangile  dans  l'empire  du  Ma- 
roc. Il  soulfril  le  martyre  le  4  août  1778.  Sé- 
bast  en,  roi  de  Portugal,  était  parti  en  Afri- 
que, atin  de  soutenir  les  droits  de  Muley- 
Moliauimed  Al  Monlhaser,  souverain  de  Fez 
et  de  Maroc  Tous  deux  |)érireht  dans  le 
combat  contre  les  infidèles.  Un  mahoiuélan 
ayant  aperçu  notre  bienheureux,  au  milieu 
du  combat,*  qui  aillait  un  chevalier  à  mourir 
saintement,  l'étcndit  à  ses  pieds  do  deux 
coups  de  cmieterre.  Ses  compagnons  furent 
remis  en  liberté  moyennant  lançou.  (Tan- 
ner, Socirlas  Jesn  u.sr/uf  ad  satujuinis  et  vitœ 
profusionem  militans,  p.  181.) 

MAL'KIN  (saint),  abbé  et  martyr,  souiïiit 
de  grandes  tortures  et  la  mort  il  Cologne, 
pour  la  défense  de  la  religion  chrétienne. 
Les  détails  nous  manquent  sur  son  compte. 
L'Eglise  fait  sa  fèti;  le  lOjuin. 

MAVILE  (saint),  bourgeois  d'Adrumète, 
fut  ex[K)sé  auxbôles  en  Afriipie,  sous  l'em- 
pereur Sévère,  par  l'ordre  de  Scapula.  L'E- 
glise célèbre  sa  fête  le  '»  janvier. 

MAVIM(-;NE  (saint  PiKRni:',fnt  martyrisé  à 
Damas.  Ayant  dit  ii  qiiehpies  Arabes  (pii  ve- 
naient le  voir  dans  sa  maladie  :  «  Quicon- 
que n'end)rasse  pas  la  foi  chrt'licnne  et  ca- 
tliolicpie  est  damné  comme  votre  faux  pro- 
phète Mahomet,» il  fut  par  eux  massacré  sur- 
le-cham;i.  L'Eglise  fait  sa  fête  le  20  février. 

MAXELLENDE  (sainte),  ipic  l'Eglise  ho- 
nore connue  vierge  et  martyre,  le  Ll  novem- 
bre, fut  tuée  pour  l'amour  de  Dieu  et  de  la 
cha>teté  en  <i7().  Ses  Actes  racontent  que  dès 
ses  plus  jeunes  ans  elle  avait  olfert  sa  vir- 
ginité au  StigneiM.  Sans  doute  cela  vinitdire 
tout  simplement  (pi'elle  avait  promis  de  ne 
passe  marier.  Celle  locution,  que  nous  trou- 
vons SI  souvent  dans  les  Vies  des  saints. 
n'a  probablement  pas  d'autre  signilication 
la  plupart  du  ti  in|>s.  Comment  admettre  en 
flTet  ipie  de  jeunes  liljes  ,  que  des  enfants, 
connue  l'était  sainte  Maxellende,  aient  pu 
comprendre  autre  chose  ?  La  jeune  lille  ipii 
s'olfre  au  Seigneur,  qui  so  consacre  h  Dieu. 
ignore  les  choses  de  l'amour  ;  souvent  ce 
•ont  sp.s  parents  qui  fniit  la  promesse  pour 
elle  :  ce  n'est  que  plus  tard  et  cjuand  elle  est 


déjh  engagée,  qu'elle  sent  les  sacrifices 
(pi'elle  s'est  imposés.  Quand  le  cœur  et  les 
sens  s'eveillent,(piand  certains  mol  s, /nrrriooe, 
enfants,  ont  pour  elle  une  signilication  d  a- 
venir  ;  quand  elle  conqtrend  le  bonheur 
qu'elle  aurait  à  devenir  mère  ,  c'est  alors 
(pi'elle  fait  à  Dieu  des  sacriQces  vraiment  di- 
gnes de  ce  nom  ;  (pi'tdie  lui  immole  les  dé- 
sirs ,  les  illiisions,  les  espérances  de  son 
cœur,  et  qu'elle  com|)rime,  pour  être  toute 
à  lui,  les  révoltes  incessantes  qui  se  font  en 
elle.  Sainte  Maxellende  avait  été  de  bonne 
heure  promise  en  mariage  par  ses  parents 
à  un  jeune  homme  nommé  Harduin;  mais 
quand  vint  lo  moment  où  il  réclama  l'exécu- 
tion de  cette  promesse,  rien  ne  put  engager  la 
sainte  à  en  consentir  l'accomplissement.  Or 
un  jour,  profitant  de  l'absence  de  ses  i)arents, 
Harduin,  accompagné  de  plusieurs  honunes 
dévoués,  se  présenta  chez  elle  pour  l'enlever. 
Longtemps  i\  chercha  en  vain,  mais  entin  il 
trouva  la  jeune  tille  cachée  dans  une  ar- 
moire. Ses  larmes,  ses  supplications  ne  pu- 
rent arrêter  Harduin,  qui  1  entraîna  avec  vio- 
lence. Elle  persistant  toujours  à  dire  qu'elle 
n'ajiparliendrait  jamais  qu'à  Dieu,  et  qu'elle 
n'accepterait  pas  les  propositions  de  son  ra- 
visseur, celui-ci  entra  dans  une  violente  co- 
lère et  l'assassina.  Les  Actes  de  la  sainte  di- 
sent que  le  meurtrier  fut  immédiatement 
frappé  de  cécité.  Le  village  de  Caudii,  dio- 
cèse de  Cambrai,  où  eut  lieu  son  martyre, 
possède  encore  une  partie  de  ses  reli({ùes. 

MAXENCE  (;»/.  Aureliits  Valerius) ,  était 
fils  de  l'empereur  Hercule  et  de  (ialéria  Va- 
leria  Entiopia.  On  doute  cependant  si  .Ma- 
xe  ice  n'a  point  été  supfiosé  par  Eutropia 
même.  On  prétend  (ju'elle  avoua  qu'il  était 
lils  d'un  Syrien.  Il  était  naturellement  lAclie 
et  paresseux,  difforme  de  corj)s,  d'un  esprit 
mal  fiit,  et  si  lier  et  si  arrogant,  qu'il  ne  ren- 
dait pas  h  son  père  le  respect  qu'il  lui  de- 
vait. Aussi,  n'était-il  aimé  de  personne,  et 
(lalère  lui-même,  dont  il  avait  épouse^  la 
tille, empêcha  en  .'105  qu'il  ne  fût  déclaré  Cé- 
s,ir.  Pupié  de  se  voir  [«réféi  er  Sévère  et  .Ma- 
ximin,  il  réussit,  par  ses  intrigues,  h  se  faire 
donner  ce  litre  p.ir  le  ptniple,  le  '28  octobre 
de  l'an  .'JUG,  et  rendit  celui  d'Auguste  h  Her- 
cule son  père,  qui  en  avait  été  dépossédé. 
ItieiiiiM  (i.dère.  h  la  tête  dune  forte  armt'e, 
vint  assiégtM-  Home  ;  mais  Maxence,  (pii  avait 
gagné  un  grand  nombre  des  soldats  de  son 
ennemi,  le  força  de  quitter  l'Ilalie.  trop  heu- 
reux ti'avoir  pu  s'enfuir.  Ptnidant  quelque 
temps,  Maxence  régna  de  concert  avec  Her- 
cuh»  son  père  ;  mais  ce  dernier  ayant  tenlt' 
de  le  détrôner,  son  fils  le  contraignit  de  quit- 
ter Home  et  de  se  retirer  dans  les  (iaules. 

Le  20  avril  .'108,  Maxmice  se  fit  décLirer 
consulavec  Komulesun  lils^.Mar»  us  .Vurelius). 
n  II  envoya  ses  images  en  Afrique,  dit  Til- 
leinont  Jtist.  ilis  rmp.,  t.  IV.  p.  '»09).nonr  s'y 
faire  reconnaître  emjt'reur.  Les  milices  du 
l>ays  les  rejetèrent,  aimant  mieux  obéir  filialè- 
re.  Maxence  poursuivit  son  entreprise, et  les 
soldais  de  I.Vfrique,  ne.se  vftyant  pas  en 
état  de  résister,  voulurent  s'en  aller  à  Alexan- 
drie: mais  ils  furent  arrêtés  par  les  troupes 


477 


MAX 


M\\ 


11R 


1 


lie  Maxcncc,  ()iii  les  cniilriiii-^'uiriil  ;i  I'uIm'm.s- 
siWU'o.  Ils  loloiiriMM-fiil  i\  C.ai  111.1^(1.  .Miixclicn 
vniil.'iil  ii.i.sscr  fii  Arn(|iit'  |iimi  {Miiiir,  avec; 
s.Mi  iiuulùortiiii.iiii',  ((uix  i|iii  av.iiriil  icjcli'" 
s(«s  illla^l^'4  ;  niait» sos  .saciilicaUtuis  lui  ilirciil 
(MIC  SCS  (lieux  ne  le  viuilaiciit  |»as  :  (railleurs, 
il  ciMi^iiail  Alexauilic  (jiii  y  élail  vu  aire  du 
priM'ot  (1(1  picloiic.  Il  se  (Miiilcnln  liniK*.  (I(« 
(Iciiiaiiiler  ^  Alexaiulrc,  |»(»ur  ola|j;c,  un  lils 
(luil  avait.  Alexaiidre,  (|iii  ciai-^iiail  les  iii- 
l'Aiiios  (i(^n\;;lcui(Mils  (lo  (•(>  |triu(!c,  s'oxcusa 
(le  ('(Mivoyci-;  cl  eoiiiiiie  on  (l(''('()iiVril  peu 
a|ii'('*s  (|uo  Maxciice  avail  (MiV()_y(''  des  ^ciis 
|i(Mir  l'assassiner,  hîs  sol  lais  ciureiil  (jucî 
colle  occasion  (Mail  tavorahle  pour  s(>  révol- 
ter, tircMl  Alexandre  leur  omnercur,  cl  l(i 
rev(Mireiil  de  la  pourpre  h  Cartilage.  11  (''tait 
l'iirv^^icn  d'orii;iiic,  selon  le  jeune  N'iclor 
cl  Zosiinc,  ou  sorti  irune  >"aiiiill(Mle  jiaysans, 
dans  la  Paniionio,  selon  Aurèlo-Victor.  Mais 
(Ml  co'ivieiit  (iii'il  avail  peu  de  i;('nie,  peu 
do  cœur,  pou  do  viaieur  et  lioaucouii  d'an- 
iK^es.  Sos  Iroupos  (.Haieiil  roin[)lios  do  nou- 
velles Icvi'os,  la  luoilii''  sans  armes.  Avec 
cola  il  no  laissa  pas  i.k\  gartlor  lo  lilro  d'Au- 
guslo  plus  do  trois  ans,  ol  sos  niédai  los 
gioc(|uos  maniuonl  iuscju'h  la  (]ii.ilivùiiio  an- 
née do  sou  roj^iio.  il  j)araîUpi'il  lit  (piehiuos 
pcrs(5cutions  contre  l'Eglise.  Maxonce  (p. 
119  et  suiv.)  n'envoya  ([uo  i'ort  pou  do  trou- 
nos  en  AlVitiuo  pour  s'o'i  rendre  inailre,  sous 
la  coiiduilo  de  Rufus,  ou  lUitius  Volusianus, 
son  prcMol  du  prétoire,  et  de  Zone,  lioinmo 
célèbre  dans  la  guerre  el  fort  estimé  |)Our 
sa  bonté.  Dés  lo  premier  combat,  un  batail- 
lon d'Alexandre  ayant  plié,  il  prit  lui  nièuie 
aus,>il(_'»t  la  f  .ilo  ;  il  l'ut  [louisuivi,  pris  et 
étranglé,  et  la  guerre  finit  ainsi  sans  beau- 
coup de  peine. 

«  Los  maux  de  l'Afrique  ne  finirent  pas 
pour  cela.  Tous  ceux  (.|ui  avaient  de  la 
naissance  ou  dos  biens  étaient  accusés  d'a- 
voir favorisé  la  rébellion  d'Alexandre  ,  et 
aussit()t  coiiilamnés  sans  miséricorde  à  per- 
dre ou  les  biens,  ou  la  vie  même.  Maxence 
ordonna  outre  cela  de  piller  ,  de  saccager, 
de  brûler  Carthage,  qui  était  alors  un  des 
grands  ornements  du  monde,  avec  tout  ce 
qu  il  y  avait  de  plus  beau  dans  l'Afrique. 
Ai.. si,  il  épuisa  et  abattit  presque  tout  à  fait 
cotte  belle  province  qu'il  voulait  môme  en- 
tièrement ruiner.  Maxence  triomplia  à  Rome 
de  la  défaite  d'Alexandre,  ou  plutijt  de  la 
destruction  de  Carthage  et  de  l'Afrique. 

«  S'il  [lillait  et  ravageait  l'Afrique,  il  ne 
traitait  guère  moins  mal  l'Italie  et  Rome 
môme.  D'abord  qu'il  se  fut  rendu  maître  de 
la  ville,  il  s'etïorça,  pour  gagner  le  peu[)le, 
de  faire  paraître  de  la  religion  et  de  la  dou- 
ceur, et  pour  cela  môme,  il  lit  cesser  la  per- 
sécution des  chrétiens,  qu'il  avait  jusque-là 
horriblement  tourmentés.  Mais  il  se  fit  bien- 
tôt connaître  pour  tel  qu'il  était  ,  s'aban- 
donna avec  une  fureur  incroyable  à  toutes 
sortes  de  crimes  et  de  débauches.  Il  enlevait 
lesfemmesdes  plusgrands sénateurs;  elaprès 
en  avoir  abusé  il  les  renvoyait  à  leurs  maris. 
Mais  quand  sa  brutalité  attaquait  des  femmes 
chrétiennes,  il  y  trouvait  une  résistance  gé- 


n('*i'eusc,   parce  (pi'cllos  jiinwiienl   iniciix  lui 
aliaiidoiiiK  1  leur  vio  (pnt  leur  pudeur. 

"  Il  li"epai>;ua  pas  UK'^liie  le  prélcl  de  la 
ville,  ipii  iidsail  icsisld-  a  sa  vudcm c.  Mais 
.>^a  femme,  ipii  était  chrélitMirie,  (;t  <pi(!  Hnfiii 
nomme  Soplironie ,  ayiiit  dciiiand(';  un  peu 
de  Iciiips  pour  s'Ii.diilier,  eiilia  d  iiis  son  ca- 
binel,  où  après  s'(Hru  nnse  h  K(>nonx  pour 
faii(!  sa  piièi(!  ,  elle  s'cidorK.a  le  p  i^inird 
dans  le  sein  cl  tomba  morte  ausMl('>l.  l'iusébo 
et  Rufiii  louent  extrènienicnt  ccllo  action. 
Palladesciiihleaussi  l'aiiprouver.  C»  Ile  acli(»ri 
est  ccrIauKjmeiil  graii(le  aus>i  bien  (pie  ced(î 
do  Ra/.ias  dans  les  Macliabées.  Kilo  monln) 
dans  Sophroiiie  un  couiage  au-dessus  de  son 
sexe,  ol  un  amour  (ixtraordiiiairo  de  la  itu- 
relé.  Mais  avec  tout  cela,  elle  ne  peut  ôiro 
légitime,  si  elle  n'a  été  faite  jiar  un  mouvo- 
niciit  exlraordinaiie  de  l'esprit  de  Dieu:  et 
c'est  ce  que  nous  n'avons  heu  do  présumer 
(pie  dans  les  persoiiiies  (pii  sont  canonisées 
par  une  Iradilimi  pei'pélu(dl(!  de  l'Iiglise  ;  tit 
haronius,  (|ui  semble  la  vouloirjustiiier,  ne 
dit  point  (pie  l'Kglise  l'honore,  ni  ([u'elle  l'ai', 
jamais  honorée. 

«  Maxence  permettait  à  s(;s  soldats  les 
mômes  crimes  (pi'ilso  |)ermollait  à  lui-même; 
et  pour  se  les  acquéiir  eiitieroment,  il  leur 
abandonnait  l'honneur,  les  b  cns  et  la  vie 
môme  dos  [)lus  innoc>  nts.  Lorsipi'il  les  ha- 
ranguait, c  était  |)our  les  exhorter  à  iaii-o 
grande  chère,  à  dépenser,  à  dissiper,  comme 
si  tout  eût  été  à  eux.  Il  pillait  juMjii'aux 
temples  mômes.  Ainsi,  il  épuisa  en  i.uoiis  do 
six  ans  les  richesses  immenses-  que  Rome 
avait  amassées  on  plus  do  dix  siècles.  Comme 
rien  ne  suffisait  à  sa  prodigalité,  il  conlrai- 
gnait  les  laboureurs  et  jusqu'aux  sénateurs 
mômes  à  lui  fournir  des  sommes  d'argent 
sous  le  spécieux  litre  de  présents.  11  rédui- 
sit ainsi  la  ville  de  Rome  à  un  tel  état,  que 
le  peuple  y  manquait  des  choses  les  plus  né- 
cessaires ,  et  on  assure  que  jamais  on  n'y 
avait  vu  une  si  grande  famine.  Pour  s'empa- 
rer dos  biens  des  sénateurs,  il  leur  suscitait 
mille  calomnies,  sous  le  prétexte  desquel- 
les il  en  fit  mourir  un  fort  grand  nombre.  Il 
semble  que  quelques-uns  aient  été  accusés 
d'avoir  formé  une  conspiration  contre  lui. 
En  un  mot,  il  était  l'ennemi  irréconciliable 
de  toutes  les  personnes  de  qualité.  Ainsi,  sa 
cruauté  pi  iva  le  sénat  d'un  grand  nombre  de 
ses  plus  illustres  membres,  et  remplit  Rome 
du  sang  des  plus  innocents.  Et  ce  qu'il 
faisait  par  lui- môme  à  Rome,  il  le  faisait  de 
môme  dans  toute  l'Italie  par  ses  ministres. 

«  Il  s'appliquait  beaucoup  aux  supersti- 
tions et  aux  maléfices  de  Ja  magie,  qui  l'en- 
gageaient encore  à  de  nouvelles  cruautés, 
dans  la  folle  imagination  de  trouver  l'avenir 
dan-  'es  entrailles  des  femmes  et  des  enfants, 
et  de  se  rendre  les  démons  favorables  par 
ces  sortes  de  sacrifices.  Eusèbe  et  Aurèle 
Victor  lui  attribuent  le  carnage  d'un  grand 
nombre  de  Citoyens  tués  au  milieu  de  Rome 
par  ses  soklats,  pour  un  sujet  très-léger.  Ils 
manjuent  sans  doute  ce  que  dit  Zosime,  qua 
le  temple  de  la  Fortune  ayant  été  brùlo  a 
Rome,  ou  du  feu  du  ciel  ou  par  quelque  ac- 


Kf) 


MAX 


MAX 


m 


cidonl  inconnu,  durant  que  (out  le  monde 
sVmpro«;s.tif  pour  tMeindrt'  le  feu.  un  snMat 
dit  (jnol(7U'>  parole  do  raillerie  contre  celle 
déesse  infortuné*»;  sur  cela,  le  peuple  s'émut 
et  lua  le  soldat  :  los  autres,  vonlanl  venger  -^a 
mort,  il  se  forma  me  si'diiion  (pii  pen-a  mi- 
ner toute  la  viMe.  Zosime  assure  m'anmoins 
qut^  Ma\encem«^tne  arrêta  fTomptemeiil  la  fu- 
reur de  sessoMals.  Cela  peut  (Mie arrivé  vers 
l'an  309.  Quoiqtie  Zosime  veuille  jusliticr 
Maxenee  en  cet  e  oee;»sion  ,  il  avoue  néan- 
moins^ que  le  peuple  romai'i  souhaitait  hcau- 
coup  d'être  délivré  'e  ce  Ivran,  dont  les  vio- 
lences et  les  eruaufés  au^nnenf  tient  Ions  les 
ionrs  ;  et  un  prélend  ({ue  le  désir'  de  l'en  dé- 
livrer fnl  une  des  raisons  qui  porta  Cons- 
tanlin  't\  enfre,:^r  ndr  ■  la  jjuerrc  co-ifre  lui. 
Prudeni  e  fait  une  b^dle  d'SiMiplion  de  lé  at 
misérable  ou  était  R"me  sous  ce  tyran  cruel 
et  impudi  pie.  q:ii  ne  rou;^'ssait  pas  dt;  met- 
tre les  sénateurs  dans  les  fers  et  d'en  rem- 
plir les  prisons,  de  quoi  il  n'exemptait  [las 
même  If  s  consid  ires. 

((  Pour  achever  le  portrait  do  Maxence, 
outre  ce  que  nous  a?r)ns  dit  de  son  corps 
conirefail,  et  de  son  esprit  fier  et  arroguit, 
il  était  timide,  hkhe  et  extrêmement  pares- 
seux, en  sorte  que  même  les  plus  grands 
dangers  n'étaient  pas  capables  de  lui  faire 
quilt'T  ses  voluptés  ordinaires.  11  ne  sortait 
prestrae  pas  du  palais  :  c'était  pour  lui  un 
grand  voyage  d'aller  jusqu'au  jardin  de  Sal- 
luste,  qui  était  dans  un  aut  c  (juartier  de 
Rome,  .laiiiais  il  ne  faisait  aucun  exercice 
militaire,  soif  par  paresse,  soit  de  peur  qu  on 
se  moquât  de  son  peu  d'adresse  et  de  sa 
mauvaise  gn'^ce.  Cependant  il  voulait  (ju'on 
regardât  cette  mollesse  et  cette  fun  antise 
comme  so  i  bonheur,  et  il  disait  <^  ses  soldats 
qu',1  était  seul  véritable  empereur;  que  les 
autres  éiaiinit  ses  li-nilenants,  (pii  combat- 
taient poiir  lui  sur  les  l'roulières,  afin  (juil 
pOt  régner  en  paix. 

«  Il  ne  laissait  jias  de  se  faire  honneur  de 
plusieurs  victoires,  ou  remportées  par  d'au- 
tres sous  son  nom,  ou  absolument  feintes 
pour  amuser  le  peuple  de  Rome.  Car,  lians 
une  inscription  fro  ivée  vers  Vérone,  on  le 
voit  qualifié  iwprrntor  pour  la  onzième  l'ois, 
quoiqu'on  ne  voie  au  [»lus  que  trois  guerres 
(jui  aient  pu  fournir  quelipie  prétexte  à  sa 
vanil'' :  encore  il  n'y  a  que  (•elle  d'.Mexa  i- 
dre  Oli  l'on  puisse  (lire  ijuil  y  oit  eu  quel- 
que comb  it.  II  est  druic  diinciU^  de  concevoii- 
ce  (|ui  put  donner  la  hiid  ess»-  h  un  homme 
lâche  et  paresseux  comme  il  était,  de  vouloir 
entreprendre  la  guerre  ( outre  Conslnntin,  si 
ce  n'(vst  (ju  '  les  moins  courageux  sont  sou- 
vent plus  présom  tueux  et  plus  léiuéraiics 
qui"  les  autres.  Kusèbe  d  t  qu'il  met  ail  toute 
I  assnraiii'o  de  sa  vi.  toire  d.ui.-«  le  set  ouïs 
des  démons  et  dans  la  ma.^ie.  Il  présum ait 
sans  doute  encore  bi>iucoup,  soit  de  l'atle  - 
tio  1  et  du  coura.;<>  do  ses  piéioricns,  (|ui  ne 
pouvaient  espérer  de  Constantin  le  pardon 
de  tant  de  cime* qu'il  !  nir  .ivait  laissé  rom- 
mf'ffre,  soit  du  grand  iiombro  tie  ses  autres 
troupes.  Car,  outre  l'ancienne  armée  de  >ou 
père,  il  en  avait  fait  une  nouvelle  d'Italiens 


et  de  Maures,  de  sorte  qu'il  avait  bien  170,000 
hommes  de  pierl.  selon  Zosime ,  et  IS.OiO 
cîievaux,  ce  qui  lui  donna  moyen  do  forti- 
fier, par  un  nombre  incroyable  de  soldats, 
tous  les  lieux  par  où  l'on  pouvait  entrer  en 
It  die.  Un  panégyriste  ne  lui  donne  que 
100,0*0  hommes,  ne  comptant  peut  êtn*  pas 
Ips  garnisons.  Il  ne  maiiipiait  pas  de  bons 
ofliciers  de  guerre,  ses  rapines  lui  avaient 
fourni  de  l'arg  ni  eu  abondance.  Il  avait 
aussi  pourvu  Rome  de  vivres  pour  longtemps, 
ayant  épuisé  pour  cola  toute  l'Afrique  et  les 
îles  voisines  de  l'Italie.  » 

Constantin  gémissait  (le|.uis  longtemps  de 
voir  Rome  soumise  à  la  tyrannie  de  .Maxtiice, 
mais  il  ne  croyait  pas  que  ce  fût  une  raison 
suftisaiite  |»our  l'attaquer.  Ce  dernier  lui  eu 
fournit  bienk')t  un  juslc  sujet.  Il  lit  abattre 
les  statues  et  les  images  de  Conblanti!i,  qui 
se  |)ré()ara  dès  !ors  h  m  ;rch  r  sur  Rome.  Il 
a  ait  Ui  e  armée  de  tjuarante  mille  liommes 
environ,  bien  aguerris  et  habitués  h  vaincre 
sous  sa  conduite.  II  s'as.>ocia  Licinius,  en  lui 
promettant  la  main  de  sa  sœur  Conslaiicie, 
tandis  que  .Maxence  s'alliait  avec  .Maximin. 
Nous  passerons  lapideme  it  sur  la  vision  mi- 
raculeuse de  C  nstantin,  ijui  lui  promenait 
la  victoire,  sur  sa  conversion  et  sur  les  trois 
défaites  successives  qu'il  lit  éprouver  à 
Maxence,  auprèsdeTurin,deRresseetde  Vé- 
rone, pour  arriver  enfin  à  la  dernière  défaite 
et  à  la  mort  liu  tyr.in.  Ici  nous  laisserons  en- 
core parler  Tiilemonl,  (|ui  nous  fournil  des 
détails  excessivement  intéressants,  el  donl 
nous  serions  fâchés  de  pnvrr  nos  lecl».'urs. 

«  Constantin,  dii-il,  marcha  Uonc  sans  hé- 
siter du  cc)ié  do  Rome,  se  hâtant  d'y  arriver 
pu-  le  chemin  le  plus  court.  Il  uonna  encore 
(ju-  hpies  combats  dont  le  succès  ne  lui  fut 
pas  lavor.tble.  Mais,  re[»renanl  courage,  il 
s'attprocha  de  la  ville  avec  to.it  ce  qu'il  avait 
de  forces.  .Maxence  ue  s'ébranlait  poi  t  pour 
tout  ce  (pii  était  arrivé,  et  ne  quiltail  point 
sa  vie  ordinaire,  ne  voulanl  point  sortir  do 
Rome,  soit  par  sa  paresse  cl  sa  limidilé  or- 
dinaires poiir  ne  se  pas  exposer,  soit  parce 
que  SCS  devins  lui  .ivaient  prédit  (|u  il  péri- 
rail  s'il  eu  sortait.  Il  su[)priiuail  les  nouvel- 
les de  la  défaite  do  se>  lioiq)eset  lémoignait 
quehjiiefois  être  lieu  aise  que  Constantin 
s'approih.ll.  dans  la  fausse  imagination  que 
la  vue  de  Rouie  et  son  argent  le  r<nidraienl 
maille  des  troupes  de  ce  princ»»,  aussi  bien 
(pie  de  col  os  de  Sévère  et  de  (ialère.  Il  fit 
faire  sur  lo  Tibre  un  pont  de  bateaux,  cons- 
Iriiit  de  telle  sorte,  «|u'en  (Mant  ipiehpies 
crampons  (pd  le  I, aient  parle  milieu,  ils(m- 
VI. lit  el  s.'  rompait  do  lui-même.  Son  d»  -- 
sein  élail  de  le  faire  ouvrir  «piand  Consfau- 
tiii  passerait  dessus,  alin  qu  il  louil)Ai  dans 
la  rivière  et  se  novAl.  Mais  Di.  u  le  lit  tom- 
ber lui-même  dans  le  piér,e  (|u  il  drossait  aux 
autres.  Ce  pont  était  un  pi  u  au-dessus  du 
Pontr-.Mole. 

"  Constantin, arrivé  devant  Rome,sec«rapa 
auprès  d.'  la  ville,  dans  une  eau  '  large 
et  spacieuse,  vis-à-vis  du  Pont'  .  Tout 
ce  «piil  craignait  étîit  (jue  Maxence  ne  se 
renferniill  dans  Rome  et  ne  le  réduisît  .^  I  as 


fsi 


MAX 


M\\ 


fRi 


si(^;;;or;  ro  (iiii  n^f  |mi  durer  lon^icinp'*,  la 
ville  («liuU  tir»s-|)i(Mi  Iminiir  de  vivn-s.el  l'ci- 
H/i;j;ei' à  frtire  rrs."«(»'iliniii  |>iMi|tle  les  iiiiiii\  <ln 
In  .;neri'(>.  M.'ii**  "i''»'  'i'""  M.'tx<'nie  de  Home, 
nimme  in.d>;i<^  lui,  fi|""<''*<  l'nvidr  Im-  deti\ 
jours  ;Mi|)firiiv;ml  du  palMis  im|»('riMl,  <l<>ii'^  'I 
sortit,  sni'  (|iii  i'|ii<'  mauvais  |ur'sa;;e  i|iii  l'a- 
vait épouvante  duianl  la  uuil,<'l  >alla  lo;;;er 
.Mvt'c  sn  leiumo  et  son  lils  dans  une  maison 
parliruli^r(>.  Son  anm-e  («lait  ceiiendanl  en- 
tr(<  Home  cl  le  l'onte-Mole,  pnui  disputer  \r. 
j)assa;^('  ^  TonslaMlin.  I-a  nuil  <pii  p  écéda 
le  '11,  ou  plulAl  le  îiS  d'oclohre,  Coiislanlin 
lui  aveili  (>u  son;j;e  de  l'aire  niilln^  à  ses  sol- 
dais, sur  leuis  houeliers,  le  earnctére  du 
nom  de  Jésus-(',luisl,  et,  a|  ri^s  cela,  de  dnu- 
iior  la  bataille  sa-is  rico  erauidre.  1/ordre 
l'ut  aussitôt  exécuté,  et  Ton  vit  la  croix  et  lo 
roui  de  J.  sus-Chrisl  sur  les  Ixuu'liers  dn 
tous  les  soldats,  et  mémo  aussi  sur  l(  urs 
rasipios,  comme  lUi  le  voit  encore  dans  uiu^ 
inédiillo  de  Constantin.  I':n  mémo  temps,  ils 
se  disposèrent  à  la  halaille. 

«Ce  n)émejour.  -J8  octohm,  IMaxence  fi- 
nissait la  sixième  aiuu'M»  de  son  rè-^'ie,  et  ne 
pouvant  ouhli(>r  ses  plaisirs  an  milieu  méuïc 
de  la  gueri'e,  il  domiait  au  |)t  nple  le  div.  r- 
tissemenl  des  j{>ux  du  cirt[Ui'.  Il  sacrifiait  en 
méuie  tpn\ps  pour  co-nialtre  Févénement  de 
cette  guerre,  et  taisait  consulter  les  livres 
des  sibylles.  Et  coi\uue  on  lui  rap|iorta  (|ue 
ce  jour-lh  même  l'einiemi  des  Romains  de- 
vait périr,  il  renlendit  de  Constant  n,  prit 
les  armes  sur  cela,  cl  alla  combattre.  Lac- 
fani  0  dit  (]u'il  ne  partit  que  sur  ce  que  le 
peu|)le  le  traitait  dedéseiteur,  et  ci'iait  dans 
le  cii-quo,  pendant  que  les  deux  armées  étaient 
déjà  aux  mai'KS  sans  lui,  cpie  Constantin  était 
invincible.  Néanmoins  les  autres  hislorics, 
et  les  panégyristes  mômes,  disent  cjue  ce  fui 
lui  (jui  tu  [Kisser  à  ses  troupes  le  poil  qu'il 
avait  lait  faire,  qu'il  choisit  le  champ  de  ba- 
taille en  nn  lieu  api)e  é  les  Roches  ronges, 
à  neuf  milles  de  Rome,  el  qu'il  plaça  son 
armée  entre  celle  de  Constantin  el  le  Tibre, 
mais  tellement  sm-  le  bord  du  tlcuve,  ciu'é- 
ta-d  poussée,  il  fallait  qu'elle  s'y  jetât.  Son 
armée  était  Irès-nombieuse. 

«  Ce  fut  un  grand  bonhe:.r  pour  Constan- 
tin de  voir  Maxence  hors  de  Rome,  et  un  plus 
heureux  j)résage  que  celle  mulUUide  de  hi- 
boux que  Zosime  dit  qu'on  vit  alors.  11  donna 
le  premier  sur  les  eimemis,  et  s  exposa  plus 
qu'il  n'avait  encore  fait;  mais  Di.'U  combat- 
tit pour  lui.  Les  soldats  romains  et  italiens 
de  Maxence,  ([ui  ne  souhaitai'  ni  que  d  être 
déiivi'cs  d'un  si  mécliant  prince,  plièicnt 
bientôt.  Les  autres  résistèrent  avec  assez  de 
vigueur,  aussi  bien  que  les  principaux  mi- 
nislros  du  tyran  et  les  prétoiiens,  qui  n'es- 
péraient pas  de  pardon.  Ainsi  la  b  .taille  de- 
meura ([uelque  temps  douteuse.  Néanmoins, 
la  cavalerie  de  Maxence  ayant  enfin  été  rom- 
pue, il  prit  lui-même  la  fuite  pour  repasser 
son  pont  de  bateaux. 

«  Les  uns  disent  que  le  pont  rompit  du- 
rant ia  bataille  ;  les  autres  que  le  grand  nom- 
bre de  ceux  qui  fuyaient  devant  Maxence  ou 
après  lui  le  fit  ouvrir,  el  que  Maxence,  poussé 


par  ceux  qui  l'uvanMil  après  lui,  fut  préci- 
|)il<>  dans  l/i  rivi)-('e,  loinliaiil  dans  \n  iiiènio 
pié^o  (juM  MV/nl  (iroKNt^  h  l^mNlantin.  D'au- 
tres rJip  ort  iil  la  (  hosM  d'une  marilèrr*  nn 
peu  ddIVre'ite.  Mais  un  convient  «pi'élarit 
londx'  dans  In  'Fibp<«  ii  clicv/il,  nveo  son  nr- 
nies,  (»l  ayant  fait  d'inuldes  eiforts  pf)nr  K"- 
^mr  le  bord,  il  l'ut  enii.i  englouti  dans  1(»h 
eaux,  et  se  noya  avec  un  lrès-«r«nd  noiid)ro 
de  personnes,  outre  beain  onp  d'autre-.,  qui 
furent  luf'es  dans  le  condtai.  S(»(i  cor  .s  , 
t;h«rr!;é'  d'une  pesante  (niir/isse,  denuturn  en- 
foncé' dans  la  vase  an  lieu  même  où  il  s'était 
no\é,  et  on  ne  le  tifiuya  qu'avec  [)eiiie  le 
hnidcnnain.  On  lui  coupa  la  léle  pour  la  por- 
ter ;\  Ronu'  et  l'y  faire  voir  h  loni  le  monde. 
Jus(pie-I,i,  lu  peu[jle  n'avait  oMj  téuKjigner 
se  léjouir  de  sa  mort,  do  peur  (pie  la  nou- 
velle n'ini  fiU  fausse.  »  ('1  ilh mont,  Ifisl.  des 
eiii/xr.,  t.  I\  ,  p.  i'^'^.) 

SlVXKNCK  (sainte),  vulgairement  ai)peléo 
sainte  Maixence,  ou  Mess(nice,  reçut  le  jour 
en  lù'osse,(rui  otam  Ile  de  sang  i-o>al.  A.\ant 
résolu  de  garder  sa  vii-ginilé,  elle  vint  en 
Fi-aiice  pour  exé'cutei"  plus  facilement  ce 
VQ'U.  Ce  fut  pi'ès  de  la  livière  de  l'Oise 
qu'elle  fixa  sa  résidence.  Elle  y  fut  pour- 
suivie et  découveite  par  un  honuiui  amou- 
reux d'elle,  (|ui,  voulant  lui  fa  re  violer  son 
vœu  et  n'y  pouvant  réuss  r,  entra  dans  un 
tel  accès  de  fiuecripi'il  la  tir,'..  C'est  le  '20  no- 
vembre qu'on  fail  sa  l'ète  à  Reauvais  et  dans 
l'I'.cosse,  sa  pitrie.(ro//.  Henskenius.) 

MA XENCI'] (saint),  nrarlyr,soutl'ril [> Tièves 
pour  la  défense  de  la  rel  gion,  avec  les  saii  Is 
Constance,  Crescence,  Justin  et  d'autres  qui 
nous  sont  in«onnus.  leur- niartyie  eut  lieu 
ciuiantla  iiorsétution  de  Diocléiien,  sous  le 
président  Ricl  ov;;i'e.  L'Eglise  célèbre  leur 
mémoire  le  12  décembre. 

MAXKNCE,  gouverneur  ou  juge  qui  fit 
mourir,  à  Rome  ou  in  Palestine,  le  saint 
prêtre  Eusèbe.  Cet  évériement  se  passa  sous 
le  règne  de  Diocléiien,  h  la  fin  du  ni"^  s;ècle 
et  en  présence  de  rein[)ereur  Maximien. 
{Voy.  EcsÈBE.) 

MAXIME  (saint),  souffrit  le  martyre  en 
Perse,  avec  saii  l  Olympiade.  Ce  fut  sous  le 
règne  de  l'empereur  Dèce ,  qu'ayant  été 
meurtris  de  coups  de  bAton  et  de  foiiets  gar- 
nis de  jdomb,  on  les  frappa  ensuite  sur  la 
tête  avec  des  leviersjusqu'à  ce  qu'ils  eussent 
rendu  l'esprit.  Ils  sont  inscrits  au  Martyro- 
loge romain  le  15  avril. 

MAXIME  (saint),  fui  martyrisé  sous  l'em- 
pereur Dèce.  Nous  ignorons  le  lieu,  la  data 
elles  circonstances  de  son  martyre.  L'iiglise 
fait  sa  fête  le  28  septembre. 

MAXIME  (saint),  évoque  de  Noie  en  Cam- 
panie,  se  reiira  dans  la  retraite  pour  éviier 
la  persécution  de  Dèce.  11  y  fût  mort  de  faim 
si  Dieu  ne  lui  eût  pas  envoyé  saint  Félix, 
prèlre  de  la  même  église.  L'Eglise  honore 
sa  mémoire  le  15  janvier. 

MAXIME  (saint)  cueillit  la  palme  du 
martyre  sous  l'empire  de  Dèce,  en  l'an  250, 
sous  le  proconsulat  d'Optime,  successeur 
de  Quintilien.  Les  Actes  que  nous  en  avons 
ont    été    pris  des   registres  du  greffe   pro:- 


!8S 


MAX 


MAX 


184 


consulaire, et  sont  pnrconséruK^nt  Iros-fifl^- 
Ips.  Nous  Io><  <Ionni'roiis  on  entier.  L'Eglise 
célèbre    sa  t»Ho  le  .'{0  avril. 

Décius  ayant  formé  le  dessoin  impie 
d'exlerininor  onfièroinenl  la  religion  rlirr- 
ti»'nne,  lit  niihlier,  dans  retendue  de  l'em- 
pire, un  étiit  qui  obligeait,  sous  peine  de 
la  vie,  tous  les  rlirrlitMis  n  renoncer  au 
culte  du  vrai  Dieu  pour  embrasser  celui 
des  idoles.  Ce  fui  h  l'occasion  de  cet  édit 
que  le  saint  homme  Maxime  se  déelara 
hautement  pour  serviteur  de  Jésus-(]|irisf. 
Il  était  né  parmi  le  peuple,  et  il  exerçait  la 
profession  de  marchand.  Il  Cnt  aussitôt  arrcié 
et  cpnduil  devant  Oittime,  proconsul  d'Asie. 

Interrogatoire  prêté  par  Maxime,  par-devant 
le  proconsul  Optime. 

Le  proconsul  :  Comment  vous  appelez- 
vous?  il/aj-</»r  ;  .le  me  nomme  Maxime.  Le 
f^-oconsul  :  De  (pieile  condition  èles- vous  ? 
Maxime  :  De  condition  libre,  mais  esclave 
de  Jésus-Chri»t.  Le  proconsul  :  Q;iolIe  est 
votre  vocation  ?  .V(/J'</H<'  :  Je  suis  un  homme 
du  peuple,  vivant  de  mou  petit  négoce.  Le 
proconsul  :  ¥Aes-\oy}S  chrétien?  Maxime: 
Oui,  le  le  suis,  quoii|ue  pécheur.  Le  pro- 
consul :  N'avez-vous  pas  conn;iissance  des 
édits.  Maxime  :  Et  que  portenl-ils?Lp/>rocon- 
sul  :  Que  t'iusles  chrétiens  renonçant  h  leur 
superstition  ne  reconnaissent  plus  qu'un 
seul  seionieur,  h  qui  tout  ob  it,  et  n'aient 
plus  d  autre  religion  que  la  sienne.  Maxime  : 
Oui,  cet  édit  impie  et  injuste  m'est  connu, 
et  c'est  cela  même  (pii  m'a  obligé  de  faire 
une  profession  ouverte  du  christianisme. 
Le  proconsul  :  Puisuue  vous  êtes  informé 
d(Ma  teneur  de  ces  eilits,  sacrilie/,  donc  aux 
dieux.  Maxime  :  Je  ne  sacrifie  qu'ii  un  Dieu 
seul,  et  c'est  h  lui  que  je  me  suis  sacri- 
fié dès  ma  première  jeunesse.  Le  proconsul  : 
Sacriliez,  vous  dis-je,  si  vous  voulez  en- 
core vivre;  car  je  vous  déclare  que,  pour 
peu  (pic  vous  fassiez  de  relus,  je  vous 
ferai  expirer  dans  les  lourmenis.  Maxime  : 
C'est  ce  que  j'ai  toujours  ardeunnent  sou- 
haité, et  vous  ne  sauriez  me  faire  un  plus 
grand  i)laisir,  que  de  m'ùter  promptement 
cette  cnélive  et  misérable  vie ,  |)our  me 
faire  passer  dans  celle  autre  vie  bien- 
heureuse et  éternelle.  .Mors  le  proconsul 
lui  tit  donner  plusieurs  coups  de  bu- 
tons, et,  h  rha(pie  coup,  ce  juge  criait  : 
Sacrifiez,  Maxime,  sa(  riliez.  Maxime  lui  ré- 
pondit :  Vous  vous  trompez,  si  vous  croyez 
<jue  ces  coiqts  me  lassent  du  mal.  Ce  qu'on 
endure  pour  Jésus-lihnst  est  un»ins  un 
tourment  (pTune  douce  consolation.  Mais 
si  j'étais  assez  imprudent  pour  m'écarler 
tant  soit  peii  do  la  praliipie  des  divins 
préceptes  (pii  sont  contenus  dans  l'Evan- 
gile, ce  serait  pour  lors  (pie  je  devrais 
m'attendre  h  soulfrir  d'(''ternels  supplic»'S. 
Le  («roconsul  le  lit  donc  mettre  sur  lo 
rhnvalel,  et,  pendant  ipTon  le  tourmentait, 
il  lui  répétait  souvent,  ces  paroles  •  Ue- 
ppn<:-toi,  misérable;  recoiuiais  ton  erreur  ; 
renonce  h  ce  fol  entêtement,  et  sacrilie 
cnlin  [)our  sauver  la  vie. — Je  la  perdrais. 


au  contraire,  repartit  Maxime,  si  je  sa- 
crifiais, et  c'est  pour  la  sauver  que  je  ne 
sacrilie  pas.  Ni  vos  bâtons,  ni  vos  ongles 
de  fer,  ni  votre  feu,  ne  sont  capables  de 
me  causer  la  moindre  douleur,  parce  que 
la  grâce  de  Jésus-Christ  est  en  moi,  et  elle 
me  délivrera  de  vos  mains  pour  me  met- 
tre en  possession  du  même  bonheur  dont 
jouissent  maintenant  tant  de  saints  (pii, 
en  ce  même  lieu,  ont  triomphé  de  votre 
fureur  et  de  votre  cruauté.  C'c-t  par  le 
moyen  de  leurs  prières  que  j'obtiens  cette 
force  et  ce  courage  que  vous  me  voyez. 
Le  proconsul  prononça  cette  sentence  : 
«  La  divine  clémence  île  nos  invincibles 
jirinces  ordonne  que  celui  qui,  refusant 
d'obéir  fi  leurs  sacrés  édits,  n  a  pas  voulu 
sacrifier  h  la  grande  Diane,  soit  lapidé 
pour  servir  d'xemple  aux  chrétens.  »  Saint 
Maxime  fut  en  même  temps  enlevé  par  une 
trouj)e  de  satellites,  f[ui  le  conduisirent 
hors  de  la  ville,  oi  il  fut  assommé  à  coups 
de  iiierres  He  IV  mai). 

MAXIME  (>aintj  ,  piètre  de  l'Eglise  de 
Rome,  fut  un  des  nombreux  confesseurs  ar- 
rêtés et  mis  en  prison  sous  le  rè^ne  de  Dèce, 
en  l'aniée  2o0.  Après  avoir  courageusement 
soulfert  [)onr  la  foi  et  passé  près  de  dix-huit 
mois  dans  les  fers,  il  eut  le  malheur  de 
s'attacher  à  Novat,  qui  le  jeta  dans  l'erreur 
de  Novatien  et  le  fit  un  des  adhérents  fou- 
gueux de  cet  an'ii  apc  ;  mais  bient^^t,  gr;-ce  ci 
saint  Denis  d'Alex  ndrie  et  à  saint  Cvprien  , 
qui  écrivirent  plusieurs  fois  aux  confesseurs 
tombés,  il  eut  le  bonheur,  après  le  départ 
de  Home  de  Novat,  de  rentrer  dans  le  sein 
de  l'Eglise.  Il  est  inscrit  au  martyrologe  au 
2.")  novembre.  (Vo//. ,  pour  plus  de  détails, 
lariic'e  de  saint  SlovsE.i 

MAXLME,  évêque  d'Afrique,  n'eut  pas  le 
courage  d'envisager  les  tourments  et  le  tré- 
pas pour  la  foi  dont  il  était  le  minisire.  Sous 
le  règne  de  Dèce,  il  eut  le  malheur  de  re- 
noncer son  Dieu,  celui  qui  l'avait  élevé  h  la 
dignité  de  successeur  des  api^Mrcs,  (Our  ,si- 
crifier  aux  idoles.  Depuis  son  apostasie,  il 
est  tuuibé  dans  l'oubli  des  hommes  ;  |>uisso 
Dieu  ne  s'êire  souvenu  de  lui  au  jour  de 
son  ju-'emenll 

MAXIME  s,,int\  prêtre,  fut  martyrisé  h 
Oslie,  sous  le  règne  de  l'empereur  Alexan- 
dre, par  ordre  du  préfet  du  prétoire  Ul- 
pien,  avec  saint  Quiriace.  évêque.  et  saint 
.Maxime,  prêtre.  L'Eglise  célèbre  la  fêle  de 
ces  saillis  martvrs  le  "23  août. 

MAXIME  , saint),  prêtre  et  martyr,  souf- 
frit à  lloiu(>  sur  la  voie  Appienne,  sous  l'eiu- 
pirede  Valérien.  Il  fut  enterré  près  du  na[»e 
saint  Xisle.  L'Eglise  latine  fait  lafôtcdece 
saint  le  1".)  noviinbre. 

MAXIME  (.saint)  fut  martyrisé  .  h  Rome, 
sous  l'tMnpire  de  Valérien,  av(>c  les  saints 
Hippol\te.Eus('be.  .Marcel.  Adnas.  Néon  et 
les  saintes  Pauline  et  Marie.  L'Eglise  fait  sa 
fête  h>  2  décembre.  Pour  plu»  amples  détails, 
rot/,  les  ,\ctcs  de  saint  lliri'OLVTK.  h  son 
ariicle.) 

MAXIME  ('sainl\  martyr  ,  mourut  pour 
la  loi  dans  les  Gaules,  aux  environs  de  Cler- 


185 


MAX 


M\\ 


1M 


mniil,  oti  (Iniis  cctlo  ville  iiu'^mr,  avec  li'.s 
saillis  N  nldiiii  cl  (lassiiis.  Il  lui  une  îles 
lii»r)i|)i(Misr.s  viclinics  (jiKi  ('.liiociis,  roi  (les 
Aili'm.'tiids,  fit  mouler  nu  ciel  poiii-  refus  d'a- 
(|(»rci'  SCS  (liciu.  Nous  ne  s.'ivuiis  «lisnlii- 
llioiil  lien  sur  le  ^eiiic  de  iiioil  •ipie  soiillVit 
s.ii'il  Maxime  :  ce  (lu'oii  sait  d'iiiu^  manière 
|Misilivc,  c'osl  (|n'il  acc(ini|)lit  son  .s;icrilice  h 
peu  |>i'ès  en  raniii'C  ^liU\,  |»ui^(|ne  les  mar- 
l\roloîj;es  le  joi^nenl  aux  deux  saints  (mit 
lions  avons  nommés  en  commencanl.  I.  1-1- 
glise  romaine  l'ail  sa  lète  le  II)  mai.  lui  Au- 
vor^^nc ,  sailli  Maxinu»  est  r(d)jet  d'une 
grande   vé'iéralion. 

MAXIMI'l  (saiiil)  ,  l'un  des  gardes  de  la 
prison  de  saint  (/ nsoiin  ou  (lensoriinis , 
sous  ('lande  II  lo  <'iotlii(pie,  lui  converli  à 
la  loi  oliélienne  par  le  jircMre  saint  Maxime, 
avec  los  aulies  gardes  de  la  p  ison,  lesipiels 
(Maieiit  Félix,  Kau,>tin,  llercnlan ,  Niimère, 
Storntinus,  Mène,  (loinmode,  Maur,  lùisèhe, 
Uiislicpic  ,  Amandiinis,  Monacro  ,  ()ivm|io, 
(lypricn  et  Théodore,  il'our  voir  ](!ur  his- 
toire ,  rccouiT/  h  l'arlich;  Mvkïyus  d'Ostik.) 
Ces  sa'iils  ne  sont  pas  nommés  au  Martyro- 
loge romain. 

MAXlMi:  (saint),  prêtre,  eut  la  KHe  tran- 
diéi'  pour  la  foi  chréliennc,  sous  rom|)ire 
do  Claude  II  le  riothiqnc,  avec  saint  Ar- 
clielaiis ,  diacre,  et  saint  Cyriaqu" ,  évo- 
que. (Pour  plus  de  détails  ,  voy.  Mautyivs 
d'Ostik.) 

MAXIME  (saint),  vulgairement  saint 
]\Iau\e,  au  diocési^  d'Evroux  en  Normandi(>, 
iloiuia  sa  vie  pour  la  foi  chréliennc  (Mi  mê- 
me temps  (jue  saint  Vénérand.  Le  premier 
éiait  évè(pie,  le  second  diacre.  Après  leur 
avoir  co'd'éré  les  ordres  sacrés,  le  paiie  Da- 
mase  les  avait  envoyés  prôcher  la  foi  aux 
idol.Ures.  D'ahord  ils  prêchèrent  en  Lom- 
bardie,  parmi  les  barbares  qui,  après  avoir 
franchi  les  Alpes,  s'étaient  établis  dans  cette 
partie  de  l'Italie.  Leur  /èle  n'eut  d'autre  ré- 
sultat que  celui  de  leur  attirerdes  tourments, 
qu'ils  soutfrirent  courageusement  pour  Jésus- 
Christ.  Voyant  qu'en  Italie  leurs  efforts  de- 
meuraient sans  succès  ,  ils  passèrent  los 
Alpes  et  vinrent  dans  los  Gaules,  avec  deux 
saints  prêtres  nommés  Marc  et  Ethérius. 
Auxerre,  Sons  et  Paris  furent  successive- 
mont  témoins  de  leurs  prédications.  Après 
s'être  arrêtés  quoique  temps  au  lieu  où  la 
Seine  et  l'Oise  se  réunissent,  ils  continuèrent 
leur  marche  du  côté  d'Evreux.  Mais  au  vil- 
lage d'Acquigny,  une  troupe  d'idolâtres  les 
a\ant  arrêtés,  leur  coupa  la  tête  dans  une 
petite  île  formée  par  les  rivières  d'Eure  et 
d'Yton.  Plusieurs  de  ceux  qu'ils  avaient  nou- 
voll  ment  convertis  partagèrent  avec  eux 
l'honneur  du  martyre.  C'étaient  trente-huit 
soldats,  que  leurs  "^discours  et  leurs  exem- 
ples avaient  gagnés  à  Jésus-Christ.  Les  deux 
prêtres  qui  les  accompagnaient  réussirent  à 
s'échapper  durant  qu'on  les  conduisait  à 
Evreux.  La  nuit  venue,  ils  revinrent  au  lieu 
du  supplice  des  deux  saints  martyrs,  et  en- 
sevelirent leurs  corps  dans  une  vieille  église, 
située  tout  près  de  là,  et  que  les  Vandales 
avaient  ruinée.  Ces  reliques  ont  été  retrou- 


véos  vers  l'an  *.M»(),  .'i  .Xccpii^ny,  |iarun  nom- 
mé Amalberl.  Elles  sont  toujours,  depuis, 
resl'''es  (hiM.H  c(!  lieu,  OÙ  OU  voyait  un  prieuré 
de  hi'iM'ilirliiis.  Coiuiiie  ri'*^lise<pji  |e«  ren- 
fermait touillait  en  ruines,  M.  de  Itoclie- 
cIh  uni,  évê(pie  d'Evreux  on  ITM),  \vs  lit 
transférer  dans  l'i-^lise  paroissiale.  La  Iftl» 
des  deux  saints  arrive  le  •i:»  in.ij. 

.MAXIME  (saint)  fui  mailynsé  durant  la 
persi''rution  de  rempen  ur  Dioch'-iieii,  a  A|iu- 
iiH'o.  Nous  ignorons  les  circoiisl.incjvs  de  son 
martyre.  l.'Eglis(>   fait  sa  fête  le  .'JO  o(  tohro. 

MÀXIME(saint)  reçut  la  couronne  du  mar- 
tyre h  Andrinople,  sous  le  règne  do  l'em- 
pereur  Maximiciii.  Il  eut  pour  comna'^noris 
(1(!  son  glorieux  marlyr(!  les  saints  'liiéodoro 
et  .\scl(''piodole.  L'Jvglise  fait  leur  immortiUo 
nn-iiioire  l(>  15  so|ilembre. 

MAXIME  (saint),  prêlre  (;t  martyr,  doiiii.i 
sa  vie  pour  la  f<ii  chrétienne  sous  l'empiie  do 
Dioclétien,  eu  rannotî  290.  11  était  de  ceux 
(pie  Pinion,  |)roconsnl  d'Asie,  avait  fait  sortir 
(i(!  prison  après  sa  conversion,  et  avait  aimj- 
nés  chez  lui  à  Uomo  à  son  retour  de  son  gou- 
vernement. Maxime  fut  bientôt  obligé,  com- 
me les  autres  confesseurs,  ses  compagnons, 
de  ([uittor  la  demeure  do  Pinion  par  crainte 
(le  la  persécution,  et  il  se  retira  dans  une  dos 
terres  (|uo  possédait  cet  ex-|)ioconsul.  Il 
était  avec  saint  Anthime.  Après  la  mort  do 
ce  saint  prêtre,  il  fut  choisi  par  ses  compa- 
gnons pour  lui  succéder  comme  dirocbnir  do 
leur  conduite.  Prisipie,  consulaire  qui  avait 
fait  mourir  Anthime  ,  envoya  piondro 
Maxime,  et,  a[)rès  l'avoir  fait  fustiger,  lo 
condamna  ^v  être  déca;àté.  Une  chose  remar- 
quable, c'est  que  Maxime  apaisa  lo  peujilo 
qui,  voulant  s'opposer  aux  ortiros  de  Pi'is(pie» 
s'était  soulevé,  et  se  rendit  de  lui-même  au- 
près du  magistrat.  L'Eglise  fait  la  fêle  de  co 
saint  le  11  mai.  (Vo//.  Lucine,  femme  de 
Pinion  ;  vVnthime,   Pimen.) 

MAXIME,  gouverneur  de  Pannonie,  sous 
le  règne  de  l'empereur  Dioclétien,  fit  mettre 
h  mort,  en  l'an  30V,  à  Sabarie,  saint  Quirin, 
évoque  de  Siscia  ,  qui  refusait  de  sacrifier 
aux  dieux  des  empereurs. 

MAXIME,  gouverneur  de  Mésie,  qui  fit 
mourir  pour  la  foi  les  saints  Nicandre  et 
Marcien,  sous  l'empire  et  durant  la  persé- 
cution de  Dioclétien,  en  l'année  303. 

MAXDIE  (saint)  est  inscrit  au  Martyro- 
loge romain  le  13  avril.  Il  souffrit  pour  la 
défense  de  la  religion,  durant  la  persécution 
de  Dioclétien,  avec  les  saints  Quintilien  et 
Dadas.  On  n'a  aucun  détail  sur  les  circons- 
tances de  leur  combat.  L'Eglise  fait  leur 
mémoire  le  13  avril. 

MAXIME  ,  gouverneur  de  Cilicie  sous 
l'empereur  Dioclétien,  fit  mourir,  en  l'an  de 
Jésus-Christ  305,  pour  la  foi  chrétienne,  les 
saints  Taraque,  Probe  et  Andronic.  {Voy.  Ta- 

RAQUE.) 

MAXIME  (saint),  martyr,  eut  l'honneur  de 
verser  son  sang  pour  la  foi,  vers  l'année  483, 
dans  la  persécution  que  Hunéric,  roi  des 
Vandales,  suscita  aux  catholiques  dans  la 
septième  année  de  son  règne.  Le  lecteur 
trouvera  des  détails  à  rarticle  de  Libérât. 


IS" 


MAX 


MAX 


m 


M.VXBIP:  (sainl),  habitait  Ostie  du  tomps 
de  rcinpereiir  Diorléli»*n.  Ce  prince  barbare 
le  ni  .trrrl  r  avec  sctii  frôie  ('.lamb*,  Prt'péili- 
gnt'.  ffiimie  tlt>  Ce  ileriier.  L'I  It'urs  deux  t'u- 
fânts,  Alexandre  etCulias.  Ils  leiiaicnt  à  ine 
des  tamillcs  les  plus  ilhi'^tres  ri  les  jilius  coiisi- 
diTablt's  du  |>ays.  D'abor  i  ils  lureit  exilés  ; 
mais  bieiilôt  les  persécuteurs,  regrettant  do 
ne  pas  s'ère  inmlrés  a>si>z  crue  s,  les  <oii- 
dainni^reut  au  feu.  Ils  subirent  tous  ensem- 
ble cet  atfreux  suppiioe.  Leurs  reliques  lurent 
jf'lées  dan-i  la  rivière:  mais  les  chrétiens 
trouvèreil  nioven  de  les  recueillir,  et  les 
enterrèrent  près  de  la  ville.  La  fête  de  ces 
saints  ni.utvrs  arrive  le  18  févi-ier. 

MAXI.MK  saint],  évè  pje  de  .lérusTlem  et 
confesseur,  mourut  à  la  (m  de  l'a-i  3V9,  ou 
dans  les  romnu^'icemeuts  de  350.  Sn  viu  en- 
tière n'avait  été  ipi  une  lulie  cunli  nielle, 
une  suite  de  combats  pour  la  religion  sainte, 
de  iaifuelh'  il  avait  l'honneur  d'être  minis- 
tre. Dans  la  per>écution  de  (lalère,  on  l'a- 
vait vu  parmi  les  plus  généreux  confes- 
seui-s  de  la  foi  chrtHienne.  Durant  r-lle 
de  Maximin  Daia,  il  reparut  sur  la  brèehe 
el  n'eo  descendit  qu'après  avoir  élé  mutilé 
j)Our  sa  sainte  cause.  Il  eut  un  œil  crevé  et 
lui  jarret  coupé.  Il  net  lit  eneore  que  sim- 
)lc  prêtre.  ï>aint  Macaire,  évèqoe  de  Jérusa- 
ftin,  l'ordonna  quel  |ue  temps  a;)rès  pour 
/évèclié  de  Diuspolis,  auipiel  il  avait  élé  ap- 
pelé. Le  peuple  de  Jérusalem  refusa  de  le 
laisser  partir.  Alors  le  saint  évè(}ue  Macaire 
s'achemina  lui-même  vers  le  sié^^e  vacant, 
laissant  le  sien  à  celui  pour  lequel  le  peu- 
j)le  mo  itr.iit  lui  si  ij;rand  amour.  Dans  celle 
émrnenle  position,  Maxime  eut  à  cond)attre 
sans  cesse  contre  les  hérétiques  :  il  n'avait 
rien  à  craindre  de  leur-  guerr  •  ouverte,  son 
courMgo  et  sa  loi  étaient  au-dossu^s  de  toule 
fail»lesse  ;  m  lis  sa  bonne  foi  fut  surprise  au 
concile  qu'on  avait  assembh;  à  Tyr  conlie 
saint  Alhatrase  :  il  se  trouvait  au  milieu  di>3 
ariens.  Qu  md  le  saint  ac-cusé  entra  dans  le 
concile  a  la  tète  de  (|uaranle-neuf  évèciucs 
cattroliqucs,  il  y  eut  iirr  moment  soieirnel 
où  la  majesté  du  vrai  triompha  de  l'errein- 
et  lui  écrasa  la  lète  du  lali>n.  Deux  vt'-tér'ans 
de  la  persécution  mareliai;  ni  en  tète  de  la 
vénérab  e  phalan-;e.  Mutilt'vs  tous  les  deux, 
ils  portaient  leurs  blessures  c omnie  le  ^lo- 
lie.ix  étendaril  de  Imir  foi  :  e'ét;\ient  sairrt 
Paphiuii;eet  saint  Potamon.  Quand  ils  virent 
au  mi  leu  des  ariens,  M.ixime,  ce  frère  de 
leurs  >ouirrani;es,  l'aplmuec.  traversant  l'as- 
semiilée,  vint  h  lui.  <  Parce  que  nous  por- 
toll^  tous  ..eux  les  mêmes  mar(pies  pour  la 
même  foi,  et  (|uc  nous  ..vous  perdu  ehainni 
un  o!il  p  Mil-  Jesiis-l^hrisl,  je  ne  puis  souf- 
frir de  vous  voir  sit''.;er  au  milieu  des  mé- 
chants. •>  Maxime  suivit  Papiinuce  qui  lui 
lit  voir  la  vi'.iit''.  ci  l'MltacIn  iiiviolal)lemeiit 
au  [larli  •l'Attianase.  Six  ans  plus  tard,  il 
refu-a  de  sn  rendre  nu  coninle  u'Anlioctie 
que  l'empereur  ai.^emldait  eu  faveur  des 
anen.H  ;  uiais  rien,  ni  son  ^mud  .l^e,  ni  les 
fali:.(ues  et  les  dani<er8  d'un  long  voyaiçe,  ne 
jjur.'ul  l'eiupèrher  de  se  rendre  au  eoiicile 
do  Sardique.   En  l'an  3W,  saint  Athanase, 


revenant  d'exil,  passa  par  la  Palestine,  où 
les  évêques  qui  avaient  si-^ué  sa  condamna- 
tion viment  lui  t-n  témo'gner  leur  eha^rin 
el  lui  en  demander  pardon.  Stint  Maxime 
les  réunit  tous  à  Jérusalem.  Une  lettre  sy- 
nodale, dans  larpielle  un  témoig  lage'  écla- 
tant était  rendu  ii  l'orthodoxie,  fut  écrite 
aux  évêques  des  provinces  voisines  et  à  la 
ville  d'Ale\an<irie,  Ce  fut  le  dernier  acte 
marfpiant  du  saint  évêque  :  Dieu  l'.ippela  à 
lui  au  temps  que  nous  .ivons  dit  plus  haut. 
Il  fut  le  quarantième  évè(jue  oe  Je  iisaiem. 
L"Ivj;lise  honore  sa  mémoire  le  5  mai. 

M.VXIMK  (saint),  confesseur,  reçut  le  jour 
.^  Conslantinople,  dans  le  sein  d'une  famil'e 
des  |)l.iS  illostn-s  et   des  plus  ancieiin'S  de 
la  cité.  Il  eut  des  maîtres  h.tbiles   qui  rele- 
vèrent co  iformément  h  sa  naissance.  L'em- 
pereur Héraclius,  ayant  enten  lu  parler  de 
la  science  et  des  talents  de  noire  saint,  se 
l'altacha  en  (pialilé  de  secrétaire  d'Eiat.  Il 
élait  d'une  modestie  si  grande,  qu'il  ne  se 
croyait  aucunement  digne    des  •  honneurs 
aux(juels  on  l'ilevail.  11  désirait  ardemment 
1.1   solitude,  djiis  la  crainte  ipie  son    cd'ur 
vînt  à  changer  et  se  laissât  aller  h  la  vanité. 
Ce  fut  h  celle  époque  que  le  monothéiisme 
fit  le  plus  de  progrès.  Il  donvnait  ;\  la  cour, 
et  la  faveur  que  le  prince  lui  accordait  lit 
que  Maxiriie  désira  sortir  d'un  emploi  où  sa 
foi  devait  être  constamment  en  lutte  avec  ce 
que  sa  lidélilé  devait  à  l'empereur,  qui   le 
chargeait  sans  cesse  d'exé  uter  des  ordres 
(jue  sa  conscirncH  réprouvait.  Il   se  démit 
de  ses  fonctions   et  se  retira    dans  un  mo- 
nastère. Ce  fut  h  Chiysopolis  qu'il  alla   so 
soustraire  au   monde   et  aux  honneurs  qui 
lui   avaient  été  si    hmrds.  Héraclius   étant 
venu  ;\   mourir,    ('oiistanlin,  l'ainé   de  ses 
lils,  lui  succéda  en  GVl.  Comme  son  père,  il 
se  montra  très-favorable  à   l'hérésie  ;  mais 
il  iKî  régna  (pre  rent  trois  jours  On  accusa 
sa  belie-mèie  .Martine  et  le  patriarche  Pyr- 
rhus de  lui  avoir  été  la  vie.  Ce  q\ù   contri- 
bua il  aerrédiler  cette  accusation,  c-  fut  lo 
choix  (|ue  tirent  ces  deux  personnages  il'Hé- 
raeh'onas  (ils  de  .Martine,  pour  le  mettre  sur 
II'  Irô  u'  i>  la  |)laco  de  Constant,  second  lîls 
d'iléraclius,  et  par  conséquent  héritier  na- 
turel du  trône;  m.ùs  avant  la  tin  de  r.mnée, 
le  peuplée!  le  --énat  bannirent  .Martine  et  son 
lils.  el   it't.iblirt  nt  Constant  dans  lous   ses 
droits.    On   montra  dans  ces  circonstances 
une  fiTocili''  (pn<    l'histoire   n.»  saurait  trop 
stigmatiser.  .Martine  eut  la  langue  arrachée. 
Héiacléonas.   son    lils,   eut    le   ne/,  coupé. 
Ou.int  i»  Pvrrhue.  ayant  peur  que  la  jus  ice 
populaire  lui  fil  un  sort  pareil,  il  se  relira 
secrèleme.d  de  Couslanlino;  le  et   pasNa  .  n 
Abiqiie.  Dans  ee  pays,  il  lit  tous  ses  eiforts 
pour  jiK)  lager  le  monothéiisme.  Il  y  trouva 
.s.iinl   Ma\im.>,  (|iii    de|Miis   quelque  temps 
s'y  éla  t  relir.'.  (iiégoire,  p.iliiec  «t  gouver- 
neur d'Abii|ue,   lit  son  possible  pour   que 
M.txiine  eiU  une  conférenee  avec  Pyrrhus. 
Celte  confeience  eut   lieu   en  elîel,  au  mois 
(lejuilleltVio.  Plusifur^evèquesy  assistèrent, 
avec  un  grand  nombre  de  pcrsormarfes  dis- 
tingués. Maxiiin>  \    confondit   Pyrrnus,   et 


IhO 


M\\ 


M\X 


i'.,(\ 


prmiv/\  rcnili'f  fui  qu'il  y  t\  r('(rllfim"il  dt'iix. 
pcisniiiM^s  («Il  .Irsiis-Clirisl.  I»\  nliiis,  com- 
v.iiiicii,  m  l'f^lntcl/ilioii  ciitn^  los  iiiM'ns  du 
impc  des  ddclriiics  iju'il  Mvjiil  jus  iiit'-I;i  iid- 
r('ss(^(>s  ;  itinis  bii'ulAl  /iprrs  il  roloiid).!  il.iiis 

SOS  tTHMirS. 

A  t'cllo  (''|io(pi(',  r.'iiil  qui  ('liiil  sur  le  sic^^r 
(hMlo'isl.iiiliiKipIr,  cl  qui  ('tiiil  aussi  iiioiio- 
(lii'lilc,  ohliiit  d<'  rcmiMTi'iir  im  (''dil  (pii  d»'*- 
i'i'iid.nl  dr  s'occuper  tic  celle  question.  Cel. 
(Mil,  nommé  ////><•  on  fitrmnUtirv,  parut  en 
()'iN.  (Jiuuid  i(^  pape  Tlieodore  appi'il  la  con- 
duile  do  Pyrilois,  il  liiil  dans  l'éi^lise  de 
8aint-Pieri'(>  ime  asstmihh'c  où  il  prononça 
iiim  senfeiice  d'excommunicalion  cl  d(^  dé- 
])(»sition  contre  l\vrrlius.  Il  11!  la  iiiéimî 
rlioso  contre  Paul.  Il  condamna  aussi  Ic'dil 
dt!  (amsiant.  Il  ne  put  terminer  celto  all'aire, 
car  il  iMourul  li>  'iO  avril  (i'iO.  (le  l'ut  saint 
Martin  (pii  lui  succéda.  Maxime  vint  trou- 
ver ee  nouv(>au  pape,  et  assista  au  concile 
de  l-alran  ipi'il  présidait.  .\[>r(\s  la  mort  de 
l'aiil,  Pvrilius  t'ul  remis  sur  le  siège  do 
(]()'islautinople  ;  mais  il  n'y  resta  (]ue  fort 
peu  do  leuqis  :  cpiatre  mois  et  vingt-trois 
jours.  Il  eut  [lour  successeur  un  préire 
nommé  Pierre,  et  aussi  monothélile.  Kn 
6;k),  après  la  mort  de  saint  Martin,  saint 
Maxime  fut  arrêté  ^  Home  el  conduit  à  C(nis- 
taulinople  avec  les  deux  Anastase,  l'un  soi 
disciple,  l'autre  qui  avait  été  nom^e  de  l'Iî 
glisc  romaine.  Dés  le  soir  de  leur  arrivée, 
deux  ollic  ers  avec  dix  soldais  les  vinrent 
jirendre,  les  emmèneront  prestpu^  nus  du 
vaisseau  el  les  mirent  dans  diverses  prisons, 
où  ils  furent  très-fort  maltraités.  Au  bout 
de  (pielquos  jours,  oi  les  mena  au  palais, 
où  le  sénat  était  assemblé  el  où  se  trouvait 
une  grande  multiludo  do  peuple.  Quand 
Maxime  eut  été  introduit,  le  sacellaire,  ou 
trésorier  impérial,  lui  adressa  de  très-durs 
reproches  et  lui  demanda  s'il  était  chrétien. 
«  Oui,  par  la  grAce  dî  Dieu,  »  répondit 
Maxime  ;  alors  le  sacellaire  l'accusa  de  tra!ii- 
soii,  lui  disant  qu'il  avait  engagé  Pierre,  qui 
gouvernait  la  Numidie,  à  ne  pas  envoyer  de 
troupes  en  Egypte,  ce  qui  faisait  que  les 
Sarrasins  s'étaient  emp.u'és  de  ce  pays,  de 
la  Penta()ole,  de  Tripoli  el  de  l'Afrique  pro- 
consulairo.  Le  saint  se  justilia  très-facile- 
nuMit  de  ces  accusations  ;  mais  il  avoua  par- 
faitement avoir  dit  h  Uoiue,  à  un  oilicier, 
3ue  l'empereur  ne  possédait  pas  le  sacer- 
oce,  ijue  l'union  décrétée  par  son  édit  ne 
pouvait  être  reçue  ;  quj  le  silence  qu'il 
orduniiail  équivaLiit  à  la  destruction  ab->:o- 
lue  de  la  fui,  ce  qui  jamais  iie  pcjuvait  être 
licite  ;  que  sur  le  terrain  de  pareils  princi- 
pes, les  juifs  et  les  chrétiens  pouvaient  se 
réunir  el  s'entendre  ;  que  les  premiers  n'a- 
vaient pour  cela  qu'à  sacrdier  la  circonci- 
sion et  les  autres  le  baptême.  Le  sacellaire, 
au  lieu  de  répondre,  dit  qu'un  homme  tel 
que  Maxime  ne  pouvait  demeurer  dans 
l'empiie.  Plusi'^urs  des  assistants  se  réuni- 
renl  à  lui  pour  accabler  le  saint  d  injui es. 
Après  cela,  on  procéda  à  l'interrogatoire 
d'Anastase,  disciple  du  saint.  II  avait  la  voix 
très-faible,  et  comme  il  lui  était  impossible 


do  se  faire  onlendie  de  rassemblée,  les 
g/itdcs  le  so'illleterenl  avec  l/iiil  do  barbarie, 
ou'ils  le  laisseront  dofiii-inorl.  On  recon- 
finisil  Maxime  et  son  disci  le  en  piisoii.  I.e 
même  soir,  le  palricc;  'l'roile  vi  II  vou'  .Maxi- 
me, pour  rengager  A  rommii  iiqiior  avec  jo 
patriarche  de  (!oMslanliiio|)|e.  Le  -aitil  do- 
inatida  (pi'.ivanl  loiil  le  |)(ilriarclic  el  les 
.siens  (txcommuniassonl  les  monolliélili*^, 
(pli  avaient  été  condamnés  |  ar  le  concile  do 
Lalran.  l's  lui  direni  :  »  Vous  nous  con- 
damiKïZ  donc  lous  ?  —  Jo  n(5  vous  cond/irnno 
pas,  dit-il,  Diini  me  gardi;  de  (ondamner 
peisnniie  ;  mais  je  jiréférorais  mourir  (pie 
(piilbn-  la  vraie  foi.  »  Los  o(li(  iers  lirent 
tous  hnirs  ell'orls  pour  le  p(n^uad(n"  d'accep- 
ter le  typ(^  cl  d  (Ml  recotiiiaitre  les  disposi- 
tions :  ce  fut  en  vain.  H  dil  «piil  n'atlaipiail 
on  rien  la  ptn'sonno  de  r(niip(n(nir  ;  (pi'd  no 
rac(nisail  pas  d'hérésio,  el  (pi'.l  cro>aii  (pu; 
le  ////><'  n'était  |)as  s(»n  (ouvre,  mais  bien  lo 
fait  des  eiuieniis  des  chrélitnis,  cpii  avaii  nt 
surpris  sa  bonne  foi.  HimibM  après,  .Maxime 
et  Anastas(>  subirent  un  second  interroga- 
toire au  [lalais,  dans  la  chambre  du  coi  s(!il, 
on  présence  du  sénat,  do  Pierre,  patriarche 
de  Conslaiilinople,  de  Macaire,  [latriarcho 
d'Alexandrie,  lous  doux  nio no  héliles.  Ils 
dirent  (pi'ils  ne  (|uillerai(nil  jamais  la  foi  de 
leurs  pères,  et  qu'ils  s'en  tiendraient  aux 
décisions  du  concile  de  Lalran.  On  les  re- 
conduisit en  i)rison. 

Le  jour  de  la  Pentecôte,  on  vint  voir 
Maxime,  de  la  part  du  patriarche  Pierre, 
poui-  l'oïigager  h  obéir.  On  le  un  naça  de  l'ex- 
(îounnuiii  r  et  de  le  faire  mourir  d  une  mort 
très-cruelle.  «  Je  ne  crains  rien,  dit-il  :  que 
la  volonté  du  Seigneur  soit  l'aile  à  mon  su- 
jet. »  Ce  fut  le  lenJ.niam  qu  on  {>ioiiOiiça 
contre  lui  la  peine  de  l'exil.  Celle  p  ine  lui 
fut  commune  avec  les  eux.  Anastase.  Il  eut 
pour  lieu  d'exil  le  château  de  Bizye  ;  Aiuis- 
tase  l'apocrisiaire  fut  relégué  à  Sélimbrie, 
et  l'autre  Anastase  à  Porbère.  Us  furent  en- 
voyés tous  trois,  sans  provisions  de  bouche 
et  seulement  avec  quelques  haillons  qui  les 
couvraient  à  peine.  Quelque  temps  après, 
des  conunissaires  furent  envoyés  poiir  exa- 
miner de  nouveau  le  saint  dans  son  exil. 
Parmi  eux  se  trouvait  un  évêque  nommé 
Théodose.  Les  raisonnements  de  M.ixime 
convainquirent  cet  .évêque,  qui  partit  en 
donnant  raison  sur  tous  les  poiids  aux  gé- 
néreux confesseurs,  el  en  lui  laissant  une 
petite  somme  d'argent  et  quelques  vête- 
mtnits.  On  signa  même  une  réconciliation 
dans  laquelle,  de  part  et  d'autre,  on  adiin-t- 
tail  que  ie  type  ne  pouvait  pas  être  reçu. 
Mais  cette  réconciliation  ne  servit  à  rien. 

L'emifereur,  en  6oG,  envoya  à  Bizye  le 
consul  Paul,  auquel  il  donna  l'ordre  d'ame- 
ner Maxime  au  monastère  de  Saint-Théo- 
dore de  Kège,  situé  près  de  Constantinople. 
Sans  égard  pour  l'âge  de  notre  saint  et  pour 
le  rang  élevé  qu'il  avait  occupé  à  la  cour, 
on  le  traita  en  route  avec  la  dernière 
cruaulé.  Ce  fut  le  13  septembre  qu'il  arriva 
à  Rège.  Epiphane  et  Troïle,  patrices,el  l'évê- 
que  Théodose  Vy  vinrent  trouver  :  ils  lui 


IM 


MAX 


MAX 


192 


rappol^roiit  lo  promesse  qu'il  nvnit  faite  d'o- 
béir h  l'enipcrcur.  «  Oui,  dit  le  s.iinf,   pour 
tout  ce  (pii    n'est    pa>^   du    domaine   spiri- 
tuel. »  I^e  palriee  Kpi|>hane  lui  dit  :  «  Ecou- 
tez l'envovt^  (If  l'ompcreiir  :  tout  rOccidiril, 
et  tous  ceux    qui   ont  été  séduits  en  Orient 
ont  les  yeux  fixés  sur  vous.   Voulez-vous 
communirpifT avee  nous  ef  rt-revoir  If  fj/pr? 
Nous  virndrons  vous    saluer  m  persoiuie  ; 
nous  vous  j)résenterons  la  main  ;  nous  vous 
conduirons  dans  la  grande  église  pour  y  re- 
c<n-oir  ensemble  le  corps  et  le  sang  de  Jésus- 
Christ,  et  nous  vous  reconnaîtrons   publi- 
quement  pour    notre    père.   Nous   sonunes 
persuadés  que  tous  c-'ux  qui  s'étaient  sépa- 
rés de   notre  communion  ne  vous  verront 
pas  plutôt  comnuniiquer  avec  le  sainl-siége 
«le    Constantinople,    qu'ils     suivront    voire 
exemple. — Seigneur,  dit  Maxime,  en  adres- 
sant   la    parole  à  révè({U(!  Théodose,  nous 
attendons  tous   le  jour  du  jugement.  Vous 
connaissez  l'accord  solennel  (jui  a  été  fait 
entre  nous,  et  qui  a  été  ratifié  sur  les  Evan- 
giles, sur  la  croix,  sur  l'image  de  Jésus- 
Christ  et  sur  celle  de  sa  sainte  Mère. — Que 
'ouliez-vous   que  je  fisse,  répondit  Théo- 
dose  en  baissant  la  tùte,  et  avec  le  ton  d'un 
homme  qui  cherche  à   faire  sa   cour;  que 
vouliez-vous  ([ue  je  fisse,    en    voyant  cpse 
l'enq^ereur  était  d'un    autre  sentiment?  — 
Pourquoi  donc,  répli(iua  Maxime,  mettiez- 
vous  la    main  sur  les    Evangiles?  Quant  à 
moi,  je  vous  déclare  que  rien  au  monde  ne 
me  fera    faire   ce  que  vous  me  demandez. 
Quels  reproches  n'aurais-je  [)as  à  essuyer  do 
ma  conscience,  et  (jue  pourrais-je  répondre 
à    Dieu,  si  je  renonçais    «i  la   foi  pour  des 
considérations  humaines?  » 

A  cet  instant,  transportés  de  fureur.  Ions 
les  membres  de  l'assemblée  se  lèvent,  S(>  jet- 
tent sur  l(!  saint,  le  soulllèlenl,  lui  arrachent 
la  barbe,  le  couvrent  de  crachats  et  d'ordu- 
res, l'accablent  en  un  mot  des  traitements 
les  plus  grossiers  et  les  plus  outrageants. 
«  On  ,1  tort,  dit  Théodose,  d'en  agir  de  la 
sorte  h  son  ('-gai-d,  il  sullisait  de  rappoi  ter 
sa  réponse  <»  rem[)ereur.  »  On  cessa  donc 
les  mauvais  lrail(nuents,  et  l'on  s'en  tint  aux 
injiues  et  aux  reproches.  Alors  Troile  dit 
au  saint  abbé  :  «  On  ne  vous  demande  que 
de  signer  le  ////)/•;  vous  croirez  dans  votre 
ra'ur  tout  ce  que  vous  voudrez.  — Ce  n'est 
pas  seulement  dans  le  cœur,  repartit  Maxi- 
me, (]\\o  Dieu  a  renfermé  notre  devoir  ;  nous 
sommes  aussi  ob  igé-s  de  conl'e.-.ser  Jésus- 
Christ  devant  les  honuues.  —  Si  l'on  m'(>n 
croyait,  dit  Epiphane.  on  vous  lierait  à  un 
pole.iu  au  nnbeu  de  la  vdle,  alin  (pie  la  po- 
pulace idIU  vous  soullleler  et  vous  couvrir 
de  crachats.  —  Si  les  barbares  nous  laisstMil 
un  peu  respirer,  du-ent  (pu'l(|ues  autres, 
nous  vous  traiterons  comme  vous  le  méri- 
tez, vous,  le  p,'q»e,  et  Ions  vos  sectateurs. 
r,eux-ci  dirent  :  .Mlons  dîner,  puis  nous  ren- 
drons compte  à  rem[)ereur  de  tout  ce  (lui 
s'est  passé.  Cet  h(jnnuo  est  possédé  du  tlé- 
mon.  u 

Eo  lendemain,  des  soldats  le  conduisirent 
h  l'crbère,  où   on   le   mit  en  prison.  Après 


quelque  temps,  on  le  ramena  h  Constantino- 
ple  avec  les  deux  Anastase  ;  ils  furent  cilé-s 
(1(  vaut  un  pseudo-cnricile,  composé  de  mono- 
thélites,  qui  les  anathémalisa  ainsi  que  le 
Pjqie  Martin,  So[)hrone  et  leurs  adhérents. 
Voici  le  texte  de  la  sentence  prononcée  con- 
tre eux  par  le  synode  et  par  le  sénat  :  «  Ayant 
été  condamnés  canoniquement.  «ous  mérite 
riez  de  subir  la  sévérité  de  la  loi  pour  vos  im- 
piétés. Mais  quoicju'il  n'y  ait  point  de  puni- 
tions proportionnées  h  vos  crimes,  nous  ne 
voulons  ()as  vous  traiter  suivant  la  rigueur 
de  la  loi  ;  nous  vous  laisserons  la  vie,  vous 
abandonnant  h  la  justice  du  souverain  juge. 
Nous  ordonnons  au  préfet  ici  présent  de 
vous  conduire  au  prétoire,  où,  a|)rès  vous 
avoir  fouettés,  on  vous  arrachera  la  Iangu(>, 
(pii  a  élé  l'instrument  de  vos  blasphèmes; 
l'on  vous  coupera  la  main  droite,  avec  la- 
quelle vous  avez  écrit  ces  blasphèmes.  Nous 
voulons  que  l'on  vous  promène  ensuite 
dans  les  douze  «piartiers  de  la  ville  ;  |>uis 
que  vous  soyez  bannis  et  emprisonnés  le 
reste  de  vos  jours,  pour  ex[>ier  vos  péchés 
par  les  larmes,  v 

.\[)rès  avoir  souiïert  les  j)eines  f)ortées 
dans  la  sentence.  Maxime  et  les  deux  Anas- 
tase  furent  exilés  chez  lesLazes,en  Sarmalio 
d'Eurojie  :  on  les  sépara.  Le  moine  Anas- 
tase  fut  envoyé  à  Sumas  ;  il  y  mourut  de  fa- 
tigue et  de  douleur,  le  ii  judlet  suivant. 
(Les  saints  étaient  arrivés  dans  leur  exil  lo 
8  juin  662.)  L'autre  Anastase  lui  survécut 
fort  peu  de  temps.  Maxime,  brisé  de  fatigue 
et  très-sou  If  rant  de  ses  blessures,  no  pou- 
vait sufiporter  le  cheval^:  on  le  porta  en  li- 
tière au  chAteau  de  Schcmari,  chez  les  A- 
lains  ;  il  mourut  h  la  tin  de  cette  aiunn»  ou 
au  commencen)ent  de  la  suivante.  Agé  de 
quatre-vingt-deux  ans.  L'Eglise  fait  sa  fête 
le  i;{  aoiU. 

.MAXIME  \saint),  évèque  et  confesseur, 
souiliit  beaucou|)  .^  Mavence  de  la  part  des 
ariens,  et  nmurui  avec  la  cpialité  de  confes- 
seur. L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  18  novem- 
bre. 

MAXIME  ^sailli),  souffrit  les  tourna  nls  et 
la  mort  pour  la  défenst>  île  sa  foi,  avec  Paul 
son  père,  Talle  sa  mère  et  ses  trois  frères 
Sabinien,  Huf  et  Eugène.  Ayant  été  accusés 
de  faire  profession  de  la  religion  chré'tienne, 
ils  furent  charges  di^  coups  et  endurèrent 
d'autres  tourments  dont  les  dilférentes  cir- 
constances ne  sont  point  parvenues  jus(|ir.\ 
nous,  et  dans  lesiincls  ils  rendirent  lAme  h 
Dieu.  On  ignore  la  date  et  le  lieu  de  leur 
martyre.  L'Eglise  fait  leur  fùtc  le  25  sep- 
tiMubre 

>LVXIME  (Sainte),  reçiit  la  ronronne  du 
mart\n'  en  ,-M"riqin\  avec  saint  JanviiT  et 
sainte  Macane.  Les  .\ctes  des  martyrs  ne 
nous  ont  laissé  aucun  document  relatif  à 
ces  saints  condtatlants.  L'Eglise  fait  leur 
fête    le    S  avril. 

MAXIME  (sainte,  martvr,  était  otricier 
d'Almaque.  préfet  du  jiretoire  h  Home.  T»'- 
moMi  du  courage  avec  lequtd  Valérien  et 
Tiburce  son  frère,  le  premier  mari,  et  le 
second  beau-frère  de  sainte  Cécile,  endu- 


iW  MAX 

rHifiit  li««!  tniirnionts  pour  lii  foi,  so  conver- 
tit («l  lui  rr;i|i|H''  avec  dt's  conlfs  ^/iriiics  de 
i.loml).  iiis(|u'a  Cl'  (|ij'il  (•\iMn\l.  I/I-Ii^Iim-  (•('- 
Irlin-  s'a  ('(Mti  lo  IV  avril.  Ses  acli-s  n'ont, 
CDiiiiiKMUMix  (If's  saillis  (|iii'  nous  vciiniis  do 
iKiiiimi'r,  aiinuic  aiiloritt'.  [Voij.  Ci  iii.i;.) 

M.WIMK  (sailli),  diacre  ot  martyr  h  Ahio, 
|,|-,\s  (i'A(|iiila  da-is  i'Ahhiu/./.c,  ('-lail  si  iiii- 
p.ilic'U  de  soiilViir  l(*  marh  re,  (|u'ii  se  dr- 
(•(iiivril  hii-miMiic  aux  itciséciiUnirs  (|iii  io 
chcrciiaitMit.  Imnirdialcnienl  il  lut  siis|»riidu 
cl  louniUMilc^  sur  i(>  cln>valcl,  (il  ci  ucllnuciil 
l'ia|t|)c  à  (-ouiis  d(>  l);\loii,  cl  culiii  prccipitc 
d'un  lieu  fort  ci(iV(^.  iW  fut  par  ce  dernier 
supplic(>  qu'il  rendit  son  Aine  h  Dieu.  I/I''- 
j;lise  »'(M(M)ro  la  f(Ho  de  ce  saint  diacre  et 
nmrlyr  lo  10  octobre. 

MAXIMl'.  (sainte),  fut  nn\v(\  à  Sinnicli,  h 
caust'  de  sou  amour  pour  la  religion  et  la 
foi.  l'Ile  eut  pour  compajjçnon  do  sou  mnr- 
Ivre  l(>  sailli  priMre  Monlaii.  Ils  sont  inscrits 
au  .Mart,>roloi;o  romain  le  2()  mars. 

MAXIMK  (sainte),  fut  martyrisée  en  Afri- 
que avec  UMC  autre  sainte  femme  nommée 
Macarie  et  saint  Janvier.  Nous  n'avons  point 
de  délails.  L'Ejjlise  honore  leur  mémoire  le 
8  avril. 

MAXIME  (sainte) ,  vierge  et  martyre. 
Voici  ce  (pi'h  propos  d'elle  nous  troiivtuis 
dans  le  Martyrologe  romain  :  «  A  Tubuihc 
en  AiVique,  les  saintes  vierges  et  martyres 
DoMalille,  Maxime,  et  Seconde.  Les  deux 
jtremières,  durant  la  persécution  de  Valé- 
rien  et  (lallieii,  furent  abreuvées  de  vinai- 
gre et  d(î  liel,  puis  décliirées  à  coups  de 
louet,  étendues  sur  le  chevalet,  rôties  sur 
un  gril,  frottées  avec  de  la  chaux,  enfin  ex- 
})Osées  aux  bêles,  avec  Seconde,  jeune 
vierge  âgée  seulement  de  douze  ans  ;  mais, 
n'en  ayant  reçu  aucun  mal,  elles  furent  égor- 
gées. »  L'Eglise  fait  la  fêle  de  ces  trois  sain- 
tes le  30  juillet. 

MAXIME  (sainte),  fut  martyrisée  à  Rome, 
sous  le  règne  de  l'empereur  Dioclétien,  avec 
uu  autre  combattant  de  la  foi  nomuié  Ansau. 
Ils  expirèrent  sous  les  coups  de  bâtoti  dont 
les  bourreaux  les  accablaient.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  2  septembre. 

MAXIME  (Galère),  succède  à  Maxime, 
gouverneur  de  Carthage.  Il  fait  revenir 
saint  Cyprien  d'exil,  le  iS  septembre  258  ;  il 
se  le  fait  amener  à  Sexti  le  li  du  môme 
mois.  {Voîj.  la  Vie  et  les  Actes  de  saint  Cy- 
prien à  son  article.)  Très-peu  de  jours  après 
la  mort  de  saint  Cyprien,  ce  gouverneur  alla 
lui-môme  rendre  compte  de  sa  conduite  de- 
vant Dieu. 

MAXIME,  juge  qui  condamna  à  mourir 
pour  la  foi  saint  Jule,  vétéran,  à  Durostoro, 
dans  la  seconde  Mésie. 

MAXIMIEN  (saint),  martyr,  disciple  et 
compagnon  des  travaux  de  saint  Lucien,  le 
suivit  dans  sa  retraite  avec  saint  Julien  sur 
la  montagne  de  Montmille,  à  une  lieue  d'A- 
miens, quand  il  s'y  relira  pour  éviter  les 
persécuteurs  chargés  par  Julien,  préfet  du 
prétoire,  de  le  mettre  à  mort.  Il  fut  trouvé 


MAX  V.ii 

dans  ce  lieu  et  iii/irl \ risé  nvftc  s/iinl  Julir-n 
«jUflipic  ii'iiips  nv/iiil  haiiit  Liuii-n.  L'éj^lis» 
ue  'Irjiuv.iis  ffg.'irde  coiiiim:  o^l^^inalI•e.s  dw 
(•ell(f  ville  ot  prêtres  Ions  U'H  deux,  Haiiit 
M.'iximieii  et  sjiiiit  Julien.  Ils  sieil  iiiscrili  au 
M,iil\  iolu;;e  s(mis  I.i  i\;\\r  du  Mj/uivht. 

MAXI.MII'.N  (saint),  lui  I Un  d(!s  rjuar/intr)- 
liuil  inaityrs  mis  h  iiioil  a\ec  saint  Salurnin 
vu  yM'rique,  sous  le  proconsul  Anulin,  en 
l'an  de  Jésus-Clirist  .'JO.'i,  sous  h;  |•('•^'M'  et 
dînant  la  persécution  atroce  (lue  l'innmrj 
Dioclélien  suscita  contre  ri';;.!;lise  du  Sei- 
gneur. (Vol/.  Satiiumn.)  L'Eglise  célèbri-  la 
fêle  de  tous  ces  saints  martyrs  h;  U  fé- 
vrier. 

MAXIMIEN  (saint),  évêcpu;  et  confesseur, 
.soull'ril  h  Uavenne  poui-  l'honneur  de;  la  reli- 
gion clii'i'lieiine  et  pour  la  délense  de  sa  foi. 
Nous  ignor  'lis  compléliîirKMit  à  (pielle  épo- 
que il  con'ossa  Jésus-Christ  et  dans  quelles 
circonstances.  Il  est  inscrit  au  Marlyrologe 
romain  le  21  février. 

MAXIMIEN  (saint),  év6(fuc  de  Bagaie  en 
Afriipie,  ayant  été  deux  fois  cruellement 
ni.dlraité  par  les  donatisles,  fut  enlin  préi  i- 
pilédu  haut  d'une  lonr  élevée  et  laissé  pour 
mort.  Peu  de  temps  a[)rès  il  passa  au  repos 
du  Seigneur,  avei'  la  gloire  d'une  géné'euse 
confession.  Son  nom  est  inscrit  au  Marlyro-^ 
loge  romain  le  30  octobre. 

MAXIMIEN  HERCULE  {Aiirelius  Maximta- 
nus  Jlcrculcs),  empereur  romain,  na(juit  dans 
le  voisinage  de  Sirmium,  ville  de  Pannouie, 
cette  contrée  qui  fut  si  longtemps  comme  la 
pé()inière  des  empereurs.  D'aijord  simple 
soldat,  il  monta  peu  à  peu  en  grade,  el  bien- 
tôt s'éleva  aux  premiers  degrés  de  la  milice. 
En  292  Dioclétien,  sou  compagnon  d'armes 
el  son  ami,  le  choisit  pour  collègue  et  so 
l'associa  au  gouvernement  de  l'empire.  Il  lui 
donna  l'Occident  à  gouverner.  Quand  Dio- 
clétien eut  nommé  deux  césars,  Maximien 
eut  la  su[)rématie  sur  Constance,  qui  avait 
le  gouvernement  des  Gaules.  Ce  prince  fut 
un  féroce  persécuteur  de  l'Eglise.  Il  com- 
mença à  tourmenter  et  à  poursuivre  les 
chrétiens  presque  aussitôt  qu'il  eut  l'auto- 
rité. On  peut  voir,  j)ar  liiisloire  de  la  légion 
Thébaine,  à  quel  degré  de  cruauté  inouïe 
il  poussait  sa  haine  contre  le  nom  de  Jésus- 
Christ.  Ilictius  Varus  et  Dacien  furent  deux 
des  principaux  exécuteurs  de  ses  ordres  bar- 
bares :  les  fastes  de  l'Eglise  sont  remplis  de 
l'histoire  de  ses  cruautés.  L'an  305,  il  ab- 
diqua le  pouvoir  avec  Dioclétien  et  rentra 
dans  la  condition  privée,  mais  ce  fut  à  con- 
tre-cœur. Quelque  temps  après,  aidé  de  son. 
fils  Maxence,  il  reprit  la  pourpre.  Le  vieux 
Maximien  oublia  bien  promptement  qu'il 
devait  la  pourpre  à  son  fils  ;  ayant  voulu  le 
détrôner,  il  fut  abandonné  parses  soldats  et 
obligé  de  se  réfugier  dans  les  Gaules,  auprès 
de  Constantin,  son  gendre.  Ce  prince  avait 
épousé  sa  fille  Fausta.  Là  son  humeur  am- 
bitieuse,  ses  habitudes  criminelles  prirent 
encore  le  dessus  :  il  voulut  le  faire  assassi- 
ner, afin  de  régner  à  sa  place.  La  cons[)ira- 
tion  avant  été  découverte.  Maximien  fut  ré^ 


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MAX 


MAK 


m 


diiil  h  sp  rpnf»'rni(^r  <lnns  li  vill»^  do  Marsoille, 
et.  so  volatil  sur  le  point  iï'y  être  furc<^.  il 
s'étrani:;la  Ct'Ite  lin  a  élv  justement  regardée 
comme  une  punition  divine  inlli^t'e  ;i  ce 
pri'K  e  pcrsj'culeur.  (^  oy.  Lactani.k,  de  Mnrtc 
prrsccutorum.  Voy.  aussi  l'article  Galère, 
dnns  li'cpiel  l'hisloire  do  Maximien  est  pres- 
que entM^'r"  ineorporéf.) 

MAXIMII.IKN  (sainte  martyr  h  Ephèso, 
est  ÎHé  ar  l'Eglise  le  27  juillet  :  il  est  l'un 
des  sept  dormants  dont  saint  (ir«''goiro  de 
Tours  nous  a  donné  une  histoire.  Voy.  Dor- 
>r  WTS    I.rs  srpt), 

MAXIMILII'N  (saint),  était  fils  d'un  soldat 
romain  nonniK'  Victor.  Ayant  refusé  do 
prendre  lo  baudrier,  parce  que  la  prof  ssion 
des  armes  était  désormais  in'^épaïahle  de 
l'idol.'itrie  d'après  les  ordres  que  Diocléticn 
venait  de  do-mer,  il  fut  conduit  de\ant  le 
procorisnl  qui,  lui  trouvant  la  taille  requise, 
voulut  le  marquer  à  la  main  et  lui  mettre  le 
collier  do  plonib  sur  lequel  étaient  gravés  le 
nom  et  la  devise  du  prnico.  Notre  saint  re- 
fusa courageusement ,  et  fut  condamné  par 
lo  proconsul  à  avoir  la  tète  tranchée.  Il  souf- 
frit le  martyre  en  296,  Agé  de  vingt  et  un  ans 
et  quelques  mois.  L'Eglise  fait  sa  mémoire 
le  12  mars.  Ses  Actes  authentiiiues,  donnés 
par  Ruinart,  s'expriment  ainsi  : 

Lofpiatriémed  s  ides  de  mars  (le  12  mars), 
sous  le  consulat  do  Tuscus  et  dAnulin,  h 
Thébosle  en  Numidic,  Maximilien  ayant  été 
présenté  an  proconsul  Dion  ()ar  Fabius  Vic- 
tor, com\uissaire  des  guerres  en  Afrique, 
Pompéian,  procureur  de  l'empereur,  dit  : 
«  Le  counnissaire  Fabius,  et  Valérien  son  col- 
lègue, préposes  par  César  à  l'enrôlement  des 
nouveaux  soldais,  ont  amené  ici  Maximi- 
lien, lils  de  Victor,  et  ]e  présentent  pour 
être  enrôlé.  Et  d'autant  qu'il  lue  paraît  tel 
(|U''  les  ordonnances  le  vcident,  je  requiers 
(pi'il  soit  prcsentemenl  mesuré.  »  Le  pro- 
consul ,    regardant    Maximilien  ,    I 


Le    [ 
ui   d 


it 

«  Coujment  vous  appel le-t-on'.'  »  Maximilien 
répond  t  :  «  Pouiquoi  voulez-v  tus  savoir 
mon  nom  ?  Je  vous  déclare  que  je  ne  pré- 
ten<N  point  m'ei  rôler,  parce  (pie  je  suis 
chreli  n.  »  Le  proi'onsul  répliqua  :  «  N'im- 
porte, qu'on  ne  laisse  pas  do  voir  s'il  est  de 
taille  T'  quisc.  »  l'A  pendant  ([u'on  le  mesu- 
rait, il  c(»nlinuail  à  prote.-.ler  contre  la  vio- 
lence qu'on  lui  taisait  :  «  Que  sert  tout  cela  '? 
Je  vous  dis  (juo  je  ne  saurais  prendre  pai  ti 
dans  les  troupes  de  vos  Césars  ;  «'t  la  lai- 
soH,  c'est  que  je  suis  chrétien.  »  Le  procon- 
sul :  (t  Qu'on  le  mesure.  »  Kt  après  qu'il 
eut  été  mesuré,  un  (»llicier  dit  :  «  Il  a  cin(( 
pieds  dix  pouces  (I).  »  Le  proconsul  dit  n 
l'ollit  ipr  :  n  Qu'on  le  marque.  »  Et  Ma\imi- 
lie-i  ne  le  voulut  pa>  soullur  :  «  Non.  dil-il. 
non,  je  ne  le  permettrai  jamais.  Je  ne  veui 
ni  ne  puis  faue  ce  (pie  vous  voidcz.  »  Lo 
proronsul  lui  dit  :  «  Mon  ami,  crois-moi, 
réfcous-toi  à  marcher,  si  tu  veux  conserver  ta 
vi'",  B  .Maxinnlien  répondit  :  «  jt-  ne  ni  u- 
ciieini  puiitt,  quand  vous  devriez,  uie  faiio 
OASouiuicr.  Je  nu  serai  jamais  soldat  de  l'cui- 

(I)  Pedct  qumqui' ,  unctas  dccem. 


porour,  l'étant  déjh  do  mon  Dieu.  »  Le  pro- 
consul: «Qui  te  met  cela  en  tète?  »  Maximi- 
lien :  «  Ma  raison,  et  celui  qui  m'a  appelé  à 
la  foi.  »  Le  proconsul,  s'adressant  à  Victor, 
père  du  martyr,  lui  dit  :  «  Donnez  un  bon 
conseil  à  votre  lils.  »  Le  père  ré|xmdit  :  «  Il 
sait  ce  ipi'd  doit  faire,  et  ce  qui  lui  est  plus 
avantageux,  il  a  son  conseil.  »  Le  proconsul 
h  Maximilien  :  «  Enjôle-toi.el  reçois  la  mar- 
que du  I  rince  1'.  »  .Maximilien  :  «  Je  ne 
m'enrôlerai  [toint,  et  je  ne  recevrai  point  la 
marque  du  prince  ;  je  fiorte  déjà  celle  <le  Jé- 
sus-(;hrist,  Fnon  Dieu  et  mon  maître-  »  Le 
proconsul  :  «  Je  t'enverrai  à  ton  Jésus- 
Christ.  »  Maximilien  :  «  IMûi  à  Dieu  que  ce 
iùl  tout  h  l'heure  ;  c  est  le  plus  çrand  bon- 
heur (pli  puisse  ra'arriver.  »  Le  proconsul 
dit  à  un  olllcier  :  a  Qu'(m  le  marque,  et 
(pi'on  lui  mette  le  collier.»  M.ximilien: 
«  J  ne  le  soutfrirai  point  ;  je  ne  })uis  me 
résoudre  à  porter  les  marques  de  la  iiàlice 
du  siècle  ;  et  si  on  me  le»  met  par  force,  je 
les  romprai  aussitôt.  Je  suis  chrétien  ;  il  no 
m'esi  pas  p(.'rmis  de  recevoir  un  collier  aux 
chitlres  de  l'empereur,  après  avoir  re<;u  la 
marque  honorable  et  le  signe  salutaire  de 
Jésus-Christ  mon  Seigneur,  et  le  Fils  du 
Dieu  vivant.  Mais  vous  ne  le  connaissez 
pas,  et  toutefois  il  a  soulfert  la  mort  jvourvous 
et  pour  moi.  C'est  lui  que  nous  servons, 
nous  autres  chrétiens  ;  c  est  à  lui  que  nous 
nous  attachons,  comme  à  l'auteur  de  not/^e 
salut  et  de  notre  bonheur  éternel.  »  Le  pio- 
consul  :  «  De  crainte  plutôt  de  l'attirer  quel- 
que malheur,  enrôle- toi.  »  Maximilien  : 
«  11  ne  m'en  arrivera  aumin,  et  je  ne  nVen- 
rôlerai  point.  Je  vous  l'ai  déjà  dit.  le  Dieu 
(pie  je  sers  a  [tris  mon  nom,  et  je  ne  saurais 
plus  m'engager  à  un  autre.  »  Le  proconsul  : 
«  Considère,  mon  ami,  que  tu  es  dans  la 
fleur  de  ta  jeunesse,  et  que  rien  ne  sied 
mieux  h  un  jeune  homme  que  de  jwrter  les 
armes  |)our  son  prince  et  pour  sa  |>alrie.  » 
Maximilien  :  «  Je  les  porte  pour  mon  Dieu; 
je  vous  le  répète  encore,  je  suis  chrét  en  et 
soldat  de  Jesns-(^hrisl.  Je  ne  puis  l'être  de 
r»Miipereur.  >>  Le  proconsul  :  «  Mais  il  y  a 
des  chrétiens  dans  les  troupes;  il  y  en  a 
dans  les  compagnies  des  gardes  ;  et  ils  so 
font  même  distinguer  par  leur  courage,  leur 
altache  et  hnu-  fidélité.  »  Maximilien  :  «  Ils 
savent  ce  qui  leur  est  propre  ;  pour  moi ,  je 
ne  vous  puis  ilire  autre  (•  lose,  sin  •■  :  je 
suis  chrétien  comme  eux.  cl  (|ue  i  .  .  mt 
je  ne  veux  point  être  d'une  prutessioo  où  je 
puis  ollénser  Dieu.  »  Le  proconsul  :  «  M.iis 
quel  md  lonl  ceux  qui  vont  à  la  guerre  ?  » 
Maximilien  :  «  Vous  ne  le  savez  que  trop.  » 
Le  proronsul  :  «  C'(>st  perdre  le  temps  (>n 
dis(>ouis  supeillus  ;  il  faut  ou  que  tu  mar- 
ches, ou  que  tu  meures.  •  .Maxiiiiilicu  :  «  Jo 
n«>  marcherai  pas,  et  je  no  mourrai  point  : 
car,  bien  que  je  q  iitte  la  terre,  mim  Amiî 
vivra  dans  le  ciel  avec  Jésus-Christ  mon  bon 
maître.  » 

(h  On  iinpriin;))!  niir  l.i  m.iin  dn  s(il,I.nt  li^  nom  de 
rnii|)«ni<iir,  et  i),i  im  nifli.tii  nii  coilioi  de  ploiiili  on 
lin  Unurli'l.  sur  lf)(ii«i  lo  nom  e(  l.i  devise  du  prince 
t'i.iieni  guM'b. 


1 


197  MAK 

l.c  proconsul,  voyniit  t|ii'il  nn  pouvait 
ritMl  i^MKiior  siii-  l'cspiil  Ai'  M.ixiniilii'ii,  pro- 
lliMini  ((Hilrc  lui  l.i  scMlciir.-  dd  iikhI,  ni  \>' 
Hi(ill*i(«n'ii  lit  il»  lerluni  «mi  co.h  termes  :  «  Nous 

(utiilMiiii ^  Maxiiiiilini    f»    peitlrc    la    KMe, 

p(Mir  «voir  refusé  avei'  mépris  el  opini.Urelé 
(le  pr^^lor  le  serment  de  sulilal.  <>  (le  yt^iS- 
iiiMciix  marl\  r  ii'elai!  jV^é  ipic  de  viiijAl  et 
un  ans,  Irdis  mois  el  di\-lmil  jours. 

Comme  nn  le  coM  iiisnil  au  supplice,  il 
disait  aux  rlu-élieiis  (iii  il  reneoulrait  :  <<  Mes 
{•liers  t'réres,  ipu'  le  plus  aiilenl  de  vos  d(''sirs 
soit  (l'arriver  prompiemeut  au  lernu'  (»ù  Je 
me  lioiive;  soupu'e/.  de  tout  voire  co'ur 
npn'^s  ce  momeul  hu'idiei.reux,  (pii  vous 
doit  faire  jouir  de  la  vue  de  iiolr(>  Dieu;  et 
lie  cess  /.  poiul  de  prier,  (pu>  vous  n'ave'. 
ohleim  de  sa  l)oiili>  une  couronne  paredle  à 
celle  ipieje  vaisro(;ovoir.  »  Kt  s(^  tournant  vers 
son  p(^ro,  il  lui  dil  avec  un  visage  tJ,ai  :  «  Je 
vous  |)rie,  mon  père,  de  (Uumor  mon  liahit 
neuf  à  cet  houiiél"  lionnne  cpii  va  nie  cou- 
)''r  la  télé  ;  cet  liahil  (pm  vous  nr.iv(v.  fait 
.aire  pour  allier  h  l'armi'C.  Ainsi  puissio/.- 
vous,  après  avoir  reçu  pour  celle  bo me 
œuvre  le  centuplt^  sur  la  l(Mri\  être  l)i(Mil(M 
réu'U  dans  le  ciel  h  vot. c  lils,  (  our  louer 
e'isouiiiie  et  bénir  éternellement  le  Dieu  de 
{^iloire  (pii  y  ré^-^ne.  »  Ivi  achevant  ces  mots, 
il  rei^ut  le  coup  cpii  mil  lin  à  sa  vu\  Une 
i'euHne  do  (pialilé,  nonunéi^  Pompéiane,  ob- 
tint avei;  peine  du  proconsul  le  cor[)s  uu 
martyr;  et,  api  es  l'avoir  ^ardéquel(|u<'  temps 
dans  son  Jo^is,  i  lie  le  lit  conduire  à  Car- 
tilage, où  elle  lui  éleva  un  petit  tombeau 
proche  de  ci'lui  de  saitit  Cy|)rien,  tout  joi- 
gnant le  palais;  elle  y  l'ut  enterrée  elle- 
même,  étant  morte  au  bout  de  tr(Mze  jours. 
Cependant  \  iclor,  père  de  Maximilien,  après 
avoir  vu  mourir  son  hls,  s'en  retourna  ch 'Z 
hd,  rendant  à  Dieu  mille  actions  de  grâces 
de  ce  qu'il  avait  bien  voulu  recevoir  de  sa 
main  cette  chère  et  précieuse  victime,  en  at- 
tendant qu'il  pilt  s'offrir  lui-même,  ce  qui 
arriva  peu  après.  (La  l'èle  du  saint  mai  tyr  a 
lieu  le  1*2  mars.) 

Piobablemenl  qu'il  y  a  quelque  chose 
d'omis  dans  ces  Actes,  et  que  le  rédacteur  a 
P'  usé  qu'il  pouvait  se  dispenser  de  dire  po- 
.•^ilivement  pourquoi  le  saint  refusait  d'être 
soldat.  On  doit  supposer  qu'on  exigeait  de 
lui  quelque  sei'ment  incompatible  avec  ses 
•croyances,  quelque  acte  que  la  religion  dé- 
fendait d'accom[)lir  ;  sans  (juelque  circons- 
tance de  c<4te  nature,  on  ne  pourrait  ni 
comprendre  ni  excuser  son  relus.  Quand  les 
lois  d'un  Etat  exigent  des  citoyens  une 
chose  qui  n'est  pas  mal  en  soi,  ils  sont 
coupables  s'ils  ne  s'y  soumettent  pas.  Peut- 
être  saint  Maximilien  était-il  revêtu  de  quel- 
que dignité  ecclésiastique  qui  l'empêchait 
de  (louvoir  être  soldat  ;  cependant  il  est  pro- 
bable qu'il  eût  donné  cette  raison  en  ré- 
ponse aux  objections  du  proconsul,  si  elle 
eût  existé.  Nous  ne  dirons  pas,  comme  Tille- 
niont,  que  la  résolution  du  saint  provenait 
«  soit  d'une  prudence  chrétienne,  soit  d'un 
mouvement  pariiculier  ilu  Saiiit-Esj)rit.  » 
Nous  aimons  mieux  nous  en  rappoiler  à  nos 


MAX 


Jfi8 


pK-cédcnles   supp«)sition.s,  (pioiqU(?   I(!   c<mi- 
leiiii  di'     \(  1rs  n'y   soil    pns    Ir^s-lnvornbh'. 

M  A  \  IMII.II'.N  sjiiiil  I,  iiiarlyr,  ver  a  son 
sjing  pour  Jt'Mis-Cluisl  en  HM  de  IVmi'  chré- 
tieillli',  s(Mls  l'empereur  Juli' fi  l'AposlMl, 
avec  saint  Mono'c  (Ijh  Arles  de  ces  diiii 
sainis  leur  ('•lanl  (onuiiurj!,,  voy.  l'ailiclo 
IloNosr.  I 

MAXIMILIEN  (saint),  évêquc,  fut  marly- 
risé  pour  la  foi  (le  JéKii.s-ChriKl  :  on  i^noro 
le  lieu,  la  date  (d  les  circoiist.iiices  de  son 
lriom|die.  L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  iii) 
octobre,  ainsi  que  celh;  île  saint  \'alenlin, 
(pii  coiil'essa  le  même  jour  ipie  ciliii  où  no- 
tre sailli  lui  mari  \  risé. 

MAXIMIN    (saint),   martyr,  donna  .sa   vio 

)our    la    cause   de  Jésus-Christ    en   l'an  de 

'èie  chrétienne  .'{(i."{,  sous  le  règnf^de  Julien 

Aposlat.  Actes  communs  avec  saint  Jlven- 

Ti\.  (Vi»!/.  ce  dernier  nom.) 

MAXIMIN  I"  ih'Kjuit  en  Thrace  vers  l'an 
17.'{,  dans  un  pays  presrpn;  encore  sauva^fo. 
Sa  ininnière  profession  fut  relie  de  p,1(re. 
Deviniu  empereur  après  l'assassinat  d'A- 
lexandre, assassinat  au(piel  il  pi'it  part,  il 
garda  sur  le  trôiu;  la  férocité  rpi'il  avait  dans 
le  c'araclèi'e  et  les  habitudes  sauvages  qu'il 
avait  ?;ardées  de  son  pays  et  diî  son  premier 
élal.  Après  (pi'il  eut  rendu  ;i  la  mémoire  de 
son  prédécesseur  les  honneuis  que  les  usa- 
ges établis  le  forçaient  à  lui  rendre,  il  ban- 
nit ou  éloigna  tous  les  gens  de  bien  ipi'il 
avait  |)ris  comme  conseillei's;  il  en  lit  même 
mettre  ci  mort  un  grand  nombie.  Il  sullisait, 
pour  mériter  sa  colère  et  sa  haine,  d'avoir 
eu  quelque  part  dans  la  laveur  d'Alexandre. 
Eusèbc  n'hésite  pas  à  attribuer  à  cette  cause 
la  fureur  (ju'il  montra  contre  les  chrétiens: 
il  les  persécuta,  parce  que  cet  excellent 
prince  les  avait  protégés.  On  prétend  que  la 
colère  de  Maximin  contre  les  chrétiens  eut 
aussi  poui'  cause  l'imprudence  et  le  zèle  exa- 
géré d'un  soldat  qui  ne  voulut  pas  mettre 
sur  sa  tête  une  couronne,  comme  le  faisaient 
les  autres,  quand  les  empereurs  leur  accor- 
daient des  largesses  à  leur  avènement.  Ce 
soldat  prétendit  que  sa  rt  ligion  s'opposait 
cl  celle  déraonstj'alion,  très-permise  en  soi. 
Il  soutïril  la  moit  avec  un  grand  courage; 
mais  sa  conduite  fut  généraiement  blâmée, 
car  elle  attira  de  grands  maux  sur  l'Eglise. 
En  tout,  l'excès  du  zèle  a  de  mauvais  résul- 
tats ;  en  religion   il  produit  le  fanatisme. 

Maximin,  qui  n'avait  rien  dé  evé  dans 
l'âme,  se  vengea  cruellement  de  l'aciion  de 
ce  soldat  en  persécutant  les  chrétiens,  contre 
lesijuels  il  lai  ça  de  violents  édits.  Il  salistit 
en  cela  la  haine  des  païens,  et  notamment 
des  Orientaux,  qui,  surtout  dans  la  Cappa- 
doce  et  dans  le  Pont,  ayant  été  victimes  de 
grandes  calamités,  comme  famines  et  trem- 
blements de  terre  qui  engloutirent  des  villes, 
ne  manquèrent  pas  de  les  attribuer  aux  chré- 
tiens. L'édit  de  Maximin  ordonnait  de  met- 
tre à  mort  tous  les  pasteurs  des  églises  :  ce 
sont  les  expressions  d'i'^usèbe.  {Hist.  i.  vi, 
ch.  28.) 

Apres  cet  édit  promulgué,  les  gouverneurs 
se  c'iargèrent  de  linterpréter  et  de  l'appji- 


190  MAX 

qu^r.  Stlrs  do  n  ^fre  pas  (liVs,ivouës  p.ir  un 
niaitre  qui  faisait  do  la  cruautt'  sa  pr(.'mirrtî 
verln,  ils  se  servirent  de  cet  édit  pour  per- 
s  cuter  non-seulement  les  pr('^fres,  mais  en  • 
coreles  simples  lidèles.  Ainsi  Sércmen,  gou- 
verneur de  Cappadoce,  lit  mourir  un  très- 
grand  nombre  (le  rhrélieiis.  Saint  Firmilien, 
dans  une  de  ses  lettres  k  saint  (lyprien,  parle 
ainsi  de  Sérénien  et  de  lY'tat  de  l'Eglise  dans 
la  Cappadoce  : 

«  Il  y  a  environ  vingt-tleux  ans,  après  la 
mort  de  l'empereur  Alexandre,  des  calamités 
de  toute  nature  alHi  aèrent  le  monde  en  gé- 
néral, et  les  chrétiens  en  particulier;  de 
fré(juents  tremblements  de  terre  ébranlèrent 
la  Cappadoce  et  le  Pont  ;  (juanlité  d'éditiccs 
furent  détruits;  des  vil  es  tout  entières  dis- 
parurent, englouties  dans  les  abîmes  de  la 
terre.  Ces  catastrophes  amenèrent  contre  le 
nom  chrétien  une  violente  persécution,  qui, 
s'élevant  tout  à  coup  et  a[très  les  douceurs 
«l'une  paix  prolongée,  fut  d'autant  plus  ter- 
rible et  d'autant  plus  accablante  que  le  Uéau 
t'tait  plus  imprévu.  Nous  avions  alors  pour 
gouverneur  de  la  province  Sérénianus,  cruel 
et  impitoyable  [tersécuteur.  Grande  pertur- 
bai ion  parmi  tous  nos  frères.  Ils  fuyaient  ch 
et  là  devant  l'orage  ;  ils  abandonnaient  leurs 
Biaisons,  leur  patrie,  pour  clu-rclier  un  asile 
d  uis  d'autres  conliées;  cor  cette  persécution 
n'étant  que  locale  leur  laissait  l'espérance 
de  trouver  un  refuge  ailleurs.  » 

Maximin,  en  lançant  son  édit,  avait  eu 
paiiiculièrement  en  vue  d'atteindre  Origène; 
niais  celui-ci  sut  éviter  ses  rccherc^hes.  Il 
n'en  fut  pas  de  môme  d'Ambroise,  ami  de  ce 
grand  docteur  :  il  confessa  glorieusement  le 
nom  de  Jésu-^-Christ.  [Voij.  son  article.^  Nous 
apprenons  d'Origène  (pie,  pendant  la  persé- 
cuiion  de  Maximin,  on  brillait  les  églises. 
Après  trois  années  et  (pielques  jours  de  rè- 
gne, Maximin  vint  mettre  le  si(''ge  devant 
Aquib'e,  que  tenaient  Maxime  et  Balbin,  em- 
j)ereurs  choisis  par  le  sénat  pour  faire  la 
guerre  au  tyran.  Sous  les  murs  de  cette  ville, 
il  éprouva  plusieurs  revers,  et  ses  troupes 
se  clécMurageant  (levinr(Mit  séditeuses.  Dans 
une  circonslanee  où  les  soldats  s'étaient 
ameutés.  Maximin  sortit  de  sa  tente  nour  les 
faire  rentrer  dans  le  devoir;  mais  il  tut  as- 
sa'^siné  avec  son  lils.  Pendant  une  année  en- 
tière, ce  monstre  couronné  put  constater  la 
haine  (pi'on  lui  portail.  I-'llalie  et  un»>  par- 
tie du  reste  de  l'empu'e  .s'(''laient  révoltées 
contre  lui,  et  le  sénat  l'avait  déclaré  cnncoii 
public. 

Voici  ce  (pie  dit  dom  Ruinart,  à  nropos  do 
la  [>ersé(uiion  de  Maximin.  Cet  écrivain  a 
pour  but  de  réfuter  les  prétentions  de  Dod- 
wel: 

n  .\près  (pT Alexandre  eut  été  tué,  Maxi- 
niin,  (pu  lui  surcéda,  renouvela  la  persécu- 
tion contre  les  chrétiens,  en  haine  de  son 
firé'lécesseur,  dorit  presipic  toute  la  n'iison, 
au  rapport  d'Ku.sebe,  avail  innbrasx' le  chris- 
tianisme. Capitolin  dit  qu(>  Maximin  lit  mou- 
rir en  diver-ics  manières  les  olliriers  et  l(>s 
tlonie>tiipi'S  d'.Vlexandre,  d  pai  consé(jUcnl 


MAX 


âoû 


plusieurs  chrétiens.  Oite  persécution  enleva 
a  Origène  dt>ux  de  ses  amis,  .\mbroise  et 
Protectus,  prêtres  deCésarée;  dès  qu'il  eut 
apfiris  (pi'ils  avaient  été  arrêtés ,  il  leur 
adressa  le  livre  qui  a  pour  titre  :  Exhorta- 
tion au  marlf/rr,  qu'il  écrivit  exprè>  pour 
eux.  Au  reste,  (pioi(pie  Maximin.  si  l'on  en 
croit  Eusèbe,  n'en  voulût  qu'aux  chefs  des 
églises,  la  persécution  ne  laissa  pas,  di.ns 
quehpies  provinces,  de  s'étendre  jusipi'aux 
simples  fidèles.  Nous  apprenons  d'une  lettre 
de  saint  Firmilien,  que  Sérénien  ,  gouver- 
neur de  Cappadoce,  exerçait  de  granles 
cruautés  sur  les  chrétiens  de  sa  province.  Le 
l)ape  saint  Poncien,  dont  le  calendrier  de 
Buchérius  fait  mémoire  aux  ides  d'août  (le 
13),  fut  emporté  par  cet  horrible  tou  b  lion, 
quoique,  à  la  vérité,  le  catalogue  des  pajtes, 
qui  fut  dressé  sous  le  ponlilical  de  Libère, 
fas>e  reléguer  saint  Poncien  en  Sardaigne 
avec  saint  Hippolyte,  prêtre  du  clergé  de  Ho- 
me, et  marque  sa  mort  dins  cette  Ile  le  ides 
calendes  d'octobre  (le  28  se|iterabre).  An- 
thère, successeur  de  Poncien,  ne  tint  le  siège 
(pi'un  mois  ;  mais  nous  n'avons  rien  de  cer- 
tain touchant  son  martyre.  » 

Cette  persécution  dura  trois  ans,  c'est-h- 
dire  tout  le  règne  de  Maximin,  selon  le  té- 
moignage de  deux  célèbres  historiens;  Dod- 
wel,  au  contrair(>,  ne  la  fait  durer  qu'un  an, 
mais  sans  aucun  fondement,  comme  le  prouve 
très-bien  le  savant  P.  Pagi. 

Cet  empereur,  au  reste,  a  été  si  cruel  qu'on 
l'a  nommé  un  Cyclope,  un  Busiris,  un  Sci- 
ron,  un  Phalaris,  un  Cygès,  un  Typhon. 
Rome  et  le  sénat  tirent  des  prières  publiques 
pour  demander  au  ciel  (|ue  ce  délestabh»  ty- 
ran ne  revît  jamais  le  Capitule.  «  Le  bruit  iie 
ses  cruautés  inouïes  venait  sans  cesse  fra;)- 
per  les  oreilles;  on  n'entendait  autre  chose, 
i)ar  toute  la  ville,  (pie  le  récit  funeste  des 
exécutions  qu'il  ordonnait  :  il  faisait  cruci- 
tier  les  uns,  enf(Tmer  les  autres  dans  le  ven- 
tre des  bêtes  tuées  traîchement  ;  ceux-ci 
étaient  exposés  aux  lions  et  aux  ours;  ceux- 
\h  étaient  assommés  h  cou[)S  de  b.Uon,  sans 
que  ce  monstre  eût  aucun  égard  ni  au  rang 
ni  au  mérite;  car  il  tenait  pour  maxime  (pic, 
pour  alVermir  un  tr('ine,  il  fallait  le  cimenter 
avec  du  sang.  Les  Romains  ne  pouvaient 
pius  porter  la  pesanteur  de  ce  joug  tyranni- 
(pi(>,  ni  voir  sans  horreur  (pi'il  sus(ntait  lui- 
même  les  (lélat(nirs,  (juil  supposait  des  cri- 
nitvs,  (pi'il  f.lisail  périr  l'innocence  (Jul.  Ca- 
pitol.)   »  Hérotlien  en  parle  à  peu  près 

dans  lt»s  mêmes  termes. 

MAXIMIN-DAIA,  était  neveu  de  Galère  et 
fils  diin  pAtre  de  I  lirace.  Ce  fut  le  métier  de 
son  père  (pii  fut  le  sien  dans  les  premiers 
temps  de  son  existence.  S'étant  enr«Mé  comme 
simple  soldat,  il  monta  bienl('it  nar  son  cou- 
rage jusqu'aux  plus  hauts  grades.  Ceci  est 
contesté  par  certains  aulmirs,  et  même  les 
)lus  recommandables,  ((iii  veulent  que  Ga- 
ère  soit  allé  le  prendre  dans  son  état  de  bar- 
)arie  inculte  et  |>iesque  sauvage,  pour  le 
cr('cr  césar  en  305,  à  Tepoquo  de  l'abdicalion 
de  Dioclétien.  A  la  mort  de  (îalère,  il  se  lit 
proclanior  auguste  cl  partagea  l'empire  avec 


20i 


MAX 


MFI) 


Mt 


(loiislaiiliii  r(  I.iciiiitis;  hiiMitAl  il  .s(>  hroiiillrt 
jiviw;  (Ml\.  I-ici'iiiis  le  drlil  iii(Vs  (rAiidiiiKi- 
|ilt>  :  il  l'iil  (ilili^ît''  »l(^  l'iiir  (h'^^iiisi''.  IN-ii  (In 
t(«m|»s  .'iiir(''>i,  il  iiHMinil  ;i  Taisf.  (le  piiino 
l'iil  iiii  VKiloiit  |KM'S(^r.iil('iir  (le  ri'l^'isc.  (Il'  lui 
lui  i|iii  lil  iiKMiiir  s;iiMl  l'iriif  trAlc\;iii(liit' 
««I  s(vs  (;(iiii|»i,J,ii(»'is.  N'uici  coiiiiin'iil  'l'illr- 
nioiit  nu'oiiti^  la  ixM-si^ctilioii  (|ii()  Maxiiiiin 
rccoimiiciira  (■(•iilic  rivj;lis(!  (iiiaïui  il  oui  liil 
la  paix  aviu;  Lici'iius  : 

«  (l(>(lo  pnix  i'iil  lu  ronoiivclltMiiciil  de  la 
giUM'iMi  (<oiilro  ri''j<lis(',  (>l  Maxiiniii  n'ayaiil 
plus  rion  h  craiudn'  du  cùli'  di;  Liciiiiu.s,  lil 
en  Asid  loul  ce  (lu'il  avail  fail  vu  Ki^.vplc  ol 
en  Syrio.  Lors  pi  il  (Mail  venu  d'ahord  à  Ni- 
connVIio  aussihM  apri^'s  la  uiorl  de  (lah^'ic, 
('(nix  (le  la  ville  rclaionl  V(îmu  li'onver  avec 
leurs  idohvs  (>l  lui  avaieul  diMuaiiih''  (pi'il  di'-- 
ft.'Mdit  aux  clirélicîMs  de  deuiiurer  daus  leur 
pays.  Il  t('Mn()ii:;na  (pi'il  aj^réail  tort  leur  do- 
inaude  ;  luais  couuue  il  savait  (pi'il  y  avait 
b(>au('Oup  de  clii(''li(Mis  en  ces  cpiartiors-là, 
ni>  voulant  peut-iHre  pas  les  avoir  pour  en- 
nemis dans  la  j^uerre  (|u'il  craij^nait  d'avoir 
contre  I.ieinius,  il  r(^|)o'idil  (ju'il  ne  pouvait 
pas  consentir  h  la  demande  (pi'(7n  lui  lAisait, 
parce  (Qu'elle  n\''tait  |)as  l'aile  d'un  consente- 
ment universel,  et  (|u'il  aimait  niit>u\  laisser 
tout  le  uiondo  en  sa  liberté.  Mais  il  chan[j;ea 
de  conduite  (]uand  il  se  vit  lil)ro  et  en  état 
de  faire  ce  qu'il  voulait,  et  il  se  moqua  de  la 
liberté  accord;>e  aux  chrétiens  par  un  édit 
solennel  qui  portait  son  nom;  do  sorte  (fu'ils 
ne  jouirent  pas  six  mois  entiers  de  l'etL't  do 
cet  étiit. 

«  11  tâcha  premièrement,  sous  je  ne  sais 
quel  prétexte,    d'empôclier  les  assemblées 
qui  se  faisaient  dans  les  cimetières.  Il  usa 
ens\iite  d'un  autre  artitlce  pour  fiiire  croire 
qu'il  accordait  par  contrainte,  h  la  prière  des 
peuples,  ce  qu'il  souhaitait  lui-même.  Car  il 
se  tit  demander  par  les  villes,  comme  une 
grande  faveur,  (ju'il  leur  permît  de  défendi  e 
aux  chrétiens  (Je  bAlirdes  lieux  d'assemblées 
et  des  églises  dans  l'enceinte  de  leurs  m.u- 
railles,  et  môme  d'y  demeurer.  Ceux  d'An- 
tioche  commencèrent  les  premiers.  Et  quand 
on  vit  qu'ils  avaient  obtenu  sans  peine  ce 
qu'ils  avaient  demandé  ,  les  magistrats  do 
toutes  les  autres  villes  se  liAtèreut  de  faire 
la  môme  chose  ;  et  môme  les  gouverneurs 
des  provinces  les  y  exhortaient,  parce  qu'on 
voyait    assez    quelle    était    rintenlion    du 
prince,  qui  ne  trouva  plus  alors  de  difficulté 
à  accorder  à  ceux  de  Nicomédie  ce  qu'il  leur 
avait  refusé  d'abord,  et  à  l'accorder  de  même 
à  toutes  les  autres  villes.  Ainsi  on  voyait 
juirlout  des  décrets  des  villes  pour  chasser 
les  chrétiens,   et  des   rescrits  de  Maximin 
pour  confirm'T  ces  décrets.  Et  tout  cela  pa- 
raissait, au  milieu  des  villes,  gravé  sur  du 
cuivre.  Eusèbe  rapporte  un  de  ces  rescrits 
de  Maximin,  adressé  à  la  ville  de  Tyr.  Il  s'y 
déclare  ouvertement  ennemi  des  chrétiens, 
et  veut  que  les  cruautés  qu'on  avait  exercées 
contre  eux  soient  la  cause  de  la  prospérité 
dont  il  se  glorifie  que  son  empire  avait  joui 
jusqu'alors. 

((  La  persécution  se  ralluma    ainsi  tout 

DlCTIO>N.     DES  PeRSÉCUTIOîJS.   II. 


de  nouveau  :  car,  (luoiipi'd  n'y  ortl  point 
d'édil  i^i'niéral  d<'  \1aximin  contre  U>h  chré- 
ti'iis  cl  que  les  rescrits  i  nrliiuliers  (iii'ij 
donnai!  n'allassenl  (pi";»  |  s  en  liu'e  des  vilh;», 
ce[)endatU  le  désir  do  lui  plaire  et  l'espéninco 

de  recevoir  de   lui  ipielqiie  lavelM',  portaient 

tout  1(»  monde,  et  les  parliculiers  ans.si  l>n'ii 
cpu'  les  magistrats,  h  laire  toutes  choses  con- 
lic  eux,  à  clierclier  de  nouvelles  iiivenlioll.S 
poiH'  les  lourunniler,  et  à  n'épargner  jias 
in('^m<î  hnn"  san^;  et  leur  vie.  L(!s  grands  piè- 
tres et  les  pontifes  étaiilis  par  Maxinnn,  uni.s 
avec  ceux  (pii  étaient  d  •  plus  anci(;nne  créa- 
tion, pr(niai(nit  un  gi-and  soin  (r(nrq)(M:her  hvs 
clirélnnis  iUi  bAlir-  des  églises  et  nièni''  do 
faire,  ou  en  j)ublic,  ou  en  particulier,  au(  lirr 
acte  de  religion  ;  et  (piand  ils  les  y  sur-rjre- 
naiinit,  ils  les  arrèlaient  (mi  vertu  du  Jioit 
(jue  .Maximin  hnu'  avait  attribué,  et  les  obli- 
geai(nit  h  saci-ilier  ou  les  metiaien!  entre 
les  mains  des  g(niveriieiH's.  Laclance  semble 
nietti'o  (Ml  ce  tem|)s-ci  l'éreclion  (h;  ces  nou- 
veaux ministres  des  idoles  :  Lusèbe  ne  s'en 
éloigne  pas  aussi.  Et  cela  est  vrai  pour  l'A- 
sie, (;ar  pour  la  Syi'ie  et  l'Egypte,  Eusî-bo 
semble  les  faire  plus  anciens  (le  ([uelques 
années.  » 

MAY  (Ii.R  m;),  voisine  de  l'Ecosse,  h  l'em- 
bouchure du  Eorth.  En  87'i.,  quand  les  Da- 
nois iiient  une  formidabl(>  descente  en 
Ecosse,  suint  Adrien,  (jui  était  évè(iue  de 
Saint-André,  se  retii-a  dans  cette  île  pour  y 
évit(jr  la  fureur  des  jiirates.  Ils  l'y  découvri- 
ront et  le  massacrèrent  avec  six  mille  six 
cents  chrétiens,  s'il  faut  en  cr-oire  le  Bré- 
viaire d'Aberdeen.  On  a  b;Hi  uikî  église  en 
l'honneur  du  saint  martyr  dans  cette  île,  où 
longtemps  la  dévotion  à  ses  reliques  attira 
de  nombreux  pèlerins. 

MAYENCE,  ville  importante  d'Allemagne, 
est  célèbre  par  le  martyre  qu'y  subirent,  du 
tem})s  que  les  Huns  rava.'eàient  ces  con- 
trées, saint  Auré  et  sainte  Justine  sa  sœur, 
avec  plusieurs  autres  chrétiens.  Ils  étaient 
dans  une  des  églises  de  la  ville,  quand  ils 
furent  massacrés  par  ces  bai-bares. 

MAZACHIA  (sainte),  vierge,  mourut  en 
confessant  sa  foi,  dans  l'année  3i3  de  Jé- 
sus-Christ, sous  le  règne  de  Sapor,  dit  Lon- 
gue-Vie. Elle  habitait  Beth-Séleucie.  Sa  fête 
est  inscrite  au  Martyrologe  romain  le  30  no- 
vembre. 

MEDINî^  (Louis  de),  missionnaire  de  la 
compagnie  de  Jésus,  quitta  le  Mexique  pour 
suivre  le  P.  deSanvitores  à  la  conquête  des 
îles  Mariannes.  (Pour  plus  de  détails,  voy. 
l'article  Sanvitores.)  Il  fut  le  premier  mar- 
tyr de  la  compagnie  dans  cette  nouvelle 
mission.  Il  périt  dans  l'iie'de  Saypan,  le  29 
janvier  1670,  la  gorge  percée  d'un  coup  de 
lance.  Son  catéchiste,  Hippolyte  de  la  Croix, 
qui  l'accompagnait,  reçut  la  couronne  du 
martyre  de  la  même  manière.  Leurs  corps, 
par  l'ordre  de  dom  Juan  Lope/,  évêque  de 
Nombre  de  Dios,  dans  l'île  de  Zébu,  aux 
Philippines,  furent  transportés  dans  l'église 
d"A;agna,  ca|)itale  de  l'Ile  de  Gouaiiam. 

MEDUNIEGKA  'llosu-ii:,  princesse),  l'uuo 

7 


^ 


MEL 


des  religieuses  boNilionnos  ([ui,  clans  le  cou- 
rant (le  Vannât'  1837,  furent  si  violeinmei.t 
per5t''(Utées  p.ir  le  czar  Nirol.is  el  l'i-viMiiie 
«posrat  Siemaszko.  On  les  employa  à  la 
ron-'tnirtion  d'un  pnlah  ponr  rè  pr^^tro 
schisiu.iliijue.  Un  pan  tic  muraille  élanl  venu 
h  s'écrouler,  la  princesse  Rosalie  Mrilu- 
nierka  (>t  (pialre  de  ses  iif()rltin(''es  conipa- 
c;nes  lurent  écrnsres.   Voy.  l'arliili'  Miixzys- 

MtiiriE   (le    bionhourcux    BKn>Ani»,    con- 
fesseur, religieux  'le  la  Merci.   ^^Voy.  Mo>- 

MET-AS  '"^aint^  évc^qne  de  Rinocorure,  ou 
Rh'MML'olure  en  lEgyple,  fut  banni  pour  l'or- 
th(>do\ie  en  373,  sous  l'cnipereur  Adrien 
Valens,  pnr  1''  c<>inle  Ma^rjuns,  qui  l'envoya 
h  Diocésarée  en  Palestine.  Ceux  (jui  vinieil 
pour  le  prendre,  le  trouvèrent  qui  pré|>arait 
ff>s  lampes  de  l'éi^lise,  connue  If  dernier  de 
ses  ministres,  ceint  d'un  tablier  .;^ias,t't  por- 
tant des  mèches.  On  lui  demanda  ou  était 
révèque  :  «  U  est  ici,  dil-il,  cl  je  vous  ferai 
parler  à  lui.  »  Aussitôt,  jngeaid  que  ces 
gens  étaient  fatigués  du  chemin,  il  les  mena 
dans  la  maison  épiscoftale,  mil  une  latjle 
devant  eu\,  et  leur  servd  à  manger  de  ce 
qui  se  trouva.  Après  qu'ils  eurent  mangé,  il 
leur  dit  que  c'était  lui  :  tnix,  fort  surpris,  Ini 
avouèrent  lo  sujet  ûc  leur  voyage  ;  ma. s  Is 
lui  donnèrent  la  liuerté  de  se  retirer,  tant 
ils  avaient  conçu  île  respect  pou i' sa  vert  i. 
11  aima  mieux  suull"  ir  le  même  traitement 
que  les  autres  catholiques,  et  accepta  l'exil. 
J/Kg  ise  lu)nore  sa  mémoire  le  10  janvier. 
(Tiré  de  Flenry.j 

MÉLASIPPK,  cueillit  la  palme  du  martyre 
h  Ancyre,  sous  Julien  l'Aif^stai,  avec  ses 
compagnons  Antoine  et  Corinne,  l/eiglise 
vénère  leur  gloiieuse  mémoire  le  7  novem- 
bre. 

MELCA-CHRISTOS  (le  bienheureux,,  re- 
ligieux abyssinien ,  fut  un  des  der  iieis 
prêtres  catholiques  q  d  restèrent  en  Ab.»ssi- 
nie,  après  leuépait  ou  la  mort  des  nu^siou- 
niiiies,  lors  de  la  peiséculion  suscitée  coalre 
Icscaiholiques  jar  BaMiuli  >,Négousdu  |a.vs. 
Voici  ce  (pie  nous  trouvons  le  conLeiUiUil 
dans  la  letiie  «pie  No^^ueira,  vica  re  du  pa- 
triarche Meiide/.,  lui  (M  ri\it  eiija  iviei"  llnO  : 
«  Mescompagiio  's,  Abba.Moi('a-Cnristos,abba 
Tensft-ChrisJOs,ie«n-li.tlui(I.Grégo.re  Puez, 
Ant(Mne  d'.XImanca,  et  i.hrislophe,  ne  so  it 
plusipie  dessipielel  es  animes.  l|>onléte  traî- 
nés en  prison  et  fouettés;  leur  peau  est  tcuiihee 
demisere;  etsils  ne  sont  |>as  morts, du  moins 
ils<»nl  sou.ferl  tout  ce  ipruiw^  extrême  pau- 
vreté a  de  [)lus  rude,  mendiant  de  porte  en 
poiie.  B 

MELCA-l'.HRlsroS.  ennemi  acharné  des 
cntholi<pie"<.  tut  mis  [i.tr  H.»>ilides,  Ni'gous 
d'Abyssinie,  .i  la  plat  n  de  Tecla-EmmatnK  I, 
VI  -n-  ni  ri,.;ré,  coupable  d'avoir  pio.egé 
It  ;oUl»ires  jésuites  ipic  ce  prili.  e  per- 

sécuteur avait  proscrits  et  V(»ulait  exlc  miner 
dans  ses  lùals.  Ceci  s»-  passiit  ei  Ki.t.'i.  Or, 
des  siHi  eiitit'i'dans  sou  gitiivernemeni ,  Mel- 
Cfl-Chrisios  ayant  su  que  tioi.*  jésuites,  les 
P.    Hruiio   de  Sainte-Croix,  Gaspard  Paez 


MEL 

et  Jean  Pereirfl,  étaient  cachés  dans  une  val- 
lée, pla(;a  des  troupes  en  embuscade,  et  s'em- 
para d  tux.  il  les  lit  amener  au  milieu  de 
sou  camp,  et  là  les  lit  per(;er  à  coups  d'épée. 
Les  Portugais  ayant  appris  le  martyre  des 
saints,  vinrent  jiour  enlever  lescor(>s.  Bruno 
el  Pereira  vivaient  encore.  Les  siùns  qu  on 
leur  |)ro  ligua  raiiiener(nit  le  premier  à  la 
vie.  Pereira  mourut  le  2  umI  ;  il  avait  été 
martyrisé  avec  ses  deux  comiiagnons  le  25 
avril  l()3o. 

.MELCIIiOR  Je  bienheureux),  frère  con- 
vers  de  l'ordre  (Je  Sainl-Dfuuiiuque,  fui  mas- 
.sacn-  dans  lile  Snlor  ;ivec  le  bienheuieux 
J  au  Travazos.  Leurs  prédications  trompant 
la  cupiditi'i  des  piètres  ididàlres,  ceux-ci  les 
lireiit  massacrer.  (Fontana,  Monumenta  Do- 
minicniia,  an.  ioyi». 

.SI ÉLÈCE  (saint),  éviVjued'Antioche  et  con- 
fesseur ,  naquit  à  Mélitène  ou  Mélitine  , 
dans  la  petite  Arménie.  Sa  famille  était 
illustre  en  Orient  ,  et  à  l'illustration  de 
la  race  venait  se  join  ire  l'éclat  de  la  foriune. 
Notre  saint  reçU'  une  éducation  conforme  à 
sa  naissance  :  il  devint  l'une  des  lumières 
d  ■:  son  époque  ;  mais  il  fut  encore  plus 
remarquable  par  sa  sainielé  que  par  sa 
sci  n»ce. 

Avant  daller  plus  loin,  nous  devons  im- 
luedialeiueiil  parler  de  ce  qu'il  y  a  de  repio- 
chat)le  dans  sa  vie.  Constance  réguait  alors, 
et  ,  erséculail  avec  acharn.  ment  les  catholi- 
ques, eu   laveur  des  ariens  ;    on  sait   avec 
quelle   rage  ces   enuemis  de   la  divinité  de 
jfésns-Ciinsl   ponrsuiva.e  il    leurs  adversai- 
res ;  chassant  de  leurs  sièges  les  évèques  ca- 
tholiques, bannissant,  t'uiprisonnaut  ou  lai 
saut  niouiir   aula.d  d'urtiiodoxes  qu  iU   le 
pouvaient.  Saint  Mélece   eut  le    tort,  smou 
d'ètro-  avec  eux,  du  moins  de  1»;  laisser  croire. 
En  temps  de  persécution,  chacun  d-ut  mon- 
trer  >a  foi  :  c'est  une  gu  rre  ,  il  faui  l'un  ou 
l'autre  drapeau.  Certains  historiens  ont  dit 
de    saint  Mélece    que   son    caractère,    sou 
cœur   ami  de   li    paix  ,   le    tirent    esliiner 
des  ariens   comme    des  catholiques.  Il  y    a 
des  éi  livains  qui   ne    se    croient  jamais    le 
(lr(ùi  de  trouver  queltpie  cho^e  à  i éprendre 
d.nis  la  vie  d'un  saini.  Il  y  a  des  amis  mala- 
dro  Is,  (pii  trappeiil  en  voulant  llatler  de  la 
mai  1 .    C'est    le   ipie    font    ceux  auxquels 
nous  faisons  allusion.  Qu  on  mente  résume 
des  e  inemis  de  sa  foi  |)ar  son  ciuirage.   par 
son  ihirépitlilé,  j>ar   l'énergie    franche  avec 
laquelle  on  les  combat,  rien  de  mieux;  mais 
tel  ne  fui  pouit    le  c.is  de  saint  .Nbdèce  :   les 
cnllKtlnpics    l'aimaient    parce  qu'ils    «"ill"'- 
niaient  tpi  il  ('lail  d  avec  eux  ;  les  ariens  l'ai- 
maient parce  que.  disaient-ils,  il  était  arien. 
Eh  bie!i  1  nous  le  répetons,  saint  .Melece  of- 
fensait Di  u  par  cette  iluilual.on  apparente 
entre  la    vérité    el    l'erreur;   il   scandalisait 
I  Eglise.  XLdheiireusement  les  faits  suiil  eu 
faveur  de  roj)iiiion  que  nous  soutenous  ici. 
Eu  lallie  d«>  Séhasle,  a^>aiil  été  ucposéUtux 
fois  par  les  ariens,  la  première  fois   eu  367, 
la  si(  onde  en  31)0,   Mélei  e  fut   choisi    pour 
lui  succéder.    Alors  évidemment  il   pencha 
du  côté  des  arieus,  il  fut  arien  lui-même. 


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MLL 


M£L 


Hit 


Les  cMtlioliqtU'N  «nvaiciil,  «'iisoiniiaicnt  ijuti 
nul  ii'avail  In  <lrtMl  dt)  |ii(«iulii'  la  |tl«t:« 
(i'mi  ('•v(>iiuo  iiuii'imi'Ul  di'iMtsr.  1) Un  aulrn 
«•(Me.  MtWoco  imU-iI  nili-niKin  ti'tiii'  fv(^i|ii« 
(mIIiIiIkiuis  d'agir  ((•nnnc  loi,  il  n'eu  n-sUiil 
pas  niouis  vrai  qu'il  Mtr<'|il;nl  rorcliiialioii 
dos  li('T«''iii|ii<"^.  i|"  ''  ^*'i>d>lail  d'uvcc  eux,  fl 
.scaiidalisnii  ain>i  IKi^Iim-  i  allH»li(|iic  luiil  un- 
lièro.  INiclisor  avuc  llirrcsic,  dans  d(!  hllifs 
(iironstaiiciis,  (''(|iiivaiil  i»  ùlrc  soi-iiu^mc  in'- 

ii'li(|iit'. 

Mcl(>c(>  viiil  [(rendre  possessidii  du  sk'i^o 
(le  S(>l)asl(>;  mais  W  itciiplc,  (|iii  lOj^riiUait 
son  ('V(^(Hi(',  ol  '|ui  n'en  vnnlail  pas  lucovoir 
un  do  la  main  des  «riens,  monlni  une  Icillo 
opposilion  ^  MrUtcc,  se  nioiilia  IcIlciiK'iil 
njtiin;Uit>  cl  dooltcissant,  cpii'  lont^  lui  au 
non  vol  (''VtVjuo  do  ipiilUir  son  siégo.  Il  se 
relira  à  IléiiM'  en  S\rio,  pour  _v  vivre  dans  la 
soliliuh'.  Quelipies-uns  vouleil  (pi'il  en  ail 
iHé  (WiVpir  ,  mais  eela  ne  paruil  aucuiuîment 
fondé.  Nous  inclinons  îi  eroire,  avec  la  j»lu- 
l»arl  des  auteurs,  iju'il  s'y  relira sim|)lenienl 
pour  y  vivre  dans  la  pénitence.  Sourate, 
parlanUles  évécpies  qui  [lassèrenl  d'un  siégo 
a  u  I  autre,  mar(pie  saint  Mélèce  connue 
ayant  été  évôtiue  d'Amioche,  a|)iès  l'avoir 
é'l('  de  Séhaste,  ce  ipii  prouve  que,  lors- 
qu'il dit  ailleurs  qu'il  passa  de  Sébaste  à 
Béiée,  cotte  ev|)ression  veut  seulement  dire 
qu'il  s'y  relira  :  ear,  faisant  la  criliiiue 
des  évéques  (|ui  cliani^eaienl  de  siège,  il 
n'eût  pas  maïuiué,  h  pro[iosde  saint  Mélèce, 
di'  l'aecuser  d'avoir  changé  deu\  fois  au  lieu 
d'une.  11  est  donc  évident  ([u'il  n'avail  pas 
été  évéque  do  Jiérée.  Du  reste,  quoique 
nous  nous  écartions  en  cela  un  peu  de  no- 
tre sujet,  nous  devons  dire  que  Socrate 
n'est  pas  fondé  à  compter  saint  Mélèce 
connue  ayant  changé  de  siège.  Eustailie 
ayant  été  indiinieut  déposé,  il  restait  toujours 
évèque  :  Mélèce  n'occui)ailqu'illégitimeuient 
son  siège.  Il  n'élail  pas  évèque  de  Sébaste, 
il  pouvait  parfaitement  être  élevé  à  un  autre 
siège  sans  otfenser  le  canon  qui  en  faisait 
défense  aux  évéques. 

En  3G1,  il  fut  élevéà  l'évèché  d'Antioche  : 
le  siège  de  cette  ville  était  alors  vacant.  Eus- 
tathe,  déposé  trente  ans  auparavant  par  les 
ariens,  était  mort  ;  et  Eudoxe,  qu'on  avait 
mis  à  sa  place,  avait  quuté  Anlioche  pour 
Constantinople  dès  le  commenceiiunt  de  300. 
Le  siège  d'Antioche,  le  troisième  du  monde, 
était  ardemment  convoité  :  cette  vacance 
donna  lieu  à  beaucoup  de  brigues  et  d'intri- 
gurs  ;  elles  durèrent  jusqu'en  361.  A  cette 
époque,  Constance  étant  venu  à  Anlioche 
avec  un  certain  nombre  d'évôques,  ariens 
pour  la  jiluparl,  on  résolut  de  donner  un 
pasteur  à  ce  troui)eau  délaissé.  Ce  furent  en- 
core les  ariens  qui,  le  croyant  un  des  Irurs, 
proposèrent  et  demandèrent  à  Constance 
saint  Mélèce  pour  évèque  d'Antioche  ;  d'où 
il  serait  peut-être  permis  de  croiiequo  saint 
Mélèce  avait  signé  le  formulaire  de  Constan- 
tinople, ou  avait  eu  le  malheur  de  tomber 
dans  quelque  autre  fau  e  semblable.  Il  est 
fâcheux,  pour  le  saint  d'avoir  été  nommé 
évèque  d'Antioche  par  des  ariens.  Ce  que 


nous  disons  ici,  («ht  fondé  sur  Ich  même-  mo- 
tifs fpn'  ceux  (pii  non»  ont  fait  rriti<pnT«»Mn 
éli'valioti  an  siéj^e  de  lléréc.  I/é|tvalion  (in 
sai'il  Méicie  au  sié^f  d'Aiili((clie  no  lut  pas 
seiileiiUMit  le  fait  dis  arions;  les  i  alholiquos, 
iitii  élan  ni  cfilains  de  la  pnn  té  de  sa  [ni, 
(le  ri'Xcellence  de  hi's  intinlioiiH,  riO'  s  cil 
'l'héodorel,  s'nnu'ent  aux  ain-iispour  deman- 
der (jii'on  le  fil  évèipic. 

Ce  fut  h  lléri'e  cpie  .Mélèce  recul  l'oriln'do 
renipeicur  ipii  lui  mandait  di;  se  tendre  h 
Aniioclie.  A  scjii  arrivét;,  tout  le  peuple,  les 
évéques  et  le  «lergi'!  furi'iil  au-devanl  <le  lui. 
Comme  personne,  au  fond  de  l'Aine,  n'ét.iit 
absoliinienl  sili de  ses  véritables  sentiments, 
tous  venaienl,  ariens  et  catlioli(4Ues,  juifs  et 
païens,  pour  voir  tpiel  nai  II  il  embrasserait. 
On  fut  charmé  de  lui.  Jl  était  d'un  extérieur 
(lon\  l't  aimable.  Digne  sans  piéleiition,  il 
alliait  la  |)li<s  gr.iiide  simplicité  de  manières 
à  la  gravité  caUue  et  paisdde  que  doil  avoir 
un  évèque.  Il  était  exIi ènirnjeiit  conciliant 
ol  |)acilique.  Son  regaid  <ioux  et  obligeait, 
le  souille  toujours  piésent  sui-  ses  lèvres, 
SOS  mains  loujoins  prèles  î\  bénir,  tout  fai- 
sait de  lui  un  homme  qu'on  se  sentait  dis- 
posé à  aimer  autant  qu'à  vénérer.  11  avait 
avec  cela  a  parole  éloquente  cl  facile  :  quant 
à  sa  conduite,  elle  était  irréjirochable  ;  ses 
mœurs  étaient  d'une  pureté  vraiment  exem- 
plaire. Dans  son  premier  discours^  on  pré- 
sence de  Constance  et  des  aiiens,  ilse  dé- 
clara en  faveur  de  la  consubstantialité,  sans 
cependant  en  em|doyer  le  terme.  Il  exhorta 
ses  audileuis  à  garder  la  foi  de  >iicée.  Les 
catholiques  en  furent  exlrèmeiucnl  ré.ouis  ; 
les  arii  ns  en  furent  coîisleniés  de  douleur. 
On  raconte  (pi'étantea  chaire,  saint  Mélèce, 
parlant  pour  la  con-ubstantialité,  l'arcliidia- 
cie  de  l'église  ne  le  j)ut  soulliir  et  lui  mit  la 
main  sur  la  bouche  }Our  l'empêcher  de  con- 
tinuer. Alors  le  saint,  élevant  le  bras,  mon- 
tia  d'abi  rd  trois  doigts,  puis  un  seul,  ce  qui 
signiti.iit  les  trois  p(;rsonnes  de  la  sainte  Tri- 
nité en  un  seul  Dieu.  Alors  rarchidiacie  lui 
prit  la  main.  L  évèque  recommefiça  à  ,;ui]er. 
Ainsi  pendant  longleiiaps  unia  ce  combat  : 
quand  rr.rchi  .iacre  empêchait  le  saiiit  de 
pailer;  il  s'expriuiait  par  gesics,  quc.nd  il  lui 
tenait  la  nia.n,  il  iecomme';(;ait  à  parler.  La 
gravité  de  l'histoire  répugne  à  de  telles  pué- 
rilités. Tillemont  lui-même,  sans  oser  se 
prononcer  avec  autant  d'assurance,  ditquon 
trouvera  pei.t-ètre  ce  combat  entre  un  pa- 
triarche et  un  arch  diacre  peu  vraisembla- 
ble. Nous  allons  plus  loin,  et  disons  qu'il 
eût  été  [larfaitement  lidicule. 

Méièce  ne  resta  que  trente  jours  à  Anlio- 
che; mais,  dans  ce  court  espace  de  temps,  il 
en  bannit  entièrement  l'hérésie  ;  il  y  établit 
la  foi  sur  des  bases  si  solides  que,  quand  ses 
ennemis  l'eurent  chassé,  ils  ne  purent  ébran- 
ler l'édifice  qu'il  avait  construit  en  si  peu  de 
tein})s.  Les  ariens  ne  l'eurent  pas  plutôt  vu 
à  l'œuvre  qu'ils  se  repentirent  de  l'avoir  fait 
évèque.  Eudoxe  voulut  lu:  faire  rétracter  ce 
qu'il  avait  prêché  ;  mais  n'y  pouvant  parvenir, 
de  concert  avec  les  autres  ariens,  il  s'adressa 
à  Constance,  pour  faire  sortir  le  saint  d'Au- 


i07 


MEL 


MEL 


208 


tioHie.  On  Tncrusa  de  saboUianismo,  et  Cons- 
taiiro,  roi  osfirit  li'gor  (juo  le  nioiridro  \rui 
faisiit  rhanger,  le  hnnnit  datis  sa  villo  natale 
à  MiMitine  on  Arménie,  tren;e  jours  après 
son  fDt  ('>e  h  Aniioc  lie. 

Saint  K|>i|>liane  raconte  qu'il  fut  oblig»^  do 
sortir  durant  la  nuit.  Bollandus  et  ïJlemoit 
trouvent  (juc  ce  r»Vi(  ne  peut  pas  s'ar(ord(>r 
avec  celui  de  saint  Ctirvsostomt\  qui  raconte 
que  le  gouverneur,  emmenant  le  saint  dans 
son  chariot,  et  passant  sur  la  grande  place, 
fut  assailli  par  le  p  'U|)le,  qui  lui  lanra  une 
grôle  de  pierres,  furieux  qu'il  iHait  de  voir 
qu'on  lui  (ulevait  son  (^vô([ue.  Saint  Mélèce, 
ajoute  le  narrateur,  couvrit  le  gouverneur 
de  son  manteau,  montrant  ainsi  sa  mod(^ra- 
tion  h  ses  ennemis.  Les  embarras  de  Hollaii- 
dus  et  de  Tillemont  nous  étonnent.  Est-ce 
que  le  peuple  d'Antioche,  sachant  qu'on  al- 
lait lui  enlever  son  évéqiie,  ne  pouvait  pas 
rester  la  nuit  sur  la  plu-e  |)ul)liiiue  ?  Et  ne 

f)0uvait-il  |)as  lancer  des  pierres  aussi  bien 
a  nuit  que  le  jour?  Ce  cpii  nous  étonne, 
nous,  ce  n'est  pas  cela;  mais  nous  sonuues 
surpris  que  ce  peuple,  si  ardent  dans  son 
amour  pour  son  évèiiu',  n'ait  pas  craint,  en 
lapidant  le  gouverneur,  d'égarer  quekpuvs- 
uns  de  ses  coups  sur  l'évoque  dont  il  défen- 
dait la  cause,  et  si  nous  avions  quehpies 
raisons  de  contester  ce  récit,  ce  serait  pour 
ce  motif  et  non  pour  l'autre.  Nous  savons 
bien  que  le  peuftle  ne  raisonne  pas,  »•!  (|ne 
bien  souvent,  ami  maladroit, il  tue  celui  (piil 
prétend  servir.  Nous  avons  voulu  seulement 
i^iire  voir  (pie  Bollandus  et  Tillemcuit  |)0u- 
vaient  très-bien  ne  pas  altiquerles  lécitsdo 
saint  Epi|)hane  et  de  saint  Chrysostome, 
comme  s'excluanl  l'un  l'autre.  L'Eglise  alors 
était  tellement  divisée,  déchirée;  il  \  avait 
si  peu  de  liens  entre  ses  dilVérenIs  membres, 
([ue  la  vérité  s'y  montrait  diilicilement.  Saint 
Jérômeaélé  trompé  à  tel  pointsur  les  causes 
de  l'exil  de  saint  .Mélèce,  qu'il  a  écrit  nue  ce 
saint,  (pii  prétendait  être  exilé  pour  la  foi, 
ne  l'avait  été  (pie  pour  sa  mauvais»»  conduite. 
Quant  h  la  Chroni(pie  d'Alexandrie,  qui  dit 
que  Mf'lèce  fut  di-posé  pour  son  impiété  et 
ses  autres  crimes,  on  ne  doit  pas  s'en  éton- 
ner; on  sait  (pi'elh"  fut  rédigée  par  un 
arien.  Quant  à  saint  JérAine,  il  était  tout  na- 
turel (pi'il  fiU  tionqu'  sur  le  (()iiq)le  de  Mé- 
lèce :  il  avait  été  fait  prêtre  par  Paulin,  ad- 
versaire de  cet  évéïpie  :  il  devait  subir  lin- 
fluenco  de  celui  ipiil  regardait  coniiiie  son 
évécjue  et  comme  son  père  dans  la  foi.  Après 
le  départ  de  Mélèce,  (.onstance  nomma  ('vè- 
que  d'Antioche  Eu/oius,  le  plus  ancien  et  le 
plus  ardent  des  dise  iples  d'Arius,  condamné 
romme  son  maître,  par  le  grand  coïKnlede 
Nicée.  Les  hérétiques  crurent,  en  rinslallant, 
amener  tout  le  monde  h  leur  parti  :  ils  furcMit 
étrangement  lrom|K''s ,  car  U'S  callioliques 
d'Antioche,  (pii  jusquc-lii  t'-taient  restes  en 
paix  avec  les  arims,  ne  voulurent  plus  com- 
muniquer avec  eux.  Ils  rompirent  entière- 
ment avec  les  ariens. 

Les  etforts  de  l'hérésie,  la  violence  de  la 
perst'-cution,  rien  ne  put  ébranler  la  foi  des 
catholiuues.  En  l'aliscncc  du  i)ilole,  le  vais- 


seau ne  sombra  pas,  et.  Dieu  aidant,  il  vogua 
au  milieu  des  écneils  sans  se  briser.  Ce  cou- 
rage des  catlioliques  d'Antioche  se  montra 
d'une  constance  bien  consolante  pour  l'Eglise, 
qunnd  l'indigne  llls  de  Constanlin  fut  mort, 
et  «jiie  Julien  fut  h  sa  place  monté  sur  le 
t^(^ne  impérial.  Mélèce,  revenu  h  son  trou- 
peau, en  vertu  de  la  permission  que  Julien 
avait  donnée  h  tous  les  évè<|ucs  bannis,  le 
trouva  II  qu'il  lavait  laissé,  plein  de  foi  et 
surtout  d'ainoiir  pour  lui.  Cependant  il  y  avait 
au  sein  de  l'Eglise  d'.Antioche  une  division 
qui  peinait  profondément  le  saint  évèqne. 
Après  la  déposition  de  l'évè  pie  Euslatlie, 
beaucoup  de  catholiques  n'avaient  pas  vou- 
lu communiquer  avec  les  autres  catholiques 
qui  ne  s'étaient  pa>  ourert»>ment  séfiarésdes 
ariens,  llsavaient  nu-me  protesté  contre l'ordi- 
nationdesaint  Mélèce,  parce  qu'elle  était  faite 
par  des  ariens.  Au  fond,  ils  avaient  raison; 
mais,  en  voyant  Mélèce  se  déclarer  frandie- 
ment  comme  il  l'avait  fait  pour  la  foi  de  Ni- 
cée,  ils  auraient  di'i  revenir  de  leur  rigueur 
excessive,  et  par  aniour  de  la  paix  et  de  la 
charité,  teimiiier  une  division  si  fâcheuse 
pour  le  bien  général.  On  nommait  ces  ca- 
tholi((ues  détachés  les  eustathiens  ;  on  nom- 
mait niélécieiis  ceux  qui  suivaient  le  parti 
delévèquc.  Mélèce  n'était  pas  seul  à  déplorer 
cellescission  :  les  autres  évèques  catholitiues 
d'Orient  ne  sou  lailaient  rien  tant  q  e  (Je  la 
voir  cesser  :  saint  Eusèbe  de  Verceil,  saint 
Lucifer  de  Cagliari,  tous  deux  confesseurs, 
s'occupèrent  des  moyens  de  la  terminer.  Ils 
décidèrent  saint  .\th:inase  h  asseml»  er  à 
Alexandiie  un  concile  de  confesseurs  pour 
s'occuper  de  cette  grande  alfaire.  Paulin, 
chef  des  eustathiens,  y  envoya  deux  diacres, 
Maxime  et  Calimèie.  Ce  concile  trancha  la 
question,  en  décidant  qu'il  fallait  recevoir 
ceux  ([ui,  ayant  été  engagés  dans  l'erieur 
des  ariens,  revitMidrai(Mit  à  l'orihodoxie  et 
embrasseraient  la  foi  de  Nicée.  Saint  Mélèce 
et  les  siens  l'avaient  fait.  Ils  n'avaient  même 


plus  à  profiler  un  béiiétice  prononcé  eu  ft- 
veiir  (les  catholiques  égarés  nar  le  concile, 
puisque  leur  retour  avait  eu  lieu  du  vivant 


même  de  Constance  et  durant  la  persécution. 
Saint  .Mélèce  avait  racheté  sa  faute  en  souf- 
frant l'exil  [)our  la  foi.  Il  n'y  avait  donc  pas 
d'IiesilatKUi  possiblt>  à  son  endroit.  Le  con- 
cile écrivit  ^  Lucifer,  qui  se  trouvait  à  An- 
tioche  avec  les  évêques  Cymace  et  .Vnatole, 
une  lettre  (ju'il  envoya  par  Astère  de  Pclra 
et  Eusèbe  de  Verceil.  Il  témoignait  sa  joie  de 
ce  (pie  les  Mélécieiis  voulai(Mit  se  réunir 
avec  ceux  de  Paulin,  souhaitait  qu'on  les 
traitiU  avei^  inliniment  de  douceur  et  (pi'on 
ne  leur  d(niiand,it  ri«Mi  autre  chose  que  d  a  ia- 
theiiiatiser  la  fiu  arienne  et  de  s»tus(  rire  à  celle 
de  Ni(  ée.  Le  coni  ile  ne  parlait  pas  de  Mé- 
lèce, laissant  aiparemment  h  la  prudence 
des  (  inq  évê(pies  à  régler  ce  (pu  le  concer- 
nait, et  supposait  que  sa  piété  lui  conseille- 
rait peul-êlre  de  renoncer  i\  répisco[>at,  s'il 
se  croyait  un  obstacle  il  la  paix,  i.uiifr,  qui 
s'était  rendu  d'onic(»  à  Aiilioche,  y  travail  a 
avec  lr(»p  de  /èle.  Trop  de  /.èle  est  parf'.us 
un  grand  cmicnii  du  bien  :  c'est  ce  qui  eut 


209 


Mi:r, 


MFJ. 


ÎIO 


lieu  (Intis  cotto  circntislniM'.o.  Smis  «llcndro 
les  ()rili<is  (In  ((incilc,  il  niilomi.i  l'.iiiliii  (''V(>- 
(|ii(>;  l(vs  iii(M(''ci('ii.s  ne  le  vttiiliirriit  piis  rece- 
voir :  (II*  \h  nii^iiKMit.'iiioii  du  scliisiiic  (]ii'oii 
iivail  voulu  ap/iiscr.  l'aulin  vl  Mc'IAeo  iio 
coiiHiuitii(|U(''('('iil  p/is  ciilrc  (Mi\,  cl  les  évc^- 
(  iiivs  (le  lT!j;lis(>  |irii'enl  p/iili  i|ui  poiu'  l'un, 
(  ni  (loiir  rjuilre.  Saiul  Atliiiiiase  el  ceux 
(  Occideiil  se  dcclarci-ciil  pour  Paulin;  la 
pluparl  d(M'<Mi\  (rOrieiil  i'csl(''i(vU  en  coui- 
uui'iioM  avec  Mclccc.  (lcp(Mid;\'it  la  scission 
complète  n'exislail  (pi'à  Aulioclie,  où  IVinlin 
ol  Mi'l^ci^  ne  (•oiiMnutU(|uaicnl  p.is  eulre  eu\. 
Lrs  aulres  th'cVjucs,  (pioi.puî  divisés  à  leiw 
sujet,  n'en  conuiuuiiipiaic'il  jias  moins  aveu; 
les  autres,  (pioi  |Ue  cette  (pu'stion  jetai  do 
la  froideiu"  dans  lou's  relations.  Seuleincî'il 
deux  saints  évé(pM\s  h  celte  occasion  ccmu- 
uurent  d(^  j;,ran(les  l'autes.  lùisèlx»  de  \  vv- 
ceil  en  arrivant,  trouvant  (pi'on  avait  agi  avec 
l);'a»uoup  trop  do  précipitation,  se  relira  sans 
avoir  voulu  couuuuni(pi(r  avec  aucun  des 
lieux  par;is,  et  Lucifer,  de  son  côté,  se  sépaia 
t'ela  eoiuniunion  (ri"'u>C'l)e,el  ensuite  de  tous 
eeux  (lui  adnieKraii'ul  les  évé(pies  tombés 
dans  I  arianismo.  Ces  faits  s'étaient  passés 
avant  le  retour  do  saint  ÎNlélécc  :  il  ne  revint 
de  son  exil  (pi'a|)rés  rordinalion  de  Paulin. 
Il  trouva  h  Antioche  ceux  qui  tenaient  pour 
son  parti,  et,  se  nu'ltant  h  leur  UMc,  il  tint  ses 
assemblées  hors  de  la  ville,  dans  l'église^  do 
la  Palée.  Euzoïus  avait  h  sa  disi)Ositmn  plu- 
sieurs églises  de  la  ville,  hors  une  petite 
qu'il  avait  laissée  ou  donnée  .^  Paulin. 

En  .'{().'},  Julien  éla.it  mort,  Jovien,  prince 
lrés-catholi(iuc,  monta  sur  le  trùiie,  et  vint  à 
Antiothe  vois  le  mois  d'octobre.  Trouvant  à 
Antioche  une  église  nouvellement  bàlic,  il 
la  donna  ti  saiîit  Mélèce.  Acace  de  Césaréc, 
voyant  sur  le  trône  un  prince  catholique, 
iugea  opportun  de  le  devenir.  Il  était  de  ces 
nonuuesqui  se  tournent  toujours  au  vent  qui 
souille  du  coté  tic  la  puissance.  1.1  vint  trou- 
ver saint  Mélèce  :  ils  tinrent  à  Antioche  un 
concile  composé  tie  vingt-sept  évoques,  (jui 
confessèrent  la  foi  de  Nicée.  Les  principaux 
de  ces  vingt-sept  évoques  sont,  saint  Mélèce 
d'Antioche,  saint  Eusèbe  do  Samosate,  Acace 
de  Césarée,  Eutyque  d'Eleuthéropolis,  Isa- 
coquis,  Isaac  de  l'Arménie  Majeure,  Tite  de 
Bostres  en  Arabie,  Pelage  de  Laodicée  en 
Syrie,  Athanase  d'Ancyre,  Ironion  de  Gaza, 
Anatole  de  Bérée.  Allianase  et  deux  autres 
n'y  assistèrent  que  par  des  prêtres  qu'ils  y 
avaient  envoyés.  Le  concile  adopta  entière- 
ment et  identiquement,  quant  au  termes,  la 
foi  de  Nicée.  Quoique  temps  après, Athanase 
vint  à  Antioche  et  vit  Paulin,  sans  commu- 
niquer avec  Mélèce. 

En  l'an  3GV,  Valons,  qui  succéda  à  Jovien, 
se  montra  un  persécuteur  acharné  des  ca- 
tholiques. 11  voulut  forcer  les  orthodoxes  à 
communiquer  avec  Euzoïus,  et  condamna 
Mélèce  au  bannissement.  Ce  second  bannis- 
sement ne  dura  pas  longtemps  :  Procoi-'e  s'é- 
tant  soulevé  contre  Valons,  ce  piince,  pour 
ne  pas  s'aliéner  les  habitants  d'Antioche, 
consentit  au  retour  de  saint  Mélèce.  Ce  qui 
est  certain,  c'est  que  ce  saint  évoque  était  à 


Aritio(;li()  on  .'U'»7  et  années  suivantes  :  enrco 

fut  h  cellr  é|i(*quc  qu'd  découvrit  un  des  plus 
riches  tii'-sors  dont  ll'iKlise  ;iil  le  droit  d'élro 
lièru.  Saint  Je/m  ('.hr\  sosltune  (|uitlail  les 
écoles  des  sophistes  :  Mt'-lèce,  avant  deviné 
(•(!  (jn'il  valait,  h;  gardaprès  de  lui,  h;  bafilisa 
el  l'ordo'uia  lecteur.  Siiiil  Jenri  resta  trois 
ans  ainsi  près  de  s/unt  Mi'lec c,  c'esl-^h-dirci 
jusipi'cn  .'{70,  éfiocpu!  du  IroisK me  bantn.s- 
sement  du  saint  évéïpu'.  Mélèce  fut  banni 
«•cite  troisiènu!  fois  en  Arménie,  où  il  d«;- 
meurait  vers  Nicopolis.  Il  possédait  en  ro 
pas  s  une  t(ure  noimnéc;  (Jéiase.  Il  était  sur 
les  contins  de  la  Cap|)adoce,  à  poi-tée  d(;  saint 
Basile,  (lesoite(pi(!  tous  deux  se  soutenaient, 
se  consolaient  daiis  les  |)ersécutions  dont  ils 
étai  nt  victinu's.  (^-s  deux  saints  étaient  unis 
dans  tous  les  points,  connue  la  suite  le  fera 
voir. 

N'alens,  au  milieu  de  c(;tle  persécution 
(pi'il  faisait  soi.lfrir  h  saint  Mélèce,  laissait 
Paulin  i)arfailt  mont  Irampiillo  à  Antioche; 
sans  doute  j  arce  «|ue  peu  de  i)orsoniu\s  sui- 
vaient son  parti,  ou  bien  parce  (pie,  n'étant 
en  conniumiou  (pi'avec  fort  [)eu  des  évo- 
ques d'Orient,  il  ne  faisait  |)as  d'ombrage 
aux  ariens.  Du  reste,  on  voit  (pu;  la  tacticiuo 
dos  empeieuis  (jui  porséculaiont  les  oitlio- 
doxcs  était  de  leur  susciter  autant  d'embar- 
ras (pi'ils  le  pouvaient,  soit  on  les  i)Ouisui- 
vant  directement,  soit  en  favorisant  toutes 
les  divisions  qui  se  montraient  au  milieu 
d'eux.  Puis,  comme  les  Occidentaux  étaient 
foil  unis  à  Paulin,  il  craignait  sans  doute  de 
mécontenter  en  l'attaquant  Valenlinien  :  c'é- 
tait pour  celle  mémo  raison  que  jusque-là  il 
n'avait  pas  norsécuté  saint  Allianase.  Deux 
des  f)rètres  de  saint  Mélèce,  Flavien  et  Dio- 
doro,  tenaient  sa  jilaco  à  Antioche  et  y  dé- 
fendaient la  foi  de  Jésus-Christ.  Ce  fut  dans 
son  exil  que  saint  Mélèce  reçut  dans  sa  terre 
de  Gétaso  la  visite  de  saint  Basile,  qui  du 
reste  le  consnllait  et  s'en  rapportait  à  sa  dé- 
cision dans  toutes  les  affaires  sérieuses  qui 
avaient  trait  au  bien  de  l'Eglise.  Dans  l'an- 
née 377,  saint  Mélèce  eut  la  douleur  d'ap- 
prendre qu'à  Rome  on  l'avait  traité  très-ou- 
trageusoment,  et  mis  au  nombre  des  ariens. 
Après  lamortde  Valons,  Gratien  étant  monté 
sur  le  trône,  l'Eghse  put  enfin  jouir  de  la 
paix.  Mélèce  revint  de  son  exil  :  toute  la  ville 
d'Antioche  vint  au-devant  de  lui  ;  on  le  reçut 
avec  tous  les  transports  de  la  joie  la  plus 
vive.  11  paraît  qu'après  son  retour  on  tenta 
de  le  rapprocher  de  Paulin.  Les  détails  de 
cotte  aîî'aire  sont  si  peu  certains,  que  nous 
n'en  pouvons  dire  que  très-peu  de  chose  : 
nous  savons  seulement  que  ceux  qui  étaient 
de  sa  communion  le  voulurent  faire  asseoir 
sur  le  .moine  trône  que  Paulin.  Comme  il 
avait  l'humeur  fort  conciliante  et  fort  douce, 
non-seulement  il  le  voulait  bien,  mais  en- 
core il  en  pressait  Paulin  par  les  paroles  les 
plus  engageantes  :  «  Puisque  le  maître  du 
troupeau,  lui  disait-il,  m'a  confié  la  garde  de 
SOS  brebis,  que  vous  êtes  chargé  du  soin  des 
autres,  et  que  les  unes  et  les  autres  ont  Ja 
même  foi,  rassemblons-les  toutes,  je  vous 
prie,  en  une  seule  bergerie,  et  termine  as 


211 


MF.L 


MFX 


21-2 


enfin  ppUp  di^pnf»^  rpio  nniH  avons  pour  l«Mir 
roiitJiiit'*  :  fiis'ins-Ios  totitos  |»<TÎlrp  Pitst>niblf . 
Qw^"!  si  re  trùnt\  où  Tôv^-ipio  n  arronlunu^  <lo 
snsspoir  au  milio  i  iU\  clcrg»^.  l'onno  entre 
nous  quel  {lie  d  lft'?'onrf,  j*»  Irouvrmi  l)i»'u 
moyen  de  If  tprminor;  motions  le  saint 
Evangile  sur  le  tn^uo,  rt  ass"yons-tous  à 
ses  rùtés.  Quh  si  jf»  Unis  m'^s  jours  devant 
vous,  vous  aurez  tout  seul  l'inlendanee  du 
troupcan  :  et  si  vous  mourez  le  premer,  je 
lâeherai  aussi  d'en  prendre  tout  le  soinquil 
nio  sera  possible.  » 

Paulin  ne  voulut  pas  accepter  la  proposi- 
tion que  lui  faisait  Mf^lèce.   prétendant  rjuil 
ne    pouvait  pas   recevoir  pour  ci>||èg\n\  un 
homme  qui   avait  été    fait  évéqu"    par   les 
arien-.  Alors  reux  du   parti   d»«  Mélèee,  s'é- 
tanl  saisis  dune  église  qui  était   hors    de  la 
ville,  l'y  liront  asseoir  sur  le  troie  é()isfO[)al, 
Ce  fut  sur    les    ariens   qu'ils  |)rirent    cette 
éiîlise  :  c'était  cidie  de  la  Pab'B,  qu'avait  déjà 
eue  Mélèee  avant  d'être   banni   par   Valons. 
De  plus  en  plus  la  division  auiimoda  :  ell<^ 
devint  tell  ment  vive,  qu'il  s'ensuivit  pres- 
que une  sédilif^n  dans  la  vil  e.  L'E;lise  g»'- 
missait  de  ce  schisme  :  saint   (Iré^oire   de 
Nazianze,  saint  Ambroise,  en  étaient  dans  In 
douleur.  Les  évéques  du  concile  d'.Vquilée, 
les  évéques  d'Occident  avaiei  t  résolu  d'en- 
voyer à  Antioche  pour  y  terminer  ces  trou- 
bles d"''plorabl»'s,  lorsque  la  guerre  destioths 
vii.t   tout    siis|)endre.    Kn  378,  saint  Méléce 
ordonna   plusieurs  évoques  ;   lualhi'ureuse- 
mml   ces   or.iinaiions  venaient    allli-;e    l'E- 
jçlise  ;  carsi  dans  une  ville,  il  y  avait  un  év«V 
qne  euslatliieo  (  ou  du  parti  de   Paulin  ),  les 
inélé(  iens  en  ordonnaient  un  .futro,  et  ré(  i- 
prf)quement,  ce  qui  ne  faisait  qu'agrandir  la 
division  aui  avait  commencé  Ji  Antioche.  En 
370.  touché  d'une    situation   si    (lé|ilorahle, 
saint   Mélècc  tint  un  grand  concile  <\  Antio- 
che; on  y  adhéra  de  tous   points   aux  di'ci- 
sioiis  prises  au  coiii  ile  di>  Rome.  Saint  Me- 
lèco    y  renouvela  encore  ses  piopo-ilio  s  à 
Paulin,  qui  refusa  obstinément,  «'omme  tout 
cela  s'i'lait  lias*)'  devant  Sapor,  il  donna    les 
églises  à  saint   Mélèee,  ne  laissant  à   Paulin 
que  cellos   qui    s'étaient  séparées  lors  de  la 
dé'position  et  Hu  bannissemi'nt  de  saint  Eiis- 
talho.  Enlin,  Paulin  consmilil  néanmoins  (pie 
celui  des  deux  qui  survivrait  h  l'autre,  serait 
seul  évèque  de   tous  les   orthodoxes.    Ajirès 
fot  arcord,  sa  nt    Méléco  erriv.t  inicore  aux 
évèqiies  d'O.  cident  [lour  leur  demander  leur 
communion.  Snirale     nous  jippn  nd  «pi'on 
prit  >ix  p(M-sonnnges  qtii»  Tnn  pouvait  présu- 
mer (jeviur  plus  proi>nbl  'ment    que  d'autres 
èlre    ap|)el(is   k    occuiior   plus  lard  le  sié'ge 
d'Anlioche,  et  qu'on  leur    lit  jurer  que  tant 
que  l'un  des  deux  évéqnes  serait  vivant,  ils 
n'arceploiair'tii  jias.  Flavien    était  au  nom- 
bi  e  du  ces  por»><ujnagps,ot  pourtant,  ajires  la 
n»ort  «le  Mélèee  et  du  vivant  mémo  de  Pau- 
lin, il  acce|ita    le    sié^e    d'Anlioi  ho.  Mal^iré 
oel  •,  rOneni  Vu  loiijoiir>  regardé'  comme  un 
saint.  Faut-il  croire  Soerale,  ou  penser  que 
fUivfen  «w  soil    parjuré?   I/liisioire  de  ces 
H»ni]><»  si  orageux   esi  ph'ine  tie  mvsfères.  Il 
V  avait  fort  pou  de  t^'mps  que  ^^aint    Mt-ièce 


él.iit  en    possession  des  égli<03  d'Antioche, 
loisqu'il  partit  pour  3e  rendre  au  concile  de 
Constantinople.    Il  y  eonduisit  ses  disciples 
Flavien  et   Elpid'.' Quand  il  arriva  h  Cons- 
t  iiitinople,  il  se  passa  (pielque   chosp  d'ex- 
trêmement remarquable  :  l'empereur  Théo- 
dose, (pli   ne   l'avait  jamais  vu,  avait    rêvé 
qu'il   lui    mettait   la  couronne  sur  la  tète.  11 
pria  qu'on  noleliii  fît  jias  voir, alin  des'assu- 
rer  s'il  le  recoiniailrait.  En  etTet,  il  le  vit  au 
milieu  de  tous  les  autres  et  couru'  l'embras- 
sor.  Une   des    principales  causes  do  la  réu- 
nion du  concile   était    la   nomination  d'un 
évéïpie  de  Constantinoplo.  Le  choix  ne  pou- 
vait être  douteux  :  les  vœux  et  le  jugement 
de  tout  le   monde  y  appelaient    saint  Gré- 
goire de   Nazianzo".  Ce  fut  saint  .Médèce  qui 
consacra  le  U'uvel  évèfpie  :  car  c'était  lui 
qui  présidait  le  concile  œeuménique.  Tous 
les  autres    prélats  le  considéraient   comme 
leur  chef  et  leur  père.  Ce  fut  au  milieu  des 
travaux   de   ce  saint   coneile  ((u'il  mourut. 
Tous   les    Pères  en    furent   très-con'risli'S  ; 
l'empereur  en  témoigna   une   douleur   pro- 
fond-, une  gran  le  quantité  de  peuple  suivit 
ses  funérailles.  Le  corps  du  saint  évéque  fut 
reporté  h  Antioche  :  toute  la  ville  d.*  Cons- 
tantinoplo sortit  pour  l'accompagner  ;  toute 
celle   d'Antioche    vint    an-devant.   On  l'en- 
terra dans  l'église  de  Saint-Babvlas,  que  lui- 
même  avait  fait  construire.  Son   corps   fut 
placé   auprès   de   celui  de  ce  saint    martyr. 
L'E,.;lise  cf'lèbre  sa  fête  le  12  février. 

SiÉLÈl'E  (saint),  était  général  d'armée.  Il 
soutfrit  avec  deux  cent  cin(piante-deux  mar- 
tyrs. Ils  accomplirent  leur  marivro  par  di- 
vers genres  de  mort.  L'Eglise  fait  leur  fête  le 
2'».  mai. 

MÉI.ErSIPPE  'saint),  fut  martyrisé  hLan- 
gres  sous  1  em|>ire  de  Ma'C-.Vurèlo.  avec  ses 
deix  frères,  saint  Sfieusippc  et  saint  hleu- 
sip()e.  (  Pour  avoir  les  détails  circonstanciés 
do  son  martyre,  rny.  l'article  Speisippe.  ) 
L'Eglise  honore  sa  mémoire  li>  17  janvier. 

>ii:LlTINE   sainte),  fut  martyrisée  à  Mar- 
cianopolis  [)our  son  atta.hement  à  la  reli-;ion 
chrétienne,  .\yant  et."  conduite  deux  fois  au 
tem;ile  des  gentils,  et  les  idoles  étant  tom- 
bées chacpie  |()is  ?i  terre,  elle  fut  suspendue, 
déchirée  do  coups,  et  décapitée  par  arrêt  du 
■•résident  Antiochus,  sous  le  règne  de  l'om- 
-lerenr  Anionin.  L'Egli>c  honore  sa  mémoire 
0  15  sefiteiiibre. 

Ml':i<l  l'INE,  ville  d'Arménie,  fondée  par 
Trajan,  et  où  fut  établi  un  camp  pour  nue 
légion  dite  In  Foudroyante.  On  prétend  (pie 
Trajan  fit  mouri.  dan.s  ce  lieu  onze  mille  s(.)I- 
dafs  (pii  avaient  refusé  d'abjurer  le  cliristia- 
nisiii(>.  Cette  opinion  est  fo;)déo  sur  les  Ac- 
tes des  saints  Zmion,  Macaire  et  Eudoxe.  On 
sait  (fue  ces  Actes  n'ont  aucime  autorité.  En 
matière  aussi  grave,  il  ne  faut  atlmettre  (pic 
les  faits  di montrés  d'une  nianière  positive. 
Il  est  bien  dillicile  de  croire  (pi'un  empe- 
nnir  romain,  surtout  dans  la  position  oii  se 
trouvait  Trajan,  en  guerri>  avec  des  peuples 

Suissants,  ait  pu  se  priver  de  onze  mille  ?ol 
ats  en  les  faisant  uiouiir  pour  cause  de  re- 
ligion. 


41.^  mi;m 

(ai  fui  tliui»  n«l((»  ville  (jin»  sninl  Polycnrlc, 
fjn/ilic  |()nrs  n|irè><  s;i  convorsiitM.  (Iuimim  s,i 
vil'  pour  U\  loi  cliitMiiiiMc,  mus  je  rciiic  cl 
(liiiaiil  la  |icrs(Miili()n   do    Df'w,  en  iî50  ou 

ii.'il. 

Mf"]l  ITON  fsaiiil),  (^vi''(ino(lcSan!('s  ci  Lv- 
Hic,  Mt\\\,  suivant  Polycinlc  (riMili(\sc,  nno 
(1rs  jiliis  ('cl.ila'ili's  lumières  de  ri'!^lis(>.(;(( 
iii(\|iie  (Si'ivaiu  lui  do'uit'  la  (|iialilieiili(iM 
d'eunuiiue.  Saiiil  JérAine  (M  T'-rlullieii  loucnl 
fa  heault^  el  l'elévatioM  de  sou  ^étiic.  Sai-d 
Mélitou  composa  (mi  faveur  des  chrélicus 
u!ie  Apoloi^ie  (pi'il  adressa,  ou  qu'il  donna, 
suivant  la  (^.hronitiue  d'IùisMx',  à  l'empercnr 
lyiai'C-Aurèle  ;  on  n(>  sait  pas  précis('>menl  à 
quelle  époi|ue  celle  .\polo;:;ie  l'ut  reinse;'»  ce 
pririco  :  les  uns  pensent  (in(>  ce  lut  ininn'- 
<liat(Mnenl  après  la  mort  de  !..  Venis,  t'rèro 
;idoplir  el  collèi;ue  de  Marc-AurMe  ;  les  au- 
tres, (|uo  cène  fut  (|ue  (pie'ijues  annéi  s  jibis 
lard,  et  après  (pie  ('omiiiode  eut  él('>  associi' 
?i  lempin»,  en  l'an  175.  Il  ne  nous  reste  rien 
<le  celte  Apoloi;ie,  si  ce  n'est  (pielcpu^s  fra|^- 
inents  Irès-courls  (pi'Knsèhe  a  cités. 

Saint  M(''lilo-ia  l'ail  un  lrès-L;rand  nombre 
d'autres  ouvragivs  (]ui  n'ont  pas  eu,  j)lus  (pic 
eelui-lh,  l'avantage  de  jiasser  h  la  posiérilé. 
Ouoi  (pion  en  ail  dil,  le  saint  a  'oloj^isle  ne 
iiionrul  pas  martyr.  L'Eglise  célèbre  sa  fèlc 
le  1"  avril. 

^n'ilLlTON  (  saint  ),  martyr,  l'un  dos  qua- 
rante martyrs  de  Sébastei  sous  Licinius. 
(yoj/.  Mautyrs  dk  Skoastf.  ) 

IVIeLLO  (Loiis  i>e),  de  la  comiiagnic  de  Jé- 
sus, avait  été  chargé  nar  le  bienheureux  .!(  an 
de  Britio  de  tlir  ger  la  mission  du  .>'ara\va, 
avec  le  P.  Jérôme  Telles.  Ce  pay^  avait  alors 
un  gouverneur  très-hoslile  ?i  la  religion  chré- 
tienne :  au-si  le  P.  Mello  l'ut  bienuM  arrêté; 
on  l'attacha  à  un  poteau,  les  jambes  forle- 
jnent  serrées  avec  des  liens  de  fer,  et  on  l'y 
laissa  pendant  plusieurs  jours  exposé  aux 
lenx  du  soleil  et  aux  ignobles  insultes  de  la 
lto|)ulace.  Ayant  été  ramené  dans  son  ca- 
chot, il  ne  tarda  pas  à  y  succomber  par  suite 
«les  cruels  tourments  qu'il  avait  eus  à  su- 
bir. 

MEI.UN,  chef-lieu  du  déparlement  de  Sei- 
ne-et-Marne ,  fut  témoin  des  soutTrances 
u'y  endura  saint  Léon,  en  confessant  la  foi 
e  Jésus-Christ. 

MEMMIE  (  sainte  ),  reçut  k  Rome  la  cou- 
ronne du  raaityre,  en  303,  sous  l'empire  et 
durant  la  persécution  de  Dioclélien.  Elle  fut 
mise  à  mon  sur  la  voie  Salaria,  où  elle  de- 
meura enterrée  jus(iu'au  jour  de  sa  transla- 
tion, qui  eut  lieu  le  8  août  de  nous  ne  sa- 
vons quelle  année.  Vingt-six  chrétiens  fu- 
rent exécutés  le  même  jour  dans  le  même 
endroit.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  8 
août.  (  Voy.  Cyriaqle.  Yoy.  aussi  l'abbé 
Grandidier,  Histoire  de  l'Eglise  de  Stras- 
bourg. ) 

MÈMNON  (saint),  était  centurion.  Il  souf- 
frit le  martyre  avec  saint  Sévère  :  tous  deux 
furent  jctésdans  une  fournaise  ardente,  après 
avoir  eu  les  pieds  et  les  mains  cruellement 
coupés.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  20 
août. 


MT.N 


211 


3 


MfWIIPPT'!  f.vijnl),  martyr,  donna  snvii» 
pour  J(''sns-Cliri.sl  avec  hvs  sairils  Dioinèdc, 
Julien.  PInlippc,  EutycJi  «••i.  IJésv(j'  e,  Lco- 
nide.  Phibnlclphc  d  PniitaKa|tpe.  II.h  nit  iJli- 
reni  la  palme  du  mait  lo  h  s  uns  p;  r  If  fou, 
les  aulrcs  par  le  glaive  ou  sur  la  uoix.  L'E- 
gMse  les  fêle  le  2  septembre. 

Mf'NANDUE  (saint  ,  niailyr.  oui  la  ^loiro 
de  donner  sa  vie  pour  Nohc-Sei^neur  ■•  Plii- 
ladeljihie  on  Arabie.  Les  compagnons  de  son 
m.nlyi'e  fnre'il  les  saints  C\rille,  A(|nil.is, 
Pierre,  Domilieii  et  lluf.  L'<''|.Oque  dû  eut 
lieu  hnir  martyre  est  inconnue.  L'Eglise  ho- 
nore leur  méinoii'e  le  1"  août. 

INir^NANDIlI-;  (saint),  selon  l'imlicalion  iUs 
martyrologes  latins  et  grecs,  soulfrit  le  iiiar- 
lyic.  avec  saint  Acace  et  saint  PolyèiK,-,  en 
même  lenqis  (jiie  saint  l'airice  à  Prus(;  on 
Pithynie.  On  n'a  aucun  détail  sur  î-on  mar- 
tyre. L'I'^  lise  célèbre  sa  fêle  le  28  avril, 
(f)mmo  celle  de  sainl  Patrice.  C'est  sous  lu 
règne  de  Dioc'étien,  dans  le  m'  siècle,  qu'eut 
lieu  son  martyre. 

IMENDICZ  (le  bienheureux  Ai.imionsk),  .'é- 
suite,  regnl  en  15.r2  la  mort  pour  la  foi,  sur 
la  côte  de  la  Pêcherie,  où  les  Hadages,  enne- 
mis cruels  des  Paravas  et  du  clirislianisme, 
lui  tranchèrent  la  lête, 

MENDEZ  (le  bieniieureux  Alvaiio),  Portu- 
gais, de  la  compagnie  de  Jésus,  faisait  par- 
lie  des  soixante-neuf  niissionnaiiM  s  (jue  le 
P.  Azevi  do  était  v  nu  recruter  à  Rome  pour 
le  Bié-il.  {Voy.  Azrvi.DO.)  Leur  navire  fut 
jiris  le  15  juillet  1571  par  des  corsaires  cal- 
vinistes, qui  les  massacrèrent  ou  les  jetè- 
rent dans  les  flots.  Quand  ces  bourreaux 
s'(Miiparèrci!t  du  navire,  Alvaio  Mendez  et 
Grégoire  Escrivain,  un  de  ses  compagnons, 
gisaient  au  lit  malades.  Ils  se  levèrent  à 
gran  l' peine,  pas-èrent  leur  soutane  [iar- 
dessus  leur  chemise  et  vêtus  ainsi,  nu-pieds, 
vinrent  se  mêler  parmi  ceux  que  l'on  mas- 
sacrait. Ils  reçurent  ainsi  la  palme  du  mar- 
tyre. (Du  Jarric,  Histoire  des  choses  plus  me'- 
juorables,  etc.,  t.  II,  p.  278.  Tanner,  Socie- 
tas  JesH  iisgue  ad  sauyiiinis  et  vitœ profusio- 
nem  tnilitans,  p.  166  et  170.  ) 

MENDEZ  (Alphonse)  ,  jésuite  portugais, 
patriarche  d'Abyssinie  et  confesseur ,  fut 
sacré  à  Lisbonne  le  25  mai  162i.  On  l'avait 
choisi  pour  l'élever  à  cette  dignité ,  parce 
qu'il  était  un  homme  d'un  grand  savoir  ,  et 
qu'on  comptait  beaucoup  sur  lui  pour  mener 
à  bon  succès  la  mission  d'Abyssinie.  Depuis 
bien  des  siècles,  ce  malheureux  pays  était  en 
proie  à  l'hérésie  :  il  reco^maissait  pour  chef 
religieux  le  primat  héiélique  d'Alexandrie. 
U'"!  peu  avant  i62i,  leNégous  Méiuc-Segued, 
s'étani  converti  à  la  foi  catholique,  écrivit  au 
pai)e  pour  qu'il  lui  e-^'oyât  un  palriarche  et 
des  missionnaires:  comme  nous  venons  de  Je 
dire,  ce  fut  Mendez  qui  fut  cloisi.  Aussitôt 
que  Mélec-Segued  en  fut  instruit,  ii  éciivit 
au  prélat  pour  le  prier  de  presser  son  arri- 
vée. Il  dit  à  son  secrétaire,  en  diclant  sa  let- 
tre, qu'il  fallait  que  les  missionnaires  entras- 
sent dans  ses  Elats  par  le  Dankali;  mais  le 
secrétaire  écrivit  Zeila  au  lieu  de  Dankali, 
ce  qui  fut  cause  de  la  mort  des  PP.  François 


215 


MFN 


MEN 


916 


M.irhndo  ot  Bornard  Poreira.  Mendoz  divisa 
ses  missionnaires  on  i>liisiciirs  bandes.  On 
peut  voir  à  l'orticle  Abvsssinic  les  «^V(^ne- 
ijients  (|iii  furent  la  conséquence  de  cette 
séparation,  et  les  vicissitudes  qu'eurent  à 
subir  les  voyageurs.  Quant  h  Mendez,  il  s'em- 
bnr(]ua  ?i  Bacaiin  pour  Baylour,  dans  le  Dan- 
kali.  Ce  fui  par  ce  pays  qu'il  entra  en  Abys- 
sinie,  après  six  s*  m-iines  de  marches  fati- 
gantes, et  pleines  de  dangers  de  toutes  sorics. 
Mélec-Segued  étant  absent  pour  la  guerre,  les 
niissiont)aires  demeurèrent  h  Frénione  ,  et 
s'occupèrent  h  évangéliser  les  environs;  ils 
y  recueillirent  une  riche  moisson  pour  le 
Seigneur. 

Bientôt  Mendez  convoqua  h  (lorgora  un 
svnnde,  où  il  fut  décidé  qu'on  élèverait  le 
plus  prom|)tement  possible  aux  ordres  sacrés 
les  indigènes  qu'on  en  jugerait  dig'ies,et  (pie, 
quant  aux  préires  du  pavs,  on  réitérerait 
sous  condition  leur  ordination,  parce  qu'il  y 
avait  de  graves  raisons  de  contester  la  vali- 
dité de  leurs  pouvoirs. 

Quand  le  Négous  fut  de  retour,  il  envoya 
chercher  Mendez  par  un  corps  de  troupes  de 

?uinze  mille  lioTnmes ,  à  la  tète  desquels 
taient  son  lils,  son  frère,  et  les  principaux 
d'entre  les  vice-rois.  Le  patriarche  ,  vôtu  de 
ses  habits  pontificaux  ,  était  monté  sur  un 
cheval  blanc  [qnndruprdenivro,  peut-être  un 
âne  blanc,  à  cause  de  l'estime  particulière 
qu'on  faisait  de  cet  animal  en  Abyssinie).  La 
réception  qu'on  fit  au  prélat  fut  magni(i(pie: 
le  Négous  lui  témoigna  la  plus  grande  estime 
et  la  plus  haute  vénération.  11  fixa  pour 
l'année  suivante,  1626,  le  jour  de  la  convo- 
cation de  tous  les  ordres  de  l'empire,  pou'- la 
reconnaissance  sole'inelle  de  la  suprématie 
du  pape,  et  pour  l'adhésion  h  la  foi  de  l'Kglise 
romaine.  Mendez  s'assit  sur  le  trône  h  coté 
du  souverain,  et  fit  un  discours  dans  lecpud 
il  exposa  les  points  de  la  foi  catholi(pn>  .^  l'é- 
gard desquels  les  Arm(''niens  étaient  dans 
l'erreur.  In  des  notables  de  l'assemblée  se 
lève  et  dit,  au  nom  du  Négous,  fjuece  prince 
veut  suivre  la  foi  romaine,  et  y  iurer  adhé- 
sion au  nom  do  tout  son  peuple.  Alors  le 
Négous  lui-même  se  lève,  et,  la  main  sur  le 
livre  lies  Ev.ingiles  ouvert ,  il  prononce  le 
serment  suivant  :  «  Nous  ,  sultan  Segued, 
en)f)ereur  d'Mlhiopie,  croyons  et  confesso.  s 

a  ne  Jésus-Christ  a  établi  saint  Pierre  prince 
e  ses  aitotres  et  chef  di- l'Kglise  universelle, 
et  qu'il  lui  a  donné  la  [)rimauté  sur  toute  la 
terre.  De  plus,  nous  crovons  et  confessons 
que  le  souverain  pontife,  élu  h'gitunement, 
est  le  successeur  de  saint  Pierre,  et  qu'il  a 
le  même  pouvoir,  la  même  di.;nifé,  \;\  même 
primauté  sur  l'Kglise  universelle.  Enlin,  nous 
promeltorïs,  vniions  et  jurons  une  obéissance 
et  une  fidéliii-  sincère-^,  "ix  îiolre  très-saint 
Père  el  seigneur  l  rbaui  \'III,  pape  par  la 
divine  providence  ;  el  nous  mettons  à  ses 
pieds,  avec,  une  sonmissit^n  mlière,  notre 
personne,  nos  héritiers  et  lout  notre  em[)ire. 
Qu'ainsi  Dieu  et  les  saints  Ilvangiles  nous 
soi-nt  en  aide.  »  Le  lils  du  Nt'"-;oiis  lii  W 
inêm*'  s<Tmenî  avei- un  enthousiasme  qui  ne 
devait  guère  laisser  supposer  qu'il  persécu- 


terait si  violemment  plus  tard  la  religion 
catholicpie.  Immédiatement  après,  le  Négous 
pul)lia  des  édits  sévères,  qui  défendaient 
d'einbrasser  une  autre  toi  que  la  foi  ro- 
maine. Bientôt  le  bruit  de  ces  succès  se  ré- 
païKiil  en  Ein-ope ,  et  des  missionnaires 
nouveaux  {)ar(ent  pour  rejoindre  .Mendez. 
Il  reçoit  le  pallium  par  ceux  qui  viennent  de 
Lisbonne. 

Mélec-Segued  donna  h  Mendez  Enfras  avec 
tout  son  territoire  ;  et  Mendez  choisit  sa  de- 
nieure  h  Dep,>an,  h.  une  lieue  de  Dancas,  sé- 
jour ordinaire  du  Négous,  et  à  une  lieue 
aussi  du  lac  de  Dembéa.  Par  ses  soins  et  par 
ceux  du  monarque,  on  fonda  à  Frémone  un 
séminaire  où  toute  l'élite  de  l'.Vbyssinie  vint 
étudier.  Devenu  fort  habile  dans  la  langue 
du  pays,  Mendez  publia  rhi>toire  des  six 
premiers  conciles,  avec  la  réfutation  des 
erreurs  répandues  en  Abyssinie.  Il  fit  aussi 
un  catéchisme  h  l'usage'  de  cet  empire.  Il 
commença  bientôt  a[)rès  le  cours  de  ses  visi- 
tes pastorales,  et  il  eut  le  bonheur  de  voir 
se  convenir  un  très-grand  nombre  d'Abyssi- 
niens; mais  il  était  manpié  dans  les  desseins 
de  la  Providence  que  l'Abyssinie  serait  rou- 
gie  (lu  sang  des  martyrs.  Deux  prêtres  furent 
assommés  .;ans  le  tigré,  par  les  ordres  du 
chef  d'i  n  village.  Déjà  la  réaction  commen- 
çait à  se  produire.  Mélec-Segued,  dans  son 
zèle  trop  ardent,  avait  le  tort  immense  de 
voulriir  forcer  ses  sujets  à  embrasser  la  foi 
calholi(pie.  et  Mendez,  tout-puissant  sur  son 
esprit ,  eut  le  tort  plus  flagrant,  s'il  est  pos- 
sibhs  de  ne  pas  l'engager  à  laisser  aux  mis- 
sionnaires le  soin  de  convertir,  elden'y  pas 
employer  la  viol(>nce.  On  précipita  soixante 
moines  ([ui  ne  voulaient  pas  obéir  aux  or- 
dr(?s  du  souverain;  plus  «le  six  cents  reli- 
gieux et  religieuses  furent  massacrés  par  les 
troupes  du  Négous,  en  (h'fenda'it  Itnir  indé- 
j)e'i(iaiue  religieuse.  Sans  aucun  doute, Men- 
dez et  1rs  missionnaires  furent  personnelle- 
ment étrangers  à  ces  horreurs  ;  mais  tout- 
puissants  sur  l'esprit  du  Négous,  ils  ne  de- 
vaient pas  souffrir  qu'il  se  portât  h  de  tels 
actes  de  tyrarmie. 

Bientôt,  comme  on  le  peut  voir  en  détail 
h  l'arlichi  Abvssimf  et  a  l'article  Cif.oh(;is, 
eut  lieu  la  révolte  de  Técla-Georgis,  vice- 
roi  du  Tigré  et  gendre  du  Négous.  Ce  prince 
apostat  lit  mourir  le  bienheureux  Jacques, 
son  confesseur;  i)uis,  vaincu  iiar les  troufies 
envoyées  pour  le  réduire,  il  tut  pendu.  Peu 
après,  I(\s  Agowsdu  Lasia  se  révoltèrent  aussi 
contre  la  tyrannie  de  .Mélec-Segued,  et  fu- 
rent d'abord  vainqueurs.  Profitant  de  leur 
victoire,  ils  inlluencèreut  f(>II(>ment  le  vieux 
Négiius.  (pi'il  en  vnit  à  demandera  Mendez 
de  rétablir  l'ancienne  liturgie.  Mendez  crut 
(h'voir  accéder  i^  cedt-sir  :  il  la  rétablit  donc, 
en  la  purgeant  des  nombreuses  erreurs  dont 
elle  était  remjilie.  Ce  fut  à  cette  épotpie  qu'ar- 
riva en  .\byssinie  le  P.  Apollinaire  Alméida, 
nommé  coadjuteur  de  Mende/..  Il  apportai!  un 
brefdu  pape  accordant  h  l'.Vbyssirùe  le  jubilé 
pour  l'année  16.11.  O  jubilé  produisit  d'ex- 
cellenis  fruits;  mais  ce  bien  ne  fut  pas  do 
longue  durée.  .Mélec-Segued  ayant  découvert 


217 


MKN 


MKil 


ÎIÈ 


(|ii(>  (li>  toutes  pni'ls  on  roiispirnil  coiilrr  lui, 
<|ii(f  It.'isiljdcs,  son  (Ils,  riait  h  la  t(Hr  dcS 
roiis|iiial("m's,  cMn  aux  ()l>s(>ssi(ms  de  ses 
coiisrilliTS  iiitiiiics  :  il  se  laissa  airaclicr  un 
<^tlil  (Mii  (hMriilail  aux  iiiissioiinainvs  (|(>|ii<>- 
(•lici'davaiila^c,  ipi'il  |(>s  rclri^iiail  à  iM-t'-iiioiic, 
«Ml  allciidaiil  ([u'oii  1rs  fit  paiiji'  pour  les  In- 
des. 

l,e  vieux  Né^'ous  étarit  mort   eu  1(5.12,  sou 
lils  llasilides  lui    siucéda,   (M  aussih'il   com- 
liniia  l'ordi-e  d'oxil  des  .Jésuites.  Meude/.  lui 
adressa  uue  li'tli(>  pleine  di;  Ibice  et  de  rai- 
sons, le  priant  d(>  lui  diie  pour(pioi  oi»  clias- 
snit  les  J('suiles,  aliu  (pTil  ptll  eu  iiisiru  re 
le  nape  et  les  souverains  de   l'Iùirope   (pii 
le  lui   deniandaieid.   Il    proposait   (Vi   oulrc 
(pi'ou  lui   pernuH  (1(>  disruler  en  séance  pu- 
Mitpu'  co'Ui'e   l'abouna    et  contre   ceux  des 
docleui's  d'Ahyssinie  (pi'il  dési;;;nerail  ;  mais 
llasilides    lui  réiiondil   ipi'il    n'élait  pas  né- 
cossair(>   de   revenir  sur  une  (pu'stioM  d(''j.\ 
jui;"éi>.  Los  Jésuites  furent  obligés  de  partir; 
ils  se  mirent  (pu-hpui  temps  sous   la  |)roti'c- 
tion  du  l)aliarna|:;as(li  Jean  Akay,  (pii  de|)uis 
longtemps  scmaintenaildansriuiiépenilaïuu. 
Mais  le  Négous  avant  vivement   uu'uaeé  ce 
{)ririee,  il    conseilla  aux  Jésuites  de  se  reti- 
ter.  ISIendez  partit  avec  ses  compagnons,  ne 
laissant  en  Abvssinie   (pu»  six  Jésuites  avec 
le  V.  Aliuéida,  évé(iue  de  Nicée,  h  leur  lôte. 
Arrivé  h  Massaouali,  Mendez  et  S(>s  religieux 
furent  arrêtés  |)ar  le  pacha,  (|ui  voulut  obte- 
nir d'eux  une  grosse  rançon,  etcpii  ne  laissa 
}>.u"t;r  les  missionnainvs  (|u"ea  retenant  Mou- 
liez et  deux  autres  comme  otages.  Ce  ne  fut 
que  sur  les  instances  du  consul   de  France 
au  Caire,  (jue  le  pacha  de  celte  ville  lit  écrire 
au  pacha  de  Massaouali  par  celui  deSouakim, 
son  supérieur,  de  reldcher  sans   retard  les 
prisonniers.  Cet  oflicier  dut  obéir,   mais  ce 
lut  en  se  faisant  payer  une  seconde  rançon 
de  la  part  des  niarclîands  portugais  qui  une 
première  fois  avaient  versé  quatre  mille  cin([ 
cents  écus,  et  qui,  cette  dernière,  vei  sèrent 
six  mille  cruzades.  Le  P.  Mendez  s'embar- 
qua pour  les  Indes  orientales.  Arrivé  dans 
ce  l'ays,  il  ne  cessa  de  s'occuper  du  sort  du 
malheureux  troupeau  qu'il  avait  laissé  en 
Abyssinie.  Il  lit  tout  ce  qu'il  put  pour  [)ro- 
curer  aux  catholiques  des  secours  de  toutes 
sortes,  spirituels  et  autres.  Nogueira  lui  fit 
parvenir  une  lettre  que  nous  donnons  à  l'ar- 
ticle Abyssime,  laquelle  le  navra  de  douleur. 
Peu  de  temps  après  il  mourut  aux  Indes,  âgé 
de  soixante-seize  ans.    Ce  saint   confesseur 
mérite  d'être  regardé  comme  un  des   plus 
ardents  défenseurs  de  la  foi  catholique  en 
Abyssinie.  Nous  ne  nous  occuperons  pas  ici 
des  reproches  plus  ou  moins  fondés  qui  ont 
été  adressés  à  sa  mémoire  :  on  peut  voir  ce 
que  nous  avons  dit  à  ce   sujet  à  l'article 
Abyssiisie. 

MÈNE  (saint),  l'un  des  gardes  de  la  prison 
de  saint  Censorin  ou  Censorinus,  sous  Clau- 
de II,  le  Gothique,  fut  converti  à  la  foi  chré- 
tienne par  le  prêtre  saint  Maxime,  avec  les 
autres  gardes  de  la  prison,  lesquels  étaient 
Félix,  Maxime,  Faustin,  Herculan  ,  Numéro, 
Storacinus,  Commode,  Maur,  Eusèbe  ,  Rus 


lique,  Amandiniis  ,  Monncre,  Olympe,  (]y~ 
pru'ii  et  'l'héodurr.  (l'diir  von-  b-ur  histoire, 
recoure/,  h  larliclc  .Mahtvhh  k'Omik.)  i'.vs 
saints  nu  .sont  pas  nomim's  au  Marlyrolo^o 
romain. 

MflNriDriMI':  Csniiil),  maityr,  était  l'un  des 
quatre  viii^ls  di'piiir's  (willinliqucs  (pie  les 
chrétiens  orllmdoxcs  de  Coiisl  inlinoplo  dé- 
pulèirnt  à  \  alcns  m  :|7(),  ,.i  ,|,,'i|  rUtuy^va  lo 
préh't  du  préluirc.  Modeste,  de  faire  mourir. 
(Ko//.  V,u.i:ns  (il  lInHviN.) 

MI"'.N/']F  (saint),  martyr,  (Mit  le  glorieux 
|)ri\  ilege  de  mourir  pour-  J('sns-Cluist  avec; 
sauit  Capiton.  Le  Martyrologe  romain  no 
donne  aucun  (hHail  sus  ces  ihuix  saints.  L'F- 
^lise  cébMire  Nnir  iiK-moire  le  2V  juillet. 

MKMCNI';  (saint),  martyr  à  l'arion,  dans 
l'IIellespont,  sous  l'empire  de  Dèce,  (;st  ho- 
noré par  les  (liées  le  22  de  novembre.  Il 
exeirail  le  métier  (hi  foulon  dans  la  vi.le([U(j 
nous  venons  de  nommer  :  il  fut  arrêté  commo 
chrétien  et  eut  la  tête  tranchée.  Il  est  pro- 
babl(!  (|ue  ce  saint  soullVit  dès  h;  commence- 
nieiil  de  la  perséculion  ,  sous  le  proconsul 
Quintilien  :  rHcllespont  tenait  au  procon- 
sulat d"Asie. 

MENNE  (saint|,  martyr,  reçut  la  couronne 
du  martyre  en  l'an  de  Jésûs-Christ  .'}0'i,  h 
Cot.ée,  en  Phrygie,  où  il  était  (ui  garnison, 
avec  le  cor|)S  de  troufies  auquel  il  apparte- 
nait. La  persécution  de  Dioclétien  était  dans 
toute  sa  force.  Mi'tuie  ayant  courageusement 
confessé  sa  foi,  fut  battu  de  verges  et  mis  sur 
le  chevalet,  où  on  lui  (il  subir  de  cruelles 
tortures.  Son  martyre  fut  terminé  par  la 
glaive:  on  lui  trancha  la  tête.  L'Eglise  célô- 
bi'o  sa  fête  le  11  novembre.  {Voi/.  Surius.) 

MENNE  (saint),  dilfércnt  du  précédent, 
soulfrit  la  mort  pour  la  foi  en  Lybie ,  sous 
Maximien,  à  peu  près  à  la  môme  époque.  Sa 
fête  arrive  le  10  décembre.  Ses  Actes  n'ont 
aucune  espèce  d'autorité. 

MENODOKE  (sainte),  reçut  la  palme  du 
martyre  en  Bilhynie,  par  arrêt  du  président 
Fronton,  sous  le  règne  de  Maximien.  Elle 
eut  pour  compagnes  de  sa  gloire  ses  deux, 
sœurs  Métrodore  et  Nymphodorel.  L'Eglise 
les  honore  comme  martyres  le  10  sep- 
tembre. 

MENTHON  (saint  Bernard  de),  confessa  sa 
foi  en  Valais  sur  le  mont  Jou.  Nous  ignorons 
à  quelle  époque  et  dans  quelles  circons- 
tances. L'Eglise  célèbre  sa  fête  le  15  juin. 

MERCUKIE  (sainte),  fut  martyrisée  pour  la 
foi  chrétienne,  à  Alexandrie,  sous  l'empire 
de  Dèce,  et  sous  le  gouvernement  de  Sabi- 
nus,  en  250.  Elle  eut  pour  compagnes  de  son 
martyre  les  deux  saintes  \mmonaire  et  De- 
nise. Elle  était,  dit  saint  Denys,  respectable 
par  sa  vieillesse  :  le  juge  la  fit  décapiter;  elle 
ne  souffrit  pas  d'autres  tourments.  L'Eglise 
fait  sa  fête  le  12  décembre,  avec  celle  de  ses 
trois  courageuses  compagnes  de  gloire  et  de 
souffrances. 

MERCURE  (saint), martyr,  était  soldat  sous 
le  règne  de  l'empereur  Dèce.  Il  fut  décapité 
à  Césarée  de  Cappadoce  ,  par  ordre  de  ce 
cruel  tyran.  Nous^en  avons  des  Actes,  mais 
tellement  remplis  de  faits  évidemment  faux. 


510 


^fFT 


MET 


2iO 


?iip  nous  n'o?ons  y  fniro  aumn  fondomont. 
n  riironiiiuf  cr.Moxiniliie  ra])por'o  ipip'^ni'it 
Bisilp  nppril  de  In  mmièrc  siiiv.iMl  •  l.i  mort 
dn  Juliffi  l'Apostat  :  il  vit  en  snn^o  Jésiis- 
riiri^t.  qui  onlonnaH  h  «^.lint  M»^r  urn  do 
lai^rr  t'ior.  Lo  26  aoi^l  "fiS ,  on  npporfa  h 
Bf'ni'vont  les  re'iques  d'nn  s.iint  qu'o  i  a  lir- 
nnii  <^tro  rtdli^s  (ic  saint  Morrurc.  I/Eglisc 
célèhre  ><a  fiîte  le  25  tiovoinhre. 

Les  Actes  qu'on  nossède  concernant  saint 
Mercuro  jmrtent  le  nom  de  M(''raphrnslo;  ce- 
pendant il  est  probal)lt>  qu'ils  -if  sont  pas  do 
cet  auteur  :  le  style  est  très-dilTérenl  du  sien. 
Probahlonient  q'ui'Iquo  critique,  en  ap|)r('- 
ciant  les  faits  qu'ils  coitiennent ,  aura  6(rit 
sur  un  manuscrit  le  nom  de  MiHaphraste,  h 
cause  de  sa  manvaisc  r(''putatio'i,  et  aura  (Uiî 
suivi  par  d'autres.  Bnro  lius  (25  nov.  d]  dit 
avoir  ou  ei  mains  d'autres  Actes  du  saint. 

MErtCUUK  fsaint),  ('>tnit  soldat.  FI  souffrit 
le  martyre  h  Lentini,  ville  de  Sicile,  avec  plu- 
sieurs de  ses  compagnons,  |)ar  l'ordre  du  pré- 
sident Tersille,  sous  le  rè^ne  de  l'cmpcriMir 
Licinius.  Ils  pt^rirent  par  lo  glaivo.  L'Egliso 
lionori'  leur  mémoire  le  10  décembre. 

MÉHÉE,  vd!e  do  Plirygio,  est  célèbre  dans 
les  auîialos  des  niartyis  par  les  soullVancos 
que  lo  |)rcsident  Almaqiiefit  soulFrir,  durant 
le  règne  do  Julien  l'Apostat,  aux  saints  Ma- 
cédo  '0,  Thi'odule  <  t  Tation. 

MfiUIDA  [Emerila  Augusta),  ville  de  l'Es- 
Iramaduro  es|tagnol(\  fut  la  patrie  de  sai'ito 
Eulalie,  qui  y  fut  mise  h  mort  pour  la  foi, 
au  temps  de  la  persécution  do  Dioclétien,  en 
l'an  do  .lésus-Chrisf  30V.  [Voij.  Ei  i.mik.) 

MÉHOUJAN,  prince  arménien  do  li  famille 
d'Ardxourounik,  fut  l'un  de  ceux  qui  souf- 
frirent volontairement  la  captiv  lé  f)onr 
Jésus -Christ ,  sous  le  règne  d'IIazgue.il, 
deuxième  du  nom,  roi  de  Perse,  et  qui  ne 
furent  remis  en  liberté  et  renvoyi's  en  leur 
pavsque  huit  ans  après  la  mort  de  coprin,  o, 
sous  le  règne  de  son  fds  Bérose.  (Poiu*  jdns 
dedr-taiN,  roy.  Princes  Armkmens.) 

^lEUlVE  (saint),  le  morne  que  saint  Mitri;. 
(Vo//.  ce  nom.) 

MESSALINE  sainte),  martyre  à  Foligni, 
sous  Déco,  en  2.50.  Sa  fote  arrive  le  2.'j  jan- 
vier. On  n'a,  par  rapport  h  elle,  ou'unc  seule 
Vie  donnée  par  Kollandus,  la([uoIlc  fut  écrite 
en  l'aimée  1G1.'{  s(nilom(>nt. 

MESSINE,  ville  et  port  du  royaume  des 
Deux-Sicilos,  est  célèbre  par  le  m  ulvre  de 
.saint  Corebo,  (|ui  y  [)érit  par  h'  glaive  ;  on 
igdr»re  à  fpi  lie  époque. 

Mf'irEl.E.V  (le  bienheureux  Ji;an\  [lOrMi- 
Çais,  de  1,1  conq)agnie  de  Jésus,  prêchant  (MI 
iGUi  dans  la  petite  île  Cnredivn  ,  fut  tué  h 
coup-N  do  I.TK  e  par  les  indigènes,  avec  lo 
P.  Loui>  Péli  igolli.  (Sntiefus  Jrsu  usqnr  ml 
xanf/uinis  rt  r»7rr  prnfusinncm  niHitans,  pag. 
277. 

Ml-'/FET-LlS  snint),  martyr,  donna  sa  vie 
pour  Irt  foi  chrétienne  M  N  océsaréc.  lient 
pour  compignonsdo  se«;  irioiui»hes  les  saints 
Manloine,  Musnn  et  Eugène.  Ou  Ips  bn^Ia 
tout  vifs,  et  hnirn  cendres  furent  jetéf>s  dais 
la  rivière.  Nous  n'avons  pas  d'autres  détails 
r«'Ialivemont  h  ces  saints  cond>a»».nnts  do  la 


foi.   Î/Egliso   honore  leur  immortelle  mé- 
moire le  2'»  janvier. 

MÉTHOnE  (snint)  ,  martyr  ,  fut  d'abord 
évé  pie  d'Olympe,  ville  maritime  en  Lycie. 
II  éîait  aussi  é\è([ue  de  Pataro,  s'il  f\ut  en 
croire  Léonce  de  Ryzanre.  Alors  il  faut  dire 
que  ces  deux  sièges  étaient  réunis  h  cotte 
époque.  Saitit  Pyraïuiion  ,  évè.pie  de  Tyr. 
ayant  été  martyrisé  sous  Diorlétion,  saint 
Méthode  lui  fut  donné  pour  successeur.  On 
ignore  comment  saint  Méttiode  se  trouvait  à 
Chalcide,  on  (irèce,  dans  l'année  311  ou  312: 
le  fait  est  qu'il  y  fut  martyrisé.  Ce  saint  évo- 
que est  considéré  conmie  un  dos  Pères  de 
l'Eglise.  Son  élo  pience  et  son  savoir  étaient 
Irès-estimés  des  anciens.  Photius  cite  des 
fragments  considérables  de  ses  ouvrages, 
ainsi  que  saint  Epiphane,  saint  Jérùm»'  et 
Théodoret.  Nous  possédons  encore  en  en- 
tier son  /învrfurt  rirs  rirrqra,  ouvrage  fait  à 
l'éloge  de  la  virginité.  L'Eglise  fait  la  fête  de 
saint  Mét'iode  le  18  seiitembre. 

Mf-ITHODE  'sainf\  patriarche  de  Constaii- 
tino -le,  fut  élevé  \\  celte  dignité  dans  un 
concile  assemblé  par  l'impératrice  Théodora, 
en  remplaceiuent  de  Jean  Locnomante.  Il 
était  issu  dune  illu-tre  famille  de  Sicile  et 
se  rendit  fo.  t  habile  dans  les  sciences  sacrées 
et  |)rofaMos.  S'i'lant  relira''  du  monde,  il  bA- 
lit  un  monastère  dans  l'ile  île  Chio  ;  uiais  lo 
patriarche  N'icéphore  l'ayant  appelé  à  Cons- 
lantinople,  i!  s'y  rendit  et  suivit  depuis  son 
évè(pio  dans  l'exil,  au(iuel  l'avait  condamné 
Léon  l'Arménien  <l  cause  de  son  zèle  pour 
la  dé'ronso  du  culte  dos  images.  Nicéphoe 
l'oîivoya  ensuite  h  IU)me  on  qualité  do  non^ 
ce.  Notre  saint  revint  h  Conslantinople  après 
la  mort  do  ce  saint  patriarche,  et  bientôt  il 
y  fut  en  butte  aux  persécutions  des  icono- 
clnstes.  Michel  le  Bègue  le  lit  mettre  en  pri- 
son et  l'y  roiinl  durant  tout  son  règne,  et  ce 
fut  limpérafrice  Théodora  qui  le  lit  mettre 
on  liberté  en  H.30.  Il  ne  jouit  pas  longtemps 
do  sa  liberté,  car  bientôt  l'empereur  t'u-o- 
philo  l'exila  do  nouveau.  Ce  prince  étant 
venu  h  mourir,  en  8'»2,  l'impératrice  Théo- 
dora, i[ui  gouvernait  l'empire  sons  son  lils 
Micliid  III,  rétablit  la  paix  dans  l'Eglise,  et 
pourchassa  l'hérésie.  Elle  pla(;a  Méthode  , 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  sur  le 
siège  patriarcal  de  Constantinople ,  après 
avoT  chassé  Jean  Loconomanle .  patriar- 
che arien  (|ui  l'ocinipait.  Mi'thodo  gouverna 
son  Eglise  avec  zèle,  et  ri-lablil  partout  le 
règn  '  de  la  piété  ef  des  vertus  chrétiennes. 
Il  mourut  le  IV  juin  HVG,  ai)rès  avoir  si"gi> 
quatre  ans  ,^  la  tète  do  l'Eglise  de  Cons- 
tanlinoplo.  I,  Eglise  honore  sa  m<''moire  lo 
I'»  juin.  Saint  Méthode  nous  a  la  ssr  pbi- 
sioiirs  écrits,  ilcs  lanons  ,iénilentiaux,  un 
bel  Eloge  de  saint  Denis  l'Aréopagite  et 
|iliisi(>iirs  sonnons. 

Mf-ilUAN  ^sninth  doima  sa  vie  po»ir  la 
f(^i  ?»  .Vlexandrie  sous  lo  rè^ne  de  l'empe- 
reur l*hilip|>o.  qui  monin  sur  le  f  ône  (U 
2\5.  ('o  fut  par  le  fait  d'uno  émrttion  popu- 
laire que  la  persi'cution  tut  al.uméo.  Ecou- 
tons saint  Denis  :  t  La  première  victime  que 
les  Alexandrins  unmolèroîil  à  leur  rage  et  à 


sei 


me. 


^^}r. 


tH 


cclli^  (lo  lf>nrfi  flriiion^  fui  un  vicMlnnl 
noniino  Mi'lr.in.  Us  vdiilmciil  le  ((inlifiiiKlii' 
(|«  iHoli^ror  (les  pnnili's  impies  conln»  le 
oiiJlr  (lu  vrai  l)i<"U  ;  cl,  sur  !<'  rvl'iis  .pTil  m 
m.  ils  II-  ni.illr  >ilri('iil  ;i  coups  de  liAlo-i  ;  ils 
lui  (Mil'niici^reiil'es  éclals  de  roscMii  (hns  los 
yeux,  el  l'ivanl  «'iiliii  I  ai  m'  dans  un  de  leurs 
nnilHMir^s.'ils  le  lapidèienl.  L'Kf^iiis.' ci'li'l.rc 
su  l'iMc  le  .'H  janvier. 

Mf':riU)l>()UI':  (s.iinle^  sonlTiit  li-  niarlyn- 
on  ItilliMiie  avec  ses  dcnx  .sieiifs  M("i(id()re 
et  NvMi|ili()d()re.  Leur  Irioniplie  arriva  sous 
J'eniponMU'  Maxiuiicn  el  le  pn'sideni  Frnn- 
to'i,  !•:  1  s  snnl  inscrites  au  Marl.yrulogo  ru- 
niaii\  le  10  sepleinhre. 

Mf-yrUOlM-:  (sainO,  versa  son  sanu;  p'uir  la 
foi  dans  la  ville  di-  Tripoli.  11  eut  poin- coni- 
pagnons  de  sa  gloire  les  saints  lau'ien,  Paul, 
//nonihro ,  Tliéolinie  et  Drnsus.  I/K^iise 
(•(MM)re  leur  inunorlt'lle  mémoire  le  il'i  dé- 
ce  m  bre. 

MfirnOPHANK  (saint),  évéquo  ot  cnnlVs- 
seur,  sontlVil  ?i  r.onstantinople  pour  la  dé- 
fense d(^  la  roligioi  chrétienjie.  Nous  ijj;no- 
rons  les  circonstances  (jui  illustrèrent  son 
martyre.  Il  est  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
main le  'i-  juin. 

!\IKUUIS  (sainto\  souffiit  lo  martyre  h 
Gaza  en  Palestine,  avec  saiid(^  Tliée.  Nous 
n'avons  aucun  détail  sur  leur  C'uuiite.  l'E- 
glise h(Mion;  leur  mén\oire  \o  10  déciMuhre. 

Ml  (Puii.ii'Pi:\  néophyte  tonquinois  ,  fut 
mis  h  mort  pour  la  loi  en  17-i-2,  au  Ton- 
quin,  avec  le  P.  BtuMiandli ,  jésuite,  iMuma- 
nuel  Dien.  Piorr(>  Frieu,  Dao  Amhrdise.  I.uc 
Thu  ,  Luc  Mai,  Thaddée  Tho  ,  Paul  Noi  et 
François  Kam,  néophytes  qui  mêlèrent  leur 
sang  h  celui  du  saint  missionna  re. 

MIAO,  ve'  ve  chinoise  et  chrétienne,  fut 
arrêtée  en  17'«.(>,  par  l'ordre  de  l'oflicier  Fan, 
durant  la  persécution  (luo  suscita  le  vice-roi 
du  Fo-Kien,  et  trailuite  devant  le  tribunal 
du  gouverneur  de  Fou-ngan.  Elle  avait  re- 
fusé comme  les  autres  de  dii'e  où  était  l'évè- 
que  de  Mauricaste  et  les  aulres  missionnai- 
res. Mais  un  chrétien  concubinaire,  interrogé 
h  son  tour,  déclara  quil  demeurait  chez 
elle.  Mise  <i  la  torture,  elle  montra  une  ad- 
mirable constance,  et  rien  ne  put  lui  arra- 
cher ni  son  secret  ni  un  seul  gémis- 
sement. 

M1€HAL  (saint),  martyr,  l'un  d^s  quarante 
martyrs  de  Sébaste ,  sous  Licinius.  [Voy. 
Martyrs  de  Sébaste.) 

MICHEL  MELISSÈNE,  persécuta  violem- 
meni  les  catholiques  en  NatoIie,sousCo?)stan- 
tin  Copronyme,  qui  fut  un  des  plus  ardents 
iconoclastes.  (  Voy.  Constantin  et  Icono- 
clastes.) L'an  770,  il  assembla  h  Ephèse 
tous  les  moines  et  les  religieuses  des  pro- 
vinces de  Tlirace,  et,  les  ayant  menés  dans 
luie  plaine  ,  il  leur  dit  :  «  Que  celui  qui 
veut  obéir  à  l'empereur  s'haDille  de  blanc, 
et  prenne  une  femme  tout  à  l'heure.  Ceux 
qui  ne  le  feront  pas  |)erdront  la  vue,  et  se- 
ront envoyés  en  exil  dans  l'ile  de  Chypre.  » 
Aussitôt  on  en  vint  à  l'exécution  :  plu- 
sieui-s  souffrirent  la  peine  et  furent  regar- 
dés comme  martyrs  ;  plusieurs  apostasièrent, 


el  le  ^'Oiivernoin*  les  trailrt  romme  se»;  ntiUM. 
L'aïuiéc  suivant'',  771,  il  til  vendie  tous  les 
moUMsIe  (S  d'iiomtlies  et  de  fetiimofl,  nvec 
les  vasfs  s:i -les,  les  hvres.  les  h'Sliftux  et 
tous  leurs  liicus.  d  <>ii  c  vuva  le  pn\  il  l'eni- 
percur.  Il  brida  loul  ce  rpi'il  trouva  de  livre» 
des  uioinrs  el  des  Pcri-s.  Il  lirill/i  aussi  lotî- 
tes les  reliques  que  l'fju  portail  en  des  re- 
liquiires  ,  et  punit  ceux  ipii  |(»s  avaient 
cniuiiK!  conpabli's  d'impi«''tés.  ||  (jt  rnoitrir 
à  coups  de  l'ouel  plusieurs  moines  (ti  quel- 
ques-uns par  Ift  glaive.  Il  (it  perdre  In  vue  h 
une  i'itiiiilé'.  Il  y  (Ml  eut  à  qui  il  litoindr*'  la 
barbe  d'huile  et  de  C'r(!  londue  ,  puis  y 
mettant  le  feu  ,  on  leur  bridait  I«î  visage 
el  la  tète,  d'autres  ipi'il  envoya  en  exil 
a[iiès  plusieurs  tourments.  Fn  un  iuf)l,  il  ne 
laissa  pas  une  seule  persf)nne,  d  mis  loul  son 
gr)uverneinent.  ipii  port.U  l'Iiabit  monasti- 
(p,ie.  L'empereur  lin  en  écrivit  des  lettres  do 
leiiKMciment,  ci^  i|ui  porta  les  autres  h  l'i- 
niiter. 

MICHALEWICZ,  l'un  <les  persécuteurs 
d(\s  religieuses  de  Saint-Hasile  ,  établies  ,'i 
IMinsk,  en  Lithnanie,  et  coiuiues  sous  e  norri 
de  l'illes  de  la  Sainte-Trinité,  (pii  furent  ex- 
pulsées de  leur  couvent  et  soumises  aux 
persécutions  les  jilus  violentes.  Ce  prêtre 
apostat ,  leur  ancien  confesseur,  s'unit  au 
czar  Nicolas  et  h  révô(|ue  apostat  Siemaszko, 
pour  les  torturer  atfreusement,  afin  de  les 
faire  renoncer  h  la  foi  catholiipu'.  On  les 
avait  renfermées  dans  un  couvent  enlevé  à 
d'autres  religieus!-s,  pour  passer  entre  les 
mains  d'une  communauté  de  Gzernice,  ou 
Filles-Noires,  recrutées  paimi  les  veuves  de 
soldats  russes  et  les  filles  de  mœurs  déré^ 
giées.  Leur  douleur  était  grande  de  ne  pou- 
voir communier,  lorsqu'un  jour  Michale- 
wicz  parut  devant  elles.  «  0  mon  père  !  s'é- 
crièrent-elles ei  se  précipitant  à  ses  genoux, 
soyez  le  bienvenu,  vous  qui  nous  avez  en- 
seigné pendant  si  longtemps  comment  il  faut 
vivre  et  mourir  pour  Jésus-Christ  !  »  Bien- 
tôt cc[)endant  elles  s'aperçurent  de  leur 
méprise,  quand  l'apost'it,  voulant  abuser  de 
son  ancien  crédit  sur  ces  innocentes  religieu- 
ses, osa  leur  dire  :  «  J'étais  un  insensé,  lors- 
que je  vous  recommandais  la  fidélité  à  l'E- 
glise romaine.  Faites  comme  moi,  ouvrez 
les  yeux...  »  Il  fut  interrompu  par  un  cri 
général  d'indignation...  Le  traître  n'ayant 
pu  [)arvenir  à  les  vaincre  résolut  de  les  trai- 
ter avec  la  dernière  rigueur.  Il  les  con- 
damna à  être  flagellées  deux  fois  par  se- 
maine et  à  recevoir  chaque  fois  cinquante 
coups  de  verges.  Bientôt  il  les  fit  renfermer 
dans  quatre  cachots  séparés,  espérant  les 
vaincre  alors  plus  aisément.  Souvent  il  se 
présentait  devant  ses  malheureuses  victi- 
mes, avec  un  papier  qui,  disait-il,  con- 
tenait la  formule  de  renonciation  que 
presque  toutes  les  sœurs  avaient  déjà  si- 
gnée. Les  religieuses  n'avaient  pour  nour- 
riture ,  dans  leur  alireux  cachot,  que  des 
restes  de  légumes  pourris,  qu'elles  étaient 
obligées  d'arracher  à  l'avidité  des  vers.  Un 
juif,  poussé  par  la  pitié,  leur  avait  donné 
un  grand  vase  de  terre  dans    lequel  elle 


535 


MIC 


^^c 


224 


fiisaipnt  rlinniïfr  lo  mnrr  flo  IVnu-do-vic  de 
grain  <\uo  d'oufres  juifs  leur  donnaient  pnr- 
lois.  Michalpwicz,  poussé  par  un  atroce  be- 
soin de  vongonnre .  hn<i\  ce  vase,  et  se 
donna  l'aboniinaMe  plaisir  do  voir  |>lcurer 
ces  pauvres  religieuses.  II  ne  tarda  pas  à 
aller  rendre  compte  h  Dieu  dr  toutes  ses 
alrocit''s.  Depuis  son  apostasie  il  faisait  un 
abus  fréquent  des  liqueurs  fortes.  Un  jour 
qu'il  était  dans  un  état  complet  (Tivresse,  et 

3u"il  a  ait  maltr,iité  ses  victimes  avec  plus 
8  violence  qu'à  l'ordinaire,  il  tomba  dans 
ive  mare,  en  traversant  la  coiwdn  couvent, 
et  y  péril  éloulTé  dans  les  eaux,  ^Voy.   l'art. 

MiECZVSLAWSKA.) 

MICHEL  II,  dit  le  Bègu".  naquit  à  Amo- 
rium  on  Phrvgie.  Il  était  lo  favori  de  l'em- 
pereur Léon  l'Arménien,  qui  l'éleva  au  patri- 
ciat.  .V.vant  été  accusé  d'avoir  conspiré 
contre  le  prince,  il  fut  mis  ou  prison;  mais 
l'empereur  ayant  été  assassiné,  Mi(  bel  fortit 
de  prison  et  monta  sur  lo  trôno.  D'abord  il 
se  montra  favorable  aux  catholiques,  il  iit 
revenir  les  exilés.  On  crut  que  c'était  chez 
lui  un  sentiment  do  jnété.  (pii  le  |)ortait  J» 
agir  ainsi;  on  se  trompait,  ce  n'était  quo  de 
la  tolérance  venant  de  l'indlirérence  qu'il 
avait  pour  toutes  les  croyances  quelles 
qu'elles  fussent.  Quand  les  catholiques  so 
furent  réunis,  ils  lui  demandèrent  la  resti- 
tution des  églises  qui  leur  avaient  été  en- 
levées. «  Entendez -vous  avec  vos  adver- 
saires, dit  Michel  -je  vous  tolère,  je  ne  vous 
protège  pas.  »  Michel  était  du  reste  un 
nomme  excessivement  grossier.  Il  était  né, 
comme  nous  l'avons  dit,  à  Amorium,  dans 
la  haute  Phry^^io.  où  il  y  avait  toujours  une 
grande  mnliitude  de  juiJ's  et  d'athingans, 
certains  hérétiaues  que  l'on  prétend  être 
les  mémos  que  les  anciens  melchisédéciens, 
et  dont  on  dit  (|uc  nos  bohémiens  vagabo-ids 
étaient  des  restes.  Nous  avons  vu  toutefois 
que  Ton  donnait  aussi  lo  nom  d'athingans 
aux  paulicicns  ou  maîiichéens  d'Arménie. 
De  CCS  deux  sectes  de  juifs  et  d'athingans 
s'en  était  formée  une  troisième,  do-it  Mi(  bel 
avait  appris  les  erreurs  par  la  tradition  de 
ses  ancêtres.  Ils  recevaient  le  baptême  et 
rejetaient  la  circoncision;  mais  du  reste  ils 
observaient  toute  la  loi  mosaiijuo,  et  chacun 
d'eux  avait  chez  lui  un  juif  ou  une  juive 
qui  gouvernait  sa  maison  pour  le  spirituel 
et  pour  le  temporel.  Michel  avait  donc  été 
élevé  dans  cette  secte,  avec  une  grande  igno- 
rance et  une  grande  ru>lirilé.  Il  niénris.iit 
entièrement  l'élude  et  le  raisoniienionl ,  h 
leine  .savait-il  lire,  il  no  voidait  point  (pie 
'on  instruisit  les  cur.mis  ni  dans  les  livres 
des  anciens  (Irers  ni  uans  ceux  des  chré- 
tiens. 

Les  ciiiinniss.inces  dont  il  se  piquait  , 
même  étant  empereur,  étaient  do  distinguer 
les  mulets  les  plus  propres  h  être  monîés, 
on  h  pf>rter  des  fardeaux;  piger  d'un  coup 
dteil  les  chevaux  bons  ji  la  course  ou  au 
combat,  les  brebis  et  les  vaches  les  plus 
féronles  ,  et. les  plus  abondante»:  eu  |nit ,  et 
rendre  h  rharpie  mèro  son  petit.  Quant  h  la 
religion,  il  ne  croyait  pojjit  la  résurrection. 


P: 


il  disait  qu'il  n'y  avait  |>oint  de  diable,  puis- 
(pie  .Moïse  n'en  avait  point  parlé;  que  la  for- 
nication était  permise,  que  l'on  ne  célébrait 
j)oi'il  la  PAque  en  son  temps,  et  qu'il  fallait 
joOner  le  samedi,  contre  l'usage  des  Grecs. 
Il  parlait  mal  des  prophètes,  disait  que  Judas 
était  sauvé,  et  no  voulait  point  d'autre  ser- 
ment nue  par  le  Dieu  souverain.  (Fleurv, 
vol.  III,  p.  259.)  Mais  bientôt,  malgré  son 
indiffrenco  apparente.  .Michel  persécuta  les 
catholiques,  surtout  les  moines,  qu'il  trait  lit 
avec  le  plus  profond  mépris.  (lojy.  Ico>o- 
CLASTT-s.;'  Plus  tard  il  voulut  amener  les  ca- 
tholiques à  une  conférence  avec  les  icono- 
clastes. Pou  de  temps  après  il  mourut,  à  la 
suite  de  désordres. 

MICHF.L  i'io  bienheureux',  de  ta  compa 
gnie  de  Jésus,  Aragonais.  faisait  partie  de  la 
ti-oupe  de  missio-inaires  que  le  P.  Diaz  con- 
duisait au  Brésil,  h  la  suite  du  B.  Azevodo. 
Un  mois  a[)rès  lo  départ  du  Snint-Jacqucs 
qui  portait  ce  dernier.  Diaz  et  ses  compa- 
gnons ([uitièrent  Madère, afin  de  poursuivre 
la  route  vers  le  Brésil  avec  le  reste  do  la 
Hotte.  La  tempête  ayant  dispersé  les  navires, 
col'ii  (pie  montait  notre  bienheureux  et  ses 
comnagnons  dévia  vers  1  ilc  de  Cuba,  et  à 
San-Iigo  on  dut  abandonner  le  vaisseau  qui 
fusait  eau  do  foutes  parts.  Les  voyageurs 
trouvèrent  une  baniue  qui  les  conduisit  au 
port  d'Abana,  d'où  un  navire,  qu'ils  y  frétè- 
rent, les  tr;'nsporta  aux  Acores  au  mois 
d'août  1571.  Ils  y  trouvèrent  lo  comma'idant 
do  la  tlotto.  Louis  de  V'asconcellos  avec  le 
P.  Fran(;ois  Diaz  et  cinq  autres  jésuites  qui 
les  y  avaient  devancés.  L'amiral  vovant  son 
monde  si  réduit,  ne  conserva  qu'un  navire, 
et  ils  se  rtMiibarquorent  le  <>  septembre  1571. 
BientAt  ils  r(Micontrèrent  cinq  vaisseaux  de 
haut-bord,  commandés  |)ar  le  Béarnais  Cai> 
d''vill(>.  calvinisl(>,  ijui  s'était  trouvé  à  l'a- 
bordage du  Saint-Jfirqiirs  :  lo  combat  ne  fut 
|ias  long  et  les  calvinistes  s'emparèrent  du 
navire  catlioliquo.  Le  bienheureux  Diaz  fut 
massacré,  |)uisjeléh  la  mer  lo  Mi  septembre; 
Fr  UK'ois  do  Castro  confessait  le  pilote  au 
moment  où  les  calvinistes  montaient  h  l'a- 
bordage, il  fut  massacre;  (laspard  Goes  subit 
lt>  même  sort.  Pour  le  P.  .Michel,  (lui  avait 
été  renfermé  avec  d'autres  durant  la  nuit, 
<lans  la  cabine  do  A'asconrellos,  ayant  jeté 
un  soiqiir  (juo  lui  arrachait  la  l)lessure  do 
son  bras,  les  calvinistes  se  saisirent  do  lui 
et  lo  jetèrent  à  la  mer.  Les  autres  (om[)a- 
gnons  de  son  martyre  furent  le  P.  Fran(;ois- 
Paiil  ,  Portugais;  Jean  Alvare,  Portugais; 
Pierri>  Fernand.  Portugais;  Alf(uise  Fernan- 
dez.  Portugais;  .Vll'onso  .Viidré  Pais,  Portu- 
gais; un  autre  Pierre  Di.iz.  Portugais;  Jac- 
«pios  Carvalho,  Portugais;  Fernand  .\lvare, 
Portugais,  i  Du  Jarric,  Histoirr  ilm  choses 
plus  nirmnrnhlrs,  etc.,  I.  II,  p.  205;  Tanner, 
Sorields  Jfsu  usqur  nd  sanguinis  et  vitœ  yro' 
fusionem  niilitntis,  p.  17»  ot  177.) 

MfCHFL  VAZ  (le  bienheureux),  était  vi- 
caire g(^néral  de  Jean  d'AlbiKpiorque,  évê(pie 
deCioa.  Avant  évangélisé  ,ivec  succès  la  ville 
de  Chaiil,  les  brames  l'empoisonnèrent.  (Du 


2'2:;  MiR  MIE  2W 

Jaiiic,   llixtnirr  des  rliosrs  plus  im'mornhlr»,  lilcs  ri-iiiiiios  rcrurciit   l;i  mission  (1«  rcl(!V<T 

(•lt\,  I.  I,,  |i.  ;ilV.)  1<'S  rtiiiis  ;i|),itliirs  (i'iiii  Ici  i  uii|i.  «;ii  soiilli  iiiil 

MICIIi;!,  !•' ACIl'i.MON  (le  l)iciili(Mii('u\),  fut  «vcc    wh-  nm.sUmcc   h(«roi(ju«j  I«;m    lorluros 

iii,iii\  I  isr  eu  KillH,  jiii  .l.\|inii,(i;ms  le  loxmiiH*  au\(|iiflUîs   rHposiui   les   (oiiilaiiiii.i   liifulûl, 

(in  l'iiipO,  .'ivre  Jean    l'iiiiAoïo,  (liiu/ayt'-iiioM  poiii  les  aiiiciicr  a  .siiivn"  son  f\ciii|»lc 
Jctacliiii,  l'IiMiiias,  son  propri^  lils,  cl  l'icrrt',  (li-l  linnimc,   pour  se  laiir  valoir  (jii  pour 

liK  (|(^  Jean  'l'iiii;oro.  (les  trois  saiuls  coniii-  (limiinicr   pciil-iMrr  i\   ses   propres    \<mi\  la 

taiciil  parmi  les  plus  puissauls  sci^uruis  du  lioiili-  de  sou   apostasie,   avail  <|il  a  Veinjie- 

rovauiiu)  (le  lMii^(t.  Tous  trois  (''taunil  direc-  n!ur,  (piaud    il  dut   recevoir  de?  lui,  roiiiiuc 

leurs  d'une  (•OMlV(''ri()  (pi'ou  avail  l'oudec  dans  du  cIk  i'  snpn'^nie  d(;   l'I^^lise,  de  nunvcaux 

co  royauMH'  sons  lo  uon>  de  la  Misnicorilr.  jiouvous   spiiiinels,   (ju'il   ik;  doni.ul   point 

LoiS(pM^  le  roi  do  Kiu^o  coiiunen(>;rt  à  [lerst'i-  (juc,  dans  un  d('-lai  Irès-rapproclu';  (pi'il  lixa, 

culei'   l(\s  chr(''ti(Mis,   il   lit  onipnsonner  nos  les  provinces  ipii  (h'-pendaienl  do  sa  jm-nlic- 

Irois  saints.  A  ri>|)0(juo  do   l(U)H,   il  y  avait  lion  ne  lusseiil  passives  à  ri';;|^li.si!  russe,  l'our 

ui'ès  do  (piatroans  (ju'il  les  louait  on  prison,  n^connailicdi^uoinont  cet  enf^a^ouieut,  roiii- 

La  nourrilure  y  était  si  mauvaise,  lo  cacliol  peicnr  lui  prodigua  les  iiiaripies  d'Iioiincur, 

tMail  si   malsain,  les  soins  de  loules  sortes  ot  pour  lui  (MI  icndro  l"o\(''(nlio  i  plus  facile, 

luaiKpiaioMt  tollomoiit  aux  sauils  confosseurs  il  lui  d.  livra  plein  pouvoir  d'af^ir  avei;  les 

(pie   (liro/.ayi^mou   mourut  de   iiiis(''r(>.  A  la  récalcitrants    vowmr,   l'inlércl   de  la  rclitjioa 

iiouv(>llo  de  sa  mort,  le  roi  donna  l'ordin;  do  pourniil  le  rciluiiirr. 

dt'capitor  SOS  doux  compagnons,  ainsi  (|uo  Ainsi  n!V(Hu  d'un  j)ouvoir  illimité,  Sic- 
leurs  enfants,  lui  apprenant  celle  sentence,  nias/ko  retourna  dans  ses  provincos,  où  sos 
tous  deux  déclar('rent  (pi'ils  ou  étaient  ravis,  ])remier.s  rogai'ds  so  (liriyôiMMU  sur  l(;s  roli- 
et  (juo,  s'ils  avaiont  un  souhait  à  forinor,  c'é-  gieusos  do  Saint-Basilo,  établies  h  Minsk,  et 
tait  eolui  do  voir  l(>s  bourreaux  épuiser  sur  connues,  eonniuî  toutes  les  IJasiliennes  ou 
eux  toutes  les  tortures  (juo  leur  art  pouriail  J.illiuanio,  sous  lo  nom  d(;  l-'illesde  la  Sainte- 
leur  suggérer.  Le  roi,  qui  craignait  que  le  Trinité  (1).  Jilles  vivaient  en  communauté 
poui»lo  so  soulovAf,  commanda  do  presser  sous  la  discipline  de  MioczyslaNvska,  leur  su- 
l'exécution.  On  eu  [)eul  voir  le  déta.l  au  litre  périoure  depuis  pr('s  de  trente  ans.  Le  ser- 
GiRoz.vvÉMON.  On  les  conduisit  une  corde  au  vice  de  Dieu,  lo  soin  des  pauvres  et  l'édu- 
cou  hors  des  murs  de  Jateuviro,  où  ils  fu-  cation  dos  enfants  se  partageaient  leur  vie. 
roui  déca|>ités.  Elles  avaient  à  Minsk  une  si  grande  ré|)ula- 

MK'.HLL  (le  prince),  lils  de  Paul,  et  petit-  lion  de  sa.ntelé,   le  bien  qu'elles  faisaient 

lils  d(>  Sounou,   prince  manlclKui,  servant  h  parlait  si  haut  on  leur  faveur,  (jue,  malgré  la 

la  cour  de  Pékin,  fut  baptisé  en  n2V,  ;\  l'é-  vioJenco  oes  persécutions,  le  peuple  es[>érait 

poijue  où  rom[)ei-eur  piononçait  contre  toute  qu'elles  seraient  épargnées.  Pour  elles,  s'en 

sa  famille  la  jieino  (le  Voxil.  11  était  alors  à;^é  reniottaiU  à  Dieu  do  leur  sort  futur,  elles 

de  dix-sept  ans;  il  reçut  le  nom  de  Michel,  conii-uiaient,  dans  ces  jours  d'agitation  et  de 

et  eut  le  prince  Jean  pour  parrain.  U  suivit  douleur,  à  s'ac(iuiUer,  comme  par  le  j>assé, 

sa  famille  en  exil  à  Vcou-Oué,  lieu  ([uo  l'oiu-  do   toutes   les  obligations  qui   leur   étaient 

pereur  Young-Tching  avait  désigné.  [Voy.,  imposées.  Mais,  en  raison  môme  de  leur  vie 

pour  plus  de  détails,  les  articles  Paul,  Sol-  si  pure  et  si  sainte,  on  aurait  dû  redouter 

Noi ,  Chine.)  pour  elles  les  violences  do  Siemaszko.  Toute 

MIECZYSLAWSKA    (Irena-Macrina),    ab-  vertu  lui  était  devenue  odieu.se  depuis  qu'il 

besse  des  religieuses  Basilionnes    de  Minsk  n'en  avait  plus.  11  neusait  dailleurs  que  ga- 

en  Lithuanie,  a  soulfort,  ainsi  que  ses  com-  gner  au  schisme  les    religieuses  de  Samt- 

pagnes,  d'horribles  persécutions  en  Russie,  Basile,  (lui  avaient  un  si  grand  crédit  dans  la 

de  la  part  de  l'empereur  Nicolas  et  des  mi-  ville,  c'était  y  gagner  la  ville  môme, 
nistres  de  ses  fureurs.  Le  récit  des  soull'ran-         11   fut  d'abord  doux  et  caressant  avec  les 

ces  de  ces  religieuses,  publié  en  brocimre,  et  saintes  tilles;  il  employa  toute  son  éloquence 

actuellement  à  la  quatrième  édition,  appar-  pour  leur  persuader  que  le  passage  à  lEglise 

tient  dès  maintenant  à  riiistoire  de  l'Eglise,  russe  n'était  d'aucune  importance  pour  la 

Nous  n'estimons  pas  que  l'auteur   veuille  foi;  mais,  quand  il  vit  qu'il  ne  gagnait  rien 

faire  une  propriété  littéraire  de  ce  qui  est  sur  elles,  il  mêla  les  emportements  aux  ca- 

dt^jà  une  pièce  authentique.   Il  a  déjà  eu  resses,  les  menaces  aux  promesses  brillantes 

l'honneur  d'être  cité  en  entier  textuellement  qu'il  leur  faisait  au  nom  de  l'empereur,  et 

par  M.  Rohrbacher,  dans  son  Histoire  de  leur  montra,  pour  les  intimider  davantage, 

rEglise.  Nous  prenons  le  même    droit  en  le  pouvoir  qui  lui  avait  été  donné,  et  sur 

faisant  la  même  citation  {Martyre  de  sœur  lequel  eiles  virent  en  effet  la  signature  im- 

Irena  Mieczyslawska,  Paris,  Gaume  frères.)  périale. 

Un  grand  scandale,  dit  notre  auteur,  avait 
eu  lieu  dans  l'Eglise-Unie;  celui  qui  devait         (1)  Quand  on  fu  connaître  à  l'Europe,  surprise  et 

en  être  la  lumière  et  l'appui,  dans  ces  temps  inaignée,   ces  atroces   persécutions,  ou  négligea  de 

malheureux,  l'évoque  Siemaszko,  indigne  du  désigner  les  Basiliennes  sous  le  titre  de  Filles  de  la 

siège  où  Dieu  l'avait  i)lacé    avi-it  cédé   à  la  Sainte-Trinité,  qui  leur  est  donné  dans  touie  l'éten- 

peur  et  à  la  corruption,  et  s'était  honteuse-  ^""^  "^^  ^''  l^'i'"'»"»^-  Le  gouvernement  russe  de  s'é- 

iiient    vf»nrlii    :.  ^•v  .^■  \-         ^■  r.   ..  cner,  en    louant   sur    es  mois  avec   une   fouriiene 

n  ,o  L?P  nnnv.L^  'f    schlsmatique.  Ce  te  digne  de  Scapin  :  Quelles  sont    ces  Bas.liennes  dont 

apostasie  pouvait  porter  le  trouble  et  le  ué-  on  lait  si  grand  bruit?  Il  nexistepas  uue  seule inai- 

couragement  chez  les  catholiques;  d'iium-  &ou  de  Ba^^iliennes eu  Lithuanie l 


2i7  Mi 

LVmporoMr  y  disiit  à  peu  près  en  ces 

t(»rm'^s  : 

rt  J'.ipproirve  tout  ce  que  le  saint  arrh»»vè- 
qiie  a  pu  faire  et  fer.»  pour  le  n'iaMissMincul 
el  \:\  prnp;\iîat  on  de  la  religion  orlho(|r)\e 
dans  les  proviicfs  qui  ont  vn  le  iii;illioiir 
d'en  tMre  éloignées  pendant  nn  temps  plus 
on  nmiiis  lf>n,4;  je  lions  tontes  ses  eritri'()rist'S 
ponr  sainti's,  saintes,  trois  fois  saintes.  Jor- 
donne,  en  ras  de  résistance  à  ses  ordres,  an\ 
nuforités  niilit.nres  de  se  mettre  à  tonte 
lienre  et  piMtoul  h  sa  disposition,  et  de  lui 
fonrnir  anlant  de  fone  armée  qnil  en  de- 
mi-i(ler;i:  et  cet  onkase  je  le  si^'iie  de  ma 
propre  main.  «  Nicolas.  » 

Mieczyslawska  regarda  trislement  ses 
.sœnrs  après  la  lectnre  de  Tonkase;  c'était 
l'arrêt  de  leur  mort  en  ce  monde  ou  dans 
l'autre  qu'elles  veiiaient  d'entendre,  soit 
qu'elles  eussent  le  courage  d'eml)rasser  pour 

I  amour  de  Ji'sus-Clirisl  la  vie  de  douleur  à 
laquelle  elles  devaient  s'attendre  désormais, 
so  t  qn'ell<>s  reculassent  devant  l'excès  des 
maux  (pi'oii  pomrail  leur  faire  souiVrir.  «  La 
mort  ici-bas,  dans  les  persécutions  et  les 
larmes,  et  ;^loire  éternelle  au  ciel,  chères 
filles,  leur  (iit-elle,  ou  la  vie  en  ce  monde,  et 
la  mort  dans  l'auire  :  choisissez  1  •  Le  choix 
ne  fut  pas  long;  toutes  s'embrassèrent  en 
se  promettant  de  se  soutenir  mutuellement: 
Siemaszko  les  q'  litta  après  leur  avoir  prodigué 
le*;  injures  et  les  menaees. 

C'-peniJant,  avint  cpie  le  couïbat  ne  fiU 
engagé,  Mieczyslawska  crut  qu'elle  devait 
employer  1<mis  les  moyens  qui  pouvaient 
s'ollrir  à  elle  d'éloigner  de  ses  sieurs  le  diui- 
ger  qui  les  mena(;ait.  Klle  leur  proposa  d'a- 
bord de  profiter  des  ollVes  (jiie  des  amis  li- 
dèles  leur  faisaient  tous  les  jours,  et  de  nc 
disperser  dans  des  retraites  sûres  où  elles 
jiourraient  attendre  des  temps  meilleurs.  » 
IS'ons  suivrez- vous ,  ma  mère?  lui  de- 
manda-t-on.  —  Je  dois  mourir  au  poste  où 
T)ieu  m'a  plaeée,  si  la  violetice  ne  m'en  ar- 
rache, dit-el  e  avec  son  angi'liipie  doueBur, 
niais  aussi  avec  son  invim  ible  fermeté.  — 
Alors  ne  parlez  de  fuite  pour  personne,  lui 
dirent  ses  tilles,  car  notre  uevoir,  à  nous,  est 
d  •  mourir  à  vos  côtés.  »  Ce  moyen  ne  lui 
ayant  pas  réussi,  elle  adressa,  (pnii  prellc  en 
cs[)éràt  peu,  une  supplique  a  I  empereur, 
dans  laquelle  elle  sollieitail  la  grAce,  |iour 
elle  et  |tiinr  ses  somiis,  de  s  •  retirer  dans 
leurs  familles  respectives,  si  on  les  expulsait 
de  leur  couvent. 

Dans  1rs  premiers  joiirs  de  juillet  I8^{7. 
Siemaszko  vint  anno^rer  à  Miee/.yslawska 
qu'il  n'aecordail  plus  que  trois  jours  de  de- 
Itn,  h  e  le  et  ;\  ses  compagnes,  pour  choisir 
entre  le  sctiisme  ou  l'expiilsion  du  couv.nt. 

II  essaya  emoie  de  la  tenter  par  le  f.ddeau 
des  honneurs  et  des  dignités  (jne  remperenr 
fo  plairait  h  lui  a.  ronler,  si  elle  mellait  tin 
h  sa  résistance.  Il  détacha  même  un  des  or- 
dres dont  il  élftil  couvert,  et  Voulut  l'en  re- 
vêtir. «  tiardc/..  ^<irde/.  *  et  ordre;,  lui  dit  la 
MBur:  il  tiguieiaii  mal  h  cù(i'>  d<'  ma  modeste 
crix;  et  sur  vous,  il  aide  a  ca<  hor  la  poi- 
trine uù  bal  le  cuMir  d'un  apostat.  »  Lu  mu- 


MIE 


2i8 


chant  Re  mon'ra  troublé  de  cette  généreuse 
ri|'<tnse,  et  sortit  binscpiement.  Mais  trois 
jours  s'étaient  h  pei  te  ••coulés,  qu'à  cinq 
lienres  du  matin,  pendant  (pie  toutes  les 
steu  s  étaient  r(;unics  à  la  <  liapelh-,  il  fit 
entourer  le  couvent,  et,  suivi  du^  détache- 
ment russe,  y  p  nétra  liii-nicme  avec  Usza- 
kolf.  le  gouverneur  civil  de  .Minsk.  Il  tenait 
h  la  main  la  supplupie  de  Miecz»>l  iw>ka,  et, 
la  lui  montrant,  il  rep  ocha  à  celte  -ainle  Ql  e, 
avec  les  plus  grossières  injiir.  s,  d'avoir  osé 
écrire  à  l'empereur.  «  Igiiores-lu,  lui  dit-il 
dans  .s(tn  langage  toujours  plein  de  jactam  e, 
ignore>-tu  que  l'emiiereur  et  moi,  c  est  la 
même  chose?  Tiens,  lis  sa  réponse;  elle  est 
en  marge  :  «  Uenvoyé  au  saint  archevêque, 
qui  fera  droit  a  celte  demande,  si  elles  chan- 
gent de  religi(ui.  »  Ce  délai  de  trois  jours  cjue 
j'avais  accordé,  coiuinue-t-il  avec  une  furtur 
toujours  croissante,  je  le  retire,  c'est  aujour- 
d'hui, ce  matin  même  qu'il  faut  quitter  cette 
maison,  à  moins  que  vous  ne  vous  décidiez 
à  faire  entre  mes  mains  la  rétractation  de  vos 
criminelles  erreurs.  «Nous  paitons,  oit 
Mieczyslawska,  de  sa  voix  douce  et  ferme. 
—  Nous  parlons,  ré|iélèrenl  toutes  les  sœurs 
avec  entrainement.  »  Pour  la  dernière  fois 
elles  s'agenouillèrent  sur  les  dalles  de  cette 
sainte  chapelle  (jui  avait  si  souvent  reçu  les 
lieux  élans  de  leurs  âmes  vers  ce  Dieu  qui 
es  appelait  à  la  glOire  du  martyre.  ■<  Seigi  cur, 
ni  disaieiit-elles,  nous  voulons  ce  que  vous 
voulez  ;  fortitiez-nous.  Apprenez-nous  les 
mystcnes  de  votre  passion,  jiour  que  nous 
ayons  le  couinge  de  mourir  pour  vous!  a 
l  ne  d'entre  elle-  ne  se  releva  pas  pour  j>ar- 
tir;  Dieu  lui  ravit  son  âme  dans  une  der- 
nière prière  ;  il  voulut  en  faire  l'ange  gardien 
de  ses  sœurs  pendant  leurs  glorieux  com- 
bats. 

Siemaszko  s'était,  dans  la  chapelle,  empi^ré 
d  un  crucilix  qui  cunltmail  des  reliques  de 
saint  Basile,  non  certainement  |  our  les  re- 
liipies  du  saint,  mais  pour  l'or  et  les  menés 
précieuses  tpi'il  y  avait  vus.  Miecz. slawska 
le  supilia  de  permellre  qu'elle  emportât  à 
son  tour  le  crncilix  de  bois  ijui  servait  à  la 
communauté  dans  les  processions;  il  s'y  re- 
fusa t(uil  d'aitoid,  mais  Uszakotf,  touché  de 
la  douleur  de  Mieczvslawska,  le  contraignit  à 
u-dtn-;  et  c'est  portant  sur  l'épaule  droite 
cette  croix  bien-aiiuée  que  Miecz.vslawska 
«piitta  le  convinil.  entourée  de  ses  su'urs,  et 
escortée  par  le  détachement  qui  avait  accom- 
pagné Siemaszko  au  couv»  nt. 

Les  enfants  élevées  par  les  saintes  tilles,  et 
<pii  étaient  au  nombre  de  plus  de  cent, 
éveillées  brnscpiemenl  par  le  bruit  inaccou- 
tiiiiii-  (pu  se  fiis.iit  dans  la  maison,  s'étaient 
re|Mndues  dans  Pi  ville,  s'écr.ant  tout  mi  lar- 
mes ;  n  On  nous  enlève  nos  bonnes  mèr(\s  ! 
des  soldats  vu-nnent  les  chercher.  »  Tout 
Min<«k(niiu  se  prêt  ipifa  sur  la  trace  des  soMirs, 
et.  malgré  ladiligiuice qu'avait  faite  Siemaszko 
dans  ht  crainte  de  ce  mouvement  piqnilaire, 
l.i  majorité  nés  halutantsdc  la  ville  se  tioiiva 
aussiiût  que  le>  su'iir.s  h  NVigaoka,  auberge 
à  une  lieue  de  la  vitb>,  et  où  Siemasiko  avait 
résolu  de  s'arrOtcr  uour  faire  mettre  à  ses 


Si9 


m. 


MIE 


iso 


pri^oiuii^ros  les  lorsniix  pirds  cl  .'iiix  mains. 
On  i-<'|HiiisMi  iM'iiInlfiiii'iil  loiiscnix  (|ui  voii- 
luri'iil  s'«|i|int('ht'r  d Cllcs  |)(iui°  1rs  nuiMoIrr 
iMi  leur  l'/tiro  (|ii('l(|ncs /iiiiiiAiics.  (!ps  Iximucs 
^',t'iis,  (|u<>  1)1  vcilii  ilr>  sinirs  jiVdil  «'dilirs 
si  liiiii.;li'iii|)»i,  s'n^ciininllaii'iil  siii-  la  roule 
|ioiii'  recevoir  leur  iM'îiédiclKtri,  mnl:-;i('  les  «I 
(dil|is  iJe  rrosse  doiil  Us  ('laielil   lia|i|ie.s. 

L<'  |»remi<M' jour  de  leur  voyage,  on  leur  Hl 
fijre  ((uin/e  lieues;  la  l'Iuparl  tond):iienl  d'e- 
|)iM>>euienl  cl  de  ratifia';  on  les  relevai!, 
coiiiine  on  avail  chassé  les  lialiilanis  de  iMinsk, 
h  n)U|)S  de  crosse  ol  de  h.Uo'i.  Miec/v  slawska 
ni.u'cliail  loujours,  cliari;(''e  du  cruediv  de 
liois,  sans  laisser  (';clia|>|>er  une  plainte;  sa 
Itouche  ne  s'ouvrait  i\r.o.  pour  con^fder  ses 
couipaiines,  ou  |  oiu'  clianler  les  louanges  do 
son  divin  Maitr(>. 

Après  sept  jours  d'une  marche  l'orcéo,  la 
sainte  Iroupe  arriva  à  NN  ilch^k,  (tù  elle  l'ut 
coiuluite  dans  un  couvent  dont  l'on  venait 
(le  déposséder  les  lilles  d(>  la  Saint(vTriiiilé, 
jxiur  élahlirà  leur  placcuiesC/ernice  ou  lilles- 
iioires,  ainsi  iiomniées  du  costume  qu'elles 
poitenl.  ('es  commnnaulés  de  filles-noires 
sont  pour  l'ordinaire  rec  rutées  paiiui  les  veu- 
ves de  soldats  russes,  et  les  iilies  de  mœurs 
déréglées.  C'est  une  maniôi'e  d'assuier  la 
subsistance  des  unes,  et  de  mettre  lia  au 
scandale  (jue  donnent  les  autres.  On  se  ligure 
aisément  dès-lors  l'ignorance  et  la  gio>siè- 
reié  des  pUcs-uoires,  l'impatience  avec  la- 
(pU'Ue  elles  subissent  le  joug  de  la  nécessité, 
et  Ja  disposition  qu'elles  doivent  monlicr  h 
se  venger  sur  de  plus  l'-iibles  qu'elles  de  l'é- 
tat de  dé[)endance  et  do  retraite  où  les  letieiit 
la  volonté  de  celui  qui  connuande  à  la  volonté 
de  tous.  Les  lilles-noircs  de  Witebsk  pi'.s- 
saieut  la  plus  grande  partie  de  leur  temps  à 
s'injurier,  à  se  battie,  à  s'enivrer  avec  de 
l'eau-de-vie,  et  à  pou.vser,  quand  elles  avaient 
bu,  (.les  houras  en  l'iionneur  de  l'empereur 
Nicolas. 

On  jeta  les  sœurs  dans  une  salle  basse  et 
humide  qui  ouvrait  sur  la  cour  des  animaux; 
el  es  y  trouvé,  ont  quatorze  des  sœurs  chas- 
sées par  les  Czernice,  les  autres  avaict  déjà 
succomi)é  à  la  latigue  et  aux  soull'rances. 
Elles  venaient  de  perdre  leur  abbesse,  ebes 
s.' joèrent  aux  pieds  de  Mieczyslawska  et  la 
supplièrent  de  les  prendre  sous  sa  direction, 
j^i'  .j;.  .'i.'avvska  les  bénit  en  les  nommant  ses 
lilles,  leur  parla  de  Jésus-Christ  avec  son  ins- 
piration accoutumée,  et  les  anima  de  nou- 
velles forces  pour  le  combat.  Ces  pauvres 
lilles  portaient  des  chaînes  aux  pieds  la  nuit 
et  le  jour;  on  en  revêtit  aussi  Mii  czyslawska 
el  ses  campagnes,  et  penda  it  sept  aiis  qu'ont 
duré  les  tourments  de  celles  qu'il  n'a  pas  plu 
à  Dieu  d'appeler  à  lui,  on  ne  les  leur  a  pas 
retirées. 

_  Le  récit  de  ce  long  et  douloureux  martyre, 
c'est  de  Mieczyslawska  qu'il  faudrait  l'en- 
tendre. Les  saints  seuls  savent  pailer  des 
choses  saintes;  Dieu  revêt  leur  ])arole  d'une 
force  mystérieuse  qui  entraine  et  subjugue; 
il  leur  met  sur  les  lèvres  des  niots  dont  la 
simplicité  sublime  fait  verser  des  pleurs  ;  il 
répand  aussi  sur  leurs  traits  tant  de  calme, 


de  douceur  el  de  paIx,  (pie  le  plus  ilKTédiilij 
<  loil  a  la  venté  de  ce  iju  d  eiiletid.  Il  nous 
semble  en.  ure  voM"  Mii'c'/yKJa WJtkn  cédant 
avec  humiliir-  aux  prières  qu  on  lui  l'ail  do 
raconter  son  hislonc;  sa  parole  simple  et 
vraie  retentit  encore  dans  notre  Aine  alleri- 
drie;  p(nil-ètre  Dieti  permeitinl-il  que  ce 
souvenir  si  vivant  nous  aide  h  conserver 
(pielque  peu  de  radiuirable  douceur  d'ei- 
piessiou  de  MieczNslawska,  dans  loiil  ce  quo 
nous  avons  encore  i\  dire  d'elb'. 

Knchainées  deux   à  deux,  elles   étaient  jj- 
vn-es  loui  le  jour  h  des  travaux  (pii  excé- 
dnie   l    leurs    forces  ;    elles    rr-ccvaieiil    nrio 
nourriture  grossière  et  en  (pianlité  .'i  [leino 
siillisanle    pour    les    soiili'nir,    et   n'avaient, 
lendanl  les  cpu-lipies  heures  de  rejios  (ju'oij 
eiir  peruieltail  la   nuit,  d'ailre  couche  ouo 
a  teri'Cî  nue.  Mais  l'amoiir  divin  (pii  remplis- 
sait leiMS  co'urs  les  empêchait  de  sr  trouver 
à  plaindre.  C'étaient  elles,  au  contraire,  (jui 
plaignaient  les  femines  d  nt  elh  s  éiaient  hs 
victimes.   Klles  |)ii,'ieiil  Dieu  de  jairiî  des- 
cendre la  lumière  dans  ces  pauvres  <1m  s,  et 
chaipie   fois    qu'elles    élaicnil    fappées,    (  u 
qu'une  tAche  trop  lourde  les  accablait,  elles 
priaient  encore  plus  a;  déminent  juiur  que  la 
mi-ériconie  divine  [tût  sélendrc  sni-tous  les 
])écheurs.  Le  crucilix  de  bois  faisait  la  joie 
et  rornement  de  leur  demeure  ;  c'était  h  ses 
pieds   (pi'elles   viniaient  oui)lier   toutes   les 
douleurs  de  la  journée,  c'était  à  ses  fiieds 
qu'elles  reprenaient  la   force  de  supporter 
celles  (lu  jour  suivant.  Llles  priaient,  elles 
chantaient  (Ïqs  cantiques,  dès  qu'on  les  avait 
enfermées  |»our  la  nuit  dans  leur  prison  ; 
elles  s'ac(juittaient  des   ollices  u'obligation 
dont  .  Iles  ne  pouvaient  s'occuper  le  jour,  et 
Dieu  leur  envoyait  de  si  puissantes,  de  si  ra- 
vissantes consolations  que,  dans  le  froid  et 
l'humidité  de  leur  {irison,  sous  les  lambeaux 
de  toile  qu'on  leur  jetait  pour  vêtements, 
avec  les  meurtrissures  qui  couvraient  leurs 
cor[)S,  la  fatigue  qui  accablait  leurs  membres, 
elles  se  trouvaient  les  épouses  les  plus  heu- 
reuses de  Jésus-Christ.  i 
La  seule   jirivation  qu'elles  ressentissent 
sans  cesse,  c'était  celle  de  la  sainte  commu- 
nion. Quelle  ne  fut  [)as  leur  joie,  quand  un 
jour  elles  virent  (laraitie  devant  elles  Micha- 
levvicz,   leur  ancien  confesseur  !   «  O  mon 
père  1   s'écrièient-elles  en   tombant    à   ses 
genoux,  soyez  le   bienvenu,  vous  qui  nous 
avez  enseigné  si  longtemps  comment  il  faut 
vivre  et  mourir  pour  J  sus-Chr-si  !  »  Et  elles 
arrosaient  ses   mains  de  larmes  de  joie,  en 
répétant  toujours   ce  nom   sacré   de   père. 
Elles  remarquaient  cependant,  sans  en  com- 
prendre   le   motif,  que   Michalewicz  avait 
laissé   croître  sa    barbe,    et  qu'il  ne  leur 
parlait  plus  dans  leur  chère  langue  polo- 
naise ;  elles  allaient,  avec  leur  douce  fami- 
liarité d'autrefois,  lui   rej)rocher  ces   deux 
nouveautés,  quand  Michalewicz,  enhardi  par 
l'accueil  qu'elles  lui  faisaient  comme  par  le 
souvenir  de  son  ancien  crédit  sur  elles,  osa, 
dans  un  discours  ])lein  d'apprêi,  les  exhorter 
à  cesser  ce  qu'il  a[)pelait  une  f  ;lle  résistance. 
«  Est-ce  vous  qui  parlez  ?  s'écria  Mieczys- 


2,-i 


lUE 


MIE 


232 


î.iwsk.i  tout  en  nleurs  ;  vous  qui  avez  si 
s.iiiitomenl  trcjvaillé  au  salul  de  nos  Amos, 
vous  voultv.  les  perdre  aujourd'hui  ?  Oli  ! 
non,  lion,  mon  p^re  1  c'est  init)ossd)le  :  dites 
que  c'est  impossible  !  que  nous  nous  (rom- 

rions  ! — Quand  jt'  vous  recommandais, di*,-il, 
,1  lidtMité  à  l'Eglise  romaine,  j'étais  ini  in- 
sensé. Ouvrez  les  youx  comme  moi...— 
Apostat  !  interrom[)it\MierzysIawska  avec  un 
arceut  indicible  de  douleur ,  apostat  I  — 
Apostat  !  »  ré[)étèrent  les  sœurs.  Et  elles  se 
jetèrent  toutes  au  pied  du  crucilix  pour  im- 
plorer de  Dieu  le  retour  de  cet  homme  à  la 
vérih^.  Mais  il  n'était  pas  venu  chercher  des 
prières  ;  il  leur  déclara  nettement  qu'il 
fallait  ou  qu'il  eilt  raison  de  leur  obsliniiliou 
ou  ((u'eiles  s'attendissent,  selon  les  ordres 
qu'il  avait  reçus  du  saint  archevêque,  à 
être  traitées  plus  durement  que  jamais.  Elles 
Je  regardèrent  avec  compassion,  et  ne  lui 
dirent  plus  un  mot. 

Il  se  montra  le  plus  violent  de  leurs 
persécuteurs  ;  elles  avaient  été  condamnées 
par  Siemaszko  au  supplice  de  la  flagellation  ; 
ce  fut  .Michalewicz  qui  décida  qu'elles  rece- 
vraient chaque  lois  cinquarite  coups  de 
verges,  et  que  la  flagellation  aurait  lieu  deux 
fois  [tar  semaine.  Elles  entendirent  d.ins 
leur  silence  accoutumé  la  sentence  pronon- 
cée sur  elles,  et  se  préparèrent,  par  la  médi- 
latou  de  la  passion  du  Sauveur, à  ce  nouveau 
supplice.  Le  mercredi  et  le  samedi,  chaque 
sœur  étnt,  en  présence  d'un  clergé  russe 
nombreux  présidé  par  Michalewicz,  frappée 
de  cinquante  coups  de  verges,  et  le  regard 
attaché  sur  ses  victimes,  il  épiait  une  plainle, 
un  gémissement  (jui  pill  lui  donner  res|»oir 
d'avoir  vaincu  une  de  ces  généreuses  résis- 
tances. M, lis  il  n'entendait  jamais  (pie  cette 
prière  :  «  Par  votre  cioi\  et  vos  souH'raiices, 
Jésus,  sauvez  mou  àme  !  »  ou  s'il  cessait 
(luel  piefois  de  l'entendre,  c'est  que  le  ciel 
comptait  une  luari.yre  «le  plus. 

Notre  compassion  était  grande  h  cet  en- 
droit du  récit  de  Mieczyslawska,  el  l'une  de 
'nous  l'interrompant,  lui  dit  :  Eli  quoi  1  nulle 
d'entre  vous  ne  criait  pendant  ces  horribles 
exécutions?  <<  Non,  réptmdit  .Miec/.vsli\wska 
avec  sa  simplicité  accoutumée;  la  (irièie  nous 
occupait  trop  ;  seulement  nous  priions 
d'abord  bien  haut,  plus  bas,  et  enlin.  aj(uila- 
t-elle  avec  de.->  larmes,  queli|ues-uues  de 
nous  ne  priaient  plus  du  tout  ;  nous  étions 
averties  |>ar  là  (pi'on  ne  frappait  ))liis  (piun 
cadavre.  »  Nous  demandions  encore  ;i  Miec- 
zyslawska si  la  nature  n'opposait  pas  souvent 
de  grandes  rési>tances  ,^  l'héroïsme  de  leur 
foi.  <(  Avec  l'aide  île  Dieu,  nous  répondit- 
elle,  on  s'habitue  i»  tout  ;  dans  les  commen- 
cements, les  coups  nous  paraissaient  durs  ; 
plus  lard,  nous  nous  orésenlAmes  chacune  à 
notre  lour,  sans  cpi'il  fi\i  besoin  de  nous 
a[»pelor.  »  El  pouri.uil  des  lambeaux  de  chair 
restaient  souvent  altach  s  aux  verges,  el  ce 
sui)plioe  se  (irolongea  des  mois  entiers. 

La  première  qui  péril  des  suites  de  la  lla- 
gfllalioii  lut  Colombe  liorska,  elle  avait 
(l'abonl  perdu  connaissance  :  Michalewicz  la 
lii  revenir  ii  elle  par  de  uouvcaui  coups,  cl 


lui  enjoignit  aussit<M  do  reprendre  son  tra- 
vail ;  elle  obéit,  se  traîna  ju<;(|u'à  une  brouelt* 
qu'elle  devaitcharger  de  toute  sorte  d'immon- 
dices amoncelées  (lans  la  cour.  Avant  d'avoir 
accompli  sa  lAche,  elle  tomba  morte.  La  1 
seconde  fut  Suzanne  Rypinska.  qui  resta 
sous  les  coups.  La  troisième,  Sielawva,  qui 
expira  la  nuit  suivante,  le  regard  attaché  sur 
le  crncitix  et  la  tète  appuyée  sur  les  genoux 
de  Mieczyslawska. 

Ce  ne  furent  |)as  les  seules  pertes  que 
firent  les  saintes  martyres  pendant  leur 
séjour  à  Witcbsk.  Les  filles-n<.ires,  dans  un 
jour  d'ivresse  peut-être,  en  enfermèrent  une, 
Bapiiste  Downar,  dans  un  grand  poêle  oCi 
elle  fut  briilée  vive.  Une  autre,  Népomucèno 
Gr.itkow ska,  a\anl  osé,  sans  permission,  se 
servir  d'uiu  couteau  pour  gratter  sur  le 
jilancher  uo«  tache  de  goudron,  excita  la 
colère  de  riguuiena,  ou  abbesse  des  filles- 
noires,  qui  lui  fendit  la  lète  d'un  coup  de 
bûche. 

Mais  la  mort  seule  éclaircissait  les  rangs, 
et  les  conversions  que  Michalewicz  avait  pro- 
mises à  Siemaszko  n'arrivaient  pas.  Il  reçut 
des  reproches  mêlés  de  menaces,  el  la  peur 
qu'il  en  conçut  ajouta  <i  sa  cruauté.  C'c'^t  ici 
qu'il  faut  j  lacer,  et  non  pas  à  Miadziolv, 
comme  dans  les  éditions  précédentes,  la 
première  distribution  ([u'on  lit  des  sœurs  en 
(pialre  cachots  ditrérents,  dans  l'espoir 
qu'ainsi  séparées  on  les  vaincrait  plus  aisé- 
juent.  Ce  fut  une  invention  de  Michalewicz. 
Le  lieu  où  fut  enfermée  .Mieczyslawska avec 
huit  de  ses  sœurs  était  une  cave  d'une  hu- 
midité si  grande,  qu'on  n'y  pouvait  conserver 
aucune  provision.  Elles  étaient  obligées  de 
livrer  des  combats  continuels  aux  vers,  qui 
se  remuaient  de  tous  côtés  dans  cette  cave, 
pour  n'en  être  point  dévorées  vivantes.  Pen- 
dant les  neufs  jours  qu'elles  passèrent  dans 
cette  alfreuse  prison,  elles  furent  réduites  à 
manger  des  restes  de  légumes  pourris  é(ha|v 
nés  c\  l'avidité  des  vers.  Chaque  jour  Micha- 
lewicz se  pré'senlait  ^  elles,  un  papier  h  la 
main,  conienani,  disait-il,  une  formule  de 
renonciation  ({n'avaient  déjh  signée  presque 
toutes  les  sieurs.  «  Il  lueiil,  disait  Mieczys- 
lawska!, le  malheureux,  il  ment  ;  aucune  n'a 
signé,  j'en  suis  sûre.  »  Dès  qu'il  était  parli, 
et  souvent  même  malgré  sa  présence,  ce  qui 
le  faisait  tomber  dans  des  Iransporls  de  rage, 
elles  reprenaient  les  prières  et  le  chant  des 
cantiipus.  Elles  improvisèrent  même  qiiel- 
ipies  cantiques  contormes  h  leur  situation  ; 
en  voici  un  entre  autres  qu'elles  chaulai -nt 
souvent,  aussi  Mieczyslawska  se  le  rappelle- 
t-t'lle  en  entier  :  «'  Mon  Dieu,  c'est  par 
ta  volonté  que  nous  portons  ces  fers  :  agrée 
nos  soutVrances  et  soutiens-nous  toujours. 
Chassées  de  la  maison  où  le  travail  nous  fut 
si  doux,  vers  qui  porterons-nous  nos  plaintes 
contre  les  crimes  de  ces  traîtres  ?  Mon  Dieu, 
change  en  joie  notre  tristesse  ;  éloigne  le 
schisme  de  notre  patrie  :  c'est  Ih  no  re  uni- 
(pie  prière.  SouiVrons,  esclaves  du  Seigneur  1 
Ah  !  si  nous  combattons  pour  lui.  un  jour 
il  tarira  nos  larmes  en  fais.mt  lriom[iher  la 
foi.  Alors  nous  briserons  nos  chaînes,  nous 


Î35 


MIK 


Mil 


tu 


riMMcliirons  (outo  harri^ir.  {)\w  ta  voloiiln 
Sdil    li(''iii("  ;  In    in'iis  cniiroiiMcnis  nu  ciel.  » 

Oiiiiiid  les  iMiilfS  (le  leurs  cachnls  ic.s|m'c- 
lii's  s'ouvrirniil,  t'1  (lu'cllos  se  icvinMil  h  ai 
t\[i'o\\rs  a|)|M'l«it'iil  ^aicmciil  Inir.s  li;iv;ni\ 
lurcrs,  <!'ivsl--.'\-ilii«' Mii\  niiplnis  1rs  plus  vils 
ot  los  plus  péuihlt's  (1(î  la  maison,  i«ll(vs  cn- 
toMiit'^rcMl  nii  7V  Dciini  (raclions  dcgivlccvs, 
cil  se  rt'Iroiivaiil  loiilcs  aussi  lidrics  (pTavanl 
cetlo  il('rni(>r«>  ô|)ri>uv('. 

I\ri(lial(<\vic/,,  dans  l'cIVroi  d(>s  miMiaccvs  de 
Sii'iiias/.ko,  s'rlail  licaiicoup  avanci"  avec 
celnj-ci,  Ol  lui  avait  priVscnté  la  irsislanco 
(lt>s  stiMU's  coinMic  di'vani  inccssannncMil.  (Mic 
vaincue.  Sienias/.uo,  sur  celle  parole,  se 
trans[)orla  AWilehsk,  et  lit  donner  au\ 
suMirs  l'ordri»  de  si^  rendre  au  t(Mn|)l(^  russe 
à  une  luMU(>  (pi'il  lixa  piiur  }  lairt.'  leur  ab- 
juration. Il  lit  rein,  lire  ou  mùiuo  toni[)S  à 
iMiec/.)sla\\  ska  une  inaf^Mirnpie  crosse  avec 
le  litre  de  nu^'n»  jAtMiérale  des  cuuvenis  de 
Litliuanie.  Mais  cpiand  ou  lui  cul  dit  que 
lous  ces  pr(Vseids  (étaient  un^prisés,  et  (jne 
AJieczyslawska  se  uionlrail  toujours  invin- 
cible, il  s'écria  qu'il  en  liinrait  avec  elle  de 
(pieUpie  manière  (lue  c(>l"Al.  A  riieurc  qu'il 
avait  lixée  [lour  rabjuration|,  des  i)Oi»es  et 
des  soldats  russes  vinrent  sonnner  les  saintes 
(illes  lie  marcher.  Klles  refusèr(!nt  ;  ils  tirent 
alors  leur  ollice  accoutumé,  et,  tout  ensan- 
glantées des  cou[)s  qu'elles  recevaient,  elles 
lurent  lraîné(\s  jusc^ue  sur  la  place  qui  pré- 
cède le  temple. 

Tout  Witebsk,  surmontant  onliu  la  peur, 
les  y  avait  précédées  sur  le  bruit  qui  s'était 
répandu  des  violences  dont  elles  devaient 
être  l'objet.  Siemas/ko  fut  un  peu  déconcerté 
de  cette  foule  inattendue.  Il  Ut  quelques  pas 
au-devant  des  sœurs,  allée  ta  de  leur  parler 
avec  bonté,  et  ordonnant  aux  soldats  de  leur 
rendre  la  liberté,  il  voulut  prendre  la  main 
de  Mieczyslawska  pour  la  conduire  au 
temple,  comme  s'il  ne  se  fût  agi  que  de  l'exé- 
cution d'une  chose  arrêtée  à  l'avance  entre 
les  deux  parties.  Mieczyslawska  s'éloigne  de 
lui,  ordonne  à  la  sœur  Wawrzeckade  placer 
devant  la  porte  du  temple  une  espèce  de 
billot  dont  se  servaient  des  charpentiers  em- 
ployés à  la  réparation  du  temple ,  fait  signe 
à  toutes  les  sœurs  de  s'agenouiller,  saisit  la 
hache  d'un  des  ouvriers,  et  la  présentant  à 
Siemaszko,  lui  dit  :  «  Prenez  cette  hache  : 
faites-vous  notre  bourreau ,  après  avoir 
été  notre  pasteur.  Nos  tètes  rouleront  peut- 
être  dans  votre  église  ;  mais  pour  nos  pieds, 
tant  que  Dieu  nous  prêtera  un  souffle  de  vie, 
ils  n'en  franchiront  point  le  seuil.»  Siemaszko 
jette  loin  de  lui  la  hache,  qui  va  blesser  au 
lied  une  des  sœurs,  et  donne  à  Mieczys- 
awska,  qu'il  repousse,  un  coup  de  poing  si 
'urieux,  que  les  dents  de  la  sainte  en  sont 
brisées.  Mieczyslawska,  toute  sanglante,  lui 
en  présente  une  en  lui  disant  :  «  C'est  un 
trophée  digne  de  vous,  gardez-le  précieuse- 
ment ;  peut-être  vous  vaudra-t-il  quelque 
nouvelle  distinction  !  »  A  ces  mots,  Sie- 
masko  tombe  dans  un  si  violent  accès  de 
rage,  que  des  convulsions  le  saisissent  et 
qu'il  est  emporté  dans  les  bras  de  ses  diacres, 
DicTioNH.  DES  Persécutions.  II. 


Les  stpur. s,  toutes  meurtries  cl  «iiiKnnKlaiiléeH 
qu'idles  sont,  relouriieiil  deux  par  deux  h 
leur  Iprisiiii,  es( mlées  do  tout  uirpeu|»|e,  et 
chantant  on  action.s  do  ^rAco-s  un  Tr  Ih-nm 
(pU'  ce  peuple  /icconipaKUe  on  «hiour.  VX 
piiinlant  toutes  ces  iemuies  qui  résistaiont 
aux  oorséculions  av(!c  uno  constamo  .si  nd- 
iuir/il)le  ;    ces   femmes,  dont  oui-lques-nnos 


trouvaient,  (piaiid  il  h;  l'aM.ul,  de  res  paroloH 
qui  troiililelil  f^t  confondent  les  luéch.'uit.s, 
.s(!  nionlraient  dans  la  vie  ordinaire  si  douces, 
si  timides,  si  soumises,  ipie  Siemas/ko  sans 
nul  doute  avait  cru  d'abiud  (pi'elles  m^  liil- 
loraionl  pas  loii;^'  temps  avec  lui.  Il  s'acharna 
d'autaiil  plus,  dans  sa  violence  ot  son  orgueil, 
l\  briser  l'héroiipie  résistance  (lui  lui  était 
faite,  (pi'il  s'y  était  moins  alteniiii.  I.o  Ki-ur 
du  saint  est  un  livre  l'erim''  pour  rinijiie. 

Il  no  pouvait  pardonner  à  Miciiahîwicz  de 
n'avoir  pas  mieux  rempli  la  prr)iiiess((  (pi'il 
lui  .ivait  faile,  et  celui-ci  se  veiig<'ail  sur  los 
martyres,  i)ar  un  rodoubhnnent  de  cruauté, 
{\v^  mauvais  traitonuMils  (pi'il  recevait  de 
son  maille.  Klles  devaient  h  la  pitié  d'un 
juif  un  grand  vase  de  terre  dans  lequel  elles 
faisaient  chaulfer  de  la  bralia  ,  le  marc  de 
l'eau-de-vie  de  grain  ipie  d'autres  juifs  non 
moins  compatissants  leur  faisaient  tenir,  dès 
qu'ils  pouvai(>nt  saisir  une  occasion  favora- 
ble. C'était  la  seule  nourriture  chaude  de 
ces  pauvres  femmes,  elle  n'était  certes  ni 
bien  aiipétissante,  ni  bien  saine,  mais  elle 
leur  jiaraissait  incomparablement  meilleure 
que  les  ordures  qu'on  leur  jetait,  que  des 
chiens  n'eussent  point  voulu  manger.  Micha- 
lewicz,  par  un  atroce  besoin  de  vengeance, 
brisa  le  vase  de  terre  d'un  coup  de  son  talon 
ferré.  Des  larmes  leur  vinrent  aux  yeux  à  la 
vue  des  débris  de  leur  marmite;  elles  otïii- 
rent  aussitôt  cette  peine  à  Dieu  :  «  Mais, 
nous  dit  Mieczyslawska,  la  résignation  coûta 
peut-être  plus  à  la  nature  dans  cette  occasion 
que  dans  beaucoup  d'autres  cas,  en  appa- 
rence plus  diiïiciles  et  plus  pénibles.  »  C'é- 
tait le  seul  meuble  dont  on  leur  eût  permis 
l'usage,  c'était  à  lui  qu'elles  devaient  de 
pouvoir  servir,  à  celles  de  leurs  compagnes 
qui  étaient  malades,  de  l'eau  qui  ne  fût  point 
glacée  ;  c'était  à  lui  qu'elles  devaient  toutes 
de  pouvoir  se  réchauffer  avec  la  braha,  et  de 
porter  un  peu  moins  sales  les  quelques  lam- 
beaux qui  les  couvraient.  Le  premier"  mo- 
ment de  douleur  passé,  elles  remercièrent 
Dieu  de  leur  avoir,  dans  ce  misérable  vase, 
procuré  les  moyens  de  lui  faire  un  nouveau 
sacrifice. 

Michalewicz  ne  tarda  pas  à  porter  devant 
Dieu  le  compte  des  deux  dernières  années 
de  sa  vie.  Ce  prêtre ,  qui,  avant  son  aposta- 
sie, ne  connaissait  que  de  nom  les  liqueurs 
fortes,  était  tous  les  jours  ivre  d'eau-de-vie. 
Un  jour  qu'il  avait  encore  i^lus  que  de  cou- 
tume tourmenté  les  martyres ,  parce  qu'il 
était  dans  un  état  complet  d'ivresse,  il  tomba, 
en  traversant  la  cour  du  couvent,  dans  une 
mare,  où  il  fut  étouffé.  «  Dieu  ait  pitié  de 
son  âmel  »  disait  Mieczyslawska  avec  un 
profond  soupir  en  racontà^nt  cette  mort. 

Elles  avaient  passé  deuîannées  à  Witebsk, 

8 


i55 


Ml« 


MIS 


156 


Îruand  un  matin  on  vint  los  pretidro  avec  un 
orl  (léta<-htMiienl  clo  soldats,  en  leur  annon- 
çant quelles  nllaienl  être  diri^.*es  sur  Po- 
fotk.  (.e  cruiiiix  qui  avait  élé  si  souvent  ;ir- 
rosi^  de  leurs  larmes,  ce  conlidont  d»-  toutes 
leurs  douleurs,  et  qu'elles  espéraient  voir 
eneoreau  milieu  d'elles  |>endaiit  re  nouveau 
voyage,  on  le  leur  arracha  brutalement.  Co 
leur  lut  un  coup  si  sensible,  qu'elles  mar- 
chèrent deux  jours  pleurant  sans  cesse  leur 
cher  crucifix.  Les  douces  exhortations  de 
Mieczyslawska  réussirent  pourtant  à  calmer 
leur  douleur.  Elles  appli(juérenl  leurs  re- 
gards intt'rieurs  sur  limage  de  ce  Dieu  cru- 
cifié qu'elles  portaient  si  profondément 
gravé  dans  leurs  cœurs,  et  qu'on  ne  pouvait 
leur  ravir.  Le  courage  leur  revint,  et  avec 
lui  descendit  dans  leurs  Ames  cette  sainte 
joie  qu'elles  ressentaient  ordinairementaprés 
un  nouveau  sacrifice.  Pauvres  femmes  1  Po- 
lork,  ou  plutôt  Spas,  un  petit  endroit  qui  l'a- 
voisine,  allait  devenir  |)our  elles  une  arène 
sanglante  où  [)lus  que  jamais  elles  auraient 
besoin ,  dans  les  combats  qu'elles  y  livre- 
rai'Mit,  que  Dieu  les  fortifiAt  de  sa  grAce. 

On   les  renferma  d'abord  dans  un  ancien 
couvent  de  leur  ordre,  occupé,  comme  ce- 
lui de  Witebsk,  pir  des  czernice  tout  aussi 
grossières  et  désordonnées  dans  leurs  paro- 
les et  dans  leur  conduite  que  les  tilles  de 
Witebsk,  et  beaucoup  plus  nombreuses,  ce 
qui  donn  lit  à  chacune  des  Basiliennes  pri- 
sonnières dix  tyrans  au  lieu  d'un.  Transfé- 
rées h  Spas  avec   tout  le  personnel  du  cou- 
vent, peu  de  jours  après  leur  arrivée,  elles 
s'y  rencontrèrent  avec  dix  sœurs,  amenées 
dé  Wilna,  et  qui   ayant,  comme  l^'s  Basi- 
liennes de  Witebsk,  perdu  leur  abbesse,  se 
{)lacèront  aussi  sous  la  direction  de  Mieczys- 
awska.  L'esprit  de  deux  d'entre   elles  avait 
succombé  sous  la  rude  discipline  des  lilles- 
noires  :  ces  deux  pauvres  et  saintes  folles  se 
nommaient  Elisabeth  Felihauzer  et  Thérèse 
Bieniecka.    La    première    mourut    bieniùt; 
Thérèse  vécut  encore  six  mois.  PAle,  dv'char- 
née,  les   yeux  brillant  d'un   feu  extraordi- 
naire, elle  s'occupait,  dans  un  silence  exact, 
de  tous  les  travaux  dont  on   la   chargeait, 
jusqu'à    ce   que,  tombant   dans   une  espèce 
d'extase,  elle  lirait  de  son  sein  un  petit  cru- 
cilix  que   ses  persécuteurs  n'avaient  pu  lui 
enlever,  et  chantait  les  louantes  du  Seigneur 
f)resque  toujours  dans  la  poésie  la  plus  tou- 
chante, bien  qu'avant  sa  folie  elle  n'(  ùt  ja- 
mais fait  de  vers.  Les  filles-noiri'S  ,  qui  no- 
saicnt   s'approcher  d'elle   pendant  ses  accès 
de    folie,  sirrilaifiil  des  ailures  de  liberté 
qu'elle    prenait   alors,   et    un  jour   que   ses 
suMirs  renlriient  h  la  prison  après  le  travail 
de  la  journ  e.  elle  fut  trouvée  en»an,i;lanlt''0 
et  morte,  comme  si  sa  y'v  se  fût  éteinte  dans 
un  dernier  acte  de  violence  où  l'on  se  ser.iit 
porté  r.onlre  elle. 

On  voulut  constiuiro  f»  Spas  un  palais 
pour  Siemaszko;  Miec/yslawska  etses  cinn- 
pagn<»s  y  furent  employées  comme  manuMi- 
vres.  Leur  inexj)érience  de  ces  sortes  de  tra- 
\!\\\\  coûta  la  vie  h  bon  nombre  d'entre  elles. 
Dans  un  éboulement  des  terres  qu'elles  ne 


surent  ni  prévoir  ni  arrêter  ,1),  cinq  sœurs 
furent  ensevelies  vivantes,  sans  qu'on  per- 
mît à  celles  (jui  avaient  été  témoins  de  cet 
horrible  événement  de  travailler  à  les  déli- 
vrer. 

Les  noms  de  ces  .saintes  victimes,  que  des 
considérations  qui  n'étaient  point  sans  va- 
leur nous  avaient  engagés  à  taire  dans  les 
éditions  précédentes,  oniété  publiés  h  Rome  : 
nous  croyons  devoir  les  publier  à  notre  tour, 
surtout  en  face  des  impudents  démentis  jetés 
par  le  gouvernement  russe  au  monde  catho- 
lique. Ce  sont  les  sœurs  Eufthémie  Gur- 
zynska ,  Clémentine  Zebrowska  ,  Cathe- 
rine Rorycka  ,  Elisabeth  Tysenhauz  ,  Irène 
Krainlo. 

La  construction  du  palais  continua  h  éclair- 
cir  les  rangs  des  sœurs.  Neuf  furent  écrasées 
par  un  pan  de  mur  qui  s'écroula  ;  une 
dixième  fut  tuée  par  une  machine  à  monter 
les  pierres  qu'elle  ne  sut  pas  diriger;  ce 
sont  :  Rosalie,  princesse  Meduniecka  ;  Ge- 
neviève Kulesza;  Oiiuphre  Sielawa;  Josa- 
phate  Grotkowska;  Calixte  Babianska;  José- 
phine Gurzynska;  Casimire  Baniewirz;  Clo- 
tilde  Tarnowska;  Cléophe  Krysztalewicz. 
L(  s  habitants  de  Polock  vinrent  enlever  pen- 
dant la  nuit  1(  s  coips  de  ces  nouvelles  mar- 
tyres; et,  quoi  qu'aient  fait  les  autorités 
russes  pour  découvrir  où  ils  ont  été  déposés, 
les  corps  des  saintes  sont  restés  en  sûieté. 
Des  gentilshommes  du  voisinage,  émus  de 
compassion,  ne  [lurent  dissimuler  complète- 
ment ce  i[u"ils  ressentaient.  L'un  d'eux  s'ou- 
blia, dit-on,  jusqu'à  s'écrier  sur  le  passage 
des  sœur;  :  «  Saintes  créatures  l  soulfrirez- 
vous  encore  longtemps?»  Vingt-quatre  heu- 
res s'étaient  à  peine  écoulées  que  leurs  fe- 
milles  et  leurs  amis  pleuraient  en  silence 
leur  disparition. 

Ouel(|ues  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Basile  furent  vers  ce  temps  amenés  à  Spas  : 
hérOKpies  débris  dune  armée  de  martyrs,  ils 
portaient  tous  sur  leurs  personnes  saintes 
les  maniues  de  leurs  glorieux  travaux. 

Mieczyslawska  etses  compagnes,  si  fortes 
contre  leurs  propres  maux,  succombaient  à 
la  douleur  que  leur  causaient  les  outrages 
dont  on  accablait  ces  di,.;nes  serviteurs  de 
Dieu.  Chaipi?  jour  amenait  pour  eux  un 
traitement  plus  cruel  ou  plus  avilissant  que 
celui  de  la  veille.  Si  du  moins  leurs  compa- 

(1)  Il  s'ajtit  de  terrnsse  qu'on  leur  Taisait  faire, 
pour  asseoir  sans/loulc  le  p.il.iis  «le  Siomas/Wo.  (".est 
co  qn'oii  a  toujours  cnleniiu  ol  dil  ;  mais  le  goinor- 
lUMiienl  rnsso,  i)iii  a  riialiilmie  ironleiulre  une  fouie 
do  choses  aulronu-nl  ipio  lonl  lo  monde,  ol  «pu  a  soâ 
misons  pour  cela,  pn'lemlqu'on  a  rtli  qu  ollos  avaient 
été  ««tn  lamnees  an  Iravail  «le.;  mines  ;  cl  il  aflirme 
quil  u  evisto  pas  une  soulo  mine  il.ms  les  provinces 
(H^ci  lenl.des  do  I  empire.  Malfjr.-  le  peu  «io  on-anoe 
que  nous  ttonmuis  ponr  l'ordMiaire  a  ses  assorlions, 
n»)us  Ion  croyons  sur  parole,  sachant  bien  que  nul 
ne  |MMit  coiinaitre  miens  que  lui  le  chemin  de  ses 
mines  ;  altendii  le  noinhre  d  iiilortunes  quil  y  envoie 
vivre  ol  mourir,  m.\is  complo-l-il  que  cela  «>lal)lira 
la  prouve  que  les  pauvres  roligienses  n'ont  p.is  été 
employées  .i  faire  de>  terrassements,  et  que  plusieurs 
dentre  elles  n  onl  pas  trouve  la  morl  dans  e«»  tra- 
vail ? 


137 


MIK 


Mit: 


l^H 


^ncs  ilo  .smilVuiiiiM'  (ivnuMil  pu  lo»  niiprorhor, 
.'Iles  nuniHMil  Irouvô  pciil  -  (Mic  <|ii<'li|iit) 
iioyoM  d'adoucir  leur  ini.siM'o;  iiuiis  rlU'S 
'iirciil  tonjoiirs  inlli'xililt'inciil  pri\('<(-s  do 
oiilo  (•(•iiiiinmiciilioii  aviM-  eux.  icmoiiisi 
)l)lim^s  lies  (lrfiii«<rs  ncli;s  du  iiuiilym  dr  n>s 
wiiiils,  t'iltts  vii'ciit  (iii.dii'  d'diilrti  ciu,  vii'il- 
ard.s  plus  (|IIm  stiplii.ijAf"""  (vs,  pl.icrs  suc- 
'ossivuinciit  sous  uiK)  poiiipn  donl  l'i^aii 
lu'oii  l/^clia  siirmix,  se  ((Hi^cl.'iiil  an  c.on- 
,((•1  do  r.'iir,  les  onvcloppa  bioiilnl  coiimid 
l'un  nwinlOHU  do  ^laco  s(»us  Icipiel  ils  trou- 
.'("«l'iMil  la  iiioit.  I.t's  noms  de  ces  m'iiriM^ut 
•oïdVsst'urs  .sont  Zawcrki  ,  Huc/.ynski,  Zi- 
owicz  ol  Komar,  tous  (iiwilre,  comiiit'  pros- 
|U('  Ions  les  hasilii'iis,  d'une  naissanco  iclr- 
(to  et  supi^riiMirs  de  coinnuinanlés.  l'n  cin- 
init^nu*  BasiliiMi .  aussi  l'orl  Ay;é,  l'nbbo  l.nu- 
lanski,  (pi'on  iMoplosail  choz  les  fillrs-noirp» 
uix  liavaux  les  pins  rndos,  suc('OMd)ant  un 
our  sous  uno  cIuuko  do  bois,  lut,  ou  pri'i- 
ioneo  d(\s  su'urs,  i"ra[)|>t^  si  violennneiit  h  In 
(Ho  par  un  diacre,  que  son  n»url}  re  eu  lui 
îonsoninié. 

De  t(>!s  faits  no  soraiont  pas  croyables,  si 
'on  no  connaissait  les  mœurs demi-buibares 
les  Russes  ot  liguorance,  la  grossièreté,  le 
analisme  do  ce  clcrt:;^  schismaliipio  (|ui  se 
■ecrulo  on  grande  partie  de  serfs  allVancliis 
)ar  l'empereur,  sui- la  déclaration  qu'ils  font 
le  vouloir  entrer  dans  les  oi'tlres.  Miséra- 
bles, vivant  eux-mêmes  assujettis  à  nue  dis- 
?ipline  do  fer,  sous  le  pouvoir  despotique  de 
,eurs  évoques  et  île  leurs  abbés,  condamnés, 
ioar  les  fautes  les  f)ius  légères  contre  To- 
aéissance ,  à  des  punitions  atroces,  el  qui 
seraient  les  plus  à  plaindre  des  hommes  s'ils 
l'en  étaient  en  mèuK!  temps  les  plus  mé- 
^hants  et  les  plus  corrompus. 

Dans  un  de  ces  jours  si  nombreux  oij  popes 
3t  fiUes-Tioires  s'enivrent  de  compagnie, 
les  plus  jeunes  d'entre  les  prêtres  basiliens 
qui  restau^nt  encore  parvinrent  à  s'échapper. 
Ce  que  devinrent  les  autres,  Dieu  seul  le 
sait,  comme  il  sait  le  sort  de  tant  d'autres 
victimes  de  la  politique  oppressive  et  bar- 
bare du  gouvernement  russe.  Et  il  se  trouve 
des  Fiançais,  c'est-à-dire  des  hommes  te- 
nant h  honneur  probablement  d'appartenir  à 
une  nation  qui  estime  par-dessus  tout  la  vie 
de  l'intelligence  et  la  possession  de  la  liberté, 
sans  laquelle  la  vie  de  rintelligence  dépérit 
et  s'éteint;  il  se  trouve  des  Français  qui  se 
font  les  défenseurs  du  tyran  moscovite  !  qui 
accueillent  avec  une  faveur  marquée  tous  ses 
démentis,  et  qui  l'aident  autant  qu'ils  peu- 
vent à  écraser  les  victimes  de  sa  brutale  op- 
pression !  Que  Dieu  ail  pitié  d'eux  !  mais  ils 
se  déshonorent,  ces  hommes,  et  ils  déshono- 
reraient leur  patrie  si  elle  pouvait  l'être  par 
l'opprobre  que  s'effoicent  d'attacher  à  leurs 
noms  quelques-uns  de  ses  plus  obscurs  en- 
fants ! 

Sur  la  nouvelle  déjà  fuite  des  prêtres  ba- 
siliens, Sieraaszko  annonça  qu'il  se  rendrait 
incessamment  à  Spas.  Ce  fut  un  signal  pour 
le  protopope  Jwan  Wicrowkin,  à  qui  avait 
été  conliée  la  garde  des  sœurs  ,  de  redoubler 
de  rigueurs  envers  elles.  Il  s'avisa  de  ne  plus 


liMn'  l'aire  dotuior  punr  toute  nourriture  qijo 
du  liareii;^  sidi'.eii  leur  relnsant  impUos  (iltlu- 
inenl  ^1   luiiru;  ot ,   dè.s  qu'ollen  «uppiiaiunl 
(pi'on   hîin-  inrndt  de  |ir<!udin  on  peu  d'eau, 
la  eondilmn  de  p/i.sser  an  .schisme  était  auh- 
siliM   posée,    Kiles  »o  prép/nôrcnl  h  mourir 
de   celte  nouvelle   lorlnie,  (pu    |(.|ir  |iarut  la 
plus  dillicde  de  toutes  l\  sn|ipiMlei'  ;  niais  oU 
rahandoiMia  pour  s'arrûler  au  purli  du  nu  lui 
nourrir  (pie  de  deux  jours  l'un  avec  un  |)cu 
de  pain  (il  d'eau.  Klles  reinorcièreiil  Diou  do 
ce  changement;   cependant,  couuuo  on   lue 
obligeait,  en  même  temps  (ju'on  hiur  nfu 
sait  lonli!  nonrrilni(!,  h  d«!  lies-riides  ouvra- 
gtvs,  elles  souHraiont  (piehpiel'ois  si  cruello- 
ment  de  la  faim,  (pi'elles  mangèrent  A  la  dé- 
robét!  des  orties  hachées,    el  pai  lagércnt  la 
nourriluro  do8   animaux  duoiesliquus  dont 
elles  avaient  le  soin. 

Sieiuaszko  arriva.  Il  s'en  prit  au  prolo- 
popo ,  «uxcxeinice,  il  s'en  i>rit  à  tout  le 
monde  du  [leii  de  succès  ipravaient  euju.s- 
tju'alors  ,  malgré  leui- ciuaulit,  le.s  moyens 
dont  on  s'était  servi.  L'ange  do  ténèbres  qui 
possédait  cet  homme  lui  inspira  une  si  in- 
fime posée,  qui!  le  courage  nous  manque- 
rait pour  en  leiracor  l'exécution,  s'il  ne  nous 
semblait  (pio  Dieu  nous  fait  un  devoir  de  dire 
tout  ce  que  nous  savons  et  des  victimes  et 
des  bourreaux.  Il  lit  enivrer  dos  diacres  et 
des  paysans  russes,  puis  il  leur  jeta  les 
saintes  en  leur  disant  qu'ils  étaient  maîtres 
d'en  faire  ce  qu'ils  voulaient.  Dieu,  qui  veiU 
lait  sur  elles,  les  préserva  de  tout  outrage; 
mais  il  permit,  pour  couronner  plus  vite 
quelques-unes  d'entre  elles,  que  ces  hom- 
mes, dans  la  fureur  qui  s'empara  d'eux,  se 
portassent  à  des  excès  inouïs  de  cruauté. 

Ce  fut  bientijt  une  scène  de  sang  et  de 
larmes  dont  nous  ne  pouvons  parler  qu'a- 
près avoir  demandé  à  Dieu  de  nous  en  don- 
ner la  force.  Les  blasphèmes  des  bourreaux 
se  mêlaient  à  la  prière  fervente  des  victimes. 
Franpées,  mordues,  déchirées,  foulées  aux 
pieds,  elles  ne  présentèrent  bientôt  plus  que 
des  niasses  informes  toutes  souillées  de  sang 
et  de  boue.  Quand  ces  hommes  furent  las  de 
frapper,  et  que  Mieczyslawska  et  quelques 
autres,  moins  maltraitées,  purent  parcourir  ce 
nouveau  champ  de  bataille,  elles  eurent  à 
otl'rir  à  Dieu  un  douloureux  sacrilice.  Deux 
sœurs  n'étaient  plus  :  l'une  avait  eu  la  tête 
écrasée  sous  le  fer  d'une  botte,  l'autre  était 
si  déligurée  qu'on  ne  put  reconnaître  quel 
coup  avait  dû  lerminer  sa  vie.  Huit  autres 
respiraient  encore,  mais  les  unes  avaient  les 
yeux  arrachés,  les  autres  les  jambes  brisées 
en  ditrérents  endroits.  Micczyslawska  supplia 
qu'on  lui  permît  de  donner  quelques  soins  à 
ses  sœurs;  on  ne  craignit  pas  d'en  faire  une 
condition  d'apostasie,  et,  sur  son  refus,  on 
l'éloigna  de  ses  compagnes  mutilées  et  mou- 
rantes. 

Cependant  Polock  ne  pouvait  plus  pren- 
dre son  parti  d'assister  en  silence  à  de  telles 
horreurs;  l'agitation  y  croissait  chaque  jour. 
Les  autorités  russes  montraient  vainement 
quels  moyens  elles  savaient  employer  pour 
faire  rentrer  dans  le  silence  ceux  qui  s'avi- 


859 


MIE 


Mlh: 


240 


sa4enl  il'cn  ^orlir  :  un  gentilhomme,  ayant 
osi^  ordonner  un  service  funèbre  pour  les 
soeurs  ipH  avnioîit  succombé  dans  cette  hor- 
rible scène,  avait  été  pris  chez  lui,  sans  au- 
tre forme  de  procès,  garrotté  et  envoyé  en 
Sibérie  [\).  Tncouvent  do  Dominicain-^  qu'on 
avait  encore  laissé  subsister  dans  la  con- 
trée, accusé  d'avoir  dit  des  prières  pour  les 
sœurs  martyrisées,  avait  été  immédiatement 
dispersé.  Polock  n'en  {)araissait  pas  plus  in- 
timidé :  on  n'osa  pas  aiïronter  plus  long- 
temps son  émotion,  et  l'on  décida  que  les 
sœurs  prendraient  la  roule  de  Miadzioly  , 
petite  ville  entourée  de  lacs  dans  la  province 
de  Minsk,  et  où  se  trouve  un  couvent  do 
fillrs-tioires.  Elles  durent  partir  de  nuit.  On 
tit  marcher  à  pied,  comme  les  autres,  celles 
qui  étaient  devenues  aveugles ,  et  dont  les 
blessures  ,  rendues  plus  affreuses  encore 
par  l'absence  de  tout  soin,  défiguraient  com- 
plètement le  visage.  Quant  aux  sœurs  qui 
avaient  perdu  l'usage  des  jambes,  des  Cosa- 
ques les  transportèrent  dans  des  chariots  dé- 
couverts. A  Miadzioly.  on  les  partagea  en- 
core, comme  on  l'avait  fait  à  Witebsk,  en 
quatre  troupes,  qui  furent  chacune  soumise 
à  des  persécuteurs  différents. 

Quand  on  se  rendait  à  leurs  cachots,  on 
ne  manquait  pas  de  leur  annoncer  la  nou- 
velle menteuse  du  renoncement  de  quel- 
ques-unes de  leurs  compagnes,  on  leur  ci- 
tait des  paroles  qu'elles  avaient  dites  pour 
les  engager  à  suivre  leur  exemple  ;  mais 
comme  ce  grossier  subterfuge  ne  réussit  pas, 
qu'elles  ne  témoignèrent  pas  même  la  crainte 
qu'on  eût  dit  vrai  jiour  aucune  d'entre  elles, 
on  imagina   une    nouvelle  torture,  dont    la 

firoiimité  des  eau\  du  lac  avait  dû  donner 
'idée.  On  les  faisait  entrer  dans  des  sacs 
qu'on  leur  liait  autour  du  cou;  des  diacres 
montaient  en  bateau,  et,  tirant  après  eux  ces 
malheureuses  filles,  les  j)longeaient  dans  le 
lac,  en  ayant  soin  de  leur  tenir  la  tête  hors 
de  l'eau.  Puis  commençait  une  atroce  pro- 
menade que,  |)i'ndaiif  deu\  ou  trois  h(Mjres, 
on  n'interrompait  que  ["our  leur  demander 
si  elles  persistaient  dans  leur  résistance,  ou 
pour  ramener  au  sentiment  de  leurs  maux 
celles  à  ([ui  la  rigueur  de  la  torture  faisait 
perdre  connaissance.  Notre  main  tremble 
en  traçant  ces  lignes  ,  nous  é[trou\ons  le 
même  frémissement  dliorieur  et  d'elfioi  (jue 
lorsque  nous  lisions,  dans  notre  jeunesse,  le 
récit  des  persécutions  ordonnées  par  les 
empereurs  romains.  Qu'ont  fait  de  [)lus  (pie 
ce  Romanotf,  Néron  et  Dioclétien,  dont  la 
mémoire  nous  est  parvenue  chargée  de  l'exé- 
crât iun  de  tant  de  siècles? 

Trois  sœurs  moururent  de  cette  torture  ; 
on  les  enterra  sur  le  bord  du  lac.  .Mais  la 
piété  des  habitants  dt»  Miad/ioly  les  porta, 
comme  ceux  do  Polock,  h  dérober  les  corps 
pour  leur  donner  une  plus  digne  sépul- 
ture. 

Après  deux  ans  de  séjour  f\  Miatlzioly.  il 
ne  restait  plus  que  ipiatoi  /i«  sd-iirs  des  trente- 
quatre  s»Burs  de  Minsk,    .uixquelles  avaient 

(I)  Ce  genlilhommc  rsi  M.  W.ilonkiiiiowici. 


été  jointes  les  quatorze  de  Witebsk  et  les  dix 
de  Polock.  Nous  connaissons  l'état  de  huit 
d'entre  elles.  Les  six  autres  n'étaient  pas 
mutilées,  mais  elles  étaient  si  fatiguées  par 
leurs  longues  souffrances,  qu'elles  pouvaient 
h  peine  se  soutenir.  Mieczyslawska  était  en 
proie  à  d'horribles  douleurs,  des  suites  d'un 
coup  de  bâton  qu'elle  avait  reçu  à  la  tête. 
Des  os  s'étaient  cariés,  elle  les  avait  ex- 
traits comme  elle  avait  pu;  mais  la  plaie 
toujours  béante  avait  engendré  des  vers,  et 
la  présence  de  ces  vers  occasionnait  des 
douleurs  si  vives  et  si  permanentes,  cpio 
Mieczyslawska  craignait  quelquefois  d  en 
perdre  la  raison. 

.Malg^é  l'état  pitoyable  des  quatorze  vic- 
times, on  décida  qu'elles  finiraient  en  Sibé- 
rie cette  vie  qu'on  n'était  point  parvenu  à 
leur  ravir  entièrement,  et  qu'on  profilerait, 
pour  les  faire  partir,  du  passage  à  Mia  Izioly 
d'un  convoi  de  frères  basiliens,  qu'on  expé- 
diait aussi  pour  la  Sibérie.  Mais  Dieu,  qui 
avait  décidé  qu'il  resterait  quelques-unes  tie 
ces  saintes  héroïnes  pour  témoigner,  h  la 
face  de  l'Europe  catholique,  de  la  politique 
oppressive  et  barbare  de  l'empereur  de  Rus- 
sie, Dieu  favorisa  l'évasion  de  Mieczyslawska 
et  de  trois  de  ses  compagnes.  Il  {lermit  d'a- 
bord qu'elle  fût  délivrée  du  mal  qui  l'obsé- 
dait par  un  paysan,  qui  l'approcha  au  péril  de 
sa  vie,  parce  qu'il  croyait  en  avoir  reçu  l'or- 
dre de  Dieu  même.  Dès  que  la  plaie  fut 
fermée ,  Mieczyslawska  retrouva  le  libre 
exercice  de  son  esprit,  et  Dieu  disposa  cet 
esprit  à  une  prompte  fuite. 

La  fête  du  protopope  fut  l'occasion  ,  au 
couvent  des  filles-tioires,  d'une  orgie  plus 
grande  encore  que  toutes  celles  dont  les 
sœurs  avaient  pu  être  témoins.  Popes,  filles- 
noirrs,  gardes,  tout  s'enivra.  Dans  la  soirt'o 
l'ivresse  monta  h  son  comble,  et  chacun  s'en- 
dormit h  la  place  où  il  se  trouvait.  Mieczys- 
lawska, après  une  prière  ardente  h  Dieu,  se 
mit  en  devoir  de  profiler  pour  s'enfuir  du 
sommeil  pesant  qui  tenait  tous  ceux  qui  de- 
vaient veiller  sur  elle.  .Mais  il  lui  en  coûtait 
de  partir  seule  :  elle  se  hasarda  à  se  mettre 
h  larecherche  de  ses  comnagnes,  et  fut  assez 
heureuse  pour  réussir  h  découvrir  les  sieurs 
Wawrzecka,  Pomernacka  et  Konarska,  h  qui 
elle  fit  part  de  son  dessein.  Elles  s'y  asso- 
cièrent aussitôt,  et  la  suivirent  dans  une  des 
cours  du  couvent  qui  est  plantée  de  gtands 
arbres  avoisinant  le  mur  d'enceinte.  Lh , 
•Miec/yslawska  et  ses  suMirs,  après  s'être  re- 
comm;ui(iées  h  Dieu  ,  gravirent  ces  arbres 
jusipi'.'i  la  hauteur  du  mur,  sur  lequel  elles 
iia>sèrent  ensuite.  L'élévation  en  était  ef- 
rrayante  j\  mesurer  de  l'œil ,  et  les  com|)a- 
gnes  de  .Mieczyslawska  crurent  ciuec'étiiit  la 
mort,  au  lieu  île  la  liberté,  quelles  allaient 
trouver  de  l'autre  côté  de  la  muraille.  Mais 
depuis  (pichpies  jours  Dieu  n'av.ul  cessé 
d'envoyer  une  neige  si  abondante  que  la 
terre  en  était  couverie  à  une  hauteur  de  plus 
de  deux  pieds,  n  Courage  1  mes  sieurs,  dit 
Mieczy,slawska:  vous  voyez  bien  que  Dieu 
a  étendu  des  matelas  an  pied  de  ces  murs  : 
laissons-no'js   tomber.  »  Etourdie"^  de  leur 


•241 


IMIL 


MIK 


lit 


claito,  flics  iosl('>i'(wil  iiii  nioiiictil  ciisevcliivs 
sons  la  licite.  M«i^,  i|iiaii(l  elles  se  rolrou- 
v«Nreiil  loiiles  (|ii(ili'e  sans  aiiciiiie  ('(iiiliisioii, 
traiisnoilt'es  de  recoiiiiHissaiice,  elles  s'a^i;- 
iiumlh^reiil  dJUis  celle  licite  dunt  Dieu  s'é- 
(ail  servi  |i(MI1'  les  inéserver  d(^  loiil  mal,  et 
(liaiil^icril  mi  7V  Dntiiwn  aclioiis  de  jj,iAces. 
l'illcs  ('()in|>iin'iil  la  nécessité  de  se  s/'iiarer, 
si  elles  voulaient  éclia|>|)(M'  aux  nîclieiclies, 
et  après  s'(Mi'o  doinn''  icnde/.-vniis  dans  uwt: 
villt»  voisine  des  IVontiéres,  elles  s'einhrassè- 
rerit  l(Midreiiient  et  paitireid  cliacuno  par 
une  route  (lillV'renli'. 

Nous  suivrons  Mioc/yslawska  dans  son 
voyage,  vo.va};;e  diilicilo  t^l  péiilleu\  (pi'elle 
n'eiU  pu  accomplir  si  un  auj;;e  du  Seigneur 
n'ei\l  veillé  invisihUî  ji  ses  cAlés.  Le  lemle- 
main  méuuî  de  sa  l'nile,  c()n\uu;  elle  marchait 
avec  peine  dan>  un  cluMuin  de  traverse,  (>lltj 
rencontra  des  p;\\  sans  (pfon  avait  uns  à  la 
recherche  des  i'ui^itives.  Dieu  [termit  (pi'elhî 
échapp.U  ^  toul  soupçon  ;  mais,  co  |>renuer 
dang(Mla  l'endanl  plus  timide,  elle  s'enlonca 
dans  los  bois  où,  |)endant  (piaire  jours,  elîo 
no  vécut  (juo  do  l'eau  des  sources  cju'elle 
rcMiconlrail.  Le  cinquième  jour,  comuu!  ses 
lbrc(>s  l'abandonnaient,  elle  prit  sur  elle  tic 
se  diriger  vers  une  cabane  do  bitclieron, 
après  s'être  assurée  qu'une  femme  seule 
était  dans  l'intéiieur.  Elle  demanda  un  peu 
de  pain,  que  celte  l'enuue  lui  doiuiade  bonne 
grâce.  Knhardie,  Mieczyslawska  lui  dit  où 
elle  voulait  se  rendre  ,  en  lui  demandant  le 
chennn  qu'elle  devait  suivre  pour  y  arriver. 
La  fenuue  du  biU'heron  sourit,  en  lui  disant 
que  c'était  nno  entiei)rise folle  qu'un  si  long 
voyage,  mais  (jue  du  reste  elle  était  sur  la 
route  qui  conduisait  à  la  ville  dont  elle  par- 
lait. Vous  voyez,  nous  disait  Mieczyslawska, 
comme  Dieu  avait  pitié  de  moi;  sachant 
mon  ignorance,  il  s'était  fait  lui  même  mon 
guide,  et  m'avait  mise  sur  le  chemin  do...» 
Elle  ne  tarda  pas  à  soulfrir  de  nouveau  les 
angoisses  de  la  faim  ;  et  les  nuits  passées 
sur  la  terre,  par  un  temps  froid  ou  pluvieux, 
lui  causaient  des  douleurs  dans  les  membres 
qui  retardaient  sa  marche.  Heureusement, 
dit-elle,  je  rencontrai  un  troupeau  de  mou- 
tons ;  à  rinsu  du  berger,  je  me  glissai  sous 
quelques  moutons,  et  j'y  passai  une  nuit  si 
bonne,  j'y  eus  si  chaud,  que  cela  me  rétablit 
presque  entièrement. 

Mais  il  survint,  dans  le  cours  de  ce  labo- 
rieux voyage,  un  temps  si  froid,  si  dur,  que 
Mieczyslawska  en  fut  abattue.  Arrivée  dans 
un  endroit  assez  considérable  qu'elle  ne 
voulait  que  traverser,  ses  forces  la  trahirent  ; 
elle  sentit  l'impossibilité  d'aller  plus  loin. 
Mon  Dieu,  dit-elle,  si  vous  avez  décidé  que 
j'arriverai  au  terme  de  mon  voyage,  la  dé- 
marche que  je  vais  tenter  ne  m'en  empêchera 
pas;  sinon  ,  que  votre  sainte  volonté  soit 
faite  !  Et,  pour  la  première  fois  depuis  qu'elle 
était  en  route ,  elle  alla  frapper  à  la  porte 
d'une  habitation  de  boinie  apparence.  Elle  y 
trouva  une  femme  seule.  «  Je  vais  succom- 
ber au  froid  et  à  la  faim,  lui  dit-elle,  si  vous 
n'avez  pitié  de  moi.  »  Cette  femme  lui  fit 
une  place  auprès  du  feu.  «  Qui  êtes-vous?  » 


lui  deman<la-l-(dle.  <<  Je  suis  uim'  des  quutro 
rclinieiises  dn  Sainl-lt/tsde  qui  sont  [jjwvo- 
nues  à  s'évader  du  couveiil  «n  hismatique  d(î 
Miad/.ioly.  ()  mon  Dieiil  s'écria  celle 
feniiue,  comment  ai-j(!  iiiérilé  ipie  Dieu  dai- 
gne m'adresser  une  de  ces  sainles  inarlyies  !  » 
et  ell(!  lui  ir-iiioi^na  aussilùl  un  si  profond 
respect,  (pio  l'humiliti!  de  Miec/.ysl.nvska  oïl 
fut  (dUle  l|-oul)lée.  Miec/.ysla\ssk;i  passa  près 
d'une  semaine  chez  cello  digne  Iciiiine;  et, 
(piand  (dl(>  la  (luitla,  elle  était  munir;  d'iinn 
bonne  iiianh!,  elle  avait  un  havre-sac  chargé 
d(î  i)rovisioiis  ,  cpichpuîs  koj)ecks  dans  sa 
|>oclie  et  un  sur  itinéraire  delà  roule  (pi'ello 
devait  suivre,  avec  le  nom  de  qu(d(pii's  per- 
sonnes chez  les<|U(dles  rWv.  nouvait  en  touto 
sécurité  demanuer  riiospitalilé. 

Les  noms  d(>  ces  persorni(!S,  (jui  ont  en  (d- 
fet  exercé  envers  elle  la  plus  touchante; 
liospilalilé,  le  nom  de  cette  femme  (pii  a  fait 
auprès  d'elhi  l'oflice  d'un  bon  aiigi;,  Mieczys- 
lawska les  a  prononcés  devant  nous  dans  l'é- 
lan de  sa  rccotniaissanc(!;  mais  il  ne  nous 
est  point  pernns  de  les  répéter;  on  punirait 
ceux  ([ui  les  portent  connue  d'un  crime  do 
haute  trahison  de  n'avoir  pas  livré  aux 
agents  de  l'empereur  une  pauvre  fcmuic  de 
soixante  ans ,  brisée  i)ar  sept  années  de 
soutfrances  et  de  misères. 

Arrivée  cMa  ville  où  Mieczyslawska  avait 
donné  rendez-vous  à  ses  sœurs,  elle  n'y 
rencontra  que  sa-ur  Wawrzecka,  mais  elle 
sut  plus  tard  (pie  les  deux  autres  sœurs 
avaient  gagné  la  Gallicie.  Elle  passa  huit 
jours  dans  cette  ville ,  que  nous  n'osons 
désigner,  parce  qu'elle  y  reçut  les  marques 
d'un  si  vif  intérêt,  que  nous  craindrions  de 
désigner  en  môme  temps  aux  autorités  rus- 
ses de  nouvelles  victimes  à  frapper. 

On  profita,  pour  lui  faire  traverser  la  fron- 
tière, du  passage  de  nombreux  troupeaux. 
Mêlée  aux  bergers  dont  elle  avait  revêtu  l'ha- 
bit, elle  échappa  à  la  vigilance  des  employés 
russes  et   atteignit  enfin  Posen  ,  après   un 
voyage  si  long,  qu'elle   ne   peut  môme  en 
fixer  la  durée.  Elle  alla  se  loger  chez  les  Fil- 
les de  la  Charité,  et  là,  remerciant  Dieu  de 
la  manière  miraculeuse  dont  il  l'avait  tirée 
de  la  persécution,  heureuse  d'avoir   eu  sa 
croix  à  porter  comme  son  divin  Maître,  elle 
ne  pensait  plus  qu'à  le  servir  dans  une  vie 
humble  et  cachée,  quand  elle  fut  mandée 
par  l'archevêque  de  Posen,  qui  lui  ordonna 
de  faire  un  récit  circonstancié   de  tout  ce 
qui  s'était  passé  pendant  le  long   martyre 
des  fdles  de  son  ordre.  Elle  obéit,  et  à  me- 
sure qu'elle  parlait,  un  secrétaire  de  l'ar- 
chevêque inscrivait   ses  paroles.  On  lui  lut 
ensuite  ce  qu'on  avait  écrit,  on  lui  demanda 
si  elle  reconnaissait  s'être  expliquée  d'une 
manière  conforme  à  ce  qu'elle  entendait,  et 
sur  sa  réponse  affirmative,  après  lui  avoir 
fait  jurer  sur  les   saints  Evangiles  qu'elle 
n'avait  dit  que  la  vérité,  on  lui  fit  signer  sa 
déposition  écrite.  L'archevêque  signa   en- 
suite, ainsi  que  les  quelques  personnes  qui 
avaient  assisté  au  récit  de  Mieczyslawska', 
et  cette  déposition,  scellée  des  armes  de 
l'archevêque,  a  été  envoyée  à  Sa  Sainteté. 


uz 


MIL 


MIL 


2Vl 


Ou  a  cru  auc  les  ileu\  preiuières  villes  de 
l'Europe  ofltnolique,  Paris  el  Rome,  devaient 
roir  .Mit'czyslawska,  devaient  entendre  de 
ses  lèvres  saintes  la  relation  de  son  martyre 
et  de  celui  de  sa  coniinutiauté;  el  Mirczis- 
lawska  a  t't»^  envoyée  à  Paris.  On  a  eu  rai- 
son,car  In  persécution  religieuse,  poursuivie 
depuis  dix  ans  par  l'empereur,  oITre  des 
traits  d'une  barbarie  si  sauvaj^e,  que  nous 
autres  esprits  doux  et  polis  du  dix-neuvième 
siècle,  nous  étions  portés  à  les  révoquer  en 
dont',  à  taxer  au  moins  d'exagération  ceux 
qui  les  rapportaient.  Mais  en  Tace  de  Miec- 
zyslaw  ska.  tout  doute  s'évanouit  ;  la  martyre 
est  \h,  [lorlant  sur  sa  personne  sainte  les 
traces  inellaçables  des  traitements  auxquels 
on  l'a  soumise;  elle  est  là,  et  son  vi^n^'e, 
qui  se  revêt  d'une  mélancolie  si  profonde 
quand  elle  parle  de  ses  sœurs,  sa  parole  si 
douce  et  si  calme,  son  humilité  si  j)arraile, 
sont  encore  autant  de  témoignages  qui  dé- 
posent de  la  vérité. 

MIC.DOINE  (saint),  fut  martyrisé  h  Nico- 
médie  avec  saint  Mardoine,  (luranl  la  per- 
sécution de  Dioilétien.  Le  premier  fut  lirùlé, 
le  second  mourut  dans  une  fusse  où  on  l'a- 
vait jeté.  Ce  fut  aussi  en  ce  lemps-lh  tiu'un 
diacre  de  saint  Anlhyme,  évéque  de  Sico- 
raédie,  portant  des  lettres  aux  martyrs,  fut 
arrêté  par  les  païens  (pii  le  lapidèrent  et  lui 
ouvrirent  ainsi  le  séjour  du  npos  éternel. 
L'Ei^lise  les  honore  collectivement  le  23  dé- 
cembre. 

.MlKl  (saint  Paul),  l'un  des  vingt-six  mar- 
tyrs du  Japon  eu  1597,  était  (ils  d'un  sei- 
gneur de  la  cour  de  Nol)ununga.  Pendant 
plusieurs  années  il  se  fit  remar(|uer  par  ses 
excellentes  prédications  ;  Dieu  les  couron- 
nait de  fruits  abondants.  Ce  saint  martyr 
était  membre  de  la  compagnie  de  Jésus. 
Quand  il  fut  crucifié  sur  la  colline  de  Nan- 
gazaqui,  il  nrécha  de  dessus  la  croix  avec 
une  divine  éloquence,  et  mourut  en  priant 
|)our  ses  bourreaux.  L'Eglise  fait  sa  fête 
le  5  février.  {Voy.  Japon.) 

MILAN  [MrAliolnuum,  lat.;  Milano,  ital.; 
Meiland,  allem.),  villf  d'Italie  ,  maintenant 
capitale  du  royaume  Lombard-VéniluMi,na- 
vait  pas  eu  (ie  martyrs  avant  sanit  Cervais 
et  saint  Protais.  (>e  fut  sous  l'empire  de  Né- 
ron que  ce  preuiier  feu  de  la  persécution  s'y 
alluma;  bientôt  après,  rX  sous  le  même 
prince.  Milan  vit  encore  le  inaityre  de  saint 
Nazaire  et  do  saint  Celse.  Sous  le  règne  de 
renq)ereur  Dim  jctien  ,  en  l'an  de  Jésus- 
Christ  30»,  saint  Nnbor  el  saint  Félix  lu- 
rent martyrisés  dans  celte  vdle  :  leurs  reli- 
(pies,  d'abord  déjuisees  hors  de  la  ville,  y  fu- 
rent depuis  rapportées.  On  biilil  une  église 
«ur  l'emiilacemcnl  où  elles  lurent  mises  : 
celle  église,  où  elles  sont  encore,  norle  ac- 
lui'llemenl  le   non»  (J'église  Sainl-Frnn(;ois. 

MILET.  aujourd'Imi  Palatcha,  la  plus  il- 
lustre parnu  le>  eoloiies  ionieinies,  est  une 
vdle  de  l'Asie  .Mineure.  Elle  eut  jusqu'à 
reiil  vaisseaux  de  ^m^rre ,  cl  fonda  trois 
cents  colonies  ;  elle  fulpeniiant  les  temps  de 
I'  r<ra  ideur  de  la  Grèce,  une  des  villes  les 
plut  commerçantes  et  les  plus  riches.  11  n'y 


avait  que  Tyr  et  Carlhage  avant  elle.  De 
tout  cela,  qu'est-il  resté?  Rien.  Saint  Acace 
ysoulTrl  un  glorieux  martyre  sous  Licinius. 
MILLES  (saint), évoque  de  Suse  el  martyr, 
mouiut  pour  notre  religion  sainte  en  l*an 
de  Jésus-Christ  3U,  sous  ie  règne  de  Sapor 
et  durant  l'atfreuse  persécution  <|ue  ce  ty- 
ran suscita  contre  l'Egl  se.  Nous  donnons 
entièrement  ici  ses  Actes ,  qui  renferment 
aussi  le  martyre  des  saints  Abrosime ,  prôlre, 
et  Sinas,  diacre.  Leur  fêle  a  lieu  le  10  no- 
vembre. 


Martyre   dr  saint  Milhs,   évéque  de  Suse,  de 
saint  A 
diacre. 


saint  Abrosime,  prêtre 


,    évén 
,  et  rf( 


e  saint  Sinas, 


Quoique  rien  ne  soit  pour  moi  plus  cha- 
grinant que  de  ne  pouvoir  parler  dignement 
ue  ceux  dont  la  vertu  fournit  un  si  vaste  su- 
jet ;  quoiqu'il  soil  pour  moi  très-pénible  de 
ne  j.ouvoir  faire  un  récit  égal  aux  mérites 
de  ceux  qui,  par  leurs  belles  actions,  ont 
mérité  île  si  grandes  louanges  ;  quoique  je 
me  sente  au-dessous  de  celte  tckhe,  et  dé- 
nué de  ce  qu'il  faut  de  facdilé  à  éciire,  j'ai 
résolu  de  raconter,  de  dire  en  détail,  avec  la 
faible  éloquence  dont  je  suis  capable,  les 
choses  qui  les  concernent  :  tant  je  me  sens 
poussé  à  prendre  la  plume,  par  les  prodiges 
admirables  accomplis  par  des  hommes  si  il- 
lustres et  si  courageux;  tant  la  majesté  si 
vraie,  la  urAce  si  sincère  de  leur  visa.e,  me 
séduit;  tant  les  travaux  si  nobles,  si  hono- 
rables, qu'ils  ont  entrepris  et  achevés,  m'en- 
couragent. Quand  je  pense  à  leur  amour  si 
grand  pour  Dieu,  i»  leur  amour  si  agissant, 
à  leur  foi  victorieuse,  à  leur  patience  invin- 
cible; qu  ind  je  vois  leur  mort  atroce,  leurs 
su[)plices  inouïs  et  les  traces  encore  fuman- 
tes de  leur  sang,  soudain  l'espérance  me 
vient  au  cœiir,  et  j'ai  foi  que  leur  interces- 
sion ellacera  par  un  oubli  éternel  la  mémoire 
des  fautes  que  j'ai  commises.  Eux-mêmes, 
ces  invincibles  athlètes,  (}ue  la  vertu  divine 
a  foililiés,  (jue  la  nature  a  fa»;oimés  pour  les 
actions  courageuses,  enllamment  mon  esprit 
et  nm  |)Oussent,  maltirent,  f>u  plutùl  m'eu- 
trainenl  pre-que  à  raconter  dignement  leurs 
exploiis;  eux-mêmes  me  fournissent  l'élo- 
quence nécessaire  poiu-  raconter  dignement 
leurs  trionqdies;  eux-mêmes  me  conseillent 
et,  de  tout  leur  pouvoir,  m'ordonnent  do 
montrer  la  roule  (pi'a  |)arcourue  leur  vertu, 
et  de  raconter  conviuiablemeut  les  travaux 
(ju'ils  ont  accomplis. 

Je  sens  donc  que  la  source  de  l'éloquence 
céleste  est  divinement  indiquée  à  nion  es- 
prit, éloipu'Mce  telle  quejamais  n'atteindront 
les  accents  de  ma  faible  voix.  C'est  l'ouniuoi 
ma  plinne  hésitante  s'arrête  en  tremblant 
(piand  les  choses  qu'elle  écrit  lui  paraissi  ni 
si  an-dessous  do  la  grandeur  des  faits  à  ra- 
conter, qu'elles  semblent  en  quelque  sorte 
ramper  à  terre.  Les  f  udhs  elle-mêmessur 
iesquelh  sj'écris  mo  disent,  par  leur  silence, 
(pie  l'humdité  de  mon  stvie  ne  saurait  éga- 
ler le  sujet  duquel  il  traite. 

Cepeiulanl.  qu'aux  lecteurs  ou  auditeurs 
de  cette  histoire  il  suit  tenu  pour  certain  que 


S48 


Mil. 


Mil. 


240 


Ri,  cluv/,  iKMis,   I'«it  dp  rncoiitiT  est  nii-dos- 

so\is  (lu  Mijct.  lions   \\'n\ s  cciiciKl'int  jn- 

jiuiis  iiwiiKiiK'  h  l«  vi'-iilt'-;  "'t  tju'rii  imi(iiiImiiI 
les  Inils  SI  glorieux   <!('  nos  s;iiiils  marlyrs, 
lions  /(VOUS  (lil  iivcc  iii-i'iiuili'  ri    iiilrgnlé 
Vi'  (|ni  siillil    'l'ix    liomnics  stinliciix   di»   ces 
sortes  (le(  lios(>s  :  car  les  inorls  de  nos. saints 
in.irhrs  .•illci:^Meiil,  |);ir  iiii(>  sorte  de  p.irenliS 
Ifi  iiioil  sonll'crle  |i;ir  le  Clirisl,  an  iiiiliiMi  do 
tournioiils  si  ernels,  (|n'ils  dépassenl  ce  d(tnl 
es!  eapalde  la  nahiie  linm.iiiie.  Ces  eoiira- 
j;enx   atliliHes  handeiil  coniint!  un   arc  leur 
esprit  aballu  et  (^inu  par  l'ellVoi  d'une  mort 
terriltle,  el  Ions,  eoinme  obéissant  .^  un  si;;;ri(! 
donné,  dirii;ent  leurs  touriueuls  coninu!  uik; 
flèche,  et  no  dierehant  point  pour  eux  les 
louantes  vaines  et  futiles  des  lioiiunes,  mais 
bien  la  gloire   d(>  Jésus-CbrisI,  l'aulcMir  du 
salut,  en  (pii  ils  mettent  toute  leur  cspi^ranco, 
do  (pii  vient  tonle  vertu,   et  (pi'ils  se  sont 
proposé  pour  modiMo  de  leur  vie,  ils  se  sou- 
mettent aux  supplices  les  plus  cruels  et  aux 
travaux  les  plus  laborieux.  C.ar,  par  l(>  trait 
(  lie  lui-niôme  a  lancé,  il  a  forlilié  les  mains 
des  soldats  qu'il  avait  prédestinés  à  suivre  la 
(  isci|)line  de   sa   milice    et  à  cndji'asser  ses 
enseignements  :  en  oll'et,  comme  son  amour 
et  sa  volonté  élevèrent  le  Christ  en  croix,  de 
m(^me  son  amour  et  sa  libre  volonté  attachè- 
rent le  saitit  martyr  à   la  sioniu>.  Do  môme 
que,  dans  cetie  arène,  quiconque  a  conformé 
sa  vie  aux  règles  (1(>  la  piété  et   aux  divins 
commandements  trouve  la  victoire  et  la  cou- 
ronne ;  de  môme  que  celui  qui  a  adopté  li- 
brement la  doctrine  chréliemie  ot  y  a  con- 
formé   ses  mœurs  est  comblé  des  biens  cé- 
lestes; de  môme  aussi,  dans  cette  arène,  le 
déshonneur  et  l'infamie  attendent  ceux  qui, 
par  une  déplorable  légèreté,  par  paresse  et 
)ar  inertie,  s'éloignent  du  but  et  de  la  dou- 
eur,  et  les  malheurs  sont  réservés  aux  in- 
sensés qui  ont  avec  orgueil  méprisé  Taver- 
tissement.  Voyez  dans  cette  arène  préparée 
et  dressée   lacroix  elle-même,   ce  sommet 
des  douleurs  qui  les  domine  et  les  surpasse 
toutes  ;  voyez,  suintant  d'elle,  le  sang  du  roi 
des  martyrs  :  là  le  pardon  est  préparé  pour 
le  pécheur,  et  la  vie  naît  de  la  mort;   là  le 
coupable  reçoit,    renouvelé  par  le  sang  de 
Jésus-Christ,  son  prc.ire  sang  qu'avait  cor- 
rompu le  péché  ;  là  le  juste,  ennoblissant  sa 
propre  mort  par  celle  de  Jésus-Christ,  re- 
çoit la  récompense  de  tous  ses  travaux.  Ah! 
combien  voudraient   imiter  la  mort  de  leur 
Seigneur,  et  répandre  leur  sang  dans  ce  com- 
bat, quand  ils  voient  la  croix  arrosée  du  sang 
de  leur  Rédempteur  1  Car  la  mort,  soufferte 
de  cette   manière ,  ne  les  sépare   point  des 
erabrassements  du  Christ,  et  les  souffrances 
de  la  mort  commune  avec  lui  les  font  entrer 
avec  lui  dans  le  partage  de  la  vie  éternelle, 
récompense  qu'ils  ambitionnent.  O  âmes  il- 
lustres, qui  avez  scellé  de  votre  sang  votre 
amour  pour  Jésus-Christ!  combien  il  désire, 
lui  qui  est  déjà  ressuscité,  vous  ressusciter 
aussi,  vous,  à  la  vie  éternelle  !  O  courageux 
athlètes,  qui  avez  prouvé   par  votre  mort 
voire  amour  pour  la  croix,  avec  quel  triom- 
phe il  vous  recevra  passant  de  cette  vie  dans 


son  royaume!  /ivfc  (pn-lIc joie  il  virinvoli"- 
salul  eï  volid  félicité  1  car  ce  que  vous  nvu-z 
reçu  de  Jésiis-Chi  isl,  vous  le  lui  nve/.  retidii, 
pour  (pic  lui,  de  iiouvenu  vous  i <*com(tetis,it 
suivant  ses  promesses  :  Crltti  qui  tnr  confn- 
mrit  drvitnt  im  ttinnmrn,  moi  itunai  jr  le  ron- 
f'issrriii  (Ivvdul  iiuiii  l't^rrriui  ni  aux  citux  tt 
diraiit  srs  (ttKjrs  {Mnlth.  x,'.\l). 

'l'clle  fut  la  source  de  l'élection  du  bien- 
heureux .Milles.  Saint  Milles  n.Kpiil  dims  lo 
pa)s  (lis  H.i/.ichites.  Jeune,  il  lié<pitfil.T  la 
cour  du  roi,  juscpi'h  ce  (pie,  trjiirhé  de  la 
gr.ice  (l(!  Dieu,  qui  ikî  soulfrit  [)/is  (pie  ee 
vase  d  (''hMlion  restAt  dans  le  festin  imiiKmde 
des  hommes,  il  entra,  comme  l'un  des  ci- 
toyens du  royaume  céleste,  d/ins  la  milice 
i\n  lloi  des  cieux.  Honouvelé  par  l'eau  sainte 
du  ba))tôme,  jiar  h;  soullh;  et  i)ar  rinsf)ira- 
tion  (lu  Sainl-Ksprit,  alin  de  ne  contracte  i 
aucune  souillure  coi[)orelle,  de  se  conservei 
intégr(>  et  chaste,  et  decoiiPniir  dans  le  devoir 
sa  chair  par  les  ieCinos  fré(pients  elles  veil- 
les, et  pour  mo(leler  son  esfiiit  su:'  la  divine 
sagesse,  il  s'appliqua  avec  soin  h  suivie  les 
traces  de  Jésus-Christ. 

Pendant  donc  que  le  bienheureux  Milles 
mesurait  le  cours  de  cette  vie,  la  providence 
de  Dieu  voulut  que  l'occasion  de  faire  de 
grandes  choses  se  présenta t  et  s'ouvrit  de- 
vant lui  :  car,  comme  il  était  plein  de  l'a- 
mour du  Saint-Esprit  qui  le  consumait,  et 
qu'il  ne  pouvait  contenir  dans  son  (;œur  les 
ardeurs  du  feu  intérieur  qui  lui  parcourait 
la  moelle  des  os,  il  s'éloigna  du  lieu  où  il 
avait  fait  ses  étu  les,  et  résolut  de  répondre 
à  la  voix  de  Dieu  qui  l'appelait  à  travailler 
au  salut  du  prochain.  Ayant  pris  cette  réso- 
lution, il  partit  de  la  ville  de  Lapeta,  et  se 
retira  à  Ilam,  qui  est  proche  du  château  de 
Susc.  Dans  ce  lieu,  lant(jt  dans  des  confé- 
rences particulières,  tantôt  par  des  prédica- 
tions publiques,  il  s'efforça  (le  diriger  vers  la 
vertu  l'esprit  des  habitants  et  de  les  détour- 
ner des  vices.  Dans  ceite  œuvre  il  eut  à  ac- 
complir d'incroyables  travaux,  et  à  souffrir 
des  chagrins  intolérables.  Sur  ces  entrefaites, 
comprenant  les  services  qu'il  pouvait  rendre 
à  TEglise,  il  consentit  à  se  laisser  ordonner 
évoque  par  Gadiabe,  évoque  de  Lapeta,  qui 
lui  impo.'^a  les  mains  après  lui  avoir  succes- 
sivement conféré  les  différents  ordres.  Après 
trois  ans  passés  dans  d'immenses  travaux  et 
de  grandes  fatigues,  n'ayant  pu  faire,  autant 
qu'il  aurait  été  dans  ses  vœux,  de  conquêtes 
pour  le  Seigneur,  souvent  pris  et  maltraité 
par  les  infidèles  dans  les  chemins  et  dans  les 
carrefours,  il  fut  enfin  jeté,  presque  sans  vie, 
hors  de  la  ville,  et  traité  avec  la  dernière 
barbarie.  Quoique  ce  saint  homme  suppor- 
tât avec  un  cœur  courageux  ces  atroces 
cruautés,  il  ne  put  se  refuser  à  voir  que  ces 
hommes  étaient  trop  attachés  au  culte  des 
idoles  et  aux  superstitions  des  mages,  pour 
qu'il  pût  les  amener  à  embrasser  les  doctri- 
nes de  la  sagesse.  II  résoJul  donc  de  quitter 
ce  lieu  et  d'aller  s'établir  ailleurs. 

On  raconte  qu'en  s'éloignant  de  cette  ville, 
le  saint  évoque  lui  pronostiqua,  en  ces  ter- 
mes, les  vengeances  divines  :  «  O  la  plus  in- 


«47  MIL 

lorliint'o  di^s  villes,  puisque,  dans  ta  folie  ex- 
Irùine,  lu  as  rejet»'*  roccasion  qui  l'(''tait  of- 
ferte par  la  grAce  toiite  particulière  de  Dieu, 
de  ri'parer  ta  fortune  et  de  parvenir  au  coni- 
ble  (le  la  prospéritt^ ,  voilà  (jue  bicntol  un 
rruel  ennemi  va  fondre  inopin(''menl  sur  toi 
et  te  dtMruire  :  dans  ce  désastre  suprt^^le,  tes 
superbes  édifices  seront  renversés,  et  les  ci- 
toyens orgueilleux,  fuyant  de  tous  côlés, 
erreront  à  la  recherche  d'incertaines  de- 
meures. » 

Trois  mois  s'étaient  h  peine  écoulés  depuis 
son  départ,  (pie  le  roi,  rroyanl  que  les  prin- 
ci|iaux  habilanls  d'Ilain  avaient  conspiré 
contre  la  majesté  royale,  envoya  sur  les  lieux 
un  corps  de  troupes  avec  trois  cents  élé- 
plianis.  Les  édilices  furent  renversés,  les  ha- 
bitants massacrés,  toute  la  cité  dévastée: 
plus  tard  on  fit,  du  lieu  qu'occupait  la  ville, 
des  champs  où  la  charrue  passe,  où  les  mois- 
sons mûrissent.  Pendant  ce  temps-là,  saint 
Milles,  n'ayant  jiour  foute  fortune  que  le  li- 
vre sacré  des  Evangiles,  se  rendait  à  Jérusa- 
lem ;  (le  là  il  vint  à  Alexandrie,  désirant  voir 
saint  Ammone,  disciple  de  saint  Antoine, 
fondateur  de  l'ordre  des  Pleureurs  ;  il  y  resta 
deux  ans,  pour  visiter  les  moines  et  les  mo-  .. 
nastères  qu'ils  avaient  fondés  dans  les  dé- 
serts. Aprt^'S  cet  espace  de  temps,  il  revint 
dans  sa  patrie  :  chemin  faisant,  il  s'arrêta  f 
chez  un  moine  qui  passait  sa  vie  dans  une 
caverne.  Un  jour,^  comme  ils  faisaient  tous 
deux  les  prières  du  matin,  un  horrible  dra- 
gon se  montra  tout  à  coup,  de  ceux  qu'on 
nomme  uosrplmm  (nous  laissons  l'expression 
latine)  :  il  était  d'un  aspect  dégoûtant  et  ter- 
rible, et  d'une  grandeur  extraordinaire.  Il 
avait  au-dessus  de  trente-deux  coudées.  11 
entrait  dans  la  caverne,  suivant  sa  coutume, 
pour  s'v  coucher.  A  l'aspect  du  monstre, 
saint  Milles  fut  frap|>é  de  terreur;  mais  bien- 
tôt, la  craiiUe  faisant  place  à  l'indignation, 
il  lendit  la  m;iin  d'une  fa(;on  menai^anfe  con-  . 
trc  le  serpent,  et  dit  d'une  voix  tonnante  : 
.<  O  mon>tre  détestable,  ennemi  des  hom- 
mes !  voilà  donc  ce  que  tu  os.'.-,  nous  pré- 
sents? 11  faut  ([ue  nous  (piitlions  ce  lieu, 
i)Our  que  tu  Ihabiles  pai>il)lemenl?  Qu'à 
l'instant  le  glaive  du  Seigneur  te  pourfende 
(!'un  bout  à  l'autre,  afin  (|ue  tous  admirent 
la  destruction  1  »  A  l'instant  le  serpent  se 
gontl  iiit,  fut  coupé,  déchiré  en  deux  delà 
UHv  à  la  (jueue,  et  frappé  de  mort.  Comme  le 
moine  disait  ([ue  celte  biMe  était  apprivoisée 
et  inoffensive,  et  habitait  depuis  longfi  inps 
avec  lui,  il  fut  ré|)riniandé  par  saint  .Mdles, 
(pii  lui  dit  rpi'il  ne  pouvait  approuver  cela, 
surtout  après  cpie  la  sentence  de  Dieu  avait 
dédart!  la  guerre  })erp(''tuelle  entre  l'honniu» 
et  le  serpent;  qu'il  t'tait  défendu  par  le  ju- 
gement (Je  Dieu  de  se  (  onfier  à  un  ennemi 
ainsi  proscrit,  et  d'habiter  avec  lui.  Il  i'ut 
cause  que  le  moine  se  choisit  une  autre  de- 
meure. 

Le  bienheureux  Milles  ayant  dit  adieu  au 
moine,  vint  dans  la  \ille  de  Nisibe,  où  il 
trouva  saint  Jac(|iies  occupé  à  construire  son 
église;  il  y  resta  (|uel(jue  t(>mps(lans  l'admi- 
ration du  génie  et  de  l'excellence  du  saint, 


MIL 


248 


et  aussi  de  la  majesté  et  de  la  grandeur  du 
monument  (piil  construisait.  Quand,  après 
cela,  il  fut  venu  dans  l'Assyrie,  il  envoya  à 
saint  Jacques,  en  cadeau,  une  grande  quan- 
tité de  soie,  pour  lui  alléger  la  dépense  qu'il 
faisait  pour  son  église. 

Peu  de  temps  après,  il  parfit  pour  aller 
chez  les  Araméens,  et  trouva  l'église  de  Cté- 
siphon  et  de  Séleucie  déchirée  cruellement 
par  le  schisme.  On  tient  rnie  Papas  était  la 
principale  cause  de  cette  allligeante  discorde. 
Il  éfaithls  d'Agh<Re  et  évoque  de  cette  église: 
homme  d'une  insolence  outrée,  d'une  arro- 
gance si  grande,  que  les  évoques  qui  de  dif- 
férents lieux  s'étaient  assemblés  en  synode 
pour  juger  sa  cause,  étaient  traités  par  lui 
avec  orgueil  et  cruel  méfiris.  et  qu'il  tyranni- 
sait d'une  façon  vraiment  impitoyable  les  prê- 
tres et  les  diacres  de  son  église.'^Milles  répri- 
manda de  cette  sorte  et  publiquement  cet 
homme  haï  de  Dieu  et  ennemi  de  ses  conci- 
toyens. '(  Quel  crime  ont  donc  commis  vos  frè- 
res, pour  que  vous  osiez  les  traiter  ainsi,  mé- 
prisant orgueilleusement  votre  prochain  et  le 
tyrannisant  sans  cause  par  votre  haine  im- 
placable; comme  si  vous  pensiez  être  dans 
l'intimité  de  Dieu  et  converser  avec  lui?  Est- 
ce  qu'il  n'est  pas  écrit  :  Que  celui  qui  voudra 
être  le  premier  d'entre  vous  soit  votre  servi- 
teur »  {Matth.  XX,  27)  ?  Papas  lui  répondit  : 
«  Vous  venez,  homme  inei)te,  me  aire  ces 
choses,  comme  si  je  ne  les  savais  pas.  » 
Alors  Milles  prit  dans  sa  poche  le  livre  saint 
des  Evangiles,  le  porta  au  milieu  de  l'assem- 
blée, ef,  1  ayant  mis  sur  un  coussin, se  tourna 
vers  Papas  :  «  Si  vous  rougissez  d'apprendre 
ces  choses  de  moi,  (jui  suis  un  simple  mor- 
tel, n'ayez  pas  honte  au  moins  d'attendre  le 
jugement  de  l'Evangile  du  Seigneur  que  vous 
avez  devant  les  yeux  ;  à  moins  pourtant  (pie 
l'œil  de  votre  conscience  ne  soit  fermé  pour 
ses  commandements.  »  Sur  ce.  Papas,  poussé 
par  une  fureur  diaboli(|ue,  et  froissant  d'une 
main  sacrilège  le  livre  des  Evangiles  :  a  Par- 
le donc.  Evangile,  dit-il,  parle  donc!  »  Lu 
biiMiheureux  Milles,  viv(>ment  ému  par  ces 
})ar()les.  se  précipita,  embrassa  de  ses  deux 
mains  l'Evangile,  le  couvrit  de  baisers  et 
l'approcha  de  ses  yeux.  Ensuite ,  devant 
foute  l'assemblée,  s'adressant,  à  haute  voix, 
à  Papas  :  a  Orgueilleux,  lui  dit-il,  parce  que 
vous  avez  forfait  envers  les  paroles  «le  la  vie 
de  Notre-Seigneur,  voici  venir  son  ange,  (lui, 
à  la  terreur  de  tous,  va  frapper  de  d<\ssécn(>- 
iiient  la  moitié  de  votre  cor[)s.  Vous  n'en 
mourrez  cejïendant  pas,  la  vie  vous  sera  lais- 
sée longtemps,  pour  que  vous  restiez  comme 
exemiile  et  connue  objet  d'épouvante.  «  Au 
même  momtMil  Papas,  frappi'  du  ciel,  fut 
desséché  de  la  moitié  du  corps,  et  tomba  sur 
le  ctMé  oppos(''.  Il  y  r(>sla  pendant  douze  ans, 
au  bout  desquels  il  mourut,  dans  cette  af- 
freuse position  et  en  proie  aux  souffrances. 
Cet  év(''nement  frappa  tout  le  peuple  d'une 
grande  terreur. 

Ensuite  saint- Milles  alla  dans  le  pays  de 
Maisan,  où  il  s'arrêta  chez  un  moine  ermite. 
Le  seigneur  de  ce  lieu,  inii  depuis  deux  ans 
était  en  proie  à  une  maladie  grave,  envoya 


S49 


Mil. 


MIL 


•iM) 


un  s(Mvil(»iir  pri»'!-  !<»  hifiilMMin^ix  (^vA(|ii((  do 
V(Miir  Ir  voir.  I.<'  ■'^"i"'  Ikhiuiic  lui  dil  :  "  K<'- 
loiiiiK»/,  t't,  |>i-('*s  (lu  lil  tl(!  volic  ju.iitic,  (iilcs 
il  li.MiUi  voix  :  '<  Millt''>  vous  ofdoniif,  lui  nom 
(Ir  JtVstis  (1(1  Na/.)iit'lli,  (le  mn-rir,  (l(!  vous  U'.- 
\ov  («(  (le  niaiclici-.  »  Lo  scrvilcin-  olx'iil,  l'I 
soudain  It'  malade!  lui  ^U(^ri,  v.l  ses  lorros  s6- 
lant  n'l(>v(''('s,  il  vint  vers  lo  sain!  (''V(\|u<', 
avec  les  liahilanls  du  lieu,  poin-  rcndni  à  Du-u 
do  solruucilcs  actions  do  m'Accs.  IMnsicin-s 
dt>s  liahilanls,  lonclu's  |tar  vv  miracle,  tnn- 
hivissi^rcid  la  rclii.;ion  cinolicniu'. 

Au  uK^nu'  li(Mi  ('lai!  un  Jeune  liomiur  lu- 
nali(|no  ol  deimis  son  enlance  tominenlé 
par  l'esprit  malin.  Il  le  ^\wv\\.  par  ses  |)ri(>- 
res,  el  en  le  sii;nanl  au  nom  de  Ji-sus-CInisl. 
l'ourla  plus  ^rand(>  gloire  de  J(\sus-(',hrisl, 
saint  Milles  lit  dans  le  mômu  lieu  lui  Irès- 
grantl  nombre  d(> miracles. 

l*eu  apri^'s  il  vinl  dans  lo  pays  d(>s  Uazi- 
clntes,  oCi  il  s'arriMa.  Dans  nn  cliAlean,  nno 
iemme  nohle,  depuis  neulanson  proie  h  une 
maladie  cruelle,  avait  ;\  pmi  i)r('s  perdu  l'u- 
safio  do  ses  membres. Quand  elle  apprit  l'ar- 
rivcH^  du  bieidienreux  c'vi^puN  elle  se  lit  |)or- 
ler  h  son  logis  par  ses  servitenrs.La  voY<uit 
et  romar(]nant  (prello  osait  h  ])eine  deman- 
der (|u'on  la  guérit,  croyant  la  chose  im- 
imssible,  il  lui  parla  ainsi  :  «  Croyez-vous 
en  un  senl  Dieu  ,  et  voulez  -  vous  espé- 
rer de  lui  votre  guérison  ?  »  Elle  ré[)on(iit  : 
«  Certes,  seigneur,  je  confesse  lui  seul  et 
uni(]ue  Dieu.  »  Alors  le  bienheureux  Milles, 
aprC-s  avoir  un  instant  prit5,  prenant  la  main 
droite  de  cette  femme  :  «  Au  nom  de  Dieu 
en  tpii  vous  croyez,  lui  dit-il,  levez-vous  et 
uiairhez.  Félicitez-vous  de  ce  (]ue  la  santé 
vous  est  entièrement  rendue  par  la  grAcc  de 
ce  Dieu.  »  Ainsi  parla  Milles.  Elle  sentit  peu 
à  peu  dans  son  corps  malade  revenir  son  an- 
cienne force,  et  commença  à  se  servir  de 
ses  membres  engourdis  ;  bientôt  elle  put 
marcher  et  regagner  son  logis.  Ce  miracle 
fut  vu  par  tous  les  habitants  avec  admii-ation 
et  grande  joie. 

Dans  le  môme  château  eut  lieu  un  pro- 
dige bien  étonnant.  Deux  hommes  vinrent 
trouver  saint  Milles  ;  l'un  deux  soupçoimait 
l'autre  de  vol,  et  demandait  qu'il  se  purgeât 
de  ce  soupçon  par  serment.  L'autre  ayant 
accepté  cette  condition,  saint  Milles  l'aver- 
tissait en  lui  disant  :  «  Songez,  mon  fils,  à 
ne  pas  prendre  Dieu  à  témoin  d'un  men- 
songe, et  à  ne  pas  tromper  ainsi  votre  frère.» 
Mais  ce  méchant  et  impie,  ne  faisant  aucun 
cas  des  avertissements  du  saint,  ne  craignit 
pas  de  prononcer  les  paroles  du  serment. 
Alors  le  bienheureux  Milles,  regardant  cet 
homme  avec  des  yeux  fixes  :  «  Si  vous 
ayez,  lui  dit-il,  engagé  votre  foi  pour  la  vé- 
rité, en  prenant  Dieu  à  témoin,  vous  rega- 
gnerez sain  et  sauf  votre  maison;  si,  au 
contraire,  vous  avez  fait  un  serment  faux, 
que  la  lèpre,  qui  jadis  frappa  Giézi,  vous 
saisisse,  de  sorte  que  vous  ne  puissiez  par- 
tir d'ici  que  couvert  d'ignominie  et  de  dés- 
honneur. Aussitôt  ce  parjure  fut  couvert 
d'un  horrible  éléphantiasïs ,  de  sorte  que 
tous  les  habitants  en  furent  saisis  de  ter- 


reur ;  pldsicins  abandoiUM^renf  le  culte  dr-A 
idoles  (»t  deuiauilèrcnl  il  se  i'aiif  inslrniro 
d.uis  li's  |ii<'r(pt(!s  du  c.hrislianisme. 

I'ail;uii  di'  la,  il  .sn  r(>ridail  vers  un  autre 
lii'U.  Deux  niiiMii's  du  méuie  endroit  sejoi- 
gnncut  il  lui,  coinmo  compa^llons  de  voy/i- 
!.;(;.  (]()nnne  ils  étai(>iit  en  chemin,  ils  arrivé- 
ii'iil  à  un  cours  d'eau  te'lemenl  grossi,  tpi'il 
n'(''lait  pas  possible  de  le  |t,isser  a  mié.  Elaiil 
r(!sré  jusipTau  haiil  du  jour  h  c,(!l  endroit, 
atteiiilaiit  vaiiiemeiil  ipii;  {c.  lorreut  écoulât 
ses  eaux,  pour  ensuite  |)ouviiir  passer  h  Kiié, 
saintMilles  conseillasses  compagnons  de  so 
retirer,  el,  apiès  hvs  en  avoir  |;i-iés,  leur  riil 
adi(Mi.  Mais  (mix,  ayant  feint  de  s'en  aller, 
observaient  parepiel  nu)yen  saintMilles  sui- 
mouterait  l'obstacle  et  poui'iait  traverseï  le 
lleiive.  Alors  le  bienheureux  év(i(pie,  s'élant 
mis  h  prier  qnehpie  temps,  (!nlra  tout  cliaiis- 
s('  dans  le  torrent,  et,  marchant  intiépide- 
iiieiit  sur  les  l'aux,  p.u'vint  à  l'autre  bord 
sain  el  sauf. 

Do  là,  étant  |)ai'venu  à  un  bourg  voisin,  il 
y  trouva  un  certain  diacre  (pi'on  accusait 
du  crime  d'in(;este.  Il  entra  dans  l'église  et 
l'exhorta  en  ces  termes  :  «  Mon  fils,  si  par 
hasard  vous  êtes  coupable  de  ce  crime  , 
avouez-le  et  étudiez-vous  à  apaiser  Dieu  par 
votre  pénitence  ;  car  il  est  miséricordieux 
t't  vous  pardonnera.  Si  vous  êtes  coui)a- 
ble ,  tremblez  d'officier  en  sa  présence , 
de  {)eur  que  sa  justice  ne  vous  punisse  im- 
médiatement. »  -Mais  lui,  lui  dit  en  con- 
fidence :  «  No  me  parlez  pas  ainsi ,  sei- 
gneur; ne  m'accusez  pas  d'un  si  grand 
crime;  car  j'en  suis  absolument  innocent. 
Ce  crime,  j'en  ai  été  accusé  par  la  calomnie 
et  le  plus  impudent  des  mensonges.  «Ayant 
ainsi  {)arlé,  il  prit  audacieusement  le  livre 
de  David,  et,  montant  sans  crainte  sur  sa 
stalle,  il  se  mit  h  chanter  les  psaumes.  Mais 
une  main  apparut  brillante,  sortant  du  sanc- 
tuaire, et  vint  frapper  ce  diacre  impur  sur 
le  visage.  Frappé  de  mort  par  ce  coup,  le 
diacre  tomba.  Ce  prodige  si  grand  frappa  de 
terreur  tous  les  habitants  du  lieu. 

Dans  le  môme  endroit,  un  jeune  homme 
fut  présenté  à  saint  Milles.  Depuis  ses  plus 
tendres  années  il  était  misérablement  af- 
fecté d'une  distorsion  des  jambes  et  des 
pieds,  telle  que,  marchant  sur  les  genoux, 
il  était  forcé  de  ramper  à  terre.  Le  bienheu- 
reux évoque,  le  prenant  par  la  main,  le  gué- 
rit par  ces  paroles  :  «  Au  nom  de  Jésus- 
Christ  de  Nazareth,  levez-vous  et  marchez.» 
Aussitôt  les  pieds  et  les  jambes  de  ce  jeune 
homme  prirent  leur  forme  naturelle.  11  était 
âgé  de  vingt  ans. 

Au  reste,  les  cures  insignes  et  les  mira- 
cles minifestes  que  saint  Milles  accomplis- 
sait, avec  l'aide  de  Dieu,  nous  ne  pouvons 
pas  les  rapporter  tous  ici,  et  nous  avons  dû 
raconter  sommairement  ceux  desquels  nous 
avons  parlé,  pour  arriver  prompteraent  à  la 
narration  de  ce  miracle,  qui  fit  la  plus  grande 
gloire  du  saint ,  miracle  qu'il  accomplit  en 
versant  son  sang,  en  donnant  sa  vie  pour  ren- 
dre à  Jésus-Christ  un  glorieux  témoignage  et 
pour  donner  aux  siens  un  glorieux  triomphe. 


251  MIL 

Pendant  que  saint  Milles  accomplissait  ces 
ch'">st»s,  Hortnisda  Guphrizius,    qui   gouver- 
nnit  1,1  province  avoc  une  suprAme  nulorilé, 
honuue  d'un  orgueil   incroynblo,  d'un  faste 
inlolcrablt',  supportant  dilTicilemcnt  que   le 
bienheureux  évoque  cornnien(;.U  h  avoir  des 
disciples,  connue  la  renommée  le  lui  avait 
npnri?.   (lonna  l'ordre   de   l'arn^ler  et  de  le 
conduire  h  Maheidagdar,  ca^ulale  dcN  Razi- 
chites.  Deuï  de  ses  disciples,  le  prêtre  Abro- 
sine   et  le  diacre  Sina  furent  arrêtés  avec 
saint  Wilk'S.  Ils  furent  tous  enchiinés,  souf- 
frirent deux  fois  de  cruelles  fla;i;elIations.  On 
voulait  les   contraindre  de  sacrilitT  au  so- 
leil. Mais  eux.  se  mo  |uèrenl  du  tyran,  nié- 
f irisèrent  s  s  ordres,  se  rirent  de  ses  inso- 
ences,  et  louant  Dieu  nerpéluellcmput,  ren- 
daient hommage,   par  leur  invincible  cons- 
tance, h  la  véritable  religion.  Pendant  qu'ils 
étaient  dans  la  prison  publique,  attendant  le 
dernier  supplice.  Hormisda,  qui  voulait  cé- 
lébrer le  commencement  de  l'année,   an- 
nonça une  granile  chasse  (fui  devait  avoir  lieu 
dans  les  montagnes  voisines.  Foi  t  j)ré(iccupé 
de  l'appareil  qu'il  devait  lui  donner, il  lit  ame- 
ner le^  saints  martyrs  encliaîiU'S  pour   être 
interrogés.  Dès  (|u'ils  furent  ariivés  en  lace 
du  tynn,  celui-ci  commença  à  interroger 
saint  .Milles  sous  cette  forme  ironique  :  «  Dis- 
nous  qui  tu  es,  un  Deu  ou   un    homme? 
quelle  est  ta  religion,  quels  sont  les  dogmes 
qui  te  plaisent?  Dis-nous  donc  ce  que  ta  sa- 
gesse t'nispirt'ra  pour  (jue,  sachant  bien  (pii 
tu  es,  nous  devenions  les  disciples  ;  mais  si 
tu  persistes  à  cacher  quelle  est  ta  secte,    tu 
seras  mis  à   mort  sans  pilié,  de  même  que 
ces  bêles  féroces. 

Le  bunheureux  évêqne,  comprenant  quel 
était  l'esprit  de  ces  paroles,  rt'po-idit  ainsi  : 
a  Je  suis  un  homme  et  non  un  Dieu;  quant 
à  ce  qui  est  du  reste,  j'ai  résolu  de  ne  point 
mêler  les  ch  ses  saintes  de  la  religion  à  vos 
plaisanteries  indécentes,  et  de  ne  point  faire 
entendre  ces  myNtères  si  p\ns  h  des  oreilli's 
qui  sont  loin  de  1  être.  Cependant  je  veux 
vous  dire  en  toute  vérité  ceci  :  .Malheur  k 
vous,  tyran  impie  ft  criminel  !  malheur  à 
vous  et  à  vos  semblables,  qui  êtes  les  enne- 
mis de  Dieu  et  do  la  religion  ICar  il  arrivera 
que  Dieu,  vous  jiigeant  dans  l'élornité.  [)ré- 
parant  ses  feux  <'t  vous  plongeant  dans  les 
ténèbres,  condamnera  votre  orgueil  aux  lar- 
mes éleri  elles,  aux  ('ternels  grincements  de 
dents,  parce  que  vous  jouissez  insolemment 
des  biens  et  des  richesses  que  vous  tenez  de 
lui,  sans  vous  en  montrer  aucunement  re- 
connaissant. » 

A  co  langage  de  saint  Milles,  cet  hommo 
coupable  entra  dans  une  telle  fureur,  «jue, 
devant  tous  les  a'^sistanls,  il  sanla  de  son 
sii'ge,  et,  tirant  l'épée  qu'il  portait  pendue  h 
son  cAté,  il  se  pré<ni'ila  sur  le  bienheureux 
évôgue.  et  lui  traversa  l'épaule  de  son  f 'r. 
Le  Irère  de  ce  tyran,  qui  ^e  tioinmait  N'ar- 
sès,  entrant  dans  une  fureur  pareille,  lira 
son  glaive  et  Iransperen  le  i  ùlé  du  saint. 

pendant  <|ue  l'illustre  martyr  de  Jé^us- 
Chnst  rendait  l'Ame  et  recevait,  par  ret  af- 
freus  suppliée  la  mort  qu'il  désirait,  il  jeta 


ML 


28i 


en  ces  termes  aux  deux  frères  cette  affreuse 

t. rédiction  :  «  Votre  amour  fraternel  vous  a 
lien  mal  inspiré,  en  vous  poussant  tous  deux 
à  commettre  cet  horrible  (rime,  à  réftandre 
le  sang  d'un  homme  juste  et  innocent.  De- 
main, à  celte  même  heure,  dans  ce  même 
lieu,  votre  sang  sera  versé  de  vos  propres 
mains  dans  un  meurtre  réci|)ropre  ;  les 
chiens  lécheront  votre  sang,  les  oiseaux  se 
nourriront  de  votre  chair;  dans  un  seul  jour 
votre  mère  pleureia  ses  deux  enfants,  et  vos 
épouses  seront  veuves. «.^yanl  dit,  il  mourut. 
Peid;int  qu'on  sévit  ainsi  contre  le  bien- 
heureux Milles,  Abrosirao  et  Sina  sont  con- 
duits sur  deux  collines  ;  filacés  l'un  vis-.'i-vis 
de  l'autre,  ils  furent  lapidés  parler  satellites 
envoyés  parle  tyran,  qui  les  écrasèrent  sous 
une  grêle  de  jiierres  et  de  cailloux. 

Ciuphri/ius  passa   cette  nuit  dans  ce  lieu, 
et  comme  le  matin  du  jour  suivant  on  avait 
signalé  un  grand  nombre  de  biHos,  il  se  leva 
pour  aller  attendre  celte  proie.  Ne  se  sou- 
venant plus  des  menaces  du  bienheureux 
Milles,  il  commença  h  poursuivre  les  bêtes 
avec  ardeur  et  entrainemenl.  \  l'heure  pré- 
cise h  laipielle  le  bien'ienreux  Milles   avait 
été  tué  le  jour  précédent,  la  peine  marquée 
]>ar  Dieu  envers  ces  deux  frères,  excellents 
guerriers,  excellents  chasseurs,  habiles  h  ti- 
rer de  l'arc,  habiles  à  verser  le  sang  avec  le 
fer,  vint  les  frapper.  Un  cerf,  ayant  brisé  les 
rets  dans  lesipiels  on  l'avait  enfirmé,  s'é- 
cha[ipail  emporté  par  une  course  rapide.  Les 
deux  fi  ères,  lançant  leurs  chevaux,  le  pour- 
suivent; tous  deux  vont  être   frappés   de 
mort  iiiO|nnée,  pour   avoir  tué  un   homme 
par  un  jugement  inique.  Tous  deuï  se  pla- 
cent chacun  d'un  côté  d'un   sentier,  vis-ci- 
vis  l'un    de  l'autre.  A   l'instant   où  le    cerf 
passe,  tous  les  deux  bandent  leur  arc  pour 
le  frapper,  et.  comme  si  chacun  d'eux  eiU 
visé  l'autre,  (luplirizius  perce  Narsès  dans 
le  ventre  ;  Narsès  perce  Guphrizius  dans  la 
poitrine.  Tou'<  lieux  moururent  donc  dans 
le  lieu  même  où  h^  bienheureux  Milles  avait 
été  tué.  Cet  événement  frappa  d'élonnement 
Ceux  qui  en  furent  témoins,  et  ne  causa  pas 
un  médiocre  ellroi  h  ceux  h  qui  on   le    ra- 
conta dans  la  province  ;  nnis  tous  laissèrent 
les  deux    corps   pour   servir  de  pAture  aux 
bêtes  féroces  et  aux  oiseaux  de  proie  ;   car 
la  coutume  des  Perses  est  de  laisser  les  ca- 
davres sans   sépulture»,  jusipi'h  ce  que    les 
chairs  étant  détruites,  les  os  soient  complète- 
ment dénudés.  On  n'enterre  que  ces   der- 
niers. 

Dans  la  même  nuit,  les  corps  des  trois 
martyrs  furent  enlevés  cl  déposés  dans  un 
ch.lteau  nommé  Marleau,  où  les  habitants 
du  lieu  les  mirenl  dans  un  tombeau  (ju'ils 
leur  iivaient  préparé.  Les  Arabes  sabéeis 
avaient  coutume  de  désoler  ce  pays  par  leurs 
incursions.  De, mis,  ils  ne  mi  ent  jamais  le 
pied  sur  les  terres  du  ch.'ileau  que  nous  ve- 
nons de  noiumer.  et  ne  les  pillèrenl  jamais. 
Les  habitants  du  lieu  virent  en  cela  une 
protection  toute  pariirulière  due  à  la  pré- 
sence des  relii|ues  des  saints  qui  étaient  dé- 
posées dans  un  des  angles  du  chAteau. 


tM 


MIN 


MOD 


tu 


Suint  Milles  <»t  «HM  cniiiiwi^iKtDs  r(i(;iir(Mil 
lu  coiiroiiiu*  (lu  iiuirtvic  l(i  ln'i/.ièmc  jour  ilo 
In  luiiii  ilo  novoiiil>i-t>. 

(l'idilurdon  lU'  l'untenr.) 

MII.I'l.\ni''S,  n|i()lt);;i.sl(',  |iii''S(Mii(i  il  M.iic- 
AiinMp,  voi's  l'ail I !(''(*  177,iiii(' A|M»|(i;;i((  on  fa- 
veur (li'S  cluM'IJciis.  Ndiis  nvoiis  perdu  co 
Iraviiil,  el  l'Iiisloire  ne  nous  a  ('(lusi'rvé  au- 
cun (Idcnnieiil  s(^rieux  (jui  puisso  nous  per- 
iTiolIre  (le  rien  dire  (l(>  ce  personna.;!». 

MINAiMI  (  le  hie'iheurenx  ^v.^.<s  ),  uinnrut 
nour  la  loi  chriHionno  au  Japon,  en  l(iO-2. 
il  lial)ilailleroyanine(li>  Kin:^().  1-e  l'oi,  (pii 
avait  emhnissi''  h*  (•liri.sli;nii.sni(\  v\;\\\V  mort, 
sou  royauinii  échut  il  ui\  l'oi  i(lol;Ur(!.  (lo 
prince  ordnnna  ?»  tousses  suj(>ls  d'adorer  les 
ni(>mes  (li(Mi\  ([in^  lui.  Ne  pouvant  pas  les  y 
contraindre,  il  prit  la  n''solulion  de  t'airo 
mourir  l(>s  principaux  d'eulK^  eux.  I,es  deux 
preuiiers  l'iu'enl  Jeai  Minanii  ol  Simon  Ta- 
cuenda.  Lus  pcrsoiuies  qui  connaissaient  ces 
deux  seii;uetu's  llrent  tout  leur  possihio  pour 
les  eugai.5(n"  A  l'aire  au  moins  semhlaul  d'o- 
béir au  roi.  Les  deux  lemiues  de  ces  deux 
seigneurs,  loin  d'imiter  un  par(nl  exem|)Io, 
taisaient  tous  leurs  elVorls  pour  engager 
leurs  maris  à  demeurer  fermes  dans  la  pro- 
fession de  la  religion  chrtMienuc.  Le  roi  en 
ayant  éU'.  inl'ornié,  conuuanda  ([ue  les  deux 
chrétiens  rebelles  à  ses  ordres  fussent  con- 
duits dans  une  bourgade  (pt'on  nouunait  Cu- 
namoto,  pour  y  avoir  la  lt''le  tranchée.  Leurs 
femmes  furent  condamnées  au  supplice  de  la 
croix  au  m(>mo  lieu.  Quand  IMinan\i  oui  con- 
naissance do  cet  ordre,  il  se  rend  t  sponta- 
nément chez  le  gouverneur  de  Cunamoto, 
qui  était  son  ami.  Celui-ci  lit  tout  ce  qui 
était  en  lui  pour  l'ébranler,  mais  inutile- 
ment, et  s'en  montra  fort  allligé.  Minami  dina 
avec  lui  ;  après  ce  repas,  le  gouverneur  le 
prit  h  paît,  et  lui  lit  voirsDU  aricH  de  cou- 
daranaîion  à  morl,  signé  de  la  main  du  roi. 
«  11  vous  est  encore  loisible,  lui  dit-il,  d'é- 
loigner de  vous  ce  malheur;  mais  il  n'y  a 
pas  de  temps  à  perdre.  »  «  J'aurais  souhaité, 
dit  Minami,  que  le  roi  mil  ma  tidélité  à  une 
autre  épreuve  que  celle-là  ;  en  pareille  ma- 
tière, je  ne  puis  lui  obéir;  je  me  dois  au  roi 
du  ciel  avant  d'être  au  roi  de  la  terre.  Du 
reste,  je  regarde  comme  le  plus  grand  bon- 
heur qui  puisse  m'arriver,  celui  de  répan- 
dre mon  sang  pour  Jésus-Christ.  »  Le  gou- 
verneur, comprenant  enlin  que  toutes  ses 
instances  étaient  vaines,  lit  conduire  Mina- 
mi dans  une  chambie  voisine,  où  il  lui  lit 
couper  la  tôle.  Cette  mort  arriva  le  8  décem- 
bre 1602,  Minami  n'avait  encore  que  trente- 
cinq  ans. 

MINCETTV.  (Alexis),  religieuse  du  Saint- 
Sacrement  a  Bolène,  fut  guillotinée  à  Orange 
le  13  ju.dct  17%,  avec  Anastasie  de  Rocard, 
supérieure  dos  Ursulines  de  Bolène,  Marie- 
Anne  Lambert,  converse  au  même  couvent, 
la  sœur  Sainte-Francoise,  converse  chez  les 
Ursulines,  à  Carpeniras,  Elisabeth  Verchiè- 
re  et  Henriette  Leforge,  religieuses  du  Saint- 
Sacrement  de  Bt)lène. 

MLNDON,ville  des  Etats  prussiens  (West- 
phaliej,  chef-lieu  de  régence,  sur  le  Weser, 


est  célèbre  i)ûr  lo  nirtrtyro  de  i'év^(|UM  saint 
l''élici(>ti. 

MINI'.UK  (maint),  martyr,  «oullVil  lo  mar- 
tyre h  Ly(m,  avec  Nuinl  Klé(i/..iruui  (il  leurs 
huit  lils.  Les  Acll>^  des  ni.u  tyiH  ne  nous  oui 
lais.<ié  n  unui  délnil  siu'  cex  deux  sainlM. 
L'l';j;lis()  fait  leur  s.'uiil(!  céri'mouie  li;  %\ 
ar)i1i. 

MIM'-UVIEN  (saint],  martyr,  ost  inscrit 
au  Martn'ologe  romain  le  .'M  <léci'uibr(s  el 
honoré  cdmim;  m  iilyr  p.ii  llsrilise,  jivec  les 
.saints  Pftnlion,  Kli(nuie,  Aitide,  Fabien,  Cor- 
neille, Sevie,  Flonis,  Oiiinti(!n  (.-l  Simjili- 
ci(!ii,  (pii  l'iireiit  les  coiiipagiions  de;  S(Mi  ui.ir- 
lyie.  On  ig»ior(!  le  lieu,  la  (lal(!  el  les  circons- 
tances de  leurs  comb.its. 

MINFlIUS(les  ciii(|  Iréres),  marlyrs,étnif'nt 
disciples  do  sain!  l''ram;ois  d'Assise,  et  se 
nommaient  Béiard,  Pierre,  Actnirse,  Ajut  et 
Olhon.  Ils  avaient  été  ch  irgés  par  leur  fon- 
dateur dalIcT  prêcher  l'Evangile  aux  inaho- 
mélaus  (l(!  rOc(id(nil,  et  ils  commoncèrenl 
leurs  travaux  aposiolicpies  par  les  Maures  de 
Séville.  Les  habitants  de  ce  pays  les  en  ayant 
chassés,  ils  partirent  pour  le  royaume  de 
ALaroc,  d'où  ils  furent  encore  exilés.  Etant 
revenus  une  seconde  fois,  ils  furent  fouettés 
cl  différentes  reprises  et  si  cruellemiml,  que 
leurs  côtes  étaient  à  découvert,  a[>rès  (paoi 
on  versa  sur  leurs  plaies  de  l'huile  bouil- 
lante et  du  vinaigre,  et  on  les  traîna  sur  des 
morceaux  de  pois  cassés.  Le  roi  les  ayant 
fait  amener  on  sa  présence,  leur  fendit  la 
tête  d'un  coup  d(!  cimeterre,  le  16  janvier 
1220.  Leurs  reliques  furent  rachetées  par  les 
chrétiens  et  transférées  h  Coïmbre,  où  on  les 
y  voit  encore  aujourd'hui.  Leurs  noms  sont 
inscrits  au  Martyrologe  romain  le  16  jan- 
vier. 

MINIAT  (saint),  soldat  et  martyr,  n'ayant 
pas  voulu  sacrilier  aux  idoles  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dèce,  fut  martyrisé  dans  la  ville 
de  Florence.  L'Eglise  célèbre  sa  fête  le  2o 
octobre. 

IMIROCLÈS  (saint),  évèque  el  confesseur, 
souffrit  h  Milan  en  l'honneur  de  la  foi.  Saint 
Ambroise  l'oit  quelquefois  mention  de  lui. 
Son  nom  se  trouve  au  Martyrol  ;ge  romain 
le  3  décembre. 

MIRON  (saint),  prêtre  et  martyr,  fut  déca- 
pité à  Cyzique  en  Achaie,  ajfrès  avoir  souf- 
fert plusieurs  tourments  sous  l'empereur 
Dèce  et  le  président  Antipater.  L'Eglise 
célèbre  sa  glorieuse  et  sainte  mémoire  le 
17  août. 

MITRE  (saint),  ou  Merre,  patron  d'Aix  en 
Provence,  soulfril  dans  cette  ville  de  cruelles 
tortures,  et  enfln  la  mort  pour  Jésus-Christ, 
au  temps  de  la  persécution  de  Dioclétien, 
sans  qu'on  puisse  préciser  exactement  à 
quelle  date.  Il  est  honoré  par  l'Eglise  le  13 
novembre  :  tous  les  martyrologes  le  j;ortent 
à  ce  jour.  Saint  Grégoire  de  Tours  (L.  de. 
Gloria  confessorum,  c.  71)  dit  que  la  puis- 
sance divine  opéra  un  grand  nombre  de  mi- 
racles sur  le  tombeau  de  ce  saint. 

MODESTE  (saint),  martyr,  mari  de  sainte 
Cresoence,  nourrice  de  saint  Vit.  Quand  ce 
saint  fut  ILvié  par  son  père  aux  mains  de 


S55 


MOD 


MON 


25G 


^'al('n(>^,  gonvernour  de  Sicile,  ft  ((iie  ce 
nini^islrat  eut  «^puist^  sur  lui  nue  partie  «les 
cniautt^  qxio  la  rasîe  des  persécuteurs  inven- 
tait contre  les  chrétiens.  Modeste  et  sa  femme 
parvinrent  ,h  l'enlever  et  à  se  sauver  avec 
lui  en  Italie.  La  persécution  de  Diodétien 
était  dans  toute  sa  force,  et  lestrois  fugitifs 
furent  arrcMés  en  Lucanie,  et  mis  à  mort 
près  de  la  rivière  de  Silara.  (Voy.  Chescence, 
\'iT.)  L'Eujlise  honore  leur  mémoire  collecti- 
vement le  15  juin. 

MODESTE  "(saint),  martyr,  fut  arrêté  au 
commencement  du  iV  siérie,  sous  l'empire 
et  durant  la  persécution  de  Dioclélien.  Il  fut 
mis  en  prison  avec  saint  Tibère,  et  endura 
avec  lui  d'atroces  sui)plices.  La  constance 
des  deu\  saints  n'en  avant  pas  été  ébranlée, 
tous  deux  furent  condanuiés  h  être  décapi- 
tés, et  la  sentence  fut  exécutée  h  Cesseron 
ou  Cessarion,  près  d'Agde,  à  douze  kilomè- 
tres de  Béziers.  A  la  lin  du  viii'  siècle,  on 
fonda  dans  ce  lieu,  et  sous  leur  invocation, 
une  abbaye  régulière  de  Bénédiciins.  Une 
femme  nommée  Florence,  qui  se  convertit 
à  la  vue  de  leurs  courageux  combats,  parta- 
gea leur  triomphe.  L'Eglise  fait  la  fèlt«  de  ces 
trois  saints  le  10  novembre.  (Voy.  Calel., 
Uist.  du  Languedoc  ;  Baillet,  10  novembre; 
Asscmani,  Cairnd  uitiv.  ad  1  Febr.,  t.  VI, 
p.  112;  Usuard,  Adon.) 

MODESTE  (saint),  est  inscrit  au  Martyro- 
loge romain  le  12  février,  avec  saint  Julien. 
Nous  n'avons  aucun  détail  sur  l'époque  et 
les  diverses  circonstances  de  leur  martyre. 
On  sait  seulement  (pi'ils  souHrirenl  à  Car- 
thage. 

MODESTE  (siiinl\  évéïpie  ci  confesseur, 
soullrit  pour  la  foi  dans  la  ville  de  Trêves. 
Les  détails  nous  manquent  sur  son  compte. 
L'Eglise  l'honore  comme  confesseur  le  24  fé- 
vrier. 

MODESTE  (saint),  reçut  la  couronne  glo- 
rieuse du  maityr»>  en  Afri(nie.  Il  eut  |»our 
compagnons  de  son  trionqme  les  sainl.>  Zo- 
tique,  Kogat,  Castule  et  quarante  soldats. 
L'EgIi^e  vf'nère  leur  mémoire  le  12  janvier. 

AlODESTE,  préfet  du  prétoire  sous  ^'a- 
lens,  était  avec  ce  prince  h  Nicomédie.  en 
370,  comme  il  se  rendait  à  Antioche,  pour  y 
surveiller  la  guerre  contre  les  Perses.  Dans 
cette  ville  arrivèrent  quatre-vingts  envoyés 
ecclésiasli(jues  de  la  |)art  des  rallioliques  de 
Constantitiople,  pour  se  plaindre  au  souve- 
rain de  la  |)ersécution  (jue  les  ariens  leur 
faisaient  soulfrir.  Valeiis  fut  très -irrité  de 
leurs  plaintes,  mais  il  dissimula  et  chargea 
secrètement  .Modeste  de  faire  périr  tous  ces 
envoyés.  Modeste,  sous  prétexte  de  les  dé- 
porter dans  un  lieu  d'exil,  les  lit  embanpier 
sur  un  bAtiment  où  ils  devaient  trouver  la 
mort.  En  mer,  les  matriofs  y  mirent  le  feu  et 
sesauvèrriit  sur  une  chaloiqje.  Le  b.lliment, 
poussé  par  le  vent  qui  soufllait  de  l'est,  s'en 
vint  tinir  de  brOler  dans  le  li.Wre  de  i)aci- 
dizc,  où  tous  trouvèrent  la  mort.  (l'o»/.  Vk- 
LK'is  et  Urbain.)  Ce  fut  encore  ce  pré-fet  du 
prétoire  cpii  fut  chargé,  h  Edesse,  d'em|)è- 
cher  violemment  les  assemblées  (jue  tenaient 
les  tidèles  hors  de  la  ville,  pour  ne  pas  com- 


muîiiquer  avec  l'évéque  arien  que  Valens 
leur  avait  donné  à  la  place  de  saint  Barsès. 
Quand  l'empereur  apprit  l'exi.'çlence  de  ces 
asstMiiblées,  il  entra  clans  une  telle  colère, 
(ju'il  alla  jusqu'à  frapper  de  la  main  Modeste, 
qui  ne  les  avait  pas  empêchées.  Cet  oITicier 
se  |)répara  donc  à  exécuter  les  ordres  qu'il 
recevait;  mais,  (juoiqu'arien,  il  n'était  pas 
méchant,  ou  bien  il  craignait  que  ses  ordres, 
exécutas  dans  toute  leur  rigueur,  fissent  une 
trop  grosse  affaire.  Il  prévint  les  catholiques 
pour  qu'ils  eussent  à  ne  pas  venir  le  lende- 
main au  lieu  des  assemblées;  mais  ils  y  vin- 
rent et  se  montrèrent  tout  disposés  h  endu- 
rer le  martyre.  Pour  différents  motifs  qu'on 
peut  voir  h  l'article  Valens,  cet  empereur 
ordonna  d'épargner  le  peuple,  mais  de  ban- 
nir, aux  extrémités  de  l'empire,  les  prêtres 
et  les  diacres.  .Modeste  en  lit  venir  (pintre- 
vingts,  à  l'égard  desquels  il  remplit  les  or- 
dres de  l'empereur.  (Foy.  Valens.)  Quelque 
temps  après.  Modeste  fut  employé  par  Va- 
lens j)0ur  engager  saint  Basile  à  se  rendre  à 
la  communion  des  ariens  ;  mais  il  n'en  put 
rien  obtenir.  Dans  cette  occasion,  Mode>te 
dit  à  l'empereur  que,  n'ayant  rien  obtenu  par 
la  douceur,  il  ne  voyait  plus  qu'un  moyen, 
c'était  d'employer  la'  violence  pour  vaincre 
Basile.  Quelque  temps  après,  .Modeste  étant 
tombé  malade,  se  convertit  :  il  til  venir  saint 
Basile,  et,  quand  il  fut  guéri,  il  reçut  par- 
faitement les  instructions  du  saint,  et  resta 
toujours  depuis  lié  d'une  grande  amitié  avec 
lui. 

MODESTE  (sainte),  reçut  la  glorieuse  cou- 
ronne du  martyre  à  Nicomédie,  avec  Macé- 
done  son  père,  et  Patrice  sa  mère.  Nous  igîio- 
rons  complètement  .\  quelle  épo([ue  et  dans 
(juelles  circonstances  leur  martyre  eut  lieu. 
IN  sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le 
l-"{  mars. 

MOGMOtf,  île  située  dans  l'archipel  des 
r..iroline.s  fut  le  lieu  du  martyre  du  P.  Can- 
tova,  missionnaire  de  la  compagnie  de  Jésus. 

{Voy.  (]\NT0VA.) 

>IOISE  (saint,  ermite  de  Raifhe.  fut  mar- 
tyris(''  en  l'an  3T.J.  par  les  Blemmyens,  peu- 
ple sauvage  de  lElniopie,  avec  la  plupart  de 
ses  compagnons  de  solitude.  Il  était  très-élo- 
quent et  possédait  le  don  des  miracles.  H 
avait  converti  les  habitants  de  Pharan,  qui 
étaient  Ismaélites.  [Voy.  Martyrs  de  Uaïthe 
ET  DE  SiNAi.)  La  fête  de  ces  saints  t>st  inscrite 
au  Martyrologe  à  la  date  du  IV  janvier. 

MOÏSE  ^saillt',  martyr,  eueillit  la  palme  du 
mari}  re  avec  les  saints  Cynoii,  prêtre,  Bas- 
sien,'lecteur,  Agathon,  exorciste.  Ils  soutfri- 
r(>nt  le  suj>plice  du  feu.  L'Eglise  fait  leur 
fête  le  r»  lévrier. 

MON.VCHE  (sainte  l'un  des  gardes  de  la 
prisonde  saint  Censorin  ou  Censorinus,  sous 
Claude  II  le  (îothique,  fut  converti  à  la  foi 
chrt'lieiuie  par  le  jirêtre  saint  Maxime,  avec 
les  autres  ganles  de  la  prison,  lesquels 
étaient  Ft'lix.  Maxime,  F.Mistin,  Herculan, 
Numère,  Storacinus,  Mène, Commode,  Maur, 
Eusèbe ,  Husncjue,  .Vmaiulinus,  Monaere, 
Olympe,  Cyprien  et  Tht'odore.  (  Pour  voir 
leur  .listoirc,  cecourei  à  l'article  Martyrs 


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f»S 


k'Ohtik.I  C.os  sairïls  uo   soiil   |i;is    nomim's 
chiii^  11'  IVI.n'Ivrolon''  n'iii;iiii. 

MOINAI.DO  l)'AM<".<>M^  (!<•  Iticiilit'iinMix), 
flVoi"  M's  th'iix  cnmiiMi^iKiiis  l-'iMiirnis  l'ilriolo 
(>|  Anloiiii'  (li^  Mil.'iii,  lui  iii.'ii'lyi'isr>  pour  la 
foi  (îlirtUii'inio  on  l'im  do  Jù.sus-C.lirisl  \-lHH. 
(les  sjiiiils  missioiiiiaii'os  clKiisissaiciil  «lo 
pri-rc^rciict^  le  vciidifdi,  jour  (•(iiisaciM'- ;i  Dieu 
chc/.  !(>s  musulniaiis,  poiir  loiiriuiiioiicrr  l'K- 
vaii^ilo.  Ils  se  livraKMil  i^  la  pii'dicalidri, 
nii^iiu'  en  prr.sciicc  du  cadi  d'lù/.iiii;aiii.  (Ici 
ollicicr,  voyant  (pio  lo  peuple  élail  ébranlé 
par  les  discours  des  saints  pri-dicaleurs,  crut 
ne  pouvoir  mieux  l'anc  que  de  les  nietlrt?  en 
nrésonco  d'un  des  prin(i|iau\  docteuis  de  sa 
foi.  pour  (pi'ils  fussent  vaincus  puhliquo- 
menl  dans  la  discussion;  mais  son  espoir 
fut.  sinj.:;idiéremenl  trompé.  C.o  fui  au  con- 
traire» I(>  docteur  nialionu'tan  (pii  fut  vaincu 
par  les  disciples  de  Jésus-Christ.  Les  nnisul- 
inans  en  énrouvérenl  une  grando  fureur  ; 
néanmoins  le  cadi  laissa  les  saints  prédica- 
teurs se  retirer;  mais  le  conseil  des  princi- 
paux d'outre  les  nnisulmans  s'étant  assemblé, 
il  fut  décidé  (pi'on  contranidrait  les  |)ré(lica- 
lonrs  chréliens  h  désavouer  publiijuement 
leur  doclriue.  Ils  furent  tlonc  Ions  les  trois 
pris  et  conduits  tlovanl  le  conseil.  Au  lieu 
d',v  désavouer  Jésus-Christ,  ilsevallèrent  sou 
divin  nom,  et  montrèrent  que  Mahomet  n'é- 
tait qu'un  imposteur.  11  y  avait  un  aveugle 
dans  l'assemblée  :  le  cadi  dit  aux  saints  con- 
tesseurs  :  «  Vous  aHirmez  que  la  foi  que  vous 
M'échez  a  été  prouvée  [)ar  des  miracles,  eh 
ien!  ordonne/  que  cet  aveugle  voie  :  s'il 
recouvre  la  lumière,  nous  croirons  à  vos 
enseignements.  Dieu  a  la  toute- puissance, 
dirent  les  confesseurs;  s'il  lui  plaît  que  ce 
miracle  s'accomplisse,  il  s'accomplira.  »  Ils 
firent  le  signe  de  la  croix  sur  les  yeux  de 
l'aveugle,  il  en  sortit  de  l'eau  et  du  sang,  et 
ils  s'ouvrirent  ci  la  lumière.  Ce  miracle  ne 
réussit  pas  h  vaincre  l'aveuglement  des  ma- 
hométans.  On  tit  sortir  l'aveugle  guéri  ;  les 
Franciscains  furent  unanimement  condam- 
nés à  mort.  Les  trois  religieux  marchèrent 
gaîment  au  supplice,  se  félicitant  mutuel- 
lement de  voir  la  réalisation  de  ce  qu'ils 
avaient  tant  désiré.  Arrivés  au  lieu  de  1  exé- 
cution, ils  levèrent  les  yeux  au  ciel,  éten- 
dirent les  bras  en  forme  de  croix,  quand  ils 
virent  les  mahométans  armés  d'épées  se  ruer 
sur  eux.  Un  mahométan,  pris  de  pitié  pour 
les  saints  martyrs,  ayant  adressé  quelques 
mots  de  reproche  aux  bourreaux,  fut  immé- 
diatement mis  à  mort  par  ses  coreligionnai- 
res. Elîrayés  de  la  rage  des  mahométans,  les 
chrétiens,  de  la  ville  s'étaient  enfuis  dans  la 
campagne.  Ce  fut  un  vendredi,  à  midi,  que 
les  trois  Franciscains  moururent.  On  coupa 
leurs  corps  en  quatre,  et  on  attacha  les  mor- 
ceaux aux  portes  de  la  ville.  Des  gardes  fu- 
rent placés  auprès  pour  empêcher  les  chré- 
tiens de  les  enlever.  Un  prêtre  arménien, 
qui  avait  donné  ostensiblement  son  appro- 
bation aux  Franciscains  dans  la  discussion 
qu'ils  avaient  soutenue,  fut  saisi  par  les  ma- 
hométans ;  on  lui  attacha  au  cou  la  tète  d'un 
des  martyrs,  avec  une  de  ces  cordes  qui 


î 


servenl  de  ceinliu'o  aux  FrèpcM  Mineurs,  et 
on  le  promena  tn  |r  fustiKcanl  jiar  tonte  la 
ville.  l)(s  (pi  il  eut  recouvré  sn  liberté,  il  en 
prolita  pour  recueillir  reliKieusemcnt  le.s 
restes  des  saillis  miirlyrs.  (J'ot/.  1rs  r/j/on/- 
ffiifs  (1rs  /'■/•( /r.s  Mmniis,  I.  Il,  |i.    IVO.j 

MONAN  (saint j,  cpii  li*l  martyrisé  en 
i'icosse,  avait  été'  formé  h  la  vertu  par  les 
leçons  de  sainl  .\drien,  évè(pie  dv.  Sninl- 
André.  Quand  notre  saint  eut  éb"  promu  au 
sacerdoce,  sainl  yVdrien  I'ciivon  a  dans  l'Ilo 
de  May,  sitm-e  h  rembouchiire  du  l'nrl/. , 
pour  y  répandre  la  jiiinière  de  riivaii^ilu, 
A|irès  y  avoir  élal)li  le  règne  (](•  la  pn'-h''  f;t 
y  avoir  déraciné  la  snperslilion,  Moiian  jtassa 
dans  la  province,  de;  Fifo,  où  une  lr(>upe  flo 
barbares  le  massacrèrcMit,  on  87'i-,  avec  six 
mille  autres  ipiil  avait  convertis  h  la  foi.  Ses 
reliipu's  lurent  longtemps  en  grande  véné- 
ralioii  à  liiii(?rny,  où  il  avait  été  martyi'isé 
et  où  elles  devinrent  célèbres  par  les  miracles 
([ui  s'y  ()[)érèrent.  L'Kglisi!  fait  sa  fêle  le 
1"  mars. 

MONrrKUK  (saint),  évêque  et  confesseur, 
souffrit  à  Orléans  j)our  la  défense  de  sa  foi. 
Nous  ignorons  la  date  et  les  diverses  circons- 
tances de  son  coml)at.  L'Eglise  fait  sa  fête  le 
10  novembre. 

MOMNEL  (le  bienheureux  Bernard),  con- 
fesseur, accompagné  des  Pères  Ignace  Ber- 
nède,  Bernard  Mègc  et  du  frère  Joseph  Cas- 
tel,  parcourut  les  villes  de  Mequinez,  de 
Salé,  de  Tétouan,  dans  le  Maroc,  délivrant 
les  esclaves  })ar  des  prières  et  de  nombreux 
sacrifices.  A  Tétouan,  ils  furent  em|)risonnés 
et  n'obtinrent  leur  liberté  (pi'au  moyen  d'une 
forte  rançon.  Le  20  mai  1G81,  ils  arrivèrent 
à  Marseille,  avec  unefoule  de  chréliens  qu'ils 
avaient  rendus  à  la  liberté,  et,  après  avoir 
rassemblé  de  nouvelles  aumônes,  ils  repar- 
tirent de  nouveau. 

MONON  (saint),  anachorète,  martyr,  na- 
quit en  Ecosse.  Désirant  quitter  sa  patrie, 
afin  de  se  perfectionner  davantage  dans  la 
vertu,  il  se  retira  dans  la  forêt  des  Ardennes, 
dans  le  courant  du  vir  siècle,  et  y  mena  la 
sainte  vie  d'anochorète.  Des  voleurs  l'ayant 
massacré  dans  sa  cellule,  il  fut  enterré  dans 
le  village  de  Nassaw,  situé  aujourd'hui  sur 
les  terres  de  l'abbaye  de  Saint-Hubert.  Di- 
vers miracles  arrivés  après  sa  mort  confir- 
mèrent la. sainteté  de  Monon.  On  lui  dédia, 
près  de  la  ville  de  Saint-André  en  Ecosse, 
une  église  qui  subsiste  encore  aujourd'hui 
sous  le  nom  de  Monon's  Kirk.  L'Eglise  ho- 
nore sa  glorieuse  et  sainte  mémoire  le  18  oc- 
tobre. 

MONT  (SÉBASTIEN  du),  Dominicain,  tra- 
vaillait à  la  conversion  des  Tépéguans  avec 
Jean  de  Valle  et  Louis  de  Alabes,  tous  deux 
jésuites.  Le  dernier  lui  annonça  qu'il  serait 
bientôt  martyrisé  avec  eux,  et.'le  18  novem- 
bre 1616,  ils  furent  massacrés  par  les  Tépé- 
guans. 

MONT  DE  L'ERMITAGE  (  aujourd'hui 
Saint-Gobain),  était  un  lieu  désert  à  deux 
lieues  des  bords  de  l'Oise,  entre  la  Fère  et 
Prémontré.  Saint-Gobain  s'y  retira  et  y  fut 
martyrisé  par  les  barbares  venus  d'Alloma- 


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266 


gne,  et  qui  ravagoaiont  le  pays.  T.e  roi  Clo- 
laire  III  lui  nvoit  donné  m  Pin[)lacpmoMt  sur 
lequel,  avec  l'aide  des  habilanis,  il  hAtil  une 
églisp  qui  fui  (Inbord  |)laréo  sous  l'invoca- 
tion do  saint  Pierre,  et  (|ui  est  maintenant 
sous  celle  de  son  saint  fondateur,  du  pul 
elle  possède  le  cliof  v(''n(^r(^.  D'ahnrd  il  n"y 
eut  sur  celle  montagne  qu'une  cellulf;  bien- 
tôt après  l't^glise  de  laquelle  nous  venons  de 
parler;  aujourd'hui  il  y  a  à  l'entour  un  bourg 
opulent,  lin  vasie  eliAleau,  situr  sur  cette 
montagne, et  qui  jadis  appartint  au  fameux 
siie  de  Coiicy.  est  ornqié  maintenant  par 
une  manufaêl\ire  de  glaces,  la  première  de 
l'Europe.  C'est  ainsi  que  par  toute  la  terre 
la  religion  rhr(^fienne  a  créi^  des  bourgs  et 
des  villes.  Quoique  pieux  anachorète  je- 
tait les  fondements  d'une  cellule  où  il  mou- 
rait saintement  dans  la  prière,  ou  bien  en 
martyr;  la  piété  des  fidèles  y  appelait  de 
nombreux  pèlerinages,  et  la  première  pierre 
de  la  cellule  se  trouvait  avoir  été  celle  d'une 
cité. 

-  MONTAN  fsainl),  reçut  la  couronnedu  mar- 
tyre sous  l'empire  et  diiranf  la  persécution 
d'Adrien.  Il  mourut  à  Tei racine;  nf)us  igno- 
rons la  date  précise,  ainsi  que  la  nature  de 
sou  supiilire.  Le  Martyrologe  romain  met  sa 
fêle  au  17  juin. 

MONTAN  (saint),  martyr,  souffrit  à  Car- 
thage,  .sous  le  règne  de  Valérien,  rn  259, 
avec  les  saints  martyrs  Lune,  Flavien,  Ju- 
lien, Victoric,  Primole,  Rénus  et  Donatif  n. 
Depuis  deux  ans  déjh,  la  persécution  d(î  Va- 
léru-n,  dans  toute  la  force  de  sa  violence, 
avait  ravagé  le  trou|)eau  du  Seigneur.  Saint 
Cyprien  venait  de  verser  son  sang  i)our  la 
foi.  (jalère  Maxime,  gouverneur,  qui  avait 
fait  mourir  le  saint  évè(|ue,  venait  lui-même 
d'être  cité  devant  le  juge  supr(Mnc;  il  é'ait 
mort  (lei'uis  |)cu  de  jours.  En  allend.uit  qu'un 
nouveau  gouverneur  arrivAl,  Solon  (]ui  en 
remplissait  provisoirement  les  fonctions  , 
persécuta  violemment  les  chrétiens.  Ce  gou- 
verneur intérimaire  déplaisait  aux  habitants 
de  Carthage,  qui  se  révoltèrent  contie  lui.  Il 
y  eut  un  grand  tumulte,  on  en  vint  aux 
mains,  et  plusieurs  personnes  fiu-ent  tuées 
dans  le  (•ond)at.  Au  lieu  fie  rechercher  les 
coupables,  Solon,  pour  niaire  à  la  |)Opulace, 
(il  retomber  sur  les  chrétiens  l'odieux  de  ce 
qui  s'était  passé.  Il  fit  arrêter  les  saints  que 
n<ius  venons  de  nommer,  et  les  lil  mourir  au 
milieu  des  tourments.  Ici  nous  (piitltms  la 
plume  ;  ils  sont  les  narrateurs  de  leurs  [)ro- 
pres  rombats:  nous  transcrivons  leurs  Actes. 

«  Le  jour  (pii  suivit  cet  etlroyable  tumulte 
(pie  la  fineur  du  gouverneiu"  d'Africpu' avait 
excilé  dans  Carlhage  (  outre  les  chrélicns, 
nous  fftmes  arrêtés  par  son  ordre  et  con- 
«luils  en  luison.  le  peuple  n'étant  pas  encore 
salisfnii  du  sang  qui  avait  été  rt'pandu.  Do- 
natien, qui  n'était  (pie  rnléi  humènc,  mourut 
en  prison  (pie|<pie><  heures  après  avoir  éli» 
baiilisé,  recevant  presque  eu  même  teuips  la 
robe  'iu  baptême  et  la  couronne  du  martyre. 
Primolus  était  mort  non  de  jours  aui)ara- 
vatil.  Les  sol'Ials  ipn  nous  gardan-nt  nous 
vinrent  dire  un  jour  que  non*   avions  été 


condamnés,  par  sentence  du  gouverneur,  à 
êlr»'  brilles  tout  vifs,  et  qiu;  l'exécution  s'en 
devait  faire  le  lendemain.  Mais  Dieu,  qui 
peut,  (]uand  il  lui  [laît,  délivrer  ses  servi- 
teurs flu  milieu  des  flammes  toutes  prêtes  à 
les  réduire  en  cendres,  et  qui  tient  en  sa 
main  le  cœur  cl  la  langue  des  rois  et  des 
juges,  détourna  par  sa  bonté  toute-puissante 
de  dessus  nos  têtes  ce  lourbdion  de  feu  qui 
était  sur  le  point  de  nous  envelopper,  et  il 
accorda  celle  faveur  h  nos  prières  ferventes 
et  redoublées.  Le  bûcher  qui  avait  été  allumé 
j^our  nous  fut  aussitôt  éteint;  Dieu  versa 
dessus  une  rosée  miraculeuse  qui  en  amortit 
toute  l'ardeur;  el  la  même  main  qui  retira 
autrefois  de  la  fournaise  de  Babylone  les 
trois  jeunes  Israélites  nous  préserva  de  celle 
de  Carthage. 

«  Le  gouverneur  ayant  donc  changé  de 
résolution  et  révoqué   sa  sentence,  par  un 
mouvement  qui  lui  était  inconnu,  mais  qui 
lui  était  envoyé  de  la  part  de  Dieu,  notre 
puissant  protecteur,  nous  fûmes  remis  en  pri- 
son. Ce  lieu  n'eut  pour  nous  rien  d'affreux. 
Son  obscurité  fit  en  un  instant  place  h  une 
lumière   toute  céleste  ;   un  rayon  du  Sainl- 
Esj  rit  perça  cette  noire  d  incure,  en  chassa 
la  nuit,  et  fit  naître  lejour  et  la  clarté  du  sein 
des  ténèbres.  Or,   notre  frère  Rénus  ,  qui 
avait    été    arrêté    avec    nous  ,    vit    durant 
son  sommeil  jibisieurs  d'entre  les  prison- 
niers qui  semblaient  prendre  le  chemin  du 
ciel,  à  la  faveur  d'un  flambeau  qu'on  portait 
devant  chacun  d'eux;  mais  il  y  en  avait  d'au- 
tres ([ui  demeuraient,  faute  de  flambeau.  Il 
nous  reconnut  tous  cinq  dans  celte  vision,  el 
lions  assura  que  nous  étions  du  nombre  de 
ceux   qui  marchaient  avec  des   flambeaux. 
Cela  nous  réjouit  beaucoup,  el  nous  Gt  com- 
jirendrc   que   nous  marcliions  avec  Jésus- 
Christ,  le  flambeau  qui  éclaire  nos  pas.  Nous 
ne  |)ensions  donc  qu'à  passer  joyeusement 
lejour  cpii  succéda  à  cette  nuii,  lorsque,  sur 
le  soir,  nous  fûmes  inopinément  enlevés  par 
les  soldais  de  l'intendant  de  la  province,  qui 
exerçait  par  commission  la  charge  de  pro- 
consul, dalèie  Maxime.   (|ui   l'était,   étant 
mort  depuis  peu,  et  nous  fûmes  conduits  au 
palais  pour  être  interrogés.  O  jour  heureux! 
oh  !  (|ue  les  chaînes  dont  on  nous  chargea 
nous  parurent  honorables,  el  mille  fois  plus 
précieuses  que  l'or  et  les  pierreries? 
1    «  Cependanl  les  soldats,  iiieeriains  du  lieu 
où  le  président  devait  nous  entendre,  nons 
Irainaienl  de  salle  en  salle  et  d'appartement 
en  appartement,  jusi^u'àce  cpie  ilin  on  nous 
fit  rester  dans  la  pelile  chambre  d'audience 
de  l'inlendant.  Il  s'y  rendit  au  bout  de  quel- 
que temps:  il  nous  lit  plusieurs    quolions 
qu'il  entremêla  de  menaces  el  de  promesses. 
Nos  répons(>s  furent  modestes,  mais  fermes, 
géïK-reuses  el  chrétiennes.  Kniin  nous  sor- 
tîmes de  \h  triomphants  el  vainqueurs  du 
démon,  qui  se  relit  a  avec  ses  artifices,  con- 
fus el  couvert  de  houle.  On  nous  renvoya 
en  prison,  où  nous  nous  préparâmes  à  de 
nouveaux  combats.   Le  plus  rude  que  nous 
eûmes  à  essuyer  fut  contre  la  taim  el  la  soif, 
(pli  pensèrent  nous  faire  périr,  parla  dureté 


m  MON  MON  m 

im|.il()\«l)l(ulii  (rrtsoricr  Snloii,  (|iii  nous  ro-  (inlos;   vous  en  n-rcyn;/ dans  pou  mi<r  Ik-i- 

lusail  un  iKHi  (Tt!;!!!  M|trcs  mu'om  mous  avnil  mcuic,  il  a  (lis|iani.  » 

l'ail  liavaill-r  Inul  lo  jour.  Miws  Dieu  voulut  «  Voilh  ce  que  nous  r«p|>orl/i  Quarlilosi»;. 

nous  cûiisolcr  lui-UK^uui  dans  rvAU^  cxliï^uin  l.i'  icidi-niain,  romiu<-  nous   allfidions  rpie 

uns(Niô  oCi  la  cruaiiir  d'un  lioiuuuî  nous  avait  rini|.iloyalil('  SuImu  nous  Ii(  doiin.T  non  de 

r.'duils'  car  il  envoya  •l'Ilc  vision  au  |»i-Mio  <Jiioi  njiniscr  cnlnTciiUMit  nolrw  Aoif  (•!  notre 

>iclor  VuM  des  |tns(.nni(!rs,  t'I   (jui  soullVit  laim,  mais  simM.-uiciI  d.-  rpud  nous  ompA- 

lo  uwntvro  puu  du  jours  uiuùs  l'uvoirciu'.  <Iht  d.-   niomir,  car  d.-  l..ul  I.- jour  luï-cé- 

•'  ...  dt'iil  nou.s  II  avions  ni  bu  ni  tnan^i^,  I»  H»3i- 

«  J'aivu  cotlc  nui!,nousdit-il.unjrunn(Mi-  g,,,.,,,,  se  souvint  de  nous,  cl  nous  envoya 

faut,   Ix'nu    coiuiiit'    \c  jour,  ('nlr(;r  dans  la  J],.  ,^,,,^1  salislaiic  nos  hcsoiiis  les  [dus  prc«>- 

prison.  Il  est  venu  à  moi,  t'I  m'invilant  avec.  5,,mjj  q^  „os  j,|,,g   ardonts   dt^sirs  :j»;  vnux 

un  air  rhnnuaut  h  le  suivri\  il   m'a  mcnô  ?i  dii(.  du  pain,  do  Tf-aii  et  lo  marl\r(;.  Ce  fut 

toulos  les  itoilcs,   couiiuc  s'il  oui  voulu  iiio  par  le  iiii')islùro  d'IlcnMinianus,  sous-diacrf, 

nn'ttro  on  lihorK^,  mais  elles  se  sont  trou-  ,.|  ,|„  cnii^chuniùno  Januarins,  quo  le  chari- 

V(''es  toutes  l'ennées,  ee  (pii  a  ohli};;»^  eu  divin  (.,|,|,,  i^,|,.i,.,,,  notre  frère,  nous  (il  tenir  rpiel- 

enl'aiil  ;\  uuulire  :  Ne  vous  impalieiitoz  pcuiil,  ,j,„.j^  larraicliissemcnts;  et  c'est  ru  (pii  nous 

vtuis  aurez  encore  (piehpies jours  îi  soullrir;  .^y.^^  (>^(.  .signilié  par  ces  doux  llacon.s.  Cola 

mais  avez  rontianee  ou  mon  potivou-,  je  no  i,,,,,^;   ,.,.init    un    peu;    nos  mnlados  se  réln- 

vous  a\)andoimerai  point,  je  serai    (oujours  i,|i,cnt;  nous  oubliAmos  biontAt  nos  fati;^ues 

avec  vous.  Allez,  assurez-en  de  ma  part  vos  passées,  et  nous  nous  mimes  h  ollrir  des 

compagnons;  diles-leurces  paroles  :  l.  esprit  Jo,, anges,  des  actions  do  giAces  ef  mille  can- 

seprt^parehserejoindre^souDieu,  et  l'Ame,  ii,pif.s  de  bénédictions   h  celui  qui  nous  avait 

dégagée  dans  peu  des  liens  de  son  corps,  na  regardcsen pitié  du  haut  de  sa  gloire. 
bientcU  prendre   sa   place   dans  le   paradis.  «  Il  faut  maintenant,  mes  très-cbors  frères, 

J'ai  pris  la  liberté,  poursuivit  Victor,  de  bu  que  je  vous  fasse  le  récit  de  quelques  parti- 

demander  en  quel  endroit  du  monde  le  pa-  hilarités  qui  vous  feront  coiinaJlre  h  quel 

radis  était  placé;  et  il  m'a  répondu  :  Il  est  j,„i,,t  „„„.,  ,,^^5  aimons  les  uns  les  autres, 

hors  du  mon>lo.  —  Failes-moi  la  laveur  de  j^.  ,n.  piéiends  pas  par  là  vous  donner  une 

rae  le  montrer,  ai-je  cotituiué.  Mais  cet  ado-  instruction,  ni  m'ériger  en  maitredes  mœurs  ; 

rablo  enfant  m'a  répondu   en   souriant:  ht  jq  ^e  veux  que  vous  faire  un  simple  récit, 

où  serait  lo  mérita?  delà  toi?  Et  comme  je  ^t  j^  ^e   suis    qu'bisloi  ion.   Nous    n'avons 

le  priais  de  me  donner  un  signe  qui  obligeât  fjonc  tous  qu'un  même  esprit  qui  nous  unit, 

mes    compa,4nons   h   croire  ii  mes   paroles  ^.^  ja„s  la  prière,  et  dans  les  entretiens,  et 

lorsque  je  leur  parlerais  de  sa  part  :  Je  vous  ja^s  la  conduite  de  la  vie.  Vous  le  savez, 

donne,  m'a-t-il  dit,  le  signe  de  Jacob.  n^cs  très-chers  frères,  rien  iVest  si  beau  que 

o  Victor    nous    ayant   donc  rapporté   ce  cette  union  produite  par  la  ch  rité;  rien  de 
songe  mystérieux,  nous  ne  pensâmes  plus  plus  doux  que  ces  liens  dont  l'amour  lie  et 
qu'à  nous  réjouir   et  à  mettre  toute  notre  enchaîne  ensemble  les  cœurs.  Ce  sont  ces 
espérance  en  celui  qui  a  dïl  :  Invoqncz-moi  ait^ables  liens  dont  la  seule  vue  met  le  dé- 
aujour  de  votre  af/Iiction,  et  je  vous  délivre-  nioii  en  fuite;  ces  liens  si  agréables  à  Dieu, 
rai,  et  vous  me  glorifierez.  Co  secours  ne  se  que  tous  ceux  qui  sont  assez  heureux  pour 
fit    pas  longtemps  attendre,  et  dès  la  nuit  les  porter  obtiennent  de  lui  tout  ce  qu'ils 
môme  nous  en  eûmes  une  nouvelle  assu-  lui  demandent,   suivant  celte  parole  si  cou- 
rance  par  une  vision  qui  fut  envoyée  à  notre  solante  de  Jésus-Christ  :  Sî  deux  personnes 
sœur  Quartilosie,  qui  était  prisonnière  avec  s'unissent  sur  la  terre  pour  demander  quel- 
nous.  11  n'y  avait  que  trois  jours  que  son  que  chose  à  mon  Père,  elles  l'obtiendront  in fail 
mari  et  sou  fils  avaient  soufi'ert  la  mort  pour  liblement  de  sa  bonté.  Et  peut-on,  après  tout, 
Jésus-Christ,  et  elle-même  les  suivit  peu  de  prétendre  au  royaume  du  ciel,  si  l'on  n'en- 
jours  après.  Elle  nous  vint  donc  faire  le  récit  tretient  la  paix  avec  ses  frères?  Bienheureux 
de  ce  quelle  avait  vu  durant  son  sommeil  :  sont  les  pacifiques,  car  ils  seront  appelés  les 
«  J'ai  vu,  nous  dit-elle,  arriver  ici  mon  lils,  enfants  de  Dieu,  dit  Notre-Seigneur  Jésus- 
celui  que  vous  avez  eu  parmi  vous,  et  qui  a  Christ,  et  après  lui,  son  apôtre,  expliquant 
eu  le  bonheur  de  mourir  pour  la  foi.  Il  s'est  ces  paroles,  ajoute  :  Si  nous  sommes  les  en- 
assis  sur  le  bord  du  puits  qui  est  au  milieu  fants  de  Dieu,  nous  sommes  par  conséquent 
du  préau,  et  il  m'a  dit  :  Dieu,  qui  a  vu  vos  ses  héritiers  et  les  cohéritiers  de  Jésus-Christ, 
souil'rances,  en  a  eu  compassion.  Là-dessus  mais  à  condition  que  nous  aurons  une  com- 
tst  arrivé  un  jeune  homme  parfaitement  bien  passion  mutuelle  les  uns  des  autres.  Suivons 
fait,  qui  tenait  en  ses  mains  deux  flacons,  ce  raisonnement.  Pour  être  héritier,  il  faut 
l'un  d'eau  et  l'autre  de  lait.  Il  nous  en  a  être  fils;  mais  pour  être  fils,  il  faut  être  pa- 
donué  à  boire  à  tous,  sans  que  pour  cela  les  cifique;  on  ne  peut  donc  prétendre  à  l'héii- 
flacons  parussent  moins  pleins.  Cependant  tage  du  Pèro  céleste,   si  l'on   ne  conserve 
la  lenètre  de  la  chambre  où  nous  somuies  avec  ses  frères  la  paix  et  l'union  que  le  Père 
vint  tout  à  coup  à  s'ouvrir,  et  nous  laissa  céleste  a  établie  entre  ses  enfants.  Kepre- 
voir  le  ciel  tout  à  notre  aise.  Ensuite  le  beau  nons  maintenant  notre  récit. 
jeune  homme  a  mis  sur  les  rebords  de  cette         «  Montan  ayant  eu  quelques  paroles  avec 
fenêtre  les  deux  flacons;  et  après  nous  avoir  Julien,  à  l'occasion  d'une  cei  laine  femme 
dit  :  Votre  soif  est  maintenant  apaisée,  et  il  c[ui  n'étant  pas  de  notre  communion,  s'était, 
reste   encore   du  lait  et  de  l'eau  dans  les  je  ne  sais  comment,  mê'lée  parmi  nous,  et 


26!^ 


M0> 


MON 


264 


Julien  ayant  ctô  un  peu  poussé  par  Mon- 
lan ,  ils  gardaient  l'un  pour  l'autre  un 
froid  (pii  ét.iit  romnie  une  semence  de  dis- 
corde. Le  ciel  eut  pilié  de  tous  les  deux;  et 
pour  les  obliger  à  se  réunir,  il  envoya  ce 
songe  à  Montiin,  qui  nous  le  raconta  en  ces 
termes  :  ><  Il  m'a  semblé  qu'un  cenlenier  et 
des  soldats  s'étaient  jetés  sur  nous,  et  nous 
traînaient  en  prison;  et  qu'après  nous  avoir 
fait  passer  le  long  d'une  grande  rue,  ils  nous 
ont  conduits  dans  un  champ  où  nous  avons 
rtMirontré  (^yprien  et  Lucins.  Nous  nous 
sommes  ensuite  trouvés  dans  un  lieu  dont 
les  murailles,  la  voilte  et  le  pavé,  étaient 
d'albiUre,  nos  habits  sont  devenus  plus 
blancs  que  la  neige;  et  ce  qui  nous  a  semblé 
de  plus  merveilleux,  c'est  que  notre  poitrine 
était  si  transparente,  que  les  yeux  pouvaient 
facilement  voir  au  travers  ce  qu'd  y  avait  de 
plus  caché  dans  le  cœur.  J'ai  été  effrayé,  je 
vous  l'avoue,  continua  Montan,  en  voyant 
dans  le  mien  un  grand  amas  (("ordures,  et 
l'émotion  que  cette  vue  m'a  causée  m'a  ré- 
veillé en  cet  endroit  de  mon  songe.  Rempli 
des  idées  qu'il  avait  fortement  nn[)ri niées 
dans  mon  imagination,  j'ai  rencontré  Lucien 
auquel  j'en  ai  fait  part;  et  après  y  avoir  fait 
tous  deux  une  sérieuse  réllexion,  je  suis  de- 
meuré persuadé  que  ces  ordures,  (|ue.j'ai 
aperçues  dans  mon  co^ur,  ne  sont  autre 
ciiose  que  ce  froid  et  cette  inditférenre  que 
le  petit  différend  que  j'ai  eu  avec  Julien  y  a 
fait  naître,  et  dont  j'ai  négligé  jusqu'ici  d'ar- 
rôler  le  cours,  en  me  raccommodant  sincè- 
rement avec  lui.  Voilà  ce  que  nous  raconta 
Montan.  C'est  pourquoi,  mes  très-chers 
frères,  conservons  soigneusement  la  paix, 
l'union,  la  concorde;  soyons  ici-bas  ce  que 
nous  devons  être  éternellement  là-haut,  un 
même  cieur,  un  mènje  esprit,  une  même  vo- 
lonté. Je  vous  la  souhaite,  cette  bienheu- 
reuse paix,  et  la  gloire  «jui  en  est  la  récom- 
pense. » 

Ce  qui  suit  a  été  ajouté  par  un  chrétien, 
témoin  oculaire  des  faits  qu'il  va  rapporter. 
«  C'est  ainsi  (pie  linit  la  relation  (pie  Fla- 
vien  écrivit  dans  la  prison,  en  son  nom  et  au 
nom  de  ses  compagnons.  Mais  comme  leur 
extrême  modestie  leur  a  fait  supitrimer  plu- 
sieurs particularités  (|ui  ne  sont  pas  moins 
j  édifiantes  pour  les  tidèles  que  glorieuses  .^ 
'  Jésus-Ului>l.  et  (pie  d'ailleurs  cette  relation 
serait  im[»artaite  si  la  mort  précieuse  de  ces 
saints  martyrs  ne  s'y  trouvait  pas,  nous  avons 
cru  devoir  ajouter  <(•  (pii  iiianquail  à  ce  ré- 
cil,  et  ce  qui  peut  le  remJre  complet,  et  nous 
l'avons  entrepris  d'autant  nlus  volontiers, 
(lu'en  satislaisaiit  à  noire  dévotion  et  à  celle 
des  lecteurs,  nous  accomnlissons  les  der- 
nières volontés  d'un  ami,  d'un  illustre  mar- 
tyr de  Jésus-Christ,  de  Klavien  luéine.  (pii, 
avant  de  mourir,  nous  chargea  de  ce  soin.  Il 
y  avait  dt-jà  pluMcurs  mois  (pi'on  les  tenait 
|>risomiiers  ;  et  la  faim  et  la  soit,  jointes  aux 
incommodités  de  la  luison,  les  avaient  n''- 
duits  au  plus  déplorable  étal  (pi'on  puisse 
.s'imaginer,  lors(pie  le  [(résident  les  lit  ci  ter  tout 
de  nouveau  devant  son  tribunal.  Tous  dé- 
rlarèreiil  hautement  qu'ils  persistaient  dans 


leur  preraièreconlcssion;Flavienajouta  qu'il 
était  diacre;  mais  ses  amis,  écoutant  pi utiM 
la  voix  de  la  chair  et  du  sang  que  celle  de 
l'esjirit  et  de  la  foi,  soutinrent  qu'il  ne  l'était 
pas,  quoique  lui-même  protestAf  au  contraire 
(pi'ilavain'honneur  de  1  être.  Sur  quoi  le  pré- 
sident rendit  une  sentence  par  laquelle  Mon- 
tan, Lucius,  Julien  et  Victorin,  étaient  con- 
damnés à  mourir.  Flavien  se  désespérait  de 
n'y  être  pas  compris,  et  il  ne  pouvait  le  par- 
donner à  ses  infidèles  amis.  Toutefois,  comme 
il  avait  une  piété  sage  et  éclairée,  il  se  sou- 
mil  humblement  h  la  volonté  de  Dieu,  étant 
fortement  persuadé  que  rien  n'arrive  que 
par  ses  ordres,  et  (jue  les  hommes  n'agissent 
que  conformément  à  ses  décrets  adorables, 

«  Mais  nous  laisserons  là  Flavien  pour 
quehjue  temps,  et  nous  retournerons  à  ses 
compagnons.  On  les  conduisit  cependant  au 
lieu  où  ils  devaient  être  immolés;  il  s'y  lit 
un  concours  prodigieux  de  peuple.  Les  gen- 
tils et  les  tidèles  y  accouraient  à  l'envi.  Ceux- 
ci,  quoique  toujours  empressés  à  rendre  aux 
martyrs,  dans  ces  derniers  moments,  tous 
les  devoirs  de  la  charité  chrétienne,  sem- 
blaient toutefois,  en  cette  occasion,  avoir  re- 
doublé leur  zèle  et  leurs  bons  ollices  envers 
ces  saints  confesseurs,  (lui  de  leur  cùié  mar- 
quaient la  joie  qui  était  répandue  sur  leur 
visage,  et  qui  brillait  dans  leurs  yeux,  qu'ils 
étaient  sûrs  d'arriver  dans  peu  à  un  honneur 
éternel..  Mais  ils  ne  se  contentèrent  pas  de 
donner  ces  témoignages  muets  du  con- 
tentement qu'ils  ressentaient  d'aller  mou- 
rir pour  Jésus-Christ;  ils  y  joignirent  la  pa- 
role, et  ils  faisaient  au  peuple,  en  marchant, 
de  l'ortes  et  de  pathéti(jues  exhortations.  Lu- 
cius, l'un  des  martyrs,  était  un  jeune  homme 
d'une  nio  lestie  et  d'une  douceur  charmante  : 
le  long  séjour  de  la  prison  l'avait  extrême- 
ment atfaibli;  et  comme  il  craignait  d'être 
éloulfé  p.ir  la  foule  qui  l'environnait  et  qui  le 
iressait  extraordinairement,  et  d'être  privé 
)ar  là  de  la  gloire  de  verser  son  sang  pour 
a  foi,  il  avait  [iris  les  devants  avec  un  petit 
nombre  de  frères.  Il  leur  disait  les  choses 
du  monde  les  plus  touchantes;  et  comme  ils 
le  conjuraient  de  se  souvenir  d'eux  lorsqu'il 
serait  avec  Jésus-Christ  :  «  C'est  moi,  leur 
dit-il,  mes  chers  frères,  qui  ai  besoin  de  vos 
prières  ;  ne  me  les  r(>fusez  pas.  »  Quelle  liu- 
niililé  pour  un  martyr  (jui,  tlans  le  moment 
même  (pi'il  donne  sa  vie  pour  les  inlérêts  do 
son  Dieu,  n'ose  promettre  son  intercession  au- 
près de  ce  même  Dieu  [lour  la  gloire  duquel 
il  se  laisse  immoler!  D'autre  part,  Julien 
et  Victorin  recommandaient  sur  toutes  cho- 
ses aux  lières  de  conserver  la  paix  entre 
eux,  et  d'avoir  un  soin  particulier  des  clercs 
(pii  avaient  souffert  dans  la  prison  la  faim, 
la  soit  et  cette  longue  suite  de  misères 
dont  on  a  parle. 

«  Montan  ,  d'un  tempérament  fort  el  ro- 
buste, et  d'un  es]>ril  i(>rme  et  solide,  avait 
toujours  fait  profession  ,  même  avant  son 
martyre,  de  dire  la  vérité  en  toutes  rencon- 
tres, sans  avoir  d'égards  ni  au  rang,  ni  à  la 
dignité  :  mais  alors  ,  son  zèle  croissant  à 
mesure  qu'il  approchait  de  la  mort,  il  éleva 


«os  MON 

sa  voix,  ot  d'un  ton  |ii<)|ili('li(|ii(' ,  il  all.iit 
'  (lisaiil  au  poupht  <\ui  rciilniit  ni  :  «  Toiil 
liiiiiiiiKi  (Mil  sacriliiTa  aux  Taux  (Ikmix  .s(>rn 
ji  exlcniiiiui  ;  c'rsl  iiiH'  im|iit'l(''  lionihlc  d'a- 
'  ))aMtlniiii(>i'  lo  nilh>  (lu  vrai  Dieu  |iiiur  celui 
*  tics  (Icmoiis.  »)  Il  rcdisail.  sans  rvsso  les  uiA- 
l  mes  paroles.  Il  alla(|uail  aussi  l'oifAucil  (i|»i- 
'•  niAlrc  (l«vs  h('M(''li(|U(\s  :  «.  Oiivic/.  hvs  .yeux, 
leur  criail-il,  et  [••'U-  (('Ile  iiiulliludc  d(^  iiiai- 
tyrs  quo  )'Mj;;lis('  (•a!li(»li(|u<'  cidaMlc  cliainic 
jour,  rocnnnaiss(i/.  (pi'cllo  est  la  vcïrilalilc  : 
(jiiUlc/.  donc  l(!  scliisinc  ol  l'crrour,  cl  rc- 
lourncz  j\  clic.  »  Ivisuilc  il  reprenait  le  trof) 
grand  einpresscinciil  (]U(*  U'inoij^'iaic'it  ceux 
«pii  (MaicMl  toiulx's  [loiir  renlrcr  dans  la  coiu- 
inutiion  des  lidcles,  d'où  leiircliule  les  avait 
S(^pai('s.  Il  (>M  rcinellait  iiK^iue  (pii-lipies-u'is 
nu  ju^cineni  d(>  Jt-sus-CdiiisI,  ci  il  ohlimiait 
du  nuMUs  les  autres  h  accomplir  la  pénileiico 
oiili(''rc  (jui  leur  était  prt'sc.iile  par  Uîs  lois 
<li;  rK^lisc.  A  l'c^i^ard  de  ceux  (jui  avait'ut 
toujours  j)ers(W(''ri''  dans  la  vraie  loi,  il  les 
rxllorlail  a  deinourer  liilO-les,  et  il  eonscryor 
soigneusoiuetil ce  priM-ieiix  (h^piM.  «  Soyez l'er- 
iiies,  mes  IVt'res,  ilans  noire  sainte  relij^ion, 
leur  disait-il  ;  (|ue  rexemplc  do  ceux  qui 
ont  (Mé  assez  malheureux  pour  l'abandonner 
ait  sur  vous  moins  de  t'orco  |)Our  vous  per- 
vertir ,  que  le  nôtre  pour  vous  fortitier.  » 
11  s'adressait  aussi  aux  vierges  consacrées 
^  Dieu,  et  en  leur  rcfu'ésentant  la  sainteté 
de  leur  état,  il  leur  en  faisait  comprendre 
la  fragilité.  «  Qu'il  faut  peu  de  chose,  ajou- 
tait-il, pour  en  ternir  la  beauté  et  le  lustre  1  » 
Eiitui,  il  recommandait  aux  laïques  la  sou- 
mission aux  lois  do  l'Eglise  et  le  respect 
envers  les  supérieurs  ecclésiastiques  ;  et  il 
conjurait  en  môme  temps  ces  derniers  de 
n'agir  que  par  un  môme  esprit,  de  suivre  la 
même  règle,  d'avoir  une  conduite  uniforme. 
Il  les  assurait  que  rien  n'était  plus  agréable 
au  Seigneur  qu  une  parfaite  concorde  entre 
les  minislres  do  ses  autels. 

«  Comme  le  bourreau  était  sur  le  point  de 
lui  séparer  la  tôte  du  corps  ,  et  que  le  cou- 
telas était  déjà  lové,  le  saint  martyr,  portant 
les  yeux  et  les  mains  vers  le  ciel,  fit  enten- 
dre celte  prière,  qu'il  prononça  (l'une  voix 
forte  et  claire,  et  non-seulement  les  frères 
qui  étaient  proches  de  lui,  mais  aussi  plu- 
sieurs païens  qui  en  étaient  éloignés  l'enten- 
dirent distinctement  :  «  Seigneur,  faites  que 
Flavien,  qui  seul  de  nous  reste  ici-bas,  par 
une  faveur  qu'il  n'a  pas  recherchée,  se  rejoi- 
gne à  nous  dans  trois  jours.  »  Et  pour  faire 
connaître  en  même  temps  qu'il  était  sûr  que 
sa  prière  lui  avait  été  accordée,  il  déchira 
en  deux  le  linge  dont  il  avait  les  yeux  ban- 
dés ;  il  en  garda  un  morceau  pour  lui,  et  il 
ordonna  qu'on  réservât  l'autre  pour  Flavien. 
11  voulut  aussi  que,  dans  l'endroit  oii  ils  de- 
vaient être  enterrés ,  on  laissât  au  milieu 
d'eux  une  place  vide  pour  y  mettre  Flavien, 
afin  qu'ils  ne  fussent  pas  môme  séparés  après 
leur  mort.  La  chose  arriva  ainsi  ;  car  le  troi- 
sième jour  après  que  Montan  et  ses  compa- 
gtions  eurent  enduré  le  martyre,  Flavien 
en  reçut  la  couronne  de  ia  manière  que  nous 
Talions  rapporter. 

DiCTioNN.  DES  Persécutions.  II. 


MON  IM 

«  Apr(''s  «(lie,  par  ccll<!  |)uis<îanlc  Interccf»- 
sioii  du  pellp|e^a^llc  par  les  /iiiiisdi-  M.ivion 
iiiéiuc,  iii.di^ré  l-'lavieii  ,  on  lui  J'iit  fait  re- 
prendre le  (  lieiiun  de  ^a  prison,  il  n'en  fui 
ni  HUMUS  feruie  d.uis  sa  foi ,  ni  moins  résidu 
h  mourir.  Sa  grandi'  ^m{>  ne  se  Ncnlit  point 
air.iiblii*  parce  rifl.n-ilemeiit  ;  et  (pioiipi'il  vil 
(pie  riieiircux  luoiiienl  de  son  martyre  .sem- 
blât s'cloi^inr  de  lui  lnutes  les  j'ois  qu'il 
s'en  ero\ail  le  plus  proche,  sa  coiista'ici;  in- 
vincible lui  faisait  regarder  tous  ccsubstacleft 
iiassagers,  (pii  pouvaient  bien  relarder  son 
l)oiilieur,  mais  n>in  I'imi  priver  pour  ton- 
jouis.  Sa  liK-re  était  h  sou  C(Mé  ;  (die  l'avait 
aceoui|tagMé  do  la  nrison  au  pilais,  et  cIIcî 
le  conduisait  du  palais  à  la  prisoi  •  feiiiiiKj 
vraiment  digne  d'Abraham,  (pii,  bien  (ju'i  Ihi 
sentît  son  i;(i'ur  (b'cniré  par  le  douloureux 
saciilice  (pi'elh!  faisait  à  Dieu  de  ce  cher  lils, 
ne  laissait  pas  de  h;  lui  faire  avec  uik!  vo- 
lonté pleine  et  une  parfait'  résignation.  () 
mère  vraiment  cluétiennc  î  mèr(;  digne  do 
l'admiralion  de  tous  les  siècles  !  mère  com- 
jiarable  à  celle  des  Machabées  1  si  vous  n'a- 
vez pas  sept  lils  h  ull'rir  à  Dieu,  comme  fMitto 
ancienne  héroïne,  vous  réunisse/  en  un  seul 
tout  l'amour  (|u'elle  partag  ait  en  sept.  Ce 
cher  fils,  de  so'i  coté,  donnait  mille  louanges 
à  celte  grandeur  de  courage.  «  Vous  le  sa- 
vez, ma  mère,  lui  disait-il,  tout  ce  que  j'ai 
fait  pour  obtenir  la  gloire  du  martyre  :  com- 
bien do  fois  me  suis-je  vu  chargé  de  fers, 
prêt  h  ôtre  conduit  h  la  mort,  ot  combien  de 
lois  ai-jo  eu  le  dé[)laisir  do  la  voir  tromper 
mon  attonle  1  Si  donc  ce  que  je  souhaite  de- 
puis si  longtemps  avec  tant  d'ardeur  arrive 
ontin  selon  mes  souhaits,  ô  ma  mère.'  (luelle 
joie  pour  moi,  quelle  g  oiro  pour  vous  !  » 
Lorsqu'on  fut  arrivé  à  la  porte  de  la  jirison, 
on  attendit  longtemps  qu'e  lo  fût  ouverte, 
soit  quo  les  guichetiers  fussent  occupés 
ailleurs,  soit  qu'on  ne  pût  trouver  les  clefs, 
ou  plutôt  que  quelque  ange  empêchât  qu'on, 
ne  l'ouvrit,  indigné  de  voir  un  sa^nt,  qui 
devait  dans  peu  ôtre  reçu  en  la  compagnie 
des  esprits  bienheureux  ,  être  confondu 
avec  des  scélérats  et  dos  hommes  infâmes, 
et  que  celui-lèi  fût  contraint  de  demeurer 
dans  un  cachot,  à  qui  la  Providence  prépa- 
rait un  riche  palais  dans  le  ciel  !  quelles  fu- 
rent,  durant  les  deux  jours  suivants,  les 
pensées  du  saint  martyr  !  quelle  espérance 
flatteuse  ne  charmait  point  ses  peines! 

«  La  prière  que  Montan  avait  faite  pour 
lui  en  mourant,  et  le  désir  ardent  qu'il  res- 
sentait de  rejoindre  cet  ami,  lui  faisnit  atten- 
dre le  troisième  jour  avec  quelque  sorte 
d'impatience.  11  parut  enfin  ce  jour  fortuné, 
et  Flavien  le  regarda  non  comme  celui  où 
il  devait  perdre  la  vie,  mais  plutôt  comme 
lejour  de  sa  résurrection  et  de  son  triomphe. 
Les  ge-itils,  qui  avaient  entendu  les  der- 
nières paroles  de  AJontan,  étaient,  de  leur 
côié,  dans  une  attente  inquiète  de  ce  qu'elles 
devaient  produire.  Lorsqu'on  sut  qu'il  y 
avait  ordre  du  g  luverneur  de  le  mener  au 
pelais,  on  y  accourut  de  toutes  parts,  chré- 
tiens, juifs,  païens.  Cependant  le  sa'nt  quit- 
tait la  prison  pour  n'y  plus  retourner.  i4 


Îfi7 


MON 


MON 


96g 


joie  étnit  univorspllo  parmi  les  fid(>les  ;  mnis 
ijui  pourri  exj)rimt'r  colle  que  ressentait 
Flavici)  ?  11  ne  ilDUtait  plus  que  celt(^  fois-là 
le  pr<^sident  ne  ren  lit  cnlin  une  sentmce 
telle  qu'il  la  souhaitait.  La  prière  (pie  son 
ami  avait  faite  en  sa  faveur  lui  en  n'^fjondait 
en  queltjue  sorte  ,  et  il  comptait  beaucoup 
sur  sa  foi  et  sur  sa  ronstaaro  ,  ce  qui  no 
man'Hierait  pas  d'irriter  le  juge,  et  de  lui 
arracher  malgré  lui  cette  condamnation. 
C'est  ce  qu'il  ne  faisait  aucune  dilliculli^  de 
promettre  aux  frères  qui  arrivaient  à  tout 
monienl  auprès  de  lui,  ou  qui  se  trouvaient 
sur  son  chemin.  O  confiance  surprenante  ! 
O  foi  inconcevable  !  Il  entra  au  palais 
dans  ces  sentiments,  et  il  se  reposa  quelque 
temps  dans  la  salle  des  pardes  du  gouver- 
neur, en  attendant  (pi'on  li-Uroduisèt.  Nous 
nous  tenions  le  plus  près  de  lui  que  nous 
pouvions,  lui  rendant  tout  llionueur  qui  est 
dû  h  un  martyr  de  Jésus-Christ,  et  tous  les 
services  que  la  charité  pouvait  exiger  de 
nous. 

«  Parmi  ses  disciples,  il  s'en  trouva  qiel- 
ques-uns  qui ,  par  un  amour  aveugle  pour 
leur  maître,  et  qui  était  bien  plus  selon  la 
chair  que  selon  res[)rit ,  lui  conseillaient 
de  sacrifier.  Us  lui  représe-itaieni  qu'il  ne 
devait  pas  se  laisser  si  fort  entêter  do  la  vie 
future,  qu'il  né^li^eâl  de  conserver  la  vie 
présente;  que  la  mort  qu'il  avat  devant  les 
yeni  était  certaine  ,  et  que  celte  seconde 
mort  qu'il  apjiréhendait  n'avait  peut-être 
pas  le  même  d>/gré  de  certitude  ;  en  tous 
ras ,  qu'après  avoir  sacritié ,  il  en  userait 
comme  il  jugerait  h  pro[M>s,  et  qu'il  lui  se- 
rait toujours  libre  de  confesser  Jésus-Christ 
tt  de  satisfaire  le  désir  qu'il  avait  de  mourir 
pour  lui.  Les  amis  qu'il  avait  paruii  les 
païens  entraient  fort  dans  cesc.onsidéialions, 
et  ils  apfiolaienl  fureur  et  dése.sf)oir  de  mé- 

Sriser  la  vie  et  do  ne  pas  craindre  la  mort, 
lais  le  martyr,  après  avoir  rtunercié  ces 
dan^ereui  amis,  dont  il  voulut  bien  excuser 
le  pernicieux  Lonseil ,  par  le  motif  qui  le 
leur  faisait  donner,  crut  qu'il  devait  aussi 
en  même  temps  publier  ses  sentiments  tou- 
chiuil  la  divinité  vi  la  vraie  relii;ioii.  Il  dit 
donc,  avec  sa  force  ordinaire ,  «pi'il  fallait 
nio  irir  mille,  fois  plutôt  que  (raiioier  des 
lierres;  (ju'il  n'y  avait  ipi'iin  Dieu  qui  avait 
'ait  toutes  choses ,  et  qui  devait  seul  étro 
adoré  ;  que  nous  vivion»;  encore  après  noire 
mort  ;  que  ràmo  n'y  est  (loint  sujette;  (jue 
la  mort  est  la  victoire  de  l'homme  ,  et  non 
M  «lélaite  ,  et  qu'enfin  il  n'y  a  ipio  la  reli- 
{p<in  c.hrétie.iine  ipii  piiis^^it  rondiiin*  à  la 
connaissance  de  la  vérité. 

Ces  personnes,  voyant  ipie  leurs  conseils 
avaient  eu  un  >uceè>  si  peu  conforme  h  leur 
intention,  et  que  le  .saint,  bien  loin  de  s'ètro 
Inlssé  persuader,  leur  av.dt  donné  des  coii- 
seilsi^i  eux-iiièines,  eurent  recours  fi  nu  moyen 
bien  cruel,  mais  qu'ils  crurent  devoir  pro- 
duire son  elfel  :  ce  fui  de  deinand  T  (pi'on 
Iv  tourmenlfit,  dans  la  peii-ée  que  les  tour- 
ments Auraient  plus  de  pouvoir  sur  lui  que 
1  ors  raisons.  I,e  jiiL'e,  l'iiyml  dmie  fful  mef- 
t!     m  le  chevalet,  lui  reprocha  encore  qu'il 


l 


était  on  imp0.«tpur,  qu'il  se  disait  diacre 
quoiipi'il  ne  le  fût  pas.  Et  sur  ce  que  Fla- 
vien  assurait  qu'il  l'était,  un  centenier  pré- 
senta au  p  ésident  un  papier  qu'il  disait  lui 
avoir  été  mis  entre  les  mains.  C'étafl  une  dé- 
claration signée  de  plusieurs  citoyens,  qui 
déposaient  ipie  Flavien  n'avait  jamais  été 
diacre.  A  la  lecture  qu'on  en  lil,  le  peuple 
s'écria  :  «  Flavien  est  un  fourbe  !  »  Cequi  obli- 
gea le  président  de  le  presser  sur  cet  article. 
«  Avouez  maintenant  la  vérité,  lui  dit-il , 
vous  avez  dit  un  mensonge  lorsque  vous 
avez  voulu  passer  pour  diacre.  »  Flavien 
réjiondit  :  «  Qu'est-ce  qu'un  mensonge?  ■ 
A  celle  réponse,  le  peuple,  perdint  patience, 
demanda  qu'on  redoublât  la  torture  ;  mais 
Dieu  ne  le  permit  pas  :  il  épargna  ce  supplice 
à  son  serviteur,  et  le  juge  se  contenta  de  le 
condamner  à  la  mort,  sans  le  faire  passer 
par  les  tourments. 

«  Flavien,  ayant  par  cette  sentence  une 
assurance  si  [lositive  de  sa  mort,  no  pouvait 
plus  contenir  sa  joie;  elle  se  répandait  dans 
toutes  ses  paroles,  et  sa  conversation  ne  fut 
jamais  plus  ag  éable  ni  plus  vive.  Ce  fut 
pour  lors  ipiil  me  chargea  du  soin  d'écrire 
toutes  les  particularités  de  son  martyre,  et 
il  voulut  même  que  j'y  ajoutasse  quelques 
vi>ions  dont  le  ciel  l'avait  favorisé,  et  qu'il 
me  laconla  en  ces  termes  :  «  Le  bienheureux 
Cyprien,  notre  évoque,  me  dit-il,  venait  de 
donner  sa  vie  pour  1 1  foi,  lorsque  je  fus 
trans()orlé  en  esprit  dans  un  lieu  où  je  le 
trouvai.  Je  lui  demandai  si  l'on  souffrait 
beaucoup  à  avoir  la  tète  tranchée.  Je  m'in- 
formai de  cela  ,  parce  que  je  me  disposais 
aussi  au  martyre.  Il  me  répondit  :  «  Quand 
l'unie  est  tout  occupée  des  c'.oses  du  ciel , 
le  corps  ne  so  ilfre  rien  :  c'est  comme  si  l'on 
avait  un  corps  emprunté.  »  O  paroles  admi- 
rables d'un  martyr  qui  encourage  à  la  mort 
un  autre  mari. ri  «  En.suite,  cotilinua  Fla- 
vien, on  amena  plusieurs  de  mes  confrères 
qui  soulfrirent  tous  la  mort  après  notre 
bienheureux  évêqiie.  Cependant,  comme  je 
voyais  que  la  nuit  s'approchait ,  je  m'allli- 
gens  be;ucoup  de  ce  que  je  ne  recevais  [las 
la  même  grâce  qu'eux.  J'étais  occupé  de 
cotte  pensée,  qui  faisait  même  couler  (]uel- 
ques  far. lies  de  mes  }eux,  lorsqu'un  homme 
dont  r.iboi'd  [  lein  de  douceur  et  de  majesté 
consolait  tout  ensemble,  et  inspirait  le  res- 
pect, s'etant  approché  de  moi,  me  demanda 
le  sujet  de  ma  tristesse.  Lui  ayant  l'ait  con- 
fidem  e  de  ma  peine  :  «  Cessez  de  vous  allli- 
ger,  me  dit-il,  vous  êtes  déjà  confesseur  pour 
la  s<-condi'  fois;  vous  serc/C  enfin  martyr  pour 
la  Iro  sièine.  » 

«  J'ai  encore  une  autre  vision  nu'il  faut 
que  je  vous  découvre,  poursuivit  Flavien.  Il 
n'y  avait  pas  long-temps  que  l'evêquc  Suc- 
cesse  et  Paul  avaiiMil  ciuluré  le  marlvre, 
lorsque  je  vis  un  jour  Siiccesse  entrer  dans 
ma  chambre.  J'eus  d'abord  quehpie  peine  à 
le  reconnaitre.  tant  la  gloire  dont  il  était  en- 
vironné avait  ré'pantiu  de  lumière  et  d't^clat 
dans  mes  yeux.  Il  me  dit  :  <«  Mon  frète 
Flavien,  je  suis  envo\.-  ici  pour  vous  aver- 
tir que  vous  devez  daiii  pou  soulTrir  pour 


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MON 


MON 


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.It'sus-r.hrisl  ;  »  npn'^s  (pioi  il  disprirul,  (il 
(liMix  soldats  nfrivriciil  (Inus  lo  mninnit, 
(|>ii  nv.'iiciil  iM-dri*  dn  in(>  co  iiliiiro  dov/iiil  lo 
^(invciiH'iir.  Vous  s.'ivi'Z  le  r'(i;-ili'.   »> 

n  Mii'ii  ii(«  t'iil  plus  potiipiMix  (pio  la  luarcho 
du  s  linl  depuis  \<'  palais  jiim|ii',ui  lieu  d(i 
IVxcciilioii  ;  jamais  iii.uIni'  \h>  icnil  plus 
d"lionn<njr;  jnuiais  on  or  vit  laid  do  pr<)tr('s 
du  Scigufur  accoumai^iicr  un  diac-rcî,  doul 
'  lutMuo  lis  laisaiciil  ;:,l(tiri'  d  '  se  dii'o  lus  dis- 
ciples. Cola  ri'sscruhlail  plulAt  au  trioniplio 
d'un  ('ori(ph''i'a'it  (pi':)  la  comluilo  d'un 
iiouiiiii'  coiidaïu'tr  h  mourir  :  romiim  si  l'on 
crti  di\jh  ivspoclé  CM  lui  la  dii^iiilù  do  roi  dont 
il  allait  dans  m'inMr(>  rcvi'^iu  dans  lo  ciel,  où 
Jôsiis-tiluist  I  allfiidail  pour  l'associor  à  son 
royauino.  Lo  ci(d  lui-ui(>ino  so  joii^nit  à  l;i 
Iciro  pour  rondrt!  i-ottc  manhi'  plus  solcn- 
iiollo  :  il  cnvo.)a  une  |.luu!  duicc,  (pii  loin- 
bail  en  manit'>ro  do  rf)sée  sur  ci  u\  qui  l'or- 
inaionf  co  dôvol  (•orl(\-;o,  mais  ([ui  soivil  à 
plus  d'il  10  lin  :  car  ollo  tVarta  los  païens 
(pi'uiio  uialigno  curiosilii  avait  rnôlés  parmi 
los  fidèles.  Kllc  donna  lieu  <i  cenv-ci  de 
s'entic-donner  le  baiser  de  [laix,  loin  île  ces 
témoins  importuns  et  profanes;  et  elle  ren- 
dit en  q.ielquo  sorte  le  ma  tyre  du  sai  it  sem- 
blable i\  la  passion  du  Sauveur,  où  l'on  vit 
lo  sang  adorable  de  cette  divine  vicliiucmôJé 
avec  l'eau  (jui  sortit  de  son  côté. 

«  Le  martyr  étant  enlin  arrivé  à  l'endroit 
oii  il  devait  recevoir  la  couronne,  monta  sur 
une  |)oti>e  émiiunice,  d'où,  après  avoir  im- 
posé silence  de  la  main,  il  paiia  aux  fières 
en  ces  termes  :  «  Vous  aurez,  mes  chers 
frères,  la  paiv  avec  nous  tant  que  vous  la 
conserverez  entre  vous,  et  que  vous  iiren- 
drez  soin  de  la  conserver  dans  l'Eglise.  Et 
ne  pensez  pas  que  ce  soit  peu  de  chose, 
puisque  ce  l'ut  la  seule  et  la  dernière  que 
J  sus-Christ  Notre-Seigncur,  prêta  consom- 
mer son  sacriiice  sur  la  cioix,  recommanda 
à  ses  disciples.  Ainicz-vous,  leur  dil-il,  les 
uns  les  autres,  comme  je  vous  ai  aimés.  Voilà 
le  dernier  précepte  ijoe  je  vous  do:ine  ;  voilà 
le  derniei"  ordre  que  vous  recevrez  de  moi.  » 
Ens.iite  le  saint  martyr  ayant  désigné  Lucien, 
prêtre  d'un  mérite  singulier,  pour  succéder 
à  saint  Cyprien,  et  ayant  conjuré  les  frères 
de  l'élire  pour  leur  évoque,  il  descendit  de 
ce  lieu  élevé,  et  s'élant  fait  bandn"  les  yeux 
avec  le  linge  que  .Moiilan  lui  avait  laissé  en 
mourant  p;)ur  cet  usage,  il  pria  quelque 
temps.  Eniin  il  reçut  le  coup  qui  termina  sa 
prière  et  sa  vie.  ^> 

L'Eglise  fait  la  fôte  de  tous  ces  saints  le 
2'<-  février. 

MONTAN  (saint),  prêtre  et  martyr,  fut 
noyé  à  Sirmicli  pour  la  défense  de  la  religioa 
chrétienne  avec  sainte  Maxime.  L'Eglise  ho- 
nore leur  glorieuse  mémoire  le  26  mars. 

RIONTMAUTKE,  village  du  département 
de  la  Seine,  et  contigu  à  Paris,  b;\ii  sur  l'é- 
minence  vulgairemeat  nommée  Butte  Mont- 
martre. Ce  village  a  des  traditions  de  deux 
sortes,  suivant  que  ses  habitants  aiment  ou 
n'aiment  pas  la  reUgion  chrétienne.  Ils  di- 
sent, ou  bien  que  le  nom  de  leur  village, 
qu'ils  nomment  du  reste  une  ville,  vient  de 


Mon»  Martin,  niorila^iip  do  Mnr»,  parcoqu'an- 
cionnoino-it  riMlioii  y  avail  un  Irnuplo  ;  ou 
birri  do  MiiiiH  Mttrfi/i  uni ,  nioula^ni-  dos  ,\lar- 
l_)r.s,  p/irn;  tpu!  sjiiiil  Dfiii.'.,  di'Tnlilh,  ùvê- 
qui)  di  l»ari;>,  et  .ses  (;oui|wi^non.s,  y  ont  Mé 
martyrisés.  La  tradilioo  cln  élicniif!  u  l'ait 
donner  d'-s  noms  a  un  bouliv.iid  ot  h  uno 
rue  do  Montmartre,  Boulevard  et  rue  de» 
Marti/rs. 

(^).iand  o'i  ne  V(nit  s'en  rufiporlcr  ipj'aux 
linnivos,  et  no  prondro  pour  b.so  (pu>  d(...s  hjg. 
tori(,'ns  sérieux  ,  on  est  obli^^é  d'admcitro 
ipro.i  no  >ait  pas  avec  certitude  où  s.iuit 
Denis  fut  marta-isu.  Si  l'on  croyait  llilduin, 
abbé  de  Sainl-Deniî» ,  on  croirait  cpio  ce  lut 
à  Mo  ilmartie,  et  que  de  la  h;  saint  s'en  alla 
jusqu'au  l.eu  appelé  aujourd'hui  Saint-De- 
nis, [lorlant  sa  lêto  1  ans  s  s  mains,  et 
accompagné  d'une  troupe  d'anges  chantant 
les  uns  (jlorid  tibi,  Domine,  les  autres  Allé- 
luia. Après  avoir  ex.iminé  séric'iisomiînt  la 
(piestiuii,  nous  avouons  n'oser  pas  nous  pro- 
noncer entre  -Wontmarlre,  Saint-Donis,  et  le 
lieu  dcParis  nommé  Saint  Denis  de  laChAt:o. 
Il  y  a  |)Our  chacun  do  ces  lieux  des  raisons 
considérables,  mais  aucune  ne  peut  entraî- 
ner co  iviclion,  surtout  quand  elle  est  mise 
au;<rès  de  celles  ({ui  la  combattent.  Le  doute 
est  ici  le  refuge  iies  sages. 

MONTMASSON  (Micuel),  de  Savoie,  était 
vicaire  ai)osloli([ue  à  A  ger.  Le  2G  juin  1G88, 
lorsque  le  marécbal  d'Estrées  parut  devant 
celte  ville,  noire  bienheureux  fut  arrêté  avec 
tous  les  autres  Frangais.  Après  avoir  été 
couvert  d'opprobres  et  avoir  subi  mille 
mauvais  traiteme^its,  il  fut  enlin  attaché  à  la 
bouche  d'un  canon,  le  5  juillet,  avec  un 
frère  de  la  Mission,  nommé  François  Fran- 
cillon,  et  qui  avait  passé  quarante  années  de 
son  existence  à  servir  les  esclaves  en  Bar- 
barie. 

MONTESQUIEU  (Charles  de  Secondât, 
baron  de),  naquit  à  Brède,  auprès  de  Bor- 
deaux, en  16^9.  Il  devint  président  au  tribu- 
n  il  de  cette  ville  en  1716.  Cinq  ans  après,  il 
publia  ses  Lettres  persanes  (1  vol.  in-12j,  es- 
pèce de  roman  dans  lequel  des  Persans  font 
la  critique  de  no-)  mœurs  et  we  nos  usages. 
Cet  ouvrage  r>  nf  rme  des  principes  perni- 
cieux, tels  que  l'apologie  du  suicide  et  du  di- 
voi-ce,  l'indiiférence  eu  matière  de  leligion  , 
des  plaisante! ies  i  décentes  ou  impies  sur 
des  points  essentiels  du  christianisme.  L'au- 
teur garda  prudemment  1  anonyme  en  fai- 
sant cette  publication,  et  avait  même  peur 
d  être  connu.  Cependant  il  ne  tarda  pas  à 
l'être,  éprouva  des  désagréments  et  désavoua 
celles  de  ces  lettres  où  se  trouvait  ce  qu  il 
y  avait  de  plus  répréhensible  dans  son  li- 
vre. (Bouvier,  Hist.  de  la  philosophie,  t.  il, 
p.  235.) 

Ains!  Montesquieu  ,  auteur  recoraraanda- 
ble  ,  philosophe  profond  et  très-judicieux  , 
paya  son  tribut  au  philosophisme  moderne.  Il 
voulut  participer  à  la  construction  de  la  nou- 
velle Babel.  11  eut  la  regrettable  faiblesse  de-^ 
jeter  sa  pierre  aussi,  lui ,  à  la  religion  chré-  '; 
tienne,  qu'il  aimait  pourtant,  qu'il  révérait  : 
car  dans  les  ouvrages  qu'il  publia  depuis,  il 


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lui  rend  ips  (onioignaî^ps  Ips  plus  t'rlatanfs  : 
«  r.hosf  fldmirabl»' ,  dit-il  ,  l,i  reli}^if»ii  chré- 
tienne, qui  ne  semble  nvoir  pour  objet  que 
la  iVdirité  de  l'autre  vie  ,  fait  encore  noire 
bnnlit'ur  en  celle-ci.  J  ai  toujours  respecté  la 
relision,  dit-il  ailleurs.  La  morale  de  l'Evan- 
gilo  est  le  plus  beau  présent  que  Dieu  piU 
faire  au\  Iioiuines.  » 

La  mort  de  Montesquieu  fut  trés-édifiantc: 
Le  P.  Uoudi,  (|ui  le  confessa  ,  nous  a  laissé 
lh-d('ssus  des  déiails  intéressants,  que  de 
faux  sages,  dit  Feller,  ont  voulu  révoquer 
en  doute,  roinnie  si  um  rninisfic  du  Seigneur 
pouait  avoir  ipielipie  uitéièl  .'i  en   iujposer 
sur  cel  objet,  ou  si,  témoin  d'un  fait,  il  n'é- 
tait pas  plus  croyable  que  des  absents    fjui 
s'avisent  de  le  contester.  Ce  fut   M.  le  curé 
de  Saiiit-Sulpice  qui,  sur  la  demande  du  ma- 
lade, lui  adiiti'iistra  les  sacrements.  «  Le  pré- 
si'icnt  de  Montesquieu,  dit  l'abbé  Routli,  les 
reçut  avec  un  air  de  coraponciion  et  de  dé- 
votion bien   édifiant ,  et  eti  répond.uit  ,  les 
mains  jointes  sur  sa  poitrine,  aux  pi  ières  de 
l'Eglise.  »  Il  rétracta  en  outre,  d;ins  les  mains 
de  son  confesseur,  les  erreurs  et  les  princi- 
pes hasard''S  émis  par  lui  dans  ses  ouvrages. 
(  Raison  du  christianisme ,  vol.  IV,  p.  359.) 
MOK.VNTA  (Jérôme  ok^  de  la  Compagnie' 
de  Jésus ,  naquit  en   1575,  à  Majorque.    Il 
vint  prêcher  la  foi  au  Mexique ,  animé  par 
la  promesse  du  vé  lérable  frère  coadjuteur 
Allonse  Kodriguez,  (jui  lui  prédisait  le  mar- 
jlyre.  Il  vint  donc  en  1605  retrouver  lu  bien- 
lieureux  Jean  de  Fonte,  (pii  évangélisait  les 
Tépéguans.  J(.'an  avait  déjà  préparé  les  peu- 
ples depuis  seize  années  qu'il  était  au  mdieu 
d'e\i\;  aussi,  réui)Ss;Mit  leurs etloi'ts,  ils  tirent 
une  récolte  encore  plus  aboiidaile  et  ga.;nè- 
ront  beaucoup  d'indigènes  à  la  foi  de  Jésus- 
Christ.  Nous  avons  vu  aux   articles  Didxce 
DK  Orosco  ,   Bernard  i>e  Cisnkros  ,   Ferdi- 
nand DE  CiJi.iACA.v,  etc.,  que  les  Tépéguans 
avaient  résolu  le  massaci'e  de  leurs  mission- 
naires ;  ils  comptaient  protiter  d'une  proces- 
sion so  ennelle  que  les   Pères   préparaient 
riour  le  21  novembre  IfilG,  au  bourg  de  Saint- 
gnace.  Nos  deux  religieux  s'avan(,aienl  donc 
vers  ce  bourg,  alin  d'assis  er  à  cette  proces- 
.sion  ,  quand  les  indigènes  les  ixn'cèrent   h 
coups  (le  Ile  hes  ,  à  une  lieue  environ  de  la 
colonie.    (  Tanner ,  Societns  Jrsn    nsqnr  ad 
sn))f]iiitii:i  ri  ritir  prnfiisiotirni  niililnns,  p.  V7.'}.) 
MOlU'S  ^  TiioM  vs  j  ,  naquit   à  l.onilres  en 
1 V80.  Son  père  était  juge  ei  le  poussa  dans  la 
même  caiiièri'.  Il  se  distingua  d  abord  dans 
le  barreau  ,  et  dune  façon  telknuent  bril- 
lante, que  dès  qud  eut  atteint   l'Age  voulu  , 
il  fut  nommé  meuiltre  du  parlement.  Le  car- 
<linal  de  NVolsey  le  lit  connaître  h  Henri  >  III, 
qui  bientôt  lui  accord*»  la  plus  r^rande  la- 
v»nir.  Le  roi  commenra  par  lui  donner  une 
place  dans  le  couse  1  privé,  et  ensuite,  après 
la  disgrâce  de  son  protecteur,  le  cardinal  de 
Wolsey.  il  le  nouuiia  ?i  sa  piaffe  grand  chan- 
celier, (ielle  charge,  (pi'il  exerça  dcnix  ans, 
le  mt  h  mémo  de  montrer  les  vertus  émi- 
nentesipii  l'ont  fait  accepter  |)ar  les  houunes 
de  tous  les  partis,  connue  un  modèle  din- 
li^grité,  de  loyauté,  de  justice.  Quand  Hen- 


ri VIII,  se  laissant  égarer  parla  passion  qu'il 
éjtrouvait  pour  Anne  de  Boulen,  sépara  l'E- 
glise d'Angleterre  de  Home,  et  voulut  faire 
approuver  et  son  divorce  et  cette  séparation 
jiar  le  riergé  et  par  les  fonctionnaires  de  ses 
Etats,  Morus  fut  un  de  ceux  cpii  résistèrent 
le  plus  courageusement.  Il  doinia  sa  démis- 
sion de  chancelier,  quand  il  vit  la  tournure 
que  prenaient  les  choses.  On  le  cita  devant  le 
conseil  royal  que  présidait  Crounvell.  Vai- 
nement on  le  pressa  de  faire  le  serment  dit 
de  succession.  Ce  serment  portait  h  la  fois  sur 
la  succession  au  trône,  sur  le  divorce  et  sur 
la  su  ■rématie  du  roi  comme  clief  de  l'Eglise 
d'.Vngleterre,  deux  choses  qu'il  fallait  recon- 
naitre.  Il  oll'rit  le  serment  pour  la  succes- 
sion ,  mais  non  pas  pour  les  autres  points. 
On  lui  dit  que  s'il  ne  donnait  les  motifs  de 
son  refus,  on  l'attribuerait  à  l'obstination. 

—  Monts  :  Ce  n'est  i)oint  par  obstination  , 
mais  dans  la  crainte  (je  blesser.  Donnez-moi 
une  suinsante  garantie  que  le  roi  ne  s'en  of- 
fensera pas,  et  j  expliquerai  mes  raisons. — 
Cromicell  :  La  garantie  du  roi  ne  vous  sau- 
vera pas  des  peines  établies  par  le  statut. — 
Morus  :  En  ce  cas  ,  je  me  contierai  à  l'hon- 
neur de  Sa  Maji  slé  :  mais  cependant  il  me 
semble  que  si  je  ne  puis  pas  déduire  mes 
motifs  s.ins  péril,  ce  n'est  pas  une  obsiina- 
tion  que  de  les  taire.  —  Cranmer  :  Vous  di- 
tes que  vous  ne  blAmez  personne  de  faire  In 
serment.  Il  est  alois  éviilent  (pie  vous  n'êtes 
pas  convaincu  qu'il  Sfjit  blâmable  de  le  faire; 
mais  vous  devez  élre  convaincu  qu'il  est  dt; 
voire  devoir  d'obéir  au  roi.  En  refusant 
néanmoins  de  le  faire,  vous  préférez  ce  qui 
est  incertain  i\  ce  qui  est  certain.  —  Morus: 
Je  ne  blAine  personne  de  faire  le  serment, 
parce  que  je  ne  connais  ni  leurs  raisons,  ni 
leurs  motifs  ;  mais  je  me  blâmerais  moi- 
même,  parce  ([ue  je  sais  (pie  j'agirais  contre 
ma  conscience  :  Et  vraiment,  celle  façon  de 
raisonner  nous  aplanirait  toute  dilliculté  : 
toutes  les  fois  que  les  «iocleurs  ne  seraient 
pas  d'accord,  on  n'aurait  (lo'à  obtenir  le  coni- 
mandtMuent  du  roi  pour  l'un  ou  l'autre  côté 
de  la  (luestioii  ,  et  cela  serait  toujours  bien. 

—  L'ahhé  de  Westminster  :  Ma  s  vous  devez 
croire  (pie  votre  conscience  est  erronée  , 
(juand  vous  avez  ((uitre  vous  tout  1(>  conseil 
(le  la  nation.  —  Morus  :  Je  le  croirais  ,  si  je 
n'avais  pour  moi  un  plus  grand  conseil  en- 
core, tout  le  (■ons(Ml  (le  la  cinélienlé.  Jlorh- 
bacher,  vol.  XXHI,  pag.  38().) 

Ces  réponses  de  .Morus,  surtout  cette  der- 
nière, rappellent  la  fermeté,  la  sagesse  que 
l(j  Saint-Esprit  mettait  dans  la  bouche  des 
martyrs.  On  renferma  dan-^  la  Tour  de  Lon- 
dres, (piand  ou  v;l  (pie  lien  ne  pouvait  vain- 
cre son  refus  de  prêter  serment.  On  le  priva 
de  tous  les  adouciss(nntnits  (pie  d'oiflinaire  la 
tyrannie  la  plus  dure  laisse  aux  pnsoiinier.>; 
on  lui  ôla  ses  livres,  qui  faisaient  sa  conso- 
lation, et  on  eut  la  cruauté  de  laisser  sa  fa- 
mille, (|ui  était  nombr-  use,  tomber,  par  l'ab- 
sence de  son  chef,  dans  la  plus  coraplèto 
misère.  Morus  fut  obligé  de  f,(ir(^  vendre  son 
mobilier  ptnir  vtnur  au  secours  de  ses  en- 
fants. Pendant  sa  caj'livité  ,  on  employa  tous 


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les  nioviMis  possibles  |»(iur  W*  Hiroor  h  prêter 
scnnciil.  MciiMcrs.  pnmicsscs,  prirrcs,  oll'rcis 
(le  Idiilcs  sorics,  loiil  lui  mis  en  .iv.iiil;  iii.iis 
(nul  rcliotia  (Irvn-it  la  u;(''ii('Trusc  cotislanco 
(lu  s.iiiil  cuiirt'ssciir.  Vw  jour  (pu*  sa  IcmiiK) 
lt>  sdilicilail  avc^  iiista-icc  d'itl»  ii  aiiv  no- 
lonlés  (lu  roi  et  de  ciiaiii;;!'!'  ilo  religion  .- 
«  (lonihieii  do  temps  cinvcz-voiis  (pic  j'aie 
encore  il  vivre  ?  »  lui  n'-poodil  Moriis.  >(  l'iiis 
(le  vinj;!  ans,  »  dil-olle.  «  Kl  vous  voudiie/., 
rejiril  Morus ,  (pie  i'(H'liaiit;easso  r(''leniil(^ 
(•()iilr(>  vi'igl  ans  ?  » 

il  tVrivil  de  sa  prison  la  leltre  suivaiile  .\ 
UoMVoisi  de  l,uc(pies  ,  le  plus  cIkm'  de  ses 
amis  :  comme  il  n'avail  pas  d'encr(!,  il  l'iîcri- 
vil  avec  du  cliarbon. 

«  Au  plus  clirr  de  nies  amis.  r,oium(>  le 
ccinir  me  dit  (laussement  peul-tMre,  mais 
cependant  il  nie  le  dit)  (lue  l)ienl(M  je  n'aurai 
plus  la  lih('rt(^  de  vous  (vrire,  j'ai  pens('î  d(ï- 
voir  [)roliler  de  la  possibilité  (pii  m'en  reste 
encore,  pour  vous  ti^moigner  combien  la 
constaïKîe  de  votre  amiti(''  console  puissam- 
ment mon  malheur.  Il  m'est  impossible  main- 
lena'U  de  roconnaitre  vos  bous  ofTices  ,  et 
vous  me  les  eonlinuez,  et  vous  y  ajoutez 
cluupiejour  I  N'otre  amitié  me  vient  donner, 
dans  le  malheur  dune  captivité  accablante, 
des  soins  (\uo  des  amis  ordinaires  négligent 
nuMue  vis-h-vis  de  leurs  amis  au  sein  de  la 
prospérité ,  dans  la  Ihuir  de  leur  fortune. 
Tout  ce  (pie  je  puis  l'aire,  hélas  1  pour  vous, 
luo'i  clvr  ami,  c'est  de  [)rier  Dieu  d'acquitter 
envers  vous  des  dettes  qu'il  m'est  devenu 
impossible  d'acquitter  moi  -  nuime  ,  et  de 
vous  combler  aussi  par  sa  bonté  des  mô- 
mes bienfaits  dont  vous  venez  de  me  com- 
bler moi-même.  Je  le  prie  encore  de  nous 
retirer  des  tem[)(}tes  du  siècle  et  de  nous 
placer  dans  le  repos  de  sa  gloire.  Là ,  on 
s'entend  sans  lettres  ,  les  murailles  ne  sé- 
parent pas  ,  les  ge(jliers  n'empêchent  point 
de  se  parler;  c'est  la  paix  qui  dure  tou- 
jours auprès  du  Dieu  éternel,  auprès  de 
son  fils  Notre-Seigneur  Jésus  -  Christ ,  au- 
près du  Saint-Esprit  procédant  de  l'un  et 
de  l'autre.  Puissions-nous,  vous  et  moi  et 
tous  les  hommes,  en  vue  d'un  si  grand  bien, 
oublier,  mépriser  les  richesses,  mépriser 
aussi  la  gloire  d'un  monde  qui  périt  1  Adieu, 
il  y  a  longtemps  que  je  vous  appelle  la  pru- 
nelle de  mes  yeux ,  vous  êtes  le  plus  cher 
entre  ceux  que  j'aime.  Veuille  notre  Sauveur 
conserver  en  paix  votre  famille  qui,  je  ne  l'i- 
gnore pas,  me  porte  presque  autant  d'amour 
qu'à  vous.  —  Thomas  Morus.  » 

P.  S.  «  Je  n'ajoute  point  que  je  suis  tout  à 
vous,  c'est  inutile  ;  d'ailleurs,  je  suis  main- 
tenant si  peu  de  chose,  qu'il  ne  vaut  guère  la 
peine  de  me  soucier  d  appartenir  plut(')tà  une 
personne  qu'à  une  autre.  »  {Raison  du  chris- 
tianisme, par  iM.  de  Gcnoude,  t.  IV,  p.  205.) 

Il  écoula  avec  un  calme  extraordinaire  son 
arrêt  de  mort.  11  renouvela  alors  sa  profes- 
sion de  foi  sur  la  suprématie  de  l'Eglise  ro- 
maine, suprématie  que  le  roi,  à  son  avène- 
ment ,  avait  juré  de  reconnaître  et  de  main- 
tenir, et  qui  était  garantie  par  la  grande 
Charte  d'Angleterre. 


Monis  aimait  Iciidremenl  sa  filb.'  MarguM- 
ril(<.  I'!lle  é  .'lit  h  la  port(^  de  la  salhr  (jÙ  on 
venait  dt»  le  condaurK  r  ii  mort  ;  elb;  se  i(!la 
h  son  cou  ,  sangloi.iiii  cl  s'écrianl  :  «  Ah  1 
nKjii  p(''i(',  vous  aile/,  donc  mourir  inri0(eiitl 
—  Ma  (  h("'re  lillc,  lui  répondii  d  ,  voudrais- 
tu  donc  (pie  je  moulusse  coupable?»  Il 
l'embiavsa  avec  elliision  cl  la  b'nil.  il  lui 
écrivit  la  veillede  son  sup  liceuiH-  Ifltre  fait» 
avec  du  charbon  coiiiuk!  celhMpi'il  avait  écrilo 
hsonaiiii.  Il  iiiontacoiiragi  nsemcnlsiir  l'éclia- 
faud.ei  ayant  lait  sa  |>ii(''re  et  chanté  le  psau- 
me Misrrrrr,  il  prit  à  témoin  le  peuple  (ju'il 
mourait  catholi(pie,  aposloliipic  et  romain. 
Le  bouiriîan  n'osait  le  frapper.  Il  le.  (niait  dtj 
lui  pardonner  sa  mort.  «  Tu  nie  rends  au- 
jourd'hui ,  lui  dit  iMorus,  le  i)lus  grand  des 
services  (lu'un  homme  puisse  i-endrc  à  ua 
autre  ,  miisipie  tu  me  fais  monter  au  ciel.  » 
Puis  il  l'embrassa.  Sa  constance  ,  son  calni» 
et  son  courage  ne  se  dénu'ntirent  pas  un  seul 
instant.  Il  re('ul  le  cou|)  morl(>l  comme  jadis 
le  recevaient  les  martyrs  de  la  |)iimilive 
Lglise.  Sa  tête  resta  (piatorze  jours  exposée- 
sur  le  |)ont  de  Londres  ;  sa  fille  Marguerite- 
la  lit  prendre  et  lui  tit  donner  une  sépulture- 
honorable.  Sa  mort  arriva  le  6  juillet  t.'i35. 

Thomas  Morus  a  écrit  plusieurs  ouvrages, 
les  uns  en  anglais  ,  les  autres  en  latui.  Le 
j)lus  généralemeil  connu  est  son  Utopie  in- 
titulée :  De  optimo  rei  publicœ  statu  ,  deque 
nova  insuln  Utopia,  Louvain ,  1516.  C'est  ua 
ouvrage  dans  le  goût  de  la  République  (}&: 
Platon  :  on  y  trouve  des  choses  bien  singur- 
lières  relativement  au  partage  des  biens,  au 
suicide,  etc.  J'ai  traité  ailleurs  cet  ouvrage 
avec  la  sévérité  qu'il  mérite.  J'avais  à  appré- 
cier alors  le  moraliste  ,  l'inventeur  de  sys- 
tème ;  mais  ici  ma  tAche  est  achevée  quawf. 
"ai  montré  le  saint  duquel  je  parle  étend^^nt 
e  voile  du  martyre  sur  les  erreurs  du  phi- 
losophe ,  et  couronnant  la  vie  d'un  hounéte 
homme  par  la  mort  d'un  héros  chrétien.       ' 

MOSÉE  (saint),  martyr,  originaire  du  Pt)nt» 
fut  d'abord  condamné  aux  mines  avec  un  a  utre 
soldat  de  ses  compagnons  appelé  Ammône. 
Ils  furent  ensuite  brûlés.  On  ignore  à  quelle 
époque.  L'Eglise  les  honore  le  18  janvier. 

MOUCHE  (saint),  prêtre  de  Halpage,  souï- 
frit  le  martyre  sous  le  règne  d'Hazguerd  , 
roi  de  Perse  ,  qui  voulait  forcer  les  Armé« 
niens  dont  notre  saint  et  ses  compagnons 
faisaient  partie  ,  à  embrasser  la  loi  de  Zo- 
roastre.  Les  compagnons  du  martyre  da 
Mouche  furent  :  Sahag,  évêque  de  Richdou- 
nik;  Joseph,  patriarche  de  Vaiotz-tzor  et  du; 
village  Holotzmanz;  Léonce,  archiprêtre  de- 
Vanaut,  du  village  d'Itcavank  ;  Arcnen,  prê-  l 
tre  de  Pukrévant ,  du  village  l'Eléheg  ;  Kat-  ? 
chat(^h,  diacre  du  pays  de  llichdounilh  ;  et  le^ 
bienheureux  chef  M.ige  ,  de  la  ville  de  Nin- 
chabouh.  Excité  par  les  mages  et  par  son: 
premier  ministre  nommé  Mihir-Nerséh,  Ha.£- 
guerd  envoya  Tenehabouh  pour  faire  moit- 
rir  ces  saints  prêtres  qui  étaient  renfermés 
dans  la  ville  forte  de  Ninchabouh ,  sous  la 
garde  du  chef  des  mages  ,  en  même  temps 
gouverneur  civil  du  pays  d'Abar.  Ce  mage, 
voyant  nos  saints  demeurer  fermes  dans  leur 


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toi,  les  maltraita  beaucoup  ot  les  fit  enfer- 
mer dans  un  noir  et  humi(ie  cachot,  où  deux 
gatn»Mlos  de  soupe  épaisse  et  une  cruche 
d'eau  composaient  tous  leurs  aliments.  Etoirit^ 
de  les  roir  joveux  et  bien  portants  malgré 
leur  raptivitéet  la  mauvaise  nourriture  ifu'il 
le\ir  faisait  donner,  ce  niago  gouviToeurvint 
une  nuit  rAder  autour  du  cachot ,  sounçon- 
nnnt  (jue  ((uoliirui  df  Nfs  serviteurs  portait 
des  alime  its  aux  [1ri^on•licrs.  Il  s'a[)[)rocha 
du  soupirail  de  la  prison  et  fut  témoin  d'un 
prodige  étrange  :  chacun  des  prisonniers 
Drillail  d'un  éclat  merveilleux  au  milieu  de 
l'obscuriié  de  la  nuit.  Il  fut  si  épouvanté  de 
ee  pro(li.;e  ,  que  bientôt  il  renonça  aux  er- 
reurs dfj  maijisme  et  se  fit  insiruire  par  ses 
prisonniers  dans  la  religion  des  chrétiens. 
Quand  Tt-iichabouh  arriva  pour  exécuter 
les  ordres  sanguinaires  d'HazgiU'rd,  il  ne  fut 
pas  peu  élo'iné  de  trouver  le  mags;  assis  au 
piilieu  dos  prisonniers  ,  écoutant  leurs  dis- 
cours et  les  excitant  lui-même  à  brav-r  la 
mort  dont  on  les  menaçait.  Il  avertit  le  roi 
de  ce  qui  se  passait;  celui-ci  lui  défendit  de 
punir  publiquement  ce  mage,  h  cause  du  tort 
qui  en  résulterait  pour  la  religion  de  Zo- 
roastre,  nmisil  lui  ordonnait  de  l'envoyer  en 
exil  dans  un  pays  lointain,  au  nord  de  Kho- 
rassan  ,  où  il  reçut  la  palme  du  martyre. 
Après  avoir  terni  né  cette  affaire,  le  ministre 
des  cruautés  d'Hazjuerd  lit,  la  même  nuit , 
transporter  les  prêtres  ariuéuiens  dans  un 
endroit  écarté  du  désert.  Arrivés  au  lieu  de 
l'exécution,  on  leur  lia  les  pieds  et  hîs  mains, 
et  ils  furent  traînés  d'abord  sur  un  sol  ro- 
cailleux et  re!n|)li  d'aspérités.  Knsuile,  Ten- 
chabouh  ayant  vainomeul  essayé  de  les  faire 
renoncer  h  leur  foi ,  ils  furent  décapités  le 
80  juillet  45V  ,  dans  le  grand  ih'sert  du  pays 
d'vVbar,  ;;u  département  do  la  ville  royale  de 
Ninchabouh. 

MOUCHÉCiE,  prince  arménien  de  la  fa- 
mille Mamigoiiiank  ,  fut  l'un  de  c(nix  (pii 
soulfrirent  volontairfMUCut  la  ca|)tivil('«  pour 


courage,  et  triomphèrent  des  persécuteurs 
en  terrassant  leur  ennemi  par  leur  inébran- 
lable constance.  Ce  fut  de  leur  prison,  et 
n'ayant  pas  encore  soulfi-rt  d'autres  peines, 
qu'ils  écrivirent  à  saint  Cyjirien  vers  le  mi- 
lieu de  l'été  250.  Biei  des  fois  on  les  avait 
priés,  suppliés  de  sortir  de  prison  en  sacri- 
fiant, el  toujours  ils  avaient  refusé.  C'est 
pourquoi  saint  Cyprien  d  t  qu'ils  avaient  con- 
fessé le  nom  de  Jésus-Christ  au  tant  de  l'ois 
qu'ils  avaioit  refusé  de  sortir.  Bicnlùt  de  nou- 
veaux tourm  nts  vinrent  mettre  leur  foi  et 
l«'ur  courage  à  lépreuve  ;  saint  Cyprien  leur 
écrivit,  vers  la  fin  d  >  l'année 2;»0,  sa  seconde 
lettre.  Il  y  avait  déjà  près  d'un  an  qu'ils 
étaient  en  prison.  Ils  y  restèrent,  jusqu'au 
conuuencemeni  du  schisme  de  Noviiien,  c'est- 
à-dire  jus([u'en  juin  de  l'annt'-e  251. 

C'est  à  cette  époque  que  s'agitait  la  grande 
aiï.iire  des  Tombés  dans  les  persécutiois. 
Les  niartyrs  et  les  confesseurs  d'Afrique  et 
de  Cailliage  s'étaient  arrogé  le  droit  d'aecor- 
der  de  l.-ur  [deine  autorité  la  rentrée  dans 
l'Eglise  \\  ceux  de  ces  coupables  qui  la  leur 
demandaient.  Par  une  douceur  exagérée,  ils 
ruinaient  la  discipline  ccclésiaslii^ue.  Les 
bienheureux  confesseurs  de  Rime,  Moyse, 
Maxime  v\  leurs  comf)agnons,  écrivirent  à 
ceux  de  Cartilage  une  let  re  énergique,  dans 
laquelle  ils  rétablissaient  sévèn-menl  les 
vr.\is  principes  et  la  sa. ne  discipline.  Saint 
Cy{)rien  les  en  remercie  dans  sa  2.5'  épitre. 
Us  lui  répondirent  par  celle  que  Pamélius  a 


Jésus -Christ,    sous  le   règne 


;ij)iivne  p( 
d'Ha/-:uei 


d. 


deuxième  du  nom,  roi  de  Perse,  et  ([ui  ne 
furent  remis  on  lib  rlé  et  renvoyés  en  leur 
pays  que  huit  ans  après  la  mort  de  ce  prince, 
sous  le  règne  de  son  (Ils  Bérose.  (Pour  plus 
de  détails,  roy.  I'uincks  vnuÉNiKNS.j 

MOYSE  (saint),  martyr,  fut  arrête  à  Homo 
au  commcnremeiit  de  la  persécution  de  Dèc', 
avec  saint  Maxime,  i»rêlre  comum  lui,  el  Ni- 
costrale,  diacre  ou  archidiacre  de  Rome.  Les 
crimes  qu'av.ut  commis  ce  dernier  et  ceux 

Su'il  commit  depuis,  le  reutlaietil  indigne 
'être  en  c.om[)agnie  de  tant  de  saints.  Ùu- 
fln,  diacre,  et  CcK-ri  i,  lecteur,  l'un  «les  plus 
beaux  onieunnits  de  celte  é:)oque,  furent  ar- 
rêté? avec  eux,  ainsi  que  Micaire,  Sidoine 
et  Urtniu,  I  uis  un  noiunié  Augcide.  Dans 
une  lettre  de  Lucien  écrivant  d'Afrique  h 
Boine,  nous  trouvons  de  plus  Calphurnc  et 
les  <;aiites  fetniies  dont  les  noms  suivent  : 
Cornélie,  Emcnte.  sœ  ir  do  Macaire,  Marie, 
Spésinc,  Sabine,  Janvière,  Duliveel  Donnlrt 
{Ci/priiin.,  rp.  21).  Saint  (\vpri.  n  (/;/).  25)  <lit 
qu''  s.Tinl  M  'yse  et  les  aiiires  ro,  Csseurs 
c«;mbatlireut  jiour  la  foi  avec  uu  aduiuablo 


mise  la  2ti'  dans  celles  de  ce  saint  docteur. 
U'ie  lettre  du  clergé  de  Rome,  signée  de  la 
plupari  des  confesseurs,  le  remercie  aussi  de 
cette  lettre  25. 

Vers  le  mois  de  décembre,  saint  Céléria 
vint  à  Cartha.;e,  et  dit  h  saint  Cyprien,  de  la 
part  d^'s  (onfisseurs,  les  sentiments  qu'ils 
avaient  pour  lui.  Saint  (Cyprien  leur  écrivit 
à  ce  sujet  une  lettre  dont  nous  citons  un 
fr.igme'U  dans  l'article  C/:lkri.>  ;  nous  enga- 
geons le  lecteur  à  y  recourir. 

Ce  fut  en  251  que  ces  co  ifesseurs  furent 
mis  hors  de  prison  ,  mais  malheureus '- 
m  nt  pi  isieurs  d'entr»  eux  to  libèrent  dans 
le  schisme  de  Novalien.  Ce  fui  un  nommé 
Novat  (]Ui  les  entraîna  dans  ce  malheur  ; 
ceux  qui  d  vinrent  ainsi  scliismalicpies  fu- 
rent Maxime,  Nicostrate,  Urbain,  Sidoine  et 
Maiaire.  Ai^ende  demeura  ferme  da  is  la 
foi.  Saint  Moyse  fit  plu>;.  il  se  déclara  ouver- 
tement conlro  les  erreurs  de  Novaticni,  le 
Sf'nian  «le  sa  ■  ■lunion,  avec  cinq  prêtres 
qui  riaient  .itiques  comme  lut. 

Sain  Moyse  ajouta,  quehîue  temps  «près, 
le  titre  de  martyr  à  c»  lui  de  confesseur.  N'ers 
la  tin  de  lanné  ■  251,  il  donna  sa  vie  pour  la 
foi,  en  soull'ranl  à  Ro  ne  un  glorieux  martyre. 
Saint  Corneille  léc  ■  -  ifu.>  sa  constance 
fut  admirable.    LI'.  ut  sa  fêle  le  25  no- 

vembre ;  peul-élre  celle  date  est-elle  celle 
de  l'annivtMs lire  de  - '<       ^rt. 

Les  coid'e^-eiirs  ^  i  tiques  qiii  avaient 

suivi  Novat  ne  se  co  it.  ntèrenl  pas  de  per- 
sister dans  leur  err  iir.  mais  ils  allèreit  jus- 
ipi'i'»  écrire  des  h  tires  srhismatiques ,  sur 
1  autorité  desquelles  Novalitm  se  prodatna 


S77 


MOY 


MOY 


t7H 


rtv(V[nn  (lo  Rnino  ;  «'(i  lUt  im  Knuid  sc/ind.ilo 
v\  Mil  Kiiiiid  Iniiihli'  (l/iiis  l'hlKliso.  S.iiiil  1)0- 
iiis  cl  si\\\\l  C.yi»"'''"  '''"'■  <''<'iivii('iil.  l'.nlin 
^l»v^ll  (MîiMl  [i.Vrli  (li>  Uoiuc,  IMimi  |M'iiiiih|iin 
les  ((iiircsscMii'.s,  i|iii  nviiiciit  t'ii  In  iiiiiIIk'iii' 
(le  1(1  ,suivr(i  (l.iii.s  sddôlcslfjili'  oriTtir,  rovin- 
s(Mit  h  In  \6v'\l^'.  Miixiiiir,  l!il)(Uii,  Sidui'u»  cl 
Mac.iirc,  rcrdnVciil  d^iis  le  sein  de  l'Isi^lisc, 
t|iii  les  rend  nvor  une  ^ninde  jitie.  M;i\ime 
l'id  réintègre  dims  son  iniiiisl^re  do  |if(HrL'  ; 
NietislDdc  seul  pcisisla  d;ns  scvs  (M'i'ciirs. 

MOYSI":  (sailli),  rt|t(Mrc  cl  cvc^nic  (\vs  Snr- 
rrtMiis,  ('Inil  liii-m(^mc  SaiT.isiii  de  naissn'ico. 
Il  a  V(''(ii  liiii^lemus  dans  un  dcsorl  sitnii 
ordre  l'i'lijçyiile  et  la  Paleslinc,  el  en  sorlit 
dans  les  ciicoiistnniM^s  snivanlos:  Sons  le  i^- 
j<iic  de  JnlioM  el  de  ('(inslanliii,  les  Uitmains 
(Maieiil  alliés  avec  les  Sarrasins,  qni  roinpi- 
reni  violeninient  celle  aliianc(>  h  la  n\oi-(  do 
leur  roi,  cl  ayanl  la  reine  Mauvii!  j\  leur  UMo, 
S(>  nnreiU  h  ravager  los  provinces  romaines 
depuis  ri'lgyplc  jus(prh  la  Syrie.  Les  Ko- 
niaiiis,  enibarrasscVs  dans  d'aulrcs  guerres, 
envoyèrent  des  ambassadeurs  pour  deman- 
der la  paix.  iMauvi(\  qui  venait  d'embrasser 
la  religion  chrcHiciuie,  y  consentit,  mais  à 
eondilion  qu'on  lui  enverrait  l'illustre Moyse 
qui  taisait  tant  de  miracl.  s,  voulant  le  nom- 
mer évoque  de  son  [)a ,  s.  L'empereur  lil  donc 
venirnotre  saint  .^  Alexandrie  alin  d'ùtre  sacré 
cWéque  par  le  taux  iialriarclie  Lucas.  Moyse 
refusa,  à  la  gramic  humiliation  de  cet  inti'us, 
et  ct)mme  le  salut  do  l'empire  dépendait  do 
l'ex tradition  de  notre  saint,  l'empereur,  quoi- 
que arien,  lut  forcé  de  le  l'aii'c  sacrei'  |)ar  los 
évéques  catlioliques.  Il  {)artit  ensuite  pour 
le  lu'u  où  il  était  mandé  el  convertit  un  grand 
nombre  d'nilidélcs.  Cependant  nous  n'avons 
aucun  document  authentique  sur  les  heu- 
reux effets  do  son  gi  and  zèle,  ni  sur  les  mira- 
cles par  lesquels  Dieu  conlirma  sa  mission 
apostolique.  L'Eglise  fait  sa  fête  le  7  fé- 
viier. 

MOYSE  (saint),  abbé,  prêtre  et  martyr, 
était  né  en  Ethiopie.  11  était  de  race  nègre 
et  fort  grand.  Sa  première  condition  fut  l'es- 
clavage ;  il  appartenait  h  un  bourgeois,  qui 
le  chassa  de  chez  lui,  parce  qu'il  le  volait 
et  était  très-méchant.  On  prétend  qu'il  était 
allé, jusqu'à  commettre  des  meurtres.  Parti 
de  chez  son  maître,  il  se  mit  à  la  tête  d'une 
bande  de  voleurs.  Lnjour,  un  berger  avec 
ses  chiens  l'ayaiit  empêché  d'exécuter  un 
mauvais  dessein,  il  résolut  de  s'en  venger. 
Il  le  chercha  partout  pour  lo  tuer.  Ayant  ap- 
pris que  ce  berger  était  de  l'autre  côté  tiu  Nil 
alors  débordé  et  fur.  lai  ge,  il  mit  ses  habits 
sur  sa  tôle,  prit  son  éfiée  entre  ses  dents,  et 
passa  à  la  nage.  Le  berger  l'.tyant  vu  venir 
s'alla  cacher  dans  une  caverne.  Moyse  ne 
pouvant  faire  ce  qu'il  avait  résolu,  tua  qua- 
tre des  plus  grands  béliers  du  troupeau,  les 
attacha  avec  une  corde,  et  repassa  !e  Nil,  en 
les  tirant  après  lui.  Il  les  vendit  ensuite 
pour  s'enivrer.  La  grandeur  des  crimes  de 
Moyse  ne  sert  qu'à  faire  admirer  davantage 
la  vertu  que  lui  procura  sa  pénitence.  On 
ne  sait  counnent  il  l'ut  touché  par  la  grâce, 
mais  il  embiiissa  immédiatement  la  vie  soli- 


tair(\  5'il  laul  en  croire»  l'aphimce  de  Scélé, 
il  •^^^  retira  dans  un  mMnn'«'cn«  pour  éviter  Ift 
cli.'UiiiicrM  qui  r/iltcndinl  pour  un  h'xiuridc. 
Il  avait  environ  tienle  ans  (pi/ind  il  se  cori- 
veilil.dar  il  nimirul  vci>  ;j'.).'i,  Ak^  de  Vîi /iin. 
Il  se  relira  d'nburd  a  Sc('lé,  on  saint  Macairo 
dl!;;\pl<i  gouvernail  les  soliinireh.  Apiè<y 
avoir  passé  ipielipie  leinps,  il  vini  h(>  pl/nn- 
dre  h  ce  <aiiil  abbé  de  ce  qii(«  les  trcrpieiilcs 
visites  de  se  fièrfîs  rempérliaieiil  de  vivriî 
(l/ins  uno  s(dilnd<'  aussi  complète  (pi  M  le  dé- 
sirait. Saii  I  Macaire,  voyant  (pj'ii  ('•i;iil  d  lui 
naturel  trop  facile  ol  trop  faibles  |)our  IcMiner 
.sa  noi  le  à  ceux  (pii  le  venaient  voir,  lui  ( oii- 
seitla  d(î  s'en  aller  dans  un  lieu  plus  rclin': 
du  désert  d(»  Scété,  nommé  iN-tia.  (y'csi  de  là 
(pi'il  esl  (pieNpicfois  noiinné  Moyse  de  Fé- 
Ira.  Il  trouva  en  ce  hou  h;  i'0|ios  (jifil  cher- 
chait, au  point  d(!  vue  (pio  nous  venons  d(î 
divo  ;  mais  le  dénïon  lui  livra  les  assauts  les 
plus  lerribles  pour  le  faire  nuiilicr  dans  le 
jtcclié  d'impudicilé  auquel  il  s'élail  arici(;n- 
ncinenl  abandonné  sans  réserve.  Il  fut  l'ail 
prêtre  (leScété  par  rarcl!ov0(pie  d'AUnandrio 
(probablement  rhéo|)hile, qui  futélevé  à  l'épis- 
copal  en  l'an  385].  L'évê(]ue,  voulant  éprou- 
ver son  huinilit(>,  oi'do'Uia  aux  ecclésiasii- 
ques  de  le  chasser  quand  il  so  présenterait 
à  l'autel.  Lors  donc  qu'il  arriva,  ils  le  ren- 
voyèient  en  lui  disant  :  «  Sortez  de  là,  Eihio- 
pien  1  »  Il  sortit,  et  on  l'eitendait  qui  se  di- 
sait à  lui-même  :  «  Tuas  ce  que  tu  mérites  ; 
tu  n'es  pas  un  homme,  |)0ar(|U0i  as-tu  élu 
assez  hardi  do  le  mêler  parmi  les  hommes?  » 
Le  gouverneur  de  la  province  ayant  entendu 
liai  1er  do  lui  vint  le  voir  pour  recevoir  sa 
îîénédiction;  le  saint  l'ayant  su,  prit  la  fuite. 
En  chemin,  lo  gouverneur  l'ayant  rencontré, 
lui  demanda  où  était  la  cellule  de  Moyse  ; 
celui-ci  lui  dit  :  «  Eh  !  pourquoi  le  cherchez- 
vous  ?  c'est  un  fou  et  un  possédé.  »  Le  gou- 
verneur, entrant  à  l'église,  parla  aux  ecclé- 
siastiques, et  leur  raconta  ce  qui  était  ar- 
rivé. Alors  eux,  très-fàchés,  lui  demandè- 
rent qui  lui  avait  dit  cela,  et  comment  était 
fait  l'homme  qui  lui  avait  parlé.  «  C'est  un 
vieillard,  dit  le  gouverneur,  qui  est  grand  et 
fort  noir  ;  il  a  des  habits  très-vieux.  »  Ils  lui 
dirent  alors  :  «  C'est  l'abbé  Moyse  qui  vous 
a  parlé  ainsi,  parce  qu'il  ne  voulait  pas  que 
vous  l'allassiez  voir.  » 

Saint  Moyse  vécut  dans  son  désert  avec 
une  très  grande-perfection.  Il  avait  le  don 
des  miracles.  Tous  ses  religieux  le  chéris- 
saient. Il  était  plein  de  chariié  pour  eux.  En- 
fin Dieu  lui  accorda  la  couronne  du  martyre. 
Un  jour,  sept  solitaires  se  trouvaient  avec  lui  ; 
il  leur  dit  :  «  Les  barbares  viendront  aujour- 
d'hui en  Scété  ;  allez  et  fuyez.  —  Et  vous, 
mon  père,  lui  dirent-ils,  ne  fuyez-vous  pa« 
aussi  ?  »  11  leur  répondit  par  cette  admira- 
ble parole  :  «11  y  a  bien  longtemps  que  j'at- 
tends ce  jour-ci  pour  vérifier  ce  qu'a  dit  Jé- 
sus-Christ :  Tous  ceux  qui  prendront  l'épée 
périront  par  Vépée.n  Les  autres  frères  lui  di- 
rent :  «  Nous  ne  fuirons  pas  non  plus  et  nous 
mourrons  avec  vous.  —  Je  n'en  suis  pas 
cause,  répondit  le  saint  ;  c'est  à  chacun  do 
.,  vous  à  voir  ce  qu'J  a  à  faire.  »  En  causan!; 


279 


MUS 


Mrs 


280 


ainsi, ils  virontlrs  barbnros  quiapprorhaiont; 
ils  ontn'rtMit  d.ins  In  (  olliile  o'  les  mironl  h 
mort.  11  n'y  en  eut  (pi'un  (^iii  érhappa,  en  se 
c<n  h-mt  drVrière  des  nallos  do  palmier. 

T.Ki^li'^e  c(^lM>r('  la  fiMe  dt* saint  Mo\  se  le28 
aoOl.ionr  aiimu-l  Baronius  l'a  inscrit. 

MCCE  (saint),  prôtre  et  martyr,  soutTrit  d'a- 
bord sous  le  proronsnl  Laodice  et  l'empe- 
reur D  oclétien  pour  la  défense  <!e  la  religion 
chrétienne,  dans  la  ville  d'.Vmphipolis,  d'où 
ayant  tHé  mt-né  h  Byzance  :  il  eut  la  t(^te 
tranchée.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le  13 
mai. 

MITIEN  ,'saint\  fut  honoré  .le  la  palme  du 
martyre  avec  saint  Marc.  Ils  furent  tous  deux 
décapités.  Un  jeune  enfant  le«  avertissait  tout 
haut  et  en  jiresence  d"s  bourreaux  denejjas 
sacrifier  aux  idoles  ;  il  fut  fouetté  d'abord, 
mais  comme  il  persistait  toujours  à  confes- 
ser Jésus-Christ,  on  le  massacra  avec  un  au- 
tre chrétien  nommé  Paul,  qui  exhortait  éga- 
lement les  martyrs.  L'Eglise  fait  leu^*  fête  le 
3juillel. 

MTCiUS  fsaint),  diacre  et  martyr,  fut  mar- 
tyrisé en  Perse  en  l'honneur  de  Jésus-Christ. 
Il  eut  pour  compagnons  de  son  martyre  le 
diacre  Luc  et  les  trois  prêtres  Parmène,  Hé- 
liménas  et  Chrysotèle.  Les  Actes  des  saints 
Abdon  et  Sennen  décrivent  le  martyre  de 
notre  saint  et  du  diacre  Luc.  L'Eglise  fait 
collectivement  leur  fête  le  22  avrd. 

•MUSON  (sAint),  recueillit  la  palme  glo- 
rieuse du  martyre  h  Néoc'sarée,  avec  les 
saints  .Mardoine,  Eugène  et  Métellas.  Ils  fu- 
rent brûlés  vifs  et  leurs  cendres  jetées  ilans 
la  rivière.  L'Eglise  honore  leur  sainte  mé- 
moire le  2'»  janvier. 

ML'STIOLE   fsainte),  habitait  Chiousi  en 
Toscani'.  C'est  dans  cette  ville  qu'elle  eut  la 
gloire  de  donner  sa  vie   pour  la  foi  chré- 
tienne. L'empereur  Aurélien,  ayant  envoyé 
ïurcius  [)Our  rechercher  et  faire  mourir  les 
chrétiens   de  Sutri  et  des  autres  vdies  du 
pays,  cet  ollicier,  venant  de  Sutri,  s'arrêta  à 
Chiousi,  OÙ  il  lit   mettre  en  prison,   avec 
beaucoup  de  chrétiens   de   cette   dernière 
ville,  le  saint   diacre  Irén'O,  qu'il  avait    fait 
arrêter  à  Sutri,  parce    qu'd  avait   enterré  le 
corps  du  saint  prêtre  Félix.  Ces  saints  con- 
fésicurs    attendaient    en  prison   le  jour  où 
Turcii'S   les   ferait    comparaître,   manquant 
absolument  de  tout.  Musliole,  qui  était  ex- 
trêm!.inent  riche  et  d'une  des  premières  fa- 
r.'v'iies  du  ()ays  (elle  était  cousituî  de  l'empe- 
reur Claude),  allait  visiter  les  saints  confes- 
seurs dans  leur    prisnn  :  elle  leur  portait, 
avec  les  choses  nécessaires  h  leurs  besoins, 
le  secours  des  exhortations,  des  consolations 
que  sa  charitr-  lui  ins|)irail.  Turcius  l'ayant 
Sii,  la  tii  aiiMMier   nar    ses   gens.  La  beauté 
très-remarquable  aela  sainte  lui  fit  uno  pio- 
fonde  inq»ressir>ii,  et  il  la  fit  lecnnduire  chez 
elle  avi.'c  grand  hoiuieur.  Il  alla  la  visiter,  es- 
pérant la  décider  h  l'épouser  ;   il  s'informa 
avi'C  grand  soin  de  sa  nol)Iesse;    mais  elle 
lui  dit  qu'elle  ne  connaissait  (pi'une  noblesse 
en  ce  monde,  crl'e  qui  consistait  en  h  sainte 
humilité  des  clirétiens.  El  cnnime  il  uisislaif 
beaucoup  pour  la  décider  à  renoncer  au 


christianisme,  elle  traita  ses  propositions  de 
folie  et  de  blasphèii\e.  ^'ioIemment  irrité, 
Turcius  donna  l'ordre  de  décapiter  immé- 
diatement tous  les  confesseurs,  k  l'exception 
de  saint  Irénée,  qu'il  fit  amener  devant  Mus- 
tiole,  étendre  sur  le  chevalet,  tléchirer  avec 
les  ongles  de  fer  et  brûler  avec  les  torches 
et  les  lames  ardentes,  jusqu'à  ce  qu'il  en 
mourut.  Musliole  lui  reprocha  avec  énergie 
son  horrible  cruauté;  alors,  Turcius  dicta 
une  sentence  ([ui  la  condamna  k  être  battue, 
avec  des  fuuels  armés  de  plomb,  jus(pi'c\  ce 
qu'elle  expirât  :  cette  sentence  fut  mise  à 
exécution.  La  sainte  mourut  le  3juillet,  pro- 
bablement le  même  jour  que  le  saint  diacre 
Irénée.  Ce  fut  un  chrétien  nommé  Marc  qui 
prit  soin  de  son  cor[)S.  et  qui  l'enterra  près 
de  Chiousi.  L'Eglise  honore  la  mémoire  de 
sainte  Musliole  le  3  juillet. 

Ml'SlLMANS  iPerséci  Tio\s  des)  d'Espa- 
gne ;i  Cordoue.  Celte  persécution,  célèbre 
dans  les  fastes  de  l'Eglise,  commença  dès 
les  premi(TS  temps  du  règne  d'Abdérame  H 
(et  non  pas  111,  conmie  le  dit  Fleury),  fils 
d'AI-Hakem  et  quatrième  calife  onlmiade 
d'Espagne.  Ce  prince  régna  de  821  h  8.52. 
Adolplie  et  Jean,  tous  deux  frères,  furent 
martyrisés,  et  leurs  Actes  furent  écrits  par 
Spéraïndes.  abbé  de  Cutéclar.  L'Eglise  fait 
leur  fêle  le  27  septembre.  Deux  vierges  chré- 
tiennes, Nunilo  et  Alodia,  furent  martyrisées 
à  Najara  en  Navarre,  en  8V0.  L'Eglise  les 
hoioi e  le  22  octobre.  La  translation  de  leurs 
reliques  à  l'église  Saint-Sauveur  de  Leyre, 
nommée  alors  Légerense,  eut  lieu  en  8V2. 
Ce  furent  en  quelque  sorte  là  les  préludes 
de  la  persécution  ipii  commença  en  8o0.  Le 
nrêlre  Parfait,  né  ii  Cordoue,  et  élevé  dans 
le  monastère  de  Saint-Acisde,  où  il  avait 
passé  presque  entièrement  sa  jeunesse,  était 
fort  bien  instruit  de  la  science  ecch'siasti- 
que,  et  connu  des  musulmans,  parce  qu'il 
possédait  parfaitement  la  langue  aral)e  ; 
mais  il  avait  autrefois  renié  la  foi  devant  le 
cadi,  ou  juge  des  musulmans,  par  la  crainte 
de  la  mort.  Saint  Aciscle,(pieje  viensde nom- 
mer, est  un  martyr  fameux  qui  souffrit  h  Cor- 
doue, sous  Dioelétien,  avec  sa  S(eur  Victoire» 
et  l'Eglise  les  honore  le  17  novembre. 

l'n  jour,  comme  le  prêtre  Parfait  pa'^.sait 
par  la  ville  pour  ses  alfaires  parliculières, 
quehpies  musulmans  lui  firent  des  qut'stions 
sur  la  religion  et  lui  demandèrent  son  senti- 
ment louchant  Jésus-Christ  et  Mahouiet. 
«  Jésus-Christ,  dit-il,  est  Dieu  au-dessus  dQ 
tout,  béni  dans  tous  les  siècles;  pour  votre 
prophète,  je  n'ose  vous  lire  ce  que  les  chré- 
tiens en  pensent,  vous  en  seriez  trop  oflTen- 
sés  ;  mais,  si  vous  me  donnez  parole  de  no 
vous  point  fâcher,  je  vi»us  le  dirai.  »  Ils  lui 
promirent, et  il  continua,  leur  parlant  arabe: 
a  Nous  croyons  cpie  c'est  un  de  ces  faux 
proplu^-tes  prédits  dans  l'Evangile,  qui  en  a 
s(''duil  plusieurs  et  les  a  entraînés  avec  lui 
au  feu  éternel.  »  11  ajouta  plusieurs  cho«es. 
touillant  les  impuiett's  que  leur  religion 
autorise. 

Ils  dissiniulèreiii  pnur  lors  leur  indigna^ 
lion  ;  mais,  peu  de  temps  après,  saint  Parfait, 


281 


MlîS 


MIS 


m 


ay.iiil  ciicdic  l'tr  (iltli^;('i  df  snriir  poiii- (|m'I- 
qut'  .illaii'c,  les  iiiciiics  miiMiliiuiii^  le  viioiil 
vcuii-  (lo  loin ,  l'I  *lin'iil  (iii\  ns.sislaiil.s  : 
((  \(»ici   ii'i    lioiiiim-  i|iii   (li'iiiirn'im'iil    jmo- 


ui-  l>i    II  lu'iiissr, 
('   vous  ne  (Kiur- 

I'  |l|IIT|ll   cl    l'cti- 


hoik;.'!  coiilii!  II!  |»i()|ilicli',  1 
(l(\s  itl.'isiili^iiKVs  (|ii'aiinin  ( 
rail  s(MiHVir.  »  Aus.MhM  ils 

IcVl^TCnl  MVt'C   l.llll  (11-  viU's^iC,   (IW  à    |ll'lll(' SCS 

pieds  loucliaiinil  h  tcno,  lu  prcsciih'^niiU  au 
raili  (>l  liii'cnl  :  «  (Ici  lioininc  a  inaiidil  ni)lr(> 
jtroplirlc.  cl  r.iil  des  rcpiiKlics  à  cciiv  (|iii 
l'hoiiorcil  ;  vous  sav(!/,  (}ucllo  pciu»'  uiciilc 
U'i  It'l  criiiic.  »  l.c  l'.uli  lo  lil  uu'lli'c  en  prison, 
cliai'^c  lit)  l'ers  lics-pesa'ds,  pour  le  l'aire 
mourir  )\  la  l'tMi'  (pii  leur  lienl  lieu  de  1»,\- 
(pies.  Sain!  Partait  s'appliipia  d  ins  la  prison 
aux  veilles,  auv  jeilnes  cl  à  la  pri(!ire,  pour 
se  l'orlilior  dans  la  foi  ((u'il  avait  aulrel'ois 
niée.  ('e[)endanl  il  prédit  la  mort  de  l'cn'iu- 
(pie  Na/ar  lla;^el),  ou  uiailre  lie  (chambre, 
(|ui  était  le  principal  ol'licier  du  sultan,  et 
(pii  i;ouv(>rnail  toutes  les  alVaires  d'Ivspa^ne. 
Sainl  l'arl'ail  dit,  en  parlant  do  lui  :  ><  Cet 
liomnu»,  aujourd'hui  si  puissant,  no  verra 
pas  la  lin  do  l'année  aprùs  ([u'il  m'aura  l'ait 
mourir.  » 

Saint  Parfait  douioura  quelques  mois  en 
prison:  et  enlin,  lo  jeAni^  solennel  du  n)ois 
ramadan  étant  |)assé,  vint  la  félo  qu'ils  célè- 
brent le  premier  jour  du  mois  chaoiial,  et 
qu'ils  accoinpaj^nent  do  ij;ran(los  réjouissan- 
ces. Le  martyr  tut  tiré  do  |)rison,  et  uu)né 
au  delà  du  ileuvo  Bétis,  dans  une  grande 
plaine,  au  midi  do  la  vill(>  do  Cordoue,  pour 
V  être  evécuté.  Le  pou|)lo  accourut  en  foule 
a  ce  spectacle  :  saint  Parfait  répéta  les  ma- 
lédictions qu'il  avait  données  h  Mahomet  et 
à  ses  sectateurs,  et  eut  la  tête  tranchée  le 
vendre. li  18  avril  850,  jour  auquel  l'Eglise 
honore  sa  mémoire.  L'eunuque  N  zar  mou- 
rut dans  l'an,  comme  il  avait  [)rédit. 

Un  marchand,  nommé  Jean,  fut  accusé 
dans  le  môme  temps  d'avoir  mal  parlé  de 
Mahomet,  et  d'exciter  ceux  (|ui  vouaient 
acheter  à  lui  à  quitter  sa  secte.  Le  cadi, 
ne  trouvant  pas  suffisant  le  témoignage  de 
ceux  qui  l'accusaient  pour  le  condamner  à 
mort,  le  fit  fouetter  cruellement,  pour  l'o- 
bliger de  renoncer  à  Jésus-Christ.  Mais  Jean 
confessa  ce  qu'on  lui  reprochait,  et  prote>ta 
qu'il  conserverait  jusqu'à  la  mort  la  religion 
du  crucifié.  Le  cadi  lui- fit  tionner  plus  de 
cinq  cents  coups  de  fouet  ;  puis,  demi-mort, 
il  le  fit  mettre  sur  un  âne,  à  rebours,  et  pro- 
mener par  toute  la  ville,  avec  un  crieur  qui 
disait  :  «  On  traite  ainsi  quiconque  blas- 
phème contre  le  prophète  et  se  moque  de  la 
religion.  »  On  le  mit  ensuite  en  prison, 
chargé  de  fers  très-pesants;  et  saint  Euloge, 
qui  a  écrit  cette  histoire,  l'y  trouva  quand 
il  y  fut  mis  lui-même.  Ces  deux  martyrs, 
Pitffait  et  Jean,  furent  les  premiers  dont 
l'exemple  excita  les  autres.  (Fleury,  vol.  III, 
p.  33V.) 

A  Cordoue  ,  la  persécution  continuait 
toujours.  Aussitôt  qu'ils  eurent  appris  le 
nuirtyre  de  saint  Parfait,  plusieurs  inoines 
vinrent  publiquement,  quittant  leurs  solitu- 
des, parler  contre  le  faux  prophète,  si  bien 


que  les  Muisulmans  en  cproiivèretit  mm 
Kraiido  é|iiiuvante.  Ils  (Ml  VMuenl  pi.S(ju'ù 
prier  les  clirélioMs  du  nd  cotitctiir  :  ils  crai- 
Hiiaicnl  une  révolle.  Les  ijr)uiiiiali'urs  nou- 
ve.iux  vivaiinit  au  nulieii  d'une  population 
conipiiso,  il  est  vrai,  mais  noml)reu^(^(;omImJ 
on  le  voit  par  les  églises  cl  p.n-  jcs  iiionas- 
lèros  dont  il  est.  parlé  dans  cclhî  persécu- 
tion. Or,  cett(!  hisloire  écrite  par  saint  Ku- 
ln;^c,  aiileur  coiileiiipor.U'i,  esl  ,'i  r.ibri  de 
tout  soupçon.  Les  l'ispagiiols  et  les  Aiabes 
formaienl  (i(>ux  nations  (Mitiéremcnt  dis- 
tinctos,  comme  aujourd'hui  les  <irec.s  et  les 
Turcs. 

Le  premier  moitu! ,  dit  Flourv,  qui  souf- 
frit le  martyre  cm  cette  p(n•^ecutioll,  fui 
Isaac.  Il  étail  né  à  Cordoue,  do  paronls  no- 
bles et  riches;  cl,  comme  il  savait  bimi 
l'ai/ibe,  il  faisait  la  charge  de  greflioi'  pu- 
blic, étant  encore  dans  la  lleur  do  sa  jeu- 
nesse,  quand  tout  d'un  <:oup  il  la  quitta 
pour  embrasser  la  vie  monasliipn!  ,'i  Tabano, 
monastoro  situé  à  sept  mille  de  (iordoue  , 
dans  le  fort  des  bois ,  sur  les  plus  âju-cs 
montagnes,  et  qui  était  double  d'hoinmos  et 
do  femmes.  Il  y  avait  été  ff)ndé  [)ar  Jérémio, 
cousin  d'Isaacj  homme  fort  riche ,  qui  s'y 
était  retiré  avec  sa  femme  Elisabeth,  leurs 
enfants  et  pros((ue  toute  leur  famille.  Mar- 
tin, frère  d'Elisabeth,  en  était  abbé,  et  Isaac 
y  d(Mueura  trois  ans  sous  sa  conduite. 

Ensuite  il  vint  à  Cordoue,  dans  la  place 
publiipio,  s'adressa  au  cadi,  cl  lui  dit  : 
«  J'embrassei-ais  volontiers  votre  religion  si 
vous  vouliez  bien  m'en  instruire.  »  Le  cadi 
lui  dit  qu'il  fallait  croire  ce  que  Mahomet 
avait  enseigné,  suivant  les  révélations  de 
l'ange  Gabriel,  et  commença  à  lui  exj)liquer 
sa  doctrine.  ^  Il  a  menti,  reprit  Isaac,  par- 
lant arabe,  il  est  maudit  de  Dieu  pour  avoir 
attiré  en  enfer  avec  lui  tant  d'ûmes  qu'il  a 
séduites.  Vous  autres,  qui  êtes  savants, 
comment  ne  sortez-vous  pas  de  cet  aveugle- 
ment ,  ot  n'erabrassez-vous  pas  la  lumière 
du  christianisme?»  Il  dit  beaucoup  de  choses 
semblables,  dont  le  juge,  surpris  et  hors  de 
lui,  le  fra[)pa  au  visage  ;  mais  il  en  fut  repris 
par  ses  conseillers,  qui  lui  représentèrent 
qu'il  oubliait  sa  gravité,  et  que  leur  loi  dé- 
fendait de  maltraiter  les  crim  nels.  Alors  le 
cadi,  se  tournat\t  vers  Isaac,  lui  dit  :  «  Peut- 
être  es-tu  ivre  ou  frénétique,  et  tu  ne  sais 
ce  que  tu  fais.  »  Is  ac  lui  répondit  :  «  Ce 
n'est  ni  vin  ni  maladie  qui  me  fait  parler, 
c'est  le  zèle  de  la  justice  et  de  la  vérité,  pour 
laquelle  je  ne  refuse  pas,  s'il  en  est  besoin, 
de  soulfrir  la  mort.  » 

Le  cadi  l'envoya  en  prison ,  et  en  fit  aus- 
sitôt son  rapport  au  roi,  qui  le  condamna  à 
mort,  pour  avoir  ainsi  parlé  du  prophète.  On 
lui  cou])a  donc  la  tête ,  puis  on  pendit  le 
corps  par  les  pieds  au  delà  du  tlouvc,  pour 
être  en  s:)ectacle  à  toute  la  ville.  C'était  l'ère 
d'Espagne  8h9,  c'est-à-dire  l'an  831,  lo  mer- 
credi 3  juin,  jour  au({uel  l'Eglise  honore  la 
mMnoire  de  ce  saint  martvr.  Ouelquesjours 
afirès,  son  corps  fut  brrllé  avec  ceux  des 
martyrs  qui  l'avaient  suivi,  et  les  cendres 
jetées  dans  le  fleuve. 


885 


MUS 


MUS 


284 


Le  vondn^di  5  dn  môme  mois  de  juin  ,  fut 
aussi  d<^tvipit<*  Snnrhe,  jeune  homme  Inique, 
natif  d'Alhi,  d'où  il  av.TJt  6[r  ,intrefoi><  amené 
captif.  eJ  depuis  mis  en  liberté  ,  cl  re(;u  au 
nombre  des  gardes  du  roi  et  h  ses  gaines.  î.e 
dimanche  7  juin  ,  furent  martyrisi's  six  antres 
chrétiens,  savoir  :  Pierre,  V'alahonse,  Sahi- 
nien,  Vislrémond,  Habrntius  et  Jérémie. 
Pierre  était  prêtre,  natif  d"Astigi,  •!  avait 
étudiée  Cordoue.  Valaboise  était  hatifd'Elé- 
ple:  son  père  avait  épousé  une  femme  arabe, 
et  l'avait  convertie  h  la  foi  chrétienne, re  qui 
l'obligea  de  quitter  son  pays  et  do  fuir  en 
divers  lieux,  jusqu'h  ee  qu'il  arrivât  h  Fro- 
nien,  petite  ville  dans  la  montai^ne,  à  quatre 
lieues  de  Cordoue.  Sa  femme  y  mourut ,  le 
laissant  chargé  de  deux  enfants,  Val.dionsc 
et  Marie.  Il  mit  son  fils  dans  le  moiastèrede 
Saint-Félix  de  Fronien,  sous  la  ronduile  de 
l'abbé  Sauveur,  et  consacra  à  Dieu  sa  fi  le 
dans  le  monastère  de  Sainte-NFarie  de  Cuté- 
clar.  Après  la  mort  de  l'abbé  Sauvcui ,  Vala- 
bonse  ri'vint  auprès  de  son  nère,  et  fut  en- 
suite ordonné  diacre.  Il  fui  cliarjjé  ,  av.'C  le 
prêtre  Pierre,  de  la  conduite  du  monastère 
de  femmes  de  Sainte-Marie  de  Cutéclar ,  près 
de  Cordoue,  sous  la  dircciion  de  l'dbbé  Fru- 
gelle,  qui  demeurait  proche  avec  sa  coramu- 
naulé  de  moines.  Sabinien  et  Vistrémond 
ëîaienl  du  moiuistère  de  Saint-Zoïle  li'Arnii- 
lat,  ainsi  nouuué  de  la  rivière  sur  laquelle 
il  était  situé,  dans  un  aiïreux  désert ,  à  dix 
lieuf'S  de  Cordoue  au  septentrion.  Haitenlius 
était  de  Cordoue,  et  y  avait  embrassé  la  vie 
monastique  à  Saint-Clirisfoflc,  situé  vis-à- 
vis  de  la  ville,  sur  le  Jleuve  Bétis,  où  il  vi- 
vait reclus,  ne  se  niontrant  (|ue  [)ar  une  fe- 
nêtre, portant  des  lann-sde  fer  sur  la  chair. 
Jérémie  était  le  vieillard  qui  avait  fondé  le 
monastère  de  Tabane. 

Ces  six  vinrent  ensemble  se  présenter  au 
cadi,  et  crièrent  tout  d'une  voix  :  «  Nous 
sommes  dans  les  mêmes  sentiments  que  nos 
frères  ls.'iac  et  Sanclie  ;  contlamnez-Mous  de 
même.  Nous  co!ifesi.ons  que  Jésus-Christ  est 
Dieu,  nous  reconnaissons  votre  prophète 
pour  précurseur  do  r.inlechrist,  et  nous  dé- 
[dorons  votre  aveuglement.  »  Aussilùt  ils 
furent  cond.nn'n'-.s  h  perdre  la  têli;  :  toute- 
fois le  vifillard  Jéi'(''mie,  pour  quelcpie  chose 
qu'd  avait  dit  de  plus  loi  l  que  les  autres, 
lut  auparavant  riidt ment  fouetté  j  .squ'»^  ne 
jxtuvoir  se  .soutenir.  Quaml  ils  fuicil  arri- 
vés au  lieu  du  supplice,  ils  s'y  excitaient  les 
uns  les  autres.  IMene  et  Vafabonse  furent 
exécutés  les  premiers  ;  tous  les  corps  fu- 
rent attach  s  h  des  pieux,  et  (|uelipies  jours 
aprcs  bn^lés  dai  s  un  grand  feu  ,  et  les  cen- 
dres jetées  dans  le  lleuv.-.  L'Eglise  fait  la 
mémoire  de  ces  six  martyrs  le  jour  do  leur 
mort. 

Un  diacre,  nommé  Sisénand  ,  se  présenta 
aussi  «umart\re,  invité-,  connue  d  disait, 
par  Pi»Trc  et  ^aabo">f'  depuis  qu'ils  furent 
au  ciel.  Il  était  nald'.lr  II  .i.ijo^;  »  tavaiU  été 
amené  de  Cordoue  nom  «tndier,  il  i'ut  élevé 
dans  le  monastère  Je  S.uil-A<  isrlc.  On  crut 
qu  il  avait  apj»ris  par  lévé-latiun  rhmre  de 
son   supplice;  car,    étant  daus  la  pnson  et 


faisant  réponse  h  un  ami,  après  avoir  écrit 
trf»is  ou  qu«lre  lignes,  il  se  leva  tout  d'un 
cnn|»  rempli  de  Joie,  et  donna  sa  réjtonse 
commencée  au  valet  qui  ralle:  dail,  en  di- 
sant :  «f  Retire-toi,  mon  enfant,  de  peur  «)ue 
les  soldats  ne  tp  prennent.  »  ,\iissit<)l  ils  ar- 
rivèrent en  criant  et  l'emmenèrent,  en  lui 
doîinant  des  soufflets  et  des  conps  de  poing. 
II  fut  jirésenté  au  cadi  ;  et  ,  ayant  persisté 
dans  .sa  confession,  on  l'exécuta  h  mort  dans 
la  fleur  de  sa  j'Minesse,  le  jeudi  10  juillet, 
la  même  année  851.  Le  corps  fut  laissé  sans 
séfiulture  it  la  porte  du  palais.  Mais  long- 
temps après  des  femmes  ayant  trouvé  ses  os 
dans  les  pierres  que  la  rivière  en  rainait,  on 
les  enterra  à  Saint-Aciscle.  L'Eglise  fait  mé- 
mo re  de  ce  martyr  le  jour  de  sa  mort. 

Le  diacre  Paul,  natif  de  Ordone,  et  él  vé 
da'^s  le  monastère  deSainl-Zoile,  servait  les 
prisonniers  avec  une  grande  charité.  Saint 
Zode  est  un  martyr  qui  soufT'il  à  Cordoue, 
avec  dix-neuf  autres,  sous  Diotlétien,  et  e-t 
honoré  le  27  juin.  L'exemple  et  les  discours 
de  saint  Sisénand  excitèrent  Paul  à  se  pré- 
senti r  au  cadi  et  à  lui  reprocher  la  fausseté 
de  sa  religion.  Comme  il  était  en  prison,  Ti- 
bérin,  jtiêtre  de  Bad.ijoz,  arrêté  depuis  vingt 
ans  |)o«r  quelque  plainte  que  l'on  avait  por- 
tée au  roi  eontre  lui,  le  [>ria  d'obtenir  sa  dé- 
livrance (jnand  il  serait  devant  Dieu,  pt  Paul 
11-  lui  promit.  Il  souH'rit  le  maris  re  le  lundi 
20  juillet,  et  peu  de  jours  après  le  prêtre  Ti- 
b  rin  sortit  de  prison  et  retourna  ch'  z  lui. 
Le  samedi  suivant,  2.5  juillet,  fut  martyrisé 
'Ihéodémir,  jeune  moine  de  Carmone,  et  en- 
ft  rré  avec  Paul  dans  l'église  de  Saint-Zoïle. 
L'Eglise  les  honore  l'un  et  l'autre  le  jour  de 
leur  martyre. 

Il  y  eut  aussi  des  femmes  qui  soutTrirent 
en  ci.'ite  persi'cution.  La  première  fut  Flore, 
née  en  un  lieu  nommé  AusiMien,k  huit 
milles  de  Cordoue,  d'une  mère  chrétienne  el 
d'un  père  musulman  ,  qui  étaient  veinis  de 
Séville.  Il  mourut,  et  sa  veuve  éleva  Flore 
dans  la  piété,  où  elle  fit  un  tel  progrès,  que 
dès  lenfance  elle  jeûnait  le  carême  et  don- 
nait secrètement  aux  pauvres  ce  rni'elle  re- 
cevait d>*  sa  mère  pour  son  dtner.  Le  carême 
était  bien  avancé  q  land  on  s'en  aperçut,  et 
sa  juère,  ([ui  cnignail  que  lejet^nc  ne  lui 
nuisit  en  un  ,1g'  si  tendre,  eut  bien  de  la 
peine  «^  l'empêcher  d'aehever.  Au  comraen- 
ceie.ent,  elle  n'osait  assister  souvent  aux  as- 
semblées des  chrétiens,  h  cavise  de  son  frère 
([ui  était  musulman,  el  (|ui  l'observait;  mais 
depuis,  mieux  instruite  de  la  nécessité  do 
confesser  la  foi ,  elle  quitta  la  maison  h 
l'insu  de  sa  mère,  el  se  retua  secrète- 
meni,  avec  sa  sœur,  chez  des  religieuses, 
où  elles  étaient  en  sûrelé.  Le  frère  s'en 
vengiM  contre  les  chrétiens ,  lit  mettre  en 
prison  quelques  clercs,  el  persécuta  les  re- 
jigieus.  s;  mais  Flore,  ne  voulant  pas  que 
I  ï';.;lise  souffrit  pour  elle,  revint  publique- 
nir  ilii  la  mai.Non,  el  dit  :  «  Me  voilà,  puis- 
que vous  me  chenh."/,  je  suis  chrétienne  et 
prête  à  tout  souîfrir  pour  Jésus-lihrist.  » 

,\lors  >on  frère,  aiirès  avoir  en  vain  essayé 
de  la  ])erverlif  par  loà  caresses,  les  menaces 


SRK 


MUS 


MIS 


186 


(tl  l(vs  (-()ii|is,  la  iiiDiui  (IrvMMl  lo  caili,  ol  dit  : 
«  Ma  j(Mino  >«rni'(|m<  voici  (il)S(M'vail  comnin 
nioi  ii(>li(<  rnlif^iMii  ,  in.us  lis  clin'licns  IVi'il 
si'tluih*.  »  l.(^  cndi  (l<Miui'i(l,'i  ?i  NIorn  rv  ijuil 
Cl  (Mail,  et  oll(^  n^|ioi)(lil  ([n'cllo  avail  1(mi- 
jdiirs  6\*S   clinMiciiiic;  In  ]U'^(\  iifilr,  Im  (Il 

Iiri-ndl'i'  piii'  iliMix  snlildls  (|ui  rt'-liMidiii'iil  eu 
ni  ton.'itit  les  iiiniiis,  et  om  lui  donna  t.inUht 
«•(tiips  i\o  IVmcl,  in<''m(^  sur  la  li'^l*',  <|in'  If 
ciAiit»  fui  dri-oiivcil.  Le  cadi  la  iciidil  h  son 
IrArc  h  demi  nioilc,  le  char^îcant  de  la  fairo 
)),ifisor,  rinstniirc  le  l;i  loi  et  la  lui  imiiic- 
]\vv.  I,n  IVric  ravanl  latiid'uV'  dans  sa  mai- 
son, la  mit  entre  les  mains  do  rjuel(|iji.'.s 
feiiimcs  pour  la  panser  (M  la  pervcriir,  ayant 
soin  d(i  la  lo'iir  Wwn  enlVrinùc.  'l'onlcfois  , 
quelques  jours  apii^s,  Flore,  so  sentant  gué- 
rie, trouva  moyen  u'i(>  mid  de  passer  par- 
dessus la  muiailie,  l>ien  cpie  fort  liaulc,  sur 
une  pelito  nuiison  voisine,  d'où  elle  k"o''« 
la  rue,  et  se  relira  dans  l{>s  lénèhrcs  chez 
uu(^  personne  lidèle,  puis  elle  sortit  de  Cor- 
doue,  et  alla  h  Ossaria ,  bourgade  près  do 
Tucci,  oCi  cll(>  dcnKMwa  <'aclu'e  avec  sa  so'ur. 
Knlin  1(>  tiésir  du  uiailyi'e  l'en  (il  sortir.  I]lle 
vint  h  Cordoue  ,  et,  cumnio  elle  priait  datis 
r(\u;lise  de  Saint-Aciscli>  et  se  r(uvjnun.Hnlait 
aux  saints  uiartyrs,  une  aulre  vicrj^e ,  iiom- 
tm^e  Marie,  y  entra  aussi  pour  prier. 

Celait  la  sceur  du  diaci-o  Valahonse,  mar- 
tyrisé peu  auyraravaiiî.  Comme  MiU'io  était 
son  aînée,  il  avait  eu  pour  elle  un  amour  et 
un  respect  (ilial,  et  elle,  de  son  côté,  l'ai- 
mait lendi'ement.  Klle  jivait  vécu  jusque-là 
dans  le  monastère  de  Catéc'ar,  où  son  père 
l'avait  mise,  sous  la  conduite  d'une  sainte 
femme  noumiée  Artémie,  dont  les  deux  (ils, 
Adolphe  et  Jean,  avaicmt  souiJert  le  martyre 
au  commencemenl  du  règne  d'Abdérame. 
Marie,  désirant  ardemment  de  suivre  son 
frère,  sorlit  du  monastère  et  vint  à  Cordoce 
chercher  le  martyre.  Elle  ciitra  dans  l'église 
de  Saint-Aciscle,  et,  y  ayant  trouvé  Flore, 
elles  se  communiquèrent  l'une  l'autre  leur 
dessein,  s'embrassèrent  et  se  promirent  de 
ne  se  jamais  séparer.  Ainsi,  dans  la  chaleur 
de  leur  zèle,  elles  allèrent  se  présenter  au 
cadi,  et  Flcjre  dit  :  «  Je  suis  celle  que  vous 
avez  fait  autrefois  déchirer  de  coups,  parce 
qu'étant  de  race  de  musulmans,  j'ai  em- 
brassé la  religion  chrétienne.  J'ai  eu  la  fai- 
bKsse  de  me  c.icher  jusqu'à  présent  ;  mais 
aujourd'hui,  me  contiant  en  la  puissance  de 
mon  Dieu,  je  vous  déclare  que  je  reconnais 
Jésus-Christ  poi.i"  Dieu,  et  que  je  déteste 
votre  faux  prouhcte.  »  Marie  ajouta  :  «  Et 
moi,  qui  ai  un  irère  entre  ceux  qui  O'^it  con- 
fe^^sé  Jésus-Christ,  je  vous  d  clare  aussi  que 
je  le  crois  Dieu,  et  votre  religion  une  ni- 
vention  des  démons.  »  Le  cadi  leur  lit  de 
lt.'rribles  menaces  et  les  envoya  en  prison 
dans  la  compagiiie  des  femmes  prostituées  : 
les  deux  vierges  s'y  appliquaient  au  jeûne 
el  à  la  prière. 

Le  prêtre  Euloge,  qui  de  son  côté  était 
alors  en  prison,  connaissait  ces  saintes  filles, 
et,  ayant  appris  que  des  chrétiens  mêmes 
travaillaient  à  les  ébranler,  et  que  leur  fer- 
meté était  en  péril,  il  composa  une  iustruc- 


lion  (^u'il  Icjur  envoya,  l-luloge  élail  né  h 
Cordout",  (11)  race  df  s(^rinleurH,  et  fui  «'•h'Vij 
dans  II  I  li-r^^é  de  IV'nlise  do  Sainl-Zode,  où 
il  su  disluiKUii  par  sa  vertu  cl  par  .sa  floc- 
Iriiie.  Mais,  non  content  des  instninlions 
(pi'il  y  r<'cevai(  ,  il  rln-rchait  partout  b's 
plus  habiles  miltr»'s,  ci  fui  ilivciple,  ««nlro 
autres,  de  l'abbé  Spéraindeo,  fanuMU  dan.s 
loiite  la  province.  Euloge,  ('•tant  verni  en 
rtgc,  fut  or(i<>uné  diacre,  et,  peu  de  tcm(is 
apiès,  il  fut  piMro  ot  mis  au  rang  des  doc- 
teurs, car  l'église  de  Cordoue  ét.iii  une  école 
ci'lèbre.  Dès  lors  il  mena  une  vie  plus  aus- 
tère, joignant  les  veilles  et  les  jeûnes  h 
l'élude  (il!  l'Ecriture  sainte.  11  visitait  sou- 
vent les  monastères  pour  s'instruire  de  plus 
en  plus  dans  la  vertu,  et,  après  avoir  |)roiit6 
de  ceux  (pii  élaienlau  voisinage  d' Cordoiir», 
il  se  servit  de  l'occ  ision  d'un  voyage  (pj'il 
fut  obligé  do  faire  en  Francr;,  Tan  S^k,  pour 
visiter  ceux  du  voisinage  de  P/nupeluric.  Il 
aji[iorla  de  ce  pays  plusieurs  livr(!S  négligés 
alors  et  j)eu  connus,  entro  nulles  la  Cité  de 
Dieu  de  saint  Augustin,  l'Enéiile  de;  Virgile, 
les  salin.'s  il'lloiace  et  de  Juvénal,  el  plu- 
sieurs hymnes  chréliennes.  11  avail  résolu 
d(î  faire  le  voyage  de  Rome  en  eS[)rit  de 
pénitence,  pour  expiei-  les  péchés  de  sa  jeu- 
nesse; mais  ses  amis  le  retinrent. 

La  persécution  étant  émue,  un  évèquc, 
noiujjîy  ReccalVèJe,  se  d 6c 'ai'a  contre  ley  mai- 
tyrs,  et  à  sa  sollicitation,  on  mil  en  prison 
révoque  de  Cordoue  et  quidques  autres,  et 
])lnsieurs  prêtres,  du  nombre  desquels  fut 
Euloge,  comme  celui  qui  encourageait  les 
martyrs  par  ses  instructions.  Ce  fut  donc 
alors  qu'il  écrivit  l'exhortation  au  martyre, 
adressée  aux  vierges  Flore  et  Marie.  11  leur 
dit  entre  autres  choses  :  «  On  vous  menace 
do  vous  vendre  publiquement  et  de  vous 
prostituer;  mais  sachez  que  l'on  ne  peut 
nuire  à  la  pureté  de  votre  <'ime,  quel|ue  in- 
faujie  que  l'on  vous  fasse  souDrir.  »  Ensuite 
il  décrit  ainsi  la  persécution  :  «  Le  fond  de 
la  prison  est  rempli  de  clercs  qui  y  chantent 
les' louanges  de  Diuu,  tandis  que  les  églises 
sont  en  silence,  désertes  et  pleines  d'arai- 
gi:ées.  On  n'y  offre  plus  d'encens,  on  n'y 
fait  aucun  service.  »  Ensuite  :  «  Ceux  qui 
veulent  vous  ébranler  vous  représentent 
ceite  soliïude  des  églises  et  la  cessation  du 
saint  sacritice.  »  C'est  qu'on  leur  proitosait 
de  céder  pour  un  temps,  afin  de  recouvrer  le 
libifi  exercice  de  la  religion.  «  Mais,  dit  saint 
Euloge,  le  sacrifice  le  rJus  agré.ible  à  Dieu 
est  la  contrition  du  cœur,  et  vous  ne  pouvez 
plus  reculer  ni  renoncer  à  la  vérité  que 
vous  avez  coiifessée.  » 

De  cette  môme  prison,  saint  Euloge  écri- 
vit à  ViJlesind,  évèque  de  Pampelune,  une 
"grande  lettre,  où  il  le  remercie  de  la  charité 
avec  laquelle  il  l'avait  reçu  chez  lui  lorsqu'il 
fut  obligé  d'aller  en  France.  Il  nomme  les 
monastères  qu'il  visita  en  ce  voyage  •  pre- 
mièrement celui  de  Saint-Zacharie,  au  pied 
des  Pyrénées,  près  la  rivière  d'Arge,  célèbre 
pai'  tout  rOccident  pour  sa  régubinlé.  Il  était 
d'environ  cent  moines,  sous  la  conduite  de 
3'abbé  Odoaire,  iiomme  excellent  eu  vertu 


tt7 


MIS 


MIS 


588 


et  on  scionre.  Ils  travaillaient  tons,  oxorçnnt 
(Jiv(>rs  im-tieTS,  gardaient  nti  silence  et  nne 
obéi'îsnncc  parfaite.  Eiilo^e  demeura  plii- 
sioiirs  jours  an  monastère  de  Leire,  fondé 
par  Ig'11^^0  Arista 


et  gouverné  alors 
qui  il  st>  refoniMiaK 


)remier  roi  de  Navarre, 
lar  l'abbé  Fortunius,  à 
e  h  la  II  1  d'^  sa  letire,  et 
a  (jualre  autres  abbés,  dont  on  a  peine  à  re- 
connaître les  mo  laslères. 

Kn  rclte  même  lettre,  E"loge  nomma  plu- 
sieurs évèques  chez  lesquels  il  avait  passé, 
savoir  :  Senior  de  Sara^osse,  Sisemond  de 
Sigenra.  Vénérins  d»'  Com[)lut,  Vistrémir  de 
Tdlède,  vieillard  vénérable,  qu'il  nomme  la 
lumière  d'Espagne,  ce  qui  montre  comme  la 
religion  se  conservait,  même  sous  la  domi- 
nation des  musulmans.  Euloge  envoi  ■  h  Vil 
lesind  des  reliiues  de  saint  Zoïle,  qu'il  lui 
avait  pronnses,  et  y  en  ajoute  de  saint  Acis- 
cle.  Il  lui  dépeint  la  persécutiovi  deCoidoue, 
et  lui  marque  tous  les  martyrs  qui  avaient 
souffert  jus(]ae-!?i  ,  commençant  au  prêtre 
Parfait  ei  linissant  au  moine  Théoilore  :  la 
date  est  du  17  des  calendes  de  décembre, 
ère  88),  c'est-à-dire  du  lo  novembre  851. 

Cependant  le  cadi  de  Cordoue,  poussé  par 
le  frère  de  Flore,  la  fit  amt'uer,  le  frère  pré- 
sent, et  lui  demanda  si  elle  le  connaissait. 
«Oui,  dit-elle,  c'est  mon  frère  selon  la 
chair.  »  Le  cadi  reprit  :  -(  D'oi^i  vient  ([u'il  est 
fidèle  h  notre  religion,  et  que  tu  es  chré- 
tienne?» Flore  répond. t  :  «  Il  y  a  huit  ans 
que  je  suivais  comme  lui  l'erreur  de  nos  pè- 
res ;  mais  Dieu  m'ayant  éclairée,  j'ai  em- 
brassé la  foi  chrétienne,  pour  laquelle  j'ai 
résolu  de  combattre  jusqu'à  la  mort.  »  Le 
cadi  reprit  :  «  VA  quel  est  aujourd'hui  ton 
sentimcîil  sur  ce  que  tu  m'as  dit  il  y  a  (piel- 
que  temps?  »  Flore  crut  qu'il  voulait  parler 
(les  raal''dict'ons  qu'elle  avait  prononcées 
contre  iVlahomet,  et  lui  déclara  qu'elle  était 
prête  à  en  dire  encore  plus.  Le  cadi  la  fit 
remener  en  prison.  Aussitôt  Euloge,  qui 
était  dans  la  même  jirison,  la  vint  trouver, 
et  apprit  d'elle  comment  cet  interrogatoire 
s'était  passé.  Dix  ou  douze  jours  après, 
c'est-à-dire  le  2'»  novembre,  on  imma  Flore 
cl  Marie  au  lieu  du  supplice.  Elles  firent  le 
signe  de  la  croi\  sur  leurs  visages,  et  on  I 
leur  rou()a  la  lêle,  |>remièrement  à  Flore, 
ensuite  à  .M;\rie.  On  laissa  leurs  corps  sur 
la  place,  exp'tst-saux  chiens  pt  aux  oiseaux, 
et  le  len  lemain  on  les  jela  dans  le  fieuve. 
Le  corps  de  Marie  fut  retrouvé  et  porté*  au 
inonaslère  de  Cutédar,  d'où  elle  était  sortie 
|»r)ur  viniir  au  martyre.  On  ne  trouva  point 
le  corps  lie  Flore  ;  mais  les  deux  têles  furent 
mises  à  Saint-Aciscle  do  Conloue  ;  l'Eglise 
honoie  res  saintes  le  jour  de  Imr  martvre. 

Euloge  f>f  |(>s  antr.'s  chiéliens  prisonniers 
l'ayant  aopris.  pfi  rendirent  aussifiM  gr.ice  à 
Dieu,  à  i'oilire  de  none.  it  < (intinuèrent  de 
célébrer  en  leur  honneur  les  vêpres,  h  s  ma- 
tines et  la  messe,  en  se  recommandant  à 
leurs  prières.  Six  jours  après,  rosi-ii-dire  le 
iiî)  novembre,  ils  furent  délivrés  d..  prison, 
suivaMl  la  promessf»  de  res  snJMles;  rir  elles 
avannil  dit  à  quehpies-unes  di>  Iimus  amies, 
que  sitôt  qu'elles   seraient    devant    Ji-^us- 


Chrisl  elles  le  prieraient  pour  la  liberté  de 
leurs  frères. 

Peu  de  temps  après ,  Gumesind  et  Ser- 
vusdéi  soiilTrircnt  aussi  le  martyre.  Gume- 
sin  I,  né  à  Tolède,  était  venu  à  Cordoue  en- 
core enfant,  avec  son  père  et  sa  mère,  qui 
l'oirrirenl  à  Dieu  ;  et  il  fut  élevé  dans  le 
clergé  des  trois  martyrs.  Fauste,  Janvier  et 
Martial,  nue  l'Eglise  honore  le  1.3  octobre. 
Gumesind  fut  ordonné  diacre,  et  enfin  prê- 
tre, [)oiir  gouverner  une  église  de  la  campa- 
gne, quoiciu'il  fût  encore  jeune.  Il  vint  à  la 
vile,  et  se  présenta  aux  juges,  avec  Ser- 
vusdéi,  jeune  moine  reclus  ;  et  tous  deux 
furent  martyrisés  comme  les  autres,  le  13 
janvier,  ère'  890.  (|ui  est  l'an  8.52.  L'Ei^lise 
en  fait  m  'moire  le  jour  de  leur  mort.  (Fleu- 
ry,  vol.  III.  p.  3:]9.') 

En  l'an  8.")2,  Conlouevit  de  nouveaux  mar- 
tyrs. Auiélius,  noble  et  riche,  issuil'un  mu- 
sulman et  d'une  chrétienne,  orphelin  dès 
leiifance,  fut  élevé  j)ar  ses  tuteurs  dans  la 
religion  do  Jésus-Chri>t.  On  lui  fit  étudier 
aussi  avec  beaucoup  de  soin  les  livres  ara- 
bes, ce  qui  ne  servit  qu'à  le  mettre  à  même 
de  mieux  apprécier  la  fausseté  de  la  religion 
qu'avait  suivie  son  père.  Ne  pouvant  pas 
fiiire  profession  publique  de  christianisme, 
partout  où  il  rencontrait  des  prêtres,  il  se 
recommandait  à  leurs  prières.  Quand  il  fut 
en  Age  de  se  maiier,  il  pria  Dieu  de  diriger 
son  choix  :  il  trouva  nne  fille  nommée  Sabi- 
golho,  née  de  musulmans,  mais  qui  avait 
perdu  son  père  en  bas  Age,  et  dont  la  mère 
remariée  à  un  chrétien  caché  avait  été  con- 
vertie par  lui.  Sabigothc  avait  été  baptisée. 
Quoiqu'en  publi<'  (  elle  famille  se  mêlAt  parmi 
les  inusuhnans,  elle  était  animée  des  senti- 
ments les  plus  chrétiens.  Aurélius  fut  marié 
par  un  prêtre  chrétien  à  Sabigothe.  Lo  nou- 
vel époux  et  sa  femme  étaient  unis  d'étroite 
amitii',  avec  un  nommé  Félix,  (pii  avait  eu 
le  malheur  de  renoncer  à  la  ft)i,  mais  ipii 
déplorait  amèrement  sa  faute,  et  qui  vivait 
aussi  très-chréti(ninement,  quoiqu'en  secret, 
avec  sa  femme  Liliose. 

Aurélius,  étant  un  jour  sorti  pour  aller  à 
la  Ville,  vil  le  martyr  Jean  le  Man  hand,  tiue 
on  proiiKMiait  ignominieusement  après  l'a- 
voir fustigé.  Profondcment  tou' hé  de  ce 
spectacle,  Aurélius  crut  qu'il  devait  ambi- 
tionner le  même  sort  :  rentrant  chez  lui,  il 
dit  à  sa  femme  :  «  Il  y  a  l)ien  longtemps  ipio 
vous  m'exhortez  à  mépriser  le  monde  et  (pie 
vo)is  me  proposez  l'exemple  «le  la  vie  nio- 
naslique.  Je  croîs  l'heure  venue  d'aspirer 
à  une  perfection  plus  grande.  Désormais 
soyons  comme  frère  et  sirur;  prions  et  |»ré- 
parons-nous  au  martyre.  Sabigothe  fut  ravie 
de  cette  pro|)osition,  et  crut  (pTelle  venait 
du  ciel,  pour  tromper  le  public,  ils  avaient 
un  lit  magriiti(pie.  qu'on  vo.ail  en  venant 
chez  eux  ;  mais  ils  couchaient  se,  ares,  sur 
des  ciliées,  praiiquant  le  jeune,  priant  sans 
ci'sse,  médîiant  les  p^aumi's  o[  secourant 
abondamment  les  pauvres.  Souvent  ils  fai- 
saierii  des  visites  aux  confess(Mirsqiii  étaient 
prisonniers.  C'est  ainsi  qu'ils  avaient  fré- 
quemment visité  Jean,  Isaac,  Flore  et  Marie. 


'2H9 


MUS 


AunMiiis  lil  nlors  ronnai.s.sMMO(w»vo(!  lo  prMro 
lùilo^c,  cl  lin  (Ifiii.iiitl.i  conseil  jimclwiiit  en 
(ju'il  ii(^v,iil  r.iirc  (le  >(>ii  liicii  cl  i\{'  i\r[^\  cil 
l«nls(iiic  Dieu  lui  Mvaildoimcs.  ICsi-il  pi^nnis, 
(lis;iil-il,  (le  les  l)iiss(M'  en  si  lias  A^^e  exposés 
à  (Mi'c  (Mcvés  dans  la  l'aiissc  icli};;i(inVl.iissciai- 
jc  mon  liion,  sims  ou  disposer,  pour  (Mrn 
aussil(U  e(i;i!is(pi(''?  lùdo^^c,  npn\s  l'avoir 
exIuirU^  eu  |:,('iicial  à  loul  (piillcr  pour  1) eu, 
lui  conseilla  (renvoyer  ses  enlanls  eu  lieu  de 
sOrct(^(iù  ils  l'usscnl  ('!eV(Vs  cliit'lie'uicnicul, 
vl  de  vcndic  sou  hieu  pour  le  disliihuci'  «nix. 
pauvros,  h  la  réservi^  d'une  partie  pour  la 
.std»sistau('(>  (les  enliuits.  l'eu  de  lenips  apu'S 
IcMiiaii}  l'c  d(^  riorc  cl  de  Marie,  Sahi;j,oliic 
les  vil  en  songe,  v(Hues  do  blanc  et  portant 
d(vs  |)ou(piets  de  l1(Mirs,  aeeonipagnées  dcî 
plusi(>urs  saiuls.  (Jue  dois-je  espérer,  leur 
dit-elle,  do  la  prii'^re  (pui  je  vous  ai  laite 
dans  voire  prison?  Scrai-je  ass(>z  heureuse! 
pour  vous  suivre  |»ar  le  martyre?  «  \dus  y 
êtes  destinée,  dirent-elles;  vousTaeconiplire/ 
dans  peu,  et  nous  vous  donnons  [xiur  signe 
un  moine  (pie  nous  vous  enverrons,  et  (pii 
soiillriraavec  vous.»  Ayant  raeonlé  ce  songe 
<i  son  mari,  ils  ne  songèrent  plus  qu'h.  se 
Préparer  au  martyre,  vendirent  tous  leurs 
biens,  gardiMcnl  une  partie  du  prix  pour 
leurs  enraniscl  doniu"^rent  le  reste  aux  pau- 
vres. Ils  visitaient  les  monastères  [)our  y 
recevoir  (les  instruclio'is,  principalement  ce- 
lui de  Tabane,  où  ils  mirent  leurs  enfants 
sous  la  co'uluite  des  religieuses,  car  c'étaient 
deux  filles,  1  u'ie  de  neuf  ans,  l'autre  de  ciiKi. 

Aurélius  alla  consulter  entre  autres  Alvar 
(pi'lùiloge  reconnaissait  pour  son  maître  et 
(lui  passait  pour  le  [)lus  giand  docteur  do 
son  tcm|)s.  Alvar  l'exhorta  à  bien  s'éprou- 
ver, si  après  avoir  résisté  aux  premiers  tour- 
uieiits,  il  persévérerait  jus(ju'à  la  ti:i,  et  s'il 
cherch<iit  plus  le  mérite  du  martyre  devant 
Dieu  que  la  gloire  qui  lui  en  reviendrait  de- 
vant les  hommes,  li  arriva  cependant  à  Cor- 
doue  un  moine  de  Palestine,  noriiiué  George, 
qui,  étant  né  près  de  Bethléem,  avait  passé 
vingt-sept  ans  dans  le  monastère  de  Sanit- 
Sahbas,  à  huit  milles  de  Jérusalem,  au  midi, 
où  vivaient  alors  cinq  cents  moines  sous  la 
conduite  de  l'abbé  David.  George  était  dia- 
cre et  savait  trois  langues,  le  grec,  le  latin 
et  l'arabe  ;  son  abbé  lavait  envoyé  en  Afri- 
que chercher  des  aumijnes  pour  le  monas- 
tère. 11  y  trouva  l'Eglise  opprimée  sous  la 
servitude  des  musulmans,  et  les  gens  du 
pays  lui  conseillèrent  de  passer  en  Espagne  ; 
mais  y  trouvant  aussi  la  persécution  grande, 
il  délibéra  s'il  retournerait  à  son  monastère, 
ou  s'il  passerait  aux  royaumes  des  chrétiens, 
c'est-à-dire  en  France;  car  on  la  nommait 
alors  ainsi,  parce  qu'en  effet  presque  tous 
les  chrétiens  d'Occident  étaient  sous  la  do- 
mination des  rois  français. 

George  était  dans  cette  incertitude,  quand 
il  alla  de  Cordoue  à  Tabane,  pour  recomman- 
der son  voyage  aux  prières  des  moines  et  des 
rehg  euses.  Alors  l'abbé  Martin  et  sa  sœur 
Elisabeth  lui  dirent  :  «  Venez  recevou-  la  bé- 
nédiction de  la  servante  de  Dieu,  Sabigothe.  » 
Sitôt  qu'elle  l'eut  regardé,  elle  dit  :  «  C'est 


MIIM 

<•('  mo.ne  (pii  ik)Us  est  promis  pour  cornpn- 
"nnon  de  noire  combat.  »  (icor^e  ayant  iijtpriH 
«pu  elle  ('-lait,  s(!  jcla  j'i  ses  pM-(|s  et  se  rr*- 
(•oiiimaiida  i\  ses  prières.  !.••  Iciid'euiiiin  ils 
vinrinit  tous  dciiv  ii  Cdrdnuc,  chez  son  mari 
Aun'-lius,  devant  Icipid  (ic()i^(!  .■sr  ptosleriia 
de  même,  dciiiaiidant  (pn;,  jmr  xes  prière.»», 
il  fùl  associé  à  l(;ur  marl\  re.  Aurélius  y 
consenlit.  (îcorge  se  trouva  dès  lois  aninif') 
d'un  noi^veau  zèle  et  ne  les  ipiiiia  plus.  Il 
vit  chez  (nix  l'élix  (!t  sa  feinmi!  I.ilidse,  fpii 
avaient  aussi  vendu  leurs  biens  et  se  pn'-pa- 
l'aient  au  mailyre.  (ieorge  se  li.ila  de  i.inii- 
ner  les  allaires  (lui  lui  rcstaiinil,  cl,  (pi;iiid  il 
en  fut  délivre,  ils  consul  èiciit  lous  (niscni- 
h\v  comment  ils  accompliraient  leur  dessein. 
Ils  résolurent  (pie  les  deux  fcinines  iraient 
il  l'église  à  visage  découvert,  poiu-  voir  si  on 
en  prendrait  occasion  de  les  arrêter  ;  ce  (jui 
arriva,  (lar,  comme  ellc-s  revenaient,  un  of- 
licier  demanda  à  hnirs  maris  ce  (pielles  al- 
laient faire  aux  églises  des  chrcliens  ?... 
C'est,  répondirent-ils,  la  contiiUK!  (his  lidèles, 
de  visite!'    les   églises    o,l    les  diMiieures  des 

martyrs,  et  nous  somiiKis  chrétiens Aiis- 

silôi  le  (tadi  en  fut  averti,  et  Aurélius  alla  dire 
adieu  à  ses  lilles  ,  leur  donnant  le  baiser  de 
paix.  Le  lendemain,  avant  le  jour,  il  jirit 
congé  du  prêtre  Euloge  el  de  ceux  ((ui  étaient 
avec  lui,  qm  lui  baisèrent  les  mains,  le  re- 
gn-dant  d(''jà  comme  martyr,  et  se  n^com- 
mandèrent  à  ses  prières.  Aurélius  étant  re- 
venu chez  lui,  où  les  autres  étaient  assem- 
blés, le  cadi  y  envoya  des  soldats  qui  criè- 
rent h  la  porte  :  Sortez  ,  misérables,  venez  à 
la  mort,  |)uis(iue  vous  vous  ennuyez  de  vi- 
vre. Les  deux  maris  et  les  deux  femmes  sor- 
tirent pleins  de  joie,  comme  s'ils  allaient  à 
un  festin.  Le  moine  George,  voyant  que  les 
soldats  ne  le  prei  aient  point,  leur  dit  : 
Pouniuoi  voulez-vous  obliger  les  hdèles  à 
embiasser  votre  fausse  religion?  Ne  pouvez- 
vous  aller  sans  nous  en  enfer,  avec  votre 
prophète?  Alors  les  soldats,  le  jetant  par 
terre,  lui  donnèrent  quantité  de  coups  de 
])ieds  et  de  poings.  Sab-gothe  lui  dit  :  Le- 
vez-vous, mon  frère,  marchons.  Il  répondit, 
comme  s'il  n'eût  rien  soutîert  :  u  Ma  sœur, 
c'est  autant  de  gagné.  »  On  le  releva  demi- 
mort  et  on  le  mena  devant  le  cadi  avec  les 
autres. 

D'abord,  le  cadi  leur  demanda  doucement 
pourquoi  ils  quittaient  leur  religion  et  cou- 
raient à  la  mort,  leur  faisant  de  belles  pro- 
messes ;  mais  comme  ils  déclarèrent  leur  atta- 
chement à  la  religion  chrétienne  et  leur 
mépris  pour  celle  de  Mohomet,  il  les  envoya 
en  prison  chargés  de  chaînes,  et  ils}  demeu- 
rèrent cinq  jours  ,  qui  leur  parurent  fort 
longs,  ))ar  l'impatience  de  mourir  pour  Jé- 
sus-Christ. Comme  on  les  en  tira  pour  les 
mener  devant  les  juges,  Sabigothe  encou- 
rageait son  mari.  Après  le  second  in  erro- 
gatoire,  on  les  condamna  à  mort,  excepté  le 
moine  George,  à  qui  l'on  permit  de  se  re- 
tirer, parce  que  les  juges  ne  lui  avaient  rien 
ouï  dire  contre  leur  prophète.  Alors,  crai- 
gnant d'être  séparé  des  martyrs,  il  déclara 
qu'il  tenait  Mahomet  pour  disciple  de  Satan, 


MUS 

niini^tir  de  l'nnfcnrist  et  rau<;e  de  la  ' 
(l.im'i.uion  lit'  sf'*^  secijitpurs.  Il  fut  '!oic  con- 
daniii"  avec  W's  mitres.  F('-li\  fut  ei(''ciitt;  le 
premier,  puis  Geor,«e ,  Liliose,  Aiiri-liiis 
et  Sflhii^Mtl>*>,  sinid  le  27  juillet,  ^ro  890,  <f!ii 
est  lan  lie  grAro  852.  L'K^iise  romaiu>  ho- 
nore leur  mémoire  le  mAine  jour.  Les  chré- 
tiens enlevèrent  leurs  corps  )\  \:\  dérobée  et 
les  entt'rrèr.'nt  en  divers  lient  :  tieorj^e  et 
Aurétms  au  moTast^^re  de  Pillemélnr,  Féliï 
?»»Sninf-rhrisi(»nf>.  au  delh  du  lleove  Bétis, 
5^abiçr<>the  à  réalise  des  troi«  sai  Ms  Fauste, 
JanTier  et  Miu-tial,  et  Liliose  à  Saint-Genès, 

Le  20  aoiU  suivant,  deux  jiMines  moines, 
Chrvstolle  et  Lévigilde,  soutinrent  aussi  ic 
niartvre.  Chri-^totl*^  était  de  Oordoue,  disci- 
ple tjn  prêtre  Eulo»<e,  moine  (!•'  Saint- Vîartin 
de  Woian,  «lans  la  montagne.  Lévigilde  é-'ait 
d'Elvire,  moine  de  Seint-Just  et  Saint-Pas- 
teur, dans  la  même  mont  igne  de  Cordouc.  Us 
vinrent  l'u'i  après  l'autre  se  prés'3^le^  au 
cadi  et  faire  leur  profession  de  foi  ;  mais  i's 
furent  exécutés  ensemWe,  et  on  enterra  h 
Saint-Zoïle  les  restes  <le  leurs  corps  brilles. 
Peu  de  temps  après  souffrir  nt  deux  jeunes 
hommes  d'une  famille  illustre  de  Cordoue, 
nonmiés  Hémila  et  Jèn-mie,  (pii  enseignai'-nt 
les  lettres  dans  l'église  de  Saint-Cvprien  ;  Tua 
était  diacre,  l'autre  laïque.  Comme  ils  sa- 
vaient tort  bien  rarai)e,  Emda  paila  si  for- 
tement contre  Wahomet  et  lui  dit  tant  d'in- 
jures, quf>  tout  ce  (pie  les  autres  martyrs 
avaient  dit  n'était  rien  en  comparaison. 
Ils  furent  exécutés  le  15  septembre. 

Le  lendemain  furent  martyrisés  doux  moi- 
nes, tous  deux  eunuques,  l'un  fort  Agé,  nom- 
mé Rogel,  natif  d'E. vire,  l'autre  jeune,  nom- 
mé Servioiléo,  (jui   était  venu  d'Orient  de- 
puis quelques  années.  lis  se  joignirent  en- 
semble, avec  promesse  de  ne  se  point  quitter 
qu'ils  n'eussent  obtenu  le  martyre.  Ils  en- 
trèrent donc  dans  la   mosquée  de  Cordoue, 
au  milieu  du   peuple  qui  y  était  assemblé, 
e(   commencèrent  h  prêcher  l'Evangile    et 
exhorter    les    uïusulma  ts    h    se   convtrtir. 
Aussitôt  il  s'éleva  un  grand  bruit  ;  on  com- 
mencT  h  les  frapper  de  tous  cotés,  et  on  les 
aurait   mis  en  pièces,  si  le  cadi,  qui  était 
présent,  ne  les  ertt  arrachés  h  la  fureur  de 
ce   peuple.    Car  les    rnusulrnnns   regardent 
comme  un  grand  crime   qu'un  homme,  qui 
n'e^t  pas  de  leur  religion,  entre  (tans  leur 
mosijuée.  Les  detix   moines  furent  cha''.;és 
de  chaînes  cl  mis  en  prison,    où  ils  conti- 
nuèrent   de    prêcher    hardiment  et    pré- 
di'ent  la  mort   prochaine   du  roi.    Pour   les 
punir  d'être  entrés  dans  la  mosquée    et  d'y 
avoir  prêché  lEvangile,  on  le»  condanma  à 
avoir  b;s  jiieds  et    lis   tnains  coupés,   et  fU- 
suite    la    tête.    Ils  soutfrirent  ce  supplice  si 
constamment ,   que  les  intidèles  mêmes  en 
furent  tourhés.  L'Eglise  honore  CCS  six  mar- 
tyrs le  jour  de  leur  mort. 
"  Les  musulmans,  étonnés  de  voir  taiîl  de 
(hrélinns  courir  au  marl_\re,  craignirent  une 
r'  voMp.  Le  roi  .Vbdéiame  tuif  con^'il,  et  il  fui 
r-    )lu  d'emfiri>onner  les  chrétiens  .t  de  faire 
mourir    sur-le-champ    (|uicnn'|ue    parlerait 
du  prophète  avec  mépris.  Alors  les  chrétien^ 


Mrs 


202 


se  cachèrent,  et  plusieurs  s'enfuirent  la  nuit 
el  déguisés,  changecnl  souvei.t  de  retraite. 
PlusHurs aussi,  ne  vouhnt  ni  s'enfuir,  ni 
se  cacher,  renoncèrent  h  Jésus-Christ  et  ea 
pervertir(n)t  d'au'res.  Plusieurs,  tant  prêtres 
(fue  lairiui's,  q\\\  louaient  aiqiaravant  la  cons- 
tance (les  martyrs,  changèrent  d'avis  et  les 
traitèrent  d'indiscrets,  alléguant  même  des 
autorités  de  l'Ecriture  pour  soutenir  leur 
sentiment.  Ceux  qui,  dès  le  commencement, 
désa(>prouvaient  la  conduite  des  martyrs,  se 
Iilaignaie-it  alors  hautement  d'Eu'ogf  et  des 
autres  prêtres  qui ,  en  les  encoungeant  , 
avaient  attiré  la  persécution.  Le  roi  fit 
assembler,  à  Cordoue,  les  métropolitains 
de  diverses  provinces,  et  on  tint  un  concile 
pour  chercher  les  moyens  d'apaiser  les  fi- 
dèles. Là,  en  prés  nce  des  évoques,  vin  gref- 
fier ou  cateb,  qui  profcîssail  la  religion  chré- 
tienne, mais  qui,  étant  très-riche,  craignait 
de  pi'rdre  sa  charge,  attaqua  un  jour  le  prê- 
tre Eu  oge  et  s'emporta  fort  contre  lui.  11 
avait  toujours  blâmé  ces  martyrs  et  pressait 
les  évêqiies  de  prononcer  analhème  contre 
ceux  qui  Tondraient  les  imiter.  Enfin,  le 
concile  lit  undécrel  quidéfenda  t,  à  l'avenir, 
de  s'offrir  au  martyre,  mais  en  termes  allé- 
goriques et  ambigus,  suivant  le  style  du 
temps,  en  sorte  qu'il  y  avait  de  quoi  con- 
tenter le  roi  et  le  peuple  des  musulmans, 
sans  toutefois  blâmer  les  martyrs,  quand  on 
pénétrait  le  sens  des  paioles.  Euloge  n'ap- 
prouvait pas  cette  dissimulation. 

La  persécution  durait  encore,  et  l'évêque 
de  Cordoue  était  pour  la  seconde  fois  en 
j)r  son,  quand  le  roi  Abdérame,  étant  monté 
sur  une  terrasse  de  sou  palais  et  voyant  des 
corps  des  martyrs  encore  attachés  à  des 
pieux ,  commanda  de  les  brûler.  Aussitôt  il 
perdit  la  parole,  el,  étant  porté  sur  un  lit,  il 
mourut  la  nuit  suivante,  ayant  régné  trente- 
un  ans  :  c'étiit  la  même  année  8o2,  de  l'hé- 
gire 238.  Mahomet,  son  fils  aîné,  lui  suc- 
céda et  régna  trenle-cinq  ans.  Il  n'élail  pas 
moins  eiineiui  des  chrétiens,  et,  dès  le  pre- 
mier jour  de  son  règne,  il  chassa  tout  ce 
qu'il  y  en  avait  au  palais,  el  les  priva  de 
huus  charges. 

Nous  l'avons  déj.\  dit  plusieurs  ibis,  c'est 
ime  chose  en  dehors  des  règles  onii 
naires  qutî  de  s'olfiir  soi-même  au  mart.re. 
On  ne  j>eut  pas  approuver  d'une  fai^on 
générale  telle  manièio  do  conquérir  la  cou- 
ronne glorieuse  de  l'imiuorlalilé.  A  propos 
de  celte  persécution  des  musulmans  u'Espa- 
gne,  nous  devons  ajouter  à  ce  ipie  nous 
avons  dit.  Dans  les  nremiers  siècles  de  lE- 
ji^lise,  on  vit  queUpietois,  rarement,  «les  saints 
s'olfrir  d'eux-mêmes  au  martyre,  courir  aux 
supplices;  mais  c'rlaifiit  là  des  f.uLs  isolés,  se 
produisant  de  loio  en  lom  .seulement  ;  puis 
ils  arrivaimil  au  milimi  de  pmséi  niions  di- 
rectes, violentes,  contre  les  »  luêiieus.  Ici  ce 
n'est  plus  la  mAmc  chose.  Les  mu.sulu)ans 
sont  maîtres  de  l'Espagne  ;  ils  tolortnit  le 
culte  de  la  population  vaincue  et  ne  font 
aucune  persécution.  Evid»numeut  on  ne 
pouvait  rien  dem.nider  de.  plus  aux  vain- 
quvniis.  Qu'arrivc-l-il  .'  Dos  clirelicus  tour- 


ÎM  MUS 

iiont  i>ii  (It'Misiou  If  tiilt(»  il«>  Mnliomcl  et  al- 
l<((Jilrii(  (fin  liis  lHis^()  «'Il  i('|i()s,  Ihics  d'cxur- 
ccM  Ifiir  cullo.  l'ividcmniuni  il  y  a  là  impni- 
ct:ii:n.   faiih*   iiii^iiit',  h    iii'tiii.s  i\n"\\    n'y    ait 
in.sfiir-.'ilKHi  |tr(iviiltiilii'll(',  (U's.scm  do  lUcu. 
Les  imiMjiiiiiiiiN  maris  riscnl  couv  (pii  so  prû- 
soiilciil  un  mai  lyre,  mais  ils  ne  Iniil   pas  du 
ro(  luTolics  pour  dôroiivrii  les  clin'liciis.  Di-s 
!Ui)iMt'S,d(îs  priMros,d('s  Iriiuuos.dtis  laiipn-s, 
sans  mi'ou  lus  impiiôlr,  sans  (|u'uii   N's  rc- 
cliorclm,  se  prosoniciit  an  martyro  en  iiisiii- 
tant  lo  nûU'  do  hniis  douiiiialonis,    ICvidcin- 
nicnl  il, y  a  I?»  lUic  irit'i;nlaiil6  (pio  le  coiicilu 
ilu  Cojilono   lit  bien  de  coiidannirr.   li'ovis- 
liMico  uK^ne  do  w  concilo  dans   la  villu  do 
(i'nniouo,   t'ii  prtVsyncc  irAbdriamo,  pronvo 
bien  que  la  persécution  nClail  pas  doc  rt'lét", 
ol  qu'on   laissait  une  libellé  assez   f^rando 
aux    chrcUieiis.    Lo   coiieile  condaunia  cello 
ardeur  cjui  poussait  les   lidèles  au  niarlyit', 
eu   des   lonnes  un   peu   ambigus,   allégori- 
ques :  il  voulait  (pu»  sa  déeision  lût  une  du- 
lonso   aux   ein-éliens  de  courir  an   inarlyro 
sans  y  ùlre  forcés,  maiscpj'ello  ne  irtt  pas  un 
blibne  pour  ceu\  tpii  avaieid.  déjà  reçu  la  ;^lo- 
rieuse  couronne.  Kesto  toujours  cette  véri.'é, 

2U0  nid,  saus  y  ùtre  eu  Uraint,  n'a  le  droit 
0  disposer  de  sa  vie,  do  s'exposer  à  la  nioi't. 

Sur  ces  euLret'ailes,  Abdéranio  étant  mort, 
Mahomet  lui  succéda.  Le  nouveau  roi  coili- 
nuait  la  persécution.  Dés  lo  premier  jour  de 
son  règne,  il  chassa  du  palais  tous  les  chré- 
tiens qui  étaient  au  service  de  son  père,  et 
peu  de  teuii)S  après  il  leur  imposa  lo  tribut 
et  ùta  la  paye  à  ceux  qui  servaient  dans  ses 
troupes.  11  établit  des  oiiiciers  aussi  ennemis 
des  chrétiens  que  lui  ;  en  sorto  que  non- 
seuleiuent  ils  ne  sontl'raient  pas  qu'aucu'i 
parhlt  coutre  leur  prophète,  mais  ils  en  obli- 
geaient plusieurs,  par  la  crainte,  à  embras- 
ser leur  religion.  Entre  ces  apostats  on  re- 
marque le  cateb  ou  écrivain  qui ,  l'année 
précédente,  s'était  déclaré  contre  les  mar- 
tyrs. C'était  le  seul  de  tous  les  chrétiens 
qui  fût  demeuré  dans  le  palais,  à  cause;  qu'il 
parlait  arabe  très-élégamment  ;  mais  quel- 
ques mois  après  il  fut  chassé  comme  les  au- 
tres et  privé  de  sa  charge.  Ne  pouvant  souf- 
frir la  perte  de  sa  fortune,  il  se  fit  musulman 
et  commença  k  fréquenter  la  mosquée  bien 
plus  assidûment  qu'il  n'allùl  à  l'église  étant 
chrétien.  Alors  on  lui  rendit  sa  charge  et 
son  logement  au  palais,  pour  servir  d'exem- 
ple à  en  pervertir  d'autres. 

Cependant  le  roi  commanda  d'abattre  tou- 
tes les  églises  bâties  de  nouveau,  et  tout  ce 
que  l'on  avait  ajouté  aux  anciennes  depuis 
la  domination  des  Arabes.  Il  voulait  chasser 
de  son  royaume  tous  les  chrétiens  et  les 
juifs,  et  n'y  souffrir  d'autre  religion  que  la 
sienne  ;  mais  les  révoltes  qui  s'élevèrent  au 
commencement  de  son  règne  Tempêchèreat 
d'exécuter  ce  dessein,  et  il  eut  au  contraire 
la  douleur  de  voir  plusieurs  musulmans  se 
faire  chrétiens  et  mépriser  la  mort,  sa.us 
compter  ceux  que  la  crainte  tenait  cachés. 
Comme  la  révolte  avait  diminué  ses  reve- 
nus, il  surchargeait  les  chrétiens  jjour  y 
suppléer  ;  et  de  faux  frères  eiitreprenaieut 


Ml'S 


Hé 


lo  recouvrement  do  tes  exactions.  Les  nria- 
(npaux  des  iiin  •uliiians,  vnyiinl  ly.^  «:lir/liiTi$ 
aii.Miaballus,leui  disaient:  •(Jiio sont  devenus 
voiio  cduiiigc  ol  voire  ardeur  p«»iir  lo  coiu- 
bal?  Ceux  qui  s'empressaient  l/U)l  àat'aqin-r 
notre  proplièl»' oiU  éié  puni.<i  lomine  ils  nié- 
rilaieiit;  rpiiis  y  viennent  inanitenunt,  si 
c'est  D.en  ipii  les  pmiss...  ,.  Ahirs  u(i  jouno 
moine,  nommé  l'andila,  uimable  ol  par  sa 
bonne  mine  et  par  sa  vortu,  so  prénenla 
l«î  premi(!r  au  martyre,  il  éiail  de  lu  villo 
d'Acci  ,  aujourd'hui  (iuadix;  c-t,  étant  ve- 
nu éliidier  à  Cordoije,  il  embrassa  In  vio 
monaslitjuo  et  s(!  retua  à  Tabane,  sons  la 
conduite  do  l'abbé  Martin.  Après  qu'il  y 
eut  vi'mu  (pielque  temps,  les  moines  de  l'e  - 
gnii-.Mellar  le  di  niandèront  à  son  abbé,  et 
malgré  lui  le  liiont  ordonru.'r[)rèlr(  poui  gon 
vernor  la  double  (  onimunauté  d'hoinmos  et 
do  femmes  de  ce  licMi  la.  Ltanl  abijé,  il  re- 
doubla SCS  jeûnes,  ^es  veilles  et  ses  fjrières. 
Un  jour  done  il  vint  à  Cordoue  si;  préstMiter 
hardiment  au  cadi,  lui  |)rècher  riivangile  et 
lui  re|^)rocher  les  impuretés  do  sa  .'.ecie.  Lo 
cadi,  1  ayant  mis  en  prison  et  chargé  do  chaî- 
nes, en  rendit  aussitôt  compte;  au  roi  (pii 
entra  en  grande  colère,  admirant  cette  har- 
diesse et  ce  nié|)iis  de  sa  puissance.  11  or- 
donna d'arrêter  lévèque  de  Cordoue,  mais  il 
s'était  sauvé  parla  fuite.  Lo  roi  ava.t  aussi 
donné  lui  ordre  général  do  faire  périr  tous 
les  chrétiens  et  vendre  leurs  femmes  pour 
les  disperser;  mais  les  grands  lui  lirent  ré- 
voquer cet  ordre,  lui  reppésenlaut  quU 
n'était  pas  juste  de  perdre  tant  de  peuple 
pour  la  témérité  d'un  seul,  à  laquelle  aucun 
des  plus  sages  et  des  plus  considérables 
n'avait  pris  part.  11  se  contenta  donc  de  faire 
couper  la  tète  à  Fandila  et  exposer  son  corps 
au  delà  du  fleuve,  le  13  juin  853.  L'Eglise 
en  fait  mémoire  le  môme  jour. 

Le  lendemain  Auastase,  aussi  prêtre  et 
moine,  souiri  it  le  martyre.  11  fut  instruit  dès 
l'tnfance  à  Saint-Aciscle  de  Cordoue;  étant 
diacre,  il  en  quitta  les  fonctions  pour  em- 
brasser la  vie  monastique,  et  fut  enfin  or- 
donné prêtre.  S'étant  donc  présenté  aux  ju- 
ges et  ayant  parlé  contre  leur  prophète,  il 
fut  aussitôt  exécuté,  et  avec  lui  Félix,  moine 
natif  de  Complut,  mais  Africain  d'origine. 
Ils  eurent  l'un  et  l'autre  la  tête  tranchée.  Le 
même  jour,  vers  l'heure  de  none,  une  reli- 
gieuse nommée  l>igne,  du  monastère  de  Ta- 
bane, que  gouvernait  Elisabeth»  se  présenta 
au  maityre.  Peu  de  temps  auparavant,  elle 
erut  voir  en  songe  sainte  Agathe  qui,  tenant 
des  lis  et  des  roses,  lu;  en  donnait  une  et 
l'appelait  à  la  suivre.  Depuis  ce  jour,  elle 
désirait  ardemment  le  martyre ,  si  bien 
qu'ayant  appris  celui  d'Anastase  et  de  Félix, 
elle  ne  put  attendre  davantage;  mais  ouvrant 
secrètement  sa  clôture,  elle^'se  rendit  en  di- 
ligence à  Cordoue  et  demanda  hardiment  au 
cadi  pourquoi  il  avait  fait  mourir  ses  frères 
qui  ne  soutenaient  que  la  vérité.  Elle  ajouta 
sa  profession  de  foi  et  des  imdédictions 
contre  la  fausse  religion  ;  et  le  cadi  lui  fit 
aussitôt  couper  la  tète  et  pendre  le  corps  par 
les  pieds  avec  les  deux  autres.  Ces  trois  mar- 


«95 


MUS 


MIS 


296 


tvrs  soiifTHmnl  donc  le  mC'mo  ionr,  .0  IV 
juin.  «'MO  .S!>1.  qui  o^t  l'.'.n  853;  lt>  Ifiult-main 
JUMiiMt\  ItMumt'  nvancOe  m  .'Ige  et  d'une 
grande  p.tMé,  souffrit  le  môme  martyre,  et 
l'Kulise  honore  ces  (jnalie  saints  1»>  jour  de 
leur  mort.  Leurs  cori>s  fureid  bn^li's  ([uel- 
(pies  jours  après  et  jetés  dans  le  tleuvc. 

Colombe,  sœur  de  l'ahlx^  Martin  et  de  l'ab- 
besse  Elisabeth,  mais  beaucoui>  plus  jeune, 
charmée  de  la  vertu  de  sa  sœur  et  de  Jéré- 
mie,  son  bt>au-frèrc.  était  Irès-souvenl  chez 
eux,  et  conçut  un  gra-id  désir  de  se  consa- 
crer J>  Dieu.*  Sa  mère,  qui  la  voulait  marier, 
le  trouvait  fort  mauvais  et  s'en  prenait  î»  sa 
fille  aînée  et  h  son  gendre.  Colombe  refusa 
plusieurs  partis  ;  et  enlin,  se  trouvant  libre 
par  la  mort  de  sa  mère,  elle  se  retira  avec  sa 
sœur  au  mo  astère  de  ïabane,  sous  la  con- 
duite de  Martin,  son  frère.  Elleyfut  l'exem- 
ple de  toutes  les  religieuses,  et,  pour  vaquer 
plus  librement    à    l'oraison,  elle  obtint  de 
s'enfermer  seule  dans  une  cellule.  Mais  les 
musulmans  avant  dissipé  la  communauté  de 
Tabane,  les  religieuses  furent  obligées  de  se 
retirer  à  Cordoue,  lians  une  maison  qu'elles 
avaient  près  de  l'église  de  Saint-Cyprien.  La 
ferveur  de  Colombe  y  croissait   de  jour  en 
en  jour  ;  et  poussée  par  de  fré(iuentes  révé- 
lations, elle  sortit  secrètement   du    monas- 
tère, demanda  le  logis  du  cadi,  se  présenta 
devant  lui,  lui  déclara   sa  foi,  et  l'exhorta 
doucement  h  se  convertir.  Le  cadi,  sinpns 
de  sa  beauté  et  de  ses  discours,  la  mena  au 
palais  et  la  présenta  au  conseil,  où  elle  con- 
tinua de  parler  si  fortement,  que  n'espérant 
pas  de  la   faire  changer,  on  la   tit  exécuter 
aussitôt  devant  la  porte  du  palais.  Elle  lit 
un  présent  au  bourreau  qui  devait  lui  cou- 
per la  tôle,  et  son  corps  ne  fut  i)oiMt  exposé 
comme  les  autres;  mais  on  le  mit  dans  un 
panier,  revètii  comme  il  était  d"habits  de  lin, 
et  oM  le  jeta  dan>  le  lleuve.  C'était   le    17 
septeml)re  853,  ère  891.  Six  jours  après,  son 
corps  l'ut  tiouvé  entier,  par  les  soins  de  (juel- 
ques  moines,  et  apporté  au  mètre   Eulnge, 
qui  l'enterra  honorablement  dans  l'église  de 
Sainte-Kulalie. 

Pompose,  religieuse  de  Pégna-Mellar,  sui- 
vit lexemplede  Colombe.  Ce  monastère  était 
délié  .^  >anit  Sauveur  et  situé  au  |)ied  d'une 
roche  où  des  abeilles  s'étai'MU  logées,  ce  qui 
lui  tlonna   ce   nom  ,   qui    signilie   roche  de 
miel.  Pompose  s'y  était  relire.-  avec  son  j>ère 
et  sa  mère  et  toute  sa  famdie,  et  était  par- 
venue à  une  grande  perfection.  Elle  a|)[uit 
le  jour  même  le  martyre  de   Colombe;  et, 
comme  elle  soupirail  depuis  longtemps  après 
celte  grâce,  el;e  sortit  du  monastère  la  nuit 
suivante,  vint  h  Cordoiio.  s(f  présenta  le  ma- 
tin au  cadi,  et  eut  la  tète  tranchée  le  19  M'p- 
lembre.  Son  corps,  jeté  dans  le  tleuve,  fut 
retiré  et  enterré  h  S.iinte-Kulalie  avec  celui 
de  sainte  C.olombe.  I>Eglise  honore  ces  deux 
saintes  chacune  h  sou  jour.  (Fleury,  vol.  111, 
p.  Hrt-l.) 

En  8.V» ,  le  prêtre  Abondius,  curé  «j'uno 
paroisse  située  dans  une  montagne  voisine 
de  tiordoue,  fut  engagé  au  m;irlyre,  ilit  Eu- 
loge,  par  larlilice  des  Mu>ulmaus.  En  pré- 


sente du  cadi,  il  fit  courageusement  profes- 
sion  de  sa  foi,  et  parla  contre  Mahomet  et 
ses  sectateurs.  .Vussitùt  ce  magistrat   lui  fit 
couper  la  tète  et  exposer  le  cori)S  aux  chiens. 
Cette  sente-ice  fut  exécutée  le  11  du  mois  de 
juillet.  L  année  d'aiirès,  855,  ce  fut  le  tour 
de  trois  autres  martyrs,  qui  moururent  en- 
semble  pour  la  foi  chrétienne.  <".e  fut  Ama- 
tor,  jeune  prêtre   qui  étudiait   à  Cordoue, 
puiS  Pierre  et  Louis,  frères   du  saint  diacre 
Paul,  <\u\  avait   soutferi  le  martyre  en  851. 
Tous  trois  ayant  publicpiement  fait  profes- 
sion d»'  christianisme,  furent   mis  à  mort. 
On  jeta  leurs  corps  dans  le  tleuve.  D  ux  en 
furent  retirés,  celui  de  Pierre,  ijue  l'on  en- 
terra il  Pegna-Mellar;  celui  de  Louis,  qui  fut 
enierré  à  Palme,  au   diocèse   d'Italique    en 
Andalousie.  A  cette  même  époque,  un  apos- 
tat, nommé   Vitesin,  fort   avancé    en   <îge, 
étant  exhorié  par  les  Musulman^  h  pratiquer 
la  religion   qu'il  venait  d'embrasser,  refusa 
courageusement   et  fut  immédiatement  dé- 
c  q)ité.  L'année  suivante,  856,  un  vieux  prê- 
tre de  la  Lusitanie,  nommé   Llie,  fut  mis  à 
mort  avec  deux  jeunes  moines  nommés  Paul 
et  Isidore.  Leur  sacrifice  eut  lieu  le  17  avril. 
Le  28  juin  suivant,  Argimire,  qui,  ayant 
été  privé  d'une   charge   considérable   qu'il 
exerçait  h  Cordoue,  s'était   retiré  dans    un 
monastère,  fut  accusé  devant  le  cadi  de  s'être 
mo(iué  du  prophèt''.  Le  magistrat,  oubliant 
pour  cette  lois  les  formes  expéditives  de  la 
justice  et  des  supplices  arabes,  le  fit  mettre 
sur  le  chevalet,  et  ensuite  percer  d'une  épi»e. 
Le  corj)s  du  saint  martyr  lut  enterré  près  de 
celui  de  saint  Parfait,  dans  l'église  de  Saint- 
Acisde. 

Le  monastère  de  Saitite-Marie  deCntéclnr 
fournit  aussi,  bientôt  après,  son  tribut  à  la 
persécution.   Aure,  sœur   d'Adolphe  et  de 
Jean,  tous   les  deux  martyrs  au  commence- 
ment du  règne  d'Abdérame,  habitait  df-puis 
trente  années  cette  sainte  maison.  Sa  famille, 
qui  habitait  les  environs  de   Séville,   était 
arabe  et  lune  des  premières   parmi   les  fa- 
milles nobles  du  pays.  Plusieurs  de  ses  pa- 
rents vinrent  la  voir  dans  sa  sainte  retraite. 
La  voyant    non-seulement  chrétienne,  mais 
encore  religieuse,  ils  en   avertiient  le  cadi 
qui  était  aussi  lui  de  sa  famille.  Ce  magistrat 
la  fil  venir  et   lui    reprocha   d'abord   douce- 
ment son  changement  de  religion,  lui  disant 
(jue  c'était  une   honte  et  un  opprobre  pour 
tous  ses  parents.  Voyant  qu'elle  était   iné- 
branlable, il  lui  dit  (pie   si  les  motifs  qu'il 
venait  de  faire  valoir  ne  la   touchaient  pas, 
il    lui    ferait  subir  de   cruels   tourments,  et 
même  la  ferait  mourir.  .\ure  se  laissa  vain- 
cre.    et    promit   de   faire   ce  «pi'il    exigeait 
d't'lle  ;  alors  il  la  laissa  aller  cm  liberté.  Elle 
retourna  îi  sa  maison  et  continua    de  faire 
profession   de   la    foi    chrétienne,   pleurant 
amèr(nnent   la  faute  uu'elle  avait  commise. 
Desir»'Uso  de  réparer  le  >candale  que  sa  fai- 
blesse avait   causé,  elle   allait  ouvprti  ment 
aux  églises  des  clinMiens  ;   les  Musulmans 
l'accusèrent  devant  le  cadi,(pii  la  fit  compa- 
raître (ii>  nouveau  et  lin  demanda  s'il  était 
vrai  (piolle  n'eût  pas  accompli  sa  promesse. 


107 


MHS 


MDS 


NI 


«  Non,  n^n(>n(Iil-('II(\  jo  tu^  Ifli  pas  romplio. 
J'en  i'(Mi(|s  nr.'^ci's  h  Jt'siis-dhiisl,  iloiil  l'n- 
innui-  mil  l(iii('li('(',(<t  (|iii  i[  vuiilii  pi'iiiiolli'i^ 
(pio  je  no  ino  ,s«^pnrnssn  pns  de  Im,  iiuilKrt'' 
(•olt«>  pi'om(\ss(>  iiis(M)s(^(»  (pic  je  viiiis  avais 
t'nilc.  ')  l-t<  catli  ciilia  dans  uiif  f<iaiitl(»  l'ii- 
rour,  ot  1»  lit  m('tlr(»  m  prison  «linrurc  (Im 
rh.'(tno>.  II  envoya  (piriir  Irs  onlics  ihi  roi, 
(«I  (l('»s  l(>  hMidt'niain  la  sainte  l'nl  liri'e  de 
nrison  ponr  avoif  la  hMe  conpéti  ;  son  eoips 
nd  jeli^  dans  le  llenve.  Celle  nioit  enl  lieu 
le   i«>juillel  H:\{\. 

L'histoire  de  Ions  cps  saints  martyrs  n  été 
0(Mite  par  Mnlo^e,  niailyr  Ini-niAnie.  (a; 
saint  les  a  dérendus  eonire  les  reproelios  (|n(5 
leur  faisaient  un  j^rand  nombre  do  clircHions 
ipn  ne  voulaient  pa^  hvs  reconnaître  eonniu; 
martyrs.  Ces  ehriHiens  rel'nsaieMl  de  les  ad- 
motlre,  parce  que, disaient-ils,  ils  ne  faisaient 
pas  de  miracles  comme  les  anciens  martyrs, 
ne  st>ntlVaieni  pas  diverses  sortes  de  tour- 
ments, et  n'cUaicnt  pas  mis  à  mort  })ar  des 
idolâtres.  Kulojic  n'(Mit  pas  de  peine  à  mettre 
i\  nt^ant  ces  objections  ;  quant  a  la  première, 
il  était  facile  de  n^pondre  (pie  les  mira- 
cles ne  sont  pas  (.^galeiiKMil  utiles  dans  tons 
les  temps,  et  que  d'ailleurs  ce  ne  sont  j)as 
des  marques  infaillibles  de  sainteté;  quant 
h  la  seconde,  il  dit  (lue  l'on  ne  doit  point 
avoir  égard  au  nombre  des  combats,  à  leur 
durée,  au  genre  de  mort  subi  ;  que  pour 
qu'il  y  ait  martyre,  il  suflit  (pi'il  y  ail  eu  vic- 
toire, c'est-à-dn-e  mort  et  persévérance  jus- 
qu'à la  lin.  Quant  h  la  troisième ,  il  eût  dû 
répondre  que  peu  importait  qu'un  {)ersécu- 
teur  ador<\t  ou  non  le  même  Dieu  que  ses 
victimes,  pour  que  celles-ci  méritassent  le 
titre  de  martyrs  ;  qu'il  suftisait  qu'il  y  eût 
mort  pour  la  doctrine, pour  un  seul  point  de 
foi.  11  aurait  fallu,  dans  le  cas  contraire,  dire 
que  les  hérétiques,  les  ariens  notamment , 
n'avaient  pas  fait  de  martyrs,  rejeter  du  Mar- 
tyrologe cette  glorieuse  cohorte  de  saints 
que  les  Vandales  avaient  fait  mourir. 

«  On  faisait  un  autre  reproche  à  ces  mar- 
tyrs d'Espagne  :  qu'ils  s'offraient  d'eux- 
mêmes  au  martyre  ;  qu'ils  attiraient  la  per- 
sécution, et  que  les  Musulmans  leur  laissant 
le  libre  exercice  de  la  religion  chrétienne, 
ils  avaient  tort  de  les  irriter  en  disant  des 
injures  à  Mahomet.  Les  réponses  d'Euloge 
à  cette  objection  sont  faibles,  et  ce  qu'elles 
contiennent  de  plus  considérable  est  la  des- 
cription du  triste  état  des  chrétiens  sous  la 
domination  des  Musulmans.  «  Aucun  de 
nous,  dit-il,  n'est  en  sûreté  parmi  eux  : 
quand  quelque  affaire  nous  oblige  à  paraître 
en  public,  sitcjt  qu'ils  voient  en  nous  les 
marcjues  (Je  notre  ordre,  c'est-à-dire  de  l'état 
ecclésiastique,  ils  font  des  huées  sur  nous 
comme  sur  des  insensés  ;  et  les  enfants,  non 
contents  des  injures  et  des  moqueries,  nous 
poursuivent  à  coups  de  pierres.  Sit(jt  qu'ils 
entendent  le  son  de  nos  cloches,  ils  se  ré- 
pandent en  malédictions  contre  notre  sainte 
religion.  »  On  voit  ici  que  les  Musulmans 
soutiraient  alors  aux  chrétiens  leurs  clo- 
ches, qu'ils  leur  ont  ôtées  depuis.  Euloge 
continue  :  «  Plusieurs  d'entre  eux  ne  nous 

Dictioun.  des  Persécutions.  II. 


permettent  |ins  de  le»  npprncliei,el  croi- 
raient t^ire  soiiilJéH  si  nous  avions  louché 
leurs  vi'^li'iiu'iiis.  .. 

«  Mais  (pioi  (pi'd  en  dise,  il  faut  avoucT 
(pie  la  conduile  de  ces  ni/ulvrs  de  Cordoii" 
ii'i'tait  pas  coiiioriiie  a  rancienne  disciplilU'. 
L'Lglise  de  Smyrne,  dans  la  relation  du  mar- 
tyre de  saint  Polycarpe  ,  dit  ;  .<  Noiis  no 
louons  point  ceux  qui  .s(!  pr('seiilenl  (l'eux- 
im'^mes  ;  car  ce  n'est  pas  (;e  «pie  l'Evangibi 
nous  enseigiK!.  »  Saint  (ly|irien  dis.ut  de- 
vant le  proconsul  :  «  NoIk;  discijdine  dé- 
fend que  personne  s'olfre  de  lui-même.  » 
El,  dans  sa  derni('re  lettre,  il  disait  au\  liih'-- 
les  :  «On  <uicnn  de  vous  ik;  se  présente  aux 
païens  :  il  sufiil  (pi'il  parle  lorsqu'il  S(!ra 
pris.»  L(!  concKe  d'Klviie  défend  de  mettre 
au  nombre  des  luailyrs  celui  (pji  est  tué  sur 
la  place  pour  av(jir  Ijrisé  des  idoles.  Toute- 
fois, l'autorité  de  l'Iv^Iise,  (pii  a  re(;u  tous 
(;cs  martyrs  de  Cordoue,  et  Jùiloge  k'ur  dé- 
fenseur, au  nombre  des  saints,  doit  arrêter 
notre  jugement,  et  nous  faire  croire,  comme 
dit  saint  Augustin  en  j)areil  cas,  qu'elhi  a  eu 
de  i)uissanles  raisons  pour  les  excepter  de 
ces  règles. 

«  Saint  Euloge  traite  cette  (juestion  en 
deux  ouvrages,  l'un  intitulé  Mémorial  des 
martj/rs,  et  divisé  en  trois  livres,  dont  le 
premier  ne  contient  guère  que  la  défense 
des  martyrs;  les  deux  suivants  sont  leur  his- 
toire :  l'autre  ouvrage  est  intitulé  Apolof/ie, 
et  ne  laisse  pas  de  contenir  h  la  fin  l'hisloire 
de  deux  martyrs  (jui  avaient  souffert  depuis 
qu'il  eut  fait  cet  écrit.  »  (Fleury,  loc.  cit., 
p.  3G6.) 

En  l'an  de  Jésus-Christ  858,  Vistrémir, 
archevêque  de  Tolède,  étant  mort,  Euloge 
de  Cordoue,  l'auteur  duquel  nouS  venons 
de  parler,  fut  élu  pour  lui  succéder  par  les 
évêques  tlu  voisinage  et  de  toute  la  province. 
Un  obstacle  que  nous  ne  connaissoiis  pas, 
peut-être  un  refus  de  sa  paît,  lit  qu'on  ne  le 
sacra  pas.  On  élut  même  un  autre  patriarche 
de  son  vivant,  quoiqu'il  ne  survécût  que 
deux  mois  à  son  élection.  Il  cueillit  cette 
palme  glorieuse  du  martyre,  qu'il  avait  tant 
encouragé  les  autres  à  c(3nquérir.  Une  jeune 
musulmane,  nommée  Léocritie, avait  dès  son 
enfance  été  instruite  dans  la  religion  chré- 
tienne par  une  de  ses  parentes  qui  l'avait 
fait  baptiser.  Son  père  et  sa  mère  l'ayant  su 
la  tourmentaient  cruellement,  la  fouettant 
jour  et  nuit  pour  la  forcer  de  renoncer  à  sa 
foi  (jour  et  nuit  est  de  Fleury,  traduisant 
Euloge).  Elle  fit  connaitre  sa  malheureuse 
position  à  Euloge,  et  au  prêtre  Amulone. 
leur  témoignant  le  désir  qu'elle  avait  de  se 
réfugier  dans  un  lieu  où  elle  pût  en  liuerté 
pratiquer  sa  religion.  Euloge  lui  [irocura  les 
moyens  de  sortir  de  chez  ses  parents,  qu'elle 
trompa  au  point  môuie  qu'elle  parlait  mai 
en  leur  présence  de  la  religion  chrétienne. 
Elle  se  revêtit  de  ses  plus  beaux  habits,  par- 
tit sous  prétexte  d'aller  à  une  noce,  et  se  ré- 
fugia chez  Euloge  et  sa  sœur,  qui  la  cachè- 
rent pendant  quelque  temps,  et  la  placèrent 
chez  une  personne  de  leurs  amis.  Les  pa- 
rents  au  désespoir   tirent   des  recherches 

10 


899 


NAB 


NAN 


500 


inouips  piuir  la  retrouver,  et  obtinrent  du 
raili  ilo  fairf  arriMor  et  l'ouetter  des  chrétiens 
rniMue  des  relii^ieiises  et  des  prôtres  sur  les- 
quels ils  av.iient  îles  soupçons.  Euloge  ne  se 
trouvait  éniu  de  rien,  faisait  souvent  c  an- 
jçer  de  retraite  à  Léorritie,  et  passait  les  nuits 
en  prières  pour  elle,  tandis  qu'ell'',  de  son 
calé,  priait,  jeûnait  et  couchait  sur  un  ci- 
lice. 

Une  nuit,  ôlanl  venue  voir  Euloge  et  sa 
sœur,  elle  ne  put  retourner,  p/»rce  que  la  per- 
sonne qui  devait  l'accompagner  vint  trop 
tard,  et  qn'il  était  déjh  jour.  Le  cadi,  en 
étant  averti,  envoya  des  soldats  e  tourer  la 
maison,  d'où  ils  tirèrent  Léocritie  avec  Eu- 
loge,  et  les  amenèrent  en  sa  présence.  11  de- 
manda à  Euloge  pourquoi  il  tenait  cette  tille 
chez  lui  ;  et  Euloge  répondit  que  les  prêtres 
ne  pouvaient  refuser  l'instruction  h  ceux  qui 
la  dem  mdaient.Lc  cadi  le  menaça  de  le  faire 
mourir  h  coups  de  verges;  mais  Euloge  ré- 
pondit que  le  glaive  étnt  un  moyen  plus  sûr, 
et  commença  à  par'er  hautement  contre  leur 
prophète  et  leur  religion.  On  le  mena  aus- 
sitôt au  palais  devant  le  conseil.  Un  des  con- 
seillers, qui  le  connaissait  pariiculièrement, 
ui  dit  :  «  Si  des  ignorants  se  précipitent 
malheureusement  h  la  mort,  un  homme  sa- 
vant et  vertueux  comme  toi  ne  doit  pas  imi- 
ter leur  folie.  Crois-moi,  je  te  prie,  dis  seu- 
lement un  mot  h  présent,  puisqu'il  le  faut  ; 
tu  reprendras  ensuite  ta   religion,   et   nous 

f)romettons  de  ne  te  point  rechercher.  »  Eu- 
oge  lui  répondit  en  souriant  :  «  Ah  I  si  tu 
pouvais  connaître  les  récompenses  qui  at- 
tendent ceux  (jui  conservent  notre  foi,  tu 
renoncerais  ;\  ta  dignité  temporelle.  «  Il  com- 
mença alors  à  leur  proposer  hardiment  les 
vérités  de  l'Evangile;  mais  pour  ne  le  pas 
écouter,  ils  le  condamnèrent  aussitôt  à  perdre 
la  tète. 

Comme  on  le  menait  au  supplice,  un  des 
eunuques  du  roi   lui  donna  un  soufilct.  11 


tondit  l'autre  joue,  et  en  souffrit  nalitumient 
un  set.-ond.  Quand  il  fut  arrivé  au  lieu  de 
l'exécution,  il  pria  à  genoux,  étendit  les 
inairrs  au  ciel,  tit  le  signe  de  la  croix  sur 
tout  son  corps,  et  présenta  sa  tète,  qui  fut 
proraptement  coupée.  C'était  à  l'heure  de 
riotie,  ou  trois  heures  après  midi,  le  samedi 
11  mars  8.'j9.  Il  fut  enterré  à  Saiiit-Zoile.  Léo- 
critie fut  aussi  décollée  quatre  jours  après, 
et  jetée  dans  le  fleuve  Bétis;  mais  elle  en  fut 
tirée  et  enterrée  ."i  Sainl-<ienès  de  Tertios. 
L'Eglise  honore  l'un  et  l'autre  le  jour  de  leur 
martyre.  La  Vie  de  saint  Euloge  a  été  écrite 
par  Alvar,  son  ami  ;  et  depuis  il  nous  reste 
peu  de  monuments  de  l'Eglise  d'Espagne, 
sous  la  domination  des  Musulmans.  (Fleury, 
vol.  III,  p.  370.) 

Ici  finit  l'histoire  de  celte  persécution  : 
non  (pie  la  persécution  eût  manqué,  mais  par- 
ce que  l'historien  lui  a  fait  défaut.  Personne 
n'a  continué  l'œuvre  d'Euloge.  Du  reste,  ce 
(lue  nous  disons  ici  n'est  qu'une  supiiosiiion  ; 
il  est  possible  que  la  mort  du  saint  historien 
des  martyrs  de  Cordoue,  ait  clos  la  persécu- 
tion (pie  les  Musulmans  firent  alors  endurer 
aux  chrétiens;  mais  rien  ne  le  prouve. 

Une  chose  digne  de  remarque,  à  propos 
de  cette  persécution,  c'est  <]u'elle  n'eut  ja- 
mais ce  caractère  inquisitorial  qu'on  remar- 
que dans  la  plupart  des  autres.  Ce  n'étaient 
pas  les  Musulmans  qui  recherchaient  les 
chrétiens,  c'étaient  ces  derniers  qui  béné- 
volement se  livraient  aux  sup|>lices,  en  bra- 
vant le  culte  ou  les  lois  des  vainqueurs. 

MYRE,  ville  de  Lyine,  est  célèbre  par  le 
martyre  de  saint  Crescent,  qui  témoigna  de 
sa  foi  en  y  soutirant  le  martyre  du  feu  pour 
la  foi  chrétienne. 

MYUOl'E  saillie)  mourut  pour  la  foi  chré- 
tienne, dans  l'ile  de  Chio,  sous  l'emperour 
Dèce,  et  sous  le  président  Numérien.  Elle 
fut  assommée  à  coups  de  levier.  L'Egliso 
célèbre  sa  fùte  le  13  juillet. 


N 


NAROR,  (saint),  souffrit  h  Milan  pour  Jé- 
sus-Christ, ave("  saint  Félix;  en  l'an  '.ï()\  de 
l'ère  chrétienne.  Leurs  reli(pies  ,  déposées 
d'nbi»rd  hors  de  la  ville,  y  furent  depuis 
rap;)oriées.  La  piété  des  li  lèles  éleva  une 
église  sur  le  lieu  oCi  elles  furent  déposées. 
Les  restes  de  s.iiut  Nabor  et  de  saint  Félix 
sont  encore  dans  la  même  église,  «pii  a  au- 
jourd'hui le  nom  d'église  de  Saint-Fran- 
çois. 

NAHOU  (saintj ,  soldat  dans  l'armée  de 
Maxence,  fut  martyrisé  .\  Romo  en  l'an  de 
Jésus-t^hrisl  ."JnO,  sous  le  préfet  Aurele. 
.Vpres  avoir  subi  diverses  tortures,  il  fut  dé- 
capité. On  l'enterra  sur  la  v(ue  Aurélienne. 
Sa  fèti!  a  lieu  le  11  juin.  (*'oy.  Paul  Diacre, 
Kabflii-Mnur,  Nolker.) 

NABOU    sainll  recueillit  la  eouroMiio  des 

rr;  t     '  -'s  j(.  Ift  foi  en  Afrique.  Il  eut  pour 

.1  de  son    triouiphe   sauit    Mann. 


Ils  sont  inscrits  au  Martvroloïçe  romain  lo 
10  juillet. 

SaMPILVMON  (saint),  fut  martyrisé  à 
Madame  v\\  Afrique,  avec  ses  compagnons, 
iju'il  encouragea  au  combat  et  qu'il  (  on- 
(luisit  au  triomphe.  Nous  n'avons  pas  do 
détails  authentiques.  LE^lise  honore  leur 
immorlell(>  nii'nuoire  li>  \  jiidlet. 

NANtiAZ.VOl  L  ville  du  Japon,  près  de  la- 
(pielle,  .sous  rem[iereur  Taicosauia ,  vingt- 
six  t  liretiett^,  la  plupart  missionnaires  jé- 
suites ou  franciscains,  furent  cruciliés  sur 
une  colline.  J'ny.  Jtpo>.) 

N.\MI-;S,  Cotuiiniinim  ou  Namnetn,  éi.iH 
une  des  prim  ipale^  villes  armoricaines.  Elle 
est  aujourd'hui  chef-lieu  du  dépaitement  de 
la  Loire-lnferjeure.  Sous  l'»  nipire  de  Dio- 
clélien  et  de  MavimJen,  un  gouverneur  que 
I  histoire  ne  nomme  pas,  mais  (}  ii  est  trè.s- 
piobablemenl  le  liop  celèbr.   Hiolius  Varus, 


soi  NAU 

Y  lU   niKiii'ir  poiii'  la  foi  clircMifMmc  los  deux 
fr^n's  sailli  Ddii.ilifM  clsiiiiil  Kn(^jiti()ii.  (Te//. 

DONAIIKN.   ) 

NAI'OLI'ION  (sailli),  luailyr,  versa  son 
san^  |Miiii'  la  loi  h  AlcxainliKi,  avec  saiiil 
SiUirnin,  diiranl  la  iKMsrculion  di*  Dioclrt- 
tidu  et  (le  Maviinii'n.  On  ik^  sait  pas  pii^ci- 
sc^nuMil  h  {|iH'lU'  tlalo  :  coiiundaiil  on  com- 
vitMit  t|U('  ce  (lui  (^Irtî  V(M*s  la  fin.  D'abora  ils 
l'iiiiMit  oxposrs  h  (les  (orhinvs  cxInMiuMucnt 
cruclics.  lis  li's  su(i|nirlrr('nt  avec  |)(miI(ou() 
do  courage,  cl  l'urcnil  rnsiiiln  mis  dans  un 
cacliot  dciui-morts.  Ils  y  iiMidirciil  rAïuc  an 
btxil  do  (|iiol(iuo  lonips  l/l\i:,liso  l'ail  Iciii'  l'tHc 
lo  l.'i  noiU. 

NAUCISSK  (sainl),  marlyr,  ciitMllit  la 
pnliuo  du  luarlvri'  h  lloiiic,  ayanl  itoiir  coiu- 
pagnon  do  stuilVrancivs  sainl  Croscenlion.  Les 
dc^lails  inaïujiuMil  coniiiUMoiiionl  sur  eux. 
L'Kgliso  t'ai!  li'iir  l'iMo  Ir  17  scpleuiliro. 

NAIIM,  villo  do  l'Etat  ooclésiasli(|uo,  a  ot6 
lériioin  du  mail\  ro  tic  rovèi|m'  l'roculo. 

NAKStli  (sainl),  esl  inscril  au  Marlyru- 
loge  romain  le  lo  juillet.  Il  l'ut  couronné  h 
Aloxandrio,  avci;  les  saints  Philippe,  Zé  ion 
et  dix  autres  tlont  les  noms  sont  ignorés. 
Les  détails  nous  inantiuenl  sur  leur  compte. 
NAUSÈS  (saint),  mailyr,  eut  la  u;loire  de 
mourir  pour  Jésus-Christ,  en  l'erse,  sous  1(>, 
roi  Sapor,  vers  rannée  327. (Koj/.,  pour  plus 
de  détails,  les  Actes  de  sainl  Jonas  et  de 
saint  Hahaciuse,  à  leurs  articles.) 

NAUSÈS  (saint),  martyr,  cl  ses  compa- 
gnons, moururent  en  Perse  pour  la  foi,  sous 
Sapor.  Voici  leurs  Actes,  (pie  j'ai  traduits 
d'Etienne  Assemani,  Mart.  Orient.  : 

L'année  d'ai)rès,  en  3W,  la  quatrième  an- 
née de  la  grande  iierséculion  de  Sapor  11, 
Narsès ,  évoque  de  la  ville  de  Sciaharcadat, 
etJose[)h,  son  discijile,  furent  arrêtés,  com- 
me le  roi  était  en  cette  ville  ,  et  amenés  en 
sa  présence.  En  les  voyant,  Sapor,  s'adres- 
sant  à  Narsès,  lui  parla  en  ces  termes  :  «Que 
veut  dire  cela?  Je  me  sens  touché  de  votre 
air  vénérable  et  de  vos  cheveux  blancs, 
ainsi  que  de  la  belle  jeunesse  de  votre  dis- 
ciple. Et  vraiment  je  me  sens  tout  ému 
i[uand  je  songe  (jue  bientôt  celle  grâce  de 
votre  visage  ,  celle  noble  majesté  de  votre 
front  vonl  dis[)aiaitre  lacérées  par  le  bour- 
reau,  et  que  vous-même,  cruellement  rais 
à  mort ,  allez  descendre  aux  enfers.  C'est 
pourquoi,  prenant  vos  intérêts  et  voulant 
vous  servir,  je  vous  prie  de  prendre  souci 
de  vous-même,  et  de  vous  sauver  ci  adorant 
le  soleil.  Pour  peu  que  vous  y  meitiez  de  la 
bonna  volonté,  je  vous  comblerai  de  récom- 
penses; car,  je  vous  le  répèle,  je  suis  au 
dernier  point  touché  de  l'air  de  votre  visage 
et  de  la  grâce  parfaite  de  toute  votre  ptr- 
sonne.  » 

Narsès  répondit  au  roi  :  «  Vos  paroles  si 
'laiteuses  et  si  douces  ne  peuvent  que  nous 
aftliger  et  nous  pénétrer  de  douleur;  car,  par 
ce  langage  insidieux  et  dissimulé ,  vous 
cherchez  à  nous  séduire  et  à  nous  précipiter 
du  point  glorieux  et  honorable  oix  notre  ré- 
sisUnce  à  vos  ordres  nous  a  placés ,  dans 
l'amour  et  dans  les  pièges   de  ce   monde 


NAU 


r,(ii 


liuiiipi'iir,  ou  hicnliM  v(Mis  allez  n.s.sayer  dfl 
iiniis  jt'icr  (Ml  ciiiplny/inl  la  iuici'.  El  voii-^, 
(lui  ave/.  |)ln<!i^  en  ce  iiiotidf  votre  \t,\(iirf'., 
don!  vous  (Mes  si  lier,  (•onim('  .s'il  vous  a[»- 
pailiwiail  tout  ctitici' en  |iropre,  et  pour  eu 
jouir  selon  vôtres  bon  plaisir,  vous  ne  codi- 
[)rnnez  donc  jias  rpTil  viendra  un  jour  où  il 
s'envolera  de.  vous  (•oiiinie  un  son^e  elinant 
lo  sommeil  ;  (pi'il  dispurattra  (Omine  lo  ro- 
siM!  du  malin  sous  les  IViix  du  jour?  Oiiant 
h  moi  (pie  iirinijtoile  ?  Je  suis  vieux,  plus 
(procidgénairo  ;  p(!ndant  loul(!  ma  vie,  et 
sans  nlAche,  j'ai  sei'vi  mon  Dieu  avec  fer- 
veur; cl  niainteiianl  j(!  i»ii(}  sans  cesse  lo 
ciel  pour  (pi'il  délouriK!  (li;  moi  ce  malheur 
de  nie  départir  do  celte  piété,  pour  'puijo 
ne  trahisse  pas  m  i  loi,  (pie  je  liens  de  mon 
Dieu,  et  (|uo  je  n'aille  [las  ensuite  «dorer  lo 
soleil,  uiK!  chose  créée  jiar  lui,  et  que  je  lui 
jtréférei'ais.  » 

Alors  le  roi  :  «Vous  me  paraissez,  dit-il, 
être  venu  bien  malhourousement  devant 
moi.  Si  vous  no  faites  pas  ce  que  je  vous 
commande  au  plus  vite,  j'ordonnerai  qu'on 
vous  traîne  au  supplice.  »  Narsès  lui  dit  : 
«Quand  bien  même,  ô  roi!  lorsque  vous 
nous  aurez  enlevé  la  vie  une  fois ,  vous 
pourriez  nous  ariacher  du  tombeau  fiour 
nous  ramener  en  ce  monde,  el  que  sept  fois 
vous  auriez  ainsi  de  suite  le  [louvoir  de  nous 
tuer,  vous  ne  nous  feriez  point  renoncer  à 
notre  Dieu;  vous  ne  nous  verriez  point  vous 
obéir.» 

Après  colle  réponse,  los  deux  saints,  sur- 
le-cham|)  condamnés  à  la  [)eine  capitale  ,  re- 
çurent l'ordre  de  marcher  au  lieu  du  sup- 
plice. Pendant  ce  temps-là,  le  roi  était  dans 
une  demeure  royale  nommée  Septa.  Quand 
on  les  eut  emmenés  pour  les  traincr  au  sup- 
plice, hors  l'enceinte  de  la  demeure  royale, 
une  grande  multitude  de  peuple  les  suivait 
pour  être  témoin  de  leur  mort.  Déjà  ils 
étaient  arrivés  au  lien  du  sufiplice,  el  Nar- 
sès regardait  avec  des  yeux  attentifs  cette 
mullitude  répandue  tout  à  l'entour,  quand 
son  disciple  Joseph  interpella  ainsi  le  bien- 
heureux évoque  :  «  Vénérable  vieillard,  vous 
regardez  de  tous  côtés  celle  multitiide  ;  voyez 
comme  arrêtée  ici  elle  a  les  yeux  fixés  sur 
vous.  Ils  attendent  vraiment,  comme  à  la 
coutume,  que  vous  leur  accordiez  la  liberté 
de  s'en  aller,  pendant  que  vous  irez  à  votre 
maison.  » 

Alfors,  le  saint  vieillard  regardant  Joseph 
avec  des  yeux  éclatants  de  joie,  et  le  tenant 
embrassé  avec  extase  :  «  Que  tu  es  heureux, 
mon  cher  Joseph,  d'avoir  si  noblement  évité 
les  pièges  que  te  préparait  le  monde  !  Voilà 
que  lu  vas  maintenant,  le  front  éclatant  de 
joie ,  franchir  la  porte  étroite  du  royaume 
des  cieux.  »  Joseph  immédiatement  of- 
frit sa  tête  au  bourreau.  Bientôt  le  saint 
vieillard  le  suivit  aussi.  Tous  deux  mouru- 
rent le  dix-septième  jour  de  la  lune  de  uo- 
verabre. 

Jean,  évêque  de  la  ville  de  Beth-Séleucie, 
eut  le  même  sort  :  il  fut  tué  dans  le  chttt'eau 
de  Belh-Hascita,  par  l'ordre  d'un  prince  nom- 
mé Ardascirus,  ou  du  président  Hadiabe. 


505 


NAR 


NAZ 


304 


Sapor,  (''viViiioirunc  corlaine  ville  de  Bclh- 
Sélpinio,  nioHnit  dins  In  ()rison,  par  suite 
des  louiments  ((irmi  lui  fit  soutTrir  et  du  la 
saleté  (lu  lieu.  (Juaud  eet  événeniont  eut  été 
annoncé  au  même  président  par  les  jinrdieus 
do  la  prison,  eelui-ei,  craignant  une  fraude, 
ordonna  (]u'on  cou|>At  la  tt^e  au  mort  cl  quon 
la  lui  apporlAt ,  ce  rpron  <it  à  liDsIanl. 

Isaac,  encore  evèque  dune  ville  de  Betli- 
Séleucie,  fut  lapiilé  dans  un  cliAleau  qu'on 
appelle  Nicatore.  Les  nobles  de  lîeth-Séleu- 
cie  ,  (]ui  n'étaient  chrétiens  ({ue  de  nom  , 
vinrent,  sur  lordre  de  Hadiabe,  pour  lui  in- 
lliger  eux-mêmes  ce  cruel  sup[»lice. 

Isaac,  prêtre  d'Hulsar  (c'est  le  nom  dun 
tourj;),  périlpar  le  même  supplice,  hors  des 
murs  de  Beth-Séleucie,  par  l'ordre  du  pré- 
sident Adargusnasaphe. 

Paf)as,  prêtre  d'un  certain  chAteau  qu'on 
appelle  H(dmine,  fut  lue  dans  le  chAteau  de 
(lalal ,  par  Toifire  du  président  Hadiabe. 

Uhanam,  jeune  clerc,  laitidé  par  des  fem- 
mes, reçut  la  couronne  du  marlvre.  l'our  lui 
faire  subir  ce  su|>i)lice  crueî,  l'impie  Hadiabe 
avait  f;dt  venir  de  Beth-Séleucie  les  dames 
nobles  ,  chrétiennes  seulement  de  nom.  Le 
jeune  martyr  était  originaire  do  la  même 
ville. 

(iuhscialazades,  eunuque  à  la  cour  d'Ha- 
diabe,  vice-roi  (le  Beth-Séleucie,  augmenta 
le  nombre  de  ces  bienheureux  raartyis.  Lu 
certain  Varlrancs,  qu'on  disait  prêtre  du  chA- 
teau de  Salucana  ,  était  présent;  celui-ci, 
tourmenté  par  les  satellites  du  roi,  pour 
cause  de  christianisme,  avait  eu  la  scéléra- 
tesse d'abjurer  ;  ce  fut  à  ce  sacrilège  déser- 
teur de  la  religion  que  le  tyran  ordonna  de 
^uer  Guhscialazades,  parce  que  le  saint  eu- 
nuque délestait  1  édit  du  roi  et  le  culte  du 
soleil.  A  l'instant  où  Vartranes  s'a[»prêlait  à 
obéir  aux  ordres  du  président,  et  qu'il  s'ap- 
prochait de  (iidiscialazado,  il  trend)lah  son 
aspect  :  «  Oserais-tu  n)c  fra|)|)er,  t(M  (jui  es 
un  prêtre  ?  dit  celui-ci  ;  mais  aussit<jt,  se  re- 
prenant ,  il  ajouta  ,  en  ra|»pelant  prêtre  : 
Courage!  fais  ce  (|ue  tu  as  résolu  de  faire, 
malheureux,  qui  ne  sais  pas  conduire  ton 
saint  ministère  h  bonne  lin,  pas  plus  (]ue  Ju- 
das son  a|)ostolal.  Il  est  bien  évident  ipu;  le 
diable  s'est  emparé  de  ton  Ame  pour  le  faire 
comuiettre  les  choses  (|u"il  devrait  faire  lui- 
même.  T.  Ce  fut  anisi  ((ue  ce  j  rêlre  impie 
el  prévaricateur  tua  do  sa  main  le  bienheu- 
reux (ivdisciatazades. 

Les  autres  lai(|ues  furent  Sasanes,  Mares, 
Tiiunë  et  Zaron,  de  la  petite  ville  de  Lasciu- 
ma.  qui  furent  conluils,  cliargés  (h*  chain«'s, 
dan>  la  province  des  Huzilcs,  par  l'oidre  du 
loi  Sapor.  Ils  scellèrent  courageusement  par 
le  dernier  Minplice  le  lémoignagc  ([u'ils  de- 
vaient h  la  religion  chrétieinie. 

Pour  la  môme  cause,  Baliuthe,  femme  no- 
ble et  ((Mitcnairo,  (h-  l.i  ville  de  Belh-Si'hMi- 
cie,  fut  tuée  loin  de  son  pays  par  le  (irési- 
dent  y\darguruasa|ilie. 

Thècle  et  DaMacte  ,  vierges  de  la  même 
vdle  de  Beth-Séleucie ,  suivirent  Balinlhe, 
sous  le  même  président;  eu  outre  Tatone  , 
Mnma,  Mazachio  el  Anne,  vierges  ili>   nt>th- 


Séleucie,  furent  tuées  par  les  ordres  du  gou- 
verneur hors  les  murs  d'un  chAteau  nommé 
Burgalha  ou  Hévara. 

Safior  fit  massacrer  trois  autres  vierges  de 
la  [irovince  de  Beth-tiermar.  savoir  :  Abia- 
fha,  Hatès  et  Mamiac'na. 

NAKSÈS  (saint),  fut  martyrisé  en  Perse, 
«ious  le  roi  Sapor,  avec  les  saints  Zanilas  , 
Lazare,  Marolas,  el  cinq  autres  dont  nous 
ignorons  les  noms.  Ils  furent  massacrés. 
L'Eglise  fait  leur  nuMUoire  le  27  mars. 

NAKSkS  (TAM-S.\roHi,  gouverneur  persan 
qui,  sous  Sa[)or,  ht  martyriser  saint  .Jacques, 
prêtre,  et  sa  S(T'ur  .Marie,  puis,  peu  de  temps 
après,  sainte  Thècle  et  ses  compagnes.  {Yoy 
les  articles  de  ces  dilférents  saints.) 

NARZAL  isaint\  l'un  des  martyrs  scilli- 
tains  ,  fut  mis  à  mort  h  Carthage,  en  200, 
sous  le  règne  de  Sévère.  (Pour  jdus  de  dé- 
tails, voy.  Spérat).  La  fête  de  ce  saint  tombe 
au  17  juillet. 

NATALIE  (sainte),  martyre,  était  femme 
de  saint  Adrien  ,  qui  mourut  pour  la  foi. 
Longtemps  ,  sous  le  règne  de  Dioclétien  , 
elle  s'enq)Ioya  à  servir  les  saints  martyrs 
qui  étaient  dans  les  prisons  de  la  ville  de 
Nicomédie.  S'étant  retirée  à  Constantinople, 
après  qu'ils  eurent  terminé  leurs  combats  , 
elle  y  mourut  en  paix.  L'Eglise  fait  sa  mé- 
moire le  1"  décembre. 

NATHALIE  (Sainte),  versa  son  sang  pour 
la  foi  à  Cordoue,  en  Espagne  ,  avec  sainte 
Liliose  et  les  saints  (leorges  ,  Félix  et  Au- 
lèle,  durant  la  persécution  que  les  Arabes 
firent  soutfrir  aux  chrétiens.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  27  juillet. 

NAVAL  (saini) ,  martyr,  fut  mis  h  mort 
pour  la  défense  de  la  foi,  à  Kavcnne,  avec 
saint  Valentin  ,  qui  y  était  maitre  de  la  mi- 
lice, saint  Concorde,  tils  de  ce  dernier,  et 
saint  Agricole.  Leur  mort  eut  lieu  sous  l'em- 
pire de  Maximien.  L'Eglise  honore  leur  mé- 
moire le  1()  décembre. 

NA^  AKIU)  (le  bienheureux),  jésuile  ,  pé- 
rit sur  le  bùclier  à  Ximabara  ,  avec  trois 
chrétiens  japonais,  le  1' novembre  1G22. 

ISAZAIUE  (saint),  issu  d'une  famille  illus- 
tre et  considérable,  eut  pour  mère  sainte 
Perpétue,  et  pour  père  un  païen  qui  portait 
les  armes.  Nazaire,  encore  enfant,  refusa  de 
suivre  son  père  el  dans  son  métier  et  dans 
sa  doctrine.  11  re(;ul  le  baolême  ,  et  se  lit 
prédicateur  de  l'Evangile.  Il  parcouru!  plu- 
sieurs proxioces,  y  prêchant  la  foi  el  y  fai- 
sant beaucouj)  de  miracles.  S'il  faut  en  croire 
la  tradition  ,  plusieurs  fois  il  fui  éprouvé 
dans  les  supplices  ,  une  fois  appliqué  f»  la 
(juestion,  précipité,  par  ordre  deSéron,  (ians 
les  Ilots,  d'où  un  miracle  le  retira.  Arrivé  à 
•Milan,  il  y  trouva  le  terme  et  la  récompense 
de  sa  glorieuse  carrière  :  il  eut  la  tête  traii- 
ehée  sous  le  règne  de  Néron-  Un  jeune  en- 
fant iioimiK'  Ce.se,  iiu'il  avait  pris  av(>c  lui, 
pour  l'iiislruire ,  partagea  sa  condamnaiion 
et  le  bonheur  de  sa  mort.  Tous  deux  furent 
(Miterr('s  dans  un  j.inlii,  hors  de  la  vill(>  de 
Milan.  Ce  fut  là  ipie  leurs  corps  lurent  trou- 
vés par  saint  Ambroise,  après  la  mort  de 
Théodose  I".  en.T.K'i  ou  ;{%.  Saint  Nazaire  se 


5(»6  NKM 

ri')V»''l(i  lui-inAiiit»  h  Miinl  Ainhroisi'.  (  V»//. 
Cr.i.sr..  )  l.a  l'iMc»  di'  ci's  driiv  s.iiiils  csl  cùlt'- 
hn'c  |"ir  ^l'^^lis('  roiiiamc*  U)  '2H  juillcl. 

NA/AIUM  (s(iitil),  soldat  dans  rarnitMi  do 
Maxciicc,  fui  mailyrisr  à  Hoiik;  en  l'an  d(! 
j.-C.  ;i()*J,  sotîs  le  \n-M\'l  Aniric.  Apivs  .'ivoir 
.sid)i  diverses  Inrlnres  ,  il  l'iil  di'-t  a|til(''.  On 
l'etilerra  sin-  la  voie  AniM'IieiiMe.  Sa  liMe  a 
litMi  l(<  11  .jnin.  (>(>(/.  Paul  Diacre;,  llalian- 
iMaiir,  Nolki-r.) 

NlsLSON  (lo  hienluMireux),  |ii<Hre  ,  a>anl 
nit^  la  siim-i^niaiie  i-eli^ieuse  de  la  l'eine  l'.li- 
sabolh  d  AnghMeire,  inllraiiié  sur  In  claie  , 
pondu  et  ciHipé  en  ([nailiers,  le  .'i  février 
157S,  avec  un  laKiiu'  nonnné  Slierwood. 

NfiVI^.SK  (saitU),  l'un  dos  sept  lilsde  saint 
CiiMaloet  de  saint(»  Synipliorose,  donna  sa  vie 
pour  la  foi  sous  le  r(''J,ne  d'Adrien.  Il  fut 
condaniui^  par  co  priuco  h  6tr«  allaclu!  à  un 
pieu  ;  il  eut  le  euîur  p(M'C(^  d'un  coup  do 
lance.  Sa  fOlu  arrivo  le  17juillot.  [Voy.  Sym- 
l'iionosK.) 

NÈlVlf<^SI<]  (saint)  ,  diacre  et  martyr  ,  fut 
martyrisé  à  llonu^  avec^  sa  sunu'  sainte  Lu- 
cile.  Ces  saints  martyrs  n'ayant  i)u  ùlve 
ébranlés  dans  leur  foi ,  furent  (lé(a[)ités  ])ar 
oidrc  do  l'emixM-eur  Valérien,  le  25  aotll. 
l.ours  corps,  que  lo  pa[)c  saint  Etienne  avait 
fait  enterrer,  et  h  cpii  saint  Xysie  avait  donné 
(Ml  cojour  une  sépulture  i)lus  h(uu)ial)le  sur 
la  voie  Appienne  ,  furent  depuis  transférés 
par  Grégoire  V  dans  l'égliso  d(ï  Sainte-Ma- 
rie-la-Neuve,  titre  d'un  cardinal-diacre,  avec 
les  saints  Symphrone,  01ym|)e  tribun,  Exu- 
périe  sa  femme  ,  et  'l'Iiéodule  leur  fils  , 
qui  s'élanl  tous  convertis  par  les  soins  de 
Sympluone ,  et  ayant  reçu  le  baptême  des 
mains  de  saint  Etienne  ,  obtinrent  la  cou- 
ronne du  martyre.  Dans  la  suite  des  siècles, 
Grégoire  XllI  les  ayant  trouvés  en  ce  lieu  , 
les  fit  mettre  plus  honorablement,  le  8  dé- 
cembre ,  sous  l'aulel  de  la  même  église.  Ils 
sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le  31 
octobre. 

NÉMÈSE  (saint)  reçut  la  couronne  du 
martyre  dans  l'île  de  Chypre.  U  eut  pour 
compagnon  de  son  martyre  saint  Potame. 
L'époque  et  les  circonstances  de  leur  com- 
bat sont  inconnues.  L'Eglise  vénère  leur 
sainte  mémoire  le  20  février. 

NÉ.MÈSE  (saint)  ,  confesseur  ,  souffrit  au 
territoire  de  Liévin  pour  la  défense  de  sa 
foi.  Nous  n'avons  pas  d'autres  détails  sur 
son  compte.  Il  est  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
main le  1"  août. 

NÉMÉSIEN  (saint),  évêque  et  nualifié 
martyr  au  Martyrologe  romain,  à  la  date 
du  10  septembre, jour  auquel  l'Eglise  célèbre 
sa  fôte,  élait  l'un  des  neuf  évoques  enfermés 
dans  les  mines,  et  h  qui  saint  Gvprien  écri- 
vit sa  soixante-seizième  lettre.  11  avait  été 
déporté,  immédiatement  après  sa  première 
confession,  aussitôt  après  avoir  été  cruelle- 
ment frappé  h  cou|»s  de  bâton.  Cet  évoque 
avait  assisté  au  grand  concile  de  Carthage. 
Ici  nous  prenons  dans  notre  IP  volume  de 
I  Histoire  générale  des  persécutions  (p.  237), 
tout  ce  qui  est  relatif  à  ces  neuf  évêques  ; 
on  y  verra  la  lettre  que  saint  Cyprien  leur 


NEM 


'.00 


éciivit,  une  dos  dijux  (pi  ils  lui  répondirenl, 
cl  (pielques  rélle\ions  de  notre  [tui  t  sur  il'* 
saints  confesseurs  el  martyrs. 

Neuf  (''vé(jiies  ipii  avaiiMit  tous  nssislé  au 
^rand    concile    (|(>    Caillia;.i;e ,    et    beau» oup 
(('autres  saints  cord'fssfiiis  furent   enfermés 
dans  les  mines.  Saint    Cypiien    leur  écrivit 
de  Curube  la  lellri'  suivante,  pour  les   féli- 
(;iler,  les  consoler  (;t  les  enc,oiua;.^er  :  u  Cy- 
prien h  Némi''sieii,  ii  l''ilix,  h  Lncius,  h  l'au- 
tre l''éli\,  à  Litlée,  à  Pollen,  ii  Victor,  ii  Jn- 
dère,  à  Dativus,  ses  collègm'S  dans  l'épisco- 
pat,  et  aux  martyrs,  |)rélres  cA   diacres,  en- 
fermés dans  les   mines,  inarlyis  de  Dieu,  |c 
Pèrcî  tout-puissant,  et  de  Jésus-Christ,  noire 
Seigneur,  notre;   Dieu,  noire;  Sauveur,  salut 
éteriK'l.  —  Votre   illustration,  bienfieureux 
et   allectioiuiés  frèics,  in"imposei;iil   h;   de- 
voir de  vous   visiter  et  de    vejler    dans   vos 
bras,   si   je;  n'é'ais  moi-même  relégué  loin 
lie;  vous  et  détenu  pour  le   nom  (b;  Jésus- 
Christ.  Mais  je  nu;  rends  présenl  au  milieni 
de  vous,  autant  (pi'il  est  eu  mon  pouvoir.  A 
défaut  de  c<;  corps  que  l'on  enchaiue,  jt;  m'y 
transporte  de  cœur  et  d'esprit,  et  cette  lellro 
vous  ex()rimera  toute  la  joie  cpie  m'ont  ins- 
piiée  votre   gloire  et   vos  vertus,  toute   la 
part  que  j'y  prétends,  sinon  par  la  commu- 
nauté des  souirrances,  au  moins  par  l'union 
de   notre    charité.   Pouvais-jc;   contenir   les 
élans  de  mon  allégresse  et    me  condamner 
au  silence,  lorsepi'il   me  revenait  des  nou- 
velles si  honorables  à  des  amis  que  je  porte 
au  fond  de  mon  âme,  et  que  Dieu  a  couron- 
nés de  grâces  si  précieuses  ?  Quelques-uns 
de  vous,  je  le  sais,  ayant  d;^ja   consommé 
leur  martyre,  ont  pris  les  devants  pour  re- 
cevoir des  mains  du  Seigneur  la  palme  due 
à  leurs  mérites;  d'autres,  encore  dans  les 
fers,  au  fond  des  cachots  ou  des  raines,  at- 
tendent   l'heure    d'un    sacrifice   qui    n'est 
ajourné  que  pour  fortifier  le  courage  de  nos 
frères,  en  leur  mettant  sous  les  yeux  de  no- 
bles exemples  de  persévérance.' La  prolon- 
gation de   leurs   tortures  ajoute  à  leurs  ti- 
tres, et  chaque  jour  consumé  dans  la  dou- 
leur grossit  au  ciel  le  trésor  de  la  récom- 
pense. Que  Dieu  ait  daigné  vous  élever  au 
folle  de  toutes  les  gloires,  il  n'y  a  là  rien 
qui  m'étonne  :  votre  piété  d'hier,  magnani- 
mes confesseurs,  m'explique  votre  illustra- 
tion d'aujourd'hui.  Ne  vous  ai-je  pas  vus 
jusqu'ici  'inébranlables  dans  la  foi,  inviola- 
blement   soumis  aux  commandements   sa- 
crés, innocents   avec  simplicité,    membres 
pacifiques   de  l'Eglise,  ornés  d'humilité  et 
de  modestie,  zélés  dans  l'administration  des 
choses    saintes,  volant  avec   empressement 
au  secours  des  malheureux,  réchautfant  les 
pauvres  dans  votre  sein,  défendant  les  droits 
de  la  vérité  avec  une  rare   constance,  gar- 
dant lo  discipline  avec  une  fermeté  inflexi- 
ble? 

«  Et  maintenant,  pour  que  rien  ne  man- 
que à  vos  vertus,  l'héroïsme  de  votre  con- 
fession et  les  tortures  qui  vous  éprouvent 
sont  autant  de  provocations  et  de  guides  qui 
conduisent  nos  frères  au  martyre,  afin  que 
le  troupeau,  en  marchant  à  la  suite  des  pas- 


5(17 


NEM 


NEM 


508 


leurs,  et  répétant  lours  illustres  dévoue- 
ments, rivalise  avec  eux  de  mérite  et  s'é- 
lève aux  mômes  récompenses.  Vous  avez 
commc'icé  à  proclamer  voin»  foi  sous  les 
Yerges  qui  mettaient  votre  corps  ci  lam- 
beaux ;  mais  ces  glorieux  préludes  n'ont 
rit"i  dont  il  faille  rougir.  Le  chrélipii  ne  re- 
doute pas  les  b.Uons  levés  pour  d(^hirer  sa 
chair;  son  espérance  est  tout  entière  dans 
le  bois  :  le  disciple  du  Christ  y  dé(  ouvre  le 
gage  mystérieux  du  salut.  Jadis  insirument 
de  sa  rétlemption,  aujourd'hui  instrument 
de  sa  victoire,  ce  bois  qui  le  meurtrit  va  le 
porter  à  la  vie  éternelle.  Quelle  merveille 
que  des  vases  d'or  et  d'argent  aient  été  en- 
voyés aux  lieux  où  se  forment  l'or  et  l'ar- 
gent, si  ce  n'est  que  peut-être  les  mines, 
changeant  sous  nos  yeux  de  nature  et  de 
fonctions,  au  lieu  de  nous  fournir  les  mé- 
taux précieux,  les  reçoivent  de  nous  à  leur 
tour?  Ou  a  chargé  vos  pieds  d'indignes  en- 
traves; des  litns  honteux  enchaînent  vos 
COr|)S,  membres  fortunés  de  Jésus-Christ, 
sanctuaires  augustes  du  Dieu  vivant  ;  mais 
vos  ennemis  ont-Us  garrotté  votre  Ame?  Le 
contact  du  fer  a-t-il  souillé  votre  or?  A 
des  hommes  consacrés  au  Seigneur,  et  qui 
attestent  leur  fidélité  par  un  généreux  dé- 
vouement, CCS  chaînes  sont  des  joyaux. 
Loin  d'ici  les  entraves  qui  déshonorent  1  les 
vôtres  sont  la  matière  précieuse  dont  se 
forme  votre  couronne.  0  pieds  glorieuse- 
ment comprimés  1  ce  n'est  pas  une  main 
mortelle,  mais  la  main  divine,  qui  brisera 
vos  liens  ?  O  pieds  glorieusement  compri- 
més, qui  ne  laissez  pas  néanmoins  de  mar- 
cher dans  les  voies  du  salut  1  Pieds  enchaî- 
nés pour  le  temps,  alin  <le  rester  libres  pour 
l'tteruité  !  Pieds  relardés  un  moment  par  de 
jaloux  obstacles,  mais  (jui  vous  élancerez 
bientôt  d'une  course  glorieuse  vers  Jésus- 
Christ  1  Qu  une  cruauté  envieuse  ou  mal- 
veillante vous  nu'lle  à  la  gène  ici -bas; 
quelle  vous  charge  dn  fers,  autant  qu'elle 
voudra  ;  encore  quelques  jours,  mes  frères 
bieu-aimés,  et,  aUraiichis  de  ce  lien  de  dou- 
leurs, vous  prendrez  votre  essor  vers  les  cé- 
lestes royaiimes  ! 

•<  Je  le  sais,  dans  ces  obscurs  snulerrains, 
votre  corps  ne  reposa  ni  sur  un  lit,  ni  sur  le 
duvet  ;  uiais  vous  avez  les  rafraichissements 
et  les  cnnsolalions  de  Jt'-sus-Christ.  Une 
terre  nur  reçoit  vos  mend)ics  harassés  par 
le  travail  ;  mais  une  couche  semblable  h  relie 
de  voirc  divin  maître  n'rsl  ithis  im  supplice. 
L^,  pus  de  ï)iu\i  pour  purdier  une  chau-  ipie 
souille  une  poussière  noire  et  inunonde; 
mais  v<»tr»«  ûme  se  lave  dans  c.i's  souillures 
extérieures.  Le  pain  n'y  est  point  alxMHlant  : 
L'homme  ne  vit  pas  seulement  de  pain,  mais 
de  la  parole  dr  Diru.  Poi  it  de  vêtements  h 
opposer  au  fioid  qui  vous  glaec  ;  mai^  on 
est  sullisaiument  couvert,  f)n  est  richement 
paré,  quand  o-i  ,i  levèl'i  Jésus-Chrisl.  On  a 
pLicé  ri^iomune  sur  vt^tn'  lèic  h  moitié  ra- 
.•«(•e  ;  mais,  puisque  Jésus-Christ  est  la  tèle  de 

l'houuue.quel  ijUf  "Oit  cet  (lUtrage.  tout  sit>d 
bleu  à  une  lèle  ennoblie  par  la  nml'ession  tlu 
iivm  de  chrétien.  Par  quelles   immurtelles 


splendeurs  vont  être  compensées  t(5utes  ces 
diiïormjtésqui.pourles  infidèles.sont  des  ob- 
jets d'horreur!  Comme  ces  souffrances  d'un 
moment  vont  se  convertir  en  éternels  hon- 
neurs, au  jour  où.  selon  le  témoignage  de 
l'Apôtre  :  Lr  Srifjnnir  Iraufforwern  ce  corp% 
d'nhjprtion  et  de  ni'atit  nit  corps  de  sa  sp/rn- 
rff»r.' Quoique  l'on  refuse  aux  prêtres  (jui 
sont  parmi  vous  li  liberté  ou  les  moyens  de 
célébrer  les  saiiils  mystères,  votre  foi,  votre 
piété  n'en  sont  pas  même  compromises  :  Je 
me  tr  »mpe,  vous  offrez  ?i  Pieu  un  sacrifice 
(l'un  grand  prix,  glorieux  au  Seigneur,  utile 
à  vous-mêmes,  f.e  sacrifice  que  Dini  de- 
mande, suivant  l'Ecriture,  c'est  un  esprit  que 
la  douleur  a  brise'.  Le  Seigneur  ne  rejette  pas 
un  cœur  contrit  et  humilié.  Voilà  le  sacrifice 
rion  interromim  que  vous  renouvelez  en 
l'honneur  de  lEternel  le  jour  et  la  nuif, 
vous  immolant  vous-mêmes  comme  des 
hosties  pures  et  sans  tache,  ainsi  que  l'A- 
pôlre  nous  y  invite  :  Je  vous  conjure  donc, 
mes  frères,  par  in  miséricorde  de  Dieu,  de  lui 
offrir  vos  corps  comme  une  hostie  virante, 
sainte  et  aqréable  à  ses  yeux.  Et  ne  vous  con- 
formez point  au  siècle  présent,  mais  qu'il  se 
fasse  en  vous  une  transformation  par  te  re- 
nouvellement de  votre  esprit,  afin  que  vous 
reconnaissiez  quelle  est  la  volonté  de  Dieu, 
cl  ce  qui  est  bon,  agréable  et  parfait.  Voilà 
ce  qui  plaît,  avant  tout,  au  Seigneur,  ce  qui 
nous  attire  ses  complaisances,  ce  qui  nous 
mérite  ses  faveurs  ;  voilh  l'unique  recon- 
naissance que  les  dévouements  et  la  sou- 
mission de  notre  foi  puissent  lui  payer  en 
échange  de  ses  dons,  suivant  le  témoignage 
de  1  Esprit-Saiut  dans  les  Psaumes  :  Que 
rendrai-je  au  .Seigneur  pour  les  biens  dont  il 
m'a  comblé?  Je  prendrai  le  calice  du  salut  et 
j'invoquerai  le  nom  du  Seiqnrur.  La  mort 
des  justes  est  précieuse  devant  lui. 

«  Qui  ne  prendrait  avec  joie  le  calice  du 
salut?  Qui  ne  volerait  avec  transport  au- 
devant  des  moyens  qui  lui  sont  offerts  pour 
s'acquitter  envers  le  Très-Haut?  Qui  ne  re- 
cevrait avec  une  confiance  inaliéralde  une 
mort  précieuse  devant  lui  ?  Qui  ne  se  met- 
trait en  devoir  de  [>laire  h  ce  Dieu  qui  con- 
fiMuple  du  haut  du  ciel  la  lutte  que  nous 
souîenons,  a[>(irouve  et  seconde  notre  ar- 
deur, couronne  nos  victoires,  récompense 
avec  la  bonté  d'un  père  des  vertus  qui  Uii 
appai  tieiuienl,  et  honore  ses  propres  (T>u- 
vrt's?  Qu'il  soit  le  principe  de  nos  Iriom- 
phi^s  :  ipi'il  nous  aide  h  terrasser  notre  ad- 
versaire et  à  moissonner  les  palmes  après 
un  illustre  combat  :  il  nous  le  dé  lare  lui- 
même  tians  son  Evangile  :  Lorsqu'ils  vous 
feront  comparnilre,  ne  vous  inquiétez  pas 
comment  vous  parlerez.  Ce  que  vous  devez 
dire  vous  s<'r(i  donné  à  l'hrure  mf<ne  :  car  ce 
n'est  pus  vous  qui  parlez  alors,  c'est  l'e.^prit 
de  votre  Père  réleste  qui  parle  en  vous.  V.i 
ai  leurs  :  Mettez  donc  dans  vos  cceurs  de  ne 
point  préméditer  comment  vous  répondrez  ; 
car  je  mus  donnerai  moi-même  des  paroles  et 
une  sn(ii'ssr  à  Inquelle  vos  ennemis  ne  pour- 
ront r< sisler.  Oracle  bien  rassurant  nour  le 
«hrélien  fidèle;  mais  oracle  bien  fouuroyant 


m^ 


NFM 


NFM 


ilO 


pour  rnposfnl  <pii  n'a  foi  ni  dnns  rnssistnrK-c 
|)nimis(*  aux  conrosscurs,  ni  dniis  lus  cliûli- 
imuils  (Hcnit'ls  i|('.slii)('!s  h  la  Iraliisoii.  ^ 

«  N  alimi'iMix  nouiballanls  dr  JébUîi-lIlirisl, 
(>ii  ronlii  niaiil  par  vos  oxoinpltis  vos  pr(^c6- 
(hîiili's  pnVli(  'liions,  vous  avr/.  iiispin^  vos 
vt'i'lns  h  nos  l'iùivs.  Hno  i^iamli"  j^loiii!  vous 
alli-iid  dans  l(;  royainnc  (les  cinux,  a\r  c'est 
h  vous  (pi'a  t''l»''  adr(">s(''c  celle  promesse  :  Cc- 
hti  (/i(i  fini  il  nisriiiiirra,  celui-là  scni  njipi'W 
(jriinil  iiinisir  rofjititnir  (1rs  ricii.r,  Uno  grande 
partie  tin  |>eupi(*  a  inarclK'  dii^nerneiit  sur 
vos  traces,  el  a  nu''rilé  de  s'associer  à  la 
in^ujo  coni'onne,  en  s'associanl  h  lu  ni^^ino 
cijid'essioii,  un  e  par  les  liens  iiidissohddes 
(le  la  charUt^  cl  ne  vonlaid  s(!  séparer  de  ses 
(•hoCs,  ni  dans  les  mines,  ni  dans  les  fers. 
Dansée  nomi)re  hrillenl  jus(pr.-\  des  vierges, 
(pu,  a,jnulaid  un  iiumeuse  liésor  à  un  trésor 
déjh  hien  riche,  se  sont  (Mevées  à  la  céleslo 
cou^'omie  par  une  douhie  gloire.  Mais  (pie 
dis-je  1  les  enf;\Mls  eux-mêmes  ont  déployé 
une  fermeté  d'Ame  au-dessus  do  leurs  an- 
nées, alin  (pn>  voirez  sainte  milice  complAt 
des  martyrs  de  tout  sexe  el  de  tout  Age. 

«  Qui  poui-rait  (>\prinu'r  l'énergie^  d'une 
conscience  victorieuse,  l'élévation  de  votre 
couraj^o,  les  transports  dt>  votre  allégresse, 
les  joies  de  voti-e  triomphe,  tous  les  senli- 
timenls  eniin  cpii  doivent  inonder  votre  An-ie 
en  ce  monuMitl  Quelle  félicité  pour  vous  de 
penser  que  vous  alh»/  recevoir  des  mains 
divines  la  récompense  qui  vous  est  (iestinée  ; 
que  vous  n'avez  rien  h  redouter  dujugenient 
suprême,  (lue  vous  portez  au  fond  de  ces 
souterrains,  dans  un  corps  ca[)tif,  une  Ame 
souveraine  !  Quelle  consolation  do  savoir 
que  Jésus-Christ,  présent  au  milieu  de  vous, 
se  plaît  il  contempler  la  patience  et  l'intrépi- 
dité de  ses  serviteurs, (lui  marchent  à  la  con- 
quête des  royaumes  éternels  par  le  même 
chemin  que  lui  !  Vous  soui)ircz  tous  les  jours 
après  le  fortuné  moment  de  votre  rappel,  et, 
prêts  h  secouer  tes  chaînes  de  ce  monde, 
vous  prenez  votre  essor  vers  les  récompenses 
des  martyrs,  vers  les  tabernacles  divins,  bien 
siirs  qu'arrachés  aux  ténèbres  du  siècle, 
vous  allez  ouvrir  les  yeux  à  une  lumière 
éblouissante,  et  renieillir  des  splendeurs 
qui,  selon  le  témoignage  de  l'Apotre,  n'ont 
aucune  proportion  avec  vos  tribulations  et 
vos  angoisses.  Les  souffrances  de  la  vie  pré- 
sente, dit-il,  n'ont  aucune  proportion  avec  la 
gloire  qui  doit  éclater  dans  nous. 

«  Aujourd'hui  que  vos  prières  ont  acijuis 
plus  d'ellicacité,  [)U!S(îue  l'oraison  n'est  ja- 
mais  plus  puissante  que  quand  elle  s'élève 
du  fond  de  la  tribulation,  priez,  conjurez 
instamment  la  divine  miséricorde  do  nous 
aider  tous  à  consommer  notre  sacrifice;  de- 
mandez-lui qu'elle  m'enlève  moi-même,  fidèle 
et  glorieux,  aux  ombres  et  aux  pièges  de  ce 
monde,  afin  que  des  cœurs  unis  ici-bas  par 
les  liens  de  la  charité,  après  avoir  lutté  en- 
semble contre  la  violence  de  l'hérésie  et 
contre  la  persécution  du  paganisme,  se  ré- 
jouissent ensemble  dans  le  royaume  des 
deux. 

«  Je  souhaite,  bienheureux  et  très-afifec- 


tioiuu's  frêrcM,  qin-  votre  santé  «oit  louiour» 
Ilori^ibaïUo  (t|i  Nutre-Suigheur  Jésiis-i^liriiit. 
Souv(MM'/-vous  de  moi  toujours  et  partout 
où  vous  serez.  »  [Littrr  lxxwi.) 

Cette  admirable  lettre  lut  remise  aux 
saiids  coidfssi  in  s,  p;n'  lli'renniatnis,  sous- 
diacre,  el  les  acolytes  Lucien ,  .Maxime  et 
Amanco,  ainsi  ipu;  les  idiondantes  auinAiies 
<ph'  saint  (!\  piieu  envoy.iil  ,  |;iiit  en  son 
propre  nom  (pi'en  t:el  ii  de  Quoiinis.  l.n  lut- 
Ire  du  saint  évêi^ue  ne  fait  pas  mention  de 
cet  e'ivoi.  La  main  qui  donnt;  ob  il,  en  se 
ca(  haut,  au  précepti- évangélMpn;;  mai»  celle 
(jui  rc(;oil  obéit  h  la  reconnaissance,  et  nous 
verronsdans  la  réponse  dessaintsconfesseur.s 
avec  (pu'lle  gr-ilitU'Ie  ils  remercient  saint 
Cyprien  des  dons  de  sa  charité.  La  lettre 
qu'on  vi(!nl  âo.  lire  retrace  les  incoiinnodi- 
tés,  les  privations,  les  tourments  aux(pels 
étaient  soumis  les  chrétiens  dans  les  inincs; 
c'est  un  des  plus  précieux  monuments  de 
celte  belle  é;iO(jue.  Nous  ne  citerons  ici  des 
ré[)onses  que  tirent  les  confesseurs  à  saint 
Cyprien,  que  la  pi'emière,  faite  au  nom  de 
quatre  évêques,  Némésien,  Dativus,  l'élixel 
Victor. 

«  Salut  éternel  en  Notre-Seigneur.  —  Vos 
lettres,  dont  la  lecture  assidue  redresse  l'éga- 
rement et  inspire  la  vertu, bien-aimé  Cyprien, 
renferment  toujours  un  langage  élevé  et  des 
sentiments  approi)riés  h  la  circonstance.  En 
continuant  de  dévoiler  ainsi,  dans  vos  lu- 
mineux traités,  la  vertu  cachée  des  mystèies, 
vous  accroissez  notre  foi  et  vous  décidez  les 
hommes  du  siècle  à  l'embrasser;  car,  dans 
toutes  les  vertus  que  nous  recommandent 
vos  nombreux  écrits,  c'est  vous-mêmes  que 
Vous  avez  retracé  sans  le  savoir.  En'ellet, 
éclairé  dans  la  discussion,  éloquent  dans  la 
chaire,  prudent  au  conseil,  sim])le  dans  la 
})atience,  abondant  en  œuvres  de  miséricorde, 
modèle  de  désintéressement,  d'humilité  et 
de  soumission,  chaste  dans  vos  mœurs,  par- 
tout vous  avez  la  palme.  Vous  le  savez,  no- 
tre vœu  le  plus  cher  est  de  voir  un  docteur 
qui  nous  affectionne  si  tendrement,  parvenir 
à  la  couronne  ai^rès  une  éclatante  confes- 
sion. N'étiez-vous  pas,  dans  toute  la  vérité  de 
l'expression,  notre  docteur,  quand  vous  pro- 
nonciez au  tribunal  du  proconsul  de  coura- 
geuses paroles  que  nous,  vos  disciples,  nous 
devions  répéter  devant  lui  ?  Votre  voix  alors 
a  été  comme  une  trompette  retentissante  qui 
appela  sur  le  cham|)  de  bataille  les  défen- 
seurs de  Jésus-Christ,  et  leur  mit  aux  mains 
les  armes  célestes.  En  combattant  vous-même 
à  la  tête  de  la  sainte  milice,  vous  avez  im- 
molé le  démon  avec  le  glaive  spirituel;  vous 
avez  jeté  çà  et  là  des  bataillons  de  chrétiens 
pour  tendre  des  embûches  à  l'ennemi  public, 
le  harceler  de  tous  côtés,  et  fouler  aux  pieds 
son  cadavre  mutilé. 

«  Vous  pouvez  nous  en  croire,  votre  âme 
pure  et  vertueuse  n'a  pas  rendu  moins  de 
cent  pour  un,  lorsque,  brisant  la  fureur  d'un 
monde  déchaîné,  elle  n'a  pas  refusé  de  par- 
tir pour  l'exil,  d'abandonner  une  ville  chérie, 
et  de  se  confiner  dans  une  retraite  solitaire; 
lorsque  enfin,  donnant  à  tous  un  généreux 


VJ 


Mtiia 


NEO 


513 


oxoniple,  elle  a  ouvert  la  carrière  du  niar- 
lypo.  C'est  elle  qui  a  encouragé  tant  d'allilè- 
tes  h  ro'Tsoinint'r  leur  snrrifirc.  Assorit^eà  la 
j;loir("  des  soldats  couronnés  (jui  ont  déjà 
quitté  la  terre,  elle  s'unit  aussi  dune  céleste 
amitié  avec  les  martyrs  futurs.  Les  rondani- 
ués  se  joijjnent  donc  à  nous,  et  tous  cnsiun- 
hle  nous  vous  décernons  de  solennelles  ac- 
tions de  fzrAces,  bien-aimé  Cyprien,  pour 
avoir  ranimé  |)ar  votre  lettre  nos  for.es  lan- 
guissantes. Vous  avez  versé  le  haume  salu- 
lairo  sur  nos  nionihrcs  di^clnrés  |)ar  les  ver- 
sées, brisé  les  entraves  (pii  enchaînaient  nos 
pieds,  recouvert  de  leur  première  chevelure 
nos  fronts?!  demi  rasés,  éclairé  les  ténèbres 
de  nos  cachots,  abaissé  au  niveau  lie  la  i)lai'ie 
ces  nioutagnos  métalliques;  enfin  vous  avez 
subsfiiué  à  l'odeur  d'une  fumée  infecte  les 
parfums  des  tleurs  les  plus  suaves.  Dislri- 
Duleurs  de  vos  dons,  le  sous-diacre  Héren- 
nianiis  et  les  acolytes  Lucien,  Mixime  et 
Amantius,  nous  ont  remis  de  votre  [)ait  et 
de  celle  de  notre  bien-aimé  Quirinus,  tout 
ce  qui  manquait  à  nos  besoins.  Prions  donc 
les  uns  I  ourles  autres;  aidons  nous  mutuel- 
lement comme  vous  l'avez  recommandé,  afin 
que  Dieu,  Jésu'^-Christ  et  les  anges  nous 
soutiennent  dans  toutes  nos  actions. 

«  Nous  vous  souhaitons,  seigneur  frère, 
une  santé  toujours  florissante.  D.iignez  vous 
souvenir  de  nous  et  saluer  tous  ceux  cpii 
sont  avec  vous.  Tous  les  nôtres  vous  aiment, 
vous  saluent,  et  sou})irent  après  votre  pré- 
sence. »  {Lettre  lxxvii.) 

Une  deuxième  réponse  est  écrite  au  nom 
de  l'évôfjue  Lucius ,  une  troisième  au  nom 
des  évèques  Félix  (on  sait  qu'il  y  en  avait 
deux  de  ce  nom),  Jadère  et  Polien.  Cette  cir- 
constance proil^f(>.  à  notre  sens,  ([ne  les  saints 
confesseurs  de  la  foi  n'avaient  pas  le  bon- 
heur d'être  ensemble,  de  |  orter  en  conunun 
le  poids  des  tourmeUs  et  de  la  persécution, 
mais  qu'ils  étaieiil  sépai-és  dans  des  mines 
différentes.  Ils  étaient  cependant  dans  le 
même  pays,  car  on  voit  par  leurs  lettres  que 
ce  sont  les  mêmes  envoyés  de  saint  Cyprieu 
i[ui  leur  remettent  sa  lettre  et  ses  anmAnes. 
Saint  Cyprien  éeriviiit  à  neuf  évèques  :  huit 
seulement  lui  répondent  :  il  est  probable  que 
l'évêfpie  Littée  ,  do'it  le  nom  ne  se  trouve 
pas  joint  à  celui  de  ses  collègues  en  tète  de 
leurs  réponses,  était  déjh  mort  (piand  ils 
écrivirent,  ou  qu'il  avait  été  envoyé  ailleurs. 
Les  Actes  d'un  concile  de  Carthage  quali- 
fient saint  Jadère  coidesseur  et  martyr  :  vos 
deux  <pialiliealions  indi(pient  (piil  versa  son 
sang  iK»ur  la  foi.  Quant  aux  autres  évè(pies 
dont  il  est  ici  question,  on  ne  sait  rien  d'ab- 
solument certain  à  leur  égard  :  suivant  tou- 
tes les  jirobabddés ,  ils  eurent  le  sort  de 
saint  Jadèie.  Le  >LTityrologe  romain  les  ho- 
nore tous  ensfnd)le,  le  10  septembre. 

Baronius  prétend  qu'ils  sont  regardes  |).ir 
l'Kglise  comme  des  martyrs  ;  i  ela  ne  sullirait 

fias  pour  établir  ipi'ds  moururent  soit  dans 
fs  mines,  sous  le  poids  des  tourments,  soit 
d'une  fH«;on  s.inglante  dans  les  supplices  ; 
car  tout  ce  cfuds  endurèrent,  comme  le  té- 
moigne la  lettre  de  saint  Cyprien,  sulfit  bien 


f)our  que  l'Eglise  les  regarde  et  les  honore 
comme  des  martyrs.  Du  reste  ,  nous  avons 
vu  déjà  plusieurs  fois  cette  qualification  don- 
née à  des  saints  qui  avaient  simplement 
s<»ullert  pour  la  foi ,  sans  verser  leur  sang 
fiour  elle.  Nous  citerons,  entre  autres,  sainte 
Thècie  et  saint  Jean  l  Evangéliste. 

NÉMÉSION  (siint),  martyr,  était  d'Egypte, 
mais  mm  pas  d'Alexandrie.  Ecoutons  saint 
Denys  raconter  ce  qui  le  concerne  :  «  On 
avait  [nis  Némésion  et  on  l'accusait  fausse- 
ment d'être  d'une  bande  de  voleurs,  qu'on 
avait  aussi  arrêtés.  Il  n'eut  pas  de  peine  h 
se  purger  d'un  crime  dont  on  n'aurait  pas 
même  dû  le  soupçonner,  et  il  se  justifia  fort 
bien  auprès  du  centurion.  Mais,  quelque 
tenqis  après,  ayant  été  déféré  comme  chré- 
tien, il  fut  amené  devant  le  préfet  ;  et  ce  juge 
ini(jue  le  fit  fouetter  bien  plus  cnielleuieut 
(ju'il  n'avait  fait  les  vf)leurs,  et  il  le  con- 
ilamna  ensuite  à  être  brûlé  avec  ces  scélé- 
rats :  heureux  d'avoir  fini  sa  vie  comme  Jé- 
sus-Christ son  maître.  »  L'Eglise  fait  sa  fête 
le  19  décembre. 

Nf-:OCÉSAUÉE.  ville  du  Pont,  dans  l'Asie 
Mineure  (aujouririuii  Niksar).  Cette  ville  est 
la  patrie  de  saint  Grégoire  Thaumaturge, 
l'un  des  plus  célèbres  disciples  du  f.imeux 
Origène.  Ce  fut  dans  cette  cité  que,  sous  le 
règne  de  l'empereur  Dèce,  un  ieune  homme 
nommé  Traude,  appartenant  h  lune  des  p'C- 
inières  familles,  donna  sa  vie  pour  la  foi , 
après  avoir  soullert  do  nombreux  tour- 
ments. 

NÉON  (sainte  était  greffier,  ercepior,  tlu 
juge  qui  condamna  sauil  Speusippe  et  sps 
frères  à  mort,  sous  l'empire  de  Marc-Aurèle, 
dans  la  ville  de  Langres.  H  écrivait  le  [iro- 
cès-verbal  de  ce  qui  se  passait  devant  les 
juges,  quand  tout  h  coup,  donnant  le  papier 
à  Tarl»on,  son  collègue,  il  courut  h  la  statue 
do  Némésis  ijui  était  près  «lu  tribunal,  et  la 
renversant,  la  mit  en  pièces,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  idoles.  Puis  il  confessa  haute- 
ment qu'il  était  chrétien.  Il  fut  |)ris  })ar  les 
gardes  du  temple,  battu  et  tellement  lapidé, 
(pi'il  en  mourut. 

NÉON  ^sainl  .  fut  martyrisé  h  Rome,  sous 
lempire  de  Valérien  ,  avec  les  saints  Hip- 
polyte  ,  Eusèbe,  Marcel,  Adrias.  Maxinn»  et 
les  saintes  Pauline  et  Marie.  L'Eglise  fait  sa 
fête  le  2  décembre.  (Pour  nlus  amples  dé- 
tails, voy.  les  Actes  de  saint  Hippoi.yte,  à  son 
article.^ 

NÉON  (saint),  frère  des  saints  Claude  et 
.\stire,  fut  «•'.rrêlé  avec  eux  et  avec  les  saintes 
J)ommin»>  et  riiéonille,  h  Kgée  en  Cilicie, 
en  '2S.S.  s(»us  le  règne  de  l'empereur  Dioclé- 
tlen.  11  fut  condamiK'  par  le  président  Lv- 
sias,  proconsul  île  la  province,  à  des  suppli- 
res  atroces,  avant  de  l'aire  à  Dieu  le  sacrifice 
de  sa  vie.  La  fête  de  ce  saint  et  de  ses  rom- 
lagnons  arrive  le  '2.'?  août.  ^  Loy.  Ci.ai  de  ; 
1  son  article,  nous  donnons  les  Actes  au- 
thentiques de  tous  ces  saints.) 

Nl'ON  saint\  martyr,  versa  son  sang  pour 
la  défense  de  la  foi  à  Antioche  de  Pisidie  , 
avec  saint  Marc,  berger,  et  ses  compagnons. 


ï 


31(J  NER  NIR  Bli 

I.'Iv^Iist»  |(>s  lioiiorncoiIcctivcMm'iil  l(>  27  s('I^      princiiics   muh  St'-n^'iuc   cl   nnrtlms  rtv;iiftil 


l,.iiilii-)>.  |>ii  lui  in('iil(|ii(M-,  NiM'oii  <'iiti7i  |)nis(|ij<-iji('iit 

N^lOIMIITK  ('"'•'^O'  '"'  •'•'•ilyrisi''  h  Nirc'o  riniis  \i\  voie  riiniiiK'lli',    ml.huc,  /itiocc,  (jiii 

I),'ill\i  (1(1  V(>rn('s.,i"'l<''  <'•>"'<  iiiK'  IdiirtiaisM  /ir-  Il  ciiiiioisoniiii  Krilaiiniciis,  <|u'jl  rctlout.iil 

(jciilc  ri  i>x|i<)v(^  ,'iti\    l)('^l(<s  ;  injiis  ((miiiik*    il  ('(Hiiiiic  |i<)uv.'iiitliii  ciilcvir  rciiipiro.  N'/iytilit 

n'en  roi;iil  mictin  iii.il  cl  i|n'il  |)('is(''\(''r.'i  avec  |mi  noyer  sn  hk'-ii-,  il  |,i  m  |iiii;;iiiii(|cr;  il  di'- 

pliis  (i(>'i'()!isl«m(' ^   (•(•nrcsscr  la   lui   de  J(!-  ciina  lo  si-iial  pai des  pr(is(  riplKuiv,   cl,  iioii 

.siis-('lirisl,  on  le  lil  ciilin  p(''rir  pnr  l(^  ^laivo.  ootilcnt  d'/'lrc  nii  ri.Mnsln;  de  cruauli''.  il  vou- 

II  csf  li()M()r(^  dans  ri'f^lise  le  1*0  janviei-.  lui   <Mrc    un    pliiMioiiuMic    d'inuiKifaliP',    do 

N^'^OPOM"'  (sainll,  niai'lyi',  sonllVil  la  nioit  scandaleuse  déhauclM',  d(ï   d(''nradalirin  dans 

?(  Honi(>  avec  saints  Saturnin,  (iennain  et  ('.('•-  tous  \v.s  ^iMires.  Il  se  (it  liisliion,  cliantcjir, 

Icstiti.  On   ignore   h    (picllc  ('poipu».    Apr('vs  conK'dn'n.  Mais  il   fallail  à  ce   t'inicux,  .*i  n: 

avoir hoancoup  soiUVcrl,  ils  riii'enl.icl(''s  dans  iiionstr»' de  crnanW',  (pn-lipic  chose-  (pii  (!(•- 

inie  prison  v{  y  nionrur(>nl.  C.'csl  ainsi  (ju'ils  passAt  les  proportions  ordinaires  du  crimo, 

reni|)orl(^rcnt  la  co\ironne  du  martyre.  L'K-  (pu'hpie  chose  d'inouï  et  (pie  tudle  perver- 

f^lise  l'ail  leur  r(Me  le '2  mai.  sit(''    n'eût    encore   accompli.    Uevenant   de 

N^-.O'r^llK  (sainO,  martyr,  souIVril  pour  la  chauler    sur   le   théâtre  de  Naples,  et  (Maiit 

religion  h  Ale\andri(>„  avec  les  saints  TIk'o-  i-eparti    dv.  Home  pour  allei"  eu  l'aire  autant 

phile,  Aimuon  (>t  vin^l  autres,  quo\{'  Marty-  eu  Achau',  il   s'arnHa  <^   H(''n(''vent  et  revint 

rolo.ne  romain  ne   nonuue  pas.   L'lvj;lise  ce-  dans  sa  ca|»ilale,  [>arc(!  fpi''iyant  accrodu'!  en 

lM)re  leur  sainte  UK'moire  le  8  septembre.  passant   son  habit   (juehpio  |)art,  il  eut  une 

NKPI  ,  Nrprfum,  fait  partie  de  l'Klat  ecclé-  telle    frayeur  (pi'il    en  lut  malade  et  n'osa 

siasliijue.  SainI  IMolomi'-e,  son  piemi(^'ie  év6-  continuer  sa  route. 

(pie,  aisciple  de  saint  Pierre,  et  envoya  par  Ce  fut  h  la  suite  d'un  festin,  où  se  passe- 
lui  pour  porter  en  Toscane  la  lumi(\'0  do  rent  des  horreurs  telles  qu'il  nous  répugne- 
rKva'iu,ile,  y  fut  martyrisé.  Saint  Romain,  rait  de  les  écrire,  que  le  tyran  lil  motire  le 
aussi  évôi]ub  de  la  même  ville  ,  et  disciple  feu  aux  quatre  coins  de  Rome  :  de  quatorze 
do  saint  Ptolom(''(>,  fut  comme  lui  misa  mort  (juartiers  dont  était  composée  la  ville,  trois 
po\u'  la  foi  dans  cett(>  ville.  furent  entièrement  consumés,    sept    autres 

NKUCHAHOUH,  prince  arménien  de  la  fa-  n'otî'raient  plus  que  des  ruines.  Le  temple 

mill(^  d'.\rd/.ournnnik,  fut   l'un  de  ceux  qui  de  Vesta,   les  Pénates  et  les  plus  bf^lles  an- 

soulfrirent  volontairement  la  captivité  pour  ticpiités  de  Rome,  périrent  dans  ce  vaste  em- 

Jésus-Christ,   sous  le  règne  d'Hazguerd ,  brasement.  L'incendie  commenf;a  le  19  juil- 

deuxième  du  nom,  roi  dePerse,  et  qui  nefu-  let   et   dura   neuf  jours.  Néron  avait  donné 

rent  remis  en  liberté  et   renvoyés   en   leur  l'ordi-c  à  ses  olliciers  d'empèclier  (ju'on  (Hei- 

pays  que  huitaus  après  la  mort  île  ce  prince,  gnît  le  feu.  Ainsi  on  vit  les  soldats,  ordinai- 

sous  le  règne  de  son  fils  Bérose.  (Pour  plus  rement  préposés  pour  arrêter  ces  désastres, 

de  détails,  voy.  Princes  arméniens.)  jeter  dans  les  flammes  tout  ce  qui  pouvait  en 

NÉRÉE  (saint) ,  était  serviteur  de  sainte  augmenter  l'intensité.   Néron,    qui   était  à 

Domitille  (Flavio),  la  nièce,  et  non   pas  la  Antium,  revint  à  Rome,  et,  contemplant  cette 

femme  de  Clément,  consul  et  martyr.  11  fut  mer  de  feu  du  sommet  d'une  haute  tour,  il 

décapité  à  Terracine,  par  ordre  de  Dorai-  chanta,   en  s'accompagnant  d'une  lyre,  des 

lien.  L'Eglise  fait  la  fête  de  saint  Nérée  le  12  vers  qu'il  avait  composés  sur  l'embrasement 

mai.  de  Troie.  Dion,  Suétone,  Tacite,  saint  Au- 

NÉRÉE  (saint) ,  eut  le  glorieux  ])rivilége  gustin  affirment  qu'il  fut  l'auteur  de  l'in- 

de  donner  sa  vie  pour  la  défense  de  la  reli-  cendie;  Tacite  le  prouve  par  les  faits  qu'il 

gion  chrétienne  avec  saint  Saturnin  et  trois  raconte,    sans    oser  le   dire  formellement. 

cent  cinquante  autres,  dont  nous  ignorons  Toujours  est-il   qu'on  ne  se  trompa  pas  de 

les  noms.  Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  coupable  :  tout  l'empire  attribua  le  crime  k 

romain  le  i6  octobre.  qui  de  droit,  au  tyran  ;  Néron  en  accusa   les 

NERFS  ou  Nervi.  Des.  nerfs  d'animaux,  chrétiens.  Ordinairement,  ceux  qui  suivent 

principalement  de  bœufs,  composaient  ces  une  religion  nouvelle  sont  hais,  et  la calom- 

instruments  qui ,  d'autres  fois,  étaient  faits  nie  contre  eux  est  bien  reçue.  Néron  choisit 

de  petites  lanières  tressées   ensemble.  On  donc  les  chrétiens  pour  leur  imputer  ce  qu'il 

s'en  servait  pour  frapper  les  martyrs.  avait  commis.    L'otnnion  publique   ne    s'y 

NÉRON  {Liicius  Domitius  Clauâius  Ncro),  trompa  point.  Ecoutons  Tacite: 
empereur  romain,  fils  de  Caius  Domitius  «Néron  voulut  substituer  en  sa  place  des 
.(îînobardus  et  d'Agrippine,  fil'e  de  (iermani-  victimes  de  l'indignation  publique,  et  il 
eus,  fut  adopté  par  l'empereur  Claude,  l'an  soumit,  en  les  accusant  de  l'incendie,  au^. 
50  de  Jésus-Christ  et  lui  succéda  l'an  oi.  Le  tourments  les  plus  rigoureux,  une  secte 
commencement  de  son  règne  ressembla  à  la  d'hommes  déjà  détestés  pour  leurs  crimes, 
fin  de  celui  d'Auguste  :  il  semblait  que  les  que  le  vulgaire  appelait  chrétiens.  L'auteur 
Romains  dussent  voir  pendant  longtemps  de  cette  secte  est  un  nommé  Christ,  qui,  sous 
des  jours  de  bonheur  et  de  prospérité  se  le-  l'empire  de  Tibère,  avait  été  puni  du  der- 
vcr  pour  la  patrie.  Néron  était  jeune  :  après  nier  supplice  par  Ponce-Pilate,  gouverneur 
quelque  temps  d'un  règne  commencé  de  la  de  Judée.  CeUe  su|)erstition  damnable,  ré- 
façon la  plus  heureuse,  d'un  règne  dirigé  primée  pour  un  temps,  avait  repris  de  nou~ 
par   la  justice,  la  sagesse  et  tous  les  bons  .  velles  forces,  et  s'était  répandue  nou-seule- 


r.i5 


NER 


NER 


316 


ment  dans  la  Jmlf^e.  otlle mal  était  n(*, mais 
dans  Rouie  m<>nit'.  'ini  est  la  senline  où  se 
rassemble  loiU  ce  iiu'il  y  a  <lo  virieux  et 
(rinr.m ',  einnit'l(|iio  liinnjue  ce  puisse  èire. 
]]  y  en  eut  donr  d'abord  (juelques-uns  dar- 
r»^t<^s:  ils  s'avonrrent  rlirétii'us.  et,  sur  leur 
dcnonriiiiioii,  on  en  jirit  une  grande  uiiill  - 
tude,  q  ril  ne  fut  pas  si  ais(^  de  convainrre 
du  crime  de  l'inrendit»  quo  d'un»'  haine  opi- 
niAtro  contre  le  genre  huinai'i.  »  [Annnl.  \v.) 

Certes,  pour  que  l'écrivain  qui  parlait  des 
chrétiens  d'une  f.içon  si  brutale  el  si  i^'no- 
rante,  les  (Usculpàl  du  crime  qu'on  leur  im- 
putait et  en  accusîl  le  véritable  auteur,  il 
fallait  qu'ils  en  fussent  bien  évidemment  in- 
nocents, et  le  lyrai,  bien  évidi  niment  cou- 
pable. Tout  sera  t  h  relever  dans  ce  passage, 
(lu  il  est  à  regretter  qu'un  Tacite  ait  écrit. 
Tout  y  est  envenimé  dig'iornnee  profonde  et 
de  préjugé  en  ce  qui  touche  les  chrétiens; 
mais  il  s'y  trouve  une  accusation  dont  nous 
avons  fait  justice  déjà  dans  notre  Histoire 
générale  des  persécutions  (vol.  I",  p.  121  : 
nous  devons  en  reparler  ici. 

Tacite  accuse  les  chrétiens  d'avoir  été  dé- 
nonciateurs de  leurs  frères.  Quiconque  a  lu 
l'histoire  du  christianisme,  (piiconque  a  pu 
suivre  les  athlètes  de  la  foi  dans  ce.s  luttes 
mémorables  où  les  chrétiens  triomphaient 
des  bourreaux  jtar  la  grandeur  du  courage, 
sait  combien  pèse  celte  odieuse  accusation. 
A  part  les  trésors  de  grAce  divine  qui  des- 
cendaient du  ciel  sur  ces  valeureux  combat- 
tants de  la  foi,  il  y  avait  aussi,  pour  les  s  u- 
tenir  et  pour  les  conserver  dignes  d'eux-mô- 
mes,  un  sentiment  d'héroïsme  que  nous  re- 
trouvons chez  tous  les  persécutés.  L'homme 
ne  s'avilit  que  quand  il  s'assoc-e  pour  le 
crime;  alors  les  nobles  instincts  du  cceur 
disparaissent  et  lu  solidarité  du  criuu*,  loin 
d'être  un  abri  pour  ceux  qui  s'en  sont  cou- 
verts, devie'11  un  danger  :  Les  criminels  se 
dénoncent.  .Mais,  dans  tout  ce  (pii  lient  à  la 
foi  polilKpie  ou  rtdigieuse,  l'homme  en  gé- 
néral reste  à  la  hauteur  du  sentiment  (pii 
l'inspire  :  il  sait  sa(  rilier  son  individualité 
pour  eu  couvrir  ses  frères.  La  persécution 
grandit  les  houmies  ;  il  n'y  a  que  les  coups 
mérités  de  l.i  justice  (jui  les  al»atte  et  les  dé- 
grade. L'infamie  est  da  is  le  crime,  elle  n'est 
jamais  dans  la  peinte  C'est  le  (rime  (pii  fait 
des  dénonciaieur>;  la  foi  fait  des  malheu- 
reux, à  moins  aue  parfois,  se  lrom|)ant  de 
cœur,  elle  soit  allée  s'égarera  celui  d'un  M- 
che  et  d'un  traître.  Mais  les  traîtres,  tous 
ceux  qui  le  devicrinent ,  n'a|tpartiennt  iit 
vraiment  ni   aux    partis   ni    aux    religireis. 

Néron ,  non  content  d'avou'  accusé  les 
chrétiens,  suscita  co'ilre  eux  une  violenli' 
persernlum.  Lue  grande  umllitude  de  chré- 
lu'us  pénienl  alors.  On  les  arrêtait  connno 
incendiaires,  dit  Tacite,  et  on  les  condam- 
nait comme  eniunnis  du  genre  humain  et 
comme  sectateurs  d'uiu;  siipersliliou  dam- 
nalde.  Ecoulons-le  raconter  leurs  supplices  : 

■  Dans  leurs  supplu  t-s  uuMne,  ds  furent 
traités  avec  insulte  :  on  couvr.ul  les  uns  de 
p'.aux  do  bôles  pour  les  faire  dévorer  par  des 
chiens;  qq  eu  attachait  d'autres  à  des  croix  ; 


plusieurs  étaient  révolus  de  tuniques  endui- 
tes dé  poix  et  de  soufre,  et  on  les  fai«;ait 
l)rOIer  en  manière  de  llombeaux  pour  édai- 
la  nuit.  Ces  siinplires  élaien'  un  spectacle 
qui  s'exécutait  dans  les  jardins  de  Temi  e- 
rour.  Pendant  ce  tomps,  il  «lounait  an  peuple 
le  divertissement  des  courses,  des  chariots, 
se  mêlant  parmi  la  foule  en  habit  décocher, 
ou  monté  sur  le  siège  d'un  char  et  tenant  les 
rênes.  De  \h  naiss.iit  la  comm  sération  pour 
des  linmmes  véritablement  coupables  et  di- 
gnes de  toutes  sortes  de  supplices,  mais  qui 
sembla  enl  immolés  au  plaisir  inhumain 
d'un  seul,  et  n»)n  h  l'utilité  pub'ique.  »  Sé- 
nèque  Ep.  \!v.\  Juvènal  [Sat.  1),  viennent 
conlirmer  les  même»;  f'.ils. 

Dans  celte  première  persécution  contre 
les  cliréliens,  il  y  eut  un  temps  d'arrêt;  car 
les  faits  f^ue  nous  venons  de  raconter,  se  pas- 
sant en  6i  de  Jésus-Christ,  comment  admet- 
tre, si  la  persécution  n'eilt  pas  été  calmée, 
(pie  saint  Pierre  et1t  \m  prêcher  dans  la  capi- 
tale de  l'empire,  et  cela  en  toute  liberté, 
pendant  l'annie  6.t?  comment  eût-il  pu  ve- 
nir devant  tout  le  peuple  combattre  Simon 
le  Magicien? 

Ce  fu*  f)lus  lard,  comme  nous  l'avons  ra- 
conté (Voy.  Pau..  Pikbbe).  que  Néron,  irrité 
d'avoir  vu  la  défaite  de  Simon  le  Magicien, 
au(iu  1  il  s'intéressait,  lit  arrêter  saint  Pierre; 
Ce  fut  plus  tard  aussi  (pi'il  lit  arrêter  conmie 
vagabond  saint  Paul,  qui  avait  converti  un  de 
ses  échansons  el  une  concubine  à  laquelle  il 
tenait  beaucou[>.  Ce  fut  par  l'ordre  de  ce 
prince  que  les  deux  saints  furent  martyri- 
sés. 

Néron  était-il  à  Rome,  ou  bien  était-il  en 
Achaïe,  quand  les  deux  saints  apolres  souf- 
frirent le  martyre?  Fleurv  «lit  sans  hésita- 
tion (ju'il  étail  en  Achaie.  Rien  n'est  pour- 
tant moins  certain;  il  n'y  a  dans  les  auteurs 
du  leiuj'S  aucune  raison  qui  puisse  faire  ab- 
solument pencher  la  balance  de  l'un  ou  de 
l'autre  côté.  Ce  t|u'il  y  a  de  positif,  c'est  aue 
ce  jM'ince  était  en  Achaïe  (]uanfl  ("lestius  lui 
annonça  son  l'cliec  devant  Jérusalem.  Arrivé 
le  8  novembre  GG  ^Josèplie,  Bell.  Jud.,  \.  n, 
c.  2't\  il  y  étail  encore  après  le  8  septembre 
()7,  [uiisque  Vespasien  lui  envoya  six  mille 
Juifs  pris  au  siège  de  Josaphat,  pour  être  em- 
ployt'S  h  couper  l'isthme  tie  C.orinthe.  entre- 
prise h  laquelle  Ninon  étail  p-mr  lors  oc-, 
cupé.  D'après  Philoslrate  {Apollon,  iv  ),  les 
travaux  ne  durèrent  (pie  soixant."'-quinze 
jours,  au  bout  des  piels  Néron,  inquiet  des 
troubles  cpii  avaient  lieu  en  Italie,  donna 
l'ordre  de  les  suspendre.  Sm-loue  Nrron. 
\xin)dil  «pie.  sur  les  instances  d'Ht'dius,  son 
all'ranch'.  il  |>arlil  presque  immédiatement 
pour  l'Italie.  D'après  Dion  '  L.  ixiii  !  il  no 
dut  rester  «pi'une  année  en  firèce.  il  [laraîl 
donc  Irès-prob  ible,  sinon  positivemetit  sûr. 
(ju'enjuin  (Wi.  il  éla  teneore  h  Rome,  ettiu'il 
put  assister  à  la  mort  îles  saints  aiiùlres.  \'a\ 
faveur  de  cette  opinion  milite  le  IcmoignftiCe 
de  Prudence  Dr  Coron. martyr.,  xii\quifait 
donner  Ji  Nénei  un  onlre  exprès  pour  la 
mort  (le  saint  Paul,  onlre  qui  fut  immédia- 
luenl   exécuté.   Saint  Aslère  dit  que  ce  fut 


^\^ 


NIIl 


M.  Il 


SIH 


lui  (|iii  lit  cxt^ciitcr  Ifs  ilriix  sjiiiits,  d  il  csi 
tlillii'ilo  d'i'iileudro  Miitidiuciil  les  imiolos  ilo 
simiKlIirvsoMoiiio  [In  Hoin.,  Iioiii.  Il,  p.  25), 
(Iiio  nous  li7i(iiiisinis  Miiisi  :  <(  l'iii'  ht  lyriiii 
lui-iiK^iiiu.  »  CU^int'iit,  dans  son  i^pilro  atix 
Coriidliioiis,  iippiiic*  laim^mn  opinion. 

dos  misons,  (jnoiipn'  l'orlcs,  ne  soni  pAs 
(l(''tniiniianli's;  (('pd'itiaul  elles  ont  assez,  do 
poids  |n»nr  (ju'on  no  (loiv(>  pas  (^ciiro  d'nno 
t'ai'on  aussi  ncltc  (juc  l'a  l'ail  ri(MM\v,  tjuc  N(V 
lo'i  (''lail  en  Aciuue  (piand  les  saiids  apAlres 
fnront  niarlyrisés,  (Helouino,  llist.  des  pvr- 

sà:,  1"  vol.,  |>.  i:n.) 

l\MidanireniprisonneiU(M!l  do  saint  Pierre 
et  do  saint  Paul,  Ni-ron  icndil  d'vs  l(ti>el  édils 
fort  sévères  eoidro  les  cluiMii>ns,  pouc  pi^'-ser- 
ver  la  religion  de  l'onipTO  de  la  ruiiut  tolalo 
dont  la  inenaeait  I'oun  aliisseupMit  du  eluislia- 
ni-MUO.  La  porséeuti(»n  l'ut  génôialo;  elle  eut 
lieu  dans  tout  reu\|>iro:  or  on  n(>  poinait  pas 
[loursuivi'opai'loul  les  ehrélienscon nue  incen- 
diaires. Il  existe  dos  |)reuvos  irr(M'iaj;al)li's  do 
co  qno  iu)usavani;ons  ici.Tertullien  parle  do 
coslûisunsièilea[)i(>s,tlansson  Apologie n"  5. 
Paul  Oroso,  Sulpico  Sévère  conlirniont  le 
niéuio  fait. 

Après  donc  que  la  persécution  eut  cessé 
[)ondant  (|nolque  touips,  dix-huit  mois  envi- 
ron, elle  reprit  avec  une  nouvelle  intensité  ; 
et  les  gouverneurs  de  province  durent  met- 
tre h  exécution  les  lois  faites  contre  les  chré- 
tiens. 

Dodwel  prétend  que  Néron  ne  fit  mouiir 
des  chrétiens  qu'à  Rome,  et  ({u'U  n'a  fait  ni 
lois  ni  édits  contre  eux.  Comment  expliquer 
la  mort  de  Processe,  de  Martinieii  et  de  qua- 
rante-sept gardes  de  la  prison  des  saints 
apôtres,  mis  à  mort  peu  après  eux?  Est-ce 
que  le  fait  d'avoir  reçu  le  bapfC'me  pouvait 
rendre  tous  ces  gens-là  incendiaires?  Pou- 
vait-on les  poursuivre  pour  ce  crime?  Com- 
ment expliquer  la  persécution  en  Toscane, 
à  Milan,  à  Aquilée  ,  à  Saragosse?  Comment 
expliquer  cette  inscription  trouvée  en  Es- 
pag"!c  :  .1  Claude  Néron, Ccsar,  Augu.-te,  sou- 
verain pontife,  pour  avoir  purgé  la  province 
de  voleurs  et  de  ceux  qui  chargeaient  le  genre 
humain  d'une  superstition  nouvelle?  Il  y  a 
dans  l'allirmation  de  Dodwel  plus  de  mau- 
vaise foi  que  (J'ignorance. 

La  persécution  dura  jusqu'à  la  mort  de 
Néron,  qui  fut  une  punition  de  tous  les  cri- 
mes qu'il  avait  comiuis  contre  Dieu  et  contre 
les  honnues.  Il  était  détesté  dans  l'empire  ; 
Deux  révoltes  éclatèrent  contre  lui  en  même 
temps  :  en  Gaule,  celle  de  Vindex,  qui  fut 
battu  :  en  Espagne,  celle  de  Galba,  qui  fut 
plus  heureux,  et  qui,  s'étant  fait  proclami'T 
empereur,  vit  bientôt  tout  l'empire  le  recoii- 
naitre. 

A  cette  nouvelle,  Néron  se  vit  perdu  ;  il 
entra  dans  un  état  de  fureur  incrovable  et 
renversa  d'un  coup  de  pie  1  la  table  qui /filait 
devant  lui;  mais  bientôt  i-1  eut  un  accès  de 
défaillance  et  t;mba  comme  mort  pe>iidant 
quelques  instants.  On  raconte  que  Dientôt 
les  plus  horribles  projets  vinrent  à  sa  pen- 


si'i'.  Il  voulait  faire  poi^tuuder  tous  les  kmu- 
vurntruri  de  province  ui  toun  Ihn  {«'èiiéraux 
d'arnir><>s,  e\lrnnUM-r  tout  ce  qu'il  y  avait 
dans  Uomi<  de  tannlles  d'origiiio  t^auloise, 
ompoisonnitr  le  sénat  enlior,  bn^lor  la  villu 
et  fane  IAcImm- en  niAiiic  tcnips  «riiilre  le  peu- 
ple toutes  1rs,  hi'lrs  féroces  (ju'on  K'irdail 
pour  h^s  jeux  puhhcs.  Lncriiinlit  spuIo  l'om- 
péeha  d'oxécul<'r  ces  atiouMnaltlfs  pr<jetH. 
Après  les  événemt'nts  (juc  no  is  venons  <le 
raconter,  tous  c(mx  (]ui  avaient  dans  l'uin- 
pire  (piei(pie  eonunandement  iiU|ioi'l,'inl  s'é- 
tint  successivenMîi.l  révollt!><,  Néron  se  vit 
abandonné  de  toutes  parts.  Il  v(»ulut  se.  réfu- 
gier en  Ivgypte,  et  litdtMnander  aux  tribuns 
et  aux  centurions  des  cohortes  préloricnines 
s'ils  voidaient  l'accompagner.  Tous  refusè- 
rent; l'un  d'eux  lui  dit  nu'^me  :  «  Kst-cedonc 
un  si  grand  malheur  que  d'être  obligé  de 
cesser  do  vivre?  »  Hienlôt  Nym|)hidius  Sa- 
biims  détacha  de  lui  les  piiHoriens,  et  Néron, 
s'eveillant  au  miluMi  delà  nuit ,  se  trouva 
sans  garile  :  tous  s'étaient  retirés.  Alors  il 
envoya  chez  ses  amis  pour  les  assend)ler  en 
conseil  et  délibérer  avec  eux  :  aucun  ne 
répondit.  Il  alla  lui-mèine  chez  eux  avec 
((ueUpios  alfranchis,  toutes  les  [>ortes  restè- 
rent fei'mées.  Lu  rentiaut,  il  fut  au  déses- 
l)0ir  :  les  olliciers  de  sa  maison  l'avaient 
abandonné,  après  avoir  pillé  ce  qui  lui  appar- 
tenai;.  Il  envoya  chercher  un  gladiateur 
pour  le  tuer,  aucun  ne  voulut  lui  rendre  ce 
funeste  etch'rnier  service.  Alors  sortit  de  sa 
bouche  celte  parole  amôre  :  «Je  n'ai  donc 
plus  ni  amis  ni  ennemis.  »  11  songea  à  s'al- 
ler noyer  dans  le  Tibre,  la  |)ein'  l'en  empê- 
cha. Un  de  ses  alfranchis,  nommé  Phaon,  lui 
proposa  une  maison  de  cam()agne  qu'il  avait 
près  de  Home,  Néron  accepta  et  vint  s'y  ca- 
cher. Là  il  se  jeta  sur  un  mauvais  grabat  et 
voulut  prendre  un  peu  de  repos;  mais  on 
vint  lui  annoncer  que  le  sénat  l'avait  dé- 
claré ennemi  public,  avait  ordonnné  qu'il 
serait  puni  avec  toute  la  rigueur  des  ancien- 
nes lois,  et  avait  à  sa  place  proclamé  Galba 
empereur.  Le  tyran  enten  lait  le  tumulte  de 
la  ville  et  les  cris  de  joie  du  peuple,  qui  fê- 
tait sa  dé.hJ'ance.  Ceux  qui  étaient  près  de 
lui  l'exhortaient  à  terminer  volontairement 
ses  jours,  pour  prévenir  les  supplices  et  les 
outriiges  qui  lui  étaient  réservés.  Néron 
pleurait  et  gémissait,  en  disant  :  «  Quel  sort 
pour  un  si  grand  musicien!  »  (Suétone,  iVe- 
roM., Lix.)  Il  demanda,  en  lisant  l'arrêt  du  sé- 
nat qu'un  esclave  de  Phaon  lui  remit,  ce  que 
c'était  que  d'être  puni  selon  la  rigueur  des  an- 
ciennes lois?  Quand  on  lui  eut  dit  que  ce 
supplice  consistait  en  ce  que  le  coupable,  la 
tête  assujettie  entre  les  deux  branches  dune 
fourche  ,  était  battu  de  verges  jusqu'à  ce 
qu'il  expirât ,  il  saisit  deux  poignards  qu'il 
avait  apportés;  mais  après  en  avoir  exa- 
miné la  pointe,  il  les  remit  dans  le  fourreau. 
Le  lâche  priait  instamment  que  quelqu'un 
se  tuât  devant  lui  pour  l'encourager  par  son 
exemple.  Mais  on  le  cherchait,  et  bientôt  le 
bruit  que  faisaient  les  chevaux  des  cavaliers 
envoyés  pour  le  prendre ,  parvint  à  son 
oreille.  Alors  il  voulut  se  percer  la   gorge 


M9 


NES 


NES 


SiO 


il'uM  coup  de  poignaro,  mais  sa  main  trem- 
blait ,  ot  Epaphrndito ,  son  serr«^tairo,  fut 
obligt'  de  pousser l'armo  pour  la  fjire  outrer. 
Lp  tyran  expirait,  ({uand  le  centurion  en- 
voyé pour  l'arrêter  entra  dans  sa  chambre. 

Ainsi  mourut  ce  monstre  d'iniquit»'*,  dans 
toutes  les  angoisses  du  dt'vsespoir  et  de  la 
peur;  sa  mort  fut  horrii)le  :  à  ceux  (pii  ne 
voient  que  les  rhosos  de  la  terre,  ell<*  olTre 
une  terrible  leron  :  h  ceux  qui  regardent  au 
dc]l\ ,  die  n'est  rien  en  com]iaraison  dos 
peines  éternelles  réservées  à  col  bomme  in- 
fâme. La  ïuémoiro  de  Néron  est  demeurée 
en  exécration  h  tous  les  siècles,  et  Diorreur 
qu'il  inspira  aux  premiers  chrétiens  fut  telle, 
(  it  Lactance.  (pie  quelques  personnes  cré- 
t  ulos  pensèrent  qu'il  renaîtrait  jiour  être 
l'Antéchrist  ou  son  précurseur. 

NEHSÉH,  prince  arménien  de  la  famille 
Gamsaragank,  fut  l'un  de  ceux  qui  souffri- 
rent volonlniremont  la  captivité  pour  Jésus- 
Christ,  sous  le  règne  d'Haz^:;uerd,  d(Mixième 
du  nom.  roi  de  Perse,  et  qui  ne  furent  remis 
en  liberté,  et  renvoyés  en  leur  pays,  que 
huit  ans  après  la  mort  de  ce  prinro,  sous  le 
règne  de  son  fils  Bérose.  (Pour  plus  de  dé- 
tails ,  vnjf.  Princks  akmkmens.) 

NKin  A  ' Marcus  Corrcifis).  nnq[i\t  hNarni, 
environ  l'an  -25  de  Jésus-Christ.  Proclamé 
empereur  en  9(î,  aorès  la  mort  de  Domitien, 
il  ré,.;na jusqu'en  1)8.  Son  rogne,  parla  mo- 
dération, par  la  justice  qui  en  furent  les 
(ju.ilifés  distinclives,  co-itrasto  avoi-  celui  do 
Domitien.  Craignant  les  révoltes  dos  préto- 
riens, il  adopta  Trajan.  qui  lui  succéda.  Un 
des  premiers  ados  do  son  adniinisirafion 
fut  un  édit  qu'il  porta  pour  (pu*  tous  les 
exilés  pussent  retourner  dans  leur  patrie. 
Ce  fut  à  la  suite  do  cot  édit  que  saint  Jean 
l'Evangr-lisfe ,  que  Domitien  avait  exilé  à 
Pathnios.  put  retourner  h  Ejihès'^. 

\KRVl  S,  morceau  do  bois  fait  de  deux 
pièces,  destiné  .^j  tenir  sorré  les  pieds  ot 
(|uel(]uefois  le  cou  et  les  mains  des  prison- 
niers. Il  y  nvait  h  cette  maclnno  plnsiours 
trous,  placés  de  distance  en  distance,  ot 
voilà  pourquoi  on  lit  dans  les  Actes  des 
martyrs,  (pi'on  leur  tenait  les  jambo>  érnr- 
lées  jusqu'au  quatriônie  et  au  cinquième 
trou.  Plusieurs  d'entre  eux  restèrent  long- 
temps dans  cotto  doulonrenso  altitude,  au 
miliou  lies  cachots  les  plus  infects  et  les  plus 
obscurs 

NKSTARLE  (saint\  niarlvr.  habitait  Cn/i. 
avec  SOS  frères  saint  Kusèbo  et  saint  /(''uoii. 
Sous  Julien  l'Apostat,  il  fut  mis  h  mort  pour 
la  foi,  au  sein  d'u'ie  éninlion  populaire. 
(  Vn}/.  EistnE.)  I/E,4lise  célèbre  sa  fêle,  avec 
celle  do  SCS  frores,  lo  8  septembre. 

NESTOK  saint),  évèqui-  *\r  Sido  eu  Pam- 
i>h}Iio  et  marivr,  <tait  natif  do  Perge  dans 
la  même  controo.  Il  na<piit  de  parents  rhré- 
tiens,  (pii  lui  apprijcil  los  sciences  humai- 
nes orï  même  temps  rpic  l.i  srience  des  Ki  ri- 
lures.  Fait  évêipie  de  Side.  «nnune  LeO"ien 
l'a  prouvé,  et  non  pas  d"'  Magydo,  coiumt* 
le  disent  Bollandus  et  Tillomont,  il  montra, 
rians  l'aoromplissemenl  de  son  minisière  , 
taiit  de  vertus,  de  douceur  et  de  boulé,  (ju'il 


gagna  l'amitié  même  des  païens,  dont  il  con- 
vertit un  très-grand  nombre.  Qucind  la  per- 
sécution de  Dèce  s'alluma  contre  l'Eglise, 
le  saint,  suivant  rexem[)le  de  saint  Grégoire 
Thauinalurgo,  engagea  «on  peuple  h  se  reti- 
rer ;  il  priait  instamment  Dieu  d'é[iargner 
son  troupeau.  Quant  h  lui  .  quoique  les 
païens  le  chtrchassent  et  vnulussonl  abattre 
l'Eglise  de  Sido  eri  la  décapitant  dans  la  per- 
sonne de  son  ch>f.  il  ne  sortit  juis  de  chez 
lui  :  il  y  restait  cfinslamment  on  piières  pour 
son  peuple.  L'irénarque  et  le  conseil  de  la 
ville  l't'nvovèrent  prendre  :  ils  le  traiteront 
avec  beaucoup  d'égards.  Nous  avons  déjà 
dit  que  le  saint  était  aimé  d'^  tout  le  monde  : 
ils  lui  dirent  que  lo  conseil  le  demandait. 
Le  saint,  a[)rès  avoir  fait  le  signe  de  la 
croix,  ks  suivit.  Arrivé  sur  la  place  publi- 
que, il  y  trouva  tout  le  conseil  réuni.  Tous 
so  Icvêreni  |  onr  le  saluer  :  on  lui  fit  appor- 
ter un  siège  fort  beau,  en  l'invitant  h  s'y  as- 
seoir. Il  s'en  excusa,  et  demanda  pour  quelle 
raison  on  l'avait  envoyé  chercher.  L'irénar- 
que lui  dit  (pi'ii  obéissait  h  un  ordre  de  l'em- 
pereur, el  qu'il  devait  s'y  conformer,  de  peur 
de  voir  la  justice  obligée  do  sévir  h  son 
égard,  connne  à  l'égard  des  autres.  Nestor 
réi)ondit  qu'il  était  forcé  d'obéir  h  l'empereur 
du  ciel,  avant  d'obt'ir  h  lomporeur  de  la 
terre  ;  qu'il  se  faisait  fort,  du  reste,  de  prou- 
ver et  par  les  raisonnemenls  et  par  les  mi- 
racles (pi'il  ferait  en  chassant  les  démons, 
la  vérité  dos  iloctrines  pour  lesquelles  il 
eoinbaltait.  L'irénaciuo  le  mena(;a  des  tour- 
ments ;  mais  le  saint  demeura  constamment 
inébranlable.  «  Je  crains,  dit-il,  les  tour- 
monts  dont  Dieu  me  menace,  mais  nullement 
ceux  dont  les  hommes  clierchenl  h  m'ef- 
fravor.  »  Alors,  l'irénarque  mit  saint  Nestor 
entre  les  mains  de  doux  archers,  «jui  lo  con- 
duisirent à  Perge.  où  était  le  proconsul  Pol- 
lion.  On  remit  h  ce  proconsul  une  lettre  du 
conseil,  qui  déclarait  co(pii. s'était  passé  à  Side, 
le  refus  formel  de  Nestor  d'obéir  aux  ordres 
di>  r(>mporeur  et  do  sacrifier  aux  itioles. 

Le  sajnt  arriva  h  Pergo  le  morcreili  "27  f»»- 
vrior  250.  Ce  fui  rirénariju(>  (pii  accompagna 
le  saint,  pour  expliquer  lalVaire  au  gouvtT- 
neur.  l'résonti'  au  magistrat  lo  lendemain, 
il  fut  immédialoment  interrogé.  Le  magis- 
trat lui  deinand.nif  son  nom.  le  saint  lui  ré- 
pondit, avant  toute  autre  chose  :  «  Je  suis 
chrétien.  »  Pollion  l'exhorta  h  sacrifier,  et  à 
jurer  par  les  dieux,  sat'S  attendre  qu'on  bi  * 
loiirmonl;ii  ;  mais  le  saint  ,  lovant  vers  le 
eiel  un  regard  end)raséde  résignation  el  il'a- 
inonr  divin  :  n  Quand  vous  déchireriez  ma 
chair,  dit-il.  par  toutes  sortes  de  supplices, 
(juand  vous  vous  serviriez  contre  moi  des 
bêles,  dos  feux  et  des  épées.  tant  cpi'il  me 
restera  un  souffle  île  vie.  jamais  je  ne  re- 
noncerai le  nom  de  Jésus-Christ  mon  Sei- 
gniMir.  »  Le  juge.  exas|i(''ré.  le  fil  étendre 
,Mir  lo  chevalet  ot  horrddemont  tourmenler 
nveo  les  ongles  de  fer  (les  Cirecs  disent  aussi 
bvs  foue|<;).V.almo  et  résigné,  Nestor  bénis- 
sait Dieu  de  ses  souHrnuos.  Le  juge,  stupé- 
fait en  voyant  cette  patience  et  ce  courage 
vraiment  surhtimains,  lui  demanda  s'il  rie 


821 


nh: 


NIC 


9ti 


se  snikiil  pas  lii)tit(<  (1(3  iiiclli'c  sa  idiiliaiico 
011  un  lidiiimc,  l'I  (!ii(!(ir(i  ("ti  un  lioiiunc  sup- 
|ilici(''.  Il  dclh»  lionlr,  ('csl  uni  f;;luirc,  lui  n'î- 
ponilit  le  Miiul  (U(\|ut',  cl  (•'osl  (cllc  aussi 
(i(<  (diis  (MMiv  (|ui  uK'Uciil  loiir  ('(>iilian('(t  (mi 
J(Vsus-(llirisl.  •  Nous  aiiiic/,  doue  iiiicuv  , 
nJDula  Polliuii,  (Mic  :\\rc  v(ilr«j  (lliiisl  (|u'a- 
vCc  nous?  ---J'ai  loujoiirs  M(i  iwin:  iiioii 
Clirist,  (lit  Ncsinr  ;  j'y  suis,  l'I  j'y  sciai  à  ja- 
mais. »  Le  peuple  crlail  (pi'oii  le  l'il  luniiiir. 
Lejii|.;e,  (Nnivaiiicii  (pi'il  nOblieiHlrail  lieu, 
prononça  la  seiilciit'c.  ><  l'uisipie  vous  (Mes, 
lui  (lil-lil,  si  allaclu'^  à  .h'-siis,  eh  hioii  1  vous 
aurez  le  inique  soil  !  (loiuinc  lui  vous  pi'-ri- 
iTZ  on  croix.  »  La  scmUciicc  i'ul  iiuiu(''(liale- 
luonl  (nt'cuh'C.  Sur  rinsliuiiienl  de  son  sup- 
plice, Ui  saiul  evèipie  lie  C(>ssa  d'exliorler  les 
ein  étions  présonls  à  espi-rcr  en  Jésus-dhriNl, 
et  à  pors(''V('rer  dans  leur  foi,  lual^rt'i  tous 
les  tounucMils.  Il  iiiourul  sur  les  ncui"  heu- 
res du  malin.  l/I-lglisc  ci'k'lue  la  t'Otu  do  co 
sailli  niarlvr  le  'J(>  IV'vricM-. 

NKSI'Oli  (saillie  liahilail  (laza  on  Palos- 
tine,  du  temps  de  roin|icreiir  Julien  l'Apos- 
tat, avec  saint  lùisi'bo  cl  les  deux  tV("'ros  tlo 
celui-ci.  (^>uand  ces  trois  Irùres  lurent  mar- 
tyrisés par  la  populace  ameutée,  Nestor  l'ut 
pris  avi>c  eux  et  partagea  (juehpie  toui^js  les 
mauvais  trailemenis  ([u'ils  endurèrent  avant 
d  être  mis  h  mort.  Pendant  'lu'on  les  Iraîîiail 
par  les  rues  vl  (pi'ou  les  l'iappait  inn)iloya- 
Jilement  à  couits  de  b;\ton,  quel([ues  [laïons, 
touchés  de  pitié  en  voyant  l'extrême  jeu- 
nesse et  la  beauté  de  Nestor,  l'arrachèrent 
des  mains  des  bourreaux  et  le  conduisirent 
en  lieu  si^r  pour  y  être  soigné  ;  mais  le  saint 
martyr  miuirut  île  ses  blessures  trois  jours 
après.  L'Eglise  célèbre  la  l'ète  do  saint  Nes- 
tor, conjointement  avec  celle  de  saint  Eu- 
sèbe  et  de  ses  deux  frères,  le  8  se|itembre. 

NESTOR  (saint),  martyr,  était  évêque  en 
Chersonèse.  11  y  cueillit  la  palme  du  martyre 
avec  les  évoques  Hasile ,  Eugène,  Agallio- 
dore,  Elpide,  Ethère,  Capiton,  Epln\  ni  et 
Arcade,  mais  à  une  époque  que  l'on  ignore 
complètement.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  4 
mai. 

NESTOR  (saint),  fut  martyrisé  à  Thcssa- 
lonique  h  une  époque  et  dans  des  circons- 
tances qui  nous  sont  complètement  incon- 
nues. L'Eglise  fait  sa  fête  le  8  octobre. 

NICAISE ,  évêque  de  Reims  et  mart}-!', 
mourut  pour  la  foi  chrétienne,  en  l'an  de 
Jésus-Christ  4-07.  A  celte  époque,  les  barba- 
res ayant  fait  irruption  dans  les  Gaules, s'em- 
parèrent de  la  ville  de  Reims  et  la  saccagè- 
rent. Saint  Nicaise  avait  annoncé  ce  malheur 
à  son  peuple.  Lorsqu'il  vit  que  ce  qu'il  avait 
prédit  était  arrivé,  oui)liant  sa  propre  sû- 
reté, il  ne  songea  plus  qu'au  saluï  du  peu- 
ple contié  à  ses  soins  :  il  allait  sans  cesse 
î)ar  la  ville,  entrant  dans  les  maisons,  et 
(exhortant  les  habitants  à  avoir  du  courage. 
Ce  fut  au  milieu  de  ces  soins  étùscopaux  et 
paternels  qu'il  trouva  la  mort.  Ayant  voulu 
soustraire  quelques-uns  de  ses  enfants  spi- 
rituels à  la  fureur  des  barbares,  il  fut  saisi 
par  eux  et  eut  la  tête  tranchée.  Ils  épargnaient 
sa  sœur,  sainte  Eutropie,  vierge  de  vertu 


considérable;  mais  elle,  voyaiil  inoiiiii  '.(iii 
frère,  et  comprctiant  bioii  pour  quel  iisago 
on  la  réseï  vnil,  s'écria  qir(dl(!  aimail  mi(.'UX 
inourir  (iiie  de  p(!r(lr(<  son  honneur.  Aiissi- 
tiM  les  iiarbares  se  jetèrent  sur  elle  cl  la 
mass/icrèrenl.  Saint  Niraisc  cl  s/iirilo  Entro- 
pie furent  ensevelis  dans  le  i  imetière  inij 
louchait  l'égliso  de  Saint-A^iicolc.  L'Eyhscj 
vénère  la  HM'iiioire  de  s/iint  Nic/iisj»,  ol  celle 
do  sa  siiMir  Entropie  le  l'^  di-ccmhrc. 

NICAISE  (sainl),  martyr,  fut,  s'il  faut  on 
croire  ( crlains  aut(nirs,  preiiii(!r  évê(pic  de 
Koiien.  Tsuard,  le  pr(!iiiier  d(!  tous  ceux  (pii 
en  ionl  menlion,  ne  le  fait  ce|)endaiit  ipit; 
sim|ile  prêlro.  Il  raconte  (pi'il  fut  marlyrisii 
dans  le  \(.>\in.  Il  lui  donne  pour  (Compa- 
gnons (|(^  son  martyre  saint  nmrin  el  sainli} 
Piancie  ;  le  Marlyrohige  romain  ajuiile  saint 
Scubicule,  diacre.  S'il  faut  (mi  croire  les  Ac- 
tes assez  p(ni  anlhentiipu's  de  saint  Nicaise, 
il  fut  (Miterré  avec  s(!S  compagnons  h  (îauj, 
sur  les  bords  de  la  rivière  de  J'Epti;  en  Nor- 
mandie. Aujourd'hui,  h^  c(jrps  de  saint  Ni- 
caise est  dads  l'ilo  de  Meulan.  L'Eglise  célè- 
bre sa  fêle  ,avec  celle  do  ses  compagnons, 
le  11  ochjbre. 

NICANDRE  (saint),  souiïrit  le  martyre 
pour  la  foi  chrétienne  avec  saint  Marcien, 
en  l'an  de  Jésus-Christ  303,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dioclétien.  Ses  Actes  lui  sont 
communs  avec  saint  Marc.ien.  {Voy.  ce 
nom.) 

NICANDRE  (saint),  était  connu  en  Egypte 
])Our  y  rechercher  avec  soin  les  re'iques 
des  saints  martyrs;  lui-même  inéiita  bientcjl 
d'être  martyrisé  sous  Dioclétien.  Il  est  ho- 
noré dans  1  Eglise  le  15  mars. 

NICANDRE  (saint],  évê([ue,  reçut  la  palme 
du  martyre  à  Myre,  en  Lycie,  sous  le  pré- 
sident Libanius."  11  eut  pour  compagnon  de 
ses  souifrances  le  prêtre  Hermas.  Tous  deux 
sont  honorés  collectivement  dans  l'Eglise  le 
k  novembre. 

NiCANOR  (saint),  martyr,  versa  son  sang 
pour  la  foi  en  Egypte  durant  la  persécution 
de  Galère-Maximien.  Il  eut  pour  compagnons 
de  son  martyre  les  saints  Marcien,  Apullone 
et  quelques  autres  que  le  Martyrologe  ro 
main  ne  nomme  pas.  L'Eglise  célèbre  leur 
glorieuse  mémoire  le  5  juin. 

NICE  [IMcœa,  lat.  Nis.i.a,  it-^1.),  ville  des 
États  sardes,  peu  éloigné.^  de  l'embouchure 
du  Var  [ï  kilomètres),  eut  l'honneur  d'avoir 
pour  évêque  saint  Ras  ou  Basse,  qui,  durant 
la  persécution  de  Dèce,  fut  arrêté  et  marty- 
risé pour  la  foi  par  ordie  du  président  Pe- 
rennius  ,  qui  le  ht  horriblement  tourmen- 
ter. 

NICÉAS  (saint),  remporta  la  couronne  du 
martyre  à  Antioche  de  Syrie,  avec  saint 
Paul.  Nous  manquons  de  détails  authenti- 
ques sur  leur  compte.  L'Eglise  fait  leur  fête 
le  29  août. 

NICÉE,  ville  de  Bithynie,  sur  le  lac  As- 
canius  ,  est  surtout  célèbre  par  le  concile 
œcuménique  qui  s'y  tint  en  3-26  Cette  ville 
vit,  sous  1  empire  de  Dèce  et  sous  le  gouver- 
neur Aquilin ,  le  martyre  des  saints  Tryphou 
et  Respice.  Aquilin  les  fît  tourmenter  avec 


52S 


NIC 


NIC 


32^ 


une  férocité  vraiment   inouïe.  (Voy.   Trt- 

PHO>./ 

Mi.hPHORt!  (saint  ,  martyr,  conTossa  g/'- 
nôrenscmiMit  la  foi  chrétienne  h  Corintlif  en 
l'année  -iiO,  sous  le  règne  et  durant  la  per- 
sécution de  l'empereur  Dèce,  avec  les  saints 
Viclorin,  Victor,  r.lauiiien  ,  Dioscore,  Séra- 
pion  et  Papias.  Avec  eux  ,  il  se  retira  libre- 
ment ou  fut  banni  en  Egypte,  oi^  nous  le  re- 
trouvons à  Diospolis  en  Théhaide  ,  en  28V, 
sous  le  règne  de  l'empereur  Nomérien,  don- 
nant, avec  ses  compai;nons,  sa  vie  pour  Jé- 
sus-Christ. Les  saints  Viclorin  et  Victor,  par 
ordre  du  juge  Sabin,  venaient  d'être  broyés 
dans  un  mortier;  Nicéphore,  n'écoutant  ijuo 
son  courage  ,  prévint  1"S  bourreaux  et  se 
jeta  de  lui-même  dans  l'horrible  instrument 
de  supplice.  Sabin  ,  au  dernier  point  irrité 
de  son  courage,  ordonna  h  plusieurs  bour- 
reaux (le  le  frapper  à  la  fois.  Il  mourut  dans 
ce  supplice.  L'Eglise  célèbre  la  fête  de  saint 
Nicéphore  et  de  ses  compagnons  le  23  fé- 
vrier. 

NICfiPHOKE  (saint),  martyr,  eut  le  bon- 
heur de  donner  s.i  vie  pour  Jésus-Christ  à 
Anlioche  ,  sous  le  règne  et  durant  la  persé- 
cution de  Valérien.  L'histoire  do  son  mar- 
tyre est  trop  belle  pour  que  nous  ne  la  don- 
nions |)as  ici  en  entier,  prise  de  Uuinart.  Si 
Nicéphore  fut  martyr  de  la  foi,  il  le  fut  aussi 
de  l'amitié  .  ce  sentiment  que  Jésus-Christ 
rendit  si  saint  parmi  les  hommes,  en  l'agran- 
dissant d'une  façon  divine  et  en  l'appelant 
charité.  Ces  Actes  sont  tellement  complets 
sous  le  double  rapport  du  récit  et  des  rt'- 
llexions  qui  les  accompagnent  ,  que  nous 
craindrions  de  les  déparer  en  y  ajoutant 
quelque  chose.  Saint  Nicéphure  est  honoré 
le  9  février  dans  l'Eglise  grecque  et  dans 
l'Eglise  latine. 

Il  y  avait  h  Antioche,  dit  doni  Ruinarl,  un 
nrètre  nommé  Saprice;  il  y  avait  aussi  dans 
la  môme  ville  un  laique  apiielé  Nicéphore. 
lis  étaient  unis  par  une  amitié  é[)rouvée  et 
de  plusieurs  années,  en  sorte  qu'elle  était 
passée  en  proverbe  :  deux  frères  s'aiment 
moins  que  Saprice  et  Nicéphure  ne  s'ai- 
maient. Ils  avaient  passé  toute  leur  vie  dans 
celle  douce  union  ,  lor'^ipie  l'ennemi  des 
hon)mes  \int  la  tioubler.  Une  haine  si  forle 
et  si  envenimée  succéda  h  celte  belle  ami- 
tié ,  cpi'iU  se  fuyaient  l'un  l'autre  avec  un 
sitin  extrême,  et  évitaient  même  de  se  ren- 
contrer ensemble  dans  les  assemblées  [ni- 
bliques  et  dans  ijes  lieux  iiidiirinents. 

Ce  «  dura  (juelcpic  temps;  mais  enfin  Ni- 
cé[ihorc,  revenant  à  lui,  et  fais.inl  retlexion 
que  toute  haine  est  l'ouvrage  du  démon, 
résolut  de  se  raccommoder  avec  Saprice. 
pour  cet  Plfet ,  il  pria  de  leurs  amis  com- 
muns «l'aller  le  trouver  de  sa  p.Tit  ,  de  lui 
olIVir  toute  sorte  de  salisfactiiuis  .  les  char- 
geant expressément  de  l'assurer  de  la  gran- 
deur de  son  repentir  et  du  désir  sincère 
qu'il  av;ut  de  se  réconi  ilier  avt«c  lui.  Ces 
amis  s'ai  quittèrent  de  leur  commission; 
mus  ils  trouvi  rent  un  homtiie  extrêmement 
aigi  I,  ri  qui  iPur  narut  déterminé  à  ne  |M)int 
pardotuier.  Nicépuore,  auquel  ils  iiient  leur 


rapport ,  en  renvoya  d'autres  ,  qui  tirent  de 
nouveaux  efforts  sur  ce  cœur  endurci;  Sa- 
\)v\re  ne  voulut  pas  seulement  les  écouter. 
Nicéphore  ne  se  rebuta  point  du  mauvais 
succès  de  ces  deux  négoci.-» lions,  et  il  dépê- 
cha vers  cet  ennemi  inllexible,  qu'il  voulait 
regagner  à  quelque  prix  que  ce  tiU,  de  nou- 
veaux négociateurs  ;  mais  celte  troisième 
tentative  ne  réussit  pas  mieux  que  les  deux 
précédentes.  Saprice  ferma  l'oieille  ,  non- 
seulement  aux  sollicitations  de  ces  olficieux 
entiemetteurs,  mais  à  la  voix  même  du  Sau- 
veur qui  lui  criait  :  Pardonnez,  et  l'on  tous 
pardonnera  Mntth.  xviii  ;  51  tous  ne  remet- 
tez à  votre  frère  l'o/ffnse  quil  vous  a  faite, 
votre  Père  céleste  ne  vous  remettra  pas  celles 
que  vous  aurez  commises  contre  lui.  Enfin,  le 
bon  Nicéphoie  voyant  qu'il  n'avait  rien  pu 
obtenir  de  sa  dureté  par  l'enlreinise  d'au- 
trui,  crut  que  s'il  allait  lui-même  le  trouver, 
il  le  loucherait  infciilliblement  par  celte 
démarche  ,  et  par  une  marque  si  extraordi- 
naire d'humilité  et  de  conûaiice.  Il  court 
donc  au  logis  de  Saprice,  et,  se  jetant  d'abord 
à  ses  pieds  ,  il  lui  dit ,  fondant  en  larmes  : 
«Pardonnez-moi,  mon  père,  au  nom  de 
Notre-Seigncur.  »  Mais  cet  homme  implaca- 
ble ,  demeurant  endurci  dans  cette  horrible 
aversion  qu  il  avait  conçue  de  son  ami ,  ne 
se  rendit  ni  à  ses  prières ,  ni  à  ses  larmes, 
ni  à  cette  posture  de  suppliant;  lui  qui. 
comme  prêtre  de  Jésus-Chi  ist,  comme  chré- 
tien, devait  le  prévenir,  et,  par  une  prompte 
réfonciliation  ,  faire  voir  qu'il  était  l'imita- 
teur de  celui  dont  il  avail  l'honueur  d'être 
le  ministre. 

Cependant  la  persécution  s'allume  tout  à 
coup.  Saprice  est  .irrêté  et  conduit  devant  le 
gouverneur,  qui  d'abord  lui  demanda  son 
nom.  «Je  m'appelle  Saprice  ,  répondil-il.  — 
De  cpiello  profession  êtes-vous,  poursuivit 
le  gouvtrneur?  —  Je  suis  chrétien,  répliqua 
Saprice.  Le  gouverneur  :  Eie>-vous  ecclé- 
siastique ?  Saprice  :  J'ai  l'Iionneur  dêlre 
])rètre.  Le  gouverneur  •  Nos  augustes  mai- 
lles, les  empereurs  Valérien  et  (iallien,  ont 
ordonné  que  tous  ceux  qui  se  disent  chié- 
tiens  aient  à  saciilier  aux  dieux  immortels, 
et  que,  sur  le  moindri"  refus  qu'ils  en  feront, 
ils  sonni  tl'abord  appliqués  a  la  torture,  et, 
s'ils  persistent ,  qu'ils  soient  f)unis  du  der- 
nier supplice.  Saprice  :  Nous  autres  chré- 
tiens ,  nous  ivconnaissoiis  pi.ur  notre  Sei- 
gneur et  pour  notre  maiire,  Jésus-Christ, 
(|ui  e^t  Dieu,  et  le  seul  et  vénitable  Dieu  ipii 
a  crée  le  t  lel  el  la  terre.  A  l'égard  des  dieux 
des  nations,  ce  ne  sont  que  de  mauvais  dé- 
mons. Piiissenl-ils  périr  aux  yviix  de  l'uni- 
ver^  ,  eux  qui  n'ont  ni  le  pouvoir  «h*  j)rolé- 
ger  ceux  «|ui  lesntlorent.  ni  la  force  de  nuire 
h  ceux  (pli  les  iiiéprisi  lit.  o 

Le  président ,  choqué  de  celle  réponse  , 
commanda  (ju  m  le  mil  dans  une  machine 
faite  en  forme  de  vis  de  j)ressoir,  que  les 
tyr.Mis  avaiinl  invenlee  pour  tourmenlcr  lis 
fidèles.  L'excessive  douleur  que  cnusail  celle 
alfreuse  macliine  ne  lit  rien  perdre  à  Saprice 
de  sa  eonstane<>;  il  disait  an  jage  :  «  Mon 
corps  est  en  votre  puissance,  mais  vous  n'eu 


5if> 


NIC 


ftvc?.  «iKMitio  sur  iiiDii  niiic.  Il  un  n  (|iim  Jrt- 
siis  (Ihnsl,  iiKiM  S(>iKiiMir,  (|ni  en  soil  le  iiinl- 
ll'(>.  11  1-0  prf^siili'lll  vov.ilit  cctlc  loii^Aiic  ir- 
sisifiiicc,  ol  ipit'  i'i(Mi  ii(>  iioiiv/iil  (''liiiiiilcr  lu 
iiinrlyr,  piotionra  cdiiliT  lui  ccllt'  .sniloiicn  : 
Il  S,i|>ri('0,  |ir<Mr('  des  clii-rlii-iis  ,  cl  iidiciilc- 
l'iH'iil  (>iiliM<^  (Ir  rcspriviiico  lie  rcsMiscilcr, 
|MMir  avoir  l'd'iisrt  iwov  iiK^piis  (rohi'ir  h  l'r- 
ilil  (les  cinpcrtMii's  cl  de  s.ici'ilicr  niix  dieux, 
sera  livr»'  h  rc\(Siilciir  de  ju.sticc  pour  av(»ir 
la  l(Me  coiipi^c.  » 

|)(^s  tpi(>  Sapricc  ouf  cidciidu  pi'niioiicor 
ccllo  S(MUcU((',  il  si^  li;Ua  de  se  reudre  au  lieu 
dix  elle  (l(>vail  s'ox(^r'ulor,  dans  rospéiaiiro 
d'y  recevoir  uue  counnuK'  do  la  niaiii  d(^ 
Dieu  nii^uK».  Nicéphitre  l'ayaul  su  couiul  au- 
dovaiit  d(^  lui,  cl  viul  s(^  jeler  h  s»'s  pieds  eu 
lui  disant  :  »  Mai  Ivr  de  JtVsiis-Cliiis!  ,  par- 
dounez-moi  ,  parce»  (^ue  j'ai  péché  coiiii'o 
vous.  »  Saprice  ne  lui  répoiidil  rieti.  Nicé- 
phore  se  rolevani,  ^;at;iia  imo  vno  par  où  S  ;- 
priée  devait  passer  el  alla  l'y  alleiulic.  Lors- 
qu'il le  vil  ap()roeher,  il  fendit  la  pit'sso,  et, 
se  jetant  une  seconde  l'ois  h  ses  |>iods  ,  il  In 
(iria  encore  de  lui  pardonner  la  i'auto  (pi'il 
avait  commise  contre  lui,  plutiil  par  fragilité 
(lue  par  un  dessein  foriiu'>  de  l'olfenser.  «  Je 
vous  en  conjui-e  ,  lui  disait-il ,  par  celle  glo- 
rieuse confession  que  vous  venez  do  faire  de 
la  divinité  de  .'ésus-('hrist.  v  Saprice,  dont  lo 
(>œur  s'endurcissait  de  plus  en  plus,  ne  vou- 
lut pas  seulement  le  regarder.  Les  soldats 
qui  le  conduisaient,  lassés  d'entendre  répé- 
ter toujours  la  uième  chose  à  Nicéphore,  lui 
dirent  :  «  Nous  n'avons  jamais  vu  un  plus  sol 
honnuc  que  toi;  il  va  mourir  et  tu  lui  de- 
mandes pardon  ?  »  Mais  Nicéphorc  leur  ré- 
pondit :  «  Vous  ne  savez  pas  ce  que  je  de- 
mande au  saint  confesseur;  il  me  suilil  que 
Dit  u  le  sache.  »  Enlin,  lorsqu'on  fut  arrivé 
au  lieu  du  supplice ,  Nicéphore  rédoubla 
cette  même  prière  avec  encore  plus  d'em- 
pressement et  d'ardeur ,  et  l'inflexible  Sa- 
price, ainsi  qu'un  aspic  qui  n'écoute  pas  la 
voix  de  l'enchanteur,  bouchait  ses  oreilles  et 
fermait  son  cœur  aux  humbles  el  pressantes 
supplications  de  son  ami. 

il  faut  avouer  que  si  Dieu  est  Adèle  et  in- 
liniment  libéral  dans  l'accomplissement  de 
ses  promesses,  il  n'est  pas  moins  rigoureux 
ni  moins  exact  dans  l'exécution  de  ses  me- 
naces. Si  vous  ne  pardonnez,  dit  le  Sauveur 
[Malth.    vviii),   on  ne  vous  pardonnera  pas. 
Cette  vérité  ne  parut  que  troj)  dans  le  sort 
du  malheureux  Sa|)rice;  car,  comme  Dieu 
vil  qu'il  demeurait  inexorable  envers   son 
prochain ,   il  devint  à  son  tour  inexorable 
envers  lui.  Il  lui  ôta  d'abord  le  secours  de 
sa  grûce,  et  ensuite  il  le  priva  pour  toujours 
de  sa  gloire ,  et  Dieu  ne  se  souvint  plus  de 
ce  que  Saprice  venait  d'endurer  pour  son 
nom  ,  parce  que  Sa|)rice  ne  voulut  pas  ou- 
blier l'injure  ([ue  son  ami  lui  avait  faite.  Les 
bourreaux  dirent  donc  à  Saprice  :  «  Mets-toi 
à  genoux,  qu'on  te  coupe  la  tête.  »  Saprice 
leur  dit  :  «  Et  [tourquoi  me  couper  la  tôle?  » 
Les  bourreaux  lui  répondirent  :  «Hél  c'est 
parce  que  tu  ne  veux  pas  sacrifier  aux  dieux 
et  que  tu  refuses  d'obéir  aux  ordres  de  l'em- 


MC 

poreiir.  pour  l'aïunur  do  rot  honriino  qu'on 
appello  le  Chrihl.  »  L'irifMrluMrt  Saprue  dit 
aux  bourre/iiix  :  «  Arn'le/. .  mes  «mis,  et  no 
me  I'miIcs  pas  uioiiiii;  )e  l'eini  lonl  ce  qu'on 
\U)udra  :  jo  saii ilienii ,  uj  ««(Tillerai.  »  Vojlà 
.'i  (pi(d  excès  d'inlidéhié  <.(  d'HveuKlemeMt  lo 
porta  l'nveisiou  (ju'il  ;ivait  coMcue  (outre 
son  ancien  ami;  voil/i  dans  (piel  abîme  do 
malheurs  elle  le  précipita. 

Nui'-plioie,  (pii  élail  r<'sté  auprès  d(f  Hn- 
prico  ,  dans  res[)éranc(Miue  sa  |ier«évérfliice 
et  sa  soumission  amolliraient  enfin  relt» 
étrange  durelé  de  so'i  ami,  fut  seiisibleineul 
allligé  do  renUiiidre  iiarler  de  la  sorio.  «  {Jna 
faites-vous  ,  lui  dit-il  ,  mon  frère?  Ah  !  gar- 
dez-vous bien  de  renoncer  Jésus-(;iiiist  , 
notre  bon  uialtrci,  Quiilez ,  (piitlez  cetti) 
pensée,  et  n:^  vous  laissez  pas  anncher,  par 
une  hlche  déscTlion  ,  la  couronne  que  vous 
venez  de  gagner  par  une  confession  géné- 
i-euse  el  |)ar  tant  d'horribles  tourments.  Kilo 
vous  coilK'  assez  cher  i>our  ne  p.is  la  perdre 
si  aisément.  »  Saprice  le  regarda  de  travers, 
et  ,  courant  avenglénu>nl  à  sa  perte  ,  il  mé- 
j)risa  également  el  les  avis  salutaires  de  son 
ami  ,  et  méuîe  ces  divines  maximes  de  lE- 
vangilo ,  sorties  de  la  bouclu;  du  Tils  de 
Dieu  :  Si ,  lorsque  vous  présentez  votre  don  à 
t\tutel ,  dit  cet  adorable  Sauveur  en  un  en- 
droit (J/a^f /t.  v),  vous  vous  souvrnez  r/ue  votre 
fh're  a  quelque  chose  contre  vous  ,  laissez  là 
votre  don  devant  l'autel ,  et  allez  vous  récon- 
cilier auparavant  avec  votre  frère,  et  puis 
vous  reviendrez  offrir  votre  don.  Kl  ailleurs 
[Matth.  xviii) ,  ré[)ondant  à  saini  Pierre  qui 
lui  demandait  :  Seigneur,  combien  de  fois 
pardonnerai-je  à  mon  frère,  lorsqu'il  aura  pé- 
ché contre  moi  ;  sera-ce  jusquà  sept  fois  ?  il 
lui  dit  :  Je  ne  vous  dis  pas  jusqu'à  sept  fois, 
mais  jusqu'à  soixante-dix  fois  sept  fois.  Et  le 
malheureux  Saprice  ne  put  se  résoudre  à 
l^ardonner  une  seule  fois  à  son  frère,  et  à  un 
frère  qu'il  voyait  à  ses  pieds  ,  priant ,  pleu- 
rant ,  repentant ,  et  le  conjurant  de  la  ma- 
nière du  monde  la  plus  touchante,  de  lui  re- 
mettre sa  faute. 

Vous  voyez ,  mes  chers  frères ,  comme 
noire  Seigneur  et  notre  Dieu,  négligeant  en 
quelque  sorte  ses  propres  intérêts  et  sa  pro- 
pre gloire,  veut  qu'on  interrompe  le  sacrifice 
qu'on  lui  otfro  ,  refuse  mêm/,  ou  du  moins 
diffère  de  l'accepter,  jusqu'à  ce  que  celui 
qui  le  lui  olfre  se  soil  réconcilié.  Ttint  il  est 
vrai  que  c'est  une  chose  qui  fui  est  bien 
plus  agréable  que  tous  les  aons  et  que  tous 
les  sacrifices.  Quelle  horreur  n'eul-il  do'ic 
pas  de  celui  que  le  misérable  Saprice  lui  of- 
frait de  sa  vie,  lorsqu'il  le  vil  déterminé  à 
ne  point  accorier  le  pardon  à  celui  qui  le 
lui  demandai  avec  tant  d'humilité;  qu'il  vit 
son  cœur  entièrement  fermé  pour  son  frère? 
Ce  fut  pour  lors  qu'il  lui  ferma  aussi  le  sien, 
que  le  Saint-Esprit  se  retira  de  lui ,  et  qu'il 
perdit  toute  la  part  qu'il  avait  au  royaume 
du  ciel.  Exemple  terrible,  mes  chers  frères, 
qui  nous  ap|)rend  à  éviter  avec  uii  soin 
extrême  ce  piège  dangereux  que  lé  diable 
nous  tend.  Ne  nous  laissons  donc  point  aller 
à  la  haine;  ne  donnons  point  entrée  dan$ 


:>i7 


NIC 


NIC 


3Î8 


îlotrc  cœur  h  cette  funeste  passion;  accou- 
tiunnns-noiis  h  onhlior  de  bonne  heure  1  in- 
jure qu'on  nous  mua  Inile  :  rien  n'est  plus 
h  craindre  que  d'en  conserver  le  ressouve- 
nir. Si  nous  ne  pardonnons  h  nos  frères  ,  de 
quel  front  pourro'is-uous  dire  à  noire  Père 
céleste  :  Pardonnez-nous  nos  offenses  comme 
nous  pardonnons  <)  ceux  qui  nous  ont  offen- 
sés ?    Matlh.  VI,  1-2. j 

Cependant  le  bienheureux  Moéphorc  pleu- 
rant amèrement  la  chute  de  Saprice,  dit  aux 
bourreaux  :  «  Je  suis  chrétien,  et  je  crois  en 
Jésus-Christ  que  ce  malheureux  vient  de  re- 
noncer. Me  vodh  prêt  à  mourir  h  sa  place; 
fra[ipez  hardiment.  »  Cette  déclaration  si 
peu  attendue  surprit  tout  le  monde  ;  mais 
les  l)ourreaux  n'osèrent  passer  outre  sans 
un  ordre  du  t^ouverncur.  Ui  d'entre  eux  cou- 
rut au  palais  et  lui  raconta  la  chose.  «  Sei- 
gneur, je  viens  vous  dire  que  Saprice  pro- 
met de  sacrifier  aux  dieux  :  mais  il  y  a  un 
autre  homme  qui  veut  mourir  à  toute  force 
pour  un  certain  Christ  (ju'il  appelle  son 
Dieu  et  son  Seigneur.  Il  ne  cesse  de  dire 
(ju'il  est  chrétien,  qu'on  ne  l'obligera  jamais 
à  sacrilier  h  des  idoles,  et  qu'il  n'obéira  point 
aux  édits  des  empereurs,  »  Le  gouverneur 
avant  oui  ce  rapport,  rendit  ce  jugement  : 
«Si  l'on  ne  peut  l'aire  résoudre  cet  honnne  à 
sacrifier  aux  dieux  innuortels,  quil  meure 
par  le  glaive.  »  Le  licteur  étant  de  retour, 
montra  l'ordre  dont  il  était  porteur;  et  sur 
le  refus  de  Nicéphore,  o;i  lui  trancha  la 
tète. 

Ainsi  mourut  le  bienheureux  Nicé|)l!ore, 
qui  reçut  de  la  main  de  Jésus-Christ,  avec 
la  palme  du  martyre,  trois  couronnes  immor- 
telles; la  couronne  de  la  foi,  celle  de  l'hu- 
milité et  c-lle  de  !a  charité. 

NICnPHOKK  (saint),  martyr,  eut  la  gloire 
de  donner  sa  vie  pour  notre  religion  sainte, 
dans  la  ville  de  Kome,  avec  >aiMl  Abondance, 
saint  Léon  ,  saint  Donat  et  neuf  autres.  Ils 
sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  sous 
la  date  du  1"  mars. 

NICÉPHOIIE  (Saiiit),  patrian^lic  de  Cons- 
tantinople,  confesseur,  était  fils  de  Théo- 
dore ,  secrétaire  de  l'empereur  Constantin 
Copronyme,  qui  fut  banni  sous  ce  prince 
pour  raltacliement  inviolable  (ju'il  montra 
pour  les  saintes  images.  Avant  d'aller  en 
exil,  saint  Théodore  avait  eu  à  souffrir  plu- 
sieurs tourments  fort  cruels.  Hap|)i  lé  et  de 
nouveau  é|)rouvé  par  les  touimeiils,  i\  avait 
été  relégué  h  Nicée,  où  il  était  mort.  Le 
saint  de  «pii  tiniis  ("crivons  la  vie  était  né 
vers  l'année  T.'iH.  lùidocic,  sa  mère,  restée, 
seule  pour  i)reudre  soin  de  son  lils,  avait 
cultivé  les  heureuses  dis[)osilioi\s  ([u'elle 
avait  vues  en  lui  :  elle  lavait  eleve  pour 
Dieu  d'abord,  vu  lui  inspirant  la  [)lus  \>vo- 
fonde  piél)'-;  pour  le  monde  («usiiite,  en  lui 
faisant  étudie,  toutes  les  sciences  nécessai- 
res à  un  homme  ipii  doit  y  tenir  un  ran^ 
élevé.  I.e  mérite  du  jeune  Nici-phore  devint 
si  reman[ualde,  cpie  I  impératrice  Irène  et 
lenipereur  Constantin,  son  lils,  lui  ilonnè- 
reni.  avec  leur  conliance  entière,  l'emploi 
que  son  père  avait  eu  sous  Constantin  Co- 


pronyme. 11  remplit  sa  charge  avec  tonte  la 
distinction  ,  avec  toutes  les  vertus  qu'on 
était  en  droit  d'attendre  de  lui.  Non  content 
do  cela,  il  travaillait  avec  ardeur  à  l'extinc- 
tion de  l'hérésie  des  icoiiorlastes.  Au  concile 
de  Nicée,  sejitième  géntral,  où  il  assista  en 
qualité  de  commissaire  imp»''rial,  il  se  ût  ad- 
mirer de  tous  les  Pères  qui  sié,j;eaicnl.  Sous 
le  règne  de  Nicéphore  successeur  d'Irène, 
qu'il  avait  détrôné,  le  patriarche  Taraise 
«•tant  mort,  l'an  809,  consuitt  sur  le  choix 
du  successeur  les  [)iiis  considérables  d'entre 
les  évoques,  les  moines  et  le  sénat,  entre 
autres  saint  Plaion  vt  saint  Théodore  Stu- 
dile.  Saml  Platon  donna  son  suifiage  par 
écrit,  et  rompit  même  sa  retraite  et  son  état 
de  reclus,  pour  aller  trouver  de  nuit  un 
moine,  parent  de  l'empereur;  mais  son  avis 
ne  fut  pas  suivi.  Nous  avons  la  réponse  de 
saint  Théodore,  où  il  s'excuse  de  nommer 
aucun  sujet  particulier;  mais  il  exhorte 
l'empereur  à  choisir  non-seulement  entre 
les  évèques  et  les  abbés,  mais  encore  entre 
les  stylites  et  les  reclus.  Ce  qui  montre  que 
l'observance  des  stylites  continuait  trois 
ce'it  cinquante  ans  après  saint  Siméon,  leur 
auteur.  L'em[)eieur  se  détermina  sur  Nicé- 
})hore,  qui  avait  été  secrétaire  de  ses  préd  '•- 
cessours,  et  il  fut  élu  d'un  commun  consen- 
tement du  clergé  et  du  peuple  ;  mais  Platon 
et  Théodore  Studile  s'y  opposèrent  forte- 
ment, soutenant  tpi'il  ne  lallait  pas  élever 
tout  d'un  coup  un  laïque  à  l'épiscopat.  Ils 
craignaient  sans  doute  que  cet  exemple,  en 
suite  de  celui  de  Taraise,  ne  fût  d'une  dan- 
gereuse conséquence.  L'empereur  en  fut 
tellement  irrité,  qu'il  lit  enlever  Platon,  et  le 
tint  vingt-quatre  iours  dans  une  étroite  pri- 
son, après  quoi  il  lui  permit  de  retournera 
son  monastère.  Il  fit  emprisonner  quelques- 
uns  des  moines,  il  en  lit  meltr»  à  la  ques- 
tion; et  il  voulait  les  chasser  de  Conslan- 
tinople ,  mais  on  l'en  détourna,  en  lui 
repn'-seiitant  (pie  l'entrer  de  Nicé[»hore  dans 
le  siège  palriaical  serait  odieuse  >i,  îi  son 
occasion,  on  détruisait  une  communauté  de 
sept  cents  moines  qui  vivaient  sous  la  con- 
tluile  de  Théoilor(\  Nicé[diore  fut  donc  or- 
donné patriarche  le  jour  de  IWques,  l'?,  avril 
806.  HKIeiiry,  vol.  III,  {>.  2l)7.) 

Le  jour  do  son  sacre,  il  montra  combien 
était  pur  et  vrai  son  zèle  |)our  la  vraie  foi. 
Durant  tonte  la  cérémonie  il  tint  h  la  main 
un  écrit  qu  il  avait  rédigé  |)0ur  la  dél'enso 
(les  saintes  images;  il  le  mit  en  dépl^t  der- 
rière l'autel,  pour  (]u'il  y  restât  comme  un 
temoignaiic  de  la  fermeîé  avec  laqielle  il 
était  d  cillé  à  d.'fendre  au  besoin  la  foi  con- 
tre l'hérésie,  la  traiiili<in  de  i'Kglisfs  contre 
les  innovations  des  iconoclastes.  A  peine  sur 
le  trône  patriaical,  il  entreiirit  de  léformer 
les  moMirs  de  son  diocèse,  cl  il  y  réussit, 
aillant  eu  prêchant  d'e\em[)le  (|Uo  de  parole. 
(Juand  Léon  l'Arménien  lut  nommé  empe- 
reur, il  n'solut  de  faiie  partout  abattre  les 
salîtes  images  et  de  [lersécuter  les  calludi- 
(pies,  s'ils  résislaier.t  il  ses  desseins  ;  mais 
il  espérait  venir  h  bout  il'eux  en  gagnant  hs 
principaux  d'entre  les  évoques.   Il  comprit 


521)  NIC 

(|U('llo  iitilitt^  il  poiirniil  roliror  d'tMn»  l)i(Mi 
avec  l(»  pulri.'in^hd  Nicridioir,  ni  il  lit  loul  co 
(juil  (Mil  |Miiii-  rniiii'iirr  à  lui.  Il  nMiiiiii'ii(;ii 
|i;ii'  piDCi'iii'r  iwvv  (loiirciir  en  lui  disiuil  : 
X  Lo  iiuiiulo  usl  scaiiilalisr  à  caitsit  des  ima- 
ges :  il  (lil  (|iii'  nous  taisons  mal  de  les  ailii- 
viw,  vl  tiuc  ('t'sl  la  causo  |mmii(|U()i  nous 
souiiiics  Hirrricurs  aux  inliJchvs.  Ayez,  un 
|ii«ii  (le  (•oiiilcsicndanci^  ,  rt  laissons  >-a's 
tlioscs  hassrs  ;  ou  hioii  nionli(V-iiioi  pour- 
cjuoi  vous  hvs  adore/,  puisipiiî  rKciilurc  n'ni 
((il  pas  un  uiol.  »  l.o  palriarclK;  i'('>|')oudit  : 
<«  Nous  MO  p(Uivons  louclici'  auv  anciennes 
traditions.  Nous  adorons  les  images  coiunin 
la  eroiv  et  l'I-lvanj^ile,  (pioiipi'il  n'y  en  ait 
rien  d'écrit.»  (lar  les  iconoclaslos  ('on\e- 
nait'iit  d'adorer  la  croix  et  riivaugilo.  Cepen- 
danl  le  palriarclie,  apprtMiant  (prAntoine  du 
SyK'o  l'avorisail  l'eiilreprisi;  de  reiii[»t'reur, 
l'eMvoya  (piérir,  (>t  lui  (>n  doiuaiida  la  véril(^. 
Anioine  le  nia,  et  lui  donna  '.uni  décla.aliou 
souscrite  de  sa  main  avec  la  croiv  el  scellée', 
par  K'Kiuollo  il  l'aisail  profession  d'iioiioror 
les  ima,4es,  avec  aiiidliùine  ('oiilrc!  couv  (pii 
croyaient  le  contraire.  11  donna  ci.'llc  décla- 
ration en  présence  dos  métropolitains  qui  se 
rencontrèrent,  et  l'emiiereur  lui  en  ayant 
l'ail  des  re|)roclies,  il  lui  dit  :  «  Je  nie  suis 
moqué  d'eux  |)our  vous  donner  plus  de  com- 
nunîité  d'exéculcr  votre  dessein.  »  Après 
cette  première  tentative  auprès  du  patriar- 
che, l'empereur  crut  avoir  bcsoui  de  [)lus 
grands  préparatifs,  el  manda  la  |)lupait  des 
évè(|ues  de  son  obéissance,  esjiéranl  qu'ils 
favoriseraient  son  opinion.  Mais,  avant  qu'ils 
abordassent  h  Constantinople,  il  les  lit  arrê- 
ter de  peur  qu'ils  n'allassent,  suivant  la  cou- 
tume ,  descendre  chez  le  patriarche.  On 
laissait  en  liberté  ceux  qui  paraissaient  dis- 
posés à  faire  la  volonté  de  l'empereur;  mais 
ceux  qui  résistaient  étaient  mis  dans  des 
cachots,  où  on  leur  faisait  soutf.ir  la  faim. 
Le  patriarche  Nicéphore,  voyant  celte  con- 
duite, redoublait  ses  prières  vers  Dieu,  et 
exhortait  les  catholiques  à  demeurer  termes. 
11  assembla  chez  lui  ce  qu'il  put  de  moines 
el  d'évôques  :  ils  passèrent  la  nuit  en  priè- 
res dans  la  grande  église  ;  et  ce  fut  peut-être 
en  cette  occasion  (lue  le  patriarche,  montant 
sur  l'ambon,  prononça  analhème  contre  An- 
toine de  Sylée,  comme  prévaricateur.  L'em- 
pereur ,  étant  averti  de  cette  assemblée , 
craignit  qu'on  n'y  prit  quelque  résolution 
contre  lui  ;  et  vers  le  chant  du  coq  il  envoya 
au  patriarche,  s'en  plaignaiit  comme  d'un 
commencement  de  sédition,  avec  ordre  de 
venir  tous  au  palais  quand  il  serait  jour. 
Ils  n'en  furent  que  plus  animés  à  soutenir 
la  vérité,  et  les  [)rières  finies,  le  patriarche 
les  exhorta  encore  par  un  discours  fer.^ 
vent. 

Ensuite  ils  marchèrent  tous  aU  palais. 
L  empereur  ne  tendit  point  la  main  au  pa- 
triarche, el  ne  l'embrassa  point  à  l'ordinaire; 
mais,  le  regardant  de  travers,  il  s'assit,  le  fit 
asseoir,  et  lui  parla  d'abord  seul  à  seul, 
croyant  le  gagner  plus  facilement.  «Nous 
ne  cherchons,  dit-il,  qu'à  connaître  la  vé- 
rité  et   rétablir  la  paix.  Ne  savez-vous  pas 

DiCTIOX.N.    DES    PliRSÉCUTIONS.  li. 


NIC 


S80 


ipielln  e.sl  hi  miillitude  de  ceux  (pii  .sotit 
choqué.s  «le.s  iiiwiKi's"/  On  iir  peut  les  rame- 
ner qu'en  répoiuj/uil  aux  passages  di-  l'Iùri- 
luio  (iii'ils  allcmii'iil.  Je  \t'UX  donc  (pie, 
.sans  dillén-r,  vcjus  entriez  en  ctnifércnco 
av(M-eiix  :  si  vous  le  mlusc/.,  on  verra  r-jai- 
l'ement  la  laiblcssc  de  voir.- <aiise.  «  L«;  pu- 
IriarclK!  répondit  :  «  Nous  n'avons  eu  dessein 
d'exciter  aucun  Iroiildc  conlit-  volic  laiis- 
sance,  nous  avons  sciihuiient  prié  pour  vous, 
oommo  l'Kcrilure  l'ordonne.  Personne  n'aime 
la  paix  plus  (pu;  nous  :  c'est  vous  qui  la 
Iroiibli!/,  car  toutcis  les  liglises  sont  d'ac- 
cord. Home  consenl-elle  h  l'abolition  des 
images?  ou  Alexandrie,  ou  Antiodur,  ou 
Jérusalem?  Ne  prèle/,  pas  la  main,  seigneur, 
à  une  hérési(î  abattue  el  condamnée.  Ôue  si 
«piehpi'un  a  ébranlé  votre  foi,  nous  voiibnis 
bien  vous  satisfaire,  el  nous  le  devons: 
mais  nous  ne  pouvons  disputer  avec  des 
héréti.pies  déjà  convaincus  et  aiialliémali- 
sés.  »  Knsuile  il  entra  en  matière  el  traita 
à  fond  avec  l'empereur  la  (pieslion  des  ima- 
ges. (Fleury,  vol.  111,  p.  !2a'J.) 

Léon,  furieux  de  la  résistance  de  Nicé- 
piiore,  usa  de  ruse  pour  arriver  à  son  bul  : 
il  engagea  (luehjues  soldats  à  traîner  avec 
mépris  une  image  de  Jésus-Christ,  qui  était 
sur  une  grande  croix  au-dessus  d'uni;  des 
l)ortes  de  la  v.lle.  Les  soldats  l'ayant  l'ail,  il 
défendit  qu'on  en  mît  une  autre,  s  us  pré- 
texte d'cmpôcher  une  seconde  profanation. 
Ni(é[)hore  ne  fut  pas  dufie  de  son  indigne 
sliMlagème  :  il  redoubla  Ja  l'ervenr  de  ses 
prières,  invita  les  catholiques  à  rester  ler iiies 
et  courageux,  et  demeura  préparé  à  tout  ce 
que  pouvait  tenter  la  mauvaise  volonté  de 
l'empereur.  Alors  Léon  assembla  quelques 
évèqiies  iconoclastes  dans  son  palais,  el  in- 
vita Nicéphore  à  y  venir  avec  ceux  de  son 
parti.  Comme  on  peut  le  voir  à  l'article  Ico- 
noclastes, les  évoques  catholiques  exhor- 
tèrent l'empereur  à  ne  se  mêler  que  des  af- 
faires de  l'Etat,  et  à  rester  complètement  en 
dehors  de  celles  de  l'Eglise.  Ils  défendirent 
avec  énergie  le  culte  des  saintes  images. 
Saint  Théodore  Sludite,  parlant  après  les 
évêques,  dit  à  l'empereur  :  «  Seigneur,  ne 
troublez  point  l'ordre  de  l'Eglise.  Dieu  y  a 
mis  des  apôtres ,  des  prophètes,  des  pas- 
teurs el  des  docteurs,  mais  il  n'a  point 
parlé  des  empereurs.  Le  gouvernement  de 
l'Etat  vous  est  conlié,  comme  celui  de  l'E- 
glise l'est  aux  pasteurs.  »  Le  prince,  exas- 
péré de  fureur,  chassa  les  évoques  de  sa 
présence,  et  leur  défendit  d'y  reparaître. 
C'était  contre  Nicéphore  surtout  qu'il  était 
irrité  ;  il  ne  songea  plus  qu'au  moyen  de  se 
venger  de  lui,  et  ce  moyen  ne  tarda  pas  à  so 
présenter.  Les  évoques  iconoclastes  s'étant 
réunis  dans  le  palais  impérial,  y  tinrent  un 
prétendu  concile  auquel  ils  citèrent  Nicé- 
phore, qui  refusa  d'y  assister,  la  citation 
n'étant  pas  canonique.  11  dit  seulement  à 
ceux  qui  la  lui  présentaient  :  «  Qui  est-ce 
qui  vous  a  donné  cette  autorite  ?  Est-ce  le 
pape,  on  bien  les  autres  patriarches?  Vous 
n'avez  aucune  autorité  dans  mon  diocèse.  » 
Il  lut  ensuite  le  canon  qui  porte  excommu- 

11 


331 


MC 


NIC 


.V'.ï 


nicition  contre  ceux  qui  s'allribuent  une 
juri'liili'^n  dais  le  diocèse  d'un  évènuo.  et 
leur  o.  dom.i  de  se  retirer.  ï,es  ('vèques  iro- 
norlasles  ne  tinrent  coin;>le  df  cria  et  c<»iili- 
nuèrentieur  concile.  Le.ii|)eri  ui  le  |>icss.iut 
encore  d'y  venir,  il  dit  qu'il  y  vieinli.iil  uik 
conilitions  suivantes  :  il  d»'mai  dail  qu'nu 
lui  ren  it  aii;.>a  avant  le  gouviMuein  nt  libio 
de  son  l  ou|»cnu,  une  l'on  d  livrât  de  prison 
les  évoques  callioiiques,  que  Ion  rappelât 
ceux  qui  éiaicnl  exi  es;  que  d'ailleurs  on 
éloignât  ceux  do  il  les  ondulations  étaient 
irréjulières ,  et  qu'on  ne  s'.tsseniblàt  que 
dans  réalise. 

Mais  les  iconoclistes,  qui  prétendaient  re- 
présenter b»  concile  d^  la  cour,  nommé  sy- 
nodos  en  démo  usa  y  persuadèrent  i»  lempeieur 
de  rejeter  ces  conditions:  et  disant  qu'ils 
avaient  déjà  apiicl^  trois  fois  le  pafriniclie, 
ils  soutinrent  ({u'ils  étaient  en  droit  de  le 
condamner  p:^r  contumace.  Ils  lui  envovè- 
re^t  donc  uuf  monilion  par  érril.  poitant 
cornmandem«'nt  île  com!>,irallie  devant  c  i\, 
et  en  diiiraèrenl  do;  évoques  et  di'S  eler .s 
accompa;^nés  d'une  tioupede  gens  r;nnassés. 
Le  palriarrhe  ne  l-s  vonlait  pont  voir;  mais 
le  patrice  Thomas  lui  persuada  de  ne  les  pis 
renvoyer  sanf<  leur  parler  «  I.e  concile,  di- 
rent-ifs, ayant  r^çu  des  lib 'Iles  contre  vous, 
vous  mande  de  venir  '^ous  d  -fendre;  mais  si 
vous  voulez  éviter  la  déposition,  vous  n'avez 
qu'?i  consentir  avec  le  concile  et  l'empereur 
h  l'abolition  des  imag^^s.  >.  Le  patrinrch'  ré- 
pond t  :  «  Kt  qui  e^t  cel  'i  qui  sed  inne  l'au- 
torité de  recevoir  des  libelles  contre  nous? 
Est-ce  le  pape  ou  quelqu'un  i\os  autres 
palriarches?  Et  si  je  suis  eoupable,  connue 
vous  dites,  de  crimes  qui  méritent  déposi- 
tion, sudirail-il  de  me  rendre  h  la  volonté 
de  l'empereur,  touchant  les  images,  pour 
m^  justifier  et  me  rétablir  le  même  jou'r? 
Me  croye/.-vous  si  peu  inslruit  des  lois  de 
l'Eg'ise?  Quand  môme  le  siège  de  Constan- 
tinople  serait  vacant,  aninm  év^qin^  étranger 
n'auiait  le  droit  «l'y  exercer  juiidirtion  , 
beaucoup  moins,  puisqu'il  est  encore  rem- 
pli. M  Puis,  ayant  lu  le  canon,  il  les  d  'clara 
excommuniés,  et  leur  ordonna  de  sortir  de 
l'enceinte  du  lieu  saint.  Ils  se  retirèrent  en 
prononeant  des  anathèmes  contie  lui  et  con- 
tre Ta  rai  se. 

Désespérant  donc  de  le  tléchir,  ils  voulu- 
rent le  faire  mourir  secrètement;  mais  il  en 
fut  averti  par  un  r\orc.  calholupie,  et  se  tint 
sur  ses  gardis.  Ses  ennemi-,  ayant  mampié 
ce  coup,  déiendirenl  sous  peine  d'excommu- 
niiation  de  le  reromiailnî  pour  patrarche  et 
de  le  nounner  à  la  inev>e.  On  était  alors  en 
carèuie,  et  il  écrivit  à  roni|>ereur  en  ces 
termes  :  «Jusqu'ici  j',u  combat  u  pniirli 
vérité,  selon  mon  pouvoir,  et  j'ai  souilert 
toute  sorte  de  mauvais  traileme-ils.  les  af- 
frotils,  la  prisf>n,  la  i-  euiscaiion.  la  p  -i  le  do 
mes  doinesliq  les.  Ilnlin  des  gens  q  ii  pa  ais- 
saionl  évè  pies  sont  venus  m  insulter  avec 
une  populace  armée  d'ept'es  et  de  bt(uis, 
dans  l'extriunité  de  ma  mal.\die:  ensuilej'ai 
appris  que  les  ennemie  de  !a  vérité  vouljiout 


ou  me  déposer  ou  m'ôfer  la  vie.  Pour  éviter 
d'iuc  (juelque  malheur,  dont  le  péché  re- 
tomberail  sur  votre  mijst'",  je  cède  malgré 
inoi  à  la  nécess  lé  de  ouilier  mon  siège,  et 
je  recevrai  avec  action  de  grâce  ce  que  Dieu 
permettra  qu'il  m'arrive.  » 

F^'empennir.  ayant  ret  u  ci  tte  lettre  avec 
un  souris  malin,  commanda  au  [lUrice  Tho- 
mas de  prendre  une  troupe  de  soldats  et  de 
faire  enh'vcr  le  patriarche  au  milieu  de  la 
nuit.  L'h  nire  venue,  comme  les  soldats  en- 
traient, le  patriarche  demmda  do  la  lumière, 
se  leva  i\i'  son  lit.  et,  se  faisant  soutenir,  il 
jirit  ?i  SI  main  un  once  isoir,  et  éi'lairé  ie  deux 
ilimbeanx,  il  entra  dans  l'église.  L-i,  pros- 
ti  rné  h  lorre.  il  recommanda  h  Dieu  ce  saint 
lie  I  pour  n'être  point  profuK',  et  prit  congé 
de  son  siège  et  d  •  Constntinople;  ensuite 
il  se  mit  dans  une  <  h.iise  et  ot  l'emporta  h  la 
citadelle,  où.  l'ayant  mis  dans  une  bTrcpie, 
on  le  fit  passer  à  rhrvsopolis,  et  on  l'envoya 
au  nionDstèr,'  d'Agà'hus ,  c'osl-àdJrc  ll\i 
Bon,  qui!  avait  fait  bUir.  Mais,  peu  après» 
on  le  'ransféra  plus  loin,  au  monastère  de 
Saint-Théodore  ,  qu'il  avait  aussi  fondé. 
(Fleury,  vol.  III,  p.  2V1.) 

Après  l'empereur  Léon,  ce  fut  Michel  le 
Bègue  qui  monta  sur  le  trùne,  en  820.  Il  ut, 
comme  ses  pi  édécesseur-,  ardent  iconoclaste 
et  persi'cuteur  des  catholiipies.  Nicéphore 
demeura  dans  son  exil  et  y  mourut  le  2  juin 
828.  L'Eglise  fait  sa  fête  le  13  mars. 

NICETAS  (saint),  martyr,  mourut  pour  la 
foi  chrétienne  en  l'an  de  Jésus-Chnst  372. 
Athanaiic,  roi  des  tiotlis,  avait,  en  370.  porté 
un  élit  sanglant  contre  les  cliréiiens.  Il  tai- 
sait traîner  sur  nu  char  une  idole  dans  tfuis 
les  lieux  où  il  supposa  t  qu'il  y  avait  des 
chrétiens,  »  t  tous  ceux  qui  refesaient  de  sa^ 
crilier  devaient  immédiatement  être  mis  à 
mori.  Le  sup;  lice  que  le  plus  ordinairement 
on  employait  contre  les  chrétie  is  était  de 
les  bii'iler  dan-,  les  lieux  où  ilss'assembl  d  nt 
])our  prier,  ou  même  d  lis  leurs  domiciles 
piivés.  Ce  fut  ce  joi  arriva  à  saint  Nicétas. 
L'I-lglise  Voiiore  sa  mémoire  le  ISseplnubre. 
{Voy.  Surins.  Socrate,Sozoinène,Siilling,  t.V 
Sept.,   |i.    ,18.1 

MCfifAS,  patriarche  de  Constanlinojde, 
sous  lemperenr  Constantin  Copronvme.  fu- 
rieux ieonoclaste,  eut  la  l'clieté  d'obéir  h  ce 
prince,  t<uich.uit  la  destiurii..n  d  s  .s^ii;ve.-i 
iiiiao"^.  qn  il  lit  etfacer  tant  en  mosaïque 
(ju'eii  peinture.  (»t  sur  boi».  da"is  le  palais 
palcaical  et  dans  h»  monasièie  d'Abialuin. 

NICETTK  (sainte),  martyre,  mon  ut  pour 
la  foi  liu  Chr'St  en  Lycle.  après  avoir  él»'» 
convertie  avec  sainte  Aquiline  par  sa  nt 
Chrvstophe,  martyr.  E  les  funnil  décapitées. 
()  1  i^U'ie  à  quelle  époque.  L'Eglise  les  léle 
le  2i  jiii  let. 

NICi»Df:ME,  disciple  de  Jéstis-Chnst.  sé- 
nateur, juif  de  In  se-te  des  Pharisiens,  ueveu 
de  liamaliel,  fut  un  le  ceux  nui  rendirent 
les  derniers  devoirs  h  Jésus-t'nrist.  Après 
ipiil  «Mil  reçu  le  bTpiême,  les  Juifs  le  depo- 
sèienl  de  sa  dijil  •  de  sénateur  et  l'excom- 
muniyrout.  Ce  fui  à  la  considération  de  Ga- 


sss 


Nin 


Sic. 


Z7,i 


iuali(»l(l),  iproii  Mf  lo  lit  p.'is  innniir;  ninis 
on  lo  l);iilil  de  vt'incs,  on  In  (•jinssn  (1(«  Jrrii- 
s.iJt'Mi,  cl  OU  ;ili;in(lonnii  m's  Iiicis  fni  pili;);;!'. 
Il  ilcincnr.'i  jiiM|n'i\  s;i  nioil  clir/  (i.nu.ilicl, 
.|iii  lo  lit  cnti'rit'f  t'I  If  |>l;\(;;i  nniin-sdc  sai-il 
l'Ilicn'M».  Son  t'or|t'-  l'iil  li'oiivi''  en  '•!.">,  avoc 
c-hii  (In  sainl  (liacir,  par  le  |iitMic  Lncicn.  h 
(|ni  (i.'nnaiicl  lil  connailio  ofl  sonj^o  Ir  lien 
(iTi  il  r(>|»nsail. 

Ici  vieni  nn(>  rcllcximi  qni  mms  est  susci- 
h'c  |>rtr  la  cnndnilo  dillcrcnlc  dos  doux  por- 
sonna;-;os  doni  il  est  (pu'slion  dans  cet  ar-(i- 
(lo.  Nicodcnio,  docloiM' de  la  loi  coninn;  son 
()iicl(>  (Janudicl,  ost  comme  lui  discinle  de 
Jésus-(]hrisl  ;  mais  lui  avono  sa  loi,  la  pio- 
clamo,  ol  ost  persôculéji  cause  d'(>llo.  (lama- 
liol,  au  conliaire,  (■hic''lien  on  socrot,  gnrdn 
l'amilitS  ralVeclion  ih'S  Juifs,  h  ce  point  qu'il 
|>eal  proléger  conlie  on\  d'abord  les  aiiA- 
Iros,  ensuite  NicodC'mo  lui-nuMnc.  La  tradi- 
tion, les  IVres,  rKi:;lise,  vendront  coinino 
saillis  ces  deux  pcr>onna{^es.('ei';os,i\  moins 
(pu^  la  })rndenco  de  (lamaliel  ne  lui  ail  élo 
connnan(l(!e,  inspirée  par  Dion,  (pii  voulait 
pout-ètro  la  l'aire  loni'uer  au  bien  do  ses  sor- 
vit'eurs,il  nous  semble  qu'on  pouriait,  sinon 
la  blAmor  posilivonuMit,  «lu  moins  la  sij:,n;der 
comme  moins  mérilaulo  (pie  la  foi  avouée 
de  Nic.odémo. 

NICOLAS  \A\  PÈLEUIN  (sainP,  confesseur, 
soull'ril  à  Trani  dans  la  Pouille,  [loui*  la  dé- 
fense de  la  religion  cbréli,  une.  Ses  miracles 
o'il  été  raf)porlés  ilans  un  coicilo  tenu  h 
Komo  sous  Urbain  li.  L'K^^lisc  honore  sanié- 
moire  le  '2  juin. 

NICOLAS  1)K  MONTECOUVINO  (  le  bien- 
heureux ),  élail  frère  dans  un  couvent  do 
Francisc.iius^  Jérusalem.  Un  chevalier  hon- 
grois, uonnué  Thomas,  qui  avait  embrassé  la 
loi  de  Mahomet  alin  de  seconoilior  la  faveurdn 
sultan  d'Kgypfe,  vint,  poussé  i)ar  un  mouve- 
nienl  secret  de  la  grâce,  visiter  les  sanctuai- 
res de  Jérusalem  pendant  la  senuiino  sainte. 
Etant  entré  par  hasard  dans  le  couvent  dont 
notre  saint  faisait  partie,  celui-ci  lui  repro- 
cha si  fortement  son  apostasie,  qu'il  le  ra- 
Hiena  h  Dieu  el  se  résolut  ù  l'accompagner 
au  Caire,  pour  le  soutenir  dans  'a  rétracta- 
tion publique  qu'ill'avait  déterminé  à  faire. 
Ils  partirent  donc  accompagnés  des  frères 
Er  inçois  et  Pierre.  Ce  fut  lo  dimanche  de 
Pàijues  1358,  qu'ils  furent  admis  en  présence 
du  sultan.  Ils  lui  parlèrent  avec  une  si  gé- 
néreuse liberté,  que  ce  prince,  rempli  do  fu- 
reur, les  livra  au  Cadi  :  celui-ci  l;s  condaania 
h  être  coupés  par  luorceaux,  puis  consumés 

(1)  G.misliel  était  en  position  d'obtenir  facilement 
qu'on  «épargnât  son  neveu  Mcod(:Mîie  ;  lu  persécu- 
tion (pii  sévissait  alors,  était  colle  qni  suivit  ininié- 
(lialement  la  mort  de  saint  Etienne  ;  or  sainl  Paul 
était  .1  cette  époque  le  pl;is  anJent  persécuteur  de 
1  Kglise  :  cotait  liù  qui  était  fàme  de  la  persécoiion 
l.ainaliel  avait  été  son  maître  ;  Al.ibas,  fih  de  Ga- 
maliei,  et  iNicod(hne,son  neveu,  avaiontélé  ses  amis 
SCS  compagnons  d  en(;mce.  il  se  contenta  donc  (!«î 
fane  battre  «le  verges  Nicodème  et  de  le  Caire  chas- 
soi-  de  Jcnisalem.  Pour  que  Paul  allât  même  jusque- 
là,  .1  fallau  que  sa  fureur  et  sa  ra^te  ucrsccutricc  lus- 
sent bien  grandes. 


par  lo  fou,   lo  '»  nvril  1.1."SM.  Notro  «niul  péril 
ainsi  virlimo  do  son  dévinjoinont   héro/uuo 

(NVaddin^'.  an.  LTl'i.  ti   '.).) 

MCcU.AS  IM:MoN(ilUE  (lo  hnnheiiioijxL 
Enncisinin,  sonifril  )<«  marlvr^  dans  In  capi- 
tale dos   II   I  .,'aros,  nvo-  (pi.Mi).  /,,iiri's  bion- 
liour.'iiv  (h'son  ordre,  Moininô<i    l.ndisj.'i»  do 
Hongrie,    l'Iiorrins  do  l'oliRno,   (iié-oiro  i/o 
'rraii  en  Dalmalio,  ot  Antoine  dcSixc.  Hn.'*- 
saralji,  priiKt' schism/itifpu',  (pii   ré^j/iji    au 
del.1  du  Danube,  surprit  la  ville  où  étaionl 
nos  saints,  aiih'-  par   les    scli  sniatiipics    (pii 
l'habilaii'iil.  L'iui  do  cOft.  martvrs  fut  massa- 
cré  dans    le  jiri'niicr  Ininnile,  et  les  quai ro 
antres  fin-onl  d-'iapilés  sur  le  bord  du  llouvo 
le  \1  ('('•vricr    l'MW).    L'endctut  du  rivage  où 
gjsaiont  les  corps  des  marlyrs   fut   illumini'î 
d'iino  clarli''  snlendido.  On  y  ontondit  une 
musique  (pii   semblait  j>rovonir  des  <h(j;urs 
célestes.   Qnand   nn    raconta  oôs  p  odiges  h 
llnssaralh,  il  se  rendit    innnédialcmont   sur 
les  li(Mix  ;  mais,  rpioi  (pi'il  pAi  faire,  son  che- 
val   n'obéissant  ni  aux  coups  ni  h  l'éperon, 
refusa  d'approcher  du  corps  dos  saints  ;  alors 
descenda  't  (h-  chev.d,  il   voulut    s'en  appro- 
cher, mais  une  terrible  ap|tarition  lui  en  dé- 
fe  ulif  le  chemin.  Il  fut    obli;;6  do  se  retirer 
l'épouvante   dans   le.  c«rur.  Los  moines  du 
rite   grec,  qui    craignaient  qu'on  rep.dît  les 
honneurs  accoutumés  parmi  les  catholiques 
au\  reli(]ues  des  saints,  ame  lèrent  dos  chiens 
pour  les  dévorer.  Quand  ces  animaux  vou- 
lurent accomplir  cette  hoi'rible curée,  la  main 
de  celui. lui  commande  h  toutes  choses  ici- 
bas,  les  frappant  d'une  fn(;on  invisible  pour 
les  spectateurs,  les  foiv;a  do  fuir  en  jetant 
des  hurlements   épouvantables.  L'un  d'aux, 
ayant  mordu  un  do  ces   corps  sacrés,  parut 
immédiatement  l.i  guv-ule  en  feu  aux   veux: 
dos   st)ectateurs  remplis  d'épouvante.  Ce  fut 
alors  que  Dieu,  mettant  le  comble  à  ces  ;  ro- 
diges,  ht  sortir  le  fleuve  de  son  lit;  ses  va- 
gues  vinrent  soulever  sur  la  rive  les  corp-s 
que  tant  de  miracles  avaient  glorifiés   et  les 
jdacèrent  dans  des  cercueils  qu'apfiortèrent 
des  anges.  Quand  cet  ensevelissernent  mira- 
culeux fut  termné,  lo  lleuvo    s'ouvrit  [lour 
dormer  aux  marlyrs  une  sépulture  non  moins 
miraculeuse  au  sein  de  ses  flots.  Les  vo'ié 
râbles   reliques   n'ont    pas  été  retrouvées. 
Voilà   ce  que  raconte  Wadding,  et,  d'après 
lui,  Honrion.  Nous  aimons  à  crone  que  des 
faits  de  cette  nature  ont  été  étayés  de  preu- 
ves suiTisantos  pour  que  des  auteurs  recom- 
mandabies  en  aient  accepté  la  responsabi- 
lité. 

NICOLAS  DE  TAULICIS  (le  bienheureux), 
était  né  à  Sebcnico  en  Dalmatie.  11  par.it  <\ 
la  tôle  de  trois  autres  Franciscanis  nommés 
Donat,  Pierre  de  Narbonne  et  Etienne  de 
Lanich,  p..)ur  évangéliser  les  infidèles.  Arri- 
vés à  Jérusalem,  ils  irsolureni  de  se  ren- 
dre, un  jour  do  solennité,  dans  la  mosquée 
du  temple,  afin  d'y  jirêcher  Jésus-Chr  st.  Les 
Mahomélans,  furieux  de  celte  hardiesse,  les 
battirent  cruellement  et  les  jetèrenl  à  demi 
morts  dans  un  noir  cachot,  où  ils  restèrent 
trois  jours  sans  manger. Au  boutde  ce  tenu's, 
ayant  courageusementrel'usé  de  rétracter  ^'u- 


355 


rsic 


MC 


336 


l)Ii(inoniont  leurs  parolos  insuUantos  contre 
le  iMopln'-to,  ils  furt'iil  inassa(r<^s  à  rnups  de 
harhe  et  (l»^péo  le  II  novembre  1391.  Deux 
fois  Ii's  intîil^li's  voulurent  hrOier  lo<  relifiucs 
de  nos  L)UMihtMircu\,  dt'u\  fois  ils  fmeni  obli- 
gés d'y  renonrer.  Ils  les  enlerrèrenl  seciè- 
temont.  alin  que  les  rhri^tiens  ne  pussent  les 
enlever.  (  (hroniqurs  des  l'n'rrs  Mineurs, 
t.  111,  P.  16;  Wa(Mi'is,  an.  1391,  n"  1.) 

NICOLAS  DU  UOSÀIIU-:  i^le  bienlieureux\ 
de  Coimbre.  profèsdu  couvent  de  Lisl)onne, 
vint  prtH-her  l'Evangile  au  Mononcalapa. 
Ayant  éUS  saisi  aux  environs  de  Séna,  il  fut 
lié  à  un  arbre  et  tué  à  coups  de  llèches.  Les 
meurtriers  tirent  cuire  ensuite  son  corps  et 
le  dévoieront,  en  lo9'2. {Foniana, Monumcnla 
Dominicnna.  ) 

NICOMAQUE,  apostat  dont  il  est  question 
dans  les  Actes  de  saint  Pierre  de  Lan)ps  i- 
que.  Nous  donnons  ici  le  morceau  qui  le 
concerne.  La  chute  de  cet  homme  est  un 
terrible  exemple  ;  elle  prouve  que  l'orgueil 
et  la  présoui(»tion  n'attirent  |tasla  grAce<l'en 
haut,  et  sont  peu  souvent  compagnons  de  la 
vertu  véritable. 

«  Dans  le  même  temps,  le  proconsul  étant 
allé  à  Troade  avec  un  grand  cortège,  on  lui 
présenta  trois  chrétiens,  André,  Paul  et  Ni- 
comaque.  11  leur  demanda  d'où  ils  étaient 
et  de  quelle  religion.  Nicomacjue,  prenant 
la  parole  avec  précipitation,  se  liAia  de  ré- 
pondre d'un  ton  de  voix  assuré  qu'il  était 
chrétien.  Le  proconsul,  s'adressanl  ensuite 
aux  deux  autres,  leur  dit  :  «  Et  vous  ?  »  Ils  ré- 
pondirent niodolenienl  :  «  Nous  soinnu^s 
chrétiens.  »  Le  proconsul,  revenant  h  Nico- 
maque,  lui  dit  :  «  Sacritifz  aux  dieux,  .linsi 
que  'C  porte  l'oidoinance  dn  prince.  »  Nico- 
ma(jue  répondit  :  «  Vous  savez  bien  qu'il 
n'e>l  pas  permis  h  un  chrétien  de  sacrifier 
aux  démons.  »  Sur  celte  réponse,  le  juge  le 
fil  mettre  à  la  (|uestion;  mais  Nicomatiue 
n'en  pouvant  presipie  plus,  el  réduit  ;iux 
abois,  s'écria  :  «  Qu  ou  arrête,  je  ne  fus  ja- 
mais chrétien,  je  suis  prêt  h  sacritier  aux 
dieux.  »  Aussitôt  le  proconsul  le  lit  relâcher; 
mais  il  peine  eut-il  ï«a(rilié,  tpiele démon  se 
saisit  de  lui,  et  l'agitant  par  de  cruelles  se- 
cousses, le  jeta  rudement  p.ar  terre  :  lîi,  ce 
malheureux  expira,  après  s'être  coui)é  la 
langue  avec  les  dents  el  l'avoir  mangée,  r 

M(:()Mf-:DE  (saint  >.  était  prêtre  à  Uome. 
On  l'arrêta  durant  la  persécution  de  Doiiii- 
lien,  à  cause  de  sa  grande  assiduité  auprès 
des  confes'^eurs  et  de  son  /.èle  «^  enlrnin'  les 
martyrs.  Sur  son  lel'us  de  sacrilier,  il  tut  as- 
somiué  à  coups  de  b;\ton,  l'an  IK).  L'I%;lise 
nonoro  sa  sainte  mémoire  le  15  septem- 
bre. 

MCOMKDIK,  auiourdluii  huikmid,  ville 
d'Asie  Miueuri"  en  Bit!i\nie,  eut  la  gloire  de 
voir  mourir  dans  ses  murs,  sous  l'empiie  île 
Dèce,  les  célèbres  martyrs  Lucien,  Marcien, 
Tite,  Flore  lierai  le  et  un  autre  Flore,  rpie 
le  proconsul  SabinuMondamna  au  feu.  Sous 
rem[)ire  de  Dioclétien,  coiiune  on  j)eul  le 
voir  h  l'article  Dioc.i.ktihn  et  à  l'aiticle  Pr.n- 
5fcr.LTio>s,  cette  ville  fut  le  tlioàtre  de  nom- 
breuses exécutions.  Anlhime,  sou  évêque,y 


fut  mis  h  mort  avec  la  plus  grande  partie  de 
son  troupeau  :  il  fut  décapité.  De  ses  diocé- 
sains beaucoup  partagèrent  son  sort,  d'au- 
tres furent  b.  l'ilés  ;  un  grand  nombre  furent 
nus  dans  des  barques  et  noyés  dans  la  mer. 
Les  noyades  ne  sont  pas  d'invention  répu- 
blicaine. 

Dans  la  persécution  de  Dioclétien,  saint 
Pantaléon  fut  mis  i\  mort,  h  Nicomédie,  en 
303.  avec  les  saints  Hermolaiis,  Hermippe 
et  Hermocrate.  Quelques  lignes  plus  haut, 
nous  avons  omis  de  dire  que  cette  persécu- 
tion de  303  frappa  comme  première  victime 
un  cliré;ien  nommé  Jean,  (jui  avait  arraché 
et  mis  en  pièces  l'édit  que  le  tyran  avait  fait 
allicher.  Quand  Galère  eut  mis  le  feu  au  pa- 
lais de  Nicomédie,  il  accusa  les  chrétiens  de 
ce  crime  ;  Dioclét  en  en  lit  arrêter  et  mettre 
à  mort  un  grand  nombre.  Dorothée,  son  nre- 
mier  chambellan, Gorgone,  sous-chambellan, 
furent  étranglés,  après  avoir  subi  divers  sup- 
plices. Pierre,  aussi  sous-chambellan,  fut  dé- 
chiré à  coups  de  fouet  ])Our  aller  enfin  ex- 
pirersur  un  gril. 

Dioclétien  étant  dans  cette  ville,  en  l'an- 
née de  Jé-«us-Christ  30i,  on  y  amena,  ou 
plutôt  le  gouverneur  de  Phénicie  y  envoya 
sainte  Justine  et  saint  Cy[>rien  (iit  le  Magi- 
cien. L'innnereur,  sur  le  simple  vu  de  la  let- 
tre qui  les  lui  déférait,  les  condamna  immé- 
diatement h  être  décapités.  La  sentence  fut 
exécutée  sur  les  bords  du  fleuve  Gallus. 

En  l'année  306,  cette  ville  vit  le  martyre 
de  saint  Adrien,  onicier  dans  les  troupes 
impériales,  d'abord  persécuteur  des  chré- 
tiens, et  qui  s'était  converti  en  vovant  leur 
courage  extraordinaire  au  milieu  des  souf- 
frances. 

NiCON  (  saint  ),  martyr,  eut  la  gloire  de 
niouiir  [mur  Jésus-Christ  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dèce  ;  les  uns  disent  en  Sic.le, 
les  autres,  et  Baronius  est  de  cet  avis, 
puis(pi'il  a  écrit  son  <^[)inion  au  Martyrologe 
romain,  les  auti es,  disons-nous,  le  mettent 
h  Césaréeen  Palestine,  avecquatre-vingi-dix- 
neuf  autres.  Jl  y  a  des  nombre<  qui,  malgré 
la  me  Meure  volonté  de  la  [)arl  du  lecteur,  le 
portent  h  douter  :  ainsi  7,  9,  ces  chitlres  sa- 
cramentels, (piisont  comme  >téréot_vpés  [tour 
tous  les  [)réjugés  et  j)our  tous  les  menson- 
ges. )  Nous  croyons  peu  à  ce  nombre  de 
saints  martyrisés  avec  saint  Nicon.  On  sait 
(jue  son  holoiic  n'est  rien  moins  qu'autluni- 
li([ue.  Kollandiis  lui-même  a  fini  par  avoir 
regret  d'avoir  donné  ses  .Vctes  comme  bons, 
avouant  (jue  c'est  une  |nèce  sur  laciuelle  on 
ne  [>eut  rien  niipuver,  et  tlont  toutes  les  cir- 
con^lallces  sont  fabuleuses.  L'Eglise  fait  s.'» 
fête  le  23  mars. 

NICON  (sai.it),  martyr,  fut  mis  à  mort 
[lour  la  foi  chrétienne,  avecs.nint  Marc,  ber- 
ger, et  ses  com()agniins,  à  Anlioche  de  Pisi- 
die.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  '27  septembre. 

MCOSl  ItAFE,  dunre  ou  archidiaire  de 
lloiii(<,  lut  arrêté,  mis  en  [m'isou  et  tourmente 
pour  la  foi  sous  le  règne  de  Dèce  en  lan'UMî 
2.'i0.  Il  resta  dix-huit  mois  emjirisonné.  Ses 
crimes  antérieurs  le  rendaient  indigne  do 
partager  tant  d'buuucur.  Après  sa  sortie  do 


7,M 


NIC 


JSOC 


r.iîft 


|iiisi)i).  il  fut  (>ii(niîiiô  par  Nov;il  d/ins  lo 
schisiiM'  tld  Nt)v;ili('ii,  Jivcc  s.iiiil  M.ixiinc  cl 
pliisiiMirs  (uilrcs,  (|iii  ciiiciil  le  himliiMir  (l(i 
icvciiir  f")  \i\  V(M'il<''.'i|H(''s  (111(1  Ndv.'il  (Mil  (iiiillt'i 
Uojiit'.  Oii.'iiil  à  lui.  il  iH-rsisIa  iI;ims  s,i  (((''.iIo- 
ral)l(<  erreur,  lui  di'imli''  en  Arri(|iie  par  No- 
v,iliei),  et  ordo'iiié  (^V(^(|ii(>  par  lui.  I,e  resUi 
(le  la  vie  (le  ce  scliisinaliipie  lie  nous  ;iiip,ij'- 
tie-il  pas.  Nous  avons  parh''  de  ses  crimes 
nuK^iieiirs  îi  sa  conlessioi.  Il  laul  pr(''ciser.  Il 
nvail  voli^  le  di'pcM  de  rivalise  de  H(mie,(!'esl- 
j\-dire  rar|.;(>iil,  le  liésor  des  pauvres,  des 
malades,  d(vs  orphelins,  les  Tonds  d(!  la  clia- 
rih'  des  clii('iiens. 

NI(:(>SniA'rK(  sainl),  gn>lli(M-  en  cliel'de 
la    piél'eclurc»    de   Home,   re(;.ul  en  partie  et 
dans  sa  maison,  les    s.iints  Marc  cl  Marc(;l- 
lien,    pour   les(piels  Traïupiillin,  leur  jx^-r»», 
avait  ohlenu  de  C.liromace,  piidel  de  la  ville, 
un  di'dai  d(^  lroMt(>  jours.  SumI  StMiasIio-i  vo- 
nail  Itvs  voir  et  op(^rail  beaucoup  (l(>  miracles. 
Zo(S  teiiime  do  Nicostrate,  l'iK  par  lui  t;uo.io 
d'une  nia'adie  ipii  di>|)uis  six  ans  la  privait 
do  l'usaj^e  de  la  parole,  Nicosli-ale,  voyant  la 
j;u(M'iso!i  de  sa  femme,  s'accusa   d'avoir  re- 
tenu prisonniers  les  saints  ([u'on  avait  cnn- 
(u''S  à  sa  garde,  les  débarrassa  de  leurs  cliai- 
nos,  les  priant   de  s'en  aller  où  ils  le  vou- 
tlraient,  leur  déclarant  (]u'il  serait  heureux 
de  payer  de  son  sang  leur  liberté  et  le  crime 
(pi'il  avait    commis  en   les    détenant   ainsi. 
Marc    et   Marcellien  louèrent    une   piété  si 
parfaite  ,  mais  ne  voulurent  pas  abandonner 
le  combat  [)our  l'y   laisser  exposé.  Saint  Sé- 
bastien l'ayant  engagée  faire  venir  chez   lui 
tous   les    jirisonniers    qu'il  avait  en   garde, 
afin  i]ue  ceux  (jui  n'étaient  pas  encore  mem- 
bres de  la  grande  famill(>  chrétienne    fussent 
catéchisés  et  baptisés.  Nicostrate  alla   trou- 
ver le  geôlier  de  la  prison,   nouuiié  Claude, 
et  lui  dit  d'amener  chez  lui  tous  les  prison- 
niers,  parce  qu'il   les  voulait  tenir  prêts  à 
coni|iara{lre  à  la  première   audience.   Saint 
Sébastien  les  ayant  exhortés,  le  prêtre  saint 
Polycarpe  t|u'if  avait  fait  venir  leur  témoi- 
gna  toute  la  satisfaction  ciu'il  éprouvait  de 
leur  conversion  ;  mais  en  ce  moment  Claude 
vint  dire  h  Nicostrate  que  le  préfet  de  Rome 
était  très-mécontent  de   voir    qu'il  eût  fait 
venir  les  prisonniers  chez  lui  et  qu'il  le  man- 
dait à  cette  occasion.  Nicostrate  alla  trouver 
le  préfet  et  lui  dit  (ju'il  avait  fait  venir  les 
chrétiens  chez  lui   pour  les  épouvanter  en 
li'ur  parlant  des  supplices  qu'avaient  endu- 
rés les  autres.  Ce  mensonge   est  condamna- 
ble, mais  on  ne  peut  pas  le  trouver  bien 
mauvais  chez  un  nouveau  converti,  qui  man- 
quait encore  de  l'instruction  nécessaire  aux 
chrétiens.  De  retour,   Nicostrate  racoula  à 
Claude  ce  qui  lui  était  arrivé,  et  particuliè- 
rement la  guérison  de  sa  femme.  Claude  en 
fut  touché  et  se  convertit  avec  ses  enfants. 
Le  prêtre  Polycarpe  baptisa  ensuite  Nicos- 
trate et  sa  femme  Zoé,  avec  une  très-grande 
quantité  d'autres.  Quand  sainte  Zoé  et  saint 
Tranquillin  eurent  été  martyrisés,  Nicostrate, 
Claude,  Castore,  Victorin  etSymphorien,  fu- 
rent pris  en  cherchant  les  corps  des  martyrs 
et  conduits  au  nouveau  préfet,  nommé  Fa- 


bien, (pii  pondant  dix  jours  employa  loij» 
les  iiinyciis  im.r-;injdiles  pour  les  vaincre, 
sans  |ioMViiir  y  réussir.  lùilin,  ce  iiia^islrat 
eu  ayant  pailé  aux  (Miipennirs,  f|ui  élai(Mit 
|ioui'  lors  Didilt'iien  cl  .M.iximien,  ces  prin- 
ces lireiil  applKiuer  trois  fois  les  sai'ils  à  la 
torture.  Iviliii,  no  pouvant  abatirc  leur  cou- 
ra-;e,  l-'.iliien  les  lit  Ions  ieler  h  la  mer,  le  17 
juillel.  Cepiniilaiil  le  .Nl.irlyrolo^e  lornniri 
m.iiipie  leiu'  fêl(î  le  7  juillel.  (  Pour  plus  d(! 
détails,  roi/.,  les  Actes  do  saint  S^;iiASTiKN,à 
son  article.  ) 

NICOSIIIATK  (s'ijnl),  martyr,  était  scuip- 
l(nir  à  Home,  en  'M)ï,  sous  I  (niipen-nr  Dio- 
clélion  ;  il  refusa  d(!  faii(!  des  idoles  et  fut 
mis  îi  morl  h  (-ause  de  cela.  D'aiiord  il  fut 
mis  (Ml  |)rison,  (Misuite  déchiré  avec  des 
f(HU'ts  garnis  d(ï  pointes  de  f(>r,  puis  préci- 
j)ité  dans  la  rivière.  Sa  fête  a  li(Mi  le  8  no- 
V(Mnbre. 

NICOSTRATE  (saint),  martyr,  était  tribun 
h  Césarée  de  Philippe.  11  y  fui  martyrisé  pour 
la  loi  avec  Antiochus,  autre  tribun,  et  (juel- 
(pies-uns  de  ses  soldats  dont  les  noms  sont 
inconnus.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  lo 
21  mai. 

NIL  (  saint  ),  prêtre  égyptien,  arrêté  avec 
saint  Pelée  et  ses  compagnons,  fut  avec  eux 
condamné  aux  mines  de  la  Palestine.  Dans 
celte  atVreuse  situation,  les  saints  confesseurs 
n'oublièrent  pas  ce  qu'ils  devaient  h  leur 
Dieu  ;  ils  se  construisirent  des  oratoires,  où 
ils  se  réunissaient  pour  chanter  ses  louanges; 
c'était  dans  leur  misère  une  consolation  qui 
leur  était  douce.  L'(Mn[)ereur  (lalère  en  ayant 
été  averti,  commanda  qu'on  les  fît  partir, 
les  uns  pour  les  mines  de  Chypre,  les  autres 
pour  celles  du  mont  Liban.  Dans  ce  dernier 
endroit,  rolficier  qui  commandait  condamna 
quatre  d'entre  eux  à  être  brûlés  vifs.  Ce  fu- 
rent Nil  et  Pelée,  prêtres  égyptiens  ;  Elle, 
aussi  revêtu  du  môme  caractère,  et  Pater- 
mathe,  laïque  égyptien,  éminemment  pieux 
et  instruit.  La  condamnation  fut  exécutée  ; 
tous  quatre  moururent  pour  la  foi.  On  ignore 
la  date  précise  de  leur  triomphe,  ce  fut  du- 
rant la  persécution  de  Dioclétien.  L'Eglise 
les  honore  colle('livement  le  19  septembre. 

NIL  (saint),  prêtre  égyptien  et  martyr,  pé- 
rit pour  la  foi  au  milieu  des  flammes,  dans 
la  ville  de  Césarée  de  Palestine.  Sa  mort  ar- 
riva en  310,  durant  la  persécution  si  terri- 
ble que  Dioclétien  et  ses  collègues  firent  en- 
durer à  l'Eglise  de  Jésus-Christ.  La  fête  de 
ce  saint  est  au  Martyrologe  romain  à  la  date 
du  20  février. 

NINGE  (  sainte  ),  fut  martyrisée  à  Augs- 
bourg  avec  les  saints  Quiriaque,  Largion, 
Crescentien,  Julienne  et  vingt  autres  dont  les 
glorieux  noms  ne  sont  point  parvenus  jus- 
qu'à la  postérité.  Le  même  jour  et  dans  la 
même  ville,  sainte  Hilaiie,  mère  de  sainte 
Afre,  martyre,  qui  veillait  au  tombeau  de  sa 
fille,  fut  pour  la  foi  de  Jésus-Christ  brûlée 
au  même  lieu  par  les  persécuteurs,  avec  Di- 
gne, Euprépie  et  Eunomie,  ses  servantes. 
L'Eglise  fait  leur  sainte  mémoire  le  12 
août. 

NOCÉRA,  Nuceria  Camellaria.  Nocéra  d« 


533 


MM 


NI"  M 


540 


Cft5liglioiio,  NocÉBA  ^fPrr^rt/i^sont  Ips  noms 
«Je  Irois  villes  situées,  la  première  dans  les 
Elals  romains,  la  sernucle,  dans  la  Calabre 
t'itérieure,  la  troisième,  da'is  la  Principauté 
rilérieure  (les  deux  dernières,  rovaunie  de 
Naples).  C'est  dans  lune  de  ces  trois  villes 
que  furent  martyrisés,  sous  Nér<Mi,  saint  Fé- 
lix et  sainte  Constance  :  il  nous  e.sl  impos- 
sible de  dire  précisément  dans  la(|uelle.  Les 
Marlyro  oges,  qui  nonmient  ces  saints  mar- 
tyrs, désignent  Nocéia  corume  lieu  de  leur 
su[>plice,  mais  sans  aucune  désignation  spé- 
ciale. 

NOI  Pail),  néophyte  tonquinois,  fut  mis 
à  nioit  pour  la  foi  en  n22,  au  Toutiuin.  avec 
Je  P.  lUicliarelli,  jésuite,  Luc  Mai,  Tliadée 
Tho,  Philippe  Mi,  LucThu.Iinnnanncl  Dien, 
Pierre  Frieii,  Uao  Aidi  roise  et  Fran(.ois  Kam, 
uéoph>tes,  qui  mêlèrent  leur  saug  à  celui  du 
saint  missionnaire. 

NOLE,  ville  d'italie  en  Campanie,  fut  célè- 
bre sous  Valérien  par  le  mart>re,  car  on  peut 
appeler  ainsi  la  glorieuse  confession  de  saint 
Félix. Quelque  temps  auparavant,  sous  Dèce, 
son  évè(|ue,  saint  .Maxnue,  s'était  enfui  pour 
éviter  la  persécution.  [Voy.,  h  ce  sujet,  l'ar- 
ticle FÉLIX.) 

NO.MINANDE  (sainte),  soulfrit  le  martyre 
à  Rome,  avec  les  saintes  femmes  Donate, 
Paulin'  ,  Rustique,  Pérotine,  Hilarie  et  «l'au- 
tres  encore  do  it  les  noms  ne  sont  point  par- 
venus jusqu'à  la  postérité.  L'Eglise  fait  la 
fête  de  ces  sai'Ui.'s  le  31  décembre. 

NOVARE,  ville  des  Etats  Sardes,  est  célè- 
bre dans  les  annales  des  martyrs  par  les 
souffrances  qu'y  endurèrent  le  |)rètpe  Lau- 
rent et  les  entants  dont  d  dirigeait  l'éduca- 
tion. La  môme  ville  fut  aussi  témoin  de  la 
confession  généreuse  d(.'  l'évèipie  Gaudens, 
qui  y  soulfrit  courageusement  de  grands  lour- 
nienls  pour  la  foi  chrétienne. 

M'tiNÈS  (  le  bienheureux  Pikrre  ),  Espa- 
gnol, de  la  Compagnie  de  Jésus,  faisait  par- 
tie des  soixante-neuf  missionnaires  que  le 
P.  Azevedo  était  venu  recrutera  Rome  pour 
le  Rrésil.  (  Voy.  Azkveuo.  )  Le  .r  navue  fut 
pris  le  15  juillet  l.'>7l,  par  des  corsaires  cal- 
vinistes qui  les  massacrèrent  nu  lesj(îtèrenl 
dans  les  tlols.  Tel  fut  le  mariyre  'd<'  noire 
bienheureux.  (Du  Jar rie,  Uislolir  des  rhostif 
plux  wiUvnrnblcs,  t.  II,  p.  278.  I  aimer,  Socir- 
tas  Jfsn  nxijHc  ad  siinr/uiuis  et  liiœ  profu.tio- 
nem  mililnns,  \^.  166  et  170.) 

NL'MÎiRE  saint],  l'un  des  gardes  de  la  pri- 
son de  s  lint  (^ensorin  ou  Censori  lus,  sous 
Claude  11  le  Cothiqu(>,  fut  converti  <)  la  foi 
chrétienne  |)ar  un  saint  |>rt'^lre,  avec  les  au- 
tres ganles  de  la  prison,  lesipiels  étaient  Fé- 
lix, .Maxime,  Faustin,  Herculan,  Sloracinus, 
Mène,  (-onunode,  Maur,  Kusèbe,  Rusli(pie. 
Amandnus.  Monaere  ,  Olympe,  t^ypnen  , 
Théodore.  Pour  voir  leur  histoire,  recourez 
à  larlicle  Martyrs  d'Ostik.  )  Ces  saints  no 
sont  p.ts  nouMiiés  au  Mart\rologe  romain. 

NUMfcRIE,  fenunu  roniamc,  qvù  eut.  au 
commencrnieiil  du  règne  de  Dere,  le  mal- 
hf'iir  de  tomber  dans  la  persi'culion,  do 
même  qu'une  autre  femun-  noinnu'i*  C.andide. 
Klles  avaient  toutes  les  deux  jiris  un  soin 


extrêmement  pieux  et  charitable  des  confes- 
seurs de  ('arlhage  (pii  élaienl  V(  nus  à  Rome. 
S,iini  Célérin  é- rivit  pour  elles  au  confesseur 
Lucien,  alin  de  les  faire  rentrer  dans  la  paix 
de  l'Eglise.  On  ne  sait  laquelle  îles  doux  était 
sa  s(eur.  Il  est  certain  ijue  c'était  l'une  d'el- 
les. Ce  qui  établit  celte  confusion,  c'est  que 
le  saint,  dans  sa  lettre,  leur  donne  à  toutes 
deux  celte  dt'nomination  fraternelle  :  on  sait 
qu'en  dehors  des  liens  de  la  parenté,  c'était 
le  langagt;  dont  se  servaient  les  chré^tiens. 
Lucien   écrivit  à  saint  Céh'rin  pour  lui  dire 

3ue  les  martyrs  .tvaienl  accordé  la  i  aix  à  ces 
eux  femmes,  à  la  condition  qu'après  la  per- 
sécution hnie,  elles  iraient  se  présenter  à 
l'évècpie.  et  feraient  l'exomologèse. 

NUMÊRIEN,  général  d'armée,  est  connu 
dans  les  annales  des  martyrs  i)Our  avoir  fait 
trancher  la  tète  à  saint  Isidor.-,  dans  la  ville 
d'Alexandrie,  durant  le  règne  de  l'empereur 
Dèce. 

M'MÉRIEN ,  qualiûé  président  dans  le 
Martyrologe  romain  h  propos  du  triomphe  de 
sainte  Myrope  tlans  l'Ile  de  Chio,  til  assom- 
mer cette  sainte  à  coups  de  levier.  On  ne 
parle  plus  de  lui  dans  celte  persécution  de 
Dèce. 

Nl'MIDIQUE  (saint) ,  célèbre   confesseur, 
qualitié   martyr  dans  la  plupart  des  Marty- 
rologes, eut  la  gloire  de  souH'rir  pour  la  foi 
chrétienne   sous  l'empire  de  Dèce,  en  l'an- 
née 250,  dans  la  ville  de  Cartilage.  Ce  saint 
et  courageux  soldat  du  Christ  avait  envoyé 
au  ciel  une  foule  de  martyrs  que  ses  exhor- 
tations avaient  animés  au  combat.   11  avait 
vu,  avec  la  joie  chrétienne  que  la  foi  seule 
peut  doniifr,  brûler  sa  femme  auprès  de  lui. 
Certainement  il   soutirai!  dans  son  âme  en 
vo. ant  les  tortures  de  celle  qui    lui  était  si 
chère;  mais  en  songeant  au  but  de  ses  souf- 
frances, h  la  récompense  (|ui  devait  leur  être 
donnée  au   ciel,  il  remerciait  Dieu  de  la  fa- 
v<>ur  ((u'il   daignait  lui  accorder.  N'élail-ce 
pas  une  sainte  qui  bientôt  allait  le  protéger 
des  voiUes  célestes?  Celte   femme,  la  chair 
de  >a  cnair,  l'Ame  de  son  àme,  n'éiait-ce  nas 
en  qii>  li|ue  sorte  son  propre  triomphe  à  lui- 
nn^me  ipi'elle  consommait  ainsi?  Le  monde 
ne  compriiid  pas  ces  choses,  les  vertus  hn- 
m.iines  ne  sont  point  au  niveau  de  ces  sii- 
b'iiiiilés  de   la    foi  ;  mais  les  chrélii  iis  les 
compriMuient  et  les  a  .mirent.  Saint  Niimidi- 
que  avait  été  coiitlamné  au  même  sunpiico 
(lie  sa   femme;  il   demeura  sur    la   place  à 
t  eiiii    brûle   et  accablé  s  uis  I  s  pierres  ipie 
les  bourreaux,  aidés  de  la  populacefurieuse, 
lui  avaient  jetées.   Mus   Dieu   voulait  (pTil 
vécilt    pour   èire   l'édilicalion  des  fidèles  et 
riionneiir  de  l'Eglise  de  Cartilage.  Le  clergé 
de  (  («Ite  ville   avait  été   déc  mé  ;  une  partie 
dt>  ses  membres  avait  reçu  la    couronne  du 
martyre;  l'autre  avait,  hélas I  succombé  dans 
la    lutte.   Pour    combler   les  vides  (juo  fai- 
saient dans  cette  milice  sa<Tée  la  gloire  dos 
uns,  la  honie  des  autres.  Dieu  suscitait  parmi 
le>  siiii|iles  lidèles  <les  saints  dignes  de  don- 
ner rexem|)le  h    tous   dans  l'avenir ,  après 
avoir  pavé  courageus(>ment  par  leurs  souf- 
frances fa  rançon  do  leurs  frères  dont  la  fai- 


541 


OCJ 


(II)O 


84i 


Jjlosst*   (wnil   siir( Iiô.  Nmiii(lii|ii((    fui  iiii 

U(>  fcs  rliis.  Il  iiN.iil  mit'  jt'iinc  lillc,  iiiii 
vint  sur  la  |»litc<'  |iiiltli(|iit*  |imiii'  iimiiIio  Ids 
dci'iiicrs  (li'Vi'ii's  nii\  icsics  de  s.i  iiH*ifi  ot 
tio  sou  ni''it«.  Qiii'l  <Jiaiiii'  siil»l'i"'l  Alil  nos 
ftislivs  rlin'aiciissonl  iiiic  iiiiuo  do  In^sorsoTi 
î'o  1  |i(Miiiait  pnisi-r  ^  riulliii,|>i»iir  y  (H'ciKlro 
«li'S  scùllivs  liilJii's,  pieuses  ou  sulilinies,  (|(! 
tdiKos  les  vcilus  («Il  aclinu. 

Sa-is  (loille  (•(>  fui  la  MUil,  seule  |i('ul-(Mre, 
queft*lliM''iiiU'  lillc  vumiI  ai-couiplir  ce  iiiiMK 
Cl  trislc  (j'evoir.  Sans  doule  elle  y  vient  l'Anio 
rcMiplic  d'une  foi  sainte  (pii  l'ail  laire  les  re- 
{^rel.s,  aula-'l  (|U('  raniour  lili  I  jteul  le  pcc- 
luellrc;  niais  la  rilsi;nali()!i  ijui  lui  vu'iit 
d"c  1  liant  n'a  [toi'U  tari  la  source  des  lar- 
mes. Kllc  vient  do'ic,  en  Uéuissail  Dieu,  la 
Srti'ite  lillc,  et  en  pleura'U.la  pauvre  oiplio- 
linc!  l/lioireur  d«>  la  nuit,  l'atlVcux  spect  :- 
fie  de  le  lieu  où  la;U  do  uiaityrs  ont  étt^ 
i^j;;or^és,  la  crainte  d  (Mre  vue  peùi-ètro,  tout 
co  Mrihue?!  au,;iiie'iler  sou  an;-;oisse.  Avance, 
[)aiivrc  e-it'ant,  marche  à  travius  les  oébiis 
des  bik'hors;  ils  sont  <  ncore  l'uinaiils,  pcut- 
Ctie  vas-tu  luMirler  des  restes  humains, bien 
des  l'ois,  avant  do  trouver  ce  (pio  tu  cher- 
ches. l\nche-toi,  |)auvre  jeune  lillo;  attache 
ton  roi^ard  avide  sur  ces  membres  éjjars,  sur 
ces  ossements  noircis,  à  demi  co  isuiu  s.  Tes 
yeux  ne  savent  pas  reconnaître  quels  ils 
sont,  mais  aux  butements  de  ton  cieur  tu 
les  reconnaîtras.  El  pinson  t'aura  dit  la  place 
où  l'alVreux  et  saint  saerilict;  a  été  eonsouuué. 

l-llli"  a  reconnu  les  restes  (ie  sa  rn^r ',  elle 
a  trouvé  ces  chères  et  saintes  reliques.  A 
genoux  et  pleurant,  elle  a  gémi,  elle  a  prié. 
Son  cœur  a  mêlé  les  actions  de  gr.k-es  et  les 
larmes.  Cherc  e  encore,  sainte  jeu  le  fille  ; 
le  bûcher  do  ton  père  touchait  celui  de  ta 
mère.  O  miracle!  en  touch<inî  ce  corps  mu- 
tilé, à  demi  consumé,  elle  a  senti  battre  le 
cœur;  un  gémissement  s'est  fait  entendre. 
Di^u  l'envoyait  pour  sauver  son  père,  ou 
plutôt  il  devait  cette  récompense  à  sa  piété 
liliale.  Et  la  jeune  fille  emporte  son  double 
trésor.   Que  les  poêles  antiques  chantent 


Kiiee  eiuporlanl  raulinii-  de  ses  jours,  An- 
cliise,.'i  II  iivei",  les  débris  fuiiianlH  de  la  vndln 
Troie,  <(sl-c,()  un  lablcnu  coinp/inilde  h  c«v- 
lui-ci?  Voyez,  (die  piiiio  lllle  emporlnMl 
son  douille  ranluaii,  son  père  ipu*  Dieu  lui 
rend,  et  les  relies  de  vn  mère. 

I.a  sainle  jeune  lille  soigna  saint  Nuinidi- 
que  el  le  guérit.  l'Iiis  lard,  snid  r.ypijen  jo 
ht  prèlro  de  son  église  ;  il  «lit  dnn.s  sn  lellro 
.'J.')*  que  ce  fui  par  un  ordre  (.'Xprès  de  Dimi. 
Il  en  ('•(  rivil  h  loiile  l'Eglise  <-oiiime  d'uncj 
grAce  cmisidérablo  que  je  Seigrifnir  lui  avait 
faite.  1)  irani  son  absence,  saint  (Ivpiien  Té- 
tablil  son  vicaire,  avec  saint  Uogallen  et  deux 
évèques.  {Vdijrz  l'anicde  Ho(;atii:n.)  l/his- 
toire  ne  nous  dit  plus  rien  de  saint  Niniii- 
(li(pi(s  l/Egli^e  ci'lebre  sa  fêle  le  !)  noCil. 
Le  Mirlyrologo  le  marque  h  tort  .sous  Vaté- 
riini,  c'est  bien  sons  Dèce  qu'il  a  soulfert  : 
c'est  inc  niestable. 

M'MLON  (sainle),  martyre,  versa  son 
sang  pour  la  dél'tnise  lie  1 1  foi  avec  sa  S(eur 
sainte  Alodie.  l-dles  fuient  condamnées j)ar 
les  Sarrasins  h  avoa-  la  tôle  tranchée.  Le  Mar- 
tyrologe r  main  ne  mjirane  point  en  quelhî 
année.  L'Eglise  honore  leur  mémoii'c'  le  !22 
octobre. 

NYm'PIIODOUE  (.sainte),  fut  martyrisée 
en  Hithyiiie,  sous  le  règne  de  l'empertnir 
Maximièn  et  pr«'  l'ordre  du  président  Iron- 
ton.  Elle  eut  i  ot  compagnes  di'  son  glorieux 
coinbal  ses  deux  sœurs  Ménadoie  el  Méiio- 
dore.  Elles  sont  inscrites  au  Martyrologe 
romain  le  10  s  ptembre. 

NYMi'ilODOkfi  (sainle),  martyre,  -'onna 
sa  vie  pour  la  confession  de  sa  foi  à  Nicée. 
avec  les  s:iints  Th  nisotas  et  Ho,-ie/,  sf)n  fils, 
Marc,  el  los  saintes  Arabie  et  Théodora.  On 
ignore  Ji  ([uelle  éj)oquo  eut  lieu  leur  mar- 
tyre. Ils  furent  îous  livrés  i.ux  flammes. 
L'Eglise  honoic  leur  mémoire  lo  13  mars. 

rsYON,  Ville  située  sur  le  lac  de  Genève, 
célèbre  lans  les  annab  s  des  mariyrs  i)ar  les 
sovdfrances  et  la  mort  qu'y  endurèrent  les 
saints  Valérien,Maigjfiaet  Gordien.  Onignore 
à  quelle  éqoque. 


O 


OCÉAN  (saint),  fut  martyrisé  sous  l'empe- 
reur Maximien,  avec  les  saints  Théoiore, 
Ammien  et  Julien.  Après  avoir  eu  les  pieds 
couj.és,  ils  furent  jeîés dans  le  fouet  accom- 
plire  11  ainsi  leur  triompho.  L'Eglise  les  ho- 
nore comme  martyrs  le  V  septembre. 

OCTAVE  (sa  ni),  martvr,  était  simple  sol- 
dat dans  la  légion  Thébéenne.  Ou  sait  que 
Maximien  eut  la  cr^iauté  de  faire  massacrer 
le  corps  de  celle  légion,  qui  avait  refusé 
d'assister  h  des  cérémonies  païennes,  dans 
un  endroit  des  Alpes,  appelé  aujourd'hui 
Saint-Maurice.  Plusieurs  légionnaires,  dont 
iiolre  saint  faisait  partie,  se  trouvaient  à 
Turin,  soit  comme  en  détachements,  soit 
comme  retardataires.  Ce  fui  là  qu'il  souffrit 
le  martyre  en  défendant  sa  foi,  ainsi  que 


deux  autres  de  ses  compagnons,  saint  Solu- 
teur  et  saint  Adventeur.  L'Eglise  honore 
leur  mémoire  le  20  novembre. 

OCTOBRE  (saint),  lun  des  quarante-huit 
martyrs  de  Lyon,  sous  h.'  règne  de  Marc- 
Aurèle,  en  l'an  177,  fut  déca[)ité.  11  dut  à  sa 
qualité  de  citoyen  romain  de  ne  pas  être 
exposé  aux  bêtes,  comme  le  furent  plusieurs 
de  ces  saints  martyrs.  L'Eglise  fait  leur  fête 
à  tous  le  2  juin. 

ODORICO  ,  Franciscain  espagnol  ,  mis- 
sionnaire en  Cochinchine,  s'élanl  livré  lui- 
même,  après  la  promulgation  d'un  édit  (6 
janvier  1833),  qui  ordonnait  de  rechercher 
s^urtoutles  prêtres  elles  catéchistes,  fut  con- 
duit à  la  ville  capitale.  On  le  condamna  à 
être  étranglé;  mais  sa  peine  ayant  été  com- 


543 


OLY 


ONG 


51  i 


luuéo  on  une  d«Montion  perp<^t»iellc,  il  mou- 
rut le  25  nui  183'»,  dans  la  province  du  Laos, 
où  il  suhi-sait  •^on  oxil. 

OI.Al'S  on  OLAF  (saint),  roi  deNorw(''ge, 
roartvr,  était  fils  de  Hôrald  Grensriiis,  prince 
do  Westfold  en  Norwége.  Il  s'embarqua  en 
1013  pour  l'Angleterre, oTi  il  rendit  do  grands 
services  au  roi  Fthelred ,  qui  faisait'  la 
guerre  aux  Danois.  Notre  saint  lit  ensuite  la 
guorre  h  Olaiis  Scot-Konung,  roi  de  Suède; 
niais  avant  fait  un  traité  de  paix  avec  lui,  il 
épousa  sa  fillo.  Olaùs  était  plein  de  religion 
et  de  vertus  :  il  lit  venir  d'Angleterre  des  ec- 
clésiastiques et  des  moines  d'une  science  et 
d'une  piété  remarquables.  11  lit  des  lois  sa- 
ges, abolit  celles  qui  étaient  contraires  h  l'E- 
vangile, non-seulement  en  Norwége,  mais 
dans  les  iles  d'Orkney  et  dans  l'Islande. 
L'ayant  vu  renverser  plusieurs  temples  d'ido- 
les, les  païens  se  révoltèrent,  soutenus  par  Ca- 
nut, roi  d'Angleterre,  qui  leur  avait  envoyé 
des  secours,  et  le  chassèrent  de  ses  Etats.  Il 
se  retira  en  Russie  d'où  il  revint  bionlùt  h  la 
tète  d'une  forte  armée.  Il  combattit  les  re- 
belles, mais  fut  vaincu  et  tué  dans  la  ba- 
taille de  Slichotadt,  qui  se  livra  le  29  juillet 
1030,  dans  la  province  de  Dronthcim.  Son 
règne  avait  duré  sei/.e  ans.  Notre  saint  fut 
enterré  à  Drontheim  et  honoré  l'année  sui- 
vante comme  martyr  dans  l'église  de  1'»'- 
vèque  Grimkèle.  Il  s'opéra  plusieurs  mira- 
cles à  sa  châsse,  et  de  tous  les  royaumes  du 
Nord  on  venait  le  visiter.  On  montrait  à 
l'abbaye  de  Saint-Victor,  à  Paris,  une  che- 
mise de  notre  saint.  L'Eglise  honore  sa  mé- 
moire le  20  juillot, 

OLYBRE  [Olybrius),  juge,  qui  est  indiqué 
au  Martyrologe  romain  à  la  date  du  li 
décembre,  comme  ayant  condamné  au  feu, 
sous  l'empereur  Numérien,  les  saints  Just 
et  Abonde  ou  Abondance.  Le  feu  n'ayant 
fait  aucun  mal  aux  deux  saints,  Olybre  les 
fit  d6ca|)iter.  C'est  le  Bri'viaire  de  Tolède 
qui  rap|)urte  ces  faits,  mais  sans  dire  où  ils 
se  sont  accom[)lis.  En  251 ,  un  juge  du  même 
nom  fit  mourir,  sousreu\|)ire  (le  l)èce,  sainte 
Reine,  h  Alizé,  ville  qui,  maintenant  ruinée, 
n'est  pins  qu'un  petit  villige. 

OLYMPE  (sain"],  l'un  des  gardes  de  la 
prison  de  saint  Censorin  ou  Censorinus  , 
sous  Cla\ide  11  le  Gothique,  fut  converti  h 
la  foi  chrétienne  par  le  prêtre  saint  Maxime, 
avec  les  atitres  gardes  de  la  prison  lesquels 
étaient  Félix,  Maxime,  Faustin,  Hercnlan, 
Numéro,  Sloracuuis,  Mène,  Commode,  Maur, 
Eusèbe,  Rusti(|ue  ,  Amandinus,  Monacre  , 
Olympr,  Cyprien  et  Théodore.  (Pourvoir 
leur  histoiic,  recourez  à  l'article  Mabtvrs 
b'OsTiE.)  Ces  saints  ne  sont  pas  nommés 
dans  |f  Sfarfyrologo  romain. 

OLYMPE  (Sainte  ,  appartient  h  cette  foule 
de  saints  martyrs  qui  vorsèrent  leur  sang 
pour  Jésus-r,ln':>t  pendant  la  persécution  do 
Trajan.  Son  martyre  eut  lieu  a  Rome  en 
m<>me  temps  que  celui  des  saints  Symphro- 
niiis  et  Théodule,  ef  rlf>  sainte  Exupérie. 
Nous  ignorons  les  «létails  do  sa  mort  et  de 
celle  de  ses  rompai^noDS.  L'Eglise  honore  sa 
mémoire  le  2(1  juillet. 


OLYMPIADE  (saint),  souffrit  le  martyre 
en  Perse  avec  saint  Maxime.  Ce  fut  sous  le 
règne  de  l'empereur  Dèce  ,  qu'ayant  été 
meurtris  de  cou|>s  de  b;1tons  et  de  fouets 
garnis  de  plomb,  on  les  frapjia  ensuite  sur 
la  tète  avec  des  leviers  jusqu'h  ce  qu'Us 
eussent  rendu  l'esprit.  L'Eglise  fait  leur  fête 
le  15  avril. 

OMAR  ,  était  calife  en  Orient.  Soliman 
étant  mort  l'an  de  l'hégire  99,  de  Jésus-Christ 
717,  Omar,  son  cousin,  lui  succéda.  Ce  prince 
persécuta  les  chrétiens.  L'année  718,  il  y 
eut  un  grand  tremblement  de  terre  en  Syrie; 
Omar  en  prit  occasion  pour  défendre  l'usage 
du  vin  aux  chrétiens  qui  habitaient  les  villes 
de  son  gouvernement.  Il  exemptait  de  tributs 
les  a|)ostats,  et  faisait  mourir  ceux  qui  de- 
meuraient fermes;  ainsi  il  y  eut  plusieurs 
martyrs.  Il  défendit  de  recevoir  le  témoi- 
gnage d'un  chrétien  contre  un  musulman,  et 
écrivit  à  l'empereur  Léon  une  lettre  dogma- 
titpie,  croyant  lui  persuader  d'embrasser  sa 
religion.  Aussi  passait-il  pour  fort  dévot 
musulman.  Il  abolit  la  malédiction  que  ses 
prédécesseurs  prononçaient  contre  Ali,  et 
après  sa  mort  on  trouva  dans  une  chambre 
où  il  s'enfermait,  une  corde  suspendue  où  il 
s'appuyait  (piand  il  était  fatigué  dans  la 
prière.  Les  chrétiens  de  Damrs  se  plaigni- 
rent h  Omar  que  Valid  ,  son  prédécesseur, 
leur  avait  ùté  l'église  ds  Saint-Jean  en  bâtis- 
sant la  grande  mosquée,  et  lui  rapportèrent 
les  lettres  de  Chaled  qui  avait  conquis  Damas 
pour  les  raus'diuans,  par  lesquelles  il  pro- 
mettait que  leurs  églises  ne  seraient  ni  dé- 
truites ni  fermées.  Omar  leur  promit  la 
même  somme  de  (juaranto  mille  dinars,  que 
Valid  leur  avait  ollerte,  mais  ils  la  refusèrent 
et  obtinrent  que  tout  ce  qui  était  de  l'église 
leur  fût  rendu,  car  la  mosquée  était  plus 
grande.  Les  musulmans  le  trouvèrent  mau- 
vais, et  un  d'eux  représenta  qu'>  le  traité  de 
Chaled  n'était  (jue  pour  la  partie  de  Damas 
qui  s'était  rendue  à  composition;  mais  que 
dans  l'autre  partie  qui  avait  été  prise  de 
force  ,  toutes  les  églises  appartenaient  aux 
musulmans.  Après  bien  des  disputes,  on 
convint  quo  l'église  de  Saint-Jean  demeu- 
rerait aux  musulmans  et  qu'ils  abandon- 
neraient leurs  prétentions  sur  toutes  les 
autres.  Omar  leur  en  donna  ses  lettres  nui 
coni()renaienl  aussi  les  monastères  et  les 
églises  des  environs.  11  ne  régna  que  deux 
ans  cinq  mois,  et  mourut  l'an  de  l'hégire 
101,  et  720  de  Jésus-Christ.  (Fleury,  t.  III, 
passim.) 

ONEsIPHORE  'saint\  martvr.  était  dis- 
ciph^  des  apôtres.  Il  habitait  l'Hellespont,  il 
y  fut  martyrisé  sous  le  règne  de  reinpereur 
Domilien.  On  manipio  absolument  de  docu- 
menis  histori(pies  sur  sa  mort.  L'Eglise  fait 
sa  fête  le  6  septembre. 

ONGLES  DE  FEIt. instrument  de  supplice 
dont  lt>s  païens  se  servaient  lrès-frr'(|ueniment 
pour  tourmenter  les  chrétiens.  Peu  de  mar- 
Ivrs  do  la  primitive  Eglise  échappèrent  h  ce 
supplice.  Les  serres  des  ()iseaux  de  proie 
avaient  donné  l'idée  d'une  des  formes  d'on- 
gles de  fer  qu'on  employait.  Cet  instrument 


34« 


OI'I 


oni 


846 


(immit  iiiK^   sorto  dr  Icn.iilh^  «Imil   clinquo 
hivinclio   (Mail   ((iiisIiIikm'  pur  dnix  ou    liois 
«Iciils  .limii's  (Ml  Inriiic  (If   KiillVs  ,  l('S(|iiclli'.s 
.s't'ii};;i('iiiii('nl,  pniir  «iiisi  (lire,  les  iiiii's  diiiis 
les  autres,    (|iiiiii(l  on  IVnii.'iil  lit  Iniailli'.  I.a 
fcMiailIc  ciifoiicéf  dans  la  cliaii-,  le  houficaii 
rarracliail  ciil'aisanl  d(^|>rot'oiid('s  di''(lniiir('s. 
Sotivdiil  d(>s  l'iiidicaiix  d(<  chair  rlaiciil  anic- 
ikVs   altaclu^s   aux    dciils     de    rinslruniiiiil. 
Couniic  ou  lo  voit,   li's  oncles  de  ïvv  en  le- 
iiailNï  aKissaicnl  h   la  laroii  do  la  scrn^   de 
l'aigle.  Il    élail  uu(>  aiilic  lornii'  d'oncles  d(î 
for,    iiiiilaul    les   grilles  d'iui   li^rc^  ou  d'uu 
lion.   Kornu^  d'une   stMile  hranclio,  vol  ins- 
trnni(>Mt  riail    l(>rniiné   par  |)lusi(nn-s  ^i-ill'e.s 
(jui  s'ent'oncaieiil  dans  la   cliair  «'1,   la  déciii- 
rniont   en  laisaiit  do  longues   oi  j)rolondes 
trnînc^es.   Lo  nreniior  l'aisail  des   hhvssures 
ciroonseritos  a  res|)ace  (\no  vSes  deux  bran- 
ches i)ouvaient  embrasser;  lo  second  on  fai- 
sait (l'une  longuiMir  in(l(Merniin(''0,  puis(pi'il 
«'(Hait  dirig(^  (|ue  par  la  volonli';  du  bourreau. 
Los  ongles  de  fer  h  une  seule  branche  dillé- 
raionl  du  poigiK»  do  fer  on  ro  (jue  ses  grilles 
étaient   rocourl)(^(!S.   Ils  se  rappro(^liaient  du 
croc  par  la  forme  de  chacune  de  ses  grilfes. 
Ce  terrible  instrument  (Hait  d'ordinaire  em- 
ploy(5   par  les  bourreaux  pour  (k'cliiror  les 
flancs  des  victimes;  souvent  ils  mettaient  les 
côtes  h  découvert,  souvent  les  entrailles  et 
les  organes  thoraciciues.  Il  n'était  pas'rare  do 
voir  dos  saints  qu'on  laissait  re[)0ser  après  ce 
supplice ,  et  qui  lo  subissaient  de  nouveau 
doiix  ou  un  plus  grand  nombre  de  fois,  quand 
leurs  blessures  étaient  un   peu  reform('!os. 
D'ordinaire  les  persécuteurs  ne  manquaient 
pas  d'em[)lo,ver  ce  supplice  quand  ils  avaient 
affaire  h  dos  femmes,  à  de  jeunes  filles.  Ils 
se  faisaient  un  jeu  barbare  de  déchirer  ainsi 
les  seins  dos  vierges,  sachant  bien  que  ces 
parties,  douées  d'une  sensibilité  exquise, 
étaient  de  celles  dont  les  déchirures  occa- 
sionnaient le  plus  de  douleur.  La  peau  est 
de  tous  les  organes  celui  qui  a  le  plus  de 
sensibilité;  dans  toutes  les  opérations,  c'est 
la  déchirure  ou   l'incision  de  la  peau  qui 
détermine  le  plus  de  douleur.  Les  persécu- 
teurs mettaient  à  profit  ce  que  l'expérience 
et  mémo  le  savoir  de  ce  temps-là  leur  avaient 
appris.  Les  ongles  de  fer  furent,  surtout  dans 
les   persécutions   faites  aux   chrétiens    de 
l'Eglise  primitive,  un  des  instruments  les 
plus  célèbres. 

OPTAT  (saint),  fut  martyrisé  à  Saragosse 
en  Espagne,  par  les  ordres'de  Dacien,  qui  en 
était  gouverneur,  en  l'an  de  Jésus-Christ 
304 ,  durant  la  persécution  de  Dioclétien. 
Dix-sept  autres  furent  martyrisés  avec  lui  : 
on  trouvera  leur  nom  à  l'article  Dacien.  Les 
dix-huit  martyrs  de  Saragosse  sont  très- 
honorés  en  Espagne  :  c'est  Prudence  qui 
rapporte  ce  qu'on  sait  d'eux.  Ils  sont  inscrits 
au  Martyrologe  romain  sous  la  date  du  IG 
avril.  {Voy.  Prudence,  de  Cor.,  hym.  k; 
ïillemont,  vol.  V,  pag.  229;  Vasseus,  Belga.) 
OPTIMUS,  proconsul  romain,  qui  fit  mouj 
rir  à  Lampsaque,  du  temps  de  l'empereur 
Dèce,  en  l'an  de  Jésus-Christ  250,  les  saints 
martyrs  Pierre,  Paul,;André  et  sainte  Denise. 


Il  eut  la  funoslo  gloire  d(»  faim  npOSlflsi.H, 
par  la  violeuc((  des  loiirnionls,  un  (•hréli(!ri 
Moiiiuié  Nuoiuaipu'.  Il  nionira  tiru;  (n''S- 
grande  cruauli''  h  l'égard  des  .saints  riinrlyrs 
Pierre,  Paid  et  André.  A  l'égnrd  de  saiut(> 
l)euis(S  il  lit  voir  (piehpic  clirtse  de  plus 
odieux  (\no  la  cruauté  :  H  la  lit  exposer  aux 
oulrages  et  aux  violeric(>s  di;  deux  j(Minos 
débauchés.  Los  Ai'lcs  d(!  la  sainte  disent  (pi(î 
Di(Mi  prit  soin  do  la  j(!une  hérouie,  en  la 
préservant  iniracideuseiM(!iit.  Cel  Opiimi) 
avait  siM;cé(lé  depuis  (pielqiie  temps  ii  Ouin- 
lilien,  (pii  avait  condauUH:  saint  Pione.froy. 
DicîNisi:,  Ni(:()MA(,)i  K  et  Am)ii<^:.) 

OIU'INCE  (saint),  martyr.  Il  était  soldai  (tt 
soull'rit  lo  marlyi-(!  à  Salales  en  Aiinénio, 
av(>cs(>s  six  fr('ros,  soldats  connue  lui,H<';ros, 
Phariiace,  l-'irmin.  Firme, Cyria(pH!el  l.ongiu. 
L'(Mupereur  iMa\iuii(Mi  hmr  lit  olor  le  bau- 
drier, parce  (pi'ils  étaient  chrétiens.  Séf)arés 
ensuite  les  uns  des  autr(!S  et  reiderinés  en 
divers  lieux,  ils  y  moururent  accablés  do 
douleurs  et  de  misères.  L'Eglise  fait  leur 
féto  ]o  2'i-juin. 

OHENS  (saint),  fut  martyrisé  h  Huesca  en 
Espagne, avec  saint  Patience.  Nousman([uons 
de  (l(ilails  sur  leur  compte.  Ils  sont  honorés 
dans  l'Eglise  lo  1*'  mai. 

ORESTE  (saint),  martyr,  fut  immolé  pour 
la  foi  chrétienne  en  Arménie.  11  ont  pour 
conmagnon  do  son  martyre  saint  Eustrate. 
Ce  lut  le  président  Agricolaijs,  qui  le  fît 
cruellement  tourmenter  avec  saint  Eustrate 
et  qui,  ayant  fait  jeter  ce  dernier  dans  uno 
fournaise,  le  fit  mourir  lui-même  sur  un  lit 
de  fer  tmbrasé.  L'Eglise  honore  la  mémoire 
de  tous  ces  saints  martyrs  lo  13  décembre. 
ORICLE  (saint),  fut  martyrisé  pour  la  foi 
catholique  durant  la  persécution  des  Van- 
dales. II  eut  plusieurs  compagnons  ,  dont 
les  noms  malheureusement  sont  ignorés. 
L'Eglise  fait  sa  mémoire  et  celle  de  ses  com- 
pagnons le  18  novembre. 

ORKiÈNE,  fut  l'un  des  plus  puissants  gé- 
nies qui  aient  paru  dans  le  sein  de  l'Eglise 
et  dans  le  monde.  L'érainence  de  son  mérite 
devait  arriver  à  une  double  conquête,  à  celle 
d'une  admiration  enthousiaste  et  à  celle 
d'une  haine  forcenée.  Telle  est  ici-bas  la 
double  couronne  du  génie  :  plus  est  grande 
la  hauteur  à  laquelle  il  monte,  plus  est  pro- 
fond l'abîme  que  l'envie  creuse  à  ses  pieds. 
Origène  s'est  vu  déposé  du  sacerdoce,  ex- 
communié par  les  deux  premières  Eglises 
et  par  la  plupart  des  autres,  tandis  que  cer- 
taines Eglises  tenaient  à  honneur  de  rester 
en  communion  avec  lui,  tandis  que  de  grands 
saints  prenaient  en  main  sa  défense,  et  que 
lui-même  faisait  entrer  dans  le  sein  de  lE- 
glise  des  saints  et  des  docteurs  qui,  après 
tant  de  siècles  maintenant  écoulés,  sont  en- 
core au  nombre  de  ses  plus  beaux  orne- 
ments. 

Après  sa  mort,  sa  mémoire  a  été  soumise 
aux  mômes  vicissitudes.  Des  martyrs  font 
défendu  dans  leurs  écrits;- des  martyrs  l'ont 
attaqué.  Deux  conciles  l'ont  anathématisé. 
Depuis,  des  papes  et  un  grand  nombre  de 
docteurs  ont  protesté  contre  cet  anathèrae. 


5*7 


ORI 


ORT 


ôiS 


r  'ix  qui  lo  soiitieniKMit.  iirétondonf,  non 
}'..3  iju''  sfs  écrits  no  coiiliLiiiient  piis  (rer- 
rours,  mais  ([ue  ces  erreurs  y  ont  été  irilro- 
fluil  -s  jinnles  fnlxilicali'urs.comine  liii-mrnio 
.sou  plaint  f()i'molloiuc:il;  ou  bioii  (prollts 
sont  (le  ces  opiniois  porsoniiellos  qu'il  n'a- 
vait point  la  volonté  do  faire  piôv.ilnir  cu'ilrc 
J'onsoif^nciucnt  ot  contre  lautorilé  do  lE- 
gliso,  onseijj;uemonl  el  autor  té  devant  les- 
quels il  t'tail  toujours  prùt  à  s'i'iolinor  liuni- 
bkMuent.  Pour  nous,  qui  allons  donner  ici 
un  abrégé  de  la  vie  de  ce  grand  docteur, 
nous  n'avons  point  la  prôlention  do  juger 
dans  une  question  si  dillii  ilo,  ni  d'cniror 
dans  une  discussion.  Il  nous  suffît  de  dire 
les  faits  :  si  mourir  dans  le  sein  do  la  reli- 
gion callioli{|ue;  si  présenter  ses  opininns 
particulières,  comme  sa  pensée  individuelle, 
en  les  distinguant  delà  foi  de  l'Kgliso;  si 
se  montrer  humble  el  soumis  envers  cette 
Ultime  Eglise,  rempli  de  respect  pour  ses  dé- 
cisions, atlacho  h  son  unité,  uio  iéré  envers 
ses  propres  ennemis  dans  le  se  n  do  la  plus 
violente  persécution  qu'un  homme  puifsc 
souirrir;si  tricuniiher  dans  les  prisons  des 
bourreaux  et  de  fours  tortures,  pour  rester 
attaché  h  Jésus-Cl^risl;  si  ramener  h  la  foi 
dos  évoques  qui  son  écartent,  conquérir  au 
catholicisme  dos  saints  et  de>  docteurs  émi- 
nents;  si  tout  cela  fait  par  Origo ne  ne  sulVit 
pas  [)our  ([u'ou  lo  regarde  ciuume  un  saint, 
cela  sullit  du  moins  [uînr  f|u'on  ne  parle  de 
lui  qu'avec  honneur  et  profond  res[)cct. 

Ecoutons  saint  J 'rùme  {Ep.  (io,  c.  3,  p. 
lo2)  :  «  Ça  été,  dit-il,  un  gcind  homme  dès 
son  enfaiieo,  et  le  vrai  lils  d'un  marijr;  il  a 
gouverné  l'école  ecclésiasli(jue d'Alexandrie; 
il  a  on  lie  l'horreur  pour  les  plaisirs;  il  a 
foulé  aux  pieds  l'avarice;  d  a  su  les  Iv  ritures 
par  cœur  et  a  cuipl>yé  les  jours  et  les  nuits 
a  les  expliquer  avec  un  extrême  travail;  il 
nous  a  do  'né  plus  do  mille  discours  qu'il 
avait  prononcés  dans  l'Eglise,  outre  une  in- 
(initi-  d'aiitres  commentaires.  Qui  de  nous 
peut  lue  autant  d'ouvrages  (|u  d  on  a  écut, 
el  qui  peu!  ne  |)as  admirer  cet  ardent  amour 
qu'd  avait  pour  l'Ecriture?  Que  si  linéique 
Judas  envieux  de  sa  gloire  vient  nous  ob- 
jecter ses  erreurs,  qu'il  sache  que  les  plus 
gr.inds  hommes  font  des  fautes.  Divers  au- 
ti  es  Gieis  et  Lalui.^  ont  eu  des  erreurs  contre 
la  foi.  Ne  l'iniilons  pas  dans  ses  défauts; 
mais  recoriiiais^ons  aussi  ipic  nous  no  som- 
nie.-ï  pas  ca|iables  do  l'iiuiler  dans  ses  verîus.» 

Origène  apfiartient  à  notre  cadre,  parce 
qu'il  a  et»'  l'un  des  |)liis  glorieux  confesseurs 
de  1,1  foi.  D.1  is  les  prisoris,  dnvs  les  su[)- 
p  ices,  il  n  f  i,t  preuve  d'un  grand  el  saint 
Cfuirage.  Si  Dieu,  «pii  l'avait  mené  jus(ju'au 
souil  du  m  irfvre.  r>*a  pas  permis  qu  il  le 
fr.mi  hit,  c'est  qu'il  le  réserva  juscjua  la  lui 

Iiour   les  co  iquètes  de  l'Eglise  el  pour  les 
ulles  inlelle»  tuolles  qu'elle  avait  h  soutenir. 

Origèuo  uatjuit  en  l'an  1H:).  la  sixième 
année  du  rèj,no  do  Couiiuode,  puis  pi'il  n'a- 
vait que  dix-se|)l  ans  iiuand  son  père  fui 
martyrisé,  l'an  10  iU'  Sejilime-Si'vèro  .  do 
Jésus-Dhrisf  202.  Son  père,  qui  se  uiuumait 


I-i'onilo,  habitait  l'Egypte.  Siiid.is  est  lo  seul 
auteur  nui  prétiMido  que  saint  Léonide  fui 
honoré  du  caractère  é()iscopal.  Cotte  opinion 
n'est  aucunement  vraisemblablo.  L'hi«loire 
no  nous  .a  pas  conservé  le  uotii  de  sa  mère. 
Porphyre  affirme  qu'il  se  convertit  du  [>aga- 
nisme  ?»  la  religion  chrélioiuie  :  la  suite  de 
notre  récit  fora  voir  clairement  combien  est 
fausse  celte  assertion.  Il  fut  élevé  à  .Mexan- 
drie;  il  n'est  guère  probahie,  malgré  l'auto- 
rité de  saint  Epiphae,  qu'il  ait  étuilié  à 
Athènes.  vSon  fière  le  gardait  près  de  lui, 
prenant  soin  d'une  façon  to  ito  spéciale  de 
son  éducation.  La  science  qu'il  lui  enseignait 
de  préférence  à  toute  autre,  c'était  l'Eci  iture, 
voulant  que  son  jeune  élève  en  apprit  el  en 
récitiU  chaque  jour  quelques  passages.  Ori- 
gène  y  devint  extrêmement  habile  :  ne  se 
contentant  pas  du  texte  littéral,  il  cherchait 
souvent  le  sens  profond  et  caché  d._'  ce  q  .il 
lisait.  Son  père  l'en  reprenait  parfois,  mais 
au  fond  il  était  très-contt>nt  do  voir  les  jmo- 
grès  de  son  fils  ol  la  science  profonde  qu'il 
acquérait  de  iour  en  jour.  Ainsi,  comme  le 
dit  saint  Jérôme,  Origène,  encore  enfint, 
était  un  s.ivanl  de  premier  ordre.  Parfois 
son  père,  quand  il  dormait,  découvrait  sa 
poitrine  pour  l'emlirassor.  disant  que  c'était 
le  temple  du  Saint-Esprit.  Saint  Clément 
était  alors  h  la  tôte  de  l'i-cole  des  instructions 
chrétiennes  h  Alexandrie.  Ocgèno  suivait 
avec  assi  hiité  ses  leçons.  C'est  là  ou'il  eut 
pour  camarade  •  l  [  our  condisciple  saint 
Alexa'idre  de  Jérusalem,  qui  depuis  fut  le 
plus  ardent  et  le|ilus  {jorsévi-rant  de  si  s  dé- 
lenseurs.  Ammone  donnait  à  celle  époque 
des  legons  .'l  Alexandrie.  Il  tâchait  d'unir, 
autant  que  lo  dogme  lo  pouvait  compoi fer, 
la  philosophie  platonicienne  h  la  doctrine 
évangébque.  Origène  dit  qu'il  an  rit  bi  au- 
coup  do  lui,  non-seulement  quant  h  la  con- 
naissance des  choses,  mais  encore  quant  à 
la  maniée  do  les  bien  ex[u-it:ier.  .\mmono 
était  fort  éloquent  :  Origène  n'avait  besoiii 
que  de  voir  indiqu/e  la  route  que  son  génio 
devait  suivre.  Il  devint  aussi  frès-éloipiont  ; 
mais  il  faut  admeltre  que  ce  fut  plutôt  dans 
ses  discours  qu'  dans  ses  écrits,  qui  témoi- 
gnent qu'il  ne  sap|>li quait  pas  beaucoup  h 
châtier  ot  h  orner  son  style. 

Il  apprit  l'hébreu.  «  Il  ne  faut  pas  taire, 
dit  saint  Jérôme,  h  la  louange  de  ce  génio 
admirable,  qu'il  s.»  rendit  encore  habile  flans 
la  dialectique,  la  géomé  rie,  l'arithmétique, 
la  musique,  la  rhé-tor  que  cl  toutes  les  sec- 
tes philosophiques. 

En  l'anni'e  202,  dixième  de  .««on  ^i}.',•^v. 
rem|)ereur  Sévère,  ayant  rendu  un  édil  cru  1 
conlre  les  chr^t'ens.'  vint  ,^  Alexandrie.  Dé- 
mèlro  en  était  évéiu",  I.aM'us  en  était  gou- 
verneur. La  persécution  .s'a'luma  avec  une 
violence  excessive,  l'u  g  a  id  nombre  do 
chri'liens  do  lEgynle  et  do  la  l'hi''l>aide  per- 
dirent la  vie  pour  Jésus-t^hrist  ;  le  père  d'O- 
rigène  fut  de  ce  nombre  :  il  oui  la  lie  Ira-^- 
ciii'C  î\  Alexandrie.  Orige  u<  avai»  alors  dix- 
sept  ans.  Il  avait  six  frères  plus  jeunes  que 
lui.  Son  père,  en  mourant,  làissaij  sa  famille 
rlnns  K^di'nOiiienl  le  phis  absolu.  Ses  biens 


510 


OUI 


om 


&&0 


asaicil     (Mr    i(>iitisi|ii(Vs.     (;(mi7i.;(«  !    joiino 

lioiii ,  l(js  hic'is  lie  ce  muMil(!  \ .ilciil-ils  un 

sailli  ('Xtiu|tli'  t>l  rin'i-il  ino  (rnii  saii^  (((n- 
.sacir  |iar  l<'  iiiailvir,  nii  [k'-ic  au  cifl  l'nur 
lirolcclcur  au|>i('s  de  Du'U,  cl  sa  liIout  |Miur 
l'urluuf  siu"  la  li'irc? 

(Miami  arriva  ce  ^^laiid  (''vriicinciiU  (riuriic 
Vdùlail  ac '(nuiia^iicr  so'i  nrri'  cl  se  |irt-Miiicr 
au\  |icrs(Siilcurs.  Ni  les  larmes,  ni  livs  |)ri(''- 
res,  ni  les  raisons  (l(>  sa  mère  ne  |>()uvanl  h; 
riMeiiir,  elle  le  l'oira  il  rester,  t'U  cai  lia'il  ses 
Iiahi  s.  Ne  nouvanl  aller  voir  son  pèrt»,  il  lui 
(Suivit  en  I  exliorta-u  puissamnii  nt  au  mar- 
tyre. «  Prenez.  i;aiiie  à  vous,   mou  père,  lui 
(iisait-il,  ol  (luo  noire  coMsitléralion  ne  vous 
lass(^  pas  clian;j;er  celle  généreuse  consiaiii-e 
(]iie  vous  avez  monir»''0  jus(prici.  "Sun  pèru 
mort,  il  resta  clo'ic  dans' la  plus  grande  p,iu- 
vreU^,  avec  sa  mère  et  ses  six  frères.  Une 
dame  (l'.Mexandrie  le  retira   chez  elle.  Klle 
avail  adoplè  pour  lils  un  nonnué  Paul,  ori- 
f^iuaire  dWiilioclie,  et   (pii   clail  liéréli(pie. 
0(>t  houune,  par  la  facilité  (1(>  sa  parole  et  le 
cliarm(>  de  son   discours,  altiiail  beaucoup 
d'audileurs.  même  des  callioliipies.  Origèiie 
se  lin!  vis-l^-vis  do  lui  dans  une  saj^^e  réserve, 
de  sorte  que  celle  cnumiunaulé   d'exislenco 
fut  pour  lui  sans  danger.  Du  reste,  il  (juitta 
bientiM  le  loit  généreux  qui  l'avait  accueilli. 
Son  père  l'avail  forUMuent  poussé  dans  la 
connaissance  des  lettres;  après  sa  mort,  il 
s'y   livra   davanlage    encore,    et    se   mil  à 
donni>r  des  le(;o'is  dont  le  produit  put  sub- 
venir à  ses  besoins.  Pendant  «prit  enseignait 
les  lettres  humaines   à  Alexandrie,  la  cliaire 
des  catéchèses  cl  des  instructions  chrétien- 
nes y  devint  vacante.  La  |)ersécutio'i  avait 
éloigné    élèves    et    professeurs.   Quelques 
païens,  qui  désiraient  être  instruits,  s'adres- 
sèrent àOrigèuequi  se  chargea  de  \es  sal  s- 
faire,  et  qui  joignit  ainsi  l'enseignement  re- 
ligieux à  l'enseignement  des  belles-lettres. 
Les  premiers  élèves  qu'il  eut  ainsi  furent 
saint  Plutarque,  qui   peu  après  cueillit  la 
palme  du  martyre,  et  sai-it  Héracle,  soi  frère, 
qui  depuis  fut  évèquo  d'Alexandrie.  Le  nom- 
bre des  élèves  d'Origène  s'accroissant  de  plus 
en  plus,  l'évèque  Démètre  lui  donna  la  di- 
rection de  l'école  des  catéchèses.  Saint  Clé- 
ment était  le  dernier  professeur   de   cette 
célèbre  école  ;  Origèie  avait  pour  lors  dix- 
huit  ans.  Au  bout  de  quelque  temps,  voulant 
se  consacrer  entièrement  à  la  haute  et  sainte 
mission  qui  lui  était  confiée,  il  quitta  l'en- 
seignement des  lettres  humànes,  et  comme 
il  ne  voulait  être  à  la  charge  di^  personne  [iOiU' 
vivre,  tous  les  beaux  livres  qu'il  possédait, 
et  qui  re^ai'daient  les  sciences  profanes,  il 
les  vendit,   à  la  condition  que   l'acquéreur 
lui  donnerait  quatre  oboles  par  jour.  C'était 
avec  cette  pauvre  somme  qu'il  vivait.  Quel 
temps I  et  quels  hommes!  La  crosse  pasto- 
rale, c'était  un  bâton  de  voyage,  la  fortune 
des  docteurs  élait  un  |)eu  de  ce  pain  quoti- 
dien que  la  Providence  leur  émiettait  chaque 
jour.  Saint  Paul  travaillait  pour  vivre,  Ori- 
gèue  vivait  avec  quatre  oboles.  En  admettant 
que  l'argent  eût  six  fois  plus  de  valeur  à  celte 
époque  qu'aujourd'hui,  c'était  moins  de  45 


(  iiihnif  s  (pif  (  i-i^r/uid  hoinino  rfcovail  pour 
sui-MsIer  •  li/npie  jour. 

L'i'xIrénK'  pauvreté  ilaipiellc  iUerédui.HJl 
Jns(jirii  la  lin  de  sa  vie  ,  c'est-h-(lire  dmaiil 
plus  di-  (piaianle  ans,  éveillait  (  h'*/  HfS  amis 
el    (  hez    Ions    (rij\    qi||  le    C(>Uliai.>(<4ai(*nt,  uu 

si'iilimenl   d'.uliiui'.ilioo    mèh'-e  do  profonde 
pilie.  Maigri'  l'inioi  uiili-  du  travail  auquol   il 
se  livrait  ,  on  ne  put  jamais  oblr>nir  do  lui 
(pi'il  KMioiiç.U  a  sa  paiivrett-.  ni  qu'il  retrnn- 
cliiU  riuii  d(î  ses  austérités.  Cependant  il  n'é- 
tait [)as  (Micore  co'U(!nl  de  ce  qu'il  prali(|uail 
sur  ce  poini  ;  car  ayant  parlé  des  prêtres  nlo- 
liUrcs  à  (jui  les  rois  dl'lgypte  a\aieiil  do-uié 
dos  terres  :  «  Le  Seigneur,  dit-il,  no  donno 
point  de  partagi'  sur   la  l(!ri(!  ;i   sfs  piètics, 
p.irce  (pi'il  veut  lui-mOme  èlre  leur  partage  : 
et  c'est  la  dilléienccî  ([u'il  y  a  entre  les  uns 
et   les   aulres.   Ilemanpiez  b'wn    ceci,  vous 
tous  (pii  exercez  le  sacer  loce  :  jirenez  garde 
si  vous  n'élcs  point  plutùt  prêtres  (h;  Pha- 
raon (pie  du  Seigneur.  Pharaon  vinil  cpieses 
nrêtres  aient  des  terres,  qu'ils  aient  soin  do 
la  terre,  et  non  do  la  loi  de  Dicni.  Et  qu'est- 
ce  ({lie  Jésus-Christ  ordoiuKî  aux  sitnis?  Qui 
ne    renonce  pas,  dit-il,  à  tout  ce  quit pos- 
sède, ne  peut  être  mon   disciple.  Je   tremble 
en  proférant  ces  paroles  :  car  c'est  moi,  c'est 
moi-même  ipie  j'accuse  le  premier:  c'est  ma 
propre   condamnation    que  je  prononce.  A 
(pi:»i  pensons-nous  1   Comment  avons-nous 
la  hardiesse  de  lire  ces   vérités,   et  de  les 
l)rêclii'r  au  peuj)le,  nous  (|ui  non-seulement 
ne  renom^'ons  pas  à  ce  que  nous  possédons, 
mais  qui  voulons  encore  acquérir  ce  que 
nous  ne  possédons  pas  avant  (|ue  de  nous 
rendre   disciples   de  Jésus -Christ.  Mais  si 
notre  conscience  nous  condamne,  pouvons- 
nous  cacher  ce  qui  est  écrit!  Je  ne  veux  pas 
me  rendre  coupable  d'un  double  crime.  Oui , 
je  l'avoue,  et  je  l'avoue  en  présence  de  tout 
le  peuple;  voilà  ce  que  po:te  l'Evangile,  et 
ce  que  je  ne  puis  pas  dire  avoir  encore  ac- 
compli. iMais  au  moins,  puisque  nous  savons 
noti'e  devor,  h;\toiis-nous  dès  ce  moment 
d'y  satisfaire;  hatons-nous  de  cesser  d'être 
les    prêtres  de  Pharaon  ,  pour  devenir  les 
prêtres  du  St'igneur,  comme  Paul ,  comme 
Pierre,  comme  Jean,  qui  n'avaient  ni  argent  ni 
or,  mai  s  qui  possédaient  des  richt-sses  que  tous 
les  biens  de  la  terre  ne  peuvent  donner.  » 

Tant  de  vertu  unie  à  une  si  grande  ins- 
truction rendit  O.igène  célèbre  même  chez 
les  païens.  On  accourait  en  foule  à  ses  le- 
çons, et  la  grâce  d'en  haut  fécondait  la  se- 
mence qu'il  jetait  dans  les  âmes.  Les  princi- 
pes qu'il  i  cuh^ua  t  à  ses  disciples  étaieiit 
de  ceux  qui  ne  transigent  jamais,  qui  res- 
tent debout  en  face  du  da  iger  ,  et  qui  font 
des  niai  tyrs  aux  jours  de  la  persécution.  Il 
eut  le  bonheur  de  voir  bientôt  sept  de  ses 
disciples,  la  plu[)art  convertis  par  lui ,  ver- 
ser leur  sang  [lour  Jésus-Christ,  au  pied 
même  de  cette  chaire  d'où  la  vérité  était  des- 
cendue dans  leur  âme.  Aquila  ,  gouverneur 
d'Alexandrie,  voulant  étoufl'er  les  progrès  du 
christianisme,  suscita,  d'après  les  ordres  de 
l'empereur  Sévère,  une  vi(de!ite])ersécution. 
Saint  Plutarque ,  saint  Sérène,  saint  Héra- 


551 


ORI 


om 


5o2 


rliflo.  <;ainl  Hf'ron  ,  un  anfro  sniiU  S/'rènc, 
UMo  ft'miiio  nommt^c  !I(V.^ï•l(^  un  soldnt  du 
nom  (lo  Bosiliilo,  doiuièrent  généreusement 
leur  vie  jiour  Ici  foi. 

Origéne  ne  se  cimtcntA  r^^  d'avoir  ensei- 
gné à  ses  disciples  la  foi  qui  les  faisait  mar- 
cher au  marf  vre  ,  il  venait  les  encourager 
dans  les  prisons,  il  les  accompagnait  au  sup- 
plice, exposant  lui-même  sa  vie  h  la  rage  et 
au\  fureurs  (]cs  persécuteurs.  Quand  il  ac- 
compagna saint  Pliilanine,  il  tut  horrible- 
ment maltraité  par  les  parents  de  ce  saint, 
qui  rejetaient  sur  lui  ce  qu'ils  nommaient 
leur  malheur.  Plusieurs  fois  il  fut  en  danger 
d'êlr»'  lapidé.  Pemlant  longtemps  il  fut  obligé 
à  Alexandrie  ,  de  changer  chaque  .jour  de 
maison  pour  éviter  la  fureur  de  ses  enne- 
mis. 

Ce  fut  pendant  que  cet  homme  étonnant 
était  h  la  léte  de  l'école  des  catéchèses,  qu'il 
commit  une  action  digne  à  la  fois  de  la  plus 
grande  admiration  et  du  blAme  le  plus  sévère; 
obligé  de  donner  journellement  ses  instruc- 
tions aux  femmes  comme  auxhommes,  il  crai- 
gnit la  calomnie,  et  pour  la  foire  taire  d'une 
manière  péremptoire,  il  se  lit  eunmpie.  L"E- 
glise  n'avait  pas  encore  formellement  con- 
damné cet  acte  d'une  piété  exagérée,  et  on 
ne  peut  s'empèclier,  avef'  saint  Jérôme,  d'ad- 
mirer l'intention  qui  guida  Origène,  tout  en 
condamnant  un  acte  que  la  raison,  la  loi  ci- 
vile et  la  loi  religieuse  sainement  interpré- 
tée réprouvaient  également.  Origène  tacha 
le  cacher  h  tous  ce  (pi'il  avait  fait,  mais  l'é- 
vêipie  Démètre  l'ayant  su  ,  le  réprimanda, 
!out  en  admirant  son  zèle.  Il  ne  voulut  pas 
le  punir  et  l'exhorta  même  <v  continuer  comme 
uar  le  passé  à  faire  ses  leçons  pnbliiiues  à 
l'école  des  catéchèses.  Plus  tard  Origène  se 
condamna  lui-même  avec  sévérité. 

Son  élévation  au  sacerdoce  fut  une  occa- 
sion de  troubles  dans  l'Eglise,  comme  nous 
le  verrons  plus  tard.  On  doit  attribuer  cela  ?i 
ce  que,  quoi(pie  la  mutilation  n'y  eût  pas 
encore  été  expressément  condamnée,  elle  y 
était  copendant  reganh-e  comm(>  une  faute 
extièmement  grave.  Quand  on  considère  les 
services  rendus  par  Origène,  léminence  de 
sa  vertu,  les  grands  travaux  (pi'il  a  exécu- 
tés, les  saints  (piil  ,i  coniiuis  i\  Dieu,  ou  est 
tenté  de  se  demander  si  la  rançon  do  sa 
faute  n'était  pas  assez  payée  |)onr  que  l'on 
se  monlr.it  jtius  doux  envers  lui. 

Kn  217,  Origène  lit  le  voyage  de  Rome;  à 
son  retour  il  reprit  sa  chiire  à  .Mexandrie. 
Ce  fut  un  peu  après  qu'il  couiposa  ses  lléxa- 
plrn  et  ses  Tf'lrnples.  Do  plus  ,  il  étudia  î» 
fond  la  philosophie,  alin  de'  pouvoir  mettre 
les  sciences  profanes  au  service  de  rensei- 
gnement chrétien.  Quand,  parmi  ses  disci- 
pl"s,  il sereTwontrait  quelqueesprit  éminent , 
il  l'instruisait  non-seulemeiit  des  «'hoses  re- 
ligieuses, mais  le  poussait,  autant  (pie  pos- 
sible, dans  les  sciences  du  sièch^  jdin  d'en 
faire  wa  alldètc  (pii  ne  recvilAi  dans  aucun 
combat,  et  qui  prtt  toujours  parler  partout 
nn  langage  .'i  la  Jiaulenr  de  son  rôle,  .\insi 
fil-d  pour  saint  tirégoire  Thauiualurge.  qui 
fut  l*'  [)lus  br«l  ornement  de  son  école.  Il  Ht 


une  étude  toute  spéciale  des  diverses  hén'- 
sies,  jiour  pouvoir  réfuter  victorieusement 
les  hérétiques  dans  ses  leçons  orales  et  dans 
ses  écrits.  Avant  eu  occasion  d'aller  en  Ara- 
bie, puis  en  Palestine,  il  fut  prié  parThéoc- 
tiste  ,  é- éque  de  Césarée,  et  par  plusieurs 
autres  évèques,  de  faire  en  leur  présence 
des  instructions  au  |)eup'e ,  et  n'expliquer 
les  Ecritures.  Origène  avait  trente-trois  ans 
alors,  et  était  sim|)le  lai(pie.  Saint  .\le.x»n- 
tlre,  son  ancien  condiscq)le,  et  depuis  peu 
évoque  de  Jérusalem,  le  fit  aussi  [)réclier. 
Démèlre,  évoque  d'Alexandrie,  sefirmalia 
de  cela,  «lisant  que  c'était  une  chose  inouïe, 
un  scandale;  et  il  en  écrivit  aux  évoques  de 
Palestine.  Saint  Alexandre  lui  répondit  en 
motivant  sa  conduite  sur  des  antécédents 
respectables  ,  et  en  l'appuyant  d'ailleurs 
d'excellentes  raisons.  Mais  Démètre  ,  qui 
craignait  (pi'on  ne  lui  enlevAt  cebii  qu'il  con- 
sidérait comme  l'honneur  de  son  Eglise,  écri- 
vit à  Origène  de  revenir,  et  même  envoya 
des  diacres  pour  le  chercher.  Ori.,ène  rev  nt 
à  Alexandrie  et  y  reprit  ses  occupations  or- 
dinaires. Plus  tard,  vers  l'an  218  ,  limjiéra- 
trice  Mamée  voulut  voir  l'homme  dont  la  ré- 
putati'in  remplissait  le  monde.  Elle  était  à 
Anlioche  avec  son  lils  Héliogabale.  Elle  en- 
voya chercher  Origène.  Le  grand  docteur 
fut  reçu  comme  il  méritait  de  l'être.  Après 
avoir  Instruit  cette  princesse  des  vérités  de 
notre  religion,  il  retourna  h  ses  travaux.  Si, 
comme  tout  le  fait  supposer,  Mamée  a  été 
chrétienne,  c'est  h  lui  qu'on  le  doit,  et  ■'i  lui 
par  conséquent  (pie  l'Eglise  fut  redevable 
des  années  de  paix  dont  elle  jouit  sous  le 
règne  d'Alexandre  ,  cet  excellent  tils  de  Ma- 
rnée. 

Ce  fut  .^  cette  époque  que  le  savant  doc- 
teur composa  ses  ouvrages  sur  rEcrifure.  Il 
le  lit  pour  céder  aux  sollicitations  de  ses 
amis,  et  notamment  d'Ambroise.  Ambroise 
était  riche,  il  ne  put  jamais  fiire  rien  accep- 
ter h  Origène  pour  lui  ;  mais  il  le  lit  consentir 
à  accepter  des  secrétaires  pour  écrire  sous 
sa  dictée,  et  tout  ce  qui  était  nécessaire  à 
son  travail.  (^.ha(iuejour  il  réclamait  quelque 
nouveau  travail  h  son  ami;  de  sor;e  que 
c'est  h  lui  et  à  ses  libéralités  que  nous  de- 
vons une  grande  partie  des  œuvres  de  ce 
grand  homme. 

Vers  l'année  228  environ.  Origène  dut  fairo 
un  voyage  en  .Vchaie  où  l'appt^laient  les  be- 
soins de  l'Eglise  déchirée  [tar  plusieurs  hé- 
résies. Il  partit  d'.Vlexandrie  avec  une  l  ttro 
tle  recouiiuanilalioiide  Démètre,  son  évê(jue. 
En  se  rendant  en  Achaie,  il  passa  par  la  Pa- 
lestine. A  Césarée,  les  évê(pies  de  la  pro- 
vince rélevèrent  h  la  prêtrise.  Parmi  ces 
évêquos  étaient  Théocliste  «le  Césarée  et 
saint  Alexandre  d(»  Jérusalem.  Dt'uiètre  fut 
fort  otfensé  de  l'ordination  d'Oiigène  :  il  en- 
tra contre  lui  dans  un  tel  accès  de  fureur  et 
lie  folie,  ([u'//  m  écrivit,  dit  saint  Jén'uue,  à 
loutr  lit  Inir.  Il  écrivit  .'l  tous  les  évêqiies 
pour  bnir  dire  la  faute  (prOrigène  avait  com- 
mise en  se  niulil.uit.  Eusèbe  et  saint  Ji'nNme 
marquent  que  la  jalousie  était  le  mobde  ca- 
ché qui  faisait  agir  lévêqiio  d'Alexandrie, 


7>ti^                                  OUI  OKI                                 7M 

l('(ni(tl  (•(mi|ii('iiiiil  (Iniis  son  (iccusalioii  jus-  ceux  do  Syrio  cl  i|r  l'/ilcsimc  prircnl  sa  dc^- 
«111  aux  iHiMi'cs  (|iii  avaiciil  iunci'-ili''   ;i  l'urdi-  IViisr  cl  se  ri  riisi'icnl  a  satirtioiiiirT  la  scri- 
lialioii  (r(>ii|;(''iic.  Alexandre  rc(M»iidil    vic.ld-  teiire    porh-e   coiilre    lin.  (ii;  ccMicjle  proliln, 
ri(Mi.seuieid  h  Démclrc.  l'en  à   pen   le  (cnips  iinni'  cnndaMiner  ses  donniez,  do  Iclin-îJ  pro- 
caliiia  l'anicrlinnc  de  eelledispnle  ,  el,  ruMiiim  ItaldenieMl    lalsil'n'es,  rniiniie  liii-iii(*Mne    h'en 
Mdiis  le  vcridiis  iiar  la  suite,  Orii^ène  revnil  planil.  l/nne  d'idlcs,  end  e  aiiljcs,  allrilmwJi 
i>  Aloxandiio  ,  on    il   reprit  sos  nccnpalions  OriKciic   l'opinion   (pic    le   dial>le    doit  Alnî 
ordinaires.  Il  est  prohaide  ini"^nM^  (pie  Di-nn''-  sanvé  un  jour.  Saint  I-lpipliaue   pn'-lend  (pi'il 
tre  consentit  h  le  recevoir  connue  pnMic  d(!  l'ut  (dili;:,(''  ije  sorlii' d'Alexandrie   prjur  avoir 
son  ("ylise.  oll'crt  de  r(!iic(!ns  aux  idoles:  on  no  |ienl,  t-n 
(lo  Ait  en  se   rciidanl  en   Ac1iai(>  (pi'il  eut  lace   d'nrn'  seiiililahie  nll(''[.^alion,   dont   i„ijt 
une  conr(''r(Mico  C(''lèbii' ave(Mlassus,  et  ([u'il  d('niotilre    la    rHnsset(';  ,    coinju-cndH;    ipi'nn 
«Vrivit  h  Africain,  ponr  di'd'eiulic  l'hisloire  d(!  saint  aussi  ('^minent  ail  pu  pr(^ndreau  s^nimix 
Sn/.ann(>.  Ainl)roise,  son  ami,  racc()in|ta}^uail.  cl   sonhMiir    nii(!  accnsalion    .s('nd)l/d)Ie.  L(; 
Knlin  il   arriva   en  Acliaie  :  il  s')  attira  Tes-  j)reniicr  coiicih!   assendjh';  par  D('nictri;  n'a- 
linie  ol  l'aireclion  dos  éviHpies  ;  il  y  oui  les  vait  |ias  voulu  d('!pos;'r  Orig(''no du  .sacerdoce: 
nuMnos  sncc(\s  (pie  dans  les  antres  provinces,  cet    l'viVpic  n'en  fut    pas  satislail.   Il  i(''niiit 
An  bout  de  ipielipie  temps  ,  s'(''tant  rendu  à  (pieUpies   l'VtMpies  (pi  il   savait   (Mrede   son 
Alhi'nos,  il  y  rc(jnl  une  lettre  de  ses  amis  de  isenliment,  e(  iUsdi-posèrcnt  ()rig(me.  S'il  faut 
l'alesliius  li'S(piels  ravertissaient  (pie  Hassiis,  en  (r(Hre  saint    Jer(Miie  ,   rexcoinninnicatioii 
avant  re(;u  d'un  copiste  la  coniï'rence  (pi'ils  l'ut  jointe  à  celle  sentence  d(!  d(''position.  Los 
aVaient  eue  onsemhle,  l'avait  ialsdi(^e,el(piil  lettres  de  ces  deux   conciios  envoyées  dan.s 
lui   |)riMait    des  opinions    tri's-lansses   pour  tonte  l'I-'^lise   y  rnrenl  re(;nes  comme  ('nia- 
avoir  occasion  de  le  di}crier.  Origè'ue  envoya  na'il   d'un    tribunal   juste    et  (j(|uilable  :  (jh 
la  copie  aullienticpie  de  la  conlc'rence  h  ses  s'associa  jjresiiuc  jiartoul  à  la  condamnalion 
amis.  Plus  lard,  avant  rencontri;  col  li(5réli(pie,  d'Origè'ie.  On  ne  pouvait  faire   anlremeiil, 
il  lui  lit  des  reproclies    sév(^'res  de   sa  mau-  dit  saint  Augustin.  Ceux  (jui  n'(''(aient  pas  au 
vaise  l'oi.  Kn  passant  à  Anlioclie,  à  son  re-  courant  do  cette  ad'aire   devaient  s'en  rap- 
tonr  d'Achaïe,  il  y  couvrit  do  confusion  un  porter  à  rautoiili'î  d'un    c(jncil(;  faisant   ce 
autre  imposteur  qui  publiait  une  prtilendue  ([u'il  avait  le  droit  d(!  faire,  et  ailirmant  d'un 
confi.^r(>nce  qu'ils  n'avaient  jamais  eue,  puis-  homme  des  choses  fort  croyables  de  la  part 
qu'ils   ne  s'iHaient  pas  même  irM-K'.  Ocelle  dnn  homme.  Onant  aux  évi''(pies  (jui  con- 
clue soit  la  grossièreté  des  moyens  emi)loyés  naissaient   i'alfaire  ,    et   qui   savaient   poui 
par  les  ennemis  d'Origène,  ils  n'en  eurent  quelles  causes  Origène  avait  été  persécuté, 
pas   moins  une   conséquence    extrêmement  ceux  de  Palestine  ,  de  Phénicie,  d'Arabie  et 
lAcheuse  pour  lui,  exploités  par  l'ignorance  d'Achaïe,    ils   refusèrent    constamment   de 
et  par  la  mauvaise  foi.  De  retour  à  Alexan-  s'associer  à  la  sentence  des  conciles  d'Egyjjte, 
drie,  il  y  composa  son  (Commentaire  sur  aaint  el  restèrent  en  communion  avec  lui. 
Jean,  malgré  la   tempête  qui  commençait  à  11  faut  aussi  ajouter  la  Cappadoce  au  nom- 
grondcr  contre    lui.  il  adresse  ce  Conimcn-  bre  des  pays  dont  les  évoques  se  refusèrent 
taire  à  son  ami  Ambroise,  duquel  ,  depuis  à  la  con(iamnat  on  d'Origène,   puisque  plus 
queUiue  temps,  il  avait  été  obligé  de  se  se-  tard  il  se  retira  auprès  de  saint  Fnrûihen, 
parer.  évôipie   de  Césarée  de  CappaJoce.    Il  faut 
Ses  ennemis  s'acharnaient  de  plus  en  plus  écouter  saint  Jér(jme,  cité  par  Untin,  quand 
contre  lui.  Lande  Jésus-Christ  231,  la  dixiè-  il  parle  de  la  condamnation  dOrigène,  dans 
me  du  règne  d'Alexandre,  il  fut  obligé  de  sa  lettre  à  sainte  Paule.  Après  y  avoir  dit 
quitter  Alexandrie,  pour  se  retirer  à  Césarée  qu'Origènc  avait  écrit  plus  de  livVes  que  les 
en  Palestine.  11  abandonna  ses  disciples,  con-  autres  n'en  pouvaient  lire,  il  ajoute  :  «  Quelle 
fiant  sa  chaire  des  catéchèses  à  Héracle,  le  récompense  a-t-il  reçue  de  tant  detiavaux 
plus  ancien  de  ses  disciples,  à  qui,  vingt  ans  et  de  sueurs  ?  il  est  condamné  par  l'évèque 
auparavant,   il  avait  déjà  contié  le  soin  de  Démètre;  et,  excepté  les  prélats  de  la  Pales- 
ceux  qui   commençaient.  Cette  faculté  qu'il  line, de  l'Arabie, de  la  Phénicie  etderAchaïe, 
eut  de  disposer  de  sa  chaire  en  quittant  l'E-  il  est  condamné  par  le  consentement  de  toute 
gypte  prouve  qu'il  n'en  était  pas  venu  encore  la  terre.  Rome  môme  assemble  contre  lui 
avec  Démètre  aux  dernières  extrémités  d'une  son  sénat,  non  cru'il  enseignât  de  nouveaux 
rupture.  Lui-môrae  confirme  cette  opinion,  dogmes,  non  qu  il  eût  des  sentiments  héré- 
quand  il  dit  que  ce  ne  fut   qu'après  sou  dé-  tiques,  ce  que  ceux  qui  aboyaient  ajirès  lui 
part  que  ses  ennemis   le  poursuivirent  avec  comme  des  chiens  furieux  veulent  nousper- 
toute  la  violence  et  toute  l'aigreur  possibles;  suader  ;  mais  parce  que  l'on  ne  pouvait sup- 
qu'on  l'attaqua  par  de  nouvelles  lettres  qui  porter   l'éclat  de   son  éloquence    et  de  sa 
combatlaient  évidemment  l'Evangile,  et  ciu'on  science,  et  que,  lorsqu'il  parlait,  il  semblait 
déchaîna  contre  lui  tous  les  vents  et  toutes  que  tous  les  autres  lussent  muets.  » 
les  tempêtes  de  l'Egypte.  Pendant  que  Démètre  assemblait  des  con- 
Au  bout  de  quelque  temps.  Démètre  assem-  elles  pour  condamner  Origène,  le  savant  (ioc- 
bla  un  concile  dans  lequel  Origène  fut  con-  leur  s'était  retiré  à  Césarée  en  Palestine,  où. 
damné  à  sortir  d'Alexandrie,  à  n'y  pouvoir  saint.Alexandre  et  Théoctiste  ne  pouvaient 
plus  résider,  à  plus  forte  raison  à  n'y  pouvoir  se  résoudre  à  le  quitter.  Ils  lui  avaient  con- 
plus  enseigner.  Il  n'y  eut  que  les   évêques  fié  l'inslruction  des  tidèles  et  i'inierprétation 
d'Egypte  à  prendre  part^à  ce  concile,  puisque  des  Ecritures,  de  sorte  qu'il  reprit  dans  cett« 


5SS 


ORI 


ORl 


556 


ville  SOS  leçons  comme  î»  Alo\andrio.  Do  Cô- 
soi'i'e  il  écrivit  à  quolquos-iins  de  ses  omis 
d'Ali'xinJi'io,  pour  se  plaiiulre  do  Démèlro, 
ot  pour  démoulror  Ki  luillilé  de  In  soiilonoo 
fuluiinée  conlro  lui.  On  lui  a  reproché  de  la 
violencodaiis  colle  lott:o,d<»iil  Huli'i  rapporte 
u  1  passage  et  saint  JérùuK!  un  autre.  Est-ce 
parce  qu'il  déclare  qu'il  abandonne  ses  ca- 
loinniilours  au  jui^emcnl  (l(^  Dii'u.so  croyant 
plus  ol)lig»5  vis-h-vis  d'eux  h  la  j)iiié  qu*<\  la 
haine?  Il  prie  Dieu  de  leur  fair^-  mis/ricor.le 
et  ne  leur  souhaite  aucun  mal,  parce  <[ue, 
dit-il,  nous  som  nos  nés  pour  ré  aidre  des 
béiïédirlions   nlutôl  que  pour  maudire. 

Un  coMciK?  (l'Alexandrie,  parlant  de  lui,  dit 
qu'il  est  lomb  •  du  ciel  en  terre  comme  uii 
écl  iir,  ainsi  (pi'il  est  nil  du  diable  son  i)èro; 
il  ajoute  (jue, retiré  à  Césarée,  et  ne  respirant 
que  feu  et  que  colère  contre  la  vérité,  il  vo- 
mit au  deiiors  et  répandit  sur  h-  papier  le 
pois  n  noir  et  ténébreux  doit  il  s'était  nourri 
avec  tant  de  joie  el  de  |)laisir.  De  quel  coté 
est  la  modéraliitn?  De  quel  cùlé  est  la  justice? 
Poiirq  .oi  l'accuser  de>  écrits  faits  h  Césarée, 
écrits  (jui  no  co  ilienncnt  |)iesque  pas  d'er- 
reurs, tandis  ([u'o'i  n'avait  rien  dit  de  ce  qu'il 
avait  publié  à  Alexandrie,  et  notamment  de 
son  livre  Des principrs,  qm  est  bien  celui  qui 
a  fiiit  le  plus  do  tort  à  sa  répntalio  i  ?  Une 
preuve  que  la  haine  personnelle  de  Démèire 
était  p  lur  beaucoui)  dnns  touio  celte  alfaire, 
c'est  qu'après  sa  moit,  ([ui  arriva  on  231,  on 
mil  à  sa  place  Héracio,  h  qui  Ori;j;ène  avait 
lé^ué  en  partant  sa  chaire  de  catéchèses,  el 
que  cotte  chaire  elle-nn-'me  fut  do  niée  au 
grand  saint  Denys,  l'un  des  |)lus  fameux  dis- 
ciples du  même  do.teur.  Plus  tard  saint  De- 
nys suc"éda  à  Héraide. 

La  paix  ayant  donc  été  rendue  h  Origèno, 
il  01  profila  pour  terminer  son  graiiil  travail 
sur  riivangdf  de  saiil  Jean.  U  continua  aussi 
alors  à  travaillera  ses  Hoxaples.Le  reste  de  sa 
vie,  qui  fut  environ  de  vin,Jil-deux  ans  ,  se 
passa  il  Césarée.  Il  s'en  nbseilail  assez  fré- 
quemment, mais  il  y  revenait  toujours.  Saint 
Epiphaîie  nous  a[ipron  1  ipie,  il.uis  cello  dor- 
riièie  partie  de  sa  vie,  il  vécut  d'uie  manière 
très-snii|)le  et  Irès-eiemplaire.  Nous  avo?is 
vu  qu'il  n'avait  pas  fait  autre  chose  durant 
toute  la  premi  re.  Dieu  même  sembla  vou- 
loir pre  idre  la  défense  d'Origène,  en  le  ren- 
dant rinslnniniil  ili'sagr,\co  (vivors  de  grands 
piiuls.  TandiMpio  ses  ennemis  le  chassaient 
d'Alexandrie  ,  (pi'un  concile  lui  interdisait 
l'eus;  i.;  lemont,  tpjo  son  évé  pie  le  déposait 
<l  '  -I  «rdoce,  ot  (pi'uno  iiçrando  parvie  des 
1  lui  refusait  la  communion  ,  le  ciel 

siiiibla  .saivlilier  son  ens(  li^nomenl,  en  lui 
fnvoyi'Ule-^  doux  plus  célèbres  disi  i[)les  (fu'il 
ait.inmais  l'iis,  saint  Cirégoiio  Ihaumalur^o 
et  saint  Alhi-oo  loro  so  i  fiero,  (pii,  instruits 
par  lui,  cmbrassi-renl  la  religion  chiéliorne. 

P.-nda'ii  que  ceci  se  passa. t  h  Césarée,  et 
fîii'!  le  ..^raïKl  dot  leur  faisait  pour  li  r«di^ion 
('  'IX  des  |.lus  bello-  contpiétcs  dnnl  les  siè- 
i\>  n  iiiqufs  puissenl  se  glorilior,  Maximin 
t   :•<  r  rrexcollenl  cmpor'Mn Mexan- 

(i  -    uliil  violoiniiieit  IK^Iise.  Am- 

..  ami  MdOvuuc  d'Oiigeiic  ,  lut  uu 


nombre  de  ceux  qui  confessèrent  Jésus- 
Christ  avec  le  plus  de  courage.  Fidèle  aux 
saints  devoirs  de  l'amiii-,  comme  h  conxquo 
la  cliarité  comma'ide,Ori.èno  lui  écrivitpour 
l'cxhoiler  au  martyre.  Nous  avons  vu  c  s 
choses  on  «Jéiail  (juand  nous  avons  parlé 
(I'Ambroise.  ^Toi/.co  nom.) 

Depuis  lors  jnscpi'à  la  mort  de  Maximin, 
en  2.t8,  Origène  ,  suivant  les  uns  ,  resta  la 
plupart  du  temps  à  Césarée  de  Palestine; 
suivant  d'autres,  il  fut  pei.da  it  doux  ans  ca- 
cliéà  Césarée  de  Ca|t|)adoco,  chez  une  vitrgfj 
nommée  Julienne,  qui  subvenait  h  tous  ses 
besoins.  Dans  celle  retraite,  saint  Firmilien 
venait  souvent  le  visiter.  Hors  le  temps  de 
la  persécution,  ce  saint  évè que  attirail  sou- 
vent Origène  en  Cappadoce,  pour  que  les 
églises  de  celle  province  prolitassent  de  ses 
instructions. 

Après  la  mort  de  Maximin,  le  savant  pro- 
fesseur retourna  à  sa  chaire  de  Césarée  en 
Palestine.  Ses  deux  disciples,  saint  Grégoire 
Thaumaturge  et  Alhénodore  furent  bientôt 
élevés  à  l'épiscopal,  malgré  leur  extrême 
jcu!iesse. 

Il  \  avait  vers  ce  temps-là,  en  .Vrabie,  dans 
la  ville  di"  Rostres,  un  évèque  nommé  Dé- 
ryllo,  qui  tomba  dans  une  hérésie  gravv^'.  Il 
niait  lexistence  de  Jésus-Christ  avant  son 
inc;  rnation,  prête  ulant  qu'il  n'avait  été  Dieu 
qu'en  naissant  de  la  Vierge,  el  que  môme  il 
ne  l'était  ({ne  i)arcc  i[ue  Dieu  le  Père  était  en 
lui  comme  dans  les  pro[)hèles.  Celle  erreur 
consistait,  comme  on  voit,  purement  et  sim- 
plement à  nier  la  divinité  de  Jésus-Chiist. 
Ce  fut  Origèno  qui  fut  choisi  afin  d'aller  vers 
lui  pour  le  faire  revenir  de  son  erreur,  en 
qu'il  accomplit  heurousementh  la  plusgr.indo 
gloire  de  Dieu;  car  Bérylle  était  un  desécri- 
vaiîis  les  plus  éminonts  île  celle  grande  épo- 
que. 

Ce  fut  seulement  à  l'âge  de  soixante  ans 
qu'Ori.-;èiie  |)erinil  (ju'on  écrivit  ses  sonnons 
et  SOS  homélies,  lanl  élail  grande  son  humi- 
lité. Ce  fut  à  peu  près  à  cette  épO(jue  qu'il 
écrivit  ses  huit  livres  conlro  Celse,  ol  (pi'il 
coml)allit,  assez  viclorieusemenl  pour  lo-ra- 
raeiier  à  la  vt'Mité,ce.iX  qui  en  Arabie  préton- 
daie'il  que  lésâmes  mouraient  avec  lescor(>s. 

•Vprès  la  mort  df  Pinlippe,  Dèce  élant 
moulé  sur  le  trône,  l'Eglise  eut  à  souffrir 
une  dos  |)lus  violentes  perséculiiuis  dont  elle 
eiU  été  éprouvét'.  C)rigèno  fut  l'un  des  plus 
valeureux  combattants  de  l'armée  de  J  sus- 
Clirisl.  S'il  no  cutnllil  pas  la  palme  du  mar- 
tyre, c'est  (|ue  les  païens,  ipii  idniprenaieiil 
parfaitement  limporlance  qu'aurail  eue  son 
apostasie,  voulaiiiil,  non  pas  le  faire  mourir, 
mais  le  vaincr.'.  Du  reste,  lel  élail  le  carac- 
tère de  la  porsécuiion  de  Déco  en  général  : 
on  cherchait  moins  h  faire  dos  martyrs  que 
des  renégats.  (>iigène  tut  mis  on  prison,  on 
le  chargea  de  chai  ns;  il  testa  fort  longtemps 
avec  un  carcan  de  fer  au  cou  el  des  enlra>es 
aux  pieds.  Il  eut  à  rmlurtr  de  nombreux 
lonriiients,  fut  |>lusieuis  fois  menacé  du  feu. 
Sorti  de  prison  épuise  ue  fatij;ue  et  de  souf- 
fianco,  .Icut  à  supporter  les  deux  deniiors 
inariyr^.s  de  l'cxislcucu  huuuino,  une  vieil- 


587  <>'«> 

lossd  ninliidivc  cl  iim-  («\lr(>iiir  mîs^rr.  lIiuJo 
SCS  iiIms  (ikIciiIs  (li'lcii-^ciiis,  siiii  l  Alc\.'iinli'<) 
de  JthMi.siilciii.  cl.iil  iiiorf  iiLirlyr  «liii.iiit  1.1 
porsi^niliiiii  <lc  Dec»?.  AihIjimisc,  /lussi  soti 
lUiii,  (''l.'iil  iiKîil  cl  ii'/ivait  l'iil  aiicii  I  \r-s  h 
Oii  Ai"»!)!',  vicii\  cl  liiisi'  |);ir  les  Inm  me  ils. 
S.'iiiil  J(^r(^iiic  tlil  (|ii'(tii  l'en  lil;)iii.i:  ipit  dimc- 
piiil  se  pcriiK'llrc  d(!  smidcr  jiiiiM  les  s  cirls 
d'une  aiiiilic  i)uc  nous  avitiis  vue  si  di-voiic'c? 
Aci'ii.ser  Ainhioise  de  Ja  |iéi  uiii'  d'()riK;ùMO 
ûnws  ses  dciiiicrs  juins,  c'est  poi  1er  imm; 
accusatio'i  j^rave  cl  odieuse.  (Juanl  à  nous, 
nous  /.inion.s  mieux  croire  (|ue  cet  aun  ukui- 
raiit  .se  caitiielail  (|tn>  jamais  ()ri;j,cru'  n'a\ail 
rien  voidu  recevoir  pour  ses  besoins  per- 
sotmels.  lVul-(Mre  m(>mc  (piune  recoumian- 
dalion  e^prcssiî  d'()ri;;è  ic  cmptV'lia  Andiro',s(> 
de  mnnlr-cr  u'te  gùnéitjsilé  qui  eiU  »;lc  si  bien 
du'is  l(>s  liabiludes  de  sou  ((inir. 

C.o  fui  après  ces  soull'ranccs  (pie  l'ilhislre 
persccutù  re.;ul  iinéciil  ipiidiil  i-lrebie  icher 
h  son  C(«ur.  Le  f;rand  saiiil  Uenys,  «niieinie- 
nio'il  SOI  (bsciple.  m.iinleiiani  r'V(\pie  d'A- 
lexandrie, lui  écrivi",sur  le  martyre,  une 
loltre  dans  la(iuelle  il  l(>  l'élieilail  el  l'exhor- 
tait. Ainsi  le  picinier  pasteur  de  celte  liglise 
qui  l'avait  proscril  venait  r(VHlic  hommage  h 
sa  foi,  «i  so'i  courage  ;  ainsi  l'aicicn  dise. pic 
se  souvenant  du  vieux  maitre  banni,  lui 
envoyait  de  loin  des  consolalions,  où  j)arlait 
la  reconnaissance,  où  |)ai'lait  ce  scilimcnt 
lihal  (pli  liait  de  la  parenlcî  de  lespiit,  aussi 
vit' (pie  do  elle  du  corps.  La  rt'paiation  par- 
tait du  lieu  où  l'outrage  avait  étc^  endure'',  où 
l'injustice  avait  été  commise.  N'était-ce  pas, 
pour  le  jiauvre  vieillard  si  longlcnifis  jjcrsé- 
cuté,  connue  une  de  ces  ressouvenances  de 
la  vie  pas>ée  qui  rajeunissent  le  cœur"?  Celte 
vuix  de  saint  Denys  qui  venait  vers  Origèno 
des  livages  d'Egypte,  c'était  une  brise  qui 
soulevait  ses  cîieveux  blancs  pour  apporter 
à  son  oreille  les  bénédictions  de  son  père, 
iii.irtyr,  enteiré  sur  ce  rivage,  les  dernici  s 
souvenirs  de  sa  famille  éteinte  pendant  l'exil, 
et  jieut-èlre  aussi  comme  un  écho  hjinîain 
de  sa  gloire  d'autrefois,  vivante  encore  sous 
les  po,  tiques  de  son  école. 

Pauvre  et  miné  de  souffrance  ,  Origône 
ïnoirut  Agé  de  soiza-ito-nei:f  ans,  en  l'an  de 
Jésus-Chiist  -253.  Le  lieu  de  sa  mort  fut  Tyr, 
l'ancenne  reine  des  mers,  débris  des  g  oires 
passées  isolé  dans  une  ile.  Ce  fut  l'a'.re  que 
le  vieil  aigle  se  choisit  pour  mourir.  Sur  sa 
tombe,  les  hommes  ont  continué  à  sa  mé- 
moire les  persécutions  dont  sa  vie  fut  abieu- 
vée.  Le  doute  en  est  le  gardien  ,  l'éternité 
le  secret,  et  Dieu  seul  le  maître.  Respect  au 
génie  et  silence  aux  clameurs  du  monde. 

OKION,  l'un  des  trente-sept  martyrs  égyp- 
tiens (jui  donnèrent  leur  sang  pour  la  foi  en 
Egypte  et  desquels  Ruinart  a  laissé  les  Acles 
authentiques.  [Voy.  les  trente-sept  Martyrs 
égyi'tiens.) 

ORLÉANS,  chef-lieu  du  d'''partement  du 
Loiret,  a  été  témoin  des  soulîrances  qu'y  en- 
dura l'évêque  Moniteur  en  confessant  sa  foi 
et  son  amour  pour  la  religion  chrétienne. 

ORONTii  (saint) ,  reçut  la  glorieuse  cou- 
ronne du  martyre,  à  Girone,  en  Espagne, 


Oflô 


•tàS 


en  201,  avec  «on   l'rhc  saint  Vincent.  Tous 
dinix,    dis(..|l    leiii-,   A  b-s,    et.iient  js.sus  do 
saiij;;  n.y/il.  Ils  n'avaiciil  pa»  ilé  élevé*  dans 
le  sein  du  cliiisii/iniHiiio  ;  mnis   ils  s'étni  nt 
coiiMriis  à  une  époipii-  (pi'.m   iH!   pfui  pas 
préi  is(  r.  Itulin,  Kou\crricur    du  pa^j*   où   so 
Irnuvaieiil  les  (i(nu  frères,  mil  tout  i-n  (iMjvro 
pour   conlraindre    les   clir.lieiis  h    sncrilier; 
mais,  (pii'ile  (pie  liit  la   Moleiice  do  la  per- 
sécution  (pi'ii    suscila,  il   ne   piii  vaincre  la 
g('iiérosil('  des  ser\iii'iiis   de    Dii  ii  :  r  Iia(pi(5 
jour  le  sang  clnéiien  coulait  à  llol'-,;  cli.upjo 
jour  de  nouvelles  victimes  étaient  iiumohWîs, 
sans  ipie  la  i-n,-^e  des  perséi  ul.urs  nil  assou- 
vie, i,e  fui  dan.s  de  tell(;s  (•irconstances  qinj 
MiK  e  II  (  t  ()roiil(!  an  ivèrcnl  à  Roia  ,  iielite 
vdl(!  lrès-p(!ii  dislatile  de  (iirofie.  Ils  furent 
l'Cinis   par  Victor  h;  Lévite,  qui   leur  donna 
riiiispilaliié  dans  sa  mai.sou.  Un  jour  les  deux 
fièiesse  reidirenl    sur  une  montagne  voi- 
sine, tiiil  pour  éviter  la  |)ers(culi(jiide  Rulin 
(pie  jiour  se  foriiliin- da  is  la    prière.  Après 
leur  d('j  arl ,   Rutiii  se  présimla    chez  \  iclor, 
et  lui  repiocha,  dans   un   langage  (pii  i(  spi- 
rail  la  fureur  li  plus  grande,  noa-seulement 
de  nsivler  aux  ord  es  des  einpe.  eurs,  en  ne 
Sàcriliant  pas  aux  dieux,  m  -is  encoie  de  ca- 
cher ceux  (pli,   coiiime    Vint  ent  cl  Oionte, 
séJuisaicnt  le  p(niple.  Il  le  menaf;a  des  p:us 
cruels  châtiments.    Vi(  tor  lui  réi;ondil   avec 
un  grand  courage,  en  Iuiui>anl:  «  Ceux  que 
vous  traitez  de  séducleurs  sont  loin  (j'ètre 
ce  que  vous  dites  :  ce  sont  des  scrviteuis  de 
Dieu  que  vous  ne  contrai i.drez  pas  h  adorer 
vos  idoles.  «  Le  gouverneur,  au  combie  de 
la  colère,  gravit  la  montagne  avec  les  espions 
qui    l'accomi-agnaieiit ,   et  ayant  trouvé  les 
deux  frères,  il  voulut  les  coniraindre  à  sa- 
crilier.  N'ayant  pu  y  parvenir,  il  les  lit  con- 
duiï-e  (la,is  la  plaine,  où  ils  furent  décapiti's. 
Ce  fut  Victor  qui  ensevelit  leurs  corps  ;  [tour 
cela,  comme  on  peut  le  voir  à  son  ailiclc,  il 
reçut   lui-même   la  couronne    du    martyre 
avec  sa  mère  et  son  (tèie.  La  fête  de  tous  ces 
saints  est  inscrite   au  Martyrologe  romain 
le  22  janvier. 

OROSCO  (DiDACE  de),  de  la  compagnie  de 
Jésus,  naquit  à  Placencia  en  Esj)a-ne.  11 
entra  cliez  les  Jésuites  en  1602,  à  l'âge  de 
quinze  ans ,  et  lit  sa  philosophie  k  Mexico 
avec  le  bienheureux  B  rnard  de  Cisneros  et 
Jérôme  de  Moranta.  Quand  ses  études  furent 
achevées,  il  alla  en  mission  chez  b-s  Tepe- 
guans  avec  son  compagnon  Bernaid  de  Cis- 
neros. Los  naturels  du  pays,  comme  ■  ons 
l'avons  dit  à  l'article  FEriDiNAxn  deClliacaiV, 
avaient  résolu  de  massacrer  leurs  mission- 
naires le  21  no.embre  IGIG.  Bernard  et 
Didace  ,  ayant  remarqué  une  surexcitr- 
tion  extraordinaire  chez  les  indigènes,  lire  U 
entrer  dans  l'église  les  fidèles  et  les  Espa- 
gnols qu'ils  rencontrèrent  sur  leur  cheimn. 
Ajjrès  avoir  donné  trois  assauts  au  bâtiment 
on  étaient  renfermés  les  chrétiens,  les  natu- 
rels feignirent  de  dé[i0ser  les  armes  et  vin- 
rint  au-dev<.nt  de  nos  bienheureux  qui  por- 
taient le  saint  sacrement.  Tout  à  coup  ils  se 
précipitent  sur  eux ,  foulent  aux  pieds  le 
sai::l  ciboire  ,  et  le  P.  Didace  qui  le  port-iit 


559 


OSI 


6St 


360 


reçoit  un  violent  coup  do  javelot  -en  pleine 
poitrine.  Un  des  bourreaux ,  armé  d'une 
hariie,  le  ronpe  ensuite  en  deux  depuis  la 
tiM»^  jusqu'aux  pieds.  Bernard  fut  massacré 
en  même  temps  (fue  son  saint  rompagnon  , 
avee  tous  ceux  ipii  s'étaient  réfugiés  dans 
l'église,  le  18  novembre  KHO.  (Tanner,  So- 
cictas  JrsHS  usque  ad  sanquinis  et  vita-  profn- 
sioiuw  wilifan!!,  pag.  iTO.) 

OKVIÈTE,  ville  de  l'État  ecclésiastif^ue, 
où  le  prêtre  saint  Sévère  souffrit  en  conles- 
sanl  la  religion  chrétienne. 

OSITHE  (sainte),  fut  martyrisée  en  Angle- 
terre, vers  l'an  870.  Elle  était  née  à  Quaren- 
don,  et  tille  de  Fréwald,  roi  de  Mercie.  Elle 
fut  élevée  dans  la  prati(juc  de  la  piété  par  sa 
tanle  Edithe,  à  qui  appartenaient  le  manoir  et 
la  ville  d'Ailesbury.  Quand  l'clge  de  la  ma- 
rier fut  arrivé,  elle  épousa  un  prince  (pii 
gouvernait  la  nation  des  Est-Angles.  Mais 
celui-ci,  dès  le  jour  même  de  leur  mariage, 
conseniit  à  la  prière  qu'elle  lui  faisait  de 
vivre  dans  la  virginité.  Il  lui  donna  de  j)lus 
le  chAteau  de  Chick  où  elle  lit  élever  un  mo- 
nastère (lu'elle  gouverna  en  qualité  d'abbesse 
pendant  [)lusieurs  années.  Les  Danois,  avant 
lait  une  irru|»lion  dans  ce  pays,  lui  tianehè- 
reiit  la  tète,  en  haine  de  la  reîig  oudu  Christ, 
vers  l'année  870.  On  bAtit  à  Chick  et  sous 
son  invocation,  une  abbaye  de  chanoines 
réguliers,  et  un  grand  nombre  de  miracles 
s'y  opérèrent.  Cette  abbaye  fut  détruite 
quand  les  monastères  furent  r»«nversés  dans 
tout  le  royaume  d'Angleterre.  Son  nom  est 
maniué  au  .Martyrologe  romain  le  7  octobre. 

OSIUS,  évèciue  de  Cordoue  et  confesseur, 
était  d'Espagne,  peut-être  de  Cordon*^  mèint> 
dont  il  fut  fait  ensuite  évèipie.  Il  naquit  vers 
l'an  236  et  fut  élevé  sur  \o  siég(>  de  Cordoue 
vers  lan  290.  Une  des  premières  actions  de 
son  épiscopat  fut  d'assister  au  concile  d'EI- 
vire,  (jue  l'on  avait  assemblé  dans  le  but  de 
maintenir  la  discipline  de  l'Eglise.  liientôt 
après,  vers  l'année  303,  il  confessa  sa  foi  sous 
Maximit'ii-Herculc,  c'est  ce  «pii  lit  ([uo  le 
grand  Constantin  avait  une  estime  toute  j>ar- 
ticulière  |)Our  lui.  On  croit  ([ue  ce  fut  Osius 
(jui  conseilla  h  ce  prince  d'assembler,  en  Mli, 
le  concile  de  Nicée,  et  saint  Athanasedil  as- 
sez nettement  (jue  ce  fut  lui  (jui  dressa  h; 
fameux  symbole  de  Nicée.  Quoi  (pi'il  en  soil, 
il  fut  toujours  l'ennemi  irréconiiliabl»>  des 
ariens,  et  il  di-clarait  parlout  cpion  devait  les 
traiter  d'héréiitpK's. 

L'emporcur  Coiislanfc,  ayant  entrepris  de 
faire  comlamner  saint  Athanase,  ordonna  ;\ 
notre  saint  de  le  venir  trouvera  Milan  où  il 
faisait  sa  résidence.  Il  employa  les  prières, 
les  nu  iiaccs  et  les  exhortations  alin  «le  l'en- 
gager h  signer  la  condauuiation  d'.\thana>e, 
et  A  commiunquer  avec  les  sectaires  d'.Vrius. 
Notre  saint  reprit  CounLiiuo  avec  force,  et 
l'ayant  eiitin  persuadé,  il  en  obtint  la  permis- 
.siou  de  s'en  retourner  en  son  pays  et  en  son 
Eglise,  (-epeiidant  ce  prince,  excité  par  les 
ariens,  lui  écrivit  encore  plusieurs  fois,  tan- 
tôt le  tl.ittant.  tantôt  le  inenarant,  alin  (le  le 
persuader  de  signer  (onlio  .\th.ina><(\  Osius, 
au  heudc  i'cUrayer,  lui  Ocrivil  uuelcUrc,  la 


seule  que  nous  ayons  de  lui,  mais  qui  certes 
est  digne  de  sa  haute  réputation  :  «  J'ai  con- 
fessé Jésus-Christ,  dit-il,  dans  la  f)er."écution 
que  .Maximien,  votre  aïeul,  excita  contre  l'E- 
glise. Si  vous  voulez  la  reno;  vêler,  vous  me 
trouverez  disposé  h  tout  souffrir  plutôt  que 
de  trahir  la  vérité  et  de  répandre  le   sang  de 
l'innocent,  en  consentant  h  sa  condamnation. 
Je  ne  suis  ébranlé  ni  par  vos  lettres   ni  par 
vos  menaces  ;  il  est  inutile  de  les  continuer. 
Il  vous  sera  plus  avantageux  de  renoncer  aux 
sentiments  d'Arius,  de  ne  i)oint  écouter  les 
Orientaux,  de  ne  point  ajouter  foi  à  Ursace 
ni  à  Valons.  Ils  n'ont  pas  tant  en  vi:e  dans 
ce    qu'ils   disent    d'attaquer   Ath  nase   que 
d'établir  leur  hérésie.  Mon  âge  doit  me  don- 
ner de  la  croyance  dans  votre  esprit  :  crovez- 
moi  donc,  je  vous  supplie.  Dans  le  concile 
de  Sardique,  assemblé  par  votre  ordre  et  [lar 
celui  du  bienheureux  Constant,  votre  frère, 
je  sommai  moi-même  les  ennemisd'Athanase, 
lorsqu'ils  vinrent  dans  l'église  où  j'étais,  de 
produire  ce  qu'ils  avaient  à  dire  contre  ce 
prélat.  Je   leur  déclarai  qu'ils  le    pouvaient 
laire   en    toute  assurance;  je    leur   promis 
qu'on  leur  rendrait  justice  dans  toutes  cho- 
ses, c'est  ce  que  je  leur  témoignai  d  uxditfé- 
rentes  fois  :  j'ajoutai   que  s'ils  ne  voulaient 
pas  faire  examiner  leurs  accusations  en  plein 
concile,  ils  pouvaient  agir  avec  moi  en  par- 
ticulier. Je  leur  protestai  que  si  Athanase  se 
trouvait  coupable,  nous  l'abandonnerions  et 
le  rejetterions  enlièrement.  Je  leur  dis  même 
que  s'il  se  justiliait  et  les  convainquait  eux- 
mêmes  d'être  des  calomniateurs,  je  lui  per- 
suader.'.is  de  venir  avec  moi  en    Espagne; 
Athanase  accepta  ces  con  lions  sans  dilticul- 
té  :  eux  au  contraire,  n'osant  hasarder  leur 
mauvaise  cause,  se  retirèrent.  Athana.-c  alla 
ensuite,  suivant  vos  ordres,   vous  trouver  à 
Anlioche.  Il  vous  pria  d'orilonner  que  tous 
ou  quelques-uns  de  ses  ennemis  qui  étaient 
alors  dans  cette  ville,  comparussent  devant 
vous  j)Our   soutenir  leurs  accusations  et  le 
convaincre  îles  crimes  (ju'ils  lui  re[)rochaient, 
comme  ils  le  pouvaient  aisément,  s'il  était 
coupable  ;  ou  d'être  déclarés  ties  calomnia- 
teurs indignes  d'être  écoulés,  s'ils  voulaieU 
encore  parler  contre    lui   en    son    absence. 
Vous  rejetâtes  bien  fort  cette  proposition, 
et  pour  eux  ils  n'eurent  garde  de  l'accepter. 
Pounpioi  écoulez-vous  donc  encore  ces  ca- 
lomniaieurs  '.'CiMument  soulfrez-vous  encore 
Valons  et  Ursace,   après  qu'ils  ont  protesté 
par  éeril  que  toutes  leurs   accusations  n'é- 
taient que  des  calomnies  dont  ils  se   r(>pen- 
taient?  On  ne  leur  a  point  extorqué  celte  ré- 
tractation par   force,  comme  ils  le   veulent 
faire  croire.  On  na  jtoint  employé  la  violence 
des    soldats  pour  les  y  contraindr»».  Ils    la 
liront  même  îi  l'insu  de  l'emporeur  ConslanI, 
votre  frère,  et  on  n'a  jamais  vu  dans  les  Etats 
de  ce  prince  les  violences  ipion  exerce  au- 
'ourd'hui.  Ils  allèrent  d'eux-mêmes  h  Rome 
et  écrivirent  leur  rétractati(»n  en  présence  de 
l'évêtpie  et  des  prêtres,   après  avoir  écrit  à 
Athanase  une  lettre  d'amitié  et  de  paix.  S'ils 
se  iilaigiienl  qu'on  leur  ait  fait  violrii(M>,  s'ils 
rccouuaisscnl  que  c'csl  un  luul,  ii  vous  le 


36 1 


OSI 


OSl 


Sflt 


d('i>;a|)|ii(»nvi'/.,  arr/^lcz  vuus-iiu^mcs  vos  vio- 
icmi  s;  ii'(Miivc/,  plus  (le  Icllrcx,  n'ciivd}  (?/, 
|»lus  (locoiiilos  ;  ni|)|»('lt  /.  Ii's  cxi.i's,  «le  pour 
(pic,  lorscpid  vous  vous  pliii^'M;/.  dn  ers  vio- 
liiiiics  pi(''l("ii(iiio>,  vos  miiii.slrcs  n'nii  lasMiil 
»Mix-llli^lil(\s  tilt  iV'clIrs  cl  (le  plus  ^laiiilc.s. 
Qd'i'sl-cinpio  (loM'I.'i'ila  l'.iil  tic  scimIj  aliln 
?l(()(pic  nous  vov'iiis  ?  (JucI  cv(\pM;  a-l-il 
i)juiiii  ?  A  ipicls  jii,;;ciiiciils  cccU''sias.i(pics  a- 
t-il  viMilii  pi'csi.icr  liii-iiu"'mc  ?  Ses  ulliticrs 
oiil-iisjaiiiais  coiiliainl  de  sIj^ikm'  la  coiidaiii- 
naliou  de  per.soine,  poiii-  ipic  \aleii.s  et  les 
siens  puisse  't  avett  ipielipio  viaisenihlaiieti 
ava'icor  ce  cpi'ils  di.>rul  ?  Ne  vous  engH,^e/ 
pas  dava'Ua;-çc,  je  vous  en  coijurc.  Souvenez- 
vous  (|ue  vous  (Hes  un  lionnne  niorld,  ctvii- 
guez  le  jour  du  jn;^enicnl.  D.spose/.-vous  ;\ 
aj)paiailre  nur  cl  inépréluMisihie.  Ne  vo  .s 
ingère/,  poml  dans  les  allaires  ecclésiasli- 
(luos.  Ni'  nous  prescM'ivcz  rien  là-ilessus.  Ap- 
j)rcnez  plulùt  de  nous  (;e  ipie  vous  en  devez 
croin».  I)i(>u  vous  a  do-rié  le  gouverneuient 
(le  Tenipire  ol  ;\  nous  celui  de  rilglisii.  Qui- 
conipie  ose  atlenler  i^  votre  autoi'il.'  s'oppose 
à  l'onlre  de  Dieu,  l'rencz  garde  de  mcnie  de 
vous  rendre  coupable  d  un  .;rand  ciinie  en 
usurpant  l'auloiilé  de  iMiglise.  Il  nous  est 
ordonné  de  rcndrti  à  César  ce  (jui  appartient 
à  Césai',  et  à  Dieu  ce  qui  aiparlient  à  Dieu. 
11  ne  nous  est  |)as  permis  de  nous  attribuer 
l'autorité  impérial.'.  Vous  n'avez  aussi  au- 
cun pouvoir  dans  le  ministère  des  choses 
saintes.  Voilh  ce  que  j'ai  cru  devoir  vous 
écrire  dans  le  désir  que  j'ai  de  votre  salut  ; 
c'est  toute  la  réponse  que  j'ai  <i  l'aiie  à  vos 
lettres.  Je  ne  (H)mmu'ii(juerai  point  avi  c  les 
ariens  ;au  contraire,  j'aiatlicmatise  leur  hé- 
résie. Je  ne  sousciirai  i)oint  à  la  condamna- 
tion d'Athanase  dont  nous  avons  reconnu 
rinnocence  avec  l'iiglise  de  Rome  et  avec 
tout  un  concile.  Vous  l'avez  reconnu  vous- 
même,  loisque  vous  l'avez  rappelé  et  que 
vous  lui  avez  permis  de  s't  n  rciourncr  avec 
bon  leur  en  >o\  pays  et  de  rentrer  dans  le 
gouvernement  de  son  Eglise.  D'où  vient  donc 
ce  changement  ?  Qu'e.st-il  arrivé  de  nouveau? 
Les  accusateurs  qui  paraissent  aujourd'hui 
contre  lui  sont  les  mêmes  qui  l'aiiaquiient 
en  ce  temps-là.  Les  calomnies  secrètes,  (car 
ils  n'osent  pas  parler  en  sa  présence)  les  ca- 
lomn.es,  dis-je,  qu'ds  ci»nlinuent  à  répandre 
contre  lui  sont  les  mème>  qu'ds  publiaient 
avant  que  vous  le  rapj)elassicz,  les  mêmes 
(ju'ils  objectaient  contre  lui  à  Sardique,  et 
(lont  ils  ne  purent  donner  aucune  preuve 
quand  je  leur  en  demandai.  S'ils  en  avaient 
eu,  ils  ne  se  seraient  p  s  retirés  si  honteuse- 
sement.  Avez-vous  oublié  ce  que  vous  dîtes 
et  ce  que  vous  écrivîtes  alors  ?  l*ensi'z  à  vous, 
je  vous  en  conjure  ;  ne  vous  laissez  pos  aller 
aux  vohmtés  de  ces  hoannes  perdus  dhon- 
neur  et  de  religion.  En  voulant  les  ooliger 
pour  vois  les  rendre  amis  ,  vous  vous  ren- 
drez coupable.  Vous  rendrez  compte  tout 
seul  au  jour  du  jugement  de  ce  que  vous 
faites  t  n  leur  l'av  ur.  Ils  e.npioieiit  votre 
autorité  pour  accabler  celui  (lu'ils  haïssent. 
Ils  veulent  vous  rendre  l'insirumenl  et  le 
ministre  de   leurs  desseins   criininels,   ils 

DiCTiONN.  DES  Persécltions.  IL 


clicrclii-nl  h  nilrodinrc  l'Iiérésie  dans  l'Eglise 
par  voire  inoyt  n.  Il  n'y  »  p'is  de  prudc'ici-  h 
M' jeter  dans  de  si  grands  périls  pxiir  !H(!rvir 
la[ia>sinnd(vs  aniies.ilessi  z  donc,  princp,c(fs- 
se/,  cl  nren<  royez.C.'e.sl  lelangagcqiH.jrMJuis 
vous  tenir  ci  vous  ne    cve/  pas  le  mépriser.  » 

II  le  lettre  si  adiniralilc  n'enipéiha  pas 
(îoiistant-e  de  cotiluiii<-r  i  le  me  la 'cr  et  h 
chercher  |Ucl(piepr(''lexlec()iitic  lui  puiirpou- 
voiidii  le  conir.iindre  par  lorccî  de  Im  obf-ir, 
ou  avoir  sujet  de  h;  bannir.  Mais  la  sanilelé 
de  sa  conduile  était  lrop<onniieet  liop  hors 
d'alleinle  pour  y  troinnn-  sfniletneni  fpi  1^11(3 
appa  inicede  crime,  si  ce  n'est  da  is  l'.i  Imhim 
evlième  (pi'il  avait  pour  l'h'résiu.  Ce  lut 
donc  le  seul  |)oiiil  (pu  put  scn'vir  de  malic^'ie 
aux  accusat(Mirs  de  ce  prélat,  et  pour  en  aug- 
nienler  le  poids,  ils  lire  U  (;nt(nidreh  l'empe- 
r(nir  (pj'il  y  avait  encore  d'autres  évé(jues 
(pii  emhrassaMMil  ses  S(!ntim(nils,  (^oiislanco 
tenta  prinnièiemeiU  ceux-ci;  mais  ne  les 
ayant  \m  obliger  h  .souscrire,  il  manda  0  fin 
Osius  et  le  retint  un  an  eiiti(n-  à  Sinnich 
(domine  en  exil.  Cette  peine  qu'Osius  sonf- 
iVait  depuis  un  an  ne  p  rui  pas  er'cor.'  assez 
grande  aux  ariens,  pour  un  homme  Agé  de 
cent  ans  et  plus.  Constance  l'accabla  encore 
d'adlictions,  d'injures  et  de  menaces,  s'ima- 
gin.nt  que  ce;  serait  un  grand  témoignage 
pour  la  vérité  de  SI  foi,  s'il  la  faisait  embras- 
ser à  cet  évê(iue,  de  gré  ou  do  force.  On  per- 
sécuta à  cause  de  lui  tous  ses  |)arents,  on 
en  vint  même  jusqu'à  une  violence  ouverte; 
on  lui  lit  endurer  une  infinité  de  coups,  de 
gêni's  el  de  contorsions  très-douloureuses,  de 
sorte  que  la  faiblesse  de  son  corps  céda  en- 
hn  à  celle  tyrannie,  et  il  consentit  enlia  à 
communiquer  avec  Ursace  et  Valens. 

On  peut  juger  quei  fut  1  élonnement  géné- 
ral :  Ic'S  ariens  en  lirent  des  trophées  jusqu'en 
Frai. ce,  mais  les  évèques  catholiques  ne  s'en 
ébranlèrent  i;oint,  quehiue  affligés  qu'ils  fus- 
sent. On  a  p-ulé  en  bien  de  dive.ses  manières 
sur  la  chute  de  ce  grand  évèque  :  saint  Hiiaiie 
attribue  sa  faute  à  l'amour  bien  naturel  à  un 
vieillard,  de  mourir  dans  sa  pa'rie,  et  les 
prêtres  lucifériens  ,  M.ircellin  et  Faustin 
disent  qu'il  céda  aux  menaces  de  Constance, 
parce  qu'étant  vieux  et  riche,  il  craignait 
d'être  banni  ou  dépou  lié  de  ses  biens.  Après 
qu'il  eut  signé,  on  le  reivoya  en  Espagne 
gouverner  son  Eglise  de  Cordoue.  Les  mêmes 
luciféiiensrapjiortentde  lui  une  histoire  bien 
remarquable,  qui  arriva,  dirent-ils,  peu  de 
temps  après  son  retour  en  Espagne. 

Osius,  à  son  retour,  ava  t  encore  plus 
d'autOiité  qu'auparavant,  il  était  porteur 
d'un  ordre  de  Constance  pour  faire  bannir 
tous  ceux  (jui  refuseraient  de  communiquer 
avec  lui.  Grégoire,  évt^que  d'Elvire,  rctusa 
absolument  sa  communion.  Osius  en  colère 
l'atant  fait  appeler  à  Cor  .oue  devant  C;é- 
mentin,  g  )uverneurde  la  province,  et  quan- 
tité de  personnes  s'était  asse  nblées  pour 
voir  quelle  se  ait  l'issue  de  cette  atlaire,  ils 
disputèrent  longtemps  l'un  contre  l'autre  : 
eiuii  Osius  somma  Clémentin  d'envoyer 
Grégoire  en  exil  conformément  à  l'ordre  du 
prince.  Clémentin,   soit  par  le  respect  qu'il 

12 


Z6' 


OST 


OSW 


364 


portait  à  l'épiscopat,  quoiqu'il  U\l  pnïen, 
so  l  qu'il  t  oi;v,\l  qu  •  Gr;^^o:re  avait  nusoti, 
dit  à  O^ii'is  qu'il  ii'o<;ail  pns  bannir  un  /'vô- 
nuc,  rmis  quo  quaml  il  l'aurait  il  'pnsi'\  il  le 
binnirait  aussitôt.  «irr-;oiro,  v  )yant  qu'Osius 
se  piottait  sur  cela  on  «^iat  do  lo  (léi)03er.  in- 
voqua Diou  Jï  son  secours,  et  lorsprO^ius 
voilut  proioncer  la  se  iton;-,.;,  si  téio  of  sa 
b  vichr»  so  tournôrenl  ;  il  tomba  Je  son  sii^j^e 
h  iprrc  ?t  fvit  f^mnort '•  o;i  iit  )rt  on  muet,  et  le 
ju^e,  rrai^^r.ant  (r<^pro\iver  an'^si  l'etf-lde  la 
justice  (le  Dieu,  se  jeta  aux  pie»ls  de  ffré- 
goire  et  lui  d  *manita  pardon.  Saint  Atha- 
nase  assure  divers^'S  fois  qu'il  ne  né^li^^ea 
poi  it  la  fauto  q  /il  avait  t'ait),  mais  qu'«^lanl 
près  lie  mourir,  il  pro  esta,  conini;  par  son 
tc^tain'MU,  l'e  la  vio  euci;  qu'il  avait  soufîirfe; 
il  anal'i  '«matisa  llioWésic  dos  ariens  et  exhor- 
ta tout  îe  inonde  à  la  rcj':tt'r.  Saint  Au^îus- 
tin.  d  •  s  ui  CiMl',  nous  assure  que  par  l'aveu 
mt^ue  des  donatistes,  qui  voulaient  noircir 
sa  rép;itation,  il  était  mort  <hns  la  comimiu- 
nion  d-s  éviV]ucs  d'H^pa^ae  :  m  qui  n^fute- 
rait  fortem  ut  l'histoire  de  Marcellin  et  de 
Fau-lin.  Les  Tirées  l'honoreut  mèi.)e  pu!)li- 
qucMie:it  le  '21  aoiU  ro-Tiiiie  coM'esseur.  Ouoi 
qu'il  en  soit,  il  est  b  eu  fùchoux  que  iiOus 
soyons  réduits  5  dire  que  Diou  a  pe  d-ètre 
faii  inisiTicorde  à  Osius  par  la  pénitenre  II 
ne  nois  reste  Je  ui  que  soi  excelleiitc  lettre 
à  Con-^tance  On  lui  attribue  encore  un  livre 
sur  la  louan'jn  de  la  virginité,  adressé  à  sa 
sj?ur,  ctf  )it  bien  é-  rit. 

Oà-Mii).  petite  ville  d»^  la  Marche  d' Ane ')no. 
Pinion,  proconsul  d'Asie,  revenu  depuis 
quelque  temps  eu  Italie,  avait  envoya';  djns 
UQC  ie"re  qu'il  possi^dait  en  ce  l'eu ,  les 
sii'ds  Diocl  "tien,  Florent  et  Sisinne,  dia.Te, 
qu'il  avait  anioués  av  îcluide  so  i  couve;  ne- 
nieut.  Il  avait  été  forcé  de  ne  p-as  les  garder 
dans  sa  maison,  de  cra  ntede  la  lerséout'Oîi. 
Tous  trois  fur-'nt  martyrisés  par  le>  habit;.nts 
du  |iav^,  qui  les  lapidèrent.  Il  y  avaità  Osme 
un  démon  célèbre,  au-juel  tous  les  trois  ans 
ou  olfrail  un  sacrifice  solonn  I.  Ce  démon 
ayajil  décaré  qui!  i:e  rendrait  plus  d'oracles, 
à  ni''ins  qiic  les  trois  saints  ne  sacr.rtasseiit, 
la  populace  s'om[)ara  d'eux  e»,  sur  leur  refus 
d'oifrir  des  sacriùcesaux  taux  dieux ,  les  tua  en 
Ips  nr4;at>l ant  d>-  pi  rres.  Les  rhréuens  ayant 
retiré  leurs  corps  de  dessous  cr^s  pierres,  les 
enterrtVeut  avec  liomieur  près  du  lieu  où 
leiii-  manyre  avait  éié  consommé.  {Voi/.  Si- 

SIXNK,    DiOCLKTIEN,    Fl.ORIOT.) 

OSORM  (le  bienheureux  Gaspabd',  fut 
mis  à  ni.jrl  pour  la  foi  le  1"  avril  16'1?>.  Il 
eut  pour  rompa;-;non  (ie  son  martyre  1  >  l'- 
Antoine Hipario.  Los  Cliirij^ua  les  (dans  le 
Tucuraan)  leur  do  uièro  it  la  mort  aûii  de 
les  uiii()é(her  de  piéetier  leur  foi. 

05St:N.\,  en  Espig  10,  ost  célèbre  par  le 
inart.To  pj'y  euduèri-nt  les  sainis  (lermain 
et  Servant,  du.a'it  la  piMSi-eution  ilc  Diodé- 
lion,  wus  VialO'ir,  un  de  ses  lieutenants. 

()!^riK,  0<tin,  maint'  liant  t»ourg  de  IK'at 
de  I  E^li-e,  a  lembo  .cluno  du  Tibre,  autre- 
f  is  villi'  et  port  cousid.'rabif.  SoU!*  l'empe- 
re.if  A  fxandr.',  lîlpieo.  pii'>',(f  rlu  prétoire, 
y  m  lueltio  a  uiOil  les  sjiuli  (juuiace,  évo- 


que, Maxime,  pr/^tre,  et  Arrhelniis,  diacre, 
avec  [)liJsiours  autres  chrétiens.  Il  y  fit  aussi 
mourir  saint  Astère,  )>rèire,  duquel  il  est 
parlé  daos  les  Actes  de  saint  ("lalliste,  pape 
el  martyr. 

Claude  II  le  fiothique  norséoutant  violem- 
mi'Ut  les  ehri'tiops,  Ro;nulus  'U'pius),  vicaire 
du  préfet  d  •  Kome,  lit  mourir  tlans  la  vi  lo 
d'Ostif-  un  très-^rand  nonibrc  de  saints  mar- 
tyrs. (Voi/.  Martyrs  d'Ostif.) 

Sons  l-  règ  '0  oi  durant  la  persécution  de 
Dio-létion,  cette  ville  fut  témoin  du  ^dorioux 
iiiart  .ro  qu'y  sonffrirent  fiou;  la  foi  les  saints 
Cl  Mide,  Fiéi)é  ligne,  sa  femme,  .Mexan  Ire  et 
Cuthias,  SOS  tils,  et  son  frère  Maxime.  Diocté- 
tien lui-même  avait  commaid.'^  leur  airesta- 
tion.  Comme  ils  appartenaient  h  une  famille 
des  plus  illustres  etdes plus recommandables, 
il  niftiitra  d'abord  '.o er  eux  une  douceur  qui 
n'était  pas  dans  les  habilu  les  do  son  carac- 
tère féroce  et  barbare.  Il  les  condamna  sim- 
plement h  l'ex  I.  M<u>  bientôt,  revenant  à  sa 
rage  accoutumée,  il  décida  qu'ils  périraient 
tous  au  milieu  des  flammes.  La  sentence  re- 
çut sonexé."etion,et  l'on  vit  toute  cette  sainte 
tamille  sur  le  bilclier  où  s'acco.npiissait  son 
sacriiice,  offrir  h  Dieu  ses  souffrances  .ivec 
un  courage  que  la  foi  seule  peut  mettre  dans 
le  cœur  des  hommes.  Los  païens,  (lui  ne 
voulaient  pas  que  les  fidèles  recueillissent 
les  r<  stes  des  saints  martyrs,  pour  leur  ren- 
dre les  devoirs  qui  leur  étaient  dus,  les  je- 
tèrent dans  le  Tibre  ;  mai<,  malgré  celte  pré- 
caution, les  chré  iens  purent  en  retrouver  la 
plus  grande  partie.  Ils  enterrèrent  ces  saintes 
reiicpies  près  de  la  ville. 

OS  riE.N  (saint),  prêtre  et  confes.scur,  souf- 
frit de  gra  ides  tortures  pour  la  défense  de 
la  religion  chrétienne,  en  Vivarais.  Nous 
ignorons  les  circonstances  et  l'époque  de 
son  combat.  L'Eglise  l'hoûorc  comme  con- 
fcssnur  le  TO  juin. 

OSWALD  (s.iint),  roi  et  martyr  en  Angle- 
terre, mourut  en  combattant  pour  la  défense 
du  christianisme,  ou  l'an  6V2.  Il  était  fils 
d'Ethelfrid,  qui  avait  été  tué  par  Redwald, 
roi  des  Est-Angles,  et  après  la  mort  de  son 
père  il  s'était  rét^igié  elie  :  les  Scotii,  avec 
SOS  frères  LanfVi.l  et  Oswi.  Ils  fure  it  instruits 
d  '  la  religion  chrrfiotine  d  ns  c«'l  exil,  et  y 
rerureut  le  baptême.  Ëdwin,  bis  U'Alla, 
régnait  sur  les  Northumbres.  Ce  prince, 
après  dix-sopl  a-vs  do  règne,  fut  tué  en 
combattant  IN^  ida,  roi  de  Wercio,  el  Cadwal- 
loi,  roi  des  Bretons  et  des  Gallois.  Après 
cet  évéiienienl,  les  nis  d'Klhelfri  I  revinrent 
et  furent  rem  s  en  p()sse  sioii  de  leurs  Etals. 
Lanfrid  lalné  eut  lo  royaume  de  Déire,  Osw  i 
celui  de  B>'riiicie.  Ces  deux  princes  aliju- 
rèront  la  religion  elirétieunc  pour  plane  à 
Cadwallon,  «jui  cep^idanl  les  tii  bioniùt 
mourir. 0>wi  lut  tué  par  lui  da  's  ui'e  bataille. 
Lanfiid  fut  a^sasiiui'.  0s«ald,  leur  freie, 
recueillit  leur  succession.  .\u  lieu  d'ab;urer 
comme  ses  frères,  il  lit  tout  ce  qu'il  put  pour 
r»:tuer  i.cs  sujcis  de  r.idoration  des  idoles 
et  po  ir  les  amener  5  la  connaissance  du  vrai 
DifMi.  Cadwallon ,  que  certains  nomment 
CaUwalla,  viul  au5.^l   l'attaquer  avec  des 


505  OTA 

Jorcos  snpt^iii^tiros.  Osw/ild  m(vi;\  sps  «oldats 
ail  ("'iiiliiit  s.i  'S  niiii|tl  •!•  W's  ciiUMii  s,  ol  so 
liBMl  c'i  1)  ou  ;  il  p'aiil'i  iiik'  K'"  '"J''  i'">ix  «lu 
|>()i<,  cl  invita  tous  I  s  sdIiuiIs  qiii  coiiino- 
saii'iil  SCS  lioiijics  h  piifi'  le  Dii'ii  ilc>  cliic- 
licii!»  |Miur  «voir  la  vit  loirc.  l'on''  se  pros- 
fciii<''i'i'iil.  l't  ciisiiiic  iiinrcimiil  .1  rciiin'iiii, 
iL>  Kii  lirciit  ('piouvci-  uni'  cl'.titi'  couiplclr. 
t:«;h\«ll(»n  }■  lui  lue.  Lu  croix  (jui  fui  i n^^cc 
(Ml  < clic  ciii'oiisl;  iii'C  f.it  le  |)ri'inicr  iii'iiai- 
nii'iit  cluélicii  liais  1.'  royaume  des  H,  riii- 
Cieiis.  OsNNalil  lil  vtuiii'  Scinii  Aula  1  pour 
jiiô;  hcr  sou  peuj)  e.  Coiniiie  dans  les  coin- 
uiou' cnienls  ce  sai  il  piéou' tleiir  ne  savait 
pas  la  langue  du  pays,  i  0  fui  le  roi  lui-uiCiuo 
qui  lui  servit  iriiiieipiMt).  Le  zèle  cpic  ce  loi 
mou  la  u  •  Se  denieiiiil  pas  :  il  coiivrit  son 
pays  d'ùglises  et  de  mouaslùres.  Après  Iniit 
ans  diui  it',:;ue  lieuieiix,  ce  inincv'  i'ul  atta- 
qué par  Petida,  le  luotiiliiei  de  taiil  du  r  >is, 
le  môuie  ijui  ava;l  lue  sai;U  EJwiii.  Oswald 
l'avait  vaincu  au  coinnicncoinent  de  sou 
l'èfic-;  mais  |  ou  ;\  pt^u,  s'elaut  iclevc  du  ses 
perles,  le  pruicc  l)ar;>art!  revint  à  1>  icio 
d'une  ann  e  p.uissauto,  el  allaipn  OswakI  ; 
celui-;  i  iiKuclia  a  la  reiiconli  e  oc  renneini  ; 
mais  coui,  \éU  nienl  inférieur  on  l'orces,  d  fut 
dcfa'.l  el  perd.l  la  vie  dans  le  con  bit.  Celle 
affaire  eul  lieu  le  5  aoù.  Gl'J,  da  s  u  1  ii<  u 
nommé  MaserlielJ.  Pendu  lui  lit  cou,ier  les 
bras  el  la  lèle,  cl  ies  lii  atl.\cher  h  des  pieux  ; 
mais  lu  fièiC  du  sai'il  c^ail  r  les  ayant 
eidevé»  l'année  suivai. le,  po  ta  le  chef  à  Lii- 
disfaïue,  el  eni[)oiia  les  hr.is  dans  son  palais. 
Le  chei' lut  conservé  da  i>  la  chlsse  .e  sai'U 
Culliherl,  élira. st'éié  plus  tardif  Durham. 
Le  bras  dioil  clad  anc  iu  Micmcnl  conservé 
à  Baiv^bar^h.  Le  le-te  uu  cor|»s  fut  donné 
au  mouaslère  ne  Bard'iey,  dan.^  le  comté  de 
LuiC-lu^  Uue  parliu  de  cos  saiiitos  re  i  ]uos 
fut  poilée,  en  1221,  dans  l'abbaye  de  Berg- 
Saiiil-Vuioc  en  l-.andre.  Les  calvinistes  les 
y  brillèrent.  L'K-;lisu  célèbr»>  la  fête  de  ce 
saint  rui  le  5  ajùl,  jour  anniversaire  de  sa 
mort. 

OTA  (Julie),  était  une  jeune  Coréenne, 
née  au  >eiu  d'une  famille  illustre  et  puis- 
sante. Liie  ét.iit  lrès-remar,,a.tble  par  les 
qualités  que  la  nature  et  l'éducatiou  avaient 
mises  lU  ei!c.  Oi.  ne  savait,  quand  on  la 
voyait,  ce  qnon  devait  admirer  le  ^  lus  ou  de 
la  'beauté  de  son  visage  ou  de  la  grâce  de 
soii  esprit.  Elle  avait  rôjni  ces  deux  trésors 
quon  trouve  si  rarement  cîiez  la  femme, 
qu'on  dirait  que  la  uosses^ioii  de  l'ur»  est 
exclusive  de  celle  de  l'autre.  On  ignore 
quelles  ciiconslances  l'anienère  U  a  la  cour 
du  ■  ubo-Sama.  Ce  que  l'on  sait,  c'est  quil 
lui  portail  un  inmiense  iilérèt  et  qu'il  avait 
mis  uie  espèce  d'-iinour-piopre  à  en  faire  le 
plus  brillant  parti  de  sa  cour.  En  l'an  1613, 
quand  cet  empereur  décréta  la  [>ersécutiou 
Contre  les  chréliens,  cette  jeuue  illle,  pour 
attirer  sur  elij  ies  grâces  Ju  Seigneur,  ûl,  à 
])arl  r  de  ce  •moment,  un  vœu  de  c'.iasteté 
j>erpéluelle.  L'emper>mr  lut  cxt  èmement 
ir.ué  de  celte  déter.nin>'ti»n,  prise  par  une 
ieunefrle  qu'il  avait  coinbléu  de  bie  is  eldiî 
Jat^ueiJe  il  était  passioaii.^mcut  é^;n^.  ^i)rijs 


OIT, 


7M 


avoir  fail  auprès  d'elle,  mais  innlilemeni, 
l'Uil  ce  ((h'iI  put  leniiT  |io.ir  lu  vaiii<:re,  il 
la  r  mil  entre  les  mains  de  .^old•lU  qui  la 
iiidiiienè;enl  d  lie  en  ijr,  avec  doux  jeune» 
lilles  ses  cnnqwig'ii  .s,  Lui  !•'  cl  Clara.  II9 
lini>c  II  [lar  la  laiss  r  dans  une  'lu  ces  llus  où 
il  n'y  avait  pas  u'u>.lrcs  lu.l)ila  ils  (pie  de 
pauvres  |ièclicurs.  Ils  j'y  i\U,i  'drtnnèiviil 
S(ni|e  (;l  ba  >s  re.5>,nurces.  l'en  janl  M)  uns 
qu  l'Ibî  y  ri'sta,  ce  fut  a  p(nn(?  si  elb?  put  jr 
liouver  u  1  4;bri  pour  s'y  meUic  ,'i  eoiivi  ri. 
lC;evée  dans  le  ji.xe  el  dans  les  di  lirai (.'Jises 
(j  li  so  U  ici-bis  l'apa 'a.^  •  des  ri' In  s  (  l  des 
piiivsa  Us,  iu;  (lui  I  asv(j.  son  exisicficedans 
celle  ileoù  tout  inan  piail  ù  ses  ncsoins.  Nui 
secours,  l'ullc'  consolation,  ne  l'y  menaient 
trouver  de  la  part  do  lioinmes  Uicn  seul  la 
secouiail.il  lui  envoya,  durant  ce  long  exil, 
Imites  les  gnlces  qui  l'ont  licjuv.r  r.-xislcice 
bo  me  el  dou' e  au  mi  ieu  des  onUr.inccs 
qu'un  eiid. ire  pour  lui.  Dans  les  (ommence- 
nii"its  elle  éprouva  b"ani0'i|»  de  (  fiagrin  dfî 
n'avoir  pas  été  .:n,:,ée  dig'e  de  lecevoir  la 
couronm;  du  nioil.\re  ;  mus  un  jésuilo,  le 
1*.  l'asio,  à  (pii  elle  écri\il  h  cet  t^gard,  lui 
ayant  lépijiidu  (pie  ri''gl;se  recouna  ssait 
comme  malyis  bea.icoup  de  saints  qui  n'a- 
vaient soulleri  (pie  le  birnis-cmenl,  elle 
fut  consolée  cl  lerm  na  su  vie  dans  la  paix 
du  Seigneur. 

OTHON  (sain'),  martyr,  é'.ait  religieux 
dans  l'ordre  de  ïsainl-Fiançuis.  11  cueillit  I4 
palme  du  martyre  A  Méroé  en  AlViciue.  Ou 
ignore  en  qm  lie  année.  Il  eul  j-oir  compa-r 
gnons  do  ses  combats  les  saints  l'ierrc, 
Bé.ard,  Accurse  tt  Ajut.  L'Eglise  fait  leur 
l'clc  le  1()  ja  iv.rr. 

OL'iL  (sa.nl).  Voy.  Atoile. 

OUHS  ('«a. Ml),  fut  martyrisé  à  Soleur(», 
ville  de  Suisse,  avej  saint  Victor,  son  com- 
pagnon. Ces  deux  soldats,  qu'  faisaient 
])art.e  de  la  légion  Tliébéenne,  sm  ffrirent 
d'abord  de  ciu.ls  snj'plices  soijs  l'empe  eur 
Maxmiien  ;  mais  une  I  miièfe  céiestu  brillant 
sur  eux,  les  exécuteurs  tombè/en'  fiar  tei-re 
et  ils  furent  dé  iviés.  Jetés  ensuite  dans  le 
feu  et  n'en  aya.^t  reçu  aucun  mal,  ils  péri- 
rent enfin  p-îr  le  g  aivi-.  L'Eglise  lait  leur 
mémoire  le  30  septembre. 

01 RS  (.-aintj,évêque  ei  confesseur,  souffrit 
pour  la  défense  de  la  foi  dans  la  ville  de 
Ravenne.  Les  circonstances  qui  il.ustrèrent 
8")^  combat  nous  son  inconnu  s.  U  est 
honoré  dans  l'Eglise  comme  confesseur  le 
13  avril. 

OURS  (saint),  évoque  et  confesseur,  eut  le 
glorieux  [)rivilége  de  ^oulrl■ir  pour  la  défjnse 
de  sa  foi,  à  Auxerro.  Nous  ignorons  les 
circo-^slai.ces  cl  l'époque  de  son  combat. 
L'E.-,lise  fait  sa  fête  le  30  juiilet. 

OU-CUE-SAN  ,  mandarin  mantchoux,  qui 
siégeait  au  tribunal  des  crimes  de  Pékin  en 
1737,  fut  chargé  de  l'affaire  de  Lieou-Eul,ca- 
lécliist.'  dos  Pères  po  tugais,pris  iuranl  qu'il 
baptisait  à  rn:,pital  des  Faa\\\  ts-Trouvés.' 
11  montra  une  extrèmr'joieJaiscct'e  circons- 
tance, (>a.ce  que,  déle  taol  la  ieli";ion  chré- 
ti-niie,  il  dJsiiail  b.'aucoup.  c^.i-j  que'que 
ûiîaire  la  coaccrnaat  lui  toaiîjjlt  e.iire  les 


387 


l'Ai) 


PAC 


368 


inaiMS.  Il  essaya  d'abord  do  surprendre  le 
saint  cak'cliislo  en  lui  adressant  u  ie  f>ulc 
de  (|ue>tions  raptieuses  ;  mais  n'ayant  pu  y 
r(^iis>ii".  il  I  'i  lit  d  »'Vit'r  la  que^llon,  [irtVei- 
danl  lui  faire  avouer  (pie  les  ch  éliens 
ronverlissaie'^t  les  Chinois  (>n  leur  doinant 
de  1  argent.  Celte  grossière  errtnir  ne  put 
^tre  ar  aeh  e  à  Licou-Eul,  tpii  fut  remis  au 
président  mantchoux  du  tribunal,  (jui  se 
nonnnait  Nasi-liloa.  Ce  p'tSi  lent  étant  parti 
deux  jours  après  pour  Nankin,  en  qualité  de 
gouv-TUf-ur  g  Ml  rai,  l'air  lir-i  revi  it  à  Oi-C'ic- 
Sa  iq  iivoula  ty  metti-e  une  exiréuie  rigueur. 
L'opposition  que  lui  lit  un  collègue  lorça  d'en 
référer  A  Sonkia, président  chinois  du  mémo 
tribunal,  le  piel  l>IAma  l'excessive  sévérité 
d'Ou-Che-San.  Qu'aurait-ello  été  ?  Le  mis- 


sionnaire auquel  nous  empruntons  ces 
détails  nous  le  laisse  à  doviiu-r,  en  trouvant 
fort  nr)dérée  relie  que  le  président  prononça. 
Lieou-Eul  ne  fut  condamné  qu',^  [)oiter  la 
cangue  un  mois  duraiit,  et!^  recevoir  une  [>re- 
mièie  fois  cent  coups  de  bâton,  une  seconde 
fo  s  quarante. 

OV.VNDO  (le  bienheureux  Ferdinand), 
dominicain,  faisait  partie  du  couv  nt  que 
cet  ordre  possédait  à  Villarica ,  dans  le 
Chili.  Les  haoiiants  indigènes,  evcités  par 
les  nrètre.^  des  idoles,  immolèrent  n  tre 
bit^nheu  eux,  Paul  de  Buslamenle,  supérieur 
du  couvent,  un  novice  convers  et  quatre 
autres  missionnaires.  [Monumenta  domini- 
canoy  an.  1606.) 


PABAfi,  prince  arménien  de  la  fami'le 
Aravélé  a^k,  fut  l'un  de  ceux  qui  soulfi  ircnt 
volontaire  11  nt  la  ca[)!  vite  pour  Jésus- 
Christ,  sous  le  règne  d'Ha  guerd.  deuxième 
du  nom,  roi  de  Pers.',  et  tjui  ne  fuient 
remis  en  libs  té  et  renvoyés  en  leur  pays 
que  huit  ans  après  la  oiorl  de  «  e  prince,  sous 
le  règne  de  sou  tils  B  rose.  (Pour  plus  de 
détails,  voy.  Pbivces  aruémens.) 

PACHKCO  (  le  bienheureux  Alphonse), 
prêtre. de  la  Compagnie  de  Jésus,  fut  associé 
au  martyre  duB.  A  ]uaviva,rr(;t  >ur  du  roll  'ge 
que  les  jésuites  a  aien'  dans  l'île  de  Salcelte, 
a\ec  les  B.  Antoine  François,  Pierre  Bema, 
prêtres,  et  le  frère  roadjuleur  François 
Aragua.  (Tanner,  Socirtns  Jpsu  usque  ad  snn- 

?<uini.s  et  vitœ  profusionem  militnns,  p.  2^7; 
e  P.  d'Outreman,  /îcctieil  des  lioinmfs  illus- 
tres de  In  Compagnie  de  JésuSy  p.  io";  Du 
Jarric,  Histoire  des  choses  plus  mémorables, 
etc.,  t.  l,  p. 332.) 

PACHEt^O  (le  bienheureux  Emmanuel), 
Portugais,  de  la  compagni  •  de  Jésus,  faisait 
partie  des  soixa  ile-neuf  missiiMinaires  que 
le  P.  Azevedo  était  allé  recruter  ii  Bome 
pour  le  B.i'sil.  (J  0//.  r.irlirle  .V/i;vi.do.)  Leur 
navi  c  fut  priS  le  15  juillet  loTl,  |  ar  des 
corsaiies  c^il  inisles  ipii  les  massacière  itou 
I''sjelcfenl  au  mdieu  ue>  Ilots  où  ils  [m'-i iient. 
ïi'\  fut  le  glo  irux  iiiirl.re  di-  nolr<'  bieii- 
lieureux.  Du  Jarr.c,  Histoire  des  choses  plus 
memorahles, rli.,l.  H,  p.  2.8.  T.wmrr, Sonrtas 
Jrxu  usqur  ad  sanguints  et  vitiP  profusionem 
mililans,  p.  lOO  et  170.) 

PACOvIE    (saint),  martyr,  versa  son  sang 

[lo.ii  la  foi  h  Alexandrie,  durant  l.i  per>é- 
culion  qu"'  reiiipt'reui  tialere-.Maximien  lit 
soulfrir  aux  dis  iples  du  Christ.  11  cul  |)our 
compagnon  de  sa  ^loirt-  Its  saints  Fausie, 
prêtre,  Didio  et  Aiuiiione.  Phi.éas,  nésK^ue, 
Théodore,  évêque  égyptien,  tl  six  cent 
soixante  au'resi;ot;t  nou>  ignorons  les  noms. 
LE3I1S0  honore  leur  mémoir.'  le  26  no- 
vembre. 
VMAJUZ,  ville  dTtolio,  où  samto  Justine 


fut  martvrisi''c  pour  la  foi  chrétienne,  en  Tan 
de  Jésus-Christ  30'i. 

PAEZ  (le  bienheureux  Gasp.4bd),  martyr, 
mourut  pour  la  foi  calholiq  le  en  .\byssinie, 
le  25  avril  1635.  Il  était  du  nombre  des  six 
jésuiti'S  qui  avaient  été  désignés  pour  rester 
en  .\b. ssi  lie, quand  la  persécution  duNégous 
Basilides  fo  ça  le  patriarche  Meiide/.  et  ses 
compagnons  de  quitter  ce  pays,  où  les  avait 
fait  venir  Mélec  Segued.  Pris  par  .Melca- 
Christos  ,  vice-roi  du  Tigré,  avec  les  PP. 
Bruno  de  Sainte-Croix  et  Jean  Pereira,  il 
fut  conduit  avec  eux  au  camp  du  vice-roi, 
fpii  les  fit  tous  les  trois  percer  devant  lui  h 
coups  d'épée.  Paez  mourut  sur-le-champ  do 
ses  blessures. 

P.VGNON,  de  la  compagnie  de  Jésus,  cul  à 
soutenir  de  violentes  pcrst'cutions  à  Alep, 
avec  le  P.  Sauvage,  vers  l'année  1692  envi- 
ron. S'étaiit  Occupé  à  faire  réparer  une  mai- 
son qui  lui  avait  été  donnée  [>ar  M.  Lemaire, 
coiiNul  d'Alep.  il  fui  accusé  par  s-  s  ennemis 
d'avoir  voulu  faire  bâtir  une  chapelle  pu- 
bliipie.  Des  soldats  vinrent  le  prendre  cl  le 
conduisirent  au  cadi  qui  lui  tit  iiieltrt*  nu 
carcan  et  l'envoya  en  prison.  Heureusement 
poui  lui,  M.  Lt-niaire  interposa  son  autorité 
cl  le  tira  des  mains  de  ses  ennemis. 

PACiOlB,  prince  arménien,  de  la  famille 
de  Suiiik,  fut  l'un  de  ceux  qui  soulfrirent 
volontairement  la  capt.vité  pour  Jésus-Christ, 
sous  le  règne  dHaigiierd,  deuxième  du  nom, 
et  (pii  ne  furent  rems  en  liberté  et  renvoyés 
en  leur  pays  que  huit  ans  après  la  mon  de 
(T  prince,  su  .s  le  règne  de  son  lils  B'-rose. 
(Pour  plus  de  détads,  voy.  Princes  Armé- 
nien .) 

P.\(iL'.\,  île  de  la  Sonde,  voislnr*  de  Solor, 
martyrisa,  en  1602,  le  P.  JérAme  Mascaren- 
has.  (]ui  y  annonçait  la  fui.  En  l'an  1621,  le 
20  janvier,  les  baibarcs  habiianls  d  cette 
île  ,  ayaiit  reconnu  pour  dominicai-^s  les 
PP.  Simo  1  de  la  Mère  de  Dieu,  et  Jean- 
B,;ptis.e  de  la  Foi tezi^a,  51»  saisirent  deux, 
leur  ticherent  de  grands  clous  dans  la  tête, 
le'ur  coupèrent  les  bras  et  les  jambes,  et  leur 


5«tf 


l'AL 


l'\L 


370 


flVftMl  armclH^  \o  avuv,  In  maiiKi'^ronl  nniMVs 
ravoir  lail  Kiillt'i-.  On  racotili'  (|uo  cns  (Iciix 
mi'^sioMMMin's  ii|iitanin"ii  vivants,  pon  <lc 
jours  a|>|•{^s  leur  inailyn",  aii\  yciu  de  cciix- 
l<\  iiK^iiKt.s  (|iii  les  avai(Mil  si  (rticlh'iiiciil  mis 
h  niiwl. 

TAIS  (le  hioiilwMircnx  Ai.iMiONSK-AiNhuf:), 
(l(>  la  ('(tnipa^^nit^  ilo  J(^>ius,  Porlui^ais,  faisait 
|ni-li(Ml(f  la  li'oiipo  (le  inissii'iiiiair*<s  (|tic  In 
1».  Miaz  coMiliiisail  an  Hii'sil  ;i  la  snilr  <lii  I*. 
Azovodo.  Ihi  mois  apr«)<  le  di-pail  dii  Saitit- 
Jticiliics,  i\\\'\  poiiait  ce  d  rn  vv,  Diaz  cl  ses 
«•omi'''>n''<n>si|nill(''ifnl  MatU^rr,  ali  idc  pour- 
suiviM^ia  ronl(>  vers  Ui  IJiHvsil  avec  le  r(vsi('  de 
la  llollc.  \.;\  lcmp(M(>  ava'tl  dispcrsi.^  les  iia- 
viit's  d('  rcscadi»',  celui  (pi(î  monlaicnl  noire 
bio  ihciM'env  ri  ses  compai/iMons  dévia  vers 
l'île  de  ('nl>a,  el,  ?i  San-lai;o,  on  dnl  ahandoii- 
iier  le  vaissean  (pii  l'aisa'l  eau  de  lonles 
parts.  Les  voyaj^ieurs  liouvérenl  nie  l)at(|uo 
(pii  les  (•ondni>>il  an  port  o'Aliana,  d  où 
un  navire  tpi  ds  y  iVélèicnl  les  lia-isporta 
aux  Ayoros,  le  mois  iTaoùl  1571.  Ils  y  Irou- 
V(>iOMl  le  commandant  de  la  llolle,  Louis  do 
Vascoucellos,  avec  le  l*.  Dia/  el  cinti  anlios 
jésuites  ([ui  les  y  avaient  préiédés.  L'annral, 
voya'itson  mo-ulesi réiiuil,neconserva (pi'uii 
navire  et  ils.so  rtMnl)ar([ui>i(MU  l;'  0  se[)lem- 
bre  1571.  BieuliM  ils  reucontrùreiit  cin(i  vais- 
seaux de  liaul  bord,  conunandés  par  leBéar- 
na  s  Capdeville,  ealviuisie,  ([ui  avait  assisté 
à  rabordau;o  du  Sainl-Jacnues.  LecùUïbal  no 
fut  |)as  louj;,  el  les  c'dvinisles  s'emnarèrent 
du  vaisseau  catholi;pie.  L(^  bienlioureux 
Diaz  fui  massacré,  puis  jeté  h  la  mer  (le  13 
sopiembre).  Franijois  de  Castro  (onfessait  le 
pi  ote  au  momeul  où  les  calvinistes  mon- 
taient h  l'abordage;  il  fut  iiia>sacré.  (laspard 
Goes  subit  le  même  soit;  le  P.  Micliel  qui 
avait  été  renfermé  avec  d'autres  durant  la 
nuit  dans  la  cab  ne  do  Louis  d>'  Vascoucel- 
los, ayant  jeté  un  soupir  que  lui  arrachait 
la  blessure  de  son  bras,  au  moment  où  on 
les  lui  liait  derrière  le  dos,  les  calvinis- 
tes se  saisirent  de  lui  cl  le  jetèrent  à  la  mer 
avec  le  B.  Fiançois  Paul.  Pierre  Fernand 
fut  précipité  ég.dement  dans  les  tl!)ts,  et  fut 
noyé  presque  aussitôt  avec  Jean  Alvaro,  ne 
sach  <nt  na^ijer  ni  l'un  ni  l'autre.  Alphonse 
Ferna-idez,  après  s'être  soutenu  sur  It^s  Ilots 
pendant  plusieurs  heures,  s'enfonça  enfin 
vers  minuit,  en  récitant  leMisei'ercmci,  Deus. 
Alphonse  André  Pais  se  noya  é. paiement 
en  prononçant  le  saint  nom  de  Jésus.  Les 
autres  compagnons  de  leur  martyre  furent 
un  antre  Pierre  Diaz,  Portugais \  Jai  ques 
Carvalho,  Portugais,  et  Feiiian  I  Aivares, 
aussi  Portugais.  (Du  Jarric,/i/sfo«re  des  choses 
plus  mémorables,  eic,  t.  IL  p-  295.  Tanner, 
Societas  Jesu  usque  ad  sanguinis  et  vitœ  pro~ 
fusionem  thililans,  p.  17i  et  177.) 

PALLADE  (sainte),  fut  martyrisée  avec 
Suzan-ie  et  Marciemie.  Ces  trois  saintes,  qui 
étaient  les  épouses  de  soldats  martyrs,  fu- 
rent mises  en  nièces  avec  leurs  peiils  en- 
îaùts.  Elles  sont  honorées  collectivement  par 
l'Eglise  le  2V  mai. 

PALLADE  (saint),  évoque  d'Hélénopolis, 
en  Bithynie,  et  confesseur,  naquit,  à  ce  que 


I  on  croit,  en  (ialalie    A  l'^K^  ''<'  vin^l   i\uh, 
il   se  relira  dans    Ioh  cnveruoH   des  Ainor- 

iliéfiis,  vers  JéncliM,  sui'  un<*  moiila^ç  le  a|>- 
iM'ii'i'  Lnciis,  fl  \  passa  qm-lquc  IcuipH  avec 
i'ahlK-  I'",l|ii(|M,  d(H' ipnado' e,  qui  y  inenoil 
une  vil'  lorl  aiisli'rc.  Il  vint  poiic  la  picmièra 
fois  h  Ali'xandric  schis  Ir  diuxiciin-  cou  ulat 
de  Tbéodo.se,  e'est-ii-dirc  >\\  .'ISH.  H  y  Ht 
roMiiais  ance  du  rélcb  e  Isidore,  prêtre  r-l 
liospilalicr  de  relie  église,  et  s'iidressa  à  lui 
pour  le  pi  ier  d(>  le  conduire  dans  la  vie  soli- 
taire cl  rrli.;i  use.  Ce  s  dut  le  letiijl  nnx 
mains  d'iri  solit.iire  nommé  Duroiliée,  (|ui 
depuis  soixanle  ans  deiiieinaii  d/ris  une  ca- 
verne, h  deux  lieues  de  l.i  Ville,  sur  le■^  boicJs 
de  la  iiiei'.  Il  lui  onloiiiie  de  séjourner  l<i 
Iro'saMs  et  de  venir  ensuite  le  revoir.  P;dlndo 
ayant  élé  atlei-il  d'une  violente  m.dadie  no 
put  y  rester  h's  trois  ans,  et  fut  cou  raiiil  de 
se  retirer.  Il  vécut  alors  pendant  trois  an- 
ni-es  dans  dvers  auli'es  monaslères  autour 
d'Alexan  Irie.  Il  'assa  ensiiiu;  une  an-iéeiui- 
tièro  dans  la  montagne  do  Nilrie,  où  i)  pro- 
lila  beaucoup  par  la  conversation  des  saints 
(pii  y  vivaient.  De  Nilii'  il  alla  dans  la  soli- 
tude ii'térieure  des  cellules,  où  il  demeura 
neuf  ans,  jus(pren  .lO!).  Pendant  son  séjour 
dans  cet  endioil,  il  fil  un  voyage  h  Scélé, 
pour  un  sujet  que  sa  grande  humilité  lui 
lait  rapporter  :  «  Il  arriva,  dit-il,  que,  me 
trouvant  si  tourmenté  par  des  pensées  d'im- 
pureié  et  par  des  .songes,  que  peu  s'en  faUut 
que  la  xiolcnce  du  trouble  (pie  cette  sensa- 
tion niM  doniait  ne  me  fil  quitter  la  soli- 
tude; je  n'en  parlai  point  à  ceux  auprès 
de  qui  j'étais,  ni  à  Evagrc  mémo,  mon  su- 
périeur. Mais,  sans  faire  semblant  de  rien, 
je  m'en  allai  dans  le  fond  du  désert,  où  je 
passai  quinze  jours  avec  les  Pères  qui 
avaient  vieilli  dans  la  solitude  de  Soété.  J'y 
rencontrai  entre  les  autres  ui  nommé  Pacon, 
âgé  d'environ  soixante-dix  ans,  et  l'ayant 
reconnu  i)our  une  personne  fort  simple  et 
en  même  temps  fort  (  xercéedans  les  travaux 
de  ta  vie  s|)irituelle,  je  pris  la  hardiesse  de> 
lui  découvrir  ce  que  j'avais  dans  l'espi'it  ; 
sur  quoi,  ce  saint  homme  me  dit  :  «  Ne  vous 
étonnez  point  de  cela,  mon  fds,  puisipie  cette 
peine  n'a  pour  cause,  ni  les  délices,  ni  l'oisi- 
veté, ni  la  négligence,  ainsi  qu'il  parait  par 
le  lieu  et  par  la  pauvreté  dans  laquelle  vous 
vivez,  el  [)arce  que  vous  n'avez  nul  com- 
merce avec  les  femmes,  et  qu'ainsi  cela  pro- 
cède plutôt  du  démon,  qui  ne  peut  souffrir 
le  désir  que  vous  ave/  de  vivre  dans  la 
vertu.  »  Il  passa  ainsi  plusieuis  années  dans 
la  solitude. 

Vers  l'an  399,  il  .«^e  trouva  attaqué  d'un 
mal  de  rate  et  d'estomac,  qui  fcusait  craindre 
qu'il  ne  devint  hydropique.  Les  solitaires 
qui  vivaient  avec  lui  le  déterminèrent  à  se 
rendre  à  Al. 'xandr.e  pour  s'y  faire  soigner. 
Les  médecins  auxquels  il  s'adressa  lui  con- 
seillèrent de  passer  en  Palestine,  dont  l'air 
pur  relèverait  son  tempéraiuent  fatigué.  De 
Palestine,  il  passa  ensuite  en  Bithynie.  Ce 
fui  dans  celle  contrée  qu'il  lu  nonnné  évo- 
que, vers  l'an  iOO.  Ce  saint  soulfi  it  beaucoup 
pour  la  cause  de  saiut  Ghrysostome.  Il  fut 


371 


PAL 


PAL 


i71 


il'Hbord  enferme  avec  pi  .sieurs  autres  6vè~ 
qnos  diins  îe  châloan  rlAthvro,  puis  relégué 
h  Sv^ne,  .'iir  les  confi'S  de  BloinmjfS  (  l  des 
Elhiojiions.  Les  troubles  oArilésil.iiis  lE.^Iise 
rnr  1.1  liépo-iioii  do  snii.l  Chrysnstnni'^  liiii- 
pnt,  comme  nous  crovons,\n  Tan  ilT, 
Inrsqu'AlJ'quo ,  qui  occufail  le  sitv^o  di 
Conslanl'i  o  Ir,  obt  n'  la  \h\x  ri  la  ronimii- 
nion  Je  \'E  lise  romaine  Un  des  |  ri  Mi[)au\ 
articles  tlo  celte  pai\  fui  sans  doute  !e  réta- 
blissement de  Pallndo  ri  des  autres,  qui 
nvaienl  .lé  ch.usés  au  sujet  de  s-jint  Cbr,- 
sostome.  Socrat;'  éciil  (pi'd  fut  l  ans  éré  de 
l'évéché  dH.'-léno  oiis  à  celui  d'Astune  ou 
d"A>pnrie,  nans  Kl  première  «i  latie  :  et,  .^n 
effet,  il  y  a  plusieurs  manuscrits  (pji  lequali- 
lieiit  évéque  d'Asponc;  néa'inininson  l'a;)- 
polle  plus  communément  PalladedHélénop')- 
lis,  parce  (pi'il  no  p«r.u"t  dans  lliistoire  que 
sous  ce  titre.  Le  nom  de  Pallade  est  célèbr^^ 
dans  riii.Sioire  de  lE^^lis",  au  rommencemeit 
du  'v'sièclf\|  ard  uiéer  itsqnecesaintévéquo 
composa.  L'un  est  \'fli.otoire  des  solitaires, 
appt-l  -.'  Vnisttire  Lausiiqnp,  cl  l'autre  est 
le  Dialogur  qui  cnntio'it  la  vie  tt  la  persé- 
cuton  de  saii.l  Ciiryso.>.lo  ne. 

PALAT'.i  ,s  int;,  soiillVif  le  martyre  à 
Antioche  avec  saint  Svqu'.  Nous  m;  fM.ssd- 
duns  f>as  de  détads  auihenti.juos  r<^!alifs  h 
ces  HUMls  couib..ltaji»?i  de  l\  foi.  L'Eg'i^o  ho- 
nore leur  niéuioire  1»^  30  mai. 

PALES'IâiNL  ou  Judéî:,  fut,  comme  on 
peut  |e  v<;ir  pai'  toute  la  .Mi'ie  de  Ibisloire 
de  1  Ej^l.sc,  lelbé.Mre  des  plus^iands  événe- 
ments de  uoire  saintii  nligon.  Berctau  du 
c!irislia  M>  .lo,  terre  (Onsnc-rée  par  le  «a'iT 
du  Dieu  fait  oumie,  elh'  lut  .lussi  l'u 'te  des 
contrées  le<  plus  célèbres  par  leur?  mnrlvrs. 
Sous  Di.»cléi-en  sihtout,  la  Judée  fut  cxcessi- 
vemenl  é.»io:iv  e.  Euséno  de  César  e  n<  us 
a  lat>&ô  Histoire  écrite  «c  la  pe.séoution 
qu'elle  eut  à  »-ndurer  ;  n  .us  avons  donné  les 
laits  en  pariiculie.-,  checun  à  son  litre; 
mais  comme  a,>pré  i.ilion  çém^rale,  nous  ne 
cioyons  |»as  pouvoir  faire  mieux  qau  de 
c-it'  r  i-n  en;ier  ce  précieux  dorument. 

1.  L'an  11)  du  règne  de  Dioi-létien  (de 
Jésus-Christ  3  ).3) ,  au  mois  Xanliijue.  (pie 
les  Romains  apnellent  avril .  et  (pKîhiues 
jours  ava  U  la  rôle  de  P.lques,  (»:i  publia 
dflns  toute  l.i  Palestine,  par  l'ordiv  de  Fla- 
vien  (\u\  ei  éiail  i^oiivrrDrur.  le  même  édit 
c^inlre  les  cbrélii'ns  qui  avait  été  publié;  à 
Nicométlie  h»  inoi<  prcn-dcnt. 

2.  Kn  vertu  d,-  cet  éd  I,  on  arrêta  P  ocope, 

?oi  fut  tomme  les  prémices  di-s  martyrs  ue  la 
.destine.  On  l.-  nima  droit  au  gouverneur, 
qui  lui  oi donna  de  s.imlier  aux  dieux  ;  mais 
il  lui  répondit  qu'ii  n't-n  roiinaissnit  qu'un, 
au  piel  il  v.icriti.iit,  en  la  m.inièreet  a^c  les 
c«'r>  uioitie.s  (pie  lui-iiiémo  ;)vait  [trcsc.-les. 
Et  lor»«pron  lo  pressnii  de  don  ler  de  l'^n- 
(  '  fil  Mix  quatre  enipf-reurs  (f)iocléiien,  M.ixi- 
imen,  CoKst«i;iius  ri  Calf^i iu^^),  il  repartit 
]mr  un  v»r^  d'Homère,  en  fais.int  .ill  'siun  à 
rn  :,'raiid  ri'»ml»rrt  de  malli.  s  (pi'jiv.iit  «lors 
1  «iMpire  :  Il  n»  si  pn»  .iv.uitagoux  aux  p«  ii- 
pl  s  d  avoir  tant  di-  niailn  s,  ni  seul  s.. Hit. 
Celte  réiwuso  lui  coûta  la  vie,  ijUil  do.uia 


pour  Jésus-Christ,  le  mercreai  huitième  du 
mois  Décius,  on,  >eIon  le  «rdendrier  des  Ro- 
mains, le  huitième  des  ides  de  juin  (le  6 
juin). 

3.  La  mort  de  Procope  fut  comme  le  si- 
gMl  df  la  fpieire  qu'on  dt-d.ira  aux  évèques, 
au\  prêtres  el  .*!  Il /US  l».s  aul'C"»  ministres  des 
a  tels,  au\\^nels  on  en  voulait  parti»  ulière- 
meiil,  et  qu'on  tourment  <  e  i  mil!e  manières. 
On  e-iqilo.a  sur  e>i\  les  fouets,  les  o  igb-s  do 
1er,  le  feu,  les  lam.  s  «rdrnles  ;  ou  leur  dis- 
loquait l'S  .loiniuies.  on  b-ur  btilhit  les 
nerfs,  on  b  ur  crevait  un  leil  d  on  leur  cou- 
p.iil  un  j.irnt  ;  et  en  cet  étal  on  les  envoyait 
travailler  aux  mines. 

k.  Mais  comme  !<'S  tyrans  leur  env  aient 
la  couron-^e  du  martyre  après  laquelle  ces 
saints  coiif-'sseurs  soùpira'eul,  il  n'y  en  eut 
d'abord  qiie  deux  (pji  robliiirent,  Alphée  et 
Zachée,  lesquels,  après  avoir  es«-uyé  toutes 
les  in,;ommo  ii  es  diino  affreuse  prison, 
chargés  de  c'iJnes,  déchirés  de  coups  de 
fo  'et.  h  demi  écr)rché-i  [)«r  la  violence  des 
P'M^ines  de  fer;  après  avoir  passé  vingt- 
qualre  heures  dans  »elte  ho-ribie  marhiie, 
où  leurs  'amb  s  écartées  jusqu'au  quatrième 
point  faisaient  soutfrir  à  tout  le  corps  des 
diuleurs  inconcevables,  c»:ume  ils  prrs'vé- 
raieiit  à  confesser  un  Dieu  et  un  J 'sus- 
C  irist,  Roi  et  Seigneur  du  monde,  ils  eu- 
rent eiitin  l.i  tète  co  q)ée,  le  dix-septième 
jourdu  moi*  Dius;  c'est, suivant  I  ^calendrier 
ro.nai\  le  quinze  Jes  calendes  de  décembre 
(17  nov  II  bn  ). 

5.  .Vliiis  ce  qui  se  pa«sa  à  Antiorhe  le 
mémo  jour,  au  martyre  <U'  Roiuain,  nu-rite 
bii'O  d'.ivo-r  ici  pi  lee  par.ui  tant  d'autres  il- 
lustres événements  que  nous  allois  racon- 
t.r.  Romai  i  é.ait  de  Palestine,  diiicr»'  et 
exorciste  de  'Kj;lis.'  de  Cé-iarée  (I).  Le  hasard 
lo  conduisit  ri  Ànlioche  d»<ns  \c  le.nps  qu'ea 
vertu  de  Té  it  on  abi'lait  les  églis .s  des 
chrétiens.  Il  aperçai  d'autre  part  le  peuple 
courir  en  fou.e  aux  temnies  aes  idoles  pour 
y  sicrifier  :  ho!uiiii\s,  fi-mmes.  enfants,  tous 
s'empress.iie  it  à  d  niuT  des  marques  de  b-ur 
soumission  aux  ordres  des  eni  'Crturs.  Cette 
vue  e\i  ita  le  zèle  de  notre  saint  diacre  ;  il 
élève  sa  voix,  rt  se  met  h  reproi  her  h  tout 
ce  |>eupl  •  son  impiété.  On  se  saisit  aussitôt 
de  lui,  et,  s:»ns  autre  formalité,  il  est  »  o  i- 
damnc  au  feu.  La  joie  éi  lata  sur  son  vidage; 
il  n'attend  pas  qii  on  le  conduise  au  brt  her, 
il  y  (ourf.  il  y  vob*.  Oi  le  lie  h  un  pofeaii, 
on  l'eiivironuo  d'une  pile  de  fagots,  tout  est 
préparé  pcir  le  biil  cr  to  il  v.f.  Les  bour- 
reaux tf'i  '^nd  int  (birérant  ii'y  meltrc  le  feu, 
jiarce  qu  ils  attendaient  les  derniers  ordres 
de  (lalériiis  (César,  a^socié  h  l'empire),  qui 
était  présent  .^  celle  eséeution,  c«-  génèrent 
diaere  dem  m  la  :  Où  est  donc  le  feu  ?  D'oà 
Tient  ce  r.tardem'nt  ?  L'ciO -ereur  (c'est-à- 
dire  le  César  G.dérliis),  piqué  de  ^elte  de- 
mande qu'il  prenait  pour  une  insulte,  le  Ût 

(I)  Dans  Im  premiers  Ir'mps  de  rE|,'li<v .  !»•  p^- 
tit  noiiiliro  tIfS  cIitc!»  f.iisul  (iiiin  seul  oxercail 
soii\ciii  ikux  el  quciquciotd  Uoa  (onclioiiS  ilillu- 
rc.iici. 


8T8 


r.vr, 


l>AL 


7,7* 


(lôlnclicr  |M»iii'  lui  coiiiici'  l,i  l/iinoic.  Uonuiin 
la  lire  tl«'  s/i  l)()iictn'  ri  la  doiiiu'  à  i  iMi|i(>r 
«ii\  l)(iiirr«Mii\.  O'i  lu  jcl.'i  iMtMjii.'  (hiiis  iiii 
ciicliol,  MÙ  il  soullVil  riiillo  iiinimiiiuijilt's, 
iiiS(''|)(iM'il)U)S  (If  (lOl  allVciiv  sôjour.  Kiilii»,  \i{ 
viii);li(''iiK' «'MM^imIii  rùgMc  de  Uinclrlifii,  les 
prisons  «yatil  <''t(''  (Mivcrics  h  Unis  U'.s  (riiiii- 
ri'ls,  le  M'iil  Koiimiii  lui  cxtu'iil»'  Jo  «'f  par- 
don H('n(^r)d  ;  cl  pcidiiiil  ipn*  U'.s  volcuis, 
les  lioiiiicidcs,  les  iiii  (Midiiiiics,  voiciil  roin- 
jiro  Itnirs  cli.'d'KiS,  on  nmloico  ocllrs  d'un 
tiuiiiiiic  (itii  n'ii  |)(»ii;l  d'aiilic  criini-  (pic  d'c^- 
ti(\  cliii'lu'ii.  On  lo  liiijsa  la-ifîjnir  longtemps 
tJH'is  li'S  ceps,  Ids  jand)i's  rinih'ics  ius(praii 
(piatrif  iM(>  lion,  apri  s  (pioi  on  loi  tiaiiclia  la 
liUc.  l'."t'st  ai'isi  que  se  passa  la  pieniirid 
niin(.''e  do  la  pcrstV  uiion,  pcndanl  laipiclU;  il 
pont  hoanronp  |)lus  d'cvc'^ipcs  cl  de  prcMrcs 
(jue  d'auli'os  lui'.iisU'c.s  intV'i-iours  cl  d(!  laï- 
ques. 

0.  Au  cominciit'cnicnl  do  la  socondo  nii- 
mSv  (de  Jons-Clirisl  3o/i^),  l'rbaiii,  conimaii- 
danl  dans  la  l'alo-lino,  reçut  les  Icltccs  do 
l'cnipcrcur  adn^ssécs  ;\  tous  les  gi.uvnncurs 
do  (noviiuc,  par  Icsquollcs  il  élait  ordoniio 
à  tous  les  sujets  de  l'cniiiirode  s.icrilier  aux 
dieux.  Les  premiers  chrcli-ns  qui  sigiuUè- 
reut  eu  celle  rencontre  leur  lui  et  leur  cons- 
lauce  l'iu'cut  liniolhée,  Agajjius,  et  une 
vierge  nounuée  Tlicele,  non  moins  illustre 
par  sou  courage  et  sa  lidélitji  que  l'ancienne 
cl  l"au»t  use 'ri.ùi'ic,  si  ceii'lne  dans  les  ouvrages 
des  Pères  grecs  cl  lalius,  et  (jui  <  ut  pariui  les 
peisonnes  de  son  sexe  ic  uithue  ava  U«-,e  que 
saint  Kiieruie  eut  i,)ar  i.i  les  hoiiunes.  ds  trois 
saiiMs  soudiiicnt  le  mailyrt^  h  (Uue,  ville  ao 
Palesti.  e  :  le  premier  tut  brûlé  à  petit  l'eu, 
et  les  deux  autres  lurent  exposés  aux  bû- 
tes. 

7.  Owplquf"  temps  après  il  y  eut  àCésarée 
une  grande  solennité.  On  y  vit  des  courses 
de  ch.iriols,  des  jeux,  des  comb.its,  et  tous 
ces  ditrérenis  spectat;les  que  l'ancieme  su- 
perstition avait  conacrés.  Le  bruit  courut 
qu'outre  les  glad.aieuis  ordinaires  on  ferait 
combUlce  coiitrcj  les  botes  les  clirétiens  qui 
avaient  depuis  peu  été  coudanuiés  à  mort. 
Ce  bruit,  vrai  ou  taux,  était  venu  aux 
oreilles  de  six  jeunes  chrétiens  qui  se  trou- 
vaient pour  lors  à  Césarée,  ils  se  rendirent 
promptement  à  l'amphitliéàtre,  dans  le  mo- 
ment que  le  gouverneur  Urbain  y  entrait 
jour  y  prendre  sa  place  ;  et,  lui  moi.trant 
eurs  mains  chargées  de  chaînes  (car  pour 
ui  marquer  qu'ils  étaient  pieis  ii  endurer 
toutes  choses  pour  la  foi,  ils  s'étaieul  eux- 
mêmes  fait  enchaîner) ,  ils  lui  déclarèrent 
qu'ds  étaient  chrétiens,  et  qu  en  cette  qua- 
lité ils  demandaie  )t  d'être  exposés  aux 
bêtes,  dont  ils  ne  redoutaient  ni  le  nombre 
ni  la  fureur,  les  adorateurs  du  vrai  Dieu  ne 
craignant  rien  en  lOU) battant  sous  las  aus- 
pices et  pour  la  gloire  d'un  si  puissant  pro- 
tecteur. Il  est  juste,  ava  it  de  passer  oitre, 
de  laisser  à  la  postérité  les  noms  de  ces  six 
illuslres  athlètes.  Le  premier  étiit  de  l'an- 
cien royaume  de  Pont,  rédiiit  en  province 
par  les  Romains  ;  il  se  nommait  Timolaiis. 
Le  second  élait  natif  de  Tripoli  en  Phénicie, 


v[  avait  nom  DoiiyN.  Lo  trolNiôiuv,  qui  éiuit 
sous-diacre  de  i'KKli"»»!  de  l)ii»'.p<)li'>,  n  qific- 
laii  hoiniilii*  Le  qn.ilrièmc*  <'l  le  riiiquienie 
élaienl  i^H^v  plions,  iiouunc^  Pau.sis  o:  Alu&uii- 
(Ire.  l'A  eniin  le  sixièmi)  cl  deriiior  était  uu 
nulle  Ale^a"dre  de  la  ville  de  (i/i/.e.  ('ne 
douuiude  do  ci-llo  naliu'o  no  .surprit  pah  p*Mi 
lo  t^ouvoriierr  ol   ceux  dos  spoctaieurs  ipii 

tiurciil  reiileudic  ;  mais  elle  util  on  lurcur 
h'ba.n,  ipii  les  lil  h  riiisiant  jeicp  daim  une 
pi'ison  obscure,  loni  eM(  lialiicj  (pi'ils  étaient. 
(,)uelpies  jours  après  on  ci  nirèta  d.  ux 
aiilr(!S,  iKjiuiiK's  Ag.i,>ius  ol  Oenys  ;  le  pro- 
iiiier  avait  di'-ji»  souil'eil  pcuir  la  foi,  el  lo 
dernier  tut  pris  coiiune  il  poit.iil  (|ue!';iie.s 
ral'iai.liisseiiHUils  aux  martyrs.  Ils  fuicut 
toiil  huit  décapités  on  un  luêuie  jour,  qui 
fut  le  vmgt-ipiali- ème  du  mois  I>ister,  ou 
le  neuf  des  calendes  d'avril  (le  'Àï  mars). 

8.  Ce  fut  eu  co  tetu|)s-l;i  (iiie  des  (juatre 
ciupi  i-eurs  rpii  ^ouvo  naieiil  alors  le  monde, 
K's  deux  premiers  (DiocliHieii  cl  iMaximieii) 
(|uiitèieit  la  pourf)ie  et  se  réduisirenl  ii  une 
vie  [irivée  ;  ce  qui  causa  di;  grands  troubles 
dans  lempire,  (pii,  déchiré  misérablement 
par  une  gu  rre  civile  et  intestine,  se  vil  sur 
le  bortl  de  si  ruine,  el  près  d'être  lonvcr.-é 
par  les  propres  mains  de  ceux  qui  devaient 
le  .M)ulenir.  Au  reste,  ces  divisions  ne 
cessèrent  |)oint  (juon  n'eût  rendu  la  paix 
à  ri\glise.  Car  coinine  un  rayon  de  sou  il, 
V(^naut  <i  percer  un  nuage  éju'iis  (pii  répan- 
dait dans  les  camp.ignes  la  nuit  et  l'horreur, 
semble  i-etlo  nier  à  la  terre  une  nouvelle  f<.ce 
et  de  nouveaux  agréments  ;  de  même,  cette 
jiaiv  venant  à  p;u'âii.ie  après  les  ravages  que 
la  guerre  avait  causés  [)armi  les  Itomai.iS, 
la  ré[>ublique  commença  h  reprendre  sa  pre- 
mière beauté  ;  la  ooucoi'dede  retour  en  ban- 
nit les  dissensions  et  les  querelles  ;  et  l'em- 
pire, ébranlé  par  de  si  furieuses  secousses, 
se  ralfermit  s^^r  ses  propres  fondements. 
Mais  ces  événements  trouvt  ront  mieux  leur 
place  eu  un  autie  endroit,  où  nous  en  fiar- 
leroiis  plus  amplement.  Nous  reprendrons 
cependant  la  suite  de  notre  récit. 

9.  iMaximin  César  (Galère,  l'an  de  Jésus- 
Christ  305),  ayani  été  élevé  h  l'empire,  t:ou- 
bla  bientôt  celle  paix  qui  avait  été  donnée 
à  l'Eglise  ;  on  eût  dit  que  ce  prince  impie 
en  voulait  à  Dieu  même,  tant  il  s'appliqua 
à  persécuter  lestidèles  :  ce  qu'il  lit  a\ec  une 
cruauté  si  peu  commune;  et  un  si  pro  ii-; 
gieux  acharnement,  que  les  empereurs  qui 
l'avaient  précédé  i)araissaient  auprès  de  lui 
pleins  de  modération  et  de  douceur.  Ceia 
mit  d'abord  l'alarme  [laimi  les  fidèles  ;  tout 
est  dans  le  trouble  et  dans  la  crainte,  le 
troupeau  se  disperse,  les  ouailles  fuient  de 
tous  côtés,  et  vont  cherchant  quelque  re». 
traite  qui  les  mette  à  l'abri  de  cet  o  âge.  Il  y 
en  eut  quelques-uns,  à  la  vér:té,  sur  qui  la 
peur  lie  fit  aucun  elltt.  L'innocent  Apphien 
fut  de  ce  nombre  :  il  avait  à  j.eine  vingt-. 
deux  ans,  et  toutefois  dans  un  âge  si  peu 
avancé  et  si  peu  projire  aux  grandej  ver- 
tus, il  donna  des  marques  d'une  foi  forte  et 
vigoureuse,  et  d'une  piété  ten.Ire  et  atfec- 
tueusc  envers  Dieu.  Il  élait  d'une  maison 


tn 


PAL 


rirho  ot  opnlontf».  Sos  pnronfs  IVnvn vivront 
n  Bôrvto  {V  pour  y  apftrcvJre  les  bellos-lol- 
tres  et  les  autres  sciences  hiimnines.  Il  y  fit 
un  assez  lonj^  s(''jonr,  mais  il  s'y  coniporla 
avec  tant  de  sagesse  et  cl  ■  retenue,  que  mé- 
prisant ces  vains  divertisseni'nts  et  ces  dan- 
gert>u\  plaisirs  dans  les(piels  une  aveugle 
jeunesse  se  précipite  incon>idérr'ment,  il  ne 
se  laissa  jamais  corroinpie  [)ar  les  mauvais 
exemples  de  ses  raniarades,  ni  surmonter 
par  les  désirs  im[>élueu\  de  h  chair,  ni  sé- 
duire par  les  a  |)as  tromp  urs  do  la  vo- 
lu[^té  ;  mais  il  conserva  toujours,  sous  un 
e\téri(nir  modt\ste,  un  corps  chast  •,  des 
mœurs  pures,  im  c(pnr  soumis  à  la  raison  et 
aui  règles  de  lEvangiie.  On  sera  peut-être 
bien  aise  de  savoir  d  où  était  originaire  cet 
admirahlejeune  homme,  et  il  n'est  pns  juste 
d'ùler  au  lieu  de  sa  naissance  la  uloire  ju'il 
doit  tenir  de  la  lui  avoir  donnée.  Ce  fut  la 
ville  de  Pagas  (2),  une  d<s  plus  considérables 
de  Lycie ,  (pii  eut  cet  honneur.  Apphien  , 
y  étant  retourné  après  s'être  perfeclionné 
dans  les  sciences  et  dans  la  vertu,  ne  [)ut  se 
résoudre  ^  denuni  er  chez  son  père,  (juoi- 
qu'il  fût  des  premiers  de  sa  ville,  ni  avec 
aucun  (le  ses  parents,  parce  (pi'ils  ne  vou- 
laient point  quitter  les  folles  erreurs  du  i)a- 
ganisme  pour  suivre  1  s  saintes  maximes 
de  notre  religion.  Mais  ohéissanl  à  l'esprit 
de  Dieu,  qui  le  poussait  à  embrasser  une 
vie  pa  f;iite,  sidoii  les  piéceptes  de  la  vé- 
ritable [)!iilosophie,  c'est-;\-iiire  de  la  sa- 
gesse clu'étien ne,  il  abandonna  la  maison 
paternelle,  foulant  aux  pieds  la  gloire  du 
siècle,  et  renonçmt  aux  délices  empoison- 
nées que  le  monde  et  sa  naissance  lui  of- 
fraient. Enfui  le  même  esp  it  le  conduisit  à 
Césarée  pour  y  reccvoii  la  couronne  .u  mar- 
tyre. Il  denunira  qutîUpic  jeiiips  avec  nous, 
fortifiant  son  corps  chaque  jour  par  U!ie 
abstinence  très-austère,  et  le  disposant  h 
soiiH'rir  par  divers  exercices  d'une  rigou- 
reu->e  pénitence,  et  s"appli((uanl  outre  cela 
avec  une  assidiii  é  mervcideusc  h  la  lecture 
des  livres  saints  ;  il  linit  de  bonne  heure  sa 
carrière,  en  donnant  des  mai(|ues  glorieuses 
d'une  constance  inébranlable,  d'une  lid<'lilé 
h  tcjute  éfutuve,  d'une  liberté  toute  chré- 
tienne, et  surtout  d'une  sainte  hardiesse  et 
dufi  zèie  viaiment  ht-roique. 

10.  Car  la  guerre  sé'l.ini  rallumée  contrt; 
les  chrétiens  la  trx»isièinc  année  de  la  persé- 
cution de  Dioch'lic-),  par  lis  sanglarils  édils 
que  .Maximin  lit  publier  dans  toutes  les  pro- 
vinces, p.ir  lesrpiels  il  était  enjoint  h  tous 
gouverneurs,  proconsuls,  piésidt-ntseï  autres 
magistrats,  de  conlr.iindre  tous  les  liab>lants 
,  des  villes,  bourgs  et  villages,  et  géuéiale- 
ment  tous  |(>>  sujcls  de  l'empire  romain,  de 
.sacrdier  publiquement  aux  uieux  ,  le  gou- 
verneur de  la  Palestine  fut  des  premiers  et 
des  plus  ardents  .'i  faire  exéiniter  ces  édits 
dans  loulc  1  étemlue  d(>  sou  gouvernement. 

!1)  Cnlplirr  pour  son  érolc  Ho  «Irnil. 
3)  Oii  Arpag.iH,  ou    Ar  p.i^is,  on  Arngns  :  Inns 
nncnH  inroiiiiMs  aux   sa>.TiiK.   Pcil-clrt'   rsl-rc  .Vr.i- 
xas  ,    i|iii    I  loil    en    o(T<<l  uni;    ville    rpisrup.ilo  de 
Ljci*. 


PAL  "70 

Césarée  fut  donc  en  un  instant  remplie  de 
crieurs  publics,  qui  les  allaient  publiant  de 
place  en  place  et  de  rue  en  rue,  les  dénon- 
çant particulièrement  aux  chefs  de  famille. 
D'ailleurs  on  voyait  des  offiriers  de  guerre 
faire  les  fonctions  de  sergents  et  d'huissiers, 
et  ayant  le  rôle  des  h  bitants  «h  la  main,  les 
assigner  à  com[)arailre  incessamment  en 
personne  aux  tempes  des  idoles,  pour  y  of- 
frir des  -acrifices.  Dans  cette  consternation 
générale,  Ap|)hien,  saisi  d'un  mouvement 
soudain,  mais  ((iii  ne  pouvait  veiir  que 
d'en  haut  ,  sans  avoir  communiqué  son 
dessein  h.  personne,  pas  même  ?»  nous  au- 
tres, qui  demeurions  dans  le  même  logis, 
entre  hardinu  nt  dans  un  des  temples  de  la 
ville,  où  le  proconsul  Url)ain  sacriliail,  se 
coule  parmi  ses  gardes,  s'approche  de  lui, 
lui  prend  la  main  dont  il  faisait  les  libations, 
l'arrête  tout  court  et  interrompt  ainsi  le  sa- 
critice.  Puis  prenant  un  air  majestueux,  qui 
étonna  d'anord  le  |)roconsul,  il  lui  dit  d'un 
ton  grave  qu'il  n'y  avait  pas  moins  de  folio 
que  d'impiété  à  rendre  à  des  idoles  muettes 
et  insen>ibles  un  culte  qui  n'était  dû  qu'à 
Dieu  seul. 

11.  Mais  Urbain,  revenu  un  moment  après 
de  sa  surprise,  lit  sig'»e  <i  ses  gardes  de  se 
saisir  de  cet  intré[)ide  jeune  homm  *.  Ils  se 
jettent  sur  lui  avec  une  im[)étuosité  de  bf'^tes 
féroces,  lui  donnent  cent  (  oups  de  U  hampe 
de  leurs  pertu  sanes,  et  le  jettent  tout  cou- 
vert de  sang  et  de  plaies  dans  une  allreuso 
prison,  où  il  passa  dans  les  ce[)S  un  jour 
et  une  nuit.  Il  com[)arut  le  jour  suivant 
devant  le  iirocoiisiil,  cpii,  le  pressant  de  sa- 
crifier aux  dieux,  ne  put  jamais  1'»  faire 
consentir  ni  surmonter  son  invincible  fer- 
meti',  fpioiqu'il  em|)loyàl  pour  cela  Ks  on- 
gbs  de  fer  et  les  [iloiube uix,  (pii  mirent  le 
martyr  en  un  état  si  pitoyable,  que  l'on  na 
re('o  inaissait  |)  us  en  lui  ni  traits,  ni  linéa- 
ments, ni  forme  humaine,  t.uil  c(>s  lioirit)les 
instrumeiiLs  l'avaient  défiguré  :  les  ongles 
de  f  r  lui  ayant  creusé  toute  la  chair  en 
longs  sillons,  f.l  les  plombeaux,  par  leurs 
C'iups  redoublés  et  par  une  intinité  de  con- 
tusions, lui  .lyHiit  t'ait  enllor  la  tète,  ([ui  n'é- 
tait plus  qu'une  masse  informe.  Cepend.ml, 
comme  le  gouverneur  vit  qu'il  ne  se  ren- 
dait pas,  malgré  les  exces>-ives  douleurs 
ipi'il  rissenlait,  il  lui  lit  envelopper  les  [uc  is 
(l'un  ling(>  trempé  dans  de  Ihuile,  où  on  mit 
le  ftni.  (ji'i  P*nit  exprimer  ce  (pie  cel  affreux 
tourment  taisait  (nidurer  au  saint  jcnino 
boiuine?  On  le  peut  du  moins  conjecturer 
par  ce  tpie  j(>  vais  dire  :  on  voyait  dist  lier 
ses  pieds  goutte  à  goutte,  l'aideur  du  feu 
les  taisant  fondre  comme  de  la  cire.  Le  ty- 
ran, v.iincu  par  celle  prodigieuse  constance, 
le  lit  remener  en  prison,  d  eu  l'ayant  relire 
trois  jours  aniès,  et  le  trouvant  toujours 
aussi  inébranlable,  il  ordonna  qu'cin  lejetit 
dans  la  intn' ,  tpioi.pi'il  n'eût  plus  <)u'un 
souille  de  vie. 

12.  L  I  |>nsirriléaiira  sans  doute  de  la  peine 
h  croire  un  événement  iiuraculeiix  qui  sui- 
vit immi'dialement  la  mort  d'Appluen  ;  je  ne 
puis  toutefois  ra'empêcher  de  le  rapporter. 


S77 


PAI, 


l'\l- 


S7H 


Tous  l(vs  Iial)itftn(s  dn  Crsniro,  i|iii  liin'iil 
ItMiKMiis  i\o  ri)  \)Viu\\'^i\  sonml  iiirs  ^dnirils 
(Hivers  les' siiNflcs  h  venir.  Apres  dniir  >|ne 
U\  eorps  (In  iii)irl,>  r  eiil  (Ht' jcir-  (huis  lu  mer, 
il  s'rlevji  (mil  i^i  e(Hi|i  du  Iniid  des  e.iii\  ii'i 
hniit  si  li(trril>le.  et  les  v.i^iii's  vniai  l  à 
s'enlre-elin(|iier  d'une  Mifiiiicre  e\lrii(»rdi- 
ii,'iir(*  l'onl  un  l'r.iens  si  «''pouv  nliilile,  <|iie 
l'air  en  rel(>Mlil,  la  l(M'r(«  en  esl  t'unie,  C.t'sa- 
rée  (Ml  esl  ('hiMiili-e  ins(|Me  dans  ses  [nnde- 
iiienls.  Alois,  parmi  ets  ('clals,  e.-  hniil, 
ces  ellVoyaMes  s(Nousses  des  trtiis  (''l(''menls, 
on  voit  an  ivor  le  eoriis  d'AppInci  ;  les  llo's, 
paisibles  autour  de  lui,  le  sonlioiineiii,  le 
portent  et  le  poiis-onl  douciMuenl  jusqu'aux 
pieds  des  murs  de  la  ville.  Cela  ariiva  nu 
vendredi,  le  second  Jour  du  mois  \aidi(puî, 
ou  le  (lualrit^'ino  des  noues  d'avril. 

i;j.  I*res(pie  dans  l.>  iiuMue  leiu/s,  un  au- 
tre jeune  lioinme  nommt'  l'Ipien,  convaiicu 
(le  ehrislianisme,  ava  il  ('Ui'  arrcMé  u  Tyr,  l'ut 
(^ousu  (la  is  in  s,ie(l(>  cuir,  avec  un  eliieii 
et  un  aspic,  puis  pi-écipilé  dans  la  mer  (  1)  . 

l'i..  Il  110  S(^  passa  [las  l)eaui.()U|)  de  lemps 
sans  (]u'lMl(''sius,  IVùre  d'.Vpphie-i,  re(;ùl  une 
couronne  semblahh»  h  celle  (pie  .so  »  r'rc^re 
venait  do  remporter.  M  us  co  nr  t'iil  (iu"apr()'s 
avoir  cont\'ss{'  .h^sus-Chiist  plus  d  une  l'ois 
da'is  1rs  lourmenls,  apr('s  avoir  demeuré 
plusieurs  années  dans  les  lers,  dans  les  hor- 
reurs d  une  p  ison  obscure,  dans  les  mines; 
ai)r(>s  avoir  passci  prestiue  toute  sa  vie  ave(î 
le  manteau  de  philosophe  et  dans  les  exei- 
cices  coidiiuuds  u'uik;  philosophie  toute 
chi'ét  e-iiic  el  toute  sainte.  Car  ("taid  venu  à 
Ali'X.iudrie,  il  fut  îémoin  des  em|)ortements 
du  gouverneur,  (^ue  la  haine  (]u"il  avait  con- 
çue contre  les  ciircticns  faisait  tomber  dans 
des  excès  indij;nes  nou-s  uiemont  d'un  ju^e, 
mais  aussi  d'un  honnête  homme,  (^ar  on 
voyait  ce  furieux  tantijt  tare  mille  outrages 
et  mille  alfronts  sanglants  à  des  hommes 
d'une  gravité  et  d'une  vertu  qui  leur  atti- 
ra ent  le  respect  de  tous  ceux  ({ui  n'étaie  it 
oas  coninie  lui  aveuglés  de  [)assion,  tantôt 
livrer  des  femmes  de  con  lition  à  la  brutalité 
des  plu-  fameux  d 'bauchés  de  la  ville,  et 
abandonner  dos  vierges  consaiM'ées  à  Dieu  à 
l'avarice  de  ces  hommes  infâmes  qui  meltei.t 
à  prix  la  b  auté,  la  jeunesse  el  la  pudeur, 
et  qui  font  un  honteux  iratic  de  l'impudicilé 
pubiivjuc.  Edésius  v>iit  tout  cela,  et  e  i  ayant 
horreur,  il  reproche  hardiment  au  procon- 
sul so(i  extravagance  el  sa  fureur.  La  h  mte 
et  la  colère  se  tirent  voir  aussitôt  sur  le 
visage  de  ce  juge,  mais  la  colère,  prenant  le 
dessus,  lui  lit  sur  l'heure  prononcer  une  sen- 
tence de  mort  contre  celui  qui  venait  de  le 
couvrir  de  confusion. 

15.  La  quatrième  année  de  la  persécution 
(  l'an  de  Jésus-Christ  306),  un  vendredi 
vingtième  du  mois  Dius,  c'est-à-dire,  selon 
le  style  des  Romains,  le  douzièniL!  des  ca- 
lendes de  décembre  (le  20  novembre), 
on  fit  mourir  dans  la  même  ville  de  Césarée 
un  martyr  dont  la  mort  a  des  circonstances 

(I)  Le  5  avril.  La  jurisprudence  des  tyrans  pu- 
nissant du  iiMÎnie  supplice  les  clircliciis  el  les  par- 
ricides. 


assez  reinniquables  pdur  méiiter  la  curiosil»^ 
des  licteurs.  Le  lym  i  Mixiiiiiil,  se  lioiivant 
à  C('sarée,  voulut  gralili<-r  le  pciiph;  d'uiK; 
f(Me  superbe  et  digne  d(!  Celui  ipii  l/i  don- 
nait, l'oiir  cet  elle!,  les  inleiidanls  di;s  jeill 
iMireiil  ordre  de  ne  rien  épargiMM'  pour  In 
KUidre  coinpl(''le.  On  y  vit  des  coiiibiils  dij 
toutes  SMCles  dt;  b(Mes  (pi'on  avail  l'ait  venir 
h  grands  Irais  des  Indes  et  de  l'Afrupie. 
IMusiiMirs  {((tiipes  ire\c(dl();,ls  gladialeiiis  y 
ijionlrèrent  tout  ce  ipn;  leur  art  a  d(!  plus 
adin  rallie  et  de  plus  diviM-tissan' .  M.n.s  lo 
spectacle  le  plus  ma^iiillipie,  celui  (|ui  diiina 
le  plus  de  plai  il-  au  peu,  le,  sans  leipiel  tous 
l(!s  autres  u  auraient  rien  (mi  de  pi(piaid,  en 
un  mol  celui  (|  'on  réseivait  'I  ordinaire 
pour  reiiip(n-eur  lorM|u'il  honorait  l'amphi- 
the;^ Ire  de  sa  présence,  fut  la  morld'un  cliré- 
lien.  Il  se  nomm.iit  Agapius. 

H).  Celui-ci,  ayant  i  té  d(''j?i  lire  [lar  Iroi.s 
fois  (l(>  |)riso>i,  (.>[  traduit  en  public  autant 
d(î  fois,  avec  des  mali'aiteurs  condamnés  pour 
leurs  cr.nies,  avait  toujours  été  renvo\é, 
soit  (pie  les  juges  fussent  louciiés  (h;  coin- 
jiassion,  soit  (pi'ils  espérassimt  (pie  le  t(niips 
el  les  incommodités  de  I  •  prison  pouiTai(nit 
le  faire  changer  de  sentimonls.  Ivilin  il  lut 
pour  la  d(M-iii(ne  fois  amené  dans  l'amphi- 
llié;Ure,  l'empereur  y  étant,  (^oiiime  si  la 
Provi(lenc(U'eùt  réservé  pour  accom[)lircetto 
parole  de  Jésus-Cdirisl  h  ses  disciples  :  Vous 
serez  conduits  devant  1rs  7'ois  et  (es  princes 
de  la  terre,  pour  c())ifesscr  mon  nom  en  leur 
présence  {Maltk.  \  j.  Il  [)arul  donc  attaché 
avec  un  criminel  (pi'on  disait  avoir  assassiné 
son  inaîire.  Ce  meurtrier,  ayant  été  exnosé 
aux  botes,  oi)tinl  aussit(jt  sa  grâce  de  1  em- 
pereur, <i  |)eu  i)i'ès  de  la  môme  manière  que 
Barabbas  la  reçut  de  Pilale.  Cet  acte  de  cié- 
meii(;e  attira  à  rem[)preur,  de  tout  ramj)hi- 
Ihéàlre,  des  acclamations  el  des  louantes, 
les  spectateurs  s'elforçant  à  l'envi  de  l'éle- 
ver jusqu'au  ciel.  Donner  ainsi  avec  tant  de 
bonté  la  vie  à  un  scélérat  tout  couvert  du 
sang  de  son  maître,  lui  rendre  la  liberté,  le 
combler  d'honneurs,  rien,  disaient-ils,  n'est 
plus  digne  d'un  grand  prince;  jauiais  action 
ne  mérita  mieux,  à  leur  gré,  des  applaudis- 
sements et  des  éloges.  Mais  pour  Agapius, 
ayant  |)aru  devant  Maximin,  qui  lui  promit 
de  le  faire  élai  g  r  pourvu  qu'il  voulût  aban- 
donner sa  religion,  ce  généreux  chrétien 
s'écria  qu'il  n'était  pas  là  pour  avoir  commis 
aucun  crime,  mais  seulement  parce  qu'il 
adorait  un  seul  Dieu,  et  qu'il  endurerait  avec 
jt»ie  pour  une  si  bonne  cause  tous  les  sup- 
plices imaginables.  Il  joignit  les  etfels  aux 
I)arol'^s  ;  et  ayant  aperçu  une  ourse  qu'on 
venait  de  lâcher  contre  lui,  il  alla  gaiment 
à  sa  rencontre,  et  s'éta,.t  volontairement 
abandonné  sur  elle,  il  en  fut  déchiié,  au 
grand  contentement  de  l'empereur  et  (lu 
peuple.  Cependant,  comme  on  s'aj)erçut  qu'il 
respirait  encore,  on  lui  attacha  deux  grosses 
pierres  aux  pieds,  et  on  le  précipita  dans 
la  mer. 

17.  Il  y  avait  déjà  cinq  ans  (an  de  Jésus- 
Christ  307  j  que  la  persécution  durait,  el  elle 
enlevait   chaque   jour  à  Césarée  plusieurs 


379  PAL 

cbrf^tions.  lor^quf*  It^  proi  re  jour  do  PAqno*?, 
qui  rotlt»  Himi^e-I?!  lo'nbnit  le  soi  ond  'lu  mois 
XaMli.(iio.  r't'sl-^-(l  ro  I»'  quritri(^ino  (1rs  iionps 
d.ivfil  I  Ip  -2  \  nno  jeune  vior^j'e  rie  la  vill»'  (]r> 
Tvr.  0001111(^0  TliivciMsin,  f(ui  nvail  h  pelU'' 
altiMul  l'Aîio  do  (ii\-huit  iuis,  mais  d'un  esj>rit 
nii1r  et  solid"*.  d'un  maintiei  ç.Tavo  et  ino- 
doste,  et  surtout  fidèle  h  J.'S'is-Chr  si,  fut 
arrc^tt^o  [vir  les  garde*  du  gouvornour,  pour 
s'Alre  approohôo  do  qu»  1  pies  saints  martyrs 
qu'olle  aperçut  onclinin(^s  \  la  norto  du  |»;i- 
Jais,  soit  qu'elle  ne  voulût  quo  les  s  duer, 
S'iit,  00  qui  est  a<s?^z  vr.iiseinhlable.  qu'elle 
eût  do«scin  do  se  rrooniinm  l(Th  lours  •iri('>- 
res.  Quoi  qu'il  en  soit,  roînmo  si  eilo  eût 
ronimis  le  plus  u;ra-^d  de  tous  les  crimes,  rc 
juge  i..sjns(<,  trinsiorlé  d'uiio  fureur  aveu- 
gle, et  que  11  nature  no  permet  pas  aux  IxMes 
môme  les  plus  f(^roces,  lui  lit  d(';(hi  er  les 
cùt.'S  et  les  mauiidles  aveo  des  ong es  d  «  for, 
co  quelle  (ridur.i  avec  une  galt('*  qui  redou- 
blait la  ra^^  du  tvran;  oo  furieux  h  )muie, 
TOsant  qu'il  lui  ros'ait  enooro  quelipie  s  luf'lo 
de  vie.  la  lit  jiter  d.uis  la  mer.  Aprosquoi, 
e:\n6  d'uno  si  liontousael  si  cruelle  victoire, 
il  rotourna  aux  auti'es  conf  sseurs,  qu'il 
condamna  aix  minos  de  cuivre,  qui  sont  à 
Ph(^num,  dans  la  Palestine. 

18.  Le  cinq  lième  jour  du  mois  Diu*^, 
c'est,  solon  la  imniôre  de  co;npîer  des  Ro- 
mains, le  jour  dos  noies  do  novembre  (le  5*, 
dans  la  mi^mo  vil'e  de  C(''^ar(3.N  Silvain,  (pii 
pour  lors  n'étnit  (fue  pri^tre,  et  qui  pou  de 
tt>mps  aprè^  fut  hono.é  do  l,i  di;5'iit(^  d'évô- 
(lue  et  (le  la  oonrome  de  nmt.vr,  Silvain, 
dis-je,  et  quelques  autres  avec  lui,  furonl 
aussi  condamnés  aux  m(^mes  mines  do  cui- 
vres par  ce  mt^me  gouvornour,  qui,  avant  (pie 
de  les  y  envoyer,  les  voulut  rendre  boiteux 
en  leur  faisant  appliquer  un  for  chaud  h  la 
joiidure  dos  piods. 

10.  Dan'^  le  nif^me  temps,  ce  gonvernenr 
barbnro  fit  brûler  tout  vif  un  porsoMiatTo 
d'un  nu'rite  sin.;idi(T,  apjiolt^  Donuiivs, 
connu  et  es'imi^  dans  touto  la  Palestine  pour 
re\tr(^me  fa  •ilit(5  fpi  il  avait  h  s'i^nnnoor  ol 
h  parlor  en  lorinos  pro;  ros  sur  toutes  sortes 
de  sujets ,  mais  bien  [dus  estimable  pour 
avoM-  g('MiiVousement  confessé  Jésus-Christ 
]du.siours  fois. 

20.  Le  m,'-me  juge,  qui  (''tait  un  grand  ar- 
tisan d  '  nu^'hanoolés,  ot  qui  avait  un  g(^  lie 
tout  parlioulior  poiu'  en  invontor,  ioi  nait 
encore  à  ce  rare  talent  celui  d'emjifoyep  la 
ruse,  l'artifice  of  !a  frau  lo,  pour  [,\  hoc,  par 
ce  doul»|,'  movon  d  •  (h'truiro,  s'il  eût  pu,  la 
religion  de  Jésus-Christ.  Il  s'était  appliqué 
*i  heureusem'nl  à  i  iveiit  m*  de  nouveaux 
supplie»»:,  qij  il  en  trouva  mi  elTel  dineonnus 
aux  siècles  passée  et  aux  peuples  les  plus 
l>aibar.'s.  II  vo>dul  eoufr.  i.id,'e  trois  chri<- 
tions  (pii  ('•laif-nt  tombés  entre  ses  mains 
de  (omba.tre  ave."  leçn  'tejct  ;  il  exposa  aux 
Ix'tos  un  V('  éiibl'^  vtoiliird  nomm'  Auxeu- 
tiiis.  Il  envoya  aux  mines  une  troupe  de 
jeunes  liointues,  ap  ùs  en  avoir  fait  des  eu- 
inupios.  Il  y  eti  eut  ondu  (jui  furent  jetôs 
diiis  des  (Mrhols  affreux,  aiir^*;  avoir  enduré 

tous  les  suppJkcj  imajjinablws.  Du  nombre 


PAL 


380 


de  oos  dernier*!  fut  l'illustre  martyr  Pam- 
p!ii!e.  le  plus  eiier  o'  le  plus  intime  de  mes 
amis  1),  et  qui  acquit  alors  une  gloire  im- 
nnrtelle,  sYtant  si  nab';  prr  une  cons- 
tiiK  e,  un  eourago  ot  une  géïK'TOsité  qui  lui 
ont  donn(S  sans  contr-  dif.  b»  [»romi('ie  place 
parmi  les  marlvrs  <lo'  notre  temns.  Le  [)r  - 
consul  (OU  lo  gouvor  ipur) ,  q-ii  avait  ouï 
parler  de  s^n  éoiuence  et  de  sa  profonde 
érudition,  voulut  l'enlen  Ire  parlor,  et  étant 
convaincu  v\r  sa  propre  expénenec  de  si 
grande  habileté,  il  eût  souhaité  de  le  f  ou- 
voir  gag'ier  à  sos  dieux.  Il  lui  proposa  donc 
de  leui  *<aerifier  :  mais  le  s.nnt  ho  nmo,  ajMés 
avoir  refu-é  tout  net  de  se  souiller  par  cette 
abominatio"»,  nnrqna  tant  de  ménris  pour 
ces  divinités,  que  le  prooonsui.  changeait 
tout  d'un  coup  son  es'ime  en  fureur,  le  fit 
tourmenter  de  la  manière  du  monde  la  p!us 
horrit)Ie.  E^'ln,  après  (]u'il  lui  eut  fa  t  dé- 
chirer b>s  cô^'s  avec  des  peignes  de  fer,  sa 
ra.:e  n'étant  pas  encore  rassasiée  du  sang 
qu'il  vouait  de  tirer  de  tout  le  corps  d-*  ce 
grand  homme,  il  le  fit  traîner  tout  sangl  int 
en  prison ,  avec  plusieurs  autres  confes- 
seurs. 

21.  Au  reste,  l'on  peut  conjecturer,  par  la 
fin  honteuse  et  tra.;ique  de  ce  défeslable 
juge  He  proconsul  Urbain),  ce  qti'il  doit  at- 
tendre d'un  Dieu  justement  irrité  de  tant 
d'ox(^ès,  et  (pii  i)e  manquera  pas  de  venger 
sur  ce  méchant  homme  le  sang  do  ses  fid>- 
los  serviteurs  répmdn  par  ses  ordres 
cruels.  Il  venait  îi  pei  ^e  de  (ondimner  Pam- 
p!iib\  lar«;]uo  Dieu  le  livra  aux  exécuteurs 
de  sa  jus  ice  sur  la  terre.  Cet  honnne  (pion 
voyait  encore  hier  a<sis  sur  un  iribnnal.  en- 
viionno  deg;Tdos,f  (iredo  \h  trembler  lontola 
Palestine;  qui  tenait  le  premi-r  rang  entre  les 
favorisdo  l'oinporour,  si  créature,  son  homme 
d':*  conïiance;  qui  entrait  dans  tous  ses  se- 
crets comme  aans  tons  ses  plaisirs;  cet 
îiornine,  (li*>-je.  se  voit  en  une  nuit  tiépouillé 
do  tout  ;  une  seule  nuit  bii  enlève  ri»  bes-(^s, 
gran  bnirs,  puissance,  et  l'honneur  et  li  vie. 
Il  (>st  pi-écipiti'  dans  uu  abimo  île  mal!  eurs.  il 
meuif  couvert(rigiioniinieettropprobres,nux 
yeux  de  ceux  qu'il  avait  vus,  rampant  devant 
lui.  briguer  son  criVIit  ot  implorer  si  proteo- 
tion.  Ce  misérable,  |>o;issant  des  cr^s  «'ï  la 
muiièredes  femmes,  se  jette  bassement  aux 
pidls  d'un  peu:de  qu'il  vo. ail  aux  siens  il 
n'y  a  (pi'un  mfmionl.  Knlii  re  no^me  Maxi- 
min,  sur  ta  faveur  duquel  il  b.ltissait  sa  for- 
tune, et  ((u'il  (TO\aii  avoir  si  bien  méritée 
jiar  son  ac''U'nMiie  .1  rt  lournvnler  les  c!ré- 
tions,  ce  .Maximin  devient  pour  lui  un  juge 
in^'xortble.  un  iinplaiable  ennemi,  soi 
bourreau.  Car  a' rè>  que  cet  euqiorour.  en 
piésonco  duipiel  il  fut  oonvain.  u  do  crimes 
é  lor.nes.  l'eut  aecab'é  de  mille  injures,  il 
lo  ciidimna  à  perdre  la  vie.  Mais  nous 
ne  fais(ms  nue  toticher  on  passant  cet 
événement.  Nniis  pourrons  drus  la  snito 
d(ouier  une  roldli"n  plus  étendue  do  la  fin 
malheureuse  do  ceux  qui  ont  persécuté  les 

(\)  F/isott"  .iviif  ai'vii.i  .1  son  nom  celui  de  Pain- 
philc.  Lutebiuê  i'amyhi.n. 


381 


l'Ai, 


cl)"'(Hi('iis,  cl  jtarliniliAroiiKMil  do   .Mii\im'U 
Ot  (lo  )|iiil(jii(>s  iiiiiii^lro'  (l«)  SH  ci'iKiult'. 

tii.  (,>uii(|iril  V  l'ill  (I  ),i  |iirs  (!('  six  (IMS 
(l'aM  (ic  Jtvsiis-'.lirisl  .'l>)^j  i|iiii  la  ppis '■intioii 
clrtit  alhimi^c,  rWv  n'en  T'iiil  i'Hs  ukmus  *ir- 
ik'iilr.  I.»)»  (livscrls  iiH^m»'  le-;  plus  icnilrs  ih; 
p  n»nl  ^nniiilir  les  lui»  l.-s  ilc  l.i  Tint  ur  di-s 
ptMStSuimii'S.  Leurs  »''iiii>saii<!H  ptVièUi  ni 
pi.s(|U(*  iiaiis  (M'Iiii  (le  la  T)  ('■haMic,  <ni  iiiin 
luiiliilinlc  iim(>!iil>ri\hli'  io  cMiir-sscurà  s'r- 
(;til  n'tir<'(i  < oiiiiii  dans  un  asile  ;  c;  ils 
tirèryol  )  un  iioii  noiiiicn  IN),  pliirilc ,  à 
(aiiso  de  plusiciiis  canièics  de  uiiubicî 
iju'on  >  a  oiiviTlcs ,  (|ii<ili('-vi  iKl-dix-Si'pl 
(hM-(\s  .  ,'inls,  avoi;  ipiaiiliu'i  de  IcinnK.is  et 
d'cnlnnl  ,  (pi'ils  (•(riduisiitrU  au  nouveau 
youviMMii'ur  do  la  Pal.'sline.  Kl  couun,'  loiilo 
cctUi  sailli*'  IrouMt*  cnidVssail  avec  uni)  ;<('- 
n<'rcu.'-v'  formed'UM  Dieu  et  \v\  J.'sms-C.ImisI, 
l'iiiuilii  u  (e'étail  ce  nouveau  ,,()uVi  iiieur, 
(lui  n'.'.dlpas  luoii-s  sucei^lc^  .  la  rninulé 
uTVba.  I  qu'a  sa  e.liar.v-)  leur  lil  couper  ji 
tous,  ii">e  un  rasoir  ioiii,i  au  feu,  les  ncils 
(lu  jan.i  f^auclio  ;  et  après  leur  avoir  aussi 
lait  eieuM  l'u'il  droit  avoe  un  poi'iyon,  i.  le 
leur  tu  eoruer  tout  h  l'cinloui'  jus-ju'i'»  la  ra- 
cine, oCi  il  li  applifpior  lo  l'eu  a\oc  la  pioire 
causiiquo  ;  il  1»  s  reléj^ua  eiisu  t>î  (i.uis  les 
mi  "OS  de  la  provin  e,  pour  achever  de  les 
y  laire  périr  de  iaiiu  et  lie  misère.  On  y 
envoya  lareillt'uieiit  ces  jeunes  lijiufnos 
dont  nous  avons  parh>,  q.ii  avaioU  été  eon- 
damn.'S  à  condrdtre  dans  l'amp'ntliéiUre 
avec  le  j^nitelet  (le  (•ond)at  du  puylatl,  cl 
qui  ne  voulaie'H  ni  recevoir  ce  (lue  leiuie- 
reur  faisait  distribuer  chaque  jour  aux 
athlètes  poiu'  leur  nourriture,  m  s"e.vercer  à 
ces  cundjats  inhumains. 

23.  Cependant  on  se  saisit  dans  la  ville 
de  Gaze  (!e  plusieurs  lidèles ,  lors  [u'ils 
étaient  asseiii!>lés  [lour  entendre  la  loctu'e 
de  l'Ecrilore  sainte.  On  coupa  aux  uns  le 
jarret  gauche,  et  nu  'eur  arrai  ha  l'œil  droit, 
et  on  déchirait  les  côtés  aux  autres  avec  des 
peignes  de  fer.  Parmi  ces  dernii  rs  ,  une 
femme  se  signala  jar  une  action  qui  aurait 
pu  faire  lionne;-:r  même  à  un  homme  de 
courage.  On  avait  pris  une  jeune  v.erge  qm, 
se  sentant  outrée  dn  ce  que  le  tyran  xMaxi- 
min  la  menaçait  de  la  fai-e  conduii'e  dans 
UJI  lieu  de  prostitution,  lui  reprochait  sou 
extième  cri  auté  (jui  lui  faisait  livrer  Ls 
piovinces  de  son  empire  h  des  gouverneurs 
inhumains,  répandant  ainsi  en  cent  li.-ux  à 
la  fois,  par  les  mains  de  ses  ministres,  le 
San,' qu'il  ne  i)oiivait  lui  seul  répandre.  Le 
tyr«n,  [ùqué  de  ce  reproc'.ie,  lit  mettre  cette 
g'niéreuse  hlle  sur  le  chevalet,  où  les  bour- 
F'jaux  lui  déci)iraii'nt  les  épaules  el  les 
b;a3.  Ils  s'appliquaient  avec  une  mervfd- 
'*  use  ardeur  à  obéir  aux  ordres  de  ce  juge 
b'*4)are,  lorsqu'une  autre  tihe,  qui  comme 
1^^  i'ximière  avait  voué  sa  virgimté  à  D  eu, 
cl  'jui'SQjs  un  extérieur  vil  et  misérable 
PO. lait  tq  cœur  grand,    inré;tide,  et   plus 

f.^^A  ""'"^  ^^'^  ^^  l'estime  et  des  loûan- 
r^f  in^    ^^^^ifimes   que    ces  fameux    Gte.s 

I  A    "'^'^^''*^''^^'cienne  nous  vante  si  fort  la 
jôuéreuse  liberté  j  caie  vierge,  dis-je,  coa- 


u  elle    ((fo- 
ie ne  sacri- 
dr;  l'aui  I  : 


(lidénnit   les  touri.ienis  horribles  au'on  iai- 
sail  suidlrir- /i  Ka  rouip/i^ne,  ho  mit  aciierdu 
nolieu  (Il   la  {'(Mlle  ou  elle  »n  trouvait  ciik'i- 
K«'e,  en  s'adre.ss/ii.l  au  j'i^e  ;  Juhipi'a  «piaud  , 
hourreaii    iiihnnwiin  ,    r»'ra.s--lu    Miullnr   ma 
Nu'ur?  (!•  II»!    p,ir«i|.«  ayant  tulj»    h*  gouver- 
neur en  furie,  il  lii  sur  riimne  ainïder  o  |lo 
tpii  l'avait  dite,  ei  l'ayant  fait  venir  devant 
lui  il   s'e'Vor(;a  d'abord  de  la  Ka^mr  par  des 
pa.oles    liall(!i.ses.   Il    voulut   lui   peisuafîor 
de  sacrilier  aux  dieux  ;    mais  elle,  h'nrmafil 
de  rau;.;u>le  noui   fl  i    Sauvi'iir  <     '    " 
nnn';a,  ré  ondii   hardiimid  qu'e 
hei.'.ii  [loinl.  On  la  traîna  au  |)ie( 
mais  étant   lou'ouis  la  même,  el  sans  se  dé- 
m(Mi  ir  de  sa  p.o,nièi(!  g'-néro-Mlé,  e  le  len- 
ve.x.i  d'un  cou;)  de  pied  l'autel  el  h;  feu  sa- 
cré (pli  élai;  de  sus,  el  mit  <  ndeyordre  el  lo 
i-arriiiee  el  les  sac  ili.  ateurs.  Alois  le  ;j;'»u- 
V  ruiur,  ne  se  possédant  plus  et  s'abindon- 
iiaiil  à  toute  la  viideiiee  di-  sa  colère,  la  lit 
(it'chnei'  si  lofi^lernps  avo;:  des  ongles  de  fer, 
e.  les  lui  lit  e  doni.ei  dans  la  ch.ur  si  avant, 
que  ce   ju„e   altéré   du    sang    dt  s   niaJy;s 
|)ut  (^  son  aise  se  rassasier  de  celui  do  cette 
uuiocentu  li  le.  Après   quoi  ,    il   coniminida 
qu'on  hc'd  ces   deux  vierges   ensemble,   et 
qu'on  les  jetAi  dans  un  bra>i;r  ardent.  La  pre- 
mière était  de  la  ville  de  (iaze  (i) ,  la  se  on- 
de, n.mmée  ValentiiiO,  était  de  Césarée  (2). 
2V.  Mais  où  trouver  des  termes  pour  ex- 
pniiier  d'u'>e  mamère  qui  réponde   à  la  di- 
gnité du  su,j(.l  le  marl,^re  du  bienheun  ux 
Piiul,  (|ui  suivit  immédialemeni  celui  de  C(  s 
deux  vierges?  Il  avait  et.'  condami  é  à  n.ort 
en  même  tOiiips  ([u'e  les    et    par  la   inôiio 
scnt(.iice;  u  s'était  uéjà  nus  h  ge  oux   pour 
la  recevoir,    lo,s((u'il   [»iia  le  bourreau    i  e 
surseoir  pour  un  moment  h  Tcxéc  ition.  Ce 
qu'ayant  obtenu,    il  éleva  sa  voix,  el  pria 
premier  menl   pour   les  chrétiens,   deman- 
dant à  Divu  qu'il  1  i  plût  de  donner  l.i  paix 
et  la  sûreté  à  son  Kglise;  il  pria  ensuite 
l,our  les  juifs  c^  demanda  pour  eux  la  con- 
naissance de  Jésus-Clirist.    Il  ht  la  môme 
prière  pour  les   Sapuunlains,  puis   pour  1.  s 
gentils,  demandant  à  Dieu  qu'il  dissi,)ât  h  s 
ténèbres  d..nt  ils  sont  envtlo;»pés,  qu'  I  leur 
fit  connaître  la  vérité  esseidie  le,  qui   n'e^t 
autre  chose  que  lui-même,  ahn  que  rei-on- 
çant  à  leurs  anciennes  erreurs,  lis  marchas- 
sent h  l'avenir  dans  la  lumière  de  la  vérita- 
ble religion.  Aprè^  ii  leva  les  mams  au  ciel 
j)our  tous  les  assistants,  les  nommant  tous 
l'un  après  l'autre.  EiiUn  il  pria  pour  le  juge 
qui  l'ava  l  co;;damué,  pour  le  b  ^urrc-au  qui 
devait  le  faire  mouri, ,  pour  les  empereurs 
qui  persécutaient  ies  lidèles  avec  une  fureur 
si  opiniâtre,  conjurant  la  divine  bonté  de 
ne  po.nt  redemander  son  sang  à  ceux  qui 
Icllaient  répandre.  Un  discours  si  touchfiul, 
qui  marquait  un  si  grand  l'onds  de  douceur 
et  de  chatité  dans  c  dui  qui  le  faisait,  tira 
l,^s  Lirm.  s    des  yea-s.    le  lOa  e  l'a  semblée, 
qui  u'dijleurs  était  persuadée  qu'il  était  iii- 

(')  Les  Grecs  la  nornm'^nt  Ttiéa. 
Ci}  Li's  L:ui:is  foiu  la  leie  de  ces  deux  vierges  le 
25  de  Juillet,  el  les  Grecs  le  18, 


V<7>                                   r\L  PAL                               384 

noronf.  Pour   lui.  aynnl   pr('<pntt'   lo  roii  \  (l;in^  lour  fort ,  ils  Ips  [tr(''vinrent   ot  os("^ront 

r»»M'f  iitcnr  ,    il    fut  lionoré  .lu   mnrt.vro   lo  Ifui- rcprorlu-r  leur  impiélé  et  leurs  supersti 

25   «lu    mois    Pnm'Muus,    c'ost-îi-dire  le  25  lions  sac<il(^ges. 

jiiillt't.  27.  Car  t'ois  de  ro«:  g/TK^reux  hommes, 

•2o.  Peu  (lo  jours  npr^s  la  mort  de  rot  nd-  animés  d'un  mt^me  zèlo.  roururont  au  teui- 

niir.iMo  P.tuI,  on  voit  arriver  h  C'^sarôe  cont  pie  où  It-  gouverneur  sarriliail;  et  l,*!.  lui  re- 

tren'o  roi  fesseurs  ,   qui,  ayant  ('té  miililés  prorhnnf  |iuiil  (juomont  sou  idoPtliie,  ils  lui 

en  Egvpte  d"où  ils  venaient,  furent  envoyés,  soutinrent  qu'il  n'y  avait  point  d'autre  Dieu 

par   l'ordre  de  rem[>ereur  Maximii,  |)ar'ie  que  relui  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre.  Le 

aux  mies  de  la  Palestine,    partie  à   celles  gouverneur,  étonné  de  eeflo  hardiesse,  et 

de  Cilirie.  P»ni  accoutumé  à  recevoir  do  pareilles  re- 

26.  Au  reste,  lorsque  la  persécution  com-  nionfrances,  voulut  savoir  qui  ils  étaient, 
nionç.iit  à  s'i'li-irdre  pou  à  peu  par  tant  de  >I;iis  eux.  sans  attendre  qu'on  les  y  contrai- 
sangversé;  ipie  tant  de  belles  et  d'é  clata  nies  giu't,  ni  (jue  d'autres  ré|)ondissent  po  .r  eux, 
actions  do  ces  illustres  mart  rs  de  Jésus-  ayant  répondu  hautement  qu'ils  étaient  chré- 
Christ  vdiaiont  pnr  tout  le  monde,  et  por-  lions,  le  gouverneur,  h  cet  aveu,  entra  en 
taient  même  d.ins  1  Ame  des  intidèles  l'admi-  une  si  fur  euse  colère,  que,  sans  autre  for- 
ration  et  le  respect  ;  lorsqu'il  semblait  que  maillé,  il  les  condamna  sur-le-champ  à  la 
nous  duss  o  vs  respirer  a  irès  tant  do  traver-  mort.  Le  premier  de  ces  trois  braves  gens 
ses,  et  jouir  (l'un  air  plus  pur  et  plus  serein  était  pr<''tre  et  ^^e  nommait  Antonin;  lo  se- 
aprés  de  si  giands  orages,  fiarticulièrement  cond  éta  t  Z  binas,  de  la  ville  d'Eleuthéro- 
depu'S  que  h's  conffSSour«^  de  Ttiébaïde,  (jui  pie  (1i;  et  le  Iroisiémo  avait  nom  (lormain. 
avaient  e'é  condamnés  aux  mines,  en  avaient  Cela  arriva  le  jour  des  ides  de  novembre 
été  r'pp'^h's  par  d-  ux  fois;  lors,  dis-je,  que  (1«^  13). 

ce  feu  que  l'enfrr  avait  soufllé  sur  ia  terre  28.  On  leur  donna  le  mémo  jour,  nour  a^so- 

para  ssait  être  prosfiue  amor.i,  il  se  ralluma  ci(''e  dans  leur  martyre  et  dans  leur  triom  ho, 

tout  h  coup  avec  plus  de  violence  que  ja-  une  tille  de  la  vi  le  de  Scylhonle  (2).  nommée 

mais.  I»e  nouveaux  édits  de  ronq>oreui'  pa-  Ennathas,  qui  portait  la  cojtruro  de  vierge, 

rurent  ino[)inément  dans  toutes  les  provin-  Un  certain  .Maxys,  ofiicior  dans  une  légion, 

ces.  Le  préfet  du  prétoiie  écrivit  en  même  brave  de  sa  personne  et  d'une  force  d'athlète, 

tomi^s  aux  gouverneurs  et  aux  int^nd  i  »ts,  du  resie  le  plus  scélérat  et  le  |>lus  méchant 

aux  svndcs  des  villes,  et  généralement  à  de  tous  les  hommes,  violent,  em;io  té  et  haï 

tous  les  magistrats,  de  tenir  la  main  à  l'exé-  généralement  de  tous  ceux  qui  le  connais- 

cution  de  cet  édit,  qui  en'ro  autres  choses  saient;  ce  Max.s,  dis-jo,  qui  (lemeurait  dans 

portait  ((ue  les  temples  d;'s  dieux,  qui  par  le  voisinage  d'Euir-thas,  eut  l'auilace  d'enle- 

feur  ancienneté  étaient  tombés  en  ruine,  se-  ver  cette  sainte  vierge  de  chez  elle,  de  sa 

raient  incessamm(  ni  (établis  et  mis  en  état;  propie  autorité,  et  sa  is  permi-^sion  du  ma- 

que  tous  les  sujets  de   l'enqtire,  lionnnes,  gistrat  ;  et,  a()rès  l'avoir  ilepouillée  de  tous 

femmes,  e»>fants,  enclaves,  sans  excephon,  ses  hai)its,  il  la  conduisit  par  toutes  les  rues 

seraient  contraints  par  to!;tos  sortes  de  voies  de  Césarée .  lui  ayant  attach»'  au  cou  une 

de  sacritier  aux  dieux  Mumortels;  q  Ton  les  corde  dont  il  la  traînait,  la  frappant  sans  dis- 

obligerail  de  manger  des  viandes  inunolées;  continuer  à  grands  coups  d'éiiivière.  et  se 

que  celles  (pii  se  vendaient  h  la  boucheiie  ,  faisan!  un  jilaisir  brutal  trètre  lui-même  son 

et  les  autres  denrées  qui  s'exposaient  dans  b nurreau.  Le  fut  en  cet  état  (pi  il  la  mena  au 

les  march'''S,  seraient  consacrées  aux  dieux,  gouverneur,  qui,  applaudissant  à  cette  inhu- 

avec  les  aspersions  (>t  libations  ord  naires,  manifé,  la  jusiitia  haufiMnent.  en  condamnant 

et  (|u'il  y  aurait  de  leurs  prùlres,  cachés  et  encore  au  feu  la  bienheureuse  Ennathas. 

déguisés  dans  les  bains  pid)lics,  qui  pron-  2!).  Cet  h(tmme  de  sang,  pou.ssant  la  barha- 

draient  soin   de    puritier ,  sans  (pi'ils    s'en  rie  jus(pi'(>ù  elle  [xnit  aller,  et  donna'it  ;Ha 

aperf;u<sent ,   tous   ceux   qui  y   e  itrerai(>nt  rag  ■  (pi  il  avait  contjue  contre  les  auoralurs 

pour  s'y  laver.  CiOpendant  ces  nouveaux  or-  du  vrai  Dieu  toute  l'étendue  (ju'elle  pouvait 

(Ires  cansèr(>nt  bien  du   Irouhle.  L(vs  n("ilres  avoir,  ne  craignit  point,  pour  la  saiisfaro,  do 

en  étaient  accahh's  de  douleur,  et  les  pa:ens  violer  toutes  les  lois  tlo  la  nature,  on  refu- 

ne  pouvaient  approuver  une  rigueur  si  fort  .saut  la  .sépulture  aux  corps  des  saints  mar- 

h  contre-temps.  01  (pii  n'était  pas  moins  cm-  tyrs.  Il   les  tif  gard  r  jour  et  nuit,  après  les 

barras«»anle  pour  eux  (prinjusti!  h  l'egml  des  avoir  fait  jeter  a  la  voirie,  atin  que  les  bètes 

chrétiens,  toutes  ces  [)rati([U(\s  et  ces  céré-  pussent  s'en  rass.isier  à  leur  aise.  Vous  eus- 

nwtnies  n'étant  propres  qu'à  troubler  le  coin-  siez  vu  une  tniiltitiide  de  peuple  se  repaître 

moire  de  la  vu:  cvile  et  à  incommoder  les  de  cet    horrible   spectacle,  et  veiller  assidû- 

honnéles  gens.  Mais  comme  cet  orage.  aj)rès  ment  auprès  de  ces  tri-les  dépouilles,  pour 

tout,  no  nuMiatjaii  que  les  li  lèles.  et  (pi'ils  le  empèi  lier  les  chrétiens  de  les  (>nlovor.comm<» 

regardaient  coiinne  prêt  h  fondre  sur  mix.ils  si  la  (  hose  tn^t  ete  de  la  dernière  importa'fo 

eurent  lecouis  h  la  prolectiuu  lou'e-puissante  pour  le  sahit  de  cha(pie  citoyen  et  la  00'**'^- 

de  Jésus-Ch  isl ,  qui  releva  de  telle  sorte  lo  vatioii  de  la  v  Ile.  r.epeudant  les  clii^'*'«  '^^ 

poiirage  de  ceux  (j   i  eiiieiil  coiiliance  eu  .si  oiseaux  de  proie  et  les  autres  bote»  caruas- 
bonlé  et  m  son  pouvoir.  (|u'ils  u'nilendironl 

ftas  (|ue  leurs  ennemis  vinssent  à  eux;  mais  (|^  Ville  i'pisrop:iI.'  (Lins  I.i  pr.Mnl-'''' '^•i''''^''"*'- 

aisani  eux-mêmes  plus  de  la  moitié  du  cho-  (2)  Mi-iropoie  d»- j.»  s.tou  lo  r.Hcs-in'N  ilonilesieip 

ILin,  que  dis-je?  les  allant  relancer  juscjue  fui  «•n>.iiiU'  iransfcrc  à  iNa/aroib 


S8U 


V\L 


PAL 


8i^^^^s  (lis|»ors«ir>nt  rh  «d  là  ces  sacrt^s  incin- 
hnvs,  MjinVs  s'en  r^ln»  Kni^iVs.  On  ne  v(i\jiil 
imlro  ciidso,  (latis  1rs  rues  cl  niiluiii- di-  (IiVsm- 
r«''(',  (|ii(>  lies  «iiliiiilU's,  (les  (»s  et  des  rt'shvs 
de  l'orps  liiiin.'iui.s.  (<i'la  laisail  li'iiii'iii- n  tout 
l(^  111'  iKJc,  vt  iiK^iiir  h  nos  |i|iis  f^iiinds  cnnc- 
iiiis,  rlijicnn  t^liinl  toitriK''  non  (h*  l.i  Mnsrio 
de  cos  coriis  [iriviVs  de  scnliincnl,  ni/ns  dn 
rinjtit-o  (|u'nii  iais.'iil  h  la  n.'ilini'  Ininiainc;  el 
î)  ('lia(|in'  lionniK*  (>')  itaitiiidici'. 

.■{(>.  rcpcidanl  Dieu  voninl  l'aiic  voir  [lar 
nn  miivii  le  cond)!)'!!  rrl  cxcc^'s  d'inhninaMiln 
Ini  d('|)laisail.  (^ii-,  (|uo  (Imc  l(t  lici  [\\[  aluivs 
rxlicMncnicnl  serein,  (|n  il  n((  pariU  pas  jo 
moindre  nna^i^  ni  la  moindre  vapenr  daMs 
l'air,  (|n'ii  ne  tï    ni  rosr>(>  ni  hronillard,  l'on 
s'apereiil  (pie  la  phipar    dos  colornies  (jui 
sonte'wneid  les  édilici-s  publics  siiaienl  ot  lo- 
laieid  connne  d(^  ^.osses  la.  mes,  et  (jiie  les 
rues  et  les  places  puhliciues  éiaieiil  mouil- 
li^es.  Kn  sorte  ipu»  l'o'i  (lisait  loiil  liaiil  (pie 
la  terre,  par  un  prodige  inouï,  pleurait  l'ou- 
trage l'ail  j\  iWs  corps  saints,  dont  les  mem- 
bres indignement  (^|)  rs  restaieii  sans  s(^|)ul- 
lure;  (>t  (pie  les  |)ierr('s  ot  le  bronze,  devoi.us 
sensibles,  re|)roc'iaienl  aux   hommes   leur 
barbare  durel(S  par  ces  mai(iues  mueltes  do 
leur  douleur.  l*eul-(Mre  (pie  la  posl(!'rité  peu 
cri^dule  fera  (|uel(iue(lillieult(.Spar  uniî  fausse 
diMiealesse,  d'ajouter  foi  h  ce  miracle,  e   que 
les  es[)iils  forts  des  siècles  à  venir  traiteiont 
Qioii  Ti  cit  de  conte  fait  à  plaisir  ou  du  moins 
de  pieuse  liclion  ;  ma  s  je  ne  crois    as  qu'il 
en  soit  de  mcMiie  de  ceux  qui  vivent  en  co 
temps,  et  (|ui,  ou  ayant  é\é  témoi  is  de  la 
chose,  ne  f)euvent  dénuMilir  leurs  yeux,  ou 
qui,  l'ayant  a[)prise  de  })ersonMes  de  piobilé, 
ne  peuvent  sans  leur  faire  injure  démentir 
de  pareils  témoins. 

31.  Le  l'i-  du  mois  suivant,  que  nous  appe- 
lons Appelée,  c'est-h-dire  le  19  des  calentJes 
de  jauv  er  (le  H  décembre),  les  gardes  qu'on 
avait  mis  aux  portes  pour  examiner  tous 
ceux  qui  e-^reraienl  ou  qui  so  tiraient  arrê- 
tèrent quelques  chrélie  is  d'Egyi)te  ,  qui 
étaient  partis  exprès  de  leur  pa.>s  pour  aller 
assister  les  confesseurs  relégués  dans  les 
mines  de  Cilicie.O  i  les  y  envoya, 5  la  vérité, 
mais  ce  fut  après  leur  avoir  crevé  un  œil  et 
coupé  un  jarret,  ce  qui  fut  la  lécompense  de 
leur  charité.  Mais  il  y  en  eut  trois ,  enlie 
autres,  qui,  ayant  été  mis  dans  les  pri-ons 
d'Ascalon,  montrèrent  un  courage  héroïque. 
Le  pr'îmier,  nommé  Ares,  fut  brûlé  vif;  les 
deux  autres,  Promus  et  Elie,  eurent  la  tète 
tranchée. 

32.  Le  onzième  du  mois  Audynée  (l'an  de 
Jésus-Christ  3U9),  c'est-à-dire,  selon  les  Ro- 
mains, le  3  des  ides  de  janvier  (le  llj,  Pierre 
le  solitaire  (1)  surnommé  Absél  ime,  origi- 
naire d'Anéas,  petite  bourgade  daus  le  terri- 
toire d'Eleuthérople,  fut  éprouvé  par  le  feu 
et  rendu  en  or  très-pur,  a,  rès  avoir  donné 
à  Jésus-Chiisl  un  témoignage  éclatant  ue  la 

(1)  Aiiuemenl  Ascète.  On  appelait  alors  de 
ce  nom  ceux  qui,  renonçant  à  toul ,  menaient  une 
vie  solitaire  et  cvaiigciiqiie  au  milieu  mémo  des 
villes,  te  nom  a  depuis  passé  aux  nioiues. 


ZH(\ 


)ureté  de  sa  foi,  cl  avoir  confemé  .son  nom  a 

a  vue  de  lonic   la   ville  de  Ces/née.  Le  ^^ou- 

vcriicni.  ipii  l'/ivait  fut  v. mr  devanl  lui,  et 

t(Mls  ceux    (pu    ;iss|s|;iiciit   au    lil>^e|iie>i(,  cii- 

nnit  beau  lui  rciné.scnîer  (|u  cla.  l  d/iri.s  lit 
Heur  de  son  Age  il  tic  dcv  it  |  i\s,  par  un  frd 
enliVinncnl  ,  se  relia  ubcr  lait  de  beaux 
jours  (pie  les  dieux  et  la  nature  lui  promet- 
taient ;  en  vain  i  s  Icî  co  'jurai,  id  ,\'nvi>\v  pitié 
de  lui-même,  il  n'éi^nuta  ni  KniionliMuces,  ni 
conseils,  ni  prières;  mais,  imMIant  en  |)i|.,i 
loule  sa  coniiance,  il  pi  il  i/i  Nagi  mcni  I  rs- 
néiance  des  bie  is  futurs,  mais  vcriMibles,  ."i 
la  (ios-es<ioii  (les  fiux  biens,  ipio. (pie  pn'-- 
scnils;  il  la  préh'-ra  à  sa  piopK!  \\v,.  Il  fni  donc; 
conduit  sur  un  bûdcr  dressé  pour  lui  cl 
pour  un  cer:ain  Asclépius,  (|ui  se  disait  éviV 
(pie  de  1.1  secte  d(  s  marcioniles,  et  ipii  s'iHait 
venu  pinv-ienler  (h;  son  propre  moiiviniient, 
par  un  zèb;  immodéré  et  pay  1  ■  mouvement 
d'une  dévotion  p(ni  éclairée,  de  c(-lle  cpii, 
n Ciaiit  pas  selon  la  science,  est  rép/ouvée 
par  rAp(Mio.  Ainsi  les  cendr-'s  du  catliol  (pio 
furent  confondues  avec  celb  s  de  l'he  éiiipi.;; 
mais  les  an^is  sauront  bi-  n  en  faire  la  dill'é- 
retue  au  jour  qu'ils  sépareront  les  élus 
d'avec  les  réprouvés. 

3;{.  il  faut  mainl(nuint  que  j'étale  aux  yeux 
de  la  postérité  un  spectacle  digne  de  son 
attention  :  c'est  celui  du  triomphe  de  o  ize 
martyrs,  (pii  .-oulfriieut  la  mort  avec  l'illus- 
tre Païuphde,  cet  ami  dont  le  souvenir  m  est 
iiiliniment  cher.  Leur  nombre  répondait  à 
celui  des  jirophètes  (l),oii  plul(jt  à  celui  des 
apôtres;  mais  les  grâces  dont  leur  âme  était 
ornée  étaient  certainement  des  grâ(  es  d'aiiô- 
tres  et  de  prophètes.  Pamphile  était  à  leur 
tète,  et  ils  lui  cédaient  tous  sans  envie  la 
première  place,  tant  à  cause  de  la  dignité  de 
prêtre  dont  il   était  revêtu,  qu'il  cause  du 
mérite  extraordinaire  qui  était  en  toute  sa 
personne.  C'était  en  ellet  un  homme  en  qui 
toutes  les  vertes  se  trouvaient  heureusement 
rassemblées  :  l'amour  de  la  retraite,  la  fuite 
du  monde,  une  opposition  comme  naur.  Ile 
à  toutes  ses  maximes;  le  mépris  dos  hon- 
neurs, auxquels  il  aurait  pu  légitimement 
aspirer;  une  charité   qui   le   dépouillait  de 
toul  en  faveur  d.  s  pauvres;  une  vie  frugale, 
laborieuse  et  qu'il  passait  dans  les  exercices 
de  la  plus  ausière  phi]oso|)hie  ;  suriout  une 
louable    et   innocente  attache  à  l'étude  de 
l'Ecriture  sainte;  une  assiduité  au  travail, 
qui  ne  se  lassait  jamais;  une  persévérance 
dans  les  choses  qu'il  entrepre-^ait ,  qui  ne 
savait  ce  que  c'était  que  de  se  relâcher;  une 
application  infatigable  à  la  lecture;  une  dili- 
gence sans  précipitation  et  sans  em,)resse- 
ment;  une  humeur  prévenante,  accessible, 
toujours  prêie  à  faire  du  bien.  Nous  ne  di- 
rons rien  de  ses  autres  vertus,  ni  d'une  infi- 
nité d'actions  dignes  tout  ensemble  et  d'imi- 
tation et  de  louange,  qu'il  a  faites,  mais  qui 
demandent  un  plus  long  discours.  Si  quel- 
qu'un a  la  curiosité  de  les  savoir,  il  les  trou- 
vera dans  un  ouvrage  séparé  que  nous  avons 
composé  de  sa  vie,  en  trois  livres 

(i)  Les  douze  petits  prophètes. 


387  V\L 

av.  Le  secmd,  après  Pamphilo,  qui  se  si- 
pn.ila  «lans  ce  couibrtl,  f  l  Vale*^»,  dia^e  de 
I"«'vl'»«-'  t*  Klia  l'I^.  rrrt.iit  ii  1  virill.tnl  ro5;,er- 
tabif  |>ir  sc>  ch.'Vi  ux  bUncs.  el  donl  !»•  seul 
aspecl  inipjira  lii  de  la  vénération.  Il  pos^é- 
d.Tit  nnr  a  t^Mneit  la  sa'iiic  K^riturc;  il  l;(  sui- 
vait lotile  pnr  cœir  :  on  sorJo  que  céia  l  p<»ur 
lui  une  uj^mo  chose,  ou  de  la  l:re  ditns  le 
livr  •  inémr,  ou  d'cîi  rrcili  r  do  uiémoiro  des 
n»j;os  oHièiX's.  Le  lio.sièino,  ijui  »"itra  dans 
le  champ  di-  bilailL'  se  no  -un  il  Paul,  per- 
soîina^c  d'u^.esf.rit  vif,  loiil  do  fou,  ploin 
de  zcde  et  de  iervour,  cl  tjU',  avant  (ju  il  eût 
reniporlé  l.i  c-uronne  de  n.dClyr,  avait  méèité 
celle  do  rnnfo.ssfUr. 

S6.  Jl  y  a\a:t  déjà  deux  ans  qu'ils  élAient 
prisi  nnio:s.  lors(|uo  lo  rolour  des  olnéi'ons 
d'Kçvpte  ava-^ça  lo  lenn>s  do  i(  ur  aicU(yiP, 
doi.l  ces  dtrnieis  pait;ig.  roi  i  aveo  tuv  la 
gloire,  a.ant  lous  enseuinle  téjianuu  lour 
san^d.DS  lo  même  lieu  d  par  Ir  ^léir.e  nia  n. 
Ces  rhai  taliH'S  Lgyp  ions  ava  enl  acco..ipa- 
gné  par  Lonneurj  squcn  Cilicio  k>  o-nius- 
seurs  qu  on  y  avait  rolo^'ués  p  ury  IraVf-ilior 
au\  mines.  Kl  comme  ils  s'on  let-urnaiont 
eu  iour  pays,  leur  «hemin  élan»  de  ^*a^.H'^ 
par  Césaroo,  ils  y  furent  arrètJ-s  j  ai  les  ^ar- 
dts  des  |M:)rt'^s,  qui,  Oinmio  nou.^  avons  re- 
marqué ,  avaitnl  ordn*  cl  exammer  toi^i'ou- 
semeul  tous  les  étrangers  qui  se  pié-soi.- 
taJeni  ])0ur  ontroi .  Coux-«:i  a.anl  élé  d";  bt'rd 
intoiroi;évS  par  ces  gaules,  q  .1  ils  étaient  et 
d'où  ils  venaient,  répondirent,  san>  biioser 
et  sans  «.heirbei  de  dt'"l(»uis,  qu'ils  élaii'Ot 
chr  lions  ol  qu  il>  vena  enl  de  coi. (brre  I  urs 
fières  aux  mines  de  Cdicie.  Il  non  fallut  pas 
davantage  pour  les  rendre  crmiiiuls;  on  se 
sai'^il  deux  comme  d'u'O  ba  ik'  de  voLurs 
pris  sur  le  fait,  lis  élaioul  ci  iq.  On  les  con- 
duisit sur-le-cbamp  au  :,ouveinf'ur,  (jui,  -^e 
pouvant  S')ullrir  la  ^t'-néieuse  lib  rté  avec  la- 
quelle ils  lu»  ('arlau  ni,  les  envoy.i  en  j  risoi. 
Lf  londomain,  16  du  mois  Péritîu»,  ou,  selon 
les  KoMiai-is,  le  I4  ..es  (^lernJi-s  de  niars  (  le 
Id  févriei^,  il  vint  m  orde  au  i^ouvcriieup 
do  leur  laiie  lour  procès,  au>si  bu  n  fju  a 
Pfimpliili'  ei  h  ses  trois  eoM;pa/non.>.  11  com- 
mença [«ar  les  Egyptiens,  et  il  Uîcha  de  las- 
ser loui'  conslance  [lai  testes  sorti  s  do  lour- 
ments ,  ayain  luème  i-ivculé  <lo  mou >  elles 
luachiies  pour  cela;  mais  ollu  fut  h  l'éprouve 
de  lO'.it.  Ai. Ces  avmr  Ir  v.'.illi'  inutilemont  a 
vaintre  la  formol'^  ini'br.u.lable  de  ces  aiiui- 
rabb  s  chrétiens,  il  «'avisa  de  leur  denioiu^er 
leur  i.oiii.  Il  s'.ulro.s.sii  d'idu)id  <'i  celui  qui 
était  lo  |>ius  aj  pôronl  de  l.i  troupe.  (Jolui-ci 
dil  un  nom  do  piopbèio;  c^r  ils  en  avaient 
tous  [iris  oli.icun  un,  a}. ml  ipiiKe  oeux  (pi  on 
leur  n\ail  donnes  en  ;>ais>u  il.  qui  app.u-tiii- 
monl  éiaie  il  des  noui".  didolos.  Vous  eussiez 
donc  cr  I  (^tro  cmoro  iniini  ces  yi.unis  liom- 
uies  arei  loiiuds  Uiou  communiquait  m  fa- 
miiièreiuent.li  y  ci  avait  un  ipii  se  iiummait 
Flio,  Uii  i.utre  Jit  mio,  lo  IroiMoii.e  Isaie,  les 
deux  derniers  L«.O.bicl  cl  Diimel.  Mais  les 


(I)  Jêrn"!alcni;  mai»  elle  n'.'l.iii  pIu'»  ronniic  sous 
rcur»  cui  Cliqua. 


PAL 


388 


noms  de  ce?  fameux  Israélites  n'avaient  1  ieu 
pcr.iu  de  leur  i  jstre  et  de  leur  sainleié  dans 
la  pcr^onno  de  1  os  ilhislros  Egyptiens,  ijui 
11'-  les  bnuoraieU  pas  moins  iiar  la  puielé 
de  leurs  mœurs  cl  la  femiele  de  leur  foi, 
qu'ils  on  élaio  îl  ou\-mè  ■  es  boRor  s. 

•iU,  I  e  saint  iua:l.>r  aya  U  df-nc  dil  le  nom 
du  piopbèle  qu'il  avait  cho  si  (c'était  celui 
d'Eiic),  Fiiniilien  l'ii  demanda  son  jiays ,  et 
Elic,  réj»oidaiil  loiijouis  en  cor.foimdé, 
nomma  Jorusftl  m  Ij.enieid.nl  la  Joiusaleiii 
cén.sto,  relie  cilo  sainte  dont  parle  lApôlre 
aux  liidales  en  ces  termes  :  La  Jérusalem 
d'en  haiU  est  vraiment  libre,  el  c'est  elle  qui 
rit  notre  maropoh  Galat.  iv).  Et  aux  11» - 
bieux  :  Vous  vous  êtes  approches  de  la  mon- 
lafjnr  de  Sion,  ut  la  ville  du  Uim  vivant,  de  la 
Jérusalem  eélente  (Uebr.  xn).  Ma  s  le  gouver- 
neur, (lui  n'avail  p^-s  des  vues  si  élevées, 
sintormal  sous  quel  climat  étdt  située  c»  lie 
y  llo,  dns  quf;  lo  proviu  e,  et  quci  peuple 
riiabitaii.  La  rojMinse  du  martyr  ne  !e  con- 
Un'a  :l  pas  ,  il  se  servit  des  t(.urments 
co.nme  u'un  moyen  qu'il  crut  f>lus  HDcai^e 
pour  ooliger  le  sdnl  ;.  lui  dire  ia  v.'  ilé.  On 
lui  tourna  les  bras  (  errière  le  dos.  on  lui 
déboîta  its  pieds  avec  une  do  ces  iii.'iive  les 
ii^acimios  de  rii'ventiun  de  Firniili  n.  Tout 
cela  PC  lui  fît  jamais  dire  autre  c.iose  :  il 
assurait  tui'jours  quil  n'avançait  rien  que 
dj  V'r:lablo;  que  Jérusalt  m  én.it  «a  pairie; 
(ju'il  uy  avait  que  les  adorateurs  du  vrai 
ùicii  (jui  eussent  le  piivilége  d'habiter  cette 
V  llo  ei  d'en  obl(îni  le  droit  do  boui»'eoisie; 
(}u'.iu  teste  tllo  étnit  située  à  Te •ienl ,  et 
dans  une  conîréo  qui  avait  L'  bonhejr  d'ôlie 
éclairée  do*  }»rem;ors  rayons  du  s.d  il.  Toi  - 
les  Ces  expressions  éiaienl  vuiies,  selon  le 
s«ns  mystique  que  le  nicriyr  leur  donnail. 
Le  gouviTPCur,  qui  était  bien  éloigné  d'y 
e  drer,  el  qui  prenait  tout  ii  la  lettre,  s'ima- 
ginait bonnement  que  bs  <  hrélien.s  IWIlis- 
saiont  une  viilo  en  auel(|ue  coin  de  la  te?  10, 
JOUI  leur  M'rviT  de  place  de  sOieté  conlre 
los  poursuites  que  l'on  fa  sait  contre  eux; 
que  Cf  serait  uii  lieu  de  retraite  pour  tous 
1  s  nié(<mtents  de  i  empire,  ipii  y  a<  Cour- 
raient de  lous  côb^s  pour  y  tormo'r  quelque 
parti,  et  poul-<^.re  pour  s'y  foriiiier  1 01. ire 
i  aufoiiii'  du  souverain.  Loia  lo  niellait  '^x- 
InMnemenl  en  p'ine;  il  se  (vp-uada  l  qu'il 
était  de  >on  (levf».r  ûf^  découvrir  cotte  firé- 
teiidue  buteiesse  dos  cbrétiens.  M  iros*»ail 
(Him;  fiveuioHi  le  martyr  d<»  lui  déclwer 
remlmil  de  l'Orient  où  (ette  Jénis.bm  ('lait 
phu  ''0;  ei  tin.  n'en  pouv.uit  lirei  i'iiiro  chose, 
il  le  condamna  A  ruort.  El  ce  lut  là  le  dénoû- 
moiil  (pie  lo  i. ran  donna  ^  celtp  pièce  tragi- 
(pi.'.  A  l'o^aru  des  ipia'ro  aniros,  aj  rès  avoir 
exer«v  sur  eux  raille  rruantés.  il  les  condui- 
sit, tomme  par  autant  do  dill'éivi.tes  scènes 
sanglnnlos,  a  une  s'n.bla:>le  cata'^lrophe. 

61.  Las  enfin  de  voir  toujours  du  sang, 

n)  Le  nom  de  Jcrns.ilrni  rl.iit  inconnu  à  Fir- 
niili(*ii  ,  pntte  i|iii:  t  of).ii->  roiii|ioreur  A'Iritn,  qui 
s'.  p^cl.ài  .'ttius  A(lri,iiiiis  ,  ^  i  \\\.'\  uvaii  i.bali  J.rii- 
.salt-iii  ilclritilc  par  1  i>u.^,  celle  ville  ne  iA  ttoinni.ul 
\\\\\3  (lu'l'.li.i,  iiu  liOiii  l'tMoliii  qui  1  .tv^l  rcl.tblic. 
C  e;il  ce  qui  uit  ici  1  ctjuivoquc. 


580 


IVM, 


PAL 


sfia 


dos  rorps  (lt'{'liir(^s  nu  bn^hVs,  drs  nifnihn's 
(lisl(ii|U(''s  on  roiiipiis,  ol  sn  fureur,  l'assa.sii'i) 
(le  loni'i  (fiil'^  cl  •!('  supplices,  (•(miini'MÇ ml  h 
SI'  rali-ntir,  il  "c  loufi.i  vers  l'.iMipluK'  cl  ses 
couipnKHOiis;  el  «oiuiiic  il  iocommuI,  b  u  'Q 
(•(M'Uiiiic  g.iilc  (pii  t'clalail  siu-  leur  visage, 
(lu'ii  (MuploiciMil  eu  vain  la  violeucc  pour 
leur  laii'o  ^•llaUr^cr  do  .scnliuuMits ,  il  se  cori- 
ieul.»  de  leur  dcniaMder  siniplcmcul  s'ds  ne 
voulaieul  do'ic  (^as  eilii  oh.'ir  a\n  ordics  do 
l'oinpt'reur.  Mais  eux  ayant  réptuidu  eouuiio 
de  LÇi^iiércuv  ((lulesseurs  i\o  Ji-sus-Cdirist  , 
qui  eroii^'il  (jue  ce  (pi'i's  voit  dire  iloil  iMre 
la  dernièr(>  uian|uc  (piils  lui  douMe  omI  «lo 
Itixw  allaclicuicul  cl  de  leur  lideldi',  il  les 
coudaïuiia  au  im^'uie  supplice  ^uc  les  eini] 
li^vpliens. 

i\^.  Alors  lui  jcu'ie  lioiiuuc,  doMîosliipic  d»; 
Pauipliilc,  oJcvcS  sous  k-s  yeux  de  ce  graud 
nersouuage,  el  [)ar  lui  Ibnué  aux  scienci'S  et 
a  la  vcru,  ayaul  eulrudu  pronoiuicr  la  seii- 
louco  de  niuVl  coulrc  s,,u  ui;iilre,  s  tMr  a  ilu 
milieu  do  la  foule  :  «  Du  uioius  (ju'ou  ne 
rol'uso  |)as  la  sépulhwe  aux  iiioris.  »  Mais  le 
gouvern.  ur,  (jui  nicrilat  bien  uioius  le  uoiu 
d'homme  que  celui  de  bute  laroucho,  ou  de 
ce  ([u'il  i)Oiivail  >  avoir  sur  la  terre  d;^  moins 
huniari  ciu'iuie  b.He  larouc  lie,  n'a  aul  aucuu 
éganl  ni  ;\  rA;^e  de  ce  jeune  homn)e,  m  h  la 
généreuse  atleclion   qu'il    léniui;j,uail   pour 
sou  moilre,  sur  la  déoUualiou  (luil  lit  (ju  M 
était  cluétien,  le  livra  sur  l'heure  à  toute  la 
cruauté  i\o  ses  Ijoiu-ieaux    aux(iucls  il  re- 
commanda l'o.t  de  ne  le  poini  éparj^ncr.   Ils 
f.ireul  Udèlcs,  h  leur  ordinaire,  t»  exécuter 
cet  ordre;  et  ponda'U  qu'ils  re|)rcnaicnl  ha- 
leine, Firiiiilien  lui  or.  o;ria  de   sacrdicr; 
mais  le  lidéle  jeune  h-nime  relusunl  de  le 
faire,  ce  juj^e  inique   teco:r,me'^ça   à   faire 
frapper  sur  lui,  coraoïe  si  sou  corps  eût  é  é 
un  rocher  ou  une  enclume.  Mais  comme  le 
martyr,  quoi  )u'il  fût  t  mt  brisé,  conservait 
au  milieu  des  toinuenls  une  trc.nq  illiié  qui 
désespérait  ci^  barbare,  celui-ci,  ne  pouvant 
compren  re  comment  il  était  possible  qu'il 
ne   lui  échappAt  m  plainte  ni  le  molnure 
sounir,  le  condamna  a   être  jeté  dans  un 
grand  fou  qui  n'était  pas  éloigné  de  ià.  Ainsi 
celui  qu:  n'était  entré  dans  la  cariière  que 
le  dernier  remporta  le  \  rix  le  [)remier.  \'ous 
eussiez  donc  vu  Porphiie,  car  c'est  ainsi  que 
se  nommait  cet  admirable  jeune  homme, 
ainsi  qu'un  illustre  aiiilete  qui  soi  t  victo- 
riejx  (il  coml)ai,  le  corps  à  la  vé'ité  couvcit 
de  sang  et  de  poussière,  ma  s  avec  un  air  de 
conquérant  et  cette  noble  joie  que  tlonne  la 
victoire,  peinte  sur  le  visa^^e,  uiarcher  vers 
le  bûcher  comme  vers  un  char  de  triomphe. 
Vous    l'eussici   vu   s'entretenant   avec   ses 
nrrxs,  et  leur  expliquant  s.;s  deridèi-es  volon- 
ih-  el  ses  dernieis  seuliments  avec  une  pa- 
faile  liberté  et  une  présence  d'espi.t  mer- 
veilleuse, que  lui  donnait  celle  de  l'Esprit 
divin  ,  dont  il  éuiit  rempli.  Lors  même  qu'il 
fat  attiché  au  piteau,  il  ne  perdit  poii.t  cette 
aimable  sérénité  qui  bnllait  dans  ses  yeux. 
Et  parce  que  le  bûcher  a\i  nnlieu  duquel  il 
était  pl.icé  semblait  éloigner  de  lai  ses  llim- 
mes,  il  les  allirait  avec  son  haleine.  Eiiiin, 


«prés  avoir  appelé  h  sim  secoure  Jésu.s,  Filf 
de  Dieu,  el  aprc.s  nvoir  pour  la  dernier*.'  fois 
prononcé  re  nom  adorable,  il  ne  voulut  plus 
riiii  duc,  >^;udii  •(  par  ri.v^pecl  ly  sileni  (;  ju.i- 
(ju'mu  d(M-nii  r  soupir. 

:i*).  iie  f.l  donc  anisi  que  eomb.illil  et  ipu) 

1  iomp''a  IVMj)hirn  :  1 1  rou. un  nommé 

Séleu.  us,  ([iii  avait  autrefoi);  poiU'  les  nnncs, 
él.iil  allé  I  l'ompfi  ment  e-^i  |W)  1er  l<i  eouvcdle 
à  l'ainphil  ',  (ui  lui  en  lit  un  ciiinr.  Ou  l'ai- 
réla    sur-le-champ,   dans    h;  nu)menl   (ju'il 
d'sail  le  dernier  adieu  îi  un  des  n).iii\(s,  ce 
(pii  le  K  ndil  ("uoïc  plus  t  riunnel  ;  ei  ||  lut 
coMdml   au  ;:,<  nveiiieiir.    Il   le  condamna   h 
perdr(;   la  vie,   coinn.e  s'il    n'iïit   pas    voulu 
I,i>ser  sortir  de  ce  monde  l'orphiie  s'ins  lui 
donner  compagnie  dans  le  voyage  qu'il  allait 
euln'i  rendre,  ('e  Sé'encus    élail    (iajipMdo- 
cie'i;  il  avait  ac(iuis  beaiicoui)  de  répuialion 
dans  le  service,  où  il  était  e'itré  assez  jeune  ; 
il  suipas>ail  Ions  ses  c.imarndes  cm  f»  rce  et 
en  bonne   mine,  et  il    s'ac(juiltait  avec   une 
grArc  merveilleuse  de  Ions  les  exercices  uii- 
hl'iires,  de  soite  quM  passait  iioiir  l'Iionime 
du  monde  le  mieux   fait,  le  plus  robusle  et 
le  plus  adroit  de  toute  l'arm.  e  ,  ayant  outre 
ccl.i   u  '0   la  lie    ava'U.igeuse,   une  cerlaitie 
be;;uté  m  de,  qui  attirait  les  re.^.'ids  et  l'ad- 
niiiaùon  de  tout. le  monde.  Dès  le  comme  i- 
cemeul  de  la  perséculio  > ,  il  s'était  signalé 
par  une  généreuse  co'il'cssion  du  nom  de 
Jé■^us-Chrlst,  la.|uelle  lui  avait  valu   plu- 
sit  urs  cou[)S  de  fouet.  A  va  U  renoncé  ensude 
au  mél'erdela  guérie,  il  se  mil  dans  la  hùule 
piété,  prenant  soin  des  v.'uves  et  des  orphe- 
lins, se  déclarant  leur  proiectcur,  et  se  fai^ 
sant  comme  leur  père,  assis<aiit  les  p  <uvres 
elles  ma'ades.  Ce  fut  cette  excellente  vertu, 
la  com;  assion  des  misérables,  qui  lui  mérita 
la  couronne  du  iiiarlyre,  que  iui  donna  celui 
(jui  prend  b  en  plus  de   plaisir  aux  œuvres 
de  miséricorde  qu'on  lui  otfre  qu'au  sang  et 
à  l'odfur  des  victimes  qu'on  lui  immole.  U 
fut  au  reste  'e  di.iième  qui  endura  la  mort  le 
même  jour  que  le  bienheureux  Pamphiie, 
qui  entra  dans  la  gloire  avec  onze  compa- 
gnons ue  son  supplice. 

40.  Le  onzième  l'ut  Théodule,  un  vieillard 
vénérable  de  la  maison  du  gouverneur,  aimé 
et  considéré  de  son  maîtie,  soit  à  cause  de 
ses  cheveux  blancs  et  de  ce  qu'une  nom- 
breuse poslérité  Sortie  de  lui  le  i-econnaissait 
})0:irpère,  [)Our  aïeui  el  pour  bisaïeul  ;  soit 
à  cause  de  sa  fidé.ité  et  de  l'attachement 
qu'il  avait  toujours  eu  pour  sa  personne. 
Cei)endant  ce  gé-^éreux  et  saint  vieillaid, 
ayant  marqué  quelque  empressement  pour 
Famphile,  et  donné  peut-être  quelques  lar- 
mes à  l'étal  oi^i  l  le  voyait,  fut,  aussi  bien  que 
Séleucus,  déféré  au  gouveiueu: ,  qui,  [  erdant 
tout  d'un  coup  le  souvenir  des  services  que 
ce  lidèle  domestique  lui  avait  n  ndus,  el  de 
la  bienveillance  dont  lui-môme  l'avait  ho- 
noré, le  fit  at;acher  à  une  croix,  lui  procu- 
rant toutefois  parce  genre  de  sup}.lice  le 
plus  grand  honneur  qu  il  pouvait  espérer, 
en  le  faisant  mourir  comme  le  Sauveur  du 
mo-^de  était  mort. 
ki,  11   n'en   manquait  plus  qu'un   poui 


391 


PAL 


PAL 


59Î 


arhovor  le  nombro  do  (itMizc;  Julien  se  prr- 
sciila  tout  n  propos  pour  cflii.  Il  ne  faisait 
que  d'airiver  de  la  canipa.;ne  ;  et  comme  il 
all.'ut  entrer  chez  lui,  il  nppril  ipi'oi  verinit 
de  faire  mourir  onze  dirétiens,  et  que  leurs 
corps  (étaient  encore  tous  étendus  sur  la 
j>Iace.  Il  y  aeroiirt  et  ph-j-i  d'un  saut  res- 
jiect  il  les  bai-e.  il  les  embrasse,  il  n'en  peut 
retirer  ni  ses  yeux  ni  sa  bouche.  C'en  était 
plus  qu'il  n'en  fallait  pour  le  rendre  cou- 
pable du  plus  grand  de  tous  les  crimes.  On 
ne  man(|ua  donc  pas  de  s'assurer  de  lui  et 
de  le  conduire  h  Firniilien,  qui,  ne  sedt'me'i- 
tant  point  et  >outen;!nt  jus(|u'à  l.\  fln  le 
caractère  alTreux  du  plus  cruel  de  tous  les 
lionimes,  le  cond-unna  à  ùlrc  bri'^lé.  Julien, 
tres.-aillani  d'alléc^res.'C,  et  rendant  à  Dieu 
mille  ai  lions  de  grAces  de  l'honneur  qu'il  lui 
fait  de  l'associer  à  C'tte  sainte  troiqie  de 
martyrs,  entre  gaîment  dans  le  feu,  (jui  en 
peu  de  temps  eu  fait  un  holocauste.  11  était 
originaire  deCappadoce,  honuiie  sincère,  in- 
trépide dans  le  péril,  vaill ml  dans  l'occasion , 
mais  surtout  animé  et  plein  de  l'esprit  de 
Dieu,  de  la  bonté  duquel  il  avait  r  eu  une 
foi  pure,  des  nue  irs  réglées  et  des  seniimenls 
très-hauts  et  très-subbmos  de  notre  re.igion, 

k'2.  Au  reste,  les  corps  de  ces  douze  mar- 
tyrs demeurèrent  e\po>és  aux  chiens  et  aux 
oiseaux  durant  quatre  jours  ct(piatre  nuits, 
y  ayant  d»  s  gardes  postés  aux  environs  pour 
empêcher  les  chrétiens  de  les  enle\er.  .>lais 
comme  on  vit  que  ces  sacrées  dépouilles 
étaient  devenues  resfiectables  aux  animaux 
même  les  plus  carnassiers,  on  lit  retirer  les 
gardes,  et  1  on  permit  aux  lidèles  de  les  em- 
porter et  de  les  ensevelir;  ce  (ju'ils  tirent  avec 
toute  la  pompe  et  de  la  manière  la  plus  ho- 
norable qu'il  h'ur  fut  possible  dans  l'état  où 
ils  se  trouvaient. 

4.'J.  Sur  ces  entrefaites,  Eubulus  et  Adrien 
arrivèrent  h  Césarée;  ils  venaient  de  Man- 
gane,  d'où  ils  étaient  partis  dans  l'innque 
dessein  de  venir  rendie  leurs  devoirs  aux 
saints  co  d'.sseurs.  Ils  furent  cnmnu;  les 
autresarrèlés  aux  portes  delà  ville;tt  ayant 
avoué  ingénument  le  sujet  de  leur  vo.)age, 
ils  l'un  nt  conduits  h  Firmilien,  (pii  ne  Tes 
laissa  pas  languir  longtemps  lians  lat  ente 
(le  leur  bnniKur;  car  les  ayant  d'abord, 
selon  sa  lou.îble  coutume,  fait  déchirer  avei- 
des  on-,les  <ie  fer,  il  les  condamna  aux  bêles. 
Ainsi,  deux  jours  après,  c'est-à-dire  le  o  du 
mois  Dister,  ou  le  trois  «les  nones  de  mais  Jo 
5j,  cpie  toute  la  vdie  de  <^é>arée  c('lél)rait  avec 
de  grandes  réjouissances  en  l'honneur  du 
C'iéine  public,  Adrien  fut  donné  a  un  lion, 
et  ensuite  ('gorgé.  Puiii  Kubulns,  l'envie  (|u  • 
le  goiiveinour  avait  de  le  sauver  lui  lit  dif- 
férer sa  mo.t  de  deux  jours  pentlant  les- 
quels il  le  conjura  plus  d'une  fois  de  vouloir 
s  aider  lui-mêii,e  en  sa*  ritiant  aux  dieux,  lui 
promettant  en  te  cas  la  liheité  et  la  vie. 
Mais  Eubulus,  qui  f  lisait  pcni  d'estime  de  ces 
dtnix  t  loses,  rclusa  le  don  qu'ori  lui  en  vou- 
lait faire,  et  leur  préfinvi  une  mort  glorieuse, 
qu'il  trouva  comme  son  ami  Adrien,  dans 
1  amphithéÂtro,  où  il  fut  mis  on  pièces  par 


les  bêles  (le  7  mars),  sans  qu'il  fût  besoin 
de  l'achever  par  un  coup  d"e,téc. 

'»'».  Il  ne  sera  pas  hors  de  pronos  d'aji- 
prendre  en  passant  aux  lecteurs  de  quelle 
manière  la  ju-tice  divine  vengea  le  sr»ng  de 
tant  de  mai  t.  rs  sur  ces  impies,  qui  l'aviienl 
ri''pandu  avec  tant  deciuaué.  Ih  périrent 
tous  avec  les  tyrans,  fl'nne  mort  fun^•.^fe  et 
lia;ique,  et  lebaibare  Fumili.n  finit  misé- 
rablement ses  jours  par  la  main  d'un  bour- 
reau. 

4o.  La  septième  année  do  la  persécution 
penchait  vers  sa  tin,  elles  allaircs  d.?  la  reli- 
gion se  rétabli>saieiit  |mu  à  peu,  jusque-là 
que  l'on  soiJtfrait  que  les  chrétiens  nié- 
gués  dans  les  mines  oe  la  Palestine,  auxquels 
on  laissait  une  liberté  entière,  lelevassent 
les  églises  abattues  et  en  éditiassent  de  nou- 
velles; lorsqu'un  nouveau  gouverneur  ayant 
passé  par  ces  qiiartitn-s,  en  visitant  les  places 
de  son  gouvernement,  et  s'étant  faii  infor- 
mer <le  la  manière  de  vivre  de  ces  saints  con- 
fesseurs, soit  (pi'on  la  lui  ei1t  rapportée  en 
des  termes  odieux,  soit  qu'il  eût  en  effet 
lAme  méchan-e,  il  en  érnvit  h  l'empereur, 
se  servant  d'expressions  si  désavantageuses 
aux  chrétiens,  mêlant  dans  ce  rapjiort  inti- 
dèle  tant  de  noires  calomnies,  que  quelques 
jours  après  l'intendant  des  mines  arriva 
avec  un  ordre  vrai  ou  supposé  de  c>:*  prince, 
qui  portait  (pi'on  s 'parâi  en  diverses  troupes 
les  confesseurs  qui  travaillaient  aux  métaux  ; 
C[u'on  en  envoyât  une  partie  dans  l'île  de 
Chypre,  et  une  partie  dans  le  mont  Liban  ; 
et  (pi'h  l'égar  i  de  ceux  ipii  étaient  dispersés 
dans  les  dilférents  cantons  de  la  province, 
on  recommaiulAt  aux  inspecteurs  des  ou- 
vrages publics  de  les  accaliler  de  travaux  et 
d  '  mauvais  traitements.  Ensuite  cet  inten- 
dant en  choisit  (pia  re  des  mieux  faits,  qu'il 
envoya  à  l'ot'.it  ier  géi  éral  (pii  commanaait 
h  s  troupes  romaines  dans  la  Palestine. 

iG.  De  ces  (piatre,  deux  étaient  évêqiies, 
Nil  et  Pelée  (le  19  septembre)  ;  le  trois  eme, 
nommé  Elle,  était  prêtre;  et  Paterimrhius, 
le  ijuatiièiiit',  personnage  aimé  et  honoré 
d'un  chacun  pour  ses  manières  honnêtes  et 
son  humeur  oblige. inte.  Lorstpi'ils  furent 
devant  cel  oUicier,  il  leur  de:n  mia  s'ils  ne 
voulaient  pas  abando  mer  leur  religion  ; 
mais  leur  réjtonse  ne  l'ayant  nullement  sa- 
tisfait, il  les  lit  brùK-r  tout  vifs. 

47.  Parmi  les  confes-eurs  que  l'intendant 
ties  minesavaiidistriiMiése  i  diversipiartiers, 
il  s'en  lrouv;iit  plusieurs  ipie  la  vieillesse  ou 
les  inlirmites  rendaient  incapables  de  tra- 
vaill.  r.  ()  I  mit  ctnix-là  dans  un  *  anioo  sé- 
par»'«,  qu'on  leur  do  .na  à  cultiver.  Ils  avaient 
à  li'ur  lête  le  sai  il  vieillard  Silvain  ilan  de 
Jésus-Chi  ist  .110),  originairo  et  évêque  de 
(iaze.  ('/était  un  modèle  achevé  de  toutes  les 
Vertus;  tons  les  lidèles  le  resjiectaient  avec 
une  espè.e  dj  véiiération  religieuse.  Dès 
les  piiMUières  années  de  la  persécution,  il 
comiiKMiça  à  donner  des  manjues  éclatantes 
de  la  fermeté  de  sa  foi  ;  il  les  avait  souvent 
retiouveh'es  dans  les  diverses  repiises  de  la 
la  persécution,  cl  il  mciila  d'cnèlrc  comme 


80^ 


PAL 


PAI. 


r/»i 


In  sfcaii,  pnis(|u'<'II('  rcssa  «•iilit'^rnmonl  pnii 
(In  ltHii|)s  a|ii(''.s  sa  moil. 

VH.  Il  y  avail  aussi  là  pliisinirs  K^'vplifiis, 
(Mitre  li'S(|ti(>ls  (Ml  voyait  i'(U  .Kliiiiialih* 
JciM,  si  (('lui)!»'  |>(Mir  sa  iiicMiioirc.  (Jikikiu'iI 
iùl  avcii^li',  (Ml  ne  laissa  pas  dans  la  p(MS('î- 
ciitioii  (l(!  lui  arraclici  les  nciix  coiiiiih'  aux 
autres,  cl  di»  lui  (  inih-iiscr  j'cMidroit,  apiès 
lui  avoir  dH'i"!  ('  le  iKM-Cdu  pied  gauche  avec 
un  ('(M-  roii,:i;(',  laiil  la  ciimuIi'î  des  huimcaux 
(Mait  iiioiilcc  au  diMuitM-  Ao\:;vé  de  IV'rocilc', 
inconnue  iiu^uie  aux  libres  et  aux  paMlluM'os. 
Au  roslo,  je  ne  dirai  rieii  d(î  la  piireli'-  de  ses 
iiKiMU's,  de  sa  iiiani("M(»  de  vivre  r(''gl('!e  |iar 
les  iiiaxiiiies  d'une  piiilosopliie  lrès-ausl('re; 
(luoiipn'  sa  vertu  le  reiulil  l'orl  recoiiiiiian- 
(îalde,  elle  eaiisail  toulefois  moins  (r.idiniia- 
li(Mi  ([U(!  cette  prodij;ieus(>  iiRniioiro  (ju'il 
avait  re(;ue  d(>  ta  unliire.  Car  (Milin  il  iioss(':- 
dail  loulo  riM-rilure  sainte;  non  (ju'il  l'eiU 
t;iav(W'  sur  des  lal)les  de  pierre,  coiiinu!  dit 
le  divin  ApAtre,  ni  peiiit(i  sur  du  vélin,  ni 
tracée  sur  du  pafiier  ([ue  les  vers  rouirent  cl 
que  li^  teiiips  ((Misuine;.  mais  il  l'avait  écrite 
sur  des  tables  de  chair,  dans  son  cœur,  dans 
son  esprit  éclairé  des  lumières  les  [dus  pures, 
dans  sou  ;\me  [)lus  blandie  (jue  la  neige;  eu 
un  mot,  il  l'avait  toute  appnso  par  coHir.  En 
sorte  cpie  toutes  les  lo  s  (ju'il  le  voulait ,  il 
récitait  avec  u'ie  iacililé  surprenaiit(^  des 
livres  entiers  do  Moïse,  ceux  dos  [)ropliôlcs, 
de  grands  traits  de  riiisloirc  sicré^',  une  par- 
lie  de  TKvangile,  les  Kpitres  des  apôtres;  et 
il  lirait  tout  cela  de  sa  mémoire,  comme  d'un 
magasin  do  littérature.  Pour  moi,  j'avoue 
que  la  premièie  l'ois  (jue  je  le  vis,  au  milieu 
lie  rassemblée  des  liaèles,  réciter  tout  do 
suite  [ilusiours  pages  des  livres  sacrés  avec 
cette  merveilleuse  facilité,  je  demeurai  dans 
une  surprise  que  je  ne  puis  exprimer;  car 
j'avais  toujours  cru,  lorscpie  je  l'entendais 
sans  lo  voir,  ({u'il  lisait  dans  ie  livre  même, 
comme  le  lecteur  a  coutume  de  faire.  Mais 
entin  m'étant  éclaiici  de  la  chose  en  m'ap- 
prochant  de  lui,  et  le  voyant  sans  yeu\  rendre 
des  oracles  à  la  manière  des  prophètes,  je 
louais  et  bénissais  Dieu  de  cette  merveille, 
et  j'en  concluais  que  ce  qui  fait  véritablement 
l'homme  n'est  ni  le  corps,  ni  la  figure  exté- 
rieure, ni  tout  ce  qui  paraît  au  dehors  ,  mais 
la  connaissance,  la  pensée,  l'inlelligence,  qui 
est  renfermée  au  dedans. 

4-9.  Mais  tandis  que  ces  saints  vieillards 
dont  on  vient  de  parler ,  retirés  dans  ce 
canton  qu'on  leur  avait  assigné  [)our  le  cul- 
tiver, passaient  les  jours  et  les  nuits  dans  les 
jeûnes,  l'oraiso-i  et  les  autres  exercices  labo- 
rieux de  la  pénitence,  Dieu  Lur  pré|iarait 
dans  le  moment  même  des  couionnes  aux- 
quelles ils  ne  s'attendaient  pas.  Car  Mavi- 
min,  cet  ennemi  déclaré  des  gens  de  bien, 
ne  pouvait  souifrir  (|ue  ceux-ci  se  tinssent 
toujours  prêts  à  combattre,  et  fussent  tou- 
jours pour  ainsi  dire  sous  les  armes,  par 
ces  prières  continuelles  qu'ils  offraient  à 
Dieu,  résolut  de  les  ôter  du  monde,  comme 
lui  étant  à  charge.  Dieu  lui  permit  ue  faire 
ce  qu'il  voulut,  aiin  que  ses  servit  urs  rem- 
portassent le  prix  de  tant  de  travaux  qu'ils 

Diction,  des  Persécutions.  II, 


rv.'ii(Mif  endurée  pour  s/i  gloire.  Ainsi  trent»- 
neuf  i-iirenl  la  KMe  trancliée  par  l'ordK;  d<-  eu 
prince  iinpio  (jo  /»  mai). 

lill.  Voilii  (picis  l'urenl  les  m/irlyr»  de  la 
PalcsiiiH)  diiraiil  les  huit  .innées  qm-  la  p(M- 
s('cnlioii  y  l'iil  allniiiée;  dli'  conuiieiM;a  par 
la  dt'iiKtlilio'i  des  enlises;  iiijis,  passant  aux 
évê(pies  el  au  clergé  ,  elle  s'élei/dil  (M. lin 
sur  tous  les  lid(''les.  Cr  ne  fut  pas,  au  reste, 
dans  l/i  seule  P.ile-tiiH!  (pi'elle  (il  lant  do 
jirogr('s;  elle  r(Miiplit  di;  sang  el  do  iiuMirlios 
la  I.iby(s  rKgypte,  la  Syrie,  et  loulcs  les 
pnivinces  de  l'Orient  jii'^qu'à  l'illvrie.  Car 
jMMir  celles  (pii  sont  par  delà,  coMiine  l'Ilalio, 
la  Sicile,  les  (laiiles,  ll-lspagiie,  la  Maunta- 
nie  et  l'Afriipie,  elles  ne  ressentii'ent  le  feu 
de  la  persécution  (jue  les  deux  |Meiiii('r(;s 
années,  Dieu,  par  sa  bonté  l'ayant  bient(H 
éteinte  dans  toutes  ces  provinces  occiden- 
tai(;s,  peut  (Mre  touché  de  la  grandeur  de  la 
foi  et  de  la  simplicité  d(!  ces  i)enples. 

Il  arriva  alors  une  chosiMpi  on  n'avait  point 
encore;  vue  depuis  l'étal ilisseiinvit  dt;  reiu|)iro 
romain  ;  car  ce  fut  durant  h;  cours  de  celto 
persécution  (pi'il  l'id  divisé  en  deux.  Le  pre- 
mier coidenait  les  provinces  de  l'Orie'it,  et  lo 
second  (X'Iles  de  l'Occident.  Dans  celui-là  les 
chrétiens  eurent  une  inlinilé  de  combats  à 
soutenir  contre  les  tyrans;  et  dans  celui-ci 
ils  jouirent  prescpie  toujours  d'une  paix  pro- 
fo  ide.  Mais  enlin  le  ciel  ne  fit  plus  luire  que 
de  beaux  jours,  des  jours  calmes  et  sereins: 
les  maid'es  de  la  terre,  changés  tout  à  coup, 
révoquèrent  les  anciens  édits,  et,  par  cle 
nouvelles  ordonnances  ,  où  leur  clémence 
n'éclata  pas  moins  que  leur  j)iété,  ils  rendi- 
rent la  tranquillité  à  l'un  et  à  l'autre  empire, 
la  liberté  à  l'Eglise  et  les  honneurs  divins  à 
Jésus-Christ. 

PALMACE  (saint),  consul  et  martyr,  mou- 
rut à  Home  sous  l'empire  de  .\laxiinin  et  dans 
la  persécution  de  ce  prince.  11  fut  décaj)ité 
avec  sa  femme  et  ses  enfants,  et  quarante- 
deux  personnes  de  sa  maison.  Voilà  ce  que 
nous  trouvons  dans  le  Martyrologe  romain. 
L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces  saints  le 
10  mai.  Deux  observations  nous  ont  profon- 
dément fra()pé  à  propos  de  ce  fait.  Paimace 
est  qualifié  consul  :  or,  la  mort  violente  d'un 
consul,  celle  de  sa  femme,  de  ses  enfants  et 
do  quarante-deux  personnes  de  sa  maison 
par  ordre  d'un  empereur,  c'est  un  fait  grave, 
un  véi'itable  événement  politique,  dont  l'his- 
toire devrait  garder  mémoire.  L'histoire  n'en 
dit  rien.  Maintenant  prétendra-t-on  que  la 
qualification  de  consul  signifie  non  pas  que 
Paimace  lo  fût  actuellement,  mais  qu'il  l'a- 
vait été"?  Nous  avons  parcouru  les  fastes 
consulaires,  et  nous  ne  trouvons  personne 
de  ce  nom  parmi  les  consuls.  Ce  q^e  nous 
disons  ici  n'a  pour  but  que  de  chercher  à 
faire  de  bonne  et  saine  critique.  Nous  ne 
voulons  rien  nier,  nous  exposons. 

PALMACE,  l'un  des  trois  magistrats  qui, 
en  l'an  180,  sous  l'empire  de  Marc-Aurèle, 
fi.ent  mourir  à  Langres  les  saints  Speusippe, 
Eleusippo  et  Méleusippe.  {Voy.  Speusippe.) 

PALME  (La  ,  nom  d'un  lieu  situé  près  de 
Ravenne,  où  le  juge  Paulin  fit  enterrer  vivant 

13 


89S  PAM 

saiiif  Vital,  après  lui  avoir  f.iit  appliquer  la 
torttirt'  (lij  chpvfllet.  [Voij.  Vital.) 

PALMVUK  fil  Syrie,  uiint  les  ruines  seu- 
les exisleit  aujourd'hui  sous  le  noiu  de  Tad- 
nior,  esl  célèb  c  par  les  snutrraiices  quy 
t'iiilurèrcnt  les  saintes  Libye  et  Léoiiide, 
sœurs,  avec  Eutropie,  jeune  lille  de  douze 
an.N.  On  ignore  à  quelle  époque  arriva  leur 
niart\ro. 

PAMBON  (saint),  prêtre,  abbé  et  conies- 
seur,   naquit   peut  -  (Mre  vers  l'a  i  317,  ou 
nu^me  environ  vingt  ans  plus  tùl.  Il  était 
jeune  encore  et  ne  savait  |>as  bre,  lorsqu'un 
jour  il  s'advessa  à    un   solitaire    pour    ap- 
prendre de  lui    quelque   psaume.   Ce  saint 
loiuiue  lui  ayant  dit  le  premier  verset  du 
psaume  xxxviii  :  J'ai  (Ut  en  moi-même  :  Je 
teillrrai   sur  moi  en  toutes   chosrs  jtour  ne 
point  pécher  par  ma  tangue  ,    il  ne   voulu! 
«)oint  atte  uire  lu  second  verset,  et  s'e-i  alla, 
dis.uit  (|ue  le  |)remier  lui  suilisait,  et  qu'il  se 
eonteiilera  l  de  tâcher  de  l'ajtprendre  par  la 
Tiralique.  Six  mois  après,  le  même  solitaire 
lui  faisait  des  r  prorlies  de  ce  (ju'il  ne  l'a- 
Y.til  point  vu  tout  ce  temps,  il  re[»undit  qu'il 
ii'av>iit  enc  ire  pu  ap,)rendre  à  pratiquer  le 
ver>el  qu'il  lui  avait  dit,  et  beau(  ou,»  il  au- 
ne s  après,  un  de  ses  amis  lui  d'iuandaiit 
s'il  l'avait  enlin  apfuis,  il  lui  ré[)ondit  (|u"à 
peine  eu  avail-il  pu  v  air  à  bout  en  d.\-neuf 
ans.  Aussi  sou  exactitude  dans  ses  paroles 
et  la  perfection  avec  la  |uelle  il  s'y  condui- 
sait étaient  extraordinaires,  et  le  tiienl  sur- 
oasser  même  saiLl  Anloi'ie,  son  mailre,  dans 
fa   perfection    Ayant  quitté  ce   dernier,   il 
passa  quelque  temps  dans  le  désiTt  tic  Ni- 
trie,  où  il  travaillait  h  faire  des  nattes.  S.iuil 
Alhaîiase,  qui  comiaissail  soi  mérite,  le  pria 
de  quitter  son  dé>eit  pour  venir  à   Alexaii- 
diie,  et  confondre  les  ariens  en  reinl.int  té- 
moignage a  la  divinité  de  Jésus-Christ.  Pam- 
bon  étant  dans  cette  \ille,  et  voyait  une  cu- 
médieu'ie  qui  se  préparait  à  monter  sur  la 
scène,  se   mit  à    pleurer  amèiemeul.  Ciux 
qui  étaient  |»résents  lui  en  ayant  demandé  la 
raison,  il  b-iir  rc[>o'idit  :  Je  [«leure  en  vo.«ant 
(elleieuime  (pii  ptrdsouàme  et  prr  ni  plus 
tic  soin  de  plaire  aux  hommes  qu'à  Dieu. 

Mélanit'  vint  de  Kome  ci  K.j;y|ite  v.  rs  l'an- 
née  3tl0,   et    ayant    appri-.  du    bieiilifureux 

fiiètre  Isidore  quel  e  était  la  vertu  île  Pam- 
)on,  elle  vint  aussitôt  le  voir  sur  la  iiionla- 
gne  de  Nitrie.  Kde  lui  oU'i  it  ti  ois  cents  livn-s 
pesant  d'argent;  sur  quoi  le  saint,  qui  ttail 
assis  et  travaill  li^  à  f.iire  des  nalles,  ne  lit 
autre  chose  ipii*  de  lui  dire,  comme  [)oui-  la 
bénir:  «  Dieu  réconip«iisera  votre  charité,  » 
et  se  loiiiiiiuit  vers  xiii  discqtle  iioiiiuk'' Dii- 
j5ène,  il  lui  dit  :  Pr.nez  ceci  et  le  disinbuez 
a  tous  les  frères  tpii  sont  dans  la  Libye  et 
dans  les  ib-s.  dont  les  monaslères  sont  les 
plus  pauvres  ib-  tou>,  mais  n'eu  donnez  rien 
a  ce  i\  d'Kgypte,  parce  (|ue  celle  [irovni  e 
esl  plus  richf  et  plus  ;d>oiida'>ii'.  j(>  me  te- 
nais toujours  devant  In.  dit  Me|  mie,  en  at- 
tentlant  qu  il  me  don  1. 1  sa  benédi.  t. on,  uu 
qu  il  me  dil  au  moins  une  parole  pour  té- 
moigner l'eslime  ipi  il  faisait  d'un  |>ri'seiit 
si  considérable.  Mais,  ne  voyant  rundetoiit 


TAN 


396 


cela,  je  lui  dis  :  «  Mon  père,  je  ne  sais  si 
vous  savez  qu'il  y  a  trois  cents  livres  d'ar- 
gt|nt?  Sur  quoi,  sans  me  faire  le  moindre 
clin  d'œil  ni  jeter  seulement  les  yeux  sur  le 
cotl'rt  où  était  cet  argent ,  il  me  répondit  : 
Ma  lille,  c»  lui  h  (|ui  vt)usavez  fait  ce  présent 
n'a  pas  besoin  (jue  vous  lui  disie  combien 
il  pèse,  nuisque,  pesant  même  les  monta- 
gnes et  les  forêts  dans  ses  divines  balance.*;, 
il  ne  saurait  ignoier  quel  esl  le  poids  de  vo- 
tre argent.  Que  si  vous  me  l'aviez  donné  à 
moi,  vous  auriez  raison  de  me  dire  (piel  en 
est  le  poids.  Mais  si  vous  lavez  otlerl  à 
Dieu,  qui  n'a  {)as  dédaigné  de  r  cevoir  deux 
oboles  des  mains  ilc  la  veuve,  et  les  a  même 
estimées  |>lus  (pie  les  grands  présents  des 
riches,  n'en  parlez  pas  davantage. 

Notre  saint  mouiut  âgé  de  soixante-dix 
ans,  au  moment  où  il  (inissail  une  corbeille. 
Mêla  lie,  dont  nous  venons  de  parler,  pr.t 
Soin  de  ses  funérailles  et  garda  cette  cor- 
beille jusq  l'a  sa  mort.  Pamb  )n  vivait  encore 
à  la  Un  de  l'année  3S5,  et  nous  oensons  for- 
tement qu'il  ne  vécut  pas  lo  >gt  mps  après. 
L'LgIise  fait  sa  fête  le  Ci  s  pleiiibre. 

PA.MPMVLE  isaini  ,  martyr,  reçut  la  glo- 
rieuse couronne  en  l'an  de  j  sus-Christ  309, 
sous  le  gouverneur  Firmdien,  a  Césaréo  de 
Palestine.  Il  comparut  devant  ce  gouverne  ir 
avec  saint  Klie  et  ses  compagnons.  Depuis 
deux  ans  déjà  il  était  en  jirison  avec  [liusieurs 
autres  chrétiens.  Qwa  d  Painphyle  eut  été 
condamné  à  moil,  Porphyre,  son  ilomesti- 
(pie,  eiitemian'.  1  arrêt,  vint  demander  qu'on 
lui  accordât  la  faveir  de  rendre  a  ix  martyrs 
les  hoiMieurs  île  la  sépulture.  Outré  d'une 
telle  hardiesse,  l'ii  mille  i  1  •  lit  arrêter,  et, 
avant  su  par  ses  rêptrises  qu'il  était  chré- 
tiiMi,  il  le  livra  aux  itourreaux,  qui  le  tirent 
soull'rir  avec  une  cruauté  inouïe.  Les  ongles 
de  fer  mirent  à  nu  ses  os  et  ses  entrailles.  Il 
n'avait  plus  que  le  souftle  quand  Firmilien 
le  lit  jeter  dans  uu  brasier,  où  il  aeromplit 
son  saerilice.  (^oy.  Eusèbe,  Des  tnartyrs  de 
Palestine.  L'Eglise  honore  la  méiuoiro  do 
saint    Pamph\le   et    de    saint    Porphyre   le 

I  '  juin.  Ce  saint  était  né  à  Héryie,  duno 
famille  noble  et  riche,  mais  païenne.  A  peine 
converti,  il  uevint  extrêmement  jueux,  et 
Consacra  t(»us  ses  soins  à  l'étude  de  l'Ecri- 
ture sainte.  Il  fut  élève  tle  Piérius.  qui  avait 
sucrédé  à  Oiigène,  à   I  éc-  le  il'Alexandiie. 

II  vint  plus  tard  s.'  fixer  à  Ct'vs.rée  de  Pales- 
tine, où  il  avait  amassé  une  bibliothèque 
coiisidéialile.  Il  lit  une  exceibnite  édilion  de 
la  liible.  Nous  av(uis  eiieore  le  premier  li\ro 
de  son  Apologie  d'Or  gène,  qu'il  composa 
étinl  en  prison  avei-  Eu-èlie.  Pamph\|e  fut 
mis  en  prison  en  l'a  niée  307,  par  l'ordro 
d'I'rbain  ,  gouverneur  de  Palestine.  Nous 
avo  <s  vu.  .lU  (  ommencomeiit  de  cet  article, 
comment  il  mourut. 

PA.NCIIAIKK  (saint',  était  Romain.  Il  fut 
martyrise  i\  Nicomedie  pour  la  défense  de  la 
foi,  et  eut  la  tê  0  tranchée.  L'Eglise  honore 
sa  m  moire  glori.'uso  le  19  mai. 

PANCKACE  (sain  ),  •.iiourut  ^  Home  pour 
Jé.^us-Chrisl  e  i  lan  i|e  l'ère  chrétienne  30V. 
Il  n'étut  à^é  (]ue  de  quatorze  ans.  La  per^ 


.W  TAN 

S(^ciilioii  (l(*  DidcUHicn  ir(''|iar|^iiait  rien  do  c» 
(|ii(<  lus  liiMiitiK's  n^;;;Mi-(l(<iil  oïdiiiairciixtiil 
nimmc  sncnK  ni  rciifa'icf,  ni  la  vicilh-ssc, 
ces  (liMix  |m'w'I('(I(vs  (I(^  la  vii^  liiiiiiaiiK^  i|ii() 
DiiMi  a  Miisrs  sous  la  sauvegarde  dr  raiiiotii' 
(>l  du  i'<>S|HM'l,  |i(Mii'  apiM'ciidi'c  h  riioinnic  (Mu; 
l'avilir  f'I  le  liasse  s(»nl  hors  de,  sou  do- 
luaini».  Ct^  jcnue  riuu-iyr  lui  ciddcfr  daus  lo 
(•iint'li('*i'('  •!<>  ('.al('|>oduis,  (|U('  plus  lard  ou 
noiiuna  cinu'ti^ro  Sainl-IVuicracc.  On  y  hiUil 
u'M»  (^fAlisc  sous  rinvocalion  du  sai'iU  (lù  sus 
rclicjucs  rcslèrcul  loul  culièrcs  jus(|u'('U  ()')."), 
(^potjuc  h  laquelle  le  |iap(«  N'ilalieu  eu  donua 
uu(^  partie  i\  Oswi,  roi  (rAii:,lt!lerre.  I/lCi;,lise 
(ail  la  i'(M(Mle  saint  l'a-u-race  le  12  mai.  {Voij. 
\U\\v,  llist.,  I.  MI,  c.  2!).) 

l'ANDAI  AUIK,  rnu/o/Zc/fc,  lu'lilo  île  de 
la  nior  'rvrrlié'iienne,  loul  près  el  vis-h-vis 
lo  cap  (Mrci^.  Sainte  Doiuilille,  l'eiiiiu(>  do 
saint  (lli^iiieiil,  ('(MisuI  et  cousin  de  Domi- 
tien,  y  fut  exiitW^  après  \o  martyre  do  son 
mari.  Ce  lieu  avait  déjà  vu  d'illustres  exilés  ; 
i-'était  lo  lifui  où  les  empereurs  envoyaient 
Cil  oxil  les  f>rincess(>s.  Julie  ,  lille  d'Au- 
guste, l'anciciiie  Agrippine,  Oclavie,  (ille  de 
(llaudc,  y  subirent  l'exil  el  y  moururent. 

PANSÏUS,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  (pii  donnèrent  Knu'  sani?  pour  la 
1"(U  on  Egyptf,  et  descpiels  Uuinarl  a  donné 
les  Aetes  auflienliciues.  Voy.  iMautyhs  (  les 
trenle-S(>pt)  égyptiens. 

PANSOPHE  (sainn,  martyr,  eité  dans  les 
Mentes  des  (Irees  comme  ayant  soulï'ert  sous 
Déee,  h  Alexandrie.  Ils  en  l'ont  la  iôle  le 
i5  janvier.  Ses  Aetes,  l'orl  étranges,  ne  nous 
paraissent  aucuiuniicnl  de  nature  à  devoir 
fixer  rat'ention  des  liommes  séiieux  el  ama- 
teurs de  la  vérité  religieuse  el  historic|ue. 

PANTAGAPPE  (saint),  martyr,'  ïit  la  gloire 
d'être  com()té  parmi  les  défenseurs  de  la  foi 
du  Christ,  avec  les  saints  Diomède,  Julien, 
Philippe,  Eutychien,  Hésique,  Léonide,Phil- 
adcdphe  et  Ménalipjte.  Les  uns  mournrtMit 
par  le  feu,  les  autres  par  le  glaive  ou  sm-  la 
croix.  Nous  n'avons  pas  d'autres  détails  sur 
eux.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  2  sei)tembre. 

PANTALÉMON  (saint),  fut  une  de  ces 
nombreuses  victimes  que  l'empereur  Trajan 
lit  moner  aux  cieux.  Il  cueillit  la  palme  du 
martyre  en  Pou  ille,  avec  saint  Maur.  Pas  de 
do  uments  sur  ce  saint  martyr,  dont  la  fête 
a  lieu  le  il  juillet. 

PANTALÉi)N  (saint),  était  médecin  de  Ga- 
lère Maximien.  Il  avait  été,  dès  son  bas  âge, 
élevé  dans  la  religion  chrétienne;  mais  peu 
à  peu,  l'amour  du  monde,  le  goût  des  jouis- 
sances et  des  grandeurs,  les  mille  séductions 
qu'il  rencontrait  à  la  cour  le  perdirent.  Il 
renonça  à  la  foi  chrétii^nne.  Un  chriHien 
nommé  Hermolaiis,  homme  d'une  grande 
])iété,  en  fut  très-vivement  alfect'',  et  résolut 
de  ramener  au  bercail  cette  breb  s  égarée.  11 
lui  parla  avec  tant  de  force,  qu'il  réussit  à 
le  ramener  dans  le  chemin  qu'il  avait  si  mal- 
heureusement quitté.  Panlaléon  rtnitra  dans 
le  sein  de  l'Eglise;  puis,  comme  il  ne  sou- 
pirail qu'après  le  bonheur  de  verser  son  sang 
pour  la  foi,  il  voulut  se  détacher  entièrement 
des  biens  de  la  terre  ;  quand  Dioclétien  ou- 


PAP 


•fI^B 


vrit  sa  grande  persécution  h  Niconiédio,  Pan- 
lalfon  dislriliua  tous  ses  hietis  nux  pauvr  s. 
Pt'U  de  leuijis  après  il  l'ut  arrêté  dans  sa  mai- 
son avec  lliniiiolau-»,  llermi(ip(!  il  Hiniiio- 
crale.  Tous  trois  furent  soumis  h  divers  su[»- 
plices.el  l'ure'il  fiisnid-  déc/ipilés.  Une  église 
l'ut  bâtie  à  Consinili'i  .pic  sous  l'i  iv(»caiioM 
de  saint  Panlaléon  ;  ((uuid  (d  <•  l'ut  |(unl)ér> 
en  ruiiii's,  l'emptneur  Jusliiien  l.i  lil  relever. 
Saint  l)(niis,  près  Paris,  possède  aujourd'hui 
une  partit!  d(!S  ieli(ju(!sdu  saint;  elles  y  fu- 
rtnd,  aiiportt'es  de  Conslatilinople.  S(Ui  chef 
est  à  Lyon.  L'Kglise  ho  lortî  la  mémoire  de 
.saint  Panlaléon  le  27  juillet. 

PANrilf':iU':,  l'un  des  trenlo-se|)t  marlyrs 
égyptiens  (pii  donnèrtnit  ItMir  sang  pour  la 
foi  en  Egypte,  et  destpiels  lluinart  a  l.iissé 
les  Actes  aulhentitpies.  Voy.  MAUTVns(les 
trente-sepi)  ('•gvpliens. 
^  PANTIGOSO  (le  bi-nheureux  Mi(:m:i.),  de 
l'ordrt^  (hî  Saint-Domiuitpie  ,  fut  martyrisé 
dans  l'année  1725,  avec  ses  deux  compagnf)ns 
Nicolas  Gonzalès  et  Jean  Davda.  Ltnu-  mai- 
tyre  glorieux  arriva  dans  la  mission  de  Co- 
chabamba,  dont  les  habitants  avaitnd.  la  ré- 
putation d'être  didiciles  h  convertir. 

PAPA  (saint),  martyr,  l'rêtre  d'IIelmine, 
fut  mis  à  mort  par  ordre  dArdacirus,  vice- 
roi  d'Abiadène,  dans  le  chAteau  de  tialial. 
{Voy.  l'article  Nausès.)  L'Eglise  célèbre  sa 
fête  le  30  novembre. 

PAPAS  (saint),  fut  martyrisé  en  Lycaonie. 
Api  ôs  avoir  été  flagellé  pour  la  foi  el  déchiré 
avec  des  ongles  de  fer,  il  fut  forcé  de  mar- 
cher avec  des  souliers  garnis  de  clous,  la 
pointe  e  dedans,  puis  lié  à  un  a'  bre  où  il 
ex|)ira.  De  stérile  qu'il  étail  auparavant,  cet 
arbre  oevint  très-fertile.  L'Eglise  fait  sa  fêt) 
le  J()  mars. 

PAPHNUCE  (siint),  fut  martyrisé  h  Jéru- 
salem. Oi  ignore  à  quelle  époque  et  dans 
quelles  circonstances.  L'Eglise  honore  sa 
mémoire  h-  19  avi'il. 

PAPIAS  (saint),  était  habitant  de  Corinthe 
sous  le  règne  de  Dèce,  en  2'i-9.  11  combauit 
vaillamment  pour  la  foi,  à  celte  époque,  avec 
les  saints  Victorin,  Victor,  Nicé|ihore,  C'au- 
'iien,  Dioscore  et  Sérapion,  tous  comme  lui 
habitants  d  la  même  ville.  Après  cett  ■  gé- 
néreuse confession,  ils  se  retirèrent  volon- 
tairement en  Egypte,  ou,  suivant  une  autre 
version,  y  furent  bannis.  En  284-,  sous  le  rè- 
gne de  Numérien,  à  Diospolis  en  Thébaïdo, 
nous  les  retrouvons  donnant  leur  vie  [iour 
Jésus-Chiist,  sous  le  gouverneur  Sabin.  Ce 
juge  féroce  avait  déjà  fait  broyer  dans  un 
mortier  trois  des  saints  martyrs,  Viciorin, 
Victor  el  Nicéphore  ;  voyant  que  cet  atroie 
supplice  n'avait  pas  éliranlé  ceux  qui  res- 
taient, il  fit  couper  Claudien  par  morceaux, 
el  lit  jeter  ces  morceaux  tout  pal[)itants  de- 
vant Ihs  saints  Sérapion,  Dioscore  et  Papias. 
11  les  leur  montrait  en  disant  :  «  Si  vous  le 
voulez,  vous  pouvez  éviter  ce  cruel  sup- 
plice. Je  ne  vous  f  rce  point  à  mourir.  — 
Que  vou>  nous  connaissez  mal,  lui  dirent  les 
saints;  si  vous  avez  des  supplices  plus 
grands,  vous  pouvez  nous  les  faire  subir, 
car  jamais  nous  ne  renierons  notre  foi  ;  ja- 


599 


PAC 


PAU 


400 


mais  nous  ne  serons  pnrjuros  a  Jt-sus-Clirist, 
notre  Sauveur.  »  Snhin,  nu  comble  de  In  fu- 
reur, lit  briller  Dioscore,  (l(5rai)iler  Nic»'- 
phore  et  nover  Pnpins.  Ce  supplice  fut  iu- 
lliiîé  à  notre  snint  le  25  février,  jour  au'fnel 
sa  fiHe  est  inscrite  au  Martyrologe  romain. 

(Voy.   ViCTORIN.) 

PAPIAS  (sTint),  martyr,  souffrit  pour  In 
foi  en  Pamphylie.  sous  ieiupire  de  Dècc  et 
sous  le  gouvernement  de  Pollion,  vers  Ton 
250.  Ses  Actes  so'it  perdus.  L'Eglise  honore 
sa  mémoire  le  20  tV'vrier 

PAPIAS,  lun  (les  trcile-sept  martyrs  égyp- 
tiens qui  donnèrent  leur  sang  i)0ui'  la  foi  en 
Egypte,  el  desquels  Ruinart  a  laissé  les  Ac- 
tes authentiques.  Voi/.  Martyrs  (les  trente- 
sept)  égy|)(iens. 

P.VPJAS,  un  des  Irente-sepl  martyrs  égyp- 
tiens (jui  fuient  martyrisés  pour  la  foi  en 
Egy{)te,  et  desquels  Uuiiiart  a  laissé  les  Ac- 
tes authenli(]ues.  l'oij.  Martyrs  (^Ics  trente- 
sept)  égypiiens. 

PAPlÀS  saint),  soldat  et  martyr,  fut  cou- 
ronné h  Home,  sur  la  voie  de  Nomente,  avec 
un  autre  soldat  nommé  Manr.  Ayant  con- 
fessé Jésus-Christ  sons  le  régne  ile  Dioclé- 
tien,  on  leur  cassa  les  m;khoires  avec  des 
cadloux,  par  l'ordre  de  Laodice,  préfet  de  la 
\'ille.  En  cet  état,  il  les  lit  enfermer  dans  un 
cachot,  puis  meurtrir  à  coups  de  b.ilons,  et 
enfin  dé(  hirer  avec  des  fouets  garnis  de 
plomb  jusipi'h  ce  qu'ils  expirassent.  Ils  sont 
inscrits  au  Martyrologe  romain  le  29  janvier. 

PAPIAS  (sairit)  ,  fut  martyr  se  durant  la 
persécution  de  Dioclélien.  Après  avoir  été 
llagellé,jeté  dans  une  chaudière  pleine  d'huile 
et  de  graisse  bouillante,  et  soulfei  t  d'aufrcs 
supplices  aussi  all'ii'iix,  il  fui  enlin  décapiti". 
L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  28  juin. 

PAPIAS  isainl),  reçut  la  couronnt>  du  mar- 
tyre en  Afrqu",  h  une  époque  et  dans  des 
circonstances  qui  nous  sont  complètement 
inconnues.  Il  eut  pour  (ompagnois  de  son 
triomp  e  les  s.dnts  l'ublins,  \  icior  ot  Hcr- 
juès.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  2  no- 
veinbie. 

PAPlCiE,  |)rince  arménien  de  la  famille 
Hérapsoniank,  fut  l'ini  de  ceux  (jui  sf)uirii- 
rcnl  volontairement  la  c.iptivjic'  pour  Ji'vsus- 
Chiist  sous  le  règne  d'Ha/guerd  ,  deuxième 
du  nom,  roi  de  Perse,  et  qui  ne  furent  remis 
en  liberté  que  huit  nus  a,  m  es  In  mort  de  ce 
j)riii(e,  sous  Ir  règne  de  so!i  lils  Hé. 0"<e.  J'uur 
]>lus  de  détails,  roy.  Princes  vrmkmens.) 

P.VPirS  ,s,iml\  «Mit  la  gloire  de  dnnner  son 
sang  pour  la  loi  clirt-iicniie,  durai, t  la  lon- 
gue perséculion  île  l'rajan.  La  ville  de  Dii- 
ra//<>.  en  Albanie,  vit  dans  ses  murs  le  Iriom- 
plie  de  s.unt  P.q»nis  et  de  ses  compagnons 
snint  Pérégrin,  saint  Pom|>(5e,  saint  Hésy- 
<iiius,  saint  Saliirnius.  saint  Cerinain  et  saint 
Lucien.  Ces  nobii  >  soldats  du  Christ  ne  nous 
ont  Itiissé  que  leurs  noms  ni  In  ccrtilude  de 
leur  mort  héioiqiie  ;  ils  ont  manqué  iriiisln- 
rieiis  pour  la  terre  ;  nous  saurons  toute  leur 
gloire  h  ce  jour  suprême  ofi ,  les  tombeaux 
.s'oiivraut,  s'ouvriront  aussi  1rs  portes  éler- 
iiclle.s,  montrant  aux  jeux  de  tous  ,  i\  côté 
«les  splendeurs  de  Dieu,  la  vie,  les  mérites , 


les  combats  de  tous  les  saints  ignorés  par  la 
terre  el  assis  autour  di'  son  trône.  Saint  Pa- 
pius  est  honoré  par  l'Eglise  le  7  juillet. 

PAPOUL  (saint),  prêtre  et  martyr,  parta- 
gea les  travaux  évaitgf'liinies  de  saint  Satur- 
nin de  Toulouse.  Il  prèi  lia  la  loi  chrélienne 
aux  peuples  du  midi  de  la  FraiK  e.  ^'ers  les 
commencinuenls  du  règne  de  Dioclétien  ,  il 
reçut  la  n'-compeuse  de  son  zèle  et  de  ses 
travaux.  Il  eut  le  bonheur  de  donner  sa  vie 
pour  la  foi  qu'il  |)rèchait.  Son  saciitice  s'ac- 
complil  dans  le  Lauragais,  petit  territoire  du 
Linguedoc.  Longtemps  ses  reliques,  enfer- 
mées dans  une  châsse  richement  ornée,  fu- 
rent gnrdées  dans  l'église  de  Saint-Ccrnin  de 
Toulouse.  La  mémoire  de  saint  Papoul  est 
honorée  par  l'Eglise  le  3  novembre. 

PAPVLE,  diacre  el  martyr  sous  Dèce,  en 
251,  fut  arrêté  à  Tyatires,  avec  son  évèque 
saint  Carpe,  Agathonitpie  et  Agathodore,  et 
conduit  devant  le  proconsul  Valère.  Après 
avoir  conl'essé  trois  fois  généreusement  la 
foi  clirélienne.  il  fut  brAlé  vif  avec  lui.  Au- 
paravant, il  avait  enduré  une  foule  de  lour- 
meiils  :  on  en  [leut  voir  le  détail  à  l'article  de 
saint  Carpk.  L'Eglise  fait  la  fête  do  ce  saint 
diacre  et  de  ses  (ompagnons  le  13  avril. 

PAHAGUUS  (saint  ,  martyrisé  h  Samosale 
en  297  ,  répandit  son  sang  sous  Dioclétien, 
par  ordre  de  Galère,  avec  les  saints  Habide  , 
Romain,  Jacques  et  Lollien.  Il  eut  encore 
jiour  compagnons  de  ses  soutfrances  saint 
Hippar((ue  et  saint  Philothée.  On  trouvera 
à  l'article  Hipparqie  (saint)  les  circonstances 
du  maityre  de  ces  saints  confesseurs. 

PAUA.MO.N  saint),  martyr  sous  Déco,  sans 
indication  de  lieu,  fut  mis  à  mort  avec  trois 
cent  soixante-quinze  chiélitnis,  par  ordre  du 
prc'sident  Atpiilin.  Nous  trouvons  leur  féto 
au  M.iriyrologe  le  29  novembre. 

PAllASCÈN  E  sainte^  martyre,  eutla  gloire 
de  donner  sa  vie  pour  la  foi  clirélienne.  Elle 
reçut  la  palme  du  martyre  avec  sainte  Plio- 
tiiie,  et  ses  entants  sants  Victor  et  Joseph  , 
les  saints  Sébastien,  oflicier  de  l'armée,  Ana- 
tol(\  Pliolius,  Pholide  ,  et  sainte  Cyri.upie, 
sa  sieur.  On  ignore  à  quelle  épixpie  ce  mar- 
tyre eut  lieu  ;  le  Martyrologe  romain  n'en 
parle  pas.  L'Eglise  honore  la  mémoire  de  ces 
saillis   martyrs  le  20  mai. 

P.VUASCJ-]\E  (sainte),  martyre,  est  célèbre 
parmi  l(\s  Crées  ipii  l'Iionorent  le  26  juillet, 
l'ne  seule  chose  est  certaine  sur  son  (  om.ple. 
c'est  qu'elle  mourut  sous  l'empereur  Marc- 

Aillèle. 

PAlUJiOUirs  (saint) ,  martyr,  honoré  par 
l'Eglise  le  18  février,  «vec  saint  Léon  ,  fui 
cdiironiié  nitiir  la  foi  à  Pal  ire  en  l.ycie.  Saint 
Léon,  (pu  fui  lémoin  de  son  martyre,  mi  fut 
si  |>rof(tndémeiil  louché,  que  dès  lors  il  brOla 
demoiiiircoiiimelui  ;  bientôt  ses  vo'uxfureiil 
evanct's.  et  il  reioignit  aux  cicux  snn  aiiii. 
(Voy.  L^;o>.) 

PAHION.  ville  de  rilellcsponl,  dépendait 
du  proconsulal  d'.Vsie.  Dès  le  commencemei.l 
de  la  persécution  de  Dèce,  saint  Menigiie  . 


profession  de  ioulon,  y  (Mit 
Les  (irecs  racoiilenl  dC  lui 
des  choses  extraordinaires,  et  qui  nous  pa- 


ipii  y  exerçait  la  profession 

la  tèle  tranchée.  Les  Crées  racoiileni  de  lui 


401 


PAS 


PAS 


4<)3 


rnissciil    vniiiiu'iil    (Irmn-cs  (l(<    foiKlciiicnl. 

PAUI-'AIT  (sniiil),  priMr»!  cl  iiuiilu-,  i).i(|imI 
h  Cm  iloiic,  cl  l'cçiil  mi(>  c(luc«lii)n  Iniilc  clirc- 
ticiiiic  p.irmi  les  cc(lcsi.isli(|iics  (|iii  (lc.s.s(«r- 
v.iiciil  I  IskHsc  (I«^  Saint-Acisclc.  Sa  ^ivindo 
vcilii  cl  s»  science  da'Js  les  Kcriliiics  cl  dans 
la  lifU'ralui'c  iirolaïc  le  liiciit  iMcvcr  au  sa- 
rcrddcc,  dans  IcmiucI  il  lil  lK'auc((ii|)  de  hini 
aux  lid(''lcs.  Il  les  coMsoL.il  de  la  scrviliidc 
où  ils  nihiiissaiciil  sinis  la  doiiiinalio'i  des 
nialioiiMWaiis.  Noire  sai'il  s'cla-il  un  ioiii- (!X- 
])li(]uc  lilircniciU  sur  Maliomct,  ses  (lisci|»l(îs 
résolurent  de  le  venger,  cl  s'étanl  cnipari-s 
do  sa  personne,  le  conduisirent  devant  lu 
jU'^o  comnuî  un  blasiihcnialcur.  On  U'  ré- 
serva atiii  de  l'innuoler  en  lliouncur  du  lau\ 
propliélo  II'  jour  de  P;\(iucs.  Le  jour  venu,  il 
luaii  ha  ^  réclialauil  plein  de  couraj^e  cl  de 
teruielé.  Il  fut  uiarlvrisé  le  18  avril  8(10,  jour 
«uiiuel  nous  ti'ouvous  sa  l'èlo  iuar(iuéu  dans 
le  iMartvrolou;e  romain. 

PAUMKNAS  (sainl),  diacre  et  martyr,  est 
Tmii  des  st>|)t  premicis  diacres:  s'élanl  livré 
h  la  gr.\ee  divuio  pour  ne  i^itiirc  (pic  sa  con- 
duite, il  s"ap|tli(pia  avec  une  entière  fidélité 
an  mi'iislér*'  de  la  ])rédiialio'i  i\ue  les  apô- 
tres lui  avaient  conlié,  cl  parvint  sous  'rraian 
à  la  gloire  du  martyre  dans  la  ville  do  Phi- 
lippes  en  Macédoine.  U  est  lionoié  dans  TE- 
gli>e  le  *23  janvier. 

PAU.MÈNE  (saint),  eut  le  glorieux  privi- 
lé,.;e  de  donner  sa  vie  pour  la  déiensc  de  la 
religion  chrétienne  en  Perse.  U  eut  pour  com- 
p.tguons  de  son  martyre  deux  autres  prèti'cs 
noauués  Héliméiias  et  Chysotèlc,  et  les 
deuv  diacres  Luc  et  jMucius,  dont  le  martyre 
est  décrit  dans  los  Actes  îles  saints  Abdoii  et 
Sovien.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  22 
avril. 

PAKTHÈNE  (saint),  martyr,  répandit  son 
sang  [)our  la  défense  de  la  religion  à  Rome 
sur  la  voie  Ap()ie'ine.  Ce  saint  était  priuii- 
cier  d'une  chai'ge  à  la  cour  de  Dèce.  Il  eut 
30ur  com|)agnon  de  son  u)artyre  saint  Ca- 
ocer,  chef  des  camériers  de  la  femme  de 
'empereur.  Ils  furent  mis  à  mort  pour  n'a- 
voir pas  voulu  sacritier  aux  idoles.  L'Eglise 
célèbre  leur  mémoire  le  19  mai. 

PARZMAN,  prince  arménien,  de  la  famille 
Manlagounik ,  fut  l'un  de  ceux  qui  souiïri- 
reil  volontairement  la  captivité  pour  Jésus- 
Christ,  sous  le  règne  d'Hazguerd,  deuxième 
du  nom,  nà  de  Perse,  et  qui  ne  fur  nt  remis 
en  liberté  el  renvoyés  en  leur  pays,  que  huit 
ans  a[)ics  la  mort  de  ce  prince  ,  sous  le  rè- 
gne de  son  tiis  B  rose.  (Pour  plus  de  détails, 
voy.  Princiîs  akmémens  ) 

PASCASE  (sainl),  martyr,  mourut  pour  sa 
foi  avec  hs  saints  Arcade  ,  Probe  et  Eutv- 
chicn.  [Voy.  l'article  Arcade  pour  plus  de 
détails.) 

PASCHAL  (saint  Pierre),  religieux  de  la 
Merci,  puis  évèque  de  Jaën,  martyr,  naquit 
u  >  alence  en  Espagne.  Ses  parents,  qui 
comptaient  cinq  martyrs  parmi  leurs  aïeux  , 
étaient  d'une  probité  et  d'une  charité  remar- 
quables. U  eut  pour  précepteur  un  prêtre  de 
Narbonne,  docteur  de  la  faculté  de  théologie 
de  Pans,  que  ses  parents  avaient  racheté 


•  chez  les  iti(idè|(?s.  Il  vint  avec  lui  h  l'.iris  , 
y  t  ludia  la  llii'fdoKU!  el  reçut  le  boiuiol  do 
doctciH'.  l'ianl  n-veiiii  h  Vnluiicc,  il  eritr/i 
dans  l'ordre  (II!  I.i  Merci  eu  f-i.")! .  Jacipies  I", 
roi  dWragoii,  (pu  i omiai-^sail  sou  mérile  el 
ses  vurlu>,  le  prit  pour  précepteur  de  son  (IIh 
ipii  iiiourul  en  12*7.")  des  blessons  (pTd  avnil 
reçues  eu  volant  au  set  ours  du  iroupeau 
ipTil  dirigeait  eu  (pialilé  d'évèipu!.  Nolro 
suint  revint  donc  ;i  son  couvenl  où  il  se  li- 
vra aux  plus  grandes  «ustérites.  Il  londa 
plusieurs  maisons  do  son  ordre  h  Tolède,  h 
iJaeça,  à  Xi'rès  et  à  Jai-ii  cri  Castille.  Hien- 
tôt,'il  Cul  eiillaimné  d'un  vit' désir  de  (loiuier 
sa  vie  pour  .lésus-Christ.  Ayant  été  fait  évè- 
ipie  de  Jacn  en  12'.I0,  il  allait  souvent  à  (iio^ 
iiaile  malgré  les  perds  (pi'il  pouvait  y  coiirik^ 
L,^  d  lachetait  les  captifs,  prêchait  l'Evan- 
gile et  gagnait  les  renégats  <'i  la  foi.  Li's  Mau- 
res, furieux  du  /èlc  qu'il  montrait  pour  leur 
convi'r.^ion,  se  saisirent  de  lui,  le  jetèrent 
d;nis  un  noir  cachot  et  le  massacrère-nt  un 
jour  ipi'il  faisait  son  action  de  grAces  après 
avoir  célébré  les  saints  mystères.  Ils  lui  cou- 
l)èrent  ensuite  la  tète  (6  décembre  l.'iOO).  Il 
avait  alors  72  ans.  Les  chrétiens  renterrèrenl 
secrètement  dans  une  grotte,  d'où  son  corps 
fut  bientôt  après  transporté  à  Baoca  où  on 
1(!  va  visiter  encore.  Son  nom  est  inscrit  au 
Maityrologe  romain  le  6  décembre  et  le  23 
octobre. 

PASCHASE  (sainl),  diacre  et  confesseur, 
soulfrit  à  Rome  jjour  la  confession  de  sa  foi. 
Le  pape  saint  (Irégoire  a  fait  mention  de  lui. 
Il  est  lionoré  dans  l'Eglise  le  31  mai. 

PASCHASE,  gouverneur  h  Syracuse,  en 
304,  du  temps  de  l'empereur  Dioctétien ,  fit 
mourir  pour  la  foi  sainte  Luce  (jui  apparte- 
nait à  une  des  i)remières  familles  de  la  ville. 
Cet  homme,  aussi  ignoble  que  féroce,  avait 
condamné  la  jeune  vierge  k  être  exposée 
dans  un  lieu  de  i)rostitution.  Dieu  veilla 
sur  elle,  et  nul  n'osa  attenter  à  sa  pudeur. 
{Voy.  Luge.) 

PASICUATE  (saint),  reçut  la  palme  du 
martyre  à  Dorostore  en  Mysie,  avec  Valen- 
tien  et  deux  autres  qui  sont  inconnus.  Ils 
sont  incrits  au  Martyrologe  romain  le  25 
mai. 

PASTANA  (le  bienheureux  Axtoine),  do- 
minicain, servait  à  Goa  dans  la  milice  sécu- 
lière, lorsqu'il  entra  dans  la  milice  ecclésias- 
tique en  prenant  l'habit  desFières  Prêcheurs. 
Ayant  entendu  parler  des  nombreux  mar- 
tyres qui  avaient  eu  lieu  à  Solor,  dans  l'ar- 
chipel SumbaAva-Timor,  il  obtint  de  ses  su- 
périeurs la  permission  de  s'y  rendre,  et  s'y 
livra  aux  travaux  apostoliques.  Ayant  été 
l)ris  par  les  idolâtres,  il  fut  accablé  de  coups, 
mutilé,  enfin  massacré  le  29  janvier  lo6o. 
(Fontana,  Monumenta  Dominicana,  an.  1565.) 

PASTEUR  (sainl),  martyr,  frère  de  saint 
Just,  fut  mis  à  mort  avec  lui  pour  la  foi,  en 
l'an  de  Jésus-Christ  30i,  par  Dacien,  pro- 
consul d'Espagne,  et  l'un  des  plus  acharnés 
parmi  les  persécuteurs  de  l'Eglise,  sous  le 
règne  de  Dioclétien.  (Pour  connaître  les  dé- 
tails de  ses  combats  et  sa  mort ,  voy.  Just, 
Dacien,  Co.mplute.)  Sa  fête  arrive  le  6  août. 


40' 


PAT 


PAT 


404 


PASTEÏ'R  (saint],  fut  m.irtyrisé  h  >'iro- 
médic  avec  Virlorin  et  d'nnires  qni  nous 
soMl  inconnus.  C'est  le  29  mars  ipie  l'Eglise 
célèl)rt'  leur  siinte  i"n(''moire. 

PATAlUi.  villt'  (le  L.vrie ,  où  saint  Part^- 
gorius  fut  martyrisé  flans  le  m'  sièrle.  î^ninl 
Léon,  son  ami,  y  cueillit,  peu  li-^  temps 
après  lui,  une  palme  glorieuse  semb'able  à 
la  sienne. 

PATERMUTIÎK  (saint),  avait  6té  con- 
ilamné  a  ix  mines  de  Palestine,  avec  saint 
Ptdée  et  ses  compagnons.  Dans  ces  mi- 
nes, les  saint"^  confesseurs  avaient  hAii  de 
letites  cliap  lies ,  où  ils  accom:'lissaient 
eurs  devoirs  religieux.  Galère,  layanr  su, 
es  lit  partir,  les  uns  pn\ir  les  mmes  1<>  C  ly- 
pre,  les  autres  pour  celles  du  monl  Ld)an. 
Dans  celte  dernière  résidence ,  un  ofrtcier 
qui  commandait  condamna  cpintre  d'entre 
eux  à  être  l)rùlés  vifs  :  ce  furent  Pi'lée  et  Nil, 
prêtres  ('gyptiens,  Elie,  prôtre  aussi,  et  Pa- 
leriu' the,  laïque  égyptien,  liomme  d'un 
gra  ni  savoir  et  d'uu'-  éminente  piété.  Ils  su- 
birent leur  suj)pliie  durant  la  persécution 
de  Diodélien,  sans  (]u'<tn  puisse  dire  préci- 
sément a  quelle  époque.  L'Eglise  célèbre 
leur  fête  le  19  septembre.  (Vo//.  Pelée.) 

P.VTEHNK  isnini),  fut  martyrisé  h  Fondi , 
sous  la  permet  ution  de  Néron.  On  fait  sa  fête 
le  -20  août.  Il  n'existe  par  rapport  à  lui  au- 
cun (lo(  liment  sérieux. 

PATEKNK,  nom  du  j)roconsul  ([ui  fit  mou- 
rir la  sainte  [)atronne  (le  Fera  j)rès  d'Astorga  ; 
elle  se  noiumail  Muthe,  et  avait  consacré  à 
Dieu  sa  virginité.  Paterne,  ii'avant  pu  1 1  (  on- 
traindre  d'abjurer,  la  fit  mourir  en  25V,  sous 
l'empire  de  Dèce.  On  ignore  le  genre  de  son 
supplice. 

l'ATKRNE  (saint),  moine  de  Saint-Pierre- 
le-Vif,  el  martyr,  naquit  dans  les  environs 
de  Coutances.  Des  sa  jeu  lesse  il  montra  une 
grau  le  ardeur  pour  la  pratique  des  virtus 
chrétiennes.  Désireux  de  quitter  entièrement 
le  monde,  il  s"éloi,;nadu  monastère  de  Saint- 
Pair  d'Avrancbes  où  d'abord  il  s'était  retiré.  Il 
allaiians  le  couvent  de  Sainl-Pierre  d'Yonne, 
puis  ensuite  dans  celui  de  Sainl-Pi(nre-le- 
Vil'.  Bienlùl  il  s'y  fit  tellement  remaicpier  par 
sa  vertu  ,  que  lé  séjour  de  celle  maison  lui 
sembla  un  danger  pour  sa  modestie.  Il  vou- 
lu' n.v  lir  au  iiionaslère  d'Yonne,  espérant 
qu  il  y  itourrait  ètie  moins  exposé  aux  ten- 
tations de  l'orgueil  ;  mais,  chemin  faisant,  il 
fut  ma»acré  dans  la  forêt  de  Sergines,  par 
des  volfurs  (ju'il  exhortait  à  renoncer  .^  l'in- 
famie fie  Itnir  profession  et  aux  désordres  q^iii 
en  éiaienl  le  complément  nécessaire  Co  lut 
pn  l'flii  720  qu'arriva  cet  événement.  L'Eglise 
hiuiuere  s;u.ntcr)mmeii>arlyrlel2novembre. 

PA  fÉ-:KNE  isainl).  évêqùe  et  martyr,  fut 
couru  >iié  dans  le  diocèse  de  Coutances.  Nous 
ignorons  lépoque  où  son  ciimbat  eut  lieu. 
L  Eglise  fait  si  mémoire  le  -iH  s-  pt(nnl)re. 

PATHMOS,  h  itrése'il  Patmn  ou  Palmnsn, 
Ile  de  lArelupel,  fait  parti"  des  S.orades, 
dont  elle  e.si  1,\  \}\\i^  sf|.ientno(iale.  Elle  élail 
un  lieu  d  exil  chez  fis  Romains,  comme 
P  UI/.1  et  P.Midatarie.  Sami  Jean  v  fui  banni 
par  Douuiicn.  (ic  lut  là  qu  il  ctrivii   ou  Apo- 


calypse. Il  quilla  Pathmos  quand  Ncrvn,  suc- 
cesseur de  Domitien,  eut  rendu  un  édit  qui 
rappelait  les  bannis,  .\insi.  il  n'y  resta  que 
fort  pou  de  lem,  s  (un  an  ou  dix-huit  mois 
au  plus). 

PATIENCE  (saint),  eut  le  glorieux  privi- 
lège de  d(mner  sa  vie  pour  .lésus-Clirist  k 
Huesca  e'i  Espagne.  Saint  Oreiis  fut  son  f  om- 
pagnon  de  soutfrances.  Ils  sont  inscrits  tous 
deux  au  Martvrologe  romain  le  1"  mai. 

PATRAS,  ^•Iro'',  \m\s  Palrrr,  ville  d'.\chaïe 
en  Grèce-  Ce  fut  dans  cette  ville  que  saint 
André,  a  Aire,  fut  mi»;  en  croix  par  ordre 
d'Kgée;  e'e-t  aussi  dans  celte  ville  qu'il  fut 
enterré.  Son  corps  y  resta  jusqu'en  337.  é,  o- 
que  h  laquelle  il  fut  transféré,  avec  celui  de 
saint  Lue,  à  Constantinople. 

PATRICE  (saint),  martvr,  souffrit  h  Pruse 
en  Bitliynie,  dans  le  m'  siècle,  pour  la  reli- 
gion chrétienne.  S"s  .Sctes  sincères,  don'xés 
par  D.  Ruinait,  sont  ici  reproduits  en  en- 
tier. «  Julius.  r)roconsul  de  Rithynie,  et  fort 
en'êté  de  la  fuisse  religion,  étant  à  Pruse, 
entra  un  jour  dans  les  thermes  (1)  pour  v 
prendre  le  bain,  et  pour  offrir  un  sacrilice  a 
Esculape  et  à  la  déesse  de'  la  santé  2). 
Après  que  la  cérémonie  fut  finie,  et  (ju'il  fut 
sorti  du  bain,  il  se  trouva  frais,  l'esprit  ex- 
trêmement gai  et  le  corps  dans  une  grande 
vigueur.  Il  cnit  être  redevable  h  Esculape 
d'une  si  agréable  disposition,  et  pour  lui  en 
marquer  sa  reron-iaissance  il  entreprit  de  le 
faire  adorer  h  Patrice,  l'évèque  des  chrétiens 
de  cette  ville  ;  il  fit  donc  dresser  son  tribu- 
nal, et  ordonna  qu'on  lui  amcnAl  l'évêque. 
Dès  que  le  saint  parut,  le  proconsul  lui  dit  : 
Vous  qui  vous  attachez  sottement  h  1 1  nou- 
veauté, et  qui,  ajoutant  foi  h  des  t'ables,  in- 
vo(piez  un  je  ne  sais  quel  Chn-^t.  venez  et 
admirez  avec  moi  le  |)ouvoir  de  nos  dieux, 
consiil  rez  leur  bonté  et  les  soins  qu'ils 
prennent  de  nous  :  voyez  ces  liains  ;  de 
combien  de  maladies  ne  guérissent-ils  pas? 
Ce  sont  nos  dieux  qui  leur  ont  donn  •  cette 
vertu,  mais  nous  en  avons  surtout  l'obliga- 
tion h  Es(  ulape,  notre  bon  [lère.  Ecoulez,  si 
vous  voulez  vous  girantir  de  la  prison  el 
m6mt>  des  supplices,  et  que  je  vous  laisse  vivre 
doucement  parmi  les  vôtres,  il  faut  que  vous 
adoriez  un  ditni  si  bienfaisant,  et  tjue  tout 
h  l'heure  vous  lui  offriez  vos  prières  en  ma 
|)résence.  Que  dt^  blasphèmes,  seigneur,  en 
peu  de  piroles,  répondit  Patrice.  F'  (piels 
l)lasplièmes  osez-vous  me  re|)rocher,  misé- 
rable, dit  le  proconsul  ;  ne  sonl-ro  pas  des 
clioses  sensibles  que  les  guérisons  qui  s'o- 
pèrent tons  les  jours  h  ces  bains  ?  Vos  yeux 
n'iMi  sont-ils  pas  témoins?  Pouvez-vous  n'en 
pas  convenir  ?  Faites-moi  rtiunneur  de  m'é- 
coutin- seulement  un  quart  d  heure.  ré|iliqua 
Patrice  ,  et  je  vous  promets,  seigneur,  do 
vous  ixpliquer  l'origine  et  la  n.iture  de  ces 
eaux.  Je  le  veux,  repartit  le  proconsul,  je 

(  I)  Biiins  piiMirs. 

(ii  Tile-Iiivp  rniiporle,  au  rinqtiiénie  livre  «lo  son 
llislniro.  qu'il  y  iiN.til  :i  llonie  un  liMiiple  «lodii-  à  l.i 
S;(iiti>,  l>;'»n  par  le  rciisciir  Jiiiiiii>  lîiihiilnis.  Ce  lempl'' 
(II)  n  1  le  n">iti  i»  iiH'-  i!"  -  porlos  de  Reme,  appelée  la 
Porte  Haluluirc  on  de  la  Santé. 


405 


vous  (loMiionii  imo  pnisIMoniidii'ncc,  (iiioi-  et  n^n^nhlc  Mais  piY'Vo.a»!  l'ii  iii^nio  1(mii|i» 
(MIC  jt'  tloivc  m'dlUMHlro  h  (|iii'li|iii'  iionvcllci  (pin  cos  lioiiiiiii's  ollVii.Horaicil   leur  Dn'ii  ft 
r'iltlr.    Nnii,    scii^iHMir,   Iio'i,  je  IH'    |iivlt«'J(l.s  Iriir  ni'afriir.  rt  (|il(',  lut  rrlusaiit  riiuiilH'iir 
iinlU'iiiciil 'vous  «It'IiiliM-   ici   (l(!s    r.ililcs,  iT-  (ju'ils  lui  iloivciii,  1 1 S  II- liTi II >| M irlf'mioMl  .lllï 
itDUtlil  l*a(ri<M'.  Kl  »|iir  l'ouvcz  v(Mis  uuMlii'o  iilult-s,    il  |iiv,.nrn  ilnix  diili^n"  iln«  (I.mihmi- 
aulrt'  clioM»  sur  en  cliaiiilir,  i('|>iil    In  pro-  res.  Il  icmiilil  lutir  lic  «Icux  sorlcs  d.- hicus, 
'noisul?  Si'iK'KMir.  ri''|ilii|ua  Palntc  ,  je  suis  il  cii  lit  |i-  sn'-;^»»  de  sa  nloin-,  \r  sf'jour  d<' In 
(hrolion,    «'l    i|ui(M»U(iiM'    «-ou  wiil    il    adon!  IV-lu-ih^.  c^l   il   >  civa  une  lumn''io  ijiii  iH;  s'i^- 
niiiiuK^  moi   lt>  PifU  vriilaltli',  cl  le  seul  '|ui  touidr.i  jniiiflis.    Il  plaça  hiii  ic  dans  dc^  tf'î- 
doil  ^lio   adoïc  dans    l'imiNcrs,  reçoit  d'en  iichrcs  pcrin'-liicllcs  ;  il  v  ail    ma  un  jeu  ipii 
iinul  uon-sculciuciil  la  ((iiuaissaucc  des  di-  hnllcra  toiijiMirs,  ni  (pu  duil  ("'In;    l'iiislru- 
viiis  iiiysli^rcs,  lunis  ciu on»  celle  des  secrets  iiieiii  dont  il  so  servirn  pour  i)inir.   Dans  In 
les   plus   cacîlu'S  de    lanaliiic.    Kl    quel    csl  prciiiicre  de  ces  deiiieui'cs  il  1»'^  ra  cii.x  «(iii 
rhomme,  dil  le  proeo-isul,  «sse/,  liardi,  ou  se  so-il  cllorcés  de  lui  pla  nMlurn-il  lour  vie, 
pltitiM    assez,   pri^sonipliu'ux  ,   pour   oser  stî  et  (|ui  oui  ohéi  à  ses  eoimiiaii  lein  -ids,  ali'i 
vanlor  d'eu  savoir  plus  (luu  les  pliiloso|thi-s  ?  (piils    y  jotiisseiil  d  un   hou'teur  ('leriud  au 
La  sa^osse  d(M'e   luondo,  ri^plicjua  Patrice,  uulicu  do  (;elto  liiiui^'re  qi.i  n^jouira  élericl- 
cst  uuo  folio  (!eva-il  Dieu.  Car  il  est  écrit  :  leiuciil  leurs  yeu\.   Mn  s  pour  ceux  «pli,  vi- 
Dieii  surprend  Ica  sages  (lotis  Intr  fausse  pin-  vaul  au  j;i  é  de    leurs  cuiiidités,  so  bout   al- 
deiice  [I  Cor.  u\).  Kt  Jésus-Clirisl ,  rond. ml  tin''  sa  liaiiio  et  son  ixli^nalion,  il  los  onfer- 
grAcos  h  sou  Pèro.dil  :  Je  rons  rnuh  ffrdees,  niera  dans  la  seconde  (leinouro     ou  ■  y  (Mr(î 
mon  /Vri',  de  ce  7«c  vous  avez  cavhé  ces  eho-  touriuciili's  élernelloiuo  't ,  ol  ))ar  l'hoiTeiir 
A(\s-  aux  suffis  et  aux  sitvants,  et  de  ce  que  vous  d'uno  nuit  qui  no  son  jamais  suivie  du    our, 
les   avez  ren'li'es   aux  simples  et   aux  })rlils  et    |)ar    l'ai'deur    insupportaole   du    fou.    Au 
{Matth.  \i,-i5).  Kl  oiiliu  legr  nd  apôlre,  par-  reste,   lorsipio  daiS   la  or  nl:oii  du   iiio  'dit 
lant  des    [ihiiosoplios  ,   assuro   (pi'j/s   nont  Diou    se  nra  le  fou  do  l'oau,  et  la  luiuièrc 
point  connu  la  rerite  ;  cm\  ajoule-t-il,' s''/.s-  dos  i(''n(''hros,   il  leu  •  a-si  na  à  chacun    en 
l'eussent  connue,  ils  n  eussent  j(tniais  crudlit'  pa  liculier   le  lie.i   (juMs   devaient  Oîouper 
le  roi  de  gloire   I  Cor.  \i).  Voilà,  uil  lo  pr  -  dais  l'univers.  Ainsi  il  va  des  oa  \  au-dos- 
oousul,  dos  choses  bien  liautes  et  bien  relo-  sus  du  linnaniLMit  et  du  fou  d;uis  les  outrail- 
réos,  mais  p(>u  claires  et  peu  intoUigibles.  les  di'  la  terre.  Mais  outre  les  eaux  (jui  l'oii- 
Venons  au  fait  ce[>eiulaut,  ol  aiipreno/.-moi,  vironn  'ut,  ot  qu'on  )uimiue  la  ruer.  cKo  on 
fomme  vous  vousy  iMesent^ago,  qui  est  l'au-  renferme    encore   d'autres  dans   son   sein, 
teur  de  toutes  les  me,  voilies  (pii  se  voie  it  cpi'on  appelle  abîmes  ou  goullres,  d'où  sor- 
ici  :  d'oCi  sortent  oes  oauv  ?  d'où  vient  cotte  tenl  sans  cesse,   pour  l'usage  et  le  service 
etfervesconco  ?  quel  agent  cachéla  produit?  dos  hnmmos,    par  une  intiiùl(^  de  canaux, 
qui  peut  causer  ce  bouillonnoinent  ciu'on  y  toutes  les  oauv  qui  so  répa-idont  et  qui  cou- 
remarque  ?  Pour  moi,  sans  vouloir  rocher-  le. il  sur  sa  surface.  C'est  de  ces  goull'r.s  et 
cher  trop  cui-iousomeut  les  causes  de  tant  de  ces  réservoirs  souterrains  que  vionncit 
d'eti'ets  surprenants,  je  me  contente  de  les  les  eaux  (|ui  remplissent  ces  bains,  et  dont 
i'api)ortor  à  la  proviclonce  des  dieux,  qui  ont  les  unes  sont  chaudes  pour  ôtrc  voisines  de 
pourvu  par  1;\  à  la  santé  des  hommes.  Av<mt  ces  feux  dont  je  viens  de  parler  ;  et  les  au- 
(pio  je  commence  mon  discours,   répondit  très,  pour  on  être  éloignées,  sont  froides,  et 
Patrice,  commandez,  soigneur,  qu'on  ouvre  servent  à  nous  humecter  ot  ànous  rafraîchir. 
la  barrière,  alin  (|ue  tout  ce  peuple  qui  est  Et  c'est  ainsi  que  Dieu,  par  une  bonté  plus 
là  dehors  puisse  entendre  ce  que  j'ai  à  dire  que  paternelle,  dispense  le  froid  et  le  chaud, 
sur  un  sujet  si  curieux  et  si  important.  Le  le  feu  et   l'eau,   selon    les    divers   besoins 
proconsul  Ut  ouvrir  la  barrière,  et  une  mul-  des  hommes.   11  y  a  raèine  des  lieux  où  les 
litude  inconcevable  de  peuple  se  répandant  eaux  no  sont  que  tièdes,  le  plus  où  le  moins 
dans  le  lieu  où  parlait  Patrice,  se  pressant  de    chaleU!-    qu'elles    ont    provenant  de  la 
autour  de  lui,  et  l'environnant  de  tous  côtés,  proximité  où  ie  léloignement  du  feu. 
il  commeni;a  à  i>arler  d  •  l.i  sorte.  Patrice  fut  intenompu  en  cet  endroit  par 
Dieu,  qui  est  éternel  et  tout-i)uissant ,  et  le  proconsul,  qui  lui  dit  :  Vous  prétemiez 
le  même  qui,  par  son  Fils  unique,  lit  de  rien  donc  que  c'est  (Christ  qui  a  fait  ces  eaux, 
le  ciel  et  la  terre,  créa  en  mCnne  tem|)s  l'eau  et  qui  leur  a  donné  toutes  les  propretés 
et  le  feu.   De  ce  dernier  il  tira  la  lujuièro,  qu'elles  o::t  ?  Oui,  sans  doute,  c'est  lui,  ré- 
le  soleil  et  les  astres  qu'il  donna  à  la  nuit  i)li  lua  Patrice;  ot  n'est-il  pas  écrit  dans  les 
pour  l'éclairer,  réservant  le  soleil  pour  fùre  livres  sacrés  :  Toutes  choses  ont  été  faites  par 
Je  jour  ;  car  sa  puissance  n'a  |io.int  d'auîres  lui  {Joan.  i)  ;  et  encoie  :  Les  dieux  des  na- 
boi-nes  que  celles  qu'y  met  si  volonté.  Les  tions  ne  sont  que  des  démons,    mais  c'est  le 
eaux  lui  fournirent  la  matière  ()0uv  former  Seigneur  qui  a  fait  les  deux  {Psnl.  xcv).  Le 
les  cieux,  et  il  a(f  rinit  la  terre  sur  les  mè-  proconsul   reprit  :  Vous  dites  que  c'est  le 
mes  eaux.  De  plus,  il  mit  en  elles  par  une  Christ  qui  a  fait  les  cieui  ?  Je  le  dis,  répon- 
prescience,  et  tout  ensemble  par  une  provi-  dit  Patrice,  et  il  est  vrai.  Je  contemplerai  les 
dence  qui  mérite    toute   notre    reconnais-     deux,  dv  un  prophète,  qui  sont  les  ouvrages 
sance   et  toute  notre  admiration,   les  cho-  de  vos  mains,  la  lune  et  les  étoiles  que  vous 
ses   qu'il    connut    devoir   être    nécessaires      avez  formées  {Psal.  vin).  Mais,  dil  le  procoa- 
un  jour  aux  h.nnmes,  soil   pour   enirete-      sul.  si  je  voas  fais  jeter  aans  ces  eaux,  pour 
Oir  leur  vie,  soit  (lour  la  rendre  commode     vous  punir  de  ce  que  vous  méprisez  les 


407 


r\T 


PAU 


iOS 


tliou\,  ne  croycz-vons  pas  que  Christ ,  qtii 
spli>n  vnns  les  n  rnV'os,  no  souffrira  jamais 
que  vous  y  périssiez?  Vonlez-vo\is(|U('  nous 
réprouvions?  Jonc  méprise  point  vos  dieux, 
répliqua  Patrice  ;  peut-on  avoir  du  mi'pris 
]iour  ce  ipii  n"est  l'as  ?  Pour  ce  (pii  roncerne 
Jésus-Clu'ist,  sachez  que,  comme  il  peut  me 
conserver  la  vie  au  md  eu  de  ces  eaux  bouil- 
lantes, il  peulaussi  me  l'ôler  par  ces  mêmes 
eaux.  Sachez  encore  que  tout  ce  qui  doit 
m'arriver  est  pn'vsent  devant  ses  veux'  ;  rpie 
bien  qu'il  soit  charité  du  gouvernement  de 
l'univers,  il  ne  tombe  pas  un  cheveu  de  la 
f^le  de  quelque  hounne  que  ce  soit,  sans  sa 
volonté  et  sans  son  ordre  ;  sachez  entin  que 
des  peines  éternelles  sont  préparées  dans 
le  Tartare  pour  tous  ceux  qui  comme  vous 
adorent  les  idoles.  Ces  dernières  paroles 
mirent  le  proconsul  dans  une  si  grande  co- 
lère, qu'il  conunanda  sur-le-champ  (pion 
(lépouillAt  le  saint  (■vè.[ue,  et  (|u'on  le  jetAt 
dans  l'eau  bouillante.  Pendant  qu'on  se  met- 
tait en  devoir  d'exécuter  cet  ordre,  il  s'a- 
dressa à  Jésus-Christ,  et  lui  dit:  Seigneur, 
venez  au  secours  de  votre  serviteur;  et  en 
même  tenqis  l'eau  sortit  avec  violence  des 
cuves  oij  elle  est  reçue,  et  se  ré[ian(lant  ;ui 
dehors,  se  lançait  sur  les  soldats,  |)énétrail 
leurs  habits,  et  leur  causait  une  douleur  in- 
concevable. Et  cette  même  eau,  perdant  sa 
chaleur  naturelle,  devient  pour  le  saint  un 
bain  tempéré  et  agréable  ;  cela  dura  même 
si  longtemps  ,  qui'  le  proconsul  irrité  l'en 
fit  sortir  et  le  condamna  à  perdre  la  lêle.  Le 
saint,  levant  les  yeux  au  ciel,  lit  cette  prière: 
«  Dieu  tout-puissant,  qui  par  votr(>  propre 
verlu  conservez  tous  les  êtres  visibles  et  in- 
visibles ;  vous  qui  ne  rejetâtes  jamais  les 
vœux  de  ceux  qui  vous  invoquent  dans  la 
sincérité  deleurcieur  ;  vous  eniin  qui,  pour 
la  gloire  de  votre  nom  et  la  consolation  de 
vos  serviteurs,  avez  bien  voulu  que  ces 
eaux,  par  une  merveille  de  volie  toute-puis- 
sance, devinssent  pour  les  justes  un  doux 
rafraîchissement  et  un  feu  pour  les  impies, 
recevez  mon  àu)e  au  moment  ipn*  la  mort 
va  la  séparer  de  mon  corj)s  pour  la  défense 
delafoi.nivi  Unissant  celle  pr;èr(>,  il  se  mit 
h  genoux  et  on  lui  trancha  la  lêle.  Les  lidê- 
les  prir  ntson  corps,  et  l'enterrèrent  proche 
le  grand  rhemiii.  Son  martyre  arriva  le  10 
mai.  »  L'Eglise  honore  ce  s,.inl  martyr  le  28 
avrd. 

PATHICE  fsainle),  reçut  la  palme  glorit'use 
des  (  ombaltanls  de  la  loi,  à  S'iroin.  ilie.  avec 
Macédon-,  son  époux,  et  leur  libe  Modeste. 
L'K^li'-e  !ion'<ie  leur  mémoire  le  13  mars. 

I'.\  1  HCX^LE  (sainl).  martyr  h  Troyes  en 
Cham  a:j;ne,  sous  renq)ire  et  durant  la  per- 
sécution de  Vah'rien,  fut  mis  ;i  mort  par.Vu- 
rélien,  gi>uvern<nir  îles  (laub  s,  et  non  |  as 
par  Auiéj.en  empereur,  connue  beaucoup 
l'fuit  prétendu  et  cumme  îlaronius  l'a  écrit 
au  .Martyrologe  romain.  La  difiii-ulté  de  sa- 
voir nu  juste  Tépocpie  du  martyre  de  ce  saint 
n'avait  point  été  résolue.  Etait-ce  sous  \;\- 
lé'ien ,  Aurélion  étant  gouverneur  de  la 
Gaule,  ou  soiis  l'enqiire  d'.Vurelien  ?  Hien 
ne  l'indiquait.  Les  Actes  donnés  par  BolUui- 


dus  qualifient  Aurélien  gouverneur;  ceux 
donnés  par  Surius  le  qualifient  empereur: 
mais  tous  s'accordent  à  dire  que  saint  Palro- 
cle  fut  décapité  le  21  janvier,  un  vendredi. 
Or  jamais,  sous  le  règne  d'.Vurélien,  le  21 
janvier  ne  tomba  un  veni:redi.  Cette  qnes-r 
tion  vidée  |)ar  celle  sinq)le  observation,  pas- 
sons à  l'histoire  du  sain! 

Saint  Palro(;le  était  un  honnne  de  haute 
condition  ;  il  habitait  Troyes  en  Champagne, 
et  vivait  r(>tiré  dans  une  maison  qu'il  avait 
près  de  la  ville,  priant  et  jei'inant  tous  les 
jours  :  il  ne  prenait  de  nourriture  (pie  le 
soir.  Sa  verlu  éclatait  par  divers  miracles 
qu'il  opérait.  Aurélien ,  étant  gouverneur 
des  Caules.  vint  de  Sens  h  Troyes.  Saint  Pa- 
trocle  lui  fut  dénoncé  comme  chrétien  :  il  le 
lit  arrêter,  et  après  plusieurs  interrogatoi- 
res, battre  h  coiqis  (le  bcUons  ;  il  lui  til  en- 
suite mettre  les  fers  aux  pieds,  et  aux  mains 
des  chahies  rougies  au  feu.  Dans  cet  état,  il 
le  lit  jeter  dans  un  cachot.  Trois  jours  a[)rès, 
il  le  lit  de  nouveau  conq)aiaitre,  et  n'ayant 
pu  vaincre  sa  fermeté ,  il  le  condamna  à 
avoir  la  têle  tranchée.  Les  Actes  de  saint 
Patrocle  racontent  (|ue,  sur  le  point  d'être 
décapité,  le  saint,  (pii  se  trouvait  sur  le  bord 
de  1 1  Seine,  demanda  à  Dieu  (piel(jue  mira- 
cle pour  confondie  les  gentils.  11  s'échappa 
des  mains  de  ses  gardes ,  et  traversa,  sans 
mêmfî  y  enfoncer  jus(pratix  genoux,  la  ri- 
vièn^  qui  pour  lors  était  fort  gonllée.  Nous 
souhaiieri(»ns  (pi'un  pareil  fait  fi"il  appuyé 
sur  des  .Vctes  jilus  aullienli([ues.  Ses  gardes, 
ajoutent  ces  Actes,  fort  en  peine  de  ce  qu'il 
était  devenu,  ayant  appris  ipi'il  é;ait  en  priè- 
res sur  une  montagne  de  I  autre  celé  ue  la 
Seine,  y  allèrent  et  lui  tranchèrent  la  tête. 
Son  corps,  enl  vé  par  deux  pauvres  vieil- 
lards, fut  enterré  par  un  archiprêtre  nommé 
Eiisèbe  et  par  un  diacre  nommé  Libère. 
\gv^  l'an  î)(»0,  l'emperiHir  Othon  le  (irand 
étant  venu  en  France,  et  ayant  rétabli  l'évê- 
((ue  de  Troyes  Anségise  sur  son  siège,  ob- 
tint lie  lui  lès  reliipies  de  saint  Patrocle.  El- 
les furent  transportées  à  Cologne,  et  depuis 
elles  l'ont  été  à  Soest,  en  Westphalie,  où  el- 
li'S  sont  encore  l'objet  d'une  grande  vénéra- 
lion,  (juoitjue  la  plupart  des  habitants  soient 
livrés  à  l'hérésie.  L'Eglise  fait  la  fôlo  de 
saint  Patrocle  le  21  janvier. 

PAl'L  (sainl.^  nommé  d'abord  dans  l'Ecri- 
ture Saul  ou  Saul,  naquit  «'i  Tarse,  ville  de 
(^.ilicie,  h  laipielle  Auguslt>  avait  donné,  tni- 
Ire  autres  privilèges,  le  ilroit  de  cohuiie  li- 
bre et  de  bourgeoisie  romaine.  Son  |)èro 
appartenait  à  la  tribu  de  Benjamin  et  ,^  la 
secte  des  pharisiens,  la  plus  rigoriste,  la 
plus  sévère  de  Ifuiles,  cl  la  plus  ennemie  do 
la  (loi  trin^  de  Jésus-Christ.  Il  fut,  suivant  la 
coulume  juive,  circoiu  is  le  huitième  jour 
après  sa  naissance. 

Les  hab  lants  dt>  Tarse,  amis  des  sciences 
et  (les  lettres,  avaient  lliabilude  d'envoyer 
leurs  enfants  étudier  ailleius  :  c'est  ainsi  ((ue 
le  jinine  Paul  fut  envoyi»  J»  Jérusaem  par 
ses  parents.  Il  fut,  < omine  il  le  dit  lui-même 
[Art.  XXII,  3),  élevé  aux  pieds  de  Camnliel, 
dans  l'auiour  et  la  parfaite  observance  de  la 


40î> 


l'Ai] 


PAU 


410 


lui  lie  Muïso.  n.nniiiiis  iriii;iii|U(<  (lu'il  l't/lit 
lrri|U(Mii,(lii«/.  Ii's  Juirs,(|m'  les jciiiirs  unis 
(|ui  ôUi(liaioiill('sl(!Unvs/i|»jiriss.'iil  en  iii('*iiu« 
t('iii|is  iiii  iiit'lit'i-,  so'U  .'iliii  i|ii'ils  |iiis.sciil 
lioiiivoir  h  liMirs  ho.sttins,  sdil  nlin  (|ii'ils  ihi 
.s'addiiiiassml  pas  h  l'oisivj'lt''.  Pcul-iMic  saint 
l'aiil  a|>|»iil-il  alors  \v  mi'-lirr  de  laisiMir  do 
Iciilcs,  (|ii'il  cxt'ira  |tliis  lard  ;  mais  pciil- 
Mro  aussi  in<  l'appiil-il  i\\ui  (piand  il  se  lut 
(•()iisafr<^  ?i  l'aposlolal,  aliii  de  ii'(Hr(«,  cuiuiik! 
il    le  dil,  .^  l'Iiarj:.!'  î\  pcrsuiiiii'. 

l'aiil  avail  un  /.Mo  oxcossil'  pour  la  loi  cl 
pour  les  prali(pu's  judaïques,  (le  lui  l'cxcrs 
(lo  fc  /('le  t'MlliousiaNlo  cl  peu  rollcilii  ipii  lo 
rendil  hlasplu-uialcur  cl  pcrscculour  do  l'E- 
gliso.  Il  est  hors  de  douh»  ipi'il  clail  un  de 
cos  Ciliciens  dont  parlent  les  Acles  (^cliap. 
VI,  V.  0)  (pii  s'clcvùrcnl  (•t)nlro  saint  Khcinic, 
(pu  disputèrent  contre  lui  cl  s\''rir;crcnl  en 
lau\  témoins  pour  le  l'aire  condannu'i'  à  mort. 
11  tut  présent  an  suppliée  du  saint  diacre;  il 
gardait  les  liahils  de  ceux  ([ui  le  lapidaient, 
l.a  Iradilion  ajoute  même  (pi'il  l'ut  un  des 
principaux  auteui'sde  sa  mort. 

Mais  Tceil  de  Dieu  était  ouvert  sur  lui.  A 
celte  é|)0(iue  de  lutte  et  de  combats,  il  fallait 
des  miiacles  ostensibles  pour  l'aire  triompher 
le  christianisme.  Dieu  voulut  (jue  le  persé- 
cuteur acharné  de  SCS  disciples  devînt  le  plus 
ardent  pro|)agateur  de  son  Evangile,  la  lu- 
mière des  gentils,  ra|)ùtre  infatigable  et  cou- 
rageux, ijui  semAl  partout  sa  doctrine,  af- 
l'ronlanl  les  péi'ils  de  toute  sorte,  bravant 
les  [leisécutions  les  plus  violentes,  et  cou- 
ronnant [)ar  le  martyre  la  vie  la  |)lus  belle  et 
la  mieux  remplie  dont  les  fastes  de  l'Eglise 
aient  gardé  souvenir.  Oui,  Paul,  soyez  blas- 
phémateur et  faux  témoin,  lai)idez  le  diacre 
du  Seigneur,  dé|)lo_yez  votre  rage  contre 
l'Eglise;  le  saint  martyr  qui  tombe  sous  les 
coups  de  vctre  fureur  a  prié  pour  vous,  et 
le  Di.m  toul-puissant  a  entendu  sa  voix.  La 
rosée  de  son  sang  vous  confère  le  baptême 
de  la  grâce.  Encore  quelque  temps,  vous 
êtes  l'élu  du  Seigneur;  allez  à  Damas  pour 
persécuter  les  chrétiens  :  Jésus-Christ  vous 
attend  sur  la  route.  Allez,  vous  serez  aussi 
utile  à  l'Eglise  par  le  miracle  de  votre  con- 
version que  par  l'éclat  de  vos  prédica- 
tions. 

Après  la  mort  de  saint  Etienne,  il  s'éleva 
contre  l'Eglise  de  Jérusalem  une  grande 
persécution,  qui  couronna  beaucoup  de  ti- 
aèles  et  à  laquelle  Paul  j)rit  une  part  extrê- 
mement active.  Son  faux  zèle  n'avait  d'égal 
que  sa  fureur  et  sa  cruauté.  11  entrait  dans  les 
maisons,  en  tirailles  hommes  et  les  femmes, 
les  chargeait  de  chaînes,  les  traînait  en  pri- 
son, et  contribuait  avec  joie  de  son  suifrage 
à  ics  faire  mettre  à  mort.  11  avait  reçu  des 
pontifes  les  pouvoirs  les  plus  étendus  pour 
exercer  ses  persécutions  :  il  entrait  dans 
les  synagogues,  où  il  faisait  battre  de  verges 
ceux  qui  croyaient  en  Jésus-Christ,  les  for- 
çant, autant  qu'il  le  pouvait,  et  par  les  inci- 
tations de  sa  parole,  et  par  la  violence  des 
supplices,  à  blasphémer  le  nom  de  Jésus- 
Christ.  Le  bruit  de  sa  cruauté  et  des  maux 
qu'il  faisait  à  l'Eglise  se  répandit  en  tous 


lieux  dans  la  Judée,  et  son  nom  y  devint  {'«rf. 
Iroi  de  luus  ceux  qui  cro\aii'nt  en  Jc^uh- 
Chrisi. 

A  mesure  que  P. ml  cxen  ,iit  sa  r.iK''  envers 
les  chrelu'ns,  il  niesui  e  elle  .nigmenlait  dans 
.son  cipur.  Li'sang  appelle  li>  .sari^,  et  l'hom- 
nu',  connue  la  |i(^te  li'roce,  s'altère  r-n  le  bu- 
vant, l.e  clunnp  de  Jérus/ileni,  qu'd  avail 
rempli  de;  deuil  et  jonché  du  désolation  , 
n'i'l.iil  plus  assez  vaste  potn'  son  zèle  persé- 
cuiein'  :  les  mains  rongies  du  sang  de  saint 
Elieiuic  ot  de  tant  d'autres  (pi'il  avail  fait 
mourir,  il  vint  deniandei-  an  gr.nid  prèirc 
Caiplie,  aux  pontifes  et  h  tout  h;  conseil  des 
anciens,  des  lettres  adressées  aux  princi- 
paux juifs  de  Damas  et  aux  chefs  des  syna- 
gogues. Il  oblint,  av(!c  ces  lettres,  le  jionvoir 
de  prendre  tous  les  chrétiens  (pi'il  rencontre- 
lait,  et  de  les  annnier  tons,  honnnes  et  fem- 
mes, il  Jérusalem,  pour  les  y  faire  tourmen- 
ter avec  plus  de  liberté. 

\o\\h  donc  à  t\\\v\  point  de  fui'eur  Paul  en 
él.iit  arrivé  conlre  lEglise,  (luand  Di(;u,  fjui 
l'avait  choisi  pour  faire  éclater  en  lui  la 
grandeur  de  sa  miséricorde  et  de  sa  puis- 
sance, opéra  sa  conversion.  Il  ne  voulut  pas 
attenclie  (jue  sa  rage  fût  attiédie;  il  le  prit 
dans  tout  l'excès  de  sa  passion,  alin  de  mim- 
trer  à  tous  les  elfets  de  sa  grâce. 

Saint  Paul  est  [)Our  l'Eglise  la  preuve  de 
la  puissance  de  la  grâce  ;  il  est  la  consola- 
tion des  ])éclieurs,  qui  a!.'i)rennent  par  lui  à 
ne  point  désespérer  des  miséricordes  iVen 
haut.  Lors  donc  ([u'il  allait  à  Damas  i)our 
mettre  à  exécution  les  ordres  qu'il  avait 
reçus,  accompagné  de  ceux  qui  devaient 
l'aider  à  s'emparer  des  chrétiens  et  à  les 
amener  à  Jérusalem,  il  fut  tout  à  coup, 
comme  il  approchait  de  la  ville,  environné 
avec  son  escorte  d'une  lumière  venant  du 
ciel  et  plus  vive  que  le  soleil.  Tous  furent 
jetés  par  terre,  comme  foudroyés.  Dieu  vou- 
lait ttrrasser  l'orgueil  de  cet  homme  su- 
perbe, atin  de  le  rendre  entièrement  docile 
à  sa  parole.  Paul  trembla  sous  la  main  puis- 
sante qui  le  renversait  :  tel  un  lion,  terrible 
et  lier  de  sa  force,  se  courbe  et  ramjjc,  do- 
cile et  faible,  quand  il  sent  l'œil  et  la  main  de 
l'homme  puissant  qui  l'a  dompté.  Puis  du 
milieu  de  cette  lumière,  une  voix,  s'adres- 
sant  à  Paul,  lui  dit  en  hébreu  ?  Saul,  Saul, 
pourquoi  me  persécutez-vous?  Jésus-Chrisl, 
tète  de  l'Eglise,  se  jdaignait  des  douleurs 
que  le  persécuteur  faisait  soull'rir  à  ses 
membres.  Paul  répondit  :  Qui  êies-vous,  Sei- 
gneur? Et  le  Seigneur  :  Je  suis  Je'sus  de  IVa- 
zarcth,  que  vous  pcrsccutez.il  vous  est  dur  de 
regimber  contre  l'aiguillon.  Tremblant  et  ef- 
frayé, il  dit  :  Seigneur  que  voulez-vous  que 
je  fasse?  Et  le  Seigneur  :  Lève-toi  et  entre  dans 
la  ville  ;  on  te  dira  là  ce  qu'il  faut  que  tu 
fasses. Ov,  ceux  qui  l'accompagnaient  s'arrê- 
taient tout  étonnés,  entendant  une  voix , 
mais  ne  voyant  personne.  Et  Saul  se  leva, 
et  ouvrant  les  yeux,  il  ne  voyait  point.  Ses 
compagnons  le  prirent  par  la  main  et  le  con- 
duisirent à  Damas  ;  il  y  fut  trois  jours  sans 
voir,  sans  boire  et  sans  manger.  Or,  il  y 
avait  à  Damas  un  disciple  nommé  Ananie, 


411 


PAU 


PAU 


iiî 


^  qui  le  Soi^noiir  ilit  il  ris  une  vision  :  Ana- 
nie.  Kl  il  n^pondit  :  ^fr  rniri,  Srignmr.  El  le 
St>ii;nr'ir  lui  Mil  :  Vn  tinvs  In   rnr  npprir'r  \n 
rue  Droite,  et  chrrcfir  d  ms  la  ma'sou  ilr  Jndc 
vu    twmtn(f  Sont     (le    Tnrsr  ;    car    il  est  m 
prière.  Dans  ce  nu^mc   nioniont  Saul  voyait 
un  honuuc  apix'lé  Ananie,  qui  entrait  ot  lui 
inipo^ail  les  luains,  afin  (|u'il    rernuvrAt  la 
vue;  A'ianie  r(''|>ondit  :  Seiijnrur.j'di  nppris 
(le  plusieurs  combien  de    wnux  cet  hoDime   a 
f'iits   <)   vos  .<iaints   dnva   .lérnsnlnn.   Kt  il  n 
lu^ine  reçu  den  princes  des  pri'Ires  le  pniirotr 
de  ehartjer   de  fers  tous   eux  qui  invoquent 
votre  nom.   VX  le  Sei.;neur  lui  d  t  :  Va,  car 
cet  homme  est  un  vase  (lyiection,  pour  porter 
mon  nom   devant  hs  gentils,  devant  les   rois 
et  devtint   les  enfants  (ihmël.  Et  je  lui  mon- 
trerai combien  il  faut  qu'il  souffre  poitr  mon 
rjo//i.  Et  Ananie  s'ei  alla  et  entr.tdans  la  mai- 
son ,  et  lui   im.  osant  les  mains,   dit:    Saul, 
mon  frère,  leSeiqneur  Jr'sus,  qui  s'est  fait  voir 
à  toi  dans  le  chemin  par   où   tu  venais,    m'a 
envoyé,   afin  que  tu  voies  et  que  tu  sois  rem- 
pli (te  l'Esprit  saint.  Et  aussitôt  il  tomba  de 
ses  yeux  comme  des  écailles,  et  il  recouvra 
la  vue,  et,  se  levant,  il  fut   baptisé.  l'A  lors- 
qu'il eut  |)ris(le  la  nourriture,  il  fut  fctrtitié. 
El  i  demeura  durant   queUiucs  jours   avec 
lis  disciples  (]ui   étai  nt  h  Damas;  et  aussi- 
loi  il  prOcha  dans  les  synagogues  que  Jésus 
était  le  Fils  de  Dieu.  Or  tous  ceux  (jui  l'écou- 
taient  étaient  dans  1  étonnemeH  et  d  saient  : 
N'est-ce  pas  là  celui  qui  persécutait  dans  Jé- 
rusalem ceux  qui  invoquaii^nt   ce  nom,  et  qui 
est  venu  ici,  les  conduisant   charijés    de  frs 
aux  princes  des  prêtres?  [Act.  ix,  5-21.) 

Saint  Paul  s(>  foi  tiliail  de  plus  en  {il\is  dans 
la  foi,  et  ses  prédications,  ainsi  (pie  l'exem- 
ple de  sa   conversion,  amenaient   tous  les 
jours  de  nouveaux  convertis  dans  le  sein  île 
l'Ej^lise.  Il  resta  longtemps  à  Damas  et  dans 
les  environs,  annon(;anl  la  parole  du  Sei- 
gneur. Les  Juifs,  irrités  et  du  succès  de  ses 
prédications,  et  surtnut  de  voir  «pie  li'  chan- 
gement   qui  s'était  opéré  en  lui  produisait 
tant  de  conversif)ns  h  Jésus-Christ,   résolu- 
rent de  le  mettre  à  mort,  sans  même  le  dé- 
férer aux  juges.  Ils  port^rent  le  gouverneur 
de  Damas  à  taire  garder  les  portes  pour  qu'il 
ne  piU  (piitlci  la  vilie  ;  eux-mêmes  y  tai- 
saient boniu!  garde  pour  être  plus  ce  la  ns 
rpi'il  ne  leur  échapperait  pas   Saint  Paul  fnt 
instruit  de  lur  dessoui,  et,  cédanl  aux  dé- 
sirs des  disci[)les  qu'il  avait   déj?»  en  grand 
nombre  autour  de  lui,  il  cotisontil  h  ce  qu'ils 
le  descendissent  par-ilessus  les   uiuiadles, 
dans  une  corbeille.  On  ne  peut  pas  accuser 
le  saint  apôtre  d'avoir  profité  des   moyens 
que  la  prudence  huinauie  lui  otfrail  pour  si» 
soustraire  nu  ilangcr.  Ce   n'était  certes   pa.s 
l.lcheté  de  sa  part,  puisqu'au    lieu  de  fuir  et 
d'aller  dans  un  lieu   ou  on   ne  raiiratt  pas 
inquiété,  il  se  rendit  h  Jérusalem, où  la  pers»'- 
cution  était  la  plus  ardento,  où  il  l'avait  lui- 
même  exercée,  où  eiiliu   s.i  convtnsion,  ipn 
blessait  1rs  nulres   perséctilours,  devait  lui 
allirer  des  ennemis  iinplai  ili!e>. 

A  Jérusalem,  saint  R  iri.Tbe.  ancim   con- 
disciple de  sainl  Paul,  fut  obligé  de  le  pré- 


senter h  saint  Pierre,  h  sa'nt  Jacques  le  Mi- 
neur et  aux  disciples,  parce  que  tous  le 
fiiyaienf.  se  sonven.mt  fies  maux  qu'il  avait 
faits?!  rFv.;lise,  et  ne  pouvant  oas  croire  à 
la  réalité  de  sa  conversion. 

Ces  fiils  se  passaient  en  l'année  37,  du 
moins  l'évasitm  de  saint  P  ul  de  Dam  s  ;  car 
entre  sa  co-^ersion  et  sa  fuite  il  s'écoula 
un  temps  assez  c<>nsi  'érable. 

Après  être  resté  queUpic  temps  h  Jérusa- 
lem, saint  Paul  se  rendit  h  Césarée.  puis  à 
Tarse,  où  il  continua  de  prêcher  la  fin.    En 
raiiné(>  V3,  saint  R.irnabé  vint  le  chercher  à 
Tarse  pour  l'emmener  ?\  .\iitioche.   Eu   iV, 
ces  deux  saints  vinrent  à  Jérusalem  apporter 
aux  fidèles  de   cette    ville  qui   avaient    été 
victimes  de  la  persécmion  les   aumônes  de 
ceux  d'.\nlioche.  Revenus  dans  cette  ville, 
ils  en  partirent  jiour  aller  dans  l'ile  de  Chy- 
jire,  puis  h  Paphos,   où  ils  convertirent    le 
proconsul  Sergius  Paulns.  De  celte  île  ils 
vinrent  h   Antioche  de  Pisidie,  en  l'année 
45.  Ils  allèrent  tous  deux,  le  jour  du  sabbat, 
«tans  la  synagogue.  Après  la  lecture  de  la  loi 
et  {U's  |)ro[)hètes,  les  chefs  de  la  synagogue, 
leur  faisant  politesse,  leur  envoyèrent   dire 
que,  s'ils  avaient   quelques  exhortations   à 
faire  au  peuple,  ils  pouvaient  prendre  la  pa- 
role. Sainl  Paul  se  leva  et  prononça  le  dis- 
cours s  livanl  :  «  Israélites,  et  vous  qui  crai- 
gnez Dieu,  écoutez  1  Le  Dieu  du  peujde  d'Is- 
raël choisit  nos  pères  «t  glorifia  ce  peuple 
|)endant  qu'il  demeurait  en  Egypte,  d'où  il 
le  tira  par  la  force  de   son   l)ras,  et   durant 
«pia  ante  ans  il  suiipoila  leurs  r 'voltes  dans 
le  désert.  Puis,  ay.uit    détruit  sept   nations 
dans  le  pays  de  (-hanaan,  il  en  partagea  les 
terres  au  sort,  environ  (luatre  cent  cinquante 
ans  après  ;  et  ensuite  il  leir  donna  des  ju- 
ges, jusqu'au    prophète  Samuel.  Kt  ils  de- 
mandèrent un   roi  :  et  Dieu  leur  ilon  laSaul, 
tils  de  Cis,  de  la  tribu  de  Benjannn,  qui  ré- 
gna quarante  ans.  Ayant  r-ejefé  Saul,  il   leur 
donna  David  pour  roi,  h  qui  i)  rendit  téruoi- 

fna^e,  disant  :  J'ai  trouNé  David,  tils  de 
essé,  homme  selon  mon  cinir,  ipii  accoin- 
plir'a  toutes  mes  vitlontés.  Dieu,  selon  sa 
promesse,  a  fait  sortir  de  sa  race  Jésus,  le 
Sauveur  d'Israël.  .\v,inl  lui,  Jean  prêcha  le 
baptême  de  la  pénitence  h  tout  le  peuple 
d'Israël.  Et  lorsque  Jean  achevait  sa  course, 
il  disait  :  Je  ne  suis  pas  celui  que  vous  pen- 
sez ;  mais  vorl,^  qu'il  vient  après  moi,  celui 
dont  je  ne  suis  pas  dig'ic  dt>  ilélier  la  cha  is- 
suie.  Mes  frères,  enfants  de  la  race  d'Abra 
ham  ,  c'est  h  vous  el  à  deux  d'entre  vous 
qui  craignent  Dieu,(pi'est  envoyée  cette  pa- 
roh»  (l(»  salut  ;  car  les  habil.ints  r|o  Jérusa- 
lem et  leurs  chefs,  n'ayant  point  connu  Jé- 
siis,  ni  entendu  les  piro'es  des  |>rophèles 
(pi'on  lit  tous  les  jours  du  sablMt.  les  ont 
accomplies  en  le  jugeant,  el.  ne  trouvant  en 
lui  aucune  cause  (le  tnort,  ils  deuvindèrenl 
à  Pilale  (pi'il  le  fit  mourir.  El  après  qu'ils 
ciirtMit  accompli  tout  c(>  qui  aN ait  été  écrit 
de  lui,  ils  le  descen-lirenl  (le  la  croix  et  le 
tuir  ni  dans  le  tombenu.  Mais  Dieu  l'a  res- 
siis  ite  le  troisième  jour,  «'t  il  a  i  té  vu  du- 
rant plusieurs  jour^  par  ceux  qui  l'avaient 


« 


413                                 l'Aï'  l'A"                               *ll 

suivi   (1(>  (înllro  h   J(M'iisnl(Mii  ,  cl    crMix-lh,  iiiAmcs  irilirniitôs  i|ncii\,  ri  i\\to,  bien  loin 

jiisipi'à  iT  moi^HMil,  it'iiili'Mi   l(-iiiui;^iwiK(' (lo  di'  voiiloii  iMcf  addirs,  ils  vinjInioMl  h'nr  ;i|)- 

^iii  ."111  poupli'.  I'!l  iiniis  vous  aiiiioiirDiiN  (|ii('  |it('ii(lrc   h   rTniJorcT  <|iir  |i;   seul   l)ieii   V('ri- 

In  l>i(Min>ss(>  <!"' "*''•''"''"' ''^  ""•'*  !"'''"''''• '*"'"  t'ililo  ,   J(''sus  (le    Na/nrclh  ,    (|U0   les    Juifs 

Vn  iiccni)i|tlic  pDiir  i  os  (Miranls  i-ii  icssiisci-  .•ivnicnl  f.iil  mourir. 

tant  .Ii^Mts.  srioli  <!*•  '   '"^^  «''cril  (iaiis  le  se-  Ils  .himoim  crcnl  (joiic,  h  Lyslrc  la  parolo  di- 

co'kI   psaiinn'  :  Vous   /'tes  viou  fils,  je  mus  viini  en  mV'sciicc  «lan  liliMirs    patfailfiiiftnl 

ni  vntifodii'  (iuj(uirii'hui ,  cl    p.'irci-  ipi'il    l'a  dispo.si's  a   les  ('cutdcr  f.ivorablciiifnl  ;  mai» 

rcssuscilc  d'('iili'(>  It's    inorls,  il  a  dil  :  J'uc-  ils  ne  lardrrriil  pas   <'»  voir   condiifii  lalVoc- 

coniiilirni   fidiUrmnil   1rs   pronirssrs    (/ne  j'<ii  tioii  cl  les  hoiiiliia^cs  do  la  iindliliidr  rlniont 

fitifrs  ()    Ihivid.  VA   il    dil    (Mico'o    aillfiirs  :  cliosf;   fra^iU;  cl  de  iicu  ilc  dm ('•<•.  (,)iicl(|iie!j 

Vous  ut' prniirtlrrz  jKis  (lurvotrv  saint  ('prouve  Juifs   claiil   venus   tl'lcoiii!    cl  d'AiiUotlM'  à 

!a  corniption.  Car  David,  npr^s  avoir  servi  Lyslre,  cliaii^^rcMd  Icllcmcnl  Ifs  dispositions 

(Ml  son  Icinpsaiix  desseins  do  Dieu,  s'csl  en-  du  pciiplr  à   i'f'Kaid  des  apôlrcs,  (pi'il  soiif- 

(lonni  ;  il  a  (U(^   mis  avec  ses  pères,  el  il  a  l'ril  (int;  les  JniCs  lapidassent  sainl  Paul,  pres- 

(^pronv(^  la  eorruplion.  Mais  cehii  (jiie  Dieu  (luc  a  le  liicr.   Après  (qu'ils  l'eurent  Ia|iid6, 

n  ressuscité  n'a  point  éprouvé  la  eorru|ilion.  ils  h;  (rainèrent  hors  du  lu  ville  cl  l'abandoii- 

Sacliez  done,  mes  frères,  (pu;  c'est   par   lui  lièrent  tout  mutile. 

(pie  la  n'Muission  des  péchés  vous  est  an-  Nous  l'avons  déjà  dit  dans  noire  Histoire 
iioncée,  et  que  ()viicon(pic  croil  en  lui  est  des  persc'ciitions,  (\o\.  l",  pay.  VV),  quand, 
justilié  d(^  toul(>s  les  choses  dont  vous  n'a-  d'un  côlé,  on  considère  la  grandcMir  des  mé- 
vez  |)u  étrt>  justiti('S  |iar  la  loi  de  Moïse,  rites  de  l'apAlrc  des  {gentils,  et,  de  l'autre, 
Prenez  do'ic  garde  (jue  ce  qui  est  dil  dans  la  punition  (|ui  lui  fut  inlligét!  dans  cctto 
les  proi)hèies  ne  vieniio  sur  vous.  Voyez,  circonstance,  ainsi  (jue  l'ont  pensé  plusieurs 
contempteurs  ,  et  admirez  et  tremblez;  car  Pères,  pour  avoir  contrihué  à  la  niorl  de 
je  ferai  une  œuvre  en  vos  jours,  une  œuvre,  saint  Klienne,  ou  se  sent  |)ris  d'cllroi  devant 
que  vous  ne  croirez  point  quand  on  vous  ta  les  rij^^ucurs  de  la  justice  divine. 
racontera.  »  [Act.  \in,  Ki-Vl.)  Ces  événements  se  i)assuient  au  commen- 
ce discours  eut  un  eli'et  remarquable  sur  cément  de  46.  Saint  Paul  rentra  dans  la  ville 
l'auditoire  de  saint  Paul;  on  le  pria  même  dès  ce  jour  même;  mais  il  en  partit  dès  le 
de  reve-iir  et  de  re]  reulre  la  parole  au  sab-  lendemain  [)Our  ne  pas  irtiler davantage  ses 
bat  suivant.  Le  samedi  suivant,  ralllueuce  persécuteu  s,  et  s'en  alla  avec  sainl  Baiiuibé 
fut  immense.  Les  chefs  de  la  synagogue,  ir-  a  Derb  ',  où  il  (Oniinua  à  prêcher  rEvaUj^iile. 
rilés  du  double  succès  (lu'avail  obtenu  saint  Jusqu'en  rannée  52  Paul  accomiilil  de 
Paul,  voulurent  discuter  avec  lui;  mais,  nombreux  travaux  sans  ôlre  de  nouveau 
vaincus  dans  cette  lutte,  ils  en  vinrent  aux  persécuté;  mais  à  ci  tte  époque  étant  venu 
injures  cl  aux  blasphèmes.  Alors  saint  Paul  avec  Silas  en  Macédoine,  dans  la  ville  de 
leur  dit  avec  l'énergie  qui  le  caractérisait  :  Philippes,  y  ayant  converti  une  femme  noni- 
II  était  convenable  que  vous  fussiez  les  pre-  mée  Lydie,  ainsi  que  toute  sa  famille,  et  y 
viiers  instruits  des  vérités  que  nous  annon-  avant  guéri  une  (111e  possédée  d'un  esprit  de 
çons;  mais,  suivant  le  précepte  de  celui  qui  pythonisse,  il  fut  pour  ces  faits  encore  vic- 
nous  envoie,  nous  les  porterons  aux  nations,  time  de  la  persécution.  Cette  fille  possédée 
Les  chefs  de  la  synas'>gue  tirent  tout  leur  était  esclave;  les  bénélices  qu'elle  procurait 
possible  pour  forcer  les  apôtres  à  sortir  de  à  ses  maîtres  en  rendant  les  oracles  que  lui 
la  ville.  Us  excitèrent  contre  eux  les  dévo-  dictait  son  démon  familier  étaient  fort 
tes  et  les  principaux  habitants  de  la  ville,  grands.  Quand  saint  Paul  l'eut  guérie,  ces 
11  en  résulta  que  les  apôtres  furent  forcés  bénéfices  se  trouvèrent  nécessairemeit  an- 
de  quitter  Antioche.  nulés.  Furieux  de  cela,  ses  maîtres  s'empa- 
Us  se  rendirent  à  Icône,  dans  la  Lycaonie,  rèrent  de  Paul  et  de  Silas  et  les  conduisirent 
oi^  ils  convertirent  bon  nombre  de  Juifs  et  devant' les  magistrats,  les  accusant  de  prê- 
de  gentils.  Us  y  firent  différents  mi''aclesety  cher  une  doctrine  qu'il  était  interdit  à  ceux 
demeurèrent  quelque  temps,  malgré  ro()po-  de  Philippes,  ville  romaine,  d'entendre  et  de 
sition  des  principaux  d'entre  les  Juifs.  Mais,  suivre.  Le  peuple  se  souleva  c  nlre  eux 
h  la  fin,  ces  derniers  étant  parvenus  à  ir-  avec  grande  rumeur,  et  les  magistrats  étant 
riter  conlre  eux  les  gentils,  et  les  apôtres  se  accourus  firent,  sans  leur  permettre  de  se 
voyant  sur  le  point  d'être  lapidés  par  le  peu-  défendre,  sans  voir  s'ils  étaient  coupab'es, 
plé  qu'encourageaient  même  ses  magis-  déchirer  leurs  vêtements,  les  firent  publi- 
trals,  se  décidèrent  à  partir.  Us  se  rendirent  quement  battre  de  verges  et  les  envoyèrent 
à  Lystre.  Ce  fut  dans  cette  ville  que  saint  en  prison,  en  ordonnant  au  geôlier  de  les  gar- 
Paul  guérit,  devant  tout  le  peuple,  un  homme  der  sûrement.  Le  geôlier  les  mit  donc  dans  un 
])erclus  de  ses  deux  jambes.  A  cette  occa-  cachot, leurplaçalescepsauxpiedspourqu'ils 
sion  les  assistants,  transportés  d'admiration,  ne  pussent  pas  marcher  ;  de  sorte  qu- les  deux 
environnère:.t  Paul  et  Barnabe,  disant  qu'ils  prisonniers  furent  obligés  de  rester  couchés 
étaient  des  dieux  descendus  sur  terre  sous  sur  le  dos,  ne  pouvant  pas  se  tenir  debout, 
forme  humaine.  Us  nommaient  Barnabe  Ju-  Tant  de  maux  et  d'ignominies,  loin  d'a- 
]"iter,  et  Paul  Mercure.  Mais  les  deux  servi-  battre  leur  courage,  leur  donnèrent  une  ai- 
teurs  de  Dieu,  s'avançant  au  milieu  delà  deur  nouvelle.  Au  milieu  de  la  nuit,  ils 
foule,  déchirèrent  leurs  vêtements  ,  criant  adressèrent  à  Dieu  une  fervente  prière  que 
qu'ils  n'étaient  que  des  hommes  sujets  aux  les  autres  prisonniers  entendaient.  Au  mémo 


415 


PAli 


PAU 


41b 


instant  il  sr  fit  un  grand  trrmblonient  de 
terre:  In  prison  m  fut  rbro'ili'o  ;  toutfs  les 
portes  s'ouvrirent,  et  les  liens  de  Imis  les 
prisonniers  furent  rompus.  Le  {gardien,  s"é- 
vi'illnnt  et  trouvant  Irs  portes  de  la  |)rison 
ouvertes,  crut  (|ue  les  prisonniers  s'étaient 
sauvés.  Comme  il  répondait  d'eux  sur  sa 
vie,  il  prit  son  l'pée  pour  sr  tuer.  S  liiil  Paul, 
le  Yo.va'it,  lui  eria  lU  ne  se  faire  aucun  mal, 
et  que  pas  un  de  ses  prisonniers  n'était  sorti. 
Le  liardicn,  déih  forleniont  tuiclu''  par  le  mi- 
racle, le  fut  plus  fortement  encore  par  la 
bon  é  de  saint  Paul  ;  il  se  convertit  avec  les 
siens,  et.  ayant  été  i-islru-t,  il  reçut  le  bap- 
tême. Il  lit  soi  tir  Paul  et  S;las  de  leur  cachot, 
et,  les  ayant  pris  chez  lui,  eut  pour  eux 
toutes  sortes  de  prévenances,  les  comblant  de 
bons  traitements. 

Les  magistrats,  instruits  de  ce  qui  s'était 
passé,  envoyèrent  dire  au  geôlier  de  laisser 
aller  Paul  et  Silas;  mais  Paul,  qui.)usque-!à 
ne  s'était  pas  plaint  quand  on  l'avait  fouetté 
et  mis  en  prison,  dit  (ju'il  était  bien  étrange 
qu'on  eût  ain.si  traité,  sans  connaissance  de 
cause,  des  citoyens  romains,  et  qu'ensuite  on 
prétendit  les  faire  sortir  de  prison  en  secret 
et  sans  aucune  réparation.  Non,  dt-il,  cela 
ne  se  passera  pas  ainsi  :  il  faut  ipi'ils  vien- 
nent eux-mêmes.  Lés  magistrats  eurent  peur, 
ayant  h  se  re|)rocher  d'avoir  agi  comme  ils 
l'avaient  fait  à  l'égad  de  citoyens  romains. 
Ils  vinrent  à  la  prison  et  prièrent  los  deux 
saints  de  vouloir  bien  en  sortir;  ensuite  ils 
les  prièrent  aussi  de  quitter  la  ville.  N'ayant 
plus  rien  à  faire  à  Philippcs,  ils  y  consen- 
tirent. 

Cette  conduite  de  saint  Paul  montre  aux 
ministres  de  l'Kvangile  que,  s'ils  doivent  élre 
prêts  à  tout  endurer  pour  leiu"  l)i(>u,  pour 
l'Eglise  et  pour  la  foi,  ils  doivent  savoir  au 
besoin  détendre  leur  propre  dignité  outragée 
et  faire  respecter  leurs  droits  de  citoyens. 

P 'ul  et  Silas  se  rendirent  h  Thessalonicpie. 
Pendant  trois  semaines,  Pavd  y  prèeha  dans 
la  synagogue  le  jour  du  sabbat.  (Juehpu's 
Juifs  et  beaucoup  de  gentils  se  convertirent; 
les  autres  Juifs,  irrités,  vinrent  atta(iuer  la 
maison  d'un  chrétien  nommé  Jason,  chez 
lequel  l'aul  et  Silas  étaient  logés  ;  n'ayant 
pas  pu  les  prendre,  ils  s'(Muparèrent  de  Ja- 
sonet  de  quehju  es  autres  eh  riHiens,  et  lest  ral- 
lièrent devant  les  niagislrals,  en  les  accusant 
d'avoir  donné  asde  h  des  gens  qui  troublaient 
toute  la  terre  et  se  ré\oltaienl  conîre  ('('sar, 
proclamant  ((u'ils  avaient  un  antre  prince 
f[ue  lui,nonnné  Jésus.  Les  magistrats  furent 
assez  justes  pour  l.ussrr  aller  tous  ces  hom- 
mes sur  la  caution  (pie  donna  Jason  de  rtq)ré- 
sent<  r  .saint  Paul,  si  on  réussissait  i^  prou- 
ver quelipie  chose  contre  lui.  Ainsi  Jason, 
par  une  genero^ilé  bien  digne  d'être  admirée, 
exposait  sa  vie  pour  sauver  les  aptMres. 

Ensuite  saint  Paul  se  rendit  à  Bérée.  h 
Athènes  et  dans  ditlV'renls  lie»i\  sans  y  souf- 
frir de  persécution;  mais  dans  le  courant  «le 
Tannée  53,  r\n\\l  venu  .N  ("orinth»'.  où  il  lit  \m 
grand  noud^re  de  conversions,  il  y  fut  l'objet 
de  la  haine  acharnée  des  Juif>^.  Théodoret 
prétend  qti'd   y  fut  violenuuent  persécuté, 


ainsi  que  beaucoup  d'entre  les  chrétiens.  Les 
Juifs  le  conduisirent  devant  le  proconsul 
(iollion,  l'accusant  d'empêcher  qu'on  adorât 
Dieu  suivant  leur  loi.  Ce  proconsul  ne  laissa 
pas  même  parler  saint  Paul  ;  mais  il  déclara 
inunédiatement  aux  Juifs  (jnil  n'avait  point 
à  se  mêler  de  leur  religion  ni  de  leur  doc- 
trine. Sosthène,  qui  était  chef  de  la  syna- 
gogue, fut  alors  battu  devant  le  tribunal  du 
proconsul  ,  probablement  parce  qu'il  était 
chrétien. 

Dans  la  ville  d'Ephèse,  où  saint  Paul  resta 
ensuite  trois  ans,  il  fut  exposé  aux  bêles, 
sans  que  nous  sachions  sur  cet  événement 
rien  de  positif  en  fait  de  détails.  Dieu  le  dé- 
livra miraculeusement.  Dans  la  même  ville, 
un  ouvrier  nommé  Déméttius,  orfévr»?  de 
son  état,  voyant  que  son  commerc»;  de  ven- 
deur de  statuettes  de  Diane  diminuait  nota- 
blement par  le  fait  des  prédications  du  saint 
apôtre,  suscita  une  sédition  contre  lui  parmi 
les  ouvriers;  bientôt  le?  habitants  s'en  mê- 
lèrent. Os  furieux,  n'ayant  pas  pu  se  saisir 
de  saint  Paul,  prirent  ("lams  et  Aristarque, 
tous  deux  ses  disciples.  Ce  fut  un  grellier 
d'E|)hèse  qui  fit  entendre  raison  à  ce  peu- 
ple en  fureur  :  «  Conunentl  dit-il,  vous  tous 
ici  assemblés,  vous  vous  portez  à  de  telles 
violences,  h  cause  d'un  dommage  dont  se 
plaint  Démétrius  !  Vous  faites  vos  atfaires 
de  ses  affaires  personnelles  ?  S'il  est  dans 
son  droit,  (pi'il  s'adresse  aux  tribunaux; 
(ju'il  vienne  au  proconsul.  » 

Ces  ft\itsse  passaient  dans  l'année  57.  Au 
connnencement  de  l'année  58,  saint  Paul 
f[nitta  Ephè<e  et  se  mit  en  chemin  pour  J(''- 
rusalein.  Malgré  les  sup|>lications  des  disci- 
I>les  qui,  à  Tyr,  où  s'arrête  sou  vaisseau, 
voient  par  inspiration  le  sort  qui  lui  est  ré- 
servé ;  malgré  la  [)rédiction  lormelle  du  [»ro- 
phèle  .Xgatius,  ijui  ,  à  Césarée  ,  lui  dit 
(pi'à  Jérusalem  les  Juifs  le  lieront  et  le  livre- 
ront aux  giMitils,  saint  Paul|)oursuit  sa  roule. 
11  faut  (pie  les  desseins  de  Dieu  s'accom- 
plissent: il  faut  que  le  grand  prédicateur  des 
nations  donne  son  sang  pour  les  vérités  (pi'il 
leur  a  an?u)ncées  ;  ilfauttiu'il  témoigne  ainsi 
en  faveur  île  sa  foi.  Paul  (>ntra  dans  la  ville 
sainte. 

L'arrivée  de  Paul  dans  Jérusalem  lit  une 
profonde  sensation.  Ce  grand  apôlre,  (pii 
avait  porte  d  uis  tant  de  lieux  la  parole  du 
Seigneur,  qui  avait  |»arlé  avec  tant  d'éclat 
devant  tan!  d'assemblées,  de  synagogues,  qui 
s'était  lait  ('couler  de  l'Aréopage,  était  depuis 
longtemps  regardé  comme  une  des  plus  puis- 
santes colonnes  de  l'Eglise.  Les  <  hréiiens 
ratlemlaient  avec  aujour  et  bonheur;  les 
Jud's  avec  haine  et  fureur.  Paul,  ayant  as- 
sembli'  les  piêlres  de  l'Eglise  de  Jérusalem, 
lem-  raconta  les  travaux  de  son  aposlnlal, 
les  miracles  de  conversions  (pie  Dieu,  par 
sou  minisière,  avait  op(''rés  chez  les  genhls. 
Ce  fut  (l.uis  le  ttnuple.  à  la  lin  du  seplièmo 
jour  d'une  cérémonie  de  la  purilicalion,  rpio 
les  Juifs  d'Asie,  l'ayant  ap(*r(;u,  sou!evèr(  lit 
tout  le  peu|)l(>  et  se  saisirent  d(»  lui,  criant 
qu'il  avait  profané  l.>  lieu  saint  ;  nu'ils  le 
connaissaient,   fpie  c'étaii  lui  qui  allait  par 


417                                PAU  PAU                               418 

los   villes  cl  pnr  les  pmvinrcs  (loji^ni/ili.'^nul  Aii/niic,  liomiiu'  (Idclc  h  In  loi,  s<'lon  ]>>  té- 

coiilii'  1,1  loi.  A  CCS  mois,  le  pciiiilc,  riinciu,  iiioi^ili^c  di-  imis  les  Juifs  i|iii   (jciiiciiniienl 

se  pi'e(i|iila  sur  lui,    cl,  r.iy.iul  saisi,  vdiiliil  (l.iiis  la  riK^ine  ville  II  vuil  vers   moi  et  rim 

!«' Iniiner  hors  do  la  ville.  dit  :  Moi  finr  Smil ,  rif/ardr.    Kl  an  iim^ihc 

NOilà  (•(»  ipic  l(>s.luirs  appelaienl  juKcr  iMi  inslaiil  jo  le  pf-aril/ii  ;  et  il  ni<-d.l  :  l.r  ttint 

linnuiic  scldu  leur  loi    Les  Arles  des  api'ilres  dr  nos  pars  f'ti  int'ilrstiin'  jiimr  rounnllif  hu 

r.u'oiilciil  CCS  l'ails  avec  taul  (l(<  détails,  (pi'il  minuit',  pour  vi)ir  Irjustr  it  pour  mlrudre 

nous  send>l(Moiiveual»le  (le  les  laiss(  r  parler.  1rs  /xirolrs  dr  sa  Ixiiirlir  :  cnr  lu  srrns  li'moin 

u  (loinnie  ils  voulaient  le  tuer,  ou  auimuca  (Inniit  toits  les  lioiiiiius  de  n-  (/m-  lu  hh  tu   rt 

au  Irihilu  (l(>lacoliorle  cpu'  .h'rusaleui  «'lail  eu  cutnidii.  I:'l  iiKiiiilnnint,  (/u'iillnids-lu  7  l.èrr- 

conlusiou.  (lelui-ci,  pi'euaut  avi'C  lui  des  sol-  toi,  reçois  le  haptrinr  ri  puriju-toi  ilc  im  pé- 

(lalsel  (les(('Ulurious,courulà  ces  st'dilieux,  clirs  m  iiinx/iiiiiil  le  S'it/nrur.  \\\  il  arriva  ipic, 

tpii,  voyant  Ici  riliuii  et  ses  soldais,  cessèrent  d<.'  retour  à  Jcrusaleiu,  (oiiiiiu;  j(!  juiais  dans 

(le  frapper  Paul.  Alors  le  Irihun  s'a|)pro(liaiit  le  leiunle  ,  j'eus  un  ravissement  d'esiiril ,  et 

l'arriMa,  et  le  lit  lier  de  deu\  cliaiiies  ,  cl  il  je  vis  le  Sci^;;iieur,  (pii    me  dit  :  Jliitr-ioi    it. 

demanda  qui   il  élnil  et  ce  (pi"il  avait  fait,  sors  proinplniicnt  de  Jérusainn;   car  ils  ne. 

Mais  tous  criaient  div(M"scmeiil.  Ne  pouvant  rrcrrront  pas  ton  t('nioi(/ii(itp'  sur  moi.  Kt  moi 

donc  rien  ap|>iendi('  de  cerlaiu,  à  cause  du  je;  dis  :  Sri(/urur,  ils  sarnU  (pic.  je  uictlais  m 

îumullc.il  commandaipi'on  lo  comliiisil  daiKs  prison  et  faisais   jJiupUer  dans  tes  si/nufp)- 

la  forleress(>  ;  cl  lors(pu>  Paul  arriva  sur  les  (jiies  ceux  (jui  croipueut  eu  ruas;  (pie  jetais 

(kvrés,  il  fallul  (pie  les  soldais  le  portasscnl,  présent  lorstpi'oii  répuuduit  le  saur/  de  votre 

h  cause  do  la  violence  du   [leuple  ;  car  uno  martyr  h'tienne  :  (pie  je  consentais  à  sa  mort, 

grande  niullilude  le  suivait,  criant  :  Tuez-  et  (pte  je  (/ardais  les  habits  de  ses  meurtriers. 

Je.  Comme  Paul  allait  cnlrer  dans  la   Ibrie-  I^t  il  uie  dit  :  Va,   car  je  t'enverrai  au  loin 

rcs.se,  il  dit  au   lriliu!i  :  M'est-il   permis   de  vers  les  gentils.  » 

vous  dire  un  mol  ?  Le  Irihun  lui  dit  :  Sais-lii  «  Or  les  Juifs  l'avaient  écouli'  jus([ue-là  ; 

parler  grec  ?  N'es-tu  pas  cet   Kg}  pli  n  (pii ,  mais    alors   ils    ('-levé,  eut    la    voix    disant  : 

ces  jours  derniers  ,  a  excité  une  sédition  et  Olez  du  monde  cet  homme,  car  il  ne  con- 

conduit  dans  le  ilésertipialre  mille  liriga-uls?  rimt  pas  (/u'il  rire.  El  comme  ils  criaient, 

Paul  lui  dit  :  J(>  vousassuio  que  je  suis  Juif,  jetant  leurs  vêlements  et  lançant  de  la  pous- 

do  Tarse  enCilicie.et  citoyen  de  cette  ville,  sière  en  l'air,  le  tribun  le  fil  conduire  dans 

qui   n'est   poinl   inconnue.  Mais  p(M'mellc/.-  la  forteress"  ,  et   commanda  qu'il  filt  loiir- 

nioi ,  je  vous  prie  ,  de  [larler  au  peuple.  Le  nienté,  llagellé  ,  alin  de  savoir  [lotirquoi  ils 

tribun  le  lui  permit  ;  et  Paul ,  se  tenant  de-  criaient  contre  lui.  Mais  quand  on  l'eut  lié,  il 

bout  sur  lt>s  degrés  ,  (il  signe  de  la  main  au  di'  à  u'i  centui'ionfpii  était  pré>ent:  Vous  est- 

peuple.  Aussil()t  il  se   lit  un  giand  silence;  il  permis  de  /lagctter  un  citoyen  romain  et 

et  il  leur  parla  en  langue  liél)iaïque,  disant  :  qui  na  point  été  condamné?  Le  centurion  , 

«  Mes  frères  et  mes  jières  ,  écoutez  ce  qu(^  enlcndaiit  cette  parole,  s'approcha  du  tribun 

j'ai  h  dire  pour  ma  défense.  »  Quand  ils  len-  et  lui  dit  :  Qu'allez-vous  faire?  cet  Itomme-là 

tendirent  parler  hébreu,  ils  lirent  encore  plus  est  citoyen  romain.  Aussitcjt  le  tribun  vint  à 

de  silence.  Kl  il  dit:  «Je  suis  Juif,   né  à  Paul,  et  lui  fit  cette  demande  :  Dites-moi , 

Tarse  en  Cilicie  :  j'ai  été  élevé  en  cette  ville,  étes-vous  citoyen  romain?  Paul  lui  dit  :  Je  le 

instruit  aux  pieds    de    Gamaliel ,   dans   la  suis.  Et  le  tribun  lui  répondit  :  J'ai  acheté 

vérité  de  la  loi  de  nos  pères,  zélé  pour  la  loi  ce  droit-là  fort  cher.^Et  moi,  répliqua  Paul, 

comme  vous  l'êtes  tous  aujourd'hui;  j'ai  i)er-  je  l'ai  par  ma  naissance.  Aussit(jl  ceux  qui 

sécuté  jusqu'à  la  mort  ceux  de  cette  religion  devaient  lui  donner  la  question  se  retirè- 

(celle  de  Jésus-Chrisl),  les  enchaînant  et  les  rent,  et  le  tribun  craignit  quand  il  eut  ap- 

niettant  en  prison,  hommes  et  femmes  ;  le  pris  qu'il  était  citoyen  romain,  parce  qu'il 

grand  prêtre  et  tous  les  sénateurs   en  sont  l'avait  fait  lier. 

témoins  ;  et  même  ayant  reçu  d'eux  des  let-  «  Le  lendemain  ,  voulant  savoir  pourquoi 
très  pour  nos  frères  de  Damas,  j'y  allais  pour  les  Juifs  l'accusaient,  il  lui  fit  (jter  ses  chât- 
ies amener  prisonniers  à  Jérusalem  ,  afin  nés  ;  et  ayant  ordonné  aux  princes  des  prê- 
qu'ils  fussent  punis.  Or  il  arriva,  comme  j"é-  très  et  à  tout  le  conseil  de  s'assembler,  il  fit 
tais  en  chemin  et  que  j'approchais  de  Damas,  venir  Paul ,  et  le  plaça  au  milieu  d'eux.  Paul, 
à  midi,  qu'une  grande  lunnère  vint  loulà  coup  ayant  jeté  les  yeux  sur  l'assemblée,  dit  :  Mes 
du  ciel  ;  et  tombant  |)ar  terre,  j'entendis  une  frères,  jusqu'à  ce  jour  j'ai  marché  devant  Dieu, 
voix  qui  me  disait  :  Saul ,  Saul ,  pourquoi  dans  toute  la  droiture  de  ma  conscience.  Le 
wie  persécutes-  tu?  Je  répondis  :  Qui  êtes-  grand  prêtre  Ananie  prescrivit  à  ceux  qui 
vous,  Seigneur?  Kt  celui  qui  me  [larlait  me  étaient  près  de  lui  de  frapper  Paul  au  vi- 
dit  :  Je  suis  Jésus  de  Nazareth  que  tu  perse-  sage.  Alors  Paul  lui  dit  :  Dieu  te  frappera 
eûtes.  Et  ceux  qui  étaient  avec  moi  virent  toi-même,  tnuraille  blanchie,  l'u  es  assis  pour 
bien  la  lumière,  mais  ils  n'entendirent  point  méjuger  selon  la  loi,  et  cependant ,  contre  la 
la  voix  qui  me  i)arlait.  Je  dis  :  Seigneur,  que  loi,  tu  commandes  qu'on  me  frappe?  El  ceux 
ferai-je?  —Lève-toi,  me  dit  le  "^Seigneur,  qui  étaient  présents  lui  dirent:  Quoi!  tu 
va  à  Damas,  et  l'on  te  dira  tout  ce  qu'il  faut  maudis  le  grand  prêtre  de  Dieu  ?  Paul  répon- 
due tu  fasses.  Et  comme  je  ne  voyais  plus  à  dit  :  Je  ne  savais  pas,  mes  frères,  que  ce  fût  le 
cause  ue  l'éclat  de  cette  lumière,  mes  coin-  grand  prêtre ,  car  il  est  écrit  :  Vous  ne  mau- 
pagnons  me  conduisirent  par  la  main  jus-  direz  point  le  chef  de  votre  peuple.  Or  Paul , 
qu'à  Damas.  Il  y  avait  là  un  homme  appelé  sachant  qu'entre  ceux  qui  étaient  là,  les  uns 


4ft 


FAt) 


étaient  sadducëens  et  les  autres  pharisiens  ,  ■ 
dit  tout  houl  dans  rassemblée  :  Mes  frères  , 
je  suis  phnrisien  et  (ils  de  pharisien,  rt  c'est  à 
muse  de  notre  espérance  et  de  In  résurrection 
des  morts  que  l'on  veut  me  condaminr.  Paul 
ayant  dit  cela  ,  il  s'éleva  i.ue  cunleslation 
entre  les  pliarisiens  et  les  sadducéens ,  et 
l'assemblée  fut  divisée  :  car  les  sadducéens 
diseut  i]uil  n'y  a  ni  n'-surrection  ,  ni  an^je  , 
ni  esprit  :  les  pharisiens  ,  au  contraire,  re- 
connaissent l'un  et  l'autre.  Un  grand  bruit 
s'entendit,  el  quelques-uns  des  pharisiens  , 
se  levant,  disputaient  vivement,  et  disaient: 
Nous  ne  trouvons  point  cet  homme-là  coupa- 
ble. Que  savons-nous  si  un  esprit  ou  un  ange 
ne  lui  aurait  point  parlr?  Et  comme  le  tu- 
mu'le  s'accroissait ,  le  Iribun  ,  (jui  craignait 
que  Paul  iii-  fùl  mis  en  pièces,  til  descendre 
des  soldais  pour  l'enlever  et  le  conduire  dans 
la  forteresse.  Or,  la  nuit  suivante,  le  Seigneur 
ap|>arut  à  Pau'  ,  et  lui  dit  :  Sois  ferme ,  car 
tu  as  rendu  témoignage  de  moi  à  Jérusalem, 
et  il  faut  que  tu  le  rendes  aussi  à  Rome. 

«  Le  jour  venu  ,  (iueU[ues  Juifs  s'assem- 
blèrent el  tirent  vteu,  avec  des  imprécations 
contre  eux-mêmes  ,  de  ne  boire  ni  manger 
qu'ils  n'eussmil  tué  Paul.  Ils  étaient  plus  de 
quarante  qui  étaient  entrés  dans  cette  con- 
juration. Us  vinrent  donc  vers  les  princes 
liiîs  prêtres  et  les  sénateurs  ,  et  dirent  : 
Nous  avons  fait  serment  avec  imprécation  de 
ne  prendre auruncnourriture  que  nous  n'ayons 
tué  Paul.  Faites  connaître  maintenant  au  tri- 
bun, de  la  part  du  conseil,  qu'il  ait  à  amener 
Paul  devant  vous,  comme  pour  connaître  plus 
sûrement  cette  affaire.  i\ous  ,  de  notre  côté , 
nous  sommes  préisà  le  tuer  avant  qu'il  arrive. 
Le  lils  de  la  sœur  de  Paul  ayant  appris  cette 
cnnspiratiDii,  entra  dans  la  torteresse  el  l'an- 
nonça à  Paul.  Paul,  ap[)('lan  tua  des  centurions, 
dit  {Conduisez  ccjeunehontmeau  tribun,  car 
il  a  quelque  chose  à  lui  dire.  Le  centurion 
emmena  le  jeune  homme  avec  lui,  el  le  con- 
duisit au  Iribun,  à  (jui  il  dit  :  Le  prisonnier 
Paul  m'a  demandé  de  vous  amener  ce  jeune 
homme  qui  a  quelque  chose  à  vous  dire.  Le 
tribun,  le  prentnt  |)ar  la  main,  le  tira  à  l'é- 
cart, el  lui  dit:  Qu'avez  -vous  à  médire? 
r.elui-ci  dit  :  Les  Juifs  ont  résolu  de  vous 
prier  demain  d'envoyer  Paul  dans  le  conseil, 
comme  s'ils  voulaient  mieux  connaître  son 
affaire  :  mais  ne  1rs  rroyrz  pas  ,  car  plus  de 
quarante  il  entre  eux  doivent  lui  dresser  des 
tmhùches  ,  et  ils  ont  fait  serment  at'-r  impré- 
cation de  ne  boire  ni  manger  qu'ils  ne  l'aient 
tué;  et  maintenant  ils  sont  prêts,  attendant 
votrt  réponse.  Le  Iribun  tloiic  renvoya  le 
jeune  homme,  lui  déf.ud.ml  de  dire  îi  per- 
sonne qu'il  lui  0  it  parlé  ;  et,  ayant  fait  ve- 
nir deux  centurions,  il  leur  dil  :  Préparez, 
dès  lii  troisième  heure  de  la  nuit,  deux  cents 
snldatM  ,  soixante  et  dix  cavali,rs  et  deux 
rrnis  lances,  pour  aller  jasqu  A  (ésarée.  l't 
préparei  des  chevaux  pour  Paul ,  afin  de  le 
conduire  au  gouverneur  Félix  :  car  le  tribun 
crai-^nail  que  les  Juifs  ne  l'enlevassent  el  ne 
le  tuassent,  et  qu'après  cela  on  ne  1  accusAl 
d'avoir  regu  de  I  argent  pour  le  livrer.  Il 
écrivit  en  luôme  loinps  une  lettre  en  ces  ter- 


mes  :  «  dinde  Lysias,  au  très-illustre  gou- 
«  verneur  Fi-lix,  salut.  Les  Juif^s'élaH  sai- 
«  sis  de  cet  ho. mue,  et  él  ni  sur  le  point  de 
n  le  tuer,  j'arrivai  avec  des  soldais,  je  le  ti- 
«  rai  lie  leurs  mains  (juand  j'eus  a[)piisquil 
«  était  citoy.n  romain.  Hl  vo  ilail  savoir  de 
a  quel  crime  ils  l'accusaient,  je  le  conduisis 
«  dans  leur  conseil.  Je  trouvai  qu'il  était 
«  accusé  sur  des  questions  qui  re.;ardeiit 
«  leur  loi,  mais  (pi'il  n'était  coupable  d'au- 
«  cun  crime  qui  mérilAl  la  mort  ou  la  pri- 
«  son.  Kl  comme  j'ai  été  averti  d'une  en- 
«  trcprise  que  les  Juifs  avaient  formée  eon- 
«  Ire  sa  vie,  je  vous  l'ai  envoyé  ,  el  j'ai  dé- 
«  claré  h  ses  accusateurs  qu'ils  eussent  à 
«  s'expliquer  devant  vous.  Adieu.» 

«  Les  sol.iais  donc,  ayant  pris  Paul  selon 
l'ordre  iju'ih  en  avaient,  le  conduisirent  la 
nuit  à  Anti|)atride  ;  et  le  jour  suivant,  lais- 
sant des  cavaliers  pour  aller  a-vec  lui,  ils  re- 
tournèrent à  la  forteresse.  Les  cava.iers 
étant  arrivés  à  Césarée  remirent  la  lettre 
au  gouverneur,  et  lui  présentèrent  Paul.  Le 
gouverneur,  a{)rès  avoir  lu  la  lettre,  de- 
manda de  (|uelle  province  était  Paul  ,  et  a|>- 
prenant  qu  il  était  de  Ciiirie,  il  lui  dil  :  Je 
vous  entendrai  quand  vos  accusateurs  seront 
venus.  El  il  commanda  qu'on  le  gardât  uans 
le  palais  d'Hérode. 

«  Après  cin([  jours,  le  grand  [)rèlre  Ananie 
vint  avec  ([uelques  sénateurs  el  un  ceriain 
orateur  nommé  Terlulle,  el  ils  se  présenlè- 
rent  devant  le  gouverneur  contre  Paul.  Et 
Paul  ayant  été  appelé,  Tertulle  commença 
à  l'accuser  en  ces  termes  :  <  Comme  c'est 
<(  par  vous,  très-illustre  Félix,  que  nous 
«  viviuis  d  MIS  une  grande  paix,  el  (pie  plu- 
«  sieurs  désordres  ont  été  prévenus  par  vo- 
«  tre  prévoyance,  nous  le  reconnaissons 
«  toujours  el  en  tout  lieu,  et  nous  vous  ren- 
te dons  grûces.  Mais  pour  ne  |  as  vous  rele- 
«  nir  plus  longUnnps,  je  vous  prie  de  nous 
«  écouler  un  moment  avec  toute  votre 
«  bonté.  Nous  avons  trouvé  que  cel  homme, 
«  véritable  peste  publique,  excite  le  tiouhie 
n  parmi  les  Juifs  repaiulus  dans  le  monde, 
«  el  qu'il  esi  chel  d«-  la  secte  séditieuse  des 
«  Nazart'ens  ;  il  a  môme  tenté  de  [irotaner  le 
«  teiiqile.  L'ayant  susi,  nous  avons  voulu 
«  le  juger  selon  notre  loi  ;  mais  le  tribun 
«  Lysias  survenant  l'a  arraché  vioh»  nmeiit 
«  de  nos  mains,  ordonnant  (pie  ses  accusa- 
«  leurs  vinssent  devant  vous.  Vous  pourrez 
«  vous-même  l'exam.ner  el  reconnail  e  la 
«  vérité  de  toutes  les  choses  doni  nous  l'ac- 
«  cusons.  »  Les  Juifs  ajoutèrent  que  cela 
était  ainsi. 

«  Paul,  après  que  le  gouverneur  lui  eut 
fait  si^ue  de  [)arler,  répondit  :  «  Je  sais  cjuo 
«  depuis  quelques  années  vous  r.ndez  jus- 
«  lice  il  celte  province  :  je  parlerai  avec 
«  contiancc  pour  ma  iustiiication,  r^r  vous 
«  [)o  vez  savoir  (pi'il  n'y  a  pas  plus  de 
n  douze  jours  ijue  je  sms  venu  a  Jéru>alem 
a  pour  adorer  L>ieu.  Ils  ne  m'ont  pas  trouvé 
«  dans  le  temple  uisputant,  i.i  ra.ssembl.Mit 
«  le  peuple  dans  les  s>nigogues  ou  da  li  la 
«  vdie,  et  d.s  ne  peuvent  lien  prouver  d'au- 
«  cune  de  leurs  accusations  contre  moi.  Ja 


m  PAU 

«  coiinvsso  (levanl  vous  i|ii(»,  siiivniU  In  n-li- 
«  gi«)ii  ((ii'ils  H|i|M'lltMii  scclc,  jo  sers  mon 
«  IN>i(^  l'I  iiiu'i  l>i''ll,  (-('ov;iiil  loiil  en  <|iii  ivsl 
«  rcril  dans  la  loi  cl  les  |ii()|>lirl(»s,  ayant  en 
<(  Dieu  l'csix^raniMi  (jn'ils  ont  (>iix-ini^n)ns  : 
«  la  rc.sinrcclion  liihiK^  des  Intns  cl  des  nii^- 
«  clian's.  (l'est  [lonninoi  je  nrcU'orce  d'a- 
«  V'ir  loujoiirs  ma  conscience  sans  repfocdK» 
«  d  'vaiil  l)icn  ol  d.'vani  les  lionnn(>s.  Or, 
«  fl|)i'cs  |»lusiein's  années,  je  snis  venu 
«  l'aii't^  des  a  m<Hios  h  ma  nation,  ot  h  I)  eu 
«  dos  ollVandcs  et  {\o<  vieiiv  ;  cl  c'cvst  alors 
«  qiio  (|\icli|ncs  JimI's  d'Asio  inniil  Irouvi' 
«  |)uriti(''  tians  le  tem|tle,  sans  loue  cl  sans 
«  tnnf.llc.  Kl  ce  sonl  <'(>s  Jn  ts  d'Asie»  (|ni 
«  devraienl  |>arailr(»  d  vaut  vous,  cl  m'ac- 
«  ciiscr  s'ils  avaient  (|iiel(juc  chose  contre 
«  moi.  Mais  (|no  cen\-ii  (le  larcnl  s'ils  o  il 
«  ti'onvi^  en  moi  (|uel(|U(»  ini(Miilù,  pnisijue 
«  me  voici  devant  rass{>ml)l('0,  h  moins 
«  (lu'on  no  m'accns(>  de  celle  [inrolo,'  (jne 
«  j  ai  dit(>  hanlcmenl  (>'i  leur  prcso'ioe  : 
«  C'est  à  cause  de  la  résurrection  (1rs  morts  que 
«  je  suis  ju(jé  aujourd'hui  par  l'ous.  » 

«  Félix ,  ((ui  (îounaissail  trcs-bicn  ('clto 
doctrine,  dillcra  le  jugement  cl  leur  dit: 
Lorsque  le  tribun  Lysias  sera  venu,  je  vo\is 
entendrai.  VA  il  ordonna  h  uii  centurion  de 
goder  Paul,  mais  en  lui  donnanl  plus  de 
liberlé,  et  sans  empêcher  aucun  dos  siens  de 
le  servir.  Ouelnues  jours  après,  Félix  étant 
reveiui  h  Cé.snrét^  avec  Drusdle,  sa  femme, 
qui  était  juive,  lit  aftpeler  Paul  ,  et  écouta 
ce  (7u'il  lui  dit  de  la  loi  de  Jésus-Christ. 
Mais  Paul  parlant  de  justice,  de  chasteté  et 
du  jugement  à  venir,  Félix,  etï'rayé,  lui  dit: 
C'est  assez  maintenant^  allez,  jevous  appellerai 
quand  il  en  sera  temps.  l\[  parce  qu  il  espérait 
que  Paul  lui  donnerait  de  l'argent,  il  I  a[)- 
pelait  souvent  et  s'entretenait  avec  lui. 

«  Deux  ans  accom[)lis,  Félix  eut  pour  suc- 
cesseur Porcins  F'estus;  et  voulani  plaire  aux 
inil's,  Félix  laissa  Paul  en  prison.  Festus 
étanl  donc  arrivé  dans  la  province,  trois  jnurs 
après,  monta  de  Césarée  à  Jérusalem.  L(?s 
princes  des  p. êtres  et  les  premiei's  d'entre 
les  Juifs  vinrent  vers  lui  po  .r  accuser  Paul, 
et  (iemandèront  eu  grâce  qu'il  le  fil  amener 
h  Jérusalem,  préparant  des  embûches  sur  le 
chemin  pour  l'assassiner.  Mais  Festus  leur 
répondit  que  Paul  était  gardé  à  Césarée,  où 
lui-môme  irai  bientôt.  Que  les  principaux 
d'entre  vous,  dit-il,  viennent  avec  moi,  et  s'il 
y  a  quelque  crime  en  cet  homme,  qu'ils  l'accu- 
sent, il  s'assit  sur  son  tribunal  et  commanda 
qu'on  ameuAt  Paul  ;  quand  on  l'eut  amené, 
les  Juifs  qui  étaient  descendus  de  Jérusa- 
leiii  l'entourèreut,  l'accusant  de  plusieurs 
grands  crimes  qu'ils  ne  pouvaient  prouver. 
Kl  Paul  se  défendait,  disant  :  Je  nai  péché 
en  rien  contre  la  loi  des  Juifs,  contre  le  tem- 
ple, ni  contre  César.  Festus,  qui  voulait 
plaire  aux  Juifs,  demanda  à  Paul  :  Voulez- 
vous  aller  à  Jérusalem  et  y  être  jugé  devant 
moi  sur  toutes  ces  accusations?  Mais  Paul 
dit  :  Je  suis  devant  le  tribunal  de  César:  c'est 
là  qu'il  faut  que  je  sois  jugé.  Je  n'ai  nui  en 
rien  aux  Juifs,  comme  vous  le  savez  vous- 
même  :  car  si  j'ai  nui  à  quelqu'un  ou  si  j'ai 


I'A(! 


m 


fnit  quelque  chose  qui  mihntc  la  muri,  jr  m; 
rejuHe  pas  de  mourir',  vinin  »il  n'y  a  rien  de 
venlidilr  diiiiH  leurs  anusalinui,  fnrnoune  tie 
peut  uie  lirnr  aux  Juifs.  J  mappellrà  t  énar. 
AliM's  Festus,  awinl  ili-blM-rénvec  le  (uui-.ed, 
n''(M)ndit  :  Vous  ni  air:  appelé  à  Cénur,  roua 
irez  rcrs  César. 

u  Quohpnts  jdurs  apn>s,  le  roi  AKripnn  et 
nr-riniicc  .i()se('  dirent  h  Ci'vsa  i-e  pour  saluer 
l'Cslns  ,  (t  cunniK!  ils  y  demein  i^n mit  plu- 
sieiMS  joiu-s,  F<>sius  parla  dr  [r\[i\  au  rui, 
disant  :  «  Il  s  a  un  hoiunuMpie  Ft'-lix  a  laissé 
«  prisunnier,  ipu-  les  jirinces  des  prêtres  et 
«  les  sénateurs  d.  s  Juifs,  pendant  «put  j'élars 
«  à  Ji'rusalem,  accusèrent  devant  moi,  d(!- 
«  manJanl  sa  londanni  duni.  Jeleurrépondis: 
«  Ce  n'est  point  la  coutume  des  Humains  de 
«  condamner  un  homme  avant  que  l'aecusé  ait 
«  ses  accusateurs  jtrésints,  et  qu'on  lui  ait 
«  donné  ta  liberté  de  se  défendre  pour  sej.is- 
«  ti/ier  des  accusatio)is.  ,\pies  donc  (ju'ds 
«  furent  arrivés  ici,  sans  aui  un  délai,  h;  jour 
«  suivant,  assis  sur  le  tribu, lal,  j'ordou  )ai 
«  qu'on  ameuAl  cel  hounne.  Ses  accusateurs 
«  ayant  |)aru  ne  lui  rej)ro(hèrent  aucun  des 
«  crimes  doiil  je  le  soupçonnais.  Ils  l'accu- 
«  saieul  seulement  de  quelques  débats  sur 
«  leur  superstition,  et  sur  un  certain  Jésus 
«  mort,  (pie  Paul  assurait  être  vivant.  Fi  ne 
<(  sachant  comment  juger  dite  affaire,  j<-  lui 
«  demandai  s'il  voulait  ai  er  h  Jérusabnu  et 
<(  y  être  jugé.  Mais  Paul  \  ou  la  il  que  sa  cause 
«  fiU  réservée  à  la  counatssa  Jce  d  Auguste, 
«  j'ai  ordonné  qu'on  le  garuAl  jusqu'à  ce  (jue 
«je  l'envoyasse  à  César.  > 

«  Agrqipa  dit  à  Fest.s  .  Je  voudrais  moi- 
((  même  entendre  cet  homme.  —  Vous  l'entcn- 
«  drcz  demain,  dit  Festus.  Or  le  lendemain 
Agrippa  et  Bé;é  lice  vinrent  eu  grandi- pom- 
pe ,  et  ayant  été  introduits  dans  la  salle  des 
audiences  avec  les  tribuns  et  les  princqia  ix 
de  la  vdle,  Paul  fui  am^iié  par  ordre  de  Fes- 
tus. Et  Festus  dit  :  «  roi  Agrippa,  et  vous 
«  tous  qui  èies  ici  présents,  vous  voyez  col 
«  homme  con  re  qui  toute  la  nation  juive  ma 
((  sollic  té  à  Jérusalem,  demandant  et  criant 
«  qu'd  ne  fullail  pas  le  laisser  vivre  [)liis 
«  longtemps.  Et  je  ne  l'ai  trouvé  coui)al)le 
«  d'aucun  crime  qui  méritât  la  mort.  Cepen- 
«  dant,  comme  il  en  a  lui-même  appelé  a 
«  Auguste,  j'ai  résolu  de  l'y  envoyer  Je  n'ai 
«  rien  de  certain  à  écrire  sur  lui  à  l'empi^- 
((  reur.  C'est  pourquoi  je  l'ai  ftiit  venir  en 
«  votre  présence,  et  principalement  devant 
«  vous,  roi  Agrifipa,  afin  qu'après  l'interro- 
«  gatoire  je  puisse  écrire  à  l'empereur:  car 
«  il  ne  me  paraît  pas  raisonnable  d'envover 
«  un  prisonnier,  et  de  ne  pas  faire  connaître 
((  de  quel  crime  on  l'accuse.  »  Agrippa  dit  à 
Paul  :  //  t'est  permis  déparier  pour  ta  défense. 
Aussitôt  Paul,  étendant  la  main,  commença 
sa  justification  :  «  Je  m'estime  heureux,  roi 
«  Agrippa,  de  me  d  fendre  aujouidh.ii  do- 
te vaut  vous  des  accusations  des  Juifs,  parce 
«  que  vous  êtes  pleinement  instruit  de  toutes 
«  ctioses  et  des  coutumes  des  Juifs,  et  des 
«  questions  qui  se  sont  élevées  parmi  eux. 
«  C'est  pourquoi  je  vous  supplie  de  ÇQ'écou- 
«  ter  avec  patience. 


<2S  PAU 

i  Tous  les  Juifs  ont  su  roninient,  dès  ma 
«  ieuTiossc,  j'ai  \éru  dans  Jérusalt-Mu  au  nii- 
«  lieu  dénia  nation.  Ils  savent,  s'ils  veuU'ut 
«  rendit*  léniois;nnt!ieà  la  viî'riltS  que  j'ai  vécu 
«  pliarision,  selon  la  serto  la  plus  ap[)rouv(''e 
«  de  notre  religion.  Et  néanmoins  je  parais 
n  aujourd'hui  rn  ju;4enienl  i)arce  que  j'espère 
«  eu  la  promesse  (pie  Dieu  a  l'aitt'  à  nus  pères, 
«  promesse  qu'attendent  nos  douze  tribus 
«  (]\ii  servent  Dieu  iiuil  et  jour.  C'est  celte 
«  espérance,  ô  roi  1  dont  les  Juifs  m'accusent. 
«  Vous  parait-il  donc  incroyable  que  Dieu 
«  ressuscite  les  morts?  Et  moi  j'avais  cru 
«  d'abord  que  je  devais  m'o|)poser  avec  force 
«  au  nom  de  Jésus  de  Nazareth  ;  et  c'est  ce 
«  (pie  j'ai  fait  dans  Jérusalem,  J'ai  mis  en 
«  prison  plusieurs  des  saints,  sehjn  le  pou- 
«  voir  que  j'en  avais  reçu  des  princes  des 
«  prêtres  ;  et  lorsqu'on  les  a  fait  mourir,  j'y 
((  ai  donné  mon  consentement.  Et  souvent, 
«  allant  dans  toutes  les  synagogues,  je  les 
«  tourmenlais,  je  les  contraignais  de  blas- 
«  phémer,  cl,  irrité  de  plus  en  i)lus  contre 
«  eux,  je  les  persécutais  jusque  dans  les  villes 
«  élrangèies.  Mais  un  jour  (|ue  j'allais  à  Da- 
«  mas  avec  le  |)ouvoir  et  la  permission  des 
«  princes  des  prêtres,  en  chemin,  ô  roi  1  à 
'I  midi,  je  vis  (lans  le  ciel  une  lumière  plus 
«  éclalante  (jue  le  soleil,  et  (jui  bri  la  autour 
«  de  moi  et  de  ceux  qui  m'accompagnaient. 
«  Et,  tous  étant  tond)é>  par  terre,  j'entenilis 
«  une  voix  qui  me  uiïait  on  langue  héhrui- 
«  que  :  Saul,  Saul,  pourquoi  me  persécutes- 
«  tu  ?  Il  l'csl  dur  (le  regimber  contre  l'aiffuil- 
«  Ion.  Alors  je  dis  -.Qui  ètes-vous,  Seigneur? 
«  et  le  Seigninir  ré|)()n(lit  :  Je  suis  Jésus  que 
«  tu  prrsécutes.  Muis  Inc-toi,  et  tiens-toi  de- 
«  bout,  car  je  l'ai  apparu  afin  de  l'établir  le 
«  minisire  cl  le  témoin  des  choses  que  lu  as 
«  rues  et  dr  celles  quelu  verras  lorsquejr  t'ap- 
«  paraîtrai  de  nouveau.  Je  le  délivrerai  des 
«  mains  de  ce  peuple,  et  de  et  lies  des  gentils 
«  vers  lesquels  je  l'envoie  mainlrnant,  pour 
«  leur  ouvrir  les  geux,  afin  qu'ils  passent  des 
«  ténèbres  à  la  lumière,  et  de  la  puissance  de 
«  Satan  à  Dieu,  et  que,  par  la  foi  qu'ils  au- 
«  ront  en  moi,  ils  reçoivent  la  rémission  de 
«  leurs  péchés,  et  aient  part  à  l'héritage  des 
«  saints.  Je  ne  résistai  donc  point,  roi  À,-;ri()- 
«  pa,  à  cette  vision  céleste,  ci  j'ai  annonct; 
«  d  nl)ord  h  ceux  de  Damas,  de  Jéiusalem, 
«  et  dans  Idule  la  Ju  lée,  et  ensuite  au\ 
«  gentils,  ipi'd  lissent  pénitence,  et  se  con- 
«  vertissent  au  Seigneur,  faisant  d(!  dignes 
«r  (f'uvres  de  i>('nilen("(».  Vodà  [louripioi  les 
«  Juifs,  m'ayanl  >aisi  Inrsqui*  j'(''lais  dans  le 
«  temple,  voulaient  me  Un. r.  >lais,  aidé  du 
■  secOiirsd  •  Dieu, j'ai  rendu  témoignage  jus- 
«»  qu'h  ce  jour  aii\  i)elils  et  au\  grands  ,  ru; 
«  di>ant  ([lie  ce  (jue  Moïse  et  les  prophètes 
«  ont  prédit  :  Que  le  Chri>t  soutlnrait,  (pi'il 
«  serait  le  priniiicr  «|ui  ressusciterait  aprèssa 
«  mort,  elipi'il  anie>ni:erait  la  liunièrci  à  ce 
«  peuple  el  aux  gentils,  d 

t  Comme  il  [tarlait  ainsi  j)our  sa  défense, 
Fesliis  dit  h  haiile  V(uv  :  l'aul,  vous  êtes  rn 
délire  ;  votre  grand  tavoir  vous  fuit  perdre  le 
trns.  Et  Paul  :  Je  ne  suis  pas  nnns  le  délire, 
frès-illuslrr  Frstus  ;    mais   ce  que  je  dis    est 


PAU 


tu 


plein  de  vérité  et  de  sen<i.  El  le  roi  sait  ces 
choses,  et  j'en  parle  devant  lui  avec  d'autant 
plus  d'assurance,  que  je  crois  qu'il  n'en  ignore 
aucune  ;  car  rien  de  tottt  cela  ne  s'est  passéen 
secret.  Roi  Agrippa,  crogrz-vous  aux  pro- 
phètes ?  je  sais  qur  vous  g  croyez.  Agrippa  dit 
à  Paul  :  Peu  s'm  faut  que  vous  ne  me  persua- 
diez de  me  faire  chrétien.  Et  Paul  :  Plût  à 
Diruque  non-seulemenl  il  s'en  fallût  peu,  mais 
encore  que  vous  et  tous  ren.r  qui  mécontent 
devinssipz  aujourd'hiù  tels  que  je  suis,  à  la 
réserve  de  ces  chaînes  ! 

«  Alors  le  roi,  le  gouverneur  et  Bér(''nice, 
et  ceux  qui  étaient  assis  avec  eux,  se  levè- 
rent, el  s'étant  retirés  h  l'écart,  ils  disai-nt 
entre  eux  -.Cri  homme  là  n'a  rien  fait  qui  mérite 
la  mort  ou  la  prison.  Et  Agrippa  dit  a  Feslus  : 
Oh  pourrait  le  renvoyer,  s'il  n'en  avait  appelé 
à  César.  Or,  quand  il  fut  résolu  que  Paul  irait 
en  Italie,  et  (ju'on  le  mettrait  avec  les  autres 
prisonniers  enlre  les  mains  d'un  nommé 
Jules,  centurion  dans  la  cohorte  appelée 
Auguste,  nous  monlAmes  sur  un  vaisseau 
d'Adrumète,  nous  levâmes  l'ancre,  et  nous 
commeni.-Ames  à  ctMoyer  l'Asie,  avant  tou- 
jours avec  nous  Aristarque,  Macédonien  de 
Thessalonique.  Le  jour  suivant  nous  vînmes 
à  Sidon  :  et  Jules,  (pii  traitait  Paul  avec  liu- 
manilé,  lui  permit  d'aller  voir  ses  amis  et  do 
pourvoira  ses  besoins.  »  {Act.  \xi-xxvii.) 

Saint  Paul  entra  dans  Rome  après  nn 
voyage  long  et  fertile  en  catastrophes.  Le 
préfet  du  prétoire,  à  qui  les  prisonniers  fu- 
rent remis  par  Jules,  était  Afranius  Burrhus, 
capitaine  des  gardes  de  Néron.  On  ne  sait 
pas  ce  que  devinrent  les  autres  prisonniers  ; 
(piant  à  saint  Paul,  comme  sa  grande  réputa- 
tion lavait  |)réi'édé,  et  iju'il  était  admiré 
même  des  païens,  on  lui  permit  de  demeurer 
seul  chez  lui  avec  un  garde,  autanl  pour  le 
protéger  conlr»3  la  mauvaise  volonté  des 
Juifs  que  pour  l'empêcher  de  s'enfuir.  Il 
loua  nn  logis  oij  il  demeura  deux  ans  en- 
tiers, vivant  du  (>ro  luit  du  travail  de  ses 
mains,  recevant  en  toute  liberté  ceux  qui 
venaitnit  le  visiter  elles  instruisant  des  vé- 
rités chrétiennes. 

Il  resta  ainsi  deux  ans  sans  pouvoir  être 
jugé  devant  le  tribunal  im|)érial.  Néron  était 
plus  xmcieux  de  ses  plaisirs,  de  ses  honteu- 
ses débauches,  (pie  des  atVaires  j)ubli(pies; 
maisentin,  au  bout  de  ce  temps,  étant  |)ar- 
venu  à  se  faire  enlendre,  il  se  justiiia  enliè- 
rement  el  fui  dès  lors  mis  en  pleine  libinlé. 
Ce  fut  durant  sa  eantivib'  qu'il  écrivit  sa 
belle  h'.piire  aux  Philippiens.  Dans  cette  épi- 
tre,  il  dilfpiecetpi'il  asoulfert  aser>iau\  pro- 
grès de  la  fui  ;  tpieses  chaincs  sont  devenues 
célèbresdans  Home  et  dans  beaucoup  d'autres 
lieux  ;  que  rexemjde  (ju  il  a  donné  aux  .  hn'*- 
lieiis  les  a  fortiliés,  encourages  dans  In  foi. 

Depuis  celle  éj>oque,  c'esi-h-dire  ini  l'aii- 
néi.'  ti2,  il  relourna  en  Asie  el  dans  la  plu- 
part des  églises  (pi'il  avait  (ondées  ou  visi- 
tées auparavant.  On  peut  croire  «luo  ep  fui 
en  (•(>  ttnnps  de  ces  voyages,  en  65.  tpi  il 
soulfrit  à  Anlioche  ce  dont  il  parle  dans  sa 
sectjudo  t'pitrr  A  Timothée  fchap.  ii.v.*)). 
11  revint  à  Home  dans  celle  même  année  65, 


4SB 


l'AU 


PAU 


4i« 


avoc  sniiit  Piorrf»,  ro.iiini' s.iiiil  Dniis  <l(i('(i- 
riiilln<  si'iiilili' rallir'iiicr  (I),  cl  scmihI  iiiiiiK'- 
tli.ilriiK'iil /ï  iiislniiic  Ii'h  [^(Hilils,  îi  |ii(\;li('r 
(huis  Itvs  syiuij^D^ims.   Il   |»;irviiil  ,  dil    s.iiiil 
Cliivso.sl  iiic.  ?»    coiivcrlir   tiii   imIimusdii  <Iii 
palais  iiii|)(^iial  cl  une  ioiicnliinc  de  rcinjic- 
rciir,  co  uni  lui  alliia  la  colcio  de  ce  prmcn 
dissolu.  Il  le  (il  arriMcr  coiiuiic  corrupteur  cl 
va,Mliond,   cl  lo  lil    niclli'c  en  prison.   Il  csl 
prohalile,  (l'api  (""S  la  lin  de  la  seconde  l\})Urr 
()  Tiiitotlit'r,   (pic  sainl   l'aiil  conipanil    alors 
une  prcini(''rc  l'ois  devaiil  N('roM.  Il  se  plaint 
(lan.s  celle  Kpîlr(>  d'avoir  ('U''  ahando-nu'  île 
Ions.  L(t   prnnirrc    fois   (/ne  j'ai  dcfriulu  nui 
cnuxc,  prrsoniir  iir  iii\t  srcoitni,  et  Ions  vt  ont 
alxinilounc.  Je  soidinifc  qiir  Dieu  uc  le  leur  iin- 
putr  ;)f».s-  ((-liai).  '^''  ^-  ^^)-  ^•^'  crime  ne  londic 
ap;>ari  uiuicnt  ipu' sur  ceux  (pu,  ayant  ipn-l- 
quiu'iiHlil  par  Iciu'  position  dans  )e  palais, 
eurent  la  lAcheP*  ins  ^ne  de  n'en  pas  user 
dans  rinl(^r(M  du  sainl  apùlrc;   il  no  saurait 
s'a|)pli(pier  à  sai'it    Lu(; ,  par  ox(Mnplc,    et 
aux   aidnvs  disciples  ,  (pii  n'avaient   aucune 
iniluence,  et  ([ui,aux  yeux  des  persécutcui's, 
Cïissent   paru    coupables  des  mûmes  crimes 
(juo  sainl  Paul,  sans  |)onvoir  lui  cMro  d'au- 
cun secours. 

Si  l'Apôtre  fut  abandonné  des  hommes,  il 
fut  secouru  par  Dieu  (pii  ne  voulait  pas  en- 
core rabandonn(>r  à  ses  ennemis,  et  ipii  le 
réservait  pour  pr(;'cl)"r  soi!  Evangile  même 
aux  persécuteiu's.  O'i  ne  sait  s'il  resta  pri- 
sonnier jus((u'h  sa  mort  ;  ou  bien  si,  connue 
le  pensi>  saint  Chrysostome,  il  l'ut  mis  en  li- 
berté. Cefutti  peu  piés  dans  ce  temps  qu'il 
écrivit  sa  seconde  Epilrr  ù  Timotlivc. 

Le  grand  désir  (]u'uvait  saint  Paul  de  ver- 
s:t  son  sang  pour  la  foi  fut  enlin  rempli  le 
29  juin  do  l'année  ()G;  il  lut  martyrisé  au 
lieu  dit  des  eaux  Salvicnnes  :  il  eut  la  tète 
tranchée.  Ivi  qualité  de  citoyen  romain,  il  ne 
fui  pas  mis  en  croix.  Saint  ("llémcil,  |ia[)e, 
prétend  que  Néron  assistait  à  son  supplice. 
Anisi  li  lit  celui  des  apijlres  qui ,  apiès 
avoir  persécuté  l'Eglise,  api  es  avoir  fait  ÙQ'à 
martyrs,  lut  un  des  plus  zélés  propagateurs 
de  la  foi  et  donna  lui-uième  sou  sang  pour 
les  vérités  qu'il  avait  prèehées. 

PAUL  (saint),  premier  ermite, était  né  dans 
la  basse  ïhébaide  en   Egy[)te.  A  l'âge  de 
quinze  ans,  il  perdit  son    père  et  sa  mère. 
Déjà  il  était  fort  versé  dans  les  lettres  grec- 
ques et  égyptiennes.  En  SoO,  quand  reu>.pe- 
reur  Dèce   suscita  une  violente  persécution 
contre  l'Eglise,  Paul,  pour  l'éviter,  alla  se  ca- 
cher chez  son  beau-frère;  mais  au  bout  de 
quelque  temps,  ayant  su  que  celui-ci  voulait 
le  dénoncer,  pour,  après  sa  mon,  entrer  par 
héritage  en  possession  des.  s  biens,  il  s'en  alla 
dans  le  désert.  Là,  ayant  trouvé  une  caverne 
anciennement   habitée    par   de   fa  ix  nion- 
naypurs,  du  temps  de  la  reine  Cléopâtre,  il 
s'y  in.stalla  :  elle  lui  servit  de  dem.-ure.  Une 
fontaine  était  auprès,  qui  lui  fournissait   sa 
boisson  quotidienne;  un   palmier,  pendant 
quarante  ans,  lui  fournit  ses  fruits  pour 

(1)  Saint  Astère  prétend  qu'il  le  trouva  dans  celte 
ville,  et  (pi'il  se  joiguii  à  lui. 

DicTiONN.  DES  Persécutio>s.  II. 


nourriture,  et  .sph  feuilles  pour  v^leiijeiii. 
PendanI  les  ciuipiniile  dernu-rcs  nnnées  du 
^a  vie,  \\  l'ut  nourri  nnracideus"(nent  par  la 
Providence  :  UM  corbeau  lui  ap|ioilail  cha- 
îne join' la  nioiiii*  d'un  pam.  Il  resl.i  donc 
iialr(svingl-di\  ans  dans  son  di-seri,  ij;noré 
u  monde  et  se  contcnlanl  di«  pi  ier  pour  lui. 
(le  l'ut  au  bout  de  ce  temps  ipi(j  l)ieu  lui 
envoya  sainl  Antoine,  datis  les  dernières 
heures  d(!  sa  vie,  pour  prendre  soin  do 
sa  s(''pullure  cl  pour  garder  au  moud  •  l'Iiis- 
toii(î  merveilleuse  di.'  ce  s/nnt  anacliirele. 

PAUL  (sainl),  martyr  \\  l.ainpsaipie,  ca 
l'anni'e  -250,  sons  le  règne  (h;  l'empereur 
Dère,  fut  le  compagnon  de  la  gloir(-:  'l  des 
combats  di;  saint  André,  ('ounne  lui,  il  fut 
co'idaiinéà  mort  par  le  proconsul  Oplimus. 
Une  |»r«  inière  fois,  amené  d(!vaiil  c(!  magis- 
trat, avec  sainl  André  et  Nicoinaque,  il  eut  lo 
l»o  ih(ïnrdeconfesser  gi-nérenseiuent  la  foi  do 
Jesus-Chrisl.  [Voy.  S'icom  vyi  i;.  )  L';  lendi;- 
main,  un<.' émoi  ion  popu  la  ir(?  ayant  éclaté  dans 
la  ville,  lepiMiplcdemandanl  la  morldessaints, 
Paul  confessa  encore  sa  loi  devant  le  pro- 
consul, résista  h  tous  les  tourments,  et  fut 
enlin  lapidé  avec  saint  André'.  [Vofi.  X\in\i.) 
L'Eglise  fait  la  fête  des  saints  uiartyrs  de 
Lainpsa(iue,  Pierre,  André,  Paul  et  Denise, 
le  15  du  mois  de  mai. 

PAUL  (sainl),  eut  le  bonheur  de  donner 
sa  vie  poui'  Jésus-(]hrist,à  Carlhage,  en  l'an- 
née -250,  sous  l'emoire  de  Dèce.  Il  mourut 
au  sorlirde  la  q'K'stion.  L'Eglise  fail  sa  fie, 
avec  celle  de  sainl  Mappalique,  le  17  avril. 

PAUL  (sainl),  fut  martyrisé  à  Corinthe, 
durant  la  p.  rséculion  de  Dèce,  sous  le  |  ré- 
side U  Jason,  avej  les  saints  Codrat,  Denys, 
Cyprien,  Anect  et  Cresccnl.  L'Eglise  fait  leur 
fét(!  le  10  mars. 

PAUL  (saint),  iflartyr,  soulfrit  avec  les 
saints  Denis,  Eauste,  Ca.us,  Pierre,  et  ciuatrc 
a  itie^,  sous  l'empereur  Dèce.  Depuis,  sous 
A'alérien,  ayant  enduré  de  longs  lourmcnts 
par  ordre  du  président  Eniilien,  ils  rempor- 
tèrent la  paliui  du  martvre  (Extrait  du  Mar- 
tyrologe romain).  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous 
ces  saints  le  3  octobio. 

PAUL  (saint),  souffrit  le  marlyne  pour  la 
foi  en  Afrique,  sous  le  règne  (i^e  Valérien, 
l'an  259,  avec  les  saints  (jéronee.  Janvier, 
Saturnin,  Successi.',  Jules,  Cal,  et  les  saintes 
Pie,  TertuUe  et  Germuine.  On  manque  de 
détails  authentiques  sur  leur  martyre.  L'E- 
glise fait  leur  fête  le  19  janvier 

PAUL  (saint),  lecteur,  fut  martvrisé  avec 
sainte  Julienne,  sa  sœur,  dans  une  ville  de 
Piolémaïde ,  les  uns  disent  sous  Valérien 
(.Martvrologe  romain),  les  autres  sous  Auré- 
lien  (tîaronius).  Ce  dernier  auteur  dit  que  ce 
fut  à  Ptolémaide  en  Isaurie  (où  il  n'y  a 
pas  de  ville  de  ce  nom).  Le  Maityrologe  ro- 
main dit  que  ce  fut  à  Piolémaïde  en  Pales- 
tine. L'Eglise  fait  la  fê  ede  saint  Paul  et  de 
sainte  Julienne,  sa  sœur,  le  17   août. 

PAUL  ^saint],  prêtre  et  martyr,  fut  compa- 
gnon du  sacriiice  de  saint  Hévérien,évèque, 
à  Aulun,  sous  l'empire  d'Aurélien.  L'Eglise 
honore  sa  mémoire  le  1"  juin;  malheureu- 


417 


t>Ali 


PAU 


i^ 


si'iiienl  st's  .Vclf>s  ne  sonl  pas  de  nature  à 
ins|urt'i-  grande  contiance.  On  donne  à  ces 
de\i\  saints  martyrs  dix  coni[)a}înons  de 
leuP"^  glorieux  combats,  mais  lo  Martyrologe 
nn  pas  inscrit  leurs  noms. 

PAUL,  l'un  des  trente-sept  martyrs  ^gy|)- 
tiens  qui  donnf'>rent  leur  sang  pour  la  foi 
en  Ksiypte,  et  desijuels  Ruiiiarl  a  donné  les 
Actes  authentiipies,  Voy.  Martyrs  (les 
trente-se|)ti  éfi^yptiens. 

PAUL  (saint),  martyr,  scellsk  de  son  sang 
la  loi  chrétienne  en  l'an  de  Jésus-Christ 
30S.  11  était  un  des  confesseurs  les  plus  il- 
lustres delà  Palestine.  Quand  le  gouverneur 
)  Firmilieu  l'eut  condamné  h  mort,  et  comme 
■  on  allait  l'exécuter,  il  demanda  ([uelques 
instants  de  répit.  Celte  faveur  lui  ayant  été 
accordée,  il  pria  pour  ses  bourreaux,  [lour 
les  Juifs,  pour  les  Samaritains,  pour  les  as- 
sistants et  pour  le  prince.  Il  su[)[)lia  le  Sei- 
gneur de  prendre  en  pitié  les  maux  de  son 
Eglise.  Après  cette  prière,  il  [trésenta  le  cou 
au  bourreau,  qui  lui  abattit  la  létc.  [Voy.  Eu- 
sèbe,  de  Mart.  Pnlesl.)  L'Eglise  célèbre  la 
fét<»  de  ce  saint  le  23  juillet. 

PAUL  (saint  ,  al»bé  des  ermites  de  Raïlhe, 
fut  massacré  avec  la  plupart  de  ses  disciples, 
en  373,  par  les  Blenunyens,  peuple  sauvage 
de  rKthio[iie.  (Voy.  Martyrs  de  Uaithe  et  de 
SiNAÏ.)  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces  saints 
martyrs  le  IV  janvier. 

PAUL,  prêtre  a[)Oslat  sous  Sapor,  roi  de 
Perse,  ne  se  contenta  pas  de  commettre  le 
crime  atfreux  de  l'apostasie;  il  devint  lui- 
même  le  bourreaude  sainte  Thècle  et  de  ses 
compagnes.  {Voy.  l'article   de   cette  sainte.) 

PAUL  (saint),  évêqne  de  Constantinople 
et  mart.v  r,  était  originaire  de  Thessaloni([ue. 
Il  était  isncore  assez  jeune,  lorsqu'il  succéda 
dans  le  siège  de  Constantinople  à  Alexandre 
qui  l'avait  fait  prêtre,  ou  seulement  diacre, 
comme  le  veulent  les  Grecs.  Néanmoins  il 
avait  di'jà  toute  la  prudence  des  personnes 
les  plus  Agées.  Il  était  fort  capable  d'instruire 
le  peuple,  propre  pour  le  conduire  h  Dieu  et 
estimé  detoul  le  monde  pour  ta  s.iinteté  de  sa 
vie.  Les  ariens  même,  ennemis  de  saint  Paul, 
avouaient  (juc  saint  Alexandre  avait  parlé 
de  lui  avantageusement  |)our  l'éloipience  et 
la  capacité  (l.«n>  les  alfaires.  Saint  Alexandre, 
dont  l'autorité  avait  comme  accablé  ceux 
ipii  suivaient  les  dogmes  d'Arius,  étant  mort 
en  336,  ces  liérelupies  reprirent  cienr,  et  se 
mirent  en  état  de  tenir  tète  aux  cathnlicjues, 
a|ipiiyé>  ipiils  élaicnit  du  crédit  d'Kusèbedo 
Nicomédie.  De  sorte  que  i'Egliae  de  Cons- 
tantinople se  trouva  toute  en  division  et  en 
trouble  sur  l'i-lection  de  son  successeur.  Les 
catholiques  voulai<-nt  saint  Paul,  et  lesariuns, 
Macédo!)o,  plus  Agé  que  le  premier ,  mais 
(pii  n'avait  iia>  la  même  vtntu.  Le  parti  des 
orthodoxes  1  emporta  pour  cette  lois  sur  les 
ariens  et  saint  Paul  fut  sacré  dans  l'égli.se  de 
la  Paix,  par  les  évêques  qui  se  trouvèrent 
dans  la  ville. 

Ce  fut  sous  Con^lmlin  et  sans  doute  dès 
|p  commencoraent  <le  1  tinscopat  de  saint 
Paul,  qu'arriva  ce  (jue  ramxMie  «.uni  Atlia- 
nasp,  qiip  M«cé<lone  avait ioruié  quoique  ac- 


cu«;ation  contre  ce  saint.  La  fausseté  en  fut 
bien  aisée  à  reconnaître,  dit  saint  Athanase, 
puisque  Macédone,  qui  l'avait  formée,  l'a- 
bandonna lui-même ,  et  communiqua  avec 
saint  Paul,  servant  sous  lui  en  qualité  de 
prêtre.  Cette  accusation  de  Macéclone  était 
une  intrigue  des  eusébiens.  Aussi,  quelque 
fausse  qu'elle  fût,  ils  ne  la  négligèrent  pas. 
L'ambition  avait  déjà  porté  Eusèbe  du  siège 
de  Béryte  sur  celui  de  Nicoraédie,  et  il  avait 
encore  jeté  les  yeux  de  sa  concupiscence  sur 
le  trône  de  la  nouvelle  Rome.  Il  fit  donc  sub- 
sister l'accusation  de  Macédone,  la  poursuivit 
lui  et  ses  partisans,  et  lit  tant  enfin  tpie  Cons- 
tantin relégua  saint  Paul  dans  le  Pont,  d'oii 
il  y  a  apparence  qu'il  ne  revint  qu'après  la 
mort  de  ce  prince.  Quoii|ue  le  dessein  d'Eu- 
sèbe,  en  faisant  bannir  saint  Paul,filt  de 
s'emparer  de  son  siège,  on  croit  néanmoins 
fiue  Dieu  ne  permit  pas  qn'il  réussit  d'abord 
dans  son  ambition.  Il  y  a  apparence  en  etfet 
que  Constantin,  qui  n'aimait  [>as  à  voir  pas- 
ser les  f'vêques  d'un  siège  à  l'autre,  ne  mit 
point  d'évêque  à  la  place  de  notre  saint. 

Quoi  (lu'il  en  soit,  il  fut  rétabli  sur  son 
siège,  a[iparemment  en  338,  lorsuue  tous  les 
évèques  bannis  par  Constantin  lurent  réta- 
blis par  ses  enfants.  Constance  passa  bientôt 
après  à  Constantinople ,  et  excité  par  l'an- 
cienne accusation  que  Macédone  avait  in- 
justement dirigée  contre  Paul ,  rem|)ereur 
témoigna  qiid  était  indigné  de  voir  l  Eglise 
de  cette  villt>  entre  les  mains  d'un  homme 
indigne  de  Tt-piscopat.  Il  lit  donc  assembler 
un  concile  de  prélats  infectés  del'arianisme, 
qui  déposèrent  ce  saint  évèque  et  mirent 
Eusèi)e  à  sa  pl.ico.  Celui-ci  étant  mort  en 
3H,  le  peuple  de  Constantinople,  ïélé  pour 
la  foi,  rétablit  notre  saint  sur  son  siège.  Mais 
à  peine  y  était-il  revenu,  que  les  ariens  lui 
ayant  oi)posé  Macédone,  il  séleva  une  guerre 
civile  dans  la  ville.  Le  général  Hermogèue 
avant  voulu  chasser  Paul,  fut  tu<'  par  le  peu- 
)le.  Constance  arriva,  quoit^u'on  fôt  au  mi- 
ieu  de  l'hiver,  déchargea  sa  colère  sur  notre 
saint,  (pii  fut  encore  obligé  de  s'enfuir.  Ce- 
ptudant  le  peuple  de  Constantinople ,  qui 
l'aimait  beaucoup ,  le  lit  revenir  dans  la 
même  année  et  le  n-tablit  snrson  trône  épis- 
co|>al.  Constance  qui  se  trouvait  alors  à  Aii- 
tioche,  ayant  appris  cet  événcnuent ,  entra 
en  glande  fureur,  et  envoya  à  Philippe, 
préfet  d'Orient,  l'ordre  de  chasser  Paul,  rlii- 
lippe,qui  était  arien,  s'empressa  d'obéir  avec 
joie  à  l'iniqiereur.  Mais  crai-rnant  une  sédi- 
tion, il  lit  venir  notre  saint,  lui  montra  l'or- 
dre de  tA)nslance,et  le  Qt  embarquer  sur  un 
vaisseau  que  l'on  tenait  f)rèt  pr.  che  d'une 
f«'nêlre  du  palais.  Macédone  fut  mis  en  pos- 
session du  siège  de  Constantinople,  et  notre 
saint  reléguée  Sini^are,  d'où  il  fut  ensuite 
transféré  à  Eincse.  Néanmoins  il  fut  rétabli 
sur  son  siège  on  3i8,  par  (vtiistant,  (|ui  força 
son  frère  Constance  de  lui  accordtn-  la  liberté 
de  Paul  et  d'Alhanase.  il  gouverna  iloncson 
église  en  paix,  peud.int  environ  deux  ans; 
mais  Constant  étant  vemi  à  mourir  en  3.50, 
Constance  onlonna  de  le  mener  en  exil.  No- 
tre saint    s'étant  enfui,  il  tomba  entre  lc3 


I 


m 


PAIi 


l'Ai 


42Û 


m.'iiiis  (lu  ceux  qui  lo  poiirsiiiviiiiMil.  On  U» 
«Miiiliiisil  il  Cuciisn,  silm'tf  tJniis  los  ilrst-i'ls 
(lu  iiioiil  'riMirus.  Les  «iiciifi,  non  coiilnils 
il»>  r.ivoir  fdil  n'l('^ui'r  dd'i.s  ccl  rmlruil  iii- 
liJkhiliV  l'y  ciiruriiii'itiil  (l.iiLs  un  Immi  «-lioil 
«l  obscur,  où  ils  11'  laissc'Tciil  sans  iiournUut» 
|)««ii(l,iiil  SIX  jours.  A|»r(''s  «o  lriii|>s,  rjiv.uit 
IrouvtS  i(«s()inuil  ciiidi-c ,  ils  l"(''lr.iiiKlrrfiil 
(;j^()  ou  :K)1).  Voilà  coiiuMO  fo  iMJUViiiu  l'aui 
i('iii|iorl.»(»ntiii  la  coiiionii»',  iiprt-s avoir  lon;:,- 
Iciiijis  (■oinhallu  selon  les  lois  ilc  Jésus- 
Chrisl  par  laul  do  laliiJiUcs  o\  dcvii  (pio  les 
arii'iis  lui  avaicnl  l'ail  ("tdiircr  coiiiiiic  à  un 
déiciisciir  i'ilrcpidcdcs  (lo^iui'sa|)osl<»lii|Ufs. 
Cttr  riiisloiro  lui  nîud  ce  lùuioit^iua^i!  (|uu 
de  Ions  li's  i'^vt\|urs  de  l'Orinil,  ceuv  (|ui 
éUieiil  U'  [)lus  ullatliés  à  la  docliiuc  du 
concile  de  Nicoe  tHaient  saint  Paul  t'I  saint 
Alhanasc.  FMnli|i|)c,  (|ui  avait  encore  élé  en 
celle  occasion  le  peiséciUeur  el  le  bourreau 
de  sainl  Paul,  éprouva  bienlAl  lajtisie  von- 
geancedne  à  ses  crimes.  (Inr  moins  d'un  au 
»prèsS  lo  iuarl.vrc  iki  sainl,  il  fui  dépouillé 
hunleusenient'do  sa  dij;'iil(5  ot  dennuira  ox- 
jK)î>é  au\  insultes  de  loul  le  monde,  en  at- 
tendant (|u'on  vint  lui  ùler  la  vie.  Il  mourut 
enlin  hors  de  sou  pays  el  de  la  coiiiiw#iie  de 
ses  |)rocIies. 

Longtemps  après,  le  grand  Théodose  ayant 
ap|)ris  (|uelles  avaient  élé  la  vie  et  la  mort  de 
saint  Paid,  lit  raiv|)ortor  àConslanliiiQplvson 
cor[)s,  d'Aiic,\ro,  où  on  l'avait  Iransféié  .le 
Gueuse.  Il  le  re<j'ul  avec  beaucoup  d'honne.r 
et  de  respect.  Nectaire,  ipii  venait  d'èlreiait 
é.vèque  de  Conslanliiio.de,  et  tous  les  pré- 
lijt.!j  qui  se  trouvaient  eu  cette  ville,  allèrent 
au-devani  du  corps,  le  reçurent  avec  le  chant 
des  psaumes,  le  portèrent  i>ar  le  milieu  de 
la  ville  et  le  mirent  dans  l'aiicieune  église 
de  la  Paix,  oii  ce  saint  avait  tenu  quelque 
temps  son  siège.  L'Eglise  honore  l'immor- 
telle iném(,)ire  de  notre  saint  le  7  juin. 

PAUL  (saint),  martyr  à  Rome  avec  saint 
Jean,  sous  Julien  l'Apostat,  avait  été  i)rimi- 
cier  de  la  princesse  Constance,  tille  de  l'em- 
pereur Constantin.  Ayant  pris  ensuite  du 
service  dans  les  armées,  il  devint  ofU.cier 
sous  Julien,  il  bit  condamné  à  nioit  en  362 
par  Apronieu,  préft-t  do  Rome,  dont  la  haine 
aciuu'née  coi i ire  les  chrétiens  valut  à  plu- 
sieurs la  couronne  du  martyre.  Le  nom  de 
saini  Paul  se  lit  au  Canon  de  la  messe  avec 
celui  de  saint  Jean,  le  compagnon  de  son 
martyre,  et  il  y  ava;t  ancienneme'it  ii  Rome, 
près  de  la  basilitjue  des  A[.'ôties,  une  église 
qui  po'  tait  leur  nom.  (  Voy.  Rondininus,  de 
SS.  Joanne  et  Puulo  eoramq^ue  basilica  vêlera 
monumentn,  Romae,  ITftT,  iji-'i.".  loy.  aussi 
Florus,  diacre  de  Lyo?i„  Hymne  sur  saint  Jean 
et  saint  Paul.) 

PAUL  (saint),  martyr,  soulfrit  le  martyre 
en  Syrie  avec  Cyrille,  Eugène  et  (piatre  au- 
tres dont  les  noms  sont  inconnus..  On  n'a  i>as 
de  détails  sur  eux.  L'Eglise  fait  leur  fête  le 
20  mars. 

PAUL  (saint),  diacre  et  martvr,  souffrit  à 
Cordoue  pour  la  défense  de  la  religion  chré- 
tienne. Ayant  repris  l'impiété  et  la  cruauté 
ée  nuelaues  Drincesmahoraétans,  et  nrèchant 


conslaunuenl  Jésus-(dirisl,  d  lut  udniuiaine- 
nieiii  uj,(s-,acré  \>i\v  leur  onhe,  et  alla  rece- 
voir dans  h;  <  iel  la  récompeine  qui  lui  était 
|iréipaiéi'.  Li'  ikmii  do  cet  illustre  martyr  c.st 
iiisci'il  an  .Mari)  lolo^i-  romani  le  2l)  juill  l. 

l'.VlJL  (le  bieulHMireijx),  frère  couvers  de 
l'oidio  de  Sainl-Dominiqiie,  exhortant  plu- 
sieurs Portugais  a  subu'  la  iiKjrt  pour  le  nom 
de  Jé'siis-Cluist,  recul  avec  eux  h;  cOUp 
mortel  de  la  main  des  id<d.'Ures,  en  l!i<)H,  duDS 
le  royaume  d'Arialian,  dont  I  s  luUjil.ints  su 
noiiuuaieiil  .\rrakauis  ou  Moj^lis.  (  F<intana, 
MonuninUa  Dantinicnna.) 

PAI;L  lie  biiiilirureux),  chiif des  mission- 
naires dominicains  en  Arménie,  fut  massa- 
cré [)ar  les  Turcs  vers  l'année  KiOV,  avee 
une  glande  partie  de  ses  redigieux  et  un 
grand  nombre  de  chrétiens. 

l'AUL  (II'  bienluMireuxj,  fut  niarlvri.sé  au 
Ja|ion  en  U>l;i,  dans  le  royaume  d'Aiim.i, 
avec  son  père  Léon  Tacuendomi  Cuniémon, 
Eainxida  Lnguyémou  (Léon),  sa  femme 
nommée  Marihe  ,  AdricMi  Tacafalimuido  » 
Jeanne,  sa  femme,  sa  tille  Marie  Madeleine, 
vierge,  Agée  de  dix-neuf  ms  ,  el  vouée  au 
Seigneur,  Jacques,  son  lils.  Agé  de  douze 
ans.  Tous  fuient  condamnés  au  supplice  du 
feu.  On  peut  voir  les  détails  de  leur  martyre 
au  titre  Faiuxida  Llguykmon  [Léon). 

PAUL  (le  [irince),  dixième  lils  de  Sounoii, 
Peylé  (régulo  du  troisième  degré)  à  la  C(jur 
du  céleste  em[)ire,  s'oUrit,  en  l'année  1711), 
pour  accompagner  le  quatorzième  lils  de 
l'empereur  Kang-hi  dans  la  guerre  qu'il  al- 
lait soutenir  pour  son  père  contre  Tse-Vam- 
Raptan,  roi  des  Eleuths.  Paul  était  pour  lors 
Agé  d'environ  vingt-sept  ans.  Grand,  bien 
fait,  renommé  comme  oUicier,  il  fut  accepté. 
Déjà  dei)uis  longtemps  il  suivait  lout;.'S  les 
prescriptions  de  la  loi  chrétienne.  Souvent 
il  avait  pressé  le  P.  Suarès  de  lui  donner  le 
baptême;  mais  celui-ci,  pour  l'éprouver,  avait 
toujours  ditféré.  Près  de  {)artir  pour  un 
voyage  de  six  cents  lieues,  il  renouvela  ses 
instances.  Le  Père  accéda  à  son  désir,  et  ce 
fut  alors  qu'il  reçut  le  nom  que  nous  lui 
donnons  en  tète  de  cet  article.  Quand  il  eut 
rejoint  l'armée,  il  écrivit  à  son  père,  à  sa 
mère,  à  sa  femme,  d'embrasser  comme  lui  le 
christianisme.  Sa  femme  seule  tint  compte 
de  ses  exhortations,  et  se  fil  baptiser  sous  le 
nom  de  Marie.  Non-seulement  Paul  instrui- 
sait sa  famille  et  ses  domestiques  des  vérités 
chrétiennes ,  m-iiis  encore,  dans  les  confé- 
rences qu'il  avait  avec  les  seigneurs  de  l'ar- 
mée, il  leur  donnait  une  si  haute  idée  du 
christianisme  que  i)lusieurs  en  devinrent  de 
zélés  défenseurs.  Ayant  appris  qu'il  y  avait 
dans  les  troupes  quelques  soldats  chrétiens, 
il  les  lit  venir,  et  leur  montra  toute  la  bien- 
veilbuce  imaginable.  Au  bout  de  deux  ans, 
1  empereur  rappela  son  iils,  qui  revint  avec 
le  |»rince  Paul,  après  avoir  chassé  du  Thibet 
les  troupes  de  Tse-Vam-Raptan.  Le  témoi- 
gnage qu'on  rendit  de  Paul  à  l'empereur  fut 
cause  qu'il  reç.t  de  nouveaux  honneurs  et 
une  augmentation  d'appointements,  iiais 
Paul  ne  désirait  plus  servir  que  Jésus-Chiisl ; 
il  DFésenta  au  tri-liunal  des  princes  un  mé- 


451 


FAlî 


PAU 


431 


\ 


moire  où  il  disait  <|u'un('  inconiinofliK^,  (jui 
lui  était  venue  nu  ^o:iou.  Tcnip^chait  de 
inonlorà  cheval  ;  ({ue,  ne  pouvant  plus  servir, 
il  ne  croyait  pas  pouvoir  garder  ses  appoin- 
tements,"et  qu'il  priait  l'empereur  de  vouloir 
bien  agréer  sa  (lémission.  Le  président  du 
tribunal,  qui  était  ami  de  Paid,  lit  son  ra|i- 
port  de  telle  sorte  que  l'enipereur  agréa  la 
demande,  et  laissa  à  Paul  un  titre  honori- 
fique (}ui  ne  l'engageait  à  aucune  fonction. 
Libre  enfin,  il  se  voua  tout  entier  aux  œuvres 
de  piété,  se  faisant  apiMre  au  milieu  de  ses 
amis  et  de  ses  connaissances.  Il  veillr.it  avec 
un  soin  extrême  h  ce  que  les  petits  enfants 
des  princes,  ses  amis,  ne  mourussent  [)as 
sans  baptême.  Il  co-iférail  tous  les  jours 
avec  ses  frères  Jean  et  François  sur  les 
n^;.vens  qui  convenaient  le  mieux  pouréten- 
tlre  l'Eglise  du  Seigneur.  Leur  père  les  avait 
ch.issés  de  sa  présence;  ils  ne  furent  admis 
auprès  de  lui  ([uc  lors(|ue  l'empereur,  Tayaut 
mandé  au  palais,  le  bannit,  parce  ((uc  |)lu- 
sieurs  de  ses  enfants  s'étaiml  faits  chrélicns. 
On  peut  voir  à  l'article  Soinou  comment  ce 
vieillard,  croyant  apaiser  la  colère  de  l'em- 
pereur, prit  la  résolution  de  lui  livrer  enchaî- 
nés Paul,  Jean  et  François.  Quand  on  voidut 
mettre  les  chaînes  à  Paul,  il  repoussa  vive- 
ment l'ofticier  qui  s'approchait  de  lui.  «  Je 
n'ai  offensé,  dit-il,  ni  le  ciel,  ni  la  terre,  ni 
l'empereur,  ni  ses  ancêtres  ;  je  veux  qu'on 
me  dise  pour  (luel  motif  on  me  traite  ainsi  1  » 
«  Ne  voyez-vous  pas,  lui  dit  son  frère  Jean, 
que  c'est  parce  que  nous  sommes  chrétiens.  » 
<(  Si  c'est  pour  cela,  reprit  Paul,  je  reçois  vo- 
lontiers ces  chaînes,  et  je  serai  glorieux  de 
les  porter.  »  Quand  on  vint  pour  les  lui  ôter, 
la  démarche  de  son  père  au  palais  n'ayant 
pas  réussi,  il  témoigna  son  chagrin  de  les 
quitter.  Le  13  iuillet  172i ,  deux  jours 
avant  le  départ,  il  vint  avec  son  frère  Jean, 
son  tils  Michel,  enteniire  la  messe  à  l'église 
des  Jésuites  portugais;  puis  le  15,  il  partit 
avec  toute  sa  famille  pour  se  rendr(>  au  lieu 
de  l'exil  que  l'empereur  avait  désigné.  C'était 
un  lieu  nommé  Yeou-Oué,  où  l'empereur 
entretenait  un  corps  de  troupes  assez  consi- 
dérables, puis(iu'il  y  avait  des  soldats  des 
huit  bannières  de  la  Chine.  Yeou-Oué  est 
situé  dans  la  Tartarie,  un  peu  au  del?t  de  la 
grande  muraille,  à  (luatre-vingt-tlix  lieues 
de  Pékin.  On  peut  voir  h  l'article  Soinou 
rpi'en  17-23,  tous  les  princes,  ses  (ils  et  |)e- 
lits-tils,  en  état  de  porter  les  armes,  furent 
incorporés  «oinme  simples  cavaliers  dans  ces 
dilTérents  corps.   Le  même  article  fera  voir 

Zuelles  furent  la  suite  et  la  tin  de  cet  exil, 
e  prince  Paul  avait  été,  connue  nous  l'avons 
dit,  l'un  (les  plus  ardctils  |)ropa,.^ateurs  de  la 
foi  chréti-iuie  <^  Pékin;  ilans  linlérieur  de 
son  [lalais,  il  avait  fait  construire  une  cha- 
p»  lie.  Son  immt'iist!  fortuut'  lui  avait  permis 
d'y  déployer  un»-  telle  magrmicenci'  (\\u\  s'il 
faut  en  croire  le  récit  des  missionnaires, 
celte  chapelle  ne  h*  ct'dait  eu  lien  à  celles 
de  nos  palais  royaux  d  Kurnpe. 

PAUL  ^sauit),  marivr,  était  un  jeune 
liioinf»  de  la  Lusitanie.  lll  fut  martyrisé  l'an 
85C,  durant  la   persécution  d'Alxliilrame  IL 


a>ec  un  autre  jeune  moine,  nommé  Isidore, 
et  un  vieux  prêtre,  nommé  Elie.  L'Eglise 
fait  leur  fête  le  17  avril. 

PAIX  fsainl),  fut  martyrisé  à  Rome  avec 
les  saints  Lucius  et  Cyriaque.  Les  dét  i!s 
nous  manquent  sur  leur  compte.  L'Eglise 
fait  leur  fête  le  8  féviier. 

PAUL  (saint),  pape  et  confesseur,  souffrit 
cl  Rome  pour  la  (iéfense  de  la  foi.  Nous  n'a- 
vons aucun  détail  authentique  sur  lui.  L'E- 
glise fait  sa  fête  le  28  juin. 

PAUL  (saint),  eut  le  glorieux  avantage  de 
verser  son  sang  pour  la  foi  h  Antioche  de 
Syrie.  11  eut  |)Our  compagnon  de  son  triom- 
phe saint  Nicéas.  Tous  deux  sont  collective- 
ment honorés  dans  lE^lise  le  29  aoilt. 

PAUL  isaint),  soufbit  le  martyre  en  l'hon- 
neur de  Jésiis-Christ,  avec  les  saints  Lucien, 
Métrope,  Zénobe,  Théotimc  et  Drusus.  Leur 
martyre  eut  lieu  dans  la  ville  de  Tripoli. 
L'Eglise  célèbre  leur  sainte  mémoire  le  2i 
décembre. 

PAUL  (saint),  reçut  la  palme  du  martyre  à 
Damas,  avec  Tatte,  son  épouse,  Sabi  ueri, 
Maxime,  Ruf  et  Eugène,  leurs  enfants.  Ayant 
élé  accusés  de  faire  profession  de  la  religion 
chrétienne,  ils  furent  char'.'és  de  cou[>s,  et 
endurèrent  d'autres  supplices  dont  nous  ne 
conn.iissons  pas  les  ditferent«s  circonstances, 
et  dans  lesquels  ils  rendirent  leur  âme  à 
Dieu.  L'Eglise  fait  collectivement  leur  fête 
le  25  se{)teml)ie. 

PAUL  (saint],  martyr,  souffrit  à  Constan- 
tinople  pour  la  foi  avec  Lucillien,  ancien 
prêtre  d'idoles,  et  trois  autres  enfants  de  son 
i\ge,  Denis,  Claude  et  Hypace.  {Voy.  Llcil- 
i,ii;n,  pour  pins  de  détails.) 

PAUL  (saint),  martyr,  eut  la  gloire  de  ver- 
ser son  sang  pour  la  défense  de  la  religion 
h  Tomes,  dans  la  (irovince  du  Poni.  Saint 
Cyria(|uc  soulfiit  avec  fui.  L'Eglise  honore 
leur  mémoire  le  20  juin. 

PAUL  (saint),  martyr,  est  inscrit  au  Mar- 
tyrologe romain  le  8  février.  Il  soutfiil  le 
marlyie  à  Rome  avec  les  saints  Lucius  et 
Cyria(|ue.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  8  février. 

P.VUL  f  saint',  martyr,  eut  la  gloire  de 
cueillir  la  palme  ilu  martyre  avec  les  saints 
Crescent,  Dioscoride  et  Hellade.  On  ig  'ore 
le  lieu,  la  date  et  les  circonstances  de  leur 
martyre.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  2H  mai. 

PAUL  (saint),  martyr,  recueillit  la  palme 
du  martyre  à  >o\on.  Il  eut  pourcompa,.,'no  is 
«le  sa  gloire  les  saints  Heracle,  .\qiiilin  et 
deux  autres  (jue  l'on  ne  connaît  pas.  Le 
Martyrolo-,'e  romain  ne  do'ine  loini  de  dé- 
tails 5ur  leur  mart_\re.  et  »>e  dit  point  non 
plus  h  (pielle  épo  j  ic  il  arriva.  L  Eglise  cé- 
lèbre leur  saille  mémoire  le  17  mai. 

PAUL  i^sainl),  f'^t  uiflKyi  ivé  ;^  Porto,  avec 
les  saints  Héraclius,  Second  il  le  et  Janvière. 
Nous  n'avfins  aucui  i  et.ul  sur  l'éporpie  et 
les  circonsl.irues  de  leurs  rombat>.  L'Eglise 
fait  collectiveii  ont  leur  îete  le  2  mars. 

P.VUL  (saint,  mart  .i,  eut  lo  glor  eux  avan- 
tage de  mourir  pot  la  dérMise  de  Jésus- 
Christ,  à  Nicée.  Il  eut  pw,ir  compagnons  ilo 
ses  glorieux  combats  les  saints  Darius,  Zo- 
zimc  et  Second.  On  ignore  comolétemeut  les 


4!(5 


PAU 


RI 


484 


circoiislnnco»  qui  lllii.sin''iont  leur  glorieux 
nuiilvrc.  L'K^lisc  les  Ikiikmc  le  l'j  (li'ci'iiibrc. 

l'ArLI'".  (sailili'),  viciée  cl  iiiariMc,  sniiirrit 
h  Cdiislaiitmoplo.  KHe  fut  |tii.s(!  par  les  pcr- 
.s(^(ui(>(irs  dans  lo  Irmps  (lu'cllo  ramassiiil  le 
saiiK  (le  |>lii>inii'S  niailyis.  On  la  halltl  de 
V('i};('s,  puis  on  la  jda  dans  le  li'ii.  Mais  cii 
ayant  (Mé  délivrée,  ('ll(>  eul  le  bonheur  d'(Mro 
dV'capilét»  au  même  lieu  oTi  sain!  I.iirilicn 
nvail  elé  erucilié.  Sou  nom  esl  insciil  au 
]yiarlvrol()j;e  romain  le  <'t  juin. 

PAri-i;  (sainli'i,  mail \  re,vei-sa  son  san^eii 
l'honneur  di>  Ji'sns-CJn  isl,  ;\  Malati;a,en  Ivspa- 
{;iu>.  l'Ile  eul  pour  compai^non  de  son  inarlyre 
saint  Cyriaipu».  Ils  momurenl  sous  les  pier- 
res doiil  on  les  accabla.  L"K;;lise  lail  leur 
sainte  nuMuoire  \o  18  juin. 

PAl'l.K  (saini).  mari\  r.est  inscril  au  Mai'ty- 
roltig'^  romain  le  "20  juillet  11  le  soulVril  avec 
los  saints  marlyrs  Sahin,  Julien,  Maeroho, 
Cnssio  el  dix  autres  don!  los  nom>  sont  igno- 
rés. l/Iv^liso  les  honoi'e  collecli veulent. 

PAULK  (sainte),  martyre,  mourut  pour  la 
foi  .'i  Cartilage,  avec  les  saintes  Hass(>  et  Ag.i- 
thoniqiie.  On  n'a  {)as  do  détails  anthoidi(]ue8 
sur  la  tialo  et  les  circonstances  do  leur  mar- 
tyre. L'Kglise  honore  leur  mémoire  le  10 
aoi'it. 

PAULILLK  (saint),  martyr,  eut  la  gloire  de 
verser  son  sang  [lour  la  foi  chrétienne.  Il 
sontlVit  le  martyre  avec  les  saints  Cyriaijue, 
Second,  Anasta.so,  Syndimo  et  (i"aulres  com- 
pagnons que  le  Àlarlyroio^e  romain  ne 
nomme  point.  L"Eglise  lioiiore  la  méraoire 
do  ces  saints  hommes  le  19  décembre. 

PAULIN,  juge  de  Havonne,  lit  mourir  saint 
Ursiciu  et  saint  A'ital,  durant  la  j)ersécution 
de  Néi'on.  Il  lit  décapiter  Ursicin,  et  enterrer 
vivant  Vital,  dont  il  était  lami  intime,  parce 
que  ce  dernier,  chrétien  seciôtement,  avait 
exhorté  Ursiciu,  sur  le  point  de  renoncer 
sa  foi,  à  soullVir  le  martyre,  et  avait  pris  soin 
de  sa  sépulture. 

PAULIN  (saint),  évoque  et  patron  de  Lac- 
ques, fut  martyrisé  à  Pise,  sous  l'empire  de 
Néron,  avec  plusieurs  de  ses  compagnons. 
Avant  de  consonuuer  son  sacritice,  il  avait  eu 
la  gloire  de  c-mbattre  pour  la  foi  :  il  avait 
couragousimeut  confessé  le  nom  de  Jésus- 
Cluisi.  Il  avait  été  fait  évoque  de  Lucqucs  par 
sain  Pierre.  L"Lglise  honore  sa  mémoire  le 
12  juillet. 

PAULIN,  gouverneur  de  Palestine,  sous 
Dioclétien,  fit  arrêter,  en  l'an  303  de  Jésus- 
Christ,  .-aint  P  ocope,  qui  était  lecteur  et 
exorciste  daus  l'église  de  Bethsau  ou  Scytho- 
polis,  et  le  lit  amener  à  Césarée,  siège  de  son 
gouvernement.  L^i,  n'ayant  pu  iamener  à 
sacrifier  ni  aux  faux  dieux,  ni  aux  empe- 
reurs, il  le  conda.u'ia  à  être  décapité.  {Voy. 
Procope.  Voij.  aussi  Assemani  [SlepU.],  t.  II, 
p.  1G6.) 

PAULIN  (saint) ,  évoque  de  Trêves ,  fut, 
durant  la  persécution  des  ariens,  exilé  pour 
la  défe  ise  de  la  foi  par  l'empereur  Constance, 
et  fatigué  jusiju'à  la  mort  par  de  fréquents 
changements  d'exil,  dans  les  contrées  oii  le 
nom  de  Jésus-Christ  n'était  pas  même  connu. 
Enfin,  étant  mort  en  Phrygie,  il  reçut  du  Sei- 


gneur la  couronm-  <|u'il  s'était  acqui.se  pnr 
80.S  «oiilVrances.  l.'KKii.se  fuit  h»  féti;  \i-  31 
aorti, 

PAULIN  (Hniul),  rct.ul  hnr)uronhe  du  mar- 
tyre h  Todi,  on  confessant  Jésus-Christ.  Il 
eut  pour  comparions  de  son  glorieux  Iriorri- 
plie  les  saillis  lli-iiicliiis  el  I''i'licissiiiie.  L'I> 
glise  fait  hnir  sainte  mémoire  le  'i(i  mai. 

PAULIN  (saint),  reçut  le  glorieux  ptivilégo 
du  m  irl>  re  à  Cologne,  On  i-nrtri-  lépoquo 
el  les  dilléroiiles  (Mrconstnnees  de  son  com- 
bat. Il  (!sl  inscrit  au  Marlyvolo.;e  romain  le 
V  mai. 

PAULINK  (sainte),  fut  martyrisé(!  h  Homo, 
sous  l'empirer  de  Valérien,  avec  les  saints 
Ilippolyli!,  liusèbe,  Marcisl,  Adrias,  Maxime, 
Néon  et  sainte  Marie.  L'Kglisiî  fait  .sa  fête  le 
2  déciMîdjre.  (Pour  plus  aiiq'les  détails,  voi/. 
los  Actes  de  saint  IIii'poi.vti;,  à  son  article.) 

PAULINE  (sainte),  ma-rtyre,  mourut  pour 
la  foi  (^  Home,  av(>c  son  pèr(î  saint  Artème,  et 
sa  niére  sainte  Candide.  [Voy.  |)onr  plus  do 
détails,  l'article  Aiiti'î>ik.) 

PAULINK  (saint(î),  souffrit  le  martyre  h 
Home,  avec  les  sa  ailes  Donate,  Kustique, 
Nominande,  Sérotine,  Hilarie  et  plusieurs 
autres,  dont  l<>s  noms  sont  ignorés.  L'Eglise 
fait  leur  fête  le  31  décembre. 

PAUSIDE  (saint),  martyr,  eut  la  gloire  de 
veiser  son  sang  pour  la  co:ifossion  de  la  foi. 
Son  martyre  eut  lieu  h  Césarée  on  Palestine, 
sous  l(î  président  Urbain,  dans  la  persécution 
de  DJoclétiei.  Il  mit  [lonr  compagnons  de 
son  martyre  saint  Tiinolaùs,  saint  Romule, 
les  deux  saints  Alexandre,  saint  Agape,  les 
deux  saints  Denys.  L'Eglise  honore  leur 
mémoire  le  2'i-  mars. 

PAUSI LIPPE  (saint)  ,  soutfiit  le  martyre 
sous  le  règne  de  l'empereur  Adrien.  Il  eut 
pour  compagnon  de^  son  glorieux  combat 
saint  Théodore.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  15 
avril. 

PAYIE,  ville  d'Italie,  dans  le  royaume 
Lombard-Vénitien,  est  célèbie  dans  les  an- 
nales des  martyrs  de  l'Eglise  par  les  souf- 
frances qu'y  endura  son  évoque  saint  Cris- 
pin,  en  confessant  la  foi. 

PAXENT  (saint),  était  probablement  un 
des  disciples  de  saint  Denis.  Suivant  une 
ancienne  tradition  de  plusieurs  éj^lises  de 
France,  il  fut  martyrisé  dans  les  premiers 
temps  du  christianisme.  Pendant  quelque 
temps  les  bénédictins  de  Saint-Martin-des- 
Champs,  à  Paris,  possédèrent  ses  reliques. 
Son  culte  est  devenu  cher  à  cette  ville  depuis 
le  XIV"  siècle,  que  ses  ossements  furent  ren- 
fermés dans  une  chasse  d'argent  avec  ceux 
de  la  vierge  sainte  Albine.  Actuellement  ses 
reliques  sont  perdues.  Il  est  honoré  dans 
l'Eglise  le  23  septembre. 

PÉGASE  (saint),  martyr,  souffrit  pour  la 
foi,  en  Perse,  avec  les'  saints  Acyndine, 
Aphtone,  Elpidéphore,  Anempodiste  et  plu- 
sieurs auires  que  le  Martyrologe  romain  ne 
nomme  pas.  On  ignore  à  quelle  époque  eut 
lieu  leur  martyre.  L'Eglise  célèbre  leur  mé- 
moire le  2  novembre. 

PEIGNE  DE  FER  (pecten),  instrument  de 
supplice  fort  usité  pour  tourmenter  les  chrér- 


135 


IML 


TEL 


436 


tu'fis,  dit'/.  Ic^  liouncrtux  île  la  primitivw 
r^li>e.  Pniir  avoir  idre  dp  rot  instrunionf,  il 
faut  sf  lii;tirt'r  en  petit  un  râteau  de. lanlinagf* 
à  (leiifs  (Jroilcs  et  roiirtes  et  fort  aiguës. 
Ainsi  un  inorrean  de  bois  long  de  six  à  dix 
centiru^'lres,  ayant  de  huit  h  dix  dents  sur 
une  de  ses  arfii-s.  et  nercë  sur  une  do  ses 
faces,  au  milieu,  ponrl  introdrliou  du  man- 
che, tel  était  le  p  ignc  de  fer.  1-^olémeut 
chaque  dent  ne  faisait  (|u"une  blessure  moins 
dangereuse  et  moins  doulaireuse  que  celle 
du  croc,  par  exen>ple  ;  mais  huit  ou  dix  dé- 
chirures, faites  en  nuMue  temps  et  très-rap- 
1)rochées,  étaient  qiielque  chor-e  d'atroce. 
*uis,  quand  on  promenait  rinstrum<'nt  sur 
les  plaies  déjî^  faites  et  qu'on  déchirait  les 
parties  dé;h  déchirées,  on  faisait  d'aiïrenses 
blessures.  Quand  un  martyr  avail  ét<'-  torturé 
ainsi ,  souvent  on  voyait  à  découvert  les 
cAtes,  les  entrailles,  les  organes  thoraciq\ies. 
On  jetait  en  prison  les  malheureux  qui 
avaient  subi  ce  supplice,  puis,  au  bo\il  de 
quelques  jours,  on  le  leur  infligeait  de  nou- 
veau. On  rouvrait  les  jilaies.on  déchirait  les 
adhérences  nouvellement  faites,  on  rame- 
nait la  douleur  plus  vive  dans  ces  foyers  oii 
l'intlammation  faisait  ses  ravages,  on  décu- 
plait les  soutfrances.  Souvent  il  arrivait  que 
ceux  quon  torturait  ainsi  ne  pouvaient  pas 
résister;  les  forces  vitales  s'épuisaient,  et 
ils  mouraient  au  milieu  des  tourments,  ou 
bien  en  prison,  des  suites  des  blessures 
qu'on  leur  avait  faites.  Les  bourreaux  em- 
ployaient le  peigne  de  fer,  comme  les  crocs 
et  l'es  onglfS  de  fer,  pour  déchirer  les  lianes, 
la  poilrine,  le  ventre,  les  seins.  On  a  re- 
trouvé une  grande  ipianlité  de  ces  inslru- 
ntienls;  il  en  existe  encore  beaucoiq)  aujoui- 
d'hui.  A  quelques-uns  les  dinls  étaient 
plates  et  en  forme  de  petits  fers  de  lances. 
Les  blessures  que  faisaient  ces  instruments 
devaient  être  d  horribles  déchirures. 

PÉÏ.AriF:  (saint),  évéque  del.aodicée,  con- 
fesseur, fut  banni  pour  l'ortho  loxit»,  sous 
l'empereur  Valens,  en  l'an  de  Jésus-Chiist 
:î76.  Le  li<ni  de  son  exil  fut  l'Arabie.  Saint 
Pelage  était  marié  ;  mais  le  pnnnirr  jour  de 
ses  nOces  il  avait  persuadé  h  son  épouse 
de  garder  la  conlinrnce.  Peu  dr  temps  après, 
il  avait  été  élu  évèque.  Il  gouvernait  depuis 
«luelciues  années  l'Eglise  de  Laodicée,  quaiid 
Valens  prononei  innir''  lui  la  |>eine  du  ban- 
nissement. ('  ey.  >  \i.K>s.)  L'Eglise  riionore 
le  2.5  mars. 

PEf.AfiE  fsaini),  était  tout  jeunn  enfuit 
encore  lors(]u'il  confessa  la  foi  de  Jcmis- 
Christ,  h  Cordoue  en  Espagne.  Abdé'rame, 
roi  des  Sarrasin»*,  le  fit  déThiqui-fei-  et  cou- 

f»f'r  en  plusieurs  moieeaux  avi'C  des  ciseaux. 
)'cst  ainsi  que  notre  saint  acheva  glorieuse- 
ment «on  cruel  marivrf.  Notis  le  Innivon-; 
ninrqué  nu  Martyrologe  romain  le  -2'»  juin. 
PÉLAGIE  f)<«inte>,  martvre,  naquit  ?ï  An- 
tioche.  En  l'an  de  Jésiis-r.lirist  :\\\,  elle  fut 
mise  h  mort  pour  la  foi.  Elle  avait  alors 
qnin/e  ans.  Lorsqtie  les  soldats  se  présep- 
tèrint  pour  la  roniluire  au  gonver-ieiir.  sa- 
rhanl  la  conduite  que  tenaient  le-;  persém- 
iwrs  h  Téganl  d«>«i  vierge»  chn>liennes.  «-Ile 


pensa  que  sa  [ludinir  aurait  probRbletnent  à 
souffrir  beaucoup  en  leur  présence.  Elle  de- 
manda aux  soldats  quelques  minutes  pour 
se  préparer,  puis  montant  à  la  fenMre  de  sa 
chambre,  elle  se  précipita  et  se  tua  sur  le 
coui.  Saint  Chrysostome,  qui  parle  de  cet 
événement,  l'altiibue  i\  une  inspiration  ve- 
nant de  l'Esprit-Saint.  L'Eglise  fit  la  fête  de 
sainte  Pélai^ie  le  Oiuin.  To»/.  s.iint  Chrysos- 
tome,  hnm.  ilc  sanr(a  Pclnf/ia.  t.  IL) 

PELACiIE  (sainte),  soullril  le  martyre  & 
Niropoiis  avee  saint  Janvier.  F'endanI  (jmtre 
jours  ils  lurent  tourmentt>s  cruellement  sur 
le  chevalet,  des  pointes  de  fer,  des  fAts  de 
pots  casses.  Nous  manquons  de  détails  plus 
explicites  sur  leur  eompte.  Ils  sont  honorés 
dans  l'Eglise  le  U  juillet. 

PÉL.VtilE  'sainte),  vierce  et  martyre,  reçut 
la  glorieuse  palme  de  combattant  de  la  foi,  h 
Antioche  avec  saint  Béroniqie  et  ((uaranle- 
neufautres  saints  dont  les  noms  ne  sont  mal- 
heuieusement[)as  parvenus  jiis<pi'à  nous.  Le 
Martyrologe  romain  ne  dit  pas  à  quelle  épo- 
(fuenidans  quelles  circonstances.  L'Eglisecé- 
lèbre  leur  immortelle  mémoire  le  19  octobre. 

PÉLAGIE  (saint»'),  martyre,  ciieilit  la 
[)alme  glorieuse  du  martyre  avec  sainte  Théo- 
dosie  et  les  saints  Domice,  Aquilas  et  Epar- 
que.  LeMartyrologe  romain  ne  nousdd  }K)int 
en  quel  lieu  ni  à  ipielle  épO(pie.  L'Eglise  ho- 
nore leur  mémoire  le  23  mars. 

PELA  Y  saint),  reçut  la  palme  du  ra^rtvre 
à  Constance  en  Suisse,  sous  l'empereT  Do- 
mitien  et  le  juge  Evilase.  Nous  ignorons  les 
circonstances  qui  ont  illustré  son  martyre. 
L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  28  aoTit. 

PELÉE  (saint',  [.relie  égyptien  et  martyr, 
(érit  pour  la  foi  au  milieu  des  tlammes,  d?ins 
a  ville  de  Césarée  de  Palestine.  S*  mort  ar- 
riva en  310,  durant  la  persécution  si  terrible 
que  Diorlelien  et  «es  collègues  firent  endurer 
k  l'Eglise  de  Jésas-Chiisl.  La  fMe  de  ce 
saint  est  au  Martyrologe  romain  k  la  date 
du  20  février. 

PELEE  (saint),  fut  condamné  aux  mines  de 
la  Palestine  dans  la  perséeution  de  Oioilétien. 
avec  un  nombre  considi-rable  d'autres  «-on- 
fesseurs.  Datis  ces  raines  ils  se  bAtirent  des 
chapelles  où  ils  se  réunissaient  pour  accom- 
plir leurs  ilevoirs  de  chréliens.  Galère  l'ayant 
ap[)ris,  les  lit  disperser:  plusieurs  des  saints 
eonfesstnirs  furent  inivoyt's  dans  les  mines 
de  (',li\pre.  d'autres  dans  celles  du  mOMi  Li- 
ban. l*n  oïlicier  tpii  se  (roiivnit  sur  l»*s  liont 
t»n  (omlamna  quatre  à  élre  brûles  vifs.  Pélé« 
et  Nil,  ton-  deux  prêtres  ég\ptiens,  Elie  ««l 
Palermuthe.  le  premier,  prèli-e  nu5si,  lèse» 
c(»nd,  homme  dune  grande  Mience,  périrent 
donc  dans  cet  atfreux  suj>pliie.  Nous  igno- 
rons l'époque  précise  de  leur  mort.  L'Eglise 
fait  leui'  l'èle  le  19  septembiy. 

PKI.EVSIIiU  l'.i.isvBi  rii  ,  religietise  du 
Sainl-Sacrement  de  Bolèiie,  péril  sur  l'ér.ha- 
faud  le  S  juillet  179V.  avec  Rosalie  Bè.«.  Ma- 
ri»' Blani .  du  ménuî  ordn>,  •>!  Marguerite 
Bavasre.  ursuline  au  Poni-Saint-Espr  l. 

PELIN  (saint»,  évèque  .  e  Brindcs.  souffrit 
le  mnriNre  )\  Penlina,  dans  lAbru/.ze,  en 
l'honneur  du  nom  de  JésUs-Lhrist.  Ce  saint 


\M 


wn 


PI  l\ 


i'A 


«yant  fait  tonil)i>r  |inr  nos  nriorcs  1(^  Icitijiir 
(l'(>  Mars,  sdiis  U^  r^K'»''  ''•'  l'eiii|M-r(Mir  Jnlicii 
l'A|M>slal,  lo55  pOiiliTcs  1(1  iMiiHiailriciil  si 
crnrllcmcnt ,  .pi'apnVs  avoir  icrn  mialrn- 
viii^;l-(iii(i  MfSMiics,  il  icm|Hiila  la  kIo- 
riousti  l'ainu'  dn  marlMc.  I/M^lisc  lioiioN- 
son  inmiiir1(>no  mi^innirc  le  î>  di^ciubrc. 

l'MI.INdOl  Tl  (11-  liicMliiMucuv  r.oi'is),  Ila- 
Jion,  (lo  la  compaKiiic»  «le  Jrsiis,  pr^^cliant  cm 
1(il(»  dans  In  jK^lilc  île  ('an-divc,  l'ut  \u('i  à 
("iiips  i\o  I,ni((> jiar  les  iiidi;j;<''M''S,  avec  le  P. 
J(^«ii  MtMclla.  {Socirtas  Jrsu  imjupaïf  s^inijni- 
/(/.«  rt  vitir  )>rofiisionnii  viilitniis,  p.  277.) 

PKMISM  tsaiiil),  fui  rmi  Ars  (piaraiilc-lmil 
mnrlyrs  mis  h  mort  nv(M'.  saini  Satiiniin  ("i 
Afri(iut\  sous  \o  procoi.snl  Anuliii,  en  l'an 
do  .It'.Mis-CliiisI  :Wly,  sous  1(>  iv^iic  ol  duraiil 
la  porscHulion  atroco  (pi(>  riiifAnm  Dioclt'licii 
susiMta  rontio  l'Iv^liso  du  S('i;.;n(Mir.  (Voif. 
Sau  UMN.)  l/KL!,liso  iail  la  r(Mo  de  tous  i-os 
saints  màrivrs  lo  11  lôvrior, 

rftrrSK"(sainl).  pi(Mro  d  martyr,  roçut  In 
couronno  du  niail^io  ^  Aloxaiulrio.  Nous 
n'avons  aucun  d(''lail  sur  sos  ('oud)ats.  L'K- 
gli^o  honnro  sa  gioriousn  uK^moiro  lo  7  avrd. 

PKLMî;,  piôiro  liabiluodo  la  paroisse  de  la 
Trinité  de  Laval,  fut  jiiiillotiné  dans  C(>lte 
ville  le  i21  janvier  HDV,  avec  treize  autres 
prcHres.  Au  Iribuiial  r(^volutionnaire,  ce  saint 
ahbé,  qui  avait  un  caractère  un  peu  brusque, 
ri'^pondit  aux  i\iges ,  qui  le  pressaient  de 
questions  :  «  Vous  m'ennuyez,  avec  votre 


serment;  je  ne  loferai  pas,  je  ne  le  ferai 
'    ■  "    la  ii;ui" 
\\v 
aux  assistants  qui  entoun 


pas.  «  Arrivt^  au  ])ied  de 
les 


lillotine  avec 

compagnons  de  son  mai'tyrc,  M.  Pelle  dit 

uraient  l'échafaud  : 
«  Nous  vous  avons  a|>pris  h  vivre,  apprenez 
de  nous  à  mourir.  »  (j'i^^'^ii^^'s  instants  après, 
sa  tôte  tombait  sous  le  couteau  fatal.  (Tii-é 
des  M<^moii-cs  ecclésiastiqars,  etc.,  par  M. 
Isidore  Boullier,  curé  de  la  Trinité  de  Laval, 
1846.) 

rÉUÊr.RIN  (saint),  vint  prêcher  l'Evangile 
en  (îaules  au  ni""  siècle.  11  partit  de  Rome 
envoyt^'  par  le  pape  Sixte  II,  avec  saint  Cor- 
codème,  diacre,  saint  Marse,  ])rètre,  saint 
Jovien,  sous-diacre,  et  saint  Jovinien,  lec- 
teur. 11  lit  dans  l'AuxerroiS  un  très-grand 
nombre  de  conversions.  Son  martyre  eut 
lieu  en  l'an  de  Jésus-Christ  30V,  so.is  le  rè- 
gne de  Dioclétien.  On  l'enterra  à  Baugi,  lieu 
où  il  reçut  la  couronne  iunnortelle.  Ses  re- 
liques sont  actuellement  c>  Saiiit-Denis  près 
Paris.  L'Kglise  fait  sa  fête  le  16  mai. 

PENTINA,  ville  du  royaume  de  Naples, 
bAtie  avec  les  ruines  de  l'ancienne  Corfinixim 
et  dans  ses  environs,  a  été  témoin  du  martyre 
de  saint  Pehn,  évoque  de  Brindes.  Son  mar- 
tyre arriva  sous  le  règne  de  l'empereur  Ju- 
lien l'Apostat.  On  ignore  en  quelle  année. 

PÉON  (saint\  fut  martyrisé  à  Rome,  avec 
saint  Justin,  et  les  autres  chrétiens  que  le 
préfet  Rusticus  avait  fait  arrêter.  C'était  sous 
le  règne  de  l'empereur  Marc-Aurèle.  Rusti- 
cus condamna  tous  ces  saints  h  être  fouettés, 
nuis  décapités.  L'Eglise  célèbre  leur  fête  col- 
lei  fivement  le   13  avril.  [Yoy.  saint  Justin.) 

PEHBOYRE  (le  bienheureux  Jean -Ga- 
briel), missionnaire  en  Chine,  y  souffrit  un 


KJotii  u\  marl^nli'  \\  svu\{\\\\mv  IH'iU,  ainHJ 
(pron  [H'ut  If  voir  avec  drtiails  A  la  fin  dr  l'/ir- 
(irlc  (jiiM  . 

Pi:UL(;UIN  fsainlj,  cunilit  In  pninii'  du 
martyre  sf)U.s  l'oinpirc*  doTrajan,  \\  Dura/.zo, 
ville  d'Albanie,  et  eut  pour  i-urnpnKnrins  i\^ 
son  mart>  n-saint  Lucien, saint  Ponipée,  s/ijnt 
Hésycluus,  saint  Pnniu«,  saint  Saiurnius  et 
saint  (lei'niain.  Pas  de  dncmncnls  sur  cettc! 
glorieuse  cdliurto  d(!  martyis.  L'Eglise  fnit 
leur  fêle  le  7  juillet, 

PÉIlf;(;itlN"(sainl),  reeiit  la  palme  du  «lo- 
l'ienx  cond)atlant  de  In  foi  de  J(''sus-('.hrisl  h 
Itonie,  avec  li'S  saints  Ponlieii,  Eusèbe  et 
N'inccnf.  Ce  fut  sous  l'onmerenr  Commode 
(pi'ils  endurèrent  sm^cessivenu'iit  les  lour- 
nu'nls  du  elievaUît,  des  entraves,  d«*s  coups 
de  b;^lon  :  ensuite,  après  avoir  eu  les  cAlés 
brilliVs,  comme  ils  m*  cessaient  pr)inl  de  chan- 
ter les  louanges  (h;  Jésus-Christ,  on  les  frappa 
avec  dos  foncits  garnis  de  plomb,  jns(iu'h  ce 
(pi'ils  rendissent  l'Ame.  L  Eglise  fait  la  fôte 
Je    i-vs  saints  le  2ÎS  aoiH. 

PÈRf^CiRIN  (.saint),  eut  la  gloire  do  donner 
sa  vie  |)Our  l'honneui'  et  la  défense  de  la  re- 
ligion chrétiiMHie  dans  la  ville  de  Thessalo- 
ni(}ue.  Les  compagnons  de  son  martyre  fu- 
rent les  saints  Irénée  et  Irène.  Ils  expirèrent 
dans  les  llainnu'S.  L'Eglis(>  célèbre  leui'  im- 
mortelle mémoire  lo  5  mai. 

PÉRÉCiRlN  (saint),  reçut  la  glorieuse  palme 
du  martyre  à  Apollonieeii  Maci-doine.  !l  eut 
pour  com|)agnonsde  son  triomjihe  les  saints 
Isaurc,  Jérémie,  Félix,  Innocent,  Athéniens. 
Ces  courageux  condjatlants  de  la  foi  furent 
livrés  à  diverses  tortures,  puis  décapités.  On 
ignore  la  date  et  les  difïérentes  circoiistances 
de  leur  martyre.  L'Eglise  fait  collectivement 
leur  fête  le  17  mai. 

PÉRÉtJRlN  (saint),  évêque  et  martyr,  fut 
martyrisé  pour  la  foi  dans  l'Abruzze  cité- 
rieure.  Les  Lomb  irds  le  précipitèrent  dans 
la  rivière  d'Aterne,  en  haine  de  la  foi  catho- 
lique. L'Eglise  fait  sa  fôte  le  13  juin 

PEREiRA  (le  bienheureux),  jésuite  portu- 
gais, partit  en  1625  avec  Mondez,  nommé 
patriarche  d'Abyssinie,  et  le  saint  François 
Machado,  afin  de  prêcher  la  foi  catholique 
dans  cette  contrée,  qui,  depuis  le  temps  de 
saint  Athanase,  était  en  proie  aux  erreurs 
que  les  fréquentes  hérésies  des  premiers 
siècles  de  l'Eglise  y  avaient  répandues. 
C'était  à  la  prière  de  Mélec-Segued,  Négous 
d'Abyssinie,  que  le  pape  avait  nommé  le 
saint  patriarche  qui  partit  avec  notre  saint 
et  sept  autres  religieux  du  même  ordre.  En 
écrivant  à  Mondez,  Mélec-Segued  avait  dic- 
té qu'on  eût  à  prendre  par  le  Dankali  pour 
pénétrer  dans  ses  Etats.  Le  secrétaire  avait 
écrit  Zeila  au  lieu  de  Dankali.  Ce  fut  cette 
erreur  de  sa  part  qui  coûta  la  vie  au  P.  Pe- 
reira  et  au  P.  Aiachado  son  compagnon.  Mon- 
dez prévoyant  les  immenses  dillicultés  qu'il 
y  avait  à  pénétrer  dans  l'Abyssinie,  divisa 
sa  troupe  en  deux  bandes.  Une,  formée  de 
quatre  jésuites,  alla  par  mer  et  parvint  assez 
heureusement,  après  avoir  essuyé  quelques 
dangers  ;  l'autre  formée  du  môme  nombre 
prit  par  terre  ;  le  P.  Pereira  en  faisait  partie. 


459 


PER 


PER 


410 


Ces  qtinlro  religieux  i}j;noraient  jusqu'aux 
noms  dos  peuples  chez  lesquel'^  ils  devaient 
passer  pour  se  rendre  en  Ahyssinie.  Ils  se 
sé|)ar(^rent  :  deux  prirent  l.i  route  <le  Zeila, 
deux  relie  de  M»Minge.  Le  roi  de  Zeila  lit  ar- 
nMer  les  deux  premiers,  le  P.  Macliado  et 
lo  P.  Pcrein,et  les  lit  jeter  dans  m  cacliot 
où  ils  languirent  longtemps.  Ce  fui  inutil'  — 
ment  (pio  le  Négous  fit  pour  les  ra.  heler 
toutes  les  oiïres  po-sibles  ;  le  roi  Ijaibire, 
sans  rien  écouler,  leur  lit  couper  la  lùle  à 
tou<  deux. 

PEKKNMS,  personnage  qui,  sous  l'empire 
(le  Commode,  fut  préfet  du  prétoire,  dcjmis 
Tannée  18i  jusqu'en  183,  époque  h  la.'iuelle 
ce  prince  le  lit  niettre  à  mort.  Ce  fut  devant 
lui  que,  vers  l'an  183,  un  esclave  nommé 
S-hère  vint  accuser  saint  Apollonius,  séna- 
tt'ur,  de  rhristianismc.  Pcrennis  appliqua  à 
l'esclave  la  jurisprudence  établie  par  le  res- 
crit  do  Marc-Aurèle.  Il  lit  mettre  à  mort 
l'accusaleur,  qui  fut  roué  h  coups  de  birres 
de  fer.  Quant  h  saint  Apollonius,  Perenins 
le  renvoya  devant  ses  pairs, devant  le  sénat, 
qui  le  condamna  à  avoir  la  tète  tranchée. 
Plusieurs  auteurs  regardent  la  mort  vinlente 
de  Percnnis  comme  une  juste  punition  de 
sa  conduite  dans  cette  allai re.  Ce  magistrat 
fit  ce  qu'il  devait  faire,  et  aucun  reproche 
ne  saurait  lui  être  adressé.  Punir  l'accusa- 
teur et  renvoyer  l'accusé  devant  le  sénat, 
c'était  la  conduite  la  plus  digue  et  la  plus 
sage  qu'il  pCit  tenir. 

PEIŒNMUS,  gouverneur,  qui  sous  l'cm- 
peroiir  Déce,  lit  arrêter  et  martyriser  pour 
la  foi  saint  Has  ou  Basse,  évéquo  de  Nice, 
sur  le  Vnr.  11  le  ht  horriblement  unn-meuter. 
(Voi/.  B\.s.) 

PKIIENMUS,  était  président  à  Icône.  Il 
y  lit  marly  isi-r  saint  Marcien. 

PEKENNICS  [Dionysiiis],  gouverneur  de 
Phrygie  sous  Probus,  si'  trouvait  à  Synnade, 
ville  iJe  son  gouvernement, (|  land  Héliodore, 
son  vicaire,  lui  envoya  d'Antioclie  de  Pisi- 
die  saint  Tiopliime.  pére  uiius  lit  cruelle- 
ment lourineiter  le  sanit  et  ensuite  le  jeta 
en  prison.  DoryméJon,  s  '-nateur  de  la  ville 
et  chrétien,  étant  allé  visiter  le  serviteur  do 
Dieu,  Pérennius  le  fit  arrêter,  et,  après 
avoir  fait  crever  les  yeux  à  Troj)hime,  or- 
donna d".  xposer  les  deux  saints  aux  bêtes  : 
moins  cruelles  que  lui,  e'ies  ne  vouluient 
pas  lui  f  lire  de  mal.  Voyant  cela,  il  ordonna 
de  décapiter  les  deux  martyrs,  ce  (^ui  eut 
lieu  le  10  septembc. 

PEUEZ  CiODOY  (le  bienheureux  Fnv>- 
çois'.  Espagnol  de  Torijos,  de  la  ci)m|>agnie 
de  Jésus,  était  du  nombre  des  soixante-neuf 
missiomiaires  i\yir  If  P.  A/.evedo  vint  rci;ru- 
ter  A  Hoinr  [loinla  unssion  ilu  Rré»;il.  i  >  «y. 
l'arlicle  AzF.VKOo.^  Leur  navire  fut  pris  le  lo 
juilbt  l.'j71  par  dfs  corsaires  ealvinislos,  (jui 
les  jelèrt.'nt  a  la  mer  ou  les  inassain'éreut. 
(Du  Jarric,  llisinire  ilr.t  rhosrs  plus  nir'mora- 
olen,  etc.  t.  II.  p.  278;  Tamier.  Sorirlns  Jfstt 
utqur  (ui  .<tnv(/iiinis  et  iidr  prnfHsionein  mili- 
tant, p.  IGli  t'I  170.) 

IMIUEZ  Jn  bienheureux  Jacqles),  Porlu- 
g.li$.  de  la  cfuupagnie  de  Jésus,  faisait  par- 


tie  des  soixante-neuf  missionnaires  que  le 
P.  Azevedo  était  allé  recruter  à  Rome  pour 
le  Brésil.  (Voy.  .Azfvf.po.)  Leur  navire  fut 
pris  le  13  juiPet  1371  par  des  corsaires  cal- 
vinistes ,  qui  les  massacrèrent  ou  les  jetè- 
nnit  d  .ns  les  flots.  ,'  Du  Jarric,  Histoire  <le$ 
choses  plus  mémorables  ,  etc.  ,  t.  Il  ,  p.  278. 
Tanner,  Socielns  Jrsa  \is(fiir  arl  snnquiuis  et 
vitœ  profusiourm  militans.  p.  106   v{  170.) 

PI.UtiAME,  Peryamus,  /ierfjamo,  v.lle  de 
Mysie,  à  l'e'dioil  où  le  Cituis  se  confond 
avec  le  Cai(}ue.  Saint  .\ntipas  y  fut  m  rtv- 
risé  sous  Domitien.  Du  temps  de  l'empereur 
Dèce,  sous  le  j)roconsul  Valère,  successeur 
de  Quintilien,  Saint  Carpe,  évê(^u  de  Thya- 
tires,  saint  Pupyle  son  diacre,  lurent  horri- 
blement tourmentés  et  ensuite  jet^s  dans  un 
bûcher.  Le  proconsul  les  avait  fait  amener 
de  Thyalirt'S,  d'aboi  d  J»  Sardes,  et  ensuite  à 
Pergame.  Sainte  .Vgathonicjue,  en  voant  le 
supplice  de  son  lière  saint  Carpe,  se  jeta 
dans  le  bûcher,  et  y  fut  consumée  avec  lui. 

PEKCE,  ville  de  Pamphylie,  aujourd'hui 
Karahissar,  6laH  autretbis  célèbre  par  son 
temple  de  Diane.  Ce  fut  dans  cette  ville  que, 
sous  le  règne  de  Dèce.  le  27  février  230,  le 
saint  évèque  de  Side,  Nestor,  fut  martyrisé 
par  ordre  du  gouverneur  Pollion,  nonimé 
aussi  Piiblius  par  le>  Crées. 

PEUijEN'riN  (saint;,  et  saint  Laurentin, 
son  frère,  qui  n'étaient  ip.e  déjeunes  enfants, 
après  avoir  souffert  de  cruels  supplices,  et 
fait  de  grands  miracles, duiai>t  la  persécution 
de  Dèce,  sous  le  président  Tiburce,  péri  - 
rent  par  le  glaive.  {Extrait  du  Martyrologe 
romain.)  L'Eglise  les  honore  le  3  juin.  Leur 
ma.  lyre  eut  lieu  à  Arezzo,  ville  de  Tos- 
cane. 

PEUOUSE,  Perugia  ifnl.  ,  Perusia  lat. 
Saiiu  Constance,  évèque  de  cette  ville,  fut 
martyrisé  sous  l'empire  de  Marc-Aurèle.  On 
n'a  sur  cet  évèque  martyr  aucun  document 
parfaitement  authentique.  Sous  le  règne  et 
durant  la  persécuton  si  cruelle  de  l'empe- 
reur Dèce,  la  ville  de  Perouse  vit  le  marlyrc 
des  saints  Florence,  Cj'riaque  ,  Fauste,  .Mar- 
cellin  (l  Julien,  qui  eurent  la  tète  tranchée. 

PERPÉTUE  (saiiite  ,  î'itio  Perpétua,  mar- 
tyre .\  Cartilage.  Les  Actes  de  cette  sainte  et 
de  ses  compagnons  sont  tellement  beaux  que, 
malgré  leur  longueur,  nous  les  donnerons 
intégralement  ,  sans  les  couper,  comme  il 
nous  arrive  quelquefois  de  le  faire,  afin  de 
restituer  h  chatpie  personnage  dont  il  est 
(juestion  dans  les  Actes  la  paît  de  récit  qui 
le  concerne. 

«  Le  septième  jour  de  mars,  on  arrêta  à  Car- 
tilage, pai  l'ordre  de  l'empereur  Sévère,  quel- 
ques jeunes  catéchumènes  :  Révocal  et  Fé- 
licité, tous  deux  de  condition  servile  ;  Satur- 
nin et  Secondulo  et  >  ivia  Perpétue,  d'une 
famille  consiuérable  dans  la  ville,  et  mariée 
h  un  homme  de  condition.  Elle  avait  son 
père  et  sa  mère,  deux  frères,  l'un  (lesquels 
était  aussi  cttéchuniène,  et  un  enfant  à  la 
mam  lie.  (pi'eile  nourrissait  de  son  jiropre 
lait.  Elle  é.  rivit  eiie-uu^me  l'hisioire  tle  sou 
martyre  telle  «lue  nous  la'.lons  donner  : 

«  Nous  étions  encore  avec  nos  persérulfluri 


4it 


RVI 


pi:n 


III 


lors(|ii('  mon  pt^'i-c  viiil  lairo  de  iiouvo/mx 
elVoils  poiii-  iii'rinviiilcr  cl  pour  me  lairo 
clniiiKcr  (It^  rrsdltilioii.  Mon  p(''r(',  hii  dis-jc, 
V(»V(>/.-V()iis  ce  vaisseau  df  terre  (pu-  voilii.  — 
oui,  nie  dil-il,  jo  lo  vois.  —  Peid-oii,  eoMli- 
niiai-je,  lui  dniiiier  un  autr(^  tiuni  (pie  relui 
(pi'il  a  ?  Ndii,  iiu)  r(''p(iudd-il.  De  iiu^inc, 
lui  réplinnai-jc,  j(^  ne  puis  <^lr(^  aulr(f  (pie  ei^ 
(pi(>je  SUIS,  (^'esl-fVdire  clirélieiiue.  A  ce  iiKtl 
luiiii  \)f'iv  se  jela  sur  moi  pour  lu'arraelier  les 
\eu\,  mais  il  se  eoiilenla  seulemcnl  de  me 
m.illrailiM- ;  el  il  se  relira  courus  de  n'avoir 
pu  vaincre  ma  n'solul ion,  avec  duis  les  arli- 
lices  du  démon  donl  il  s'élail  servi  pour  iikî 
séduin».  Je  rcMidis  j:;rAces  .^  Dieu  d(>  ce  (pm  j(? 
fus  ipielipies  jours  sans  revoir  mon  p(''re,  el 
son  ahsence  me  laissa  goOUM'  un  pou  de  re- 
pos, (le  fui  durant  ce  pelil  iilcrvalle  (pu; 
nous  t'i"lnu\s  baptisés.  I^(>  Saini-lvsprit,  au  sor- 
tir de  TiMu,  m'in.  pira  de  ne  demander  au- 
tre chose  cjue  la  patience  dans  les  tourments. 
Pou  de  temps  après,  on  nous  coiidnisii  en 
[)rison  :  riiorreiir  (>t  l'obscurité  du  lieu  me 
saisiri>nt  d'abord  ;  car  je  ne  savais  ce  (|ue  c'é- 
tait que  ces  sortes  de  lieux.  Oh  !  cpic  co 
jour-là  me  durai  quelle  h()rril)le  chaleur  ! 
On  y  étoulVait,  tant,  on  y  était  pressé,  outre 
qu'il  nous  fallait  h  tout  niomenl  e-suyer  l'iii- 
solence  îles  soldats  (pii  nous  [^.ardaient.  Er- 
fin,  ce  qui  me  causait  une  peine  extrême, 
c'est  que  je  n'avais  })as  mon  enfant.  Mais 
Terlius  et  Pompone,  ihnix  charitables  dia- 
cres, obtinrent,  h  force  d'argent,  i^^uc  l'on 
îious  mil  dans  un  lii  u  où  nous  tasions 
})h)s  au  large,  et  où  en  elfi't  nous  commen- 
CiUiies  un  peu  à  rcsjiirer.  Chacun  songeait  k 
ce  (|ui  le  regardait;  pour  moi  je  me  mis  à 
donner  il  tcter  h  mon  enfaiit,  qu'on  m'avait 
apporté,  et  qui  était  àîjh  tout  languissant, 
pour  avoir  été  longtemps  sans  prendre  la 
mamelle.  Toute  mon  inquiétude  était  pour 
lui.  Je  ne  laissais  pas  toutefois  de  consoler 
ma  mûre  et  mon  frère,  mais  suiioul  je  les 
conjurais  d'avoir  soin  de  mon  enfant.  Il  est 
vrai  que  j'étais  sensiblement  touchée  de  les 
voir  eux-mêmes  si  fort  allligés  pour  l'amour 
de  moi.  Je  ressentis  ces  ;  eines  là  durant 
plusieurs  jours  ;  mais  ayant  obtenu  qu'on 
me  laisserait  mon  enfant,  je  commençai  bien- 
tôt à  ne  les  plus  ressentir  ;  je  me  trouvai 
toute  consolée,  et  la  prison  me  devint  un 
séjour  agréable  ;  j'uimais  autant  y  demeurer 
qu'ailleurs. 

«  Un  jour  mon  frère  me  dit  :  Ma  sœur,  je 
suis  persuadé  que  vous  avez  beaucoup  de 
pouvoir  auprès  de  Dieu;  demandez-lui  donc, 
je  vous  prie,  qu'il  vous  fasse  connaître  dans 
une  vision,  ou  de  quelqu'autie  manière,  si 
vous  devez  soulfrir  la  moit,  ou  si  vous  se- 
rez renvoyée.  Moi  qui  savais  bien  que  j'a- 
vais quelquefois  riionneur  de  m'entrctenir 
familièrement  avec  Dieu,  et  que  je  recevais 
de  lui  chaque  jour  mille  marc^ues  de  bonté, 
je  répondis  pleine  de  contiance  à  mon  frère: 
demain  vous  saurez  ce  qu'il  en  sera.  Je  de- 
mandai donc  à  mon  Dieu  qu'il  m'envoyât 
une  vision,  et  voici  celle  que  j'eus.  J'aperçus 
une  échelle  toute  d'or,  d'uuc  prodigieuse 
liflnteur,  qui  touchait  de  la  terre  au  ciel, 


rrwiissi  élroile(pj'on  u'v  iioiivailmonlerqu'uti 
h  iitJ.  Les  deux  cAtés  de  réchellc  étaient  tout 
boidés  d'epées  tranchantes,  de  pieux,  de  ja- 
V<<lols,  de  faux,  de  poignards,  (h;  larj^es  fers 
di!  lances  ;  en  sorte  «pie  (pij  y  serait  monlr'î 
iiégligeiiimrul,  et  sjins  avoir  toui'iiirs  la  vue 
touillée  vers  h;  haut,  ne  pouviiil  évilerd'Alro 
déchiré  par  tous  ces  instrumeuls,  et  d'y  lais- 
ser unegra-Kh;  partie  de  sa  chair.  Au  pied 
<le  réchelle  il  y  avail  un  ellioyahh;  dragon 
(|ui  |)araissail  loujoiir-.  prêt  h  sii  lancer  sur 
ceux  ipii  se  pr(''se'ilaiiiit  pour  monl'i-.  Sa- 
ture toutefois  l'entreprit  ;  il  monta  le  pre- 
mier. (Il  s'était  venu  re-idrc;  prisonnier  de 
son  bon  gré,  voul  ni  courir  notre  même  for- 
trrui ,  car  il  n'était  jias  avec  nous  cpiuid 
nmis  fûmes  arrêtés.)  Ktaiil  henreiisement  ar- 
rivé au  haut  de  l'éM-ludle,  il  se  tourna  vers 
moi  et  iiKî  dit  :  Perpétue,  je  vous  attends, 
miis  prenez  garde  <pie  le  dragon  ne  vous 
monh;.  Je  lui  répfindis  :  Je  ne  le  crains  pas, 
et  je  vais  mouler  au  nom  de  Noire-Seigieur 
Jésus-Christ.  Alors  le  dragon,  comme  crai- 
gnant lui-même,détourna doucement  la  tête; 
el  moi,  ayant  levé  le  pied  pour  monter,  elle 
me  servit  de  premier  échelon.  Etant  parve- 
nue au  haui  de  l'échelle,  je  me  trouvai  dans 
un  jard  n  spacieux,  au  milieu  duqut  1  je  vis 
un  homme  de  bonne  mine,  vêtu  en  berger  ; 
ses  cheveux  étaient  blancs  comme  de  la  neige. 
Il  avait  là  un  troupeau  de  brebis  dont  il  li- 
rait le  lait,  et  il  élait  environné  d'une  niul- 
litude  innombrable  de  personnes  habillées 
de  blanc.  Il  m'aperçut,  et  m'appelant  par 
mon  nom,  il  me  dit  :  Ma  fille,  so.ez  la  bien- 
venue; et  il  me  donna  du  lait  qu'il  lirait  ; 
ce  lait  était  fort  é()ais,  et  comme  une  espèce 
de  caillé.  Je  le  reçus  enjoignant  les  mains, 
et  je  le  mangeai.  Tous  ceux  qui  étaient  là 
présents  répondirent  Amen.  Je  me  réveillai 
à  ce  bruit,  et  je  trouvai  en  eifet  que  j'avais 
dans  la  bouche  je  ne  sais  quoi  de  fort  doux 
que  je  mangeais.  Dès  que  je  vis  mon  frère, 
je  lui  racontai  mon  songe,  et  nous  en  con- 
clûmes tous  que  nous  devions  bientôt  endu- 
rer le  martyre.  Nous  commençâmes  donc  à 
nous  détacher  des  choses  de  la  terre  ,  et  à 
tourner  toutes  nos  pensées  vers  l'éternité. 

«Au  bout  de  quelques  jours,  le  bruit  ayant 
couru  que  nous  allions  être  interrogés,  je 
vis  arriver  mon  père  ;  la  douleur  élait  peinte 
sur  son  visage  ;  un  chagrin  mortel  le  consu- 
mait. Il  vint  à  moi  :  Ma  fille,  me  dit-il,  ayez 
pitié  de  la  vieillesse  de  votre  père,  si  du 
moins  je  mérile  d'être  appelé  votre  père. 
S'il  vous  reste  encore  quelque  souvenir  des 
soins  tendres  et  si  particuliers  que  j'ai  pris 
de  votre  éducation  ;  s'il  est  vrai  que  l'extrême 
amour  que  j'ai  eu  pou?  vous  m'a  fait  vous 
préférer  à  tous  vos  frères,  ne  soyez  pas  cause 
que  je  devienne  l'opprobre  de  toute  une 
ville.  Que  la  vue  de  vos  frères  vous  louche; 
jetez  les  yeux  sur  votre  mère,  sur  la  mère 
de  votre  mari,  sur  votre  enfant,  qui  ne  pourra 
vivre  si  vous  mourez  ;  rabattez  quelque 
chose  de  ce  courage  fier;  rendez-vous  un 
peu  plus  trailable,  et  ne  nous  exposez  pas 
tous  à  une  honte  inévitable.  Qui  de  nous 
osera  paraître,  si  vous  finissez  vos  jours  par 


uz 


PER 


PF.R 


iU 


la  main  d'un  bourreau?  S.nivez-vous  pour 
110  \.)i\s  nous  perdre  tous.  En  disant  coin,  il 
rao  baisait  les  mains  ;  puis,  so  jotant  h  nios 

J)iods  tout  en  larmos,  il  in'a[)[>olait  madame. 
''avni'.o  que  j'étais  pém^lrée  d'uno  vivo  dou- 
leur, lorsque  je  considérais  quo  mon  père 
serait  le  seul  qui  ne  tirerait  aucun  avantage 
do  ma  mori  ;  je  t;khai  donc  de   le  « nusolcr 
le. mieux  que  je  pus.   Moii   père,  lui  dis-jo, 
ne  vous  aliligez  point  tant  ;   il   n  arrivera  de 
tout  ceci  que  ce  qu'il  plaira  h  Dieu  ;  nous  no 
dépendons  pas  de  nous-mêmes,  mais  de  sa 
volonté.  Mon   (tère  se  retira  avec  une   tris- 
tesse et  dans  un  abattement  inconcevables, 
n  Un  jour,  comme  nous  diinons,  on  nous 
vint  tout  d'un  C(Mjp  enlever  pour  subir  l'in- 
terrogatoire. Le  bruit  seu  étant  répa-idu  aus- 
sitût  par  foide  la  ville,  la  s  die  de  l'audience 
fut  en  u'i  instant  remplie  de  peuple.  On  nous 
flt  monter  sur  une  espèce  de  ihéAtre,  où  le 
juse  avait  son  tribunal.   Tous  ceux  qiii  ré- 
pondirent avant  mni  confesseront  hautement 
Jésus-Christ.  Quand  ce  fut  à  mon  (our,  et 
comme  je  me  préparais  à  répondre  ,  yoWk 
mon  père  qui  [larait  dans  le  niomimt,  fais.mt 
porter  mon  enfant  par  un  domesliipio.  Il  ui'é- 
Joigna  u'i  peu  du  pied  du  tribunal,  et  met- 
tant en  usage  les  conjurations  les  plus  pres- 
santes :  Serez-vous,  me  disait-il,  insensible 
aux  malheurs  qui  menacent  cette  innocente 
créature  ?i  qui  vous  avez  donm''  la  vie  ?  Alors 
le  président,  nommé  Hilarien,  ({ui  avait  suc- 
cédé au  [iroconsnl    Minuce-Timénieii,  mort 
depuis  peu  de  teui[)s  ,    se  joignant  à   nvu 
père  :  Quoi!  me  dit-il,  les  cheveux  blancs 
d'un  père  que  vous  allez  reidre  malheureux, 
et  l'imocence  de  cet  enfant  (jiii  va  devenir 
orphelin  par  votre  mort,  ne  sont  pas  capa- 
bles de  vous   toucher?   Saciilii'/.  senhMneiit 
Îour  la  santé  des  empereurs.  Jl>  répon^iis  : 
e  ne  sacrifierai  point.  Hilarien  reprit:  Vous 
êtes  donc  chrétienne  ?  —  Oui,  je  le  suis,  ré- 
pondis-] e. 

«  Ce|)endant  mon  père,  qui,  esp  ranl  tou- 
jours du  me  gagner,  était  resté  lA,  reçut  un 
coup  de  baguette  d'un  liUK^sier,  à  <pii  Hi- 
larien avait  ordonné  de  le  faire  retirer. 
Le  cou[)  me  fut  seisible  :  je  suuiiirais  de 
voir  mon  père  traité  si  indignement  a  mon 
occa.sion ,  et  je  plaignis  sa  malheureuse 
vieil!e^se.  En  mémo  lemi>s  le  juge  pronom;a 
la  sentence,  par  lacpielle  nous  étions  tous 
condamnés  aux  bètes.  Après  en  avoir  oui  la 
lecture,  nous  descendîmes  du  tribunal,  et 
nous  reprimes  gaimeiil  le  <  hemi  i  de  la  jtri- 
son.  Dès  tjue  j'v  fus  rcnlrt-e,  j'envoyai  le 
diacre  l'nnipone  (feniander  mon  enfant  à  mon 
père,  (|Ui  ne  voulut  iMjinl  me  le  rendre  ;  et 
Di'U  pcruiil  que  rciifiiil  ne  demandât  plus 
à  teler,  et  que  je  n»'  fusse  |>oinl  iiu-omnio(léo 
de  mon  Init.  Ainsi  je  me  trouvai  Tt-sprit 
entièrement  libre  et  sans  aucune  in(pué- 
tudo. 

«Comme  nous  étions  tons  un  certain  jour 
en  oraison,  je  itroMoïK^ai  par  h.isard  le  nom 
de  hinocrate.  J'adu'ir.ii  comme  uiu'  chose 
extraordinaire,  que,  n'aviril  poi  U  pen.sé  à 
lui  tiepuis  su  mort,  je  mon  souvinsse  alors 
d'une  luaaière  si  siu^ulière.  Je  douiiai  quel- 


ques larmes  au  triste  acridcnt  qui  noti<ï  l'a- 
vait ravi.  (>t  jp  connus  que  je  serais  exaucée 
si  je  priiis  pour  lui.  Je  commençai  donc  à 
offrir  des  prières  et  à  gémir  beaucoup  on  la 
prt'Sfnrc  de  Dieu.  \j\  nuit  suivante  il  mo 
sembla  voir  sortir  Dinoenle  d'un  lieu  obs- 
cur; il  était  tout  rouvert  île  sueur;  so<;  |èvre<» 
sècht-s  et  brûlées  et  sa  bonrhe  entrouverte 
marquaient  qu'il  en  Jurait  une  soif  extrême. 
Son  visage  était  pAlo,  couvert  de  crasse,  et 
on  y  voyait  oMcoro  la  plai.'  qu'il  v  avait  lors- 
qu'il mourut  :  c'était  un  horrible  cancer  \\  la 
joue.  Ce  Dinocrate  était  mon  frère,  mort  à 
l'Age  de  sept  ans.  C'était  donc  pour  ce  p.iu- 
vre  enfant  ([uo  j'avais  prié  avec  tant  l'ar- 
deur. Au  reste,  il  me  semblait  qu'il  y  avait 
un  fort  grand  espace  entre  lui  et  moi  ;  en  sorte 
qu'il  m'était  impossil)le  d'aller  à  lui.  Lh  était 
un  léservoir  plein  d'eau,  mais  dont  le  bord, 
plus  haut  que  Dinocrate,  ne  lui  permettait 
pas  de  puiser  de  quoi  étancher  sa  soif.  Il 
faisait  divers  idforts  pour  y  atteindre,  mais 
c'était  toujours  on  vain.  Je  me  réveillai  dans 
l'agitation  et  l'inquiétude  que  me  causait  la 
peine  où  je  voyiiis  mon  frère  ;  mais  j'eus 
une  ferme  espérance  que  mes  prières  ne  lui 
seraient  pas  inutiles  ftour  la  faire  cesser;  je 
ne  cessais  donc  point  de  prier  jour  et  nuit 
jiour  ce  cher  frère,  mêlant  è  mes  prières  mes 
soupirs  et  mes  larmes. 

«  L'on  nous  transféra  alors  dans  la  prison 
du  camp;  car  nous  étions  destinés  pour 
servir  aux  spectacles  qui  se  doivent  donner 
dans  11!  camp  le  jour  de  la  naissance  detiéta 
C('sar.  Nous  filmes  tous  mis  à  la  chaîne, 
jusqu'au  jour  que  nous  devions  êire  exposés 
aux  bètci.  Ce  fut  durant  ce  jtetit  inlervale 
(juc  le  ciel  me  favori.sa  eiicon'  de  celte  vision. 
Ce  lieu  obscur  d'où  j'avais  vu  sortir  Dino- 
crali^  me  parut  fort  éclairé,  et  Dinocrate  lui- 
même,  proj)  e,  bien  vêtu,  le  visage  frais,  où 
l'on  n'aperco\ait  plu><  qu'une  légère  cicatrice 
à  l'endioit  où  avait  été  cette  plaie  mortelle. 
Je  vis  aussi  que  les  bords  du  réservoir 
('•taient  baissés,  et  ne  venaient  plus  <pi'h  la 
ceinture  di'  l'enfant,  tpii  tirait  de  l'eau  fx^f'n 
une  «'xtrême  facilité  :  il  y  en  avait  môme  là 
un  tlacoii  tout  pli>iii,  dont  il  buvait  sans  (jue 
l'eau  du  llacon  diiinnuAt.  .Vurès  ipi'il  eut  bu, 
il  c  lurut  jouer  comme  fiuit  les  enfants  ;  et 
je  mo  réveillai  dans  le  moment.  Alors  je  com- 
pris (pi'il  avait  été  délivré  des  ueines  qu'il 
endurait. 

«  (Juehpies  jours  s'éfant  écoulés,  celui  qui 
comniiuidail  les  gardes  de  la  prison,  s'aper- 
covauî  cpie  Dieu  nous  favorisait  de  plusieurs 
dons.  ( oiii^ul  une  si  gran.ie  islime  pour  nous 
(|u'il  lais>ait  entrer  libreuionl  h's  frères  (pii 
nous  venaient  voir,  soit  pour  nous  consoler, 
soit  pour  recevoir  eux-inème-s  de  la  conso- 
lation. Mais  peu  de  jours  avant  lus  specta- 
cles, je  vis  entrer  mon* père  dans  le  lieu  où 
nous  étions,  dans  un  acrablenuMil  ijn'on  ne 
peut  exprimer,  il  >'arracliail  la  barbe,  il  s© 
jetait  contre  terre  et  y  demeurait  couché 
sur  le  vi'-a-.e,  poussant  des  cris  t.'t  donnant 
mille  malédictions  an  jour  qui  lav/iit  vu  naî- 
tre. 11  regicl?ail  d'avoir  trop  vécu,  il  appelait 
sa  viuilleïsâ  infortunée;  «^u  uu  mot,  il  disait 


448 


pfM  l'KW  i4'' 


ilos  (  lioscs  si  Iristcif  et  se  sorvail  «le  «mues  j(*  m  nvnnrni  vers   riiid'iulHnl  (l«<>i  jfltix,  vi  r» 

si   (iMicli.ints,  (iii'il   lir«il    dos  l.iniK's  l'I  lui-  ni  Ikiiiiihc /kJhiiihIiIi' (|iii  av/iil  t'-lt- !••  U'iiioin 

s;iil    IciiiliP  iV  rwwv  'i<*   oomp.issinn  S   Ions  <|r    iu;i    virloiic,    |Miiir  lui    »*ti  <J«'m«ii<Ji'C  I»* 

('(Mi\    (lui    rt^ciMilnioiil.    .Il'  iiiiimMis  (le  (lou-  prix,    ri    ji'    rcriis   |i-    rniiic/ni    «iix  poiiiriu'h 

IcMif   en    II'    vnyniil   (Imiis    ce  |»ili>\nlilt'  <Hnl.  d'cir.    Imi  iiir  le   ilnuiuiiil,    il  me  I).ms«  <!l  iiio 

(«  Kniiii,  il»  vi'lllc  ilrs  Hp(MM;irl(«^,  j'fns  iilic  dit  :  M;i  lilN",  \n  pnix  soi!  lonjoiirs  hvci- viniK. 

(l(>rniVro  vision.  Il  nw  scnilil.i  (|m'  le  di.ici-c  Jd  sorlis  dn  r;iiiipliilln''.'Wn' p.ir  '«  poiln  i|ui 

rdiiiinvu»    ('t'iit    V(Min    h    l;<   puiU'    de   notre  rcgnrdc  cclif'  <pi'oii  iidiniin'  Simii  ivni  lu.    I./i 

pri.sdii,  (in'il  V  rr.\pi>.iil  ^  ;;i"»iids  rouis,  olipn»  mon   .son^i^  liiiil   cl  je  iiii>  rc'-vcdlai,  pcnsanl 

I  V  (^lai's  nrcouruc  pour  la  lui  ouvrir.  Il  dail  en  nud-iin'^mi'  (pn- j'aiirnis  h  (Mnnhallrc,  non 

MMu  d'imi'   rolir   idniulir  (I'hiip   ('tolln   i'orl  les  liAlcs  de  rnniphillK'.Hrc,  tiinis  ic.sdriiions. 

riclio  et   (Mii  t'I.'iil    hordi-i'  diim^  iUinih- tl'-  (lo  cpii  me  co'isfdn,   (•'«•.si  ipif  l/i  visM»ii(pii 

p(«litos  yrciuidi-s  d'or.  Il  me  dit  :  l'crpt'luc,  ino  prédisait  le  coinltal  m'a-ssuniil  (mi  iu(>ni(« 

lions   vons  afirndons;    ne   vonlc/.-vons  )  as  Iciiips  dr  la  vicloirr.  » 

venir?    Kn    iiKMnc    Irnips     il    nu«    préscnla  On  csU-onvcMui,  depuis  des  si(^cl<!S,  d'oxnl- 

la    main,    el    unis   nous   nuines  Ions  iWnx  1er  lu  ronra^o  des  SciWola,  des  l^'•^nlll^  ;  on 

h  niarclier  ])ar  nn  chtMiiin  rahMJcnv  cl  élroil  ;  <'lève  la  jeunesses  dp  nos  écoles  dans  Indinj- 

cntin,  npr(''s  avoir  l'ail  plusieurs  tours  cl  d(''-  ralion  de  ces  dévouenuînls   anliijues,  de  cos 

tours',  nous  arrivAmos  h  rauiphilh(^\lre  j^rcs-  j;lr)ircs  du  pa-^anisinc,  qui  c.orlcs  sont  di}.çnes 


nwvi  hors   d'haleiie.    Ponipone  nie  c(tn(1iiisil  d'iMoi^cs,  mais  (pii  sont,  h  cAl(' dp  co  «pie  iifins 
insqu'au  iniliiui  de  la  place,  cl  il  me  di'  :  No  raccuilons   ici,  <;()nniie  les  choses  «le  la  lerrc; 
crai'MiPZ  rien,  je  suis  à  vous  dans  un  nio-  sonl  h  cAté  do  celles  du  ciel.  <;ha(pie  pa^?<! 
ment,   cl  io  vietis  coinhalire  avof.   voiis.  Il  de    nos   iastos  catholicpies  conli<-nl  dos  ]ié- 
parl  en  disant  cela  ot  nie  laisse,  ('.onnnfî  je  roïsmes  el  des  subliinilt'-s   anfirùs  dosutiels 
savais  que  je  devais  (Hre  exposée  aux  luHes,  l'antiquité  n'a  rien  h  mettre.  Tout  est  a  re- 
ie  ne  comprenais  pas  poiu'tpioi  on  dillerail  i'aii'o  isous  ce  rapfiort  dans  renseignenienl. 
tant  ,\  les  lArher  contre  mot.  Alors  il  parut  Nous   i)renons   acte   de  cette  pensée,  pane 
un  Egyptien  extrêmement  laid,  qui  s'avança  que  nous  ne  voulons  pas  la  laisser  à  l'état 
vers  liioi  avec  plusieurs  a\itr(>s  aussi  dill'or-  de  conception  vaiiie  et  stérile.  Si  les  forces 
mes  que  lui,  et  il  meiirésentalecombat  ;  mais  ne  tious  manquent   pas,  un  jour  nous  exé- 
en  mt^mo  temps  de  jeunes  hommes  parlai-  enterons  le  dessein  qu'elle  nous  suggère; 
tement  bien  laits   se  déclarèrent  pour  moi.  (piel   sublime   récit  que   celui  ([ue  rions  vp- 
Cos  jeunes  ^ens,  qui  s'étaient  rangés  de  mon  no'is   d'entendre  I   Quel  spectacle  divin  (]un 
côté ,    me  t'rottérent  d'huile,  c(mniie  on  a  celui  de  cette  jeune  femme  qui  triomphe 
accoutumé  d'en   frotter  ceux  (jui  entre  nt  au  i)Our  son  Dieu,  de  tous  les  SPitimenls,  de 
combat  d''  la  lutte.  .Mais  connue  nous  élons  toutes  les  douleurs  el  de  toutes  les  terreurs 
sur  le  point  d'en  venir  aux  mains,  un  homme  qui  puissent  assiéger   une  femme,  une  fi  le 
d'une   mine  haute  et  d'un  port  mi^joslueux:  et  une  mèrel  Cène  sera  jioint  assez  qu'elle 
s'approcha   de   nous.    11   avait  une  i-Obe  de  triomj)he,  dans  l'amphithéfllre,  des  bétes  fé- 
pourpre  traînante  et  formant  plusieurs  plis;  roces  et  des  bourreaux,  qu'elle  brave  les  tau- 
ele  était  rattachée   avec  une  agrafe  de  dia-  reaux   furieux,   la  dent  des  lions,  et  qu'elle 
niant.  Il  tenait  une  baguette  semblable  à  et  Ue  soit  forcée  d'indiquer  h  l'épée  du  bourreau 
que  tiennent  les  intendants  de  jeux,  el  il  l'endroit  où  frapper;  non,  ces  su[)plicesatro- 
portait  un  i-ameau  vert  d'où  pendaient  des  ces,  qui  feraient  trcnnblerdeshéros  vulgaires, 
pommes  d'or.  Ayant  fait  faire  silence,  il  dit:  ne  sont   point  assez  pour  elle  :  le  sentiment 
Si  l'Egyptien   reni|)orte   la   victoire  sur  la  pour  lequel   elle  combat  doit  vaincre  aussi 
femme,  il  lui  sera  permis  de  la  tuer;  mais  si  toutes  les  douleurs  de  l'Ame,  tous  les  déchi- 
la  femme  demeure  victorieuse  de    l'Egyp-  rements  du  cœur.  A  la  fleur  de  l'âge,  nou- 
tien,  elle   aura  ce  rameau  et   ces  pommes  vellement   mariée,  mère  d'un  enfant  qu'elle 
d'or.   Ayant  ainsi  parlé,   il  alla  prendre  sa  allaite  et  sur  la  tête  duquel  elle  a  épanché 
place.  toutes  ces  illusions,  toutes  ces  douces  espé- 
«  Nous  nous  joignîmes,  l'Egyptien  et  moi,  rances  de  mère,  qui  font  l'avenir  si  splen- 
et   nous  commençâmes  un  rude  combaU  II  dide  et  si  heureux,  il  faut  qu'elle  meure, 
faisait  tous  ses  etlorts  pour  me  saisir  le  pied,  qu'el'le   renonce    à    tout,  qu'elle  brise  ses 
atin  de  me  renverser,  ce  que  j'évitais  soi-  beaux  rêves.  Est-ce  que  le  combat  de  son 
gneusement  en  lui  en  ])ortant  plusieurs  coups  cœur    n'est   pas   assez  grand,  mon  Dieu? 
dans  le  vsage.   Je  uje  sentis  même  comme  Est-ce  que  ce  petit  enfant  qui  lui  tend  les 
élevée  en  l'air,  d'où  je  frappais  mon  ennemi  bras  comme   pour  la  retenir  à  la  vie  n'a  pas 
avec  avantage.  Enfin,  voyant  que  le  combat  des  supplications  assez  vives?  Ange  de  son 
tirait  trop  en  longueur,  je  joignis  mes  deux  berceau  mis  près  de  lui  par  Dieu  pour  le 
mains  ensemble  ,    en    sorte   que  les  doigts  couvrir  de  son  amour,  elle  va  l'abandonner, 
étaient  entrelacés  les  uns  dans  les  autres,  et  le  laisser  sur  la  terre  sans  mère  et  sans  sa- 
les laissant  tomber  h  plomb  sur  la  tète  de  voir  ce   qu'il  y  devietidra.  Tout  cela  lui  dé- 
l'Egyptien,  je  le  renversai  sur  le  sable,  lui  chire  le  cœur.  Rien  que  cette  pensée  est 
mettant  en  même  temps  le  pied  sur  la  tête  plus  cruelle  que  tous  les  supplices.  Eh  bien  ! 
comme  jiour  la  lui  écraser.  Le  peuple  se  mit  ce  glaive  de  douleur,  on  va  le  lui  retourner 
à  battre  des  mains,  et  mes  généreux  défen-  dans  l'àme  de  la  façon  la  plus  cruelle.  C'est 
seurs  joignirent  la  douceur  d.'  leurs  chants  son  père  qui  vient  fui  donner  le  spectacle  de 
aux  applaudissements  du  peuple.  Pour  moi  sa  douleur,  son  père  qui  pleure  et  qui  gé- 


w 


PER 


PER 


Hi 


mil,  qui  la  siipplio  nu  nom  do  sa  vieillisse, 
de  ses  ctiovpux  blancs,  do  cr)nsenlir  h  vivre, 
et  qui.  voyant  tout  cela  inutile,  lui  montre 
son  enfant,  la  ronjuranl  de  ne  pas  I"  l.iisst>r 
orphelin.  Kt  la  sainl<^  v(>ut  mourir.  Mais  elle 
aime  son  enfant,  elle  veut  au  moins  protiter 
des  derniers  instants  qui  lui  restent  pour 
l'embrasser,  pour  lui  pnnl  iruor  ses  cares- 
ses; car  si  elle  n'.iiunit  [)as  Dieu,  cet  enfant 
serait  son  amour  supri^m^^;  elle  demande 
qu'on  le  lui  apporte  d:ns  sa  prison,  on  le  lui 
refuse.  Et  ces  (''preuves  et  ces  douleurs,  ne 
sont-elles  pas  plus  grandes  en  quehiue  sorte 
que  In  naturo? 

Non.  jamais,  pour  rien,  ni  pour  la  patrie, 
ni  pour  la  gloire,  ni  pour  a'irune  chose  de 
ce  monde,  on  ne  montrera  de  tels  dévoue- 
monts.  Otez  Dieu  à  l'âme  dais  de  telles 
circonstances,  et  vous  la  verrez  descendre 
tout  h  coup  des  sublimités  où  la  foi  l'élève 
au  niveau  dr>  ce  que  vousnommezintrépidilJ', 
grandeur  d'àme,  courage.  Vous  nous  luon- 
trerez  l'homme,  nous  vous  montrons  le 
chrétien.  Nous  ne  quitterons  pas  ce  beau 
récit  de  sainte  Perpétue,  sans  faire  remar- 
quer un  }iassa.;e  m  ignitiipieoùelleaexprimé, 
comme  on  ne  la  jamais  lait,  la  douleur  et  le 
désespoir  d'un  père.  Ecoutez  ce  vieillard  : 
«  Q.ii  de  nous  osen  paraître,  si  vous  liiiissez 
vo>  jours  [)ar  la  main  du  bourreau?  Sauv.^z- 
vous,  pour  ne  pas  nous  perdre  tous.  »  En 
(lisant  cela,  ajoute  la  sainte  martyre,  il  me 
baisait  les  mains;  puis,  se  jetant  à  mivs 
pieds,  tout  en  larmes,  il  m'appelait  madame. 
Ce  passade  est  h  mettre  à  côté  de  nos  [dus 
beaux  mouvements  d'élo(uence,  et  le  tnot 
qui  le  termine  est  u  le  de  ces  expressions 
sul)limes.  comme  il  en  jaillit  parfois  du  .;*''- 
nie  des  Bossuet  et  des  Chàfoaubriand.  ^^Bo- 
jouino,  Hist.  gén.  des  pers.  de  l'Eglise,  vol.  II, 
p.  i7.f 

Nous  n'avons  pu  nous  empêcher  de  citer 
ces  quelques  lignes  écrites  par  nous  dans  un 
autre  ouvrage  ,  h  |)rnpos  de  cette  partie  des 
Actes  de  sainte  Perpétue.  Mainlenaut  nous 
allons  ref)rend(e  ces  Actes  où  nous  les  avons 
laissés,  en  roj;rettanl  a?u(''i-(>iMent  (pio  les 
bourreaux  n'aient  pas  permis  à  la  mc^iue  main 
d'en  continuer  le  récit. 

Sature  out  aussi  une  vision,  qu'il  étnivit 
lui-m.-me  tri  ces  termes  :  «  11  y  avait  déjà 
quel(j  le  temps  (jue  nous  étions  prisonniers, 
lors(pi;\  (ont  à  (OUI),  (piatre  ailles  ik^us  en- 
levt-rent  de  la  prison  ;  ils  nous  portaient  sans 
nous  loucher.  Nous  allions  vers  j'orienl.  Au 
reste,  nous  ne  montions  pas  tont  droit  et 
per})cndi.ulairemen( ,  mais  comme  si  nous 
eussions  suivi  la  pente  douce  et  pres(pie  in- 
.«tonsiltlf  d'uiH'  a,.,'rt''abli"  coll. ne.  Lors  |ue 
nous  f.uues  un  piii  éloigm-s  de  la  li-rre  , 
nous  nous  trouv.lmes  onvnoniés  d'une 
pramlo  luinit^re.  J.»  dis  alors  h  Perpétue, 
ijui  était  pr  (clio  ilo  moi  :  M,i  steur,  voun  co 
(jue  le  Seigneur  nous  avait  promis,  nous 
commençons  h  voir  cetie  promesse  a  rom- 
ftlie.  .\piés  avoir  fait  encore  quelque  chi^- 
Diin,  nous  nous  IrouvAmes  dans  un  jardin 
rempli  de  toutes  sortes  de  Heurs  :  on  y  voyait 
des   rosiers  hauts  comme  des  cyprès,  dont 


les  roses  blancnes  et  rouges,  agitées  par  un 
doux  zéphyr,  tombaient  inces-amment  par 
gros  flocons,  et  formaient  comme  une  neige 
odorifé  anle  et  de  diverses  couleurs.  Quatre 
anges,  plus  brillan!s  encore  que  ceux  qui 
nous  avaient  apportés  dans  ce  jardin  .  nous 
vinrent  ab.»rder  et  nous  tirent  mille  civilités. 
Ils  disaient  h  nos  conduete.us,  avec  un  cer- 
tain geste  d'admiration  :  Les  voilà  donc  ar- 
rivés 1  Alo  s  les  q  latr  •  premiers  anges  pri- 
rent con^'é  de  nous,  et  nous  commençûiues 
à  nous  promener  h  pied  dans  ces  vastes  et 
délicieux  [larterres.  Nous  y  rencontulmes 
Jorond.  Saturnin  et  Artaxè,  qui  tous  trois 
avaient  éi  •  brûlés  vifs  pour  la  foi ,  et  Qui  i- 
tus.  qui  était  mort  en  prison  pour  la  même 
cause.  Kt  comme  nous  nous  informions  où 
étaient  les  autres  martyrs  de  notre  connais- 
sance, les  anges  prirent  la  parole  cl  dirent  : 
Entrons,  et  venez  saluer  le  maître  de  ci'  b.-au 
jardin.  On  nous  lit  donc  entrer  dans  un 
app  irtement,  le  plus  superbe  qu'on  pût  voir  : 
les  ta;iiss 'ries qui  en  couvraient  les  mu  ailles 
semblaient  être  faites  avec  des  rayons  de  lu- 
mière, et  les  muraillss  mêmes  b.iliaient 
comme  si  elles  eussent  été  bâties  de  dia- 
mants. Nous  trouvâmes  dans  le  vestibule 
quatre  anges  ipii  nous  tirent  prendre  à  cha- 
cun une  robe  blanche.  La  chambre  où  nous 
fiimes  introduits  é  ait  in  .omiJarablem  -nt 
plus  riche  et  plus  éclatante  que  toutes  celles 
que  nous  avions  travers>'es.  Des  voix,  les 
plus  chu-man  es  du  mond  -, y  faisaient  enten- 
dre cette  seule  parole  :  Saint,  saint ,  saint , 
qu'elles  répétaient  sans  cesse,  toujours  avec 
(le  nouveaux  agiénents.  \"ers  le  milieu  de 
la  chambre  nous  vimes  un  homme  u'une  ex- 
cellente beaut  ',  si  toutefois  ce  n'était  qu'un 
homme  ;  il  avait  de  longs  cheveux  de  la  cou- 
leur d'un  cygne,  q  li  lui  tombaient  sur  les 
épaules  à  grosses  boucles.  Nous  ne  |iOm  s 
voir  ses  pieds  ;  il  «vait  à  sa  droite  et  à  sa 
gauche  vingt-quatre  vieillards  assis  sur  des 
sièges  d'or,  et  derrière  lui  plusieurs  person- 
nes d('I)out.  Les  (pialre  anges  nous  lirtnit 
appro'lier du  ln>ne  ;  et,  nous  soulevant  dou- 
cement, ils  nous  f  icililère  il  l'accès  auiuès 
de  la  personne  de  cet  admirable  jeune  hom- 
me, qui  nous  lit  l'honneur  de  nous  embrast 
ser.  Les  viidllards  nous  dirent  d'abord  de 
demeurer  ;  ce  (pie  nous  finies.  Ensuite  ils 
nous  dirent  que  nous  pouvions  aller  où  boq 
nous  semblerait ,  et  nous  div.rlir  à  mille 
sortes  de  jeux  (jui  se  pratiquent  dans  cette 
agréable  demeure. 

«  Alors,  me  touinint  vers  Perpétue,  je  lui 
dis  :  Eh  bien  I  ma  sœur,  vous  voilà  contente  1 
—  Oui,  me  répondit-elle,  grAce  au  Seigneur. 
Vous  savez,  eonli  lua-t-elie,  (pie  jélais  na- 
lur  llemenl  gaie  ,  et  d'une  liumeur  assez 
enjouéi>  lorsipje  j'étais  au  monde  ;  mais 
c'est  touie  autre  chose  maiiilenanl,  et  j(>  me 
sens  un  fonds  de  joie  que  je  ne  puis  vous 
exprimer. 

»  Couime  nous  sortions,  nous  trouvAmes 
rt-vèpiC  Optai,  et  Aspase  ,  prêtre  et  théo- 
logal de  notre  Eglise  ,  mais  fort  trislcs  et 
éloignés  lun  de  l  autre  de  (juelques  pas. 
Dès  qu'ils  nous  aperçurent ,  ils  .su  vinrent 


449 


i>i:ii 


l'EH 


4^o 


jclrr  à  nos  |iicils,  en  nous  ilisiinl  :  Df  ^;iAit, 
iiicllt/  iKiiis  (l')i(i<iitl.  Nous  l(Miii(''|M)'i(|jin('s, 
Idiil  nldiiiirs  :  Mil  n"(M(*.s-v()ii.s  pas,  vous 
noire  (^vi^(|iH',  cl  vous  un  picMic  du  S<'i- 
gin'iu"  ?  (.'onuncnl  donc  |iouriious-noiis  vous 
soullVir  «iiisi  h  nos  pieds?  C'osl  h  nous  lïr. 
nous  pi'osleiner  aux  vAlrcs,  (il  en  nn^ino 
(enips  nous  n(»us  \  j(l.\nies,  el  nous  les  eni- 
brassAnios  Ions  deiiv  avec  l)cuucuii|>  de  res- 
pocl  el  de  hMidi'esse. 

«  IN'i'pélue  s(>  mil  ensuite  h  s'iMilrolenir 
avoc  (Mix  ,  el  nous  les  nienjhnos  dans  le  jai'- 
(li'i,  oi^i  nous  nous  ;\n(M;hues  sous  ini  rosier; 
inai>  il  vi'it  d(>s  an;j,es  ipii  dwent  àOplal  el  à 
As|)as(!:  Laisse/.-lcs  se  réjouir  en  liberté  ;  ils 
n'ont  (pie  faire  de  vos  divisions.  Si  vous 
avez  (jueicpu'  dillerend  ensemble,  vous  pou- 
vez le  vider  seuls.  >()us,  évé(pio  ,  corrigez 
vos  diocésains  ;  ce  sont  des  co'itestalions 
couli'Uh'lles  enire  eux,  et  l'on  dirait  (pi'ils 
sortent  toujours  du  ciripu',  tant  ils  parais- 
sent animés  les  uns  (oiiire  les  autres.  Les 
anyes,  leui' avant  ainsi  pai  lé  assez  rudemeni, 
firent  niino  do  vouloir  encore  fermer  sur 
eux  la  por((>  du  jardin.  Pour  nous,  nous 
passions  doucement  le  temps  d.ins  cet  heu- 
reux séjour,  ne  vivant  que  de  parfums,  ce 
qui  est  une  nourriture  exquise.  Voilà  quel 
fut  mon  son;^e.  » 

K'i   ce  temps-là  Dieu  appela  h  lui  Secon- 
dule,  lorstpi'il  était  (  ncore  en  prison.  Ce  fut 
une  faveur  du  ciel,  t|ui  voului  bien  lui  faire 
gn\ce  du  combat  des  bé:es.  Si  son  Ame  fut 
peu  sensible   à   (elle  grâce,   som   cor|)S   du. 
moins  ou  [)iolita.  Mais  parlons  njaintona'it 
de  Félicité.  Elle  était  grosse  de  huit  mois, 
e(  iejour  (les  speclai  les  approchant,  elle  était 
inco.  solable,  prév(jyanl  (juc  sa  grossesse  fe- 
rait dilVérer  .-on  martyre,  et  qu'ensuite  on  la 
fei-ait  mourir  avec  des  scélérats,  ('/était  là  ce 
qu'elle  ap|)réliendait  le  plus,  et  que  son  sang 
pur  et  innocent  ne  fût  confondu  avec  le  sang 
impur  et   cruninel   de    quelciue  homicide  ; 
mais  elle  n'était  pas  la  setde  qui  s'allligeât 
de  ce  retardement,  les  autres  martyrs  n'en 
étaient  [as  moins  aftligés  qu'elle.  Ils  ne  pou- 
vaient se  résoudre  à  laisser  exposée  aux  dan- 
gers de  la  vie  présente  une  si  aimalile  com- 
pagne de  leurs  peines.  Ils  se  joignirent  donc 
pour  obienir  de  la  bonté  de  Dieu  que  Féli- 
cité pi\t  se  délivrer  avant  Iejour  du  combat. 
Ils  furent  exaucés,  car  à  jieine  avaient -ils 
fini  leur  |)rière,  qu'elle  commença  à  ressen- 
tir les  douleurs  de  l'enfanteme'U.  Et  parce 
que,  n'étant  que  (ians  son  huitièu)e  mois, 
raccouchemeut  éta'.t  beaucouj)  j)lus  dillicile, 
cite  soulfrail    beaucoup,  et  la  violence  du 
m.i  lui  faisait  jeter  des  cris  de  temj)s  en 
temps.  Sur  quoi  un  guichetier  lui  uit  :  Si 
vous  vous  plaignez  à  présent,  que  sera-ce 
quand  vous  serez  déchirée  i)ar  les  bêtes  ?  Il 
eût  donc  bien  mieux  valu  sacriiier  aux  dieux. 
A  quoi  cette  généreuse  femme  lit  cette  belle 
léponse:  MauilenaiiC  c'est  moi  qui  soutire, 
mais  il  y  en  aura  là  un  autre  qui  sera  avec 
nirji,  et  qui  soullVira  pour  moi,  parce  que  je 
souffrirai  pour  lui.  Au  reste,  puisque  c'est 
la  \olonté  du  Saint-Esprit,  qu'on  laisse  à  la 
postérité  uu  monument  éternel  de  la  gloire 


(pn-  Per|(i'lue  vi  ses  (•otnpa^non.s  /i((pnrenl 
en  cnniballant  (onire  les  liéles  ;  (pielijue  in- 
di;:,ii(^  d'/idleurs  (|uo  jo  sois  d'un  emploi  si 
relevé,  el  (pniKpm  j(;  sois  persuadé  (pie  je 
manijue  de  ce  ipii  est  nécess-dre  poiu  ui'r.n 
Mcipiiiier  comme  il  laut,  je  ne  laisserni  pas 
de  l'enlreprendre,  pour  obén*  aux  derniers 
ordres  de  la  Irès-sainle  marlyri;  l'eipélue, 
ou  I  lul(')l  poin-  exé(  nier  ceux  de  la  foi  mô- 
me, (pii  siniible  (  xig(n'  de  moi  ce  récil.  (pie 
je  vais  ( omiiKniiMn'  par  une  action  généreuso 
et  pleiin-  de  fernu'té,  par  la(pielle  iN-rpélue 
signala  sa  constance  (t  son  courag(i  dans 
l'occasion  ipn  suit. 

Le  Irdjun  (pii  avait  les  saints  ni/irlyrs  vi\  sa 
gaidi!  h  s  traitait  avec  une  exlr('niie  rigueur, 
l>ar(:e  (pie  îles  g(nis  ou  mal  i  lUnitionnés,  ou 
sottement  crédules,  lui  faisaient  ap[irélien(ler 
([u'on  les  tiri'.l  de  prison  par  hi  moyen  de  la 
inagit' ,  dont  les  chrétiens  en  c(î  temps-là 
étaient  communément  soup(;onnés.  IN.npé- 
lu(;  liii  dit  li.'.rdiuKMit  :  Osez-vous  l)i(ni  trai- 
ter avec  celle  dureté  des  personnes  de  con- 
sidération, (lui  appartiennent  à  César  ,  et 
(pu  doivent  honorer  par  leui's  combats  le 
jour  de  si  naissance?  Pourquoi  empéchez- 
vous  qu'ils  jouissent  de  ce  peu  de  soulage- 
ment (pli  leur  est  accordé  jusqu'à  ce  jour? 
Le  tr  bun  à  ce  reproche  rougit  et  demeu  a 
confus  ;  et  voulant  faire  oublier  à  ses  pri- 
sonniers le  mauvais  traitement  (|u'ils  avaient 
reçu  de  lui,  il  donna  de  nouveaux  ordres, 
l)ortant  qu'ils  seraient  traités  [ilus  liumainc- 
meiit,  que  les  frères  auraient  la  liberté  de 
les  visite.',  et  (ju'il  seiail  permis  à  toutes  sor- 
tes de  perso.ines  de  leur  porter  des  rafraî- 
chissements. Le  geôli(M' Pudeiis  ,  (}ui  venait 
de  se  faire  chrétien,  leur  rendait  sous  main 
tous  les  bons  offices  qu'il  pouvait. 

Or,  le  soir  (jui  |:réjède  immédiatement  le 
jour  des  spectacles,  la  coutume  est  de  faire 
à  ceux  qui  sont  condamnés  aux  bôles  un 
souper ,  qu'on  nomme  le  souper  libre;  nos 
saints  martyrs  changèrent,  autant  qu'il  leur 
fut  possible,  ce  dernier  souper  en  un  repas 
de  charité,  l>a  salle  où  ils  mangeaient  était 
pleine  (ie  peuple.  Les  martyrs  lui  adressaient 
la  parole  de  temps  en  temps  :  tantôt  ils  lui 
parlaient  avec  une  force  merveilleuse,  le 
menaçant  de  la  colère  de  Dieu;  tant(jt  ils  lui 
déclaraient  que  Dieu  lui  redemanderait  le 
sang  innocent  qu'il  allait  bientôt  répanure; 
quelquefois  ils  lui  reprochaient  d'un  ton  iro 
niquesa  curiosité  brutale.  Lejour  de  demain 
ne  vous  sulfira-t-il  pas,  disait  Salure  à  ce 
peui)le  inhumain,  pour  nous  contempler  à 
votre  aise ,  et  pour  assouvir  la  haine  que 
vous  nous  porte/?  Vous  faites  semblant  d'è» 
lie  touchés  de  notre  destinée ,  et  demain 
vous  battrez  des  mains  à  notre  mort;  vous 
e|)plaudiiez  à  nos  meurtriers.  Remarquez 
bien  nos  visages,  afin  que  vous  nous  recon- 
naissiez à  ce  jour  lenible  où  tous  les  hom- 
mes seront  jugés. 

Ces  paroles,  prononcées  avec  toute  l'assu- 
rance et  toute  la  fermeté  que  donne  l'inno- 
cence, jetèrent  la  frayeur  et  l'étOTiuement 
dans  l'âme  de  la  plupart;  les  uns  se  retirè- 
rent saisis  de  crainte  que  le  premier  objet 


m 


PER 


PER 


4ôi 


dissipa;  mais  plusit>urs  reslèreul  pour  se 
fairn  l'istruiie,  et  eruroiil  eu  Jésus-tl)rj>l. 

Kiiti'i  le  jour  qui  «levait  vclaiier  le  Irioui- 
pbc  lie  nos  tftMiéroux  allilèlt;'s  pariil.  Ou  les 
til  sortir  ile  la  pjison  ^M)ur  les  conduire  à 
rani()lull»éàlrt\  l-ajo>e  était  peinle  sur  l»»urs 
visaiies,  olie  bnllail  daijj  leurs  yt'ux,  vlU"  [w*- 
rais^ail  lia  »s  leurs  gestes,  elle  étlalait  dans 
leurs  paroles.  Perj-viue  uiar*  hait  la  dernière  ; 
la  tia'U|uiilU<''  de  son  àiuo  se  taisait  vou'  sur 
son  vjsa-ie  et  daus  sa  dénwro  le.  Klle  tenait 
les  >eu\  baissés ,  de  peur  fjue  leur  graid 
brdlant  ne  lis  contre  sa  volonté,  ces  etîels 
surprenniiis  ipron  sait  «pie  des_)eax  sout  ca- 
pables do  lane.  Four  t'chcité,  elle  ne  pou- 
vait exprimer  la  joie  «pi't'lli'  ressentait  de  ce 
que  sou  heureux  aciouilieuient  lui  perniet- 
tait  de  coiubattre  aussi  bien  que  les  autres, 
pensant  eu  elle-Mième  quelle  allait  se  puri- 
tier  tlaus  >on  >an^  des  souillures  de>«es  cou- 
ches. Quand  ils  lurent  arrivés  à  la  porte  de 
raui|)hilhéàtre  ou  voulut  leur  faire  preudr..' 
des  babils  consacrés  par  les  paieus  à  leurs 
céremo'iies  sacrilèges,  aux  liounnes  la  robe 
des  prôlres  de  Saturne,  et  aux  l'ciuiues  cdie 
que  portent  les  prêtresses  de  téres.  Mais 
ees  généreux  soldats  du  vrai  Dieu,  toujours 
fermes  et  inébranlablfs  dans  la  lidélilé  qu'ils 
lui  avaient  jurée, dirent  :  «Nous  .souiiucs  ve- 
nus ici  de  notre  bon  gi  é,  sur  la  parole  qu'on 
nous  a  donnée  de  ne  nous  point  forcer  à  rieu 
faire  conlrece  que  nous  devons  à  nolrr  Dieu.» 
Cette  fois-là  l'injustice  reconnut  le  bon  droit 
et  le  conserva.  Le  tribun  oonscntil([u'ils  pa- 
russent dans  raiiipliitbéàlro  avec  U'urs  ba- 
bils oniinaires.  Perpétue  chantait,  jL>ensantà 
rï;,4vptien  dont  la  dc'faitt'  lui  avait  été  pré- 
dite. Révocat, Saturnin  et  Salure  lueiiai.aieut 
le  peuple  du  geste  et  de  la  voix. 

Lors(ju'ils  furent  vis-à-vis  lebalcoiid'Hil.i- 
rien,  ils  lui  crièifiit  :  «  Nous  nous  ju^ez  eu 
ce  inonde ,  mais  Dieu  vous  jugera  ei  l'an- 
Ire.  V  Lp  peuple,  irrité  «le  cette  i^éuéreuse 
hardiesse,  «-l  désirant  faire  sa  cour  au  j)ro- 
eoiisul,  demanda  qu'on  les  fil  passer  par  les 
foin  ts,  et  nos  .viims  sn  réjouirent  détre  tr  li- 
léscomiin-  l'avait  été  JcsiiS-CuriM,  leui-  Dieu 
et  leur  mailre.  .\iais  celui  ({iii  a  dit  :  kkman- 
dez,  H  V9HS  recevrez  l'rfj'ftitr  vos  ilnuaiulcs, 
acroida  --i  iio->  martyrs  ci'  ipi  iis  lui  avaient 
demandé:  car,  s*»  nlretenant  un  jour  des  di- 
verse-*  so<  les  dt«  Mi|»|»lic('s  que  l'on  f.ÙNait 
endurer  aux  chridims,  les  uns  .si>uliailai*'iit 
de  mourir  d'un  gciiiv  de  mort  et  bs  autres 
d'un  autrtv  Salurnin  lémoij;na  qu'il  ib-Nirail 
d<-  tout  $011  ronir  avoir  ii  (-omtMtîri;  contre 
toutes  les  bétrs  ikî  raiu[»hltli  Atre,  et  il  ol>- 
Hi)l  en  |wrlie  co  qu  il  dt'Miait;  car  lui  cl  Ke- 
*o«;al,  apriN  avoir  été  longtemps  aux  |>rises 
•ft*f  un  léo|>flrd,  bireiit  eiiiMi»-  vivement  at- 
taqué'* |>ar  un  bilieux  ours,  qui  les  harcela 
jusqu\«iipre>  du  Ibé.'itr»»;  où  il  les  1  iiss;i 
touf  dét  hirés.  Sature  ne  ciai>;uail  lien  tant 
que  d'être  exposé  à  un  «nu  »  ;  et  il  aurait  sou- 
haité qu'un  léopani  lui  p»1l  Aie  la  fiedu  pre- 
n»»*»r  eoup  de  dent,  rif-peiiiiaiil  voilii  qu'on 
lArhft  sur  lui  un  sanglif'r;  mais  dans  le  ino 
ment  nu^ni»»,  la  ht'U'  se  retouinaiit  contre  le 
piqueur  qui  la  K^n*i\xi^^\\,  elle  lu»  ouvrit  l« 


ventre  avec  ses  «léfenses;  puis  revenant  à 
Salure,  elle  se  contenta  de  le  traîner  quel- 
ques pas  sur  U  sable,  et  comme  on  l'eut  en- 
suite mené  assez  prés  d'un  grand  ours,  on 
ue  put  jamais  l'obliger  à  sortir  de  sa  loge. 
Ainsi  Sature  entraau  combat  et  en  sortit  sans 
avoir  reçu  aucune  blessure.  D'ailleurs  le  dé- 
mon, outré  de  dépit  de  voir  tjue  le  sexe  le 
plus  faible  se  dispo.sait  à  renq)orler  sur  lui 
une  victoire  signalée,  avait  fait  en  sorte  que, 
contre  la  coutume,  on  avait  desliiié  une  va- 
che sauvage  et  furieuse  pour  combattre  con- 
tre Per(>éliie  et  félicité.  Ou  leur  ota  donc 
leurs  babils,  et  on  les  enferma  dans  un  rets. 
Mais  le  peuple,  à  ce  spectacle  .  fut  touché 
d'hoireui-  el  de  pitié  tout  ensemble,  consi- 
dérant d'une  part  une  jeune  personne  déli- 
cate el  de  naissance,  et  de  l'autre  une  femme 
nouvellement  accouchée,  el  dont  les  ma- 
melles étaient  toutes  dégoutlanles  de  lait.  On 
les  ramena  donc  à  la  barrièie,  et  ou  leur  per- 
mit de  reprendre  leurs  habits.  Peii>élue  s'a- 
vance ;  aussitôt  la  vache  la  prend,  l'enlève, 
et  la  laisse  retomber  sur  les  reins.  La  jeune 
mari vre,  revenue  à  elle  et  s' apercevant  que 
sa  robo  était  déchirée  le  long  de  la  cuiise,  la 
rejoignit  proprement,  moins  occupée  des 
douleurs  ipi  elle  ressentait  que  de  l'hon- 
nêteté ([ui  pouvait  être  blessée;  s'éiaût  (éle- 
vée eu  mêm  '  temps  >  elle  renoua  ses  che- 
veux qui  s'étaient  détachés  (car  du'élait  pas 
de  la  bieuséance  qut'  les  martyrs,  eu  un  jour 
de  victoire,  eussent  le  visage  couvert,  comme 
les  personnes  atiligées  se  le  couvrent  en  un 
jour  de  deuil).  Ayant  ensuite  aj)er(.u  félicité, 
que  celte  vacoo  furieuse  avaU  fort  maltraitée, 
étendue  sur  le  sable,  elle  courut  à  elle,  et 
lui  duunanl  la  main,  elle  lui  ada  à  se  rele- 
ver. El  elles  se  pr.seataient  pour  soutenir 
une  nouvelle  atlacpie  ;  mais  le  peuple  ,  se 
lassant  d'être  cruel,  ne  voulut  plus  (pion  les 
exposât.  Elles  tournérenl  ver>  la  porte  »iMa- 
vivaria  ,  où  Per,iélue  l'ut  reconnue  d'un  ca- 
léchuinèîie  nomme  Uusiiq  :e,  qui  avait  tou- 
jours eu  uu  grand  ailatrlieuient  pour  elle. 

r,elle  a.imirab  «  leni  lUl  comme  ré- 
veillée d  ilfi  proioud   s   il  ,  ma  s   pluiot 

sortant  d'une  longue  exlase>d<iU4inda  quand 
on  les  livre«'ait  à  leile  vaclH'  fu.ieuse,  et 
lorsi|u'on  lui  raconta  «e  (|ui  lui  élait  ariivé. 
elle  u'eii  voulut  rien  croire,  jusiju'à  ce  qu* en- 
tin,  vtniant  à  rec>»nnaîlre  ce  catéchuiiièu*-,  et 
à  jeter  les  yeux  sur  ses  habits  décluri's  en 
plusit  urs  endroits,  et  sur  quelques  Dieur- 
Irissures  (fu'oii  lui  lit  remarquer,  ede  com- 
menta à  y  ajouter  foi.  .Vlors,  f.usa  il  appro- 
cher son  l'nr»>  et  le  caléchuniè'ie ,  elle  leur 
dit  :  Persévérez  «lans  li  h>i,  anne/.-yo.is  les 
uns  les  autres,  et  uu  soyez,  po.ni  scandalisés 
de  mes  soulfrances.  D'autre  part ,  Satuns 
qui  s'était  retiré  sous  un  d:  s  porlnpies  de 
I  am[)h.lhéAlr«'  ,  disait  à  Puilens  :  Ne  vous 
I  avais-je  pas  prédit,  «pie  les  bêles  ne  me 
fer»)eni  ptuiit  de  mal?  Ainsi  mes  souhaits 
sont  accomplis,  à  la  reN»»rve  dur»  :  c'est  que 
vous  croyiei;  de  tout  votre  cieur  en  relui  en 
qui  je  crois.  Voilà  que  je  retourne  dans  l'am- 
philhéAtre  p -iir  v  recevoir  la  mort;  un  in'  - 
|v»isl,  d'un  jMf^'uiit'r  coupilw  (i¥nl,  m»»  la  d'.it 


^ti^ 


t'KR 


(loiiiii  r.  I''.ii  t'lV(M,  sur  In  lin  «les  .sportnclos, 
nu  Iropanl  .s'«^/uil  jot(\  sur  lui,  d'un  (m)U|i  do 
(Inil  (|u'ii  lui  (Inuii.'i,  il  lui  lil  u'u-  si  ^riiU'ii' 
hlcssuit',  t|U('  II"  sn\\\ï,  CM  soilil  à  Ki-.UKJs  Unis  ; 
en  sorlr  (|U)<  l<«  |it>U|)ln  ,s'(>('ritt  :  l.o  voilà  hap- 
tis(^  |)(iur  uuo  scciuKh»  lois.  Alors,  luui  ii.iul 
SOS  (l('ilii«'rs  rcK.utis  sur  l'uilciis  :  Adieu, 
riior  «mi,  lui  dil-il  ;  soiivono/.-vfuis  do  ma 
foi  et  imiio/.  I.i  ;  ipic  ma  niori  :io  vous  (luu- 
lilr  point,  mais  au  ronlrairo  (pirllc  vous 
('nr(MUVi;j;o  h  soullVir.  lùisuilo,  liranl  de  sou 
(loi^t  (MIC  iia^ui',  il  la  licnipa  dans  son  sanj,, 
ol  la  donnaul  à  l'udcns  :  U(co>t'/-la,  lui  dil- 
jl,  ronuno  un  ^oiu,»  de  nolir  auutié  ;  porU^^- 
la  pour  l'anioui'  d(>  moi,  ol  (pu»  le  san;;  dont 
clic  est  rouf^io  vous  J'assc  rt'ssouv(Miir  do  ct-- 
lui  (pu»  je  n^pands  aujourtrhui  pour  Jésus- 
C.lu'isf.  Apiès  (pioi  il  lui  li'ansporlé  au  lini 
où  l'ou  aclifvail  ceux  (jui  n'élaicnl  pas  niorls 
do  leurs  blessures,  l'.l  conuuo  le  peuple  d(î- 
niandail  (pu>  les  autres  marl\  rs,  cpii  u'elaient 
que  l>lessés,  l'usseul  anieiit's  au  milieu  do 
I«  place  pour  y  iMie  égorgés,  ils  si;  levèrent 
tous  d'eux-mêmes;  el  s'i'tant  endjiassés 
potu'  sceller  leur  marlyre  |)ar  le  saint  baiser 
de  [)aix,  ils  se  trainèr(>i»t  où  le  [leuole  les  de 
mandait.  Ils  y  re(;urent  tous  la  mort  sans  i'iiie 
le  moindre  mouvement,  el  sans  laisser  échap- 
per la  moindre  plai!ile,pas  nuMU(>  un  soupir. 

Satui'o,  suivant  la  vision  qu'avait  eue  Per- 
pétue, qui  Tavail  vu  arriver  \e  ])ri'mier  au 
haut  de  cette  échelle  mystérieuse,  l'ut  aussi 
le  premier  qui  expira.  Per|)étui'  le  suivit  :  elle 
était  maliieureusement  tombée^  entre  les 
mains  d'un  glatliateur  maladroit,  dont  la 
main  tremblante  et  peu  assurée  la  taisait 
l«iiguir,  en  ne  lui  faisant  que  de  légères 
blessures.  Elle  fut  donc  conliainle  de  con- 
duire oUe-mème  h  sa  gorge  l'épéo  de  cet 
apprenti,  lui  marquant  l'endroit  où  il  devait 
la  plonger,  ce  qu'il  lit.  Peut-è>re  qu  u^je 
femme  si  merveilleuse  ne  pouvait  mourir 
autrement,  et  que  le  démon,  qui  la  craignait, 
n'aurait  jamais  osé  atlenter  à  sa  vie  si'^elle- 
mômc  n'y  eût  consenti. 

C'est  le  7  m«rs  que  l'Eglise  honore  la  mé- 
moire de  sainte  Perpétue  et  de  ses  compng  ions. 

PERSÉCUTIONS.  La  vérité  est  J'éternel 
martyr  d'ici-bas;  la  sagesse  et  l'expérience 
des  nations  le  savent.  Quiconque  a  dans  sa 
pensée  une  idée  féconde  pour  le  bonheur  de 
ses  semblables  poi  te  avec  lui  un  brevet  de 
persécution.  Les  Juifs  de  tous  les  temps  lui 
melliont  à  la  main  un  sceptre  de  ros» au,  au 
front  une  couronne  d'épines;  ils  le  cloueront 
à  la  croix  du  mépris;  ils  lui  cracheiont  au 
visage.  Et  les  sages  panni  les  hommes,  et 
ceux  qui  sont  prophètes  de  sciences,  apôtres 
d'améliorations,  créateurs  de  systèmes,  se 
l)laignenl  du  sort  qui  leur  est  fait  1  Ames  fai- 
bles, homnies  de  peu  de  foi,  levez  les  yeux 
et  voyez.  C'est  un  Dieu  qui  n'a  pas  voulu 
s'all'ranchir  de  la  loi  comuunie;  sur  le  som- 
met du  (lolgotba  expire,  sur  le  bois  des 
suppliciés,  celui  qui  apporte  au  monde  la 
vérité,  la  vérité  suprême,  le  code  des  croyan- 
ces, la  source  de  tout  progrès,  le  salut  et  la 
luQjière  des  siècles  et  des  nations,  en  un 
lïH)t  l'Evangile.  Oui,  ce  supplicié,  c'est  le 


(LU  414 

Eils  de  riiomme  el  du  Irès-Haul,  c'est  Jésuj»- 
Cbrihl,  c'i'i»!  uu  Dieu.  Auvhi  lu»  uiurts  buc- 
teul  de  leurs  loudie/iu\,  la  terri;  iKiubU)  et 
s'eiilr'ou.  re ,  le  Ifuinerro  éclalc  tlaiii  loj* 
tuào.  loul  est  «ousounué; c'est  lu  sa;n{d'uu 
l)ie(j  ipii  ouvre  .(!il('Voie  de  per^<'culiUU« 
dans  h.  pu;de  nou.s  alluuj»  pus  a  pa^  suivre 
son  Eglise:  car  coux  qui  vont  poiler  nu 
lilniide  les  Ventés  ipi'ds  (jMl  re^u(;.>  ije  lui 
\onl  élit!  traités  par  lu  mouilo  couiiiu;  il  I'a 
été  lui-même.  A  eux  los  croiv,  Icji  gluives, 

les  (  hevalels;  à  eu\  les  bêles  féroce:»  et  luS 
bi»urr»au\  ilu  Icjules  les  nations.  La  vciilé 
est  le  martyr  éternel  (J'ici-bas;  a  tous  ce» 
mailvrs,  l'euqtirc  du  UKiiid  .  Siiivoiis-le:)  un 
supplice,  suivons-U's  ù  la  Iraco  de  leui'  iaiij^ 
gloru'Ui  depuis  le  (iolgollia,  où  meurt  lo 
Cnrist,  jus  , n'a  nos  jours;  suivonj>-les,  ils 
vont  a  lu  (oiKpiêlc  de  1  univers. 

Aussitôt  la  mort  du  Christ,  lo  sang  qu'il 
avait  vcisé,  rusée  féconde,  n'était  {tas  en- 
cure  ell'acé  des  mains  de  ses  bouireaux  que 
dc-jà  ses  apùlres  payaient  à  la  vériié  leur 
tribut  de  suuifraiice  el  leur  tribut  (J.-  >aug. 
A  Dieu  les  mystères  de  sa  jiruvideiice  et  Je 
ses  desseins;  h  nuus  i'admiralion  du  ses 
leuvres;  à  nuus  de  nuus  incliner  devant  la 
fagun  miiaculeuse  uo.it  ses  ouvriers  travail- 
leut  et  lécoiideal  la  vigne  qu'il  leur  a  cun- 
liée.  Suivuiis  donc  l'Eglise  dans  celte  vuic 
glurieuse  uù  chaque  murt  est  un  triomphe, 
uù  chaque  goutte  de  sang  est  une  semence 
pour  la  iiioision  de  l'élernilé  que  Dieu  l'ail  par- 
mi lésâmes.  Suivons  les  saints  et  les  sauUesqui 
voutcumbattrc  pour  la  loi.  Compton.s-les,  si 

nous  le  pouvons;  ils  sont  nombi  eux  cumiue  les 
grains  dans  les  sillons:  nous  ne  lo  pouvons 
pas.  Lnjour,  dans  iegrenier  deceluiqui  lie 
les  gerbes  cl  les  ramasse  jiour  son  éter.iité, 
nousies  venons, nousiesconnailrons,  elDieu 
nous  dira  au  jour  de  son  grand  jugement  : 
Tenez,  mes  hls  et  mes  martyrs,  regardez  et 
voyez  :  c'est  moi  qui  suis  la  venté.  La  vérité, 
l'élernel  martyr  de  la  terre,  est  votre  cou- 
ronne et  votre  récomisense  aux  cieux. 

DaMS  cet  ariicle,  qui  ist  bien  certainement 
le  plus  général  de  noire  Dictionnaire,  le  lec- 
teur ne  trouvera  pas  de  détails.  Le  sens  qu'il 
a  des  choses  doit  le  lui  avoir  indiqué  avant 
que  nous  ne  ie  lui  ayons  dit.  Nous  ne  pou- 
vons parler  des  persécutions  qu'à  un  point 
de  vue  très-général.  Cet  article  seia  un  ca- 
dre, un  canevas,  uie  synopso,  si  l'on  veut  ; 
mais  nous  esquisserons  à  grands  traits.  Nous 
devons  pr.;ceuer  ici  par  l'ensemble  et  parles 
masses,  puisque  dans  le  reste  de  notre  tra- 
vail nous  avons  procédé  par  les  détails.  Il  y 
a  entre  un  dictio  înaire  et  entre  un  ouvra  "^e 
sui—'    ^" "      *      -■  •■   •         ....       o 

séci 

a  Cuuc  un  eaïuce  qu  on  eiuUie,  qi 

nioiceau  per  morceau,  pierre  à  pierre,  pour 
ainsi  une  :  c'est  ie  dictionnaire  ;  et  entre  un 
édihce  qu'on  étudie,  qu'on  voit  en  masse  et 
dans  l'ensemble  :  c'est  l'histoire. 

Dans  cet  article  nous  ne  suivrons  point 
les  divisions  données  par  les  auteurs  tou- 
chant les  persécutions.  Nous  ne  vovons  pas 
que  ce    qui    a  été  fait  oblige  et  lie  qui  veut 


1  eiure  un  Uictio  înaire  et  entre  un  ouvra  "^e 
5iiivi,  comme  notre  Histoire  générale  desper- 
iécutions,  par  exemple,  la  difl'érence  qu'il  y 
i  entre  un  édiiice  qu  on  étudie,  qu'on  voit 


*Si 


PER 


PER 


456 


faire.  D'nillcars  ces  divisions  sont  vicieuses. 
F.Tlro  t^^llo  et  telle  fierst^cntion,  classées 
toutes  (leu\  snus  tels  et  tels  numéros  d'ordre 
qui  se  suivent  unilairoini>'il.  nous  ei  trou- 
verons peut-tMre  ((ui  n'auront  pas  étt;  nien- 
tio'inées.  Dans  les  volumes  déjh  [)ul)liés  de 
notre  Histoire,  n'avons-nous  pas  fait  ainsi  à 
l'aille  de  JocunKMifs  nouvenvix? 

Il  no  'S  sera  indispensable  de  répéter  son- 
vi'nl  ici  ce  qui  aura  été  dit  dans  les  articles 
particuliers,  h  cliaquc  mnrlvr,  à  chatpie  per- 
sécuteur, à  chaque  lieu.  C'est  un  inconvé- 
nient commun  k  tous  les  ouvrages  du  môme 
genre  que  le  nAtre,  où  l'auteur  doit  éviter  la 
trno  grande  fréquence  (\  s  renvois,  sous 
peine  de  hacher  son  style  et  la  lecture,  de 
lati^uer  l'attention  du  lecteur,  et  de  l'ame- 
ner h  fermer  le  livre  par  dégoût  de  la  forme. 
Nous  ne  pourrons  pas  ce  tendant,  parce  que 
nous  ne  le  devons  pas,  fiire  dans  cet  article 
une  histoirt-;  non,  nous  verrons  les  persé- 
cutions d'en  haut  d'une  façf»n  j^énérale,  sur- 
tout duis  leurs  causes,  dans  leurs  ell'ets  gé- 
néraux. Nous  nous  elforcerons  <le  bien  faire; 
que  le  lecteur  ail  pour  nos  omissions  ou  nos 
finîtes  l'ind  dgeice  nécessaire  à  ([ui  [)rend  si 
lourde  t.khe. 

Par  le  mot  pcrsêrtitinn,  nous  entendons, 
dans  cet  article  ,  déï.i_j:n!'r  la'  tion  violente 
el  illicite  et  plus  ou  moins  étendue  des  pou- 
voi;S  des  peuples  ou  d'une  certaine  por- 
tion de  la  société  contre  la  religion  chré- 
tienne, dans  le  but  de  la  détruire,  el  contre 
ceux  qui  suivent  ses  doctrines. 

PERSÉCUTION    DES    JUIFS,    61)   3V. 

La  première  des  persécutions  contre  les 
chrétiens  eut  pour  auteurs  les  Juif-.;  elle 
éclala  peu  de  temps  après  la  morl  du  Sau- 
veur, en  l'année  .'JV.  Lfs  nlus  ardents  pc"sé- 
culeurs  étaient  les  |)harisiens  el  les  saddu- 
céens.  Mais  |)armi  tous  ci-ux  ipii  y  prirent 
pari,  le  p!us  achainé  fut  Said  dep"uis  s.;\jiit 
Paul).  Lui-même  l'avoue  {.ici.  vvvi,  10,  Il  : 
J'ai  mis  en  prison  plusieurs  des  saints,  selon 
le  pouvoir  f/ue  j'rn  (liais  reçu  tirs  princes  dis 
prrlrrs;  rt  lorstpïnn  les  faisait  mourir,  j'at 
donné  mon  consentement.  Et  souvent,  allant 
dans  toutrs  Irs  sj/tuv/of/Kes,  je  1rs  tourmentais, 
je  les  conlruiijiKiis  de  ùlaspheaicr,  et,  irrité  de 
])lus  en  plus  contre  eux,  je  les  persécutais 
jusffue  dans  lis  villes  étram/ères. 

Saul  l'Ulrail  ilans  les  maisons  des  chré- 
tiens, en  arrachait  violpinmenl  les  hommes 
et  les  f.'innies.  les  ch.Hgr.iif  de  chai  les  et  les 
tramait  en  prisnii.  (.)ii  voii  dans  les  Actes 
des  apôlres  comment  il  prit  part  à  la  mort  de 
.«•ainl  KiieiM-'.  ;.;;udanl  lui-même  les  habits 
de  («'ux  (pu  le  la|)idaienl.  On  sait  aussi 
comment  Dieu  convertit  sur  la  roule  de  Da- 
mas ce  viujciii  neiséiiili'ur  de  son  Eglise,  et 
comment  il  en  hl  un  des  piliers  les  itius  so- 
lides de  l'édilice  qnil  avait  pris  à  tAche  de 
renverser. 

On  ne  sait  pas  combien  au  juste  dura  cette 

Rerséculion,  ni  c(»mbien  elle  lit  de  victimes. 
DUS  sommes  siks,  par  le  passnge  ipie  nous 
nu»ns  cité  des  Actes  de^  apôtres,  ipi'il  v  eut 
un  certain  nombre  de  chrtJiieus  conduiunés 


à  mort.    Beaucoup   furent   emprisonnés   et 
torturés  de  diirérentes  manières. 

Si  celte  première  persécution  contre  l'E- 
glise ne  fut  pas  aussi  violente  qu'elle  aurait 
pu  l'être,  il  faut  en  attribuer  la  C'iuse  non 
pas  h  la  bonne  volonté  des  Juifs,  mais  à  la 
défense  qui  leur  était  faite  jiar  le  gouverne- 
ment rnmain  d'»  ne  condamner  personne  à 
morl.  Quand  ils  f.iisaient  moi.'rir  quehiuc 
(chrétien,  le  [»lus  ordinaireiijent  c'était  en 
violant  cette  déi'ense.  Ainsi,  (juan  1  Ananie 
fit  mourir  saint  .lacquc-  le  .Mineur,  il  outre- 
passa le  droit  (pi'avaient  les  Souverains  pnn- 
liies  d'assemblt-r  le  sanhédrin,  sans  en  pré- 
venir le  proconsul,  et  de  coiulamner  quel- 
qu'un à  la  peine  de  m^rt.  Aussi  fut-il  d  •- 
posé  pour  avoir  agi  comme  il  le  lit  dans 
celte  circonstance.  Quel'juefois,  cependant, 
les  gouverneurs  romains  leur  aband  >nn  lient 
les  accusés,  en  leur  perm  tlaiit  de  les  juger 
suivant  leurs  lois.  Alors  la  rage  de  ce  pou- 
[)le  cruel  et  persécuteur  ne  faisait  aucune 
gr.ke.  Ce  fut  en  voyant  l'abus  que  faisaient 
les  Juifs  de  cette  [)eriuission  parfois  oclr.>yée, 
que  les  proconsuls  ne  l'accordèrent  que  très- 
rarement.  Le  plus  souvent  ils  s'emparaient 
directement  des  causes  (pie  les  JuiiS  vou- 
laient retenir  et  leur  enlevaient  les  accusés. 
Ce  fut  la  coud  lito  que  tinrent  les  Romains  à 
l'égard  de  saint  P.iul,  en  l'arrachant  des 
inauis  des  Juifs  qui  voulaient  le  tuer,  cl  en 
rtiivoyant  au  proconsul. 

Quand  il  ne  leur  était  pas  permis  de  punir 
de  mort,  ils  usaient  largement  et  avec  féro- 
cité de  la  faculté  (pion  leur  ai.cordail  din- 
lliger  des  su|)plices  à  ceux  qu'ils  voulaient 
j»unir;  c'est  ainsi  (pi'ils  fjisaient  battre  do 
vei\.;('S,  (piil-.  lapidaient;  c'est  ainsi  qu'ils 
allaient  dans  les  synagogues,  s'emparanl  des 
femmes  des  chr.'liens  pour  les  outrager  el  les 
louetier  publiquement. 

Ils  t  îchaienl  par  toutes  les  manières  possi- 
bles de  tourmenter  les  chrétiens  ;  ils  les  ban- 
ni.s>aiinl  de  leuis  villes  el  leur  donnaient  des 
malédiclions  dans  leurs  synagogues;  ils  les 
maudissaient  trois  fois  par  jour  en  les  a;)|ie- 
lanl  nazaréens  :  c'est  le  nom  iiue  les  Juifs  de 
ce  lem()s-là  donnaient  aux  disciples  de  Jé- 
sus-Christ. D.ins  tous  les  endroits  où  il  était 
(picsliun  oc  les  pcisécuter,  ils  so  montraient 
toujours  les  premiers  el  les  plus  arde:its. 

Non  cunttMits  de  [lerséciilm-  les  chrétiens 
eux-mêmes,  les  Jiiifs  voulurent  se  rendre  en 
queli^ue sorte  leurs  persécuteurs  en  tout  11  nips 
et  en  tous  li(ni\,  en  les  rendant  odieux  à  1^ 
lerre  entière.  Ils  choisirent,  au  rajipoil  de 
sarnl  Jusiin,  ilesémissaiicstpiilsenvoyèreiil 
dans  toule>  h  s  villes  imporl.uiti's  de  l'empire, 
pour  pi.blier  qu'il  s'elail  élevé  une  s. de 
nouvelle,  dont  les  adepics  |trenaieiil  le  noiu 
(le  chrétiens;  (|ue  celte  s«H'le  provlamait  l'a- 
Ihéiiiue  el  atlaijuail  toutes  les  lois.  Ils  di- 
saient ([ue  son  auteur  élail  un  certain  iiu- 
po>teur  <.e  tlalih'e,  nommé  Jésus,  (pi'ils 
avaient  fait  mourir  en  croix  pour  ses  crimes. 
Ils  ajoulaient  (pie  ses  disciples,  étant  venus 
la  nuit  enlever  son  C(U'ps,  avaient  publié 
qu'il  était  ressusi  itt'  et  mont»  aux  cieuv-  Ils 
d'pci^uaiunl  la  doctrine  de  Jésu>-Clirisl  suus 


î, 


4.-i7  vm 

di^s  cniiliuis  lollos  (juc  ceux  qui  ne  la  rou- 
ii.ussaiciit  i»;ts  (l('V)ii('iil  m'crssrtircinctil  la 
»|i'l(«slt>r  cl  1  avoir  i'M  lion  cm-,  sur  Ir  noiliait 
<|u'il.s  Unir  on  Ihisaicit.  'roules  les  calniu'iirs 
r(''|ianilu(vs  i>l  diMiilôrs  (l(«|mi.s  suf  le  (i)iiip((i 
«1rs  clircHifiis  oui  luis  leur  soiirn'  dans  n-s 
(tdoimiics  dos  Juiis,  l,a  iiiauvaisc  iin|)rrs- 
sioii  proiiiiili'  parées  émissairesn'c'l.iil  pas,  dit 
<)rii;«Mi(',  eneoie  ell'acée  deux  eeiils  all•^  apri^s. 
On  préleilii  tpu^  les  Jinl's  pitssédeiil  ciieofe  à 
>V((niis  une  des  lellres  ipii  l'iii-enl  alors  v^\- 
vo\  ées  parloiil  l'ontre  Jésiis-dluisl  (-l  ses  dis- 
ciples. 

Les  aeeusalions  coudre  los  chifMie'is  ayant 
iris   levir  source    daus    les   ral(iuud(>s    des 
iiil's,  nous  allons  cv|)«ser  ici  en  al)r(''gé  relies 
(jn'on  iant;ail  le  plus  smiN'cnl  conli-c  cu\. 

On  les  aeciisail  parl'ois  d'(Mrc  alliées,  nar- 
it)is  d'atlorcr  lu  soleil,  ou  la  UHo  d  un  Ane, 
ou  des  chos(>s  infAines,  ou  hicM  («nootc  la 
i'roix  ellc-niéiuc.  On  disait  d'eux  cju'ils  rni- 
naiiMit  11*  lihro  arltilrc  de  riioiuuio  on  fai- 
sant dépendre  ses  ael'io'is  dv.  Dieu:  d'autres 
l'ois,  (pi'ils  clai(Mil  des  paresseux  inutiles  au 
genre  Iniiuain.  P.n-ee  (ju'ils  ne  rciidaie  il  pas 
«u\  princes  les  honneurs  divins  ipie  leuire- 
îi^iou  connuand(>  d(>  ne  rcidie  (ju'à  Dieu 
seul,  on  les  accusait  du  crime  de  lèse-ma- 
jesté; on  les  disait  oiincniis  publi(;s,  et  so'i- 
geanl  h  renverser  les  pouvoii-s  établis  pour 
ionder  u!ie  uionanhie  nouvelle.  Arrivait-il 
queU[uc  malheur  public,  qiielquo  grand  dé- 
sastre, queUiuo  calamité,  c'étaient  les  chré- 
tiens qui  en  étaient  chargé^;.  On  disait  que 
dans  leurs  mystères  ils  mangeaient  en  com- 
mun la  chair  d'un  onl'ant  ([u'ils  immolaient 
sur  l'autel.  On  supposait  que  dans  leurs  réu- 
nions ils  se  livraient  à  tontes  sortes  de  dé- 
bauches cl  (\Xi  tur|)iludes.  D'un  autre  côté, 
on  ne  pouvait  souH'rir  (ju'ils  vécussent  sépa- 
r('s  lies  hommes  qui  n'élaieid  pas  de  leur  re- 
ligion, chose  que  h^s  nécessdés  de  ce  temps- 
là  rendaient  inévitables.  On  les  appelait  une 
troisième  espèce  d'homme:-,  disant  qu'ils 
n'étaient  ni  Juifs,  ni  Romains.  Leurs  enne- 
mis allait  lit  même  jusqu'à  leur  rendre  (sous 
prétexte  de  les  accuser,  et  sans  s'apercevoir 
combien  ils  manquaient  leur  but]  le  plus  bel 
hommage  possible,  en  disant  qu'ils  étaient 
des  imprudents,  voulant  conquérir  le  monde 
à  leur  doctrine,  eux  qui  n'étaient  que  des 
hommes  ignorants  et  de  basse  extraction, 
capables  tout  au  plus  de  s'attirer  le  menu 
leuple  en  l'intimidant  par  des  menaces,  en 
e  rendant  victime  de  la  magie. 

Telles  furent  les  calomnies,  tels  furent  les 
mensonges  que  les  Juifs,  impuissants  h  tuer 
tous  les  disciples  du  Christ,  répandirent 
dans  le  monde  pour  les  avilir  et  les  discré- 
diter. Eh  bien  !  ces  contes  absurdes,  mille 
fois  réfutés,  produisirent  un  effet  inimagina- 
ble contre  les  chrétiens.  Nous  les  verrons 
exercer  encore  leur  influence  après  plusieurs 
siècles  écoulés.  Le  blé  pousse  moins  vite 
que  les  mauvaises  herbes  ;  l'erreur  est  plus 
Vile  acceptée  que  la  vérité;  on  modèle  plus 
vite  en  plAtre  qu'on  ne  taille  en  marbre. 

L'histoire  de  cette  persécution  portj  avec 
elle  de  grands  enseignements.  Ce  fut  la  [)re- 

DlCTIONN.    DK8    PkksÉC.I  TIONS.    IL 


ri:i\ 


VA 


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mière  dirinée  rontm  ^l■'.^li^e  de  Dieu  ;  il  fid- 
li\il  qu'elle  résniuAt,  pour  ainsi  dire,  toutes 
les  .iiiiecs,  alin  de  niordrer-  aux  apôlrcs  et  ft 
li'urs  sM('c<'-.M'Mrs  coMinient  Ms  dmaicnl  souf- 
frir, j>ar  l'Ame  cl  par  le  »  oips,  conime  avait 
l'ail   jésns-ChrisI,    igiiiMiiinii'Use(Meid    dailt') 
pai'  1rs  Juifs  cl  ensnile  nos  eu  croix.  Il  fal- 
lait (]ue  les  siddals  «le  l'I-^liNc   .sussenl  bicil 
(pn-  la  voii;  dans  laipielle  ds  .ill.ijcnt  coiu- 
ballre  était   noti-seuleminit  san,L;l.uile,   niaiM 
encoïc   ignominieuse  aux   yeux  du  moudf*. 
Il  ('tait  important  (jue  dès  )(•  comnKniccnKnil 
loides  les  armes  fussent  innployées,  les  ar- 
mes ipii  tuetU,  connue  le  glaive,  cl  celhvs  (pii 
lendenl  à  avilir,   connue  le  mensonge  et  la 
calomiûe.  VA  de  l'ail,    l'Mglise,   (le|)iiis  Njis 
jus(pi'à  nos  jours,   a   vu   cetlt;  perséculi(jn, 
type  ou  propli('li(;,  Comme  oti  voudra,  s(!  ré 
péter  sa<is  cesse.  Souvent  à  la  fois  la  persé- 
cution  sanglante  cl   la   persécution  morale 
l'ont    atta(piée;   puis    ensuite,  lanUH  l'une, 
(nnliH  l'aidre.   De  n()lr(*  temps  les  persécu- 
tions sanglantes  soid  rares  ;   à  pari  \)'i,  qui 
ne  voulait  lieii  avoir  h  envier  aux  épo(pji;s 
les  plus  révoltantes  de  l'anli.iniié  païenne' ; 
à  part  ces  jours  de  deuil  où  les  Néron,  les 
Caligula,  les  Tibère,  furent  distancés  en  in- 
famie et  en  atrocit(''  par  nos  révolutionnaires, 
aucune  époipie,  depuis  longues  années,  ne 
nous  montre  la  persécution  sanglante  contre 
l'Kglise;   mais  la  persécution  morale  a  con- 
tinué. Le  monde  est  en  deux  (-ampsice  no 
sont  [)lusles  Juifs  dans  l'un,  et  des  chrétiens 
dans  l'autre:  ce  sont  des  chrétiens  dans  l'un 
et  dans  l'autre.  Quand  nous  serons  arrivés  à  par 
lerdenotreépoque,  nous  aurons  à  dire  pour- 
quoi et  comment  il  se  fait  (jue  la  moitié  d'une 
sociéléchrétienne  persécute  l'autre  moitié.  De 
nosjoursla  persécution  morale  est  incessante. 
La  ])ersécution  de  laquelle  nous  parlons 
cessa  par  le  fait  de  la  défense  que  fit  Tibère 
de  persécuter  les  chrétiens.  Nous  avons  déjà 
dit  qu'on  ignore  combien  de  temps  elle  dura 
précisément.  La  mort  de  saint  Etienne  l'ou- 
vrit ou  à  peu  près;  il  est  probable  que  la 
conversion  de  Saul  ou  saint  Paul  en   dimi- 
nua la  violence. 

PERSÉCUTION   d'aGRIPPA. 

Tibère  venait  de  mourir;  il  avait  plu  à  ce 
tigre  d'empêcher  qu'on  continuât  de  persé- 
cuter les  chrétiens.  La  clémence  et  la  ius- 
tice  dans  une  pareille  âme  1  C'est  le  fait  de  la 
providence  de  Dieu,  qui  seul  a  le  secret  de 
ses  desseins  éternels.  Caligula  venait  de 
monter  sur  le  trône  :  il  rendit  à  Agrippa  II 
la  couronne  de  son  père.  Agrippa  arriva 
donc  en  Judée.  Un  de  ses  premiers  soins  fut 
de  chercher  à  se  concilier  l'affection  des 
Juifs.  Les  rois  de  celle  famille  ont  eu  un  triste 
destin.  Ces  Hérodes  {voy.  Agrippa)  étaient 
bien  serviles  :  le  premier,  celui  qu'on  est 
convenu  d'appeler  le  Grand,  consent  à  don- 
ner la  tète  de  saint  Jean-Baptiste  pour  s'atti- 
rer les  bonnes  grAces  d'une  jeune  tille,  Hé- 
rodiade,  dont  la  danse  l'a  charmé.  Il  lui 
avait  promis  ce  qu'elle  demanderait.  La 
jeune  tille,  quel  cadeau  veut-elle"?  des  tleurs, 
des  bijoux,  une  parure,  voire  môme  de  l'oi? 

15 


459 


rv.n 


PF.R 


4  GO 


Non.  uuo  (Aie  >nii2;1n  île  dans  un  hnssin  ;  il 
la  hii  f.i'it.  là.  Mevaiil  cik",  ollo  veut  qu  on  In 
ini  préscnto.  Et  rollo  l«Mo,  le  roi  la  «lonrn'. 
rlle  a  si  hiiMi  <lniis<''  HiTodiarlc  !  Le  socotid 
HtVodo.  lui.  veut  s'jiHirrr  les  honnos  gr.Urs 
dcsJuifs;  nnlleur  d'un  ppujdo,  il  va  satistiuro 
comme  le  promior,  non  plus  des  caprices 
sanguinaires  entés  sur  des  vengeances  de 
femmes,  mais  des  fureius  inijOacahles.  Lo 
peuple  i|ui  hait  est  utie  bêle  fi-rocc  Les  Juifs 
voulaient  le  san;j;  des  chrétiens.  Agrippa  leur 
en  donn(\  il  persécute  les  chrétiens.  11  fait 
mourir  saint  Jacques  le  Majeur,  et  avec  lui 
celui  qui  Ta  dénoncé  parce  qu'il  se  dit  chn''- 
tien,  touché  (piil  est  des  sublimités  du  cou- 
rage de  saint  Jacques.  H  n'éjiari^ne  pas  les 
victimes  h  ce  peuple  qui  demande  le  san^^ 
chrétien  comme  les  Uomains  demandaient 
les  gladiateurs,  les  bètcs  féroces  et  toutes 
les  atrocités  du  cirque;  mais  il  ne  s'arrête 
pas  h  frapper  ces  chrétiens  inconnus  :  il  a 
lait  mourir  saint  Jacipies  le  Majeur,  il  lui 
faut  quehpic  autre  colonne  de  l'Eglise.  Il 
fait,  dans  la  môme  année,  en  iV,  emprison- 
ner saint  Pierre;  il  le  destine  au  supplice. 
Mais  Dieu  ne  ])crmet  pas  que  tous  les  des- 
seins des  hommes  s'accom[)lissent  ;  il  faut 
qu'ils  soi<Mit  d'accord  avet^  les  si<>ns.  Un 
ange  vint  délivrer  saint  Pierre.  La  persécu- 
tion d'Agrippa  ne  dura  qu'un  an  ;  elle  (init 
en  45.  Tout  porte  h  croire  qu'elle  ne  fut  pas 
aussi  violente  que  celle  (jui  sévit  du  temps 
do  saint  Etienne,  avant  que  Tibère  eût  rendu 
un  édit  ordoiHianl  de  cesser  de  poursuivre 
cl  de  condam-ier  les  chrétiens.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  qu'elle  fut  beaucoup  moins 
longue.  Faut-il  l'attribuer  h  la  volonté  d'A- 
grippa? No\is  ne  le  croyons  pas.  Il  est  |)roba- 
hle  (jue  les  Uomains,  jaloux  de  leurs  privi- 
lèges de  suzeraineté,  n'auront  pas  voulu 
(pj'u'i  roi  leur  vassal,  qu'un  roi  qui  était 
soumis  à  l'autorité  d'un  [)roconsul,  |)rit  sur 
lui  de  rendre  des  arrêts  de  mort.  Ils  auront 
signifié  à  Agrippa  d'avoir  à  cesser  de  persé- 
cuter les  chrétiens.  A  cette  épo(pio,  la  reli- 
gion chrétienne  n'avait  pas  encore  pénétié 
Iden  loin  dans  l'empire.  Home  ne  la  connais- 
sait pas,  ou  du  moins  fort  peu.  Les  Uouïains 
ro'ifoidaieul  les  chré-tiens  avec  les  Jiiifs. 
Pour  eux,  la  doctrine  nouvelle  n'était  qu'une 
forme,  qu'une  dissidence  de  la  religion 
juive.  Pour  eux,  les  [lersécutions  (pi'fxc"!'- 
(;aient  les  Juils  contre  1rs  chrétiens  consli- 
luaienl  sim[)lemeiil  des  troubles  qu'ils  n'ai- 
maient pas  h  voir  exister  entre  les  sujets  de 
l'empire. 

Ces  deux  perséc\itions,  exercées  par  les 
juifs  contre  les  chrétiens,  eureii!  pour  résul- 
tat de  propager  l'Evangile.  Ceux  (|ui  fuie  il 
bannis  des  villes,  ceux  rpii  s'exilèrent  volon- 
taireiueiit.  allèrent  porter  par  toute  la  terre 
la  semenee  évangèlupie.  .Viii.si  ferait  un 
homme  qui,  pour  le  détiuire,  jetterait  au 
veiildubli"  dan>le.s  silIoii>labi!iirés.  L'houuiie 
préparerait  la  ruini',  it  Dieu  l.r.iit  uemu'r 
cl  grandir  la  moisson. 

pr.ns^;c,jTloN  pf.  >Kno\. 

Tibère  nvait  ordoimé  qu'en  Judée  on  ces- 


sai de  persécuter  les  chrétiens.  Sous  Cnli- 
gula  ,  on  ne  voit  pas  <\nr  rien  ait  été  fait 
contre  eux  :  au  contraire  ,  il  est  |>robal)le 
rpie  ce  prince  ou  ses  lieutenants  intimèrent 
cl  Agrippa  de  cesser  la  persécution  qu'il 
avait  commencée  en  ïï.  Des  empereurs  ro- 
mai'is  NiTon  f'it  le  premier  rpii  persécuta 
l'Eglise.  Il  en  était  parfaiteine-it  digne.  Que 
poinail  laisser  intact  dans  l'empire  la  cruauté 
de  ce  monstre?  On  sait  pounpioi  Néron  dé- 
testa les  chrétiens.  Saint  Paul  et  saint  Pierre 
avaient  converti  grand  nombre  de  personnes 
dans  son  projtre  palais.  Une  concubine  qui 
lui  était  chère  et  un  échanson  avaient  été 
touchés  par  la  parole  sainte  :  Néron  résolut 
la  vengeance. 

La  doctrine  nouvelle  était  pure  autant  que 
la  religion  paienne  l'était  peu,  autant  que 
l'enij-xM-eur  lui-même  était  inf;\me.  Il  voyait 
ses  scandales  ,  ses  désordres  ,  ses  vices  d(! 
toute  espèce  stigmatisés  par  la  sublime  pu- 
reté des  chrétiens.  Leur  religion  prêchait 
toutes  les  vertus;  il  était  un  assemblage  do 
tous  les  vices.  Quand  les  prédications  des 
a|)ôtres  vinrent  s'attaquer  à  ses  passions  en 
leur  enlevant  un  des  objets  destinés  ji  les  sa- 
tisfaire, il  ne  se  contint  plus.  La  persécution 
était  décidée  au  fond  du  ca>ur  du  tyran. 
Peut  être  alors  vinrent  les  prétextes.  Quelle 
était  cette  religion  nouvelle  qui  envahissait 
l'empire,  qui  menaçait  de  renverser  de  leu.-s 
autels  tous  les  dieux  du  paganisme  et  de  re- 
nouveler la  face  du  monde?  Quels  étaient 
ces  novateurs  audacieux  venant  refaire  I'umi- 
vre  des  siècles  ?  Qu'allaient  devenir  les  ba- 
ses sociales,  lois  et  coutumes  ?  Fallait-il  (pic 
l'empereur  vit  d'un  umI  inditrérent  des  choses 
si  graves?  La  passion  avait  dicté  la  conduite 
h  tenir.  Néron  se  prononça  peut-être  en  ap- 
parence d'après  le  conseil  des  prétextes  :  il 
commença  à  emprisonner,  à  persécuter  lt>s 
chrétiens;  mais  sa  fureur  criminelle  gran- 
dissait tous  les  jours.  Dans  un  de  ses  accès, 
il  eml)rasa  Home;  la  sublime  horreur  do 
l'incendie  réjouissait  son  cœur.  L'empire 
tout  entier  (it  entendre  un  cri  de  malédiction 
c<tntre  l'empereur  incendiaire  ,  contre  le 
destructeur  des  monumeîits  de  la  patrie,  con- 
tre l'assassin  de  ses  sujets.  Néron  voulut  se- 
couer riiorreur  d'inu;  pareille  action.  Les 
chrétiens  étaient  généralement  détestés  :  ou 
les  regardait  ,  ainsi  que  Tacite  et  Suétone 
en  témoigiuMit  ,  coii.'iue  capables  de  tous  les 
crimes.  Néron  voulait  se  venger  de  la  con- 
version de  sa  concubine  :  il  les  accusa  d'a- 
voir brOlé  Uome  :  personne  n'y  crut.  Qu'im- 


porte? nul  n'osait  le  dire  au  tyran;  neut- 
êl!-e  |iul-il  penser  qu'il  avait  fait  prenure  le 
change.  Quest-ce  (lonc  ,  grand  Pieu  !  que  la 


vertu  ,  et  (piel  est  donc  son  ascendant  ?  Un 
homme  comme  Néron  n'ose  pas  luer  les  saints 
pour  lui  avoir  ei;li>\é  sa  concubine;  il  les  ac- 
cuse d'incendie. 

Il  appartenait  bien  h  ce  j>liénomèno  do 
cruault'  de  f.ure  ce  que  jamais  tyran  n'avait 
encore  imagine  conin»  des  hommes.  Néron 
lit  prendre  une  mullilUile  de  chrétiens  et  les 
lit  mourir  dans  des  divertissinnents  (pi'il 
donnait  au  peuple.  On  revêtait  les  uns  «le 


UA                                Vi.W  VI  \\                              u;i 

(X'iuix  ili'  IhMcs,  poMi'  li's   l'.iiif  (li-(  hiirr  par  (jn'il  se  fui  cniivril  de  («MIS  les  criiiU'.H  irnn- 

«Ics  fil  ICI  is;  (III  en  iiiclUiil  d  ,111  Ires  eu  i  ruix,  ;;  11 1,1  h  le  s,  (|ii'il  se  lut  «vili  [i.'ir  (nus  les  vicos, 

ll(viii('oii|)  fiirciil  iMidiiils  (|i>  rlif,  de  |mii\  ot  il  mit  le  iiiiiildr  .'1   |,i  iih>siii'(>  en   faisntil  drs 

iraulifs    iiiali(''irs   (•(imlMislihlcs  ,   (l    plarivs  luis  (il  des  ('-dils  ciiiuls  contic  ri'l^lisf  ,  dn/l 

dans  les  janlms  de  N(''i()ii.  l'ii   puMi  pdiiilii,  roilrincnl    ('lalilic    d/ms    Imis    les    pavs    (lu 

aïKpifl  ils  ('•(aii'iil  allaclK's,  liMir  arrivait  .-.(ms  Mioiidr.  (!lii)s(!  (iliaii^c  !  loiii  icviciil  toujours 

l«>  iiifiiloii,  pour  (pi'il  leur  101  iinpossijdc  do  h  Dii'ii,  li>  hicii  coiiiiiir  l<-  mal  :  inysli'-rc  do 

su  liaisscr.    Puis,    le  soir  venu  ,  on  les  alla-  s/dul  et  de  d.iiiinalioii.   I.'Iiomiiiic  ipii   f.iit  lo 

mail  pour  sers  ir  de  loniics.  Ils  tclaiiaicnl  iiicii  vient   huijours  et    i-n   dn  nier  lieu  par 


Uis  iiifaiiiics  du  l^yraii ,  (pii  daiisail  nu  avec  (Jc^'ih's  jus(|u'à  Dieu,  (lu'il  pi(!iid  pour  hui  d(î 
des  rciiiDics,  ou  l»i(Mi  jouait  (Je  la  lli^le,  ou  ses  arlions  :  c'est  rii(lointioii.  I. 'lioiiMiie  (nij 
lM(«n  (Micore  coiicourail  ji  l'eX(''Culioii  de  jeu\      l'ail   le  mal  vient  aussi  ,  en   rrancliissanl  les 


tels  (pTon   les  donnait  au  cinpie.    Sik'-Ioikî  (Scindons  du  crime,  jus(pj'à  |)i(!u,  «pi'il  prend 

npjiroiive  ( es  alroiil('s;  Tacite  lui-m("'iue  dit  pour  hul  de  ses  altarpies  (d,  dr  ses  insultes  : 

<iue    les   dirélieiis  ne  mérilaicnl  pas  un  tel  c'est  le  sacriN'-^e.  Dieu,  (orme  ol)lij;;('!  de  tous 

sort  comme  iiicendiair(>s,  mais  bien  comme  nos  actes,  l)ul  de  tout  ce  «pii  est,  vous  <^les 

ou'iemis  du  ^eiire  liumain.  la  voie  droite  ou  Ineii  l'ahîme;  vous  (^te.s  le 

Le    iMart\  r(doi;e  romain  iail ,   lo   'l't  juin,  ciel  ou  reiil'er.  J)omilien,   pouss('  par  le  (h-- 

une   menlioii   g('néiale   de  tous  ces  sainis  mon  et  par  sa  propr(!  fur(!ur,  publia  en  95, 

m;ir(_vrs.  On  sait  (]ue  la  Heur  de  ci'lte  perse-  c'est-à-dire  la  pi'iuillièiiH!  aiiiK'M!  d(!  son  rv;^iie, 

culion   l'ut   1(>   maitM'e  de  saint  Pierre  et  d(»  des  lois  et  des  ("dits  cruels  contre  les  clirc!- 

saiiit  Paul  h  Uome,  (jui  firent  marlyrisés  un  tiens  :  ils  furent  pronndmn's  dans  (oui  l'cm- 

peu  p'us  tard  ijik;  ceux  des({uels  nous  par-  pire.  La  [i(>rs(''culion  dtn'int  {^('lu'îrale,  cl  l'I']- 

loiis  ici.  j^lise  eut  à  Sdutciiii-    un  des   plus  ardents 

N(M'on  ne  se  conlenla  pas  de  faire  ])6r\\\  combats  qui  l'aient  illustr(^c. 

dans  un  a(H'ès  d'alrore  férocité  ,  une   nuiiti-  Le  livre  du  Pasteur    {Pasl.  \.  i,  c.2,^2,'.i, 

lude  de  chiétiens  h  Uome.  Non  ,  il  organisa  p.  «H),  écrit  j'i  colle  éjiofjue  à  peu  jirès ,  ra- 

Un  persiH'ulion.  Il  la  lit  faire  j^(>néralo  dans  conte  que  Dieu  avait  averti   l'Eglise  de  la 

toutes  les  provinces   de   l'empire.  II  lit  des  grande  tribulalion  (pi'olle  allait  avoir  à  souf- 

iois  ol  lies  édils  qui  durent  servir  do  rt'gle  frir,  alin  (]ue  les  clir(f'tiens  s'y  préparassent 

de  conduite  contre  les  clmHi'.Mis  ,  aux  pro-  par  la  |)ureté  du  coMir  et  par"^la  prati(fue  d(i 

c:tjsu!s,  liêulourr'ils  de  rempereui-, aux  juj;o-s  t-outes  les  vorlus.  Dieu  poat-Otre  avait  tles- 

el  autres  may;islrals.  Nous  verrons  plus  lard  sein  ,   en   mémo  temps  (juc  de  glorifier  son 

que  ces  lois  et  ces  édils  restèrent  on  activité  Eglise,  de  la  puri^er  en  quelque  sorte  de 

sous  ses  succosseur>;  n'avaiit  pas  élé  abro-  certains  membres  indignes  (jui  (mi   faisaient 

gés ,  ils  pouvaient  toujours  servir,  et  on  l'a  partie.   Déjh  (piolquos-uns  ,   dit    l'écrit  (luo 

vu  souvent,  au  ca[)rico,  au  mauvais  vouloir,  nous  venons  de  citer,  s'acquittaient  mal  (Jes 

?i  la  cruauté  dos  gouverneurs  de  province  et  saintes  fonctions  du  ministère,  i)illant  le  bien 

des  luagislrals.  des   pauvres   et   détournant   à  leur  propre 

La  persécution  de  Néron  fut  donc  gêné-  usage  ce  que  la  piété  dos  fidèles  leur  avait 

raie  :  toutes  les  j)rovincos  de  l'empire  furent  destiné.  Il  y  avait  aussi  dans  l'Eglise  quel- 

iUTosées  du  sang  dos  chrétiens.    On   peut  quos  divisions  intestines ,  quelques  antago- 

voir  dans  les    Martyrologes   les  noms  des  nismes.   La  persécution  eut  pour  eiret  de 

martyrs  que  l'Iiistoire  nous  a   transmis,  et  faire  cesser  ce  scandale  en  rapprochant  ceux 

ceux,  des  lieux  oi'i  ils  ont  souÛort.  qui  étaient  divisés,  en  éteignant  les  haines. 

Cette  i)orsécution  dura  très-probablement  L'heure  et  le  danger  du  combat  doivent  réu- 

jus(pi'à  la  mort  de  Néron.  Il  n'était  pas  dans  nir   les   solJats.   C'est  l'union  qui    fait   la 

sa  nature  do  revenir  sur  ses  ados,  si  ce  n'est  force. 

sur  les  bons.  La  mort  du  tyran  fut  une  juste  La  religion  chrétienne  était  déjà  univer- 

punition  do  ses  crimes  do  toute  soite.  (Voi/.  sellement  répandue.  Les  historiens  païens, 

son  article.)  Lactanco  dit  qu'elle  arriva  aussi  Dion,   Suétone,  etc.,  en  font  foi.  Les  pre- 

Hialheureuse  à  cause  dos  maux  qu'il  faisait  mières  et  les  principales  victime»  de  la  per- 

endurcr  au  peuple  de  Dieu.  sécution  que  suscita  Domition ,  furent  saint 

PERsÉciTiox  DE  DGMiTiEx.  Clémeutconsul,  soucousiu.  Sainte Domitillo, 

_,      .  .              ,  femme  de  Clément ,  et  sainte  Domitille,  sa 

Domition  mardia  sur  les  traces  de  Néro^,  nièce.  Le  premier  fut  mis  à  mort;  les  doux 

comme  s  il  eût  pris  h   tâche  do  se  ûiire  son  princesses  furent  exilées.  Quand  on  voit  ce 

iimlateur,  surtout  par  sa  cruauté  et  par  la  tyran  traiter  ainsi  sa  propre  famille,  on  n'est 

haine  qu  il  iiorta  aux  diréticns.  11  obligeait,  plus  surpris  de  sa  conduite  envers  les  au- 

dil&uétoue(Suet.,verb.Do.MiT.,c.  12,p.802),  très   chrétiens.  C'est   probablement  à  cette 

ceux  qui  avaient  embrassé  à  Rome  la  vie  persécution  qu'il  faut  rapporter  ce  qui  est 

des  Juits,  de  payer  les  impôts  que  l'on  exi-  dit  dans  l'Apocalypse  {Apoc.  ii ,  13),  à  la 

geait  avec  grande  rigueur  de  ceux  de  celle  louange  des  anges  des  églises  de  Pergame  et 

nation,  comme  s'ils  se  fussent  dédarés  Juifs,  de  Philadelphie  ,  qu'ils  n'avaient  point  re- 

Il  est  clair  qu  on  doit  rapporter  ce  que  dit  nonce  la  foi,  qu'ils  avaient  gardé  la  parole  de 

buetono  aux  chrétiens  :  le  style  et  les  habi-  Dieu  et  la  patience  qu'elle  nous  commande, 

ludes  dos  auteurs  de  ce  lemps-K\  le  démon-  Saint  Clément,  pape,  dans  son  Epître  aux 

Iront.  Sur  la  fin  d  un  règne  assez  long  pour  Corinthiens,  nous  dit  que  cette  persécution 

quil  eût  lait  le  malheur  de  l'empire,  après  fa  paraître  le  courage  et  la  généreuse  ai- 


4r.5 


PKR 


(leur  'l'un  Irrs-gr.inil  noinbn^  do  chr(''tiens. 
>'oii-s(Mil('mnit  Tos  lionimos,  mais  iiK^tne  les 
ff'inmos  eiiro'U  à  soulfrir  de  rudes  épreuves 
et  d'intfreux  toiinnetils. 

Sni'il  Atitipns  h  IVr^'ainc,  saint  Marr  d'A- 
tin,  et  uuo  fiMil»»  d'autres  saints  souH'rircnt 
pour  la  foi.  Saint  Jean  l'KvaniîHlistc,  raj)ôtro 
cIumI  du  Sauveur,  fut  plongé  h  Uonie ,  à  la 
porto  Latine .  dans  une  chaudière  pleine 
dhuile  houillanlo.  Préservé  miraculeuse- 
Tuonl.  il  fut  exilé  dans  Tile  de  Pathinos. 

Doniilien  ronlinua-l-il  jusipi'à  la  lin  de  sa 
vie  h  persécuter  les  chrétiens  ?  Oui,  s'il  faut 
en  croire  Lactance  Dp  wortr  i)rr.<rru(. ,  m, 
p.  i)  :  cet  auteur  attribue  la  lin  de  la  [)ersé- 
ciition  h  la  mort  de  ce  prince.  Non  ,  s'il  faut 
en  croire  Hégésippe,  cité  par  Eusébe  (flisl. 
eccl.  ,  I.  III,  c.  20,  p.  90,  et  Tcrtullien 
(Apol.  V,  p.  6).  Ces  deux  derniers  auteurs 
prétendent  rpie  Domilicn  ,  avant  de  mourir, 
avait  .irrété  la  p  -rsécution  contre  les  chré- 
tiens; ils  disent  que  ce  prince ,  qui  avait 
voulu  détruire  non-seulement  tous  les  chré- 
tiens, mais  encore  tous  ceux  qui  étaient  de 
la  race  de  David,  parce  que,  comme  Hérode, 
il  craignait  l'avènement  du  Messie,  fut  coui- 
plétement  rassuré  après  avoir  interrogé  les 
petits-tlls  de  l'apôtre  saint  Jude.  11  vit,  di- 
sent-ils, à  leurs  réponses,  à  l'étaf  de  pau- 
vreté dans  lequf'l  ils  vivaient ,  qu'il  n'avait 
rien  à  redouter  d'eux;  et  il  rendit  alors  la 
paix  à  l'Eglise  et  rappela  les  exilés.  S'il  l'a 
fait,  ce  ne  peut  étrecpie  tout  h  fait  à  la  lin  de 
sa  vie;  et  cela  paraît  même  fort  douteux,  car 
l'apôtre  saint  Jean  ne  put  (juitlerson  exil  de 
Pathmos  (ju'en  vertu  de  l'édit  de  l'empereur 
Nerva,  qui  permettait  aux  bannis  de  revenir 
dans  leur  patrie. 

Domitien  périt  assassiné,  et  Lactance  n'hé- 
site pas  h  atlribu'er  sa  mort  aux  crimes  do  it 
il  se  rendit  coupable  en  faisant  endurer  tant 
de  maux  aux  chrétiens. 

PKnSKCiTiON  ni:  thajan. 

Trajan  était  un  grand  prince  et  un  génie 
éminent.  Certes ,  si  l'on  ne  considère  les 
choses  qu'au  pfùiit  de  vue  humain,  ce  fui  un 
des  pliis  rcmaripiid)les  empereuis  qu'aient 
eus  les  Romains.  Après  tous  ces  souverains, 
qui,  à  part  Ve><pasie'i,  Titus  et  Nerva,  avaient 
avili  le  trône  et  la  dignité  iuipériale,  et  poussé 
l'empire  dans  cell(?  voie  de  décadence  poliii- 
cpie  et  moridi'  où  il  ne  cessa  de  marcher  dt>- 
puis  la  chute  de  la  rt''publi(pu> ,  Trajan  avait 
A  remplir  un  grand  rôle.  Il  voulut  être  le 
réparateur  du  passé»;  il  voulut  rendre  .'i  l'inn- 
pire  ,  ,iver  li-  vieil  éclat  roui, tin  ,  Tanuiur  de 
tout  ce  qui  jailis  avait  contribué  à  sa  gran- 
di'in\  Aussi  nul  plus  (pie  lui  ue  chercha  il 
rétablir  l'oi»servanc(?  des  anciennes  coutu- 
mes, h  rendre  aux  vieilles  lois  leur  for(  e  et 
ii  la  religion  paunine  sa  sj>lt'ndtMir.  Il  niel- 
lait sa  t^kure  l\  celte  restauration  du  |)asst'. 
Le  passé  mourait  et  h>  monde  entrait  dans 
une  voie  nouvelh»  :  Trajan  ne  le  voyait  pas. 
C'est  (pic  les  révolutions  S(M;iides  .s'opèrent 
par  la  main  de  Dieu  ,  ttonobslant  l'aiile  ou 
ropp(>sifi(ui  (In  rh(»inin»'.  Traja  i  ne  voyait 
I»a^  (pic  la  vieille  soriélé  •lait  à  l'agonie;  que 


PER  lf.i 

riiumanité  entrait  dans  un  nouvel  ordre  d'i- 
dt'es  et  de  faits  où  la  religion  païenne  n'a- 
vait aucune  solution  h  donner.  Au  iJeu  do 
comprendre  qu'il  y  avait  dans  ce  mouve- 
ment général  (pii  s'opérait  dans  le  monde 
en  faveur  du  christianisme  ,  quelque  chose 
de  prophéli(pic,  quelque  chr^se  au  moins  à 
étudier,  h  examiner  avec  soin  ,  Trajan  n'y 
vit  qu'une  tendance  coupable  h  comprimer. 
Il  i-artagcail  les  idées  gniéralement  répan- 
dues contre  les  chrétiens  Nous  avons  vu 
sous  (juelles  couleurs  les  Juifs  les  avaient 
représentés  aux  nations.  Il  les  croyait  capa- 
bles et  [K'ul-étre  coupables  de  tous  les  cri- 
mes. Il  voyait  en  eux  des  novateurs  cnn(i- 
nii^s  de  ce  qui  existait,  de  cette  religion  de 
l'Etat  qui  était  celle  du  vieux  monde  .  qui 
divinisait  les  empereurs  morts  et  vivants 
quand  ils  le  voulaient.  Les  em[>er.>urs  étaient 
pontifes  et  grands  prêtres  en  même  temps 
qu'ils  étaient  dieux;  pouvoir  S[)irituel,  pou- 
voir temporel  ,  tout  était  dans  la  main  sou- 
veraine. Trajan  et  les  autres  em[iercurs  ro- 
miins  ne  voulunnit  pas  soulfrir  l'établisse- 
ment d'une  religion  qui  prêchait  un  seul 
Dieu  maître  de  toutes  choses,  l'égalité  de 
tous  les  hommes  devant  lui;  d'une  religion 
qui  disait  (pie  la  lôte  couronnée  devait  s'a- 
baisser devant  son  Dieu  comme  la  tête  de 
l'esclave.  Ils  ne  voulaient  pas  permettre  l'a- 
vénement  d'une  religion  (pii  ne  leur  laissait 
plus  ((lie  l'autorité  des  choses  temporelles. 
Puis,  d'un  autre  côté  et  sans  qu'ils  s'en  ren- 
dissent compte  peut-être,  ou  du  moins  sans 
(pTils  consenlissent  à  l'avouer,  ils  répu- 
gnaient h  voir  régner  dans  le  monde  et  le 
gouverner,  une  doctrine  dont  la  pureté  con- 
damnait toutes  les  passions  et  tous  les  vices 
(pii  leur  étaient  chers.  Le  rigorisme  chré- 
tien contrastait  trop  avec  la  dissolution 
|)aienne. 

Du  reste,  [)our  un  esprit  logique,  dans  ce 
tem[>s-là  du  moins,  il  n'y  avait  pas  de  rai- 
lieu  :  il  fallait,  ou  bien  se  convertir  au  chris- 
tianism ',  ou  bieti  le  nersé(.'uler.  Trajan  fut 
perséciileur,  il  le  fut  durant  tout  son  règne. 

Mais  Trajan  n'était  pas  poussé  h  la  persé- 
cution par  la  cruauté.  Naturellement  bon  et 
généreux,  il  répugnait  h  la  lAche  qu'avaient 
accomplie  Néioiicl  DiMuilien.Piiis  il  avait 
trop  d  orgueil  et  trop  d'aiiKuirdesa  propre 
gloire  pour  noyer  sa  réputation  de  bon  et 
grand  princ(>  lîans  les  Ilots  du  sang  de  ses 
sujets.  Trajan  employa  toute  sa  vi(>  ,^  faiie 
un  piédestal  h  sa  mémoire.  Il  voulut  donc 
concilier  la  compression  (pi'il  e\er(;a  envers 
le  (  !iri.>lianisme  avec  la  répuialion  de  bont,*, 
de  clémence  (luil  tenait  v^  conserver.  De  là 
loiiio  sa  conduite;  de  l.\  l(>s  instructions 
données  par  lui  «N  Pline  et  probablement  aux 
autres  gouverneurs  de  province.  «  Ne  re- 
(herche/.  pas  les  chréti(nis,  mais  punisse/ 
c(Mix  ({ui  d'inix-mêmcs,  ostensiblement,  s'a- 
voueront chrétiens.  » 

Tiajan  voulait  su|iprimer  le  christianisme 
par  raison  d'Etal  ;  mais  il  aurait  voulu  lu 
faire  sans  violence,  [lar  intérêt  pour  sa  gloire. 
Ce  l'ut  pour  satisf.njc  h  ces  deux  exigences 
,^  la  foi-  (pi'il  ne  [lorla  ui   I(>is  ni  édils  m, a- 


4  un 


i'hil 


l'i.ll 


^Ul^ 


i 


vi'mix  ('(nilro  les  iliiôlit'ii.s;  il  si»  rdiili'iil.i  d.- 
f.iiu^  l'M'ctilcM'  à  rocciision  ceux  iiu'avaiuiit 
iails  SCS  |ii('il<'(»vss(Miis. 

Ilcaiicmii»  (rauli'iMS  oui  iiir  (Hic  ce  pi  iiicc 
ail  |MTS(''CUli^  rMjilisc.  Il  l'aiil  ,  puiir  raiiiiiis- 
licr  ainsi ,  (•(uisi'iiiir  à  IVinifr  les  yciix  sur 
riiisldirc  loul  ciiliric.  Ont'  radmiialioii  (iiic 
nous  |((»il()iis  aux  j^raiiils  Iiommucs  rcslo  une 
sai;i'  l'I  jusli-  a|iiii(''tiali<»n  ;  (lu'clli'  n'aille  pas 
jus(|u'à  nous  i'au'c  rciiiuT  lis, yeux  sur  leurs 
vices,  sur  leurs  ciinu-s.  Quo  ilcvicnniînt  donc 
les  (locuuicnts  les  plus  anllieuliques '.'  I,a 
lellie  (Je  IMii.i^  à  'i  lajan  ne  si^nilit;  dune  plus 
rien?  {Voy.  Pi.imc  i.V:  Ji:iNi:.j  Celle  de  Tra- 
jan  h  Pline  n'a  ddiu-  pas  de  si|;nilicali<»n  non 
[)lus  ?  l'n  lii'ulcuanl,  un  ^^tiuverueui  de  piD- 
viiu'e  écril  h  l'eiupereur  ipiil  ignore  (jiu'lle 
conduite  tenir  à  l'é.^ard  des  cluéliens,  mais 
que,  par  provisiov,  il  les  envoi»'  au  supplici;. 
Lt  rouiporeur  (jui  répond  :  Vous  avez  l'ait 
connue  vous  dévie/,  nuui  cher  riin<',  n"esl 
las  un  persécuteur?  Le  jjrince  cpii  plus  lard, 
iii-inéiue,  à  Anlioche,  coiulauiue  à  Oilrc  dé- 
voré par  les  bétes  lei-occs  le  vénérable  saint 
Ignace,  évéijue  do  celle  ville,  n'est  pas  un 
persécuteur?  Celui  qui  fait  mourir  Honudo, 
grand  maître  de;  son  palais  ,  parce  (|u'il  est 
chiélien,  n'a  pas  i)ersécuté  l'Mglise? 

Depuis  la  nu)rl  de  saint  Siméon,  évôquo  do 
Jérusalem  ,  jusqu'h  celle  de  saint  Barsimée, 
évùciuc  d'Edesse,  le  sang  chrétien  coula  dans 
toutes  les  provinces  de  reiu4>ire  :  on  peut 
voir  au  Martyrologe  los  noms  des  saints 
martyrs  dont  i'Iiistoirc  nous  a  gardé  les  noms. 
On  si»  convaincra  facilement  de  l'erreur  dans 
laquelle  sont  tombés  les  |)anégyristes  absolus 
de  Ti'ajan.  L'Eglise  fut  peiséculée  jusqu'à  la 
fin  de  son  règne. 

Faut-il  tenir  compte  à  Trajan  de  n'avoir 
ras  été  aussi  cruel  envers  les  chrétiens  que 
l'avaient  été  Néron  et  Domitien?  Lequel  est 
le  plus  coupable,  de  l'homme  de  génie  qui, 
pour  des  motifs  spécieux  qu'il  appelle  raison 
d'Etat,  tue  par  centaines  des  innocents,  ou 
bien  du  prince  féroce  qui ,  obéissant  à  ses 
instincts  sanguinaires ,  en  fait  mourir  par 
milliers  et  sans  compter  ses  victimes?  Quelle 
est  la  persécution  la  plus  dangereuse? quelle 
est  la  plus  diabolique  ?  Evidemment  ce  n'est 
pas  celle  qui  verse  le  plus  de  sang;  c'est 
celle  qui  pousse  les  chrétiens  à  croire  qu'en 
dissimulant  un  peu ,  en  sauvant  les  ai)pa- 
rences,  ils  pourront  éviter  des  peines  qui  ne 
s'appliquent  pas  aux  tièdes.  La  première 
enlrelient  l'ardeur  et  le  courage  de  l'Eglise 
par  le  combat  où  l'intrépidité  triomphe;  la 
seconde  favorise  la  tiédeur  et  la  dissimula- 
tion ,  en  poussant  à  la  prudence  qui  all'ai- 
biit. 

Mieux  vaut,  on  l'a  dit  cent  fois  ,  la  persé- 
cution sanglante  que  la  persécution  morale. 
Trajan  est ,  à  nos  yeux  ,  un  des  princes  les 
plus  coupables  parmi  les  persécuteurs.  Il 
avait  tant  de  qualités  éminentes ,  que ,  pour 
le  juger,  on  doit  être  infiniment  plus  sévère 
qu'envers  un  Domitien  ou  un  Néron ,  par 
exemple. 

On  peut  voir  dans  l'article  qui  le  concerne 
fomment  Dieu  lo  p;;nit  ici-bas.  Cet  homme, 


(jui  .s'('-t.iil  rassasié  du  \i(l<)iros,  vil,  h  la  bn 
(l(t  ses  pujrs,  lombiT  une  h  un»;  les  couronnes 
ijtie  Dicii  bu  avait  permis  de  mettre  ii  '^on 
Iront.  Sr-s  coïKpiétos  lui  échappèrent;  l'édi- 
liii'  ipi  il  avait  con-.lruil  h  si  gr/iiide  ruine  '-l 
avec  1,'uil  de  l.d)eur,  N'écroula  ,  et  il  fut  té- 
moin de  ce  di'saslie.  Il  ne  lui  r(!sla  rien  qu<t 
d'amers  regrets,  le  seiitimonl  de  rinaïuKj 
des  choses  (l'ici-bas  ,  et  une  mort  doidou- 
reuse  loin  des  lieux  <»ù  ses  adiiiir.ileui  s  lui 
préparaient  le  triomphe.  (Jui  le  vidrrint  ad 
(('  iiiilitKihiiiilur  ,  lnjiir  pntsjtiixi}ii  .•  Snu- 
ijuid  Islr  rs(  vif  nui  coulurhut  il  Icrium,  tjnt 
vuncussit  ri(jna  (isai.  xiv,  1(»)  7 

l'KUSKClJTION    u'aDMIKN. 

La  plupart  des  écrivains  n'ont  pas  compté 
.\drieii  parmi  les  |)ersécul(;urs  ;  et  ceux  qui 
(.ml  lait  une  (•(tli't/orir  nuiiicroléc  des  peisé- 
cnticuis,  n'en  ont  pas  mis  sous  son  règne. 
Cet  empereur  n'a  pas  plus  t|ue  Trajan  fait 
de  lois  (;t  dédits  contre  les  chréliens  ;  mais 
il  les  a  persécutés  et  fait  f)erséculer  en  vertu 
des  lois  et  édils  di;  Néron,  (i'est  un  l'ail  in- 
dubitable, établi  par  les  documents  les  plus 
aulhenti([ues,  les  Actes  des  mailyrs  les  plus 
célèbres  et  le  l('moignage  des  écrivains  les 
])lus  i(;c()nnnantlables,  Eusèbe,  saint  Jérôme, 
i)ar  exemple  Les  martyrologes  sont  pleins 
des  saints  que  la  persécution  d'Adrien  a  cou- 
ronnés. Rome,  sous  ce  règne,  fut  baignée  du 
sang  des  martyrs.  Si  la  persécution  n'eût  pas 
existé,  pourquoi  donc  alors  les  apologies  de 
saint  Quadral  et  de  saint  Aristide?  Fcui'-.fuùi 
donc  ces  saints  défenseurs  de  la  religion  chré- 
tienne auraient-ils  prié  Adrien  d'éteindre  la 
guei'requ'il  avait  allumée?Nous  n'insisterons 
pas  davantage  :  il  n'y  a  que  la  mauvaise  foi 
ou  l'ignorance  qui  puisse  contester  qu'il  y 
ait  eu  persécution  sous  le  règne  d'Adrien. 

Les  causes  de  cette  persécution,  à  part  la 
haine  qu'on  portait  aux  chrétiens,  furent 
l'amour  superstitieux  qu'avait  Adrien  pour 
la  religion,  pour  les  pratiques  du  paganisme. 
Désireux  de  rétablir  le  culte  dévot  des  ido- 
les ,  il  voulut  punir  ceux  qui  le  mettaient  à 
néant  en  prècliant  une  doctrine  régénéra- 
trice. Il  fut  aidé  dans  sa  tâche  par  ses  gou- 
verneurs, par  les  magistrats  de  l'empire  qui, 
pour  lui  plaire,  envoyèrent  à  la  mort  de  nom- 
breux chrétiens.  La  persécution  fut  ardente, 
imj)lacable,  depuis  l'avènement  d'Adrien  jus- 
qu'à l'année  126.  A  cette  époque,  Adrien,  qui 
avait  reçu  les  apologies  de  saint  Quadral  et 
de  saint  AristicJe ,  rendit  le  fameux  rescrit 
adressé  à  Minucius  Fondanus  ,  lequel  res- 
crit fit  cesser  la  persécution  par  tout  l'eui- 
pire. 

En  même  temps  qu'Adrien  recevait  les 
deux  apologies  dont  nous  venons  de  parler, 
il  recevait  aussi  une  lettre  de  Sérénius  Gra- 
nianus,  proconsul  d'Asie,  qui  lui  représentait 
la  suprême  injustice  qu'il  y  avait  à  condam- 
ner les  chrétiens  sur  les  cris  des  peuples 
sans  les  juger  suivant  les  formes  légales,  et 
sans  qu'ils  fussent  convaincus  d'aucun  crime. 
Pour  bien  se  rendre  compte  de  ces  mots  , 
sur  tes  cris  des  peuples,  il  faut  se  reporter  à 
la  haine  que  dans  ces  temps-là  les  chrétiens 


4()7                                 PKR  l'KR                                 4C8 

inspiraioiit.  On  sait    les  raloninios  fine  los  n'|iriint^  la  rt'volio  (les  juifs  sons  Barrnrlié- 

Juifs  avaient  répamluos   sur  eux;  ou  sait  l»  :<.  il  rebâtit  Jérus.ilrni  sous  le  noui  clMllia. 

aussi    qu'on  les  accusait  géuc^raleuient  des  ('«y.  Afirie^i.)  Le  prince  qui  faisait  un  sem- 

al»nmiualit)ns  dont  les  carpocratieus  se  reu-  MaMi:  usage  de  sa   puissance,  l'avilissant 

liaient  coupables.   H  faut   se  reporter    aux  jusqu'à  attaquer  la  religion   chrétienne  par 

mœurs  et  aux  divertissements  de  l'époque,  l'injure  en  môme  temps  que  par  la  profana- 

Lcs  gouvenuMirs,  dans  les  provinces,  citn'iine  tinn,  devait  «'tre  assez  porté  h  recommencer 

les  empereurs  à  Rome,  donnaient  i\Q^  jeux  cnn  re  eux  ce  qu'il  avait  fait  avec  tant  de 

jniblics  au  peuple.  Eh  bien  I  le  peuple  proli-  persévérance  durant  tout  le  conuuencement 

tait  souvent  de  ces  jeux  |)nur  demander  h;  de  son  régne. 

supplice  des  chrétiens.  U'iniinenses  acclama-  La  persécution  d'Adrien  a  couronné'  un 
tionss'élevaientdumilieudecettenndiilude;  nombre  considérable  de  chrétiens;  elle  a 
les  cris  :  les  chr^lirux  aux  linns  !  retentis-  laissé  des  traces,  des  monuments  nombreux, 
saient  dans  les  ciripies  ,  et  la  plupart  du  Un  coup  d'œil  sur  les  martyrologes  suilit  pour 
temps  les  gouverneurs  des  provinces  ,  les  montrer  que  ceux  qui  ont  amnistié  Adrier» 
magistrats  des  villes  obtempéraient  à  la  vo-  de  sang  chrétien  répand\i  ont  jiéché  plutôt 
lonté  sanguinaire  du  peu[>lc.  D'autres  fois  par  mauvaise  foi  que  par  ignorance, 
c'était  devant  les  tribunaux  mêmes  des  pro- 
consuls que  de  véritables  émeutes  populaires  persecltio^  sous  antomn. 
avaient  lieu  contre  les  chrétiens.  Le  |)euple,  Il  est  nécessaire  de  rappeler  ici  ce  que  nous 
accusateur,  juge  et  bourreau,  clamait  sesfu-  avons  déjà  dit  à  propos  de  la  manière  dont 
reurs  ,  allait  saisir  les  chrétiens,  les  égor-  les  chrétiens  étaient  jiersérutés,  fort  souvent 
jgeait  ou  les  faisait  mourir  sur  des  bikhers  même,  sous  les  princes  qui  n'av.-^ient  fait 
improvisés.  La  unillitudc  de  chrétiens  morts  aucun  é  lit  contre  eux,  même  sous  les  meil- 
ainsi  dans  ces  émotions  populaires  est  in-  leurs.  Quand  il  plaisait  aux  gouverneuis  , 
calculable.  aux  magistrats  d'appliqiuT  les  lois  et  ordo n- 

D'autres  gouverneurs  écrivirent   dans  le  iiances  des  princes  persécuteurs  ,  lois  (  t  or- 

méme  sens  que  Sérénius  firanionus  à  Adrien,  donnances  qui  n'avaient  pas  éié  abrogées. 

Ce  gouverneur  étant  mort,  ou  ayant  été  rem-  ils  en   étaient  parfaitement  les  maîtres.  La 

placé,  ce  qui  est  moins  probable,  Adrien  ré-  jiaix  dont  l'Eglise  jouissait  sous  certains  em- 

pondit  en  ces  termes  à  Minucius  Fundanus,  jx-reurs  n'existait  point  |)our   elle  en  vertu 

proconsul  d'Asie  :  «  J'ai  reçu  la  lettre  que  le  d  un  droit  légal  ([u  elle  possédAt ,  mais  sim- 

très-illustrc  Sérénius  Granianus ,  votre  pré-  plement   en  V(>rtu  delà  tolérance  dont  on 

décesseur,  m'avait  écrite.  Celle  alfAire  ne  me  usait  à  son  égard.  Le   glaive  des  lois  non 

semble  nullement  à  négliger.  Quand  ce  ne  abrogées  était  continuellement  suspendu  sur 

serait  que  pour  empocher  les  troubles   ([ui  sa  léte  ,  aux  mains  de  l'arbitraire  et  du  ca- 

cn  peuvent  naître,  et  pour  ùter  aux  calom-  priée,  au  gré  des  instincts  l)ons  ou  mauvais 

niateins  l'occasion  d'exercer  leur  malice.  Si  des   empereurs    l't   de    leurs   subonlonnés. 

donc  les  peu[)les  de  votre  gouvernement  ont  Aussi,  à  celle  épo(pie,  comme  dans  tous  les 

quelque  chose  à  dire  contre  les  chrétiens  ,  temps,  eilt-il  mieux  valu  pour  l'I'giise  subir 

cl  ipiils  le  puissent   prouvir  clairement   et  les  rigueurs  d(>s  lois  sévèrement  a|)pliqué(>s, 

lu  soutenir  à  la  face  de  la  justice  ,  qu'ils  se  nue  le  caprii  e  et  les  incertitudes  poignantes 

servent  contre  eux  de  cette  voie,  et  qu'ils  ne  de  l'arbitraire. 

se  contentent  pas  de  les  jjoursuivre  par  des  Sous  Antonin  ,  sans  contredit  le  meilleur 
cris  et  des  demandes  l>nnultuaires.  C'est  à  des  [)r,nces  (pu  aient  illustré  le  trône  des 
vous  à  connaître  de  ces  accusations,  et  non  Césars,  les  chrétiens  furent  persécult'S.  Sans 
jKiint  à  une  assemblée  de  j^euplc.  Si  donc  aucun  doule  cène  fut  pis  de  l'aveu  du  prince, 
quelqu'un  se  rend  accusateur  des  chrétiens,  nar  suite  d'ordres  émaïu'^s  de  lui  ;  co  bit  par 
et  qu  il  fass'e  voir  (pi'ils  agissent  en  (piehpic  le  fait  des  gouveriu'urs  arnu's  des  lois  an- 
chose  contre  les  lois,  punissez-les  selon  la  ciennes  elles  ap|>li(iuant  suivant  les  ins[u- 
qualité  de  la  faute  ;  mais  aussi  si  (pieliprun  rations  de  leur  fanatismt*  ou  di^  hnir  cruauté, 
se  joue  à  les  accuser  par  calomnie,  entre-  La  persécuiion  sous  Ant<Miin  a  été  nié-c  : 
prenez-lo  vigoureusement ,  et  ne  manifuez  elle  est  incontestable;  nous  n'en  voulons 
point  de  le  diAtier  comme  sa  malice  le  mé-  comme  preuve  (pie  le  martyre  île  saint  Teles- 
rite.  »  phore,  les  allirmations  nrécises  de  saint  Jns- 

II  est  probable  que  l'attention  d'Adrien  ,  tin  dans  sa  grande  Apolnriir,  et  entin  les  ler- 
sollieitée  sur  les  abus  (]ui  se  coinmeltaient  mes  mèmesdu  célèbre  rexTitdiuine  par  An- 
dans  un  gouvernement,  s'étendit  à  ce  qui  so  tonin  en  faveur  des  chroliens  persécvilés. 
passait  dans  les  autres.  Toujours  est-i4  que  \.r  martvrc  de  saint  Télosphorc  est  incon- 
la  persécution  cessa  com|»letement  en  ("elle  testable.  (1(1//.  Tki  ksphobk.)  I^es  expressions 
année  12G.  Elle  re[»rit  ipielque  lemns  après:  do  it  se  sert  saint  Justin,  les  voici  :  «  Quoi  ! 
car  nous  voyons  par  les  Actes  do  sainte  lorsqu'il  s'agit  des  chrétiens,  si  purs  dans 
Symphorose  ipie  ,  quelque  temps  après  la  leur  conduite  ,  si  respectueux  envtTs  la  Di- 
niort  de  cette  sainte,  la  persécution  cessa  vinit(\  vous  no  voulez  plus  rien  examiner, 
durant  dix-huit  mois.  Quant  à  ceux  (pii  nré-  vous  n'écoutez  plus  f|ue  la  haine  ,  vous  n'o- 
lendraient  que  les  bonnes  dispositions  d' A-  bénssez  nlus  qu'à  rim|tulsi(ui  la  plus  fu- 
drien  pour  les  rhréln-ns  durèrent  jusqu'à  la  ncsie,  celle  du  démon,  et  vous  allez  jusqu'à 
fin  de  son  règne,  nous  n'aurions  ipià  oppo-  sévir,  sans  avoir  connaissance  des  faits!  lu 
ser  ce  que  lit  ce  prince  quand  ,  après  avoir  homme  accusé  d'être  chrétien  fait-il  haute- 


4ti<.) 


i'i:ii 


l'i  II 


470 


iiiciil  |trnlVssi(iii  Je  IcMic,  Mii-lc  i  li.iiii|i  vuiis 
|(>  (  uikI.'iiiiikv..  Il 

l.i)  rivscril  d'Aiiloiiiii  iki  |M>i'iiirl  |i;is  lo 
inoiiullt' <l(tnli'.  Aviiiil  de  le  citrr  lc\liic|l(i- 
iiii'iil ,  (lisdiiN  CI  peu  (l()  tiiols  dans  i|iit<llcs 
('ircDiisliiiicds  il  lui  iliiiiin''.  S.iiiil  Jiislin,  l'un 
«les  lioiniucs  les  |ilii>  ('iiiiiiivils  de  cctlc  (''pd- 
(pic  Miiis  It*  i"\pp(ii-l  du  .s;iv(ur,s'ii)di^;ii,iil  de 
voir  SCS  l'it^Tivs  pcisrciilt's,  (*l  ri\L;Iis(«  du  Sid- 
l^uciir  d(''(iiii('(!  pai-  le  ^I;MV('  (pin  Ni-run  cl 
Doiiiilicn  avaiiMil  1c;j;iiô  ji  leurs  siiccoss(mii"s. 
Anime  d'un  ^i-ium'ciix  cnuia,L;i' ,  il  ('crivil  à 
r«Mnp(MTur  Aiilouiu  sa  laineuse  aixdo^io  en 
soixanli'-iinit  cli.ipilfi>s  ,  pleine  de  faits,  de 
raisouneineiils  et  d'apeii'iis  (pii  nous  simu- 
l)loul  |)cul-(Mre  aujonnrinii  un  pdu  liors- 
d'cruvie,  mais  (pii  àcellt!  c^jKXjne  élaionl  né- 
cessaires, surliiul  ailr<'ssés  a  des  [laiens.  An- 
tonin,  (|ui  élait  un  esprit  droit ,  cl  (pii  avait 
le  ('(l'ur  Iton.pril  coniiaissaMce  do  ce  rcmnr- 
(pial)le  écrit ,  cl  bientôt  ,  sa  raison  cclniiant 
tia  justice,  il  rendit  le  rescril  suivant  en  la- 
venr  des  persécutés  : 

a  Tins  .Klins  Adrien  Anto-iiu,  au;-;nst(M'l 

i)icux  omperenr,  liibun  poui'  lu  (piinziènie 
ois,  consul  j)onr  la  troisième ,  père   do  la 
[lati-io,  an\  villes  d'Asie,  salut. 

«  Je  pensais  (|ue  vous  laisseriez  aux  dieux 
mêmes  le  soin  do  découvrir  les  hommes 
ilonl  vous  vous  i)laii:;ne7,.  ('/est  iv  ces  dieux  , 
bien  plus  ipi'à  vous,  cju'il  appailiont,  si  ce- 
pendant ils  le  peuvent ,  de  punir  ceux  qui 
refusent  de  les  adort>r.  \'ous  les  |)erséeutez, 
vous  les  accusez  d'atluisme  et  d'autres  cri- 
mes que  vous  ne  pourriez  prouver  :  eh  1  ne 
voyez-vous  pas  (|ue  tout  ce  cju'ils  ambition- 
nent, c'est  de  mourir  ])our  la  cause  ilonl  o;i 
leur  fait  un  crime  ;  que  cette  mort  même  est 
une  victoire  sur  vous,  ])uisi]u'ils  prélùrent 
la  souffrir  plutôt  que  de  se  soumettre  à  ce 
que  vous  exigez  d'eux. 

«  Quant  aux  troniblements  de  terre  qui 
.sont  arrivés  et  qui  arrivent  encore  ,  il  ne 
nous  convient  pas  d'en  parler;  comparez  vo- 
tre conduite  avec  celle  qu'ils  tiennent  dans 
ces  circonstances.  Perdent-ils  courage  comme 
vous  le  faites?  Nesl-ce  pas  pour  eux,  au  con- 
traire ,  une  occasion  de  redoubler  do  con- 
tiance  envers  leurs  dieux?  Et  vous  ,  il  sem- 
ble que  vous  oubliez  qu'il  existe  des  dieux  ; 
vous  désertez  leurs  temples,  vous  ne  savez 
l)lusquel  culte  rendre  à  la  Divinité.  De  là 
votre  envie  contre  les  chrétiens  qui  l'ado- 
roMt  ;  de  là  cette  guerre  à  mort  que  vous  leur 
faites. 

«  Quelques  gouverneurs  de  province  écri- 
virent autrefois  à  montrés-auguste  père,  au 
sujet  de  ces  mômes  hommes.  11  leur  tit  ré- 
ponse qu'il  ne  fallait  pas  les  inquiéter  s'il 
n'était  prouvé  qu'ils  eussent  agi  contre  la 
sûreté  de  l'Etat.  Plusieurs  m'ont  écrit  à  moi- 
même,  et  je  leur  ai  répondu  dans  le  môme 
sens  que  mon  père  :  si  quelqu'un  se  porte 
pour  accusateur  contre  un  chrétien  sans 
lui  imputer  d'autre  crime  que  sa  religion  , 
j'ordonne  que  l'accusé  ,  bien  que  convaincu 
d'être  chrétien,  soit  absous,  et  que  le  déla- 
teur au  contraire  soit  puni.  » 

On  voit  par  ce  rcscrit  que  c'était  surtout 


ru   A^ie  que  la  persécution  M'vis.sail   loin  de 

l'action  dn'ecte  du  pouvoir  cotilral,  loin  de 
I  u'il  vij^ibnil  du  piince.  A  Hotiie  cl  t\i\iis  les 
provinces  cenirairs,  la  jiersiM  ulioM  fnl  peii 
Miteuse.  Si  (pndqites  auteiirs,  loinbant  dutis 
l'excès  opposi''  a  ceux  (pli  pléleildeul  ipie 
sous  Auto  lin  riv.;lise  ne  fut  pas  persécutée, 
disent  qu'elle  le  fut  Irès-viveiuenl,  cela  lient 
à  une  le>;èi('lé  d'examen  viMinieul  impardon- 
nable. Les  martyrologes  ipii  donnent  les  do- 
cuineiils  tels  (pi'ils  les  ont  reçus,  (pii  ^ar- 
de'il  lidèleiui'nl  l'expression  pour  saiive- 
gardei-  l'autlieMlicilé,  portent  hvs  ikjius  dt; 
iKuubreux  saints  dont  h;  martyre  est  mis 
sous  Anlonin.  Il  siifiisait,  pour  im-  pas  rectm- 
naitre  deiieur,  de  ne  point  s'arrèt(;rau  nom, 
mais  (1(5  r(M()urir  aux  dates  et  aux  circons- 
tances (pii  accoiiipai^iiaieiit  les  évéïn-mcits. 
()  1  sait  en  ell'et  (pu;  plusieurs  empr'reui.s 
s'appelèrent  h.'s  Antonins,  comiinî  (l'autres 
s'(''l,iient  app(!lés  les  Césars.  Ainsi  Mari-,\n- 
rèle  était  appelé  Aulonin,  et  nous  tr<JUVons 
ijiKî  la  plupart  des  martyrs  attribués  par  les 
iiiailyrologes  à  Antoniu  doivent  être  re|)f)r- 
tés  à  Antonin  JMarc-Aurèle.  Ainsi,  dans  h» 
Martyrologe  romain,  sainte  (ilvcère,  saint 
Simiii-e,  saint  Hermias,  saint  Calimcr  et  une 
multitude  d'autres. 

Après  le  célèbre  rescrit  que  nous  avons 
cité,  l'Eglise  jouit  d'une  paix  profonde  sous 
le  règne  d'Antoiiin.  Saint  Justin  put  aller  vi- 
siter les  églises  d'Asie,  et  porter  les  lumières 
de  sa  [)rofonde  érudition  aux  lidèles  (|ue  sa 
parole  éloquente  avait  déliviés  des  fureurs 
de  la  persécution.  Saint  Hégésippe  et  saint 
Polycarpe  purent  venir  à  Home  et  y  faire 
hautement  profession  de  christianisme  et 
œuvre  d'apostolat.  Le  rescritd'AntOiiin  avait 
une  sanction  que  n'avait  pas  eue  celui  d'A- 
drien. Adrien  ne  voulait  pas  qu'on  punit  les 
chrétiens  ;  Antonin  voulait  qu'on  punit  leurs 
accusateurs. 

Sous  le  règne  de  ce  bon  prince,  l'Eglise  se 
reposa  dans  la  paix  que  Dieu  lui  donnait. 
C'était  le  sommeil  entre  les  deux  jouinées, 
celle  qui  vient  de  Unir  et  celle  qui  va  com- 
mencer. Ainsi  le  guerrier  qui  se  repose 
après  de  glorieux  combats,  se  clispose  à  com- 
battre encore  et  à  triompher  avec  l'aide  do 
Dieu.  Marc-Aurôle  gardait  do  terribles  épreu- 
ves aux  disciples  de  Jésus-Christ. 

PERSÉCUTIONS   SOIS  MARC-ALRèLE 

Sous  cet  empereur,  la  persécution  fut  plus 
violente  qu'elle  ne  l'avait  été  depuis  long- 
temps,'même  sous  Trajan.  On  sait  qu'à  la 
mort  des  enipereurs,  leurs  édits  particuliers, 
ceux  qu'on  nommait  rescrits,  cessaient  d'a- 
voir force  de  loi  quand  ils  n'avaient  pas  été 
promulgués  par  le  sénat.  C'est  ce  qui  arriva 
à  pro[)OS  des  rescrits  d'Adrien  et  d'Antonin 
le  Pieux  en  faveur  des  chrétiens.  Marc-Au- 
rèle  arrivait  au  trône  avec  tous  les  préjugés 
de  la  philosophie,  avec  toute  l'intolérance  du 
fanatisme  païen.  Fervent  adorateur  des  ido- 
les, disciple  assidu  des  philosophes,  il  por- 
tait aux  chrétiens  une  haine  très-grande.  S'il 
ne  ht  pas  lui-même  de  lois  et  d'édits  contre 
eux,  ce  fut  probablement  pour   ne  laisser 


471 


PLR 


l'tR 


473 


dans  lo<5  moniinients  judiciaires  de  son  it^gne 
niiruiit'  tr.Ko  <Ii'  rruaiilé  h  \ni\yuA\o  son  nom 
foi  direclement  altaclié.  11  s'estima  hpiiretix 
do  trouver  dt's  lois  toutes  faites  contre  ceux 
(juil  voulait  persi'culer,  et  il  les  lit  mettre  à 
exécution  avec  une  rage  et  une  perst''V{''rance 
inouïes.  Les  philosophes,  en  rpii  Marc-Au- 
rMcavait  entière  confiance,  accusaient  à  cette 
«époque  les  chrétiens  de  toutes  sortes  de  cri- 
mes. Comme  nous  l'avons  dit  <\i''jiï\,  on  leur 
attribuait  les  horreurs,  les  infamies  des  car- 
pocratiens,  desadaniiles.Lai  alonjiiie  trouvait 
laveur  chez  les  païens,  chez  les  magistrats, 
chez  les  gouverneurs  de  provinces.  H  est 
rare  qu'on  descende  jusqu'h  sonder  la  source 
d'une  calomnie,  quand  elle  attaque  des  gens 
contre  lesquels  on  est  prévenu  depuis  long- 
temps et  (ju'oM  déteste  d'avance.  Les  fonc- 
tionnaires de  rem|)ire  s'imaginaien'  faire  la 
cour  aux  empereurs  en  persécutaMt  leschré- 
tiens,  elles  empereurs  laissaient  faire,  lors 
même  qu'ils  n'avaient  pas  donné  d'ordres. 

Cresçrnt,  philosophe  c\ni([uc  pensionné 
par  Marc-Aurèle,  et  qui  avait  grande  répu- 
tation dans  Rome;  Junius  Rusticus,  que  ce 
prince  avait  fait  préfet  de  la  ville,  furent  des 
plus  ardents  à  dénoncer  les  c'irétiens,  h  les 
poursuivre  de  leurs  calomnies  et  h  déchaî- 
ner contre  eux  la  persécution.  Le  premier  fut 
le  dénonciateur  de  saint  Justin,  le  second 
fut  sonjuge.  La  cause  principale  de  la  hai'ie 
qu'avait  Crescent  contre  hvs  chréliens  venait 
de  ce  que  saint  Justin,  qui,  à  cette  époque, 
était  la  plus  ferme  colonne  de  l'Eglise,  avait 
élevé  dans  Rome  une  chaire  publique  de 
christianisme,  et  l'avait  toujours  vaincu,  lui 
Crescent,  dans  les  discussions  ([u'ils  avaient 
.soutenues  devant  les  auditeurs  (pie  leur  n^- 
putation  attirait  h  ces  luttes.  Saint  Justin  avait 
pour  disciple  le  fameux  Tatien ,  le  même 
(jui  plus  tard  tomba  dans  l'erreur  des  gnos- 
tiques.  Il  ne  sera  pas  hors  de  propos  de  ci- 
ter les  passages  suivants  du  discours  de  Ta- 
tien contre  les  (Irecs.  On  y  verra  comment 
les  chréliens  traitaient  les  philosophes. 

«  Quelles  sont  donc  les  grandes  et  les  ad- 
mirabl  'S  actions  de  vos  philosoplies  ?  lis  né- 
gligent de  couvrir  l'une  de  leurs  épaules, 
laissent  peii'Ire  une  longue  chevelure,  en- 
lèvent letir  barbe,  et  portent  des  ongles  de 
bétes  fauves.  Ils  disent  bien  qu'ils  n'ont  be- 
soin de  rien,  cepcndar.l,  nouveaux  Protécs, 
ils  recourent  au  tanneur  pour  faire  leur  be- 
sace, au  tisserand  pour  leurs  habits,  au  tour- 
neur pour  leur  bAton,  au  riche  et  au  (  uisi- 
nier  pour  satisfaire  bur  gourmandise.  O 
homme  !  semblable  au  chien,  tu  ne  connais 
fioint  Dieu  r-t  tu  imites  les  bétes!  Tu  cries 
en  public,  plein  de  contiance  dans  la  géné- 
rosité du  riche,  et  si  lu  no  reçois  point  ce 
que  tu  attends,  lu  te  venL:es  tfii-méme  en  l'ac- 
rflblant  d'injures  1  Ain^i  la  phil(»soplue  est 
pour  toi  un  art  d»'  faire  fortune.  Suis-tu  la 
doctrine  de  îMaton?  Dès  lors,  l'épicurien  te 
fat  ouvertement  la  guerre.  r>-tu  partisan 
tl'Arislole?  Tu  es  en  proio  aux  injures  d'un 
disciple  de  Démorriie.  Pylhagore  prétend 
qu'il  fut  autrefois  eu|thorbe  et  t\n'\\  n  hérité 
nf  la  doftrhe  de  Phéréride.  Aristotn  attaque 


rim»v>plalilé  de  l'Ame,  et  vous  fous  qui  pas- 
se/ d'une  doctrine  à  une  antre,  sans  vous 
entendre,  vous  coiubaltez  ceux  qui  s'enlen- 
dent.  » 

Dans  un  autre  passage  :  «  Je  ris  encore, 
dit-il,  dos  fables  puériles  de  Pb<''iécide,  de 
Pytliagore,  héritier  de  sadfwtrine,  et  (le  Pla- 
ton, qui  fut  son  imitateur,  bien  que  quel- 
ques-uns le  contestent.  Qui  pourrait  approu- 
ver les  monstrueuses  cl  publiques  débau- 
ches de  Cratès,  ou  i)lulùt  quel  homme  ne 
mépriserait  l'arrogante  folie  de  ce  jibiloso- 
phe  et  (le  tous  ses  semblables,  pour  s'appli- 
qiUT  à  la  recherch».^  dece(pii  est  vrai  et  utile? 
Cartiez-vous  donc  de  vous  laisser  imposer 
par  b;  grand  concours  do  ces  philosophes, 
qui  ne  sont  rien  moins  que  philosophes,  do 
Crs  hommes  touj-^urs  eu  contradiction  avec 
eux-mêmes.  avan(;ant  au  hasard  tout  ce  qui 
leur  vient  à  l'esprit.  Voyez  toutes  les  rivali- 
tés qui  existent  parmi  eux;  ils  se  haïssent 
les  uns  les  autres,  ils  combattent  récipro- 
(|uemenl  h  uis  systèmes,  et,  dans  leur  or- 
gueil, ils  se  jilacent  toujours  au-dessus  de 
leurs  rivaux. Certes,  au  lieu  d'aller  olfrir  leur 
encens  aux  l'ouvoirsetde  tVilter  les  princes, 
ils  auraient  bien  mieux  fait  d'attendre  quo 
les  grai^^Js  vinssent  h  eux.  » 

La  haine  des  philosophes  contre  les  chré- 
tiens était  implacable:  c*^.  fut  donc  une  des 
causes  principales  de  la  persécution.  Vno 
autre  cause  qui,  sous  cerègne.agil  aussi  très- 
puissamment  contre  les  chrétiens,  ce  fiil  ki 
croyance  d ms  laquelle  étaient  les  Romains, 
que  toutes  les  calamités  publiques  n'étaient 
qu'un  etl'el  de  la  colère  des  dieux  irrités  con- 
tre les  chrétiens.  Or,  sous  le  règne  de  Marc- 
Aurèl.'',  l'empire  romain  fut  frappé  par  la 
Providence  des  lléaux  les  plus  redoutables^ 
Les  [)estes,  la  famine,  les  inondations,  les 
invasions  de  barbares,  mirent  le  tiùne  im- 
périal h  deux  doigts  de  sa  perle.  Les  chré- 
litMis  furent  universellement  accusés  île  ces 
désastres.  On  s'imagina  (pi'en  les  persécu- 
tant on  apaiserait  la  colère  des  dieux  et  (]u'on 
les  rendrait  favorables  h  l'empire.  ,\insi  les 
fléaux  mêmes  dont  Dieu  se  servait  pour  pu- 
nir les  persécuteurs,  é<aient  tournés  par  ces 
C(eurs  aveugles  en  instruments  (b^  haine  et 
de  persécution  contre  les  ilisci[>les  de  Jésus- 
Christ. 

Piien  n'échappait  h  la  rage  des  persécu- 
teurs ;  tout  devenait  prétexte  entre  leurs 
mains.  On  évo(]uail  contre  les  chréliens  les 
lois  b>s  plus  vexatoires.  Trajan  avait  défendu 
les  réunions  cl  b^s  associalums  (  (n  se  croi- 
rait en  pbune  républiipie  française  en  l'an 
de  grAce  IH.'iP.  Or,  dès  «pn^  les  chrétiens  ><> 
réunissaitMil  pour  célébrer  les  mystères  do 
leur  religion,  ils  lombaient  sous  le  coup  do 
la  loi  et  devenaienl  la  proie  de  leurs  enne- 
mis. Quand  oi  ne  les  aliaquail  pas  comme 
chrétiens,  on  les  appréhendait  comme  vitv 
laleurs  d(>s  lois  de  rempire.  La  haine  que  les 
|>aiens  avaient  (><»ur  les  (breliens  faisait  sou- 
vent de  ces  explosions  soudaines  (pii  déchaî- 
nent la  populace  conime  une  bête  féroce 
hurlant  dans  les  villes  tK-s  menaces  de  mort 
et  massacrant  les  innocentes  victimes  de  ses 


1 


475                           vrn  lin                            474 

fiirciirs  cl  (le  SCS  liaiiics.  Oui,  rciiiciitc,  dans  trouve  tiaiis  snii  im-mv  le  |iiiint  (jiii    viluc  «ni 

CCS  ti'iniis  ((iiiiiiic  iiiijdiii'ti'hiti,  s(t  laisail  sou-  iioin  ilc  ju.s(ii;<!   cl  (riiiinuiiiiic.  I.n  seconde, 

vciain(\  se  sidi-^tihiail  :\\\\   li»is,  aii\  niai;is-  lu  i^enice  h  M/iic-Aiii  èle,  aiiia-l  elle  un  aussi 

Irais,  cl  Muand  la  canaille  ninianicavail  crit':  non  tr'sidlatV  l.cs  in,>  slcresdc  Dieu  sonl  liu- 

lis  ciiK'linis  iiii.r  lions  !  les  chri'tinis  au  fnt  I  iténéliahlcs.    ('iCllo    ApoinKic   fut    In    »imi«l 

il  lallail,    scandale  Iikhii,  (|Uc  les  nui^islials  (|u'alleiidaieiil  la  Imitie  des  |>liilos()|i|ies  cl  la 

olxMsscnl.  Ainsi  ce  lui   le  |)cii|ilc  qui  lil  cun-  haine  du   |iiiiice  lui-ni(^iue.  I,a    |ici  séculion 

«luire  saini  l'nlycai'|>c  an  niarl\rc.  l'ouicili'r  .s«Ml(''cliaina  |tliis  ardente    et    plus    furieuse, 

lies    lails    pareils,  nous  iraniions  cpic  rem-  Vu  vain  saint  Mi'-lilon   et    saint    Apollinaire 

liarras  du  cluiiv.    (Juchpiclois    la    [lopulacc  unissent  leurs  cU'orts  à  ceux  desainl  Justin  ; 

.s'irrilait  des  l(Miteurs  d'un  s(Mnhlant  de  pro-  le  disciple  des  sloïciiîns  et  «les  c)  tiiipies  n'a 

ccdurc.    I.n    (piasi-jusiicc    avec   ln(piell(!  on  point    'd'oicilles    niiséiicordieiises    |  our   les 

pruciHlail  ^  r('i;ard   des    cliréliens  était   uim;  déreuscurs  des  chrétiens.  I.a  persécution  suit 

difçuo   (pii    irritait  ce  lorronl  populaire.  Sa  son  cours.    LY-vôquo     Sapris  h  Laodicée, 

l'i»u^n(>  renvi'rsail  tout.  Alors  il  se  faisait  ae-  sous  \o  gouverneur  Servilins  l'anlns,  noni- 

cusalour,  Jn^;e   cl   hoiu'rcan.  il  arrachait  les  brc^    de    chri''tien.s  à  Hy/ance    sous   Ca-ciliiis 

Kaints  de  Icvirs  nuiisons,  les  déchirait  sur  la  ('.n|iella,  versent  leur  sang  pour  la  foi.   Saint 

voie    puhliqne,  et  jtoui'  les  briller  dévastait  \'iclor,  saint(î  Couroniu'   en  Théhaide,  saint 

loul  ce  ipii  était  sous  sa  main.  On   improvi-  Publie,  évétpu"  (l'Alhènes,    saint   (ionc(M(le, 

sait  des  bûchers,  coiinne  chez  nous  des  bar-  saint  Pontien  h  Spolète,  suivent  de  jtrès  ces 

ricadivs.  ('es  anciMvesdcs  sepiciiibriseurs  vio-  ^énér(Mix  soldats  du  C-hrisl.  Puis  arrivent  les 

laiciil  l'asile  des  jiiisons,  cl  assassinaient  les  martyrs  des  (laules,  saint  l'olhin,  évc(pjo  d(î 

saints.  (Vêtait  le  peuple  roi.  Hideux    souve-  Lyon,  av(>o  tous  les  martyrs   d(;    Lyon,  de 

rai'i.  toujours    pareil  à  lui-ni<^m(i  et   (jni   lU!  Vienne,  d'Aufun,  d(ï  Saulieu  ;  une  multiludf* 

promène  jamais  sa   hideuse;  majesté    (lu'au  de  saints  et  de  saintes,  l'olycarpe,  (pu- nous 

détriment   de   rho!in(>nr  de  riinmanitc,    et  avons  vu   mourir,  Polycarpe,  le  (lisciple  d(;s 

qui  ne  renverse,  pour  se  vautrer  sur  les  i\é-  apôtres,  raiiii  de    saint    Jean    l'Evani^élisto, 

bris,  que  ce  (|u'il  y  a  de  saint  et  de  consa-  l'évéque  sacré    par  le  disciple  bien-aimé  de 

cré  par  le  resnecl  des  Ages  I    Peuple-roi  nui  Jésus-Christ,  a  envoyé  dans  les  Gaules  une 

tire  son  nom  île  la  tonte-puissance  de  ses  lu-  cofiofte  do  saints  piédicateurs  ,  saint  Ando- 

reurs.  Il  y   a   bien   une  bêle   féroce    qu'on  che,  saint    Tyise,  etc.   La    moisson  (jull  a 

iiouune  tigre  royal  :  c'est  la  royauté  du  car-  semée  sera  coupée  bientôt.  11  retrouvera  au 

nage;  l'un  et  l'autre  se  font  de  la    pouri)re  ciel  ses  enfants  et  ses  discii)les. 

avec  du  sai)g.  L'Eglise  des  Gaules  vient  d'ouvrir  sa  mar- 

Alors  comme  à  présent,  rémeute  avait  ses  che    triomphale.    Egbse  de  France,   salut  à 

fIafl(Mirs  et  ses  courtisans.  Ouekpio  basse  et  toi;  salut  aux  majestés  de  ton  berceau.  Que 

ignoble  que    soit    une   puissance,    qu'elle  belle  et  grande  est  ta  destinée  !  Au  conmien- 

vienne  d'en  haut  ou  d'en  bas,  du  trône  ou  de  cément,  les  martyrs  de  Lyon  dans  les   am- 

la  taverne,  il  y  a  toujours  qucl(|ue  lAcholé  phithéAires;  à  la  tin,  tes  prêtres  et   tes  évè- 

plus  basse  encore  qui  rauq)e  à  ses  pieds.  N'a-  ques  sous  la  hache  de  93  1  .Marc'ie,  noble  et 

vez-vous  pas  vu  les  plus  grands  noms  de  nos  sainte  Eglise,  tille  aînée  de  l'Eglise  romaine, 

fastes   parlementaires   se    traîner  honteuse-  ta  mère.  Bientôt,  c'est  de  ton  sein  que  sorti- 

ment  à  deux    genoux   devant  la   majesté  de  ront  les  martyrs,  les  docteurs  et  les  mission- 

l'émeute'?  Ils  passaient  sous   les  fourches  naires.  Tu  seras   comme   la  fleur  de  l'arbre 

caudinesde  ces  Samnites  qu'ils  enchaînaient  dont  la  racine  est  h  Ptome.  Pas  un  coin  du 

)lus  tard.  Sous  Marc-Aurèle,  nous  trouvons  monda    n'échap^xn^a   h    tes   missionnaires, 


I 


a  même  chose.  Les  magistrats,  au  lieu  de  comme  pas  un  peuple  ti  ta  civilisation.  Quel 

])unir  ces  révoltes,  ces  soulèvements   de   la  est  le  rocher  où  une  nef  française  n'ait  porté 

populace,  se  faisaient  ses  ilatleurs.  Ainsi  les  la  croix  avec  sa  bannière  ?  Quelle  est  l'œuvre 

magistrats  de  Lyon  rendaient  des  édits  cou-  civilisatrice   que  ses  missionnaires    n'aient 

tre  les  chrétiens  sous  l'intimatioivde  la  po-  pas  accomplie?   Marche,   noble  Eglise,  lu- 

pulace  avide  de  sang.  miôie,  espoir  et  soutien  de  la  chrétienté.  Tu 

Les  premières  victimes  de  la  persécution  donneras  au  monde  des  fils  qui  s'appelleront 

sous  Niarc-Aurèle  furent  sainte  Glycéne  et  Grégoire  de  Tours,  saint  Louis,  Vincent  de 

sainte  Félicité,  une  mère  et  ses  sept  fils  :  fa-  Paul,  Bossuet  et  Fénelon  ;  puis  d'autres  qui 

mille  qui  aurait  pu   consacrer  sur  son  sang  s'appelleront    Charlemagne    et  Bonaparte, 

tons  les  jioints  culminants  de  la  ville  éter-  deux  noms   dont  le  bruit  ébranle  le  monde. 

man- 
vi- 
ide 

et  de  ses  compagnons.   Marc-Aurèle   est  un  d'un  peuple  voudra  dépouiller  de  cette  au- 

nrince  sage,  juste,  il  le  prouve  dans  toutes  mône  héréditaire  le  père  des  fidèles  ,  le  se- 

les  affaires  ordinaires.  Est-ce  que  le  rescnt  cond  dira  :  La  France  l'a  donnée,  et  le  pos- 

d'Aiitoiiin  est  abrogé?  Est-ce  que  le  nouveau  sesseur  est  sous  sa  garde.  Fille  de  TEglise, 

prince  va  sortir  des  voies  de  justice  de  son  défends  ta  mère  et  la  maison  que  tu  lui  as 

prédécesseur  pour  inarcliersur  les  traces  de  donnée.  Marche,  noble  Eglise;  ton  nom  veut 

Néron?  Saint  Justin  prend  la  plume  et  écrit  dire  gloire  et  civilisation  sur   la  terre;  au 

à  l'empereur  sa  seconde  Apologie.  La  pre-  ciel  il  a  celui  des  gloires  célestes.  Salut  à  toi, 

mière  avait  ouvert  les   yeux  d'Antonin,et  mère  des  saints  !  A  toutes  les  époques  tu  ver- 


lous  les  jioinis  culminants  ue  la  viiie  eter-  deux  noms  cioni  le  nruit  enranio  le  mond 

nelle.  Figurez-vous  la  mère  au  Ca.nitole,  et  Le  premier  déchirera  un  coin  de  son  ma 

les  sept  fils  immolés  sur  les  sept  collines,  teau  de  pourpre  pour  abriter  la  tête  du  \ 

Bientôt  arrive  le  martyre  de  saint  Ptolémée  caire  de  Jésus-Christ,  et  quand  l'ingratitui 


475 


PEU 


l'ER 


476 


ras  qucliiuc  nom  glorieux  porter  en  Ion  nom, 
dans  sa  m.ùii,  la  palme  ou  le  llarabenu.  Hon- 
neur à  rK^lisc  qui  ouvre  ainsi  ses  fastes  et 
qui  les  ferme  connue  tu  viens  de  le  faire! 
Le  bronze  tonne  dans  Paris,  les  partis  dé- 
cliaînés  se  di'chircMit,  toute  parole  <le  pai\ 
est  impuissante,  huit  gém'raux  t<»mlient;il 
coule  du  sang  connue  dans  vingt  batailles. 
Ah  !  Dieu  est  absent  de  ces  luttes  fratricides. 
Trois  jours  de  combats  sacrilé.^es  n'o'it  |tonit 
assouvi  la  fureur  des  combattants. Un  homme 
de  Dieu  parait  la  palme  h  la  main,  symboli- 
que pruuhi'tie  :  c'e-^t  iarclievèipie  !  apôtre 
aes  concifiations;  il  a  dans  les  veines  le  sang 
(  'un  martvr,  et  ce  sa-ig  ('-teindra  la  lutte. 
Après  le  pasteur  mort,  silence!  le  bronze  se 
tait. Qui  donc  oserait  recommencer  le  combat 
quand  Iholocauste  est  olfert,  et  la  rançon  ao- 
ceplée  par  Dieu?  La  dernière  victime  est  un 
martvr,  et  la  lin  du  combat  est  un  miracle. 
Ainsi  l'Eglise  étend  l'exjiiation  sur  ce  vaste 
sacrilège. 

Poursuivons.  Le  sang  coulait  h  (lofs  dans 
l'empire  ;  Atiiénagore, philosophe  athénien, 
adressa  5  ^Ïarr-Aurèle  une  Apologie  en  fa- 
veur des  chrétiens.  Celte  Apologie  est  l'œu- 
vre d'un  grand  courage  et  d'une  belle  et  no- 
ble inlelligence.  (  Voyez-la,  Ilist.  générale 
des  pers.,  vol.  L]  Milliadc;  lit  la  même  chose, 
vains  efforts  :  bientôt  saint  Polycar|)e  est 
mis  à  mort  à  Smyrne.  Saint  Justin,  ù  Home, 
tombe  victime  dé  la  haine  de  Cresceut  et  de 
Junius  Kusticus. 

Pendant  quelque  temps  la  persécution 
avait  cessé,  ou  du  moins  s'était  considéra- 
blement ralentie.  Marc-Aurèle,  grAce  aux 
clirètiens,  avait  été  tiré  des  mains  des  Quades 
qui  le  tenaient  enfernié  avec  son  arnit'c.  Vn 
si  grand  miracle,  (|u'il  n'avait  pu  nier,  l'avait 
engagé  à  rendre  en  leur  faveur  un  édit  qui 
portait  que  si  (juelqu'un  les  accusait,  laccu- 
?ateur  et  l'accusé  seraient  tous  deux  juinis 
de  mort.  Singulière  et  étrange  justice  1  Nous 
sommes  habitués  h  trouver  de  |)areils  capri- 
ces des  empereurs,  mis  à  la  place  de  ré(]ui- 
lé.  Quant  aux  détails  de  ce  miracle,  nous 
laisserons  parler  Dion,  historien  contempo- 
rain ou  à  peu  près. 

«  .Mari-Aurèle,  dit-il,  remporta  sur  les 
Quades  une  victoire  nuîrveilleuse  dans  ces 
rircftnslanrcs,  ou  plutôt  elle  lui  fut  donnée 
(le  Dieu;  car  les  Uouiains  couraient  un  ex- 
Irèuie  danger,  et  la  Divinité;  les  en  tira  par 
une  merveille  ébuuianle.  Les  Quades  les 
avaient  enveloppés  dans  un  endroit  on  ils 
avaient  tout  lavanlage.  ('.e[)endant  les  Uo- 
niains,  ayant  formé'  di-  leurs  boucliers  une 
loilue,  se  préparaient  h  les  bien  recevoir. 
Mais  les  barbares  voidurent  vaincre  sans  ti- 
rer l'épée,  espérant  faire  |»érir  toute  l'aruM'O 
jtar  l'excès  du  chaud  et  par  la  soif,  et  comum 
lis  l'emitortaieiit  binucoup  p  tur  le  nombre, 
ils  enfermèrent  tellement  les  Itiunains,  (piils 
leur  ôlaient  l(»ut  moNcn  d'avoir  de  l'eau, 
(/('■tait  a|)rès  un  combat  ipu>  les  Humains 
se  trouvaient  dans  mie  position  si  fAcJieuse  ; 
en  sorte  ipu*  la  fatigue,  les  blessures  rpu» 
plusieurs  avaient  rei;ues,  l'ardeur  du  sideil, 
se  réunissaient  pour  les  accabler;  et  il  ne 


leur  restait  pas  inèine  la  ressource  de  mou- 
rir en  braves   gens,  l'épée  à  la  main,  parce 
(pie  les  barbares,  o(cupant  des  postes  uiac- 
cessibles,  s'y  tenaient    trampiilies   et  refu- 
saient de  combattre.  Tout  h  coup  les  nuées 
se  rassemblent,  elles  s*é|»aissisent   et   il  en 
tombe,  non  sans  une  |>rntection  particulière 
de  Dieu,  une  [)luie  abondante  :  ce  bienfait 
du  ciel  rendit  la  vie  aux  Romains.  D'abord 
ils  lèvent  en  haut  la  tète  et  \o,  visage,  et  veu- 
leiU  rticevoir  l'eau  dans  leurs  bouches;  en- 
suite ils  firennent  leurs  casques,  les  présen- 
tent h  la  pluie,  et  lors(ju'ils  les  en  ont  rem- 
plis, ils  boivent  avidement  et  donnent  à  boire 
à  leurs  chevaux.  Les  barbarescrurent  ce  mo- 
ment favorable  pour  les  altaipier;  et  pendant 
(ju'il  les  voient  occupés  du  soin  de   désalté- 
rer une  soif  longtemps  soulferte,  ils  se  pré- 
j)arent  à  fondre  sur  eux.  Mais  le  ciel,  armé 
contre  les  ennemis  des  Romains,  lance  sur 
les  Quades  une  grosse  grêle  et  des  tonnerres 
qui  les  dissipent,  qui   les  brOlent,  pendant 
(|ue  les  troupes  de  Marc-Aurèle  étaient  ar- 
rosées  d'une  pluie  douée    et  salutaire,  (lo 
double   prodigt;   rendit  les    Romains    vain- 
queurs. Les   barbares  jetèrent  leurs  armes 
et  vinrent  chercher  un  asile    au  mil  eu   de 
leurs  ennemis,  pour  se  mettre  à  l'abri    des 
foudres  dont  ils  étaient  écrasés.  Marc-Aurèle 
y  consentit,  accorda  la  vie  sauve  aux  Quades, 
et  fut   proclamé   par  les    soldats  imprrator, 
ou  général  victorieux  pour  la  se|>tièmefois.  » 
Ce  miracle  avait  eu  lieu  en  17i.  Ce  fut  en 
177  h  peu   près  (jue,  par  suite  des  soulèv(>- 
inents    |)opuiaires,  les   chrétiens   cessèrent 
dtMouir  du  peu  de  réjiit  que  leur  avait  don- 
né le  resci it  de  Marc-Aurèle.  Tertullien  |)arle 
decerescritoudecetteleltredeniaiiièreàfaire 
penser  (|u"d  l'a  vue.  Ce  (pi'il  y  a  de  certain,  c'est 
qu'elle  a  existé,  puisque  lès  dispositions  en 
lurent  appli(juées  plus  lard,  comme  on  peut 
le  voir  en   lisant  ce  (pii  est    relatif  .'i  saint 
Apollone.  A  Rome,  on  hésita  davantage  h  en 
trinsgresser  les  dispositions;  mais  dans  les 
provinces  il  n'en  fut  pas  de  même.  Pour  s'en 
convaincre,  il  sufiit  de  lire  ce  (pie  fut  la  per- 
sécution de  L\on.  La  persécution  durajus- 
cju'à  la  lin  du  règne  de  NLirc-Aurèle;  elle  no 
s  éteignit  pas  même  h  sa  mort.  Pour  plus  He 
rensingnemenls.  il   faut  lire  l'article   Marc- 
AiRKiK.  Sa  vie  et  sa  punition  sont  on  (piel- 
(jue  sorte  le  complément  de  cet  article. 

PKRStXlTION  sots  SÉvfcnE. 

De;>uis  la  mort  de  Marc-Aurèle  jusqu'à 
l'empereur  S.''vère,  l'Kglise  de  Jesus-t'hnst 
ne  fut  pas  |  er.sé(  ulee.  Qu'on  trouve  dans  ce 
laps  de  temps  quel(;U(>s  faits  isolés,  comme 
le  martyre  du  siniateur  saint  Apoilone,  par 
e\em|>lè,  ce  n'est  jtas  une  raison  pour  ne 
point  admettre  que  l'Kglise  fut  en  paix.  Cette 
tranipnllit(''.  que  Dieu  avait  doiiii(''e  à  ses  dis- 
cimI'-s  sous  le  règne  de  Commode,  dura  pen- 
dant les  premières  années  du  règne  do  Sé- 
vè.e.  Ce  prince  était  trop  préoccupé  par  les 
embairas  polili(p«es,  par  les  nécessités  de  la 
guerre  (jne  lui  lirenl  successivement  trois 
CfMUpetileurs  piiissaiiis,  pour  songer  h  s'oc- 
(U[»er  do  choses' religieuses.    On    prétend 


477  im:u 

nu^mc  qu'il  ('l;ill  iilois  r.ivonilni' ;iii\  clin'- 
lU'iis.  Icihillicii  I''  <lil  «liili.s  sji  li'llii'  à  Sr«- 
iiulii.  I.'im  d'eux, noiiiiiin  l'rnciili' Toi'iMridtl, 
i'.ivail  .uilicri'is  KiH'ii  (l.iiis  im  c-is  m'iivc /ivcc 
une  limita  (|inil»alili'iii(Mil  iiiiiMciilciisc),  ri  il 
ii'.ivail  |i;is(iiil»li<^  «'O  hinil'ail.  Devenu  eiiipe- 
reiir.  il  avait  l'ail  clieitlicr  ProciiN»,  (|iii  vécut 
(lais  sdii  palais  jus(|u'à  la  lin  (l(*  ses  Jdui's. 
l'Kihalileiiieiil  (|iie  ei'  |ieis(Hiliat:;e  |)n»léj^eail 
les  cliiclieiis  pnVs  de  Sévère.  Ou  iw.  iuan|ue 
jias  railiiée  Av  sa  iiioil  ;  peul-éln!  (lue  ce  loi 
ai)nVs  i'vl  évéïieiiieut  (|U(^  i'eiiipeicur  passa  à 
d  aulrivs  seiiliiueiils  ?»  ré}.;;ard  des  coceli^ioii- 
ijttii'cs  de  s(»ii  pi(iléi;('>.  Sév("'i('  lém(ti,L:;ii.'iil  sa 
Siilislacliou  de  (;e  (lu'il  n'nvait  frduvé  aucun 
ciirt'lien  avaul  piis  pail  active  dans  l(>s  ré- 
voltes d'Àlliin  el  de  Ni;j,ei-.  Il  se  tnimpait 
(•(Mlaineineiil  sur  lo  niotif  (|ui  lis  t'aisail 
s'iibslenir.  Dans  c(\s  temps  primitifs  de  \'K- 
^lise,  la  [lei'séculion  sans  cesse  acIiariuM»  (iii 
sa-is  cosse  niena(;anle,  reiillKMisiasme  pour 
n  u^  do.lriiUMpii  c*liaii;j;eail  la  lace  du  luondo 
e,  qui  couceiilrait  (onlcs  les  Ibices  vives  de; 
ses  aiJeples  ]i()ur  les  tourner  veis  la  pr()|)a- 
t;ande,  toul  cela  sulVisail  pour  (jue  les  chré- 
iieiis  restasseul  eu  dehors  de  la  lourmeiito 
p()liti(pi(>.  Les  clioses  (pii  les  préoccupaient 
étaient  plus  i^iandes  cpjc  colles  de  la  lorre. 
81  Sévère  vùl  pu  voir  clair,  tels  sont  les  ino- 
tils  (pi'il  aurait  trouvés.  A  une  é|)oqm'  où  le 
droit  du  plus  fort  était  le  chemin  du  Irùno, 
où  la  fortune  ou  le  crimo  mettait  um  usur- 
pateur ,\  la  plai'e  d'un  autre,  les  chrétiens 
n'avaient  aucun  motif  do  préférer  Sévère  à 
^'ii;er,  h  Albin,  qui  évidemment  avaient  des 
di'oits  de  touts  points  pareils  aux  siens,  ot 
(pii  coimno  hommes  valaient  inli'iimciU 
uiio!i\. 

On  comprend  très-bien  ce  que  nous  vou- 
lons dire  par  ces  mots,  part  aclirc  dans  les 
rc'rollcs.  Ces  mots  ne  si^'iitient  pas  qu'il  n'y 
eût  pas  de  chrétiens  dans  les  armées;  beau- 
coup, au  contraire,  suivaient  lo  métier  des 
armes  ;  ils  en  vivaient  comme  d'autres  vi- 
Yaie:U  de  métiers  ilill'éronts  ;  mais  dans  les 
armées  lidèlesà  leur  devoir  de  soldats  et  aux 
serments  (ju'ils  avaient  prêtés,  ils  restaient 
inditféronts  aux  agitations  politiques,  aux 
menées,  aux  intrigues  qui  se  [)assaient  dans 
les  hautes  régions.  C'est  dans  ce  sens  qu'au- 
cun chrétien  ne  fut  trouvé  i)ar  Sévère  au 
iiombrede  ceux  qu'il  nommait  des  révoltés; 
aucun  d'entre  eux  n'était  parmi  les  meneuis, 
les  chefs  de  parti,  les  hommes  plus  ou  moins 
éuiinents  qui  fomentent  les  troubles  et  diri- 
gent les  mouvements  révolutionnaires.  Com- 
ment voudrait-on  qu'il  n'y  eût  pas  eu  de 
chrétiens  dans  deux  vastes  contrées  de  l'em- 
pire? Conuuent  se  serait-il  fait  qu'il  n'y  en 
eût  pas  dans  des  armées  considérables  ?  Ter- 
lullien,  dans  son  A^jologie,  disait  à  l'ompe- 
Tcxir  que  si  les  chrétiens  voulaient  se  ret.rer 
de  son  empire,  ils  le  changeraient  en  soli- 
tude. «  Nous  remplissons,  disait-il,  les  villes, 
les  campagnes,  les  armées  et  jusqu'au  palais 
des  empereurs.  »  La  paix  dont  l'Eglise  ve- 
nait de  jouir  pendant  tout  le  règne  de  Com- 
mode avait  permis  au  christianisme  de  s'é- 
tendre  on  tous  lieux,  de   tout  envahir.  La 


ri.K 


478 


vertu  émilielilc  des  cliiéliens,  |is  inil.K  len 
Mu'ils  op('i  aient,  étaient  de  puissants  moyens 
(le  coiiversi(Mi.  Si  le  clinstiiuiisme  urandissail 
aiiiNi  d'une  manière  Maimeiit  miracujeusu, 
l'espiii  d(*  ténèbres  luttait  (  outre  lui  en  en- 
nemi acliariié  :  les  ennemis  des  clirétierii 
répandaient  contre  eux  les  infAmcs  c/iloin- 
nies  (pi(>de|iuis. si  longtemps  nous  avons  vues 
r(''pandues  par  les  Juifs  d  aboi'il  et  adoptées 
par  le^  païens.  'r(ms  les  crimes  iiiiaginiire.s 
(pi'on  leur  reprochait  c('daienl  encore  di'va'il 
ce  reproche  :  «  C(?  sont  des  (Minemis  publics.  » 
On  sait  (pndle  piiissanc(!  avait  celtes  acciisa- 
ti(Ui  elle/  le  peuple  romain;  car  si  le  culte 
de  la  patrif!  était  mort  clie/ ce  peuple  (piaiid 
la  Ivraiinie  l'avait  eiicliainé,  les  vieilUts  for- 
mules (pii  la  divinisaient  étaient  i-estées  tra- 
diiionnellemenl  dans  le  respect  d(!  t(ms  les 
It  mains,  l'it  comment  les  chi étiens  étaient- 
ils  des  ennemis  publics,  des  ennemis  de  la 
patrie?  parce  (pi'ils  refusaient  <le  remlreaux 
empereurs  lo  culte  sacrih'gc  (pu;  ces  derniers 
exigeaient  d('  tous  les  habilanls  di;  l'empi'O. 
Oiiaiid  Sévère  eut  vaincu  Alidii,  il  (il  dans 
Komo  U!)o  entrée  Iriomphale  :  les  (;hrétiens 
furent  les  seuls  (pii  refusèrenl  do  décorer 
leurs  maisons  de  llaiiibeaux  et  d(!  couronnes 
de  lauriers  et  de  dilféronts  autres  ornements. 
C(>rtes,  ces  décorations  en  elles-mêmes  n'é- 
taient (pu'  chose  très-permise,  mais  comme 
hvs  pau'iis  y  joignaio'it  des  pratiques  sacri- 
lég(>s,  telles  (pie  l'adoration  de  l'empereur  et 
l'otfrande  de  sacritlc(\s,  les  chrétiens  ne  vou- 
lurent rien  faire  qui  donnât  lion  de  supposer 
(pi'ils  se  fussent  associés  aux  prali(pies  sa- 
crilèges des  païens.  Sévère,  devant  ([ui  O'i  en 
accusa  i)lusieurs,  voulut  faire  de  la  gr.inde'.ir 
et  de  la  générosité.  Il  prit  leiu"  défense  :  dé- 
cemment il  no  [louvait  guère  faire  autre 
chose.  Mais  derrière  l'attitude  ollicielle  du 
prince  il  y  avait  sa  volonté,  son  méconten- 
tement réel  ;  et  les  llatleurs  puissants  qui 
l'entouraient  savaient  très-bien  lui  faire  leur 
cour  en  persécutant  les  chrétiens  :  ils  n'y 
manquèrent  pas. 

Ce  fut  en  197,  à  cette  occasion,  que  com- 
mença la  persécution,  sans  aucun  nouvel 
édit  "contre  eux  de  la  part  do  l'empereur. 
Nous  avons  vu  déjà  qu'il  existait  une  loi  qui 
défendait  toute  religion  ([ue  le  séiat  n'eût 
pas  autorisée,  et  une  autre  de  Trajan,  qui 
ordonnait  de  punir  tous  les  chrétiens  qui 
auraient  été  mis  en  justice.  Cela  sullîsait 
pour  autoriser  contre  eux  toute  espèce  de 
rigueurs.  A  Rome,  le  peu{)le  était  très-irrité 
contre  les  chrétiens.  Depuis  les  pestes  et  les 
grandes  calamités  qui  avaient  désolé  l'em- 
])ire,  les  habitants  de  cette  capitale  avaient 
gardé  la  conviction  que  c'était  à  eux  qu'il 
fallait  attribuer  ces  fléaux  du  ciel.  Sous  ce 
règne,  connue  sons  celui  de  Marc-Aurèle,  la 
populace  se  portait  parfois  aux  plus  extrê- 
mes violences  contre  les  chrétiens,  les  pour- 
suivant dans  les  rues  à  coups  de  pierres,  do 
bâtons,  les  jetant  au  feu  et  demandant  sans 
cesse  qu'on  les  lui  accordât  comme  victimes 
dans  ses  féroces  amusements  du  Cir([ue.  Les 
niagistrats  qui  poursuivaient  les  chrétiens 
leur    demandaient   seulement  s'ils  étaient 


47a 


TER 


rLI\ 


4S0 


cîirt^lifins;  et  c'ëtail  sur  l'aveu  de  ce  tiom 
qu'iN  les  condaninnient  à  mort.  Ils  ne  se  sou- 
ciaiotit  aucuMeniiMit  qu'il  y  fiM  ou  non  d'au- 
tres charges  contre  eux  :  le  nom  de  chrélirii 
était  un  crinif;  suftisant  h  ceux  qui  le  por- 
taient :  le  glaive  nu  les  botes  féroces,  a[)rès 
les  plus  cruels  tourments. 
•  Ce  fut  donc  à  Rome  que  commença  la  per- 
s«^culion   po\ir  les  causes  (pu-  nf)us  vêtions 
de  dire.  Elle  y  fut  ardente  et  y  couro'ina  do 
nombreux   et  illustres  martyrs.    De  Rome 
elle  passa  en  Africpie  vers  l'an  '200.  Klle  y 
fut  dune  violence  extrême.  Sainte  Perpétue, 
sainte  Félicité,  les  martyrs  Scdlitains  et  une 
multitude  d*autres  versèrent  leur  sang  pour 
la  foi.  Ce  fut  Vigellius  Saturninus  qui,   le 
premier,  commença  à  persécuter  les  disci- 
ples de  Jésus-Christ.  L'n  grand  nombre  fu- 
rent emprisonnés  et  horriblement  tourmen- 
tés ;  on  voulait  les  amener  h  l'apostasie.  Co 
fut  h  cette  époque  que  TerluUien  écrivit  son 
Exhorlalion  aux  marli/rs,  duis  laquelle  il 
les  encourage  en  peu  de  paroles,  mais  vives 
et  parfaitement  senties,  h  souiïrir  courageu- 
sement et  h  mourir  pour  Jésus-Christ.  Déjc\ 
ce  savant  docteur  avait  écrit  sa  fameuse  Apn- 
Inqétiqup,  ouvrage  dans  lequel  il   prend   la 
défense  des  chrétiens  avec  une  vigueur,  une 
science  et  un  courage  extraordinaires.  Il  l'a- 
dressa au  sénat  après  la  défaite  de  Niger  et 
d'.Mbin,  quand  la  [)ersécutio  i  commenr  i  « 
Rome.  Au  premier  sang  versé,  à  la  première 
rumeur  qui  en  arriva  jusqu'à  lui,  il  saisit  le 
glaive  d'éloquence  (pic  Dieu  lui  avait  doruié, 
et  écrivit  ce  fameux  ouvrage,  l'un  des  plus 
beaux  monuments  de   ces  premiers  tem[)S 
de  l'Eglise.  Nous  ne  donnerons  ici  que  le 
début  de  cette  magnilicpie  Apolnnie,  cpi'oi 
peut   lire  en  entier  dans  toutes  les  collec- 
tions des  Pères  et  dans  notre  deuxième  vo- 
lume de  l'Histoire  générale  des  persécutions 
de  iKijlise. 

«  S'il  ne  vous   est   pas  libre,  souverains 
magistrats  de  l'emnire  romain,  (pii  dis[)en- 
sez  pul)li(juement  la  justice  dans  le  lieu  le 
plus  éminent  de  cett"  ville,  so\is  les  yeux  de 
la  multitude,  d'instruire  et  d'examiner  notre 
cause;  si,  pour  cette  seule  alfaire,  votre  au- 
torité- craint  ou  rougit  de  rechercher  pul)li- 
(pie!iient  la  justice;  si  entin  la  haine  du  nom 
chré-tien,  trop  portée,  comme  nous  l'avons 
déj-^i  vu,  aux  délations  domestiques,  s'op|>ose 
h  notre  défense  devant   les  tribunaux,   cpi'il 
soit  permis  au  moins  à  la  vérité  de  parvenir 
à  vos  oreilles  par  la  voie  secrète  de  nos  mo- 
destes réclamations.  Elle  ne  demande  point 
de  gnke,  parce  que  la  persécution   ne  l'é- 
lonru*  pas.   Elr;uigèrc  ici-bas,  elle  n'ignore 
pas  que  parmi  des  étrangers  il  se  rencontre 
fanicineiit   îles  ennemis.  \-.\W  a   tuic  autre 
origine,  une  autre  dtMiieure,  d'autres  espé- 
rnnccs,  d'autres  faveurs,  une  autre  dignité. 
Tout  ce  qu'elle  demande,  c'est  de  ne  pas  être 
rondamné-e  sans  qu'on  lait  entendue.  Qu'a- 
ve/.-vous  J»  redr)uter  pour  les  lois  de  cet  em- 
pire, si  elle  est  écoutée?  Leur  pouvoir  ne 
5era-t-il   pas  plus  respecté  ipiand  elles  ne 
condamneront  la  vérité  ipTaprès  l'avoir  en- 
tendue? (.>uc  si  vous  la  condamne/  sans  l'a- 


voir écoutée,  outre  la  haine  qui  s'attache  à 
une  pareille  iniquité,  vous  donnez  lieu  de 
croire  que  vous  avez  menti  à  votre  con- 
science, parce  <pie  vous  ne  pourriez  plus  la 
condamner  si  vous  l'aviez  entendue. 

«  Tel  est  donc  notre  premier  grief.  Fin- 
justice  de  votre  liain«'  pour  le  nom  chn-lien. 
Votre  ignorance  même,  qui   semblerait  au 
premier  coup  d'œil   excuser  cette  injustice, 
la  prouve  et  l'aggrave.  Quoi  de  |>lus  injuste 
que  de  haïr  ce  fine  l'on  ne    connaît  pas  ? 
Quand   même   l'objet  serait  digne  de  haine, 
elle  n'est  encourue  qu'autant  (ju'elle  est  re- 
connue  méritée  ;   et  comment  la  justifier, 
tant  que  l'objet  demeure  inconnu?  C'est  par 
les  (pjalilés  et  non  par  les  impressions  ipie 
la  haine  se  juslilie.  Puisque  vous  haïssez  par 
la  raison  que  vous  ne  connaissez  pas,  pour- 
quoi ne  vous  arriverait-il  pas  de  haïr  ce  que 
vous  ne  devriez  pas  haïr?  De  L\,  double  con- 
clusion :  vous  ne  nous  connaissez  pas  tant 
ijue  vous  nous  persécutez  :  vous  nous  per- 
sécutez injustement  tant  que  vous  ne  nous 
connaissez  pas.  La  [ireuve  que  l'on  ne  no  s 
connaît  pas  (et  celte  ignorance  dont  on  se 
prévaut  est  une  injustice  coupable) ,    c'est 
qlie  (juiconque  nous  haïssait  autrefois,  faute 
de  savoir  qui  nous  sommes,  cesse  de  nous 
haïr  en  apprenant  à  nous  mieux  connaître» 
Voilà  ce  qui  les  rend  chrétiens.  Avec  la  lu- 
mière arrive  la  conviction;  ils  commencent 
h  détester  ce  qu'ils  étaient,  à  reconnaître  co 
qu'ils  détestaient.  Leur  nombre  est  aujour- 
d'hui incalculable.  On    crie  à   l'envahisse- 
ment de  la  ville  :  dans  les  campagnes,  dans 
les  iles,  dans  les  chiUeaiix,  partout  des  chré- 
tiens! On  se  plaint  douloureusement,  comme 
d'une  perte  pour  l'empire,  que  le  sexe,  l'Age, 
la  condition,  la  dignité  courent  en  foule  à 
leurs  autels.  Et  vous  n'en  concluez  pas  (pio 
cetio  doctrine  renfi'rme  en  elle-même  quel- 
(|ue  bien  (pii  vous  écha|)pe  ;  vous  ne  voiilez 
pas  renoncer  h  el'mjustes  soupçons,  vous  ne 
voulez   par  examiner  de   plus   près!   Dans 
celte  occasion  seule  la  curiosité   publique 
sesl  endormie.  Celte  vérité,  que  d'autres 
sont  ravis  de  connaître,  on  l'ignore |>ar  choix, 
et  on  prt'tend  la  juger!  Oh  !  que  ces  hom- 
mes méritent  bien  mieux  la  censure  d'Ann- 
cliarsis  ijuc  ceux  qui  jugeaient  des   musi- 
ciens   sans   l'être   eux-mêmes!    Ili  aiment 
mieux   ne  pas   savoir,    parce  que   déjà   ils 
haïssent  ;    tellement  ils  i)ressenlenl  que  ce 
cpiils  ignorent  ils  no  pourraient  le  haïr  s'ils 
le  connaissaient.   Cf'pendant,  en  approfon- 
dissant la  vérité,  vous  trouverez  que  celle 
haine   n'a  |>oiiit  de  motif>  ;  en  ce  cas  sans 
doute,  il  faut  renoncera  une  haine,  elle  n'en 
sera  (juc  plus  durable  par  la  sanction  de  la 
justiee. 

«  Mais  entin,  dira-l-on, le  christianisme  est- 
il  bon  pareel.i  ({u'il  attire  ii  lui  la  multitude? 
Combien  dhounues  se  tournent  vers  le  mal! 
Que  de  transfuges  de  la  vertu  I  —  Qui  le  con- 
teste ?  .Mais  cependant,  parmi  ceux  que  lo 
vice  [)ré(  ipite,  il  n'en  est  pas  un  (pii  ose  lo 
donner  pour  la  vertu.  La  nature  a  répandu 
sur  toute  espèce  de  mal  la  crainte  ou  la 
honlo.  Lo  méchaul  i  hercho  les  lonèbres;  d<:- 


481 


n.ii 


l'i  II 


IM 


(•(Miviil,  il  liciiiltli' ;  ncciisi',  il  nie;  5;r)ijs  1rs 
iiisiniiiiciils  i|iii  li>  t;ti(iii'(*iil ,  il  iraviiiic  ni 
fai  ilrini'iil  ni  (tMiJoiirs  ;  roiitlaiiiniS  il  s'at- 
tiislc,  il  se  tdiir'K!  coiilrt'  hli-iiK^iiic  ;  les  cni- 
poih'UKMils  (U  Irs  (''^aiciiH'iils  di^s  passions, 
il  les  iiii|iiilc  à  la  falaliU'',  à  son  <''tiiil<>,  |iai-(-(> 
(Mi'il  li(^  veut  point  acccpicr  coiiiiim'  vmianl 
(lt>  lui  l(>  mal  (pi'il  rcconnail.  A-l-nn  jamais 
rien  vu  de  sciulilalilr  panni  les  cliicliciis? 
l'as  un  (pii  i(>u;j,issc,  pas  un  ipii  se  icpivilc, 
sinon  (le  n'avoir  pas  loujours  rli'-  clnrlicn. 
Di^Moiicr',  il  s'en  lail  filoiic  ;  acciisr,  il  ne  sr 
(Icrt'Hil  })as  ;  iiil(MTii^;(',  il  coiircssii  liaiilnncnl  ; 
condamiir,  il  reml  giAccvs.  l'Ilraui^c  csp^iM! 
(le  mal  (pii  n'a  autun  des  caïai  Irrcs  du  mal, 
ni  ciainli»,  ni  lioiic,  ni  d(''l(Hiis,  ni  ri'^Mcl, 
ni  rcptniir;  sini^ulicr  triiu.',  doiillo  prôtoidii 
conpalilo  se  rf)(Miil,  dont  raccusalion  est 
l'olycl  do  SOS  Vd'ux,  li>  cliAtinii'nl  son  l)on- 
lM>ur.  \ou.s  no  sauric/.  Appeler  dénionco  co 
que  vous  (Mes  convaincus  il'i;4norcr.  » 

l.'ApoUxjir  de  Tcriullicn  n'cul  \n\s  l'olTct 
(prcll(>  mcritail  d'avoir.  Sévère,  qui  d'abord 
avait  protégé  les  chrétiens,  n'en  fut  |>oint 
l(uiclié.  S(jii  or-çuoil  avait  été  froissé  do  co 
quo  les  chrétiens  lui  avaient,  à  son  entrée 
triompliaU»  h  Uoine.  refusé  les  méim^s  lion- 
neurs  (pie  h'sjjaicns  lui  rendaient.  Il  n'était 
point  decaraclére  <\  oublier  :  il  lo  fit  bientôt 
voir.  Obligé  d'aller  on  Judée  |Our  y  répri- 
mer certains  soulèvouienls  des  .luifs,  il  lit 
un  édil  qui  défendait,  sous  de  grandes  pei- 
nes, de  se  faire  ni  juif  ni  chrétien.  On  sait 
que  beaucoup  dans  rcmpire  confondaient 
alors  les  chrétiens  avec  les  juifs.  Cet  édit, 
tel  (pie  nous  le  donm^  Sparlien,  ne  concer- 
nait (jue  ceux,  qui,  h  l'avenir,  se  feraient 
chrétiens.  Si  on  l'avait  suivi  à  la  lettre,  la 
persécution  aurait  été  inliniiuent  moins  vio- 
lente qu'elle  ne  lo  fut.  Mais  (luelles  que 
soient  les  réticences  d'un  chef  do  gouverne- 
ment, quand  il  fait  dés  édils  ou  des  lois,  il  a 
toujours  sullisammont  d'habiletés  serviles 
autour  de  lui  pour  les  interpréter  et  les  ap- 
pliquer selon  son  bon  plaisir  et  son  désir 
se('ret.  Sévère  ne  manqua  point  de  ces  hom- 
mes de  race  de  parquet,  qui  savent  élargir 
les  ternies  d'une  loi  pour  les  a|)pliquerà  qui 
bon  leur  semble.  Quand  un  fait  est  défen  iu 
comme  crime,  tous  ceux  qui  en  ont  aidé  la 
perpétration  doivent  être  considérés  comme 
complices.  C'est  de  la  justice  élémentaire. 
Aussi,  s'il  était  défendu  de  se  faire  chré- 
tien, il  devenait  très-facile  de  poursuivre  et 
de  condamner  ceux  qui  avaient  aidé,  con- 
verti, baptisé,  accueilli  le  nouveau  i)rosélyte. 
Q  .e  de  complicités  possibles  que  nous  n'é- 
numérons  pas  !  D'un  autre  côté,  quand  on 
considère  que  la  persécution  dura  dix  ans, 
il  est  tout  naturel  qu'on  admette  ((ue  peut- 
être  les  termes  de  l'édit  étale  il  plus  expli- 
cites que  ne  le  rapporte  S[)arlien ,  et  que 
Sévère  en  ail  élargi  les  applications  par  des 
dispositions  rapportées. 

S'il  fallait  en  croire  Dodwel,  la  persécution 
suscitée  par  les  édits  de  Sévère  aurait  été 
Irès-modérée.  On  sait  la  confiance  qu'il  faut 
donner  aux  affirmations  de  cet  auteur.  Il  est 
deces  hommes  qui,  de  parti  i)ri<,ont  toujours 


des  ra.'sons  ?i  donner  en  faveur  de  cf  (jui  ni- 
la(pie  la  reli^,çioii,  des  excuses  (((Mir  ses  en- 
nemis, d)>H  iiieiison^es  pour  N'H  défeiidrri 
comme  des  calomines  pour  les  vernior.  Dire 
(pie  cet  «iiteiir  a  pé(  lié  par  ignorance,  co 
siMViit  C()miiieltre  soi  imniie  h-  péché  (pTori 
lui  ri<pi'oclierail.  Il  faut  nommer  les  choses 
par  leur  nom.  Dodwel  est  in  imposteur 
(pii,  maUré  raiitoril('-  d'I-iiisebc  (;t  tous  les 
monuiiKnits  de  l'I'.glise.a  meiili.  menti  scicin- 
niinil  |iour  arracher  (pichpies  ilenrons  de  la 
couronne  du  Marlyrologi;,  (pi'lipies  nivons 
(II!  raur('ol(>  de  gloire  (pie  la  i)ers('iulion  (j(j 
Sévère  a  mis  au  front  àc.  l'Mglise  de  Dieu. 

P;cs(pie  pas  de  martyrs!  L.-s  tombeaux 
d'Alexandrie,  (h^  rivg^pt(!  entièic!  et  do  la 
'riiébaide  ont  des  voix  (pii  démentent  cel  in- 
solent mensonge.  Depuis  saint  l.éonile,  lo 
père  d'OiigèiK!,  mort  en  '20.')  p(mr  la  foi  dans 
la  ville  d'.Mexandne  ;  depuis  les  ((mrageiil 
disiipli  s  du  savant  |irolesseur  (|uo  noiis  ve- 
nons de  nommer,  jus(pi'h  saint  Uiilile,  le 
dernier  martvr  d'.Xfricpie  sons  Sévère,  ave/- 
vous  C()mpt(;  les  saints  et  les  saintes  '|U0 
celte  persécution  a  fait  mourir?  Et  Lvon  et 
Carlhage  n'ouvrenl-ils  pas  leurs  fastes  noa 
j)lus  pour  vous  écraser.'  Nous  devrions  dé- 
daigner de  telles  attacjues  ;  nous  le  ferons  à 
l'avenir. 

A  Lyon,  la  persécution  fut  aiïr(nisc.  D'a- 
près saint  (Irégoire  do  Tours,  le  nombre  des 
martyrs  qui  dans  celle  ville  versèrent  leur 
satig  avec  saitil  Irénée,  leur  évètpie,  monte 
h  plusieurs  milliers.  A  Carlhage  aussi  ello 
fut  violente  et  couronna  de  nombreux  mar- 
tyrs. Ku  Cappadoce,  lo  gouverneur  Hermi- 
nien  tit  périr  dans  les  tourments  une  giande 
quantité  de  chrétiens.  Cet  état  de  choses 
dura  jus({n'à  la  fin  du  règne  de  Sévère,  car 
nous  trouvons  des  martyrs  jiour  l'année  210. 

Un  des  caractères  reuiarcjuables  de  la  per- 
sécution (ie  Sévère,  c'est  (]u'elie  fut  dirigée 
principalement  contre  ceux  qui  embras- 
saient la  religion  chrétienne,  aux  termes  de 
l'édit  qu'il  avait  rendu,  et  que  Sparlien  rap- 
porte. Aussi  voyons-nous  une  multitude  cle 
martyrs  qui  n'étaient  que  catéchumènes. 
C'est  peut-être  parce  qu'on  respectait  les 
dispositions  de  cet  édit,  qu'Origène  fut,  sans 
être  traduit  devant  les  magistrats,  accompa- 
gner au  sui){)lice  ses  diSviples  nouvellement 
convertis.  Cependant  son  père  Léonide  avait 
été  martyrisé  dans  le  même  lieu,  peut-être 
sous  les  mêmes  magistrats,  bien  qu'il  fût 
chrétien  depuis  longtemps. 

En  Afrique,  durant  cette  persécution,  beau- 
coup de  chrétiens  prirent  la  fuite,  beaucoup 
se  raclielèrenl  à  [trix  d'argent.  Les  monla- 
nistes  et  Tertullien  lui-même,  qui  avait  fini 
par  embrasser  leurs  erreurs,  prétendirent 
que  ces  moyens  étaient  contraires  au  véri- 
table esprit"  chrétien,  et  que  ceux  qui  les 
employaient  le  faisaient  par  lâcheté.  Ils  ou- 
bliaient cette  recommandation  faite  par  l'E- 
vangile aux  faibles  d'éviter  le  danger,  recom- 
mandation qui  permettait  une  fuite  prudente 
à  tous  les  chrétiens,  hors  les  cas  exception- 
nels ;  car  tous  les  chrétiens,  quels  qu'ils 
soient,  doivent  se  considérer  comme  faibles. 


483 


PF.K 


PFR 


■581 


Qnnnl  on  r.icliot  i]o  In  vio  par  nrc^ont,  nous 
irions  prcsiiuo  jn-^ilii';!  iliro  que  {ÏH  (pio  les 
pprsénUours  no  mcltnifnl  pas  (l'nnîrc  ron- 
dilion  à  la  paix  qii'ils  laissaient  au\  rhrr- 
ticns,  il  était  du  devoir  de  ces  derniers  de 
racheter  ainsi  leur  vie.  Dans  tf»us  les  ras, 
Tar^^enl  vaut  moins  que  la  vie.  Au  pf)int  de 
vue  humain,  eeu\  qui  se  la  ronscrvaiciil  en 
payant  faisaient  un  acte  sage;  au  point  de 
vue  religieux,  ils  obéissaient  h  celle  rè;:;le 
(pii  Veut  (pie  l'honune  use  de  tous  les  moyens 
permis  pour  se  conserver  la  vie,  de  laquelle 
il  n"a  pas  le  droit  de  di  poser,  parce  qu'il  en 
doit  conq>te  h  Dieu  qui  la  lui  a  donnée.  Les 
monlani^les  triomphaient  en  voyant  les  chré- 
tiens d'-VlVique  em|>loyer  la  fuite  et  l'argent 
pour  se  soustraire  à  la  persécvition.  Ils  les 
insultaient  incessamment  pour  cela.  Dieu 
permit  cpTun  de  ces  chrétiens,  (pii  plusieurs 
fois  sétait  soustrait  i)ar  la  fuite  à  la  violence 
de  la  persécution,  et  même  racitelé  fiar  ar- 
gent, fût  arrèti'.  Sa  conduite  glorieuse  donna 
le  plus  éclatant  démenti  aux  calomnies  des 
nionlanistes.  ('onune  on  peut  le  voir  h  son 
tiln>.  d  soullrit  le  martyre  avec  un  courage 
hérOKjue. 

La  persécution  de  Sévère  ne  s'éteignit 
qu'à  la  mort  de  ce  prince,  lafpielle  arriva  à 
York  dans  la  (irande-IJrelagne,  en  l'an  '211. 
{Voy.  son  article.)  Caracalla  son  tils  lui  suc- 
céda. 

PERSlklTIONS    sous    MAXIMIN   l". 

Depuis  la  mort  do  Sévère,  l'Eglise  de  Dieu 
n'eut  h  soulfrir  que  des  faits  isolés  de  per- 
sécution ,  comme  nous  en  trouvons  tou- 
jours mèmesouslesmeilleursem[)ercurs  :  car 
la  pai\  pour  elle,  c'était  le  ralentissement  du 
combat  plutôt  qu'un  armistice  complet. 
Ainsi  la  |)remière  année  de  Claracalla  ne 
fut  pis  e\enq)te  de  persécution  ;  mais  bien- 
tôt ce  prince  se  montra  favorable  ;\\\x 
clirélicns.  Ses  successeurs,  Macrin  ,  Hélio- 
gabale.  ne  furent  pas  non  plus  persécu- 
liuis.  Les  cruautés  commises  sous  Alexan- 
dre Sévère,  le  meilleur  des  princes  quaiinit 
eus  les  Romains,  ne  doivent  pas  ^trc  atli  i- 
biiées  ;i  (  et  empertnir,  maisbiinih  l'IpieiKpré- 
fetduprt'loire.  yVoij.  son  article.]  Apiès  i'as- 
.sassinat  d'Alexandre  par  Ma\iunn,ce  prince 
baibare  prit  à  lAche  dehair  ((Mpi'avait  ainu- 
Alexandre,  de  persécuter  ce  (ju'd  avait  pro- 
tégé. Il  se  montra  excessivenunit  cruel  en- 
v(n's  les  chrélieiis  que  cet  exeellenl  prince 
avait  constamment  favorisés.  C-e  fut  i-i  l'une 
«les  causes  principales  de  la  haine  cpiil  mon- 
tra contie  eux.  In  motif  de  vanité  peoon- 
m  lie  froissiM"  vint  aussi  augmenter  sa  colère. 
Un  soldat  avait  refusé  de  mettre  sur  sa  tèlc 
la  courofuie  qu'y  avaient  (  ouluiue  de  !nellr(^ 
les  solilats  quand  les  empereins,  h  leur  avc- 
nenienl,  leur  faisaient  des  largesses.  Il  pré- 
tendait que  sa  reliai"!!  le  lui  défendait,  ("".elle 
exagérilioii  il'un  /ele  mal  érlairt'  fut  la  caust» 
d'une  violente  colère  de  Maximin  contre  les 
rhréliens,  il  se  vengea  en  lais.Til  mourir  le 
.soldat  et  en  laneanl  des  édils  eruels  c'jt.lie 
tous  ceux  qui  partageaient  ses  croyances 
religieuses.    .>îa\iinin,  méchant  lui-môme , 


homme  parti  de  bas  lieu  et  rempli  d'in- 
stincts bas  et  féroces, devait  naturellement  se 
faire  le  llatleur  des  gens  du  peuple,  de  ces 
hommes  qui,  dans  tontes  les  nations,  consti- 
tuent celte  minorilé  turbulente  et  factieuse 
qui  impose  h  la  population  tranquille  ses 
volontés  perverses  et  slupides,  ({uand  le 
pouvoir  est  ass3z  faible  ou  assez  mauvais 
pour  le  souffrir. 

La  populace  détestait  les  chrétiens  ,  en 
Orient  surtout,  où  Dieu  avait  envoyé  ses 
fliaux,  des  famines,  des  tremblements  de 
terre  qui  avaient  englouti  des  villes  ;  elle 
les  attiibuait  aux  chrétiens.  Maximin,  pour 
tlatter  les  basses  passions  des  gens  intéres- 
sés k  le  soutenir  comme  leur  semblable  et 
leur  représentant,  s'associa  h  ces  haines  et 
lança  des  édits  contre  les  chrétiens.  Il  y 
était  commandé  aux  magistrats  et  gouver- 
neurs de  provinces  de  proscrire  sans  pitié, 
de  mettre  h  mort  les  prêtres,  les  diacres  et 
même  les  clercs  qui  s'occvqiaient  de  l'ensei- 
gnement chrétien.  On  se  tromperait  fort  si  l'on 
pensait  que  ces  édils  ne  furent  appliqués 
qu'aux  gens  d'Kglisi'  :  ils  devinrent  un  pré- 
texte |)Our  évoquer  les  dispositions  des  lois 
et  des  édits  faits  par  les  précéilents  enqie- 
reurs,  et  i)our  les  appliquer  dans  tout  l'em- 
pire avec  une  cruauté  sans  égale.  On  jiré- 
tend  (jue  Maximin,  (pii  avait  litngtemps  él6 
en  Asie,  et  qui  connaissait  la  grande  répu- 
tation d'Origônc  et  les  immenses  services 
qu'il  rendait  à  l'Eglise, avait  en  vue.  dans  ses 
édits,  de  renverser  cette  puissante  connue  de 
l'Eglise.  Origène  évita  la  piMsécution,  Maxi- 
min sevengea  en  persé;'utant  c;  uellemenl  Am- 
broise,  l'ami  du  grand  docteur,  qui  ne  dut 
de  n'être  pas  mis  à  mort  qu'aux  événe- 
ments poliliipies  (pli  absorbèrent  rallention 
de  Maximin  et  l'empêchèrent  d'accomidir 
ses  projets  sanguinaires   h  son  égard. 

La  persé(  utioii  fut  atroce  en  .Vsie  Mineure 
sous  St'rennien,  gouverneur  de  la  Cappadoce. 
(Voy.  Sérenmf.n  et  CArPADOCE.)  A  Rome,  le 
jtape  Ponlitni  fut  exilé  et  alla  mourir  en 
Sardaigne.  Son  successeur,  saint  .Vntère,  fut 
niis  à  mort  anrès  un  mois  et  sept  jours  de 
pontilicat.  S'il  faut  en  croire  le  Martyrologe 
romain,  un  con>ul,  nommé  Palmacc,  avec  sa 
femme,  ses  enfants  et  beaucoup  de  person- 
nes dt>  sa  maison  ;  un  sénateur  nommé  Sim- 
)liceavec  sa  femme,  ses  enfants  et  soixanle- 
iiiit  personnes  de  sa  faniille  ;  plus  un  nom- 
mé Félix  (>t  Rlande.  sa  fenuue,  funml  marty- 
risés h  Rome  et  leurs  lèies  exposées  sur  les 
murailles  pour  épouvanter  les  clirélicns. 
Nous  avons  dit.  en  parlant  dt<  saint  Palmace, 
h's  dillicull(''s  (pie  nous  trouvions  à  ce  récit. 
Le  lecteur  fera  bi.  n  de  recourir  h  cet  article. 

r(M)danl  dtnix  ans.  h  partir  de  l'an  HX'y, 
épo(pie  de  l'avènement  de  Maximin,  la  persé- 
cution fut  terrible.  Dans  la  dernière  de  son 
règne,  l(>s  luttes  (pi'il  (Mit  h  soutenir  contre 
les  empereurs  élus  par  le  si'niat  pour  le  dé- 
trôner, absorbèrent  son  attention  cl  le  dé- 
tournèr(Mil  de  ses  cruaMt('s.  On  prétend,  avec 
asso/  de  raison,  (jue  lAfrKpie  tut  exempte 
des  persécutions  qui  allligèrenl  les  autres 
contrées  de  l'empire.  L'Afrique  obéit  près- 


48» 


l'Kll 


Il  U 


4M 


«).S 


(jtio  rnnslaimiH'iil  aux  (iordiciis  sniis  !.•  n' 
Hii(«  (le  M.iMiiim.  t'I  (''S  ••\<(«llfiils  |ii'iii<-< 
110  ronimiifiit  poiiil  tic  rvs  cni.iiih's  (|iii  dcs- 
ii()ii(ir(''ii'iil  laiil  (rfiiipcifiiis.  Cl!  lui  sons  lo 
rr^^iir  lin  Maximiii  i|iii<  li'S  |ii'rsi''rul()iir< 
n>iiiim'iiri>ii'iit  à  biOIri-,  à  iliHniiir  h-s  (\;^li- 
si's  ih's  rliirlii'iis.  Jiis(|iraii  rr^^iii"  irAloxaii- 
«Irr.  ils  n'i'ii  avaii'iil  pas  (mi,  <)ii  du  moins 
«•xiM'ssivciiii'iil  |t('U.  I.i's  liislnricns  ia|in(ii- 
li«lit  qui'  fo  lui  s(iu.%  II'  rr;;tn'  dr  ici  rxirllcnl 
|iiiii(r  i|irils  cnininonri'it'ul  h  eu  hAlir  :  lii'ii- 
iTUst-mnil  iioiir  l'l''.^;lis(Mli!  Dini  (]iii'  !Ha\i- 
min  vinl  paver  à  l)i(Mi  ot  aux  lionnucs  la 
jx'inc  Irncsti-iî  de  si'S  crimes  devant  la  ville 
d'Aipiilée  ipi'il  assii^cail.  Il  v  tut  assassiné 
>ar  ses  suidais,  apfès  Irois  ans  el  ipiel(|ues 
ours  do  r^^ne,  nverson  lils,  exeellont  jeiino 
loinnio  ,  aussi  distingué,  aussi  bon  ipie  son 
père  l'élail  pen,  el  (jni,  nu  »iire  de  lous  les 
anloiu-s  eonleniporams,  élnil  il    tous  égards 


digne  d'un  nieilioin-  sort. 

IMCHSKCniONS  sors  IMIILIPPIC. 

(roj/.Ai.i:xAM)uiii.  ) 

pi:nstiUTiONS  sous  dùce.  • 

Lorsque    l'emiierenr  D^ce   monta  sur   le 
ti'one,  depuis  longtemps   l'Eglise  jouissait 
d'une  asst'Z  grande    paix.   Cotte   jiaix   avait 
conuuoneé  h  la   moit  de  Sévère,  ot   n'avait 
vAé   troul)lé(>   cpie    passagèrement.  Maximin 
avait  surtout  attaqué  le   clergé,  ne   faisant 
pas    poursuivre    les   simples  tidèles,    si    eo 
n'est  exeeplionnellement.  Kncore  les  événe- 
ments  l'avaient   tellement  détourné  de  ses 
mauvais   desseins,    que,    dans    la   dernière 
année  de  so!i  règne,    il    n'avait  pas   pu   les 
exécuter  contre  la])lupart  de  ceux  qu'il  vou- 
lait faire   mourir.  Ambroise,  l'ami   d'Origè- 
ne,  dut  à  cela  de  n'être  pas  mis  à  niort.  Sous 
Philippe,  les  chrétiens  n'avaient  été  persé- 
cutés qu'isolément  et  par  suile  d'émotions 
populanes,  connue  cela  eut  lieu  à  Alexan- 
drie. Du  reste,  dans  ces  temps  de  la  primi- 
tive Eglise,  on  nommait  paix  ce  qui  mainte- 
nant nous  semtjlerait  une  guerre.  (Juand  la 
tempête  avait  passé,  on  ne  s'occupait   plus 
des  bourrasques.  Pendant  toute  cette  période 
le  christianisme  avait  l'ait  considérablement 
de  conquêtes.   Dans  beaucoup  de  provin- 
ces, les  chrétiens  bAtissaientdes  églises';  il  en 
était  même  quelques-unes  où  ils  commen- 
çaient à  abattre  les  temples  et  les  idoles  des 
païens.  L'arbre  duGolgotlia  étenda.t  do  pro- 
che en   proche  son  ombrage  salutaire.  Les 
conversions  étaient  fréquentes  et  incessan- 
tes ;  l'Eglise   était   florissante,   et  com[)tait 
dans  son  sein  une  foule  d'iiommes  remar- 
quables par  leurs  vertus  et  par  leur  science. 
En   première  ligne  dans  le   haut  clergé  ve- 
naient saint  Denys  d'Alexandrie,  saint  Gré- 
goire Thaumaturge   et   saint    Alexandre  de 
Jérusalem.  Venaient   ensuite  le    pape  saint 
Fabien,  saint  Babylas  d'Antioche,  saint  Fir- 
niilien  de  Césarée^  en    Cappadoce.  Dans  les 
rangs  du  clergé  inférieur,  on  voyait  Origène, 
ce  géant  de   savoir,    cet  homme    universel, 
qui  était  au-dessus  de  toutes  les  gloires  que 
nous  venons  de  nommer,  et  qui  les   éclip- 


.s.iil  ronuni'  II)  soiril  illare  la  liimii-re  des 
éliiili's.  .Auriiudans  l'Eglisoni)  pouvait  donc 
nuirrlier  /i  iiMé  d'Ongène,  si  ce  n'osl  .Haiiit 
C.yprieu,  qui  Kouveriiait  nlnrs  l'Eglise  do 
(larllinge.  i.'l-'.>;liM'  élail  donr  cxlrèiiiemciit 
lloiissanle.  Mais  ri-lto  vivt-  liimnir  avait  m» 
ombri's.  La  disriphne  .se  ri-h'trliail,  la  cupi- 
dité, le  désir  d'amasser  «les  richesses,  ri'iii- 
plaraienl  la  ilianir'  ehri-tiiiini*.  Au  Ik-ii  deloiit 
tnellri!  en  (omiiiiin,  dit  saint  (iypiien,  cha- 
cun ne  .s'oc<upait  qu'h  grossir  son  avoir.  Ln 
piélé  de  la  religion,  ajouti'-t-il,  l'iail  mniii* 
dans  Ifs  prêtres,  l'iiité^nlé  clir/  h-s  nu  us- 
Ires.  lui  lisant  h;  tableau  qu'il  fait  de  soti 
épo(pie,on  voit  ipii'  li'srlu  éliiiis,  n'riant  plus 
.stimulés  par  la  persi-rution,  pi-nrhaii'nt  du 
c<^té  des  vices  et  du  relAclKunent  de.s  mu'urs. 
Des  évêipii'S  mêmes,  aiiuant  le  luxe  el  l'oi- 
siveté, ne  s'ocrupaienl  j  lus  de  leurs  églises, 
voyageaient  |)our  leur  plaisir,  se  niêlaient 
de  négoce,  [trètaienl  à  usure,  en  un  mot  allli- 
geaienl  les  vrais  ebiéliens  par  des  scandu- 
ïes  de  toutes  sortes. 

Ce  fut  dans  de  telles  conditions  ipie 
l'Eglise  eut  à  supporter  la  |)ers('cution  qu'al- 
luma contre  elle  l'empereur  Dèce  el  (jui  fut 
extessivement  violenti*.  On  considéra  que 
Dieu  voulait  par  lii  pu:iir  les  coupables,  lé- 
chaulVer  les  tièdes  et  éprouver  ceux  qui 
élaient  vraiment  dignes  ih;  lui.  Dèce  ayant 
donc  vaincu  Philimje  à  Vérone,  le  lit  mou- 
rir et  monta  sur  le  trône  à  sa  place,  h  la  tin 
de  l'an  2V9.  Philippe  avait  aimé  les  chrétiens. 
Celui  une  raison  pour  (juc  DèL-c  les  détestât. 
D'un  autre  côté,  il  voyait  avec  peine  que 
les  progrès  do  la  l'cligion  de  Jésus-Christ  lis- 
sent abandonner  ihuis  tout  l'empire  le  culte 
des  idoles.  Dès  qu'd  se  vit  empereur,  il  per- 
sécuta l'Eglise.  Ce  fut  une  des  [)iemièrcs 
choses  qu'il  sembla  iirendre  à  tàclie.  Dèce 
s'attaquait  principalement  aux  évoques  et 
aux  iirêtres.  Avant  (lue  cette  furieuse  tem- 
pête commençât,  Dieu  l'avait  révélée  à  saint 
Cvprien,  qui  le  dit  foraiellemeut  dans  sa  52' 
lèltre. 

La  persécution  de  Dèce  ne  commença  pas, 
comme  la  plupart  des  autres,  par  des  émo- 
tions, par  des  soulèvements  populaires  :  elle 
fut  ordonnée  j^ar  dos  édits  envoyés  aux  gou- 
verneurs, aux  magistrats,  et  aflichés  publi- 
quement  dans  toutes  les  provinces. 

«  On  a  iini)rimé  de[)uis  quelques  années 
un  édit  contre  les  chrétiens,  qui  porte  le  nom 
des  deux  Dèce  (le  père  et  le  tils),  l'un  au- 
guste et  l'autre  césar,  autorisé  par  un  arrêt 
du  sénat,  et  adressé  a  tous  les  gouverneurs, 
proconsuls  et  autres  magistrats  de  l'empire. 
Les  doux  princes  y  déclarent  qu'ils  avaient 
résolu  de  donner  la  paix  à  l'empire,  el  de 
traiter  leurs  sujets  avec  toute  sorte  de  clé- 
mence ;  que  la  seule  secte  des  chrétiens  était 
capable  de  s'opposer  à  leurs  desseins,  parce 
qu'en  se  déclarant  les  ennemis  de  leurs 
dieux,  ils  attiraient  toutes  sortes  de  mal- 
heurs sur  l'empire  ;  qu'il  fallait  donc ,  avant 
toute  chose,  apaiser  les  dieux  irrités  ;  et 
qu'ainsi  ils  faisaient  cette  ordonnance  irré- 
vocable, que  tout  chrétien,  sans  distinction 
de  qualité,  de  dignité,  do  sexe  ou  d'âge,   se- 


iSJ 


TER 


PER 


488 


Ttiil  oblirît'  <1<^  snrrifior;  (juc  coui  qui  lo  ro- 
fiiscrnitMil  soraieiit  d'abord  cnfernu'S  dans  le 
fond  des  cachots  ;  (ju'ensuile  on  leur  ferait 
éprouver  les  moindres  snpplires  ;  pour  tA- 
rlier  ilo  les  vaincre  peu  à  peu),  et  rpie  si 
quel'ju'un,  revenant  h  soi,  renonçait  k  ce 
nouveau  culte,  il  serait  honoré  et  récom- 
pensé niai^'niliquemcit  ;  que  tous  les  autres 
seraient,  ou  précipités  au  tond  de  la  mer,  ou 
jetés  tout  vils  dans  les  tiainmes,  ou  e\po«és 
en  proie  aux  hétes  farouches,  ou  suspendus 
à  des  arbres  pour  èlre  la  pâture  des  oiseaux, 
ou  déchirés  en  mille  manières  par  tous  les 
plus  cruels  supplices.  »  (Cet  édil  aune  assez 
grande  coiiformitéavec  l'idée  que  les  anciens 
nous  doiment  de  celui  de  Dèr(^,  et  avec  la 
manière  dont  il  fut  exécuté,  mais  il  s'y  ren- 
contre d'autre  [^art  diverses  dillicultés,  qui 
font  que  nous  n'osons  pas  nous  assurer  que 
ce  soit  cet  édit  même.) 

«  Ceux  tpii  rapportent  l'édil  dont  nous  ve- 
noiis  de  parler  ajoutent  (lu'on  en  lit  publi- 
quement la  lecture  (Jans  le  camp  des  [)réio- 
riens,  et  qu'on  ralficha  duis  le  Cafiilole,  de 
sorte  que  le  bruit  s'en  étant  aussitôt  répandu 
dans  Rome,  toute  la  ville  se  trouva  pleine 
de  tumulte  et  île  frayeur,  et  datis  le  même 
troui)le  où  (Ile  s'était  vue  du  temps  que  les 
triumvirs  faisaient  de  si  cruelles  proscrip- 
tions. On  travailla  aussitôt  à  en  faire  des  co- 
pies, et  à  dé[)ècher  des  courriers  pour  les 
envoyer  de  tous  côtés  par  terre  et  par  mer. 
Il  eslcertain,  en  etlet,  (jue  ledit  de  Dève  fut 
envoyé  à  tous  les  gouverneurs  de  province, 
à  qui  on  faisait  de  grandes  menaces  s'ils  ne 
contraignaient  les  chrétiens,  par  la  tern^ur 
et  [)ar  toutes  sortes  de  sup[)lices,  à  abando  i- 
ner  le  culte  de  Jésus-Christ  pour  retourner 
h  la  religion  de  leurs  pères.  »  (Tillemont, 
t.  m,  pag.  31)9,  .310.) 

D'un  autre  côié,  saint  Grégoire  de  N^sso 
rapporle  que  le  gouverneur  (lu  Po'K  (it  afii- 
cher,  par  ordre  de  l'empereur,  un  édit  terri- 
ble, déclarant  qu'il  fallait  que  chacun  re- 
non(;;U  au  cbnslianisme  ,  sous  peine  des 
lourmenis  les  plus  rigoureux  et  de  la  mort 
la  pbis  cruelle.  Aussitôt,  dit  le  saint,  les 
magistrats,  les  juges,  les  gouverneurs  d(> 
provinces,  (piitièrent  toute  autre  ntfaire 
pour  ne  s'oc(Mij)er  fine  des  poursuites  h 
exercer  ccmtre  les  chréliens.  Les  sui>pli('es 
les  plus  cruels  étaient  employés  |)our  les 
vaincre.  La  trahison,  la  délation,  faisaient 
sans  cesse  trembler  les  malheureux  (pie  la 
persécution  mena(;ait.  Les  voisins,  les  pa- 
rents, les  amis,  se  dé'ioin;;aient.  Chacun  ne 
vovail  autour  de  soi  (pie  des  sus|)(>cls.  Quel- 
ques-uns des  dénonciateurs  allaient  direc- 
tement aux  ma:.;isirats  leur  nommer  les 
chrétiens;  d'autres  les  ind:(piaieiU  aux 
fljçenls  de  l'autoritt',  dans  les  rues  et  autres 
lieux  publics,  en  les  montrant  au  duigl.  On 
vil  des  pères  (b'fioncer  leurs  eiil'iiil"'  ;  des 
fils  dt-noncer  leurs  pères.  Dans  un  tel  étal 
de  rhose.s  la  fuite  parut  le  seul  moyen  de 
salut,  les  villes  devinrent  disertes,  les  mai- 
sons vides  d'habitants  ;  les  prisons  re^or- 
ge.iinnt  de  prisonniers.  Dans  les  assemblées 
pnbli'pies  ,    la  gaieté  ne  se  inontroil   nulle 


part,  la  défiance  partout.  L'entretien  de  tout 
le  motule  roulait  sur  les  personnes  arrêtées, 
traînées  devant  les  tribunaux,  livrées  aux 
supplices.  Rien  n'était  respecté  par  les  pi^- 
sécuteurs;  ni  l'enfance  ni  la  vieillesse,  ces 
deux  ilges  consacrés  par  la  faiblesse;  ni  le 
sexe,  que  deux  sentiments,  l'amour  maternel 
et  l'amour,  ont  fait  respeiter  dans  tous  les 
temps  et  chez  tous  les  peuples.  En  Egvpte, 
on  débuta  par  persécuter  les  chrétiens  (î'une 
manière  violente,  et  en  leur  faisant  souffrir 
les  tourments  et  môme  la  mort  ;  ailleurs, 
on  procédait  dilféremment.  En  .\frique.  [)ar 
exem|)le,  comme  on  le  voit  par  les  lettres 
de  saint  Cyprien,  on  débuta  par  les  tenir 
en  prison  très-longtemps,  espérant  vaincre 
leur  constance.  Mais  bientôt  on  en  vint  à 
faire  s(nitfrir  aux  confesseurs  les  tourments 
de  la  (pieslion,  et  on  les  lit  même  mourir. 
On  voit  (]ue  saint  .Mappalique  et  plusieurs 
autres  furent  martyrisés  le  17  avril. 

Ce  qui  fut  le  plus  dangereux  pour  les 
chrétiens  durant  la  persécut  on  de  Dèce  , 
c'est  (ju'on  s'e(Ton;ait  de  les  vaincre  par  les 
t(;)urments,  qu'on  mettait  un  art  inlini  à  va- 
rier et  à  prolonger.  Le  but  qu'on  se  propo- 
sait c'était  de  les  faire  abjurer.  C'était  telle- 
ment bien  le  but  des  païens,  (]ue  quand  des 
chrétiens  consentaient  h  donner  un  billet 
constatant  qu'ils  avaient  sacrifié,  on  ne  les 
contraign  lit  pas  à  le  faire  réellement.  On  se 
Cf)ntentait  de  recevoir  d'eux  une  somme 
d'argent.  On  nommait  ces  chrétiens  qui  se 
sauvaient  ainsi,  libcllatiqnes,  ou  porteurs  de 
billots.  Les  persécuteurs  adoptèrent  dans  ce 
temps-là  une  coutumo  infAme.  Ils  menaçaient 
les  femmes  des  chrélieiis  de  les  prostituer 
dans  les  lieux  publics  si  elb^s  refusaient  de 
sacrilier.  Ils  mettaient  à  exéinilion  ces  af- 
freuses menaces  ;  mais  la  plupart  du  tem[)s. 
Dieu  faisait  des  miracles  pour  sauver  la 
chasteté  de  ces  saintes  femmes  qui  mettaient 
en  lui  leur  confiance. 

■•  La  p(;rsécution  de  Dèce  fut  déplorable  pour 
l'Eglise,  en  ce  sens  (pi'elle  occasionna  la 
chute  d'une  foule  de  chrétiens.  «  Le  plus 
grand  nombre  de  nos  frères,  dit  saint  Cy- 
prieti.  a  trahi  sa  foi  aux  premières  menaces 
de  l'ennemi,  et  n'a  point  été  abattu  par  la 
violence  de  la  persécution,  mais  s'est  abattu 
lui-même  par  une  chute  volontaire  ;  quoi- 
qu'un chiélien  ne  doive  pas  être  surpris  do 
voir  arriver  les  persécutions  que  Jésus-Christ 
a  [irédiles...  ils  n'ont  pas  même  attendu 
(ju'on  les  interrogeAt  {)our  r^nioncer  à  leur 
foi,  ni  (ju'on  se  saisit  de  leurs  personnes 
pdur  bn'iler  de  l'enctnis  sur  les  autels.  Plu- 
sieurs ont  été  vaincus  avant  le  « oinbal,  et 
ont  élé  terrassés  avant  le  choc,  n'ayant  pas 
tni  le  soin  de  f  ire  paraître  (pi'ils  avaient  sa- 
crifié aux  idoles  maigri"  eux.  ils  couraient 
d'eux-mêmes  h  la  place  publiipie  ;  ils  se  hâ- 
tai(Mit  d'alhîr  à  la  mort,  comme  s'ils  eussent 
désiré  longlem|)S  auparavant  de  faire  celte 
adion,  comme  s'ils  eussent  élé  ravis  de  joie 
d'avoir  r«>n( outré  l'occasion  qu'ils  avaient 
toujours  souhaitée.  Oiie  dirai-je  do  ceux  (jue 
les  magistrats  remetiaienl  au  lendemain  k 
couse  (pi'il   était  tro|i  lard,  et  rpii  les  sup- 


i8i) 


ri:it 


l'F.n 


490 


|ili.'ii(>iit  (Ir  ne  |>ns    lillV-icr  (lavanlngn  leur 
|i(mI('  cl  Iriir  niiiKi  ?» 

„  Il  II,,  l'aiil  |Hiiiil  (lissiiiuilcr  la  vcrih", 
ooiitimio  saint  «Ivpii  ii,  ni  couvrir  par  \r  si- 
It'iirc  le  siiji'l  l'I  la  cuise  (l(<  iKi.s  man\.  IMn- 
.sMMns  se  sonl  perdns  par  ranioiir  aveiiKle 
(le  leurs  l)i(MVs,  el  ne  se  sonl  pas  trouvés  en 
•Mat  (le  so  refn'cr,  à  cause  (pi'ils  ('laienl  ai'- 
r«M(Vs  par  Icius  iichess(!s,  ((mune  par  des 
chatu(\s.  Ç'ont  6l>S  \h  les  liens  (pii  les  ont 
eiupiVIu^s  (le  fuir,  (jni  ont  ahallu  leur  cou- 
lage, (''loullé  leur  loi,  (••icliaîiK'  Iciu'  esprit 
et  rendu  Itiii- Aine  captive.  Avant  v\é  alla- 
clu'S  h  (les  passions  lerreslres,  ils  sonl  deve- 
nus la  proie  du  serpent  (pii  (h'vore  la  terre, 
connue  Dieu  l'a  dit  lui-niOiue.  »  (Saint  Cy- 
prien,  </(•  l.upsis  ) 

Les  uu^'un^s  uialheuis  arrivc^'rent  h  Alexan- 
drie el  pres(iue  partout.  A  Carlliii^ie,  la  plus 
(j;ran(le  partie  du  jxMipie,  du  cl(>r^('i  nu^tne, 
ahinra  la  toi.  lîeaucoup  (r(''V(\puïs  uu^uies 
tonibî^renl  ilans  ce  malheur.  Ueposlo  'Je  Sa- 
turtu\  en  AlViipu'  ;  Joviu  et  j>ia\iiue,  ('"Vè- 
(lues  dans  la  nu^nie  province;  l'orturiatien 
(l'Assur  ;  Basilide,  (^vc^iue  de  Kéou  en  Espa- 
^j^UG  ;  Martial,  évtVpie  (l(>  Mér'ula  ;  lùidt^mon, 
év(Viut>  de  Suiyrnc,  furent  de  ce  nombre. 
Ce  (lernier  (ivùqiic  devint  môme  un  des  per- 
séculcui's  de  ceux  dont  naguère  il  était  le 
\)èvv  sj)irituel. 

La  (iouleur  de  l'Lglise  ne  fut  pas  bornée 
à  ces  désastreuses  apostasies.  Beaucouf)  de 
chrétiens  qui  étaient  tombés  demandaient  à 
rentrer  dans  le  sein  de  l'Eglise.  Cette  cir- 
constance pro  luisit  deux  schismes,  celui  de 
Féiiciisim  '  à  Cartilage,  celui  de  Novatien  à 
Rome.  Félicissime  voulait  qu'on  re(;ût  les 
tombés  avec  une  facilité  qui  ruinait  la  dis- 
cipline e(.clé.Nia>liq.io  et  qui  était  contraire 
aux  vrais  intérêts  de  la  foi  et  des  tombés 
eux-mêmes.  Novatien  voulait  ([u'on  leur  re- 
fusât toute  os[)èce  de  réconciliation.  Telles 
furent  les  plaies  dont  l'Eglise  eut  à  pleurer 
et  à  sonUrir.  Maintenant  parlons  de  ses 
triomphes. 

Si  biîaucoup  de  chrétiens  tombèrent  dans 
la  persécution,  il  y  en  eut  un  grand  nombre 
qui  soutinrent  généreusement  le  combnt, 
qui  moururent  après  avoir  enduré  les  plus 
cruels  tourments.  Beaucoup,  sans  aller  jus- 
que-là, triomphèrent,  comme  Origène,  des 
persécuteurs ,  en  supportant  les  supplices 
les  plus  horribles.  Dans  celte  cruelle  tem- 
pe l(\  la  fuite  fut  le  refuge  d'un  Irès-grand 
nombre  de  chrétiens.  Les  évoques  eux-mê- 
mes leur  donnèrent  l'exemple  :  saint  Cy- 
prien,  saint  Denys  d'Alexaidrie,  saint  Cré- 
goire  Tnaumaturge  dans  le  Pont,  parvinrent 
ainsi  à  se  soustrau'e  à  la  rage  des  persécu- 
teurs. Q.iand,  d'un  C(jlé,  o;i  voyait  les  {)ius 
fermes  colonnes  de  l'iiglise  tomber  sous  la 
peisécutiuu,  le  pape  Paint  Fabien  à  Rome, 
saint  B:'i)ylas  d'Aiil:(jche,  sai-'.t  Alexrndre 
de  Jérusalem,  on  comprend  que  ceux  qui 
restaient  dussent  sonj,er  à  se  sauver  de  la 
nioit,  pour  que  l'Eglise  ne  [.«erdît  pas  à  la 
fois  tous  ses  chefs,  les  fidèles  tous  leurs  dé- 
fenseurs. Le  but  de  Dèce  était  d'abattre 
toutes  les  sommités  du  clergé.  11  avait  rêvé 
DitiTiojiN.  DES  Peusécutio>s.  IL 


l'intermination  du  chiislianisme.  Après  la 
mort  de  sanit  l'abu-n  il  (■nqiê(  ha,  Jusrprà  la 
tin  de  son  règ  le,  ipi'oi  lui  t>oMiiii;U  un  suc- 
ci'SM'ur.  L'Eglise  n'(Mil  un  (  hef  lUprème  rpie 
ipiatid  cet  empereur  fui  forcé  de  (piittcr 
Itome  pfuir  aller  comlrittre  les  (ioths  i;t  |i;h 
Carptvs.  Tandis  (|u'on  t'aisail  mourir  leH.<inints 
(pie  nous  venons  de  nommer,  on  cliercliait 
aclivcmcnl  saint  Cypricii,  saini  lieiiys  ol 
saint  (iiM'goire  'riwiiiiiialiirgi;.  Oiigcue  était 
dans  les  f(,'rs.  Ouanl  à  lui,  on  ne  voulait  pas 
le  faire  mourir,  on  voulait  son  abjuration  ; 
on  voulait  ipn;  rexcinple  ,  tombaiU  de  si 
haut,  enIraiu.'U  un  grand  nombre!  d'iii'ita- 
leurs.  Mais  Origène  supporta  toutes  les  tor- 
tures avec  un  admirai»!»  ronrng»!.  M  fut, 
dans  1rs  fers  et  d^ns  les  tourments,  aussi 
grand  (pie  par  la  science. 

Nous  nous  sommes  expli(|ué  sévèrement 
à  |>"0| os  d(>  certains  prêtres  d'Alexandiii! 
<lifi  avaient  fui  durant  la  persi'-eiition.  Il  ih; 
faut  pas  croire  qu'il  y  ait  contradiction  dans 
notre  manière  de  vo  r  et  de  juger.  Oui,  (;n 
général,  un  prêtie  do  t  rester  à  son  \>t)s[<: 
dans  les  temps  do  persécution  ;  mais  il  y  a 
des  exceptions  h  tout(3  règle.  Les  saints  évê- 
ques  dont  nous  avons  ra()|)orté  la  fuilo 
obéissaient  à  l'ordre  de  Dieu  et  h  l'intérêt 
de  l'Eglise,  qui,  comme  nous  l'avons  dit, 
exigeait  (jue  (luclques-uns  des  prélats  émi- 
nents  qui  la  gouvernaient  lui  lussent  con- 
servés. Ce  qui  prouve  ce  que  nous  avançons 
ici,  c'est  que  saint  Cypricn  blAina  fortement 
et  soumit  même  à  des  punitions  des  prêtres 
de  son  diocèse  qui  avaient  fui  devant  la 
[lerséculion.  rrobableinent  que  ces  [)rêtr.  s 
avaie  it  des  fonctions  oMigatoirc  s  h  remplir 
auprès  des  tidèl's;  sans  cela,  il  leur  eût  été 
parfaitement  loisible  de  se  retirer. 

Ce  fut  cette  cruelle  persécution  qui  causa 
la  fuite  de  saint  Paul,  ermite.  On  sa.l  que  ce 
saint,  s'étant  retiré  dans  une  cavcinc  de  la 
haute  Eg\pte,  résolut  d'y  finir  ses  jours  dans 
la  pénitence  et  dans  la  contemph.tion,  et 
qu'il  y  vécut  plus  de  quatre-vingt-dix  ans, 
jusqu'à  ce  q  le  Dieu  lui  envoyât  saint  An- 
toine, la  veille  de  sa  moil,  pour  qiie  son 
corps  ne  fût  pas  privé  de  sér-ullure,  et  pour 
que  les  chrétiens  fussent  inlormés  de  l'exis- 
tence ,  des  vertus  et  de  la  r;ue  perfection 
de  ce  premier  des  ermites.  Outre  les  ban- 
nissements volontaires  que  s'imposèrent 
beaucoup  de  fidèles,  il  y  en  eut  un  grand 
nombre  de  prononcés  par  les  magistrats. 
Tous  ceux  qui  partaient  de  bon  gré  ou  par 
suite  dv.'  cona.tinaatio  i  perdaieht  leurs  biens, 
confisqués  par  le  trésor  public,  souvent  au 
profit  des  dénonciateurs.  L'ne  multitude  de 
ceux  qui  prirent  la  fuite  jmur  éviter  la  nge 
des  persécuteurs  moururent  de  faim  et  de 
misère  dous  les  contré  's  sauvages  où  ils  se 
r.^fiigièienl;  d'autres  furent  massacrés  par 
les  hordes  barbares  cluz  lesquelles  ils 
avaient  cru  trouver  l'hospitalité.  Aiiisi  saint 
Quérémon,  évêque  de  Nilopolis  ,  s'er'fuit 
avec  sa  femme  dans  les  montagnes  d'Arabie. 
Beaucoup  imitèrent  son  exemple.  Ils  y  mou- 
rurent de  misère,  ou  furent  égorgés  pa^  les 
Sarrasins.  Parfois  on  se  contentait  de  chas- 

i6 


491 


PER 


PER 


492 


ser  les  rhr«<tiens  de  leur  patrie,  snns  leur 
assigner  aucun  lieu  précis  do  bannisse- 
me-il  :  c'est  ce  qui  lit  quo  soixante-cinq  con- 
ffssours  de  f.aitli.i,'»'  purent  se  reu  re  à 
Rome  et  y  résider.  (^S.  L.vprien.  lettre  -21.) 

En   Afrique,   la   persÔLUtion  do  Dèce  ne 
dura  qu"u\  an   avec  grande  Yif)le-ice.  Les 
lettres  36,  40,  71,  et  autres  de  saint  Cvpricn, 
écrites  dt'-s  avant  PAijues  251,  ou  niôiiie  h  la 
fin  de  200,  le  lénini-^'ient.  L'Ej^lise  coniinon- 
çait  dès  celte  époque  à  jouir  dun  peu  de 
calme  et  de  paix.  Saint  Cyprien  se  proposait 
de  sortir  do  sa  rotraito  après  PâqU'  s.  il  est 
probable  qui!  le  ût.  Dans  le  reste  de  l'année, 
il  tint  plusieurs  conciles:  cette  circonstance 
tend  à  pr  >uvcr  que  la   paix  était  devenue 
plus  protonde.  A  quoi   attribuer  ce  calme 
dans  rE^lise  d'Afriipie?  nous  ne  lo  savons 
pas.  On  a  sup[)nsé  des  incursions  de  barba- 
res, qui  auraient  distrait  les  persécuteurs; 
mais  ce  n'est  pas  prouvé.  11  est  plus  proba- 
ble que  ce  furent  les  troubles  survenus  du 
coté  do  l'Ulyrie  qui  produisirent  ce  résultat  : 
car.  bien  que  lEj^lise  d'Afri(pie  paraisse  avoir 
joui  de  plus  de  calme  que  les  autres,  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  qu'ailleurs  il  y  eut  aussi 
nioJér.ilion  dans  la  persécution.  Mixime  et 
les  autres  confess  urs  de  Rome  furent  ni'S 
hors  de  prison  dès  le  viva  it  de  Dèce.  Dans  le 
mois  d   juin  2ol,  probabloment  le  i,  on  put 
élire  un  pape  et  no.nmer  saint  Corneille.  Ce 
saint,  coiume  saint  Denys,  put  tenir  aussi 
divers  conciles.  Sans  doule  l'absence  de  Dèce 
y  co  itribua,  car  tant  qu'il  avait  été  à  U.)iiie, 
il  avait  emjiôché  qu'o  i  nommût  à  la  vacance 
du  siège  de  Rome.  11  disait  (ju'il  aimait  au- 
tant voir  un  coinpétile  ir  à  lem(ure,  (pi'un 
évoque  ù  Home.  Les  révolles  de  L.  Priscus 
et  de  Julius  Valens,  qui  avaient  pris  le  titn; 
d'em()ereurs ,  le  premier  eu  .Vlacétloine  ,  le 
second  en  lllyrie  ou  à  Rome  môme,  exigè- 
rent la  [jfésence  de  Dèce,   et  fure  it  proi)a- 
blement  cause  de  la  paix  ou  [)lut(.»t  du  calmo 
dont  i»rotila  l  Eglise.  On  serait  même  tenté 
de  croire,  en  lisant  les  Actes  de  saint  .Vcace, 
qu'il  y  eut  un  peu  de  modér.ition  daii;  l'es- 
prit do   Dèce  lui-nième.   Cependant    il    ne, 
hiudrail  pas  coin  lu,  e  dune  ta(;on  générale. 
L'esprit  des  bomincs  est   si  singulier   et  si 
changeant,  qu'on  peut  très-bieii  attribuer  h 
yn  caprice   la  modéralion  que  Dèce  montra 
à  l'égard  de  saint  Acace. 

O  i  trouve  dans  beaucoup  d'Actes,  dans 
qu'lques  auteurs,  et  même  dans  des  Marty- 
rologes, une  confusion  singulière  onlro  la 
per^o*  ution  de  Dèce  et  celle  do  Valéiimi.  On 
y  voit  boaui  oup  de  sauits  désignes  romino 
ayant  soulFert  sous  la  persécution  de  (es 
deux  empereurs.  C'est  une  grave  erreur,  que 
nous  avons  grande  \n'\■^G  à  concevoir,  puis- 
qu'il V  a  eu  entre  les  règnes  <le  Dèce  et  do 
Valôrien,  c«lui  de  (li  lus  ei  celui  d'Emilien. 
Certains  auteurs  ont  voulu  donner  d»-  cela 
des  ('\pliralion>  :  ils  ont  dit  qno  ceux  qui 
fvaie  it  misées  doux  perséeutions  ensemble 
Tavaient  fait,  parce  cpi  «'lies  étaient  seinba- 
ble>.  parce  que,  dans  lEeriluro,  elles  étaient 
liguitfs  par  remblèine  d'une  inèuio  bi-te. 
Ces  raisuns  suot  insignitiantes  :  il  jr  a  là  er- 


reur complète.  Ni  Eiisèbe,  ni  saint  Augus- 
tin, ni  Sulpice-Sévère,  ni  Orose,  n'ont  jugé 
1\  propos   de  faire  celte  confusion.   Ils  ont 
très-bien  séparé  ces  deux  persécnilions.  Ba- 
ronius,  pour  excuser  celte  confusion,  dit  que 
V'alérien,   ayant  été  nommé   censeur  sous 
Dèce,  eut  par  là  même  l'autorité  de  faire  des 
lois.  Il  préfend   que  ce  peut-être  là  l'expli- 
cation de  la  circonstance  qui  nous  occupe. 
Cette  raison  n'est  pas  sérieuse.  Valérien  ne 
fut  nommé  à  la  censure  qu'à  la  fin  de  l'année 
2ol,  c'est-à-diro  fort  peu  de  temps  avant  la 
mort  de  Dèce.  Il  est  même  douteux  qu'il  ait 
accepté  cette  dignité.  Or,  on  sait  que  la  per- 
sécution  fut   violente ,    surtout   en  250,  et 
qu'à  la  fin  de  251  elle  commençait  h  s'apaiser 
beaucoup.  Valérien  aurait-il  été  préfet  de 
Rome   sous  Dèce?  c'est  très-possible,  quoi- 
que   Baronius   l'ait   affirmé    sans   prouves; 
mais  ce  ne  serait  pas  une  raison  pour  qu'on 
mil  le  nom  de  Valérien  avec  celui  de  Dèce 
quand   on  parle  de   la  persécution.  Jamais 
jusque-là,  jamais  plus  tard,  on  ne  s'est  avisé 
de  désig  1er  une  persécuion  par  le  nom  de 
l'empereur  nui  la  commandait,  et  d'y  join- 
dre le  nom  cl'aucun  préfet  de  Rome. 

La  persécution  de  Dèce  sévit  dans  toutes 
les  parties  de  l'empire  A  Rome,  elle  débuta 
par  le  martyre  de  saint  Fabien  et  par  l'em- 
prisonnement de  plusieurs  membres  du 
clergé  de  son  église,  entre  autres  de  saint  Ma- 
xime, d  •  saint  Moyse  et  du  diacre  Nicostrate. 
Les  saints  Abdon,  Sennen,  les  saintes  Vic- 
toire et  Analolie,  y  fuient  aussi  martyrisées, 
Les  lieux  premiers  étaient  deux  Persans  mii 
étaient  venus  à  Rome  pour  en  admirer  tes 
merveilles.  En  Toseane,  il  y  eut  plusieurs 
martyrs,  notamment  les  saints  Secondien, 
Véi  ieii  et  Marc  Ilin.  De  1  autre  c«Mé  de  Rome 
l'Italie  eut  aussi  ses  martyrs;  saint  Magnus 
et  sainte  Secoiidine  moururent  à  Anagni. 
Saint  Félicien,  évêque  de  Foligni,  y  fut  mar- 
tyrisé, ainsi  que  sainte  Messaline.'Ravenne 
fut  honoiée  par  la  mort  de  sainte  Fusque  et 
de  s.ii;.te  Maure,  sa  gouvernante.  Saint  Ama- 
rand  et  saint  Basse  sont  les  pri-.cipaux  mar- 
tyrs de  Sicile.  En  Orient ,  nous  trouvons 
beaucoup  de  martyrs,  et  |>rincipaleraeiit  saint 
Lucien,  saint  Mercure  et  saint  Mircien,  ainsi 
que  saint  Trv|)hon,  saint  Respice  et  sainte 
Nviiqiho  à  Nîcée.  On  marque  encore  en  Bi- 
tliynie  les  saints  Leuce,  lliyrse,  Maxime  et 
Callinique.  A  Pergame,  saint  Carpe,  saint 
Papyle  ri  saint  Agathonice.  finirent  glorieu- 
sement Il  ur  vit!  par  le  inari,\re.  Nous  trou- 
vons à  Eplièso  les  sept  Dormants,  dont  l'his- 
toire lili(''ial()  a  bisoin  de  commentaires; 
saint  Nestor  oy  Pamphylie  est  un  des  nlus 
glorieux,  combattants  de  celte  époque.  Chio 
s'Iionon»  ilu  martyre  de  saint  Conon  jardi- 
nier, et  de  saint  Isidore.  La  Crète  tit  mourir 
samt  Cyrille,  évèque  de  (iortyne,  et  dix  au- 
tres martyrs.  Corintlie  eut  aussi  les  siens,  ipii 
soni  saint  Codrat ,  saint  Denys,  sont  Cy- 
pnen  et  leurs  com[>agnons.  Ici  nous  ne  fai- 
sons q  j'uii  sommorc  ,  indication  nécessai- 
rement fort  incomplète  :  cardans  un  article 
de  dic.ionnairc,  ou  (  haque  détail  est  traité  h. 
part,  nous  ne  pouvons  pas  faire  une  histoire 


495  T*f'" 

(J(*s  porsi'cnliniis.  T,n  corifcssirm  <lo  sninl 
Acncti  Tiil  |>r(»l>.il)l''Mi<"il  un  (1rs  (Iciiiit-rs 
(liiimcs  i\v  rrlUf  |u'r.s(''(Mi(i(>ii,  (|ui,  bio»)  i\u'i\- 
nioiiidrit»,  ii«>  M  complilcuiciil  rlniilc  ipio 
pjir  la  mori  d»'  l>«^<''-  '^'"'^'  M'"'  """^  I  avnns 
(lit  drii»,  t'll<^  l'i'l  <'»'^  P'"''  violoiiUis,  el  sur- 
tout des  plus  (l.ui^'t'i(Mis(>s  ,  *>ii  (-(^  (prcilo 
«ll.'KUUi  surl'iul  1»"^  sniiuiiiUVs  <»('cl('si,is(i(pn-s, 
|(vs  colonicsdc  l'K^liso.  M«in(^n  avec  ump  lia- 

hili'té  salaiii<p><'.  ''1'''  1"''  ^^  '''^'■'"'  *'*'  '""'.' 
nhjurcr  pInlAl  (pm  il»'  lairc  mourir  :  .tussi 
produisil-cll»'  de  grands  cU^a.slrcs  dans  llv 
gliso.  (lopcnd.uil  clli»  cul  aussi  h  lui  lour-iir 
do  nombreux  t-l  <b^  glorieux  lri()m|)li<'s. 
Ceux  (pil  .sorlironl  victoricnix  (hi  condjal  so 
O(nivriroiil  d'aulaot  phis  do  i^o'wo,  (pm  la 
lutto  lut  plus  acliaruôo,  ri  la  ra^o  dos  porsi^- 
cuteurs  plus  violoulo  ot  plus  cruellemcnl  ha- 
bile. 

PEBSfeciJTlON   SOUS  OALLUS. 

Ap^^s  la  mort  do  D(\'o,  f.allus,  son  suc- 
cesseur, dut  s'occuper  d'assurer  la  paix  on 
Tiermanio  ;  il  le  til  au  prix  do  son  honneur, 
puis(iu'au  lieu  do  la  coiupiérir  il  l'acheta. 
Ta-it  que  durèrent  les  négociations,  tant 
que  dura  la  marche  de  l'armée  (pii  mit  plu- 
sieurs mois  h  revenir  des  conti-ées  lointai- 
nes où  elle  se  trouvait  engagée,  l'Eglise  jouit 
d'une  paix  assez  profonde.  Mais  dès  que  le 
nouvel  empereur  fut  entré  dans  sa  capitale, 
il  persécuta  violenuucnl  les  chrétiens.  Saint 
Denys  d'Alexandrie  dit  positivement,  dans 
une  lettre  à  Hermanniion  :  «  Gallus  ne  re- 
connut pas  la  l'auto  de  Dèce,  et  ne  s'aperçut 
pas  de  ce  qui  avait  été  cause  de  sa  ruine.  11 
se  heurta  à  une  pierre  (pii  élait  devant  ses 
yeux.  Au  milieu  de  la  plus  grande  {)rospé- 
rité  de  ses  aiïaires,  et  [)endant  que  tout  lui 
réussissait  suivant  ses  désirs,  il  perséc^  ta 
les  saints  qui  priaient  Dieu  pour  sa  santé 
et  pour  sa  glowe,  et  se  t>riva  du  fru  t  de 
leurs  prières,  en  les  chassant  hors  de  son 
empire.  » 

Nous  voyons  par  cette  citation  que  non- 
seulement  Gallus  persécuta  rE,:,liseà  l'exem- 
ple des  empereurs  qui  l'avaient  précédé, 
mais  qa'e'icore  il  rendit  des  édits  pour  ban- 
nir les  chrétiens.  Deux  papes  soutl'rirent  le 
martyre  sous  son  règne ,  qui  pourtant  ne 
dura  que  bien  peu  de  It'nips.  Dèce,  son  pré- 
décesseur, mourut  à  la  fin  de  l'année  251,  et 
Emilien,  qui  lui  suciéda,  niontasur  le  trône 
eu  253,  et  môme,  suivant  quelques-uns,  à  la 
fin  de  252.  Cette  mort  de  deux  papes  en  si 
peu  de  temps  est  un  signe  de  persécution 
violente.  S'il  en  fallait  un  autre  témoignage, 
on  le  trouverait  dans  le  langage  que  saint 
Cyprien  lient  h  Déraétrianus,  qui  gouvernait 
l'Afrique  du  temps  de  cet  empereur.  Une 
peste  violente  sévissait  dans  l'empire;  les 
païens,  qui  croyaient  ou  qui  feignaient  de 
croire  que  c'était  une  manifestation  de  la  co- 
lère des  dieux  contre  les  chrétiens  ,  se  li- 
vraient contre  ces  derniers  h.  des  déclama- 
tions furibondes.  Dans  les  rues,  sur  les  pla- 
ces publiques,  on  les  insultait,  on  se  portait 
sans  ceSïB  contre  eux  à  des  actes  de  violen- 
ce qui  jamais  n'étaient  réprimés  par  les  gou- 


vernrnrs.  T/irrilalinn  élait  nu  (ornliie.  (wd- 
lus  s"v  jiss()(  iH.  Il  (iidonu'i  il/dmrfl  (pie  p/ir- 
liMii  d/iMs  son  empira'  o»i  (tllïll  des  «■ncriilce» 
piiur  .ipflisi  r  l/i  ((tlère  des  dieux.  (!••  iiV-t/iil 
pas  iissc/,.  1,1's  dévots  d'entre  les  pnieri.s, 
nidés  d«  ces  hoMUiies  (|i>  tronhio  qui  sont 
toujours  disposés  à  frapper  ceux  (pi'on  nr- 
cnse,  prolilirent  de  (  cla  pour  all.Kjuer  plus 
vi(tl(nnment  encore  hs  chréliens.  Il.srefom- 
nieni  èreni  (  (trilr(!  eux  la  piiséculion  rpie  In 
niorl  de  Dèce  avait  irderionipue.  Ct;  lut  h 
KoriK^  (pi(^  s'alluma  tout  h  coup  ce  noiivr'l  in- 
cendie. Si  Dè((!  élail  rriori,  1  es|iii(  infctnal 
<pii  avait  diiigé  ses  al  a(pies  ro-dre  les  (  hré- 
tiens  no  l'était  pas.  On  procéda  comme  il 
l'avait  fait.  Ce  fut  le  pnfie  saint  Corneille  qui 
le  premier  fut  arrêté.  On  s'attend  il  à 
tiiom[iher  aisément,  comme  cela  avait  pu 
lieu  d(''j?»,  d'un  grand  iir)mbre  de  chiétiens  ; 
mais  c(>ite  fois  les  prévisions  des  [)ersécu- 
t(njrs  furent  noblement  trompées  jiar  les 
chrétiens.  Les  fidèles  do  Home  se  levèrent 
comme  un  smil  homm(!  et  vinrent  se  [)ré- 
senter  connue  défenseurs  de  la  foi  menacée 
dans  la  personne  du  chef  de  l'Eglise.  Pres- 
que tous  (;eux  qui  firécédemment  étaient 
tombés  saisirent  avi  ement  cette  occasion 
qui  leur  était  offerte  de  se  réhabiliter  j)ar  le 
combat.  Ecoulons  saint  Cypiien,  écrivant  à 
celle  occasion  au  [  ape  sainl  Corneille. 

((  Cyprien  à  Corneille,  son  Irère,  salut. 
Nous  avons  appris,  frère  bien  aimé,  les  glo- 
rieux témoigea^es  de  votre  foi  et  la  feimeté 
de  votre  confession.  La  .joie  que  nois  en 
avons  ressentie  semble  nous  associer  h  votre 
victoire.  Attachés  que  nous  sommes  [!ar  de» 
liens  i'nlissolubles,  ceux  de  I  Eg!  se,  de  la 
concorde  et  de  lairection,  ouest  l'évéque 
qui  n'api)laudirait  au  bonheur  d'un  autre 
évoque,  comme  s'd  lui  appartenait  en  pro- 
pre ?  Où  est  le  frère  qui  ne  mô  eiail  sa  joie 
aux  joies  de  ses  frères?  Les  paroles  me 
manquent  pour  vous  exprimer  les  tran.>- ports 
d'allégresse  (jui  ont  éclaté  ici  quand  la  nou- 
velle de  votre  courage  y  est  i  ?rvenue,  quand, 
nous  avons  su  que  vous  aviez  marche  à  la 
lète  de  nos  frères  pour  confesser  le  nom  de 
Jésus-Christ,  et  que  leur  illustration  avait 
encore  ajouté  à  l'illustration  de  leur  chef? 
Prédécess:'ur  de  leur  gloire,  vous  vous  êtes 
créé  de  nombreux  compagnons  de  gloire; 
en  confessant  Dieu  le  premier,  h  la  face  du 
grand  peuple,  vous  avez  fait  naître  un  peu- 
ple de  confesseurs,  si  bien  que  nous  ne  sa- 
vons lequel  célébrer  davantage,  ou  l'ardeur 
et  la  fermeté  de  voire  foi,  ou  l'amoui-  qui 
enchaînait  les  fidèles  à  vos  nobles  exemples. 
L'évoque  a  montré  son  héroïsme  en  s'elan- 
çant  le  premier  aux  combats  ;  le  troupeau  a 
Drouvé  sa  tendre  et  inviolable  charité  en  vo- 
ant  sur  les  traces  du  pasteur.  Grâce  à  cette 
touchante  unanimité  de  cœurs  et  de  voix, 
l'Eglise  romaine  s'est  levée  tout  entière 
pour  confesser  Jésus-Chiist.  Par  là  s'est  ma^ 
nifeslée  dans  sa  gloire  cette  foi  à  laquelle  Iç 
bienheureux  Ap(jtre  rendaiijadis  témoignage. 
Oui,  sa  pensée  prophétique  assistait  dès^ 
lors  à  vos  triomphes  ;  il  louait  l'avenir  dans 
le  présent,  et  en  célébrant  la  vertu  des  pères. 


l 


405 


PER 


PER 


496 


il  enfînmmnit  l'émul-Uion  de  .eurs  descen- 
dants. Votre  union,  votre  «harité,  votre  vi- 
gueur, smt  devenues  un  fiant  enseigDement 
i)oiir  tous  lo^  t'ulèlos.  Vous  leur  avez  appris 
h  craindn^  Dieu  et  à  s'attacher  étroitement  à 
Jésus-Christ;  vous  avez  appris  au  pruple  à 
se  [iresser  dans  le  péril  autour  de  son  i-vê- 
quft  ;  au\  frères  à  ne  [)as  se  dét  tchcr  do  leurs 
frères  |)e'idant  la  tempête,  |)arc('  que  l'union 
rend  invincible  et  que  le  Dieu  de  la  paix 
accorde  aux  cœurs  pacifiques  ce  qu'ils  de- 
mamlent  en  commun. 

«  L'ennemi  était  venu  fondre  sur  le  camp 
de  Jésus-Christ,  aans  l'espoir  d'y  semer  le 
tlésordre  et  l'épouvante.  II  se  trompait  :  l'é- 
nergif  de  la  défense  a  surpassé  la  violence 
de  l'attaque;  toute  la  terreur  qu'il  ap,)orlait, 
la  h.irdiesse  et  la  résolution  la  lui  ont  ren- 
voyée. Il  comptait  supplanter  de  nouveau 
les"  serviteurs  de  Dieu,  et  se  promettait  une 
victoire  facile,  semblab  e  à  cel  e  qu'd  rem- 
jiorte  sur  de  jeunes  recrues  mal  disciplinées, 
sans  expérience,  et  surprises.  Il  avait  d'a- 
bord essayé  isolément  un  de  ces  soldais,  à 
Eeu  près  comme  le  loup  ravisseur  sépare  la 
rebis  du  Iroupeau,  ou  comme  l'éj-ervier 
détache  habilement  la  colomb  ^  du  b.daillon 
ailé  de  ses  compagnes.  Il  connaît  sou  im- 
puissance contre  l'armée  réunie;  alors  il 
cerne  et  isole  l'inilividu;  mais  repoussé  vi- 
goureusement par  les  elforts  de  la  sainte 
milice,  oii  tous  les  rangs  étaient  sénés,  il  a 
compris  enfin  que  I  's  dt'-fenseurs  du  Chrisi, 
del)  «ul  et  s  »as  les  armes,  s.'  t.ennent  tou- 
jours |)rôls  à  combattre;  qu'on  peut  les  é^or 
ger  ;  mais  l>>s  aiucre,  Jaindis;  et  que  c'est  le 
nié-ris  do  la  mort  qui  les  rond  uivMi.iul.\s. 
Ils  ne  se  révoltent  point  contre  leurs  pljs 
violents  agresseurs  ,  parce  qu'il  n'est  pas 
permise  linnoceice  d'arnchor  la  vio  au 
crime  lui-même;  mais  ils  sonl  toujours  dis- 
pcfôs  h  do vier  leur  saii.;  pour  sécha, ^per 
plus  p.oMiptemeni  Tun  monde  où  la  indice 
el  la  cruauté  niarchenl  la  tète  haute.  Spec- 
taiîe  ravissant  p  )ur  les  ye  ix  du  Scgneur! 
j  ùe  ini'om,>aral)l  î  (lour  l'Kglisc  de  Jésus- 
Christ!  Qu'elle  était  belle  h  voir,  la  tribu  li- 
dèlc,  s'élan«:uit  toit  e  itière  pour  r-pojs- 
str  l'ennemi  !  Oui,  toiteUiè.e,  nous  pou- 
vons le  dire.  Pas  un  soldit  n'eAl  fui  la  ba- 
taille si  la  trompette  saorée  cdl  retenii  à  ses 
oreilles,  puis  pio  pas  in  do  ceux  ([ui  l'ont 
enteiiue  n'a  manqué  à  rap,;el.  Pa-ini  ceux 
qui  avaient  tléciii ,  combien  se  sont  relevés 
ei  ce  jOur  par  une  co 'fession  généreuse  1 
on  les  a  vus  depuis,  fermes  et  unmobiles, 
reliiurner  au  comiial  ."ven  une  vi.^uenr  nou- 
voll»',  animés  qu'ils  étaient  i^iar  la  doid(»ur 
<*c  la  pénitence.  Ils  avaient  été  surpris  la 
preinièi-e  fois;  on  le  reconnaît  bien  aujour- 
d'hu  :  'a  nouveuiléue  I  .i!ta q  c  <»vaitéio  nié 
leur  coura-,e;  mais  dans  celle  le  iconlre,  ils 
SOI  t  redevenus  ou\-nièines.  la  cra  nie  do 
Pifu  a  retrempé  I  urs  fur, os  el  lésa  nus  à 
1  épreuve  do  la  souifrance,  en  sorte  qu'au- 
jourd'hui il  nf  s'agit  plus  (le  par.iieih  méri- 
tpr,  mais  de  unîmes  J«  recueil!  r.  »  (Helouino, 
ffhinire  qénérnlr  rfr.<  prri-i'culiotis  df  l'K<jli$t 
entitolique,  vol.  II,  p.  18ù.) 


On  sait  comment  saint  Corneille,  exilé 
d'abord  h  Civi  a-Ve  chii,  fut  ramené  h  Rome 
pour  y  être  décnpité,  s'il  faut  en  croire  Adon. 
Saint  Lucius,  son  successeur,  fut  banni  aussi 
et  martyrisé  |»eu  de  temps  après  sa  rentrée  à 
Rome.  Avec  saint  (".orneille  furent  marlyri- 
st'os  un  grand  nombre  de  personnes  ,  no- 
tamment [tlusieurs  des  gardes  qui  l'avaient 
amené  de  (^iviii-Vecchia.  Le  Martvrologe 
fait  meniion  de  l'un  d'eux,  nommé  Céréal, 
qui  fut  dé  ajiité,  ainsi  que  sa  femmt  Salustie. 
Peu  (.'e  teni|)s  après  arriva  la  mort  de  saint 
Hippolyte  it  de  dix-neuf  personnes  de  sa 
maison  :  le  Martyrologe  ne  les  nomme  pas  ; 
il  fait  seulement  mention  de  sainte  Concorde, 
nourrice  île  ce  saint  prêtre.  Si  la  persécution 
était  cruelle  h  Rome,  elle  ne  l'était  pas 
moins  dans  les  autres  [)rovinces.  En  Afrique 
elle  était  exirémement  violente.  Il  n'en  faut 
pour  preuve,  comme  nous  l'avons  dit,  que 
l'écrit  remarquable  adressé  par  saint  Cy- 
prien  à  Démélnanus.  {Voy.  Cyprien.) 

Nous  ne  pouvons  pas  en  dire  davantage 
à  propos  de  cette  f)ersécution,  qui  fut  courte, 
mais  cruelle.  Le  règne  si  peu  long  de  Crdliis. 
se  irouve  tellement  resserré  entre  ceux  des 
deux  plus  violents  persécuteurs  de  l'Eglise 
(nous  ne  comptons  pas  Emilien,  qui  régna 
trois  mois),  Dèce  et  Valérien,  que  probable- 
ment beaucoup  de  faits  qui  se  sont  passés 
sous  s(m  règne  ont  été  attribués  par  erreur 
soit  il  Dèce  soit  à  Valérien.  Nous  ne  dirons 
rien  d'Emilien,  ne  trouvant  rien  d'aut-cnti- 
que  sous  son  lègne.  Passons  h  Valérien. 

PERSÉCLTiOJf   DE    VALÉRIEN. 

Encore  un  prince  à  propos  duquel  nous 
ne  pouvons  partager  l'opinion  universilîe- 
nieiit  adoptée  II  ne  mo.ita^ui- le  trône  qu'V-;é 
de  plus  ue  soixanio  ans.  Ses  cheveux  blan- 
chiient,  dit-on,  dans  la  probité,  llionneur 
et  la  pr.iti  pie  du  toutes  les  vertus.  Etrange 
vertu  ipie  cello  (pii  ^.it  ilans  l'incapacité  , 
dans  l'insut'iis.ince  les  plus  absolues,  dans 
des  (jualil  -s  négaiives.  qui  cach.'iit,  ro»umn 
on  peu!  le  voireri  lisan.  larliele  ^  %LEHii:>, 
Il  l.iclieto  la  jilus  grande  que  laiil  quité  nous 
montre.  Valérie, i  fui  d'abor.l  extièmeineiit 
lavorab  e  aux  chréiiens,  plus  mùme  qu'.ui- 
cun  de  ses  prédécosscuis  ne  l'avait  elé.  Il 
avait  tant  de  cliréti.nis  dans  son  [lalais,  dit 
un  i-onleinporain,  ipi'on  aurait  pu  le  piei- 
dre  pour  u  ie  église.  Ce  fut  Micrien  «pii  fut 
causo  du  (  hangemenl  qui  s'opéia  dans  les 
dispositions  lu  j>.ince.  .Maci ion  rêvait  di'jà 
l'einpire  et  dressi  il  les  plus  ((ui  devaient 
l'y  laiearr  ver.  Adonni' h  la  magi«.  il  per- 
suada an  débile  empereur  de  s'y  adonner 
aussi.  Ce  vertueux  vii'ill  ird,  ami  de  toute 
jiistirr  ,  de  mœurs  irri'prochnhles  ,nous  co- 
pions', sacrili.i  des  »i)f.inis  po'ir  étudier 
l'av  nir  et  s.  s  destins  ;  tt  pour  éire  plus 
aiiré.ible  aux  dieux,  il  fallait  i  hoisir  pour 
es  iiorr  blés  sacrilicos  (\t'!i  chrétiens  :  il  est 
probable  qu'il  le  til.  Toujours  est-il  qa  à 
p.uMir  de  cette  époipie,  connnenoement  do 
•257,  il  se  montra  excessivemonl  eruel  env(  rs 
Il  s  chrétiens,  et  les  persécuta  avec  une  fu- 
reur tjui  n'eut  d'égale  quo  rexlrOuie  faveur 


407 


I»KU 


l'KH 


('J8 


(ju'il  l('urnvftil(»'inoiti;n('onn  oominonrrtnlsnn 
r^giK*.  Sa  pcrsi'-ciilioii  diirii  <|in\i'.iiilf -deux 
wuù^,  cimiiiio  II'  It'iiioi^Me  saint  Dr'iys  d'A- 
lex.iiidi  i»Ml'a|ii(Vs  sain  I  .li'an,(|iii  dil  dcliii  :  y/ 
//(/'  fut  doiiiit'  low  liDiiihf  (fiii  se  f/litriliail  insu- 
lnn>iitiilr((/Hil)l(isi>h('miiit,(liliiri(tiii)oui()ir 
tir  liiirr  la  (/Kcnr  (liiiniil  (/iKiranlr-drur  mois 
[Apoc.  VIII,  .')).  N'aléiicn  fui  pi  is  par  les  Per- 
ses an  inilien  (l(>  l'année  -i(iO.  Ponr  vv.  (pii 
pont  (Mrc  arrivé  ?i  Uonie  dès  lo  (•(tnimeiico- 
iiieiit  de  la  perséenlioii,  nons  renvoyons  à 
rarlicl('  IvriiCNNi;.  Nmis  arrivons  anv  laits  au- 
ihenlitpii's  el  parriileineiil  iri-écnsahlis. 

Les  Aclos  de  saint  ('yprieii  ikmis  appren- 
nent (fuo  les  eiuperiuirs  Valérien  el  (lallieii 
écrivirent,  en  21)7  ,  h  Aspasins  Paierons, 
proconsnl  d'Afriipie,  (pi'ii  eût  à  l'aire  obser- 
ver les  cérémonies  romaines  h  Ions  ceux 
qui  ne  snivaient.  pas  la  reiii:,ion  des  Uomains. 
l)éstecommencement,on  ne  contraij,Mail  pas 
encore  de  renoncrr  à  Jésiis-Christ  ;  cai'on  \oil 
par  les  Actes  de  saint  l)en\  s  d'Alexandrie, 
que  le  t;ouvcrneur  Kmilien  pei-mellait  hco 
saint  de  continuer  ;\  [)r.ili(in(M'  la  religio'i 
chrétienne ,  |)Ourvu  (in'en  même  temps  il 
consentit  .^  faire  des  sacrifices  aux  dieux. 
Mais  les  mai^islrals,  gouverneurs,  procon- 
suls, etc.,  avaient  reçu  l'onlrc»  d'empêcher  h's 
chrétiens  de  s'assend)ler  dans  les  cimetières 
et  dans  les  églises,  ('es  édil^  non-seulement 
interdisaient  aux  chrétiens  l'entrée  descime- 
lièros,  mais  encore  il  leur  on  oïdevaient 
la  possession  ;  car  Cîallien,  après  la  prise  do 
Valérie!!,  restitua  aux  chréticis,  pourTexor- 
cice  de  loin"  culte,  les  lieux  qui  leur  avaient 
été  otés.  On  voit  aussi  tjue  dès  lors  la  per- 
sécution n'était  pas  arrivée  à  la  violence 
cprelle  acquit  plus  tard,  puis  |uc  les  édits 
l)Oitaienl  qu'on  bannit  (>t  qu'oi  dépouillât 
de  leurs  biens  ceux  qui  récuseraient  de  sa- 
criller.  Ainsi,  sai  it  Denys  et  saint  Cypricn 
ayant  été  pr  s,  furent  simplement  envoyés 
en  exil.  Les  instructions  que  reçut  Paterne 
portaient  qu'on  s'adres^^At  principalement 
aux  évoques  et  aux  prêtres,  atin  d'abattre 
plus  fcicilemont  l'éditice  en  jetant  ses  colon- 
nes {)ar  terre.  Cependant,  soit  que  les  gou- 
vei"'^ours  eussent  reçu  presque  immédiate- 
ment des  ordres  plus  précis,  soit  qu'ils  eus- 
sent pris  sur  eux  d'appliquer  les  lois  et  les 
édits  anciens,  on  trouve  que  presque  tout 
de  suite,  après  Tarrestatiou  desaintCyprien, 
il  veut  en  Afrique  beaucou|)  de  personnes, 
non-seulement  des  piètres,  mais  enooio  des 
laïques, desfemmes  et  môme  des  enfants,  q;ii 
fuient  bannis,  envoyés  aux  mines  ou  mis  à 
mort.  Dès  le  20  janvier,  oi  troiveà  Rome  la 
mort  de  saint  Maxime,  prêtre,  ce  qui  p'  ouve 
que  la  persécution  y  était  très-violente. 
Beaucoup  d'aut^'urs  assurent  que  saint 
Et  enne  fut  martyrisé  le  2  août  de  cette 
même  année.  Saint  Marcel,  j)rêtre,  saint 
Adrias  et  me  foule  d'autres  y  souffrirent 
dans  les  demi  rs  mois  de  l'année.  Sainte 
Ruiine,  saiite  Seconde,  souifrirent  aussi 
dans  Rome  en  Tanné  ;  257.  Pour  le  commen- 
cement de  l'année  2o8,  nous  trouvons  très- 
pou  de  chose  relativement  à  la  persécution; 
mais  au  milieu  de  l'an  238,  Valérien  envoya 


au  sénat  un  rescril  dans  jerpici  il  donnait 
ordre  (pj'on  fil  mourir  sans  délai  los  évft- 
ipies,  les  préires,  les  diacres.  Il  ordonnait 
que  les  sénateurs,  les  personnes  (pialnii'e.s, 
les  clievaliers  romains,  fussent  d'abord  pri- 
vés de  leiiis  dignités,  dépossédfVs  de  leiiri 
bicuis,  et  (pi'ensiiile,  s'ils  icJusaieMt  de  sa- 
crili(îr  aux  dieux  ,  (pi'ils  fussent  <|écapilé.s, 
('.(«t  édil  p.  rtail  encore!  (pu;  ceux  des  césn- 
rieiis,  c'est-.'i-diri!  les  esclaves  ou  allr.uifîliii» 
ipii  s  rv.'iient  rempereiir  en  ipialili'  de;  do- 
mesliipies,  (pu  avaient  confessé  Ji'vsiis-C.liri.sl 
ou  (pu  le  l'eiai  ni  plus  tard,  seraient  acipiin 
au  domaine  impérial  ,  envoyés  encliainés 
dans  les  terres  b.i  appartenant,  et  ipTon  le» 
inscrirait  au  ihjIc!  des  esclaves  obligés  do  les 
cultiver. 

(]et  édil  seMd)lerail  ('tablir  (\\\(':  le  connnun 
d(;s  cluéliens  aurait  été  à  l'abri  de  la  per- 
sé(  utiiiu.  dépendant  on  trouve  d;ins  les  Ac- 
tes de  saint  .laeipies  et  de  saint  Mariini  qu*à 
(jrliie  on  roclKncliail  indistinctcnnent  tous, 
ceux  (pii  faisaient  profession  (h;  la  religitm 
chrétie  me.  Il  est  à  croiri!  ou  bien  (jue  des 
dispositions  particulières  furent  ajoutées  à. 
crs  édits,  ou  b  en  mémo  (ju'un  édit  plus  gé- 
néral que  celui  dmpiel  nous  parlons  fut  ch- 
voyé  en  259,  par  Valéri(ni  ;  ou  bien  encore, 
que  les  gouverneurs,  magistrats  et  procon- 
suls, agissaient  un  peu  h  leur  guise  dans- 
l'application,  non-seuhmicnt  des  édits  nou- 
veaux, ma'S  encore  des  anciens  et  des  an- 
ciennes lois.  Il  y  a  encore  une  supposition 
h  faire  relativement  à  cet  édit  de  2o8.  Pro- 
bablcmt  nt  que  ces  édi,s  signifiaient  que  les. 
évoques,  lo>  prêtres  et  les  diacres  seraient 
exécutés  immédiatement,  sa  ^s  sursis,  el: 
sans  (pi'on  leur  fit  grâce,  même  dans  le  cas; 
où  ils  votidraieiit  abjurer;  tandis  qu'on  s'en 
tiendrait  A  la  conduite  qu'on  avait  cou'ume 
de  tenir  ;\  l'égard  du  commun  des  lidèl  's,. 
c'est-à-dire  qu'on  les  recevrait  à  rabjuration 
s'ils  le  demand  ient.  Ce  qui  tendrait  à  ap- 
puyer cette  0[)inion,  c't  st  ce  q  Ton  voit  par 
les  Actes  de  saint  Cyprien  :  le  proconsul. 
Maxime  le  pressa  fort  peu  de  sacr  fier,  el  le: 
cnniamna  presque  immédiatement  à  6!??» 
(léia[)ité.  Il  en  fut  de  même  de  saint  Fruc- 
tueux de  Tarragor.e,  de  ses  deux  diacres  et 
de  saint  Luce  et  ses  compagno'^s.  Saijot  Fla- 
vien ,  l'un  d'eux ,  fui  envoyé  en  prison, 
l>arce  que  ceux  qui  avaient  entrepris  de  le 
sauver  soutinrent  qu'il  n'était  pas  dacre;, 
puis  deux  jours  plus  tard,  la  populace  ayant 
demandé  qu'il  filt  appliqué  à  la  question, 
le  gouver  eur  n'en  tint  compte  et  le  con- 
damna i)urenKmt  et  simplement  à  mort.  Ce- 
qui  vient  encore  à  Tafipui  de  ce  que  nous 
soutenons  ici,  c'est  que  saint  Jacques  ayant 
dit  qu'il  était  diacre,  et  saint  Marien  qu'il 
ne  Tétait  pas,  mais  simple  lecteur,  ce  uer- 
nier  seulement  fut  appliqué  à  la  ques- 
tion. 

Dodwel  a  prétendu  que  le  nombre  des 
martyrs  avait  été  très-petit  durant  la  persé- 
cu  ion  de  Valérien.  iNous  renvoyons  à  noire- 
Histoire  générale  des  persécutions,  au  nou.s 
avons,  en  plusieurs  endroits,  et  notamment 
relativement  ^  la  persécution  dQ  Valériçu. 


A99 


PER 


PER 


5U0 


ijil  ce  qup  nous  ponson>  di^  cet  nutenr  et  Ho 
s»»«!  alVirnialions  Dodwel  nt'tait  pns  tm  v^rn- 
r.»nt,  nn  i  e  pont  dnnr  pas  lui  ponlonrc^r  (l'n- 
vi)ir  élt'  trompé  par  une  science  iiisiif,is,inte. 
Il  a  eu  toute  l'impudeice  du  raensonge 
sriomm  >nt  el  in-M-hininu^nt  f^it 

Entrons  in.iuiti-nant  dns  le  détiil  des  faits 
de  celle  persérulion.  l'une  des  plus  cruelles 
que  l'F.'Iise  ail  oiips  à  suppor'i^r.  t^t  tpii  rut, 
fli  isi  rpif  nous  l'avons  dit  ()('•]«,  lou-^  Ips  ra- 
ractères  de  celle  de  linO^me  Dèce.  quant  h 
rhTbil"l<^  pervppse  qui  en  ins>irail  li>s  arles 
à  Valérien  et  aux  ministres  de  sa  rruauti^. 
En  euToyant  ses  é.iits  à  Rome  ,  Valérien 
«vait  envoyé  nu  sénat  le  modèle  des  lettres 
qui!  fallait  écrire  aux  gouverneurs  de  pro- 
vince, pour  qu'ils  eussent  à  les  exécuter. 
Pendant  longtemps  les  préfets  de  la  villo  et 
du  pr  toire  n'eurent  pas  d'antre  occupation 

aue  de  persécuter  les  chrétiens  de  Rome  ou 
'envoyer dans  les  provinces  les  i-^stiuctions 
néeessairespourqu'onlesypersécutAtViOlcni- 
raent.  Aussitôt  les  édits  reçus  à  Rome,  on  se 
hAta  de  les  mettre  h  exécution.  Saint  Sixte, 
pape,  fut  inuuédiatement  arrêté  et  mis  à 
mort.  Son  archidiacre  Laurent  le  suivit  de 
près.  S.nnt  Hyacinthe,  prêtre,  fui  martyrisé 
ï  Ostie,  le  13  aoilt  2o8,  en  condamnant  les 
erreurs  de  Novatien,  dont  il  avait  iusq  le-lk 
été  partisan.  Le  préfet  qui  condamna  ce 
saint  à  la  mort  était,  dit  Piudence,  sur  son 
tribun  d,  entouré  de  bourreaux  et  d'instru- 
ments de  supplice.  Devant  ce  tribunal  étaient 
de  nombreux  chrétiens.  La  misère,  la  saleté 
qu'on  remarquait  en  eux  attestaient  qu'on 
les  avait  longtemps  laissés  croupir  tn  prison, 
(c'est  l'expression  de  Prudence  ou  du  moins 
l'équivalent).  Ce  préfet,  ne  pouvant  com- 
traindre  ces  martyrs  <\  sacrifier,  les  con- 
damna tous  h  mort.  Les  uns  furent  déca[)i- 
tés,  les  autres  percés  avec  des  épées  ;  il  y 
en  eut  de  mis  en  croix,  beaucoup  furent 
brûlés.  Puis  on  en  plaça  beaucoup  ilans  un 
bnteau  trop  vieux  }>our  tenir  la  mer,  et  qui 
défonça  sous  sa  charge.  Nos  modernes  bour- 
reaux, eux  aussi,  ont  fait  dos  noyades,  mais 
plus  en  grand  et  avec  plus  d'apparat.  Les  ba- 
Ir-aux  h  soupape  de  leur  invention  faisaient 
durer  plus  longtemps  leurs  jouissances  do 
bourreaux,  et  le  snppi  ce  des  martyrs.  Dé- 
cidéincnt  les  Carrier  et  les  autres  bourreaux 
de  'j;j  étaient  en  proLçrès  sur  ceux  des  mons- 
tres qui  sal  ssaient  le  trône  des  Césars.  I)m!u 
fiissft  (pip  relie  horribh»  race  de  tigres  liu- 
ujains  s'éteigne  pour  l'honneur  de  riiuiiia- 
nilé,  et  nuisseni  les  races  futures  douter  un 
jour  de  leur  existence  1 

L'Ks[)agiievii  le  marlyrede  saint  Fructueux 
cl  de  ses  diacres  lui  oge  el  Augur<^  F/Atri- 
qu'',  après  avfnr  vu  le  martyre  de  saint  Cy- 
pri»«n,  vil  relui  des  snuts  .Monlan,  Lucp, 
Flavien  et  leiu-s  comjtajjnons.  Ava-ii  lui.s.uiit 
Succpsse,  évèipie.  el  ses  cttnuiagno'Ks  avaient 
soiilfert  jmur  In  foi.  La  vinleuie  de  la  per- 
sécution h  Cnrlhage  fut  ti Te  qu"  ri  ne  i>ut 
doTner  île  successeur  k  sai  u  Cyprien  que 
plus  de  huit  mois  après  sa  mort  ;  mais  (juel- 

3 ne  violente  (pi'elle  y  fiU,  elle  si-vil  encore 
avaula^o  en  >uiuiiiio  :  ou  y  poursuivait 


non  -  seulement  les  ecclésiastiques  ;  niais 
fous  les  fidèles,  quels  qu'ils  fussent.  A  Lara- 
b"sse,  'lès  le  commencement  de  mai  2.'i9  ou 
tIGO,  on  exécutait  publi([ueinent  de  grandes 
troupes  dechrétiens;  on  ««épnrait  5deesein  les 
I.Vi  pies  des  clercs.  pei'^Tnt  ipie  r-ar  ce  moyen 
leslaïques  céderaient  plus  facilement  aux  me- 
naces ou  h  la  violence  des  touruienls.  Tous 
C'Mix  di'S  chrétiens  qui  avaient,  par  un  pre- 
mier jugement,  été  envoyés  en  exil,  étaient 
i m médialement  condamnés?!  mort  s'ils  étaent 
déférés  une  seconde  fois.  En  Orient,  un  des 
principaux  martyrs  fut  saint  Nicéphore  ;  en 
Palestine,  les  saints  Pnsque,  Maie  et  Alexan- 
dre fure"it  dévorés  |)ar  les  bètcs. 

Quand  Valérien  eut  été  fail  |)risonnier  en 
Perse,  il  y  eut  immédiatement  une  réaction 
prononcée  en  faveur  des  chrétiens.  Gallien, 

3ui  resta  seul  maître  de  l'empire,  publia 
es  édits  pour  faire  cesser  partout  la  persé- 
cution. Il  permit  aux  prélats  de  rejoindre 
leurs  sièges,  ordonna  aux  gouverneurs  de 
rendre  aux  chrétiens  les  lieux  où  ils  s'as- 
semblaient pour  la  célébration  de  leur  culte. 
Ainsi,  les  cimetières,  les  églises,  tout  leur 
fut  rendu.  Si  c'est  à  celte  époque  qu'il  faut 
rapporter  l'histoire  de  saint  Félix  de  Noie, 
il  faut  dire  que  Gallien  ordonna  aussi  qu'on 
rendît  aux  chrétiens  les  biens  qui  leur 
avaient  été  enlevés  par  les  confiscations.  Ce 

2ui  le  prouve,  c'est  qu'il  est  dit  aux  Actes 
e  la  confession  de  saint  Félix  qu'il  ne  vou- 
lut pas  demander  ses  biens,  qu'on  lui  eiU 
rendus  comme  aux  autres,  el  qu'il  préféra 
sa  pauvreté. 

La  p  rsécution  de  Valérien,  comme  nous 
venons  de  le  voir,  fut  l'une  des  plus  cruel- 
les que  l'Eglise  eilt  soulfertes;  la  punition 
que  Dieu  iidligea  à  ce  prince  prévaricateur 
lut  aussi  l'une  des  plus  épouvantables  dont 
l'histo.re  eût  gardé  le  souvenir.  (Voy.  Valé- 
RiLN.)  Sous  le  règne  de  Ciali.ikn  (Voy.  ce 
nom),  Macrien  ayant  usuri  é  lempire  en 
Orient,  s'y  maintint  durant  une  année,  et 
pendant  ce  temps  les  provinces  qui  étaient 
sous  son  obéissance  ne  jouirent  pas  da  bé- 
nélice  de  la  paix  que  Gallien  avail  accordée 
h  l'Eglise.  On  a  beaucoup  de  preuves  de  ce 
fait,  entre  autres  la  mon  de  saint  Manu,  sol- 
dat, et  celle  de  saint  Aslère,  sénateur  ro- 
main, i»  Césarée  de  Palestine,  en  -260  ou  201. 

PERSÉCUTION   DE  CLAUDE  II  I.E  GOTHIQrE. 

Claude  II  fut  un  grand  prince,  prescpie  ac- 
compli, au  point  de  vue  «les  vertus  humai- 
nes. L'historien  qui  cherche  dans  un  souve- 
rain la  gloire  et  l'halulelé,  la  science  du  gou- 
vernemetit,  les  qualités  qui  foui  les  hommes 
illustres,  p  ut  prendre  le  règne  de  Claude, 
quoi(pie  bien  court,  comme  lui  présentant 
tout  cela  réuni.  Mais  nous,  dont  te  rôle  iri 
esi  lout  spécial,  (jui  avons  h  juger  bien  i  lus 
sevoremerU  que  les  historiens  ordinaires, 
nous  voyons  dans  Claude  un  gr  nd  coupa- 
ble, car  il  fut  un  violent  persécuteur  de  l'E- 
glise. 

Pendant  longtemps  la  question  de  savoir 
s'il  y  avail  eu  des  martyrs  sou^  le  règne  do 
cet  empereur  a  partagé  les  savuûls.  Le  P. 


«I 


Wl                          nu  |.i.;u                         rm 

Vii'^i  niïinuo  mi'il  n'y  oui  pas  dd  in.irîyrs  pivs,  nux  ronhnncs  i-t  nnx  fYT<^n«(,iii.'s  (!<  .I.i 
sous  CInuilo.  Tillcinoiil  rcsic  tl;iiis  le  ili.iilo.  icliKJd-i  |>/ii.  nui'.  Il  <  o"  .,,li..it  N-h  (,(«.  ..-., 
B(\lo,  llsiKtnl,  Adoii,  nfiiuiiiiis,  hdllainlus  l.s  sil(\  Mrs,  mir  l/i  nuMluilc  i|i|"il  dov/iil  te- 
narmi  les  jiiici«i'is,  cj  p.iniii  lis  mudcr  us  un.  Il  l'Hiil  si  rtivftit /i  A|.(»IIimi,  «iui-,  |.iir 
|{i'raiit-n(MTasl('),  cld'auln'^  (|iin  nous  |»()iir-  dri  isiou,  o-i  lui  doimail  1.-  nom  de  ««î  ditni. 
ridis  cilor,  iTdmI  pas  ninnln^  la  inuiiidio  Av(m;  («'s  li-ndaiin-s  ri  ce  i  anirti''rc.  il  /imait 
li(''silnlioii  h  ranj^cr  Claudo  au  vi\,'^  des  ('li- dlMicili- qu'il  mi  rav<»ial.lf  aux  (•luï-ii.  in. 
pcrscculcurs.  Nous  «vou(His  »)oln«  (•loriiic-  (,)iii|(pH«  chose  (l.l'oil  oïdinioïc  «lie/ l»s  «mm- 
nu"il  cxInMnc  pour  la  l(^;.;èicli'  av(M;  laipudli!  pon-urs  rouialtis,  c'était  do  voiiloii  l.iire  «u- 
OM  a  mi  nier  ou  mcltir  ru  .louli'  la  pcisiMU-  lirnictM  ipii-  I(mu-s  pr('(l '(('ssciirs  :  Hus^i^llrl 
tioii  (le  Claudn.  Les  M:iil>  rolom-s  anciens,  d'eux  sélail-il  lail  voie  ravoraldf  aun  chié- 
(pii  conlio'iuoul  tous  les  n s  des  sainis  liens  ;  on  pouvait  OIih  srtr  qiu;  celui  cpii  vo- 
mis h  mort  sous  Claude,  sont  uiui  picuivo  nail  apicVs,  les  persrcnlerail.  (lallien  s'éiail 
incuiiles(al)le.  l/l'-i^lise  honore  In  mémo  ro  l'ail  ddesier,  el,  nous  en  convo-iois  a  ju-.t»} 
do  cos  sainis  inarl.vrs  domiis  un  grand  nom-  titre;  Claude  voulut  a«ir  compl  lenicul  h 
bre  de  sièolos;  'Ih  esl  la  plus  irréi  u.siMo  re-uîitntre  de  ce  ipi'il  avait  l'ail  :  il  eût  dû  so 
des  traditions.  Ceux  qui  oui  écnl  ces  Mar-  borncu  h  ne  pas  imiter  ses  vices, 
tvroloi^es,  l'K-liso  (jui  en  consacrait  la  vôra-  Claude  vinlj^  Home  danslos  d('rni<'rs  tomps 
cilé  on  les  adoptant,  dovaioni  savoir  co  ijui  de  l'anMi'e  iiOS;  il  y  resta  un  peu  plus  d'un 
s'élail  i)asso;  les  siécU's  no  los  séparaionl  au.  J.es  principauxiuartyrs  (pio  n.  us  trou- 
pas  alors,  comino  ils  nous  séparoul  aujour-  vions  sous  son  règne  sout  saiul  «laslo,  iri- 
d'hui,  (les  événomonls.  11  y  a  des  choses  bun,  et  deux  ce-U  soixa-ile  soldais,  (pi'il  fit 
qu'il  faut  admettre  sur  la  toi  des  dovanciers.  tuer  ii coups  do  llèche..,dat)s  ramphilhéàlredo 
I.e  témoignage  succo-ssif  qu'apportent  aux.  Rome,  le  1"  mars  209;  le  2ï  de  ce  môme 
pieds  d'une  vérité  les  géuérations  est  lo  mois,  il  Ht  (1,'capiler  saint  Onirin,  dans  sa  pri- 
nlus  considérable  qu'on  [)uisse  demander,  son.  Ou  retrouve  ensuite\'n  Toscane  qua- 
l)u  reste,  nc-i  que  1  examen  attentil  du  rante-deux  martvrs,  au  nombre  desquels 
Martyrologe  romain  ou  de  celui  dt!  saint  Je-  sont  saint  Graciiien  et  sainte  Félicissime, 
rôme  sulht  pour  ne  pas  laisser  l'ombre  du  saiU  Piolémée et  !-ainl  Romain,  avec  trente- 
doute.  Nous  démo-itrorons  ici  posnivement  huit  autres;  cent  soixante-six  chrétiens, 
que  Claude  a  persécuté  violemment  l'Eglise,  parmi  lesquels  quarante-six  soldats;  saint 
Doù  vient  donc  qu'il  .existe  si  peu  de  docu-  Césaire,  diacre;  sainl  Julien,  prêtre,  avec 
nients  aultientuiues  touchant  celle  pei  sécu-  quinze  autres  ;  e-Iin  sainte  Sévère,  dont  nous 
tion'?Cela  lieiuliaii-il  a  ci>  ([ue  les  historiens  transcrivons  l'épilai)he  : 
n'ont  pas  osé  ou  n'ont  [)as  voulu  dire  toute 

la   vérité  à  l'égard  d'un   prince  qui  compte  COSULI-:  CI.UDIO 

parmi  les  aïeux  les  plus  proches  de  Conslan-  ED.  PATEHNO.  NOMS 

tin?  Nous    n'osons  rien    alHrmer  :  mais  ne  ,  J!lP.yEMBï^ïBUS.  DIE,  VENERES.  LUNA  XXllI 

peut-on  supposer  que  ce   i)rince  lui-même  ^^'^^'^^p^.'î'^l^^S!?,^^^!"'^,^^^^ 

ou  ses  tlatleurs  aient  supprimé  la  p  upart  des  ^"    TiJ    A   \NM  ORIJM  -  i 

documents?  11  était  en  tous  cas   impossible  EDÏMESSORoW.  XI.  DELRON  X. 
ju  ils  supprimassent  les  Martyrologes,   les 

êtes  des  saints  et  les  dates  de  leur  mort.  Le  mot  effacé  h  la  sixième  ligne  est-il  mor- 
Cela  seul  sutlirait  au  besoin  de  la  cause  que  fuo,  comme  quelques-uns  l'ont  préteridu? 
nous  soutenons  ici;  mais  aujouruhui  nous  Pourquoi  ce  mot  sur  un  tombeau?  A  quoi 
avons  iui(>ux  que  ces  preuves  tradilionnel-  sert  d'écrire  ce  que  letombeau  dit  lui-même? 
les.  On  a  découvert,  à  la  lin  du  siècle  der-  Pourquoi  ce  pléonasme  d'idées?  Les  anciens 
nier,  dans  la  bibliothèque  de  Turin,  le  texte  appel  tient  les  morts  (/or»(/en^ps;  sur  kurs  épi- 
grec  d'Actes  authentiques  et  fort  importants  taphes,  ils  écrivaient  /f/c  j«ce^  comme  nous 
du  martyre  d'un  grand  nombre  de  saints,  sous  Ci  aît.  Le  mot  effacé  est  Martoura. 
Claude.  La  traduction  en  avait  été  faite  en  11  y  a  encore  bien  d'autres  saints  martyrs 
latin,  et  publiée  par  les  so  ns  de  la  bibliothè-  que  nous  pourrions  nommer  :  sainte  Prisque 
que  de  la  Propagande  à  Rime,  pendant  le  et  quatre  nobles  Persans;  les  martyrs  de 
temps  que  sévissait  en  France  notre  prt;-  Terni,  etc. 

niière  révolution.  A  cette  éjioque  hideuse,  Voici  les  dates  sons  lesquelles  le  Marty- 

On  pensait  peu  aux  livres,  surtout  aux  livres  rologe  romain  inscrit  les  saints  que  nous  ve- 

du  genre  de  celui-ci;  1.  s  bibliothèqies   de  nous  de  nommer  et  {;lusieurs  aulres;  cette 

France  ne  l'avaient  pas,  du  moins  nous  n'a-  citaîion  est  importante.  Janvier,  iS;  février, 

vons  pu  nous  l'y  procurer;   nous  avons  dû  li;  mars,   1",   2i:   octobre,   Si,  23. —  Ces 

nous  le  procurer    autrement.  Nous  avons  dates  du  Martvrologe  .<^ont  en  concordance 

traduit   ces   Actes  en  français,  en   recou-  parfaite  avec  l'histoire  de  C'aude. 

ran!  au  texte  grec;  et  bien 'nous  eu  a  pris,  Ainsi  on  voit  que  ce   prince  a  fait    des 

car  les  premiers  traducteurs  s'étaient  donné  martyrs  dans  les  mois  de  janvier,  de  févri.-r 

bien   des   licences.    Ces    Actes    prouvent,  et  de  mars;  ma'S  on  n'en  trouve  aucun  dans 

d'une  façon  irrécusable,  ce  que  nous  con-  ceux.d"avrd,demâi,dejuin,dejuiilet.  Le  Mar- 

sidéruns,  nous,  comme  prouvé  de  reste  sans  tyrologe  n'en  indique  pas  non  [dus  dans  les 

eux,  que  Claude  fut  persécuteur.  (Koy.  Mar-  mois  d'août  et  do  setembie;  i.ojs  verrons 

TYRs  d'Ostie.)  qu'il  y  en  eut  cependant  dans  le  mois  d'août. 

Claude  était  très-attaché  aux  anciens  usa-  È'abien,  nous  prétendons  que  la  chronologie 


fé 


505                                   PFK  r'ER                                504 

(lu  Marf>Tologo  romain  est  pnrfaito,  el  d'un  mourut  de  In  peste  h  Sirmich,  vers  le  mois 

autro  rtVt«^.  roiitrairenu-nt  h  tous  les  autours  d'avril  do  cette  m(!'mo  .innf^'o.  Ain^i  que  nous 

qui    ont    admis   la    pprS'"ulion   de  Claude,  lavons  dit,  Clau  le  persécuta  les  clir(Hiens  à 

nous    prétendons  qu'elle    a  commencé   en  la  lin  de  268  el  au  commencement  de  269; 

ao'it  2i»8.  et  lini  en  mars  269;  d»'  plus,  (pie  mais  cciix  (pii  placent  plus  fard  les  martyrs 

Claude  n'a  poi  it  persécuté  les  cliréticis  api  es  (jui  ont  soiillV-rt  >oiis  lui.  tt  n(»lammf'nt  ceux 

sa  grande  victoire  sur  les  (toths.  E-i  eifel,  d'Ostie,  ne  tiennent  pas  compte  des  laits  his- 

Claude  fut  proi  lamé  empereur  du  21  au  2V  toriques. 

mars  2i)8.  Avant  de  s'en  vi'uir  à  Itoni",  il  «  Une  chose   remarquable    encore,  c'est 

vainquit  Auréole,  qui,  étant  assiégé  dans  ciue  le  Martyrologe  romain   n'indique  que 

Mila  1.  avait  domand  •  h  se  suuuietlre  en  ap-  «les  martyrs  qui  ont  souiïerl  ?»  Rome  ou  dans 

pre  uTit  son  avènement  à  l'ompire,  mais  s'.-  l'Italie;  cette  circoistanue  milite  encore  en 

tait  révolté  peu  de  temps  après.  Il  vain'juit  faveur  de   l'opinion  que   nous   soutenons; 

aussi,   comm»^   nous  l'avons   dit,    les   Aile-  Claude   n'était  pas   maître    des   Gaules  qui 

mands  près  du  lac  de  Gard.'.  Tous  ces  faits  ohéissaitrit,   ainsi  (pi'une  partie  de   r.Vllt'- 

s'étant  passés  en  Italie   ne  durent  pas  rete-  magne,  à  Tetricus.  Zénobic  avait  l'Orient  et 

nir  Claude  plus  de  (pielqut'S  mois,  et  il  n'est  rEj;y[)te  sous    sa    domi  lation.    To  des   ces 

point  éto  niant  (^u'il  pul  être  à  Rome  dès  le  pr(jvinces  écIiap|)aiout  donc  h  la  persécution 

mois  d'août.  de  Claud'^.  »  (B.douino,  Hist.   des  perséc.  de 

«  L  s  Golhs,   qui  avaient  empovf'-  toute  l'Egl.  cath.,  t.  II,  p.  .'JV6.) 

l'année  268  h  faire  d'énormes  préparatifs  de  Nous  ne  pouvons  rien  dire  de  plus  de  la 

guerre,  s'embarquèrent  à  l'embouchure  du  persécution  de  Claude,  sinon  que  nous  ren- 

Niester,  au  commencement  de  la  belle  sai-  voyons,  comme    nous  l'avons   déjfi   fait  au 

son,    en    269,   eurent    le   leiups    d'assié,.;er  counnenceinent,    h   l'histoire   des   .Mahtyrs 

Tomes,  dans  la  petite  Scythie  ;  dans  la  Mésie,  d'Ostie,  Nous  invitons  a  issi  le  lecteur  à  re- 

>far.  iano[)lp,  sous  les  muis  do  laquelle  ils  courir  à  l'article  Claude  II. 

livrer  Mit  plusieurs  combats;  ^^^j^^V^^J'l^^  rERSKCiTio>  p  acrémen. 
Il  ?ment  Bvzance  et  Cyzique,  de  venir  par 

l'HelIcspont  et  la  iner'Eiîée  jusqu'au  mont  L'ompmeur  Aurélien  commen(;a  à  régner 
Alhos,  où  ils  raccommodèreiit  leurs  vais-  en  2T0.  On  dit  ([u'il  se  montra  dans  les  pre- 
seaux,  dont  les  courants  du  Bosphore  avaient  miers  tcmjis,  sinon  favoral)le  aux  ciirétiens, 
dtUruit  un  trran  I  noud)re,  et  tortement  on-  du  moins  équitanlo  à  leur  égard.  On  allègue 
domuiagf'*  les  autres.  Cette  opération  djt  iiô-  pour  preuve  l'ordre  (|u'il  donna  à  Paul  de 
cessairement  leur  demander  beaucoup  de  Samosates  de  ((uittcr  son  siège,  comme  les 
tomps.  Ils  vinrent  ensuite  mettre  le  siège  évô([ues  d'Orient,  réunis  en  concile,  le  lui 
vievantTliessaloni((ueelCassandrée,  et  ayant  avaient  commandé,  et  de  le  céder  à  celui 
appris  que  Claude  s'avançait  contie  eux,  ils  qu'ils  avaient  nommé  à  sa  place,  et  dont  re- 
vinrent à  sa  rencontre  ins(|u'à  Naisse,  dans  V('-<iue  do  Rome  avait  approuvé  la  nomina- 
.VWI.iute  M -sie.  Ce  fut  laque  Claude  le.  r  ti«i.  Ce  fait  ii(>  prouve  (pi'une  chose  :  (pi'Au- 
livra  bataille,  et  leur  tua  cinquante  mille  rélion  ne  voulait  pas  se  créer  d'embarras  en 
hommes.  Il  est  évident  que  ce  grand  év(''iie-  persécutant  les  ch.étiens,  quand  il  avait  à 
lufciit  ne  dut  avoir  lieu  (]ue  dans  les  derniers  combattre  une  muliitude  d'e  uiemis  sur  tous 
mois  de  la  belle  saison,  en  269,  puis<pie,  les  points  de  l'empire.  Pounpioi,  ne  voulant 
poursuivis  incessamment  p.ir  Claudi-,  ils  se  pas  alors  persécuter  les  chrétiens,  n'auiait-il 
rérigièr.-nt  sur  le  m  'iil  Hémus,  poury  pren-  pas  (té  é  piitable  h  leur  é^ard?  Leur  refuser 
dre  leur  quartier  u'hiver.  justice,  c'eût  été  d(''j;^  un  commencomenl  de 

«  Claude  ne  revint  point  à  Rome  après  sa  persécution.  Or,  il  voulait  ne  sévir  contre 
première  victoire  sur  les  Goths;  certes,  ses  eux  (lu'à  son  heure,  (pi'au  lumnont  ([u'il 
affaires  ne  lui  permettaient  pas  de  prendre  jugerait  convenable.  Il  avait  déj.^  montié, 
du  repos  dans  sa  capitale.  Zénobie  lui  faisait  étant  gouverneur  des  Gaules,  en  faisant 
la  guerre  en  Orient,  ei,  .iprès  d -s  chances  mourir  à  Troyes  saint  Patrocle,  ce  (pi'on  pou- 
diverses,  ayant  entièrement  défait  l'rolms,  vait  attendre"  de  lui  comme  tolérance  reli- 
restait  malt  e>so  de  toute  l'Kgyptf.  C'aude  gieuse.  Ce  prince  était  exlrèmome-t  supers- 
f .  l  luème  obligé  de  f.ure  la  |i;iî\  avec  elle,  titieux.  Sa  mère,  dit-on.  était  prêtresse  d'un 
pour  achever  la  guerre  contre  les  Goths.  Il  tem|)le,  du  coté  de  Sirmich,  probalilemenl 
n'eilt  pas  été  occupé  de  ce  c/>té,  que  les  al-  d'un  teni.)le  du  roleil.  Kilo  av.ut  la  préten- 
taires  d'Occidi'nt  eussent  impéneus'-mont  tion  de  piV'dire  lavenir,  et  elle  avait  tou- 
réclamé  su  présence.  Tetricus,  «jui  avait  |)ris  jours  di*  A  son  lils  qu'il  arriverait  h  l'empire, 
la  pourpre,  poursuivait  dnns  les  Gaules  le  Aussi  Aurélien,  peut-être  i\  cause  d' cette 
cours  de  ses  sucé-,  cl  la  vihe  d'Autun.  (pii  pr»''dielion.piil  voyait  réalisée,  avait  toujours 
s'était  (h'îclarée  pour  Claude,  dont  elle  ré-  ou  nno  grande  dévotion  au  r  ilte  du  Soleil, 
rliuiait  il  '  lit  le  .seroui  s.  suceomhait  Ouant  ii  la  prédiction  en  elle-même,  il  n'y 
oiiiportéo  '.  -  il  il  la  lin  de  269,  après  un  faut  pas  faire  graid  fond.  A  cette  épotpie, 
siège  de  sept  moi -i.  où   tous   les  généraux   de  l'empire   nuiiaiu 

«  Il  est  évident,  par  tous  ees  fnts,  tpie  prenaient  la   pourpio,  où  le  litre  d'Auguste 

Claude  ne  put  pas  venir  h  Rome  h  la  lin  de  était  en  (pi  Itpie  sorte  le  g-ade  suprême  au- 

269.  D'ini  autre  côté,  nous  le  trouvons  dtgà  quel  chaque  ollicier  tondait  à  monter,  il  n'é- 

ati  mont  Héuius,  finiss.uit   d'o\tormini'r  les  tait  pas  didicile  de  pr.'-voir  qu'un  militaire 

Ooths,  dès   les   premiers    niois   d-*   270.    Il  aussi  recummandable  (|u'Aurelien  monterai* 


KOB 


nu 


l'KH 


50« 


au  nin^:;ori  laiil  (raiitrcs  moins  (lignes  ('(«iiMil 
nioiilô^.  l.a  in(V(»  (rAiirrlicn,  le  s  itliaiil  su- 
pcisliticiiv,  navail-rlli'  pas  Tiil  sa  pinliclion 
pour  l'illiiciicfi-  I  avenir  tic  son  lih,  jour  lu 
pK'pai'cr,  flans  un  Iml  iranilnlm  i  mater- 
ne IN»?  Il  csl  li^s-ptM  mis  (le  II-  pcnsi'i'.  Du 
rcslo,  la  prétliflKui  atconijilic,  le  nuiivel  cm- 
ptM'cui'  (lut  rostci-  cl  resta  l'ervoit  au  «lieu 
ipii  avail  inspiré  sa  mère.  Dès  lois  il  rêva  la 
s,iioniii  ur  (lu  vieux  (  ulle  de  remjMre.  Uele- 
ver  le  paj^çamsnu^  Tut  lo  but  (pi'il  se  proposa 
(l'ait  iudre, /iprès  (pi'il  aurait  iclevi'  la  pois- 
sa ire  (le  l'empre.  el  remlii  au  nom  idinaiii, 
si  abaiSvSÙ  sous  ses  pr(Mli'!(;('Sseurs,  l'éelat  et 
le  presli-e  (pi'il  avait  auparavant  aiiv  yeux 
(le  l'univers.  Dieu  lui  livra  l'eiiiiiire  de  ce 
inonilo,  el  permit  h  sou  gdiie  d  o|ii^ror  les 
tç.'aides  choses  (pi'il  amhiliomiait.  Q[u\n\  h 
l'e.Ujjirc  de  la  loi,  dès  (prAur(''li(>"i  .y  Noiilut 
touclier,  Dieu  lui  lilsonlirquoluiseulcnétait 
le  maître,  el  cpie  les  plus  i;rands  guerriers 
el  les  plus  grands  !j,('iiit'S  sont  devant  lui 
coiiitno  s'ils  n'iUaicnl  pas. 

Aurt'dioi  l'ut  l'rappi'i  d(^  mort  pres([uo  aussi- 
tôt tju'il  eut  signe  ses  édils  sanguinaires. 
Voici  comment  cet  ("n'énemcnl  so  passa. 
Après  ipio  co  coïKiiiéraiit  eut  réuni  en  un 
soûl  Tiisceau  looies  les  proviiicos  (jue  suc- 
cessivnmenl  la  révolte  avait  détachées  de 
l'empire,  après  (ju'il  oui  assis  sa  puissance 
sur  les  ruines  de  loules  les  i)uissaiic.  s  ri- 
vales, il  songea  ^  exécuter  son  j^j^^-nd  projet 
de  desfi\Klio'i  (Ju  ciirii^tia'iiniYe.  Comme  il 
allait  sig'K'r  les  (nlits  de  persécution,  Dieu 
l'arrêta.  La  foudre,  tomhant  aui)rès  de  lui, 
l'avertit  (pi'il  coiiimellait  un  sacrilège.  Cette 
voix  d'en  haut  venait  lui  dire  que  les  choses 
du  ciel  n'étaient  pas  de  son  domaine.  Auré- 
lien  fut  épouvanté,  il  dilféra  l'exécution  do 
son  projet;  mais  uienliH  il  le  reprit,  et  langa 
contre  l'Eglise  des  édils  plus  cruels  et  plus 
sanguinaires  que  n'avaient  (iicore  fait  ses 
prédécesseurs.  Celle  fois  la  peine  ne  se  lit 
pas  attendre  ;  Aurélien  tomba  sous  le  fer  des 
conspirateurs,  avant  même  ([ue  ses  édits  eus- 
sent pu  arriver  jusqu'aux  extrémités  de  l'em- 
pire. Fau,-il  en  conclure  qu'ils  furent  sans 
etVet,  comme  certains  écrivains  l'ont  pré- 
tendu? Faul-il,  contre  loule  évidence,  s'as- 
socier au  jugement  de  ces  hommes  qui  ont 
toujours  [)rcté  une  main  audacieuse  el  sa- 
crilège ([uand  il  laut  arracher  quelque  j)aline 
au  faisceau  des  gloires  de  l'Eglise?  Pour  ces 
hommes,  qui  sont  aussi  des  [)ersécuteurs  et 
desquels  noiis  parlons,  tout  est  bon,  (piand 
il  s'agit  d'attaquer,  d'amoindrir,  de  détruire, 
s'il  était  possible,  nos  monuments  et  nos 
fa:.îes.  Le  mensonge  el  la  calomnie  sont  leurs 
instruments  de  supplice  pour  la  vérité  qu'ils 
font  mari. re.  S'agit-il  de  jeter  une  insulte 
aux  choses  saintes?  Ils  sont  là  toujours 
prôls.  L'oidure  qu'ils  lancent  contre  I  Eglise 
n'arrive  jamais  au  bui,  elle  retombe  sans 
cesse  sur  eux-uKimes  ;  n'importe,  ils  la  ra- 
massent incessamment,  sans  autre  résultat 
que  de  se  sa'.ir  au\  yeux  des  hommes  et 
d'attirer  d'en  ha  it  la  vengeance  divine. 

La  persécution  causée  par  Aurélien  fut 
violente.  Qu'on  ouvre  les  fastes  des  mar- 


1}  rs;  à  cliJKpie  pa^e  le  liom  do  ce  [((Mvsé- 
euleur  t'sl  écrit  en  lettres  rounoM,  en  leltrcH 

d(!  sang.  M/illiciir,  cent  f(»is  mallieiif  U 
riiiimiiie  qui  pèche  par  un  acte  de  parole, 
ou  d'éiiii,  ou  d'aiitorilc'*,  qui  reste  après  lui  ! 
C'est  une  posléiiié  dn  mali'diclion  ipi'il 
l;nss(!;  il  (  i(''e  .liiisi  uni'  géii.'Tainiii  d»;  (  rimes 
(pio  sa  volonh'  ne  p(nit  [iliis  arrêter.  Il  a 
beau  so  repentir,  il  a  beau  moiiiir,  ses  cri- 
nit's  restent  vivants  et  (nigtïndi cnl  des  cj'imcs, 
et  sans  (tesse  devant  Dieu  la  charKc  «b*  son 
l\n\t'  devient  plus  grande.  Ainsi  (il  Aiir(Mi(!n  : 
les  ('dits  qu'il  avait  sigmVs  suivé(  urenl  (piaml 
il  fut  iiiorl;  ils  furent  exécutés  par  l(!s  gou- 
V(M'n(nirs  des  provinces  pendant  tout  l'inlii- 
règie  (pii  suivit  sa  mort,  et  même  plus  tard. 
Mainlenaiil  la  i)Crséciition  d'Anrélien  lu; 
(  omiii(ni(;a-t-elle  (pi'avec  ses  édits?  Non,  évi- 
(hnniiKnil,  tous  les  nionnmenis  le  piouvenl. 
Ainélien  no  voulait  pas  lancer  d'édits  coniro 
hvs  chrétiens  avant  d'avoir  accompli  sca 
grands  projets;  mais  il  souhaitait  très-volon- 
tiers (pie  les  gonvi'rneurs  des  provinces  ap- 
pliquassent les  aïKn'eiit.es  lois,  b.'S  anciens 
édils.  Pour  se  re'idre  coupabh;  des  actes  dci 
ses  subordonnés,  un  prince  n'a  [)as  besoin  de 
cominandiM'.  La  S(n'vilité  a  le  llair  si  délicat 
l)0ur  découvrir  ce  cpii  [)laît  au  cienr  du  maî- 
tre! Aurélien  détestait  les  chrétiens,  on  le 
savait;  qu'avail-il  besoin  de  h?  dire?  Les 
bourreaux  d;'  Valéiien  et  des  autres  peisé- 
cuteurs,  les  magistrats,  les  gouverneurs  qui 
avaient  fait  inouiir  tant  de  saints  marlyrs, 
étaient  encore  U\;  ils  avaient  la  main  prèle 
à  signer  les  proscrijitions.  La  hache  altérée 
de  sang  n'était  pas  encore  rouilh'-e.  Les  joies 
féroces  qu'éprouvent  les  assassins  aux  cris, 
aux  tortures  des  victimes,  demandaient  à 
renaîtie.  Aurélien  ha'issait  les  chrétiens,  (pie 
fa  lait-il  de  ])b;s?  La  persécution  re[)rit  avei; 
son  règne,  il  ne  l'empêcha  pas;  plus  tard  il 
se  réservait  de  l'ordonner,  il  le  fit. 

Les  pr  ncipales  victimes  de  la  persécution 
sous  Aurélien  sont  saint  Félix,  pape,  saint 
Dell '.s  de  Paris  et  ses  com[)agnons,  saint  Sa- 
binien  de  Troyes,  saint  Révériei;  d'Antun, 
saint  Prisque  d'Auxerre.  Pour  la  PalcisUie, 
nous  liouvons  saint  Agapet  ;  en  Italie,  sainte 
lleslilute,  de  Sore.  iNcmis  voyons  en  Toscane 
le  j.iartyre  de  eaint  Félix,  prêtre,  de  saint 
Iréniie,  diacre,  et  de  sainte  Mustiole,  cousine 
de  l'empereur  Claude.  Les  Actes  de  ces  irois 
derniers  saints  portent  qu'Aurélien  envoya  en 
Toscane  Turcius,  avec  charge  expresse  ti'y 
rechercher  les  chrétiens,  et  de  les  faire 
mourir.  Saint  Conon  et  son  fils  illustrèrent 
la  ville  d'Icône  par  le  glorieux  martyre  qu'ils 
3  subirent  pour  la  foi.  Césaréede  Cappadoce 
vit  le  martyre  de  saint  Mamus,  vulgaire- 
menî  noiume  Marnes.  Nous  ne  faisons  qu'in- 
diquer ici  sommairement  les  principaux 
d'entre  les  martyrs  sous  ce  règne.  Cette  énu- 
mération  suilit  pour  faire  voir  que  non-seu- 
lement il  y  eut  j.ersécution  sous  Aurélien, 
mais  encore  qu'elle  fut  violente. 

PERSÉCUTION     DE    DIOCI.ÉTIEX. 

Les  historiens  ont  pris  l'habitude  de  nom- 
mer persécution  de  Dioçlétien  la  grande  per-- 


507 


PER 


PER 


908 


st^rution   qui  fut  oiivorle  par  les  ëdits  de  ce 

EriMce  r.oiilre  1  E;;lise,  et  qui  durii  dix  ans, 
jeu  au'elle  eût  éié  exercée  autant  et  pent- 
élii'  plus  par  ses  roll^^nes  et  par  ses  succes- 
seurs que  par  lui-nièuie.  Om  compr  nd  géué- 
ralemcnl  aussi  sous  celte  dû-iouiinalioi  les 
perstH'ulions  i»aitielli's  qui  furent  soulevées 
contre  les  cnréiiei.s  sous  le  rèj;ne  de  ce 
prince,  avant  même  la  [iromulgntio  i  de  ses 
édils,  surtout  en  Occident,  où  coniniandait 
Maximien  Hercule.  Nous  ne  nous  éloigne- 
rons pas  des  usages  reçus,  et  nous  lérons 
comme  les  historiens  nos  prédécesseurs. 
Ainsi,  par  persécution  de  Dioiléiien,  nous 
entendrons  spécialement  celle  q  li  tut  faite  à 
l'Eglise  de  Dieu,  en  vertu  des  édits  lances  par 
ce  prince  à  Nicomédie,  en  l'an  de  Jésus- 
Christ  303,  et,  d'une  façon  extensive,  celles 
qu'tnireiit  à  endurer  les  chrétiens,  sous  les 
commencements  de  son  règne,  en  vertu  îles 
anciennes  lois  et  des  anciens  édits  qu'on 
leur  appliquai'. 

Beaucoup  d'écrivains,  Tillemont  en  parti- 
culier, disent  que  l'Eglise  fut  en  paix  depu's 
Valérien  jusqu'à  la  persécution  de  Oio  lé- 
tien.  Nous  avons  fait  justice  de  cette  aliir- 
mation,  en  établissant  d'une  manière  irré- 
fragai)le,  par  les  faits,  que  sous  Claude  l'E- 
glise avait  été  violemment  persécutée,  et 
que  sous  Aurelien  elle  l'avait  été  encore.  Ce 
n'est  qu'après  la  moi  t  de  ce  |)rince  qu'elle 
jouit  véritablement  de  cette  paix  profonde 
dont  Eusèbe  fait  le  récit  dans  son  livre  viii, 
cil.  i,  p.  25o.  Tacite,  Prohus,  Carus,  et  ses 
Ois  Carin  et  Numérien,  laissèrent  lEglise  en 
repos.  Sous  leurs  règnes,  les  chrétiens  ne 
furent  persécutés  qu'accidentellement,  et  en- 
core ne  peut-on  le  dire  d'une  manière  un 
peu  certaine  que  du  règne  de  Carin,  qui  tit 
a  Rome  «pielques  martyrs  en  l'an  iS'i. 

Dioclélien  étant  monté  sur  le  trùnc  en  l'an 
de  Jésus-Christ  28'*,  se  trouva  par  la  mort 
de  Carin,  arrivée  rannée  suivante,  maître 
de  tout  l'em  )ire.  En  286,  il  s'associa  Maxi- 
mien  Henu  e,  son  coirpa.;non  d'armes  et 
son  ami,  et  ui  donna  tout  l'Occident  à  gou- 
verm-r.  Durant  les  commencements  de  son 
règne,  les  chiétiens  JDuuent  «le  la  tranquil- 
lité qu'ils  avaient  eue  sous  ceux  de  ses  pié- 
déccsseurs  que  nous  venons  de  niuniiier. 
«  Le  démon,  dit  Eusebe,  cpii  avait  reçu  la 
puissance  de  perséi  uter  les  saints,  sembliii 
s'être  endormi  d'un  summeil  proîond.  Le 
nom  de  Jésus-Cliiist  et  il  partout  estimé  et 
vénéré.  Aux  assemblées  des  lidèles,  l'af- 
fluence  éla.l  si  grande  cpi'on  était  partout 
obligé  d'ab.'itlr''  h  sé.^Iisespniir  eni'onstruire 
de  plus  graiidi'.s.  En  Oru^nt,  presque  tous  les 
homiiit's  avaient  (juitlé  le  culte  d  s  idoles 
pour  embrasser  la  religion  chrétienne.  Les 
jjouveiiieurs  de  province,  les  magistrats,  ai- 
iiiaient  et  vé  léraient  les  évi^ques  et  les  au- 
tres ministres  du  <  ulte.  L  s  seigneuis,  les 
empereurs  cux-mOines  nioiilratcnt  de  l'.if- 
fection  pour  les  chréliens;  ils  laissaiei.l 
leurs  femmes,  Ifurseiilints.  leurs  serviteurs, 

t>ratiquer  sous  leurs  y.A\  le  «  lu  isiiariisiiie. 
•lusieurs  d'entre  les  chrétiens    f.reii  nom- 
luéi  aux  Ciuj'luib  ol  au  (^ouvcrnouicut  dos 


provinces.  On  les  exemptait  de  l'obligation 
d'i'lVi  ir  des  sacrilircs.  » 

Ce  portrait  qu'Eusèbe  trace  de  l'état  de 
l'Eglise  est  applicable,  dit-il,  aux  dix-huit 
premières  années  du  règne  de  Diodétien. 
Pour  trouver  qu'Eusèbe  dit  vrai,  il  faut  se 
transporterauxlieux  où  il  écrivait,  en  Orient, 
où  la  persécution  ne  commença  uue  lors  des 
édits  en  303,  et  ccraprendre  (ju'il  n'a  voulu 
parler  que  de  la  partie  de  l'empire  directe- 
ment soumise  à  Diodétien  Si  Ion  considère 
1  Occident,  qu'y  voit-on?  Aussitôt  son  avè- 
nement à  rem[iire,  le  cruel  Maximien  com- 
mence à  persi'cuter  les  chrétiens.  Dès  les 
commencements,  en  286,  en  venant  dans  les 
Gaules,  le  22  septembre,  il  fit  massacrer  la 
fameuse  légion  lin  béenne,  avec  son  chef, 
saint  Maurice.  Aussitôt  après,  il  envoya 
Rictius  Varus,  son  [)réfet  du  prétoire,  connu 
dans  les  Mart.  rologes  sous  le  nom  de  Ric- 
tiovare,  chercher  et  exterminer  les  malheu- 
reux restes  île  cette  héroïque  légion.  Le 
ministre  fut  digne  du  maitre  :  il  exécuta  ses 
ordres  avec  une  barbarie  qui  ne  dut  rien 
laisse:'  5  désirer  à  l'atroce  Maximien.  BAle 
vil  des  noyades.  Trêves  des  massacres,  Co- 
logne, Reims,  Soissons ,  Finies,  Amiens  et 
une  foule  d'autres  lieux  dans  les  (iaules 
eurent  de  nombreux  martyrs.  (  Voy.  Rictius 
Varls.  )  Après  la  ninrt  de  ce  préfet  du  pré- 
toiie,  arrivée  en  288.  un  nonuné  Julien  lui 
succéda,  et  sut  continuer  sa  t;\che,  suivant 
le  cœur  et  les  intentions  de  Maximien.  Il 
fit  mourir  saint  "\'o  1  à  Ch<istre,  dans  la  Lyon- 
naise, saint  Lucien  à  Beauvais,  en  Belgique. 
Eutyque  et  Astère,  qu'on  trouve  avoir  eu 
paît  au  martyre  de  saint  Victor  à  Marsei'le, 
étaient  probablement  les  collègues  ou  les 
successeurs  de  Julien.  En  même  temps  que 
ces  (  hoses  se  jiassai  ni,  Sisinnius  Fescen- 
ninus,  qui  gouvernait  la  Lyonnaise  (  la  se- 
conde), martyrisait  saint  Denys  à  Pans,  saint 
Nicaise  dans  le  Vexin.  l'n  certain  Dacien 
condamna  et  lit  mourir  saint  Ca[)raisà  .Vgen. 
Ce  Dacien  seiaii-il  le  même,  que  celui  qui 
se  rendit  si  o  lieusement  célèbre  en  Espagne, 
au  cours  de  la  grande  perséculiou  de  Diodé- 
tien? Nantes  avait  aussi  ses  martyrs,  les 
deux  frères  Donalitni  et  Rogalien.' On  ne 
dit  pas  qui  les  lit  mourir.  Quoi  qu'il  en  soit, 
on  voit  par  ce  qui  nous  reste  de  documents, 
que,  dès  les  conmiencemeiits  de  ce  règne, 
la  persécution  fut  excessivement  violente  en 
G.iule.  Il  y  a  tout  lieu  ne  croire  ipie  .Ma\i- 
micn,  en  décliainanl  sa  fureur  contre  celle 
province,  ne  faisait  pas  d'e\ceplion  pour  les 
autres,  et  ipie  [>arloul  il  agissaii  de  même. 
Dicrlétieii  lui-même,  quoi ipTen  dise  Eusèl)e, 
lit  quelques  marhfs  au  commeneemnt  do 
sou  iè;i.e.  Dès  Van  28'i,  alors  ipi  il  était 
encore  s  ul  maître  de  lempire,  les  saints 
C  aude,  Astère,  Néon,  hs  s.iinles  Domnine 
et  Theonille,  soulfrirent  h  Eges  en  Cilicie, 
sous  le  (troconsul  l.\  sias.  Le  martyre  de  saint 
Celles  lui  est  aussi  imputable. 

Il  faut  uiie  ici,  pour  être  dans  le  vrai,  que 
Maximien  ordonnait  de  piuirsuivre  les  chié- 
tiens, et  que  Diodétien  laissait  faire.  Il  to- 
lérait que  les  gouverneurs,  que  les  inagii- 


A09 


TFn 


WIK 


m 


tf.ils  p(»inNiiivisst'Ml  ics  rlir(^li('n^,  siiivnnt 
leur  Ikim  plaisir  cl  leur  r.ipnrc,  ci  vnlii  dt-s 
juicicnnos  lois.  r(Mif-(Mn'  aussi  Cnit-il  «d- 
iii(»lln>  ipn»,  l)i<*M  i|u7i  ccllo  (''iMKnic  il  v  l'Al  (»ii 
lolôraiicc,  l'il  vo  scli'^  (|ii('  r.niloiiM'  ne  l'.iis.iil 
ni  recherches  ni  |M'p]iiisili(>nsJesrnM^islrals, 
comme  lui  (eiii|'s  de  Trajan,  éiaii-dt  oldi^'s 
)iar  la  lui  de  ponisiiivie  (piaiid  il  y  avaii  d('- 
iKineiatiiMi  ;  el.  l'on  snil  (jiie  iiialheiireusc- 
iiK^il  In  race  des  déiioiuialeiirs  ne  iiiampio 
jamais.  Les  liai'»es  parliciilières,  uiie  i'oiile 
de  pnss'ons  ignobles  el  lAclu's  sont  les  poiii- 
V()yeus(>s  i\o  celle  ahoiiiinalid'i  du  (-(eiir  Ini- 
iiiain.  C/est  ainsi  (pie  saint  Claude  el  ses 
fri^ros  avaioMt  éU^  diMV-rc^s  par  leur  helle- 
ni(''i'o,  h  la  snile  (rniu!  discnssiiei  (pii  deva  l 
rest(T  dans  le  seerel  de  la  demeure  privée 
el  do  la  lamillo. 

Franchissanl  (pndipies  années,  nous  voyons 
encore  des  martyrs  ji  Kouie,  en  21)5;  les 
Actes  do  s«i'ilo  Su/anno  en  sont  la  preuve. 
Si  l'on  s'en  ra|)porlail  aux  Actes  de  sai'it 
Sébastien,  uns  h  inoi-l  h  Homo  en  28.'>,  il 
faudrait  adunUtro  qu'h  celte  é|)oquo  il  y  eut 
\ni(>  persécuiio'i  si  i;ra'ule,  que  nul  ne  pou- 
vait a(;lioler  (luoiqiiece  lût,  puiser  do  l'eau 
aux  fontaines  publiques,  sans  sacrifier  à  do 
petites  i(lol(>s  mises  partout  h  cet  en'ot.  C(>s 
Actes  n'étant  pas  oii:Ai'iau\,  on  peut  dire 
que  l'auteur  a  tait  co  dnsio-i,  et  (ju'il  a  altri- 
bué  aux  commeiicenionls  do  Dioclélion  ce 
qui  ne  doit  être  dit  ipio  d(^  la  suite  do  son 
ré^Aue  el  do  la  grande  persécution  qu'  1  fit 
soull'rir  ^  I'Ivj;]  se,  en  pi'onuil,.;,nant  ses  édits 
en  l'an  303. 11  faut  de  toute  nécessité  admet- 
tre ce  que  nous  avons  dit  d'une  façon  abso- 
lue, savoir  qu'FAisèbc,  en  vantant  la  paix 
dont  jouissait  l'Eglise,  n'a  |)ailé  que  de  l'O- 
rient. Tillemont  "bataille  pour  établir  que, 
quoiqu'on  dise  cet  auteur,  il  y  eut  quei(iues 
persécutions  à  Rome  en  285  ci  en  286,  persé- 
cutions qu'il  put  ignorer  «i  cause  do  leur  peu 
d'impoitance  relative,  et  do  la  distance  à 
laquelle  il  se  trouvait  du  théâtre  des  événe- 
ments. Il  vaut  mieux  dire  ce  que  n.  us  sou- 
tenons :  Eusèbo  n'a  pailé  que  de  l'Orii  nt. 
En  elfet,  quelles  que  fusso'it  les  dilîicultés 
do  communication  qui  oyistassont  dans  ces 
temps-là  d'une  partie  de  l'empire  à  l'autre, 
est-il  possible  que  des  événements  de  l'im- 
portance de  ceux  qui  s'accompli^^saient  en 
Gaule  passassent  inaperçus  ?  Voudrait-on 
soutenir  que  fout  l'empire  ne  fut  pas  instruit 
de  ce  grand  massacre  d'une  léj;ion  tout  en- 
tière, fait  parles  ordres  de  Maximien  ?  Et  si 
quelqu'un  pouvait  l'ignorer,  était-ce  un  évo- 
que placé,  comme  l'était  Eusèbe,  à  l'un  des 
premiers  échelons  de  la  hiérarchie  é.àsco- 
pale?  Croit-on  que  dans  l'Orioni  on  pouvait 
ignorer  la  façon  dont  go.ivernait  Maximion? 
Il  n'y  a  qu'une  concession  à  faire  ici,  c'est 
celle-ci.  Quelque  grande  que  fût  la  paix  uo 
l'Ei^lise  sous  les  princes  païens,  elle  n'était 
jamais  assez  considérable,  assez,  complète, 
pour  qu'il  n'y  eût  pas  de  temps  en  temps  çà 
et  là  quelques  persécutions  isolées.  Nous 
aivons  vu  la  vérité  de  cette  allirmation  môme 
sous  les  meilleurs  empereurs,  sous  ceux  qui 
se  montraieût  le  plus  favorables  au  chris- 


tianisme.  D/ins  ions  h-s  cas,  il  faut  adrn'ItrM 
(Jiii'  Cl-  ipii  SI-  passa  dans  ces  coiiiinenrciiieiil«« 
riail  r(f»nvi('  de  Maximioii  et  non  de  Dioclrt- 
licii.  Ce  der:ii<  T  priiirr  élail  favorable  aux 
clirctif'is.  Vjdériesji  lilli-ii  sa  ranime  l'nsc/i, 
(^lanl  chiélieiines,  n'avaieiil  pai  peu  conlri- 
biié  ,'i  ramener  Ji  CCS  scrilimcni*.  Il  ne  faut 
pas,  comme  qu  Ipies  {uiiiiirs  l'ont  lait,  pré- 
ti  ihIk»  (pi'elle-i  étaient  amies  «b-s  cfirélicriS 
sus  être  clirclicnnes  e'Ics-mémcs  :  elles 
élaiciil  ii'-cllemciit  cliréliciincs,  pnis(pi'en 
ramier  .'K)3,  il  fallul  leur  faire  violetice  pour 
les  (ddigcr  A  se*  souiller  (mi  sacrilianl  aux 
idoles.  Iti-aiicoiip  des  principaux  cmiiloyés 
du  palais  de  Dioclélien  étaient  chrétiens. 
(Véiail  alors  sinloiit  (pic 'l'ciinllicn  aurai!  [hi 
dire  :  l\()us  rcmpllssotis  i-os  rillrs,  vos  rtiin- 
ptit/nrs,  ros  palais;  si  vous  le  roulions,  rn 
al)(ui(l(niri(int  votre  rinpirr,  nous  frrions  au- 
tour lie  vous  la  solitude.  IMus:eni'S  de  ces 
employés  supérieurs  eurent  le  courage  et 
riionnenr  do  pré^n'cr  h;  martyre  h  l'apos- 
lasi(,'  :  témoins  hîs  saints  Dorolliée,  Pierre  Pt 
(ioigone.  Lucien,  grand  chambellan,  était 
clirétien,  et  nous  lisons  dans  une  iristnicliou 
faite  pour  lui  par  I  évéïpio  'Miéonas  (évoque 
d'Alexandrie,  de  28S  h  300),  qu'il  y  eut  d'a- 
bord (piel(]nes  persécutions  isolées  sons 
Dioclélien,  du  f;.it  des  gouverneurs  et  des 
magistrats  des  provinces;  mais  que  ce  prince 
devint  lrès-favor;ble  aux  chréti(;ns,  et  que 
sa  bonté  accorda  la  paix  aux  l-lglises.  Ce  mot 
no  signi(ie-t-il  pas  que  Dioclélien  défendit 
expressément  de  poursuivre  les  chrétiens? 
S'il  ne  le  dit  pas,  il  semble  étrangement  le 
vouloir  dire.  Ce  Lucien,  qui  jouissait  d'une 
fort  grande  considération  h  la  cour,  con- 
vertit la  plupart  des  othciers  du  palais.  Dio- 
clélien, loin  de  se  défier  des  chrétiens,  sem- 
blait avoir  plus  de  confiance  en  eux  qu'en 
d'autres:  il  les  laissait  volontiers,  avec  satis- 
faction même,  dans  les  piincipaux  emplois, 
et  leur  confiait  même  le  soin  et  la  garde  de 
sa  personne. 

Ainsi  qu'on  le  voit  par  tous  ces  détails,  il 
est  évident  ([ue  tout  ce  qui  précéda  la  grande 
persécution  de  laquelle  nous  allons  parier, 
doit  être  attribué  à  Max'mien.  Si  Dioc  et  en 
n'avait  suivi  que  ses  tendances  [)ersonnelles 
et  la  pente  do  son  cœur,  il  n'aurait  jamais 
persécuté  l'Eglise.  Peut-être  mômcfûi-il  de- 
venu chrétien.  Un  père,  un  époux,  se  laisse 
facilement  entraîner  aix  exem[)les  qui  lui 
viennent  d'une  lilie,  d'une  femme.  Rien  n'est 
entraînant  comme  ces  leçons  qui  pailent  au 
cœur.  On  prend  si  vite  les  habitudes,  les 
idées,  les  croyances  de  coix  qu'on  aime  ! 
En;ouré  de  chrétiens,  Dioclélien  eût  fini 
par  le  devenir  lui-môme.  Cette  conversion 
n'était  i)Os  dans  les  desseins  de  la  Providence  : 
Dieu  réservait  à  Constantin  la  gloire  de  ren- 
dre la  I  aix  à  l'Eglise  e:  de  mettre  la  croix 
aupiès  de  la  pourpre  impériale.  Dioclél  en, 
lui,  (ievait  devcn.r  persécuteur  de  ceux  qu'il 
avait  favorisés  d'abord.  Le  démon  dont 
parle  Ei.sèbo,  ce  démon  de  la  persécution, 
qui  s'était  endormi,  "o  leveil  a,  et,  voyant 
h;  prince  si  l'av.  ral)le  a  se»  ei.nemis,  la  paix 
dans  laquelle  était  l'Eglise,  l'état  lloriisant 


511  PFR 

du  rlirist'ani>mo .  ce  démon  rappela  h  lui 
sa  haint^  un  instant  assoupie,  ot  pour  tenter 
un  supri^nie  et  dernier  etFort.il  suscita fialère. 

(Galère,  un  uionslro  de  cruaulé,  ui  d  ■  ces 
hommes  comme  on  en  rencontre  dans  l'iiis- 
toiri»  pour  la  lio-ilo  de  riiumaiiit/',  mélange 
do  bassesse,  île  i;klieté,  dliypocrysic,  cou- 
ronné par  une  férocité  de  liyén-,  i'ul  adopté 
par  Diocli'tien.  «pii  lui  dmia  en  m;iria-,'e  sa 
lil!e  Valérie.  P.Ure,  [)uis  soldat,  t"ial*'re  s'était 
élevé  par  les  ditrérenls  grad  sjus(|u'au  géné- 
ralat.  Il  fut  créé  césar  ci  292,  et  eut  riiiyrie 
pour  dé[)artemeiit.  Aussitôt  (pi'il  se  vil  in- 
vesti dune  puissance  (pii  était  la  puissance 
suprême,  moins  le  titre,  il  en  prolita  i)our 
persécuti  r  les  chrétiens.  Lhs  autres  [>rinces, 
si  ce  n"est  Ma\imien  Hercule,  n'y  prenaient 
poi  it  de  part.  Ce  moiislre  avait  utie  mère, 
(pli,  loin  de  montrer  la  douceur  et  l'huma- 
nité qui  conviennent  aux  T  rnmes,  ne  rtu^it 
pas  d'exciter  >on  fils,  (p'and  elle  le  vit  au 
pouvoir,  à  persécul'cr  et  à  faire  moinnr  h^s 
chrétiens.  Elle  était  sanguinaire  et  suiu-rsti- 
tieuse.  Tous  les  jours  elle  sacrifiait  d  -s  vic- 
times h  ses  dieux.  Elle  avait  habitué  son 
fils  aux  mêmes  pratiques.  Véritable  religion 
de  bouchers,  qm  fa  sait  entrer  la  férocité 
dans  l'Ame  p.ir  Ihabitu  le  du  meurtre.  Voyez 
quels  furent  les  bourr.'aux  dans  notre  révo- 
lution française,  à  cette  épotpie  ignoble  de 
93,  où  la  multitude  des  victimes  réclamait 
la  nniltitudi?  des  égorgeurs.  On  les  recru- 
tait parmi  les  hommes  do  hunne  volonté  ; 
ces  hommes  de  bonne  volonté  étaient  pres- 
que  tous  des  garçons  l)0Uihers  emi)lo\és  aux 
tueries,  ou  bien  des  garçons  d'ampriithéAlre. 
L'homme  s'habitue  au  sang,  an  cai'iage , 
quind  des  notions  moral  s,  ithilosophi'pies, 
religieuses,  ne  vien-ient  pr.s  faire  contre- 
poids dans  son  Ame.  El  -ignez  le  peiij  le, 
éloigne/  l'enfance  des  spect  des  sanglants, 
vous  aurez  créé  des  mœurs  douces  et  des 
cœurs  compatissants.  Pr-oscrivez  les  brutali- 
tés qu'on  exerce  en  |)ubli.-.  sur  les  hommes, 
et  même  sur  les  animaux,  et  vous  aun-z 
emf)éché  que  des  hommes,  vauriens  et  mau- 
vais sujets  d'abord,  fr.<n(lii''S(Mit  la  distance 
qu'il  y  a  du  voyou  llAn.int  aux  scandales  des 
ru;s,  h  l'égorgcur  qui  rir  ane  horrili'.eiiu'nt 
aux  assjissinats  politiques  et  aux  tétis  rjui 
tombent  da;,s  le  panier  patriotique  ! 

Les  vérités  qno  nous  di-ons  ici  se  m.ini- 
fcslent  ( lairemml  aux  regards  de  l'observa- 
teur qui  examine  les  professions  diver'sos 
dans  la  société.  Voyez  la  ditr-rinice  énorme 
rpi'il  y  a,  au  mural,  entre  les  paysans,  les 
jardiniers,  par  exinuple,  et  les  bouchers  et 
les  g.irrons  d'arn|ihilliéAtri'.  Passuns. 

(ialèie  n'avait  nas  d'in>truL'lion.  Il  n'avait 
que  dos  habituiles,  et  commn  il  les  avait 
prises  î\  sani;iiin,iire  éeulc.  sucées  pour  ainsi 
dire  avec  le  lail  d'une  fi-mme  cruelle,  ri  fui 
ce  que  ces  haluludes  le  firent,  un  hoinmn 
sanguinaire  et  lAchemeiil  inhurn.iin.  Ce  fut 
dans  "«on  gouvet  nenienl  d'IMyrre  rpr'il  fil 
soulfrir  aux  .soldats  un»;  cruelle  |  ersécuiinn, 
en  l'an  20H,  après  sa  viduire  sur  les  Perses, 
viitoire  qui  le  rendit  exlrèmeii\frit  orgueil- 
leux et  allier.  Le  général  (j[ui  fut  préj)osépac 


PER 


51  i 


Galère  pour  expurger  l'armée  des  soldats 
chrétiens  leur  proposait  le  choix  e'^tre  la 
perte  de  leurs  grades  ou  dignités  cl  l'abju- 
ration, beaucoup  eurent  le  malheur  de  suc- 
comber; mais  il  y  en  eut  un  grand  nombre 
qui  résista  courageusement  et  qui  mourut 
pour  la  foi  en  versant  son  snng.  Beaucoup 
furent  privés  de  leurs  em[)lois.  Ce  général, 
dont  il  est  fpiestion  dans  Ensèbe,  est  proba- 
blement ce  ni  que  saint  Jérôme  appelle  Ve- 
turius.  Eusèl)e  dit  (pi'il  y  eut  |)eu  de  martyrs 
dans  cette  persécution  des  soldats  par  CfalèVe. 
Cependant,  s'il  faut  en  croire  les  .\ctes  de 
saint  Andi'é,  iis  furent  assez  nombreux. 

Pendant  que  l'Illyrie  était  en  [iroie  h  la 
persécution  ,  l'Orient  jouissait  d'un  repos 
qui  devenait  fatal  à  l'Eglise.  Les  haines,  les 
jalousies,  les  disputes,  y  semaient  le  scandale 
et  y  entretenaient  un  esprit  compN'tement 
0">posé  au  christianisme.  Dieu  permit  que 
l'Eglise  îùt  à  la  fois  punie  et  régénérée  par 
la  persécuiirm  génér  rie,  et  ce  fut  (îalère  oui 
excita,  qui  détermina  Dioclétien  h  lancer  ues 
édits  de  p-rséculion.  On  prétend  que  Dio- 
clétien fut  disposé  h  faire  ce  que  lui  deman- 
dait Galère,  par  l'aveu  que  tirent  ses  dieux 
de  la  puissance  qu'avaient  sur  eux  les  ch.é- 
tiens,  et  de  l'infériorité  que  devant  eux  et 
leurs  prières  ils  resscn'aient.  Au  commen- 
ment  de  l'an  303,  Galèie  vint  passer  l'hiver  à 
Nicomédie  ave  ;  Diocl '-tren  ,  p.our  l'engager  à 
lancerces  édits  contre  |f^"  chrétiens.  Ceprince, 
qui  était  un  gr-and  j)oliti.jup,  hésitait  et  refu- 
sait de  ren  lr(î  des  é  lits  gén^iaux,  prévoyant 
bien  le  froiible  universel  «nie  cela  111311  occa- 
sionner. Il  voulait  se  borner  à  i;iterdire  la  re- 
ligion chiétienne  aux  odiciers.  aiixemplo. es 
du  pdais  et  aux  soldats;  ninis  G.dère  ne  se 
rendit  pas  h  ses  raisons,  ei  lit  tant  (jue  Dio- 
clétien se  décida  h  porter  l'alTaire  en  conseil, 
afin  de  se  décharger  de  la  responsabilité  mo- 
rale qu'elle  entraînerait  pour  lui.  Les  gens 
du  conseil,  qui  voyaiei  t  déjà  baisser  l'astre 
de  Diodélicn  et  monter  c  lui  de  Galère, 
se  firent  ses  complaisants  et  opinèrent  sui- 
vait ses  désirs.  Hiéroclès  fut  un  des  plus 
ardfMits  h  conseiller  et  à  demander-  la  persé- 
cution. Dioclétien  ne  se  rendit  pas  encore,  il 
vu  .lut  de  nouveau  consulter  ses  dieux.  Il  en- 
voya il  .Mil  l  deminder  le  sentiment  d'.Vpol- 
lon.  Il  est  bien  évident  que  l'oracle,  ou  plutôt 
ceux  qui  lui  servaient  de  truchement,  étaient 
troj)  infi-ressés  h  être  de  l'avis  du  conseil, 
pour  en  iliuiner  un  dill'érenl.  L'avis  raj)- 
pnrté  de  Mi  let  conclut  donc  h  la  persécu- 
tion g'irérale.  Dioclétien  n'hésita  plus,  et 
signa  les  édils.  Stnilement  il  demandait  qu'on 
épargnAl  le  sans,',  tandrs  (pie  Galère  voulait 
que  tous  ceux  iiui  refuseraient  de  sa(  rilier 
fussent  broies  vits. 

Ce  tut  le  23  fi'vrier  rpie  li  j^ersécution 
comiiKMicn,  le  jorrr  de  la  t'êie  pan-nne  des 
Termes.  Veut-être  avait-on  voulu  jou^r  sur 
(  e  mol  et  donner  h  corn  rerrdre  que  cette 
per>é  ution  ser'ait  le  terme  ou  la  lin  (ie  la 
relif^ion  cliréticnne.  On  se  trompa  éharige- 
iie  ni,  car  jamais  l'Eglise  ne  trioui|)ha  avec 
)>liis  de  magnilicence.  Dix  ans  durant,  de- 
bout  sur  tous  les  chauiii^  de  bataille  oi^ 


«ir- 


vm 


i'i;u 


.14 


J*ji|)|>rl,i  la  liirciir  iln  |iiip,aiiiMiic,  elle  IiiUm 
corps  h  corps  «vcc  les  pii'ssa.'U'cs  du  sirclc; 
t()li()ilis  (Iclxilll,  clld  Inmva  dans  ses  l)l«vs- 
stiiivs  .sans  ccssii  d(>  noiivcllcs  lorccs.  Lo 
sang  (pii  coiilail  dr  ses  plaies  élail  pour  cllo 
çci  (pi  (vsl  pour  l'arhn'  idli'fr  la  roséi;  des 
cirux.  l'illc  s'y  drsallriail  cl  y  puisait  sans 
ccsso  uno  iiouvcllu  ardeur.  Dans  ces  luîtes 
giga'ilesipies  (pie  soutint  ri'-j^lise,  ce  (pi'il  y 
uvail  do  reniaitpiablo,  c'esl  (pio,  |)our  itvs 
païens  eux-iiu^iiies,  lu  vi(!loiro  consistait  h 
()l)l(>nir  rahjuiation,  et  non  pas  ;i  l'aire  mou- 
rir. CJiatpie  mort  au  co'Uiaire  éliiil  nu 
triomphe  cl  les  persi'-cuteiirs  le  savaient 
bien,  puis(pie  souvent,  ainsi  (pi'on  |ieut  lo 
voir  en  |iareoiiranl  les  fastes  des  martyrs,  i's 
voulaient  co'diaiiulre  les  ("lirétiens  à  paraitio 
sacrilier.  l*eu  leur  importait  lo  coiisenlemeit 
du  cd'ur,  poui\  Il  (pie  la  main  eiU  l'air  d'a- 
voir oM'\.  Ils  les  irainr.ie'U  h  l'autel,  et  1.^, 
sur  leur  main  (MiMidue  au-drssus  du  brasi  r, 
ils  nietlaient  de  l'encons  ou  de  la  cli  lir.  Ou 
en  vit  ipii  so  laissiironl  hri\ler  la  main  dans 
collo  douloureuse  position,  plut(^t  ipie  de 
ri(Mi  laisser  tomber.  D(*s  le  malin  de  ce  jour 
mémorable,  le  préfet  du  |)r('toire,  acciujipa- 
gné  (!(>  généraux,  vint  in(5pinémeut  à  réj,lise 
de  Nicomédic.  Cette  église  était  située  près 
du  palais,  et  exhaussée  su-r  une  sorte  de 
piédestal.  Il  en  lit  enfoncer  les  portes,  et  y 
chercha  (mais  inutilement)  (juehiues  ligures 
du  Dieu  des  chrétiens.  On  y  saisit  les  livres 
des  Ecritures  saintes  et  on  les  brûla  :  les 
deux  souverains  étaient  aux  fenêtres  du 
j^alais,  considérani  ce  ([ui  se  passait.  (^lalôro 
voulait  (ju'oii  mit  le  feu  à  l'église i  DiocléliiMi 
ne  le  voulut  pas,  parce  (]u'ello  (';!ail  conliguë 
à  de  gr.  luis  éiiitices  cl  lro|)  voisine  du  j)a- 
].(is.  Les  prétoriens  y  furent  e  ivoyés  pour  la 
démolir  :  ils  y  vinr(  nt  en  ordre  de  b;i;ai!le 
et  reliront  b  cnlot  n>nversée.  Dès  le  lende- 
mai'i  24,  les  édits  furent  promulgués.  Le 
])r(>mier,  qui  est  le  plus  célèbre,  i  rdo'inait 
qn'on  privai  tous  L's  chréiiens  de  leurs  char- 
ges, d.;  leurs  honneurs;  disposait  qu'aucun 
ran.;  ne  pourrait  les  mettre  à  l'abri  de  la 
»luestion;  que  les  juges  eussent  à  ai.'corder 
lOc.lei)  les  demandes  qui  seraient  intentées 
co-ilre  eux,  et  qu'eux,  au  contraire,  ne  se- 
raient reçus  à  nea  demaiuler  en  justice,  ni 
po-r  violence,  ni  pour  adullère ,  ni  pour 
quoi  que  ce  pût  être.  Ce  même  édit  ordon- 
nait de  démolir  les  églises,  de  brûler  sur  les 
places  publi([ues  les  livres  des  saintes  Ecri- 
tures, il  fut  défendu  aux  chrétiens  de  tenir 
aucune  assemblée.  Tous  les  lieux  consacrés 
à  leur  culte,  h  leurs  réunions,  à  leurs  sépul- 
tures, durent  être  saisis  et  confis({ués.  De  ces 
bi.  ns  beaucoup  lestèrent  au  ti>c;  quelques- 
uns  furent  vendus,  d'autres  donnés.  On  sai- 
sit jusqu'aux  biens  qui  ne  servaient  pas  à  ces 
usages,  maiscjui  avaient  été  mis  en  commun, 
soit  par  les  nouveaux  convertis,  soii  par  des 
person-ies  pieuses  qui  faisaient  des  dons 
pour  ;/Ourvoir  aux  besoins  de  leurs  frères. 

Bien  que  ce  premier  édit  de  Dioclétien  ne 
p(  riAt  pas  la  i)eine  de  mort  pour  cause  de 
chrisliaiii^me,  il  fil  néanmoins  [jliisieurs  mar- 
tyrs parmi  ceux  qui  rel'usèreul  ue  livrer  les 


saintes  Ecritures,  et  ipii  pour  colle  r;aus(!  /ji 
retii  (;o  iihimiK's  h  mort.  A  |ioini)  cet  édit 
l'iil-il  afliclK-  d/nis  la  ville,  (pTuM  lioiiime  con- 
sidérable, nomme  Jean,  se  .>niita  il  .saisi  d'iiiio 
sainte  indignation,  le  lacéra  et  le  foula  aiii 
pieds.  Celle  aclion,  compl.-lciiKVil  en  dehors 
dos  règles  ordinaires,  s'.\|  Inpic,  comme  uni; 
inlinilé  d'autres  ipie  l'I-lgliso  a  a|iproiiveos, 
en  adiii  'liant  une  inspiration  parln  iiliere  do 
Dieu,  (à-  cliretieii  lut  saisi  et  immédiato- 
iiunit  mis  à  moii.  Il  périt  par  h;  U'u,  après 
avoir  eiidiirc'  d'airoc.s  toitnr(;s. 

(À'ile  liaiiliessevxaspéia  au  derniiîr  point 
h!  vieil  empereur,  (ialère  triompliait  ;  mais 
son  tiiomphi!  ne  lui  paraissait  lias  siiHis.uil. 
Comme  on  vient  de  le  voir,  l'odil  de  peisé- 
cution  prodiiisait  bien  (pielqiies  inarlyrs, 
mais  à  c.'t  liommi;  fi'roce,  c'ét.iit  h;  sang  d(! 
tous  les  chrétiens  (juil  fallait.  Pour  contraiii- 
dro  Dioclétien  à  faire  ce  ipi'il  voulait,  à  dé- 
cn'ltn-  le  carnage  et  la  mort,  il  résolu!  de 
l'irriter  contre  les  chrétiens  au  point  de  h; 
forcer <^  décréter  contre  eux  les  dernières  ri- 
gueurs. Il  lit  par  ses  g(nis  mettre  lo  fou  au 
j)alais  do  Nicomé.lio.  Oii"'hliies-uns  préton- 
dent (ju'il  lit  entretenir  celui  que  lo  tonnerre 
avait  allumé.  Calère  [)ublia  (|ue  c'étaient  les 
chrétiens  (jui  étaient  les  auteurs  de  cet  em- 
brasement, et  le  vieil  empereur  le  crut. 
Exalté  par  la  fureur,  il  lit  mettre  h  la  ques- 
tion tous  ses  ofticiers;  il  la  leur  lit  donner 
sous  ses  yeux,  n'ayant  pas  honte  de  désho- 
norer la  majesté  impériale  dans  sa  personne, 
en  assistant  comme  un  bourreau  h  ce  spec- 
lacie.  Galère  était  présent,  entretenant  la 
colère  do  I  empoi  eui-.  On  ne  découvrit  rien, 
pan'e  qu'on  ne  songi  a  pas  même  à  inff)rmt'r 
coiilre  les  gens  de  (jaiè.e.  Au  bout  dequin/e 
jours,  il  y  eut  un  nouvel  incendie.  L'au- 
teur en  était  encore  Galère.  TwUios  les  re- 
cherches naboulirent  à  rien.  Dio.lét  en 
quitta  Nicomeuie,  en  disant  qu'il  s'enfuyait, 
de  peur  d'ère  brûlé  par  les  .;hréliens. 

A  partir  de  ce  moment  la  colère  ei.  la  fureur 
devinrent  son  état  liaoïluel.  li  contraignit  sa 
femme  Prisca  et  sa  hlio  Valérie  h  sacrilier 
aux  dieux.  Les  eunuquts  saint  Pierre,  saint 
Gorgone  et  saint  Doioihée  fur.nt  mi-  à 
mort  pour  la  loi.  Bientôt  la  persécution 
s'éiendit  à  toute  l'Eglise  de  Nicomédio. 
Saint  Aiithirae,  évê-iue  de  cette  ville,  eut  la 
tète  tranchoe,  avec  un  grand  nombre  d'autres 
saints  martyrs.  On  biùla  une  UiUltitude  de 
prêtres  et  ue  fidèies.  On  les  réunissait  par 
troupes;  on  j'iac;  àt  chacune  u'elles  dans  un 
bûcher  et  on  y  metlait  le  feu.  Les  esclaves 
étaient  jetés  dans  la  mer  avec  une  pierie  au 
cou.  Beau(  oap  de  chrétiens  furent  tués  à 
cou,  s  d'épée,  beaucoup  mis  sur  des  barques 
et  noyés  au  loin  d.us  la  mer.  Dans  tous  les 
temples  il  y  avaitdes  juges  pour  contrai  idre 
tout  le  monde  à  sacrifier.  Quiconqtie  se  pré- 
seniait  à  un  tr  bun.d  pour  demand-r  justice 
était  forcé  de  sacriuer  à  un  autel  érige  dans 
son  enceinte  même.  La  quandlé  de  chré- 
tiens qui  soulirirent  à  Nicomédie  est  très- 
considérable. 

Dioclétien  donna  avis  de  Fédit  qu'il  ve- 
nait de    porter    à   Maximien  Hercule  son 


515 


FER 


PER 


S16 


rollf''gue,  et  h  Constnnre,  afin  qu'ils  en  cxé- 
culas»ont  de  lour  cùlé  les  dispositions.  Le ' 
[Tcmipr,  Irouvant  ce  qu'avait  f;nt  Dioi  lética 
conlonne  à  ses  id6t>s  et  h  son  naturel  féiofc, 
se  hiUa  d'appliquer  l'éflii  en  Italie  et  eu 
Afrique.  L'édit  ipii  ordonnait  la  di^molititju 
des  t^g,lises  fui  pr()Muil^.^ué  en  Egypte  et  en 
Palestine  vers  la  fête  de  PAques.  En  quel- 
ques lieux  on  Texf^ruta  le  10  avril,  jour 
mùme  de  la  Passion  de  Notre-Seij^neur  Jé- 
sus-Christ, notanuiient  à  Antioche  et  h  T,\r. 
En  Afrique,  l'édit  fut  afliché  partout,  et 
signitié  a\u  juges  et  aux  magistrats.  A  Cirlhe 
en  Nuniidie,  il  s'exécutait  le  19  mai.  A  Thi- 
bare  dans  la  Proionsulaire,  il  ne  fut  affiché 
que  le  5  juin.  11  y  allait  de  la  vie  des  magis- 
trits  qui  auraient  Ia;ssé  un  chrétien  sans  lui 
orlonuer  de  livrer  les  saintes  Ecritures. 
No'i-seulement  on  brûlait  les  églises  en 
Afrique,  comme  cela  se  fit  à  Zama  et  à 
Furnes,  mais  encore  il  était  prescrit  d'eu  ti- 
rer les  chaires  et  les  Ec.itures  saintes  pour 
les  brûler  publiquement.  Les  magistiats, 
les  juges,  étaient  tenus  de  se  transporter 
chez  les  évé  jues  et  autres  ecclésiastiques 
pour  y  saisir  les  richesses  des  églises;  ar- 
gent, vases  sacrés,  ornements  de  toutes  sor- 
tes. On  menaçait  de  mort  et  on  fa  sait 
mourir  ceux  qui  cachaient  toutes  es  choses. 
Beaucoup  d'entre  les  ecclésiastiques  et 
d'entre  les  fidèles  commirent  l'allreuse  im- 
piété de  livrer  les  saintes  Ecritures  et  les 
biens  des  églises,  pour  se  soustraire  à  la 
persécution.  On  les  nomma  traditcitrs , 
comme  ayant  trahi  et  livré  les  sa  ntes  Ecri- 
tures. Fundauus,  évéque  d'Abitme,  dans  la 
Proconsulaire,  Paul,  évèquede  Cir'he,  furent 
au  nombre  de  ceux  qui  eurent  le  malheur 
de  commettre  ce  crime.  Un  grand  nombre 
ne  suivirent  pas  ces  tristes  exemples,  et  doii- 
nèrent  avec  courage  leur  vie  pour  ne  pis 
obéir  aux  injonctions  im[)ics  des  magistrats  : 
aiiisi  Ftlix  île  Tliibare.  il  y  eut  l)eauc.)up  ilo. 
chrétiens  dont  le  courage,  s'exallant  jusqu'à 
reuthousiasiu",  les  poita  î»  se  pri^scnler  eux- 
mômes  devant  les  nngistrats,  pour  déclarer 
qu'ils  possédaient  les  saintes  Ecritures,  mois 
qu'ils  ne  les  livreraient  pas.  L'évùque  Men- 
sarius,  qni  gouvernai,  alors  l'Eglise  de  Car- 
thage,  s'élève  avec  raison  contre  cette  ardeur 
exagérée.  Il  condamne  ceux  qui  s'exposent 
d'eux-mAines  à  la  perse,  ulio  i  :  Qui  atnat 
pericnlinn  pcribil  in  illo.  Nul  n'a  le  droit  de 
chercher  h;  danger  el  de  .-^'y  exposer.  C'est 
en  quelque  sorte  tenter  Dieu.  .Meusurius 
avait  raison  dune  i'a»;ou  géDéraln;  cepen- 
dant il  faut  dire  (juo  dans  ces  temps  où  tant 
de  chutes  venaient  atUiger  l'Eglise,  il  f  .liait 
de  ces  choses  extraordinaires  et  frappantes 
qui  uiaintinssenl  renlhou>iasme  des  liilèles. 
Il  fallait  de  ces  sublimités  de  courage  <iui 
fussent  \\  h.iul-'ur  d'exeincle  pour  lous,  et 
oui  d  innass  ni  à  rEgli->t'  allligee  par  tant  de 
(Jé^erlions  honteuses  les  consolations  qui  lui 
étaient  n^ces.saires. 

Une  (  hose  triste  A  d  re,  c'est  ipi'au  milit.Mi 
do  ce  drame  où  se  déi>altaieiil  hs  intérêts 
de  la  vie  d'ici-bas  et  de  la  vie  éternelle,  do 
mesquins    intérôts,    d'atrreu;ics  jnu^leiies 


trouvaient  aussi  leur  place.  Quelques-uns 
s'ex[)osaienl  à  la  persécution,  parce  qu'ils 
étaient  lassés  de  vivre  et  qu'ils  trouvaient 
ainsi  moyen  de  se  défiire  d'une  vie  à 
chargf^.  Dauttes ,  débiteurs  du  fisc  ou 
di'S  particuliers,  s'imaginaient  ôlre  quittes 
ainsi.  Qu'-lques-uns,  dans  leur  foi  sans  rai- 
son, pensaient  qu'en  faisant  quelques  mois 
de  prison,  ils  se  purgeraient  des  crimes  qu'ils 
avaient  commis.  D'autres  encore  étaient 
bien  aises  d'être  en  prison,  pour  y  recevoir 
les  largesses  et  les  soin>  que  venait  leur  pro- 
diguer la  charité  des  fidèles.  Toutes  choses 
tristes,  irréfiéchies  ou  ignobles.  Mensurius, 
qui  blâme  avec  raison  tout  cela,  fit  lui-mêmo 
avec  des  intentions  louables  une  chose  en 
soi  coupable  et  qu'on  eut  raison  de  lui  re- 
procher. Il  raconte  qu'il  cacha  les  Ecritures, 
ipTil  laissa  h  la  place  tous  les  mauvais  écrits 
des  hér.  tinues,  tous  les  livres  condamnés, 
quil  ava.tdans  sa  no-session.  Ces  livres  fu- 
rent saisis  et  brûles.  Evidemment.  Mensu- 
rius eut  tort  d'agir  ainsi,  car  les  païens  pu- 
rent croire  qu'il  avait  obéi  à  leurs  comman- 
dements; d'un  autre  côté,  ceux  des  fidèles 
qui  n'étaient  pas  plus  que  les  païens  dans  le 
secret  de  cette  tromperie,  durent  être  scan- 
dalisés de  voir  agir  un  évêque  ainsi.  Somme 
tout  • ,  ce  ne  sont  pas  les  Ecritures  qui 
siiuifrent  d'être  brûlées;  en  fait,  peu  importe, 
quant  à  elles-mêmes,  le  traitement  qu'on 
leur  fasse.  Tout  le  mal  est  dans  la  mam  sa- 
crilège, qui  le  commet,  dans  la  volonté  qui 
permet  qu'on  le  fasse.  Quand  cetie  volonté 
semble  pour  tous  l'avoir  permi'^,  et  cela  par 
sa  fauie,  le  scandale  est  ie  môme.  Quelipie 
temps  après,  le  proconsul  .Vnulin  fut  averti 
de  cette  supercherie,  mais,  quoiqu'on  l'in- 
vitilt,  il  ne  voulut  pas  aller  chez  l'évêipio 
pour  saisir  les  véntaliles  Ecritures,  les  livres 
(ju'on  avait  su  soustraire  à  ses  premières  re- 
ciierchcs. 

Dans  les  autres  provinces  on  abattit  les 
églises,  on  brûla  les  livres  saints.  Dans  les 
(iaules  elles-mêmes,  où  Constance  ne  vou- 
lut pas  taire  exéruter  les  i-dils  dans  leur  ri- 
gueur contre  les  personnes,  un  certain  nom- 
bre d'é.,liscs  furent  fermées.  Dans  la  Thrace, 
à  Uériclée,  l'église  resta  ouverte  jus  |u"à  la 
fin  de  l'année,  épo  .ue  à  laquelle  elle  fut  en- 
tièrement démolie,  et  enfin  brûlée  avec  les 
saintes  Ecritures.  Dans  la  (jrdatie,  quoique 
le  gouverneur  Théocti'ie  fût  eiuiemi  acharné 
dt  s  chrétiens,  (jnelipies  églises  se  .leuient 
furent  fe  niées  ;  1  s  autres  restèrent  ouver- 
tes et  à  la  disposition  des  lidèles.  Voilà  à  peu 
près,  en  somme*,  ce  (pii  regarde  l'exécutioi 
de  l'édit  du  2V  février.  Mais  cet  édil  ne  suf- 
fisait pas  à  (lal  re,  (^ui  obtint,  comme  nous 
lavons dil,  de  Diocleiien,  d'autres  édils  plus 
tr  lels.  (Ko»/.  QnoMt.J  Quelque  lemps  a,  rès 
l'édit  (pii  reg.irdail  la  destruction  des  égli- 
ses et  tles  Kcriluies,  une  révolte  eut  lieu 
dans  la  Mélitène  ou  petite  .Vrménie  ;  on  en 
chargea  les  chrétiens,  et  un  second  édit  pa- 
rut contre  eux.  Il  oidonnait  l'arrestation  de 
l(jus  les  évêques  el  ecclésia.stiques.  Les  pri- 
sons furent  tellement  remplies,  qu'il  n'y 
■  resta  plus  de  place  pour  mettre  les  crmiinels. 


B17 


PFR 


nu 


niR 


Prosquc  imiii('Mlia(omonl  «pr^sro  spoond  ('dit, 
il  (VI  |)iinil  in  li-iiisiAiiii*,  ijiii  onloi'wtil  do 
ri'IAclicr  Idijs  n'U\  i|iii  i-laicil  en  ihi^dii,  h 
l'oiidilioii  ([u'ils  .si\crili(M'»i()iil;dMiiMl(uascoii- 
Iraini,  d(^  li's  loiinnciiliT  par  (dus  les  siip- 
jdiros  iniii^iii.ililt'N.  jusiiu'à  ciuiiriU  ((j'iMn- 
lissoiil  h  Ir  l';iii°().  IM;iliuMinni.si>iMi>Ml  l)('/iiiciiii|) 
oU/'irciil.  C.lii'/.  lin  ^raiid  iioinhru,  les  piiva- 
tioiis,  lo  si'joiii' dans  la  prisKii,  les  loiliiios 
uvaicwit  Hll'ailili  rriicr^io  iiioralo  ol  |ili\.si(|iio, 
(Vosl  ici  II'  lion  do  citrroo  (|ii'ImisM)ii  dil 
do  colli^  poi'sôciilion.  (lotlo  I(»iil;iio  cilalioii 
oocflsioiiiiora  pciil-cNlrodos  rodilcs.  Nous  pas- 
soroijs  pai-dossiis  cet  iiicoiivôiiiiMil,  dans  l'a- 
iijoui'  (1110  nous  avons  pour  les  rôcils  ori^;;!- 
nanx.  Coiix  ipii  voulont  iiiio  liisloiro  cons- 
cionoiousts  M"'  ooniprou'ioMl  co  ipio  doit 
êiro  une  hisloiro  dos  poisiH'Ulions,  no  trou- 
voronl  pas  collo  cilalion  liop  ôlonduo.  Los 
piùcos  aulhiMiliipios  sont  los  tn'sois  dos  liis" 
torions  ;  pour  riiislorii'ii  dosc!ios  s  sainlos, 
co  doit  l'aire  ([iiolipio  oliose  do  sncn^. 

Jlistoitr  de  la  persc^cution  de  Dioclélien  et  de 
JUa.rimien,  écrite  par  Eusèbe  (llisi.  écoles. 
]ib.  viiij. 

1.  L'an  de  Jésus-Christ  303,  et  le  dix-neu- 
vième du  régie  do  Dioolôtion,  au  mois  de 
mars,  ot  (|uok|ues  jours  avaui  le  diiiiaiche 
de  la  Passion,  on  publia  dans  tout  l'empiro 
un  édil  qui  portait  que  los  ôglises  des  chié- 
tiens  soraicnt  abattues  et  rasées  jusqu'aux 
fouibjnciUs  ;  quil  serait  fait  une  porcjuisi- 
tion  exacte  dos  livres  sacrés,  pour  ôtro  bril- 
les, et  qu'à  l'éj^ard  des  chrétiens  qui  refu- 
seraient do  renoncer  au  christianisme,  les 
Derso'inos  de  co  idilion  seraient  notéos  d'in- 

:  amie  ot  le  peuple  fa  t  esclave.  N.ius  fûmes 
es  premiers  contre  qui  l'édit  fut  exécuté. 
Vlais  peu  de  tem[>s  après  il  arriva  de  nou- 
veaux ordres,  qui  portaient  qsie  tous  les 
évoques  seraient  mis  aux  fers,  et  qu'ensuite 
ils  seraient  contraints  par  toutes  sortes  de 
moyens  de  sacrilior  aux  dieux. 

2.  Alors  on  v.t  un  très-grand  nombre  de 
saints  prélats  souffrir  avec  joie  les  supplices 
les  plus  alfreux,  combatire  vaillamment  à  la 
vuii  des  hommes  et  des  anges  ,  et  donner 
d'illustres  marques  de  leur  constance  ei  de 
leur  lldélité  envers  Dieu.  11  est  vrai  qu'il  y 
en  eut  aussi  plusieurs  qui,  vaincus  par  la 
crainte  et  à  demi  déTai  s  t)ar  le  sr  [)ro|)re  fai- 
blesse, se  rendirent  lAche.nentà  la  piemiè.e 
atlaque.  Mais  enfin  la  plus  grande  t  ariie 
soutinrent  avec  uue  fermeté  merveilleuse  les 
tourments  (ju'on  exerça  sur  eux  en  cent  ma- 
nières diverses.  L'on  déchirait  les  uns  à 
cou;)S  de  fouet,  on  découvrait  les  entrailles 
aux  autres  avec  des  ongles  de  fer  ;  plusieurs 
perdirent  la  vie  par  ces  deux  genres  de  sup- 
plices. D'au  res  combattirent  d'une  autre 
manière  :  on  enlevait  celui-ci  et  on  le  faisait 
entrer  malgré  lui  dans  1  î  lieu  ou  l'on  sacri- 
liait  aux  idoles  ;  et,  quoiqu'il  eût  toujours., 
refusé  de  sacritier,  on  ne  laissait  pas  de  pu- 
blier qu'il  avait  sacrilié.  Celu;-îà,  (luoicm'il 
n'eût  pas  même  approché  de  lau.el,  était 
accusé  par  des  gens  a()ostés  d'avoir  donné 
de  l'encens  aux  dieux;  et,  soutirant  en  si-/ 
lence  cette  calomnie,  il  se  relirait  conten' 


d'avoir  Di(Mi  fiour  lénioin  de  «on  innoronce. 
Il  V  on  avait  qii'r)!!  arrachait  dot  toiiniicnis 
à  di'iiii  morts  ,  pour  les  porlcr  au  pied  de 
l'aiilcl,  où  on  h^sjelailrudniionl  .sur  le  |)avé. 
Il  y  on  av«U  .raiilics  cpn  so  couch.iK.Mit  par 
trrni,  i«i  résidant  dn  hjiili)  Irur  lorce,  s» 
I. lissaient  tinhior  pur  los  pK-d.s  un  long  es- 
pace de  clKniiiii  jusipiaii  l<Miiplc.  L'un  pro- 
lolail  haulinnoiit  (pi  il  ii'.ivaii  januiis  sacri- 
lié, et  (pj'il  no  sa(  riTHMviit  janiais.  Je  .suis 
clnélicii,  s'écriait  l'autre,  et  je  lai.s  gloire 
dru  |)ort(n'le  nom  et  d'en  confesser  lu  sainte 
foi  ;  mais  ces  gé  léroiix  confesseurs  élinni 
aussil("it  eiivironiK-s  [lar  une  troupe  de  salel- 
iites,  qui  h;  liappai(!iil  sm  la  IjoucIk;,  leur 
ca.ssaient  los  dents,  et  leur numiUissaienl  hj 
vi.sage  avec  lo  poing,  qu'ils  rotiiaie  it  t()iil 
ensanglaiiié.  Tous  (;es  en  lomis  do  notre  re- 
ligion croyaient  avoir  remporti!  un  grand 
avanlage,  s'il  paraissait  ipio  les  chrétiens 
eu.ssont  fait  co  qu'ils  souhaitaient  avec  tant 
d'ardeur  ipi'ils  lisscuit.  .Mais  tous  ces  artilices 
leur  servi,  ont  do  ()eu,  et  ci;  ne  fut  (pi'.'i  leur 
honte  (pi'ils  les  omployèi-ent  contre  ces  saints 
martyrs,  dont  les  glorieux  exploits  sont  en 
si  grand  nombr  •,  (ju'il  faudrait  plusieurs 
volumes  pour  les  pouvoir  rapporter  tous 
dai.s  un  détail  exact. 

3.  Mais  ce  ne  fut  pas  seulement  depuis 
que  la  guerre  eut  été  déclarée  h  l'Eglise  que 
ces  hommes  a  Imirables  (iront  paraître  ce 
zèle  ardent  (jui  les  consumait  pour  la  gloire 
de  Dieu  ;  ils  l'avaient  déjà  fait  éclater  durant 
la  |iaix.  Cardes  ce  temps-là  le  démon,  que 
le  monde  reconnaît  pour  son  prince,  sortant 
comme  d'un  long  sommeil,  et  voyant  que 
l'Eglise,  après  la  persécution  de  Decius  et 
do  Valérien ,  jouissait  d'un  assez  grand 
calme,  il  entreprit  de  le  troubler.  Pour  cet 
eilet  il  se  mit  à  tendre  en  seciei  des  pièges 
à  quelques  chrétiens,  n'osant  pas  les  atta- 
quer tous  à  la  fois  et  ouvertement.  Il  com- 
mença par  ceux  qui  servaient  dans  les  ar- 
mées, essayant  sur  eux  sa  foice  et  leur  por- 
tant ses  premiers  cou.js,  ne  doutant  point 
au  reste  (pi'il  ne  vînt  facilement  à  bout  Jes 
autres ,  s'il  pouvait  se  rendre  maître  de 
ceux-ci.  En  etfet,  on  vo.ya.t  alors  nn  tiès- 
grand  nombre  de  soldats  chrétiens  quitter  le 
service  et  embrasser  une  vie  retirée,  pour 
n'être  pas  contraints  d.'  renoncer  à  leur  reli- 
g  ou  Car  un  des  généianx  de  l'armée  ro- 
mauie  (Veturius),  s'éta  H  mis  e  i  tète  de  per- 
sécuter les  chrétiens  qui  servaient  sous  lui, 
il  commença  à  en  faire  une  exacte  recherche. 
A  la  vérité,  il  1  ur  laissa  le  choix  ou  d'obéir 
aux  ordres  de  rempereur,  c'est-à  dire  de  re- 
noncer au  christianisme,  ou  d'être  dégiadés. 
Ce  fut  le  paiti  que  prirent  presque  tous  ces 
seiviieiirs  de  Jesus-Chnsl.  Ils  ne  balancè- 
rent pas  un  morne  it  à  piéférer  l'honneur  de 
coniessor  son  nom  à  celui  qu'ils  avaient  ac- 
quis en  portant  les  armes  et  aux  récompen- 
ses que  leurs  belles  actions  leur  pouvaient 
faire  espérer  dans  la  suite.  Il  y  en  eut  peu 
qui  pour  une  si  bonne  cause  ne  fussent  prêts 
non-seulement  à  quitter  leur  dignité  et  à  re- 
,noncer  à  toutes  les  espérances  du  siècle, 
'mais  aussi  à  perdre  la  vie  et  à  répandrejus- 


SI9 


PER 


PER 


520 


qii'h  Kl  dornièro  goutte  do  lour  sanp;.  Il  n'y 
en  put  pas  toutefois  l)oauco;u>  do  K'paii  lu 
dans  res  coiumencemeils.  par-e  que  celui 
qui  avait  juré  la  ruiiif  i!  rÉ^lise,  ciriayéde 
la  multitiido  des  tidoles  ,  et  n'osanl  pour 
ainsi  diro  attaquer  tant  de  bravos  j^fiis  dont 
il  redoutait  le  nombr»^  et  la  valeur,  les  o|)ar- 
gnaii  ;  mais  e  ilin,  dès  qu'il  ne  ^arda  plus  do 
mesures  et  qu'il  leur  cul  déclaré  une  guerre 
ouverte,  on  no  saurait  dire  ccuibien  de  mar- 
tyrs il  sacrifia  à  sa  haino,  et  (}uels  ruisseaux 
de  san^^  on  vil  couler  dans  lojles  les  villes 
de  l'empire. 

k.  Car  redit  contre  les  é^çlises  n'eut  pas  été 
plus  1<M  p  iblié  à  Nic<  médie,  qu'un  homme 
distiui^ué  par  «a  naissance  et  par  un  rang 
considérable  qu'il  tenait  dms  la  province  (1), 
animé  d'un  gra'id  zèle  et  poussé  par  un  dé- 
sir ardent  de  signaler  sa  loi,  alla  en  plein 
jour  arracher  cet  édit,  qu'on  avait  aRiché  à 
l'ondroit  de  la  ville  le  plus  apparent,  et  le 
déchira  comme  étant  impie  et  injurieux  à  la 
souveraine  majesté  de  Dieu,  quoiiju'il  y  eût 
alors  à  Nicomédie  deux  e:ni»oreurs,  le  pre- 
mier et  le  quatrième  (Diocléiion  et  (ialère). 
Cette  action,  qu'on  traita  de  crime  de  lèse- 
majesté  et  de  sacrilège,  ayant  fait  un  grand 
éclat,  celui  qui  en  était  l'autour  fut  prisaus- 
silùt  et  soullrit  tous  les  tourments  auxquels 
il  s'attendait  sans  doute,  après  un  attentat  de 
cette  sorte,  et  il  les  soullVit  avec  une  joie  et 
une  tranquillité  qu'il  conserva  jusqu'au  der- 
nier soupir. 

5.  Mais  de  tant  do  martyrs  qui,  parmi  les 
Grecs  ou  parmi  les  bi'.rbares,  don  lèront  d'il- 
lustres marques  d'un  courage  invinciijie  et 
d'une  fermeté  Inébranlable,  s'il  en  futjamais 
qui  méritassoit  touie  m)tre  admirali'»n,  ce 
lurent  sans  doule  ceux  que  la  (;ersécu;ion 
que  je  décris  enleva  à  l'Eglise  :  un  Dorothée 
et  ses  généreux  compagnons,  tous  olliciors 
de  la  chambro  des  emi»ereu.s.  Ces  hommes 
iiicompaiablos,  malgré  les  giV.ces  continuol- 
le>  (Jonl  los  empcrours  les  «-omblaiont,  mal- 
gré les  i)rérogatives  que  la  f;iV"iir  où  ils 
étaient  au|)rès  d'eux  avait  atljchéos  à  leurs 
charges,  iiialgié  la  bioi.veillance  ipie  leur 
portaient  ces  mailros  du  m  •ndo,  jUMju'à  los 
IraittT  êoanne  s'ils  eussent  eu  l'iionnour 
d'être  de  lour  sang,  distinclio  i  si  glorieuse 
et>i  |»ropre  h  séduire  des  sujets;  ces  fioinmos, 
d  s-je,  osèrent  résister  à  quatre  emoercurs, 
et,  loulaiit  aux  pieds  gloirr,  plaisirs,  faveurs, 
ils  profèrent  avec  joie,  à  tous  ces  avant.tges 
de  11  fortune,  h'S  alfionls,  les  opprojjres, 
l'exil  ème  misère,  los  diverses  sortes  delour- 
lue  Us  pio  la  fureur  dos  tyrans  invenUi  contre 
eix,  la  mort  même,  et  la  j>lus  crunie  de 
loulo.-.  et  tout  cela  |>our  la  iiéfons<i  (i<^  la  rc- 

(l)  Ailon.  tsiLinl  el  les  aulros  r.ii>ouis  ilo  Mariy- 
n)litj;es  l.'iu  iii«!iiioire  de  rc  marlyr  le  7  ^.■^tlollll)ro, 
MHS  If  iio.ii  (If  Ji'.iii.  IIi'.iv  li.iiiiis  rroil  (]iu'  o'cst  It; 
C'lt;t>io  iii'T'jr  s.r.iit  (ifi(ri,'c  ;  in,ii>  li>  soaiil  Bit - 
liue  .  «laiis  .vs  in)l<'>  Mir  l.u  l.iiicc  .  roj- tO"  1  imr 
cl  r^iilr»'  opinion.  l'.erl:»iiit'in.'ni  l'aut.'urilf  la  Chio- 
ni'nu"  pas*  .lie  in«'l  winl  Georgf  s.nis  \  c  iipire  »i« 
(,.iru^  »n  tic  iNuiui'riPn.  Au  resti'  ,  Lariancr  l<>iu' 
non  I  aaioii  m-  <f  n«'iitTeii\  <  hntii-ii  ,  mai»  v)n 
xel«>  «t  uilc  uoblc  ardeur  qui  la  lui  lit  culrc- 
preutire. 


ligion  qu'ils  profes«aionl.  Je  ne  rapporterai 
it  I  (jne  le  martyre  d'un  soûl  de  ces  excel- 
lents  nommes  ,  alin  que  le  lecteur  puisse 
juger,  par  le  ré»  il  des  tourments  que  celui-ci 
endura,  qu  ds  furent  les  lourmenls  qu'on  fit 
soulTrir  aux  autres.  Ce  fut  donc  à  Nicomédie 
(pi'on  pro  iui>il  ce  chrétien,  on  f)résenic  <ies 
empereurs  et  d'une  fouh-  de  peuple  qui  était 
accouru  à  c;  spectacle.  On  lui  ordonna  de 
sacrifier  aux  dit'ux,  et,  sur  le  refus  qu'il  en 
lit,  on  ledé()iiuilla  de  ses  habits,  on   l'éleva 
fort  haut,  1 1  on  le  laissa  ensuite  retomber 
sur  le  [)avé,  où,  quoiqu'il  fût  déjh  tout  brisé 
de  celle  chute,  on  ne  laissa  pas   de   lui  dé- 
charger une  infinité  de  coups  de  b'ion,   rpii 
lui   entamèrent   la  chair   en   plusieurs   en- 
droits. Mais  lui, demeurant  toujours  ferme  et 
constai.t  dans  son  premier  refus,   on  ver-a 
du  sol  et  du  vinaigre  dans  ce  nombre  prodi- 
gieux de  plaies,  qui    laissaient  voir  les   os 
à  nu.  Les  horribles  douleurs  que  cela  lui 
causa  ne  rébranlèront  seulomeul  pas,  ce  qui 
fit  (pi'on  apporta  du  ;eu  et  un  gril,  sur  lequel 
on   mit  le  reste  de  ses  chairs,  de  la  même 
manière  qu'on  fait  cuire  de  la  viande;  on  ob- 
serva seulement  de  n'y  mettre  qu'une  partie 
du  corps  à  la  fois,  qu'on  ùtait,  puis  on  la  re- 
mettait,  pour    faire   durer  plus  longtemps 
cet  etfroyable  supplice,  cl  do  peur  qu'une 
mort  trop  prompte  ne  le  fit  trop  ttit  cesser. 
Mais  tout  cola  fut  inutile;  le  martyr,  victo- 
rieux du  feu,  de  1 1   douleur  et  dos  tyrans, 
expira  sur  ce  ht  atfroux,  sans  avoir  fait  pa- 
raître la  moindie  faiblesse.  Ainsi  finit  la  vie 
de  l'illustre  Pierre,  ollicier  de  la  chambre  des 
enipereu'S,  digne,  cortos,  du  n'»m  iju'il  por- 
tail (1).  Nous  ne  dirons  rien  des  tourments 
qu'on  fit  endurer  aux  auties,  (Quoiqu'ils  ne 
soient  on  aucune  maïuère  inf'rieurs  à  ceux 
((uo  lit)  s  venons  de  représtniler.  Nous  nous 
coniei;te;ons  d'ajouter  que  Dorothée,  Gor- 
goiiius  et  les  aulros  olliciors  du  pa:ais,  après 
avoir  coiubattu  généreusement,  fin  enl  étran- 
gles, el  fournirent  ainsi  leur  carrièrt'. 

tj.  Anihime,  èvèipie  de  Nicoméii.e,  eut 
en  ce  même  temps  la  lêlo  coupée  au  milieu 
do  sa  vi  K-  épiscopale,  [)our  avoir  conf.  ssé 
J.^>us-Chri^l  y'2).  Pre>que  tout  son  troupeau 
e  ulura  la  mort  avec  lui  ;  car  le  feu  ayant 
pris  au  palais  impérial  par  je  ne  sais  tpiol 
arc. dent  (3),  le  bruit  se  répandit  in  un  in«*lanl 
tpi"  los  ciirélions  élaiLUi  les  a  tours  do  cet 
incendie:  et  tjuoitjue  la  seuie  ha  no  tj.ron 
leur  portait  oui  faii  naître  un  soup<;on  si  in- 
juste, los  empereurs  voulurent  que  loul  ce 

(I)  l.'KjJîliso  lalini'  Cfli'brp  la  r-tf  lit-  te  niarhile 
M  mars,  fl  fflle  de  ^ullll  Uorullicc  cl  de  ^ailll  Gor- 
goni  ts  ie9  si'piemlire. 

(.)  I.e'i.")  uM-ildaas  l'Eglise bline,  elle 3 septembre 
clii/.  lesGreis. 

[7t)  Katiame  liit  q'ie  le  feu  ftit  mis  au  palais  par 
l\ir«lre  exprriitle  Ma\iniion,  tini  li:  «mi  meii.c  leaips 
courir  le  Itriiii  (|ue  les  rliretietis  eUiienl  les  aulears 
tie  eet  euibr.tMMtniit.  alin  '.irntei-  conire  eux  Utv 
tlflien,  tpii  vmlii.tit  se  relaiher  beaiir;)iip  :>  leur 
egartl,  i:e  ijui  ne  pi.iisail  iiiilli  ment  an  eiiiel  Maxi- 
mien.  Oenièine  priiuf,  i|iiin/.e  jours  apr.'see  preniier 
iiicenlie,  en  ext  ila  enct>re  un  seeonti,  dtuil  il  <ii  pa- 
ri iMom.Mii.om'H-r  1-  boiij)t;oasur  Ics clirciicuâ ;  puiîjil 
âorlil  de  iNicouiodic. 


KSI  M'.rt 

qui  se  trouvorait  «liiiis  la  ville  d'adorahMirs 
<Iii  vrai  Dieu  |H'i'ff  |>.ir  le  Ter  cl  |t.ii'  lo  l'eu. 
l'A  ((Ule  oiddiiiiiincc  ciivclumiail  dans  la 
iiuMno  pci'K!  dos  lamillcs  cnliiMcs,  sans  dis- 
liîiclion  dV  s('\(>  ni  (rA;:,c.  On  ne  pcnt  ('\|iii- 
iiici-  av(!C  (Hi('ll<>  joie,  avec  (jnci  cnipn'sso- 
inciil  des  tfonpcs  enli^res  d  iionnucs  (it  (1(5 
IVinnics  /diaicnl  |»i'('s(>nlcr  leur  («Me  h  IN^pée 
des  iMun-it'.iuv,  et  leurs  rocps  ;ni\  tl  nnines. 
On  los  voyait,  agiU^s  d'une  sainte  fureur,  s'il 
(si  permis  de  |tai'ler  ainsi,  (|iii  .ivait  (puîl(|iie 
(•li()S(Mle  divin,  se  piéeipilcr  dans  les  IxU'luîrs 
ardents  (lu'on  avait  allumés  dans  toutes  les 
rues  d(>  Niconiédie.  Outre  ceux-liV  il  y  en 
eut  un  Irt^^s-ij^i-aud  nondtnî  (pi'on  encliaina 
doux  h  deux,  et  dont  on  cliargcN»  dc^s  barques 
enli('*r(>s,  (pi'on  lit  (-(udei-  h  fond  (I),  après  les 
avou'  CfUiduiles  en  pieuii'  nier. 

7.  Quelipui  teuips  apri^s  ce  furieux  ora^o 
(]ui  dépeupla  ri"'t;lise  de  Nii'Oiu<Sli(\  deux 
«>lliei(Ms  de  l'aruK^'e  so  rtWolli'rent  et  vou- 
lurent s'emparer  do  l'oinpire,  l'un  h  Méli- 
(("-iie  en  Arménie»,  et  l'autre  ^^  SéhMieie,  ville 
de  Syrie,  (lela  donna  oeeasion  h  la  publica- 
tion d'un  nouvel  (5  lit,  par  le(|uel  il  était  en- 
joint aux  magistrats  de  so  saisir  des  évé(]uos 
ot  des  autres  nunistres  de  l'Kgliso,  partout 
où  on  en  pourrait  découvrir,  ut  de  les  mettre 
prisonniers,  Kt  connue  on  en  arrêtait  tous 
les  jours  un  très-j^rand  nombre,  les  pi'isons, 
qui  jusqu'alors  n'étaient  que  pour  les  homi- 
cides et  les  sacrilèges,  se  trouvèrent  en  peu 
de  l 'Uips  remplies  d'évô(jues,  de  pr(}trcs,  do 
diacres,  de  lecteurs  et  d  acolytes  ;  e;i  sorte 
qu'il  n'y  avait  |)lus  de  place  pour  ceux  qui 
étaient  convaincus  de  véritables  crimes. 
Cependant  ce  premier  édit  ayant  été  bientôt 
suivi  d'un  second ,  qui  ordonnait  que  les 
prisonniers  fussent  élargis  en  cas  qu'ils  vou- 
ussont  sacrifier,  mais  que  s'ils  en  faisaient 
a  moindre  didiculté,  ifs  fussent  à  l'instant 

même  appliqués  à  la  torture  ,  on  ne  peut 
dire  combien  de  saints  endurèrent  le  mar- 
tyre dans  toutes  les  provinces,  mais  parti- 
culièrement dans  l'Afrique,  dans  la  Mauri- 
tanie, dans  la  Thébaide  et  dans  l'Egypte. 
M  y  en  eut  même  plusieurs  de  cette  dernière 
province  qui,  en  étant  sortis,  allèrent  dans 
d'autres  contrées  signaler  leur  constance  et 
leur  foi,  et  recevoir  la  couronne  du  martyre. 

8.  Nous  avons  été  nous-mêmes  assez  heu- 
reux pour  en  voir  quelques-uns  dans  la  Pa- 
lestine et  dans  la  ville  do  Tyr,  qui  don- 
naient tout  ensemble  de  l'admirai  ion  et  de 
la  piélé,  lorsque  l'on  remarquait  sur  leurs 
corps  livides  et  boulfis  ce  nombre  prodigieux 
de  tlétrissures  et  de  contusions  que  les  fouets 
y  avaient  iuq)rimées,  lorsqu'on  les  voyait 
entrer  au  combat  avec  des  lions  et  des  tigres 
accoutumés  à  boire  le  sang  humain,  avec 
des  ours  et  des  léopards,  des  sangliers  et 
des  taureaux,  qu'on  rendait  encore  plus 
furieux  et  plus  cruels  en  les  piquant  avec 
des  dards  rougis  au  feu.  Nous  avons  été  té- 
nioins  de  leurs  combats  et  de  leurs  victoires  ; 
mais  il  nous  a  été  facile  d'y  reconnaître  la 
puissance  divine  de  notre  Sauveur  Jésus- 
Ci)  Transivimus  per  ignem  et  aquam  {Psal.  lxv). 

Dictions,   des  Persécltions.  II. 


l'EB 


5M 


r.lirisl  ,  (|ui  éclfdait  visiblement  dans  In 
(•(Misl.incc  e\tr/iordi'i;iire  cl  le  courap^c  plus 
(lu'InMii.iin  de  ces  iii|ilèl(!->  dn  rlirislianisine. 
(,ar  il  arrivait  .souvent  (|U((  les  bêles  (ju'on 
Irteliail  sur  cuv  s')nrêl;iient  tout  court  cl 
siwubl/iiciil  r(!spc(ler  Icnrs  s/nré-s  corpN  .Sou- 
vent même  elles  so  jclaicMil  sur  les  bourreaux 
ot  sur  les  p;iiens-,  (pi'cllcs  snvaicnl  bien  dis- 
tinguer des  ebré'liens.  M.us  ponr  les  sai'its 
martyrs,  (pioiepTils  fussent  nus,  désarmés, 
et  (pi'ils  les  piovoipiassent,  selon  b;  eom- 
mandement  (pi'on  I(mm-  en  fais.iil,  i;l|es  so 
retiraient  sans  los  toucher;  elles  fuyaient 
connue  si  une  main  invisible  les  oill Cli.is- 
scos,  ou  (pTuno  vertu  seciète  ot  divine  l(;.s 
eût  empêchées  d'approcher.  Ce  qui  durait 
(piehpiefois  si  longtemps,  (fiio  les  s()ecl,'i- 
tenrs  (Ml  étaient  dans  un  élonnom(;iit  (]u'ils 
pouvaient  h  peine  (îxprinuîr;  on  sorte  que 
voyant  (pie  la  première!  bête  n'avait  rendu 
aucun  (îombal,  on  on  lAcliait  une  seconde 
et  une  troisième.  C'était  pour  lors  qu'il  y 
avait  plaisir  «^  contempler  rinfrépidilc?  d'un 
martyr,  sa  fermeté,  son  iiidillérence  pour 
la  vie.  C'est  ainsi  qu'un  certain  jeune  homme 
qui  fut  amené  dans  ramphilhéÀlre  so  signala 
O'itio  les  autres.  A  neine  avait-il  vingt  ans  ; 
on  le  voyait  au  milieu  de  la  place,  debout, 
sans  être  enchaîné,  les  bras  étendus  en 
fonne  de  croix,  uniquement  attentif  à  sa 
prière,  sans  songer  seulement  à  s'éloigner 
d'un  pas  de  l'endroit  où  il  priait,  quoiqu'un 
lé0()ard  et  un  ours,  qui  semblaient  ne  respi- 
rer que  le  carnage  et  la  mort,  vinssent  h  lui 
ot  le  touchassent  presque.  Il  est  vrai  qu'en 
même  temps  ces  lurieux  animaux,  baissant 
la  tête,  et  refermant  leur  gueule  béante  et 
altérée  de  sang,  so  retirèrent  fort  vite  à  l'au- 
tre bout  de  ram()hitliéâtre.  Ce  jeune  martyr 
avait  quatre  compagnons,  en  faveur  desquels 
la  Providence  se  dé.dara  aussi  d'une  manière 
qui  ne  parut  ni  moins  sensible  ni  moins  sur- 
prenante :  car,  ayant  été  exposés  à  un  tau- 
reau sauvage  et  etfarouché,  ils  n'en  reçurent 
pas  la  moindre  atteinte.  Cet  animal,  qui  jetait 
le  feu  par  les  yeux  et  par  les  naseaux,  ayant 
d'abord  pris  sa  course  vers  quohiuos  païens, 
qui  ne  purent  assez  tôt  mettre  une  barrière 
entre  eux  et  lui,  les  avait  saisis  avec  ses 
cornes,  et  les  ayant  élevés  en  l'air,  ils  étaient 
retombés  à  demi  morts  sur  le  sable.  Puis 
tournant  ensuite  du  côté  des  saints  martyrs, 
on  le  vit  aller  à  eux  d'une  démarche  mena- 
çante et  qui  fît  pâlir  une  partie  dos  specta- 
teurs ;  mais  on  le  vit  en  même  temps  s'arrê- 
ter, reculer  et  bondir  en  arrière,  et  quoi- 
quon  lui  pressât  le  tlanc  avec  un  aiguillon 
rougi  au  feu,  on  ne  put  jamais  le  faire  avan- 
cer; mais  poussai)  td'horri-bles  mugissements, 
frappant  la  terre  du  pied,  et  faisant  voler  le 
sable  à  droite  et  à  gauche,  inspirant  de  la 
frayeur  aux  plus  hardis,  il  s'arrêtait  tout 
court  à  une  certaine  distance,  sans  qu'il  fût 
au  pouvoir  de  celui  qui  le  gouvernait  de  la 
lui  faire  franchir.  Enfin,  ce  jeune  martyr  et 
ses  quatre  compagnons  étant  demeurés  maî- 
tres du  champ  de  bataille  et  vainqueurs  de 
toutes  los  bêtes  qu'on  avait  lancées  contre 
eux,  on  fut  contraint  de  les  égorger  tous 

17 


firS 


TER 


PER 


îiU 


«Miq,  et  Ton  donna  h  leurs  corps  In  mor  pour 
sépulMire. 

9.  Tt'ls  furent  les  combats  que  soutinrent 
on  niAme  t-mps  da-is  In  ville  de  Tvr  Cf's  g(^- 
nt'ieux  et  liJMes  Kgyptieiis,  qui,  nu'-nris.Tit 
une  vio  tenipon'll.'  et  passagère,  souHiiieiit 
avec  leurs  feuiiues  et  leurs  enfants  divers 
genres  de  mort  pniu-  la  défense  de  lEvnnpile 
de  Notro-Sinj^neur  Jésus-Chrisf.  Le-  uns  fu- 
rent eonsiimés  par  les  tlanimes,  après  avoir 
vu  leurs  corps  d»Vhirés  par  des  ongles  de 
fer,  1  urs  UKnnbres  brisés  sur  le  chevalet, 
leur  peau  découpée  par  les  f)uets;  les  autres 
furent  pri'cipités  dans  la  mer;  ceux-ci  cou- 
r.iient  avec  une  joie  empressée  donner  bnu- 
lôte  aux  boiirrt-àux;  c  nix-là  expiraient  clans 
les  to  irnients.  Il  y  en  eut  (pii  f)érirent  par 
Ja  faim  ;  plusieurs  fure'it  attachés  à  des  croix, 
les  uns  de  la  manière  ordinaire  (ju'on  y  at- 
tache les  criminels,  et  les  autres,  la  tète  en 
bas,  et  les  pieds  et  les  mains  cramponnés 
avec  des  clous,  y  languissaient  deux  ou  trois 
jours  dans  des  douleurs  incroyables. 

10.  Mais  il  n'y  a  point  de  paroles  pour 
exprimer  ce  quesoulfrirent  les  martyrs  dans 
la  Tliébaide.  On  se  servait  «le  morciMUX  de 
pots  iio  terre  cassés,  dont  on  faisait  entrer 
les  pointi's  dans  toutes  les  parties  de  leur 
corj)s  qui  en  était  misérablement  déchiré. 
On  suspendait  les  feuniies  toutes  nues  par 
un  pied  à  un  poteau  fort  élev '•,  après  les  y 
avoir  guindées  avec  des  pouli(>s:  spectacle 
houleux  et  inhumain!  O-n  pliait  deux  bran- 
ches d'arbres  cxti-èmcment  fortes  et  d'une 
gri'sseui' considérable,  et  on  les  fusait  apjjro- 
cher  l'une  de  l'autre  à  force  de  bras,  et  |)ar 
le  moyen  d'une  machine;  puis  on  liait  les 
deux  cuisses  du  martyr  i\  l'une  et  à  l'autre  de 
ces  branches,  qu  o-i  laissait  e  isuile  retour- 
ner dans  leur  situation  propre  et  naturelle, 
alin  (jue,  par  l'elforl  «pi'rllcs  f.tisaienf  en  re- 
prenant leurplace,  elles  séparassent  en  dtnix, 
avec  une  horrible  violence,  le  corps  qui  y 
était  attaché. 

11.  Qu'on  ne  croie  pis,  au  reste,  que  ces 
sanglantes  exécutions  aient  été  fort  rares,  et 
qu'elles  aient  bienlùl  cessé  ;  elles  ont  été 
très-fréipienles,  et  elles  oui  duré  plusimus 
années  dans  la  même  force.  Tantôt  celaient 
tlix  martyrs,  fpnl.(uefi>is  vi  igl,  une  autre 
fois  trente,  s(»i\ante,  (juatre-viugls;  on  en  a 
fait  nioiuiren  un  jour  jusqu'à  cent,  hommes, 
femmes  et  (ndanls  ;  tmil  passait  indiir-rem- 
menl  nar  les  lonruu-nls.  \ku-mèwie  qui  écris 
ceci,  dans  le  lemps  que  je  demeurais  en  ces 
quartit'rs-là.j'fii  ai  vu  en  un  sculjoiu"  périr 
par  le  1er  et  par  le  feu  lui  si  grand  iioud)'e, 
qu'on  CD  romplait  plusieurs  monceaux.  Le 
Iranchanl  des  coutelas.  i''mous>,é  pa.  tant  de 
lèles  qu'il  av<iii  abilHu's,  refusait  découper, 
et  les  bourreaux  lasses  élan.^nt  conlraints  de 
se  relayer  souvent  l'un  l'autre  pour  repl'en- 
dre  lial\;ine.  Avec  quelle  hardmn-,  cependant, 
ces  fervents  chrétiens  ne  couraieul-ils  pas 
au  martyre!  A  peine  le  ju.;t>  avait-il  pro- 
noncé Id  .sentence  de  mort  c  o  lire  «piel  pies- 
uns,  que  d'autres  prcnanvU  nussilôt  la  place, 
el  assiégeaient  lelmbunalen  s'tTiianl  :  Nous 
Auuimes  aosM  chrétiens.   Tout  cet  a|ipareil 


de  supplices  no  les  étonnait  point;  ils  regar- 
daient sans  émotion  ees  ell'royables  machinas 
(fiie  la  rage  des  tyran^  avait  inventées  pour 
tourmenter  ceux  «pii  confesseraient  Jésus- 
Christ.  Uien  n'était  plus  doux  h  leurs  oreilles 
«pi'un  arrêt  (pii   les  condamnait    à    mourir 
)our  le  ir  Sauveur;  la  joie  éclatait  alors  sur 
eur  visage,   et  leur  bouche    s'ouvrait   aux 
lymnes  et  aux  cantiipies  d'actions  de  grâces, 
qu'ils  ne  cessaient  de  faire  entendre  jusqu'à 
leur  dernier  soupir. 

12.  Mais  quelle  profusion  de  louanges, 
quelle  foule  d'iiloges  ne  niéritent  pas  ceux 
qui  ,  pouvant  faire  dans  le  monde  une  ti- 
guie  considérable,  soit  par  leur  naissance 
ou  par  leurs  richesses,  soit  par  la  beauté  de 
leur  esprit  ou  par  les  charmes  de  leur  élo- 
quence, soit  enlin  par  leur  vaste  et  profonde 
érudition,  fovdèrent  aux  pieds  tous  ces 
avantages  de  la  n  iturcelde  la  fortune,  pour 
s'attacher  uniquement  à  Jésus-Christ  et  lui 
gard'r  une  lidélité  inviolable.  De  ce  nom- 
bre fut  Phdoromus,  intendant  des  finances 
en  E-'yple  ;  de  ce  nombie  fut  Philéas,  évècpie 
de  Tlmuiis,  un  excellent  philosophe,  et  qui 
avait  passé  par  toutes  les  charges  honorables 
de  sa  province,  avec  une  estime  générale 
des  peuples.  Quoique  les  amis  et  les  parents 
de  l'un  et  de  l'autre,  tous  gens  de  distinc- 
tion ,  les  conjurassent  de  la  manière  du 
monde  la  plus  pressante  de  sauver  leur  vie, 
qnoi(|ue  le  juge  lui-même  les  exhortât  d'a- 
voir pitié  d'eux,  de  leurs  enfanls  et  de  leurs 
femmes,  qui  pa.  leur  mort  allaient  demeurer 
sans  père  et  sans  é,  oux,  exposés  peut-être  à 
)erdre  encore  le  jour;  ni  les  prières  de  leurs 
iroches,  ni  les  menaces  du  juge,  ni  ses  ei- 
lortations,  ni  enlin  la  vue  de  ce  (pi'ils  avaient 
•  le  plus  cher,  rien,  dis-je,  de  tout  cela  ne 
put  jamais  les  ébranler,  ni  les  tenter  le 
moins  du  monde  de  consm-ver  leur  vie,  leurs 
charges,  hnir  famille,  aux  dépens  de  ce  qu'ils 
devaient  à  Jésus-Christ  :  mais  persévérant 
jus(|u'à  la  lin  dans  leur  généreuse  résohi- 
lio:i,  soutenus  par  la  force  el  la  vigueur  de 
leur  esprit,  ou  plutôt  forliîiés  par  la  grftce, 
ils  résistèrent  j\  tous  les  etforts  que  purent 
faire  contre  mix  1(>  monde,  la  nature  et 
l'honneur  ,  et  ex[)irèrenl  heureusement 
sous  les  coups  de  hache  qu'un  bourreau 
leur  donna. 

l.'J.  Mais  écoutons  Philéas  lui-même,  dan.s 
une  lettre  (pTil  écrivit  il  son  penpie  de 
ilimuis,  où  il  fait  le  récil  de  In  iikmI  de  plu- 
sieurs martyrs  dont  il  fui  le  témoin  durant 
le  séjour  (pi  il  lit  fi  .\le\andrie.  Voici  eomme 
parle  ce  saint  évê«pie,  et  lout  enstnnble  ce 
glorieux  martyr....  «  Ces  exnin|)les  si  lou- 
chanls,  l'es  miracles  si  certains,  ces  maximes 
si  saintes  quoi  trouve  à  cliaipu'  pas  dans 
l'Kcrilure,  et  dont  ncs  bi«>nheureux  martyrs 
s'étaient  rempli  l'esprit  el  le  c«eur  dans  la 
lecture  assidue  qu'ils  faisaient  des  livres  sa- 
crés ,  les  avaient  facilement  déterminés  à 
embrasser  avecjoie  la  niorl  qui  se  [trésenlait 
à  eux.  Ils  savaient  (pie  Noire-Seigneur  Jé- 
sus-Christ ne  s'était  tait  hoiiime  que  pour 
exterminer  le  pi-clié  de  dessus  la  terre,  el 
j>our  faciliter  aux  hommes  les  moyens  d'ar- 


f»K 


vv.n 


viVtT  nu  ciol,  v\\  iiiarcliaiil  \o  pK^iiiit'i-  tlaiis 
ii>  rliniiiii  nidont  (lilli<-ili<  <|iii  y  rondiiit.  Kii 
clVrl,  (Hi(ii(|ii(<  J(''Mi.s-(!lins(  ii'dit  fias  rrit  qur 
ce  /'(}/  pour  lui  utir  usurixitioii  d'rli  r  t'ijdl  à 
Ihru,  il  s'fsl  loiiIflMs  iiiK'itiili  lui  mCitw,  /;/•<•- 
uuut  ht  forinr  ri  Ut  iidluir  tir  srnilrur  ru  sr 
rrutiuut  sruililuhir  iiii.r  Itoniiurs  ;  /'/  s'rst  lU- 
litiissc',  sr  rruiliiiil  ohi'issuut  jusnu't)  lu  mort, 
vt  Jus(/u'ù  lu  uiorf  tir  Iticroi.v.  {rhiUj).  ii.) 

«  (l'ost  (•(•Ile  (•(Hisiili'ralioii  (|iii  a  l'ail  (pio 
ws  saillis  inarlyrs,  porlaiil  leurs  jx-nsécs  («l 
Itnirs  désirs  vj>rs  ce  (pi'il  y  a  (W.  plus  parl'ail 
cl  (l(>  plus  ('\((dltMil  dans  l(>  cliriHlianisiiii', 
oiilsupporli'  paliriuiiu'Ul  los di vers  louriuci ils 
<pio  la  rruaulr  d(>s  lyraiis  a  pu  invciilcr.  VA, 
quoiipic  d(>s  soldais,  di^iu's  ininislres  de  ces 
liomait's  harhiu'i's,  S(>  Mticnl  ollorcés  di'  les 
iuliiuid(M-  par  dc^s  UKMiaccs  (M  parloulcs  suites 
de  mauvais  liaiteiueiils,  ils  ii'oid  paru  loule- 
l'ois  ui  moins  fermes  ni  uioi'is  eourai^eiix, 
parce  cpie  la  parrail(Mliarilécliassail  la  craiMlo 
de  l(Mir  oo'ur.  Oi"''^  lermes  assez  pi'iS'is 
jxuirraieul  représeuliM"  la  force,  riulr(''pidité 
et  Ja  coiisiauce  de  cos  g(Wiér(Mi\  soUlals  de 
J(Vsus-Clirisl?  car,  comme  il  élail  permis  h 
chacun  de  les  insullcr,  cl  (pie  les  païens,  ou 
par  une  lAche  complaisance  |)Our  le  gouver- 
neur, ou  par  UM  faux  zèle  pour  leurs  dieux, 
ou  pour  salisfaire  la  haine  implacable  qu'ils 
nous  portent,  se  faisaient  un  mcWite  de  les 
maltraiter,  c'ëlait  h  qui  les  frapperait,  soit 
avec  d(>s  verges,  des  cnrdes  el  de  larges 
courroies,  ou  niômie  avec  de  gros  b<Uons 
noueux  dont  on  leur  rompait  les  r(>ins.  C'é- 
tait une  scène  qui,  (pioi([ue  toujours  remplie 
de  sang  el  d'horreur,  changeait  toutefois  se- 
lon les  dilfèrents  visages  (pie  prenait  la  fureur 
des  tyrans.  Car  tantôt  on  voyait  un  martyr 
lié  à  un  [)oteau,  ayant  aux  pieds  et  aux  mains 
des  cordes  c^ui,  étant  tirées  avec  violence 
par  le  moyen  de  quatre  roues  (ju'on  tournait 
avec  rapidité,  l'écarlelaient  misérahlement. 
Tantôt  on  déchirait  à  un  autre  le  ventre,  les 
côtés,  les  bras,  lesioues  avec  des  peignes  de 
fer;  on  pendait  celui-ci  par  un  bras  seul  à 
une  porte.  C'est  un  des  i)lus  cruels  supplices 
qu'on  puisse  soulfrir;  car  tout  le  poids  du 
corps  tendant  en  bas,  déboîte  les  jointures 
de  l'épaule,  du  bras  et  des  doigts,  fait  bander 
les  nerfs,  allonge  les  muscles,  rompt  les  vei- 
nes et  brise  les  teiuhms.  L'on  attachait  enlin 
ceux-là  à  un  pilier,  en  sorte  néanmoins  que 
leurs  ()ieds  ne  touchaient  point  à  terre,  atin 
que  les  cordes,  serrées  par  la  pesanteur  du 
corps,  entrassent  bien  avant  dans  la  chair. 
Ces  tourments,  au  reste,  duraient  quekjue- 
fois  tout  un  jour.  Car,  pendant  que  le  juge 
était  occupé  à  en  interroger  quelques-uns, 
les  bourreaux  avaient  ordre  de  continuer  à 
tourmenter  les  autres  jusqu'à  ce  qu'on  vit 
qu'ils  étaient  près  d'expirer;  car  alors  on  les 
détachait  et  on  les  jetait  dans  un  coin  où  ils 
rendHient  l'âme.  11  disait  ordinairement  qu'on 
ne  devait  avoir  aucune  pitié  de  nous,  et  qu'il 
ne  fallait  pas  nous  regarder  comme  des 
hommes.  On  en  mettait  plusieurs  dans  des 
ceps,  les  pieds  écartés  jusqu'au  quatrième 
trou;  mais  la  plupart  étaient  obligés  de  de- 
meurer couché  sur  le  dos,  ne /cuvant  se  te- 


vvAK  m 

nii  debout  à  ('au«<e  d'une  inliiiilé  «h-  <-on(ii- 
.sions  (!l  de  iiieiirtrissurtiH  iiairoN  o(  liviili;» 
dont  toiH  lenr  eorpH  ('(ait  couvert.  <!'éljiil  jti 
^peet.'iele  bien  triste  el  bien  louchant  (pu;  en 
grand  iiomhre  de  martyrM  étendu»  Kur  Ift 
p>iv('>,  n'avjuil  plus  qu  ini  reslc  de  vie,  endu- 
lanl  loulehus  encore  d'exUèiues  doulcur^, 
cl  fdisnni  voir  pai-  la  div(!r.Hilédc  li!iir.s  pinius 
de  (•(Hubi(Wi  de  sortes  d'iiisliiniietiisli'i  cruaiilé 
des  lyraiis  s'(''lait  servie  pour  les  louriilcu- 
Ici".  i*lusi(!urs  expiraient  entre  les  mains  d(<s 
lutni'reaiix;  d'antres,  .lyaiit  été  reconduits  en 
|)iison  à  demi  morts,  y  achevaient  leur  vie 
peu  de  jours  après  parmi  des  douleurs  in- 
croyables. Il  y  en  eut  ce|)eud/nil  (pichpu-s- 
uns  (pii,  élaiil  échappés  par  le  soin  (ju'on 
avait  pris  <le  lems  blessures,  sont  allés  en- 
suite de  leur  bon  gré  à  la  iiir)rt,  hM'Sfpi'on 
les  a  voulu  contraindre  de  sacrilier  aux  ido- 
les. » 

\h.  Voilà  ce  (pi'un  saint,  un  évèque,  un 
martvr,  un  philosophe  écrit  aux  lidèles  du 
son  i'LgIise,  toucliant  les  divers  sujiplices 
(lu'on  faisait  soulfrir  aux  chrétiens,  et  dont 
il  avait  été  témoin  avant  <j\ie  de  l(;s  éprouver 
lui-même,  sa  lettre  étant  datée  d(!  la  [)ris(;n, 
où  il  resta  qu(.'hpu>  temps  avant  que  d'être 
condamné  à  mort.  M  lis  sans  nous  arrêter 
davantage  à  rajijjorter  en  détail  cetl<;  suite 
d'exécutions  sanglantes,  qui  fuient  faites 
dans  les  |)rovinces,  nous  en  allons  raconter 
inie  (pii  envelopj)a  en  unjonr  tous  les  liabi- 
ta'its  d'une  ville,  que  les  païens  as.siégèrent 
dans  les  formes,  comme  une  ville  ennemio, 
et  qu'ils  ruinèrent  ensuite  de  fond  en  coiu- 
ble,  sans  y  laisser  autre  chose  que  les  ruines 
mêmes. 

15.  Cette  ville  était  en  Phrygie,  et  n'était 
habitée  que  par  des  chrétiens.  Des  soldats 
envoyés  par  l'empereur  se  répandirent  au- 
tour des  murailles  et  l'environnèrent  de  tons 
côtés  :  ils  y  jetèrent  quantité  de  torches  al- 
lumées et  de  feux  d'artifice,  qui  en  moins 
de  rien  la  réduisirent  en  cendres,  avec  tous 
ceux  qui  y  étaient  renfermés ,  hommes , 
femmes  et  enfants,  lesquels  périrent  tous 
en  invoquant  le  nom  de  Jésus-Christ,  et  pu- 
bliant hautement  la  Divinité  du  milieu  des 
flannues. 

16.  Comment  pourrai-je  maintenant  comp- 
ter ce  nombre  prodigieux  de  martyrs  qui  ré- 
pandirent leur  sang  dans  les  autres  provin- 
ces?comment  les  marquer  tous  en  particulier 
par  leur  nom?  comment,  enfin,  exposer  aux 
yeux  de  mes  lecteurs  les  différentes  sortes 
de  tourments  qui  les  firent  périr?  Par  exem- 
ple, il  y  en  eut  plusieurs  auxquels  on  tran- 
cha la  tête,  comme  dans  l'Arabie  ;  d'autres 
qui  furent  roués  tout  vifs,  ainsi  qu'il  arriva 
dans  la  Cappadoce  ;  d'autres,  qui  ayant  été 
susi)endus  la  tète  en  bas  sur  un  feu  lent,  et 
fait  d'un  bois  vert  et  humide,  furent  étouffés 
par  la  fumée  ;  c'est  ce  qu'on  vit  dans  la  Mé- 
sopotamie ;  et  d'autres  enfin  à  qui  on  coupa 
les  pieds,  les  mains,  le  nez  et  les  oreilles, 
et  qu'on  laissa  ensuite  mourir  de  la  pourri- 
ture qui  se  forma  dans  leurs  plaies;  c'est  de 
cette  cruelle  manière  que  finirent  leurs  jours 
plusieurs  martyrs  d'Alexandrie. 


5i7 


PER 


PER 


n28 


17.  Pnrlorons-nous  do  ro  qui  so  passa 
alors  à  Aiilioclio.  cl  no  dovons-nons  point 
rrninilre  de  remplir  l'esprit  dos  locleurs  de 
Irop  (rinin;4<vs  fu'ioslos.  et  do  les  ffîli;^uor  par 

10  récit  d''  tant  di'  «ruautt'S?  On  ('to'id.nt  1  s 
uns  sur  des  grils  de  1er,  et  on  les  y  laissait 
cxp  ror  pcn  à  pou.  ot  on  retard  'il  leur  mort 
le  plus  (pion  pouvait,  pour  fairtMlnrcr  plus 
longtemps  leur  supplioc.  On  en  vit  d  autres 
nit'ttio  leurs  ni'iins  (l.ins  les  brasiers  ardents 
pour  ne  les  jia^  souiller  par  laltouiheniont 
sacriléj;c  des  victimes  olfertes  aux  idoles.  11 
y  on  eut  ontin  qui,  voyait  approcher  dos  sol- 
dats envovés  pour  se  saisir  d'on\,  se  préci- 
pitèrent du  haut  de  leur  logis,  aimant  mieux 
se  jotor  entre  los  hras  de  la  mort  que  de 
toiobor  outre  les  mains  do  ces  ministres  de 
rim:.iété(I). 

18.  Mais  qui  pourra,  sans  frémir  d'horrour, 
ouïr  raconter  les  lourme'i(sotrroyahlos(|u'on 
exerçait  sur  les  chrétiens  dans  la  province 
de  Pont  !  On  enfonçait  aux  uns  dos  éclats  do 
roseaux  sors  dans  îos  oncles;  on  arrosait  do 

ilomb  fondu  les  corps  des  autres  ;  on  ouvrait 
e  ventre  (-t  los  côtés  J\  ceux-ci,  ot  on  portait 
0  for  ot  lo  fou  jusque  dans  leurs  ontraillos. 

11  y  avait  parmi  ces  juj^os  équitables  et  hu- 
mains luie  noble  et  généreuse  énuilation  k 
qui  inventerait  dos  sup|)lices  [ilus  excjuis  et 
plus  recherchés  ;  et  comme  s'd  y  eût  eu  un 
prix  pour  celui  qui  aurait  mieux  réussi  dans 
cotte  rocliorcho,  ils  s'otforçaient  tous,  ainsi 
que  font  les  athlètes  au  combat  de  la  lutte  ou 
de  la  course,  h  se  surpasser  los  uns  los  au- 
tres on  inhumanité.  Au  reste,  ces  horribles 
cruautés  ne  finirent  qu'après  que  les  juges, 
désespérant  d'y  on  | ouvoir  ajouter  do  nou- 
velles, et  so  trouvant  d'ailleurs  las  ot  fati- 
gués de  tant  de  meurtres,  le  sang  des  mar- 
tyrs dont  ils  s'étaient  rassasiés  leur  sortant 
pour  ainsi  dire  par  les  yeux  et  par  les  na- 
rines, ils  voulurent  se  délasser  dans  de  moin- 
dres supplices  :  ce  cpi'ils  eurent  grand  soin 
de  faire  valoir,  connue  un  etfet  d'une  indul- 
gence extraordinaire.  On  avait,  disaient-ils, 
assez  répandu  le  sang  dos  citoyens,  ils  on 
voulaient  arrêter  lo  cours,  ot  ne  plus  souiller 
les  villes  par  ces  sanglantes  exécutions  ;  qu'd 
f.'rilait  pourvoir  h  l'honneur  et  à  la  repu  ta- 
lion des  omjiorours,  qui  ,  iiuoique  los  [dus 
doux  et  les  plus  cléments  do  tous  los  prin- 
ces, passeraient  [lour  dos  tyrans  dans  les  siè- 
cles à  venir;  qu'il  était  juste  que  cbacun  se 
ressentit  do  la  douceur  et  do  la  modt'ration 
du  règne  présent;  qu'ainsi  l'on  ne  forait 
plus  mourir  aucun  chré'tien,  la  [)einodudcr- 
iiior  supplice  étant  onlièromont  abolio  et 
abrogée  par  l'extrCrao  bonté  des  très-clé- 
ruMits  onqtoreurs. 

19.  On  commença  <lonc  à  traiter  los  lidèles 
avec  beaui  oiip  dliumanité.  On  ne  leur  arra- 
chait que  l'uni  droit,  et  on  no  leur  coupait 
(pie  lu  jarret  gauche.  Il  est  vrai  ipie  cette 
grâce  s'étendit  à  tant  do  chrétiens,  (|u'il  est 
imf>ossible  de  savoir  le  nombre  do  ceux  (pii. 
après  celte  double  opération,  furent  envovés 

(l)  Eiisobo  tonrhc  ici  en  p.issiuit  l'histoire  de 
s.iinit»    I)nn)ninc   cl   (le   9<*»  lillrs.   (  Votj.    larlirlc 


aux  mines,  moins  pour  y  travailler  que 
pour  être  exposés  aux  yeux  do  toute  la 
terre  comme  des  modèles  d'un  courage  in- 
vincible, d'une  patience  inalti'Tat)le,  d'une 
foi  vive  ot  d'un  amour  très-our;  lesquelles 
vertus  ne  pouvaient  être  que  les  effets  admi- 
rables do  la  puissante  protection  du  Sauveur 
sur  ses  fidèles  serviteurs. 

20.   Parmi  los  évèques  et  les  prêtres  cjui 
endurèrent    pour  Jésus-Chri>t    le    martyre 
da'is  les  villes  les  plus  considérables  do  l'em- 
pire, outre  Aiithime,  évoque  de  Nicomédie, 
dont  nous  avons   déjà    parlé  'num.  fi  ,   l'on 
trouve  Lucien,  prêtre  d'Antioche.  Ce   saint 
ot  savant   homme,  après  avoir  annoncé  le 
royaume  do  Jésus-('hrist  p^r  ses  paroles,  et 
l'avoir  défendu  par  une  éloquente  apologie 
qu'il  présenta  à  l'empereur,  en  confuma  en- 
core la  vérité  par  sa  mort.  L'on  compte  en- 
suite i>armi  les  martyrs  do  Phénicie,  Tyran- 
nion,  évéque  de  Tyr,  Zénobius,  prêtre  de 
Sidon,    et  Silvain,   évêipio  d'Emèse   (le  20 
février  :  ce  dernier  fut  exposé  aux  bêtes  dans 
sa  ville   épiscopale,   et   les   deux   premiers 
rendirent   un    illustre    témoignage   à    la  foi 
chrétienne   dans   Antioche  :  Tyrannion  fut 
jeié  dans  la  mer,  et  Zénobius,  le(juel  à  la 
science  de  la  religion  joignait  colle  do  la  mé- 
decine,   expira    au   milieu   des   tourments. 
Dans  la  Palestine,  un  autre  Silvain  (le  6  fé- 
vrier), évoque  iledaze,  suivi  de  trente-nouf 
autres,  perdit  la  tête  pour  la  cause  de  Jésus- 
Christ.  La  même  province  fut  encore  hono- 
rée du  martyre  de  Pelée  et  de  Nilus  (le  20 
février),  prêtres  égyptiens  ,  et  de  quelques 
autres  (Ju  même  pays,  qu'on  lit  brù  or  à  Cé- 
sarée.     L'Egypte    eut  aussi   ses    martyrs   : 
Pierre,  évêque  d'Alexandrie,  personnage  émi- 
nent  en  sainteté  et  en  doctrine  ;  Faustus, 
Dius   ot    Ammonius,    prêtres    do  la    mémo 
église  ;     Pliiléas,    Esychius,  Pachumius    et 
Théodore,  qui  remplissaient  divers  sièges  ; 
et  une  nuillitudo  presque  innombrable  d'au- 
tres lidèles,  dignes  d'une  mémoire  éleriiolle, 
qui  répaniliront  leur  sang  dans  toutes  les 
villes  do   l'Egypte  ot  de  la  Thébaido.  Nous 
laissons  h  ceux  qui  ont  été  los  témoins  dos 
combats  et  des  victoires  de  tant  do  généreux 
athlètes,  lo  soin  de  les  décrire  et  d'en  laisser 
une  fidèle  peinture  h  la  |)Oslérilé. 

L'Es|»agiio.  comme  la  Palestine,  vit  mourir 
un  grand  iKunbre  ûc  ses  évêquos  et  de  ses 
prêtres.  Ce  fut  le  gouvi^nour  Dacien  qui  fut 
dans  celte  })arlie  «le  l'empire  lo  ministre  im- 
pitoyable des  lurours  des  empereurs.  ,\u 
nouibre  dos  plus  illustres  vie  imos  (]u'il  en- 
voya au  ("iel,  nous  trouvons  .saint  Vincent, 
diacre  de  S.uagossc.  L'évê(iuo  saint  Valero 
avait  seulement  été  banni.  Nous  voyons  par 
les  .\ctes  de  saint  Thoodote  d'Ancyre  ce  qui 
se  passait  en  Calatic.  Novis  iiouvons  en  con- 
jecturer ce  (pu  so  passait  ailleurs.  Legouver- 
umr  Théoctène,  (pii  s'était  vanté  h  Diodétion 
d'arriver  avant  ixmi  h  forcer  tous  les  chrétiens 
Ji  >acrifier,  employa,  pour  tenir  sa  prorae  so, 
los  arlilicos  les  plus  (liaboli(|uos,  los  cruautés 
les  plus  inouïes.  (Ko//.  Thkodotf.) 

C  ost  h  celle  épotpio  que  commença  conlio 
l'Eglise  la  persécution  morale  ou  philosopln- 


519                         |'i:h  mu                          ri50 

<jm>,  0)1   (Ml  muiiis  (|ir(ill(>  so  inninfcsl/i  pnr  ll.iM.uil   Inirs  pnssions   h  <l<*s  (|i^nit(''s   plus 

«Mvs  (irlcs,  p;ir  (les  ('«riils.  \a>  (('Irluc  |iliil(is()-  ('•iiiiiiciilcs.   H  y  t'ii   Jiv/iil  ipii    s<<  lull/iiciit  iln 

pllii  l'()i|ili,vnH'nivil  coiiliT  la  religion  cliiô-  limis    Atn-    la    vif,    coiiiiik;    ci'Iiii    «pu   lil  un 

liciiiio   trois  livres  «irslimls  h  \n   rciiv<'i'S(!r  iiciiplc  ciilicr  di'  nwirlyrs  dniiH  l.j    IMirvi^ie. 

par   11'  raisoiiiKMiiciil  ;   mais  cet  ('"crit  ('lail  si  iNIais  pniir  rciix-la,  plus  leur  iiilmiiiafiilé /'iail 

pauvre  ol  si  l'aihlt',  (pi'il  attira  à  son  auteur  fraude,  plus  elle   nous   éljut  lavoraldc.   Les 

Uvs  iut)(pi(M-ios  iiK^iMî  (le  SCS  pnrIisaMs.  Il  fut  plus  redoiilahles  ('•tnieiit  (mmix  ipii  se  llaltaicnt 

tin'i    par  le   ridicul(<   (pi'il    poil/iJt   avcic    lui-  d'une   l'aiiss»!  apparence  de  Itonti'-.   l.e  hour- 


iiu>ui(>.  <.)ii('l(pi(>s  aut(MU\s,  en  opposition  avec,  reau   I9   plus  dangereux  et  le   plus   terrible 

Haronius,  nient  (pio  eel  écrit  soit  (''nianc  de  était  <;r'|ui  <|ui  ne  voul/iil  tuer  persoiuie,  rpii 

l^)l•pllyr(^    N'iid    ensnile   lliér-oclès,  (pii    lut  voulait  pouvoir  se  ^loiilier  di;  n'nvoir  (*)lé  la 

d'ahord  vic.iire  des  prélels,  et  ensuite  ^ou-  vie  à  aucun  iiuiocent  :  car  j'en  ai   entendu 

vtM'neiu'de  Hitliynic.  l'Jus  lard,  il  devint  ^ou-  nioi-niéni(i  dcj  cetto  sorte,  (pu  l'aisnif.'.'il  vanitô 

veriU'ur  d'lvj,yple,  où  il  exerça  d(!  jurandes  de  n'avoir  point  lépandii  d(;  san^  dans  la  pio- 

cruautés   contro   les   chrétiens.   Il   avait  été  vince  (pi'ils  ^onvernaicint.  LiMir  vaifx;  ^^loiro 

appelé   nu   conseil   1(mui   par  DioclélicMi,   et  était  encore  jointe;  h  une  véritable  envie.  Ils 

dans  le  sein  (bupu  1  la  iiersécution  avait  ('-té  ne  pouvaient  sonlFrii' (pie  les  martyrs  eussent 

décidée.  Ainsi  ipu;  nous  l'avons  dit,  il  s'était  l'honneur  de  les  avon-   vaincus,    et  d'avoir 

montré  l'un  des  plus  acharnés  ^  la  l'aire  dé-  imnporté   sur  eux   la  coui'onno  d'une  con- 

créter.  Il  écrivit  deux    livres  (pi'd  intitula  :  stance  invincible. 

Lf.v  «»ia/('i</\s- (/(' /(Mv'V<7<'',  et  (pi'il  adressa  au \  «  On  ne  saurait  dire  cond)ien  ces  sortes 

chrétiens  eux-mêmes.  Il  y  prenait  dillérenls  de  magistrats  ont  inv(Mité  de  tourments  [lour 

|)nssages  ili's  lù'ritures  pour  l(>s  opposer  les  venir  à  bout  de  leurs  desseins  par  les  voies 


uns  aux  autres,  atin  de  les  l'aire  paraîti-c  cou-  les   plus  cruelles.   Car  ils   s'y  appliipiaient 
traires,  et  pour  jeter  du  discrédit  sur  nos  connue  à  une  chose  où  il  fallait  (ju'ils  lussent 
livres  saints.   Cet  ouvi-nge    était  rempli  de  victorieux  ou  vaincus,  sachant  fort  bien  que 
basphémes  contre  saivil  IMerre,  saint  Paul  et  c'était  un  vrai  combat  (ju'ils  avaicut  à  soû- 
les autres  apôtres   ou   disciples   de  Jésus-  tenir  contro  les   chrétiens.  J'ai  vu  dans  la 
Christ.  Quant  h  Jésus-Christ  lui-môme,  il  le  Bithynie  un  de  ces  gouverneurs  dans  une 
ctuuparail  h  Apollonius  de  Thyanes.  Il  cher-  ell'usion  de  joie,  et  aussi  glorieux  que  s'il 
chuii.  h  démontrer  ipie  tous  deux  étaient  deux  avait  subjugué  une  nation  de  baibares,  et 
im[)osteurs,  ou  du  moins  (jue  Notre-Seigiieur  cela,  parce  tju'un  chrétien,  qui  avait  résisté 
Jésus-Christ  ressemblait  h  Apollonius.  {Voy.  durant  deux  ans  avec  un  fort  grand  courage, 
Hiiiiu)<:i,KS.)   Eusébe    de   Césarée   réfuta   ce  avait  enlin  paru  s'aiiattre. 
livre  dans  un  ouvrage  que  cite  Photius  et  «  I  s  font    donc    toutes    sortes    d'efforts 
que  nous  avons  encore.  Il  démontre  (ju'Ori-  comme   on  une  chose  où   il  y  va  de  leur 
gène  avait  par  avance  réfuté  cet  écrit  d'Hié-  honneur,  et  tourmentent  les  corps  par  les 
roclès,  qui  du  reste  en  avait  pillé  les  prin-  douleurs  les  plus  violentes,  en  évitant  néan- 
cipaux   passages    et   môme   le   style.   Cette  moins  surtout  de  les  laisser  mourir  dans  ces 
dernière  phrase  semblerait  iaipliquer  con-  douleurs.  Est-ce  donc  qu'ils  s'imaginent  que 
tradiction  entre  ce  qu'elle  énonce  et  ce  que  la  mort  seule  nous  rende  heureux?  Les  tour- 
nous  avons  dit  plus  haut.  En  effet,  si  Hiéro-  monts  ne  servissent-ils  pas  à  nous  acquérir 
clés  pilla  d'autres  auteurs,  prit  leurs  pensées  la  gloire  d'une  constance  généreuse,  et  une 
et  leur  style  pour  faire  son  livre,  d'autres  gloire  d'autant  plus  illustre  que  les  teur- 
avantlui  avaient  donc  écrit  contre  la  religion,  ments  ont  été  plus  grands?  Cependant,  dans 
Sans  aucun  doute;  seulement  la  plupart  de  l'aveuglement  où  les  met  leur  opiniâtreté,  ils 
leurs  ouvrages  se  sont  perdus,  et  ne  sont  pas  recommandent  qu'on  prenne  grand  soin  de 
arrivés  jusqu'à  nous.  ceux  à  qui  ils  ont  fait  donner  la  question, 
L'édit  qui  condamna  tous  les  chrétiens  à  mais  c'est  pour  la  leur  donner  une  autrefois, 
la  mort,  et  qui  produisit  dans  tout  l'empire  Ils  veulent  qu'on  répare  leurs  membres  et 
un  carnage  épouvantable,  ne  fut  porté  qu'en  qu'on  rétablisse  leurs  forces,  mais  c'est  afin 
30i  ,  la  deuxième  année  do  la  persécution  qu'ils  puissent  souffrir  de   nouveaux  tour- 
générale.  On  a  vu  les  détails  de  tout  ceci  ments?  Peut-on  rien  voir  de  plus  doux,  rien 
dans  le  morceau  d'Eusèbe  que  nous  avons  de  plus  charitable,  rien  de  plus  humain?  Ils 
cité.  Ici  nous  devons  en  citer  un  autre  do  n'en  feraient  pas  tant  pour  leurs  amis.  Voilà 
Laclance.  Il  est  imi)Ossible,  dit-il,  de  repré-  ce  qu'on  apprend  sous  les  dieux  ;  voilà  la 
senter  en  particulier  ce  qui  s'est  passé  dans  bonté  qu'inspire  le  culte  des  idoles, 
toutes   les  parties  du  monde  romain.   Car,  «  Certes,  je  ne  trouve  rien  de  si  misérable 
combien   faudrait-il  de  volumes   pour  des  que  ces  magistrats  obligés  de  devenir  les 
cruautés  si  barbares  et  si  diverses?  Chaque  ministres  de  la  fureur  d'un  autre,  et  les  exé- 
gouverneur  s'est  servi  selon  son  humeur  de  cuteursdes  commandements  impies  de  leurs 
la  puissance  qu'il  avait  reçue.  Les  timides,  princes,  et  que  cette  malheureuse  nécessité 
qui  craignaient  qu'on  ne  feur  reprochât  de  a  trouvés  ou  rendus  cruels.  L'autorité  qu'oii 
n'avoir  pas  fait  tout  ce  qui  leur  avait  été  or-  leur  a  donnée  n'a  point  été  une  dignité  ni 
donné,  ont  été  les  plus  hardis  à  aller  môme  un  honneur  qui  les  ait  relevés  ;  c'est  un  triste 
au  delà.  D'autres   les  ont  imités,  ou  parce  arrêt  par  lequel  le  prince  les  a  condamnés  à 
qu'ils  étaient  naturellement  cruels,  ou  paji-  devenir  des  bourreaux,  et  Dieu  à  souffrir  des 
leur  haine  particulière  pour  tous  les  justes,  peines  sans  lin.  » 
ou  pour  plaire  aux  souverains,  et  s'élever  en  Au  milieu  de  cette  tempête  effroyable  qui 


881 


PER 


PER 


552 


Loulovorsflit  l'Ei^lisc,  iino  df.s  provinces  de 
l'empire  jouissait  d'une  paix  profonde  :  c'é- 
taient les  (innlt'S.  Constince,  qui  y  romman- 
daif,  tétait  ndurellrment  doux  et  ami  de  la 
justice  :  on  dit  nièiue  qu'il  était  bien  disposé 
à  l'éi^ard  (jes  clirrtiens.  Le  fait  est  qu'.^  partir 
du  moment  où  il  eut  le  gouvoinomt'ut  de 
rette  province,  les  tidèles  cessèrent  d'y  être 
persécutés,  du  moins  personnellement.  On 
ierma  bien,  il  est  vrai,  quelques  églises,  pour 
avoir  l'air  d'obéir  aux  édits;  mais  tout  se 
borna  l<i.  Aucune  mtMne  ne  fut  abattue.  On 
voit  que  quand  la  persécution  ftit  tinie,  Con- 
stantin donna  l'ordre  de  les  rouvrir  toutes. 
Constance  ne  se  bor-ia  pas  1^,  il  protégea  ef- 
fica<ement  les  chrétiens,  faisant  en  sorte 
qu'ils  fussent  inquiétés  le  moins  possible , 
et  qu'ils  pus'-ent  librement,  et  jusque  d^ins 
so'i  1  alais,  prati([uer  leur  religion,  et  se  li- 
vrer aux  exercices  de  son  culte.  Par  hasard, 
quelquefois,  et  malgré  S(^s  onircs,  quel(jues 
go;,verneurs  se  livrèrent  à  des  actes  soles 
de  persécution,  mais  cela  fut  très-rare.  Con- 
stance n'était  encore  que  césar,  on  craig'i.ut 
moins  de  lui  déplaire  que  s'il  eiit  eu  l'auto- 
rité suprême.  Cela  se  fit  princi|>alement  |)Our 
l'Espagne,  moins  éloignée  du  regard  de  Ma- 
Timien,  et  (fui  avait  des  gouverneurs  qui  lui 
étaient  entièrement  dévoués.  La  persécution 
fut  mémo  assez  violentt»  dans  ce  })ays;  Da- 
cie;i,  qui  y  commandait,  coulamna  notam- 
ment saint  Vincent,  sainte  Léocadie,  sainte 
Eulalie,  saint  Cucufas,  saint  Just  et  saint 
P.isteur  ,  et  une  foule  d'autres  que  nous 
pourrions  nommer.  Viateur,  successeur  de 
I)acien  ,  fit  aussi  un  certain  nombre  de 
martyrs. 

Quand  Dioclétien  et  Mnximien  eurent  ab- 
di'pié  en  305,  la  persécution  devint  beau- 
coup plus  violente  dans  les  PUals  (pii  restè- 
rent sous  la  dépendance  de  Galère  et  des 
deux  césars  qu'il  nomma.  Sévère  et  Maxi- 
min  :  mais  elle  diminua  entièrement,  elle 
s'éteignit  dans  les  provinces  qui  étaient  ou 
quip.'»s«^èrent  sousladominafiondeConstatice 
qui  devint  .Vuguste  connue  Cr  dère. 

En  Orient  la  persécution  fut  terril)le.  Co 
qu'on  sait  du  caractère  de  tlalère  suOitr'^  faire 
rouiprendre  (omnient  ce  |)ririce  devaittraiter 
leschrèljf  ns.  Il  inventa  une  nouvellemaruèro 
de  les  briller  :  il  les  faisait  attacher?»  utifio- 
leau  ;  au-dessoiis  d'eux  on  allumait  un  petit 
feu  qui  les  brillait  petit  ^  petit  et  faisait 
gouHer  la  peau  jusrpi'j^  ce  (pTelle  se  fendit. 
Petit  à  petit  les  chairs  étai  nt  consumées  et 
hienlAl  Ips  os  étaiint  h  découvert.  Ensuite 
f»n  alliin'Hil  des  loiches,  et  après  rpi'on  les 
avait  ('-t.'intes,  qu'il  ne  restait  plus  (jue  des 
rh.trbons  fumants,  on  les  leur  appliquait  suc- 
ressiveinrul  sur  tous  |»«s  pfiiuts  «lu  corps. 
En  même  temps  om  Iimm-  faisait  avaler  de 
l'eau  fraîche,  on  leur  en  jetait  sur  le  visage 
de  pour  que  la  sonlfranco  ei  la  chaleur  ne  les 
fi'«s»'nl  nx'Urir  avant  que  toutes  leurs  chairs 
eus.«»ent  été  brfilées.  Sfnivpnt  on  trouvait 
nioy*»n  tic  fairediifer  cesupplic'^  l»resqu»;  une 
journé»'  entière.  Quand  ils  ('-laient  ni. «ris.  on 
tïu^sait  de  briller  leurs  chairs  »>|  leurs  os- 
sements, on  piilvérisflit   ce  qui    restait  en- 


suite, afin  de  le  jeter  dans  l'eau,  tant  on 
craignait  que  les  chrétiens  ne  rendissent  les 
derniers  devoirs  h  leurs  martyrs.  .Maximin 
suivait  Ic^  traces  elles  exemples  de  son  on- 
cle :  il  était  aussi ,  lui,  extrêmement  sangui- 
naire. D'après  saint  (irégoire  de  Nazianze  et 
saint  JérOme  ,  il  faut  admettre  qu'il  a 
persécuté  l'Eglise  plus  violemment  que  n'a- 
vaient fait  Dioclétien  et  Galère  lui-même.  Ce 
fut  ce  tyran  qui  donna  l'ordre  h  tous  ses  su- 
jets, hommes,  femmes  et  enfants,  de  s'assem- 
bler dans  les  temples  pour  y  sacrifier.  Des 
hérauts  parcouraient  les  rues  ,  publiant  ses 
ordres.  Les  tribuns,  avant  des  listes  de  tous 
les  habitants,  les  appelaient  chacun  par  sou 
nom.  Ce  monstre  dilférenciait  les  supplices 
d'une  infAme  manière.  Aux  hommes  le  fer, 
le  feu,  les  tortures  de  toutes  sortes;  aux 
femmes,  les  maisons  publiques  et  toutes  les 
impiidicités  que  la  tyrannie  la  plus  ignoble 
pouva  t  inventer.  Nous  l'avons  déjà  dit.  Dieu 
protégeait  les  saintes  el  les  mettait  à  couvert 
miraculeusement. 

Pendant  (pie  Maximin  redoublait  ainsi  la 
persécution.  Galère,  de  son  lùlé,  faisait  la 
même  chose  dans  l'Asie  Mineure,  la  Thrace 
et  l'illyrie.  Il  publia  des  édits  (pii  ordon- 
naient à  tout  le  monde  de  dénoncer  les  chré- 
tiens qui  se  cachaient,  sans  même  en  excep- 
ter ni  maris  ni  femmes,  ni  pères  ni  mères, 
ni  enfants. 

Ceci  se  passait  en  l'an  .305de  Jésus-Christ. 
Ce  fut  r»  cette  éfKxpie  qu'arriva  l'alfreuse 
persécution  de  Palestine  dont  Eusèbe  nous 
a  donné  l'histo  re,  et  dans  laipielle  le  jeune 
Ap()ien  montra  un  si  grand  coiuvige  ,  en  al- 
lant publii^iuement  trouver  le  gouverneur 
Urbain,  etVariêlerau  milieu  du  sacrifice 
impie  (pi'il  offrait  aux  idoles.  (K07.  C^sv- 
RÉK.  On  peut  voir,  en  1  sant  l'article  Dioclé- 
tien, comment  ce  prince  et  son  collègue,  le 
vieux  .Maximien,  avaient  été  amenés  ?i  abdi- 
quer. Leurs  successeurs,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  à  l'exception  «ie  Constance , 
avaient  persécuté  les  chn-tiens  avec  une 
violence  épouvantable.  La  mort  de  Cons- 
tance, en  30t>,  amena  à  1'»  mpire  son  fils  Cons- 
tanlin,(]ui,  comme  son  père,  se  montra  très- 


favorable  aux  chrétiens.  La  j>remière  loi 
qu'il  publia  fut  tout  entière  en  leur  faveur; 
il  permettait  de  rouvrir  les  églises,  d'onlon- 
n(M'  des  évtMpies,  et  faisait  rendre  aux  églises 
et  aux  chrétiens  fout  ce  (ju'on  leur  avait  en- 
levé. Frois  mois  après  réIévation«ler,onstaii- 
tm,  .Maxenc(>  prit  la  pourpre  h  Rome.  J>ans 
lesconuuencemenls,  il  se  montra  aussi  fivo- 
rable  aux  chi(>tiens,  «'t  ordorma  (pion  cessAt 
la  persécution  contre  eux.  Un  peu  plus  tard, 
il  laissa  les  choses  man  her  suivant  les  cou- 
tiimes  établies,  de  sorte  (pie  les  magistrats  et 
la  populace  recominen«èrenl  h  faire  des 
martyrs,  comme  cela  arrivait  souvent  dans 
ces  temps-liï.  C'est  en  l'année  307  ipi'on  voit 
les  persécuteurs  chatiger  de  conduite  envers 
les  chrétiens  en  Palesjjfte;  au  lieu  de  les 
condamner  h  mort,  comme  ils  le  faisaient, 
ils  les  envoyaient  aux  mines  et  hnir  cre- 
vaient un  (cil.  A  un  grand  nombrt\  Maximin 
fit  couper   les  pieds,  len  main?»,  le  nez,  les 


fJ33 


VIA\ 


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orcilI<>s.(',('lyr;>ii  fois'iil  soiivnil  .i|i|ili(|iicrmK 
vlirclit'iis,  im.su|)|tlHf(|tii  IcAiilfiiiiiil  ('iii|inr- 
tail  riiiriimif.  Oi  leur  «nvirhail  \\vi\  droit, 
on  v  iiK'It.iil  le  l'iMi,  cl  ciisiiilr  un  l  nr  luiV.'iil 
If  jariTl  ^.'niclM!  iww  nii  Icrr  cliaud,  de  .surlu 
«lu'ds  ii('|»nuv«it'nl  plus  s'en  stirvir.  Los  cln'é- 
lUMis,  dil  Imix'Ih',  ('Liicit  cnvovrs  |i;ir  Iroii- 
jcs  Iravadli'C  n\\\  nnncs.  (1(5  lui  dans  h» 
in(^nio  ((Mnps  (|n'ai-riva,  connnH  on  pcMit  lu 
voir?)  son  arliclc,  la  [inMilion  d'f'i-hai'i,  i-çoii- 
wcrnoui"  do  Paloslino,  vl  rolôvalioi  de  Li- 
4'iniiis  an  (^(^n(>  ini|M'>i'ial.  Maxiniin  ,  (|ni 
n'(Mail  tonjonrs  (|n('(!ôsar  ,  on  fut  Iros-vivo- 
nionl  aU'eclô  ,   et  piit   nn^nc  lo   litre  d'An- 

lui  Tan  .'U)8,  la  porsôcnlion  conlinnail  ox- 
»M>ssivonionl  violonlo  on  l'ahvslino  ;  dans  los 
jiromiors  mois,  on  la  vit  s'apaisor  nn  pou 
j)onr  roconnnonoiM-  hicnlAl  avoc  nno  nouvollo 
î'uronr,  ol  onsuilo  s'iMoindro  lonl  à  lait,  après 
Ho  mari yro  do  saint  l'aniplnlo,  do  saint  Adrioa 
<'l  do  leurs  oompa.:;nons.  Kn  .'îlO,  la  persécu- 
tion se  ralluma  onooro.  Saint  Sylvain  do 
iu\7.a  sonllVit  avec  ses  Ironlo-nout'  compa- 
gnons. Co.  Ail  celle  sainte  cohorte  de  mar- 
tyrs qui  scella  et  linil  |)our  ainsi  dire  par  sa 
mort  lt>  rarnai;e  (lu'on  avait  l'ait  des  sninls 
en  Palestine,  (ie  fut  en  celle  année  (pie  Ga- 
lère étant  tombé  malade,  et  sentant  la  main 
<lv'  Dieu  (lui  le  frappait,  |)nblia  un  édil  pour 
faire  cesser  la  porséontion.  Voy.  colle  pièce 
iomar(piat)le  h  l'arlicle  (1ai.i\ui:.  M  lis  la  jus- 
tice do  Dieu  ne  fut  })oinl  arrêtée  par  ce  l'o- 
penlir  tardif  et  (jui  ne  venait  (^ue  de  la 
crainle.  Gal(>re  mourut  dans  los  plus  atroces 
douleurs  et  dans  los  convulsioiis  les  plus 
navrantes  du  désespoir.  L'édit  de  Galère  fut 
oublié  partout.  Ce  prince  l'envoya  à  ses  col- 
lègues. Un  seul  d"entre  eux  uo  voulait  pas 
obtempérer  aux  injonctions  qu'd  contenait. 
Ce  fut  Maximin  qui  clierclia  à  l'éloulfer,  en 
le  retenant  sans  le  publier.  11  se  contenta 
d'en  faire  de  vive  voix  con  laitre  les  dispo- 
sitions à  ceux  qui  l'enlouraient.  Cependant , 
tons  les  gouverneurs  des  provinces  s"om})re,s- 
sèrent  de  cesser  la  persécution  et  de  mettre 
en  liberté  les  tidèles  qui  étaient  encore  dé- 
tenus dans  les  prisons.  On  les  voyait  s'en 
aller  par  bandes  dans  leur  pays,  louant  Dieu 
et  faisant  à  haute  voix  leurs  remerciements 
à  sa  providence.  Ce  fut  au  milieu  de  cette 
paix  qne  Galère  mouiut.  Maxiinin  accourut 
en  Asie  et  s'empara  de  ses  Etals.  Cela  fut 
sur  le  point  d'occasionner  une  guerre  entre 
Licinius  et  Maximin  ;  mais  enfin  ils  s'accor- 
dèrent ,  et  la  paix  fut  conclue.  Chacun  resta 
en  possession  de  ce  qu'il  occupait.  Cette  pais 
devint  le  signal  du  renouvellement  de  la  per- 
sécution en  Asie.  Licinius  n'étant  plus  à 
craindre  pour  lui  ,  Maximin  lit  dans  toute 
l'Asie  ce  qu'il  avait  fait  auparavant  dans  les 
provinces  qui  étaient  sous  sa  dépendance. 
Les  chrétiens  ne  jouirent  pas  tout  à  fait  six 
mois  du  bénéfice  de  la  paix  que  leur  avait 
accordée  l'édit  de  Galère  et  ([ue  Maximin  lui- 
môme  avait  signé.  [Voy.  .Mvxi.niN.) 

Ce  fut  en  l'année  319  qu'arrivèrent  l'af- 
freuse peste  et  la  famine  non  moins  affreuse 
cjui  désolèrent  l'cinpire.  La  guerre   vint  y 


/ijoidoi'  sHs  liitrroui-s.  Diiu  putiiss:«il  ainsi  la 
(  riiaidi-  de  MaxMni'i  cl  cidio  dos  pan-ns  runt- 
plioos  du  SOS  cniftulés. 

Diou  oalicidil  pas  lonnloiiips  h  pn-ndro 
on  main  la  dcdcMisi-  (J(!  ses  .si-rvilourH.  Il  vm- 
lut  néaiUMoiiis  comuionoor  par  raballre  l'or 
giiril  do  srs  on'iomis.  Maxirinn  S(^  nlorillait 
i'iso|omm(.'nt  d(!  la  prospi-rUc'  do  son  rè^n^» 
(  t  s'en  servait  nour  bIas|.héni(T  contro  celui 
mémo  tpii  la  lui  doniad.  Mais  des  Ihivur 
suivant,  sa  vanité  se;  trouva  confonduo  par 
une  sécheresse  extraordinaire  ipii  causa  la 
l'ami  10,  et  (!  isuilo  la  p(>sl(ï  ,  acconica^néo 
d'nno  maladi(!  (pi'on  appelait  le  charlxm,  la- 
(pu'llo  attaquait  particulioromiMit  los  y(Mix  , 
ol  lit  poidie  la  vuiiànne  inlinih''  d'iionuncîs, 
de  foinmes  et  d'oid'ants  ,  comme  si  Diou  ciU 
V(mlu  v(!ngor  ce  grand  noiidjre  (h;  chréli(;ns 
à  (pii  Maxnnin  avait  fait  crever  un  («il- 

l.a  famine  était  si  grande,  (pi'uno  mosnro 
do  blé  valait  neuf  ccMit  cinquante;  livio.  Plu- 
sieurs furent  contraints  do  vendre  aux  ri- 
ches leurs  enfanis  pour  prolonger  un  peu 
leur  vie.  Les  autres  vendaient  peu  à  pi-u 
leurs  terres  et  se  trouvaient  ainsi  rédiiils 
dans  uneoxirémepauvroté.  D'autres, ueliou- 
vant  rion  (jue  des  heibes  cpii  no  los  noui- 
rissaient  pas,  ou  miime  vénéneuses  ,  tom- 
baient dans  une  langueur  (jui  les  faisait 
enlin  mourir.  Dos  dames  de  condition  furent 
obligées,  |)ar  la  nécessité,  o  demander  l'au- 
mcj'Uî  dans  les  rues  avec  une  reîcnui'  et  une 
pudeur  qui  faisaient  connaître  ,  ainsi  que 
leurs  habits  ,  la  noblesse  de  leur  extraction 
et  rextrémité  de  leur  misère.  D'autr .s  pa- 
raissaient si  secs  et  si  décharnés  ,  qu'on  les 
pouvait  prendre  pour  des  sjiectres  et  pour 
des  fantijuios.  N'ayant  pas  la  force  do  se  sou- 
tenir, ils  allaient  en  chaicelant  et  tombaient 
enti'i  au  milieu  des  places ,  où  tout  étendus 
nar  terre  et  prêts  h  rendre  l'clnie,  ils  forçaient 
leur  faiblesse  pour  demander  un  morceau  de 
pain.  Les  plus  riches  ,  après  avoir  assisté 
(Quelque  temps  les  pauvres ,  se  lassaient  en- 
tin,  étonnés  de  leur  grand  nombre,  et  s'en- 
durcissaient à  la  vue  de  leur  misère,  aopré- 
hendant  de  tomber  eux-mêmes  da'is  l'indi- 
gence. Ainsi  les  rues  et  les  places  publiques 
se  trouvaient  couvertes  de  corps  morts  qui 
y  demeuraient  tout  nus  durant  plusieurs 
jours  ,  sans  que  personne  leur  donnât  la  ^é- 
pulture.  Les  chiens  en  déchirèrent  quelques- 
uns,  ce  qui  obligea  à  les  tuer,  de  peur  qu'ils 
ne  s'accoutumassent  à  la  chair  humaine  et 
ne  devinssent  enragés. 

La  peste ,  de  son  C(jté ,  ne  faisait  pas  de 
moindres  ravages,  et  elle  attaquait  principa- 
lement ceux  que  leurs  richesses  avaient  mis 
à  couvert  de  la  famine.  Les  gouverneurs  des 
provinces,  les  principaux  de  chaque  ville  et 
les  autres  personnes  riches  étaient  enlevés 
par  une  mort  prompte  accompagnée  de  vio- 
lentes douleurs.  On  n'entendait  que  dos  gé- 
missements et  des  cris  dans  les  places  publi- 
ques. Toutes  les  villes  retentissaient  de 
chants  lugubres  et  du  son  de  ces  tristes  ins- 
truments dont  les  païens  avaient  accoutumé 
de  se  servir  dans  leurs  funérailles. 

Voilà  quelle  fut  la  récompense  de  l'orgueil 


hyi 


l'ER 


PER 


5Ô6 


de  Maximin  et  des  décrets  que  les  villes 
avaient  rendus  ronlreles  rlirt^tions.  La  mort, 
arint'e  de  la  pesto  et  do  la  lamine  comme  de 
traits  empoisonnés  ,  faisait  un  si  épouvanta- 
ble carnage,  qu'elle  enlevait  en  peu  de  temps 
des  familles  entières,  et  l'on  voyait  (piel- 
qucfois  emporter  deux  ou  trois  corps  de 
la  même  maison  en  un  seul  convoi.  Lp  nom- 
bre dos  morts  était  inlini  dans  les  villes  et 
encore  plus  grand  dans  la  campagne  qui  en 
fut  jiresquo  entièrement  (li>[HMipléo  ,  et  ces 
longs  catalogues  de  contribuables  dont  Ma\i- 
min  faisait  sa  gloire  et  ses  richesses,  fut  ré- 
duit à  un  petit  nombr-'  de  personnes. 

(-es  malheurs  ne  furent  favorables  qu'aux 
chrétiens  qui  y  donnèrent  à  tous  les  peu- 
ples dos  marques  sensiblos  de  leur  piété  en- 
vers Dieu  et  île  leur  ciiarité  envers  tous  les 
hommes.  Eux  seuls,  parmi  tant  de  misères, 
tirent  paraître  de  la  compassion  et  de  l'hu- 
manité. On  les  voyait  occupés  tous  lesjours, 
les  uns  à  ensevelir  et  à  enterrer  ce  nom- 
bre infini  de  morts  ,  dont  personne  ne  pre- 
nait aucun  soin;  les  autres  à  rassembler  tous 
les  pauvres  de  leurs  villes  et  h  leur  distiibuer 
du  pain.  Cela  leur  acipiit  une  merveilleuse 
réputation,  leurs  adversaires  mêmes  étant 
obligés  de  gloritier  le  Dieu  des  chrétiens  et 
avenant  qu'eux  seuls  avaient  de  la  piété  et 
de  la  religion. 

Dieu  voulut  punir  en  raème  temps  les  per- 
sécuteurs de  ses  saints  par  tous  les  fléaux  de 
sa  justice,  et  pendant  que  les  sujets  de  Maxi- 
min  étaient  emportés  par  la  famine  et  par  la 
peste,  Maximin  sonlfrat  aussi  boaucoiq)  avec 
son  armée  dans  la  guerre  qu'il  avait  entre- 
prise contre  les  Arméniens.  Cette  guerre 
mémo  était  encore  un  effet  do  son  faux  zèle 
pour  l'idolâtrie.  Car  les  Arméniens  avaient 
toujours  été  alliés  de  rem{)ire,  dont  les  rois 
avaient  coutume  de  recevoir  leur  diadème. 
Mais  connue  ils  étaient  chrétiens  et  fort  zé- 
lés nour  la  vraie  religion,  Maximin  les  avait 
voulu  obligor  de  sacrifier  aux  démons,  et 
par  là  les  avait  contraints  de  prendre  les  ar- 
mes. 

Nous  voudrions  ponvoir  éclairer  davan- 
tagf!  l'histoire  de  cette  guerre,  qui  est  la  pre- 
mière entreprise  et  soutenue  pour  la  reli- 
gion. Mais  il  faut  nous  contenter  de  ce  pou 
qu'Eusèbe  en  «lit.  Pour  la  conversion  de 
I  Arménie  ,  Sozomène  dit  seulement  «prolle 
avait  embrassé  le  ohrislianismo  longtenq)S 
avant  Constantin.  Tiridale,  roi  de  colto  na- 
tion, touché  par  quehjuo  miracle  oxtraor- 
«linairo  arrivt;  dans  sa  maison,  s'é'tait  con- 
verti et  avait  on  même  tenq>s  [tublié  dos  édits 
pour  ol)lig»'r  tous  sos  sujets  à  se  faire  aussi 
chrélioris. 

l'otidant  t\n'i'U  Orient  Maximin  s'elToroait 
de  ruiner  le  «hristianisnK!,  et  voyait,  en  i)U' 
nition  de  ses  un-faits,  les  Iléaux  du  ciel  s  ap- 
jiesanlir^tir  lui, Constantin  défaisait  Maxence 
et  <lovenait  uiailre  de  tout  l'Orcident.  Aussi- 
tôt r|ue  ce  prince  fut  entré  h  Home,  il  lit,  de 
roiirerl  avec  Lirinius  .  un  édit  par  lecpiel  il 
|ierniettait  h  tous  les  chrétiens  de  Miivre  leur 
religion, de  tenir  leurs  assembh'es  et  tlo  bA- 
lir  des  églises.  Cet  édit  fut  envoyé  à  Maxi- 


min par  les  deux  princes  qui  joignirent  à  cet 
envoi  le  récit  des  merveilles  que  Dieu  avait 
opérées  en  leur  faveur ,  et  la  façon  miracu- 
leuse dont  il  leur  avait  donné  la  victoire. 

Toutes  ces  choses  no  pouvaient  pas  être 
fort  agréables  à  Maximin  ,  qui ,  peu  aupara- 
vant ,  avait  fait  une  alliance  secrète  avec 
Maxence  contre  les  deux  autres.  Et  il  était 
alors  h  la  veille  d'augmenter  encore  la  per- 
sécution qu'il  faisait  contre  les  chrétiens. 
N'osant  pas  désobéir  h  ceux  f|ui  lui  com- 
mandaient, selon  les  termes  d'Eusèbe,  et  no 
voulant  pas  non   plus  aussi  faire  paraître 

3u'il  cédait  à  leur  autorité  ,  il  fut  contraint 
e  faire  de  lui-même  un  édit  en  faveur  d(;s 
chrétiens,  ce  qu'il  n'avait  point  encore  fait. 
Car  l'édit  de  l'année  précédente  ne  portait 
point  son  nom,  mais  celui  de  Sabin  ,  préfet 
du  prétoire.  Celui-ci  est  adressé  au  même 
Sabin.  Il  y  mêle,  dit  Eusèbe,  des  choses  tout 
à  fait  fausses.  Et  l'on  doit  mettre  sans  douto 
en  ce  rang  ce  qu'il  dit  qu'il  avait  toujours  dé- 
fondu aux  juges  d'user  d'aucune  cruauté; 
qu'on  n'avait  jamais  banni  ni  outragé  aucun 
chrétien  que  contre  ses  ordres,  et  «{u'il  avait 
recommandé  la  même  modération  h  Sabin  et 
par  lettres  et  par  les  ordres  de  sa  commis- 
sion. Il  y  parle  de  son  entrée  à  Nicomédie 
et  de  oe  qui  avait  suivi ,  et  il  dit  (juo  cela 
s'était  fait  l'année  précédente.  Ainsi  cet  édit 
est  de  cette  année  312 ,  et  non  de  l'an  313 
au(|uel  Baronius  l'a  mis. 

Enfin  ,  pour  conclusion  ,  il  ordonne  que 
l'on  laissera  les  chrétiens  en  leur  liberté, 
sans  leur  faire  aucune  {)eine  sur  leur  reli- 
gion ;  mais  il  ne  parle  point  ni  de  tenir  les 
assemblées,  ni  do  rétablir  les  églises,  quoique 
Constantin  et  Licinius  lui  en  eussent  écrit 
précisément.  C'est  pourquoi  les  chrétiens 
n'osaient  se  ha-^arder  à  le  faire  ;  et  môme 
comme  ils  connaissaient  sa  duplicité,  ils  n'o- 
saient encore  paraître  publi(iuement.  Nous 
verrons  en  ellet  que  sa  haine  contre  les  chré- 
tiens continuait  tmijours,  et  quoique  les  let- 
tres de  Consta-itin  et  de  Licinius  l'obli- 
geassent de  la  dissimuler,  il  ne  laissait  pas 
de  faire  eticore  jeter  dans  la  mer  divers 
chrétiens  (piand  il  le  pouvait  faire  secrète- 
ment. Cela  n'empêche  pas  qu'Eusèbe  ne 
compte  cette  dixième  année  pour  la  der- 
nière d{>  la  persécutio'i,  parce  qu'elle  ne  re- 
commenoa  [)lus  depuis  jusqu'à  Licinius,  et, 
<|uau  co  itrairo,  la  paix  de  l'Eglise  augmenta 
toujours  dt>  plus  en  plus. 

Nous  ajouterons  néanmoins  une  année  à 
ce  récit,  pour  représoîiier  la  dertnore  ré- 
tractation des  persécuttMirs  ,  leur  punition 
et  l'iMitière  consommation  de  la  paix. 

(j)nstanlin  no  demeura  pas  longtemps  à 
Rome  après  sa  victoire.  Il  en  sortit  vers  lo 
crimiuencement  do  l'an  ;il3,et  étant  allé  h 
Milan  ,  il  y  lit  venir  aussi  Lirinius  à  qui  il 
donna  sa  s«eur  Constance  en  mariage  vers  lo 
mois  de  mars.  Ces  doux  princes  se  trouvant 
donc  ensemble  à  Milan,  ils  tirent  un  nouvel 
édit  louchant  les  i  hrc'tions  à  cause  de  quel 
(|Ues  dillieultés  et  de  qnobpios  fautes  qui  s'é- 
taieit  glissées  dans  le  premier.  Comme  nous 
n'avons  [las  ce  premier  édit,  et  que  le  style 


i>M 


MOR 


MU 


.".38 


(hi  second  osl  obscur  et  cmhnn'.issfS ,  il  osl 
(lilliciln  (II-  l)i(ni  jnK(M(l('C(M|iic  l'on  icprcnail 
dans  If  |ti(Mnifr.  ^l.  N'.ildis  croihincron  avail 
élti  choiinc''  (hi  (ui  (|iir  la  r('lij;,i(t'i  clnrlijMMid 
y  avail  ('lélcIliMiicnl  rolcvrc,  (pi'il  s('nd)l/iit 
liuo  loiitt's  les  anlics  y  ciisscnl  t'-U'':  drlcn- 
duos,  cl  oncîorc  de  va\  (|nc  hvs  divcrsi's  s((c,- 
tcs  sorties  des  clnc(i(^ns  y  élai(Mit  (jualiliées 
(In  nom  odieux  d'Iu^iésics.  Je  \u\  sais  si  celle 
expliealioM  (vsl  (oui  à  l'ail  rcMUivahle ,  mais 
nous  n'en  voyons  pas  d»  meilleuro. 

(le  (jni  esl  e(Mlain,  e.'esi  (|ue  lo  second 
(^dil  do'ino  un(^  entiO>ie  lil»(>rl(''!  de  cons(^ienco 
h  loules  soi'ies  de  pcM'so'unvs  ,  perniellanl  'i 
chacun  d'honorer  lelle  diviiiilé  tpi'il  voudra 
et  on  la  maniùro  (pi'il  lui  plaira  ,  co  qui  n'est 
j)as  (Hrani:,e  en  un  nouvel  empereur,  peu  ins- 
îruil  el  peu  al)solu,  el  (|ui  av.iil  à  conlenler 
Licinius  et  ses  sujets.  La  lin  ilo  cet  édil  est 
consithWahle.  Il  ordomie  que  tous  ecn\  qui 
avaie'U  achelé  du  lise,  ou  re»;u  en  <lon  îles 
lieux  destinés  aux  assemblées  des  chrétiens, 
ou  (pii  apparliMiaienl  en  ([uelijuc  aufi-e  ma- 
nièi'e  ii  l'I^^lise  ou  au  corps  des  chi'éliens  , 
les  restiluent  incessanunent  et  s'adres- 
sent au  lise  |)0ur  leur  dédonnnayement,  sans 
rien  demander  aux  chrélicns.  Cet  édil  l'ut 
adressé  au  môme  préfet  du  prétoire  que  le 
premier. 

Nous  avons  parlé  ci-dessus  de  la  mort  do 
Maximien  Hercule  en  310,  et  de  celle  de 
Maximien  Galère  en  311;  Diodélien  finit 
aussi  sa  vie  en  ce  temps-ci  même ,  par  une 
mort  qui  ne  fut  pas  moins  misérable  et  moins 
funeste  (]ue  celle  des  deux  autres,  connue 
on  l'a  vu  dans  l'histoire  de  sa  vie.  Ainsi,  de 
tous  les  persécuteurs  dos  chrétiens,  il  ne 
restait  plus  à  |)uiiir  que  Maximin  ,  qui  avait 
été  plus  cruel  que  tous  les  autres.  Et  son 
clu\tnnent  suivit  de  près  la  mort  de  Maxence. 

11  se  jeta  lui-môme  dans  le  j)récipice  où  il 
périt  en  rompant  la  paix  avecLicinius,  dans 
la  fausse  espérance  que  ses  démons,  son 
argent,  ses  grandes  troupes  et  son  extrême 
téméiité  lui  donnaient  de  remporter  une 
victoire  signalée.  En  effet,  ayant  fait  avan- 
cer son  armée  dans  la  Bithynie  malgré  les 
rigueurs  de  l'hiver ,  et  élant  ensuite  en- 
tré dans  la  Thrace  ,  il  força  d'abord  By- 
zance  et  Héraclée,  ce  qui  obligea  Licinius 
de  se  mettre  en  campagne  avec  une  armée 
incomparablement  plus  faible  que  la  sienne. 
La  bataille  se  donna  près  d'Andrinople  le 
trentième  jour  d'avril,  après  que  Maximin 
eut  voué  à  ses  démons  la  ruine  entière  des 
chrétiens,  ctqneLiciniuseut  invoqué  le  Dieu 
souverain  qui  fit  paraître  en  cette  rencontre 
qu'il  est  le  Dieu  des  batailles,  et  Maximin 
enlièromcnt  défait  fut  réduit  à  s'enfuir  à 
Nicomédic  et  de  là  en  Cappadoce,  oii  il  tacha 
de  réparer  un  peu  ses  forces. 

Cependant  Licinius  étant  arrivé  à  Nico- 
médie  y  rendit  grâces  au  Dieu  qui  l'avait 
fait  vaincre  et  y  fit  aflicher  l'édit  donné  à 
Milan  pour  les  chrétiens.  Cela  se  fil  le  13 
juin  de  cette  année,  dix  ans  et  près  de  qua- 
tre mois  depuis  que  l'on  y  avait  afiiché  le 
premier  éditde  la  persécution  (le  2'i.  février 
de  l'an  303).  Licinius,  en  môme  temps,  ex- 


horta les  (  hrétiens  h  rebiitir  leurs  église», 
et  d  ne  inan(pia  pas  d'cMic  obéi.  Ainsi,  l'on 
commença  à  s'assurer  qur  Dieu  avait  exnucrt 
les  pru'res  (pu)  lo.s  sniMls  coidesseur.^  lui 
av/ueni  adr-essées  on  le  conjurant  sans  cess» 
de  riîudre  la  paix  h  l'I-lglise  :  cl  le  |em[)l(!  do 
Dieu  (pie  les  inijiies  avaient  renvcîrsé  d'a- 
bord en  cette  vdie  pour  lui  faire  injure, 
conunen(;a,  par  la  miséricorde  du  Seigmiir, 
h  s>\  r(!l(!ver  plus  grand  et  plus  niagmlifpio 
(pi'il  n'avait  jamais  été  Les  chrétiens  s'oc- 
cup(''r(!nt  alors  h  célébrer  avec  j(jie  le  triom- 
phe de  hnn-  libérateur,  h  relever  sa  vicloiro 
p/U' leurs  louanges  et  h  lui  demander  jour  et 
iniil  par  leurs  prièr(;s  (pi'il  all'eiinil  poiu' ja- 
mais la  paix  (pi'il  hiur  avait  rendue  après 
une  gneire  de  dix  années. 

Licinius  s(!  i('mil(^n  canqiagne  pour  pour- 
suivre Maximin,  qui  n'(!Ut  pas  pluttM  ro 
pris  ses  esprits  (pu;,  plein  de,  honte  et  do 
iiueur,  il  lit  mourir  lui-nn^rm»  la  plupart  (hi 
ses  prôtres  et  de  ses  prophètes,  les  accu- 
sant d'ôti'c  cause  de  son  malheiu',  et  puis  il 
fit  un  second  édit  [)oui'  les  chrétiens,  bien 
j)lus  ample  que  le  premier,  puis(pril  leur 
aiîcorde  clairement  le  pouvoir  de  bAtir  des 
églises  avec  la  restitution  des  maisons  et 
des  terres  qui  leur  avaient  ai)paitenu  et 
tiue  l'on  avait  confis(jnées.  Il  i)rcnd  prétexte 
(le  faire  un  nouvel  éiiit  sur  ce  que  (juelquos 
juges  n'ayant  pas ,  drt-il,  bien  compris  ses 
intentions  exprimées  i)ar  le  |)re?nier,  avaient 
donné  sujet  aux  autres  d'en  douter  et  de  n'o- 
ser embrasser  la  religion  qu'ils  voulaient. 

Cette  pénitence  forcée  ne  fut  pas  capable 
d'apaiser  la  colère  de  Dieu.  Il  ne  lui  donna 
aucun  répit  et  lui  (jta  aussitôt  la  vie  par  une 
maladie  éj)0uvantableque  nous  avons  rappor- 
tée en  un  autre  endroit, et  dont  l'acciient  le 
plus  mémorable  fut  que  les  veux  lui  sortaient 
de  la  tôle  ;  Dieu  l'ayant  voulu  punir  du  môme 
supplice  qu'il  avait  fait  souffrira  tant  d'in- 
nocents. Il  était  déjà  dans  cette  furieuse 
maladie  lorsqu'il  fit  son  dernier  édit  pour  les 
chrétiens.  Il  mourut  vers  le  mois  d'août  à 
Tarse  en  Cilicie,  où  il  s'était  retiré  pour 
fuir  Licinius,  et  il  prévint  au  moins  par  sa 
prompte  mort  les  maux  dont  il  allait  être 
accablé  par  ses  ennemis,  mais  ce  ne  fut  que 
pour  aller  éprouver  les  rigueurs  de  la  justice 
divine,  ennemie  terrible  de  tous  les  pécheurs 
impénitents. 

Après  sa  mort,  il  fut  déclaré  ennemi  pu- 
blic ;  ses  images  et  celles  de  ses  enfants  dé- 
chirées ou  effacées,  ses  statues  brisées.  Ses 
enfants  et  ses  parents  furent  punis  du  der- 
nier supplice,  après  avoir  souffert  toutes 
sortes  d'ignominies.  Sa  femme  fut  jetée  dans 
l'Oronte  où  elle  avait  fait  jeter  plusieurs 
femmes  chastes.  Tous  ceux  qu'il  avait  éle- 
vés dans  les  charges,  et  qui  pour  le  flatter 
s'étaient  rendus  les  principaux  ministres  de 
la  persécution,  furent  enveloppés  dans  sa 
ruine.  On  le  marque  particulièrement  de 
Calcien,  qui  avait  répandu  dans  l'Egypte  le 
sang  d'une  multitude  de  chrétiens  ;  de  Fir- 
milien  qui  s'était  signalé  de  la  même  ma- 
nière dans  la  Palestine  ;  et  de  Théotecne 
dont  le  supplice  a  été  marqué  par  avance. 


539 


PKR 


PER 


5;o 


Licinius  lit  encore  tranchor  la  tôto  à  Cancli- 
die'i.  tils  (le  >f.i\iinio'i  (i.il^ro  ot  iiK^nic  aux 
(It'tix  impératrices,  Pi  i.S(nie,  veuve  de  Dio- 
(l(^ti»>i.  cl  Vah^rie,  sa  lilte,  veuve  de  (iaU'ie 
Dieu  elfaça  ainsi  de  dessus  la  terre  Ips  im- 
pies et  toute  leur  race.  Ces  noms  ma:^nili- 
ques  et  insolents  de  Jnre  et  d//rrr>//r,  ([uc 
Dioclétien  et  Maximien  s'étaient  attrd)ués  et 
avaient  fait  passer  à  leurs  successi'ur>^,  fu- 
rent abolis.  Ef  Ton  vit  viTillcr  ci>tte  [>arole 
de  TEtTilure  :  JV»/  »*«  l'impir  f'hrc  rommr  1rs 
cèdres  du  Liban  :  j'ai  passe'  rt  il  n'était  plus. 
loi  nous  linirons  nr)fre  article  général 
PERsÉcrTio>s.  Il  ('tait  imfiossible  de  ne  pas 
faire  un  taid-'au  d'enstMuhle  sur  les  persécu- 
tions de  l'E.^lise  dans  les  temps  ([ni  sécnu- 
lèrent  dopais  la  mort  de  Jésus-Christ  jus- 
qu'à l'avènement  de  Constantin.  C'est  une 
suite  non  interrompue  de  combats  et  de  lut- 
tes de  la  part  des  chrétiens,  de  rage  et  de 
fureur  de  la  part  de  leurs  ennemis.  Hors  de 
ces  temps  mémorables,  les  [persécutions  de- 
viennent [)lus  isolées.  Elles  n'ont  |)lus  ce  ca- 
ractère d(?  guerre  générale  qui  leur  est  [par- 
ticulier durant  les  trois  [>remiers  siècles. 
Toutes  les  pers/'culions  qui  suivent  seront 
racontées  sous  les  noms  des  persécuteurs, 
ou  bien  sous  ceux  que  lliistoire  leur  a  géné- 
ralement attribués. 

PERSÉGUTKTX    DES    VANDALES. 

En  V29,  pressés  p  tr  les  Visigoths  et  les 
Suèves,  les  Vandales  quittèrent  l'Espagne 
où  ils  s'étaient  étab  is  et  [tassèrent  en  Afri- 
que sous  la  conduite  de  Genséric,  leur  roi. 
D'abord  ils  s'emparèrent  de  la  Mauritanie. 
Los  Romains  lire  it  la  |)aix  avec  eux  en  VYô, 
en  leur  accordant  la  partie  de  rAfri((ue  où 
ils  s' 'taiint  installés.  .Mais  deux  ans  a[)rès, 
dit  Fleurv,  en  VM,  leur  roi  Censéric,  vou- 
lant établir  larianisme  et  ruiner  1«  religion 
ca'holif[ue  dans  b-s  terres  de  son  obéissance, 
persécuta  [ilusieurs  évèques  dont  les  [>lus 
illustres  étaient  Posidius,  Novat  et  Séverin. 
Il  leur  ùta  les  églises,  et  les  i-hassa  même 
des  villes  parce  qu'ds  résistaient  à  ses  me- 
naces avec  une  constance  invincible.  Il  vou- 
lut aussi  |»ervertir  quatre  Espagnols  qui 
étaient  en  grand  boiuieur  auprès  de  lui,  et 
que  leur  capacité  et  leur  lîdélilé  lui  avaient 
rendus  fort  chers;  leurs  noms  étaient  Ar- 
cade, Prolius,  Paschase  et  Eut\cbien.  Il  leur 
ordonna  d'embrasser  l'arianisine,  ils  le  refu- 
sèreul  frès-(7>nsiniumenl.  et  (lenséTic,  fu- 
rieusement urilé,  les  jiroscrivil.  [)uis  les  en- 
voya eu  exil;  ensuite  il  leur  lit  soiMfrir  de 
très-cruels  loiM-mt-nls.  enlin  \\  les  lit  moinir 
diversiMuenl  el  ainsi  ils  rem[)i»rtèrenl  lacmi- 
rotuie  du  martyre.  Eutychion  et  Paschase 
avaiedf  nu  j-n  ie  frère'  nommé  P.inhlliis  , 
qui  était  furl  ngn',d>le  au  roi,  à  cause  de  sa 
beauté  et  de  son  esprit.  N'ayant  [)n  le  dé- 
touiner  de  la  religion  ciiliMli(iiie  |mr  au- 
cu  le  uienace,  il  le  lit  battre  l(»nglen)[is  à 
coups  de  b.)ton,  el  le  norjdamna  à  la  s«'rvi- 
tud«*  la  [)lus  bnsse,  ne  vfnilaul  [)as,  î>  ce  que 
1  ou  rrul.le  foncMnourir  île  |»eur  de  paraître 
vninni  |)flr  la  constance  d'un  enfant. 

M  ««!  m  plusieurs  écrits  pour  soutenir  los 


(atboli([ues  pendant  cette  persécution.  Nous 
avons  une  lettre  d'Antonin  Honorai,  évèque 
de  Coistantine,  à  Arcade,  un  de  ces  quatre 
martyrs,  [)our  le  consoler  et  l'encour.tger 
[cndant  son  exil.  Il  l'exhorte  à  mépriser 
ses  richesses  et  h  ne  se  point  laisser  tenter 
j)ar  l'amitié  du  roi,  ni  attendrir  [)ar  l'amour 
d(.'  sa  femme.  Victor,  évèque  de  Cartenne 
eu  Mauritanie,  conq)osa  un  granfl  livre  con- 
tre les  ariens,  qu'il  lit  |)r«''senter  h  Genséric 
même.  On  trouve  un  nbrégé  de  la  foi  contre 
les  ariens,  écrit  vers  ce  temps-là,  par  un 
auteur  (jui  n'est  pas  connu,  une  explication 
des  passages  touchant  la  Trinité,  contre 
Varimade,  fliacre  arien,  <lont  lauteur  était  à 
]Sa|)les.  Céréalis  ,  évéfjue  de  Castelle  eu 
Mauritanie;  Vasconius,  évèque  de  Caslel- 
lane  dans  la  même  province  ;  et  un  autre 
évèque  africain  nommé  Asclépius,  écrivirent 
contre  les  ariens. 

Geiséric,  voyant  les  Romains  occupés 
ailleurs,  et  particulièrement  Aétius,  le  |)rin- 
cipal  de  leurs  chefs,  a[)pli([ué  aux  affaires 
des  Gaules,  sur[»rit  Carthage  a»i  milieu  do 
la  paix  qui  em[)èihait  de  se  délier  de  lui, 
et  y  entra  le  quatorzième  des  calendes  de 
novembre,  sous  le  dix-se[)tième  consulat  do 
Théodore,  c'est-à-dire  le  19  octobre  W9.  Il 
en  pilla  toutes  les  richesses,  faisant  souffrir 
plusieurs  tourments  aux  citoyens  pour  les 
découvrir.  Il  dépouilla  les  églises  et  y  logea 
ses  gens  après  eu  avoir  chassé  les  prêtres  el 
enlevé  les  vases  sacrés.  Il  traita  cruelle- 
ment tout  le  peujtle  ;  mais  il  se  déclara  ()rin- 
cipalement  ennemi  de  la  noldesse  el  des 
ecclésiastiques,  ei  V(uilant  introduire  l'aria- 
nisine [)ar  toute  rAfriijue,  il  chassa  les  évo- 
ques de  leurs  églises  el  fit  [)hisieurs  martyrs. 

Genséric  ayant  doue  |>ris  Carthage,  parta- 
gea ainsi  les  provinces  d'.M'rique.  Il  se  ré- 
serva la  Byzacène,  l'Abaritaine,  la  Gélulie 
et  une  [larlie  de  la  Numidie:  et  disliibua  h. 
son  armée  la  Zeugilane  et  la  Procmisulaire. 
L'tnnpereur  Valentinien  défendait  encore  les 
autres  |)rovinces ,  mais  toutes  désolées. 
Genséric  manda  aux  \andales  de  chasser 
lie  leurs  églises  les  évèques,  après  les  avoir 
d(''|)OuiIlés  de  tout  ;  ou  s'ils  refusaient  do 
sortir,  de  les  réduire  en  servitude  [>erpé- 
tuelle  :  ce  qui  fut  exécuté  h  l'égard  de  plu- 
sieurs évèques  et  de  [>lusieurs  laitiues  no- 
bles et  considérables  par  leurs  dignités. 
Quodvultdeus,  évèijue  de  Carthage,  et  un 
grand  nombre  de  clercs,  furent  aussi  chassés 
et  euil)ar([U(''s  sur  des  vaisseaux  rompus,  et 
toutefois  ils  arrivèrent  heureusement  à  Na- 
|)les.  (iaudiose,  évèipie  d'Abiline.  cpii  était 
du  nombre,  fonda  un  m(Uia>tèro  où  il  mou- 
rut aussi  l)ieii  que  (Juodvullileus  ;  on  con- 
serve eiicori»  \\  Sa[)les  les  ridiques  de  l'un 
et  de  l'autre  dans  ce  monasièro.  qui   est  à 

r)résenl  occu[M^  par  des  religieuses.  L'Eglise 
lonore  saint  Oui»dvulldeus  le  \i\  octobre  et 
saint  Gaiiiliose  le  2.S.  On  com,  te  encore  onze 
autres  évè({ues  ou  clercs,  dont  les  plus  fa 
meux  sont  Priscus  et  (.astrensis,  qui,  a[)rès 
avoir  soidVerl  <livers  loiirinents  eu  Atrique, 
furent  embarqués  sur  un  vieux  b.^limcnl, 
soit  dans  le  môme  voyage  ou  dans  un  autre, 


r;n 


ri'iR 


PFR 


Bit 


ol  )il)onl(^ponl  fil  fl/iin|);iiii(i  oi'i  il';  ^aiiivoriK''- 
r(Mil  (livfi'scs  (''^liscs  :  on  (Mi  l'ait   iiM'iiKiin'  lo 

1"    Sf|ll('llllll('. 

(îdii.mVic,  nynnl  cluissi^  r(''v<^i|iic  «h»  T.jir- 
lli.T-ço  «vcc  son  rl<'i'fA('',  donn.i  h  vi'[\\  (|<>  su  ri>- 
li^ion,  r'csl  ii-(liin  i\u\  nv'wws,  i'r^li.so  non»- 
llK^'  l\('sli(iil(\  où  les  (''Vieilles  (IcnicniaicMt 
toujours,  cl  <Mii  f'uix  c.illioliipuïs  loulcs  celles 
(|iii  (Paient  dans  rcM(-cinlC(lcs  umiaillesavec. 
l(MM\s  richesses.  Il  s'euipara  aussi  hors  la  ville 
<le  toutes  les  c;;;lis(\s  ({u'il  voulut  cl  pritici|ta- 
lonienl,  de  deux  ;Ar<'iiid<'s  et  Mia;;nili(|iics  (l(> 
saitU  Cv'pri(Mi  ;  l'uno  au  liou  où  il  répandit 
son  sani;,  l'aidre  au  li(Mi  où  som  corps  était 
enseveli  ,  nonniié  Mappalia.  Il  connuanda 
aux  catholi(iuos  d'enterrej'  l(>urs  morts  on  si- 
leuee,  sans  chanter  î\  l'ordinaire,  et  (>nvoya 
on  (>x  1  la  partie  des  clercs  (|ui  étaient  restés. 

Los  <^v(^(|ues»Pt  les  autres  persoiuiaj^os 
oonsidérahlcs  qui  étaient  deuieurés  dans  les 
j)roviuces  parta;j,ées  entre  les  Vandales  vin- 
ronl  tronvor  (ienséric,  comnio  il  se  prome- 
nait sur  1(^  hord  de  la  nu;r  près  d(i  Maxulc, 
dans  la  province  proconsulaire,  et  le  sup- 
nlièronl  ([u'aprés  avoir  piMxlu  1(mu-s  églises  et 
leurs  biens,  d  leur  l'ùt  au  moins  permis  do 
demeurer,  nourla  consolation  du  peuple  do 
Dieu,  dans  le  pays  dont  les  Vandales  étaient 
déjh  les  maîtres.  11  leur  lit  diio  :  J'ai  résolu 
de  uo  laiss(>r  personm;  de  votre  nom  et  do 
votre  nation,  et  vous  osez  me  faire  de  toiles 
demandes?  Il  voulait  sur-le-champ  les  faire 
jeter  dans  la  mer,  si  les  siens  ue  l'en  eussent 
empoché  ;>  force  de  prières.  Ces  pauvres  ca- 
tholiques se  retirèrent  pénétrés  de  douhuu', 
et,  n'ayant  |)lus  d'églises,  commencèrent  à 
célébrer  les  saints  mystères  comme  ils  pou- 
vaient. 

Le  comte  Sébastien,  gendre  du  comte  Bo- 
niface,  maltraité  comme  lui  par  les  Romains, 
s'était  enliu  réfugié  en  Afrique.  Genséi'ic 
ne  pouvait  se  i^asser  de  ses  conseils,  et  tou- 
tefois il  le  craignait;  en  sorte  que,  voulant 
le  faire  mourir,  il  en  cherchait  un  prétexte 
dans  la  religion.  11  lui  dit  donc  un  jour  en 
présence  de  ses  évêquesel  de  ses  domesti- 
ques :  «  Je  sais  que  vous  avez  juré  de  vous 
attacher  fidèlement  à  moi,  et  vos  travaux 
font  voir  la  sincérité  de  votre  serment;  mais 
afin  que  votre  amitié  soit  perpétuelle,  je  veux 
que  vous  ombrassiez  ma  religion.  »  Sébas- 
tien, trouvant  une  invention  convenable 
pour  le  frapper,  demanda  que  l'on  apportAt 
un  pain  blanc,  puis  le  prenant  entre  ses 
mains,  il  dit  :  «  Pour  rendre  ce  pain  digne 
de  la  table  du  roi,  on  a  premièrement  séparé 
le  son  de  la  farine,  et  la  pAte  a  passé  par 
l'eau  et  par  le  feu.  Ainsi  dans  l'Egïise  catho- 
lique, j'ai  passé  par  la  meule  et  uar  le  crible, 
j'ai  été  arrosé  de  l'eau  du  baptô'meet  perfec- 
tionné par  le  feu  du  Sain  t-Esi)rii.  Qu'on  rompe 
ce  p.un,  qu'on  le  trempe  daîis  l'eau,  (m'on  le 
repétrisso  et  (ju'on  le  remette  au  four,  s'il  en 
devient  meilleur,  je  ferai  ce  que  vous  vou- 
lez. »  Il  voulait,  par  cette  parabole,  mon- 
trer l'inutilité  d'un  second  baptême.  Gensé- 
ric  l'entendit  bien  et  ne  sut  qu'y  répondre; 
c'est  pourquoi  il  chercha  ensuite  un  autre 
})rétexte  pour  faire  mourir  le  comte  Sébas- 


ti(ni,  et  il  se  trouve  en  quehjuos  mnrfyrolo- 
Kes  honoré  coinine  mart}  r. 

Geiisénr,  étant  mort  dès  lo  comoiomo- 
nient  de  laïuiée  V77,  llunéric,  son  liis  «lue, 
lui  avait  sucré'di'.  Il  se  montra  d'abord  assez 
niodér('',  principalement  eiivers  lu.-»  calholi- 
(pies,  en  soil(«  (pi'ils  ree.,inmeiu'èn!Ml  h  n'as» 
,^enlbler  dans  le.s  lieux  où  (ieuséiic  l'avait 
(h'I'e'idu.  liiinéric  rechercha  soi^'ieusement 
les  iiiauiclK'e'i.s;  il  (mi  lit  IiiùIcm-  pliisiours  et 
<'n  envoya  plusieurs  par  mer  hors  de  l'AI'ri- 
(pie;  et  coiimu!  il  trouva  (pio  picsqiie  tf>ii.s, 
priiicipalemeit  leurs  prêtres  (;t  leurs  dia- 
cres, t(''iaie'it  l'héiésio  arienne  comme  lui, 
la  honte  (pi'il  en  oui  ranima  (Miconi  plus 
(•(Milre  eux.  Un  do  ces  manichéens,  nommé 
(Ih-menlion  (d  moine;  do  profession  .avait  en 
éci  it  sur  .sa  cuisse  :  Manès,  discijjlo  do  Jésus- 
Christ. 

L'Iiglise  {\o  Cartilage  était  sans  évèqiK;  do 
puis  viiigt-((uati('  ans;  mais  enliii,à  la  prière 
do  l'empereur  Zenon  oldela  princesse  IMaci- 
dio,do!rt  liuiiéric  avait  épousé  la  soiur,  il  per- 
mit aux  calholi(pies  d'y  ordonner  un  évèijuc. 
Pour  assister  (^  l'élection  ,  Hunéric  envoya  h 
l'église  Alexandre,  ambassadeur  de  l'empe- 
reiir Zenon, et  avocluiundosesnolairos  nom- 
mé Vitarit,  portant  un  édit  qu'il  fit  lire  publi- 
quement en  ces  termes  :  «  Notre  maîtn;,  à  la 
prière  do  l'emporeur  Zenon  et  de  la  très-no- 
ble Placidio,  vous  accorde  d'ordonner  un  évo- 
que tel  (pi'il  vous  plaira,  à  condition  que  les 
évèqu^'s  de  noire  religion,  qui  sont  k  Cons- 
tajiîijiople  et  dans  les  autres  provinces  d'O- 
rient, aient  la  liberté  do  prêcher  dans  leurs 
églises  en  toile  langue  qu'ils  voudront,  et 
d'exercer  la  religion  chrétienne ,  comme 
vous  avez  la  1  berié  ici  et  dans  vos  autres 
éj^lisos  d'Afrique,  do  célébrer  les  messes,  de 
1  rocher  eîd'exercer  votre  religion.  Car  si  cela 
n'est  pas  observé,  l'évèque  qui  sera  ordonné 
ici  et  les  autres  évoques  d'Afrique  ,  avec 
leur  clergé,  seront  envoyés  chez  les  Mau- 
res. »  Col  édit  ayant  été  lu  dans  l'église  de 
Carthago,  le  dix-huitième  do  juin  ,  quatre 
cent  quatre-vingt-un,  les  évoques  catholi- 
ques qui  étaient  présents  en  gémirent , 
voyant  l'artifice  avec  lequel  on  préparait  la 
persécution.  Ils  dirent  au  commissaire  du 
roi  :  «  A  des  conditions  si  dangereuses, cette 
église  aime  mieux  n'avoir  point  d'évèque  ; 
Jésus-Christ  la  gouvernera  comme  il  a  fait 
jusqu'ici.  »  Mais  le  commissaire  ne  voulut 
point  recevoir  cette  protestation,  quoique  le 
peuple  le  demandât  par  des  cris  qu'on  ne 
pouvait  apaiser. 

Eugène  fut  donc  ordonné  évêque  de  Car- 
thage,  avec  une  joie  incroyable  du  peuple, 
car  il  y  avait  ungrandnombre  déjeunes  gens 
qui  n'avaient  jamais  vud'évèques  assis  dans 
la  chaire  de  celte  église.  Il  s'attira  bientôt, 
par  ses  vertus,  le  respect  et  l'aflection,  non- 
seulement  des  catholiques,  mais  de  tout  le 
monde;  car  il  était  humble,  charitable,  plein 
de  compassion,  et  faisait  des  aumônes  iu- 
croyables.  11  est  vrai  que  les  barbares  possé- 
daient tous  les  biens  de  l'Eglise  ;  mais  on  ap- 
portait tous  les  jours  de  grandes  sommes  au 
saint  évôijuc,  etildisiriiuiail  tout  fidèlement, 


545 


PER 


PER 


SU 


sans  en  rien  réserver  que  ponr  les  besoins 
de  chaque  jour;  rar  il  ne  ganinit  jamais  d'nr- 
g(>'ir  au  lendemain,  à  moins  ((u'on  ne  le  lui 
pO(  apport»'»  trop  lard  pour  le  do'inor  avant  la 
nuit.  Sa  réputation  lui  attira  l)ientO)t  Tcnvio 
des  ('■  vAques  ariens  et  principalement  do  Cy- 
rille, le  plus  puissant  de  tous.  Ils  représen- 
tèrent au  roi  qu'il  était  dangereux  de  souf- 
frir qu'Eugène  eontinuAt  de  prôchor.  Ils  vou- 
Iniriit  qu'Eugène  lui-même  empècliAt  que 
personne,  ni  homirie  ni  femme,  ne  parût 
dans  l'église  en  habit  de  biroarf,  mais  il  ré- 
pondit que  la  maison  de  Dieu  était  ouverte  à 
tout  le  monde  :  ce  qu'il  disait  principalement 
à  cause  des  catholiques  qui,  servant  dans  la 
maison  du  roi.  étaient  obligés  de  porter  l'ha- 
bit des  Vandales. 

Après  celte  réponse  de  Tévèque,  Hunéric 
fil  mettre  à  la  porte  de  l'église  des  bourreaux, 
qui,  voyant  un  homme  ou  une  femme  y  en- 
trer avec  l'habit  de  leur  nation,  leur  jetaient 
sur  la  lèle  de  petits  bâtons  dentelés,  dont  ils 
leur  entortillaient  les  yeux,  et  les  tirant 
avec  force,  arrachaient  la  chevelure  avec  la 
peau  de  la  léle.  Quelques-uns  nerdirent  les 
yeux,  d'autres  moururent  do  douleur;  plu- 
sieurs survécurent  longtemps.  On  menait 
par  la  ville  des  femmes  avec  leur  tète  ainsi 
écorchée,  précédées  d'un  crieur  pour  les 
montrer  h  tout  le  i)euple;  mais  cette  cruauté 
ne  lit  quitter  à  personne  la  vraie  religion. 
Alors  Hunéric  s'avisa  d'ôter  les  pensions 
aux  catholiques  qui  étaient  à  sa  cour,  et  de 
les  envoyer  travailler  à  la  campagne.  Ainsi 
des  hommes,  nés  bbres  et  délicats,  furent 
conduits  dans  les  plaines  d'Utique,  pour  cou- 
ler les  blés  h  la  i)lus  grande  ardeur  du  so- 
eil.  Un  d'eux  avait  la  main  sèche  depuis 
ongfemps  et  comme  on  le  forçait  h  travail- 
er,  nonobstant  une  excuse  si  légitime,  il 
"ut  guéri  par  les  prières  de  tous  les  autres. 
Tel  fut  le  commencement  de  la  persécu- 
tion d'Hunéric.  Il  était  cruel  mOune  envers 
les  siens;  car,  pour  assurer  le  royauuie  à  ses 
enfants,  il  lit  mourir  ses  autres  parents  les 
plus  [>roc,hes.  il  lit  brûler  un  évè(iue  arien 
nommé  Joeondus,  (|u'ils  appelaient  leur  pa- 
triarche, et  plusieurs  de  leurs  prêtres  et  do 
leurs  diacios. 

Environ  deux  ans  avant  la  persécution  gé- 
nérale plusieurs  personnes  eurent  des  vi- 
sions qui  furent  jtrises  pour  des  averlisse- 
ineiits  du  ciel.  L'un  vit  l'église  de  Fau.ste, 
alors  la  [)rini;ipale  de  Carthage,  ornée  M'or- 
dinaire,  tapissée  et  éclairée  (l'un  grand  nom- 
bre de  cierges  el  de  lunpes,  mais  comme  il 
s'en  réjouissait,  tout  d'un  coupées  lumières 
furent  éteintes,  et  suivies  di^  ténèbres  et  de 

Kuanleur,  et  une  nndtitudede  gens  velus  de 
lanc,  rpii  étaient  ilans  l'église,  en  fut  chas- 
st'e  par  des  Ethiopiens,  (UUui  (jui  avait  eu 
c  Ile  vision  la  raconta  k  l'évèque  l'ugène, 
en  présence  de  Vidor,  t'-vèipu'  de  Vite,  qui  a 
écrit  celte  histoire.  In  autre  vil  \\n  granil 
monceau  de  blé  mêlé  avec  sa  padle,  dont  un 

f;rand  vent  d'orage  euiporla  toute  la  paille  et 
aissa  If»  grain;  ensuite  vint  un  grand  iiomme, 
d'un  visage  et  d'un  habit  éclatants,  (jni  rom- 
niença  h   nettovor  lo  grai  >,  rejetant  tout  ce 


qui  était  maigre  et  mal  nourri  ;  en  sorte  qu'il 
le  réduisit  l\  un  petit  monceau.  L'évèque 
Quinlien  crut  èlre  sur  une  montagne,  d  où 
il  voyait  un  troupeau  innombrable  de  bre- 
bis, et  au  milieu  deux  chaudières  bouillan- 
tes, avec  des  bouchers  qui  tuaient  ces  bre- 
bis et  les  jetaient  dans  ces  •  haudières,  en 
sorte  que  toul  le  troupeau  fut  consumé. 
Quelques  autres  eurent  des  visions  sem- 
blables. 

Hunéric  ordonna  d'abord  que  personne 
ne  servît  dans  son  palais,  ou  n'exerçAl  de 
fonctions  publiques,  qu'il  ne  fût  arien.  Il  y 
en  eut  un  grand  nombre  qui  renoncèrent 
h  leurs  charges  pour  conserver  la  foi.  Il  les 
chassa  ensuite  de  leurs  maisons  ,  les  dé- 
j)Ouilla  de  tous  leurs  biens  el  les  relégua  en 
Sicile  et  en  Sardaigne.  Il  ordonna  aussi  que  les 
biens  des  évoques  catholiiiues  appartien- 
draient au  fisc  après  leur  mort,  et  (ju'onne 
pourrait  ordonner  le  successeur  qu'il  n'eût 
{)ayéau  lise  cinq  cents  sous  d'or.  Mais  ses  do- 
mestiques lui  représentèrent  que  l'on  traite- 
rait de  môme  et  plus  rigoureusement  les  évo- 
ques ariens  en  Tnrace  et'ailleurs,ce  qui  l'obli- 
gea à  révoquer  cette  ordonnance.  Il  fit  en- 
suite assembler  les  vierges  sacrées,  les  fil  vi- 
siter honteusement  par  des  matrones  de  sa 
nation,  el  les  fit  lourmenler  pour  les  obli- 
ger à  déposer  contre  les  évô([ues.  On  les 
suspendait  avec  de  grands  poids  aux  pieds, 
on  leur  appliquait  des  lames  de  fer  rouge 
sur  le  dos,  sur  le  venire,  sur  le  sein,  les 
côlés,  les  pressant  de  dire  que  les  évô- 
oues  et  les  clercs  catholiijues  abusaient 
d'elles.  Plusieurs  moururent  de  ces  tour- 
ments, d'autres  en  demeurèrent  courbées  ; 
mais  elles  ne  donnèrent  aucun  prétexte  de 
calomnier  l'Eglise. 

Ensuite  Hunénic  envoya  en  exil,  dans  le 
désert,  des  évèques,  des  prêtres,  diacres  et 
d'autres  calholi(]ues  au  nombre  de  qu  dro 
mille  neuf  cent  soixante-seize,  entre  les- 
quels il  y  avait  plusieurs  goutteux,  plusieurs 
h  qui  leur  grand  âge  avait  fait  perdre  la  vue. 
Félix  U'Abbirile,  évè(|ue  depuis  (piaraule- 
(pialre  ans,  était  paralvlupie,  en  sorte  qu'il 
avait  perdu  tout  sentiment  el  même  la  pa- 
role. Les  évèipies  catholiques,  ne  sachant 
comment  l'emmener,  firent  demander  au  roi 
qu'on  le  laissAl  h  Carihage  où  il  mourrait 
bientôt.  Le  roi  réjuindil  :  «  S'il  ne  peut  se 
tenir  à  cheval,  qu'on  l'atlacho  avec  des  cor- 
des .^  des  buMifs  in(io[n[)tés  pour  le  mener 
où  i'ai  ordonné.  »  Il  lailul  le  [«orler  sur  un 
mulet,  lié  en  travers  comme  une  pièce  de 
bois.  On  assembla  tous  C(>s  eonfesseursdans 
les  deux  villes  dt'  Sicca  et  de  Larée  où  lt>s 
Maures  devaient  les  venir  prendre  pour  les 
mener  tians  li>  dt'sen.  (^n  les  enferma  pre- 
mièrement dans  une  prison,  où  leurs  con- 
frères avaient  permission  d'euirer,  de  |)rê- 
cher  el  de  c(''l(-brer  les  divins  mystères.  Il  y 
avait  av(>c  eux  iilusieurs  jeunes  enfants,  dont 
quel({ues-uns  étaient  tinilés  par  leurs  mères 
qui,  l'oiir  les  tirer  de  ce  péril,  voulaient  les 
laire  rebaptiser;  mais  aucun  ne  se  laissa  sé- 
duire. Les  confesseurs  furent  ensuiie  resser- 
rés dans  une  prison  }>lus  étroite  •  on  ne  per- 


84.' 


vv.w 


rKi\ 


!>iO 


niitiilns  (1(1  lus  visit(M",  cl  les  gni(l('5  rm(^nt 
cluUiiVs  iMiilfiin-nt.  I.fvs  prisiMimcrs  clMiciit 
Onlii.sstVs  l'un  MIC  raiilr'-,  sans  avoir  aucun 
e.s|wi(M»  pour  s'ôcarlcn'ii  salM'.usaul  aux  uô- 
(•(>ssil(''s  iialiiit'Ili'S.  <■•'  (jui  pioiluisil  l)i('iit(M 
lUU'  uili'cliou  et  iiur  liunriu-  plus  liisuppoi- 
tabl(is(pu!  lous  les  louruicnls.  I.ours  «MMirir- 
rcs,  (>l  oi\\vo  autres  Viclor  riiisioiicn,  awiul 
liouvt^  nioycu  tl'v  ciilrcr  srcicltMurul,  s'cii- 
lou(.^rciit  dans  ('onluro  ju.>j(ju'a\i\  genoux, 
l'jiliu  les  I\laur(>s  Icui-  oj-doniu^'icnl  i^i  friand 
biuil  (lo  se  [tiépnri'r  .\  uian  hci-.  Ils  soiluciil 
donc  undiuiaucho,  snl(,>s  couuno  ils  élaicul, 
nnu-.S(Hil(Muonl  par  leurs  liahils,  mais  par  la 
ttMoet  le  visat|,o  ;  el  loutelbis  ils  chaiilau'Ul  : 
tellooslla  gloire  ilo  tous  les  saiuls.  Cyprien, 
(WiVpu'  (rihii/.iho,  les  cousolail  el  leur  donna 
luul  ce  cpi'il  avait,  di'siraul  ("^ire  eiuniencî 
avec  eux.  Il  soullVil  beaucoup  dans  la  suite, 
«M  l'ul  envoyé  en  e\il  apr('>s  une  rude  prisoii. 
Le  peuple  à(''courail  de  tous  côtés  pour  voir 
les  saints  conlessours;  les  eheniius  étaient 
trop  étroits,  et  les  licUMos  couvraient  les  val- 
lées et  les  montagnes,  portant  dos  cierg(îs  à 
leurs  mains,  cl,  jetant  leurs  enfants  aux 
pieds  des  saints,  ils  leurs  criaient:  «  A  qui 
nous  laissez -vous  ,  en  courant  au  mar- 
tyre? Qui  baptisera  ces  enfants?  Qui  nous 
donnera  la  pénitence  et  la  réconciliation? 
Qui  nous  enterrera  après  la  mort?  Qui  of- 
frira le  divin  sacritice  avec  les  cérémonies 
ordinaires?  Que  ne  nous  est-il  permis  d'aller 
avec  vous!  » 

On  remarqua  une  femme  qui  portail  un 
sac  et  tenait  un  enfant  par  la  main,  lui  di- 
sant :  «  Cours,  mon  petit  maître,  vois-lu  tous 
ces  saints,  comme  ils  se  pressent  d'aller  re- 
cevoir la  couronne?  »  Ceux  qui  accompa- 
gnaient les  confesseurs  la  reprirent  de  ce 
qu'elle  voulait  aller  avec  tant  d'iiommes  : 
elle  leur  dit  :  «  Priez  pour  moi  et  pour  cet 
enfant.  Je  suis  lille  du  défunt  évèque  de  Zu- 
rite;  j'emmène  cet  enfant,  de  peur  que  l'en- 
nemi ne  le  trouve  seul  el  ne  Tentraîne  à  la 
mort.  »  Les  évoques  lui  répondirent,  bai- 
gnés de  larmes  :  «  La  volonté  de  Dieu  soit 
faite.  »  Ils  marchaient  de  nuit  plus  que  do 
jour,  à  cause  de  l'ardeur  du  soleil,  et  logeaient 
avec  grande  incommodité,  dans  des  caves 
qui  leur  étaient  préparées.  Pendant  la  mar- 
che, quand  les  vieillards  ou  les  jeunes  gens 
les  plus  faibles  n'en  pouvaient  plus,  on  les 
piquait  avec  des  dards,  ou  on  leur  jetait  des 
pierres  pour  les  presser.  Ensuite,  on  com- 
manda aux  Maures  de  lier  par  les  pieds  ceux 
qui  ne  pouvaient  marcher,  et  de  les  traîne.'" 
comme  des  botes  mortes  par  des  lieux  rudes 
el  pierreux,  oii  d'abord  leurs  habits  furent 
déchirés  et  ensuite  leurs  membres.  L'un 
avait  la  tête  cassée,  l'autre  le  C(jté  fendu; 

Flusieurs  moururent,  que  l'on  enterra  comme 
on  put  le  long  des  grands  chemins.  Les  au- 
tres arrivèrent  dans  le  désert  où  on  les  me- 
nait, et  on  leur  donna  pour  nourriture  de 
l'orge  comme  à  des  chevaux;  encore  la  leur 
ôla-t-on  ensuite.  Ce  lieu  était  plein  de  scor- 
pions et  d'autres  bêtes  venimeuses,  qui  ne 
îirenl  toutefois  mourir  aucun  des  serviteurs 
de  Dieu. 


Le  jour  do  rAsceiision  VK.'l,  en   préseric») 
de  Héuiiiiis,  audtiissadeur  de  reumcrciir  '/.i'- 
non,  lluu('Tir  envoya  .'l  l'evéquc  Kii^ene  UU 
édil   poiM'  l(j   l'airi)  lire  dniis   TK^lise,  et   il 
l'envoya  aussi  par  des  courriers  dans  toute 
l'Atrique.  11  pai  lait  ainsi  :  «  lluiiéric,  roi  des 
\aiid/il(!S   et   des  Alaiiis,  h  tous  je»  évi^ipies 
hoiiioousiens.  il  nous  n  été  souvent  (|i'd'(ïn(lu 
de  tenir  des  assciiibh'es  dans  h;  paila;;(,'  des 
Vandales,  do  peur  (pie  vous  ik;  séduisiez  les 
Ames  clirélieniies.  ()ii  a  trouvé  (pic  plusieurs 
y  ont  célébré  des  messes,  a\i  iiH'piis  de  cetio 
défense,  soutenant  (pi'ils  conservent  linlé- 
grité  de    la  foi  clir('ti(îniie.  (^cst   poiinpioi, 
no  voulant  point  soutlrir  d(î  scandale  dans 
les  [irovinces  ((ue  Dieu  nous  a  données,  nous 
avons  ordoniu' ,   du  consiinteiueiit   de    nos 
sai'its  évé(pies,  (pie  vous  veiiie/.  tous  ,'i  (bai- 
lliage le  jour  des  calendes  de  février  pro- 
chain, [)()ur  disputer  de  la  foi  avec  nos  év6- 
(pies,  et  prouver  par  les  écriluics  la  créa'ice 
des  homoousiens  (jue  vous  soutenez.  Donné 
le   treizième  des   caleîides   de  juin,  la   sep- 
l  èiiie  année  du  règne  d'ilunéric  (c'esl-h-diie 
le  '20  mai  483).  »  Les  évôcjues  (jui  se  trou- 
vèrent présents  furent    étrangement  cons- 
ternés h  la  lecture  de  cet  édil;  il  leur  parut 
être  le  signal  de  la  persécution,  {jarticuliô- 
rcment  ces   paroles  :  Ne  voulant  pas  souf- 
frir de  scandale  dans  nos  provinces,  comme 
s'il  disait  :  nous  n'y  voulons  point  souilrir 
de  catholiques.  Après  avoir  délibéré,  ils  no 
trouvèrent  ()oint  d'autre  remède  (jue  de  ten- 
ter d'amollir  ce  cœur  barbare  en  lui  faisant 
présenter  une  remontrance  par  l'évoque  Eu- 
gène. 

Elle  contenait  en  substance  que,  s'agis- 
sanl  de  la  cause  commune,  il  fallait  aussi 
appeler  les  évoques  d"oulre-mer.  La  réponse 
ciu  roi  fut  :  «  Soumettez  toute  la  terre  à  ma 
puissance,  et  je  ferai  ce  que  vous  dites.  »  Eu- 
gène r6^)liqua  :  «  il  ne  faut  pas  demander 
l'impossiole;  j'ai  dit  que  si  le  roi  veut  connaî- 
tre notre  foi,  il  |)eut  envoyer  h  ses  amis, 
c'est-a-dire  aux  princes  catholiques  ;  j'écri- 
rai aussi  à  mes  confrères,  afin  qu'ils  vien- 
nent pour  vous  montrer  avec  nous  notre  foi 
commune,  et  principalement  l'Eglise  ro- 
maine, qui  est  le  chef  de  toutes  les  Eglises.  » 
Eugène  parlait  ainsi,  non  que  l'Afrique  man- 
quât de  personnes  capables  de  réfuter  les 
objections  de  leurs  adversaires,  mais  pour 
faire  venir  des  évoques  qui,  n'étant  point  su- 
jets des  Vandales,  leur  parlassent  avec  plus 
de  liberté,  et  qui  pussent  témoigner  à  toute 
la  terre  l'oppression  que  souffraient  les  ca- 
tholiques. Hunéric  n'eut  point  d'égard  à  celte 
remontrance,  mais  il  chercha  divers  pré- 
textes pour  persécuter  les  évoques  qu'il  ap- 
prenait être  les  plus  savants.  Il  envoya  une 
seconde  fois  en  exil  l'évêque  Donatien,  après 
lui  avoir  fait  donner  cent  cinquante  coups  de 
bâton,  il  bannit  de  même  Présidius  de  Saf- 
félule.  11  fit  battre  Mansuétus,  Germain,  Fus- 
culus  et  plusieurs  autres.  Cependant  il  dé- 
fendit qu'aucun  des  siens  ne  mangeât  avec 
les  cat.holiques,  qui  se  réjouirent  de  cette 
défense. 
Le  1"  février,  jour  maraué  pour  la  confé- 


.^V7 


^I.R 


t>ER 


Ui 


ronce,  triant  prnrlio ,  los  évoques  vinrent 
nnn-spul«Mnpiit  de  tonte  1  AlVi(|u  -,  mais  des 
Iles  sujettes  aux  Vandales.  Ils  étaietit  acca- 
blés de  douleur.  On  garda  le  silence  pendant 
])lu-îieurs  jours,  jusqu'h  ce  fiu'Hunérir  eilt 
sépart^  les  plus  hahiles  pour  les  faire  mou- 
rir sur  des  calomnies.  Il  lit  bii^ler  un  des 
plus  savants  nommé  Létus,  a|)rès  l'avoir 
tenu  lonc;temi>s  en  prison,  pensant  intimider 
les  autres  par  son  exemple.  Enlin  on  vint  h 
la  conférence  dans  le  lieu  manpié  pai-  les 
flriens;  les  cath.»li<jups  clioisireiil  dixd'eiil'e 
eux,  qui  devaient  répondre  pour  tous,  a(in 
d'ùtcr  aux  ariens  le  prétexte  de  dire  rpi'ils 
les  avaient  accablés  par  leur  multitude.  Cy- 
rille était  assis  avec  les  siens,  en  un  li«'U 
élevé,  sur  un  trône  ma^niTnpie,  au  lieu  que 
les  catholiques  étaient  debout.  Ils  diieit  : 
«On  doit  garder  l'égalité  dans  une  confé- 
rence, et  il  doit  y  avoir  des  commissaires 
pour  examiner  la  vérité.  Qui  fera  ici  cette 
fonction  ?  »  Un  notaire  du  roi  répondit  :  «  Le 

patriarche  Cyrille  a  dit »  Les  catholiipies 

l'interrompirent  et  demandèrent  par  quelle 
autorité  Cyrille  prenait  ce  titre.  Alors  les 
ariens  commencèrent  h  faire  du  bruit  et  h 
calomnier  les  calholiqii(>s;  et  parce  qu'ils 
avaient  demandé  que  s'il  n'y  avait  point  de 
commiss.'iires,  du  moins  les  plus  sages  du 
peuple  fussent  spectateurs,  on  ordonna  de 
donner  cent  coups  de  bAton  <i  tous  les  ca- 
tholiques qui  étaient  iiréseiifs.  Alors  lévé- 
que  Eugène  s'écria  :  «  Que  Dieu  voie  la  vio- 
lence qu'on  nous  fait  et  la  persécution  que 
nous  souffrons.  »  Les  évoques  catholiques  di- 
rent h  Cyrille  :  «  Faites  voire  proposition.  » 
Il  répondit  :  «  Je  ne  sais  pas  le  latin.  »  Son 
prétexte  était  que  les  Vandales,  comme  les 
autres  barbare-!,  parlaimit  la  langue  tudes- 
qiie.  Les  évèques  calholicpies  répondirent  : 
«Nous  savons  certainement  ((ue  vous  avez 
toujours  parlé  lafiii;  ainsi  vous  ne  devez  pas 
apjiorler   cette  excuse ,   vu   princi()al(Mnent 

?|ue  c'est  vous  qui  avez  allumé  ce  feu.  » 
'omme  il  vit  les  évèques  catholiques  mieux 
préparés  au  combat  (|u'il  ne  jxnisait,  il  em- 
ploya diverses  chicanes,  voulant  absolument 
éviter  la  conférence.  Les  catholiques  l'a- 
vaient bien  prf'vn,  et  avai'nl  écril  une  pro- 
fessi()n  de  foi  qu'ils  tirent  lire  publiquement. 
Il  est  fort  ample  et  contient  d'abord  lex- 
})lication  de  runilf'  de  s  distance  en  Dieu 
avec  la  trinité  de  personnes,  la  nécessité 
d'em|)loycr  le  mot  grec  hnmnouains.  Tvi*iuit(^ 
oi  prouve  par  l'Ecrilure  (pie  le  Fils  est  (1(> 
mt^nie  snhsiance  que  le  Père  ,  qu'ils  sont 
égaux,  qu'ily  a  deti\  natures  eii.I(''siis-(^,hri<l. 
CMiuineiil  sa  gtuiéialifMi  esi  inexplicable, 
comment  le  l'ère  non  engendré  et  le  Fils  en- 
gendré sont  de  même  subsiance,  conimenl 
la  substnnci'  de  Dieu  est  indivisible,  que  le 
Saint-Esprit  e^l  ronsubstnntiel  nu  Père  et  an 
Fils,  et  (pie  '>ons  le  seul  nom  de  Dieu  les 
trois  personnes  sont  comprimes.  Les  évèques 
s'étendent  particulièrement  sur  la  divinité 
du  Saint-Esprit,  et  cdnclneni  on  ces  mot-  : 
T'dle  e^t  notre  foi  appuyée  sur  l'autorité 'les 
évangélistes  et  des  apôtres,  et  fondée  .«wir  la 
société  de  toutes  les  Rglises  catholiques  du 


monde,  dans  laquelle,  |)ar  la  grAce  de  Dieu 
toiit-|)uissant,  nous  ««spérons  persévérerjus- 
qn  à  la  lin  de  celte  vie.  Ce  mémoire  a  été 
envoyé  le  douzième  des  calendes  de  mai 
par  Janvier  de  Zallare  et  '\'illalique  de  Cases- 
iMoy(nines,  évè(jues  de  Nuiiudie,  liouiface  de 
Foratiane  et  Boniface  de  Gratiane,  évèques 
de  la  province  de  Byzacèue.  La  date  répond 
au  20  avril  i8V. 

A  la  lecture  de  cette  confession  de  foi,  les 
ari«nis  s'écrièrent,  se  plaignant  que  leurs 
adversaires  prissent  le  nom  de  catholiques, 
et  aussitijt  ils  rapportèrent  au  roi  qu'ils 
avaient  fait  du  bruit  pour  éviter  la  confé- 
rence. Alors  il  envoya  secrètement,  par  tou- 
tes les  provinces,  un  décret  qu'il  tenait  tout 
[irèt,  en  verUi  dnrjiKd,  tandis  que  les  évè- 
([ut;s  étaient  à  Carthage,  il  lit  fermer  en  un 
jour  toutes  les  églises  d  Afrique  et  donna  h 
ses  évèifues  tons  les  biens  des  églises  et  des 
évè(iues  catholiques,  appliquant  aux  catho- 
liques les  peines  portées  contre  les  héréti- 
ques par  les  lois  des  empereurs.  Dans  cet 
édil,  Hunéric  dit  que  les  évèques  homoou- 
siens  étant  arrivés  à  Carthage  pour  la  confé- 
rence,aprèsy  avoirdemeuréun  pendetemps, 
ont  encore  obtenu  un  délai  de  quelques 
jours.  Quand  ils  ont  dit,  ajoute-t-il,  qu'ils 
étaient  prêts  au  combat,  nos  évèques  leur 
ont  propnséqu'ils  prouvassent  par  l'Ecriture 
Yhntnoousion,  ou  «lu  moins  qu'ils  condam- 
nassent ce  que  plus  de  mille  évèques,  as- 
semblés aux  conciles  de  Rimi'ii  et  de  Séleu- 
cie,  ont  condamné  ;  ils  n'en  ont  rien  voulu 
faire,  tournant  tout  en  sédilion  par  le  moyen 
du  peuple  iju'ils  avaient  excité,  en  sorte 
qu'on  n'a  [)u  en  venir  en  la  dispute.  Ensuite 
il  leur  donne  un  délai  pour  mériter  le  par- 
don. jiis(iu'au  1"  juin  de  la  même  année, 
linilième  de  son  règne,  c'est-à-dire  i>8i  ;  l'é- 
dil  est  dalé  du  -io  février. 

Aptes  avoir  envové  cet  édil.  Hunéric  com- 
manda de  chasser  hors  de  Carthage  tous  les 
év(Vpies  ([111  y  étaient  assemblés,  sans  leur 
laisser  ni  cheval,  ni  esclave,  ni  habit  h  chan- 
ger, mais  les  dépouillant  de  tout  après  leur 
avoir  pris  ce  qu'ils  avaient  chez  eux.  Il  y 
avait  même  défense  de  les  loger,  ni  de  leur 
fournir  des  vivres,  sous  peine,  aux  conlrc- 
venants,  d'être  brilles  avec  toute  leur  mai- 
son. Les  évè(|ncs,  ainsi  chassés,  résolurent 
de  ne  point  s'éloigner,  de  peunpi'on  ne  dit 
qu'ils  avaient  fui  la  conférence;  aussi  bien, 
n'avaienf-ils  plus  ni  églises  ni  maisons. 
Comme  ils  élaieiil  ainsi  g('Mnissants  et  expo- 
sés h  l'air  autour  des  murailles  de  la  ville, 
le  roi  sortit  par  hasard,  et  ils  vinrent  tous  à 
lin  (Ui  disant  :  «  Quel  mal  avon>-nous  fait 
pour  être  traités  ainsi?  Si  nous  sommes  as- 
seinl>l('«s  pour  une  conférence,  poun^uoi  nous 
dépouiller,  nous  chasser,  nous  faire  mourir 
de  faim  et  de  soif?»  Le  roi,  les  regardant 
de  travers,  avant  (pi<>  d'avoir  ouï  leurs  ro- 
inonlrances,  lit  (Mjurir  sur  «ni\  des  cavaliers 
(pii  eu  blessèrent  plusieurs,  principalement 
des  pins  vieux  et  (ie>  plus  foibles. 

On  leur  donna  ordre  de  se  trouver  en  un 
lieu  nommé  le  Temple  de  Mémoire.  Là,  on 
leur  montra  un  papier  roulé  et  ou  leur  dit  ; 


r;iO  M'R 

«  1,('  roi,  (|ii(ii(lii('  iirilr  do  volid  di'sohi^s- 
Sincc  ,  veuf  Uiuldnis  vfiiis  hii")  Iniilcr  m 
vous  jurez  ili'  l'iii''  <■'*  <|"'  *"^'  <''"ili"ni  (Iriis 
(•(*  |)«l>i('r;  il  vous  n'iivcrrn  h  vos  c.^lisi's  cl  ii 
vos  iiiiiiso'is.  ))  Tous  les  (''V(^(jii('s  rriioruli- 
riMil  :  «  Nous  disons  cl  iimis  dirons  (onjoiirs 
(MIC  nous  soMMUcs  clMH'liciis  cl  (■•vi''(|iics.  Nous 
Icnons  \i\  loi  a|)ostolii|nc  seule  cl  v<''ril;dde;  » 
(«t  connue  ou  les  |>rcss;ul  de  l'iiirc  ce  scr- 
nieul,  llorinlau  d  riorculic'i  dirciil  ;ui  nom 
de  liiiis  :  «  SouuiU'S-iious  des  IxMcs,  pour  Ju- 
rei-  au  hasard,  sans  savoir  ce  (|nc  conlictd  (  (• 
))ai>ier?  »  Les  émissaires  du  roi  leur  diicul  : 
«Jure/.  (|u'a|trcs  la  mort  du  roi  vous  d(''sire/, 
qu(>  so'i  lils  llildi'ric  Ini  succède,  on  qn'aM- 
iMni  de  vons  n'enverra  des  lellies  oiilre-mer. 
Si  vous  |tr(Me/.  vo  sorn\enl,  il  vous  rendra 
vos  Kf^liscs.  »  Plusieurs  erni'rul  par  simpli- 
cilé  (pj'ils  povivaieid  t'air(>  ce  sermenl,  d(! 
penr  ([ue  le  pen|>le  ne  Iciu- repro(;liAl  qu'il 
u'.ivnil  tcuu  ipi'à  ou\  (pi'on  ne  rendît  les 
(^i;;lises.  I,es  autres,  conuaissaul  la  fraude, 
110  voulurent  point  jurer  et  dirent  :  «  (Jn'il 
osl  détendu  dans  ITlvan^i^ile,  par  ces  paroles 
d(»  Nolr(>-StMgneur  :  Vous  ne  jurerez  point  du 
tout:  que  ceux  (pii  veulenl  jurer  S(>  retirent 
d'iui  côté,  »  et  connue  ils  se  séparèrent,  les 
notaires  écrivai(>nt  ce  que  chacun  disait  et 
do  ([ui'lle  vill(>  il  était  ;  tout  de  mémo  de  ceux 
qui  ne  voulaiiMit  noint  jurer,  et  aussitôt  l;'s 
lins  et  Itvs  autres  lurent  mis  en  prison.  Puis 
les  Vandales  dirent  à  c(hix  qui  ollVirent  do 
jurer  :  «  Parce  que  vous  «ivez  voulu  jurer 
contre  le  précepte  de  l'Kvangile,  le  roi  or- 
donne que  vous  ne  voyiez  jamais  vos  villes 
ni  vos  e^^lises  ;  mais  vous  serez  relégués,  et 
on  vous  donnera  des  ferres  h  cultiver  comme 
serfs,  à  la  charge,  toutefois  que  vous  no 
chanterez  ni  ne  prierez,  ni  ne  porterez  point 
à  la  main  de  livre  pour  lire,  que  vous  n'ad- 
ministrerez ni  les  ordres,  ni  le  baiitème,  ni 
la  pénitence.  On  dit  aussi  à  ceux  qui  refu- 
saient de  jurer  :  «  Vous  n'avez  pas  voulu  ju- 
rer, parce  que  vous  ne  souhaitez  pas  le  rè- 
gne du  fils  de  notre  roi.  C'est  pourquoi  vous 
serez  relégués  dans  File  de  Corse,  et  occu- 
pés à  couper  du  bois  pour  la  construction 
des  vaisseaux.  » 

Saint  Eugène  de  Carthage,  voyant  qu'on 
l'eunnenait  en  exil  sans  lui  donner  le  temps 
d'exhorter  son  troupeau,  écrivit  une  lettre 
où  il  les  conjure,  j^ar  la  majesté  do  Dieu  et 
l'avènement  de  Jésus-Christ,  do  demeurer 
fermes  dans  la  foi  de  la  Trinité  et  d'un  seul 
baptême,  sans  souliVir  d'être  rebaptisés.  11 
proteste  qu'il  sei-a  innocent  du  sang  do  ceux 
qui  périront  et  que  cette  lettre  sera  lue  con- 
tre eux  devant  le  tribunal  de  Jésus-Christ; 
il  leur  recommande  la  prière,  le  jeûne  et 
l'aumône,  et  de  ne  point  craindre  ceux  qui 
ne  peuvent  tuer  que  le  corps.  Avec  lui, 
étaient  Vindémial,  évêque  de  Capse,  dans  la 
province  Byzacène,  et  Longin  de  Bamare 
dans  la  Mauritanie  Césarienne.  Nous  avons 
le  catalogue  des  évèques  de  toutes  les  pro- 
vinces d'Afrique  qui  étaient  venus  h  la  con- 
férence et  qui  furent  envoyés  enexil,  savoir: 
cinquante-quatre  do  la  province  proconsu- 
lairo,  cent  vingt-cinq  de  Numidio,  cent  sept 


l'Kfl 


m 


de  1,1  puniiicc  Byzacène,  cent  vil)^l  dr  la 
Maiirilaiiie  cés/irieruie  ,  (|U/iraii(<'-(piatre  de 
celle  de  Sililj,  cinq  de  Tripoli,  liiill  de  Snr- 
dal^;'lc  cl  (IcN  lies  voiîiuies  :  en  tout,  quatre 
cent  soi\ant(!-Nix  ('ivê(juf«,  doiil  il  iiiotiriil 
qiialrc-viiiKl-hiiif.  Il  y  en  cnt  ipianinle-six 
rch'gués  en  Corse;  trois  cent  deux  ail|ellr^: 
vingt-huit  s'enfiiircnl.  l'Iiisienr.s  «'•vèqiies  l'ii- 
re'il  reh''^ui's  près  de  lini'  |iays,  ce  qu'Hii- 
îK-ric  l'aisail  par  malice,  «lin  de  les  leiiU-r 
plus  violeirimi'iit  de  renoncer  l\  la  foi. 

Avaiil  (pie  les  évè(pies  fiissenl  coiiduilscn 
exil,  llnncricciivoya  des  bomreanx  p;ir  loulo 
rAlri([iie,  pour  n'épaignei- fiorsonni;,  ni  Age, 
ni  sexe,  Tii  ceux  ipii  résisieraieiil  h  su  vo- 
lonté. On  faisait  mourir  hvs  uns  a  cfjiips  dcj 
b.Uoii,  on  pendait  ou  on  brôldil  les  autres; 
on  dépouillail  les  feinni(;s,  principaleiiKMil 
les  nobles,  pour  les  toiinneiler  pidjli(|ue- 
nienl.  Une  nommée  Denyse,  plus  hardie  et 
|»iiis  belle  (pie  les  antres,  lui  dit  :  «  'J'our- 
juenloz-moi  comme  il  vous  plaira,  épargnez- 
moi  seulement  la  honte  de  la  nudité  ;  mais 
ils  relevèrent  plus  haut  pour  la  donner  en 
spectacle,  'i'andis  qu'on  la  battait  do  verges 
et  (juo  les  ruisseaux  de  sang  ('onlaiontde  son 
corps,  elle  disait  :  «  Minislix's  du  démon, ce 
que  vous  faites  pour  ma  confusion  est  ma 
gloire,  »  et  comme  elle  était  savante  dans  les 
Ecritures  elle  exhortait  les  autres  au  mar- 
tyre. Elle  avait  un  lils  encore  jeune  et  déli- 
cat nommé  Majoric,  et  voyant  (lu'il  craignait 
les  tourments,  elle  jetait  sur  lui  des  œilla- 
des sévères  et  lui  faisait  ûcs  re[)roches  avec 
son  autorité  mateinolle,  lui  disant  :  «  Sou- 
viens-toi, mon  fils,  que  nous  avons  été  bap- 
tisés au  nom  de  la  Trinité  dans  l'Eglise  ca- 
tholique, notre  mère.  Ne  perdons  pas  le  vê- 
tement do  notre  salut,  de  peur  que  le  maître 
du  fystin,  ne  nous  trouvant  pas  la  robe  nui)- 
tialo,  ne  dise  à  ses  serviteurs  :  Jetez-les  dans 
les  ténèbres  extérieures.  «Le  jeune  h(jmme, 
fortifié  par  ses  discours,  souffrit  constam- 
ment le  martyre,  et  sa  mère,  l'embrassant, 
rendit  grâce  à  Dieu  à  haute  voix,  et  l'enseve- 
lit dans  sa  maison  pour  prier  sur  son  tom- 
beau. Plusieurs  autres  dans  la  même  ville 
souffrirent  le  martyre  par  ses  exhortations, 
savoir  :  sa  sœur  Dative  et  le  médecin  Ense- 
lius  son  parent, Léoncia,  fils  de  l'évêque  Ger- 
main, Terlius  et  Boniface;  ils  souffrirent 
tous  de  grands  tourments. 

Un  honune  noble  de  Suburge,  nommé  Ser- 
Yus,  après  un  grand  nombre  de  coups  de 
bâton,  fut  élevé  avec  des  poulies  et  souvent 
lâché  pour  tomber  de  tout  son  poids  sur  le 
pavé  des  rues.  On  le  traîna  plusieurs  fois  et 
ou  le  déchira  avec  des  pierres  tranchantes, 
en  sorte  que  la  peau  lui  pendait  des  côtes, 
du  dos  et  du  ventre.  A  Cucuse,  il  y  eut  une 
multitude  innombrable  de  martvrs  et  de 
confesseurs,  entre  autres,  une  femme  nom- 
mée Victoire  ;  comme  on  la  brûlait  suspen- 
due en  l'air,  son  mari  lui  disait  ce  qu'il  pou- 
vait de  plus  touchant,  l'exhortant  à  avoir  au 
moins  pitié  de  ses  enfants;  mais  elle  n'en  fut 
point  ébranlée.  Lorsqu'on  vit  qu'elle  avait  les 
épaules  démises  et  qu'elle  ne  respirait  plus, 
on  la  dépendit.  Elle  raconta  depuis  qu'une 


851 


PER 


PER 


5.^)2 


viergo  lui  avait  apparu,  qui  la  toucha  par 
tout  le  corps,  et  qu'anssiuM  elle  fut  guérie. 
Victorir'n,ril,iyon  crAdrumùte,  était  alors  pro- 
consul (le  Cartilage,  c'est-h-tlire  gouverneur 
pour  lo  roi.  C'était  l'homme  d'Afrique  le  plus 
riehe,  et  le  roi  qui  avait  en  lui  une  très- 
grande  confiance,  lui  manda  que  s'il  ohéis- 
sait  h  ses  ordres,  il  le  tiendrait  pour  le  plus 
cher  de  ses  domestiques.  Victorien  ré[ion- 
dit  :  «  Dites  au  roi  au'il  m'expose  au  feu  ou 
aux  bètes,  qu'il  me  rasse  soutfrir  toutes  sor- 
tes de  tourments;  si  je  me  rends,  c'est  en 
vain  (jue  je  suis  baptisé  dans  l'Eglise  catho- 
lique; car  quand  il  n'y  aurait  que  celte  ville, 
je  ne  voudrais  pas  pour  un  peu  de  gloire  tem- 
porelle èlre  ingrat  au  Créateur  qui  m'a  fait  la 
grâce  de  croire  en  lui.  »  Le  roi,  irrité  de  cette 
réponse,  lui  fit  souffrir  de  grands  tourments 
et  pendant  longtemps  ;  ainsi  il  consomma 
heureusement  son  martyre. 

A  Tambaie,  deux  frères  prièrent  les  bour- 
reaux de  leur  faire  souffrir  le  même  supplice. 
On  les  tint  suspendus  tout  le  jour  avec  de 
grosses  pierres  aux  pieds.  Un  d'eux  den)anda 
quartier  et  pria  qu'on  le  descendit;  mais  son 
frère,  encore  suspemlu,  lui  criait  :  «  Non, 
non,  mon  frère,  ce  n'est  pas  là  ce  que  nous 
avons  juré  h  Jésus-Christ  ;  je  t'accuserai, 
quand  nous  serons  devant  son  trône  redou- 
table, que  nous  avons  juré  sur  son  corps 
et  son  sang  de  souffrir  ensemble  pour  lui.  » 
Par  ces  discours  el  plusieurs  autres,  il  en- 
couragea si  bien  son  frère,  qu'il  s'écria  : 
«  Faites-moi  souffrir  tous  les  tourments  que 
vous  voudrez;  je  ferai  comme  mon  frère.  » 
On  leur  appliqua  tant  de  lames  ardentes  et 
on  les  dérliira  tant  avec  les  ongles  de  fer, 
que  les  bourreaux,  rebutés,  les  chassèrent 
en  disant  :  «  Tout  le  peuple  les  imite  et  per- 
soiHie  ne  se  convertit  à  notre  religion.  »  Ce 
qu'ils  disaient  princi))alemenl  parce  qu'on  no 
voyait  en  eux  ni  meurtrissures,  ni  aucune 
trace  de  tourments. 

A  Typage,  dans  la  Mauritanie  césarienne, 
les  ariens  ordonnèrent  un  évèquc  ([ui  avait 
été  secrétaire  de  Cyrille;  ce  que  voyant,  les 
habitants  s'embarquèrent  tous  pour  passer 
en  Kspagne  dontiU  ('-taicnt  pioches,  exrejité 
un  très-petit  nombre  (jui  ne  trouvèrent  point 
h  s'»!mbar(pu:'r.  I.'évèipie  arien  s'ellor.;a  de 
les  perveitn-,  j)renuèrement  par  caresses  et 
puis  par  nu'naces  ;  mais  ils  ^e  moquèrent  de 
Jui  et  s'assemblèrent  dans  une  niaison  où 
ils  célébrèrent  pul)li(iueuu'nl  les  n)ystères. 
L'évéïjue  l'ayant  api'ris,  envoya  secrètement 
h  Cartilage  une  relation  contre  eux  ;  surquoi, 
le  roi  irrité  envoya  un  eacute  aviM'  ordi(>  de 
leur  couper  h  tous  la  langue  el  la  main  droite, 
dans  la  plar  e  publique,  en  présence  de  toute 
la  province.  C»  la  fut  e\i'culé:mais  quoiqu'on 
leur  eût  rouné  la  langue  jusqu'à  la  racine, 
ils  ne  laissèrent  |)nN  de  |)ailt>r  aussi  bien 
(pi'auparavant.  «  Kt  *<i  quelqu'un  ne  le  veut 

rs  croire,  ajoute  Victor  do  Vite,  (ju'il  aille 
Constnntinople,  et  il  trouvera  un  s(»us- 
dincre  d'entre  eux,  nommé  Ut-pai al,  (jui  parle 
nettement,  sans  aucune  i>eiiie,  et  qui  par 
cette  raison  est  singulièrement  lionoré"dans 


f 


le  palais  de  l'empereur  Zenon,  principale- 
ment par  rimpératricp. 

Victor  n'est  pas  le  seul  témoin  de  ce  mira- 
cle. Enée  de  Gaze,  philosophe  platonicien, 
qui  était  alors  à  Constantinople  ,  en  parle 
ainsi  à  la  fin  de  son  dialogue  sur  la  ré->urrec- 
tion  :  «  Je  les  ai  vus  moi-ihéme,  je  les  ai  ouis 
parler,  et  j'ai  admiré  que  leur  voix  pût  être 
si  bien  articulée.  Je  cherchais  l'instrument 
de  la  parole,  et  ne  croyant  pas  h  mes  oreil- 
les, j'ai  voulu  en  juger  par  mes  yeux,  et  leur 
ayant  fait  ouvrir  la  bouche,  j'ai  vu  toute  la 
langue  arrachée  jusqu'à  la  racuie,  et  me  suis 
étonné  non  de  ce  qu'ils  parlaient,  mais  de 
ce  qu'ils  vivaient  encore.  »  L'historien  Pro- 
cope,  parlant  de  cette  persécution  d'Hunéric, 
dit  :  «  Il  fil  couper  la  langue  à  plusieurs, 
qui  de  mon  temps  se  promenaient  à  Constan- 
tinople,  parlant  librement  sans  se  sentir  de 
ce  supplice.  Mais  il  y  en  a  eu  deux  qui, 
ayant  péché  avec  des  femmes  abandonnées, 
cessèrent  de  parler.  Le  comte  Marcellin  dans 
sa  chronique  dit  :  Le  roi  Hunéric  fit  couper 
la  langue  à  un  jeune  homme  catholi(iue, 
muet  de  naissance  ;  mais  sitôt  qu'il  eut  la 
langue  coupée,  il  parla  et  commença  par 
donner  gloire  à  Dieu.  J'ai  vu  quelques-uns 
de  celte  troufie  de  fidèles,  à  Constanlinople, 
qui  avaient  la  langue  el  la  main  coupées  et 
parlaient  parfaitement.  L'empereur  Justinien 
témoigne  aussi  l'avoir  vu  dans  une  constitu- 
tion faite  depuis  pour  l'Afrique.  » 

Hunéric  n  épargna  pas  même  les  Vandales 
catholiques,  et  n'eut  aucun  égard  à  l'inter- 
cession d'Uranius,  ambassadeur  de  Zenon. 
Au  contraire,  pour  montrer  le  mépris  qu'il 
faisait  de  lempereur  et  des  Romains,  il  fit 
mettre  le  plus  de  bourreaux  et  les  plus  cruels 
dans  les  rues  el  les  places  où  rambas>adeur 
devait  passer  pour  venir  au  palais.  On  vit 
longtemps  les  marques  des  cruautés  exer- 
cées dans  celte  persécution  :  les  uns  étaient 
sans  mains  ou  sans  pieds,  d'autres sansyeui, 
sans  nez  ou  sdns  oreilles;  d'autres,  à  force 
d'avoir  été  suspendus,  avaient  les  épaules 
démises  et  élevées  au-dessus  de  la  tète  ;  car 
étant  attachés  au  haut  des  mais(uis,  on  les 
poussait  avec  les  mains  pour  les  jeter  en 
l'air  :  ipielquefois  la  corde  se  rompait,  cl  ils 
se  cassaient  la  tète  ou  les  jambes. 

Dagila,  femme  d'un  échanson  du  roi,  qui 
avait  déjfi  C(Uifessé  plusieurs  fois  sous  Gen- 
séric,  (pioique  noble  el  délicate,  après  avoir 
soulVert  |)lusi(Mirs  coups  de  fouet  et  de  bAlun, 
fut  envoyée  en  exil  <iaiis  un  lieu  .«ec  el  dé- 
sert, où  elle  ne  pouvait  recevoir  consolation 
de  personne,  laissant  avec  joie  sa  maison, 
son  mari  t>l  ses  entants.  On  lui  offrit  ensuile 
de  la  transférer  à  une  solitude  moins  rude, 
mais  elle  refusa. 

Sej)l  moines  souffrirent  aussi  le  martyre, 
savoir  :  Libérât,  abbé,  Boniface,  diacre,  Ser- 
vus  et  Rusliipie,sous-ili,\cres.Rogat.Se()tiiiuî 
el  Maxime,  simphvs  inouïes.  Ils  étaient  du 
territoire  de  Capse,  mais  on  les  attira  àC(ir- 
thage  et  on  les  tenta  d'abord  par  des  promes- 
ses flatteuses,  loui  proposant  une  grande  for- 
tune et  mènii'  la  faveur  du  roi.  Comme  ilsde- 
meurèreiil   fermes  dans  la  foi  de  la  Trinité 


r.;;8 


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l'Kll 


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cl  il'im  .seul  l);i|il<^iiii",  on  les  mil  diai'^i^  de 
cliiiincs  (l/itis  iiiH)  obscuid  prison.  Mais  le 
|MMi|iln  li(l(M(>.  ayiml  i^aKiir  les  i^anlcs  |tai-  pn'!- 
scMls,  los  visitait  jour  cl  iiiiil  pimi-  recevoir 
l(Mirs  iiislnietioiis  ol  s'oiicouraKi  r  un  iiuir- 
lyr(».  F-i^  roi  l'ayai»!  appris,  les  lil  charner  lo 
fi'rs  plus  pcvsaiiLs  cl  soiilVrir  des  loiiniieiils 
inoms  jiiscpralors.  Puis  il  coiiiiiiaïKJa  d'eiu- 
plir  nii  vaisst>aii  de  meiui  hois  sec,  de  les  y 
allaclicr,  et  aprt^'s  les  avoir  nieiiés  en  mer,  y 
nicUro  le  l'eu.  On  les  tira  do  la  prison,  suivis 
d'uni'  iiiiillilude  depeiipie  (pi'ils  exliorlaienl 
au  iuarl\  re.  Oh  lil  ili-s  cllorls  [larliculiers 
pour  séduire  Ma\inu;  ({ui  était  encore  fort 
leunc,  mais  il  prolesla  liardinieiil  (pi'il  n(! 
voulait  point  se  séparer  de  son  père  Libéral 
et  de  ses  frères.  KtanI  menés  dans  le  vais- 
seau, ils  furent  attachés  sur  le  bois  ;  mais 
-luand  on  y  eut  nus  le  feu,  il  s'étoit|,nit  aus- 
sitôt, ot  quoitpron  essayAt  plusieurs  fois  do 
lo  rallumer,  on  ne  put  jamais  y  réussir.  Le; 
roi,ciinlus  et  irrité,  leur  lit  casser  la  télo  à 
coups  d'aviron  ;  on  jeta  leurs  corps  dans  la 
moniuiles  rendit  aussitôt  contre  l'ordinaire; 
et  1(>  peuple  (jui  était  présent  les  ensevelit 
honorablement,  conduit  par  le  clergé  de  l'E- 
l^lise  de  Carthage,  entre  autres  l'archidiacre 
Salularis  et  le  second  diairi;  Muritta  qui 
avaient  déjà  confessé  la  foi  |)ar  trois  fois  et 
((ui  portèrent  les  reli(iuos.  Kilos  furent  en- 
terrées avec  le  chanl  solennel  au  monastère 
de  Bigua,  près  la  hasili([ue  de  Célérine. 

L'évètiue  Eugène  étant  déjà  en  exil,  on 
bannit  aussi  tout  le  clergé  de  llarthage,  com- 
posé do  plus  de  cinc}  cents  ^lersonnes,  après 
leur  avou'  fait  soutfiir  la  laim  et  les  tour- 
ments. Le  diacre  iMuritla  se  signala  entre  les 
autres.  L'otlicier  le  plus  ardent  à  faire  tour- 
menter les  catholiques  était  un  apostat  nom- 
mé Elpidifore  qui  avait  été  baptisé  par  les 
calholiciues  dans  l'église  de  Fauste  et  levé 
des  fonts  par  le  diacre  Muritta.  Comme  on 
appelait  par  ordre  tout  lo  clergé  pour  être 
exposé  aux  tourments,  après  les  prêtres 
vint  l'archidiacre  Salutaris,  puis  le  second 
diacre  Muritta,  qui  était  un  vieillard  vénéra- 
ble. Quand  on  commença  à  l'étendre  avant 
qu'il  fiU  dépouillé,  on  lira  tout  d'un  coup  les 
linges  dont  il  avait  couvert  Elpidifore  au  sor- 
tir des  fonts  et  qu'il  avait  cachés  sous  ses  ha- 
bits, et  les  ayant  étendus  devant  tout  le 
monde,  il  dit  à  Elpidifoi'e,  qui  était  assis 
comme  son  juge  :  «  Voilà  les  linges  qui  t'ac- 
cuseront (juand  le  grand  juge  viendra,  et  qui 
te  précipiteront  dans  le  puits  de  soufre,  parce 
que  tu  t'es  revêtu  de  malédiction  en  perdant 
le  sacrement  du  vrai  baptême  et  de  la  foi.»  Il 
lui  lit  plusieurs  autres  reproches  semblables, 
et  Elpidifore  confus  n'osa  rien  répondre. 

Après  avoir  fouetté  et  tourmenté  ces  con- 
fesseurs, on  les  envoya  en  exil,  et  pendant 
le  chemin,  àla  persuasion  des  évoques  ariens, 
on  lâcha  après  eux  des  gens  impitoyables 
pour  leur  ôter  ce  que  les  tidèles  leur  avaient 
donné  par  compassion  pour  leur  subsistance. 
Deux  Vandales  qui  avaient  souvent  confessé 
sous  Genséric,  accompagnés  de  leui-  mère, 
abandonnèrent  tous  leurs  biens  et  suivirent 
les  clercs  de  Carthage  dans  leur  exil.  Un 

Diction N.  des  Persécctioxs.  IL 


aposial,  iiomnu'!  TluMirarius,  qui  avait  ('•ii'' 
lecteur  (>l  avait  nu  sous  sa  conduite  de  jeu- 
nes eiir,ilits  qui  Jippienaietit  le  chaut,  con- 
seilla d'en  rappeler  duu/.e  (piil  connaissfUt 
[jour  avoir  les  plus  i)cllr's  voix.  Ou  envoya 
en  diligence  pniii-  les  ramener  ;  ils  ne  v(»u 
laieiil  point  (pnller  les  saints  confesseuis  et 
s'attachaient  h  leurs  hcikjux  «mi  phiuranl  ; 
mais  les  lié-n'-liques  les  (;n  séparéri-iit  l'i-pi'-o 
à  la  main  et  les  ramenèrent  h  (larlhage.  On 
essaya  d'abord  de  les  Kamier  par  raresses, 
ensuite  on  les  loiirmenla  à  pliisiims  repri- 
ses et  on  les  chari^ea  à  coiins  de  h.Uon,  iiiai.s 
ils  demeurèrent  inébranlables.  La  persécu- 
tion étant  passé'e,  la  ville  de  (larlhagr'  les 
respectait  cfjmnu!  dou/.o  a|)otres;  ils  demeu- 
raient ensemble,  mangeaient  ensembh;  et 
chaulaient  ensemble  les  louanges  de  Dieu. 
Les  evèquos  et  les  clercs  ariens  persécu- 
taient |)lus  cruellement  les  caiholi(pies  que 
le  roi  et  les  autres  Vandales.  Ces  évêcpies 
marchaient  partout,  l'épéeau  côté,av(!c  leurs 
clercs;  et  lo  plus  cruel  de  tous  était  Antoine, 
voisin  lin  désert  do  Tripoli;  il  détermina  le 
roi  Hunéric  (jui  le  connaissait,  à  envoyer 
dans  ce  désert  Eugène,  évéque  de  Carthage; 
et  Antoine  ayant  oi'dre  de  le  gai-der,  le  mit 
dans  une  si  étroite  [)rison  qu'il  ne  le  laissait 
voir  à  personne  ;  il  chercha  même  plusieui-s 
inventions  j)0ur  le  faire  périr.  Saint  Eugène, 
touché  des  aiUictions  de  son  Eglise,  portait 
un  cilicect  couchait  sur  la  terre  couverte  seu- 
lement d'un  sac.  Celte  austérité,  jointe  à  sa 
vieillesse,  lui  attira  une  paralysie  qui  lui 
embarrassait  môme  Ja  langue."  Antoine  fit 
chercher  du  vinaigre  très-fort  et  lui  en  lit 
boire  malgré  lui,  croyant  qu'il  en  perdrait  la 
vie.  Son  mal  augmenta  en  elfet,  mais  il  ne 
laissa  pas  d'en  guérir. 

Un  autre  saint  évéque,  nommé Habetdéum 
était  aussi  relégué  à  Tamalluine,  où  Antoine 
était.  Ne  pouvant  l'obliger  à  se  faire  arien, 
il  le  lit  lier  pieds  et  mains,  et  lui  fit  fermer 
la  bouche  de  peur  qu'il  ne  criât  ;  puis  il  lui 
versa  de  l'eau  sur  le  corps  pour  le  rebapti- 
ser; ensuite  il  le  fit  délier  et  lui  dit  avec 
joie  :  Mon  frère,  vous  voilà  maintenant  chré- 
tien comme  nous,  que  pourrez-vous  faire 
désormais,  sinond'obéir  à  la  volonté  du  roi? 
Lo  saint  évéque  répondit  :  J'ai  toujours  con- 
servé la  même  foi,  et  tandis  que  vous  me  fer- 
miez la  bouche,  je  faisais  dans  mon  cœur 
une  protestation  que  les  anges  écrivaient 
l)0ur  la  présenter  à  Dieu.  Cette  violence 
était  générale.  On  avait  envoyé  partout  des 
Vandales  pour  prendre  ceux  qui  passaient 
sur  les  chemins  et  les  amener  aux  évoques 
ariens  qui  les  rebaptisaient  et  leur  en  don- 
naient des  certificats  par  écrit,  de  peur  qu'on 
ne  leur  fit  ailleurs  la  même  violence.  On  ne 
laissait  passer  ni  les  marchands,  ni  les  au- 
tres particuliers  sans  ces  certificats.  Les  évo- 
ques et  les  prêtres  ariens  allaient  même  la 
nuit,  avec  des  troupes  de  gens  armés, parles 
villes  et  les  bourgades,  enfonçaient  les  por- 
tes et  entraient  dans  les  maisons,  portant  de 
l'eau  dont  ils  arrosaient  jusqu'à  ceux  qu'ils 
trouvaient  dormant  dans  leurs  lits ,  puis 
.  criaient  qu'ils  les  avaient  faits  chrétiens.  Les 

18 


PER 

mieux  instruits  ne  s'en  nielt.iienl  pas  en 
peiiie;  le»  plus  sinij)les,  so  croyant  souillés, 
)»'tniiMit  jMissitOt  (le  l.i  cendre  surleur  tètf,  se 
couvraii-nt  de  cUices  ou  se  frottaient  de 
boue,  d«^*chiraient  leslinges  dont  on  les  avait 
couverts  et  les  jetaient  dans  les  cloaques. 

A  (larlhage,  on  enleva  ainsi,  par  ordre  de 
Cyrilla,  le  (ils  d'un  homme  noble,  Agé  seu- 
lement de  sept  ans,  tjui  criait  :  «  Je  suis 
chrétien  !  »  Et  sa  mère,  les  cheveux  épar.s, 
le  suivait  en  courant  tonte  la  ville.  Ils  for- 
mèrent la  bouche  h  cet  enfant  et  le  plongè- 
rent dans  leurs  fonts.  Ils  traitèrent  de  même 
les  enfants  du  médecin  Libérât,  qui  avait  été 
condamné  ou  bannissement  |)ar  sa  famille. 
Les  ariens  s'avisèrent  de  séparer  les  enfants; 
et  comme  Libérât  les  regrettait,  sa  femme 
arrêta  ses  larmes  en  disant  :  «  Quoi  I  per- 
drez-vous  votre  ànie  pour  vos  enfants? 
Comptez  qu'ils  ne  sont  pas  nés;  Jésus-Christ 
les  réclamera.  Ne  les  entendez- vous  i)as 
crier  :  «  Nous  sommes  chrétiens  !  »  Comme 
on  avait  rais  Libérât  et  sa  femme  dans  des 
prisons  sé|)arées,  O'i  dit  à  la  femme  que  son 
mari  avait  obéi  au  roi.  «  Que  je  le  voie,  dit- 
elle,  et  je  ferai  ce  qu'il  plaira  à  Dieu.  On  la 
tira  de  prison  :  elle  vil  son  mari  dt'vant  le 
tribunal,  enchaîné  avec  une  grande  multitude; 
et  le  prenant  à  la  gorge,  elle  lui  dit  :  «  Mi- 
sérable 1  indigne  de  la  grAce  de  Dieu,  jiour- 
quoi  veux-tu  périr  éternellement  pour  une 
gloire  passagère  ?  A  quoi  te  serviront  l'or  et 
l'argent  ?  Te  délivreront-ils  du  feu  de  l'en- 
fer ?  »  Son  mari  lui  répondit  :  «  Qu'avez- 
vous,  ma  femiue  ?  Que  vous  a-t-on  dit  de 
moi  ?  Je  suis  toujours  catholique,  jjar  la  grAco 
de  Jésus-Christ,  et  ne  perdrai  jamais  la  foi.  » 

Plusieurs,  tant  hommes  que  femmes,  crai- 
gnant la  violence  de  cette  persécution  ,  se 
retirèrent  dans  les  déserts  et  y  moururent  do 
faim  ou  de  froid  ;  ainsi  Cresconius,  prêtre 
do  la  ville  de  Myzente,  fut  trouvé  mort  dans 
une  caverne  du  mont  do  Zi(|ue.  11  y  eut  on 
ce  tem|)S-là  une  sécheresse  extrême  |)ar 
toute  l'Afrique,  qui  causa  uîie  grande  fiunmo 
et  ensuite  u!ie  peste ,  et  ces  Iléaux  furent 
regardés  comme  une  punition  divine  de  la 
persécution.  On  regarda  de  mèn)e  la  mort 
d'Hunéric;  car  a|)rès  avoir  ré,.;né  sept  ans  et 
dix  mois,  il  mourut  en  48V  dune  maladie 
de  corru|)lion,  fouruiillanl  de  vers  et  tom- 
bant par  pièces.  Il  eut  pour  successeui  (ïon- 
taniond,  (ils  de  son  Iri  re  (îenton. 

Kn  'iSV,  la  persécution  avait  reconnnencé 
en  AlVifpie.  Le  roi  (lo'Uamo'id,  awnil  sn(3- 
cédé  h  Munéric,  rendit  la  paix  à  l'K-lise 
et  rappela  les  calholi(iues  exilés.  La  troi- 
sième année  de  son  règne,  il  rendit  ii  ceux 
de  Carth.ij;e  le  cimetière  de  Sainl-Agilt-e, 
ayant  déj'i  rappelé  d'exil  révé(pie  lùigène. 
La  di\H"'nifl  année,  en  49'»,  il  ouvrit  toutes 
les  églises,  après  (pTelles  eurent  été  fermées 
dix  ans,  six  nK)is  et  r\\u\  jours,  depuis  le  7 
lévrier  de  la  huitième  année  d  Hunéric,  jus- 

âu'au  dernier  jour  d'aoOi  do  cette  année. 
ontamond  rappela  aussi  Ions  les  autres 
Hvèques,  h  la  prière  île  saint  lùigène;  mais 
il  mourut  d  u\  ans  après,  et  sou  Irère  Tiasa- 
liiond  lui  sucrt^da    le  ^   sepleml>re   V'.Hi.  Il 


PER 


5â() 


persécuta  les  catholiques,  non  nar  violence 
comme  ses  prédécesseurs,  mais  leur  promet- 
tant des  rharges,  des  digniti's,  de  l'argent  ou 
rinq)unilé  des  crimes,  il  défendit  d'ordonner 
des  évoques  aux  églises  qui  en  manquaient, 
mais  ceux  qui  restaient  résolurent,  de  con- 
cert, de  ne  point  obéir  à  cet  ordre.  Ils  pen- 
sèrent que  la  colère  du  roi  s'apaiserait,  ou 
que  si  la  persécution  s'excitait,  les  nouveaux 
evèques  consoleraient  les  peu['les  et  gagne- 
raient la  couronne  du  niart>re.  On  croit  que 
cette  résolution  fut  prise  l'an  507,  et  deux 
ans  auparavant ,  Kugèue  de  Carthage  était 
mort  à  Albi.  dans  les  (iaules,  où  sa  mémoire 
est  e'icore  célèbre  et  honorée,  comme  dans 
toute  l'Eglise ,  le  treizième  de  juillet.  Il 
pouvait  y  avoir  été  envoyé  par  Trasamond, 
ami  d'Alaric,  roi  desVisigoths  et  arien  com- 
me lui.  Saint  Eugène  mourut  sous  le  consu- 
lat de  Théodore,  qui  est  l'an  503. 

Suiv.mt  la  résolution  prise  par  les  évo- 
ques, on  élut  promptement  plusieurs  prêtres 
et  plusieurs  diacres  que  l'on  enlevait  aussi- 
tôt, et  on  les  consacrait  évêques  ;  chaque 
ville  s'em[)ressait  pour  n'être  pas  la  dernière 
à  remplir  son  siège.  La  province  Byzacène 
fut  bientôt  pleine  d'évèques,  et  le  roi  irrité 
avait  déjà  ré.>oiu  de  les  envoyer  tous  en  exil, 
et  premièrement  le  primai  Victor,  qui  les 
avait  ordonnés.  Il  fut  pris  et  mené  à  Car- 
thage, en  sorte  que  la  ioie  des  nouvelles 
ordinations  fut  suivie  d  une  plus  grande 
tristesse.  Alors  saint  Fulgence  fut  ordonné 
évèque  de  Kupse,  ville  célèbre  de  la  même 
province;  et  il  devint  lui-même  si  illustre 
que  l'histoire  e<'ciésiastique  fait  de  lui  une 
me:ition  toute  s()éci(de.  (  Fleury,  fhéoiluret. 
Tillemonl,  passim.  ) 

PEBSÉCLTIONS    DE    LA    RÉVOLUTIO'*    FBANÇAISE. 

Depuis  longtemps  les  jansénistes,  révolu- 
tionnaires théologiques  ,  avaient  semé  dans 
l'Eglise  de  France  les  germes  du  schisme, 
les  éléments  de  la  discorde.  Ils  avaient  pour 
but  de  détacher  la  France  de  la  souche  uni- 
taire, de  briser  les  liens  (|ui  rattachaient  h 
l'Eglise  romaine.  Le  venin  île  leurs  doctrines 
avait  pénétré  partout  :  les  livres,  les  cloîtres, 
les  pailements,  tout  e-i  était  imprégné.  La 
tendance  du  siècle  était  h  l'hérésie.  Le  jan- 
S(''  lisme  avait ,  dans  la  philosophie  voitai- 
rieiiiK'  qui  dominait,  un  auxiliaire  (]ui  de- 
maiidiiit  ilavantage  :  il  voulait  rhi'M'ésie,  la 
i)tnloM)|)hie  voulait  l'irréliw^ion  ;  il  di>ail  :  .1 
liti.s  Ir  jxipe  !  elle  disait  :  Fcrasovs  iinfdmr  ! 
Quand  les  évéueinents  politiques  [irovoquè- 
rent  la  n  union  de  l'Assemblée  nationale,  il 
s»'  trouva  que  le  jansénisme  et  le  voliairia- 
nisiiie  V  eurent  de  très- nombreux  représen- 
tante. Il  n'entre  pas  tians  notre  plan  de  don- 
ner le  détail  des  travaux  de  celle  assemblée 
mèinoi aille;  nous  dirons  seulement  qu'un 
des  aili(  les  île  la  Conslilulion  nouvelh  dé- 
clara que  (uns  les  cultes  étaient  libres  désor- 
mais. Il  était  tout  simple  de  croire,  après 
cette  déclaration,  que  le  catholicisme  serait 
au  moins  aussi  libre  que  les  autres  :  il  n'en 
lut  rien ,  comme  on  le  verra  par  la  suite  do 
cet  article.  Ceux  qui  se  préparent  à  être  in- 


HK7  l'iu 

(olrrnuts  romiiKMicfiil  par  rrclaincr  la  loli'î- 
riiiin» ,  (l(^  iii<^iur  <|iii>  la  lyraimio  (•oriiiiinnco 
toujours  par  parler  <lo  lilicrlt^.  C'csl  lalal. 
(Ida  s'appcllo  doror  les  cliaiiics  :  ("csl  la  ri)- 
cclld  (le  loHS  les  oppresseurs.  <<  On  i;oin- 
liu»nc«,  (lil  M.  Uolirliarliei',  par  (It-pniiilier  lo 
cler^t^  (lo  la  (Itmi^  (pii  lui  élail  payée  do 
temps  iiiiiiiéinorial.  Mais  Tappélil  vient  vu 
niatijAoaol;  on  pensa  donc  à  ronlisquer  les 
|)i()iis  dont  il  élail  pro|)riélaire.  N'ayant  pas 
d'argent,  on  avait  t'.iil  des  assi^n  Is  ou  du 
pa|)ior-ni()iniaie;  il  y  fallait  uiio  ^arardie;  il 
V  avait  plus  d'adrcvsse  h  la  trouver  dans  lo 
bien  d'autrui  (pn^  da-is  le  sien  |)ro[ire.()n  no 
inaïKjuail  pas  de  raisons  pour  ueh.  Les  anii- 
mwiistfs  (lis(>Mt  di>  nos  jours  :  «  l,n  naturo 
l'ait  tous  li's  liomnies  ('-^aux  :  il  est  dnno 
contro  nature  ipie  les  uns  aient  tout  et  lus 
outres  rie'i.  Si  donc  (pielipws-uns  ont  plus, 
ce  n'est  i\\\'h  eo'iditioii  de  part.iuicr  avec  les 
autres  et  de  rétablir  ré^;alil('!  naturelle. 
Connue  ils  ne  le  l'ord  pas,  nous  allons,  do 
pur  la  nature,  le  l'aire  h  leur  place.  »  Ainsi 
raisonnent  les  eoninuinisles  do  nos  jours 
contre  les  bouri:;eois;  ainsi  raisonnaient  les 
bourj^eois  de  178'.)  contre  le  clergi-  de  leur 
temps.  Les  biens  du  clergé,  disaient-ils, 
n'ont  d'anlr(>  destination  ([ue  de  subvenir 
aa\  dépenses  du  culte,  à  la  nourriture  do 
ses  ministres  et  aux  besoins  des  pauvres  : 
or  nous  nous  ehari^eoiis  de  ces  (I6()enses, 
donc  ces  biins-là  sont  h  nous.  E  i  consé- 
quence ,  dans  la  séance  du  10  octobre  1789, 
I  évêtpie  d'Autun  ,  Tall'yrand  ,  soumit  à 
l'examen  de  l'Assembh-e  Conslitua'ile  une 
proposition  tendant  à  ordonner  que  les  bie  is 
du  clergé  seraient  déclarés  propriétc's  natio- 
nales, et,  il  ce  titre,  réunis  au  dùmoine  pu- 
blic. Le  2  novembre,  après  de  longs  et  vio- 
lents débals,  une  majorité  non.breuse  rejeta 
la  proiiosilion  :  un  décréta  seulement,  ce  ([ui 
revenait  au  môme,  que  tes  biens  du  clergé  se- 
raient mis  à  la  ilispositioji  de  la  nation,  à  la 
charge  par  celle-ci  de  ])ourvoir  d'une  ma- 
nière convenable  aux  frais  du  culte,  à  l'en- 
tretien de  ses  ministres  et  au  soulaijement  des 
pauvres.  Le  même  décret  fixe  au  cliitfie  de 
douze  cents  livres,  non  compris  lo  logement 
et  1  jardin,  le  minimum  de  la  dotation  des 
curés.  Ce[)endant  ce  n'était  qu'une  atteinte 
portée  au  temporel;  et  un  député,  M.  de 
Montlosier,  avait  fort  bien  dit:  «  Si  vous  ôtez 
aux  évè(pies  leur  croix  d'or,  ils  piendronl 
une  croix  de  bois,  et  c'est  une  croix  lie  bois 
qui  a  «^auvé  le  monde.  »  Uohrb.,  Hist.  univ. 
delKgl.,  t.  XX VIL  P-  ^'9.) 

Après  avoir  cité  cet  auteur,  il  sera  curieux 
d'en  citer  un  autre  sur  le  môme  sujet. 
M.  Thiers  ,  cet  liouune  qui  a  occupé  et  qui 
occupe  encore  une  si  large  place  dans  le 
monde  politique,  M.  Thiers  a  écrit  une  His- 
toire de  la  Révolution  française;  il  a  mis 
dans  celte  œuvre,  comme  dans  tout  ce  qu'il 
produit ,  le  talent  incontesiablc  qu'on  lui 
connaît.  11  est  h  regretter  qu'il  n'y  ait  pas 
mis  autre  chose  que  du  talent,  quaiid  il  traite 
certaines  questions,  et  notamment  celle  qui 
nous  occupe.  M.  Thiers  esl  trop  habile  pour 
commettre  sans  s'en  apercevoir  des  fautes 


i'i.K 


f(r>8 


(  (MMUie  (elles  ipu'  nous  ivofis  ii  .signaler.  Il 
a  trop  d'i-rudiliiin  pour  p(->  lier  (lar  iKnoriiiice; 
il  est  trop  prol'o'i(|  pidilique  pour  ne  |,;is 
coiiipreiidl  (•  les  (pieslioiis  soiis  leur  véritable 
jour.  Or,  nous  h-  constatons  avec  iieiiie ,  In 
v('ril(''  pour  lui  esl  sfuiycnl  sur  le  .secoinl 
jilan  :  on  dirait  (lu'il  s'oecu,'e  plul<M  inouïs 
de  la  fairi!  connailre  h  son  jeeleiii'  (|iii^  de  le 
(•(Uivertir  à  ses  id/'cs,  h  si\  m.iriière  de  voir. 
(Ju'à  la  tribune  on  se  inontii-  nlus  ou  moins 
ami  ou  ittiiKMni  des  lilnirtés  de  ri'';lsc,  (pTon 
juge  à  propos  (ratlaclun"  son  nom  à  la  su[)- 
pression  ini  France  d'uni!  si»ei(''lé  reli;-'ieuso 
recommandablc! ,  c'est  dillértnil  :  (tii  lutte, 
jiour  ainsi  dire,  dans  une  arène  où  tout  a(J- 
V(nsaii'e  |i(nit  relev(3r  la  provocation  et  ac- 
cepter le  combat.  Nous  concevons  cela;  mai» 
ce  (pie  nous  n'adinefioiis  [las ,  c'est  rpi'on 
écrive  l'histoire  comme  l'a  fait  .M.  Tliier.s,  en 
donnant  aux  faits  la  pliysionoinie  rjiii  va  aux 
id(''es  pers()imelles(prf)npeut  avoir.  La  vérité 
histori(pie(loil  (■^trc  ciiose  serrée,  même  pr)ur 
un  liomuK!  comme  M.  Thiers.  A  profios  dci  la 
question  (jui  nous  occupe,  voici  ceiju'il  dit  : 
«  Les  travaux  constitutionnels  se  fioursui- 
vaienl  avec  activité.  On  avait  aboli  la  féoda- 
lité; mais  il  restait  encore  h  |)rendrc  une 
dernière  mesure  pour  détruire  ces  grands 
corps,  qui  avaient  été  des  ennemis  consti- 
tués dans  l'Ktal  contre  l'Etat.  Le  clergé  pos- 
sédait d'immenses  pi'0[niétés;  il  les  avait 
reloues  des  princes,  h  titre  de  gratifications 
féodales,  ou  des  fidèles,  h  titre  de  legs.  Si 
les  jiropriétés  des  individus,  fruit  et  but  du 
travail,  devaient  être  respectées,  celles  qui 
avaient  été  données  à  des  corps  pour  un 
certain  objet  pouvaient  recevoir  de  la  loi 
une  autre  (iestination.  C'était  pour  le  service 
de  la  religion  qu'elles  avaient  été  données, 
ou  du  moins  sous  ce  prétexte;  or,  la  reli- 
gion étant  un  service  public,  la  loi  pouvait 
régler  le  moyen  d'y  subvenir  d'une  manière 
toute  difTérenle.  L'abl)é  Maury  déploya  ici 
sa  faconde  imperturbable;  il  sonna  l'alarme 
chez  les  propriétaires,  les  menaça  d'un  en- 
vahissement prochain,  et  prétendit  qu'on  sa- 
crifiait les  i)rovinces  aux  agioteurs  (Je  la  ca- 
pitale. Sun  sophisme  est  assez  singulier  pour 
être  rapporté.  C'était  pour  payer  la  dette 
qu'on  disposait  des  biens  du  clergé  ;  les 
créaix-iers  de  cette  dette  étaient  les  grands 
capitalistes  de  Paris;  les  biens  qu'on  leur 
sacrifiait  se  trouvaient  dans  les  provinces. 
De  lii  l'intrépide  raisonneur  concluait  que 
c'était  immoler  la  |)rovince  h  la  (,apitale  ; 
comme  si  la  province  ne  gagnait  pas ,  au 
contrairt^  à  une  nouvelle  division  de  ces  im- 
menses t'rres,  réservées  jusqu'alors  au  luxe 
de  (juelques  ecclésiastiques  oisifs.  Tous  ses 
etl'orts  furent  inutiles.  L'évêque  d'Autun, 
auteur  de  la  proposition,  et  le  député  Thou- 
ret  détruisirent  ces  vains  sophismes.  Déjà 
on  allait  décréter  que  les  biens  du  clergé 
appartenaient  à  l'Etat;  néanmoins  les  oppo- 
s  nts  insistaient  encore  sur  la  question  des 
propriétés.  On  leur  répondait  que,  fussent- 
ils  propriétaires,  on  pouvait  se  servir  de 
leurs  biens ,  puisque  souvent  ces  biens 
avaient  été  employés,  dans  les  cas  urgents, 


5,S!>                                 I'i:i\  PER                               560 

au  sorvicf  <lo  IKlat.  Ils  ne  If  niaient  point.  (|ues,  dit  Rohrbacher,  ce  n'est  que  pour  les 
Profitant  alors  de  leur  aveu.  Mirabeau  |)ro-  elîets  civils;  S9n  pouvoir  ne  s'étenti  pas  au 
posa  de  changer  rc  mot,  appar tiennent,  eu  delà,  et  ne  saurait  dt.\i;ager  les  conscietices. 
ce?  .Mitres  :  sont  à  la  disposition  de  l'Etal,  et  Les  vœux  ont  été  laits  non  pas  à  la  natiou 
la  discussion  fut  terminée  sur-le-clianip  ;i  française,  mais  à  Dieu.  Il  y  a  plus  :  comme, 
U!io  grande  majorité    loi  du  2  novenibrr).  d'a|)rès  la  Constitution  uiéme,  tous  les  cultes 
L'Assemblée   détruisit    ainsi    la    re^loul  iblo  sont  libres,  tous  les  Français  égaux  devant 
puissance  du  clergé,  le  luxe  des  grands  do  la  loi,  et  la  propriété  inviolable,  il  sera  tou- 
l'ordre,et  se  ménagea  ces  immenses  res-  jours    constitutionnellement    libre    à    tous 
sources  linancières  qui  tirent  si  longtemps  Français  de  faire  *\os  Vivnx,  de  les  garder,  et 
subsister  la  révolution;  en  même  temps,  elle  de  demeurer  ensemble  dans  une  maison  à 
assurait  l'existence  des  curés,  en  décrétant  eux  appartenante:  |iréfendre  les  en  empê- 
que  leurs  appointenu-nts  ne  pourraient  pas  cher,  c'est  violer  la  Constitution  et  donner 
être  moindres  de  1*200  francs,  et  elle  y  ajou-  droit  aux  communistes  de  la  violer  de  leur 
tait  en  outre  la  jouissance  d'une  maison  eu-  côté,  en  abolissant  tout  à  la  fois  la  propriété 
riale  et  d'un  jardin.  Klle  déclarait  ne  plus  et  la  famille,  potn-  ne  faire  de  tous  les  Fran- 
reconnaitre  les  vœux  religieux,  et  rendait  la  çais  qu'un  troupeau  de  bétail, 
liberté  à  tous  les  cloîtrés,  en  laissant  (ouïe-  «  Dès  lors  on   vit  commencer  la  grande 
fois  h  ceux  qui  le  voudraient  la  faculté  de  purification  de  l'Eglise  de  France,  la  sépara- 
conlinuer  la  vie  monasticjue;  et  comme  leurs  tion  du  bon  grain  d'avec  la  paille.  Des  moi- 
biens  étaient  supprimés,  elle  y  suppléait  par  nés,  déjà  séduits  par  les  attraits  du  monde, 
des  pensions.  Poussant  même  la  prévoyance  se  jetèrent  avec  ardeur  hors  de  leurs  cloî- 
plus  loin  encore,  elle  établissait  une  dille-  très,  pour  servir  d'instruments  au  schisme, 
rence  entre  les  ordres  riches  et  les  ordres  quelques-uns  même  au  régicide.  Il  en  resta 
mendiants,  et  {)roporlionnait  le  traitement  cependant  un  grand  nombre  qui  demeurê- 
des  uns  et  des  autres  à  leur  ancien  état.  Elle  rent  fidèles  à  leur  vocation  et  qui  ne  se  cru- 
lit  de  môme  pour  les  pensions;  et  lors(pie  le  rent  pas  détachés  de  leurs  vœux  parc»-  ([ut> 
janséniste  Camus,  voulant  revenir  à  la  sim-  des  ordonnances  séculières  n'en  voulaient 
plicité  évangélique,  proposa  de  réduire  tou-  plus  reconnaître.  Ils  continuèrent  d'observer 
tes  les  pensions  à  un  même  taux  infiniment  leur  règle  tant  qu'ils  purent,  et  se  réunirent 
modique,  l'Assembléf^  sur  l'avis  de  Mira-  ù  cet  elfet  dans  les  maisons  qui  furent  mo- 
beau,  les  réduisit  proportionnellement  à  leur  mentanément   conservées.    Les    religieuses 
valeur  actuelle,  et  convenablement  h  l'ancien  surtout  olfrirent  l'exemple  d'un  attachement 
état  des  pensionnaires.  On  ne  pouvait  donc  siucère  à  leur  état  ;  et  ces  Qlles  pieuses, dont 
pousser  plus  loin  le  ménagement  des  habi-  les  écrivains  irréligieux  ou  frivoles  avaient 
tudes,  et  c'est  en  cela  que  consiste  le  lérila-  alfeclé  de  dé(>lorer   le  sort ,  (ju'ils   avaient 
ble  respect  de  la  propriété.  De  môme,  quand  peintes  comme  victimes  des  préjugés,  comme 
les  protestants,  expatriés  depuis  la  révoca-  gémissant  sous  la  tvrannie  la  plus  dure,  don- 
tion  de  l'édit  de  Nantes,  réclamèrent  leurs  nêrent  le  df'inenti  le  plus  formel  à  leurs  dé- 
biens, l'Assemblée  ne  leur  rendit  que  ceux  tracteurs.  Elles  convauKpiirent  de  calomnie, 
qui  n'étaient  pas  vendus.  »  (Thiers,  Hist.  de  et  de  la  manière  la  plus  solennelle,  ces  fables 
la  Révol.  franc.,  t.  \",  p.  185.)  débitées  sur  leur  compte  par  la  malignité,  et 
Comme  on  le  voit,  Thiers  trouve  tout  ce  ces  lictions  théAtrales  où  on  les  livrait  à  une 
qu'on  lit  dans  ces  circonstances  parfaitement  pitiéinsultanteouàunridiculeinjusteetamer. 
juste.  A  coté  de  paradoxes  ([u'oii  ne  saurait  Très-peu,  parmi  elles,  prolilèrent  des  nou- 
justitier,  il  émet  ([uehiues  vérités.  Certes,  ou  veaux  décrets.  Les  autres  persévérèrent  dans 
ne  pourrait  justilier  entièrement  la  posses-  leur  sainlevocalion.et.parleurgénéreusefer- 
sion  constante,  par  le  clergé,  des  biens  iin-  meté,  rendirent  à  la  religion  un  témoignage 
menses  qu'il  avait  acpiis;  (l'ailleurs,  il  ne  (pii  l'honorait  ainsi([u'elles. Nous  en  verrons 
nous  convient  pas  d'tMiIrer  dans  une  discus-  plusieurs  riMuporter  la  couronne  du  martyre, 
sion  (jui  tfude  à  exprimer  un  regret  h  ce  «   II  semblait  que   l'Assemblée  nationale 
sujet.  Le  clergé  lit  alors,  nous  aimons  à  le  eût  dil  au  moins  faire  une  exception  en  fa- 
croire,  (!•'  bon  cieur,  le  sacritice  de  ses  biens,  veur  de  queUpies  monastères  qui  ne  présen- 
Les  saints  de  la  [trimitivf  Eglise  avaient  un  faient  ni  de  grandes  richesses  h  l'avarice,  ni 
simple  morceau  (le  bois  pour  bAton  pastoral;  l'oubli  ilt\s  règles  h  la  malignité;  de  monas- 
la  bure  était  leur  vêtement,  l'auinône  était  tères  que  les  vertus  de  leurs  fondateurs  et 
leur  richesse.  A  Dieu  ne  plaise  (pie  le  clergé  l'austérité  de  leurs  religieux  avaient  rendus 
fie  nos  jours  ne  soit  pas  heureux  de  se  mo-  célèbres,  et  t]ui ,  situes   dans   des  retraites 
deler  sur  les  apAtres  et  sur  leurs  [iremiers  profondes,  ne  ilemandaient  (pi'h  être  oubliés 
successeurs  I  du  nmnde,  qui  y  était  oublié'  lui-même.  La 
Quant  à  la  suppression  des  onlres  reli-  Trappe  et  Sepl-Fonts  étaient ,  depuis  plus 
gieux,  dt»nt  narle  Ihiers,  et  (pii  eut  lieu  par  d'un  siècle,  1  asile  de  ceux  (pii,  fatigues  du 
un  décret   ilu    l-l  février  17'.H) ,  c'est  autre  moinh»  ou  dégoûtés  de  IiMirs  erreurs,  cher- 
chose  :  l'Assemblée,  tout  en  ne  brisant  les  chaient  tlans  la  soliludi^  un  abri  pour  leur 
vœux  monasiiipies  (jui*  rivilement ,  outre-  faiblesse,  et  dans  la  pratiipie  des  austérités 
lassait  son  droit.  Elle  dfvail  simplcMuent  se  et  de  la  pénitence  une  expiation  de  leurs  fau- 
lorner  h  ne  rien  statuer,  ayant  decrctt-  la  tes.  Ces  maisons  furt-nt  supprimées  comme 


iberté  des   cultes.   «   Lorsquf   l'Assemblée      toutes  les  autres. cl  leurs  rtMigieux  dispersés. 
Cnn^litunnto  supprime   les   vu  n\    monasti-      La  Providcicc  prociwa  ce4)endanf  un  a>il"  à 


BQt 


PFR 


l'KH 


W% 


(iiit'l(|U(>s'rraii|)i.st('si|iii  di-siraiciil  |)i'rsr'v(''n'r 
(liilis  leur  vooilinii.  Ils  soiliii'iil  de  iMaiicc, 
(>t  SI*  r('lii'('*i'i*iil  •')  la  N'als.'iintc,  nii  (.'iiitoii  do 
FrihfMii'i;;  en  Suisse.  Ils  s'y  icritniièifnl  en 
comimiiimitr,  cl  riircnl  joi'nls  par  un  ^;nui(l 
iKjndMc  de  religieux  (|U(i  les  dr-saslifs  di) 
rM;;lis<i  cl  leur  vocal  ion  a|i|iclaii'iil  dans  rcUo 
rcMrailo  ausU'^rc.  lis  s'y  MUilli|ilici  cnl  au  poinl 
d'cHi'c  ol)li|;cs  (l'cMivoycr  ailleurs  des  rolonics. 
Ils  on  lUahlirenl  en  l'icuionl.cn  lvs|)a^;ne,  en 
Italie,  en  Weslplialie,  en  AnjJ,lclerr(!  uu'^uk!, 
ot  jus(|u'(Mi  Auu''ii(|U(>.  (V(Mail  uiui  siMucnco 
do  ix^ucdiflioii  (|ue  la  Providence  jclail  vers 
l(>s  (juaircî  vcnis  de  Tiniivers;  aujourd'hui, 
U(uis  en  voyons  gernuT  cl  en  Al^;éru>  el  près 
de  ("lonslaniinople.  »  (Uolubaclier, ///,s7.  univ. 
ilv  riùjlisr.  I.  WVII,  p.  ^i80.) 

I/Ass(Mul)lce ,  après  avoir  r6i;lcnicnt6  les 
atVaires  île  la, justice,  de  raruu''e,  de;  l'adnii- 
nislration,  voulut,  dit  encore  Tliiers,  «  rcf^u- 
lariser  le  s(>rvice  ûi)  la  l'oligion,  et  le  consti- 
luer  connut»  tous  les  autres.  Ainsi,  quand  on 
avait  établi  un  tribunal  d'appel  et  uik»  adnii- 
nisl ration  supérieure  dans  chaciuo  dèparlc- 
inonl ,  il  (Hait  naturel  d'y  placer  aussi  un 
évôché.  Conuiient,  en  cU'et,  soulîrir  que  cer- 
tains évèchés  embrassassent  quinze  cents 
lioups  carrées,  tandis  que  d'autres  n'en  em- 
brassaient'que  vingt?  que  certaines  cures 
eussent  di\  lieues  de  circonférence,  el  (lue 
d'autres  comptassent  <i  peine  quinze  feux? 
(jue  beaucoup  de  curés  eussent  au  plus  700 
livres,  tandis  que  près  d'eux  il  existait  des 
bénéliciers  qui  com|)taient  10  el  15,000  livres 
de  revenus?  L'Assemblée,  en  réformant  les 
abus,  n'empiétait  pas  sur  les  doctrines  ecclé- 
siastiques ni  sur  l'autorité  papale,  puisque 
les  circonscriptions  avaient  toujours  appar- 
tenu au  pouvoir  temporel.  Elle  voulait  donc 
former  une  nouvelle  division ,  soumettre 
comme  jadis  les  curés  et  les  évoques  à  l'élec- 
tion populaire;  et,  en  cela  encore,  elle  n'em- 
piétait que  sur  le  pouvoir  temporel,  puisque 
les  dignitaires  ecclésiastiques  étaient  choisis 
par  le  roi  et  institués  par  le  pape.  Ce  projet, 
qui  fut  nommé  Constitution  civile  du  clergé, 
et  qui  fit  calomnier  l'Assemblée  plus  que 
tout  ce  qu'elle  avait  fait,  était  pourtant  l'ou- 
vrage des  députés  les  plus  pieux.  C'était  Ca- 
nuis  et  autres  jansénistes,  qui,  voulant  raf- 
fermir la  religion  dans  l'Etat,  cherchaient  à 
la  mettre  en  harmonie  avec  les  lois  nouvel- 
les. 11  est  certain  que,  la  justice  étant  réta- 
blie partout,  il  était  étrange  qu'elle  ne  le  fdt 
as  dans  l'administration  ecclésiastique  aussi 
ien  qu'ailleurs.  Sans  Camus  et  quelques 
autres,  les  membres  de  l'Assemblée  élevés  à 
l'école  des  philosophes  auraient  traité  le 
christianisme  comme  toutes  les  autres  reli- 
gions admises  dans  l'Etat,  et  ne  s'en  seraient 
pas  occupés.  Ils  se  prêtèrent  à  des  senti- 
ments que,  dans  nos  mœurs  nouvelles,  il  est 
d'usage  de  ne  pas  combattre,  môme  quand 
on  ne  les  partage  pas.  Ils  soutinrent  donc  le 
projet  religieux  et  sincèrement  chrétien  de 
Camus.  Le  clergé  se  souleva,  prétendit  qu'on 
empiétait  sur  l'autorité  spirituelle  du  pape, 
et  en  appela  à  Rome.  Les  principales  bases 
du  projet  furent  néanmoins  adoptées  et  aus- 


î 


sili\l  |ircseulces  au  roi  ,  qui  demaiid.i  ilii 
temps  pour  i-M  référer  jui  grand  piiiilil'e.  Le 
loi,  dont  la  religion  éclniréf*  r(!C(>iiruuss/iil  l.i 
sai^essede  ce  plan, écii  vit  au  papeavec  ledésir 
sincère  d'avoir  sou  coiiseuleiiicnt  et  do  ren- 
verser par  lii  toutes  les  objections  du  clergé. « 
(  Tliiers, ///.s7.^/r/r,  l(rn,l.  franc. ,i.\" ,  u.  228.) 
Ivst-il  possibli!  de  pousser  jibis  loin  l'iiii[iu- 
{|ence?((  L'AsscuiibN'-e,  dit'riiicis,ireui|»ictail 
pas  sur  l'/iutorité  papale  puisque  les  circon- 
scriptions avaiiMil  ioiijoiiis  appartenu  nu 
iioiivoir  liuuporel.  »  Nous  nMiiaioiierous  seu- 
lement en  passant  ipi'il  ne  s'agissait  pas  do 
délermiiicr  les  circonscriplions  des  évécbés 
existants,  canornipicnient  instiliiés,  lecon- 
nus  par  le  saiut-siég(;,  seul  jug(î  en  pareille 
matièi'e;  mais  bien  de  siippriuiei-cenl  li'cnte- 
ciiKi  cvècliés  pour  hiur  cm  substituer  qua- 
Ire-viii-it-trois.  Ainsi  l'Assembléi;  s'ari'ogr;ait 
le  droit  de  priver  des  évétpies  de  buirs  siè- 
ges, de  leui'  retirer  leurs  jiouvoirs,  de  h.'ur 
enlever  leur  troupeau.  M.  Thiers  appelle  cela 
régler  l(!s  circonscriplions:  nous  admirons  la 
souplesse  du  mot  rirconscriplious.  Il  ajoute 
que  ce  projet  fut  l'cjouvro  des  déjiutés  les 
l)lus  pieux  de  l'Assemblée.  '<  C'était  Camus 
el  autres  jansénistes  (pii,  voulant  radermir 
la  religion  dans  l'Etat,  cherchaient  à  la  met- 
tre en  harmonie  avec  les  lois  nouvelles.  Des 
jansénistes!  voilà  ceux  qu'il  nouime  les  i)lus 
pieux,  dans  une  Assemblée  où  siégeait  l'é- 
lite du  clergé  français.  Il  sait  bien  que  beau- 
coup qui  liront  celle  phrase  abominal)le  ne 
sauront  pas  ce  que  signiiie  le  moi  janséniste. 
C'est  ce  qu'il  lui  faut,  le  coup  est  porté.  C'est 
de  l'habileté  h  la  Voltaire  dans  le  Diction- 
naire philosophique.  Quant  à  lui,  il  ne  pèche 
pas  par  ignorance,  soyez-en  sûr;  mais  il  a 
le  courage  de  l'impudence.  Il  signe  une  pa- 
reille phrase!  Est-ce  tout?  Non,  il  ajoute  : 
«  Sans  Camus  et  quelques  autres,  les  mem- 
bres de  l'Assemblée,  élevés  à  l'école  des 
philosophes,  auraient  traité  le  christianisme 
comme  toutes  les  autres  religions  admises 
dans  l'Etat,  et  ne  s'en  seraient  pas  occupés.» 
Ainsi  il  a  l'audace  de  vouloir  qu'on  sache  gréa 
ces  jansénistes,  de  ce  qui  fil  justement  la  déso- 
lation de  l'Eglise.  Nous  en  sommes  vraiment 
à  regretter  de  n'avoir  pas  lu  plutôt  ce  passage  ; 
peut-être  eussions-nous  pu  caser  le  saint  Ca- 
mus de  M.  Thiers  à  sa  lettre,  dans  quelque  petit 
coin  de  ce  Dictionnaire.  Mais  ce  que  deman- 
dait l'Eglise,  c'élaitjuslement  qu'on  ne  s'occu- 
pât pas  d'elle  plus  que  des  autres,  qu'on  lui 
laissât  faire  ses  affaires  elle-même ,  de  même 
qu'on  laissait  les  j  uifs,  les  protestants  faire  les 
leurs.  La  Constitution  avait  déclaré  la  liberté 
des  cultes,  il  était  juste  qu'on  laissât  le  culte 
catholique  aussi  libre  que  les  autres.  Un  au- 
tre point  que  nous  ne  pouvons  laisser  pas- 
ser, c'est  celui-ci.  M.  Thiers  dit  encore  :  L'As- 
semblée «  voulait  donc soumettre  comme 

jadis  les  curés  et  les  évêques  à  l'élection  po- 
pulaire.» Ah  1  monSfieurThiers, coirnnejadis... 
Quelqu'un  qui  ne  vous  connaîtrait  pas  ver- 
rait un  mensonge  dans  ces  deux  mots  ;  or, 
vous  êtes  incapable  de  mentir,  Dieu  nous 
garde  de  le  penser  et  surtout  de  le  dire.  Jadis 
les  curés,  les  évêques  étaient  élus  par  le  peuple 


ZKi 


PER 


calholujue.  fl  sieuleiuent  pai  le  peuple catfio- 
Ii7ue,  ot  la  nniivollc  ("lonstitulio'i  rivilp  iju 
ch'rg(^  voulailtpiilslcl'usso'it  dorénavant  par 
les  électeurs  civils,  c'esl-h-dire  par  des  hom- 
mes, les  tins  juifs.  I(>s  aiitros  proloslanf'*,  los 
autres  compItMemeut  allKVs.Ce  n'iHait  (lonc 
pas  comme  jadis. Cef^deux  petits  mots  hypocri- 
tos,(jniso  donnoiif  prosqtio  l"sairsd"ôttOfMilrc 
parciitliùses,  se  sont  certainement  glissés  Ih 
à  l'insu  de  M.  Tliiers ,  dans  un  de  ces  mo- 
ments nCi  la  plume,  par  habitiid",  fait  la 
phrase  toute  seule  avec  des  chi.'villcs,  avec 
du  remplissage^.  Malheureusement  leur  phy- 
sionomie, insiiiçtiiliantn  d'ordinairn,  jure  b  la 
j)lace  qu'ils  ont  prise  :  ils  donnent  h  cette 
phrase  une  tournure  que  d'autres  moinshon- 
n^ies  nommeraient  mensongère.  Puis,  par 
malheur,  ils  sont  tombés  dans  une  page  où 
déjà  cinq  ou  six  fois  rauteur  a  ])ar  mé;,'arde 
heurté  rulement  la  vérité.  >f.  Rohrbacher 
s'exprime  ainsi  sur  le  même  sujt't: 

a  D'abord  le  litre  seul  Constitution  civUe 
du  clrrgt^  e^l  une  rontradiclion  et  un  men- 
songe. Constitution  civile  du  clergé,  de  la 
roagi-^trature,  de  l'armée,  qu'est-ce  que  cela 
veut  dire?  N'est-ce  pas  constitulion  idalive 
aux  clercs,  aux  magistrats,  aux  militaires, 
en  tant  qu'ils  sont  citoyens  ?  Mais,  comme 
citoyens  français,  les  ecilésiasliipjes,  les 
magistrats ,  les  militaires  n'ont  d'autre 
constitution  que  celle  de  tous  les  citoyens, 
le  code  civil.  Constitution  civile  du  clrrrjév^l 
donc  un  non  sens  et  un  mi^isonge,  car  cela 
voudrait  dire  :  constitution  ecclésiastique  im- 
posée  an  clerqé  de  France  par  rautorité  ci- 
vile. Mais  alors  (pie  devient  l'article  de  la 
Constitulion  qui  dé(^lare  que  tous  les  cultes 
sont  libres ?L'.\ssemblée  Constituante  n'est- 
elle  pa-  la  première  h  violer  sa  constitution 
et  h  lui  sub'^lituer  l'anarchie  et  la  tyrannie 
par  son  exera[)le?  Vous  déclarez  que  tons 
les  cultes  sont  libres,  et  votre  premier 
acte  est  d'asservir  et  de  tyranniser  le  culte 
catholique!  A  ce  langage  menteiir  et  hypo- 
crite, on  reconnaît  la  S(^cte  jansénienne  qui 
admet  de  la  part  de  Dieu  une  grAce  sulli- 
sante,  mais  qui  ne  suffit  pas,  et  dans 
l'homme  une  volonté  libre,  mais  d'une  liber- 
té esclave.  ,\ussi  les  jansénistes  dominaient- 
ils  dans  le  comité  chargé  de  rédiger  celte 
constitution  prétemlue  civile  ,  mais  elfec- 
livement  schismatiqu'  pour  le  clergé  de 
France. 

«  Celte  Constitution  anti-rorislifulionnelle 
et  jansénienne  s'arrogni  doue  de  supprimer 
des  év^chés  cl  d'en  ériger  d'autres;  de  reti- 
rer la  juridiction  aux  anciens  pasteurs  et  de 
la  traisuieltre  aux  nouveaux.  A  (  ela  elle 
avait  autant  de  droit  et  do  pouvoir  (pie  les 
rcsciiis  i|i>  Néro-i.  de  Diorlélien  et  du  Cr.Mid- 
Turc  1*1  réc'ler  ta  juridiction  de«  a|tAires  etde 
leurs  successeurs.  Mie  supprima  donc  civi- 
Irmrnt  les  ccnl  Ircntc-cinq  évéché's  exista  it 
en  Frani  e  et  en  créa  civUrmrnt  un  tout  neuf 
dans  chacun  des  nouveaux  départcnit»nts;  co 
qui  faisait  quatre-vingt-trois  t«vèchés  civils. 
Elle  statua  de  plus,  civilnnrnt,  (pie  les 
nouveaux  évôtj^ues  serniiml  nommés  non 
plus   par  le   roi,    suivant  le   concordai  de 


Pt:i\  864 

Léon  X,  non  plus  par  le  chapitre  de  la  ca- 
th(Vlrale,  comme  en  beaucoup  d'églises  ;  non 
plus  par  le  clergé,  assisté  du  peuple  fidèle, 
comme   autrefois   en  bien    des  pays:  aux- 
(piels  cas  les  élus  étaient  toujours  confirmés 
par  le  pape,   soit    immédiatement   par  lui- 
même,  soil  médialement  par  le   m(?tropoli- 
tain  ou  le  concile,  avec  recours  au  s  lint-siége 
en  cas  de  doute  ou  de  contestation  :  non;  la 
constitution  civile  du  clergé  statua  que  ces 
éyi^ques  dvils  seraient  élus  parles  électeurs 
civils,   juifs,    protestants,    anabaptistes    et 
môme  catholiques,  quani  il  s'en  trouvait; 
les  civilement  élus  demanderaient  l'iiiStiliî- 
tion  can/r/nni^  canonique  au  métropolitain 
ou  au  plus  ancien  évêque  de  la  province, 
mais  non  au  pape,  h  qui  c';acun  écri  ait  seu- 
lement une  lettre  de  civilité,  comme  les  jan- 
sénistes de   Hollande.   Les   curés   seraient 
nommés  de  même  par  les   électeurs  civils. 
Du  r(  ste,  on  .-«bolis^ait  civilement  les  cha[)i- 
tres  des  cathédrales,  ainsi  (pic  tous  les  au- 
tres cliaoiires  et   bénéliccs.   Les  évéques  et 
les   cur(»s  civilement  élus  étaient  tenus   de 
prêter  serment  d'élre  fidèles  à  celte  constitu- 
tiondécréféeparl'Asspmltlée.  Telle  fut  en  sub- 
stance laConstiiulion  civile  du  clergé,  ou  plu 
tôt  laConstiiulion  du  clergé  civil  de  France. 
«  Lorsque  cet  ensembled'innovationssacri- 
légesful  présenté  cala  sanction  du  roi,  sa  con- 
science en  fut  épouvantée,  et  les  catholiques 
espérèrent  que  Louis  XVI  refuserait  de  s'as- 
socier à  une  loi  impie.   De  toutes  parts,   le 
clergé  et  les  fidèles  s'émurent.  Beaucoup  de 
l)iétres,  que  le  siècle  avait  entraînés,  rentrè- 
rent en   eux-mêmes,   et  comprirent  ce  que 
Dieu  attendait  de  son  peuple  et  de  ses  lévi- 
tes. On  vit  le  curé  de  Saint-Etienne-du-Mont, 
qui  s'était  signalé  dans  les  derniers  événe- 
ments ré\  (.dut  lonnaires,  passer  quarante  jours 
aux  [ueds  des  autels,  et  couvert  d'un  cilice, 
prier  le  ciel  de  détourner  les  coups   dirii'és 
contre  l'F>glise.  Des    mouvements  consid.^- 
rables  eureut  lieu  da'is  qiiehpies  provinces. 
D  •  tous  c(jtés,  dans  tous  les  temples,  on  ou- 
vrit des  neuvaines,  on  mêla  aux  jeûnes  et 
aux  prières  de  la  semaine  sainte  et  des  jours 
consacrés  i\  la  péii.lence,   des  jeûnes,  des 
prières,  des  (vuvres  d'expiation,  en  vue  du 
salut,  de  la  foi  et  de  l'Eglise  de  France. 

«  Cèpe  loant  Louis  X>  I  avait  secrètement 
référé  à  Home  de  la  constitution  cirile  du 
clergé,  qu'on  le  pressait  de  sanctionner  par 
sa  signature.  En  faisant  connaitre  au  souve- 
rain pontife  les  dangers  (pii  allaient  écliler 
sur  lEglise  de  Fram  e,  en  las  d<'  refus,  il  l'a- 
vait respeetuiMisement  adjuré  d'examiner  si 
des  concessions  M'étaient  pas  possibles  ou 
opportunes.  Pie  VI  lui  lépondil  : 
«  .\  notre  très-chcr  tils  en  Jésus-CIirist,  saiul 
e(  béiicdiciion  apostolique. 
«  Quoi(fuc  nous  soyons  loin  de  douter  do 
n  la  ferme  et  [tiofo?ideri'solutioii  où  vous  êtes 
<T  de  resli'r  attaché  à  la  rel^^ion  calliolique, 
«  apostoliipie  et  romaine,  a  i  sai  il-siéjje.cen- 
n  IriMlerniuté,  ?»  notre  personne,  à  la  foi  d,»\  os 
n  glorieux  ancêtres,  nous  n'en  devons  pas 
<»  moinsappréheiiderque.lcs  artifices  adroits 
«  et  un  captieux  langage  surprenant  votre 


BC5 


PEU 


prn 


rM 


«  amour  pour  vos  |)(mi|iI(vs,  ou  ut>  vicimo  fi 
«  abuser  du  désir  «niciii  (|uo  vous  ave/,  do 
«  lucllri'  l'ordro  dans  volru  ro.yaiunc^  ««l  d'y 
«  rauiciicr  la   paix   cl  la  tiaii(|inllil('.  Nous, 
«  (]ni  i-c|>ri's('Jiltms  Jt^iis-Cliiisl  sur  la  liirns 
«  nous,  à(|ui  il  a    conlii'   le  d(''|iAl  do  In  loi, 
«  nous  sonuucs  sprcialfiuciil  cliariJ,!^  du  do- 
«  voir,  iioM  plus  (1(1  vous  rappeler  vos  ohli- 
«  galions  envers  Dieu  et  e'iveis  vos  peuples, 
«  car  nous  ne  croyons   pas   ipui  vous  soyez 
«jamais  itilidMe  A  voire  conscicMue.  ni  ijue 
«  V(Misadopli(>/.  les  fausses  vues  d'un»!  vauu) 
«  ('()lili(pH)  ;  mais,  ('(VlaiU  à  udlre  amour  pa- 
rt leiiii  I,  de  vous  (lé(  lai'cr  eldc;  vous  dinion- 
«  cer  delà  mani(''re  la  plus   expresse  (pu'  si 
«  vous   appiouve/    les    décrels    relatifs   au 
«  cler^('>,  vous  (Mdraîne/.  par  cela  nu'^um  vo- 
«  Ire  nalio:i  entière  dans  l'erriMM-,  le  royaume 
«  dans  lescliism(\  el  peul-Oti'e  vous  allumez 
«  la  llauniie  dévoranle  d'une  i;uern>  de  reli- 
«  gion.  Nous  avons  Itien  emplo.yi'i  jus(|u'ici 
«  loules  les  piécautions  i)oin'  c'vitin-  (pTon 
«  ne  nous  nccus.ll  d'avoii-  excKc^  aucun  mou- 
«  vcnu'ul  do  celle  nalure,  n'opposanl  ((uo 
M  les  armes  innocenles  de  nos  prières  auprès 
«  de  Dieu  ;  mais  si  les  dangers  do  la  religion 
«  conlinuenl,  le  chef  de  l'blglise  fora  entendre 
«  sa  voix;  elle  ('^datera,  mais  sans  coinpro- 
«  mctlre  jamais  les  devoirs  de  la  charité. 

«  Votre  Majesté  a,  dans  son  conseil,  deux 
«  archevêques  dont  l'un,  pendant  tout  le 
«cours  de  son  éjjiscopat,  a  défendu  la  leli- 
«  gion  contre  les  attatjues  de  l'incrédulité; 
«  l'autre  possède  une  connaissance  approfon- 
«  die  des  matières  de  dogme  et  do  disci-^ 
«  pliue.  Consultez-les,  prenez  avis  de  ceux 
«  de  vos  prélats  en  grand  nombre,  et  des  doc- 
«teursde  votre  royaume,  distinguéstant  par 
«  leur  piété  que  (nw  leur  savoir  ;  vous  avez 
«  fait  de  grands  sacrilices  au  bien  de  votre 
«  peuple;  mais  s'il  était  en  yo!re  disposition 
«  de  renoncer  mémo  à  dos  droits  inhérents  à 
«  la  prérogative  royale,  vous  n'avez  pas  le 
«  droit  d'aliéner  en  rien  ni  d'abandonner  ce 
«  qui  est  dû  à  Dieu  et  à  l'Eglise,  dont  vous 
«  êtes  le  fils  aîné. 

«  Prenons  confiance  dans  la  Providence 
«  divine,  et,  par  un  attachement  inviolable 
«  àla  foi  de  nos  pères,  méritons  d'en  obtenir 
«  le  secours  dont  nous  avons  besoin.  Quant 
«  à  nos  dispositions  |)articulièrcs,  nous  ne 
«  pouvons  désormais  être  sans  inquiétude  et 
«  sans  douleur,  à  moins  de  savoir  la  tran- 
«  quillité  et  le  bonheur  de  Votre  Majesté  as- 
«  sures.  C'est  dans  ce  sentiment  d'une  alfec- 
«  lion  toute  paternelle  que  nous  vous  dou- 
ée nous,  du  fond  de  notre  cœur,  à  Votre  Ma- 
«  jesté,  ainsi  qu'à  votre  auguste  famille,  no- 

«  tre  bénédiction  apostolique Donné  à 

«  Rome,  à  Sainte-Murio-Majeure,le  10  juillet 
(  1790 ,  la  seizième  année  de  notre  pontifi- 
«  cal.  »  (  Uohrb.,  Histoire  univ.  de  VEqL, 
t.  XXVII,  p.  485.) 

Les  deux  prélats  auxquels  le  pape  ren- 
voyait Louis  XVI  eurent  la  faiblesse  insigne 
de  lui  conseiller  de  sanctionner  la  Constitu- 
tion civile  du  clergé.  L'archevêque  de  Vienne, 
M.  de  Pompignan,  en  mourut,  dit-on,  de  re- 
gret. M.  de  Circé,  archevêque  de  Bordeaux,. 


•idili.'i    plus   tard    inw   rélraelallon  n'Iebre. 

.oiiis  \\'|  sigtwi  la  Constiluiii'ii  civile  .lu 
rh'rgé  le  '2V  aoi^l  1700.  Cepetid«nl  h  cons- 
cience du  rcii  ti'éi/iii  p;is  Itnnquille;  il  énivit 
au  pa|ie  pour  lui  denuuiUu'do  eoiilirmer  cette 
Constitution.  Le  sainl-p^ic  ,  nynfit  nsscuiiblé 
les  cardinaux  ,  di-eida  (pi'on  prendniil  Yn\\% 
des  évè(pU'S(l(;  iMatice.  Le  MO  neldlue,  ir<uito 
évèipu'S  sigrièr(U)t  la  faminise  l-lxodsiliotides 
piine|pe<;  sur  la  Coiistitutiou  ririlv  <Ui  clirqé. 
Ce  l'iil  M.  de  Hois;;elin  ,  arclievêfpn;  d'Aix, 
(jui  en  lut  le  rédactcnn-. 

«  ].^l''..vpnsiti()n  r(''clMniai(  la  juri  iietion  es- 
sentielle ,*i  ri':^|ise,  le  di-oil  de  Ww.v  la  disci- 
pliiKS  do  fairiMJes  règl(Muen(s  ,  d'instituer 
d(>s  évècpu'S  et  d(ï  leur  doiuier  une  mission, 
droit  (pic  les  nouveaux  décrets  lui  ravissau'iit 
(Ml  entier.  Klle  n'oubliait  |»as  de  se  plaindre 
de  l.'i  suppression  d(î  tant  de  monastères,  do 
ces  décrets  qui  fermaient  des   retraites  en- 
core souvent  consacrées  à  la  piété,  tpji  ()ré- 
tendaient   anéantir  des    promesses   faites  à 
Dieu  ,   qui  apprenaient  h  parjurer  ses   ser- 
ments ,  et  ({ui  s'olforçaient  de  renverser  des 
barrières  nue  la  main"  de  l'homme  n'a  point 
[losées.   Les  évêques  demandaient  en  finis- 
sant (pi'on  admît  le  concours  do  la  puissance 
ccclésiasti(|ue  pour  légitimer  tous  les  chan- 
gements qui  en  étaient  susceptibles,  qu'on 
s'adressât  au  pape,  sans  lequ'-l  il  no  se  doit 
traiter  rien  d'important  dans  l'Eglise;  qu'on 
autorisûl  la  convocation  d'un  concile  natio- 
nal  ou  de  conciles   provinciaux;   qu'on   ne 
r<;{)oussAt   pas    toutes    les   propositions   du 
clergé;  enfin  qu'on  ne  crût  pas  qu'il  en  était 
de  la  discipline  de  l'Eglise  comme  de  la  po- 
lice des  Etats ,  et  que  l'édifice  do  Dieu  était 
de  nature  à  être  changé  par  l'homme.  Cent 
dix  évoques  français  ou  ayant  des  extensions 
de  leurs  diocèses  en  France ,  se  joignirent 
aux  trente  évêques  de  l'assemblée,  et  VExpo- 
sition  des  principes  devint  un  jugement  de 
toute  l'Eglise  gallicane.  Beaucoup  d'évêques 
publièrent  en  outre  des  instructions  pasto- 
rales. Des  ecclésiastiques  instruits  les  secon- 
dèrent par  des  ouvrages  utiles  et  solides. 
Des  laïques  môme  entrèrent  dais  la  lice,  et 
l'on  fut  surtout  étonné  de  voir  diS  jansé- 
nistes repousser  la  doctrine  de  leur  parti  et 
attaquer  le  rédacteur  de  la  Constitution,  l'a- 
vocat janséniste   Camus ,   par  ses  propres 
armes. 

«  L'Assemblée  Constituante  ayant  la  sanc- 
tion du  roi  pour  s-ju  œuvre  ,  dckréta  ,  le  27 
novembre  1790,  que  tous  les  évêques  et  cu- 
rés qui  n'auraient  pas  fait,  sous  huit  jours, 
le  serment  de  fidélité  à  la  Constitution  ci- 
vile du  clergé,  seraient  censés  avoir  renoncé 
à  leurs  fonctions.  Il  fut  dit  aussi  que,  sur  le 
refus  du  métropolitain  ou  de  l'évoque  le 
plus  ancien  de  consacrer  les  évêques  élus, 
cette  consécration  serait  faite  par  quelque 
évêqueque  ce  fût,  et  que,  quant  à  la  contir- 
mation  et  institution  canonique  ,  l'adminis- 
tration civile  indi(|uerait  à  l'élu  un  évêque 
quelconque  auqu'l  il  s'adresserait.  Ces  énor- 
iuités  étaient  capables  d'ouvrir  les  yeux  aux 
plus  aveugles. 
«  Dès  lors  ce  fut  comme  un  jugement  de 


567 


PER 


PER 


S68 


Dieu;  dès  lors  rommoiiga  la  séparation  des 
uns  d"avef  les  autres;  dès  lors  coinmenga 
IVpuralion  du  clergé  français  et  la  régéné- 
ralion  de  In  France  ratliolique.  Le  27  dé- 
cembre 1790,  Henri  Grégoire,  ciiréd'Euiber- 
ménii ,  connu  par  l'exaltation  de  ses  princi- 
pes révolutionnaires,  donna  l'exemple  de  la 
défection.  Il  monta  Ji  la  tribune,  prêta  le  ser- 
ment du  schisme  ,  et  prononça  un  disconrs 
pour  justifier  son  scandale.  Comme  un  autre 
ange  apostat ,  il  fut  suivi  de  soixante  de  ses 
confrères  qui  siégeaient  au  côté  gauche. 
Tiente-six  ecclésiastiques  se  ioignirent  de- 
puis c^  lui,  et  deux  évéques,  1  évéfjue  d'Au- 
tun  ,  Talleyrand  ,  et  celui  de  Lydda  ,  Gobel, 
siiil'ragant  de  BAle  pour  la  partie  française 
du  diocèse. 

«  Le  4  janvier  1791  avait  été  fixé  aux  ec- 
clésiastiques de  l'Assemblée  nationale  pour 
la  prestation  du  serment  de  défection  et  de 
schisme.  Autrefois  ,  sous  Néron  et  Dioclé- 
tien,  le  peuple  païen  ,  assemblé  au  tliéâtre, 
s'écriait  :  Les  chrétiens  aux  lions  !  aux  lions 
les  chrétiens!  Le  i janvier  1791,  au  moment 
que  le  président  de  l'Assemblée  allait  faire 
l'ajinel  nominal  des  ecclésiastiques  jusque-lài 
fidèles  ,  un  groupe  de  misérables  s'écria  :  A 
la  lanterne  !  à  la  lanterne  les  évéques  et  les 
prêtres  qui  ne  feront  pas  le  serment  !  ^C'est 
qu'on  pendait  aux  crochets  des  lanternes  pu- 
bliques ceux  qu'on  ne  prenait  pas  le  temps 
de  réserver  à  la  guillotine.)  Quelcjues  laufues 
de  l'Assemblée  demandèrent  qu  on  mît  lin  à 
ces  clameurs  sanguinaires,  afin  ([uc  le  clergé 
piU  répondre  au  moins  avec  une  apparence  de 
liberté.  «  Non,  messieurs, dirent  les  ecclésias- 
«  tiques  fidèles ,  ne  vous  occupe/  pas  de  ces 
«  clameurs  d'un  peuph;  qu'on  abuse.  Son  er- 
«  reur  et  ses  cris  ne  diiigeront  pas  notre 
«  conscience....»  Le  président  appelle  d'a- 
bord M.  de  Bonnac,  évoque  d'Agon  :  »  Mes- 
«  sieurs  ,  dit  le  prélat  au  milieu  du  plus 
«  profond  silence,  les  sacrifices  de  la  fortune 
«  me  coûtent  peu;  mais  il  en  est  un  (jue  je 
«  ne  saurais  faire,  celui  de  votre  estime  et 
«  de  ma  foi;  je  serais  trop  si'ir  de  i»erdre 
«  l'une  et  l'autre  si  je  prêtais  le  serment 
«  (pi'on  exige  de  moi.  »  Celte  réponse  ca|>- 
tive  un  insf.int  l'admiration.  Le  président 
appelle  M.  Fournet,  curé  du  même  diocèse  : 
«  Messieurs,  dit  à  son  tour  ce  digne  piètre, 
'<  vous  avez  itrétendu  nous  rappeler  aux  |)re- 
«  miers  siècles  du  christianisme;  eh  bien! 
«  avec  toute  la  simpliciti'  de  cet  ;lge  heureux 
H  de  l'Eglise,  je  vous  dirai  (jue  jt^  me  fais 
«  gloire  de  suivre  rexenqile  (pie  mon  ('vè([ue 
1  vient  de  me  donner.  Jt;  marcherai  sur  ses 
a  traces ,  comme  le  diacre  Laurent  minha 
«  sur  celles  de  Sixte,  son  évèque;  je  le  sui- 
<t  vrai  jus(ju'au  martyre.  »  Ces  paroles  si 
belles  provofpièreni  des  grincements  de  dents 
l»armi  le  ciMé  gauche.  .Ni.  I^eelerc,  cur»'  du 
diocèse  de  Séez ,  se  lève  à  l'ajtptd  du  prési- 
dent :  «  Je  suis  né  catholique,  apostolique  et 
n  romain  ,  je  veux  mourir  dans  cette  loi;  je 
«  ne  le  pourrais  pas  en  jnèlant  le  serment 
«  que  vous  me  demandez.  »  A  ces  mots  ,  la 
gauche  éclate  de  fureur  et  demande  (ju'on 
mette   tin  à   co  soiniuations  iiulividuellcs. 


.M.  deSainf-Aulaire,  évèque  de  Poitiers,  crai- 
gnant de  manquer  une  si  belle  occasion  do 
témoigner  sa  foi ,  s'avance  vers  la  tribune 
malgré  son  grand  Age  ,  et  dit  :  «  Messieurs, 
«  j'ai  soixante-dix  ans,  j'en  ai  passé  trente- 
«  trois  dans  l'épiscopat;  je  ne  souillerai  pas 
«  mes  cheveux  blancs  par  le  serment  de  vos 
«  décrets  ,  je  ne  jurerai  pas.  »  A  ces  mots, 
tout  ie  clergé  de  la  droite  se  lève,  api)laudit 
et  annonce  qu'il  est  tout  entier  dans  les  mê- 
mes sentiments. 

«  L'Assemblée  ,  qui  avait  vu  le  roi  plier 
sous  ses  décrets ,  est  étonnée  de  cette  fer- 
meté (les  évêques  et  des  prêtres.  Les  dépu- 
tés quittent  leurs  sièges,  se  réunissent  en 
groupes,  s(>  dispersent  de  nouveau,  ne  savent 
à  quel  parti  s'arrêter.  Au  dehors  retentissent 
les  cris  :  .4  la  lanterne  tous  les  évéques  et  tous 
les  prêtres  qui  ne  jureront  pas  !  Ceux-ci,  tran- 
quilles et  sereins,  demandent  que  l'on  con- 
tinue l'appel  nominal.  Enfin  le  jureur  Gré- 
goire monte  h  la  tribune,  et  s'efforce  de  per- 
suader au  clergé  de  la  droite  que  l'intention 
de  l'Assemblée  n'a  jamais  été  de  toucher  h 
la  religion,  à  l'autorité  spirituelle;  (ju'en 
faisant  le  serment ,  on  ne  s'engage  à  rien  de 
ce  qui  serait  contraire  à  la  "foi  catholique. 
«  Nous  demandons,  répondent  les  évêques 
«  et  les  prêtres  de  la  droite,  que  cette  expli- 
«  cation  soit  d'abord  convertie  en  décret.  » 
L'Assemblée  s'y  refuse  et  ordonne  qu'au 
lieu  d'interpellations  individuelles,  on  leur 
fasse  une  sommation  générale.  Le  président 
dit  alors  :  «  Que  ceux  des  ecclésiastiques  qui 
«  n'ont  j)as  encore  prêté  leur  serment  se  lè- 
«  vent  et  s'avancent  pour  le  prêter.  »  Pas  un 
seul  ne  s'avance  .  [)as  un  seul  ne  se  lève.... 
Honneur  au  clergé  de  France  1  il  n'y  a  rien 
de  plus  beau  dans  l'histoire  de  l'Eglise. 

((  L'Assemblée  fit  un  pas  [ilus  avant  dans 
la  voie  de  la  persécution;  elle  décréta  que 
le  roi  ferait  élire  de  nouveaux  curés  à  la 
place  de  ceux  (jui  n'avaient  pas  nrêté  le  ser- 
ment du  schisme.  Le  clergé  fiiJèlo ,  contro, 
(jui  l'on  formait  ce  décret,  eut  alors  une  con- 
solation inattendu(>.  Plus  de  vingt  ecclésias- 
ti(pies  (pii  avaient  cru  pouvoir  prêter  le  ser- 
ment avec  des  explications,  voyant  la  noble 
résistance  de  l(Mirs  confrères,  frappés  surtout 
du  refus  (ju'av.iit  fait  l'Assemblée  d'admeltro 
ces  explications  nécessaires  ,  rétractèrent 
hautement  leur  serment,  les  uns  h  la  tribune, 
les  autres  en  déjtosant  sur  le  bureau  leurr('- 
I lactation  écrite,  d'autres  par  la  voie  de  l'im- 
pression; car  on  linit  par  les  re|»ouss(M'  des 
bureaux  et  de  la  tribune.  Tous  ces  lidèles 
imitateurs  des  a|)(*>tr(>s  ,  évê(pies  et  prêtres, 
sortirent  de  l'Assemtjlée  à  travers  les  ou- 
trages et  h^s  cris  ,  se  réjouissatit  d'avoir  été 
trouvés  dignes  de  souffrir  ces  insultes  pour 
le  nom  di>  Jésus-Christ.  Leurs  (MUiemis  eux- 
mêmes  n(<  pouvaient  s'empêcher  d'en  témoi- 
gner lie  l'admiration.  <  Nous  avons  leur  ar- 
n  genl ,  disait  Mirab(\Tu  ,  jnais  ils  ont  cou- 
rt serve  leur  hoiuieur.  « 

<<  l'inahMiient ,  sur  environ  trois  cents  ec- 
(  lésiasti(pies  qui  étaient  de  l'Assemblée  na- 
ti(»nnle.  il  n'y  en  eut  qu'environ  soixante-dix 
(jui  adlierèronl  h  la  (Constitution  scbisiuati- 


K(I9 


PFR 


l'I  II 


r,70 


qwo  (lu  rlur^'i''.  To  <liiiiam-li(<  suivant,  Ojnii- 
vi(>r  1701  ,  t''l«il  m«r(i(i('  pour  Uî  sciiiii'iil  du 


clrr^i''  (Ids  |»an)iss(i,s  i]i'  l'.uis.  N'inul  immiI"  ru- 
r(^s  lo  rc^l'usc'Tciil,  ("ulrc  iiulics  ceux  de  Saint- 
Sul|»ic(i  <»t  (1(1  Sainl-Uocli  à  la  hHc  (Ni  pitVs 
(!(»  (Oiil  |»r<Mr(vs  (I(ï  leurs  (•()niiiniiiaut('S ,  cl 
l'on  nssiin^  (|Uo,  sur  huit  cciils  ccch'siasli- 
((ucs  (Miiployi^s  au  iniiiisl(''r(Mlaus  ccUc  ^rando 
cilô,  plus  de  six  (('Mis  se  iM(mlr(''r('Ml  plusat- 
taclu^s  h  leurs  devoirs  i\nh  leurs  places.  Siu* 
((narautc  pr(Mres  (pii  desservaieni  Saiul-Sul- 
j>icc,  pas  un  scid  ne  jura;  il  en  Tu!  de  nuMuo 
dans  diverses  nulros  paroisses  ,  telles  ([uo 
Saint-Jean-dc-(îr(''vo  et  Sainl-llippol.vlc.  A 
Sainl-llocli,  sur  ([uaranic-six,  (piaranle  turent 
l'ernu'S.  Los  (Wô(pics  dispersc^s  dans  les  pro- 
vinces suivirent  rexenipU^  de  leurs  coll(>- 
u;ues  rcWniis  h  Paris  ,  et ,  d(^  cent  trenUvciiui 
évoques  fran(;ais  ,  (piatri^  soulenient  s'enrA- 
li^ronl  sous  les  étendards  du  schisme.  Ce  fu- 
rent le  cardinal  do  Briennt» ,  arcliev(V(ue  (h; 
Sens,  et  les  évôcjues  do  Viviers,  d'Orléans  et 
d'Autun.  La  conduilo  sul)séqu(Mite  do  ces 
préhts  no  parut  gu('M'e  propi'c  à  jusiilior  leur 
démarche  en  cette  occasion.  De  Brienne, 
(pi'on  avait  déjh  su  apprécier,  renvoya  ce 
même  chapeau'do  cardinal  ((u'il  avait  brigué 
peu  auparavant ,  fut  déclaré  déchu  de  sa  di- 
{Auité  par  lo  pape,  et  mourut  misérablement 
eii  ITOV.  Les  évcVpios  d'Orléans  et  d'Autun, 
Jaronte  et  ïalleyrand  ,  malheureusement 
lancés  dans  une  "^carriére  i)0ur  laquelle  ils 
étaient  bien  pou  faits ,  renoncèrent  à  leur 
état,  prirent  des  fonctions  civiles  et  contrac- 
tèrent mémo  des  mariages.  Quant  îi  M.  de 
Savinos,  évéciue  do  Viviers,  qui  donna  sa 
démission  et  lut  élu  do  nouveau,  il  Ut  dans 
la  suite  des  démarches  si  extravagantes, 
qu'on  ne  sait  pas  si  sa  prévarication  no  fut 
nas  un  elfet  ae  la  folie.  Parmi  les  curés  et 
es  vicaires  des  provinces  ,  la  grande  majo- 
rité, au  moins  cinquante  mille  sur  soixante, 
refusèrent  tout  serment  à  a  Constitution 
prétendue  civile  du  clergé.  Parmi  ceux  qui 
restaient ,  le  grand  nombre  ne  jura  qu'avec 
des  restrictions  pour  tout  ce  qui  était  con- 
traire il  la  religion  catholique.  Une  faible 
minorité  jura  sans  précaution,  d'une  manière 
absolue.  Enfin  la  pres([ue  totalité  de  l'éois- 
copat  français,  la  très-grande  majorité  du 
clergé  séculier  se  montraient  fidèles  au  jour 
de  l'épreuve.  »  (Rohrbacher,  Hist.  univ.  de 
rEglise,  t.  XXVII,  p.  489,  citant  Barruel, 
Hist.  du  clergé  pendant  la  révol.  franc. ,  Pi- 
cot, Mémoires,  an.  179L) 

Malgré  le  désappointement  qu'éprouva 
l'Assemblée,  en  voyant  le  refus  formel  de  la 
grande  majorité  du  clergé,  elle  n'en  procéda 
pas  moins  à  la  nomination  de  ses  évoques 
constitutionnels.  Les  électeurs  choisirent 
donc  leurs  nouveaux  prélats.  Mais  ce  n'était 
pas  tout,  il  fallait  les  faire  instituer.  Go  fut 
un  nommé  Expilly,  qui  venait  d'être  nommé 
évèque  du  Finistère,  qui  commença.  Il  s'a- 
dressa à  M.  de  Girac,  évêque  de  Rennes.  La 
nouvelle  circonscription  attribuait  Quimpor 
au  métropolitain  de  Rennes.  M.  de  Girac 
répondit,  en  montrant  au  postulant  la  nul- 
lité de  son  élection,  et  en  refusant  de  se 


1 


»r(Mei'  il  von  sacre,  l'.xpilly  eut  alors  recours 
i  r('vèque  d'Autini,  M.  de  1  alleyrand,  lequel 
n'avait  uns  le  droit  de  sacrer  un  év('^(pic  en 
dehors  (le  sou  ressort  iii('lropolit/iiii.  Oela  m; 
l'empêcha  pas  de  procéder  au  s/icre  des  cu- 
lés  l'ixpilly  et  Maiollcs,  conuiie  évfi(pM'S  du 
Filiislère  et  de  l'Aisne;.  Gobel  d«î  Lydda,  et 
IVIirondol  d(;  itabylone  l'assistaient,  l'ividerii- 
iiieiil  l'évêiMie  d'Autun  coiiiiiiuni(|ua  aui 
nouveaux  élus  le  caractère  épiscopal,  (;'(^st 
indiiliilable;  mais  ci;  (pi'il  m;  put  leur  com- 
miiMiipier,  c'est  l'autorité  et  la  juridiction 
sur  hîiirs  diocèses;  aulorit('  et  juiidiction 
(pi'il  n'avait  pas  lui-même.  Nemo  dut  (jnnd 
non  hnhvt.  (les  d(Mix  évê(pirïs  n'avaient  donc 
aucun  pouvoir  sur  les  Ames  rpie  l'Assomblée 
prétoïKlait  leur  confier.  Anci(!nnem(Mil  In 
discipliiu;  ecclésiasli(pi(!  attribuait  le  droit 
de  conlirmation  aux  métropolitains,  et  aux 
métropolitains  seulement. 

L'évê(|uo  (iobid  de  Lydda,  pour  prix  de  sa 
lAcho  complaisance,  eut  la  |)(!rmission  d'op- 
ter entre  trois  départements.  Kn  homme  qui 
sait  choisir,  il  prit  le  déparliMuenl  de  la 
Seine.  Plus  tard  il  se  rétracta,  écrivit  secrè- 
tement au  pape,  mais  n'eut  pas  la  force  de 
suivre  les  conseils  qu'il  reçut.  Cet  homme 
était  un  caractère  faible  et  sans  consistance, 
triste  mélange  de  bien  et  de  mal,  n'arrivant 
à  une  décision  que  sous  l'influence  de  la 
peur.  Ces  liommes-1'^  voudraient  tout  ména- 
ger. Ils  sont  comme  eeux  qui,  craignant 
Dieu  et  le  diable,  se  font  cette  maxime  :  «  il 
est  bon  d'avoir  des  amis  partout.  »  Henri 
Grégoire,  curé  d'Emberménil,  fut  nommé 
évêque  de  Loir-et-Cher. 
«  En  1789,  sur  une  population  de  dix  mille 
Ames,  Laval  renfermait  plus  de  quatre-vingts 
prêtres  tant  séculiers  que  réguliers,  pres- 
que tous  nés  dans  la  ville  môme  et  y  ayant 
leurs  familles.  A  Laval,  il  y  avait  peu  de  no- 
blesse, mais  beaucoup  d'anciennes  familles 
bourgeoises;  ces  deux  classes  s'alliaient  en- 
tre elles,  vivaient  sur  le  pied  d'une  égalité 
parfaite,  et  formaient  une  sorte  d'aristocra- 
tie qui  n'avait  rien  d'oppressif  pour  les  "fa- 
milles des  rangs  inférieurs. Enfin,  Laval  pré- 
sentait une  espèce  de  petite  républi(iue  ré- 
glée par  une  bonhomie  patriarcale ,  par  un 
grand  fonds  de  religion  et  par  un  profond 
respect  pour  les  anciens  usages.  Lorsque  pa- 
rut la  constitution  civile  du  clergé,  tous  les 
ecclésiastiques  de  Laval  et  des  environs  se 
prononcèrent  fortement  contre.  Laval  était 
une  des  six  villes  de  France  dans  lesquelles 
on  devait  établir  un  évôché.  En  décem!)re 
1790,  les  électeurs  du  département  choisi- 
rent pour  évêque  un  prêtre  recommandable, 
M.  Desvaupons,  grantl-vicaire  de  Dol.  Il  re- 
fusa de  son  propre  mouvement  ;  mais  le  jour 
suivant,  l'évèque  de  Dol,  M.  de  Hercé,  lui 
persuada  d'accepter.  Le  bon  évoque  pen- 
sait que,  les  esprits  venant  à  se  calmer,  le 
clergé  de  France,  uni  au  souverain  pontife, 
et  même  l'évèque  du  Mans,  consentiraient  à 
l'érection  d'un  nouveau  siège  à  Laval  et 
qu'ils  y  donneraient  les  formes  canoniques. 
Cependant,  le  26  décembre,  M.  Desvaupons 
écrivit  au  pape,  lui  fit  l'exposé  des  faits  et 


K7I 


PER 


PER 


5T1 


démailla  quel  parti  il  devait  prendre.  Ce  ne 
fut  que  depuis  cojour  qu'on  o\ijîea  le  ser- 
nio'it  h  la  ("onstitvilioti  civile  du  clergé.  Sur 
le  grand  nombre  de  [)rAlres  de  Lnval  el  d»^s 
quarante-sept  fiaroissps  du  distrirt,  il  n'y 
eut  que  dix  individus  qui  le  prtMf'rent.  S.iiis 
altondro  ladtS-isim  du  pape,  M.  Desvaupnris 
envoya  sa  dc'-mission  le  '22  ft-vrirr  171)1. 
Trois  jours  après,  il  reçut  un  Itrel"  de  Roim», 
où  le  pape  lui  recommandait  t)rcciséme'it  ce 
qu'il  venait  de  faire,  savoir,  de  refuser.  Les 
élerfeu  s  du  dt^partomeut.  ne  voyant  aucun 
ecclésiastique  m  peu  marquant  du  pays  qui 
voulût  accepter  l't'pisc  >pat  li^  leur  ma  n, 
choisirent  un  étranger  du  Midi,  le  P.  Viilar, 
principal  du  collège  de  La  Flèche,  où  les 
religeux  doctrinaires  avaient  remplacé  les 
jésuites. 

•  Peu  après  cette  élection  ,  on  eut  con- 
naissance desdoux  brefs  du  pape,  du  10  mars 
et  du  13  avril  1701,  le  premier  aux  évô(pies 
de  l'Assemblée  Constituante,  le  second  à  lout 
le  clergé  et  aux  fidèles  de  France.  Pie  VI  y 
déve  oi>[)ait  tous  les  vices  de  la  Constitution 
civile  uu  clergé  ;  il  déclarait  les  électiois  des 
nouveaux  évé(pies  illégitimes,  sacrilèges  el 
contraires  aux  canons,  ainsi  que  l'érectiou 
des  nouveaux  sièges,  dont  celui  de  Laval 
faisait  partie.  Il  ordonnait  h  tous  les  ecclé- 
siastiques qui  avaient  lait  le  serment,  de  le 
rétracter  dans  quarante  jours,  sous  peine 
d'être  suspens  de  l'exercice  de  tous  ordres 
et  soumis  à  l'irrégularité,  s'ils  en  faisaient 
les  fonctions.  Malgré  ces  décrets  du  succes- 
seur de  saint  Pierre,  du  vicaire  de  Jésus- 
Christ,  le  sehismatique  Villar  se  fit  sacrer  à 
Paris  le  22  mai  1790.  Ce  ne  fut  que  plus 
d'un  an  après,  en  date  du  4  juillet  1791, 
qu'il  publia  sa  première  lettre;  pastorale, 
avec  ce  début  commun  à  tous  les  évéques 
civils,  conslitutiounels ,  mais  non  callioli- 
(jues  ;  «  Noél-Gabriel-Luce  Villar,  [)ar  la 
«  miséricorde  de  Dieu  el  dans  la  conimu- 
«  nion  du  saint-siége  apostolirpie,  évèque  du 
«  département  de  la  Mayenne.  »  Dans  ce 
peu  de  mots,  le  citoyen  V'illar  dit  d'abord 
un  mensonge  ;  il  assure  être  dans  la  commu- 
nion du  saint-sii'ge,  el  le  saint-siége  le  nie. 
Ensuite  il  ne  dit  [)as  au  nom  de  qui  il  vient 
comme  évèque;  reste  à  concluie  rju'il  ne 
vient  au  nom  do  per-*oniie.  Les  évèques  lé- 
gitimes sonl  les  successeurs  (les  jqxMres, 
envoyés  de  Jésus-l^hiisi  ;  et  Ji'sus-Christ  a 
établi  H  sa  place  un  vicaire,  un  lieutenant, 
pour  pattre  et  gouverner  tniit  le  troupeau, 
toute  l'Kglise,  et  les  agneaux  el  Ifs  brebis, 
et  les  petits  et  les  mères,  et  les  fidèles  el  les 

tiasteurs,  el  surtout  pour  signaler  aux  bre- 
MS  el  aux  agneaux  (piels  smil  les  pasteurs 
véritables  et  (piels  sout  les  loups  vêtus  en 
bergers.  Les  évèipies  légdimes  melteiil  en 
tète  de  leurs  lettres  pastorales  par  In  ijrâcr 
df  Dieu  et  l'autorité  du  snint-sii'fje,  évèque 
de  telle  cilé  :  le  ciio\en  Vill.ir,  comme  le 
loup  de  In  fable,  eùl  l)it'n  voulu  éi-rire  cela 
sur  son  <  haueau,  mais  il  n'osn,  ot  sa  voix 
seule  trahit  I  imposture. 

■  Le  cb'rgé  <iu  pays  n'écouta  [loiut  |j\  voix 
du  mercenaire.  Sur  eent   quatre-vingt-neuf 


prêtres  séculiers  que  renfermait  le  district 
de  Laval,  on  n'en  compte  que  dix-neuf  qui 
aient  adhéré  au  schisme  :  ciiu}  sur  soixante- 
onze  chanoines,  chapelains.  j)rêtres  habitués; 
quatorze  sur  eent  cinq  curés  et  vicaires  de 
paroisses  rurales; pas  insnr  les  treize  rniés 
et  viraires  de  la  ville.  Quant  au  clergé  ré.,'U- 
lior,  dnns  les  six  communau'és  d'h<mimes 
que  renfeimait  le  mêiue  d  stiict ,  on  ne 
trouve  que  sept  religieux  qui  participèrent 
au  schisme;  la  p'iqi.irt  étant  éliangers.  re- 
tournèrent (laus  leurs  familles  en  lii91,  sans 
qu'on  sache  le  sort  du  plus  grand  nombre. 
Lévêque  intrus  eut  donc  bien  de  la  pei'to  h 
composer  son  clergé  :  il  ne  put  pas  même 
compléter  le  nombre  de  seize  vicaires  épis- 
copaux  qu'il  devait  avoir  ;  celui  d'entre  eux, 
nonuné  (iiiilbert,  rpi'd  fit  supérieur  du  sémi- 
naire, apostasia  dès  la  fin  du  1793  et  devint 
le  j)lus  impie  et  le  plus  féroce  des  révolu- 
tionnaires de  Laval.  Sur  quarante-cinq  pa- 
roisses de  la  campagne,  il  y  en  a  six  pour 
lesquelles  on  ne  nouima  pas  même  d'intrus  ; 
huit  pour  lesquelles  on  en  nomma  h  |rlu- 
sieurs  reprises,  mais  les  uns  ne  s'y  présen- 
tèrent pas,  li'S  autres  n'v  restèrent  pr.s  plus 
de  vingt-quatre  heures;  biiit  où  les  intru-^  ne 
restèrent  pas  un  an.  En  résumé,  l'intrusion 
ne  prit  vraiment  racine  que  dans  dix  pa- 
roisses rurales,  encore  n'avait-elle  qu'une 
faible  fraction  des  habitants.  »  fRohrbacher, 
J/ist.  univ.  dp  l'Eglise,  t.  WVII.  p.  V9V.  ci- 
tant les  Mémoires  cccl('sKnstifiHrs  concernant 
ta.  ville  de  Laval  et  de  ses  environs,  pendant  In 
révolution  de  1789  à  1802,  par  M.  Boullier; 
Laval,  18VG.) 

Dans  une  multitude  d'autres  pavs  on  vit  la 
même  chose  :  il  eflt  été  impossible  de  trou- 
ver des  prêtres  constitutionnels,  si  l'on  n'a- 
vait pas  choisi  parmi  la  lie  rejetée  des  cou- 
vents. Partfuit  la  séparatinn  des  catholiques 
et  des  intrus  se  tit  spontanément.  L'Flglise 
des  anciens  prêtres  se  nommait  VEgtise  ca- 
thnliiiue  :  ou  nommait  celle  des  nouveaux 
VEgtise  constitutionnelle.  Quand  les  évêques 
de  c"s dernières  écrivaient  au  pape,  ils  pre- 
naii'iii  d'tMix-même»;  e(>  titre  qui  man|uait  la 
réprobati'in  pour  les  fidèles  ;  ils  se  (juali- 
liaient  évoques  constitutionnels.  Presque  par- 
tout les  intrus  n'étaient  suivis  que  de  fort 
peu  de  monde;  leurs  églises  étaient  prt^sque 
partout  désertes.  Les  prêtres  constitutionnels 
el  les  impi(>s  qui  leur  prêtaient  leur  apj'ui 
voyaient  lout  cela  avec  une  rage  qu'ils  ne 
cachaient  pas.  Les  fidèles  de  rerlniiies  pa- 
roisses faisaient  souvent  plusieurs  lieues 
pour  aller  trouver  un  (>rêtre  catholique,  el 
recevoir  de  lui  les  sacrements.  L'impie 
Condorcet,  celui  (pii,  ayant  été  fait  prison- 
nier, s'empoiMinna  depuis  à  Ilourg-la-Reine, 
donna  aux  intrus  le  coi;seil  d'en  agir  ji  l'é- 
gard des  catholiques  par  les  mênit'S  moyens 
de  coercition  ipTon  avait  employés  contre 
les  chrétiens  de  la  primitive  Eglise.  Dans 
certaiii*'  lieux  on  fra|>pait  à  coups  de  bAton 
les  catliolitpies  qui  >e  rendaient  aux  églises 
de  leurs  prêtres.  Les  temmes  les  plus  ver- 
tueuses, les  plus  reroinmandables  ,  fun  ni 
victimes  de  ces  indignes  traitements.   Dans 


B78 


l'iJi 


PI  R 


574 


In  jmroisso  de  S«inln-Mnru!n(>ril(\  h  INiris,  Irois 
r(Mi|;;i(Mi.S(»s ,  sirMirs  de  Cluirih'',  inoiinirciif 
des  ('(Miiis  (|ir('llo.s  aviiicnl  ainsi  reçus.  Ilcjui- 
(•mip  J(>  |)i(»viii('t's  viii'iil  do  scmItlahNH  [mu- 
si^Milions.  I>/ms  1»'  Midi,  en  l»i';iii(uii|>  do 
localih's,  l(>s  pioli'slaiils  se  jdi^^iiiiciil  aux 
iiilins.  pour  ('ii|>(''(licr  l('scalli(»li(|(ii's  d'cxci'- 
(M'i  lilw'ciucnl  leur  ('(die.  I.à  on  se  inil.  .'i  los 
IVnppci'  h  coups  (il'  iiciis  de  hind'. 

(le  l'iifenl  ris  liorreiirs  el  ces  violences  (\(^ 
tonlo  sorl(>,  ce  l'in-enl  li^s  enliaves  mises  à  la 
liliei'lt^  du  colle,  (pii  occasiitnnèreni  l(^  son- 
jèvenieul  de  la  N'eiidi'e.  Les  N'endée-is  avai(!iil 
;u'i'(>plé  avec  lia'upiillili'*  les  eliaMfTeine'ils 
poh!iipii>s  ipi(>  la  lévohilion  a|)porlail,  dans 
l'ancien  élal  do  choses.  Ce  (pn  les  exaspéra, 
c(>  fut  de  voir  qu'on  leur  rel'usail  la  liberté 
du  cullo  si  so'ivent  promise.  l/.\ssenddéo 
r.(»ns|iiuante  ayaul  envoyé  dans  l'Ouest 
deux  commissaires  pour  y  étudier  la  (pies- 
lion  i'(>li,i;ieuse  ,  ces  doux  comnussaires 
adressèrent  un  i-appori  oi^i  on  trouve  des 
passages  trés-dignes  d'cMi-e  placés  ici.  «  L'é- 
potiuè  do  la  prestation  du  serment  ecclé- 
siastique, y  disent-ils,  a  été,  pour  le  dépar- 
tement de  la  Vendée,  la  première  épocfue  de 
ses  troubles;  jus(pralors,  le  peu|)lo  y  avait 
joui  de  lapins  grande  tran([uillité  ;  éloigné 
du  centre  commun  de  toutes  les  actions  et 
de  toutes  les  résistances,  disposé  jvir  son 
caractère  natuiel  à  l'amour  de  la  paix,  au 
sentiment  de  l'ordre,  au  respect  de  la  loi,  il 
recueillait  les  bieid'aits  de  la  révolution  sans 
en  éprouver  les  orages Sa  religion,  c'est- 
à-dire  la  religion  telle  qu'il  la  conçoit,  est 
deve'Mie  pour  lui  la  |)lus  forte  et  rour  ainsi 

dTre    l'uMiquo    habitude    de    sa   vie La 

constance  du  peuple  de  ce  dépai-tement  dans 
l'exercice  de  ses  actions  religieuses  et  la  con- 
tia'ice  illimitée  dont  y  jouissent  les  jn-èli'es 
auxquels  il  est  habitué,  sont  un  des  princi- 
paux éléments  des  troubh^sqai  l'ont  agité  et 
qui  peuvent  l'agiter  encore » 

Le  raj^port  taisait  ensuite  mention  de  la 
lettre  pastorale  do  révô(]ne  de  Lucon  aux 
prêtres  lidèles  de  son  diocèse,  pour  leur 
tracer  la  conduite  qu'ils  avaient  à  tenir  en 
face  des  événements.  Elle  leur  ordonnait 
de  cesser  la  célébration  des  cérémonies  du 
culte  dans  les  églises  dont  les  intrus  se  se- 
raient emparés.  Klle  leur  prescrivait  de  cher- 
cher un  lifui  où  les  lidèles  pourraient  tenir 
leurs  assemblées.  «  Sans  douie,  il  sera  dif- 
ficUe  de  trouver  un  local  convenable,  de  se 
procurer  des  vases  sacrés  el  des  oi'uements  : 
alors,  une  simple  grange,  un  autel  portatif, 
une  chasuble  d'indienne  ou  de  quelque  autre 
élotle  comnurie,  des  vases  d'étain  suffiront 
dans  le  cas  de  nécessité  pour  célébrer  les 
saints  mystères  et  l'oilice  divin.  Celte  sim- 
plicité, celte  pauvieté,  en  nous  rappelant  les 
piemiers  siècles  de  l'Eglise  et  le  berceau  de 
notre  sainte  religion,  peut  ètie  un  [)uissant 
moyen  pour  exciter  le  zèle  des  ministies  et 
la  ferveur  des  Cdèles.  Les  premiers  chré- 
tiens n'avaient  d'autres  temples  qvic  leurs 
maisons;  c'est  là  que  se  réunissaient  les  pas- 
teurs et  le  troupeau  pour  célébrer  les  saints 
mjslères,  entendre  la  parole  de  Dieu  et 


(  h/uitfM-  les  lou«riK(»H  du  Hei^nour.  Dani  Ioh 
pecsi'culioMs  dont  rK^;li«!r)  fut  allli^ée,  forcéi 
d'/diandoruier  leurs  basilirpu^s,  on  <'ri  vit  s« 
l'elirer  dauH  les  cavernes  (d  jusque  datis  jeîj 
tombeaux,  el  ces  temps  d'é-preuvc»  furent 
pour  les  vrais  lidèles,  l'éptipic  de  la  pblfl 
griulde  ferveur » 

l'Ius  loin,  le  rfi|ipf)rl  disait  (pie  ri'%  r(*^ 
coiiima'idalioTs  de  r(''vè(pie  de  Lu  ci  mi  nvairnt 
porté  h'Ui's  fruits.  Il  disait  comiiii-iil  la  ré- 
sislaiic(!  passive,  calme  et  résigné(!  df»  In  po- 
pulation et  du  clerg(''  (wdlioli(|  II'  avait  empA- 
ché  l'inslallatiou  dans  le  déparUiiiient  de  l'é- 
vè(pi(»  coiistitulioinel  Itodrigue/..  «  Hien 
n'est  |ilus  commun  (pu;  di;  voir,  dans  les 
paroisses  de  ciu  |  .'i  six  cerils  personnes,  dit 
ou  douze  seulement  aller  l'i  la  messe  du  prft- 
fre  nsseriiKMdé;  la  proportion  est  la  même 
dans  tous  les  lieux  du  départcîuus'it.  Les 
jours  de  dimanche  et  de  fête,  O'i  voit  d(;.s 
villages  et  de.s  bourgs  entiers  dont  les  habi- 
tants déseilenl  leurs  foyers,  pour  aller  fi  une 
et  (]uel(piefois  deux  lieues  entendre  la  messe 

d'un  prêtre  non  assermenté Malheur(îU- 

senient ,  cette  division  religieuse  a  produit 
une  séparation  i)oliti(iue  entre  les  citoyens... 
Le  très  petit  nombre  des  personnes  (pii  vont 
dans  l'église  des  prêtres  assermentés,  s'ap- 
l)ellent  et  sont  appelés  patriotes;  ceux  qui 
vont  dans  l'église  des  prêtres  non  assermen- 
tés, sont  a})f)elés  et  s'ai)pell(Mit  aristocrates. 
Ainsi,  pour  ces  pauvres  habitants  des  cam- 
pagnes, l'amour  el  la  haine  de  leur  patrie 
consiste  aujourd'hui  non  point  à  obéir  aux 
lois,  à  respecter  les  autorités  ,  mais  à  aller 
ou  ne  pas  aller  à  la  messe  du  prêtre  asser- 
menté. » 

«  11  est  un  autre  point,  disent  les  deux 
commissaires,  sur  le(|uel  tous  les  habitants 
des  camttagues  se  réunissaient  :  c'est  la  li- 
berté des  opinions  religieuses  qu'on  leur 
avait,  disaient-ils,  accordée,  et  dont  ils  dési- 
raient jouir Les  campagnes  voisines  nous 

envoyèrent  de  nombreuses  députations  de 
leurs  habitants  pour  nous  réitérer  la  môme 
prière.  Nous  ne  sollicitons  d'autre  gr^ce, 
nous  disaient-ils  unanimement,  que  d'avoir 
des  prêtres  en  qui  nous  ayons  confiance. 
Plusieurs  d'ep.tre  eux  attachaient  môme  un 
si  grand  prix  à  celte  faveur  ,  qu'ils  nous  as- 
suraient qu'ils  paieraient  volontiers,  pour 
l'obtenir,  le  double  de  leur  imposition.  » 

11  n'entre  i)as  dans  notre  plan  de  faire 
l'histoire  des  guerres  soutenues  par  les  Ven- 
déens ])Our  la  déf  use  du  culte.  Du  reste, 
nous  ne  croyons  pas,  comme  quehjues  au- 
teurs, que  ce  fut  là  le  seul  motif  qui  les  por- 
ta à  prendre  les  armes.  Certes,  il  y  avait 
quelque  chose  de  politique  aussi  dans  les 
causes  qui  déterminèrent  cette  guerre  (le 
géants,  sous  les  elfoits  de  laquelle  la  républi- 
que fut  sur  le  point  de  disparaître.  Nous  ne 
ferons  pas  non  plus  l'histoire  des  événe- 
ments qui  eurent  lieu  dans  'e  sein  de  l'As- 
semblée qui  gouvernait  la  France  ;  nous  ar- 
rivons immédiatement  aux  massacres  des 
rètres  dans  les  prisons.  Nous  citerons  Rohr- 
acher ,  qui  donne  un  excellent  précis  de 
tous  ces  faits. 


l 


57r,  PER 

«  L'Assemblée  Lt'gislntive,  ayant  mis  au 
m^anl  l<*  rrto  royal,  promulfjcua  les  lois(|u'»'lle 
avait  rendues  contre  les  prOtres.  Un  délai  de 
quinze  jours  fut  donné  h  ceux  qui  avaient 
refusé  ou  réiracti'  le  serment  ;  passé  ce 
terme,  ils  étaient  tenus  de  sortir  du  royau- 
me, et,  faute  par  eux  de  s'exiler,  ils  devaient 
être  arrêtés  et  dé|)ortés  h  ii  Guyane  fran- 
(,aise.  Ceux  d'entre  eux  (jui  seraient  restés 
en  France  après  avoir  obtenu  un  passeport 
et  annoncé  leiu"  dép.nrt,  encouraient  la  |)eine 
de  la  détention  pendant  dix  ans.  Tous  les 
ecclésiastiques  non  assermentés,  séculiers 
ou  réguliers,  prêtres,  simples  clercs  ou  frè- 
res lais,  quoique  ces  derniers  ne  fussent  pas 
assujettis  au  serment ,  devaient  être  ainsi 
frappés  de  la  détention,  du  bannissement  ou 
même  de  la  déportation,  lorsque  leur  éloigne- 
ment  serait  réclamé  [)ar  six  individusdomici- 
liés   et   jouissant   des    droits   de   citoyens. 

«  La  Clonmiune  de  Paris  ne  voulut  pas 
rester  en  arrière  :  elle  proscrivit  d'abord  le 
costume  ecclésiasli<(uo ,  encoi'e  porté  par 
plusieurs  prêtres  ;  peu  de  jours  après,  elle 
ordonna  que  les  bronzes  des  églises  ,  sans 
en  excepter  les  crucilix,  seraient  saisis,  pour 
être  fondus  et  convertis  en  canons  ;  eulin 
par  un  arrêté  du  20  août,  elle  autorisa  les 
connnissaires  fies  sections  h  enlever  l'ar- 
genterie des  paroisses,  même  les  chande- 
liers ;  et  elle  décréta  que  toutes  les  cloches 
seraient  descendues  et  cassées,  à  l'exception 
de  deux  par  paroisse.  L'exécution  de  cette 
dernière  mesure  souleva  dans  le  peuple  une 
vive  irritation  :  des  altrou|)ements  se  l'orinè- 
/ent,  il  y  eut  des  réunions  tumultueuses 
ilans  les  églises  et  môme  h  Notre-Dame,  et 
la  Commune  fut  ol)ligée  de  di'ployer  la  force 
armée  pour  comprimer  ceux  des  cito\ens 
que  révoltaient  ces  spoliations  sacrik^ges. 
Ces  résistances,  trop  souvent  mi"^es  en  oubli, 
observe  Amédé-c  Gabourd,  indiquent  assez 
qu'il  y  avait  alors  à  Paris  plusiein\s  peuples, 
et  non  pas  seulement  une  muililuile  di-^ci- 
piinée  de  Jacobins  :mais  la  |)eur  glaçait  tou- 
tes les  âmes  j)arili([ues  ;  la  révolution,  exaltée 
[•ar  sa  pro|)re  audace»,  mi'prisait  les  obsta- 
cles et  luul  lit  aux  pieds  (juiioncpie  osait  un 
moment  la  retarder  en  chemin  (Gabourd, 
Assrmhl.  Irrjishil.,  p.  3.'j'.)j. 

«  \'ers  la  lin  du  mois  d'août,  on  apprit 
que  les  Prussiens  s'étaient  emparés  de  Long- 
\\i,  qu'ils  assiégeaient  Thionville,  et  mar- 
chaient sur  N'erdun.  I.ongw  i  s'i-iait  rendu 
parla  lAcheté  des  habitants.  A  celle  nouvelle, 
la  n)unici[)alit(''  n'-volulKinnaire  de  Pans,  où 
dominaient  Uf»bes[)ierre  et  Marat,  entra  en 
fincur,  ainsi  ipu'  tous  les  Jacol)ins  dirigés 
par  Danton.  Ils  ri'-sobnent  de  pousser  le  peu- 
ple de  Pans  si  avant  dauN  le  crime,  qu'il  n'o- 
SiU  plusespéier  d'aminstie  de  la  part  de  l'é- 
tranger. Les  [)ri<ons  regorgeaient  de  malheu- 
reux suspects;  poiM-  faire  [tlace  à  ceux  ipi'on 
y  traînait  h  chaque  heure  du  jour  et  de  la 
nuit,  ou  rendit  la  liberté  aux  prisfuniiers 
pour  dettes  et  h  tous  les  criminels  vulgaires. 
Dans  les  cachots  et  dans  les  cellules  demeu- 
rées vides,  on  entassa  les  prêtres,  les  royalis- 
tes, les  nobles  et  aiitres  persotnies  suspectes. 


PER 


576 


«  Il  y  avait  des  prêtres  enfermés  dans  le 
couvent  des  Carmes,  rue  de  ^■augirar(l.  dans 
le  séminaire  de  Sainl-Firnn'n,  dans  l'abbaye 
de  Saint-Germain,  dans  la  prison  dite  la  Force 
et  ailleurs.  Aux  Carmes,  il  y  avait  environ 
deux  cent  vingt  ecclésiastiipies.  Les  princi- 
paux étaient  l'archevêque  d'Arles,  les  évo- 
ques de  Saintes  et  de  Beanvais.  Jean-Marie 
Dulau,  archevêque  d'Arles,  narpiit  le  30  oc- 
tobre 1738,  dans  le  Périgord,  dune  très-an- 
cienne famille.  Son  enfance  fut  prévenue  de 
grAces  extraordinaires.  Sa  pieuse  mère  ne 
l'appelait  que  le  trésor  de  sa  maison.  En- 
voyé fort  jeune  à  Paris  pour  v  achever  ses 
étu(ies,  il  les  lit  avec  tant  de  dislinctio?i, 
que  ses  maîtres  prédirent  qu'il  ferait  un  jour 
la  glon-e  de  sa  patrie.  Conlié  d'abord  a\ix 
soins  d'un  de  ses  oncles,  curé  de  Saint-Sul- 
pice,  il  préféra  les  pénibles  fonctions  de  l'é- 
tat ecclésiastique  aux  douceurs  que  sa  nais- 
sance lui  eût  promises  dans  le  monde.  Il 
n'eut  pas  moins  de  succès  dans  la  théologie 
que  dans  les  études  littéraires.  Elevé  au 
collège  de  Navarre,  il  fut  le  premier  de  sa 
licence  en  Sorbonne.  Successivement  cha- 
noine"de  Pamiers,  grand-vicairede  Bordeaux, 
})rieur  commendataire  dans  le  diocèse  de 
Périgueux,  il  dépensait  ses  revenus  en  sain- 
tes libéralités.  Avant  l'âge  de  trente-deux 
ans.  il  fut  tiésigné  par  la  province  ecclé- 
siastique de  Vienne  pour  être  agent  général 
du  clergé.  Il  fut  nonuné  archevêque  d'Arles 
en  1775.  Persuadé  que  l'ordre  conduit  à 
Dieu,  il  en  mettait  dans  la  moindre  de  ses 
ai  lions  ;  chaque  heure  avait  son  occupation 
l)arlicurière  :  ses  moments  étaient  partagés 
entre  la  prière,  l'étude  et  les  soins  qu'il  d^ 
vait  à  son  peu[tle  ;  Ittut  dans  son  palais 
était  réglé  comme  dans  un  séminaire,  et  le 
seul  délassement  qu'il  se  permit  était  celui 
de  la  promenade,  qu'une  vie  sédentaire  ren- 
dait iK'Cessaire  à  sa  santé  ;  mais  s'il  faisait 
journellement  de  grandes  courses,  il  choi- 
sissait de  |)référence  les  lieux  les  plus  soli- 
taires jiour  avoir  l'occasion  de  discuter  en 
liberté  <pielque  point  de  morale  ou  de  con- 
troverse. Un  de  ses  secrétaires  blâmait  un 
jour  celle  austère  manière  de  vivre,  et  l'en- 
gageait d'en  adoucir  les  rigueurs  par  les 
agréments  de  la  société  :  «  Je  sais,  lui  ré- 
pondit-il avec  bonté,  (|u'en  suivant  le  conseil 
que  vous  me  donnez,  je  mènerais  une  vie 
plus  agréable,  et  j'aimerais  autant  qu'un  au- 
tre ces  douceurs  de  la  socnUé  dont  vous  mo 
parlez  ;  mais  ce  n'est  point  pour  en  jouir 
(pie  la  Providence  m'a  elevi'  au  rang  (pie 
j'occupe;  c'est  pour  lra\ailler  au  salut  et 
pourvoir  aux  besoins  du  peuple  qu'elle  m'a 
conlié.  et  je  dois  préférer  mon  devoir  à  ma 
satisfaction.  » 

«  Il  prit  fort  à  cœur  de  ranimer  les  études 
et  la  piet('  dans  le  coTh-ge  d'Arles,  d»^  les 
perfectionner  dans  le  séminaire,  et  d't'van- 
géliser  tout  son  diocèse  par  des  missions, 
il  entrej)rit,  en  1777.  la  visite  de  toutes  les 
paroisses.  .Mlabh>  envers  tout  le  monde,  il 
l'était  surtout  envers  ses  prêtres.  Le  dernier 
lévite  (le  la  maison  sainte  n'en  était  pas 
moins   bien    accui  illi    que    toute    personno 


S77                                   MOR  l'KIi                                57« 

(li.sliiimirr  |».ir  sa  (jiialilr.  Hii  viiaiiMï  n'allait  (IcUîihis,  il  \  i  ('(oiinall  ses  «Inix  Kiari<ls  vicni- 

jaiiiais   lui  iciidro  sa    visiter   ipril    iki    l'ad-  ros,   MM.    di*   'riioraiiMt   ol  ilti    Foiic/iwlt.    A 

mil   j\    sa  lalilii  ;   fin'il    uo    l'y    scivil    avec  nrinc   lianslV-ii''  dans   lY^i^lisr!   des    (larmes, 

nno  allciilivo  cordialiln  ;  (lu'il  ne  lui  adicvs-  laiclicvi^im'    rcroil    la  visitfi  d'uti   liorlo^cr 

s;\l  i\o  ces  parolos  ohli^caiites  (|iii  oncoiiia-  noimiii''   (.antcj  ;'  il  nvnil  di'j/i    .s/unY;  (pialrc 

^('iit  l(^  mériti'  cl  (|iii  en  sont  coiiiiiic  le  ni'(>-  |ir<Hi('s,  il   oHir  au    iiir'dat    des   iiioyjMis    l'a- 


I 


i 


iiiicr  salaire.  Daus  cliaiiue  |iai(»isse  (|u'il  vi-  eihts  d'évasiou  «  Nion  elin-,  lui  n'-poiid-il, 
sitail,  il  lixail  un  jour  pour  examiner  coni-  je  vous  reiiier(;i(^  de  volri;  hotiiu'  volontf*  : 
nienl  on  iiisiruisad  la  jeunesse.  I„'i.  ce  lion  je  suis  innoccul;  si  je  fuyais,  on  pourrait  me 
pasieur  inlerr()}.:;eail  av(M'  uiuî  Icndic;  allée-  croire  coupahlc;.  Qm-  la  volontt-  du  Sci^ncMir 
lion  les  onlanls  sur  les  principales  vcrili's  .s'accomplisse;  en  tout  I  »> 
de  la  loi;  l(irs(pn'  par  Kmus  ri'ponsc^s  ils  s(;  «  Les  |irisonniers  passèrent  deux  joins  et 
nionlraienl  instruits,  il  leur  donnait  des  deux  nuits  sans  autre  lit  (pi'iuK;  chaise.  Plu- 
l)rix  ;  et  l'ospoir  d'une  r(''com|ionse  d'autant  siuurs  étaient  accablés  (1(!  vieillesse  ou  d'in- 
plus  lionoral)le  (pTelle  était  décei-née  après  rn'niiti's  ;  plusicins  étaient  réduits  h  une  in- 
nn  sévùre  examen,  »>\cilail  leur  émulation,  (licence  (pii  m;  leur  laissait  pas  même  do 
(loninui  il  no  pouvait  s'adresser  h  toute  la  quoi  pourvoir  à  leur  nouriitiire.  Un  des  ré- 
jeunesse ,  plusieurs  se  voyaient  tristement  voliilionnaires  (pii  avaient  montré  le  plus  de 
privés  du  prix  ([u'ils  avaient  auihilioniM'.  La  i'ureur  pour  leur  incarcéiation,  lut  touché 
lille  d'un  bert^er,  près  d'Arles,  ainsi  Trustrée,  de  huirs  souirranccs.  Il  lit  dooner  aux  gai- 
résolul  d'aller  trouver  l'archevècpie  |)onr  le  des  la  |)Crmission  de;  laisser  entrer  ce  qu'on 
iirier  dejujAcr,  |)ar  les  réponses  (pi'elle  ferait  apporterait  aux  captifs,  en  s'assurant  seule- 
a  SOS  questions,  si  (die  était  indij^nt;  de  la  nu-nt  (pi'il  n'y  avait  |)oint  d'armes.  Il  invita 
palme  décernée  à  plusi(Mn's  do  ses  compa-  iiième  les  «imes  charitahlos  des  environs  h 
i^nvs.  A  peine  A^éedo  onze  ans,  la  petite  té-  secourir  les  pauvres  prêtres.  ConinK;  on  ne 
niéraire  arrive  à  rarchevôché  et  demande  à  leur  laissait  pas  la  consolation  de  célébrer 

•arler  h  Monseigneur.  Le  suisse  répond  d'à-  les  saints  mystères,  ils  y  suppléaient  en  re- 
cord que  son  maître  ne  donne  |)as  d'au-  pétant  les  prières  de  la  messe  et  en  s'unis- 
dicuco  h  des  lilles  aussi  jeunes  ;  celle-ci  fait  sant  h  celle  que  célébrait  h  Rome  le  vicaire 
1rs  plus  vives  instances,  et  l'autre,  y  cédant  do  Jésus-Christ.  Le  médecin  obtint  toutefois 
cnlin,  va  déclarer  à  M.  Dulau  (ju'une  fort  qu'ils  pouriviient  se  i)romener  dans  le  jardin, 
'eune  enfant  souhaite  lui   parler  :  «  Faites-  au  fond  du(j[uel   il  y  avait  un  oratoire  où   se 

a  venir,  dit  le  bon  pasteur,  jo  me  dois  aux  trouvait  une  image  de  la  sainte  Vierge.  Ces 
petits  ainsi  qu'aux,  grands.  »  Kilo  expose  promenades  étaient  encore  une  occupation 
dans  son  langage  naif  l'objet  de  sa  visite;  sainte.  Les  uns  se  rendaient  par  manière 
rarchevéque,  charmé  de  sa  candeur  et  de  sa  de  pèlerinage  au  petit  oratoire,  les  autres 
fermeté,  l'inferrogc  ;  l'enfant  répond  avec  lisaient  les  saintes  Ecritures  ou  disaient  leur 
beaucoup  de  justesse,  et  reçoit  un  prix  plus  bréviaire,  plusieurs  s'entretenaient  pieuse- 
précieux  que  tous  ceux  qui  ont  été  distri-  ment  de  choses  religieuses  :  tous  rentraient 
bues  cl  la  paroisse.  Elle  est  si  transportée  de  ensuite  gaiement  dans  leur  prison,  qui  était 
joie,  qu'en  retournant  à  l'hundjle  demeure  l'église  même,  parvis  du  ciel, 
de  son  père,  elle  s'écrie  le  long  des  rues  de  «  L'archevêque  d'Arles,  dont  les  infirmités 
la  ville  :  «  J'ai  un  prix  de  Monseigneur  !  J'ai  augmentaient  chaque  jour  davantage,  fut  en- 
un  prix  de  Monseigneur  !  »  core  sollicité  plusieurs  fois  d'employer  des 
«  L'archevêque  d'Arles  fut  l'oracle  des  as-  moyens  pour  obtenir  d'être  transporté  chez 
semblées  du  clergé  de  France.  Longtemps  lui.  Il  répondit  toujours  :  «  Je  suis  trop  bien 
avant  la  révolution,  ill'avait  annoncée  comme  ici,  et  en  trop  bonne  compagnie.  »  Cepen- 
inévitable,  si  les  disciples  du  sanctuaire  ne  dant,  la  troisième  nuit  de  sa  prison,  il  n'a- 
s'imposaient  eux-mêmes  une  salutaire  ré-  vait  pas  encore  de  lit  ;  il  fut  impossible  de 
forme.  Dans  le  désastreux  hiver  de  1788,  il  lui  en  faire  accepter  un,  parce  qu'il  avait 
trouva  moyeu,  avec  les  magistrats  d'Arles,  compté  les  matelas  et  qu'il  en  manquait  un 
de  prévenir,  par  d'abondantes  aumônes,  la  pour  un  nouveau  prisonnier.  Ses  discours 
révolte  du  peuple  affamé.  Député  aux  deux  fortifiaient  les  autres;  sa  piété,  sa  patience, 
assemblées  des  notables  et  aux  Etats-Géné-  les  pénétraient  d'admiration.  Précisément 
raux,  son  extrême  modestie  et  sa  grande  parce  qu'ils  l'avaient  vu  le  plus  éminent  en 
tinndité  l'empêchèrent  de  se  faire  entendre  dignité,  des  gardes  sans  entrailles  se  plai- 
à  la  tribune.  Sa  science  et  sa  parole  ne  res-  saient  à  l'outrager  de  toutes  manières.  Les 
tèreut  cependant  pas  inutiles.  11  fut  l'àme  du  malheureux  n'atteignaient  pas  son  âme.  Con- 
comité  épiscopal  qui  rédigea  VExposition  centré  en  Jésus-Christ,  il  se  taisait,  et  s'es- 
dc  ses  principes.  Il  instruisait  son  diocèse  timait  le  plus  heureux,  parce  qu'il  avait  le 
par  d'excellents  écrits,  qui  en  préservèrent  plus  à  souffrir.  Il  prenait  l'air  dans  le  jar- 
la  plus  grande  partie  du  schisme.  C'est  lui  din,  escorté  de  deux  fusiliers  :  un  militaire, 
(pii,  sur  le  décret  de  déportation  contre  les  dont  la  mise  semblait  commander  la  décence, 
j)rôtres  fidèles,  prépara  une  adresse  d'une  gesticule  d'une  manière  ironique  derrière 
sensibilité  si  parfaite,  que  Louis  XVI,  ému  M.  Dulau,  puis,  passant  devant  le  pontife,  il 
jusqu'aux  larmes,  promit  dès  lors  de  refu-  met  un  genou  en  terre,  tire  son  épée,  la  pose 
ser  sa  sanction  à  ce  décret  d'iniquité.  en  forme  de  croix  sur  la  poitrine  du  pontife, 
«  L'archevêque  d'Arles  est  arrêté  le  11  et  lui  dit  :  «  C'est  ainsi  que  demain  je  te  sa- 
août  1792  ;  en  entrant  dans  l'enceinte  des  crerai  moi-même.  »  L'offensé  se  détourne 


579 


PER 


PER 


S80 


sans  flirn  un  mot.  Un  s^onilarnie  brutal  fait 
spécialomnnl  de  lui  lohjot  dp  jeux  atroces  ; 
assis  h  ses  côtJ^s,  il  lui  dit  tout  ce  que  la 
plus  vile  populace  peut  inventer  de  sarcas- 
mes gro5si>'rs,  de  bnsses  railleries,  le  félicite 
sur  ce  qu'il  représeutora  noblemeil  sous  la 
guillotine,  ensuite  se  lève,  lui  doiuic  par 
dérisio'i  tous  les  titres  de  noblesse  (juc 
l'Assemblce  vient  d'almlir:  et  le  riisciple  du 
Dieu  coiirinné  no  répond  rieo.  L'homme  fé- 
roce, s'asseyaTit  de  nouveau  prè>  de  lui,  al- 
lume sa  pipe  et  lui  en  souflle  la  fumée  sur 
le  visage  ;   l'archovtVpie  se   lait  toujours,  et 

I^rès  de  se  trouver  mal  par  la  ft'tidilé  de  la 
"umée,  se  contente  de  changer  de  place.  Son 
pe  sécuteur  le  suit  encoie.  jiisqu'h  ce  qu'il 
voie  sa  cruelle  obstination  vaincue  par  une 
patience  i'iallérable...  Au  milieu  de  la  luiit, 
un  des  prisojiniers ,  troublé  par  quehjue 
bruit  qu'il  avait  cru  entendre,  réveilla  l'.ir- 
chevô(iue  en  sursaut  pour  lui  dire  :  Monsei- 
gneur, voili\  les  assassins  !  —  Eli  bien  1  ré- 
Eondit  avec  douceur  le  saint  homme,  si  le 
on  Dieu  demande  noire  vie,  le  sacrifice  doit 
être  tout  fait.  »  Et  sur  ces  paroles,  il  se  ren- 
dort paisiblement.  (B.irruel,  Hisl.  du  clergé 
pendant  In  ri'volution.  Carron,  Confesseurs  de 
la  foi,  t.  I".) 

«  Les  évêques  de  Saintes  et  de  Beauvais 
étaient  deux  frères,  François-Joseph  et 
Pierre-Louis  do  Larochefoucauld.  Ils  furent 
arrêtés  tous  deux  dans  leur  appaitement. 
Les  révolutionnaires  en  voulaient  spéciale- 
ment à  ré\é(|ue  de  Beauvais  et  laissaient  la 
liberté  à  celui  de  Saintes.  Mais  il  leur  dit  : 
«  Messieurs ,  J'ai  toujours  été  uni  à  mon 
frère  de  la  jifus  fendre  amitié  ;  je  le  suis 
encore  plus  par  mon  atlachement  à  la  mémo 
cau<c.  Puis(|ue  son  amour  [)our  la  religion 
et  son  horreur  pour  le  parjure  font  tout  son 
crime,  je  vous  supplie  de  l'roire  que  je  ne 
suis  pas  moins  coupible.  Il  me  serait  d'ail- 
leurs impo-isd)le  de  voir  mon  frère  conduit 
en  pri  on  et  de  ne  pas  aller  lui  tenir  com|ta- 
gnie.  Je  demande  à  y  ètri'  emmené  avec 
lui  et  h  parta.L^er  son  sort.  »  Cet  aimable  et 
héroïque  piélal  conserva  dans  sa  prison 
volontaire  toute  sa  gaieté  naturelle.  Tou- 
jours riant,  loujonrs  prévenant,  \\  se  plaisait, 
surtout  avec  son  tièie,  à  accu  illir  les  nou- 
veaux prisonniers  avec  une  bonté,  avec  des 
attentions  qui  bientôt  faisaient  oublier  à 
ceux-<n  toiitt's  leurs  peines. 

«  François- Louis  Hébert  ,  supérieur  des 
Eudistes  et  confesseur  de  Louis  WI,  était 
d'une  bieiiveilhnice  expansive  (pi'on  dirait 
pre^que  sans  exemple.  Personne  ne  sortait 
de  chez  lui  ipTavec  un  sefilinienf  profond 
d'édification  et  qu'avec  cet  esprit  de  pielé, 
d'amour  de  Dieu  et  du  |)roch.nn,  (|u'on  avait 
reriieilli  de  son  cfpur  et  de  ses  lèvres.  Il 
n'existait  pas  do  ciracière  plus  heureux, 
d'humeur  plus  riante  et  plus  douce;  il  \ws- 
sédait  son  Ame  dans  |,i  paix,  d  ms  la  joie,  et 
répandait  l'onction  avec  les  con>,uliilions  les 
plus  vives  dans  le  sein  des  afiligés  ou  dans 
celui  des  rhrJ^tiens  trop  portés  au  trouble  et 
il  la  irainle. 

•   Mais  d«   lout«$  les  vertus   qui    distin- 


guaient l'homme  de  Dieu,  il  n'en  fut  jtas 
une  (pii  le  signalât  autant  au  respect  et  à 
l'admiration  des  peuples  (jue  son  inépuisa- 
ble et  inconcevable  charité.  Non,  disait  un 
j)ieux  (idèie,  qui  avait  passé  dans  son  cora- 
nierce  intime  trente-trois  ans  de  sa  vie,  non, 
jamais  je  n'ai  connu  d'homme  plus  égal  et 
jilus  aimable  dans  son  humeur,  plus  f  rvent 
dans  sa  piété,  plus  tendre  dans  sa  charité, 
dont  les  actcîs  continuels  étaient  aussi  sim- 
ples, je  dirais  presnue  aussi  naturels,  qu'ils 
so  monlraient  sublimes  ;  chaque  nouveau 
jour  de  sa  vie  rappelait  le  précédent,  annon- 
çait le  suivant,  et  tous  se  ressemblaient  pour 
sa  miséricorde  envers  les  êtres  souffrants. 
Il  allait  visiter  les  prisonniers,  les  exhortait, 
les  prêchait,  concourait  ellicaceraent  h  la  dé- 
livrance de  plusieurs  d'entre  eux;  n'étant 
étranger  à  aucune  branche  de  son  saint  mi- 
nistère, confessant  considérablement,  atti- 
rant tous  les  cœurs  par  sa  simplicité  par- 
faite, ses  manières  engageantes.  11  aimait 
surtout  les  enfants,  qui  le  bénissaient  et  le 
révéraient  tendrement  :  il  plaçait  les  uns  en 
niélier,  i)oussait  aux  éludes  ceux  qui  mani- 
festaient d'heureuses  dispositions  ;  ftrocu- 
rait  des  places  aux  servantes  exposées  au 
danger  de  perdre  leurs  nareurs  ;  ouvrait  des 
asiles  religieux  aux  vierj^es  heureusement 
dégoillées  du  monde;  ne  conservait  que  les 
habits  qui  le  couvraient  ;  dans  les  temps  de 
disette,  allait  au-dcvanl  des  prières,  pré- 
venant les  besoins  des  uns,  devinant  ceux 
des  autr  s  que  la  confusion  rerélait  ;  avait 
comme  des  émissaires  et  de  fidèles  messa- 
gers pour  leur  porter  tous  lessecoursqui  leur 
devenaient  néce^sai  es.  Pendant  son  séjour 
à  C>aen,  ayant  reçu  le  don  d'une  mo  iire  d'or 
d'un  grand  prix ,  h  1  instant  même  il  la 
vendit  pour  les  pauvres,  et  dans  le  reste  de 
son  angélique  carrière  on  ne  peut  plus 
compter  le  nombre  de  ses  sacrifices. 

«  En  179-2,  dernière  année  de  sa  vie,  il  eut 
occasion  de  rt>  idre  service  h  un  illustre  in- 
fortuné. Au  commencement  ilu  mois  d'aoOl, 
Louis  XVI  lui  écrivait  :  «  Je  n'attends  plus 
rien  des  hommes  ;  apportez-moi  les  cons»- 
lations  célestes.  »  Louis  XVI  avait  choisi 
pour  son  cnifesseiir  cet  ami  des  pauvres.  Le 
10  aoiM,  M.  Hébert  dit  h  un  pieu\  fidèle  :  «  Le 
roi  est  dans  les  meilleurs  sentiments  et  ré- 
signé [laifaiteinent  h  ce  qu'il  [ilaira  d'ordon- 
ner ati  Seigneur.  »  Le  mèiiiejour,  ,M.  Helteit 
fut  arrêt  é  et  enfermé  aux  Car  mes.  ^t'-arron,  t.  I.l 

(I  Le  'Ht  aoill.  l'AvsiMnblee  Législative  ppo- 
iiiulgiia  le  de»  ret  de  déiiorlalio  1  cimire  les 
irèlres  fidèles.  Manuel,  pro>  ureur-syndic  de 
la  Commune  de  Paris,  assembla  le  conseil 
secret  des  muiihnpauv.  .\vee  Marat,  le  i>ou- 
cher  Legentlr©  et  un  nrôlre  jureur,  il  déli- 
béra sur  C(!  déiret  et  le  trouva  trop  doux. 
Au  heu  de  la  déportation,  on  prononça  la 
mort.  Danton,  nnnistre  de  la  justice,  se 
chargea  de  l'exéculioM.  Manuel  «.e  rendit  le 
même  jour  h  léglise  des  Carmes.  IJn  des 
prisonniers,  l'abbé  Salins,  chanoine  de  Con- 
serans,  lui  demanda  s'il  connaissail  (pielqne 
terme  h  leur  captivité  ef  ((uel  était  le  crime 
qu'elle  punissait.  Manuel  répondit  :  «  Vous 


I 


À 
é 


181 


Ï'RB 


^Mos  \o\\%  t)r<<vonns  do  propon....  Il  y  n  im 
jury  (Miil)li  pour  vous  jïiKfr;  iiinls  on  n 
r()inm(Mi(('-  |nir  h'S  [iliis  ^r.iiuls  ciimiiicls, 
vous  viciidrc/.  ft  votif  ionr.  On  ne  vous  cfoU 
pas  tous  (^u;nlt'iii(Mit  coupalilc.»!,  cl  on  rclA- 
clicia  les  iimoct'îits.  »  l/alilx''  Salins  lui 
iiKMiliviill  lo'  vi(Mi\  solitaires  de  Saiiill''raii- 
rois  do  Sah^s,  lui  «lit  :  <<  Si   vous  nous  ac(Mi- 

S(v.   de   coiispiralio'i,    voyez,   cxaniinc/. 

Iles  p(>rsoni)af^ts-là  n'onl-ih  pas  l'air  de  n^- 
doulables  ooMJurcVs  ?  n  Manuel  «joula  sini- 
plcniciil  :  «  Voire  di'porlalion  esl  résoliu'. 
On  s'occupe  de  l'exécution  ;  les  se\a},'i''iiai- 
ros  Cl  los  iullrnu's  doivent  Olrc  eulerniés 
dans  une  niaisoii  connuniie.  Je  venais  m'iii- 
t'ormor  si  vous  en  connaiiriez  une  plus  pro- 
pre h  cet  objet  (lue  celle  de  INnl-lloyal. 
Quand  (>llo  si'ra  pleine,  nous  feruu>roiis  la 
(H)rlt>  cl  nous  y  uietlrons  pour  ecrileau  : 
C'^-^jU  le  ci-devant  cler(j('  de  Frtnwe.  Quant 
aux  autres,  ceux  ipii  Seront  riM'onnus  iuno- 
ceuts  \mv  le  jury,  ils  auront  le  temps  de  va- 
quer h  leurs  ullair(>s  pendant  le  temps  qu'ac- 
corde la  loi.  Il  faut  prendre  des  mesures 
pour  leur  assurer  une  jiensioii,  car  il  serait 
mluimaiu  d'expatrier  quelqu'un  et  do  l'en- 
voyer à  la  charge  d'un  autre  royaume,  sans 
lui  accorder  quelque  secours  pour  vivre 
dans  sa  retraite.  » 

«  C'est  ainsi  que  les  victimes  s'entrete- 
naient conlidemment  avec  l'homme  (jui  avait 
prononcé  leui"  mort  et  qui  prenait  des  me- 
sures nour  rexécution.  Par  une  sorte  dhu- 
manite  philosophique,  1  s  [)risonni"rs  eurent 
une  nourriture  plus  dcMicate  et  [)lus  abon- 
danie  ;  il  leur  accorda  même  la  promenade 
du  jardin  qu'on  leur  avait  interdite  depuis 
plusieurs  jours.  Ils  y  étaient  le  mercredi  29 
août,  lorsque  Manuel  vint  encore  les  com|)- 
ter,  regardant  ga  et  là  du  milieu  du  jardin. 
Divers  |)rélres  s'a|»proc  lérent  encore  de  lui 
avec  la  môme  sim|ilicité  et  co:i(iance.  Il  leur 
dit  que  l'arrêté  de  la  municipalité,  relatif  à 
leur  déportation  était  terminé  ;  qu'il  leur 
serait  signilié  le  lendemain.  Il  ajouta  :  «  Vous 
avez  à  évacuer  le  département  dans  l'espace 
prescrit  par  la  loi.  A'ous  y  gagnerez  et  nous 
aussi.  Vous  jouirez  de  la  tranquillité  de 
votre  culte  et  nous  ce'-scrons  de  le  ciaindre; 
car,  si  nous  vous  lai>sions  en  France,  vous 
feriez  comme  Moïse ,  vous  élèveriez  les 
mains  au  ciel  tandis  (|ue  nous  combattrions.  » 
Quelques-uns  des  prisonniers  demanJèrent 
s'il  leur  s.  rait  permis  d'emi)orter  quelques 
etl'els  dans  leur  exil.  Manuel  réponuit  : 
«  Ne  vous  en  mettez  })oint  en  peine  ;  vous 
serez  toujours  plus  riches  que  Jésus-Christ 
qui  n'avait  pas  où  reposer  sa  tète.  » 

«  Cependant ,  le  vendredi  31  août,  l'ar- 
rêté de  la  municipalité  n"avait  pas  encore 
été  envoyé  aux  Carmes.  Plusieurs  des  pri- 
sonniers commencèrent  à  soupçonner  quel- 
que chose.  Dans  la  journée,  on  vint  enlever 
de  l'église  tout  ce  qui  tenait  au  service  di- 
vin ;  ou  brisa  même  une  croix  qu'on  ne  put 
détacher  de  la  muraille.  Les  prêtres  captifs 
retrouvèrent  cependant  une  croix  de  bois 
qu'ils  se  hâtèrent  de  placer  sur  le  maitre- 
autel,  comme  l'étendard  de  leur  chef  et  de 


leur  modAlf».  Fnlln,  nur  les  onze  heuros  du 
soir,  le  m/tiro  l'élhioii  ol  lo  procureur  .Ma- 
nuel leur  envovèrent  siniulior  lo  décret 
d'ex|iortaiion.  Dans  (et  instant-lh  rnêiiiu  f 
(Ml  criMn/ut  leur  loAHe  dans  lo  eiinctière. 

'<  l.e  same(li  1"  septembre  se  pns.HA,  da 
la  pari  des  captil's,  dans  h'.s  «;ïer<  ico»  ordi- 
naires de  leur  piété  et  dnris  ritlteiite  dftt 
ordres  (pie  le  uiairt»  Pélhion  dcv<iil  donn«!r 
jioiir  leur  déliviaoce.  Le  dimaiiclie  ,  mômo 
sécurité;  cependant,  In  promenade  du  matin 
fut  i-elardée  ;  (pielques  -  uns  s'apei(,ui  eut 
nu'ils  étaient  plus  surveillés,  l'ji  rentrant, 
ils  trouvèrent  leurs  gardes  clwuiKés  [ilus  lAt 
(|u'^  l'ordinaire.  Un  de  ces  nouveaux  leur 
(lit  :  «  Ne  craigfU'z  rien  ,  messieurs,  si  cjn 
vient  vous  ntla(pH'r,  nous  sommes  forts 
pour  vous  dél'endre.  » 

«  Ce  que  les  |)rêlres  c/iptil's  ne  savaient 
pas,  c'est  que  la  plus  grande  consternation 
l'égnait  h  l*aris  depuis  la  |»rise  do  L(jng\\i 
et  la  nouvelle  du  siège  de  N'erdiin  par  l'ar- 
mée prussienne.  Les  chefs  révolutionnaires 
avaient  délibi-ré  s'il  ne  sciait  pas  temps  de 
fuir  la  ca[)ilale.  Danton,  ministre  de  la  jus- 
tice, avait  conçu  d'autres  moyens  j)onr  re- 
l)Ousser  les  Prussiens  et  les  Autrichiens.  Il 
voulait  (jue  la  France  se  levût  toute  entière, 
mais  quelle  commençât  par  se  défaire  do 
tous  ceux  (|ui  étaient  entassés  dans  les  pri- 
sons, comme  prêtres,  comme  royalistes,  ou 
autrement  suspects.  Le  jour  assigné  pour 
cette  exécution  fut  le  dimanche  2  septem- 
bre. En  ce  jour,  le  bruit  se  répandit  i»armi 
le  peuple  que  Verdun  s'était  rendu  et  que 
les  Prussiens  marchaient  sur  Paris.  Les 
municipaux  annoncèrent  à  l'Assemblée  Lé- 
gislative qu'ils  allaient  inviter  les  Paiisiens 
à  former  une  armée  de  C0,000  honuues  ; 
qu'à  midi,  on  tirerait  le  canon  d'alarme, 
pour  convoquer  au  Chainp-de-Mars  les  ci- 
toyens disposés  à  marcher,  et  que  le  tocsin 
sonnerait  h  la  même  heure.  Ce  canon  et  ce 
tocsin  tenaient  une  {)artiede  Paris  dans  la  ter- 
reur, l'autre  dans  la  rage.  Les  municipaux,  au 
lieu  de  presser  la  Ciaivocation  au  Cham|)-de- 
Mars,  d  s[)eisaient  et  plaçaient  leurs  bour- 
reaux, leur  donnaient  leurs  dernières  in- 
structions. 

«  Ce  fut  pendant  tous  ces  préparatifs, 
qu'on  servit  le  dîner  aux  prêtres  détenus 
dans  l'église  des  Carmes.  Un  officier  de  garde 
leur  dit  en  ce  moment  :  «  Lorsque  vous 
sortirez  ,  on  vous  rendra  à  chacun  ce  qui 
lui  aj»|  arlient  :  »  Les  prêtres  dînèrent  tran- 
quillement et  même  avec  plus  de  gaieté  qu'à 
l'ordinaire.  Les  bourreaux  étaient  déjà 'ca- 
chés dans  les  corr  dors  de  la  maison. 

«  La  promenade  fut  différée  :  les  prêtres 
croyaient  qu'il  n'y  en  aurait  pas  ce  jour-là; 
non-seulement  on  la  permit  vers  les  quatre 
heures  ,  mais  ,  contre  l'usage  ,  on  força  les 
vieillards,  les  inflrmes,  et  tous  ceux  qui 
continuaient  leurs  prières  dans  l'église  à 
passer  au  jardin.  Us  y  étaient  au  nombre 
d'environ  200 ,  commençant  à  sW  livrer  à 
leurs  exercices  ordinaires,  lorsqu'on  en- 
tendit un  bruit  soudain  dans  la  rue  voi- 
sine  :    c'était    une   troupe   de   bourreauii 


888 


PER 


qui  se  rendaient  h  l'ahbave  Sdint-ilerniain 

ftour  y  conimf  ncer  le  massacre.  A  re  bruit, 
PS  bourreaux  cacht^s  dans  les  corridors  des 
Carmes,  tendent  leurs  baïonnettes  et  leurs 
sabres  à  travers  les  barreaux  des  fenêtres, 
en  criant  aux  prisonniers  :  «  Scélérats  I  voici 
donc  cnlin  l'instant  de  vous  punir  !  »  A  cet 
aspect  ,  les  prêtres  se  retirent  au  fond  du 
jardin,  se  mettant  h  genoux,  font  h  Dieu 
le  sacrilice  de  leur  vie  et  se  doiuient  mu- 
tuellement la  dernière  bénédiction. 

«  L'archevêque  d'Arles  était  auprès  de 
l'oratoire  avec  l'abbé  de  la  Pannonie,  clia- 
noine  de  Cahors,  qui  lui  dit  :  «  Pour  le  coup, 
monseigneur,  je  crois  qu'ils  vont  venir  nous 
assassiner.  — Eh  l)ieu!  mon  cher,  répondit 
l'évoque,  si  c'est  le  moment  de  notre  sacri- 
fice, soumettons-nous,  et  remercions  Dieu 
d'avoir  à  lui  offrir  notre  sang  pour  une  si 
belle  cause.  »  Au  moment  où  il  disait  ces  pa- 
roles, les  brigands  avaient  déjà  enfoncé  la 
porte  du  jardin,  ils  n'étaient  pas  encore  plus 
de  vingt  et  ne  furent  jamais  plus  de  trente. 
Les  premiers  se  divi.sent  et  s'avancent  en 
poussant  des  hurlements  affreux,  les  uns 
vers  le  groupe  où  se  trouvait  l'archevêque 
d'Arles,  les  autres  par  l'allée  du  milieu.  Le 
iremier  prêtre  que  rencontrent  ceux-ci,  est  le 
*ère  Gérault,  directeur  des  dames  de  Sainte- 
^^lisabeth;  il  récitait  son  bréviaire  auprès  du 
bassin,  il  ne  s'était  point  laissé  déranger  par 
les  cris  des  bourreaux.  Un  coup  de  sabre  le 
renversa,  connue  il  priait  encore  :  deux  bri- 
gands se  liAtenl  de  le  percer  de  leurs  piques. 
L'abbé  Salins,cclui-là  môme  à  qui  Manuel  avait 
tant  parlé  des  précautions  îi  prendre,  des  pen- 
sionsàtixerpourlesi_»rêtres,  avantlcurdépor- 
tation,  l'abbé  Salins  lut  la  seconde  victime.  Il 
s'avanrait  |>ovu'  |iarler  aux  satellites,  uncoup 
de  fusil  le  renversa  mort. 

«  Ceux  des  assassins  qui  avaient  pris  l'al- 
lée de  la  petite  chapelle  s'avanraient  en 
t;riant  :  «  Où  (!sl  l'archevêque  d'Arles?  »  Il 
les  attendait  à  la  même  place,  sans  la  moin- 
dre émotion.  Arrivés  près  du  grou[)e,  en 
avant  duquel  il  était  avec  l'abbé  de  la  Pan- 
nonie, ils  demandent  à  celui-ci  :  Est-ce  toi 
(jui  es  l'archevêque  d'Arles?  L'abbé  de  la 
Pannonie  joint  les  mains,  baisse  les  yeux 
cl  ne  fait  |)as  d'autre  réponse.  — C'est  donc 
toi,  scélérat,  ([ui  es  rarchcvè([ue  d'Arles? 
dirent-ils,  se  tournant  vers  M.  Dulau.  —  Oui, 
messieurs,  c'est  moi  (lui  le  suis.  —  Ah  !  scé- 
lérat, c'est  donc  toi  (jui  as  fait  ver»er  !e  sang 
de  tant  do  [)alriotes  dans  la  ville  d'Arles!  — 
Messieurs,  je  ne  sache  pas  avoir  jamais  fait 
de  mal  h  prrsonne.  —  En  bien  !  ji'  vas  t'en 
faire,  moi,  »  répond  un  des  brigands;  et  en 
disant  ces  mots,  il  lui  déi  liaige  un  coup  de 
sal)re  sur  la  tète.  L'archcvêiiue,  immobil(>  et 
tourné  vers  l'assassin,  reroil  le  premier  coup 
sur  le  front,  sans  pronoricer  une  parole.  Vn 
nouveau  brigand  ilecharge  sur  lui  son  cime- 
terre et  lui  f»'nd  pres(pie  tout  le  visage.  Le 
prélat,  toujours  muet  et  debout,  porte  sim- 
plfineiit  ses  deux  mains  sur  sa  lile>suie.  Il 
était  encore  debout,  sans  avoir  fait  un  pas 
Ml -en  avant  ni  en  arrière;  frappi-  d'un  troi- 
sième coup  sur  la  tète,  il  tombe  en  appuyant 


PER  584 

un  bras  sur  la  terre,  comme  pour  empêcher 
la  violence  de  sa  chute.  Alors  un  des  meur- 
triers, armé  d'une  pique,  l'enfonce  dans  le 
sein  du  prélat  avec  tant  de  violence,  que  le 
fer  ne  peut  en  être  arraché.  Le  meurtrier 
pose  le  pied  sur  le  cadavre  de  l'archevêque, 
prend  sa  montre,  et  l'enlève  en  la  faisant  voir 
auxautres,  comme  le  prix  de  son  triomphe. 

«  Au  moment  où  la  porte  du  jardin  fut  en- 
foncée, une  vingtaine  de  prèires  des  plus 
jeunes  s'étaient  sauvés  par  dessus  les  murs 
dans  les  maisons  voisines.  Plusieurs  revin- 
rent sur  leurs  pas,  de  i)eur  que  leur  fuite  ne 
rendît  les  brigands  encore  plus  furieux  con- 
tre leurs  frères.  Un  grand  nombre  de  })rêtres 
s'étaient  réfugiés  dans  la  petite  chapelle.  Là, 
attendant  la  mort  dans  un  profond  silence, 
ils  offraient  à  Dieu  leur  dernier  sacrifice.  Les 
brigands  déchargèrent  sur  eux  leurs  fusils  et 
leurs  pistolets  à  travers  les  barreaux.  Les 
victimes  tombaient  les  unes  sur  les  autres  ; 
les  vivants  étaient  arrosés  du  sang  de  leurs 
frères  mourants.  L'évêque  de  Beauvais  eut  la 
jambe  fracassée d  une  balle,  et  tomba  comme 
mort.  Une  foule  d'autres  victimes  tombèrent 
sur  lui  sans  proférer  une  parolede  plainte. 

«  Les  autres  meurtriers  poursuivaient  les 
prêtres  épars  dans  le  jardin,  les  chassaient 
devant  eux,  abattant  les  uns  à  coups  de  sa- 
bre, enfonçant  leurs  piques  dans  les  entrail- 
les des  autres,  faisant  feu  de  leurs  fusils  et 
de  leurs  pistolets,  sans  distinction,  sur  les 
jeuni's,  les  vieux,  les  infirmes  :  «  Scélérats, 
s'éciiaient-ils,  enfin  vous  ne  tromperez  [)lus 
le  peuple  avec  vos  messes  et  votre  petit  mor- 
ceau de  pain  sur  les  autels:  allez,  allez-vous- 
en  joindre  ce  pape,  cet  antechrist,  que  vous 
avez  tant  soutenu.  En  ce  moment  ,  qu'il 
vienne  et  (ju'il  vous  défende  de  nos  mains  !  » 
Cii  nom  d'antechrist,  donné  au  pape,  décèle 
évidemment  des  disci|^)les  de  Luther  ou  de 
Calvin;  d'autres  vocitérations ,  en  termes 
plus  élégants,  dénotaient  des  meurtriers  qui 
n'étaient  pas  de  la  populace,  et  semblaient 
copiées  d'un  recueil  de  Noitaire. 

«  Ce|)endanl  arrivaient  d'autres  assassins, 
et  avec  eux  un  commissaire  de  la  section, 
appelé  Violet.  On  entendit  crier  :  «  Arrêtez, 
arrêtez,  c'est  trop  tôt,  ce  n'est  pas  ainsi  ipi'il 
faut  s'y  prendre.  »  Il  y  avait,  en  effet,  pour 
ces  massacres,  un  ordre  désigné  par  les 
chefs  et  (pi'on  suivait  ailleurs,  pour  s'assu- 
rer du  nombre  des  victimes,  et  pour  n'en 
échapper  aucune.  Les  mêmes  voix,  surtout 
celle  du  commissaire,  a[)peiaienl  les  prêtres 
dans  l'église,  en  leur  promettant  qu'ils  y  se- 
raient en  sûreté.  Les  prêtres  essa\  aient  fl'o- 
béir.  Une  partie  des  l)rigands  cessaient  de 
massacrer;  sourds  à  toutes  les  voix,  mémo 
à  celle  de  leur  ca|>ilaine,  d'autres  parais- 
saient redoubler  de  rage,  craime  décliapper 
leurs  victimes. 

a  A  l'extrémité  du  jardin  surtout,  le  mas- 
sacre ne  cessait  pas  encore.  On  vvit  ce[)en- 
dant  un  trait  d'humanité.  L'abbé  Dutillol. 
avec  cpielques  autres  prêtres,  se  trouvait 
resserré  contre  un  mur,  et  restait  immobile. 
In  des  assassins  le  coucha  en  joue  jusqu'à 
trois  fois,  vsans  (pie  l'arme  prît  feu.  Daus  son 


8Uf> 


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l'ER 


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<^lontirm(>nl  :  «  VoWh  un  |ii(Mro  iiiviiIn(''i;ililo, 
.s'i'ciiM  II'  lirif^n'ul;  <''7""'/"'//.  .ijniila  i  \\,  jr 
ii'fsxdi/ndi  i/nn  utt  t/nnlrit'ntr  coup.  Je  scioi 
moins  tl('li('.'it,  <lil  un  second  lur^.nid,  jr  vais 
le  Incr.  —  Non,  rcpiil  le  iticnner,  je  h» 
nrcMids  sous  mn  proicclion  ;  il  m  l'air  d'un 
lionni^lo  li')nnn(>;  »  cl  on  di^^anl  ces  mois  il 
Ir  couvre  de  son  corps. 

«  Dnns  j'i^Kliso,  hu-cnnuiissain;  taisait  des 
oiïorls  poin-  en  lernier  l'enln'e  aux  hri^^ands, 
qui  riigissaieid  anionr  tonnno  iWs  li;^res 
alh^ri^s  do  rarna{^(».  'l'oul  h  conj)  il  se  t'<jil  un 
jiilonce  inatl(M)dn.  (l'élaif  l'évi^ine  de  ll(^aii- 
v,iis,  lajanil)e  (Vacass(''e  d'nne  balle,  ([ue  ses 
propres  assassins  apportaient  avec  uno  os- 
pt'ci»  de  compassion  et  de  respect;  ils  le  <lé- 
posèicMt  dans  réu,lise  sur  des  matelas , 
oomuio  s'ils  eussent  voulu  le  guérir  de  ses 
blessures.  Sou  di;.;ne  frère,  l'év(\pie  dt> 
Sainles,  ij:;uoi'ail  encore  son  soit.  iMitiaril 
dans  le  clueur,  il  ava't  dit  :  «  Qu'est  deveiui 
mon  frèr(>?  Mon  Dieu,  je  vous  en  pri(>,  ne 
uu>  séparez  pas  de  mon  frère  I  »  Averti  par 
un  di'S  prôlres,  qui  avait  entendu  ces  pa- 
roles, il  courut  h  son  frèi'e  et  l'embrassa 
tendreuieiit.  Les  victimes  étaient  eneorc  au 
nombre  de  cent.  Le  conuuissaire  obtint  ({u"yn 
n<:'  l(>s  égorj^erait  poi-it  dans  réglise.  Il  éta- 
blit son  bureau  [)rès  il'une  des  sorties.  Pour 
toute  preuve  que  chacun  devait  être  mis  à 
nujrt,  les  brigands  deuiandèrent  :  «  Avez-vous 
fait  le  serment?  —  Nom,  répondirent  les  prê- 
tres. »  Un  d'entre  eux  ajouta:  «  11  en  est 
)arnii  nous  |)Iusieurs  à  (pii  la  loi  même  ne 
e  demandait  pas,  nai-ce  qu'ils  n'étaient  jjoint 
'onclionnaires  publics. — C'est  égal,  reprirent 
les  l)i'igan(ls;  ou  le  S"rment,  ou  vous  mour- 
rez tous.  »  Les  victimes  dédiaient  devant  le 
bureau  du  commissaire,  ([ui  prônait  leurs 
noms.  Les  prêtres  étaient  en  jx-ière  dans 
l'é^i'se.  A  mesure  qu'ils  élaie;it  appelés,  ils 
se  levaient,  et  allaient  tranquillement  à  la 
mort,  les  uns  en  disant  leni-  brévian-e,  les 
autres  en  lisant  l'Ecriiure  sainte,  d'autres 
entin  répétaient  ces  [)aroles  du  Sauveur  cru- 
ciilé  :  Seigneur,  pardonnez-leur,  car  ils  ne 
savent  pas  ce  qu'ils  font.  Par.ui  les  dernières 
victimes  furent  les  deux  frères  de  Laro clie- 
foucaull,  évêt[ues  de  Saintes  et  de  Beau  vais; 
le  second,  ayant  la  jambe  fracassé^  pria  les 
meurtriers  de  l'aider  à  se  rendre  au  lieu  oii 
ils  l'app.'laieiit;  ce  qu'ils  lui  accordèrent,  en 
le  soulevant  par  It  s  bras,  avec  un  reste  d'hu- 
manité, de  respect  mjme. 

«  Il  y  eut  encore  d'autres  traits  d'huma- 
nité au  milieu  de  cet  horrible  massacre. 
L'abbé  de  l'Epine,  l'un  des  plus  vénérables 
vieillards  de  Sainl-François-de-Sales,  mar- 
chait à  la  mort,  lors([ue  lo  garde  qui  l'y  con- 
duisait l'arrête,  lui  arrache  sa  soutane,  le 
couvre  d'un  habit  laïque,  et  le  met  en  lieu 
sûr.  L'dbbé  de  la  Paniionic  traversait  la 
chapelle  de  la  sainte  Vierge  pour  aller  au 
lieu  du  supplice,  lorsqii'un  garde  national 
s'approc'nc  et  lui  dit:  «  Sauvez-vous,  mon 
ami,  sauvez-vous.  »  Le  prêtre  enfile  un  cor- 
ridor où  il  rencontre  une  forêt  de  baïonnet- 
tes qui  le  blessent  plus  ou  moins  griève- 
ment. \jn  autre  garde  national  Vient  à  son  se- 

DlCTIONN.     DES    PeRSÉCLTIOS.  II. 


cours,  je  met  dnns  une  embrasure  de  portrj, 
s'y  établit  seiilnielle,  et  dit  aux  /is-^aillanls, 
(>n  (troisanl  les  «rme.s  :  x  On  ne  i»n.sse  pas.  » 
Te  [)rêlr(!  émerveillé,  bii  demamie  s'il  espère 
le  sauv(n-.  ><  Si  je  ne  resjȎrais  pas,  dit  ce 
digui!  lioMuue,  je  no  vieridrais  pas  Ii  un  pa- 
reil speitacle;  il  tiK'  fait  trop  d'Iiorr'nir,  » 
Le  prêtre  lui  oIIim»  en  reconnaissance  loiilco 
(pi'il  a  sur  lui  d'assignats;  lo  gardi- national 
les  refuse  absoinmeiil  et  dit  :  «  Jr  verai  trfip 
bitni  p.iyé'  si  je  suis  assez  Ikmiicmu  pour  vous 
sauver  la  vie.  »  (Harruel,  Ilist.  tlu  rlmjé.) 

«  On  voit  même  (piidijue  reste  d'liumanil<i 
dans  les  bourreaux  an  moimnit  on  ils  se  mon- 
trai<nit  W.  plus  b-roces.  \  la  lin  du  niassaf  rc, 
ils  étaient  ù  boire  et  l\  chanter  dans  l'ôglise, 
h  l'entin'M!  de  la  nuit  et  à  la  lueur  de  qiiol- 
(lues  llambe.iux  sinistres,  lorsque  tout  à  cou() 
ils  (nilendent  du  bruit  vers  une  es|)èce  de 
niche  on  d'annfnr*!  ménagée  dans  la  mu- 
raille. Ils  voient  paraître  un  homiiii!  couvert 
de  sang,  posant  les  pieds  sur  le  haut  d'une 
échelh;.  C'était  l'abbé  de  Losîaïuh;  éc|i.,ppé 
au  premier  carnage  du  jardin,  et  qui,  blessé 
de  plusieurs  couiis  de  sabre,  s'était  réfugié 
dans  cet  asile.  A  son  aspect,  les  bourreaux 
accourent  en  criant  :  «  C'est  encore  un  des 
})rêtres,  massacrons-Ie  comme  les  autres.  » 
En  disant  ces  mots,  ils  avaient  repris  leurs 
sabres  et  montaient  vers  lui.  Du  haut  de  son 
échollo  il  leur  dit  d'une  voix  mourante: 
«  Messieurs,  ma  vie  est  entre  vos  mains;  je 
sais  tout  ce  que  j'ai  à  redouter  de  vous  , 
mais  uno  lièvre  ardente,  une  cruelle  soif, 
l'elfet  de  mes  blessures,  me  tourmentent 
bien  plus  que  la  crainte  de  vos  glaives.  Je 
no  jmis  résister  à  cette  soif:  ou  donnez-moi 
un  verre  d'eau,  ou  ()t"z-moi  ce  reste  J'un3 
vie  mille  fois  plus  insupportable  que  la 
mort.  »  Les  bourreaux  eux-mêmes  sem- 
blaient s'adoucir  à  ces  paroles,  q.iarid  une 
voix  s'écrie  :  «  En  voici  encoie  un.  »  Celui- 
ci  était  l'abbé  Dubraj,  prêtre  de  Saint-Sul- 
pice,  caché,  mais  étoulfant  entre  deux  mate- 
las ;  il  avait  fait  un  mouvement  [)our  respi- 
rer. Le  bourreau  qui  l'entend  rerausr'le 
saisit,  le  traîne  vers  l'autel,  lui  fend  la  tète 
d'un  coup  de  sabre  et  les  piques  l'achèvent. 
Témoin  de  ce  s[)eolacle ,  du  haut  de  son 
échelle,  labbé  de  Loslande  n'attendait  pas  un 
autre  sort.  Il  se  traîne  en  descendant,  arrive 
auprès  de  ces  bourre  lux,  leur  demande  ei- 
core  un  verre  d'eau  ou  ia  mort,  et  toinbi  éva- 
noui entre  leurs  bras.  Ils  se  sentent  éiuas  de 
compassion,  et  lui  donnent  un  verre  d'eau; 
ils  le  transportent  même  à  la  section,  y 
plaident  sa  cause  et  de  là  le  mènent  à  l'hô- 
pital. 

«  Au  milieu  même  du  mrssacrs,  le  com- 
missaire Viol.3t  sauva  plusieurs  victimes  en 
les  faisant  rester  à  cOté  de  lui  au  moment 
oij  ils  allaient  à  la  mort.  Deux  jo  :rs  après,  il 
leur  d.sait  avec  un  ejtiiousiasme  involon- 
taire :  «  Je  me  perds,  je  m'anime  a'éto.me- 
inent,  je  n'y  conçois  ricn,  et  tous  ceux  qui 
auraient  pu  le  voir  n'en  seraient  pas  moins 
surpris  que  moi.  Vos  prêtres  allaient  à  la 
mort  avec  la  môme  joie  et  ia  même  allégresse 

19 


.*;«7 


PER 


PER 


588 


qiio  s'ils  fussent  all(^s  aux  noces.  »  (Barruel, 
Uifl.dn  clergé.) 

«  Enlin,  on  compte  en  tout  deux  cent 
qunrail»'  'lunlre  |>or>onnos  iniissat'rf'es  aux 
Cainits,  (loiif  cent  (inalrt*-vingt-(li\->*o|)l  e*- 
clésiastiques,  rinij  laïques  et  nuaranlo-leux 
incoinus,  Trentc-quaiie  «^cIkih]  (toiI  ou 
furent  sauvés,  sur  losqueU  viiir;l-(;inq  ecclé- 
siastiques, ((iabourd,  Ànxcmhl.  téqisL,  p.  iG7 
etsiiiv.)  I.c  massarro  avait  cr)iuin('ncé  à 
l'ahbaye  de  Saiiil-lirrniaii);  seize  prètri's  se 
rendaient  au  lieu  de  leur  exportation  avec 
des  passe[)orls  en  rè.^Io;  ils  turent  arrêtés 
a»ix  barrières  de  la  capital  -,  amenés  de  la 
commune  h  l'abbaye,  égorgés  dans  la  cour 
avec  (lix-liuit  autres.  Un  seul  érlia^pa  par  le 
dévouemeTit  d'un  horloger  aj)pelé  Monod  ;  ce 
fut  Tabbé  Sicard,  i-^sliiuteur  des  soiu-ds  et 
niu''ts.  Dans  rinlérieiu  de  Tabbaye,  il  y 
avait  beaucoup  de  piisontners  pour  cause 
politique,  avec  deux  prêtres,  l'abbé  de  Has- 
lignac,  giand-vicaiic  d'Arles,  et  r<ib:>é  Len- 
fanl ,  ancien  jésuite,  célèbie  prédicateur, 
connu  de  tout  le  monde.  «  A  dix  heures,  le 
lundi  3  se[)tend)re,  raconte  un  des  prison- 
niers é'.happé  du  massacre,  l'abbé  Reniant 
et  l'abbé  de  IVastignac  parurent  dans  la  tri- 
bune de  la  clia|)elle  (jui  nous  servait  de  pri- 
SOM.  Ils  nous  annoncèrent  que  notre  der- 
nière heure  arrivait  et  nous  invitèrent  ilc 
nous  recueillir  pour  recevoir  leur  bénédic- 
tion. Un  mouvement  électrique  (p:'on  no  peut 
délinir,  nous  précipita  tous  à  genoux,  et, 
les  mains  jointes,  nous  la  reçûmes.  »  L'abbé 
Lenla  it  a.sant  été  appelé  <^  l.i  mort ,  |»;uiit 
avec  autant  de  calme  que  quand  il  moulait 
en  chaire.  Ue  i»cuple,  en  vo\ant  piu-aitie  sofi 
apAlrc,  demanda  à  li mtc  "voix  iju'il  vécût. 
Les  bourreauv  le  l.lclièrcnt.  Le  peuple  lo 
pou->sait,  lui  criait  :  5«uipr-ro».":,  et  il  était 
déjà  hors  de  la  loule.  ï^on  cœur  tendre  et 
sensible  ne  lui  permettait  pas  de  fuir  sans 
avoir  remercié  ce  [H-uph'.  Il  sélait  retourné 
et  lui  ex[)riniail  sa  reconn.nssance.  (Ji.alro 
brigands  ont  regretté  leur  proie,  ils  iu;cou- 
renl,  le  saisisseiU.  L'abbé  Lenl";uit  lève  les 
mains  au  ciel  :  «  .Mon  Dieu,  je  vuus  remer- 
cie de  j:iouvoir  vous  olVrir  ma  vie,  connue 
vous  avez  nd'ert   la   votre   pour  moi.  »  (le 


fui eut  ses  d" mières 
poux  et  expira  sous 


L'abbé  de  ltn>lign,i< 


)arules.  11  se  mil  à  ge 
es  cou|)S  des  brigands, 
ut   immolé  un  instant 
après    (Hariucl  et  Carron.) 

Le  seul  prêtre  co.nnu  pour  avoir  échappé 
à  c.'lte  bouch' rie  lut  un  religieux  de  Clu- 
gny.  Il  était  un  des  seize  arrêtés  aux  bar- 
t-ières.  En  arrivant  à  rabî)aye,  il  renuinjua 
parmi  les  tonunissaires  un  honune  avec 
qui  \\  s'était  trouve  diverses  fois  chez  un  ami 
eomnnui;  c(  lann,  croyant  le  roligu'ux  assuré 
de  rexpoitilioii,  lui  avait  rniitii-  une  somme 
de  t|  larante  m. Ile  livres,  |,p  relijfieux  vou- 
lait ass\)ier  c-  dépôt;  il  remet  son  jiorte- 
feuillfi  au  connniss.ure,  et  lui  en  coniie  la 
restitution.  Le  rouuinssair  ,  reco  Jn.dssanl 
Ier»li.tii  u\.inia;-çuie,  pourlesjiuvi  i  .de  li-con- 
diiiro  inns  le  bureau  même  (u'j  .■  /ciivains 
étaief  l    orcujiés  A    dresser   le  tMbal 

du  ma.^.^acre.  Sans  avoir  trop  le  :..^|S  de  lui 


expliquer  ce  qu'il  doit  faire,  il  le  place  Ji 
une  des  tables  du  bureau  et  lui  dit  :  Krrinz. 
Le  religieux  attend  qu'on  lui  dicte  ce  qu'il 
doit  écrire.  Le  eoniiuis>aire  s'aperçoit  de  son 
embarras,  AU'ectint  un  ton  brusque,  il 
ajoute  :  «  Lcrivez  donc  ce  que  je  vous  ai 
dit,  et  que  tout  soit  prêt  à  moi  retour.  »  Le 
religieux  entend  ce  langage  et  se  met  à 
écrire  ou  à  faire  semblant.  Les  bourreaux 
allaient,  venaient  et  revenaient  dans  ce  bu- 
reau, ra(  ontanl  leurs  massacres,  deiuandan* 
des  listes  et  se  livrant  à  toute  leur  féroce 
joie  sur  les  victimes  (ju'ils  av.iienl  égorgées. 
11  leur  en  manciuail  une  sur  les  seize  prê- 
tres; c'était  ce  religieux  mêmecju'ils  voyaient 
dans  le  bureau,  et  qu'ils  prenaient  [K)ur  un 
connnis.  C'était  devant  lui  t|u"ils  deman- 
daient le  prêtre  «ju'on  leur  avait  dérobé.  Lui, 
conlinuait  à  écrire  sans  se  déloinner  et 
comme  un  homme  fort  occupé  des  ordres 
qu'il  avait  à  remplir.  Le  commissau'e,  au 
moment  iavorable,  reparut,  exauii'ia  ce  que 
le  religieux  avait  écrit,  lui  lit  prendre  ses 
papiers  sous  le  bras  et  l'emmena  chez  lui 
cfMiiMie  son  secrétaire.  (Harrucl.) 

Tandis  qu'on  massacrait  leurs  frères  aux 
Carmes,  les  quuire-vingl-ilix  prêtres  enfer- 
més au  séminaire  de  ^ililll-^■i^nun  s'allen- 
daienl  h  voir  s'ouvrir  les  porks  de  leur  pri- 
son, eu  conséquence  du  décret  d'exporl.iliou 
qui  leur  avait  été  eommuniqué.  C'élaii  le 
2  septembre.  Tout  à  coup  un  garçim  îmîu- 
cher  siulioduil  dans  le  séminaire,  di-mandc 
^  parler  au  piocuieur,  l'abbé  Huulangier,  et 
lui  dit  seci élément  :  «  Sauvez-vou>,  .Mon- 
sieur, ce  soir  vdus  allez  être  tous  égorgés.  * 
L'abbé  Itntd.Migier  ne  peut  pas  y  croire,  aver- 
tit le  supérieur,  laltUé  Kraii»;ois,  el  ils  en- 
voicrU  un  ilouieslique  [trendrc  des  iidorma- 
lioii>  ;  mais  ils  allendeiil  \aiurmrni  la  ré- 
ponse. Sut  vienni  lit  diu\  auliesjtunes  gms 
avec  le  g.ueon  bouc  In-r;  ils  |>ies>eiil  laiiiié 
BiMdan;-"ier  v\  remiuènrnl  à  liavirs  les  ban- 
dits qui  arrivaient  sur  SdUil-Firujin  puur  s'as- 
surer lies  portes. 

0  Le  3  st  ptembre,  h  cinq  heures  du  milin, 
les  biiurreau\  élaiciil  (ou>  arrivés.  La  popu- 
lace était  déjà  accourue.  Klle  commeni,a  par 
demander  la  vie  de  «pielques -ui.s  de  ceut 
(prcllc  cunnaissait  plus  spécialement.  r«>i- 
soiez  votre  suint  !  .>'écria-t-eHe  en  parlant 
du  bon  abl.'é  LlKunniuJ ,  professeur  éinérito 
du  ciid(''ge  du  (animal  Lemuine  ,  el  auleiir 
d  une  (il  nmnmire  fninçiiisi  bon  coiimie  dans 
les  collegr-s  et  les  séminaires.  Ce  saint 
prêtre  el  Intis autres  furent  mis  sous  la  sauve- 
garde de  la  loi.  Les  adiiunistraieurs  de  la 
serli(»n  auraient  r.ussi  voulu  (oiiserver  la  vio 
à  l'abbv"  François,  supirieur  du  séminaire; 
niai>  n's  brigands  se  roidirent  nmire  la  sec- 
tion nu''me,  et  le  lui  arr..chèienl  pour  l'égor- 
ger avec  les  autres.  Ils  par»  ounnenl  d'abord 
le  séunriaire  d  en  liniil  descendre  les  prê- 
tres dans  la  rue.  Le  peuple,  frémissant  d'un  si 
grand  nninbredc  vii  liines,  ne  voulut  pas  souf- 
lrir(|  l'elles  fussent  imim-leessoisses  yeux. 
Les  Ijourreaux  retUrereiU  avec  elles  dajis  la 
^lai^^n.  Là  ils  les  ê_orgèretit  les  unes  après 
les  aulreâ  ou  les  précipitèrent  par  les  fenêtres, 


K80 


pi:k 


v\i\ 


Mo 


Kiilil»^  llîiUy»  s'Wniil  iiii'n'iîilo^^islo  ,  milniir 
d'iri  Ir.iilr  dr  ctillc  sc.iiMicc ,  niiisi  (|ii('  d'iino 
phvsii|H»,  «v/iil  <M<^  cnrciiiK''  h  S.iiiii  l'iriniii 
nviM'si'S  conlVi'^t'cs  du  s/iccutlocc;  iii.iis  i|ii('l- 
(|iirsj(iurs  ;\viml  li>  iiiiissnc.ro  ,  il  (Hi  lui  linS 
par  los  sollii'il.'ilioiis  (l(>  racadôiuio,  doiil  il 
«\|aif  itHMuhii'.  (Uarnicl.^ 

«  Les  iiiassj  .nvs  (•(iiiiimi(>roMl  les  jours  sui- 
v«Mts  dans  los  aiilros  prisons  iW,  la  capilali*  : 
ft  la  l'V)rr(> ,  à  la  Coiicicr^crid  ,  au  (".li.Ucli'l  , 
aux  HtM'iaidiiis  ,  à  iticcMrc^  ,  à  la  Salix-lrirrc. 
Uno  t'ois  allViaiidiVs  par  lo  san^  dos  pr(Mros , 
los  assassins  (\;or^(''roid,  Ions  les  p' isoir)i(>rs 
sans  dislinolion  :  les  voUmm's  (4  les  accusas 
vulgairos  ,  h  la  Coiic.iorj^orio  (d  au  C.liAlchU  ; 
los  ^ali^rions,  au\  lloi-nanlins  ;  los  fous  ol  au- 
tros  dôloniis  sond)lal)tos  ,  h  IticcMrt;;  los 
founnos  oo'idanuuVvs  pour  délits  oonuuuns, 
h  la  Salpi^rit^'H'.  A  la  Knrco,  aviM-,  un  o(Mtain 
iionihro  rlo  pr(Mri'S,  (Ml  (^gorgoa  honiiconp  do 
prisoMinors  poliliiptos.  I.a  plus  illusiro  vio- 
tinio  Ttil  la  (irinoivsso  do  L.'unhallo,  nc^o  prin- 
cosso  d('  .^avoio  ol  aniio  intnno  do  la  reino 
Marie-Antoinolto.  On  lui  coupa  la  tiHo  ,  on 
lui  arracha  lo  oœnr;  ou  mil  la  U\lo  au  bout 
d'une  piipio  ,  le  cœur  dans  un  bassin  ,  cl  on 
Ips  présenta  ainsi  aux  fonùlres  du  Temple  oii 
éta  eut  prisoMuiiM's  lo  roi  et  la  reine.  Pou  s'en 
fallut  (pie  los  brigands  n'en  cuiongassent  los 
port  s  et  ne  terminassent  la  joinni''e  {)ar  le 
ré-j,io  (le.  Un  conseiller  municipal  los  haran- 
gua pour  los  diHourner  do  ce  dessein  ;  ce  ne 
hil  (pi'après  une  heure  de  résistance  qu'il 
parvHil  <i  los  éloiiiiior. 

«  Le  9  soptombro  eut  lieu  ,  à  Versailles , 
malj^ré  les  etl'orts  du  maire  de  la  ville,  le 
massacre  d'un  grand  nombre  do  prisotniiers 
de  dislinclio'i  qu'on  Iranslerait  (i'Oi'Ioans  à 
Sauinur.  Dans  le  nombre  fut  M.  de  Castol- 
lano,  évèqiie  de  iMcnde.  D(\ià  Irappé  à  mort, 
il  se  releva  pour  absoudre  les  mourants  ;  un 
coup  de  s.'bre  mutila  sa  main  au  moment  oCl 
il  [iron.inçait  l'absolution. 

Les  ma-sacres  de  Paris  furent  imités  dans 
quoKpies  départements.  Danton,  ministre  de 
la  justic,  leur  en  adressa  à  tous  l'inviatioa 
formelle  au  nom  de  la  municipalité  pari- 
siome,  qui  exerçait  alors  le  souverain  pou- 
voir en  Fraico.  IJn  des  sf^nataires  était  Ma- 
rat,  membre  du  Comité  de  salut  public,  éta- 
bli [)ar  la  commu le.  A  Reims  ,  on  massacra 
donc  huit  |)iisonniers,  tant  prêtres  que  laï- 
ques ;  à  Alcaux  ,  une  bande  (l'éner^umènes  , 
qu'o'i  suppose  venue  de  Paris,  égorgea  qua- 
torze personnes ,  parmi  1  squelles  tiguraient 
sept  prêtres  ;  à  Lyon  ,  les  prisons  étaient 
menacées  ,  mais  la  garde  nationale  prit  les 
armes,  et  par  son  intervention ,  le  nombre 
des  victimes,  qui  allait  s'élover  à  deux  cents, 
fut  restreint  à  onze  personnes,  dont  huit  of- 
ficiers et  trois  prêtres.  A  Orléans,  trois  in- 
dividus furent  massacrés;  à  (iisors  ,  dans  le 
département  de  l'Euro  ,  lo  duc  de  la  Roche- 
Guyon,  arrêté  par  ordre  de  la  commune,  sur 
la  recommandation  du  philosophe  marquis 
de  Condonet,  fut  tué  d'un  coup  de  pavé  qui 
lui  fui  la-icé  par  un  brigand. 

«  Pjirmi  les  victimes  do  Reims  on  distin- 
gue le  doyen  des  curés,  Etienne-Charles  Pac- 


;f 


(piot,  curé  do  Raint-Jonn.  Il  domnndait  h  Dieu 
(Morminor  «la  Ioiikui*  (•ntri<''ro  pnr  lo  mnr- 
tyr(*.  Les  bouricaut  lo  Irouvoni  d/uis  «fin 
oialoire  lorniiiiail  les  prières  (!■  h  n;^o'ii<<Mri(^. 
Il  los  MUil  on  récitant  lran(piillonionl  dos 
psauiuos,  ius(|ii'/iii  .s(!Uil  dn  la  maison  cOlii- 
iiiinio  où  d  d'tit  rcccviiu'  l<>  coup  do  In  mort. 
Lo  mairo  croit  avoir  lrouvi'>  un  moyon  d('  lo 
saiivoi-  :  t  Ou'allcz-vfois  faire?  crio-l-il  aux 
iM'igands,  cv.  vieillard  n'osl  pas  di^no  do  vo- 
tre col('fr«(.  Ti'ost  un  bonhoiiiiiu'  (pn  ont  fou  , 
(pii  a  perdu  la  lAl(»,  .'i  cpii  lo  fanalism(f  ron-*' 
verso    los  idées.  —  Non  ,  monsieur,   répond 

10  vénérable  doyen  ,  jo  no  suis  lu  fou  ni 
fanati(pio,  je  vous  piic  de  croire  (]ue  j^- 
ina  s  je  n'ai  eu  l.i  lêle  plus  libr(^  (U  l'esprit 
jilus  présont.  (îes  me^sn  urs  me  domai(lont 
un  8(>rin(^iif  décrélé  par  l'Assembléo  natio- 
nale ;  jo  connais  ce  sermont  :  il  est  impie, 
subversif  (je  la  religion,  (.os  messieurs  mè 
|)ropo>cnt  le  choix  entre  ce  sonnent  ot  la 
mort  ;  jo  déleste  ce  sormonl,  et  je  choisis  la 
mort.  Il  uK^  sembhî ,  monsieur,  (juo  c'est  \k 
vou!5  avoir  assez  démontré  (jue  j'ai  l'es-^ 
prit  présent  ot  (pie  je  sais  ce  <pio  je  fa  s.  » 
Lo  magi^lrat,  proS(|ue  confus  do  sa  faussé 
pitié,  l'abandonne  aux  assassins.  M.  Pacquot 
leui'  fait  s  giie  de  la  main,  et  dit  h  haute  voix  : 
«  Quel  est  Cidui  'le  vous  qui  me  donnera  le 
coup  de  la  moit?  —  (]'est  moi ,  réfiond  l'un 
d'eux.  —  Ah  !  rej^rend  le  vieux  curé,  per- 
mettez que  je  vous  ombrasse,  (pie  je  vous  té" 
moigne  ma  reconnaissance  pour  lo  bonheur 
que  vous  allez  me  [irocurer.  »  Il  l'ombrasse 
en  oti'et,  et  ajoute  :  «  Permettez,  k  présent  , 
que  je  me  mette  dans  la  posture  convenable 
pour  otfrir  à  Dieu  mon  sacrifice.  »  Il  se  met 
à  genoux,  demande  hautement  pardon  à  D  ea 
pour  lui-même  et  pour  ses  bourreaux,  puis 
il  reçoit  le  premier  coup  de  l'homme  (^uil 
vient  d'embrasser  ;  les  autres  achèvent. 
(Br.rruel.) 

«  Le  même  jour,  dans  la  matinée,  un  mal- 
heureux était  allé  trouver  un  prêtre  octogé- 
naire réfug  é  à  Reims,  l'abbé  Suny,  curé  de 
Riliy-la-Mo  itagno  ,  pour  lui  demander  l'au- 
nmne.  Le  vieux  prêtre  lui  donna  une  che- 
mise avec  quelques  assignats.  Pou  d'heures 
après,  il  fui  t.auié  à  IHàlel-de-Ville  ,  où  ce 
mendiant  l'avaitdénoncé.  «  M.  le  cui  é,  lui  di- 
rent les  municipaux,  votre  sort  est  entre  vos 
mains.  Prêtez  le  serment ,  si  vous  vouiez 
conserver  les  jours  qui  vous  restent  à  pas- 
ser ici-bas.  —  Ah  !  messit  urs  ,  répondit-il  , 
j'avais  eu  le  malheur  de  prêter  ce  serment 
criminel  ;  le  Seigneur  ma  fait  la  grâce  de  le 
rétcacter  ;  je  l'en  ai  mille  fois  remercié,  mais 
combien  à  présent  je  m'estime  heureux  de 
pouvoir  donner  ma  vie  pour  réparer  mon 
scandale  1  je  lui  en  demande  encore  très- 
humb  ement  pardon!  Ah  !  messieurs,  je  sens 
qu'il  me  for-titie,  je  me  sens  disposé  à  mou-' 
rir  plutôt  que  de  retomber  dans  ce  crime.  » 

11  marcha  elfectivement  à  la  mort  avec  «â 
air  mêlé  de  componction  ,  d'humilité  et  #» 
sainte  joie.  Son  sang  cou/a  dans  le  mêm% 
ruisseau  que  celui  du  saint  pasteur  qui  Fà- 

vait  précédé Le  lendemain,  5  septembre, 

la  populace  de  Reims,  apprenant  que  le  vieux 


501 


TER 


PER 


592 


curé  de  Rilly  nvflil  élô  dénoncé  par  cclui-lh 
intMiip  ;:  (|iii  d  avait  fnit  ^<^^lln(^ne, entra  dans 
une  Celle  fiiroiir.  ([u'elle  amena  ce  miséra- 
ble sur  le  cliami)  des  massacres,  l'accusa  d'en 
V^lre  le  principal  auteur,  le  jugea  et  le  briila 
tout  vif.  »  iRarruel.) 

Une  multitude  d'autres  prêtres  furent  mas- 
sacrés isolément  dans  ces  temps  de  révolu- 
tion où  il  send)lait  que  la  société  di1t  s'abi- 
juer.  La  race  des  bourreaux  n'épargnait  rien, 
pas  même  la  majesté  des  tond)eaux.  Il  sem- 
ble q\ie  lorsque  Dieu  a  mis  le  sceau  de  l'é- 
ternité sur  un  homme,  (pi'il  soit  esclave  ou 
bien  roi  ,  nul  n'a  le  droit  de  le  soulever.  Les 
Jiordes  révolntioiuiaires  se  rcidirent  h  Saint- 
Denis, arrachèrent  de  leurs  tombeaux  les  res- 
tes des  morts  glorieux  qui  y  reposaient;  ils 
jetèrent  pèle-mèle  les  restes  des  renies,  des 
rois  et  des  grands  hommes.  11  y  avait  près 
de  ces  relirjues  royales,  qui  appartenaient  à 
]a  patrie,  d  autres  reliques  (|ui  appartenaient 
à  la  chrétienté  ,  c'étaient  celles  des  saints  : 
les  révolutionnaires  ne  les  respectèrent  pas 
davantage.  Partout  oij  on  en  put  trouver , 
elles  furent  traitées  comme  celles  qui  se  ren- 
contrèrent à  Saint-Denis.  La  rage  des  des- 
tructions ne  s'arrêta  pas  là  ;  pour  effacer  jus- 
qu'à la  dernière  trace  de  religion  dans  le 
pays,  on  s'en  prit  jusqu'aux  di''nominations 
qui  consacraient  les  jours  au  culte  des  saints. 
Le  calendrier  fut  changé.  Les  noms  des  mois, 
ceux  des  jours  disparurent.  La  semaine  qui 
coiisacre  je  souvenir  iie  li  créalion,  et  (jui 
rend  un  soienufl  hommage,  par  le  lepos  du 
dimanche,  au  Dieu  (]ui  créa  l'univers  en  six 
jours,  et  qui  se  reposa  le  septième,  fut  rem- 
placée par  la  décade.  A  chai|ue  jour  du  nou- 
veau calendiier  é'.ail  adapté  non  plus  le  nom 
d'un  sai  it  ou  d'une  saine,  m. us  un  nom  d'a- 
niîual,  de  plante  ou  d'outil.  So  iveiit  les  of- 
ficiers municipaux  exigeaient  qu'on  donnAt 
aux  enfants  (ju'on  faisait  en:-egistrer  à  l'état 
civd  ,  le  nom  accol.'  au  jour  où  le  ha>ard  les 
avait  fait  naitre,  (irAce  à  ce  calendrier,  lau- 
tC'ir  a  eu  poir  cnnqiagnon  d'élu  1  s  un  nom- 
mé Navet,  et  i!  a  ])o  ir  |)arente  une  peisonne 
qui  se  nomme  Charme  ,  nom  ([ui  contracte 
singulièremeiit  avec  la  persoine.  On  c  i  vint 
j'isq  l'a  (  c  |»oiiit  de  folie.  UobLSjii  rre  lui- 
uièuij  ne  donnait  pas  dans  ces  absurdités. 
Il  cro  ail  en  Dieu.  Sur  la  pf)rle  de  certains 
ciraelièr.'s,  on  avait  lait  é>  rire  des  niaxnues 
counup  celle-ci  :  «  La  mort  est  un  sommeil 
éternel...  Impiété  iiid)éiih>,  i  isiilt  oil  à  tout 
ce  qu'.l  y  a  de  plus  e  «raciié  dans  le  C'juur 
humain.  Nrm,  rexisl'3ne,o  ne  s'éteint  point  à 
la  iomhf.  Il  y  a  au  de. à  des  espoirs  et  des 
souve'iirs  ([ui  sont  pour  les  hommes  le  l)ut 
de  l'existeice  ici-bas.  Au  delà  du  tombeau 
il  y  a  un  D  eu  qui  nous  ap>pelte  et  des  anus 
qui  nous  attendent.  Il  y  »'ut  b  'aucoup  de 
prêtres  intrus  (pii,  soit  h^cheté,  soit  impieté 
p.-rsonnello  ,  serondèiivil  les  maxim'..s  abo- 
minables d«  vvUv  unp'été  révolutionnaire. 
<iobel,  lévêjue  assermenlé  de  Paris,  se  pré- 
.senta  le  7  novembre  17'.».l.  h  In  barre  de  la 
Lonvenlioi,  avec  treize  df  ses  vu  aires  épis- 
roi  nu\,  et  y  abjura  solennellement  son  sa- 
cerdoce. Daus  les  séances  suivantes,  plu- 


sieurs autres  apostasièrent  comme  lui.  Il  y 
eut  cnviro'i  'JO  évêcpies  intrus  (pii  commirent 
de  semblables  aboMunations.  Neuf  se  mariè- 
rent, un  grand  nombre  de  prêtres  tirent  la 
mêmechose.  On  institua  uncfêteau  lOnovem- 
bre  pour  célébrer  la  mémoire  de  cette  apos- 
tasie des  intrus.  Cette  fête  eut  lieu  à  Notre- 
Dame,  qu'on  nomma  temple  de  In  Raison,  l.a 
déesse  lut  une  prostituée  ipi'on  mit  nue  sur 
Je  grand  autel  ;  la  municipalité  ,  la  Conven- 
tion détilèrent  en  l'adorant.  Robespierre  n'y 
parut  pas.  Des  abominations  de  même  na- 
ture eurent  lieu  dans  plusieurs  déparle- 
ments, notamment  dans  la  Nièvre.  On  abat- 
tit les  croix  ,  on  ferma  les  églises  ,  même 
celles  des  constitutionnels.  La  désolation 
était  au  comble  ;  la  France  courbait  la  tête 
sous  l'horrible  tyrannie  qui  |H'sait  sur  elle. 
Une  seule  contrée  avait  entrepris  la  résis- 
tance ,  et  après  l'avoir  faite  héroique ,  elle 
succombait  :  c'était  la  Vendée ,  dont  les  ha- 
bitants tombaient  par  milliers  sous  le  glaive 
des  révolutionnaires.  Dans  les  temps  de  l'E- 
glise primitive,  on  aurait  a[)pelé  tous  les 
Vendéens  des  martyrs  ;  la  France  d'alors , 
ou  plutôt  ses  tyrans,  les  nommèrent  des  bri- 
gands ,  et  de  nos  jours  encore ,  au  nom  d(î 
je  ne  sais  quel  principe  de  prétendu  patrio- 
tisme, quelques  historiens  prétendent  qu'ils 
n'avaient  pas  le  droit  de  prendre  les  armes 
contre  les  scélérats  (}ui,  violcUit  le  pacte  na- 
tional ,  voulaient  détruire  leur  cuite.  La  ré- 
sistance béroKjue  de  la  N'endée  aux  tyrans 
qui  dominaient  la  France  constitue  une  d«!S 
])lus  belles  périodes  de  notre  histoire  Dans 
lesj')urs  de  tyrannie,  su(lit-il  que  le  grand 
noiiiiue  soit  du  eùlé  des  tyrans  ,  r.e  fi:t-ce 
que  par  peur,  pour  que  le  dioit  soit  avec  eux? 
R  en  souvent  la  vérité,  les  (.rincipes,  fuient 
du  cùté  des  mi  loiilés.  N.>us  ne  préicndons 
pas  dire  que  dans  ce  cas  les  minorités  aient 
le  droit  de  \inlenter  les  major  tés ,  mais  ce 
([ue  nous  soutenons,  c'est  (luelles  ont  ce  ui 
de  résistance,  si  on  les  violente  elles-mêmes 
dans  ce  (pii  constitue  ress."ice  de  la  liberté 
hiuiai  le.  Les  m  jtjiités  et  les  mi::o;  des  ^e 
peiiv.'^'l  vivre  que  par  un  syslène  de  tolé- 
rance mutuelle,  Udssant  ..  chacufu»  la  somme 
(h'  li  teité  nécessa  re  pour  que  le  uroit  et  le 
devoir  puisse  il  se  concilier. 

Les  tigres  (jui  étaient  à  la  fêle  du  gonver- 
neiiieiit  s'enivrèrent  de  sang  et  île  carnage, 
et  leur  iviesse  leur  donna  île  plus  en  plus  la 
rage  de  tuer.  Toul  ce  qui  était  noble,  grand, 
saint,  savant,  tout  ce  qui  manpiait  dune 
ma'iière  quelcoiuj  ledan  la  société,  tombait 
sous  le  niveau  levoluiiomaire.  Nobfs,  ri- 
ches, prêtres,  généiaux,  députes  tout  fut 
mis  h  mort.  Enlin  quand  ceux  que  la  Fra';ce 
av., il.  il  faut  bien  le  dire,  la  Lh  heté  d'ar- 
cepter  pour  maîtres,  eurent  tué  tout  ce  qui 
les  euioiirait,  ils  s'égorgèrent  les  uns  les 
autr  'S.  Les  (iirondii  s  furent  guibotiiiés  en 
musse  le  31  octobic  i79.'î:  c'étaie  it  les  hom- 
mes vertueux  de  l'Assemblée.  Au  seuil  de 
réiernité,  jirès  de  h^  franchir,  ces  hommes, 
au  lieu  de  méditer  sur  la  mort  qui  les  mena- 
çait, de  s'y  préparer  par  le  repentir  ou  la 
prière,  se  réunirent  pour  faire  une  orgie. 


593                                 PEU  II  H                                 50^ 

Av;nif,  (If  innrclKT  ^  la  iiwirt.ils  so  p;orfç(*»i'()iit  ciiii.  1  ïvrvr  di's  (•(•<»|cs  cliii'lir-uncs.  Dix  siir- 

(Ic  vin  cl  tliï  viiimlc,  (•!    ils  cliaiil^rciil  iiiio  vt-ciirt'iii  un  rn.iilvic  ili-  l/i  <l('!|iuil«lioii,  iir*- 

('S|»(''f(^  (It^  cli/iiisoii   (rallK'isiiic,   (liclr<'   |i;ir  Imiiiiim'iM  MM.  MicIh-I  cl  Massoti,  (jiti  mit  cl6 

rtvsprit  |iliil(is(»|ilii(|ii(ï  «le  r(''|M)i|ii(^  l,c  llicA-  siicrcssivcmciil  .su|ici  iciir^  du  mniid   si'iiii- 

lr<',  taiî,  ilit -on,  |t{)iir  coifiUiCr  les  iiKciiis,  il,  iiaiic  de   Naicy,   cl   suni   iiuirls,  le  priMiiicr 

(1(1  nos  jours,  mis   en  s(ène  celle   or^io  des  cimm'' de  la  (•atli(''(lralc,  le  second  clianoine  do 

(lirondins.  I.c  piildicadiiiii'c  et  bal  des  mains,  la  iiK^me  ('^lise.  I.e  premier,  (pii  n^'lail  (jiim 

Nous  n'oserions  pas  nous-iiK^me  caraclociser  diaci(^;i  celle  l'poipie,  a  lai^x'-  un  joiiinal  du 

ces  homiiics  pr('-liidant  ainsi  it  la  mort  par  la  Icnr  d('>porlalion,  (|iii  a  ('•l(-  impnmi'-.  ils  p/ir- 

bonno  cli(>rci  et  ror,u;ic.  Uohrhaclier  dit  (pi'ils  lirenl  de  Nancy,  sur  des  cliarrelles,  l(!  V'  d'a- 

so  (lispos(>rent  ,^   la  mort  comme  on    y  dis-  vril,  pir  une  pliii(;  hallanlc,  en  pr('seric(!  do 

pose  les  linnils  ot  Uvs  porcs.   Un  mois  apr(''s,  leins  amis  cl  jiaKMils,  à  (pii  on  ik;  permit  ;.ns 

il.tilly,  anci(>n  maire  de  Paris,  lui  };;nillolin(''  ;  de  les  (îmhiasser  pour  la  dernif're  l'ois.  Avant 

puis  vinriMit   lli'iierl,  (llools,  l(>  l'ameiiK   d(''-  leur  (h'-oart,  on  eut  soin  (!(•  les  loniller  et  dii 

j)nl(''  du  |:;enre  humain,  Proly,  |>uis  Danloii.  leur  enli'ver  tout  l'or  et  l'argent  (pi'on  put 

Tout  |)liait  sous  lo  (lomilé  do  salut  pnlilic,  d('convrir  sur  (mix  ;  on  no  Jour  laissa  (pio  los 

investi  de  la  diclaturo;  c'est  ce  gouverno-  assijj;ials. 

uioiil  (pi'ou  a  nomme''  la  Teneur.  «  An  |)ont  do  Toul,  sur  la  .Moselle,  il.sou- 
«  Los  gouvcrneiuenls  r('volulio'inairos  cpii  r(!nt  un  é(liaiitilU)n  do  ce  cpii  los  attendait  lo 
so  succédaient  en  France  lu'oclamaienl  tous  lon;^  do  la  roule  :   la   (xiimlace-"  les  accueillit 
la  lihorlé  des  cultes,   mais  aucun  ne  la  res-  av(,'c  des  luK'es,  criant  (jii'on  les  jelAl  h  l'eau  : 
poclait  dans  los  catlioli(]iios.  .Viiisi,  lo  5  mai  on  les  d(''p()sa  dans  un  greciier  h  [laille,  avoo 
1703,  l'assomlilée  h'^j^islalivo  ordonne  la  ri'ui-  des  sentinollos  poui-  empocher  do  leui-  par- 
nioii  dos  prcHres  tidèles  da'is  les  chol's-lioux  lor;  ils  viro'it  néanmoins  plusieurs  porson- 
de  district,  sous  la  surveillance  dos  uiu'iici-  nos  charitables  loui'  apporter  (juoUiue  chose, 
palités.   Lo  27   mai,  décret  do  (lé|)orlali()n  A  (londrecourl,  comme  Us  étaient  endormi.s 
contre  les  prêtres  H(lèles  ;  tout  préti'e  accusé  la  nuit  dans  une  espèce  de  prison,   lo  com- 
par  vingt  oitoyens  sera  déporté.  (]o  décret  mandant  vint  faire  la  visite  avec  un  de  ses 
n'ayant  |)as  été  sanctionné  par  Louis  XVL  ofllciers  et  le  geôlier;  tout  d'un  coup,  l'au- 
n'eut  pas  force  de  loi.  Louis  XVI  ayant  été  tour   mémo  du  journal,  qui  était  soninaui- 
suspc'ulu  de  ses  fonctions  lo  10  août,  l'As-  bule,  so  lève  tout  endormi,  saisit  le  com- 
semblée  décrète  détinilivement  la  déporta-  mandant  h  la  goi-go  et  lo  serre  contre  la  mu- 
tio'i  (Jos  prêtres  calhoii(]U:'S.  Le  8   février  raille.  Aussitôt  l'oflicier  tire  son  épée;  mais 
1793,  nouveau  décret  (Je  déportation  contre  heureusement  il  s'a[)erçoit  (jue  le  prisonnier 
les  prêtres  c^ui  ik;  veulent  point  adhérer  au  dort,  et  il  lo  fait  reconduire  h  sa  place.  Si  1» 
schisme.  A  Na-K^y,  on  incarcéra  aux  Carmé-  commant.'ant  n'avait  pas  été  un  hoiume  dour 
lites,  aux  Tiercelins,  au  Refuge,  à  la  Con-  et  paisiule,  cet  accident  aurait  pu  coûter  la 
ciorgerie,  plusieurs  centaines  de  prêtres  [)ris  vie  à  plus  d'un  captif.  A  Joinvillo,  ils  eurent 
sur  divers  points  du  département  de  la  Meur-  (juelque  temps  pour  sentinelle  un  bénédic- 
(he.  Il  y  en  eut  plus  de  cent  dans  lo  seul  tin  apostat;  le  curé  intrus  vint  les  voir  avec 
couvent  des  Carmélites,  qui  primitivement  son  ocharpc  de  maire  ;  mais  le  peuple  s'em- 
n'étail  destiné  qu'à  loger  vingt  religieuses,  pressa  de  leur  apporter  des  matelas ,  des 
Le  jour  même  de  l'Annonciation,  25  mars  couvertures  et  des  draps,  et  leur  donna  en- 
l'9V,  un  g(nHiarmc  vint  leur  signitier  l'ordre  core  quatre-vingts   francs   en  assignats.  A. 
de  partir  pour  la  Guyane  française,  d'après  Doulevent  et  à  Brienne,  le  peuple  leur  té- 
une  lettre  du  ministie,  dans  UÛ[uelle  il  or-  inoigna  la  même  charité.  11  n'en  fut  pas  de 
donnait,  pour  purger  la  France  du  fanatisme  môme  à  Troyes  :  à  leur  entiée  et  à  leur  sor- 
religicux,  de  les  conduire  sans  délai,  de  bri-  lie,  ils  furent  assaillis  dé  cris  de  mort,  A 
gado  en  brigade,  dans  l'un  des  deux  ports  Villeneuve-I'Archevêque,  ce  fut  toute  autre 
do  Uochofori  ou  de  Bordeaux.  Cependant,  chose  ;  on  battit  la  caisse  avant  leur  arrivée, 
sur  le  grand  nombre  de  détenus,  il  n'y  en  pour  défendre  è  qui  que  ce  fût  de  les  insul- 
out  que  quarante-huit  de  désign(Js  pour  la  ter.  A  Sens,   les  nijures  recommencèrent, 
déportation.   On  vit  de  la  tristesse,  mais  Au  delà  de  Montereau,  un  des  voituriers  ne 
parmi  ceux  qui  ne  devaient  point  partir  :  un,  cessait  de  traiter  les  prêtres  captifs  de  la  raa- 
onlre  autres,  jeune  encore,  était  inconsola-  nière  la  plus  outrageante,  lorsqu'un  d'eux, 
ble,  voyant  qu'il  était  excepté,  et  que  son  qui  était  sur  sa  voiture,  pressé  par  un  besoin, 
frère,  plus  âgé,  était  du  nombre  des  par-  lui  demanda  la  permissioi  de  descendre.  Le 
tants;  il  voulait  partir  à  sa  place,  et  ce  ne  fut  jeune  emporté  lui  répond  :  «  Tu  ne  descen- 
que  parce  que  tous  ses  confrères  lui  firent  dras  pas,  scélérat  de  brigand,  sinon  je  te  fends 
voir  l'inutilité  de  sa  d  'marclie,  qu'il  ne  pré-  la  figure  en  deux  d\incoup  de  fouet  !  »  Il  par- 
senta  pas  pour  cela  de  pétition.  Des  qua-  lait  encore,  quand  son  cheval  lui  lance  un 
ranle-huit  déportés,  trente-huit  moururent  coup  de  pied  à  la  tête,  le  renverse  sans  con- 
de  maladie  et  de  misère  dans  la  rade  de  Ro-  naissance  avec  la  mâchoire  toute  fracassée, 
chefort,   savoir  :  7  cordeliers,  k  capucins,  Les  gardes  et  les  autres  voituriers,  sans  le 
k  tiercelins,  3  chartreux,  3  trappistes,  3  car-  plaindre,  dirent  tout  de  suite  que  le  châti- 
mes,  2  bénédictins,  2  prébendes,  2  chanoi-  ment  suivait  de  bien  près  la  faute.  A  Blois, 
nés  réguliers,  2  chanoines  de  cathédrale,  la  populace  se  montre  furieuse  ;  une  femme 
1  secrétaire  de  l'évêché  de  Nancy,  1  vicaire  s'élance  sur  une  des  voitures,  un  couteau  à 
de  paroisse,  1  récollet,  1  minime,  1  domiui-  la  main,  pour  commencer  le  massacre;  elle 


595 


PFR 


PER 


896 


en  esl  pninôclu'^p  par  un  gendarme.  Le  lende- 
main, on  l»s  cmh.ircjuc  sur  la  Lciro,  pen  lanl 
que  la  inulliliide  criait  :  «  A  l'eau,  ces  hri- 
(janfis-là  !  »  Ils  s'aMendiieit  efrfctiveînenl  à 
une  (les  faniousts  nnyndcs,  surfont  lurv|ue 
les  barcjuts  s'rtrrt}t»'MeMl  un  (jnait  de  l.cue 
}ihis  Iciui.  Cependant  re  n'éiait  pas  Ci-la, 
mai»;  un  banr  de  sable  où  elles  s'clriieiit  eii- 
grav«''es.  A  Cliatelleranll,  le  peuple  se  nn»n- 
tra  sensible  et  roiii|talissanl.  A.triv(''s  h  Poi- 
tiers le  22  avril,  on  les  laissa  pendant  deux 
heures  sur  leurs  voilures,  au  nnlieu  de  la 
rue;  ils  remanjuèrent  avec  plaisir  (pie  le 
peuple  était  loin  lié  de  l'état  où  il  les  vov«it  ; 
on  voulait  même  apporter  du  vm  à  l'un  dVux, 
qui  demandait  un  verre  d'eau.  Les  nninici- 
jmiix  les  menèrent  enlin  dans  une  drs  plus 
belles  auberges  ;  leur  tirent  servir  un  magni- 
fique souper,  avec  de  bons  lits  pour  se  (  ou- 
cher,  sans  qu'on  fit,  comme  à  l'ordinaire, 
l'appel  nominal.  Le  lendemain,  de  grand  ma- 
tin, trois  de  ces  messieurs,  dont  un  prêtre, 
vinrent  les  prier  poliment  de  descendre 
dans  le  jardin  pour  qu'on  y  fit  l'appel  omis 
la  veille.  De  là  on  les  fait  passer  l'un  après 
l'autre  dans  une  chambre  écailcc;  on  les  y 
déshabille  tout  nus,  pour  leur  [irendre  tout 
ce  qui  avait  qucl(}uc  valeur;  d'autres  bri- 
gands faisaient  la  mémo  opération  sur  leurs 
porte-manteaux  dans  les  chambres  à  cou- 
cher, »  (Kohrb.,  Uist.  univ.  de  l'Eyl,^ 
t.  XX Vn,  p.  575.) 

«  En  entrant  à  Niort,  dit  M.  Michel,  nous 
traversâmes  une  grande  place  où  la  guillo- 
tine était  en  permanence;  nous  trouvâmes 
cette  [)lacc  remplie  de  monde,  qui,  en  nous 
voyant,  se  nnt  à  crier  :  «  Voici  tes  prêtres  de 
ta  Vendée  !  »  Les  .'•(•Idats,  (jui  étaient  en  gr-md 
nombre  dans  cptle  vdie,  se  joignent  bien- 
tôt à  la  foule,  entourent  nos  voilures,  les  ar- 
rêtent ;  il  se  fait  un  cri  ellVoyable.  (  ù  l'on  i,e 
<lislingue  i)!us  que  le  mol  de  (juillofinr. 
Les  hussards  qui  nous  escr)rtaient  parvien- 
nent entin  à  étaiter  la  foule,  nos  voilures 
marchent,  et  nous  entrons  plus  avant  dans 
la  ville.  Un  factionnaire  q\ii  était  à  la  porte 
nous  accablait  d'injures,  l()rs(prun  accident 
imprévu  lui  inqiosa  silence  el  à  tous  ceux 
qui  en  furent  témoins.  Une  voiture,  en  tour- 
nant, le  serra  <o'itr(>  la  porte,  et  il  allait  être 
froissé,  h»rsqiio  st'S  tris  avertirent  le  viutu- 
rier  d'arrêter  ;  on  fut  obligé  de  descendre  et 
«le  poiter  la  voilure  pour  débarrasser  cet 
homme  rpii  s'evlima  fort  lieureiix  den  être 
quitlp  pfdir  quelques  meurtrissures.  On  nous 
(iép  sa  erisii  le  d.ms  les  prisons,  où  plus  de 
trois  cents  Vendéens  venaient  de  périr,  et 
on  Ton  ne  pouvait  resj)irer  qu'un  air  conta- 
gieux el  pt'sIdfMilii  I.  F,n  sortant  le  lende- 
main, |ier>onne  ne  nous  insulta,  a[)parem- 
jm-nt  pane  qu'on  était  ins  ruit  que  nous 
n'éiions  j  as  (.«  (jrron  mms avait  cru  d'abord. 
^ous  «llAmrs  iimic  assez.  trampiillemeMl  h 
î>ur;êre5,  bour-?  à  «piatre  ovi  cinq  lii  ues  de 
Itru  heforl.  Les  huss.inis  ipn  -lous  escortaient 
MfHis  donnèrent  une  grainle  preuve  de  1 'ur 
liumanilé;  ils  ne  permirent  pus  qu'on  nous 
lit  passer  la  nml  dans  une  rbamb.e  qu'on 
tivoit  destinée  pour  cela,  cl  dans  laipiello 


nous  aurions  pn  h  pêne  rester  font  debout; 
lis  forcèrent  même  \i;  maire  h  nous  lai>ser 
eoucherdons  les  auberges,  disant  qu'ils  ré- 
pondaient de  nous,  et  que  personne  ne  vou- 
liit  s'ét;ha;.per.  Ces  hu  sards  éiaienl  si  per- 
suadés que  nous  n'avions  aui  une  idée  de 
nous  sauver,  que,  sur  la  route,  é  aU  las 
d'elle  à  eheval,  ils  «  n  descendait  nt  pmir  y 
faire  monter  ceux  de  nous  (jni  le  voulaient, 
el  les  laissHient  aller  [ibis  du'>e  demi-lieue 
en  avant.  Us  nous  conduisirent  jusqu'à  Uo- 
cheforl,  où  nous  lermiM,-\mes  notre  voyage 
parterre,  le  28  avril  \',\)\.  »  {Journal  de  ta 
déportation  des  ecclésiastiques  du  départe- 
ment de  la  Mcurthe,  etc.  ;  par  l'un  des  dé[ior- 
tés  ;  deuxième  édition,  Naiiey,  18i0.) 

«  On  les  embarqua  aussitôt  sur  un  vieux 
vaisseau  de  ligne  appelé  le  Bonhomme-Ki- 
chard,  qui,  restant  toujours  ancré  dans  la 
rivière  de  Charente,  servait  d'hôpital  pour 
les  galeux.  Les  prêtres  défiortés  furent  jetés 
à  fond  de  cale,  mais  ils  n'y  restèrent  que 
trois  ou  quatre  jours.  Le  2  et  le  3  mai,  on 
les  fransléia  dans  une  autre  prison  flottante, 
mais  après  leur  avoir  pris  tout  ce  qui  pou- 
vait leur  rester  encore.  Outre  le  vieux  vais- 
seau de  ligne,  il  y  avait  dans  la  rade  de  Ro- 
chefort  trois  autres  bAtimenis  qui  servaient 
de  prisons  aux  prêtres  :  les  Deux-Associés^ 
le  Washimjtnn  et  \  Indien,  tous  trois  destinés 
à  la  II  aile  des  nègres.  Les  prêtres  de  la 
Meurihe  furent  incarcérés  sur  le  premier, 
où  il  y  en  eut  habituellement  quatre  cent 
neuf  de  ditférentes  provinces.  Le  jour  même 
de  leur  arrivée.  3  mai,  fête  de  l'Invention 
de  la  i^ainte-Croix,  comme  ils  remontaient 
sur  le  pont  [)our  prendre  l'air,  ils  y  trouvè- 
rent tout  l'éipiinage  et  toute  la  garnison 
sous  les  armes,  les  canons  braqués  contre 
eux.  On  fusilla  en  leur  présence  un  cha- 
noine de  Limoges,  nommé  Roulhac,  pour 
avoir  dit  tpie,  si  les  matelots  n'étaienl  ipie 
cent  cinquante,  nous  pourrions  nous  ren- 
dr-e  maîtres  d'eux  fort  ai>émenl.  L'aecusé  nia 
d'avoir  tenu  un  tel  propos.  U  n'en  lut  pas 
moins  condamné  el  exécuté  à  l'in^lanl  même. 
Ses  dernières  par(»les  fiiren-t  de  prier  pour 
ceux  tpii  le  faisaient  mourir  injustement. 
Quelques  jours  après  un  des  déportés,  tour- 
menté tle  la  lièvre,  tomba  dans  le  délire  et 
se  mil  à  crier  tju'il  voulait  sortir  de  cet  en- 
fer. Sur  ces  cris,  et  sans  ^ilus  ample  infor- 
mation, les  oflic;ers,  m  i  absence"  du  capi- 
taine, comluent  a  les  fusiller  tous,  cinquante 
par  cinriuante.  Ils  a  laie'it  exécuter  leur  sen- 
tence .  |ors(iU(»  survient  le  capit>iine,  ipii 
trouv,«  (jue  la  chose  ferait  trop  d'éclat,  el 
qu'il  fai.t  en  informer  I  •  coinmandanl  de  la 
rade  :  relui-ci,  iii*  voyant  am  une  preuve  de 
complot,  commande  de  ditlérer  jusqu'à  ren- 
seignements plus  sûrs,  l  n  aiitrt- jour,  la  dé- 
cision élait  portée;  on  flevait  em;oisonner 
tons  les  piisonniers.  C'est  le  chiiur,,iei- 
major  lui-;uônie  <pii  cul  la  bo  ihoiuiede  leur 
raconter  ces  deux  faits. 

Au  reste,  la  maiiiere  seule  dont  ils  étaient 
enla^ses  dans  rentrejinnl  était  une  torture 
continuelle.  Un  navin.  peut  ôtr.î  comi».ué 
à  une  maison  :  la  cale  en  est  la  cave  ;  l'en 


«97 


pl:i\ 


liopoMt  lo  rc/.-df-cli.'iiisst'd  ;  los  passjivoiils 
Cl  sdiit  \o  niciiicr,  cl  le  poiil  h;  dessus  du 
((•il.  |/('llli't'|)uil  iUis  Vcus-  /UsiHtt's  /ivjiil 
citKj  |ii(Mls  de  li/iiil  :  iiti  tllUllVlli^  |)l.'i  iclicr  lu 
|»;iiliij;('.iil  en  deux  rla^cs,  cImiciiii  île  deux 
pieds  cl  (|uel(pi('S  poiieos.  C'osl  sur  cci  pi  |i|- 
tlier  cl  «ii-d('ss()iis  (pic  les  pris(»iiiieis  de 
Jésus- Cliiisl  ('laiçMl  ("liasses  ccMe  h  ciUc. 
«  Nous  (Jlidiis  lidlciuciil  seii'ùs,  dil  l'auleur 
(In  y(>»/H(//, (pie  lions  ne  ponvid'is  nous  coii- 
clier  sur  le  dos,  il  l'allail  l()ii|our->  no.is  (eiiir 
sur  lo  cùlé;  beaucoup  avaiciil  sur  eux  les 
pieds  el  les  jaiulies  (le  ciiKj  ou  six  autres 


qui  ne  loucliaienl  au  plancliei-  (piu  par  lo 
milieu  du  corps.  Pour  ne  point  laisser  d'in- 
tervalle vide,  nous  étions  entrelacés  de  uia- 
nièrc  ipio  l'un  avait  les  pieds  dans  le  sons 
que  rautie  avait  la  tôle.  Tout  le  pUuiclier 
claJl  ainsi  couviM't  de  corps  (pii  eu  reuiplis- 
Saionl  evactciuent  Uks  plus  petits  espaces.  » 
C'est  dans  cette  espèce  de  loiubcau  (pie  les 
prisonniers  et  lienl  contraints  de  s'enterrer, 
pendant  l'été  niéiue,  treize  ou  (juatorze  heu- 
res do  suite,  de[)uis  six  h  sept  heures  du 
soir  jusqu'à  se[)t  h  huit  heures  du  malin, 
suivant  le  caprice  de  l'oftlcier  de  garde.  La 
chaleur  y  était  telle,  qu'un  jour  une  barique 
âe  goudron  sec,  placée  au-dessus  du  plan- 
cher de  l'entrepoMl,  vint  h  Ibudro.  Joignez-y 
la  puanteur  occasionnée  par  tant  de  cor()S 
malailes  et  mourants ,  par  les  baquets  ou 
bailles,  où  l'on  était  réduit  à  faire  ses  né- 
cessités naturelles.  Il  y  avait  chaque  jour 
un  si  grand  nombre  de  morts,  que  le  bruit 
se  répandit  dans  la  ville  que  la  poste  était 
dans  le  navire.  Un  olïicier  de  santé  fût  en- 
voyé :  il  essaya  vainement  de  descendre  dans 
l'entrepont.  A  peine  a-t-il  fait  quelques  pas, 
que  la  chaleur  et  la  puanteur  l'arrêtent  et 
1  empêchent  d'aller  plus  avant.  Craignant 
d'être  sullbqué,  il  s'empresse  de  remonter 
bien  vite,  en  disant  que  si  Von  eût  mis  qua- 
tre cents  chiens  dans  cet  endroit,  ils  seraient 
tous  crei'és  dès  le  lendemain,  ou  ils  seraient 
tous  devenus  enragés.  »  (Rohrb.,  Hist.  univ. 
de  VEijl.,  t.  XXVII,  p.  580,  passim.)  «La 
mort,  en  diminuant  notre  nombre,  ajoute 
l'auteur  du  Journal,  aurait  aussi  diminué  la 
chaleur  qui  nous  tourmentait;  mais  ce  sou- 
lagement, tout  triste  qu'il  était,  nous  fut  im- 
pitoyablement refusé  ;  on  avait  la  ci  uauté  de 
nous  refuser  la  place  que  nos  confrères  nous 
laissaient  en  mourant,  afin  de  nous  tenir 
toujours  également  entassés.  A  mesure  qu'il 
en  mourait,  on  envoyait,  pour  les  rempla- 
cer, d'autres  déportés  qu'on  retenait  dans 
une  espèce  de  dépôt  à  Rochefort.  Mais  la 
visite  de  cet  officier  mit  fin  à  ces  remplace- 
ments, qu'on  avait  continués  pendant  qua- 
tre mois.  » 

«  Dans  ces  longues  heures  de  souffrances, 
les  {)risonniers  ne  pouvaient  se  donner  au- 
cune distraction,  ni  lire,  ni  écrire  ;  on  leur 
avait  tout  (jlé,  papier,  plume,  encre,  livre, 
bréviaire.  Plus  malheureux  que  les  captifs 
de  Babylone  qui  pouvaient  au  moins  cha*iter 
leur  infortune  sur  les  bords  de  l'Kuphrate,  il 
ne  leur  était  pas  permis  de  réciter  , oui  haut 
Une  prière  ;  le  seul  mouvement  des  lèvres 


pour  on  dire,  provoipinil  d'horribles  bl.  - 
lilieiiio>  (1,1  is  tout  l'i-quip  i|^(.t.  L/j  |;i  .ilide  dis- 
iiacliou  pour  les  plus  validci»  ôluil  d'outot'- 
icr  les  inoiis  dans  une  petite  Ihi,  ou  do  soi- 

{;n(:i  les  iu.il.'i<le>.  d.iiis  irie  b.ii  pie  ou  douK. 
iiKï  occupation  coiuiiiunu  à  tous,  ijunnd  ilf 
étai(ml  sur  lu  ii'^iil,  c'ét.iii  de  lu-r  l/i  ver- 
mine (pii  les  devoMiit.  (lepe  id.iiil,  sur  la  lin 
de  I71)y,  l'on  coiiniieii(;a  do  lus  Ir.iilor  iiioiii» 
mal.  L'opinion  pnblKpie  dovonail  iiioilleuro. 
Lo  capitaine  des  iJ'ux-Associes  v.w  lit  levpé- 
rionc(!.  Lntranl  un  jour  dans  lu  société  po(»u- 
laire  de  Uoilielort,  il  n'est  pas  plunM  apir(;ij, 
(pi'un  cri  g(''nural  s'élève:  Urliurs  le  tur.urde 
prêtres!  Croyant  pouvoir  on  imposer,  il  veut 
monter  h  la  tribune  pour  (intreprondie  sa 
juslilicalion  ;  il  ne  peut  y  parvmiir,  on  crio 
plus  fort  :  A  bas  te  tueur  de  prêtres  1  On  lui 
conseilla  alors  do  se  retir(îr ,  car  on  était 
sur  1(!  point  d'en  vcnr  à  des  actes  do  vio- 
lence sur  sa  propri!  personne.  H  revint  ù  son 
bord,  bien  triste  el  bien  chagrin,  et  rêvant 
aux  moyens  de  conserver  sa  place  (|u"il  so 
voyait  [irès  de  perdre  hontousomont.  Celui 
qui  lui  sembla  lo  meilleur  lut  d'ohleriir  do 
ses  victimes  uncerlifical  d'huiiianilé.  On  le 
vit  donc  lâchement  s'agenouiller  devant  ceui 
auo  juNqu'à  ce  moment  il  n'avait  traités  que 
ae  brigands  el  de  scélérats,  et  cela  pour  les 
supi)lier  de  ne  pas  lui  refuser  une  grâce  qui 
lui  était  devenue  si  nécessaire.  La  pluiiart 
des  déportés  crurent  pouvoir  lui  donner  un 
certificat  vague  et  général.  Alors  tous  les  of- 
ficiers, les  simples  matelots  môme,  sollicitè- 
rent des  témoignages  semblables.  Au  mois 
de  décembre  arrivèrent  sur  trois  bAtiinents, 
les  prêtres  déportés  à  Bordeaux  ;  ils  y  avaient 
été  près  de  mille;  plus  do  deux  ce  Us  y 
étaient  morts,  on  avait  laissé  les  malades  à 
terre,  les  autres  venaient  à  Rocliefort,  à  rai- 
son du  défaut  de  suosistances.  Enfin  le  7  fé- 
vrier i79o,  nos  vénérables  confesseurs  de  la 
foi  furent  tirés  de  leurs  prisons  tloltantes  et 
mis  à  terre.  Le  plus  grand  nomnre  était 
hors  d'état  de  faire  un  pas.  Une  quinzaine 
de  charrettes  les  conduisirent  à  leur  premier 
gîte  qui  était  un  village  sur  la  roule  de  Sain- 
tes. Ils  y  furent  assez  mal  reçus  ;  à  peine 
obtinrent-ils  de  pouvoir  se  loger  dans  les 
greniers  et  les  écuries. 

«  Le  lendemain,  arrivant  à  la  porte  de  Sain- 
tes, un  peu  après  midi,  ils  aperçoivent  une 
grande  muUitude  de  peuple  rassemblé  de- 
vant la  maison  oii  on  devait  les  descendre 
et  qui  était  un  ancien  couvent  de  religieu- 
ses. Ce  rassemblement  leur  rappelle  lu  ma- 
nière barbare  dont  ils  étaient  accuellis  l'an- 
née précédente  à  l'entrée  des  villes  ;  ils  s'at- 
tendent à  quoique  chose  de  semblable.  Mais 
à  mesure  qu'ils  approchent,  toute  cette  mul- 
titude se  présente  pour  les  aider  à  descen- 
dre de  leurs  charrettes,  les  conduire  ou  les 
porter  dans  la  paaison  ;  plusieurs  sollicitent 
la  permission  d'en  amener  quelques-uns 
chez  eux,  el,  au  comble  de  la  joie  de  l'avoir 
obtenue,  ils  s'empressent  d'en  user  sur  les 
premiers  qu'ils  renco  itre;it.  »  (Rohrb  icher, 
Hist.  univ.  del'Egl.,  t.  XXVIl,  p.  580.) 

«  Les  expressions  me  manquent,  dit  l'an- 


m 


PF.R 


PEU 


600 


teur  du  Journal,  pour  dùpoindro  1p  sporta- 
cle  loucliaiit  dont  nous  S'uiimos  finppés  à 
notrp  enlr^o  dans  lo  couvont.  I)  était  rem- 
pli do  toulos  sortes  de  personnes  qui  ve- 
naicni  truies,  s<  Ion  leurs  nu  yens,  rontri- 
biier  à  nous  soulager  <lans  notre  misère.  Les 
uns  apportaient  drs  habits,  des  du  mises 
et  d'autres  ellets,  po.ir  rem|>Iacer  nos  mé- 
chants vtMements  tout  rouverts  de  vermine  ; 
d'autres  prévoyant  l'extrême  besoin  oili  nous 
étions  de  mander,  distribuaient  du  j)ain,  du 
vin,  delà  viande,  des  légumes, etc.;  plusieurs 
élaii-nt  avec  desebarn-llées  de  bois,  et  cual- 
lun.ant  du  feu  dans  toutes  les  cliand)res, 
ils  nous  rendaient  cet  élément  si  nécessaire 
à  nos  corps  privés  pour  ainsi  dire  de  toute 
leur  chaleur.  On  voyait  les  porsoiuics  même 
les  plus  distinguées  accourir,  portant  des 
draps.  desmalela>-,des  couvertures,  qu'elles 
laissaient  ensuite  dans  chaque  chand)rée; 
les  médecins  les  chirurgiens,  se  liAtaient  de 
donner  les  secuurs  de  leur  art  h  tous  ceux 
qui  en  avaient  besoin  ;  les  perruquiers  ve- 
naient otl'rir  leurs  services  pour  nous  déltar- 
rasser  d'une  baibe  qui,  sur  plusieurs,  ser- 
vait de  retraite  à  des  milliers  dinsectes 
rongeurs  ;  des  blanchisseuses  demandaient 
ce  qui,  dans  nos  guenilles,  pouvait  encore 
nous  servir,  et  cela  pour  le  laver,  après  l'avoir 
mis  préalablement  dans  le  four  pour  exter- 
miner tout  ce  qui  s'y  trouvait  d'étranger  ; 
tout  le  monde  enfin  témoignait  le  i)lu3  vif 
empressement  à  nous  otfrir  des  secours  de 
toutes  es[ièces-,  la  générosité  des  habilauts 
de  Saintes  ne  leur  laissa  rien  oublier,  elle 
su.monta  la  répugnance  naturelle  ([vie  no- 
tre aspect  seul  devait  leur  inspirer,  et  la  mal- 
propreté dégoûtante  ({ui  devait  les  faire  fuir 
«le  nous  ne  (it  (pie  redoubler  leur  courage  et 
leur  chanté.  Quant  à  nous,  nous  étions  tel- 
lement frappés  dun  changement  si  subit 
dans  notre  condition,  que  nous  restions  tout 
interdits,  sans  pouvoir  dire  un  mol  ;  tout  co 
que  nous  voyions  nous  semblait  un  songe, 
el  nous  ne  pouvions  croire  à  ce  que  nos  yeux 
nous  rapportaient. 

«  L'un  de  nous,  ajoute  M.  Miclif^l.  un  de 
nous,  ([ui  était  descendu  dans  le  cloître,  lit 
rencontre  d'une  femme  tiui  demaud.ut  s'il 
n'y  avait  pas  de  Lorrains  et  où  ils  étaient. 
S'étant  fait  connaître  h  elle  pour  être  de  ce 
pays,  il  ramena  dans  notre  chambre.  lUh^ 
nous  dit  que  nous  n'avions  pas  besoin  de  nous 
inquiéter  ,  quelle  pourvoirait  îv  nos  be- 
soin-i  les  plus  urgents  et  ipie  le  soir  elle  nous 
apporterait  à  souper.  C'était  une  pauvre  mar- 
clnndc  de  verre,  nommée  Mark,  native  d'un 
village  h  quelque  distance  de  NeufchAlean, 
el  c'est  à  elle  que  n(»us  sommes  redevables 
(h?  presquf!  tous  les  se»ours  cpio  nous  avons 
re(,'U-s  h  Saintes.  Si  ses  moyens  ne  pouvaient 
répondre  à  >a  charilt-,  elle  ne  négligeait  rien 
pour  intéresser  jmi  notr(>  faveur  les  gens  ai- 
sé.s,  el  nous  apportait  ce  tpi'ils  voulaient  bien 
nous  doimer.  Klle  nous  lit  faire  counaissaiu  a 
a\er  une  autre  Lorraine,  originaire  de  I-u- 
néville,  qui  nous  h  servi  de  mère  pendant 
lout  lo  temps  que  nous  avons  été  dans  le 


pays.  Cette  dernière  avait  épousé  un  nommé 
Luraxe,  aubLTgiste  h  Saintes.  » 

Sur  les  DexiT-Associés,  le  Washington  elle 
Bonhomme- Richarfl ,  il  y  avait  deux  cent 
Irente-sept  prêtres.  Quant  h  ceux  qui  avaient 
été  déportés  à  Bordeaux,  mais  qui  étaient  res- 
tés h  Rochefort,  ils  ("laient  entre  six  et  sept 
cents.  Un  très-grand  nombre  fut  délivré  par 
un  citoyen  de  Paris,  qui  était  secrétaire  d'un 
représentant  ih)  r-euple.  On  lui  écrivit  dans 
cette  Ibrme  :  «  l'n  prêtre  catho  ique,  apos- 
tolique el  romain,  inviolablemenl  atlacné  à 
ses  princi[ies  religieux,  ami  de  la  paix  et  du 
bon  ordre,  détenu  et  dénorté  pour  avoir  re- 
fusé toute  espèce  de  serment,  réclame  votre 
protection,  pour  obtenir  sa  liberté  ;  il  n'ou- 
nliera  jamais  ce  bienfait.  »  Les  prêtres  lor- 
rains se  déterminèrent  à  écrire  comme  fai- 
saient les  autres.  Le  dimanche  12  du  mois 
d'avril  1795,  on  vint  les  mettre  en  liberté.  Ja- 
mais ils  n'ont  pu  parvenir  à  savoir  quel  était 
leur  bienfaiteur.  Dans  beaucoup  de  diocè- 
ses on  mit  ces  saints  confesseurs  «i  la  tète 
des  séminaires. 

Si  nous  consultons  les  Mémoires  ecclésias  • 
tiques  concernant  la  ville  de  Laval  et  ses  en- 
virons, de  l'année  1799  à  1802,  nous  y  trou- 
vons de  très-précieux  documents  sur  la  per- 
sécution. En  1792,  le  20  du  mois  dejuin,  on 
mil  en  prison  dans  deux  couvents  de  Laval 
quatre  cents  prêtres.  L'Evêque  de  Dol,  M.  de 
Hercé, était  parmi  eux.  Beaucoup,  la  plupart 
d'entre  eux  furent  déportés  h  Jersey,  ooù 
ils  passèrtnit  en  Anglet(irre.  Ceux  de  laSar- 
thc  el  de  Maine-et-Loire  furent  conduits  par 
bandes  comme  des  c  iminels.  On  les  dirigea 
sur  Nantes,  pour  de  ]h  Ivs  envoyer  en  Espa- 
gne. Dans  ce  dernier  pays,  l'évêciue  d'Orenze, 
IMerre  de  Quevedo,  les  reçut  à  bras  ouverts, 
et  en  logea  une  partie  dans  son  séminaire, 
dans  son  palais,  d ms  sa  maison  de  campa- 
gne. Il  en  eut  ainsi  h  sa  charge  environ 
deux  cetits.  En  1793,  le  12  du  mois  d'avril, 
on  déporta  encore  ipiator/e  prêtres  de  La- 
val h  Bordeaux.  Le  22  octobre  de  la  mémo 
aniK'i',  l'année  vendéenne  approchant,  on 
cîi  ht  partir  qiiatre-vingl-huit  qu'on  dirigea 
sur  Uambouiflet.  On  fil  demeurer  en  prison 
quinze  autres  (pii  étaient  malades  ou  inlir- 
mes  et  hors  d'état  d'être  transportés.  L'un 
de  ces  derniers  mourut  en  prison.  Les  qua- 
torze aulies  furent  martvrisés  au  mois  de 
janvier  suivant,  le  21.  Un  {ril)uual  révolu- 
tionnaire s'était  organisé  à  Laval;  il  condamna 
à  mort  (piatre  cent  soixante-deux  personnes 
dont  cent  trois  femmes. 

fl  Le  21  janvier,  à  huit  heures  du  matin, 
il  se  lit  amener  les  quatorze  prêtres,  si  ma- 
lailes  et  si  inliniies.  (pion  les  avait  jugés  ab- 
solument incapables  d'être  Iranspor  es  hors 
de  Laval,  au  moment  oii  l'on  faisait  partir 
pour  Uaiiibouillel  cinq  octogénaires,  un 
aveugle  el  plusieurs  malades.  C.inix  des  pia- 
lor/e  (pii  roiwaieul  encor(>  marcher  étaient 
.^  pied;  il  y  eu  eut  (pialre  (pi'on  fut  con- 
trainl  decoii  luireen  charrette,  entres  autres 
M.  (i.iilot.  <  hapelniii  des  religieuses  béné- 
dàclines,  qui,  (f.ioifine   le  plus  jeune,  était 


((01 


HEH 


l'iK 


eoî 


loiil  |»(>i(liis  (If  SOS  ninnlin's  |i)ii-  smlii  tic  la 

Hdiillt'.  Pour  /irrivfi'  mi  liihim.il,   ils  |t;iss«>- 

roiil  im|ii('{l(lo  l'rf'i.ir.HKl  (|iii  ('•l.iit  t-ii  pcniia- 

iiciicc.  I,a  salle  (randiciicc  st;  r('iii|ilil   (riiiio 

l'itiilt"  coiisidi-iMblt'.   <'tii  iiiilii'ii  (le  la(|ii('ll()  so 

^liss('>rtiiil  (|m"l<|ii('s   lions   calliolKiiics ,   par 

(|iij  (III  a  |»ii  a|i|»i('ii(li()  lonl   vv.  ipii   s'était 

passé.  Après  K'S  (picslioiis  (rusa^çc,  les  pj^os 

(Icmainlùri'iil  (\  (•liaciiii  des  (pjal(iiv.(!  accuses  : 

I"  As-lu  lail    le   siMiiieiil  tie    I7i)l  ,   proscijl 

par  la  coiistitutioii  civile  du  cler|;;é  ?  -i"  As-lu 

l'ail  le  scM'ineul  de  liherlé-é^alilé?  .'{"  Veux-lu 

prcMor  ces  sennenis  ?  V"  \'eu\-tu jurenl'tMrc 

li(li>lo  îi  la  ré|»ul)li(pie,   d'observer  ses  lois, 

et  ou  cousocpu'uco  ilo  ue    professer  aiu-uiu! 

l'olij^idu  el    uotaminonl   In  ielii;iou   callioli- 

(jue?...    Tous  répoudii'eul    ué;-;alivemonl   el 

nvoc  fi>rnu'lé  ;  cou\  (jui  n'él/iieiil   pas  curés 

liront,  pdiu'  la  iilupart,  oliservor  (ju'aucuno 

loi    ne  leur  avail  jamais  ordoiuié  do  l'airoics 

sornicnls  dont  ou  leur  parlait. 

«  Aux  (luoslions  ciMunninos  h  tous  les  prê- 
tres, les  nuMuhros  do  la  conuuissiou  du  tri- 
bunal on  ajou  aioMl  do  pariic'ulières  à  plu- 
sieurs d'outre  eux.  L;  président  deuiarida 
au  curé  do  la  Trinité  de  Laval,  M.  Turpin 
du  Cormier  :  «  N'est-ce  [)as  toi  (jui  as  empê- 
ché tes  prélros  do  l'aire  le  seruuml  ?  —  Quand 
on  nous  le  demanda,  répondit-il,  nous  nous 
assombl;\iues  poin-  en  délibérer  et  nous  re- 
couni'imes  que  noire  conscience  ne  nous 
ponuoltait  [>as  de  le  prêter.  «  Lh-d  ssus,  le 
grol'tier,  prélre  intrus  el  apostat  dil  :  «  Il  n'est 
pas  méchant,  c'est  son  vicaire  Douais  qui  l'a 
perdu.  »  Quand  on  proposa  <\  M.  Gallot  de 
jurer  d'être  lidèle  h  la  république  et  de  ne 
plus  ()rol'esser  sa  religion  :  <(  Je  serai  toujours 
calholi(jue,  répondil-il.  —  PublicpuMue'U,  lui 
dit-on.  —  Oui,  publiquement  ;  n'importe  où, 
je  me  dirai  toujours  catholique;  je  ne  rou- 
girai jamais  de  Jésus-Christ.  »  11  mit  tant 
d'énergie  dans  ses  réponses,  que  des  pa- 
triotes, présents  à  l'audience,  s'écrièrent  : 
«Qu'il  est  eirronlé  !  »  Alors  le  secrétaire  lui 
dit  :  «  Sois  sûr  ([ue  lu  vas  être  guillotiné.  — 
Ce  sera  bientôt  fait,  reprit  tranquillement 
M.  tiallol.  »  Le  troisième,  M.  Pollé,  prêtre 
liabiiué  de  la  même  paroisse  de  la  Trinité, 
avait  (les  manières  assez  brusques  et  uni)eu 
populaires.  On  voulut  le  presser  de  ques- 
tions :  «  Vous  m'ennuyez  avec  votre  ser- 
ment, répondil-il,  je  ne  le  ferai  pas,  je  ne  le 
ferai  pas.  » 

«  M.  Ambroise,  prêtre  habitué  de  la  môme 
paroisse,  passait  pour  attaché  au  parti  jan- 
séniste. «J'espère,  lui  dit  le  président,  que 
lu  ne  ref  ;seras  pas  ce  qu'on  te  demande  ;  car 
tu  ne  partages  pas  les  opinions  de  tes  confrè- 
res. —  Je  veux  bien,  répondit  M.  Ambioise, 
obéir  au  gouvernement;  mais  je  ne  v.'ux  pas 
renoncer  à  ma  religion.— N'es-iu  pas  jansé- 
niste, reprit  le  juge?  —  Je  conviens,  répon- 
dit-il, que  j'ai  eu  le  malheur  d'adopter  des 
opinions  qui  n'étaient  pas  conformes  à  la 
saine  doctrine,  mais  Dieu  m'a  fait  la  grâce 
de  reconnaître  mes  erreurs;  je  lésai  abjurées 
devant  mes  confrères,  qui  m'ont  réconcilié 
avec  rEglise.  »  Un   témoin  déclare  même 


(pi'il    ajoiil/i   :    «  Je   suis  coiiletil  de  laver  mn 
faute  dans  mon  sari^.  » 

"  Dès  qu'on  deiiwitidn  nu  !*•  Tri«|ueri«', 
fiaiiciscaiii  et  rliapelaiii  d<;s  reli^^ieuses,  s'il 
voulait  renoncer  à  la  ndif^iou  <  atliolKiiie  ; 
«  Ah  I  viviimenl  non,  citoyen,  s'écrin-l-il  ;  jo 
serai    lidi'-lo    à  Jésus-Clin'st  jusipTaii  dernier 


soupir.  »)  Il  pronoïKja  celle  bclji-  iirolession 
do  foi  avec  un  loi  accent  de  ferveur  et  do 
cotnieiion,  (pi'iin  témoin  de  cciii;  scène 
loiiclwuite,  dans  uint  relation  (pi'il  m'alaissét; 
par  écrit,  dit  (pjo  ces  paroles  allèrent  jiis- 
(Mi'au  fond  de  son  c(i!ur,  el  (pi'il  criil  enlon- 
(ii(!  un  iiiarl\  r  dos  preiiiKMS  siècles.  Ce  inèmo 
bon  religieux  eut  occasion  de  dire;  «pi'à  lépo- 
ipie  où  on  domandait  It!  soiiiienl,  il  était 
malade.  L'accusaleur  public,  (pii  était  un 
prêtre  apostat,  lui  dil  alors  :  «  (](«  n'était  pas 
là  une  cnuso  (lui  em|)êcliait  do  le  prêl(;r  : 
J'étais  alors  malade  aussi;  jo  me  lis  apporter 
le  registre  oi  jo  signai  mon  sermonl  dnn.s 
mon  lit.  —  Knfant  (le  saint  l'ran(;ois,  reprit 
le  l*.  rri(piei'ie,  j'étais  mort  au  nujnde,  je  ne 
m'occupais  |)oinl  de  ses  atlaires;  je  me  bor- 
nais dans  ma  solitude,  h  prier  pour  ma  pa- 
trie. »  Alors,  un  dos  membres  de  la  com- 
mission lui  coupa  la  parole  par  ces  mois  : 
«  Ne  viens  pas  ici  pour  nous  prêcher.  »  A  la 
tin  de  son  interrogatoire,  le  P.  Tii(iueri(!  se 
trouva  mal.  Le  président  dit  qu'il  fallait  cher- 
cher un  verre  de  vin  à  lui  donner.  Une 
femme  s'avan(;a  et  dit  :  «  Citoyen,  j'ai  du 
vin  dans  ma  poche,  je  puis  en  donner.»  Les 
juges  se  dirent  alors  entre  eux  :  «  11  faut  que 
cette  fonune  ail  dos  intelligencos  avec  les 
accusés,  »  et  ils  la  firent  conduire  en  prison 
où  elle  resta  quelques  jours.  M.  Philippot, 
curé  d'une  paroisse  Je  campagne ,  était 
sourd;  il  ne  donnait  aucune  réponse  aux 
questions  des  juges.  Voyant  SLulement  qu'on 

s'adiessait  à  lui,  il  disait  :  Quoi,  quoi? 

et  il  cherchait  à  s'avancer  pour  entendre.  Le 
président  engagea  ses  confrères  à  lui  dire  ce 
dont  il  s'agissa.l.  Silijt  qu'ils  lui  eurent  ex- 
pliqué les  serments  qu'on  lui  demandait,  il 
s'écria  :  «  Non,  non,  aidé  de  la  grûce  de 
Dieu,  je  ne  salirai  pas  ma  vi  illesse.  »  11 
avail  soixante-dix-sept  ans.  M.  Thomas , 
ancien  aumôniot  de  rh(j[)ital  de  Châtoau- 
GoTilhier  ,  était  paralytique;  ses  facultés 
étaient  très-atfaiblies,  au  point  que  sa  lête 
s'égarait  quelquefois  complètement.  Dieu  lui 
rendit  la  plénitude  de  sa  raison  en  un  jour 
si  solenn  '1  ;  il  répondit  avec  beaucoup  de 
présence  d'esprit ,  quoique  très-laconique- 
mer.t,  à  toutes  les  questions  qui  lui  furent 
adressées. 

«  L'interrogatoire  terminé ,  l'accusateur 
public,  prêtre  apostat,  donnna  ses  conclu- 
sijns  qui  furent  très-courtes.  Après  avoir 
requis  la  peine  de  mort  contre  tous  les  ac- 
cusés, il  ajouta  :  «  Quant  à  Turf-in  du  Cor- 
mier, curé  de  cette  commune,  c'est  lui  qui  a 
fanatisé  son  clergé,  je  demande  qu'il  soit 
exécuté  le  dernier.  »  Puis,  se  tournant  vers 
l'auditoire,  il  finit  par  ces  paroles  :  «  Le 
l)remier  qui  va  bronclier  ou  p-leurer,  va  mar- 
cher après  eux.  »  Apiès  ini  moment  de  déli- 
bération, le  président  prononça  le  jugement. 


603 


PER 


PER 


604 


coiulanioant  à  mort  les  quatorze  prêtres.  On 
les  fit  retirer  dans  une  salle  du  greffe  pour 
lf\^  pn^parations  de  rt'\t'\Mili()ii  ;  ils  nvslt'r»  nt 
quel'.jue  temps  seuls  (il  on  dit  qu'ils  purent 
se  confesser  les  mis  les  autres.  Q\iand  ils 
sortirent  du  palais  pour  aller  à  l'éi-lida  id, 
M.  Turjiindu  t>oruner  était  en  lélo;  ven;iienl 
ensuite  ceux  qui  pouvaient  niaroher  seuls, 
puis  trois  d'entre  eux  (pie  l'on  soutenait  [><'ir- 
dessous  lt!s  bras,  eniin  M.  Galloi  j)orté  dans 
une  chaise.  Au  pied  de  la  giillotuic,  M.  du 
Cormier  l'ut  repoussé  par  d-'iriôre  pour  élre 
exécuté  le  dernier.  M.  Pelle  adressa  aux  as- 
sistants ces  paroles  remaiqual)les  :  «  Nous 
vous  avons  appris  à  vivre,  apprenez  de  nous 
à  mourir.  »  A  une  t'euolre  voisini^  do  l'écha- 
faud,  on  voyait  quatre  raenib;  es  du  tribunal 
révolutionnaire,  le  verre  en  main  ;  ils  le  vi- 
daient en  saluant  le  peu()le,  h  cha<iue  tèfo 
qui  tombait.  Le  greiïier  du  tribunal,  prèti  e 
apostat,  voyant  un  curé  vénérable,  nonmié 
André,  monter  l'escalier  de  la  guiiiotinc,  lui 
montra  un  verre  de  vin  rouge  en  lui  disant: 
«  A  ta  santé!,  je  vais  boire  comme  si  c'était 
ton  san^.  »  Le  martyr  répondit  :  «  Kl  moi,  je 
vais  prier  pour  vous.  »  M.  Turpin  du  Cor- 
mier monta  le  dernier  à  l'écli  'fand,  après 
avoir  récité  le  Te  Deum.  Avant  q  l'on  le  hàt 
sur  la  planche  couverte  du  sang  de  ses  con- 
frères, il  la  ba  sa  avec  respect.  »  (Rohrba- 
cher,  t.  XXN  II,  p.  o-^V  el  suiv.) 

«  Nous  ne  savons,  d  t  l'auteur  des  Mémoi- 
res ecclésiastiques  de  Laval,  si,  parmi  les 
nombreuses  victimes  (jue  la  révolution  a 
faites  dans  toute  la  France,  il  en  est  qui 
réunissent  aussi  complètement  ([ue  ces  -cr- 
viteursdeDieu,  toutes  les  conditions  (pie  l'K- 
glise  considère  comme  constituant  propre- 
ment le  martyre.  Si  d'abord  on  pèse  les 
termes  du  jugement,  qui  est  un  acte  authen- 
tique et  faisant  foi  en  justice,  il  en  résulte 
qu'ils  furent  condamnés  pour  avoir  r.fnst'! 
de  prêter  :  1'  le  seriïKint  de  lTi)t,  que  le 
saint-siège  avait  condamné;  2°  le  serment 
de  liberté-égalité  (pii  na  été  condamné  .  ar 
aucun  acte  de  l'Eglise,  mais  ipii  était  géné- 
ralement considéré,  surtout  dans  nos  pays, 
comme  opposé  à  la  droiture  de  la  foi,  eu  ce 
qu'il  renfermait  une  aducMon  formelle  à  un 
ordre  de  choses  subver>if  de  la  religion.  Si 
ensuite  on  examim.'  les  témoignantes  des 
jiursonnes  |)résenies  k  l'audience,  il  en  ré- 
sulte que  ces  vénérables  [uôtres  ont  encore 
été  coiidamiK'S  pour  avoir  publiipiennnit 
refusé  dn  renoncera  la  |».ofession  de  la  re- 
ligion catholique.  On  ne  leur  r  ■orocliail  ab- 
solument rien  que  Ir  ii-tiis  des  s'eriiienls  ;  et 
on  ne  pouvait  ellci-,li>eiiieit  alléguer  autre 
chose  contre  des  v.eiilaids  el  des  intirmes, 
exemples  de  la  dépo  talion  par  les  lois  (>n- 
core  en  vigueur  et  lei.nus  en  prison  depuis 
dix-huit  mois.  On  leur  [trojiosa  de  nouveau 
h  l'audit'nic  de  [)réi  r  les  senuenls  :  le  juge- 
ment en  fait  foi.  Leur  soumi-^sion  entraînait 
leur  arquiltemeiit;  la  mort  était  au  eonlrairo 
la  ronséipieiico  nécessaire  de  leur  résistance, 
et  ils  ne  pouvnnnil  ri,;norer,  nix  ù  «pu  on  lo 
répéta  plusieurs  foiS  à  rnudieiuc.  eux  (|ui 
venaient  de  passer  au  pied  de  l'échafaud 


couvert  de  sang,  placé  en  ce  lieu  comme  un 
avertissement  form.dable.  Ils  furent  libres 
d'opter  :  ils  firent  leur  clioix  en  parfaite 
connai.ssance  de  cause;  ils  embrassèrent  vo- 
loniairement  la  mort  pour  rester  fidèles  à 
Jésus-Christ.  Est-il  donc  étonnant  ipie  l'opi- 
nion unannne  des  calholi(pies  de  notre  pays 
ait  vu  en  eux  do  vrais  martyrs?  Aussi  est-ce 
le  titre  qu'ils  leur  ont  toujours  donné.  Dès 
le  jour  même  de  leur  mort  on  envoya  des 
cnfanls  tremper  des  mouchoirs  dans  leur 
sang,  el  ces  linges  furent  distribués  comme 
d,!  précieuses  r»  liquos.  Bien  des  personnes 
avaient  l'usage  tJ'invoquer  en  particulier  les 
quntorze  martyrs,  et  |)lusieurs  ont  été  [ter- 
suadés  quelles  avaient  éprouvé  d'heureux 
etfels  de  leur  intercession.  On  faisait  des 
pèÎLi-inages  à  leur  tomb  -au,  pendant  la  ré- 
volution môme;  et  celui  qui  écrit  ceci  se 
rappelle  y  avoir  été  conduit  à  l'âge  de  sept 
ou  ihiit  ans,  à  lépoque  du  gouvernement 
dire,  lorial, par  suite  d'un  vœu  qn'avaienl  fait 
ses  parents,  pour  obtenir  la  guérison  d'une 
mala  lie  dont  il  était  atteint. 

«Le  9  août  1816,  les  corps  des  quatorze 
martyrs  furent  exhumés  et  transportés  à 
Avénières  :  deux  jours  après ,  ils  furent 
trjus  érés  dans  l'église,  et  on  y  a  élevé,  au- 
dessus  du  lieu  où  ils  sont  déposés,  un  mo- 
nument sur  lequel  sont  inscrits  leurs  noms 
ft  la  (-anse  glorieuse  de  leur  mo  t.  Le  jour 
de  l'exhumation,  il  se  passa  quelque  chose 
de  semblable  h  ce  que  l'îiisloire  ecclésiasti- 
que raconte  h  l'occasion  de  la  translation  de 
certains  bienlieureux.  Le  peuple  se  porta 
en  foule  sur  les  lieux,  en  donnant  des  té- 
moignages de  la  plus  profonde  vénération. 
Chacun  voulait  avoir  quelque  portion  des 
ossements  des  martyrs;  il  en  fut  distribué 
une  gr.rnde  quantité,  et  ces  fragments,  divi- 
S(^s  de  nouveau  pour  satisfaire  h  la  dévotion 
d'un  pins  grand  iKuiibre  de  personnes,  se  ré- 
]>andire  11  dans  tout  'e  pays. 

«  Par  une  ordonnance  du  13  avril  18.'Î9. 
Mgr  révé(pi'^  du  Mans  a  ordonné  qu'il  fût 
f.i  l,  selo  \  les  tonnes  canoniques,  une  en- 
quête pour  constater  authentiquemenl  les 
circonstances  du  jugement  et  de  la  mort  de 
et  s  vénérables  prêtres.  Si  cette  opération  no 
sert  pas  à  introilnire  une  cause  de  c  noni- 
silion,  du  moins  les  documents  recueillis  au 
cours  d.>  I  inforuiation  resteront  aux  archives 
de  V>  vé.  hé  comme  un  monument  glorieux 
j)our  le  diocèse.  .\u  mois  île  scpttnnbrelSiO, 
on  a  placé  dans  l'église  de  la  ■rniiité,  avec 
l'autorisation  de  Mgr  l'évéque,  une  placiue 
de  cuivre  tappelajn  brièvement  la  nioitdes 
((iiatorze  pièncs,  el  contenant  la  li>te  de 
leurs  noms.  »  [Mémoires  ecclésiastiques,  etc., 
par  .M.  Isidore  Boullier,  curé  de  la  Irinilé 
de  Laval.  18VG.) 

N JUS  pourrions  citer  encore  beaucoup  de 
prèlres  uioits  iKUir  la  foi  ua  is  les  différentes 
provinces  de  Fiance,  mais  uialheureusemenl 
ou  n'a  pas  retueilli  d  acles  authentiques,  et 
les  doiumenls  nous  ma'U|uenl  ai)solument. 
Cep»  ndant  nous  ne  pouvi.ns  nous  empêcher 
de  par  er  des  ouïe  religieuses  de  Vaieiicien- 
ncs ,  qui  lureot  marlyrisées  le  'i3  octobre 


OM 


VVM 


W 


6M 


17<ri.  On  poiil  voir  nii-^si  niu  iiilii  les  pnrti- 
nlli••l•^  l(vs  rcliKiniscs  d'Oniiih'c  iii.'U'Iyri.si'cs. 

«  (".'(«M  lo  V  jiiillcl  <|in"  II'  IiiImiii.iI  < om- 
jnc'ica  à  (l(''ciil(;r  du  Mtil  de  rcs  (|ii(iniid()- 
dciu'  n>liKi<'"i'^<'>-  <•"  ''"<  i'i|crro;^<'a  iiiir  h 
iiiic.  1,11  sd'iir  l)i'-^fi;;i\  rrli4;i(Misc  liciii.'iidiiic, 
rend  l;i  |)n'iniri(>  l;i  |i.'diii('  du  iii.ii(,>  ir.  I.a 
su'ur  Siis.'iiint',  rclii^ioiiscdii  S;iiiil-S;icn'iiicid, 
lui  ciiiid.iiiiiit't'  le  ji'iidriii.iiii.  I,;i  su'iir  I^nliif, 
iii(MiJi((W)  d'(^in'  liadiiilu  /ui\  piisons  d'O- 
raii^o,  iiicoilaiiu^  ilu  jwirli  (lu'clli!  (h-v.iil 
|>i(i)drc,  coiisirtc  son  p^rc,  vicill.nd  oclo^;;!''- 
nairo,  d'une  gr'indt!  |)M''lr,  <|iii  n'avail  ([uo 
C('tU>  lillc  ponr  \o.  servir  h  la  (in  de  sa  ear- 
ric^re.  Telle  l'id  la  n^po'ise  de  ce  p(>r(>  reli- 
gieux :  «  Il  me  sérail  larih»  di;  vous  cael'er, 
cli^re  o'danl,  et  do  vous  déroher  aux  ptuir- 
suitos  des  persi^eulours;  mais  examinez  bieii 
devant  Dii'U  si,  (>n  fu\an(,  vous  no  vous 
(^carloz  pas  des  desseins  cpj'il  u  sur  vous. 
reul-(Mre  vont  il  votre  niorl,  connue  col  o 
d'une  victime  ipii  doit  apaiser  sa  colC-re.  Jo 
vous  dirai  conuiu»  M  irdoclK'o  ;\  Ivstlier,  (pio 
vous  n'existez  |)as  |tour  vous,  luais  pour  son 
peuple.  »  Un  conseil  aussi  g'n(!'reux  lit  sur 
l'Ame  de  lajeuno  vieri^e  tout  retl'et  (jue  |)ro- 
duisit  auliei'ois  sur  Estlier  le  discours  do  son 
vi^ni^rable  |)ai"ent.  Elle  no  balan(;a  pas  sur  lo 
parti  qu'elle  devait  suivi'e;  elle  se  moMîra, 
coiiuiic  à  rordiuaire,  dans  les  oratoires 
qu'elle  avait  ciniluinc  de  Iréijuo  iter.  Elle  y 
fut  prise,  ainsi  que  l'avaient  élc^  déjh  ({uel- 
(jnes-unes  de  ses  couipagnes,  et  conduite  en 
]n'ison.  Elle  y  l'ut  coîublée  degrAces  extraor- 
dinaires. Dieu  lui  lit  connaître  le  jour  de  son 
sacrifice.  La  veille  de  sa  mort,  elle  demanda 
pardon  h  toutes  ses  compagnes  dos  scandal<\s 
qu'elle  avait  pu  leur  doimer,  se  recommanda 
h  leurs  prières,  en  les  assurant  qu'e  le  au- 
rait le  b'iuheur  d'ôtre  condamnée  le  lende- 
maui.  Elle  le  fut  en  elfet;  et,  lorsque  sa  sen- 
tence fut  prononcée,  elle  en  remercia  ses 
juges  couune  d'un  bienfait. 

«  Le  7  juillet,  Agnès  Roussillon  et  Ger- 
trude  de  Lausier,  ursulines  île  Bolène,  fuient 
condamnées  et  exécutées.  Elles  allèrent  à  la 
mort  avec  une  joie  si  giande,  ({u'elles  baisè- 
rent l'instrument  de  leur  supplice,  et  remer- 
cièrent aussi  leurs  juges  et  leurs  bourreaux. 
Cie  trude,  dite  eu  religion  sœur  Sophie,  s'é- 
tait réveill  '0  dans  la  nuit,  pleine  de  l'idée 
d'un  bonheur  ijui  lui  avait  fait  répandre  des 
larmes  :  «  Je  suis,  disait-elle,  dans  une  sorte 
d'extase,  et  comme  hors  de  moi-même  ;  je 
suis  cei'taine  que  demain  je  motn-rai,  et  je 
voirai  mon  Dieu.  »  Eisuiie  elle  craignit  que 
ce  ne  fût  ià  une  tentation  et  un  mouvement 
d'orgued,  et  elle  eut  besoin  dètre  rassurée 
sur  le  principe  qui  la  faisait  agir. 

«  Le  8  juillet,  le  tribunal  condamna  à  mort 
Elisabeth  Peloysicr,  Rosalie  Bès,  Marie  Blanc, 
religieuses  du  Samt-Sacrement  de  Bolène, 
et  Marguer  te  Bavasre,  ursuline  au  Pont- 
Saiiit-Es[)rit.  A  l'instant  mêui;'  où  leur  juge- 
nif-ut  fut  prononcé,  Rosalie  Bès,  dite  sœur 
Pélagie,  tira  de  sa  poche  une  boite  remplie 
de  dragées,  qu'elle  distribua  à  ses  compagnes. 
«  r,c  sont-là,  d-il-olle,  les  dragées  quej"avais 
réservées  pour  le  jour  de  mes  noces.  »  Le 


«.»juill<l,  lurent  juKéoï  et  exécutée»»  Mnilu- 
!•  ine  'l'ailleu.  Mjum-  dti  (iniiès-Chûnsolb*,  ro- 
I  ;ieuses  du  Saint -Sinr'iiieid  ,  h  Bo'ène  ; 
l.oiiisf  Eluse,  converse  au  menu;  cijuvent, 
<■!  i  léonori!  de  Jusianioti  ,  reli>;iuus(}  do 
Sainle-C.allieiine  d'Avignon.  Du  •.)  au  13  du 
même  mois,  on  siusil  au  iug»nuent  «les  au- 
tics,  alin  d'en  cundauinor  u  lu  foi!>  un  i^raiid 
n<imbi'<-. 

Il  Le  L'i,  six  rui'(vd  condannu'es  :  Ariasto&io 
de  Hocrd,  supérieure  des  Ur.suliriesj  do 
BolèîU';  Marie-Anne  Land)ei(,  conver.si!  nu 
même  couvent;  la  su.'ur  sainli;  Erançoiso, 
converso  chez  les  IJrsulines,  b  Curpenirus; 
et  trois  religieuses  du  Sainl-Sacreiui-ni,  à 
BolèiH! ,  Elisabeth  N'incliière  ,  sceuis  Alexis 
Mincetle  et  llenrielle  Leforge.  La  su.'ur  saiulo 
Eranijoist!  disait  aux  autrc.'s  su'urs,  la  veille 
de  hnir  condamuatiou  :  «  Ahl  uk-s  chères 
.so'urs,  (|uel  joinipn;  celui  (jui  se  prépaie!... 
Demain,  les  pr)rles  du  ciel  s'ouvrent  |)our 
nous  ,  nous  allons  jouir  de  la  félicité  dos 
saitits.  » 

«  Le  16  juillet  vit  périr  sept  auires  reli- 
gieuses (jui  monlrèiinil  le  même  caluu;  et  io 
nu'^me  courage.  Sœur  Juslaïuon  ,  ursuline 
converse  h  Perne  ;  sœurs  (iardon  et  Mario 
Decqui,  religieuses  du  S  inl-Sacromenl  à 
Bolène;  Marie  Lage,  ursuline  h  Bolène.  La 
veille  de  sa  mort,  celle-ci  toudja  dans  une 
gra;  de  tristesse,  craignant  (jue  Di(;u  ne  la 
jugeAt  pas  digne  delà  couronne  du  martyre  ; 
mais  sur  l'autel  de  son  sacrifice  elle  montra 
plus  de  force  qu'elle  n'avait  montré,  la  veille, 
d'abaltemenl  et  do  tristesse.  On  vit  une  autre 
ursuline  de  Bolène,  Jeanne  Roussillon,  qui 
avait  témoigné  un  grand  désir  do  mourir  un 
des  jours  consacrés  à  quelque  fête  de  la  sainte 
Vierge  ,  consommer  son  sacrifice  avec  la 
sœui-  Madeleine-Dorothée  de  Justamon,  qui 
avait  demandé  la  même  grâce.  Celle-ci,  mon- 
tée sur  le  char  de  mort,  dit  à  ses  gardes  : 
«  Nous  avons  plus  d'obligations  à  nos  juges 
qu  à  nos  pères  et  à  nos  mères;  ceux-ci  nous 
ont  donné  une  vie  temporelle  et  périssalde, 
nos  juges  nous  procurent  une  vie  éternelle.  » 
Un  de  ses  gardes  fut  touclié  de  ces  paroles 
jusqu'aux  larmes,  et  un  paysan  voulut  lui 
toucher  la  main  par  le  môme  principe  de  foi 
qui  faisait  dire  à  la  f  nnue  de  l'Evangile,  à 
la  vue  de  Jésus-Christ  :  «  Qu'il  me  soit  seu- 
lement donné  de  toucher  le  pan  de  sa  robe.  » 

«  Le  26  juillet,  cinq  autres  religieuses  su- 
bire!it  le  môme  sort.  «  Qui  es -tu?  »  demanda 
le  président  du  tribunal  ù  la  première  qui  fut 
traduite  devant  lui  :  c'était  la  supérieure  des 
Ursulines  de  Sisteron,  Thérèse  Consolon  : 
«  Je  suis  fille  de  l'Eglise  catholique,  »  répon- 
dit-elle. Claire  Duuac  répontlit  à  la  même 
question  :  «  Qu'elle  était  religieuse,  et  qu'elle 
le  serait  jusqu'à  la  mort,  de  cœur  et  d'  une.  » 
Les  compagnes  de  lei;r  sacrifice  furent  Anne 
Cartier,  ursuline  au  Pont-Samt-Esprit  ;  Mar- 
guerite Bonnet,  religieuse  du  Saini-Sacre- 
nieut,  et  Madeleine-Catherine  de  Justamon, 
quatiièrae  ma.rtvre  du  môme  nom  et  de  la 
même  famille.  (L'abbé  Carron,  Confesseurs 
de  la  foi,  t.  IL) 

«  La  tète  de  Louis  X"M  était  tombée  sur 


eo7 


PER 


PER 


608 


Pio  VI  mit  pouvoir  porior  le 
mC'nio  ju^eis/nal  dp  cptle  mort,  que  relui  qui 
avait  «H(^  porto  il»'  colle  de  Marie  Stuart.  Il 
s'était  érr\é  en  p)ci'i  consistoire,  en  appre- 
nant ce  fatal  événement  :  «  Ojour  de  triom- 
phe pour  Louis,  h  (jui  le  ciel  a  donné  la  pa- 
tience dans  les  plus  rudes  épreuves  ,  et  lait 
trouver  la  victoire  dans  (."s  bras  do  la  m^rt  ! 
Oui,  nous  en  avons  la  conliance,  il  n'a  laissé 
celte  couronne  périssat)le  et  ces  lis  sitôt 
flétris  que  pour  en  recevoir  une  immortelle 
tissue  de  la  main  des  anges.  »  Pie  VI  dit 
qu'il  n'entendait  exprimer  ainsi  que  son  sen- 
timent partifuHcr,  sans  vouloir  rien  ét*iblir 
comme  doctrine  touchant  le  martyre  de 
Louis  XVI. 

Ce  fut  près  de  ce  saint  pape  qu'un  nom- 
Dre  considérable  de  préIres  français  trouvè- 
rent asile.  Il  donna  l'hospi  alité  dans  ses 
Etats  à  plus  de  quar.uite  mille  d'entre  eux. 
Loin  de  se  contenter  de  prodiguer  ses  propres 
ressources,  il  fit  encore  un  appel  h  la  cha- 
rité dos  pays  lointains,  afin  de  j)ouvoir  sub- 
venir aux  besoins  des  nombreuses  victimes 
qui  otaieit  venues  s'abriter  sous  sa  protec- 
tion. Il  adressa  un  bref  aux  prélats,  abbés  et 
ecclésiastiques  d'Allemagne,  les  exhortant  à 
suivre  l'exemple  do  la  nation  anglaise,  qui  se 
montrait  si  g<'néreuso  envers  les  proscrits. 
L'illustre  pontife  ne  se  doutait  pas  que  bien- 
t(M  il  allait  partager  lui-même  les  vicissitudes 
qu'il  savait  si  bien  soulager.  Ce  fut  [)eu  de 
temps  avant  d'avoir  à  soulfrir  lui-même  la 
persécution  pour  la  foi  quo  Pie  ^'I  pul)Iia  sa 
bulle  Auctorem  fidei.  Ce  fut  le  28  août  179'i.. 
Il  y  condamnait  quatre-vingt-cinq  assertions 
extraites  des  actes  et  décrois  du  Synode 
janséniste  de  Pistoie.  Dix  y  sont  condamnées 
comme  hérétiques.  Cette  t)ulle  fut  re(;ue  par 
l'Eglise  comme  la  règl(>  do  la  foi  à  cet  égard. 

Le  philoso;»hismc  tiiomphait  ddus  la  ré- 
volution française;  le  clergé  de  France  était 
persécuté  h  caust;  de  son  atlachemoiil  au 
)ape,  les  révolutionnaires  voiduronl  détruire 
a  ;  a[»auté  elle-même.  Les  conjonctures  pa- 
raissaient très- favorables.  Le  paie  n'avait 
aucune  puissance  sur  laquidlo  il  pût  compter 
en  Europe.  La  Tunpiio  mahométanc,  r.Vlle- 
ma,,'ne  et  l'.Vngleierre  protestantes,  l'Kspa- 
gne  forcée  de  faire  la  paix  avec  la  France, 
tout  lui  manque  du  côté  de  ces  diverses  na- 
tions. L'Autriclie  et  Nafiles  ne  demanderont 
I)as  mieux  aussi  de  traiter  avec  la  Hôpublique 
victorieuse,  pourvu  cpi'on  leur  ab.ind.)ime 
quobpies  parties  (h^  l'Ilalio.  fôl-ce  même  des 
É:ats  -  llomains.  Ln  ITDl» ,  Bmaparte  fut 
nommé  général  en  chef  de  l'armée  d'Italie. 
On  sait  les  prodiges  (pi'd  accomplit  dans  celle 
première  campapiie,  avec  uiu»  armée  qu'il 
trouva  m  il  nourrie,  mal  vêtue  et  sans  argent; 
iléciasasuccessjvenionl  quatre  armées, et  fil  la 
conquête  do  rii;die  presque  fnlière  Le  pape, 
apprenant  les  pro^^çrès  ne  larmée  f.ançaise 
en  Piémont  et  en  Lombard ie,  assembla  son 
consod.  Il  \  fut  déride  qu  on  resterait  neutre, 
et  qu'on'.uile,  si  les  circonsianccs  |(>  dom.ui- 
d?iionl,  on  entamerait  «les  négociations  pour 
om[iêrherr(>nvahissomentdesEl.(ts-Homains. 
<^uand  les  Français  étaient  entrés  en  Italie, 


on  prétend  que  le  roi  d'Espagne,  qui  venait 
défaire  sa  paix  avec  !a  Hé[)ublique  française, 
el  que  le  roi  de  Naples,  qui  se  disposait  à  la 
faire  aussi,  s'étaient  entendus  avec  la  France 
pour  le  |>arlage  des  Etats  de  l'Eglise.  Cette 
dernière  puissance  devait  |)rendre  les  trois 
légations,  le  roi  d'Espagne  Kome  et  les  con- 
trées environnantes  pour  le  duc  fie  Parme, 
mari  de  sa  fille.  Quant  au  roi  de  Naples,  on 
lui  donnait    Bénévent,    Ponte-Corvo ,  avec 
quelques  autres  petits  bouts  de  provinces. 
Bonaparte  entra  ino|)inément  dans  les  Etats- 
Romains,   el  ,    sans  déclaration   de  guerre, 
s'empara  de  Bologne,  de  Ferrare  et  de  Ra- 
venne.  Le  pape  s'adressa  à  lambassadeur 
d'Espagne  i)Our  obtenir  un  armistice  ;    Bo- 
naparte l'accorda  en  considération,  y  était-il 
dit,  du  roi  d'Espagne.  Le  fait  est  qu'il  l'ac- 
cordait simplement  parce  qu'il  avait  b  op  peu 
de  troupes  disponibles  pour  exécuter  simul- 
tanément tous  ses  plans,  et  parce  que  dans 
cette  saison  chaque  marche  lui  valait  \  peu 
près  deux  cents  malades  par  Jour.  Ce  sur 
quoi  devait  seulement  porter  la  reconnais- 
sance  du  pa[)e  envers  l'Iispaçne,   fut   une 
conlribulion  de  guerre   que   lambassadeur 
conseilla  à  Bonaparte  d'exiger,  en  accordant 
l'armistii^e,  alorsqu'il  n'y  songeaitnullement. 
Vingt  millions  de  francs,  une  infinité  d'ob- 
jets d'art,  tableaux,  manuscrits,  l'artillerie 
(pie  le  pane  avait  à  Ancône,  voilà  ce  (jue 
lambassacleur  es|)agnol  Azara    conseilla   à 
Bonaparte  de  prendre  pour  indemniser  la 
Fran(;e  des  frais  d'une  guerre  que  le  pane 
ne  lui  avait  pas  faite.  Pour  première  condi- 
tion. Pie  \\  dut  envoyer  un  plénipotentiaire 
h  Paris  flii  i  d'y  obtenir  h  paix  du  Directtiire, 
et  d'odrir  toutes  les  réparations  demandées 
louchant  le  meurtre  de  Basscville.  Pour  sa- 
voir (0  ([n'était  ce  Basseville,  il  faut  remon- 
ter jusqu  en  1792. 

Il  y  aviiit  h  Rome  deux  Français,  le  scul- 
pteur Ratcl  et  rarchiterle  Chinard,  qui  fu- 
rent arrêtés  par  la  police  romaine,  parce 
(pi'ils  étaient  accusés  de  troubler  la  tranquil- 
lit(''  pul)li(pio.  Ces  dignes  précurseurs  de  nos 
républicains  propagandistes  modernes  cher- 
chaient en  elfet  à  répandre  dans  celte  ville 
les  idées  fatales,  les  doctrines  subversives 
(lui  dominaient  en  France,  et  surtout  à  Paris. 
Ln  nommé  Makau,  consul  de  France  J»  Na- 
ples, insista  fortement  pour  (lu'on  rendit  la 
liberté  à  ses  compatriotes;  il  lut  immédiale- 
nient  fait  droit  à  ses  instances.  Il  dépêcha 
son  sccrt'tairo  Basseville  pour  témoigner  sa 
reconnaissance  au  gouvernement  pontifical. 
Sa  mission  accomplie.  Basseville  resta  quel- 
ipie  l(>mps  h  Rome  }»our  ses  affaires  privées, 
et  sans  aucun  caractère  public.  Le  ministre 
des  atl'airos  étrangères  en  Fran("e,  ne  sachant 
>as  «pie  les  deux  agilaleurs  avaieiit  été  re- 


.0(  liés,  ("crivit  au  nape  une  lettre  insultante. 
D'un  autre  côté,  le  ministre  de  la  marine 
fiançaise  donna  ordre  à  ses  consuls  dans  les 
Eials-Romains  de  mettre  sur  leurs  demeures 
le  (Ira  eau  républicain,  et  ii  burs  <  ha|>eaux 
la  cocarde  nationale.  Le  {»ape  dit  (ju'il  y  con- 
sentirait, pourvu  (ju'on  ropar.U  les  outrages 
(]uo  lui-mêuio  avait  2>ubis.  A  PariSj  un  a\ail 


brrt.(^  (Ml  public  .'cniKif  ilu  s/iint-pt^Tc,  on  lui 
nvail  ('iil('V(^  violiMiiiiit'iil  Avimioii  (>l  lt«  Vo- 
nnissiii:  à  M.'ii'si<illt',  ses  itiiics  onlrvrcs  dd 
in  iiiaisdii  (lu  cousul,  avau'Ml  r\r  pcniliH's  h 
la  laulcnic  (tl  liviri".  aux  insullcs  do  la  po- 
pulaco.  lui  prt^sriu'ii  tics  ju-vlcs  dcniamlcs  du 
pap(>,  le  ,  oiisuMVanrnis  d--  Nanlcs  l'iivnya  uu 
«•(•riaiu  Flolli'  joi'idic  llavsrvillo  pour  drc.la- 
rcr  au  cardiial  /l'iada  ipi'uu  IViait  m  s(»il(i 
i\v  no  pas  laissiM-  picn c  sur  pici-rc  dans  Uduir, 
si  sous  vin;,l-(pialr(«  heures  il  n'y  avait  pas 
une  r('>|>onse  l'avorahle.  «  Je  vous  i'crai,  dit 
ZtMada,  fonuaîlre  le  l'i  la  vidonté  du  saint- 
p(^r(>,  autpiel  j(>  vais  laue  un  rapport,  aliii  d'a- 
voir ses  ordres  prt''eis.  » 

l>(>puis  (pM'h'pie  lonips  l(»s  Français  r(^si- 
dant  a  Uoiue  s'attiraient  ranimadversion  du 
peuph»   par  des  déuionstralions    prélenducvs 

1)atrioli(|uos;   ils  se  réunissaient   pour   des 
)antpn'(s  auxcpiels  assistait  tout  ce   (|uo   la 
ville  oonteuail  d'Iioinnu'S  décriés  et  dt!  i'oin- 
mcs  perdues,  ('es  baïupuMs  avaient  lieu  dans 
le  palais  de  l'acadéniie  de  France.  On  y  avait 
installé  le  buste  de  Hrutus,  entouré  de  guir- 
landes; on  y  avait  abattu  ceux  des  rois,  des 
papes  et  des  cardinaux.  De  ce  foyer  anar- 
chiste parlaient  sans  cesse  d'insolentes  pro- 
vocations, des  forfanteries  insultantes  connue 
s'en  permettent    encore   de   nos  jours  les 
lioninies  de  la  même  espèce.  On  avait  publié 
dans  la  ville  pontiticale  les  lettres  du  consul 
de  France   résiliant  h  Naples    au   gouverue- 
luent  romain;  puis  une  autre  oii  le   môme 
consul  conseillait  de  réunir  tous  lej  Français 
qui  se  Irouraient  â  Home  pour  empêcher  qu'au- 
cune main    sacerdotale   ne  profanât  par  son 
opposition  l'exercice  de  la  liberté,  qui  devait 
s't/fectuer  par  l'installation  des   emblèmes  ré- 
publicains.  Le    gouvernoment   papal  invita 
Irés-doucement  Flotte  et   Basseville  à  tenir 
ui'o  conduite  moins  irrilaiiie  :  mais  eux  an- 
noiii-èrent  qix'ils  [)renilraient  les  emblèmes 
réMublicains,  arboreiaient  les  insignes  de  la 
liberté  dans  la  soirée  du  13.  C'était  un    di- 
manche. A  5  heur,  s  de  l'après-midi,  ils  sor- 
tiront du  palais  do  l'académie  de  France,  se 
diri,,eaU  vers  la  place  Colonne  dans  une  voi- 
ture. Eux,  le  cocher,  les  valets,  étaient  ba- 
no  es  de  cocardes  tricolores  et  d'autres  insi- 
gnes, et  de   l'intérieur  de   leur  véhicule  ils 
agitaient  un  drapeau  républicain.  Le  peuple 
Si;  crut  insulîé.  On  lança   des  [)ierres  c  ntre 
eux.  Obligés  de  fuir,  ils  se  réfugièrert  chez 
un  nommé  Lamoutte,  ban  luier  français.  Le 
peuple  y  pénétra,  Basseville  y  fut  trouvé  ar- 
me dim  stylet  et  voulut  se  défendre,  mais 
il  tomba  frappé  mortellement  d'un  coup  de 
coute^iu  dans  le  ventre.  A  ce  moment  arri- 
vait l.i  garde  pontificale  qui  prit  le  blessé  et 
son  compagnon  sous  sa  protection.  Pie  VI 
envoya  près  de  Bassevil'e  des   médecins  et 
des  prêtres  ;  il  se  confe.^sa  et  mourut  en  don- 
n  ,nt  d-s  signes  d'un  sincère   repentir.  Le 
pupe  lui  fil  faire  l\  ses  frais  des  funérailles 
tH)nveiialjles,  fournit  à  Flotte  et  à  sa  famille 
l'argent  qui  leur  était  nécessaire  et  une  es- 
corte ;)Our  les  accompagner  jusqu'aux  fron- 
tières. Tels  sont  les  faits  pour  lesquels,  abu- 
sant Uu  droit  du  plus  fort,  la  France  républi- 


I'l,l» 


(510 


cninndenmndnit  réparation  h  PieVI.  Flvi  lem- 
iiient,  en  iHUitn-  juhlice,  c'était  lui  rpn  nv/ut 
driMi  de  se  pl.'iiidr  ',  loul  en  déplorant  un 
fatal  /!(•( ndenl.  .Mais  d  e.sl  une  «•.hose  (pii  sem- 
t)le  de  droit  inconlistable  /nu  républir airii 
de  celle  sdi  le,  c'est  relui  de  se  livrer  toujours 
et  parloul  à  Imirs  exceiiininli'-.s  sans  tenir 
coiii|»ie  ni  du  droit  des  gi-nj;,  ni  du  sens 
coiiiiiiiin.  Ils  ont  t<»us  les  droits,  depuis  re- 
lui de  lévoliitioiiiier  à  leur  façori  les  nations 
étrangères  jusqu'il  celui  de  iaire  cliez  eux 
de  l'égalih''  ré|»ublicaine  en  (  oupani  les  télés 
et  hîs  cordons  dis  bourses  de  ceux  (nji  no 
pensent  pas  comme  <'ux  ,  c'esl-h-dire  (pji 
possèdi  lit  (juclque  chose,  (luand  eux  ne  pos- 
sèdent ii(!ii. 

«  Pie  VI  fut  obligé  d'accepter  les  conditions 
ipi'on  lui  iiii[(osa,l.  Il  écrivit  aux  chrétiens 
(l(î  France  des  letlres  ipii  pnrtaiinil  :  «  ipi'il 
était  de  foi  calholi(pi(;  ipie  les  {luis.sances 
sont  ordonnées  et  établies  par  la  sagesse  do 
J)ieu,  alin  ipie  les  peuples  m\  soient  pas  li- 
viés  au  désordre  et  agités  comme  une  mer 
en  furie;  que  saint  Paul  avait  onseigiK!  que 
tout  pouvoir  vient  de  Dieu,  et  (jue  résister 
au  pouvoir,  c'est  résister  à  l'ordre  de  Dieu 
même;  qu'il  ne  fallait  donc  pas  se  faire  il- 
lusion, et,  sous  apparence  de  piété,  fournir 
aux  auteurs  des  nouvelles  institutions  une 
occasion  et  un  prétexte  de  blâmer  la  religion 
catholique;  que  les  fidèles  enfants  de  rF:gIise 
devaient  obéir  avec  joie  et  j)romj)tilude  à 
ceux  qui  commandent,  parce  qu'ils  remplis- 
saient ainsi  une  de  leurs  obligations  et  que 
les  dépositaires  de  l'autorité  venant  à  con- 
naître que  la  vraie  religion  ne  veut  pas  le 
renversement  des  lois  civiîes,  se  trouveraient 
engagés  h  la  favoriser  et  5  la  prot'''ger;  ({u'un 
ne  devait  point  éouuter  ceux  qui  avance- 
raient une  doctrine  contraire  et  préten- 
draient l'aitribuer  au  siège  apostoliqu  •.  » 

«  Le  Directoiie  exigeait  avant  tout  l'arti- 
cle suivant  :  «  Le  pape  désa|)prouvera,  ré- 
voquera, annulera  toutes  les  bulles,  tous 
les  brefs,  mon:toires,  rescriis  et  décrets  a])0s- 
toliques  émanés  du  saint-siége,  concernant 
les  alfai.es  de  France  depuis  1789  jusqu'à  ce 
jour.  »  Depuis  longtemps,  la  constituiion  ci- 
vi  e  dn  clergé,  condamnée  jjar  les  brefs  de 
Pie  VI,  n'était  ^  lus  en  vigueur;  elle  avait 
cessé  de  faire  partie  des  lois  de  l'Etat.  Le  Di- 
rectoire n^'  se  .souciait  pas  pl.js  de  cette  cons- 
titution que  de  l'aucienne  discipline  de  l'E- 
glise gall  cane;  mais  il  voulait  avoir  un  pré- 
texte pourL.iie  1t  guerre  au  sain;-siége,  il 
voulait  surtout  l'avilir  avant  de  consommer 
sa  ruine.  Les  négociations,  rompues  à  Paris, 
ayant  été  re-iouéi  s  à  Florence,  le  Directoire 
reproduisit  ie  même  article  avec  plus  d'ex- 
tension. II  voulait  que  le  pape  non-seule- 
ment se  condamna  !ui-n.eme,  en  révoquant 
tout  ce  qu'il  avait  fait  contre  le  schisme  de 
Fiance,  mais  qu'il  annulât  encore  tout  ce 
que  les  évêques  catholiques  de  France 
avaient  publié  à  cette  occasion.  Pie  VI  ré- 
pondit avec  beaucoup  de  calme  et  de  digni- 
té, que  nt  la  religion  ni  la  bonne  foi  ne  lui 
permettaient  d'accepter  de  pareils  articles,  et 
y--  qu'il  était  obligé,  eu  conscience,  de  soutenir 


^11 


TEil 


PER 


%\i 


rr  rrfint  nu  p^ril  mfmr  dp  sn  r»V.  »  Les  rom- 
niis^Jiiifs  it^iMiMirniiis  fiirofit  surpris  (l(^  crtte 
répon*o.  Dms  le  fait  cvHf^  r(''|)Oiise  f  it  une 
TJr'nirp,  ot  flnrrs  les  pf^UDri.ïtio'is  subséquen- 
tes on  ne  lui  (l»Mn,iniler,i  plus  de  ré  oipicr 
ce  ffu'il  a  fait  tourhnut  les  nlfaires  ecclésins- 
fi.pM's  rie  France;  eo  qui  pour  le  pajie  et 
pour  lE^lise  était  li»  point  r.ipital. 

Dans  ces  négociatiois,  le  bon  pape  avait 
encore  employé  la  médiation  de  JEspngm', 
dont  il  ij^norail  les  convenlions  scrrélesavcc 
la  Hépuî>liquc  française  pour  le  dépouilItT 
de  son  domaine  lemporel.  N'ayant  plus  d'au- 
tre ressotirce.  Pie  \l  demanda  au  roi  de  Na- 
nles  de  former  entre  eu\  une  alliance  dé- 
ien>iive  (pii  se  conclut  en  eiïet  ;  le  l)on  pape 
ignorait  que  dans  ce  momeni-là  même  le  l'oi 
rie  Naples  signait  une  a.l  ance  avec  la  Hé[>u- 
bliqne  fran«:aise  pour  le  dépouiller  des  prin- 
cipautés de  Bénéveiit  cl  de  Ponte-Corvo.  Ce- 
pendant Napoléon  Bonipnrte  désirait  beau- 
coup rompre  l'alliance  qui  utus>ail  Flomo  et 
Naples:  il  chargea  le  sieur  Cacault,  ministre 
franyais  h  Naples,  et  qui  s'appelle  lui-même 
un  rrvnhifinnrtnire  currir/e,  de  mettre  tout 
en  œuvre  pour  engager  le  pape  à  faire 
sé|)arément  sa  paix  à  des  conditions  modé- 
rées. Cet  agent  républicain  s'acquitta  de  sa 
commission  av^c  beaucoup  de  zèle.  11  pio- 
luit  au  gouvernement  romain  des  condi- 
tions bien  (lilférejites  de  celles  qui  avaient 
été  oiïertes  Jl  Florence,  des  cond  lions  rjui 
ne  blesseraient  aucunement  la  conscience 
du  saint-pére  et  qui  sernient  de  nature  î'ï  sa- 
tisfaire tous  les  eS[»rits  par  leur  é(iuité  ;  mais 
toutes  ses  instances  n'obtinrent  (pie  des  lé- 
ponses  évasives.  Napoléon,  pour  obtenir  cette 
paix  qu'il  soulia  tait  vivement,  eut  recours 
au  chevalier  Azara  ;  mais  le  gouveruemetil 
pontillcal  ne  crut  pas  non  plus  ilevoii-  s'ar- 
rêter au\  représenlalions  de  ce  minisire.  Uiui 
autre  tentative  de  Nafioléon  pom-  avoir  la 

Kaix  avec  I\ome  fut  (\'y  envoyt.'r  en  toute 
Ate  le  cardinal  .Maltei,  archevèipie  dt*  F't  r- 
raiv,  auquel  d  en  écrivit  le  21  0(  t'bre  ITth». 
Le  28  du  même  mois,  Bonaparte  |  rcssait 
encore  l'aj^ent  Cacanlt  dans  le  même  but.  Il 
lui  écrivait  de  faire  savo  r  au  |  npe,  que  «  par 
la  modération  du  Directoire,  le  général  fran- 
çais était  aulorist'  h  leriuiner  le  diirtitnd 
avec  Home  ou  par  les  armes  nu  par  un  nou- 
veau traité.  Il  lui  dis.iit  de  récommencer  les 
né^'ociafifmS  on  dir»'ct«'meni  î^vec  h.'  secr<'- 
taire  d'Kiat,  ou  par  rmtermédiaire  du  cai'di- 
nal  Mnitoi:  el,  si  l'on  auiiérait  ^  Ses  oll'ies, 
dp  se  rend  e  A  C,rémoni>  avec  le  niMiistre 
choisi  par  le  go\ivenicmer  l  pontdi^al.  Il  dé- 
sirait i>rouver  au  pape  combien  il  avait  k 
ru'ur  de  mettre  lin  h  d»*  si  longs  dt'-hals  et  aux 
mnut  que  la  ,=;ueiTe  appoite  h  l'iiumainié  ;  il 
Iniolfrdt  df)nc  le  moyen  de  mettre  son  hon- 
neur h  cou  MM  t  et  de  salis'aire  h  ses  obliga- 
tiom  comme  (hef  d'-  \<\  \v\\^.on.  Caraull  ile- 
vaii,  (fe  plus,  assurer  de  vive  roix  à  ?a  Sain- 
t«té,  que  le  *'énéral  B^naj  aiie  aval  toujours 
été  '■oiiiraue  au  traiti'  pi(»posé  anir-ruu  e- 
ment,  el  surtout  au  nmde  de  né,;»»  iation 
qn'o-1  nv.iit  suivi  ;  qu'à  sa  sollii  ilAfion  \r  Hi- 
re tloiix'  consentait  qu'on  ouvrit  de   nouvel- 


les négociations,  et  que  lui,  Bonaparte, 
aimait  t)ien  mieux  être  le  sauveur  (pie  le 
destructeur  du  sairit-»iége.  »  (Rohrbacher, 
t.  XXV II,  p.  603,  cit..nt  Baldassari.) 

«  Le  sacré  colh'-ge  se  réunit;  plusieurs 
pensaient  qu'il  fallait  traiter  arec  le  général 
naiçais  aux  conditions  qu'il  proposait;  les 
autres  en  plus  grand  riombi-e,  estimèrent 
que  le  contraire  valait  mieux.  On  com|)tait 
sur  l'appui  du  roi  de  Naples,  il  l'avait  pro- 
mis. >Iais  on  apprii  presque  aussit(M  (ju'il 
venait  de  traiter  avec  la  République  française 
et  que  la  paix  avait  été  sij;née  le  10  octobre. 
Cependant  l'ambassadeur  napolitain  trom*- 
pait  toujours  le  pape  et  protestait  (|ue  cette 
nouvele  était  fausse.  Il  le  soutint  jusqu'à 
ce  que  les  journaux  de  Paris  |»nblias,sent  le 
texte  même  du  traité.  Pie  VI,  se  voyant  ainsi 
trompé,  s'adressa  h  l'emjtereur  d'Aidiiche 
qui  lui  envoya  deux  de  ses  généraux  jiour 
commander  ses  troupes.  Ils  fur(  nt  battus  à 
Atk  ène  jtar  Bonaparte  qui  écrivit  au  cardinal 
MrJtei  :  «  (Juoi  tjuil  puisse  arriver,  je  vous 
prie,  monsieur  le  cardinal,  d  assurer  Sa  Sain- 
teté (pi'elle  peut  demeurer  h  Rome  sans 
aucune  in(juiétu(le.  Le  pape,  |iremier  muiis- 
tre  de  la  religion,  peut  espérer,  h  ce  titre, 
protection  pour  lui  et  pour  l'Fglise.  Pro- 
mettez même  à  tous  les  habitants  de  Rome 
qu'ils  trouveront  dans  l'armée  française  des 
amis  qui  ne  se  réjouiront  de  la  v  ctoire  qu'au- 
tant qu'elle  pourra  servir  à  améliorer  le  sort  du 
peuple etdélivrei  l'italiedujougdesétrangers. 
Je  veillerai  surtout  <\  ce  (pi'il  ru'se  fasse  aucun 
changement  dans  la  religion  de  nos  pères.  » 

Malgré  ces  promesses  de  Napoléon,  la  plu- 
part des  cardinaux  conseillèrent  à  Pie  \l  de 
quitter  Rome  et  de  se  réfugier  dans  le 
royaume  de  Naples.  Le  départ  fut  fixé  au  12 
février.  Dans  la  Sf)irée  du  11,  Pie  M  pretiait 
les  derniers  arrangements  pom-  le  bien  de 
Rome  en  son  nbseiue,  lorsquarrive  inopiné- 
nifMit  le  P.  Fumé,  supi^rieur  général  des 
Camaldules  avec  cette  •  ommission  :  a  Vous 
dir»z  h  Pie  VI  que  Ronapnle  n'pst  pas  un 
Attila,  et  que  (juand  il  en  serait  un,  le  pai  e 
devrait  se  >oiiveiiir  «ni'il  est  successeur  de 
Léon.  »  Telles  sont  les  ]^aroles  que  le  P. 
F'uiué  rapportait  lui  avoireté  adressées,  pro- 
noncées par  Bonaparte.  Ce  rdigeux  était 
exprf  ss(''menl  chargé  d'engager  le  pape  h  ne 
las  s'élf)ign(T  de  Rome,  mais  h  envoyer  ses 
•lénipotentiaiies  pour  traiter  de  la  paix  avec 
a  Frauee.  .Vprè?  avoir  entetulu  ces  nouvelles 
assurance^  de  Napoléon,  Pie  N  I  rontremnnda 
sou  dépait  et  envoya  (jiiatre  plénipoienti.  iies 
h  Tolentino  of\  se  conclut  la  paix  avec  la 
France.  Le  |  a|>e  perdait  h  s  trois  légations 
e:  devait  payei  en  outie.'M)  millions  de  francs; 
mais  on  ue  lui  parla  |  lus  de  révo(pier  ce 
qu'il  avait  fait  contre  le  schisme  de  France, 
et  sa  •>ouvei-ftine  é  ^pirinielle  demeura  tout 
etitier'e.  ^R<du  l»a(  her.  Hist.  utiiv.  de  I  t'gl-  m- 
f/i'»/. . t.  XXMI.,..  6011.  (ila   t  Baldassari.c.2.) 

«  Au  mois  d'norti  Jo'>e,ih  Bo  -aparté  arriva 
connue  aiubassadi.'iir  à  Itome;  il  a|»j>o:|ait  le 
traite  de  Toleiilino  ratifié  ar  le  DircLloire. 
Pie  \\  fiif  pr  s  d'une  rièvre'maligne;  sa  mort 
i^arut  imuimcute.  Ce  lut  alors  (]ue  Napoléon 


I 


M 


•F.I\ 


Honapoiio  ('cri vil  I»  nom  fn^rd  de  incllic  \*>\\l 
vu  *iMivi'(i  si  l(^  |wi|M>  iiKiiirail,  poin  (>iii|ir^('li(M- 
(IM'nn  en  l'Il  un  aiilif  ol  (imif  rxcilcr  iiim 
rt'-vdliiliiin.  Il  «'\(uiilail  en  ci  l.i  les  (tnlics  dit 
l)ir(M;toiro,  Icinicl  (^ciivail  du  siiii  lAid  an 
n(Am(*  josopli  :  «  N'oiis  ;\V(>/.  d(îii\  choses  h 
l'airo  :  1"  ('iii,i<Vli»M'  In  roi  de  Naplcs  dt>  vonir 
li  Uomo;  2"  aider,  bon  Ion  do  lolciir,  les 
Ixtiiiics  dispositions  di'  ceux  (pii  pcnscijiiciil 
qu'il  es!  Iciups  (pu'  le  ic^'j^nc  des  piipcs  liiusse; 
on  n'i  mot,  oncouraj^cr  l'tMan  (pu»  io  pcu^ilo 
(le  IloMU' pju'.iil  prendre  vers  la  lil)crl(''.  »  hur 
Çi'<,  enlreiaile^,  la  paix  fui  si;j,née  entité  l'Au- 
trioho  et  la  France,  ol  hienlùl  Io  connnan- 
(lanl  Trançais  d'AneAiu»  déclare»  (clic  ville 
ré[Mil)liipu'  indépendante.  I,e  général  Dupliol 
vint  îi  Homo  pour  on  fairo  «ulanl.  Il  lOjjoa 
cho/  rauiha.Nsadeur.  Le  jour  de  son  anivéc, 
on  voulut  soulevei-  le  peu|i|.',  mais  il  rulso:ir(l 
^  toutiî  provocation.  Om  lomit  alors  l'oxécu- 
iion  du  complot  au  -11  dé»  euduo.  ('ejonr-là 
la  patrouille  dissi|)a  les  séditieux,  l.v  U'ude- 
lïiuni  malin  28,  le  secrélairo  d'Etal  alla 
trouver  l'auihassadeur  fi-aucais,  pour  lui  la- 
corUor  ce  (|u'il  savait  des  nianœuvies  révolu- 
tionnaires, et  pour  lui  dire  qu'on  était  ré- 
solu do  s'y  opposiM-  par  la  t'orC(\  Jo  eph 
Bonaparte  dit  qu'il  était  bien  loin  d'ètro 
favorable  h  de  telles  entreprises  et  qu'on 
devait  s'opposer  h  tout  acte  do  révolte  do 

Suelque  j)art  cpi'ils  vinssent.  A  (quatre  h  uros 
e  l'aprùs-midi,  une  tioupe  de  jeunes  gens 
vint  ;ui  palais  de  l'ambassatle,  d'où  soi  tirent 
plusieurs  conjurés.  Quelques  avocats  se  mi- 
rent à  parler  en  faveur  de  la  république, 
mais  tout  le  peuple  s'éloigna  d'eux.  Jose[»ti 
Bo'iaparte  regard  iit  fairo  du  haut  de  son 
balcon;  Duj)hot  était  h  la  tète  des  factieux 
criant  :  «  Vive  la  liberté!  vive  régalilé!  vivo 
la  lépublique  française  I  vivo  la  république 
romamc  !  »  Joseph,  voyant  la  troupe  de 
Du[)hotdlminuei'au  lieudegross'r,  descendit 
dans  la  rue  pour  lui  consoider  de  ne  pas 
pousser  })lus  loin  cette  entreprise.  AJais 
Dupliol,  meilant  le  sabioh  la  main,  continua 
à  marcher.  A  la  porte  Soplimo  était  un  poste 
commandé  par  un  caporal  nommé  .Marinelii, 
lequel,  faisant  sortir  son  monde,  onionna  au 
rassemblement  do  se  disi>crsor.  Mais  Duphot 
avançait  toujours,  tenant  son  sabre  et  disant  : 
«  Deux  mots  et  la  paix!  — Halte  et  à  bas  les 
armes  !  »  cria  le  caporal;  et  coumie  oiiavau- 

Îait  toujours,  il  commanda  le  feu.  Le  uéiiéral 
>upl]Ot  qui  avait  une  cuirasse  en  colle  de 
mailles  fut  atteint  d'une  balle  à  la  gorge  et 
tomba  mort.  Les  autres  prirent  la  fuite  vers 
le  palais  de  l'ambassade. 

«  Pour  venger  la  mortde  Duphot,  les  Fran- 
çais s'emparèrent  de  Rome  ;  mais  cette  liioit 
lut  si  bien  un  prétexte,  que  quand  ils  fure  it 
les  maîtres  de  la  ville,  ils  ne  lireiit  aucune 
enquête  pour  découvrir  les  auteurs  du  meur- 
tre. Et  en  etl'et,  pour  les  punir  dans  ce  cas, 
il  aurait  fallu  violer  les  lois  de  la  plus  s.in- 
ple  justice.  Les  hommes  do  garde  à  la  porte 
Soptime  n'avaient  fait  que  leur  devoir.  Ce  fut 
le  général  Alexandre  Berthier  qui  entra  dans 
Rome,  au  mois  de  février  179rt,  pour  y  éta- 
blir la  république.  11  écrivait  à  Bonaparte, 


l'I.U  Oii 

(pli   était  aiors  eu  France  :   «  .Mon  ^énér/il , 
je  suis  arrivé  depui.s  ce  nuiliri  ii  Home  ;  m 
n'ju  vu   da-is  ce  pays  «nio  la  plus   iiroloruïn 
co'isteiii.ili.iii.    Oininl    ii    l'rspi  il  do    liberté  , 
je  n'en  ai  point  iroiivi*  In  moindio  ti/ne.  On 
in'/i  préseiiii-    un   palnolo  ipil   m'a  olfcrt  de 
mellro  en   liberté   deux  iiiillo   calerions.   Jn 
vous  laisse  h  penser  crHiiiiioni  j'ai  accuolli 
niio   pareille   proposition.   »  Cependant,   h; 
cr'iu''ral  devait  exi'i  iilor  ses  ordres.    |,o  15 
février,  oti  planta  un  arbre  de  la  libr'ité,  prés 
ilnquel   on   lit   le  discours  de  circoiistaïu'o. 
On  n'iligoa  un  acte  de  souvoraiiKîlé  du  jkmi- 
plc  :  on  nomma  7  coisnis.  Pitoyable  inascft- 
rad(>  do  république,  laite  justement  dans  h» 
lieu  où   la   vieille   ié|)id)liipie  romaiiio,  qui 
domi'uiit  le  monde,  iiouvait  iju'ollo  avait  bien 
assez  de  •!  consuls  !  Après  l'crlosion  du  nou- 
veau régime,  liin  de  ceux  i|ui  avaient  couvé 
Tceuf  rqmblicain  ,  le  général   Scrvoni  vint 
annoncer  an  j'ape  qu'il  avait  cessé  de  récrier. 
L'o|»ératio;i  s'était  fuile    sans   grand   bruit, 
car  le  pape  faisait,  après  midi,  sa  sieste  ac- 
coutumée ;  il  dormait,  Scrvoni   s'embarras- 
sait  on   commençint   sou  discours.  «  \ous 
n'avez  que  faire  d'oxoide,  M.  le  général,  lui 
dit  l(!  I  apo  ;  dites  simplement  votre  commis- 
sion, nous  sommes  préparé  à  tout.  »  Alors 
le   général  dit  à  Pie  VI   que  son   autorité 
spirituelle  resterait   pleine  et  intègre.  Il  [)a- 
raissail  vouloir  entrer  dans  plus  de  détails  : 
«  Mo!isieur,  lui   dit  le  pape,  en  l'interrom- 
panl,  cette  autorité  nous  a  été   donnée  de 
Dieu,  nulle  puissance  humaine  ne  j)eut  nous 

rotor poursuive/..  »  On  uonna  an  pape 

une  garde  do  cimi  cents  hommes  ;  mais,  dès 
le  1G,  elle  lui  fut  ôlée,  et  il  demeura  pri- 
sonnier dans  son  palais.  Le  17  on  lui  ht  en- 
tendre qu'il  (levait  se  retirer  en  Toscane,  et 
(|uc  s'il  lefusait,  o  i  l'y  conduirait  de  force, 
lise  soumit  et  choisit  Florence. 

«  Berihier  fut  bientôt  remplacé  par  Mas- 
séna.  A  côté  des  gloires  Sfilendides  qui  dé- 
corent ce  nom  célèbre,  il  y  a  des  taches  bien 
honteuses.  Wasséîia  convenait  étrangement 
aux  vues  du  gouvernement  français,  qui  pil- 
lait les  églises  et  les  maisons  particulières. 
Sous  son  commandement,  à  Home,  les  scan- 
dalesdevinrent  si  grands,  (|ue,  le  '2ï  février, 
les  ohiciors  français,  assemblés  dans  l'église 
de  Sai:)te-3Iarie  delà  Tu. tonde,  se  virent  for- 
cés de  lui  adresser  la  lettre  suivante,  accom- 
pagnée de  trois  pages  de  signatures. 

«  Les  ofliciers  de  l'armée  de  Kome,  au  gé- 
«  néra)  en  chef.  Cito>  en  général...  la  marche 
«  rapide  de  l'armée  d'ila.'ie  vers  Kome,  pour 
«  venger  l'assassinat  commis  sur  le  général 
«  Dupliol,  est  une  preuve  certaine  de  lem- 
«  pressemtnt  de  tous  les  Français  à  se  sa- 
«  critier  pour  la  liberté  et  le  bonheur  de  la 
«  pat:  le.  Mais  ce  qui  se  passe  sous  nos  yeux 
«  est  bien  fait  pour  nous  étonner.  Des  hom- 
«  mes  revêtus  de  fonctions  publiques ,  se 
«  rendent  dans  les  maisons  les  plus  riches, 
«  et,  sans  autre  formalité,  enlèvent  tout  ce 
«  qu'ils  trouvent.  De  pareils  faits  ne  sau- 
ce raient  rester  impunis;  ils  ciiont  vengeance 
«  et  déshonorent  le  nom  français,  qui  main- 
«  tenant,  plus  que  jamais,  est  lait  pour  être 


6i5 


PER 


PER 


616 


«  rosporti^  de  tout  l"univor5.  Oui,  nnn<?  le 
«  jurots  (lo><iil  rnt'iiii'l,  dans  le  li'inple 
«  où  nous  sommes  réunis,  nous  désaMprou- 
K  vo-^s  tout  vnl  fait  h  Rouir,  ou  en  d  autres 
«  lieux  do  ri'lat  eccl<'si.i>rKiuo  ;  ivtus  di''tos- 
«  tons  et  m(^prisous  les  hommes  vils  qui 
«  s'en  rondeiu  coupables;  nousjurons  "ii  ou- 
«  Ire,  qu'à  dater  de  cejnur  désormais  nous  ne 
«t  sero'is  plus  les  instruments  des  scélérats 
«r  qui  abusent  de  noire  valeur  el  de  noire 

«  courage Nous  demandons  que  l'odicier 

«  et  le  soldat  ne  demeurent  pas  plus  long- 
«  temps  sans  solde  et  privés  de  tout,  tandis 
«  que  les  caisses  sont  reni|>lies  d'argent,  et 
«  qu'une  partie  de  cet  argent  suftiraith  payer 
«  tout  ce  qui  leur  est  dû.  Nous  demandons, 
«  de  plus,  que  les  objets  enlevés  sous  divers 
«  prétextes  dans  les  maisons  particulières, 
«  et  dans  les  églises  apparletiant  h  des  na- 
«  lions  avec  lesquelles  nous  sommes  en  paix, 
«  soient  restitués  au  plusiôl,  et  que  ces  édi- 
«  fices  soient  remis  dans  l'état  où  ils  étaient 
«  avant  notre  entrée  dans  Home.  Enfin,  nous 
«  persistons  à  exiger  vengeance  des  brigan- 
«  dagesconnnis  dans  cette  ville  par  des  fonr- 
«  tionnaires  prévaricateurs  et  des  atlministra- 
«  lions  dévastatrices  et  corrompues,  plon- 
«  gées,  jour  et  nuit,  dans  le  luxe  et  la  dé- 
«  bauche.  Citoyen  général ,  vous  avez  en 
«  main  l'autorité  ;  vous  pouvez  ch;Uier  les 
«  auteurs  de  tous  ces  excès.  Nous  vous  dé- 
«  clarons  franchement  que,  si  vous  n'y  met- 
«  lez  un  frein,  nous  rejetons  sur  vous  tout 
«  le  déshonneur  d'une  |)areille  cop.qilicité. 
«  Nous  vouons  cependant  croire  (fue  votre 
«  conduite  ne  mérite  pas  de  reproches  ;  les 
«  mesures  que  vo;is  ail  z  prendre  pour  l'a- 
«  venir  nous  en  donneront  la  preuve.  Connue 
«  on  pourrait  dénaturer  les  principes  que 
«  nous  professons  dans  cette  proclama- 
«  liim,  nous  vous  avertissons  que  nous  en 
«  adresserons  une  copie  au  Dirert«>ir(\  cpie 
w  I  ous  la  ferons  insérer  dans  tous  les  jour- 
«  naux  de  la  République,  et  afticlier  h  Rome 
«  dans  les  deux  langues,  aiin  que  le  peu|)le 
«  romain  voie  notre  innocence  à  l'égard  i\v> 
«  délits  commis;  et  si  vous  avez  à  cœiw , 
«  citoyen  général ,  d'ol)tenir  notre  estime, 
«  vous  nous  rendrez  la  plus  prompte  et  la 
«  plus  complète  lustice....  Salut  et  re><|>ect.  » 
(  Rohrb.i.her,  t.XXVII  ,  p.  010,  citant  B,il- 
das^ari ,  i"  partie,  ci) 

<t  Après  celte  lettre,  Masséna  fut  obligé  de 
donner  sa  démission  ei  partit. 

Pie  VI,  qui  était  dans  sa  quatre-vingt- 
nn  ème  aimée,  mariqnant  de  tout,  vivait  (1>'S 
seeo  rs  (pii*  la  pit'te  des  lidèles  et  des  évè- 
ques  lui  fai>*ait  parvenir.  L'archevêque  do 
Si'ville,  celui  de  V.detK  e,  tirent  passer  au 
saint-père  presque  Ifiiis  leurs  revenus.  Ce  fut 
d'Ksjtagne  surtout  qu'il  reçut  ce  qui  était  né- 
cessaire pour  son  enlrelieri  et  pour  celui  de 
.sa  suite.  Un  des  plu-;  grm  Is  ninuv  produits 
iiar  In  révolution  fut  renvahisseinent  des 
hiens  et  des  revi'nus  df>  la  Prn|)agdion  de  la 
loi,  institution  destinée  cniiim.'  on  h»  sait  au 
soutien  el  h  In  propagation  do  la  vraie  reli- 
giori.  Si  larharité  privée  ne  fût  pas  venue  au 
secours  de  celle  œuvre  si  éminemment  rlirc- 


tienncJes  missions  étrangères,  les  collèges 
de  rv^  missiotis  eussent  été  obligés  de  tom- 
ber. Un  particulier  d'Espagne,  lequel  n'a  ja- 
mais donné  son  nom.  pourvut  (l(>  ses  deniers, 
tant  qu'il  fui  nécessaire,  h  la  dépense  que 
faisait  la  congrégation  de  la  Propagande  cha- 
que année,  pour  entretenir  ses  missions  et 
ses  collèges.  A  la  soiliritr.tion  du  pape,  le 
roi  protestant  de  Suède  Gustave  IV  fournit 
les  secours  nécessaires  à  l'entretien  du  col- 
lège ca'h<ili(pie  en  Suède. 

En  Italie,  les  affaires  des  Français  avaient 
changé  de  face  depuis  que  Bonaparte  en 
était  |)arli.  Schezer,  qui  les  commandait,  se 
faisait  battre  parles  Autrichiens  et  les  Rus- 
ses (pie  commandait  Souvarow .  Le  Directoire 
ne  voulant  pas  que  le  pape  liinbAl  entre  les 
mains  des  Autrichiens  el  des  Russes,  or- 
donna de  le  transporter  en  Sardaigne.  Mais 
comme  il  demeurait  évi<lent  que  ce  voyage 
dans  l'état  de  santé  où  il  était  Veut  exposé  à 
mourir,  on  se  contenta  de  le  faire  paitir  de 
Florence  pour  Parme  le  28  mars  1799.  On 
avait  beaucoup  de  mal,  vu  ses  infirmités,  à 
le  mettre  en  voiture  el  à  l'en  faire  sortir.  Son 
voyage  fut  très-pénible  pour  lui  :  il  était 
obligé  de  suivre  les  mouvements  de  l'armée 
française  qui  battait  en  retraite,  par  une  pluie 
torrentielle.  Arrivé  h  Parme,  sa  santé  s'amé- 
liora. Mais  retombé  malade  vers  le  11  avril, 
il  fut  obligé  de  partir  pour  Turin  où  il  arriva 
dans  la  nuit  ilu  2V  au  25.  Il  était  si  malade 
quo  plusiiHirs  fois  on  le  crut  mort.  Ce  fut 
dans  colle  circonstance  qu'un  Piémontais, 
jiatri'ile.  ancien  avocat  et  major  de  la  place, 
se  présenta  devant  lir  et  lui  |>arla  en  ces 
termes  :  «  Citoyen  pape,  je  nrestime  heureux 
de  pouvoir  vous  offrir  l'assurance  de  la  cun- 
sid(  ration  et  du  respect  qu'a  pour  votre 
personne  le  général  Crouchy, commandant  h 
Turin.  Toutefois,  il  vous  invite  par  mon  or- 
gane, h  partir  flemain  avant  le  jour  pour 
Crenoble.  Ainsi  fa  dt-crélé  le  Directoire  de 
la  Ri'-publique  française.»  Le  pauvre  vieillard 
n'eiilendit  ptnit-ètie  uas.  tant  il  étai»  mala  le. 
On  le  mit  en  route  (fans  la  nuit  du  25  au  2'). 
A  Suze,  le  commandant  qui  avait  reçu  con- 
tre-ordre, dirigea  le  pajie  sur  Biiancon,  |daco 
forte  siluéeau  milieu  des  .Mp^s.  Il  fallait  pas- 
ser par  le  mont  Cenis.  On  vo  ageait  h  dos  do 
mulet  h  cause  des  neiges;  on  rortaii  le  pape 
dans  une  chaise  II  fulaceu-nlli  avec  respect 
par  la  population  de  Ri  iançon,  et  les  ofliciers 
français (pii  y  commandaient  se  conduisir.ntt 
envers  le  pape  et  sa  suite  aussi  bien  cpiil 
était  permis  de  l'attendre  d'eux,  il  fui  logé 
chez  le  coinuian  lant,  dont  \n  femme  fort 
pieuse,  descendait  cha(iiie  malin  dans  Inj)- 
partiMiKMit  du  saint-père  pour  v  entendre  la 
messe.  .Vu  bout  de  quehpie  to'',ps.  ona|M>rit 
que  les  troupes  Ausiro-Russ.-;  venaient  de 
s  (Miiparer  île  Suze  el  (|ue  le  gé*  léral  en  r\\of 
Souvarow  avait  ordre  <le  tout  fiire  pour  dt'- 
livrer  le  pape  ;  alors  Tordre  a.Viv.i  de  lo  faire 
I>artir  pour  (îrenoble.  On  fil  d'abord  partir 
ceux  de  sa  suite  qui  irt-taienl  |vas  nécessaires 
poîirsonservicepersoniiel.L'niibéRaldassari, 
qui  (Mail  parti  des  [ireiiiiers,  fait  la  narration 
suivante  : 


(117 


I»EU 


l'Kll 


41H 


«  Nous  pnssAmcs,  (lil-il,  l.i  pn-ini^ri»  nuit 
h  iMiibniii  où  nous  (It'Miîiiiliiiic.sa  l'aubciKO. 
Lo  lniiil  .s'tUaiil  rriLMidu  (|ii(*  des  (M-cli^sinsti- 
<|UOs  (!('  la  suite  ilii   pape  iH/iii'iil  arrivés,  il 
nrcourut  (M»  un  instant    inii'  l'nnld  de  peuple 
empressée  de  nous  voir.  Mais  les  olliciors  ml- 
reni  lU's  soldais  h  la  porle  de  l'anher^e  ponr 
en    dérondre    l'enhée.     L'nuberf^isto    nous 
aeeneillit    d'un    air    alVahlo    el    s'enlrelinl 
(pM'hpn^    temps  avec  nous.  An  monuMit  où 
nous  allions  nous  lever  de  laide,  on  nous  au- 
iîon(;a  (pui  le  conseil  numieipal  vcMiail  nous 
com|dimenl(>r.  Nous  le  rerùnuvs  aussilAl,  et 
celui  ipii  en  était  le  clief,  après  l)e;\ueoup 
do  choses  polies  et  ol)liri;(îanles,  nous  dit  (|ne 
la  munici[)alilé  avait  cléei<ié  que  nous  lo;;;»;- 
rions  (liez  les  lamilles  les  plus  aisées  de  la 
ville.  Monseigneur  Spina,  areliovét|ue  de  Co- 
rinlhe,  ré|)ondant  pour  nous  tous,  rt'inereia 
la   ninnieipaiilé  de  ses  attentions  hicîuveil- 
lanles;   mais   il  lui  lit  entendre  que,  pour 
n'être  |)as  h  chart^e  auv  citoyens,  nous  dési- 
rions rester  dans  l'auberge  où  nous  étions 
réunis;  d'aulanl  plus  (juc  l'iiùte,  qui  s'était 
monlié  fort  civil,  avait  été  averti  de  préparer 
les  chambres  nécessaires,  et  s'en   occupait 
peut-être  en  ce  mnnicnl  môme  :  «  Vous  ne 
me  reconnaissez  donc  pas?  dit  alors  roflicier 
municipal,  lequel  était  l'aubergiste  lui-môme 
qui  avait  déposé  ses  habits  ordinaires  pour 
revêtir  les  insignes  de  sa  dignité.  Il  ajouta 
qu'il  prél'érail  notre  counnodité  à  son  intérêt, 
et  que  nous  devions  nous  conformer  aux 
mesures  arrêtées,  parce  (pie  les  familles  qui 
devaient  nous  recevoir  avaient  été  prévenues. 
Chacun  de  nous  fut  donc  conduit  h  la  mai- 
son qui  lui  avait  été  assignée.  Nous  fûmes 
accueillis  avec  des  témoignages  de  joie  et 
de  respect  qui  nous  étonnèrent.  Nous  vîmes 
avec  consolation  combien  la  foi  s'était  con- 
servée vive  et  [)ure,  surtout  parmi  les  dames. 
Ces  religieuses  fiimilles  appartenaient  à  l'an- 
rienne  noblesse.  Elles  avaient  employé  les 
sollicitations  et  même  les  présents,  pour  ob- 
tenir l'honneur,  ainsi  qu'elles  s'exprimaient, 
de  loger  quelqu'un  des  ecclésiastiques  enle- 
vés au  pape.  Le  lendemain,  plusieurs  dames, 
amies  ou  parentes  de  la  maîtresse  de  la  mai- 
son,   se  trouvèrent   au  repas  qui  nous  fut 
offert   avant  notre  départ;  et  quand  nous 
prîmes  congé  de  la  compagnie,  ces  vertueuses 
dames  se  mirent  toutes  à  genoux  pour  rece- 
voir notre  bénédiction,  en  nous  suppliant 
de  nous  souvenir  d'elles  et  de  la  France  dans 
nos  prières.  En  vain  nous  leur  représentions 
que  nous  ne  méritions  pas  ces  marques  de 
vénération  ;    elles    nous    répondaient   que 
Thonneui  d'apitartenir  au  vicaire  de  Jésus- 
Christ  persécuté  et  de  partager  ses  épreuves 
uous  rendait  dignes  des  plus  grands  respects. 

«  Nous  arrivâmes  le  9  à  Gap,  chef-lieu  du 
département  desHautes-Alpes,  et  nous  y  trou- 
vâmes la  môme  hospitalité  et  les  mêmes  pré- 
venances qu'à  Embrun.  Le  11  nous  attei- 
gnîmes Vizille  dont  le  château  était  alors 
tenu  en  loyer  par  des  Genevois,  et  renfer- 
mait une  manufacture  de  toiles  peintes,  qui 
occupait  la  plus  grande  partie  des  habitants 
de  Vizille.  Il  n'y  avait  dans  tout  l'endroit 

DvGTioNN.   DES  Persécutions.  IL 


(pi'nne  pelilo  aubcrue,  où  h  peine  nous  fù- 
iiiiis  ivitrés,  (pu;  It's  (i('"ievois  Vinrent  rioii"> 
prier  do  voulon-  bien  prolil(?r  do  leur  vnsto 
liabilalion;  et  hnirs  iiisian((<s  fnrc'il  si  pr<vs- 
sanlos  (pu'  les  jii('dals  jii^^i'iicnt  h  propos  d'y 
envoyer  l'abbo  Marotli,  le  I».  Jeafi  Pie  do 
Plaisance  el  moi.  On  r(-|i()iidil  donc  (pi'n- 
près  le  souper,  une  parln;  d'entre  nous  so 
transportcM'ait  au  cliAloau.  Nous  onssions  été 
aillant  de  cardinaux,  (pi'on  n'antait  pu  oons 
accueillir  d'une  nianièri;  plus  honorable. 
Deux  hommes  avec  des  llaml)(!aux  vinrent 
nous  chercher  à  l'auberge.  Au  pied  de  Vcs- 
calier  du  ch.Ueau  étaient  deux  cîslaliers 
avec  des  torches,  et  dans  In  salle,  la  inaJ- 
Iresse  (h;  la  maison  ol  sa  fille  nous  atten- 
daient t(>nanl  chacune  deux  chandeliers 
d'argent.  Ces  (îénovois.tout  protestants(pi'ils 
étaient,  ne  iiouvaieiit  s'empêcher  de  blâmer 


hautement  les  procédés  odieux  du  gouver- 
nement fran(;ais  envers  le  pape  et  les  per- 
sonnes (jui  lui  a[)paitenaient.  » 

«  A  Grenoble,  rempresscment  du  pon- 
ple  était  le  même;  mais  les  agents  républi- 
cains faisaient  tout  ce  (ju'ils  jiouvaient  (lour 
en  empêcher  la  manifestation.  Les  ecclésias- 
tiques romains  furent  consignés  dans  leur 
auberge,  comme  dans  une  [irison,  sans  |)0u- 
voir  sortir  un  seul  instant  ni  recevoir  per- 
sonne du  dehors;  ils  craignaient  môme  de 
s'approcher  des  fenêtres,  de  peur  d'attirer 
les  regards  des  personnes  qui  se  réunis- 
saient dans  la  rue  et  dans  les  maisons  voi- 
sines pour  les  voir,  et  de  s'exposer  peut- 
être  h  quelques  nouvelles  rigueurs  de  la 
part  des  républicains.  Ce  qui  les  étonnait 
surtout,  c'était  la  politesse  des  servantes  de 
l'auberge:  «  Nous  admirions  leur  maintien 
modeste,  et  remarquant  que  les  figures  chan- 
geaient d'un  jour  à  l'autre,  nous  ne  pouvions 
comprendre  comment  il  se  trouvait,  dans 
une  si  petite  auberge,  tant  de  personnes  dont 
les  manières  étaient  si  distinguées.  Mais  le 
mystère  ne  tarda  point  à  s'éclaircir.  Un  jour 
une  de  ces  femmes  de  service  se  tenait  im- 
mobile à  un  bout  de  la  table,  une  serviette 
et  un  plat  à  la  main  ;  tantôt  elle  levait  les 
yeux  vers  le  ciel,  tantôt  les  tournait  vers  nous 
et  tantôt  les  abaissait  vers  la  terre.  Un  des 
officiers  préposés  à  notre  garde,  qui  s'en 
aperçut,  lui  demanda  si  elle  était  préoccu- 
pée de  quelque  grande  atfaire.  «  Comme  je 
révère  dans  le  pape,  répondit-elle  avec  viva- 
cité, le  vicaire  de  .Tesus-Christ ,  je  regarde 
ces  messieurs  comme  les  successeurs  des 
disciples  du  môme  Jésus-Christ  notre  Sau 
veur.»  Puis,  élevant  la  voix:  «Jusques  à  quand, 
ajouta-t-elle,  sera-t-il  au  pouvoir  des  impies 
d'opprimer  la  justice  et  l'innocence?  Qu'on 
cesse  donc  d'appeler  notre  siècle  le  siècle 
des  lumières,  et  de  vanter  notre  pays  comme 
celui  où  les  droits  de  l'homme  sont  le  mieux 
garantis,  puisqu'on  ne  cesse  d'y  fouler  si 
manifestement  aux  pieds  les  droits  sacrés 
delà  nature  et  de  l'humanité.  » 

«  L'ofiicier  fut  un  peu  éiourdide  cette  ré- 
ponse de  la  servante  ;  mais  comme  elle  con- 
tinuait sur  le  môme  ton,  il  lui  répondit  que  ce 
n'était  point  à  elle  à  juger  de  ces  clioses,  et  lui 

20 


Cig 


i>£il 


t'EIl 


WO 


ordonna  de  soiiir  de  la  chambre.  Quand  il 
eut  rppris  sa  bonne  liuineur,  il«fut  assez 
franc  pour  nous  dirt?  tjuo  les  paroles  de 
cette  personne,  quoiipie  très-inipruilenles, 
n't'Iaicnt  pas  tout  5  fait  dénuées  de  lomic- 
ment.  Or  cette  servante  d'.iuberj^e  était  u'ic 
noble  dame,  d'une  des  premières  t'amillesdu 
Dau{>hiné,  et  ancienne  religieuse.  On  sut 
alors  que  les  principales  dames  de  Grenoble, 
pour  parvenir  jusqu'aux  ecclésiastiques  ro- 
mains, malj^ré  la  consigne,  se  déguisaient, 
et  que,  se  tlurgcant  de  légumes,  de  fruits  et 
autres  choses  semblables,  elles  s'introdui- 
saient adroitement  dans  l'auberge,  où  non- 
spulemenl  elles  faisaient  caileau  à  l'auber- 
giste de  toutes  leurs  u)arthaniiises  ,  mais 
donnaient  encore  de  l'argent  pour  assister 
au\  repas  des  prétr«'s  captifs,  comme  femmes 
de  service.  ToiiS  les  jours,  trois  ou  quatre  de 
ces  dames  remnlissaient  cet  ofïice  avec  toutes 
les  attentions  d'une  politesse  |)cu  commune. 
«  Sur  ces  entrefaites,  par  les  soins  du  che- 
valier de  Labradur  ,  en\oy6  d'Espagne,  le- 
quel se  lit  un  honneur  inlini  par  sa  généreuse 
contluile  en  ces  ciiconstances,  on  envoya  de 
Grenoble  des  voitures,  avec  un  médecin  ex- 
périmenté et  religieux  ,  nommé  Duohadoz, 
pour  amener  le  pape  de  Hiiangon  ,  si  cela 
était  possible.  Ils  le  rencontrèrent  à  Gap  :  le 
commissaire  républicain  de  Briançon  avait 
exigé  qu'il  partit  le  27  juin,  mort  ou  vif.  -V 
quoi  le  commissiure  de  Briançon  et  celui  de 
Gap  veillaient  le  |)lus,  c'était  à  empêcher  Ijjs 
populations  des  villes  et  des  campagnes  de 
témoigner  leur  vénération  pour  le  vicaire  de 
Jésus-Christ.  Quelle  fut  cette  dévotion  po- 
pulaire? on  en  ,  eut  juger  par  deu'^  témo - 
gnages.  On  lisait  dans  le  Courrier  universel 
du  30  thermidor,  an  VII,  sur  le  voyage  du 
Pajie  :  «  L'esprit  de  religion  qui  ^ubsibte  en 
«  France, s'eslnioniré&vccéjluldanslos  litux 
«  où  est  passé  le  souverain  poulife.  Dcjuiis 
«  tirenoi)le  jusqu'à  Briançon,  tous  les  liabi- 
«  taiits  des  campagnes  et  ceux  mêmes  (les 
«  villes  accourau-nl  en  foule  sur  son  pas- 
a  s.-.ge.  Il  est  vrai  qu'une  partie  était  pous- 
«  sée  |»ar  la  curiosité  ipi  pourtant  >c  chan- 
«  gcail  bientôt  eu  véuérali  m».  .Mais  le  plus 
«  gi  a.id  nomi>rc  venaii  par  un  sentiment  de 
«  religion.  A  la  vue  du  [>apc,  tous  se  tenaient 
0  en  silence  :  .silmice  majestueux,  qui  cédait 
«  de  lem()s  en  temps  à  des  expressions  dd 
<<  reqiecl  et  d"enlhou*:iasme.  Les  poi^o mes 
«  pieusos  ne  pouvaient  s'emjtùclier  de  tle- 
«  mander  au  pontife  sa  bénédiction.  Celte 
«  louL*  religieuse  a  entouré  Pie  VI  et  a  suivi 
.1  sa  voiltue jusqu'à «ireioblo.  »  A  i(uoi  l'abbé 
Daldassari  ajoute  :  «  Nous  pouvons  afiirmer, 
d  après  le  lomoignag.!  do  ceuxq  li  aocoaipa- 
gtiere  11  l'ie  VI  depuis  le  27  juin  jusqu'au 
ti  juillet,  que  ce  journal  n'a  rieii  exagért*  : 
ces  nouvelles  ut?  nous  suiprireiU  |M)\nt, 
nous  qui  avions  été  sur  1 1  même  route  loh- 
jel  do  tant  de  iltMiion«»lralions  respectueu- 
ses ;  nous  qui  avions  vu  des  mères  faire 
toucher  le  l'roîil  de  burs  ei.fants  h  no- 
tre voilure  ,  lorsque  l'inioleranco  de  nos 
içardiens  ne  nous  periuettait  pas  de  les  bé- 


nir. Si  l'honneur  seul  d'ajipartenir  au  saint- 
pèie  inspirait  pour  nous  à  ces  bons  (idèlos 
de  tels  seniimenîs  de  vénérali  n,  quelle  foi 
vive  et  (piels  élans  de  ferveur  le  devait  pas 
exciter  en  eux  la  vue  même  du  vicaire  do 
Jésus-Christ!  » 

«  Il  y  avait  alors  à  Grenoble  une  noble  et 
vertueuse  dame  nommée  la  marquise  de 
Vaux.  EU  '  occupait  un  très-bel  hMel  où  elle 
désirait  ardemment  recevuir  le  souverain 
pontife.  E  le  lit  tant  de  démarches,  et  sollicita 
si  bien ,  {Qu'elle  vit  enfin  ses  vœux  exaucés. 
Elle  n'épargna  ni  soins  ni  déf>enses,  pour 
api/rêter  lappartement  qu'elln  destinait  à 
Pie  Vl.  Le  G  juillet,  dès  le  malin,  le  com- 
mandant de  place  nosia  bon  nombre  de  sol- 
dats h  la  porte  de  rhôlel  pour  empêcher  le 
peuple  d'y  entrer.  Mais  la  multitude  «e  porta 
hors  (Je  la  ville  au-devant  du  pape.  Elle  l'ac- 
cueillit avec  toutes  les  marques  d'un  res- 
pect sincère,  et  plusieurs  demandèrent  h 
haute  voix  la  béiiédidion  aposloliiiue . 
Quelques  administrateurs  du  département 
étaient  aussi  sortis  de  la  ville  pour  obser- 
ver comment  les  choses  s  •  passaient-  Lors- 
qu'ils virent  le  pape  suivi  de  celle  toule  im- 
mense, i!s  en  fuient  a  armés  ;  ils  revinrent 
dans  la  ville,  restèrent  près  de  la  porte,  et 
aussitôt  que  le  pape  et  sa  suite  furent  en- 
trés, ils  ordonnèrent  île  la  fermer.  .Mais  s'ils 
ariêlèrent  la  multitude  réunie  hors  de  la 
ville ,  ils  ne  purent  em|)êcher  celle  non 
moins  nombreus,'(|UJ  remplit  en  un  moment 
les  rues  jiar  où  passait  le  s;uiil-père.  Lors- 
que les  voilures  entrèrent  dans  la  cour  du 
|ialais,  un  grand  nombre  de  personnes  s'y 
précipiièie  11  malgré  la  résistance  des  gar- 
des; et  le  commissaire  du  département  crut 
ne  i)OUvoir  contenir  ce  torrenl  (pi'en  fusa  it 
fermer  les  portes  de  l'hôlel.  .Madame  de 
Vaux,  tjui  étail  on  haut  de  l'es'alier  pour  ac- 
cuiillir  le  sainl-pèie,  fut  .«•aisie  d'une  (nno- 
tio  i  exlraonimaire  loisqu  elle  le  vit  si  près  ; 
elle  disait  :  «  iNon,  je  ne  suis  (>as  digne  de 
recevoir  dans  ma  maison  le  vicaire  de  .le- 
su  -Christ.  Que  |iourrai-je  faire  pour  rccon- 
naUre  l'ineslimabl  •  faveur  que  Dieu  daigne 
in'accordtn!  »  Pie  VI,  e;it  nidant  es  pétroles 
si  j)leines  de  foi,  regard  i  avec  bonté  celte 
quiv,  naitde  les  prononcer;  maisceliedamo, 
coiiime  accablée  par  la  vivaeiié  de  ses  senti- 
ments, s'évanouit.  Quand  on  eut  placé  lo 
.sainl-père  tlaiis  Sv^n  fauteuil,  ajoute  l'abbé 
BaKIassai  i,  nous  nous  j  rosternàmes  tous  à 
ses  pieds.  I)an>  tout  le  cours  do  notre  voyage 
en  Franco  cl  en  Italie,  nous  no  l'avions  ja- 
mais vu  au>si  bifMi  porlant  que  le  jour  do 
son  arrivée  ù  Grenobl".  Il  dmnanda  (jue  le 
était  cette  diUne  qu'il  avait  trouvée  sur  ies- 
ealier:  et  comme  on  lui  lepondil  (|ue  c'était 
la  luailresse  de  la  m.iiso n  el  qu'elle  était  lrè>- 
recommandable  par  sa  vertu  et  par  sa  piélé, 
il  dit  (pi'il  11  verrait  avec  plaisir.  Madame 
lie  Vaux,  qui  ilait  revenue  à  elle,  fui  intro- 
duite, ets'eianl  prnsiernée,  ell»>  baisait  allec- 
tueuseiueni  les  pieds  du  pontife.  Elle  vou- 
lut [larler,  mais  sa  voix  était  èloullée  par 
ses   sanglots  ol   par  dos  pleurs  aboiuiani*. 


I 


Pio  VI  r(^|i()ii(li(  h  ce  lan^M^()  par  (Ici  paroles 
idciMcs  (In  roiioinniss.'iiicc. 

Ail  (Inliors,  la  rniiii-  .s'i'-lail  piolii^icuiso- 
inciit  accnic.  ï.('s  l'cMMros,  hts  halro'is,  ks 
toits  (li'H  iii'iiso  is  voisi'ics,  cl  les  nies  (pii 
coii(iiiisni(^'i(  h  rinUcI  de  Vaux  ('■l.iii'iil  r(.-ii)' 
plies  tloiiioiiilc.  A  (M)tli>  vid;,  lit  (■rMiiiiiiss.iin) 
(lu  (|i^pnrt(>iii(>iil  (IfiiiiMiiM  sliip('r.')il  (>l  il  so 
mit  à  l'ci'iiKM'  les  riilraiiK  (I.iii.h  loiilcs  les 
clMMiilircs.  Cr{li>  iiicsmc  ridiciih»  n(f  servit 
qxi'h  m(W-()iil('iil('rl('pt'ii|)'(',(|  li  se  mil  de  son 
('Al(^  .^  ("lier:  .4  bas  le  cinninissain' I  Noun 
roiihnx  voir  le  pdjir!  Cos  paroles,  pr'iféri''es 
d'nhortl  par  (iiiel,pies  individus ,  (l>'vi'ireitt 
l)it'nl(M  mie  (-lameiir  jj;<'Mi(''i'ale.  Des  person- 
nes pi-iidenles  ipii  se  Iroiivaieiil  dans  l'Iiô- 
lel<  «M-ai;^iiaiil  pour  la  IrampiiMilt''  pidiliipie, 
Conseill(''i(>U  au  eoanuissaiit'  d(>  s.ilislair(i 
le  dt''sir  du  peuple,  ei  permella  il  (jue  lo 
pnpe  l'ill  inonlrL'  (pieNpuîs  instants  ii  un  bal- 
CO'i.  I,e  eoiumissaire.  api^s  avoir  (h'-clamé 
contre  le  tauatisiue  el  les  ineurables  pn'-Ju- 
g'S  du  peuple,  se  rendit  ù  ce  conseil,  (îl 
Pie  VI,  dans  .«io  i  eostunie  do  voya:;:e,  c'esl- 
ft-diro  ei  siinarre  hla  iclie  et  en  ma  iloau 
rouse,  fut  porl(^  h  un  hideon.Le  counniss:iir(î, 
le  eliapenu  sur  la  tiMcse  tenait  h  côté  de  lui, 
AussilcM  (pie  le  pipe  parut,  tout  le  monde 
se  d(k'ouYril  et  cria  :  Vive  le  saint-père!  vive 
le  s'nnt-)urc!  Cen\  qui,  trop  press(îs ,  ne 
pouvaient  se  m(>ttre  h  [j;enoux  ,  indinaienl 
profoud(5menl  la  tète  et  (Je  tous  ctMés  on  diî- 
mnndait  la  l)i^n<^di(Mion.  On  criait  aussi  : 
A  hns  le  chapeau!  A  bas  le  commissaire!  Les 
a[)|)laudissements,  les  cris,  les  soupirs  qui 
se  laisaieit  eiifen  Ire  sur  tous  les  points  oc- 
cup(^s  par  cette  multitude  avaient  véritable- 
ment quelque  chose  d'imposant. 

«  Le  pape  fut  transféri^  de  Grenoble  à  Va- 
lence. On  lo   mit  eu    route   le  10  judlet.  Eu 
sortant  de  la  première  de  ces  villes,  il  s'ar- 
r.Ha  p'ès  d'une  prison  et  donna  trois  fois  sa 
béiuSlieliou  aux  détenus  :  c'était  un  grand 
nombre  d'ecclési.istiques  fidèles,  emprison- 
nés pour  leur  attachement  à  l'Eglise  romaine. 
Il  y  avait  beaucoup  de  monde  dans  les  rues 
de  (irenoble  pour   voir   le  départ  du  pape  ; 
mais  la  foule  était  sur  la  route, hors  les  jior- 
tes  de  la  ville.  Aussi  Pic  \l,  h  mesure  qu'il 
avança,  recueillit-il  des   marques  n  aubreu- 
ses  de  vénération.  A  Tulliiis,  îles  dames  o  j- 
tinrent,  en  donnant  de  rar_,ent  aux  gardes, 
d'orner  de  tleurs  l'intérieur  de  la  voituie 
du  saint-père,  et  suspendirent  au-dessus  de 
sa  liie   une  couronne  de  roses,  ave^^  une  co- 
lombe au   milieu.  Lorsque  Pic.  Yl  vit  ces 
Heurs,  il    Ht   signe   de   les   ôter.  Le   p  niple 
alors  accourut  et  se  pressa  autour  de  la  voi- 
ture pour  recueillir  ces  fleurs,  et  ceux  qui 
purent  on  avoir  les  einporlaient  précieuse- 
ment et  les  baisaienl  avec  dévotion.  Les  ha- 
bitants de  Sainl-.VIarcellinne  ni nntrèrent  pas 
moins  de  zèle  pour  honorer  le  père  commun 
des  fi  lèles.  En  ap|):o;;h;mt  de  Romans, on  se 
trouva  ent)uré  dune   si  grande  multituds. 
M'en   égard  h  la  population  ,  il   n^   s'était 
En-èlre  rien  vu  de  pareil  en  Italie  ni  en 
^,'^^'pe.  Tout  ce  peuple    paraissait   animé 
"  '^-aint  enthousiasme.  De  toutes  parts  on 


l'Ili 


nu 


dinujiTidail  nu  Nniiit-père  sa  béiiédiclioti  apos- 
l'i|i(pii'  cl   cliacuii    s'cHoirail  de  voir   cl    do 
i:oul(iiiplrr de  .siiii  mieux  cell"'  li^iiro  »j  aii- 
Kuslc  cl  si  vcucnibb'.   I'k'-h  de  In  villn  où  la 
foule   all.iit  louinuis    croiMsnnlc,   se  Iroiivè- 
nnil  (|uel(piis  miniilires  de  l'admiiiislraiion 
iiiiinieipalc.  Dans  la  ville  uiI^iim.',  les  balcons 
cl  les  fciièircs  clai(nii  r(Miiplis  d(j  moudi!  ba- 
billé coiiimc  aux  jours  di>  léics;  cl  en  avant 
d(!  la  voilure  du  pape, on  voyait  une  li(jupcdi) 
j(Mines  lillcs,  V(Miies  de  blanc,  [lorLuit  d(!  jolis 
pani(MS  [)leins  ij(;  Heurs  doit  (diesjoncli.ne  it 
le  chemin  jusipi  il  la  maison  oTi  descendit  Sa 
Sainteté,  (.(die  maison,  une  des  plus  bdhi.s 
et  des  plus  commodes   de  la  vdb;,  api^arte- 
nail  à  un  ricin.'  bourgeois,  bomum  all.ildi.'  el 
poli,  mais  ipii    passait  |)our  n'avoir  point  do 
r(digion.  Il   s'odVit    lui-iii(^ine  à    recevoir  lo 
pajie,  pour  évifir, disait-il,  les  inconvénients 
(pii  élai(?  il  à  criindre  s'il  lo:eait  che/ qiicl- 
(pie  fanal i(/ •II'.  Il  p  nniiil  ce;icndaiit  à  une  v(,t- 
luinis(î   d.une  d'arrangcn'    les    a|ipartcments 
d'une  manière  convenable.  Il  alla  au-dev-ant 
de  Pie  VI  pai-  politesse.  Il  fut  présent  h  la 
longue  et  i)éiiil)le  opération  nécessaire  pour 
le   tirer  h.»rs  de  la  voilure;  il  le  vil  languis- 
sant  entre  les   bras  de  ses  serviteurs  qui  lo 
lrans|iorlaient  dans  la  mai>,on  ;  il  consi  iéra  ce 
visage  auguste,  en  admira  le  calme  el  la  sé- 
r.'milé.  11  n'en  fallut   pas  davantagiï  pour  lo 
changer  du  tout  au  tout.  11  fut  non-seulmneut 
louché,  ému,  maiSj  reconnaissant  dans  celui 
qu'il  ri^cevait  h.)  vicaire  même  de  Jésus-Christ, 
il  tomba  tout  h  couj)  à  gimoux,  lui  baisa  les 
pieds,  implora  hUndjlernent  sa  bénédiction, 
fit  ensuite  sa  confession  à  un  prêtre  catholi- 
que et  mena  désormais  une  vie  chrétienne. 
11  y  eut  beaucoup  d'autres  convcrsion.3  sem- 
blables, mèrîié  parmi  les  prêtres  jureurs.  Les 
habitants  de  Valence  ."«or.irenl  au-devan'  du 
pape  et  ce  fut  la  seule  fois  qu'il  leur  fut  donné 
de  le  voir,  durant  les  quarante  jours  qu'il 
demeura  au  milieu  tl'eux.  Il  fut,  en  arrivant, 
conduit  au  palais  qui  lui  était  destiné;  les 
portes  en   furent  aussitôt  ferniées  ,  de  ma- 
nière que  personne  ne  put  y  pénétrer. C'é- 
tait le  U  juillet  ITOÎ). 

Le  22  du  même  mois,  un  prêtre  apostat, 
président  du  Directoire,  le  ci-devant  aljbé 
Siéyès,  décréta  que  Pie  VI,  qu'il  appelait  le 
ci-cicvant  pape,  fût  transféré  de  ^'a]ence  à 
Dijon.  Mais  la  chose  fut  reconnue  im[)ossi- 
We.  Et  de  fait,  le  vénérable  pontife  moiiiut  à 
Talpnce,  de  la  mort  des  justes,  le  29  août 
1799,  dans  la  (juatre-vingt-unièmo  année  de 
son  âge,  et  après  vingt-quatre  ans  six  mois 
et  ({uatorze  jours  de  pontificat.  Son  corps  fut 
embaumé  el  m's  dans  un  cercueil  de  [>lonib. 

^'ers  le  commencement  d'octobre,  les  ec- 
clésiastiques de  la  suite  du  pape  se  prome- 
naient le  long  des  murs  dj  la  citadelle  de 
Valence,  hune  petite  distance  de  la  route 
de  Lyon.  Passiit  une  beiline  à  deux  places; 
le  piincifial  voyageur  leur  envoya  dire  que, 
s'ils  voulaient  prendre  la  peine  de  se  rappro- 
cher de  la  route,  il  les  verrait  avec  plaisir. 
En  même  temps,  il  fit  arrêter  sa  voiture,  et 
lorsque  nous  nous  présentâmes,  dit  l'abbé 
Baldassari,  il  nous  reçut  d'un  àir  gracieux  et 


r.23 


PER 


PER 


6U 


rinni  et  nous  domanda  aussitôt  des  nouvel- 
les du  pape.  Apprciinnt  f|u'il  élail  mort  lo 
20  noùt,  «  J'en  suis  fi\clié  ,  dit-il.  »  Puis  il 
ajouta  :  «  El  vous,  que  pensez-vous  faire  ?  » 
Nous  lui  r(^pondîiiH's  que  nous  désirions 
oeaucoup  retourner  en  Italie,  mais  (pie,uiol- 
pré  toutes  nos  instances,  nous  n'avions  pu 
obtenir  de  passe-ports.  «  Il  est  juste,  repril- 
il,  il  est  juste  que  vous  retourniez  d.ms  les 
lieux  où  votre  religion  s'exerce  en  liberté. 
Mais  le  corps  du  pajie,  que  voulez-vous  en 
l'aire?  »  Nous  lui  dîmes  (pie  nous  avions  jun- 
qu'alors  inutilement  soUu  ité  du  Directoire  la 
permission  de  le  transporter  en  Italie,  pour 
l'inliumer  suivant  les  intentions  quavait 
manifestées  lefeu  pane.  Le  voyageur  répondit 
qu'il  ne  voyait  h  cela  aucune  dilllculté.  Il 
voulut  savoir  nos  noms  à  tous,  et  demanda 
des  nouvelles  du  cardinal  Mattei,  du  duc 
Braschi  et  de  monseigneur  Caleppi.  Il  lui 
fut  répondu  que  nous  étions  sans  aucun 
renseignement  sur  ces  personnages,  qu'il  ne 
nous  avait  pas  môme  été  accordé  de  corres- 
pondre avec  nos  familles.  «  Cela  est  trop 
lort,  dit  alors  le  voyageur.  »  Voyant  qu'il  se 
montrait  si  humain  et  si  poli,  on  le  pria  de 
vouloir  bien,  lorsqu'il  serait  à  Paris,  aider 
de  son  crédit  les  demandes  qu'on  y  avait 
adressées.  11  promit  de  le  faire  et  continua 
sa  route.  »  R'dirbacher,  Uist.  univ.  del'Erfl. 
cath.,  t.  XXVII,  p.  618,  citant  Baldassari, 
II'  partie,  ch.  6,  p.  497,  563.) 

Ce  voyageur  dont  parle  Baldassari  n'était 
autre  que  Napoléon  Bonaparte,  lequel  reve- 
nait d'kgypîe,  pour  reconstituer  sa  patrie  et 
pour  changer  la  f.ice  du  monde. 

Pendant  que  les  événements  que  nous  ve- 
nons de  raconter  s'étaient  accom[)lis,  la  per- 
sécution  avait    continué  en  France    contre 
l'Eglise  catholique.  Enjanvier  1796,  le  Direc- 
toire semonlrail  extrêmement  hoslileàla  reli- 
gion et  auclergé, nommant  mauvais prétrrsles 
ecclésiastiques  lidèlcs,  et  donnant   l'ordre  à 
tous  ses  agents  de  les  persécuter  par  tous  les 
moyens  possibles.   H   écrivait  «  que  la   loi 
qui   comprime,  qui  frappe,  qui  déporte  les 
réfractaircs  ,   reçoive    une    entière   exécu- 
tion. Désole/-  leur  i)atience  ;  environnez-les 
do  votre  surveillance.  Qu'elle  les    in(juiète 
le  jour,  qu'elle  les  tioul)le  la  nuit  ;  ne  leur 
donnez  pas  un  moment  de   rclAche.  »    Les 
prêtres  catholiques  furent  de  nouveau  tour- 
mentés, emprisonnés,  déportés:   on  en  en- 
voya ju^(pi'^  »lnuz«;  cents  dans  l'île  de  Hhé. 
Plusieurs  mitres  furent  envoyés  h  Cayenne. 
On  proscri\ail  le  repos  du  dimaiiclie,  on  exi- 
geait l'observance    du   décadi.    Toutes    les 
vieilles  sottises  du  culle  païen  étaient  remi- 
ses eu  honneur.  Il  y  av.iit  la  fêle  «le  la  Jeu- 
nesse (Hébé)  ;  celle' de  l'.AgricuIture  (Ccrès)  ; 
celle   des    Epou\   ^Hvménée)  ;    celle   de  la 
Vieilesse  (Saiurne).  Il  y  aviiit  des  niais  qui 
prenaient  cela   nu    sénoux.  La   masse  s  en 
moquait  et    poursuivnit  toutes  ces   bêtises 
de  ses  quolibets  et  de  son  mépris. 

Au  milieu  de  tout  cela,  il  y  avait  au  Di- 
rectoire un  homme  innnm''  Larévejllère-Le- 
peaui,  qui  avait  imaginé  un  nouveau  cullo. 


Il  avait  fait  un  mot  pour  le  nommer,  tiré  des 
racines  grecques.  Sa  religion  se  nommait  la 
J'hcophilanthropie.  Il  en  était  le  grand  prêtre. 
C'est  pour  cela  qu'il  visait  h  détruire  la  pa- 
pauté. Il  était  le  pape  burlesque  des  Théophi- 
lanthropes, et  moulait  en  chaire  pour  y  pro- 
noncer des  discours  en  l'honneur  de  l'/tHipur  de 
lannture.  Le  peuple  riait  de  ces  exhibitions 
|>rodigieuses  de  bêtises,  et  dans  son  bon  sens 
il  nommait  les  Théophilanthropes  les  fitous 
en  troupe.  L'auteur  a  souvenir  d'avoir  vu 
quelque  part  des  descendants  collatéraux  de 
ce  grand  pontife  installés  dans  un  jjureau  de 
tabac.  La  nation  et  l'Etre  suprême  ne  de- 
vaient [)as  moins  h  sa  mémoire. 

En  1797,  quand  on  renvoya  aux  assem- 
blées qui  se  renouvelaient  par  tieis  de  î.ou- 
veaux  députés,  quelques-uns  y  appoitèrciit 
courageusement  l'expressioa  des  désirs  et 
des  sentiments  religieux  si  longtemps  com- 
primés. La  société  était  en  décadence.  La 
France  avait  besoin  de  se  donner  à  un  maî- 
tre qui  la  dirigeât.  L'homme  providentiel 
ménagé  pour  la  sauver  était  Napoléon  Bo- 
naparte. Dès  son  début  en  Italie,  le  Direc- 
toire avait  voulu  se  servir  do  lui  pour  ren- 
verser le  pape  ;  alors  il  avait  otlert  sa  dé- 
mission qu'on  n'avait  pas  acceptée. 

«  En  1797,  le  Directoire  bii  reprochait  ses 
ménagements  envers  le  pape  et  le  clergé. 
«  Vous  êtes  lr0[>  habitué  à  réfléchir,  citoyen 
«  général,  lui  écrivait-il,  pour  n'avoir  pas 
«  senti  aussi  biei  (|ue  nous  que  la  religion 
«  romaine  sera  toujours  l'ennemie  irrévora- 

«  ble  de    la  républi(iue Le  Directoire 

«  exécutif  vous  invite  donc  à  faire  tout  ce 
«  qui  vous  sera  possible  pour  détruire  lau- 
«  torité  (lu  pape  ,  et  rendre  méprisable  et 
«  odieux  le  gouvernement  des  prêtres.  Agis- 
«  sez  de  manière  que  le  pape  et  le  sacré 
«  collège  ne  puissent  concevoir  res|)oir  de 
«  jamais  siégera  Rome,  et  aillent  chercher 
«  un  asile  dans  quelque  lieu  que  ce  soit,  ou 
«  au  moins  (pi'il  n'y  ait  plus  de  puissance  tem- 
porelle. »>  Celui  ([ui  écrivait  ainsi  à  Napo- 
léon était  cemême  Laréveillèrc,  pontife  poli- 
chinelle de  la  Théophilanthropie,  cherchant  à 
supi)lanter  le  pontife  romain.  Napoléon  , 
au  contraire,  mandait  au  citoyen  Cacault, 
chargé  d'atfaires  de  la  République  :  «  J'at- 
«  tache  bien  plus  d'importanceau  titre  de  con- 
«  servateur  du  saint-siége  qu'î»  celui  de  son 
«  destructeur.  Vous  savez  bien  vous-même 
«  combien  mes  senlimenls  ont  toujours  été 
«  roiformes  aux  vôtres  h  ce  sujet.  «EntÏT,  au 
traité  de  Toleniino,  Niipoléon  stipula  que  les 
prêtres  fiam.ais,  vt)loii(,nreme!it  ciilés,  ou 
proscrits  à  la  suite  «le  la  révolution,  seraient 
recueillis,  nourii>  cl  secourus  dans  les  cuu- 
vents  dusaiiit-sieii;e.Lesloi>  de  la  République 
ordonnaient  «le[)oursuivre  et  de  chasser  ces 
inf  Mlunés.  Boiapaiteeut  rtMoursàu  i  singu- 
lier argumcnlpoiir  sefaiiepaidonnersa  com- 
passion. Il  écrivit  au  Directoire:  «  Il  vaut 
mieux  tpie  ces  prêtres  soient  en  Italie  qu'on 
France  ;  ils  nous  y  seront  utiles.  Ils  sor 
moins  fanatiques  que  les  prêtres  ilalicr» 
ils  éclaireront  le  peuiile  qu'on  excite  ro''^ 


e  Peuple  q 
.  ils  pleure 


nous.  D'ailleurs,  ils  picui  eut  en  nous  vo 


nlr 


62K 


vv.n 


IF.U 


eif 


comiiii'nl  n'avoir  p.'i-.  |"ilit'  (If  leur  infor- 
tune ?    "    ^  (Ijiltiiuiti  ,    Diirctiiiif  ,    liv.   II.) 

Or,  on  17'.M),  »|n»M(l  Uonjiparlo  drh.nwpwi  h 
rr('jns  ,  s)i  viMUif  lui  r(>^;>i'(l('('  cninnu-  le  sa- 
in! (le  la  iMancc.^'.fl'iil  pt'ii  (li>  l('iii|is  .ipi-rs,  un 
mois  onviroi! ,  (|n'iMil  lien  la  grandi»  (ra'islor- 
nialion  (|ui  sauva  le  |>!i\  s.  Tuul  le  luoudf  sait 
ce  (lue  lui  II'  IK  HruMiairc,  cl  (|uclli'  lui  la  por- 
t(''i'  muni  Mso  dcfo  coup  d'I'llal.  Honaparli;  <!(;- 
vint  le  rlict'  du  ^ouvt'rni'iiu'nl , disons  nu(Mix  , 
il    di'vini  11'  gouvn  iit'Mit'iU  de  la   l'"ranc<'. 

(Jui'l(iucs  ujois  plus  lard,  un  nouveau  papn 
fui  (Mn.  I.cs  clioix  du  sacré  cnilc^c  londx'»- 
ronl  siu'  l(«  carduial  C.liiar.nuouli,  tpii  prit  1(^ 
nom  do  i*io  VII,  en  lnélnoirt^  tie  l*i(5  VI,  sou 
pr(MiW'(>sseiU'.  nienlôl  après  il  enlia  à  Home, 
que  les  Na|)olilains  évacnèrenl.  Ils  avaient, 
nssislés  dt)  (pndipKvs  .\nj;;lais,  ro|)ris  celte 
villi»  sur  les  Traneais  ipii  ,  ilans  l'esparo 
d'nno  anm-e,  avaienl  perdu  l'Italie.  La  hn- 
laille  de  Marenj^o  snllil  |)Our  forcer  les  Au- 
trii^liiens  h  ahandonner  auv  Français,  com- 
mandés par  Ho'iaparle  en  personne,  tout  ce 
que  l'absence  de  ce  général  leur  avait  fait 
ner.lre.  La  France  reçut  triomphalement  lo 
li;''ros  qui  ramonait  la  victoire  sous  ses  dra- 
peaux, et,  conlianto,  s'abandonna  à  sa  direc- 
tion. Le  génie  de  lU)naparte  sut  s'appliquer 
h  tout.  Après  avoir  refondu  les  administra- 
tions, les  lois,  rendu  au  gouvernement  sa 
force,  îi  l'autorité  son  pi'ostigcil  lit,  de  con- 
cert avec  Pic  VII,  lo  fameux  Concordai  qui 
rétablit  en  France  lareligion  que  les  révolu- 
tionnaires avaic  U  voulu  proscrire.  Nous  ne 
devons  pas  nous  occuper  ici  des  diilerentes 
phases  de  ce  grand  pacte  conclu  entre  Bona- 
parte cl  le  successeur  do  saint  Pierre;  notre 
tiche  cesse  où  la  persécution  liait. 

PERSÉCUTION  NAPOLÉONIENNE. 

Napoléon  Bonaparte,  devenu  maître  de  la 
France,  avait  mesuré  d'un  coup  d'oeil  la  pro- 
fondeur de  l'abime  dans  lequel  la  révolu- 
tion l'avait  jetée.  Avec  l'audace  de  son  gé- 
nie, il  avait  comblé  cet  abîme,  et  rendu  à  la 
France  sa  grandeur  et  son  honneur  surtout, 
que  les  sicaires  avaient  traîné ,  prostitué 
dans  l'orgie  révolutionnaire,  dans  le  sang  de 
tout  ce  qui  était  noble  et  vénérable.  Le  plus 
beau  titre  de  Napoléon  était  d'avoir  rendu  le 
pays  catholique  à  l'unité,  de  laquelle  on 
l'avait  violemment  distrait.  L'œuvre  du  Con- 
cordat est  un  des  plus  grands  services  que 
Napoléon  ait  rendus.  On  a  beau  dire  que, 
malgré  lui,  s'il  eût  prétendu  maintenir  ce 
que  les  révolutionnaires  avaient  fait,  le  bien 
so  serait  opéré;  que  les  tendances  de  la 
France  étaient  entièrement  catholiques;  on 
ne  parviendra  pas  à  faire  prendre  le  change 
aux  hommes  qui  raisonnent  et  qui  étudient 
les  faits  par  l'histoire  du  passé.  Qu'on  songe 
h  ce  qu'était  l'Angleterre  quand  Henri  VIII, 
d  infâme  mémoire  ,  la  sépara  de  la  souche 
apostolique.  On  pourra,  cet  exemple  de- 
vant les  yeux,  se  rendre  compte  du'service 
que  Napoléon  a  rendu  à  la  France,  a  rendu 
à  l'Eglise  tout  entière.  Lors  de  son  consu- 
lat ,  Pitt  l'avait  vainement  sollicité  de  se 
faire  chef  religieux  de  la  France  ,  comme  il 


en  était  chef  leuiporel.  L'li/d)ililé  du  minis- 
tre auji^lais,  ses  iusisl/iiicei  suis  cesse  renou- 
velées, lout  avait  échoué  dovnnl  In  fernietô 
du  ^é'iio  nat)o|)'<iiii(>'i.  Il  en  fut  de  mf^iiie, 
lors  des  confi-reiices  de  1  ilsill,  par  rapport  'i 
remperour  Alexandre.  Ce  prince  (Il  1(mjI  «on 
possible  auprès  de  Napfdcnii  priiir  l'en;zn^or 
a  s(>  retidre  indi'-pi'tidanl  du  |iap<-,  cl  ]\  r,iir<!  do 
la  FratKte  une  ICgIise  siOusmatiqiKs  cr)mme  In 
llussie,  comme  l'Angleterre.  Napoléon  résista 
tniijoius  au\  insistances  d'Aloxaudrc  ,  cl  ne 
voulut  pas  se  séparer  de  rKglisoromai'ie.  Mal- 
gré cela  l'empereur  des  l''raiif;ais  désirait  do- 
miner le  pape,  coiiuiie  il  dominait  Utiit  lo 
reste  des  souverains  d'I-'uropc;  :  il  crut  arri- 
ver h  ses  fins  par  la  ruse  ;  plus  lard  son  am- 
bition et  la  colère  do  voir  ses  plans  man- 
(|ués,  lo  portèrent  h  recourir  à  la  violence  : 
nous  allons  lo  suivre  dans  celte  double  ])er- 
séculion. 

Immédiatement  après  la  publication  du 
Concortlat ,  Napoléon  fit  publier  une  série 
d'articles  organi()ues,  dont  il  n'avait  nullo- 
lement  été  (pieslion  dans  la  discussion  du 
Concordat,  et  (|ui  avaient  pour  eflot  de  pla- 
cer entièrement  le  clergé  sous  la  dépondani;e 
dii  gouvernement.  Ce  fut  le  conseiller  d'E- 
tat Portails  (]ui  lut  devant  le  Cor[)S  législa- 
tif et  ie  Concordai  et  les  articles  organiqiies. 
Le  tout  fut  adopté  le  5  avril  1802,  et  eut  dès 
lors  force  de  loi.  A  l'aide  de  ces  articles  or- 
ganiques, Napoléon  jiensait,  sinon  dominer, 
du  moins  entraver  h  son  gré  la  puissance  et 
l'autorité  du  pape  ,  qui  réclama  vainement 
contre  cette  addition  aux  conventions  faites 
avec  le  saint-siége. 

Le  cardinal  Caprara  ,  qui  vint  à  Paris 
comme  légat  a  latcre,  ne  montra  pas  dans 
cette  affaire  toute  la  fermeté  qu'on  était  en 
droit  d'attendre  de  lui.  Peu  à  peu,  l'usage 
lit  adopter  quelques-uns  des  articles  organi- 
ques, comme  il  en  fit  tomber  d'autres  en 
désuétude. 

Pendant  longtemps ,  la  bonne  harmonie 
se  maintint  entre  le  prince  temporel  et  le 
successeur  de  saint  Pierre.  Napoléon  ren- 
dit à  Pie  VII  Bénévent  et  Ponte-Corvo,  que 
le  roi  de  Naples  voulait  garder.  Il  lui  fit  ca- 
deau de  deux  bricks  armés  en  guerre,  pour 
protéger  le  commerce  de  ses  Etats.  En  juil- 
let 1803,  le  cardinal  Fesch  vint  à  Rome  pour 
y  négocier  la  venue  de  Pie  VII  en  France, 
afm  de  sacrer  Napoléon  empereur  des  Fran- 
çais. Ce  monarque  écrivit  en  cette  circons- 
tance au  pape  une  lettre  fort  remarquable. 
«  Très-saint-père,  lui  dit-il,  l'heureux  effet 
qu'éprouvent  la  morale  et  le  caractère  de 
mon  peuple  par  le  rétablissement  de  la  reli 
gion  chétienne,  me  porte  à  prier  Votre  Sain- 
teté de  me  donner  une  nouvelle  preuve  de 
lintérôt  qu'elle  prend  à  ma  destinée  et  à 
celle  de  cette  grande  nation  ,  dans  une  des 
circonstances  les  plus  importantes  qu'offrent 
les  annales  du  monde.  Je  la  prie  de  venir 
donner,  au  plus  éminent  degré,  le  caractère 
de  la  religion  à  la  cérémonie  du  sacre  et  du 
couronnement  du  premier  empereur  des 
Français.  Cette  cérémonie  acquerra  un  nou- 
veau lustre,  lorsqu'elle  sera  faite  par  Votre 


9sn 


PER 


PER 


m 


Sainteté  elle-même.  Klle  attirera  sur  nous  et 
sur  nos  peuples  la  bénédiction  de  Dieu,  dont 
les  d'^crots  rèjjlent  à  sa  volonté  le  sort  des 
empires  et  des  tamilles.  Votre  Sainteté  con- 
n.ift  les  sentiments  alleclueux  que  je  lui 
porte  depuis  lo  igiinnps,  et  par  là  flli'  peut 
ju.;^er  du  plaisir  (pie  m'ollrira  cotte  circons- 
tance, do  lui  en  donner  dti  nouvelles  pnni- 
ves.  Sur  ce  ,  nous  prions  Duni  (juil  vous 
conserve,  très-saint-pèrc,  longues  années  au 
régime  et  gouvernemfnt  de  notre  mère  la 
sainte  E..^lise.  Voire  dévol  (ils  NAPOi.Éo:<f.  — 
Ecrit  à  Cologne,  le  li  septi.-nihre  ISOi..» 

On  sait  rhislnire  de  la  venue  de  Pie  VII  on 
France  et  du  couro  iniMue  it  do  Napoléon.  Le 
pape  demeura  plusieurs  mois  à  Paris  après 
cette  cérémonie  :  on  commençait  môme  à 
craindieqiriln'vf.Hpaslibre.  M.  Artaud,  t.  Il, 
c.  Il),  nous  pirle  ainsi  do  celle  circonstance  : 
«  Le  pape  conli  luail  de  visiter  les  églises, 
de  bônir  ceux  q  li  s'a^enouilliient  devant 
lui,  et  ceux  qui  croyaient  devoir  lui  refuser 
cet  hommage  ;  il  vo.ailh  ses  pieds,  du  iiiOme 
œ  1  de  bonté,  l'astronome  Lalaido,  quo  Ton 
n'entendait  pi. s  se  glorilierdu  nom  d  athée, 
et  ces  matrones  pieuses  qui  avaient  se-ouru 
la  religion  et  ses  ministres  dans  les  malheurs 
de  l'Eglise.  En  mémo  temps,  une  semaine 
ne  succédait  pas  h  une  «ulre  qu'il  ne  sollici- 
tât la  faculté  do  retournera  Rome.  Cette  per- 
mission ne  devait  lui  être  acordée  que  lors- 
qu'il aui  ait  encore  résisté  .Ma  demande  la  plus 
amère,  sans  doule,  qu'il  pil  ton  tendre  do  la  Dou- 
che d'u  1  Franoais.  Lo  [)a|)e  n'a  jam.us  voulu 
dire  quel  fut  lé  grand  ollicior  (pii  lui  parla 
un  jour  d'habiter  Avignon  ,  d'ac;"epter  un 
palais  [lapal  h  rarchovéché  do  Paris  et  fie 
îai.sser  établir  un  (piarlier  [)rivilégié,  comme 
à  Co  isla  Uinopje,  où  le  corps  (ii|ilomaliquo 
accrédité  près  raut;»rilù  ponliticalo  aurait  le 
droit  exclusif  de  ré>idor..  Les  nromiors  m  tts, 
insinués plùtùlq-i'adressé^dirécteincnl ,  puis 
répétés  h  iJes  aie  ilour.*:,  ?»  dos  contVb.'nls,  î» 
des  Français  amis  du  .«-aint-siégo,  donnèrent 
à  Mipposorqut!  l'on  voulait  retenir  le  |»apo 
à  Paris.  Cos  mots  funestes  n'élaie  it  pas  jiro- 
fioncés  par  Napoléon;  mais  il  avait  à  Pans 
une  lelle  puissance  sur  la  pensée  et  sur  la 
parole,  ipi'il  n'était  pas  possible  qu'on  les 
eût  hasardés  sans  sa  pornussion.  Le  corps 
diplomatique  à  Home  s'en  cnirelcnail.  J'a- 
vais rifinocence  de  n'v  pas  croire  :  cepon- 
d  inl,  on  lus  répéta  lave."  une  telle  assurance 
que  lo  pape  crut  devoir  fairo  une  réponse  de- 
vant le  nu^mo  grand  («tlii  ier.  «  On  a  ri'pandu 
«  qu'on  pourrait  bion  nous  retenir  ♦■n  France. 
«  hh  bien  1  (pi'on  nou>  enlève  la  liberté  :  tout 
«  est  prévu.  .Vvanl  lit^  partir  do  Rome  ,  nous 
«  avmis  signe  une  abiiiralion  régulière,  va- 
«  Inblesi  'ums  soiumes  H>lé  en  prison;  l'ncl' 
«  est  hors  de  la  pm-ti-e  du  pouvoir  dos  Fran- 
«  çais  ;  lecirtlinalPig  laltlhen  esldéposilaire 
«  ûPalorine,  clcpiandon  aura  siguiliéles|)ro- 
«  jcis  qu'un  médite  il  ne  vous  ro,«lora  jdus 
•  «^•lUro  les  mains  (piun  mono  misérable, 
«  qui  s'appellera  Rnrnarbé  tJii  ir  imonli.  » 

Le  jour  même  Napoléon  signa  les  ordres 
de  •iojiart  du  pape,  qui  arriva  a  Rome  le  (6 
mai   IHO.i.   Pou   de  temps  après,  Napoléon 


ayant  demandé  à  Pie  Vil  de  vouloir  bien 
casser  le  mariage  de  Jérôme,  son  jeune 
frère,  avec  une  jeune  protestante  (pi'il  avait 
épousée  en  Amérique,  lo  saint-père  lui  ré- 
pondit par  une  lettre  fort  belle  contenant  les 
doctrines  de  l'Eglise  h  l'égard  <h\  mariage,  et 
refusant  alisolument  de  se  pieler  h  ce  que 
demandait  Napoléon.  Le  monirque  en  de- 
meura fort  irrité.  Lo  cardinal  Fe'j'i  tenta, 
mais  inutilement,  de  faire  revorur  le  pape 
sur  sa  décision.  O  cardinal,  dans  toutes  les 
affaires  entre  la  France  et  le  s.iinf-siégc,  agit 
beaucoup  plus  coniine  oncle  de  lempercur 
que  comme  prôlrc  de  la  sa  ntc  Eglise  ro- 
maine. Déjii  les  desseins  secrets  do  Bona- 
parte se  montrèrent  d.ms  les  opérations  du 
cabinet  do  Milan.  On  porta  plusieurs  décrets 
oui  chngrinèrent  vivement  le  i)ape,  lequel 
écrivit  il  remi)erour  pour  lui  remontrer  que 
ces  décrets  étaient  en  opposition  formelle 
avec  le  Concerdat  fritalie.  L'empereur  ré- 
pondit qu'il  était  plein  do  bonnes  iiitentions 
et  de  res()ect  à  l'c'gard  du  souverain  pontife, 
et  n'en  continua  pa-^  niO'ns  à  pousser  son 
plan  pour  la  réalisation  de  ses  j)ri  jets. 

La  première  atteinte  portée  uirectenienl  à 
la  puissance  papale  par  Bonaparte,  fui  l'oc- 
cupation d'Ancùne.  Le  conquérant  venait 
de  forcer  les  Autrichiens,  qu'il  avait  enfer- 
més dans  Ulm,  h  capituler.  Eu  so  mettant  eu 
chemin  jiour  marcher  sur  la  capitale  de  Itur 
empire,  il  donna  l'ordre  d'occuper  .Xncùne. 
Le  souverain  pontife  fut  tiès-airoL'lé  do  cel 
événement,  et  il  écrivit  h  l'ompcrour  :  «  Nous 
dirons  frauihement  h  Votre  .Mnji  sté,  avec 
toute  l'ingénui  é  de  notre  caraitèrc,  que 
l'ordre  qu'elle  a  donné  au  général  Saint-Lvr 
d'oL'cupor  Ancniie  avec  les  troupes  fr.in- 
çaises,  et  de  la  fairo  appruvismunor,  nous  a 
causé  non  moins  ilo  suri)riso  quo  de  douleur, 
tant  pour  la  chose  en  olle-mè.iie,  (juo  peur 
la  manière  dont  elle  a  été  exécutée  :  >  otre 
>Lijosté  no  nous  a  ant  en  aujune  façon  pré- 
venu. Vé  itablemont,  nous  no  pouvons  dis- 
simuler ipie  c'est  avec  une  vive  scnsilnliié 
que  nous  nous  voyons  traité  d'une  manière, 
qu'à  aucun  titre  nous  ne  c  oyons  avoir  méri- 
tée. Notre  neutralité,  reconnue  par  Votre 
Majesté,  comme  par  toutes  les  autres  puis- 
sances, et  ploineinont  res[)ectée  par  elles, 
nous  donnait  un  molf  particulier  de  croire 
quo  les  sonlimenls  d'amitié  (pi'elle  piofi-ssail 
à  notre  é^;i\rd,  nous  auraient  préservé  de  cel 
amer  dépl.rsir  :  nous  nous  apercevons  quo 
nous  nou-i  sommes  trompé.  Nous  le  dirons 
fran(  lu  nient,  île  l'épocpio  de  notre  retour  de 
Paris,  nous  n'avons  épiouvéïprameiturae  et 
déplai>;irs,  ijuand  au  «-onlraue,  la  connais- 
sance porsonnolle  ipie  nous  avons  faite  de 
Votre  Majesté,  ei  notre  conduite  invariable, 
nous  prometlnient  toute  aulie  chose.  En  un 
mot,  nous  ne  trouvons  pas  dans  Votre  Ma- 
jesté la  correspondance  de  sentiiutnils  i|ue 
nous  étions  en  droit  d'en  attendre  :  nous  lo 
s  lUons  Vivement,  et  ii  l'égard  île  l'invasion 
jM'ésente,  nous  disons  avec  sincérilo  que  eo 
que  nous  nous  devons  à  nous-mémo,  el  les 
oblig.iliuns  (jue  nous  avons  contractées  en- 
vers nos  sujets,  nous  forcent  de  demander  è 


I 


D29 


PKTl 


PFH 


rt',0 


Votre  Mi]josf(^  lYvuninlinti  (rAiici^nc,  nti  re- 
fus (lo  Ii>i|iii'll(3  tidiis  ne  VL-rriuMs  p.is  corn- 
iii{>!il  |Hiiirrnil  so  concilinr  In  cntilnmalioii 
(les  rnpporls  nvoc  \o  iniiiislrn  di*  Ndirr  M.v 
jcslf^  h  Ruiiit',  <•<■«  npporis  ti;ml  cm  oppo-'i- 
tion  n\0{'  lo  (niiliMiifiit  qno  nous  coiitinue- 
rions  b  recevoir  di'  \'nlrc  Miijc*>lc  daii-;  Aii- 
i'C\\\o.  (,)ii(i  Voli'c  M-ijc^lc^  se  persuade  (pie 
celle  leilro  est  mu  péîiihle  devoir  pour  iiolro 
cieur,  niiiis  ipie  nous  ue  pouvoMs  dissiuiulcr 
1,1  v(JriltS  Ml  Ml  iMipier  eu  oulre  aiiv  (iL>lij,a- 
tuMis  qu(>  nous  avons  conlractc^es.  Nfuis  voii- 
Imis  doue  es;i(^rer  (pTan  iuili(Mi  de  foules  les 
aiueiluiues  (pii  mous  a( cahle-il,  Voire  Ma- 
jesli^  voudra  l)ien  nous  dcMivrerdu  poids  du 
eelle-ei.  (pi'il  dc^peiid  do  sa  seule»  volonté 
de  lions  éparg-'or.  » 

Celle  lettre,  fort  convenable  quant  au  fond, 
juste  dans  loules  ses  parties,  nous  paraît 
trop  Ionique  pour  la  eirconslance;  elle  sent 
un  peu  h()[)  le  souverain  qui  roniiatl  sa  t'ii- 
blesso  et  la  puissance  de  soi)  rival.  IVnt- 
C^tvc  le  to'i  doit  elle  est  einpreinlc  tout  en- 
tière tient-il  h  la  vive  alVeclion  que  Pie  VII 
avait  persoMMelIoiueiit  pour  Napok^on.  Da-is 
tons  les  cas,  le  pape  (levait  (•c.v'in)  dans  co 
sens  à  Napolc-on,  d'abord,  pour  protester 
conire  un',.-  agression  souverainement  in- 
juste, ensuite,  jiour  couvrir  sa  responsa- 
bilité connne  souverain,  aux  youx  des  an- 
tres puissances  qui  auraient  pu  croire  (ju'il 
consentait  h  roccup>ilion  d'Aneùne,  dais  le 
bnl  de  se  prôler  aux  projets  du  con((uérant. 
Il  explicpi.i  lui-m(''iiie  au  canliMal  l^'esidi,  que 
son  intention  n'était  i)as  de  rompre  les  r.ip- 
j)orts  eo'itidentiels  avec  la  Fraice,  mais  qu'il 
devait  h  lui  et  au  reste  de  TEuropc,  de  bri- 
ser les  ra,..ports  oflieicls  et  ostensibles  comme 
protestation.  La  réponse  de  Napoléon  se  lit 
aticndre  fort  longtemps.  Le  pape  ne  la  re(;ut 
que  le  7  janvier  180G.  «  L'occu;  ation  d"An- 
ctjne,  y  est-il  dit,  est  une  suite  nécessaire 
de  la  mauvaise  organisation  militaire  du 
sa  nt-siége.  Votre  Sainteté  avait  intérêt  à 
voir  cette  forteresse  plutôt  dans  mes  mains 
que  dans  celles  des  Anglais  ou  des  'J'urcs... 
Je  me  suis  considéré  comme  le  protecteur 
du  sainl-siége,  et  à  ce  titre  j'ai  occupé  An- 
C(5ne.  Je  me  suis  considéré,  comme  mes  pré- 
décesseurs de  la  deuxième  et  de  la  troisième 
i-ace,  comme  fils  aîné  de  l'Eglise,  comme 
ayant  seul  Tépée  pour  la  protéger  et  la  met- 
tre à  l'abri  d'êtie  souillée  par  les  Grecs  et  les 
Musulmans.  » 

Il  est  triste  d'être  obligé  d'en  convenir, 
cette  leUi  e  manque  de  franchise  ;  elle  n'est 
qu'une  invocation  cie  prétextes  au  lieu  de 
raisons.  Elle  cherche  à  voiler  les  desseins 
ambitieux,  ell-  les  laisse  voir  complétemo  t 
à^  découvert.  O  i  a  dit  qu'elle  et  iit  écrite 
d'une  {i\ço'^  dérisoire  et  dans  un  ton  de  mo- 
({uerie.  Cela  n'i^st  pas.  On  sent  très-bien 
qu'elle  part  d'un  homme  qui  cherche  vaine- 
ment de  bonnes  raisons  à  une  mauv-nse  ac- 
tion. Evidemment,  si  les  puissances  étran- 
gères ,  a  ors  en  guerre  avec  Napoléon , 
avaient  songé  k  occuper  Aiicone,  elles  ne 
l'eussent  pas  fait,  nous  aimons  à  le  croire, 
comme  il  le  ût  lui-môme,  sans   déclaration 


de  guerre.  î.a  neutralilé  (lu  ji.qKj,  (  (imine  lu 
dit  Pic  N'IIdaiis  fja  lcllr»\  ('(i'il  n.MOMiiuc  jinr 
tout  le  inonde,  e(  nul  n'^Ynll  sung<^  «érieu- 
scmciit  h  violer  cett(!  nçulialilé.  l.n  n'ponso 
(pic  lit  le  sduvcraiii  ponlile  est  pleine  do 
modération  el  respire  ('omplélfineril  l'e^iprit 
cvin;;éli(pie  (pii  cunvicMt  au  siicccsseur  do 
saint  Pierre,  au  vicaire  de  J('sus-Cliiii>l.  Elle 
so  termine  ainsi  :  '(  Si  nous  devions  nous 
voir  ravir  une  chose  i>i  précieuse  pourrions, 
ramilic  et  la  bieiivei  laii(;e(|(;  N'otre  Majesté, 
le  prêtre  do  J/sus-Clirist,  ipii  a  la  vérité 
dans  je  (;inir  et  sur  les  lèvri-s,  suppoilera 
tout  avec  résignai  ion  el  sans  crainte.  De  la 
tiibulalion  elle-mèiue,  il  recevra  le  récon- 
fort de  sa  consl:iiicc.  Il  espère  (pu;  la  récom- 
pense que  pe  lui  oll'rt;  pas  le  moud»!  lui  est 
réservée  plus  solide,  éternelle  dans  le  ciel, 
el  ne  cessant  pas  de  juier  I)i(Mi  pour  la  lon- 
gue et  pros|)e|'e  conservation  di;  Votre  Ma- 
jesté imi>érialect  royale,  nous  lui  accordons 
de  tout  cœur  la  paternelle  bériédicliqîi  apos- 
t(di(|ue.  » 

Na|)uléon  se  montra  fort  irrjlé  do  la  let- 
tre du  pajie  :  quinze  jours  amès,  il  répon- 
dit. Aveuglé  par  ses  succès,  il  montre  dans 
cette  lettre  qu'il  a  le  vertige  déjà  qui  perd 
les  ambitieux  en  leur  ôtaiit  ce  sens  droit,  ce 
bon  sens  si  nécessaire,  même  h.  ceux  que 
Dieu  a  'ails  si  grands.  Il  en  vint  jusqu'à  dire 
au  pane,  qu'il  était  jilus  sage,  plus  pieux 
(pie  lui,  que  s'il  avait  encore  plus  de  [luis- 
sance,  il  se  déclarerait  pontife  suprême,  et 
ne  laisserait  pas,  lui,  [lérir  les  Ames.  Pie  VII, 
après  rvoir  consulté  ses  cardinaux,  réjion- 
dit  à  Napoléon.  Sa  lettre,  de  laquelle  nous 
ik;  citons  qu'une  partie,  fait  justice  des  pré- 
tentions et  des  accusations  de  l'empereur. 
«  Voire  Majesté  veut  que  nous  chassions 
de  nos  Etats  ions  les  Russes,  Anglais  et  Sué- 
dois, et  tout  agent  du  roi  (le  Sardaigne,  et 
que  nous  fermions  nos  ports  aux  bâtiments 
des  trois  puissances  susdites  ;  elle  veut  que 
nous  abandonnions  notre  état  pacifique,  et 
que  nous  eni rions  avec  ces  puissances  dans 
un  état  ouvert  de  guerre  et  d'hostilité.  Que 
Voire  Majesté  nous  permette  de  lui  répon- 
dre avec  une  netteté  précise,  non  pas  à 
cause  de  nos  intérêts  temporels ,  mais  à 
cause  des  devoirs  essentiels  inséparables  de 
notre  caractère  :  nous  nous  trouvons  dans 
l'impossibilité  d'adhérer  à  cette  demande. 
Veuillez  bien  la  considérer  sous  tous  les  ra()- 
po;  ts  (]ui  nous  regardent ,  et  jugez  vous- 
même  s'il  est  de  voire  religion ,  de  votre 
grandeur,  de  votre  humanité,  de  nous  con- 
traindre à  des  pas  de  cette  nature.  Nous, 
vicaire  de  ce  Verbe  éternel,  qui  n'est  pas  le 
Dieu  de  la  dissension,  mais  le  Dieu  de  la  con- 
corde, qui  est  venu  au  monde  pour  en  chas- 
ser les  inimitiés  et  pour  évangéliser  la  paix, 
tant  à  ceux  qui  sont  éloignés  qu'à  ceux  qui 
sont  voisins,  ce  sont  les  expressions  de  l'A- 
pôtre, en  quelle  manière  pouvons-nous  dé- 
vier  (Je  l'enseignement  de  notre  divin  insti- 
tuteur? Comment  contredire  la  mission  à 
laquelle  nous  avons  été  destiné?  Ce  n'est 
l)as  notre  volonté,  c'est  celle  de  Dieu,  dont 
nous  occupons  la  place  sur  la  terre,  qui  nous 


Câl 


PER 


PER 


65Î 


proscrit  le  devoir  do  la  paix  envers  tous, 
snns  distiiirtion  de  ratholiques  et  d'h(?réti- 
ques,  do  voisins  ou  d'éloig'iés,  de  ceux  dont 
nous  attendons  le  bien,  et  de  ceux  dont  nous 
altondons  le  mal.  Il  ne  nous  est  pas  permis 
do  trahir  roffîce  commis  par  le  Tout-Puis- 
sant, et  nous  le  trahirions,  si,  pour  les  mo- 
tifs dt^duits  par  Voire  Majesté,  c'est-h-dirc 
lorsqu'il  s'agit  de  puissances  hérétiques , 
qui  ne  peuvent  nous  faire  que  du  mal  (c'est 
ainsi  que  parle  Votre  Majesté),  nous  accé- 
dions à  dos  dematîdes  qui  nous  porteraient 
à  prendre  part  contre  eilos  dans  la  guerre. 
Si  nous  ne  devons  pas.  comme  dit  Votre 
Majesté,  entrer  dans  le  dédale  de  la  politi- 
que, dont  nous  nous  sommes  tenu  et  dont 
nous  nous  tiendrons  toujours  éloigné,  nous 
ilevoîis  d'autant  plus  nous  abstenir  de  pren- 
dre part  dans  les  mesures  d'une  guerre  qui 
a  des  objets  politiques,  d'une  guerre  dans 
laquelle  on  n'attaque  pas  la  religion,  d'une 
guerre  dans  laquelle  d'ailleurs  se  trouve 
mêlée  une  puissance  catholique.  La  néces- 
sité seule  de  repousser  une  agression  hos- 
tile, ou  de  défendre  la  religion  mise  en  pé- 
ril, a  pu  donner  h  nos  prédécesseurs  un 
juste  motif  de  sortir  de  leur  état  nacilique. 
Si  quelqu'un  d'eux,  par  faiblesse  numaine, 
s'est  écarté  de  ces  maximes,  sa  conduite, 
nous  le  dirons  franchement,  ne  pourrait  ja- 
mais servir  d'exemple  à  la  nôtre.  Ce  pacifi- 
que maintien,  que  nous  devons  garder  à 
cause  du  caractère  sacré  dont  Dieu  nous  a 
investi,  nous  le  devons  également  garder 
dans  les  intérêts  de  la  religion,  qu'il  nous  a 
confiés,  dans  les  intérêts  du  troupeau  qu'il  ^ 
remisa  notre  ministère  pastoral.  Chasser  les 
sujets  des  puissances  en  guerre  avec  Voire 
Majesté,  leur  fermer  les  ports ,  serait  le 
même  que  s'attirer  la  sûre  conséquence 
de  la  rupture  de  toute  communication  en- 
tre nous  et  les  catholiques  qui  vivent 
dans  leurs  domaines.  Pouvons-nous  laisser 
dans  l'abandon  tant  d'ihnes  de  fidèles,  tan- 
ilis  que  l'Evangile  nous  défend  de  négliger 
la  recherche  même  d'une  seule?  Pouvons- 
nous  être  indifférent  aux  maux  infinis  que 
le  catholicisme  .souffrirait  dans  ces  pays,  s'il 
v  restait  privé  de  toute  communication  avec 
le  centre  de  l'unité,  (|ui  est  le  fondement  et 
la  base  de  la  religion  catholique?  Si  une  ir- 
résistible forci»  dos  événements  hiunains 
nous  privait  de  cotte  libre  communication, 
nous  gémirions  profondément  sur  une  telle 
calamité  ;  mais  nous  ne  soull'ririons  pas  le 
continuel  remords  d'en  être  nous-même  la 
cause.  Au  contraire,  si  nous  intimions  aux 
sujets  de  ces  souverains  de  sortir  de  nos 
Etats,  do  ne  pas  approcher  de  nos  ports,  no 
*.t'rail-oe  [)as  uno  infurliuic  irréparable,  et 
[)ar  un  fait  qui  serait  absolument  notre,  ipie 
toute  communication  resicrail  inlerrompuo 
entre  nous  et  los  cal!inliquos  ipii  vivent 
dans  ces  contrées.  Comment  pourrions-nous 
résister  à  la  voix  intérieure  do  notre  con- 
science, qui  nous  reprorherail  continuelle- 
ment les  luuesies  ronséquenees  de  ce  fait  ? 
Conunonl  pourrions-nou"?  raeher  à  nous- 
mênio    notre    faute?   Loi    catholiques  qui 


existent  dans  ces  domaines  ne  sont  pas  en 
petit  nombre.  Il  y  en  a  des  millions  dans 
l'empire  russe.  Il  y  en  a  des  millions  et  des 
niillions  dans  les  pays  soumis  au  royaume 
d'Angleterre;  ils  jouissent  du  libre  exercice 
do  leur  culte,  ils  sont  protégés.  Nous  ne 
pouvons  prévoir  ce  qui  arriverait,  si  les  sou- 
verains de  rc?.  Etats  se  voyaient  provoqués 
l)ar  nous  et  par  un  acte'dhoslilité  si  dé- 
cidé, tel  que  serait  l'expulsion  de  leurs  su- 
jets et  la  fermeture  de  nos  ports.  Le  ressen- 
timent contre  nous  serait  d'autant  plus  fort, 
qu'il  serait  en  apparence  plus  juste,  puisque 
nous  n'aurions  reçu  d'eux  aucune  injure. 
Si  cette  indignation  ne  se  ruait  pas  contre 
les  personnes  des  catholiques,  nous  pour- 
rions craindre  à  bon  droit  ciu'on  ne  ruinAt 
l'exercice  de  la  religion  catholique  permis 
avec  tant  de  liberté  dans  ces  domaines. 
Quand  cela  n'arriverait  pas,  il  arriverait  cer- 
tainement que  l'on  prononcerait  l'interdic- 
tion de  toute  communication  directe  et  in- 
directe entre  les  catholiques  et  nous,  l'em- 
pêchement des  missions,  l'interruption  de 
toutes  les  affaires  spirituelles,  et  cela  serait 
un  mal  incalculable  pour  la  religion  et  le  ca- 
tholicisme, mal  dont  n  ms  devrions  nous  ac- 
cuser nous-même  et  dont  il  faudrait  rendre 
le  compte  le  plus  sévère  devant  le  tribunal 

de  Dieu Nous  terminons  ici  les  réponses 

aux  premières  demandes  de  Votre  Majesté, 
avec  la  confiance,  qu'après  des  réflexions 
d'un  si  grand  poids,  elle  abandonnera  ses 
demandes,  et  qu'elle  nous  délivrera  de  la 
désolation  dans  laquelle  elle  nous  a  plongé. 
Mais  les  principes  sur  lesquels  Votre  Ma- 
jesté les  aap[)uyées,  ne  nous  permettent  pas 
do  nous  taire...  Sire,  levons  le  voile  !  Vous 
dites  que  vous  ne  toucherez  pas  à  l'indépen- 
dance de  l'Eglise;  vous  dites  que  nous  som- 
mes le  souverain  de  Home  ;  vous  dites  dans 
le  même  moment,  que  toute  l'Italie  sera 
soumise  à  votre  loi.  Vous  nous  aimoncez 
que  si  nous  faisons  ce  que  vous  vouiez  , 
vous  ne  changerez  pas  les  apparences.  Mais 
si  vous  entendez  que  Rome,  comme  faisant 
partie  do  l'Italie,  soit  sous  votre  loi,  si  vous 
ne  voulez  conserver  que  les  apparences,  le 
doifiaino  temporel  de  l'Eglise  sera  réduit  à 
uno  condition  absnlunuMit  lige  et  sorvile,  la 
souveraineté  et  ViiuU'pendaticc  du  sainl-siége 
seront  détruites.  Votre  Majesté  établit  en 
principe  qu'elle  est  empereur  de  Rome.  Nous 
répondons,  avec  la  franchise  apostolique, 
que  le  souverain  pontife,  qui  est  tel  do[)uis 
un  si  grand  nombre  de  siècles,  qu'aucun 
prince  n'-gnant  no  compte  une  ancienneté 
scmblabl(>  .^  la  sienne,  le  pontife,  devenu 
encore  souverain  de  Rome,  ne  recoimait  et 
n'a  jamais  reconnu  dans  ses  Etats  une 
puissance  supérieure  à  la  sienne  ;  qu'aucun 
empereur  n'a  aucun  droit  sur  Rome.  Vous 
êtes  iuHuensément  grand  ;  mais  vous  ave/, 
été  élu,  sacré,  couronné,  reconnu  oujpereur 
des  Français,  et  non  de  Rouu\  Il  n'existe 
pas  d'empereur  do  Rome  ;  il  non  peut  pas 
exister,  si  l'on  ne  dépouille  le  souverain 
pontife  du  domain"  absolu  et  de  l'empire 
ipi'il  e\erce  so\il  ^  Rome.  Il  existe  bien  un 


tMiiporoiiP  dos  nnninins,  iiiHis  vi^  titrn  c»,!  rc- 
,.,,111111  pur  loiiIrriùiioïKM'l  |))irN'(>ln'M(ij<'sl(} 
(<lli'-m(Miio,   il'iiis   l"('iii|»"'n'iir   (rMIniui^ilc 

Co  n'ost  ipi'iiM  titro  de  (liiAiiilr  cl  d'iini iir, 

liMiiK'l  ne  (ImiiiuK^  en  rien  riiKir'itciuliiiico 
r(''(>ll(«  cl  a|t|mrciilc  du  saint-sic^f^c...  Volro 
M)ijc.s|(\  dit  :  «  Oi'"  "<"*  rclalioiis  avec  cllo 
.sont  les  mr»iucs  (iu(>  crlhis  de  ruis  prcdcccs- 
sciirs  iw'cc  (".liai  Iciiiat^'U!.  >•  Chailciiiai^nc  a 
troiivi^  Homo  dans  les  mains  des  papes,  il  a 
recoiiim,  il  a  conlinm^  sans  réserve  lenrs 
domaines,  il  les  a  aut:;m(Milés  ave»;  de  nou- 
velles donations,  il  n'a  préicndn  ancun  dioil 
(l(>  domaine  ni  de  snpériorilé  sin-  les  poiili- 
l'es  considérés  comme  sonverains  temporels, 
il  n'a  prétendu  d'euv  ni  dépendance,  ni  sujé- 
lion.  Nons  ne  pouvons  admelticî  la  proposi- 
tion suivante  :  ipu'  nous  devons  avoir  pour 
Votre  Majesté  dans  le  temporel  les  ménu'S 
égards  (pi'elle  a  [tour  nous  dans  le  spn-itnel. 
Cette  pro|)osilion  a  une  extension  (pii  dé- 
truit et  altère  les  notions  de  nos  deux  puis- 
sances. Un  souverain  catlioli(iue  n'est  tel 
que  parce  qu'il  profess(î  reconnaître  les  dé- 
tinilions  du  chef  visible  de  riiglise  ,  et  le 
regarde  comme  le  maître  de  la  vérité  et  le 
seul  vicaire  de  Jésus-Christ  sur  la  terre  :  il 
n'y  a  donc  pas  d'identité,  ni  d'égalité  entre 
les  relations  spirituelles  d'un  souverain  ca- 
tholique avec  le  su[)rùme  hiérarque,  et  les 
relations  temporelles  d'un  souverain  avec 
un  autre  souverain....  Vous  dites  encore,  que 
«  Vos  ennemis  doivent  être  les  nôtres.  » 
Cela  répugne  au  caractère  de  notre  divine 
mission ,  qui  ne  connaît  pas  d'iniiîiitiés  , 
même  avec  ceux  qui  sont  éloignés  du  cen- 
tre de  notre  union.  Ainsi  donc,  toutes  les 
fois  que  Votre  Majesté  serait  en  guerre  avec 
une  puissance  catholique,  nous  devrions 
nous  trouver  en  guerre  avec  cette  puis- 
sance? Charleniagne  ,  et  tous  les  princes 
avoués  ou  défenseurs  de  l'Eglise,  ont  fait 
profession  de  la  défendre  de  la  guerre  et  non 
de  l'entraîner  à  la  guerre.  Cette  proposition 
tend  ù  faire  du  souverain  pontifical  un  feu- 
dataire,un  vassal  lige  de  l'empire  français.» 
Celte  lettre  si  éminemment  remarquable  se 
terminait  ainsi  :  «  Si  nous  étions  assez  mal- 
heuri'ux  pour  que  le  cœur  de  Votre  Majesté 
ne  fût  pas  ému  par  nos  paroles,  nous  souf- 
fririons avec  une  résignation  évabgélique 
tous  les  désastres,  nous  nous  soumettrions 
à  toutes  les  douleurs  en  les  recevant  de  la 
main  du  Seigneur.  Oui,  la  vérité  triomphera 
toujours  sur  nos  lèvres  ;  la  constance  à 
maintenir  intacts  les  droits  de  notre  siège 
régnera  dans  notre  cœur;  nous  allroniero.ns 
toutes  les  adversités  de  cette  vie,  plutôt  que 
de  nous  rendre  indigne  de  notre  ministère  : 
et  vous,  vous  ne  vous  éloignerez  pas  de  cet 
esprit  de  sagesse  et  de  prévoyance  qui  vous 
distingue  ;  il  vous  a  fait  connaître  que  la 
prospérité  des  gouvernements  et  la  tran- 
quillité des  peuples  sont  itiséparablement 
attachées  au  bien  de  la  religion....  Vous 
n'oublierez  pas  enfin  que  nous  nous  trou- 
vons à  Rome  exposé  à  tant  de  tribulations, 
et  qu'il  y  a  à  peine  une  année  que  nous 
sommes  parti  de  Paris.  » 


VVA\ 

Na[ioléon  était  souv(!rainoment  irrité  du 
trouver  une  |Miissatice  |ilus  faraude  (pie  la 
sienn(>,  (>t  (pi'il  ne  pouvait  l)iiser.  Il  disait 
à  M.  de  l-'oiilanes  :  «  Ce  prêtre  est  plus  puis- 
sant (pi(^  moi,  car  il  rè^^nr;  sur  les  «sprils; 
moi  j(î  ni^  régne  ipie  sur  la  matière.  Il  Kardo 
l'Ame  et  nu;  jelle  le  catl.ivre.  »  Après  nvoir 
reçu  celle  lellre  du  pape,  il  lappela  son  oncio 
le  cardinal  l-'esch  de  son  aiiibavsade  h  Homo, 
et  le  reinpiaç.i  [)ar  un  prolcsiaiil  noinirié  Al- 
(Hjier,  leipiel  juscpTalors  av.ui  été  ambassa- 
deur à  Naples.  Imi  parlant,  l((  cardinal  se  pré- 
senta au  paj)e,  pour  lui  demander  ses  com- 
missions. «Nous  n'cMi  avons  pas,  ditIMe  \'II, 
nous  vous  chargeons  seulement  de  dire  h 
l'empereur  (|ue ,  (pioi(pril  nous  malliailo 
beaucoup ,  nous  lui  sommes  très-nltaché 
ainsi  (pi'à  la  nation  fran(;aise  :  répétez-lui 
(pie  n(Mis  ne  voulons  entrer  dans  aucune 
considération;  que  nous  voulons  être  indé- 
pendanl,  parce  ([ue  nous  sommes  souverain  ; 
(pi(\  s'il  nous  lait  violeiu;(!,  nous  jiroleste- 
rons  h  lu  face  de  l'Kurope,  et  (|ue  nous  ferons 
usag(!  des  moyens  temporels  et  spirituels 
que  Dieu  a  mis  dans  nos  mains.  —  Votre 
Sainteté,  reprit  le  cardinal,  devrait  se  ra|)pe- 
1er  qu'elle  n'a  pas  le  droit  de  faire  usage  de 
l'antoiité  spirituelle  dans  les  affaires  pré- 
s(;nles  de  la  France  avec  Rome.  »  Le  pape 
demanda  d'un  ton  très-élevé  au  cardinal  où 
il  prenait  cette  opinion.  »  (Artaud,  lom.  II, 
ch.  29.) 

Ce  fut  peu  de  temps  après  que  Napoléon 
fit  son  frère  Joseph  roi  de  Nai)les.  Le  nou- 
veau roi  demanda  h  son  frère  l'autorisation 
de  s'emparer  de  Rénévent  et  de  Ponte-Corvo, 
parce  que  ces  deux  principautés  étaient  en- 
clavées dans  ses  Etats.  L'empereur,  sous 
prétexte  de  mettre  fin  aux  contestations  que 
Bénévent  et  Ponte-Corvo  occasionnaient  in- 
cessamment entre  Rome  et  Naples,  donna 
Bénévent  àTalleyrand,avecle  titre  de  prince, 
et  Ponte-Corvo  à  Bernadotte.  Bientôt  après, 
il  donna  l'ordre  au  général  Lemarrois  d'oc- 
cuper Pesarofano,  Sinigaglia,  tout  le  littoral 
de  l'Adriatique  dans  les  Etats  du  pape.  11  fut 
en  outre  décidé  que  ce  serai  taux  dé|)ens  du  tré- 
sor du  saint-père  que  cette  occupation  serait 
soldée.  Des  soldaîsfrançais,  partis  du  royaume 
de  Naples.  s'emparèrent  de  Civita-Vecchia 
dont  le  général  Duchesne  fît  arrêter  le  gou- 
verneur. Ce  fut  dans  ces  circonstances  que 
le  pape  dit  à  l'ambassadeur  Alquier  :  «  Tous 
les  points  importants  de  nos  Etats  sont  oc- 
cupés par  les  t-roupes  françaises,  que  nous 
ne  pouvons  plus  faire  subsister,  même  en 
mettant  de  nouveaux  impôts.  Si  l'on  veut 
s'emparer  de  Rome,  nous  refuserons  l'entrée 
du  château  Saint-Ange  :  nous  ne  ferons  au- 
cune résistance,  mais  vos  soldats  devront 
briser  les  portes  à  coup  de  canon.  L'Europe 
verra  comme  on  nous  traite  ;  et  nous  aurons 
du  moins  prouvé  que  nous  avons  agi  con- 
forniément  à  notre  honneur  et  à  notre  cons- 
cience. Si  l'on  nous  ôte  la  vie,  la  tombe 
nous  honorera,  et  nous  serons  justifié  aux 
yeux  de  Dieu  et  dans  la  mémoire  des  hom- 
mes. »  Les  desseins  secrets  de  Napoléon  ne 
tardèrent  pas  à  se  montrer  plus   ouverte- 


635 


PER 


PER 


636 


ment  :  M.  Alqiiier  notifia  à  Pie  VU  quo  s'il 
voulait  conserver  ses  Etats,  il  devait  d^rla- 
rer,  1°  que  fous  les  ports  do  lEtflt  pon- 
litical  seraient  form(''S  h  TAnsflelerre,  tou- 
tes les  fois  qtie  eetto  puissance  serait  en 
guerre  avec  la  France  ;  2"  que  toutes  Ie>^  fo-- 
teresses  de  l'Etat  romain  seraient  occup»^es 
par  des  troupes  franraise'^,  toutes  Ifs  fois 
q'i'une  ariiK^e  de  ferre  aurait  dt''b'^r.(u»''.ounii- 
r.iitmenacéded(^l)arquer  sur  un  des  points  do 
l'Ilnlif.  I.e  saint-nère  r(''pondi(  :  «  Sa  Maji'slf^ 
ji'Mit,  quand  elle  le  voudra,  exécuter  ses  me- 
naces et  nous  enlever  ce  que  nous  possé- 
dons. Nous  snnunes  r -signé  h  tout,  et  pr^t, 
si  elle  veuf,  à  nous  retirer  dans  un  couvent, 
ou  dans  les  catacombes  de  Home  à  rexein- 
ple  des  premiers  tidèles.  »  Alquier  écrivit  à 
Talleyrand  :  «  Votre  Altesse  no  peut  avoir 
oublié  ce  que  j'ai  dit  constamment  do  la  ré- 
sistance opiniiUrc  du  pape,  et  do  l'impossi- 
bilité que  je  trouvais  h  la  vaincre.  On  s'est 
ëtrangeme  it  trom[)é  sur  le  caractère  de  ce 
souverain,  si  l'on  a  pensé  que  sa  flcTibililé 
apparente cé<lait?>  tous  les  mf)uvements  qu'on 
voidait  lui  imprimer  ;  cette  manière  de  le 
juj;er  n'est  vraie  (jue  sur  les  objets  d'admi- 
nisliation  et  de  détails  do  gouvernement,  où 
le  pape  s'en  remet  à  la  volonté  tie  ceux  qui 
en  sont  chargés;  mais  dans  tout  ce  qui  tient 
à  l'autorité  du  clief  de  l'E^l  se,  il  ne  s'en 
rapporte  qu'à  lui  seul...  Le  pape  a  un  ca- 
ractère doux,  mais  trè-;-irri!able,  et  suscep- 
tible do  déployer  gne  fermeté  ù  toute  épreuve. 
C'est  un  fait  constant,  qu'il  ne  verra  pas 
sans  une  satisfaction  tr^s-vivo  que  sa  résis- 
tance produise  des  changements  politi(pies 
qu'il  appellera  persécution...  Comme  tous 
les  ullramontains,  il  pense  que  les  malheurs 
de  l'Eglise,  suivaiit  leur  expression,  doivent 
amener  des  temps  plus  prospères  et  des 
jou  s  lie  triomphe;  et  déjà  ils  (lisent  baute- 
nii.Tit  :  Si  l'emponMii-  nous  renverse,  son  suc- 
cesseur nous  relèvera.  (Artaud.) 

Pendant  qtie  Napoléon  conmiençait  h  per- 
sécuter le  pape,  il  rendait  des  dé-iTi-ts  i'.ivo- 
rables  au  clergé  de  ses  Etats.  11  autorisait 
les  évéques  à  faire  des  visites  pastorales 
dans  les  maisons  d'i'-ducation,  et  accordait 
des  bourses  aux  séminaires  :  il  leur  donna 
des  maisons,  et  accorda  rexem[)fion  de  la 
conscri[»tio;i.  U  accorda  en  "utre  des  secours 
de  toutes  sortes  aux  sœurs  hospitalières.  Il 
établit  hs  frères  des  Ei-oles  chn'tieruies  pour 
l'instruction  gratuite  des  enfuits  des  pau- 
▼res.  Peut-être  (|ue  cette  bienveillance  do 
Napoli'oii  h  j'ég  ird  du  c|er.,n'  de  Kr.ince,  rlit 
M.  Holirbacher,  était  destinée  <i  servir  de 
manteau  h  ses  mauvais  desseins  h  l'égard 
du  souverain  [>ontifo.  Non,  cela  n'est  [vis 
admissible  :  Nai)ol' on  sentait  trop  bien  le 
besoin  de  la  religion  en  Franco,  pour 
faire,  des  mesures  qu'il  prenait,  quelque 
chose  qui  ne  fi^t  pas  sérieux,  (^cs  njosures 
<îta  ont  trop  éminemuv  lit  niibs  (>onr  qu'on 
pui<>e  maintenant  dire  qnVlIrs  étaient  des- 
tinées h  Voiler  les  mauvais  desseins  dt>  l'em- 
pereur a  l'égard  da  pap»'.  Tout  ce  que  Na- 
poléon faisait  pour  le  elergé  i|e  France  et 
pour  les  institutions  religieuses,  unirait  dans 


le  vaste  plan  de  réoi  :::anisation  sociale  que 
cet  homme  providentiel  accomplissait. 

Ce  fut  h  cette  époque  décembre  1806)  que 
Mgr  Arozzo,  archevéq'e  de  Séleucie  ,  infor- 
ma le  f)ape  que  Napoléon,  extrêmement  ir- 
rité do  voir  (fu'il  ne  voulait  pas  faire  cause 
commune  avec  lui  contre  ses  ennemis,  me- 
naçait de  lo  priver  de  ses  Etats  et  de  faire 
un  roi  de  Koni".  De  son  c»*>té  Eugène  Boau- 
harn.iisv  beau-iils  de  Napoléon  "cl  vice-roi 
d'Italie,  inqinéinil  .sans  cesse  Pie  VII  au  su- 
jet du  Cniirordal  italien.  Il  alla  jusiui'a  lui 
envoyer  copie  de  la  lettre  suivante  do  Napo- 
léon. «  /)rf<r/^,  22  ;iu7/f/  1807.  Mon  tils,j'ai 
vu  dans  la  lettre  que  Sa  Sainteté  vous  a 
adressée,  et  quo  certainement  elle  n'a  pas 
écrite,  j'ai  vu  (lu'elle  me  menace.  Croirait- 
elle  que  les  droits  du  trône  sont  moins  sa- 
crés aux  yeux  de  Dieu  que  ceux  de  la  liare? 
Il  y  avait  des  rois  avant  qu'il  y  eût  des  pa- 
pes. Ils  veulent,  disent-ils,  publier  tout  le 
niai  que  j'ai  fait  à  la  religion  :  les  insensés  I 
ils  no  savent  pas  qu'il  n'y  a  i  as  un  coin  du 
mon<le  en  .Vliemagne,  en  Italie,  en  Pologne, 
où  je  n'aie  fait  encore  plus  de  bien  à  la  reli- 
gion, (jue  lo  papo  n'y  a  fait  do  mal,  non  par 
de  mauvaises  mteniions,  mais  par  les  con- 
seils irascibles  do  quelques  hommes  tjornés 
qui  l'entourent.  Ils  veulent  me  dénoncer  à 
la  chrétienté:  cette  rnlicule  pensée  ne  peut 
appartenir  qu'à  une  prolonde  ignorance  du 
siècle  où  nous  sommes.  U  y  a  une  erreur 
de  mille  ans  de  date.  Le  pape  qui  se  porte- 
rait à  uno  tflle  d^nnarche  cesserait  d'être 
pape  à  mes  yeux  ;  je  ne  le  considérerais  que 
comme  l'antechrist  envoyé  pour  boulover- 
s  T  le  monde  et  faire  du  mal  aux  hommes, 
et  je  remercierai.:;  Dieu  de  son  impuissance. 
Si  cela  était  ainsi,  je  sé[iarerais  mes  peuples 
do  toute  commu  icalionavec  Ilom\  elj'éla- 
bl  rais  une  leUe  |  olice,  qu'on  no  verrait  plus 
circuler  ces  pièces  myslcrieu^e.s,  ni  |)rovo- 
(juer  ces  réunions  souterraines  qui  ont  allli- 
gé  quelques  partiivs  de  l'Italie  et  rpii  n'avaient 
été  imaginées  <iuc  pour  alarmer  les  âmes 
timorées...  (Jue  vent  faire  Pie  VII  en  me 
dénonçant  h  la  chrétienté?  .Mettre  mon  trùne 
en  interdit,  m'excommunier?  Pense-t-il  alors 
(fue  les  armes  tomberont  des  mains  de  mes 
solilats?  Pense-l-il  mettre  le  poignard  aux 
mains  de  mes  [)euples  pour  m  égitrger?  U  ne 
lui  resterait  nlus  alors  qu'à  essayer  de  me 
faire  eouper  les  cîieveux  et  do  m'tMifermer 
dans  un  monastère.  Le  pape  actuel  s■e^l 
donné  la  peine  do  yenir  à  mon  coupo  uie- 
int  lit  à  Paris.  J'ai  reconnu  à  celte  démandie 
un  sninl  prélat;  mais  il  voulait  que  je  lui  cé- 
dasse les  Légations;  je  n'ai  pu  ni  n'ai  voulu 
le  l'.sire.  Lo  papeai  tuel  est  Iroj)  puissant;  les 
prêtres  no  soui  pas  fait.s  pour  gouverner. 
Pourquoi  le  pape  no  vout-il  pas  rendre  à  Cé- 
sar ce  qui  est  à  Ci'sir?  Fst-il  sur  la  terre 
l»lus  ipit!  J(''Mis-Clnist  ?  Peut-être  le  temps 
n'est  pas  loin,  si  Ion  veut  coulinuer  à  trou- 
bler 1  s  airùres  de  mes  El.ils,  où  jo  ne  re- 
connaîtrai le  pape  (pie  comme  évùiiue  de 
Home,  (^ommeégal  el  au  même,  rang  que  les 
évèqnes  de  mes  Hiats.  Jo  no  craindrai  pas  do 
réunir  les  Eglises  galhcaue-ildUiÉnn»*,  hIIu- 


C37 


l'KR 


inamlo-p'ilnniiisc,  ilnns  un  coiicilo .  pour 
l'iiin»  u)is  /ilVaii't'S  sniis  |)(»|)<'.  Onns  If  ftiil,  co 
qui  piMit  sniivor  dans  tiii  pays  pciil  sauver 
dans  un  autre  :  les  tlnuls  de  la  tiare  ne  smil 
au  l'oiid  (jue  des  devoirs  :  .s'Innuilii'r  el  prier. 
.Ii>  liens  nia  eonrnnMe  de  Dieu  et  ch'  nies 
peuples.  J(^  serai  loujours  C.liarliMiiaf^  le  pour 
la  cour  de  Home,  el  jamais  l.oiiis  le  |)(M»oii- 
nain».  Jésus-I'.hrist  n'a  pas  insiilné  un  pèle- 
l'i'iagi^?»  IlonuM'onime  Malioniel  ?i  In  M.-cijue. 
Tels  so  'I  nies  se  ilimeiils,  ino'i  Ijls.  Jo  II  au- 
toriso  plus  (lu'uMc  seiil(^  lellre  de;  vous  h  Sa 
S.iinteti',  pour  lui  faire  eoiriailic  qnej.;  ne 
puis  eonsenlir  h  ee  (pi(>  les  évèipies  ilalie'is 
nilienl  cliereher  leurs  i'islilutions  à  Uoiiu'.  » 
(Paica,  lom.  I,  pa,;-.  îiO  et  suiv.|  F-vi.lemiuent 
cellt>  UMIre  n'est  pas  de  Na|)ol(W»n  :  elle  est 
do  sn  colore,  ell(»  est  (^crife  jiar  sa  |)assion. 
O'i  n'y  roconnait  ni  la  s:'i;(>sse,  ni  la  proton- 
deur tie  vues  (pTon  trouve  ordi-iaiicmeiit 
dans  ce  ipie  lait  cet  hoiiiine  extraordinaire. 
Aussi  Pie  \'\\  ne  voulut-il  pas  la  communi- 
quer an  sacré  (•oIlé^;e. 

Ainsi  que  nous  l'avons  vu,  Napoléon  avait 
demandé  h  Pie  Vil  un  cardinal  ayor.  [doins 
pouvoirs  pour  t(>rminer  les  ntl'aires  eUro 
lui  et  Uome;  mais,  dosa  part,  ce  n'étail  (pfuii 
piégo.  Aussi,  le  pape  ayant  proposé  le  car- 
d'U.d  Litta,  liommo  capable  otdonl  on  avait 
parlé,  Napoli'on  le  refusa,  et  dcmaiiiia  le  car- 
dinal Razaiio,  liouMuo  d'une  grande  faiblesse 
ol  entièrement  sourd.  Pie  VII,  voyant  (ju'ori 
avait  riiilenlio;i  d'abnserde  sa  complais  uice, 
mit  lin  h  cette  légation,  en  disant  qu'il  en 
appelait  aujugement  de  Dieu. 

Le  bruit  s'étaiit  répa'tdu  que  Na[)oléon  de- 
vait se  rendre  en  Italie  et  aller  h  Home, 
Pie  VII  envoya  l'inviter  à  descendre  dans 
son  ji.dais  du  "Vatican,  ne  voulant,  disait-il, 
céder  cl  personne  l'honneur  de  recevoir  un 
hôte  si  illustre.  Nonobstant  cette  invitation 
touchante,  1  \  guerre  d'argumentation  conti- 
nuait h  Paris,  et  l'ambassadeur  Alqnier  en- 
voyait au  cardin.il  Casoni,  conlie  la  puissance 
temporelle  di>s  [lapes,  les  [ilnidoyers  de  M.  de 
Champagny,  nouveau  ministre  des  affaires 
étrangères\le  France.  Le  ^28  janvier  18j8,  le 
Cardinal  répondit  par  ce  passage  de  Bossuet: 
«  Dieu  voulut  que  cette  Eglise,  la  mère  com- 
mune de  tous  les  royaumes,  ne  fiU  dépen- 
dante d'aucun  royaume  dans  le  temporel,  et 
que  le  siège  où  tous  les  lidèles  devaient  gar- 
der l'unité  de  la  foi,  fût  mis  au-dessus  des 
partiaiilés  que  les  divers  intérêts  et  le>  jalou- 
sies d  Etat  pourraient  causer.  L'Eglise,  indé- 
pendante dans  son  chef  de  toutes  les  puis- 
sance s  temporelles,  se  voit  en  état  d'exercer 
plus  librement,  pour  le  bien  commun  et  sous 
la  protection  des  rois  chrétiens,  cette  puis- 
sance céleste  de  régir  les  âmes,  et  tenant  en 
main  la  balance  droite  au  milieu  de  tant 
d'empires  souvent  ennemis,  elle  entretient 
1  unité  dans  tuut  le  cor|)S,  tantôt  par  d'in- 
flexibles décrets  et  ta ntol  [^ar  de  sages  tem- 
péraments. »  On  no  pouvait  pas  exprimer, 
ajoute  lecardinal,  ni  plus  solidement,  ni  plus 
clairement,  la  nécessité  oij  se  trouve  l'Eglise 
roniaine  de  conserver  sa  neutralité  et  l'indé- 


l'FH  Hf 

iientbtuee  de  non  domainu  tempopoi.  (  Horh< 
bâcher,  vol.  XXMII,  p.  7.1.  ) 

l'en  de  JMurs  apr«^s,  le  ^én<^^d  MioMis 
frère  de  léveque  di-  DUric,  «nnoMçj»  (pj'jl  .tI- 
lait  pas.ser  avec  un  cor|»H  ih;  troupes,  pour  sy 
leiiille  d  Uis  |(!  royaume  «le  Naplen.  |)/UIM  la 
même  journée  ori  sut  ipie  les  l'"ran»;aiH  mar- 
chaient sur  Uome,  annonçant  ipi'ils  nvriient 
ordre  de  s'en  emparer.  L«'  pape  a''S(>mbla  lo 
sacré  collège,  et  r('digea  In  piotfs'^lalion  sui- 
vante, (pi'il  lit  alliclier  dans  Uonie,  h  l'eritréo 
de  rariiii'e  frrieaise,  laqu'lli- eut  lieu  le  len- 
demain au  matin,  2  février  IHOH. 

«  Sa  sainteli'*  noire  seigneurie  p.ipe  Pii;  VM, 
n'ayant  pu  airK'iin'à  tontes  lesdiniiaude^  ijui 
lui  ont  été  faites  (h;  la  pai  l  du  gonveriU'iiKnit 
français,  [)ai'C(i  (pie  la  voix  de  sn  conscienno 
et  ses  devoirs  sacrés  h>  lui  déf(Midaieit,a  cru 
(l('V(»ir  subir  les  désastreuses  consécpiences 
do  il  on  l'avail  menacé  [lar  suite  d(!  sou  re- 
fus, el  mèiiKî  l'occiipalion  militaire  de  la  ca- 
pitale on  il  siégo.  Hésigné  dans  Ihumililé 
lie  son  (;œur  devant  les  impénétrables  juge- 
ine-ils  du  ciel,  il  rtnnet  sa  cause  aux  main.«, 
de  Di(ni  ;  mais,  ne  voulant  pas  d'ailleurs  man- 
quer h  l'essentielle  obligation  de  garantir  les 
droits  (lésa  souvm'aineté,  il  nous  a  ordonné 
de  protester,  comme  il  jiroteste  formelle- 
ment en  son  nom,  en  celui  de  ses  succes- 
seurs, coniie  toute  usurpation  de  ses  domai- 
nes, sa  volonté  étant  que  les  droits  du  saint- 
siége  soient  et  demeurent  (oui  à  fait  in- 
tacts. 

'<  Vicaire  sur  la  terre  de  ce  Dieu  de  paix 
qui  nous  a  enseigné  par  son  exemple  la  dou- 
ceur et  la  patience,  il  ne  doute  point  (|U0 
ses  sujtns  bicn-aimés,  qui  lui  ont  toujours 
do  lié  tant  de  preuves  d'obéissance  et  d'at- 
lachem  nt,  ne  mettent  Ions  leurs  soins  <i  con- 
server la  tranquillité  privée  et  [lubli  pie.  Sa 
Sainteté  les  y  exhorte  et  le  leur  ordonne  ex- 
piessément;  elle  espère  que,  loin  de  faire 
aucun  tort,  aucune  offense  hq.d  que  ce  suit, 
ils  respecteront  môme  les  individus  d'une 
nation  dont  elle  a  reçu  tant  de  témaignages 
de  respect  et  d'affection  dans  son  voyage  en 
France,  on  son  séjour  à  Paris.  »  Cette  pro- 
testation était  signée  du  cardinal  Casoni,  se- 
crétaire d'Etat. 

Suivant  l'avis  du  sacré  collège,  Pie  VII 
avait  donné  l'ordre  que  les  portes  de  la  ville 
fussent  ouvertes  à  l'heure  ordinaire;  que  les 
gardes  pontificales,  au  lieu  de  faire  aucune 
résistance,  restassent  immobiles  dans  leurs 
quarliers,  et  laissassent  les  Français  entrer 
librement  dans  Uome.  Le  2  février,  vers  les 
huit  heures  du  matin,  l'armée  française  en- 
tra dans  Rome,  désarma  la  garde  pontificale, 
occuoa  le  château  Saint-Ange,  et,  tandis  que 
le  pafie  et  le  sacré  collège  célébraient  dans  la 
chapelle  du  Quirinal  l'olTice  solennel  de  la 
fête  de  la  Purification,  un  gros  corps  de  ca- 
valerie el  d'infanterie  fut  porté  sur  la  grande 
place  du  palais  pontifical,  et  dix  pièces  d'ar- 
tillerie furent  braquées  en  face  des  fenêtres 
de  l'aiiparlement  du  pape.  Les  ofiiciers  fran- 
çais et  quelques  sujets  rebelles  avaient  es- 
péré qu'a  la  vue  de  cet  appareil  terrible,  le 
pape  et  le  sacré  collège,   effrayés,  auraient 


03» 


TER 


fini  par  accepter  les  conditions  do  l'empe- 
reur. Lf'ur  (''lonnement  fui  grand  de  voir  la 
cérémonie  continuer  «vec  la  plus  grande 
tranquillité,  et  les  cardinaux  se  retirer  en- 
suitpsans  montrer  auruu  signe  d'altération. 
(Pacca,  Mémnirrs<t  sur  Pie  Vil.  ) 

Le  lendemain  3  février,  le   pape   déclara 
au   général    Miollis  et  h  l'amliassadour  Al- 
quier  qu'il  se  considérerait  con)rae  Jprison- 
iiier,  tant   qu'il  y  aurait  à  Homo  une  armée 
d'orcupation.  Le  général  avait  f»rdre  de  n'o- 
jiérer  de  changements  dans  le  gouvernement 
(]uo   Ipntonient  et  sans  serousso  ;  mais  avant 
même  la  tin  du  mois,  il  dut,  daitrés  l'ordre 
formel  de  son  gouvernement  entrer  dans  la 
voie  dos  mesuros  violontos  et  arbitraires.  Les 
cardinaux  Caralfa,   Trajetto,    Pignatelli,  Sa- 
luzzo,  Caracciolo  et  Rulfo  Scilla,  tous  Napo- 
litains, reçurent  l'ordre  do  partir  immédia- 
tement pour  Naples.  Ils  répondirent,  (prê- 
tant attachés  au  sacré  collège,  ils  ne  pou- 
vaient quitter  Rome  sans  lordie  formel  du 
saint-père.  On  les  lit  partir  de  force.  Le  mois 
suivant,  le  même  ordre  fut  donné  h  tous  les 
cardinaux  italiens   dépendant  des  Etats  an- 
nexés à  l'empire  français.  Pie  VII  leur  adressa 
h  chacun  une  lettre  qui  leur  défendait  d'o- 
béir. «  Dans  le  cas  oîi  la  force,  y  étail-il  dit, 
après  avoir  indignement  arraché  Votre  Emi- 
nence  du  sein  du  chef  de  l'Eglise,  vous  lais- 
serait libre  à  quehpu;  distance  de  Rome,  la 
volonté  de  Sa  ïSainteté  est  que  vous  ne  pour- 
suiviez pas  le  voyage,  afin  qu'il   soit  bien 
constaté  que  la   violence  seule  a  pu    vous 
éloigner  du   saint-siége.  »  Le  cardinal  Do- 
ria,  ((ui  avait  été  mis  à  la  place  du  cardinal 
("asoni,  comme  prosecrélaire  d'Etat,  fut  en- 
levé  de  Rome  par  la  force  et  se  réfugia  à 
Génos.  Le  cardinal  (iabrielli  lui  succéda  dans 
ses  fonctions.  On  lit  enb^ver  de  Rome  |)ar  un 
piiiuet  de  soldats  français,  et  renfermer  dans 
lalorleresse  de  Fénestrelle,  MgrCavalctiini, 
gouverneur  de  la  capit'de    du   monde  cbré- 
lien.  En  partant,  il  publia  la  lettre  suivante, 
qu'il  écrivait  au  pape  :  «  Il  n'y  a  jamais  eu  de 
moment  de  ma  vie  où  mon  Ame  ail  é|»rouvé 
autant  de  consolation  et  de  paix  que  le  mo- 
mcul  où  j'adresse  à  Votre  Sainteté  cette  let- 
tre   respectueuse.   Heureuse  lettre  ;i  (pii  il 
sera  permis  au  moins  d'ap|)rocber  du  trône, 
si  l'on  refuse  cette  permission  h  celui  qui  l'a 
écrite!  Lettre  témoni  éternel  des  sentiments 
avec  lesquels,  aujoind'liui  arraché  par  la  vio- 
lence, je  me  sépare  de  mon  souverain  et  de 
mon  [tèro  !  Serein  d'.lino.  Iran(piille  d'esprit, 
avec  une  conscience  (jui  ne  me  reprocha  ;\u- 
cun  délit,  je  vais  quitter  Rome.  Votre  fer- 
meté  invincible,   très-saint-pèro,  et  l'exoin- 
ple  illustre  de  tant  de  personnages  l'minents 
révolus    de  la  pourpre,  et  qui   soulfrcnit  la 
mémo  injuste  Inltulaiion.m'aiiiuient  et  m'en- 
couragent. Honorabl(>  osl  mon  délit,  et  jeu 
dois  être  orgueilleux  devant  toute  adversité 
et  tout  siip[)iice  ;  mon  délit  est  de  vous  avoir 
conservé  um>  lidélité  connue  je  le  devais.  Et 
oui,  J»  mon  exemple,  ne  conservera  pas  la  ti- 
déjité  \\  un  héros  de  patience  h  la  fois  et  de 
force,  tel  "lue  vous  vous  montre/.,  très-saiiit- 
père,  et  tel  que  vou.s  Aies;  au  chef  de  lE- 


PER  eio 

lise,  au    successeur  de    saint  Pierre?  J'ai 
ri'iiii  pour  votre  auguste  personne  aux  pro- 
positions qui  m'ont  été  faites  de  grandeurs, 
de  richesses  et  d'homiours,  si  je  m'étais  dé- 
claré rebelle  h  votre  tiùnc  et  à  vous  ;  j'en  ai 
frémi,  j'en  frémis  encore  en  y  pensant.    De 
telles  récompenses   auraient  été  semblables 
h  ces  monnaies  (pie  reçut  le  disciple  traître 
h  Jésus-Clirisl.  J'aurais  cru  accepter  un  sa- 
laire d'iniquité,  et   le  vil  [)rix  du  sang  et  de 
l'impiété.  .Menacé,  je  no  me  suis  pas  senti 
abattu  ;  gardé  à  vue   maintenant,  je  ne  me 
laisse  jias  abattre;  arraché  de  Rome,  je  serai 
le    môme.   Et   (piel  minisire,  fidèle  à  vous, 
pourrait  s'humilier?  Que  ce  soil  là  le  plus 
amer  reproche  qu'auront  h  se  faire  vos  en- 
nemis  et    les  miens!  Je  serai  privé  de  tout, 
mais  rien  ne  m'enlèvera   la  belle  joie  d'une 
conscience  pure  (pii  souffre,  sans  l'avoir  mé- 
rité, et  de  son  dévouement  au  saint-siége,  et 
de  son  amour  pour  votre  personne  sacrée. 
On    me   refuse  la  faculté  de  retourner  h  ma 
maison  paternelle,  et  l'on  me  prescrit  le  mi- 
sérable séjour  d'une  forteresse  éloignée  (Fé- 
nestrelle) ;  mais  en  contemplant  les  murailles 
étroites  qui  m'environneront,  les  liens  et  les 
chaînes  dont  je  serai  peut-être  chargé,  rien 
ne  m'empêchera  de  penser  continuellement 
à  vos  conseils  et  à  vos  exemples,  qui   furent 
pour  moi  les  commandements  les  plus  légiti- 
mes. L'emploi  que,  pendant  peu  d'années, 
j'ai  eu  l'honneur  d'exercer  dans  ^a  capitale 
auprès  de  votre  Sainteté,  avec  tous  les  sen- 
timents de  lidéliié  et  de  justice  que  j'ai  pu  y 
apporter,  je  demande    (pi'il  me  soit  permis 
de  n'y  pas  renoncer,  quoiriue  j'en  sois  éloi 
gné.  Ce  souvenir  me  sera  (l'une  quotidienne 
consolation  dans  les  traverses  de  mon  dou- 
loureux exil.  Dieu  prendra  soin  de  la  justice 
de  ma  cause,  et  j'en  suis  st!lr,  car  elle  mir-^ 
che   du    même    {las  que  la  v(jtre.    Voilà  le.s 
sentiments  aveclesquelsje  pars,  ô  très-saint- 
père  :  et  avec  les  plus  fervents  sentiments  de 
religion  et  de   tendresse    liliale,  j'implore, 
pour  ,^  présent  el  pour    toujours,  la    paler- 
nelle  bénédiction    apostolique.    Cavalcuim, 
(joiivcrncur  dr  liowe.  » 

Au  mois  d'aoi"il  suivant,  on  vint  dire  au 
pape  (pi'une  fr(''gale  anglaise  était  depuis 
queUnies  jours  à  la  hauteur  de  Fiumicino  ; 
qu'elle  avait  ordre  de  recevoir  Sa  Sainteté 
et  de  la  conduire  en  Sicile.  Le  pape  relusa, 
en  disant  :  "  Je  ne  rpiitterai  le  saint-siége 
(|ue  lors(jue  la  force  viendra  m'en  arracher.  » 
Le  0  septembre  1808,  uii  major  du  nom  de 
.Mun/.io  se  présenta  au  cardinal  Pacca,  pour 
lui  signifier  un  ordre  de  départ,  disant  qu'il 
avait  (Miblié  une  notificalio-i  du  papo  capa- 
l)le  de  mettre  obstacle  aux  etuôlements  cpie 
faisaient  les  Français.  Le  pape,  prévenu  par 
un  billet,  vint  lui-même  trouver  son  m  nis- 
tre,  et  le  prcniiit  par  la  main,  le  conduisit 
dans  ses  appartements  ,  et  déclara  que  si  on 
voulait  venir  l'y  prendre,  il  faudrait  qu'on 
bris'it  les  portes.  «  Je  suis  las,  dil-il  à  l'ofli- 
cier,  de  soull'rir  tant  d'outrages  el  d'insultes 
de  la  part  d'un  iKunme  (pii  >e  dit  encore  ca- 
tholique ;  on  vont  m't'itcr  un  à  un  tous  mes 
ministres,  afin  do  m'empôcher  d'accomplir 


641  m:u  peu  in 

iiiiiii    (Icviiir  aposhilifiim   ri    [tour*  ontnivor      nolcn  voloiilrt  a  mis  vu  piviticiiKt,  cl  du  Inis- 
r(<\('i(i("('    (les   (lioils    tlo    ma    soiivcraiiKUrt      .sci-  dniis  le  repos  cclli!  vcr^c  i|iii  nous  .1  r'-lr') 

ilrvn      «llnhiién  il'Uis  la  immnoiiih)  du   ijH'iilieiliciix 
l'iorro,  priiicn  des  npAlres,  avttc  la  ^nrdo  du 


l(Mn|ii)i-cll(\  je  IK' veux  pas  ipi  on   m  ciiKiv 
le  cardinal.  »  Co  lui  on  mai  IHO'J,  <|ut)  Nap< 


liMUi  mil  lo  coiiddc  à  (('tic  pi'is('(iiliuii,  ru  (la-  liv)iip('au    universel   du    Seimir'ur,    pour   la 

laiil  d(!  N  ii'inu'.où  d  veiiail  d'euirer,  uudi'crel  coiicMlinu  cl  la  punilioii  des  liiejjis  éj^arécs 

(|ui  iiicornoraii  délinilivcmcnl  les  lilals  lo-  e(   (il).sliM(''('.s  dans   leur  cf^aifMiutril,  cl  pour 

uiains  h  I  empire  l'ianrais.  I,e  10 juin,  l'ailil-  l'exempio  et  la  Icrreur  sidutaire  des  nulros  1 

Ici'ic   du  cliAlcau   Saiul-Auj;;c   }i;i(»uda    pour      Mais    hî   lenips   de   la  douceur  r-sl  nn.ssô 

annoncer  la  (-liule  du  j^ouveriuMueul  pou-  Si  non.-»  \u)  voidnns  pas  oncuuiir  le  rcpro- 
(ilical.  Le  draneau  IVauçais  fut  mis  à  la  clm  de  né>;li|j,eucc,  de  lAchelé,  (pu;  nous 
pKuu!  de  celui  du  papu.  I>(>  décrel  d'iucorpo-  rcslc-lil,  sinon  de  mépriser  loule  raison  1er- 
roliou  lui  publié  h  sou  de  Irompo  dans  tous  reslre,  do  repousser  toulo  prudence  do  la 
I(>s  (piai'liers  de  la  ville.  J)és  le  11  au  malin,  chair,  ol  (rexé('ider  ce  préeejile  évanj^îlirpjr- : 
la  bulle  suivante  lut  trouvée  allichée  îi  très-  Si  i/uch/u'un  n'ecoulc  /xm  irlijlisc,  (ju'il  noiiit 
grand  nondiro  d'exemplaires  sur  les  murs  do  soif,  comme  un  païen  et  un  publlcain.  Q{i'i\H 
lii  villt»  papale,  sans  (pie  la  police  IVam.aise,  n|)pr(MUK'nt  une  fois  ,  eoMuu(;  dit  (lié- 
qui  était  Irès-aclive,  pût  savoir  par  ([ui  elle  j^oire  (b;  Na/ianze,  (pi'ils  sont  soumis  par 
avait  élé  placardée.  I-^llo  commence  par  ces  la  loi  du  Chrisl  à  notre  empire  ot  à  nolro 
mois:  Qduin  nicnionniilit  illit  (/(V,...  Lo  pape  tri')!!!*,  (^ir  nous  aussi  nous  exerf;ons  un 
énuuu're  les  empiétements  succossils  du  (onnuandcnK-nl,  el  mémo  une  j»uissanco  su- 
^ouvernemonl  l'rancais  sur  le  saint-siége,  périeure,  à  moins  (ju'il  ne  soiljusle  quo 
il  en  signal(>  Kvs  lendances,  ot  se;  |)lainl  amé-  l'esprit  le  cède  à  la  chair,  cl  les  choses  du 
remeiil  (l'avoir  <i  souUVir  (lo  telles  violences  ciel  à  celles  de  la  terre.  Autrefois  tant  do 
do  la  pari  d'un  souverain  el  d'un  peuple  souverains  pontifes,  recomraandables  par 
auxcpiels  il  a  témoigné  tant  d'aU'ection  :  leur  doctrine  et  leur  sainteté,  en  sont  venus 
«  Nous  nous  souvenions,  avec  saint  Am-  à  ces  extrémités  contre  des  rois  et  des  f)rin- 
broisc,  que  le  saint  homme  Nabolli,  posses-  ces  endurcis,  parce  que  la  cause  de  l'Eglise 
seur  d'une  vigne,  interpellé  par  une  do-  l'exigeait  ainsi  pour  l'un  ou  pour  l'autre  de 
ma'ule  royale  de  donner  sa  vigno,  où  le  roi,  ces  crimes  que  les  saints  canons  frappent 
après  avoir  fait  arracher  les  ceps,  ordonne-  d'analhème  ;  craindrons-nous  de  suivre  en- 
rait  de  planter  des  légumes,  avait  répondu  :  lin  leur  exemple  ,  après  tant  d'attentats  si 
Dieu  me  garde  de  livrer  riiérilage  de  mes  méchants,  si  atroces,  si  sacrilèges,  si  connus 
pères  !  De  ]h  nous  avons  jugé  qu'il  nous  et  si  manifestes  h  tous  ?... 
était  bien  moins  permis  de  livrer  notre  hé-  «  A  ces  causes,  par  l'autorité  du  Dieu  tout- 
ritage  antique  el  sacré,  ou  de  consenlir  faci-  puissant,  par  celle  des  saints  apijtres  Pierre 
lemont  .^  ce  quequi  que  ce  fût  s'emparût  de  la  et  Paul,  et  par  la  nôtre,  nous  déclarons  que 
capitale  du  montle  catholi(iuo,  pour  y  trou-  tous  ceux  qui,  af)rès  l'invasion  de  celle  il- 
bler  et  délruirc  la  forme  du  régime;  sacré  qui  lustre  ville  el  du  territoire  ecclésiastique, 
a  été  laissée  par  Jésus-Christ  à  sa  sainte  Eglise,  après  la  violation  sacrilège  du  patrimoine  de 
et  réglée  par  les  canons  sacrés  ([n'a  établis  saint  Pierre,  prince  des  apôtres,  entreprise 
lEspril  de  Dieu  ;  pour  substituer  à  sa  place  et  consommée  par  les  troupes  françaises, 
un  code  non-seulement  contraire  aux  saints  ont  commis  dans  Rome  et  dans  les  posses- 
canons,  mais  encore  incom})atible  avec  les  sions  de  l'Eglise,  contre  l'immunité  ecclé- 
précoples  évangéliques,  et  pour  introduire  siaslique,  contre  les  droits  temporels  de  l'E- 
enliii,  comme  il  est  d'ordinaire,  un  autre  or-  glise  et  du  saint-siège,  les  excès  ou  quel- 
dre  de  choses  qui  tend  inanifeitement  à  as-  ques-uns  des  excès  que  nous  avons  dénoncés 
socier  et  à  confondre  les  sectes  el  toutes  les  dans  les  deux  allocutions  consisloriales  sus- 
superstitions  avec  l'Eglise  catholique.  Na-  dites  (16  mars  et  11  juillet  1808),  et  dans 
bolli  défendit  sa  vigne,  môme  au  prix  de  son  plusieurs  protestations  et  réclamations  pu- 
sang,  remarque  saint  Ambroise.  Alors  pou-  bliées  par  notre  ordre  ;  tous  leurs  commet- 
vions-nous,  quelque  événement  qui  dût  ar-  tants,  fauteurs,  conseillers  ou  adhérents,  tous 
river,  ne  pas  défendre  nos  droits  et  les  pos-  ceux  enfin  qui  ont  facilité  l'exécution  de  ces 
sessions  de  la  sainte  Eglise  romaine,  que  violences,ou  les  ont  exécutées  par  eux-mêmes, 
nous  nous  sommes  engagé,  par  la  religion  ont  encouru  l'excommunication  majeure  et 
d'un  serment  solennel ,  à  conserver  autant  autrescensuresel  peines  ecclésiastiques  por- 
qu'il  est  en  nous  ?  Pouvions-nous  ne  pas  re-  tées  par  les  saints  canons  et  constitutions 
vendiquer  la  liberté  du  siège  apostolique,  apostoliques,  par  les  décrets  des  conciles  gè- 
si  étroitement  unie  à  la  liberté  et  aux  inté-  néraux,  el  notamment  du  saint  concile  de 
rets  de  l'Eglise  universelle?  Trente;  et  au  besoin,  nous  les  excommunions 

K  Plût  à  Dieu  que  nous  pussions,  à  quel-     et  anathémalisons  de  nouveau 

que  prix  que  celui,  et  même  au  prix  de  no-  «  Mais,  dans  la  nécessité  où   nous  nous 

trc  vie,  détourner  la  perdition  éternelle,  as-  trouvons  d'employer  le  glaive  de  la  sévérité 

surer  le  salut  de  nos  persécuteurs  que  nous  que  l'Eglise  nous' a  remis,  nous  ne  pouvons 

avons  toujours  aimés,  et  que  nous  ne  ces-  néanmoms  oublier  que  nous  tenons  sur  la 

sons  pas  d'aimer  de  cœur  1  Plût  à  Dieu  qu'il  terre,  malgré  noire  indignité,  la  place  de 

nous  fût  permis  de  ne  jamais  nous  départir  celui  qui,  en  exerçant  sa  justice,  ne  cesse 

de  celle  charité,  de  cet  esprit  de  mansué-  pas  d'èire  le  Dieu  des  miséricordes.   C'est 

tude  q^ue  la  nature  nous  a  donné,   el  que  pourquoi  nous  défendons  expressément,  en 


am 


PER 


PEA 


644 


vertu  ()p  II  sninte  obc^issmiro.  h  tous  les  peii- 
ples  chriUions,  et  siirloul  h  nus  sujets,  de 
causer,  à  l'occasion  île  ces  présentes  lettre^, 
ou    sovis  quelque    prétexte   i|ue  ce  soil,   In 
moindre  tort,  le  moindre  préjudice,  le  moin- 
dre dommage  h  ceu\  que  rei^anlont  les  pré- 
senlis  censures,  soit  dans  leurs  hie  is,  soit 
dans  leurs  droits  ou  prérogatives.  Car,  en 
leur  inni,;îeant   le  genre  de  punition   q«ie 
Dieu  a  mis  en  notre   pouvoir,    en  vcupeanl 
ainsi  les    nombreux   et  san.^l.mts    outrajjes 
faits  à  Dieu  el  à  srm   Eglise  siinle ,  notre 
unique  but  est  de  ramener  h  nous  ceux  qui 
nous  afiligent  aujourd'hui ,   aùn  qu'ils  par- 
tagent nos  afilictujns,  si  Dieu  leur  accorde 
peut-è  re  la  grâce  de  la  péniten  e  pour  con- 
naître la  vérité.  Ainsi  donr.  levant  nos  mains 
vers  le  ciel,  dans  l'humililé  de  notre  cœur, 
nous  reconunandons  h  Dieu    la  juste  cause 
pnur  laquelle  nous  rombatlons,  ()ui5'iu'«llo 
est  la  sienne  plutôt  que  la  nôtre  ;  iiou-*  pro- 
testons do  nouveau  que,  par  le  secours  de 
sa  grAce  ,  nous  sommes  prêt  h  boire  jusciu'à 
la  lie,  pour  le  bu  n  do  son  Eglise,  ce  calice 
que  lui-môme  avcnihi  boire  le  prtnnicr  pour 
elle  j  en  mémo  temps  nous  le  prions,  nous 
le  conjurons  par  les  entrailles  do  sa  miséri- 
coi^de,  de  ne  pas  mépi'iser  I  s  oraisons  el  les 
prières  tjue  nous  adressons  jour  e;  nuit  pour 
leur  repentir  et  leur  salut.  Ceilainomo  it,  il 
ne  brillera  pas  pour  nous  de  jour  plus  for- 
tuné et  plus  conso'ant  que  celui  ou  nous 
verrons  la  miséricorde  divine  nous  exaucer, 
et  nos  lils,  ipii   nous   envoient  aujourd'hui 
tant  de  tiibulalions  et  de  laus's  de  douleur, 
se  réiugier  dans  notre  sein  paternel  et  s'em- 
pre'>9er  de  nnilrer  da  is  I.*  Ixneail  du  Sei- 
gneur. »  Dans  la  nuit  du  5  au  0  juillet  1809, 
ou  amassa  tout  ce  (ju'on  put  parmi  les  mé- 
coiitenis  d;î  la  |)opulac.'  romaine  et  ou  se 
dis|)osa  h  donner  I  a<s;mt  au  palais  du  pa[)e. 
Le  princip.d  denlrc  ceux  di'S  Humains  (pii 
prirent  part  h  celle  maiifeslalion,  fut  un  |)or- 
lelVux  nonuué  lîns^ola,  le(piel  avait  t'téciiassé 
pour  toi  (lu  palais  papal.  Ce  fut  lui  qui  ser- 
vit de  guide  aux  autres.  S'il  fnut  vu  croire 
les  éciivains  Pacra,  l'icol  et  Artaud,  ce  fut  à 
la  tête  d'une  troupe  île  galériens,  do  sbires, 
et  d'un   certain  nouibre  de  gendarmes,  (jue 
le  général  de  gendarmerie  Hadei  envahit,  le 
6  au  uiaïui,   le  palais  du  pape.  11  lui  notifii, 
de  la  part  de  rem|)er(Mir,  l'ordre  de  renon- 
cer h  sa  souveraineté  |.  luporclle.  «  I.c  do- 
maine tHUjporel  appartient  à  l'Eglise,  répon- 
dit V\"  Vli,  nous  n'en  souunes  ip»  >  l'adini- 
nistmlriM'.   E'euqx'reur  pourra  nous  nuMlre 
en  pièi>'s,  mais  il  n'obtimdra  jamais  cela  do 
nous.   Après  tout  ce  que  nous  avions  fut 
pour  lui,  nous  no  nous  attendions  pas  {(  ce 
Irailttiiieiit.  » 

Le  gfiM'ral  ayant  rlit  nu  pape  qu'après  ce 
refus  il  do'.ait  |p  cou  biiif  au  général  Mlol- 
lis,  et  qu»',  Hil  lo  voulut,  il  pouvait  etniuf- 
scr  son  ministre,  le  cardinal  l*ai'ca«  b>  |iapi> 
Ht  le  lardinal  partirent.  A  l.i  porte  du  palais, 
un  les  lit  inoriter  (lan>  une  voiture  ipi'un 
gendarme  ferma  h  clef  ;  uiai^  nu  lieu  de  se 
r»  '  <>rs  In  général  Minllin,  le  cortège 
!•'  la   vdl»"  \n\r  la  (ifirte  Salara,  d'où. 


par  un  oireuit,  on  vint  h  la  porte  del  Popolo, 
uù  se  trouvaient  des  rej.iis  qu'on  avait  com- 
mandés. 

Le  pa[ie  et  le  eardieal.  qui  ne  saltenlnipnt 
pas  à  èiro  ainsi  enle  es  ,   so  t'emai.dèrent 
mutuellement  s'ils  avaient  firis  do  quoi  suIh» 
venir  aux   frais  du  vnyagp.   î.e  pape  avait 
dans  sa  bourse  vingt-deux  sous  de  France. 
Le  cardinal  en  avait  environ  seize.  Ils  par- 
tirent de   Home  h  «piotre  heures  du  matin, 
nour  gagner  la  Toscane.  Aux  prem  ers  re- 
lais, dans  la  Campagne-de-Kome,  dit  le  car- 
dinal Paeea ,  nous  i>ôiiies  rnuarqui-r,  sur  la 
ligure  (lu  pf^u  de  personnes  que  nous   ren- 
contrions,  la  tristesse,  la  stupeur  que  leur* 
causait  ce  Sjiectacle.  A  Monlernsi,  plusieurs 
femmes,  sur  les  ()orles  dos  maisons,  rei  on- 
nurent  le  saint-pôre,  que  les  gendarmes  es- 
cortaient le  salire  iiil ,  comme  un  c.iminel, 
et  nous  les  vîmes,   imitant  la  tendre  com- 
})assion  des  femmes  do  Jérusalem  ,  se  frap- 
I)  r  la  [loitiine,  pleurer,  «rier,  en  tendant  hs 
bras  c(uilie  l.i  voilure  :  «  Ils  nous  enlèvent  lo 
saint-père  1»  Nous  fûmes  profondément  émus  à 
ce  speclaelequi.du  reste, nous  co('da  cl(er;car 
lUidet,  cr.iign.int  (pie  li  vue  du  pape  en'evt'de 
cette  façon  n'exci  à t  quelque  tumulte, quelque 
sou'èTiMuent  dans  les  lieux  poptibux,  pria 
Sa  Samielé  de  faire  baisser  les  «tores  de  la 
voiture.  Lu  saint-père  y  consentit  avec  beau- 
coup de    résignation  ,  et  nous  contInuAmes 
ainsi  le  voya^^e  ,  renfermés  dans  la  voiture, 
nres([ue  sans  air,  dans  les  heures  les  plus 
niillanlcs  de  la  journée,  sous  le  soleil  d'Ita- 
lie, au   mois  iJe  juillet;  vers  mitli ,  le  pape 
témoigna  le  dé-iir  de  preniire  quoique  nour- 
riture, el  Hadet   (it   f.iire  halte  ."i    la  maison 
de  poste,  dans  un  lieu  près  pi  •  désert»  sur  la 
montagne  de  Vilerbe.  LJi,  dans  nnccliambre 
sale,  espèce  de  bou  ,o,  où  se  trouvait  à  peine 
une  chais-  disjointe,  la  seule  peul-ôlre  qui 
fût  dans  la  maison,  le  pa  «e  s'assit  h  une  t  ible 
recouverte  «lu  le  nappe  dégoùlante,  r  man- 
gea un  œuf  et  une  tranche  de  jambon.  Sur- 
le-champ  on  se  remit  en  roule  :  la  chaleur 
était   excessive,  sull'oeante;  vers   le  soir  le 
pape  eut  s  if,  «  t,  comme  on  ne  voyait  am  une 
maison  près  de  la  route  ,  un  maréclia!-des- 
1  ) ,  s  de  gend'irmes  re»  ueillil  dans  une  bou- 
teiiie  de  I  eau  de  source  qui   coulait  sur  le 
chemin  ,  (M  la  présenta  au  saint-père  ,  (|ui  la 
but  avec  plaisir.  //  but  aitifi  de  I  kih  du  tor- 
rent sur  Ir  chemin  ,  comme  il  est  dit  dans  le 
psaume.  Nulle  part,  depuis  .Monterosi,  on  no 
put   voir  (piel    était   le   prisonnier  enfermé 
dans    la  voiture,  ce  qui  donna  lieu  a  une 
aneedote  i  urieuse.  Tandis  qu'on   relayait  h 
llolo>;ena,  un  Père  fr.ineiscain,  (pii  était  loin 
de  croire  (pie  le  pape  alhol  l(uit  entuidre, 
aeco>ta  Uadel  près  de   In  V(Ulure  et  lui  dé- 
clara >on  nom  ,  en  lui  rappelant  cpi'il  avait 
été  avec  lui  ini  rorrespondaiii  e  épislolaire, 
et    (pi'il   lui    avait    r'MdUMiiandé  un  certain 
«vocal   (le   Rome.  Hndet  se  trouva  fort  em- 
barrassé   pour   lui   ré|  (uidre,  et  le  pape,  so 
tournant  vers  le  cardinal  ,    lui   d  l  :  «  Oh  I 
quel  Cfxpiin  de  moine  !  »  .Vprès  dix-neuf  heu- 
res ddne  marche  forcée,  m  faligante  pour  le 
saiol-péto,  h  c^use  d Une  cruelle  infu'mité  à 


6«tt 


rin 


IjkiiicIIo  l'I/iit  conlniiri'  loiilc  csiK^rr  do  foti- 
H,liu,  l'I  Mirluill  ct'llo  'lu  voulue  ,  iKUi.s  (IITI- 
vAiiics,  Vers  niio  liciiit'/iv/iiil  iiiiiinil,  h  IWidi- 
colfiâii  ,  |)r«'iiii«il' »'ii(ln)il  »U)  lu    IdsciiiKt,  (il 
nous  (Ii'scciiiHiih'mIjiiis  sii  ini'.s(|iiiii()  aiih  r^c, 
où  rit'M  n't'l.iil  |ti('v>irr.  N'.iv.uil   |i(is  (i'Ii.iliil 
pour  uIkiiikui'*  >I  ihhis  lalliil  ^(ll'(l(M'  rt'iu  (|ii<) 
li()iis  avions,   Iniit   l),'ii|.;tir.s  do  li'Mhs|Mi'jili(ill, 
Cl  h  l'nii  iVoid  (|iii  dnimno  l;i,  iik^iiii*  au  ciPiir 
(lo  l'iUé,  ils  se  ht'cliriciil  soi'  nous.  Ou  iiims 
.'issif;iia,  au  saiu'i-pri'c  cl  h  niiii,  {\vu\  pcliics 
cliambri  s  coiilif^iUi-s,  cl  des  ;^t'iid.iiiiics  luicnl 
)la('és  aux  poilos  dn  dcvaiil.  D.uis  tnnii  lia- 
jil  de  cnidiiial  ,  j'aidai  la  scrvaulc  fi  l'au'e  le 
il  du  pa|ic  cl  ;i  |»ic,  arcr  la  lablc  pour  l(^  sou- 
per. Lo  l'cpas  lui  c\liOiin  inenl  i'iuj,;d.  l'ni- 
daiil  loul  ce  Iciups  je  lAill.ii  de  souhiiir  Tcs- 
piil  du  .-ai'il-  ère.  (]e  jour-là  UK^iue,   oïlave 
de  sainl  Pierre,  louU-s  les  prières  de  ri';-;liso 
flnuofiÇciieid   »o  doul  nous  élions  léiM(tins, 
tl  i(»iilcs  élaiiMii  r.iilcs  pour  inspirer  la  eon- 
fiance  el  le  courage.  Oi  lisail  dans  l'Kva'igiio 
que  la  nacelh"  (pii  poilail  les  apôlies  sur  lo 
lac  de  (iéni'Saro  11  itd  a.ssaillie  d'une  violeiilo 
lemjxHe  et  tourmciiléo  parles  llols ,  parce 
que  le  vcnl  iHail  eoiilrairfs  mais  (pin  h'enlot 
Jé.>-us-Cl)risl  a|)|arul  sur  les  ondes  alliées  et 
fil  laire  la  lenipèle.  Dans  l'ollice,  on  rôeilait 
au  st>cond  uoeiuine  les  belles  (  t  éloquentes 
leçons  do  sain!  Clir\sosloiiie,dans  lesquelles 
il  l'élicile  les  apùlres  Pierre  el  Paul  do  leurs 
travaux,  et  se  réjouit  des  sou|lr;oiees  (pi'ils 
ont  endurées  [)Our  nous,  eu  s'éerianl  :  «  Que 
dirai-je  maintenant  ?  que  puis-je  dire  désor- 
Diais  en  coiisitlérant  ces  souirraiices  ?  Oue  do 
prisons  n'aveic-vous  pas  saneliliées  !  qw,  de 
chaînes  n'avez-vous  pas  honorées  1  que  de 
tournienls   n'ave/-vous   p-is   illustrés  !   Ré- 
jouissez-vous, o  Pierre  !  Divin  Paul,  réjouis- 
sez-vous 1  »  A  cette  consolalio'î  que  l'K^lise 
oirrail  en   ce  jour  aux  (idèles  s'en  joignait 
une  parliculitre  i)Our  moi:  c'est  que  ie  pape, 
loin  de  donner  aucun  signe,  de  proférer  au- 
cune parole  qui  indiquât  un  repenvir  des  pas- 
courageux  faits  contre  jNa[)oIéon  ,  dévelop- 
pait au    contraire  une  énergie ,  une  force 
d'àme,  qui  m'émerveillaient. 

il  parlait  toujours  à  Radet  avec  une  di- 
gnité de  souverain, quelquefois  mCMuesur  un 
to:i  d'nidignaliun  si  dur  et  si  sévère,  que  je 
dus  le  prier  niodestement  de  se  calmer  el  de 
reprendre  son  caractère  de  maîisuétude  et 
de  douceur.  Après  avoir  élé  rejoints  par 
les  serviteurs  du  pape,  nous  pariîmes  de 
Kadici  fani,  vers  les  sept  heures  du  soir,  le 
7  juillet  ;  et  nous  trouvAmes  à  quelque  dis- 
tance une  foule  r.ombreuse  que  i'oîi  avait 
rei  oussée  ii  l'auberge.  Radel  lit  arrêter  la 
voilure  et  permit  à  tous  de  s'approciier  {tour 
leoevoii  la  bénéuicliondu  >aint-père,et  (|uel- 
ques-uns  mèm.-  lui  baisèrent  la  main.  Il  se- 
rait dillieile  de  peindre  la  ferveur,  la  niélé  de 
ce  bon  peuple  el  de  toutes  les  populations 
delà  Toscane.  Nous  voyageâmes  toute  la 
nuit,  et  le  8  juillet,  vers  la  pointe  du  jour, 
nous  arrrivàmes  aux  portes  de  Sienne. 
Des  chevaux  de  poste  et  une  forte  es- 
corte de  gendarmerie  nous  attendaient  hors 
(ie    la  ville.    Radet   ne    dissimula  pas   au 


pnpo  qu'il  avait  prin  Ionien  cnf  f>réc>iiitionii 
dans  l.i  craiiilu  qiiu  lu  jutupln  itifniioin  nu 
MO  hOiilcvAl  il  sou  pa»snKe;  et  il  lui  dil  (pni 
peu  de  JOUIS  auparavant  on  avait  leiiiBrqij'j 
(pielipie  lermuMlalioi  danN  cellii  villo  i\  \'t\r- 
rivé.'  du  vice-gérant  de  Rouie,  IVJKr  l-eiiuift, 
patriarche  de  (ionstaiiinoplc,  i|ui  était  loi- 
iiiéiiio  conduit  par  des  Kcudai  nies,  hiidet 
voulut  nous  faire  reposer  a  P(ig;ibo  izi  pen- 
dant les  heures  les  plus  biOlantes  <!.■  la  jour- 
née. AriiNcs  à  l'auberge  ,  l(}  pape  el  nioi 
nous  reslAmes  plus  ^i^•  vingt  ini'oiles  sann 
|iouvoir  d(  siendre  ,  parce  que  r(diirier  do 
gendarmerie,  porteur  de  la  clefde  la  voiture, 
éliul  reslé  derrièro  avec  l'iMpiipage.  Uadel 
permit  à  ipielques  peisoiries  d'entier  dans 
ranberge  pour  >ejeler  aux  pieds  du  soiiV(- 
rai:i  ponlile.  .\prés  (piehpies  heures  de  re- 
jios,  nous  reprimes  la  roule  do  Florence,  nu 
milieu  d'un  peuple  inmiens(;  (pii  drMiiandail, 
<'ive(;  des  signes  exlraordi-iaii es  de  h-iveur, 
la  béiiédiclion  nposujlique;  nniis  à  quelque 
d  stanc(î  de  l'auberge,  les  postillons,  cpii 
nous  menaient  très-vite ,  n'apernjrent  pas 
une  petite  élévation  sur  laquelle  se  porta 
une  desrouts:  la  voiture  versa  avec  vio- 
lence, l'essieu  cassa,  la  caisse  roula  au  mi- 
lieu du  chemin,  le  pape  engagi'-  dessous,  et 
moi  sur  lui.  Le  peuple  qui  pleurait  et  criail  : 
.S'fojfo  y^<t//-c/ saint-père!  rc'eva  en  un  ins- 
tant la  caisse;  un  genilarrae  ouvrit  la  por- 
tière, (jui  était  toujours  fermée  à  clef,  la-i- 
dLs  (jue  ses  camarades,  pAles  et  déligurés, 
s'etl'oi^aient  d'éloigner  le  peuple,  qui  de- 
venu furieux,  leur  criait  :Canj. 't'ont. 'Chiens  1 
chiens!  Cepeudant  le  sainl-père  descendit, 
porté  sur  les  bras  du  peuple  qui  se  pressa  t 
aussitôt  autour  de  lui  ;  les  uns  se  pros  er- 
naient  la  face  contre  terre ,  les  autres  lui 
baisaient  les  pieds,  d'autres  touchaienl  res- 
peclueuseme:it  ses  habits  comme  s'ils  eus- 
sent élé  des  reliques  et  tous  lui  demandaient 
avec  empressement  s'il  n'avait  point  souf- 
fert dans  sa  chute.  Le  saint-père,  le  sourire 
sur  les  lèvres,  les  remerciait  de  Isur  inté- 
rêt, et  ne  leur  répondait  qu'en  plaisantant 
sur  cette  chute.  Pour  moi  qui  craignais  que 
celte  multitude  en  fureur  n'en  vînt  aux 
mains  avec  les  gendarmes  et  ne  se  portât  à 
quelque  excès  dont  elle  aurait  été  la  victime, 
je  mélançais  au  milieu  d'elle  en  criant  que 
le  ciel  nous  avait  préservés  de  tout  mal,  et 
que  je  les  conjuiais  de  se  calmer  el  de  se 
tranquilliser.  Après  cette  scène  qui  avait 
fait  trembler  Radet  et  ses  gendarmes,  le  s  lint- 
jière  monta  avec  le  cardinal  dans  la  voilure 
de  Mgr  Doria,  et  ils  repartirent.  C'éiait  un 
spectacle  attendrissant  devoir  surtout  notre 
passage  ces  bons  Toscans  demander  la  bé- 
nédiction du  saint-père,  el,  malgré  les  me- 
naces (les  gendarmes,  s'approch  m-  de  la  voi- 
ture pour  lui  baiser  la  main  el  lui  témoigner 
toute  leur  douleur  de  le  voir  dans  cette 
cruelle  position.  «  V'ers  une  heure  de  nuitj 
continue  le  cardinal  Pacca,  nous  arrirâmes 
à  la  Chartreuse  de  Florence.  Le  saint-pèrè 
fut  reçu  sur  la  porte  par  un  colonel  de  gen- 
darmerie et  par  un  commissaire  de  police. 
Le  prieur  seul  eut  la  permission  d'approcher 


047 


PER 


PER 


618 


et  do  complimenter  le  saint-père  ;  toutes  les 
autres  personnes  furent  ropoussécs,  même 
Ips  religieux  du  couvent  qui  en  furent  pro- 
fondcî'ment  aftligf^s  :  nous  noiis  trouvions  e-i- 
vironnés  de  gendarmes  et  d'oHiciers  de  po- 
lice, qui,  sous  prtMexte  de  nous  être  utiles, 
ne  nous  perdaient  pas  de  vue.  On  conduisit 
le  sainl-pèredans  I  apparlement  où,  liix  ans 
auparavant,  l'immortel  Pio  VI  avait  été  re- 
feini  en  otage.  Lorsque  Pie  Vil  y  arriva  en 
1809,  la  Toscane  était  gouvernée  par  une 
sœur  de  Napoléon,  Catherine  ,  mais  alors 
lilisa  Bonaparte,  sous  le  nom  dp  grande-du- 
chesse. Eilo  envoya  complimenter  Pie  VII  à 
la  Chartreuse  et  lin  faire  les  oITres  d'usage. 
Mais  à  peine  le  pape  et  le  cardinal  étaient- 
ils  couchés  depuis  deux  heures  ,  qu'on 
les  fil  lever  par  ordre  de  la  princesse 
Elisa,  et  partir  sur-le-champ,  le  pape  pour 
Alexan  irie,  le  cardinal  pour  Bologne.  Le 
saiiU-père  eut  à  peine  le  teuips  do  deman- 
<ler  un  bréviaire  au  prieur  de  la  Char- 
treuse 1  » 

Tout  le  voyage  du  pape  jusqu'en  France 
ftit  une  sorte  de  triomphe  ;  les  populations 
se  pres^ieut  pour  le  voir;  ceux  (jui  pou- 
vaient lui  rendre  quelqu'un  de  ces  petits 
services  dont  les  voyageurs  ont  besoin,  s'es- 
timaientforl  heureux.  S'il  l'eùl  voulu.  Pie  VII 
aurait  vu  les  paysans  le  délivrer  des  mains 
(les  sotdats  qui  le  conduisaient.  A  Grenoble, 
toute  la  garnison  de  Saragosse ,  qui  était 
prisonnière  de  guerre,  vint  au-ikvant  de 
lui,  lui  demander  sa  bénédiction.  Le  clergé 
de  la  ville,  qui  avait  demandé  la  mémtî  fa- 
veur, se  la  vit  refuser.  De  iirenobie,  le  pape 

artit  pour  Valence.  De  (irenoble  on  awiit 
ait  {)artir  le  cardinal  Pacra  |)Our  la  forteresse 
do  Feneslrelle.  Les  sonliuients  tle  la  plus 
vive  piété  éclatèrent  dans  tous  les  lieux  de 
la  Provence  qne  traversa  le  pape.  A  Savone, 
le  cardinal  Doria,  qui  passait  ()Our  se  ren- 
«Ire  h  Paris,  ne  put  obtenir  de  voir  le  pape. 
Ce  fut  (laus  celle  ville  quu!i  chambellan  do 
l'ciufiereur  olfrit  au  sainl-pèro  cent  mille 
francs  par  mois,  lui  forma  une  maison,  lui 
acheta  une  vaisselle,  une  livrée,  et  rengagea 
à  acrepler  tout  ce  ipii  convenait  à  la  re[)ré- 
sentalion  qu'il  était  obligé  de  tenir.  Pie  Vil 
refusa  tout,  et  se  tint  renfermé  dans  ses  ap- 
parlemeits.  Il  avait  des  surveillants,  qui  ne 
permettaient  pas  qu'il  parUlt,  ni  qu'il  écri- 
vit, si  ce  n'e.>t  en  leur  présenc(\  Napoléon 
jKTsécula  aussi  tous  les  cardinaux,  en  les  fai- 
sant venir  tous  h  Paris,  afin  d'y  (Mre  mieux 
maître  d'eux,  et  de  n'avoir  pas  à  les  redou- 
ter en  cas  «l'une  vacance  du  saint-siége.  Le 
cardinal  Anionelli  mourut  dans  son  exil  h 
Siniu;aglia.  où  on  lavait  transféré  de  Spo- 
lèle.  Le  cardinal  Caso-ii  n'oblinl  de  rester  à 
RoDie,  que  parce  (|u'il  était  malade.  l>arafa, 
inlirme,  eut  la  permissjn:)  «le  demeurer  à 
Tolenlino.  Lecanlmal  B  iiM  hioblinlde  rester 
à  Césène,  parce  qu  il  était  fort  mninde  do  la 
goutte.  Le  cardinal  Crivelli  eut  Milan  pour 
heu  d'exil;  le  cardinal  (^or.mdim,  Midèiie. 
Le  carrlinal  Délia  Porta  venait  «m  France, 
quanri  il  iriuiba  malaile  h  Turin  et  y  niDUiul. 
A  l'exception  do  ces  caidiu^ux,  et  do  deux 


F 

fa 


autres  qui  étaient  napolitains  et  qui  échap- 
jtèrcnt  à  l'exil,  Caracciolo,  parce  qu'il  était 
malade,  et  Firrao,  parce  qu'il  accepta  une 
place  d  aumônier  du  nouveau  roi  de  N  qiles, 
tous  les  autres  furent  amenés  en  France.  Il 
en  est  un  autre,  le  cardinal  Locatelli,  qu'il 
ne  faut  pas  compter.  Il  demeura  tranquille  à 
Spolète,  en  achetant  son  repos  par  des  com- 
plaisances qui  ne  trouvent  d'excuse  que  dans 
l'état  de  maladie  qui  avait  considérablement 
affaibli  ses  facultés. 

Après  la  paix  de  Vienne,  conséquence  de 
la  bataille  de  Wagram,  Napoléon  revint  à 
Fontainebleau  le  26  octobre  1809.  Là,  il  eut 
avec  l'abbé  Emery  une  conférence  dans  la- 
quelle il  manifesta  son  intention  de  faire 
venir  le  pape  h  Fontainebleau,  disant  que 
s'il  causait  seulement  un  quart-d'heure  avec 
lui,  il  trouverait  moyen  d'arranger  les  diiï'- 
rends  qui  étaient  entre  eux. Le  moyen,  c'était 
de  laisser  toutes  choses  ecclésiastiques  re- 
prendre leur  C'urs  naturel,  et  de  cesser  de 
tourmenter  le  pape  et  les  cardinaux  par  des 
l)rélentions  impossibles;  c'était  de  rendre 
chacun  d'eux  à  sa  position,  à  ses  fonctions; 
de  faire  cesser  la  persécution  persévérante 
depuis  plusieurs  années.  Napoléon  n'avait 
pas  pour  but  de  détruire  l'Eglise  catholique. 
Il  voulait  l'asservir  à  ses  volontés,  et  laire 
du  pape  un  instrument  de  sa  politique.  Sur 
ces  entrefaites,  le  pape  refusant  toujours  de 
donner  des  bulles  aux  évoques  institués  en 
France,  l'empereur  nomma  une  commission 
ecclésiastique  composée  des  cardinaux  Fesch 
et  Maury,  de  Louis-Mathias  de  Barrai,  arche- 
vêque de  Tours,  des  évoques  Canaveri  do 
Verceil ,  Bourlier  d'Evreux ,  Mannay  de 
Trêves  ,  Duvoisin  de  Nantes,  du  P.  Fon- 
tana,  général  des  Barnab  tes,  et  de  l'abbé 
Emery.  11  voulait  que  cette  commission 
pourvût  aux  besoins  des  Eglises,  en  se  pas- 
sant du  pape  pour  l'inslilution  desévéques. 
L'évéque  Duvoisin  surtout,  homme  fort 
adroit,  confident  de  Napoléon,  était  le  plus 
apte  h  amener  par  ruse,  par  obsession,  par 
fatigue,  le  saint-père  aux  concessions  qu  on 
désirait  obtenir  de  lui.  Plusieurs  cardinaux 
se  prêtaient  au  même  rôle.  Caprara  peut 
être  cité  comme  étant  de  ce  nomîire.  On  en 
peut  juger  par  la  réponse  que  lui  fit  le  pape, 
de  Savone,  en  aoill  1809. 

«  Nous  avons  reçu  ici ,  lo  19  août,  vo- 
tre lettre  datée  du  20  juillet,  par  laquelle, 
comme  archevéciue  de  Milan,  vous  nous  dites 
que  Sa  M.yeslé  l'empereur  des  Français  dé- 
sire (]ue  nous  accordions  l'instituliim  cano- 
nique aux  évècjues  désignés  pour  rem[)lir 
les  sièges  vacaiiis  dans  ses  Etals.  Vous  ajou- 
te/, que  Sa  Majestt>  consent  à  ce  que  dans 
nos  bulles  nous  ne  fassions  aucune  mention 
de  sa  iiuminalion,  pourvu  que  de  notre  part 
nous  supprimions  la  clause  proprio  mntu, 
ou  toute  autre  éipiivalenlt".  Pour  peu,  mon- 
sieur le  carilinal.  (|uo  vous  rélléchissiez  sur 
cette  proposition,  il  est  impossible  que  vous 
ne  voyiez  pas  (|ue  nous  ne  pouvons  y  ar- 
(piiescer  sans  reconnaître  le  droit  de  nomi- 
ii.ilion  ?»  l'empereur  et  la  faculté  de  l'exer- 
cer. Vous  dites  que  nos  bulles  seront  accor- 


Ci!) 


VEW 


l'Kll 


OAO 


(l(^('s,  non  h  SOS  insinncos,  m.iis  ^  ci'IIos  du 
rniiscil  cl   ilii    niinislro  des   ciillcs.    U'alionl 
ri'.Jist»  (villioliiiiii'  !!(<    rccoii  .ail  |Ms  (le  mi- 
iiisiio    ilos    ctilti's    (litiil     raiilonti')    tl('«riv() 
ilt>    l.'i  |)iiis.s.'iii('t'    l.uijiiir,  cl   |iiii.s,  oi    nui- 
scil ,    {•((    iniiii'^lci'    ne    sunl-ils    pas     l'ciii- 
|M>i(iir    Iiii-iiK^mc?    S(uil-ils     aiilic     clinso 
(|ti(<    l'ori^anc   (le     SCS     ordios    cl     l'iiislni- 
iiic'it  (J(>  SCS  vnlonlt''s  .'  Or  .'i|(r(''s  laiil  d  iicio- 
v.ilioiis  fiiMostos^  la  religion  t|ii(î  rciii|ici'ciir 
s'c>t  |icri\iiscscl  coiilrc  Ic><i|iicllcsii(Hisavitiis 
si  simvcnl  et  si  imililcuicnl   rcclaiiiô,  apics 
les  voxnlions  cxorcéos  oontro  tant  d'occlé- 
si,'isli(|iics  d(>  nos  Mials;  apiiVs  la  dc|i()rlalioii 
lie  taiil  d'cY(\|ucs  cl  delà  inajciir(>  parlic  de 
nos  cardinaux;  anrùs  ronuirisonncnicnl  du 
cardinal    Pacca  h  V'(Micslr(dl(\   aprcs  l'usur- 
palion  du  patrimoine  de  Saii\l-l*icirc;  aprcs 
nous  (Mro  vu  nous-uu>ino  assailli  à  main  ar- 
mée  dans   noire   palais,   traîné   de   ville  en 
ville,  ^ardé  si  étroitement,  t\\u'.  U'S  évéïpics 
tle  plusieurs  diocésis  que  nous  avons  Ira- 
veiscs  n'avaient   pas   la  liberté  (U>  nous  ap- 
procher et  ne  |iouvaienl  nous  {)arler  sans  té- 
moins; après  tous  ces  atientats  sacrilèges  el 
une  inlindé  d'aulres  qu'il   serait  trop  long 
di-  rap|)orter,  cl  que  les  conciles  généraux 
et  les  constitutions  apostoliques  ont  franpés 
d'analhéme,    avons-nous    fait   autre    ciiose 
qu'obéir  à  ces  conciles  et  h  ces  mêmes  cons- 
titutions, ainsi  que  l'exigeait  nçtre  devoir? 
Connnent  donc  aujouririun   pourrions-nous 
reconnaître,  dans  l'auteur  de  toutes  ces  vio- 
lences, le  droit  en  question,  et  consentn-  à  ce 
(pi'il  l'exert^At?  Le  j)Ourrions-nous,  sans  nous 
rendre  coupable  de  prévarication,  sans  nous 
mettre  en  contradiction  avec  nous-méme,  et 
sans  donner  lieu  de  croire,  au  grand  scandale 
des  tidèles,  que,  abattu  par  les  maux  que 
nous  avons  souH'erls,  et  par  la  crainte  de 
plus  grands  encore,  nous  sommes  assez  Jd- 
clie  pour  trahir  notre  conscience  et  approu- 
ver ce  qu'elle  nous  force  de  proscrire?  Pesez 
ces  raisons,  monsieur  le  cardinal,  non  au 
poids  de  la  sagesse  humaine,  mais  à  celui  du 
sanciuaire,    et   vous   en  sentirez  la  force. 
Malgré  un  tel  état  de  choses.  Dieu   sait  si 
nous  désirons  ardemment  donner  des  pas- 
teurs aux  sièges  vacants  de  cette  Eglise  de 
France  que  nous  avons  toujours  chérie  de 
prédilection,  et  si  nous  désirons  trouver  un 
expédient  pour  le  taire  d'une  manière  cou- 
ve labie  aux  circonstances,  à  notre  minis- 
tère et  à  notre  devoir!  Mais  devons-nous 
agir,  dans  une  atlaire  de  si  haute  importance, 
sans  consulter  nos  co'isedlers-nés?  Or",  com- 
ment pourrions-nous  les  consulter,  quand, 
séparé  d'eux  par  la  vio.ence,  on  nous  a  ù  é 
toute  communication  avec  eux,  et,  en  ouire, 
tous  les  moyens  nécessaires  pour  l'expédi- 
tion de  pareilles  aflaires,   n'a. ant  pu  même 
jusqu'à  présent  obtenir  d'à  voir  auprès  de  nous 
un  seul  de  nos  secrétaires?  Mais  si  l'empereur 
aime  véritablement  lapaixdeJ'EJiseLalhoii- 
que,  qu'il  commence  par  se  réconcilier  avec 
so  1  Chef;  quil  re ionce  à  ses  lu  estes  inno- 
valions  irri  ligieuses,  contre  lesquelles  nous 
n'avons  cessé  de  réclamer;  quil  nous  rende 
la  liberté,  notre  siège  et  nos  olliciers  ;  qu'il 

DiCTioNN.  DES  Persécutions.   II, 


\ 


restitue  les  |>niprièlés  rnii  formnicnt,  non 
notre  p  ilrniioine,  inais  celui  de  Sidnl-l'ieire; 
qu'il  re.laci-  sur  l/i  cliane  dr  «,/iiiil  l'iein» 
son  (  hd'  siiprèinn,  dont  ello  «'.si  vouvn  duptiis 
sacapliviir-;  ipi'il  nimèni'  auprès  de  nous 
(piaraiile  caniinaiu  que  ses  ordres  en  otit 
arrachés;  (pi'il  rende  (\  leurs  diocèses  Umn 
les  évèiples  e\ilés,  cl  siu-le-rlianip  l'Iiarmo- 
lii(*  sera  r(-tabhe.  Au  niiheu  de  loiiles  no.s 
tribulations,  nous  nu  cessons  d'/idi essor  les 

•lus  fcrvenles  prières  au  Dieu  ipii  iji.ni  tons 
es  cieurs  en  sa  main,  et  ilo  l'invoquer  p(»ur 
l'auteur  do  tous  ces   maux  :  ru)us  crfiirifins 
nos  pcintvs  abondainiiMnil  récompensées,  s'il 
j)laisait  au  'rout-l*uissanl   de   le  ramener  ^i 
d»i  meilleurs  sontimonls;  mais  si,  par  un  se- 
cret jugement  (l(f  Di(Mi,  il  en  (;st   aulrcîment, 
nous  génnrons  au  fond  de  noire  cœur  sur  les 
maux  déplorables  qui   pourront  arriver,  et 
l'on  ne  pourra,  sans  injustice,  nous  les  impu- 
ter. Nous  ne  négligerons  rien  de  ce  (pii  sera 
en  notre  pouvoir  pour  les  détourner,  el  nou.'* 
y  a|tporteroiis  toute  raltenlion   et  tous  les 
ménagements    possibles.    Quant    au    bruit 
qu'on  adocte  de  répandre,  que  nous  com- 
promeltons  les  choses  s[)irituelles  pour  des 
uitérèts  [)uremenl  temporels,  c'est  une  ca- 
lomnie qu'il    vous   Oit  aisé  de  confondre, 
Monsieur  le  cardinal,   vous   qui,  jour  par 
jour,  avez  su  toul  ce  (jui  s'est  passé.  D'ail- 
eurs,  vous  savez  très-bien  que,  quand  il  ne 
serait  question  que  de   l'usurpation  du  pa- 
trimoine de  Saint-Pierre,  nous  ne  pourrions 
en  abandonner  la  défense  sans   manquer  à 
un  devoir  essentiel  et  sans  nous  rendre  par- 
jure. A  votre  httie  en  était  joinle  une  de 
M.  le  cardinal  Maury,  et  on  m'en  a  remis  en 
même  temps  une  troisième  de  Mgr  l'évêque 
de  Casai,  toutes  trois  pour  le  môme  objet. 
Nous  accusons  à  ce  dernier  réception  de  sa 
lettre,  et  l'engageons  à  so  faire  communi- 
quer cette  réi)onse.   Nous   nous   réservons 
d'écrire  plus  amplement  à  M.  le   cardinal 
Maury,  dès  que  nous  en  aurons  le  loisir; 
en  attendant,   communiquez-lui  nos  senti- 
ments, el  recevez  notre  bénédiction  pater- 
nelle et  apostolique.  » 

La  commission  fut  chargée  de  s'occuper  du 
gouvernement  de  l'Eglise  en  général,  du 
Concordat ,  des  églises  d'Allemagne  et  d'I- 
talie, de  la  bulle  d'excommunication.  Fon- 
ta  la  refusa  de  siéger,  et  l'abbé  Emery  refusa 
de  signer  les  réponses  de  la  commission 
aux  liuestions  qui  lui  avaient  été  soumises. 
Les  prélats  ju-titièrent  l'empereur  de  toutes 
ses  agressions,  agissant  en  cela  plutôt  en 
courtisans  q.i'en  ministres  de  l'Eglise.  Puis 
elle  renvoya  devant  lollic, alité  primaliale  de 
Lyo  1  l'atlaire  du  divorce  de  Napoiéon  avec 
Joséphine.  Là  encore  on  voulait  se  passer 
du  pape.  A  la  suite  des  décisions  qui  inter- 
vinrent, Napoléon,  le  2  avril  1810,  épousa 
l'archiduchesse  Marie-Louise.  Les  cardinaux 
assistèrent  au  mariage  civil  à  Sainl-Cloud, 
mais  il  n'en  l'ut  pas  de  même  de  la  cérémo- 
nie religieuse,  où  treize  d'entre  eux  refu- 
sère..t  d  assister.  L'empereur  en  fut  si  irrité 
qu'il  défendit  à  ces  tr>  ize  prélats  de  s'ha- 
fciller  en  rouge.  Ils  furent  exilés,  Mattei  et 

21 


<Î5I 


PFR 


PER 


653 


PigintMli  ?i  Rhetol,  la  Soni.iglia  et  Srolti  i\ 
M^zi«''ro^.  Saliiz/o  et  rinlodi  h  Sedan,  puis  h 
Charlpville,  Binncndom  et  Coiisalvi  h  UL'im>, 
Loui*:  Riiiïo  ot  Liltn  h  S;(i'it-Quentin ,  Ji  Pie- 
fio,  O  i/oniii  et  (labriflli  h  Saiimiir.  On  prit 
riiabilude  de  noiiiiner  ces  treize  cnnliiiaux 
persécutés,  les  cardinaux  noirs,  en  opposi- 
tion avec  ceu\  qui  avaient  encore  la  permis- 
sion de  s"hab  lier  e)  inii^e.  En  1800,  Na()0- 
léon  supprime  toute  espèce  de  mission  en 
Fraiire,  et  fait  transporter  h  Paris  toutes  les 
arciiives  po'ititicalns.  Il  ohtieit  du  sénat,  ou 
plutôt  lui  dicte  un  décret  ordonnint  que 
tout  nouveau  pape,  lors  de  son  élection,  ju- 
rera de  respecter  la  Déclaration  dt'  l'Eglise 
gallicane  de  1682,  en  statuant  que  cette  Dé- 
claration deviendra  counimne  à  toutes  les 
églises  do  l'emiùre.  A  ce  propos,  le  cardinal 
Lilla  écrivit  plusieurs  lettres  dont  voici  la 
[ilus  remarquable  :  «  Vous  me  demandez 
ce([ueje  pense  de  la  fameuse  Déclaration  du 
clergé  de  France  de  1082;  je  ne  crois  pas  (]ue 
vous  attendiez  ue  moi  une  discussion  théolo- 
gique, ijui-jne  vous  savez  que  je  ne  suis  pas 
professeur  de  cette  faculté;  et  quand  même 
je  le  serais,  j'aiujcrais  mieux  vous  répondre 
avec  la  simi)licité  de  la  loi  qu'avec  toute  l'é- 
rudition et  la  subtilité  d'un  théologien. 
L'objet  de  votre  demande,  comme  celui  do 
ma  réponse,  n'est  pas  de  rassembler  tout  ce 

?[u'on  peut   dire   pour  blimer  ou  pour  dé- 
endre  cette  fameuse  Déclaration,  mais  seule- 
ment de  voir  si  l'on  [)eut  )  a.lhérer.  Sous  ce 
j)oint  de  vue,  il  faut  (jue  je  commence  par 
vous  diic  quelle  est  ma  manière  de  penser 
et  '.l'agir  {)ar  rapport  aux  ditréientes  ques- 
tions qui  peuvent   intéresser  la  religion.  Si 
jt>  trouve  sur  ces  questions  une  décision  de 
l'Kglise,  je  m'y  tiens  strictement  attaché,  et 
alors  je  n'enirepren  Is   p.is  un  examen  qni 
me  devient  inutile.   Si  au  contraire  je  ne 
trouve  pas  de  semblable  ilécision,  et  (jne  je 
voie  deux  opinions  tolérées  [);ir  ri'^gli>e,je 
ne  me  presse  pas  de  me  déclarer  ni  pour 
l'une  ni  pour  1  autre.  Mais  s'il  arrive  (luel- 
(jucfuis  que  le  devoir  de  la  conscience  m'o- 
blige cl  sortir  de  cette  espèce  de  neutralité; 
|»ar  exemple,  si  je  vois  (pi "on  fait  beaucoup 
d'ellorts  pour  étendre  une  des  deux  oi)inions, 
Si  je  prévois  bien  des  maux  qui  |)euvent  en 
résulter  pom*  l'Eglise,  et  (|ue  d'ailleur>  lo- 
tinion   contiairc  me  parai>se   plus  |)ieiise, 
>lus  sûre  dans  la  prati(jue,  plus  favorable  à 
a  religion  et  même  plus  conforme  aux  véii- 
tés  révélées,  alors  le  zèle  (jue  je  duis  avon- 
iH>ur  l'Kglise  m'oblige  à  soiiir  de  la  neutra- 
lité. Voin  le  cas  i>ù  je  n)e  trouve  à  présent. 
Si  l'on   me  demandait   mon  adhésion  ii  la 
doctrine   soutenue,   dans  la  Dédaraliou   de 
l'assemblée  de  1(')82,  je  ne  croirais  pas,  dans 
l'étal  actuel  des  choNes,  satisfaire  à  mes  obli- 

f;ations  par  un  .simple  refus,  eu  réclamant  la 
d)erlé  de  me  tenir  ntnilre,  mais  je  regarde- 
rais (ftmme  un  devoir  pour  moi  d  avouer 
francliemenl  (jue  j'ai  les  motifs  les  |)lus  forts 
qui  m'oiiligent  à  ce  refus.  El  comme  vous 
nu;  demandez  mon  opuiion,  je  me  crois  de 
même  ohligé  de  vous  écrire  ce  que  j'en 
pense.  Je  vous  dirai  donc  que  je  n'approuve 


pas  cette  Déclaration,  et  cpje  je  tic  pourrais 
lui  donner  mon  adhésion.  Je  suis  bien  aiso 
(lue  voire  demande  m'engage  à  entrer  dans 
1  examen  que  je  vais  faire  avec  vous,  tant  de 
la  Déclaration  en  général  cjne  de  chacun  des 
articles  qu'elle  contient;  ce  sera  la  meilleura 
manière  de  vous  rendre  raison  de  mon  sen- 
timent; c'e^t  ce  que  je  me  proj)Ose  de  faire 
avec  ({ue^pies  détails  dans  Jes  lettres  que  jo 
vous  écrirai  successivement.  » 

Cependant  Napol/'on,  après  les  réponses 
de  la  commission  d'évèques,  ne  se  détermi- 
nait à  rien.  Les  évoques  de  France,  au  nom- 
bre de  ilix-neuf,  écrivirent  au  pape  en  mars 
18.0,  pour  le  prier  instammenl  de  leur  ac- 
corder des  pouvoirs  extraordinaires,  tou- 
chant les  dispenses  de  mariage,  et  de  vou- 
loir bien  accorder  les  bulies  d'inslallalioii 
aux  évèques  nommés,  atin  de  ne  pas  forcer 
l'Eglise  de  France  à  ()Ourvoir  à  sa  [)ropro 
conservation.  Pie  Vil  accorda  les  pouvoirs 
extraordinaires  et  refusa  les  bulles. 

Napoléon,  voulant  éluder  les  prescriptions 
si  précisas  du  quatrième  canon  du  deux.èmo 
concile  œcuménique  de  Lyon,  lequel  défend 
aux  évoques  élus  de  s'ingérer,  sous  quel- 
que couleur  que  ce  soit,  dans  ladministratioii 
de  la  dignité  ecclésiastique  avant  que  leur 
élection  fCit  continuée,  ordonna,  en  1810, quo 
conformément  au  concile  ne  Trente,  les  clia- 
pitres  nommeraient  les  grands  vicaires  pen- 
dant la  vacance.  Les  cbajutres  choisirent 
pour  grands  vicaires  les  évèques  nommés. 
Maury,  qui  avait  suggéré  cette  idée,  fut 
nommé  aro'.ievèque  de  Paris  ;  mais  le  pape 
publia  trois  brefs  adressés,  l'un  au  cardinal 
Mauiy,  le  second  h  l'archidiacre  de  l'Eglise 
de  Florence,  le  troisième  à  .M.  d'Astros,  vi- 
caire ca[)itulaire  de  la  métrofiolo  de  Pans.  Il 
y  déclarait  la  marche  ([u'ou  avait  suivie  con- 
traire aux  lois  ecclésiasti<iues  et  h  la  disci- 
filine  reçue  par  elle.  A  la  suite  de  ces  brefs, 
os  chaintres  des  cathédrales  refusèrent  de 
reconnaitre  et  de  recevoir  les  ecclésiastiques 
nommés  par  le  gouvernement.  La  lettre  du 
pape  au  cardinal  .Maury  était  ainsi  conçue  : 
«  Vénérable  frère,  salut  et  bénédiciion  apos- 
toli((ue.  il  y  a  cinq  jmirs  ((ne  nous  avons 
reçu  la  lettre  par  laijuelle  vous  nous  appre- 
nez votre  nomination  à  l'archevêché  de  Pa- 
ris, et  votre  lusiallalion  dans  le  gouverne- 
ment de  ce  diocèse.  Cette  nouvelle  a  mis  le 
comble  à  nos  aitliclions,  et  nous  pénètre  d'un 
senliriKMit  «le  doiibnir  (pie  nous  avons  peino 
à  contenir  et  (ju'il  est  imjH>ssil)le  de  vous  (>\- 
primer.  Vous  étiez  partaitement  instruit  de 
notre  lettre  an  (ardiiial  Ca(>rara.  pour  lors 
archevècpie  do  Alil.in,  dans  hupielle  nous 
avons  exposé  les  motifs  puissants  (|ui  nous 
faisaient  un  devoir,  dans  l'etal  présent  des 
choses,  de  refuser  l'institution  canoiiKjue 
aux  évèques  nommés  par  l'empereur.  Vous 
n'ignoriez  pas  (pie  non-seulem»nit  les  cir- 
constances siuit  les  mêmes,  mais  qu'elles 
sont  devenues  et  deviennent  de  jour  en  jour 
plus  alarmantes,  par  le  souverain  nn^pris 
quon  atlecli^poui  I  autorité  de  l'Eglise,  puis- 
qu'  n  Italie  on  a  porté  l'audace  et  la  témé- 
nlé  justiu'ti  Uéiruire  géuéialemenl  toutes  les 


r(iininiinmil(''s  roli^^ieiiscs  (!»>  l'ini  cl  iln  l'nii- 
li'o  .si'\(',  sii(t|iiiiii('r  (les  paroisses,  dis  ('•¥<>- 
clirs,  l(»s  n'-iiiiir,  li's  ftiii;\l,!j;)inioi',  Iciii-  ddiirinr 
lin  iKtiivcllcs  (N^m.'ircatioiis,  smiis  (Uccnlfr  Ich 
sii^j^cs  siil)ui'l>ic.'Hi'('S;  cl  loul  cclii  s  (!sl  l'jiit 
en  voitu  lie  l;i  seule  .lulorih^  imp  rialc  cl  ci- 
vile. C.'ir  no\is  11(1  parlons  pas  de  ce  (ju'a 
éprouvé  lo  «'Ici'^^é  de  rKi^lise  i-oinaiiie,  In 
mère  cl  la  niailresse  des  antres  M^liscs,  ni 
do  lanl  d'antres  atletilals.  N'ons  eoiniaisse/, 
dans  lo  pins  j^rand  diHail  Ions  ces  éviMK!- 
nioMls;  cl  d'après  cela,  nous  n'aurions  ja- 
mais cru  (jne  vous  eussiez  pu  recevoir  di; 
j'eniperenr  la  noniinalion  don!  nous  avons 
parlé,  cl  cpu'  votre»  joio,  c^'i  nous  l'aMuon- 
(;aut,  l'ul  telle  (pu»  si  c'était  la  clios(>  la  plus 
«!;réablo  p(»ur  vous  et  la  plus  eonrorini!  h  nos 
vceuv. 

«  Ksl-ce  doue  ainsi,  (pi'après  avoir  si  cou- 
rai;(Misenit>nl  cl  si  élo([uennnenf  plaidé  la 
cau.so  do  rMglisi',  dans  les  temps  les  [)lus 
oragoux  do  la  révolution  françaiso ,  vous 
aliandoiuiez  eotto  menu»  Kj;lise,  aujourd'hui 
que  vous  êtes  comL>lo  do  ses  tli;j,inlés  et  do 
SOS  bienfaits  ,  et  lié  si  étroilomenl  à  ollo  par 
la  religion  du  sornuMit?  Nous  no  roa;j;issoz 
pas  do  prcndio  parti  contre  nous  dans  un 
procès  que  nous  no  soutenons  que  pour  dé- 
fendre la  dignité  do  l'Eglise?  Est-ce  ainsi 
que  vous  l'aites  si  peu  de  cas  de  notre  au- 
torité, pour  oser  en  quelque  sorte,  par  acte 
public,  prononcer  sentence  contre  nous,  à 
qui  vous  deviez  obéissance  et  fidélité?  Mais 
ce  qui  nous  aitlige  encore  davantage,  c'est  de 
voir  (pi'après  avoir  mendié  i)rès  d'un  chapi- 
tre l'administration  d'un  archovoclié,  vous 
vous  soyez,  de  votre  propre  autorité,  et  sans 
nous  consulter ,  chargé  du  gouvernement 
d'une  autre  église,  bien  loin  d'imiter  le  bel 
exemple  du  cardinal  Joseph  Fescii,  arche- 
vèijue  de  Lyon,  lociuel,  ayant  été  nommé 
avant  vous  au  même  archevêché  de  Paris,  a 
cru  si  sagement  devoir  s'interdire  toute  ad- 
njinistration  spirituelle  de  cette  église,  mal- 
gré rnivitation  du  cl'apitre. 

«  Nous  ne  rappelons  pas  qu'il  est  inouï, 
dans  les  annales  ecclésiastiques,  qu'un  prêtre 
nommé  à  un  évêclié  quelconque  ait  été  en- 
gagé par  les  vœux  du  chapitre  h  prendre  le 
gouvernement  du  diocèse  avant  d'avoir  reçu 
l'institution  canonique.  Nous  n'examinerons 
pas  (et  personne  ne  sait  mieux  que  vous  ce 
qu'il  en  est),  si  le  vicaire  capitulaireadonné 
librement  et  de  plein  gré  la  démission  de  ses 
fonctions,  et  s'il  n'a  pas  cédé  aux  promesses, 
à  la  crainte  ou  aux  menaces,  et  par  consé- 
quent si  votre  élection  a  été  libre,  unanime 
et  régulière.  Nous  ne  voulons  pas  non  plus 
nous  informer  s'il  y  avait  dans  le  sein  du 
chapitre  quelqu'un  en  état  de  remplir  des 
fonctions  si  importantes;  car  enfln,  où  veut- 
on  en  venir  ?  On  veut  introduire  dans  l'E- 
glise un  usage  aussi  nouveau  que  dangereux, 
au  moyen  duquel  la  puissance  civile  par- 
viendrait insensiblement  à  n'établir,  pour 
l'administration  des  sièges  vacants,  que  des 
personnes  qui  lui  seraient  entièrement  ven- 
dues. Oui  ne  voit  évideiument  que  c'est 
non-seulement  nuire  à  la  liberté  de  l'Eglise, 


r'F.n 


(^4 


mais  vricore  ouvru'  la  porlt;  au  m'IiImuc  i;( 
aiiv  éleclioHN  invalides?  M. ils  d'aillelU'K,  ipii 
voii.s  n  rté^ii^é  du  ce  lion  (|ui  vous  unit  <'i 
ri';>;lise  de  MoiilcII/ihCMiie?  ijiii  esl-cu  qui 
vous  a  donné  tUs  dispenses  pour  <^liu  e|tj 
par  un  chapitre,  el  vous  chflrKor  (Je  l'afiiiii- 
iiislr'ilion  d'un  antre  dioccse'.' OniHo/ donc 
MU-lc-ch,imp  c<;tle  adiiiiiiislialioti.  Non-.seu- 
lemeiil  nou.s  vous  l'ordonn "Um,  ninis  nous 
vous  (Il  prions,  nous  vous  en  conjiu'nns, 
pressé  par  la  charité  perhonnelie  (pi«  ri(jn!i 
avons  pour  vous,  aliu  ([ue  nons  n- .soyons 
lias  fiM'cé  lU'  prOc('!d(!r,  iiudgii-  rions  et  aveu 
!(.'  plus  gland  nigret,  conforiiiéineni  aux  si;i_ 
liits  des  saints  canons;  <!l  personne  n'ignoiu 
les  peines  (pi'ils  prononceiil  conlroceux  cpii, 
préposés  î»  une  église,  piw^nnenl  (n  iiiain  lo 
gouvernement  d'une  auli  (;  éyli.so  avant  d'ètro 
dégagés  des  premiers  liens.  Nous  espérons 
(jue  vous  vous  lendrez  volonliiîis  à  nos 
VdHix,  si  vous  faites  bi(Mi  attention  au  tort 
qu'un  tel  exoniph;  do  votre  part  lérait  ,'i  l'E- 
glise et  h  la  dignité  dont  vous  êtes  re\èlij. 
Nous  vous  écrivons  avec  lout(;  la  libeii(j 
qu'exige  notre  ministère;  et,  si  vous  recevez 
notre  loltre  avec  les  mêmes  sentimenls  qui 
l'ont  dictée,  v(nis  verrez  ([u'elle  est  un  témoi- 
gnage éclatant  de  notre  tendriisse  pour  vous. 

((  En  attendant ,  nous  ne  cesserons  d'a- 
dresser au  Dieu  bon,  au  Dieu  toul-puissanl, 
de  ferventes  prières,  pour  qu'il  daigne  apai- 
ser, [)ar  une  seule  parole,  les  vents  et  les 
tempêtes  déchaînés  avec  fureur  contre  la 
baïquo  de  Pierre,  et  qu'il  nous  conduise 
entin  à  ce  port  si  désiré,  où  nous  pourions 
libcoment  exercer  les  fonctions  do  notre  mi- 
nistère. Nous  vous  donnons  de  tout  notre 
cieur  notre  bénédiction  apostol  que.  — 
Donné  à  Padoue,  le  5  novembre  1810 ,  la 
onzième  année  de  notre  ponliiicat.  » 

Napol  on,  de  plus  en  plus  irrité,  et  soup- 
çonnant les  cardinaux  (Jabrielli,  di  Pietro, 
et  O[)izzoni  d'avoir  pris  part  à  la  rédaction 
des  brefs  du  pape,  les  lit  enfermer  au  don- 
jon de  Vincennes,  ainsi  que  le  prélat  de  Gre- 
gorio,  et  le  général  des  Barnabites,  le  P. 
Fontana.  Le  [)rélat  Doria  fut  exilé  à  Naples. 
On  redoubla  de  sévérité  à  l'égard  du  pape; 
on  en  vint  jusqu'à  faire  chez  lui  une  visite 
donncilière,  et  à  lui  enlever  ses  bréviaires. 
Le  comte  de  Chabrol,  préfet  du  département, 
lui  écrivit  la  lettre  suivante,  qui  est  aussi 
ridicule  qu'elle  est  outrageante,  a  Le  sous- 
signé, d'après  les  ordres  émanés  de  son 
souverain,  empereur  des  Français,  roi  d'Ita- 
lie, protecteur  de  la  confédération  du  Rhin, 
médiateur  de  la  Suisse,  est  chargé  de  notitier 
au  pape  Pie  VII,  que  défense  lui  est  faite  de 
comuiuniquer  avec  aucune  église  de  l'em- 
pire, ni  aucun  sujet  de  l'empereur,  sous 
jeine  de  désobéissance  de  sa  part  et  de  la 
eur;  qu'il  cesse  d'être  l'organe  de  l'Eglise 
catholique,  celui  qui  prêche  la  rébellion,  et 
dont  l'âme  est  toute  de  fiel  ;  que  puisque 
rien  ne  peut  le  rendre  sage,  il  verra  que  Sa 
Majesté  est  assez  puissante  pour  faire  ce 
qu'ont  fait  ses  prédécesseurs,  et  déposer  un 
pape.  »  Le  pape  ne  répondit»pas  à  une  pa- 
reille lettre.  Il  garda  le  silence  en  présence 


65S 


PFR 


PER 


G^ifi 


fie  ces  injnros  c.  oo  res  grossi^rotés  rommo 
il  tcnnia  la  résignation  et  la  patirnre  la  plus 
craMli\  on  pir^sonre  dos  pcrsérulions  dont 
il  était  inffssainm  lit  roltjol. 

L'omp  renr  manitosli  sa  rolrro  nm-seu- 
lemont  h  IV'^inl  du  saint-|)ôrn,  mai«^oici>re 
à  léganl  îles  eorh'vsiastiijuos  ([m  refusaient 
do  rocovdir  los  vioairos  gf'Miéraux  nommes 
parles  rh.ipitres.  M.  d'A'^tros,  depui^^arehc- 
vt^qne  de  Toulouse,  fut  mis  h  V'inoennes. 
Dans  les  jours  qui  suivirent,  le  clia  litro  de 
Paris  onvova  à  Napoléon  une  adresse  rédi- 
gée par  Maury,  dans  lacpielle  il  était  avancé 
deux  erreurs  grossières.  Il  y  était  dit  nue 
depuis  le  commencement  de  l'Eglise  galli- 
cane, cette  Eglise  avait  coutume  (le  conf<''rer 
les  pouvoirs  capifulaires  aux  évéïpies  nom- 
més, et  fpie  c'était  en  voriu  d'un  avis  domié 
par  Bossuet,  que,  sous  Louis  XIV',  les  évé- 
quos  nommés  avaient  ainsi  pris  l'administra- 
tion de  leurs  diocèses.  Napoléon  envoya 
partout  celle  adresse,  et  bientôt  les  jour- 
naux furent  remplis  des  adhésions  qu'y 
donnèrent  un  grand  nombre  d'évôques  et  de 
chapitres  dllalie. 

En  janvier  1811.  l'empereur  assembla  de 
nouveau  sa  commission  ecclésiastique,  dans 
laquelle  il  lit  entrer  deux  nouveaux  meudjres, 
le  cardinal  Cisselli,  évéque  de  Parme,  et 
l'archevêque  de  Malines,  M.  de  Pradt.  Doux 
questions  lui  furent  soumises  :  1°  Toute 
communication  entre  lo  pape  et  les  sujets  de 
l'empereur  étant  interrompue,  (juant  à  pré- 
sent, à  qui  faut-il  s'adresser  pour  obtenir  les 
dispenses  qu'accordait  le  saint-siégo  ?  -2"  Quel 
serait  lo  moyen  h'gitim"'  de  donner  l'institu- 
tion canonique,  si  le  pape  refusait  persévé- 
rammont  d'.iccorder  des  bulles  aux  évé([ues 
nommés  par  lempereur  pour  reuqilir  les 
sièges  vacants?  La  commission,  sans  reculer 
(lovant  une  assertion  mensongère,  réfioidit 
que  le  pa|ie  refusait  les  bulles  sans  alli'guor 
aucune  raison  canoni(pie.  Puis  elle  proposa: 
1°  d'envoyer  vers  lui,  pour  l'instruire  de 
l'état  réel  des  choses;  de  convoquer  un 
concile  général,  ou  une  assemblée  nom- 
breuse d'évéquos ,  puiscpie  l'Eglise  de 
France  était  obligée  de  pourvoir  à  sa  propre 
conservation.  Elle  conseilla  de  n'amener  de 
changements  rpie  petit  h  petit,  d'y  (in'-parer 
doucement  les  esprits,  pour  ne  pas  rencon- 
trer dans  les  populations  uneop|)Osilion  trop 
vive.  Napoléon  voulul  passer  outre  et  fairo 
adopter  des  résolulKMis  cpii  ronvorsaienl 
complètement  l'autorité  papale,  mais  on  lui 
représenta,  notamment  le  cardinal  Fesch , 
qu'il  allait  se  rendre  contraires  tous  les  évù- 
t(ues,  qu'il  entrait  dans  la  voie  des  persécu- 
tions, el  qu'il  allait  faire  (hvs  martyrs.  Alors 
il  s'arrêta  et  parut  disposé  à  inoutrer  plus 
do  doucoiir.  Cette  bonne  piMisée  ne  tint  pas 
(lovant  los  encouragements  que  lui  dniine- 
reiit  los  llatteurs  pour  l'engagera  passer  oui  e. 

Dans  une  matinée  du  la  lin  de  mars  1811. 
non-seulement  tous  les  membres  du  coniti' 
ecclésia>lii[no,  mais  encore  les  consoilleiN  et 
les  grands  dignitaires  de  1  empire,  furent 
ino[)inémont  (onvo(jués  à  une  .iiidieiice  im- 
périale. L'empereur  se  lit  allendro  pendant 


doux  heures.  Il  disnit  que  les  hommes  qui 
avaient  attendu  étaient  plus  hébétés.  Il  pa- 
rut dans  un  appareil  extraordinaire,  regarda 
si  tout  le  monde  était  arrivé,  et  ouvrit  la 
séance  par  un  discours  très-long  et  très- 
véliément  contre  le  pa|)e  :  il  l'accablait  d'ac- 
cusaiions  pi)ur  sa  réNi^taiico  obstinée,  et 
montrait  une  disposition  à  jirendre  les  réso- 
lutions les  plus  extrêmes.  Ce  discours  était 
un  tissu  de  principes  erronés,  de  faits  ab- 
solument faux,  et  arrachés  sans  judiciaire  à 
tous  les  siècles,  de  calomnies  atroces  ot  de 
maximes  très-opposées  h  celles  de  l'Eglise; 
cependant  aucun  des  cardinaux  ni  des  évê- 
ques  présents  ne  parut  chercher  à  faire  va- 
loir la  vérité  contre  la  force  et  la  puissance. 
Heurousomont  il  s'y  trouva  un  prêtre. 

Après  avoir  parlé  avec  la  violence  do  la 
colère.  Napoléon  regarda  tous  les  assistants, 
puis  il  dit  à  l'abbé  Emery  :  «  Monsieur,  ([ue 
pensez-vous  de  l'autorité  du  pape?  »  L'abbé 
Emery,  directement  interpellé,  jeta  les  yeux 
avec  déférence  sur  les  évêquos,  comme  pour 
demander  une  permission  d'opiner  le  pre- 
mier, et  il  répondit  :  «  Sire,  je  ne  puis  avoir 
d'autre  sentiment  sur  ce  point  que  celui  qui 
est  contenu  dans  le  catéchisme  enseigné  par 
vos  ordres  dans  toutes  les  églises;  et  à  la 
demande  :  Qu'est-ce  que  le  pape?  on  ré- 
pond (pi'il  est  le  chef  de  l'Eglise,  le  vicaire 
de  Jésus-Christ ,  h  qui  tous  les  chrétiens 
doivent  l'obéissance;  or,  un  corps  peut-il  se 
passer  de  son  chef,  de  celui  h  <iui  de  droit 
divin  il  doit  l'obéissance?»  Napoléon  fut 
surfiris  de  cette  réponse,  il  p.iraissait  at- 
tendre encore  tpie  l'abbé  Emery  coiitinuAt 
de  parler.  Le  prêtre  octogénaire  no  redou- 
tait rien,  et  il  reprit  :  «  On  nous  oblige,  en 
Franco,  de  soutenir  les  quatre  articles  do  la 
Déclaration  du  clergé  :  mais  il  faut  en  rece- 
voir la  iloctrine  dans  son  entier;  or,  il  est 
dil  aussi,  dans  lo  préambule  do  cette  Décla- 
ration, ([ue  le  pape  est  le  chef  de  l'Eglise,  ci 
qui  tous  les  chri'litMis  doivent  l'obéissance, 
el  do  plus  ou  ajoute  que  ces  quatre  articles 
décrétés  par  l'assemblée  ne  le  sont  \\as  tant 
pour  limiter  la  |)uissaiice  du  pape  que  pour 
empêcher  ({u'on  ne  lui  accorde  pas  ce  (jui 
est  essentiel.  »  Ici  l'abbé  Emery  entra  dans 
un  assez  long  (lévolo|)pemeiit  des  ([uatre  ar- 
liclcs,  montrant  que,  «pioiqu'ils  [)arussent 
limiter  la  puissance  du  pape  en  quehpies 
points,  cependant  ils  lui  reconnaissaient  une 
autorité  si  grande  el  si  universelle  qu'on  ne 
pouvait  pas  s'en  passer  dans  l'Eglise.  L'abbt' 
Emery  di-clara  eiisiiile  (pie  si,  connue  on  le 
disait,  on  assemtilait  un  concile,  il  n'aurait 
aucune  valeur,  s'il  était  disjoint  du  pape. 
Napoh''on,  vaincu  sur  ce  point,  murmura  le 
mol  cale(hism(>,  el  reprit  :  «  Eh  bien  !  j(»  ne 
vous  conteste  pas  la  puissance  s(»irituello  du 
papt«,  puisipi'il  l'a  rvrno  de  J(''sus-Chrisi  ; 
mais  Jesus-Clirist,  je  lai  déjà  dit,  ne  lui  a 
j)as  donné  la  puiss.mce  tomporelle;  c'est 
Cliarlomagms  qui  1 1  lui  a  donnée,  ol  moi, 
succes>eur  de  Cli.irlomage,  je  veux  la  lui 
ôtor,  I  arce  iiu'il  ne  >a  l  pas  en  user,  el  qu'elle 
rempê(  ho  (roxerccr  ses  fonctions  sj)irituel- 
Ici.  «(Artaud,  II, si   de  Pic  VU,  t.  III, c.  I.) 


057 


PICR 


l'hfl 


O.'K) 


Lo2f>  avril  IHIl,  unr  lollrodi'  riMiipcrcur, 
onvoyôo  mix  t^v(N(|U('.s  du  stus  Kliils,  amioiu;»! 
l'ouvi'itui'»'  tl'iiii  concile  ii.ilidMul.  Il  cmi- 
^oll(il  h  vo  (juc  les  cv(\nics  a.sscinlilc's  en- 
voyassent vers  1(1  |ia|)u  une  (l('i|)nlati(in,  (|iii 
fnl  cnninosi'e  (l(>  rai(licv(^(|n(î  de  l'oins,  de 
Harral,  (le  révt^iinc  de  Nantes,  Dnvoisin,  cl 
de  l'i'iviViue  do  'l'rùves,  Manuay.  Ils  se  rendi- 
rent à  Savone  cl  remitlirenl  vis-à-vis  du 
pape  un  rAlc  vraiment  indigne  il(!  leur  ca- 
raelùre.  lis  en  viiuiMit  jusipi'îi  s'ox|)rinicr 
sur  son  eoni|>le  en  (ernics  assez  irrévéren- 
cieux, le  dépei;-:,nant  connue  un  vieillard  l'ai- 
ble  et  scru|)uleu\,  eueliu  à  des  opinions 
exaf:;érées,  et  (pi'on  pourra  néanmoins  anuî- 
iH'r  jxir  lassilKilc  l\  l'aire  ce  (pu'  l'on  voudra. 
Ils  devai(>ul  anuMU'r  le  saiul-p^ie  h  lairi;  un 
traité  dont  les  hases  élaient  :  I"  ipie  le  papi! 
accorderait  les  bulles  d'inslilulion  aux  évé- 
ques  nouuués  aux  sièges  vacants;  '•2"  (]uh  l'a- 
venir, le  mélropolilain  donnerait  crofliec^  l'in- 
sliluliou  au  suirrayant  nommé,  si  le  f)a|)e  no 
l'avait  pas  fait  daus  undélai  de  irois  mois;  3" 
(pi'il  sérail  libre  de  retourner  hUoine  conuiU! 
évétpus  s'il  prêtait  le  serment  im|)osé  aux 
(WiVlues  par  le  concordat ,  ou  de  résider  h 
Avignon,  avec  une  pension  de  deux  millions 
do  francs,  s'il  voulait  jurer  do  ne  rien  faire 
contre  les  quatre  arliclos  du  clergé  de  France. 
Les  députés  devaient  notiller  au  saint-pére, 
que  jamais  sa  puissance  temporelle  no  lui 
serait  rendue. 

Quand  donc  les  trois  évoques  furent  arrivés 
h  Savone,  le  f)r('fot  les  présenta  au  pape  qui, 
pendant  longtemps  et  lors  des  premières  en- 
trevues qu'il  eut  avec  eux,  rejeta  avec  éner- 
gie et  dignité  tout  accommodement  qui  pût 
ôtre  un  amoindrissement  des  droits  du  saint- 
siége.  Ce  ne  fut  qu'à  la  lin,  et  quand  ils  fu- 
rent proches  de  leur  départ,  qu'eifrayé  par 
eux  dos  conséquences  que  pouvait  avoir 
son  refus  pour  le  bien  de  la  religion,  il  con- 
sentit à  laisser  écrire  sous  ses  yeux  la  note 
suivante,  à  laquelle  il  donna  son  approba- 
tion ,  bien  qu'il  n'y  mit  pas  sa  signature. 
«  Sa  Sainteté,  prenant  en  considération  les 
besoins  et  les  vœux  des  Eglises  de  France  et 
d'Italie,  (pii  lui  ont  été  représentés  par  l'ar- 
chevoque  de  Tours,  et  par  les  évèques  de 
Trêves,  do  Nantes  et  de  Fai'uza,  et  voulant 
donner  à  ces  Eglises  une  nouvelle  preuve 
de  sa  paternelle  affection,  a  déclaré  à  l'arche- 
vêque et  aux  évoques  susdits  ce  qui  suit  : 
1°  Sa  Sainteté  accordera  l'institution  canoni- 
que aux  évèques  nommés  par  Sa  Majesté  im- 
périale et  royale,  dans  les  formes  convenues 
par  les  concordats  de  France  et  d'Italie;  2" 
Sa  Sainteté  conseiltira  à  étendre  les  mômes 
dis])ositions  aux  Eglises  de  Toscane,  de  Parme 
et  de  Plaisance,  au  moyen  d'un  nouveau  con- 
cordat ;  3"  Sa  Sainteté  consent  qu'il  soit  in- 
séré dans  les  Concordats  une  clause  portant 
qu'elle  donnera  les  bulles  de  contîrmation 
dans  un  temps  déterminé,  terme  que  Sa 
Sainteté  juge  devoir  être  de  six  mois  au 
moins  ;  et  dans  le  cas  où  elle  ne  les  donne- 
rait pas  dans  ce  délai,  pour  d'autres  causes 
que  l'indignité  des  sujets,  elle  investirait  du 
pouvoir  de  les  conférer  le  métropolitain  ou 


le  pins  ancic'U  év^rpin  do  In  province  occlé- 
siaslicpns  '♦"Sa  Sainifîlé  ne  «'«'.sldéterminéo 
à  ces  co'icessjons  ipn"  dans  l'espétanc»!   ipicj 
lin  ont  fait  coneev((ir  les  évècjiics  dépijl('s, 
qu'elles  préparaient  les  voies  h  des  nccom- 
inodemenls   ipii    n'Iablir.iienl    l'ordre;   et    l/i 
paix  d.nis  l'I-'-glise,  <;l(pii  rendaient  au  saint- 
siége  la  liberté,  l'indépendance  et  la  dignit*') 
(!onvenab|es.        Savone,  1'.)  mai  IMl  1  .„  Aus- 
sitôt (|ue  les  députés  lurent  parti»,  I'k;  Vil  sen- 
tit sa  faute,  il  en  versa  d'abondafites  larmes. 
Le  concile  de  Paris  se  l'éiinit  le  17jiiin.  Il 
était  composé  de  (piatr(!-viMgl-(piinze  prélats. 
Napoléon  y    avait    mandé   nominativement 
tous   ceux  ipii  lui   élaient  favoiMbb's  ;  (pianl 
à  ceux  (pi'il  savait  mal  disposés  pour  lui,  il 
(Kî    leur    permit  pas  d'y   venir.  Il  en  tenait 
UH^mo  plusieurs,  comme  on  sait,  en  prison. 
Ce  concile,  convo(pié  sans  l'assentiment  du 
pape,  était  frappé  d(î  nullité  dès  son  début. 
La  pi'ennèr(>  assemblée  pré|)aiatf>ii('  eut  lien 
chez  le  cardinal  Fesch,  (pii  fut  nonuiié  pn';- 
sident.  Le  premier  jour  d(^  la  session  ,  tous 
les  prélals  se  rendirent  à  la  cathédrale,  où 
le  cardinal  Fescb  ollicia,  et  oii  M.  de  Boulo- 
gne, évoque  do  Troyes ,   j)rononca  un  dis- 
cours, dans  leciuel  on  remarquait  îo  passage 
suivant,  ([u'on  ne  saurait  tro|)  admirer  pour 
son  courage.  «  Mais  quelle  que  soit  l'issue  do 
vos  délibérations,  quel  (pie  soit  le  jjarti  que 
la  sagesse  et  l'intérêt  (le  nos  Eglises  pour- 
ront nous  suggérer,  jamais  nous  n'abandon- 
nerons ces  principes  immuables  qui  nous  at- 
tachent h  l'unité,  à  cette  pierre  angulaire,  à 
cette  clef  de  la  voûte  sans  laquelle  tout  l'édi- 
lico  s'écroulerait  sur  lui-même  :  jamais  nous 
ne  nous  détacherons  de  ce  premier  anneau 
sans  le(iuel  tous  les  autres  se  dérouleraient 
et  ne  laisseraient  plus  vinr  que  confusion, 
anarchie  et  ruine  :  jamais  nous  n'oublierons 
tout  ce  que  nous  devons  de  respect  et  d'a- 
mour à  cette  Eglise  romaine  qui  nous  a  en- 
gendrés à  Jésus-Christ,  et  qui  nous  a  nour- 
ris du  lait  de  la  doctrine  ;  à  cette  chaire  au- 
guste que  les  Pères  appellent  la  citadelle  de 
la  vérité,  et  à  ce  chef  suprême  de  l'épisco- 
pat,  sans  lequel  tout  l'épiscopat  se  détruirait 
lui-mêuie  et  ne  ferait  plus  que  languir  comme 
une  branche  détachée  du  tronc,  ou  s'agiter 
au  gré  des  flots  comme  un  vaisseau  sans 
gouvernail  et  sans  pilote.  Oui,  quelques  vi- 
cissitudes   qu'éprouve  le  siège    de   Pierre, 
quels  que  soient  l'état  et  la  condition  de  son 
augusie  successeur,  toujours  nous  tiendrons 
à  lui  par  les  liens  du  respect  et  de  la  révé- 
rence tiliale.  Ce  siège  pourra  être  déplacé,  iJ 
ne  pourra  pas  être  détruit;  on  pourra  M 
ôter  do  sa  splendeur,  on  no  pourra  pas  lui 
ôter  de  sa  force  ;  partout  oii  ce  siège  sera,  là 
tous  les  autres  se  réuniront  ;  partout  où  ce 
siège  se  transportera,  là  tous  les  catholiques 
le  suivront  ,    parce  que   partout   où    il  se 
tixera,  partout  sera  la  tige  de  la  succession, 
le  ceîitre  du  gouvernement  et  le  dépôt  sacré 
dos  traditions  apostoliques.   Tels  sont  nos 
sentiments   invariables,    que    nous  procla- 
mons ^uijourd'hui  à  la  face  de  l'univers,  à  la 
face  de  toutes  nos  Eglises  dont  nous  i)ortons 
en  ce  moment  les  vœux,  et  dont  nous  attes- 


65y 


PER 


tons  la  foi  ;  h  la  face-  des  saints  nulels,  ol  au 
milieu  de  celte  basilique  où  nos  pères  assem- 
blés vinrent  |tlus  d'une  fois  cimenter  la  paix 
de  l'Eglise,  et  apaiser  pir  leur  sagesse  des 
troubles  el  des  dillVrcnds,  h(^las  !  trop  res- 
seiuiilants  hceux  qui  nous  occupent  anjour- 
dliui.  Il  me  semble  en  ce  moment  les  en- 
tendre, il  me  semble  voir  leins  ombres  vé- 
nérables apparaîtr«;au  milie;  de  nous,  comme 
pour  nous  dire  de  ne  rien  faire  qui  ne  soit 
digne  d'eux,  qui  ne  soit  digne  de  nous, et  de 
ne  jamais  dévier  de  rdiilique  chemin  (ju'oil 
tenu  nos  ancêtres.  » 

On  lut  dans  le  concile  un  manifeste  de 
Napoléon  contre  le  pape,  aussi  injuste  dans 
le  fond,  qu'il  était  aigre  et  injurieux  dans  la 
forme.  On  lit  une  adres*;e  à  rem()ereiir  :  ce 
fut  au  milieu  do  la  discussion  de  cette 
adresse,  que  l'évoque  de  Chambéry,  d'Es- 
soles,  proposa  au  concile  d'aller  en  masse  au 
)ieddu  trùne  demander  la  mise  eu  liberté  du 
3ape.  L'influence  du  cardind  Fesch,  qui  pro- 
posa de  ne  pa>  employer  de  mosens  si  pu- 
jlics  et  si  ostensibles,  j>roduisit  son  ellet. 

Ce  ne  fut  que  le  .3  juillet  (jue  l'on  cora- 
inença  h  s'occuper  delà  compélenre  du  con- 
cile pur  rapport  à  la  (jueslion  des  bulles.  Le 
5,  la  congrégation  déclara,  «  qu'il  fallait, 
avant  de  [)rononcersur  les  questions  lui  lui 
étaient  soumises,  que  le  concile,  suivant  en 
cela  les  règles  canoni<jues,  sollicitât  la  per- 
mission d'envoyer  au  i)ape  des  députés,  qui 
lui  exposassent  l'état  déplorable  des  Eglises, 
et  qui  conférassent  avec  lui  sur  les  moyens 
d'y  remédier.  »  Les  (>rélats,  qui  portèrent 
celte  réponse  à  l'empereur,  tlirent  ijuils  l'a- 
vaient trouvé  frjrtirrité,  el  qu'ils  n'avaient  pu 
rn[)aiser,  qn'en  rédigeant  avec  lui  le  projet 
de  décret  suivant  :  «  i'  Lesévèchés  ne  peu- 
vent rester  vacants  plus  d'un  an  pour  tout 
délai,  el  ilans  cet  espace  de  temps,  la  nomi- 
naiion,  l'institution  et  la  consécration  doi- 
vent avoir  lieu  ;  2'  l'empereur  nommera  h 
tous  les  sièges  vacants,  conforminuenl  aux 
Conconlats;  3"  six  mois  a[)rès  la  nominalion 
faite  par  l'empereur,  pour  tout  délai,  le  pape 
d(»nnera  l'institution  canonique;  Vies  six 
mois  ex[)irés,  le  métropolitain  se  trouvera 
investi,  par  la  concession  laite  même  par  le 
pape,  et  devra  proeéder  à  l'institution  catio- 
iii([ue  et  à  la  consécrati<in  ;  5'  le  (»n'sent  dé- 
cret sera  sounus  h  l'approbation  de  l'empe- 
reur ;  6"  Sa  -Majesté  sera  suppliée  par  le 
concile,  de  permellri^  h  luie  défiutation  d'é- 
vAqiies,  de  se  rendre  auprès  du  j)ape  ,  pour 
Je  reruercier  d'avoir,  par  ces  concessions,  mis 
un  terme  aux  maux  de  l'Efrlisc.  »  Le  7  juil- 
let, la  (;ongn',-;atioii  accepta  le  projet.  Il  n  y 
eut  à  le  repousser  que  l'archevêque  de  Bor- 
deinx  et  I  «'vèque  de  «land;  mais  le  lende- 
nïoin,  six  autres  pn-lats  rétractèrent  leur 
n|iprobalion,  ol  le  pron-l  no  l'ut  plus  soutenu 
(|ue  par  une  minorité  de  quatre  membres. 
Le  soir  mèuie,  Naptileoii  rendu  un  décret 
pour  dissoudre  le  roncile.  MM.  de  broj^lie, 
^vf'que  (Je  (land,  Birn,  «vèipir  i|«>  Toiirnay. 
Bo\iiog<ie.  evèque  de  ^^oye^,  lurent  arrêtes 
el  r<>riferniés  au  doi\)oo  de  Vincennes. 
L'honneur  du  concile  ninsi  fermé  violom- 


PF.R  060 

ment  était  sauf.  Sa  résistance  était  constatée 
par  l'emprisonnement  de  II  ois  de  «PS  n)embres. 
Jusque-là  tout  était  tionc  h  rh<mneiir  de 
la  religion  ,  h  Ihonneur  «lu  concile.  Napo- 
léon, qui  voulait  absolument  arriver  k  ses 
tins,  chargea  les  ministres  des  cidtes  de 
France  et  d'Italie,  de  faiie  venir  chacun  sé- 
parément dans  leur  c  b  net  les  évêques  do 
ces  deux  j^ays,  »t  de  les  forcer,  soit  par  me- 
naces, soit  par  promesses,  à  accepter  le  dé- 
cret qui  établis>ait  une  clause  additionnelle 
au  Concordat.  Ce  moyen  réussit  :  tous  les 
évêipies,  h  l'exception  de  quatorze  ou  quinze, 
donnèrent  leur  adhésion.  Les  ministres  leur 
montraient  d'un  côté  la  colère  de  l'empereur 
et  les  dangers  qu'il  y  avait  k  la  provoquer; 
d'un  antre ,  l'acffuiescenif'nt  que  Pie  Vil 
avait  lionne ,  à  Savone,  aux  arrangements 
proposés.  Puis,  on  leur  disait  que  c'était  le 
moyen  de  i amener  la  paix  dans  l'Eglise. 
Bien  certain  d'avoir  cette  fois  la  majorité 
dans  le  concile,  Napoléon  le  réunit.  Sur  le 
rapport  île  l'archevêque  de  Tours,  ce  concile 
rendit  le  décret  suivant.  1"  Conformément 
à  l'esprit  des  canons ,  les  archevêchés  et 
évêchés  ne  pourront  rester  vacants  plus  d'un 
an  |)Our  tout  délai  ;  dans  cet  espace  de  temps, 
la  nominatioTi ,  l'institution  et  la  consécra- 
tion devront  être  effectuées.  2"  L'emperetu- 
sera  supplié  de  contnuer  à  nomnïèr  aux 
sièges  vacants  ,  conformément  aux  Concor- 
dats, et  les  nommés  par  remjiereur  s'a  res- 
seront  à  notre  saint-père  le  pajïc  pour  l'ins- 
titution canonique.  3^  Dans  les  six  mois  oui 
suivront  la  notitication  faite  au  pape,  i)ar  les 
voies  d'usage,  delà  dite  nomination,  le  pnp«' 
donnera  l'institution  canonique  conformé- 
ment aux  Concordats.  V"  Les  six  mois  expi- 
rés Srfus  iiue  le  pape  ait  accordé  l'instiiutujn, 
le  métro|)olitain,  ou,  à  son  iléfaut,  le  plus 
ancien  évêque  de  la  prov  nce  ecclésiastique, 
procédera  à  l'inst  tutionde  l'évêque  uoiiuné; 
et  s'il  s'agissait  d'in^tituer  le  métropolitain, 
le  |)lus  ancien  évê(pu^  de  la  province  confé- 
rerait l'institution.  5"  Le  présent  tiécrel  sera 
soumis  à  l'approbation  de  noire  saint-père  le 
pape,  et,  à  cet  etïet.  Sa  Majesté  sera  suppliées 
de  permettre  qu'une  députation  de  six  évê- 
ques se  rende  auprès  de  Sa  Sainteté  pour  la 
prier  de  conlirmer  un  décret  oui  seul  peut 
mettre  un  terme  aux  maux  des  Eulises  de 
France  et  d'Italie.  ^Iltdubacher,  Ilisl.  de 
IKt/lise,  tome  XXVIIL  pagelil.)  Une  com- 
mission Ait  envoyée  par  b'  concib»  à  Savone 
près  du  |wpe,  avec  une  lettre  si^né-e  de  tous 
les  évèques  ;  et  comme  on  craignait  que  le 
pape  n'accue  llit  pas  la  demande  (pie  lui  fe- 
rait cette  commission  d'accejtior  les  déci- 
dions prises  sans  le  conseil  des  cardinaux, 
on  lui  en  ilépêcha  cinq  qu'on  savait  disposi'"^ 
à  le  taire  tomber  dans  le  piège.  Il  y  avait 
parmi  eux  Roverella,  qui  joua  lo  principal 
rôle,  el  qui  rédigt^a  le  fameux  brt>f  par  lequel 
Pi-  \1I,  non-seulement  approuvait  les  ades 
du  concile,  mais  encore  donnait  les  pbi^ 
mands  ('lou'es  h  ceux  (pii  y  avaient  siégé.  Il 
o>t  au  moins  étrange  de  voir  Pie  \II,  (pii  a 
résisté  si  longteuins  avec  courage  et  énergie 
flux   prétentions  oe  l'empereur  de  c^  cùlé, 


I 


001 


i'CIt 


l'Kll 


064 


U(!'r,liiicr  dans  sttu  broj"  que  lo  roucilo  est  on- 

tr6  iMiiailriiiciil  dims  ses  iiilrjilidiis,  h   lui, 

(>ii   riiisaiil  liiomi'licr  les  inrlniliniis  dr  Na- 

jioU'uii.  Ii'i,  (jn'uii  |M'iiiit'lli'  à  raiiliiii-  tir  ,si- 

j;iialor  uim  imrasc  dniiloralijc,  rmaiii-c  d'iiii 

rciivaiii    ardciil    drlriisriir    du    |ia|H'    cl    do 

ruIliMiiioiilaiiismc.   M.  Km  lihacln c  (|iij  mar- 

«|iio  loujoiirs  la  |)Iiijî  ^^raiidn  vc')ii(''ialio!i  pour 

INc  \'II,'  lanl  (Hi(>  ce  itapi'  est,  suivant  lui, 

<laiis  la   v<)i(^  (jiii   coiivit'iil   à   un   vicaire  de 

JtVsiis-(-hri.st,   no  craint   pas  de  le  ll,i-ellcr 

«lans  celte  ciiconslance  de  li  façon  su  vanle. 

<(  Oi't'll*^'  dill'érencc!  entj'c  i(!  Lui'i'  absurde   cl 

la  letlfo  si  hollo,  si  (^neri;i(iuo,  (pu;  Piu  VU, 

livn^  h  sa  pi'opre  sagesse,  éciiv  t  an  caidinal 

Caprara,  le  -20  aoiU  1809  (Vol.  XX MU,  pa;,'. 

ihh).  »   Ce  lani':a.u;e  est  au  moins  fort  irrevù- 

rtMuieux.  On  doit  parler  avec  plus   d'é^ai'ds 

du  chef  (le  ^l'^^list^  nii^nuMjuaud  on  signale 

en  lui  des  faiblesses.  Un  concilo  avait  lout 

Milior,   h    tort   nous  ]o   crovons,  ad()|ité  1(!S 

ïuesiM-es  (pio  Pie  \'1I  consacrait  j)ar  un  biof 

rejAretlable.    11   faut    (Hre    bien  grand   |)our 

<)S(>r  (pialilier  d'absurde  ce   qui   (5ujane   des 

<5v(Vpies  réunis  ot  du  pape. 

On  s'attendait  à  co  que  NapoU^on  occeplc- 
rait  i;o  bref  avec-  satisfaction  :  il  lo  refusa. 
Va\  l'acceptant  il  aurait  dû  rendro,  suivant 
les  proni(>sses  des  députés  ,  la  liberté  au 
}>apo;  or  il  voulait  en  faire  un  citoyen  fran- 
^•ais;  il  préféra  continuer  son  système  d'op- 
pression vis-h-vis  do  lui.  Cependant,  occupé 
do  la  guerre  do  Russie,  il  laissa  (luehjuc 
temps  lo  saint-pére  [)aisiblo  dans  son  exil. 
]\Iais,  rendu  à  Dresde,  il  donna  l'ordre  do 
l'aire  venir  le  pa[)e  en  France.  Le  saint-père, 
iU'i'ivé  au  luont  Cenis,  tomba  très-malade. 
Les  olliciers  qui  le  conduisaient  crurent 
d.voir  suspendre  la  marche  ,  et  informer  la 
cour  do  Turin.  On  leur  répondit  de  faire 
suivant  les  ordres  qu'ils  avaieit  précédem- 
inent  reçus  :  en  route,  on  fut  obligé  d'aimi- 
iiiïtrer  Je  viatique  au  saint-père.  Néanmoins 
il  put  arriver  à  Fontainebleau  lo  20  juin.  Le 
concierge  du  palais  ne  voulut  pas  lui  en  ou- 
vrir les  appartements  ,  [)réiextant  qu'il  n'a- 
vait pas  reçu  d'ordres  de  Paris.  11  le  condui- 
sit dans  son  propre  logis.  Peu  de  temps  après 
arrivèrent  de  Paris  les  ordres  nécessaires 
pour  qu'on  fit  entrer  le  saint  vieillard  dans 
le  palais. 

Jîiwitôt  les  cardinaux  rouges,  et  ceux  des 
ëvè(iuos  français  qui  étaient  dévoués  à  Na- 
poléon, vinrent  visiter  le  saint-père,  et  lui 
représentant  l'état  déplorable  de  la  religion 
en  France,  employèrent  tous  leurs  eilorts  à 
le  disposer  à  faire  de  nouvelles  concessions. 
Bien  que  Pie  Vil  ne  cédât  pas  encore,  il  était 
très-impressionné  de  ces  discours.  La  bonté 
de  son  cœur,  son  ardente  charité,  ne  conce- 
vaient pas  qu'il  i)ût  être  trompé  par  des  car- 
dinaux et  des  évêques.  Il  était,  depuis  bien- 
tôt six  mois,  à  Fontainebleau,  quand  Napo- 
léon revint  de  sa  fatale  expédition  de  Russie. 
Ce  prince,  avec  la  promptitude  de  génie  qui 
lo  caractérisait,  s'occupa  à  réparer  les  désas- 
^  très  do  la  France,  et  sentit  que  sa  réconci- 
liation avec  lo  pape  pouvait  ôtre  d'un  ex- 
cellent effet.  11  envoya  un  de  ses  chambellans 


h  Fonl.nnebienu,  complimenter  PioVIF  et  lui 
d( mander   dos  nouvellos  de  sa    «orité.    l'n 

écliatiMc  de  piilitrss(>,  le  pniio  envoya  h  pnris 
le  cardin.'d  horia  lemercier  l'inipereur.  il 
lut  décidé  (luc  loti  négoeiation«  «<  nucnt  ro- 
l'iises.  Le  |i;ipi'  noninui,  pour  l<s  suivre,  les 


(W'A 


nui,  iiour  l's  suivre,  les 
t  dija  trompé  .'i  Savone. 


eveipu's  (pn  I  avaU'U 

Napoléon    choisit   l'évéïjue  Duvoisin.  Celui- 
ci.  prulilanl  de  la   faiblesse  cl  dr  l'élal   ma- 
l/idil'dii    pape,  arrêta   les  pr(''limin.dre.s  sui- 
vants: I"  Le  jtape  et  les   futurs   potitifes  , 
avant    d'élrc   élevés   au    tionliMcal,  devront 
promcllio   de  ne  rien  ornonner,  de  ne  ri'-n 
exécuter  cpii  soit  contraire  aux  rjiiatie  pro- 
positions i^allicanes.   2"  Le  pap(!  et  ses  suc- 
cesseurs   n'auront,  îi   l'avenir,  que    liMiiirs 
des  nominations  du  sacré  collège.  ï.a  nonnna- 
tion  (ii'H  deux  autres  tiei's  ajipartiendra  aux 
jtritu'os    cathoIi(pies.   3"  Lo   pa))e,    par    un 
bref  public,  désaopronvera  et  (condamnera 
la  conduite  des  cardinaux  (pii  n'ont  pas  voulu 
as'^istor  à  la  fonction  saciée  du  mariage  do 
Napoléon  avec  rim|)ératrice  Maiie-Louise. 
J)ans   ce   cas ,  l'eiiiperour   leur   rendra   ses 
bonnes  grAces,  et  leur  [)einu'l(ra  do  se  réu- 
nir au  saint-j)ère, pourvu  (pi'ils  acceptent  et 
qu'ds  signent  ledit  bref  pontifical.    Finale- 
nuMit,  sei'ont  exclus  do  ce  pardon  les  cardi- 
naux di  Piolro  et  Pacca,  aux(]ueis  il  ne  sera 
jamais  permis  de  se  rapiirochcr  du  jiape. 

Quand   tout  fut   préparé   au  gré  des  évo- 
ques, suivant  les  vumix  de  Napoléon,  il  vint 
lui-même  à  Fontainebleau,  avec  l'impératrice 
Mario-Louise.  Il  prit  le  pape  dans  ses  bras, 
l'embrassa,  et  lui  lit  mille  protestations  d'a- 
mitié. Lo  saint  vieillard,  qui  aimait  l'empe- 
reur, fut  très-sensible  à  tout  s  ces  disposi- 
tions extérieures.  11  racontait  à  ceux  qui 
l'entouraient,  avec  une  satisfaction  marquée, 
comment  s'éla  t   passée  cette  première  en- 
trevue. Ou  raconte  que  dans  une  de  celles 
qui  suivirent,  l'omperour  prit  le  saint-[)ère 
par  les  cheveux  et  l'injuria  d'une  façon  gros- 
sière. Voici  la  réponse  de  Pie  Vil  h  cette 
accusatio  1  :  «  Non ,  il  ne  s'est  pas  porté  à 
une    telle  indignité ,  et  Dieu   permet  qu'à 
cette  occasion  nous  n'ayons  pas  à  prof 'rer 
un  mensonge.  »  Nous  nous  en  rapportons 
entièrement  à  cette   déclaration  loyale  du 
saint-père.    Que  Napoléon    ait   commis   de 
grandes  fautes  dans  toutes  ses  relations  avec 
le  saint-siége  ;  qu'il  ail  même  été  jusqu  à  se 
livrer  à  certains  mouvements  de  colère  ré- 
gi ettables,  nous  ne  le  nierons  pas  ;  mais  il 
y  a  loin  de  là  à  l'indignité  dont  on  l'accuse. 
Cette  grossière  calomnie  s'explique  très-bien 
par  l'acharnement  avec  lequel  les  ennemis 
de  ce  grand   homme  outragèrent  sa  gloire 
tombée.  Les  gens  de  cour  et  les  vieux  mar- 
quis, qui  léchaient  ses  bottes  quand  il  était 
empereur,  et  qui  l'appelaient  avec  mépris 
Buonaparle  quand  il  fut  précipité  du  trône, 
pouvaient   bien  lui  prêter    cette    brutalité 
monstrueuse. 

Finalement  le  pape,  obsédé  par  les  cardi- 
naux dévoués  à  l'empereur,  signa  avec  lui, 
le  25  janvier  ,  un  concordat  dont  voici  le 
texte  :  «  Sa  Majesté  l'empereur  et  roi  et  Sa 
Sai)iteté,  voulant  mettre  un  terme  aux  dilTé- 


6(>S 


PER 


PER 


GG4 


rends  qui  se  sont  (jIcvc^vs  entre  eux,  et  pour- 
voir aux  (litlirultt^  survenues  sur  plusieurs 
alloires  de  l'Eglise,  sont  convenus  des  arti- 
cles suiviuils,  comme  dev  nt  servir  de  bnse 
h  un  orran^emeiit  définitif:  1"  Sa  Sainteté 
exercera  le  pontificat  en  France  et  dans  le 
l-ovaume  d'Italie  de  la  mt^me  manière  et 
avec  les  m<^mes  formes  que  ses  prédéces- 
seurs, û"  Les  ambassadeurs,  ministres, 
chargésd'affairesdes  puissances  [irés  le  saint- 
père  ,  et  les  ambassadeurs,  ministres,  char- 
gés d'alTaires  cpic  le  pape  pourrait  avoir  près 
<1os  puissances  étrangères,  jouiront  des  im- 
munités et  privilèges  dont  jouissent  les  mem- 
bres du  corps  diplomatique;  3°  Les  domaines 
Cjue  le  saint-père  possédait,  et  qui  ne  sont 
pas  aliénés,  seront  exempts  de  toute  espèce 
d'impôts.  Ils  seront  administrés  par  des 
Agents  ou  chargés  d'affaires.  Ceux  qui  seront 
aliénés  seront  remplacés  jus(ju'à  la  concur- 
rence de  deui  millions  de  f  ancs  de  revenu. 
K"  Dans  les  six  mois  qui  suivront  la  notifica- 
tion d'usage  do  la  nomination  par  l'empe- 
reur aux  archevêchés  et  évèchés  de  l'empire 
et  du  royaume  d'Italie,  le  pape  donnera  l'ins- 
titution canonique,  conformément  aux  con- 
cordats en  vertu  du  présent  induit.  L'in- 
formation préalable  sera  faite  par  le  métro- 
)0litain.  Les  six  mois  expirés  sans  (jue  le 
lape  ait  accordé  l'institution,  le  métropo- 
litain ,  et,  à  son  défaut,  ou  s'il  s'agit  dw 
métropolitain,  l'évèque  le  plus  ancien  de  la 
province  procéderai  l'institution  de  l'évèque 
nommé,  df  manière  qu'un  siège  ne  soit  ja- 
mais vacant  i)lus  dune  année,  o"  Le  pape 
nommera, soiten France, soit  dansle  ro.vaumo 
dllalie,  h  des  évêchés  qui  seront  ultérieure- 
ment désignés  de  concert.  G"  Les  six  évèchés 
suburbicaires  seront  rétablis.  Us  seront  h  la 
nomination  du  pape.  Les  l)iens  actuellement 
existants  seront  restitués,  et  il  sera  pris  des 
n)e>ures  |»our  les  biens  vmdus.  A  la  mort 
des  évèqiies  d'Anagni  et  de  Uieli.  leurs  dio- 
cèses seront  réunis  auxdits  évèchés,  < onfor- 
mémenl  au  concert  qui  aura  lieu  entre  Sa 
Majesté  et  le  sain  -père.  7"  \  l'égard  des 
évèfjues  des  Ltats  -  Romains  absents  de  leur 
diocèse  par  les  circonstances,  le  saint-père 
jiourra  exercer  en  leur  faveur  son  droit 
de  donner  des  évèchés  in  pitrtibns.  Il  leur 
sera  fait  une  pension  égale  aux  revenus  dont 
ils  jouissaient,  et  ils  pourront  èlr(>  replacés 
aux  sicg  s  vacants,  soit  de  Tenqure,  soit  du 
royaume.  d'Italie.  8'  Sa  iMnjesté  et  Sa  Sain- 
teté se  ronci  rteroiit,  en  temps  opportun,  sur 
la  réduction  h  taire,  s'il  y  a  lieu,  aux  évèclu-s 
de  la  Toscane  et  du  pays  de  liènes ,  ainsi 
que  jiour  les  évèchés  h  établir  en  Hollande 
Cl  (la  s  les  dt'partcinenls  an>éatjques.  5)'  La 
Pr-pagande,  la  Pénilencerie,  les  archives, 
seront  rélabl  es  dans  le  lieu  du  séjour  du 
sai'it-père.   10'  Sa  .Majesté  rend  ses  bonnes 

f;rAces  aux  cardniaux  .  évèques ,  prêtres, 
aicpns,  (pii  f)Ml  encouru  sa  disgr.ke  par  suite 
des  évéticiiients  actut^ls.  Il"  Le  sainl-père 
se  porte  aux  dispositions  ci-ilesstis  par  consi- 
dération de  létal  actuel  de  ILglise  et  dans 
la  C')Mliance  (lue  lui  a  m'^pin-e  Sa  .Majesté, 
ou'eik'occoruera  sa  uuiss^jnte  oroleclion  aux 


nesoins  si  nombreux  qu'a  la  religion  dans 
les  temps  où  nous  vivons.  »  i'Hohrl)acher, 
Histoire  de  l'Ff/lise,  tome  XXVIII,  p.  161.) 
On  voit  que  le  pape  renonrait  h  la  sou- 
veraineté de  Rome .  et  (pi'il  restreignait 
étrangement  son  droit  d'instituer  les  évè- 
ques. Ce  Concordat  devait  être  tenu  secret  : 
Napoléon  le  rendit  public,  el  fit  chanter  un 
Te  Deum  dans  toutes  les  églises.  Beaucoup 
de  prélats  vinrent  voir  le  pape  et  le  com[)li- 
menter;  mais  après  le  départ  de  Nahoh-on 
de  Fontainebleau,  il  était  tombé  dans  la  plus 
profonde  tristesse  :  son  cœur  regrettait  amè- 
rement ce  qu'on  avait  forcé  sa  main  de  si- 
gner. Le  cardinal  Pacca  raconte  ainsi  son 
arrivée  h  Fontainebl^^au  et  ses  premières 
entrevues  avec  le  pape  :  «  Je  m'étais  figuré 
qu'un  château  impérial,  habité  quelquefois 
par  des  ministres  de  Napoléon,  et  alors  par 
des  évôfjues,  des  cardinaux,  et  par  le  souve- 
rain pontife,  avec  lequel  on  pouvait  commu- 
niquer pour  la  première  fois  depuis  cinq 
ans,  m'offrirait  le  spectacle  d'un  grand  mou- 
vement. Je  ne  rencontrai  ipie  quelques  per- 
sonnes vulgaires  :  une  d'entre  elle»  courut 
ap])eler  le  [lortier,  qui  vint  aussitôt  ouvrir  la 
grdle,  et  j'entrai  dans  une  vaste  cour,  termi- 
née par  un  escalier  découvert.  Toutes  les 
portes  et  toutes  les  fenèl-res  étaient  fermées. 
Une  sentinelle  se  [iromenait  silencieusement 
au  haut  de  l'escalier.  Je  doutai  un  instant  si 
j'«'ntrais  dans  un  palais  impérial  ou  dans  une 
nouvelle  prison  d'Etat.  Ne  trouvant  personne 
^  (jui  je  pusse  m'adresser  pour  demander 
au  .ieiK  e,  j'envoyai  mon  camérier,  qui,  quel- 
ques minutes  après,  revint  accompagné  tJHi- 
laire  Palmieii,  un  des  domestitpies  italiens 
restés  au  service  du  pape.  Palnneri  me  dit 
que  je  pouvais  venir  tel  que  j'étais,  et  en  ha- 
bit de  voyag(>,  et  (pie  le  pape  me  recevrait 
sur-le-champ.  Dans  l'antichambre,  le  cardi- 
nal Dorid  vint  au- devant  de  moi  ,  m'eni- 
biassa  ei  pleurant,  et  me  témoigna  de  la  ma-r 
nierelaplu.s  a]lVclueu>e  la  joie  «pic  lui  causait 
ma  délivj  Alice.  Dans  les  autres  salles,  je  ren- 
contrai (luehpies  prélats  fraïK'ais  ,  et  comme 
j'ei  trais  dans  rappartement  du  pa[>e,  je  trou- 
vai le  saint-père  debout ,  faisaiU  même  «piel- 
(pielqiies  pas  pour  venir  au-devant  de  moi. 
Ouellefiitmunalllictiondelevoircourbé,pAie, 
amaigri,  lesyeux  enfoncés,  pres(iue  éteints  et 
imiiiol)iles!  Il  m'emhrassa  et  médit  ave»; 
beaucouj)  de  froideur  :  «Je  ne  vinis  alteiulais 
pas  sitôt.  »  Je  lui  répondis  quej'avais  pressé 
mon  arrivée,  j»our  avoir  la  considation  de 
me  jeler  'i  ses  pieds  et  de  lui  témoigner  mon 
admiration  pour  le  courage  héronjue  avec 
leipiel  il  axait  souffert  une  si  longue  el  si  dure 
capliMlé.  Il  me  répondit  avec  l'accent  de  la 
|>lus  vivo   douleur  :  «   Et  cependant  nous 

avons  Uni  par  nous  rouler  dans  la   fange 

Ces  cardinaux  nous  oui  i raines  devant  la  ta- 
ble et  nous  ont  fait  signer!  »  Et  alors  me 
prenant  par  la  main,  il  me  lit  asseoir  h  son 
côté,  el,  après  avoir  lait  (piehpies  questions 
sur  mon  voyage,  il  nie  dit  :  «  Vous  nouvez 
cl  |)r('sent  vous  retirer,  parce  (jne  c'est  l'heurt! 
où  je  rei,ois  les  évèques  fiançais;  on  a  pré- 
paré pour  vous  un   logement  au  j'olais.  » 


CM 


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CM 


«  OiicIi|M(»    lomps    .'i|»n'*s,    M^r    \\r\'\!\rT.,n{, 
MUlll(^lmt|•  (1(1  Sa  Saintittr,  viiil  iirii.s.siircr (|U() 
Jo  ])H\H>  nvnit  voulu  s(i  (l(M)aira.s.s(M*  dci  l'au- 
(lit'MC(>   (les  ('v<^(nu)s  IVaiirais,   cl  ijn'il   in'al- 
Iciidait  avant  diiicr.  Il  nio  i-econniiatida   eu 
iu(>ino  li'iii|)s  dd  pailor  HV(>i;  ri'Sttrvf!  (il  |»iii- 
donco  dcvaiil  les  ikm'soiuics  de  la  maison  du 
pape,    l'I    je  toinpiis    surir-clianip  à  (pii   il 
VDulail  t'airo  allusion,  ic  rclouinai  donc  aii- 
pn\s  du  sainl-p^rc   cl  je  le    trouvai  dans  ini 
(Mat   viaiuicnl  (h^ploraiilc  cl  iu(piic(anl  pour 
ses  jours.  Los  cardinaux  di  l'iclro,  (lahridJi 
cl    Lilla,   les   premiers    ariivés  h  Koulainc- 
bleau,  lui  avaient  lait  sentir  la  ^M-avité  de  la 
l'auto  dans  j.ujuclh»   on   l'avait    cniiaîm''  par 
siu'priso  ;    il   ou  avait  contju  une  Jusic  hor- 
reur, et  il  un  pouvait  nu^surer  la  hauteur  d(i 
la  gloire    d'oCï    ou  l'avait    précipité    par    (le 
mauvais  conseils  sa-is    lomlicr  dans  la  plus 
l)roroudc    mélancolie.    Dans    l'épaïu-hcnuMit 
de  son  excessive  douleur,  il  nio  dit  :  «  Qu'il 
ne  f)Ouvait  chasser  do  son  esprit  cette  pen- 
sée cruelle;  cju'il  passait  les  nuits  sans  dor- 
nur;  (pie  le  join-,  il  prenait  h  j)eine  la  nour- 
riture pour  no  pas  défaillir,  et  (ju'il  était  ob- 
sédé de  la  erainto  de  devenir  l'ou  et  de  linir 
coinmo  Clément  XIV.  »  Je  lis  tous  mes   el" 
forts   pour  le  consoler  :  jo  le  conjurai  de  se 
calmer,  (ronvisajj;er  que,  do  tous  les  maux 
(lui  pouvaient  aiUiger  l'Kglise,  le  plus  fu- 
neste serait  do   perdre    son  chef  supr(}mo. 
J'ajoutai  ciue  bi(Mit(!>t  il  se  verrait  entouré  de 
tous  les  cardinaux  (uii   étaient   on  France, 
dont  (iuel(iuos-uns  lui    avaient   donné  des 
prouves  non  é(iuivoquos  do  leur  zèle  pour 
les  intérêts  du  saint-siége  et   do  leur  dé- 
vouement   pour  sa  personne  sacrée;   qu'il 
pouvait  mettre  en  eux  toute  sa  confiance,  et, 
(pi'aidé  de  leurs    conseils  il   pourrait  remé- 
dier au  mal  qui  avait  été  fait.  A  ces  mots,  il 
jiarut  reprendre   ses  sons;  sa  ))hysionomie 
s'anima  un  peu,  et  m'intorrom[)an\  :  «  Vous 
croyez,  me  dit-il,  qu'on  puisse  y  remédier? 
—  Oui,  tros-saint-[)èro,   lui   dis-jo,  à  tous 
les  maux,  lorsiiu'ou  le  veut  bien,  on  trouve 
quokiue  remode.  »  Vers  les  quatre  ou   cinq 
heures   après  midi,  je  retournai  auprès  du 
pape,   ijui,    dans   la  conversation,  revenait 
toujours  sur  le  mémo  sujet,  sans  qu'il  me  fût 
possible  do  l'en  détourner.  Pendant  cet  on- 
tieiien,  le  saint-père,  pour  diminuer  peut- 
être  l'horreur  que  devait  m'inspirer  les  con- 
cossioiis  anticanoniqucs  de  Fontainebleau, 
me  parla  d'autres   articles  encore  pius   dé- 
testables que  lui  avait  fait  présenter  l'empe- 
reur et  qu'il  avait  rcjolés  ;  il  ouvrit  on  morne 
temps  son  secrétaire  ,    qu'il    tenait  fermé 
sous  clef,  et  me  présenta  un  papier  à  lire. 
C'étaient  les  quatre  propositions  de  l'évèquo 
de  Nantes.  Jurer  do  no  rien  faire  contre  le 
gallicanisme,  livrer  les  deux  tiers  du  sacré 
collège  aux  princes  séculiers,  condamner  la 
conduite  des  cardinaux  les  plus  fidèles ,  etc. 
«  A  la  lecture  de  cet  écrit,  continue  le  cardi- 
nal Pacca,  mon  âme  était  comme  suspendue 
entre  la  commisération   et  l'indignation  la 
plus  profonde.  Qui  n'aurait  pas  compati  au 
sort  d'un  pontife  insulté, outragé  d'une  ma- 
nière si  brutale?  Qui  n'aurait  pas  frémi  d'in- 


di^nalion  en  songeant  h  celui  qui  avait  e(i 
l'impudeiicj!  de  .servir  de  iiéKocirtlcur  dans 
celle  allaire,  et  aux  conseillers  iiubéiihis 
(In  saint  -  p(''r(' ,  (pii  ne  Im  avaient  pns 
l'ait  rompre  sur-le-champ  loulc  né^ociatior» 
ave('  un  souverain  dont  le  but  manifeslc 
était  d'avilir  les  |iapes,  de  leur  iuiposer  \<y 
joug  de  la  plus  honteuse  servitude,  de  ren- 
verser, boiihiverser  tout  ordr(!  de  liiéianhie, 
et  de  lernir  enfin  l'/'clal  delà  i(''pulalu>n  qu(î 
J'ie  \'II  avait  si  justement  acquis(!   par  tant 

<le  souH'rances  et  de  sacrifices  personii'ds 

Mais  j(!  nw.  gardai  bien  de  faii'o  sentir  au 
pape  combien  (Hait  oulragiiusi;  poui'  sa  iiei- 
soiuie  la  seule'  proposition  de  ces  articles  ; 
l'aflliction  dans  laipielle  il  était  plongé  mu 
faisait  au  contraire  un  devoir  de  calmer  sou 
es|"(rit  et  de  relrv(!i  smi  courage  abattu,  (i'acca, 
Mémoires  sur  Pic  Vil,  i\'  jxtrde,  c.  t.) 

Le  IS  ft'viior,  le  cauJinal  Consaivi  arriva 
à  Fontainebleau;  le  pjipe  l'avait  clir>isi   pour 
faire  un  nouveau   traité  avec  le   gouverne- 
ment de  l'emiiereur.  Peu    après  (  ette  arri- 
vée, les  cardinaux  furen'  tous  convoqués,  et 
durent   domier   leur    avis    au   f)a[>(!  sur   le 
Concordat  qu'il  venait  do   signer.  Beaucoup 
no  montrèrent  nas  le  courage  et  la  science 
qu'on  était  en  droit  d'attendre  de  membres 
du  sacré  collège.  Ce  furent  surtout  l*acca  et 
Consaivi  qui   firent   comprendre  au  pape  la 
nécessité  qu'il  y    avait  do  faire  parvenir  k 
l'em[)erour    une  rétractation    formelle.    Ce 
fut  le  colonel  Lagorse,  commis  à  la  garde  dt? 
Pie  VII,  qui  |)orla  à  Paris  la  lettre  suivante  : 
ft  Quelque  pénible  (pie  soit  à  notre  cœur  l'a- 
veu que  nous  allons  faire  à  Votre  Majestér 
quelque  peine  que  cet  aveu  puisse  lui  cau- 
ser h  elle-même,   la  crainte  des  jugements 
de  Dieu,  dont  notre  grand  âge  et  le  dépéris- 
sement   do   notre  santé   nous    rapi)rocheDt 
tous  les  jours  davantage,  doit  nous  rendre  su- 
l)érieur  à  toute  considération    humaine   et 
nous  faire  mépriser  les  terribles  angoisses 
auxiiuelles  nous  sommes  en   proie  dans   ce 
moment.   Commandé  par  nos  devoirs,  avec 
cette  sincérité,  cette  franchise  qui  convient  à 
notre  dignité  et  à  notie  caractère,  nous  dé- 
clarons à  Votre  Majesté  que,  depuis  levingt- 
cincj  janvier,  jour  où  nous  apposâmes  notre 
signature  aux  articles  qui  devaient  servir  de 
base  au  traité  définitif  dont  il  y  est  fait  men- 
tion, les  plus  grands  remords  et  le  plus  vif 
repentir  n'ont  cessé  de  déchirer  notre  âme 
qui  ne  peut  plus  trouver  ni  paix  ni  repos. 
Nous   reconnûmes  aussitôt,   et   une  conti- 
nuelle et  profonde  méditation  nous  fait  sentir 
chaque  jour  davantage  l'erreurdans  laquelle 
nous  nous  sommes  laissé  entraîner,  soit  par 
l'espérance  de  terminer  les  différends  surve- 
nus dans  les  affaires  de  l'Eglise,  soit  aussi 
par  le  désir  de  com{)laire  à  Votre  Majesté. 
«  Une  seule  pensée  modérait  un  peu  notre 
aftliction,  c'était  l'espoir  de  reméaier,  par 
l'acte  de  l'accommodement  définitif,  au  mal 
que  nous  venions  de  fai-re  à  l'Eglise  on  sous- 
crivant ces  articles.  Mais  quelle  ne  fut  pas  no- 
tre profonde  douleur,  lorsque,  à  notre  grande 
surprise  et  malgré  ce  dont  nous  étions  coh- 
vonu  avec  Votre  Majesté,  nous  vimespubher, 


0 


I>67 


PER 


PER 


668 


S(>us  le  liiro  de  Concordat,  cos  nnjraos  arti- 
cles qui  n'étaient  (juc  la  base  d'un  arrani^'c- 
ment  futur!  Gt^niissant  anièromcnl  ot  du 
l(vid  (le  notre  cœur  sur  l'onasion  do  scan- 
dde  donnée  h  l'Eglise  par  la  piddicalion 
desdits  arliclt's;  ploinenienl  convaincu  de  la 
nécessité  dt;  le  réparer,  si  nous  pûmes  nous 
abstenir  pour  le  moment  de  manifester  nos 
s«  titiments  «  t  de  faire  entendre  nos  réclama- 
tions, ce  ne  fut  unitpicmenf  (^ue  par  pru- 
dence, pour  éviter  toute  précipitation  dajis 
une  affaire  aussi  capitale. 

«  Sachant  que,  sous  peu  de  jours,  nous 
aurio'is  la  consolation  de  voir  le  sacré  col- 
lège, notre  conseil  naturel,  réuni  auprès  de 
nous,  nous  voulûmes  l'attendre  j)Our  nous 
aider  de  ses  lumières ,  et  prendre  ensuite  une 
détermination,  !io  i  sur  ce  que  nous  nous  re- 
connaissons obligé  de  faire  en  réparation  de 
ce  que  nous  avions  fait,  car  Dieu  nous  est  té- 
moin de  la  n-soluiion  (|ue  nous  avions  prise 
dès  le  premier  moment,  mais  bi(*n  sur  le 
choix  du  meilleur  mode  à  adopter  pour 
l'exécution  de  cette  même  résolution.  Nous 
n'avons  pas  cru  e.ouvoir  en  trouver  un  plus 
conciliable  avec  le  respect  que  nous  portons 
à  Votre  .Majesté  que  celui  de  nous  adresser  à 
Votre  Majesté  elle-même  et  de  lui  écrire  cette 
lettre. 

«  C'est  en  présence  de  Dieu,  auquei  nous 
serons  bientôt  obligé  de  rendre  compte  de 
l'usage  delapiiissanceà  nous  conliée,  comme 
vicaire  de  Jésus-Christ,  pour  le  gouverne- 
ment de  l'Eglise,  (pie  nous  déclarons,  dans 
toute  la  sincéiité  apostolique,  (jue  notre  cons- 
cience s'opppse  invinciblement  à  l'exécu- 
tion de  divers  aiticles  contenus  dans  l'écrit 
du  vingt-cin(^  janvier.  Nous  reconnaissons 
avec  douleur  et  confusion  que  ce  ne  serait  pas 
pour  ^difïrr,  mais  pour  (hUrtiire,  «pie  nous  fe- 
rions usage  de  notre  autorité,  si  nous  avions 
le  malheur  d'exécuter  ce  que  nous  avons  im- 
jtrudeimnent  promis,  non  par  au(  une  mau- 
vaise intention,  coiume  Dieu  nous  en  est  té- 
itioin,  mais  par  pure  faiblessy  et  comme  cen- 
dre ft  I  ou>sière.  Nous  adresserons  à  Votre 
Majc>te,  par  rapport  à  cet  écrit  signé  de  notre 
mam,  les  mômes  paroles  que  notre  nrédé- 
cevsenr  Pascal  II  adiessa,  lans  un  bref,  h 
Jlenri-V,  en  faveur  duquel  il  avait  fait  aussi 
une  concession  qui  excitait  à  juste  titre  les 
reinonJs  dç  sa  conscitMire  ;  nous  vou>  diioiis 
nvee'hii  :«  Nntre  cnnsrience  reiovnuissdtit 
notre  ^crit  mauvais,  nous  Ir  coufrssons  mau- 
l'iis,  ri,  arrr  l  aide  du  Sritjnrur,  nous  dt'si- 
rnnt  qu  il  suit  cuasc  tout  à  fait,  afin  qu'il 
fi'rn  résulte  auruu  dommage  pour  lEijlise  ni 
fnirini  ftrrjiidirr  jtour  notre  (ime.  >•  (liolirb  i- 
cher,   Ilist.   de  l'iu/lise,  l.   XXVIII, />.  1G«.I 

Napoléon  fut  très-irrilé  de  cette  lettre.  Il 
ri'^'ilnt  de  In  tenir  pour  secret»?  et  non  ave- 
nue. Maurv  vint  trouver  Pu*  VII,  cl,  enlermo 
fort  |)eu  mesurés,  l'engagea  ii  retirer  sa  ré- 
liaetnlion.  Le  [)apt;  lui  en  exprima  tout  s(ui 
meeontenliMnent.  Les  mesures  violentes  con- 
tre le  .saint-père  furent  iepris(!s.  Los  évoques 
fr;iiirais  reriirtMit  l'ordre  de  ipiilter  le  clul- 
tean.  Les  h.ilniants  et  les  étrangères  n'eurent 
plus  rautoris.-'tion  fie  vuyir  entendre  la  messe 


du  pape.  Le  cardinal  di  Pietro  fut  exilé  5 
Anxonne,  conduit  par  un  officier  de  police. 
Puis  le  colonel  Lagorse  dit  au  cardinal  Paera 
et  à  Consalvique  l'empereur  était  fort  irrité 
contre  eux,  qu'ils  eussent  h  ne  plus  causer 
d'affaires  avec  le  pape,  auquel  ils  ne  devaient 
faire  que  des  visites  de  pure  politesse  ,  les 
avertissant  que,  dans  le  cas  contraire,  ils 
compromettraient  leur  liberté.  Deux  (jécrets 
annoncèrent  l)ient(jt  a|)rès,  que  le  Concordat 
de  Fonta  nebleau  était  une  loi  do  l'Etat,  el 
qu'il  était  obligatoire  pour  tous  les  prélats  et 
chapitres  de  l'empire  et  du  royaume  d'Italie. 
Pic  VII,  dans  une  allocution  au  sacré  collège, 
protesta  vivement  contre  ces  deux  décrets, 
et  chacun  des  cardinaux  prit  copie  de  sn  i 
allocution  pour  en  établir  formellement  l'au- 
thenticité. Puisle  saint-père  rédigea  une  bulle 
qui  réglementait  le  futur  conclave,  au  casoij 
sa  mort  en  aurait  nécessité  la  réunion.  Cette 
bulle  devint  inutile  par  suite  des  événements 
suprêmes  ([ui  s'accomplirent.  Après  les  vic- 
toires de  Lutzen  et  de  Baufzen,  on  apprit  à 
Fontainebleau  qu'un  armistice  était  conclu, 
et  que  rein[)ereur  d'Autriche  se  portait  mé- 
diateur pour  un  traité  de  paix  générale  dont 
les  conditions  devaient  être  réglées  à  Prague. 
Le  pape  lui  écrivit  pour  lui  rappeler  que  les 
droits  du  souverain  pontife  et  de  l'Etat  do 
l'Eglise  ne  devaient  pas  être  oubliés  dans 
ce  congrès.  Alors  la  cour  de  France  envoya 
vers  le  pape  plusieurs  négociateurs  pour  en- 
tamer de  nouvelles  relations.  Le  premier  fut 
une  dame  (lui  fut  poliment  éconduite. C'était 
une  dame  (ihonneur  de  l'impératrice,  choi- 
sie pour  cette  mission  par  Talleyrand.  Le 
second  fut  Mgr  Fallol  de  Banmoni.  •' 
de  Plaisance,  où  Napoléon  lavait  fait  ;  . 
en  l'ôtant  du  siège  de  Cand.  Plus  tard  lom- 
pereurle  nomma  l'i  l'arehevèché  de  Bourges. 
«  N  nivelle  preuve,  dit  Itorhbacher,  du  /èlo 
de  quelques  [)rélals  fran(,ais  pour  l'auciennc 
disci|)line  de  l'Eglise,  ((ui  regarile  l'abandon 
d'une  Eglis(>  pour  une  autre  comme  un 
adultère  s[)irituel.  «  Cette  dureté  va  aussi  à 
l'adresse  de  beaucoup  de  prélats  recomman- 
dables,  qui  connaissent  la  discipline  de  l'E- 
glise et  oui  savent  que  dans  tous  les  temps 
ni  vertu  d'obéissance  a  connnandé  à  <les  v\ù- 
((ues  de  (piitler  une  Eglise  pour  une  autre, 
quand  le  bien  de  l'Eglise  l'a  exigé.  Les  gou- 
vernements parfois,  les  premiers  pasteurs  et 
le  |iaj)e,  toujours  sont  juges  de  cette  oppor- 
tunité. L'archevêque  actuel  de  Paris,  Mgr  lle- 
gnier.  l'éminent  archevèi|ne  de  Cambrai,  -^e 
trouveraient  juste  sous  le  coup  de  ceii  ■ 
phrase.  Htnireusement  pour  eux  «lu'il  v  a 
i\r^  docleins  plus  intolérants  (]U(^  rEglise, 
plus  catludicpies  cpie  le  pape,  comme  il  y 
avait,  disait-on,  des  gens  plus  royalistes  que 
le  C'ii.  Le>  règles  «le  la  foi  sont  tracées  par 
l'Eglise.  Sa  disi  ipline  est  dans  les  mains  de 
ceux  aux(iuels  Jésus-Christ  a  n^uis  les  clefs. 
Mgr  Failot  «le  Banmi>nt  «>lVrit  au  pape,  en 
ISIV,  lt>I8juin,  Rome  et  l«  s  provinces ju.s- 
qu'fi  Pérousc.  Or  les  NajMditains  occupaient 
celle  ville  el  ces  contrées.  Le  j>ape  répondit 
0  La  restitution  de  mes  Etats  étant  unecllu^. 
de  justice  no  peut  servir  de  base  à  un  traité.» 


CliU 


PKT 


l'Ili 


t:(k 


M;i|Hil('()n  oblij^oa  Irs  (•v<^(|ii('s  dn  fiMiid,  de 
'roiiiiMi.v  ri  de  l'i'(".v<'.s,  (|iii  (Haictit  (Ml  prison, 
à  donner  leurs  dénnss  0!is.  I,e  ji.iiic  les  re- 
l'usa,  donc  elles  reslèrelil  ludles;  ce  ^m 
n'()iii|)(^elia  |)^  rfni|»ereiir  de  nonnnet-  ?»  ces 
.siéi^os  (,|iii,  en  droil,  n'élait-nt  pas  vacants. 
(Ida  doinia  lieu  à  des  tro\d>lt's  l'oil  r('|;;iell.i- 
bli'ii,  siuloul  à  Tournay,  où  l'ahlx'*  île  la 
Urue,  titulaire  nonniié,  ayant  ('Ir  iiouuui' 
vicaire  ca|tilulairc  \m\v  ihV-ision  du  eliaiiilre, 
fut  repouss('  par  pres(jiie  loul  le  cler|.;é.  Le 
supérieur  du  MMuinaire,  (lui  refusait  de  le 
roconnaitre,  fut  envoyé  à  Vinceniu's;  et  les 
séiuiuai'isles  furent,  pour  le  mcMue  tnotif, 
enrôlés  dans  les  troupes.  La  plupart  furent 
conduits  h  Wesel,  ofi  prés  de  (piaranle  niou- 
jurent  victimes  il'uue  maladie  conta^çieuse. 
Sept  curés  fiu-enl  interdits  par  li'  vicaire 
ca|)itulair(>  pcun-  avoir  refusé  de  cnmiinini- 
(\i\cv  avec  lui,  eu  lo  suivant  h  une  proces- 
sion. Cet  état  do  choses  dura  juscpi'^  la  lin 
de  janvier.  Les  Français  ayant  abandoinié  la 
ville,  les  vicaires  géiéiaux  reprircil  leuis 
fonctions,  et  tout  rentra  dans  Tordre. 

Les  événenu'uts  se  précipitaieid  :  Napoléon 
ouvrait  cette  maj:,nili(iue  campagne  de  Trance 
qui  devait  jûlre  la  dei'uièie  de  son  prem  or 
régne,  connue  Waterloo  la  dernière  du  se- 
co'kI.  Il  so!igea  h  renvoyer  le  pape  en  Italie, 
quand  il  vit  (|uo  la  fortune  l'abandonnait.  Le 
ii2janvier  181V,  au  matin,  sans  qu'on  eût 
lien  fait  dire  au  saint-père,  deux  voitures 
entrèrent  dans  la  cour  du  palais,  et  le  colonel 
I.agorse  annonça  le  départ  pour  le  lende- 
main matin.  Le  voyage  du  pape  à  travei's  la 
Fiance  et  jusque  dans  ses  Etats  fut  vraiment 
lrionq)lial.  Le  reste  n'appartient  plus  ,^  co 
Dictionnaire.  Pie  VII  partant  do  Fontaine- 
bleau pour  remonter  sur  le  trône  de  saint 
rierre,  et  Napoléon  partant  quchiues  jours 
après,  du  mCnne  lieu,  pour  sa  prison  do  l'Ile 
d'Elbe,  sont  du  domaine  de  riiistoire  et  non 
du  nôtre. 

PÉTÉCIUS,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  sang  pour  )a  foi 
en  Egypte,  et  desquels  Ruinart  a  laissé  les 
Actes  authentiques.  T'oy.  Martyrs  (les  trente- 
sept)  égyptiens. 

PÉÏRA  SANTA  (le  bienheureux],  capucin, 
mourut  en  Abyssinie  pour  la  foi,  en  1612  ou 
1643.  Après  que  la  persécution  allumée  par 
BasiJides  eut  chassé  de  ce  pays  ou  exterminé 
tous  les  jésuites  qui  l'avaient  évangélisé,  on 
sait  que  les  capucins  d'Egypte  entreprirent 
d'y  ranimer  la  foi  ;  mais  la  plupart  de  ceux 
qui  y  entrèrent  y  trouvèrent  la  couronne  du 
martyre.  Le  P.  Petra  Santa,  et  le  P.  Antoine 
de  Virgoleta  restèrent  à  Massaouah  sous  la 
protection  du  bâcha  de  Souakim,  et  furent 
as*>z  heureux  pour  voir  leurs  etforts  cou- 
ronnés d'un  plein  succès.  Le  P.  Virgoleta 
étant  mort  au  commencement  de  16V2,  le  P. 
Petra  Santa  den)anda  d'autres  collègues.  Les 
PP.  Félix  de  Saint-Séverin  et  Joseph  Tor- 
tulani  d'Allino  vinrent  le  rejoindre.  L'arrivée 
de  ces  missionnaires  causa  une  grande  émo- 
tion en  Abyssinie.  Basilides  députa  vers  le 
baciia  de  Souakim;  on  venait  de  le  changer. 
Co  n'éiait  plus  ce  généreux  protecteur  qui 


avait  8i  bi^p  aei  uedii  le»  niissioQnairnit  ;  c'v- 
l/dt  uTi  botnmc  <  i  uel  cl  cupide.  Il  re^ul  do 
bi  p(u  t  in^t'i^didns  cent  cinqu.uilc  ornes 
d'or  et  I  inqiuuiie  est  laves,  a  la  condition 
<nrd  lui  livreruil  les  nii^sioiinaircs,  ou  les 
Icr.'iit  moinir  lui-uièiiK*.  Il  lit  amener  devant 
lui  et  (b'iapilcr,  séontc  le  anlc,  les  PP. 
Félix  d('  Saint-Sévei  in  v.\.  Jo.stiph  'l'orlulani. 
(.tuant  au  P.  Petra  Santa,  i  omme  il  ir  c<)n- 
nais>ai(,  il  sa  borna  à  deuiandcr  ipi'on  lui 
apporlAl  sa  (été,  w  «jui  fut  exécuté. 

Pl'iTHONK  (saint),  ('•vèque  et  c()nlesseur, 
versa  son  sang  poui'  la  loi  a  Nérone.  Les  dé- 
tails nous  luafMpK'iit  sur  lui.  L'Egli.-)e  fait  sa 
fétc  le  6  septrinbre. 

PFZOA  (le  bii'idieureux  I'ii:i»hkj  ,  était 
prieur  du  couvent  de  la  ville  de  \'aldivia  eu 
Chili.  Kn  l'année  1605,  les  indigènes  a^ant 
])ris  les  armes  pour  siî  venger  des  atrocités 
que  commi'tlaieiil  b's  l'spagnols  ,  ils  Sacca- 
gèrent plusieurs  villes  et  quelques  ccjuveuts. 
Celui  de  Pierre  Pezoa  fut  du  nomhie:  co 
saitil  religieux,  adressant  des  reproches  aux 
barbares  ipii  voulaient  violer  une  vierge,  fut 
liaché  en  mon  inuix  pnr  eux.  Son  courage  re- 
leva celui  <le  la  jeune  lille,  (lui  sut  résister 
jusiprf»  la  mort.  (Fontana  ,  Monumenla  do~ 
vunicana,  an  KiOo.) 

PHAKNACE  (saint),  était  soldat.  Il  souffrit 
le  martyre  sous  l'empeieur  Maximien  avec 
ses  six'frères,  soldats  comme,  lui  ,  nommés 
Orance,  Héros,  Firniin,  Firme,  Cyiiaquo,  et 
Longin.  Ayant  été  séparés  les  uns  des  au- 
tres, ils  fuient  renfermés  en  divers  lieux,  et 
y  mourure-it  accablés  de  douleur  et  de  mi- 
sère. L'Eglise  célèbre leurmémoirele2Vjuin. 

PHILADKLPHE  (saint),  mourut  en  confes- 
sanl  5.a  loi.  11  eut  pour  compagnons  de  son 
triomphe  les  saints  Diomède,  Julien,  Philipiie, 
I^itycliien  ,  Hésique,  Léonide,  Ménalippe  et 
Pantagaj)he.  Us  moururent  les  uns  par  le 
feu,  les  autres  par  le  glaive  ou  sur  la  croix. 
L'Eglise  célèbre  leur  fêle  le  2  septembre. 

PHILAPPIKN  (saint),  reçut  la  |.alme  du 
martyre  en  Afrique,  avec  saint  Félicien  et 
cent  vingt-quatre  autres  dont  nous  ne  con- 
naissons [)as  les  noms.  Nous  ne  possédons 
pas  d'autres  détails  sur  leur  compte.  L'Eglise 
fait  leur  fêle  le  30  janvier. 

PHILBERÏ  (saint),  fut  martyrisé  en  Espa- 
gne avec  saint  Fabricien.  Nous  n'avons  aucun 
détail  sur  le  lieu  précis  ,  la  date  et  les  cir- 
constances de  leur  martyre.  L'Eglise  fait  leur 
fête  glori(>use  b'  22  août. 

PHILÉAS  (saintj,  évêque  de  Thmuis  en 
Egypte,  et  martyr  était  issu  d'une  f..mille  no- 
ble et  riche.  Il  était  fort  instruit  et  très-élo- 
quent. S'étant  fait  chrétien  ,  il  fut  nommé 
évoque  de  sa  ville  natale.  Il  fut  arrêté,  con- 
duit dans  les  prisons  d'Alexandrie,  et  mar- 
tyrisé pour  la  foientre  30oei  312,  sans  qu'on 
sache  préciséuient  la  date.  Ce  fut  le  gouver- 
neur Calcienqui  l'iiiteirogea  et  prononça  con- 
tre lui  la  sentence  capitale.  Vainement  sa 
femme  et  ses  proches  avaient  été  amenés 
pour  abattre  son  (^.ourage  :  rien  n'avait  pu 
l'ébranler.  Il  fut  décapité  avec  saint  Philo- 
rome  ,  trésorier  général  de  l'empec^etir  à 
Alexandrie.  Cet  homme  n'avait  pu  voir  sans 


671 


PHI 


Plil 


672 


V  \  Atrc  indtpii'  r.Trhnrnomcnt  qi 

rulpnrs  niontraionl  rontro  Vh\U 

leur  avait  roprorlu''.  Saint  Pliih''^ 

«onnior  h  Alcxaridrio,  (^crivii  à 

une  lettre  trop  impoilaiite  pour  (jneMiou* 

onieltioiis    ici  ce  qui  nous  en  reste. 

<f  Ces  exemples  si  tourhants,  di(-il, 

ces  miracles  si  certains,  ces  maximes  si  sain- 
tes qu'on  trouve  à  chaque  pa!?(ians  l'Ecri- 
ture, et  dont  nos  bienheureux  martyrs  s'('- 
taient  remplis  l'esprit  et  le  cœur ,  dans  la 
lecture  assidue  qu'ils  fai^^aient  des  livres  sn- 
crés,  les  avaient  facilement  déterminés  à 
embrasser  av^c  joie  la  mort  qui  se  présen- 
tait k  eux.  Ils  savaient  (pie  Notre-Seigneur 
JfSçiis-Christ  ne  s'éla  t  fait  homme  (pie  pour 
rxlerminf^r  le  péch(^  de  dessus  la  terre,  et 
pour  faciliter  aux  hommes  les  moyens  d'ar- 
river au  ciel,  en  marchant  le  premier  dans 
le  chemin  rude  et  dinicile  qui  y  conduit 
(  f'hilipp.  II  \  En  elfel.  ([uoi  pi(>  Jésus-Christ 
rail  |)as  cru  que  ce  fût  pour  lui  une  usur- 
pation d'être  é^al  <i  Dieu  ,  il  s'est  toutefois 
anéanti  lni-m(^me  ,  prenant  la  forme  et  la 
nature  de  serviteur,  en  se  rendant  semblable 
ftiix  hommes  ;  il  s'est  rabaissé,  se  rendant 
obéissant  jusqu'à  la  mort,  ctjusqu'à  la  mort 
de  la  croix. 

«  C'est  cette  considération  qui  a  fait  que 
ces  saints  martyrs  ,  portant  leurs  pensées  et 
leurs  désirs  vers  ce  qu'il  y  a  de  plus  par- 
fait et  de  i)lus  excellent  (Jans  le  christia- 
nisme, ont  supporté  j)atiemment  les  divers 
tourments  que  la  cruauté  des  tyrans  a  pu 
inventer.  Et  quoiipiedes  soldats,  di;j;ncs  mi- 
ni«;tres  de  ces  hommes  barbares  ,  se  soient 
efforcés  de  les  intimider  par  des  menaces  et 
par  toute  sorte  de  mauvais  traitements  ,  ils 
n'ont  paru  toutefois  ni  moins  fermes  ,  ni 
moins  courageux,  parce  (pie  la  parfaite  cha- 
ril('' chassait  lu  crainte  de  leur  C(eur.  Quels 
termes  assez  précis  pourraient  représenter 
]a  force,  lintri^pidité  et  la  constance  de  ces 
^(•iiéreux  soldais  de  Jésus-Chri>l  ?  Car, 
comme  il  était  permis  h  un  chacun  de  leur 
insulter,  et  (pie  les  païens,  ou  par  une  lAclie 
complaisance  pour  le  gouverneur,  ou  par 
1111  faux  /('](> [)0ur  leurs  dieux,  ou  pour  satis- 
faire la  haine  im|)lacabl(>  (pi'ils  nous  por- 
taient, se  faisaieiil  un  méi  ile  de  les  maltrai- 
ter, c'était  à  qui  les  frapperait,  soilavec  des 
verges,  des  cordes  et  de  larges  courroies  , 
ou  iiM^iiK!  avec  de  gros  bâtons  n(tueu\.  dont 
on  leur  rompait  les  reins.  C'était  une  scène 
qui,  quoi(pie  toujours  rcniplie  de  sang  et 
(l'horreur,  changeait  t(Milefois  selon  les  dif- 
férents visages  (pie  prenait  la  fureur  des 
tyrans.  Car,  tanl(M  on  voyait  un  martyr  lié 
h  un  poteau,  a>antaii\  i»ieds  cl  aux  mains 
des  cordes  (pii,  étant  lir»H^savec  violence  et 
par  le  inoven  d(^  (piaire  loues  (pi'on  tournait 
avec  rapidib',  r(''cartelaient  misiMablement  ; 
tant(M  on  déchirait  h  un  autre  le  ventre,  les 
r('»lés,  les  bras,  les  joues.  n\rr  des  peiglKVS 
de  fer  :  on  pendait  cehii-ii  par  un  bras  seul, 
à  une  porte.  C'est  un  des  plus  cruels  suppli- 
ces (pTon  |njis'»e  souffrir;  car.  tout  le  poids 
du  corps  tendant  en  bas,  déboite  les  loinlures 
de  l'épaule,  du  bras  et  des  doigts,  fait  tendre 


les  ijerfsjji^llonge  les  muscles,  rompt  les  vei- 
nes d  brièe  les  tendons  :  l'on  attachait  enfin 
ctu\-l.i  à  un  pilier,  en  sorte  néanmoins  quo 
le^  pie<is  ne  touchaient  point  h  terre,  afin 
quîWes^'ordes,  serrées  par  la  pesanteur  du 
corps,  entrassent  bien  avant  rllns  la  chair. 
Ces  touniienls,  au  reste,  duraient  quelque- 
lois  tout  un  jour.  Car,  |)endant  (lue  le  juge 
était  occu|)é  à  en  interroger  qucl(pi(>s-uns  , 
les  bourreaux  avaient  orJre  de  continuer  à 
tourmenter  les  autres  ,  jusqu'à  ce  qu'on  vit 
qu'ils  étaient  prêts  d'expirer  ;  car  alors  on  les 
détachait  et  on  les  jetait  dans  un  coin,  où  ils 
rendaient  l'dine.  Ils  disaient  ordinairement 
qu'on  11  -devait  avoir  aucune  pitié  de  nous, 
et  qu'il  ne  fallait  pas  nous  regarder  comme 
des  hommes. Oneiimettaitplusieursdans  des 
ceps,  les  pieds  écartés  jus(pi'aii  quatrième 
trou  ;  mais  la  plupart  étaient  obligés  de  de- 
meurer couchés  sur  le  dos,  ne  pouvant  se 
tenir  deb  >ut,  à  cause  d'une  infinité  de  con- 
tusions et  de  meurtrissures  noires  et  livides, 
dont  tout  leur  corps  était  couvert.  C'était  un 
speclac  e  bien  triste  et  bien  touchant,  (jue  ce 
grand  nombre  dem-irlyrs  étendus  sur  le  pavé, 
n'ayant  plus  qu'un  reste  de  vie,  endurant 
toutefois  encore  d'extrêmes  douleurs,  et  fai- 
sant voir,  par  la  diversité  de  leurs  plaies,  do 
combien  de  sortes  dinslrumenls  la  cruauté 
des  tyrans  s'était  servie  pour  les  tourmen- 
ter. Plusieurs  expiraient  entre  les  mains 
des  bourreaux  ;  d'autres,  ayant  été  reconduits 
en  }trison  à  demi  morts,  y  achevaient  leur 
vie  peu  de  jours  après,  parmi  des  douleurs 
incroyables.  Il  y  en  a  eu  cependant  quel- 
(jucs-uns  ({iii ,  étant  r(H"happés  par  le  soin 
(lu'on  avait  pris  de  leurs  blessures,  sont  al- 
lés ensuite  de  leur  bon  gré  à  la  mort,  lors- 
(|u'on  a  voulu  les  contraindre  de  sacritieraux 
idoles.  » 

Voici  maintenant  les  actes  authenti- 
ques de  saint  Philéas  et  de  son  comiiagnou 
saint  Pinlorome. 

Philéas  ayant  été  conduit  sur  la  tribune  \t], 
Culeien,  gouverneur  d'Alexandrie,  lui  dit  : 
Croyez-vous  pouvoir  enfin  (lev«»nir  sage? 
Philéas  lui  répondit  :  Je  crois  l'avoir  tou- 
jours été.  —  Culeien  :  Sacrifiez  donc  aux 
dieux.  —  Philéas  :  Je  ne  leur  sacrifierai  point. 
—  Culeien  :  La  raison  ?  —  C'est  que  lEcri- 
ture  saillie  me  le  défend.  Quiconque,  dit- 
elle,  sacrifie  à  d'autres  dieux  (pi'au  seul  et 
véritable,  sera  exterminé.  —  Culeien  :  Eh 
bien '?  sacrifiez  donc  h  ce  seul  et  véritable 
Dieu.  —  Phil»  as  :  Je  ne  lui  sacrifierai  pas  non 
plus  ;  car  il  est  encore  écrit  :  (Ju'ai-jr  (ifjmrr 
tir  tous  vos  sarri/icrs,  dit  le  Seigneur  (tsoii. 
xxii,  "iO  ?  celle  mullilude  dn  victimes  ne 
me  saurait  plaire  ;  je  suis  plein  :  je  ne  veux 
ni  de  vos  holocaustes,  ni  de  la  graisse  de  vos 
agneaux,  ni  du  sang  de  vos  boucs,  ni  même 
de  la  fleur  de  froment,  «piand  vous  m'en  '»f- 
fririez,  —  Culeien  :  Quels  sont  donc  les  sa- 
crifices qui  sont  agr('ables  à  voire  Dieu?  — 
Phih'Ms  :  Ceux  où  on  lui  offre  un  ctvur  pur, 
un  amour  sincère,  des  paroles  de  vérité.  — 

(!)  C'i'lail  .tpparrniini'nt  un  licii  clcvii ,  où  l'oa 
fais^ail  nionlcr  les  criimnols  pour  élre  interroges. 


C73  IMII 

rnloion  :  Sarrillcz,  votis  dis-jr».  —  Pliib^as; 
Je  ne  s.'tcnlicriii  poiiil.  Ciilricii  :  Taiil  irj|| 
lil  [>as  s»crili<'»?  PliiliN'is  :  Non,  sans  doulcii 


l'ill 


(;7i 


Ciilcii'ii 


lît  Moisc?  -    IMiil 


II,  sans  iloiiio* 
t'';is  :  (!{'I;i  <''l*lU 
'iiiciil  dans  jA 


—  CiiN  icM  :   Avoiir-z  l;i  vi'-- 
)i(Mi   cotivaiiicii  (|iic    (ilirisl 


ni 
des 


,h 


Juifs,  mais  sciilciiicni  da;.    . 

III.  Ainsi  l()i-s(|ii'ils  (illVoiil  iiiaiiiti'tia^l* 

rnlicos  ('M  d'.yilres  lieux,  n'en  iloiili!/ 

iiii)i't(dl(<iiiciil.       ('.iilcicii,  : 

im   servent  de  riiMi  ;    ve- 


inoMl  le  poison. 

lih'-   :  Alcs-vuiis 

('•lail  Dii'ii?  —  IMiiliWis  :  Tr«^s-ronvairiru. — 

('iilcicii  :  l''.t  (|ii(dles  preuves  si   eonvaiiiê/iii. 


(es  en  ;i\  e/,-v(»iis  ? 
i^ves  ? 


IMiiléas 


point,  ils  pèelii'iil  I 
Tous  flfsdisconis 


nous  au  lail. 
ne  prcleiids 


il  l'aiit  sacrifier.  -  IMiili'as  :  .h> 
point  souiller  iiioii  Ame,  ni  ne. 
la  veux  point  perdre.  — Cnicien  :  Kst-oo  ipio 
nous  voulons  perdr(>  la  iiAlro?  —  Pliiléas  : 
Oui,  vous  la  [lerde/,  et  vous  [lerde/,  aussj 
votVe  corps.  —  Culcion  :  Ouoi  1  co  corps-ci? 
—  IMiik'^as  :  Co  corps-lh  im'^me.  —  Ciilcieii  : 
Croye/.-vous  en  honiie  loi  ipie  celle  chair 
ressuscite  ini  jour?  —  Pliiléas  :  Je  n'en  douto 
inilleiiient.  —  (hilcien  :  Parlons  d'autres 
choses  :  Paul  n'a-l-il  pas  renoncé  celui  «luo 
vous  apj>ohv,  \v  Christ?  —  Pliiléas  :  Non.  — 
Culcien  :  Oserie/.-vous  liieii  en  jurer?  — 
Pliiléas  :  Il  nous  est  défendu  de  jurer;  on 
nous  permet  seuleiuiMil  di^  dire  :  Cela  est  ; 
cela  n'est  pas.  —  Culcion  :  Paul  n'a  pas  été 
toute  sa  vie  un  [lorsécniteur?  —  Pliiléas  : 
Non.  —  Culcien  :  Co  n'était  pas  un  grand 
génie.  Il  était  Syrien  et  il  parlait  un  mau- 
vais syriaque.  ~  Pliiléas  :  ^'ous  vous  trom- 
pez, il  était  Hébreu,  ot  il  parlait  ordinairc- 
nieut  grec  :  du  reste,  il  était  Irés-savant.  — 
Culcien  :  Ne  direz-vous  pas  ([u'i!  Tétait  plus 
que  Platon?  —  Pliiléas  :  Non-soulomt-nt  plus 
que  Platon,  mais  [)lus  (pu^  tous  les  philoso- 
phes du  monde.  Et  cela  est  si  vrai  qu'il  en 
a  converti  un  grand  nombre.  Voulez-vous 
que  je  vous  dise  quelqu'une  de  ses  maxi- 
mes ?  —  Culcien  :  Sacriliez.  —  Philéas  :  Je 
vous  l'ai  dit,  je  ne  sacrifierai  point.  —  Cul- 
cien :  Craignez-vous  les  reproches  de  votre 
conscience?  —  Philéas  :  Oui.  —  Culcien  : 
Kt  vous  ne  craignez  pas  qu'elle  vous  repro- 
che la  dureté  que  vous  avez  pour  vos  en- 
fants et  pour  votre  femme?  —  Philéas  : 
C'est  que  l'intérêt  de  Dieu  est  préférable  k 
tout  autre,  car  l'Ecriture  dit  :  Tu  aimeras  le 
Seigneur  ton  Dieu  qui  t'a  fait.  —  Culcien?: 
Quel  Dieu? —  Philéas,  levant  le?  yeux  au 
ciel,  dit  :  Le  Dieu  qui  a  fait  le  ciel  et  Jà 
terre,  la  mer  et  tout  ce  qu'ils  contiennent; 
le  Créateur  des  choses  visibles  et  invisi- 
bles, qui  est  incompréhensible,  qu'on  ne 
peutnidéfinirnireprésenter,quiseul  est,  sub- 
siste et  demeure  dans  tous  les  siècles.  Amen. 
Les  autres  juges  interrompaient  souvent 
Philéas  et  lui  disaient  :  Pourquoi  résistez- 
vous  au  gouverneur  ?  Philéas  leur  répli- 
quait :  Je  ne  fais  que  répondre  à  ce  qu'il  me 
demande.  Laissez-là  tous  ces  vains  discours, 
reprit  Culcien,  et  sacriliez.  Je  ne  sacrifierai 
point,  repondit  Philéas,  et  je  ne  ferai  point  ce 
tort-là  à  mon  âme.  Mais  croyez-vous,  après 
tout,  qu'il  n'y  ait  que  les  chrétiens  qui  en 
aient  un  si  grand  soin;  vos  païens  ont-ils 
moins  appréhendé  de  la  rendre  malheu- 
reuse? Voyez  Socrate,  on  le  mène  à  la  mort, 
la  vue  de  sa  femme  et  de  ses  enfants  lui  fait- 
elle  changer  de  sentiment?  lui  fait-elle  de- 
mander grùce  ?  Point  du  tout  ;  il  avale  gaie- 


Oiielles  preil- 
J'cii    ai    mille.    |,a   vue   rendue  i\  des 
aveuj,les  et  l'oiiie  à  des  sourds;  de.,  lépreux 
giK'iis  et  des  moris   ressiissilrVs;  des  ririels 
(pli    parlent,  et   une  inlinité  (h;  malades  qui 
recouvrent  la  saule.  Oiioi  encore?  l'ne  fem- 
me   est    guérie    en    louchant    seiih ment    la 
frange  de  .sa  robe.  Qui  pourrait  dire  le  nom- 
lin!  des  miracles  (pTil  a  fails?  —  Culcien  : 
l"]t  cependant  ,   tout  Dieu   mi'il   (;st,  il  a  été 
fcrucilié.  —  Philéas  :  Oui,  il  l'a  été  pour  no- 
ire  sailli  ,   mais  il   savait   bien   (pi'il    de\ait 
\^ l'être,  el  c'est  volontaireinenl  et  de  son  bon 
^*\^v6    (lu'il   a  soulVert  pour  nous.   Au  rfiste, 
tous  his  livres   saiiils  avaient   prédit  toiil(;s 
ces  choses;   hvs  Juifs  croient  en  avoir  l'in- 
Uelligence,  mais  il  est  certain  riu'ils  ne  l'ont 
'point.  Il  n'y  a  cependant  rien  de  plus  clair; 


si  (piehpi'un  en 
yt   qu-'il  lise 


doute  ,    ipi  I 
Culciei 


ouvre  le  nvni 
qu'on  a 
pouvais 


Songfiz 


OUI 

,u'il 
évi  piîiir  vous  do  grands  égards.  Je 
vftus^  déshonorer  dans  votre  propre  ville,  h 
la  vu*c  de  vos  [larents.  —  Philéas  :  J'en  ai 
toute  la  reconnaissance  que  vous  pouvez 
souhaiter;  mais  ajoutez  une  nouvelle  fa- 
veur h  collo-là.  —  Culcien  :  Eh  bien!  quelle? 

—  PliihT^»*  :  C'est  d'user  do  votre  pouvoir. 
Faites  doTfk;^ce  qui  vous  est  ordonné.  — 
Culcien  :  Vous^ulez  donc  mourir,  et  sans 
en  avoir  aucun  sujet?  —  Philéas  :  Oui,  je 
veux  mourir  pour  mon  Dieu  et  [loiir  la  vé- 
rité. —  Culcien  :  Apprenez-moi  uniî  clwse  : 
Paul  était-il  aussi  un  dieu?  —  Philéas  :  Il  no 
le  fut  jamais.  —  Culcien  :  Qu'était-il  donc? 

—  Philéas  :  Un  homme  comme  nous.  Mais 
l'esprit  de  Dieu  était  en  lui  et  opérait  par 
lui  tous  les  miracles  qu'on  lui  attribue.  — 
Culcien  :  Ecoutez,  je  veux  bien  vous  laisser 
vivre  h  la  considération  de  votre  frère.  — 
Philéas  :  Oserai-je  vous  prier  do  faire  aussi 
quelque  chose  à  la  mienne  ;  c'est  de  vous 
servir  contre  moi  du  pouvoir  qui  vous  a  été 
donné.  —  Culcien  :  Encore  si  vous  étiez 
réduit  à  la  dernière  misère,  et  que  pour 
vous  en  délivrer  vous  me  demandassiez  à 
mourir,  je  ne  ferais  aucune  difticultéde  vous 
l'accorder.  Mais  vous  êtes  à  votre  aise;  que 
dis-je?  de  vos  seuls  revenus  vous  pourriez 
faire  subsister  presque  toute  une  province, 
et  vous  voulez  quitter  la  vie  ?  Je  ne  saurais 
me  résoudre  à  vous  l'ôter  ;  vivez  donc,  mais 
vivez  pour  sacrifier  aux  dieux.  —  Philéas  :  Je 
ne  sacrifie  point,  et  en  cela  je  regarde  mon 
intérêt,  et  je  me  fais  grâce  à  moi-même.  Les 
juges  dirent  au  gouverneur  :  Il  a  déjà  sacri- 
fié dans  le  Phrontisthère.  —  Philéas  :  lî  n'en 
est  rien.  —  Culcien  :  Vous  allez  rendrr*.  une 
femme  malheureuse.  —  Philéas  :  Jésus-Christ 
mon  Seigneur  est  le  Sauveur  de  toutes  les 
âmes  ;  il  m'appelle  au  partage  de  son  royaume 
et  de  sa  gloire,  il  peut  aussi,  s'il  le  veut,  y 
appeler  ma  femme.  Les  juges  dirent  au  gou- 
verneur :  Philéas  demande  un  délai.  Culcien, 
se  tournant  vers  Philéas,  lui  dit  :  Eh  bien  ! 
je  vous  l'accorde,  pensez  à  vous.  — Philéas- 


67  s 


Mit 


MU 


CTO 


Mon  parti  esl  pris  ;  c'est  de  soufTrir  pour  J6- 
sus-CJirist.  Aldrs  les  juges,   le  piocuioiir  de 
J'i'inpereur,  ol  tous  les  autres  olliciers  de  U\ 
justice,  s'étanl  joints  aux  parents  et  aux  aiuis 
(le  Pliiléas,   se  mirent  à   embrasser   ses  ge-# 
noux,  le  conjurant   d'avoir  pitié  d'une  la-  * 
raille  désolée,  et  île  ne  pas  abandonner  ses 
enfants   ilans  un  Age  ou  sa   présence    leur 
était  si  nécessaire.  Mai-^  lui,  semblable  à  un 
rocher  qui  demeure   immobile  sans  céder 
jamais  à  la  violence  des  vagues,  rejetaitavoc 
mépris  leurs  prières  ,  et  élevant  son  cœur  à 
Dieu,  il  protestait  qu'il  ne  reconnaissait  pour 
ses  parents  que  le»  ainMres  et  les  martyrs. 
Parmi  les  assistants  il  se  trouva  un  tril»un 
de  l'armée  d'Egypte,  nommé  Philoromc.  Cet 
oiïicier,  voyant    qu"    Philéas  résistait  avec 
une  fermeté  inébranlable  aux  prières  et  aux 
larmes  de  ses  proches,  et  qu'd  se  démêlait  î 
avec  beaucouu  de  sage&se  et  de   présence 
d'esprit  des  ilcmandes  captieu'^cs  du  gou- 
verneur, sans  paraître  ni  attendri  ni  embar- 
rassé, s'écria  avec  (pu'ltpie  sorte  d'indigna- 
tion :  Pourquoi  vous  opiuiAtrer  ainsi  h  vou- 
loir vaincre  la  généreuse  résistance  do  ce 
brave  homme?  Que  vous  servira  de   le  ren- 
dre inlidèle  à  son  Dieu  ?  Pourquoi  vouloir 
qu'il  le  renonce  par  pure  complaisance?  Ne 
voyez- vous  pas  que  ses  yeux  sont   fermés  h 
vos  larmes,  et  que  ses  oreilles  soûl  sourdes 
h  vos  paroles?  Croyez-moi,  on  n'est  guère 
touché  de  quelques  nleurs, -quand  on  envi- 
sage la  gloire  du  ciel.  La  colère  et  le  dépit 
quecesjusteset  vifs  reproches  excitèrentdans 
les espritsdes  juges  hAtèrentIa  condamnation 
dePhiléaSjdanslafiuellelegénéreuxPliiloromo 
fut  compris.  Ils  furent  condamnés  tous  deux 
à  perdre  la  tète.  Comme  on  les  conduisait  au 
.supplice,  le  frère  de  Philéas,(iui  était  du  nom- 
bre ileâ  juges,  dit  :   Philéas  demande  qu'on 
lui  accorde  sa  grAce.  Cela  obligea  Culcien  de 
le  ra|)peler,  et  de  lui  dire  :  Vous  demandez 
votre  grAce  ?  A  quoi  Philéas  répondit  :  Moi  ? 
i\  Dieu  ne  plaise  ;  n'écoutez  pas  ce  malheu- 
reux. Bien  loin  de  souhaiter  qu'on  révoipn; 
l'arrêt  qui  me  condamne  h  mourir,  je  n'ai  au 
contraire  que  de  très-humbles  remercimmits 
h  faire  aux  empereurs,  et  h  vous,  seigneur, 
de  ce  que  j'entre  aujourd'hui  en  possession 
d'un   royaume  que  Jésus-<'.hrist  veut  bien 
partager  avec  moi.   Kn  disant  cela,  il  sortit 
du  palais.   Lorsqu'il  fut  arrivé  au  lieu  où  il 
devait  être  exécuté,  il  étendit  les  mains  vers 
l'Orient,  et  élevant  la  voix,  il  dit  :  «  Mes  pe- 
tits enfants,  mes  bien-aiiui's,  vous  (jui  cher- 
che/. Dieu  sincèrement,  écoulez-moi.  Veille/. 
sur  vf)lre  cœur  ,  parce  que  l'ennemi  rode 
sans  cesse  autour   de  vous  ,  cherchant  sa 
proie  elquelipie  c(our?\  dévorer.  Pour  nous, 
nous  n'avons  encore  rien  soutferl,  mais  nous 
allons  couwnencer  h  soutfrir;  nous  conuuen- 
yuns  }\  Cire  di-^ciples  de  Jésus-Chrisl.   Mes 
rlior<  frères,  observez  e\,ictement  les  com- 
m-ndements  de  Notre-Sei^neur  Jésus-Christ. 
Joignez-vous  h  nous,  mes  chers  frères,  prions 
ensemble  cet   Etre   incompréhmrsibie ,   cet 
Ktre  pur,  sans  aucun  mélange  el  sans  au- 
cune imperfection,  qui  est  assis  sur  les  ché- 
rubins, (pli  a  fait  toutes  choses,  c(ui  est  le 


commencement  et  la  fin  de  toutes  choses, 
6t  auquel  appartient  la  gloire  dans  tous  les 
èiècies.  Ainm.  »  11  Unit  sa  Hc  avec  '«e  der- 
pier  mot,  les  bourreaux  I  i  .mt  ausiU»  l 
•battu  la  tète,  aussi  bien  i|  >  a  l'n  '  mi  <  [i,i 
ces  deux  Ames  saintes,  iiiMiidon  ms 

corps,  s'allèrent  joindre  à  Jé-i  -Ciirist,  (pii 
vif  et  règne  avec  le  Père  et  le  ^aull»Esprit, 
dans  les  siècles  des  siècles.  Amni. 

PHILÉAS  (saint),  martyr,  eut  le  bonheur 
de  répandre  son  sang  pour  Jésus-Clirist 
dans  la  ville  d'.Vlexandrie.  Ce  fut  sous  le  rè- 
gne de  Galère  Maximien  qu'il  fut  martyrisé 
avec  les  saints  Fausle,  prèlre,  Didie  et  .\ni- 
nione,  Hésique,  Pacome,  Théodore,  évoque 
égyptien,  et  six  cent  soixante  autres.  Les 
circonstances  de  leur  martyre  nous  sont  in- 
connues. L'Eglise  fait  la  fête  de  ces  glorieux 
combattants  le  26  novembre. 

PHILÉ310N  's-iinll,  fui  couronné  comme 
martyr  uais  la  ville  de  Colosse  en  Pbrygre.» 
durant  la  persécution  de  Néron.  11  mourut 
avec  sainte  Ap[)ia  ,  comme  lui  discijile  de 
saint  Paul.  Sa  fête  a  lieu  le  22  novembre. 

PHILÈMON  (saint),  célèbre  joueur  de  IlOto 
h  Arlinoè  en  Lgvpte,  était  présent  quand  on 
arrêta  saint  Apollone.  Ce  fut  lui  qui  se  dis- 
tingua le  plus,  par  sa  Tireur  à  injurier  le 
saint  au  milieu  de  la  populace  que  de  pa- 
reils spectacles  attiraient  toujours.  .Mais  le 
saint  ayant  répondu  à  ses  outrages,  à  ses  in- 
vectives, de  la  façon  la  plus  douce  et  la  plus 
chrétienne,  Philé'mon  en  fut  si  loucha,  qu'im- 
médiatement il  renonça  au  paganisme  el  se 
proclama  chrétien.  Conduit  devant  le  juge 
avec  le  saint  anachorète,  il  eut  le  bonheur 
de  partager  son  martyre.  {Voy.  Apollone.) 
L'Eglise  l'Ait  la  fête  de  ces  doux  saints  le 
même  Jour,  le  8  mars. 

PlllLtMON  (saint),  mourut  pour  la  foi 
avec  saint  Domnin.  Les  circonstances  de 
leur  martyre  ne  sont  point  parveiuies  jus- 
qu'à nous.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  21 
mars. 

PlllLET  (saint),  martyr,  fut  mis  h  mort 
ptiur  avoir  confessé  Jésus-Christ.  Ce  séna- 
teur soulfrit  le  mart\'re  avec  sainte  Lydi(>sa 
feuuue  et  leurs  enfants,  Macédo  et  Théopré- 
pide,  saint  .Vmiihiloque,  chef  de  milice,  el 
saint  Ooniilas  greiï  er.  Le  Martyrologe  ro- 
main ne  marque  pas  h  (pielle  époque  ilssouf- 
fru'ent.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  27 
mars. 

PHILIPPE  ou  Pniiiri'FS.  Philinpi,  d'abord 
Diilns  el  Crruirtrs,  aujoiud'hni  Kifii)!',  ville  do 
Macédoine  'jadis  de  Thrai  les  Edones. 

Celte  ville  fut  inie  des  pi.  mn  i.  s  ?\  embras- 
ser le  christianisuie.  Saint  Pa»il  a  adressé  une 
de  ses  Epitres  aux  habitants  de  Philippes 
(ml  Philippruxrs).  Ce  fut  lA  aus«i  (]ue  saint 
Paul  et  sauilSilas,  en  l'année. Vi,  furent  fouet- 
tés el  emprisonnés,  jiar  ordre  des  magistrats, 
sous  prétexle  (pi'ils  avaient  enseigné  une 
doctrine  conlrairt>  aux  coutumes  et  aux  doc- 
trines (|uc  pouvaient  suivre  et  recevoir  les 
citoyens  romains.  Sous  l'empire  de  Nérrm 
pendant  la  persécution  (pi'il  suscita  rrintre 
l'I'.glisi-,  Philippes  vit  le  martyre  de  saint 
Erasie,  di3cij)lc  do  saint  Paul. 


an                              MU  l'Ill                               «7B 

1*11(1. III'K  (sdinl),   l'iiti   )(os   sept  ON   d<>  c(Mli()r  ()iii,  sni/lwitil /i  |)<o|)OS  roDtJriMii  main 

MiMilc  iM'Iicili'.  •!"'  ''"''"'  iii.iilN  lisi'-s  à  KoiiDf  h  ses  (  In-v/mx,  un  In  Ir'in  luiijlo,  los  |iiiiishir 

nviM*  ('Mo  sous   le  i("';;,m'  tic    Mait  -Aiiiùlc,  en  on    les  rrlcnir,  cnmlml    ciiUii   .loti    (ii.u     jni 

l\inniWi  !({'>.   l-.<<  |ir(''IV't   l'i.hliiis  riiyniil  ïiùl  IxmiI  dn  in  lie»;,  ni  inniiiorln  li-  pris,  le  smiuI 

«iiir'Ktr  (IfV/inl  lui,  lui  dit  :  "  Nnlir  invitiri-  (''vc^tiiii!  nuiivirn.iil  sou  |ii-(i|ilo  «ver  nue  hn- 

l)li'   cmiitTciir,   A'ilo'ijii    Aiii^tisln,  Vdiis  or-  (ir(  ssc  vi.iinnnl   (')iis(  ()|inlc.   |ji  jinisf-i  iilioii 

(lnii»i(Ml»« snciilicrnux (lieux  liiut-|(iiissanls.  »  crtunnoni.nil    ii  so    Idiif    hi'ulir,  vl  riH'iUM;iul 

IMiilinpi'  r(''|tnii(lil  :  «  C.imix  ;i  (|iii  l'on    vnil  «If'jii   :<n  villn;  ni.iis  il   la    ic^nrd/i  vciiir  .snns 

(lue    jo    saciilio   ne  sont   ni   iliiiix    ni   litui-  riiioiiu'i  ;  il  m- voulut  point  iji-l'i-rrr  oux  <on- 

nnissanls;  ce  n(>  sont  (luc  ilr  vaincs    rc|in'-  scilsdo  <;cux(|ui  lui  voulaiiMil  iuMMUKJerd'ji- 

scHilalions,  des  slalues  [invces  de  scnlinu-'il  Iwindoniier  son  lrou|ie.'iu,  cl  d(!  luir,  en  lein- 

ot  (pii  scrvcni  de   i-eirailcs  aux  mauvais  de-  |tcisu.idaiil  ii  cux-uicuics  cpic  Icxui.iux  (pi'jls 

nions;  si  je  sacritiais  i\  ces   niisérahlos  divi-  afipiriH'ndait.nt  (''laienl  hcaucoup  plus  à  dc- 

nilcs,  je  liicrileiais  d'cMrcM-oinnïe  elles,  pion-  sncr  ipi'à  (l'aindre,  (>l  rju'il  l'allad  «pie  \n  vo- 

gédansun  élei-ncM  inallienr.  »  Le  prél'cl  l(Hil  l(»nl(' du   ciel   s'aecomitlil.  Il  dcnn  uia   donc 

(Moij;;ner,  cl  adressa  l\  Marc-Aurèle   un   rap-  dans  son  é;:çliso,   rassurant  par  sa  piY'.sonco 

port  sur  tout  ce  ipii   s'était   passé,  l/enipe-  et   par  ses   discours   ses  IVèi  es   cHravés  à  la 

reur    renvoya    les   saints  tlovant  des  ju^cs,  vue  de  l'orale  tpii  s'approcluiil.  H  leur  disait 

(pii  prononceront  et  tirent  exécuter  leur  son-  souvi  ni  :  «  Me.-»  frères,  les  voici  enlin  arrivés, 

tenco.  iMiilippe   fut    tué  ^  coups   de    h;\lon.  ces  leirnes   prédits   par  Jésus-tJInist.  La  liti 

L'lij;lise    honore    sa  uiénioiro  le  10  juillet,  des  siècles  s'aporoclie,  le  prince  du  nujndo 

(>>)//.  h'i'.M.rciTK.)  se  rend  for inicJanle,  sa  puissance  auf^inenlt"; 

NIIMPIM-;  (saint),  d'HiM-aclée,  martyr,  don-  mais   ne  ciaif;nez  rien,  mes  ffèies,  il  vient 

na  sa  vie  pour  la  foi  clnrtioniie,  sons  l'ern-  moins  (>our  perdre  les  serviteur.s  d(!  Jésus- 

piro  et  dur-anf  la  ])erséculion   de  Dioclétien,  Christ  (pie  i)Oim-  les  éprouver;  que  la  fêle  Je 

en  l'an  do  Jésns-ChrisI  30'i-.  Ses  Actes  soiit  ri'>|)iphanie,  (luc  nous   allons  céléhrer  dans 

fort  inlén^ssants,  nous  l(\s  donnons  ici  dans  pou  de  joui-s,  rel(jv(î  noire  espérance  :  souve- 

ieur  entier  d'après  Uuinnrt.  nez-vous  qu'h  un  pareil  jour  nous  avons  élô 

IMiilippe,  ayant  passé  en  i)eu  do  temps  du  ni)pelés  h  la  gloire.  Oue  les  menaces  des  ly- 
riiaccinat  .^  la  prèlriso,  parvint  enlin  au  der-  raiis,  (pie  les  supplices  ne  vous  épouvantent 
nier  de^ré  du  sr.cerdoco.  Il  fut  fait  évè(]ne  pas  :  Jésus-Christ  donne  à  ses  athlète  s  un 
Rvoc  l'agrément  universel  de  tout  !;>  peuple,  courage  invincible  dans  le  comhat,  et  lui- 
sans  ([ne  personne  fill  snr[)ris  de  son  éleva-  même  j)Our  prix  après  la  victoire.  » 
tioM,  parce  (pi'il  était  digne  du  rang  où  on  Un  jour  (pie  le  bienheui-eux  Philippe  fai- 
l'élevait,  et  si(piel(pies-uns  s'en  étonnèrent,  sait  h  son  p  uple  de  ces  exhortations,  Aris- 
cofutde  ce  qu'on  avait  attendu  si  longtemps  ténia(jue,  oliicier  de  la  garnison  d'Héraciée, 
ft  l'y  élever.  En  elfet,  dès  les  premières  entra  dans  l'église,  en  lit  sortir  Ions  les 
nniiées  qu'il  entra  dans  los  ordr-es  sacrés,  il  chrétiens,  et,  après  en  avoir  fermé  les  portes, 
lit  pai'aîti'o  un  mérite  peu  comnmn  ;  il  était  y  ajiposa  le  scellé.  Philippe,  le  regardant 
si  désititéressé,  (ju'il  (Jonnait  aux  pauvres  avec  compassion  :«  Pauvre  homme,  lui  dit-il, 
tout  ce  (fu'il  gagnait  au  service  de  l'autel,  qui  crois  que  le  Dieu  tout-puissant  habite 
cont{^nt  des  richesses  de  sa  conscience  et  de  sous  un  toit  et  entre  des  murailles!  Ignores- 
]'ac(piisition  qu'rl  avait  faite  d'un  grand  fonds  tu  que  sa  demeure  la  |)lus  agréable  est  le 
de  vertu.  Lorsqu'il  fut  évoque,  il  forma  de  cœur  do  l'homme?  Sans  doute  tu  n'as  jamais 
sa  main  deux  illustres  martyrs,  Sévère  et  lu  le  proi)bète  Isaie;  tu  y  aurais  vu  que  Dieu 
Hermès,  l'un  prêtre  et  l'autre  diacie.  Il  te-  dit  en  un  endroit  :  Le  ciel  est  mon  trône,  et 
nait  souvent  des  conférences,  où  il  leur  dé-  la  terre  en  est  le  marche-pied  ;  quelle  maison 
couvrait  les  secrets  de  la  science  des  saints,  digne  de  moi  pourrez-vous  m'élever?  Le  len- 
les  faisait  entrer  dans  la  connaissance  des  demain,  Aristémaque  revint  pour  faire  in- 
divins mystères,  et  les  confirmait  surtout  vcntaire  dos  vases  sacrés  et  des  autres  meu- 
dans  la  saine  doctrine.  En  sorte  qu'il  leur  blés  de  l'église,  auxquels  il  mit  le  cachet  du 
communiqua  ses  lumières,  son  esprit  et  son  gouverneur.  Cela  causa  une  désolation  gé- 
courage  ;  et  après  les  avoir  eus  pour  disciples  nérale  parmi  les  fi'ères  :  cejiendant  Philippe, 
dans  l'école,  il  les  eut  pour  compagnons  sur  accompagné  de  Sévère,  d'Hermès,  et  de 
le  bûcher,  où  ils  confessèrent  avec  lui  la  di-  quelques  autres  ecclésiastiques,  examinait 
vinitô  de  Jésus-Christ.  Ce  saint  vieillard,  avec  eux  ce  qu'il  y  avait  à  faire  dans  la  con_- 
iTiéditant  sans  cesse  la  loi  de  Dieu,  et  épris  joncture  présente;  et  assis  à  la  porte  de  l'é- 
de  sa  beauté,  avait  pour  elle  un  amour  ar-  glise,  il  ne  pouvait  se  résoudre  à  laisser  à  la 
dent.  Sa  vie  se  passait  tout  entière  dans  les  discrétion  des  infidèles  la  maison  du  Sei- 
fonctions  de  sa  charge,  et  le  conduisait  au  gneur;  il  faisait  même  en  sorte  que  les  frères 
dernier  moment,  non  sans  qu'il  s'ollrit  cha-  ne  s'en  éloignassent  point.  Il  pensait  avec 
que  jour  à  Dieu  comme  une  victime  qui  de-  douleur  à  l'avenir,  mais  il  ne  laissait  pas  de 
vait  en  effet  lui  être  immolée  à  Andrinople.  craindre  le  présent;  ils  savait  que  tous  ceux 

Semblable  donc  à  un  pilote  expérimenté  qu'il  avait  sous  sa  charge  n'étaient  pas  éga- 

qui,  mettant  quelquefois  à  la  voile,  et  quel-  lement  forts;    qu'il  y  en   avait  pai'mi  eux 

quefois  se  retirant  dans  le  port,  tantôt  pre-  d'infirmes  et  de  faibles.  Il  crut  qu'il  devait 

uant  la  haute  mer,  et  tant(jt  ne  faisant  que  séparer  les  uns  des  autres,  et  les  imparfaits 

raser  les  côtes,  conserve  son  vaisseau  et  le  des  fervents.  Il  agissait  avec  autorité  envers 

préserve  du  naufrage  :  ou  comme  un  habile  ceux-là  pour  les  rendre  meilleurs,  et  il  n'em- 


r>"0 


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vm 


680 


plovait  qtie  la  douce  porsnnsion  poilr  rete- 
nir rrux-ci  dans  lo  parti  do  la  piélr.  Ainsi  il 
se  servait  de  rein('>dps  un  [hmi  forts  pour  gué- 
rir les  malades,  et  d'un  simple  régime  pour 
ceux  (pii  fêtaient  en  santt^. 

Cependant   \v  dimanche  suivant.  les  frè- 
res s'assemblèrent   devant  le  portail  de  lé- 
glise.    Bassus,    gouverneur   de    llirare,   eu 
ayant  eu  avis,  y  vint  dans  le  dessein  de  faire 
le  procès  k  tous  ceux  qui   se  trouveraient  h 
l'.T>seml)l(''e.  Il  lit  nu^me  dresser  là  son  tribu- 
nal. 11  se  tit  ensuite  amener  les  chrétiens,  et 
leur  demanda  d'abord  :  «  Où  est  celui  que 
vous  appelez  parmi  vous  le  maître  et  le  doc- 
teur? )'  Philif.pc,  s'avanrant,  répcmdit  :  «  Je 
suis  celui  que  vous  demamiez.  »  Bassus  lui 
dit  :  «  Ne  savez-vous  pas  qu'il  y  a  une  ordon- 
nance de  l'empereur,  qui  défend  aux  chré- 
tiens de  s'assembler,  en  quelque  lieu  et  sous 
qvit'lque  prétexte  que  ce  puisse  être,  son  in- 
tention   étant    d'abolir    entièrement    votre 
secte  ?  Remettez-nous  donc  tout  présente- 
ment les  vases  d'or,  d'argent,  oudequehpie 
autre  métal  que  ce  soit,  avec  les  livres  qui 
contiennent  votre  doctrine,  et  que  vous  lisez 
au  peuple,  afin  (pion  vous  ùtant  ces  choses, 
on  vous  ùte  en  même  temps  les  moyens  et 
l'occasion  de  retomber  dans  votre  supersti- 
tion, en  cas  que  Us  tourments  ne  soient  pas 
capables  de  vous  en  guérir.  »  S'aint  Philippe 
fépondil  :  «  Si  cela  vous  fait  tant  de  plaisir 
de  nous  voir  souffrir,  vous  pouvez  vous  sa- 
tisfaire, nous  voilà  tout  prêts  h  vous  donner 
ce  contentement  :  coupez,  taillez,  déchirez  ce 
ojrps  qui  est  en  votre  puissance;  mais  pour 
l'àme,  trouvez  bon  (lue  je  vous  disi;  (pi'il  ne 
vous  est   pas  permis  d'y  toucher.  A  l'égard 
des  vasos    que  nous  avons,  vous  les  pouvez 
prendre.  Ce  n'est  pas  avec  do  lor  et  de  l'ar- 
gent que  Dieu  veut  être  honoré;  et   l'orne- 
ment du  cœur  plaît  bien  plus  h  Jésus-Christ 
que  celui  des  églises.  Pour  les  Ecritures,  il 
ne   vous   est  pas  avantageux  de  les  avoir, 
et  il  nous  est  défendu  do  vous  les  donner.  » 
A   ces  mots,    le  gouverneur   tit    signe   aux 
J)Ourreaux  d'appiocher,  et  l'on  vit,  non  sans 
frémir,  eiitror  un  ctn-lain    Mucapor,  honmio 
êanshumanité,  sidu  moins  celait  un  homme: 
il  en  avait   toutefois  la    ligure,  quoique  ap- 

firochant  de  celh^  d'un  léopard.  Cependant 
e  gouvornour  faisait  chercher  i»arlout  le 
prêtre  Sévère  qui  ne  se  trouvait  point.  Cela, 
joint  au  refus  cpic  Philippe  faisait  de  lui  li- 
vrer les  livres  .saints,  lo  nut  de  si  niauv;use 
humeur,  «ju'il  alla  bi  ulalement  la  décharger 
sur  le  s.iint  prélat.  Le  dia<re  Hormôs,  (pii 
était  présent,  sensiblement  touché  île  l'olat 
où  il  voyait  son  évôcpie,  dit  haidiment  au 
gouvornour  :  'i  Ju>;o  cruel,  (pie  vous  stnl 
de  lairo  traiter  ainsi  te  saint  vieillard  ?  Quand 
vous  seriez  maître  d(>  nos  livres,  et  (|ue 
vous  |ioHiiit>z  môme  ellaeor  tous  ceux  (pii 
sont  ropaiidiis  d.iiis  |i>  monde,  en  sorti*  (pi  il 
n'en  rest^U  pas  un  seul  sur  la  terre,  vous 
n'en  serio'  pas  plus  avinci';  car,  dites-moi, 
pourriez-vous  les  ellat cr  dans  le  cœur  (ies 
chrétiens?  Sachez  que  la  tra  lilion  s"»'n  con- 
.serverait  mal>;n'!  vous  jusipia  la  tin  des  siè- 
cles, et  qui!  nos  entants,  venant  sruleiuenl  k 


consulter  leur  mémoire,  ou  celle  de  leurs 
pères,  seraient  en  état  de  les  rétablir  et  ilen 
com|)Oser  en  bien  plus   grand  nombre   que 
no  seraient  ceux  que  vous  auriez   ainsi  fuit 
périr,  v  Ce  discours   ailira  au  diacre  mille 
coups,  qui  lui  furent  doniK's  par  l'ordre  du 
gouverneur.  Il  se  retira  tout  couvert  de  con- 
tusions  dans  le  lieu  où   l'on  conservait    les 
livres  saints  et  les  vases  qui  servaient  h  l'au- 
tel. Piiblius,  qui  était  du  conseil  du  gouver- 
neur, l'y  suivit.  Cet   homme  mettait  hardi- 
ment la  main  sur  tout  ce  (|ui  excitait  sa  con- 
voitise. Il  succomba   bient(')t  à  la    tentation 
de  s'emparer  de  quelques  vases  du   nombre 
de  ceux  qui  avaient  hé  inventoriés  :  il  les 
emportait  malgré  Hermès,  ipii  s'y  opposa,  et 
que  Publius  frappa  cruellement,  jusqu'à  lui 
couvrir  tout  le   visage  de  sang.  Cela  fit   du 
bruit,  et    vint  aux   oreilles  de  Bassus,  qui 
trouva   cette  action   fort  mauvaise,  se   mt 
fort  en   colère  contre  Publius,  et  fit  panser 
Hermès  de  sa  plaie.  Mais  en  même  temps  il 
se  saisit  des  vases  et  des  livres,  et  les  fit  por- 
ter dans  la  grande  place,  où  il  fit   conduire 
par  des  soldats  Philippe  et  les  autres  fidèles, 
voulant  gratifier   le  peuple  d'un  spectacle 
qui  lui  était  infiniment  agréable,  et  intimi- 
t  er  les  autres  chrétiens  (jui  feraient  quelcpie 
difficulté  de  livrer  les  Ecritures 

Philippe  et  ceux  qui  avaient  été  arrêtés 
avec  lui  marchaient  donc  entre  deux  rangs 
de  soldats,  qui  portaient  les  livres  sacrés, 
et  s'avançaient  vers  la  grande  place,  tandis 
que  Bassus,  qui  avait  fortement  résolu  de  ne 
souffrir  aucun  chrétien  dans  toute  l'étendue 
de  son  gouvernement,  songeait  à  en  faire 
di'molir  toutes  les  églises.  Il  envoya  sur 
l'heure  des  gens  à  la  cathélrale,  avec'  ordre 
d'on  i')ter  la  couverture,  et  de  n'y  laisser  que 
les  murailles;  et  il  avait  cet  ouvrage  .^i  fort 
à  conir,  (pi'il  faisait  donner  sur  les  travail- 
leurs i\  grands  coups  de  bAton,  lors(iu'il  s'a- 
percevait qu'ils  se  relAchaient  un  peu.  D'ail- 
leurs, cette  troupe  de  soldats  (|ui  condui- 
saient les  saints  était  arrivée  à  la  grande 
place.  La  confusion  y  était  grande,  on  se 
l)oiissait,  on  criait,  ce. a  avait  l'image  d'une 
guerre  domestique  :  les  étrangers  et  les  ci- 
toyens y  accouraient  de  toutes  parts.  Enfin 
on  fit  un  bù(  lier  de  tous  les  livres  sacrés  ; 
mais  à  peine  y  eut-on  mis  le  feu,  qu'il  s'é- 
leva une  llamme  avec  tant  de  fracas,  de  vio- 
lence et  diM'apidité,  (iu'ell(>  jota  une  frayeur 
excessive  ilaiis  l'Ame  Je  tous  ceux  qui  elaient 
présents.  Saint-Philippe  prit  ce  moment 
pour  parler  à  ceux  (lui  se  trouvaient  proche 
deliii.  «  Citoyens  d'Héraclée.  leurdit-il, juifs, 
pauMis,  ou  do  queirpie  autre  religion,  secte, 
ou  société  (pie  vous  soyez,  é( oiite/.-moi. 
Tremble/,,  peuples,  tremblez,  la  colère  de 
Dieu  commence  h  éclater;  elle  va  bientôt  se 
faire  sentir,  elle  menac(>  riinpi('té,  elle  en 
veut  «^  l'injustice  :  cette  juste  colère  mci.ace 
Soiiome  (1).  Mais  si  So(i()me  craint  le  juge- 
monl,  si  elle  renonce  a  son  péclK'  ;  si,  ipiit- 
tanl  ses  dieux  de  pierre,  elle  cherc  ;e  sinciV 
renient  le  Dieu  vivant.  Sodome  n'a  plus  rien 

(l)  Soilomo,  pour  signifier  H(Tariéc^ 


681 


T'III 


h  riniiidro,  cllo  sera  s.iiivrc.  ('clin  ILiiiiiiK^ 
(jiii  vifil  tic  rivi|>|i<'r  vos  yeux  |t.ir  m»ii  •-.nu- 
fl«iii  t''i'l;il,  cl  f;l.'iciM'  vos  ctciirs  p/ir  .son  chiii- 
cciiiciil  |H()(lini('ii\,  csl  un  si.^'ic  de  ('t<jugc- 
iiu'iil  (|ui  vwi  |t('ul-(Mi'c  Iticnlùl  (Mio  iiroiioiict' 
roulrc  vous  :  nwiis  ce  u'csl  pas  sciilcnicul 
ilans  rOricul  <'t  ilaiis  la  rniiu;  di?  Soilunu! 
t|nc  la  col»''!'»'  tic  l>itMi  s'csl  l'ail  coniiailrc  par 
le  l'iMi  ;  il  n'y  a  pas  lonulcuips  (pm  le  ni^'uio 
si^iic  annonça  à  la  SiriU*  ol  dans  rOceidcnl 
la  v(Mi:;oanc('  prochaine  de  (•cjnm>  rcdoula- 
jije.  lln(>  llanune  dcscendil  du  ciel  sur  celle, 
ilo,  ol  rciluisit  (>n  ccmlrcs  niio  de  ses  villes 
avec  Ions  ses  liahilanls.  Deux  viei'^cs  seules 
se  sanvèrenl  de  ecl  liori  ihlt;  incendie.  Mais 
apprenez,  (puMle  fui  la  eanse  do  leur  salul  : 
la  piéU^  liliale.  l-'-lles  avaient  un  pf'vo.  cassé 
de  vieillesse;  elles  (Milii'piennenl  d(>  le  reli- 
rer  du  nulieu  desllanunes.  I.eurs  mains  t'ai- 
Mos  cl  dt'licales  le  cliari:;ent  sur  leurs  épau- 
les, (|ui  pliciil  sous  le  l'aix.  l'.lles  succoinlxMil 
jM-escjne  sous  ce  précieux  Jardeau.  Cepen- 
dant iU's  tourbillons  d(;  l'eu  s'avancent,  les 
^agncMil,  les  environneni,  leur  l'cruient  le 
lassage,  et  leur  ôtent  toute  espérance  de 
jouvoir  mettre  en  sûreté  et  leur  pèro  et 
eurs  pro})ies  persoiuu^s  :  voilh  ce  que  leur 
cliarité  leur  Cvjûte,  leur  piété  leur  va  deve- 
nir funeste,  sans  pouvoir  être  salutaire  il 
celui  (jui  leur  ayant  donné  la  vie  sera  bien- 
tôt la  cause  innocente  de  leur  mort.  Pensez- 
vous,  citoyens  d'Héraclée,  que  la  chose  ar- 
riva ainsi'?  Non,  non,  rassurez-vous  :  Jé- 
sus-Christ, ce  mémo  Jésus-Christ  que  vous 
ne  regardez  que  connue  un  honuue,  el  qui 
est  le  Dieu  tout-puissanl,  n'cit  garile  de 
soullrir  qu'une  action  si  belle  et  si  digne  de 
récompense  devînt  fatale  à  celles  qui  l'a- 
vaient entreprise.  11  voulut  même,  pour  leur 
mariiuer  la  satisfaction  qu'il  eu  recevait,  les 
favoriser  de  sa  présence  adorable.  Il  desce-i- 
dit  du  ciel  et  couuuandaaux  flammes  de  s'é- 
cartir,  et  d'ouvrir  aux  vierges  un  passage. 
Alors  le  feu,  oubliant  sa  violence  naturelle, 
ne  faisait  que  se  jouer  autour  d'elles  ;  il  sus- 
pendait son  ardeur  et  retenait,  s'il  m'est 
l>ermis  de  parler  ainsi,  son  haleine  enflam- 
luéo;  et,  se  rangeant  Ji  droite  et  à  gauche, 
leur  faisait  un  chemin  (qui  le  croirait?) 
couvert  do  fleur  et  de  verdure.  Eilia  le  mé- 
rili>  de  ces  vierges  fut  si  edicace,  et  leur  cha- 
rité si  agréable  à  Di'  u,  qu'en  leur  considé- 
l'ation  tou^  les  endro'ts  i)ar  où  elles  passaient 
pour  se  retirer  furent  respectés  du  feu,  il 
n'usa  y  toucher;  et  le  lieu  où  elles  s'arrêtè- 
rent s'apj>elle  depuis  ce  temps-là  le  lieu  de 
Piété:  comme  voulant  en  quelque  sorie  con- 
server une  reconnaissance  éternelle  de  ce 
bienfait,  et  faire  aux  enfants  une  leço.i  pu- 
bli(|ue  et  perpétuelle  de  piété.  Tant  il  est 
vnn  que  si  les  habitants  de  celte  ville  infor- 
tunée furent  consimiés  par  le  feu,  ce  ne  fut 
pas  que  Dieu  leur  nnnquùt  au  besoin,  mais 
c'est  qu'ils  manquèrent  eux-mêmes  à  Dieu. 
Au  reste,  ce  feu  de  la  colère  divine  a  laissé 
depuis  le  commencement  du  monde,  et  en 
divers  endroits  de  la  terre,  plusieurs  traces 
de  la  juste  punition  que  Dieu  exerce  sur  les 
pécheuis  ;  ce  feu,  en  tombant  du  ciel  sur  la 

DiGTIONN.    DES  PEKSÉGUTIGNS.   Il, 


l'Ill  6N 

leric,  brûle,  déliiiil,  coiisnin»)  lonl  ce  qu'il 
h'ouve  d'impur,  (i'esl  ce  feu  qui  luûla  llrr- 
ciile  siu'  le  mont  (>l'",l,i,  lorxpjc  l'orlenient 
iid'atu('-  de  la  pe^^ée  qu'un  Dieu  sortir  lil  do 
sa  cendre,  il  idliuna  lui-même  le  bûcher  «pii 
le  consuma.  C'est  ce  mênn!  l'eu,  qui,  H\aiil 
réduit  eu  poudre  mu-  une  autre  monla^ne  (do 
Ciiiozincj  le  mt'decui  l-l-culape,  donna  occa- 
sion aux  peuples  cn-dules  d'en  fiure  au.ssi  un 
(lieu,  (pii  il  eut  ponil  d'autre  consécration 
(pi'uu  coiq)  do  foudr(!  (lue  ses  crimes  avai<!nl 
allin''  sur  lui,  el  qui  n  aurait  jamais  été  re- 
connu pour  dieu,  s'il  n'avait  jamais  été-  puni 
comme  scélérat.  (Test  encore  ce  feu  vengeur 
des  foi  faits  qui  embrasa  le  Capilole,  la  de- 
nu'ure  du  plus  grand  de  tous  les  dicMix  de 
Home,  et  (pii  n"(''pargiia  pas  non  plus  In 
lempKî  de  St'rapis,  le  plus  rc-nonniié  de  ccmix 
d'J'^gyple,  (pii  y  |i(;rit  aussi.  Pauvres  dieux, 
(pii  brûlent  comme  de  la  paille  !  Kl  (piel  se- 
cours peut-on  allcndrt;  d«!  pareilles  divini- 
tés, siellesiie  peuvenlse  sauveielles-mêmes? 
Les  plaisants  dieux  1  mais  commodes,  après 
tout,  en  ce  (pie  si  le  matin  ils  vieniK'iil  à 
brûler,  un  ouvrier  habile  en  peut  faire  d'au- 
tres pour  le  soir.  Ainsi,  [)Ourvu  que  la  pierre 
ou  le  bois  nenuuKpnml  [)oiiit,  oi  est  sûr  du 
moins  d'avoir  des  dieux  en  ([uantité.  Le  bon 
père  Bacchus  laissa  brûler  son  temple  h 
Athènes;  et  Miru'rve,  la  sage  Minerv^.,  ne 
put  garantir  le  sien  d'un  pareil  sort;  elle- 
même  y  f)érit  malgré  sou  égide.  La  jjauvre 
déesse  eût  bien  mieux  fait  de  ne  pas  (juitter 
son  premier  métier  de  (lieuse.  Mais  que  di- 
rons-nous du  grand  Apollon,  (]ui  comme 
devin  ne  put  prévoir,  ni  comme  clieu  empê- 
cher i'cunbrasement  (le  son  temple  de  Del- 
phos.  Disons-nons  que  ce  feu  do  la  colère 
divine  nest  pas  allumé  pour  les  justes,  la 
grâce  les  en  metàcouvert;  ousiquekrieiois 
ils  en  sont  fiapi)és.  ce  n'esl  que  pour  les  pu- 
rifier, au  lieu  qu'il  frappe  les  impies  pour  les 
perdre  :  ainsi  c'est  moins  un  feu  pour  les 
saints  qu'u-!o  lumière.  » 

Lors(iue  Philippe  haranguait  ainsi  le  peu- 
ple, l'on  vit  passer  le  giand  prêtre  Cata- 
phronius,  suivi  des  sacrificateurs  chargés  de 
plats  et  de  bassins  où  étaient  les  oilrandes 
et  les  viandes  qu'on  devait  mettre  devant  les 
dit'ux.  A  cette  vue,  Hermès  ne  put  s'empê- 
cher de  dire  à  ceux  qui  étaient  proche  de 
lui  :  «  Ah  I  mes  frères,  détournons  nos  re- 
gards de  dessus  ces  mets  abomi:  abhs  ;  ce 
festin  diabolique  ne  passe  ici  devant  nous 
que  pour  nous  souiller.  »  Saint  Philippe,  se 
tournant  vciS  son  diacre,  lui  dit  :  «  Que  la 
volonté  du  Seigneur  s'ac>.ompiisse.  »  Comme 
il  disait  cela,  Hassus  arriva,  accom{)agué 
d'une  multitude  prodigieuse  de  tout  âge  et 
de  tout  sexe.  Alors  le  peuple  se  mit  à  parler 
confusérae  i  à  son  ordinaire  sur  ce  q.ii  ss 
passait,  chacun  selon  son  génie  ou  sa  |)as- 
sion.  Les  uns  plaigna  ent  les  s^int»  martyrs, 
les  autres  s'emportaient  f.  rt  (  ontre  eux,  et 
s'échautt'ant  dans  leuis  raisonnements  poli- 
tiques, soutenaient  qu'on  les  devait  con- 
traindre par  toutes  sortes  do  moyens  à  sa- 
crifier auxdieux.  Les  Jaifs  surtout  se  signa- 
lèrent en  ceite  rencontre,  en  criant  plus  fort 

22 


rni 

que  ]os  p.iions  mAmos.  qu'il  f.illait  obliger  Ips 
cnrt^lien'^  ^  ^afrilior.  in.uipiaiit  assoz  par  là 
lewr  iiulinntioii  n.ifiirrllt^  à  TiilolAtrio;  et  vé- 
rifiatit  ce  que  le  Sai-if-V^j^ril  a  dit  psr  un 
< TO:  hMo  :  Ih  ont  sncripé  nnr  dnnnnx.  et 
vnii  â  Pieu.  Eulin  If  "40uvprnour  lui-rm^mo 
s'adrpssanl  îi  l'h'Iippe,  lui  dil  :"  Sarriiio/.  aux 
dieux.  —  Philifipe  :  Comment  voult'Z-vous 
nue,  moi  (|ui  suis  rhrt''lieii,  j»:'  puisse  adorer 
lies  piepres?  —  Bassu<»  :  Fh  bien  I  sacritifz 
aux  em[iereurs.  —  Philippe  :  Ma  religion 
m'enseigne  h  obf^ir  aux  [)rinres,  et  tio'i  M 
leur  saerilier.  —  Bassiis  :  Sacrifie/r  du  utoins 
h  la  Fortunf^  de  la  vill.»;  vous  ne  sauriez  vous 
en  dér-idr»'  :  qu'elle  est  belle? quelle  douce 
nifijesië  !  voyez  comme  par  des  minières  en- 
gageantes elle  vous  invite  h  lui  rendre  hom- 
ï,i,^%P  1  _  Philippe  :  Je  consens  que  vous 
i'adbriez.  puisqu'elle  vous  plait  si  fort  ;  pour 
moi,  quelque  linesse  de  l'art  qu'on  admire 
en  cette  statue,  ce  n'est  pour  moi  toujours 
qu'une  s'atue.  —  Bassus  :  Quoi  1  cet  Her- 
cule qui  a  la  mine  si  fière.  et  qui  par  cet  air 
menaçant  soriihle  vous  annoncer  votre  perle 
si  vous  lui  refusez  les  hoi.neurs  divins,  ne 
crnignez-vous  point  quel  jue  coup  fie  sa 
masque?  —  Philippe  :  Pauvres  aveugles, 
que  je  vous  plains!  le  soleil  de  la  vérité  ne 
se  lève  point  [)our  vous  :  marchant  dans  les 
tè!iùhres,  vous  prenez  la  créature  pour  le 
crf^ateur.  cl  un  homme  pour  un  dieu.  Vors 
n'auri"Z  point  de  Dif-u  -i  vous  ne  les  f.dsiez; 
l'or,  l'argent  et  le  cuivre  sont  jetés  dans  un 
moule  après  qu'on  les  a  tirés  des  entrailles 
de  la  terre  ;  on  en  fait  une  figure  assez  gros- 
sière d'ahord,  et  (|ui  a  besoin  d'être  retou- 
chée; l'ouvrier  la  [)rend  donc,  la  lime,  la 
polit,  et  la  Unit,  et  aussitôt  la  divinité  s'y 
tro  ive  h  point  nommé;  voilà  un  dieu  fait. 
Mais  combien  de  sacrilèges  et  de  déicides  ne 
commettez-vous  pas  chaque  jour;  savez- 
vous  que  lorsque  vous  mettez  au  fv.'U  un 
morceau  de  b  >is  |iour  faire  bouillir  votre 
mnrmite,  c'est  un  bras,  um^  jamli-,  ou  quel- 
quefois le  corps  entier  d'un  dieu  que  v(»us 
brft  ez.  Vous  me  direz  peut-être,  ce  mor- 
ceau de  bois  n'est  pas  un  dieu;  je  vous  ré- 
poid>  :  Il  le  pourrait  devenir;  empêcher  la 
production  d'un  Dieu,  ipiel  crime  !  de  plus, 
ne  m'avouerez-vous  pas  qu'un  Neptune  fait 
de  m  irbre  est  b  en  plus  considérable  (m'un 
Neptune  qui  n'est  quf»  de  bois;  et  que  l'i- 
voire, ipii  est  la  mal  ère  de  Jupiter  e-'t  hitni 
d'un  .mire  prix  que  la  [)ierre  communt^  dont 
cet  autre  est  taillé.  Vous  voyez  donc  que 
c'est  la  va'eurde  la  matière  q  li  iiiel  le  piix 
à  vos  dieux,  et  non  la  |.uissa  ice.  Kl  en  ef- 
fet, un  orfèvre  vetdra  bien  plus  cher  une  l'i- 
gur»'  de  Pan,  si  vous  voulez,  ou  de  Priape, 
qui  ne  sonl  que  des  dieux  du  second  ordre, 
n\  elle  est  tj'or,  qu'une  ligure  du  j^rand  Jupi- 
ter ou  lie  la  grande  Dia  it<,  qui  ne  sera  fpie 
d'argent.  Fa  lerre,  croyez-moi,  nous  four- 
nil des  méiaux  pour  nou<»  en  servir,  et  non 
pour  les  adorer.  A  ce  coiuple.  la  terre  est 
pour  vous  une  pépinière  abondante  do 
dieux.  » 

Ba^siM   ne   put   s'emp'^cher  d'admirep  le 
discours  éloauenl  et  hardi  do  Philippe.  Se 


nii 


684 


srntant  vaincu  par  ses  raisons,  mais  di.ssi- 
mulaiil,  il  se  tourna  vers  Hermès,  et  lui  dit 
d'un  Ion  que  la  colère  et  le  depil  animaient: 
«  El  loi,  ne  veux-lu  pas  sacrilier?  «'Hermès 
répondit  avec  autant  de  froideur  que  Bassus 
avait  marqué  d'emportement  :  «  Non  ,  je  ne 
saciili  rai  point,  je  suis  chrétien.  —  Bassus  : 
De  quelle  condition  es-tu?  —  Hermès  :  Je 
suis  décurion.  et  je  fais  profession  de  suivre 
en  tout  les  sentiments  do  mon  maître  que 
voilà.  —  Bassus  :  Si  donc  ce  maîl.e  sacri- 
Qe ,  t'i  sacrifieras  aussi.  —  Hermès  :  Je  ne 
dis  pas  cela;  mais  jm  suis  siU  qu'il  ne  sacri- 
fiera pas.  Je  connais  sa  vertu  el  sa  fermeté  , 
et  j'en  réponds  comme  fie  la  mienne.  — 
Ba«sus  :  Je  l'avertis  que  je  te  ferai  brOler 
tout  vif,  si  tu  persévères  dans  ta  fohe.  — 
Hermès  :  Vous  me  menacez  d'un  feu  qui  est 
presque  aussitôt  éteint  qu'allumé;  mais  vous 
ignorez  quelle  est  l'ardeur  et  la  violence  de 
ce  feu  éternel  qui  brûlera  sans  relâche  les 
disci[)les  du  dial)le.  —  Bassus  :  Sacrifie  aux 
très-religieux  empereurs  ,  et  dis  seulement 
ces  paroles  :  C'est  pour  la  santé  de  nos  prin- 
ces que  j'offre  ce  sacrifice. — Hermès  :  Cela 
ne  se  peut  ;  h.Uons-nous  d'arriver  à  la  vie. 
—  Bas.sus  :  Si  tu  veux  la  trouver  cette  vie  , 
il  faut  le  ré>oudre  à  sacrifier;  sinon  des  sup- 
plices ,  la  mort. —Hermès  :  Juge  impie  ,  il 
n'ist  pas  en  ton  pouvoT  de  nous  y  fair  •  con- 
sentir ;  veux-tu  savoir  ce  que  tu  gagneras 
avec  tes  menaces.'  elles  ne  serviront  qu'à 
fortifier  noire  foi,  sans  qu'elles  augmenlent 
notre  crainte.  »  Bassus  les  envoya  eu  prison. 
Couime  on  les  y  conduisait,  le  peuple  inso- 
lent faisait  mille  insultes  à  saint  Philippe  , 
on  lui  jetait  des  pierres,  ou  le  [>oussait  dans 
la  boue  (  connue  si  Dieu  o'eOi  pas  voulu 
qu'il  fiU  un  moment  sans  soulfrir,  Min  qu'il 
ne  fût  pas  un  moment  sans  mériter).  Le  saint 
se  relevait  paisiblement,  et  sans  marquer 
le  moi  iilre  ressenliment  d'un  Iraitement  si 
oulrageux  ,  il  regardait  en  riant  ceux  (pii 
le  traitaient  si  injurieusement.  Une  si  grande 
mod -ration  causait  de  la  surprise  lout  en- 
semble et  de  l'admiration  à  ces  brutaux  et  à 
tous  ceux  qui  en  élaitnit  léiuoins.  Cepen- 
dant les  inartyis,  eu  ehanlanl  des  hymnes 
et  des  cantiques  d'actions  de  grâces  au  Sei- 
gneur pour  le  remercier  de  la  force  el  du 
courage  (pi'il  leur  donnait ,  entrèrent  dans 
la  prison.  Y  ayant  demeuré  quehpies  jours  , 
Dieu  voulant  accorder  quelque  soulagement 
à  ses  se  viieurs,  inspira  au  gouverneur  de 
les  changer  de  prison  ;  on  les  mit  donc  dans 
le  logis  d(>  Pancrpce,  qui  touchait  aux  pri- 
son.s  ordinaiies;  ils  y  aN  aient  la  I  berlé  d'y 
rocevoir  les  frères,  oui  y  accouraient  en 
foule  pour  entendre  de  la  bouche  de  leur 
pa-tenr  la  |)arele  divine,  et  ère    instruits 

riar  lui  des  luys  ères  el  des  préceptes  de  la 
ni.  Mais  le  diable,  s'apenevaiil  du  tort  (pio 
c<da  lui  faisait ,  lit  si  bien  par  de  mauvais 
biuits  (pi'il  fit  semer  el  venir  aux  oreilles  de 
Bassus,  (j  .'il  y  eut  onlre  de  les  remettre  dans 
I  ur  pri'iiiière  pris«)n.  Ils  no  laissèrent  f)as 
d'y  faire  encore  les  affires  de  h  religion;  le 
lieu  élail  voisin  du  IhiAtre,  et  la  chainbie 
où  ils  étaient  avait  une  secrète  issue  sur 


(IRK 


IMII 


Mil 


6M 


lo  tli(V'^fro  inAmn.  Ils  y  vouaionl  dur/ml  In 
mi  I  ,  ("I  \U  V  l'iMMivaii'il  les  l'ulrlcs  ,  (|iii  s'y 
rcliiLuciil  (1(1  liiiis  ci^h'vs  hwa:  iiii  sai'il  cm- 
prt'ssdiiH'Mt;  toiiic  1.1  iiuil  so  pas  ail  h  s'cn- 
trolciiii-  (le  i>i(Mi  cl  des  clinscs  (l<i  s  \liil,  cl  h 
se  (limier  (les  (('iiioirf  im^cs  iiuiliirls  d'iiiio 
clianM)  vi'.'iiinciil  (■lii'('>li(Miiic.  Ils  (l(Mii(Mii-niciit 
111(^1110  loiifAleiiiMs  allaclK's  aii\  |iic(|s  dcsaiil 
IMiilippe  cil  prciiaiil  (•()'i;:;('«  do  lui ,  les  lui 
haisa'il  avec  res|»(»el,  p(M'suad(Vs  dii  si  ^çniiid(i 
saiilcU^  cl  du  ciH'dit  ([u'ollo  lui  douuail  au- 
j)r(is  d(î  Diou. 

Sur  cos  eilrotaitos,  on  doinie  un  succes- 
seur h   Hassus.  l'e  l'iil  Justin,  Iioiuukî    d'un 
lr(''s-in.'\uvais  caracli^re  ,   et  (pii   n'avail   [las 
plus  d(^  n>li:j;i()n  (pie  (rhiiniaMil('î.  ('e  (•hanj;e- 
me'it    l'ul   ti-(\s-|ii'i\juilicial)Ie   au\  (•hr(''lieiis  , 
car  Bassiis  les  traii.iil  assez  douceineiil;  il  se 
reudail  i\  la  raison  (piaiid  o'i   la   lui  faisait 
cmnailre;  outre  (pici  SI  reiuiiu^,   (pii  s(!rvait 
Dieu  cil  s(M'rel,  contrihiail  hoaiK^o  ip  .^  Te  i- 
trel(Miir  dans  colli»  m  idéralio'i.  Aussil(^l  (pie 
Justin  eut  pris  possession  du  son  ^ouveriie- 
UKMt,  il  coiunianda  <i  Z)ilo,  nia,-:;islrat  do  la 
ville  d'il  'ivu'l(W%  de  prendre  des  sol  lais  ,  et 
de  lui  amener  sainl  Fliilip[)o.   Lorsi^ue  le 
saint  fui  au  pied  du  Irihuiial,  le  gouver'ieiir 
lui  dit  :  «  Elos-vous  1  évciipie  des  (^hrélions '? 
—  Philippe  :  Oui,  je  lo  sus,  et  je  ne  pré- 
tends |ionl    le   nier.  —  Justin  :  L(>s   ein[)e- 
reurs,  les  seigneurs  et  les  luailres  du  nioiule, 
nous  ont  failYhoîuieur  d»  nous  commaii  lop 
d'e\^a^.;er  par  toulos  sortes  ûi".  inoycis  tous 
ceux  (|ui  font  pri)fession  du  clirislia  iisme  à 
saiM-iliiM",  et   miiuie   do   les  y  contraindre  à 
force  de  toiirmonts,  si  de  leur  bon  gré  ils  ne 
ve  lient  pas  s'aciiuilter  de  co devoir.  Mettez- 
vous  donc  en  i^lat  d'obéir,  et  lAciiez  d'éviter 
à  votre  Age  des  supplices  que  la  jeinesse  la 
plus  vigoureuse  aurait  peine  à  soutenir.  — 
Philip  >e  :  Si  vous  croyez  être  tenu  d'obéir 
aux  ordres  (jue  vous  recevez  do  vos  empe- 
reurs, qui  ne  sont  (]uo  des  hommes  comme 
vous,  quoique  la  peine  attachée  à  l'inexécu- 
tion de  ces  ordres  ne  soit  que  temporelle, 
avec  quelle  exactitude,   avec  quelle  ponc- 
tualité religieuse  ne  (iovo;is-nous  pas,  nous 
autres,  obéir  aux  comm  mdements  de  Dieu  , 
qui,  en  cas  de  désobéissance,  nous  menace 
d'une  peine  éternelle?  Quoi  qu'il  en  soit,  je 
su's  chrétien  ,  je  ne  puis  faire  ce  que  vous 
dites;  au  reste,  vous  avez  ordre  de  punir,  et 
non  pas  de  contraindre.  —Justin  :  Vous  ne 
savez   peut-être  pas  quels  tourments  vous 
attendent  ?  —  Philipjje  :  Il  y  a  bien  loin  entre 
tourmenter  et  vaincre  :  le  premier  peut  vous 
être  permis,  mais  n'espéi-ezjamais  le  second. 
—  Justii  :  Je  te  vais  faire  tr.iîner   par   les 
pieds  le  long  des  rues,  et  si  tu  en  échappes, 
je  te  ferai  ramener  en  prison,  pour  t'ex,)Oser 
à  de  nouveaux  supjilices.  —  Philippe  :  Plût 
à  Dieu  que  vous  en  voulussiez  venir  promp- 
tement  aux  elfetsl  »  Dans  le  moment  Justin 
lui  tit  attacher  une  corde  aux  pieds,  et  deux 
hommes  le  traiuèrent  si  rudement ,  que  les 
pointes  et  les  inégalités  du  pavé  lui  enta- 
maient toute  la  chair;  son  corps  en  un  ins- 
tant ne  fut  plus  que  plaies,  que  contusions, 


mciirlriMsuros   livides  »>t  «niiKlnntn"!,  Vu  col 
('l.il,  on  le  iMiiporla  d.ins  la  |iriH<in. 

Mais  peu  do  temps  apri'-s,  i ommc  une  in- 
liniléde  gens  élaioni,  par  ordre  du  K'mvor- 

iiciir,  h  1,1  «pi/^le  de    SéviTc,  dont   ils  tlP  JiOU- 

v. lient  loiilelois  déciuvnr  la  relrnlc,  co  g»^_ 
néroiix  pr(>lre,  par  un  mouvement  du  Sainl- 
Ksprit  ,  so  iiiontia  font  h  coup,  <•(  lojr 
sauva  la  pinno  do  lo  cIum'cIkm-  oncoro  loriK- 
loiims,  cl  poul-<^tro  inulilomcnl.  I-U  aurait-il 
voulu  (leiiii'u  (!r  caché  ,  lorsqu'il  se  voyait 
«pp(!l('!  h  la  gloire  du  martyre'/  Il  se  pn'sciila 
d(uic  à  Justin.  iU>  gouvernoiir,  ravi  i!o  l'avoir 
on  sa  puissance,  lui  dit  :  «  L'oxcmplc  de  volro 
(1  iclcur  doit  vous  rendre  sage;  il  s'est  ()ar  sa 
pure  fuite  mis  on  l'étal  oi^i  vous  lo  verrez. 
Prene/  un  meilleur  [larti  ,  et  obéissez  aux 
princes.  Ponr.pioi  liair  la  vie,  c'est  une 
chose  si  aimable  ;  et  (Kuinpioi  rejeter  les 
biens  de  ce  luo  nie,  ils  ont ,  ce  me  semble  , 
tant  do  charmes '/ No  mérilont-ils  pas  bi(Mi , 
après  tout,  (]u'on  les  recherche?  —  Sévère  : 
j.es  maximes  (pi'on  m'a  af)prisos  sont  bien 
d  Iférentes  des  viMres,  je  ne  puis  m'en  éloi- 
gner. —  Justin  :  Ji;  vous  donne  du  temps 
pour  b.ilanc-er  dans  votre  esprit  les  unes  et 
les  aiitr.s  Pesez  bien  les  raisons  poiir  et 
contre.  Cependant  vous  serez  prisonnier.  » 
On  produisit  ensuite  II  'rmès.  Justin  lui  dit  : 
«  Vous  serez  dans  peu  témoin  de  ce<pril  en 
coûte  h  ceux  (}ui  im'îprisent  les  ordonnances 
des  empereurs.  Si  vous  m'en  croyez  ,  vous 
vous  tirerez  pru  lemment  d'alfaire;  ne  vous 
piquez  point  du  ridicule  honneur  de  faire 
comme  eux,  et  encoie  moins  de  souffrir  ce 
qu'ils  ont  souffert  :  songez  à  vous,  songez  à 
votre  propre  conservation  ,  songez  à  votre 
famille;  en  un  mot ,  qui  veut  être  mal  eu- 
reux  le  so;t,  je  ne  vous  conseille  pas  de  le 
devtmir  par  complaisance  ou  par  émulation; 
sacrifiez  aux  dieux.  —  Hermès  :  Vous  aurez 
de  la  peine  à  gagner  cela  sur  moi  ;jesui>  né 
dans  la  religion  que  je  profosse,  je  l'ai  sucée 
avec  le  lait,  j'y  ai  été  nourri  ,  et  le  saint 
homme  dont  vous  venez  de  parler  m'y  a 
élevé.  Comment  pourrais-je  maintenant  y 
renoncer?  quel  motif  assez  fort  pourrais-je 
avoir  de  l'abandonner?  Ainsi,  seigneur  gou- 
verneur, vous  n'avez  qu'à  prendre  vos  me- 
sures sur  la  déclaration  que  je  vous  fais.  — 
Justin  :  Je  vois  assez  ce  qui  le  donne  cette 
assurance  ;  tu  ignores  quels  tourments  je  te 
destine,  mais  sitôt  que  tu  les  auras  un  peu 
goûtés,  tu  changeras  bien  de  langage.  — 
Hermès  :  Quelque  affreuse  idée  que  vous 
voudriez  que  je  m'en  fisse,  je  ne  les  crains 
point  ;  Jésus-Christ,  pour  l'amour  duquel  je 
suis  [irôt  à  les  endurer,  enverra  ses  anges 
pour  en  tera[)érer  la  rigueur.  » 

Justin  le  voyant  si  ferme  à  toutes  ses  at- 
taques,  l'envoya  en  prison  avec  les  autres. 
Ils  n'y  eurent  pas  été  deux  jours,  que  le, 
gouverneur,  s'a  loucissant  tout  h  coup,  les  fit 
relAcher  et  conduire  dans  un  logis  bourgeois. 
Mais  celte  humeur  ne  lui  dura  pas  lon^ 
temps  ,  et  le  diable  lui  fit  bient(:»t  reprendrtf^ 
son  premier  naturel;  car  il  ordonra  qu'où 
les  remit  en  prison ,  oii  il  les  retint  sept 


r«7 


PIM 


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6518 


mois  rnlitTs.  Klant  ail»''  à  Andiinople,  il  les 
y  lit  venir.  Lorsiprils  sortirent  M'HiT.icItV^. 
tous  les  frères  parurent  incnnsolnhles  ,  se 
Toyanl  sur  le  |>oinl  de  perdre  |>our  toujours 
leur  eher  maître,  leur  s.nint  pasteur.  Ainsi 
que  des  entants  qu'on  arrache  h  la  mamelle 
de  leurs  nourriees  |)leure'it  et  crient ,  de 
int'^me  les  clirt'tiens  d  Hérarl(^e,  voyant  (pi'on 
leur  enlevait  relui  ([ui  leur  rom[(ail  le  pain 
rélesle,  qui  distribuait  h  chacun  la  nourri- 
ture salutaire  de  la  parole,  poussent  des  cris 
et  répandent  des  larnu's.  Les  martyrs  étant 
nrrivés  à  Andrinople,  on  I  s  lit  logor  dans 
une  maison  du  faultourg .  chez  \hi  nommé 
Semnorius.  jusqu'au  retour  liu  gouverneur. 
Dès  le  lendemain  de  son  arrivée,  il  lit  dres- 
ser son  Irihunal  dans  les  bains  publics,  et 
anu'ntT  l'hilippe  en  sa  présence.  Il  lui  dit  : 
«  Dans  quels  sentiments  éles-vous  mainte- 
nant? Car,  afin  que  vous  le  sachiez,  jn  ne 
vous  ai  accoriié  ce  long  délai  que  pour  vous 
donner  le  temps  d'en  changer  et  d'en  p.rendre 
de  pins  conformes  h  la  raison  et  à  vos  pro- 
jircs  intérêts-,  sacrifiez  donc,  si  vous  vouiez 
obtenir  votre  liberté.  — Philippe  :  La  prison 
n'a  été'  pournous  qu'un  triste  séjour  et  (fu'un 
continuel  supplice  ,  et  vous  nous  faites  va- 
loir comme  une  grâce  de  nous  y  avoir  fait 
languir  sept  mois.  Oh  bien  !  je  vous  déclare 
que  je  n'ai  tou.iours  que  la  même  chose  à 
vous  dire  :  je  suis  chrétien,  je  ne  sacrifierai 
jxdnt  h  vos  idoles;  j'adore  le  Dieu  éternel, 
je  ne  sacrifie  qu'à  lui  s»'ul.  »  Le  gouv  rneur, 
irrité  de  cette  réponse  ,  le  iil  cruellement 
fouet'er.  La  (Ons'ance  avec  laquelle  le  saint 
endura  ce  sup|ilice  ne  causa  pas  moins  de 
frayeur  à  ceux  qui  en  éiaierl  les  exécuteurs, 
qi.é  <radmir:  lion  l\  ceux  (jui  m'(  n  él.ient 
que  les  simples  spectateurs.  Mais  les  uns  et 
les  autr  s  furent  également  surpris  el  épou- 
v.iulés  d'une  chose  mira 'uleuse  «nii  arriva. 
On  avait  commencé  à  le  dépouiller,  el  o\ 
lui  (Ma  facilen)cnl  sa  robe  et  sa  tunicjue  ; 
mai>;  lorS'pr'on  voubd  lui  ôter  au-'Si  sa  che- 
mise, r.uiiour  de  riioinièleié  (pie  Dieu  re- 
ci.nut  dans  son  servUeirr  l'obligea  }\  faiie 
un  mira>  h'  en  faveiu-  de  celle  vertu  ;  car  on 
ne  put  jamais  lui  a^r.n  lierde  sa  ch  inisi' (pie 
ce  qui  lui  »  ouvrait  hs  épaules,  le  re^te  dc- 
meuranl  comme  collé  sur  son  dos.  Justin  en 
lui  même  tbi  aillé,  m.ds  il  n'en  fut  pas  .liang .•. 
Il  leivova  le  saml  évé  pie  en  priNO  i,  et  lit 
venir  Kcrmè-*.  (]e  diace  tionva  les  esprits 
di.s|)Ohcs  a  son  é^ard  dune  manière  bien  dif- 
foreiite.  Le  gouverneur  lui  faisait  de  grandes 
menaces.  •  I  ne  se  souciail  pas  de  le  | cidre; 
cl  au  co  ilrair-  •  tous  les  «iilr  es  olllciei  s.  cpii  le 
vouhdcnl  sauver,  n'employaient  (jue  |)rié- 
rcs,  exhortations,  f>ries  pers  a>ion,s  poirr  le 
porter  h  t>Léir  aux  cm  ereurs.  Cv  <pii  les 
enQa)$eail  à  avoir  pour  lui  ces  sentimenis, 
élail  ta  reconnaissance.  Il  a» ait  éli'  autrefois 
haus  la  m«tjislialure;  ei  (omm»'  il  était  na- 
îl'relli'iuent  b.eiilnisanl,  il  avait  obIiv<é  tous 
«  fiux  q.iil  avait  pu  dans  l'cxeicicc  de  sa 
charge.  C'e^l  ce  qoi  inlérossail  lanl  de  per- 
sonnes Jl  sa  coiiSiTvatiou.  Mais  lui  ne  se  sen- 
Inrl  pas  plu--  innu  par  les  menaces  du  gouver- 
n.  ur  nu  il  ne  ic  trouvait  sen."»il»lc  à  la  crarnbî 


de  ses  amis  ;  et  conservant  une  froide  indif- 
f(''rence,  il  rentra  dans  la  prison  sans  chan- 
ger ni  de  sentiments  ni  de  visage. 

Ces  lieux  où  la  joie  n'avait  osé  entrer 
jusqu'alors  s'en  trouvaient  tout  rem[)lis.  Nus 
saints  m-\rtyrs  célébraient  leur  vicloire , 
ou  plutôt  celle  de  Jésus-Christ,  et  lui  éle- 
vaient de  gloiieux  trophées  des  dépouilles 
de  son  enruMui  vaincu.  Ils  sentaient  à  celle 
vue  renaiire  en  eux  de  nouvelles  forces; 
iusquc-U'i  qu'il  ne  restait  pas  même  au  bien- 
heureux l'Iiilippe,  (pu  avait  toujours  été 
d'une  com|ilexion  assez  délicate,  le  moindre 
ressentiment  de  douleur  de  lanl  de  tour- 
ments qu'il  avait  éprouvés. 

Au  bout  de  trois  jours  ,  Justin  ,  séant  en 
son  tribunal  ordinaire,  commanda  qu'on  lui 
amenât  les  prisonniers.  Lorsqu'ils  furent 
entrés,  le  gouverneur  dit  à  Philippe:  «  Com- 
ment avez-vous  la  témérité  de  refuser,  môme 
au  péril  de  votre  vie,  de  vous  soumettre  aux 
ordres  des  empereurs?  »  Philippe  répondit  : 
«  Vous  m'accusez  à  tort  de  témérité,  un  mou- 
vement jtlus  noble  me  fait  agir,  l'amour  el 
la  crainte  du  Dieu  qui  a  fait  toutes  choses, 
el  qui  doit  un  jour  juger  tous  les  hommes. 
Ce  serait  [tour  lors  que  l'on  devrait  m'appe- 
lerun  téméraire,  si  j'entreprenais  de  con- 
trevenir aux  ordres  de  ce  Roi  tout-puissant. 
A  l'égard  de  vos  empereurs,  ils  n'ont  pas 
dans  tout  leur  empire  un  sujet  plus  obéis- 
sant ni  plus  soumis  que  moi,  lorsqu'ils  n'or- 
domicnt  que  des  cho-es  justes.  C'est  une  des 
maximes  d  ■  la  religion  dont  je  fais  profes- 
sion, ([u'il  f;uit  rendre  à  César  ce  qui  appar- 
tient à  l-ésar,  de  la  même  manière  (pi'il  faut 
rendre  h  Dieu  ce  qui  «iipariient  h  Dicu.  Je 
n'ùi  rien  cà  m<.'  re[)rociier  jusqu'ici  tnuchant 
ce  CMmiiwindemeiit .  j'y  ai  sati.^fail  r.vec  une 
exacte  tiuélilé;  mais  enfin  il  esl  temps  que 
m'élevanl  aii-dessus  de  tout  ce  (]ui  est  ter- 
reslie,  j'"  porte  toutes  mes  pensées  vers  le 
ciel.  Je  vous  répète  donc  encore  ce  que  je 
vous  ai  (h'.ià  dit  taMd  ■  \''\s  :je  sui-^  chn'tien, 
je  ne  puis  sacrifier-  h  vos  dieux.  »  Justin  ne  lui 
répondit  rien  ;  mas  se  Icunanl  vers  11  rmès, 
il  lui  dit  :  «  Si  la  viiiiles>e  a  (Mé  h  celui-ci  le 
goiU  des  biem  du  iiionue ,  pour  v»us  qui 
êtes  eiic(»re  dans  la  tleur  de  voire  Ap'e.  gar- 
dez-vous d'y  rei  oncer,  mais  saciiliez  rux 
tlieiix,  alin  ipie  toutes  choses  vou>  devien- 
neiil  prospères.  »  H, 'rmès  II. i  répondit  ainsi  : 
«  Penne;le/-moi.  seigneur,  de  vous  exposer 
»>n  peu  de  paroles,  il  de  faire  comprendre  h 
tous  ceux  qui  m'écoutcnl  In  vanité,  le  ridi- 
cule ei  lefad)ledi>  votre  religion.  I>"iu'i  vient 
(pie  l'erreur  ne  (  herclie  (pi'i^  ol)>(  urcir  la  vé- 
rité, que  In  calomu.e  s'ailache  si  fort  h  noir- 
cir riruiocence.  et  que  Ih  nime  met  tout 
son  es;  ril  a  détruire  son  sembl.iLde?  D'où 
pensez-vous,  dis-j(»,  qu'un  si  grand  dés(»rdre 
s'est  ri''|»andii  da»s  la  natur'e?  Comment 
«;'est-il  i:ilro'Juii  dans  le  mo;de ,  sinon  par 
linsligalion  du  démon  ,  par  ses  arlitices, 
par  sa  malice  ?  Il  a  mis  tou"*  s(*<i  soins  h  g.lter 
et  .^  corrorn|ire  rouviage  de  Lieu,  el  à  clian- 
ger  l'ordre  qu'il  avait  établi.  Il  a  substituée 
la  place  du  véritable  Dieu  les  faux  dieux  que 
\ouj  adorez;  Us  sont  tous  de  son  invention. 


689 


nn 


i'iil 


600 


Mais  en  vous  |if(i|Misjifil  ce  en. le  iiiipir  ,  il 
un  ii(vss(Mii  (|u('  (l(ï  v<ius  r(Mi(ii(«  si-s  csrlavtvs, 
(le  vous  nssiijcllir  h  s(tii  t'iii|iin(;  cos  s/icri- 
lici's  (jiH!  vous  ollVcz  soiil  aiihiiil  (rciiK/iKc- 
iiiciils  (|un  vous  roulraclc/.  avec  lui,  ce  sonl 
autant  de  iuai(|iu's  d'unie  lioiiicuso  t'I  |)(''ui- 
l»lo  scrvilutl»'.  SniilVic/  i|iic  je  vous  couii'an', 
dans  r»^;;ai('ni('ut  d(|ilniiililf  où  jo  vous  vois, 
à  (les  clicvauv  fiiu^^urux  i|ui,  ajaul  secoue''  lo 
mors  cl  u'ol)('is>aul  plus  à  la  voix  ni  à  la 
uuiiu  du  cocluT,  >(î  vont  jclrr  dans  um  prc- 
<ij)icc;  c'csl  ainsi  tiiu'  rcjclaul  la  paroU^  de 
Diou  ,  hxph'llo  csl  uu  IVciu  des  passions; 
qno  nicpiisanl  sa  voix  ol  (jiK*  ne  rcconnais- 
snul  plus  la  main  de  ce  sa^e  conduclcur, 
vous  alhv.  toudtani  dcî  précipice  en  précipice, 
do  criuu's  eu  crimes  ,  de  malheurs  l'U  mal- 
hours.  ('/est  un  arriM  prononcé  de  la  houcho 
d(>  Dieu  nuMue  ,  (|ue  rnd';unie  sera  la  peine 
des  méclianls  et  la  i;loiie,  la  récompe  ise  dos 
gens  ilt>  hien.  Revenons  h  vos  dieux.  Tel  h 
(pii  vous  aile/-  porter  vos  olliamhvs  cl  ollrir 
vos  vuMix  n'est  peul-élr(>  (|ue  le  reste  d'une 
bùclie  cpi'on  a  retirée  du  leu,  un  tison  tioirci 
par  un  de  ses  bouts,  (pie  lo  scul|)teur  a  sauvé 
des  llannnes  pour  vous  on  l'aire  un  dieu.  Lo 
démon  lui-même, (|u'osl-co  aulic  chose  qu'un 
tison  (pii  brille  toujours  sans  pouvoir  étro 
consumé  ?  Quel  est  donc  l'objet  de  vos  aii- 
mirations  ?  un  morceau  de  bois  tiré  du  feu, 
un  esprit  qui  brille  coutinuiMleinent  dans  un 
feu  qui  ne  s'éteindra  jamais.  Craignez  d'a- 
voir un  sort  pareil  à  celui  do  vos  dieux. 
Lorsque  je  vous  vois  daui  quelques-unes  de 
vos  cérémonies  avec  dos  habits  sales  et  dé- 
chirés ,  le  corps  couvert  de  crasse  et  d'or- 
dure,  les  cheveux  môiés  et  en  désordre; 
quand  je  vous  considère  ,  dis-je ,  en  cet  état 
dans  vos  temi'l'S  ^^  au[)rés  dos  tombeaux,  je 
m'écrie  que  vous  exécutez  par  avance  sur 
vous-mômes  la  sentence  que  le  souverain 
juge  prononcera  au  dernier  jour  co'itre  votre 
im|)iété.  Honorez-vous  vos  dieux  ou  pleurez- 
vous  leur  infortune  ?  Mais  no  sentez-vous 
point  la  pesanteur  de  vos  chaînes,  et  ne  fai- 
tes-vous point  d'elfort  pour  recouvrer  votre 
liberté  ?  Votre  aveuglement  est-il  si  grand 
qu'il  ue  vous  laisse  t)as  du  moins  entrevoir 
votre  libérateur.  Le  chien  ,  conduit  par  son 
odorat,  se  met  sur  les  voies  de  son  maître  et 
le  trouve  :  l'écuyer,  que  son  cheval  a  jeté 
hors  des  arçons  ,  d'un  coup  de  siillet  le  fait 
revenir  à  lui  du  bout  de  la  carrière  oiî  sa 
fougue  l'avait  emporté  :  le  bœuf  retourne  à 
la  crèche  du  laboureur  qui  le  nourrit ,  et 
l'Ane  reconnaît  l'étable  de  celui  à  qui  il  ap- 
partient :  n'y  aurait-il  que  toi ,  ô  Israël ,  qui 
ne  reconnaîtras  jamais  ton  Seigneur  et  ton 
Dieu?  »  A  cette  exclamation  d'Hermès  ,  Jus- 
tin l'interrompit  en  s'éoriant  :  «  Ne  crois  pas 
m  engager  par  tes  beaux  discours  h  me  faire 
chrétien,  y^  Hermès  répondit  :  «  Plût  à  Dieu 
que  vous  le  fussiez  ,  seigneur,  vous  et  tous 
ceux  qui  m'entendent;  mais  enfin  n'espérez 
pas  que  je  sacrifu!  jama  s  <à  vos  dieux.  »  Le 
gouverneur,  confus  do  s.;  voir  vaincu  par  la 
longue  et  généreuse  résistance  des  martyrs, 
ayant  pris  l'avis  de  son  conseil ,  prononça 
cette  senteuce  ;  «  Nous  coudamnous  Philippe 


et  Hermès  ?ièlre  hrOlés  tout  vifs,  pfiiir  avoir 
relus('  ij'obéir  h  l'édil  de  l'empiMi-ur.  Kl, 
pour  cel  elfei,  nous  les  avons  dé^radi's  <le  l/i 
(|ualil('!  de  eiloyens  l'omaiiis,  lex  décluranl 
(Ii'tIius  des  prérogatives  allaciiées  h  (  elhi 
(pialit(''.  l'.t  nous  voulons  que  chai  un  ap- 
|)ie'Ui(  ,  par  cel  acte  de  sévérité  ,  de  (piel 
crime  sont  coupables  ceux  qui  osent  mépri- 
ser I  s  ordres  sacrés  des  empereurs  «  Les 
s.iinls  entendirent  avec  joie  prononcer  c  ello 
snitence  ,  et  ils  marchèrent  vis  le  bdclier 
en  rendant  gr;1cos  à  l)it;u  dercrpi'il  les  avait 
choisis  comme  les  prémices  do  son  tnju- 
peau,  pour  lui  être  olferts  en  sacrilice. 

Cependanl  lo  l)ienheureux  Sévère,  rcslô 
seul  dans  la  prison  ,  sr.  ccuisidéi-ait  commr> 
un  navire  sans  |)ilole,  abandonné  .'i  la  merci 
des  vents  et  des  vagues,  ou  comme  une  bre- 
bis sans  pasteur  exposée  dans  le  dés(n't  h  la 
fiiriMir  dos  loups,  'roulefois  ,  paiini  ces  in- 
(piii'tudes,  il  tic  laissa  pas  de  ressonlir  une- 
joie  extraordinaire,  lorsqu'il  ap|trit  (jue  s(!.s 
(bnix  amis  ail  tio'  t  lecovoir  la  ouronne  da 
niartvre,  pour  la(pioll  *  il  faisait  des  vc^ux  si 
ardeiil-s.  Alors,  se  jetant  h  genoux,  il  se  mit 
h  prier,  entrecoupant  sa  [)rière  de  longs  et 
do profoids gémissements.  «Soigneur,  disait- 
il,  dont  la  bonté  est  un  jjorl  toujours  ouvert 
aux  Ames  surprises  par  l'orage  ;  vous  qui  êtes, 
l'unique  es|)érance  des  hommes,  vous  doiiL 
les  malados  attendent  la  santé,  et  les  mal- 
heureux du  soulagement  dans  leurs  peines  ;. 
vous  qui  êtes  la  lumière  dos  aveugles,  un: 
doux  rafraîchissement  à  ceux  (]ui  soutirent,, 
et  en  qui  ceux  (pii  sont  fatigués  trouvent  uu 
repos  tranquille  :  grand  Dieu  !  qui  avez  af- 
fermi la  terre  sur  ses  fondements  ;  qui  assi- 
gnez h  chaque  élémen.  la  place  qu'il  doit  oc- 
cuper dans  ('univers,  et  (|ui  d'une  seule  pa- 
role avez  achevé  ces  merveilleux  ouvrages, 
ces  corps  immenses  qui  roulent  sur  nos  tètes; 
vous  (jui  avez  préservé  Noé  des  eaux  du 
déluge  ;  qui  avez  substitué  un  bélier  à  la 
place  d'Isaac  ;  qui  avez  bien  voulu  que  Ja- 
cob éprouvât  ses  forces  contre  vous;  qui 
avez  sauvé  Loth  des  feux  de  Sodorae  ;  qai 
avez  conversé  familièrement  avec  Moïse  ; 
qui  avez  fait  de  Jo^ué  un  chef  également 
sage  et  vaillant  ;  qui  êtes  descendu  avec 
Joseph  dans  la  prison  ;  qui  avez  tiré  votre 
peuple  de  l'Egypte,  pour  le  mettre  en  pos- 
session de  1:1  terre  que  vous  lui  avi^z  pro- 
mise ;  qui  avez  défendu  aux  flammes  de  la 
fournaise  de  Babylone  de  toucher  aux  trois 
jeu-nes  Hébreux  :  qui  avez  fermé  la  boucha 
aux  lions  prêts  à  dévorer  Daniel  ;  qui  avez 
fait  trouver  à  Jonas  une  retraite  assurée- 
dans  le  ventre  d'une  baleine;  qui  avez  pris 
la  défense  de  l'innocente  Susanne  contre  la 
calomnie  et  l'injuste  violence  de  deux  mau- 
vais juges  ;  qui  avez  fortiiié  le  bras  do  Ju- 
dith ;  qui  avez  récompoiisé  la  piété  d'Esthei- 
du  premier  trône  du  monde  ;  qui  avez  pré- 
cipité le  cruel  Aman  dans  un  abîme  d'igno- 
minie ;  vous  qui  nous  avez  fait  passer  des 
ténèbres  à  la  lumière  ;  Père  saint.  Père  mi- 
séricordieux. Père  de  Notre-Seigneur  Jésus- 
Clirist,  qui  m'avez  donné  le  signe  de  !a  croix 
comme  un  gage  de  mou  salut  i  Seigneur, 


aM 


PHI 


que  je  ne  sois  pas  trouvé  indigne  devant 
vos  yeux  de  mourir  pour  vous;  que  je  no 
sois  n.TS  |)riv(^  du  bo  ilieur  dont  vont  jouir 
mes  rrères;  que  je  p.irtago  avec  eux  les  ré- 
compenses que  vous  leur  prennrez  ;  que  je 
sois  uni  aveo  eu\  dons  la  gloire,  npnis  l'a- 
voir été  dans  les  supplices,  et  que  je  puisse 
louer  avec  eux  votre  nom  dans  le  ciel,  après 
l'avoir  ave»'  eux  confessé  s  ir  la  terre.  » 

Dieu  exau'.'a  la  prière  de  son  st-rvileur. 
Cependmt  on  portait  Pli  lippe  au  lieu  où  il 
di'vaif  être  brillé,  renlluro  de  ses  pieds  ne 
lui  periueltanl  pis  d;j  l'aire  ce  chemin  d'une 
autre  manière.  Hermès  le  suivait  de  loin  et 
avec  peine,  ayant  aussi  bien  qie  lui  l'.'S 
pieds  extrêmement  entlés  oar  les  divers  tour- 
mtmts  qu'il  avait  endurés.  Toute'ois  ce  gé- 
néreux (liacre,  s'élevaiit  au-dessus  de  la  dou- 
leur, disait  agréablement  h  PlMlip[)e  :  «  Mon 
cher  maître,  h;Uons-nous  d'aller  au  Seigneur: 
quand  nous  serons  une  fois  arrivés  .iu  ciel, 
nos  pieds  ne  nous  seront  plus  nécessair  s.» 
Se  tournant  ensuite  vers  ceux  qui  le  sui- 
vaient, il  leur  dit  :  «  Mes  frères,  Dieu  m'a- 
▼aif  dé.jh  fait  connaître,  par  une  révélation 
particulière  ,  que  je  li  drais  ainsi  ma  vie. 
Car  m'étar)t  endormi,  il  y  a  (|uel(pies  jours  , 
iJ  me  seudda  voir  voler  autour  de  moi  un  pi- 
geon d'une  blancheur  éblouissante  ;  il  se 
vint  d'abord  reposer  sur  u)a  tète,  puis  pre- 
nant doucement  son  vol  il  dcs,vn  lit  sur  ma 
main.  Il  avait  dans  son  bec  je  ne  sais  quoi  de 
fort  agréable  au  goût,  qu'il  n\e  laissi  pren- 
dre; j'en  goiltai,  et  je  connus  dès  lors  que 
Dieu  m'ap[)elait  <^  l'honuimr  du  m  utyre.  » 
Comme  ilachnva'tde  faire  ce  récit,  on  ar- 
riva au  lieu  oi'i  se  devait  faire  lexéculion  :  on 
creusa  une  fosse  où  l'on  lit  entrer  le  bien- 
hf^ureux  Philippe,  et  on  la  remplit  ensuite 
de  terre  jiisipi'aux  genoux  du  saint.  On  lui 
lia  les  mains  derrière  le  dos,  et  on  les  atta- 
cha c\  un  pieu.  On  lit  la  même  chose  h  Her- 
mès. Connue  il  voulut  descendre  dans  la 
fosse,  il  lit  plusieurs  faux  pas,  quoicpi'il 
s'appuyât  sur  un  bAton,  ce  qui  lui  lit  duc  : 
Tu  n'as  pas  senU-ment  le  pouvoir  de  me 
soutenir,  traître  de  tiémon  ;  et  aussitôt  ou 
lui  couvrit  les  pieds  de  terre.  Ce  saint  diacre 
eut  encore  le  l^mps.  durant  qu'on  l't'nvirou- 
nait  de  fagots,  d'appeler  un  c'u*  t  en  (]u'il 
aperçut  dans  la  foule.  Il  le  chargea  de  re- 
commander à  Plulippe,  son  lis.  de  remetlrtî 
avt;c  une  exacte  tidelilé  les  dépôts  qui  lui 
avaient  été  conliés  entre  les  mains  de  ceux 
à  qui  ds  a{)parlenaient,  et  il  ajouta  :  «  .Ulc/, 
mon  cher  N'elognis,  di.e>  ii  mou  tils  :  Voici 
les  dernière*.  pn( oies  de  votre  père  mourant, 
(ju'il  vous  laisse  connue  les  plus  précieuses 
martpu'S  de  son  alfeelion.  Vous  Oies  jeuim, 
évitez  comme  un  écucil  tout  ce  qui  peut 
amollir  votre  .liue  ;  surtout  fuyez  l'oisiveté  ; 
qu'un  travail  hounèle  fournisse  i»  votre  sub- 
sistance, suivant  en  cela  l'exemple  de  volro 
père;  conservez  comme  lui  la  paix  avec 
tout  le  monde.  »  Le  feu,  ipii  dansée  moment 
prit  d.;  tous  côtés,  l'empèt  hn  di'  (oulinuer. 
On  les  ouil  pendant  quelque  temps  chan- 
ter des  caiili  pie^,  m.us  le  l'eu  les  gagnant 
ciilièrcuieut,  la  dcruicro  purulo   qu  ou  ou- 


PHI  692 

tendit  dicfinclemenl,  ce  fut  le  mot  Amen. 
C'e.^t  ainsi  que  ces  bienheureux  martyrs 
rendirent  par  leur  mort  téuïO'gnage  h"  la 
vérité.  Fidèles  disciples  de  Jésus-<>hrist,  qui 
ayant  coud)attu  sous  ses  auspices,  avez  nié- 
rité  de  vaincre  et  d'être  cou'f^winc's  de  sa  pro- 
j)re  mainl  Philippe,  étant  expiré  dans  le  fort 
de  sa  prière,  fut  trouvé  les  bras  étendus  ; 
son  viînge  piraissait  aussi  fiais  el  aussi  beau 

3U'  ceui  d'un  jeune  homme ,  et  celui 
Hermès  semblait  n'avoir  pa>sé  par  le  feu 
que  pf»ur  en  pr  ndre  l'éc'at  et  le  vif  colons. 

Le  diable  n'était  |jas  fort  coilenl  de  lout 
cela  :  il  inspira  à  Ju-tin  de  faire  jeter  dans 
rilèbre  (1)  les  reliipies  sacrées  de  ces  saints 
martyrs.  .Mais  quelques  personnes  ,  animées 
d'une  piété  généreuse,  |)r  parent  des  rèls  , 
montenl  une  barque,  et  se  rendent  <n  l'en- 
droit où  on  les  avait  jetées.  Ils  demandent 
au  ciel  son  assislance,  elle  leur  est  accordée; 
et  Dieu,  voulant  réconij  enser  leur  ardente 
charité,  lit  pousser  dans  leur  lilet  les  corps 
des  deux  saints.  Aussitôt  ces  heureux  pê- 
cheurs, plus  satisfiils  de  leur  pêche  que  s'ils 
avaient  trouvé  de  l'or  et  des  perles,  rega- 
gnent le  bord,  et  vont  cacher  leur  capture  à 
douze  milles  de  la  ville,  dans  une  ferme  nom- 
Biée  Ogestiliron. 

PHILIPPE  (saint),  reçut  la  palme  du  mar- 
tyre Ji  Alexandrie,  avec  les  saints  Zenon, 
Narsée  et  dix  autres  dont  malheureusement 
les  noms  nous  sont  inconnus.  Ils  sonfins- 
ciHls  au  Martyrologe  romain  le  15  juillet. 

PHILIPPK  (saint),  martyr,  recul  la  palme 
du  m.M'tyre  avec  les  sainls  Diomède,  Julien, 
Eutychien,  Hésyque,  Léonide,  Philadelphe, 
Ménalipfie  et  Panlagap|)e.  Ils  accomplirent 
leur  martyre,  les  uns  par  le  feu,  les  autres 
par  le  glaive  ou  sur  la  croix.  L'Eglise  fait 
leur  lête  le  2  septembre. 

PHILIPPK  ^^ainlj ,  soutTrit  le  martyre  à 
Nicomédie,  avec  les  saints  Straion  et  Euty- 
chien. Ayant  été  exposés  aux  bêles  et  n'en 
ayanl  reçu  aut  un  mal,  ds  aceomplirent  leur 
martyre  par  le  feu.  L'Eglise  célèbre  leur 
Diémoire  le  17  août. 

PHILII'PE  (le  bienheureux),  franciscain, 
issu  de  race  royale,  fui  martyrisé  avec  un 
antio  religieux  «le  son  ordre,  aussi  de  sang 
royal,  et  nommé  ihai  lavaret.  ponr  avoir 
reproché  aux  rois  de  l'Inde  les  nneurs  relA- 
chées  au  milieu  desipielles  ils  vivaient.  Leur 
martyre  eut  lieu  eu  LJ'fO.  (t'ontana,  Motiu- 
mrnln  hoininicana.) 

PlIll.IPPK  i-aint(>\  qnaliliée  martyre  dans 
la  jiluparl  oes  M  ntyrologes  el  des  Actes, 
conf'.'s^a  généreusemenl  la  foi  chrétienne  .\ 
Thexsalonique,  en  l'année  30i,  devant  lo 
ju^ft  Dulietius  .  avec  les  saintes  Agape, 
Irène  el  O"»'""»*-  ^^'^  verra  les  détails  de 
cette  cotd'ession  diuis  les  Actes  de  sainte 
Agape  ne  Thessaloniqu".  (l'-y.  l'article  do 
celte  sainte.]  Toutes  ces  saintes  sont  fêtées 
par  rEjli>e  le  3  avril. 


(I)  Flnive  rélcbr<'  <1«*  Thrnre  qiii.  aprè"  nvoir  ar- 
roM'  les  murs  île  Pliilipi» '|">li''.  «'fi  Irajaiuiplo  <l 
tiAuJnuoplc,  *c  jelU!  il.»ii>  1  Archipel. 


fl05 


Plll 


i»i:i 


tiDl 


PinilIMM'.  (sninlc),  rcrnl  le  p/iliiiodii  luar- 
tyr-d  II  PiTKo  en  I'iMii|iliyli(',  avec  son  llh 
'hiiMMliirtv  l.tMir  m(irl\  i(>  ;iiriv;i  skiis  Ii-  ri''- 
Hiicdc  r(Mii|M»nMii-  Aiiioiiiii.  I/I'lj^lisc  l.iil  Icui' 
i'(M(>  le  2(J  s('|il(iml)n', 

l'Illl.iri'Or,  niii'-  (l'une  |»;ifoiss(i  {\i>  c/im- 
|)!inii(;  Tiil  miilluliiK'  ;i  I..'»vmI,  II'  21  Jaivicr 
nO'i,  av«M!  lroi/(*  nulrcs  |tr<Mr(vs.  Cn  saint 
vrv  6s'\i\sl'ii\\h',  (|ni  riait  sonnl,  t)'ciitr'ii|.iil 
jKiint  li's  i|iu*>'li(>ii.s  (jiii  lui  ('hiicMl  adirssc'cs 
(linanl  son  iulen-o^aloirc.  Quand  les  rorn- 
jxifÇ'ions  de  son  ni.wlyn'  lui  cnrcnl  cxpli  pn^ 
les  scriiHMils  qnc  io  (rijtunrd  ('xi;;(Mil  de  loi  : 
«  Non,  non  1  sYcrin-l-il  ;  aidédcla  gr;^c(>  do 
Dieu,  jo  w.  salirai  pas  ma  vieillesse.  >,  Il  lut 
condamné,  el  (piehpu's  heures  après  l'éclia- 
faud  ruissidait  de  son  sangi>l  de  tuduidi;  ses 
saints  compaïAiions.  Il  avait  sni\;inle-di\- 
scpt  ans.  ('rire  des  Mi'inoirrs  ccrlcsiaslit/ucs, 
etc.,  par  M.  Isidort^  Houllier,  curé  de  la 
Trinité  de  I.aval,  IH'iO.) 

rHlL()Mf':NK  (sainte),  fut  martyrisée  h  Hé- 
raclée  en  Tlnaoe,  avec  les  saints  martyis 
Clemenlin  (>l.  Tliéoilote.  L'Eglise  fait  leur 
nuMUoire  le  l'*  novembre. 

PHILOUOMK  (saint),  martyr,  fut  dérapitô 
h  Alexandrie  ponr  la  toi.  avc^'  saint  Philéas, 
évéque  de  Tlnnuis,  entre  les  années  3()G  et 
312.  11  élait  trésorier  général  de  l'empereur 
dans  cette  ca[)itale  de  l'Kgyple.  Indigné  do 
l'acharneuuMit  que  les  persécuteurs  mon- 
traient contre  Philéas,  il  s'écria  :  «  Pouniuui 
vous  opiniAirer  ainsi  h  vouloir  vaincre  la  ré- 
sistance de  ce  hrave  liounne?  Pourcjuoi  cher- 
cher à  le  rendre  infidèle  c^  sou  Dieu  par  une 
lAche  complaisance?  Ne  voyez-vous  pas  qu'il 
n'envisage  (juc  les  choses  du  ciel,  et  qu'il 
n'a  que  du  mépris  poui-  toutes  les  choses  do 
la  terre  1  »  Ces  paroles  soulevèrent  la  colère 
dos  assistants.  Philorome  fut  pris  et  con- 
damné, avec  Philéas,  à  avoir  la  tète  tr.inchéc^ 
La  sentence  fut  immédiatement  exécutée. 
La  fête  de  ces  deux  saints  arrive  le  4  février. 
'l'oij.  Philéas.) 

PHILOSOPHISME  MODERNE.  Jadis  il  y 
avait  dans  le  monde  deux  choses  souverai- 
nement respectées  :  la  raiso'i  et  la  foi.  La 
raison  représentée  scientitiquemont  par  la 
philosophie,  la  foi  par  l'enseignement  reli- 
gieux. Ouand  un  homme  émettait  des  idées 
nouvelles  à  rencontre  des  idées  reçues,  des 
croyances  admises  ,  c'était  un  événement 
grave  :  on  pesait  cet  homme  dans  la  balance 
séculaire  du  sens  commun  et  de  la  foi.  S'il 
éta;t  trouvé  trop  léger,  il  était  jeté  de  côté, 
et  il  ne  se  relevait  de  sa  chute  (jue  par  le 
retour  aux  sentiments  généralement  reçus, 
ïl^  arrivait  parfois  que  la  raison  humaine, 
d'un  commun  accord,  s'niclinait  devant  une 
"Vérité  philosophique.  C'était  alors  un  beau 
triomphe  pour  le  penseur  (jui  enrichissait  le 
trésor  des  connaissances  comumnes.  Quant 
à  la  foi,  immuable  comme  Dieu,  elle  se  con- 
tentait de  voir  si  les  idées  ém.ses  lui  étaient 
conlormes.  Le  monde  nommait  des  héréti- 

2ues  ceux  qui  se  sé,iar;iient  de  la  foi. 
'homme  alors  inclinait  devant  le  tém  i- 
g'iage  sa  raison  et  sa  conscience  ;  il  eu  fai- 
sait le  olus  noble  usage,  le  plus  rationnel. 


I.e  protestaidistne  vint,  (otnnie  on  p«-'ii  Io 
voir /i  sr)n  tilie,  proi  l/niict  rinr^ilhhilité  iri- 
dividoelle.  |,'or'.;n(Ml  liuiu/iHiriil  divinisa''; 
la  ronscichce  devint  la  r<vje  de  l/i  foi,  (-t  In 
fnlii»  luim/iine  1 1  reini'  (Im  en  monde.  Pr-ii  h 
pi'U  la  r.iiso  1,  \t\  foi,  s(ipé«'s,  éltratdées  dain 
l'Ame  des  liounne^i,  cèdeicnl  l/i  pl.ice  nwx 
passions  égftïsles  (pij  oit  produit  Io  philo- 
Soplrsmc  moderne.  I.e  pliilosopliisme,  c  est 
la  doeiri'iir  du  b  m  |i|/iisir  m  lividutd  en  l'ait 
(le  eroynncps,  h  la  place  d(!  l'autorité  uiviiio 
el  hnmaiie.  ('e  l'ut  vers  |;i  tin  du  xvii'  siè- 
cle sui  tout  (pie  Cette  tendance  devint  tout  h 
fait  apparent»!.  «On  inelt  it  un  (crlnin  hon- 
neur à  s'élever  .ni-dessus  des  ducliines  tra- 
ditionnelles en  fait  de  phd(»M)ph  e,  h  |iens(;r 
par  soi-même,  en  dehors  de  la  religion,  h 
l'ail (!  abstr/iction  de  tonte  révi-latioii.  Pour 
être  regardé  comme  original  et  prolViud,  pour 
avoir  le  litre  de  philosophe,  il  fillait  inven- 
ter un  sy«-lème  nouveau,  ou  iii.)dili(M'  un  des 
systèmes  (pii  avaient  eu  cours  aupai avant. 
La  [)lupart,  il  est  vrai,  des  auteurs  renorn- 
nuîs  de  cet  é|)()(pie,  se  tirent  un  devoir  de  re- 
connaîire  les  boi'ies  de  la  raison  el  de  res- 
pecter les  vérités  ()ui  sont  l'objet  de  la  foi  : 
on  peut  dire  (piils  fuwnt  religieux  et 
nièuuî  cliréliens,  surtout  les  quatre  grands 
génies  (jui  dominèi'ent  tous  les  autres  par 
leur  su[,ériorité  incontestable,  savoir:  Ba- 
con, Descartes,  Newton  et  Leib  litz.  tlepen- 
daiit  plusieurs,  dont  la  réputation  ne  fut 
pas  sans  éclat,  ne  voulant  pour  guide  que 
leur  raison  individmdle,  portèrent  une  té- 
méraire réforme  dans  la  religion,  dans  la 
morale  et  dans  la  politi(ine;  ils  enfantèrent 
des  doctrines  chiméiicines  et  souvent  mons- 
trueuses. Nous  avons  vu  ce  que  tirent  llob- 
bes  en  Angleterre,  Spinosa  en  Uollai.de, 
ïhoinasius  el  Wolf  en  Allemagne,  Bayle  en 
France  el  dans  lus  Pays-Bas.  Ce  dernier  ()eut 
êlre  regardé  connue  le  [lère  de  la  philosophie 
du  XYU!*"  siècle.  La  prodigieuse  iniluence 
qu'il  exerça  sur  les  esprits,  dans  une  grande 
partie  (Je  l'Europe,  détermina  le  ton  scep- 
ticjue  et  épigrammaliciue  dont  se  piquèrent 
bie  itôt ,  en  ce  (pii  est  de  la  l'eligion  ,  ceux 
qui  voulaient  passer  pour  les  beaux  esprits 
du  temps,  qui  aspiraient  à  la  qualité  d'esprits 
forts  et  au  nom  de  philosophes  ;  car  le 
xvnr  siècle  a  cela  de  particulier,  qu'il  s'est 
qualitié  lui-même  de  siècle  des  lumières,  de 
siècle  de  la  philosophie  :  à  l'ei. tendre,  on 
voyait  l'aurore  du  plus  beau  jour  qui  eût 
lui  pour  ie  genre  humain  ;  c'était  le  com- 
mencement d'une  ère  de  gloire  et  de  bon- 
heur comme  il  n'y  en  avait  jamais  eu  sur  la 
terre.  Les  écrivains  se  vantaient  eux-mê- 
mes; ils  se  louaient  réciproquement  el  tâ- 
cliaieiit,  à  l'envl  les  uns  des  autres,  de  faire 
passer  ceux  qu'ils  prônaient  pour  des  pen- 
seurs profonds  ou  pour  des  génies  du  pre- 
mier ordre.  N'élant  plus  retenus  pai'  lauto- 
rilé  des  traditions,  par  l'empire  ues  préjugés, 
ils  devciient  renverser  la  sapersiition,  dissi- 
per les  ténèbres,  établ.r  le  règne  de  la  rai- 
son et  opérer  partout  une  régénération  com- 
plète. Au  lieu  d'atteiidie  que  la  [)0siérit6 
leur  assignât  le  rang  qu'ils  devaient  Iav.'.'.? 


eas 


IMU 


dans  riiisloir*^,  ils  s';\rrogo;iioiit  snri'^  façon 
la  gloire  (ju'ils  croyaient  iiiérilor.  Ue^iardant 
avpr  un  superbe  lUViain  rou\  ijui  les  avaient 
pr(^<'('M|(5s  et  les  rnnteinporains  qui  ne  [larla- 
geaieiit  pas  leur  incrùdulilé,  ils  se  [)laçaient 
f.isiiieusenient  au-dessus  d'eux,  et  s'inntji- 
nnient  les  é(  lip^^er  tous.  Un  tel  dv'lire.  en- 
fanté par  l'orgueil,  devait  trouver  sa  punition 
dans  ses  propres  exrès;  c'est,  en  elTet,  ce 
cjui  est  arrivé.  Ce  siècle  pr»''somiitueu\  est 
déjà  bien  déchu  des  p  élenlions  qu'il  mon- 
trait ;  il  tombera  encore  davanla}j;e,  h  mesure 
cjiie  la  saine  raison  |»révau(Ira.  Après  les  fo- 
lies incroyables  qui  ont  manpw'  ses  derniè- 
res années,  il  n'est  ]iUis  permis  d'hésiter  sur 
le  jugement  (pi'oii  iloit  en  porter  et  cpi'en 
porteront  immanquableujent  ceux  qui  vien- 
dront après  noyis.  »  (Bouvier,  Jlist.  de  la 
philos.,  t.  II.  p.  180.) 

Ce  qu'il  y  eut  surtout  de  remarquable 
dans  l'esprit  préte'idu  p!iilosoplii(juc,  ce  fut 
sa  tendance  perpétuelle,  incessante,  à  reîi- 
verser  le  christ  anisme,  h  l'attaquer  par  tous 
les  moyens.  Tons  les  efforts  *\cs  philoso- 
phes du  xviir  siècle  en  France,  en  .Angle- 
terre et  dans  d'.-vutrcs  contrées  d'Europe, 
n'eurent  pus  d'autre  but.  S'il  était  permis 
d'em|)loycr  dans  ui  tel  sujet  une  conqiarai- 
son  païenne,  nous  ilirions  qiie  ces  insensés 
ressemblèrent  aux  Titans  attaquant  lescieux. 

Comme  etfets,  le  philosophisme  moderne 
a  produit  les  hotrcurs  de  la  révolution  fran- 
çaise, les  massacres  alireux  fpii  l'ont  signa- 
lée. Pour  en  faire  l'histoire,  il  faut  consulter 
les  articles  suivants,  disposés  ou  itiulot  in- 
diqués par  séries  nationales. 

ANGLETERRE.   FRANCE.      PRUSSE. 

Rerkolcv.  Monlos(|uioii.  Frédcrir  II. 

llniiK'.  DaliMiiborl. 

Codqiior.  Volliiiv. 

MinKloxilIc.  Ronssean. 

Roiiiiglirokc.        DargtMis. 

Hi'lvciiiis. 

[)  Ilolhacli. 

Ititlnot. 

Ravikal. 

Coruloroot. 

On  sait  ce  (tn'a  jtroduit  l'esprit  |ihiloso- 
phiqne  du  siècle  dernier  :  l'arbre  a  été  jugé 
à  ses  fruits.  TouIcn  les  saines  doctrines  ont 
été  conlolée-»,  loules  les  bases  sociales  ont 
été  sapées,  ébranl(!'es.  H  a  fallu  ili'S'  miracles 
jirovidf'nliels  pour  sauver  l'Furope  de  la 
Ijarbarie.  Ces  fiincsles  doilrines  nous  ont 
[)ro<luitunc  génération  maladive,  qui  ne  sait 
nlus  rien  crniri',  rirti  prali([uer,  rien  foiiuu- 
1er.  Les  d  .rnières  consé(jueuccs  de  la  philo- 
sophie du  «li.rnier  siècle  se  sont  manifestées 
dans  rexisicnce  de  ces  rêveurs  qui  ont  voulu 
mettre  à  la  phicc  du  chrislianisme,  (ju'ils 
prélendaicnl  oiiranné,  les  doctriiu;s  du  jiro- 
grès  indi'lnii,  ou  du  panthéisme  nu)dertu'. 
Notis  passerons  successiveiueul  u  revue  les 
principaux  apôtres  de  cette  religion  nou- 
velle. 

Les  saint-simonicns  se  sont  hardiment 
posés  et  ont  a;inoncé  In  Iranst'oruïaliim  do 
l'univ.rs  au  dnnble  p'tint  de  vm^  religieux 
Cl  social.  Ils  delinissaienl  Dieu  ainsi  :  Oiru 


PIfl  696 

eut  tout  ce  qui  rut  ;  tniti  est  m  lui ,  tout  est 
par  lui.  —  S'ul  de  nous  n'est  hors  dr  lui,  mais 
(tucun  de  nous  n'est  en  lui.  —  Chacun  de  nous 
rit  dr  sn  tir,  et  tous  nous  rnmunininns  en  /ui, 
car  il  est  tout  ce  e/ui  est.  (Iftle  détinition  ap- 
partient tout  entière  au  panthéisme  des  In- 
diens renouvelé  par  S|>inosa. 

«  Copiant  le  christianisme,  les  saint-si- 
moniens  voulaient  un  messie  :  Le  monde  at- 
tendait un  snurrur...  Suint-Simon  a  paru. — 
Moisr,  Orjiht'r,  y'uma,  ont  organisé  1rs  tra- 
vaux matériels  ;  Je'sus-Christ  a  organisé  les 
travaux  spirituels  ;  Saint-Simon  n  organisé 
les  travaux  religieux.  Donc  Saint-Simon  a 
résumé  Moïse  et  Jésus-Christ. 

('  Or  qu'i'lait  Saint-Simon?  (ientilhomme de 
vieille  race,  doué  d'un  esprit  aventureux,  il 
fut  d'abord  militaire,  puis  commerçant  ;  sous 
pi('te\led'étudi(>r  le  monde,  il  se  maria  sans 
affection,  dépensa  sa  fortune  en  orgies,  es- 
saya (t'échapper  par  le  suicide  h  une  misère 
que  méritait  son  inconduite,  et  mourut  en- 
lin  entre  les  bras  de  cpielques  disci[)les  qui 
croyaitnt  ou  feignaient  de  croire  à  sa  mis- 
sion. C'était  un  singulier  messie  que  celui- 
là.  Publiciste  ardent,  il  n'a  rien  laissé  qui 
mérite  de  tix  t  l'attention  au  point  de  vue 
de  la  nouveauté  des  principes. 

«  O^i'^i  qn'il  en  soit,  la  religion  saint-si- 
monicnne  i)roclama  quelques  princi|ies  et 
annonça  son  but.  Son  but  était  l'amélioration 
du  sort  moral,  physique  et  intellectuel  de  la 
classe  la  i>lus  i)auvre  et  la  plus  nombreuse. 
Son  moyen  de  l'atteindre  était  de  donner  ri 
chacun  suivant  sa  capacité,  à  chaque  capacité 
suivant  srs  œuvres.  Los  hommes  se  rendaient 
(lignes  de  la  foi  nouvelle  en  se  sanctifiant 
par  le  travail  et  par  le  plaisir.  Ce  dernier  [iré- 
ce|ite.  formule  de  la  réhabilitation  de  la  ma- 
tière et  des  sens,  cadrait  bien  avec  la  détini- 
tion du  Dieu  des  saint-sinionicnis. 

«  Cette  religion,  insulte  vivante  à  la  mo- 
rale et  au  bon  sens  des  peuples,  tendait  .'i 
précipiter  l'homme  des  sublimités  où  le 
christianisme  l'avait  amené,  pour  (M1  faire 
le  vil  esclave  du  sensualisme».  Quant  t»  des 
dogmes,  h  des  croyances  nettement  formu- 
lées, les  sainl-simoniens  se  lai>aient  :  ils 
ne  parlaient  pas  tles  destinées  futures  de 
riionnue  ;  [ta^  un  mot  sur  r.hne.  pas  un  mol 
sur  les  vériti's  morales.  Plagiaires  [tolitiques 
cl  religieux,  ils  se  sont  montrés  au  milieu 
de  nous,  couverts  de  loules  les  vieilles  dé- 
froques du  panthéisme,  des  théories  de  Pla- 
ton, de  Morus,  des  essais  nralitpies  des  Es- 
si'iiie ns  (>t  des  Hernhules.  Ils  n'ont  rien  ob- 
tenu {\ur  la  risée  po[)ulaire,  et  leur  coniiMlie 
théopliilanlhropique  esl  venue  se  lerminer 
piteusement  sur  les  bancs  d'une  cour  d'as- 
sises. 

«  Une  pareille  docirine  pouvait-elle  se  don- 
ner connue  rel  gion,  lorsqu'elle  n'apportail 
aucune  i  royanco  religieuse,  ain  une  solution 
do  notre  deslinép  future  pas  |ilus  que  de  la 
(juestion  morale?  Kt  (prtsl-ceiiu'une  rt  ligion 
sans  la  parlu»  spiii  uabste,  (pii  >eule  peut 
é[>urer  le  dogme  et  lui  donner  du  relief  en  le 
divinisant  aux  ytux  de  l'humanité'?  Qu'esl-ce 
qu'une  religion  sans  l'idée  de  Dieu,  juge  du 


007 


fin 


t'MÏ 


«08 


bien  cl  (lu  mal,  ;ij)|)i('ii;il('iir  ('IcrncI,  dans  le 
|)i'cs»'iil  (U  rav(!'iir,  (l(!  l'iis.'ij^i'  ho'i  on  mau- 
vais l'ail  [lar  riioiiiiiic  de  s.i  jibcrli'?  (Jiiosl- 
(•0  ciiliu  (|u'imc  religion,  sans  la  ciovaiK-c  h 
riininorlalih'  Wo  l'àuic,  sans  l'idi'-c  d'uiic  au- 
tre vie?  !•](  la  Icnc  iirtuiiisc  selon  Saiiil-Si- 
uioi),  ij*('Sl-('0  pas  ('()  monde  nialcrirl,  apiès 
ltM|U('l  il  n'y  a  plus  rien  ? 

«  (loinmc  so.'ial'sh's  ,  Icvs  soclaWMUs  de 
Saiiit-Siiuon  n'oni  pu  l'aire  prévaloif  leiu* 
llh'Oi'ralie,  (onire  l.upielle  devait  piolesicr 
ntV'essaireineul  rindi\  idualisuie  ralionalislc. 
I']|  cnnuue  piopliMcs,  ils  sont  l()nilt(''s  .m)iis 
les  railleries  du  peuple,  (pii  ne  croit  pas, 
(pioi  (pi'on  lasse,  à  la  venue  possiMe  d'une 
l'OlijAion  plus  divine  cpu'  lo  chrislianisnu;. 
Ils  ont  cnliu  disparu  de  la  scène,  coiuuie  les 
re[)r(''stMitanls  oubliés  de  cultes  (pii  ne  sont 
plus,  et  dont  riiistoiro  sait  i^  peine  le  nom, 
laissant  aux  cmii'nx,  d  uis  l'avenir,  l(>  soin 
de  classer  la  dénoniiualion  des  saint-sinio- 
niens,  avec  les  religionnaires  sérieux  ou  ri- 
diculcvs  de  toutes  les  épo{pi(\s.  »  (Alpli.  Pé- 
pin, ICiat  (la  c(t(/H)licisnic  en  l'r(i)ice). 

Après  les  saint-simoniens  ai)paratl  Four- 
rier :  bien  dos  gens  se  sont  occupés  de  son 
système,  beaucoup  l'ont  blâmé,  beaucoup 
l'ont  défendu,  en  Texaminant  ilans  les  pos- 
sibilités de  son  application.  Nous  n'entrerons 
point  dans  celte  critique  do  détail,  nous  al- 
lons le  prendre  par  la  base,  et  voir  ainsi  s'il 
peut  exister  ;  car  s'il  manque  de  point  d'ap- 
pui, il  doit  })érir  dans  le  vide. 

Fourrier  admcl-il  un  Dieu?  Oui,  répon- 
dent ses  disciples.  «  Il  y  a  trois  principes, 
dit-il,  Dieu,  princij)o  actif  et  moteur  ;  la  ma- 
tière, principe  pass;f  et  mû  ;  Va  justice  ou  les 
mathématiques,  principe  neut.e  et  arbitral.  » 
Il  les  dit  éternels  et  indestructibles.  Or  cela 
ne  revient-il  pas  exactement  à  dire  tout  est 
Dieu.  C'est  du  panthéisme  pur. 

Quant  h  lu  question  de  l'àmc  humaine  et 
de  ses  destinées  futures,  il  la  tranche  ainsi: 
«  Les  Ames  humaines  se  transfuscid  toujours 
dans  d'autres  corps  humains,  soit  sur  notre 
globe,  soit  dans  d'autres.  »  C'est  là,  si  nous 
ne  nous  trompons,  quelque  chose  (jui  res- 
semble fort  à  la  transmigration  hindoue  et  à 
la  métemi)sycose  des  pythagoriciens. 

Du  reste,  ces  questions,  ijui  nous  paraissent 
à  nous  les  questions  vitales  d'un  système,  le 
point  d'appui  sans  lequel  il  n'est  qu'iui  vain 
assend)!ago  de  [)arolos  sonores,  de  rêveries 
sans  es[)eranco  de  réalisation,  {)araissent  à 
Fourrier  de  peu  d'importance  :  «  .Mais  qu'im- 
portent, dit-il,  ces  accessoires  à  l'airùre 
principale,  ({ui  est  l'art  d'organiser  l'indus- 
trie combinée,  d'où  le(iuadruplo  jM'otluit,  les 
bonnes  mœurs  ;  l'accord  des  trois  classes, 
riche,  moyenne  et  pauvre  ;  l'oubli  des  que- 
relles de  parti,  la  cessation  des  pestes,  des 
révolutions,  la  pénurie  iiscale  et  l'unité  uni- 
verselle  Etrange  despotisme  que  de  con- 

dannier  toutes  les  productions  d'un  auteur, 
parce  quequel(|ues-uaes sont  défectueuses!.. 
En  jugeant  tout  savant  ou  artiste,  on  sépare 
le  bon  or  du  faux.  Pourquoi  suis-je  le  seul 
avec  ({ui  la  critifiuenc  veuille  pas  suivre  cette 
rijjjle  ?  » 


Pouitpioi  ?  Nous  in>  rtUM'evoiis  pas  «pTini 
esprit   aussi   piofoiid   (pic   Foiniier  m:   l'.ul 
p;is  <'oiunris  ;   H   n'/unait    point    dû    laisser 
lond)ei'  de  sji  pjumo  celle  pl/iinle  arnèro,  co 
reproche  h  s<!s  «-rilicpies.  Pourquoi '/le  voici, 
(l'est  (pi(f  vous  n'êtes  pas  dans  la   calégoiie 
des  ailleurs  (pii  s'occupent  de    choses  iudé- 
peiidaiiles  les    ihh's    des    autres,    et  cpii,  sn 
troiiipaul  sur    l'une,  peuvent   diro   la  vérilt'i 
sur   l'autre.  Nous  ((Miiprenoiis   pru-faitr-inenl 
ipie  Newio'i  ait  pu  d(''iaisonner  sur  l'Apoca- 
lypse,  chercher  folîemeul  à  prouver  que   le 
pape   ét;iit   rAntecliiisl   et  dir(;    ensuite  des 
vi'iités  sur  l'alli-aclion   et  sur  la  lumière;  il 
n'y  a  p  linl  di;   rapport  entre  ces  choses.  Ea 
vérité  de  l'uiKUie  l'ait  rien  à  celle  de  l'autre. 
N'oiis,  au  contraii-e,  vous  |)arle/,  d(!  l'homme, 
de  sa  vie,  de  sa  destinée,  et  vr)us  prétende/ 
(nu>  ces  ellets,  (jui  procèdent  nécessairement 
(le  l'action  divine,  ne  sont  pruiit  liés  à  la  l)i- 
vinile!  \'oiis  vouiez  organiser  la  société  in- 
dépendamment de  Dieu  ;  peu  importe,  dites- 
vous,  ce  (pi'il  esl,   s'il  (>xisle  !  .Mais  (;'esl  de 
la  folie  cela.  CommiMit,  la  cause  ne  fait  ri(,'n 
A  l'ellet  !   Si  vous  ne  savez  rien  sur  Dieu, 
vous  saurez  (piehjue  chose  sur  les  destinées 
de  rame  1   11  y  a  un  législatom-  suprême  au 
ciel,  et  vous  modifierez  à  votre  gré  les  cho- 
ses Innnaines,  sans  qu'il  y  puisse  intervenir! 
A'olre  système  n'a  ])oint  de  b  is(!  ;  c'est  un 
ballon  gonflé  d'air  qui  va  se  perdre  dans  le 
vide. 

Nous  ne  sommes  point  de  ceux  qui  pensent 
qu'il  faut  accueillir  toujours  avec  respect,  avec 
déi'érence,  tontes  les  rêveries,  toutes  les  bi-  "^ 
zarreries,  toutes  les  témérités  de  l'e-prit  hu- 
main parce  ({u'elles  procèdent  peut-être  de 
la  bonne  foi  et  des  croyances  de  leurs  au- 
teurs, l'our  mériter  toutes  les  sympathies 
qu'elle  réclame,  toute  doctrine  doit  se  pré- 
sent(M-  avec  des  caractères  de  vérité,  de  bon 
sens,  de  logique  suftisants  pour  ne  pas  sus- 
citer !c  rire  ou  lo  dégoût  :  et  loin  de  savoir 
gré  de  leurs  efforts  à  tous  ces  réformateurs 
sans  principes,  sans  croyances,  qui  lancent 
dans  ie  monde  leurs  visions  et  leurs  rêves  à 
rencontre  de  toutes  les  i.lées  reçues,  nous 
persous  qu'ils  commettent  une  imprudence 
qiii  frise  de  bien  près  une  mauvaise  ac'ion. 
Il  y  a  chez  eux  ignorance  ou  mensonge  :  le 
mensonge-est  un  crime,  l'ignorance  ne  donne 
point  le  droit  de  parler  ou  d'écrire. 

Fourrier  ne  taide  point  à  nous  montrer 
les  fruits  de  ses  croyances  religieuses  ;  d'a- 
bord il  se  place  à  côté  de  Newton  ;  la  décou- 
verte de  l'attraction  matérielle  si  immorta'isé 
Newton,  celle  de  l'attraction  passionnée,  doit- 
l'immortaliser,  lui,  Fourrier.  Il  enseigne 
que  les  passions  sont  d'origine  divine,  natu- 
relles, et  bonnes  dans  leurs  tendances  ;  qu'el- 
les doivent  exister  dans  le  système  humain, 
comme  les  globes  planétaires  dans  les  cieux. 
I!  dit  qu'.l  faut  les  laisser  toutes  obéir  à  leurs 
impulsions  et  ne  pas  les  étouffer  ni  les  com- 
battre, sous  peine  défausser  la  destinée  hu- 
maine. Si  dans  l'état  actuel  de  notre  société 
les  liassions  ne  se  dévelopi^ent  pas  libre- 
ment, cela  tient  non  pas  aux  vices  des  pas- 
sions, mais  à  ceux  de  la  société,  et  c'est 


699 


PRI 


PHI 


700 


cette  dernière  qu'il  faut  reconstruire  de  fond 
en  nom.  le. 

CVst  d'après  ces  donn/'fs  (jiip  ce  novat»Mir 
pose  les  bases  de  la  s  'ciolé  nuuvclle  qu'il 
n  rêvée.  Alors,  arrivent  dans  son  syslrmo, 
l'orj^a  1  sation  du  liavail  cl  l'associ.ilioM  , 
idées  fécondes  no  vim  s  dans  l'erre  ir  et  para- 
lysées par  je  vice  fondamental  du  do^^me  et 
de  la  morale. 

Nous  aussi,  nous  croyons,  nous  espérons, 
que  l'avenir  fécondera  ces  deux  éléments  de 
prospérité  et  de  l)icu-ôl  e  ;  l'Iunninité,  gui- 
dée par  la  foi,  i<ar  la  charité,  suivant  à  la 
lettre  et  dans  riniiniilé  de  leurs  tendances 
les  piéreplt'S  évangi-licpies ,  constituera  la 
grande  et  fiateriielle  assoc;alio!ï  des  chré- 
tiens. C'est  un  fait  qui  nous  paraît  évident, 
mais  jamais  un  System»»  qui  matérialise  la 
Divinité,  qui  assujettit  l'Ame  humaine  aux 
brutalités  de  la  ciiair,  qui  ne  donne  pour 
peispeclive  à  ses  niéiites  qu'une  autre  cap- 
tivité dans  la  matière,  q\ii  laisse  sans  ré- 
ponse et  sans  espoir  ItMiésir  infini  de  bonlu'ur 
qui  la  consume  :  non,  jamais  uu  tel  système 
ne  se  réalis<!ra. 

C'est  au  point  de  vue  do  l'idée  religieuse 
que  nous  voulions  examiner  les  th'ori's  de 
Fourrier  ;  il  n'entre  point  dans  notre  plan, 
ainsi  que  nous  l'avons  oit  en  commentant, 
de  le  faire  connaître  tout  entier  à  nos  lec- 
teurs ;  il  nous  sul'iit  d'avoir  trouvé  le  point 
vulnérable  et  de  l'avoir  montré. 

Il  y  a  pourtant  dans  ce  système  des  cho- 
ses (pii  ne  touchent  point  à  la  morale  et  qui 
sont  bon  les,  [)arce  qu'elles  sont  d'exécution 
)urf'ment  matérielle;  elles  peuvent  être  uli- 
es  au  bien-être  phvsifpie  de  la  société.  C'est 
e  bon  côté  du  système  d»?  Fourrier.  Un  ju- 
dicieux et  malin  critique  a  dit,  et  ce  mot 
renferme  un  grand  .sens,  (|no  Fourrier  avait 
organisé  la  cuisine  de  l'avriiir.  » 

De  l'autre  c<)té  du  détroit,  un  homme  dont 
le  monde  reconnaît  la  haute  probité,  admire 
la  bionfaisancf».  M.Hohert  Owen,  a  fait  grand 
bruit  en  ressuscitant  de  vieilles  ([u  slioiis 
enfouies  sous  les  décombres  de  la  scolasti- 
qup.  Il  a  émis  ses  ctoyanct^s  avec  une  naï- 
veté et  une  ferveur  de  conviction,  (pii  dé- 
montrent la  bf>nlé  do  son  cœur  et  l'uisufli- 
sancc  de  son  jugement. 

Si  M.  Robert  Owen  s'en  f(1t  tenu  aux  admi- 
rables résultais  pratiipu's  (ju'il  avait  obtenus, 
on  l'ertl  béni  conuTUi  un  bienfaiteur  de  l'hu- 
manité ;  il  a  gMé  son  œuvre  en  voulant  se 
faire  théoricien. 

PUréi  par  les  circonstances  h  la  tète  d'une 
manuraciure  où  d»'iix  mille  ouvriers  étaient 
ass»nid)lés  avec,  les  vices  et  les  incii  ntions 
mauvaises  si  ordinaires  chez  les  hommes  de 
relie  classe  ainsi  agglomérés  surtout,  il  par- 
vitU  en  peu  (h-  temps  l\  les  ramener  lous  ,^ 
la  pratique  du  bn-n,  .i  les  corriger  de  leurs 
peiichiuils  au  vol,  au  jeu.  h  l'ivrognerie. 
Agissant  nw  îuilieu  ^Vru\  c(tmme  un  père 
painu  sescnf.Mils,  les  insiruis.rU  par  de  bons 
conseils,  par  de  salula  res  instructions,  fai- 
sant on  sortp  (pi'ils  se  s(rviss«Mil  mutuelle- 
ment do  uiodélcs  et  d'emules,  li  lit  do  sa 


manufacture  une  colonie  vraiment  digne  de 
fixer  rattention  du  monde  entier.  Bientôt, 
grâce  h  ses  soin-,  loiiles  les  améliorations 
possibles  furent  introduites  :  dans  une  école 
fondée  exprès  pour  eux,  les  enfants  reçu- 
rent les  biei  faits  d'une  éducation  soliife  ; 
les  mahuie-J  furent  soignés  daiisune  intirme- 
rn'.les  vieillardset  les  infirmes  trouvèrent  des 
ressources  dans  le-^  bienfaits  lïc  l'association. 

Si  M.  Robert  Owen  eOt  voulu  s'en  donner 
la  p^'ine  ,  il  eût  su  que  les  Jésuites  avaient 
accompli  les  mêmes  choses  dans  ITraguay 
sur  une  bien  plus  vaste  échelle  ;  il  eût  trouvé 
dans  toutes  nos  villes  catholiques  des  éta- 
blissements, des  couvents  d'hommes  d  de 
feunnes,  où  de  send)lables  résultats  étaient 
obtenus.  En  y  regardaid  de  près,  il  eflt  re- 
maniué  que  chez  lui,  toutes  les  améliora- 
li(j  is  étaient  d'une  nature  matérielb'  et 
avaient  trait  au  bien-être  physique;  qu'elles 
ne  reconnaissaifnit  pour  cause  que  l'ordre  et 
1  hoiuunu'  ou  ramour-i>ro[>rc  de  ses  adeptes; 
tandis  (|ue  dans  les  associations  chrétiennes, 
il  eût  trouvé,  pour  ressort  principal  et  bien 
plus  puissant,  le  sentiment  religieux  ;  en 
un  mot,   la  vertu  fondée  sur  des  croyances. 

Mais  il  ne  fit  point  ainsi  :  il  s'arrêta  à  la 
contem|»lation  de  son  œuvre,  et  chercliant  à 
comprendre  les  raisons  de  son  succès,  il  ar- 
riva, dans  la  bonté  candide  de  son  cœur  et 
dans  l'inanit  '  do  son  jugement,  à  ces  conclu- 
sions :  que  Ihonnue  est  nécessairement  la 
proie  des  circonstances  au  milieu  desquel- 
1.  s  il  est  placé,  qu'il  est  bon  ou  mauvais  en 
raison  directe  des  inOuenccs  extérieures.  Il 
ne  voulut  pas  croire  à  la  {)erversité  du  cœur, 
et  il  proclama  Virresponsahifite'  humaine. 

On  est  étonné  de  voir  un  homme  doué  des 
plus  éminentes(iualités,  tomber  dans  d'aussi 
dépl.irables  faiblesses  de  raisftn  ;  ressusc'ter 
contre  la  conscence  nniversellu  celle  \ieille 
querelle  du  Idjre  arbitre,  reproiluire  des  ar- 
gnment>;  salis  sur  tous  les  b  uics  des  écoles, 
et  abandonnés  maintenant  aux  inlelligences 
de  dernier  ordre  ijui  se  traînent  sur  les  don- 
nées voltaii  iennes  du  >ièch>  passé  1  Conmienl 
se  faii-il  qu'avec  un  cceur  au>si  aimant,  si 
dévoué  à  l'humanité.  M.  Owen  déshérite 
ainsi  l'Ame  de  toutes  les  hautes  pensées 
qui  l'enlèvent  à  la  terre  et  linnportenl  aux 
cieux  sur  les  ailes  de  lespéraïue  !  Quoi, 
vous  (pii  savez  si  bien  aimer,  vous  ne  sen- 
te/ pas  un  vid  •  dans  votre  cieur,  quand  vous 
regarile/  la  terre  et  que  vous  y  placez  votre 
fin  dernièi  e  !  Quoi,  plus  ri  n  ipie  «les  intérêts 
malt'riels  et  pas-agers  !  Il  faudra  ariêter 
notre  regard  îi  cd  horizon  borné  des  (  lioses 
de  la  terre  ;  ne  plus  lui  permettre  de  sonder 
les  cieux,  dt>  chercher  dans  les  champs  do 
l'intini  et  du  mystère,  les  éléments  de  son 
bonheïU"  et  la  satisfaction  de  ses  tendances  I 
Quand  un  rayon  céleste  d'immortalité,  de 
po'sie  li'en  haut,  d'amour  divin,  viendra 
luire  sur  rms  èhnes,  il  laudra  croire  que  ce 
n'est  (ju'une  illusion  !  H  Tie  faudra  dcuic  |)lus 
s'agenouilh  r  sur  une  tondte,  pour  y  écouter 
les  secrets  de  la  mort,  les  révélations  de  l'é- 
ternit.'  et  les  espérances  de  l'airci-tion  qui 
regrcllo  ceux  qui  uo  soûl  plus  ? 


701 


Mil 


l'Ill 


7<« 


Ail  I  nous  1((  (Toyons.  voii-^  nw/.  l'.iil  (rn|» 
jIc  Iiicii,  Mccnmpll  ll'n|iil('  (li'Vniiriiiciils,  |i(iiir 
que  lt>  iiii'iisoiigo  soit  ;iii  rniul  de  volic  coms- 
cicncc.  Non,  (•('(|iic  vous  diics,  vmis  h-  |icii- 
sc/.  itvcc  lii  naiv(.'l(''  ilc  cfs  cnr.iiils  (|iii  vniis 
iHiimiu'iit  liMir  |i('>i-i>.  N'oiis  '\o  voiiilric/. 
point  (les  co'isi'inicnccs  (|ii';nir;iil  volrr  doc- 
il  i  le,  si  t'll('  li'(''l;iil  l'.is  iiiii>  d.'  ces  ;illa(|ii('S 
inollriisivos  (pii  m"  l'ciivciil  pas  nK^nic  cl"- 
llciiror  l'i^pidcnnc  so;i;d,  (U  «pii  vicnncnl. 
SI'  hriscr  conlic  Itvs  cfoyaMci'S  r('li,-;i(Mi.>-(!>^, 
oominc  les  llocons  (rrciimc  (jno  (iDiii-lo  un 
llciivc  conîre  les  Ium'icIics  (pii  hoi'donl  s  s  li- 
vt>s.  V  oiis  lU'  voiidritv.  n;is  aiilon^cr  le  ciinic, 
pornu'ilrc  h  l'assassiM  de  pi-oclanifr  son  l'inu- 
Ct'iKui  sur  le  corps  sani;laiil  de  sa  vicliin(!  ; 
vous  no  voiiilric/.  pas  drc  nrcr  nos  codtvs... 

Mais,  pardon,  nous  no  devrions  pas  opjio- 
S(M"  de  raisons  ;\  ce  (pii  ni>  co'ui|>orlo  pas  do 
discussion. 

AnUinl  nous  sonuiies  s6v(^ro  quand  nous 
ronconirons  sur  nolri'  passaj;e  q'ioI(pio  no- 
vateur audacieux,  nn^  pai-  I  orgueil,  arujé  du 
iuenson^:;e  et  do  l'hypocrisie  ;  autant  nous 
ninu)  is  ;\  rencontrcM"  un  ami  de  riiun\a'iiiLS 
dont  le  cietM'gént''reu\  a  causcWoute  l'erreur. 
Le  blAine  s'arriHe  siu-  nos  lèvres,  nous  ten- 
dotis  une  main  l'ralernelle  et  atto'idons  avec; 
conliance  (in(>  Dieu  lasse  luire  sa  lumière  et 
ajoute  auv  (j'udilés  si  belles  dont  il  a  tlo;6 
lin  noble  cœur,  la  co maissanco  intime  do 
S(  s  voies  et  les  d  lueeurs  cle  son  amour.  (Bé- 
loui'io.  Des  Passioun,  vol.  Il,  p.  79.) 

Pierre  Leroux,  un  ilos  nuMubres  les  j)lus 
distingués  de  Téenle  saint-simonienne,  (|u'il 
(luilta  do  bonne  heure,  sans  renoiicer  à  la 
doctrine  du  progrès,  a  voulu  avoir  sou  sys- 
tème particulier  :  il  en  jeta  les  londemeots 
dans  une  brochure  inlitidéc  :  De  la  doctrine 
du  proijrh  continu,  et  l'a  développé  dans  un 
autre  ouvrage  cfui  a  [)our  titre  :  De  l'huma- 
nité, de  son  principe,  et  de  son  avenir,  2  vol. 
in-8%  puiiliésen  18'i-0,  et  dans  plusieurs  ar- 
ticles de  la  lievne  encyclope'dique  et  de  VEn~ 
cyclopédie  nouvelle. 

Voici  les  pomts  cardinaux  de  ce  nouveau 
système,  autant  (ju'il  est  possible  de  les  sai- 
sir, au  milieu  de  b'asnhèmes  de  toute  es- 
pèce, et  d'uii  latras  inintelligible  :  1"  L'hom- 
me n'est  ni  une  Ame,  ni  un  animal,  mais  un 
animal  translbi-mé  parla  raison  et  uni  à  l'hu- 
manité. 2"  La  destination  de  l'hom  lie  est  d'ê- 
tre en  comtnunion  avec  ses  semblables  et 
avec  l'univers;  les  moyens  de  communica- 
tion sont  la  famille,  la  patrie  et  la  propriété. 
3°  Le  mal  qui  tourmente  l'homme,  le  véri- 
table péché  originel  vient  du  despot.sme 
dans  la  famille,  dans  la  patrie,  et  dans  la 
pro,  riélé.'i-''Le  remède  au  mal  est  la  charité, 
ou  une  grande  dillusion  de  la  communion 
avec  ses  semblables.  5"  Le  christianisme  est 
la  plus  grande  religion  du  passé  ;  mai-^  il  y  a 
quel({ue  chose  de  plus  grand  que  le  christia- 
nisme, l'humanité.  Le  mosaïsme  développé 
acessé  d'être  le  mosaïsme,  de  même  le  chris- 
tianisme, développé  co.nme  il  doit  l'êlie, 
cesse  d'être  le  christianisme  :  il  a  fait  son 
temps  et  est  abandonné.  G"  Il  n'y  a  ni  para- 
Uis,  ni  enfer,  ni  purgatoire  hors  de  la  v"e  ; 


on  ne  doit  ponil  admettre  le  dunlisriu;  d'iui 
ciel  cl  (|  inif  Icrii',  conune  ^'d  y  usait  d<ii\ 
mondes.  Il  n'y  t"\  a  (pi'iiii,  et  l'erreur  surco 
poiiil-a  cil'-  fiiiie.slc.  7"  Dieu  n'est  point  hors 
du  iiio  'di>,'  ni  je  mo  idc  hors  d<-  Dii-ii  ;  la 
terre  n'est  |iuiiii  un  i  plus  hors  du  ciel,  ni  In 
ciel  hors  de  la  ti  rrr.  i.c  (pii  est  et  no  sv.  voit 
pas,  e>l  le  rii;!  ;  ce  qui  est  cl  siî  Voit,  es!  la 
terre;  le  ciel  ainsi  inlendu  est  Dieu;  la 
terre  et  co  ipii  s'y  passe  ^onl  les  eri'atiire.s. 
8'  (lliaqui!  homme  est  idrulilié  iwrc  l'Iiuma- 
nil '•  ;  il  n'existe  pas  par  lui-même,  mais  par 
riiiima  lité  ipii  est  en  lui.  Lhiiiiiaiité  ne 
minnl.  point;  elle  no  lait  que  subir  des  nio- 
diiicaiions  dans  les  individus  :  les  individus 
eux-mêmes  ne  font  donc  aussi  que  .subir  <les 
modilicalions  ;  ils  (;ontinuent  de  vivn,'  dans 
l'humanité,  et  se  petfoctionnenl  (h.'wliisen 
plus  avec  riiumaniti'.  \)  Le  nom  d'Auam  est 
un  mythe,  il  m;  repri-so  ito  poiil  un  i)re- 
mior  honnue  individui^l,  mais  l'humanilc;  ipii 
est  acluellemei:!,  dans  son  essence,  ci;  qu'elh; 
é  ait  il  y  a  six  mille  ans,  ce  (Qu'elle  a  été 
sans  commencement  et  ce  ([u'olle  sera  sans 
lin. 

I,"aut(!ur  s'elforce  dans  de  longs  chapitres, 
d'attirer  à  son  sentiment  les  tradil  onsjndaï- 
qu(>s  et  chrélitvvies,  les  doctrines  de  Moise 
et  de  .lésus-Christ. 

Du  reste,  il  alïïrme,  il  nie  avec  une  in- 
cro\  al)le  audace,  sans  se  mettre  en  neine  do 
prouver  co  (pi'il  avance,  et  entasse  les  unes 
sur  les  autres  les  impiétés  l"s  plus  absurdes. 
(  Houvier,  Hist.  de  la  philos.,  t.  H,  |)ag. 
kï±  ) 

La  révolution  de  Février  a  mis  au  jiinacle 
M.  Pierre  Leroux  et  les  auties  faiseurs  de 
systèmes  que  la  France  avait  encore  le  bon- 
heur de  posséder.  On  les  a  vus  h  l'œuvre. 
Pierre  Leroux  a  été  nommé  conunissaire  de 
son  dé|)artement.  Ce  grand  prêtre  de  la  loi 
nouvelle  a  fait  à  lui  seul  d.ais  quelques 
mois,  plus  de  proclamations,  pris  plus  d'ar- 
rêtés, fait  iuqirimer  plus  d'atiiches  ([ue  Na- 
poléon durant  son  règne.  Il  allait  faire  en- 
trer ses  administrés  dans  la  terre  promise 
que  son  système  montre  à  l'humanité,  quaiid 
l'atfreuse  réaction  est  venue  le  faire  rentrer 
dans  la  vie  commune.  Les  suifrages  de  ses 
adeptes  en  ont  fait  un  représentant.  La  tri- 
bune offrait  à  Pierre  Leroux  une  magnifi- 
que occasion  de  développer  son  système  :  il 
n'y  a  pas  manqué,  il  l'a  fait  tant  qu'il  a  pu; 
à  propos  de  tout,  à  pru[)OS  de  rien,  choisis- 
sant pour  prétexte  n'importe  quel  incident, 
Pierre  Leroux  exposait  pendant  cinq  heures 
sa  religion  nouvelle  à  l'Assembléiî.  Il  aurait 
eu  de  magniliques  succès  de  tribune,  si  les 
représentants  n'avaient  pris  la  funeste  habi- 
tude do  s'endormir  aussitôt  qu'il  parlait. 
Aussi,  jamais  Pierre  Leroux  n'a  pu  achever 
un  discours;  toutes  les  fo  s  qu'il  a  pris  la  pa- 
role, il  a  quitté  la  tribune  après  lavoir  oc- 
cupée qu.itre  ou  cnq  heures  duiant,  et  re- 
gagné son  banc  en  vociférant  des  impréca- 
tions contre  une  assemblée  qui  nerécoutail 
[sas.  Pierre  Le.oux  et  Proudlmn,  auteurs  de 
deux  systèmes  différents,  se  sont  attaqués  et 
combattus  avec  énergie  :  longtemps  la  vie- 


703 


PHO 


MIO 


TÔ4 


toire  osf  restée  iiulénse  ;  c'est  le  génie  de 
Proudhoii  (jui  a  trioinpiir.  11  a  caracl«''ris6 
en  quelques  mois  Pieire  Leroux  et  tous  les 
fai-^eurs  de  systèmes  do  lépoque,  et  leur  a 
jelé  à  la  friee  cette  inaj;iiifique  apostrophe, 
(jui  les  peijil  d'un  se\il  trait  d'une  façon  si 
frappante  :  Vntt^  rfrx  lous  (1rs  hlai/ururs  ! 

PHILOTfcUK  isaint  .  «>tait  lils  du  procon- 
sul Pacien.  Il  fut  martyrisé  à  Nicomédie. 
Après  avoir  beaucoup  soull'ert  sous  l'enipo- 
recr  Dio(;lélien.  il  reçut  enfin  la  couronne 
du  marlvre.  L'Eglise  fait  sa  f(Me  le  19  mai 

PHILOTHti:F/'saint),  souffrit  le  martyre 
sous  l'empereur  Maximin  avec  les  saints 
Domnin,  Théotime,  Silvaiu  et  leurs  compa- 
gnons dont  t)ous  ne  connaissons  pas  les 
noms.  Notre  mère,  la  sainte  E^^lise,  vénère 
leur  mémoire  le  5  novembre. 

PHILOTH^E  i<aint\  nurtyr,  eut  la  gloire 
de  mourir  pour  la  foi  chrétienne  en  l'an- 
née :297.  à  Samosate,  par  Tordre  de  Galère, 
avec  les  saints  HipjiaKpie,  Jacques,  Para- 
grus,  Habido,  Romain  et  Lollien.  Son  mar- 
tyre e<[  un  des  plus  glorieux  dont  l'histoire 
ait  gardé  le  récit.  A  l'article  Hippvhqie,  nous 
avons  donné  tout  ce  que  les  .\ctes  de  ces 
glorieux  soldais  du  Christ  nous  rapportent 
de  plus  intéressant.  L'Eglise  fait  la  fOte  de 
ce  sant  ei  do  tous  ses  compagnons  le  9  dé- 
cembre. (Voy.  HiprvRQiK.) 

PHlLL'.MlS'E  (saint),  l'un  des  quarante-huit 
martyrs  de  Lyon,  sous  l'empire  de  Marc-Au- 
rèle,  en  l'an  i77.  Il  était  citoyen  rouiain,  ce 
qui  fit  qu'on  le  décapita  au  lieu  de  l'exposer 
aux  bêtes,  comme  1:'  furent  plusieurs  de  ces 
saiuis  martyrs.  L'Eglise  fait  leur  fête  à  tous 
le  2juin. 

PHOI-AS  (saint),  évéque  de  Synope,  mou- 
rut victime  de  la  persécuion  de  Traja  i,s,ris 
que  l'histoire  eût  rien  gardé  qui  nous  dit 
comment  aniva  sa  mort  et  (luels  en  furent 
les  di-taiis.  La  fête  de  saint  Pliocas  a  lieu  le 
IVjiiillet. 

PHOC,  AS  (saint),  était  jardinier;  il  demeurait 
àSynupe,  vdle  du  Pont,  s'occupant  à  cultiver 
le  jardin  qui  le  faisait  vivre,  et  lui  permet- 
laifmémede  fiire  aux  pauvres  d'abondantes 
auuiùnes.  Durant  la  persi'culion  de  Diorlé- 
tieti,  en  303,  il  eut  la  gloire  de  mourir  pour 
Jésus-Christ.  L'Eu;lise  fait  sa  fêle  le  3  juil- 
let. Saint  Asière  ,  évê([uc  d'Amasée,  a  fait 
son  é  oge,  que  voici  eu  entier. 

«  Entrant  aujourd  hui  dans  ce  temple,  que 
la  piété  des  fidèles  a  élevé  au  bienheur<  uv 
Phocas,  je  rappelle  en  ma  m  nuoire  tout  ce 
que  la  tradition  a  conservé  des  actions  de  ce 
saint  martyr.  Je  me  représente  un  hounuo 
simple,  sans  artifice,  né  au  village,  et  nourri 
dans  l'innocence  de  la  campagne,  l'n  jardi- 
nier qui  des  fruits  d  »Mt  la  terre  piie  libé- 
ralement son  travail,  e-itrelient  sa  famille  et 
assiste  les  pau\res,  exerçant  l'hospitalité,  et 
redonnant  à  cette  vmMu.  si  peu  prati  pn-e  do 
nosjoiirs,  lo  lustre  qu'elle  avait  du  temps  des 
patnar.:hes.  Je  le  consiilère  comme  l'honneur 
de  ces  rivages,  l'ange  tuii'-laire  de  la  Médiler- 
ran 'C  ;  comnu'  un  grand  sauil.  connue  un 
confesseur  de  Jésus-Christ,  oserai-jc  le  dire, 
comm:'  un  «les  nlu^  ilbi^fres  martyrs  de  l'E- 


glise. Il  est  beau,  sans  doute,  d'être  jilacé 
dans  le  catalogue  de  ces  braves  et  généreux 
martyrs  qui  ont  donné  leur  vie  pour  celui 
qui  leur  avait  sacrifié  la  sieime,  qui  ont  mêlé 
leursangh  celui  de  l'Agneau,  et  qui  ont  rendu 
en  quelque  sorte  au  Sauveur  ce  qu'ils  avaient 
reçu  do  lui.  Dansée  sacré  catalogue,  il  n'y  a 
point  de  place  qui  ne  soit  très-honorable  ;  je 
sais  même  que  la  gloire  dont  ils  jouissent 
dans  le  ciel  les  met  au-dessus  des  autres 
ordres  des  saints  ;  maisje  sais  aussi  (|u'elle 
n'est  pas  également  |»ariag('e  entre  eux;  les 
couronnes  qu' on  met  sm-  leurs  têtes  sont 

f)lus  ou  moins  brillantes  ;  et  dansée  cata- 
ogue  enfin,  il  y  a  un  premier  et  un  second. 
Cette  inégalité,  s'il  m'est  permis  de  dire  \h- 
dessus  ma  |)ensée,  vient  de  la  grande  éc[uité 
du  juge  qui  préside  aux  combats  de  tant 
d'illustres  athlètes.  Ce  juge  intègre  et  inlini- 
ment  éclairé  a  toujours  égard,  dans  la  dis- 
tribution des  [)rix,  et  h  la  grandeur  des 
touiments,  et  à  la  constance  de  celui  qui  les 
endure.  Et  qu'on  ne  s'étonne  pas  de  voir 
Dieu  mettre  ces  diîférences  entre  ceux  qui 
combattent  (  our  lui,  [)uisque  môme  les  em- 
pereurs et  les  magistrats  qui  président  aux 
combnts  et  auxjeu:v  publics  de  l'amphi- 
tiiéàtre  et  du  clique  en  mettent  parmi  les 
athlèies,  et  ont  divers  prix  pour  les  divers 
degrés  de  force,  de  valeur  ou  «l'adresse  qu'ils 
remarquent  dans  b-s  conibattants.  Ce  prin- 
cipe établi,  mes  frèn  s,  il  me  sera  facile  de 
vous  faire  voir  que  de  tous  le<  martyrs  celui 
qui  nous  asst.'mble  aujourd'hui  en  ce  lieu  est 
le  [)lus  digne  de  nos  respects  et  (b:'  notre  vé- 
nération. Car  enfin,  ou  le  nom  des  autres 
est  peu  connu,  ou  leur  vertu  est  restée  dans 
l'obcurité;  mais  quel  est  l'homme  sur  la 
terre  qui  ignore  le  nom  de  P!i<.  js  ?  Quels 
yeux  n'ont  pas  été  fra|ipés  de  1  éclat  «le  sa 
gloire,  et  (pudles  oreilles  n'ont  pas  oui  le 
bruit  de  ses  louanges?  Partout  où  l'on  con- 
naît Jésus-Chiist,  on  connaît  Phocas,  son 
fidèh>  serviteur.  Mais  sans  m'arrêter  à  ce 
(pi'd  a  de  counuun  avec  les  autres  saints,  je 
réduirai  tout  son  éloge  aux  seules  vertus 
(pi'il  a  fait  [larailre  en  (pialilé  de  martyr. 

«  L'an»  ienne  ville  de  Synope,  notre  voi- 
sine, si  féconde  en  grands  honnues  (1),  fut  U 
patrie  de  saint  Phocas.  l'n  [>t>tit  jardin  situé 
à  l'enlrée  de  l'isthme,  et  h  mie  des  portes  de 
la  ville,  fut  tout  son  patrimoine.  Ce  qu'il  en 
retirait  lui  seivailh  nourrir  les  pauvres  et  à 
>e  nourrir  lui-même.  11  en  avait  fait  un  hos- 
pice (ju'il  tetiait  ouvert  h  tous  ceux  que  la 
Providence  lui  adressait  ;  comme  il  était  sur 
le  giand  chemin,  plusieurs  }  venaient,  et  il 
l(Mir  fournissait  avec  une  charité  pleine  de 
joie  tout  ce  ipii  leur  était  n/M-essaire.  (''••tait 
un  aulie  Lolli.  avec  cetie  différence  (pie  les 
habitants  de  Synope  étaient  fiieu  plus  hon- 
nêtes gens  que  ceux  dtî  Sodome;  il  ne  fut  pas 
longtemps  sans  recevoir  la  récompense  de 
son  hospitalité,  et  ce  fut  cette  vertu  même 
(pii  la  lui  procura,  de  la  manière  (pie  nous 
Talions  rapporter,  tni  reprenant  notre  récit 
d'un  peu  plus  haut. 

(\)  Siraltoii.  biogi'no  le  Cynique,  ol  Aqiiila,  ce- 
Icbrc  inlorprclo  do  IKcrilurc. 


1 


70S 


I>IIO 


riio 


■0» 


<>  l/l';v;m!:iil(M'(ail.  amionci'',  cl  sti  rrtiiui- 
daiil  |i.'ii' Idiilc  In  tcrro,  il  (-(iiinnrjirait  h  i'iiii'c 
('t)iiiiiiiln'  J(''siis-(;iiii.sl  »  I  SCS  iiiy.sl(''r('S,  lors- 
qno  les  iialions  .s'assciiiiilcrcni  en  tiiiiinllo, 
ot  livs  |)i'iii('(vs  .s(»  lij^iirrciit  coiilrc  sou  Stii- 
KtU'Ui'  (!l  coiilro  son  C.lirisl.  Li>  royaiiiui^  du 
l'"ils  (1(1  l)i(Mi  (|ui  .s'rlalilissail  cxcilail  lio 
grands  (roubles  parmi  l('s|i(>u|d(vs.  Ou  l'ai.sail 
partout  d'dxacli's  rcclicrclics  dcvs  cluM'Ilcns  ; 
(Ml  l(>$  pouiv.uivail  couuuo  niagicicus.  (It'uv 
dont  on  pouvail  se  saisir,  «il  (pii  se  trou- 
vaient couiMKî  sous  la  main  des  pcrsécu- 
tourSjélaioiil  jinnis  sur-lc-cliamp,  ol  l'on  lai- 
snil  (lier. lu  r  avP(r  .soin  <(Mi\  (pii  rlaicnl 
«Moij^nés.  \a\  co-idiiion  |mmi  rcicvéi'  cl  la  pro- 
i(vssu)n  de  jardini  r  ni^  pmcnl  dérober  l'Iio- 
cas  ^^  la  eonnaissanci»  des  di-laleurs  ;  il  i'ul 
dénoncé  connue  disciplo  de  J-sus-Cluist. 
On  envoie  aussi UM  des  t^ens  po;H-  le  faire 
mourir,  sans  ar.lre  i'oruialilé,  cl  .sur  la  simple 
dénonciation,  deux  qui  étaient  chargés  do 
celle  commission  vinrenl  chez  lui  ;  et  certes 
le  crime  dont  il  était  accusé  élail  de  lelh;  na- 
ture, (pi'un  liounne  de  cœur  connue  lui  fai- 
sait gloire  de  lo  confesser  liaulemenl,  sans 
qu'il  fût  besoin  de  l'interroger,  cl  d'instruire 
son  procès  selon  les  formes  ordinaires.  Ces 
hommes  donc  envoyés  pour  tuer  le  saint, 
ceux-là  mômes  h  qui  nous  avons  l'obligation 
de  la  fête  que  nous  célébrons  aujourd'hui, 
demandèrent  à  loger  chez  lui  ;  ils  y  furent 
très-bien  reçus,  sans  qu'ils  le  connussent  ou 
qu'ils  fussent  connus  de  lui.  Ils  ne  lui  dirent 
pas  d'ai)ord  le  sujet  (pii  lesamenait  h  Synope. 
Leur  dessein  était  de  s'infjru)er  du  peuple 
de  ce  faubourg,  sans  marquer  d'allectation  , 
qi'el  homme  c'était  que  Phocas,  et  où  il  de- 
meurait; et  ils  l'eussent  sans  doute  surpris 
dai\s  son  jardin,  par  la  trahison  de  quelques 
Judas,  comme  les  Juifs  se  saisirent  autrefois 
du  Sauveur  dans  le  jardin  des  Oliviers,  si  'a 
chose  n'était  arrivée  d'une  autre  sorte.  Ce- 
pendai't  ils  ignorent  que  cdui  qu'ils  vien- 
nent chercher  de  bien  loin  est  en  leur  pou- 
voir; et  qu'ils  tiennent,  sans  le  savoir,  la 
proiedans  les iilets  ;  ainsi,  un  innocent  agneau 
se  iroiivail  au  milieu  d'une  troupe  de  loups; 
et  une  colombe  sans  liel  et  sans  malice 
parmi  les  vautours  cruels  et  carnassiers  ; 
ou,  connue  dit  Isaïe,  le  chevreau  était  cou- 
ché au[)rès  du  léo[)ard,  et  le  veau  paissait 
avec  les  lions.  ïlnlin  ceite  liaison  qui  se  forme 
d'ordinaire  à  la  table  ayant  fait  naître  la  con- 
fiance entre  les  soldats  et  leur  hôte, le  saint 
leurdeman.Ja  qui  ils  étaient,  et  ce  qu'iis  ve- 
naient faire  à  Synope.  Eux.  (jui  étaient  char- 
més de  la  manière  honnête  et  pleine  de  bonté 
avec  laquelle  Phocas  les  avait  reçus,  ne  cru- 
rent pas  devoir  Jui  faire  plus  longtemps  un 
secret  de  leur  commission.  Ils  lui  dirent 
«lonc,  après  qu'  il  leur  eut  promis  qu'il  ne 
découvrirait  à  personne  ce  qu'ils  allaient  lui 
contier,  qu'  ils  cherchaient  un  certain  Pho- 
cas, et  qu'ils  avaient  ordre  de  lui  faire  bonne 
et  briève  justice  aussitôt  qu'ils  le  pourraient 
rtnconirer;  qu'ils  le  priaient  donc  d'ajouter 
une  n(,uvclle  grâce  à  celle  qu'il  leur  avait 
faite  en  les  traitant  si  bien,  qui  était  de  les 


aider   à     di-convrir   riiomiuc    qu'ils    ih' i- 
<  liaient. 

«  l.c  servileiir  de  Dieu  écoula  tranquillo 
meut  une  nouvelle  <pii  le  loiii'liait  de  si  pies, 
l'ille  uv  lui  causa  pas  la  moindre  émolioi;  il 
ne  dit  rien,  il  ne  laissa  rien  voir  qui  pûl  fajro 
.soupçonner  qu'il  eiU  jieur.  Il  ne  soii^iea  point 
h  se  garantir  par  la  luile  d'un  aussi  grand 
péril  ;  cl  (pioiqui;  rien  m;  lui  fill  plus  tacih;, 
puisipi'il  n'était  iioinl  inicore  d<;i'ouv<'rt, 
cette  facilité  toulelois  ni;  le  tenta  jioint.  Mais 
répondant  aux  soldats  du  i  air  (pii  n'avait 
rien  d'cMiibarrassé,  sur  la  prière  (pi'ils  lui 
avaient  laite  :  J(!  ferai  votre  alfaiie,  leurd.t- 
il,  je  ((tnnais  le  pcn'sonnage,  et  je  me  fais 
fort  de  l(!  dépis'er  ;  jo  ne  vous  demande  p(;ur 
cela  (pie.  vingt-((iiati(!  heures,  et  j(!  vous 
|)roiuels  de  vous  en  doiuicr  des  nouvelles 
Cfn'taines  avant  (lu'il  .soit  d(nnain  nuit.  He|  o- 
se/.-vous  cep(ni(lanl  dans  mon  petit  taudis. 
Il  employa  le  délai  (pi'  il  avait  pris  à  faire 
d(M!\  choses  :  la  pr(;mièrc,  h  régalm-  ses 
nuMirtricrs  le  mieux  qu'il  put,  et  la  seconde, 
h  préparer  ses  funé/vailh^s.  Lors  donc  (pi'il 
eut  creusé  une  fosse,  et  qu'il  eut  mis  ordi  e  à 
tout  ce  (jui  était  nécessaire  pour  sa  sénul- 
ture,  il  va  trouver  ses  hôtes.  Eh  bien  !  leur 
dit-il  en  les  abordant,  la  bête  est  dans  les 
toiles,  je  vous  l'avais  bien  promis;  j'ai  fail 
de  si  bonnes  enquêtes  que  j'ai  trouvé  Pho- 
cas, (ît  il  ne  tiendra  qu  à  vous  de  vous  en 
saisir  tout  présentement.  Eux,  tout  joyeux 
de  ces  bonnes  nouvelles,  lui  dirent  :  Ou  est- 
il,  montrez-le-nous,  condu  sez-nous  oiî  il 
e^t.  11  n'est  pas  loin  d'ici,  leur  répliqua-t-il, 
il  est  devant  vous,  c'est  inoi-mêmej  exécu- 
tez vos  ordres  ;  que  rien  ne  vous  arrête  ,  et 
terminez  promp^oment  l'atfaiie  qui  vous  a 
fait  entreprendre  un  si  long  voyage.  Oui 
pourrait  exprimer  l'étonnement  où  ces  sol- 
dats se  trouvère. it  à  ces  paroles?  Ils  demeu- 
raient immobiles;  ils  ne  pouvaient  se  résou- 
dre à  trem[)er  leurs  mains  dans  le  saiigd'un 
homme  qui  les  avait  si  bien  reçus,  et  qui 
s'était  montré  envers  eux  un  hute  magniti- 
que,  môme  dans  sa  pauvreté.  Mais  lui,  les 
voyant  irrésolus,  les  encourageait  :  Ne  crai- 
gnez point,  leur  disait-il,  de  me  faire  mou- 
rir, ce  ne  sera  pas  tant  de  vos  m  tins  que  je 
recevrai  le  coup  delà  mort,  que  des  mai.  s 
de  ceux  qui  vous  ont  envoyés.  Il  parla,  il 
persuada,  il  oijtint  ce  qu'il  demandait  :  on 
lui  coupa  la  tête,  et  il  fut  offert  à  Dieu 
par  les  anges  comme  une  hostie  d'agréable 
odeur. 

«  Depuis  ce  jour,  l'Eglise  le  reconnaît 
comme  une  des  principales  colonnes  qui  la 
soutiennent  ;  elle  le  révère  comme  un  mar- 
tyr d'une  très-grande  distinciion.  qui  tient 
un  des  premiers  rangs  entre  les  plus  distin- 
gués. Toutes  les  villes,  toutes  les  provinces 
envoient  leurs  habitants  à  son  tombeau  ;  et 
tous  les  chemins  sont  couverts  de  ceux  qui 
vont  lui  offrir  leurs  vœux.  Aussi  de  tous  les 
temples  qui  lui  sont  dédiés,  le  plus  supcibe 
comme  le  plus  fameux  est  celui  qui  possède 
son  sacré  corps.  Etes-vous  dans  l'aliliction.^ 
allez  à  Phocas,  il  vous  consolera.  Etes-vous 


7(^7  nio 

infirma,  nrr.ihié  do  ninux?  visitezlo  tombeau 
di'  IMh'i.T^.  vous  y  Iroiivortv,  la  santé.  Ktos- 
voiis  famcMiquc  ?  coiiroz  au  lomplo  de  Pho- 
ra«;.  vous  y  trouverez  une  t  dilc  toujours  ser- 
vie pour  los  pauvre^.  Phoras,  tout  nioitqu  il 
est,  fournit  au\  besoins  de  ceux  ([ui  ont  re- 
rours  à  lui  avec  bien  pbis  d'abondan-'O,  et 
d'une  manière  pbis  graKb'  et  pbis  royale, 
que  ne  lit  autrofois  Jos!'[»h(birant  sa  vie  ;  ear 
enli'1,  si  Joseph  ouvrait  les  i^rci  ers  de  l'E- 
gypt  ',  s'il  distribuait  au\  priiples  le  blé  qiio 
sa  prévoyance  y  avait  amassé,  personne  n'y 
étau  reçu  (pi'avee  de  l'argent,  des  bestiaux 
ou  des  terres  ;  et  Pliocas  en  donne  libérale- 
ment à  tous  ceux  qui  se  présentent  pour  lui 
en  deman  1er  i\\  Cet  isihiue  de  Synope  est 
con)ine  un  magasin  puitlic,  toujours  ouvert 
au\  indigents,  et  un  hospice  toujours  prêt  à 
recevoir  ceux.  (|ui  n'ontaurune  n-liaite. 

«  Mais  ce  n'est  pas  seulemenl  le  lieu  oii 
repose  le  corps  du  saint  qui  e>t  l'objet  de  la 
dévotion  des  filèles,  et  le  terme  de  leurs 
pieuses  courses  ;  tous  ceux  <i  qui  il  a  bi^'U 
voulu  accorder  quelque  partie  de  ses  reli- 
ques, cl  qui  sont  comme  autant  de  colonies 
saintes  tirées  de  Syno[)e  ;  tous  ces  lieux,  dis- 
je,  consacrés  par  ces  précieuses  particules, 
ne  sont  pas  moins  révérés  |)ar  los  chrétien-;. 
Tel  est  le  temple  où  je  parK',  qui  est  d  -venu 
une  salle,  si  j'ose  m'exprimer  de  la  sorte,  où 
les  pauvres  sont  tons  les  jours  en  festin.  T  •! 
est  encore  dans  la  ville  impé:iale,  d.uis  la 
premièit',  ville  d'Italie  et  du  monde  enter; 
tel  est  dans  Home  ce  temple  d'une  sti urtuie 
admirable,  que  les  Romains  ont  bàli  à  noire 
saint  jardinier,  pour  qui  ils  ont  une  vénéra- 
tion qui  va  j)resque  de  p  lir  avec  colle  (|u'ils 
ont  pour  sanit  Pierre  et  saint  Paul.  Us  n'ont 
épargné  ni  soi  is  ni  dép.'Usos  pour  avoir  son 
chel';  en  cela  bien  ditlV-renls  de  la  dél  stable 
Héro.iiade,  qui  ne  voulut  avoir  la  tète  de 
saint  Jean  que  pour  1 1  déslionorer,  au  lieu 
que  le  peuple  romain  a  cru  ne  pouvoir  assez 
acheter  celle  de  saint  Phojis,  dans  le  des- 
sein de  lui  rendre  tou.-^  los  honneurs  dus  à 
un  martyr  d'une  si  grande  ré[)ulalion  (2). 

Mais  entre  tous  coux  (|ui  iDuoronl  saint 
Phocas,  d  n'y  en  a  |)oinl  qui  lui  s  >ient  plus 
dévols  que  les  gens  de  mei-,  non-.'<eulement 
ceux  qui  Ir.iverscnl  le  Pont-IJixin  ,3),  mais 
encore  eeuv  (|ui  naviguent  sur  la  mm- Adria- 
ticjuo  i)  ;  ceux  (jui  cùl(»ienl  les  iles  de  la 
luor  Egéti  ij);  ceux  qui  voyagent  sur  l'Océan, 
ceux  riilin  ijui  parcoure  il  les  divers  golfes 
de  la  mer  du  l.evanl  ;  tous  oui  pour  relrain 
de  leurs  t;ha  isoiis  uaulotmiéres.  Phocas,  Pho- 
ia>  ;  les  louanges  du  martyr  en  lonl  le  sujet 
le  plus  ordinaire  :  ils  oui  il  lous  moiueiils 
sf)u  nom  à  la  bouche,  c'('^l  leur  cri  dans  tou- 
tes les  mameuvres  qu'ib  tout,  et  ils  .issuicnl 

(I)  Pradigioiiscs  niiinônrs,  qui  &c  faisaient  aux 
tOiiiltiMiix  tlf'.  M.irhrs. 

(i)  P.Miciiole  •'<  rit  nm*  !'*  coip-i  do  saint  Plimas 
est  s  iiM  II"  >{ran>l  autel  de  Ic^liso  ilc  Sainl-Maixol 
à  Romo. 

(.>)  La  mor  Noiri», 

[\)  Ir  gullf  'le  Venise. 

(."))  L'Arcliipd.  L'Occau  occidonlal.  I;\  incr  dei 
loues. 


pno 


708 


qu'ils  ont  reçu  do  lui  une  infinité  do  marques 
d'une  prote(;tion  parliiulicre.  .Vussi  ces  bon- 
nes gens,  par  uni'  cs[)éoe  de  reconnaissance 
h  leur  manière,  ont  routunie  de  ra[)pelerà 
leurs  pelils  ro-ias  :  mais  parce  que  les  vian- 
des qu'on  y  sert  ne  peuvent  être  à  l'usage  du 
saint,  qui  est  maintenant  sans  corps,  vovez 
ce  que  l'ingénioiise  piété  de  ces  mat  fols 
leur  a  fait  i  ivenler  pour  rendre  on  quelquo 
sorte  possible  ce  qui  n*  peut  l'éire  suivant 
le  cour>  de  la  nature.  Ils  font  donc  cha(]ue 
jour  la  part  du  martyr  ;  (juelqu'un  de  ceux 
qui  sont  h  tab  el'acliéle.  et  consigne  l'argent; 
le  lendemain  un  autre  fait  la  même  chose,  et 
un  troisième  en  fait  autant  le  Iroisième  jour, 
et  juscpi'à  la  fin  du  voynge,  chacun  <à  <on 
tour  achète  celte  |>art;  entin  au  premier  p<irt 
où  on  débar([ue,  on  distribue  cet  argent  aux 
pauvres  ;  et  ainsi  la  [lait  de  Phocas  devient 
la  part  des  pauvres. 

«  Les  rois  mêmes  et  les  grands  de  la  lorro 
viennent  déposer  leur  fasie  et  r(U'gueil  du 
Irone  aux  pieds  de  ce  villageois;  et  pleins 
d'admiration  pour  sa  généreuse  fidélité  en- 
vers Dieu,  ilsaiment  h  chargersonlombenudo 
riches  et  de  magniii  [ik  s  otrramles.  Au  reste, 
il  y  a  parmi  tant  de  Jévols  pèlerins,  qui  ac- 
courent de  toutes  les  nro- inces  de  l'empire» 
une  sainte  émulation  îi  qui  donnera  au  mar- 
tyr de  plus  fortes  marques  de  respect 
et  de  vénération;  les  jeunes  gens  ne  le  veu- 
lent point  céder  aux  vieillards,  et  les  vieil- 
lards le  disputent  aux  jeunes  gens.  Maisdoil- 
on  s'étonner  (pic  des  Koma  ns,  que  des  hom- 
mes i  isruils  dans  la  piété,  d(Uil  la  vie  est 
réglée  [lar  des  lois  toutes  saintes,  aient  de  la 
dévotion  pour  un  servileur  de  Jésus-Chiist  ? 
l.a  merveille  est  de  voir  des  barbares  se 
prosterner  devant  ses  reliijues.  Mais  quels 
birbares?  Dos  Scythes,  ces  peuples  féroces 
qui  liabitenl  luloiir  des  Palus-Méolides  ^1), 
sur  les  bords  du  Bosphore,  le  long  du  'fa- 
nais, et  (pli  boivent  l'eau  du  l'hise.  Us  s'em- 
pressent tous  .\  riMiiIro  leur  culte  à  ce  pau- 
vre jardinier.  El  cpiinqu'ils  soient  enlièie- 
luenl  (liiréreiils  de  nous  |)ar  leurs  coutumes, 
leur  génie  ou  leur  langage,  ils  s'accordent 
avec  nous  en  cela  se. il,  qu  ils  honorent  saint 
Phocas.  N'a  vous- nous  pas  vu  un  de  leurs 
princes  s'tMer  de  dessus  la  lète  sa  propre 
couronne,  tout  élinc(.'lanle  de  pierreries,  et 
se  dépouiller  de  ses  armes  d'une  richesse  ex- 
traoïdinaiie,  et  mi  faire  un  presenl  h  Dieu 
sur  le  tombeau  du  marlyr,  lui  c<msacrant 
ainsi,  par  les  mains  de  son  serviteur,  les 
maicpies  do  sa  dignité  et  de  son  pouvoir.  Il 
envo, a  coiiiiiK!  roi  sa  couronne,  pour  témoi- 
gner sa  reconnaissa  ice  du  royaume  «|ui  lui 
(Mail  «W'hu  ;  el  il  oïlril  ses  aunes  jtour  niar- 
(|ner(pril  tenait  li'en  haut  la  valeur  t-l  les  au- 
tres vol  lus  miliuuresqui  éclataient  en  sa  per- 
sonne. Fin  s>ons,  en  lendtnl  h  Jésus-Christ 
milUr  actions  d(<  ^lAces  i.e  (  c  cpiil  veut  bien 
accoi-der  h  ^es  sorvileurs  une  si  grande  puis- 
.sance,  <|uo.  quoi<|ue  piiv.'s  de  vie ,  ils  ne 
laisseiil  p.is  de  rendre  l,i  s  uilé  aux  malades, 
de  donner  en  songe  des  avis  salutaires  k 

(I)  La  incr  de  Zabaquc.  Les  pelils  TarUres. 


(09 


MA 


MK 


710 


cmix  qui  en  uni  hcsdiii,  ni  do  rc'ijtomlro  par- 
tout l(*s  liiciilails  (le  Dinii.  u 

PIIOCAS  (s/iiiil),riil  iiiiiilyris(^  à  Aiilioi^ho. 
A|>i'<^s  jivoir  |)'Viiic()ii|i  SI)  Il  Ile  il  d  (iiiliaii^f'H 
|)(>iir  li^  moiimIii  Saii.vciii-dii  iiioiidt*,  il  Irioiii- 
|»lia  ^;luii(Mi.sriiicill  dt'  railcicii  .sti|i('iil  ;  ci! 
(]ui  se  vnniii'  |)<ii-  un  iniiaclr  ((iiilinn  I  ;  car 
si  (inuliju'nn  a  ctc  innrdii  d'un  .soi'jiciit,  il 
li'osi  |»,is  |tlul(M  arrive  à  la  |tiirl(^  de  l'i'f^li.so 
de  et*  .saiiM  in.ulvr,  avec  iiiK*  lui  vive,  (|im' jo 
voiiiu  pordanl  sa  torco,  il  ust  giu^ri  h  riiibUiiil 
iiu^iiK».  I/Kgli.sc  riionorc  le  îi  mars. 

l'IiOTIDI'l  (sailli),  mar[\r,  ('lait  oi-i^inairo 
(le  Saiiiaric.  Il  roçul  la  cnuntn  ic  du  luirlyro 
■  avec  saillie  iMiolino  ol  ses  cîifails,  sa  'il  Vic- 
tor et  sailli  Josi'pli,  les  saints  Sebastien,  ol'- 
ticior  do  rarinée,  Anatolf,  IMiolius,  et  Uis 
Sflinlos  Parasrèvo  el  t'yiiaiiue,  sumu-s.  On 
ignore  la  dati'  de  leur  mort  :  le  Marlyrolo,;;o 
romain  dil  pour  tons  détails  cprils  ondmô- 
roul  le  martyre.  I/I^dis"  célèhre  la  mémoire 
de  tons  ct>s  saints  martyrs  le  20  mars. 

.PHOTIN  (  sailli  ),  martyr,  triait  l'i  ère  de 
saint  Anicel,  (>l  souilVil  le  martyre  av -e  lui 
ol  [jlusu'urs  autres  dont  ou  ignore  le  nom,  <\ 
Nicomédio  et  sous  le  rè;;;ne  de  Dioi  lélien. 
L'Egl.so  honore  leur  glorieuse  mémoire  le 
12  août. 

PUOTIN  (saint),  fui  martyrisé jl  Nicomé- 
die  avec  le  comte  Anicol,  son  frère.  Leur 
martyre  arriva  sous  le  rogne  de  Fempereur 
Diociétien.  L'Eglise  fuit  la  fêle  de  saint  Pho- 
tin  le  12  août. 

PHOriNE  (sainte),  martyre,  souÛ'.it  avec 
saint  PiioriuK  (  Voi/.  ce  nom  ). 

PHOTIL'S  (  saint  ),  martyr,  soulTrit  avec 
saint  Photide  [Voy.  ce  nom) 

PHOTIUS  (  sainl  ),  martyr,  donna  sa  vie 
pour  la  foi  avec  les  saints  martyrs  Archelaiis 
et  Cyrille.  On  ignore  le  lieu,  la  date,  et  les 
circonstances  de  leurs  co;nb.its.  Le  Martyro- 
loge romain  n'en  dil  rien.  L'Eghse  honore 
leur  mtlmoire  le  i  mars. 

PHHYlîIE,  pays  de  l'Asie  Mineure,  qui  vit 
le  martyre  de  sainte  AriadiuS  sous  rem,;ire 
et  durant  la  persécution  d'Adrien.  La  dite 
exacte  du  sup[)lice  qui  termina  les  jours  de 
cette  sainte  reste  ignorée. 

PHUSIKIUS  (  saint  ),  martyr  de  Perse  en 
l'an  de  Jésus-ChristSil,  versa  son  sang  pour 
la  cause  du  christianisme' durant  la  persécu- 
tion si  terrible  que  latyrann^e  de  Sapor  sou- 
leva conti-e  JEglise.  H  est  Tun  des  compa- 
gnons du  martyre  de  saint  Siméon,  évéque 
de  Clési[)hon  et  de  Séleucie.  (  Voy.  l'article 
de  ce  saint  martyr.  )  L  Eglise  honore  la  mé- 
moire de  saint  Phusikius  le  17  avril. 

PIALE  (  sainte  j,  martyre,  sœur  de  saint 
Fingar  ou  Guigner,  fut  niaityrisée  avec  lui 
enio5,  dans  la  Coiiouaille  armoricaine,  par 
un  prince  breton  nommé  Thewdric.  L'Eglise 
honore  sa  mémoire  le  V*  décembre.  (  Voy. 
Fingar,  ) 

PIA'NCIE  (sainte),  martyre,  est  citée  dans 
llsuard  et  dans  le  xMar'tyro.oge  romain, 
comme  ayant  été  martyrisée  dans  le  Vexin 
fra-içaisjsous  le  présidentFescenninus,  avec 
les  sainls  Nicaise,  Quirin  et  Scubicule.  U  est 
probable  que,  comme  les  sainls  dont  il  est 


ici  (fucstion,  .saiiitn  Piancio  lut  enleriée  h 
(wini,  sur  les  bords  do  l'KpIe  en  NrMiiwiiidie. 
Le  mari  \  re  de  tous  cj'.s  sanls  eul  lieu  vers 
r.uiiii'e  2H(i,  MiiiH  le  rù^ne  de  l'einnereur 
iMocléiien.  L'I'glise  horioro  la  niéinoiro  do 
cette  sainte  le  1  i  uctobif. 

l'IA  I  (x.iiiiij  iMi  PuroN,  était  originnirn 
d'Italie.  On  croil  (pi'il  luwpiii  ji  Hénévent.  Il 
vint  de  Koiiie  avec  saitil  Denis  de  Piiris  et 
toute  celle  année  de  saints  conipuManls  (pii 
vinrent  dans  les  (iaulcs,  [lour  le»  soiimellro 
à  Jésus-Christ.  Il  vint  jusipic  dans  la  (;;nilo 
HelgKpie  cl  convertit  les  halntanls  di;  Tmir- 
nay  et  des  environs.  Il  fut  martyrisé  en  2H() 
environ,  sous  rempire  de  Maxiinnii.  On  lo 
per(;a  dans  plusieurs  endroits  avec<;es  énor- 
mes clous  dont  les  Uoinains  se  servaient 
pour  relier  h'S  poutres  ensemble.  Sainl  Eloi 
découvrit  son  corps  dans  le  vu'  siècle,  ainsi 
que  les  clous  dont  on  l'avait  [»ercé.  Il  renfer- 
ma toutes  ces  saintes  reliipies  dans  une 
chVsse.  Ses  reliijues  sont  encore  dans  l'an- 
cienne ccdiégiale  de  son  nom,  au  bourg  do 
Séidin.  L'Eglise  fait  la  lê.e  de  saint  Pial  le 
1"^  octobre. 

PIE  (  siinte),  soullVit  le  martyre  pour  la 
foi  en  Ah'.ipie,  sous  le  règne  de  Valérien, 
ian  259,  avec  les  sainls  Paul,  (iéronce.  Jan- 
vier, Saturnin,  Successe,  Jules,  Cal,  et  les 
saintes  Germaine  et  'i'ertnlle.  On  manijuede 
détails  authenliques  sur  l.mr  martyre.  L'E- 
gisft  fait  liMir  fête  le  19  janvier. 

PiEKUE  (saihtj,  apùlre  et  martyr,  prince 
des  apôtres,  lils  de  Jonas,  (pii  est  parfois  ap- 
pel '  Jean  dans  le  texte  latin  de  l'Evangile 
et  dans  quelques  manuscrits  grecs,  se  nom- 
mail  d'abord  Simon  ou  S, méon.  Le  lieu  de 
sa  naissance  ou  de  sa  demeure  étail  Ueth- 
saide,  bourg  de  la  Galilée,  sur  le  lac  de  Gé- 
U'^sareth.  Il  étail  frère  de  saint  André,  et 
pécheur  comme  lui,  quand  il  fut  appelé  jiar 
Jésus-Christ  à  l'apostolat.  Choisi  par  son 
divin  maître  pour  être  le  chef  de  l'Eglise, 
la  pierre  fondanaenlale  de  l'éditice  éternel 
qu  il  venait  construire  pour  le  salut  du 
genre  humain,  Pierre  fut  de  tous  les  apô- 
livs  celui  qui  lui  mar([ua  le  plus  de  dévoue- 
ment et  d'amour.  On  sait  la  chute  de  saint 
Pierre  et  les  larmes  amères  qu'il  répandit 
pour  expier  le  crime  d'avoir  renoncé  Jésus- 
Christ.  Sans  doute  le  repentir,  le  remords 
avaient  lavé  son  âme,  mais  l'immense  dou- 
leur d'une  telle  faute  n'y  était  point  apaisée. 
Ce  fut  Jésus-Christ  lui-même  qui  voulut 
verser  sur  cette  plaie  cuisante  de  son  disci- 
ple, le  baume  salutaire  qui  guérit  en  con- 
solant. Saint  Pierre,  tremolant  au  souvenir 
de  sa  chute,  et  prévoyant  les  dangers,  les 
obstacles  qu'il  allait  rencontrer  dans  son 
apostolat,  devait  nature  lemenl  craindre  de 
tomber  encore.  La  fatale  expérience  du 
passé  lui  taisait  redouter  l'avenir.  Tout  est 
magnifique  dans  les  desseins  de  Dieu,  tout 
est  sublime  da  is  ces  premiers  événements 
de  l'histoire  du  christianisûje.  Pour  ensei- 
gner aux  hommes  comoien  sont  grandes 
leur  faiblc'^se  et  sa  miséricorde,  combien  le 
rej)enlir  est  puissant  devant  lui,  Jésus-Christ 
avait  permis  que  le  premier  de  tous   ses 


711 


PIE 


PIE 


714 


disciple^ ,  lo  prince  dos  oMAtros ,  lo  chof 
après  lui  de  TE-^lise,  fi^l  immoiiS('Mnont  cri- 
minol.  Ainsi,  dt's  los  prtMiiitM's  jours  do  l'E- 
glise, dans  la  personne  de  saint  l'ierrc, 
coinme  aux  premiers  jours  du  monde  dans 
coUo  (TAd-iiu.  1  'S  hoiu'no>5  eurent  un  e\om- 
ple  de  la  faillibilito  huujaino.  Dans  lo  repen- 
tir de  saint  Pierre  ils  eurent  l'indication  do 
la  vilie  tjui  mène  à  la  misiVicordo  divine. 
A{irès  sa  résurrection,  Ji'siis-Chrisl  n'oiddia 
point  celui  c|ui,  depuis  qu'il  aviit  pécht', 
traînait  partout  le  poids  de  sa  douleur  et 
de  ses  remords.  Il  vint  ^i  lui  (Dieu  vieîit 
toujours  vers  le  pé'heur).  Ce  ifut  sur  les 
bords  de  la  mer  de  Tihonade  :  Pierre  était 
h  pécher  avec  plusieurs  autres.  Quand  il  re- 
connut Jésus-Christ  qui  était  au  rivage,  il 
se  jeta  h  1  c.iu  pour  l'aller  trouver.  La  paix 
et  la  consolation  l'attendaient  dans  le  sein  de 
celui  vers  qui  l'amour  et  le  repentir  le  fai- 
saient voler  ainsi.  Jésus-Christ  lui  prédit  sa 
mort  et  son  martyre.  Cette  prédiction,  qui 
en  eût  affligé  tant  d'autres,  fut  pour  saint 
Pierre  le  signe  du  pardon,  le  baume  qui 
ferma  ses  plaies,  l'armure  qui   le  rendit  fort 

Kour  marcher  à  l'accomplissement  de  la 
aute  mission  qui  lui  était  contiée.  11  mour- 
rait pour  son  maître,  sa  faute  était  donc  par- 
donnée.  Il  n'aurait  donc  plus  dans  l'avenir 
de  faiblesses  pareilles  à  celle  qui  l'avait  fait 
criminel.  Il  serait  donc  jusqu'au  bout  l'a- 
thlète fort  et  courageux,  le  pdote  intrépide 
capable  de  diriger  le  vaisseau  de  l'Eglise 
dans  la  voie  périlleuse.  Il  était  pardonné,  et 
plus  que  [lardonné.  Il  savait  (ju'il  aurait  la 
palme  du  martyre.  En  réritt^,  en  vérité,  lui 
avait  dit  son  m.-iUre.jV  vous  dis ,  lorsque 
vous  étiez  plus  jeune,  vous  vous  ceiqniez 
vous-même,  et  vous  alliez  oi)  vous  vouliez  ; 
mais  lorsque  flans  voire  vieillesse,  vous  éten- 
drez vos  mains,  un  autre  vous  ceindra,  et 
vous  mènera  oit  vous  ne  vouhz  pas.  Or 
il  dit  relu  marquant  par  q, telle  mort  il 
devait  glorifier  Dieu.  (S.  Jean,  cli.  xxi,  v. 
18,  19.) 

Ai>rès  la  mort  de  Jésus-Christ,  les  vérités 
u'il  avait  annoncées  au  hkmi  lo  et  siellées 


3 


e  son  sang  devi  rent  l'héritage  de  son 
Eglise,  et  ses  disciples  durent  marcher  dans 
c«'tte  voie  glorieuse  et  sanglante  (lui  com- 
mence  au  llolgolha  et  qui,  jusqu'il  la  fin  d?s 
sièoles  ,  sera  jalonnée  par  h's  gloires  des 
martyrs,  et  fécoudi'o  par  le  sang  des  apôtres. 
Saint  Pierre  eut  le  lionheur  d'être  lo  pre- 
mier do  tous  en  b  itte  \\  la  perséini'.on  :  il 
était  justf  (pie  h'  chel  de  l'église  oulrit  lo 
premier  dans  celle  voie  glorieuse,  sur  les 
pas  du  Sauveur,  à  la  léle  d.-s  légions  des 
conlesseuis  et  de>;  n).irlyrs. 

Le  jour  de  la  Pentecôte  (24  mai  33),  les 
flfiHircs  av'^nt  reru  I(>  Sainl-K>j)rit.  saint 
Pierre  avait  converti  par  un  disiour.-.  trois 
mille  personnes.  Tous  les  jours  le  nombre 
des  ronv. Trions  .iiigmeutnit.  «  Or  un  jour 
Pierre  et  Jean  moulèrent  au  temple,  à  la 
t»riéro  de  la  neuvième  heure.  El  un  nonune 
boiteux  dè^  le  sein  de  sa  mère  y  était  porté 
thaquf  jour,  et  on  lo  [tlarait  à  la  porte  du 
temple  appelée  la  Bcllt  Purtt,  pour  dcman- 


di-r  l'aumùne  à  ceux  (jui  y  entraient.  Voyant 
Pierre  et  Jean  entrer  au  temple,  il  les  pria 

d»'  lui  donner  l'auinniie Or  Pierre   dit  : 

Je  n'ai  ni  or  ni  argent  ;  mais  ee  que  j'ai,  je  te 
le  donne.  Au  nom  de  Jésus  de  Nazareth,  lève- 
toi  et  marche  ;  et  l'ayant  pris  par  la  main 
droite,  il  le  souleva  et  aussitôt  ses  pieds 
s'alfermirent,  et  il  put  marrher.  »  {Act.  m, 
passim.)  A  la  vue  de  ce  miraile,  h  la  vue  de 
cet  homme  qui  louait  Dieu  dans  sa  recon- 
naissance, une  grande  foule  de  peuple  s'as- 
scndda  autour  des  apôtres  dans  le  portique 
de  S.domon  (1) 

Pierre,  voyant  tout  ce  peup.e  assemblé, 
prononça  h;  disrours  suivant  :  «  Hommes 
d'Israël,  pourcpioi  vous  émerveilloz-vous  de 
ceci?  et  pourquoi  nous  regtrdez- vous , 
comme  si,  par  notre  vertu  et  notre  puis- 
sance, nous  avions  fait  marcher  cet  homme  ? 
Le  Dieu  d'Abraham,  disaac,  et  de  Jacob, 
le  dieu  de  nos  pères,  a  glorilié  son  Fils  Jé- 
sus, que  vous  avez  livré  et  renié  devant  Pi- 
late,  qiioicpie  Pilate  jugeât  qu'il  devait  être 
absous.  Mais  vous  avez  renié  le  Saint  et  lo 
Juste ,  et  vous  avez  demandé  qu'il  vous 
donnât  un  meurtrier.  Et  vous  avez  tué  l'au- 
teur de  la  vie  ;  mais  Dieu  l'a  ressuscité  des 
morts,  et  nous  en  sommes  témoins.  Et  par 
la  foi  en  son  nom,  son  nom  a  affermi  celui- 
ci,  que  vous  voyez  et  connaissez  ;  et  la  foi 
qui  est  par  luia  donné  à  cet  homme  une 
entière  guérison  en  présence  de  vous  tous. 
Et  maintenant  ,  mes  frères,  je  sais  que 
vous  l'avcîz  fait  par  ignorance,  comme  vos 
chefs.  Mais  Dieu  vi.'nt  (ractom,»lir  ainsi  ce 
qu'il  avait  pri'dit  par  la  bouihe  de  ses  pro- 
})liètc5,  ([ue  Jésus -Christ  devait  souffrir. 
Faites  donc  pénitence,  (;t  vods  conver'nssez, 
afin  que  vos  péchés  soient  elTacés.  »  ^Acl.  m, 
12  à  20.) 

Le  prince  des  apôtres  continua  en  rappe- 
lant au  peuple  les  prophéties  relatives  à 
J(''sus-C!irisî,  et  en  le  menaeaut  des  châti- 
ments d'en  haut,  s'il  no  voilait  j)as  écoul<n' 
la  voix  des  envoyés  de  Dieu.  Cukj  mille 
pers(nmos  furent  lonverties  par  ce  discours. 
Mais  comme  Pierre  aclievail  de  [lailor  au 
)eu[)le,  arrivèrent  les  (irinces  des  piètres, 
os  magistrats  du  temp  e  et  les  Saducéens. 
Irrii(''s  de  ce  que  les  apôtres  pirlaie'it  au 
peuple,  lis  les  arrêtèrent  et  les  mrenl 
en  prison  jusqu'au  lendemain.  L'Ecrilure 
ajoute  :  Car  c'était  déjà  h  soir  Act.  iv.  3j. 
Cotte  phrase  prouve  une  i  iiose  mipoita  le  : 
c'i  si  qu'il  éiaif  procril  chez  I' s  Juifs  de 
|)roe(''d(n'  à  riiilorrogatoire  d'un  prévenu 
aussitôt  son  arieslalion.  Beaucoup  dans 
notrr  lomps.  et  sous  l'empire  dos  lois  prè- 
tiMidues  libérales  qiii  nous  réj,'.>sent, seraient 
heureux  de  se  voir  nppli(juer  celte  disposi- 
tion d'une  vi"ille  loi  faite  po.  r  \\n  j)eu(ile 
(lUt'  l)ien  des  écrivains  nous  anl  dit  avoir 
clé  soumis  au  ié)$iine  de  l'arbitraire  cl  de 
l'absolutisme. 

(h  ('r  p<>rli(jiir  i>t;ul  lù!i  ni  tlrhois  du  lompl«», 
du  iiUt!  (ie  l'oritMU  ,  Mir  i;n  prtc  ;•..  '  i|Ut'  Sjïloii.on 
av.iil  roiulili' ,  par  un  Iriivail  si  roiisiiieral»lc  t;'io, 
qu.iixl  il  toiiilta  <■!)  ruiiir>  ,  lo  jcunc  Agrippa  n'osa  pas 
cnuoprcudrc  de  le  rrpan'r. 


71S                     rii:  PIE                       714 

Lo  l(Mi(l(Miiniii,  les  niicions  du  pcuiilo,  les  «'nvaliissMiil  dans  le  doiiuiiiic  do  In  liliorli'î  do 

chefs  ol  les  scrihos  .s'/issendilèicnl  à  Jéiii.sa-  conscience,  voiildir  niellie  des  horne.s  ^i  l'en- 

loin,  et  tous  ciMix  (|ni   él.nenl  de  la   raci' sa-  seinnenienl  reli^n-ux,  li.Uir  des  dimjos  de- 

cei'dolaie,  nolannnenl  ('..iiiihe,  \w\t\  le  ^rand  vanl  la  véiilé,  el  entraver  l'aposlolal  des  dis- 

piuMiif,  Jean  et   yM(!x;mdr(\  \'X    laisaiil  ccini-  ciples  du  (liiiisl  par  (oiis  les  ni(i)(jris,  denuis 

paiaili(Hcs  apAlres  devant  (Mix,  ils  les  itiler-  la   l'usc;,  la  jieisi'cution   latente,  jusiiu'a    la 

l'dgi'rent  :/*»'•  7i<r//c  puissance  on   au   nom  persé(  ution   san^lant(!!    Apôtres  du  (Ihiisl, 

(le  qui   (ivez-roiis    lait    ceci?   Alors   Pierre,  prenez  modèle  sur  le  prince  des  apAtres  : 

rempli  dt^  l'Esprit-vSaiid,  lonr  dit  :  «  Princes  voyez  avec^  (piidN;  dignité,  (jueljc  ^raïKJenr, 

du  peuple,  et   vous   an(!i<'ns,  ('scoulez.  I*uis-  ol  ou  niAmo  lem[)s  (pielle  revpeclur-usrî  d/d'é- 

que   nous   sommes   aujoin-d'liui    interrogés  i-ence,  saint  l'ierre  parle  au  trd)unal  devant  ' 

sur  la  lAuéiison  d'ini  inlirnKî  et  sur   la   ma-  letjuel  on  l(^  lait  comparaître;  voyez  comme 

nit>re  (iont  il  a  Hé   ^uévi,  il  faut  ([ue  vous  il  sait  concilier  c(;  (pi'il  doit  .'i  liieu,  à  son 

tous  ol   loul   le  |)euple  d'Israiil   lo  sachiez  :  ])i'0|»r(!    ministère,  avoc   cm  (juMI  doit   aux 

c'est   parle  nom  d(^  Jèsus-dhrisl   de    Naza-  pouvoirs  élahlis  ;  voyez  aussi  son  courage, 

roth,  (pie  vous  avez  crucilié  et  (pm  Dieu  a  11  ignore  (pudles  sont  les  dispositions  do  ses 

rossuscité  (les  morts,  (pie  (;t4  honun(!  est  Ici  juyos  :    poiil-ètrfj   va-t-on  lui  lairo   h;   sort 

guih-i  (lovant  vous,  (-'est   celle  |>ierre  (jui  a  (pi'on  a  l'ait  ;i  son  maître.  N'importe,  il  n'hé- 

cAô   rejeliU)   nar  vous  (pii   hAlissiez,  el  ellc!  sil(!  pas  ii  (|('>clarer  (pi'il  doit  ol)('ir  h  Dion 

est  devonue  la  pierre  do  l'angUi.  Kt   il  n'y  a  plutôt  (pi'aux  hommes,  (^uels  ensoigin-ments 

point  de  saint  par  aucmi  autre;  car  mil  au-  dans  cette  première  itayc;  dos  annales  chré- 

tro  nom  sous  le  ciel  n'a  été  donné  aux  lioiu-  tiennes  I   l.o  sanhédrin   n(;  i)out  nier  l'évi- 

nies,  par  le(iuel  nous  devions  ôtr(!  sauvés,  douce  dos  miracles  0|)6rés  par  los  apôtres  au 

Or,  voyant  la  constance  d(^  Pierre  el  de  Joan,  nom  de  Jésus-Chrisl;  il  n'entrei)rond  pas  de 

et  sachant  qu'ds  élai(nil  dos  honnnes  sans  discuter  avoc  oux  sur  la  vérité,  sur  la  valeur 

lettres   et  ignorants,  les  Juifs  s'olonnaiont  des  doctrines  qu'ils  prûchent.  Au  contraire, 

et  se  rappelaient  que  ces  hommes  avaient  ses  membres  avouent  que  lo   miracle  do  la 

été  ayoc  Jésus.  El  voyant  que  celui  qui  avait  guérison  du  boiteux  est  m.mifosle.  Vont-ils 

été  guéri  était  debout  avec  eux,  ils  no  pou-  se  rendre  à  l'évidence?  Oh  !  non  pas.  Comme 

vaienl  les  contredire.  Ils   leur   commando-  les  puissants  de  tous  les  siècles  en  présence 

rent  de   sortir   du  conseil,  el  délibéraient  d'une  vérité,  d'un  système,  d'un  progrès,  qui 

enlre  eux,  disant  :  Que  ferons-nous  à  ces  viennent  à  l'enconlre  des  croyances  reçues, 

hommes-là?  Car  il  est  manifeste  à  tous  les  ha-  des  coutumes  établies,  des  doctrines  légales, 

bitants  de  Jérusalem   qu'un  miracle  éclatant  ils  vont  entrer  dans  la  voie  de  la  résistance. 

a  été  fait  par  eux  ;  cela  est  manifeste,  et  nous  Ils  défendent  aux   apôtres  de  continuer  à 

ne  pouvons  le  nier.  Mais  afin  qu'il  ne  se  ré-  prêcher  au  nom  de  Jésus-Christ.  Evangélistes 

pande  pas  parmi  le  peuple,  défendons-leur  de  de  tous  hs  siècles,  réformateurs  de  tous  les 

parler  désormais  en  ce  nom  à  aucun  des  hom-  pays,  philosophes  do  toutes  les  écoles,  vous 

mes.  Et  les  appelant,  ils  leur  commandèrent  tous  qui  portez  la  vérité  dans  votre  bouche, 

de  ne  parler  ni  enseigner  jamais  au  nom  de  sachez-le  bien,  c'est  comme  un  arrêt  provi- 

Jésus.  Or  Pierre  et  Jean,  répondant,  leur  dentiel  :  il  faut  qu'elle  arrive  à  traveis  les 

dirent  :  Jugez  s'il  est  juste  devant  Dieu   de  obstacles,  qu'oie  triomphe  par  la  patience 

vous  obéir  plutôt  qu'à  Dieu.  Nous  ne  pou-  et  la  persécution.  Depuis  le  Golgotha  jus- 

vonspas  taire  les  choses  que  nous  avons  vues  qu'aux  jours   o\i  nous  sommes,  la  vérité, 

et  entendues.  Mais  eux,  les  renvoyèrent  avec  celle  manne  dos  nations,  a  été  comme  un 

menaces,  ne  sachant  comment  les  punir  à  poison  pour  ceux  qui  l'apportaient, 

cause   du   peuple,  parce    que   tous   glori-  Malgré  les  menaces  du  sanhédrin,  Pierre 

fiaient   Dieu  de   ce   qui  avait  été  fait;  car  n'en  continua  pas  moins  ses  prédications, cle 

l'houniie  sur  qui  avait  été  fait  ce  miracle  de  concert  avec  les  autres  disciples,  prêchant 

guérison  avait  plus  de  quarante  ans.  Les  apô-  journellement   dans   Jérusalem,  guérissant 

Ires  délivrés  vinrent  vers  les  leurs,  et  leurra-  les  malades  et  les  possédés  qu'on  amenait 

contèrent  tout  coque  lesprinces  des  prêtres  et  en  foule  de  tous  les  lieux  circonvoisins,  et 

les  sénateurs  leur  avaient  dit.  A  ces  paroles,  opérant  de  nombreuses  conversions, 

tousélevèrenlleurs  voix  vers  Dieu,  et  diront:  Une  seconde  fois,  le  prince  des  prêtres  et 

Seigneur,  c'est  vousquiavez  fait  le  ciel,  la  terre,  les  Sadducéens  ,  irrités  de  ce  que  les  disci- 

la  mer  et  tout  ce  qui  est,  etc.  »  {Act.  iv,  7  à  £5.)  pies  n'obtempéraient  pas  à  leurs  injonctions, 

C'est  ainsi  qu'au  berceau  du  chrislianisme,  les  firent  arrêter  et  mettre  dans  la  prison 

dès  les  premiers  pas  de  celle  doctrine  qui  va  publique  ;  mais  durant  la  nuit  un  ange  en- 

changer  la  face  des  nations,  ceux  qui  l'an-  voyé  du  Seigneur  vint  les  délivrer,  et  leur 

noncent  sont  en  butte  aux  persécutions.  Saint  commanda  de  continuer  d'annoncer  la  pa- 

Pierre,  le  chef  de  ces  armées  d'apôtres,  de  rôle  divine.  Le  lendemain  malin,  le  prince 

-;)rédicaleurs,  de  martyrs,  qui  vont  féconder  des  prêtres  et  les  Sadducéens,  s'étant  réunis, 

a  vigne  du  Seigneur,  donne  à  tous,  dans  envoyèrent  à  la  prison  pour  y  chercher  les 

celle  circonstance,  l'exemple  de  la  conduite  apôtres;    mais   déjà  ceux-ci,  animés  d'un 

qu'ils  doivent  tenir  devant  les  puissances  de  saint  zèle,  étaient  au  tem-ple,  enseignant  au 

la  terre.  Ah  1  bien  souvent  les  empereurs,  les  peuple  assemblé  la  doctrine  de  leur  divin 

rois,  les  dépositaires  de  l'autorité,  voudront  maître.  Les  gardes  en.voyé's  pour  chercher 

arrêter  le  char  évangélique  ;  trop  souvent  les  prisonniers  ayant  ù  leur  retour  raconté 

nous  les  verrons,  abusant  de  leur  pouvoir,  qu'ils  avaient  trouvé  la  prison  vide,  quoique 

DiCTIONN.  DES    PEReÉCCTIONt.  1I«  23 


l 


715  ht 

toutes  les  seiUinelIes  fussent  aux  portes,  les 
membres  du  snnh(^iiri'i  furent  tr«''s-inf;ertai  is 
sur  la  conduite  qu'ils  devaient  tenir.  Mais 
quelqu'un  survenant  leur  dit  que  les  apùlres 
fêtaient  au  teuipl-^ ,  enseignant  le  peuple. 
Alors  le  magistrat  du  peu, 'le  alla  avoc  ses 
gardes,  et  ils  les  amenèrent  sans  violence, 
craignant  d'(^lre  lapidés  ])ar  le  i)euple.  El 
lorsqu'ils  les  eurent  amenés,  ils  les  présen- 
tèrent au  conseil,  et  le  prince  des  prêtres  les 
interrogeait,  disant  :  Nous  rou5  avons  dé- 
fendu d'enseigner  en  ce  nom,  et  voilà  qne  vous 
avez  rempli  Jérusalem  de  votre  doctrine;  et 
vous  voulez  faire  tomber  sur  nous  le  sany  de 
cet  homme.  Or,  Pierre  et  les  apùtres  répon- 
dirent :  //  faut  obéir  plutôt  à  Dieu  qu'aux 
hommes.  Le  Dieu  de  nos  pères  a  ressuscité 
Jésus,  que  vous  avez  mis  à  mort  en  rattachant 
à  une  croix.  C'est  lui  qne  Dieu  a  élevé  par  sa 
main,  comme  prince  et  Sauveur,  pour  appor- 
ter le  r/'pentir  à  Israël  et  la  rémission  des  pé- 
chés. Et  nous  sommes  témoins  de  ce  que  nous 
disons ,  nous  et  r/-'sprit-Saint  que  Dieu  a 
donné  à  ceux  nui  lui  obéissent. 

A  ces  paroi<  s  ils  étaient  transportés  de 
rage,  et  délibéraient  de  les  mettre  à  mort.  Or 
un  pharisien  nommé  Gnmaliel,  docteur  d."  la 
loi,  honoré  de  tout  le  peuple,  se  levant  dans 
le  conseil,  ordonna  (ju'on  fil  sortir  les  apù- 
tres un  moment;  et  il  leur  dit  :  «  Hommes 
d'Israël,  soyez  attentifs  à  ce  que  vous  avez  à 
faire  envers  ces  hommes;  car  il  y  a  peu  de 
temps  que  Théodus  se  leva,  se  disant  un 
personnage,  et  environ  ({uatre  cents  hommes 
s'unirent  à  lui;  et  il  a  été  tué,  et  tous  ceux 

3ui  avaient  cru  en  lui  ont  été  dissipés  et 
étruits.  Après  lui ,  Judas  Galiléen  se  leva, 
aux  jours  du  ilénomhrement,  et  il  attira  une 
grande  multitude  après  lui;  et  celui-là  aussi 
a  péri,  et  tous  ceux  qui  avaient  cru  en  lui 
ont  été  dispersés.  Et  maintenant  donc  je 
vous  dis  :  Eloignez-vous  de  ces  hommes  cl 
laissez-les  partir;  car  si  cette  entreprise  ou 
cette  œuvre  est  des  hommes,  elle  périra; 
'mais  ?5i  elle  est  de  Dieu,  vous  ne  pouvez  la 
détruire  sans  vous  ex(toser  h  combattre  con- 
tre Du;u.  »  Ils  furent  de  son  avis;  et  appe- 
lant les  apOlrcs,  après  les  avoir  fait  battre  de 
verges,  ils  hnir  commandèrent  de  ne  point 

Karler  au  nom  de  Jésus,  et  les  mirent  en  li- 
erté.  Et  ils  s'en  allèrent  pleins  de  joie  hors 
du  cons'-il,  parce  (iu'il>  avaient  été  jugés  di- 
gnes de  soutfrir  cet  outrai^o  pour  h;  nom  de 
Jésus.  Et  tous  les  jours  ils  ne  cessaiiiit,  et 
dans  le  temule  et  dans  chaipie  maison,  d'en- 
seigner et  d'annoncer  Jésus-Christ,  {.ict.  v, 
25  îi  V-2.) 

Ainsi  ces  hommes,  qui  se  rendaient  à  la 
honte  ties  raisons  alléguées  par  (lamalicl,  ne 
pouvaient  |>as,sous  l'i  illucnce  de  la  passion 
«jui  les  dominait.  s'empi"^tln'r  do  faire  de  la 
violence.  Tout  est  providentiel  dans'Ies  des- 
seins (le  Dieul  Cru\  (pii  soutlVireil  ainsi  un 
chAtimenl  immérité  le  soutfrirent  avec  joie, 
et  sentirent  s'accroître  leur  enthousiasme  ël 
leur  ardeur  de  pr  '  mii»>.  D'un  autre  cAlé, 
le  peuple,  qui  s'il.  •'  toujours  aux  vicli- 
ttip»  des  persérulions,  se  s»>i,tii  de  plus  en 
plu»  di.«pos<i  à  ^roul«V  les  prédiratioiis  ile< 


PIE 


716 


1- 


apiMres.  C'est  ainsi  que  de  tout  lemp^  les 
puuvoWs  exaltent,  en  les  persécutant,  Ihs 
dM(;iriues  qu'ils  veulent  abattre.  Laissez  aux 
thétories,  aux  doctrines,  aux  systèmes,  l'en- 
tière liberté  de  se  produire,  et,  comme  le 
disait  avec  une  si  haute  raison  le  Juit'liamv 
liel ,  s'ils  sont  de  Ifiomme  ils  périront;  tan- 
dis que  s'ils  sont  de  Dieu  .  quoi  tpae  fassent 
les  hommes  et  leur  mauvais  vouloir,  ils  se 
feront  jour  et  survivront  à  qui  aura  voulu 
les  écraser  du  pied.  Que  sert  de  comprimer 
une  idée?  L'idée  est  comme  la  poudre  et 
comme  la  vapeur  :  tôt  ou  tard  elle  fait  ex- 
plosion. Lh  ou  il  y  a  néant  d'idée,  que  sert 
de  compiimer,  que  sert  de  vouloir  étouller 
ce  qui  ne  })eut  vivre,  ce  qui  n'a  en  soi  que 
mort  et  que  néant? 

Depuis  cette  époque,  nous  ne  retrouvons 
plus  saint  Pitrre  sur  le  terrain  de  la  persé- 
cution qu'en  l'année  i'»,  (juand  ri  fut  mis  en 
prison,  il  avait,  dans  l'intervalle  de  ces  deux 
épociues,  fondé  l'Eglise  d'Ant  oche  et  celle 
de   Rome,  et  continué  en  diverses  autres 
contrées  son  œuvre  apostokque.  En  l'an  ii, 
suivai.t  l'autorité  d'Eusèbe,  de  Josèphe  et 
des  Actes  (xii,  1),  saint  Pierre  vint  à  Jéru- 
salem. Cette  ville  et  toute  la  Palestine  obéis- 
saient h  Agrippa,  nommé  Hérode  par  saint 
Luc,  et  qui  était  petit-tils  d'Hérinle  le  Grand 
(>ous  qui  Jésus-Christ  est  né].  Ce  prince, 
qui  venait  de  faire  mettre  h  mort  saint  Jac- 
ques le  Majeur  pour  complaire  aux  Juifs,  se 
rail  h  persécuter  l'Eglise.  V'oyant  que  la  mort 
de  saint  JacijUL'S  le  Majeur  avait  été  bien  re- 
çue par  le  |)ouple,  il  voulut  aussi  faire  mou- 
rir saint  Pierre  :  il  le  lit  donc  arrêter  et  met- 
tre en  prison;  mais  comme  on  était  alors  à 
la  f^He  de  Pâques,  que  les  Juifs  célébraient 
le  2  avril,  il  décida  que  l'exécution  serait 
dilf'rée.  Il  lit  mettre  saint  Pierre  dans  une 
prison,  chargé  dune  double  chaîne  et  gardé 
fiar  seize  soldats  (uii  se  relevaient  quatre  par 
quatre,  po  ir  veiller  sur  lui;  deux  étaient 
près  de  lui.  Il  est  naturel  de  penser  que, 
selon  la  coutuni''  qu'avaient  les  Uomaïus, 
Pierre  était  attaché  a  ces  deux  soldats  p  ur 
plus  grande  sûreté;  leS  deux  aulres  étaient 
devant   la    [iorte  de    la   prison.  Durant  ce 
temps,  ainsi  que  le  dit  saint  Chrvsoslome, 
l'Eglise  était  en  prières  pour  son  chef,  et  la 
voix  des  lidèles  montait  incessamment,  pour 
l'apôtre  captif,  aux  pieds  du  irùue  de  celui 
qui  fait  les  miracles.  Le  temps  n'était  [>as 
vc m  où  le  prince  des  apôtres  devait  scefler 
de  sou  sang  la  docliiiie  «ju  il  anno  u;a;l.  Le 
Seigneur  écoula  la  voix  de  son  Eglise,  et 
saint  Pierre  fut  pour  la  deuxième  fois  mira- 
culeusement dt'livré. 

«  La  nuit  avant  le  jour  oii  Hérode  devait 
le  l'aire  mourir,  Pterre  dormait  entre  deux 

soldais El  voiK*!  qu'un  auge  du  Sei  ;,ncur 

parut;  cl  la  lumière  nrilla  dans  la  prison,  et 
I'ang(»,  frappant  Pierre  au  côté,  l'éveilla  et 
dit  :  Lève-toi  promptrmcnt;  et  le^  chaînes 
tombèrent  de  ses  mains.  Et  l'ange  lui  dit  : 
Prends  In  ceinture,  ri  mets  ta  chaussure  A  tes 
pieds.  Il  lit  aiUNi  ;  el  I  ange  lui  dit  :  Prends 
ton  vêtement  et  suis-moi.  El  Pierre  sortant  le 
suivait,  ne  sachant  pas  que  ce  qui  s'était  fait 


I 


17 


MK 


l'IK 


7<ë 


|))ir  l'iiiini»  l'i1l  rM',  tnv  il  croy/iit  iput  c'étuit 
lilir  vision.  Or,  ;i|in''s  qu'ils  ciniMil  pnsM^  la 
|»r('Mii(''rf  cl  1(1  sccuihIc  t;(ii(l<',  ils  viiiiciil  it  lu 
]Mii-lr  rl(>  t'(>r,  (]Hi  coinliiil  h  Ih  villi'.nl  rlle 
.s'oiivtil  (j'cllc- m/^MW»  (Ifva'il  cnx  ;  cl  sdilniil, 
ils    s'fivn'iccrciil   Jusim'à    rcxlicinil»'    de    la 

nio,  cl  l'aiigc  s"«''l()ij;;iia  de  hii »  (.4(7.  xii, 

passini.) 

(^c  ftil  h  ce  inonicnl  que  Pierre,  .se  Iroii- 
vniil  seul,  reviiil  h  lui  ot  s'expli(|ua  lo  mira- 
cle (|ue  Dieu  avail  ()|M'rr  en  sa  laveur.  Il  vint. 
fr«|i|HM' à  la  Miaisoii  de  Marie,  mèrt- (l<>  Jean, 
surnoniiiK'»  M/irc.  où  d  lui  rnçu  à  la  Krando 
joie  dos  lidiî'Ics  (jui  y  (Maienl  asstMïibIcs  pour 
prier. 

î.tt  londoiHMin ,  A^rij)])'!,  l'ayaiil  oiivoyé 
qiK^rir  cl  ayant  eoiislalé  son  al)sciic<'  de  la 
prison,  lit  incUre  les  soMals  à  la  (pieslion, 
puis  a  ir^s  les  envoya  nu  supplice. 

iliisijn'cn  l'anncc  (5.%.  saini  Pierre  poursui- 
vil  le  cours  de  ses  li-avaux  apf)sloli<pics  ,  et 
écrivit  la  plupart  des  (îlioscs  que  nous  pos- 
s'doMs  d(>  lui.  Ce  l'ut  ci  c(Mle  aMiiée  que,  vo- 
venu  à  Home  et  y  ayant  vaincu  vA  dévoilé 
-Simon  le  Magicien,  qui  jouissait  d'une  très- 
jA'rnnde  réputation,  il  fut  de  nouve  lu,  et  cette 
fois  [)Our  la  dernière,  rolijct  de  la  liaiiu^  et 
de  la  rage  des  persécuteurs.  Saint  Ambroise 
raconte  (jue,  cédant  aux  |)rières  des  chré- 
tiens, qui  savaient  que  Néron  voulait  le  faire 
arrêter,  saint  Pierre  se  décida  a  quitter 
Rome,  et  (jue,  comme  il  sortait  par  la  porto 
de  la  ville,  il  vit  Jésns-Clîrist  qui  y  entrait. 
Il  lui  demanda  :  Seigneur,  où  (ilicz-vous? 
Jésus-Christ  lui  répondit  :  Je  viens  à  Home 
pour  être  crucifié  de  nouveau.  Saint  Pierre  , 
comprenant  le  sens  de  cette  vision,  revint 
immédiatement  sur  ses  pas;  il  fut  |)res'|ue 
aussitôt  arrêté  et  conduit  on  prison,  où  il 
resta,  suivant  Baronius,  Suiius  et  beaucoup 
d'écrivains ,  huit  ou  neuf  mois  avant  de 
cueillir  'la  palme  du  martyre.  11  eut  pour 
compagnon  do  captivité  saint  Paul,  qui  fut 
aussi  le  com|)agnon  de  son  martyre.  Dans 
leur  prison,  ces  deux  saints  convertirent  un 
grand  nombre  de  leurs  gardiens,  et  notam- 
ment Processe  ot  Marlinien,  qui,  dit-on, 
cueillirent  aussi  la  palme  du  martyre.  La 
r-iisou  pour  laquelle  les  deux  saints  furent 
arrêtés  est,  s'il  faut  en  croire  saint  Jean 
Chrysoslome,  que  saint  Paul  avait  converti, 
dans  le  palais  même  de  Néron,  une  concu- 
bine que  ce  i)rince  idolAtrait,  ce  qui  avait 
excité  la  colère  du  tyran  dahord  contre  les 
deux  apôtres,  et  ensuite  contre  la  religion 
dont  ils  étaient  les  prédicateurs. 

Ce  fut  le  29  juin  de  l'année  6G  que  saint 
Pierre  et  saint  Paul  furent  martyrisés  à 
Rome,  au  jour  et  à  l'heure,  dit  Piiidencc, 
que  le  Saint-Esprit  leur  avait  fait  connaître. 
On  fait  voir  encore,  dans  la  capitale  du 
monde  chrétien,  les  poteaux  où  1  on  iirétend 
(pie  les  saints  apôtres  furent  attacliés  pour 
être  fouettés,  avant  ([ue  de  subir  le  dernier 
supplice  (Baronius,  1.  xix,  §  8).  Comme  nous 
l'avons  dit  en  parlant  de  saint  Paul,  ce  sup- 
plice préliminaire  put  bien  être  infligé  à 
saint  Pierre;  mais  il  est  probable  qu'il  ne  le 
fut  qu'à  lui  seul.  Prudence  {De  Mart.,  xii, 


p.  '<V)  prétend  qu'ils  i'urcnl  niarlyriâiés  jiorit 
de  la  vdle,  el  londuils.  par  la  p(M'(c  d  Oslin, 
dans  un  champ  vnisui  d'uti  uraiid  luiwai^  .si- 
tue le  lonji;  du  'I  ibre.  Saint  Pierre  fui,  sur  &a 
demande,  crucilii;  la  tête  en  bas.  Sans  douU.' 
(pie  ce  sailli  aptilre  ne  voulail  p/i.s,  s'en  ju- 
l^eanl  iiidi.;ni;,  mourir  comme  était  mort  son 
divin  mallre.  Suivant  (pielques  Pèies,  jj  fut 
allaclu'  à  sa  cr(>i.\  avci-  des  clous;  s'\\  faut  en 
croire  'J'erlullieii,  ci;  dut  ft;re  yvuc  des  cor- 
des, il  esl  probable  cl  il  es!  rvilioniiel  d'ad- 
mcltre,  pour  cou  ilier  ces  deux  allirmalioris, 
c|ue  les  deux  moyens  dont  il  est  ici  question 
iiirinit  employés. 

J,es  reliques  de  saint  Pierre  furent  [dacécs 
sur  le  chemin  triomphal  au  Vatican.  Baron  us 
cde  uneépigiaminedu  pape  Damase,  ipji  teii- 
diail  à  taire  peiisin'quecesreliqnesfiije.nld'a- 
l)ordd(''posées  dans  les  Cat'icoml)es,,9Ù  elles 
seraient  i(\sté(;s  dix-huit  mois  :  e'(ist  une  opi- 
nion Irès-incerlaiiu!.  Pour  lépondie  à  Baro- 
nius, citant  le  pa|)e  J)amase  fio.ur, établir  que 
les  deux  a|iôlres  sainl  Pierre  el  saint  Paul 
furent  martyrisés  séparémmil,  nous  avons 
un  texte  précis  de  Prudence,  qui  dit  qu;;  la 
même  prairie  fut  arrosée  du  sang  des  deux 
martyrs. 

C'est  ainsi  que  le  prince  dos  apôtres,  le 
succe*-seur  de  Jésus-Christ,  le  chef  de  l'Eg'iso 
catholique,  linit  sa  glorieuse  carrière,  et  ou- 
vrit la  voie  si  magnifique  où  sont  entrés 
après  lui  les  pontifes  qui  se  sont  succédé 
sur  la  chaire  de  Home. 

PIERBli  (saint),  martyr  à  Lampsaque , 
donna  sa  vie  pour  la  religion  chrétienne,  en 
l'an  de  Jésus-Christ  250,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dèce.  Nous  donnerons  ici  le  récit 
de  son  martyre  d'après  ses  Actes. 

«  La  terre  était  toule  rouge  du  sang  des 
martyrs  que  l'injuste  fureur  des  tyrans  ré- 
p  nidait  dans  toutes  les  provinces  de  l'empire, 
lorsqu'on  arrêta  à  Lamp  aque  un  jeune 
homme  nonnné  Pierre ,  parfaitement  bien 
lait,  en  qui  la  beauté  de  l'àme  répondiit  aux 
a  u'éments  extérieurs  du  corps,  mais  surtout 
(i'une  fermeté  el  d'une  coiisi.ance  inébranla- 
bles dans  la  foi.  Il  fut  conduit  devant  le  pro- 
consul, (jui  l'interrogea  juiidiquement.  Le 
proconsul  :  Votre  nom  ?  Pierre  :  Je  m'a,!pelle 
Pierre.  Le  proconsul  :  Failes-vous  profession 
du  christianisme?  Pierre  :  Oui,  je  suis  chré- 
tien. Le  proconsul  :  Vous  avt^z  entendu  la 
publication  (ju'on  a  faite  des  édits  de  nos  in- 
vincibles prin  es,  et  vous  n'ignorez  pas  ce 
qu'i  s  contiennent.  Sacrifie/  donc  à  la  grande 
Vénus.  Pierre  :  Vous  ne  me  persuaderez  pas 
aisément  de  donner  de  l'encens  à  une  pros- 
tituée ,  dont  on  ne  sauiait ,  sans  rougir,  ra- 
conter les  aventures ,  toute  sa  vie  n'étant 
qu'une  suite  dimpudicités  (iont  l'histoire  ne 
s'est  cliargée  qu'avec  peine.  Si  vou>-même 
ne  f  lites  point  de  difficidté  de  l'appeler  une 
femme  perdue,  une  femme  courtisane,  com- 
ment voulez-vous  me  contraindre  de  l'ado- 
rer, de  lui  offrir  des  sacrifices  ?  11  m'est  plus 
glorieux,  sans  doute,  d'en  offrir  au  Dieu  vi- 
vant, au  véritable  Dieu,  à  Jésus-Chrisi,  roi 
de  tous  les  siècles  ;  de  lui  offrir,  dis-je,  un 
sacrifice,  des  vœux,  des  louanges,  un  cœur 


719 


PIE 


PIE 


7irt 


contrit  et  humilié.  Lo  proconsul,  sans  avoir 
égnrd  à  la  jeunesse  et  aux  cxeellenles  qua- 
lités de  ce  généi-eiix  confesseur,  le  fil  éten- 
dre sur  une  rono,  entre  des  pièces  de  bois 
qu'on  lia  en  plusieurs  endroits  avec  des 
chaînes  de  fer,  et  ((ui,  portant  sur  tout  son 
corps,  devaient  lui  briser  tous  les  os  dans  le 
mouvement  qu'm  donnait  à  la  roue.  Mais 
pins  cet  admirable  jenne  homme  sontfrail, 
plus  il  marquait  de  force  et  de  courage:  il 
riait  même  au  plus  fort  de  celte  torture,  et 
reprochait  au  tyran  son  inutile  fureur  ;  puis, 
levant  les  yeux  au  ciel  :  «  Je  vous  rends 
grâces.  Seigneur,  disait-il,  du  courage  que 
je  ressens  et  que  vous  me  donnez  pour 
vaincre  le  Ivran  et  les  tourments.  »  Le  pro- 
consul lui  "fit  donner  un  coup  d'épée  qui 
l'acheva.  L'Eglise  fait  sa  fùle  le  15  mai. 

PIEURE  (saint),  martyr,  soutfrit  avec  les 
saints  Denis,  Fauste,  Caïus,  Paul  et  quatre 
autres,  sous  l'empereur  Dèce;  depuis,  sous 
Valérien,  ayant  enduré  de  longs  tourments 
par  ordre  du  président  Emilicn,  ils  rem|)or- 
tèrent  la  palme  du  martyre  [Extrait  du  Mnr- 
tifrologe  romain).  L'Eglise  fait  la  fùte  de  tous 
ces  saints  le  3  octobre. 

PIEKUE  (saint),  martyr,  donna  sa  vie  pour 
la  foi  sous  l'empire  et  durant  la  persécution 
de  Claude  IL  dit  le  Gothiciue,  avec  les  saints 
Théodose,  Marc,  Lucius ,  et  quarante-six 
autres  soldats,  que  le  tyran  lit  décapiter 
aussitôt  après  que  le  pa|)é  les  eut  baptisés. 
Ils  furent  enterrés  sur  la  voie  Salaria,  avec 
plusieurs  autres  martyrs  au  nombre  de  plus 
de  cent  vingt.  L'Eglise  honore  leur  mémoire 
le  25  octobre. 

PIEUHE  (^aint),  évèqued'Aleiandrie,  mar- 
tyr, a  pour  principal  historien  Eusèbe,  qui 
exalte  beaucoup  sa  piété,  son  profond  savoir 
et  sa  grande  connaissance  des  îlcriturcs.  Les 
éloges  ne  sont  pas  suspects  dans  la  bouche 
de  cet  historien,  h  l'égard  d'un  évèque  qui 
condamna  les  Méléciens,  avec  lesquels  il 
avait  des  relations  assez  intimes,  et  qui 
chassa  de  l'Eglise  Ai^ius.  On  sait  qu'Eusèbe 
avait  embrassé  les  erreurs  de  cet  hérésiarque. 
A  la  mort  de  Théonas,  en  l'an  300,  il  fut 
nommé  évé({ue  d'Alexandrie,  et  montra,  du- 
rant tout  le  temps  ([lie  dura  la  persécntioLi  de 
Diocléticn,  la  plus  grande  [irudence  unie  au 
courage  le  plus  persistant.  A  nu'sure  que  les 
maux  de  l'Eglise  augmentaient,  à  mesure  il 
redoublait  de  soins  et  de  vigilance.  Sa  solli- 
citude s  étendait  aux  Eglises  de  Libye  et  de 
Thébaide,  (jui  éiaifiil  [(lacées  sous  sa  juri- 
diction. Durant  celte  atro^'e  persécution  , 
br'ancf>u|t  de  chrétiens  d'.Mexandrie  eurent 
lo  malheur  de  lomlicr  et  de  dcx-rler  la  cause 
de  Jésus-Christ.  Saint  Pierre  flistingna  avec 
soin,  avant  de  les  icii  iir  i\  l'Eghsi»,  la  nature 
des  fautes  ipiils  avaient  commises,  et  leur 
imposa  des  pénitences  pro|)ortionnées  h  leur 
gravité.  Il  jugea  convenable  de  convoipier  un 
concile  pour  y  examiiuM-  la  cause  de  Siélèce, 
évèque  de  Lycopolis,  dais  la  Thébaido.  Cet 
homme,  coupal)le  do  dilb'-renls  crimes,  avait 
apostasie  durant  la  persécution.  Le  concile 
II-  déposa.  Au  lieu  de  se  soumettre,  comme 
il  convient  ;>  riiumilité  d'un  chrétien  qui  ro- 


connaîl  sa  faute,  Mélèce  protesta  contre  l'au- 
torité de  son  métropolitain  et  contre  celle 
du  concile.  Il  refusa  de  se  soumettre,  et  se 
tit  1:  chef  d'un  schisme  qui  dura  dans  l'E- 
glise environ  cent  cinf|iiante  ans.  Il  accusa 
saint  Pierre  de  trop  d'indulgence  envers  ceux 
qui  étaient  tombés, disant  qu'il  les  réunissait 
à  l'Eglise  avec  trop  de  facilité  et  de  [)rompti- 
tude.  Un  autre  sujet  de  deuil  pour  le  cœur 
de  saint  Pierre  fut  la  conduite  d'.Vrius,  mem- 
bre du  clergé  d'Alexandrie.  Il  s'attacha  au 
parti  de  Mélèce,  qui  avait  eu  l'audace  d'or- 
donner des  évè(]ues,  et  qui  môme  en  avait 
envoyéundesa  façon  au  diocèsed'Alexandrie; 
mais  bientôt  Arius,  a^ant  quitté  le  parti  de 
Mélèce,  fut  ordonné  diacre  par  saint  Pierre. 
Sa  conversion  n'avait  [)as  été  sincère.  Aussi- 
tôt qu'il  fut  pourvu  do  celle  dignité,  il  re- 
tourna aux  schismatifjues.  Saint  Pierre  l'ex- 
communia, et  ne  voulut  jamais  de[)uis  le  re- 
cevoir dans  le  sein  de  1  Eglise.  Saint  Pierre 
fut  d'abord  emprisonné  pour  la  foi,  sous  le 
règne  de  Diodélien  ;  mais  bientôt  après  il  fut 
reblché.  En  l'année  311,  Maximin  Daïa,  césar 
en  Orient,  ayant  renouvelé  la  persécution, 
tit  arrêter  h  Alexandrie  le  saint  évèque,  avec 
plusieurs  prêtres  qui  furent  décapités  avec 
lui.  Ce  furent  les  saints  Fauste,  Dion  et 
Ammonius.  L'Eglise  fait  la  fête  de  saint 
Pierre  d'Alexandrie  et  de  ses  compagnons  le 
26  novembre. 

PIERKE  (saint  ,  martyr,  sous-chambellan 
de  rem()ereur  Diodélien  ,  fut  arrêté  avec 
Dorothée,  premier  chambellan,  h  la  suite  de 
l'incendie  de  Nicomédie,  Galère  ayant  accusé 
les  chrétiens  d'en  être  les  auteurs.  Après 
qu'on  l'eul  interrogé  et  fait  passer  par  diver- 
ses tortures,  on  le  suspendit  tout  nu  en  l'air; 
à  coups  de  fouet,  on  lui  déchira  les  chairs, 
jns(pi  à  ce  que  les  os  fussent  à  découvert. 
Ensuite  on  le  plaça  sur  un  gril,  où  on  le  lit 
rôtir  à  petit  feu,  jusqu'à  ce  que  la  mort  vint 
terminer  les  soulfrances  (|u"il  endurait  avec 
un  courage  inoui.  Diodélien  tit  jeter  à  la 
mer  les  corps  des  saints  martyrs.  L'Eglise 
célèbre  leur  fête  le  9  septembre.  (LactT,  de 
Mortr  pcrser.  et  div.  Jnstit.  1.  vi  ;  Eusèbe, 
I.  viii;  Suysken,  Act  SS.,  t.  lU,  Sept.  p.  3i3 
et  seq.) 

Saint  Pierre  et  ses  compagnons  sont  indi- 
qués par  les  .Martyrologes  à  des  dates  dille- 
rentes,  ce  tiui  fait  (jue  (pielques  auteurs  ont 
cru  qu'il  s'agissait  de  plusieurs  saints,  et  ont 
fait  double  emploi.  Ainsi  a  fait  Bu  lier  :  le 
savant  anglais  a  mis  un  saint  IVerre  le 
0  septembre,  et  le  même  saint  Pierre  le 
12  m.Ms.  Saint  Jérôme  maripie  saint  Pierre 
le  12  mars;  les  Martyrologes  du  ix'  siècle  le 
manpienlavec  saint  Dorothée  le  9  septembre. 
Les  (IriMs  font  l'ollict»  îles  saints  dont  nous 
parlons  le  28  du  même  mois,  (^cttedili'érence 
peut  tenir  {»  ce  que  saint  Pierre  ne  soullrit 
pas  le  même  jourque  saint  Dorothée  et  saint 
Gorgone. 

PIEKUE  nALSAME  (saint),  martyr,  donna 
son  sang  pour  Jésus-Chnsî,  en  l'an  311,  sous 
l'empire  de  (ialère  et  de  Maximin.  Voici  ses 
Actes  : 

«i  Pierre  Bajsamc,  urismane  des  environs 


711 


PIIl 


l'Ilr: 


7«i 


ti'l':it'iili^r()|)lo'(vilUMlo  PnlostiiK"),  nyuiû  iH^^ 
m-vHi'^  (liiivml  la  pcrsi'culion  dans  la  ville 
(rAiii;iiir(cii  Saiiuiiic),  Tut  pn-sciilé  à  Srv^n', 
guuvciiu'iir  (le  la  pioviinic.  Si-vèic  lui  dit  : 
«  CoiiimcuJt  vous  iioinmcz-vous  ?  l'inrci  : 
Jo  nir  tioiiiiiic  n.'iN.'iiiic,  (lu  tioui  dr  uinn  p(>n>, 
vl  j'ai  r""  u  au  h.iph^nK!  (('lui  dr  l'irii-c. — 
Sf^ùrc  :  /»(Mpu^l  pays,  (hMpu'Ilc  l.uuilhï  ?  — 
PiciTO  :  Jn  suis  (îhri'l'cu.  —  Sévère  :  OuoI 
t'nipN)iav('/.-v(nis?  -Pirirc:  l'iu  |iui<--jca\ nir 
un  plus  lioiioralilu  (\no  cv\\\'\  tpio  jn  viens 
di«  difc,  cl  (pio  |t('Ut-oti  taire  de  in(Mlleur 
da'is  lo  uio'ide,  <pM)  d'cHrci  cluétien?  Sé- 
vôro  :  Avez-vous  encore  votre  père  cl  volro 
nu^^rc»  ?  —  PitM-re  :  Je  n'ai  ni  ji^re  ni  tuc^'re. 
—  Sévère:  Vous  ne  diles  |)as  la  vérité  ;  car 
io  sais  do  bonne  pari  cpio  vous  avez  l'un  et 
l'autre.  —  Pierre  :  l-'llvau^ile  veut  (pU)  lors- 
(jui!  nous  sonuues  cités  pour  rendre  raison 
lie  notre  foi,  nous  renoncions  à  toutes  cho- 
ses. —  Sévér(>:  A  vez-vous  cou  naissance  de  cer- 
laine  ordonnance  des  enuiereurs?— Pierre: 
J'ai  connaissanco  des  orclonnances  de  mon 
Di(Mi,  (pii  est  le  véritable  et  le  souverain 
uionar(iue  du  monde.  —  Sévère  :  Vous  sau- 
rez donc  qu'il  y  a  un  édit  des  très-cléments 
empereurs  qui  porte  que  tous  les  chrétiens 
sacrilieronl  aux  dieux,  ou  seront  punis  de 
mort.  —  Pierre  :  Vous  saurez  donc  aussi 
qu'il  y  a  un  commandement  du  grand  Roi 
éternel,  qui  norle  que  si  quel([u'un  sacritie 
au  démon  ,  il  sera  exterminé.  Auquel  me 
conseillez-vous  d'obéir,  et  le(|uel  des  deux 
croyez-vous  que  je  doivechoisir,ou  demou- 
rir  de  vo're  main,  ou  de  tomber  entre  celles 
du  grand  Roi,  du  Dieu  véritable,  pour  être 
éternellement  malheureux?  —  Sévère  :  Puis- 
que vous  me  demandez  mon  conseil,  je  vous 
dirai  que  vous  devez  obéir  aux  édits  et  sa- 
critier  aux  dieux.  —  Pierre  répondit  :  Je  ne 
puis  mv  résoudre  à  sacrifier  à  des  dieux  de 
bois  et  de  pierre,  comme  sont  ceux  que  vous 
adorez.  —  Sévère  :  Vous  nous  olfensez  ;  et 
savez-vous  que  je  puis  venger  cette  injure 
par  votre  mort  ?  —  Pierre  :  Je  n'ai  point  eu 
intention  de  vous  ofï'enser,  je  vous  ois  seu- 
lement ce  qui  est  écrit  «lans  la  loi  divine.  Les 
idoles  des  nations,  dit-elle,  ne  sont  que  dcVor 
et  de  l'argent,  et  Vouvrage  de  lamain  des  hom- 
mes. Elles  ont  une  bouche,  des  ycvx,  un  nez, 
des  mains  et  des  pieds;  et  elles  ne  peuvent  ni 
parle)',  ni  voir,  ni  sentir,  ni  toucher,  ni  mar- 
cher. Et  il  est  dit  ensuite  que  ceux  qui  font 
de  tels  dieux  leur  deviennent  semblables,  aussi 
bien  que  ceux  qui  y  mettent  leur  confiance 
[Psal.  cxin).  Si  le  Saint-Esprit  fait  dire  cela 
à  son  prophète,  quelle  injure  vous  fais-je  en 
disant  que  vous  êtes  sembl.ibles  à  des  pier- 
res et  à  du  bois  ;  et  ne  serait-ce  pas  plutôt 
moi  qui  devrais  m'otTenser  de  ce  que  vous  vou- 
lez me  rendre  semblable  à  vous?  —  Sévère: 
Ayez  compassion  de  vous-même,  et  sacri- 
fiez.—  Pierre:  Pour  avoir  une  véritable  com- 
passion de  moi-môme,  il  ne  faut  pas  que  je 
sacrifie,  ni  que  je  m'écarte  de  la  vérité.  Mais 
parce  que  vous  n'êtes  pas  éclairé  des  lumiè- 
res de  la  foi,  que  vous  ne  déférez  ni  à  mes 
paroles,  ni  à  la  foi  divine  qui  défend  de  tels 
sacrifices,  faites  ce  qui  vous  est  ordonné.  — 


Sévère  :  Je  veux  bien  encore  patienter  ;  je 
vous  diinne  du  tem|)H  pour  penser  h  vous, 
«•'est- ii-dire  pour  p<!iiser  h  sauver  votre  vie. 
-Pierre:  (le  di'Iai  est  iinilile,  le  tenips  un 
me  fera  pas  <lianf,'er.  l-'ailes  donc  mnirile- 
iwiiil  cv  (pi'aussi  bi(;M  vous  serez,  obligé  de 
faire  dans  peu,  «-l  nchivez  l'oiivniKf;  que  lo 
diable  votre  père  a  si  bien  commencé  ;  cal- 
je  ne  ferai  jamais  ce  que  v<ius  voulez  ino 
persuader  de  l'aire;  c(!  (|ue  Jésus-Christ  moil 
SeigfU'iir,  ([ur.  j'adore,  ne  veuille  jins  per- 
mettre. » 

«'  Le  gouverneur,  l'ayant  fait  siisfiendre 
on  l'air,  lui  dit  :  «  Que  dites-vous  mainlo- 
nanl,  Pierre?  commencez-vous  ?i  (onnaltre 
ce  (pie  c'est  (pu!  le  chevaU-t  ?  Kh  bien  !  sacri- 
fierez-vous  ?  —  Pierre  :  Ajoutez  encore  les 
ongles  de  fer,  et  ne  me  parlez  plus  de  sncri- 
lier  à  vos  (iéiiions  ;  je  vous  l'jii  tarit  dit  de 
fois,  que  ie  ne  sacrifiais  qu'à  mon  Dieu,  pour 
l'aiiiour  (luipiel  je  soud're.  »  Ij;  gouverneur 
lilredoubleiles  tourments.  Le  saint  n(;  poussa 
pas  le  moindi-e  gémissement.  Il  chantait  seu- 
lement ces  paroles  du  pro|)hète  :  J\ii  fait  une 
demande  au  Seigneur,  et  je  la  lui  ferai  tou- 
jours, qui  est  d'habiter  dans  (a  maison  du  Sei- 
gneur tous  les  jours  de  ma  vie  [Psal.  xxvi).  Et 
celles-ci  :  Que  rendrai-je  au  Seigneur  pour 
tous  l'es  biens  qu'il  m'a  faits?  Je  prendrai  le 
calice  du  salut,  et  j'invoquerai  le  nom  du  Sei- 
gneur {Psal.  cxv).  Cette  tranquille  indifié- 
rence  que  le  saint  témoignait  pour  les  sup- 
plices irrita  le  gouverneur;  il  fil  avancer  d'au- 
tres bourreaux  qui  vinrent  relever  les  pre- 
mie.s.  Ceux  qui  étaient  présents  ,  voyant 
couler  le  sang  sur  le  pavé,  lui  criaient  :  «  Ren- 
dez-vous, ne  vous  perdez  pas  ;  sacrifiez  et 
délivrez-vous  de  ces  horribles  tourments.  » 
Le  saint  martyr  leur  répondit  :  «  Appelez- 
vous  cela  des  tourments?  Pour  moi,  je  ne 
sens  aucune  douleur.  Mais  je  sais  que  si  je 
manque  de  fidélité  à  mon  Dieu,  je  dois  ra'at- 
tendie  {)Our  lors  à  de  véritables  peines,  à 
destourments  inconcevables.»  Le  gouverneur 
lui  dit:  «  Sacrifiez,  Pierre  Balsame,  ou  vous 
vous  en  repentirez. — Pierre  :  Je  ne  sacrifierai 
point,  etje  ne  m'en  repentirai  point. — Sévère  : 
Je  vais  prononcer  la  sentence  contre  vous.  — 
Pieire  :  C'est  ce  que  j'attends  avec  impa- 
tience. »  Sévère  prononça  donc  ce  jugement: 
«  Nous  ordonnons  que  Pieire  Balsame,  pour 
avoir  refusé  d'obéir  aux  édits  des  invinci- 
bles empereurs,  et  avoir  marqué  un  mépris 
formel  pour  leurs  ordres,  et  pour  avoir  dé- 
fendu avec  opiniâtreté  la  loi  du  crucifié,  sera 
lui-même  attaché  à  une  croix.  »  A.nsi  ce 
bienheureux  alhlètede  Jésus-Christ  eut  l'hon- 
neur d'expirer  dans  le  même  supplice  que 
son  Dieu  et  son  maître,  r 

PIERRE  (saint),  exorciste  de  l'Eglise  ro- 
maine, fut  martyrisé  pour  la  religion  chré- 
tienne en  l'an  de  Jésus-Christ  304-,  avec  saint 
Marcellin,  prêtre  de  la  même  Eglise.  Leur 
fête  a  lieu  le  2  juin.  (Pour  plus  amples  dé- 
tails, voy.  saint  Marcellix.) 

PIERRE  (saint),  reçut  la  couronne  du  mar- 
tyre à  Rome,  avec  saint  Julien  et  dix-huit 
autres  qui  nous  sont  inconnus.  L'Eglise  fait 
leur  mémoire  le  7  août. 


7Î5 


Pllk 


PIE 


't« 


PIERRE  ysaml  .  tut  marlyrisé  à  Tomes 
tians  le  Pont,  avec  s  tint  Marcellin  et  sainte 
Mannée,  son  père  et  sa  mère  et  ses  deux  frè- 
res Jean  et  Sérapion.  Ou  les  trouve  inscrits 
au  Martvrologo  romain  le  21  aoilt. 

PIKRRE(^sainl),  martyr,  «pii  tHait  solitaire, 
donna  sa  vie  pour  la  foi  chrétienne  à  Cor- 
doue,  avec  le  prêtre  Amateur  et  saint  Louis. 
Ou  i^'nore  l'iUinée  et  les  circon>la'K"es  do 
leur  martyre.  L'Eglise  honore  leur  mémoire 
le  ■■JO  Hvril. 

PIERRE  , saint),  martyr,  cueillit  la  palme 
du  martyre  en  Afrique,  avec  les  s  tinls  An- 
dré, Joau  et  Antoine.  L'Eglise  célèbre  leur 
mémoire  le  2i  septembre 

PIERRE  (saint),  martyr,  mourut  en  Afri- 
que pour  la  toi  du  CIiri4.  On  i,j;iioreà  quelle 
époque  '  t  dans  quel. es  circoustarices.  Il  eut 
pour  com{»agnons  de  son  triomphe  les  saints 
Succès,  B\stie'i,  Piimilif  et  vingt  autres  dont 
nous  ignorons  les  noms.  L'Egiise  célèbre 
leur  mémoire  le  9  décembre. 

PIERRE  (Saint),  martyr,  soulfrit  à  Rome, 
avec  les  saints  Marcien  ,  Jovin  ,  Cassien  , 
sainte  Thètle  et  plusieurs  autres  qui  nous 
sont  inroimus.  On  n'a  pas  de  détails  iiuthen- 
tiqu«'S  sur  eus.  L'Eglisefailieur  tète  le  2l>  mars. 

PIERRE  i^s.tinl).  Ci infesseur,  soutfrii  àTrebi 
pour  la  défense  de  la  religion  cliréiienne.  Ce 
saint  biilla  par  ses  vert  is  et  ses  miracles.  11 
mourut  à  Trebi  et  ;.  est  honoré  avec  beau- 
coup de  dévotion.  L'Egiise  fait  sa  mémoire 
le  30  août. 

PIERRE  (^aint),  fut  martyrisé  à  Se  ville. 
On  igHore  com|^lélemenl  la  date  et  les  dillé- 
rent«s  circonslances  de  son  coiubat.  L'Egiise 
honore  sa  mémoire  le  18  octobie. 

PIERRE  (samt),  conl'ess«-ur,  a  soullert  a 
Babuco,  ville  située  dans  la  Campagne  de 
Ron)e.  Cç  saint  s'est  illustré  iwr  l'éclat  de 
ses  mirât  les.  L'Eghse  fait  sa  fête  le  11  ni'irs. 

PIERRE  (saintj,  martyr,  cueillit  la  palme 
du  martyre  à  Ph.ladeli.lne,  en  Arabie.  On 
ignore  a  quelle  date.  Le  Martyrologe  lo- 
main  nommu  les  compagnons  de  ses  glo- 
rieux cou  bats,  qui  sont  les  saints  Cyrille, 
AqaiJrtS,  Domitien,  Ruf  et  Méiiandre.  L'E- 
glise célèbre  leur  martyre  le  1"  août. 

PIERRE  (sainlj,  premier  évèque  de  la 
ville  de  lirague,  aujourdhui  Braga  en  Portu- 
gal, y  soufl'nt  le  martyre  en  1  Honneur  de 
Jésus-i-^lirist.  Les  détails  nous  mantiuent 
coukplétement  sur  lui.  Son  nom  est  inscrit 
au  Martyrologe  romain  le  'iO  avril. 

PlERliE  ^><uiil^,  diacre,  marlu-,  répandit 
son  sang  pour  la  foi  à  Anlioche.  Nous  n  a- 
vons  aucun  docunit'nt  aullitnti  jue  sur  son 
aaoïlvre.  L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  17  avril. 

PIERRE  (saiiiij,  fut  martyrisé  on  Arriijue 
durant  la  persé'rution  des  Vandales.  Il  eut 
pour  coiiipagiiou  de.Non  uuirl^  re  saint  .Vp  uo- 
dise.  L'Egliselnt  leur  fôtc  Je  li  mars. 

PIERRE  ,  n>aiire  des  oïlires  à  t^onslaii- 
tinople  ,  sous  Cousta  ilin  Copronyme  ,  lut 
un  des  plus  anlcnts  nnnislrcs  de  la  cruauté 
de  e«  |)rince,  dans  sa  p'  i^êcn  ion  crmtre  les 
r/iiholi  mes  en  faveur  de>  icono.  lasles. 

PIERKE  v"«ainl>,  évoque  et  martyr,  souf- 
irii  h  Damas.  Etant  accusé  devaol  le  roi  des 


Agaréniens  d'enseigner  la  foi  de  Jésus-Christ, 
il  eut  la  langue,  les  mains  et  les  pieds  cou- 
pés, puis  fut  attaché  à  une  croix  où  il  con- 
somma son  martyre.  L'Eglise  fait  safôie  lei 
octobre. 

PIERRE  (saint),  moine  et  martyr,  honoré 
par  l'Egli'^e  le  7  min,  était  n.Uif  d'Asiigi.  Il 
avait  fait  ses  éludes  h  Conhme.  P,,)mu  h  la 
prêtrise,  ii  fut  chargé  par  labbé  Erugelle  de 
diriger,  avec  le  diacre  Ynlabonze.  le  monas- 
tère de  Sain(e-M  irie  de  Catécl.ir.  En  870, 
avec  Valabon/.e,  Sabinien,  Vistremond,  Ha- 
bentius  et  Jérémie,  il  se  présenta  nu  cndi  à 
Cohiouo,  en  disant  :  «  Nous  confessons  Jé- 
sus-Christ ;  nous  tenons  votre  proplièto  pour 
précurseur  de  l'Anlechrift,  et  déplorons  vo- 
tre aveuglement.  »  i  c  (ndi,  siiivant  h  justice 
expéditivedes  Arabes,  h  s  condamna  à  avoir 
la  tète  tranchée.  Piecre  et  Valabonze  fu  ent 
exécutés  les  premiers;  on  attacha  ensuite 
leurs  corps  à  des  pieux,  puis  on  les  brAla  et 
on  jeta  leurs  cendres  dAus  le  (leuve.  L'E- 
glise fait  la  fête  de  ces  six  martyrs  le  7  juin. 
Voy.  V\L4B0NZE,  et  Mcsllma.ns  (Persécution 
des). 

PIERRE  fsaiiit),  de  l'orire  de  S-iint-Domi- 
ni(pie.  martyr,  naquit  h  Vévonoen  \^')6.  Ses 
parents,  persuadés  qu'il  ne  s^îrail  pas  di!ti- 
cile  d'etfacer  les  premières  impr.'S>ions  que 
leur  tils  pourrait  recevoir  contre  la  secte  des 
cathaes  dont  ils  faisaient  ^>artie  ,  le  mirent 
chez  un  maitie  caihohquc  pour  se  livrer  à 
l'étude  des  belles-lettres.  Ils  l'envoyèrent 
ensuite  à  l'université  de  Bologne  où  la  ror- 
luption  des  mœurs  était  elVroyable.  Mais 
Di(ni,  qui  avait  su  le  préserver  de  l'hérésie, 
le  garantit  également  dos  atteintes  funestes 
du  vice.  Il  s'y  induisit  toujours  d'une  nM- 
nièn^  exemplaire,  et  s'y  atlermissait  dejour 
en  jour  dans  la  ]vr»tique  de  la  vertu.  îitfn- 
têt  il  alla  se  présenter  à  saint  Dominique, 
qiioiqu'il  n'eiU  alors  que  quinze  ,ins,  H  ce 
sftint  voyant  en  lui  une  voMlion  bien  arré* 
tée,  lui  donna  l'habit  de  son  ordre.  Il  s'y 
Iivia  à  la  pratique  des  plus  grandes  austéri- 
tés :  il  évitait  loisivet»»  avet:  un  soin  tout 
jvirtii  ulier,  visitait  les  malades  et  partageait 
le  reste  de  son  temps  entre  la  lecture  et  la 
prière.  Ayant  été  promu  au  sacenlce,  ses 
su|iérieHrs  lui  coTitièrent  leso  n  exclusif  de 
prêcher  ri'.^angile,  et  il  lit  un  grand  nombre 
de  conversions  dans  la  Romagne,  la  Marche 
d'AncAne.  Ii  Toscane,  le  Bolonais  et  le  Mi- 
lanais. Oicu  votdiil  sur  ces  entrefaites  éprou- 
viM-  sa  tidelilé  p.»r  ([uelqiies  tribulations.  Ses 
propres  frères  l'accusèrent  d'avoir  introduit 
des  femmi  ^  dans  sa  cellule.  On  le  crut  coupa- 
ble; se«i  su(i('«inenrs  lui  interlirent  l'exermee 
de  In  prédii/»t»on  et  le  reléguèrent  au  cou- 
vent n'lé>;i  dans  la  Marche  (i'\-  '^"f.  Il  su|v 
portn  celte  injustice  avec  r  --  'ii  ;  mais 

l)U'nt<M  ses  supérieurs  ayant  reconnu  sou  in- 
Tuieenee.  lui  lirenl  snti-factwn  et  lui  permi- 
rent de  reprendre  ses  premu*  s  travaux 
(  vang  liq  les.  li  ri'commença  donc  ses  pré- 
dicalioiis  avr«c  un  imnxn  se  su -ces  et  ajouta 
le  don  <l«^s  mrac  es  a  la  ioice  de  ses  dis- 
cours; railloeice  était  si  grantlc  autour  de 
lui.  qu'il  faillit  souvent  d'éti-e  étoutlé.  t.e 


7X5 


Plt 


l'iK 


711 


pano,  (|ui  coiuiuissnit  srs  vitIus  ri  iiont^rniut 
niciitc.  le  lit  iih|iii<it(Mir  i^tidéral  de  l.i  loi  on 
i".l\l.  Il  avait  loiijniii's  t'ii»  l'i'  iiiciiii  iiii|i|/ica- 
hlc  (les  maMicliùi'iis.riiii  lu  (JC'Uvslaifiil  inor- 
IcIlciiM'iil.  Ils  (liNsimiilt''r(Mil  siiiis  |(>ir^;iic  'In 
(ii'iV'>"'i' '^;  '"'"''  l'"""'«"''  IV  ('l.iiii  iiioiilù 
Mir  la  cliairo  do  sai'il  Pi(>rr(',  ils  nJ.sulun'iit 
(le  se  venger  t'I  a|nislri'ciit  driix  assassins 
iioiir  le  Uh'V  t\  soi  ii'loiir  de  (lôiiii"  àMd.iii. 
Il  legiil  deux  coups  de  liHeh».'  sur  la  lôle,  et 
les  assassins,  voyani  (pTil  vivait  iMicnrc,  Ini 
<!()  uiùri-nl  niicou|Ml('  |»oi,^nn(l  dans  le  coh". 
Il  inounil  le  (>  avril  l'i!)2,  Aj,'''  <'o  (luaranUî- 
six  ans  cl  (|U('l(|nt's  jours.  Sa  l(Me  est  i(Md'cr- 
niéo  dans  ri'iJ,lise  des  Doniinieains  à  Milan, 
dans  un  hoau  relitiuaire  d'or  et  de  crislal. 
Les  miracles  (|ni  s'oix'rèrcnl  sur  son  loni- 
b{>an  auuMiùrenl  la  conversion  d'un  yraiid 
no.aibro  de  nianieii6(ins,  cl  son  assassin  lui- 
niénio,  nonuné  Cari/.,  lit  son  altjnralio'i  (!t 
ex|)in  son  eriuu>  ilic/.  les  Dominicains  do 
Forji,  où  il  était  entré  on  qualité  de  Irèro 
cou  vers.  l/l'V'li'^e  lait  la  niéuioiro  de  notre 
saitit  lo  --*.)  avril. 

IMKHUK  DK  SASSO-FKUUATO  (saint), 
siuifile  IVi'ro  de  Tordre  fonde  par  François 
d'Assise,  l'iil  envoyé  en  F.si)agno  par  ce  saint 
en  1219  ou  12-20,  avec  saint  Jean  de  Pérousc, 
iiour  y  coniMtir  les  Maures.  Ils  vinren!  d'a- 
bord h  Tuerel,  dans  le  royaume  d'Aragon,  et 
y  établirent  un  couvent,  si  Ton  veut  a[>pcler 
'ainsi  deux  pauvi'cs  cabales  ou  cellules  (pi'ils 
avaient  bâties  auprès  d'une  éi;lise.  Bienlùt, 
leurs  prédications  et  la  sainteté  de  leur  vie 
les  rendirent  lolijet  dv  la  vénération  do  loiite 
la  contrée.  Dans  l'inlérét  do  la  propagation 
de  la  foi,  et  conformément  aux  ordres  de 
leur  saint  fondateur,  is  se  rendirent  à  Va- 
lence oi!i  régnait' Azote  ennemi  acharné  i^es 
chrétiens.  Ils  prêchèrent  aux  Maures  la  vé- 
rité de  l'Evaiigilo  et  leur  démontrèrent  la 
fausseté  des  croyances  de  Mahomet.  Le  roi 
l'ayant  appris  les  fit  arrêter  et  jeter  en  pri- 
son. Il  mit  tout  en  œuvie  pour  les  amener 
h  renier  leur  foi,  uuus  ni  les  promesses,  ni 
les  menaces ,  rien  no  put  les  gagner.  Alors 
il  les  condamna  à  avoir  la  lèto  tranchée  l'an 
1230.  On  dit  que  de  nombreux  miracles  s'ac- 
complirent sur  leur  tombeau.  L'Eglise  l'ait 
leur  tête  le  3  septembre. 

PIERKE  (saint),  martyr,  était  religieux  de 
l'ordre  de  Saint-François.  11  versa  son  sang 
pour  la  foi  à  Maroc  en  Afrique.  11  eut  pour 
compagnons  de  sm  martyre  les  saints  Bé- 
rard,  Accurse,  AjutetOthon.  On  ignore  l'é- 
poque où  eut  lieu  leur  martyre.  C'est  le  16 
janvier  que  les  chrétiens  honorent  leur  mé- 
moire. 

PIERRE  (le  bienheureux) ,  était  frère  dans 
un  couvent  de  Franciscains  en  Palestine.  11 
sonlfrit  le  martyre  à  l'occasion  de  ce  que 
nous  allons  raconter  :  Un  chevalier  hongrois, 
nommé  Thomas,  qui  avait  embrassé  l'isla- 
misme afin  de  se  concilier  la  faveur  du  sul- 
tan d'Egypte  ,  vint  ,  poussé  par  un  secret 
mouvement  de  la  grâce,  visiter  les  sanctuai- 
res de  Jérusalem,  pendant  la  semaine  sainte. 
Etant  entré  par  hasard  dans  un  couvent  de 
Franciscains,    un   frère    appelé  Nicolas,  de 


Monte  Corvino  ,  lui  reprocltu  bi  lortciiicnt 
SMii  a|i(is(,t!sic ,  (ju'il  le  ramena  h  Dieu  ,  et  lo 
détei'iniiwi  t\  .se  n'-tractcr  pnbliqijeincnl  au 
Caire  où  il  ovnit  rc'nié  (ta  loi.  (Craignant 
néanmoins  qno  le  nouveau  conv(!rli  ne  lût 
p.is  assez  connigeiix,  \\  .S(Més(dul  i\  rac<:oiu- 

pagUfM- Notre    .saint    j'ayanl   0|)i)ri.<<   jos 

suivit  plein  do  joie  avec  iiii  autre  rrère  de 
la  iM("ini'  province,  appelé  l''i;iiiroi->.  Ce  fut 
lo  ilima  icho  de  IMipics  1358  q'u'ds  lurent 
admis  on  présence  du  suHan.  Ils  lui  parlè- 
ro'it  av<M;  uni!  si  géiorouso  lil)erlé,  cpjc  ce 
prin-îe  rempli  de  fureur  les  livra  au  cod». 
Colni-(;i  les  condamna  h  être  coupés  [«ar 
morceaux  ,  puis  consumés  p.u'  le  len  ,  le  k 
avril  13:>S.  (  Wadding,  an.  1358,  n"  ».) 

PIFURK-TIIOMASf  le  bienheureux  ),  nui 
illustrait  l'ordre;  des  (i.iniies  ,iu  xiV  biècle, 
n.Kpiil  en  France,  aux  environs  de  Sarlat, 
d'une  fainillo  pauvre  et  indigonlo.  Son  granil 
talent  le  lit  élever  à  i'é|iisco[)at,  et  le  pape 
remploya  souvent  comme  légat.  Se  trouvant 
à  Jéinsalom,  il  ne  craignit  pas  d'y  exaller 
})ubli(pnMnoiit  le  nom  do  Jésus-Clirisl,  et  se 
déroba  ()ar  la  fuite  à  la  fureurdu  sultan  d'E- 
gypte. On  lui  adonné  lo  litre  de  martyr,  à 
cause  d'une  blessure  qu'il  reçut  lo  3  <jclo- 
bre  13G5,  à  la  prise  d'Alexandrie,  lorsqu'il 
était  |)atriarehe  do  Consfantiriople. 

PIEUUE  DE  NARBONNE(lo  bienheureux), 
conq)agnon  du  bienheureux  Paul,  de  la  pro- 
vince do  Saint-Louis,  jiartit  avec  trois  au- 
tres franciscains  nommés  Nicolas  deTuulicis, 
Donat  et  Etiennede  Lanich,  pourévangéliser 
les  infidèles.  Arrivés  à  Jérusalem,  ils  réso- 
lurent de  se  rendre  un  jour  do  grande  so- 
lennité dans  la  mosquée  du  temple  afin  d'y 
M'êchor  Jésus-Christ  et  d'anathématiser  Ma- 
iniiet.  Les  mahométans,  furieux  de  cette 
lardiosse,  les  battirent  cruellement  et  les 
jelèront  à  demi  morts  dans  un  noir  cachot 
où  ils  restèrent  trois  jours  sans  manger.  Au 
bout  de  ce  temps,  ayant  refusé  de  rétracter 
publiquement  leurs  paroles  insultantes  con- 
ti(^  le  jirophèto,  ils  furent  massacrés  à  coups 
de  hache  et  d'épée  le  11  novembre  1391. 
Deux  fois  les  infidèles  voulurent  brûler  les 
reliques  de  nos  bienheureux,  deux  fois  ils 
furent  obligés  d'y  renoncer.  Ils  les  enterrè- 
rent alors  secrètement,  afin  que  les  chrétiens 
ne  pussent  les  enlever.  [Chroniques  des  ïrê- 
res  Mineurs,  t.  111,  p.  16  ;  Wadding,  an, 
1391,  n"  1.) 

PIERRE  (  le    bienheureux),  fut  martyrisé 
en  lG08,au  Japon,  dans  le  royaume  de  Fingo, 
avec  Jean  Tingors,  son  père,  Girozayémon 
Joachim,  Michel  Faciémon  et  Thomas,   fils 
de  ce  dernier.  On  peut  voir  les   détails  de 
leur  martyre  à  l'article  Giroza-yémon.  Nôtres- 
bienheureux,  âgé  seulement  do  sept  ans,  fut- 
attendu   inutilement  par  les  autres  confes- 
seurs au  moment  du  supplice,  comme  nous^ 
]'a\ons  vu  à  l'article  indiqué  ci-dessus,  et 
ils  furent  décapités  sans  l.i.  Ce  jeune  enfant 
était  chez  son  grand-père  et  dormait  encore 
:piand  le  soldat  qui  devait  l'amener  se  pré- 
senta.  Sans  témoigner  aucune  crainte,   il 
s'habilla,  et  prenant  le  soldat  par  la  main, 
vint  avec  lui  au  lieu  du  supplice.  Un  peuple 


747 


PIN 


PIO 


728 


immense  le  suivait.  Quand  le  petit  martyr 
fut  arrivi-,  il  se  mit  h  senou\  pi^s  ilu  corps 
de  s  n  père,  et  joignant  ses  mains,  il  pré- 
senta sa  tôte  au  bourreau.  Comme  celui-ci 
levait  le  bras  pour  le  frapper,  il  se  lit  une 
immense  clameur.  Le  peu[)le,  i-idigné,  ne 
pouvait  se  contenir.  Le  bourreau  déconcerté, 
jeta  son  glaive  et  s'enfuit  :  successivement, 
deux  autres  vinrent  et  en  firent  aulint.  En- 
fin un  esclave  coréen  se  chargea  de  l'eiécu- 
tion;  mais  étant  inhabile  et  fortement  énui  de 
ce  qui  se  passait  autour  de  lui,  il  déchargea 
plusieurs  coups  de  sabre  sur  la  tête  et  sur 
les  épaules  de  l'enfant  avant  de  pouvoir  lui 
couper  le  cou.  Le  petit  martyr  se  fit  hacher 
ainsi  sans  pousser  un  seul  cri. 

PIEKRE  (le  prince),  second  fils  de  Fran- 
çois-Xavier et  de  la  princesse  Thérèse,  par- 
tagea avec  toute  sa  famille  l'exil  auquel  1  em- 
pereur Yong-  Tcliing  la  condamna  pour  la 
toi  en  17'2îi..  On  sait  que  toute  cette  famille 
si  nombreuse  fut  exilée  à  Yeou-Oué  ,  poste 
militaire  en  Tartarie,  à  plus  de  quatre-vingts 
lieues  de  Pékin  ,  au  delà  de  la  Grande  Mu- 
raille. La  veille  du  départ  pour  l'exil ,  ce 
prince  communia  avec  ses  parents  et  la  prin- 
cesse Agnès,  leur  belle-lille.  (Pour  les  détails 
de  ce  glorieux  exil,  voy.  les  articles  Soinou 
et  CniNK.) 

PINIEN,  proconsul  d'Asie  sous  les  com- 
mencements dn  Dioclétien,  persécuta  violem- 
ment les  chrétiens.  Il  avait  pour  assesseur 
un  nommé  Quérémon,  qui  se  faisait  remar- 
qiier  par  son  extrême  cruauté  à  l'égard  des 
disciples  de  Jésus-Christ.  Cet  homme,  avant 
été  frappé  par  la  main  de  Dieu,  périt  d^une 
façon  terrible.  Pinien  en  fit  une  maladie  si 
dangereuse  causée  par  la  frayeur,  que  les 
médecins  désesi)éraient  de  le  sauver.  Sa 
femme  Lucine  tit  venir  saint  Anlhime  et 
saint  Sisinne,  qui  le  guérirent  miraculeuse- 
ment. Pinien  se  convertit  et  mit  en  liberté 
tous  les  chrétiens  cpi'il  détenait  en  prison. 
En  revenant  d'Asie  en  Italie,  il  ramena  chez 
lui  les  saints  confesseurs  qui  l'avaient  con- 
verti, avec  beaucoup  d'autres  chrétiens;  mais 
cela  ayant  fait  du  l)ruil  il  les  disnersa  dans 
ses  terres  qui  étaient  considérables  ,  car  il 
était  fort  ruhe.  Tous  y  reçurent  bientôt  la 
couronne  du  martyre.  (V'oj/.  Lucine  ,  An- 
TiiiMK.  Sisinne,  Rvsse,  etc.) 

PINTO  ^le  bienheureux  François)  ,  de  la 
compagnie  de  Jésus ,  iiacpiit  en  l'an  1532. 
11  alla  évangéliser  les  Tapoyas  qui  hal)ilaient 
une  cùt(^  s'étendant  (le[)uis  Pernauibueo 
jusqu'au  lleuve  des  Amazones.  Il  fut  mai  Iv- 
risé  chez  ces  peuples  le  1 1  janviei  1G08;  sùn 
compagnon  Louis  Kigueira  parvint  h  séchap- 
per.  Notre  saint  eut  la  tète  écrasée  h.  coups 
de  b.'llnn,  la  mâchoire  Urisée  et  les  yeux  enle- 
vés de  leur  orbite.  Son  cumpagnoii,  ayant  re- 
cueilli ses  relupies  après  h-  départ  desmeur- 
triers, les  inhuma  au  pied  de  la  montagne 
d'lbiga[»aba.  ^Du  Jarric  llislnirr  drs  rhosrs 
plus  mf^mnrnhlrs,  etc..  t.  III.  p.  VHÎ).  Tanner, 
Socirtn^  Jrxit  u$qur  ad  snmjuinis  et  vitœ  pro- 
ftifinnrin  mililnns,  p.  iGfl.j 

PINITIUS,  iun  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  sang  pour    la 


foi  en  Egypte  et  desquels  Ruinart  a  laissé 
les  Actes  authentiques.  Voy.  Martyrs  (les 
trente-sept)  égyptiens. 

PIOMHINO,  ville  de  Toscane  ,  est  célèbre 
pnr  le  martyre  de  son  évèipie,  saint  Cerbo- 
néc,  qui,  au  rapport  de  saint  (irégoire,  brilla 
par  ses  miracles  [lendanl  sa  vie  et  à  sa  mort. 

PIONE  (saint),  Pionius,  évéq\u^  de  Smyrne, 
fut  martyrisé  so;.s  leiniiire  de  Dèce  en  l'an- 
née 230.  Nous  donnons  ici  ses  Actes  com- 
plets. L'E,.;Iise  fait  sa  fôte  le  1"  février. 

Le  samedi  23  lévrier,  comme  Pionius,  Sa- 
bine et  Asclépiade  célébraient  à  Smyrne  la 
fête  du  bienheureux  Polycarpe  ,  ils  furent 
arrêtés.  Pionius  avait  eu  la  veille  une  vision  ; 
carayant  jeûné  ce  jour-là  avec  Sabine  et  As- 
clépiade, il  vit  en  songe  qu'il  devait  être 
pris  le  lendemain,  et  la  vision  était  si  clain;, 
qu'il  fit  faire  trois  chaînes,  pour  lui,  pour 
Sabine  et  pour  Asclépiade.  Ils  se  les  mirent 
au  cou,  afin  que,  lorsque  ceux  qui  avaient 
ordre  de  les  arrêter  les  trouveraient  ainsi 
enchaînés,  ils  reconnussent  qu'on  ne  devait 
point  attendre  d'eux  (|u"ils  eussent,  comme 
beaucoup  d'autres,  la  complaisance  de  goû- 
ter des  viandes  offertes  aux  idoles,  et  que 
ces  fers  qu'ils  avaient  pris  d'eux-mêmes 
étaient  une  marque  de  la  pureté  de  leur  foi 
et  de  la  résolution  où  ils  étaient  de  mourir 
")lutôt  que  d'y  renoncer.  Ayant  donc  fait  la 
iriére  solennelle,  pris  le  pain  sanctifié  et  de 
'eau,  ils  virent  arriver  Polémon  ,  un  des 
gardes  d'un  temple  d'idoles  ,  accompagné 
d'une  troupe  darchers  que  le  magistrat  de 
la  ville  lui  avait  donnés  pour  se  saisir  des 
chrétiens.  Il  n'eut  pas  plutôt  aperçu  Pionius, 
qu'il  lui  dit  :  «  Save/.-vous  qu'il  y  a  un  com- 
mandement de  l'empereur  qui  vous  enjoint 
de  sacrifier  aux  dieux?  —  Nous  n'ignorons 
pas,  répondit  Pionius,  qu'il  y  a  un  commaa- 
dement,  mais  c'est  celui  qui  nous  ordonne 
d'adortM-  un  seul  Dieu.  »  Le  garde  réplitpia  : 
«  Suivez-moi  donc,  et  vous  connaîtrez  que 
ce  que  je  vous  ai  dit  est  vrai.  »  Sabine  et 
Asclépiade  dir.'Ut  aussi  fort  haut  :  «  Nous 
obéissons  au  seul  et  véritable  Dieu.  » 

Coiumo  on  les  conduisait  à  la  place,  le 
peuple,  voyant  les  chaînes  qu'ils  portaient, 
lut  fra|)pé  de  cette  nouveauté;  et  comme  il 
est  naturellement  curieux  et  qu'il  aime  à 
faire  île  toutes  clios(>s  un  suiet  d'amusement 
et  de  spectacle,  il  se  mit  à  les  suivre,  et  la 
foule  grossissant  toujours,  ceux  (|ui  mar- 
cliaient  les  premiers  étaient  poussés  par 
ceux  qui  venaient  après,  qui  étaient  poussés 
à  leur  tour  par  hvs  derniers  :  en  sorte  que, 
lors([u'on  fut  arrivé  à  la  place,  il  s'y  trouva 
une  si  prodigieuse  multitude  de  monde, 
qu'elle  fui  bientôt  remplie,  et  jusqu'aux  toits 
(les  logis  et  des  temples  qui  l'environnaient, 
tout  fut  couvert  de  ()eu|»le.  Il  y  vint  aussi 
des  troupes  innombral)les  île  femmes,  parce 
qu'il  était  jour  do  sabbat,  ipii  faisait  cesser 
le  travail  des  femmes  juives.  Chacun  s'em- 
pressait do  voir,  et  ceux  tpii  t'taient  Irop  pe- 
tits moulaient  sur  des  bancs  et  sur  des  cof- 
fres, tant  ils  craignaient  de  perdre  la  moin- 
dre action  de  la  pièi  e  tragupie  qui  s'allait 
jouer.  Les  martyrs  étaient  au  milieu  de  tout 


72l>                                  no  flO                                    7S0 

ce  |)nii|)|(',   cl  1»(»|('mi()ii,   s'/idrcssaiil  h  dix,  I'osimM,   riiisluiic   de    leurs  jiifto<;,   aUf  <l«) 
leur  dit  :  «  Vous  IViic/  Itini  niii'iix,  |iniir  t'vi-  li'iir-,  idis,  ri-iMuli'  cl  les  aiilii-s  livres  liislo- 
l«'r   lo  siipplico,  (le  vdiis  soiimollni  cfiiiimi;  ii(|nc'.s  (ht  Icnr  loi  :  co  sont  fiiilniit  de  mofiu- 
les  aiilrcs,  i>|  d'olx'ir- aux  ordres  du  priiien.»  iiieiits  de  leurs  inlidi'lilés  el  de  leurs  iii^ra- 
Alors  Pioiiiiis,  preiwiiil  la  parole   el  él(3'i-  liliides;   ro   snnl   aiilaid  de  t(  riioiiis  ipii  dé- 
d.'iiil  l;i  iii/iiii,  r(^|u)ii(l.t  nvco  un  visn^o  (jjai  :  posent  eciulre  eux.  Mais  vous  dlcs  surprl» 
«  Cilovelis  de  Sinyrue,  (pii   vous  ^loriiie/  <le  (pie  la  plus  ^raudt;  partie  des  elMélieris  cou- 
la liauletM- de  vos  nuiradies  cl  de   la  lieaiitc'i  icnt   d'(Mix-niAiues   oll'rir  de   l'encens  à    vos 
do  votre  ville,  et  (pli  louez  ji  grand  honneur  dioiix  ;  li^ure/.-vous  uti(!  airo  remplie  do  ger- 
d'avoir  le  poëte  lloiiK^re  pour   volrr  coiupa-  hos,  lesipiclles  on  vient  de  halire;  d'un  ((Wt 
(riolo,  (>t,  s'il  esl^  ici    pni'nii   vous  (piehpies  est  le  lAr  (;t  de  l'anliM!  la  paille;  diles-inoi, 
juifs,  écoiltez-moi  :  j'apiironds  (pni  vous  vous  seigneurs,  (pud  iiioiiceau  vous  parait  le  plu.<» 
in(^(pi(>'  des  cliiélie'is  (|ui   void.  de  leur  hou  gros'/  ou  hieii  des  |)(''c|ieurs  ipii  j(!ll(Mit  leur 
grt^  sacrifier  à  vos  dicMiv,  ou  (|ui  m;  r(''sistent  lilet  dans  la  mer,  tous   les  poissons  (pi'ils 
(lue  faihlenuHit  lorsqu'on  les  y  vont  conlrain-  prennent   sont -ils  excellents'/  Non,   sans 
(Iro  ;  (pie  vous   accusez  les  uns  do  l('g('*ret(^  doute,  el  ceux  (pi'ils  rel)iil(!rtt  soid  h;    plus 
d'esprit,  et  les  autres  th?  (hMaul  do  courage  ;  grand  nomhre.  \'oiI?i  la  ligure  des  cliiY-liens: 
cependant  vous  devriez  plutiH  écouter  votre  les  bons  sont  niOh''s  avec  les  nu^'chants,  et 
maître  et  voli'(Mlocl(Mir  lIom(''r(>,  (lui  ne  V(Mil  ceux-ci,  par  leur  nomhre,   l'euiportent  sur 
pas  (pi'on  insull(!  h  la  mémoire  nos  morts,  ceux-là;  mais  pour  oeu  (ju'on  y  V(;uilh'  faire 
ni  qu'on  ait  rien  à  (h^nuMer  avec  ceux  qui  no  altenlion,  il  (!st  facile  d'en  fair(!  le  discerne- 
sont  [)lus  sur  la  terre.  Et  vous,  juifs,  vous  ment.  A  (piel  titre  voulez-vous  donc  nous 
feriez  bien  mieux  d'ohéir  h  Moïse,  votre  lé-  faire   soullrir  l(;s  tourments  (pic  vous  nous 
gislateur,  qui  vous  dit  :  Si  ta  vois  In  bête  de  préparez?  Si  c'est  comme  à  des  méchants, 
ton  ennemi  tombée  sons  sa  cliarf/e,  ne  passe  vous  êtes  vous-mêmes  bien  méchants  et  bien 
pas  sans  l'aider  à  la  relever ,  iit  h  SaUnnou,  \q  injustes  de  nous   traiter  avec   tant  de    ri- 
plus  sage  de  vos  rois,  qui  vous  défend  de  gueur,  sans  savoir  si  nous  méritons  d'être 
vous  réjouir  du  malheur  de  votre  ennemi,  traités  ainsi.  Mais  si  c'est  comme  h  des  gens 
Pour  moi,  j'aimerais  mieux  endurer  toules  de  bien,  quelle  espérance  vous  resle-t-il  «u- 
sortes  de  tourments  et  mourir  mille  fois  que  près  de  celui  qui  se  déclare  hautement  leur 
de  suivre  d'aulres  maximes  quiî  celles  que  protecteur'?  Et  puisque  les  hommes  justes 
j'ai  jusqu'ici  ou  apprises  ou  enseignées.  D  oii  ne  peuvent  se   garantir  de  v(jtre  cruauté, 
viennent  donc  ces  éclats  de  i  ire  et  ces  rail-  comment,  vous  qui   êtes  des  impies,  pour- 
leries  cruelles  des  juifs,  non-seulement  con-  riez-vous  éviter  la  vengeance  que  le  plus 
tre  ceu\  qui  ont  sacrifié,  mais  (3on(re  nous?  équitable  de  tous  les  juges  est  prêt  à  faire 
Ils  nous  insultent,  el  disent  qu'en  ne  nous  a  tomber  sur  vos  têtes  ;  car  entin  il  est  sur  le 
que  trop  longtemps  laissés  respirer.  Quand  point  d'éclater,  ce  jugement  terrible  :  trem- 
nous  serions  leurs  ennemis,  nous  sommes  blez,  Juifs,  c'est  à  vous  que  je  parle.  Votre 
toujours  des  hommes;  car  enlin,  quel  tort  pays  vous  en  doit  retracer  l'image;  je   l'ai 
leur   avons-nous  fait?  Quel  supplice   leur  vue  celte  terre  qui  fume  encore  des  feux 
avons-nous  fait  soutfrir  :  les  avons-nous  per-  que  la  justice  divine  y  alluma  autrefois  ;  une 
sécutés  ?  Les  avons-nous  contraints  d'adorer  partie  n'est  plus  qu'un  grand  amas  de  cen- 
les  idoles?  Pensent-ils  n'être  pas  plus  cou-  dres;  restes  atfreux,  infertiles  ruines  de  cinq 
pables  que  ceux  que  la  crainte  des  hommes  villes  criminelles.  J'ai  vu   ce  lac  dont  les 
fj\it  maintenant  tomber?  Il  y  a  bien  de  la  eaux  donnent  la  mort,  cette    mer  que  les 
différence  entre  un  péché  volontaire  et  un  poissons  fuient  comme  elle  fuit  elle-même  les 
crime  forcé  :  mais  qui  est-ce,  je  vous  prie,  hommes.  Chose  merveilleuse  !  elle  ne  sau- 
qui  obligeait  leurs  pères  à  se  faire  initier  rait  soulfrir  qu'aucun  ia  touchât  ou  s'appro- 
aux  mystères  de  Béelphégor,  ou  à  assister  chat  d'elle;  et. si  le  hasard  en  fait  tomber 
aux  sacrifices  impies  et  aux  festins  supers-  quelqu'un  dans  son  sein,  elle  le  rejette  aus- 
litieux  des  défunts?  Leur  faisait-on  violence  sitôt  sur  ses  bords  ;  tant  elle  semb'e  crain- 
lorsqu'ils  se  souillaient  dans  les  infâmes  em-  dre  que  les  hommes  ou  ne  la  souillent,  ou 
brassements  des  Madianites,  et  qu'ils  recher-  ne  lui  attirent  de  nouveaux  châtiments.  Mais 
chaient  une  volupté  criminelle?  Quelqu'un  pourquoi  rappeler  des  événements  si  éloi- 
leur  tenait-il  le  poignard  à  la  gorge  pour  gnés,  et  qu'est-il  besoin  de  remonter  si  haut 
leur  faire  brûler  leurs  propres  enfants  de-  dans  l'antiquité  pour  y  trouver  des  exemples 
vant  l'idole  de  Moloch?  Les  contraignait-on  de  la  colère  de  Dieu,  lorsque  nous  la  voyons 
h  parler  mal  en  secret  de  Moïse,  et  à  mur-  s'expliquer  d'une  manière  si  etfrayante  pour 
murer  tout  haut  de  Dieu  même?  Enfin,  a-t-on  les  impies?  Seigneurs,  jetez  les  yeux  sur  la 
jamais  exigé  d'eux  d'être  des  ingrats,  des  Lydie,  vous  y  verrez  dix  villes  qui  fument 
perfides,  des  adorateurs  d'un  veau  d'or?  Au  toujours  et   dont  l'embrasement  n'est   pas 
reste,  seigneurs  citoyens,  ne  les  écoutez  pas  encore  éteint.  Tournez  votre  vue  sur  la  Si- 
s'ils  vous  racontent  les  choses  d'un  autre;  cile,  et  voyez-la  toute  couverte  d'un  déluge 
croyez  qu'ils  ont  dessein  de  vous  surpren-  de  feu  que  le  mont  Etna  vomit  du  fond  de 
dre.  Four  nous,  qui  sommes  instruits  à  fond  ses  entrailles  enflammées.  Considérez  la  Ly- 
de  leurs  atl'aires,  il  n'est  pas  en  leur  pouvoir  cie,  qui  se  dévore  elle-même  par  des  feux 
de  nous  en  imposer.   Il  n'y  a  qu'à  ouvrir  souterrains.  Où.  pensez-vous  que  ces  feux 
leurs  livres  pour  être  convaincu  que  je  n'a-  s'allument?  Sachez  que  ces  montagnes  en- 
vance  que  la  vérité.  Qu'ils  vous  lisent,  s'ils  flammées,  ces  roches  brûlantes,  ces  incen- 


"TM. 


PIO 


?. 


dies,  qui  ne  s'éteignent  jamais,  ces  eaux 
soufrées,  ces  sources  liquides;  sichoz.dis-je, 
que  ce  sont  autant  de  soupiraux  par  les- 
quels l'eiifor  pousse  quelijues  étincelles  du 
feu  que  Injustice  de  Dieu  y  entretient.  Tout 
ft'la  n'est  enfii».  que  quelques  signes  de  co 
jugement  universel  (jne  nous  vous  annon- 
ço  is,  et  qui  se  fera  de  louS  les  hommes  par 
le  Verbe  de  Dieu,  Jésus-Christ,  qui  iloii  ve- 
nir juger  le  monde  par  le  feu.  Au  reste, 
nous  n'ado  ons  point  vos  dieux  ni  vos  sta- 
tues d  or,  et  nous  n'en  e>timons  tout  au 
plus  que  la  matière  et  l'art  du  statuaire  ou 
du  fondeur.  » 

Il  parla  longtemps  et  fut  écouté  avec  une 
grande  atientton.  Enlin,  comme  il  disait  : 
«  Nous  n'adArons  point  vos  dieux  ni  vos 
images  d'or;  on  les  tira  d'une  galerie  où  ils 
étaient,  et  on  les  mena  au  milieu  de  la 
place.  Le  peuple  qui  les  entourait  leur  di- 
sait avec  Poléiuon  :  «  Votre  probité ,  Pio- 
nius,  fait  que  nous  vous  jugeons  digne  de 
vivre.  Crovez-nous,  il  est  bon  de  respirer 
et  de  voir 'la  lumière.  —  Et  moi  aussi,  re^ 
prit  Pionius,  je  dis  qu'il  est  bon  de  vivre  et 
de  voir  la  lumière  ;  m'ais  je  le  dis  de  celle 
que  nous  désirons.  Nous  n'avons  point  de 
mépris  pour  ces  présents  de  Dieu  ;  mais  ce 
que  nous  leur  préférons  est  beaucoup  meil- 
leu  .  Au  reste, je  vous  loue  de  l'atlection 
que  vous  me  témoignez,  mais  j'y  souj'çonno 
de  l'artifice;  la  liaim^  déHaréé"  est  moins 
nuisible  que  dvs.  caresses  Iromponses.  » 
A  lois  un  nommé  Alexandre,  homme  malin, 
lui  dit  :  «  Ecoutez-moi  aussi.  »  Pionius  lui 
répondit  :  «  Hcoutc-moi  loi-mème  ;  car  je 
sais  ce  que  lu  sais,  et  tu  ne  sais  pas  <e  que 
je  s  is.  »  Alexandre  lui  dit  en  se  mo(|unnt  : 
«  Que  veulent  dirent  ces  clini-ies  ?  »  Pioiu'us 
répondit  :  ><  De  peur  qu'en  nous  voyant  pas- 
ser par  la  ville  ou  ne  b^oie  que  nous  allons 
sacrilier,*  et  atin  que  vous  ne  nous  meniez 
pas  au  temple  comme  les  autres,  et  pour 
vous  montrer  qu'il  n'est  pas  besoin  de  nous 
interroger,  puisque  nous  allons  d(3  nous- 
luOmes  fi  la  prison.  » 

Le  peuitle  continuait  de  le  prier, et  comme 
Pionius  demeurait  ferme,  et  leur  pillait  des 
choses  futures  avec  force  et  véhéuKVKe, 
AlexaiKlredit  :  «  Qu'est-il  besoin  de  tant  de 
discoui's,  puisque  vous  ne  sauriez  vivre  ni 
V9iis  empêcher  de  (lérir?»  Le  peu[)le  vou- 
lait aller  au  théAire  pour  entendre  ftius  com- 
modi'in -nt  les  paroles  du  iu.irl\re:  mais 
quelques-uns  s'afipro'hèrent  de  Polémon  et 
lui  dirent  que  s'il  permellait  au  martyr  do 
parler,  il  en  pourrait  naître  du  tumulte  et 
(|e  la  confusion.  Polémon  dit  dom;  h  P o- 
ûius  :  Si  tu  ne  veux  pas  sacrilier,  d»i  moins 
entre  dans  le  temple.  —  Il  n'est  pas  bon 
pour  les  idoles,  répondit  Pionius,  (pie  nou.s 
y  errions.  —  Il  est  donc  impossib'e.  dit 
Polémon,  de  le  W.  persuader?  —  PIrtt  h  Dion, 
r'pliqua  Pionius,  que  j«>  puisse  tOus  per- 
SU.1  1er  do  devenir  cfirélienf  !  »  Quelqn<>s-iins 
dirent  CD  s  moquant  :  «  (tarde-toi  bien  de 
le  fairel  de  jieiir  que  no*, s  ne  snyon*  brO- 
lés  vifs.  —  C"e>i  bitti  pis.  dit  Pnuiius,  dô- 
Ire  brûlé  vif  après  la  mort.  »  Pendant  cette 


ÇIO  7^ 

contestation,  ils  virent  que  Sabine  riait  :  ils 
dirent  d'une  voix  menaçante  :  «  Tu  ris  !  » 
Elle  repartit  :  «  Jo  ris,  puisque  Dieu  le 
veut  ;  car  nous  sommes  chrétiens.  —  Tu 
souffriras,  lui  dirent-ils.  ce  que  tu  ne  vou- 
drais pas;  car  on  jette  dans  des  lieux  infA- 
mes  celles  qui  ne  veulent  pas  sacrifier.  — 
Le  Di»  u  saint  y  pourvoira,  »  dit-elle. 

Polémon  dit  encore  ;i  Pionius  :  «Obéis- 
nous.  »   Pionius  répondit  :    «  Si    vous  avez 
ordre  de  peisu.ider  ou  de  punir,  vous  devez 
punir,  puisque  vous  ne  pou-ez  persuader.  » 
Polémon.   piqué  de  la  sécheresse  de  ce  dis- 
cours, dit  :  «S.icrifiez.  »   Pionius  répondit  : 
"  Je  n'en  ferai  rien.  —  Pourquoi  non  ?  »  re- 
prit Polémon.  «  Parce  que  je  suischrétie-i,  » 
répliqua   Pionius.    «  Quel  dieu  adores-tu  ?  « 
dit  Polémon.    Pionius  répondit  :«  Le  Dieu 
tout-puissant  ipii  a  fait  le  ciel  et  la  terre,  et 
tout  ce  que  le  ciel  et  la  terre  contiennent  ; 
qui  nous  a  fait  tous,  et  qui  nous  donne  abon- 
uamm>  nt    toutes  choses  ;  que  nous  connais- 
sons par  Jésus-Christ  son  Verbe.  —  Sai  rifie 
dumoinsà  l'empereur.  »  dit  Polémon.  «  Jone 
sacritle  point   b  un  homme,  »  répondit  Pio- 
nius.  Ensuite  Polémon  l'interrogea  juridi- 
quement, faisant  écrire  toutes  ses  réponses 
par  un  notaire  qui  les  gravait  sur  de  lacire, 
et  lui  demanda  :  «  Comment  fappelles-tu  ?» 
Pionius  répondit  :  «Chrétien.  —  De  quelle 
Eglise?»    dit    Polémon.  Pionius  i^épondit  : 
«De   la    catholique.»   Il   laissa  Pianius  et 
s'adressant  à  Sabine,   il    lui  demanda   son 
nom.    Or  elle  avait   changé  de  nom  par  le 
conseil  de  Pionius,  de  peur  de  retomber  en- 
tre   les  mains   de   sa   mai'resse,   qui   était 
naienne,   et  qui,   sous  l'empereur  Gordien, 
lui  voulant  faire  abandonner   la  foi,  l'avait 
enchaînée   et  reléiçuée  dans  les  montagnes, 
où   les  fièies  lavaienl  nourrie  secrètement. 
Elle  répondit  dDnc  qu'elle  s'appelait  Tliéo- 
dot«  et  chrétienne.  Polémon  lui  dit  :  «  Si  tu 
es   chrétienne,   de   quelle   Eglise  es-tu?  — 
De  l'Eglise  catholique,  »  dit-elie.  «QuelDifu 
ado.cs-iu?»    lui   oit    Po'.éiuon.    «Le    Ditfu 
totil-puissanl,  ^  répondil-elle,  «  qui  a  fait  le 
ciel,  la  terre  et  la  mer,  et  tout  ce  qu'ils  con- 
tienn(>nt;  ipie  nous  connaissons  par  Jésus- 
Christ  son  \'erbe.  »    Ensuite  il    inleno^ea 
Asclépiade,   qui  n'était   pfls  loin,  et  lui  tle- 
manda  son  nom.  il  répondit  :  «Je  ni'ai>pelle 
chrétien.  —  De  (|Uolle  Eglise?»   |)Oiirsuivit 
Polémon.   Asclépiade  dit  :   a  De  l«  ciflioli- 
qiie.  »   Polémon  lui  demanda  :  «  Quel  Dieu 
adores-  u?  —  JésuS'C'inst,  »  dit  Ast:lépiftUe. 
n  Quoi  «loue  !  est-ce  un  autre?  »  dit  Polémon. 
«  Nr>n,   dit   Asclt'piado,  c'est  le  mémo  qu'ils 
viennent  de  confesser.  » 

Api  es  cela  on  les  mena  en  prison.  La  foulo 
du  peuple  qui  les  suivait  remplissait  liuile 
la  (ilace.  Quel(]ues-uns  disaient  do  Pioniu.s  : 
«  \dye  cet  lionuu"'  qui  était  toujours  pAlo 
et  défait,  comme  il  est  devenu  rouge  tout 
d'un  coup!  »  Sabine  le  tenait  ytar  son  habit 
pour  se  soutenir  dans  la  presse  :  (juelqu  un 
tui-dit  :  V.  Il  semble  que  tu  craigiu-s  d'être 
privée  de  son  lait,  »  lu  .uilre  s'écria  :  «S'ils 
ne  veulent  pas  saciilier^  qu  ils  soient  pu- 
nis. 0  Polémou  lui  répondit  :  «  Nous  n'avons 


73% 


PIO 


wia 


7ii 


1)11:4  vv  |)(>iiV()ir;  wtnia  M'nvoiis  ni  l'aiscuaux  ni 

liiu'hcs.  »    Un  (itilrr   disnit    on  so   ni()(|ii.'tnt 

(l'As(l(^|)i,i(l(«  :  «  (le  pt'lit    liMiiiiiic  s'mii  v;i  sa- 

crilici'.  --  'l'ii  MK'Ms,  (lil  IMoniiis,  il  n't'ii  loni 

rion.  »  Un  niilrn  (lis.-int  lonl  h.iiil  :  «Cclui-iû 

cl  cclni-l^  sncrilifionf,  »  Pio'iiii»^  djl  :  <i  Clm- 

rnn  h  su  voloiili'',  jo  iir.'ipiM'Ilc  l'ioriiiis  ;  il  no 

nriinnnilt'  ([ni  qno  vo  snil  (|ni  sacriiio  ;  i|n'oii 

(li.so  lo  nrtin  do  cclni  (|iii  r.nn'a  t'ait.  »  lùili-n 

(•(MIT  (fiii  pai'IaitMil  de  ('(Nh'  cl  d'anlr(>,  il  y  en 

cnl  nn  (|iii  dit    à  Pionins  :  »  'l'id  ^\\\\  (>s  si 

sftvnnl,   |iiini'(|n(»i   conrs-ln   à   l,i    mort  nvci; 

tant  d'ohsli'ialion  ?   —  Ce   (pic  vons  cfoyc/. 

(Mrc   tn;i  pcitc,  dit  Pionins,  m'ohli^c  .^  tenir 

plus    ferme.  Vous   s«vn/.  (piclln  mort  dite  v.l 

(pielle   i'iuniiio  vous  ave/  soiillei  te,  sans  les 

aiiti'os    inaiiK.  —   Mais,  dit  nn  antr(>,   tu  as 

niKSsi  sonlVcrl  la  f'iim  avec  nons.  —  Oui,  dit 

Pionins,   mflis  avec  rospéianco  qno  j'avais 

on  Dion.  >; 

l.n    fonio  iHaitsi  graïuio,   qu'à    pidno  les 
gardos  ]nnvU    onlrer  da-is  la  prison  iionr  y 
mettre  les  martyrs.   Us  y  Ironvùroiit  un  pr('i- 
tre  do  riîgli-e  catliolitpio,  noiiimù  Lemnus; 
Ti'io  femme   du   bonri^'  do  Car^no,  nomiix^o 
Macédonia,  et  nn  ïiommo   Kntyrliion  de  la 
secte  des  Phrygiens  ou  Montanistos.  On  les 
mit  tous  ensèinl)lo;  et  les  gardes  s'aperçu- 
rent que  Pionins,  |)ai'  une  rt'solntion  prise 
avec  les  siens,   ne  recevait  point  ce  que  les 
ruiclos  lui  olfraient;  car  il  disait  :  «Quelque 
besoin  que  j'aie  eu,  je  n'ai  jamais  él6  h 
charge  a   personne;  qui  peut  m'obliger  h 
prendre    maiiiienant  ?  »     Los    gaides,    qui 
avaient  accoutuuu^  de  recevoir  des  prc^scnis 
de  ceux  qui  venaient  voir  les  chrétiens,  ir- 
rités de  ce  que   ceux-ci  ne  leur  attiraient 
rien,  les  jetèrent  dans  le  cachot  pour  les 
tourmenter  par  l'obscurité  et  la  puanteur. 
Ils  s'y  laisseront  niotlre  eu  louant  Dieu,  et 
donnèrent  aux  gardes  ce  qu'on  avait  accou- 
umé  de  donner.  Le  geôlier  en  fut  étonné, 
et  les  voulut  remettre  à  la  première  place; 
miis  ils  demeurèrent,  disant  :  «  Dieu  soit 
loue,  nous  nous  en  trouvons  bien;  nous 
sommes   en  liberté  de  méditer  cl  de  prier 
jour  et  nuit.  »  Plusieurs  païens  les  visitaient 
dans  la  prison  el  s'efl'orçaient  de  persuader 
Pionius;   mais  ils  admiraient  ses  réponses. 
Ceux  qui  avaient    sacritié  par  force  y  en- 
traient   aussi ,     et    excitaient    de    grands 
pleurs,  principalement  ceux  dont  la  vie  avait 
été    sans    reproche.    Pionius  disait  en   les 
voyant  :  «Je  souffre  un  nouveau  supplice; 
il  me  semble  qu'on  me  met  en  pièces,  quand 
je  vois  les  perles  de  l'Eglise  foulées  aux 
pieds    des    pourceaux,  les   étoiles  du  ciel 
tirées  à   terre   [)ar  la  queue  du  dragon.  Je 
sens  mes  entrailles  se  déchirer  lorsque  je 
jette  les  yeux  sur  cette  vigne  que  Dieu  avait 
pris   plaisir  lui-même  de  planter,  et  que  je 
la  vois  ravagée  par  un  atï'reux  sanglier,  ou 
abandonnée    à   la   discrétion  des   passants 
qui  la    pillent.    Mes  enfants,   ceux-là    mê- 
mes que  jenfantais  chaque  jour  jusqu'à  ce 
que  Jésus-Christ  soit  formé  en  eux  ;  mes 
cheis  nounissons,  élevés  avec  tant  de  déli- 
catesse dans  le  sein  de  l'Eglise  leur  mère, 
se  sont  engagés  dans  d«s  chemins  âpres  et 


labotçux.  Su/,aijue  «ni  oncorv  oppriijjo»;  au- 
jMurd'Ijui    (i.ir   les  rni'cliarils  ;   dos  vieill.wdji 
eoiroiiipus  lui  t(,'iid<.'nl  (Micgry  u'i  pi«go  ;  ol 
dans  l'cspiTance  qu'ils  oui  de  pouvoir  salis- 
l'airo  leurs  passiutis  ciimi'iLdle.s,  ils  ne  çr/ii- 
gn<»nt  piiiiil  doiijellig  toute  rni^j  celte  chaslu 
et  innocnnle  beauti-  ,  el  de  faire  lo(fd>er  en- 
suite sur  si  tête,  pir  une  lioniblo  calouujio, 
l'iudi^n  ilio'i  dii  peuple.  Aiiiau  a  juré  la  pei  to 
do  .M.ii(loci|('(' ,  il  en  tnninphe;  mais  lîstIr.T 
en  i^éinil,  et  tout  le  palais  d'.VssiH'iu.s  en  (.«.si 
tronbh''.    l-]  iliii   la    persécution  ,    comme  ua 
(|ualriêun.'  Il -an,  por!(!  partout  la  désol/ilioii 
et  l'elfroi.  C'est  maintenant,  liélas  !   (jue  so 
(hkîouvre  le  sens  caché  de  cette  paraboh;  de 
Jésus-Christ  :  Les  vi(M'ges  se  sont   laissées 
surpre  idre  au   sommeil,    VA  si    h;    Fils  do 
l'hoinme  venait  aujourd'hui  sur  la  terre  ,  en 
<iuol  lieu  Irouveiail-il  la  foi  ?  J'entends  dire 
(le  Ions  (;()lés  :  C(!  chrétien  a  trahi  cd  autre 
chcétien;  ce  lidèle  a  dénoncé  çot  putre  U- 
doliî  ;  el  je  vois  avec  une  douleur  amère  s'ac- 
complir colle  parole  de  i'Iivaugihî  :  Le  frère  li- 
vrera son  frère  à  la  mort.  iMais  quoil  parce  que 
Satan  adeinandi''  à  nous  cribhu-,  et  paicequo 
le  Sbigneur  a  le   van  (snlre   les  mains  pour 
nettoyer  son  aire,  s'imaginera-l-on  que  tout 
le  sel  de  l'Kgliso  a  perdu  .sa  pointe  et  sa  sa- 
veur, olcju'il  n'eslplusbonqu  à  être  foulé  aux 
pieds?  Non,  non,   la  miséricorde   de  Dieu 
subsiste  toujours  ;  elle  n'a  rien  perdu  de  ses 
bontés  ordinaires.  Ecoutez  ce  que  dil  le  Sei- 
gneur :  Ma  main  ne  se  lasse  point  à  vaus  re- 
lever de  vos  chutes  ,   et  mes  oreilles  ne  sont 
point  fatiguées  des  cris  de  ceux  qui  tombent. 
Si  Dieu  donc  ne  nous  écoute  pas  toujours, 
ce  n'est  pas  qu'il  ait  pour  nous  de  la  dureté, 
mais  c'est  parce  ({ue  nous  l'y  contraignons 
par  nos  intidélités  :  car  enfin  ,  que  n'avops- 
nous  pas  fait  contre  lui?  Nous  l'avons  hon- 
teusement abandonné,  nous  avons  méprisé 
celui  de  ses  commandements  qui,  pour  ainsi 
dire,  lui  tient  le  [dus  au  cœur,  le  grand  pré- 
cepte de   la  charité.  Les  chrétiens  se  sont 
rendus  les  accusateurs  les  uns  des  autres  ; 
ils  se  sont  trahis  tour  à  tour,  et  ils  se  sont 
porté   mutuellement    des    c  )ups    mortels , 
quoique  leur  pieté  et  leur  justice  dût  être 
bien  plus  parfaite  que  la  justice  et  la  piété 
des  scribes  et  des  pharisiens.  On  m'4  dit 
môme  que  les  juifs  vous  invitaient  à  aller 
dans  leurs  synagogues  :  songez  que  vous  ne 
sauriez  comm*ettre  un  plus  grand  péché  ,  et 
que  c'est  là  proprement  celui  qui  ne  peut 
être  remis  ni  dans  ce  monde-ci,  ni  dans  l'au- 
tre ;  c'est-à-dire  le  blasphème  contre  le  Saint- 
Esprit.  Voulez-vous  devenir  comme  des  ci- 
toyens de  Sodouie,  des  princes  dcGomorrhe? 
et  voulez-vous  tremper  avec  eux  vos  mains 
dans  le  sang  des  saints?  Sont-ce  les  chrétiens 
qui  ont  .répandu  celui  des  prophètes,  qui  ont 
condamné  le  Sauveur  à  une  mort  1  ruelle? 
Avez-vous  sit(jt  oublié   ce  que   vous  avez 
vous-mêmes  si  souvent   entendu  dire   aux 
juifs  ?  Combien  de  fois,  d'une  bouche  impie, 
ont-ils  publié  que  Jésus-Christ   était  mort 
par  force  comme  un  autre  homme  ?  Dite^  un 
peu  quel  est  l'homme  mort  par  force,  de  qui 
les  disciples  aient  chassé  les  démons  durant, 


755 


PIO 


PIO 


738 


tant  d'nnni^es?  Quel  est  l'homme  mort  par 
force,  pour  qui  ses  disciples  et  tant  d'autres 
aient  souffert  volontairement  les  supplices 
et  la  mort  ?  Ils  ont ,  outre  cela  ,  riinpic'té 
d  accuser  Jésus-f.iu'ist  d'avoir  eu  commerce 
avec  l'enfer,  et  d'avoir  exercé  la  ma;j;ie  ;  ils 
disent  que  ce  n'est  (|ue  par  le  secours  de  cet 
art  détestable  qu'il  est  ressuscité  :  que  doit- 
on  penser  de  gens  gui  parlent  ainsi?  Ne 
peut-on  pas  les  appeler  des  imfiosteurs  et 
des  scélérats?  Je  leur  ai  entendu  dire  cela 
cent  fois  dans  ma  jeunesse  ;  mais  rien  n'est 
plus  facile  (]ue  de  les  convaincre  de  men- 
songe et  d'erreur  ;  car  voici  ce  qui  est  écrit 
dans  les  livres  sacrés  :  Saiil,  étant  aile  trou- 
ver la  pi/lfio))issc  ,  /("'  (lit  :  Fnitrs-moi  appa- 
raître Ir  prophrtr  Samuel  ;  et  cette  femme  vit 
un  hommr  qui  sortait  de  dessous  terre,  revêtu 
d'une  robe  de  lin.  Saiil  prit  ce  fantôme  pour 
Sanniel ,  et  il  le  consulta  touchant  les  cho- 
ses dont  il  était  en  peine.  Diront-ils  que  cette 
magicieime  évoqua  en  etfet  l'Ame  du  pro- 
phète ?  S'ils  l'avouaient,  il  fuit  qu'ils  demeu- 
rent en  même  temps  d'accord  que  le  crime 
a  plus  de  crédit  auprès  de  Dieu  que  l'in- 
nocence ,  et  qu'il  communique  plus  volon- 
tiers son  pouvoir  aux  méchants  qu'aux  gens 
de  bien.  S'ils  nient  que  cette  femme  ait  eu 
ce  pouvoir,  jiourquoi  veulent-ils  que  Jésus- 
Christ  soit  ressuscité  par  les  efforts  de  la 
magie?  Qu'ils  confessent  donc  que  leur  opi- 
nion est  ou  injurieuse  «i  Dieu,  ou  pleine 
d'imposture  h  l'égard  de  Jésus-Christ.  Voici 
au  reste  ce  qu'on  doit  croire  touchant  celte 
question.  Qu'on  ne  s'imagine  pas  que  le 
démon  de  la  pythoniss(ï  ail  [)u  tirer  du  sein 
d'Abraham,  et  du  S(''jour  paisibh;  des  limbes, 
l'Ame  du  prophète  Samuel.  Cet  esprit  de  té- 
nèbres n'a  jamais  eu  cette  puisj-ance,  et  il 
est  contre  lordriî  el  la  nature  des  choses  que 
le  plus  faible  l'emporte  sur  le  plus  fort.  Le 
prophète  ne  revit  iioiiit  alors  la  lumière  , 
ainsi  «(ue  ([uelipies-uns  le  croient;  mais  ([\ie 
dire  de  cftte  apparition?  Il  faut  ré[)ondre 
que,  de  même  que  les  bons  anges  accourent 
à  la  voix  des  justes  (pii  les  invoquent  ,  de 
même  les  dinnons  obéissent  aux  invocations 
sacrilèges  des  magiciens  ;  ils  se  rendent  pré- 
sents aux  devins  qui  les  appelleiil  par  des 
enchantements  ;  et  ces  esprits  de  mensonge, 
Ifur  inspirant  une  espèce  de  fureur  prophé- 
tique, leur  font  l'.ronoticer  de  faux  oracles, 
c'est  ce  (jui  a  fait  dire  à  l'Apôlre  :  Puisque 
Satan  même  se  transforme  en  anqe  de  lumi  re, 
doit-on  s'étonner  si  ses  ministres  se  transfor- 
ment en  minisires  de  la yrdrr?  C'est  aiîisi  (]ue 
l'anlechrisl  voudra  un  jour  se  faire  connaître 
pour  Jésus -Christ  même,  et  c'est  ainsi 
que  les  démons  représentèrent  le  person- 
nage de  Samuel  devant  Said  et  la  pythonisse, 
et  que,  se  revêtant  de  sa  ligure,  ils  tirent  pa- 
raître un  fanlêune  ?»  liMirs  yeux  trompés.  Ce 
(pii  suit  dans  le  texte  sacré  conliruii'  adiui- 
rabh  tuent  ce  siMilimenl  ;  car  il  y  est  maniué 
(lue  Samuel  dit  au  roi  ;  Mans  serons  aujour- 
n  hui  enannblr  /  Comment  un  prince  sacrilège 
•issaiil  aux  ordres  de  Dieu,  et  aban- 
ti'-hiit;  au  culte  des  démons  ,  pouvait-il  se 
prncunirer  parmi  les  prophètes  et  les  pa- 


triarches? S'il  doit  donc  passer  pour  cons- 
tant ipie  l'ûme  de  Samuel  n'a  jamais  été  ra|> 
pelée  des  enfers,  comment  peut-on  dire  que 
Jésus-Christ  n'est  sorti  du  tombeau  que  par 
la  l'orce  des  enchantements  ,  après  que  ses 
disciples  Pont  vu  monter  au  ciel .  et  qu'ils 
ont  répandu  leur  sang  pour  soutenir  celte 
vérité?  Que  si  tout  ce  que  je  viens  de  dire 
ne  vous  persuade  point  (conclul  Pionius,  en 
adressant  particulièrement  la  parole  à  ceux 
qui  avaient  eu  la  faiblesse  de  sacrifier) ,  si 
vous  n'en  êtes  point  touchés,  je  consens  que 
vous  vous  adce-siez  à  ceux  qui  ont  rejeté  le 
culte  du  vrai  Dieu  pour  celui  des  idoles , 
et  que  vous  apprenie^c  d'eux  le  chemin  de  la 
perfection.  » 

Ayant  cessé  de  parler,  il  leur  commanda 
de  sortir  de  la  prison.  Alors  Polémon  el  Théo- 
phile, maître  de  la  cavalerie,  survinrent  avec 
des  gardes  et  une  grande  foule  de  peuple, 
et  dirent  d'une  voix  terrible  :  «  Voila  Eudé- 
mon,  votre  évêque  .  qui  a  sacrifié;  obéissez 
aussi»  Lépide  el  Eudémon  vous  interroge- 
ront dans  le  temple.  »  Pionius  répondit  : 
«  Ceux  (jui  sonl  eu  prison  doivent  attendre 
la  venue  du  proconsul  ;  pourquoi  voulez- 
vous  faire  sa  charge?  Après  ce  refus  ils  se 
retirèrent  ;  mais  ils  revinrent  avec  une  plus 
grande  tiou[)e,  el  le  chef  de  la  cavalerie  leur 
dit  artiticieusement  :  «  Le  proconsul  nous  a 
envoyés  ici  avec  ordre  de  vous  amener  à 
Ephèse.  »  Pionius  dit  :  «  Que  celui  qui  est 
chargé  de  l'ordre  vienne,  et  nous  sortons 
sans  délai.  »  Le  chef  de  la  cavalerie  dit  : 
«  Si  tu  refuses  tl'obéir  à  l'ordre,  tu  sentiras 
mon  pouvoir.  »  Et  à  l'instant  il  lui  mit  une 
corde  au  con,  le  pressant  si  fort  qu'il  pensa 
l'étrangler.  Il  le  mit  donc  entre  les  mains  des 
gardes,  qui  le  menèrent  à  la  place  avec  Sa- 
bine el  les  autres.  Ils  criaient  tous  h  haute 
voix  qu'ils  étaient  chrétiens,  el  se  couchaient 
h  terre  de  peur  d'entrer  dans  le  temple  des 
idoles.  Mais  six  soldats  enlevèrent  Piinius, 
qui  résistait  si  fort  qu'ils  eurent  bien  de  la 
peine  à  le  pousser  dedans,  lui  donnant  des 
coups  de  piiMls  dans  les  côtés,  sans  ipi'il  s'en 
émût  ;  au  conlr>iire  .  il  se  rendait  plus  pe- 
sant; ils  appelèrent  donc  du  secours,  et  le 
portant  avec  gr.uidejoie,  ils  le  mirent  h  terre 
devant  raulel  «  omme  une  victime.  Eudémon 
V  était  encore  debout  après  avoir  sacrifié. 
Lépide.  (pii  était  un  juge,  dit  d'une  voix  sé- 
vère :  «  Pounpioi  ne  sacrifiez-vous  pas,  vous 
autres?  —  Parce  (pie  nous  somm- s  chré- 
tiens,» répondit  Pionius.  Lép  de  ajouta: 
«  Quel  Dieu  adorez-vous?  »  Pionius  répoîi- 
dit  :  «  Celui  (jui  a  fait  le  ciel  et  la  terre  (>t 
toul  ce  tpi'ils  contiennent.  »  Lépide  dit  : 
«  Parles-tu  de  celui  (pii  a  élé  irucilié? — 
Celui,  dit  Pionius,  ipie  Dieu  a  envoyé  pour 
le  salut  du  monde.  »  Les  juges  ilisaient  en- 
tr(>  eux  ,  mais  en  sorte  (pie  Pionius  pouvait 
rontendre  :  «  Il  faut  les  (-onfraindre  de  dire 
ce  (pie  nous  voulons.  «  El  Pionius  ré[)ondit  : 
((  Rougissez,  adorateurs  îles  dieux;  ayez 
(piehpie  égard  à  la  justice  ;  obéissez  à  vos 
lois;  (>lles  ne  vous  ordonnent  pas  de  faire 
violence  ,h  ceux  (]ui  résistent ,  mais  de  les 
faire  mourir.  »  Alors  un  nommé  Rufin,  qui 


737 


l>IO 


MO 


7S« 


passait  |Miiir  ('I(m|ii('IiI,  «lit  :  "  Cesse,  l'ioniiis, 
(le  cliei'cller  la  vaine  f:,lnire.  »  l'iMiiiiis  i(''|iou- 
(lit  :  «  l'isl-ce  là  ttiii  él()i|iiciico?  S(((:rale  ii'a- 
t-il  pas  él(^  ainsi  liaih'^  par  les  Alliéiiieiis  ? 
on  MO  voil  pins  (pie  des  lioiniiies  iiiipai  laits, 
lAelu's  el  pari'ssoiix.  A  Imi  avis  donc.  So- 
ciale, Aristide,  AluwaKpie  et  leilis  seinhla- 
bies  cliorcliaieiil  la  vaine  ^hnre,  parce  (piils 
s'appli(inaient  ^  la  sa^ossi'  et  à  la  vcrln?  » 
Riili'i  1  ayant  oni  parler  ainsi,  se  lut  ;  nii  an- 
tre, (lui  (''lait  constiUu'^  en  di^nih'' ,  lui  dit 
avt'C  L(''pi(lo  :  «  Nocrio  pas  si  liant,  lUonius.» 
Il  iH^pondit  :  »  Ne  nous  laites  point  de  vio- 
k'iice  ;  mais  allume/,  un  l'eu  ,  et  nous  }  ou- 
trerons volontiers.  Un  nomuK'  Térencu  cria 
dans  la  loule  :  «  Sacliez  (puï  c'est  celui-ci 
qui  soulicnl  U\s  autres  par  ses  discours  et 
par  sou  aulorili^  et  (pii  los  onipôche  do  s.i- 
crilicr.  »  Alors  on  mil  sur  la  h'^le  de  Pioiiius 
dos  couronnes  (|u"il  romoil  :  ol  les  pi(^'ccs  do- 
nu'urèronl  devaul  raulel. 

Un  sacrilicaleur  ('lail  venu avic des  hroclics 
où  (Haiont  dos  entrailles  do  victimes  encore. 
chaudes,  comme  pour  on  donner  h  Pionius; 
mais  il  n'osa  les  prc'scnter  à  pas  un  d'eux, 
et  so  coutonta  do  los  maug(j'  lui-m(ime  de- 
vant tout  le  uiondo.  Ils  s'iîcrièront  encore  : 
«  Nous  sonuues  chi étions;  »  et  los  |)aioiis, 
ne  sachant  (pie  faire,  los  ramen(>rent  en 
prison.  Le  peuple  se  moquait  d'eux  et  leur 
donnait  des  sout'tlols.  Il  y  en  eut  un  cpii  dit 
à  Sabine  :  «  Ne  pouvais-tu  pas  mourir  on  ton 
pays  ?  »  Elle  rt^pondit  :  «  Quel  est  mon  pays  ? 
Je  suis  sœur  de  Pionius.  »  Térencc,  qui  avait 
soin  dos  combats  des  bcHes,  dit  à  Ascl(i[)iado  : 
«  Je  te  demanderai  comme  condanmé  pour 
servir  dans  les  combats  des  gladiateurs.  » 
Asclépiade  répondit.  «  Tu  ne  m'épouvanteras 
pas  pour  cela.  »  Ils  arrivèrent  ainsi  à  la 
prison.  En  y  entrant,  un  dos  archers  donna 
à  Pionius  un  grand  coup  sur  la  iùle,  et  le 
blessa.  Pionius  le  soull'rit  patiemment;  mais 
l'archer  eut  aussitôt  la  main  et  le  côté  si 
emllammés,  qu'à  peine  pouvait-il  respirer. 
Etant  entrés,  ils  louaient  Dieu  de  la  force 
qu'il  leur  avait  donnée  particulièrement  con- 
tre le  perfide  Eudémon. 

Peu  de  jours  après,  le  proconsul  Quinti- 
lien  revint  à  Smyrne  selon  la  coutume,  et 
étant  assis  sur  son  tribunal,  il  fit  amener 
Pionius,  et  lui  demanda  son  nom;  il  répon- 
dit :  «  Pionus.  >;  Le  proconsul  riit  :  «  De  quelle 
secte  es-tu?  »  Pionius  répondit  :  «  De  la  ca- 
tholique.—  De  quelle  catholique?»  dit  le 
proconsul.  Pionius  répondit  :  <<.  Do  l'Eglise 
catholique,  »  Le  proconsul  dit  :  «  Tu  étais 
leur  docteur?  —  Je  les  instruisais,  »  répon- 
dit-il. «  Tu  leur  enseignais  la  folie? — Non, 
la  piété.  — Quelle  piété? — Celle  qui  regarde 
Dieu  qui  a  fait  le  ciel,  la  terre  et  la  mer. 
—  Sacrifie  donc,  »  dit  le  proconsul.  «  J'ai 
appris,  répondit  Pionius,  à  adorer  le  Dieu 
vivant.  »  Le  proconsul  dit  :  «  Nous  adorons 
tous  les  dieu\,  et  le  ciel  et  ceux  qui  y  sont. 
Pourquoi  regardes-tu  l'air?  Sacritie.  »  Il  ré- 
pondit :  «  Ce  n'est  pas  l'air  que  je  regarde, 
mais  Dieu  qui  a  fait  l'air.  »  Le  proconsul  dit  : 
«  Qui  l'a  fait  ?  »  Pionius  répondit  :  «  Il  n'est 
pas  à  propos  de  le  dire.  »  Le  proconsul  dit  : 


"  Il  fini  (pie  In  dises  (pi(<  c'est  Jupiter  (pu 
est  dans  le  ciel,  avec  (jui  .sont  les  autres 
dieux  et  toutes  les  déesses;  sncrillc-lui  doiu; 
h  ce  idi  du  (ici  cl  de  tous  les  diciix.  n  CoiiiiiK! 
Pionius  .se  lut,  1(1  |irocoiisul  li;  lit  pretidre 
pour  lui  ilituiier  la  (piestioti;  et  lorscpi'on 
eut  ( omiiieiicé  à  le  loiirmeiiler,  le  pKKonsul 
dit  :«  Saciilie;  »  il  lépoiidil  :  -(  INuiit  du  tout.  » 
Lu  proconsul  dit  :  «  IMusieurs  ont  .«-acrilié  et 
ont  é\ité  les  loiiiiiieiits.  »  Pionius  répondit  : 
«  Je  iM!  sa(iili(!  point.  »  L(!  itioconsul  dit  : 
«  Sacrilie.  »  Pionius  dit  :  Non.  »  Le  procon- 
sul :  <'  INiinl  du  tout  ?  «  Pionius  :  «  Non.  n 
Le  proconsul  :  «  ()u^  Ile  piés(jmptiou  te  fait 
courir  à  la  mort?  fais  ce  que  l'on  l'ordonne.  » 
Pio  lins  dit  :  k  Je  ikî  suis  p(jint  iirésomptueux, 
mais  je  crains  le  Dieu  (^(Mnel.  »  Le  procon- 
sul :  «  Que  dis-tu  ?  sacrifie.  »  Pionius  :  «  Vous 
voue/  d'ouïr  ipie  je  crains  le  I)i(!U  vivant.  » 
Le  proconsul  :  «  Sacrilie  aux  dieux.  »  Pionius  : 
«  J(!  lU!  nuis.  »  Le  proconsul,  le  v(»yant  si 
foi  me,  (lélib(''ia  quelque  temps  avec  son 
conseil  ;  puis,  s'adressant  h  Pionius,  il  lui 
dit  :  «Persistes-tu  dans  ta  réso'ution?  Ne 
veux-tu  [)as  le  repentir  tôt  ou  taid?  »  11  répon- 
dit :  «  Non.  »  Le  proconsul  lui  dit  encore  : 
«  Tu  as  la  liberté  de  consulter  et  de  délibérer 
plus  longtemps.  »  11  répondit  :  «  Non.  »  Le 
proconsul  :  <(  Puisque  tu  cours  à  la  mort,  tu 
teras  brillé  vif.  »  Ensuite  il  fit  lire  la  sen- 
tence, écrite  en  latin  sur  une  tablette,  en  ces 
termes  :  «  Pionius  sacrilège  s'étant  avoué 
chrétien,  nous  avons  jugé  qu'il  doit  être 
brûlé  vif,  [)Our  venger  les  dieux  et  donner 
de  la  crainte  aux  hommes.  » 

Pionius  se  rendit  gaiement  et  d'un  pas  ferme 
au  lieu  du  combat.  Y  étant  arrivé,  il  n'atten- 
dit pas  que  l'exécuteur  lé  lui  dît,  et  se  dé- 
pouilla lui-même.  Alors,  pensant  à  la  [)ureté 
de  son  corps,  il  fut  rempli  d'une  grande  joie, 
leva  les  yeux  au  ciel,  et  rendit  grâces  à  Dieu, 
qui  l'avait  ainsi  conservé  [)ur  et  sans  souil- 
lure. Il  s'étendit  sur  le  bois,  et  donna  ses 
pieds  et  ses  mains  à  clouer.  Après  qu'il  fut 
attaché,  l'exécuteur  lui  dit  :  «Reviens  à  loi 
et  change  d'avis,  et  on  ôtera  les  clous.  »  Il 
répondit  :  «  Je  les  ai  bien  sentis.  »  Et  après 
être  demeuré  quelque  temps  pensif,  il  dit  : 
»  Je  me  presse,  seigneur,  pour  me  relever 
plus  tôt,  »  marquant  la  résurrection  par  ces 
paroles.  On  l'éleva  donc  attaché  au  bois,  avec 
un  nommé  Métrodore,  de  la  secte  des  mar- 
cionites.  Ils  étaient  tous  deux  tournés  vers 
l'orient,  Pionius  à  droite  et  Métrodore  à 
gauche.  On  entassa  tout  autour  une  grande 
quantité  de  bois,  et  comme  Pionius  fermait 
les  yeux,  le  peuple  crut  qu'il  était  mort; 
mais  il  priait  en  secret,  et  ayant  fini  sa 
prière,  il  ouvrit  les  yeux,  regarda  le  feu  d'un 
air  gai,  dit  Amen,  "et  expira  par  un  léger 
soupir,  en  disant  :  «  Seigneur,  recevez  mon 
âme.  » 

Après  que  le  feu  fut  éteint,  les  fidèles  qui 
étaient  présents  trouvèrent  son  corps  entier 
et  comme  en  pleine  santé,  les  oreilles  molles, 
les  cheveux  tenant  à  la  tète,  la  barbe  belle, 
tout  le  visage  éclatant.  Les  chrétiens  étaient 
confirmés  dans  la  foi;  les  infidèles  se  reti- 
raient épouvantés,  et  agités  des  reproches  de 


m 

IfOr  conscience.  Ceci  se  passa  sous  le  pro- 
consul Jules  ProculoQiiinlilien,  sous  le  troi- 
si^aie  consulat  de  l'empereur  Dèce,  et  le 
second  de  Gratus;  selon  les  Romains,  le 
quatrième  des  ides  de  Miirs;  selon  l'usige 
d'Asie,  le  douze  du  sixième  mois  mac(jdo:iieh, 
nomm''  Xanl  que,  h  dii  heures.  » 

PÎPEUION  ^  saint),  marlvr,  cueillit  la 
palme  du  martyre  h  AlexaiJrie,  avec  viiijjt 
autres  dont  les  noms  ne  nous  sonl  point 
parvenus.  On  ignore  l'éfioqie  et  les  circons- 
tances de  leur  martyre.  L'E^^lise  célèbre 
leur  mémoire  le  '1  mars. 

PIRt;Z  ,'le  bienheureux  fiRÉGOinF.),  prôfre 
portUj^ais,  fut  un  des  derniers  prtHres  ca- 
tholiques qui  restèrent  en  Abys>inic  après 
le  dé, 'art  ou  la  mort  des  missi  jnnaircs,  lors 
de  la  cruelle  persécution  que  Bjsilides,  Né- 
gous  du  pays ,  suscita  contre  les  caiholi- 
ques.  ,'07.  Melca-Chbistos.) 

PIROMALLl  (Paul),  naquit,  vers  la  fin  du 
xvr  siècle,  h  Siderne,  petit  bourg  de  la  Ca- 
labre.  Il  prit  l'habit  de  Sainl-Dominiiiue  ,  et 
se  livra  h  l'étude  des  langues  orientales, 
poussé  par  son  vif  désir  il'aller  évangéliser 
les  infidèles.  Voulant  essayer  ses  for.  es  et 
son  courage  avant  d'aller  en  Orient ,  il  prê- 
cha la  parole  de  Dieu  avec  succès  dins  le 
royaume  de  Naples.  Dans  l' mnée  IG2i) ,  il 
fut  mandé  à  Rome  par  le  maître  général ,  et 
chargé  de  diriger  l'éducation  des  novices  au 
couvent  de  la  Minerve.  E  1  1631  ,  les  cardi- 
naux de  la  congrégation  de  la  Propagande 
ayant  demandé  au  procureur  général  de 
l'oidre  de  Saint-Dominique  de  leur  procu- 
rer des  missionn, lires  pour  la  Grande-Ar- 
ménie,  notre  bienheureux  fut  propi>sé  un 
des  premiers.  Il  s'embarcpia  j)Our  Walte  ,  et 
débuta  dans  sa  mission  piu*  la  conversion  de 
deux  uiahomélans  de  Bub.uie.  De  Ih  il 
s'eml)arqua  sur  un  vaisseau  de  Mai'seille 
avec  des  religieux  de  son  ordre  ,  (pii  l'a- 
vaient attendu  h  .Malte,  et  le  -215  janvier  l(>3i, 
on  aborda  è  Alexandrette ,  après  avoir  es- 
suyé d<  ux  violentes  tempêtes.  Ils  partirent 
incontinent  pour  Alep.  Ils  avaient  déjà  fait 
la  moitié  du  voyage,  quand  ils  lurent  assail- 
lis et  dépouillés  par  des  voleuis  arabes.  Ils 
continuèrent  néainnoins  leur  roule  jusqu'à 
Alep ,  où  ils  trouvèrent  des  secours  auprès 
des  missionnaires  ,  des  consuls  de  ddfércn- 
-les  nations  (pii  s'y  Irouv.iieni ,  et  d*  (pirl- 
ques  marchands  euro[)éens.  Le  P.  Piromalli 
continua  alors  sa  route  i>ar  la  .Mésopotamie, 
et  travt'isa  rKuphrale.  il  no  t.uda  pas  à  e  1- 
Irer  dans  l'Arinénio,  resta  à  Abaraner  le 
jour  dt's  Hameaux,  el  arriva  enli  1  à  N.ikchi- 
van,  vdic  uu'>lro|Mi|ilai ne,  au  pied  du  mont 
Araral,  (u'i,  pendant  vingt-deux  ans,  il  devait 
avoir  tant  de  Iribulatio.is  ,  mais  juissi  re- 
cuiillir  dt's  fruits  ;ibn  1  ianls.  \.r  P.  Pir;»- 
malli  ouvrit  sa  mis."»ion  ,  le  jour  de  PcUiues  , 
l»af  un  sermon  cpii  fui  éroiit«''  avec  plai.>ir 
|>ar  lt!S  Arméniens.  La  vie  sainte  «îu'il  luti- 
nait  et  les  nombreux  pouvoirs  qu'il  av^il  re- 
(;us  (lo  la  cour  de  Kome,  lui  <  rnnilièrent  les 
cœurs;  bientôt  il  se  maiule^t.i  ,111  notable 
cha:\|$ement  dans  tes  oiœurs  et  dans  la 
croyance  d'un  grand  nombre  d'Arméniens , 


m 


74fl 


qui ,  ne  reconnaissant  qu'une  senle  nature 
en  Jésus-Chri^l,  ajoutaient  ?>  cette  hérésie  le 
schisme  des  Grecs.  Non-seulement  des  par- 
ticuliers ,  mais  plusieurs  peuples  hésitaient 
encore  en  voyant  leur  aich  -vèque  persister 
dans  le  schisme.  Notre  saint  missionnaire  se 
rendit  anprès  de  lui  ;  mais  celui-ci  ,  n'osant 
conférer  sur  la  religion  avec  le  P.  Piromalli, 
l'engagea  à  se  rendre  auprès  de  Cyriaque, 
patriarche  de  la  Giande-Arménie ,  qui  rési- 
dait au  monastère  d'Echmiat/.in,  près  Eri- 
van.  Cyriique  ,  à  qui  la  iéj)utation  de  notre 
missionnaire  portait  ombrage  ,  le  renvoya  à 
rarihevèque  ,  avec  ordre  de  le  charger  de 
fers  et  de  le  mettre  au  pain  et  à  l'em.  C'tte 
odieuse  mesure  fut  exécutée.  Il  fut  retenu 
caf»lif  pendant  vingt-deux  mois  et  trois  fois 
battu  de  verges.  Sa  fermeté  el  son  courage 
furent  si  grands  dans  les  mauvais  traite- 
ments qu'il  eut  à  endurer,  que  le  bourreau 
lui-uième,  chargé  de  le  tourmenter  de  tem.is 
en  temps,  fut  forcé  d'admirer  sa  douc>*ur. 
Ses  persécuteurs  ,  touchés  aussi  de  sa  rési- 
gnation, adoucirent  quelque  peu  les  rigueurs 
de  sa  ca[)tivité,  d  il  en  protilapour  compo- 
ser quelques  ouvrages. 

Sur  ces  entrefaite>,  Urbnin  VIII  ayant  ré- 
clamé fortement  la  délivrance  de  son  minis- 
tre, le  p.ilriarche  d'Arménie  rendit  la  liberté 
au  P.  Piromalli  ;  il  le  lit  venir  au  monastère 
d'Echmiatzin,  l'y  traita  avec  aflabililé,  et  lui 
lit  visiter  la  comnumauté  qui  se  composait 
d'environ  trois  cents  religieux.  Pendant  long- 
temps notre  saint  supplia  Cyriaque  de  lui 
accorder  la  permission  d'entrer  en  confé- 
rence av  cdes  Ihéologiensqu'il  clio'sirait  lui- 
même  ,  mais  celui-ci  résistait  toujours.  En- 
lin,  Dieu  vainquit  son  obstination.  Un  jour  , 
le  P.  Piromalli  ,  s'étanl  jeté  h  ses  pieds  ,  lui 
dit  :  «  \'ousou  moi  sommes  dans  l'erreur, 
puis(|ue  notre  ofiinion  est  si  ditférente  sur 
plusieurs  dogmes  ;  je  vous  supplie  de  mo 
raisseï  ex[)li(pier  pu.iliqiiement  lua  croyance; 
et  si  je  ne  parviens  pas  h  vous  prouver  que 
ma  foi  est  celle  que  vous  a  pré.  liée  saint 
(irégoire,  je  m'offre  à  eiul  rer  les  plus  cruels 
supjilices.  »  Cyriatjue,  s.ins  consentira  la 
dem.in.le,  lui  permit  seulement  de  j>i6c!ier , 
et  il  assista  lui-même  à  ses  prédicalioins. 
Après  cpielqnes  discours  qui  avaient  attiré 
SOI  admiration,  son  cœur  fut  touché.  Ce- 
pendant ,  aviuit  lie  se  prononcer  publique- 
monl,  il  chargea  un  de  ses  religieux  qui  pas- 
sait [>our  le  plus  savant  docteur  liu  pays,  de 
co  féier  avec  le  missiouiiaiie.  L'issue  ne 
fut  nullement  duileuse  :  le  patriarche,  le 
docteur  et  h's  autres  religieux  se  tirent  ca- 
tholiques, et  longtemps  encore  le  mo  Msièrc 
d'Ecliiiiiat/in  couserva  la  foi  que  le  P.  Pi- 
roinalli  y  avait  in  roduite.  Dès  lors  noire 
mi>sioiinaire  eut  la  permiss;on  de  prêcher 
dans  toute  la  Grande  Arménie.  Le  patriar- 
che lui  conlia  ^lll^ll•U(  lion  des  enfants  et 
des  jeunes  gius  qu'on  devait  en  grand  nom- 
bre dans  le  monastère  d'Echmiatzin  ,  et  le 
pria  aussi  de  corriger  les  livres  de  la  secte 
qu'il  venait  de  quitter  avec  ses  religieux. 

Les  raahométans  écoulaient  le  P.  Piro- 
malli avec  autant  de  plaisir  que  1p«  Armé- 


711  MU 

niens  ;  il  niiivM  inArnc  t\w  pliisiours  schis- 
lli;ili(iU(vs  .'iva'il.  voulu  le  Mi.illiiiilrr  ,  des 
Tuics  le  (jr'f<'U(lin"il,  en  (lis.inl  .iiix  .ii^ics- 
scurs  :  «  Alioz  (''conlci'  volif  iHciluiih'ur,  ol 
lir  riivc/.  ims  les  iusliiiclious  (ju'il  vriil  lijt'ii 
vous  (In  MK»'  sur  «li'.s  cliiisc»;  (|un  vous  dr- 
Vricz  savoir.  »  Nr  pouv  uil  siilurt'  i\ux  be- 
soi'is  (!''  sa  mission,  (|ui  dcvcnaii  lloris- 
s«nlr,  il  t^lioisil  d.s  cMU'TliisU's  panui  ses 
nioilloiirs  (.Mùvcs,  cl  les  cuvoyfl  dii  dillïTCiils 
orttt'>s  .'.ver  des  lusti  iiclioiis  ('•(•ri'cs.  Il  ciilia 
bicnlAl  lui-nu^nic  en  (léur^it; ,  où  les  t'lH;>i- 
tins  avaitMil  nue  tnis.sion.  lu'.s  roligicux  l'iu- 
vitèrcMl  h  pr(\-lu'r ,  cl  dans  un  seul  sermon 
qu'il  tu  dans  leur  ('«i^liso  le  jcutli  sainl  ,  il 
«l)olil  une  nncicMnc  supcMslition  qui  r(\:;nail 
dans  le  pays.  Après  «voir  séjourné  (piclipm 
U'uips  i;«ns  la  Minj^rélie ,  il  se  dirigea  vers 
In  Perse,  et  fui  présenlè  au  soly ,  ipii  lui 
pormil  de  prêcher  dais  ses  Klals.  Il  ailail 
nrolitcr  de  celle  periiiission  si  avnnhu^cuso 
a  la  religion  ,  ipiand  le  pape  Urliuin  \  lil  lui 
ordonna  de  se  rendre  i\  la  cour  de  l'olog'ic 
en  qualilé  de  nonce  aposlolique.  Lo  désir 
d'opérer  quelques  conversions  lo  lil  passer 
par  Consla:dino|>lo,  et  il  réussit  dans  son 
espoir.  Plusieurs comiru^rçanls arméniens  qui 
s'élaienl  fixés  dans  celle  ville  pour  leurs  af- 
faires ,  le  prièrtMil  de  prêcher  dans  leur 
église.  11  se  rendit  h  leurs  désirs,  ol  y  prê- 
cha pendant  quinze  jours  au  milieu  d'une 
nombreuse  assisiatiec.  Il  re(,ut  leur  soumis- 
sion au  siège  a[)0Sl()li(pu' ,  régla  les  atfaii-es 
de  leur  église,  l'I  partit  pour  la  Pologne,  leur 
laissant  un  de  ses  compagnons  pour  travail- 
ler h  leur  instruction. 

II  y  avait  un  grand  nombre  d'Arméniens 
qui  conniicrçaient  daiis  les  Etats  de  Ladis- 
las-Sigi-mond  ,  et  y  excitaient  des  troubles 

fiar  suite  de  leurs  dissensio:is  religieuses  , 
es  uns  étant  schismaiiques,  et  les  autres  ca- 
tholiques romains.  Le  P.  Piromalli  exerça 
son  zèle  à  eetlo  occasion  ,  piincipaknuent  à 
Luvou  ,  Lembuurg  ou  Léopold  ,  capitale  de 
la  Kussie-Hougc  ,  et  où  les  troubles  étaient 
plus  gi'auds  que  partout  ailleurs.  Noire  saint 
missionnaire  ramena  tous  ces  Arméniens 
dans  le  giron  de  l'Eglise ,  au  grand  plaisir 
du  roi  de  Pologne,  donl  ces  dissensions  trou- 
blaient les  Etats.  Les  cardinaux  de  la  Pro- 
pagande ,  prolitant  des  bonnes  dispositions 
du  prince  à  l'égard  du  nonce,  engagèieat 
celui-ci  <i  demander  à  Sigismond  la  j)errais- 
sion  d'établir  à  Léopold  un  nouveau  collège 
de  douze  jeunes  Arméniens,  qui,  au  sortir  de 
là,  instruiraient  et  convertiraient  leurs  com- 
patriotes. Dans  l'aimée  1638,  le  P.  Piromalli 
partit  pour  l'Ilalie  ,  afni  d'y  rendre  compte 
de  sa  mission  en  Arménie  et  en  Pologne. 
Ayant  été  pris  en  mer  par  des  pirates  mu- 
sulmans ,  il  fut  conduit  à  Tunis  et  réduit 
au  plus  dur  esclavage.  Sa  rançon  ayant  été 
acquittée  par  le  maître  général,  il  arriva  en- 
fin à  Rome,  où  il  reçut  les  louanges  que  ses 
nombreux  services  méritaient.  Bientôt,  muni 
de  nouvelles  instructions  et  de  plusieurs  let- 
tres pour  le  patriarche  et  les  évoques  d'Ar- 
ménie, il  quitta  une  seconde  fois  l'Italie.  Sur 
les  vives  instances  du  roi  de  Pologne,  il 


Via 


741 


pissn  par  sch  lîlnts  ,  et  n'arriva  on  Arniénu; 
que  dans  l'année  KiV'i. 

I  rei  e  ans  après  sorj  retour  en  Arménie 
(irili.ij  ,  il  fui  élevrt  au  sjé^o  de  Nakchivan. 
Malgré  sa  iiouvelli-  dignité,  il  ne  (tes.sa  [)i\h 
de  se  livrtn'  aux  unies  Iravaiix  de  l'apOslO- 
l«l  ;  (piauil  il  ne  prèclwiit  pns  ,  il  écrivai"!  on 
disputait.  Il  lit  des  ouvrages  de  lliérdogie  et 
de  co'iiioveixe  ,  (!m  rédigea  d'aulre.s  prujr  fa- 
ciliter aux  missionnaires  le  moyen  d  afiprcn- 
dre  la  langiM"  du  pays.  Lorsqiu'  son  grarid 
Age  l'empèclia  de  se  livrer  aux  soins  (pje  né- 
cessitait son  nombrinjx  troiqx'nu,  il  (il  agréor 
sa  démission  au  pa.  e  Alexandre;  A'II,  (jui  Ift 
cliar.^ea  alors  du  soiri  dt;  l'Eglise  de  ik'ssi- 
gnano  on  Calabre;  il  en  prit  possession  le  15 
déceiiibre  KiGV  ,  et  mourut  quelques  onnéefe 
après,  K'  2H  déc(nubre  IGGT. 

PISE,  Pisa  el/'t.srt,'en  latin,  Pisa  en  italien, 
ville  d'Italie,  dans  h;  grand  duché  de  Tos- 
cane. Durant  la  persécution  de  Néron,  saint 
Paulin,  évé(pie  do  Lucques,  saint  Torpèto, 
saint  Romain,  évèipie  de  Népi,  saint  Ptolé- 
nié',  y  furent  martyrisés. 

PISTIS  (saint),  ou  sainte  Foi,  fdlc  de  sainte 
So[)hi(^  et  sœur  de  sainte  El|)is  ou  Espérance, 
et  de  sainte  Aga|té,  ou  Charité,  fut  martyri- 
sée à  Rome  sous  l'iimjjire  d'Adrien,  avecse"s 
d(Mi.\  sœiu's,  et  trois  jours  avant  sa  raère. 
L'Eglise  fait  sa  fête  le  1'"  aoilt. 

PISTOIE,  ville  do  Toscane,  a  été  illustrée 
par  les  souffrances  qu'y  endura  le  saint  prê- 
tre l'élix,  confesseur. 

PIZARRE  (le  bienheureux  Jean),  de  l'or- 
dre de  Saint-François,  après  avoir :pr6ché  la 
foi  dans  le  Yutacan,  et  à  Costa-Rica,  fut 
nommé  gardien  du  couvent  de  Turialva 
dans  la  province  de  Saint-Georges.  Les  in- 
digènes s'étant  enivrés  et  voulant  détruire 
le  couvent,  y  entrèrent  de  vive  force,  et  ayant 
trouvé  Pizarre  priant  dans  sa  cellule,  ils  le 
traînèrent  par  toute  la  ville,  à  l'aide  de  la 
corde  qui  lui  servait  de  ceinture,  et  le  frap- 
pèrent violemment  à  coups  de  bàlon.  Comme 
il  respirait  encore,  ils  l'appuyèrent  demi- 
uiort  contre  le  tronc  d'un  arbre  et  le  massa- 
crèrent ;  ensuite  de  quoi  ils  mirent  le  feu  à 
l'église,  et  s'emparèrent  des  vases  sacrés, 
qu'ils  profanèrent. 

PLACIDE  (saint),  martyr,  fils  du  patrice 
Terlullus,  fut  contîé  à  l'âge  de  sept  ans  à 
saint  Benoit  qui  vivait  alors  à  Sublac  et  dont 
la  réputation  de  sainteté  s'était  répandue  ail 
loin.  Saint  Grégoire  raconte  que  le  jeune 
Placide  étant  allé  un  jour  puiser  de  l'eau 
dans  le  lac  de  Sublac,  s'y  laissa  tomber. 
Saint  Benoit,  renfi-rmé  dans  le  monastère, 
connut  aussitôt  cet  accident.  Il  appelle  Maur, 
fils  d'Equice,  et  qui,  comme  nolresaint,  avait 
été  confié  à  ses  leçons  célèbres,  et  lui  dit  : 
«  Courez  vite,  mon  frère;  l'enfant  est  tombé 
dans  l'eau.  «Maur  lui  demande  sa  béné- 
diction et  s'empresse  d'obéir.  II  marche 
sur  l'eau  jusqu'à  l'endroif  où  était  Placide, 
puis,  le  prenant  par  les  cheveux,  il  revient 
au  bord  du  lac.  Ce  ne  fut  qu'alors  qu'il  s'a- 
perçut qu'il  avait  marché  sur  l'eau.  Saint 
Benoît  attribua  le  miracle  à  l'obéissance  de 
son  disciple,  mais  le  disciple  l'attribiia  à  U 


743 


PLA 


PLI 


744 


bën(5i1irtinn  de  son  bionheurcux  maître. 
PlaciJt"  tit^'iila  la  dispute,  en  disant  :  «  Lors- 
que j'ai  éié  lire  do  l'eau,  j'ai  vu  sur  ma  tôte 
1,1  mrlotte  de  l'ahbc^  et  lui-même  qui  me  se- 
courait. »  On  appelait  mtloUe  une  peau  de 
brebis  que  les  moines  avaient  coutume  de 
porter  sur  leurs  épaules-.  Depuis  ce  miracle, 
notre  jeune  saint  fusait  chaiiue  jour  de  nou- 
veaux progrès  dans  la  vertu,  et  saint  Benoît, 
son  maître,  lui  garda  toujours  une  tendresse 
particulière.  Placide,  i\^6  d'environ  vingt-six 
ans,  fui  fait  abbé  d'un  monastère  fondé  en 
Sicile  par  saint  Benoît,  en  l'année  5il,  sur 
des  terres  que  Tertullus,  i)ère  de  notre  saint, 
avait  données  à  son  maître  en  récompense 
de  ses  bonnes  leçons  de  vertu.  Il  établit  une 
règle  fort  stricte  parmi  ses  moines,  et  s'y 
livra  h  des  morliiications  extraordinaires. 
Une  flotte  de  pirates  païens  ayant  abordé  en 
Sicile,  ces  barbares  qui,  haïssaient  les  chré- 
tiens et  surtout  les  moines,  massacrèrent  le 
saint  abbé  avec  ses  religieux,  et  mirent  le 
feu  au  monastère  vers  l'an  5V6. 

PLACIDE,  gouverneur  ou  préfet  de  la 
ville  de  Terni,  sous  Claude  II  le  Gothique, 
fit  arrêter  saint  Valenlin,  évèque,  comme 
chrétien,  et  après  l'avoirfait  meurtrir  à  coups 
de  bAtoti,  le  fit  décapiter. 

PLACIDE  (saint),  martyr,  eut  le  bonheur 
de  cueillir  la  palme  du  martyre,  avec  les 
saints  Anastase,  prêtre,  Genès,  et  d'autres 
compagnons.  (\nQ  le  Martyrologe  ne  nomme 
point.  L'Eglise  honore  la  mémoire  de  ces 
martyrs  le  11  octobre. 

PLATON  (saint)  ,  naquit  vers  l'an  735,  à 
Constantinofile  ,  de  Sergius  et  d'Eu|)hémie, 
qui  étaient  nobles  et  riches  II  perdit  ses 
parents  dans  une  peste  qui  désola  Constan- 
tinople  en  7iG;  mais  il  fut  élevé  par  un  de 
ses  oncles  qui  était  trésorier  de  l'empereur. 
Dès  lors  il  menait  une  vie  régulière  et  chré- 
tienne, et  tout  le  monde  l'estimait  pour  sa 
piété.  Enfin  ,  ayant  vendu  tous  ses  biens, 
dont  il  distribua  la  plus  grande  partie  aux 
pauvres,  il  se  relira  dans  le  monastère  des 
b_ymboles,  au  mont  Olympe  en  Bilhynio, 
sous  la  conduite  de  l'abbé  Théoctiste.  Il  se 
livra  alors  à  la  pratique  des  |)lus  grandes 
austérités,  s'exerçait  à  l'obéissance  et  au 
travail  dos  mains.  Théoctiste  étant  mort, 
;  notre  saint  fut  élu  abbé  des  S.vmboles  on 
r70;  il  avait  alors  soixante-dix  ans.  Sa  nour- 
ritiu-e  était  du  pain  ,  des  fèves  ,  des  herbes 
sans  huile  ,  excepté  les  jours  (pi'il  mangeait 
avec  la  communauté,  savoir  :  les  dimanches 
et  les  fêtes.  Il  ne  buvait  rpie  de  l'eau  ,  en- 
core rnreuuMit ,  et  passait  (iiu'hpu^l'ois  jus- 
qu'à dix  jours  sans  boire,  il  faisait  dans  la 
prière  do  fré(]ut'ntes  génuflovions;  il  ti-avail- 
lail  assidi^ment,  et  c'était  une  de  t«os  princi- 
pales vertus,  en  sorte  qu'il  laissa  h  ses  mo- 
nastères un  très-^rand  nombre  de  livres 
écrits  de  sa  main,  parliculicicmcnt  les  ex  traits 
des  Pères. 

11  fit  un  voyage  .i  C(>iKstantino|)lr  dont  il 
tira  un  Irès-grand  fruit.  Il  rémut  des  familles 
divisées  ,  abolit  les  jurements  ,  procura  de 
grandes  aumônes  et  fil  beaucmip  de  conver- 
sious.  On  le  supplia  de  prendre  le  gouver- 


nement d'un  monastère  à  Constantinople;  ;1 
le  refusa  ,  ainsi  que  l'évêché  de  Nicomédie, 
et  il  retourna  h  sa  solitude.  L'impératrice 
Irène  ayant  rendu  la  liberté  d'embrasser  la 
vie  monastique  ,  toute  la  famille  de  notre 
saint  se  retira  du  monde  et  fonda  un  mo- 
nastère dont  Platon  fut  fait  abbé  en  782.  Il 
assista  au  second  concile  de  Nicée  en  qualité 
d'hégumène  et  d'archimandrite  de  Saccu- 
dion.  Biont(M  après  ,  étant  tombé  fortement 
malade,  ri  se  déchargea  des  soins  qu'exigeait 
le  gouvernement  du  monastère  sur  son  ne- 
veu Théodore.  Nous  le  voyons  plus  lard, 
^gé  de  soixante-dix-neuf  ans  ,  n'ayant  plus 
la  force  de  satisfaire  sans  le  secours  d'autrui 
à  aucun  des  besoins  du  corps.  Il  état  tantôt 
couché  sur  un  lit,  tantôt  assis,  récitant  des 
psaumes  et  consolant  les  frères  qui  le  voyaient 
mourir.  Il  tomba  malade  pendant  le  carême 
de  rahné<'81.3.  Le  p.itriarche  Nicéphore  vint 
le  visiter,  accompagné  de  tout  son  clergé. 
Ayant  la  poitrine  oppressée,  il  remuait  en- 
core les  lèvres  et  chantait  un  cantique  de  la 
résurrection  quand  il  rendit  sa  belle  âme  à 
Dieu.  Le  p.•^tnarche  fit  ses  funérailles  avec 
un  grand  luminaire  et  quantité  de  parfums. 
A  peine  put-on  mettre  son  corps  dans  la  sé- 
pulture, tant  était  grande  la  foule  du  peuple 
qui  voulait  le  voir  encore  une  fuis.  L'Eglise 
fait  sa  sainte  mémoire  le  4  avril. 

PLATON  (saint)  ,  reçut  le  martyre  à  An- 
cyre  en  Galatie,  par  Tordre  du  lieutenant 
Agripjtin.  Il  fut  rudement  fouetté ,  déchiré 
avec  des  ongles  de  fer,  et  souffrit  pluMCurs 
autres  tourments  encore  plus  cruels.  Enfin, 
ayant  eu  la  tôte  tranchée  ,  il  se  réunit  h  son 
Créate.ir.  Ses  miiacles  en  faveur  dos  captifs 
sont  attestés  par  les  Actes  du  second  concile 
de  .Nicée. 

PLATONIDE  (saint)  ,  souffrit  le  martyre 
pour  Jé>us-Christ  à  ,\scalon.  Deux  autres 
saints,  dont  malheureusement  nous  ignorons 
les  noms  ,  furent  les  compagnons  de  son 
combat.  L'Eglise  fait  collectivement  leur 
fêle  le  G  avril. 

PLAUTE  ^saint),  fut  martyrisé  en  Thrace 
avec  les  saints  Eutyche  et  Héraclée.  Les 
Actes  des  martyrs  ne  nous  disent  point  à 
quelle  époque  et  dans  quelles  circonstances 
ces  saints  remportèrent  la  |  aime.  L'Eghse 
vénère  leur  mémoire  le  2y  septembre. 

PLÉSIUS,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  sang  pour  la 
foi  en  Egypte,  et  des(piels  Kuinarl  a  laissé 
les  Actes  authentiques.   Voy.  Martyrs   (les 

tro  Il0-Sept)   ÉC.YPTIENS. 

PLINE  LE  JEUNE  (f.  Cofcilius  Pllttius 
Sfrondus),  natif  de  Come,  reçut  les  leçons  de 
Quinlilien,  devint  avo -al  célèbre  et  écrivain 
éiuinent.  Consul  sous  Trajan,  l'aTi  lOl),  il  fut, 
peu  de  temps  après,  nommé  gouverneur  do 
Bylhinic.  Ce  fui  de  \h  (]u'il  écrivit  à  Trajan 
sa  fameuse  lettre  à  propos  des  chrétiens. 
Nous  la  diuuions  loul  entière  ici  pour  pou- 
voir la  juger  en  parfaite  connaissance  de 
cause. 

Lettre  de  J'Iinr  à   Tmjan. 

«  C'est  ma   pratique  constante,  seigneur, 


74K  PU 

do  vous  consiiltor  sur  lotis  mes  doiilcs; 
car  (|iii  |triit  iiiiiuix  i|ii<>  vniis,  mi  rrsou- 
(\\'o  mes  tlilliciiUi's  ,  un  mi|ijiIi'it  aii  dr- 
r.'Hil  (1(1  \\u)s  liiini(>n'S?  Jo  n'ai  jamais  c^lt')  «p- 
|M>I('>  à  riiistnii'lioii  ni  au  iii;j;cni(-iil  d'aiiciiii 
iiroct^s  pour  cause  de  cluisliauisuic,  cl  ainsi 
j'i^iior(3  co  ((ni  uu^'itc  (['(Mi-c  puni  en  ce 
tj;(>ni(',  cl  jii^(pr(>ù  l'on  dnii  |ini'lei'  sdit  la  li- 
i^iMMU"  de  la  p(Mne,  S(Ul  revaclilude  des  re- 
clionîlios.  Je  n'ai  donc  pas  eli>  peu  cnd)ar- 
rassi'^  h  nu>  d(''cider  sur  Itien  des  cliefs  :  s'il 
Convienl.  de  l'aire  inu'  dilli-rencc  outre  les 
Ajçes,  ou  si  (unix  (h^  l'Aide  le  plus  tendre  doi- 
vcid  ('^Ire  IraiU'vs  connue  les  peiscuiues  (N'jà 
t'oruu''cs;  si  \o  re[(cnlu'  peut.  uH'iiler  \i'  par- 
don, ou  si  (luicoiupio  a  ùh'i  (dn-élicMi  ne  ga- 
};nc  rien  ^  cesscM'  de  r(Mre;  si  c'est  le.  nom 
seul  (pi'il  l'anl  punir ,  (|^uand  mùmo  nul 
crimo  ne  vitMidrail  à  sa  sudo,  ou  les  crimes 
(pii  accom|>aL;n(>nl  le  nom.  A'oici  laconduile 
(pu>j'.»i  lonu(>  I)  U'  provision  à  l'égard  de  cenv 
quo  l'on  m'a  ucH'i^rés  (;onuuo  chr(!'liens.  Sur 
l(Mir  aveu,  j(>  l(Mn-  ai  r(''il('M'(''  une  s(>c()nde  et 
une  li'oisi(>me  fois  la  nuMue  (pu'slion,  en  les 
nuMKK^ant  de  la  mort.  Quand  ils  ont  persisté, 
je  les  ai  envo.v('s  au  supplice  :  car,  sans  exa- 
unnor  si  cl*  (ju'ils  avouaient  était  ciiuuMf^',  jo 
n'ai  poi'U  doute  (|u'au  moins  leur  opiniAlrcté 
et  leur  obslination  iidlexihle  no  mérilass  nt 
putiilion.  l'aruii  ceux  qà  onl  poussé  la  fré- 
nésie jus;|u'i\  cot  excès,  il  s'est  trouvé  (juel- 
quos  citoyens  romains,  que  j'ai  sé|)arés  des 
autres  pour  les  envoyer  à  Rome.  L'attention 
à  suivre  cette  nature  d'alfaires  en  a  mulli- 
})lié  le  nombre,  connue  il  arrive  ordinaire- 
ment, et  m'a  présenté  do  nouvelles  espèces 
à  décider.  On  m'a  donné  un  mémoire 
anonyme  contenant  une  grande  liste  de 
noms;  mais  ceux  qui  m'étaient  ainsi  déférés 
ont  nié  qu'ils  fussent  ou  qu'ils  eussent  ja- 
mais été  chrétiens.  Et  en  etfet,  ils  ont  répété 
après  moi  les  formules  des  prières  (jue  nous 
adressons  à  nos  dieux  :  ils  ont  otfert  de  l'eu- 
cens  et  du  vin  à  votre  image,  (]ue  j'avais 
fait  apporter  exprès  avec  les  statues  des  di- 
vinités; enlinUs  ont  maudit  celui  qu'ils  ap- 
pellent Christ. 

«  Sur  ces  preuves,  j'ai  cru  devoir  les  dé- 
charger de  l'accusation  :  car  on  assure  que 
l'on  ne  peut  forcer  à  rien  de  semblable  ceux 
qui  sont  vraiment  chrétiens.  11  s'en  est 
trouvé  d'autres  qui  ont  d'abord  avoué  qu'ils 
étaient  chrétiens,  et  ensuite  l'ont  nié;  d'au- 
tres encore,  qui  ont  reconnu  l'avoir  été  au- 
trefois, mais  qui  ont  déclaré  ne  l'être  plus, 
depuis  trois  ans,  depuis  un  plus  long  espace, 
quelques-uns  depuis  vingt  ans.  Tous  ont 
ador(!'  voire  image  et  les  statues  des  dieux; 
tous  ont  consenti  à  maudire  Christ.  Au 
reste,  ils  protestaient  que  tout  leur  tort  et 
leur  erreur  n'avaient  consisté  qu'en  ce  qu'ils 
s'assemblaient  en  un  jour  marqué  avant  le 
lever  du  soleil,  et  là  adoraient  Christ  comme 
Dieu,  chantaient  des  hymnes  en  son  hon- 
neur, et  s'engageaient  par  serment,  non  à 
aucun  crime,  mais  h  ne  comm  dtrc  ni  vols, 
ni  viole'ices,ni  adultères;  à  ne  jamais  man- 

âuer  à  la  foi  promise,  à  ne  point  retenir  les 
épôts  qui  leur  auraient  été  confiés.  Après 

Dictions,  pks  Pkrskcutigns.  H. 


'Il 


7it5 


•  pioi  ils  se  retiniionl  et  se  rnissombinif'nt  ««n- 

siule  de  nouvi-au  pour  preiidro  eiis<'niMn 
lUie  nourriliMc  conuuune  il  Minocenle.  Ils 
ajoulaieiii  ipids  »'('taienl  inAme  hI)s|(5|ius  do 
ces  pralnpus  (|e|iiiis  |,i  publication  de  r(''dil 
par  leipiel,  (  (ildunueiiUMil  a  Vos  ordres,  j'jii 
d  fendu  les  assemblées.  Pour  nrnssiiror 
pleiiieiiienl  du  l'ail,  j'ai  (»rdo'uii-  ipn-  l'on  ap- 
pliquAl  à  la  (pieslion  deux  fciiimes  esclaves; 
et  je  n'ai  découvert  (rauti(!  crinn;  (iii'une su- 
pers! ilion  pleine  d(!  travers  et  de  l(di('s. 

«  l*ar  (;(!s  considi'rations,  j'ai  siisperidu 
mes  recherch(!S,  et  j'ai  pris  Icî  parti  de  vous 
consulter,  d'autant  plus  (pie  le  rKjmbre  de 
C(!ux  (pii  s(^  trouv(înt  en  danger  h  cette  occa- 
sion est  très-grand,  et  embrasse  des  p(.'r- 
sonnes  de  tout  Age,  de  tout  sexe,  de  toute 
condition  :  car  non-s(;uleiuent  les  villes,  mais 
les  bourgades  (!t  les  caïujtagnes  sont  infec- 
tées de  la  contagion  de  cette  supeislition. 
Le  mal  n'est  pourtant  j)as  sans  i'einèd(j  : 
(léjji  je  vois  les  lemj)les,  (pii  étaient  deve- 
ims  prescpio  déserts,  se  rep(!upler;  les  sacri- 
lices  solennels  longtemps  intei  rompus,  le- 
preiube  leur  célébrité.  Il  n(ï  se  trouvait  plus 
d'acheteurs  pour  les  victimes  ;  aujoui  dhui 
il  s'en  vend  beaucoup.  De  là  il  est  aisé  de 
conclure  (luelle  nmllilude  de  persoinies  on 
peut  ramener,  si  on  leur  ouvre  la  porte  du 
repentir.  » 

Cette  lettre  est  un  bien  précieux  docu- 
ment. Elle  est  écrite  par  un  des  hommes  les 
j)lus  éminents  de  son  siècle.  Certes,  quoi 
qu'en  aient  dit  la  plupart  d"s  auteurs  qui 
depuis  en  ont  parlé,  Pline,  dans  cette  letbe, 
est  loin,  comme  nous  allons  le  voir,  de  sui- 
vre les  voies  de  la  sagesse  et  de  la  justice; 
mais  sa  lettre  renferme  un  é.oge  raagnitique 
des  chrétiens.  Elle  constate  qu'on  ne  peut 
pas  forcer  à  l'apostasie  ceux  qui  sont  vrai- 
ment chrétiens.  Elle  reconnaît  que  les  chré- 
tiens font  consister  leur  doctrine  dans  l'ado- 
ration de  Dieu,  dans  le  serment  qu'ils  font, 
{.hue  commettre  ni  vols,  ni  violences,  ni  adul- 
trres,  de  ne  jamais  manquer  à  la  foi  promise, 
de  ne  point  retenir  les  dépôts  qui  leur  au- 
raient été  confiés.  Elle  constate  que  la  reli- 
gion chrétienne  est  déjà  universellement 
répandue.  Non-seulement  les  villes,  dit  Pline, 
mais  îes  bourgades  et  les  campagnes  sont  in- 
fectées de  la  contagion  de  cette  superstition. 
Comme  nous  le  disons  plus  haut,  beaucoup 
d'auteurs,  même  de  ceux  ciui  sont  le  plus 
versés  dans  l'étude  des  choses  saintes,  o  il 
dii  que  Pline  avait  fait  dans  cette  let  re 
preuve  de  justice  et  de  modération.  Ils  ont 
vu  dans  cet  écrit  presque  une  défense,  un 
panégyrique  des  chrétiens. 

Non,  Pline  n'a  rien  examiné,  rien  pesé, 
rien  .apprécié  comme  un  sage,  comme  un 
philosophe  aurait  dû  le  faire,  Connait-il  la 
doctrine  des  chrétie  :s?  Aucunement.  £st-iJ 
allé  au  fond  des  dogmes  de  celte  religion 
nouvelle  qui  envahit  le  monde?  Il  ne  la  con- 
naît que  par  des  rumeurs  vagues,  que  par 
les  bruits  populaires.  Fait-il  acte  dexaiuen 
sérieux?  Non,  il  fait  un  acte  politique.  A 
cette  raison  d'Etat  qui  est  la  suprema  lex  dq 


•1\ 


74Ï                           rr.i)  rot.                       748 

pros(|UP  tous  les  gouvornanfs,  il  sacrifie  la  du  supnlice.  L'Egliso  honore  sa  lin^moire, 

rai<io'i.  IV(|iiH''.  la  s<ig»^sse.  nver  relie  do  ses   coiupngnons,    lo   28  juin. 

Kst-il  possible  (récrire  nnc  |»lu'ase  comme  Les  plus  cclèbres  d'entre  ces  derniers  furent 

relle-ci  :  Je  nf  sais  pas  si  c'est  le  nom  .seul  saint  Sérénus,  Héraclide,  Hiéron,  un  autre 

t/u  il  faut   piniir,  qnnnil   mt'mr  nul  crime  ne  St'rénus,  une  jeune  fille  nommée  Héraide. 

rieniirnit  àsa  suite,  on  1rs  crimes  qui  nccoin-  POlîE  (Sainl),  évèque  et  cunl'esscur,  souf- 

pnqnent  le  nom?  Connnent?  un  s.ige,  un  phi-  frit  h  Florence  pour  la  religion  chrétienne. 

l(»sopli»>  ,1  pu  écrire  de  pareilles  lignt's?  Ah  !  Les  d^'lails   nous  manqucit    complètement 

sans  doute,  puisiju'il  ignore  ce  cpiil  faut  pu-  sur  lui.  L'lvj,liso  fait  sa  fête  le  28  mai. 

nir,  puisqu'il  ne  sait  pas  ([ue.le  conduite  te-  POLÉ.VION,  firétre  des  idoles,  1 1  magistrat 

nir,  il  attendra  pour  aiçir  la  réponse  derem-  à  Sn)»rne.  Ce  fut  lui  (|ui,  durant  la  persécu- 

pert'ur.  tion  de  rempereur  Dèce,  fut  un  des  plus  ar- 

Non,  il  va  agir  par  provision  contre  iCS  dents  persécuteurs.  Il  lit  à  la  fois  contre  les 

chrétiens;  c'est  rex|>ressio'i  dont  il  se  sert,  ma  tyrs  l'onice    d'ar<'her   et    de   magistrat. 

Et  (|ue  fail-il  par  provision,  cet  homme  ((ui  (Loy.  les  Actes  de  >ainl  Pione.   11  tourmenta 

demande  conseil,  (jui  ne  sait  pas  coiumeat  avec  férocité  saint  Pione,  s  .int  Astlépiade  et 

agir,  ([ui  ne  sait  pas   si  les  chrcliens   sont  sainte  Sabine.  11   fut    cause  de  l'atijuratinii 

coupables?  11  envoie  au  supplice  ceux  qui  d'un  grand  nombre  de  chrétiens,  et  notara- 

persislent  à  avouer  qu'ils  sont  chrétiens,  ne  ment  d'Eudémon,  évoque  de  Sinjrne.  Son 

doutant  pas  que  leur  obstination  ne  méritât  nom  est  devenu  tristement  célèbre  dans  les 

punition.  Quoi  !  la  mort,  (piand  vous  doutez  ?  fast  s  de  l'Eglise  persécutée. 

Vous  attendez  que  l'empereur  vous  réponde,  POLLION    (saint),   martyr  à  Cibale  en 

et  vous  décidez  la  question  vous-même?  Et  Pannonie,  mourut  pour  la  foi  chrétienne  er» 

vous  la  décil-z  en  envoyant  au  supplice  y>ar  l'an  ..e  Jésus-Christ  3  >V.  Nous   prenons  ses 

provision?    Si    ce    n'était    qu'dlogique,    au  Actes  authentiques  dans  Ruinarf.  Les  voici 

moins;  mais  c'est  atroce.  en  entier: 

Nous  verrons  ;>  l'article  Tr.\.îa>-  (pie  la  ré-  «  Les  empereurs  Diodéticn  et  Maximien, 

ponse  que    le   grand  em[)ereur  lit  à  PI  ne  ayant  résolu  de  renverser  et  d'abohr  la  reli- 

n'était  ni  plus  juste,  ni  plus  logique  que  la  gion  chrétienne,  l'attaquèrent  tout  k  In  fois 

lettre  de  son  délégué.  (Vo//.  Trajan.)  par  la  force  et   jiar  l'artifice.  La  force  faisait 

Nous  ignorons  les  noms  des  saints  niar-  des  martyrs,  et  l'artifice  des  apostats;  et  l'un 

tyrs  qui  souffrirent  en  Bithynie.  Il  est  cer-  et  l'autre,  en  diminuant  le  nombre  des  chré- 

tain  qu'ils   furent  nombreux  ;   la  lettre  de  tiens,  semblaient  promettre  bicnl('it  la  ruine 

Pline  le  prouve.  Cependant,  après  la  t*éponse  entière  du  christianisme.  Probus,  gouver- 

«pie  fit  Trajan,  dans  ia(juelle  il  disait  de  ne  neur  de  Pannonie,  reçut  à  Sirmium,  où  il 

pas  rechercher  les  chrétiens,  de  se  borner  h  filisait   sa   résidence   ordinaire,   loi'dre   des 

j)unir  ceux  qui  d'eux-mêmes  pro'laraeraient  empereurs.  11   portait  (pi'on  persécufAt  les 

ai)par(enir  à   la   religion   chrétienne,  il  est  chrétiens  ^  toute  outrance.  Le  gouverneur 

certain  que  la  persécution  devint  beaucoup  crut  (pi'il  fallait  conunencer  par  le  clergé.  11 

plus  moilérée.  lit  d'abord  massacrer  Mo*iian,  prêtre  de  lE- 

II  est  fâcheux  de  voirie  nom  de  Pline  au  glise  de  Syngidon  (aujourd'hui  Sigetinez). 

nombre  des  persécuteurs  de  l'Eglise.  Sm--  Il  lit  aussi    mourir   irénée.    évê(pie   de  Sir- 

tone  et  Tacite  avai(>nl  approuvé  la  persécu-  ndum,  après  lui  avoir  fait  endurer  divers 

lion  cle  Néron;   Pline  était  l'instrument  de  tourments.  Mais  comme  cette  ville,  capitale 

ceHe  de  Trajan.  Il  fallait  ce  miracle  à  l'éta-  de    la   Pannonie,  ne    lui    paraissait  pas   un 

blissement  du  (  hrislianisme,  au  Clirisl  con-  théâtre  assez   vaste  pour  déployer  toute  sa 

quérantle  monde:  des  pêcheurs  sans  inslruc-  cruauté;  il  se  mit  ^  parcourir  les  autres  vil- 

tion  pour  apijlres,  pour  a  Iversaires  toutes  les  de  son  gouvernement,  dans   respéranc(> 

les  sommités  scientiliqiies  du  monde.  d'y  t  ouver  de  (j  loi  la  satisfaire  |)lus  ample- 

On  ne  s'accorde  pas  sur  la  date  précise  de  me»U.  Par  un  ordre  de  la  Providence,  lejour 

la  morl  de  Pline.  même  ipi'il  arriva  h  la  ville  de«;  Cibali>tes, 

PLLTAIUJL'E  [saint),    l'un   des   disciples  (ou   Cibale),  patrie  de  l'empereur   Valent!- 

formés  par  Origènc,  dans  la  célèbre   école  nien,  et  qui  venait  de  donner  au  ciel  Tévê- 

(|u'i!  avait  ouverte  à  .\le\andrie,  en  20.'l,  un  que  l-'usèbe,  eiufiorfé  par  la  dernière  persé- 

an  a[irês  la  mort  de  son  pèr(>  s.unt  Léonitle.  ciition.  on  avait  arrête   Pollio),  le  i>remier 

Saint  Plutarque,   (pii  était  uu  desjiremiers  des  lecteurs  de  cette  église,  recommandablo 

par  une  foi  vive  et  ardente,  (font  il  avait  déjà 


saint  riuiarque,  (pu  eiaii  uu  ues  iiremiers 
.  d'entre  les  citoyens  d'Alexandrie,  lut  arrêté 
^  avec  beaucoup  d'autres  chrétiens.  L'iiistOire 


ip  d'autres  chrétiens.  Liiisto.re  donné  des  marques.  On  le  présenta  au  gou- 

ne  dit  pas  précisément  h  (pielle  époque.  On  rerneur  comme  il  descendait  de  chariot;  on 

sait  que  celte  pnrsiMnl  ion  dura  d(>puis  l'an-  ne  maixpia  [vis  d'abord  de  le  prévenir  contre 

n(''e  2()*i  jusqu'en  211.  Quand  saint  Plular-  cej(Miiie  homme,  et  on  lui  lit  entendre  (pie 

que   fut  dans  la  prison?  Origène  allait  l'y  c'était  un  chrétien  de^s  plus  impies  de  toute 

exhorter.  Ce  zèl"  pour  son  disciple  t';iillit  de-  la  secte,   d'une  fierté  insupportable,  et  (pii 

ve  lir  fatal  au  maître;  car  la  famille  de  >ainl  n'avait  de  resp(>ct  ni  pour  les  dieux  ni  pour 

IMiitanpie,   qui   était    païenne,   attribuait  ?i  les  empereurs,  parlant  sans  cesse  des   uns 

Ori^èee  \i)  malheur  (lui  venait  la  frapptn-.  Il  et  des  autres  en  des  Irrmes  injurieux  et  of- 

esl    très-probable,    (1  après  les  expresMons  fensants. 

desquelles  se  sert  Eusèbe ,  que  saint  Plu-         «  Pr  bus  lui  demanda  son  nom.  Je  m'ap- 

tanpic  fut  décapité.  Origine  le  suivit  au  lieu  i>elle  Pollion,  répondit-il.  —  Probus  :  Vous 


740                                l'Ol,  l'OL                                -.'.0 

(Mrs  (ilirrlicnV       l'ullioii  ;  <>m,  jf  Ir  suis.  —  nioiin'iil     pciivcnl-ils   Mit    coinimrt'îs    h    <ltr<( 

IMoImis  :  l)('    (|iiilli'    prol'i'ssidii   <Hu.s-V(M1s?  Iiiciis  (|iti  m- possiMil  jaiii/ii.s?   Kt  ohI-co  <^lnj 

l'ollioii  :  Jii  suis  IcclidCdcs  Irrtoiii's.     l'i'O-  so;-;!',  (iiic  de  |ii  ('IV-icr   lin  hoiiliciir  fijr/ilf  h 

luis:  Dr  (|ni'ls  Icriciiis?        INillioii  :  De  ccilX  ii'io  IV'licili' |mi  iii.iiiciilc'.'        I'ii)Imis:A  ipioi 

(|iii   liscMi   au   priijilc    riùrUiiic  siiiiilo. —  «Imutil  loiil   nia?  Il  en   l/mt   t-iilin   venir  h 

l'idhiis  :(MiniI    (lo    CCS    |,|ti;ilii|iiis    (|ui    nu  l'cxcciilio')  de  l'cdil.        INiIMo'm  :  (,Mi(!  |«illc- 

clicrchciil   (|ii';i  siii|»ici dit'  rcs|iiil  IjuIiIc   ni  l  il  cri   ('•d;t?        ridhu  .  :  Oiic   Vdiis    sacrilif- 

lt\f!;cr  de  (|ucl<|iic  lillr,  cl  lui  |»eisiiadcr,  s'ils  rc/.  .'iiix  dieux.  —  l'ollioii  :  Vous   lere/,  ce 

lnMiveiil,  de  n.irdci- une  cIkisIcIi'  |Hr|)éiiiclle,  (|ii'il  Vdiis  |il.'iira.  mais  moi  je  no  s.Miilieiai 

.sdiis   |«i(''le\le  d'une  |)!us   Ii;itile    pci  Iccliou  ?  |tiMUl,car   il    est    l'Ciil  :  (icjui    ijui    -iiinlicra 

—  IVdIioti  :  Il  ne  liciidia  (lu'.i  vous  d'éiirou-  au\  ih-moiis,  et  non  h  Dieu,  sera  exleiininé. 
ver  aujouiiriuii  i|mcIIc  cn|  iiolit>  lé,j,èr.  lé  et  —  Piolius  :  Mli  liieii  !  il  tant  di  ne  voii>  ré- 
iiuliT  iadilessc.         l'iolms  ;  (lommnd   cela?  soiidre  h  |ierdi-e  la  vie.  — l'ollion  :  J'y  suis 

—  Pollioii  :  C'ost  (juo  ceux  (|ui  parmi  nous  tout  résolu  :  laites  co  (jui  vous  nsi  onjonni^. 
sont  Oiddes,  vains  el  légers,  anandoniicul  Je  dois  suivie  oi  cela  l'exemple  de  tinldo 
aiseuieiil  le  (li'éaleui-  pour  les  idoles;  mais  s  liuls  évé«pies,  dtî  jtriMres,  el  d'autres  saints 
roux  cpii  oui  un  {j;rand  Tonds  île  rolit^ion  iiiini.<li-es  de  TK^Iise,  ronirnc  je  suis  jour 
dans  le  c(eur  cl  de  rei'MKMc' dans  r.'^me,  ceux-  doctrine  el  leurs  ensftignenients.  Prohiis  le 
l.^,  dis-je,  demeuroid  l'oiieinenl  attachés  à  la  condamna  à  être  Ijirdé'  ;  ce  (|ui  lut  exécuté 
loi  du  roi  él(>rnel,   cl  accornplissont  lidùle-  aussitôt  h  un  mille  de  la  ville.   » 

ment  s(\s  connnandemenls,   les  mêmes  (pie  l'OLLION,  proconsul   ou    gouverneur  do 

nous  lisons  au  peuple,  sans   «pie  les  tour-  Pampli^lie,  résidai!  à  Perge  sous  le  I■è^'le  de 

nients  [missent  ébranler  leur  constance.  —  l'emjiereur  Dèce,  en  l'année  250.  Cofut  le  27 

l'rohus  :  De   (|uels  commandemenls   parle/-  l'é'vrier  de  celte  année  que  (■(^' juocomsuI  [iro- 

vous,  et  de  quel  roi?  —  Poliion   :  J(^  |)arle  noiiça  la  sentence  (pii  condaiiiua  àmori  saint 

des  préceptes  du  roi  Jésus-Christ.  —  Pro-  Nestor,  évè(iue  de  Side.  Le  saint  évôcpie  fut 

bus  :  One  iliseni    ces   préce[it('s,   cl  à  cpioi  mis  en  croix.  Il  avait  élé  amené  de  Side  par 

obligent-ils?—  Poliion:  Ils  obligent  à  n'a-  l'irénaripie  de  celle   ville,   devant    le({iiel  il 

dorer  qu'un  seul  Dieu,  qui  est  celui  qui  l'ait  avait  d'abord  comparu.  Il   fit  mourir  h  Ma- 

lOMuer  dans  le  ciel;   ils  avertissent  (]ue  du  gyde,  de  la  façon  la  pluscruelle, saint  Conon, 

bois  et   dos  pierres   ne    sauraienl  être   des  jardinier,   en  lui  faisant  enfoncer  des  clous, 

dieux;  ils  corrigent  les  mœurs;  ils  donnent  dans  li}s  pieds,'et  eu  le  forçant  à  courir  de- 

des  moyens  pour  éviter  le  péché,  ils  forli-  vaut    son  char,   jusqu'à     ce  qu'il    toinbAt 

lient  les  justes  dans  la  vertu,  ils  enseignent  d'épuisement  et  de  douleur.  Il  fit  aussi  mou- 

aux  vierges  en  quoi  consiste  la  perfection  de  rir  saint  Papias,  saint  Diodore  et  saint  Clau- 

leur  état,  et  aux  personnes  mariées  à  vivre  dien,  sous  le  règne  de  l'empereur  Dèce  ,  el 

chastemeîit  dans  l'usage  du  mariage.  Ils  [lor-  i)eul-ètre   même  avant   saint  Nestor.   Plu- 

tent  les  maîtres  h  trailer  leurs  esclaves  avec  sieurs  auteurs  partagent  cette  opinion, 

douceur,  en  leur  mettant  devant  les  yeux  POLYANE  (saint),  évoque  et  qualifié  inar- 

(pie  tous  les*  hommes  sont  égaux  dans  leur  tyr  au  Martyrologe  romain,  à  la  date  du  10 

origine,  et  n'ont  tous  qu'un  même  père;  et  septembre  jour  auquel  l'Eglise   célèbre   sa 

ils  engagent  les  esclaves  à  servir  leurs  mai-  fête,  était  l'un  des  neuf  évoques    enfermés 

très  [)lus  par  amour  que  par  crainte;  ils  or-  dans  les  mines,  et  à  qui  saint  Cypricn  écrivit 

donnent  aux  sujets  d'obéir  aux  puissances  sa  76'  lettre.  Il  avait  été  déporté  iniiiiédiate- 

uans  les  choses  justes  et  raisonnables;  en  un  ment,  après  sa  première  confession,  aussitôt 

mot,  ils  renferment  toutes  ces  grandes  maxi-  après  avoir  été  crue'lement  frappé  à  coups 

mes  :  honorer  ses  père  et  mère,  servir  ses  '  de  bâton.  Cet  évoque  avait  assisté  au  grand 

amis,  pardonner  à  ses  ennemis,  aimer  ses  concile  de  Cartilage.  (To?/.  Némésien.) 

concitoyens,  exercer  l'hospitalité  envers  les  POLYCAUPE  (saint),  évêque  de  Smyrne  , 

étrangers,  assister  les  pauvres,  avoir  de  la  disciple  de  saint  Jean  l'Evangéliste ,  prenait 

charité  pour  tous  h  s  hommes,  ne  faire  de  soin  de  toutes  les  Eglises  d'Asie.  Il  se  con- 

mal  à  personne,  soutfrir  patienunent  l'injus-  vertil  au  christianisme  environ  l'an  80,  sous 

lice,  n'avoir  aucune  attache  an  bien  qu'on  le  règne  de  Titus.  Il  eut  le  bonheur  de  con- 

possède,  ne  pas  même  désirer  celui  d'aulrui;  verser   avec   beaucoup   de   personnes    qui 

croire    enlin  qu'une   immortalité  bienheu-  avaient  vu  le  Sauveur.  11  fut  fait  évêque  do 

reuse  attend  celui  qui  a  assez  de  courage  Smyrne  par  saint  Jean  l'Evangéliste.  Saint 

pour  raé[)riser  la  mort  que  vous  pouvez  don-  Ignace  ayant  élé  condamné  par  Trajan  à  être 

ner.  Voila  quels  sont  ces  préceptes  que  vous  conduit  à  Rome,  pour  y  être  dévoi  '^  par  les 

vouliez  savoir;  maintenant  que  vous  en  êtes  bêtes,  passa  à  Smyrne  et  vint  voir  saint  Poly- 

iustruit,  vous  pouvez  ou  les  rejeter,  ou  les  carpe,  qui  baisa  respectueusement  ses  chai- 

suivre.  nés.  Le  respect  des  fidèles  pour  saint   Polv- 

«  Probus  :  De  quelle  félicité  peut  jouir  un  carpe  élait  extrême.  Ve.s  l'an  158  ,  il  fit  iin 

homme  qui  est  privé  de  la  lumière  et  de  tous  voyagea  Rome  pour  s'y  concerter  avec  le 

les  biens  de  la  vie?  — Pcllion  :  De  quelle  papcAnicet,  sur  la  ditrërente   pratiq  le  des 

félicité?  il  n'y  a  point  de  comparaison  à  faire  églises  touchait  la  célébraiion  de  la  iête  de 

entre  ce  jour  éternel  qui  luit  aux  bienheu-  Pâques.  Nous  savons  peu  de  chose  de  sa  vie  : 

reux,  et  cette  faible  lueur  qui  éclaire  ici-bas  ses  écrits  sont  perdus. 

Icj  hommes.  Sont-ce  des  biens,  que  ceux  de  «  La  sixième  année  du  règne  de  l'empe- 

la  vie  présente?  Des  biens  qui  passent  en  un  reur  Maie-Aurèle,  une  violente  persécutioa 


.1 


rot. 


l'oL 


7o2 


séliuil  .illiiiiK-o  ou  Asit\  lo  peuple,  ({ni  vonait 
de   vu  r  mourir  (iorinatiiciis   et  ses  roiiipa- 
gMoiis  avec  un  grand  courage,  se  mil  h  crier  : 
c.  (>ir<)ii  rlitMclic  Polycarpe  !  »  Le  proconsul 
Quadralus  donna    l'ordre  d'oMenipérer  au\ 
volontés  du  peuple.  Ce  grand  homme  dont 
la  prude'ict>  ne  tli.ninuait  rien  de  la  généro- 
sili',  avant  a|)pris  qu'on  le  cliereliait  ,  se  dr- 
roba  à  la  poursuite  de  ses  ennemis  ;  mais  il 
paraissait,  par  la    tranquillité   de  son   Ame, 
(pril   ne  fuyait    pas  la  mort  par   une  lAclio 
rrainte  ,  mais  qu'il    en   éloignait  le  moment 
par  une  h'imble  déliance  de  soi-même  ;  car, 
quoi(iue  les  lidèles  qui  le  recevaio'it  dans  sa 
retraite  le  conjurassent  de   ne  point  perdre 
do  temps  et  de  mettre  promptement  sa  vie 
en  sûreté,    il  ne  pouvait  se  rendre  à   leurs 
pressantes  sollicitations  ;   mais  ,    marchant 
lentement,  et  s'arrétant  parlo  .toù  il  passait, 
il  semblait  ne  s'éloigner  qu'à  regret  du  li^u 
oii  on  avait  résolu  sa  mort.  Enlin  il    rabattit 
tout  court  dans  une  métairie   [^eu   distante 
de  Sm)  rne.  Là,  par  de  ferventes  et   conti- 
nuelles prières,  il  priait  le  Dieu  fort,  le  Dieu 
des  combats,  de  le  fortifier  pour  celui  quil 
allait  entreprendre   pour  sa  gloire.  lien  fut 
averti  trois  jours  auparavant    par  un  songe 
que  Dieu  lui  envoya.    Il  lui  seudjiail  que  le 
clievetde  son  l.t  était  tout  en  feu  ,  et  q  iC  sa 
tète  était  toui  environnée.  Lorsque  le   saint 
vieillai-d  fui  éveillé,  et  que  son  corps,  appe- 
santi par  TAgc  et  le  sommeil  ,  eut  (piitté  sa 
couche,  il  tlit  à  ceux  qui  se  trouvèrent  pré- 
sents ,  qu'avant  que  ces  trois  jours  fussent 
acc)iuplis,    il    serait   brillé   tout  vif.  On  no 
laissa  pas  de  lui  faire  changer  de  retraite  ; 
mais  h  peine  était-il  arrivé  à  celle  qu'on  lui 
avait  choisie  ,  que  ceux  qui  le  cliereiiaient  y 
arrivèrent  aussi.  Ils  furent  longtemps   sans 
pouvoir  découvrir  l'endroitoTi  il  éldl  caché  ; 
mais  enlin  s'élant  saisis  de   deux  jeunes  en- 
fants, ils  en  fouettèrent  un  si  cruellement , 
(ju'ils  tirèrent  de  sa  bouche  une  vé'rilé  que 
la    violence  des  coups   lui  arraclia   mal,:,ré 
lui.  Cependant  Hérode,  qui  était    un  juge 
«riminel  et   intendant   de    police   à  Smyrne, 
souhaitait    passionnément  do    l'avoir  en  sa 
)uissance,  pour  le  produire  au  peuple  dans 
."ampliithéAlre  :  il  commanda  pour   cet  eilVl 
une  escouade  d'ari'hers  et  do  gens  à  cheval, 
qui,  sous  la  conduite  do  ce  jeune    nf.inl,  pri- 
rent le  chemin  de  la  mrlairit>  où  saint    Poly- 
car|)e  s'elait  retiré.  On  eût  dit,  à  les  voirmar- 
cheravec  un  si  grand  appareil ,  qu'ils  allaient 
se  saisir  de  quelque  insigne  volnir  ;  et  ils  ne 
cherchaient   ipi'un   évè(iuc    di-sarmé  et    un 
serviteur  de  Jésus-Christ.    Ils  arrivèrent   au 
lieu  de  sa   retraite  un  vendredi  au  soir,  >ur 
le  point  qu'il  s'allait  mettre  à  table,  il  lui  au- 
rait été  facile  de  se  s  luver  ,   mais    il   aima 
mieux   se   livrer    enlin  liii-ménjo  ,  disant   k 
Dnni  :  «  Seigneur,  que  vittie  volonté  soit  ac- 
romplie;  j'ai  fui,  vous  le  savez,  tant  ipie  vous 
m'avez  ordonné  de  fuir;  maintenant  je  cède 
à  mes  ennemis,    parce  que  vous    le   voul  z 
ainsi.  Il  se  présenta  dune  h  eux  ,  et   il  leur 
parla   autant   que  la  faiblesse  de  son  Age    le 
lui  |>ut    permeitre  :  mais    «e    fut  avec    tant 
d'onction  <]u'il  était  facile  de  connaître  quo 


I 


c'était  le  Saint-Esprit  qui  parlait  par  sa  bou- 
che. Us  admiraient  daii>  un  Age  si  avancé 
une  vivacité  si  grande,  et  un  air  si  dispos 
dans  un  corps  usé  par  les  travaux  de  la 
pi'-nifence.  Il  les  laissa  dans  leur  étonne- 
meiit,  et  il  leur  tit  servir  à  manger ,  accom- 
plissant à  la  lettre  le  précepte  de  notre  divin 
maître,  qui  nous  ordomie  par  la  bouche  de 
son  apôtre,  de  fournir  à  nos  ennemis  avec 
profusion  les  choses  nécessaires  à  la  vie  ;  il 
les  pria  ensuite  de  lui  accorder  (jnehiue 
temps  poiu'  s'acquitter  envers  Dieu  des  de- 
voirs qu'il  avait  accoutumé  de  lui  rendre  à 
certaines  heures.  On  ne  put  le  lui  refuser  ; 
le  saint,  se  tenant  debout,  pria  les  yeux  le- 
vés au  ciel  ;  demandant  àDeu  la  grâce  de 
pouvoir  accom[)lir  ses  commandements  jus- 
qti'à  la  (in  de  sa  vie.  Sa  prière  dura  près  de 
(leiix  heures  ;  et  il  la  faisait  avec  tant  de  fer- 
veur, (jue  tous  les  assistants  ,  jusqu'à  ses 
propres  ennemis,  en  étaient  dans  une  admira- 
tion qu'ils  pouvaient  à  peine  exprimer.  Il 
l'aelieva  en  faisant  des  vdeux  pour  toutes  les 
églises  du   monde. 

Kniin  le  moment  arriva  qui  devait  lui 
ouvrir  cette  pénible  carrière  qui  conduit  à 
la  gloire.  Il  fut  mis  sur  une  bêle  de  charge  . 
et  on  prit  le  chemin  de  la  ville.  On  n'en  était 
pas  fort  éloigné,  !ors({u'on  aperçut  un  cha- 
riot où  était  Hérode  et  son  père  Nicétas. 
Ils  engagèrent  civiieuKnit  Polycarpe  à  y 
monter,  es{)é.ant  de  pouvoir  gagner  [)ar  leur 
hoiniéteté  et  leurs  caresses  un  homme  qui 
paraissait  être  à  l'épreuve  iles  outrages  et 
des  mauvais  trailemenHs.  Us  tachèrent  de 
s'insinuer  dans  son  esprit  nar  des  pan  des 
douces,  mais  artificieuses;  ils  lui  répétaient 
même  souvent  celles-ci  :  «  Quel  mal  y  a-l-il 
de  dire.  Seigneur  César,  pour,  sacrilier,  et 
sauver  sa  vie?  »  Us  le  pressèrent  si  vive- 
ment, etilsesentil  si  fort  im[)ortuné  îles  pro- 
f)Ositions  impies  qu'ils  lui  faisaient,  qu'après 
es  avoir  écouté- paisiblement,  il  rompit  vn- 
fin  le  silence,  et  il  leur  dit  avec  tonte  la  vé- 
hémence que  put  lui  inspirer  son  zèle  : 
«  Non,  rien  ne  sera  jamais  capable  de  me 
faire  changer  de  sentiment  ;  ni  le  fer  ni  le 
feu,  ni  la  prison  ni  l'exil,  ni  tous  les  maux 
eiiMMnble  ne  me  feront  jamais  consentir  à 
diuiner  de  l'enctnis  à  un  homme,  ou,  ce  (jui 
est  encore  plus  horrible,  à  des  démons.  » 
Cette  répons(>  irrita  de  telle  sorte  ceux  à  qui 
il  la  faisait  ,  (lu'ils  le  poussènnd  à  grands 
coups  de  pieds  liors  de  leur  chariot  lorsqu'il 
marchait  avec  le  plus  de  vitesse.  La  chute 
fut  ruile,  et  le  saint  eut  un  os  de  la  jambe 
roiiqm  ;  ce  ijui  toutefois  ne  rem[)ècha  pas, 
dans  la  suite,  de  courir  dans  ram|>hil!ieAlre 
avec  une  agilitésuriiriMiante.  En  y  entrant,  il 
ouït  une  voix  (pii  lui  criait  du  haut  du  ciel  : 
«  Polyearp',  ayez  bon  courage.  »  Ct>lle  voix 
fut  eiilendiie  des  chréti<Mis,  mais  les  païens 
n'en  entendirent  rien. 

«  On  conduisit  le  saint  évéjpie  au  pied  de 
l'écliafaud  du  proconsul,  où,  étant  arriv»',  il 
confessa  Inutemenl  Jésus-Christ,  témoignant 
d'être  aussi  pmi  sensd)le  aux  menaces  du 
juge  (pie  peu  tourlie  île  ses  prières  et  de  la 
fauise  pitié  qu'il  lui  t.u>ail  pviraitre.  «  Quittez 


7rir. 


IM)I, 


vui 


il 


ci'lli'  Ii.'iiiliMir,  lui  (lisiiil  en  iiui^islr.il  ;  ('|wii- 
KiM'/  V()lrt<  vit'ilh'ssi»  ;  (;i'<iy('/.-V(iii.s  |i()iiv(iir 
sonlciiir  des  loiiiiuciils  doiil  l.i  vint  soiilo 
i«it  IrciiiMci'  lu  jeunesse»  la  |ilus  Iwwdie? 
(,)(iellt)  (lilliciillc^  lailes  vous  ilo  jurer  par  la 
l()rluiie  (le  l'oiniiereur ?  Suive/,  mou  conseil  ; 
l'eiioneez  h  voire  superstilion  ;  lui  repentir 
n'a  rien  de  houleux  lorsipui  (lésar  el  les 
dieux  l'exii^eul.  Diles  do'ie  hardinienl  avec 
tout  ce  peuph»  :  Qu'on  cUr  lis  imiiirs,  (ju'on 
perde  les  impies.  » 

«  Alors  Poivearpe  ,  porlanl  ses  i'e;j;ar(|s 
de  lous  côlés,  el  les  arrtMaul  durant  ipiel- 
qiios  MKMueuts  sur*cette  undiilude  de  peuple 
qui  riMuplissail  Uîs  bancs  de  rauiplulli('';Ure, 
il  les  éleva  enliu  vers  celui  (pii  rè;:;  e  dans 
lo  ciel  ;  luiis,  d'une  voix  onirecoupée  de  sou- 
pirs, il  proféra  ces  paroles  :  Olez  les  impies, 
perdez  les  impies!  «  Achevé/,  lui  ciia  lo  pro- 
consul ;  jurez  par  la  fortune  de  reuipereur, 
et  dites  des  injures  au  Christ.  -  11  y  a  ijua- 
tro-vingt-six  ans,  reprit  Polycarpo,  (pu;  je 
le  sors  ;  il  ne  m'a  jamais  fait  do  mal;  il  m'a 
au  contraire  comliii'  de  bien,  et  vous  voulez 
que  je  lui  dise  des  injures,  (]ue  j'ontiayo 
mon  Seigneur,  mon  maître,  de  ijui  j'attends 
mon  bonlunn- ,  en  (pii  je  mets  tout(>,  mon 
espérance,  (|ui  lait  toute  ma  gloire?  Com- 
ment pourrais-je  otl'enser  celui  que  je  dois 
uniquement  anner,  celui  qui  m(>  [irotége  , 
qui  se  déclare  l'ennemi  de  ceux  qui  me  haïs- 
sent? »  Et  comme  le  proconsul  insistait  tou- 
jours à  le  faire  jurer  par  la  fortune  de  l'em- 
pereur :  «  Pour(iuoi,  lui  dit-il,  me  pressez- 
vous  de  jurer  par  la  fortune  de  César  ?  Igno- 
rez-vous quelle  est  ma  religion,  et  ne  savez- 
vous  f)as  que  je  suis  chrétien  ?  Si  vous  dé- 
sirez d'apprendre  de  moi  quelle  est  cotte 
doctrine,  donnez-moi  un  jour,  je  suis  prêt  à 
vous  en  instruire,  dés  que  vous  serez  dis- 
posé h  m'entendre.  —  C'est  le  peuple,  répli- 
qua le  proconsul,  et  non  pas  moi,  qu'il  faut 
satisfaire;  c'est  à  lui  que  vous  devez  rendre 
compte  de  votre  créance.  —  A  lui  1  répaitit 
Pol ycarpe ,  il  en  est  indigne  ;  mais  pour 
vous,  je  dois  cette  déférence  à  votre  dignité, 
pourvu  (lue  vous  n'en  abusiez  pas  pour  me 
contraindre  à  faire  (]uelque  chose  contre 
mon  devoir.  C'est  a  nsi  q\io  la  religion  dont 
je  vous  pane  nous  apprend  à  rendre  aux 
puissances  de  la  terre  l'honneur  qui  leur 
est  dû.  —  Ah!  c'en  est  trop!  reprit  brus- 
quement le  juge  ;  sais-tu  que  j'ai  des  lions 
et  des  ours  tout  prêts  à  ven^ior  nos  dieux? 
—  Qu'ils  sortent,  ces  lions  et  ces  ours,  ré- 
pondit Polycarpe  ;  qu'ils  viennent  assouvir 
sur  moi  leur  rage  et  votre  fureur;  mettez 
en  usage,  pour  m'arracher,  sil  se  pouvait, 
cent  fois  la  vie,  tout  ce  que  la  cruauté  des 
tyrans  a  pu  inventer  de  supplices  ,  je  triom- 
pherai dans  les  tourments,  je  verrai  couler 
mc)n  sang  avec  joie,  et  la  grandeur  de  mes 
peines  sera  celle  do  ma  gloire  ;  mon  amo  est 
préparée  à  tout.  Je  ne  crains  ni  la  douleur 
ni  la  honte.— Tu  me  braves  1  lui  dit  le  pro- 
consul, et  une  audace  présomptueuse  te  fait 
mépriser  les  morsures  dos  bètes  ;  nous  ver- 
rons si  cette  fermeté  sera  à  l'épreuve  du  feu! 
—Ce  feudont  vous  me  menacez,  reiu-itPoly- 


(  arpe,  passera  bientôt  ;  une  heure  ou  deui 
auuu'tii'oiil  son  ardeiu-,  niais  relui  (|uc  l(j 
s(uiverain  juge  a  allumé  pour  brûler  les 
impies,  el  (pir  vous  ne  conn.'iissez  pas,  no 
s'éteindra  jamais.  Mais  h  quoi  sert  tout  vu 
discours?  li;1le/-vous  de  faire;  drj  moi  ce  (juo 
voire  cruauté  vous  conseille;  el  s'il  vous 
vient  dans  la  p(Misée  (pudipie  iioiivenii  geiin; 
de  supplice,  ne  craigne/ point  dr  me  h;  faire 
endurer.  » 

<(  ('.(miiiie  l(!  saint  martyr  pronon(;ail  i es 
dernièi'es  paroles,  son  visage  parut  éclalanl 
«rniie  lumièr(!  ((''lesli!  :  h;  |irocoiisul  en  fut 
frap|ié  ;  mais  im!  laissa  pas  (h;  faire;  crier 
par  un  lu-raut  :  «  INtlycarpe  persiste  à  (ton- 
fcsser  (pi  il  est  c  rélien.  »  Le  pcMipb;  n'eut 
jias  plut(')t  entendu  cette;  déclaration  (ju'il 
eiilia  (Ml  fureur;  et  tout  ci-  epii  se  rencontra 
alors  à  Siiiyrne,  de;  Juifs  et  de  (lentils,  n'e-ut 
plus  (priiiK!  voix  pour  demander  la  mort  elo 
saint  Polycarpe.  On  criait  conf.  sèment  : 
«  C'est  le  père  de.s  chrétiens,  c'est  le  do-leur 
ele^  l'Asie  ,  l'ennemi  de  nos  dieux  ,  le  profa- 
nateui-  de  leurs  temples  ;  c'est  cet  homme 
qui  allait  partout  détruisant  notre  religion 
et  condamnant  h;  culte  des  dieux  immoi-tels  ; 
qu'il  meure,  et  qu'il  t-ouve  onlin  ce  (}u'il 
cherche  depuis  si  longtemps.  »  On  s'adresse 
cl  Pliili[)pe  l'asiarque  ;  on  le  veut  obligei-  à 
lAch(;r  un  des  lions  ;  il  s'en  défend  sur  ce 
que  l'heure  des  spectacles  est  passée.  Enfin, 
ces  furieux  s'accordent  lous  à  demander 
(ju'on  brûle  le  saint  vieillard,  et  donnent 
ainsi  lieu,  sans  y  penser,  à  l'accomplisse- 
ment de  la  prédiction  qu'il  avait  faite.  C'est 
ce  qu'il  fit  remarquer  lui-môine  aux  chré- 
tiens qui  l'accompagnaient  :  car,  interrom- 
pant sa  prière  et  se  tournant  vers  eux  avec 
un  visage  [«lus  majestueux  qu'à  l'ordinaire, 
il  leur  (lit  :  «  Reconnaissez  maintenant,  mes 
frères,  la  vérité  do  mon  songe.  » 

«  Cependant ,  le  peuple  court  aux  bains 
publics ,  enfonce  les  boutiques,  et  enlève 
tout  ce  qui  peut  servir  à  construire  un  bû- 
cher, les  Juifs,  selon  leur  coutume,  se  signa- 
lèrent on  cette  occasion  et  se  montrèrent  'es 
çlus  emportés  de  tous.  Le  bûcher  ayant  été 
tonné  de  toutes  ces  m.itièros  combustibles  , 
on  y  mit  le  feu.  Saint  Polycarpe  s'en  appro- 
cha ;  il  ota  sa  ceinture  et  sa  |)remière  robe, 
et  il  se  baissa  pour  ôter  ses  souliers  ,  ce 
qu'il  n'avait  pas  accoutumé  de  faire  ;  car  les 
fidèles  avaient  pour  sa  vertu  une  si  grande 
vénération,  epje  chacun  s'empressait  à  lui 
rendre  cet  olfice  pour  pouvoir  baiser  ses 
pieds  sacrés.  On  se  disposait  à  l'attacher  au 
bûcher  avec  des  chaînes  de  fer,  suivant  ce 
qui  se  pratiquait  ordinairement  en  ces  ren- 
contres ;  mais  il  pria  qu'on  le  laissât  ainsi 
qu'il  était.  «  Celui,  ajouta-t-il,  qui  m'a  donné 
la  volonté  de  souffrir  pour  lui,  m'en  donnera 
la  force  ;  il  adoucira  la  violence  du  fou,  et  il 
me  fera  la  grâce  d'en  pouvoir  supporter  l'ar- 
deur. »  Ainsi  on  se  contenta  de  lui  lier  les 
mains  derrière  le  dos  avec  des  cordes  ;  et  en 
cet  état  il  monta  sur  le  bûcher  comme  sur 
un  autel,  pour  y  être  offert  ?i  Dieu  comme 
une  victime  choisie  dans  tout  le  troupeau, 
et  pour  y  être  consum.é  comme  un  holocaustn 


<.»l> 


POL 


POL 


756 


d'agrôable  odeur.  Elevant  Piisuite  los  yeux 
aii  ciol,  il  prononça  ces  paroles,  qui  furent 
It>s  dernières  de  sa  vie:  «  Dieu  des  anges, 
Dieu  dos  aretiani;es,  grand  Dieu,  qui  avez 
déiruit  le  péché  et  (jui  déti  nirez  un  jour  la 
mort  ;  nionaniue  souverain  du  ciel  et  de  la 
terre,  protecteur  des  justes  et  de  tous  ceux 
qui  inarihi'nt  en  votre  j)résenr(\  je  vrtuslx'- 
ni<,  mon  Dieu,  moi  (|ui  suis  le  moindre  de 
vos  serviteurs,  et  je  vous  rends  grAees  de  ce 
que  vous  nrav(v  jugé  digne  de  soulfrir  pour 
vous.  Quelle  gloire  pour  moi ,  Seigneur,  de 
recevoir  de  votre  main  la  couronne  du  mar- 
tyre !  Quel  honneur  de  pouvoir  approcher 
ma  bouche  du  calice  où  Jésus-Christ  votre 
Fils  a  bien  voulu  boire  1  Voilà,  Seigneur, 
voilà  mon  sacrifice  presque  achevé  :  avant 
((ue  le  jour  finisse,  je  verrai  l'accomplis- 
sement de  vos  promesses  :  soyez  donc  à 
jamais  béni.  Seigneur  ;  ([ue  votre  nom  ado- 
rable soit  glorifié  dans  tous  les  siècles  |)ar 
Jésus-Christ,  poniife  éternel  et  fout-puis- 
sa"it,  et  que  tout  honneur  vous  soit  rendu 
avec  lui  el  avec  le  Saint-Esftrit.  » 

«  A  peine  avait-il  lini  cette  prière,  que  la 
flannue,  sortant  de  tous  cùtés  du  bûcher  à 
gros  tourbillons,  s'éleva  jusqu'au  ciel.  Mais 
Dieu,  voulant  honorer  son  serviteur  devant 
les  hommes,  fil  un  miracle  qui  par  sa  nou- 
veauté surprit  tous  ceux  que  sa  providence 
avait  choisis  pour  en  être  les  témoins,  et 
fpii  de\aienl  le  répandre  ensuite  j)ailoul , 
connue  un  monument  éclatant  de  sa  i)uis- 
sance  et  de  la  gloire  de  son  lidèle  ministre  : 
car  ces  tourbillons  de  flimme,  se  couibant 
en  arc,  et  s'étemlanl  à  droite  et  à  gauche, 
réprésentaient  une  voile  de  navire  enflée 
par  le  vent.  Cette  voiite  lie  feu  suspeniue 
en  l'air  couvrait  le  cor.is  du  saint  martyr, 
sans  que  la  nmindre  étincelle  osât ,  pour 
ainsi  dire,  en  approcher  ni  lonrher  ses  vê- 
tements. Ce  corps  saf  ré  exhal.iit  une  odeur 
pareille  à  celle  d'un  pain  n(»uvelleuuMit  cuit, 
el  sa  couleur  était  semblable  à  celle  d'un  or 
Y>ur  qui  sort  de  la  f<Mirnaise,  et  (pii  |»ar  son 
éclat  réjouit  la  vue.  Outre  cela,  l'on  sentait 
comme  un  agréable  mélange  de  toutes  sor- 
tes de  f)arfums  (jui  dissipait  la  mauvaise 
senteur  <pii  sort  pour  l'ordinaire  des  cor|>s 
que  le  feu  consume. 

"  Cette  merveille  étonna  les  ennemis  de 
notre  religion  :  ils  étaient  convaincus  |»ar 
leurs  propies  yeux  que  le  corps  d'un  chré- 
tien était  deveini  respectal)le  au  plus  furieux 
de  tous  les  éh'nnents.  On  ordonna  donc  à  un 
de  ceux  qui  avaient  soin  d'entr<'|(>iur  le  l)t^- 
cher  «le  buis  de  s'en  approcher  et  île  recon- 
naître de  plus  près  la  vérité  du  piodige.  Cet 
linnune  ayant  fait  son  rapport,  on  lui  dit 
d'aller  enfom-er  sof»  poignard  dans  le  corps 
du  saint.  Il  le  lit,  et,  à  I  heure  u)ème,  il  en 
sortit  tuie  si  grande  abondance  de  sang  que 
le  fpu  en  fut  éteint.  On  vil  ménu'  une  cu- 
lf)mbe  sorlu'  du  mdi«ni  de  ces  Ilots  de  sang, 
et  [)rendre  son  essor  vers  le  ciel.  Cette  f(»ule 
de  nuraclns  ne  causa  pas  moins  de  frayeur 
à  t'Mit  ce  penpie  qui>  d'etonucincttl.  Il  avouait 
qu'il  se  trouvait  un»'  grande  «lill'érence  entre 
la  mort   des  chrélieiKs    •  l   celle  des   autres 


hommes;  et  plusieurs  furent  contraints  de 
reconnaître  la  sainteté  et  la  grandeur  de  notre 
religion,  sans  tontelois  avoir  la  force  de  l'em- 
brasser. 

«  C'est  ainsi  (jue  Polycarpe,  évèque  et  doc- 
teur de  la  sainte  Eglise  de  Sinyrne,  con- 
somma son  sacrifice.  Mais  le  dén)on,  cet  ir- 
réconciliable ennemi  des  gens  de  bien,  ayant 
été  témoin  malgré  lui  de  la  gloire  qui  avait 
accompagné  le  martyre  de  saint  Polycarpe, 
el  conmient  une  vie  illustre  par  un'  grand 
nombre  de  vertus  avait  été  couronné-e  par 
une  ruorl  |)leine  de  merveilles,  fit  si  bien  par 
ses  suggestions,  que  les  chrétiens  ne  j)urent 
avoir  le  cor|)s  de  ce  saint  martyr,  quoique 
plusieurs  souhaitassent  de  pouvoir  enlever 
ce  trésor,  el  (pi'ils  se  fussent  déjà  mis  eu 
devoir  de  le  relit er  du  milieu  du  bûcher. 
Pour  cet  elTet,  il  se  servit  des  juifs  pour 
mettre  dans  l'esprit  de  Nicétas,  père  d'Hé- 
rode,  et  frère  d'Alcée,  la  pensée  d'aller 
trouver  le  proconsul,  et  de  le  prier  de  refu- 
ser ces  précieux  restes  à  quicon<iue  les  vieîi- 
drait  demander  de  la  part  des  chiéliens,  l'as- 
surant qu'ils  abandonneraient  le  culte  du 
crucifié  pour  mettre  Polycarpe  en  sa  place, 
s'ils  pouvaient  avoir  ses  reliques;  comme  si 
nous  pouvions  ne  jjIus  recouuaitre  Jésus- 
Christ  |)our  notre  Seigneur,  a|)rès  ce  qu'il  a 
soull'eit  pour  nous,  et  comme  s'il  nous  était 
permis  d'offrir  à  un  autre  dieu  qu'à  lui  nos 
prières  el  nos  vœux.  Car,  qnoi(jue  nous  ho- 
norions les  martyrs  et  les  autres  fidèles  ser- 
viteurs de  Jésus-Christ;  quoique  nous  nous 
adressions  à  eux  pour  oblenir  par  leur  entre- 
mise de  pouvoir  un  jour  partager  lagloire  dont 
ils  jouissent,  nous  n'adorons  tout»  fois  (|ue  le 
Fils  uhi(pie  de  Ditni,  et  nous  ue  rendons 
qu'à  lui  les  honneurs  divins. 

«  Mais,  pi  ur  revenir  à  notre  sujet,  le  cen- 
turiftn.  (pie  le  proconsul  avait  envoyé  pour 
apaiser  le  ditl'érend  (jui  s'était  éuui  entre  les 
Juifs  et  nous,  touchant  le  corps  du  saint 
martyr,  ne  trouva  point  d'autre  moyini  pour 
le  terminer  (pie  de  brûler  ses  sacrées  dé- 
pouilles. Cependant  nous  ne  laissâmes  pas 
d'en  recueillir  ijueKpu'S  ossements  que  le  feu 
avait  épargnés,  et  que  nous  conservons 
connue  autant  de  pierres  précieuses.  Notre 
Eglise  s'est  assemblée  pour  ci'lébrer  avec 
une  sainte  allégresse  le  jour  de  lelte  heu- 
reuse naissancu»,  le  Seigneur  nous  ayant  sur 
cela  fait  connaître  sa  vohuité. 

«  Ainsi  finit  la  vie  de  sauil  Polycarpe,  qui 
mè\a  son  sang  avec  celui  de  douze  autres 
marlyis  de  IMiiladelphie  ;  mais  sa  gli»ire, 
égale  à  sou  menti'  el  à  .sa  dignité,  le  met  dans 
un  rang  distingué,  et  toute  l'Asie  le  nomme 
Icmjours  le  mailre  et  le  docteur.  Aiin<ms  à 
élre  ses  disciples,  connue  d  a  aimé  à  èln^ 
disciph»  de  Jésus-Christ.  Unisson.s-noiis  aux 
apôtres  et  à  Iruis  les  justes  de  l'Eglise  du  ciel 
et  de  celle  de  la  terre;  et  bénissons  tout 
d'iMU'  VOIX  Dieu,  Père  t"»ut-puissanl;  bénis- 
sons Jesus-Chnsl,  iNiiire-Seigneur,  le  Sau- 
veur de  nos  Ames,  le  mailr»!  ih'  nos  corps,  le 
pasteur  de  l'Eglise  universelle;  bénissons  le 
Saint-Esprit,  par  (|ui  toutes  choses  nous  sont 
révélées. 


557 


Vol 


l>0M 


7r,s 


«  Vous  lions  nvcz  l(^mnigii('»  phis  irniin 
»  lois  soiiluiilcr  ([ii'oii  vous  ('•crivil  1rs  circoii- 
.slfiiict's  (lu  iiwii'tyi'c  (lu  hiciiliciirciix  l'olv- 
('ai-|M^;  lions  nous  sommes  t'nil  ii'i  |il;iisii-  de 
.siilisl'.uro  nno  ciniosih'  si  jnslc  ol  si  suint'', 
i!l  nous  vons  cnvo^ims  \uiv  nolio  IVèid  Mai- 
f;i(Mi  nnu  rclalion  sn('('in('l(;,  mais  exaiMc,  «li; 
loni  (;o  ()ni  s'osl  pa.ssù  à  cclli'  mrci('ns(' 
nnu'l  ;  Jailcs-cii  part  aux  anircs  Iv^liscs,  alin 
«jno  lo  Scimicnr  soil  jx-iii  en  Ions  lieux,  el 
que  Ions  l(!s  lionimes  iévèi'(Mil  le  choix  une 
sa  'fi,i\\vv.  lail  des  eins.  A  lui  la  t;loire,  lliou- 
ueur,  la  pnissainuî,  la  giainhuir,  |iar  J(''sns- 
r.hrisl,  Notiu-Suigiienr,  dans  Ions  lus  sic'ieles 
h  venir. 

«  Salnoz  tous  les  sainis,  cenx  (|ni  s(inl  ici 
av(>c  lions  vons  salnenl.  Kvaiisli»,  (jui  a  écrit 
l'oci,  vons  sainte  [lareillemeiil,  et  lonto  sa  l'a- 
luillo  vons  salno  aussi. 

«  S.iiiil  l'ol\ carpo  a  soull'ert  a;  marlyro  lu 
7  des  caleiid(5s  de  mai  ,  \c  jour  iln  j^raiid 
samedi,  h  la  liuili('mo  lunii'e;  il  a  vW)  pris 
par  Hi^rode,  Philippe  de  Traies  élanl  pon- 
tife ou  asianfue,  et  Stalins  Qnadralns  (!'tant 
proconsul,  (jne  mille  actions  de  grAces 
soient  rendues  h  .I(5sus-(-hrisl ,  Notrc-So:- 
gneur,  ^  qui  a[)[)artii  ni  la  gloire  et  le  sonv(!- 
rain  commandement  dans  lout(>  rélornité. 
€eci  a  été  transcrit  sur  la  copie  d'irénée, 
disciple  de  Polycari^e,  par  (laïns  et  moi,  IMo- 
iiius;  je  lai  écrit  sur  le  précédent  ex(nnplaire, 
après  iineje  l'eus  dierché  et  que  Polycarpe 
me  l'eut  t'ait  connaître  par  révélation.  Qiw 
Jésus-Christ  me  reçoive  dans  son  royaume 
avec  ses  élus.  A  lui  soit  la  gloire,  avec  le 
Père  et  le  Saint-Ksorit,  dans  les  siè'cics  des 
siècles.  Àmeii.  »  (Kninart.) 

POLYCARPE  (saint),  fut  martyrisé  à  An- 
tio(lie,on  riionnenr  de  la  religion  chrfitienno. 
11  eut  pour  com[)agnon  de  son  martyre  saint 
Tliéodose.  L'Eglise  fait  collectivement  leur 
fête  le  7  déc(>mbre. 

POLYCfcTE  (saint).  On  prétend  qu'il  souf- 
frit eu  Espagne  sons  Néron,  dans  un  lieu 
voisin  de  Saragosse,  nommé  Caraves.  liaro- 
nius  en  dit  plusieurs  choses,  mais  qui  ne 
reposent  sur  rien  qui  mérite  une  attention 
sérieuse.  On  fait  la  fête  de  saint  Polycète  le 
15  février. 

POLYÈNE  (saint),  souffrit  le  martyre  à 
Rome,  durant  la  cruelle  persécution  que  l'em- 
pereur Dioclétien  tit  subir  aux  disciples  du 
Christ.  11  eut  pour  compagnons  de  son  glo- 
rieux combat  les  saints  Hei  nias  et  Séra[»ion. 
Ces  valeureux  combattants  delà  foi  ayant  été 
Iraiués  par  des  lieux  étroits,  pleins  de  pier- 
l'es  et  raboteux,  expirèrent  au  milieu  des 
douleurs.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  18 
août. 

POLYÈNE  (saint),  sur  l'indication  des 
martyrologes  lati  ts  et  grecs,  a  soutfort  le 
martyre  avec  saint  Menandre  et  saint  Acace, 
en  môme  temps  que  saint  Patrice,  à  Pruse 
en  Bithynie.  Les  détails  manquent  sur  sou 
martyre.  Comme  celle  de  saint  Patrice,  sa 
fête  est  célébrée  par  l'Eglise  le  28  avril.  Son 
mai'tyre  eut  lieu  dans  le  m'  siècle,  sous  le 
règne  de  Dioclétien. 

POLYEUCTE  (saint),  martyr,  est   inscrit 


lin  Martyrologe  romain  le  vinul  el  nnièiim 
Jdiir  de  mai.  Les  cnmp.i^imiis  de  son  mar- 
lyi(f  sdiil  \  icl(Mins  .1  l)oi  al.  Leur  coinbat 
(•ni  lii  II  i\  ('.'''M/irée  on  Capoad  ce.  L'ICgdHO 
fait  colleiliveimml  la  r(Mc  (le  ces  trois  (glo- 
rieux mail  VIS. 

POLVKliCTI':  (sailli),  inarlvr.'i  MélUène  on 
Mélililie,  sons  le  lè-iie  de  l'empeiciir  Dèce, 
servait  dans  les  Ironites  romaines.  Sa  reiiimu 
Panliie  était  tille  (l'un  nommé  K('liK.  Po- 
lyeiKie  ('•lait  riche,  el  on  dit  qu'il  avait  des 
«mis.Oncile,coiinn<!  en  élanl  un  Ires-dévoué, 
Néanpie,  ipii  exer(;ail  aussi  le  méli(;r  des 
armes.  Ce  Néanpie  était  chn'ticM  ;  (juaiit  a 
Pidyencte,  il  éla  l  l'eiv(!iil  adoraliMir  des  ido- 
les. 0  land  arriva  la  persécution  de  Dèce, 
N(''ar(pie prévoyant  (pi'il  pourrait  bien  se  faire 
(in'il  doini.'^t  sa  vie  pour  la  foi,  mais  désoli'; 
(le  penser  (pi'il  allail  (piilter  un  ami  qu'il 
aimait  teiidreiiKMit,  (d  le  quitter  sans  l'avoir 
aiiKMié  à  la  coiriaissance  d(!  la  vérité,  s'en 
vint  en  pleurant  lui  dire  (pi'il  l'allailse  résou- 
dre à  se  (piitter,  et  à  voir  Unir  leur  amitié 
pai-  la  mort  ipi'il  es|n''rail  bieiiU'd  subir 
(•omine  chrétii'ii.  Mais  Polycncte,  qui  avait 
(h^jà  en  souvenl  des  (jntreticms  sur  la  religion 
avec  son  ami,  lui  dit  (pi'il  était  bien  plus  près 
(jn'il  ne  l(\  |)ensail  d'embrasser  la  foi  chré- 
tienne. Il  lui  raconta  qu'il  avait  eu  une  vision 
dans  la(iuell  •  il  avait  parfaitement  vu  Jésus- 
Christ,  ([ui  le  dépouillait  (i'un(!  robe  fort  salo 
qu'il  avait  portée  jusipi'alors ,  pour  lui  en 
donner  une  nia;:,nilique.  Cette  vision  était  si- 
gniticative  :  Polyeucie  se  convertit  et  en  vint 
à  ce  point  de  ferveur  (ju'il  désirait  le  mar- 
tyre avec  autant  d'ardeur  que  Néarque  lui- 
même.  Tons  deux  se  promirent  deux  choses  : 
de  n'oublier  jamais  leur  mutuelle  amitié,  et 
de  ne  jamais  oubher  non  plus  l'obéissance 
qu'ils  devaient  à  Dieu. 

Polyeucie,  à  {)arlir  de  ce  moment,  déclara 
j)ubli(^ueinent  qu'il  était  chrétien,  et  lom- 
mença  même  à  se  moquer  de  l'idolâtrie.  On 
le  fit  arrêter  et  tourmenter  de  la  façon  la 
plus  cruelle.  Les  bourreaux  se  lassèrent  de; 
le  faire  souffrir,  sans  pouvoir  l'amener  à  re- 
noncer à  sa  foi.  Sa  femme,  accourue  au  heu 
du  supplice,  fit  tous  ses  efforts,  par  ses  lar- 
mes, par  ses  cris,  par  ses  supi)lications,  pour 
le  détourner  de  son  dessein.  Son  beau-père 
y  vint  aussi,  tâchant  de  le  [jiendre  taiitôt  par 
ses  raisonnements,  tanlùt  en  lui  enjoignant 
d'obéir  à  l'autorité  naturelle  qu'il  avait  sur 
lui.  Rien  ne  put  vaincre  ce  saint  martyT.  Il 
fit  même  tout  ce  qui  était  en  lui  pour  exciter 
sa  femme  à  suivre  son  exemple.  Les  juges 
irrités  le  condamnèrent  à  mort,  il  y  marcha 
avec  joie,  encourageant  les  fidèles  qui  se 
trouvaient  présen'.s.  Beaucoup  d'iuiidèl.  s  se 
convertirent ,  subjugués  par  son  exerjple. 
Ayant  aperçu  Néarque,  il  lui  dit  adieu, 
l'exhorta  à  suivre  son  exemple,  en  se  souve- 
nant de  la  promesse  qu'ils  s'étai  ut  ftite. 
Entin  il  fut  mis  à  mort,  il  périt  par  le  glaive. 
Métaphraste  afiirme  qu'il  n'y  eut  que  quatiM; 
jours  entre  sa  conversion  et  sa  mort.  L'E- 
glise vénère  sa  mémoire  le  13  février. 

POMPÉE  (saint).  Ce  fut  à  Durazzo,  ville 
d'Albanie,    maiulenani    dans     la    Turquie 


75*) 


POM 


PON 


760 


(rEuropoiRoumL'lie\que  co  saint  oullo  bnn- 
lunir  <1''  «loniior  sa  vie  pour  la  foi.  11  fut 
iuaiivris«5  sous  l'tMiipiri'  tic  Trnjan,  aver  les 
saints  Lucien,  Pt^réi^rin,  Hésychius,  Papias, 
Saturnins  et  dermain.  L'histoire  est  muette 
sur  ce  qui  concerne  le  df^tail  des  combats  et 
de  la  mort  de  tous  ces  saints,  dont  l'Eglise 
lionorc  la  m<^moiro  le  7  juillet. 

POMPÉK  saint  ,  martyr,  souffrit  pour  la 
foi  chrétienne  en  Afrique,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dèce  et  sous  lo  pouvornement 
du  proconsul  Forlu'ialicn,  en  l'an  de  Jésus- 
Christ  250.  Il  eut  pour  com[>agnons  de  so-i 
martvre  saint  Africain,  saint  Térence,  et 
plusieurs  autres  que  l'histoire  ne  noumie 
pas.  Les  Actes  de  ces  saints  ne  sont  pas  suf- 
fisamment authentiques.  Les  Grecs  et  les 
Russes  les  ont  en  profonde  vénération.  Ils 
ftirent  d'abord  battus  de  verges,  mis  h  la 
torture,  jMiis  tourmentés  de  diverses  autres 
fa(;on5,  et  enfin  décaitités.  Le  lecteur  Théo- 
dore, qui  vivait  au  commencement  du  vr 
siècle,  rapporte  (|ue  leurs  roliiiues  fu|'ent 
placées,  jiar  ordre  de  Tln'Odose  le  Cîrand, 
dans  l'église  de  Sainte-Luphémie,  en  un 
quartier  de  Constantinople  ap|)ellé  la  Pierre. 
Ces  saints  sont  inscrits  au  Martyrologe  ro- 
maia  sous  la  date  du  10  avril,  ainsi  qu'ils 
le  sont  aux  menées  des  Cirecs.  Le  Martyro- 
loge de  Grégoire  XllI  le  met  par  erreur  au 
10  mars.  (C'est  une  faute  de  copiste.) 

PO.MPÉIAN,  procureur  de  rem|)ereur  k 
Thébeste  en  Numidie,  requit  devant  le  pro- 
consul Dion  l'enrôlement  de  saint  Maximi- 
lien,  ([ue  les  commissaires  des  guerres  \'ic- 
lor  Fabius  et  A'alérien  avaient  amené  (le- 
vant son  tribunal.  Maximilien,  se  refusant  à 
èlre  enrôlé  parce  que,  disait-il,  il  élait  chré- 
tien, fut  condamné  à  mort  par  Dion,  et  exé- 
cuté. (Voy.  les  Actes  de  saint  Mv\imii.ii;>  à 
son  article.; 

POMPÊIE  (sainte),  martyre,  fut  mise  à 
mort  à  Lyon  en  177  sous  le  règne  de  l'em- 
{)ereur  Anfonin  Marc-Aurèle.  Les  persécu- 
teurs la  condaunièrent  à  être  décapitée  au 
Jieudt*  l'exposeraux  botes,  parce  (ju'elle  était 
citoyenne  roniaine.  L'Eglise  fait  la  fètede  tous 
les  saints  martyrs  de  Lyon,  compagnons  de 
saint  Polhin,  éYè([ue,  morts  en  177,  le  -2  juin. 
P0Mp1^:1E  sainte',  e\it  la  gloire  de  tlon- 
ner  sa  vie  |»our  la  foi  chrétieiuie  en  177  dans 
la  ville  de  Lyon,  sous  le  règne  de  l'empe- 
reur .\ntot)in  .Marc-.\urèle.  (^mnne  saint 
polhin  et  beaucoup  d'auties,  elle  n'eut  pas 
la  force  de  suftporter  jusfpi'à  la  fin  les  tour- 
ments cpie  lui  tireiit  endurer  les  païens.  Elle 
mourut  en  prison.  Dieu  voulant  ménager  .>a 
faiblesse,  et  l'abritant  dans  le  sein  de  son 
éternité  contre  In  rage  des  persécuteurs. 
L'Eglise  célèbre  sa  fêle  et  celle  de  tous  ses 
fomj»agnons  le  2  juin. 

POMI'f;! POLIS,  ville  de  Cilicie,  a  été  té- 
moin (lu  m.utvre  de  saint  So/.ont,  (pii  fut 
jeté  flans  ji's  tlammes  sous  le  règne  de 
l'empi  rtiir  Maximien. 

POMPOME  (sainte),  fut  au  noiiibre  des 
quarante-huit  martyrs  avec  sauil  Silurnin 
en  Afrirpie,  sous  le  proconsul  Anulm,  en 
l'an  Ue  Jésus-Christ  30o,  sous    1(>  rèyne  et 


durant  la  persécution  si  terrible  que  lin- 
filme  Dioclétien  suscita  contre  l'Eglise  du 
Seigneur.  (Vojf.  saint  SAXiRxn.)  L  Eglise 
fait  la  fête  de  tous  ces  saints  le  11  féNrier. 

POMPOSE  (sainte\  martyre,  était  reli- 
gieuse de  Pégna-Mellar.  Ce  monastère  était 
dédié  au  Saint-Sauveur,  et  situé  au  pied  d'une 
roche  où  des  abeilles  s'étaient  logées,  ce 
qui  lui  donna  ce  nom,  (}ui  signifie  roche  do 
miel.Pompose  s'y  était  retirée  avec  son  père, 
sa  mère  et  toute  sa  funille,  et  était  [parvenue 
à  une  grande  perfection.  Ayant  appris  un 
jour  le  martyre  <le  sainte  Colombe,  comme 
elle  soupirait  depuis  longtemps  après  cette 
grAce,  elle  sortit  du  monastère  la  nuit  sui- 
vante, vint  à  Cordoue,  se  présenta  le  matin 
au  cadi  et  eut  la  tète  trancnée  le  19  septem- 
bre. Son  corps,  jeté  dans  le  fleuve,  fut  retiré 
et  enterré  à  Sainte-Eulalie  avec  celui  de 
sainte  Colombe.  L'Eglise  honore  ces  deux 
saint  s  c  acune  à  leur  jour,  Pom[)Osc  le 
19  septembre,  Colomb;»  le  17  septembre. 

PONCE  (ile).  Ponces  ou  Ponza,  nom  de 
six  îlots  situes  dans  la  mer  T.virhénienne, 
non  loin  du  cap  de  Circé  et  près  de  Panda- 
taiie.  Comme  cette  dernière  ile,  les  îles 
Ponces  étaient  un  lieu  d'exil  du  temps  des 
Romains.  Sainte  (FJavie)  Domitiile,  nièce  du 
consul  Clément,  martvre,  et  que  L'Eglise 
honore  aussi  comme  vierge,  y  fut  exilée  par 
Domitien;  elle  y  resta  fort  longtemps;  peut- 
être  y  mourut-elle.  Trois  cents  ans  après, 
sainte  Paule,  se  rendant  h  Jérusalem,  y  passa 
et  vit  les  i)etites  cellules  dans  lesquilles 
avait  vécu  la  sainte.  Il  est  probable  que  lo 
lieu  précis  de  l'exil  de  sainte  Domitiile  fut 
Ponza,  la  principale  d-es  îles  Ponces. 

PONS  ou  Po>cE  (saint),  martyr,  souffrit  à 
Ciinèle  dans  les  Alpes,  vers  l'an  258,  sous 
l'empi  e  et  durant  la  persécuiion  de  Valé- 
rien.  Depuis,  cette  ville  fut  détruite  par  les 
Lond)ards,  et  aujourilliui  il  uo  reste  plus  do 
cette  ville  que  la  célèbre  abba.ve  de  Saint- 
Pons-tles-Cimiés.  Ses  reliques  avaient  été 
tians[)ortées  au  cimetière  de  Tiunières  en 
Languedoc.  Le  pape  Jean  XXll  y  érigea  un 
siège  épiscopal  sous  la  oéu'  minalion  do 
Saint-Pons  dt>  Tomières.  L'Eglise  célèbre  (a 
fête  di>  ce  saint  le  IV  mai. 

PONTE-CORVO,  ville  de  l'Etat  crclésias 
tique,  est  célèbre   par  les  souffrances  qu'y 
endura  le  |irêlre  Grimoald,  en  Ihonneur  de 
la  religion  chr^-tienne. 

PON  riCUS  (saint),  martyr,  jeune  enfant 
de  (piin/e  ans,  fut  le  compagnon  de  sainte 
Rlaiiiline  la  dernière  fois  quelle  parut  û;\n> 
l'amphilhé.'Ure,  par  ordre  (lu  gouverneur  de 
la  province  ipii  comman  ail  h  L\on.  et  <pii, 
durant  la  persécution  de  l'empereur  Marc- 
Aurèle,  lit  périr  tant  de  chrétiens  dans  celte 
ville.  Déjh  cejeun<>  ht''r(>s  de  l,i  foi  avait  as- 
.sisié  aux  combats  .soutenus  par  les  autres 
martyrs.  On  espérait  ainsi  l'amener,  par  la 
terrtMir  .\  renier  Jésus-Christ  :  mais  il  avait 
été  inébranlable.  C'est  ce  qui  lit  entrer  lo 
peuple  en  une  extrême  fureur  contre  lui  ; 
ce  ipii  fit  qu'on  le  lourmenta  avec  une  fureur 
inouïe.  A  chaque  fois  (pion  lo  faisait  chau- 


7<JI 


l'<ii 


i'OH 


7Ci 


(j,(M'  ilr  sii|i|)li('i>,  on  voiiliiil  lornnli-aiii(lri>  Ji 
{il)itii-(>i';  iiiJiis  Itlamliiid  Ih  suiilnuiil  do  sos 
('(iiisrils.  lùiliii  l<>  sditil  («nrjnil  iciidil  son 
!\\nr  h  Dirii  nu  milieu  des  loihiirs.  Moiiiir 
à  (|iiin/.{>  ans  pour  inoiilci'  au  ciel,  c't'st  s'en 
alli'i-al)i'il(^i  son  lionlit'iM'  sous  l'ailodc  Dieu, 
sans  r.ivoir  comiiiniiiis  ici-has;  (^'csl  ('-rlian- 
i;or  sa  couronne  d'innocenciMMfr/o^'V  d'illu- 
sions ronlre  la  couronne  d(>  l'élernilc". 

l'ON'ril'-iN  (saint!,  Cul  marlvrisé  A  Spolèle, 
sous  le  rè^ne  dis  l'empereur  Marc-Anrèle, 
par  ordre  du  gouverneur  Toi-ipialtis.  Il  l'ut, 
{li\'\s  sa  prison,  \o.  couipa;^non  de  caplivih'i 
dcsaini  riOnc.ordt».  Ses  Actes  ne  sont  pas  as- 
sez bons  p(UM'  faire  aniorité.  Ses  reli(pu's 
S(  ni,  u->(>  partie  tians  r('';j,lise  de  son  nom, 
dans  l'un  des  l'auhoin-^s  do  Spolèle,  le. 
r(>slt>  ?»  lUreclil,  où  1  ('•vtVpic  Haudri  les  ap- 
porta en  l'an  '.XIH.  l/l<]L;lise  l'ail  la  l'(Mo  do 
saint  l'ont  ion  lo  IV  janvi(M-. 

PONTII-IN  fsaint),  recul  la  palmt>  dos  glo- 
rieux coud)attants  de  la  foi  à  Home,  avec  les 
saints  Ivisùbo,  Vincent  ol  l*(^r<''^rin.  Ce  l'ut 
sous  rempiM'enr  Conunnd  •  (pi'ils  endurèrent 
siu'tH'SsivcMuent  los  tourments  du  chevalet, 
dos  entraves,  dos  coups  do  bAtoii  :  ensuite, 
après  avoir  ou  l(>s  côtés  bri'ilés,  conuno  ils 
ni;  ('ossaiont  [loint  do  louer  Jôsus-Cdirist,  on 
los  frappa  avec  dos  fouets  garnis  do  plomb,  jus- 
(pi'h  c(>(iu'ils  rendissent  l'osirit.  L'Kglisofait 
la  loto  de  ces  glorieux  combalta'ilsle25  aoi1t. 

PONTIEN  (saint)  pai)o  et  martyr,  était 
Romain  d'origine,  lilsd'un  nonuné  Calpurno. 
11  succéda  au  pape  Urbain  on  l'an  230,  et 
gouverna  cinq  ans  deux  mois  et  sent  jours. 
11  fut  élu  pape  le  22  juillet,  et  saint  Anière 
lui  succéda  le  28  septembre  23o.  L"om[)e- 
reur  Alexandre  ayant  été  assassiné,  elle  bar- 
bare Maximin  s'ètant  revêtu  de  la  pourpre, 
une  violente  persécution  fut  allumée  contre 
les  chrétiens.  Maximin,  comme  on  le  peut 
voir  cl  son  article,  avait  rendu  un  édit  dans 
lequel  il  ordonnait  qu'on  mît  à  mort  tous  les 
prêtres.  Une  des  premières  et  glorieuses  vic- 
times de  cette  persécution,  fut  saint  Ponlien, 
qui  fut  d'aboi'd  relégué  en  Sardaigne  avec 
un  prêtre  nommé  Hippolyte.  Suivant  cer- 
tains auteurs,  et  notaunuont  le  Martyrologe 
romain,  saint  Pontieu  fut  assommé  dans 
cette  île  à  coups  de  bAton,  après  y  avoir  en- 
duré beaucoup  de  misères.  Suivant  une  au- 
tre version,  ce  fut  l'air  extrêmement  malsain 
de  celte  île  qui  agit  sur  la  sanjé  déjà  déla- 
brée du  saint  vicaire  de  Jésus-Christ,  et  le 
lit  mourir  dans  l'année  môme  de  son  exil. 
L'Eglis;-  fait  sa  fête  le  19  novembre,  jour 
auquel  quelques-uns   croient  qu'il  mourut. 

PONTIEN  (saint),  martyr,  répandit  son 
sang  pour  la  foi  avec  les  saints  Etienne,  At- 
tide,  Fabien,  Corneille,  Sexte,  Florus,  Quin- 
tici!,  Minervien  et  Simplicien.  On  ignore  lo 
lieu,  la  date  et  les  circonstances  de  leur  mar- 
tyre. L'Eglise  célèbre  leur  fête  le  31  dé- 
cembre. 

POPULONIA,  en  Toscane,  a  été  témoin  du 
martyre  glorieux  de  saint  Rieul,  qui  soulfrit 
sous  Totila. 

POHCAIRE  (saint),  abbé  de  Lérins  et  ses 
compagnons,  martyrs,  moururent  pour  la  foi 


vers  l'ail  731.  Noire  s/iint /ivait  niériii-  par 
.ses  gr/uides  vertus  d'élrr;  pronni  au  Koiiver- 
riemeiil  de  \i\  l'anieu>-(;  abbaye  de  Ui-rins.  I.ei 
Sarrasins  asanl  l'ail  une  niuplion,  eu  7.'il, 
dans  l'ilc  où  le  iiionaslère  de  Porcaire  était 
silui',  celui-ci  lit  embarquer  pour  l'ilalie  les 
plus  jeunes  de  ses  religieux,  au  Jinndue  d<; 
lrenl(!-six,  et  excita  le  reste  de  m  cunuiiii- 
?iaul('"  .'i  soull'rir  coinvigeusemenl  la  mort 
pour  Jésus-(;iirist.  Ils  furent  loirs  massacrés 
en  ellel,  au  ninubro  de  cinq  cents.  I.a  fête  do 
sain!  Porcaiiv!  s(!  célèbre  à  ij'rins  le  12  ar)ùl. 

1M)III'|||KE  (saint),  fut  martyrisé  à  Kpbèsu 
sous  lo  règiK!  de  l'ompcireur  Aurélien.  Son 
nom  <'st  inscrit  au  Marlyndoge  romain  lo 
•'i   novembre. 

P()UI'IIYUE(saint),  mart.>r,  fut  mis  <'i  mort 
en  r.iii  do  .l(''sus-Clirist  3()'.>,  sous  lo  gouver- 
neur l''irmilien,  à  CesaiM-e  (h;  Palestine.  Il 
était  domesti(pio  de  saint  Pamphyle.  Ivi  en- 
tendant prononcer  la  sotiteni  e  qui  condaiii- 
naitsoii  m.iilro  et  |tlusieui's  autres  cliic'tioMS 
h  mort,  il  sortit  do  la  foule,  et  vint  avec  (-ou- 
i-age  demander  au  gouverneur  (pi'il  lui  fût 
an  moins  pei'Uiis  de  rendre  les  derniers  de- 
voirs aux  martyrs.  Ce  courage  sembla  à 
Firmilien  une  audace  coiq)ablo.  Il  lit  arrê- 
ter Poi'phyre,  ([ui  cuit  ainsi  l'occasion  do 
confesseï'  Je  clu'istianisme.  Furieux,  le  gou- 
verneur le  livra  aux  bouri'oaux,  qui  épuisè- 
rent sur  lui  la  barbarie  de  leurs  tortures  lt;s 
plus  atroces.  Ses  os  et  ses  entrailles  furent 
dénudés  par  les  ongles  de  fer.  Il  respirait  à 
peine,  (piand  Firmilien,  pour  augmenter 
encore  l'horreur  de  sa  mort,  le  lit  jeter  dans 
un  brasier  anlenl,  où  il  rendit  l'Ame  pour 
Jésus-Christ.  La  mémoire  de  saint  Porphyro 
est  honorée  par  l'F^glise  le  1"'  juin  (Uoy. 
Eusèbe,  de  Mart.  Pairs  t.). 

POUPHYUE  fsaint),  martyr,  était  comé- 
dien. Un  jour,  uans  une  pièce  qu'il  jouait 
sur  la  scène,  se  faisant  ba[)tiser  |)ar  dérision 
en  présence  de  Julien  l'Apostat,  il  fut  tout  à 
coup  changé,  par  un  miracle  de  la  puissance 
de  Dieu,  déclaia  c^u'il  était  chrétien,  et  h 
l'heure  même,  l'emooreur  lui  ayant  fait  cou- 
per la  tête,  il  fut  ainsi  honoré  de  la  cou- 
ronne du  martyre.  L'Eglise  fait  sa  mémoire 
le  15  septembre. 

PORPHYRE  (saint),  évêque  de  Gaza  et 
confesseur,  naquit  à  'rhcssalonique  vers  l'an 
352  ou  353,  d'une  famille  considérable.  A 
l'Age  le  vingt-cinq  ans,  le  désir  de  gagner 
le  ciel  le  porta  à  se  retirer  dans  le  célèbre 
désert  de  Scété  en  Egypte.  4près  y  avoir 
passé  cinq  ans,  il  se  relira  dans  u-ie  caverne 
aux  environs  du  Jourdain,  où  il  passa  encore 
cinq  autres  années.  La  maladie  l'ayant  forcé 
de  se  retirer  à  Jérusalem,  il  fut  guéri  mira- 
culeusement, el  alors  partagea  aux  pauvres 
la  part  de  bien  qui  lui  revenait,  et  qui 
montait  à  4,500  pièces  d'or.  Sa  nourriture 
consistait  en  du  pain  bis  el  quelques  herbes, 
avec  un  peu  de  vin,  parce  qu'il  était  fort  in- 
commodé des  entrailles.  Les  jours  de  fête  il 
renaît  de  l'huile,  du  fromage  et  quelques 
égumes.  Ces  jours-là,  il  mangeait  à  midi, 
au  lieu  que  dans  les  autres  il  attendait  que 
le  soleil  fût  couché.  Voilà  la  règle  qu'il  pra- 


r. 


If,"  POR 

tiquait  .ilors,  et  qu'il  continua  tout  le  reste 
do  sarif. 

Si  rf'piilntinii  ne  sainteté  s'ét.int  bientôt 
n'panduo  par  toute  la  ville,  Jean,  (-vi^que  de 
Jérusalem,  l'ordonna  priMre  malgré  lui  ;  et, 
après  avoir  exercé  les  saintes  fonetions  du 
sacerdoce  pendant  trois  ans,  il  fut  mis  sur  le 
siège  de  Gaza  par  Jean,  archevtVjue  de  Cé- 
sarée  en  Palestine.  Il  fut  fait  évéqui*  au 
mois  de  mars  ou  d'avril  de  l'année  3U5.  .Mid- 
gré  les  lois  de  Tliéodose,  qui  défendaient 
tout  exercice  (\o  l'iilolAtrir  et  ordounaicnf  de 
fermer  ou  d'abattre  b's  teniplus,  les  idolâ- 
tres de  (iaza  avaient  défendu  les  leurs  et 
pratiquaient  toujours  leurs  su|)ersiitions 
impies.  Quand  saint  Por|)liyre  fut  élevé  sur 
le  siège  de  cette  ville,  les  idohUres  y  avaient 
encore  huit  temple'^,  un  entre  autres  dédié  à 
leur  grande  idole  Marnas.  La  même  année, 
une  grande  sécneresse  atîligea  le  pv'jys.  Les 
paens,  attribuant  ce  fléau  à  la  venue  de  no- 
tre saint  [lanni  eux,  firent  de  grandes  priè- 
res h  leur  Manias  (jui  fut  sourd  .^  leurs  sup- 
j^lications.  Porphyre,  de  son  ciMi*.  implorais 
secours  du  ciel,  et,  accompai;né  de  deux  cent 
quatre-vingt  fidèles,  il  sortit  de  la  ville  pour 
aller  prier  dans  l'église  de  Sainl-Timothée. 
Les  idolAtres,  profitantdeleur  M)rtie,  fermè- 
rent les  portes  de  la  ville;  ceux-ci,  ne  per- 
dant point  courage,  rcMloublentleui'ssuppîica- 
tions,  (pii  bientôt  sont  exaucées,  et  tme  nluie 
aboiidante  commence  h  tomber.  Emerveillés  à 
cespectacle,  les  adorateurs  de  Marnas  ouvri- 
rent les  j)ortes,  suivirent  les  chrétiens  à  l'é- 
glise pour  remercier  le  ciel,  et  soixante- 
seize  se  convertirent. 

Cependant  la  conversion  d'une  partie  des 
habitants  de  daza  endurcit  l'autre  encore 
davantage  dans  ses  superstitions.  Notre 
saint  endura  leurs  injures  avec  une  douceiu" 
j)arfaile.  Cei)rndant  il  crut  devoir  euïployer 
l'aulorilé  des  princes  pour  faire  cesser  leurs 
persécutions.  Il  dé|)uta  Marc  et  Barocas,  ses 
deuxdisciples,  à  Consia  ilino|)K'.  Hient<'ii,im 
olllcier  nommé  Hiiaire  arriva  avec  main  forte, 
afin  de  faire  fermer  les  temples  de  (Iaza, 
après  en  avoir  brisé  les  st;\tues.  Néanmoins 
ayant  été  gagné  par  une  grande  somme  d'ar- 
gent, il  ne  lit  point  i  xécuter  le  princi[ial  ar- 
ticle, et  laissa  l'idole  de  Marnas  sans  la  Iti  i- 
ser.  Saint  Por|)liyr((  eut  la  consolation  de 
voir  encore  soixante-(piatre  id<dàtres  secon- 
vertir  à  la  fui  d»-  Je>us-t'.hri>it,  n\ais  sa  joie 
fut  tempérée  par  les  persécutions  (pu^  les 
disciples  de  Marnas  ne  cessaient  de  susciter 
aux  chictiens.  Il  alla  donc  trouver  son  mé- 
trfq)olilain,  Jean  de  Césarée,  afin  qu'il  le 
déi  liargeAt  de  soti  épiscopal  :  mais  relui-ci, 
l'ayant  consolr'*  de  sf>r»  .ililielion,  j>arlit  avec 
lui  dans  l'année  SOO,  afin  d'aller  a  Constan- 
linnpje  demander  la  dt'-nudilion  des  templ 's 
de  (Iaza.  Ils  arrivèretU  à  Couslaulinople.  et 
protég's  par  l'Mnpératrice  Kudoxie,  h  qui 
.saint  (".lirysostome  I  s  avait  recominatub's. 
ils  obtinrent  d'Arcade  tout  ce  qu'ils  dési- 
raient. Cynége,  conseiller  d'Ktal.  choisi  ex- 
près romme  un  fiomm  •  île  pieté  1 1  plein  dn 
zèle,  avait  (Ml  la  tomiinsMrjn  «le  venii' ilt'nuo- 
lir  les  tf>m])les  de  Gaza  et  mémo  de  les  brûler. 


POR 


lU 


Il  arriva  dix  jours  après  le  saint,  accompagné 
du  gouverneur,  du  général  des  troupes  et  de 
beaucoup  de  soldats,  l'n  grand  nombre  de 
païens,  surtout  des  riches,  s'étaient  retirés, 
et  Cynége  fit  marquer  leurs  maisons  proba- 
blement pour  les  confisquer.  Le  lendemain, 
il  fil  lire  l'ordre  de  l'empereur  et  se  mit  en 
devoir  de  l'oxécutor.  On  voulut  commencer 
par  le  temple  de  Marnas,  mais  (» n  le  trouva 
si  bien  barricadé  en  dedans,  (pi'il  fallut  lo 
laisser  là  et  aller  aux  autres  où  on  mit  le  feu, 
aftrès  que  les  étrangers  et  les  soldats  les  eu- 
rent pillés,  car  aucun  des  chrétiens  de  la  ville 
n'y  toucha,  saint  Porphyre  lavant  défendu 
.sous  peine  d'.inathème,  et  il  allait  lui- 
môme  partout  avec  les  plus  pieux  des  ecclé- 
siastiques et  des  laïques,  afin  d'empêcher 
qu'on  ne  violAt  cette  défense. 

Cette  démolition    des   temples    dura  dix 
jours,  après  ((uoi  ondélibéra  sur  celui  de  Mar- 
nas qui  restait  encore;  et  comme  on  dou- 
tait s'il  le  fallait  brûler  ou   le  purifier  pour 
en  faire  une  église,  saint  Porphyre  ordonna 
(\cs  prières  et  unjeOne  pour  supplier  Ditm 
de  faire  connaître  sa  volonté.  Lors  donc  (pi'a- 
près  avoir  jeûné  et  prié  on  offrait  le  soir  le 
saint  sacrilice,  un  enfant  de  sept  ans  s'écria, 
au  nom  de  Jésus-Christ,  qu'il  fallait  brûler 
le  temple  jusqu'aux  fondements,  à    cause 
dos  crimes  (pii  s'y  étaient  commis  et  qu'on 
y  avait  crucifié  des  hommes.   Il   marqua  ce 
qu'il    fallait  faire  pour  le  brûler   et  ajouta 
(ju'on  bAtirait  ensuite  une  église  sur  la  mê- 
me place.  Le  saint  voulut  savoir  si  c'était  sa 
mère  qui  l'avait  fait  parler  de  la  sorte.  Elle 
[)rotesla  avec  serment  que  jamais  elle  n'en 
avait  eu  la  moindre    j)ensée  :  et    l'enfant, 
comme  on  l'uiterrogeait  sur  la  mémo  chose, 
répi'la  en  grec  tout  ce  (pi'il  avait  dit  aupara- 
vant en  syriaipn-,  qiioiipie  ni  lui  ni  sa  mère 
ne  sussent  [tas  du  tout  le  grec.  Dès  le  len- 
demain, on  fit  ce  «pie  l'enfant  avait  dit  et  en 
peu  de  temps  le  temple  fut  réduit  en  cendres. 
V(MS  l'année  VOl.  On  songea  aussitôt  à  bAtir 
l'Eglise,  «'t  comme  on  délibérait  de  la  forme 
qu'on  lui  devait  donner,  on  reçut  une  lettre 
d  lùnioxie   (pii  en  envoyait    un  dessin  faii 
en  forme  de  croix.  On  travailla  à  ôter  les 
cendres   et  les  démolitions,  et  comme  on  y 
trouva  <lans  un  lieu  secret   des  marbres  que 
les  païens  estimaient  sacrés,  saint  Porph\re 
en  lit  paver  la  place  publique  (]ui  était  devant 
l'Eglise,   ce. qui  fut  plus  sensible  aux  ido- 
lAtres (pie  reml)rasement  <le  leur  temple.  ',o 
lieu  (''laiil  nettoyé,  le  saint  ordonna  un  jeûne, 
et  après  la   tîn  des  prières  du  matin,  tout  le 
peuple  «pii   était  assemblé  dans   ré'glise  de 
Sainle-Irène.  avec"   quantité    dinsirumenis 
pour  creusrr  la  terre,  en  partit  tni  procession, 
]>recédé  par  la  croix  «luo  le  diacre  Baroeas 
)V)rlait.(>l  suivi  de  Porplivro  (pli  tenait  le  saint 
Evangile,  tnivironn»^  de  tout  son  clergé.  Les 
soldats  ((u'il  avait  retenus  pour  omj)ècher  les 
indolences  despauMis.  etai(nit  rangés  décote 
et  d'antre,  et  le  peuple  an  milieu  chantait  le 
Yrnite,  exfullnnns  ftominn.  On  arriva  ainsi 
h  la  place  du  l(>niple  (|(>  >Lirnas,  où  un  archi- 
tecte nommi'  Hulin.  homme  deliien  et  habde, 
tr«(;a  les  endroits  mù  les  fondations  devaient 


*7fl:; 


T'OH 


l'OT 


7.4 


('[ro  crciisi^os.  On  mil  rin(|  nus  h  l»;Uir  ccllo 
(''i4;li.S(i  ol  (Ml  lui  (liHiii/i  Ip  uoin  iVlliidoxirtinr, 
\uurv    (|uo    (-'(Mail    riiii|>r'nilricn    ijiii    jivnil 

Iniir-ii  .^  l«  (hV''""^^'- 

l*('ii(l;»iil<|in>  l'on  h.Uissail  celle  é^liso,  no- 
ire siiinl  oui  h  ('(Hiili.illre  une  uiaiiirlK-eiino 
nniuint^e  Jiili»'.  Il  la  léliila  (  um|ilci('iiieMl  : 
mais  collo-ci  noso  rondanl  pninl  eucorcî  h  la 
véiili',  l'oiplivre  lui  diM  Lira  (|ue  le  Dieu 
((u'elio  blasplu^iuail  allail  lui  IViumm'  la  hnu- 
i-lio.  An  nuMno  moinenl,  elle  se  Iroiiva  sans 
parole,  \v  visat^e  loul  clian.^ié  et  pleine  d'un 
IroinhUMuenl  ((uwulsir.  Kilo  ex|»iia  en  cet 
(Hal  an  boni  do  (|neltiiu>  lenips,niais  le  saint 
vonlnl  cependant  ipi  on  l'entLMi'Al  ;  son  snp- 
i)lic(!  convoilil  plusieuis  païens.  C-ependaiil 
ta  ;;,loiro  et  raccroissenu-nl  de  l'K^liso  irri- 
taienl  do  [ilus  on  plus  les  inlidèles.  Ils  liiè- 
rent  sopl  chrétiens  dans  unodis[iulo  ol  cou- 
rurent ensuite  h  la  maison  épisco|)alo  |)onr 
y  massacrer  notre  saint.  l\)rpli_\re  en  ayant 
été  averti,  se  leliiadans  une  maison  voisim', 
jjendanl  que  l'on  i^iillait  la  sienne.  Le  gou- 
vernenr  nommé  (.larus,  envoya  arrêter  les 
)lus  coupables,  les  lit  amener  à  Césarét>,  et 
)lnsieurs  furent  battus  avec  des  nerfs  de 
neuf.  Saint  Porphyre  vécut  encore  (luehpu'S 
aimées  ilepuis  la  séililion  dont  nous  venons 
de  parler,  et  continua  h  travailler  à  la  sanc- 
tilication  de  son  église.  Il  mourut  \v  20  fé- 
vrier il9  ou  ViO,  jonr  amiuel  l'Ei^liso  ho- 
nore sa  mémoire. 

POUPllYHK  ^saint),soniïrit  le  martyre  en 
Ombrie,  i)rt)vince  de  rancienno  Italie.  Nous 
n'avons  point  de  détails  authentiques  sur 
son  compte.  L'Eglise  fait  sa  fèti>  le  Y  mai. 

POlvrO,  ville  de  Toscane,  où  fut  martyrisé 
saint  Hyacinthe,  sous  rem|)ire  de-  Trajan  et 
parles  ordres  de  Léonce,  homme  consulaire 
qui  était  probablement  gouverîieur  ou  ma- 
gistrat dans  cette  partie  de  Filai ie. 

En  l'année  nH  ou  27i,  sous  le  règne  d'Au- 
rélien,  la  ville  de  Porto  vil  encore  le  mar- 
tyre de  saint  Eutrope,  et  des  saintes  Bonose 
et  Zosirae,  toutes  deux  sœurs.  Les  Actes  qui 
nous  restent  de  ces  saints  ne  sont  nullemeni 
authentiques. 

POSSIDE  (saint) ,  évêque  de  Calame  en 
Nuniidie  et  eonfessour,  fut  disciple  de  saint 
Augustin  dans  la  science  de  Dieu.  On  ignore 
ce  qu'il  était  dans  le  monde  et  le  lieu  de  sa 
naissance.  11  vécut  avec  lui  dans  une  douce 
familiarité  et  sans  aucune  dissension  fâ- 
cheuse durant  près  de  quai'ante  ans,  c'est- 
à-dire  autant  que  saint  Augustin  a  été  pi  être 
et  évêque,  depuis  391  jus(iu'en  k'SO.  Notre 
saint  fut  élevé  sur  le  siège  de  Calame  à  la 
mort  de  Mégale,  évêque  de  cette  ville  et 
primat  de  Numidie.  Ce  fut  en  4-Oi  qu'arriva 
la  grande  alfaire  qu'il  eut  avec  Crispin,  l'un 
des  plus  anciens  et  des  plus  célèbres  de  ia 
secte  des  donatisles,  oii  il  acquit  pour  la 
première  fois  le  titre  de  confesseur.  Il  con- 
vainquit cet  évoque  dans  une  conférence 
jjublique  à  Cartilage  ([ui  dura  trois  jours. 
11  fut  même  en  danger  d'être  brûlé.  11  ac- 
quit une  seconde  ibis  le  titre  de  confesseur 
dans  une  sédition  des  païens  de  Calame,  qui 
brûlèrent    l'église    et  cherchèrent    l'éveqne 


même  pour  le  lucr,  h  cause  du  «.oin  (pi  d 
avait  eu,  scloii  le  d('Voir  do  «n  (  har^e,  do 
procilicr  l'exiTiilidii  (les  lois  (je  l'eiripereiir. 
Li'S  \;iiid/d(s  r-lml  dépendus  en  AliKIin;  (!ll 
V-iH  ol  ayanl  |)ris  loules  les  vIMoh  (l'Alri(pH', 
Cal.une  fui  du  noiiinre.  Noire  saint  se  réfunia 
.')  Ilippone  (Ml  il  /issisia  h  la  mort  de  saint 
Augustin,  le  2Kaoût  V.'iO.  Nous  avons  lion  do 
croire  ipi'il  ac(piil  plus  lard  le  litre  de  con- 
l'i •^seu|•  piiiir  1,1  Iroisièiiie  lois,  en  (((iiiballanl 
pour  la  divinité  do  Jésns-lîlirisl.  En  ellel, 
la  Chroniipn"  de  saint  Piosper  porte,  dans 
r(''dilM)n  (lu  P.  Labbe,  ipic  Posside,  Ndval  et 
Severin  élai(Mil  les  plus  illuslres  d'entro 
les  évê(pies  (pie  (ieiiséiic  chassa,  eu  V.'n.  (I(J 
leurs  églises  el  de;  leurs  villes,  parce  ipiils 
avaient  trop  de  c.onslance  p((ur  céder  h  ses 
menaces  insoUvites  (>|  ipi'ils  l'empêi  haienl 
i\o  ruiner  la  foi  (^atholi(pie  (Uns  s(i>  lUals. 
L'Eglise  fait  sa  sainte  inémoir(;  le  17  mai. 

POTAMII*'  (sainte),  mutyic,  eut  la  gloire 
de  vciser  son  sang  pour  la  foi  ou  177,  dans 
la  ville  de  Lyon,  sous  h;  règne  de  l'empereur 
Antonin  Marc-Aurèle.  Elh;  dut  l\  sa  (lualité 
d(î  citoyenne  lomaine  de  n'être  pas  con- 
duite à  l'amphithéAtre,  pour  y  être  (exposée 
aux  bêles,  comme  le  furent  plusieurs  des 
com|iagnons  de  ses  combats.  L'Eglise  fait 
la  fête  des  saints  martyrs  de  Lyon  en  177, 
le  -2  juin. 

POTAMIE  (sainte),  martyre,  souffrit  le 
martyre  pour  la  foi  à  Thagore  en  Afrique, 
avec  les  saints  Jules,  Crispin,  Félix,  Grat 
el  sept  autres,  dont  les  noms  ne  sont  point 
parvenus  jusqu'à  nous.  Nous  ignorons  les 
circonstances  de  leur  martyre.  L'Eglise  vé- 
nère la  mémoire  de  ces  saints  coninalianls 
le  o  décembre. 

POTAMiENNE  (sainte),  vierge  et  martyre, 
mourut  pour  la  foi  à  Alexandrie,  sous  l'em- 
pire de  Septime  Sévère,  vers  l'an  210.  Nous 
donnerons  pour  l'histoire  de  cette  sainte 
deux  morceaux,  le  premier  d'Eusèbo,  le  se- 
cond de  Pallade,  qui  tous  deux  sont  extrê- 
mement précieux.  Citons  d'abord  Eusèbe  : 

«  On  compte  encore,  dit-il,  au  nombre  de 
ses  disciples  (d'Origène),  un  soldat  nommé 
Basilide,  celui-là  même  que  l'illustre  Pota- 
mienne  convertit,  lorsqu'il  la  conduisait  au 
supplice.  La  réputation  de  celte  admirable 
vierge  a  été  portée  bien  au  delà  de  l'Egypte, 
et  les  païens  n'ont  pas  eu  pour  sa  vertu 
moins  de  respect  que  les  chrétiens.  Et  cer- 
tes, le  désir  qu'elle  eut  toujours  de  se  con- 
server pure  l'obligea  de  donner  et  de 
soutenir  divers  combats  contre  ceux  qui 
attaquaient  sa  virginité.  Elle  n'eut  pas  moins 
à  soutfrir  pour  la  liéfense  de  sa  foi  que  pour 
celle  de  sa  chasteté.  Ainsi,  doublement  mar- 
tyre, elle  fut  consumée  par  le  feu  avec  sa 
mère  Marcelle,  après  avoir  enlurédes  tour- 
ments qu'on  ne  peut  rapporter  sans  frémir. 
Comme  on  la  menait  au  lieu  où  elle  devait 
être  brûlée,  un  [)euple  insolent  la  suivait, se 
jetait  sur  elle  et  lui  insultait,  en  lui  disant 
des  paroles  peu  honnêtes,  qui  blessaient 
l'incomparable  pureté  de  cette  vierge.  Basi- 
lide, qui  était  archer  et  qui  la  conduisait, 
repoussait  cette  populace  effrontée,  e.t  té- 


la 


TOT 


POT 


rt)8 


nioig'init  à  la  sainlo  (luil  l'-tait  sensiblement 
touché  de  l'état  où  il  la  voyait.  Elle  lui  inar- 
([ua  df  la  rcronnai'^sanre  de  ses  bons  senti- 
ments, et  l'exliorfait  à  l)ien  espérer  de  son 
salut,  l'assurant  qu'elle  obtiendrait  grAce 
pour  lui  auprès  de  Dieu  aussitôt  ([u'ejle  sé- 
rail arrivée  au  ciel,  et  ({n'il  recevrait  bientôt 
la  récompense  des  manières  honnêtes  et 
clinriialtles  ipi'il  avait  pour  elle.  A  peine  eut- 
elle  ai  hev»'  de  parler,  (lu'on  lui  versa  de  la 
poix  fondue  sur  tout  le  corps,  et  elle  linit 
ainsi  sa  vie  par  une  mort  lente  et  cruelle, 
mais  avec  une  coti>t.ince  digne  d'ime  éter- 
nelle mérjioire.  Or  il  arriva,  quehjues  jours 
après. que  les  compa,!:;nnns  de  Kasiiide  l'ayant 
voulu  obliger  de  f;iire  un  serment ,  il  leur 
dit  qu'il  ne  lui  était  pas  permis,  parce  qu'il 
était  chrétien,  et  qu'il  en  faisait  une  décla- 
ration publique  ;  ils  crurent  •  d'abord  «piil 
raillait;  mais  lorsqu'ils  lo  virent  [lersister 
sérieusement  dans  sa  confession  de  foi;  ils 
le  menèrent  devant  le  juge,  qui,  n'ayant  pu 
le  faire  changer  de  sentiments,  le  fil  conduire 
en  [irison.  Les  fidèles  le  vinrent  trouver  aus- 
sitôt, et  lui  demandèrent  la  cause  d'un  chan- 
gement si  prompt  et  si  extraordinaire.  Sur 
quoi  il  leur  raconta  que  trois  jours  après  que 
sainte  Polamienne  eut  soulfert  le  martyre, 
elle  lui  avait  apparu  durant  la  nuit,  et  cpie, 
lui  mettant  une  couronne  sur  la  tète,  elle  lui 
avait  dit  ([u'ellc  avait  prié  son  Seigneur  pour 
lui,  et  obtenu  la  grAce  qu'elle  avait  deman- 
dée, et  ([u'il  serait  bientôt  avec  elb'  au  nom- 
bre des  l)ienheureux.  11  reçut  ensuite  par 
K'ur  moyen  le  sacré  sceau  du  baptême,  et  il 
eut  <\i^  le  lendemain  la  tète  coupée,  après 
avoir  glori(;uscmeni  coid'essé  Jésus-("-hrist. 
Mais  il  ne  fut  pas  le  seul  qui  fut  converti 
d'une  manière  si  surprenante,  et  Dieu  fit  la 
même  grâce  h  nombre  de  personnes  de  la 
viHe  d'Alexandrie,  par  l'entremise  de  sainte 
Potamienne,  qui  hnir  appaiaissait  en  songe, 
et  les  exhortait  d'embrasser  la  foi.  » 

Voici  maintenant  le  passage  de  Pallade 
sur  sainte  Poiamicniir  :  «  Le  bienheureux 
Isidore,  admini>lrateiirde  l'hôpital  d'Alexan- 
drie, me  fit  le  récit  d'une  histoire  qui  mé- 
rite sans  doiifc  de  passer  ji.sipi'aux  siècles 
à  venir.  Il  la  tenait  du  grand  saint  Antoine, 
qui  la  racontait  à  ceux  qui  le  venaient  voir. 
Il  y  avait  à  Alexandrie  une  fort  belle  es(  lave, 
nommée  P<»tamienne.  Llleservaitun  hoiiimc 
fort  débiuché,  ([ui  tenta  inutilement  tout(>s 
sortes  do  voies  pour  la  corrompre.  Lorsipi'il 
se  vil  rebut»'  et  hors  desiiérance  d"obt(niir 
ce  qu'il  demarulail,  il  [lassa  en  un  in^lant 
d'un  excès  d'amour  dans  un  excès  de  fnrinir, 
et  résolut  de  la  perdre.  11  la  livra  pour  ce 
sujet  entre  les  mains  du  gouv(M'iieur  d'A- 
lexandrie fipii  était  pour  lors  A(piila',  l'ac- 
cusant d'être  chrétienne  ,  et  de  faire  plu- 
sieurs imprécations  contre  le  gouvernement 
et  coîilre  la  piTsonne  des  «nnoereurs,  h  cause 
de  la  persécution  (pi'tm  faisait  aux  chrétiens. 
Il  promit  en  même  temps  une  grosse  somme 
d'argent  h  ci^  gouverneur,  poiii-  le  portera  le 
seconder  dans  sa  passion,  en  quelque  manière 
que  rp  pût  êlre,  le  priant  (pie.  ^il  la  pouvait 
persuader  deconsouliràsondésir,  il  ne  lui  fit 


souffrir  aucun  mal;  luais  que  si  elle  persé- 
vérait dans  sa  dureté,  il  la  fit  punir  du  der- 
nier sup|)licc,  afin  (|u'elle  ne  triomphât  pas 
jilus  longtemps  de  son  amour  cl  de  son  dé- 
ses[)oir.  Cette  généreuse  fille  fut  donc  con- 
duite devant  le  tribunal  du  gouverneur,  et 
l'on  usa  de  tous  les  artiliccs  imagii  ables 
pour  la  surprendre.  On  la  tourmenta  ensuite 
en  mille  manières  ditférentes.  Mais  ni  tou- 
tes les  caresses  trompeuses  de  son  ennemi, 
ni  les  plus  horribles  supplices  ne  purent 
ébranler  sa  fermeté.  Le  juge,  devenu  plus  fu- 
rieux par  la  constance  de  la  sainte ,  s'avisa 
d'un  supplice  plus  cruel  encore  que  tous  les 
autres,  qui  fut  de  faire  remplir  de  poix  une 
grande  chaudière,  sous  laquelle  i  fit  allumer 
un  très-grand  feu;  et  quand  celte  poix  fut 
toute  bouillante,  il  lui  dit  d'un  ton  fier  et 
impitoyable  :  «  Va,  obéis  à  la  volonté  de  ton 
niaitre,  ou  si  tu  refuses  d'y  obéir,  sache  que 
je  te  ferai  jeter  dans  celte  chaudière  ar- 
dente. Potamienne  lui  répondit  sanss'émou- 
voir  :  «  A  Dieu  ne  plaise  qu'd  y  ait  jamais 
un  juge  assez  injuste  pour  me  commander 
de  coîiseiilir  à  des  désirs  déréglés  et  inipu- 
diques  !  »  Le  gouverneur  ne  se  possédant 
plus,  commanda  sur  le  champ  qu'on  la  ch'- 
pouillAt  et  qu'on  la  jelàtdans  lachaudière.  La 
sainte  dit  aujuge  :  «  Si  vous  avez  résolu  de 
me  faire  soutlrir  ce  tourment,  je  vous  con- 
jure, par  la  vie  de  l'empereur  pour  qui  vous 
avez  de  la  crainte  et  du  respect,  de  ne  me 
point  faire  dépouiller,  mais  de  commander 
|)lus  tôt  (|u'on  me  descende  peu  à  peu  dans 
cette  chaudière,  afin  que  vous  puissiez  con- 
naître (pielle  csIlagrAcede  la  patience  que 
j'ai  reçue  de  Jésus-Christ,  qui  est  le  Dieu 
que  vous  ignorez.  On  la  mil  donc  d'abord 
par  les  pieds  dans  la  poix  bouillante,  et  on 
l'y  enfonça  j)eu  à  peu,  et  comme  insensible- 
ment durant  trois  heures,  jusqu'à  ce  qu'y 
étant  plongée  juscpi'aii  cou.  elle  expira.  » 
L'Kgli>e  fait  sa  i'èle  le  28  juin. 

PO nilN  ^^sainl),  évoque  de  Lyon,  fut  mar- 
tyrisé dans  sa  ville  épiscopale  (îurant  la  per- 
sécution de  Marc-Aurèle,  en  compagnie  de 
tous  les  .saints  que  mentionne  la  fameuse 
lettre  des  chrélitnis  de  Lyon  aux  églises  d'A- 
sie. >'oici  comment  elle  raconte  son  mar- 
tyre :  «  ('ependanl  le  bienheureux  Polhni. 
qui  gouv(M'nait  pour  lors  IT.glise  de  L\on. 
et  ipii,  à  l'Age  de  près  de  100  ans,  et  dans 
un  corps  cassé  de  veillesse,  faisait  paraître 
les  sentiments  d'une  Ame  jeune  et  vigon- 
reuse,  était  porté  [>ar  des  soldats  et  conduit 
au  pied  ilu  tribunal.  La  vue  prochaine  du 
martyre  avait  pciul  sur  son  visage  unejoit» 
vive.  Ses  membres  exttMuiés  par  ce  granil 
nombre  d'années  et  parles  ellorls  d'une  ma- 
ladie, ne  relenaiinil  |)lus  son  Am<^  que  pour 
faire  tiioiu|>her  Jésus-Chrisl  par  elle.  Le 
peuple  et  les  magistrats  le  suivaient,  le  cou- 
vraient d'opprobres,  comme  s'il  eAl  été  lui- 
même  le  Christ  [>our  (pu  ils  ont  tant  d'hor- 
reur. Ce  saint  vieillard  rendit  alors  un  illus- 
tre ti'nuoignagc  h  la  diviniti-  de  son  Mailie: 
car  le  président  lui  ayan*  dtMiiandé  (juel  était 
le  Dieu  des  chrétiens,  il  lui  répondit  :«  Vous 
le  pourrez  connaître  si  vous  vous  en  rendez 


909 


Pi)V 


ITIA 


770 


(limic.  »  M;ii.s?i  |i('iii(«  /nwiil  il  jiclicvr ilc  pai'- 
Icr,  (|U<'  lo  |icii|il()  se  jt'l.i  sur  lui  .•iv('<-  luiil» 
rimpr-liiosili^  (les  aiiiiiiaiix  les  |i|iis  Inroccs. 
(l(Mi\  (|iii  se  Iroiivait'iil  pniclir  de  lui  ralla- 
(|uai(!iil  à  cmiiisdo  points  et  de  iiicds,  sans 
aiii'iiii  r(>s|)(>(;|  |i<>iii'  son  i\y,<',  (U  cawix  (|ui  cm 
rlaii'iil  ('li)ij;ii(''s  saisi.ssaiciii  Idiilcc  (|ui  loiii- 
liail  sous  leurs  mains,  cl  le  laiiraicil  ton- 
tro  lui  ;  les  uns  cl  l(>s  aulrcs  cntyanl  ((un- 
nicllrc  MU  criMU'  s'ils  cmsscmI  j^ardi'^  i|mcI(|im' 
iModcralioli  en  celle  rcMcoulre,  et  se  laisanl 
au  tonlraire  um  uicrile  aupii^'s  do  hmrsdicux 
d'iui  cMipoilciiUMd  si  oppose  à  la  l'aison  cl  à 
Ja  Maluii'.  Kulin  ce  saint  év(\pie,  ayaiil  di\]h 
sou  Auu'  sur  le  bord  des  livres,  fut  jeté  dans 
iini>  prison  oCi  il  la  rendit  deux  jours  «prùs.  » 
(Huinarl.) 

l'OTA MON  (saint),  év(\pie  d'Ilcraclée  en 
E^vple,  est  honoré  couuuc  u\artvr  par  l'M- 
l^lisc,  ([ui  tait  sa  iiMc  le  18  mai,  (pioicju'il 
ne  soit  pas  mort  dans  les  tourments.  Mn 
l'an  ;nO,  durant  la  pci'séculion  cpu'  snscita 
JMavimin  Daia,  il  fut  arrcHé  et  soullVit  di- 
vers supplices  avec  une  constance  admira- 
ble. Il  eut  UM  hmI  crevé  ;  on  lui  coupa  un 
jarret  counne  ou  était  alors  accoutumé  de  hî 
faire  ^  un  grand  noml)ro  do  chrétiens.  Il  fut 
depuis  un  des  l*èr(>s  du  concile  de  Nic('e,  où 
les  glorieuses  mar(pies  des  combats  qu'il 
avait  livrés  lui  attirèi'ent  le  respect  des  évo- 
ques de  celte  auguste  assend)lée.  Kn  33'),  il 
acconqiagna  saint  AthaMaso  au  concile  de 
Tvr,  et  se  [msa  énergi(piemont  connue  son 
défenseur.  Quanti  Oiégoire  se  fut  emparé 
du  siège  d'Alexandrie,  il  occasionna  une 
persécution  violente  dans  TEgyple ,  (|u'il 
parcourait  avec  Philagrius  ,  i)réfet ,  faisant 
niellro  à  mort  tous  ceux  qui  n'embrassaient 
pas  son  parti  contre  le  véritable  évoque. 
Saint  Potamon  ne  fut  pas  oublié.  Il  lit  fraj)- 
per  ce  saint  homme  à  coups  de  bâton  sur  le 
dos,  justpi'h  ce  qu'on  le  crut  mort.  A  force 
di'  remèdes  il  fut  ramené  à  la  vie,  mais  Dieu 
l'appela  à  lui  peu  de  temps  après. 

rOTAMON,  l'un  des  trtMite-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  sang  pour  la 
foi  en  Egypte  et  desquels  lUiinart  a  laissé 
les  Actes  authentiques.  Voij.  Martyrs  (les 
trente-sept)  égyptiens. 

POTHAME  (saint),  fut  martyrisé  dans 
l'île  de  Chypre  avec  saint  Némèse,  dans  des 
circonstances  et  à  une  époque  que  nous 
ignorons.  Ils  sont  honorés  dans  l'Eglise 
connue  martyrs  le  20  février. 

POTITE  (saint),  fut  martyrisé  en  Sardai- 
gne,  sous  le  règne  de  l'empereur  Marc-Aurèle. 
Les  détails  qui  sont  vennsjusqu'à  nous  sont 
insudisants.  L'Eglise  fait  sa  fêle  au  13janvier. 

FOUILLE,  ancienne  Apulie,  fait  i)artic  du 
royaume  de  Napics.  Ce  fut  dans  ce  pays,  sans 
que  l'histoire  dise  positivement  en  quel  lieu, 
(pi'arriva  le  martyre  des  saints  Pantalémon, 
Maur  et  Serge.  Ce  fut  dm-ant  la  persécution 
de  Trajan  que  ces  trois  saints  donnèrent 
leur  sang  pour  Jésus-Christ. 

POUZZOLES,  ville  du  royaume  de  Naples, 
dépendait  anc.ennement  du  gouvernement 
de  Campanie.  Sous  Dioclétien ,  en  Tannée 
305,  cette  ville  fut  témoin  du  martyre  de  saint 


Janvier,  év(^(pic  de  Héiiévetil  ,  dn  s/iiit  .Su- 
SM!,  diacr(!  de  Misenc  ,  des  •  ainls  Prcjcidij 
diacre,  Ac,in:e  et  Eiiticc,  bourgeois  de  l'ou/- 
/oles  ;  de  s;iiiii  l'Vsic  et  di!  s/unl  Didu  r,  h» 
pri'uiier  diacre,  le  second  lecl(!ur  de  l'cnliscj 
d(*  ll(''n(Wonl.  Lo  gouverneur  'l'imolliée  Je.H 
(il  lous  (h'capilcr,  vo\aul  (pie  1rs  béics  /iiix- 
(pielles  il  l(!s  avait  fait  jclrr  n'avaieiil  voulu 
leur  faire;  aucun  mal.  (Voi/-  li  s  aiiiclcs  di> 
Ions  c(>s  s/iiuls.) 

PUADO  (J|.;a^  im:)  ,  m/irtyi',  iclii^iciu  dé- 
chaussé de  Saint-Erauçois,  narpiil  h  Movuo- 
brose  en  Espagne,  au  sein  d'une  familh; 
noble.  11  lit  si!s  élinles  dans  la  célèbri;  uni- 
versité de  Salaiiian(pje,  et  reçut  l'habit  do 
Sailli- Erançois  che/,  les  dé-chaussés  de  la 
province!  de  Saint-dabiiel.  Depuis  long- 
temps, il  brOlait  du  désir  d'aller  prêcher 
l'I'lvangile  aux  idol.Ures.  L'obéissaucc!  à  ses 
supérieursl'em pécha d'acciiMi pi ir  immédiate- 
ment ce  pieux  dessein,  et  longlemps  il  prêcha 
la  parole  dv,  Dieu  en  Ivspagiie.  Il  fut  élu  supé- 
rieur de  la  j)rovinco  de  Saint-Didace.  Ci;  l'ut 
lorscpi'il  se  préparait  à  |)artir  pour  la  (iua- 
deloupe,  (prUrbain  \lll,  (pii  appréciait  au 
plus  haut  degré  ses  talents  et  son  énergie, 
r(>nvoya  en  Afrique  avec  de  très-grands 
pouvou'S.  Après  beaucoup  de  traverses  et  de 
diliicultés,  il  arriva  à  Maroc,  où  il  commença 
à  prodiguer  des  secours  et  des  consolations 
aux  chréliens  cpji  y  étaient  détenus.  Le  sou- 
verain de  ce  pays  s'en  montra  fort  irrité,  lit 
charger  de  chaînes  notre  saint,  et  le  fit 
nuUlre  dans  un  élroit  cachot.  Dans  la  ferveur 
de  son  amour,  et  plein  de  reconnaissance 
envers  Dieu,  qui  le  jug(;ait  digne  de  souf- 
frir pour  lui ,  il  s'écriait  en  baisant  ses 
fers  :  «  C'est  maintenant,  ô  mon  Dieu!  que 
je  vois  que  vous  m'aimez,  puisque  vous  me 
cond)Ioz  de  vos  bienfaits.  »  Tout  ce  qui 
pouvait  lui  rendre  sa  captivité  dure  et  in- 
supportable était  mis  en  usage.  On  le  con- 
damna à  [)iler  de  la  poudre  à  canon  ;  et  ce- 
lui qui  lui  faisait  faire  cette  besogne  la 
rendait  excessivement  pénible  en  la  lui  me- 
surant chaque  jour  dans  une  proportion  qui 
excédait  ses  forces.  Enfin  on  le  conduisit 
devant  le  souverain  ,  auquel  il  parla  avec 
tant  de  force  et  de  conviction  de  la  religion, 
que  ce  prince  ne  put  trouver  aucune  ré- 
ponse à  lui  faire.  Eurieux  de  se  voir  vaincu 
eu  discussion  par  un  simple  religieux,  il 
ordonna  de  le  tourmenter.  Jean  de  Prado 
fut  attaché  à  une  colonne,  où  on  le  perça  de 
coups.  Il  reçut  une  blessure  fort  grave  à  la 
tète.  On  li'iit  par  lejeler  dans  un  brasier  ar- 
dent ;  mais  là  encore  il  ne  cessait  de  prêcher 
la  parole  sainte.  Il  le  fît,  jusqu'à  ce  qu'il  eût 
reçu  un  coup  de  bûche  sur  la  tête,  coup  qui 
lui  enfonça  le  crâne,  et  qui  le  fit  mourir  à 
l'instant  même,  le  24  mai  1636.  La  vénéra- 
tion pour  ce  saint  martyr  fut  si  grande,  que 
Benoît  XIII  permit  aux  franciscanis  de  don- 
ner son  nom  à  une  de  leurs  provinces,  de 
célébrer  son  ofîice  et  d'en  dire  la  messe. 

PRAGMACE  (saint),  évêque  et  confesseur, 
souffrit  à  Autun  pour  la  défense  de  ia  reli- 
gion chrétienne.  Les  détails  nous  manquent 
L'Eglise  fait  sa  fête  le  22  novembre. 


771 


PRE 


PRT'NKSTK,  anjourd'iiui  Palcsliine,  ville 
silin'c  i\  vin^l-i|iii»lro  luillos  do  Uoine.  Sniiit 
Ai^apnl  y  fut  iiuirivrisé  suus  k"  rèi^ne  et  du- 
rant la  p''r><t''cuii">ii  de  rempcreui"  Aurùlicii. 

PRÉl'f':Ul<iNK  (sainte),  martyre,  était 
femme  de  saint  Claude  :  elle  fut  arrêtée  par 
ordre  de  Dioclélieu,  avec  son  mari,  ses  deux 
enfants  Alexandre  et  Cutias,  et  Maxime,  son 
beavi-frère.  Ils  appartenaient  tous  à  une  fa- 
mille illustre.  Le  féroce  emjjereur,  t^ui  per- 
s(''cutait  alors  lEglise  du  Sei.^neur  a>ef  une 
rage  vraiment  iujpitovable,  les  condamna 
d'abord  à  lexil;  mais  bientôt,  comme  s'il  se 
fiU  repei;li  de  s;\  douceur,  il  ordonna  (ju'on 
les  jeLlt  tous  dans  un  bûcher.  La  sauile  mèie 
et  ses  deux  lils  montrèrent  un  courage  sur- 
humain ainsi  rpie  Claude  et  Maxime.  Ils 
moururent  <  n  otVranl  à  Dieu  le  sacriliie  de 
leurs  vies.  Ce  fut  la  ville  d'Oslii^  qui  fut 
témoin  lie  leur  miirl.  Leur  fête  est  inscrite 
au  Marlyroloj4e  n»main  le  18  février. 

PUÉTIiXTAT  , saint),  martyr,  évèque  de 
Rouen,  fui  élu  en  oW.  On  ne  sait  pas  à 
quelle  épofpic  ni  en  quel  lieu  il  naquit.  Il 
ass'sia  en  537  au  troisième  concile  de  Paris, 
assemblé  pour  abolir  les  mariages  inC'S- 
lueux.  lin  5(56,  il  vint  au  concile  de  Tours, 
avec  ulusieurs  de  ses  prêtres.  Le  zèle  ((uil 
montra  contre  les  cruautés  et  les  infaïuies 
que  coumiettail  Frédégonde  lui  attira  la 
liaine  d<>  celte  reine.  «  Krédégonde  demeu- 
rait à  Uouen,  et  souvent  elle  el  le  prélat 
échangeaient  des  paroles  pleines  d'amer- 
tume. !l  viendrait  un  temps,  disait  la  reine, 
()\i  recounnencera  pour  lui  lexildans  lequel 
il  aval  déjh  été  envoyé.  Mais  lui  répondait  : 
Dans  l'exil  el  hors  l'exil,  j'ai  toujours  été 
évèipie,  je  le  suis  encore  el  le  seiai  tou- 
jours ;  vous,  au  contraire  ,  ne  jouirez  pas 
toujours  de  la  p\iissance  royale.  Pour  nous, 
nous  serons  tiré  de  cet  exil  par  iueu  pour 
entrer  dans  son  royaume  ;  ((uant  à  vous, 
vou>*  sortirez  de  ce  royaume  terrolre  pour 
être  préeipilée  dans  labime.  Il  eiU  été  bien 
mieux  pour  vous  de  devenir  meilleure,  de 
quitter  vos  folies  et  voire  méchanceté,  de 
renoncer  h  celte  jactance  (pii  fait  le  fond  de 
votre  catacléie  ;  vous  eussiez  pu  élever  jus- 
(ju'à  l'Age  convenable  le  jeune  enfant  au- 
(luel  voiis  avez  doinK';  naissance.  Ces  paro- 
les excil»>renl  la  colère  de  celle  fenune  vin- 
dicative, elle  s'en  alla  le  liel  dans  l'Ame  » 
(Cirégoire  de  Tours),  el  réNolul  de  se  ven- 
ger. «  Le  dimanche  suivant,  il  se  rendit  de 
b(»nne  heure  à  l'église  pour  rollice,  el  après 
l'avoir  counnencé  d  s'assit  sur  une  forme. 
Alors  un  esclave  de  Frédégonde  s'approcha 
de  lui,  et  avant  tiré-  un  (onteau  de  s,)  cein- 
ture, l'en  fiappa  sous  lais^elle.  Prétextai  lit 
un  rrî  pour  appeler  le  clergé  h  son  secours, 
niais  persoiMie  ne  branla.  Il  éieudil  sur  rail- 
le! scH  mains  sanglant'  s.  el  a|irès  avoir  fait 
.«.1  prière,  il  fut  poi-té  dans  sa  chambre  el 
mis  stir  son  lit.  Fré-dt^gonde  vint  aussiiol  le 
voir,  et  dit  :  Nous  n'avions  pas  besoin, 
saint  évèque,  non.* ,  ni  voire  peuple,  (jiie 
cpI  accident  vous  arrivAt  ;  mais  ph"il  h  Dieu 
qu'on  découvrit  le  coupable  1  Kl  qui  a  l'ait 
ce  coui»,  dil  Preteilal,  sinon  la  main  (jui  a 


PRl  :t-2 

tué  les  rois  et  tant  ré|)andu  de  sang  inno- 
cenl?  Frédégonde  lui  olf.'it  ses  médecins; 
mais  il  ré|)ondil  :  Dieu  me  veut  retirer  de  ce 
monde  ;  mais  loi,  cause  de  tant  de  maux,  tu 
seras  maudite,  et  Dieu  vengera  mon  sang. 
Après  (ju'elle  se  fut  retirée,  il  disposa  de 
ses  aiïaires  el  mourut. 

«  Uomacaire,  évèipie  de  Coutances ,  vint 
l'enterrer  ;  les  citoyens  de  Uouen  et  parlicu- 
lièriMuenl  les  seigneurs  français  furent  sen- 
siblement afiligé's  de  celle  mnrt.  Leudov.ildc 
de  Bayeux,  comme  le  premier  évèque  de  la 
province,  prenant  soin  de  l'église  tli;  Rouen 
i)end;uii  la  vacance  du  siège,  écrivit  h  tous 
les  évècpies,  et  de  leur  avis,  il  Ht  fermer  les 
églises  de  Rouen,  atin  que  le  peuple  n'ass  s- 
lAt  point  au  service  divin  ju><|u'à  ce  qu'on 
eût  trouvé  laut  ur  de  ce  crime.  U  lit  pren- 
dre (pielques  hommes,  qui  déclarèrenl  dans 
les  lourmenis  (|ue  Frédégonde  l'avait  fait 
faire.  Le  roi  (jonlran  l'ayant  a[)pris,  envoya 
trois  évêques.  Ai  témius  de  Sens,  Véran  de 
Cavaillon  el  Agrécius  de  Troyes,  pour  infor- 
mer de  ce  crime,  avec  ceux  qui  gouvernaiei  t 
le  jeune  Clolaire.  Mais  les  seigneurs  dirent 
aux  envoyés  de  Contran  :  Ces  actions  nous 
déplaisent  inlinimenl,  et  nous  voulons  abso- 
lument en  faire  justice  ;  toutefois  si  quel- 
qu'un se  trouve  coupable  parmi  nous,  nous 
ne  pouvons  permettre  qu'on  le  mène  de- 
vant votre  roi,  puisque  nous  le  pouvons 
])unir  par  l'autorité  du  notre.  Sachez  donc, 
reprirent  les  évêques,  que  si  on  ne  montre 
l'auteur  de  c«  crime,  notre  roi  viendra  avec 
une  armée  mettre  tout  ce  pays  t^  feu  el  à 
sang,  lisse  retirèrent  sans  avoir  d'autre  ré- 
ponse, protestant  ([u'ils  ne  soulfriraient  ja- 
mais que  Mélanius,  (pii  avait  été  mis  l'j  la 
place  de  Prétextai  pendant  son  exil,  fit  au- 
cune fonction  d'évê(iue. 

«  Cependant,  comme  le  bruit  courait  par- 
tout le  pays  que  Frédégonde  avait  fait  tuer 
Prétextai,  elle,  voulant  se  justilier,  fit  pren- 
dre l'esclave  (pii  avait  fait  le  coup,  le  lit 
battre  cruellement,  comme  lui  ayant  par 
malice  attiré  ce  reproche,  el  le  livra  au  ne- 
veu du  (h'funt,  (j  li  l'ayant  mis  fi  la  question, 
l'esclave  déclara  lout  et  dit  :  J'ai  reyu  cent 
sous  d'or  de  la  reine  Fréilégonde  pour  faire 
celte  action  ;  cinipianle  de  l'évèipie  Méla- 
nius et  cinquante  autres  de  l'archidiacre  de 
Rouen,  et  de  [ilus  on  m'a  i»romisdeme  met- 
tre en  liberté  avec  ma  femme.  \  <es  mots, 
le  neveu  de  Prétextai  tira  son  épée  et  mil 
en  pièces  le  criminel,  soit  par  le  dioil  des 
Français,  qui  permettait  aux  parents  de  tuer 
le  numrlrier,  soit  connue  un  psclive  coupa- 
i)Ie  el  abamlonné'  par  sa  mailresse.  L'Kglise 
hcuiore  sailli  Preiextal  comme  martyr ,  le 
vingl-tpiatrième  de  février.  A  sa  place, 
Frédégonde  réiablil  Mélanius  dans  le  siège 
de  Rouen.  »  Fleury.) 

PRKl  IL  ^saintj,  reçut  la  palme  du  mar- 
Ivre  à  AuMin.daii'  des  circonstances  et  à 
line  époque  que  nous  igiiorons.  L'Eglise  cé- 
lèbre sa  mémoire  le  k  nov(>mbre. 

PRIA  M  (saint),  marlyr,  donna  sa  vie  pour 
Jésus-Christ,  avec  les  sainis  Emile,  Fé-lix  et 
Lucien.  Leur  martyre  arriva  en  Sardaigne» 


773 


PHI 


i'ia 


;7i 


On  if;ii(>i"o  (•(KiipItMcmcnl  Iji  iliilr  <•!  les  cir- 
(•tillsldilti's  tic  leur  cdlillKlI.  l/l'ljJ^lisd  huiKM't) 
Unir  iiiriiioiro  |i<  '2H  inni. 

IMUI.IDAN  (s.'iiiit),  iiuii'Im-  .'i  Aiilioclic  en 
ii.'il),  sous  r(>iii|>irt'  (le  Dccc,  ('Idil  un  (h'.s 
(Môvos  |llllll^l  (pic  tics  (lisci|)l(>s  (le  s.iiiil  Ha- 
hvl.'is,  (Wc^iiiic  (le  (  t'll(<  ville  :  cic  il  (''l.iil  ex- 
il Aiiioniciil  jciilic.  Il  lui  misa  iiKirl  |i(iiii-  1,1 
l'oi  iwvv.  le  sniiil.  (^(^(iiii'.  Ses  Actes  racoiileiil 
(|iril  l'iil  tl(''i'iipil(V  II  lui  enlcrn^  dans  l,i 
iiM^iiK*  loiiihe  (pie  saint  |{al)\las.  S(;s  rclitiiies 
ont  par  (•()iis(^(piont,  ot  corunio  le  dit  d  ail- 
Iciiis  'rii(''()iloi'et  ,  suivi  celles  de  ce  saint 
dans  liMiis  diverses  translalioiis.  l/l-lglisc  l'ail 
s«  l'(He  l(»  'iV  jaiivior. 

IMIIMAI.DI  (le  l)ieidi(Mife(i\  Antoim:),  vi- 
vait à  Olraiite  vers  raiiii(''e  l'iSO.  (ViMait  un 
simple  Joiirnalior.  A  cette  i^p()(|iie,  Malioinet 
II,  empereur  des  Turcs  (»i  cdiiipuMaiil  de 
Co'islaiitiiiople,  voulut  s'emparer  de  file  de 
llliotles,  mais  il  lut  repoussé  par  les  cheva- 
liers de  Saint-Jean  de  JiWusalem,  ([ui  la  pos- 
st.'daient.  Malioiiiel,  l'iirieux,  résolul  d(>  s'en 
venger  Vêlé  suivant  par  une  descente  sur  les 
r(Mes  d'Italie,  elle  ooininandanl  (I(>  sa  llolle, 
Heduc-Aclimet,  viiil  mettre  le  si(^ge  devant 
Otraute,  qui  aima  mieux  résister  en  confes- 
sant sa  foi  ([lie  de  lrail(>r  avec  les  inrul(''!es 
ennemis  de  son  souverain,  Aju-c-s  Iroisjours 
de  siège,  la  ville  fut  prise  et  un  grand  nom- 
bre d'Iiabilanls  |>ass(''s  an  lil  de  l'épée.  Le 
pacha,  ([ui  connuantlalt  l'armcie  ennemie,  or- 
donna, ciueliines  jours  afirés , qu'on  lui  amc- 
n;\t  tousles  hommes  au-dessus  de  qnin/.eans 
(jui  se  trouvaieil  dans  la  ville.  11  s'en  trou- 
vait environ  800,  au  nombre  desquels  était 
noire  bienheureux.  Apivs  avoir  tenté,  mais 
en  vain,  de  les  séduire  par  toutes  sortes  de 
moyens,  le  barbare  ordonna  qu'ils  fussent 
massacrés  sur  la  colline  de  la  Minerve,  de- 
puis ai){)elée  Mont  des  Martyrs.  L'ordre  fut 
exécuté,  et  pendant  treize  mois  les  cadavres 
restèrent  exposés  aux  injures  du  temps,  sans 
néanmoins  se  corrompre.  E'i  1V81,  Alphonse, 
duc  de  Calabre,  lils  du  roi  de  Naples,  ayant 
repris  la  ville  sur  les  intidèles,  fit  irans])or- 
ter  dans  une  brllc  chapelle  de  l'église  mé- 
tro|iolitaine,  les  corps  des  saints  martyrs. 
Quatre  ans  plus  tard,  il  en  prit  deux  cent 
(juarante,  qui  sont  honorés  maintenant  à  Na- 
ples dans  l'église  de  Sainte-Catherine.  Le 
I)ai)e  Clément  XIV  approuva,  le  ii  décembre 
1771,  le  culte  rendu  au  bienheureux  Antoine 
Prinialdi  et  à  ses  illustres  compagnons. 

PRLME  (saint),  soutfrit  le  martyre  à  No- 
mente  ,  vers  l'an  286,  avec  saint  Félic  en. 
Ces  deux  citoyens,  c'est-à-dire,  habitants  de 
IXome,  furent,  dit-on,  déférés  àDioclétien  et 
h  Maximien  Hercule,  parce  que  leurs  dieux 
ne  voulaient  pas  ren(ire  d'oracles  que  ces 
deux  chrétiens  n'eussent  été  punis,  ou  con- 
traints de  sacrifier.  Ils  furent  pris  et  amenés 
aux  deux  empereurs,  devant  qui  ayant  con- 
fessé la  foi  et  refusé  de  sacrifier,  fis  furent 
déchirés  à  coups  de  fouets  et  puis  remis, 
dit-on,  entre  les  mains  de  Proraote,  juge  de 
Nomente,  pour  leur  faire  souffrir  toutes  sor- 
tes de  supi)lices,  s'ils  ne  voulaient  sacrifier. 
Promote  s'acquitta  trop  fidèlement  de  sa  com- 


mission, cl  après  nvdii  tenu  loni^ti'inps  les 
saillis  en  pii^dti,  il  leiii'  lit  sonllVir  Im  n  d«'s 
loiiiiiicnls  et  leur  lil  enlln  IraMclicr  la  lOto 
le  '•>  jnin,  ainpiel  leill  l'i^le  e«tl  ni«r<|iién 
iiarlout.  Leurs  Actes  porP-nl  ipie  saiiil  l-'t'-- 
licjen  avait  alors  «iiiatr-vin^^ls  an»,  dont  il  y 
cil  avait  Ireiile  (pi  il  avail  ((iiitui  la  vérité  et 
(pi'il  s'elad  n'-xilu  a  ne  plus  penser  ii  loiisics 
plai^irs  du  monde  poiusurMi  luiMpieiiienl 
son  Cr/'ateiir. 

Nouspassoiisplu.sieurs  autres  (  lioscs  (pi'oii 
pourrait  tirer  d«;  ces  Actes  ;  c/ir  (pionpiils 
ne  soieiii  pas  des  plus  mauv.'iis,  il  y  a  ik'mu- 
moins  divinscs  choses  (pii  l'ont  dit  la  jieiiie, 
et  ipii  auraient  besoin  d'être  corrigées  , 
coiiiiiu'  dit  Itaronius.  l'oiir  la  véiiéralioii  des 
saillis,  elle  est  attesiée  |>ar  les  Martyrologes 
de  saint  Ji'K'iine,  p  ir  Hèd(!,  Admi  (|ui  cojiio 
.|»res(pie  leurs  Acies,  et  plusieursautics.  Leur 
fête  est  mar(pu'-(!  partout  au  *.)  juin,  iiièiiie 
dans  le  Sacrameiilaire  de  saint  (îii-goiie  et 
dans  le  calendrier  du  P.  Froiito.  Leurs  .Vcles 
jiortent  ipiapiès  (|ue  la  persécution  fut  ces- 
sée, les  chrétiens  bAlireiit  une  église  sur 
leur  tombeau  jirès  dr  Nomeiite  ou  LameiiT 
tana,  (ominc  on  l'appelle  aujourd'hui,  à  ciiK^ 
ou  six  lieues  de  Uonie,  et  il  y  avait  en  cet 
endroit  un  cimetière  de  leur  nom.  Le  pape 
Théodore  Iraiisporla  de  là  leurs  corps  à  Rome, 
vers  l'aiiGio,  et  les  mit  dans  l'église  de  Saint- 
Ktienne ,  sur  le  mont  Cœlius,  d'où  vient 
qu'Usuard  en  parle  comme  si  c'était  le  lien 
(le  leur  martyre.  On  met  aussi  un  saint 
Prime  et  saint  Félicien  martyrs  à  Agen.  (Foy. 
Tilleino!!!,  tome  IV,  pag.  571. 

PUIMF  (saint),  versa  son  sang  pour  la  foi 
dans  l'Hi'llespont,  avec  les  saints  Cyrin  et 
Théogèiies.  L'Eglise  fait  collectivement  leur 
mémoire  le  3  janvier. 

PRIME  (saint),  souffrit  le  martyre  à  An- 
tioche,  avec  les  saints  Cyrille  et  Secondaire. 
L'Eglise  fait  collectivement  leur  fête  le  2 oc- 
tobre. 

PRIME  (saint),  reçut  la  palme  du  martyre 
en  Afrique,  au  château  de  Lémèlé,  avec  mi 
autre  diacre  nommé  Donat.  Ils  furent  mis  à 
mort  par  les  donalistes.dans  une  église  dont 
ils  défendaient  l'autel.  L'Eglise  fait  collec- 
tivement h  ur  mémoire  le  9  féviier. 

PRIME  (saint),  l'un  des  quarante-huit  mar- 
tyrs de  Lyon,  en  l'année  177,  sous  le  règne 
de  l'empereur  Marc-Aurèle,  fut  mis  à  mort 
dans  cette  ville.  Sa  qualité  de  citoyen  ro- 
main lui  valut  la  faveur  d'être  décapité.  L'E- 
glise fait  sa  fête  le  2  juin,  avec  celle  de  saint 
Pothin. 

PRIME  (sainte),  fut  au  nombre  des  qua- 
rante-huit martyrs  mis  à  mort  avec  saint 
Saturnin  en  Afrique,  sous  le  proconsul  Am- 
lin,  en  l'an  de  Jésus-Christ  305,  sous  le  rè- 
gne et  durant  la  persécution  que  Dioclétien 
suscita  contre  l'Eglise  du  Seigneur.  [Voy. 
Satlrmk.)  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces 
saints  le  11  février. 

PRIMIEN  (saint),  martyr,  cueillit  la  palme 
des  combattants  de  la  foi  en  Afrique  avec 
les  saints  Dominique,  Victor,  Lybose,  Cres- 
cent,  Second  et  Honorât.  On  ne  sait  rien  sur 


77.S 


PRI 


TRI 


?7C 


la  tiato  et  los  circon^lances  do  leur  martyre. 
I/Kj:!'--''  t'.iil  l"'iir  tVte  lo  29  décembre. 

PIUMITIF  ^sailli/,  luii  des  sept  fds  de 
£aint  Ciélule  et  de  sainte  Symphorose,  fut 
mai  tvris(^  par  ordre  d'Adrien,  qui  le  lit  atta- 
cher h  un  pieu,  puis  frap|)er  dun  nmp  de 
lance  dans  l'estomac.  La  fête  de  saint  Primi- 
tif arrive  le  17  juillet.  (Voy.  Symimiorosi:.) 

rUl.MlTlF  ,saint',  fut  luariyiisé  h  Sara- 
gossc  en  Espagne,  par  les  ordres  de  Dacien, 
qui  en  était  gouverneur,  en  l'an  de  Jésus- 
Christ  30'»,  durant  la  iierséculion  de  Diocté- 
tien. Dix-sept  autres  lurent  martyrisés  avec 
lui.  On  trouvera  leurs  noms  «^  l'article  Da- 
cien. Les  dix-huit  martyrs  de  Saragosse  sont 
très-honorés  en  Espagne.  C'est  Prudence 
qui  rapporte  ce  qu'on  sait  d'eux.  Ils  sont 
inscrit-^  au  Martyrologe  romain  sous  la  date 
(|;i  H)  avril.  [Voy.  Piudrnce,  de  Cor.,  liym. 
4:  Tillemont,  vol.  V,  p.  229;  Vasseus,  Brlya.) 

PUIMITIF  (saint).  Son  martyre  est  rapporté 
dans  les  .Vctès  de  saint  Cétule.  Arrêté  avec 
ce  saint,  saint  Céréal  et  saint  Amatice,  par 
Licinius,  il  fut,  comme  ces  saints,  fouetté, 
torturé  d:^  dilférentes  façons,  enfermé  vingt- 
sept  jours  en  priso'i,  et  entui  décapité  sur 
les  liords  du  1  ibie,  h  cinq  lieues  de  Home,  le 
10  du  mois  df  juin,  jour  auquel  on  fait  sa 
fête.  Le  martyre  de  ce  saint  eut  lieu  sous  le 
règne  d'.Vdricn. 

PKIMiriE  saint) ,  martyr  ,  reçut  la  cou- 
ronne du  martyre  en  Afrique  avec  les  saints 
Pierre,  Succès,  Bassien  et  vingt  autres,  dont 
les  noms  sont  inconnus.  Le  Martyrologe  ro- 
main ne  donne  pas  de  détails  sur  ré{)oquc 
et  les  circonstances  de  leur  martyre.  L'Eglise 
honore  h'ur  nuMuoirc  le  9  décembre. 

PRLMITIF  (saint),  eut  le  glorieux  privi- 
lège de  verser  son  sang  pour  la  défense  d(> 
)a  religion,  avec  saint  Facond.  Leur  mar- 
tyre eut  lieu  en  (ialicc,  sur  la  rivière  de  Céc, 
sous  If  président  Alti(iue.  Nous  n'avons  point 
de  détails  authentiques  sur  leur  com[)le. 
I.'Eg1i>'e  fait  leur  mémoire  le  27   novembre. 

PllLMlTlVE  ^sainte),  vierge,  martyre,  mou- 
rut h  Home  pour  la  défense  de  la  religion 
chrétienne.  Elle  est  inscrite  au  Martyrologe 
romain  le  23  juillet. 

PIUMIIIVE  (sainte),  donna  sa  vie  pourla 
di'fense  de  la  religion  chrétienne  h  Uoin(>. 
Les  di'tails  nous  manquent  sin-  son  coud)al. 
L'Eglis»'  fait  sa  mémoirt;  le  2'»  février. 

PKIMOLE  (saint),  martyr,  fut  mis  h  .mort 
h  (iailhag(<  avec  les  saints  Mitnt.ui,  Leuce, 
Flavien,  Julien,  Victoric,Primole,Kenus,  Do- 
natien; ce  lut  en  2.')0,  sous  l'empire  d-  Valé- 
rien,  et  sous  le  gniivfrnrment  nitt-nmairede 
Solon.  (Pour  plus  d»>  détails,  il  faut  lire  les 
Actes  de  siiint  Montan  à  son  article. |  L'E^^Iiso 
fait  la  fête  de  Iniis   ces  saints  le  2»  féviier. 

PRINCES  AUMf:MENS,  (jui  subirent  vo- 
lontairement la  captivité  pour  l'amour  df 
Jésus-Christ  à  la  coin-  de  Perse,  sous  Ila/.- 
^ue^d,  deuxième  du  nom  :  «  De  la  famille  de 
Sunik.  les  deux  frères  P.ipkén  et  Pa-;onr  : 
de  la  famille  (rArd/.ouroiii.k,  Nerchaboidi, 
Chavasb,  Chiukin,  Meroujan,  Rarkev,  Da- 
gad;  delà  famille  Maminonia'ik,  Ilamazas- 
iuan,  llanja^asbe,  Aidavvl,  Mon,  lie.;.' ;  ,|(. 


la  famille  Gamsaragank,  Archavir,  Tatoul, 
>'ardz,  Nerséli,  Aclind  ;  de  la  tamille  Ama- 
dounik,  Vahan,  Aran/ar,  Arnag;de  la  fa- 
mille Kinunik,  .\dnm  ;  de  la  famille  Timah- 
siank,  Tatoul,  Sadéau,  avec  deux  autres 
com|)agnons;  de  la  famille  Anzevadzik,  Chi- 
mavon,  Zouarén,  .\ravan;  de  la  famille  Ara- 
veleiank.  Pal)ag,  N'arazkén,  Tagli;  de  la  fa- 
mille Arzerounik  ,  .Vbrsam;  de  la  famille 
Mantagounik,  Sahag,  Parzman;  de  la  fannllo 
Dachradzik,  Vrén;  de  la  fam.lle  Uerapso- 
niank.  Papige  et  Houknan.  » 

Voilà,  d'après  Elisée  Vartabed,  les  noms 
de  tous  les  princes  arméniens  nui  soulfri- 
rent  sous  Hazgiierd.  Cet  auteur  leur  donne 
le  nom  de  princes.  C'é;aient,  en  etîet,  pres- 
que tous  des  chefs  de  principautés  ou  des 
descendants  des   fauulles  souveraines  qui 
avaient  régné  dans  le  pays.  Mais  sous  le 
gouvernement  des  Perses,  ils  étaient  dans 
leur  pays  ce  que  sont  nos  préfets  dans  nos 
départements,  ce  qu'étaient  les  satrapes  dans 
le  royaume  des  Perses.  La  persécution  con- 
tre les  chrétiens,  ainsi  qu'on  peut  ie  voir  h 
Varlicle  .\rmkmk,  durait  depuis  la  quat  ièuie 
année  du  règ'ie  d'Haz.;ucrd,  (juand,  en  V60, 
ce  prince  tU  venir  h  sa  co.ir  tous  les  princes 
des  contrées  caucasiques.  Comme  nous  l'a- 
vons raconté  avec  détail  dans  l'article  cité 
jIus  haut,  il  les  força,  par  ses  menaces,  d'a- 
joslasier  (ce  qu'ils  ne  tirent  du  reste  qu'ap- 
laremment),  et    ensuite  les   renvoya   dans 
eur  pays,  comblés  d'honneurs  et  chargés  de 
convertir  tous  les  habitants  au  culte  du  so- 
led.  On  sait  comment  éclata  l'insurrection, 
quelle  conduite  y  tinrent  les  princes  armé- 
niens, et  quelle  fut  l'issue  de  la  grande  ba- 
taille qui   fut   livrée  l'aniu'e  suivante.    Les 
principaux    mend)res  du  clergé  d'Arménie 
ayant  été  transportés  en  Perse,  les  princes 
arméniens  s'y  rendirent  volontairement  pour 
s'y  porter  accusateurs  de  Vassag,  et  pour  y 
démontrer  leur  innocence.  Leurs  juges  étant 
leurs  ennemis,  le  résultat  fut  ce  qu'il  devait 
naturellement  être  :  ils  furent  mis  en  prison. 
Quelques-uns,  qui  céilèrent  aux  exigences 
(ÎHazgutnd,  furent  renvoyés  dans  leur  pays, 
coud)lés  de  privilèges,  de   titres  et  de  tor- 
tunc.  (Juant  à  ceux  qui  étaient  en  prisim, 
Ha/.guerd.  marchant  contre  les  Kouchuns, 
les  traîna  à  sa  suite,  ainsi  (pie  le  clergé,  et, 
arrivé  dans  la  province  de  Korassan,  les  tll 
eid'ermer  dans  le  chAteau  fort  de  Niucha- 
bouh.  On  sait  que  plusieurs  mois  après,  fu- 
rieux des  revers  (pi'il  avait  essuyés,  il  lit 
martyriser  les  saints  évè(|ues.  Les  princes 
virent  peu  h  peu  leur  captivité  s'adou.ir.  Ils 
furent  inùino  Iransféré.s  au  pays  de  llarèvc, 
pays  plus  s;iin,  et  sous  les  ord es  d'un  gou- 
verneur plus  humain.  La  sixième  an  ii'e  de 
leur  capliviti'>,  la  dernière  année  do  son  rè- 
gn  •,   Haz^Aucrd   se  relAcha  de  sa   rigueur  à 
leur  égaril;  il  les  lit  délivrer  de  leurs  chai- 
nes  et  leur  accorda  la  liberté  de  sortir  «lo 
prisoM.  leur  promettant   même  de  les  ren- 
>o\er(ni  .Vriuéni  •.  Toutefois  il  les  til  mar- 
cher contre  les  Kouchiins.  Ce  prince  étant 
mort,  son  lils  Héiose,  lit  deux  ans  durant,  l,\ 
guer..^  "'  SI  t..'.,- .     !  fut  eiitin  reconnu  seul 


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M'.l 


771 


r<ii.  Il  fil  im-llli'  eu  lil»ltr  loiis  1rs  pHnrcs 
nniu'i.'ri'iis,  ri  les  cmi'il;!  d.iis  InniK','  |ii|r- 
sn\w.  l)i'',jA,  (irpiiis  iiriil'  ans  ri  (L-mi,  ils 
(^lai' lit  i-nplirs.  Ainsi  (|ti'iMi  |ti'iil  le  voir  ^ 
r«ilitliî  lit' s/ii'il  Aiiuviiwi  <li'  N.uiliali  >iili, 
tous  It's  Jiiis  <;i<  vii  tl  I  s  visiUiil  cl  leur  do  i- 
iiait  It's  sfcoiii'.s  «ImmI  ils  avaicnl  ln'soin. 
Aiurs  Irci/c  a  is  tralt-^i'iici',  <la  ts  la  sixiriin' 
«iin»^.'  «lu  i'i"^  '<'  de  Hi-iosi',  ils  \\\io  il  c  lin 
r(vi(li»s  h  lit  liiHTlr  cl  rcnvotcs  dans  li-urs 
jin>s  cl  dans  Icins  pri.  (•i)tanl(''s 

i'illSCIICN  (sainli,  uiari.\f.  niuunil  dnns 
les  InriniiV';  o.  \  (M)idc-isanl  le  iio;n  d(i  Jcsiis- 
(".hnst,  avec  s<'s  deux  IVi^'i-cs  sai  \l  Cai'ixin  cl 
sailli  lilvarisic.  l-'lv;li.so  cclcbro  leur  nn'-- 
in()ii(>  le  IV  ocliibi'c. 

IMUSC.IKN  isainl],  recul  l,i  palnu'  des  j^lo- 
rieux  c()nd)allanls  do  la  foi  j\  Rome,  avec 
sninl  Kv,ijj;rc  cl  lenis  i  ()m|ia;:;n<Mis.  dont  nous 
lie  co'i'iaissons  niailienri'usenie  il  p.is  1rs 
noms.  L'ci^lise  l'ail  coUociivumoiu  Lur  fiMo 
le  \i  oeloUce. 

IMIISCIIS  (sainl),  l'un  des  quaranlc  mar- 
tyrs de  SiWiasle,  .vous  Lioinius.  [Voy.  Mar- 

TYIIS   !)»•:  SlCllASTIf.) 

PKISONMKUS  roaiains  marlyrs  en  Perse. 
{Voy.  DM'Sxs.) 

IMUSQUK  (sainl),  fut  martyrise''  h  Ca[)Oiio, 
sous  la  i)ersé,:ulio  i  de  Néron.  Sainl  l'risque 
avait  été  disoij.le  de  No  re-Seigneur  Jé>us- 
Chrisl,  0  1  fête  ce  niarlyr  io  1"  sopleiiih.e; 
on  niancjue  de  doiuiiiienls  sur  son  couiplu. 

IMUSOIJK  (sai'11),  soull'rit  le  niartxre  à  Cé- 
sarce  de  Palestine,  sous  le  régne  lie  re;ii- 
[((M'inu*  >'alé.  ien,  avec  les  sai  Us  Malcli  et 
Alexandre.  Tous  trois  vivaient  à  la  campa- 
gne près  (le  la  ville,  m'nanl  une  vie  sainte 
et  elirée  lu  moiid.'.  I.a  persécution  do  Va- 
lérion  s'étant  allumét;  dans  l'Eglise,  ils  s  n- 
geaienl  sans  cesse  aux  glorieux  Irioiiiphes 
des  martyrs  (|ue  celle  per.^éL■ut.on  (;nvoyait 
en  foule  au  ciel.  Ils  se  disaient  ipi'ils  étaent 
vraiment  sans  cœur  et  hlchcs  de  rester  d;ins 
une  retraite  ignorée  et  'ranqiiille,  et  d.'  ne 
pas  suivre  au  com!)al  leurs  f.ères  e  i  Jésus- 
Chr  si.  «Quoi,  se  dsaient-ils  l'un  à  l'auire, 
diirérerois- nous  toujours  d'entrer  par  la 
porte  du  ciel  qui  nous  est  ouverte!...  Se- 
rons-nous ass(!z  Ulches  que  de  refuser  de 
soatl'nr  pour  Jésus-Clnist,  qui  a  sauvé  nos 
Allies  en  donnant  son  sang  pour  nous?  Nos 
frères  nous  invitent  à  marcher  sur  l.'urs 
traces;  nous  entendons  intérieurement  la 
voix  de  leur  sang  qui  nous  appelle  au  com- 
bat, ou  [ilulot  à  la  victoire:  il  est  temps  de 
nous  lendre.  »  Hem[)lis  d'une  sainte  ai'deur 
et  poussés  ]!ar  une  in'^[)iration  divine,  les 
trois  .-aints  vinrent  à  Césarée,  et  s'était  pré- 
sentés au  gouv  rneur,  ils  lui  déclaièrcnt 
qu'ils  étaient  chrétiens.  Celte  généreuse  con- 
duite lit  entrer  le  juge  dans  une  granJe  fu- 
reur. Il  lit  torturer  cruellemen  les  trois 
saints,  et  en>uite  les  condamna  à  cire  livrés 
aux  hèfes.  Ils  subirent  avec  courage  ce  sup- 
pli.'e  atroce  Tous  trois  monlèreit  au  ciel  à 
l'-.ipp  1  du  D  eu  '|ui  leur  avait  inspiré  leur 
courageuse  résolution.  L'Eglise  les  honore 
le  28  mars.  Comme  nous  l'avons  dit  déj;\,  la 
conduite  des  saints  qui  marciient  u'eux-mé- 
DiCTioxN.  DES  Persécctions.    II. 


me»,  ]i  la  mort,  snn  .  y  ''•Ire  /tpnoïés  et  (u,i\- 
liai  ils,  (pii  voit  an  dev/inl  d'elle  ronime  (i- 
reiit  criix  dont  iioii^  parlons,  doil  (^îH!  ju^é» 
non  pas  par  les  relies  r-ommiines,  ninis  par 
des  refiles  e\(  ««pliiitiriolles.  l'oiir  In  justifier, 
il  faut  admettre  rinlervenlion  divine,  lins- 
piralio')  d'e-i  haut. 

I*UIS(M'E  sainl ',  reuii  la  courojme du  mnr- 
lyre  da 's  Io  diocèse  d'Aiixorre,  nu  lieu 
nomiiK' Toussi-mn-Vonoe.  (  c  fui  sous  le  rè- 
gne d(>  l'euipereni-  Aiii  l'iien  ipi'il  aecoinpiit 
srui  sacrilice.  Il  l'ut  décapité  après  avoir  <n- 
dun-  plusieurs  lonriiienls.  Saint  (iirm.iin 
d'Aiixerre,  ayant  trouvé  niiraciileusemenl  h; 
corps  (le  saint  IMisipie,  (luelques-uns  disent 
S(  uleincMl  le  chef,  lit  \)!\l\v  nric  église  sous 
rinvocalion  du  saint,  dans  la(pjelle  il  déposa 
les  précieuses  rcliipwîs.  Dieu  y  opéra  un 
gia  d  noinhrt!  de  muacles,  (■(>  (pjj  \;i  rendit 
lrès-cé!èi>re,  et  y  attirait  le  co  icours  d'un 
liès-g.  and  nomhre  de  lidèles,  venant  de  tous 
cAli's  clierclier  à  se  protnirer,  en  invoipiant 
saint  Prisque,  la  guérison  de  l'Ame  ou  du 
corps,  ou  les  autres  gr;\'  es  qui  leur  éta-ent 
nécessaires.  Quand  les  j)aib,ires  eurent  dé- 
truit celle  église,  xin  seigneur  cliréiieu , 
nommé  Porcaire,  la  fit  rebâtir.  Ce  qu'il  y  a 
d(!  remar(piah!e,  c'est  q  le,  dans  l'Auxerrois, 
on  nomme  saint  Prisipie,  Prix  ou  Pr  l;  or 
il  est  très-probal)le  qut^  Sainl-Piix,  village  à 
environ  deux  lieues  d'Auxeri'e  et  h  peu  près 
h  égale  dislance  de  Toussi-sur-Yoïme,  est 
le  lieu  où  celte  église  était  b:Uie.  Le  couvent 
de  l'icpus,  à  Paris,  a  longtemjis  (lossédé  des 
reliques  de  saint  Prisquc.  L'Eglise  fait  sa 
fèto  le  2(5  mai. 

PUISQUE  (saint),  souiTrit  les  tourments  et 
la  mort  pour  Jésus-Christ,  avec  les  saints 
Cresceiit  et  Evagre.  Leur  martyre  eut  lieu  à 
Tomes,  dans  la  province  du  Pont.  Le  Martv- 
rologe  romain  n  en  dit  point  davantage.  L'E- 
glise vénère  leur  mémoire  le  1"  octobre. 

PUISQUE  (saint),  fut  dé.'apilé  pour  la  re- 
ligion chiéti.nne,  après  avoir  élé  criblé  do 
coups  de  po  gnard.  L'Eglise  fait  sa  fêle  le 
2.)  septembre. 

PUISQUE  (sainte),  vierge  et  martyre,  souf- 
frit h  Rome  sous  l'einfiire  et  durant  la  per- 
sécution de  Claude  II,  dit  le  Gothique.  Elle 
fut  décapitée  après  avoir  enduré  [dusieurs 
tourments.  Ses  reliques  sont  à  Rome,  dans 
une  ancienn  •  église  [liacée  sous  son  invoca- 
tion. Ses  Actes  sont  peu  authentiques.  L'E- 
glise fait  la  fête  de  celle  sainte  le  îSjanvier. 
11  paraît,  si  l'on  s'en  rapporte  à  la  tradition 
de  Rouîe,  que  la  maison  qu'habitait  sainte 
P  isque  était  primitivement  la  seule  église 
de  Rome,  et  que  saint  Pierre  y  avait  odicié 
et  y  avait  administré  le  sacrement  de  bap- 
tême. 

PRIVAT  (saint),  évêqus  de  Mende,  dans 
le  GévauJan,  vivait  sous  Valérien,  suivant 
certains  auteurs,  seulement  dans  le  v'  siè- 
cle suivant  certains  autres.  La  première  opi- 
nion étant  la  plus  probable,  n-ais  l'adopte- 
rons.  Saint  Grégoire  de  Tours  l'ap  uie  de  sa 
puissante  autorité.  L'Eglise  de  Mende  ne 
compte  d'évèque,  avant  saitit  Privai,  quo 
sainl  Sévérien,  disciple  de  saint  Martial,  et 

23 


773 


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rno 


TRO 


v^Mpr(<  le  2«)  janvier  pnr  l'F^lisi^  Inlno.  Il  y 
n  lifii  (le  rroin*  (|ui>  s;iir)t  Priv.il  avait  son 
si<-''gc  dans  ranliijiic  cilt'  d'Aiidi'i  ilf,  nui  do- 
piiis,  h  cause  du  ixniplc  appelé  (idlxtli,  a 
j»ris  le  nom  de  (iahales.  Saint  Privai  est 
nommé  évècpn^  de  (iabales  dans  saint  (iré- 
goiro  de  Tours,  et  e"i  870  ses  successeurs 
avaient  cnrore  le  même  titre.  Quoi  qu'd  en 
soit  (ce  point  reste  obscur),  on  voit  dans  la 
Vie  de  saint  Privât  nu"il  se  retirait  dans  une 
grotte  qu'il  s'était  iait  arrang(>r  sur  le  haut 
d'une  montagne  voisine  de  Meude,  et  que 
là,  tant  que  ses  fonrti(»ns  é|)is(opales  le  lui 
permettaient,  il  restait,  faisant  ses  délices 
du  jeûne,  de  la  jirière  et  des  veilles.  Pen- 
dant qu'd  s'occupait  ainsi  do  sa  sanclKica- 
lion  et  de  celle  de  son  lrou|)eau,  Clirocus, 
roi  des  Allemands,  passa  le  Uliin,  et  vint 
ravager  les  ("laules.  Quand  il  fut  dans  le  (lé- 
vdudan,  les  habitants  du  pays  se  réfugièrent 
flans  le  chfitcau  de  (irè/.e,  fpi'on  voit  encore 
au  pied  de  la  montagne.  Saint  Piivat  resta 
dans  sa  grotte,  priant  pour  son  peu[)le.  Il  y 
fut  pris  par  les  barbares,  qui  em|)loyèrent 
toutes  sortes  do  mauvais  Iriitements,  do 
menaces,  île  supplices,  sans  pouvoir  le  dé- 
terminer à  tralur  ses  concitoyens.  Ils  ne  pu- 
rent rien  obtenir  davantage  (piand  ils  vou- 
lurent le  faire  sacrilier  «^  leurs  dieux.  Alors 
ils  l'acrablèrent  do  cou[>s  et  le  laissèrent 
pour  mort  sur  la  place.  Quelquesjours  après 
il  mourut  de  ses  blessures,  martyr  de  Dieu 
et  de  la  patrie.  L'Kgliso  fait  sa  fête  le  21  aoiU. 

IMtlN  A  r  (saint),  martyr  en  Phrygie,  avec 
un  saint  Denys.  Inscrits  tous  deu\  au  Mar- 
tyrologe romain  h  la  date  du  20  sc[)tembro. 
On  ne  sait  ni  à  quelle  date  ni  sous  quel  l'è- 
j;no  ils  furent  mavlyrisi'S. 

PRIVAT  saint),  martyr,  avait  été  guéri  de 
plusieurs  ulcères  par  le  pape  Calliste  :  il  fut 
a  Rome,  par  ordre  du  préfet  du  pn'-loire  l'I- 
l»icn.  f  appé  à  coups  de  martinets  garnis  de 
plomb,  jusqu'à  ce  qu'il  rendit  l'àme.  I/K- 
t?li<e  fait  sa  fèt(>  le  2.S  septembre.  {Pris  dans 
le  Mitrli/rnloiir  romnin.) 

PRIX  (saint),  évè  [ue  de  Ch>rmont  et  mar- 
tyr, est  hf>noré  i)ar  l'Kglisc  le  25 de  janvier, 
avec  saint  A  marin,  le  compagnon  de  son 
martyre.  Il  était  originaire  d'.Vuvergne.  Saint 
(lenès  le  forma  au  service  de  l'Kglise  :  il  fut 
d'al)onl  in  hiiliacre,  pu's  évéque  d'.Xuvergoe. 
Quand  Félix,  évé(pie  d'Auvergne,  fut  moit, 
11'  peuple,  avec  la  permissiu'i  (je  (^.hildéric  II, 
choisit  ni»tre  saint  pour  lui  .sucréder.  Il  em- 
jilova  ses  biens  à  lomler  des  n>onastères,  à 
.soiAjger  \r<  malheiir.'ux  et  les  pauvres.  Il 
fonda  pl'.isifurs  lntpitaux.  Il  ne  ^e  conttm- 
tailpas  des  uMivres  de  charité,  il  avait  com- 
pris tons  les  devoirs  de  l't'-piscopat,  et  au 
prenùer  iM  >g,  d  plaçiit  rcnsingneuKMil,  l'ins- 
truction qu  d  tlevaitau  troupeau  dont  il  était 
le  paslinir.  Forcé  d'aller  à  la  cour  pour  les 
alliures  de  son  diocèse,  il  gin''rit,  chenun  lai- 
.s«!Jl,  un  honune  nomme  Amarin,  solitaire 
dans  les  ^'osges.  Amann  suivit  le  siinl  évé- 
que. Ce  fut  dans  ce  tcinps-li^  qu,.  (Ihildciic 
lit  mourir  Hector,  palr.ce  di'  ^larseille,  le- 
qiiel  était  coupable  de  rapt  et  de  |ilusicurs 
autres  I  rimi  s.  Si-s  parliraus,  ses  amis,  cro- 


ient que  cela  était  arrivé  en  raison  des  plain- 
tes (pie  saint  Prix  avait  |)ort(''es  contre  lui. 
Kn  tout  (\ns,  ces  plaintes  auraient  été  justes, 
puisque  le  coupable  avait  enlevé  une  des 
diocésaines  de  saint  Prix  et  ensuite  avait  in- 
justement détenu  les  biens  de  son  église. 
La  mort  du  saint  évoque  fut  résolue.  On  ap- 
j)rit  qu'il  devait  passer  par  Volvic,  en  reve- 
nant de  la  cour.  Agricé,  qui  était  le  plus 
acharné  de  ses  ennemis,  alla  l'v  attendre, 
accompagné  de  vingt  soldats.  D'ahord  les  as- 
sassins se  trompèrent  ;  ils  prirent  Amarin 
pour  révè(|ue  et  le  massacrèrent.  Mais  saint 
Prix,  voyant  ce  qu'ils  voulaient,  se  [irésini  a 
à  eux  avec  courage.  Un  Saxon  le  frafipa  d'un 
coup  de  poignard.  «  Seigneur,  ne  leur  im[ni- 
tez  pas  ce  péché,  dit-il,  car  ils  ne  savent 
ce  qu'ils  font.  »  Aussit(jt  un  autre  soldat 
lui  fendit  la  tète  d'un  coup  de  sabre.  Ce 
martyre  arriva  le  25  janvier  GTV 

PRIX  (saint) ,  fut  martyrisé  avec  saint 
Thyrso  dans  un  lieu,  à  une  é|.oque  et  dans 
des  .circonstances  qui  nous  sont  inconnus, 
L'Eglise  fait  leur  fé;e  le  2V  janvier. 

PRORL  saint',  fut  martyrisé  pour  la  foi 
chrétienne,  en  l'an  de  Jésus-Christ  .303,  sous 
le  règne  et  durant  la  persécution  de  l'empe- 
reur Diocléticn.  Le  juge  (jui  les  condamna 
se  nommait  Maxime.  (Ko//.  TxRxgt  f..^ 

l'RORI-;  saint;,  martyr,  fut  mis  à  mort  }iî\T 
attachement  jiour  la  vraie  religion^  avec  les 
saints  Arc.de,  Pascase  et  Eutychien.  {Voy. 
l'article  ARcvnr.  pour  plus  de  (létails.) 

PRORE  saint.,  srniffrit  le  martyre  à  Riéti. 
Nous  Yvî'Oiis  dans  le  Martyrologe  romain 
quê  les  saints  martyrs  Juvéhal  et  Eleuthère 
lui  api>arurenl  au  moment  de  sa  mort.  L'E- 
glisi^  honore  sa  mémoire  le  15  mars. 

PROIUS  [Aitrclins  Vahrius  ,  natif  de  Sir- 
mich  en  Pannonie,  parvint  aux  grades  les 
plus  élevés  sous  Auri'-lien  et  sous  Tacite, 
autpiel  il  succéda  vu  27(i,  quand  les  soldats 
l'eurent  assassin.'.  Il  gouverna  sagement, 
et  fut  lui-même  assassiné  h  Sirmich  par 
ses  soldais.  On  le  regretta  universellement. 
Nous  ne  parlons  nas  des  événements  de  son 
règne,  parce  que  l'histoire  de  ce  prince  n'est 
|>as  le  moins  lin  monde  importante  pour  no- 
tre sujet.  L'Eglise  ne  l'a  pas  mis  au  nombre 
des  perséi  utcurs;  p.ourlanl  il  y  eut  {\o!i  mar- 
tyrs sous  son  règni»,  notamment  saint  Tro- 
phime,  saint  Sabbace  et  saint  Dorgmédon. 
En  eirel,  ce  prince  ne  persécuta  pas  les 
clir''liens.  Ce  fiireit  les  l'-dits  dAurélien  ipio 
les  gouverneurs  des  provinces  tirent  exécu- 
ter, et  (pii  portèrent  leurs  fruits  de  sang 
jusipie  sous  h?  rè.,ne  de  cet  «nupereur,  au- 
(piel  on  ne  peut  re|)rocher  aucun  acte  do 
(  I  uaulf*. 

PROnrS,  préfet  sous  l'empereur  Valérien, 
fit  mourir  à  Rome  sainte  Anastasie,  vierge, 
dite  l'ancii^nne.  Il  la  til  ch  ugtM'  de  chaînes, 
soufileter,  tourment(M-  par  le  fmi,  frapper  à 
c(nips  de  b.Uon.  Il  lui  lit  déchirer  lt>s  ma- 
melles, arraclierles  ongles,  casser  les  dinils, 
couper  les  mains  et  les  pieds,  et  cntin  déca- 
piter. Saint  Cyrille,  qui  assistait  à  son  mar- 
tyre, lui  ayant  donné  de  IVau  qu'elle  lui 
rivait  deinnndi  (\  fut  pris  par  ordre  de   Pro- 


7. SI 


l'UO 


l'I.I) 


7HI 


l)iis,  rt  recul  aussi  la  ('(Hintiiiif  ihi  mnrtyro. 

l'ilOlU'!^,  }:,niiv('iii('iir  de  l'.iniioiiic  siius 
l'i'iii|tii('  (1(1  i)i(»(l(''li(Mi  ,  lit  m kMci-,  en  .'lOV, 
h  Sirminni,  saiiil  IiVmh^c,  i|ui  cm  v{i\'d  <^vA- 
(llic,  cl  li'fivml  jiii  le  <'<MiliMi;nli  !•  ;i  s.iciilii'r 
Jiux  (li(Mi\,  le  coiiilamii.i  à  .ivoir  la  hMi-  tiaii- 
vMo.  (,)ucl(|U«)  Iciups  apics ,  cl  dans  la 
Iik'^iik*  aiiiK'c,  paicoiiiaiil  la  |ii(iviiiit'  s(mi- 
inis(>  h  son  ciuiuiiaiiili'iiicnl  ,  il  lil  iiioiii'ii-  à 
llil»al(vs  sailli  Pollioii,  (hcf  des  lecleiirs  do 
ji-^iiso  lie  celle  ville.  (I'"//.  l'oii.iov.) 

i'IUX-KSSM  (saint),  l'un  des  |)rinci|iau\ 
gaides  de  saini  Pierre  cl  (l(>sainl  Paul,  ('on- 
vorli  par  Cl  s  sainis  api'ilrcs,  avec  saiiil  ^]:\^- 
liliieii  cl  (jiiaraiile-sepl  aiilres  s(ildal>  ,  il 
soulVril  le  uiarlyro  par  ordr(î  do  N(''rnM,  on 
ramu'"  '  ()l),  coiiinie  les  deux  ap(Mi('s  Pierre 
et  Paul.  Tous  ses  coiii|)a^n(ms,  c'e.sl-à-dir(^ 
sainl  Marliiuen  o.l  les  (]uaianlo-sepl  soldais, 
l'urciil  marl\  risi's  en  nu'^iiie  leiiips.  Surins 
tloiine  des  Actes  de  sainl  Piocesscel  d(! 
sainl  Marlinieii  :  Haronius  n'iK^silo  pas  h  les 
cro  re  lid(''lcs,  mais  ils  sont  évidcniiucnl  siuis 
auloiilé.  il  l'aul,  par  rapport  <^  ces  dcuv 
.saints,  se  borner  à  co  qu'en  dil  saint  (\v6- 
^oire  i\). 

PUOCIIOllE  (sainl),  Tun  des  sept  pre- 
miers diacres,  rc(;ul  la  couronne  du  niartv  re 
apr('>s  s'(''tr(^  rendu  ('(MOdire  par  sa  toi  et  ses 
miracles.  II  esl  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
main le  0  avril. 

PUOI'LK  (sainl),  mourut  mnrlyr,  sons 
Tr.ijan,  avec  s.unl  llilarion.  L'hisluire  ne 
nous  dil  point  ni  le  lieu  de  su  mort,  ni  la 
mani(Me  donl  elle  arriva.  Il  l'ut  un  do  ceux 
que  le  grand  em[)ereur  lit  mourir  en  si 
grand  nombre  pour  cause  de  clirislianisme. 
Sa  f(M(>  arr!V(>  le  1*2  juillet. 

PKOCOPli  (saint),  natif  de  Jérusalem,  vi- 
vait relire!^  h  Bethsan,  nommée  aussi  Scyllio- 
))olis.  Là,  il  entra  dans  les  ordres  saints,  cl 
reyut  les  grades  de  lecteur  et  d'exorciste.  11 
fui  aussi  professeur  de  langue  grecque. 
Chaste  au  {)lus  haut  degré,  pieux  autant 
qu'il  est  possible  de  lèlrc,  il  était,  au  dire 
de  son  historien,  un  homme  divin.  Souvent 
il  était  des  jours  entiers  sans  boire  ni  man- 
ger :  de  l'eau  et  du  pain  lui  suffisaient.  En 
l'an  de  Jésus-Christ  303,  quand  arrivèrent 
en  Palestine  les  édils  furieux  de  Diocléùen, 
Procope  fut  la  première  victime  de  la  persé- 
cution. Arrêté  à  Bethsan,  il  fut  conduit  h  Cé- 
sarée,  ainsi  que  plusieurs  autres  chrétiens. 
Paulin  était  gouvt>rncur  de  la  province.  Il  in- 
tima au  saint  l'ordre  de  sacritier.  Les  répon- 
ses fermes  et  nettes  du  saint  ayant  con- 
vaincu Paulin  de  rinutilité  de  son  insis- 

(l)  Dans  noU'O  Histoire  des  persécutions,  nnc  vir- 
gule pl;ic,oe  avant  le  mol  Mamertine  par  le  proie, 
an  lien  de  rolrc  apiès,  nous  fait  donner  ce  mot 
comme  le  nom  d'une  sainte  niailyiisée  avec  saint 
Processe  et  sainiMarlinicii,  lan.lis  que  c'est  le  nom 
fie  la  prison  où  ces  sainis  cjaniaient  les  apôtres. 
Voici  la  phrase  vicieuse:  «  Proccsse  cl  iMarlinien, 
gardes  de  la  prison,  Mamerline  et  quara:ile-S{>pt 
autres.  >  Voici  la  phrase  normale:  «  Piocesse  et 
Marluiicn,  £;ardes  de  la  prison  Mamerlinc,  el  (jua- 
ia!'l(vs(i»l  aiilres.  »  (//,«/.  des  pcrséc.,  vol.  I,  pag. 
i58.) 


lance,  il  le  (ondjimiui  h  {^\v»'  (b'cniiili'.  L'E- 
^;live  \('iierc  sa  nicinoirc  le  H  iuillel.  for/. 
Sleph.  Asseiiiani,  I.  H,  ii.  H'A\  ;  lluiiiort  ; 
Henri  de  N  alois;  Iùim'-Ih!  de  (lésaréu.) 

PIUM'.OPI-;  is.iiMji,  niail\r,  moiinil  h  Cons- 
laniiiioplr,  .sons  l'cmpereiii-  Léon,  avec  saint 
Kasile  (pii,  connue  lui,  coiiiballil  avLM;  (.'Oii- 
ragc  pour  le  ciille  des  s.iinles  ima-es.  L'E- 
glise l'ail  l(Mir  l'clc  l(!  27  lévrier. 

PHOCllLK  (saint),  soiillril  le  mai  I  vre  avc^c 
saint  llilarion,  sous  l'einju-i-eiir  'riaj.iu  et  la 
pr(''sid('nt  Maxime.  L'l'!;^lisc  f.iji  coHetlive- 
nienl  I(Mir  bMc  le  l'i  juillet. 

PMOCri.L  (saint),  recul  la  palme  du  mar- 
tyre à  llidogiie,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Maximien,  L'Eglise  lio.nore  sa  mémoire  le 
1"  juin. 

PUOCrLl']  (saint),  diar;re  cl  marlyr,  mou- 
rut pour  Jésus-Chriil  en  l'année  305  de  l'ère 
cliiéli(Mine.  C'('lail  durant  l'.ilroce  persécu- 
tion (pic  Dioch'ticn  faisait  endurer  à  lEgliso 
du  Seigneur.  I.o  diacre  saint  Sosik  (Loi/,  .son 
litre)  était  emprisonné  à  Pou/zoles  où  il 
avait  généceusemcnl  confessé  la  foi  pour 
Jésus-(]hrist.  Procule  venait  le  voir  dans  sa 
prison.  Ce  (in'ayani  appris  Draconce,  il  le 
lil  arrêter,  cruellement  loueîler  cl  mettre  eu 
prison  aussi.  Peu  de  temps  après,  Timolhée, 
ayant  succédé  à  Draconce,  lit  amener  tous 
les  saints  à  ram])liitliéàlre,  où  il  les  lit  j«;ler 
aux  bûtes.  Aucune  n'ayant  voulu  leur  fairo 
de  mal,  il  les  fil  Ions  d'écapilir.  L'Eglise  cé- 
lèi)re  la  fèt(>  de  sainl  Procule  le  10  sej)lembre. 

PKOCULE  (saint)  ,  martyr,  répandit  son 
sang  pour  la  foi  avec  les  saints  Ei)licbe  et 
Apolloiie.  Ce  fut  le  consulaire;  Léonce  qui 
les  lit  arrêter  au  moment  où  ils  priaient  au- 
l)rès  du  corjKs  de  sainl  Valeidin.  Ils  jiérirent 
par  le  glaive.  L'Eglise  hono;c  leur  mémoire 
le  ik  février. 

PUOCIJLE  (saint),  évèque,  fut  martyrisé 
à  Narni,  ville  de  l'Etat  ecclésiastique.  Aftrès 
un  grand  nombre  d'œuvres  éclatantes,  il 
fut  décapité  par  l'ordre  de  Tolila,  roi  des 
(ioths.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le  l" 
décembre. 

PUOCULE  (sainl),  fui  martyrisé  à  Terni. 
Ce  sainl  évêque  souffrit  la  mort  dans  des 
circonstances  qui  nous  sont  inconnues.  L'E- 
glise fait  sa  fête  le  li  avril. 

PROCULE,  juge,  qui,  en  Afrique,  con- 
damna sainte  Uestitule  à  être  brûlée  vive 
sur  la  mer,  dans  une  barque  où  il  la  lil  pla- 
cer avec  une  gran(Je  quantité  de  poix  et  d'é- 
toupe,  et  à  laquelle  il  lit  mettre  le  feu. 

PROMOTE,  qualifié  consulaire,  dans  les 
Actes  des  saints  Secondien,  Marcellin  et 
Vérien,  lit  décapiter  ces  trois  saints  en  Tos- 
cane. 11  est  très-probable  qu'il  était  magis- 
trat dans  cette  partie  de  l'Italie,  el  qu'if  ne 
fut  pour  rien  dans  Farrestalion  des  trois 
saints,  qui  eut  lieu  à  Rome,  el  dans  les 
tourments  qu'on  leur  fit  soufl'rir  dans  celle 
ville  avant  de  les  envover  en  Toscane. 

PROSDOCL  (sainte), îilledesainteDomiiine 

et  S(jQur  de  sain  te  Bérénice,  est  honorée  comme 

miirlyre  avec  elles  par  l'Eglise,  le  k  octobre. 

(Pour    i)]us    de   détails,  voj/.  les   Aclcs  <U; 

ainte  Dommnf,  à  son  article.) 


;w 


PRO 


PTO 


784 


PROTAÎS  fs.iint),  marlvr  h  Milnn  sou? 
Nrron.  nvo"  saint  (iERVAis  (Toy.  ce  nom^. 

PUOTAIS  fsiin!).  eut  ravnula^e  glorieux 
fl.''  iDOiirir  ponr  sa  foi  h  Cologne.  On  i-'noie 
dans  i^uelles  cir  o-islances.  LE^lisc  fait  sa 
nH'rnoiro  le  V  aortl. 

PUOTK  fsoi'it>.  martyr,  fit  mis  h  mort 
nvec  sai'^l  llyarinlhe.  .«^ous  le  r^^ne  de  Va- 
If^riin.  «n  '257.  On  I  t  dans  los  Acles  do  sainte 
Eiig(  nie,  honorée  [lar  l'Ki^lise  !.•  25  décrmhre 
q'.îo  Ions  deux  servaient  «liez  cette  sainte 
f  II  qualité  dVunuijues.  S'il  faut  en  croire 
leur  éf-itaphe  raj^porlée  par  h'  papr:  Dan).'ise, 
tf'us  deux  élaiei.t  {réres.  I.curs  reliijues  sont 
dépdsées  à  Rome,  dans  l'église  de  Saint-Jean- 
lîaptisle.  N"iis  manquons  de  détails  bi^m 
circonstanciés  sur  leur  martyre.  L'Eglise 
f.iit  leur  félc  lo  H  septembre. 

PROTE  (saint),  piètre  et  martyr,  fut  mar- 
tyrisé à  ïorre  en  Sar  laigne  avec  le  diacre 
.iVinvier.  .\yant  été  envoyés  dans  celte  île 
par  le  pape  saint  Gains,  ils  furent  mis  à 
mort  sous  le  président  Barbare,  du  temps  de 
rtnipereiir  Dioclétien.  L'Er;lise  honore  col- 
leitiv»'iiu'nt  leur  mémoire  le  '2'.')  octobre. 

PKOTÈK ,  l'un  des  trente-sc[)t  martyrs 
égyj. tiens  qui  donnèrent  leur  Seing  pour  la 
foi  ei  Egypte,  et  desquels  Ruinirl  a  lai>sé 
les  Actes*  authentiques.  Voy.  Mahttrs  (les 
tenle-<:r>pt'  kgyptiens. 

PROTf^RE  (saint),  martyr,  fut  ordonné 
prêtre  par  saint  Cyrille,  patriarche  d.Mexan- 
firie.  Ou  ignore  complètement  sa  fam  lie  et 
léducalioci  (ju'il  re(;ut.  Dioscore,  le  succes- 
seur de  saint  Cyrille,  et  qui  était  eutychien, 
voulant  attaciier  notre  saint  h  son  parti,  le 
fil  archi[)r;;lre-de  l'église  d'.Vlexandrie  ;  mais 
PiOtère  vit  le  piège  et  n'en  resta  que  plus 
alaché  h  sa  foi.  L»;  conrilc  de  Chalcédoine 
ayani  déposé  Dioscore,  il  fut  élu  h  sa  place 
et  ordonné  en  io2.  Deux  partis  dés  lors  se 
j)arlagèrent  les  esprits  :  ce  ui  de  Dios(0:e, 
re,ir 'seule  par  Tiiuolhée  surnommé  Elui  e, 
et  par  Pierre  .Mongc,  tous  deux  ecclésiasU- 
ques,  mais  pleins  de  vices,  el  celui  de  Pro- 
lerj.  E  urc  aniinail  la  populace  contre  notre 
saint  et  lui  faisait  soullrir  mille  incultes  ;  il 
jiaivint  même  h  force  de  cabales  à  se  faire 
j  riicl.unLT  seul  évèque  dAlexandiie.  L'em- 
j  creur  l'exila  pour  le  punir,  et  cet  exil 
exH^ifiéra  le-*  eutychieiis  (]ui  s'en  vengèrent 
p.ir  la  mon  du  saint,  ils  le  massacrèrent  le 
vendredi  >ainl  de  l'année  457,  dans  le  bap- 
tistère attenant  h  l'église  ue  Saint-Qiiii  in. 
Ils  le  uiiient  ensuite  en  pièces,  le  brOlèrenl, 
et  ses  cendres  furent  jetées  au  vent.  Son  nom 
est  i  ""Sf-rit   au   lideiidricn*  grec  le  28  féviier. 

PROrot:i1:rE,  confes.seur,  éiail  prêtre 
d  I  éjli.«e  tie  Césaiée  en  Palo>tine.  Il  est 
CJ  6  avec  ho'  nour  parOrigène,  par  saint  Jt'-- 
r^^;ne.  toinme  un  homme  d'une  vertu  émi- 
nenle.  Il  fut  orrète  avec  saint  Ambroi.se,  \K\r 
l.-s  |ierâécuteurs  qui  cherchaient  Origène, 
i  l  conduit  avec  co  >ain(  jus(ju'eu  tiermanie, 
oùélait  Tempe  eur  Maximin.  Co  nrince  fé- 
I  .ce  avait  rouluiue  de  ti  aller  ainsi  les  gia  ids 
(C.soiniag  s  qu'il  voulaii  fair*- soullrir,  huiii;- 
icrou  lançonner.  Ce  tyran  traii.a.t  lessauils 
confess  tirs  à  sn  «;ijil»'  de   vilie  en  ville,  le» 


I 


nssnjettissant  .^  toutes  sortes  d'incommodi- 
tés, les  abreuvant  de  mauvais  traitements  : 
il  les  fit  même  tourmenter  parfois  cruelle- 
ment. Probd)lemeiii  (|ii'il  les  aurait  fait 
mourir,  mais  h  s  révdtes  de  ditférentes 
parties  de  l'empire,  el  notamment  de  l'I- 
talie, les  di'crets  du  sénat  (pii  menaient  le 
tyran  hors  la  loi,  le  forcèrent  h  quitter  b  us- 
fjuemenl  la  Germanie,  et  h  s'occuper  d'au- 
tre chose  que  de  buirmei  ter  les  (hréiicns. 
Les  deux  saints  confesseurs  furent  mis  en 
liberté.  IVnif.  Ambroise.)  On  ne  voit  plus 
rien  rIeProfoc'ète  dans  l'histoire. 

PROTOGÈNK  (saint),  évèque  de  Carres  et 
confesseur,  habitait  Edesse,  où  il  était  jirè- 
tre,  avec  saint  Euloge,  quand,  en  373,  Va- 
lens,  persécutant  les  catholicpies,  le  bannit 
avec  ce  saint  dans  la  ville  d'Antinous  en 
Barbarie.  Tous  deux  y  restèrent,  secondant 
l'évèquo  de  cette  ville  dans  ses  travaux 
aposlo!i(|ue5 ,  convertissant  les  jiaiens  et 
faisant  beaucoup  de  miracles.  A  la  mort  de 
Valens,  son  neveu  Gratien  ayant  fail  reve- 
nir d  exil  les  confesseurs,  saii;t  Prologène 
et  saint  Euloge  quittèrent  Antinoiis  pour 
retourner  en  Mésopotamie.  Protogène  fut 
fail  évèque  de  Carres,  où  il  mourut  comblé 
d'années  et  riche  de  vertus.  L'Eglise  ho- 
nore sa  mémoire  avec  celle  de  saint  Euloge, 
le  5  mai.  'Voy.  Vai.ens.; 

PR0T0LI(;L'E  (saint),  martyr,  vivait  k 
Alexandrie.  Ce  fut  là  qu'il  souffrit  le  martyre 
avec  ses  comnagnons  saint  Bassus  et  saint 
Antoine.  On  les  jeta  à  la  mer.  L'Eglise  ho- 
nore leur  mémoire  le  1'»  février. 

PROIES  (saint),  martyr,  précepteur  des 
sainls  (^ant,  Canlien,  et  de  leur  sœur  Can- 
tianille,  les  avait  élevés  dans  les  princi[)es 
de  la  foi  chrétienne.  En  l'an  de  Jésus-Christ 
30V,  durant  la  persécution  de  Dioclélien,  il 
fui  mis  à  mort  avec  eux,  dans  le  bourg  d'.4- 
quœ  (irndntiT  ^Snu-C:\nl\n')o].  (Eoj/.CANriF.v.) 

l'RUDENCI';  (>aint),  évè(|ue,  confesseur, 
soulfrit  à  Taïazona,  ville  d'Espagne,  pour 
la  défense  de  la  religion  chrétienne.  Nous 
n'avons  point  de  di'tails  sur  son  combat. 
L'Eglise  fail  sa  fête  le  28  avril. 

PRISE,  ville  de  Bilhynie,  eut  l'honneur 
de  voir,  au  m'  siècle,  sous  les  commence- 
ments de  Dioclélien,  marl,\riser  dans  ses 
murs  les  sainls.  Pairie  son  évèque,  Acace, 
Ménandre  et  Polyène,  tous  trois  i>iêlres  do 
stin  église.  Ce  fut  Ju  ius,pioconsul  de  Biihy- 
nie.  qui  les  condamna  ?i  mort.  ;  Voy.  Pitrick.) 

PSEUDON,  Ville  siluée  dan>  le  «lio.èse 
d'Aulun,  est  célèbre  parle  martyre  de  saint 
Hilaiie,  vulgaireiniMil  Hili  r,  et  de  saint 
Eloieniin.  C  s  deux  sainls  y  vivaient  dans 
la  pratique  des  plus  saintes  vertus,  jeûnant 
et  piianl,  lorsque  les  barban  s.qui  faisaiei  t 
de  fié  (Uentesiiivasionsila'srenii  ireroma:n, 
vinrent  piller  la  ville  do  Pseudon.  ils  com- 
mencèrent par  enlever  les  bie  is  «les  sa  nls 
iiiart\rs)l  les  iinril  mourir  e;isui(e  dans 
les  torliires. 

prOLÉMf:E  (saint,,  fut  martyrisé  .'i  Ronu«. 
sous  reiii|»iM>  de  Maii-Auièle,  par  ordre  du  i 
magistral  nommé  Erbicus.  Saint  Plolémée 
n'esf  pas  porté  dn 's  h;  Mart^vrolo^j;»»  romain  ; 


TH3 


l'TO 


i»Ln 


inQ 


Cf'iuiiul/iiil  sdii  inarlyio  in-  lait  pns  iloiilc,  puis- 
1111(1  saïul  Justin  S(>  [tlaiiil  liaiilciixtnl  «lu'oii 
I  «il  l'ail  iiioiiiir,  (hiMS  sn  .s('(«)ii(|('    Aftoloi/ir 
{i(li'(»ss('('  h  rcm|H'ii'iM-  cl  au  sciinl.  Ilniiiarl 
nous  iliMUK'  si's  Acli's  tjiic  nous  Iranscii  vous  - 
«  Un  l'UK"»  iriil»^  conlii!    sa  Irinmo  ((iii 
^tail  clui'licinc,  »'l  (pif  la  pislicr  <lu  prince 
av.nil   piolrj^i'c  cuiilic  sa   lurrur,  luunia    sa 
liaiiir  l'ontri!  un  cliriHicn  noiniur  I*IoI<'iih'm', 
(pli  avait  (loTiiK^   A  celle  rciiiiuc  la  |ii('iui("'n' 
tciiiluro  (l(!   notit>  icli};,ion.  H  i'(''solul  (h;  It! 
|)iM'(lro,  cl  dans  vo,  dcssoin  il  s'a(lr('ss(^  à  un 
C«'<iliifioii  (le  s(>s  luiiis.  lui  in(li(|uc  Plol<''nn''(>, 
lui  persuade  de  s'imi  saisir,  cl  tU;  n(î  riidcr- 
ro};(M- (pjie  sur  un  seul   ch' f,  savoir  s'il  csl 
cluvlicn.  Ploh'iiiu^c,  i\  (pii  l'oinlire  du  incn- 
soUf^c  faisait  peur,  cl  (ionl  r.'^inc  pleine   de 
candeur  lu)  pouvait  soiillrir  le  inonidrc  (h^- 
f^uiseuicnl,  r(''pondil  sans  lu'^silor  (pi'il  («lail 
cliriMicn.  (k'I  aveu    lit  (pic  li;    ceiilurioii    K; 
traita  ;»vc«^  une  cxlriMuc  durcl(S  cl  Ic!   retint 
longl(MU|)s  da'is  une  obscure  |)risoM,  Knli'i, 
a^juil  ('ié   conduit   devant    le  pri'l'el  IJrlii- 
cius,  ce  jii;j;o  ne  lui  demanda  (pie  celle  seule 
clios(>  :  s'il  était  chrélie!!.  Lui  (jui  ('■lait  per- 
suadé 'lut*   la  doclrine   de  J(^sus-rdirisl   est 
une   source    fi'condo  d(!   toutes    sortes    de 
Jjicns,  (H  (jue  runi(pie  moyen  d'(Hrc  lieureux 
esldes'aitaclierhses  maximes,  ne  l);\Ian(;a  |)as 
un  uioinent,  et  il  r('>p()'idil  hardiment  jxjur 
la  S(>coMde  l'ois  (|u'il  était  chrétien.  Au  reste, 
(|uieon(|uedésavoue  la  r(d  gion  chiétienncne 
le  peut  faire/iuc  par  deux  motifs  :  ou  parce  (ju'il 
lacroit  indigiede  lui. ou  j)aree(pieses  mœurs 
le  lendent  i'idij,ne  d'elle.  Or  ni  luii  ni  l'autre 
de  ces  motifs  ne  peuvent  agir  sur  un  vérita- 
Ide  chrétien. 

«  IMolémée,  ayant  ai'isi  rendu  témoignage 
h  la  véj-ité  et  il  la  religion  qu'il  professait, 
reijul  sur-le-ohanip  la  récompense  de  &;i 
généreuse  sincérité.  11  fut  condamné  à  la 
mort.  Comme  on  le  conduisait  au  supplice, 
Lucius,  (^ui  était  chréti  n  comme  lui  et  qui 
n'avait  pas  TiiUie  moins  grande,  fut  touché 
d'un  jugement  si  ini([ue;  il  alla  de  ce  [ms 
tiouver  Urbicius.  «  Quelle  est  donc  cette 
«  justice,  lui  dit-il  en  l'abordant,  qui  vous 
«  fait  condamner  un  homme  î»  pei-drela  vie, 
«  parce  qu'il  porto  un  nom  (}ui  vous  est 
«  odieux?  Quoi!  sans  ôlre  ni  adultère,  ni 
«<  homicide,  ni  ravisseur  du  bien  dantrui, 
«  ni  coupable  d'aucun  autre  criiue,  il  sullit, 
«  pour  mériter  la  moit  au  tribunal  du  pré- 
fet Urbicius,  de  confesser  (|u'on  est  cljré- 
tien  !  Croyez-moi,  cette  horrible  injustice 
ne  convient  point  au  temps  où  nous  vi- 
vons. Par'  là  vous  déshonorez  la  piété  de 
nos  empereurs,  et  vous  faites  injure  à 
l'équité  du  sénat.  —  N'es -tu  pas  aussi 
chrétien?  interrompit  le  préfet,  toi  qui 
m'oses  parler  ainsi  ?  Du  moins  il  me  sem- 
«  ble  que  lu  en  as  le  langage  et  les  maniè- 
«  res.  »  Lucius  l'ayant  confessé,  le  préfet 
l'envoya  au  supplice  sur  les  pas  de  Plolé- 
inée.  «  Je  te  rends  grâces,  Urbicius,  lui 
«  dit  ce  soldat  de  Jésus-Clirist  en  allant  à 
«  la  mort,  de  ce  que  tu  m'(jles  au  plus  mé- 
«  chaut  de  tous  les  maîtres,  pour  me  donner 
«  au  loeilleurde  tous  les  pères.  »  Un  Iroi- 


MèiMo  chrt'tiini  ('t/iiit  survenu,  et  nynnl  f.ul 
au  juge  h's  iin'^mes  icproches,  p/uta^e.i  nveo 
les  deut  premiers  et  j'i^noiiiiiiie  «ItJ  bîUr 
nmii  et  II  ^luwe  de  leur  Ir.oiiiphe.  • 

i'H)l.ii\H:i:  (saint),  évi^pie  de  l'cntapoIJl, 
martyr.  On  croit  (pi'il  ceuillit  la  paluio  du 
iiiarh  re  h  Pise.  i.a  fui  diiranl  la  persécution 
de  N'en  (II. 

l'I'OLIvMJ';!':  (saint),  porté  au  Martyrolojço 
romain  comme  solilal  ei  maris  r,  .'i  la  dat(!  du 
20  (h'cembre.    (!'«*/.   Ammon  n'Ai.i: \  a-niihik.) 

PTOI-I'-Mf;!-:  (saint),  sonlfrit  le  martyre  à 
Uoiiie  vers  \';]\\  H'iVi.  {Voij .  Lici:.) 

I'I<)I,0M^:K  (saint),  évéïpie,  discipi,,  ,lo 
saint  Pierr(^  ('(il  ajx'itre  l'asanl  envoyé  an 
Toscane  pour  y  i»r('^cli(M-  l'I^vangile,  il  ou 
conlirma  les  vérités  |)ar  l'elfnsio-i  de  sou  sang 
h  Népi.  {f'\vlraiC  du  Marfyroloye  romain,  au 
i>V  aoi^l.) 

PUULIK  (saint), /V>/(»s,  fui  martyrisé  à 
Saragosse  en  Espagne  |>ar  les  ordr(,'s  de  Da- 
tion (lui  en  élail  gouv(Mn(nir,  en  l'an  de  Jé- 
sus-Christ 'M)\,  (liirant  la  [(ersécuiion  do 
Dioclétien.  Di\-sepl  autres  furent  martvri-- 
ses  avec  lui  :  on  trouvera  hnirs  noms  à  I  ar- 
ticle Dacikn.  Les  dix-huil  martyrs  de  Sara- 
goss(!  sont  In^s-honorés  en  ICspagne.  C'est 
Prudence  qui  rapporte  ce  (]u'on  sait  d'eux. 
Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  so;;s 
la  date  du  10  avril.  [Voij.  Prudenc(%  de  Cor. 
hym.  k  ;  Tillemonl,  vol.  V,  p.  229;  V^asseus, 
Behja.) 

POULIE  (saint),  fut  martyrisé  en  Afrique 
avec  les  saints  Victor,  Hermès  el  Papias. 
On  ignore  à  quelle  époque  et  dans  quelles 
circonstances.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  lo 
2  novcml)r(!. 

PUBLIUS,  qualifié  préfet  dans  les  actes  do 
sainte  Félicité,  fut,  en  l'année  lO'i-,  chargé 
par  l'empereur  IMarc-  Aurèle  d'interroger 
sainte  Félicité  et  ses  sept  fils,  el  de  les  ex- 
horter à  obéir  aux  ordonnan.^es  qui  prescri- 
vaient de  sacrilier  aux  dieux  de  l'emjiire. 
Publius  s'acquitta  de  sa  mission  avec  plus 
de  modération  (jue  n'en  meitaienl  d'ordi- 
naire, dans  ces  sortes  d'alfaires,  les  magis- 
trats de  ce  lemps-là.  Il  n'i  ut  point  à  jug>ir 
ni  à  prononcer  de  sentence.  Sur  un  rajiport 
circonstancié  qu'il  adressa  à  rem[)ereur,  ce- 
lui-ci nomma  des  juges  (lui  condamné' ent 
et  firent  mettre  à  luo.t  sainte  Félicité  el  ses 
sept  fils.  [Voy.  Félicité  ) 

PUBLIUS  (saint),  évoque  d'Athènes,  fut 
martyrisé  dans  sa  ville  épiscopde,  sous  ie 
règne  de  Marc-Aurèle.  La  mort  du  saint  évo- 
que, heureuse  pour  lui,  devint,  funeste  à 
son  troupeau  ;  car  étant  resté  quelju  •  temps 
sans  pasteur,  il  perdit  presque  entière. neiit 
la  foi.  Il  y  fut  ramené  par  saint  Quadrat,  (jui 
fut  son  premier  évoque  ainès  saint  Publius. 
L'Eglise  fait  la  fête  de  ce  saint  martyr  le  21 
janvier. 

PUBLIUS  (saint),  évêque  et  martyr,  donna 
son  sang  pour  Jésus-Christ  en  Asie.  11  eut 
pour  compagnon  de  son  triomphe  saint  Au- 
rèle. L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  12 
novembre. 

PUBLIUS  (saint),  reçut  la  palme  du  mar- 
tvre  en  Afrique,  avec  les  saints  Julien,  Mar- 


787 


QLA 


QUA 


788 


rcl  t'I  leurs  compagnons,  dont  les  uftius  sont 
ignorés.  L'Eglisc  lait  leur  fClc  le  11)  févrii-r. 

PUNA,  ville  sifude  dans  la  province  de 
Onilo  (Mo\i(jno\  et  dont  livs  hahitanls  mi- 
rent h  mort  le  hienheuroux  Vinrent  de  \  al- 
verdo,  qui  voulait  les  convertir  en  l.")'»3,  (jm'I- 
ques  années  après  que  Pizarre  était  allé  à  la 
conquùte  du  Pérou. 

PUPULE  (saint),  martyr,  souiïrit  pour  la  fui 
h  Ale'tandrie,  sons  Numérion,  aveo  les  saints 
Céréal,  Caïus  et  Séra|)ion.  On  ignore  h  qinMlo 
époque  et  dans  quelles  <  inonstanees.  L'E- 
glise vénère  leur  mémoire  le  28  février. 

PURCHASIE.  yi.  Jehan  fde  Saint-Clavien; 
a  imprimé  dans  un  ouvraiîe  de  cliiniie  ii-s  li- 
gnes suivantes  ,  que  M.  Pignard  me  trans- 
mettait conune  renseignemeiit  pendant  (pi'on 
imprimait  les  premirres  feuilles  do  ce  Dic- 
tionnaire :  «  Emeric  David  a  découvert  un 
monument  h  storique  constatant  que,  vers 
le  milieu  du  XI'  siècle,  on  conservait  à  Dijon 
nn  très-ancien  vitrail  peint ,  re[)résenlant  le 
Marti/ip  de  sninte  Pnrchaxie,  et  provenant  (U; 
la  vieille  é;^lise  restaurée  par  Charles  le 
Chauve  (Saint-Denis.)  »  Je  pensai  qu'on  avait 
pu  confoidrc  avec  sainte  Pascasu*  ou  Pas- 
chasie  ,  dont  il  est  fait  nientiou  h  l'article 
Bémoe  de  ce  Dictionnaire.  Mes  recherches 
et  une  lettre  que  je  viens  do  recevoir  d'un 
vénérable  chanoine  do  Dijon  me  conliiment 
dans  cette  opinion.  Une  faute  typogra[>hique 
aura  causé  cette  erreur.  Quani  <^  sainte  Pas- 
casie,  je  ne  l'ai  pas  donnée  connue  niailyre, 
j)arce  que  tous  les  Martyrologes  avant  M.  du 
S.iussay  ne  l'ont  |)as  donnée  connue  telle;  le 
Martyrologe  romain  ne  lui  accorde  pas  ce 
titre;  Bollandus  non  plus,  9  janv.,  p.  51)7. 
Grégoire  de  'l'ours  {Dr  (iloria  marti/r.,  c.  ."il, 
n.  120;  de  (Horia  confcssoriim,  c.  V2,  j).  M'-i) 
la  nonune  seulement  une  fennne  sainte  et 
religieuse.  Suivant  ceux  qui  la  font  martyre, 
elle  aurait,  après  avoir  confessé  la  foi  dans 
les  prisons  et  dans  les  supplices,  été  déca- 


pitée par  tes  païens,  sous  .'irlarc-Aurèle,  dans 
un  ;1ge  fort  avaiuM-. 

PUY  (le  bienheureux   Pnii.irn:  m),  était 
encore  dans  le  sein  de  sa  mère,  (piand  saint 
Antoine  de  Padoue  prédit   son  martyre.   II 
passa  son   enfance  et  sa  jeunesse  dans  une 
innocence    vraiment    an,.;élique.    Il    se    lit 
frère  mineur  et  se  rendit  en  Terre  sainte.  Il 
était  h  Azot  ijuand  la  ville  lomha,  par  trahi- 
son, au  pouvoir  des  musulmans,  qui  con- 
damnèrent les  chrétiens  à  la  mort,  au  nom- 
bre de  deux  mille.  Philip|)e   demanda  à  être 
martyrisé  le  deiiiier.  Les  musulmans,  esi)é- 
rant  ipi'il  allait  abjurer,  y  consentirent;  mais 
il  jirolila  de  celte  faveur  pour  exhorter  les 
chrétiens  à  mou.  ir  avec  courage.  Quand  on 
eut  raconté  au  sultan    la  conduite  de  Piii- 
lippe,  il  lui  lit  couper  une  h  une  les  articula- 
tions des  dtvigis,  en  |)résence  des  chrétiens. 
Malgré  cela,  le  généreux  martyr  ne  cessa 
d'exhorter  ses  compagnons  de  souiïrances  ù 
supporter  courageusement  la  mort  pour  re- 
cevoir la  couronne  de  gloire  que  Jésus-Christ 
donne  <i  ceux  (pii  nwMirent  pour  lui.  Le  sul- 
tan, voyan;   la  p(>rsi>tauce  do  ce  généreux 
soldat   de  Jésus-Christ,   le  Ut  écorohor  vif 
jusqu'à  la  f)artio  inl't'rieure  du  corps,  el   lui 
lit  (  ouper  la  langue.  La  manière  dont  il  svii»- 
portj  ces  tourments  lit  la  jo.e  des  chrétiens 
elenflimma  de  i)lus  en   plus  la  fureur  des 
nnisulmans.  Connue  sa   langue  mutilée  ne 
l)ermetlait  plus  qu'il  pilt  adresser  la  paroi) 
aux  conq'agnons  de  son  martyie,  il  les  en- 
courageait eiH'oro  du  geste.  Il  fui  emin  dé- 
capité av(.>c  les  autres,  et  son  l\n\c  s'envola 
vers  les  (ioux  sa  réconq;ense.  [Chr  .nique  des 
Frères  Minctim,  1. 1,  p.  21."i  bis  ;  t.  Il,  p.   I  «8.) 

PYDNE,  aujourd'hui  Kitros,  ville  de  Ma- 
cédoine, en  Piérie,  sur  le  gofe  Thermaupie, 
vit  le  martyre  (ie  saint  Alexandre,  cjue  V.;>- 
lère  lit  mourir  en  298.  Cet  Alexandre,  nou- 
velltniient  converti,  avait  été  ardent  persé- 
cuteur des  chrétions.  H.)llindus  raconte  sa 
vie  au  li  mars. 


Q 


Ql'ADRAT  'saint),  l'apologiste,  qu'il  ne 
faut  i>as  confondre  avec  lévèqne  d'Athènes, 
comme  l'ont  fait  beaucoiq)  d'auteurs,  enire 
autres  Fleury  et  tout  réciMiuuinil  llouillet, 
avait  été  (lisci|)le  des  apôtres,  avait  vu  |>lu- 
sieurs  des  persomies  guc'-ries  et  ressuscitées 
par  Jésus-Cluisl.  Il  ne  |>ouva  t  donc  pas  être 
le  même  que  saint  Quadiat,  nonnni'>  («vèquo 
d'Athènes  en  170.  du  temps  de  saint  Denis. 
Eusèbe  donne  h  saint  Oiiadrat  l'apologiste  le 
titre  «l'évangélisie.  Il  appelle  ainsi  ces  suc- 
cesseurs des  ajiôtrps,  (pii,  renon(;ant  à  tout 
bien  ici-bas,  se  faisaient  en  Ions  lieux  les 
prédicateins  et  les  propagatmirs  de  l'Evan- 
gile :  missionnaires  rpn  n'avaient  point  de 
demeure  li\e,  et  ipn  allaient  [lar  liuiie  U 
terre,  glanant  pour  Ji-siis-Christ  les  épis  çh 
ol  Ih  égaré'S. 

Quadrat  prt'senta,  en  l'amn'e  Lit».  ,^  l'em- 
pereur Adrien,  une  Apologie  qnil  avait  com- 


posée en  faveur  des  chrétiens,  et  dont  il  ne 
nous  resie  plus  ri(Mi,  si  ct*  n'est  quehpi  s 
fragments  conservés  par  Eusèbe.  Cet  o;i- 
vrag(>.  abondant  en  raisonnements  forts  et 
solides,  plein  d'érudition,  île  raisons  lumi- 
neuses, est  appeir*  par  saint  Jér^^n^e  un  ou- 
rrat/e  fort  utile.  .Adrien  en  fut  touché,  et,  so 
renilant  aux  raisonnmnenls  que  l'illustre 
apologiste  faisait  valoir,  il  cessa  (n  pi-rsécu- 
tion  qu'il  avait  al lumi'e  contre  l'Eglise.  Quel- 
tpies  auteurs  veuli  nt  que  saint  (Juadrat  l'a- 
pologiste ait  (Hé  évè(pH'  de  Magnés  e,  et  qu'il 
y  ait  été»  martyrisé.  Rien  h  cet  égard  n'est 
soldemi'iit  éla!>li. 

Ql'ADRAT,  l'un  des  trois  magistrats  qui 
liriMil  inouiirà  Langres  les  saints  Ehnisipp», 
SpiMisippe  et  Melensippe,  en  l'an  ISO,  sous 
l'empire  de  Marc-.\urèle.  Ce  fut  lui  (pii  so 
montra  le  plus  acbaini'î  cf»ntre  les  saints 
mailyrs,  et   qui  alla  mèmojustpi'à  frapper 


7f.9                                 0''A  01  K                                 700 

iwrc,   le    poiii;^' /m  visa;^(i  deux  (rriili(^    v\\\,  sur   la  voie;    Iwiliiir,   d/iiis   Ii!    Ii<'ii  n|i|t(!|('5  I(?H 

Kniiil    l''.l('iisi|i|i(i    ot   sailli  S|M'Usi)i|M'.    [Voy.,  ('ni(  Saths.  Il    ml    notir   ((imiiii^iioii  do  sirS 

pour  les  d(''lails,  l'ailiclf'  Si'i;i  sii'i'i..)  NDiiirraiiccs  sniiil  (,)iiiiiliis.  I.oiirs  curjts  liKi'iit 

(,)r.\l)U.\r  (sailli),  soiilIVit  le  mai  Ivre  avec,  tiaiis|i()rl(''s  ii  (laiioiic,  cl  l'I'l^^liM!  l'ail  cnllct- 

Ics  saillis  riir-i)(l(is(«,  l'iiiiiiiaiiiii'l   cl  ijnaiMMln  livciiH'iil  leur  nM'iiiniri-  le  H)  mai. 

auln\s  saints  doni  los  noms  glorieux  im  soiil  (,>l'ArUI';  COHUONMiS  ilcsi,  l'r/^ri'H  tnnr- 

jioiiit  |iaiv('niis  Jiis(|ii'à  nous.  I,'l"',^lis(!    l'ail  (yis  à  llnmc  (les  (|iialir  l'i-i'-rcs  Cnirril  air*^- 

iMillt'tlivi'iiiciil  Iciii-  J'tMc  le  -iC»  mars.  liVs  da'is  l,-i    iiorsrciilioii  de    Dhk  li'licii    pour 

(,)I1AI)U.\  T  (sailli),  l'iil  mailvri>('à  NicoiiK')-  .s'tMn.'  diTlan's  (;((iili(!  k»  ciilU'  des    idoles,  ol 

di(^  Apirs  avoir  v\r  loiirmi-iilr   à  plusieurs  riirciil  l'oiicllrs    avec,  dirs    cordes    garnies  fin 

l'cpriscs,  diiraiil   la  pcrsiMuilioii  de  Dècc,    il  ploiiih  jusqu'à  tu'  qu'ils  expirassenl  sous  le^ 

eut   ciiliji  la  h'^lc  Iraiichcc.  Il   osl  iuscril  au  coups.    Leurs  noms  iw.   rurnil  coiimis   (pie 

Rlarlyrolo^i^  romain  le  7  mai.  I(in^;lemps  après   leur   iiiarlyr*;  :  c'est    |  om- 

(JUADIIA  TII'IN,    piél'el    inipéiial.  ipii,    au  t'ela   (pi'on  les  véiièi(!  sous  celui  des  (pi  iiro 

coinniencemeut  du  |•(\^M{Ml(;  Julien  IWposlal,  couroinK'S.  Ils   se  nommaient  Si'vère,  Sév(';- 

lil  ^irrcMer  à  Are/zo    cl  décai)iler  les  saints  rien,  (larpophore   el   Vicloiiii.  (!(î  fui  sur   l/i 


Douai,    év(^(iue    do   celle   villo,    cl  llilarin,  voie  l.avicane  (pi'eul  lieu  leur  supiilin-.  Us 

moine.  soiil  lionorivs  par  l'I'li^lisc  le  K  novemhie. 

(jrADUAITS   {Sidiiits),    t;oiiverneur    à  Ol'KNII.N  (  s'j  ni  ),  inarivr,  élail  lils   d'un 

Sinyrne,  lit  luarlyiiser  dans  celle  vill(!  saint  sén.ileiir  roinain  nommé  Zi-non.  L'ardeur  do 

Pol.vcar|u\  (pii  en  était  évi^iue,  sous  lo  règne  sa  foi,  le  zèlo  (lu'il  avail  pour  la  propaj^alion 

de  l'emperenr  Marc-,\urèl(!.  de  rMvaMj.;il(>,  le  poilèrcMil  .-upiiller  sa  jjatric 

QlJAirr   (sailli),  niarlyr,   est  (lési;.;iié   par  pour  travailler  à  la  conversion  des  inli(|id(!S  : 

saint  (lyijrieii  comme  ayant  (Vé  compa;.:;noii  il  vint  dans  les  (laules,  accompaj^né  d(;  sainl 

tlu  martyre  d(>  sai'il  Sivle  11  {/'.'p.  (ulsuccrss.  Lucien  de  Heanvais,  do. saint  Denis  de  Paris, 

f/>/.s-c.  80  Im'IIo;  82  Pamelio).  Alhin  Huiler  dil  el  do  sainl  l'Ialoii  di;  Toijrnay,   s'il  l'aut  eu 

quo  lo  mol  (>(u//7(/.s- est  une  l'auto  do  copiste  croire   d'anciens   Actes.    Si  cela  est  vrai,  il 

dans  sainl  Cyprion,  lequel  avail  enlondii  dé-  faut  admotirc!    ipio  saint  Quentin  vint  dans 

siguernon  un  ïainl  ,  mais  ([uatro  diacres  ou  les  (laulc's  en    l'annéiî  2'i5.  Les  Actes  de  ce 

sous -diacres   qu'Anaslase    donne   à    sainl  sainl  portent   qu'il  vint   avec  sainl  Luciori 

Sixte  comme  compagnons  do   son  martyre.  jus(prà  Amiens,  où  il  s'arrêta  p;)ur  prOclior 

Collo  explicalion  do  l'auleur  anglais  est  au  l'I^vangilc,   tandis  ()ue  sainl  Lucien  se  diri- 

doriiier  point  imporlinente,  quand  l'Kgliso  a  gca  vers  Beauvais.  Saint  Quoiitin  faisait  de 

adof)lé  la  l'auto  do  copiste  eu  comptant  saint  nombreux  miraclos,  qui  rendaient  ses  [)ré- 

Quarl  comme  saint  ol  on  nuitlanl  sa  fèlo  au  dications  d'autant  plus  puissantes,  d'autant 

C  août.  On  n'a  pas  do  détails  circonslancios  plus  odicaoos.  Le  préfet  Uiclius   Varus,  vul- 

sur  son  martyre  ;  on  pense  qu'il   fut  dooa-  gairoment  appelé  Uicliovaro  dans  les  Actes 

pité.  (l'un  grand  nombre  de  martyrs,  entendit  par- 

QUAUT  (sainl),  martyr,  eut  le  bonheur  de  lor  de  sainl  Quentin  ;  il  était  dans  les  envi- 

donner  sa  vie  pour  la  défense  du  christia-  rons  de  Reims  ou  de  Soissons.  11  résolut  la 

nisme,  durant  les  persécutions  que  les  em-  mort  du  saint,  et  lit  diligence  pour  arriver  à 

perours  romains  liront  soud'rir  à  l'Lglise.  H  Amiens.  A'oyant  les  progrès  que  la  foi  chré- 

vorsa  son  sang  dans  cotte  terre  d'Afrique  si  tienne  faisait  dans  celte  ville  grûce  au  saint 

rougie  par  le  sang  clirélien  et  si  riche  alors  prédicateur,  il  le  lit  arrêter  èl   conduire  en 

do  généreux  et  sublimes  dévouements.  L'é-  ])rison.  Le  lendemain,  saint  Quentin,  chargé 

poque  de  son  martyre  est  inconnue.  On  sait  do  chaîîios,  comparut  devant  lui  :  menaces, 

seulcmenl  qu'il  soull'rit  avec  les  saints  Ad-  prières,    tout  fut  employé  pour  ébranler  le 

juleur,  Viclur,  Victor  et  Victocin,  et  trente  saint  martyr,  mais  inutiiement.    Alors  Ric- 

autros  dont  les  Martyrologes  n'ont  point  con-  tins  Varus  lo   lit  baltre  cruellement  et  ren- 

servé  les  glorieux  noms.  C'est  lo  18  décem-  fermer  dans  un  cachot  obscur,  où  nul  n'avait 

bre  que  l'Eglise  et  les  fidèles  célèbrent  la  la  permission  de  le  voir  ou  de  lui  porter  les 

mémoire  de  ces  saints  martyrs.  secours    dont  il  avait  besoin;  mais  la  nuit 

QUARTE  (sainte),  martyre,  fut  mise  h  mort  suivante,  disent  ses  Actes,  un  ange  vint  le 
pour  la  foi  dans  la  villo  do  Lyon  on  177,  tirer  de  prison  et  lui  ordonna  d'aller  prêcher 
sous  le  rogne  de  l'emporeur  Anlonin  Marc-  au  peuple.  On  dit  qu'animé  ])ar  les  soufl'ran- 
Aurèle,  avec  saint  Pothin  et  les  glorieux  ces  qu'il  venait  d'endurer,  le  saint  se  sur- 
compagnons du  combat  de  ce  saint  évoque,  passa  et  fit  un  discours  qui  convertit  six  cents 
EUefutdécapitéo,  parcequ'elleétailciloyenne  ])ersonnos:  les  gardes  mômes  seconvertirent. 
romaine.  L'Eglise  fait  la  fôle  de  ces  saints  Le  préfet  au  dernier  point  furieux  de  ce 
martyrs  le  2  juin.  qui  venait  de  se  passer,  fit  ramener  le  saint 

QUARTILLOSIE  (sainte),  martyre  en  Afri-  devant  lui,  et  après  avoir  de  nouveau  essayé 

que  sous  Valérien.  vit  martyriser  avant  elle  de  le  vaincre  par  une  feinte  douceur,  il  le  fit 

son  mari  et  son  fils.  Le  dernier  lui  apparut  étendre  sur  le  chevalet  et  tirer  avec  des  pou- 

trois  jours  après  pour  lui  assurer  que  Dieu  lies  presque  jusqu'à  le  démembrer;  ensuite 

voyait  ce  que  souil'raiont  les  confesseurs,  et  il  le  fit  fuuetter  avec  dos  chaînettes  do  fer,  et 

bientôt  après  elle  reçut  la  môme  couronne,  lui  fit  verser  sur  le  dos  de  l'huile,  de  la  poix 

Nous  ne  la  trouvons  pas  inscrite  au  Marty-  et  de  la  graisse  bouillantes.  On  lui  biûla  les 

roîoge.   _    ^^  ^  côtés  avec  dos  torches  ardentes  ;  on  lui  mit 

QUARTUS  (saint) ,  fut  martyrisé  à  Rome  dans  la  bouche  de  la  chaux,  du  vinaigre  ei 


lui 


QIE 


Ql! 


•Oi 


dp  la  inoufarde.  Voyant  que  rien  ne  pouvait 
rah.illro,  It.'  pr(''fot  le  nieiaça  do  l'ciivcner  à 
Rome  juix  eniperiMirs;  mais  le  saint  lui  dé- 
clara que  I). ou  é  ant  partout, il  serait?»  Hotne 
comme  en  tous  lieux,  sous  sa  pioieclion: 
alors  le  préfet,  (]ui  se  rendait  dans  le  pays 
des  Vcromaiului,  ordonna  aux  soldats  d; 
cliarj^rr  de  chaînes  le  saint  et  de  marcher  en 
avant  jus(}Uc«  ce  que  lui-même  les  eiil  re- 
joints. Les  soldats  conduisirent  «Kmc  h'  saint 
jus(ju'à  la  ville  appelée  alo's  Augusla  Vero- 
inanditorum,  aujourd'hui  sim[>l»'ment  viila.^e 
de  \'ermand.  Uiclius  Varus  y  arriva  lelciuJe- 
iiiain  ;  de  nouveau  il  tit  tournjentcr  le  s  int 
de  la  fa(,-on  la  («lus  cruelle  :  il  le  lit,  disent  ses 
Actes,  percer  de|)uis  le  couju>(praux  cuis- 
ses avec  deux  barres  de  fer  ;  on  lui  enfonça 
des  cl  us  sous  les  ongles  et  dans  plusieurs 
autres  parties  du  forps.  Ses  Actes  ajoulent 
qu'il  ne  mourut  point  de  tous  ces  sup|):ices, 
«  l  qu'on  fu'  obligé  de  le  décapiter.  Son  exé- 
cution eut  lieu  le  -U  octobre,  jour  auquel 
l'Kglise  latine  célèbre  sa  fête.  Son  corps  fut 
longtemps  gardé  par  h's  bourreaux,  [)arc'e 
qu'on  ne  voulait  pa-  que  les  chréliens  le 
lissent  enterrer.  Le  piéfel  y  ayant  fait  atta- 
cher une  grosse  masse  de  ploinl),  le  lit  jeter 
durant  la  nuit  dans  la  Somme,  h  dmix  lieues 
de  Vermand,  près  d'un  bac  où  l'on  passait 
cette  rivière  en  allant  d'Amiens  h  Laon.  Cet 
itinéraire,  pour  qui  coiinait  les  lieux,  est  as- 
sez didicile  à  justifier,  car  en  irenant  cette 
route  on  allo'.ige  beaucoup.  Le  corps  de 
saint  Quentin  était  dans  cet  endroit  depuis 
cinquante-cinq  ans,  quand,  sous  l'empire  do 
Constance  et  de  ses  frères,  une  dame  ro- 
niaifie,  nommée  Eusébie,  qui  était  aveugle, 
reçut,  dit-on,  l'ordi^e  d'un  ange  de  venii-  le 
chercher  :  il  lui  avait  été  promis  (jue,  quand 
elle  l'aurait  retrouvé,  elle  recouvrerait  la 
\ue.  Faut-il  croire  ce  qui  est  raconté  dans 
les  Actes,  savoir  •  (|u'Eusébie  sét.int  mise  en 
prière  sur  le  bord  de  l'eau  prè^  de  l'endroit 
où  était  le  cor[)sdu  saint,  cet  endroit  se  mit 
h  s'agil(>r,  (pi'ou  vit  le  corps  monter  petit  <V 
pelit  du  fond  de  l'eau  et  n.iger  ju-qu'h  ceux 
qui  étaient  au  bord?  Les  .\ctes  disent  (pie  de 
son  côté  la  tète  en  lit  autant.  On  ajoute 
qu'Eiisébie  voulait  emporter  le  cor[is  à  Ver- 
mand pour  l'y  enterrer  honorablement,  mais 
que  le  corps  devint  si  pesant  (lu'on  ne  put 
le  changer  de  place,  ce  (jui  lit  comprembo 
que  le  saint  voulait  rester  où  il  était.  Eus(>- 
l)ic  lui  lit  ii.Uir  une  chapelle,  et  aussitôt 
nprès  co  devoir  accoiiqdi,  elle  recouvra  la 
vuiî.  Les  reliques  sont  mainlenant  ilans  l'é- 
glise   paroissiale  de  Saint-Queiiliu.  i  Tille- 

IJJOlit.) 

Orfinf:MDN  (sainte  évéque  de  Nilopolis 
en  K-t\ple.  J  oy.  CiitRbMu^.  ) 

QrÉUfeMON,  était  assesseur  ootnuen, 
proconsul  d'Asie,  sous  les  commencemenls 
lie  Dioclétien  ;  il  persécutait  les  chréliens 
fl\ec  nue  violence  inouïe.  La  main  de  Dieu 
s'flpfiosantit  sur  lui.  Il  lut  prt'eipilé  de  son 
chariot  devant  tout  le  monde,  et  reçut  d'hor- 
ribles blessures.  Il  souirnt  duranl  quelques 
l>«ures   (j'airoce?  douleur?»,  au   milieu  des- 


qnelles  il  mourut  en  invoquant  ceux  qu'il 
avait  fait  mourir. 

Ql'INC'E  (saint  ),  martyr,  versa  son  sang 
pour  II  foi  a  Ca()Oue,aV''c  les  sai-^ts  Arco  ce 
et  Donat.  On  ignore  la  date  et  les  circo-^s- 
taïu^es  (le  leur  martyre,  le  .\fartyrolo;e  ro- 
main n'en  dit  rien.  L'Eglise  honore  leur  mé- 
mo re  le  5  septembre. 

QL'INCT  i'  saint  ),  reçut  la  pnlme  du  mar- 
tyre en  Afii.'pie  avec  saint  Smqtlice  cl  «piel- 
qucs  autres  lionl  les  noms  ne  nous  sont  p(jjul 
parvenos.  Ils  soulfrirenl  durant  la  persécu- 
tion des  enifiereurs  Dèce  et  Valérien.  L'E- 
glise h'inore  la  mémoire  de  es  glorieux  mar- 
tjtps  le  18  déc  mbre. 

OriNCTlLLE  sainte),  reçut  le  martyre  h 
Soire^lo.  avec  les  saints  Quinclns,  Marc  ei 
neuf  autres  dont  les  noms  so  it  ignoréo.  LE- 
glise  fait  leur  fête  le  19  mars. 

QLINCTL'S  (saint),  Uiartyr,  souffrit  le  mar- 
tyre en  Afrique  avec  les  saints  A<piiiin,  Gé- 
miné, Eugène,  Marcicn,  Théodote  cl  Tri- 
[)lion.  Le  Mtrivrologe  romain  ne  donne  au- 
cun détail  sur  leurs  combats,  et  ne  dit  point 
h  qui  lie  époque  ils  soull'r'rent  pour  bnir  foi. 
L'Ilglisc  célcl)re  leur  mémoire  le  '*  jan- 
vier. 

Ql'INT  fsaint',  eut  le  glorieux  privilège  de 
vciser  son  sang  pour  la  défense  deii  r  li- 
gion  chrétienne  avec  les  saints  Hyacinthe, 
Félicien  et  Lucius.  Leur  martyre  eut  lieu  en 
Lucanie.  L'Eglise  vénère  leur  raéii.oire  le  20 
ootolire. 

QL'IN  TE  (saini),  marlyr  h  Carthage  en  5o0, 
sous  le  règne  et  duiaiit  la  persécution  do 
l'empereur  Dèce,  fut  enfermé  dans  un  cachot 
avec  une  foule  d'autres  chréliens,  où,  par 
ordre  de  l'empereur,  on  les  laissa  mourir  (U 
faim.  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces  saints 
ma  tyrs  le  17  avi  il.  av^-c  celL-  de  sai  it  Map- 
palique.  [Voy.  \'ictorin.)  , 

QUINTE  (  sainte).  Qiiinta^  martyre,  mou- 
rut h  .Vh^xandrie,  sous  le  lègne  de  !'•  ijipe- 
reur  Philippe,  au  sein  d'une  ('nieiite  |  o  u- 
la  re  ipii  eut  lieu  contre  les  chrétiens,  \oivi 
comment  saint  Denis,  dans  une  lettre  citée 
par  Eusèbe,  raconte  la  conduit.'  et  le>  lu- 
reurs  des  Alexandrins  à  son  égard  :  «  Ils  se 
saisirent  e  isidt  •  d'une  femme  clir  li  mie, 
appelée  Quinte  ;  ils  la  me  lèreiit  au  temple 
d'une  de  leurs  idoles,  et  voulurent  la  forcer 
de  l'adorer;  mais  elle,  bii  n  loin  de  consen- 
tir <\  cette  impiéié,  charg"a  d  •  mille  i  ^jures 
ceite  diviiiiié  exéciable  :  ce  (pii  rendit  ctt 
'Cil;  le  si  furieux,  (ju'il  se  mit  l\  trahier  parités 
Mctlscette  lidele  se.  vante  de  Jésus f.hi  i;l,sur 

•  |»avé  de  la  ville,  (|ui  n'e>l  (jue  de  cailloux 
ttrt  |)ointus  ;  et  après  l'avcir  cruelhniient 
ouetlée  et  bii  avoir  meurlii  tout  le  cor|ts 
avec  de  gros  (piarli«'rs  de  imnile,  ils  ;  llèiei  l 
l'achever  dans  le  même  faubourg,  où  ils  la 
tirent  ex[>irtM' sous  un  iiKui.cau  de  pierres.  » 
L'E,;lise  célèbre  la  fêle  de  sainte  Quinte  le 
îll  janvier. 

QIIM  lEN,  consulaire  d*'  Sicile  du  temps 
d«'  l'empereur  Dèce,  lit  mourir  sainte  Aoalho 
comm(>  chi  (tienne.  Il  «prouvait  pfnir  dbj 
une  passion  (jui  devin  tellement  insistante, 
tpio  la  sainte  jeune  tille  fut  obligée  de  quil- 


795  Ol'I 

ter  P.'iIcM'ino  pour  so  n''rii;;;i('r  h  (liil/iiii'.  Il  la 
lii  anOilcrd/nscclln  (l('r'ii(''n' ville,  il  si'  poria 
coMlro  i<|l(t  aux  plus  luirrililes  in-àn  di) 
(MMiaiiU^.  Api(>s  l'avoir  l'ail  loiinii'  ilcc  h  tli- 
vors.'s  r(»  risos,  il  la  lii  icin  uliiiMi  i-ii  pii- 
sm,  où  elle  mniin\l.  (l'o»/.  Acmiik.)  (Mia  là 
lui,  il  (li'vi  U  l'itlijt'l  (I  •  Il  luslic'  cl  le  la  Vf»- 
gi'aii(!i>  <-('l('sl('.  S'élanl  ciiipai  (^  d  's  l>  («  is  du 
sai'Wii  AiArtllie,  il  se  mil  ci  ii.ulc  pi>  ir  all(!f 
les  vi^il('^.  (Ininiiic  il  cl  il  i.aiis  un  nalcau 
pour  po'^scr  la  livit'Tc  noinmcc  Jaii'llc,  un 
de  S"S  cliovaux  le  prit  h  In  ;^oi\^c,  cl  u  t  .s(>- 
«•O'id  le  jcla  d'iui  coup  de  pie  I  dais  la  ri- 
viùro  ()n  no  put  'ii  le  sauver  ni  rolrouv  r 
sou  cori)s.  (  11  esl  iuiporlant  de  lim  rarliclo 
Agatuk.) 

QlUN  riKN.  ju  ;e  h  Uavc-ni  \  so.is  l'onpiro 
cl  duranl  la  pèr-écuiiou  d  I)(V,o.  Co  fui  lui 
(pii  lii  lournuMilPr  et  luellrc  ?i  niorl  deuv 
saillies  le  i;clt  •  vill  ,  s.uulc  1mjs(|,io,  .«(MiIo- 
uienl  AfÇée  di»  qui'zo  nus,  ul  sa  nour.ice 
sa  nie  >Iauro.  [Vot/.  Kisyii:.) 

on»  riKN(sai-i  ),  uiarUr,  ver<a  son  sa  )g 
pour  la  loi  avec  les  -a  nts  Elieni',  Pontien, 
Attale,  FaîWo  \,  Cornodlo.  Scxl-,  KIorns,  Sli- 
iiervien  et  SiinpIii-i'U,  iiui  furent  les  cunipa- 
g»ons  de  son  Ir  ouiplie.  Les  circon^tancs,  le 
lieu  et  la  date  d  •  co  tuaiU'  c  so  il  i  co  ^us. 
L'Ë^lisu  célèbre  leur  uiJ'inoiic  le  31  décem- 
bre. 

OUINÏIEN  (  aint),  fa  martyrisé  ci  Afri- 
que avec  les  sai  Us  Luoin>  >  t  Juiien.  Ils  rii- 
çuront  ainsi  la  couronne  des  combat  a  ds 
pour  ladél'ensede  1 1  r.  1  ^  o  i  tliiélii.'nne,  d  i- 
ra-it  la  peis''culion  des  V'anda'es.  Ils  so.it 
inscrits  au  Warl/rolo^c  rom  iule  li  mai. 

Qri.NTlHN  I  ainij.  rcç'it  la  couronn  •  dos 
g1o.i-uv  (ombaitan  s  de  l;i  foi  eu  ArméMc, 
avec  sai. il  Irénée;  les  .\ctes  des  mariyrs  ne 
nous  iiiarijue  U  oas  ei  (judle  vdle,  à 'pi  Ile 
époque  et  dans  q  telles  circonsl.i  ues.  L'E- 
gdse  fait  K'U    i'ùte  le  1*''  avnl. 

QUINTILE  (Saint  ),  6vè  [UJ  et  martyr,  ré- 
i;aiid.l  Son  san^"  ,  oiir  la  foi  à  Nie  une  ho  dai-; 
des  CTconstmcos  et  à  une  epo4  ^e  qai  nous 
so-^t  inconnues.  L'Ej^lise  l'ail  sa  mémo.ro  K-  8 
niai's. 

QUlNTll.IEN  [Julius  Proculm  Q'ùntilUi- 
tJits),  procuiisul  romain  qui  coinina  idaii  à 
Sn-iyrn  .  Il  y  arriv  :  [)endanl  qii  on  y  ;  ersé- 
cutait  les  clirétiens,  so  s  remi.ire  de  Dèce, 
en  250.  S.inl  Pioie  et  ses  c  mpa^-^ons 
avaient  déjà  été  tourmentés  ;  déjà  ils  ava'cnt 
subi  [)lu>ieur?;  i  nerro-ja  oires  :  Quintilien 
les  lit  amener  devant  son  Ir  buna',  et  après 
les  avoir  lui-même  interrogés,  après  les  avùr 
fait  tourmenter  cru  llement,  il  prononça  la 
sentence  qui  les  condamnait  à  iu  rt.  Nous  ne 
retrouvons  plus  rien  touciiant  Quintilien. 
Les  Grecs  le  nomment  Proc  e  ou  Proclus  :  <»n 
sait  que  c'est  le  m-nne  nom  que  Proculus 
cht-z  les  Latins.  Il  ne  faut  doic  jas  commet- 
tre la  môme  erreur  que  ceux  qui  ont  dit  qu'il 
y  avait  deux  [»roco  isuls  pour  juger  cl  con- 
damner saint  Pioîie,  Quintdica  et  ProJe. 
{Voy.  Pio\E.) 

QUINTILIEN  (saint),  martyr,  r  xut  la  cou- 
ronne du  martyre  duranl  la  persécution  de 
Dioclétien.  II   cul  pour  compagnons  do  sa 


UM 


M 


gloire  les  saillis  Maxime  et  Vudas  L'E;^li.so 
faii  leur  lé|  •  |c  l.J  avril. 

QIIIMII.Î.IEN  (sai  II),  fui  m  ■rlyri^<^  ]\  Sa- 
ra;V)Sse  en  ivsp  i^nc,  par  1rs  nid  es  dr  Dacicti 
(pli  e  1  <'l  Ht  ^Çfiiivci -leur,  en  l'an  de  Jésiis- 
(l'irisl  .'ll)V,  durnnl  1 1  persécution  d(»  Dio  "là- 
lii'ii.  I)i\-s(vit  aulrcs  furciil  tnarl yi  isi'-s  avoc 
lii.  On  iroovi-ra  leurs  noms  à  l'arlicbr  1)*- 
(:ii:n.  I,o«  dix-huit  marlvrs  de  Sarni^osso  s(»nt 
trè>  Iniiiori's  e  i  l-lspa  :;iii':  c'  si  i'ni  iciice  qui 
r.i  'poile  c(f 'ju'oii  sait  d'eux.  Ils  sfuil  inscjits 
au  .VIart»rolo  ;(;  romain  smiis  la  diile  du  Hi 
avril  [ytni.  I*ru  b;  'ce  de  Cor.  Iiym.  V  ;  'l'il- 
b-moii     vol.  V,  p.  2iî);  Vasseus,  llfh/a.) 

QUINTIN  fsainti,  éiail  né  dan-  un  "elii  vil- 
laV'ili  dioèsi;  d(;  Paris,  iioiiiiiié  ViUp-Ph- 
risis.  N'Mi^  ap,irt!ni)MS  ilu  Bréviaire  <li:  saril 
Marti  i  d.'  l'ours,  et  do  C'iaslolaiii,  (pie  notre 
sailli  cxerciii  iiu'  cliar-,e  co  isidérable  sous 
(jo  lira  1,  .NI  lint  Miaol  r'rsîoiro  n  •  s'exiilnpio 
pas  :  de  so.  tequeron  '^e  saurait  dire  si  ce  fut 
sousCio  ilî-an,  r  »id(î  llo  ir  ;o^ii(>  ei  il'Oiléans, 
ou  sous  (jo  ilran  Bo  on,  pÇ<'U(Tal  d  :  Si.^e- 
b.'rt  T'.  Ce  (io  'Iran,  ({rd  (pi'il  f.'^l,  avait  u  le 
m  utr  sse,(pii  d  vi  il  amoureuse  de  Quinlin. 
Elle  lit  tout  ce  qu'elle  [lut  pour  lailirer  à 
elle,  mais  il  fut  i  isensible  à  ses  séductions; 
il  repoussa  ses  pr  positions,  l]'^  honnne  se 
console  d'avoir  é  lio  lé  en  areil  cas;  une 
fe  .ira>i  jam  li  :  il  se  f  lil  dans  son  cœur  une 
blessure  (pio  rien  ie  peut  guérir.  La  vanité, 
l'auiour-p.o  T"  lnnnilié  ne  pardonnent  ja- 
mais .'he/.  une  f  mme  (jui  s'est  vue  dédaij^ner. 
Il  faiitavoii  ad'.iiie  à  des  natures  d'élite,  pour 
qu  '  la  Vi.M.gea  ice  ne  vieme  pas  s'enter  sur 
colle  cruell  dé  e|)l  o;i.  Toute  femme  à  peu 
près  est  une  diviniié  sus.e.itiole  ot  ja- 
louse, qui  voit  avec  .oulear  qu'on  ne  b.ûle 
pas  d'e  ice  >à  ses  pieds,  et  qui  éprouve  des 
souTrances  ndic  blés  dans  si  vanit.;,si  c'est 
en  val  I  q;i'ellc  a  S'illicU';  des  ador.tc:urs.  La 
maiiresse  de  Gotlran  devint  f.irieuse,  et 
n'.iyant  |)ii  assouvir  s\  passion,  elle  résolut 
d'asso  ivir  au  ma  iis  sa  vei)j;eance.  Elle  fit 
assassi  er  Q.ii-^tin  comm  il  passait  sur  les 
bnrds  de  l'Indre,  rivière  de  Tnuraine.  Saint 
Q  lintin  est  honoré  comme  martyr  ave,  juste 
raison,  q  i  li  |u'il  ne  soit  pas  mort  diiecte- 
menl  j;0:ir  a  cause  du  christianis.ne;  mais  il 
mourut  victime  de  la  chasteté.  LEi;lise  lio- 
lore  sa  mém  >iro  le  '+  o;lobre.  La  cat'iédrale 
dt!  .>leaux  garda  longtemps  une  padie  des 
reliqi'es  de  ce  nouveau  Joseph. 

QUiNTUS  ou  QtiNrE  (saint],  mou-ul  en 
prison  pour  la  foi,  sous  le  règne  de  l'empe- 
reur Se, itiine  Sévère,  in  Afrique,  ainsi  qu'en 
fait  f)i  le  récit  de  la  visi  n  e  saint  Sature, 
dans  L'S  A ,3lesde  sainte  Pekpétue.  (Voij.  l'ar- 
ticle e  cetlo  sainte.)  LEjjl  se  fait  sa  fête  le 
9  janyi  t. 

QUINTUS  (saint),  fut  l'un  d^s  quarante- 
huit  martyrs  rais  à  mort  avec  saint  Saturnin 
en  Afri  |Ut',  sous  le  proconsul  Anulii,  en 
l'an  de  J'''sus-Chrisl  3i)5.  sous  le  règne  et 
durant  la  persécution  que  Diociétien  suscita 
co  Ai-e  l'Eglise  du  Seigneur.  {Voy.  Saturnin.) 
L'Eglise  célèbre  la  iète  de  tous  ces  saints 
martyrs  le  11  février. 

QUINTUS,  ap'islalr  était  de  Phrygie  ;  il  sô 


795 


Qll 


Qfl 


?96 


trouvait  à  Sin>  rno   quani  saint  GL-niiniiicus 
fut  pxposi^  aux  bètes,  sous  l'empire  de  M.irc- 
Aur»''lo  p(  sousli' proronsulat  de  StaliiisQua- 
ilraln5.  Kulliousiasuié  par  l'exoniph»  du  saint 
martyr,  il  se  présenta  au  proconsul  ;  «  mais 
s"ap|Mivant  trop  sur   ses  propres   forées ,  et 
(^eoutaiit  trop  t'arik-nie-it  un  désir   indiscret 
de  mourir  pour  la    loi,  il  donna  hienlôt    lio 
tristes  manpn's  de  sa  faiblesse  :  car  à  fieinc 
eut-il  a[>enMi  les  bêles,  (pi'il  sriitiiquc  toute 
sa  résolution  l'abandoiuiail  ;  il  pAlil  de  fra veur 
à  cet  aspect,  il  recula  en  arrière,  il  connnei- 
ça  h  se  repentir  de  son    zèle, «et  se  remlant 
sans  combat  au  démon  qui  Tattaquait.  il  de- 
manda   honteusement   la  vie  :  il  était  venu 
pour  abattre  les  idoles,  et  il  |)réta   la  ma;n 
pour  les  soutenir,  le  proconsul    ayant  sans 
peine  obt-niu  de  lui  cpi'il  leur  sacrilierait.  Cet 
exempli'  tions  apiirend  h  être  extrêmement 
retenus  h  louer  ceux  (p>i,  par  une  présomp- 
tion téméraire,  préviennent  la  reihcrche  des 
iuj^es  ;  etqu'au  contraireceu\-là  sont  dignes 
de  nos  louanges  et  de  la  gloire   du  martyre, 
qui,  se  d('liant  d"eux-m;nnes,  se  tiennent  ca- 
chés, et  qui,  ne  sortant  de  leur  retraite  que 
par  Tordre  de   Dieu,  ne  craignerd   poiiit  de 
con)ballre,  parce  qu'ils  sint  silrsdo  vaincre. 
Aussi   voyons-nous  (jnc  l'Kvangile    prescrit 
auxlidèlescetleconduite  hundjle  et  prudente, 
et  (lue  dans  le  même  temps  <pie  riini)radent 
Phrygien,    pour   l'avoir    négligée,    se  rend, 
cêdè  et  est  vaincu,  le  sage  Polycarpe,  pour 
l'avoir  suivie,  se  soutient,  résiste  et  triom- 
phe. )'  Jluinart.' 

QriNTUS  (  saint  ),  fut  martyrisé  h  Rome, 
sin-  la  voi(>  Latine,  dans  le  lieu  appelé  les 
Crnt-Salles,  avec  son  comiiagnon  saiiil  Quar- 
tus,  et  leurs  corps  furent  transportés  à  Ca- 
poue.  L'ivglise  fait  collectivement  leur  sainte 
niénnoire  1  •  10  mai. 

oriONiK  (sainte),  martyr.'  h  Thessaloni- 
què,  avec  saude  Agape  et'  sainte  Irène,  eut 
le  bonheur  de  mourir  pour  notre  sainte  re- 
ligion, en  l'année  :JOV,  durant  la  persécution 
que  Dioclétien  lit  soulfrir  aux  chréli-Mis.  S.'S 
Actes  lui  sont  conuuuns  avec  ceux  tl  i  sainte 
Agape,  de  la  même  ville.  Nous  y  renvoyons 
le  lecteur.  I/Kglise  fait  la  fêle  de  ces  saintes 
fennnes  et  de  leurs  compagnons  lo  3  avril. 

QU'IltlACK  (saint),  Quirincus,  évêque,  fut 
martyrisé  h  Osfii»,  sous  l'emjiereur  Aievau- 
dre.par  l'ordre  d  ri|»ien,  prélel  du  prétoirt\ 
avec  saint  Maxime,  prêtre,  saint  Anhelaus, 
diacre,  et  plusieurs  autres  chiétitMis.  I/Kglise 
fait  leur  fête  le  '21  aodl.  (  l'iis  dans  le  Mnr- 
ti/rolof/r  rninniil.) 

(J[  i\\\\(J\  V.  s.iinO,  reçut  la  couronne  du 
n)arl\re  à  Augsbourg.avec  les  saints  Kar- 
gioM,'  Cifsc.entien,  Ningc,  Julienne  et  vmgt 
autres,  dont  les  noms  sont  ignorés.  Le  même 
jour  et  dans  la  même  ville,  sainte  Hilarie, 
mère  de  sainte  Afre.  martyic,  (|ui  veillait  au 
tombeau  de  sa  lille.  Int.  pour  la  loi  de  Jésus- 
Christ,  bnllêe  au  même  lieu  par  les  persécu- 
teurs, avec  Digne.  Iviprépio  vl  Kunomie.ses 
servantes.  L'Kglise  fait  collertiveunnil  bnir 
jui'iiKure  le  \i  aoilt. 

ni  im<;  (saint',  le  nu'^me  «pie  saint  «Vv.  lus 
de'sainlo  Ji  i  iitk.     Voy.  à  ces  deux  noms.  ^ 


OL'IUILN  (sainl),  soldat  dans  l'armée  de 
Maxence,  fut  martyrisé  à  Rome  en  l'an  de 
Jésus-Christ  300,  sous  le  préfet  Aurèle. 
Après  avoir  subi  diverses  tortures,  il  fut 
décapité.  On  l'enterra  sur  la  voie  Auré- 
lienne.  Sa  fête  a  lieu  le  11  juin.  (Voy.  Paul 
Diacre,  Rabaii  Maur,  Notker.) 

QL'IUIN  (  saint  ),  souîlVil  la  mort  pour  Jé- 
siis-tlhrisl  sous  le  règne  d'Adrien.  La  seule 
chose  (|u'on  sût  de  lui  d'une  manière  po- 
sitive, c'est  qu'il  était  païen  et  qu'il  se  con- 
vertit, ajirès  (pie  sa  lille  (sainte  Halbine)  eut 
été  guérie  des  écrouelles  par  saint  .Mexan- 
dre.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le  30 
mars. 

Ql'llUN  (saint),  Quirinus,  fut  décapilédans 
sa  prison  le  2V  ou  le  25  mars  2G9,  sous 
l'empire  de  Claude  le  (jOthi<jue.  D'autres  di- 
sent (pi'il  fut  percé  d'un  coup  d'épée.  Tou- 
jours est-il  (jue  Claude  lit  jeter, son  corps 
dans  le  Tibre.  Quel  était  ce  Quirinus?  Quel- 
ques-uns ont  dit  (ju'il  était  le  second  tils  do 
l'empereur  Pliili|>pe  :  Or  le  tils  aîné  de  Phi- 
lippe n'avait  que  douze  ans  en  2V0,  quand 
les  |)rélori(nis  le  tuèrent  avec  son  père;  et 
quand  Claude  lit  martyriser  saint  Quirinus, 
ce  saint  devait  avoir  environ  trente  ans,  s'il 
était  bien  le  tils  de  l'empereur  Philippe.  Cela 
neseraitguère  en  rapporlavec  le  Martyrologe 
d'Adon,  (pii  le  nomme  un  adolescent,  ni 
avec  les  .\ctcs  de  saint  .Maris, (pii  le  traitent 
d'homme  vénérable.  Ainsi,  adol'scent  ou 
vieillard,  il  était  également  éloigné  de  ci'l 
àj:,Q  de  trente  ans  aïKiuel  l'homme  est  déjî^ 
loin  de  l'adolescence  et  n'a  pas  encore  ce 
caractère  (lu'iniligent  les  années  et  qui  ren- 
dent vénérable.  On  pourrait  admettre  ipie  ce 
Quirin  était  l'évêque  auquel  saint  Cy|)rien 
avait  écrit  aux  mines,  et  (pii  lui  répondait, 
tant  en  son  nom  iiu'en  celui  de  ses  compa- 
gnons do  ca|)livité.  L'Eglise  fait  la  fêle  de 
saint  Quirin  l,e  25  mars. 

QITUIN  (saint),  évêque  et  martyr,  ro(;ut 
la  couronne  éternelle  dans  la  persécution  do 
Dioclétien  en  l'an  30V  de  Jésus-Christ.  Ses 
Actes,  (pie  nous  donnons  ici  tout  enliers, 
son!  beaux  et  édilianls.  L'Eglise  fait  la  fêlo 
de  saint  Quirin  te  V  juin. 

Martyre  de  saint  Qwrin,  évêque  (!). 

Le  démon  ayant  (>xcité  par  toute  la  terre 
\ino  violtnile  ttMiipêle  contre  l'Eglise,  et  se 
servant  pour  perséc  nier  les  saints  des  puis- 
sances du  siècle, (pii  ne  rougissaient  point  do 
se  rendre  les  ministres  de  sa  fureur;  le  ilé- 
iiion,  dis-je,  voyait  avec  plaisir  ses  desseins 
pernicieux  s'avancer  chaipie  jour,  les  empe- 
reurs se  décl.uer  pour  lui,  et  les  premiers 
de  l'empire  lui  prêter  hnu-s  bras  pour  faire 
la  guerre  au  ptniple  de  Ditni.  D'un  C(Mé,  Ma- 
ximiii,  par  \\q^  lois  sangianles.  jetait  le  dés- 
ordre et  l'elVroi  dans  larniée  du  Seigneur;  et 
de  l'autre.  Dioclétien  ravageait  les  Eglises  de 
rillvrie  par  des  ordonnances  sacrilèges, 
ayaiil  associé  à  sa  tyrannie  pluUM  (ju'à  l'em- 

(I)  L<^8  n-liqiios  ilo  oo  s^int  ni.irlyr  onl  été  Inns- 

porlers  île  l;>  r.iiiiioiii»'  .\  U'imc.  cl  (le  llomc  en  Allo 
niiigiic,  dans  le  cclo'.nr  ml>ll.«^l.■ro  «le  KuUc. 


797 


OU 


01  I 


79S 


piro  lo  ciui'I  (l.ili'iiiis.  iU'K  Irnis  priiicc,  im- 
pies ciiviiyiiiciil  leurs  ('ilils  (i.nis  idnics  les 
provinces,  el  les  nuiiveiiieiirs  aviiieiil  ordrci 
(l((  roiilr.iiiitlie  les  elin'lie'is  ii  s.'ierilier  aux 
idoles,  peiiilaiil  (iii'on  reniiait  les  (-^lises,  el 
(iiie  les  |ii(Mres  de  Jésiis-(!hiisl  éliielit  v6- 
(Inils  à  celle  élraie^e  e\li(''iiMh'',oii  de  doiiiier 
de  l'(Miceiis  aux  liiiiv  dieii\,  ou  de  laisser  la 
vi«'  dans  les  su|i|)lices. 

|,(>  Itienlieiireux  (,)uiriu  t'Iail  pour  loivs 
«^■<\iue  (]<'  Siscia,  daiis  la  liaule  l'annonie. 
Ma\MU<',  lieulenanl  du  gouverneur,  env(tva 
des  soldais  se  saisir  de  lui.  I.e  sainl,  e;i  ayant 
(''h\averti,  sorlil  de  la  vdie,  el  connue  il 
chercliail  (iuel(|ue  lieu  dereirad»',  il  lui  pris 
el  ('(Muluil  a  Maxinu'.  <(  Où  l'unez-vous,  lui 
(lit  C(>  Mia^i.slral,  (|uand  uws  j^oiis  vous  o'il 
flrr(M(^?  —  Je  \\o  l'uvaiv  pas,  répondil  rév(>- 
<iue  ;  j'ol)t^s,-.ai.s  aux  ordres  de  nion  niailre. 
l.ar  il  nou^i  a  élé  dil  :  Si  l'on  rotis  pnscculc 
dans  une  rillr,  rclircz-t'ous  diins  une  autre.  — 
ISIaxiuK^  :  (Juel  esl  ce  uiaiiro  à  (|ui  vous 
(ilx'issez  si  bien  1  —  Quirin  :  (<(;  uiailre  est 
Jésus-Chiisi,  el  (|ui  est  aussi  lo  vérilahlc 
Dieu.  —  Maxime  :  l"]l  ne  save/.-vous  pas  (pie 
les  ordres  des  empereurs  s'élemlonl  partout; 
on  vous  aurait  trouvé  ou  {[ueUpie  liou  (juo 
vous  (Missiez  (''h''  caclu''  ;  et  celui  (pie  vous 
iiouunez  h^  véiil;d)le  Dieu  n'aurait  jamais  pu 
vous  enipiH'lier  de  tomber  cnlro  nos  mains, 
comme  en  elle!  il  n'a  i)U  vous  o'i  garantir.  — 
(Juiriu  :  Le  Dieu  (pu*  nous  adoions  esl  tou- 
jours avec  nous;  cl  en  (juehiue  lieu  (|ue  nous 
nous  trouvions,  il  peut  nous  secoui'ir;  il 
était  avec  moi  quand  j'ai  élé  ari(Mé,  et  à 
riicure  tpu^ je  vous  paile,  il  nu'  forlilie,  il  me 
rassure,  et  c'est  lui  ([ui  vous  ré,io'Kl  par  ma 
■  bouche.  —  Maxime  ;  ^'ous  ne  cliercliez  par 
ces  longs  discours  (pi'h  vous  dispenser  (l'o- 
béir, ou  du  moins  à  obéir  plus  lard;  tenez, 
lisez  avec  respect  ces  divins  caiaclèr(!s,  et 
ne  dill'érez  plus  h  vous  soumettre  aux  ordres 
qu'ils  conliennenl.  —  Quirin  :  Je  n'en  re- 
çois point  de  oelle  sorte,  parce  qu'ils  sont 
pleins  d"im[)iété,  et  que,  contre  le  comman- 
dement exprès  tle  Dieu,  ils  obligent  ses  ser- 
viteurs à  sacritier  à  vos  dieux  ipii  ne  sont 
ouo  des  diviniU^s  imaginaires.  Il  n'en  est-pas 
do  même  de  mon  Dieu.  11  est  au  ciel,  sur  la 
terre  et  dans  la  mer  ;  il  est  en  tous  lieiix,  il 
est  au-dessus  de  toutes  choses,  parce  qu'il 
contient  et  renferme  toutes  choses.  — 
Maxime  :  Bonhomme,  quelles  fables  nous 
débitez-vous  là?  Allons,  l'oîicenson-  à  In 
main,  venez,  et  apix'enez  aujourd'hui  (|u'il 
y  a  des  dieux  que  vous  ne  connaissez  pas 
encore.  Vous  ne  vous  re])enlirez  pas  d'avoir 
obéi  el  cette  soumission  vous  vaudra  ]du- 
sieurs  degrés  d'intelligence.  Tâchez  donc  de 
vous  persuader  vous-même  de  la  nécessité 
de  colle  soumission  :  et  si  vous  n'êtes  pas 
encore convaincuderoxislencede  nos  dieux, 
feignez  du  moins  de  l'êlrc.  Sinon,  vous  pou- 
vez vous  attendre  à  toutes  sortes  de  lour- 
nienls,  et  eidiu  à  une  mort  horrible.  —  Qui- 
rin :  Ces  lourmonls  dont  vous  me  menacez 
Déferont  qu'augmenter  ma  gloire,  et  celle 
mort  liorrible  dont  vous  croyez  m'épouvan- 
ter  ne  sera  qu'un  [jassage  à   une  vie  éter- 


nelle, si  loiilel'uis  j»!  ne  m'en  rends  pas    m 
digue;  ptMir  éviter  cti  nudlieur  j'ai  lé.sobi 
de  ne  point  obéir  /i  vos  enqiei'eiir.s,  iii/iis  do 
n'obéii-  ipi'.i  mon  Dieu    Je  ne  crois  jifunt  (pio 
vos  dieux  so.enl  des  dieux,  el  je  Me  bl  l'ili.'r/li 

point  d'oniM-ns  sur  l'aulel  di  s  (h'inons.  Jo 
n'en  (dînais  point  d'aiitic  cpie  (  ibii  de  mon 
Dieu,  el  c'est  mit  cet  aiiti  î  ipii;  j'ai  ollert  plus 
d'une  l'ois  dos  sacrilices  d'agréaljle  odeur.  — 
Maxime  :  Ndire  folie  vous  sera  fiinesle,  et 
elle  pouiiail  bien  vous  i  (uiduire  a  la  m(*rl. 
(Iroyoz-inoi,  .sacriH(!za(ix  dieux.  <.)uirin  : 
Je  ne  saeiilie  |ioi'il  à  des  (h'-iiKcis.  Car  il  est 
écrit  :  i'ous  1rs  dieux  des  nations  nr  sont  (/ue 
dis  dnnuvs  (Psal.xcy),»  .\lors  .Maxime  lui  lit 
donner  plusieurs  coups  de  biltoii.  Apres  (pn; 
Qu  lin  les  eut  i('(;iis,  Maxime  lui  dil  :  Ou- 
vrez les  yeux  enlin,  et  ro(;on naissez  que;  les 
dieux  de  l'euipire  sont  t(»ul  -  puissants  ;  cet 
avi'U  vous  vaudra  uiïo  place  |iarmi  les  prê- 
tres de  Jupiter.  Mais  si  vous  persistez  tou- 
jours dans  voire  inciM'dulilé  ,  je  vous  reiivc-r- 
l'ai  par-devanllegouveriieurdela  |iroviM((!  (1), 
(jui  no  vous  fera  aucun  (piailler,  et  vous  ^e- 
l'cz  condamné  à  la  iiiorl  sans  rémission.  — 
Ouii-in  :  (le  sera  pour  loisiiueje  s(!iai  véii- 
tablemont  prêtre,  (juoj'eii  forai  hvs  f(jn(  lions 
sacrées  en  m'oll'rant  moi-mêmc'  à  mon  Dieu 
en  saci'ilice.  Au  reste,  les  cou[)S  (|ue  vous 
m'avez  fait  donner  ne  m'ont  point  fait  do 
mal;  je  me  liviorai  volontiers  à  de  plus 
grands  louiinents,  alin  (piO  ceux  (p.ii  sont 
sous  ma  couluito  connaissent  q\ui  le  cho- 
nnn  des  soull'rances  est  le  plus  court  et  lo 
j)lus  aisé  pour  arriver  au  ciel.  —  Maxime  : 
Ou'on  le  mène  on  prison,  d  (pi'on  le  charge 
de  ('haines,  nous  veirons  si  ce  trailemeut  lo 
rendra  plus  sage.  — Quirin  :  La  prison  ne 
nuifail  point  do  pour;  ce  no  fient  être  pour 
moi  (ju'iin  s('jour  agréable,  puisque  j'y  serai 
avec  n;on  Dieu  qui  est  toujours  avec  ceux 
qui  l'adorent  et  qui  l'aiment.  » 

Los.iinl  évoque  chargé  d'une  grosse  chaîne 
fut  conduit  on  piison.  En  y  entrant,  il  lit 
cette  prière  h  Dieu  :  «  Je  vous  rends  grûces. 
Seigneur,  do  ce  (jue  vous  voulez  bien  que 
j'aie  le  bonheurde  soulfiir  pour  vous.  Je  vous 
prie,  mon  Dieu,  que  tous  ceux  qui  sont  ici 
détenus  sachent  (  uo  j'adore  le  vrai  Dieu,  et 
qu'ils  croient  qu'i  n'y  en  a  point  d'antre  que 
vous.  »  Sur  le  minuit,  la  prison  parut  éc  ai- 
rée  d'une  grande  lumière;  le  concierge  (2) 
plein  d'étonnement  entre  dans  la  chanibre 
du  saint;  et  se  jetant  à  ses  pie  is  il  lui  dit 
en  pleurant  :  «  l'ricz  lo  Seigneur  (ju'il  me 
fasse  nnséricorde,  car  je  crois  qu'il  n'y  a  pas 
d  autre  Dieu  que  celui  que  vous  servez.  » 
Le  saint  évêque  l'exhoita  de  persévérer,  et 
le  baptisa  au  nom  de  Noire-Seigneur  Jésus- 
Christ.  Au  bout  de  trois  jours  Maxime  lit  par- 
tir Quirin  pour  la  première  Pannonie,  pour 
èlre  jugé  par  Amantius,  et  être  puni  du  der- 
nier supplice,  conformément  à  l'édil  des  em- 
pereurs. 

Lorsque  le  bienheureux  martyr  fut  entré 

(i)  ÂmoiUins,    gouverneur   de  la   première  Puu- 
noiii(>. 
[i]  Il  se  nonunail  Marcel. 


799 


Qll 


Qll 


8m) 


dans  la  Pnnnoni»^,  m  le  conduisit  do  ville 
en  ville  l<nil  pncliiî^é,  et  on  le  fil  voir  on 
cet  (Miit  h  toutes  celli'S  qui  sont  le  lon^  du 
D.TUi  e.  Enfin  on  le  présenta  l\  Ainanlins, 
rotiune  il  retournait  de  Seorah  intia  (!'.  Mais 
il  jtigea  h  propos  de  l'envoyer  devant  lui  ?» 
Sol)Trie  ('2\  où  il  remit  l'instruction  de  son 
procès.  Cependant  plusieurs  fiMuines  chré- 
tiennes se  rendirent  auprès  du  s.'un!  vé  pu>, 
lui  appo  tant  toutes  socles  de  ralVaicInsse- 
nients.  Et  il  arriva  que  comme  il  voidut  hé- 
nir  le  pain  et  le  \\n  qu'on  lui  otl'rait,  les 
cliai  les  tombé  ent  d't'lles-nièin-  s  de  ses 
mains  pour  lui  laisser  la  liberté  de  faire  la 
bénédiction.  Après  qu'd  eut  pris  (|ueli|ue 
chose,  et  que  ces  saintes  f.iiunes  se  lurent 
retirées,  on  lui  lit  prendie  le  chemin  de  Sa- 
barie.  Quelques  jours  après  son  arrivée  en 
celte  ville,  .\mantius  se  le  lit  amener  en 
plein  théiUre.  «  Je  veux  que  vous  médisiez, 
lui  dit  le  gouverneur,  si  tjut  ce<|ui  «st  [)oité 
d;uis  l'interro^aloi  e  que  vous  avez  |)rèté 
devant  Maxime  est  vrai  :  vous  y  paraissez 
fn-ieusement  entier  dans  vos  sentiments.  » 
(Juirin  répondit  :  «  J'ai  confisse  le  vrai  Dieu 
à  .-^iscia,  je  n'ai  jamais  adoré  que  lui  ;  il  est 
le  seul  et  le  véritable  Dieu.  —  Amantnis  : 
J'ai  de  la  peine  à  me  résoudre  h  vous  faire 
tourmenter  h  r<ige  où  ,e  vous  vois;  je  veux 
auparavant  tenter  la  voie  <ie  1  •  «loueeur  et 
d=<  la  [icrsuasion;  je  souhait'^  du  moins  que 
vous  vous  rendiez  :  l'as  urance  que  je  vous 
donne  de  la  vie  n'a-t-elle  rien  .|ui  vous  tou- 
che, ne  pourrait-elle  point  vous  faire  ciian- 
ger  d'oi)i:.ion?  Vous  pouvez  vous  faire  u  ie 
vieillesse  heureuse,  obéissez  aux  édits  et 
scivi'z  les  dieux.  —  Quirin  :  Que  moi  ;l-;e 
ne  vous  arrête  pas  ;  la  foi  que  je  conserve 
h  mon  Dieu  me  p  -ut  r(  ndre  supérieur  aux 
tounne  'ts  les  plus  all'reux.  N'espé  ez  done 
pas  ipif'je  me  rétracte;  ni  les  douceurs  d'iuie 
vie  heureuse,  ni  les  horreurs  d'une  m(»rt 
cruede  ne  {)ourront  jara;\is  me  faire  cha  ijjer 
un  seul  article  h  ma  créance.  Mon  âme  est 
inébianlable  h  toutes  vosatta  pies.  —  Aman- 
lius  :  Qui  vous  fait  ainsi  coiwir  à  la  mort, 
pour  ne  \ouloir  pas  paraître  avoir  qu-hpie 
déférence  pour  1  s  oidn-s  de  voire  prince, 
et  (pielque  respect  pour  la  religion?  Qm-llc 
fureui  !  Aimer  mieux  perdre  la  viefjuedela 
sauver  par  un  simple  désaveu,  lorsipiil  n'y 
a  presipie  point  d  lionuim  h  qui  ilfa.lK>  faire 
viob-nce  pour  l'ohli^^er  h  désavouer  ce  cpi'il 
n  fait,  s'il  i)eut  p.ir  l:i  sauver  sa  vie.  Vivez, 
vivez,  rac  elez  vus  jours  par  un  pende  soii- 
irnssion,  et  ne  maupiez  plus  u  u*  si  grande 
répimtianee  h  obéir  à  nos  lois.  —  Qiiinn  : 
l'n  ho. mil  ■  rpii  aimerait  h  vie,  nu  de  qui 
l'esprit  serait  alfad)li  par  r<1ge,  pou  rail  se 
rendre  h  vos  dis.  ours.  Miis  pour  ntoi  qui  ai 
nppns  de  mon  Dieu  qu'une  vie  «pii  n'est 
point  sujette  a  la  moit  doit  suivre  iuiinédi  i- 
temenl  celle-ci,  je  n'ai  ^arde  ;e  prendre  le 
(•han,;e  :  j'arriverai  lidcl,.-  ,iu  lei me.  I.a  con- 
dition de   ces   per>o  mes  dont  vous  parliez, 

(I)  O«.lffnif)our^,  s-'li»a  (lliivcriiis  •  cl  Sctltring, 
tuiv.iHl  Laziiis. 

^i)  Li  n  lie  la  naisianrr  de  sjiiil  M  irlin,  cv»^quo 
dt*  f«Mir«. 


présentement  est  bien  dilTérente  de  la  mienne; 
car  lo-squ'en  renonçant  leur  Dieu  ils  pen- 
sent h  prolonger  leur  vie,  ils  meiir(nil  en  ef- 
fet; et  moi  en  coiifes'-ani  mon  Dieu,  quoi- 
que  je  semble  mourir,  je  ne  fais  que  m'nvan- 
cer  vers  la  vie  éternelle;  et  si  entinje  n'obéis 
fias  h  vos  lois,  c'est  que  je  ne  puis  les  accor- 
der avt'C  celles  de  Jésus-Christ. —  Amanlius  : 
Puisque  vous  opposez  toujours  une  ré^s- 
tance  opiniiUre  à  tout  ce  que  nrtus  avons 
cru  vous  devoir  drc  pour  vous  obliger  à 
vous  soumettre  aux  ordres  des  empereurs, 
il  faut  (|ue  vous  si'rviez  d'exemple  à  tous  les 
chrétiens,  et  que  le  genre  «le  voire  mon  re- 
tienne dans  le  devoir  ceux  qui  ne  sont  pas 
comme  vous  las  de  vivre.  » 

Ajuèi  donc  que  le  gouverneur  eut  fait 
endurer  au  saint  évè(jue  plusieurs  sortes  de 
tourments,  il  lui  lit  entin  attacher  au  cou 
une  meule  de  moulin,  avec  laquelle  il  fut 
préci[)i(é  dans  la  rivière  qui  passe  à  Sabarie. 
On  e  vit  longtemps  porte  sur  l'eau,  parlant 
au  ()euple  qui  bordait  la  rivière,  et  l'exhor- 
tant h  de.ueurer  fidèle  h  Dieu,  sans  en  être 
délo  .rné  par  la  crainte  d'un  pareil  supplice. 
Mais  enfin,  ayant  demandé  à  D  eu  d'élro 
submergé ,  il  coula  aussitôt  h  fond.  Son 
corps  fut  trouvé  un  [)eu  au-dessous  de  l'en- 
droit où  il  avait  été  noyé.  On  le  relira  do 
l'eau,  et  on  bAiit  une  chapelle  sur  le  b  rJ. 
A  l'égard  de  son  corps,  il  repose  dans  une 
église  proche  une  des  [lorte,  do  la  ville  (1), 
où  il  se  fait  chaque  année  un  grand  con- 
cours d.)  [)euple. 

QUjIUN  (saint),  martyr  et  prêtre,  fut  un 
des  coiiipagnons  du  inarlyre  de  saint  Nicai>e, 
que  beaucou[)  regardent  comme  le  premier 
evéqiie  de  Hou  n.  Suivaid  Usuard.  il  fut 
marly.is.;  avec  lui  et  sninlo  Pianci>\  dans  le 
V,\in  frani;ais.  Le  .Mar  yrologe  roui  lin  lui 
donne  aussi  p  lur  coin[)ag  ion  de  son  mar- 
tyre un  d.avTC  ''omnié  Scunicule.  Saint  Qui- 
rin et  ses  co.iipignons  lurent  eUer.és  d  a- 
bord  h  Gani,  tout  près  de  la  rivière  d'E,»lo 
en  Noriii.m  de.  .Aujourd'hui  les  reliques  de 
saint  Quirm  s nnt  e  icure  dans  l'aObaye  de 
Malmedie,  diooèse  de  Liège,  dans  les  Ar- 
deniies.  On  prétend  qu'elles  y  ont  opéré 
beaucoup  do  miracles.  La  fêle  de  ce  saii.l, 
ainsi  (pie  celle  de  ses  compagnons,  a  heu  le 
1 1  octobre. 

Ql  lUDS  ^Loris  df.\  de  la  compagnie  do 
Jésus  et  Ses  sept  «ompa-iions.  lurent  mar- 
tyrisés h  \\aca  le  '»  féviier  1571,  conduils 
par  un  noUir.l  du  [.ays  qui  avait  é  é  bapliso 
en  Ils,  agne.  .V  pein»'  arrivés  dans  celle  con- 
trée, is  fuie  11  délaissés  par  Louis,  Kiir 
ron  lucleur,  (pu  retourna  bientôt  aux  usages 
b.nliars  oe  s^t  nation.  Nos  inissi-'iinaiiCâ 
ayant  t  nié  en  v.un  do  le  ramener  .'i  eux, 
resl ertnit  (|uatrt'  mois  dans  les  angoisses  de 
la  l'idiii  et  de  la  maladie.  Alors  le  P.  l>ouis 
de  Qiiiros  aceoinp*giié  de  (iab;ii  1  de  Solis 
et  de  Jean  Mendez,  se  r(  ndiretU  auprès  du 
nniégat.  qui  leur  promit  de  revenir.  A  pêne 
étai  iit-ils  pailis,  (pie  li*  Iraitre  fondit  sur 
eux  aver  une  trou,'e  d  indigènes,  et  per(;a 
lui-mèine  Louis  deQuiios  auco.'ur.  Ses  deux 

(I)  I  j  p  >rU»  «l*  Sc:«ra'  a  ti.i. 


1 


80i 


n^r 


n.\i 


Rftl 


cnm|in|;;iiOMs  s  iliiri'iit  lo  iii^inc  snri  ('♦  T'- 
Viicr  !!>7I).  Oiii'l(|m's  jours  ;i|irrs,  les  riioiir- 
Iricrs  s.-  inrsciilcnnl  dcva'il  !(«>  autres  mis- 
siomiitii-cs  i|ui  rcslaiivu,  |ti(''l('\la'U  d'/ivoir 
Ix'Noiii  lie  li.'iclics  jKiiir  nl)a(lr<>  do  arlircs.  A 
i(t«iii(>  curt'iil  ils  (ii''.s,irm(''  Irs  inissio  iii.iircîs 
({Il  ils  les  iiiassarrrrcnl.  Ils  s'fiiipairit'iil  ilrs 
v.iscs  sairrs  ol  (•()iiiiiiirt"'i  un  ^;ra  id  n<Mui»r«^ 
(le  |)rol.ina  i(»ns.  [Socirlas  Jisu  itsiiur  ad 
S(ttii/itiiiis  et  ritii'  i)rofit.sioncin  uiililtins  , 
[).  /»'•!>.) 

OUrri'.UIl'.  (sniiil(>),  vicr^o,  ni/ulN'ro,  rô- 
jinudil  soM  r.an,;;  <  n  risjiac^nc  |)()ur  la  dt-fi-iise 
Uo  hi  rcli^^ioM  chri'licirio.  Nous  imiorons  IW 
|)(i(,juo  cl  les  circu'isla'cos  (le  sou  iiuul .  ro. 
Sou  uoui  rsl  iiisi  ril  au  Mai  Ij  ruU)j;(!  njuiam 
le  :^2  uini. 

OrODVn/rrKrS  (saint),  évi^quo  f  t  rm- 
fpsscur,  souli  il  ()(uu'  la  lui  sous  \o  if'^iio  tio 
l'uiipio  (îcnsciic.  (io  pri'icd  s'i-ta  U  eu)|)ar6 
<ie  (iailliago,  traita  avoo  beaucoup df  cruauté 
tous  los  liabitriils  de  cotlt!  ville,  niais  parti- 
cuiiùreuienl  la  noblesse  ol  les  ecclésiasti- 
ques. De  sorie  qu'il  senil)lait  vouloir  iio-i- 
sculement  déclarer  la  bii^'"'e  ûi^^  homiucs, 


mais  h  Dieii  rni^ine.  CarllinR^  nvait  pruir 
év<^ipn!  iiolie  .saint,  n  un''  de  DiiMi  cl  <1  ^ 
lioiiiines,  peiit-/^li'i!  celui  iih'iim!  qui  étant 
(liai  re  de  (■iirllia,.;»!  av  it  prié  saint  .\ll^lls||f| 
d'écrire  sur  les  hérésies  vers  l'an  kÀ\t.  Cru- 
séiic,  (lé.'i  qu'il  eut  pris  cette  ville  el  awrit 
la  lin  de  l'aniii'>e  MW),  le  fit  uiettie,  avec  un 
^raiid  Miiuilire  d'(;c(-li'vsiasli(|  es  nus  et  (Ji!- 
pouillivs  de  joules  clios(?s,  sur  des  vaisscsinx 
I)  is('s,  el  le  lit  chasser  en  c<'t  éial  du  p')rl 
d(!  (".arllia.;e.  Mais  la  niisérii orde  divine  les 
fil  al)i  nier  lieureuseiiieiil  i\  NapI  s,  où  l'on 
CIO  l  (|ue  notre  saint  niourul  gloiieux  con- 
fesseur. Il  l'aiit  (pi'iLs^  il  iiif)il  avaiiH'a'i 'liiV, 
auipiel  saiil  Deof^iatias  fut  fait  évé(pie  do 
(!ai  Iliade,  après  que  cette  K^lise  eut  de- 
nieuié  loii^leinps  abaiido'ii.ée.  Adoi  <;t 
qiiehpies  autres  Martyrolo^"  s  inellenl  saint 
Qiiodvuiideus  le  2.S  novembre:  avec  diveis 
autres  saints  martyrs  ou  e  nfesseiirs  de  co 
temps-lii.  Le  Marlyrologf;  romain  le  marque 
en  pailculier  le  20  octobre.  .Mais  le  vrai 
jour  de  sa  mort  est  sans  doute  le  8  janvier, 
anijucl  son  Ki;;lis(i  ri:oiornil.  On  conscîrvc 
ses  reli(jues  à  Naples  dans  l'éjjl.se  de  Saint- 
Gaudiose. 


R 


RABDE,  juge  qui  fil  arrêter  h  Andrinople, 
du  temps  de  l'empeieur  L'cinius,  h)  saint 
diacre  Ammon  et  ^juaraite  vierges  qu'il  ins- 
truisait. Probablemeil  ce  juge  agit  ainsi  en 
exécution  de  rordoiinaiice  du  prince  cpii  dé- 
l'endail  que  les  hommes  instniisisseiit  les 
femmes.  Après  leur  avoir  fait  soutfrir  (iivers 
to:irmcnts,  h  Andriuople  et  à  Bérée,  il  1"S 
envoya  h  Héraclée,  h  Licinius,  qui  les  fil 
m  lurir  par  divers  supplices.  Qua  U  au  saint 
diacre,  il  fut  condamné  h  ôlre  décapité. 

RACHILDE  (sainte),  desc  ndait  d'une  fa- 
mille noble  et  occupait  elle-même  un  rang 
distingué  dans  le  monde.  Ayant  été  atta(îuée 
d'une  maladie  que  les  médecins  avaient  ju- 
gée incurable,  elle  vint  trouver  une  sainte 
recluse  ap[)elée  duiboiat,  qui  s'était  retirée 
sur  u'ie  montog>3  vnis  ne  de  1'  bha.^e  de 
Saint-Magie,  en  Suisse.  Notre  sainte  obtint 
par  les  |)rières  de  celle  recluse  une  guéri- 
son  couqilète.  Voulant  profiter  des  sai(  tes 
inslrucliois  qu'elle  avait  puisées  aupièsde 
sa  mère  sj)iriturlle,  elle  se  relira  également 
dans  une  étrote  cellule  et  y  mena  une  vie 
remplie  par  l'exercice  de  la  contemplation 
et  par  la  prali(iue  des  plus  grandes  austé- 
rités. Elle  survécut  de  vingt  et  un  ans  à  (iui- 
borat,  qui  était  morte  en  925,  dans  une  in- 
vasion des  Hongrois,  après  avor  reçu  trois 
coups  de  hache  sur  la  tète  par  ces  b  rbares, 
irrités  de  n'avoir  rien  trouvé  à  piller  chez 
elle.  Ces  vingt  et  un  ans  que  Rachilde  sur- 
vécut h  Guiborat  furei:t  remplis  par  des 
maladies  continuelles,  et  elle  mourut  enfin 
en  odeur  de  sainteté.  Ses  reliques  furent  dé- 
posées avec  celles  de  Guiborat  dans  l'église 
de  Saint-Magne,  et  l'Eglise  honore  coliecti- 
vc.Tient  leur  mémoire  le  2  mai. 


RAIMOND  NONNAT  (saint),  confesseur, 
religieux  de  la  >  erci,  naquit  h  Porte!,  dans 
le  diocèse  d"Urgel  en  Catalogne,  vers  l'an- 
née I20'i-.  Il  lit  de  gian  Is  progrès  dans  les 
belles-letties,  et  manpia  de  bonne  heure  son 
j-o.U  [)Our  l'élal  ecclésiastique.  Son  i)ère,qui 
s'en  a[)erçut,  l'envoya  à  la  campagne  |)Our 
y  faire  valoir  une  ft.'fme  nui  lui  a|)partenait  ; 
mais  n  Ire  saint  plein  uhumiliié,  se  con- 
sacra à  la  garde  des  trou[)eaux,  préférant  ce 
genre  d'occupation  qui  lui  laissait  le  temps 
de  vaquer  h  ses  pieux  exercices.  Bieiilùt 
voulant  se  soustraire  îux  sollicilations  de 
ses  amis,  qui,  connaissant  ses  talents,  le 
pressaient  de  se  rendre  à  la  cour  d'Aragon, 
où  son  mérite  et  les  liens  de  parenté  qui 
l'unissaient  avec  les  maisons  de  Foix  el  de 
Cardone ,  devaient  le  faire  arri  er  à  une 
gr.  nde  fortinie,  il  prit  l'habit  dans  l'ordre 
de  Notre-Dame  de  la  Merci,  institué  pour  le 
rachai  des  capiifs.  Son  pèr-',  après  quel  juo 
résistance,  ne  s'opposa  plus  à  son  di  ssein, 
et  Raimond  prononça  ses  vœux  à  Barcelone 
entre  les  mains  de  saint  Pierre  Nolasque 
môme,  fondateur  de  l'ordre.  Après  quelques 
années  de  profession,  ses  supérieurs,  char- 
més de  sa  grande  piété  et  de  ses  vertus 
éminentes,  l'envoyèrent  en  Barbarie  où  il 
racheta  un  grand  nombre  d'esclaves.  Quand 
sa  bourse  fut  é|)uisée,  il  se  constitua  pii- 
sonnier  |)Our  la  rançon  de  quelques  captifs 
dont  la  foi  était  exposée.  U  eut  à  subir  les 
tourments  les  plus  cruels,  et  serait  même 
mort  entre  les  mains  des  bourreaux,  si  le 
cadi  n'eût  craint  de  perdre  le  prix  d  >  la 
rançon.  On  le  laissa  libre  alors  d'aller  où  il 
voudrait,  el  il  en  prolita  pour  porter  des 
consolations  aux  chrétiens  aflligés,  et  bapti- 


803 


n.vs 


R\S 


80i 


sor  qti('l(|iirs  musuimaiis.  Lo  gouverneur 
en  n;.uil  ("lé  inf  )rm  '•,  rt^mlnnina  Uniiiiond  h 
(\Jre  oni|»nlé;  ui.iis  roux  qui  ospér.iienl  lou- 
rlior  bienlùl  la  rançon  obtinrent  ([uo  celle 
r  nidaninaliDi  fill  romniiiée  en  celle  de  la 
bastonnade.  Loin  de  (changer  d<^  eoiidiiite 
après  ce  cruel  supplice,  il  rontinua  di'xlior- 
1er  les  cbri'lions  et  d'insfniire  les  i'ilidi''- 
les.  Alors  le  i^ouverneur  plein  d(>  colère  lit 
saisir  notre  saint  et  b^i  fil  ft>ueller  au  coin  de 
toules  les  rues  de  la  ville  ;  (>nsui(e  il  eut  les 
lèvres  peri'ées  avec  un  fer  rouge  sur  la 
place  pul)li(|ue,  cl  la  bouilie  fermée  avec  un 
cadenas  qu"o:i  ne  lui  ôtait  (pie  pour  uiang  r. 
Il  fut  après  cela  chargé  di^  cIim'mcs  et  jeté 
dans  un  noir  cachot.  Il  nen  sortit  rpie  huit 
mois  ni'.rès,  quand  les  Pères  de  la  Merci  vin- 
rent payer  sa  rançon.  A  son  ar,  ivée  en  Ks|)a- 
gne,  Grégoire  IX  Te  nouinia  cardinal;  uiais 
sa  manière  de  vivre  n'en  changea  pas  plus 
pour  cela.  Le  pape,  persua  lé  que  le  nouveau 
cardinal  lui  seraii  iPun  grand  secours  dans 
le  gouvernement  de  l'Eglise,  lui  ordonna  de 
se  rendre  k  Home.  Uaimond  partit,  vêtu 
comme  un  pauvre  reli.;ieux.  A  pt'ine  était-il 
arrivé  h  Cardone  qu'il  fut  saisi  par  une  fiè- 
vre violente  et  mourut  le  .'JO  aoiU  12V0,  Agé 
d'environ  37  ans.  11  fut  enterré  dans  une 
chapelle  dédiée  à  saint  Nu^olas  et  voisine  de 
la  ferme  où  son  père  l'avait  envoyé  tians  sa 
jeunesse.  Dans  l'année  l-2o3,  Pierre  Nolas- 
que  y  fit  bAtir  un  couvent,  où  l'on  conserve 
encore  aujourd'luii  les  relupies  de  notre 
bienheiircux.  Plusieurs  miracles,  arrivés 
après  la  mort  de  llaimond,  conlinnèreiit  la 
sainteté  du  serviteur  de  Di«u. 

RAIMEIV  (saint) ,  confessa  si  foi  à  Pise  en 
Toscane.  Nous  ignorons  les  dtUails  et  lépo- 
que  de  son  combat.  L'Kglise  fait  sa  mé- 
moire le  17  juin. 

RAITHK,  nom  d'un  lieu  où,  en  37.'?,  plu- 
sieurs solitaires,  parmi  lesquels  saint  l'aul 
abbé,  Moise  et  Psaès  furent  mai  lyrisés  par 
les  Hleumiyens,  peuple  sauvage  qui  habitait 
l'Klhiopie. 

IIANDOAI.D  (saint),  vulgairement  saint 
Bandant,  luo  iw,  du  convfMit  de  (iraid'el,  alla, 
avec  s(Ui  ablM-  .sain!  (ïerman,  taire  des  le- 
montrances  h  Bo.iiface,  duc  d'Alsace,  ([ui 
ravageait  et  pillait  les  terres  de  ses  pauvres 
Viissaux.  Le  duc  feignit  d'être  louché  d .s 
remontrances  et  des  prières  (pu;  lui  adres- 
saient ces  de\i\  hoMUUes  de  Du'ii;  mais  après 
leur  dé'parl  il  envoya  des  soldats  (pu  les 
tuèrent  à  cotqts  de  lance.  L'Eglist»  honore 
saint  Handoald  le  -il  février.  JO//-  <iKKM\>'.) 

UASAPIIi:,  ville  de  Syri  -,  où  >ai  it  Serge 
et  saint  Uacque,  ollicicrs  de  larmée  impé- 
riale, furent  martyrisés  sous  l'empire  de 
Dioch'tien.  Jii>tuiien,  par  respect  [xmr  cet 
(^véneuu'ut,  agrandit  et  l'orlilia  cette  ville,  h 
la(piidle  d  do  ma  le  ikmu  i|e  Serg  Opolis.  Une 
parlu"  des  n-lupies  des  deux  saints  y  est 
conservée.  On  atiirine  (pic  plu>ieurs  miracles 
s'accomplirent  s  ir  leur  toiubeau. 

KASLLS  J('  bitnilieme  ix  SKUAsriKN  ,  ap- 
partenait h  la  com|iagnie  de  Jés.ts.  Il  fut  en- 
vo\é  comu)e  missionnaire  dans  le  Nouveau- 
Monde,  «ju  d   eut  le  b'jnhtnu'  de  recevoir  la 


couronne  du  martyre.  Djmix  lettres  impor- 
tantes (|ue  nous  trouvons  de  lui  dans  les  Let- 
tres édifiantes  nous  serviront  h  esquisser  sï 
vie  et  à  raconter  sa  mort  :  «  Ce  fut  le  23juil- 
let.  dit-il,  de  l'année  IGSO,  que  jo  m'embar- 
((uai  h  la  Hocbelle.  Après  liftis  mois  d'une 
navigation  assez  heureuse,  j'arrivai  h  Québec 
le  {■]  oilobre  de  la  même  année.  Je  map[di- 
quai  d'abord  à  apprendre  la  langue  de  nos 
sauvages.  Cette  langue  est  très-diflicilc,  car 
il  ne  suffit  [)as  d'en  étudier  les  termes  et  leur 
signification  et  de  se  faire  une  provision  de 
mois  et  de  phrases ,  il  faut  encore  savoir  le 
tour  et  l'arrangement  (pie  les  sauvages  leur 
diuuient,  ce  qw  l'on  ne  peut  guère  saisir 
que  par  le  commerce  et  la  fréquentation  de 
ces  peuples.  J'allai  demeurer  dans  un  vil- 
lage de  la  nation  abiiakise,  situé  dans  une 
forêt  (|ui  n'est  qu'à  trois  lieues  de  Québec  ; 
ce  village  et  dt  habité  par  deux  cents  sauva- 
ges, presiiue  tous  chrétiens.  Ce  qui  me  ré- 
volta le  plus,  lorsque  je  commençai  h  vivre 
avec  les  sauvages,  ce  fut  de  me  voir  obligé 
de  prendre  avec  eux  mes  repas  :  rien  de  plus 
dégoûtant.  Après  avoir  rempli  de  viande 
leur  chaudière,  ils  la  font  boullir  tout  au 
plus  trois  (juarts  d'heure,  après  quoi  ils  la 
retirent  de  dessus  le  feu,  ils  la  servent  dans 
des  écuelles  d'écorcc  et  la  partagent  h  tous 
ceux  (pii  sont  dans  la  cabane  ;  ctiacun  mord 
dans  cette  viande  comme  on  ferait  dans  un 
morceau  de  [lain.  Ce  spectacle  ne  me  don- 
nait pas  beaucou[)  d'appétit  et  ils  s'aperçu- 
rent bientôt  de  ma  répugnance  :  «  Pourquoi 
ne  inangcs-tu  pas?  »  me  dirent-ils  :  je  leur 
répondis  (j.ieje  n'étais  point  accoutumé  à 
manger  ainsi  la  viande,  sans  y  joindre  un 
jieu  de  pain.  «  11  faut  te  vaincre,  me  répli- 
ipièrent-ils;  cela  est-il  si  difficile  à  un  patriar- 
che ((ui  sut  prier  parfaitement?  Nous  nous 
surmontons  bien  nous  autres,  pour  croire 
ce  ([uc  nous  ne  voyous  pas.  »  .\lors  il  n'y  a 
plus  à  délibérer,  il  faut  bien  se  faire  h  leurs 
manières  et  à  leurs  usages,  afin  de  mériter 
leur  confiance  et  île  les  gagner  .\  Jésus-Chri>l. 
(Vest  au  milieu  de  ces  peuples  que  je  lis 

l'appre  itissag(>  d(>  missionnaire 

«  H  y  avait  près  de  deux  ans  (]ue  je  de- 
meiu'ais  chez  les  Abnakis,lors(jueje  fus  rap- 
pelé par  mes  siqx'rieurs.  Ils  me  destinèrent 
h  la  mission  des  Illinois  <pii  vtniaieut  do  jicr- 
dre  leur  missionnaire.  J'allai  donc  h  Québd; 
où,  après  avoir  emplo\é  irois  mois  h  éludi(n' 
la  langue  algonkine,  je  m'ernltar-(piai  le  \.i 
août  dans  un  canot  pour  me  rendre  chez  les 
Illinois  ;  leur  pays  e>t  éloigné  iW  Qtiéb  cd.' 
plus  d(^  SDO  lieues,  j'eus  à  traverser  des  la  •> 
d'une  t'ier.due  immense  et  où  les  tempêtes 
sont  aussi  fré  pieules  (pie  sur  la  mer  ;  il  est 
vrai  (pi'on  a  l'avantage  de  mettie  pied  h  terre 
tous  les  soirs,  mais  l'on  est  h  ureux  lors- 
•  pi'on  trouvt>  (pii'lque  roche  |>lale  où  l'on 
pni»^se  passer  la  nud  ;  «juand  il  tombe  de  la 
plue,  l'unique  moyen  de  s'en  garantir  est  do 
se  mettre  sous  le  canot  remnn'sé.  On  court 
enc(U'e  de  plus  giautls  dangers  sur  les  riviè- 
res ,  principalenitMil  dans  k«  endidils  où 
ell(>s  coulent  av'C  \i  ^^'  exil'ême  rapidité  ; 
alors  le    canot  v<jle  couru  '   un   trait  et  s'il 


80K 


KAS 


nss 


Mil 


vi(Mil  h  Idiidicr  (iiu-Ii|in's-nM,s  (irs  rocficrs 
i|ui  s'y  lioiivciil  rii  (|ii.ililili',  i1  se  hnsi-  cil 
nulle  |ii(''C(vs  :  ce  iii.illn'iir  an  iva  ;i  i|iif|ijii('.s- 
uiis  (Ir  ceux  i|"'  iira('('oiii|)<i;;;ii/iiciit  il;iii.s 
(rimlri's  (Viiiols  ;  t'I  ••'est  par  irif  pidlcclioti 
.sili;;illi(''l'(>  (le  la  hoiih-  (li\  i-ic  "|"'' J"'  n'i'innii- 
vni  |>/is  lo  iiK^iiic  soil,  car  mon  catiol  ddiiiia 
pliisiciiis  fuis  cttiilrc  ers  idclnrs  sans  cii  re- 
cevoir le  iiioiii(lre  (|oiiiiiia,i;e.  I''.iiriii,  au  r'i.si|iie 
<lo  soullVir  ce  (pie  la  faim  a  de  plus  cruel, 
la  longueur  el  la  (lillii  ull('>  de  ces  sortes  do 
voyaK*'*^  '••'  peiiuelleiil  d'emporler  avec  soi 
((u'iM)  sac  de  hlé  de  Turipiie  :  on  su|)pose 
(pi<>  la  chasse  l'oiirnira  sur  la  roule  de  (|uoi 
vivre;  mais  si  lt>  t;d)ier  y  mampu\  ou  st; 
IrnuYO  c\pos(^  il  plusieurs  jours  de  jeilne. 
Alors  loule  la  ressource  (pi'ou  a  est  de  cher- 
clu>r  une  espèi'C  de  l'eudles  (iiie  les  sauva;j;es 
iionui'.onl  li<'u<jii('ssnn<n'lt,v[  les  Frani;ais ///- 
pt's  (le  roches:  on  les  prendrai!  pour  du  crv- 
ieuil,  doni  elles  onl  la  li,u;iu-e,  si  elles  n'c^- 
tnicnl  pas  beaucoup  plus  larj:;es  ;  on  les  sert 
ou  honillies  ou  rùlies  ;  c(>lies-ci  dont  j"ai 
mangé  sont  moins  déj^oûlanles. 

«  Je  n'eus  |)as  h  soullVir  beaucoup  de  la 
faim  jusqu'au  lac  (i(>s  lluroîis,  mais  il  n'en 
l'ut  pas  d(>  mènu>  (1(>  mes  compai^nons  de 
voyage  ;  le  mauvais  tinnps  a_\ant  dispersa 
leurs  can(!ts,  ils  m»  purent  me  joindre.  J'ar- 
rivai le  prinnier  h  Missiliiiuikiudk ,  d'où  je 
leur  cnvovai  des  vivres,  sans  quoi  ils  se- 
raient morts  de  faim  ;  ils  avaicnit  passé  sept 
jours  sans  anlr(>  nourriliu-e  ((uo  celle  d'un 
corbeau  qu'ils  avaient  tué  plutôt  par  hasard 
nue  par  adresse,  car  ils  n'avaient  pas  la  force 
(le  se  souleiiir.  La  saison  ét;ii(  trop  avancée 
[)our  coidinuer  ma  roule  jus(|u'aux  Illinois, 
d'où  j'étais  encori^  éloiiïné  d'environ  quatre 
cents  litnies  ;  ainsi  il  me  fallut  rester  à  Mis- 
silimakinnk,  où  il  y  avait  deux  de  nos  mis- 
sionnaires, l'un  parmi  les  Hurons  et  l'autre 
chez  les  Outaouaks.  Ceux-ci  sont  fort  su- 
perstitieux et  très-altachés  aux  jongleries  de 
leurs  charlalans  ;  ils  s'attribuent  une  origine 
aussi  insensée  que  ridicule  ;  ils  prétendent 
sortir  de  trois  familles,  et  chaque  famille 
est  composée  de  cin(]  cents  personnes 

«  Depuis  plus  de  trente  ans  (dit-il  à  son 
neveu  dans  une  lettre  écrite  en  172-2)  que  je 
vis  au  milieu  des  forêts  avec  les  sauvages, 
je  suis  si  occupé  à  les  instruire  et  à  les  for- 
mer aux  vertus  chrétiennes ,  que  je  n'ai 
guère  le  loisir  d'écrire  de  fré(]uentes  lettres 
aux  personnes  mêmes  qui  me  sont  les  plus 
chères.  Je  ne  puis  cependant  vous  refuser  le 
petit  détail  que  vous  me  demandez  de  mes 
occupations  ;  je  le  dois  par  reconnaissance 
de  l'amilié  qui  vous  intéresse  à  ce  qui  me 
touche.  Je  suis  dans  un  canton  de  cette  vaste 
étendue  de  terre  qui  est  entre  l'Acadie  et 
la  Nouvelle-Anglelerre;  deux  autres  mis- 
sionnaires y  sont  occupés  comme  moi,  au- 
jirès  des  sauvages  abnakis,  mais  nous  som- 
mes fort  éloignés  les  uns  des  autres;  les  sau- 
vages abnakis,  outre  les  deux  villages  qu'ds 
ont  au  mdieu  de  la  col  mie  française,  en  ont 
encore  trois  autres  considérables  situés  sur 
le  bord  d'une  rivière.  Le  village  où  je  de- 
meure se  nomme  IVanrar.lsoualc  :  il  est  situé 


sur  le  bord  d'un  fleuv  <•  <pii  se  »i»''cliar;,'e  (Jnn.i 
la  mer  à  ii'cnlcï  liein-s  de  là  ;  jy  ai  liAti  unit 
é;^lise  (pn  e«>l  pro;ire  el  Irès-orrM'e.  J'ai  cru 
ne  devoir  rien  épargner  m  |)(nir  nn  décor/i- 
liou  ni  |iour  l/i  beiiuti-  des  orneine-its  <pii 
ser\enl  à  nos  si  in  l< -s  céri-monies  :  prfri'nient"-, 
chasid)les,  chapes,  vasos  .snc-ré.s,  tout  y  est 
l>riinre  et  sérail  es'  imé  dans  nos  églis-s  d'Ku- 
rope.  Je  me  suis  l'ail  un  pelit  rlergf'-  d'envnon 
ipiaranle  jeunes  sauvages,  ipii  assistent  nu 
service  divin  en  soutanes  el  (mi  surplis  :  ils 
onl  chacun  leurs  fondions,  tant  pniw  servir 
au  saint  sacrilice  d(>  h  messe  (iiu'  pour  lo 
cliani  de  l'ofiii'e  divin,  jiour  la  bi'nédiciion 
du  saini  s.icrinueid  et  poin-  les  processions 
(pii  se  font  avei;  un  grand  concours  ch;  sau- 
vages, les(pic|s  vieniieiil  souv(Mit  de  fort  lo  n 
pour  s'y  trouviM'.  \'ous  série/,  édilii'  du  bel 
ordre  (|u'ils  y  gardent  r-t  de  la  jiiélé  (ju'ils 
font  paraître.  On  a  b.^li  diniv  chapelles  à  trois 
cents  p.is  environ  du  village  ;  l'une  qui  est 
déd  é(>  à  la  (rès-sainle  Viergi!  el  où  l'on  voit 
sa  statue  en  relief,  est  au  haut  de  la  rivièie  ; 
l'autre  ,  (pii  est  (h'-dit-e  à  l'ange  gardien,  est 
au. bas  de  la  même  rivière  :  comme  elles  sont 
l'une  et  l'aulre  sur  le  chemin  qui  conduit  ou 
dans  h'  bois  ou  dans  les  campagnes,  les  sau- 
vages n'y  passent  jamais  qu'ils  n'y  fa.s- 
sent  leur  pr:ère.  Il  y  a  une  sainte  émulation 
entre  les  femmes  du  village  à  (pii  ornera  le 
mieux  la  chapelle,  dont  elles  ont  soin,  lors- 
que la  procession  doit  s'y  rendre  ;  tout  ce 
qu'elles  ont  de  bijoux,  de  pièces  de  soie  ou 
(l'indienne,  ou  d'autres  choses  de  cette  na- 
ture, est  employé  h  la  parer.  Le  grand  lumi- 
naire ne  contribue  pas  peu  à  la  décoration 
de  l'église  et  des  chapelles  :  je  n'ai  pas  lieu 
de  ménager  la  cire,  car  ce  pays-ci  môme  m'en 
fournit  ;djondainment. 

«  Tous  mes  néophytes  ne  manquent  pas 
de  se  rendre  deux  fois  chaque  jour  h  l'é- 
glise dès  le  grand  matin,  pour  y  entendre 
la  messe,  et  le  soir,  pour  assister' à  la  prière 
(pie  je  fais  au  coucher  du  soleil.  Comme  il 
est  nécessaire  de  fixer  l'imagination  des  sau- 
vages, trop  aisée  à  se  distraire,  j'ai  composé 
des  prières  propres  à  les  faire  entrer  dans 
l'esprit  de  l'auguste  sacritice  de  nos  autels  ; 
ils  les  chantent  ou  bien  ils  les  récitent  à 
haute  voix  pendant  la  messe.  Outre  les  pré- 
dications que  je  leur  fais  les  dimanches  et 
les  fêtes,  je  ne  passe  guère  de  jour  sans  leur 
faire  une  courte  exhoi  talion,  pour  leur  ins- 
lirer  l'horreur  des  vices  auxquels  ils  ont  le 
)lus  de  penchant,  ou  pour  les  ad'ermirdans 
a  pratique  de  quelque  vertu.  Après  la 
messe  je  fais  le  catéchisme  aux  enfants  et 
aux  jeunes  gens  ;  grand  nombre  de  person- 
nes àgécsy  assis!  eut  et  r  épondent  avec  docilité 
aux  (piestions  que  je  leur  fais.  Le  reste  de 
la  matinée  jusqu'à  midi  est  destiné  à  enten- 
dre tous  ceux  (jui  ont  à  me  parler  ;  c'est 
alors  qu'ils  viennent  en  foule  me  faire  part 
de  leurs  peines  et  de  leurs  inquiétudes,  ou 
me  communiquer  les  sujets  qu'ils  onl  de  se 
plaindre  de  leurs  compatriotes,  ou  me  con- 
sulter sur  leurs  raariag<is  et  sur  leurs  autres 
alfaires  particulières.  Il  me  faut  instruire 
les  uns,  consoler  les  autres,  rétablir  la  paix 


S07                                nvS  BAS                                808 

dfliis  Its  fnmires  désvnios,  colm-^r  los  rois-  tigos  qu'e'le  fM  relin-s  do  l'nlli.Tnrc  dr-s  An- 
cienros  troublées,  ro  ri;;or  qm  1  [lu-s  oiilros  .sl.iis,  S'-s  voisins.  Ces  .iv.iiilagos  so^t  Irès-in- 
par  des  ri'pri'iiandos  môlces  de  d  )U  cur  cl  Iriessiinl^poiirnossiiivages;  In  facilité  qu'ils 
t\o  rinrilf' ;  onfii,  aiilanl  qu'il  csl  possibl,*,  cnl  de  fiirt;  In  traiio  avec  les  AUjîI.ts,  dont 
les  roiivovcr  tous  conliMd-.  L'aprè-^-niMli,  je  ils  ne  sont  6  oigni'-s  qur  d'une  ou  deux  jf)ur- 
vjsile  les  malades  et  je  paiTours  les  c  ibtn  s  nJes  ,  la  ennui  >.lité  dti  chemin  ,  le  gia^tl 
d.:>  ceux  qui  ont  h  «soin  df  (piclpie  in^lrur-  march.^  qu'ils  trouvent  d.uis  larliat  des  mar- 
lion  [tarlinilière.  S'ils  timnent  in  r^ns  il,  c!ia  ul  ses  qui  leur  ronvienn<'Mt,  rien  n'était 
ce  qui  ar  ive  souvent  [)ariui  les  s;iuv.ig-  s,  ils  plus  ca,  al»l.'  île  les  attirer  ;  au  beu  (pi'cn  al- 
nnMl(''|tutenl  un  des  priui  aux  de  1  asscm-  lanl  à  Québ  c,  il  leur  faut  |  lus  de  quinze 
blée  pour  me  prier  davsisicr  au  résullal  do  jours  pour  s'y  r  ndr  •,  qu'ds  doivent  se  mu- 
leurs  déliliérations.  Je  me  ron^ls  aussitôt  au  nir  de  viv.es  pour  le  vo  âge,  q\\'\ls  oit  dif- 
lieu  oij  se  tietil  le  conseil  ;  si  je  ju;:e  (pi'ils  férenlcs  rivières  h  passer  et  de  fréipients 
prennent  un  sa^e  parti,  je  l'^ppriuive  ;  si  au  portnqm  a  f,ii  e  (1).  Ils  sentent  ces  iuroin- 
contraire  je  trouve  à  dire  à  leur  dé-is  on,  je  moiiilés  el  ils  ne  sont  pf)inl  indilférenls  sur 
leur  d  clare  nmn  sédiment,  que  j'ap|>uie  (le  les  iiit -rùls,  mais  leur  foi  leur  ist  inlinimtnt 
quelques  raisons  solides,  et  ds  s'y  coufor-  plus  cbère.  et  ils  cougoivenl  cjue  s'ils  se  dé- 
ment ;  mon  avi-<  fixe  toujours  le  irs  résolu-  ta-  baient  de  noire  nlhaiice,  ils  se  irouve- 
tions  ;  il  n'y  a  pas  jusqu'à  leurs  fesli  is  où  je  raient  bientôi  sa"s  missionnaires,  sa  :s  sa- 
suis  appi'lé.  Les  invités  apportent  cbncin  un  cremcnts,  sans  sacriti  e,  sans  presqu'aucun 
pia  de  bois  ou  d'écoice;  je  donne  la  béné-  exercice  de  religion,  et  dans  un  dan„er  ma- 
diction  aux  viantles,  on  met  dans  chaque  nifesie  d'ôl  e  replon^-és dans  leurs  pn-mièi es 
plat  le  morceau  [tréparé  :  la  distribution  étant  inii  lélités.  C'est  là  b,' lien  (jui  les  unit  aux 
faite,  je  dis  les  grâces  et  chac  m  se  relire,  Français.  On  s'est  efforcé  vainement  de  le 
car  tel  est  l'ordre  et  l'usage  de  leurs  festins.  rom[)re,  soit  par  des  [)iéges  qu'on  a  tendus 
«  Au  ndlieu  de  ces  conl  nu  lies  occupa-  à  leur  simplicité,  soit  ()ar  des  voies  de  fa  t, 
tiens,  vous  ne  sauriez  rroireavec  (lUr-lle  ra-  qui  ne  peuvent  manq.erd'initer  une  nation 
pidilé  les  jours  s'écoulent.  Il  a  été  un  temps  infiniment  jalouse  de  ses  droits  el  de  sa  li- 
quà  peine  avais-je  le  loisir  de  réciter  un  of-  berté.  Ces  commencements  de  mésinlelli- 
fice  et  de  prendre  un  pou  de  repos  p  ndiint  gonce  ne  laissent  pas  de  m'alarmer  et  de  me 
la  nuit,  car  la  discrétion  n'ot  pas  la  v  rlu  faire  craindre  ladisjorsion  du  liou()eaii  que 
des  sauvages  ;  ma-s  depuis  qiiebpies  années  la  Provide  ice  a  confié  à  mes  soins  depuis 
je  me  suis  fait  une  loi  de  ne  parler  h  per-  tant  d'atmées  et  pour  lequel  je  sacrifierais 
son  "«e  depuis  la  prière  du  soir  jusipi'après  la  volontiers  ce  qui  me  reste  de  vie.  Voici  les 
messe  du  lendemain,  et  je  leur  ai  dé  enJu  divers  art  fi.;es  auxquels  on  a  recours  pour 
de  m'iiiterrompre  pondant  ce  temps-là,  à  les  détacli.r  de  notre  alliance, 
moins  que  cène  fut  pour  quelq  le  raison  «  Legouverneurgénér.iKicla  Nouvelle-An- 
importaute,  comme,  i)ar  exemjjle,  pour  as-  gleterreenvoya,ilya  ipnl  luesannées.au  bas 
sister  un  moribon  I  ou  quebpie  aut  e  alfa  re  de  la  rivière,  le  plus  habdedes  nnnistres.ie 
qui  ne  pi^l  passe  dill'érer  ;  je  jouis  de  ce  Hoston,  ali  i  d'y  tenir  une  école,  d'y  inslruire 
teuq>s-là  pour  vaquera  la  prière  el  m.'  repo-  bs  enfants  des  sauvages  el  de  les  entrele- 
ser  des  fatigues  de  la  journé  •.  Quand  les  nir  aux  frais  du  gouvernenn-nt.  Comuie  la 
sauvages  voiil  h  la  mer  pour  y  [)is.>er  quel-  pension  du  minisbe  devait  (  roltre  à  propor- 
ques  mois  à  la  chasse  des  caiiards,  des  ou-  lion  dunombredesesécoliers,  il  n'oublia  rien 
tardes  et  des  autres  o  seaux  (]ui  s'y  trouve  it  pour  se  les  attirer  ;  il  les  faisait  chercher,  il 


en  fpnnlité,    ils  bAtisse  il  dans   une  ile  une  les  car.\ssail,  il  1,'ur  faisait  de  petits  présc  ils, 

église   qu'ds  couvrent  d'écorce,   auprès  de  il  Ks  pressait  de  venir  le  voir,  enfin,  il  se 

laquelle  ils  dr-'ssent  une  petite  cabine  [lour  donna  bien  des  uiouvemenls  iiiuliles  peii- 

liia  demeure  ;  j'ai  so.n  d'y  transporter  une  dant  deux  mo  s,  sans  pouvoir  gagner  un  seul 

partie  des  orn.-meiils,  et  le  service  s'y  fait  eniant.  Le   mépris  qu'on  lit  de  ses  cares-es 

aveô  déce.ice  el   le  méiiie  concours  de  p  u-  et  ne  ses  invitations  ne  b*  reliuta  po  ni  ;  il 

pie  qu'a.i  villa^^c.   Voilà,   mon  ch(>r  neveu,  s'adressa   aux    sauvages  mêmes,  il    leur  lit 

(plèbes  sont  nies  occipalions.  Pour  ce   cpii  diverses  ipieslions   lou.  liant  le  .r  croyance, 

me  regarde  perso  inellement,  je  vo.s  dirai  et  sur  les  réponses  (pii  lui  étaient  faites,  il 

que  je  ne  vois,  que  je   n'eut  nds,  que  je  ne  tournait   en    risée  les  sacnements,   le  pur- 

parle  (pie  sauvage  ;  mes  aliuienls  sont  son-  galoire.  l'iiivoialion  des  .samts,  le  chaiielel, 

j>lesellégers,jon'ai  jamiispu  mefaire  legoai  les  croix  et  les  images,  le  luminaire  de  nos 

h  la  viande  et  au  po  sson  boucané  des  sauva-  églises  et   toutes  les   pratiipies  de  piété    si 

ges:manourriturereslqu  debli-de  ruicpiie,  s.unleuirnl  observées  dans  la  reli.;ion  calho- 

qu'oii  pile, 'l  doiil  je  mêlais  cil  Kjueiour  une  liqne.  Je  crus  devoir  m'opposer  à  ces  pre- 

espèic  le  bouillie  (pie  je  cuis  avec  (le  l'enu  ;  miere>  >emr'nces  de  séduction  ;  j'écrivis  une 

le  seul  adoucisse. ih-nt    luej'y  a|).()rie,  c'est  lettre  honnête  au  ministre,  où  je  lui  mar- 

d'v  raCder  un  peu  de  sune  pour  en  (  orriger  .    ,.  . 

la' fadeur  ;  on  n'e  i    mau  pie  p.,.nl  dans  ces  ('    ^ '"''  ^'"'"'9' :  r'^y  «•'••^"^P^''^''  '»'>"  ^^''^^ [\ 

c     \,  son  I  .ig.ïjîp  (I  u.ir  riMiTC  ;«  une  inilrc,  avec  l;i(iii<llft 

lorcis...                             ...           .     I     ,.•  il  nv  .1  piiiil  (te  «oinnuniicali'i:!.  (",os  porlaKC  :>(HU 

«   l.Mite  la  nation  abnakise  est  ch  élienne  „,„.,;,,„.,.,, s  de  pluMours  I.. ne^oi  resi  la  piimip.ilo 

et  très-zélée  pour  co  is.  rver  sa  religion  ;  col  r.,tso  •  (]iii  p)rle  l;s  >ain;i(i  s  a  so  servir  ..c  cmots 

alla  •lieineiil    à    la    foi    cafiolupie    lui   a   lait  dnorce,    lar   ils  so.il  l:>ri  l(>gers  (>l  aiics  à  lr.«ns- 

prél'érer  jusi^u'ici  notre  alli.uiiC  aux    av.ii-  i>iiru>r. 


«09 


IIAS 


UAV 


ft1«9 


•(jiuiis  fiiin  mes  chri^Hcîis  savuiciit  croiid  aux 
v<''nl('s  i|iir  la  loi  callinliqm'  rusfigiir,  niais 
qu'ils  \H\  savaicnl  pas  ni  »li,s|mltii'  ;  (|iic  iiY- 
taiil  pas  assez.  Iiahilcs  pour  irsiuidic  les  (jif- 
Ih'uli.^s  ipi'il  iiroposail,  il  avait  apparfiiiiii<-iil 
(lossoiii  (pi'i'lM'S  me  fiisscril  niiiiniiiiiiipii^os  ; 
<in(^  jo  saisissais  avec  plaisir  (:»>llc  occasion 
«pi'il  iii'oUVail  (l(»  coiilV'ri'f  avi'c  Itii,  ou  dd 
vive  voix  on  nai-  Icllics  ;  (pir  jii  loi  envoyais 
sur  (•<'Ja  nn  ninnoiic  cl  ipicjcic  suppliais  do 
lt>  lire  avec  un<i  allenlion  séiieuse.  I)  ins  va 
iin(Mnoii'(>,  (pii  élail  d'environ  cent  pa^es,  je 
j)rouvai:)  par  l'iMiiture,  par  la  hadilion  «H 
Jiar  (les  raisonnenienls  llK'olo^icpu's,  les  v«'- 
riltVs  (lu'il  Hvail  allacinées  par  (l'ass(>/.  fades 
iilaisanleries  ;  j»^  lui  ajonLds,  en  Unissant  ma 
lettre,  (pi(>  s'il  n'élalt  |)as  satisfait  do  mes 
l)r(nives,  j'attendais  do  lui  une  réfulation 
j)ri^ciso  «'l  flppuy(^t'  sur  dea  raisons  tlu''olo- 
j^iiiues,  et  \un\  pas  sur  di'S  raisonnements 
vaj<uos(jui  uv  prouveid  rien,  encore  moins 
*nr  (l(>s  réilexions  injurieuses  (pii  ne  C(tnvo- 
Jiaienl  ni  à  notre  profession  ni  h  l'impor- 
lancodes  matii'res  dont  il  s'ayissait. 

Deux  jours  aprùs  avoii'  ri^gu  ma  lettre,  il 
partit  |»"our  Boston,  d'où  il  m'envoya  une 
courte  réponse  dont  le  style  était  très-obs- 
cur et  la  laiinilé  cxlraordiMaire  ;  je  com- 
pris, à  force  d'y  révcr,  qu'il  se  plaignait  que 
jo  1  attaquais  sans  r;)is«)n,  qm  le  zèle  seul 
pour  le  salut  des  Auios  l'avait  porté  a  ensei- 
gner les  sauvages  ;  que  du  reste  mes  preu- 
ves étaient  ridicules  et  enfantines.  Je  lui  en- 
\oyA\  une  seconde  lettre  :  h  ses  exi)ressions 
•dures  ,  f)eu  mesurées  et  pleines  d'aigreur, 
j'opposai  la  mod. 'ration  d'un  style  de  dou- 
ceur, de  charité  et  de  paix » 

Laissons  maintenant  parler  Henrion  (t.  II, 
p. 608)  :  «  Sans  l'antagonisme  de  l'Angleterre 
et  de  la  France,  dit-il,  les  missions  du  Ca- 
nada et  de  la  Lousiane  eussent  rei;u  les  plus 
beaux  développements;  mais  la  jalousie  des 
Anglais,  ingénieux  à  ruiner  la  coloaic  fran- 
^Nuse,  excitait  incessamment  contre  elle  les 
indigènes,  et  surtout  les  Iroquois,  dont  la 
politiciue  consista  ,  d'ailleurs  ,  à  maintenir 
riudépendancede  leurs  cinqcantons  entre  les 
deux  monarchies  rivales.  Lorsque,  dans  le 
traité  d'Utreclu,  Louis  XIV  eut  cédé  à  la 
reine  d'Angleterre  la  baie  d'Hudson,  l'ile  de 
Terre-Neuve  et  l'Acadie,  les  Anglais,  par  une 
extension  abusive  du  mot  Acadie,  prétendi- 
rent avoir  acquis  des  droits  sur  la  nation 
iibnakise.  Connue  ils  avaient  trop  souvent 
éprouvé  sa  valeur  pour  être  tentés  de  la 
réduire  par  la  force,  ils  cherchèrent  à  la  dé- 
tacher de  la  foi  catholique,  aiin  de  la  plier 
par  le  protestantisme  à  leur  domination.  Le 

flus  habile  des  ministres  de  Boston  (nous 
avons  vu  plus  haut]  fut  envoyé  à  l'c^ntrée 
du  Kinibequi  ;  mais  le  P.  Sébastien  Rasles, 
qui  gouvernait  cette  chrétienté,  étouifa  les 
premières  semences  de  sé'iuction.  Convain- 
cus que  le  missionnaire  serait  un  obstacle 
invincible  îi  l'invasion  progressive  du  pays 
qui  séparait  la  Nouvelle-Angleterre  de  TA- 
cadie,  parce  que,  en  maintenant  avec  soin 
ses  néophytes  dans  leur  attachement  à  la  foi 
catholique,  il  resserrait  de  plus  en  plus  les 
Dictions,  des  Perségutioiss.  II. 


liens  fpii  les  unissair'nl  aux  Krancrtis,  les  An - 
Klais  mirent  sa  téir  h  prix,  et  Imlèieiil  i  lilin 
de  l'iMtlcver  /)  Nanraulsouak,  au  inois  drjari- 
vieil7-î2.  Heuieii«.Miiiciil  averti,  le  V.  Hnsles 
<  onsomiu.i  les  linsiifs  ronsacri'eH  qui  étaient 
dnns  sa  (  liapelic,  mil  en  lieu  de  .silrelé  les 
vases  sacrés  et  les  oriu-iiieiils,  juiih  nl'a  r«v- 
joindro  ses  néophytes,  Miixijijels  il  avait  fait 
picndre  les  devants,  dans  la  jorél.  Les  An- 
Klais  l'y  poursuivirent  le  leiid<  main, et  ils  se 
lioiivaMMit  h  une  |.orlée  de  fusi',  loisrpio  lo 
Père,  alors  tout  liabilh-  pour  dire  l.i  messe, 
les  aperçut.  Hasies  péiétra  plus  av.-nl  dans 
le  bois;  mais  ne  mar(  liant  pas  ais('iiieiit, 
parce  cpi'il  avait  (ui  une  jambe  et  uiiecuisso 
cassées,  il  se  borna  bieiilûi  à  se  cach'-r  d  r- 
rière  un  arbre.  L'ennemi  parcourut  divers 
Siîiitieis  fiv'yés  |)ar  les  sauvages,  (,'t  il  n'était 
jilus  i\n'h  huit  pas  de  l'arbre  <pii  couvrait  le 
missio.niaii'e,  (piainl  il  s'arrêta,  comme  re- 
poussé par  liiK!  mairi  iiivisibb;,  et  n-prit  la 
ro'it(!  du  village,  où  il  pi'li  l'église  et  la  mai- 
son du  P.llasles.  Ces  violences  ayant  ;'llumé 
la  guerre  entre  la  nation  abiiakise  et  les  Ai:- 
gl'is,  les  habitants  du  Naniantsouak,  indi- 
qué comine  rendez-vous  des  guerriers,  pres- 
sèrent le  missionnaire  de  se  retin  .  pour 
quelcpie  'emf)s  à  Québec.  Il  h  ur  répondit 
({u'il  U';  craignait  point  i 'S  menaces  de  ceux 
qui  no  le  haïssaient  qu'k  cause  de  son  zèle 
pour  son  troupeau. 

«  Ce  que  les  Ahnakis  prévoyaient  arriva. 
Le  2i  août  i72i,  les  Anglais  surpr-rent 
Nanranlsouak.  Le  P.  Rasles,  afin  di  fa\o- 
risor  la  fuite  de  ses  cliers  uéoj.'iytes,  cUa 
sans  crainte  se  présenter  aux  assaillants , 
dont  il  voulait  concentrer  l'attention  sur 
lui.  A  peine  eut-il  paru,  que  les  Angiaisje- 
tèrent  un  grand  cri,  suivi  d'une  décharge  qui 
renversa  le  missionnaire  mort,  auj)rès  d'une 
croix  qu  il  avait  plantée  au  milieu  auvillage. 
Ainsi  périt,  après  trente-trois  ans  d'à;  ostolat, 
ce  charitable  pasteur,  en  dbnna't  sa  vie  pour 
ses  ouailles.  Quand  les  Abnakis  revinrent, 
ils  le  trouvèrent  percé  de  mille  coups ,  la 
chevelure  enlevée,  le  crâne  br'sé  à  coups  de 
hache,  la  bouche  et  les  yeux  remplis  de  boue, 
les  os  des  jambes  fracassés  et  tous  les  mem- 
bres mutilés.  Voilà  de  quelle  manière  fut 
traité  un  prêtre,  dans  sa  mission,  au  pied 
d'une  croix,  non  par  des  infidèles,  mais  par 
des  chrétiens.  Le  P.  de  La  Chasse,  supérieur 
général  des  missions  de  la  Nouvelle-France, 
ayant  demandé  pour  lui  à  l'abbé  de  Bell.- 
mont,  supérieur  du  séminaire  de  Montréal, 
les  suffrages  de  l'Eglise,  en  vertu  de  la  com- 
munication de  prières  qui  existait  entre  les 
sulpiciens  et  les  jésuites,  le  respectable 
vieillard  ne  lui  répondit  qu^  par  ces  paro- 
les de  saint  Augustin  :  Cest  faire  injure  à  un 
martyr  que  de  prier  pour  lui!  » 

RASYPHE  (saint)  fut  martyrisé  à  Rome 
dans  des  circonstances  et  à  une  époque  que 
nous  ignorons.  Son  nom  est  inscrit  au  Mar- 
tyrologe romain  le  23  juillet. 

RAVASRE (Marguerite),  ursuline  au  Pont- 
Saint-Esprit,  périt  sur  l'échafaud  le  8  juil- 
let 1794- ,  avec  Elisabeth  Peleysier,  Rosalie 

26 


8tt 


RAY 


REG 


»I2 


Bès  el  Mario  Blanc,  religieuses  du  Saint- 
Sarrrnirnl  do  Bnli^ne. 

RAVENNK .  Rnvpnnn  ,  ville  dos  Etals-Ro- 
mains, clit't-lieu  de  It'galion,  sur  la  rivière 
de  Monlo'U'.  Le  premier  martyr  dont  celte 
ville  slionore  est  saint  l'rsicin,  décapité  du- 
rant la  persécution  de  Néron.  Peu  de  temps 
»près  la  mort  de  ce  saint,  quelipiei-uiis  di- 
sent le  inéQïe  jour,  saint  Vital  v  fut  enterré 
vivant,  par  or  re  du  juge  Pauhn,  dans  un 
lieu  appelé  la  Palme.  Sous  Ve.s[»asien  ,  saint 
Apollinaire  fut  martyrisé  dans  cette  ville. 
On  man(}uo  de  détails  sur  ce  saint  person- 
nage et  sur  sa  mort.  Sous  l'empire  de  Dèce, 
un  juj;e  nouimé  (Juintien  lit  cruellement 
tourmenter  dans  celle  ville,  et  ensuite  met- 
tre à  mort,  s  linte  Fusque,  jeune  vierge  âgée 
seulcnic'U  de  quinze  ans ,  et  sa  nourrice, 
saillie  Ursule ,  qu'elle  avait  eu  le  bonheur 
de  convertir  h  la  foi. 

R  \YN\L    (  GviLLAtME-TnOMAS-FBANÇOIS  ) 

naquit  à  Sa  nt-Gcniez,  dans  le  Houergue,  en 
17i;J.  Il  til  ses  études  chez  les  Jésuites  ,  fut 
reçu  daus  cette  compagnie  ,  et  rei^ut  la  prê- 
trise. Au  bout  de  queltjue  temps  .  il  en  fut 
chassé  ,  et  vint  h  Paris  en  l'V".  U  se  lit  re- 
cevoir dans  le  clergé  de  Saint-Sulpice  ;  mais 
il  commit  des  actes  de  simonie  pour  les- 
quels on  l'exclut.  U  voulut  après  cela  so 
faire  prédicateur;  l'accent  méridional  extrê- 
mement prononcé,  dont  il  n'avait  iamais  pu 
se  défaire  ,  lui  créa  d'insurmontables  obsta- 
cles. Ne  sachant  comment  faire  pour  vivre  , 
il  intrigua  de  tous  côtés  ,  et  eniin  se  tit  rece- 
voir rédacteur  du  Mercure  de  France.  Il 
trouva  mojen  de  vendre  5  très-grand  nom- 
bre de  mauvais  ouvrages  qu'il  publia.  Il  ne 
tarda  pas  à  être  au-des.>us  du  besoin.  Alors 
il  se  mit  à  trafiquer  sur  les  denrées  colonia- 
les, fil,  assure-l-on,  la  traite  des  noirs,  el  au 
bout  de  peu  de  temps  eut  une  vf-ritable  for- 
tune. Cet  ecclésiasliquc  indigne  devait  con- 
venir aux  philosa[)hes  de  son  lemps.  Il  fut 
bientôt  exlrèmemeul  lié  avec  eux,  et  fré- 
quenta particulièrement  d'Holbach,  Helvé- 
tius  et  madame  (leotfrin.  Ce  fut  dans  ces  cir- 
con>tances  ((u'il  connut  et  commença  à  met- 
tre it  exécution  le  plan  de  son  llisloirc  phi- 
losophique rt  politique  du  commerce  cl  des 
étulilissemcnts  des  Luropc'rns  daiitt  les  deux 
Jndes.  U  obtint  des  renseignements  et  des 
mémoires  île  la  part  «l'un  très-grand  nombre 
de  gens  distingués  <pii  avaient  voyagé  dans 
les  deux  Lides ,  ou  «|ui  mCnue  y  avaient 
exercé  des  fonrtinns  imporlauh'S.  D'Hol- 
bach, Dubuc,  Pe.hiiieja  ,  l'abbi*  .M.irlin  ,  Nai- 
guoo,  et  .surtout  Diderot,  l'aidèrent  beau- 
conp  dans  la  rédaetiun  de  cet  ouvrage.  Dide- 
rot était  parf  »is  épouvanté  de  la  liardie>îie 
avec  l.iiiuellc  il  faisait  parler  son  ami.  Il  lui 
arrivait  parfois  do  dire  :  t  Qui  osera  signer 
cela  2  —  .Nb»i,  disnu  Knyn.d  ,  moi,  vous  dis- 
jc  :  allez  toujours,  n  Plusieurs  éditions  de 
r<'t  ouvrage  impie  et  séditieux  furent  publiées 
sans  nom  d'antfur.  Kniiii  ,  en  17H0 ,  int>  édi- 
tion en  dix  volumos  in-8'  parut  avec  le  nom 
et  !        '  'i  dt  de  R.iynnl. 

ivrage,  qm  eut  une  vopnie  extraor- 
'Jiaair«  ,  surtout   après  «lu'il    eut  été  con- 


damné par  arrêt  du  parlement,  en  1781 ,  est 
un  tissu  de  mensonges  ,  do  digressions  con- 
tinuelles ,  de  décliimations  furibondes  con- 
tre toutes  les  puissan(  es  de  la  terre  et  con- 
tre la  religion,  une  collection  de  peintures 
lubriques  qui  afiligent  les  mœurs,  un  amas 
de  pièces  décousues  ,  comme  cela  devait 
être,  puisqu'il  n'y  avait  pas  eu  unilé  de 
composition.  Les  philosophes  eux-mêmes  , 
tels  (jue  Voltaire,  Griium,  Turgot  et  plusieurs 
autres,  l'ont  jugé  fort  sévèrement. 

«  Après  la  condamnation  de  son  livre  et 
la  sentence  do  jtriso  de  corps  lancée  contre 
lui  en  1781  ,  Uaynal  quitta  h  France  ,  alla  à 
Spa  ,  où  il  trouva  une  brillante  compagnie  ; 
puis  il  passa  h  la  cour  de  Saxe-Gotha ,  oiî 
on  lui  ht  un  grand  accueil  ;  de  là  il  se  ren- 
dit à  Berlin,  pour  voir  Frédéric,  cl  n'eut  pas 
beaucoup  à  s'en  louer.  Venu  en  Suisse,  il 
obtint  sa  renirée  en  France  ,  en  1787  ,  sans 
pouvoir  néanmoins  se  montrer  à  Par. s;  il  se 
retira  à  Saint-deniez ,  séjour  triste  et  en- 
nuyeux pour  lui  ;  ensuite  chez  Malouct,  in- 
tendant de  la  marine  à  Toulon.  Il  trouva 
dans  cet  homme  un  ami  dévoué.  Eu  1790 , 
la  sentence  de  prise  de  corps  et  de  conlisca- 
tion  de  biens,  prononcée  contre  lui,  fut  an- 
nulée, h  la  demande  de  .Malouet ,  député  de 
Marseille  aux  États  généraux  ;  alors  Raynal 
revint  librement  à  Paris. 

«  Quand  il  vit  la  révolution  se  développer 
et  les  excès  auxquels  elle  conduisait ,  il  re- 
gretta d'y  avoir  contribué;  il  écrivit,  le  31  oc- 
tobre 1791,  au  président  de  l'Assemblée  na- 
tionale, une  lettre  fameuse,  dans  laquelle  il 
rétractait  les  principes  de  sou  liiftoire  phi- 
losophique,  et  désapprouvait  hautement  les 
aetes  des  nouveaux  législateurs.  Il  mourut 
à  Passv  en  1796,  ^gé  de  quatre-vingt-trois 
ans.  »  (Bouvier,  JJisl.  de  ta  philosophie,  t.  II, 
p.  292.) 

RÉATE  (saint)  est  inscrit  an  Martyrologe 
romain  le  27  janvier.  Il  eut  pour  compa- 
gnons de  son  combat  saint  Daee  el  dautres 
dont  nous  igiooroiis  les  noms.  Ils  furent  mar- 
tyrisés durant  la  persécution  des  Vandales  , 
en  Afrique.  L'Eglise  fait  leur  fôle  le  27  jan- 
vier. 

Rf^CABITF.  C'est  h  seule  désignation  qui 
soit  allribaée  h  l'homme  courageux  qui  pro- 
testa contre  les  Juifs  qui  lapi(hient  saint 
Jacfiuos  le  Mineur,  apiMro  et  premier  évêipio 
de  iénisalcm.  «  Quoi  !  leur  ait-il,  vous  êtes 
et  assez  Lâches  pour  tuer  un 
prie  pour  vous  !  »  Le  saint  en 
elfef  était  açenoniilé  pendant  qu'on  le  lapi- 
dait, et  il  priait  pour  ses  bourreaux. 

UECL'.MBt'S,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  saug  pour  la 
foi  eu  Egvplc,  et  desquels  Ruinart  a  laissé  les 
Actes  aulVientiquos.  I  oy.  Martyrs  ^les  Ireale- 

Sept)    KGVrTlENS. 

RECilOLA  (sainte)  fut  au  nombre  desqua- 
ranle-hnil  martyrs  mis  k  mort  avec  saint 
Saturnin,  en  Afrique,  sous  le  proconsul  Anu- 
lin,  en  laii  de  JeMi>-('lirist  305,  sous  le  rc>- 
gne  et  durant  la  [Mrsèeutibn  que  Dioclélien 
suscita  contre  l'Eglise  du  Seigneur.  {Voy.  Si- 


assez  cruels 
homme   qui 


8l7i 


ItKP 


HKV 


Hi4 


THHNiN.)   l/^'.^liM•  l'iiit   lu  iMii  «lu  lous    irh 

fii'lillls  le   I  I    l'i'M  ICI'. 

lU'J.MS,  Hiiiii  on  J)>tr(H(>r(iirnin  ,  ville  du 
l'iaucu  (l.ms  In  IUjwiio  ,  aicliuvc^uliA ,  callui- 
(iinlu  où  l'on  .sjii  T'iil  les  lois,  ('.elle  ville  .'i  tiu 
la  nloirc  de  voir  le  iirciiiicr  niail.>i-  dt.'hdau- 
Ics,  sailli  IsU),  mourir  da-is  si's  niurs,  |M!U- 
daiil  la  |M'r.S(''(iilio'i  de  Nt-roii.  Milliciireiisc- 
iiu'mI  on  iiiaiDiiu^  tli'  diHail.s  aulliciilHinc^  sur 
Jo  iiiarlyro  de  ru  saiiil. 

Dans  lu  m'  siùclii,  sous  lus  (>iii|tur«Mirs  (ia- 
lt"»ru  ul  Alaxiiiiiu  ,  saiiil  1  iiiiollit'-u  aya'il  (!hi 
«rrî'li^  ilans  cullu  villu  ,  t'nl  liviû  aux.  bour- 
reaux (|ui  l(*  loilurèretil  (■inclleiiieiit.  Sou 
courage  au  luiluMi  dus  soullVanuus  iiupres- 
si<  iina  s'\  viveuiuul  .Apolliinin) ,  l'un  d'uiitru 
eux,  (lu'il  su  eoMvurhl  iiiunt-dialuniuiil  ;  l'I 
ayant  elt^  l)a|ilisû  duraiil  laiiuil,  eu  iirisoii, 
avec  [ilusieuis  aulns  [u-rsoiuius  (|ui  s  élaiuiii 
coiiverlius  comme  1    i,  il  lui  mai  lyrisu,  deux 

I'ours  ajirùs,  aveu  sainl  Timolliee,  lu  2.iaoiU. 
AUJi's  autrus  compagnons  avaiuni  souH'url  la 
vuille,  2-2.  La  villu  du  Ueims  prûlunil  jiosst^- 
der  enuoru  la  |tlus  i^raiulu  pailio  dus  reli- 
quus  do  uos  ^>aillls. 

lui  VOT,  sous  le  n'^gnu  d'Arcaduis,  lus  bar- 
bares ayaiil  l'ail  une  invasion  ilatis  les  Gau- 
les ,  s'ouifiarôront  du  la  ville  ilo  Reims  ,  (jui 
avait  alors  pour  tivc^juu  saini  Nicaise.  Ce 
saint  ayant  voulu  protûgor  (luelques  habi- 
tants cuiilro  la  fureur  des  envaliissuurs,  lut 
massacré  par  eux,  ainsi  que  sa  sœur,  sainte 
liulrc)}tiu.  Culte  sainle  avait  c^)nsacrô  sa  vir- 
giniu^  au  Sei^^iieur.  Les  barbares  voulaiont 
lui  laissor  la  vie;  mais  sachant  biun  dans 
quel  dessein,  elle  |irt^l'éra  mourir,  ils  la  tuè- 
rent près  du  corps  du  son  Irùre. 

KKINK  (sainluj,  vierge  et  martyre ,  donna 
sa  vie  pour  la  loi  chrétienno  durant  la  por- 
séuutiou  de  Dùce,  on  l'année  -loi.  Le  lieu  de 
son  martyre  est  Alise,  ville  des  Gaules,  an- 
cieiinemcnt  puissanle,  et  dont  César  lit  le 
siège.  Ceite  ville  rui^.ée  est  maintenant  un 
petit  village  du  diocèse  d'Autun.  Ce  l'ui  un 
juge  nommé  Olybrius  qui  la  coiulam-ia  et  la 
lit  soutlVir.  Après  les  rigueurs  de  la  jirison  , 
les  tortures  du  cheva.et  et  des  lampes  ar- 
dentes, e'ie  fut  décapitée.  L'Eglise  célèbre 
sa  l'ète  le  7  septembre. 

RENNES  (chef-lieu  du  département  d'Ille- 
Pt-Vilaine.)  Son  territoire  a  été  illustré  par 
les  soutliaiices  qu'y  endura  saint Emilien,  en 
confessant  la  foi  de  Jésus-Christ. 

RENON  (saint)  reçut  la  ))alme  da  martyre 
en  Artois.  Les  Actes  des  martyrs  nedonne:it 
aucun  détail  sur  son  compte.  L'Eglise  fait  sa 
fête  le  27  mai. 

RENl'S  (saint)  ,  martyr  ,  fut  mis  à  mort  à 
Carthage ,  avec  les  Sdints  Montan,  Lence, 
Flayien,  Julien,  Vicloric,  Primole,  Donatien. 
Ce  fut  en  259,  sous  l'empire  de  Valériei  et 
sous  le  gouvernement  intérimaire  de  Solon. 
(Pour  plus  de  détails  ,  il  faut  lire  les  Actes 
de  MoNTAN,  à  son  article.)  L'Eglise  fait  la  fête 
de  tous  ces  saints  le  2 'i- février. 

^REPARATE  (sainte)  ,  vierge  et  martyre, 
n'ayant  pas  voulu  sacrifier  aux.  idoles,  du- 
rant la  persécution  de  Dèce,  à  Césarée  de  Pa- 
lestine, endura  divers  tourments,  après  les- 


ipiul»  flh^  uul  la  iMe  lranrln''tî.  Lu  Mnrlyro- 
lo^e  loiiiriiii  dit  qu'on  vil  son  Ame  s'envoler 
df  son  ciups  il  monter  au  ciel,  sous  la  lorm« 
d'une  (  oloiiibu.  L'ICj^lr-je  lail  »a  tète-  le  8  oc,- 

loble. 

RlJ'O.Sri-;,  év^juu  du  SuluiiHKii  Afnqun, 
oui  lu  iiialhuur  d  abjurer  sa  foi  ut  do  .sacii- 
liur  aux  iilolus,  duiiinl  la  pt;rsé.  iitioii  dn 
Dècu.  i.'liibloirc!  nu  fait  pus  autremeui  nicn- 
tion  du  lui. 

Ui'iSPICI':  (saiid)  ,  martyr  à  Nuéo  mi  lii_ 
Ihyiue  avec  saint  Tryphoii,  f»ous  |  frripire  do 
Dèce  ul  .sous  lu  Kouvorneinenl  d'A<piilious 
((iracrhus  Claiidins.)  Son  liiNioiie  csi  .si  inii- 
meiiicnl  liée  à  culli!  de  .saint  Tryphoji,  tpirj 
nous  n'avons  pas  voulu  l'en  sépaKM.  N(jus 
nnivoyoïis  le  h.'cleur  h  l'arlirle  TimniON. 

RLSriTUT  (saint),  fut  iiiarlwisi"  ,'i  Romo 
sur  la  voie  Aiin  liennu.  Nous  nianqwons  do 
détails  aullieiiti(iues  sur  lui.  LEgliso  célè- 
lii-u  sa  mémoire  le  20  mai. 

RESTITUT  (sailli),  fut  martvrisé  à  Antio- 
rhe.  On  ignore  h  (pielle  époque  et  dan.s 
quelles  circonstances.  Quoi  (|u'il  tni  soit,  on 
sait  qu'il  eut  pour  compagnons  de  sa  gloire 
les  saints  Donat ,  Valérien ,  Fructuoso  et 
douze  autres,  dont  les  noms  ne  nous  sont 
point  parvenus,  L'Eglise  fait  leur  fête  le  23 
août. 

RESTITUTE  (sainte) ,  vierge  ,  fut  marty- 
risée à  Sora,  sous  l'empereur  Aurélien  et  "le 
moconsul  Agathius.  Ayant  entrepris  de  com- 
battre pour  la  foi,  elle  surmonta  les  efforts 
des  démons,  les  caresses  de  ses  [tarents  et  la 
cruauté  des  bourreaux.  Entin,  ajant  été  dé- 
capitée avec  quelques  autres  chrétiens,  elle 
fut  honorée  de  la  gloire  du  martyre.  L'Egliso 
l'ail  sa  fête  le  27  mai. 

RES'llTL'TE  (sainte)  ,  fut  au  nombre  des 
quarante-huit  maityrs  avec  saint  Saturnin, 
en  Afrique,  sous  le  proconsul  Anulin  ,  en 
Tan  de  Jésus-Christ  305,  sous  le  règne  et  du- 
rant la  persécution  que  Dioclétien  suscita 
contre  l'Eglise  du  Seigneur.  {Voy.  Saturmn.) 
L'Eglise  célèbre  la  fête  de  tous  ces  saints  le 
Il  février. 

RESTITUTE  (sainte),  vierge  et  martyre, 
ayant  été  tourmentéede  diverses  façons  effort 
cruel leme  11  en  Afrique,  par  le  juge  Procule, 
fut  mise  dans  une  barque  avec  une  grande 
quaulité  de  poix  et  d'éloupes,  puis  exposée 
sur  la  mer  pour  être  iirûlée  vive,  au  milieu 
dos  eaux,  par  le  feu  qu'on  avait  mis  à  la  bar- 
que. Les  Actes  de  sainte  Res:itute  portent 
qu'elle  mourut  tranquillement.  Dieu  l'avant 
miraculeusement  appe  ée  à  lui,  sans  que  les 
flammes  qu'on  avait  allumées  lui  lissent  au- 
cun mal.  Elles  s'étaient  au  coniraire  tour- 
nées contre  les  bourreaux.  Le  corps  de  la 
sainte  fut  porté  dans  la  baniue  à  l'île  d'Is- 
chia,  près  de  Na^.les,  où  les  chrétiens  le  re- 
çurent avec  de  grandes  marques  de  vénéra- 
lion.  Constantin  lit  depuis  bûlir  une  église  à. 
Naples  en  l'honneur  de  sainte  Restitute. 
L"Egl:.>^e  fait  la  fête  de  cette  sainte  le  17  mai. 
RÉVÉLllEN  (saint),  évèque,  fut  martyrisé, 
à  Autun,  pour  la  foi  chrétienne,  sous  l'em- 
pire d'Aurélien,  avec  saint  Paul,  prêtre ,  et  dii 
autres  qui  ne  sont  pas  nommés  au  Martyre- 


815 


RIC 


RIC 


816 


loge.  Saint  RévtVirn  6{a\\  év^rjne.  c'est  indn- 
bit.ihlf'.  Klait-il  «^vt^qiie  dAutun?  Cela  est 
fort  ronleslé.  et  la  Iradition  •<<  nible  linlir- 
roer.  I.'Eglise  fait  sa  f^le  le  1"  juin. 

HÊVOCAT, saint),  martyr,  fut  arn'lr  h  Car- 
tna^e  sons  rem;iire  de  Sévère,  en  20-2  on  -203, 
et  reçut  la  maronne  en  ni^nje  tciu  s  (jne 
sainte  Pcrp  Inr,  saintr  F»^licil»^el  ieursrom- 
papnons,  (  Ponr  pins  amples  détails  ,  il  tant 
lire  les  Aftes  de  saiaf»  Per,»éluo  à  son  ar'i- 
cl  '.  L'E:.;lis"  fait  la  fête  de  tous  ces  saints 
martv  rs  le  7  mars. 

Rfi^■OC.•^T  ;sai-it),  fut  martyrisé  h  Smyme 
avec  les  saints  >'it<d  t>t  Fortnnat.  Nous  n'a- 
vons aucun  détail  sur  r'po(jue  et  les  diffé- 
ren  es  rirrons  ances  di*  Uur  m  .rtyre.  L'E- 
gli**e  fait  leur  mémoire  le  9  janvier. 

BhVOCATK  (>ainle) ,  eut  le  «loi  ien\  privi- 
lège e  verser  son  <;any  pour  la  uéi'ensc  de 
la  religion  tlirétienne.  Nous  ignorons  entiè- 
rement le  lieu,  la  date  et  les  difîéientes  cir- 
constances de  leur  comi)al.  L'Eglise  fait  col- 
If  ctivt  ment  leur  fêle  le  6  février. 

KKZKAIXAH  »Dems),  archevêque  d'Alep, 
fut  mis  aux  fors  't jd*''  d.Mis  un  noir  cachot 
avfc  Ii;nace  Pierro,  patriarche  de  Syîie,  qui, 
ayr.nl  été  accusé  de  f  ire  f»iibliq'iercent  pro- 
fession de  la  religion  catholique,  avnit  rec  ii 
au,)aravant  qucMre-vingts  cou;  s  de  bAtôn 
sous  la  plante  des  {)ieds.  Le  Grand  Seigneur 
ne  les  fit  sortir  de  prison  que  nour  leur  faire 
subir  une  détenîion  perpétuelle  dans  le  ch;\- 
leau  d'Adané  ,  où  notre  saint  archevêque 
mourut  en  anivant,  exténué  des  fatigues  su- 
bie>  durant  le  voyage. 

RHODANE  (sainte),  martyre,  reçut  la  cou- 
ronne de  gloiic  à  Lyon,  en  1T7,  sous  le  rè- 
gne de  lemp  reur  Antonin  Marc-Aurèle. 
Elle  fut  décHjMtée,  parce  qu'elle  était  ci- 
t<>y(Mine  ronuiiue  ,  au  lieu  d'être  mise  à  la 
torture  ol  d'être  exposée  aux  bêles  ,  comme 
le  furent  plusieurs  «le  ses  glorieux  comj'a- 
gnons.  I,  Eglise  fitil  la  foie  de  tous  ces  mar- 
tyrs le  2  juin. 

HICHLl  U  ^le  b  eidieureux  Hinrii.  «  na- 
quit h  Coslau  ,  1  an  Kio-l,  et  se  consacia  au 
service  de  Dieu  dans  la  compagnie  de  Je  us, 
h  l'Age  de  sei/.e  ans  ,  dit  le  1».  Kri!/.  Tout  le 
temps  ipi'il  enseigna  les  belles-lettres  ,  et 
qu'il  lit  s  >s  études  dans  la  [irovinc(>  de  Bo- 
nôme,  où  il  avnii  été  reçu,  il  sou, tira  après 
les  missions  des  Lui  'S  ,  au\(| 'elles  il  |)rit 
dessein  de  se  dévouer,  dans  l'espérance  U  ob- 
tenir (lu  Seigneur  I  «  gr.ice  o'v  verser  son 
sang  poui  la  l'oi.  Ce  fut  eu  H)8'»  qu  il  arriva 
flans  celle  laborieuse  mission.  Il  essaya  d'a- 
bord son  zèle  parmi  les  peuples  de  los  May- 
nas.  Il  fut  envoyt'  e  'suite  chez  les  nations 
infi  lèles  t|ui  habitent  li>  long  du  grand  tleuve 
l'cayal  11  ,  travailla  pendant  douze  an^avec 
tant  de  fruit,  qu'on  comiitail  neuf  peupiades 
très-nond)reuses  de  tiJèles  (^u'il  av.sit  for- 
més au  (  hris  ianisme  ,  ,>t  qui  vivaient  dans 
une  grande  puielé  de  nneurs.  Il  scnil  dilli- 
cilo  de  faire  comprenjre  ce  (|u  il  eut  de  fa- 
tigues à  e>suycr,  soil  jiour  a|»iirendic  les 
lu)gufcS  barbares  de  ces  peuples,  soil  pour 
faire  enlrer  dans  leur  esprit  <  l  dans  murs 
i«eurs  les  maximes  de  l'Evangile.  Il  m  pei.- 


danl  ces  douze  années  plus  dp  quarante  ex- 
(ursions  le  long  du  fleuve,  dont  la  moindre 
étail  fie  deux  cents  lieues,  et  dans  cfs  cour- 
ses il  lui  f. liait  pénétrer  des  forêts  épaisses, 
et  traverser  des  rivières  extrêmement  rapi- 
des. On  a  peii;e  à  concevoir  qu'un  seul  mis- 
sionnaire, chargé  du  soin  de  tat.t  d'àmes,  ait 
pu  tiouver  le  temps  de  parcourir  des  con- 
trées si  éloignées  les  unes  fies  autres  ,  fisr 
d(  .>  chemins  si  peu  praticables,  (pje  souvent 
c'est  b.  aucoiip  avancer  que  de  faire  une  de- 
mi-'ieue  par  jour.  Dans  tous  ses  voyages,  il 
comptait  uni(|uernent  sur  la  Provulence  pour 
les  besoins  de  la  vie,  et  il  ne  voulut  jamais 
porter  avec  lui  aucune  provision.  H  mar<  hait 
pieds  nus,  dans  des  sentiers  semés  de  ronces 
et  d'épines  ,  exposé  aux  morsures  d'une  in- 
fii  ité  de  petits  insectes  venimeux  ,  dont  les 
piqAres  causent  des  u'cères  qui  niellent 
quelqucfîois  la  vie  en  danger.  Souvent  il  se 
trouva  si  dénué  des  choses  les  nlus  néces- 
saires, que  faute  d'un  morceau  d  étolî  •  pour 
se  couvrir,  il  était  obligé  d  allerhdemi  nu;  ou 
bien  il  se  voyait  réduit  h  siî  faire  lui-même 
une  robe  d'écorce  ei  île  branches  de  pal.uier; 
c'était  plutôt  un  rude  cihce  qu'un  vêlement. 
Cef  enciant ,  non  content  de  ces  rigueurs  at- 
tachées à  la  vie  aposfolif[ue  qu'il  men.iit  ,  il 
aftligeait  son  corps  par  de  nouvelles  macé- 
rations, son  jeûne  étail  conbnuel  et  Irès- 
austere  ;  dans  ses  plus  longs  voyages,  il  ne 
vivait  que  d'herbes  champêtres  el  de  racines 
sauvages  ;  c'était  un  régal  pour  hii  quand  il 
trouvait  (juehpie  [lelit  poisson.  Une  vie  si 
pén.ble  el  si  mortitiée  devait  finir  par  la  plus 
sainte  mort  :  ce  fut  aussi  la  récom[)ense  que 
le  Seigneur  avait  atl.ichée  h  ses  travaux. 

«  On  avait  tenté  [dusieurs  fois  la  eonver- 
sio:;  des  Xiberas  ,  el  toujours  inutilemtnl. 
C'est  un  peuple  féroce  et  inhumain,  qir  ha- 
bite des  mon'agnes  inaccessibles.  L.  s  Espa- 
gnols, d.ins  la  vue  de  les  souiuelire  îi  la  toi, 
avaient  b^Ui  autrefois  dans  leur  pays  une 
ville  nommée  Sogiona,  mais  ils  ne  purent 
tenir  contre  h  s  rruaulés  qu'exercaiei.t  ces 
il  fidèles  ,  et  ds  furent  contraints  ue  la  rui- 
ner. Don  Mathieu,  comte  de  Léon,  président 
du  (O'iseil  royal  de  (Juilo,  homme  né  pour 
les  gr.mdes  enlie[trises,  el  j)lein  de  zèle  [)our 
la  conversion  des  idolâtres,  forma  le  desse  n 
d'envoyer  encore  une  fois  d:s  missionnaires 
îi  vrs  barbares  :  il  en  conft'ra  avec  l'év'^que 
de  Quito  et  le  vice-roi  du  Pérou,  qui  promi- 
rent dappuver  de  leur  aulorilé  une  œuvre 
si  saii.le.  ils  demandèrenl  aux  supérieurs 
des  hommes  capal)les  d'exécuter  une  entre- 
prise aussi  pénible  et  aussi  périlleuse  qu'é- 
tait celle-l,T,  et  pour  ne  pas  les  exposer  té- 
méraireiuenl ,  ils  voulurent  qu'un  certan 
nombre  d'Indiens  convt  rtis  h  la  foi  les  ac- 
conqiag  assenl  et  leur  servissent  comme 
d'escorte.  Ils  partirent  avec  joie...  Cinq  an- 
nées des  plus  grands  travaux  ne  prod'iisi- 
renl  pres«]ue  amnm  fruit.  Les  Indiens  .idè- 
les,  rpii  accompagnaient  les  missionnaires, 
députèrent  secrètement  quelques-uns  d'en- 
tre eux  à  Ouilo  pour  sup[>lier  qu'on  les  rap- 
pel/^t,  ou  du  moins  (ju'on  leur  envoy.'ll  à  la 
place  du  P.  Ru  hier  un  autre  missionnaire 


817                                    nie  V.IM                                    ««H 

loil  il^;i' ,  H(>  iv)iivmit ,  (lis.iifiil  ils,  n'-sislcr  nilcii  («nvovn  pour  laiio  iiKHiiir  los  rcsh-H  «le 

nliis  loii}j;l(«iii|is  .'I  hiiil  (If  liavaiu  i|uc  II' /.('le  la    h'-^ioii    1  lirlti-ciiiii- ,    rt''|i.iii<l(is  «'ii  (livcr.H 

iiiralif:;al)li'  du  I'  Iticlih-i-  iiMir  raisjnt  soiillVir.  fiidioils  il<*.s  (i/iulfs.  A  ItAlc,  il  lit  iioyci  |ilu- 

l'iiiliii,  voyant  (iiT'in  ikî  se  |»rcssail  pas  de  les  siciifs  clirt'-iifiis.  Ce  lui    la  son   pri'iiii<T  cf- 

Natislairo  ,  ils  pnrt'iil  le  dess  in  d'*  se  didi-  ploil.  I.c  'i  (irlolMf  il  aiiivii /i  Tirvi-s,  où  ini- 

vrcr  ('ii\-nu>ni(>s  du   niissiiinnaii'c  ,  ri  pont-  nn-dialcnicnl  illit  munir  noii-Kfn|<'iiHnt  un 

coloi'cr  leur  nWoll<'  paiiindicii',  ils  inspir«V  cciiain  nondirc  df  .soid.ils  di-  h  Ir^uiii  T.ié- 

l'cnl  la    haine   scci^'lr  tpi'ils  Ini  poilaicnl    h  JM-cinn!,  niaiN  cncon'  un  ,;i-and  rionnur  d'Iia- 

(niclipics  lins  (|(>sp(>ii|)l('S(iiconvoisins, dont  hilai'ls.  Adolo^in-,  iinini!  iialnncnl  après,  il 

ils  pri'Icndiicnl  so  si-rvir  poiii-  se  di'IaiiM  de  lil  in  mrir  saiiil  (ii''i(  onci  phisifiirs  sairils  ijun 

riioiinnc  apos|oIi(pi(«.    Dieu    pcrinil  ,   pour  l'Iv^lisc;  lionoi'i'av(!i- lui.  Tous  ((î.siWincincils 

an^iiu'iilcr    la   conronnc  de   son  scivitonr,  aiTivi^rcnl  h  peu   pr«\s  (mj '28<).   A  Utims  ,  il 

(pio  le  clirrdc  ("eux  ipii  conjnièrcnl  s,i  p. -île  lil  aussi  plusiciiis  inarhis.  A  Finii-s,  le  2  dfî 

lilt  «•(■Ini-lii  nu'inc  sur  la  lidrlilé    diKi'.icl  il  in.iis,  il  lit  n'oiiiir  sainio  .Macr.-;  un  i'<  >i  plus 

d"vail    lo   [)'us    «-oniplcr.    Ileini  (  c'csl   son  lo,n  ,   sainl   lUilin  l'I  saint  VaIcMH! ,  fcUrs  p;ir 

unm)  (Hai!  un  jiMino  Indien  (pic  )r   mission-  l'Jl^l  se  le  !'*  juin.  Kn  Pi('ardi(!,  il  lil  m-turir 

iiaiic  avait  ('•l('V('^  d«''s  sa  ;lus  U-  idre  ('nlaiHo;  sainl  <,)u('!ilin.  Près  d'Amiens,  l(î  H  ocloljit-, 

il  l'avail  l)aplis(^  vl  lui  avail  doniii'^  son  nom  il  lil  marlynscip  les  saiu.s  (iiMilieii,  N'ictotic 

de  Ihari  ;  il  lo   rc^iirdai!  l'.omuK»  un  cnlaiil  cl  iMis.icn.  On  lui  allrihuc  .lussi  la  iiiorl  d(i 

(■li(5n   (ju'il  avail  cn^^cndri'  en  J(Vsus-(",luist  sainl  Kiniiiii,  év(V[uc'  d'Amiens,  (H  de  saint 

o(  (|u'il  avail  roiniiinux  vertus  cluiHieanes;  Just,  enranl.  Saiui  Ciépiii  et  s  uni  (^l'.'jpi  lieii 

il  le  l(>iia;l  loujours  en   sa  coinpav;'»'^'  «'•  !•'  l'urenl  le.s   d.'i  iii('ii:s  vu-limes  de,  la  ciuinili'» 

l'aisail  mani;er  avec  lui;  il  l'employait  nu^me  de    ce   |»i('fel.    La   moil   de   (;e   peisé(;utcur 

dans  les  i'oiu'tions  <iposloli(pies.  Ce  periide,  acharne  enl  l'cu  cm  l'an  288. 

oubliant  tant  de  bienl'ails ,  se  mit  à  l:\  li'^lo  ItIKUL  (sain  ),  fut  iiiailyrist'>  h  Populonia, 

d'une  iioupe  d'Indiens  ciu'il  avait  stiduils  par  en  Toscane,  sous  le  vv'^m:  do  Tolila,  <!(;  saint 

ses  juliliccs  ,  poiu-  ôter  la  vie  h  son  p(^re  en  arrivait  d'Afrique.  L  K.;lise  l'ail  la  l'(Me  de  ce 

Jésus-Cluisl  ei  à  sou  maitr».;.  Il  prit  \c  liMups  s.iint  comhallanl  de  la  l'(n  le  1"  se;)tembre. 

que  le  Père  allait  liavailler  h  la  conversion  JUEri,  Hcate    ville   d.;  l'Etat   ecclf^sia^sti- 

des  Piros,  et  l'ayaul  joint  dans  le  chemin,  il  (j.ue  (dans  l'Ombrie).  Ce  f'jt  là  (ju;  saint  'lu- 

liii  donna  le  premier  co\i().  Celait  le  signal  lin,  èvè(que  des  Marses  ,  sainl  Silou  et  Stiint 

(p.i  avertissait  les  Indiens  de  sa  suite  de  se  AK-\andre  fa;eut  d6cap;tès  durant  la  persé- 

icter  sur  le  missionnaire  et  de  lui  arracher  culiou  de  l'empen^ur  Maximiu. 

la  vie.  Ils  massacrèrent  en  même  temps  deux  RIMINI,  ville  murée  de  l'Klat  ecolèsiasti- 

Espagnols  (jui  accompagnaient  le  Père  ;  l'an  que  ,  est  célèbre  dans  les  annales  des   mar- 

qui  était  de  Quito,  et  l'autre  qui  était  venu  t>rs  par  le  martyre  de  l'évè  jue  saint  Gau- 

de  Lima.  Ils  entrèrent  ensuite  chez,  les  Chi-  (lence.  On  ignore  à  quelle  époque  il  arriva, 

pès,  où  ils  exercèrent  le  dernier  acte  de  leur  UIMINl   (Persécution    tolcuant  l-v   for- 

cruaulé  sur  le  vénérable  doiu  Joseph  Vas-  mile  de).  Durant  les  grandes  q  lerelles  qui 

quez,  prêtre  licencié,  que   son  zèle  et  sa  agitèrentrEglisesousCuiistance,  entre  ariens 

venu  avaient  porté  depuis  plusieurs  années  et   catho  iques  ,   plusieurs    concile^  furent 

5  se  joindre  aux  missionnaires  jésuites  et  à  assembles.   Celui  de  Nicée  avait  formulé  le 

travaiileraveceux.Maconversiondesgentils.  symb(.le  de  la  foi  catholiijue,  et  avait  iniro- 

«  Telle  fut  (en  1G95j  !a  tin  glorieuse  du  P.  duit  dans  ce  symbole  le  mot  i-onsiibstnntiel, 

Richler,  qui,  ayant  passé  des  climats  glacés  qui  établissait  parfaitement  quelle  idée  les 

du  septentrion  dans  les  te  res  brûlantes  do  citholiquesavaiertduFils.seconde  personne 

ITnde  occidentale,  a  ouvert  la  porte  du  ciel  à  de  la  sainte  Tnnité,  et  de  l'identité  de  sa  na- 

plus  de  douze  mille  infidèles  qu'il  a  conver-  ture  avec  celle  du  Père.  Celle  forma!*-  n'al- 

tisà  la  foi.  »  (Heniion,  t.  il,  p.  58').)  lait  pas  aux  ariens.  Le  mot  consubstantid 

RIBEIHO  (le  bienheureux  Blaise],  Portu-  principalement  les    o;îusquait.  11     précisait 

gais  de  Braga  ,  de  la  compagnie  de  Jésus,  trop.  Us  auraient  voulu  le   reliancher,  pour 

faisait  partie  des  soixante-neuf  missionnaires  qu'il  restât  du  doute,  du  vague,  et  qu'on  pût 

que   le  P.  Azevedo  était  venu    recruter  à  discuter  facilemont  sur  ce  point  de  foi.  A 

Rome  pour  le  Brésil.  (  Voy  Azeveuo.)  Leur  birmium  où  ils  se  trouvèrent  en  majorité,  ils 

navire  fut  pris  le  15  juillet  1571  par  des  cor-  avaient  fait  une  autre  formule  accommodée 

saires  calvinistes  ,  qui  les  massacrèrent  ou  à  leurs  désirs  et  prêtant  par  son  ambiguïté, 

les  jetèrent  à  la  mer.  Notre  bienheurejx  fut  par  son  él  isiicit;',  à  toutes  les  iulerpréta- 

saisi   par  les   bourreaux  au   moment  qu'il  tions.  Le  concile  de  Sirmium  avait  eu  lieu  en 

priait  prosterné  devant  de  saintes  images.  359.  Peu  de  temps  api  es,   l'Eglise  se  réunit 

Ceux-ci  lui   enfoncèrent  le  crâne  à  coups  en  concile  à  Kimini.  Au  nombre  d'enviroo 

du  pommeau  de  leuis  épées.Sa  cervelle  jail-  quatre  cents,  les  Pères  du  concile  déclarè- 

lit  tout  autour,  et  il  tomba  roide  mort.  (Du  rent  qu'ils  ne  voulaient  p.is  d'autre  symbole 

Jarric  ,   Histoire  des  choses  plus  méinora-  que  celui  de  Nicée  ;  mais  Ursace,  Valens  et 

oies,  etc.,    tu,  p.  278.   Tanner,   Societas  les    autres  chefs  ariens   prétendire  it  faire 

Jesu  usqucad  sanguinis  et  vilœ  profusionem  jjrév.loir  celui  de  Sirmiu.n.  Ils  se  relire - 

uir'^vir?^^r}t^^^^'''^■^  ^'*-'"t   du  concile  avec    leurs   secla  eurs,    et 

KlLllOVARE,  Rictius  Variis  ,  préfet  du  bientôt,  par  l'ordre  de  l'empereur,  on  chassa 

prétoire  de  Maximien  Hercule,  est  célèbre  les  i,atholiques.Constancecommandai- qu'on 

dans  nos  martyrologes.  Ce  lut  lui  que  Max^-  ôtàl  du  symbole  le  mot  consuustantiel.  A'm^ 


S(9 


niM 


BIP 


giiO 


fut  rédiiîi^e  la  fameuse  formule  de  Rimini. 

rt  Kn  3r)(),  jps  arioMs  tinrent  r»("onstanlinoplc 
un  concile  ;\  la  suite  (luquel  on  envoya  par 
tout  l'empire  la  formule  souscrite  à  Himiiii, 
avec  ordre  de  l'empereur  d'envoyer  en  exil 
tous  ceux  qui  n'y  voudraient  pas  souscrire. 
Acace  et  les  autres  cspdraient  par  là  abolir  la 
mt^moirc  du  concile  de  Nic(''e.  Ils  ('(rivire'it 
aussi  aux  Orientaux  qui  étaient  dans  leurs 
sentiments,  pour  leurnonner  avis  de  tout  ce 
qu'ils  avaient  fait ,  entre  antres  à  Patrophile 
de  Scythonolis,  qui  de  Séicucie  était  allé 
droit  chez  lui.  Ainsi  finit  ce  concile  de  Cons- 
tantinople. 

«  Les  souscriptions  que  l'on  exigea  par- 
tout en  exécution  de  cet  ordre  causèrent 
un  grand  trouble  dans  l'Eglisp.  Ce  fut  une 
espèce  de  |)ersécution,  plus  dangereuse  que 
celle  des  païens,  en  ce  qu'elle  venait  du  de- 
dans. La  souscription  devint  une  disposi- 
tion nécessaire  pour  entrer  dans  Tépisco- 
pat,  ou  pour  s'y  conserver.  Presque  toi, s  si- 
gnèrent, môme  sans  ôtrc  persuadés  dp  l'er- 
reur :  tns-pevi  s'en  exeni[)lèrent ,  ou  parce 
qu'ils  eurent  le  courage  de  résister,  ou  parce 
que  leur  obscurité  les  fit  négliger.  Mais 
nous  n'ei  connaissons  aucun  eu  Orient  qui 
soit  demeuré  ferme  et  en  possession  de  son 
siège,  quoiqu'il  soit  certain  qu'il  y  en  eut  ; 
et  dans  toutes  les  [irovinces  quelques-uns 
furent  chassés  pour  ce  sujet.  Tous  les  autres 
cédèrent  au  temps  ;  les  uns  plus  t(M,  les  au- 
tres plus  tard,  soit  par  crainte,  soit  par  in- 
térêt, soit  par  ignorance.  Le  prétexte  de  la 
paix  et  de  la  soumission  à  l'empereur  fit  en- 
trer près  jue  tous  les  prélats  dans  la  commu- 
nion des  ariens.  Le  vieil  évèque  de  Nazianze, 
Grégoire,  eut  la  faiblesse  de  signer  comme 
les  autres,  (pioique  sa  fui  fiM  tiès-pure;  il  se 
laissa  surf. rendre  par  simplicili"  nux  |iaroles 
artificieuses  des  héréli<|ues.  Les  moines  (|ui 
faisaient  la  partie  la  plus  pure  de  son  église, 
ne  crurent  pas  pouvoir  di  meurer  afirès  cela 
dans  sa  coumiunion  :  ils  s'en  sé|)arèrent'  et 
attirèrent  une  grande  partie  du  peuple.  Gré- 
goire le  fils,  qui  était  auprès  de  lui  pour  le 
soulager  dans  sa  vieillesse,  lui  demeura  tou- 
jours uni,  sans  ap[)rouver  en  aucune  ma- 
nière l'erreur  de  ceux  h  qui  le  père  s'(tail 
laissé  séduire;  et  enfin  il  reconcilia  avec  lui 
les  moines  et  les  autres  qui  s'en  étaient  sé- 
parés sans  aigreur,  mais  par  un  ptir  zèle 
)otir  la  \n\.  Dijinée,  évè(|ue  de  Césarée  en 
l;q)f)aflocc,  l()nd)a  dans  la  même  faute,  et 
soiiserivit  eoiniiio  les  autres  h  l.i  foininle  dt) 
Conslnnlinople.  S.unt  Hasileenfut  sensible- 
ment al'lli^é,  aussi  l)ii'ii  (jvk;  nlnsi  ur.saulies 
personnes  j»ieusesdu  pa>s.  Slais  la  douleur 
do  saint  r.asilefut  d'autant  plus  gra;  de  qu'il 
avait  été  /'levi'  dès  s,\  len  Ire  leuiiesse  dans 
Un  resp'  I  I  e|  une  .iiri'ctiou  particulière  pour 
cet  év<^niie,  dont  il  avait  reçu  le  baptême  et 
Tordre  de  lerft-ur.  et  que  Dianée  était  en  lui- 
même  très-esliinable  par  sa  Kiavité.sa  dou- 
ceur, sa  noble  simplicité.  Il  est  vrai  qu'il 
P'eiit  nas  assez  de  fermeté  h  se  déclarer 
pour  le  liDii  parti  :  il  assista  au  comile 
d'Antiochn  noiir  In  dédicace  en  .'JW.  Dans 
celui  de  Sardiqiic  il  so  joignit  aux  ariens, 


l 


mais   il  répara  ces   fautes  avant  la  mort. 

1  Eu  Occident,  saint  Hilaire,  retournant  à 
son  église,  trouva  partout  les  mêmes  désor- 
dres. L'empereur  avait  donné  un  plein  pou- 
voir îi  Urs-'ceot  h  Valens,  envoyant  la  for- 
mule de  Rimini  par  toutes  les  vilks  d  Italie 
avec  ordre  de  chasser  les  évoques  qui  refu- 
seraient dy  souscrire,  et  d'en  mettre  d'au- 
tres «à  leur  place  :  ainsi  la  persécution  était 
générale.  Les  évêques  qui  s'étaient  laissé 
surprendre  à  Rim  ni,  se  conientaient  de 
gouverner  leurs  églises,  sans  communiipier 
avec  les  autres  évêcpies;  quelques-uns  écri- 
vaient aux  conf  s^piirs  bannis  pour  la  cause 
de  sn  i  ni. M  lia  nase,  déclarant  leur  foi  et  deman- 
dant leur  communion;  d'autres  demeuraient 
dans  la  communion  des  ariens,  bien  qn'h 
regret,  n'espérant  pas  de  changement  ;  quel- 
ques-uns voulurent  soulenirce  qu'ils  avaient 
fait  par  surprise,  comme  fiit  h  dessein.  Quel- 
ques-uns toutefois  demeurèrent  fermes,  en- 
tre autres  le  pape  Libère  et  Vincent  de  Ca- 
poue.  qui  refusèrent  constamment  de  sous- 
crire la  f  îTinule  de  Rimini,  et  jtar  là  réparè- 
rent la  faute  qu'ils  avaieit  faite  qtu'bjues  an- 
nées auparavant.  On  dit  même  quelcfiape  fut 
obligé  de  sortir  de  Rome,  et  de  se  cacher 
dans  les  cimetières  près  de  la  ville,  où  Da- 
mase  et  d'autres  de  son  clergé  le  venaient 
trouver,  et  qu'il  y  demeura  jusqu'à  la  mort 
de  Conslantiiis.  En  Espagne,  Grégoire,  évo- 
que d'Elvii  e.  signala  sa  fermeté,  en  résistant 
à  la  prévarication  des  autres.  11  en  écri- 
vit à  saint  Eusèbe  de  Verceil,  qui  lui  fil  ré- 
ponse du  lieu  de  son  troisième  exil,  c'est-à- 
dire  de  la  Thébaide.  le  louant  d'avoir  ré- 
sisté au  scandale  dOsius  et  d'avoir  refusé 
son  consentement  à  ceux  (pii  étaient  tombés 
à  Rimini  et  avaient  comiuuniipié  avec  Ur- 
sace,  Valens  et  les  autres,  qu'ils  avaient  eux- 
mêmes  condamnés  auparavant.  Il  l'exhorte  à 
conserver  la  foi  de  Nicée  sans  craindre  la 
puissance  temporelle;  il  lui  offre  sa  commu- 
nion, et  le  prie  de  lui  mander  ceux  qui 
sont  demeurés  fermes,  ou  (|u'il  a  fait  reve- 
nir. Grégoire  ne  fut  ni  chassé  ni  exilé 
comme  les  autres.  iFleury,  t.  I,  j).  587.) 

UIPOLIS  (  .\NTonE  I)e),  Florentin,  avait 
nris  Ihabi!  dans  l'ordre  de  Saiiit-D.iminiipie, 
a  l'époque  oCi  saint  Antonin  était  prieur  du 
couvent  (le  Florence.  Noire  bienheureux 
avait  un  amour  violent  pour  l'étude;  ayant 
obtenu  de  ses  supérieurs  la  permission  do 
se  livrer  à  ses  goiits,  il  partit  pour  Païenne, 
afin  d'y  suivre  un  cours  de  théologie.  Du- 
rant la  traversée,  il  fut  pris  par  des  forbans 
et  conduit  à  Tunis,  .\yant  été  réduit  en  uu 
dur  esclavage,  il  eut  le  malheur  de  renier  Jé- 
sus-Christ ,  et  prit  même  une  épouse.  Un 
jour,  des  marchands  Florentins  lui  ayant  ai>- 
pris  la  mort  de  saint  .Viiloiiie,  celui  qui  lui 
avait  donné  les  premières  I(>çnn5  de  vci  lu,  il 
fut  ti>uché  ,  et  résolut  de  revenir  à  Dieu.  Il 
distribu.i  ses  biens  aux  pauvres  ,  rendit  sa 
femme  h  ses  parents ,  et  vint  protester  au 
chif  des  mahomé'tnns  ipi'il  anathémalisait  h' 

iiroj)hète,  et  qu"  I  était  prêt  à  subir  la  mori. 
I  rut  lapidé  lo  10  avril  ir.'»0.  On  tenta  vai- 
nement de  le  brûler  cnauitc,  et  l'Eglise  do 


821 


ItOI) 


hou 


BM 


Tunis,  (»ii  sou  corps  élail  iiiliiunô,  lui  tr-inoiii 
«1(1  |)liisi(Hirs  iniiiicliJS.  (Im)IiI)iii;i,  Monumcnla 
Jh)iiiitii(<i,  an.  \M0.) 

lUPSlMI'l  (  sailli»' ).  soullril  lo  luailyrc  on 
Anm-iiic  avm;  plii^ii-uis  du  siîs  coiniiamics. 
L(Mii'  (H>iiil>at  |i()iii'  la  drlciisi'  de  la  Coi  *!iit 
lii'U  soMs  lo  roi  'riidali'.  L'M^liso  l'ail  k«ur 
l'iMc  l(*  i\)  sr|iti!ml)i('. 

IlOlUIS'MliN  (sailli),  viTsa  son  saiij;,  poin- 
ta loi  avec  saiiil  Man^  :  on  i^iiino  en  (pirl 
lieu,  h  (jiu'llc  (ipoipK!  cl  dans  (picllcs  cinoii.s- 
taucos.  L'K,-;lisc  lionoro  luur  ^loiiuuso  uié- 
iuoire  lo  31  aoiU. 

.  UO('AUI)  ( A  N  \sT\siK  in:),  supiirituircdesUi-- 
sulincs  do  Bolt'no,  lui  mullolinco  le  13  juil- 
let 179'*,  h  ()ianii;o  ,  avec,  Maiic-Aiinc  Lani- 
borl ,  converse  an  inAïue  couveul  ,  la  stenr 
Saiiilo-l'raiigoisu  ,  cohvimso  choz  l''s  Ursuli- 
nesh  Carpcnlras,  l'ilisahelli  \'en'liièi'e,  Alexis 
AlincelU) ,  el  llenrielle  l.alorge,  religieuses 
du  Saiiil-Sacreuienl  h  llolène. 

U()Cni;U  ,  jouiie  leli^iense,  ix^rit  sur  l'é- 
cliaraiiil  dnranl  les  liorreuis  do  la  révolution 
fian(,aiso.  Après  la  ilis[)ersion  doses  compa- 
gnes ,  coinino  elle  so  montrait  dans  li^s  ora- 
toires, on  la  uuuiaij^'a  do  la  traduire  aux  |)ri- 
sons  d'Orange  :  elleconsullo  son  [lùre,  vieil- 
lard octogénaire  ,  d'une  |)rofonde  |)iété  ,  et 
qui  n'avait  ([ue  celle  lille  |)our  l'aider  à  linir 
sa  carrière.  «  11  uie  serait  facile  de  vous  ca- 
cher, clière  enlanl,  lui  tlii  ce  saint  vieillard, 
et  do  vous  ilérober  auv  poursuites  lies  per- 
sécuteurs. Mais  oxaminez  bien  devant  Dieu, 
si  ,  en  fuyant  ,  vous  no  vous  écartez  pas 
des  desseins  ([uil  a  sur  vous.  Peut-être  veut- 
il  votre  mort ,  comme  celle  d'une  victime 
qui  doit  apaiser  sa  colère.  Je  vous  dirai 
comme  Mardocliée  à  Esther,  que  vous  n'exis- 
tez pas  pour  vous,  mais  pour  son  peuple.  » 
La  jeune  tille  ne  balança  plus  dès  lors,  et  fut 
bientôt  arrêtée.  Sa  mort  suivit  de  près  son 
arrestation.  (Tiré  de  l'abbé  Carron,  Confes- 
seurs de  la  foi,  t.  11.) 

RODA,  petite  localité  prèsGironne,  en  Es- 
pagne. Ce  fut  là  que ,  du  temps  de  Dioclé- 
tien ,  environ  l'an  291,  Ruiin,  gouverneur  du 
pays,  fit  mourir  pour  la  foi  les  saints  Vin- 
cent et  Oronte  ,  puis  Victor  avec  sa  mère 
Aciuiline,  el  son  père  ,  qui  n'est  pas  nommé 
dans  les  Actes.  (  Voy.  Vincent  ,  Oronte  et 
Victor.) 

RODOLPHE  (le  bienheureux),  jeune  gar- 
çon ,  martyrisé  à  Berne  par  les  Juifs,  vers 
l'an  1287 ,  fut  enlevé  secrètement  par  les 
Juifs  sous  le  [mntificat  d'Honorius  IV.  Ils 
l'enfermèrent  dans  un  souterrain  et  le  tirent 
mourir  au  milieu  des  plus  atfreuses  tortures, 
en  haine  du  nom  de  Jésus-Christ.  On  avait 
des  soupçons  sur  les  meurtriers.  Le  sénat 
ordonna  une  enquête,  découvrit  le  cadavre, 
et  ht  rouer  les  Juifs  coupables  de  cet  horri- 
ble attentat.  Le  corps  de  Rodolphe  fut  in- 
humé dans  la  cathédrale,  près  de  l'autel  qui 
porta  dès  lors  le  nom  d'autel  de  Rodolphe. 
Son  martyre  arriva ,  comme  nous  avons  dit 
plus  haut,  en  1287.  Le  cercueil  de  notre  saint 
lut  profané  et  mis  en  terre  au  xii'  siècle , 
quand  les  erreurs  de  Calvin  infectèrent  la 
?iUe  de  Beriw. 


lUJDOl'IlON  (saint)  ,  martyr,  ré|iaiidil  sou 
saii^  en  riionneiii  do  Jésus-Christ  ii  Aphio- 
disiade,  eu  Cjii  io.  Il  eut  pour  compaKiioii  do 
»oii  martyre  sdini  Diodore.  Ce  fui  durant  la 
cruelle  peisécnlion  de  Dioclélien  que  cfg 
deux  .saillis  liiienl  l«|)id('s  \mv  leur»  cohoi- 
toyeiis.  !,'lv.;lise  (ail  leur  fêle  le  .'J  mai. 

IIODUK;!'!-:  jsaihl)  ,  inèlre,  lerul  la  glo- 
jieiise  |ialiM(!  (lu  martyre  h  Confoue  ,  nv«'C 
saint  Salomon.  Nous  ignorons  à  ipielh*  épo- 
que et  dans  (polies  cii con-.f inces  Icm  mar- 
tyre eu!  lieu.  L'I'lglise  lait  leur  fêle  11?  l.'Jinars. 

H()l)UI(;iIEZ  (le  bienheureux  Ar(,isrn), 
ii.'Kpiit  à  Nioitla  ,  dans  hïs  eiiviiniis  de  S(;- 
ville,  11  embrassa  la  ivgio  si'raplhipK!  dans 
la  province  du  Saint-Evangile.  Il  alla  snc- 
cessivomenl  porter  le  llaiiibeaii  de  rEvan^iU) 
chez  les  Zacalèques,  chez  les  Cliichimè(|ues, 
el  s'avança  ensniti!  vers  les  couln-es  siiplini- 
Irioiiales  ,  où  nul  missionnaires  n'était  en- 
core allé.  Dans  celte  sainte  |)érégriiiation,  il 
était  accompagné  de  Jean  de  Saiiile-.Mario  , 
Catalan  d'ongine  ,  et  do  François  Lopi-lio  , 
qui  appartenait  à  uno  des  grarides  familles 
df  Séville.  Ils  firent  environ  ciii(|  cents 
milles  dans  le  nord  ,  avec  une  escorte  do 
douze  soldats  espagnols.  Ils  parvinrent  jus- 
que dans  la  conlrée  (ju'ils  nommèrent  Nou- 
vcau-Mexi(|ue.  Cincjuanti;  mille  hommes  en- 
viron habitaient  six  mille  maisons  dans  lo 
lieu  où  ils  s'arrêtèrent.  Ils  furetit  cordiale- 
ment reçus  ,  et  furent  enchantés  de  cet  ac- 
cueil. Frère  Jean  de  Sainte-Marie  partit  |)Our 
retourner  chercher  de  nouveaux  mission- 
naires ;  mais  les  naturels  l'ayant  guetté  au 
passage  d'une  montagne,  tirent  rouler  sur  lui 
un  quartier  de  rocher  qui  l'écrasa.  Les  sol- 
dats (jui  l'escortaient  regagnèrent  Mexico. 
Ce  fut  par  eux  qu'on  apprit  les  découvertes 
que  les  religieux  venaient  de  faire.  Les  deux 
autres  missionnaires  continuèrent  leurs  pré- 
dications auNouveau-Mexique.  Un  jour  qu'ils 
prêchaient ,  François  aperçut  des  naturels 
qui  se  disputaient  et  allaient  se  battre.  Il 
courut  à  eux  pour  les  réconcilier,  mais  ils 
tournèrent  leur  fureur  contre  lui  et  le  per- 
cèrent de  leurs  flèches.  Augustin,  resté  seul 
après  la  mort  de  ses  deux  compagnons,  n'en 
continua  pas  moins  à  accomplir  sa  sainte 
mission  ;  mais  bient(jt  il  tomba  aussi ,  lui , 
victime  de  son  zèle.  Il  fut  martyrisé  par  les 
indigènes. 

RODRIGUEZ  (le  bienheureux  Emmanuel), 
Portugais ,  de  la  compagnie  de  Jésus,  était 
du  nombre  des  saints  missionnaires  que  le 
P.  Azevedo  vint  recruter  à  Rome  pour  le 
Brésil.  [Voij.  Azevedo.)  Leur  navire  fut  pris 
le  15  juillet  1571  par  des  corsaires  calvinis- 
tes, qui  les  massacrèrent  ou  les  jetèrent  dans 
les  tlots.  (Du  Jarric,  Histoire  des  choses  plus 
mémorables,  etc.,  t.  Il ,  p.  278.  Tanner, 
Societas  Jesu  usque  ad  sanguinis  et  vilœ  pro- 
fusionem  militans,  p.  166  et  170.) 

RODRIGUEZ  (le  bienheureux  François)  , 
jésuite,  fut  martyrisé  en  1638,  au  mois  de 
juin,  en  Abyssinie  ,  par  les  moines  héréti- 
ques de  ce  [lays,  avec  le  bienheureux  Fran- 
ceschi  et  le  P.  Apollinaire  Almeida.  (  Voy. 
Franceschi.) 


? 


8«7ï 


Ror, 


ROG 


iU 


ROr,  AT  (snin»),  nom  do  doux  saints  parmi 
Ips  qnannti^-huit  niartvrs  r^iio  lr>  [irO(onsul 
Ari"liii  fit  mourir  pour  la  fiM  fii  Afriquf,  du 
tpiui  s  do  la  pcrs(^("ulion  do  Dioclélion,  avoc 
le  îxiiid  pr(^tro  Siturnii,  en  l'an  do  J»''sus- 
Chrisl  305.  {Voy.  les  Actes  do  saint  Satir- 
MN,  h  son  artiolo.)  L"Eglisc  fôte  tous  ces 
saints  le  11  février. 

ROCiAT  (saint\  martyr,  était  sous-diacre 
et  habitait  un  monastère  do  la  RviaotMO.  Il 
soutint  le  martyre  par  ordre  do  Hunérir.  mi 
des  Vandales,  vers  l'an  .^83.  avec  les  sai.its 
Lil)  'rat.  Ro.dl'.ipo,  Sorvus,  Riistii  us,  Septiiiic 
et  Maxime.  (Pour  les  détads,  voy.  l'article 
Lib^:r  vt.) 

ROJiAT  fsaint^,  souffrit  le  martyre  en 
Afiitjuo  avec  saint  Successe  ot  seiz,3  autres 
compagnons.  Nous  ignorons  le  lieu  précis, 
l'épo<|Uc  ot  les  diiïôrontos  circonstances  de 
leur  martyre.  L'Egdse  fait  collectivonient 
leur  f'He  le  28  mars. 

ROtiAT  (Sainf),  fnt  martyrisé  en  Af(i(pie 
avec  li's  saints  Zofiquo,  Modeste,  Castule  et 
quarante  sol  lats.  Ils  sont  inscrits  au  Marty- 
roloççe  rom.iin  le  I  '  janvier. 

ROG  AT  (sain'),  martyr,  reçut  la  couronne 
du  marlyre  ^^  Rome,  avec  les*  saints  Lucius, 
Cassien  et  Candide.  On  n'a  aucun  renvoi ,-,no- 
ment  siu'  eux.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le 
1"  décombre. 

RO("»AT  (saint),  martyr,  mourut  on  Afri- 
que en  confessant  sa  foi,  avec  saiut  Arose  ot 
quinze  autros  que  le  Martyrologe  romain  ne 
nommo  pas.  L  Eglise  célèbre  leur  mémoire 
le  10  juin. 

ROtiATE  (sainte),  eut  le  bonheur  do  ver- 
ser son  sang  pour  la  foi  dans  la  vilii^  do 
Lyon,  en  l'année  177,  sous  le  règne  de  l'em- 
peroui  Antonin  Marc-Airèlo.  Elle  était  ci- 
toyenne lOiiiaino;  cf  t'ut  cotle  qualité  qui  fit 
quo.i  la  décapita,  au  lieu  de  1  exposer  aux 
bètes ,  comme  le  furent  plusievns  autros 
saints  martyrs,  s-^s  compagnons  de  gloire. 
L'Eglise  fait  leur  fùte  h  tous  le  2  juin. 

ROCiATlEN  (saint),  qualifié  martyr  dans  le 
Martyrologe  ri  main,  soulii:t  en  Afrique  les 
premiers  efforts  de  la  persécution  de  Dèce, 
en  l'année  250.  Ce  fut  lui  qui,  comme  \ni 
cli^^f  glorieux,  précj'da  les  autres  coinhat- 
lanls  de  J.''sus-Clui.>t  dans  le  chemin  des 
soutrrances,  des  intrépides  combats  et  dos 
lriom|thcs.  Il  était  Agé.  Saint  (^y[)rirn  l'ap- 
pelle un  glorieux  vieillard,  un  confesseur 
illustre  par  K-s  marques  ipTil  avait  reçues  de 
la  faveur  et  de  la  grAce  do  Duni.  C'est  tou- 
jours Sun  nom  «pi'il  mot  en  tète  quand  il 
écrit  atix  loidesseurs;  il  le  leur  pro|)oso  sans 
cesse  comine  un  swint  modèle  (]u'ils  peuvent 
accepter  en  louies  sories  de  choses.  Il  était 
déj  I  sorti  de  prisou,  h  la  tin  d(!  l'année  2.">0. 
quand  saint  (^v|)iien  lui  adressa  ,  ainsi 
qu'aux  autres  confesseurs  roinpaj;nons  de 
ses  triomphes,  sa  leitre  7'.  Le  saint  ové(pio 
de  r.Hrtlia^e  lui  envoya  par  deux  fois  de  l'ar- 
g-nl  ei  .•'ssez  grande  quanlil»',  h  distribuer 
aux  saints  qui  avaieiU  soullert  pour  J/'su.s- 
Christ,  cl  qui,  |)ar  suite  de  la  confiscation 
do  leurs  biens,  se  trouvaunif  dans  la  pins 
grande  misère,  anisi  qu'uui  pauvres  lidèles 


de  l'Eglise.  Saint  Cvprion  dit  rpie  lui  et  saint 
Numidiquo  fortiliaient  incessaumient  les  au- 
tres confesseurs  par  leurs  exhortations,  et 
qu'ils  lu'  tomberont  point  dans  les  mémos  fau- 
tes (pie  la  plupart  dos  conTrsseurs  de  Carlha- 
ge,  qui,  h  l'exemple  de  Lucien,  prodiguaient 
aux  tombi^s  les  billetsd'indnlgonce,  et  allaient 
ainsi  diro.temert  h  rencontre  de  l'autorité 
épiscopalo  et  de  la  discipline  ecdésiasiique. 
Le  saint  évèipio  do  Carthago  le  fit  son  vicaire, 
avec  deux  évèqucs  et  le  prê're  Numidique, 
pendant  ipi'il  fnt  obligé  de  s'absenter  de  son 
siège.  Ce  furent  ces  sain's  qui  dénoncèrent 
à  saint  Cyprien  les  erreurs  et  les  insolences 
de  Félicissime.  Ayani  reçu  du  saint  évèqne 
l'ordre  d'oTcommunie"  l'hérétique  et  s.  s  er- 
reurs, ds  le  liront,  comme  on  peut  le  voir 
par  la  lettre  39'  au  nombre  de  celles  de  saint 
Cyy  rien. 

Adon,  Usuard  et  d'anciens  martyrologes 
disent  que  sanit  Rogatien  ot  saint  Félicissime 
(différent  de  celui  dont  nous  venons  do  par- 
ler) couronnèrent  leur  vie  par  un  glorieux 
martyre,  sous  Dèce  et  Valérien.  On  ne  con- 
çoit vraiment  pas  d*^  ()areiMes  erreurs  histo- 
riques. Le  Martyrologe  romain  a  corrig'-,  en 
mettant  sous  V.dérien  et  Gallien.  Cette  faute 
est  aussi  grave  que  l'autr'^.  Ce  (pi'on  sait  dos 
soutlrancos  de  ces  saints  est  pris  d'une  lettre 
do  saint  Cyprien,  la  81%  écrite  dans  les  pre- 
miers mois  de  l'amiéo  250.  par  conséquent 
sous  Dèce.  D'un  autre  côté,  on  est  forcé  de 
reconnaître  qut^  saint  Rogatien  vivait  encore 
en  l'année  251.  Le  martvre  de  ce  saint,  ainsi 
que  ccliii  de  saint  Félicissime,  peuvent  donc 
parfaitement  bien  être  révocpiés  en  doute. 
Cette  opinion  ne  va  point  contre  l'autorité 
de  la  croyance  de  l'Eglise.  On  sait  que  dans 
les  proiniers  siècles,  et  cela  très-fréquem- 
ment, les  (^onfesseurs  étaient  qualifiés  mar- 
tyrs :  ainsi  saint  Jean  lEvankréliste.Du  resce, 
il  est  (  erlaines  confessions,  celL's  accompa- 
gné, s  de  tourments,  qui  peuvent  très-bien 
passer  pour  de  vériteLles  uiarlyros.  Sunt 
Numidique,  par  exem(»le.  qui  soutint  pour 
Jés;is-CI)rist  peu  de  temps  après  saini  Roga- 
tien, et  ipii  fut  laissé  pour  mort  par  les  bour- 
reaux, |)eut  à  bon  droit  être  aj)[>elé  martyr. 
Le  danger  de  cette  appellation  est  cependant 
ré(d  :  elle  tend  à  conférer  r»  des  hommes  un 
titre  qui  (MU[)orte  toujours  l'idée  dune  mort 
sainte  en  Jésus-Christ;  tandis  qu'd  arrive 
qiu'lquefois  (pu;  ceux  (lui  confessent  glo- 
noustnn.'nt  le  nom  de  Jésus-Chrisl,  (pu  se 
nmuirent  soldats  vaillants  h\i  jour  du  combat, 
toud)Otd  .  dans  dos  épreuves  a[)paremment 
moins  lerribl(>s  (]ui  leur  sont  réservées  plus 
lard.  Ainsi  beaucoup  des  confesseurs  do 
Carthago,  glorieusement  sortis  dtvs  [)risons, 
viiu-ont  écliouer  (jnelquo  temps  après,  en 
suivant  le  schisme  de  Novafion.  Le  titre  de 
conftvss»>ur,  ne  préjugeant  rien,  nous  paraît 
plu^  coiivon  dile. 

LafètodesaintRogalienalioule  2f)octobre. 

ROdAriEN  (saint),  d,>  Nantes,  frère  de 
saint  Donatien,  eut  le  bonheur  tie  verser  son 
sang  pour  la  foi  chrétienne  dans  sa  ville  na- 
lalo,  avec  son  frère,  sous  l'empire  de  Dioclé- 
tieu,  cl  très-probablement  sous  le  gouver- 


iW 


noM 


noM 


ft%e 


îKMir  UicliiK  A'rtnis.  Cdiiimc  sf»^  Ados  sont 
r<tmmmis;'i  lui  ol  h  sttM  IVrii'  ,s;iiiil  Umialicil, 
in  l(Mit>iir  tli'Vifi  recourir  h  VnrWvUi  (l<>  co 
(Iciiiicr.  N(Mis  les  y  Joiiiioms  nilicis.  I  'M^liso 
f«;l  la  IVMc  (lii  sailli  Koyali»  ii  ri  de  son  iVcro 

1(*  'iï  mai. 

HOC. .Vrn'IN   (sMiiil) Il   (le   li'itis   saints 

i)aiiiii  1rs  (|uai;uil( -Iniil  niarlyrs  (|iii  liin-nl 
mis  h  morl  nv('(;  sainl  Saturnin,  |»i<Mii',  en 
Arriiinc,  sons  le  nroconsnl  Ainilin.  dniM"!  la 
|i('rs(viiti(>ii  (le  l)io(  It'licn.cn  l'ainu-d  tic  It^'ic 
rhn^licnno  .{05.  {Voif.  Satiîhinin.) 

|{0<;A'MKN  (saint),  niarl.vr,  I(m;iiI  la  kIo- 
riiuiso  |ia!nui  du  mailuo  (mi  Aliicini',  avec 
les  saints  Victor  ri  C.astor.  J.cs  (h'-tnils  nuui- 
qnc  il  Mir  (os  sainls  martyrs.  L'Iv^liso  l'ait 
IcMir  ItMc  k"  "iN  d(''((Miil)i'(!. 

UOrii:il  (sailli),  lui  narlyriso  h  Cordom' 
ttvcc  saii.t  SiimUcu.  lis  curent  d'al>ord  les 
mains  cl  les  pitds  roupés,  cl  l'ureiii  (Miliu 
décapih^s.  IVÏ-li^lise  lionoro  leur  sainte  uié- 
nitiiri»  le  Id  si'i'lcmbrtv 

KOMAiiS  (sainl),  l'^vi^iuo  d(!  la  ville  do 
Nopi  en  Toseaue,  ayanl  ôÂé  disciple  de  saint 
PtoIoiiK'C,  tut  aussi  son  compaj^nctn  dans  sivs 
sorllVances  i-l  dans  sa  morl.  (  Urtrait  du 
Martyrolof/''  romain,  au  2V  aoi^l.)  On  no  sait 
pas  |"irécis(^niei;l  à  quelle  épo(iue  fut  con- 
sommé son  saoriliLO;  quelques-uns  l'ont  mis 
sous  Néron,  mais  avec  assez  peu  de  l'onde- 
mont.  11  existe  dos  Ailes  do  sainl  Romain  ;  il 
est  c\  rOf^ieilei  (ju'ils  n'aionl  pas  une  auto- 
rité mieux  ("tablio. 

ROMAIN  (sainl),  martyr,  était  soldat  à 
Rome  du  loin j  s  de  saint  Laurent.  11  étail  un 
do  ceux  jiréposés  à  sa  garde.  Frappé  d'admi- 
ration ;>o:m'  le  grand  el  noble  courage  que 
inonirait  le  sainl  martyr  au  milieu  des  sup- 
plices atroces  (ju'on  iui  faisait  endurer,  il 
vint  le  Iraiiver  dans  sa  [)r:Son,  le  suppliant 
.de  l'instruire  el  de  lui  conloror  le  sacrement 
(qui  fait  les  chrétiens.  Saint  Laurent  l'instrui- 
£it  donc  des  vérités  de  notre  religion  sainte, 
el  eiisuite  le  bapiisa  dans  sa  prison.  Quel  ta- 
bleau! quel  spectacle!  Un  sainl  qui  va  mou- 
rir, qui  dans  quelques  jours  st-ra  dans  le 
sein  de  Dieu,  au  milieu  de  ces  phalanges 
glorieuses  de  martyrs  que  l'Eglise  vénère, 
Bonnant  le  baptême  à  un  des  soldats  qui  le 
gardent,  et,  prêt  h  aller  porter  son  âme  à 
D.eu ,  fait  jwur  lui  des  conquêtes  sur  la 
.torie  !  Saint  Romain,  ayant  déclaré  qu'il  était 
chrétien,  fut  immédiatement  arrêté  el  déca- 
pité à  Rome,  la  veille  même  du  martyre  de 
saint  Lauri.nl.  Ce  fut  sur  le  chemin  de  Tibur 
qu'on  l'enterra.  Depuis,  ses  reliques  ont  cié 
transportées  à  Lucques,  où  elles  sont  placées 
sous  le  grand  autel  de  l'église  qui  porte  son 
nom.  Sa  fête  a  1  eu  le  9  août. 

ROMAIN  (sainlj,  évêque,  confesseur,  souf- 
frit pour  la  foi  à  Auxerre.  Nous  ignorons  à 
qui  Ile  époque  et  dans  quelles  circonstances. 
L'Eglise  l'honore  comme  confesseur  le  6  oc- 
tobre. 

ROMAIN  (saint),  était  exorciste  dans  un 
village  qui  dépendait  de  l'autorité  établie  à 
Césarée  en  Palestine.  Quand  le  vent  de  la 
persécution  souilla  sur  l'I-glise,  ce  coura- 
geux soldat  de  Jésus-Christ  ne  voulut  pas 


rester  loin  du  dan^er  :  il  vint  h  Antioclm 
jiour  y  e\liortcr  les  rliréliens  h  cojdessor 
cmintueusoinenl  le  nom  de  JéRuMilirisl. 
l'itaot  devant  je  trilional  d'un  jUKe  nommf') 
par  IMiKicnre  As(  b'piade,  il  vit  que  qnchpjcH 
|irisoniiiers  chrétiens  étaient  ehamel.oils 
(lois  la  loi  :  il  |.-ui-  tit  iinnic  liatement  et  h 
hante  voi\  h  s  e\hoi  lalKMis  nécessaires,  Imir 
iciiiciiioianl  les  promesses  de  Jésus-CInisl  h 
(•■•111  (pii  pcrsévèi'ciit  ,  et  les  menaces  de  In 
reli;^ioi  (outre  les  n  lierais.  As(h''puidc,  vivo- 
iiKMit  inilc,  le  lit  arréIcT,  et,  aiiriVs  l'avoir 
l'ail  d(''(hii(r  avec  des  h,>nets  et  (les  ciocs  dtj 
fer,  le  coi'dainna  h  être  biûlé  vif.  Dioclétien, 
étant  arrivé  dans  ces  jours-l.'i  h  Arilioche,  no 
trouva  pas  (|ue  le  supplice  du  saint  lût  assez 
rigoureux;  il  en  lit  suspciidn;  l'exéculion,  et 
lit  arracher  la  langue  au  martyr,  (pii  iioiir 
cela  ne  (  essa  point  do  pouvoir  parler  :  Dieu 
voulut  (pie  lo  sainl  conlinu.U  miraculeuse- 
ment a  instruiro,  à  exhorler  hvs  lid(''les.  Irril(i 
de  voir  ipi'il  avail  ma'itiué  son  but  ,  l'empe- 
reur le  KHivoya  (iii  nrison.  Il  fut  placé  dans 
les  entraves,  inù  on  lui  écarta  les  |).ods  jus- 
(ju'an  cin(iui(''iiie  trou.  Il  fut  lai'sé  dans  celle 
cruelle  position  pendant  fort  longtemps.  Le 

17  novembre,  jour  où  saint  Alpliéo  et  saint 
Zachée  furent  décapités,  saint  Romain  fut 
étranglé  dans  sa  prison.  La  f(';te  de  co  saint 
est  célébrée  par  l'Iiglisc,  avec  colle  dos  doux 
que  nous  venons  do  nommer,  le  18  novem- 
bre. (Eusobe  donne  un  abrégé  des  Actes  do 
ce  saint  dans  son  histoire  des  martyrs  de 
Palestine.) 

ROMAIN  (saint),  souffrit  le  martyre  h  An- 
tioche,  sous  le  rogne  de  l'empereur  Galère. 
Un  jour,  voyant  le  pn-fet  Asdépiade  entrer 
tumultuaireinont  dans  l'église  el  s'etforcer 
de  la  renverser  de  fond  en  comble,  il  exhorta 
les  chrétiens  à  s'opposer  à  ses  dessoins. 
Après  des  tourments  effroyables,  il  eut  la 
langue  coupée,  sans  laquelle  néanmoins  il 
ne  laissa  pas  de  célébrer  les  louanges  de 
Dieu;  enfin,  ayant  été  étranglé  dans  la  pri- 
son, il  fut  honoré  de  la  couronne  du  martyre. 
On  lit  aussi  mourir  avant  lui  un  petit  enfant 
nommé  Barulas,  (jui,  interrogé  par  le  saint 
martyr  lequel  était  le  plus  raisonnable  ou 
d'ad(jrer  un  seul  Dieu,  ou  d'en  reconnaître 
plusieurs,  ayant  répondu  qu'il  fallait  croire 
en  un  seul  Dieu,  qui  est  celui  des  chrétiens, 
fut  foueUé  el  eut  la  tète  tranchée.  L'Eglise 
fait  collectivement  leur  glorieuse  mémoire  le 

18  novembre.  Ses  Actes  authentiques,  que 
nous  donnons  d'après  Ruinarl,  doivent  trou- 
ver ici  leur  place. 

«  L'Eglise  d'Antio(-he  était  exposée  à  une 
violente  persécution,  lorsque  Romain,  qui 
voyageait  en  Asie,  y  arriva.  Il  fut  sensible- 
ment louché  de  l'état  où  il  la  vit.  11  trouva 
que  plusieurs  chrétiens  avaient  déjà  donné 
de  tristes  marques  de  la  faiblesse  humaine, 
et  il  ne  put  soutfrir  que  le  démon  triomphât 
plus  longtemps  des  serviteurs  de  Jésus- 
Christ.  11  abi)rda  hardiment  le  juge  qui  s'ap- 
plaudissait de  la  victoire  qu'il  venait  de  rem- 
porter. «  Seigneur  Aîtîépiade,  lui  dit-il  (c'é- 
tait le  nom  do  co  magistrat),  votre  victoire 
n'est  ,pas  complète ,  Dieu  a  en(X»re  de  bra- 


«i7 


ROM 


ROM 


828 


ves  solJots  qu'il  no  vous  sera  pas  si  facile  de 
yaiiuTo.  »  Asclt^piaile,  (pii  se  voyail  ravir  jwir 
un  nouveau  v<'iiu  sa  i^loirecpiil  croyail  avoir 
luise  en  surette  fut  un  [H'U  ému  de  ce  premier 
début  de  Romain  ;  loutol'ois, jugeant ,  par  le 
peu  de  résistance  qu'il  venait  déprouver 
dans  quelques-uns,  (pie  celui-ci  n'aurait  pas 
plus  de  l'erujeté,  il  le  lit  approcher;  el  il  n'é- 
tait pas  juste  que  Jésus-l-lirist  se  retirAt  de 
devant  son  emuMui  sans  avantage,  il  fallait 
qu'd  se  trouvât  quehpiun  (jui  comhatlit 
pour  lui,  et  qui  vaimpuH  en  son  nom.  Le 
juge  méditait  déjà  en  lui-même  de  f.iire 
soulFrir  à  cet  étranger  tous  les  supplices  (pi'il 
avait  destinés  pour  les  autres,  pour  le  punir 
d'être  venu  troubler  son  triomphe.  E  i  etlVt, 
il  le  fit  tournienler  cruellement  ;  d'aboril  il 
se  conientait  d'animer  ses  bourreaux  du 
gesie  et  de  la  voix,  mais  comme  ils  ne  h-  ser- 
vaient pas  à  son  gré,  et  que  leurs  bras  sem- 
blaient se  relâcher,  il  descendit  de  son  tri- 
bunal, el  sans  avoir  é,j;ard  à  la  honte  qui  en 
rejaillissait  sur  sa  dignité,  il  se  mêla  parmi 
eux,  et  tAilia  |)ar  son  exemple  de  ranimer 
leur  vigueur.  Mais  entii  il  t'allut  que  lui  et 
ses  bourreaux  se  retirassent  confus  et  é|)ni- 
sés  de  forces,  mais  jtleins  de  rage,  el  (pi'ils 
cédassent  la  victoire  ;\  Homain  :  le  fer  même 
fut  bien  contraint  de  la  lui  céder. 

«  Après  quelques  nouveaux  elForts  que  fit 
Asclépiade ,  mais  toujours  inutiles,  pour 
vaincre  la  constance  du  saint ,  le  soldat  de 
iésus-Christ  lui  cria  :  «  Cessez  enfin  de  vou- 
loir tenir  contre  celui  ipii  est  tout-[)uissant. 
Quoi!  prétendez-vous  résister  à  Jésus-Christ 
qui  est  le  véritable  et  le  seul  roi  de  tout  l'u- 
nivers? >'  Le  juge,  l'entendant  parler  de  la 
sorte,  et  croyant  (pi'on  faisait  injiire  h  l'em- 
pereur d'appeler  un  autre  (pie  lui  roi  et  maî- 
tre du  monde,  condamna  sur-le-chani|)  le 
saint  à  être  brillé,  /«joutant  ainsi  une  troi- 
sième couronne  aux  deux  premières  dont 
sa  cruauté  venait  de  le  couronner.  Romain, 

iilein  de  joie,  tout  couvert  de  son  sang  qui 
inllait  de  toutes  paris  sur  ses  habits,  et 
portant  sur  ses  épauhvs,  sur  ses  cAtés  et  sur 
son  front  le  signe  royal  de  la  croix,  e«.t  con- 
dint  hors  de  la  ville.  Il  y  trouva  le  biVher 
préparé  pour  servir  d'autel.  On  apporta  quan- 
tité de  sarmcmt  el  de  roseaux  secs,  cpi'ou 
mêla  avec  le  bois,  alin  (pie  le  leu  se  commu- 
niquât plus  aisément  el  plus  vite  ,  et  sur  cet 
amas  de  matières  combiistihles  on  pla(;a  la 
victime  qni  devait  y  être  consumée.  Comme 
co  lieu  n  était  pas'éloigné  de  la  ville,  plu- 
sieurs Juifs  y  élaifiit  aci ourus  comme  ?i  un 
spcilacle  (|ui  ne  leur  était  pas  moins  agréa- 
ble qu'aux  païens.  «  Où  est  mainlenani  leur 
Jésus-Chi  isl?  (lisnient-ils  :  que  no  vit«nl-il  , 
ce  Dieu  des  chrétiens,  délivrer  celui-ci  du 
feu?  Pour  le  niMre,  on  sait  qu'il  sauva  les 
trois  enfants  de  note  nation  dn  la  four 
nai>e  do  Bal)ylone;  mais  le  Dieu  des  rhré- 
ln^ns  les  laisse  brOh-r.  •  Comme  ils  disaient 
(el.i.  rfi  même  Dieu,  dont  ils  ne  veulent  pas 
reciinall^e  le  pouvoir,  commanda  aux  nua- 
gesde  se  joindre;  leciels'obsiiircil.  les  nuées 
•"ouvrent,  el  une  pluie  mêlée  de  mêle  (otnbo 
«vcc  tant  Uoforco  et  d'abondance  sur  le  bû- 


cher, qu'elle  arrête  tout  d'un  coup  le  pro- 
grès que  la  tlamme  faisait  déjà.  Le  peuple 
eiïrayé  s'enfuit;  on  vient  dire  à  l'empereur, 
qui  i>our  lors  était  à  Aniioche,  que  le  Ciel  se 
d('>clare  pour  Romain,  ipiil  a  marqué  sa  co- 
lère par  cet  orage  si  souda'n.  L'emj)ereur 
envoie  dire  à  Asclépiade  d'abandonner  celte 
affaire,  qu'il  ne  veut  rien  avoir  à  démêler 
avec  ce  Dieu  du  ciel  qui  lui  défend  de  se 
commettre  davantage  avec  lui  ,  et  qu'il  n'é- 
tait pas  sur  de  vouloir  faire  périr  un  homme 
dont  le  Ciel  prenait  si  hautement  le  parti. 
Ainsi  vo'.là  notre  Ananias  délivré  du  feu , 
aussi  bien  que  celui  des  Juifs.  Mais  Asclé- 

i)iade,  homme   sans  honneur    comme   sans 
lumanité,  el  qui  ne  connaissait  point  d'au- 
tre divinité  ([ue  l'empereur  et  sa  fortune,  fil 
tant  par  ses  basses  tlalleries,  el  en  suppo- 
sant h  Romain  un  nouveau  crime,  qu'il  ob- 
tint (le  ce  prince  que  la  langue  serait  coupée 
au  saint  martyr.  Dès  qu'il  eut  arraché  cette 
sentence,  il  courut  la  faire  exécuter.  Le  ha- 
sard voulut  qn'il   se  trouvât  \h  un  médecin, 
qui,  pai-  faiblesse  plubjl  que  par  un  propos 
délibéré,  venait  malheureuNement  de  renon- 
cer la  foi.  Cette  chute  causait  beaucoup  de 
joie  h   Asclépiade;  dans  ce  premier  trans- 
)ort,  il  ordonna  à  ce  médecin  de  couper  la 
angue  à  Romain.  Cet  homme  avait  sur  lui 
es  instruments  de  son  art  (I)  nécessaires  à 
celle  opération,  et  quelque-répugnance  qu'il 
eût  el  qu'il  marquât  môme  ,  il   eut  encore 
la  faiblesse  d'obéir,  le  cruel  juge  le  pressant 
avec  menaces,   el  voulant  être  témoin  lui- 
même  de  cette  sanglante  exécution.  Ainsi  ce 
pauvre  médecin,  déjà  abattu  de  douleur  pour 
sa  première  faute,  se  vit  exposé  à  une  se- 
conde tentation,   à  laquelh»  il  eut  encore  le 
malheur  de  succomber.  Tout   ce  qu'il  crut 
devoir  faire  dans  cette  cimjoncture,  pour  se 
mettre  en  quelque  sorte  à  couvert  de  la  co- 
lère de  Dieu,  ce  fut  de  garder  celte  langue, 
et  de  l'emporter  chez  lui,  où  il  la  serra,  en- 
veloppée proprement  dans  de  la  soie.  C'est 
ainsi  tpi'en  u>enl  quelquefois  ceux  qui.  ayant 
eu  le  malheur  de  renoncer  Jésus-Christ,  quoi- 
que de  bouche  seulement.  v[  par  lintirmité 
de  la  chair  plul(')t(pie  par  une  conviclitm  in- 
térieure de  l'esprit,  ne  laissent  nas  de  con 
S(M"ver  dans  h»    ctvur  la   foi  qu'ils  ont  eu  la 
faiblesse  de  Irahir.  Ils  lâchent  d'avtur  cpiel- 
qiies  reliques   de  martyrs,   qu'ils  honorent 
partieulièrtnncnl .    dans    res[>érance    (pi'ils 
leur  s)M\  iront  dintercesscursauprèsde  Dieu. 
pour  obtenir  le  pardon  de  leur  péché. 

«L'analomie  nous  apprend,  et  l'expérience 
leconliime.  (pi'un  hominoàipii  l'on  a  coupé 
la  langue  ne  saurait  vivre  (2)  ;  mais  Jésus- 
Christ  asait  résolu  de  délivrer  une  seconde 
fois  son  martyr  di^  la  morl.  Ainsi,  si  les  Juifs 
nous  proposent  un  miracle  à  l'égard  des 
trois  enfants  de  leur  religion,  nous  leur  op- 

(1)  Anoionnomonl  les  nu'tlccins  onionnalrnl  ri 
roinpo^aiiMU  les  luiMlicamonls,  r^i  rais.tîent  loiilrs  1rs 
o|>''r.ilioiis  ilo  rliinirgi'.  In  ««Mil  fiiisail  ro  quo  irois 
foiil  iiiainl)'n.)iU.  rtclait  tinUnisotiil)li^  mciictin,  chi- 
rurj;ieit  cl  n|titlliic;«irc. 

(i)  Lorstiu'on  l'a  onupeo  jn^tqu'à  la  rarino,  ainsi 
qnc  le  médecin  l'avait  coupée  à  saint  Romain. 


itOM 

luisons  trois  inlracU's  dans  un  sm\  hôiinnc 
tlo  la  iiAlro.  Nous  eu  iivons  ^\\\\i\  doui,  lo  1)0- 
cIk>|-  «''liuiil  ol  la  vie  rouscivôr  jipirs  l'iuei- 
Siou  ilo  la  laiiKUO  ;  voiti  lt>  Inusicuii!  : 

«  A|>r»\s  (|U(>  ('('Mo  iucisioM  eut  vU'>  l'aih»,  nu 
(■oiiduisil  Koiiiaui  (>u  |)tis()M;  l(<  niiriia'il 
Asck^fiiadt!  avail  cucoit"  o\loi(|U('«  nda  du 
iiiinro.  On  nous  a  lu  |tlusu'ui's  lois  (|U('  lo 
Saiul-I''spril  drsc(«iidil  en  lanmh's  d(!  Icu  siU' 
IcsapAlrcs,  ul  (|u"ils  n'ijurcnl  do  Un  k'  don  de 
parU'i'  (('lies  du  lous  les  pcuph-s  du  monde. 
Nous  oroyuns  co  niiiaclc,  parce  ipu*  1  Ivri- 
luro  le  rapporte.  Ma  s  celui  cpio  j(<  vais  dire, 
(piniqu'il  n'ait  pas  e(>  de|j;ré  d(>  certitude,  ne 
laisse  pas  d'avoir  louli-  cell(>  (pi  nu  fait  peut 
avoir  liumai'UMUonl,  puisiiu'd  a  pour  Icmimuii 
une  induite'!  de  piMsonnes  (Uii  vivent  eiwore. 
On  dit  donc  (pie  Uî  bienlieurenv  Uoniain, 
tandis  (|u'il  n'avait  (Qu'une  languo  do  chair, 
ol  colle-lîl  lUC^iiK^  (pi'o'i  lui  avail  coupée, 
halbuti  iil,  et,  coinnu'  Moïse,  avail  |)eruî  ;\ 
s'oxpriiuer,  et  n'articulait  ses  mots  (lu'avi'c 
i|uel(pit>  difli(iill(^.  ('ependnnt  coini  (pii  ave(^ 
nno  lan^^ue  elail  L>ù^iu\  coinmeiu'a  à  parler 
distinclenuMil  dus  (ju'il  n'en  eut  [ilus. 

«  Kn  ell'et,  conuiu»  il  entrait  dans  la  prison, 
le  ^('(Mier  lui  ayant  demandé  son  nom,  il  ré- 
poiulil  avec  celle  laui:;ue  miraculeuse  et  in- 
visible (pi(>  le  Sainl-llsprit  avait  subsliliU'C 
à  la  place  de  la  sienne  :  ((  Je  m(>  nomme  Uo- 
niain.  »  On  alla  dire  le  miracle  à  Asck^piadc, 
uonune  il  était  ave(^  l'emperenr.  Aussitôt  il 
soupi^onna  le  médecin  do  lavoir  trompé. 
«  Sans  doute,  dil-il,  cet  homme  est  encore 
chrétien,  et  il  n'a  \m  se  résoudre  de  couper 
la  langue  à  son  frère.  »  Cependant  c'était 
tout  le  contraire  ;  car  le  lAclie  et  aveugle  mé- 
decin, croyant  bien  l'aire  d'épargner  à  Uomain 
la  douknir  de  survivre  à  sa  langue,  la  lui 
avait  coupée  bien  plus  avant  qu'on  n'a  cou- 
tume de  l'aire,  et  d'une  manière  ([u'il  ne  pou- 
vait pas  en  échapper  sans  un  miracle.  Le 
médecin  est  donc  arrêté  et  conduit  au  juge 
pour  rendre  compte  de  son  opération.  On 
lui  demande  d'oi^i  vient  (jue  celui  à  qui  il  a 
coupé  la  langue  parle  encore;  car  Romain 
ne  s'était  pas  tu  après  avoir  parlé  une  fois  ; 
l)ien  loin  de  cela,  il  publiait  les  grandeurs 
de  Dieu,  les  prodiges  qu'il  avait  faits  eu  sa 
faveur;  il  s'entretenait  avec  les  prisonniers 
de  la  mort  et  de  la  résurrection  de  Jésus- 
Christ,  de  ses  victoires,  de  la  sainteté  de  sa 
religion,  et  cela  dura  [liusieurs  mois.  Voilà 
donc  un  miracle  de  l'Eglise  qui  en  vaut  bien 
trois  de  la  synagogue. 

«  Le  juge  niena(;a  le  médecin  de  le  faire 
mourir,  pour  n'avoir  pas  exécuté  ce  qu'il 
lui  avait  ordonné  ;  le  médecin  savait  bien  le 
contraire,  et  il  lui  était  facile  do  se  justiiier. 
Il  avait ,  comme  nous  avons  dit,  conservé 
soigneusement  la  langue;  il  rép.)ndit  donc 
au  juge,  qui  était  dans  une  terrible  colère  : 
«  Seigneur, j'ai  encore  cliez  moi  la  langue  que 
j'ai  couf)ée  à  cet  honuiie.  Ordonnez  qu'on 
m'en  donne  un  qui  ne  soit  pas  comme  ce- 
lui-ci sous  une  proUvtiou  particulière  de 
l>ieu,  permettez  que  je  lui  cou|)e  la  langue 
jusqu'à  l'endroit  où  ceile-ci  a  été  coupée;  s'il 
n'en  meurt  pas,  je  consens  qu'on  me  fasse 


IU)M 


8:^0 


mourir  moi-m/^me.  »  Là-dessus  on  fait  venir 
un  konnue  (;(Uid.'iiiitié  à  iiiorl  ;  cl  le  iin'dei  m 
i\\:\\d  pris  l.i  mesurt!  sur  l/i  laiiKUc  de  Uo- 
inani,  (oiqte  ii  la  in^iin;  dislnuce  n'ile  du 
cruniui'l  ;  iii/iis  h  p(niie  avait-il  roliré  mou 
rasoir  (Uie  le  criinuiel  tombe  inoil.  Aiutii 
le  miracle  l'ut  avéré  a  la  gloire  du  Dieu  cl  à 
la  coriNolallon  des  lideles.  » 

KO.MAIN  (saint),  luarlsr,  répandit  son 
sang  pour  la  kii  (  liréli(MUie  s(mis  !'•  iiqtiri- de 
J)ioclélien  et  par  ordii!  de  <ialère,  avec  lus 
saints  l'aragcas,  llabide  (;l  Lfdlieii,  nouvelle- 
ment convertis  à  la  foi  cluélic.ue.  Il  eut 
aussi  pour  compaginnis  de  son  martyrt;  snitit 
llippar(pi(;  et  saini  l'kibjlkée.  Les  circons- 
tances des  glorieux  combats  de  tinis  ces 
saints  martyrs  sont  consignées  à  l'arlk  le 
de  sainl  llii'i'Auyi  ic,  aui|uel  nous  renvoyons 
le  lecteur. 

KO.MAIN  ,  liiu  des  trente-sept  martyrs 
ég\  plieiis  (jui  d(»nuèr(!nt  leur  sang  pour  la 
foi  en  Kgy|)le,  cl  descjucls  Kuinart  a  laissé 
les  Actes  anthentiipies.  Voy.  iMAuryns  (les 
Irenle-sepl)  k(;vi'TIi;>s. 

UO.MAI.N  (saint),  était  un  prince  de  Russie. 
Il  fol  massacré,  vers  l'an  1010,  avec  saint 
David,  |)i  inct"  dans  la  même  contrée,  par  l'u- 
s:irpaleur  Suatopelcli,  à  cause  de  leur  atta- 
chement pour  la  religion  chrét'enne.  Ils  sont 
honorés  eu  Moscovie  le2ijuili(;l.  Les  Russes 
catholiques  de  Lithuanie  et  de  Pologne  ne 
fo  11  la  fêle  d'aucun  autre  sainl  moscovite. 
Leurs  reliqu(?s  ont  été  transférées  en  1072 
d  ins  une  église  bâtie  sous  leur  invocation  à 
"N'islegOî'od. 

ROMUAUD  (saint),  évéque,  était  fils  d'un 
roi  d'Irlande  et  évèque  de  Dublin.  11  fut 
martyrisé  à  Malines;  on  ignore  à  quelle 
épo(iue  et  dans  (pielles  circonstances.  Il  est 
inscrit  au  Martyrologe  romain   le  1"  juillet. 

ROME,  capitale  du  monde  ancien  pour 
l'empire,  capitale  du  monde  nouveau  pour 
la  foi ,  est  la  ville  par  excellence,  celle 
qu'autrefois  on  nommait  Urbs.  Jadis  tous 
les  peu^iles  de  la  terre  s'enorgueillissaient 
d'être  ses  citoyens;  aujourd'hui  ils  s'enor- 
gueillissent d'être  ses  fils.  Jadis  elle  faisait 
des  esclaves  en  soumettant  les  peuples; 
aujourd'hui  elle  fait  des  hommes  libres  par- 
tout où  elle  va  planter  le  drapeau  de  ses 
concpiêtes.  Il  fut  un  temps  où  Rome  voyait 
dans  ses  murs  se  succéder  les  triomphateurs 
montant  au  Capitolepour  y  [)Oitcr  et  y  oîfrir 
aux  dieux  les  dépouilles  des  peuples  ;  les 
rois  enchaînés  suivaient  les  chars  des  vain- 
queurs, et  des  troupeaux  d'esclaves  suivaient 
leurs  princes  captifs. 

Maintenant,  plus  de  ces  tumultes  de  la 
gloire,  plus  de  ces  ovations  qui  désolent  la 
moili,';  de  la  terre  pour  faire  l'orgueil  d  un 
homme  ou  d'un  peuple.  Rome  n'a  plus  qu'une 
souveraineté,celledesvicairesduChrist;pour 
triomphateurs,  elle  n'a  plus  que  des  saints  et 
des  saintes  qui  n'ont  pour  tout  le  monde  aux 
lèvres  qu'une  parole  :  Pax  vobis.  L'aigle  ro- 
maine qui  dév(U'aii  les  nations  s'est  envolée 
du  Capilolo,  <  t  l'ange  du  Seigneur  y  veille 
debout,  lenant  dans  sa  droite  le  signe  du  sa- 
lut, la  croix  du  Golgotha.  La  croix,  lumière 


r.l 


noM 


HOM 


S52 


du  niond(\  astre  Itiniinf^ux,  qui,  conimc  un 
soltMl,  vorsc  SOS  bienfiits  sur  Tiiniv  ts.  Kt 
riHiivors,  autOiir  do  ce  soleil,  osl  divisé  en 
zones,  où  rhiiraanité  flouriJ,  en  raison  de 
la  qnantitf'' <Io  rnyons  Ni.'nt'aisan's  qu'ello  ro- 
çoit.  Qao  l'iiK  rodiiiit»'^  no  dise  pas  non.  Home 
est  le  centre  du  monde,  le  foyer  des  civilisa- 
tions, le  cœur  d'où  f'iirt  la  vi(>  j)onr  irr.idier 
dans  toutes  les  pai  lies  de  la  terro.  Home,  avec 
ses  papes,  ses  saints  el  sos  martyrs  ;  Rome, 
avec  sa  domination  parifi que,  ost  nlus  prnndo 
que  la  Rome  des  comhals,  que  l;i  reine  du 
monde  ancien.  Que  d'autres  parJiiul  de  tes 
splendeurs,  6  ville  élor'iollo!  de  tos  niomi- 
morits  et  de  les  palais;  qtie  d'autres,  évo- 
((uant  la  poussière,  ressuscitent  dans  tes 
ruines  toutes  l^s gloires,  nous,  nous  voulons 
entrer  da-is  tes  calacondios,  visiter  tes  mil- 
liers de  tombeaux,  p«^nétrer  sous  les  dalles 
de  tes  temples.  Nous  voulons,  nous,  nous 
agenouiller  sur  les  tombes  de  tes   martyrs. 

Saint  Pierre  et  saint  Paul,  deux  apùlres, 
1  un  chef  de  l'église,  institu''  par  Jf'sus- 
(-hrisl  lui-même,  l'autre  suscité  poiu- 1.»  con- 
version des  gentils,  voilh  les  deux  premiers 
nnr'yrs  connis  que  nous  rencontrons.  Il 
s.Mul)io  que  Rome  repose  sur  cc^  saintes  re- 
liques. A'/  snprr  hanc  pctram  œdificnho  Ec- 
rlesinm  mram.  Ces  deux  saints  sont  en  eifet 
Ie>  premiers  saints  conmis  que  la  persé^'u- 
tiou  ait  fait  mourir  h  Rome.  On  sait  com- 
ment arriva  bnir  martyre  sous  l'empire  de 
Néron.  N  )us  feiions  un  article  immense,  si 
nous  voulions  rentrer  ici  dans  des  détails 
q  l'on  I  eut  retcouviu'  daî's  les  articles  spé- 
ciaux de  chaque  marfy";  nous  nous  borne- 
rons donc  à  une  énumération  rapide 

Ce  fi.t  en  (io  (pie  saint  Pierre  et  saint  Paul 
furent  victimes  de  la  persécution  sous  Néron. 
Déjà  une  grande  quantité  de  ohrétiens  étaient 
moi  Is  mnrtyrs  en  l'année  BV.  Néron,  qui  avait 
brûlé  Rome,  les  en  avait  a;  euscs,  et  sous  ce 
prétexte  les  avait  fait  moiuirdans  les  plus 
aifreux  tourments.  Depuis  reti"  é|)oquo  jus- 
(ju'en  Gli,  la  persécution  s'f'lait  lidentie,  mais 
n'avait  pas  cessé  complètement.  Peu  après  le 
mnrlvro  des  deux  apô'res  arriva  ceuii  des 
saints  Proresse  et  Martinien.  ([u'ils  avaient 
convertis  en  prison,  où  ils  étaient  gardés 
p.-r  oux. 

Sous  Doniitieu,  Rome  vit  le  martyre  de 
saint  Clémenl,  consul  et  cousin  de  cet  era- 
|)t>reur.  A  la  porto  I.ntiii'",  sniiît  Jt  an  rKvan- 
géliste,  sous  le  mènu}  .  uipereur,  lut  niongé 
dans  de  l'huile  bouillante,  et  préserve  mira- 
cubnisement.  Sous  Tnijan,  le  10  décembre 
107,  le  vérH'rable  vieilla'd  saint  Ignace  fut 
dévoré  par  les  lions  dans  l'auq)liillié;Urc. 
Peu  <lf  toinp'.  après,  sous  le  uiémo  empt'rcur, 
furent  ég.doiiitnl  c  »inon  u's  ii  Homo  los  saints 
♦»l  saintes  Svmf)hroMus,  Ol;  lup",  Théo  iule, 
l'.xupérie.  Sons  Adrien,  nous  trouvons  lo 
mai  lyre  des  saints  Kustatlu^ ,  Agape  et 
Théopisie,  ain.si  que  celui  de  sainte  Sophie 
et  t\o  <es  trois  lillos,  sjiiiit  -s  Pislis,  Klpis  el 
Agnpé.  SaiiU  KloiUlièro  el  sainte  Aiitio  sa 
mère  les  y  suivent  de  piès,  «insi  (pie  saint 
Sulpico  et  saint  Serviliiui.  On  protend,  et 
nous   mettons  eu  mol  à  desscni,  que  sous 


Trajan  aussi  les  saints  Alexandre,  Evence  et 
Thi'Oiiulo  donnèrent  à  Rome  leur  vie  pour 
Jcsiis-Christ.  Mais  les  plus  célèbres  de  ette 
persécution  furentsainttiéfule,  saint  Amauce, 
saint  Céréal,  saint  Primitif  el  sainte  Symplio- 
ros",  femme  de  saint  tlélnb-,  avec  ses  sept 
enfants.  Saint  Herculan  est  aussi  marqué 
d.ins  le  Martyrologe  comme  ayant  cueilli  la 
palme  du  n)nrfyre  h  Rome,  sois  Adrien. 
Dans  la  preuiière  année  du  règne  d  Anionin 
h;  Pieux,  sai-  t  Télesphore,  pape,  fut  marty- 
risé .'i  Rome.  La  première  année  d'Antonin 
est  la  1.39'  de  Jésus-Christ.  Nous  ne  trou- 
vons pbis  aucun  saint  qui  ait  souffert  dans 
la  capitale  de  l'empire,  sous  le  règne  d  Aii- 
tonin  le  Pieux,  à  moins  qu'il  ne  faille  ad- 
mettre, avec  le  Mart.rologe  romain,  que  ce 
fut  sous  cet  empereur,  et  non  pas  sous  son 
successeur  Mirc-Aurèle,  que  saint  Simitre, 
prêtre,  et  vingt-deux  autres  eurent  la  gloire 
de  cueillir  la  pajme  du  martyre. 

Sous  Marc-Aurèlc  la  vibe  de  Rome  fut  le 
thé;Ure  de  bien  des  persécutions  co.ntrt  les 
chri'tiens.  Crescent,  pliilosophe  cynicpie,  y 
poursuivit  de  sa  haine  le  plus  gïor  eux  de 
tous  les  martyrs  qui  y  aient  à  cette  é[)0(|ue 
versé  leur  sang.  Nous  voulons  parler  de 
saint  Justin.  Ce  docteur  de  l'Eglise  avait 
vaincu  le  cynique  dans  des  luttes  [uibliqncs. 
L'orgued  froissé  ne  lui  pardonna  pas  :  aussi, 
dénoncé,  sans  cesse  poursuivi  par  Crescent, 
il  fut  mis.^  moità  Rome  par  onire  du  préfet 
de  cette  ville,  Junius  Rusticus, avec  lessaiiils 
Cariton,  Evelpi-le,  Hiérax,  Péon,  Libérien. 
Nous  anticipons  un  [teusur  l'ordnî  îles  .'nups, 
mais  il  convenait  de  placer  ici,  pour  ainsi 
dire,  comme  chef  des  martyrs  de  Rome  à 
cotte  é[»o(pie,  connue  tète  de  colonne,  celui 
qui  à  tous  les  titres  mérite  le  plus  nolie  ad- 
miration et  nos  respects.  Déjà  sainte  l'élicité 
et  ses  sej)l  enl'rints  y  avaient  versé  leur  sang 
pour  la  r(»i.  Saint  Alexandre  y  rei.ul  aussi  !a 
couronne  immortello.  Saint  Ptolémée  avait 
précédé  saint  Justin  :  sa  mort  avait  donné 
au  saiiit  a[iologiste  r(»ccasion  de  prendre 
pour  la  seconde  fois  la  défense  des  cht^t'ons. 
Antunin  avait  bi(vi  reçu  sa  p.'omière  Apolo- 
gie ;  la  seconde  fut  [>eut-ètre  ce  qui  deler- 
mi  la  la  mort  de  saint  Justin.  Saint  Mai(>  et 
saint  Timotlu'e  sont  les  dernières  viciir.ies 
de  colle  persécution  cpie  nous  trouvions  pour 
Rome  :  les  documents  à  leur  égard  sont  à 
peu  près  nuls  et  sans  aulorin''. 

S(MJs  révère,  les  chrétiens  furent  persécu- 
tés à  Rome  avec  une  certaine  vicilence,  parce 
(pie,  lors  de  l'entrée  Iriomph.d  de  ce  prii^-e, 
après  la  double  défa  te  de  Niger  el  d'.VIbu), 
ils  refusèrent  d»?  s'assocer  aux  honneurs  (,ue 
lui  rendirent  les  paic-s.  Le  peuple  de  Rome 
était  ex.  ossivement  irrité  contre  les  (  l;ré- 
tiens  :  il  leur  attribuait  toutes  les  cala'uilés 
publiq  les.  les  pestes.  Jos  moud, liions  oi  tous 
1(S  évé  U'iucnls  malheureux  (po  sont  dan>le 
cours  des  choses.  Souv  -ni,  dans  la  vilie  de 
Rome,  échlaiont  de  véritables  (unt-ules  con- 
tre los  chri'tiens;  le  peuple  demandait  (ju'on 
les  livr.1t  aux  lions,  et  souvent  se  chargeait 
lui-mènu»  de  faire  la  besogne  des  bètes  fé- 
roces. Aiusi,  durant  la  paix  qui  suivit  lo 


S53 


IlOM 


IlOM 


87.  i 


r^KiK"  ilo  S('v(''rn,  sous  llrlidi^filxilc  cl  sous 
Al<'\im(li(<  ,  itliisicms  disciplfs  ilr  J.'"iijs- 
Clir-isl  f.ircul  mis/»  iikm'.  (;;ili|Mi,|r  et  Cillisir, 
IiH|»(',  priiitMil  vicliiiH'.s  d'/'iiiolioiis  |H)|Mil«i- 
ics  soiis  le  n''.i;iit'  tl<»  «'«*  Hcrnicr  ciiiiMTciir, 
(pK  iiiii'il  Ml  cxliiMncuiciil  r.ivorahlo  aux 
cIuiHkmis. 

Sous  l'ciniMM-onr  Mnxiniiii,  I»  pcisiVutiou 
fui  violoiili'  il.uis  loul  I  ruipirc;  à  llmui^  cllii 
le  lui  (If  uiiMut',  (:('|MMi(|;uil  ou  Mf  li'OUV(!  pas 
pour  ccllo   vill(î    uii  ^ivuid  uoiuIut  dt*   uiai- 
|\rs  doMi  I  In-s'oirc  nous  ail  }-,aiil(''  les  noms. 
Saiiilo  MartiiK^  ri  saiiilc    Taiicuiic  y   ruriMit 
nirti'lj  rist'es  ;  on  y  Irouvc  cucon'  saud  \\\\- 
maco,   (piaUCK^  consul,   (pioiiju'ou    lu;   voin 
aucun  pc:soMnar:;o  d(i  ce  non»  dans  les  l'aslcs 
ooiisulaiios.  Sous  ce  iv^'giic,   sninl    Ponticu 
otsaini  Ili()iiolytc  tui-(>nl  cviUVs  (mi  Sardaii^Mic; 
on  Icouvo  encore  sainl   Privai  î»  Uiune.  Sous 
l'lnlip[)e,  la    paix  do   l'K^hse  lui  assez  pro- 
fonde;   Uouie   n'enl    pas  de   ni.irlyrs  ou  du 
moins  très-peu.  Sous  Dèce,  au  conlraire,  lu 
pei'i^iV-uliou   fui   lerru)l(>,   el    Home,  couune 
toutes  les  autres  villes  de  l'empire,  eid  une 
large  rançon  à  payer  aux  lurenrs  du  lyian. 
Sain!  Habien,  pape,  coinnu*  cli(>l'  do  rh'gliso, 
l'u'  celui  (ini  ouvrit  la   mai'che  de  ces  glo- 
rit  uses  coiiorles  de  martyrs  (j^ue  la  perséi  u- 
tit>n  de  Dèce  lit  monter  au  ciel.  Les   saints 
r.elt'rin,  Maxime,  Nicostraie,  un  autre  C.élé- 
rin,  Kiilin,  Urbain,  Siiloineel  une  foule  d'au- 
tres furent,  dès  le   commencement,  confes- 
seurs on  martyrs.  Les  saints  Abdon,  Seunen, 
les  saintes   >icloire  el  Analolie,  se  joigni- 
rent à  celle  généreuse  armée  de  Jésus-Christ. 
Ouand  Dèce  cul  fait  place  ^  (lall'is,  deux 
pajies    do  'lièrent    immédiateme'it  leur  vie 
f)oui'  Jésus-Christ  :  saint  Corneille  et  saint 
Lucius.  Sous  N'alérien,  la  paix  fut  donnée  à 
l'Eglise,  pendant  que.ques  années   que   ce 
prince  se  montra  Irès-f.ivorable  aux  chré- 
tiens; mais  bientôt  il  les  persécuta  avec  iiifi- 
niine't  de  violence.  Saint  Sixte  fut  une  des 
l'romières  victiiues;  bientôt  son  archiiiacre 
S:  int    Laurent   lui  succéda   sur   l'arène   où 
combattaient  les   soldats   du    Chiist.    Saint 
Pr<  te     et   saint  Hyacinthe  ,    eunuques    de 
santeEugénie,  donnèrent  leur  vie  puurlaf  «i; 
elie-môme  fut,  peu  de  temps  après,  mise  à 
mort.    Sainte    Basille ,    sainte    Agrippine , 
sainte  Lucie,  sainte  Flore,  les  saints  Eugène, 
Antonin, Théodore;  sur  la  voie  Latine, saint 
Tertuiin;    plus  tard   saint  Iréiiée   et  saint 
Alioude  donnèrent  leur  vie  pour  la  foi  chré- 
tienne; sainte  Digne  et  sainte  Emérile  ne  tar- 
dèrent pas  à  les  suivre.  Les   saints  Denis, 
Fauste,  Gains,  Pierre  et  Paul,  saint  Maxime, 
saint  li'énée,  les  saints  Antoine,  Théodore  et 
Victor  montèrent  au  ciel  après  eux.  Nous 
sommes  forcé  de  faire  un  sommaire,  pour  ne 
])as  tomber  dans  des  redites  trop  fréquentes. 
La  persécution  de  VaU-rien  fut  de  la  der- 
nière  violence,  et  la   moisson  de  martyrs 
quelle  tit  à  Rome  fut  abondant^  pour  le  ciel. 
Nous  sommes  forcé  d'omettre  bien  des  dé- 
tail.-., nous  ne  pourrions  suftire  à  citer.  Pas- 
soll^  à  Dioclélien. 

5    Sous  ce  prince,  Rome  vit  le  martyre  de 
sainte  Zoé  avec  saint  Tranquillin  et  saint  Ti- 


bune,  en  2H{\.  ||  f.uil  aus»i  i7i|iport(!r  h  celle 
année  le  marlyr  •  qu'y  soiiilnl  saint  (ieiès, 
coMn-dien.  E  i  'IHl ,  nous  y  trouvons  les  sain  s 
Marc  el  .>Lmi  cIIkmi,  Prime  cl  Ft^licion.  Le  20 
janvier  iiHH.  Dio.  léiim  étant  présent,  saint 
Sébasliei  y  hm^hI  I/i  p.ilnie  du  rnarlyre.  Do 
cette  é.  o(pie  nous  armons  JU^qu'.t  I  au  .'JO.'l, 
où  nous  trouvons  le  su. .plie- i|et  saints  Sim- 
plice  et  F.uisli'i,  rpii  sont  décap.li-s  el  jolé.s 
dans  |(!  Tibre.  Se|)l  mois  après,  liMir  s<i.'ur 
Béalrix  est  élrangh  e  dans  sa  prison.  C<!  fut 
aussi  I  I  iiièiiie  année  (pie  saini  Fi'lix  el  saint 
Adaucle  furent  mailynsc's  ;  tous  deux  fiiii'llt 
déca|)ilés.  Félix  était  prêtre  de  rivalise  ro- 
maine. L'ainii'e  d'api  es  lessi  ulpteiirs  Clau  h«, 
Nitosliale,  Syiuphoiien,  Casiorius  el  Sim- 
plic«\  (pu  avaient  r(d'us(''  de  faire  des  idoles, 
iure'd  mis  h  mort  sur  la  voie  Eavicane.  Au 
même  endr(ut,  les  (juaire  couronnés  furent 
mis  h  mort.  On  nomme  ainsi  les  (pi.dre 
frèri  s  saints  Sévère,  Sévérien,  (^'irpoi 'ifjif} 
et  N'iclorien,  parce  qu'au  monuMit  de  leur 
supplice  on  ignorait  leurs  noms.  Eu  yOV, 
saint  Pancrace  re(;ut  .'i  P.oine  la  couronne  du 
martyre;  il  n'élr.it  iigé  (jue  de  li  ans;  la 
perséculion  pro'anait  tout.  Dans  la  mémo 
année  u  'c  jeune  lille,  moins  Ag'e  en(  oie,  la 
jeune  Agnès,  qui  n'avait  ipif  douze  ou  treize 
ans,  fut  mise  h  mort  pour  la  foi.  Elle  avait 
consacré  à  Di.u  sa  virginité,  el  le  lilsdu  pré- 
fet Symphronius  ayant  voulu  l'épouser,  elle 
refusa  obstinément  :  ce  fut  la  cause  de  son 
martyre.  ^Pour  j)lus  de  détails,  voy.  Agnks.J 
En  l'an  de  Jésus-Christ  309,  les  quatre  mar- 
tyrs Basilide ,  Quuin,  Nabor  el  Nazaire, 
soldats  de  l'armée  de  Mayen  je,  furent  mis  à 
mort  pour  la  foi  chrétienne  dans  la  ville  de 
Rome.  (Foy.  les  articles  de  ces  difïérc'.ts 
saints.)  Saint  Timotliée  élait  venu  d'Anlio- 
che  dans  la  capitale  du  monde  cnrétien  ;  il  y 
prêcha  la  foi  durant  un  an,  et  y  eut  la  lôte 
tranchée  par  ordre  du  tyran  Maxence,  fils 
de  Maximien  Hercule,  en  l'an  de  Jésus- 
Christ  3U. 

Dans  le  cours  du  règne  de  Julien  l'Apos- 
tat, la  ville  de  Rome  fui  témoin  du  martyre 
de  saint  Gordien  et  des  deux  saints  Jean  et 
Paul,  tous  deux  ofikiers  dans  les  troupes 
impériales;  Apronien,  préfet  de  Rome,  les 
fit  décapiter.  On  leur  avait  élevé  une  église 
près  du  lieu  de  leur  martyre.  [Voy.  Ro' di- 
ninus,  de  SS.  Jounne  et  Paiilo  eoriunque  ba- 
silica  vêlera,  momimenta,  Romae.  1707,  in-i°.) 

ROMERO  (le  bienheureux  Albert],  de  la 
compagnie  de  Jésus,  ayant  été  envové  par 
le  Père  Michel  ae  Yegros  à  la  recherche  ues 
Zamucos,  aiin  d'établir  une  nouvelle  réduc- 
tion, eut  la  tôle  fendue  d'un  coup  de  hache 
par  le  cac.que,  qui  se  retira  ensuite  au  fond 
des  bois  avec  la  oeuplade  qu'il  ctmmandait. 

ROMULE  (saint),  évèque,  fut  marlyr.sé  à 
Fiésole  avec  piasieurs  autres  chrétiens.  Les 
historiens  ne  nous  ont  "malheureusement 
rien  laissé  touchant  le  maityre  de  ce  saint 
évoque  et  de  ses  compagnons.  L'Eglise  l'ait 
la  fête  de  saint  Romule  le  6  juillet.  Il  ne 
faut  pas  co'ifondre  ce  saint  avec  saint  Ro- 
mule, aussi  martyr,  qui  mourut  sous  Trajan 
et  qui  élait  grand  maître  du  palais. 


W5 


ROU 


ROU 


856 


ROMITE,  grand  maître  du  palais  sous 
Trajan.  <>s«  fiiiro  d»^s  rt^présontalioiis  à  cel 
oiu[>oreur,  parce  (\\i'\\  avait  banni  ou  fail 
mourir  «n  grand  numhie  de  soldats  [)oiir 
cause  ilochrisii.uiisnu'.  Il  s  avoua  mômo  chré- 
tien dans  celte  circonstance;  l'eni|)tMour  le 
lit  hatlio  de  verges  et  torturer,  ol  après  cela 
le  lit  décapiter.  Haronius  l'a  mis  le  5  sep- 
tembre dans  le  Marlvrolo^^e  rou»ain. 

ROAIULK  (sainte  martyr,  fut  ilécapité  h  Cé- 
sarée  eu  Palestine,  sons  le  |>résidenl  l'r- 
bain,  pendant  la  persécution  de  DioclétitMi. 
11  "ut  pour  compagnons  de  son  coura^joui 
martvre  les  deux  "sai-its  Den.vs,  les  Ueui 
saints  Alexandre,  saint  ïimolaus,  saint  Pau- 
side.  C'est  le  2'»  jnars  (]ue  lE^lise  honore 
leur  m(''inoire. 

RO.MIJLUS  [Ulpms,)  vicaire  du  prf^fet  de 
Rome,  tit  mettre  h  mort,  sous  Claude  le  (io- 
thique,  les  saints  martyrs  d'Oslie.  (Ko//.  >Uk- 
rvRS  d'Ostie.)  Tillemont  prétend  qu'avant 
Diocléticn  il  n'y  avait  pas  de  vicaires  de 
préfets  do  Rome;  les  Actes  des  martyrs 
d'Ostie  prouvent  le  contraire.  Ou  peut  voir, 
pour  !  lus  de  détails  sur  celte,  i  outrovorse, 
notre  H'  volume  de  Y  Histoire  (jénérule  des 
persécutions,  p.  360. 

HOMULK  (saint),  souffrit  le  martyre  h  Con- 
cordia,  avec  les  saints  Donat,  Secondicn.  et 
quatre-vingt-six  autres  qui  sont  inconnus. 
L'E^'lise  fait  leur  fête  le  17  février. 

ROSATO  (Antoine  de),  était  Milanais. 
Ayant  pris  l'habit  des  Frères  Mineurs,  il  se 
rendit  en  Palestine  et  y  travailla  h  convertir 
les  inlidèles.  Les  musulmans  l'avant  mis  en- 
tre deui  ais,  le  scièrent  [tarie  milieu  du 
corps,  à  Jérusalem.  [Chroniques  des  Frères 
Mineurs,  t.  Il,  p.  282.) 

ROSULE  (saint),  souffrit  le  martyre  en 
Afriipie,  en  riionnoiir  de  sa  foi  et  pour  la 
défense  de  la  religion  chrélienne.  11  eut  pour 
couipagnons  de  sonmart.\re  les  saints  Cres- 
centien,  Victor  et  (lénéral  :  du  reste,  nous 
manquons  de  détails  sur  l'époime  précise  et 
les  dilférentes  circonstances  de  leur  mar- 
tyre. L'Eglise  fail  colleclivement  leur  fétu  le 
1»  septembre. 

ROI'FEL,  vassal  do  Baudouin,  comte  do 
Flandre,  était  un  des  meurtriers  de  saint 
Foulques,  archevêque  de  Reims.  Il  fut  ex- 
communié avec  ses  deux  principaux  compa- 
gnons, Evrard  el  Vinemar,  datis  rassemblée 
qui  se  ti  it  dix-huit  jours  après  la  luort  du 
1  illustre  archevêque,  et  où  Herné  fui  choisi 
pour  son  successeur.  [Voy.  l'article  Vine- 

MVHD.j 

ROLdE,  missionnaire  en  Cochinchiue , 
succomba  dans  les  montagnes  où  il  s'était 
réfugié  jiour  se  soustraire  à  In  persécution. 

R01'?S1';AI'  (Jev'N-J  vcyiEs),  naquit  h  tic- 
nèvo  en  1712  La  lilté«rature  fran(;aise  le 
regarde  comme  une  de  ses  gloires,  la  reh- 


t 


le  ses  ne 
Is   :    il    ( 


es    plus    acharnés   :    il   ( 
an^te  lires  de  Voltaire  dii 


ion  comme  un  de  ses  perséc  uteurs  moraiix 

est  communément 
rangé  près  ue  >  oiiaire  uans  cet  honneur  el 
dans  lelte  aniniadversion.  Traçons  rapidc- 
menl  ia  vie,  nous  jug.rous  après.  Fils  d'un 
pauvre  horlogir,  if  recul  une  éducation  ex- 
trèmumuul  négligée.  11  lut  une  inlinité  de 


romans  :  la  seule  lecture  convenable  qu'il  fit 
d  ins  SOS  jeunes  années  fut  celle  dys  Hommes 
illustres  de  Plutarque.  Il  entra  comme  clerc 
chez  un  grcllier  lie  iitnève,  qui  le  renvoya 
comme  incapable.  Llumnèle  groflier jugea  à 
jiropos  de  formuler  son  opinion  sur  le  compte 
du  jeune  homme  d'une  manière  quasi-pro- 
phétique. «  Il  no  sera  jamais  (|u'ine[)te  »  dit- 
il.  Que  devenir?  Rousseau  ne  savait  rien, 
qu'un  peu  de  latin  qu'il  avait  appris  chez  un 
vieux  ministre  [Toiestanl;  un  graveur  voulut 
bien  le  prendre  comme  apprenti.  Rousseau 
fut  presipie  abruti  par  cet  nomme,  qui  l'ac- 
cablait do  mauvais  traitements.  Cet  hoiume 
était  un  ru-tre,  un  brutal,  qui  ne  savait  em- 
ployer cpie  la  violence.  Une  telle  éducation 
porta  ses  fruits  :  le  malheureux  jeune  homme 
devint  ce  qu'on  nomme  un  garnement,  fai- 
néant, menteur  et  voleur.  A  qui  la  faute? 
Evidemment  pas  h  lui.  Que  pouvail-il  faire? 
Ce  (pi'il  lit  :  il  partit  sans  but,  allant  n'importe 
où,  devant  lui.  H  était  sur  la  route  du  déslion-r 
neur,  du  bagne,  peut-être.  Un  coup  de  la 
Providence,  un  de  ces  hasards  que  Dieu  sème 
devant  les  pas  du  malh.nir,  comme  une  plan- 
che de  salut,  lui  lit  rencontrer  à  Annecy 
madame  de  Warens.  Cette  dame  était  catho- 
litjue.  La  charité  d'abord  lui  lit  jeter  les  yeux 
sur  le  jeune  vagabond  pour  le  convertir;  elle 
l'envoya  à  Turin  au  collège  des  Catéchumè- 
nes :  il  y  fit  abjuration  du  protestantisme. 
Sorti  de  cette  maison,  il  entra  comme  laijuais 
au  service  de  la  comtesse  de  Vercellis.  il 
commit  un  vol  et  en  accusa  une  pauvre  ser- 
vante. Il  vint  enseigner  la  musique  à  Lau- 
sanne, puis  à  Paris  en  173i.  N'ayant  eu  au- 
cun succès  dans  cette  ville,  il  fut  obligé  de 
revenu-  près  de  la  baronne  de  Warens,  (jui 
alors  habitait  Chambéry.  Cette  dame  lui 
donna  de  bons  conseils,  le  lit  travailler,  et 
ensuite  le  plaça  lomme  précepteur  chez  le 
grand  prévùt  de  Lyon,  M.  île  Mably.  Il  n'y  put 
rester  ((uun  an,  et  revuit  à  Pans  en  17»  1. 
Il  y  arrivait  avec  sa  méthode  de  noter  la 
musique  en  chiiVres,  il  venait  de  l'inventer, 
et  comptait  là-dessus  pour  faire  fortune; 
malheureusement  ses  espérances  fuieiil  dé- 
çues. Cependant  il  réussit  à  se  fane  quelques 
protecteurs,  et  l'ainhassadeur  de  l-rance  à 
>  enise,  M.  de  Monlaigu,  se  l'attacha  comm« 
secrétaire.  On  prétend  que  ce  fui  plutôt  en 
qualité  de  domesiKuie  «pie  c<  "Ur  l'ein- 

mena.  Quoi  «piil  en  soil.  h  -.  lu  se  lit 
bienh^l  congédier,  et  revint  îi  Pans,  pour  en- 
trer comme  commis  c  h  -z  M.  Dupin.  fermier- 
général.  Ce  lui  h  celte  épo(|ue  iju  il  lit  con- 
naissance de  Thérèse  Levnsseur ,  servante 
d'auberge,  (pi'il  épousa  depuis. 

En  17V9,  l'académie  de  Dijon  avant  proposé 
pour  sujet  de  prix  ;  Le  proffrrx  âes  sciences  et 
(1rs  nris  a-t-il  contribua  d  corrompre  on  à 
épurrr  les  mœurs?  Rousseau  coiuourut  et 
remporta  le  prix  :  il  pr.l  parli  conlie  les 
sciences  el  les  arts.  Ce  fut  dans  celle  circon- 
stance (jue,  voulant  vivre  iiidéf»ondaiil,  il 
ren(mça  h  sa  place  de  commis,  et  se  tit  ro- 
pist'  de  musique.  En  fort  peu  de  temps  il 
donna  plusieurs  ouvrages  de  genres  toiii  ?» 
fait  différents  :  son  Devin  du  niions,  •'       ' 


m 


nou 


nou 


83» 


qui  nul  hcauconp  do  sucrtV*;  sn  Lcflrr  sur  la 
vmsiiinc  française,  hi<|in'llo  pi'oduisit  uiir  vivo 
ilii[)r('s.si(>'i  (l.'iiis  le  |nil)lir,  clc. 

NCr.s  ITIiU,  il  rclDUina  h  (Icin^vo,  (ii"!  un  lui 
iil  Itou  arcucil,  t-l  où  il  alijiini  In  icliKio-i  ca- 
llioihiui".  Tioi^  <'i"'*  '«lii'i's,  il  Hiviiil  a  l'aris, 
où   il   >o  lia    Otroili'iiiciit   avec    madaiiu'    do 


'Isfauay,  tiui  Iil  l>.Uir  pour  lui  roiinilaKc  da'i.s 
a  valli'O  av  Moiilniori'iicy.  di  lui  là  ipTil 
composa  la  Souvcllc  llr'lùisc,  rouian  i^pislo- 
luire,  o»i  il  liailo  |)iTstpi(^  loulcs  les  (jucslio-is 
(lo  inoiaI(\  cl  son  lùnilr,  oiivratj;t'  pliilosoi.hi- 
cnm  sur  l'iSlucalioii.  Pour  ce  di'niicrouMa-c, 
il  fui  coiuiaimié  t\  lu  l'ois  t'M  Kraiicn  cl  dans 
sa  iwiU'ic.  l.o  parleiUL'iil  di;  Paris  (kV-réla 
loiilro  lui  la  [iri.sc  do  corps;  h  (icncWc,  sou 
livre  l'iil  biùli^  par  lo  bourreau.  UtVIuit  ;\ 
prendre  la  luilt;,  il  .^c  icriii;ia  à  Molicis- 
Travcrs,  dans  la  priiicipautc  de  NeucliAud. 
11  y  vivait  do  la  façon  la  plus  oxlrava|;;aiite, 
habill»^  en  Ariuéiiicu  cl  l'aisanl  du  laccl  i)Our 


ga.^ucr  sa  vie 


Co  lui  dans  cotlo  retraite  i|u'il  répondit  au 
ISlandeiuont  de  rarchevLNpie  de  Taris  pour 
dél'eiulre  V Emile,  cl  qu'il  écrivit  ses  lellres 
dites  de  la  MonUujnc ,  contre  lo  conseil  de 
Clmùve.  Poursuivi  par  ses  ennemis,  il  fut 
obligé  de  tiuiller  la  Sui.sse,  et  vint  in  Am^Ic- 
loiro  près  du  pliilosophc  Huiuc,  qui  lui  otlVit 
rhospilalité  h  Wuollon  ,  dans  le  comté  de 
Derbv.  Au  bout  de  quelques  mois,  il  se 
brouilla  avec  son  hôte ,  (ju  il  accu.sait  de 
conspirer  avec  ses  euncaiis  ,  et  revint  on 
Franco,  où  on  supporta  sa  présence.  Le 
prince  do  Conli  lui  oiïrit  un  asile  près  de  Gi- 
sors  à  Trye.  11  y  resta  quelque  temps,  puis 
ensuite  vint  à  Lyon,  à  Grenoble,  et  revint  en 
1770  h  Paris,  oil  il  fut  l'objel  de  ratlention 
générale.  Sa  santé  dépérissait;  il  était  atteint 
d'une  mélancolie  extraordinaire,  s'imaginant 
sans  cesse  être  l'objet  des  poursuites  d'une 
infinité  d'ennemis  acharnés  à  sa  perte.  Entin 
en  1778,  il  accepta  l'hospitalité  que  M.  de 
Girardin  lui  otl'ril  à  Ermenonville  et  y  mou- 
rut au  bout  de  deux  mois 

Uousseau  laissait  en  manuscrit  plusieurs 
ouvrages,  notamment  ses  Confessions,  qui 
furent  publiées  après  sa  mort.  On  y  trouve 
dévoilés  les  mystères  les  plus  intimes  de  cette 
existence  si  bizarre,  si  accidentée.  On  y  voit 
l'énigme  de  ces  contrastes  incessants,  qui  ont 
fait  dire  avec  raison  de  cet  homme  étonnant 
qu'il  fut  uu  chaos  d'incohérences  et  d'oppo- 
sitions. 

Comme  on  le  voit  par  ce  récit,  Rousseau 
fut  dans  ses  jeunes  années  livré  entièrement 
à  lui-même  quant  à  son  éducation;  aussi 
n'en  reçut-il,  à  vrai  dire,  aucune  dans  le  sens 
accepté  de  ce  mot.  Que  vouliez-vous  que 
devînt  ce  jeune  homme,  qu'on  jette  dans  le 
pioude  k  deux  ou  trois  essais  aventureux  de 
piéliers  pour  lesquels  il  n'a  rien  appris?  La 
première  fois  aux  mains  d'un  prêtre  calvi- 
niste qui  lui  laisse,  par  défaut  de  surveil- 
lance, contracter  de  pernicieuses  habitudes; 
la  seconde  aux  mains  d'un  bureaucrate,  assez 
sol  pour  déclarer  à  jamais  inepte  l'auteur  de 
tant  d'écrits  si  remarquables,  pour  ne  pas 
pressentir  sous  cette  enveloppe  grossière  et 


brute  la  piorro  écl/it/uito  qui  dovftit  jolr«r  par 
tint  d((  facclli's  une  ni  vive  ImniiTc;  la  troi- 
Mèriie,  aux  iii/iiiih  d'un  brutal  ipii  lo  b.it,  cl 
ijui  coiirbo  Vers  l'jibrutiNsi'iiieitl  icllo  tialuit) 
laite  priiir  inoiiler  si  liant  7  Hoiis.<icau  eut  lo 
.sort  de  lous  (Ds  iii:dlieuruil\  jeuiiOH  «Olis  (pin 
In  sociéU^  coupabb^  [tousse  uu  vice.  Il  doviiil, 
par  lo  l'ail  îles  eirroiislaiices  d'eiiloura^u,  vi- 
l'ieiix  ;iu  [)lusliaul|ioi(il,  iaiiiéant,  iiKiitrur  et 
voleur.  Il  eul,  on  un  mol,  les  vues  lavcirisdo 
cotlo  classe  disliôriirie  (pio  noire  é^l)lslne  et 
nolrt;  inhuiiiaiiité  Imil  co(|u'elle  est,  |)our  la 
maiidicedabonl,  et  la  |)roscrir(:  (uisuilo.  La  so- 
ciété |terniol  ((iTo'!  sèiiio  lo  crime  daii'i  les 
fliiies  (lo  ces  niallioureux,  el,  (Uiaiid  cotte  .S(i- 
iiionoo  maudilo  a  [iroduil  ses  Iruils  naturels, 
elle  ouvre  la  [irisoii  ou  le  bagne,  et  elle  y 
jiousso  pêlo-méb.'  ces  tils  do  ses  (iMivres  :  Jout 
cola,  [wirco  (jui!  l'Kvangilo,  ([uiosldans  louios 
les  bouches,  n'a  |ihs  encore  [)énélré  dans  les 
cœurs,  et  quo  la  charilé  (|u'il  |)rêclie  n'a 
jias  encore  ^lélr(^né  dans  le  monde  les  préju- 
gés des  loiiqts  barbares. 

Rousseau  dovinl  un  vagabond;  il  se  sauva 
de  sa  patrie  pour  courir  dans  celle  rouie 
d'aventures  où  tant  d'autres  malheuioui 
comme  lui  s'égarent  ol  se  perdent  à  tout  ja- 
mais. Sans  une  fomine  célèbre  qu'il  eut  lebon- 
houi  de  rencontrer  sur  son  chemin,  Rousseau 
fût  toujours  resté  un  vagabond,  fût  peut-être 
devenu  un  criminel.  Arrivé  à  Annecy,  il  est 
accueilli  par  madame  de  Warens,  (jui  le 
traite  comme  une  mère,  le  place  dans  le  sé- 
minaire des  Catéchumènes  h  Turin,  et  le  oé- 
cido  à  abjurer  le  protestantisme  pour  se  faire 
catholique.  Rousseau  avait  encore  à  lutter 
contre  l'espèce  do  destinée  qui  l'enlraînait 
en  bas  :  il  sort  du  séminaire,  entre  comme 
laquais  chez  une  grande  dame,  y  commet  un 
vol  donl  il  accuse  une  pauvre  domestique. 
Enûn,  après  plusieurs  autres  accidents,  il  r&- 
vient  trouver  sa  protectrice,  qui  l'accueille 
encore  et  le  garde  huit  ans  près  d'elle.  Ce 
fut  durant  ce  temps  que  Rousseau  lit  son 
éducation.  Madame  de  NVarens  lui  fournit 
tout  ce  dont  il  avait  besoin  pour  travaillep. 
Voyant  qu'il  s'adonnait  à  de  honteuses  liai- 
sons, elle  se  livra  elle-même  à  lui.  Certes,  en 
constatant  un  fait  semblable,  nous  ne  pouvons 
que  le  tlélrir.  Le  sacritice  que  cette  femme 
lui  fit  de  son  honneur  n'empêcha  pas  Rous- 
seau de  s'abandonner  aux  tendances  aux- 
quelles elle  avait  voulu  le  soustraire.  Il  se  lia 
avec  une  lilte  d'auberge,  sans  esprit  et  sans 
beauté,  et,  après  avoir  vécu  vingt-six  ans 
avec  elle,  il  1  épousa. 

C'est  à  dater  de  l'époque  que  nous  venons 
de  dire  que  Rousseau  entre  dans  la  deuxième 
période  de  son  existence.  Madame  de  Wa- 
rens, en  le  forçant  à  s'instruire,  avait  déve- 
loppé en  lui  l'intelligence  et  le  génie  qui 
brillèrent  d'un  si  vif  éclat.  Rousseau  compte 
parmi  les  philosophes  qui  ont  le  plus  ctla- 
qué  la  religion  et  la  morale  :  il  est  un  de  ^eux 
qui  les  ont  le  plus  glorifiées  et  défendues  ; 
il  n'est  pas  une  question  à  propos  de  laquelle 
il  n'ait  soutenu  le  pour  et  le  contre  avec  une 
éloquence  vraiment  admirable.  Rousseau  est 
le  père  de  cette  littérature  moderne  qui. 


839 


ROIl 


ROU 


840 


dans  des  genrrs  opposés,  nous  a  donni^  ChA- 
tcniibri.uuj,  Lanionnais."  drorges  Sani.  Bri- 
s.iiit  avec  la  vioillo  ccoir,  il  Mit  doiiiKT  au 
style  les  formes  onch.uitori'sses  (|iii,  «ians  ses 
érrils,  nous  t'iiv^uvonf,  nous  iinprossioniu'.-it 
si  vivemiMit.  Uotisscau  a  dais  son  stylo  une 
magie,  un  entraînement  irrésistible.  Il  plane 
comme  l'aigle,  et  comme  lui  il  donne  le  ver- 
tige à  celui  (]^ui  regarde  sou  vol.  Du  reste, 
il  faut,  en  le  lisant,  faire  ronune  un  homme 
qui  marcherait  au  miliiMi  de  pièges  ou  do 
pr«^cipices.  Chaque  phrase  recèle  un  para- 
doxe, chaque  benuté  de  slvle  cache  une  er- 
reur. Rous>cau  est  le  père  du  paradoxe.  Nous 
ne  croyons  pas  que  sous  (  e  raj)port  il  ait  eu 
d'ég.il,  si  ce  n'est  peut-être  George  Sand. 
Tout  Rousseau  peut  se  résuujer  en  ce<  points 
culiuinant.s  :  en  religion,  il  professait  prin- 
cipalement le  déisme;  en  morale,  il  a  donné 
les  solutions  les  plus  contradictoires  dans 
son  livre  de  la  Nouvelle  Héloise  ;  dans  VEmile, 
il  a  fo-mulé  un  système  d'éducation  impos- 
sible; dans  le  Contrat  nocinl,  il  a  émis  des 
théories  politiques  impossibles  aussi  ;  il  avait 
devancé  le  socialisme. 

Nftus  manquerions  notre  but  si  nous  exa- 
minions Rousseau  sous  tous  ses  as()ects. 
Nous  nous  bornerons  à  citer  que!(^ues-unes 
de  s«>s  oppositions,  pour  montrer  (ju  on  a  jugé 
cet  homme  trop  sévèrement.  A  notre  gré,  sur 
certains  points,  Rousseau  fut  un  monomane; 
il  y  a>ait  des  sentiments  |)rali([ues  ([ui  man- 
quaient dans  son  cœur.  Dans  ses  entraîne- 
ments il  était  parfois  sublime. 

Rous.>^eau  déiste  écrivait  :  x  Que  la  matière 
soit  éternelle  ou  créée,  qu'il  y  ait  un  principe 
passif  ou  qu'il  n'y  en  ail  point,  toujours  est- 
il  certain  (pie  le  tout  est  un,  et  annonce  une 
intelligence  uniqce.  »  (  ^'oilà  presque  du 
Spinosa.  )  [Pennées  de  Jean -Jacques  .,  Lon- 
d.es,  MDCCLxxwi,  p.  13.)  V'\vons  comment 
ce  déiste,  ce  panthéiste,  sans  le  savoir  peut- 
être,  parle  de  religion  :  «  De  comt)ien  de  dou- 
ceurs n'est  pas  privé  celui  à  qui  la  religion 
manque?...  Quel  prix  peut-il  attendre  de  sa 
Yertu.'  (Comment  doil-il  envisager  la  mort?» 
(/'/.,  p.  25  et  26.)  N'oilh  donc  la  nécessité 
dune  religion;  quelle  seracellede  Rousseau? 
En  qualité  de  déiste,  les  trouvera-t-il  toutes 
bonnes?  Non,  car  il  dit  (Id.,  p.  29)  :  »  I.a 
maje.té  des  lùritures  m'étonne,  la  sainteté 
de  l'Evangle  narhî  i"»  mon  c(Bur.  Voyez  les 
livres  des  j»iiiIoso[>hes  avec  toute  leur 
pompe  :  qu'ils  sont  [)etits  mes  de  celui-là  I 
be  peut-il  qu'un  livre,  à  la  lois  si  sublime  et 
si  soge,  soit  l'ouvrage  ties  hommes  ?>e  j)eut- 
il  (pie  (  elui  dont  il  l'.iit  l'histoire  ne  soit  (pi'un 
homme  lui-même?  Kst-ce  \h  le  ton  ilun  en- 
thousiaste ou  d'un  aiiiliitieux  sectaire?  Quelle 
douceur,  (pielle  pureté  dans  ses  iiKeuisl 
quelle  gnlce  touchante  dans  ses  instrin  lions  I 
(jnelh!  élévation  dan>>  ses  maximes  !  (pielhî 
prolonde  sagesse  dans  ses  discours!  (pielle 
jirésence  d'esprit ,  <pielle  tinesse  et  quelle 
justesse  dans  ses  ri'poises!  quel  empre  sur 
SCS  passions  1  Où  e>t  l'homme,  où  est  b>  sage 
fpii  sait  agir,  soutfnr  et  moiii  ir  sans  laiblesse 
et  sans  ostentation?  Quand  Pl.iion  |)eint  son 
juste  imaginaire,  couvert  du  tout   1  oiiprobro 


du  crime  et  digne  de  tons  les  prix  dp  la  vertu, 
il  fieint  Irait  |ioui'  Irait  Jésus-Christ  :  la  res- 
semblance est  si  fraj)pante  que  tous  les  Pères 
l'ont  sentie,  H  (\\\\\  n'est  pas  possille  de  s'y 
tromper.  Quels  |ir(''jugé«.  quel  aveugh'merit 
ne  faut-il  f)oint  avoir  pour  oser  comparer  le 
fils  de  Sophronis  au  fils  de  Marie?  Quelle 
dislance  de  l'un  h  l'autre  !  Socrate  mourant 
sans  douleur,  sans  ignominie,  soutint  aisé- 
ment jusqu'au  bout  son  [lersonnage,  et  si 
celte  facile  mort  n'ertt  honoré  sa  vie,  on  dou- 
terait si  Socrate,  avec  tout  son  esprit,  fut 
*  autre  chose  qu'un  sophiste.  Il  inventa,  dit-  K 
on,  la  morale  :  d'autres,  avant  lui,  l'avaient 
mise  en  pratique;  il  ne  li'  que  dire  ce  qu'ils 
avaient  fait,  il  ne  fit  que  mettre  en  le(;ons 
leurs  e\eiiq)lcs.  Aris'iae  avait  été  juste  avnnt 
que  Socrate  eût  dit  ceque  c'était  que  justice  ; 
Léonidas  était  mort  pour  son  pays  avant  que 
Socrate  eiM  fait  un  ri  voir  d'aimer  la  patrie  ; 
Sparte  était  sobre  avant  que  Si)crate  eût  loué 
la  sobriété.  Avant  qu'il  eût  loué  la  vertu, 
la  (irèce  abondait  en  hommes  vertueux. 
Mais  où  Jésus  avait-il  pris  chez  les  siens 
cette  morale  élevée  et  pure  dont  lui  seul  a 
donné  les  leçons  et  l'exemnle?  Du  se'n  du 
plus  furieux  fanatisme,  la  plus  haute  sagesse 
se  fil  entendre,  cl  la  simplicité  dos  plus  hé- 
roïques verlus  honora  le  iilus  vil  des  peuples. 
La  uio't  de  Socrate,  philosophant  iranqui'le- 
menl  avec  ses  amis,  est  la  [dus  douce  (|u'on 
unisse  d'^sirer;  celle  de  Jésus,  expirant  (ians 
les  tourments,  injurié,  raillé,  maudit  ne  tout 
un  peuple,  est  la  plus  horrible  qu'on  puisse 
ciaindre.  Socrate.  prenant  la  coupe  em[ oi- 
sonnée,  bénit  celui  qui  la  lui  présente  et  qui 
[ileure;  Jésus,  au  milieu  d'un  supplice  af- 
Ireux,  i)rie  nour  les  bourreaux  acharnés.  Oui, 
SI  Ut  lie  rt  la  mort  de  Socrate  sont  d'un  saje, 
la  rie  et  la  mort  de  Jésus  sont  d'un  Dieu. 
Dirons-nous  (pie  l'histoire  de  ri-'vangile 
est  inventée  à  plaisir?  Ce  n'est  pas  ainsi 
ipi'on  invente,  et  les  faits  de  Socrate,  demi 
personne  ne  doute,  sont  moins  attestés  (jue 
ceux  de  Jésus-Christ.  Au  f(_)nd,  c'est  re(  uier 
la  diîhculté  sans  la  détruire;  il  serait  plus  in- 
concevaiile  ((ue  plusitnirs  hommes  d'accord 
eussent  fabriqué  ce  livre,  tpi'il  m  l'est  tprun 
seul  en  ait  fourni  le  sujt't.  Jamais  des  auteurs 
juifs  n'eussent  trouvé  ni  ce  ion,  ni  cett(^  mo- 
rale; et  riivangile  a  des  caradères  de  vérité 
si  grands,  si  frappants,  si  parfaitement  inimi- 
tables (pie  l'inventeur  en  serait  plus  étonnant 

que  lo  héros 

n  Je  ne  sais  pourquoi  l'on  veul  attri- 
buer au  progrès  de  la  pliilo>o,»lue  la  l)ellc 
morale  de  nos  livres;  celte  morale,  tirée  de 
l'Kvangile,  était  chrétienne  avant  d'être  |»hi- 
losophique.  Les  préceptes  de  Platon  sont 
souvent  tres-sublimes,  ma  s  comluen  n'cire- 
t-il  pas  (pielquefois,  et  jusqu'où  ne  vont  pas 
se>  ernnirs?  Quant  h  Cie.eron,  pmil-on  croire 
(|ue  sans  Platon,  ce  rîiéleur  eût  trou.é  ses 
Offices?  L'Evangile  stnil  est,  (pianl  !»  la  mo- 
rale, toujours  sur,  lo  lours  vrai,  toujours 
uniipie  et  toujours  st>inl)lab!!' à  lui-même...» 
On  sait  «pie  Rousseau  aUa.  donna  tous  ses 
(iifaiils,  et  les  mit  aux  Enfants-Trouvés 
avec  toutes  les  précautions  uécesiaires  pour 


841 


lioli 


noY 


t4t 


(lu'il  iif  PiU  ni  los  f^ComialIrc  ni  eu  i>tin  \r. 
roiiiiu.  il  (V-rivnil  [Pcttst'cs,  vol.  Il,  p.  llȔi)  : 
«  (Iclui  (jui  11'*  |><'"l  l'"''  i»Miiplir  les  dcVijirs 
d(^  piNid  n'a  p'is  Ir  (Iioii  df  l(!  (Irvciiir.  Il 
li'v  n  ni  piiuvrol(^.  ni  liav.iiu,  ni  nsiiccl  hu- 
main, <|ni  1(1  (li.s|H<n.scînl  de  nourrir  ses  oii- 
lunls  ri  <l('  It'-^  «'lever  lui-iiuMne  1   » 

Il  travailla  pour    los  tliéAlres  ,  ol  (écrivit 
conlre  les  IhéAires.  Il  dira  :  «  Jamais  l-ital  ne 
lui  Ibiidé   (pie  la  rcîligiou  ne   lui  servit   <lr 
bflse.  »  lliiira  :  «  Nos  t:,uuveruenieiils  moder- 
nes doivent   ineonlestahlemeni  au  eluislia- 
nisme   leur  plus  solide  autorilé  el  leiu's  vô- 
volut  ions  moins  Irétpienles  ;  il  lésa  rendus 
eux  -  nu^nu's  u\oiiis  sanguinaires  :    v.vAn  so 
prouve    par   le   t'ail,  en    les  i-omparant  auv 
gouvorneuu'uls  anciens.  La  reli^iiMi,  mieux 
connue,  (H-arlanl  le  fanatisme,  a  doiuié  plus 
de   doueeur    aux     nueurs    ehrélienncs.   Co 
changement  n'est  j)oint   l'ouvra-^e   des   let- 
tres, ear  partout   où  elles  ont  brillt',  Ihu- 
uianiU^   n  en  a  pas  6l<5  plus  rospoctéo  ;  les 
cruautiVs  des  Alhéniens,  des^  Kgypliens,  des 
empereurs   de   Home,  des  Chinois,  en  Ibnl 
loi.  (Jue  d'œuvres  do  miséiicorde  sont  l'ou- 
vrage de  l'Evangile  î   «[ue   de  restitutions, 
de  réparations,  la  conl'ession  ne  fait-elle  pas 
faire  chez  les  catholiques  !  »  Rousseau  dira  : 
«  Le   christianisme  est  dans  son  principe 
une  religion  universelle,  (jui  n'a  rien  d'ex- 
clusif, rien  de    local,  rien  de  propre  à  tel 
pays  plutôt  qu'à  tel  autre.  Son  divin  auteur, 
embrassant  également  tous  lesiiommes  dans 
sa  charité  sans  bornes,  est  venu  lever  la 
barrière  qui  séparait  les  naliotis  et  réunir  tout 
le  genre  humain  dans  un  peuple  de  frères  ; 
car,  en  toute  nation,  celui  qui  le  craint  et  qui 
s'adonne  à  la  justice  lui  est  agréable.  Tel  est 
le  véritable  esprit  de  l'Evangile.  —  Le  par- 
fait christianisme   est   l'institution   sociale 
universelle.  —  Le  christianisme  ,  rendant 
les   hommes  justes,  modérés,  amis   de  la 
paix,  est  très-avantageux  à  la  société  géné- 
rale. »  Voilà  ce  que  dit  Rousseau.  Tout  le 
monde  en  conclura  :  Donc  le  christianisme 
est  la  base  nécessaire  et  commune  de  toutes 
les  sociéiés  nationales  ou  politiques.  Contrai- 
rement à  tout  le  monde,  Rousseau  conclura 
que  le  parfait  christianisme  ne  saurait  être 
la  base  d'une  société  politique,  mais  que 
chaque  nation  doit  se  créer  pour  cela  une 
chose  dont  le  nom  même  est  une  contradic- 
tion,  une  religion  civile.  Voilà  ce  qu'il  dit 
et  répète  dans  son  Contrat  social,  notam- 
ment dans  le  chapitre  8,  De  la   religion  ci- 
vile :  religion  qui  ne  serait  ni  le  protestan- 
tisme, dont  le  principe  est  la  souveraineté 
individuelle;  ni  le  catholicisme,  dont  le  prin- 
cipe est  la  tradition  universelle  et  divine  ; 
mais  une   religion   nationale   que  le    seul 
glaive  du  bourreau  rendrait  obligatoire.  Et 
comme  on  lui  reprocha  de  taxer  ainsi  l'E- 
vangile d'être  pernicieux  à  la  société,  il  se 
iustitia  par  cette  incroyable  réponse  :  «  Bien 
loin  de  taxer  le  pur  Evangile  d'être  perni- 
cieux à  la  société,  je  le  trouve,  en  quelque 
sorte,  trop  sociable,  embrassant  trop  tout  le 
genre  humain  pour  une  législation  qui  doit 
être  exclusive  ;  inspirant  l'humanité  plutôt 

DiCTIONN.     DES     PeRSÉCUTIOS      II. 


•  pie  1(*  [lairiolistiie,  ot  l(Mid/iiit  h  iormnr  d<'H 
lioiliines  plutôt  que  des  (ilo)()tlS.  »  Finale- 
ment, Uoiissejui  ne  veut  pas  du  rliristianisMiM 
tour  base  d'une  société  |iolitiipie,  purco  ipie 
i>  chrisliaiiisiiie  est  trop  .«iOciaiile  el  (pi'il 
inspire  troii  rtium/iiuté.  »  (  l(ohrl><ic)i(ir  « 
Jlist.  de  l'hqlisr  ntilioliqitr,  cilaiil  Rousseau, 
t.   WNII.  p.   l'.M),  etc.] 

Nolri;  sujet  nedeiiiaiide  p/is  (jue  imhis  en- 
trions   dans    un    examen    plus   ap|irol(>ndi. 
Rousseau   nu  nous  a|iparliciit    jias   entière- 
ment, |)Our  ainsi   dire  :   il  n'entre   dans   ce 
Dirllonnairt'  ipje  coiiiiik!  persée.uleiw  iiiorai 
de  la  religion. Or,  il  laiit  bien  en  corivenir,  ja- 
mais Rousseau  ne  fut  roiirièreiiuîrit  et  volon- 
tairement   méchant,  comiiii;    le  fut  Voltaire. 
Le  premier  se  laissait  eiilraltUM'  aux  exagéra- 
tions de  son  cœur  (ît  de  son  imaginaiicjn  ;  le 
second,  aux  suggestions  de  i'esj)ril  de  nié- 
chanceté  «lui  dominait  en  lui  :  il   mentait  et 
calomniait  sciemment;  Rousseau  suljissait 
l'enliaiiiement   do  son   es|)rit  paradoxal  ,  il 
en   était    la   j)remière     victime.    Du    reste, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  pas  un  point 
sur  lequel  il  ait  écrit,  à  propos  duquel  il 
n'ait  également  soutenu  le  pour  et  le  conlre  : 
de  sorte  que,  pour  le  réfuter,  il  n'est  aucu- 
nement besoin  de  recourir  à  un  autre  auteur 
qu'à  lui-même.  11  a  des  passages  qui  ne  se- 
raient pas  dé[)lacés  à  côté  des  plus  beaux 
morceaux  des  grands  génies    religieux  de 
l'époque  de  Louis  XIV.  Rousseau  se  ren- 
dait-il  bien  compte  de   ce  qu'il   faisait  en 
écrivant  ainsi  d'une  manière  si  contrastée  ! 
nous   n'oserions   l'affirmer  :  il   pensait,   il 
agissait,  il  écrivait  par  boutades.  On  trouve 
dans  ses  ouvrages  ce  qu'on  trouve  dans  sa 
vie  :  rien  de  suivi,  rien  d'arrêté.  C'est  une 
de  ces  intelligences  de  premier  ordre  dé- 
voyées de  leur  route,  et  qui  de  temps  à  au- 
tre, en  y  rentrant,  ont  de  sublimes  aperçus 
de  vérité  et  de  grandeur.  Puis  il  est   une 
dernière  idée  que  nous  soumettons  à  nos 
lecteurs;  libre  à  eux  de  s'y  arrêter  et  d'en 
penser  ce  qu'ils  voudront  :  Rousseau  était 
peut-être  un  fou ,  un  monomane.  Quant  à 
nous,  nous  n'hésitons  pas  à  nous  prononcer 
pour  l'aftirmative.  Le  bourreau  a  brûlé  ses 
œuvres,  le  peuple  a  porté  ses  cendres  au 
Panthéon  :  il  était  digne  de  cette  ignominie 
et  de  cette  apothéose. 

ROUSSILLON  (Agnès),  ursuline  de  Bolène, 
fut  guillotinée  le  7  juillet  1794,  avec  Ger- 
trude  de  Lausier,  du  même  ordre. 

ROUSSILLON  (Jeanne),  ursuline  de  Bo- 
lène, périt  sur  l'échafaud  à  Orange,  le  16 
juillet  179i,  avec  les  sœurs  Justamon,  ursu- 
line converse  à  Perne ,  Cardon  et  Marie 
Decqui,  religieuses  du  Saint-Sacrement  à 
Bolène,  Marie  Lage,  ursuline  à  Bolène,  et 
Madeleine  Dorothée,  du  même  ordre. 

ROYO  (Joachim),  né  en  1690  dans  l' Ara- 
gon ,  diocèse  de  Teruel,  vint,  en  1713,  en 
Orient.  Après  avoir  suivi  quelque  temps  le 
P.  Guelda,  il  passa  en  Chine.  (Le  P.  Guelda 
évangélisait  le  Tong-Kiug.)  En  1722,  il  vint 
à  Fo-Rien  et-y  resta  vingt-quatre  ans.  Quand 
la  persécution  força  les  missionnaires  de  se 
retireràMacaoildemeuraoïi  était  iedanger  et 

27 


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n'flhandonna  pas  son  peuple.  En  17W,le  vice- 
roi  »lt*  K(>-Kien  ayant  excité  unepersérulion 
ronlre  les  rlir^^tiens,  le  P.  Rovo  se  livra  lui-in(V 
me  aux  soldats  de  l'oflirier  Fan,q\ii  lecher- 
rhaicnt,  sachant  que  l'év^^que  de  Mnuricnste 
s'c'tail  livrt^  lui-m(^me.  Interrogé,  il  dit  qu'il 
était  depuis  trente  ans  dans  l'euifiire  pour  y 
pr(^('h(>r  la  foi.  Le  10  Juillet,  il  fut  av«c  les 
atitres  missionnaires  {Voy.  l'art.  Chi?(k)  con- 
duit enchaîné  h  Fou-Tcheou-Fou,  caj)italo 
de  la  province,  à  27  lieues  de  Fou-Ngan.  Ils 
tirent  la  route  au  milieu  des  injures  de  la 
lopulace.  Aussitôt  leur  arrivée,  le  vice-roi 
os  inlerrogf'a.  Au  nombre  des  choses  dont 
es  dénégations  énergiques  eurent  h  dé- 
montrer l'indignité,  furent  les  imputations 
suivantes  :  les  missionnaires  étaient  accusés 
de  tuer  les  i)etits  enfants,  de  tirer  de  leurs 
têtes  des  filtres  qui  séduisaient  les  femmes, 
et  de  se  servir  ensuite  de  remèdes  euro- 
oéens  pour  soustraire  les  victimes  de  leur 
lubricit»^  aui  conséijuencesfAcheuses  qu'elle 
pouvait  entraîner.  De  nouveaux  juges  vin- 
rent bientAt  prendre  connaissance  de  l'af- 
faire, et  le  P.  Royo  eut  à  souirrir  la  baston- 
nade. La  sentence  de  mort  prononcée  dans 
le  Fo-Kien,  confirmée  h  Pékin  par  le  tribu- 
nal des  crinîes ,  et  signée  par  l'empereur 
telle  qu'on  la  peut  voir  à  l'article  Chine, 
portait  que  le  P.  Uovo  serait  étranglé.  Peu 
après  le  martyre  de  l'évêque  de  Mauricasle, 
on  grava  au  fer  ronge  sur  le  visage  du 
P.  Royo  deui  caractères  chinois  qui  mar- 
quaient le  genre  de  supplice  auquel  il  éiait 
condamiié.  Il  fut  mis  dans  une  prison  sé- 
parée ,  oij  il  fut  étranglé  le  28  octobre  17V8. 

RUF  ;  saint),  martyr,  soutfrit  la  mori  pour 
Jésus-Christ  h  (]apoue,  avec  saint  Carpo- 
phore.  Leur  martyre  eut  lieu  sous  les  tnii- 
pereurs  Dioclétien  et,Maximien.  L'Eglise  ho- 
nore leur  sainte  mémoire  le  27  août. 

RUF  (saint),  fut  martyrisé  à  Rome  avec 
toute  sa  famille  par  l'ordre  du  cruel  et  im- 
pie Dioclétien.  L  Eglise  fait  sa  fête  le  28  no- 
vembre. 

RUF  (saint),  martyr,  soutTrit  pour  Jésus- 
Christ  à  Philadtîlphie  en  Arabie,  avec  les 
saints  Cyrille,  Aquilas,  Pierre,  Domitien  et 
Ménandre.  Le  Martyrologe  romain  ne  dit 
point  à  (juellt!  ('-pocpie  eut  lieu  ce  martyre. 
L'Eglise  vénère  hur  iiiémoi"e  le  i"août. 

RUF  (saint),  soulfrit  les  tourment*»  et  la 
mort  pour  la  défense  de  .«^a  foi  avec  Paul, 
son  père,  Tatte,  sa  mère,  et  ses  trois  frères, 
Maxime,  Snbinieii  et  Eugène.  .\y«nt  été  ac- 
cusés de  faire  prof»!ssiun  (Je  la  religion  chré- 
tienne, ils  furent  chargi'S  de  coups  et  endu- 
rèrent d'autres  supplices,  dont  les  ditlVnen- 
te»  circonstances  ne  sont  point  parvenues 
jusqu'à  lions,  et  dans  lesquels  ils  rendirent 
r<'spiil.  On  Ignore  la  date  et  le  lieu  de  leur 
martyre.  L'Eglise  lait  leur  fêle  le  25  septem- 
bre. 

RI  F  ''saint),  «^véque,  fut   martyrisé  h  t'a- 

t»Oue.  Il  ('lait  de  familli'  p.i'iicienne  et  fut 
ia{)tisé  par  saint  A[)M||inaiip  ,  disripl?  de 
saint  Pierre.  L'Eguse  fait  ?»  tète  le  27 
août. 

HUFK  (Minl).  fut  martyrisé  dursoi  la  }»pr- 


sé(  ution  de  Trajan.  Il  y  a  lieu  de  croire 
qu'il  fut  compagnori  du  martyre  de  saint 
Ignace  d'Antioche  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  cer- 
tain, c'est  qu'il  fut  compagnon  de  ses  liens. 
On  manque  sur  saint  Rnfe  de  renseigne- 
ments positifs.  L'Eglise  fait  sa  fôte  le  18  dé- 
ceiiiltre. 

RUFIN,  (saint) ,  évoque  des  Marses,  fut 
martyrisé  à  Riéti  (dans  l'Ombrii)  avec  les 
saints  Silon  et  Alexaodre,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Maximin  I".  Son  tils  saint  Cé- 
side,  prètie,  probablement  de  son  église, 
fut  martyrisé  aussi  sous  le  même  règne  :  il 
fut  décapité.  L'Eglise  fait  sa  fêle  le  11 
aoilt. 

RUFIN,  homme  qui  passait  pour  éloquent 
à  Sniyrne  du  temps  de  l'empereur  Dèce.  Il 
est  signalé  dans  les  Actes  de  saint  Pionc 
comme  ayant  voulu  faire  des  objections  et 
donner  des  conseils  aux  siints  martyrs  du- 
rant l'interrogatoire  qu'ils  subissaient  de- 
vant Lépide,  iuge  assesseur  de  Polémon, 
prêtre  des  idoles  et  magistrat.  Ruiin  s'attira 
une  verte  réplique  de  s.^int  Pione,  après  la- 
quelle il  jugea   prudent  de  se  taire.  (Voy. 

PlOISK.) 

RUFIN,  confesseur,  fut  arrêté  à  Rome,  en 
250,  sous  le  règne  de  l'empereur  Dèce,  avec 
saint  Moyse  et  ses  comi)ai;nons.  Il  monlra  un 
grand  courage  et  une  admirable  constance 
dans  les  tourments,  pendant  dix-huit  mois 
de  prison.  Après  sa  sortie  de  prison,  on  no 
sait  pas  ce  qu'il  devint  :  il  est  probable  qu'il 
ne  tomba  pas,  comme  tant  datitres,  tlans 
les  erreurs  de  Novatien,  car  il  serait  nommé 
dans  les  lettres  de  sainl  Cyprien,  de  saint 
Corneille  et  de  saint  Denys  d'Alexandrie, 
avec  les  autres  confesseurs  tombés.  (Foy. 
pour  plus  de  détails,  saint  Moyse.) 

RUFIN,  gouverneur  de  l'Espagne  pour 
Dioclétien,  en  l'année  291,  tit  mourir  à  Roda, 
près  de  tiirone,  les  saints  Vincent,  Oronte, 
Victor ,  ainsi  que  sainte  Aquiline  et  son 
époux.  Voij.  les  articles  de  ces  saints. 

RUFIN  ^saint) ,  était  avec  saint  Valero 
surintendant  (Ju  domaine  impérial  près  de  la 
Vesie,  au  territoire  lieSoissons.  Tous  deux 
pratiquaient  au  plus  haut  degré  les  vertus 
chrétiennes  ;  tous  deux  faisaient  d'abondan- 
tes aiimô  les.  Maximien  Hercule,  vairujueur 
des  Bagaudes  dans  les  environs  de  Paris, 
donna  en  partant  à  Rictius  Vanis,  préfet  du 
piéioire,  1  ordre  de  détruire  partout  dans  le 
jiays  et  la  religion  chrétienne  et  ceux  qui  la 
pratiquaient.  Rictius  Varus  commenta  par 
faire  mourir  tous  les  lidèles  (ju'il  put  trou- 
v«>r  a  Riniiis.  puis  il  vint  à  N)issoii?,  et  fit 
comparadre  Rnlin  et  Valère.  K  l'approche 
du  préfet,  ils  s'étaient  cachés  dans  un  bois  ; 
ce  tnt  \h  qu'ils  furent  pris  :  étendus  sur  le 
chevalet,  ils  furent  dé(  hirés  î»  coups  de  fouets 
plombés  ;  conduits  ensuile  sur  le  bord  du 
grarxJ  chemin  de  Soi5son««,  ils  terminèrent 
leur  sicrilice  par  le  glaive.  Leur  martyre 
eut  heu  d.\n>  le  nf  siècle,  sou«;  les  commen- 
cements de  niocléiien.  L'Eglise  honore  leur 
mémoire  le  li  juin. 

RUFIN  (sainl),  fut  marlvrisé  h  Assi.se  en 
<^nibne  :  on  ignore  à  quelle  éjK>que  et  dan.s 


RJiti 


III  IF 


III  M 


m 


i|iull('s  ciicoiislaixtcs.  Il  ost  iiiS(Mi(  au  Mur- 
l}rnl«):^'c  KMiwiiii  \r  H(»  jiiilltH. 

lU'I'IN  (sailli).  soiilVril  h  Manloiic  'ipri'.s 
avoir  coiiIVssc^  ^(^rK^riMisciiKMil  1.1  loi  de  Jôsiis- 
('lirisl.  I.'l'lijiise  riiononi  comiuo  fonlVssi'ur 
lo  l'.Kioill. 

IHM''IN  (sniiiO,  (^vlNipun  (  (infcssa  sa  foi  h 
Capoiio  l\  mit'  ('pi)i|ii('  et  dans  des  circoiis- 
taiicos  ((uc  nous  ir;iioroiis.  L'Kj^liso  luit  .sa 
f(V|,'  le  Ht  aoiU. 

lUlKlN  (sainO,  fui  inarlyris(^  pour  la  reli- 
gion cliriMicuno.  On  i.^noïc  en  (pirl  lieu,  à 
(juollo  époipit»  cl  dans  (publics  ciii-onslan- 
rcs  I  nous  savons  scmUmiiciiI  (pi'il  cul  \u)i\v 
compilation  de  son  mailvc  son  IVric  Uuli- 
nion.  l,'ICj^lis(>  l'ail  collccliveiiu'nl  IcurfiMr  K) 
1)  si'pl(Mnl)i'0. 

UlU-'lN  (siinl),  ciirillil  la  |)aliiu'  du  niar- 
\yvc  dans  uno  ville  d'.MViipic  doiil  nous  rio 
savons  pas  lo  nom.  11  oui  pour  coiupagtons 
do  son  martyre'  livs  saints  l'IpiplLinc,  évt^- 
qiio,  Unlin  cl  Irci/c  antres  (pii  soîl  ineoM- 
nns.  L'iîgliso  honore  leur  mémoire  le  7 
avril. 

lUlFlN  (saint),  rcgnt  la  |)almc  des  com- 
battants do  la  foi  en  Afriipie  avec  les  saiîils 
Marc  et  Valèie.  On  i,:;norc  les  circonstances 
de  leurs  combats  ;  le  Martyrolo.^c  romain  no 
marque  cjuc  leurs  noms.  L'Kj^iisc  fait  leur 
m(^inoiic  le  10  novembre. 

lU'FlN  (saint),  fut  martyrisé  h  Syracuse 
avec  sainte  Marcie  ;  nous  ignorons  dans 
quelles  circonstances.  L'KgHse  fait  leur  fèlo 
le  "21  juin. 

Hl'FlN  (saint),  soullVil  le  martyre  h  Home 
avec  les  saints  Macaire,  Juste  et  Théophile. 
Les  détails  authentiques  nous  manquent 
complètement  sur  eux.  L'Eglise  les  honore 
comme  combattants  de  la  foi,  le  28  février. 
RUFIN  (saint),  martyr,  (ils  de  WalOrc,  roi 
de  Murcie,  fut  baptisé  secrètement  vers  l'an 
070,  avec  son  frère  saint  Wulfhad,  par  saint 
Chad  ,  éyêque  de  Litchtield.  Le  roi  l'ayant 
su  lit  ma  sacrer  les  deux  jeunes  princes 
pendant  qu'ils  étaient  en  prière.  A  l'exem- 
ple de  son  père  Pcnda  ,  cinel  persécuteur 
dos  chrétiens ,  il  favorisait  étrangement  l'i- 
dolâlrie.  La  reine  sa  femme,  nommée  Em- 
meli  ide  ,  et  mère  des  deux  jeunes  prnces, 
les  lit  enterrer  dans  un  lieu  (lui  prit  depuis 
le  nom  de  Stone,  parce  que,  suivant  la  cou- 
tume saxonne,  on  accumula  sur  leur  tom- 
beau une  grande  quantité  de  pierres.  Ces 
pierres  servirent  à  bâtir  une  église,  que  la 
reine  Emmelinde  ht  construire  et  qui  fut 
placée  sous  l'invocalion  des  d.mx  saints 
martvrs.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  le 
2.V  juillet. 

UUFINE  (sainte),  martyre,  avait  pour  père 
^iii  nommé  Astérius  ,  ci\oyen  romain  de  fa- 
millo  noble.  Sa  sœur  Seconde  et  elle  av.dent 
été  fiancées,  l'une  à  Armentaire,  l'autre  à 
Vérin  ,  tous  deux  chrétiens  ,  mais  qui  a  los- 
tasièrenl  en  2o7  ,  sous  l'empire  et  durant  la 
persécution  de  'Valérien.  Toutes  deux  refu- 
sèrent généreusement  de  les  imiter  et  s'en- 
fuirent de  Rome;  mais  bientôt,  ayant  été 
arrêtées,  elles  furent  amenées  devant  Junius 
Donatus,  préfet  de  Rome,  qui  les  fil  cruelle- 


ment loiiriiientcr,  ei  inliii  dérapil<;r.  On  b.l'it 
sur  leur  toinlicau  une  chapelle  h  laquelle  ht 
pape  Damasu  subslilua  une  église.  Leur?» 
reliques  sont  nwiinli-nanl  d/in.<>  la  basiliqiio 
de  Lalraii,  luèsdu  baplislèn-  (|»;  Donslantiri. 
L'Eglise  célèbr<!  b  ur  IV-te  le  11)  piiliel. 

III'FINE  (saillie),  liabilait  Sévillo  en  Es- 
lagne  avec  sainte  Juste.  Ces  deux  sninlei* 
reiiiines  étaient  mai'ch.iiides  ol  vivaient  du 
fruit  (h-  leur  coniinorce;  loutce()u'elle,  pou- 
vaient gigner  d(!  surplus  é|ail  consacré  aux 
auiiK^nes.  Dans  leur  hnmbli;  posilioti  ,  elles 
étaiiuit  les  biinif lilrjres  des  pauvres,  (d  pra- 
liqiiaii'nt  au  plus  haut  dc'gré  les  vertus  éini- 
nenles  du  christianisme.  L(!  ciel,  (lui  voyait 
avec  amour  la  conduite  admiiabh!  do  ces 
d(Mi\  sainios,  les  récoiiipensa  par  h- martyre. 
Ayant  rehisé  d(!  V(;ndre  aux  païens  des  idio- 
sos  (pi'ils  voulaient  employer  dans  leurs  sa- 
(n-ilires ,  elles  virent  ces  furieux  défoncer 
hnir  bouli(pie,  s'emparer  do  leurs  iiersonnos 
et  les  liMÎnor  devant  lojuge.  Dioclélien  per- 
sé(nilait  vi(jlemmejit  l'I-lglise  :  on  élait  alors 
en  l'année  304;  partout  le  sang  chrétien 
coulaii  à  llols.  Le  juge,  voyant  que  les  doux 
saintes  étaient  inébranlables  dans  la  foi,  les 
lit  étendio  sur  le  chevalet  et  déchirer  avec 
les  ongles  de  lor.  Rien  no  put  abattre  leur 
courage.  Sainte  Juste  ayant  oxniré  au  milieu 
dos  tortures,  le  juge  ht  étrangler  sainte  Ru- 
lino  :  on  brdla  leurs  cor[)S.  L'Eglise  célèbre 
leur  fête  le  20  juillet.  Leurs  Actes  sont  don- 
nés dans  Maldonat,  Usuard  et  Adon. 

RUFINIEN  (^aint),  reçut  la  palme  du  mar- 
tyre avec  son  frère  Rufin.  On  ignore  h  quelle 
éi)0(jue,  en  quel  lieu  et  dans  quelles  cir- 
constances. L'Eglise  les  honore  le  môme 
jour,  9  septembre. 

RUFUS  ^saintj,  martyr.  {Voy.  l'article  Heu- 
MOGÈNE  pour  plis  do  détails.) 

RUISA  (le  bienheureux  Christophe),  do- 
minicain ,  soulfrit  le  martyre  au  Chili.  Les 
féroces  Araucanos  étaient  persuadés  que 
l'eau  versée  sur  leur  tète  par  les  mission- 
naires, afin  de  les  baptiser,  les  f  lisait  mou- 
rir. Un  jour  que  notre  bienheureux  leur  prê- 
chait rEvangile  ,  ils  se  précipitèrent  sur  lui 
et  le  massacrèrent  comme  ennemi  de  leurs 
dieux  (1000). 

RUIZ  (le  bienheureux  François)  ,  do  l'or- 
dre de  la  Merci  ,  naquit  à  Rioxa  ,  dans  la 
Vieille-Castille.  11  prêcha  l'Evangile  dans  le 
royaume  du  Tucuman,  pays  borné  au  nord- 
est  par  la  province  do  Sant.ï-Cruz  de  la  Sierra; 
au  nord  et  au  nord-ouest  par  celle  de  Los 
Charcas;  à  l'ouest  par  celle  de  Cu>'0,  qui 
défiend  du  Chili ,  et' par  les  montagnes  du 
Pérou  ;  à  l'est  par  le  Chaco,  vaste  contrée  au- 
jourd'hui encoFofort  mal  connue  et  que  rend 
didi  ile  à  explorer  le  peu  de  sociabilité  de  ses 
nombreux  peuples  indigènes, désignés  géné- 
ralemoiit  sous  le  nom  de  Guavcuros.  Notre 
bienheureux  prêchait  un  jour  à  Santa-Cruz 
de  la  Sierra ,  des  naturels  se  précipitèrent 
sur  lui,  le  mirent  en  pièces  et  le  dévorèrent. 
(Histoire  générale  de  l'Amérique,  t.  X,  p.  129 
et  330.) 

RUMVOLD  ou  RUMOLD  (saintj ,  évêquf 
régionnaire,  patron  de  Malines  et  martyr,  s? 


M 


RUS 


RUS 


Rie 


cnnsarra  à  Duni  d^s  sa  jovinesse ,  et  brilla 
par  la  pratique  des  vprliis  chrétiennes.  Il 
passa  ensuite  dans  la  Basse-Allemagne  pour 
y  pnVIier  l'Evangile  aux  idolâtres;  de  là  il 

Êénélra  dans  le  Brabant  (après  avoir  été  à 
ome,  où  il  avait  reçu  sa  mission  du  pape), 
et  convertit  un  grand  nombre  d'infulMos  aux 
environs  de  Malines,  de  Lierre  et  d'Anvers. 
Ce  saint  évoque  faisait  construire  une  cha- 
pelle en  l'honneur  de  saint  Etienne,  et  dia- 
que  jour  il  payait  le  solaire  des  ouvriers. 
Deux  scélérats ,  jugeant  de  le  qu'il  devait 
avoir  beaucoup  dargenl,  le  tuèrent  d'un 
coup  de  pioche,  un  )()ur  qu'il  se  promenait 
en  priant.  Les  assassins  jetèrent  son  corps 
dans  la  rivière,  mais  une  lumière  céleste  le 
fit,  dit-on,  découvrir,  et  le  comte  Adon,  <\m 
gouvernait  alors  le  pays,  le  fit  enterrer  avec 
de  grands  honneurs  nans  la  chapelle  même 
que  le  saint  faisait  construire.  Pendant  les 
troubles  qui  agitèrent  les  Pays-Bas  en  1578, 
on  fondit  la  châsse  précieuse  où  ses  reliques 
ava  ent  été  renfermées  le  3  avril  J-lOO.  En 
182o,  à  l'occasion  du  jubilé  semi-séculaire, 
qui  a  été  célébré  à  Malines,  les  fidèles  ont 
co-itribué  par  des  dons  volontaires  aux  frais 
d'une  nouvelle  châsse  d'argent.  L'Eglise  fait 
sa  fêle  le  1"  juillet. 

RUSSIE.  Cet  em[)ire,  le  plus  considérable 
d'Europe ,  est  borné  au  septentrion  par  la 
mer  (ilaciale  ;  à  l'orient  par  la  mer  du  Japon  ; 
au  midi  par  la  grande  Tartarie  ,  la  mer  Cas- 
pienne et  la  Perse;  au  couchant  par  la  petite 
Tartarie ,  la  Mingrélie  ,  la  Géorgie  et  la  Po- 
logne. Il  a  deux  mille  lieues  de  longueur 
sur  sept  cents  de  large.  Le  christianisme  ne 
fut  porté  en  Russie  qu'à  la  fin  du  i\'  siècle. 
Il  n'y  a  peut-être  pas  dans  le  monde  de  na- 
tion qui  se  prétende  civilisée  ,  plus  malheu- 
reuse et  plus  dégradée  que  la  nation  russe. 
Sur  cinquante  millions  d'habitants,  il  y  a  au 
moins  quarante  nullions  d'esclaves;  des 
oukases  émanés  d'Alexandre,  en  1818,  et  de 
l'empereur  actuel ,  en  1831  ,  défendent  aux 
propriétaires  de  ces  esclaves  de  les  alfran- 
chir,  même  par  testament.  Cet  étal  de  cho- 
ses si  abominable»  n'a  pas,  en  Russie,  été 
l'objet  d'un  blâme  formulé  par  un  seul  écri- 
vain :  ce  fait  atteste  à  la  fois  et  l'odieux 
despotisme  du  pouvoir,  et  l'excessif  abais- 
se4)»ent  de  la  nation.  En  France,  on  protes- 
terait jusqu'au  pied  de  l'échafaud.  Hélas  !  en 
écrivant  ceci  ,  nous  oublions  nos  hontes; 
nous  oublions  comment  notre  patrie  c(tur- 
bait  la  léie  sous  les  horreurs  et  les  ignomi- 
nies de  93  ! 

n  Jusque  vers  la  seconde  moitié  du  \iv' siè- 
cle ,  il  n'y  avait  (ju'une  métropole  eu  Rus- 
sie ,  celle  de  Kiow.  Alors  elle  fut  transférée 
à  Moscou  ,  puis  démembrée  en  detix  :  Mos- 
cou, capitale  de  la  Moscovie,  et  Kiow,  capi- 
tale de  la  Litinianie.  Le  (îrec  Photias  ,  mé- 
Iropolitain  de  Moscou,  s'élant  déclaré  contre 
l'union  aver  lEjfilise  romaine,  fut  defiosé  h 
Kiow  en  IVIV,  et  remplacé  par  Grégoire 
Zamblark,  qui  souscrivit,  en  l'»18,  h  l'union 
faite  par  les  Grecs  au  concile  «le  Constance, 
50US  le  pape  Martin  V.  (îeUe  union  fut  sous- 
cnto  do  nouveau  l'an  1V39  ,  au  concile  de 


Florence,  par  l'empereur  et  le  iiatriarcho  de 
Constantinople,  et  [)ar  Isidore,  métropolitain 
de  toute  la  Russie  ,  comme  archevêque  si- 
multané de  Moscou  et  de  Kiow  ,  et  qui  fut 
même  noumié  cardinal  par  le  pape  Eu- 
gène IV.  Celte  union  fut  bien  reçue  à  Kiow. 
mais  repoussée  h  Mosrou.  Kiow  et  les  évê- 
chés  de  sa  dépendance  ,  Bransk  ,  Smolensk, 
Premsvl ,  Turow  ,  Wladimir  et  Volhynie, 
Polocsli,  Chelm  et  Halilz  étaient  sous  la  pro- 
tection des  rois  de  Pologne  et  des  grands 
ducs  de  Liihuanie.  Ils  persévérèrent  tous 
dans  l'union  avec  l'Eglise  romaine  jusqu'en 
1520,  où  il  y  eut  (pielijues  nuages,  mais  qui 
se  dissipèrent  en  1595  par  une  ambassade  de 
deux  évèques  au  pape  Clément  VllI. 

«  A  Moscou,  au  contraire,  le  schisme  s'en- 
racinait de  plus  en  plus.  Les  grands  ducs  de 
Moscou  avaient  pris  le  nom  de  czar  ou  de 
roi;  le  dernier  de  la  race  de  Rurik  avait  pour 
ministre  un  Tarfare ,  Boris  Godunow,  qui 
aspirait  à  se  mettre  h  sa  place  et  qui  y  par- 
vint par  bien  des  meurtres  et  des  empoison- 
nements. En  1581 ,  Jérémie  II ,  un  des  na- 
triarches  intérimaires  de  Conslantinople , 
ayant  besoin  d'argent,  vendit  à  (iodunow  la 
dignité  de  patriarche  pour  le  métropolitain 
de  Moscou.  Godunow  en  donna  lui-même 
les  insignes  h  une  de  ses  créatures  nommée 
Job,  qu'il  avait  fait  élire.  (Rohrbacher, 
t.  XX\  III,  p.  iOi,  citant  Vicissitudes  de  l'E- 
glise catholique  des  deux  rites  en  Pologne  et 
en  Russie;  Paris,  18i3,  t.  I",  p.  M  et  suiv.) 

\n  bout  d'un  siècle ,  ce  patriarcat  russe 
fut  aboli.  Les  czars  de  Russie  craignaient 
jusqu'à  ce  titre  de  patriarche,  qui  semblait 
annoncer  une  sorte  d'indépendance;  voulant 
confisquer  la  liberté  religieuse  au  profit  de 
leur  despotisme,  ils  ont  complètement  aboli 
cette  autorité  collatérale.  Pierre  le  Grand 
fut  celui  qui  abolit  le  patriarcal  vers  la  tin 
du  xvii*  siècle  ,  et  mit  à  la  place  du  patriar- 
che un  synode  composé  de  quatorze  mem- 
bres choisis  parmi  les  évêques  et  les  archi- 
mandrites par  le  souverain  ,  et  obliijés  de 
faire  serment  de  lui  obéir  en  toutes  cnoses. 
Cet  étrange  comité  ,  présidé  par  un  délégué 
de  l'empereur,  se  nomme  en  Russie  le  Saint- 
Synode.  De  nos  jours ,  c'est  un  colonel  de 
hussards,  nommé  ProlasofT,  qui  est  à  la  tête 
de  ce  comité,  conseil  ou  synode. 

n  Nicon  .  dernier  patriarche  de  Moscou, 
ayant  montré  q'ielque  vellèiié  d'indépei- 
dance,  le  czar  ne  lui  donna  point  de  suci  es- 
seur  et  érigea  son  comité  ecclésiastique, 
soi-disant  Saint-Synode.  Ijîs  évêques  asanl 
toulelois  demandé  le  rétablissement  (l'un 
patriarc  lie.  Pierre  leur  répondit  :  «  Je  ne  re- 
connais d'autre  légitime  patriarche  que  l'é- 
vê(]ue  de.  Rom»'.  El,  ajouta-t-il,  en  appuyant 
une  mn:n  sur  la  poignée  de  son  é[)ée  et  l'au- 
tre sur  un  Evangile,  puis(]ue  vous  ne  voulez 
pas  lui  ol)éir,  vous  n  obéirez  cjuà  moi  seul. 

oilà  votre  patriarche.  »  Cependant ,  pour 
donner  à  cet  acte  de  despotisme  une  appa- 
rence de  légitimité  aux  yeux  du  clergé  russe, 
il  nolilia  au  [)atriarch«>  grec  de  ConslantincK 
pie  l'élablissemenl  de  son  comité  ecclésias- 
tique .  qu'il  appelle  un  synode  (fgai  au  pa- 


Ç 


810 


mis 


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KM) 


(hmrhf,  vl  lui  insiiiiiii  i\r  l'opiiroiivcr  ft 
\\\(^\\\v  (|p  \v  r(iinwi|i|MuiiV('r /iii\  imliiiiiclios 
scliisiiuiliijiics  (r.\l<'\aii(lri()  ,  (rAiiliitclm  ol 
cit*  J(''ni.siilt'iii.  doux  tlo  (l(inslaiiliiin|»l(-  cl 
(l'Ai.lioclic  liiiirciit  par  rccdtiiiailrc  le  svnoilo 
russe  coiiiiiH'  It'iir  prit;  en  palri.irtal.  Or,  co 
syiiotlo  t'i/dl  '"«  ixtlridrclir  ii'ivsl  (prune  coin- 
niission  adniiiiislialivo  coinpdst^e  d'arche- 
vcVnjcs,  d't^vcVpM's  cl  d'cccU'isiaslKpics,  mais 
soumis  t\  la  cravaclic  d'un  (•(dmicl  do  hus- 
sards, procurciM'  suprc^uir  ilu  synode,  |»(iur 
iiolilitM-  (M  ('V(''culcr  les  voloiilés  de  l'empe- 
reur cl  pap(\  seule  loi  dans  ri'',;j,lise  cl  dans 
l'empire.  Ainsi  le  cohniel  l'rolasotl' dil,  dans 
sa  rcl'ilioii  synodale  eu  IS.'ll)  :  »  l.(>s  alVaircvs 
«  r(^gU''Os  par  ordre  in\périal  supn'^me  l'onl  élô 
«  sous  mon  inspediou  spt'ciale.  On  les  a  mi- 
«  SOS  on  e\(H'ution  dans  le  plus  lirelMélai  pos- 
te sihie,  parsuilo  d'ordres  particuliers  adres- 
w  s(^  j\  tous  les  consisloires  d'éparcliios  (ou 
«  dioeùscs).»  (Ilolirhaeiicr.  l.  \\Mll,p.  hOS, 
cilaul  Vlù/lise  scliis»i(iti(iiic  rii.isr ,  d'aptes 
les  rclatiniis  n'cciitcs  du  prc'lnidu  Saint-Sy- 
node ;  Paris,  18'i(>,  p.  5H.) 

Pour  los  czars,  la  religion  osl  la  dernière 
des  préot'ou[)ali()ns.  Dans  toute  l'élendue  ilo 
leur  vaste  euiftiro,  ils  n'ont  établi  (]ue  ([ua- 
rante-S(>|)l  diocèses,  qualro  métro[)oles,  seize 
archovOichés ,  vingt-six  évècluVs.  Quaul  au 
rang  de  chaque  siège  et  au  titre  de  celui 
qui  l'occupe,  tout  cela  peut  varier  au  gièilu 
caprice  du  souverain  :  il  transforme  à  sa 
guise  un  simple  èvèohè  on  archevôché  ou  en 
métropole, et  rèciprocpiemeut.  Cela  du  reste 
se  conijoit  :  ayant  institué  un  synode  qui  se 
prétend  égal,  et  même  supérieur  en  autorité 
au  chef  de  l'Eglise  ,  et  ce  synode  étant  per- 
manent ,  le  czar  lui  fait  décider  tout  ce  que 
bon  lui  semble  :  c'est  une  conséquence  di- 
recte et  rationnelle  de  l'établissement  de  ce 
prétendu  concile  permanent.  Quami  le  prin- 
cifie  est  vicié  ,  est  faux  ,  on  conçoit  ce  c^ue 
doit  être  tout  ce  qui  en  découle;  c'est,  au 
fait,  le  directeur  du  synode,  l'oflicier  de 
l'empereur  qui  dirige  tout ,  qui  mène  tout, 
d'ajirès  la  volonté  absolue  du  maître.  Le  co- 
lonel Protasotf  est  le  vicaire  général  du  pape, 
qui  est  l'empereur.  Le  métropolitain  de 
Moscou  ayant  prêché  en  présence  de  la  cour 
en  l8ii,  en  présence  de  l'empereur  Alexan- 
dre ,  choisit  pour  texte  do  son  sermon  ces 
[)aroles  de  saint  Matthieu  :  Le  roi  Hérode 
ayant  entendu  ces  choses  se  troubla,  et  tout 
Jérusalem  avec  lui.  Il  eut  le  courage  de  faire 
quelques  allusions  aux  mœurs  relâchées  de 
la  cour,  allusions  si  douces  et  si  voilées  que 
personne  ne  put  se  sentir  blessé.  On  prétend 
môme  que  la  généralité  de  l'auditoire  fit  en- 
tendre des  applaudissements;  mais  l'impé- 
ratrice-mère  ayant  cru  voir  dans  ce  sermon 
si  bénin  quelque  chose  d'ofl'ensant  pour  la 
majesté  impériale,  défense  fut  immédiate- 
ment faite  de  prêcher  dorénavant  devant  la 
cour.  Qu'on  juge  par  ce  fait  de  la  liberté  re- 
ligieuse en  Russie  ! 

Maintenant  il  faut  parler  de  l'état  épou- 
vantable de  dégradation  où  se  trouve  le 
clergé  russe.  Les  évêques  et  supérieurs  ec- 
clésiastiques doivent  être  célibataires  ;  les 


simples  prAtroH  ou  popes  doivent  nu  coii- 
Iraire  être  ni/irics  iivflnt  do  rcnjvoir  l'onli- 
naliou  :  on  voit  où  mène  uiio  semblable  loi. 
Jamais  un  pr<^lro  iic  peut  ilevonir  évêqiio  : 
à  cause  de  cela  ,  les  piètres  vivent  dans  un 
état  do  dégradation  et  de  nn-pris  oxlrèmoH. 
Un  aulro  motd'enc<)re  de  cotte  dé^radatioll, 
c'est  l'excessive  misère  où  ils  sont  réduit». 
IN-ndanl  deux  conl.s  ans,  les  'l'arlares  avaient 
été  maltros  do  la  Uussio  moscovite;  il» 
avaient  respecté  los  biens  dos  églises  et  doK 
moiia.slères.  Moins  sciupuloux  (pn;  los  Tnr- 
lares,  les  empereurs  (.-1  iiiipératrii^os  do  Uus- 
sio ont  tout  conlisipii'-,  tout  pris;  ils  ont  pro- 
mis une  indemnité  couvenabhî  :  or  colle  in- 
(hMunité  a  été  lixi'-c!,  par  la  générosité  impé- 
riale,  à  (piarante  francs  par  année  prnir  clia- 
(juiî  moim^  r(M'oniiu  par  le  gouverneinoMt. 

«  Dans  It!  monde  entier,  il  n'existe  pas  do 
clergé  aussi  chétivement  doté,  aussi  mal  sul)- 
vontio'nié  cpie  le  clergé  russe.  Tout  co  (pi'il 
l)o>sédait  lui  a  été  enlevé;  on  l'a  [)rivé,  de 
[)lus,  d(!s  secours  nécessaires  pour  mener 
une  vie  tant  soit  |)en  convonabli.'  à  son  état, 
lui  un  mot,  le  gouvernement  l'a  réduit  h  la 
plus  |)arfaite  misère.  El  afin  de  convaincre 
tout  le  monde  de  cette  vérité,  il  sullil  d'exa- 
luiner  les  sources  uniques  des  revenus  ec- 
clésiasticjues;  co  sont  :  1°  les  olfrandes  vo- 
lontaires; 2"  les  quêtes  faites  dans  les  églises 
pendant  les  ollices;  3'  les  rentes  des  biens- 
fonds  non  séquestrés;  la  dernière  de  ces  res- 
sources est  si  peu  de  chose  ,  qu'il  est  inu- 
tile même  de  la  mentionner.  Plus  abondan- 
tes sont  les  deux  autres ,  (jui  ,  en  résumé 
toutefois,  se  réduisent  à  une  seule,  la  bien- 
veillance des  fidèles,  llien  ne  sort  du  trésor 
pour  la  dotation  des  églises  et  l'entretien  du 
clergé.  Voyons  donc ,  d'après  les  résultats 
obtenus  ,  ce  que  les  autres  sources  d'abon- 
dance peuvent  produire  à  chaque  prêtre  en 
particulier. 

«  Le  clergé  russe  ,  en  1837,  comptait  cent 
six  mille  cent  deux  personnes  en  service  ac- 
tif :  je  veux  dire  trente-deux  mille  deux  cent 
deux  protopopes  et  popes,  quinze  mille  deux 
cent  deux  diacres ,  et  cinquante-huit  mille 
huit  cent  trente-six  clercs  inférieurs.  Le 
produit  total  des  trois  branches  de  revenus 
s'élevait  à  une  valeur  de  huit  millions  cent 
soixante-quinze  mille  cinquante-deux  francs, 
laquelle  somme  ,  divisée  par  le  nombre  des 
ecclésiastiques  ,  donne  77  fr.  par  tête.  Mais 
le  résultat  do  ce  calcul  est  encore  plus  frap- 
pant si  nous  entrons  dans  le  détail  particu- 
lier des  diocèses.  Dans  celui  de  Kaougla  et 
Woronesch,  le  revenu  de  chaque  ecclésias- 
tique était  de  49  fr.;  dans  celui  d'Orel,  48; 
do  Kasan,  31  ;  de  Kursk,  29  ;  de  Smolensk,  28; 
de  Novoscherkask,  li  ;  et  enfin  de  Catheri- 
noslaw,  de  11  fr.  seulement.  Et  cependant 
tous  ces  diocèses  sont  situés  dans  des  con- 
trées abondantes  et  fertiles.  »  {L'Eglise  schis- 
matique  russe,  d'après  les  relations  récentes  du 
prétendu  Saim-Synode ,  p.  12  et  121.) 

Comment  peut  -  on  croire  qu"un  prêtre 
puisse  vivre,  lui,  sa  femme  et  ses  enfants, 
avec  une  somme  de  cinquante  francs  !  «  Sur 
quarante  millions  d'habitants  qui  forment  le 


881 


RlîS 


Ses 


sîJi 


total  (if  i.i  |»of)ulî\lioii  .srhi.sinatique  en  Rus- 
sie, près  de  trente-sept   millions  npparlifn- 
nent  à  la  l'Iasse  des  serfs  ;  on  sait  <!»•  plus 
qufi  grâce  aux  chnri^es  inipos»^(*s  h  cette  masse 
par  les  nuitres  du  sol  et  par  la  lrè>-pieuse 
courome  du  maitrc  des  m.ittres,  ces  in.ilhfu- 
it'Ut  esclaves  de   la   ^lM)e  ont  à   peine  do 
<pi"i  vivre  pour  eux.  loin  fie  pouvoir  donner 
h  d  autres.  La  misérable  (ondilion  du  prf'lre 
russe  nous  fait  <  omprendn'  comment  nous 
le  voyous  se  m^ler  ^  la  plus  intime  classo 
de  la  Société   pour  y   chercher  ses  moyens 
d'existence,  comment  parfois  on  le  tr  uve 
souillé  des  plus  énormes  crimes,  et  ahnn- 
doiuié  aux  plus  honteuses  habitudes  de  dé- 
sordre. Sa  vie  matérielle  est  si  souvent  rem- 
plie de  privatiorjs  f')rcéos,  qu'il  do  t  néi^es- 
saircment   y    chercher    une    compensation 
dans  les  circonstances  de  baptêmes,  mariages, 
bénédictions  et   entcrreuienls,  qui  lui  per- 
mettent au  moins  de  satisfaire  son  voraco 
appétit.   Aussi    l'y   voit -on    ordinairement 
dema  der  sans  honte  et  sans  retenue,  man- 
ger et  boire  avec  excès,  et  s'il  reste  encore 
qu'-lque   chose,  l'i-mporter  avec  lui  pour  le 
jeter  en  pAlure  h  toute  une  famille  affamée. 
On  connaît  également  les  excès  que  ces  prê- 
tres  commettent  dans  ce  quon  a|>pelle  les 
sacrificfs   en   mémoire  des    môr/s  ,   dans  !■  s 
repas  du  tem[)s  pascdjOi'i  le  [leuple  russe 
mange,  avec  les  prètr  s,  l'agneau  et  les  œufs 
bénits.   Aussi,  le  vice  de  l'ivrognerie  est-il 
si  commun  parmi  eux.nu'on  n.y  f.iit  aucune 
attention  ;  plus   d'une  rois  le  commandant 
d'une  flotte  ou  d'un  régim  ni  est  obligé  do 
mettre  le  pope  aux  arrêts   le  samedi,  atin 
qu'il  ne  soit  pas  ivre  le  dimanche,  et  qu'il 
puisse  dire   la   messe.   L'état   moral   de  ce 
clergé,   loin  de  s'améliorer,  a  toujours  été 
en  em[)irant,  comme  les  relations  svnodales 
en  font  foi.  En  1837,  la'iS  el  1830,Ie  nom- 
bre  des  ecc'.ésiasiiipies  cou  anuiés   par  I(> 
synode,  ou  |)ar  l'autorité  diocésaine,  s'élève 
h  (f'iatre   mille  deux  cent  dejix,  tjnatre  mille 
trois  cent  ijualorze  ,   et  (junlre  mille  neuf 
cent  lienle-(leuï.  Si  nous  comparons  le  nom- 
bre des  conflamiiés  au  chilfre  total  du  clergé, 
nous  trouvons  qu'en  1837  il   y  a    lui   con- 
damné sur  viugl-qualr  •  individtis  ;  en  18.18. 
un  sur  vingt-trois,  rt  en  I8'V.1,  un  sur  vuigt. 
Si  nous  «oulnns  ensuite  cah  ubr  le  nombre 
total  des  condamnés  dans  le  cours  de  quatre 
annéfs  ,  de  18.'JH  h  IS.'lî),  nous  en   trouvons 
L^,'»^.*},  cest-.Vdite  h-  1/(5  des  cent  doux  mille 

auaire  cent  cimjuanle-six  ecclésiastiques  do 
ii'i'îie.  Mais  si  le  nombre  des  con'lanuiés 
ecclésiasli(pies.  en  llussic,  est  considéiable 
comp.iraiivemenl  }\  la  somme  totale  du  cler- 
gé, il  fîevicnl  elTrnyanl  si  notis  h-  considé- 
rons en  particulier  pour  certains  diocèses. 
Ainsi ,  cnacmie  des  années  1837  ,  1838  et 
18.'t?ï  présente,  de  mis  en  jugement  dan.->  les 
diocèses  d'OrcI  et  d'  Kan  ,  un  ecclésiastique 
sur  dix  ,  el  dans  celui  de  Wiatka,  un  sur 
neuf,  et  mis  enjug-nucnt  pour  des  fiule^ 
graves,  el  comme  le  dit  !<•  coloui  1  I'rotn>oir, 
pour  des  crimes  infamants.  ■  (  Eglise  schis- 
malifjti^  rtt%sr.  p.  MV.'i  \'M.\ 
A  côté  du  dfcspotisme  le  plus  épouvan- 


liible  ,  les  empereurs  de  Russie  affichent  les 
tendances  progressives  les  plus  remarqua- 
bles, et  cela  pour  tromper  l'Europe,  et  ptmr 
faiie  croire  Mcursidées  vraiment  libérales.  De 
temps  en  temps  ils  publient  des  onlonnances, 
prescrivant  (les  fondations  d'écoles,  d'insti- 
tutions, d'académies  de  toutes  sortes,  pour 
linstrucfion  du   peup'e  et  du  clergé.   Ces 
oukases  ont  du  retentissement  en   Europe  ; 
c'est  tout  ce  qu*^  demandent  les  czars.  Pès 
que  les  journaux  étrangers  ont  eiireçistré 
ces  ordonnances  dérisoires  ,  on  les   laisse 
dans  les  cartons,  el  rien  de  ce  qui  a  été  pres- 
crit nest  exécuté.  On  sait  ce  que  Catherine 
écrivait  h  ce  sujet  au  gouverneur  de  .Nfos- 
cou,  qui  avait  été  un  de  ses  amants.  «  Mon 
cher  prince,  ne  vous  aHligez  pas  si  nos  Russes 
n'ont  aucun  désir  do  s'instruire,  cl  si  l'ordre 
d'ériger  les  écoles  dans  mon  empire  n'est 
pas  fait  pour  nous  ,  mais  pour  l'Europe,  et 
|iour  soutenir  près  des  étrangers  la  bonne 
opinion  qu'on  a  de  nous  ;  car  dès  le  moment 
où  le  peuple  russe  aura  vraiment  commencé 
à  s'instruire,  je  ne  resterai  pas  impératrice, 
et  vous  ne  resterez  pis  gouverneur.  »  Est-il 
possiblede  dévoileravecplus  d'impudence  le 
mystère  de  tant  de  belles  proclamations,  de 
tant  d'ordres  donnés  en  faveur  du  progrès  ? 
Ri(ni  que  du  charlatanisme  gouvernemental. 
Pour  bien  appr -cier  la  politique  russe  à 
l'endroit  religieux ,  il  faut  étudier  ce  (lue 
celte  puissance  a  commis  envers  la  Pologne. 
L'Angleterre  a  été  atroce  envers  l'Irlande  ; 
la  Russie  a  été  pire  (ncore;  elle  a  uni  l'atroce 
à  lignoble.  .\v.inl  1768,  la  Pologne  étail  un 
peuple  absolument  libre.  Elle  était  Irès-peu- 
})lée  ,  et  aujourd'hui  encore  les  pays  par- 
tagés qui  la  repiéscntent  ont  une  population 
de  vingt-un  millions  d'habitants.  La  relij^ion 
dominante  du  pays  était  la  catholique,  le 
roi  était  oliligé  d  en  r^ire  profession.  Tous 
les  autres  cultes  jouis»<aient  de  la  tcdôrance 
établie  jiar  les  lois  foiidaïuenlales  de  la  na- 
tion. Luthériens,  calvinistes,  grecs,  soci- 
nieiis,  anabaj>tisles,  juifs,  arméniens,   Irini- 
talres,  tridéistes,  il  y  avait  presque  de  tout, 
en  fidt  de   sei-ti>s   religieustvs,  en   Pologne. 
Opcndanl  les  catholiques  y  étaient  les  plus 
nombreux  :  h  eux  seuls  ils  formaient  treize 
millions   :   ils  se  nommaienl  rulhétiiens  unis. 
Lva  rullu'iiicns  non  réunis,  ou  di>sideuls, 
tenant  à  la  religion  greccpie,  formaient  un 
nombretle  trois  millioiisd'individus.  lLsj(Uiis- 
saicnl   des  mêmes  droits  et   privili'ges  que 
ceux  des  autres  cultes;  ils  avaient  même, 
sous  ce  rapport,    plus   de  liberté  que  n'en 
avaient  en  Russie  les  chrélieus  delà  même 
communion  qu'eux.  Malgré  cela,  celle  puis- 
sance intervint  dans  les  nifiires    niérieures 
de  la    Pol.igne,  y    suscita   des  troubkis ,  y 
alluma  la  guerre  civile,  el  en  vint  jusqu'à 
biixM-  sa   conslilulion.   En    177.1,  en   l'703, 
en  1795  et  en  1815,  la  Russie,  la  Prusse  et 
l'Autriche   démcnnbrèrenl  la   Pologne,  dont 
la  plus  grande  part  fut  attribuée  à  la  Rus- 
sie.   A   chaque   partage,   il  fut   stipulé  quo 
la  Pologne  jouirait  de  tous  les  droits  rcli- 
gp  ux.  LarlP  le  3  du  premier  traité  de  i>ar- 
tugc,  fait  on  1773,  portait  en  toutes  letlies  : 


tSK  nus  RDH  iM 

«  Los   rntli(>lii|ii('s   rnniniiis  joiiiriinl  ,  (|)iii.s  Jiiiiids  «le  Hiissir  dn  nunli-r  rlwirun  k-ur  nie, 

les   provinces   ('(Mt^cs   ii;ir  le   |ii('si'iil  liviit*^,  sui(  ^rcc,  srtji  htm,  nvnr  i\Mrn%i^  «lo  |»nsicr 

«1(1  toiitort  lours  j)ropri(M(Vs,  <(ii;iril  /m  «-ivil  ;  «li-   l'un  A    rniiln*.  TnllHTirM  11  nvnil  |»r«Mnii 

«'l  piif  r.'ippoit  h  m  r(>li;:,i(>ii,  ih  scivmt  cnlii''-  .snlcrinr-llciiu^ril  de  l;iis^«'r  l«<«  choftos  imi  I'i'-IjiI 

n'iiicnl  ooiistTVi^s  in  statu  (juo,  r'csi-rt-diro  où   ('ll<>  Ii»h  «iv/iii  irmivi'M^s.  (wilhoiin»*  Il  or- 

«hiiis  l«>  m<^mo  lil)it>  (ixcrciro  «Je  leur  ciillo  donnn  nux  cfllliolifpni^ptissos  ou  rulhi'uii«!n», 

«'I  discipliMO.  MVC(!  loiilcs  cl  li'Ilivs  ('^j^liscs  «-t  du  l'id'  f^rcc  d(^  passer  nu  rili<  Inlin,  ou  lii«!n 

ItKHis  (U'cIiVsiasliipics  (pi'ils    possédaient    nu  d'eiiil»ni>ser  le  seliisin»-.  Hmmi  des  rulhériieiis, 

moment  (le  leur  passade  sous  la  domirialiori  liahilués   au  ril»>  Kr*"'- »    priront   co  duniicjr 

d(>  Sa  Majesté  iiiipi'iiale  t\u  mois  do  septcm-  parti.  Un   liomirie  (pii  devait   prévenir  «•-«ille 

liro  1772;  ol  Sadile  Majesié   et   ses  succès-  délecliftn  >  contribua  par  son  ainbilion  ul  sa 

spuis   110  su  servirord   poitd   dos  di'oits   do  «•oMniv((iico. 

souverain  au   pr(']n(lico  du   statu  qito  de  la         «   Sla  nslas    H(diusz    Si«'s!rzenc«'wir/.  ,    né 

religion  callioii(pu'  romaiiu»  dans  les  ()ays  d'une  l'annlle  j)auvr«',  mais  noble,  bit  {-.Icyd 

sns-mentionnés.  »  à  KioniKsborjç,  par  dos  paronls  «;«lvinisl«'s, 

Toutes  ces  promosses  furent  renonv<>lé'es  dans  rii(''r«''sie  do  (ien«^vo.  Dans  sa  Jeunessiî, 

dans   les  conventions  conclues  dir(>ctenient  il  servit  <;oiiim«'  Inissard,  roçul  une  bl(;ssur«î 

avec,    lo    sainl-siégo,   on   t78'i,  17<KS,   1MI5.  dans  un  dufti  ot  perdit  un  doit^t  do  la  niaiti 

Plusieurs  fois  le  saiid-siéy(Mil  acte   d'aido-  gauche.  Peu  de  temps  apr«;s  il  lit  la  connais- 

rité,  en  oxécution  îles   traités  ipu'  iious  ci-  sanco  «lo  Massalki,  évc^ipio  de  Vilna,  «jui  lui 

tons.  Promottrcî  pour  la  cour  do  Kussie,  c'é-  pf  rsuada  d'embrasser  la  foi  catlioliquo.  Ké- 

tait  aisé,  f(Miir  était  anlri;  ;draii(>.  solu  de  suivre  la  profession  cléricab;,  il  sut 

«  Oii'inii  rim{)éralrico('atlierine,cot;aprttro  si  bien  s«!  meltro  dans  les  bonnes  grAcos  d«3 

couronné  de  la   liberté  reliyieuso,  au  dire  son  protecteur,  que  celui-ci  l'ordonna  prô- 

des  encyclopédistes  ,  «nit  ass(»z  fomenté  de  tro,  le  lit  clianoino  de  la  cathédrale  de  Vilna, 

troubles  et  de  discordes  on  Poloj;ne  pour  ot  enlin  le  choisit  nour  son  successeur  dans 

amener  la  ruine  de  ce  malheureux  pays,  on  lo   siège  épiscopal.  Bien  que  Polonais,    il 

la  vit,  aussitôt  apr^s  le*  trois  partages,  cotte  combattit    toujours    contre    sa   |)alrie  ,    et 

protectrice  zélée  des  droits  des  dissidents  dans  ses  intrigues    avec  le  déplorable  Po- 

polonais,  déclarer  que  les  provinces  qu'elle  doski,  primat  de  l'Eglise  polonaise,  il  favo- 

venait  d'arracher  h  la  Pologne  devaient  j)as-  risa  toujours  les  intérêts  des  Russes.  Cathe- 

scr  ti  l'Eglise  russe,  ordoinier  la  déportation  rine  l'en  récompensa  de  toutes  les  manières, 

des  prôlres  lldMos,  et  ne  point  reculer  de-  le  nomma  à  l'évôché  de  Mohilow ,  qu'elle 

vaut  les  plus  odieux  moyens  pour  hfttcr  les  venait  de  fonder  dans  la  Russie-Blanche,  fit 

conversions.  Poin-  couvrir  de  quelques  pré-  de  ce  siège  un  archevô«;hé  en  sa  faveur,  et 

textes  ses   pertldies  et  ses  violences,  elle  lui  confia  enlin  la  dignité  de  métropolitaia 

prétendait,  conmio  la  fait  aujourd'hui  lo  di-  sur  toutes  les  Eglises  latines  de  ses  Etats, 

gne  héritier  de  sa  politique,  que  toules  les  Ce  prélat  avait  une  profonde  répugnance  pour 

provinces  qt^'ello  venait  d'arracher  h  la  Po-  le  saint-siége,  et  le  contrariait  dans  tous  les 

ogne  avaient  de   tout   temps  ap|)artenu  à  efforts  qu'il  faisait  en  faveur  des  Eglises  des 

"empire  ;  que  l'exercice  de  la   religion  gré-  doux  rites,  à  peine  n'tablies  dans  la  Russie- 

co  -  russe  n'y  avait  été  qu'un  moment  in-  Blanche.  Catherine  sut  distinguer  cet  homme 

terrompu  par  la  violence  des  détenteurs,  et  et  s'en  servit  dans  ses  projets  contre  l'Eglise 

que  la  majorité  des  habitants  ne  demandait  catholique.  Ambitieux  de  pouvoir,  il  prenait 

pas  mieux  que  de  revenir  à  la  langue  comme  le  titre  de  métropolitain  as  Eglises  catho- 

a  la  foi  de  la  mère-pairie.  L'histoire  est  Ih,  liques  des  deux  rites,  et  se  faisait  appeler 

aujourd'hui  comme  alors,  pour  faire  justice  dans  les    actes    publics   légat  a  latere  du 

de  ces  grossiers  mensonges.  Elle  dit  que  la  saint-siége,  et  fit  demander  pour  lui,  par 

Dw'ina  du  Sud  et   le  Borysthènc  coulaient  Catherine  ot  Paul  I",  le  chapeau  de  cardinal; 

souslesloisdc  la  république  bien  avant  (pi'on  mais  Pie  VI  et  Pie  VII  se  refusèrent  à  cette 

songeât  à  un  empire  de  toutes  les  Russies.  prétention.  Pour  ce  qui    regardait  l'Eglise 

Elle  dil  aussi    que    jamais   l'Eglise  ruthé-  ruthénienne-unie ,  il  n'eut  rien  tant  à  cœur 

nienne  ne  prit  part  au  schisme  de  Photius  que  de  favoriser  les  vues  de  l'impératrice, 

et  de  Michel  Cérulaire,  et  que  ce  fut  môme  II  força  les  prêtres  à  embrasser  le  rite  latin, 

la    crainte   d'être   confondue   avec   l'Eglise  et  il  le  fit  de  telle  manière,  que  les  latins 

gréco-rcsse,  tout  entachée  de  schisme,  qui  s'en  indignaient  autant  que  les  ruthéniens. 

lui  fit  faire  au[)rès  du  pape  Clément  VlII  Le  résultat  fut  que  bien  des  populations  ru- 

Véclatanîe  démonstration   du  23  décembre  théniennes-unies  passèrent  au  schisme. 
1595.  «  Pour  augmenter  encore  la  défection,  Ca- 

«  L'histoire  dit  aussi ,  quand   elle  rend  Iherine  II  organisa,  l'an  1794,  une  bande  de 

compte  du  règne  de  Catherine ,  ce  qu'elle  popes  et  de  soldats  qui  parcouraient  les  dio- 

répétera  quand  elle  devra  s'occuper  du  règne  cèses  et  convertissaient  à  coups  de  fouet  et 

de  l'empereur  Nicolas,  que  les  moyens  em-  de  knout. Un  prêtre-uni  refusait-il d'embras- 

ployés  pour  ravir  à  l'Eglise-unie  les  pro-  ser  le  schisme,  on  le  chassait  de  sa  paroisse 

vinces  conquises  démontrent  ce  qu'on  doit  avec  sa  femme  et  ses  enfants,  ou  bien  en- 

croire  de  leur  prétendue  disposition  à  faire  core,  dépouillé  de  ses  biens,  il  croupissait 

partie  de  l'Eglise  de  Russie.  »  (  Martyre  de  en  prison.  Quant  aux  simples  fidèles,  on  les 

sœur  Irena-Macrina-Mteczyslaicsha,  p.  5.  )  déchirait  de  coups,  on  leur  enlevait  jusqu'à 

«  Le  saint-siége  avait  ordonné  aux  catho-  leurs  troupeaux,  qui    faisaient  toute   leur 


S5: 


RUS 


RUS 


856 


forlun»^  ;  on  -illa  ni^me  quelquefois  jusqu'à 
leur  roujxT  le  nez  et  les  oreilles,  à  leur 
arracher,  h  leur  briser  les  dents  avec  les 
crosses  de  fusil.  Le  digne  év^cjue  de  Knmi- 
nier,  Pierre  Biclnwaski,  adressa  ses  rérlama- 
tioDS  au  gouvernement  russe,  des  ni«^n)oires 
au  pape  Pie  VI,  (]ui  écrivit  plusieurs  lettres 
h  lempereur  L("Opold  II,  pour  le  supplier 
d'obtenir  (]ue  Catherine  mît  un  terme  à  cette 
cruelle  persécution.  Pour  toute  ré[)onse  , 
Catherine  II  supprima  tous  les  év^rhés  ru- 
théniens-unis  ue  ses  Etats,  ainsi  ijue  pres- 
que tous  les  monastères  basiliens.  Voilà 
comme  cette  autre  Jézabel  se  mocpiait  de 
Dieu  et  de  son  Eglise,  ainsi  que  des  ser- 
ments qu'elle  leur  avait  jurés,  quand  elle 
mourut  en  novembre  179().  »  (  Rohrbacher, 
t.  XX^III,  p.  'ik,  citant  Vicissitudes  al  Pré- 
face, p.  XIX  et  xxii.  ) 

«  Pendant  que  Catherine  II  et  Frédéric  II 
travaillaient  à  révolutionner  la  Pologne,  afin 
de  se  la  partager,  vint  h  mourir  le  digne 
primat  du  royaume,  l'archevêque  de  Gnesen, 
Ladislas  Lubienski.  Le  roi  de  Pologne  était 
Stanislas  Poniatowski,  l'un  de  ces  courtisans 
auxquels  Catherine  II  s'était  prostituée. 
D'après  les  insistances  de  Catherine  et  du 
général  russ<',  il  nomma  au  siège  primatial 
de  Gnesen,  Jean  Podoski,  homme  d'une  foi 
douteuse  et  de  mœurs  dissolues.  Les  évoques 
de  Cracovie,  de  Kaminiec  et  de  Kiow  adres- 
sèrent au  saint-siége  les  re[)résentations  les 
plus  énergiques  contre  l'indignité  et  les  mal- 
ni.'urs  d'une  pareille  nomination.  Malgré  les 
remontrancesdeslroisévôques,  Clément  XIII 
écouta  1)1  us  le  roi  et  l'impératrice,  et  com- 
mit la  faute  d'instituer,  en  1767,  l'indigne 
Podoski  arclicvè(|ue  de  Gnc^sen.  C'était  don- 
ner le  coup  de  mort  à  l'Eglise  de  Pologne; 
car  ce  furent  les  intrigues  rie  ce  malheureux 
(|ui  achevèrent  la  ruine  de  la  nation  au  pro- 
fit de  la  Russie  et  de  la  Prusse.  Les  trois 
évè(}ues  courageux  et  lidèles  le  furent  jus- 
qu'au bout;  ils  se  nomtnaient  Soltyk,  Kra- 
sinski  et  Zaluski.  Le  premier  et  le  troisième 
eurent  la  gloire  de  souiïrir  l'exil  et  la  pri- 
son pour  la  cause  de  la  religion  et  de  la 
patrie. 

«  L'Eglise  ruihénienne-unie  eut  aussi  ii 
souffrir  en  Pologne  [lar  suite  de  l'inlluence 
russe.  Les  |)rètr»s  séculiers  de  ce  rite  dé- 
ployèrent une  hi-ioïque  fermeté  pour  résis- 
ter h  In  séduction  étrangère  et  rtstcr  tidèhvs 
h  l'Eglise  romaine.  Les  moines  do  Saint-Ba- 
sile ne  se  uiontrèrenl  pas  si  bien.  Les  uns 
embrassèrent  le  schisme  pt)ur  conserver 
leurs  monastères  et  leurs  possessions;  les 
autres,  demeurés  ratholi(pies.  accaparaient 
volontiers  les  prininpales  places  des  diocèses 
et  en  excluaient  les  prêtres  séculiers.  Les 
pruicipaux  d'entre  les  Basiliens  étauMit  de 
nobles  Polonais  qui,  de  latins,  se  faisaient 
rulhéniens-unis,  alin  d'occuper  les  évéchés 
et  les  pr('latures  de  ce  rite  ;  ce  qui  en  affai- 
blit singulièrement  l'union  et  la  force,  et  le 
livra  comme  sans  défense  î\  l'ennemi,  lors- 
que plusieurs  de  ses  dioct'soins  p.Tssèicnt 
au  pouvoir  des  Busses,  (^'pendant  (elle  pau- 
vre Eglise  ne  succomba   pouit  h  l'épreuve. 


I 


Après  le  premier  partage  de  la  Pologne,  le 
métropolitain  des  rulhéniens-unis,  Léon 
Szeptycki,  qui  administrait  en  même  temps 
les  diocèses  de  Léopol  et  la  partie  polonaise 
du  diocèse  de  Kaminiec,  rendit  les  plus 
grands  services  h  la  cause  de  l'Eglise.  Comme 
son  digne  |)rédécesseur  et  parent,  Athanase 
Sze|)tycki,  il  dirigea  avec  la  plus  grandie  ha- 
bileté les  afl'aires  de  l'Eglisc-unie,  veilla  à  la 
pureté  du  rite,  prit  à  tâche  de  répandre  l'ins- 
truction parmi  le  clergé,  épura  les  mœurs 
dans  les  monastères  basiliens,  fit  plusieurs 
tournées  d'insnection  dans  sa  métropole,  et 
s'efforça  de  guérir  toutes  les  blessures  faites 
à  l'Eglise-unie  depuis  17GÎ).  Il  eut  le  mérite, 
encore  qu'il  fiU  basilien  lui-même,  de  sa- 
voir choisir  parmi  le  clergé  séculier  des 
hommes  instruits  ,  sortis  des  collèges  de 
Vilna  et  de  Léopol,  j)Our  les  élever,  à  l'égal 
des  basiliens,  aux  principales  dignités  de 
son  diocèse.  Comme  évèque  de  Léopol,  il 
demanda  au  pape  Clément  XIV,  pour  le  saint 
)rètre  Alexis  Piasecki,  protonotaire  aposto- 
iijue,  la  faveur  de  porter  la  croix  et  une 
chaîne  d'or.  Le  pape  y  consentit  par  un  bref 
du  5  mai  1770.  La  persf'cution  qui.  depuis  la 
moitié  de  ce  siècle,  accablait  l'Eglise-unie, 
réveilla  dans  le  clergé  el  dans  le  peuple  un 
nouveau  zèle  pour  la  religion;  ils  unirent 
leurs  forces  pour  résister  avec  plus  d'avan- 
tage. Tout  le  monde  sentait  la  nécessité  de 
perfectionner  l'éducation  du  clergé.  Le  pieux 
évoque  d-e  Chelm,  Maximilien  Bylo,  l'un 
des  hommes  les  plus  distingués  de  l'Eglise, 
fonda  à  ses  frais  un  séminaire  pour  les  jeu- 
nes ecclésiastiques  de  son  diocèse,  lui  assi- 
gna de  riches  (lépoiidances  et  lui  donna  la 
sonuiie  do  cent  mille  florins  de  Pologne.  Il 
en  confia  la  direction  aux  basiliens,  et  choi- 
sit h  cet  effet  les  hommes  les  plus  instruits 
de  l'ordre  dans  la  congrégation  lithuanienne 
de  la  Sainte-Trinité.  Sur  un  décret  de  la  con- 
grégation de  la  propagande,  le  pape  Pie  VI 
autorisa  cet  étatilissement  par  un  bref  du 
11)  janvier  1780.  Une  parente  de  cet  évêque 
fonda  un  monastère  qui  fut  confirmé  par 
Clément  XIV. 

«  Quant  aux  diocèses  du  rite  latin  enlevés 
à  la  Pologne  par  le  dernier  partage,  (^.athc- 
rino  II  venait  de  les  bouleverser  de  fo!id  en 
comble,  quand  elle  mourut.  Le  pape  Pie  VI, 
de  concert  avec  l'empereur  Paul,  réorganisa 
ces  diocèses  de  la  manièie  suivante,  par  sa 
bulle  du  15  novembre  1798  :  l'La  métropoli» 
de  Mohilow.  La  juridiction  de  ce  <liocèse, 
juridiction  partw»  réelle  et  partie  déléguée, 
s  étendait  sur  les  gouvernements  de  Mohi- 
Inw,  de  Wit(>psk  en  Bussie-BIanche.  de 
Kiow  »m  Ukraine,  de  Pétersbourg.  do  Mos- 
cou, de  Livonie,  de  Saratow  et  d'Astrakan, 
et  enfin  sur  celui  de  la  Crinii'e;  le  sit'-ge  avait 
deux  sutfragants  et  autant  d(^  coail^uteurs 
avec  titre  épiscopal  i«  partibus.  2'  L  évèché 
de  Samogiiie  avait  uu  sulfra;j;anl  et  un  coad- 
juteur.  3'  L'évêché  de>'ilna  tnubrassait  pres- 
que toute  la  Litiuianie,  la  Courlande  et  le 
diocèse  supprimé  de  Livonie.  Cet  évêché 
avait  (piatre  évêqucs  sutfragants  ,  Vilna  . 
Brest,    Troki  et   Courlande.  v  L'évêché  de 


à 


887  RÏ'S 

Luck  et  (lo  Zvl(Miiir  s'utciidail  sur  loiilo  lu 
\t>lliviii(*  cl  s'iw  li«(li()cAs(>  tin  Kiow.  l,'(''vA- 
(IllO  "«V«il  (lt'll\  SIlIlVMKdllIs  cl  r|(.il\  vi\[M- 
(livilcs,  ccll(«  (l(^  l.iick  cl  relie  (le  /sloiiiil', 
l'iipil.'ilc  dt»  l/i  \  ()lli\  nie.  L'iWAchc  i-cuiii  do 
Luck  (U  de  Zytomii'  fui,  le  K»  dcccinhrc  I7".>H, 
donne  au  dif;nc  piélal  (It's.ir  (Idjunnc,  ci-de- 
vaid  (''V«\|nc  i\<'  Kiuw,  mais  c\|>id.sé  de  ccl 
év(V'lit.''  par  (lalliccinc  II.  Il  In!  aiipclé  par  ses 
conleinponiins  rorncnicnl  tlc^  l't'piscopal  , 
l'apAlrc  cl  IV'loile  de  rKi;liso  de  l^^l(^,^ne. 
5"  l/(^'(V;lié  de  Kaniinicc:  sa  jnridiclifin  s'i'»- 
Icnd  sur  loiili^  l.i  Podolie,  dont  Uaunnietr  «vsl 
la  capitale  li'cv(\pie  a  un  sullrnt^anl.  (>"  I/é- 
viV'lié  de  Minsk,  fondé  par  suile  de  la  sépa- 
ration du  ^ouvcrnenienl  ilo  ce  nom  d'avec, 
le  diocèse  de  >'ilna.  Le  nombre  des  lidélcs 
dos  deux  sexes  ayant  alleint  loin-  majorité, 
dans  la  |)rovince  ccclésiastitpie  de  Moliilow, 
du  rite  lalin,  s'élevait,  en  180V,  ^  un  million 
six  cent  trente-cin([  mille  ijuatro  cent  ([ua- 
tre-vingl-di\  Ames. 

xLo  malheur  de  ces  Eglises  fui  d'avoir 
pour  métropolitain  un  [)roleslanl  L)i(Mi  ou 
mal  convi'ili,  Stanislas  lîcduisz,  que  déjà 
nous  avons  appris  Ji  connaître  i)ar  le  mal 
ipi'il  a  fait  aux  ruthéiiiens-unis.  Pour  res- 
Iroindri»  ;\  son  [)rulil  le  pouvoir  dos  évùquos 
latins  do  sa  province,  il  suggéra  au  gouver- 
nonienl  l'érection  d'une  commission  ecclé- 
siastique pour  juger  les  allaires  dos  six  dio- 
cèses latins  et  dos  trois  do  rutliéniens-unis, 
sans  aucun  recours  à  Rome.  Nommé  prési- 
dent ilo  la  commission,  il  la  composa  d'iiom- 
mos  sans  conscience,  sans  religion  et  sans 
mœurs,  et  en  éloigna  tous  ceux  qui  témoi- 
gnaient un  véritable  intérêt  [)oar  l'Eglise, 
tels  que  son  propre  suffragant,  le  digne  évo- 
que de  Gadora,  Jean  Benilawski,  ancien  jé- 
suite, que  Catherine  11  avait  envoyé,  en  J783, 
comme  plénipotentiaire  à  Rome;  le  pieux 
Joseph  Byskowski,  abbé  mitre  de  Motiilow, 
et  Henri  Szerniowski,  chanoine  de  Luck, 
qu'il  éloigna  sous  le  prétexte  qu'ils  étaient 
en  correspondance  secrète  avec  Rome,  et 
cherchaient  à  éluder  les  lois  de  l'empereur. 
A  leur  place  il  nomma  deux  moines  de 
mœurs  dissolues,  dont  il  voulait  faire  des 
évoques  sulfraganis,  et  dont  l'un,  pour  se 
venger  du  refus  que  Rome  avait  fait  de  l'é- 
lever à  cette  dignité,  abjura  publiquement  la 
religion  catholique,  et  se  maria  à  Péters- 
bouig,  au  grand  scandale  des  (idèles  de  tou- 
tes les  confessions.  Il  ne  craignit  pas  non 
plus  de  nommer  conseiller  et  secrétaire  de 
la  commission  ecclésiastique  son  propre 
frère,  quoique  protestant  et  de  réputation 
équivoque.  Les  empiétements  de  ce  prélat 
sur  toutes  les  branches  de  la  discipline  et  de 
l'a  hiérarchie  de  l'Eglise  étaient  à  peine  croya- 
bles Les  abus  les  plus  monstrueux  furent 
commis  en  matière  de  divorces  ;  il  les  accor- 
dait sans  cause  légitime,  sans  avoir  les  pou- 
voirs nécessaires,  et  pour  de  grosses  som- 
mes d'argent.  Ennemi  de  toute  iiistitution 
monastique,  il  accordait  la  sécularisation  à 
tous  ceux  qui  la  demandaient,  et  surtout 
aux  hommes  perdus,  dont  il  comptait  faire 
paj-  la  suite  des  instruments  de  ses  intri- 


iii  s 


uns 


gucs  ;  i\  réc()m|iens/iit  leurs  iMdij^nit<'"<  p/ir 
de  i^ros  hénéllces  ;  il  pfiil.'iil  toujours  aiii 
placi's  cl  /iii\  dignités  eccléswislupies  les  plus 
corrompus,  il  se  déchua  le  proterleur  de  la 
société  bii)lique  venue  d'AfiKJi'terre,  lit  un 
mandi'iiirrii  i>n  sa  laveiii-,  où  il  ne  craignit 
pas  d'alt(''r(!r  h;  texte  du  concile  d(i  'Iretilo 
(.'td'un  bref  du  pape  Pie  VI  a  l'arcliev/^rpie  du 
Klorciice.  Pi(!  VII  lui  mlenlii,  p.n-  une  jet- 
Iri!  du  •'{  septembre  I8I(),  toute  |)arlicipalion 
h  la  société  bii)li()ue;  lui  r(!pro(!lin,  en  ter- 
mes modérés  mais  fermes,  les  iiiiitilatioiis 
arbitraires  (lu'il  s'était  permises  aux  décrets 
du  concile  (l(!  Trente  et  au  bref  d<'  Pie  \'|, 
lui  ordonnant  de  désavouer  sa  lettre  pasto- 
rale par  uiM!  autre,  dans  laquelle  seraient 
exposées  los  doctrines  d(!  l'Eglise  cntholifjue 
et  les  constitutions  d(;s  papes  concernant  la 
leclur(!  des  ICiritures  saintes,  et  de  fortilier 
la  foi  des  lidèles  dans  les  deux  sources  de  la 
n'vélalion  divine,  savoir:  les  saintes  Ecri- 
tures et  la  tradition.»  {Vicissitudes,  t.  I, 
j).  2<JÎ)  et  suiv.) 

En  1S15,  Pie  VU,  de  concert  avec  Alexan- 
dre, érigea  u'ie  Jiouvolle  organisation  ecde- 
siastirpie,  qui  fut  confirmée  par  des  bulles 
en  1818.  Gnosen,  avec  son  siège  |)rimatial, 
l)assail,  ainsi  que  le  duché  de  Posen,  sous  la 
puissance  do  la  Prusse.  Varsovie,  qui  jus- 
qu'alors n'avait  été  ([u'une  suffi-agance  de 
tîneson,  devint  un  archevêché  chef-lieu  do 
métropole,  ayant  pour  sutfragants  les  sièges 
(h;  Cracovie,  Kalisz,  Plock,  Augustow,  San- 
domir,  Lublin  et  Podlachie.  L'université  de 
Varsovie  fut  i-emise  dans  ses  anciens  droits 
)ar  un  bref  du  :i  octobre  1818.  On  croit  que 
oinporour  Alexandre  et  sa  feinmi;  Elisabeth 
moururent  catholiques.  L'abbé  pi'ince  de  Ho- 
honlolie  l'afTirme.  La  mort  de  ce  souverain 
et  de  sa  femme  surprit  extraordinaircmenl 
l'Europe  :  peut-être  fut-elle  le  résultat  de  la 
religion  qu'ils  suivaient  et  de  la  crainte  (m'a- 
vaient les  grands  do  les  voir  la  favoriser  aans 
leurs  Etats.  C'était  peut-être  une  leçon  que 
les  seigneurs  russes  donnaient  à  leurs  sou- 
verains. Ce  qu'il  y  a  de  positif,  c'est  qu'elle 
a  bien  réussi,  et  Nicolas,  le  successeur  d'A- 
lexandre, n'a  pas  fait  faute  aux  désirs  de  ses 
courtisans  :  depuis  qu'il  est  sur  le  trône,  il 
persécute  la  religion  catholique  avec  plus 
(l'acharnement  encore  que  ne  le  fit  Catherine. 
Certes,  on  ne  peut  pas  nier  que  l'empereur 
Nicolas  ne  soit  un  grand  homme,  une  des 
têtes  politiques  lesinieux  organisées  d'Eu- 
rope, mais  ce  qu'on  ne  peut  malheureuse- 
mont  nier  non  plus,  c'est  que  ce  soit  un  ty- 
rai  persécuteur,  digne  de  marcher  à  côté  des 
Néron  et  des  Domitien. 

«  La  persécution  commence  avec  son  rè- 
gne :  il  fait  exécuter  plus  sévèrement  la  dé- 
fense faite  aux  évoques  et  aux  fidèles  catho- 
liques de  communiquer  avec  le  saint-siége 
pour  les  affaires  spirituelles.  Il  entretient  un 
ambassadeur  à  Rome,  mais  n'en  reçoit  point 
de  Rome  en  Russie,  afin  de  pouvoir  mieux 
tromper  le  chef  de  l'Eglise,  et  lui  enlever 
plus  facilement  ses  ouailles.  Dès  le  9  fé- 
vrier 1826,  peu  après  son  avènement  au 
trône,  il  défend  à  tous  les  marchands  polo- 


1 


»Sf 


RUS 


nrs 


8t$0 


nais  ou  russes,  appartenant  h  rFgli.<;o-tinie, 
dp  vpidro  d.Tiis  les  foires  on  toiilps  antres 
réunions  du  peiip'e,  dans  la  Pefilo-Riissie, 
Ifl  Russie-Blanrho  on  aillr>nrs.  aucun  liTrf  A 
rnsa;;e  des  fidr^Ios  de  relie  E;^Iise,  iniprimf^ 
par  (les  imprimeurs  de  cette  religion  et  dans 
la  langue  slave.  I/Ei;li.se  rnthéniennc-unio 
et  la  n6igr(^gation  des  hisiliens  avaient  H6 
orgfTilsi^cs  canoniipieine'U  [).u'  Pie  VI  et 
Pic  VII,  de  concert  avec  les  ennereurs  Pinl 
et  Alexandre  :  le  22  avril  et  le  3  mai  1828, 
Nicolas  hoileverse  dcspotiquemcnt  tonte 
cette  organisation  ,  snpjiriTue  I'cv/^cIk^  de 
Luck.  iMahlitdcnx  miMn^polcs  au  lien  d'iuie, 
soustrait  les  religieux  ha-iliens  h  leurs  su- 
Pf'rieiirs.  les  soumet  aux  6v6(mcs,  mais  tous 
les  (^v(Vpies  ?i  im  comil(''  s/'ant  a  Pétersbourg, 
et  docile  instrument  de  toutes  les  volonfc^s 
du  czar.  r/('fait  font  un  système  d'astuce  et 
de  violence  pour  cniraîner  cette  pauvre 
Eglise  dans  le  schisme;  mais  c'était  virder 
aussi  les  conditions  du  traité  de  1773  et  au- 
tres, les  conditions  auxquelles  ces  provinces 
avaient  passé  au  pouvoir  de  la  Russie. 

«  L'Eglise  catholi(iue  du  rite  latin  ne  se 
vil  pas  moins  menacée  et  en  Russie  et  en 
Pologne.  Dès  le  printemps  1828,  Nicolas  or- 
donna que.  pour  entrer  dans  un  ordre  mo- 
nastiiine.  il  fallait  solliciter  par  l'intermé- 
diaire du  gouverneur  gciiéral  de  la  province, 
et  obtenir  l'autorisation  du  ministre  des 
cultes,  autorisation  qui  ne  s'accordait  que 
très-dif(icilemenf.  (hélait  une  première  me- 
sure pour  parvenir  h  la  destruction  entière 
de  l'état  religieux.  Dès  la  même  année  1828, 
Nicolas  ordonna  fpie  (piicoiique  voudrait  en- 
trer dans  un  séminaire  pour  s'y  faire  prêtre, 
devait  présenter  ses  litres  de  noblesse,  avoir 
fait  ses  études  dans  une  des  universités  do 
l'einpire,  être  âgé  de  vingt -cinq  ans  au 
rtioin'>,  foui "lir  w^  rem  laça  il  pour  le  ser- 
vice militair(\  obtenir  la  permi<;sif)n  tlii  mi- 
nistre des  cultes,  CTilin  verser  une  somme 
de  six  cents  fiaecs  dans  la  caisse  de  I  tir 
province  au  prolil  du  clergé  schismaliqne. 
Un  autre  décret  de  1829  ferma  les  novii-ials 
dans  Ions  les  monastères,  el  un  antre  limita 
le  nombre  des  séminaristes  dans  chaque  dio- 
cèse; dans  la  diète  polonaise  de  1830,  la  con- 
naissance et  le  jugement  des  cnu<^es  de  uul- 
lib'  dans  In  mariage  ecclé-^iasiiqueetdes  chré- 
tiens furent  enle'vés  aux  tribimjiux  de  lE- 
glise  el  attribués  aux  juges  civiU.  1,'évèipie 
de  Podiarlue,  (îulhowskî,  Sk(Hkowski,  évè- 
(pie  de  Cracovie,  s'étant  ojiposés  h  cette  usur- 
pation di's  droits  de  l'Eglise,  reeurent  ordre 
de  quitter  Var«;ovi(>  avant  la  cl'ôlnre  de  la 
(iièlC.  »  [Vicissitudrs,  t.  I,  n.  31(i-3lî).) 

f  \\\u\,  en  juillet  1830.  Nicoln<;  avait  tout 
préparé  en  Russir  oi  on  Pologne  pour  ine 
persécution  générale  contre  l'Eglise  calholi- 
que  de  fin  et  l'anire  rite.  Mais  ,^  la  lin  de 
juiliel  1830  écl.Ue  h  Paris  une  révolution 
qui  expulse  une  dynastie  et  en  élève  une 
autre.  Peu  après,  et  par  ertnlre-i  ou|) ,  éclate 
dans  les  Pays-Ras  une  autre  révolutiotj  qui 
enlève  ?»  (luillaume  de  Nassau  jilus  de  Irt 
innitJé  de  son  toyannu-  et  ru  fiil  un  rovautne 
h  part  sous  le  nom  de  Belgique.  Par  contre- 


coup de  ces  deux  révolutions,  une  troisième 
ériate  le  29  novembre  à  Varsovie.  Les  Polo- 
nais prennent  les  arnus  pour  maintenir  leur 
antique  nationalité,  dont  ils  voïpfit  qu'on 
veut  leur  arracher  les  derniers  restes  par  la 
destruction  du  catholieisme  :  ils  prennent 
les  armes  pour  maintenir  leur  ancienne  et 
glorieuse  nationalité  contre  les  Russes  , 
comme  ils  ont  sauvé  la  liberté  et  lindépen- 
dance  de  l'Europe  contre  les  Turcs,  ou  plu- 
tôt, c'est  toujours  la  même  cause  qu'ils  dé- 
fendent. D'ab'ird.  contre  les  Turcs,  ensuite 
contre  les  Russes,  toujours  ils  défendent, 
avec  leur  personnalité  nationale  el  au  prii 
de  leur  sa'ig,  ils  défendent  la  liberié  et  lin- 
dépendance  de  l'Europe  chrétienne  el  catho- 
lique, liberté  et  indépendance  menacées  de 
nos  jours  par  l'astucieux  d'spolisme  ecclé- 
siastiipie  et  séculier  du  czar  de  Pétersbourg, 
plus  peut-être  qu'elle  ne  l'était  autrefois  par 
le  despotisme  simplement  brutal  du  sultan 
de  Stamboul. 

«  Un  journal  français,  les  Débatf,  disait 
en  octobre  18'*2:  «C'est  une  papauté  qui  se 
fonde  en  Russie,  et  c'est  surtout  de  l'épée 
de  cette  papauté  qu'il  sera  juste  de  dire  que 
la  pointe  est  partout  et  que. la  poignée  est  à 
Saint-Pétersbourg.  Ce  nouveau  siège  a  par- 
tout en  Orient  des  agents  et  des  satéHites 

Partout  dans  l'Europe  orientale,  depuis  la 
Halticpie  insqu'à  l'embouchure  du  Damibe. 
du  j.olfe  oe  Venise,  partout  le  plan  se  i>onr- 
suit  de  substituer  l'Eglise  russe  à  l'Eglise 
romaine,  le  czar  au  pape,  ou  plutôt,  pour 
dire  les  choses  en  langage  de  notre  leniiis, 
le  despotisme  du  pouvoir  temporel  à  l'indé- 
pendance du  pouvoir  spirituel.  La  liberié  de 
l'esprit  humain  ne  gagnera  assurément  pas 
en  passant  du  joug  bénin  de  riiKpiisilion 
romaine  sous  le  joug  sévère  el  ombrageux 
de  la  police  moscovite.  »  (Ami  de  la  religion, 
27  octobre  I8'»2.) 

n  La  Pologne  nrit  donc  les  armes  contre 
la  Russie  [tour  la  cause  de  l'Europe  et  dô 
l'huiiianité  entière.  La  lutte  dura  du  29  no- 
vembre 1830  eu  seplendjre  1831.  La  Pologne, 
délaissée  de  l'Europe,  succoinb.i  pour  le  mo- 
meni  :  sa  noblesse  n'était  plus  assez  chré- 
tienne ni  son  clergé  assez  exemplaire  pour 
mériter  sitôt  le  triomphe.  Il  Un  faudra  d'au- 
tres émeuves  pour  se  purilier,  connue  lor 
dans  la  fournaise.  Celte  lutte  suspendit  la 
persécution  d't  il  Nieolas  avait  jeté  le  plan 
el  les  bases  dès  182?».  quatre  nus  auiiaravanl. 
Il  la  reprit  avec  d'autant  plus  d'astuce  et  de 
violence  en  18.32.  S>n  sysii^nie  fut  deséduiie 
dabord  les  évêipies  dû  rile-uni  ,  de  sehis- 
matiser  l'enseignement  des  séminaires  et 
des  éroles  eciMési,mtiques,  de  violenter  plus 
ou  moins  le  simple  peuple,  d<^  lr(>mper  le 
pape  surtout  ce  manège,  d'obtenir  même  do 
lui  des  con<  essions  ou  des  complaisances 
qui  pussent  être  présentées  comme  une  ap- 
probation de  sa  conduite,  relie  fut  la  tacti- 
ipiedn  c/arNicolasaveele papelirégoire  XVI, 
jusqu'au  moment  où  ce|ui-ci  crut  devoir  la 
dévoiler  ^  tout  l'univers  par  son  allocution 
nu  manil't'sfe  du  22  juidel  I8'i2.  Juanifesln 
(jui  fut  iiupriuié  avec  de*  docuiiieuls  au- 


861 


nrs 


flL'S 


SM 


thriiliqiu's  (pli  ("Il  iuslillfiit  fous  les  points. 

>.  Li'  ciiKpii^iiii'  ilo  CCS  (lociiiMciils  est  iino 
|(>llni  (lu  W  jiii!i  IH.I'i,  a(iross(''('  p.nr  lo  |>nj»o, 
sur  la  (loiiuiiidc  dti  »-/.;ir,  iww  ôvùty^i's  (l(>  Vn- 
l();:;n(\  pour  iiiiul(pi(M'  la  inaMiiic  de  ri\^iiso 
(•allioli(pi(i  louili.uil  la  soiiuiission  au  poii- 
Noii-icniporcld  mis  l'ordrccivil.  (Iri'i^oirc  \  VI 
V  |);ii  I(>  colili'c  l'cspril  de  r(M)(dlio'l  (pli  a^'i- 
iail  les  peuples;  il  iapp(dl(î  le  précejiK'  g(^- 
nc'Tfll  d  ol)éir  h  l'atilorih''  li^^'ilinu!  dans  c(^ 
(pii  u'<>sl  pas  contraire  aux  lois  de  l)i(Mi  cl 
(le  riîi^iise  ;  il  cile  pour  iiiod("'l(^  la  c^juduiic 
des  prLMui(M'sclui'>licns.  (lepciidanl,  ou  pour- 
rail  (Ire  (pio  cet  cvcuipU;  u'ôlail  pas  riu,ou- 
reiiseuieiil  applie  blc  au  cas  oi(''sent.  Los 
prciuicrs  lid('les  iMaieul  des  individus  |)lus 
ou  moins  nomUreux,  mais  sans  loiiuo  do 
corps  poliliipie,  tandis  (pie  la  PmIo^uo  est 
une  nation  ancienuo.  ayant  inio  constitution 
n'connue,  dont  le  calli(ilicisine  ost  un  article 
fondamoulal,  constiti.lion  ot  article  (pu»  le 
czarajurt^  d'observer  comme  roi  de  Polo- 
gne. Ce  n'est  pas  pr(''cis(^ment  le  cas  d'un 
maître  et  d'un  esclave,  mais  de  deux  parties 
contraclantes,  dont  les  cigagemeuls  sont  rt^- 
ciproqucs.  La  lorce  seule  ne  fait  pas  la  jus- 
liec.  lin  exemple  plus  i>ppiicai)le  h  la  Polo- 
gne, c'est  celui  dos  Machal)c^es.  Ceux-ci  pren- 
nent les  armes  pour  (hMe'idre  leur  nationa- 
lité et  leur  rcli^^ion  contre  les  rois  de  Syrie, 
qui  voulaieiil  exterminer  l'une  et  l'autre,  et 
toujours  les  Machabées  (jnt  é\é  pro[H)S(3s  pour 
modèles.  Les [)remieisclirtMiens s'enfuyaient 
Ou  se  laissaient  (^'gorge?  comme  individus, 
mais  ils  se  d(''re'i(laient  conim  >  nation.  Nous 
en  avons  vu  un  exeiude  dès  la  tin  du  iir  siè- 
cle de  l'ère  ehrèlioune.  La  nation  des  Ar- 
méniens avait,  tout  entière,  embrassé  le 
christianisme;  ses  princes  étaient  habitués 
à  recevoir  le  diadème  des  empereurs  ro- 
mains; elle  se  trouvait  ainsi  à  peu  près  dans 
la  même  position  que  les  Juifs  à  l'égard  des 
rois  de  Syrie,  que  les  Polonais  à  l'égard  des 
czars  de  Russie.  L'empereur  ilaxirnin  vou- 
lut la  forcer  de  revenir  au  paganisme;  elle 
prit  les  armes  et  le  battit  honteusement. 
D'après  le  même  droit,  nous  avons  vu  les 
nations  chrétiennes  de  l'Occident,  dès  que 
nations  chrétiennes  il  y  a  eu,  rejeter  les 
pi'inces  iiéréli(pies  et  apostats,  et  cela  pen- 
diuit  plus  de  dix  siècles  et  avec  l'approbation 
expresse  des  papes,  des  conciles  et  des  au- 
ti'es  rois  eux-mêmes.  En  1831,  la  Pologne 
se  trouvait  dans  le  même  cas  que  la  France 
el  la  BeUique;  la  seule  dilférence,  c'est  le 
succès  d'un  côté,  la  défaite. de  l'autre.  Les 
Machabées  eux-mêmes  n'ont  pas  toujours 
été  victorieux. 

«  Avec  sa  lettre  aux  évêques  de  Pologne, 
le  pape  lit  remettre  à  l'ambassadeur  russe 
un  exposé  des  maux  que  souffrait  l'Eglise 
catholique  en  Russie,  par  suite  des  innova- 
tions du  gouvernement  dans  les  matières 
ecclésiastiques  innovations  qui  étaient  les 
causes  de  cette  décadenc.'  de  mœurs  dont 
parlait  l'ambassadeur.  C'était  :  1°  la  défense 
de  communiquer  librement  avec  le  saint- 
siége  dans  les  matières  spirituelles  ;  défense 
faite  aux  évêques,  aux  ecclésiastiques,  el 


Kéiiéraictncnt  h  toiiH  les  c/ithollqtips  mletl 
de  la  Russie,  sous  les  peines  les  plus  si^vè- 
rt'S  cl  cnpil/il.'s.  Cetle  di^fensc,  (pu  oonllnuo 
h  (Mre  ruoureuseinefil  m/iintcniic,  iiu'l  lefl 
sujets  callKdiipies  dniis  riinpossihilit*''  d'ej- 
poser  leurs  besoins  s(Mritue|s  an  perc  rotn- 
miin  des  lldèlcs,  (|ni,  de  son  cAlC,  ne  peut 
l(Mir  prêter  aui  un  secours,  ne  peut  tnêiinî 
oxiMCfn*  aucun  ronliYdc  <?ur  r(fisci;çi!eincnt 
d(!  la  sainte  doctrinr',  snr  robservnnce  dei 
srtcrés  canons,  la  disciplifi(3  de  l'K/lise  fit 
la  boniK;  direct! ion  des  clioS(»s  e«-(  lési.jsli- 
(pie.<!.  2"  La  trop  graïKbr  élcndui»  des  diocè- 
ses empêche  (]ue  la  surveillance  pastorale 
s'exerce  sur  tous  les  [loinls.  ."i"  La  gêne  im- 
posée f)ar  le  gouvermnnent  aux  évêques 
dans  l'ex'  rcic(;  de  leur  juridiction  cl  l'ac- 
complissennuit  canoniipK!  de  leur  ministère 
pastoral.  h°  L'ap|»nuvriss(Mnent  du  clergé  dé- 
pouillé des  bi(!iis  a|)|)arlen;uil  i\  l'I-Iglise,  la 
sup[)ression  de  tant  de  bénélicos  des  monas- 
tèi'es.  5"  L'enseignement  du  clergé  séculier 
et  régulier  est  (Uilevé  aux  évô(pies  et  ;\  leurs 
supéi-:eur-s  respectifs;  il  est  contié  h  une  di- 
reclion  étrangère  :  cette  direction  est  com- 
jiosée  fréqueiument  de  personnes  d'un('  au- 
tre communion,  ignorantes  en  matière  ecclés 
siastique,  imbues  de  princiiies  ernmés,  fai- 
sant usage  pour  renseigiieuKnit  d<'  doctrines 
et  de  livres  condamnés,  el  cela  dans  les  uni- 
versités, les  lycées,  qui  oIVrent  aux  sémina- 
ristes, tant  séculiers  qno,  réguliers,  d'innom- 
brables occasions  de  corruption,  de  séduc- 
tion et  de  dissipation.  Ce  système  est  d'au- 
tant plus  funeste  h  la  religion  catholique, 
que  les  sujets  élevés  de  cette  manière  sont 
destinés  aux  plus  hauts  emplois.  6°  Le  peu 
de  capacité  et  de  zèle  montré  quel(Jueiois 
|)ar  les  individus  élevés  à  la  dignité  episco- 
pale,  mais  surtout  l'abus  commis  par  plu- 
sieurs d'entre  eux  des  pouvoirs  ordinaires 
attachés  à  leur  dignité,  et  plus  souvent  en- 
core,  l'abus  des  pouvoirs  extraordinaires 
qu'ils  n'avaient  point  reçus  on  qui  étaient 
expirés,  ou  entin  qui  leur  avaient  été  confé- 
rés dans  un  but  autre  que  celui  pour  lequel 
ils  les  employaient.  7'  Scandale  des  couvents 
qu'on  a  soustraits  aux  supérieurs  de  leur 
ordre,  et  bouleversés  par  des  règlements 
nouveaux.  8°  Renversement  de  la  discipline 
ecclésiastique,  surtout  {)ar  la  facilité  avec  la- 
quelle on  autorise  les  divorces;  ces  innova- 
tions étaient  contraires  aux  traités  en  vertu 
desquels  les  provinces  polonaises  et  la  Polo- 
gne avaient  passé  sous  la  domination  de  la 
Russie.  Le  saint-siége  demandait  un  remède 
à  tant  de  maux;  il  demandait  surtout  la  pré- 
sence d'un  nonce  apostolique  à  Pétersbourg. 
((  A^oici  comment  le  czar  Nicolas  répondit 
aux  demandes  du  pape.  La  même  année 
1832,  il  ordonne  d'élever  dans  le  schisme 
tous  les  enfants  nés  de  mariages  mixtes.  Les 
catholiques  des  deux  rites,  latin  et  grec- 
uni,  en  cas  d'urgence,  assistaient  au  service 
divin  et  recevaient  les  sacrements  dans  les 
églises  les  uns  des  autres.  En  1832,  Nicolas 
le  défend  sous  les  peines  les  plus  sévères. 
11  ferme  toutes  les  écoles»religieuses  et  les 
séminaires  du  rite-uni,  même  l'université  de 


805 


RUS 


RUS 


864 


Polook,  et  force  les  jeunes  lévites  d'aller 
poursuivre  leurs  études  dans  une  érnle 
schismatique  de  Pétersbourg.  Le  conseil 
ou  comité  du  rite-uni  est  incorporé  au  co- 
niité  schismatitpip.  présidé  par  le  colonel 
ProlasotT,  et  en  fait  une  section.  Lo  prési- 
dent de  la  section  est  un  prélat  ainhitieux, 
Joseph  Siomaszko ,  que  le  métrop  litain 
Bulhak  de  Lilhuanie  est  forcé  d«'  prendre 
jiour  suffrag.int.  Le  métropolitain,  qui  était 
vieux  ,  lui  fait  jurer  qu'il  demanderait  à 
Rome  même  son  institution  canonique.  Sie- 
maszko  prête  le  serment  etaussitùt  le  viole. 
Vn  provincial  apostat  de  basiliens  lui  est 
associé,  avec  (pielques  autres,  |)Our  préparer  la 
défection  de  l'Kglise  ruthénienne-unie.  Des 
évéchés ,  des  paroisses  catholifpies-unies 
sont  transformés  en  évéchés,  en  paroisses 
sclusmaliques.  Des  missels,  des  eucologes 
schismaticpics  sont  substitués  aux  livres  ca- 
tholiques. Trois  évéques,  vendus  à  la  cour, 
travaUlaient  ainsi  à  l'aspostasie  de  leur  clergé 
et  de  leur  peuple.  Cependant  le  plus  grand 
nombre  des  fidèles  et  des  préIres  demeu- 
raient dévoués  au  saint-siége.  Ils  sup[)liaient 
avec  courage  et  respect  leurs  j)rélats  de  ile- 
meurer  lidèles  au  culte  de  leurs  ancêtres;  ils 
leur  démontraient  toute  l'injustice  des  inno- 
vations religieuses  ((u'on  voulait  leur  impo- 
ser; ils  soutenaient,  avec  justice,  que  ni  les 
évoques  ni  le  gouvernement  n'avaient  le 
droit  de  les  forcer  à  reconnaître  ces  innova- 
tions; les  évéques,  parce  que  de  pareils  pro- 
cédés étaient  incompatibles  avec  leur  qua- 
lité de  pasteurs;  le  gouvernement ,  h  cause 
des  serments  solennels  par  lesiiuels  les  sou- 
verains de  Russie,  depuis  Callierine  H,  leur 
avaient  garanti  le  libre  exercice  de  leur 
culte.  L'hoiuieur  d'uiu^  si  belle  résistance 
aj)partienl  surtout  aux  [)rélres  du  district  de 
^OHOgrodek,  qui,  le  2  avrd  183V,  au  nombre 
de  cinquante-quatre,  adressèrent  à  lévèaue 
Sieuiaszko  une  prolestation  feruie  contre  les 
innovations  schismatiques.  Il  en  gagna  par 
ses  menaces  et  ses  violences;  mais  le  grand 
nombre  avant  persévéré,  il  les  lit  dé|)orteren 
Sibérie. 

'(  Son  conq)lice  Lusinski,  évéque  de  Po- 
lock,  enivra  ses  préIres  avec  des  liqueurs 
fortes,  et  leur  lit  signer  dans  cet  état  un  acte 
de  schisme.  Les  [)réttes  des  districts  de 
Drisna  et  d»!  Lepel  ayant  résisté  courageuse- 
ment, ils  lurent  chassés  de  vive  force  et  leurs 
églises  livM'es  aux  schisuialiques.  A  la  sug- 
gestion de  ses  deux  évècpies,  le  czar  schis- 
matise  telle  ou  telle  paroisse ,  ou  même 
telle  ou  tello  famille,  sous  prétexte  qu'elle 
l'avait  été  deux  siècles  auparavant ,  avec 
peine  de  mort  contre  ceux  qui  ne  se  confor- 
maient point  .h  In  déi  laration  du  czar.  Il  y  a 
plus:depiMs  (];\lhenne  II,  les  paysans  de 
bien  des  villages  pour  sauver  leiir  culte, 
avaient  embrassé  I».  rite  latin.  En  {HXi.  Ni- 
colas déclare  que  tous  r.'ux-lfi  sont  censés 
appartenir  h  s<»n  culte  impérial,  (pi'il  appelle 
orthodoxe.  Des  popes  et  des  siddats  sonl  en- 
voyés pour  exécult-r  ledit  du  persécuteur. 
Ceux  (pu  ne  s'y  conforment  pas  sonl  dé- 
pouillés de  leurs  biens  et  leurs  prêtres  chas- 


sés  de  force.   Les  paysans  des   terres  de 
>Vilepsk  avaient  appartenu,  jusqu'en  18.32, 
aux  missionnaires  de  Saint-Vincent-de-Paul. 
Lu  1835,  peu  après  PA  pies,  une  commission 
accompagnée  d  Une  troupe  de  soldats  s'em- 
nare  de  l'église,  convo(pie  les  habitants,  et 
leur  annonce  que,  suivant  la  volonté  suprême 
de  l'empereur,  ils  devaient  eml)rasser  sa  re- 
ligion,  c'est-h-dire   le  schisme.  Comme  ils 
résistent  aux  moyens  de  séduciion,  les  sol- 
dats fondent  sur  eux  et  les  maltraitent  d'une 
manière  cruelle.  Il  y  en  eut  qui  exjurèrenl 
sous  les  coups;  un  grand   nombre   prit  la 
fuite  et  se  sauva   sur  un   étang    recouvert 
d'une    glace  peu   épaisse.   Les    soldats  les 
sommèrent  de  se  rendre.  Tous  les  paysans 
s'écrièrent  :   «  Nous  aimons   mieux  mourir 
que  d'abandonner  la  religion  de  nos  pères!  » 
Les  soldais  ayant  rompu   la   glace   auiour 
d'eux,  vingt-deux  consommèrent  leur  mar- 
tyre dans  les  eaux,  un  petit  nombre  se  sauva 
àlanage.  Dans  la  commune  de  Jeziorkowice, 
du  gouvernement    de  Wiiepsk  ,    plusieurs 
[)aysans  perdirent  la  vie  pour  n'avoir  voulu 
ni  livrer  leurs  églises  aux  schismatiques,  ni 
embrasser  la  religion  russe.  A  Starosiel,  co- 
lonie militaire  du  môme  gouvernement,    le 
commandant  rassemble  un  jour  tous  ses  sol- 
dats et  leur  déclare  que  la  volonté  immua- 
ble de  l'empereur  est  qu'ils  reconnaissent  le 
môme  Dieu  que  lui.  Le  plus  grand  nombre 
résiste  et  déclare  aimer  mieux   mourir  que 
de  trahir  sa  religion.  Aussitôt  les  soldats 
schismatiques   tombent  sur  eux  à  coups  de 
bAton  et  de  sabre  et  en  blessent  beaucoup  à 
mort.  La  noblesse  du  même  gouvernement 
adresse  à  l'empereur,  sur  ces  atrocités,  un 
mémoire  signé  par  ceux  mêmes  qui  n'étaient 
pas  catholiques.  Toute  la  réponse  fut  que  la 
noblesse   ne  devait  pas  s'occuper  d'allaires 
religieuses. 

'(  Au  mois  d'août  de  l'an  1835,  les  habi- 
tants de  la  paroisse  d'Uszacz ,  vassaux  du 
comte  Plater.  envoyèrent  une  supplicjue  ,iu 
ministre  des  cultes  à  Pétersbourg,  implorant 
sa  grAce  et  sa  miséricorde,  parce  cpie,  |)rivés 
de  leur  église,  ils  se  voyaient  forcés  de  pro- 
fesser une  religion  qu'ils  n'avaient  pas  voulu 
embrasser;  mais  ils  ne  rt'çurent  aucune  ré- 
ponse. Seulement  lévêipie  Bulhak  les  pré- 
vint (]ue  bientôt  arriverait  une  commission 
avec  lt>  prêtre  (pii  leur  était  destiné.  En  etlel. 
disent  les  habitants  dans  une  seconde  péti- 
tion h  l'emner»  ur  même,  la  conunission  s'est 
)résenlee  le  2  dt'cembre,  et  ayant  i-onvoipiô 
e  peuple,  elle  l'a  invité  à  embrasser  la  reli- 
gion grecque.  Nous  nous  sommes  tous  écru's 
d'une  V()iv  tpie  ;ioii.<  voulioiin  mourir  ihins 
nntrr  foi,  qur  jamais  nous  n'avons  voulu  ni 
nr  roulions  d'autre  religion.  .Mors  la  com- 
mission, laissant  les  paroles,  en  vint  aux 
faits,  c'est-à-dire  qu'on  se  mil  à  nous  arra- 
cher l"s  (  heveux,  A  nous  finpper  les  dents 
jusipi'ii  etïusion  de  saiig.  ;i  nous  donner  des 
coups  h  la  lête,  mettre  les  uns  en  prison,  el 
Ir.uisporler  les  autres  dans  la  ville  d(>  Lepel. 
Enlin,  la  commission  vovant  que  ce  moyen 
ne  lui  réussissait  pas  non  plus,  défendit  à 
lous  les  prêtres  grecs-unis  d'entendre  nos 


8flK 


RUS 


lUIH 


RCfl 


coiilnsslons,  on  (II»  lions  (idiiiiiiisinM-  (|nrli(iic 
nuire  si'cmirs  .s|iirilin'l.  M^is  nous  avons  dit  : 
■<  Nous  (IcnuMncrons  s.ins  |»r(Mrfs,  nons  IV- 
rnns  nos  |»ii«M-«'s  h  ]i\  in»is(»n  ;  nous  inonr- 
roiis  s/ins  |ti(Mi'('s,  nons  conrcssanl  hs  mis 
an\  /mires,  mais  mais  n'cmlirasscroiis  |ioint 
volro  loi.  Ôn'on  nons  résorvt*  plnlAl  le  sort 
(In  l>i(>nli(MirtMi\  .losn|»|i;ii  :  (^'csl  (ui  (pm  nons 
ilt'sn'ons!  »  M.iis  la  cominission  s'en  es!  alliM», 
on  s«  inoijuanl  de  nos  larmes  cl  du  nus  pliu- 
res. FI  nons  sommes  domcnrés  <'omm('  des 
lirchis  erranlcs,  cl  nons  n'av(ms  pins  d'a- 
sile. » 

Lo  lOjnillrl  1S:1(>.  les  lialiilanls  i\\\  village 
ilo  Lnbowic/.  ,  ^onvcrncmcnl  de  Moliilow, 
disaieni  h  l'empcronr  dans  mm  p(''lili()ii 
semblabU'  :  «  Nos  amuMri's,  nés  dans  la  loi 
grtMipu'-nnie,  lonjonrs  liilMt-san  IrAiicclàla 
nalri»',  ont  passc^  paisihlomiMil  Icnr  vie  ilans 
lenr  r(>lii;i(vi;  cl  nons,  ncsdaiis  la  même  foi, 
nons  la  prol'essions  librement  ilepnis  long- 
temps   Mais  les  [iriMrcs  de  la  religion  do- 
minante, alléj^nant  ponr  prétexte  (pie  (jnel- 
qnes-u')S  d'entre  nons,  ce  qni  n'a  point  en 
heu,  ont  été  ilans  la  eommnnion  de  la  reli- 
gion grecqne-russe,  nons  loreent  d'ahjnrer 
notre  loi  ,  non  par  des  juMues  oorporelles, 
mais  par  des  moyens  beaucoup  i)lus  atroces, 
c"esl-à  dire  en  nous  privant  de  tous  les  se- 
cours spirituels,  en  défendant  à  nos  propres 
prêtres  de  baptiser  nos  enfants,  d'entendre 
nos  confessions  et  de  bénir  nos  mariages. 
C'est  de  cette  manière  qu'ils  nous  arrachent 
h  nos  pasteurs.  Dans  une  si  cruelle  persé- 
cution, il  ne  nous  reste  île  refuge  que  dans 
la  clémence  do  Votre  Majesté  Impériale  ;  mo- 
narque, défendez  ceux  qui  soutfrent  pour  la 
foi.  »  [Vicissitudes,  t.  II,  p.  303;  ibid.,  p. 
304..) 

«  A  des  prières  si  touchantes,  Nicolas  Ro- 
manow  ne  répondit  que  par  le  mépris  joint 
à  la  violence.  Défense  fut  faite  aux  paysans 
d'en  adresser  de  nouvelles  à  l'empereur  ; 
on  leur  ordonna  de  les  remettre  à  leurs  sei- 
gneurs, qui  avaient  reçu  l'ordre  le  plus  sé- 
vère de  ne  plus    s'occuper   d'alfaires   reli- 
gieuses.   Les   deux    indignes    prélats   Sie- 
maszko  et  Lusinski  défendirent  même  à  leur 
clergé  de  recevoir  désormais  de  ces  pétitions. 
Enfin,  l'an  1837,  dans  les  provinces  de  Rus- 
sie-Blanche et  de  Lithuanie,  on  avait  enlevé 
jusqu'à  886  églises  paroissiales  aux  catholi- 
ques du  rite-uni,  pour  les  livrer  au  schisme. 
Les  traîtres  Sieraaszko  et  Lusinski  entrepri- 
rent alors  de  faire  signer  à  leur  clergé  un 
acte  d'apostasie  sous  le  titre  d'Acte  d'union 
avec  l'Eglise  russe;  cet  acte  ayant  été  envoyé 
dans  la  province  de  Mohilow,  tous  les  prê- 
tres  s'y  refusèrent.  Plus  de  cent  soixante 
expièrent  leur  fidélité  par  des  traitements 
indignes  et  par  la  Sibérie,  où  le  plus  grand 
nombre  trouvala mort. Parmi  les  confesseurs 
de  la  foi  se  trouva  l'infortuné  père  de  l'apos- 
tat Siemaszko.  L'indulgence  et  la  générosité 
de  l'empereur  et  de  l'évèque  consistèrent  à 
ne  pas   le  faire  traîner  en  Sibérie,  vu  son 
grand  âge.  Ces  violences  exercées  sur  les 
prêtres  valurent   de    grandes  récompenses 
aux  deux  évêques.  L'empereur  leur  envoya 


des  déconilioiis  accomp.i^néos  do  lettres 
écrites  de  sa  main,  et  dans  lrs({iic||(vs  il  les 
remercie  du  zèle   (in'ils  ont  mis  h  rnfnericr 

ri''.>^llse  unie  ,'iu   scliisme. 

«  Lesdeiix  Jmlas,  s'iissociant  alors  un  troi- 
sième, Tévèipie  de  Hiesl,  résolurc'iil  de  ron- 
somiiier  lenr   traliisou.  Ils   s'assemblèrent  h 
Po'ockdans  raulomne  IH;iH,ponr  signer  déli- 
niliveiiMînl  et  envoyer  h  l'empereur  leur  nrlo 
d'adliésion  .'i  rivalise  ru<>se,  au  schisme.  Mais 
l'allairt)  allait  échouer,  si  l'on  n'y  gagnait  lo 
vieux  mi'-tropolilain  Ihilhak.  Pour  le.séduiro, 
reiii|»erenr    lui   envoie  le  cordon  de  Saint- 
Aiidn'',  décoralioii  (pii  ne   se  domu!  (piaux 
priiicesdn  sang.  Le  traitniSiemaszko,  son  fu- 
tur succ(!sseur,  va  anssitùl  h;  féliciter,  et  lui 
fait  entrevoir  des  favcmrs  pins  grandes  dès 
(ju'il    aura   signé ,  conum;  les  Irois  autres, 
I  acl(î  d'union  avec  l'Iv^lisi!  russe  :  «  Si  vous 
consentez,  dit-il,  il  ne  vous  reste  plus  h  de- 
mander  h   rem|)creur  que   la  métropole  do 
Sainl-Pétersbourg  ,  c'est-à-dire   la  souverai- 
neté sur  toult;  l'Eglise  russe  ;  l'empereur  est 
prêt  à  vous  l'accorder.  »  Le  vieillard  indigné 
répondit  au  traître  :  «  Sortez,  vous  outragez 
Dieu  et  votre  conscience.  »   Puis  il  rédigea 
une  [protestation  solennelle  contre  l'acte  im- 
pie des  évêques.  Siemaszko  rend  compte  h 
l'empereur  de   la  résistance   du  métropoli- 
tain, et  conseille  la  violence  pour  le  forcer 
à  signer.  Cette  nuit-là  même,  le  siem-  Blou- 
dow,  ministre  de  l'intérieur,  force  le   palais 
du  métropolitain  à  minuit,  et  lui  ordonne,  au 
nom   de    l'empereur ,    de    signer   l'acte    de 
schisme.  Le  vénérable   Bulliak  lui    répond 
sans  s'émouvoir  :  «  Excellence,  aucune  force 
humairie  ne  saura  m'obliger  à  signer   cet 
acte;  si  d'autres  évêques  le  signent  et  que 
le    gouvernement    le    publie,  je  publierai 
aussi  ma  protestation  solennelle.  »  Comme 
le   métropolitain  était   aimé  et  respecté   de 
tout  le  monde,  on  n'osa  pas  aller  plus  loin; 
on  aima  mieux  attendre  sa  mort  qni  arriva 
sur  la  tin  de  l'année.  L'empereur  lui  fit  faire 
des  funérailles   magnifiques,  pour  faire  ac- 
croire qu'il  était  entré  dans  ses  vues. 

«  Dès  le  Si  février  1839,  les  trois  évêques 
apostats  publièrent  leur  acte  de  séparation 
d'avec  l'Eglise  romaine  et  d'adhésion  à  l'E- 
glise schisraatiquede  Russie,  l'adressèrent  à 
l'empereur  qui  daigna  l'agréer  et  par  lui- 
même  et  par  le  comité  ecclésiastique  que 
préside  le  colonel  Protasofî.  Dans  toutes  ces 
pièces  gouvernementales  on  dit  et  on  répète 
que  les  ruthéniens  jusqu'alors  unis  à  l'E- 
glise romaine,  ont  passé  à  l'Eglise  russe  avec 
une  telle  unanimité  et  un  tel  empressement, 
clergé  et  peuple,  qu'il  n'est  pas  demeuré  un 
seul  ecclésiastique  en  arrière.  On  connaît 
combien  le  gouvernement  russe  sait  mentir. 
«  L'année  1832  fut  pour  l'Eglise  du  rite 
latin  tout  aussi  fâcheuse  que  pour  l'Eglise 
ruthénienne-unie;  on  l'ébranla  jusque  dans 
ses  fondements.  La  suppression  de  tous  les 
instituts  rehgieux  ,  résolue  en  1828,  fut  ac- 
complie en  1832.  L'évoque  Paulowski,  alors 
président  de  la  commission  administrative 
du  culte  latin ,  marchait  sur  les  traces  fu- 
nestes de  Stanislas  Bohusz,  qui,  pendant 


867 


RUS 


RIS 


868 


)lus  d'un  (iemi-siècle ,  avnit  soandalist'  les 
idèles  sur  le  siégo  uuMnipolilain  de  Mohi- 
0V--  Ce  dernier  y  itail  reiuplacé  par  un  prù- 
at  recommandabJp.  mais  Irès-vieux,  qui  re- 
usa  tonte  anprobation  aux  innovations 
subversives.  L  adiiiiMi^iraleur  du  di'icèse  de 
Mohilow  ,  rtWôquo  Sz>  t,  ajanl  nionlrù  la 
mémo  oiiposition,  fut  enlevù  scrrèleinent  et 
déport»^  aux  extrémiti^sde  l'cmpiro.  Le  iiége 
métropolitain  de  Mohilow  étant  devenu  va- 
cant, le  czar  y  nomma  l'évoque  Paulowski, 
pour  le  récompenser  de  sa  eoinplaisance  à 
souscrire  et  à  imposer  h  son  clergé  de  Ka- 
minicc,  dont  il  était  sulFra^ant,  l'ukase  im- 
périfll  du  28  mars  183(),  r|ui  défendait  aux 
prêtres  ralholicfues  d'admettre  aux  sacre- 
ments des  iitièles  d'un  autre  rite,  d'une  autre 
paroisse,  ou  inconnus.  En  18H,  sur  les  ins- 
tances du  gouvernement  russe,  le  pape  Gré- 
goire XVI  eut  la  co'idescendarjce  d'instituer 
Cet  évé(juo  prévaricateur  pour  la  métropole 
de  Molulow,  sans  avoir  exigé  une  rétracta- 
tion préalable.  D'un  autre  coté,  l'évèque  de 
Podiachie  en  Pologne  ,  monseigneur  Gu- 
thowski,  défendit  courageusement  la  cause 
de  Dieu  et  de  son  Eglise;  il  fut  arrêté,  exilé, 
emprisonné;  le  gouvornennuil  l'accusa  près 
du  saint-père,  il  fut  reconnu  innocent:  et 
toutefois,  en  1841,  sur  les  instances  du  gou- 
vernement russe,  et  pf)ur  lui  complaire, 
Grégoire  XVI  engagea  le  courageux  athlète 
à  doiuier  sa  démission.  C'est  le  pape  lui- 
raéme  qui  nous  r*;vèle  ces  deux  faits  dans 
sa  fameuse  allocution  de  18V2.  Si  tout  autre 
nous  en  avait  donné  l'assurance,  nous  l'au- 
rions sou|»çonné  de  cahjnniie. 

Le  pape  eut  bientôt  la  preuve  que  ses 
condescendanct'S  ne  faisaientqu'enhardir  les 
ruses  et  les  violences  du  czar.  Si  Gré- 
goire XVI  avait  nianil'eslé  un  |ieji  jilus  de  ce 
COiirag»^  aj)Msloli.iui!  de  son  pn'décesseur 
saint  Grégoire  Vil,  il  uiU  pr()l)al)lemc'U  liiit 
plus  de  bn;n  et  d  honneur  a  l'Eglise;  car  les 
prêtres  et  les  hdèles  du  rito  latin,  en  Russie 
et  en  Pologne,  combattaient  pour  la  défense 
de  leur  religion  avec  le  même  zèle  que  ceux 
du  rite-uni;  ils  e-iduraient  les  mêmes  sonf- 
franc«!S.On  sait,  par  exempli',  l'héroniue  cou- 
rage déployé  par  huit  cents  calholi(Hies  de 
Podoli<s  lorsque,  en  I8J3'*,  on  voulut  leur 
fairr  embrasser  le  srhisuu',  sous  le  prétexte 
que  Jeurs  ancêtres  ava!«Mit  été  rnthéniens- 
unis.  Tous  allèrent  gaii ment  on  |)rison.  ré- 
sistèrent à  toutes  les  cxhortalioiis  (  itmme  à 
tojles  lesmenaces,  et  déi  larèreiil  qu'ils  pré- 
férai nt  mourir  dans  h>s  fers  plutôt  que  d'a- 
bandoniifi  leur  religion.  A]»iès  phiNieurs 
»eiiiaines,  on  fut  obligé  de  les  rendre  h  la  li- 
berté, [)ari'e  qu'ds  avaient  obtenu  une  en- 
(juête  sur  les  mauvais  Iraileinenis  auxquels 
lis  étaient  en  bulle.  [Yicisniludrs ,  t.  I  ,  n. 
331.) 

a  En  Pologne,  tous  les  ruthéniens-unis  de 
l'évôché  de  Cheliu,  l'évA.ni*»  Szninborski  î» 
leur  tête  .  dormèrent  aussi  un  Id'I  exemple. 
Pour  se  soustraire  au  s(  hi^nu-,  ils  résolu- 
rent d'emt>ra<(8er  en  m».«iH*»  le  rite  latin.  L'é- 
vèque fui  inap.c«ssible  i\  tontes  Icx  cares- 
ses, \f.$  protueMs*  »4  Ia»  nienacrs.  Le  gou- 


vernement russe,  voyant  cotte  détermina- 
tion du  [tasleur  et  du  troupeau,  revint  sur 
ses  pas.  Il  ht  même  écrire  à  l'évoque,  par 
le  prince  Paskewitch,  le  21  mars  1838,  que 
le  gouvernement  russe  ayant  garanti  aux 
Polonais  la  liberté  religieuse,  il  no  pouvait 
songer  à  l'entraver  dans  son  diocèse.  Grâce 
à  leur  fermeté  unanime,  les  ruthéniens-unis 
de  Chelm  furent  laissés  libres  et  gardèrent 
leur  rite. 

«  Ce  que  le  gouvernement  avait  le  plus  à 
cœur,  c'était  de  cacher  à  l'Europe  les  atroci- 
tés (le  sa  persi'cution  contre  les  catholiques; 
pour  cela  il  y  mettait  un  peu  moins  de  vio- 
lence en  Pologne.  La  Providence  a  su  dé- 
jouer celte  politique,  et  dévoiler  à  tout  l'u- 
nivers la  honte  du  gouvernement  russe  par 
une  pauvre  religieuse.  »  (Ilohrbacher,  vol. 
XXVIll,  p.  431.) 

L'opinion  des  historiens  est  unanime  sur 
le  compte  du  tyran  moscovite.  Voi-i  com- 
ment l'auteur  du  Mnrti/re  de  sœur  Inna- 
Macritia  Mier zyslawska  n'^sumo  (p.  7-12)  la 
position  aettielle  du  catholicisme  en  Russie 
et  en  Pologne  sous  la  tyrannie  de  Nicolas  : 

«  Depuis  dix  ans,  on  torture,  on  exile,  on 
tue  au  nom  de  remjjereur  dans  les  provinces 
polonaises ,  et  chaque  jour  de  nouvi  aux 
oukises  ajoutent  aux  rigueurs  précédem- 
ment ordonnées. 

«  La  persécution  s'étend  partout  :  si  l'on 
procède  avec  moins  de  violence  et  d'audace 
dans  cotte  petite  partie  de  la  Pologne  h  qui 
le  congrès  de  Vienne,  en  1815,  a  vainement 
garanti,  avec  le  titre  de  royaume,  les  droits 
et  les  libertés  d'un  état  constitutionnel, 
c'est  (lu'elle  excite  un  [leu  plus  que  le  reste 
l'attenlion  de  l'Europe;  mais  la  persécution, 
pour  suivre  une  marche  tortueuse  et  cachée, 
n'y  rend  pas  la  situation  di>s  catholiipies  la- 
tins moins  dillii  ile  et  périlleuse  que  celle 
des  grers-unis  des  pays  polonais. 

«  Un  évêché  schismaiiquc  a  été  érigé  h 
Varsovie:  la  direction  des  grands  établisse- 
ments d'éducation  du  royaume  est  contiée  à 
des  schisinaticpies;  dans  toute  et  oie  pnbli- 
(iiie.  i'i  côl('  d'un  professeur  de  religion  ca- 
tnolnitie,  doit  être  entretenu  un  professeur 
de  religion  russe  :  celui-ci  a  mission  de  tra- 
vaill(T  sans  cesse  et  par  tout  nio\en  à  dé- 
créditer le  catholicisme;  il  est  inteniit  h  ce- 
lui-là ,  sous  les  peines  les  plus  sévères,  de 
co:iibattre  directement  ou  indirecttnnent  les 
acciis.Tijons  calomnieuses  tiu'il  (  ntend  por- 
ter chaque  jour  contre  l'Eglise  latine. 

n  l>t>  la  chaire  de  vé.  ilé  mêm'^,  les  priMres 
sont  obligi's  de  se  taire  sur  tout  ce  tpii  se 
dit  et  se  publie  de  contraire  i  celte  vérité 
dont  ils  sont  faits  par  Dieu  non-smlement 
les  dépositaires,  mais  aussi  les  detenseurs. 

-  Après  avoir  altéré  l'histoire,  pour  enle- 
ver dans  les  pays  conquis,  aux  :;énérations 
qui  s'élèvent,  la  vt'ritable  connaissance  du 
passé  de  leurs  pères,  renineieur  porte  une 
main  sacrilège  sur  le  catliolicisme  dont  l'in- 
dépindaiice  le  gêne  et  l'oiVusque  ;  il  ne  se 
contente  pas  de  persécuter  ceux  (|ui  le  Dfo- 
f'ssont.  il  en  déhgure  ci  calomnie  le.5  nog- 
mes.  et  par  son  ordre  les  écrits  les  plus  pio 


ftrto 


RtîS 


nus 


87« 


pri's  ?»  r^^,'ir(M'  l'esprit  des  }tcii|il(<';  f^nr  «les  vé- 
ril(Vs  In'idainciilalo.s,  iinnidriif  ]is  pidvnn'.'S 
r(irinui''P!<. 

rt  l,;iiss(Mis  jtnrlcr  swv  l(>  sv^lèiiK-  de  pi'r- 
s(^rnlinn  .'<nivi  jiis(|iri(i  dniis  l(>  i-ovniiinc, 
r«id(>iir  d'un  livre  ii  dé  rossa  ni  (1),  <]iii  a  l'ail 
uno  j^randi'  sonsalioii  en  Allemamie  cl  (|iii 
Psi  encoro  trop  peu  cdiinn  en  Kranec  «  l.e 
n  mitnstro  «i«'  l'inléneni' n  deniaiult^  ri^rcm- 
«  metd.  y  (>sl-il  dit,  s'il  no  sérail  pas  mieux 
«  (le  subslilner  loul  h  lail  dans  les  écoles 
«  rpnsi'iiiçnemenl  sehisinaliipn^  i\  l'ensoifiiu*- 
n  mont  callioliipie.  On  a  Ironvé  (pi'il  n'était 
c  ]>as  encore  temps,  mais  on  a  lowlcrois  n'- 
«  di:it  l'andilion  de  In  mes.so  selon  lo  Hlo 
«  lalin  anx  dimaMcluvs  et  aux  jours  de  fête. 

«  Il  n'est  pas  jusiiii'à  l'enseii^inement  privé 
«  qui  ne  subisse  TudluiMico  <iiroctedn  gou- 
«  vernemenl.  Les  callioliipi 's  di»iveiil  de- 
«  mandiM'  au  ^ouvtMMemenl  les  ins[ii\iiours 
«  (le  leurs  oîd'ants  ;  ot  il  leur  désigne  les 
«  hommes  les  plus  corrompus  et  les  i)lus  ir- 
«  religieux. 

((  Le  catéchisme  (]uo  l'on  onsoigfio  dans  les 
«  écoles  est  revu  et  modilié  par  le  gouver- 
«  nouient.  Ou  v  parle  sans  cesse  de  l'empe- 
«  reur  ,  c'est  h  peine  si  l'on  met  queUpie  dif- 
«  férence  entre  lui  et  Dieu  ;  on  y  enseigne 
«  qu'il  est  maître  absolu  de  l'Eglise  comme 
«  de  l'Etat. 

<(  Le  gouvernement  impose  au  clergé  ea- 
«  iholicjue  un  recueil  de  sermons  modifiés 
«  jiar  lui  comme  le  catéchisme.  Les  i)rétres 
«  ou  cha|)elains  (jui  prononceraient  d'aidres 
«  sermons  que  ceux  (jui  sont  conteinis  dans 
«  ce  recueil ,  seraient  h  l'instant  môuie  in- 
«  terdits. 

«  11  est  défendu  aux  curés,  non-seulement 
«  de  demander  aux  fiancés  la  jiromesse  d'é- 
«  lever  leurs  enfants  dans  la  religion  catho- 
«  lique,  mais  môme  de  leur  donner  le  moin- 
«  dre  avis  à  cet  égard. 

«  Il  est  défendu  d'expliquer,  dans  l'ensei- 
«  gnement  théologique,  la  difl'érence  gui  sé- 
«  pare  la  religion  russe  de  la  religion  catho- 
«  lique.  Les  prédicateurs  ne  peuvent  parler 
«  au  peuple  de  cette  dilférence  ni  de  la  des- 
«  cente  du  Saint-Esprit,  de  la  suprématie  du 
«  pape,  etc.  » 

«  Le  livre  du  digne  oratorien  nous  mène- 
rait trop  loin,  si  nous  voulions  citer  toutes 
les  di'^posilions  iniques  et  opi)ressives  qu'il 
signale  encore.  Nous  croyons  en  avoir  dit 
assez  pour  donner  quelque  idée  du  caractère 
de  la  persécution  dans  le  royaume  de  Polo- 
gne. Dans  les  pays  polonais,' qui  forment  les 
gouvernements  occidentaux  de  l'empire,  oii 
l'on  sait  que  l'Europe  porte  peu  les  regards, 
on  procède  avec  moins  de  façon. 

«  Suppression  de  la  plupart  des  paroisses; 
dispersion  violente  des  prêtres  caiholiques; 
défense,  sous  peine  d'exil ,  aux  cathol  qvies 
dont  l'église  a  été  fermée,  d'aller  chercher 
ailleurs  les  secours  spirituels  dont  ils  sont 

(1)  Vicissitudes  de  C Eglise  catholique  des  deux 
rites  en  Pologne  et  en  Russie,  par  ua  prèUe  de  l'O- 
raloire,  ouvrage  auquel  nous  avons  emprunté  la 
plupart  des  (létails  qui  composent  le  présent  ar- 
ticle. 


privés  dans  leur  hx  aliti^  ;  et  aux  quelque» 
jirétres  (willKiliipios  «pTon  n'ii  paK  oruan'  <!j|- 
pul^és,  d'administrer  l««  Kecoiirn  <it^  \n  reli- 
gion ho!  s  ilf  leiits  pHKiissc».  ;  landin  fpi'iin 
oïdwise  dé(  lare  scliisiiuilKim»  tout  «i'if«iit  né 
d((  pnrents  eatlioIi(pies,  s'il  n'o*)  baptiNé  ne- 
liin  leur  rite,  et  nrrr  1,k  nfréinovirn  d  uunge, 
dans  l(;s  vingt-<pi«lre  heures  (pii  suivent  «fl 
naissance. 

«  Hésid(Mice  dans  les  villes,  ordo'inée, son» 
peine  de  cotiliscatioii,  i\  tout  graml  prfftrié- 
laire  cnlholi(jue,  pour  prévenir  l'iidliienre 
ipi'il  poin-rait  exercer  sur  ses  paysans;  dbli- 
galion  rigoureuse  (pii  lui  est  faite  d'entre- 
tenir dans  ses  terres,  pondant  son  éJov^un- 
nient  forcé  ,  un  sijrv(nllant  schismalique 
choisi  |)ar  la  couronne. 

«  Enfants  violemment  arrachés  à  leurs  fa- 
milles calholiipies  et  traiisfiortés  en  Russie 
pour  y  étreélevés  dans  les  pensionnats  schis- 
matitpies. 

«  Kemise  de  la  [loine  méritée  nonr  un 
crime  (juelconipie  envers  un  cntholiciue,  si 
le  coupable  déclare  (ju'il  passe  à  l'Eglise 
russe  (1). 

«  Tout  cela  n'est  encore  qu'une  faible  par- 
tie des  mesures  en  vigueur  dans  les  pays 
polonais  pour  forcer  ces  pays  au  schisme; 
et  néanmoins  si  nous  ajoutons  que  les  au- 
torités civiles  et  militaires  sont  tenues  par- 
tout de  se  mettre  ?i  la  disposition  des  conver- 
tisseurs schismaticiues,  on  s'étonnera  (]ue  les 
pays  polonais  ne  soient  pas  tous  aujourd'hui 
sous  la  discipline  gréco-russe,  de[)u;s  dix 
ans  qu'on  emploie  de  tels  moyens  pour  y 
parvenir. 

«  Mais  c'est  que  Dieu  est  plus  puissant 
que  tous  les  puissants  de  ce  monde;  et  il 
veille  sur  ces  peuples,  qu'il  veut  bien  puri- 
fier par  les  souffrances  des  fautes  de  leur 
passé,  mais  dont  il  ne  veut  laisser  périr  ni 
la  foi  ni  la  civilisation,  en  attendant  le  jour 
marqué  dans  sa  sagesse,  oiî  il  les  fera  re- 
monter au  rang  des  nations. 

a  II  prête  depuis  dix  ans,  dans  ces  provin- 
ces désolées,  le  courage  et  la  force  à  ceux 
mêmes  dont  l'âge  ou  la  faiblesse  en  promet- 
tent le  moins. 

«  Une  mère  demandait  grâce  pour  son 
jeune  enfant,  qu'on  battait  cruellement  sous 
ses  yeux  dans  le  but  de  vaincre  par  ce 
moyen  sa  résistance  à  passer  au  schisme  ; 
l'enfant,  craignant  que  sa  mère  ne  faiblît, 
souleva  sa  tète  mourante,  pour  lui  crier: 
Mère,  ne  change  pas,  Dieu  le  défend. 

«  Quand  une  apostasie,  non  point  arra- 
chée ou  sur()rise,  vient  aflQiger  les  cœurs, 
soudain  Dieu  suscite  une  troupe  de  martyrs 
qui  effacent  dans  leur  sang  la  route  qu'avait 
voulu  tracer  l'apostat.  » 

Nous  engageons  le  lecteur  à  voir,  pour 
complément  de  cette  not  ce  sur  les  persécu- 
tions en  Russie,  l'article  Mieczyslawska. 
Quand  on  vit  à  plusieurs  centaines  de  lieues 

(1)  Un  oukase  clu  2  janvier  1859  accorde  le  par- 
don à  tout  catholique  qui,  pour  un  meurtre,  vol  ou 
autre  crime,  a  été  condamné  au  knout,  aox  mines,  ou 
aux  galères,  s'il  se  fait  schismatiqa*. 


87i 


RUS 


RUT 


S73 


l 


de  la  Russie,  et  qu'on  ne  sait  de  ce  'pays 
que  fp  que  les  jo\irnaux  onl  pour  ainsi  dire 
1.1  permission  de  nous  en  dire,  on  croit  (pi'il 
est,  comme  le  reste  de  l'Europe,  entraîne^ 
dans  le  courant  de  la  civilisation  et  du  pro- 
grès. Oui  d'une  certaine  fa(;on  :  la  polilupie 
,•  est  hal>ile  et  grande  en  ce  qui  concerne 
es  relations  extérieures  et  l'esprit  du  con- 
duite (lu  gouvernement  ;  oui,  les  Hu^sts  no- 
bles et  riches  ont  ce  vernis  de  civilisation 
que  la  politique  russe  et  l'amour  du  confor- 
table leur  commande  d'avoir;  mais  ce  qu'il 
faut  savoir,  c'est  ceci  :  le  despote  russe  ne 
laisse  entrer  et  sortir  aux  frontières  que  ce 
qu'il  veut  bien  ;  chaque  Russe  qui  voyage 
laisse  une  rançon  dais  les  mains  du  tyran, 
et  celte  rançon,  fortune  ''t  sang,  il  sait  qu'il 
la  payerait  jusqu'au  dernier  écu  et  jusqu'à 
la  dernière  goutte,  contre  une  indiscrétion, 
contre  une  parole  imprudente ,  contre  la 
moindre  révélation.  Aussi  tous  ces  seigneurs 
russes  que  nous  voyons  en  France  et  dans 
le  reste  de  l'Europe,  n'ont  que  des  paroles 
élogieuses  pour  leur  gouvernement.  Com- 
ment fiourrait-il  en  être  autrement  ?  Ils  ont 
en  perspective  la  perte  de  leur  fortune,  le 
malheur  de  leur  famille,  l'exil  pour  eux  et 
pour  les  leurs,  s'ils  parlent  cédant  h  un  gé- 
néreux sentiment.  Maintenant  ne  sont-ils 
pas  du  nombre  de  ces  privilégiés,  vivant  cha- 
cun en  moyenne  du  sang  et  des  sueurs,  de 
l'esclavage  et  de  l'abrutissement  de  quarante 
millions  de  malheun'ux  serfs!  Chacun  d'eux 
n'est-il  pas  directement  intéressé  dans  ce  sys- 
tème d'oppression,  d'abrutissement,  qui  fait, 
comme  disait  Cath^Tine ,  que  l'empereur 
reste  empereur  et  que  les  grands  restent  des 
grands?  Système  atroce,  qui  produit  toutes 
les  abominations  que  nous  venons  de  lire, 
et  toutes  celles  qui  se  passent  ignorées  de 
nous  dans  ces  contrées  où  la  police  russe 
agit  comme  Néron,  tandis  (ju'elleailiche  aux 
yeux  de  l'Europe  la  politique  d'Auguste  et 
la  douceur  des  meilleurs  gouvernements. 
La  Pologne,  assassinée  par  ce  système  in- 
fâme, meurt  en  martyre  depuis  bientôt  un 
siècle  ;  elle  qui  fut  si  longtemps  la  sauve- 
garde et  le  salut  de  l'Europe,  se  voit  lAche- 
ment  abandonn('e.  Dieu  fera-t-U  [)our  elle 
ce  que  fait  l'ingratitude  des  gouvernements  ? 
Espérons  que  non;  des  jours  nunlleurs  vien- 
dront, la  liberté  renaîtra,  et  peut-être  (pie 
cette  nation  aujourd'hui  si  malheureuse  sera 
le  marteau  providentiel  (pii  brisera  le  co- 
losse de  la  tyrannie  moscovite,  rendra  les 
peuples  asservis  h  la  liberlt'  et  ;\  Dieu.  Es- 
pérons-le ;  tandis  qu'en  dépit  des  tyrannies, 
et,  il  f.uit  bien  en  (  onvenir,  d<\s  folies  (!u  so- 
cialisme, U's  peuples  s'émancipent,  la  Russie 
ne  restera  pas  l'antre  impur  et  souillé  de  car- 
nage des  su(  resseurs  des  Néron  et  dos  (la- 
lère.  L«'.s  grands  n'assassint«ront  |)as  toujours 
des  Paul  I"  et  dts  Altx.uidre,  pour  avoir 
ties  Catheiifie  et  des  Nicolas  1 

RL'SSUCUR,  ville  de  la  Mauritanie  Césa- 
rienne ,  fut  la  patrie  de  sainte  Marcienne, 
qui,  en  l'an  de  Jésus-Christ  M)'.],  sous  l'em- 
pire et  durant  la  persécution  dr  Diodétien, 
versa  son  sàn^  pour  la  fui  cbrélicnue. 


RUSTICUS  (saint  ,  martyr,  répandit  son 
sang  pour  Jésus-Christ ,  vers  l'année  h83, 
dans  la  persécution  que  Hunéric,  roi  des  Van- 
dales, fit  souffrir  aux  catholiques.  Il  était 
sous-diacre.  On  trouvera  des  détails  à  l'ar- 
ticle Libérât. 

RUSTICUS  (Junius) ,  célèbre  philosophe 
stoicien,  sous  lequel  Marc-Aurèle  étudia  la 

f)hilosophie.  Nommé  préfet  de  Rome  sous 
e  règne  de  son  impérial  élève,  il  fit  souffrir 
le  martyre  à  saint  Justin  et  à  ses  compa- 
gnons, il  essaya  d'abord  de  prendre  les  saints 
martyrs  par  la  douceur  et  par  les  raisonne- 
ments: voyant  qu'il  n'en  pouvait  pas  venir  h 
bout,  il  en  vint  aux  menaces,. et  ce  dernier 
moyen  n'ayant  pas  mieux  réussi  que  le  pre- 
mier, il  fil  d'abord  fouetter  cruellement,  puis 
déiapiter  les  saints  martyrs. 

RUSTIQUE  (saint),  prêtre  et  martyr,  était 
venu  de  Rome  en  Gaule  avec  saint  Denysde 
Paris.  Après  avoir  été  le  compagnon  de  ses 
glorieux  travaux  apostoliques,  il  fut  aussi 
celui  de  son  martyre,  en  même  temps  que 
saint  Eleuthère  diacre.  {Voy.  De>ys  de  Pa- 
ris.) L'Eglise  honore  sa  mémoire  en  même 
temps  que  celle  <lu  saint  évêque  et  patron 
de  Paris,  le  9  octobre.  Les  reliques  de  saint 
Rustique  sont  dans  l'église  de  l'abbaye  de 
Saint-Denys,  oià  on  les  conserve  dans  une 
ch/lsse  de  bronze  doré. 

RUSTIQUE  (saint),  l'un  des  gardes  de  la 
prison  de  saint  Censorin  ou  Censorinus, 
sous  Claude  II  le  Cothique,  fut  converti  h  la 
foi  chrétienne  par  le  prêtre  saint  Maxime, 
avec  les  autres  gardes  de  la  prison,  lesquels 
étaient  Félix,  Maxime,  Fauslin,  Herculan, 
Numère  ,  Storacinus  ,  Mène,  Amandinus  , 
Monacre,  Olympe,  Cyprien  et  Théodore.  yPour 
voir  leurhistoire  recourezh  l'article  Mirttrs 
d'Ostie.)  Ces  saints  Uf  sont  pas  nommes 
dans  le  Martyrologe  romain. 

RUSTIQUE  (sainte),  martyre,  recueillit  ta 
palme  des  combattants  de  la  foi,  à  Rome, 
avec  ses  saintes  compagnes  Donaie,  Pauline, 
Nominande,Sérotine.tiilarie  et  d'autres  aussi 
dont  nous  ne  connaissons  pas  les  noms. 
Nous  n'avons  point  de  détails  authentiques 
sur  leurs  combats.  L'Eglise  fait  leur  lué 
moire  le  31  décembre. 

RUTILE  (sainli,  fut  martyrisé  en  Afrique 
vers  l'aniK'e  "iJ",  sous  l'empire  de  Septime- 
Sévère.  Mettant  en  pratique  le  conseil  que 
l'Eglise  donne  aux  f  nbles,  il  prit  plusieurs 
fois  la  fuite  pour  éviter  la  persécution,  se 
racheta  même  h  prix  d'argent;  mais  enfin 
ayant  été  pris,  et  présenté  aux  juges,  il  souf- 
frit de  très-grands  tourments  avec  un  cou- 
rage cpii  ne  "se  démentit  point,  et  fut  enlin 
brillé  vif  en  bénissant  Dieu  doit  la  miséri- 
corde lui  donnait  une  force  dont  il  s'était 
cru  incapable.  L'Eglise  fAil  sa  fête  le  2aoiU. 
Son  martyre  est  rapporté  par  TerluUieu  dans 
son  Trniir  de  ta  fuite. 

RUTILE  (saint),  fut  martyrisé  en  Panno- 
nie  avec  plusieurs  autres  saints  dont  les 
noms  sont  ignorés.  L'Eglise  fait  leur  mé- 
moire le  ijuin 

RUTULE  (sainte,  martyr,  cueillit  la  palme 
du  martyre  avec  les  saints  Lucius,  Silvaiu, 


«•7$  S\il  J^AI»  «74 

r.li»,ssi(iu(i ,  Sorondin    ri   rniclul.'.    I/KkUso  Sjiinti'-Trinili',  et  .pu   lurcnl  pfrs(^riil.'-»-s  si 

v^'ii^Ki    l.i'iiH'iiioini  (lo  ci'.s  (•(tm;i^ru\    iii.ir-  violt'imnciil  par  !••  pn'-l/il  ji|i(>sl;il  Si(;iiia«/.kM, 

hrs  le  IH  IV-viit'r.  "'^  '•'  '''•"'  Ni«;ulas,  <laiis    In  coiii/iiit   do  l'«ii- 

UVIMNSKA  (SiizANNi:),   l'mic.  dcvs  irliKiou-  ik'-h  IH.n.    Klln  pi'-ril   sous  los  coup*.  {Voy. 

SOS  fonimos  sous   Id    nom   de   Filles  de  la  l'ailicio  Mii;(;/.ysi.a\v.ska.) 


S 


SAA  (Bkunaiu)  dk),  do.  la  compai^iiio  do  Jé- 
sus, oui  la  ^loiro  de  conresscr  la  loi  do  Jé- 
sus-Chrisl  dans  le  Madioé.  On  lui  lit  saiilei- 
les  dei\ls  ^  lovips  d(>  bAloii.  A  la  suile  de  co 
Irailemenl,  il  l'iil  exilé  pour  la  loià  (-aniieu- 
NaeluMi-Patti.  (Jiieltpie  temps  après,  le  P. 
IMarlin  l'ut  l'y  trouver,  eommo  on  pout  lu 
voira  l'arliefe  ('auvalho. 

SAHAUIK  ,  aujonrd"lnii  Sancnr,  ville  do 
Pannome,  tut  témoin,  on  Tan  do  Jésns-C^hrisl 
;U)V,  du  martyre  do  saint  Quirin,  ovûquo  do 
Siseia,  que  le  gouvornour  Maximo  fit  mottro 
Jl  mort. 

SABAS  (saint),  martyr,  reçut  la  couronne 
du  martyro  on  Perso,  vers  l'année  327,  sous 
Sapor.  {Voy.  les  Actes  de  saint  Jonas  et  do 
saint  liAUAOuisii  à  leur  article,  pour  plus  de 
détails.) 

SABAS  (saint) ,  capitaine  goth ,  avait  été 
converti  dés  son  jeune  Age  à  la  religion  chré- 
tienne. Depuis  ce  moment  il  avait  toujours 
été  un  modèle  accompli  des  vertus  chrétien- 
nes et  des  qualités  qui  font  l'homme  privé. 
Il  était  aimé  et  vénéré  tout  à  la  fois  do  ceux 
qui    le    connaissaient.   Athanaric ,  roi    des 
Goths  Thervingiens,ayantallumé  une  cruelle 
persécution  contre  les  chrétiens ,  en  370,  les 
magistrats  et   les  principaux    du  royaume 
entro^)rirent ,  conformément  à  ses  ordres,  do 
détruire  la  religion  chrétienne  ;  de  tous  cô- 
tés ils  commencèrent  à  vouloir  obliger  les 
chrétiens  à  manger  des  viandes  qui  avaient 
été  offertes  aux  idoles.  Quelques  païens,  qui 
avaient  des  chrétiens  dans  leurs  familles,  ou 
parmi  leurs  amis ,  voulurent  les  sauver  en 
conciliant  le  refus  qu'ils  faisaient  de  manger 
do  ces  viandes  avec  les  apparences  qu'exi- 
geaient d'eux  les  commandements  du  roi. 
Us  gagnèrent  plusieurs  des  offlciers  ,  qui ,  au 
lieu  de  leur  présenter   des  viandes  offertes 
en  sacritice  aux  idoles  leur  en  offraient  qui 
ne  l'avaient  pas  été.  Ainsi  la  matérialité  du 
crime  n'aurait  pas    été   commise  par  ceux 
qui  auraient  mangé  de  ces  viandes;  mais  les 
apparences  les   auraient    fait  passer   pour 
avoir  obéi  aux  ordres  du  roi.  Le  scandale 
aurait  été  le  même  pour  les  fidèles ,  et  le 
triomphe  le  même  aussi  pour  les  païens.  Saint 
Sabas  protesta  avec  une  grande  énergie  con- 
tre cette  fraude  bienveillante  :  il   comprit 
très-bien  que  l'apparence  du  crime,  volontai- 
rement ,  sciemment  acceptée  ,  équivaut  au 
crime  même.  Non-seulement  il  refusa  de 
manger  des  viandes  qu'on  lui  offrait,  mais  en- 
core  il    déclara  qu'il  ne   regarderait   plus 
comme  chrétiens  ceux  qui  en  auraient  ac- 
cepté. Plusieurs   d'entre  les   fidèles ,  pré- 
munis par  sa  fermeté,  ne  tombèrent  pas  dans 

DiCTioNN.  DES  Persécutions.  H 


le  crimc!  qui  les  ortt  sauvés;  d'autres  ,  trou- 
vant Sabas  trop  rigide,  lechassèrontdu  bouri^ 
(pi'il  habitait;  peu  de  t(!mps  apr»''s  ,  mieux 
inspirés,  ils  l'y  rappelèrent.  La  persécution 
s'étanl  rallumé(!  plus  violente  l'année  d'a- 
nrès,  un  envoyé  du  roi  vint  au  bourg  (pi'ha- 
ijitait  Sabas.  l.es  Actes  de  ce  saint  h;  (luali- 
fiont  commissaire  :  c'est  h;  titre  (ju'on  uoruic 
en  général  et  dans  tous  les  temps  5  ceux 
({u'on  charge  do  missions  tyranniques,  et 
extra-légales. 

Ce  commissaire  venait  pour  rechercher 
ceux  qui  adoraient  Jésus-Christ.  Quelques 
habitants,  s'étant  présentés  devant  ce  délé- 
gué du  roi,  se  déclarèrent  prêts  à  a/Iirmer 
j)ar  serment  (ju'il  n'y  avait  pas  de  chi'étiens 
dans  leur  bourg.  Mais  Sabas  vint  courageu- 
sement dire  ({u'il  était  chrétien,  et  qu'il  ne 
voulait  pas  souffrir  qu'on  vînt  en  son  nom 
faire  un  faux  serment.  Toujours  cet  esprit 
de  rectitude  qui  ne  veut  que  la  voie  droite 
et  qui  s'indigne  des  faux-fuyants  du  men- 
songe et  des  expédients  de  mauvais  aloi,  à 
l'aide  desquels  la  conscience  prétend  se 
mettre  à  l'aise.  Alors  le  commissaire  modi- 
fia la  formule  du  serment,  et  les  principaux 
du  bourg  jurèrent  qu'il  n'y  avait  qu'un  seul 
chrétien  dans  la  localité  :  ils  avaient  fait  ca- 
cher les  autres. Ordre  fut  donné  à  Sabas  de  com- 
paraître; mais  le  commissaire  a3'ant  demandé 
s'il  avaitde  grands  biens, le  considéra  comme 
un  homme  vil  et  misérable  ,  incapable  ,  di- 
sait-il, de  nuire,  quand  il  sut  qu'il  n'avait 
d'autres  biens  que  l'habit  dont  il  était  cou- 
vert. Il  le  renvoya.  Ici  nous  croyons  devoir 
rendre  justice  en  passant  à  l'équité  de  ce 
commissaire.  Il  voulait  concilier  son  devoir 
avec  l'humanité  de  son  cœur,  et  il  le  fit  en 
acceptant  de  la  part  des  principaux  habitants 
le  serment  que  nous  venons  de  dire  ,  et  en 
faisant  semblant  de  mépriser  le  seul  homme 
que  dans  ce  bourg  il  avait  malgré  lui  été 
obligé  de  regarder  comme  chrétien.  Ce  com- 
missaire a  droit  aux  éloges  de  l'histoire  :  as- 
sez de  monstres  en  déshonorent  les  fastes, 
pour  qu'on  doive  s'estimer  heureux  d'avoir 
de  temps  en  temps  à  citer  des  traits  qui  ho- 
norent l'humanité. 

Ceci  se  passait  en  271.  Dans  l'année  sui- 
vante 272 ,  la  persécution  ayant  repris  une 
intensité  plus  grande,  et  les  chrétiens  ne 
pouvant  que  difficilement  pratiquer  leurs  de- 
voirs religieux,  Sabas  songeait  comment  il 
pourrait  célébrer  la  fête  de  Pâques.  Il  partit 
de  son  bourg  pour  aller,  dans  ce  but,  trou- 
ver un  prêtre  nommé  Gatthica,  demeurant 
dans  une  ville  à  quelque  distance.  En  che- 
min ,  il  fut  miraculeusement  averti  de  re- 

28 


S7S 


S\B 


SAB 


876 


tourner,  ot  do  s'oii  aHor  (  él(.M)rer  la  fétc  do 
Pâquos  avec  un  aulre  prôtro  nonmu'  Sniisaln  : 
il  se  rendit  à  cet  avertissement.  Trois  jours 
a|)rès  que  la  ftMede  PA(pios  fut  |>assiV,  Alha- 
ride,  tils  de  Tun  des  princes  de  la  eoutrée, 
vint  avec  une  troupe  de  soldats,  investit  du- 
rant la   nuit  le  logis  de  Sansai;^,  et   avant 
chargé  de  chaînes  ce  saint  prèlre,  il  \o  tit  en 
cet  état  jeter  dans  un  chariot.  Sabas  fut  arra- 
ché de  son  lit  :  nn  ne  lui  laissa  pas  même  le 
temps  de  prendi  e  ses  vêtements  ;  les  soldats, 
le  firent  marcher  tout  nu  à  travers  les  ronces 
et  les  épines,  lui  donnant,  pour  le  faire  mar- 
cher plus  vite,  des  coups  de  fouet   et  des 
coups  de  bAton  :  il  en  devait  avoir  le  corps 
tont  meurtri.  Quand  le  jour  fut  venu,  il  dit  h 
ceux  ({ui  le  conduisaient  :  «  Ne  m"avez-vous 
pas  traîné  nu  à  travers  les  ronces  et  les  épi- 
nes? voyez  si  mes  pieds  ont  seulement  été 
égratignés;  vous  m'avez  frappé  h  coups  de 
four^t  et  de  bAton,  voyez  s'il  y  a  sur  mon 
corps  une  seule  contusion  résultant  de  vos 
coups.  »  Quand  les  inlidèles  virent  qu'il  di- 
sait vrai,  ils  m  devinrent  extrêmement  fu- 
rieux :  ils  prin'ut   un  des  essieux  du  cha- 
riot ,  et ,  le  lui  attachant  au  cou  ,  ils  fixè- 
rent ses  mains  chacune  vers  l'un  des  bouts  : 
ensuite  ils  lui   attachèrent  les  pieds  de  la 
même  façon  à  Tantre  essieu.  Dorant  le  reste 
du  jour  et  une  partie  de  la  nuit  suivante, 
ils  le  tourmentèrent  cruellement  dans  cette 
atfreuse  position.  Quand  ils  se  furent  retirés, 
une  femme  chrétienne  vint  détacher  le  saint 
martyr,  qui  aurait  facilcmenl   pu  s'évader, 
mais  qui  ne  le  voulut  pas.  Il  resta  près  de 
cette  femme,  l'aidant  h  faire  la  cuisine  pour 
ses  domestiques.  Quand,  au  iour,  Atharido 
le  vit  libre,  il  ordonna  qu'on  lui  attarhAt  les 
mains  derrière  le  dos,  et  ({u'en  cet  état  on  le 
suspendît  à  une  des  poutres  de  la  maison. 
Il  lui   fit   après  cela  présenter,  ainsi   quau 
prêtre  Sansala,  des  viandes  qui  avaient  été 
otTertes   aux  idoles   :  tous  deux  refusèrent 
d'en  m,inger.  «  Ces  viandes,  dit  S-d)as  ,  sont 
profanes  et  impures,  comme  celui  qui  nous  les 
errfoie.  »  Ces  paroles  irritèrent  si  vivement 
l'un  des  esclaves  d'Atharide,  qu'il  frappa  vio- 
lenunent  Sabas  en  pleine  poitrine,  avec  la 
pointe  de  son  javelot.  Tous  les  assistants 
pensèrent  (pi'il   devait  être  mort  du  coup. 
((  Vous  pensiez  sans  doute  m'avoir  tué,  dit 
Sabas  à  l'esclave?  Je  vous  affirme  n'avoir  pas 
senti  plus  de  douleur  (pie  si  vous  m'eussiez 
jeté  un  llocon  de  laine  à  la  poitrine.  «  .Vtha- 
ride  ayant  été  informé  de  tous  ces  faits  mi- 
raculeux, ne  manifesta  point  en  être  touché; 
au  contraire,  il  ordonna  ([ue  Sal»as   ïùl   mis 
h  mort  :  il  rendit  la  liberté  à   Sansala.   On 
mena    Sabas   sur  le  hord  du  fleuve   Musée 
(aujourihui  Mhssovo}  pour   l'y   précii)iler. 
Dans  l'excès  de  sa  joie,  il  remerciait  Jésus- 
Christ  de  l'avoir  ju^'-  di^n-'  de  «^oulTrir  [)our 
son   nom  divin.  I>e>  soldats  (jui  le  condui- 
saient so  disaient  les  uns  aux  autres  :  «Cet 
homme  n'a  rien  fait  di«  rotipable,  pourquoi 
ne  pas  le  laisser  aller?  Ath.inde   n'en  sera 
pas  instruit.  »  Sabas,  qui  les  entendait,  leur 
dit  :  <»  Pounpioi  parlez-vous  ainsi  '  Kvécutez 
sans  tarder  ce  qui  vous  a  été  ordonné.  Moi , 


je  vois  de  l'autre  bord  du  fleuve  ce  que  vous 
n'y  voyez  pas,  ce  que  vous  n'y  sauriez  voir  : 
j'y  vois  le  saint  cortège  de  ceux  qui  doivent 
recevoir  mon  Ame  pour  la  conduire  au  sé- 
jour des  bienheureux,  au  séjour  de  la  gloire. 
Ils  attendent  qu'elle  ait  quitté  mon  corps.  » 
Les  soldats  le  jetèrent  donc   h   l'eau  et  l'é- 
toutTèrent  avec  l'essieu  (piils  lui  avaient  at- 
taché au  cou.  Ce  fut  le  12  avril  372  qu'eut 
Ireu  son  martyre.  Les  soldats  tirèrent  son 
corps  de  l'eau  et  le  laissèrent  sur  la  rive; 
mais  les  chrétiens  ne  permirent  pas  qu'il  de- 
vînt la  proie  des  bêtes  sauvages.  JuniusSo- 
ranus,  due  de  Scythie  et  chrétien  fervent,  le 
lit  enlever  et  l'envoya  eu  Cappadoce  ,  son 
pays.  Le  corps  du  saint  fut  accompagné  d  une 
lettre  de  l'Eglise  de  Gothie  à  celle  de  Cappa- 
doce ,  lettre  dans  laquelle  était  raconté  le 
martyre  du  saint  et  ({ui  nous  a  fourni  la  plu- 
part des  détails  que  nous  venons  de  donner 
sur  les  glorieux  combats  de  cet  illustre  mar- 
tyr. Saint  Sabas  est  honoré  par  l'Eglise  ro- 
maine et  par  l'Eglise  grecque;  son  nom  est 
inscrit  au  Martyrologe  le  12  avril. 

Une  chose  ({ui  nous  fra[)pe  singulière- 
ment en  lisant  ces  Actes,  c'est  la  différence 
qu'il  y  a  entre  les  persécuteurs  de  l'empire 
romain  et  ceux  que  nous  retrouvons  ici. 
On  ne  trouve  de  bons  bourreaux  et  de  bons 
égorgeurs  que  chez  les  peuples  qui  se  pré- 
tendent libres  et  qni  sont  au  faîte  de  la  ci- 
vilisation; sous  les  gouvernements  monar- 
chiques, les  peuples  sont  meilleurs  que  sous 
les  républiques.  Il  n'y  a  pas  de  tvrans  féro- 
ces comme  les  peuples-rois;  l'écume  chez 
eux  remonte  à  la  surface,  tandis  que  chez  les 
autres  elle  reste  au  fond. 

SABAS  (saint  ),  massacré  par  les  arabes 
en  373,  au  mont  Sinai,  avec  saint  Isaie  et 
trente-lniit  autres  anachorètes.  {Voy.  Mar- 
tyrs ne  HuAiTE  et  de  Sinai.  )  L'Eglise  honore 
la  mémoire  de  ces  saints  le  li  janvier. 

SABAS  ,  saint  ),  capitaine  d'une  compagnie 
de  soldats  h  Home,  étant  accusé  do  visiter 
les  chrétiens  qu'on  avait  mis  en  prison,  con- 
fessa le  nom  de  Jésus-Christ  devant  le  juge, 
((ui  le  lit  bri'ilcr  avec  des  torches  ardentes, 
nuis  jeter  dans  une  chaudière  pleine  de  poix 
bouillante,  d'où  il  sortit  sain  et  sauf.  Pau  co 
grand  miracle,  il  convertit  soixante-dix  per- 
sonnes (jui,  ayant  persisté  à  confesser  la  foi 
avec  une  constance  inebranlabl(\  furent  jias- 
sées  au  lil  de  l'épée.  Entin,  on  jeta  le  saint 
dans  la  rivière,  oi'i  il  acheva  son  martyre. 
L'Eglise  fait  sa  fêle  le  2i  avril. 

SABBACE  (  saint  ),  cul  la  gloire  de  recevoir 
la  couronne  du  martyre  sous  l'emitercur 
l'robus.  Il  fut  arrêté,  avec  saint  Trophime, 
h  Antioehe  de  Pisidie,  et  déféré  h  Uéliodore, 
vicaire  du  gouverneur  daais  cette  provinct>. 
Uéliodore  les  fit  appli(iuer  h  la  question  et 
tourmenter  d'une  façon  horrible.  Sabhact; 
mourut  au  milieu  des  tourments.  Pendant 
(ju'il  les  soulTrait,  la  douleur  le  fil  pleurer; 
sur  quoi,  le  juge  se  niil  à  insulter  à  ses  lar- 
mes. 0  Je  sens,  je  l'avoue,  lui  dit  le  saint, 
la  violence  des  tourments,  et  les  douleurs 
que  j'endure  font  qu<>  je  ne  |)Uis  retenir  mes 
larmes.  Mais  j'aime  encore  mieux  tout  souf' 


877  SAIJ 

riii(|n<Ml'jilniii(l()mi(M'J(Vsiis-(:iirisl.  Une  idoh 
l.iriiirs  vuMS  l'iissciil  <li>iic  coiiiprciiiln»  cuiii- 
hicil  jn  rcslillIC,  t'I  .ivre  <|iirllr  aidriir  jn 
l'«in)(\  pllisipli*  l«*S  (loillciii.s  les  |illis  Mciisi- 
hlcs  ((Slcnl  (iiiisi  h  rjiinom-  (|iir  j'ai  pour  hii.  » 
Il  r-ondil  r.*\m(^  ,i|.n''s  ces  ^('•iutciiscs  ikiioIos. 
Il  iiioiilifi  (|ii('  l(»  vcrildMr  tniir.i^c  ne  ^il  pa.s 
dans  la  t'oicci  ph.ysi<|i"''  '"'''*<  ''''"''  ""''""'  •'" 
Vi\uw,  et  <IU(^  snv'Mr  moiiiir  fii  siiccnnihanl. 
i")  SCS  (loiiliuirs  ol  (Ml  los  avoiiaiil,  ne  lail 
(jii'aUî^nuMilcr  oiicoïc  In  ^raiidciir  du  sai  ri- 
(ic(<.  N()lr(^-S(M{:;ii('ur  .Icsus-Chiisl  lui-iiitMii(; 
n  voulu  nous  nionlrcr  (|n'il  coiiiiifcnail  la 
laiblesso  humaine,  (|naiid  il  se  nionlra  si 
Ibrt  acrahU"  au  Jardin  des  Olives.  I,'l<;u;lise 
fait  la  t'(Mi'  de  sain!  Salihace  le  li>  septiMuhre. 
Co  saint  est  tiùs-eelèlirii  chez  les  (Irecs,  (|ui 
le  f(MiMd  le  nu'^nx^  .i'"i'"- 

SAHKI.  (saint),  l'ut  niarlyrist^  àdhalcédoinc 
l'Oui'  la  défense  dt\  la  i'elii;ion  chrclieinic, 
avoc  h's  saints  Mamwl  el  Isniael.  Klatil  vo- 
mis vers  Julien  l'Aiioslat  en  (jualité  d'ambas- 
sadeurs (lu  roi  de  l'eisc,  alin  de  conclnre  la 
paix  avec  lui,  cet  empereur  voulut  les  con- 
Iraindro  de  vénércM'  les  idoles  el  sur  le  refus 
géncr(>u\  (pi'ils  en  lircnl,  ils  péiirent  p.ir  le 
{glaive.  L'Kglise  les  honore  comme  martyrs 
le  17  juin. 

SAÙIN  (  saint  ),  d'Assise,  martyr,  fut  arrêté 
avec  plusieurs  eccitisiastiipies  de  son  église, 
dès  l'année  30.'},  innnédiatement  ajirès  la 
jiuhlication  des  étlils  des  empei'curs  Dioclé- 
(ien  et  Maximien.  Il  y  resta  juscjuii  l'arrivée 
(le  Vénusiien,  gouverneiu'  de  la  province  (for- 
mée d(i  l'Ktrurie  et  île  rOnd)rie).  Ce  juge  lit 
compaiAiire  Srbin,  et,  sur  son  refus  de  sacri- 
lier,  I  ui  lit  cou  |)cr  les  deux  mains.  Ses  deux  dia- 
cres, Marcel  el  Exuftérauce  fureiii  mis  sur  le 
chevalet,  horriblemivil  battus,  et  lacérés  avec 
les  ongles  de  fer;  Uh\>  deux  mojrureîii  au 
milieu  des  tourments.  Saint  Sabin  survécut, 
et,  ayant  rendu  la  vue  à  uu  aveugle,  eut 
l'occasion  do  guérir  aussi  Vénustien,  (]ui 
soulfrait  beaucoup  d'un  mal  d'yeux.  Touché 
de  ce  miracle,  ce  juge  embrassa  le  christia- 
nisme, pour  lequel  il  fut  depuis  décapil('\ 
Lucius,  ijui  lui  succéda,  Ut  amener  le  saint 
évèque  à  Spolète,  et  ordonna  qu'on  le  bat.it 
jusi^u'à  ce  ([u'il  expirât  sous  les  coups.  De- 
])uis,  les  reliques  du  saint  furent  transférées 
à  Faënza.  L'Eglise  fait  leur  fête  à  tous  lo  30 
décembre. 

SABIN  (saint  ),  martyr,  cueillit  la  couronne 
du  martyre  à  Damas,  avec  les  saints  Julien, 
^îacrobe,  Oassie,  Paule  et  dix  autres  dont  le 
Martyrologe  romain  ne  nous  a  pas  conservé 
les  noms.  Nous  n'avons  aucun  détail  sur 
leurs  sûutfrances.  L'Eglise  fait  leur  fête  le 
2-2  3^1161. 

SABIN  (saint),  martyr,  versa  son  sang  pour 
la  foi  durant  la  persécution  que  les  empe- 
reurs romains  suscitèrent  aux  chrétiens.  Il 
eut  pour  compagnons  de  son  martyre  saint 
Donat  el  saint  Agabe.  L'Eglise  les  honore  le 
25  janvier. 

SABINE  (sainte),  nom  d'une  sainte  qui 
fut  couronnée,  sous  rem|)ereur  Adrien  ;  elle 
mourut  par  le  glaive  sur  le  mont  Aventin  à 
Rome.  L'Eglise  célèbre  sa  fùte  le  21)  août. 


ftAB 


H7» 


SABINE (saiule)«')lail  veuve,  d'un  r/in>;  di»- 
l\\\^^^[^'u  ot    avait  une   (grande  fortuno.    Ellii 

lialiilail  l'Oiiibiie.  Ses  Acl«!s  disent  (pj'rllu 
avait  (lie/,  elle  plusieurs  jeuiKt.s  lilles,  etilru 
autres  sainti!  SNbine,  ori^iiiiiire  d'AiitioclK}  : 
ce  fui  celte  jeune  tille  qui  la  i:Mii\(Mlit.  Peu 
de  temps  après,  l/i  persécution  s'etaril  allu- 
iiK'e  sous  Adrien,  Béi-ylle,  i^juver'ieur  do 
l'Oinliiie,  (ïiivoya  clie/.  sainte  Sabine  pour 
(ju'oii  lui  aiue'iAl  les  jeunes  lill<;s  (jiii  deiiieu- 
raieiil  avec  elle.  ShIjiiic  r(flusa  ;  mais  Swra- 
pie  ayant  insistr-  pour  aller  devant  le  ju^ij, 
elle  l'y  a(M;ompagna  ;  et  au\  i-c|iroi  lies  (jutt 
lui  lit  B(-ryll(;  de  ci;  fpi'il  no  convenait  jias 
(piniie  peisonne  de  son  raii^  se  joignit  aux 
clir(';tiens  par  les  cons(!ils  d'une  misiM-abli; 
magicienne,  elle  répondit  :  «  Jt;  souhaiterais 
i]\U'.  vous  (''|)i()Uvassio/.  vous-même  les  char- 
mes d'un(i  iiia|j,icieiiiie  aussi  sainte  (pie  celle- 
ci,  et  que  V(jus  pussi»;/-  «piitler  vos  idoles 
pour  adorer  celui  (pii  promet  la  vie  éter- 
nelle aux  bons,  et  (pii  livrera  les  méchants 
à  des  su(.'plices  (pii  ne  liniront  jamais.  »  Bé- 
rylle  laissa  partir  les  saintes;  mais  trois 
j(nn's  après  il  envoya  [)ren(ire  sainte  Sérapie 
poui'  rinterrog(îr  publiquement.  Sainte  S/i- 
bine  vint  avec  elle,  et  ineiin(;a  le  juge  do  la 
colère  de  Dieu. 

Sainte  Sérapie  ayant  été  martyrisée,  comme; 
on  peut  le  voir  il  son  article,  sainte  Sabine 
la  lit  enterrer  dans  un  tombeau  magnilique, 
([u'elle  avait  fait  construire  j)our  elle-même. 
De|)uis  lors  elle  se  consacra  exclusivement 
an  service  des  malad(!S,  des  pauvres,  des  pi-i- 
sonni  rs.  Dieu  lui  ayant  donné  une  giande 
fortune,  elle  en  usait  pour  faire  de  grandes 
annnjnes.  Sa  charité  lui  mérita  le  martyie. 
Uelpide  (qualilié  préfet)  étant  venu  à  Vin- 
dennc,  et  Béiylle  lui  ayant  raconté  ce  qui 
s'était  passé  relaiivcuient  aux  d.  tix  saintes, 
cet  homme  cruel  l'envoya  arrêter;  il  lui  dit, 
entre  autres  choses,  qu'il  tnmvait  étonnant 
qu'elle  eût  adopté  la  doctrine  des  chrétieus, 
dont  la  vie  était  une  mort.  «  Et  moi,  je  rends 
grâces  h.  mon  Seigneur  de  ce  que,  no-iob- 
stant  mes  péchés,  il  a  bien  voulu  me  délivrer 
par  Sérapie,  sa  sainte  servante,  des  souil- 
lures dans  lesquelles  j'étais  plongée,  et  me 
retirer  de  la  puissance  des  démons  que 
j'adorais,  par  le  même  égarement  où  je  vous 
vois  encore  engagé.  » 

Holpidc  l'ayant  menacée  de  lui  faire  tran- 
cher la  tête  si  elle  ne  sacritVût,  elle  répon- 
dit :  «  Je  ne  sacritie  pas  à  vos  démons,  |)arce 
que  je  suis  chrétienne.  »  Le  préfet  la  con- 
danuia  à  être  décapitée,  et  pro-ionça  la  con- 
tiscation  de  ses  biens.  La  sentence'  fut  exé- 
cutée le  29  août,  jour  anniversaire  de  la  mort 
de  sainte  Sérapie;  elle  fut  enterrée  dans  le 
même  tombeau  par  les  chrétiens.  Il  est  pro- 
bable que  le  corps  de  sa4nte  Sabine  a  été 
transporté  à  Rome,  et  qu'il  y  est  encore 
dans  une  vieille  église  du  mont  Aventin,  dé- 
diée du  temps  du  pape  Célestin  I"  par  un 
prêtre  nommé  Pierre.  La  fête  de  sainte  Sa- 
bine a.lieu  le  3  septembre. 

SABINE  (sainte),  martyre,  eut  le  bonheur 
de  donner  sa  vi(!  pourla  foi  chrétienne,  sous 
l'empire  de  Dèce.  Elle  fut  arrêtée  avec  saint 


g*:» 


S\B 


SAD 


880 


Pidne  ot  saint  Asrlf^piado  clans  la  villo  de 
Smvrne.  Elle  donna  l'oxomplo  du  plus  noble 
rour.i}i;t\  et  d'une  conli  nce  admirable  en 
Pit'ii.  Quand  les  jierstVulciirs  In  menat^rent 
de  la  faire  conduire  dans  un  lieu  de  prosti- 
tution :  n  Je  ne  crains  rien,  dit-elle.  Dieu  y 
pourvoira.  »  Il  ne  faut  pas  séparer  -ion  his- 
toire de  celle  de  saint  Piotie,  i\  laciut.'lie  elle 
est  intimement  liée.  Nous  engageons  le  lec- 
teur à  y  recourir.  Sainte  Sabine  est  parmi 
lis  (|uinze  martyrs  que  le  Martyrologe  ro- 
main signale,  sans  les  nonnner,  comme 
avant  soutbTt  avec  saint  Pione.  L'Eglise  fait 
sa  fête  le  même  jour  que  celle  de  ce  saint 
niarlvr,  le  1"  février. 

SABINE,  nom  d'une  femme  romaine  qui, 
sous  le  règne  de  l'empereur  Dôce,  en  l'année 
250,  fut  arrêtée  h  Rome  pour  cause  de  chris- 
tianisme, avec  sanit  Moyse  et  une  grande 
quantité  d'autres  chrétiens.  Elle  resta  dix- 
huit  mois  en  prison,  su[)porla  les  tourments 
avec  beaucoup  de  courage,  el  eut  la  gloire 
de  vaincre  les  bourreaux  par  son  inébranla- 
ble constance.  Il  est  fait  mention  d'elle  dans 
la  lettre  de  Lucien,  confesseur  de  Carthage, 
aux  confesseurs  de  Home,  laquelle  se  trouve 
parmi  celles  de  saint  Cyprien.  (Pour  i)lus  de 
détails,  voy.  Moyse,  confesseur.) 

SABINE  (sainte),  martyre,  soulTrit  à  Avila 
en  Espagne  avec  saint  Vincent  et  sainte 
Christèle.  (Voy.  l'article  Vincent,  pour  plus 
de  détails.) 

SA BIMEN  (saint),  fut  martyrisé  dans  le 
territoire  do  Troyes,  par  l'ordre  de  l'enqie- 
reur  Aurélien.  Il  fut  décapité.  L'Eglise  fait 
sa  mémoire  (e  -29  janvier. 

SABINIEN  (saint),  intendant  de  sainte 
Chr.se,  fut  martyrisé  sous  Claude  II  le  Go- 
tliiqne.  (Pour  j)lus  de  détails,  voy.  Mahtyrs 
d'Ostie.) 

SABINIEN  I saint),  martyr  ,  moine  de  Saint- 
Zoile  dArmilat,  habitait  ce  monastère  avec 
saint  ^'istremond.  Ce  monastère,  ainsi  nom- 
mé dt.' la  rivière  svn-  laipielle  il  était  s i tué,  se 
trouvait  dans  un  désert  all'reux,  <i  dix  lieues 
de  Cordoue.  Ces  deux  saints  vinrent  en  850, 
T  h  Cordoue,  se  présenter  au  cadi  avec  Pierre 
prêtre,  Valabonse  diacre,  Habentius  moine, 
et  Jérémie,  moine  aussi,  ([ui  avait  fondé  le 
monastère  de  Tabane.  Ils  lui  dirent  :  »«  Nous 
cord't'ssons  Jésus-Christ  ;  nous  tenons  que 
votre  prophète  Mahomet  est  précurseur  de 
r.VntechrisI,  et  sommes  peines  de  l'avcn- 
glemt'fil  dans  lequel  vous  êtes  plongt's.  » 
Le  cadi  les  condamna  h  ôtrc  décapités  :  la 
senttMin-  fut  eséciili'e  ;  li'uis  corps,  qui  res- 
tèrent ptMKianl  quelque  temps  allarhosà  des 
pieux,  furent  enlin  bn^lés  ,  et  les  cendres 
jetées  dans  le  tleuvp.  L'Eglise  fait  la  mé- 
moire d<!  cc'i  six  martyrs  le  7  juin.  Voy.  \ \- 
LARONSE  et  Musulmans  (  Prr.it'cution  (1rs  ). 

SABINIEN  (saint  ),  soull'nt  les  tourments 
et  la  mort  pour  la  défense  de  sa  loi,  avec 
Paul  son  père ,  Tatte  sa  mè(  e,  el  ses  trois 
frères  Maxime  ,  Buf  et  Eugène,  .\yant  été 
accusés  de  faire  profession  de  la  religion 
chrétienne  ,  ils  furent  chargés  de  coups  el 
endurèrent  d'autres  supplices  dont  1rs  dif- 
férent*» circonstances  ne  suul  iioint  parvc- 


nups  jusqu'il  nous,  et  dans  lesquels  ils  ex- 
pirèrent. L'Eglise  fait  leur  fêle  le  26  sep- 
tembre. 

SABINUS,  gouverneur  d'Egypte  ,  et  rési- 
dant îv  Alexandrie,  en  250,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dèce,  fut  dans  ce  pays  un  instru- 
ment acharné  de  la  persécution  que  suscita 
ce  prince.  C'est  par  ses  ordres  que  tous  les 
saints  nommés  dans  la  lettre  de  saint  Denvs, 
sur  le  martyre  des  saints  d'Alexandrie,  fu- 
rent menés  au   supplice.  Vis-à-vis  de  quel- 
ques-uns, la  cruauté  des  juges  fut  horrible  : 
ainsi   saint  Julien  ,  vieillarfl  goutteux  ,   fut 
horriblement  traité  avant  d'être   mis  h   mort 
(  Voy.   son    article  ).  Certes  ,    ce  reproche 
d'horrible  cruauté  incombe  h  Sabinus  ;  car 
sous   les    gouverneurs   romains    les  juges 
n'agissaient  que  nar  délégation,  et  la  plu- 
part  du    temps   c  était    devant  les  gouver- 
neurs, au  tribunal  proconsulaire,  que  com- 
paraissaient  les   chrétiens.   Sabinus  est  le 
même  que  Valérius,  nommé  dans    les  me- 
nées des  Grecs  comme  gouverneur  d'Egypte 
lors  du  martyre  de  saint  Fauste,  saint  Bibe, 
saint  Macaire,  et  de  leurs  compagnons, sous 
Dèce.  Sabinus,  ayant  toujours   été  gouver- 
neur sous  Dècé,  il  faut  bien  dire  que   Valé- 
rius était  un  de  ses  noms.  {Voy.  Alexandrie, 
pour  plus  de  détails.) 

SABINUS,  nom  d'un  proconsul  oui,  sous 
l'empire  de  Dèce,  fit  mourir  par  le  feu,  h  Ni- 
comédie,  les  saints  Marcien,  Lucien,  Flore  , 
Tite,  Héracle,  et  un  autre  Flore.  Ne  serait- 
ce  point  le  même  que  nous  avons  déj?i  vu  se 
signaler  à  Alexandrie  contre  les  chrétiens 
de  cette  ville,  soit  (ju'il  eût  changé  de  gou- 
vernement, soit  qu'il  eût,  comme  cela  se 
pratiquait  quelquefois ,  reçu  des  pouvoirs 
S[)éciaux  de  l'empereur  pour  exercer  son 
pouvoir  ailleurs  que  dans  son  propre  gou- 
vernement ? 

S.VBINUS,  gouverneur  de  la  Thrace  ,  rési- 
dait à  Héraclée,  sous  le  règne  de  Marc-Au- 
rèle,  vu  l'année  IGl  ou  102.  11  tit  martyriser 
sainte  (ilycérie. 

SACEBDON  (Saint),  martyr,  l'un  des  qua- 
rante martyrs  de  Sébaste,  sous  Licinius. 
{Voy.   .MviiTYus   DE  Sébaste.) 

SADÉAU  ,  prince  arménien  de  la  famille 
Timaksiank,  fut  l'un  de  ceuxcpii  souffrirent 
volontairement  la  captivité  pour  Jésus-Christ 
sous  le  règn(^  d'HazguerJ  ,  deuxième  du 
nom,  roi  de  Perse,  et  qui  no  furent  remis  en 
libi'ité  et  renvo.vésen  leur  pays  que  huit  ans 
après  la  mort  de  ce  }>rince  sous  le  règne  de 
son  lils  BcMose.  (Pour   plus  de  détails,  roy. 

PniNC.F.S  AHMÉMENS    ) 

SADOC  (le  bienlieureux)  et  ses  compa- 
gnons, martyrs,  soutfrirent  en  l'honneur  du 
nom  de  Jesus-Christ,  vers  l'an  1200.  Saint 
Domini(]ue  ayant  résolu,  dans  le  second  cha- 
pitre gt'iii'ral  de  son  ordre,  qu'il  tint  à  Bolo- 
gne en  1221,  d'enviMcr  niuMeurs  de  ses  dis- 
ciples prêcher  l'Evangile  dans  les  diverses 
contrées  de  l'Europe  ,  notre  saint,  jeune  en- 
core, fut  choisi  pour  la  mission  de  Hongrie, 
avec  plusieurs  autres  compagnons.  Sadoc 
prêcha  pendant  plus  (Mirs  années  en  Hongrie 
el  daiii  les  contrées  voisines  (jui  lui  avaient 


88i 


SAI) 


SAH 


Mî 


ÔK^assiKiu^rs.SoM  iiiln^iiidilt'ltii  (nisailhravcr 
ïoiislcs  (»lislarl('s,(U«U('im  |)(''iil  m-  le  pouvait 
fairo  reculer.  Il  «lut  s(!  leiidie  ensuite  à  Saii- 
(iouiir  en  l'oloi^nc,  alin  d'y  ^^oiiverner  inio 
nuuson  (lo  son  ordre  :  il  mi  cessa  point  pour 
cela  (lo  pr(^clier  l'I'lvan^ile,  el  il  eniiliniia  i\ 
annoncer  la  parol(>  de  Dien  el  h  (''lahln' uni; 
discipline  S(^vère  parmi  ceux  (]nv  les  ordres 
desonsnpérienrl'avanMd.mpeli''  ?\  ;.^onverner. 
Sur  ces  enlrel'ailes,  les 'larlares,  ennemis 
jurés  de  ri-lvanj;;ile,  (ireiil  niu)  irinplion  h 
Sandomir  el  inassacr^reid  noire  saini,  avec 
(piaraide  di>  ses  compa^;nons.  l/liisloiro  rap- 
porte (jm^  la  vcMlle  d(!  leur  mort  ,  un  reli- 
gieux (pii  faisait  au  réfectoire  la  lecture  du 
Marlyroloi;e  y  lui  ces  mots  :  .1  Stnidomir  , 
le  >•»/)/)/((•(•  (le  (juarantc-nnif  mdi'li/is.  Tous 
les  frùres  furent  remplis  d'éloniuMuent  ;  mais 
Sadoo,  voyant  dans  ces  mots  un  averlissi;- 
menl  du  ciel,  les  exhorta  à  se  préparer  au 
n)artyre.  Leur  mort  arriva  en  1:200.  L'Kglise 
lait  leur  nuMuoire  le  "2  juin. 

SADDI'M.  Voy.  Scivnusï. 

SADUCÉKNS,  sectaires  juifs  ,  disciples  do 
Sadoc  ,  fameux  docteur  cpii  vivait  prés  do 
deux  siècles  avant  Jésus-Christ.  D'aj)rès  ce 
principe  que  leur  maître  avait  reçu  d'Anti- 
gone,  «  qu'il  fallait  pratiijuer  la  vertu  pour 
elle-mônie  el  nullement  dans  le  but  d'en 
ôtre  récompensé ,  »  ils  arrivèrent  à  nier  les 
peines  et  les  récom|)r'nses  de  la  vie  future, 
el  bientôt  même  l'innuortalité  do  l'Ame  et 
conséquenunent  la  résurrection.  Quoiqu'ils 
suivissent  ostensiblement  celte  doctrine  im- 
pie, ils  fuient  élevés  aux  plus  jijrands  em- 
plois, et  môme  t»  la  souveraine  sacriticature. 
Ils  étaient  fort  nombreux  parmi  les  Juifs. 
L'histoire  nous  montre  que  ,  comme  tous 
les  sectaires  et  tous  les  hérétiques  ,  ils 
étaient  extrêmement  intolérants  ;  ils  furent 
des  premiers  et  des  plus  ardents  persécu- 
teurs des  chrétiens,  et  sont  nommément  ci- 
tés dans  les  Actes  des  apôtres  (chap.  iv,  v.  1), 
pai  mi  ceux  qui  arrêtèrent  et  mirent  en  pri- 
son Pierre  et  Jean,  le  jour  de  la  guérison  du 
boiteux.  Ce  furent  encore  eux  qui  tirent  pour 
la  seconde  lois  mettre  saint  Pierre  et  les 
apôtres  en  prison  {Act.  v,  17),  parce  qu'ils 
prêchaient  les  Juifs  et  guérissaient  les  ma- 
lades. Le  prince  des  prêtres  était  de  la 
secte  des  Saducéens  ;  le  texte  des  Actes  est 
j)récis  :  Or  le  prince  des  prâtrcs  se  leva  ,  et 
tous  ceux  qui  étaient  avec  lui  (  do  la  secte 
des  Saducéens  ),  et  ils  furent  remplis  de  co- 
lère. 

Ce  qu'il  faut  remarquer  dans  cette  per- 
sécution des  apôtres  par  les  Saducéens  , 
c'est  l'esprit  de  parti,  l'intérêt  de  secte  qui 
dirigeait  ces  derniers.  Les  apôtres  annon- 
çaient la  résurrection  des  morts,  la  vie  éter- 
nelle avec  ses  peines  et  ses  récompenses;  ils 
prêchaient  une  doctrine  complètement  en 
opposition  avec  les  crovanccs  des  Saducéens; 
aussi,  disentles  Actes  (Chap.  iv,  v.  2),  les  Sadu- 
céens survinrent  ;  affligés  de  ce  que  les  disci- 
ples enseignaient  le  peuple  et  annonçaient  la 
résurrection  des  morts  au  nom  de  Jésus,  ils  les 
arrêtèrent. 
Dieu  voulut   que  les  prédicateurs  de   la 


reli-ion  (  hrélienne  fussent  pernéculés  de?» 
lo  (-oiininMicenuMit  p'U'  des  lionnnes  qui  nlta- 
(pniienl  les  vt'-rilés  les  jilus  fondamentales, 
les  vérités  (pii  sont  la  base  île  loub-s  les 
croyances  vraiment  pliilosoplii<|ueH  ,  nlin 
ipi'il  fôl  birn  di'moniré  au  mundt*  de  «pnd 
côli'-  élail  la  passion,  dr  (pnl  (  iMi'-  était  l'er- 
leur. 

S.\F'M'!I),cli;1teau  appartiiianl  aux  chr-i'liens 
et(pii  leiu'  fut  enlevf-  par  Hibars,  sultan  d'l> 
gypl«S  en  12()l>.  Ce  prince  cruel  lit  décajtitor 
six-cents  el  (piehpies  martyrs  ipii  le  del'fMi- 
daienl  :  il  leur  lit  din;  ouils  eussent  à  choi- 
sir (Uitrc!  la  mort  et  rislamisino.  Jac(pj(!S  do 
Podio  el  J(''iénne,  Frères  Mineurs,  employè- 
ri!iil  toute  la  nuit  à  encouragei-  W.s  chrétiens 
à  préférer  la  couioinie  |.;,lorieus(!  du  martyro 
à  l'odieux  avantagfi  de  l'apostasie.  Le  leinb;- 
main  la  garnison  t(jul(î  entière  s(!  présenta 
courageusement  au  tii'pas.  Tous  les  prison- 
niers fure-it  décapités.  Hibars,  pr)ur  se  ven- 
ger des  franciscains,  (jui  avaient  élé  caus(i 
d'un  si  génér(Mjx  dévouement,  les  lit  écor- 
chcr  vils,  ainsi  qu'un  templier,  [)rieur  de 
l'ordre.  Il  l(!s  lit  accabler  de  coups  de  bûton, 
après  (pi'ils  eurent  enduré  l'alfreux  suf)- 
plico  que  nous  venons  de  dire;  ensuite  on 
les  mena  au  lieu  oii  les  six  cents  martyrs 
avaient  eu  la  tête  tranchée.  Ils  y  moururent 
de  la  même  façon.  11  est  bien  clair  qu'il  ne 
faut  pas  comprendre  par  ce  récit,  que  nous 
rendons  à  i)Ou  i)rès  dans  les  termes  que 
nous  trouvons  dans  Wadding,  an.  1265, 
n"  9,  (jue  ces  saints  ont  été  entièrement  écor- 
chés.  Nous  pouvons,  nous  médecin,  affirmer 
qu'un  pareil  supplice  n'est  pas  de  nature  à 
laisser  ceux  qui  l'ont  souffert,  capables  de 
ce  qu'ont  enduré  nos  saints  plus  tard. 

SAGARIS  (saint),  évêque  de  Laodicée, 
mourut  martyr  sous  le  règne  de  l'empereur 
Marc-Aurèle.  Usuard  et  Adon  prétondent 
qu'il  était  disciple  de  saint  Paul.  Quand  on 
considère  qu'il  y  a  plus  de  cent  ans  entre 
la  mort  de  saint  Paul  et  le  commencement 
de  Marc-  Aurèle,  on  a  besoin  d'autorités  im- 
posantes pour  admettre  un  tel  fait.  Il  reçut 
la  couronne  du  martyre  dans  sa  ville  épisco- 
pale,  sous  le  proconsul  Servilius  Paulus. 
Les  Latins  font  la  fête  de  saint  Sagaris  le 
6  octobre. 

SAHAG  (saint),  évêque  de  Richdounik, 
souffrit  le  martyre  sous  le  règne  du  cruel 
Hazguerd,  roi  de  Perse,  qui  voulait  forcer 
l'Arménie,  dont  notre  saint  et  ses  compa- 
gnons étaient  sujets,  à  embrasser  la  loi  de 
Zoroastre.  Les  compagnons  du  combat  de 
Sahag  furent  :  Joseph,  patriarche  de  Vaïotz- 
tzor  et  du  village  Holotzmanz  ;  Léonce,  ar- 
cliiprêtre  de  Yanant,  du  village  d'Itcavank  ; 
Mouche,  prêtre  de  Halpage;  Archen,  prê- 
tre de  Pakrévanl,  du  village  d'Eléheg;  Kat- 
chatch,  diacre  du  jiays  de  Richdounik,  et  le 
bienheureux  chef  mage  de  la  ville  de  Niu- 
chabouh.  Excité  par  les  mages  et  par  son 
premier  ministre  nommé  Mihirnerseh,  Haz- 
guerd envoya  Tenchabouh  pour  faire  mourir 
ces  saints  prêtres  qui  étaient  renfermés 
dans  la  ville  forte  de  Niuchabouh,  sous  la 
garde  du  chef  des  mages,  en  même  teops 


883 


SAI 


SAt 


884 


gouvornour  civil  du  pnys  d'Abiir.  Ce  ningr, 
vdyniit  nos  sai  Is  diMiiearer  fiTnics  dans 
leur  foi,  les  rualtraila  beaucoup  el  les  fit  ren- 
fermer dans  un  noir  et  humide  rarliot  où 
deux  gamelles  de  soupe  épaisse  et  une  cru- 
che d'eau  composaient  tous  leurs  aliments. 
Etonné  de  les  voir  joyeux  et  bien  portants, 
malgré  h'urs  soulfrances  et  la  mauvaise  nour- 
riture qu'il  leur  faisait  donner,  le  mage-gou- 
verneur vint  une  nuit  roder  autour  du  r;i- 
chot,  soui'çomaut  quf  quelqu'un  de  ses 
serviteurs  portail  des  aliments  aux  prêtres 
chrétiens  confii'S  h  sa  gardf.  II  s'ai)prorha 
du  soupirail  iela  {)rison  et  fut  témoin  d'un 
prodige  étrange  :  chacun  des  prisonniers 
irillait  d'un  éclat  merveilleux  au  milieu  de 
'obscurité  de  la  nuit.  Il  fut  si  épouvanté  de 
ce  prodige  que  bientôt  il  renonça  aux  er- 
reurs du  magisrae,  et  se  fit  instruire  par  ses 
prisonniers  dans  la  religion  des  chrétiens. 
Quand  Tenchabouh  arriva  pour  exécuter  l'i- 
nique sentence  d'Hazguerd,  il  trouva  le 
mage  au  milieu  des  ]>risounicrs,  écoutant 
leurs  discours  et  les  excitant  à  braver  la  mort. 
Il  avertit  le  roi  do  ce  qui  se  passait  ;  celui-ci 
lui  défendit  de  punir  publiquement  ce  mage 
h  cause  du  tort  qui  en  résulterait  pour  la  re- 
ligion de  Zoroastre,  mais  lui  ordonnait  do 
l'envoyer  en  exil  dans  un  pays  loint.iin,  au 
nord  du  Khorassan,  où  il  reçut  la  iialme  du 
martyre.  Apiès  avoir  termin  '  cttealfau-e.  le 
ministre  des  (ruaulés  d'Hazgucrdtitlamèino 
luiit  transporter  les  prêtres  arméniens  dans 
un  endroit  écarté  du  désert.  Arrivés  au  lieu 
de  Pexécution,  on  leur  lia  les  pieds  et  les 
mains  et  ils  furent  traînés  d'abord  sur  un 
sol  rocailleux  et  rempli  d'aspérités.  Ensuite 
Tenchabouh  ayant  vainonuMit  essayé  de  les 
faire  renoncer  h  leur  foi,  notre  saint  lui  tit 
des  réponses  si  injurieuses  pour  les  dieux 
de  la  Perse  qu'il  en  reçut  un  grand  coup  de 
sabre  qui  lui  coupa  l't'i)  nie  droite,  une  |)ar- 
tiedudosetla  main.  Ile\piral)ienlôt, baigné 
dans  son  sang  et  eiis'écriant  :  «  .lésus,  rece- 
vez nos  Ames,  et  placez-nous  parmi  (eux  qui 
vous  ont  aimé!  »  Lescinq  autres  furent  aus- 
sit«'tf  décapités.  Leur  inartvre  arriva  le  .'JO 
juillet  VS'*,  dans  le  grami  désert  du  pays 
d'Abar,  au  département  de  la  ville  royale  de 
Niuchal>ouli.     ' 

SAHAti.  prince  arménien  de  la  famille 
Manlagouiuk.  fut  l'un  de  ceux  (pii  souffrirent 
volontair-  rmnit  la  captivité j)ourJt'sus-Christ 
sous  le  règiiedliazguerd,  ilmixième  du  nom, 
roi  de  Perse  et  rpii  nefurent  remisen  liberté 
«•t  renvoyés  en  leur  pays  (pie  huit  ans  après 
la  mort  de  ce  prince,  sous  le  régne  de  sou 
fils  Bérose.  (Pour  plus  de  dél.-iils,  Voy. 
PnfNCKs  \nMrMr>s.) 

S.VIN  T-DOMMN,  liiiifjns  Sun  liomnino, 
bourg  situé  entre  Parme  et  Plaisance,  fut  té- 
moin, en  .lO'i.  du  martyre  do  saint  Domnin, 
rhambellan(ler(Mnpereur  Maximien  Hercule. 
Ce  fut  de  cet  événement  ipie  ce  bourg  prit 
son  nom. 

SAINTE-MAUIE 'Jkanhk  .  de  l'ordre  sé- 
mpliiqne,  était  Catalan  d  origine.  Lui  et  un 
nuire  frère  nommé  François  Lopelio  accom- 
jtagnèrenl  le  bienheureux  Kodnguez  Augus- 


tin chez  les  Zacat(''qiies  et  les  ChichinuVjues. 
lis  s'avancèrent  ensuite  vers  les  contrées 
septentrionales  où  nul  missionnaire  n'é- 
tait encore  allé.  Ils  tirent  environ  oOO  milles 
dans  le  nord  avec  une  escorte  de  douze  sol- 
dats espagnols.  Ils  parvinrent  jusque  dans  la 
contrée  qu'ils  nommèrent  Nouveau-Mexi- 
que. Cinquante  mille  hommes  environ  habi- 
taient six  mille  iuaisori<î  dans  'c  lieu  où  ils 
s'anèièrent.  Ils  y  furent  cordialement  reçus 
et  furent  enchantés  de  cet  accueil.  Frère 
Jean  de  Sainte-Marie  partit  pour  retourner 
chercher  de  nouveaux  mis-^ionnaires  ;  mais 
les  naturels  l'ayant  guetté  au  passage  d'une 
montagne,  firent  rouler  sur  lui  un  quartier 
de  roche  qui  l'écrasa.  Les  soldats  qui  l'es- 
cotaient  regagnèrent  Mexico.  Ce  fut  par  eux 
qu'on  apprit  les  découvertes  que  les  reli- 
gieux venaient  de  faire.  Les  deux  autres 
missionnaires  continuaient  leurs  prédica- 
tions au  Nouveau-Mexique.  Un  jour  qu'ils 
prêchaient.  François  aperçut  des  nalurels(pii 
se  dis[)Utaient  et  allaient  se  battre.  Il  courut 
Ji  eux  jiour  les  réconcilier,  mais  ils  tournîv 
renl  leur  fureur  contre  lui  et  le  percèrent  de 
leurs  tlèches.  Augustin,  resté  seul  après  la 
mort  de  ses  deux  compagnons,  n'en  continua 
pas  moins  h  accomplir  sa  sainte  mission  ; 
mais  bientôt  il  tomba  lui-même  victime  do 
son  zèle,  et  fut  martyrisé  par  les  indigènes. 

SAINTES,  Mcdiolntium,  anciennement évè- 
ché  et  capitale  de  la  Saintonge,  n'est  plus 
mai  menant  qu'un  chef-lieud'arrondiss«Miient. 
Son  premier  évoque  fut  saint  Eulrope  qui. 
dans  le  m'  siècle,  probablement  à  la  lin,  fut 
tué  pour  la  foi  par  les  païens,  ipii  lui  fendi- 
rent la  tête  d'un  coup  de  hache.  Saintes  pos- 
sédait les  reli(]ues  du  saint.  Les  huguenots, 
qui  jiromenèrent  l.^  leur  fureur  comme  en 
tant  d'autres  litnix,  disfiersèrent  ces  reliques, 
qui  sont  entièrement  perdues.  (  Voy.  Et- 
TRorr.) 

SAINT-GRATIEN,  en  Picardie,  est  une 
localité  sans  importance,  mais  qui  est  cé- 
lèbre par  le  martyr(>  du  saint  qui  lui  a  donné 
son  nom.  Ce  fut  à  la  lin  du  m*  siècle,  sous 
rempir(>  de  Dioclétien  et  par  ordrt»  de  Kic- 
tius  ^■arus,  que  saint  Gratien  fut  marty- 
risé. 

SAINT-JEAN-DACRE ,  Plolcmms ,  ville 
d'Asie,  (élèbre  dans  les  annales  desiuarl.\rs 
parla  mort  qu'y  endurèrent  les  bicnhcurm- 
srs  (larisscs  vu  1-291.  le  V  mai.  C(>  jour-là, 
le  sultan  des  mameluks  d'Egypte,  nommé 
Mélik  Aschraf,  ayant  emporté' la  forJeresse 
de  Saint-Jean-d'Acre,  lioulevard  de  la  puis- 
sance rhrélienn<>  en  Palestine  ,  plusieurs 
dominicains  et  franciscains  y  furent  immolés 
dans  l'exercice  des  fonctions  *\o  leur  minis- 
tère; mais  ce  (|ui  illustra  surtout  celte  ville, 
ce  fut  le  marivre  des  religieuses  Clarisses 
dont  elle  possédait  un  couvent.  Leur  supé- 
ri(Mire  ayant  appris  iiue  les  ennemis  venaient 
d'entrer  dans  la  place ,  assembla  ses  re- 
ligieuses et  ItMir  dit  :  <  Nous  sommes,  mes 
liiles,  sur  h^  point  de  païaître  (hjvant  notre 
divin  énoux.  Le  sacrifice  que  nous  allons 
accomplir  lui  sera  d'autant  })lus  agréable, 
que  nous  serons  pures  de  corps  aussi  bien 


Ul> 


svr 


SAI 


Hf((] 


(|iir  (In  OdUir;  l'iiitt'S  donc  en  (jiki  vous  allô/, 
iiii'  voit'  l.'iirc  I  »  AussilAl  rllc  se  coiiii.i  le  ne/., 
ul  son  visa^^o  lui  iiniiicdiulciiii'iil  coiivoil  do 
sniij^.  Ia's  rolJK'<'>isi's  se  iimlilrn.'iil  à  l'iiis- 
lanl  iiiOinr  en  se  laill.idiuil  Ir  vis.i};,!)  de  iJil- 
IV'n'ulcs  sort(».s.  Oiiaïul  Uvs  iiiii.suliiiaii.s  oii- 
tirrt'til,  lraii,s()()i|,(''s  de  ruiiMir,  ils  li's  v'^nv- 
f;rri'iil.  Ci'  lui  ainsi  (|m'  ws  saillies  rcimiios 
saux^'ioid  leur  cliaslclo, 

SAINT-MAUTIN  (Ji:.\.s  or.),  l'orliij^ais  des 
lIJosras,  dti  la  C'(tni|)aj;iii(;  dr  Jrsiiv;,  l'aisail 
i)arlio  des  soivanlc-iuuir  iiiis.siomiaii'L's  ijuo 
11!  I».  Azcvcdo  (Hail  allô  rcîcnilci"  h  Uoiiu; 
jjourla  luissioiidii  IMôsil.  [Vojj.  l'aïUcI»'  A/.i;- 
'VKDo).  Lournavii'o  lui  [)ris,  lo  15  juilU'l  1571, 
par  dos  corsaires  (îalviuislcs  (|ui  les  jclc- 
rcni  ilaiis  les  llols  ou  l(!s  inassacri'ircul.  (Du 
Jarric,  Ilisloiri'  Uca  choses  plus  /némora- 
hlcs,  Ole,  I.  Il,  p.  278.  Taniicr,  Sociiids  Jcsii 
vsquc  (1(1  sdiu/uiiiis  et  ride  profiisioiiem  ini- 
lilnns,  p.  lOG'ol  170.) 

SAINT-MAKTIN,  ùvcVpio  d(>  Caradrc,  coad- 
julour  do  M.  l'olioi-,  i''vô(|u»'  d'Agalliopolis, 
avait  él6  tMovô  à  cotte  dignité  lo  t3juiu 
ilSk.  Son  vicariat  aj)Osloli(juo  s'oxcnjail 
dans  lo  Sutcluion,  i|uaud  parut  uti  odil  do 
ronii)orour  (jui  enjoignait  d'oxauiinor  s'il 
n'y  avait  pas  (U>  j)rodi(alours  do  la  religion 
-clirolionno.  A  la  nouvelle  de  ces  oidoiuiau- 
oes,  la  maison  de  Tcliinlou  fut  investie  : 
c'olail  la  ri^sidenco  liabituello  de  révCM[uo 
i\c  Caradro.  Les  missionnaires  avaient  mis 
en  sûrotù  les  objets  concernant  le  culte  rc- 
lijAioux,  et  n'avaient  laissé  dans  la  maison 
qu'un  seul  catéchiste  pour  la  garder.  Ce 
catéchiste  l'ut  pris  avec  plusieurs  chrétiens 
que  l'envie  de  savoir  des  nouvelles  y  avait 
amenés.  Dans  les  environs,  ils  enchaînèrent 
les  chréliens  qu'ils  purent  trouver,  lis  en 
enunenéront  en  tout  22  au  prétoire.  Ai)rès 
deux,  mois  d'eïamoii,  les  juges  qui  étaient 
favorables  à  la  religion  chrétienne,  les  con- 
damnèrent à  des  peines  fort  légères,  des- 
quelles mémo  ils  furent  exeuq)tés  plus  tard. 
La  paix  fut  rendue  pour  quoique  temps  aux 
chrétiens,  mais  ce  répit  ne  fut  pas  de  longue 
durée.  La  maison  de  ïcliinlou  fut  visitée 
une  seconde,  fois,  et  le  catéchiste  qui  la  gar- 
dait fut  encore  arrêté  avec  un  chrétien  qui 
demeurait  dans  le  voisinage.  Plusieurs  fi- 
dèles furent  mis  à  la  torture.  L'un  d'eux 
déclara  que  l'évéque  de  Caradre  était  à 
Tien-Tsuen  à  quatre  journées  de  Tchintou. 
11  y  était  en  oti'et  depuis  3  mois,  pour  visiter 
les  chrétiens  qui  y  étaient  nombreux.  Il 
apprit  cette  nouvelle  fort  tard.  Etant  incom- 
modé d'une  bronchite  aiguë  qui  le  faisait 
horriblement  soull'rir  et  lui  donnait  des  ac- 
cès de  toux  fréquents,  il  né  put  fuir  comme 
il  l'aurait  l'ait  sans  cela.  Cependant  il  son- 
geait à  se  retirer  dans  un  autre  endroit  ; 
mais  les  chrétiens  s'y  opposèrent  de  toutes 
leurs  forces  et  lui  liront  observer  qu'en  cas 
de  recherches  trop  actives,  il  aurait  la  res- 
source de  s'enfoncer  dans  les  forêts  qui  cou- 
vraient les  montagnes  voisines,  forêts  qui 
sont  fort  étendues,  tandis  qu'en  s'en  allant 
il  ne  gardait  pas  chance  d'échapper  à  ceux 
qui  le  cherchaient.  S'aijandonnant  à  la  Pro- 


viili'iieu,  il  roiisiMilil  il  roAlor.  Au  boni  dn 
«piciqiies  jonivs,  il  .six  lieurt-s  du  Hoir  ciivuon, 
on    vml   lui  dire  que  dos  soldats  nccoiiipa- 


f, liant  |iliisioiiis  maiidaiifisnvaiiiil  pnnidaiiK 
e  voi-sinaKe,   cl  (lu'ils  priMiaicnl  la  dir(;<lioii 
dos    luoiilagiK!'.   Il   exhorta   les   cliiélicriH  b 


avilir  bon  c()uia^i,e.  <:<'peiidaiil  1rs  mandarine 
arièlaieiit  j)liisi«'iiis  persoinies  «jaiis  les  eii- 
viiuns.  M.  de  Sainl-Marliii  ne  l)alaiii;(i  pltiH  ii 
gagner  les  mont'igiios  avec  (|iialrf  un  ciiui 
liorsoniies.  (]((s  lorèts  sont  r(«uijiiics  >n>  ti- 
gres. Il  est  iiialheiireuseiiienl  des  circon- 
stances où  ces  bêles  féroces  sont  neiins  n— 
doulables  (pio  les  liomim'S.  L'évèipie  (W. 
Caradre  ayant  h  opter,  se  réfugia  dans  leurs 
tanières  pour  éviter  les  porséciilions.  A 
peine  pouvail-il  se  Irainer  dans  l'obscurité 
do  la  nuit;  une  toux  violente  lui  déchirait 
la  poitrine,  et  malgré  cela  il  lui  fallait  grim- 
per des  roelKîfs  ioil  escarpés.  No  se  sentant 
plus  do  forc(5S,  il  fut  obligé,  après  avoir  fait 
une  demi-lieue,  de  s'arrêter.  (3n  resta  auprès 
d'un  rucher.  L'évêquo  avait  sur  lui  ce  qu'il 
fallait  pour  allumer  du  feu;  cola  lit  qu'on 
l)ut  attendre  le  jour  avec  moins  de  souffran- 
ces. Dès  ({u'on  vit  clair  à  se  diriger,  on  se 
remit  en  roule  pour  s'enfoncer  davantage 
dans  la  forêt.  L'évê(jue  pouvait  à  peine 
niaroher;  sa  toux  devenait  do  plus  en  plus 
violente.  Les  chrétiens  ([ui  l'accompagnaient 
avaient  emporté  quelques  pains  do  mais. 
Après  on  avoir  mangé  quelques  bouchées  et 
bu  un  peu  do  vin  qui  restait  dans  une  bou- 
teille, il  sentit  les  forces  lui  revenir  un  peu 
et  essaya  do  marcher  encore.  On  avait  gravi 
des  montagnes  fort  élevées,  on  se  trouvait 
dans  la  neige  jusqu'aux  genoux.  Il  était  fort 
dilUcile  de  marcher  sans  route  tracée;  les 
ratfales  du  vent  qui  soufflait  avec  force 
ayant  comblé  les  creux,  on  était  à  chaque 
instant  exposé  à  tomber  dans  des  précipices. 
Malgré  des  elforts  inouïs,  une  journée  de 
marche  ne  conduisit  qu'à  une  lieue  environ 
du  point  do  départ.  Le  jour  suivant  fut  en- 
core plus  pénible,  on  ne  put  faire  qu'un 
quart  de  lieue.  Les  forces  manquaient  au 
courage,  et  les  voyageurs  comprenant  l'inu- 
tilité de  cette  lutte  contre  les  obstacles  qu'à 
chaque  pas  la  nature  mettait  devant  eux 
plus  nombreux  et  plus  grands,  se  résolurent 
à  demeurer  où  ils  étaient.  Que  leur  eût 
servi  d'aUleurs  d'avancer  davantage  dans  ces 
solitudes  où  nul  vestige  humain  que  le 
leur  n'était  marqué  ?  Chaque  pas  qu'ils  fai- 
saient tragait  la  route  à  suivre  à  ceux  qui  les 
30ursuivaient.  L'évéque  détacha  un  homme 
)0ur  s'informer  où  en  étaient  les  choses.  Cet 
lomme  revint  dire  que  beaucoup  de  manda- 
rins militaires  et  civils,  suivis  d'un  grand 
nombre  de  soldats,  occupaient  le  pays,  et  qu'à 
toute  force  on  voulait  s'emparer  des  fugi- 
tifs. Le  lendemain  8  février  1785,  on  vint  lui 
annoncer  au  point  du  jour  que  sa  retraite 
était  découverte,  que  des  enfants  et  un  chré- 
tien mis  à  la  question  avaient  indiqué  la 
route  qu'il  avait  suivie.  Ne  prenant  conseil 
que  de  sa  générosité,  il  commanda  aux  chré- 
tiens qui  l'accompagnaient  de  le  quitter  ; 
mais  eux  ne  le  voulaient  pas  :  «  Allez,  leur 


887 


SA1 


SAI 


8S8 


disait-il  :  que  servira  qu'on  vous  prenne  avec 
moi?  Vous   vous  exposez   snns  m'«Mro  uti- 
les. »  Ils  persistèrent.  \]i\  nouveau  catéctiu- 
niène   lui    oiïrit  de  le  conduire  chez  lui  par 
lin  chemin  fjue  lui  seul  connaissait  dans  ces 
déserts.  Pour  n'avoir  rien  k  se  reprocher, 
l'i^vèque  consentit;  mais  ti  peine  eut-il  fait 
quarante  pas  avec  ce  nouveau  i;uide,  fjue 
les  soldats  arrivèrent  en  poussant  des  hur- 
lements féroces.   Ils  se  saisirent  d'nn  jeune 
homme  auquel  ils  arrachèrent  de  forci'  l'in- 
dication de    la    ronte    qu'il    commençait  à 
prendre.    11  leur  dit  qu'il  avait  des  souliers 
avec  des  pointes  en  fer.  Les  soldats  ne  tar- 
dèrent pas   h  le  joindre  :  il   s'était  arrêté 
flu  pied  d'un  arbre.  «  C'est  moi  que  vous 
cherchez,  dit-il,  vous  n'avez  qu'à  me  pren- 
dre. »   Ils  l'enchaînèrent  par  le  cou,  prirent 
sa  boite  aux  saintes  huiles,  une  Imitation, 
un  Diurnal,  un  chapelet.  Dès  qu'il  fut  dans 
leurs   mains,    l'évoque   se  sentit  une  force 
extraordinaire  :   Dieu  venait  au  secours  de 
son  serviteur;  sa  toux  s'apaisa.  Un  peu  de 
pain  de  mais  qu'il  mangea  lui  permit  de  se 
remettre   en   route.    Ajirès  avoir  erré  long- 
temps dans  ces  solitudes  où  ils  s'égarèrent, 
ils    rencontrèrent  un  chrétien,  fugitif  aussi, 
qu'ils   attachèrent  au  bout  de  la  chaîne  de 
1  évoque.    Cet    homme  les  conduisit  h  deux 
lieues   de  là  dans  une  auberge  de  chrétiens. 
Arrivés  là,  les  soldats  proposaient  démettre 
l'évêque  à  la  torture  pour  lui  faire  avouer 
ses  complices  et    ses  crimes  ;   ils  disaient 
entre  eux  qu'il  avait  l'air  d'un  coquin  ;  ce 
qui  les  faisait  parler  ainsi,  c'était  de  le  voir 
avec  sa   longue  barbe,  son  vieux  bonnet  de 
laine    et   les    haillons  boueux  rpii  le  cou-- 
vraient.  Mais  quelques  chefs  subalternes  qui 
se  trouvaient  là,  s'y  opposèrent  et  lui  don- 
nèrent un  verre   de  vin.  On  alla  avertir  les 
mandarins  qui  étaient  près  de  là,  au  nombre 
de  six,  avec  environ  deux  cents  soldats.  Ils 
s'assirent  et  firent-mettre  l'évêque  à  genoux 
devant  eux    suivant   l'usage  :  mais  aussitôt 
celui  qui  nrésidait   lui  dit  de  se  relever,  de 
s'asseoir,  lui   fit   servir  à  manger  et  déclara 
qu'on  devait  le  traiter   non  pas  comme  un 
coquin,  mais  comme  un  honnête  homme  ; 
que  la  religion  chrétienne  était  bonne.  Il  dit 
en   outre  (pi'on  no  l'arrêtait  que  parce  (pi'il 
était  étranger,  et  que  l'empereurvoidait  (pToii 
h' conduisit  à  Pékin.  Il  conunanda  aussi  qu'on 
lui  ôt;U  sa  chaîne.   Mais  le  saint  évêque  no 
voulant  pas  être  traita  dilïéremniiMd  (juo  les 
autres  chrétiens  qui  étaient  prt'sents.  déclara 
que  la  cause    pour   laquelle  on  la  lui  avait 
mise,  faisait  (pi  il  la  |»ortait  avec  joie  etcpi'il 
la  considérait  comme  un  honneur.  «Comme 
vous  voudrez,   lui   réjiondit   le  mandarin.  » 
Cet  oflicier  lui  dit  :  «  La  religion  t  lirétieiine 
étant  bonne,  pourquoi  prenez-vous  la  fuite 
au  lieu  de  vous  produire?  —  Je  suis  venu  à 
la  Chine,  dit  l'évêque.  pour  l'y  prêcher  ;  j'ai 
fui  parce  que  je  savais  |)ieii  ipio,  si  on  m'ar- 
rêtait, je  ne  pourrais  pas  i  onuiiuer  mes  pré- 
dications. »  Il  se  mil  ensuite  »n  fort  grande 
colère  contre  coux  qui  avaient  volé  vo  qui 
nppnrteiinit  à  révê(|ue,   mais    ne  j)iit   faire 
rendre  qu'une  très-petito  partie  des  obj»'t5 


qui  constituaient  sa  chapelle  portative.  En- 
suite, il  lui  fit  donner  un  cheval  et  le  condui- 
sit avec  beaucoup  d'égards  dans  l'auberge 
où  lui-même  était  descendu,  et  là  lui  fit 
donner  les  soins  que  réclamait  sa  posi- 
tion. Dans  cette  maison,  aux  questions  qu'on 
lui  adressa,  l'évêque  répondit  que  depuis 
onze  ans  il  parcourait  lo  Sulchuen,  mais  ne 
voulut  faire  aucun  aveu  touchant  les  gens 
qui  l'avaient  logé  ou  qui  s'étaient  convertis 
à  la  religion  chrétienne. 

Bientôt  on  partit  pour  se  rendre  à  Yal- 
chcou  ,  siège  d'une  sorte  de  tribunal  de  pre- 
mière  instance  ,  à  quatre  journées  «le  là. 
L'évêque  y  fut  conduit  en  chaise  à  porteurs, 
bien  traité  durant  la  roule,  et  mangeant  à  la 
table  des  mandarins.  C'était  en  carême.  Ils 
poussèrent  l'obligeance  jusqu'à  le  faire  ser- 
vir en  maigre.  Arrivé  à  Yatcheou ,  il   fut 
conduit  au  tribunal,  et  interrogé  devant  sept 
mandarins.  Le  président ,  nui  était  Yentao 
(intendant  général  du  sel  et  tlu  thé),  était  un 
petit  homme  fort  pédant,  ayant  toute  la  mor- 
gue et  toute  la  suffisance  de  ces  nullités  qui 
se  gourment  d'autant  plus  qu'elles  sont  plus 
absolues  :  il  l'interrogea  avec  infiniment  d'in- 
solence. Il  paraîtqu'enChine,commeailleurs, 
rins(dence  est  dans  les  habitudes  de  ces  mes- 
sieurs. —  D'où  es-tu  ?  lui  dit  le  juge. — D'Eu- 
rope, répondit  l'évêque.  Depuis  onze  ans  je 
SUIS  dans  le  Sulchuen  pour  y  prêcher  la  reli- 
gion chrétienne;  j'y  ai  formé  deux  ou  trois 
mille  prosélytes,  tous,  ainsi  que  moi,  fidèles 
à  l'empereur,  comme  le  commande  nolrç  loi. 
—  Tu  mens ,  dit  le  mandarin,  puisque  tu  te 
dis  fidèle  à  l'empereur  qui  défend  de  prêcher 
ta  loi.  —  Nous  n'obéissons  .  dit  l'évêcpie,  à 
l'empereur ,  que  dans  celles  de  ses  lois  qui 
ne  sont  pas  contraires  à  celles  de  Dieu,  à 
ipii  nous  devons  obéissance  avant  de  la  lui 
devoir.  » 

Pour  la  suite  de  cet  interrogatoire ,  nous 
laissons  l'évêipie  raconter  lui-même.  —  Ils 
insistèrent  :  «  Est-ce  Dieu  qui  t'a  dit  de  venir 
en   Chine?  L'as-tu  vu?  as-tu  entendu  ses 
paroles?  —  Dieu.  réiiondis-je,  me  l'a  dit  par 
sa  loi,  qui  commaïuie  de  l'aiiuer  par-dessus 
toute  chose,  et  d'aimer  les  hommes  comme 
nous-mêmes  :  or  c'est  ce  que  j'ai  fait  en  ve- 
nant publier  ici  ses  grandeurs  et  ses  miséri- 
cortles.    el  vous  ouvrir  le  vrai  chemin  du 
bonheur  que  je  connais  el  que  vous  ne  con- 
naissez pas.  —  Mais  n'est-ce  pas  plutôt  le  roi 
de  ton  pays  cpii  t'envoie  ici?  —  Non,  assu- 
rément non  :  le  roi  de  mon  pays  gouverne 
ses  Etats,  sans  prétendre  gouverner  ceux  des 
autres  souverains.  —  Ne  sait-il  pas  du  moins 
(jue  tu  es  ici?  —  Il  ne  me  connaît  point.  — 
Tu  es  donc  sorti  sans  sa  permission  :  tu  es 
coupable.  — Ce  n'est  pas  une  conséquence  : 
j'ai  obtenu  du  mandarin  chargé  de  ces  sortes 
d'alTaires  la  permission  de  sortir  du  royaume; 
ce  mandarin  savait  bien  que  mon  intention 
était  de  prêcher  la  religion  ;  mais  il  ignorait 
ainsi  cpie  moi  le  pays  où  je  devais  la  |irê- 
rher.  —  Mais  pourquoi  venir  en  Chine  plu- 
tôt  qu'ailleurs  ?  —  Par  toute  la  terre  .  i|  y  a 
fies  missionnaires  qui  prêchent  la  religion  ; 
ayant  vu  la  langue  chinoise ,  je  sentis  plus 


880 


SAI 


8AI 


hîK) 


{\o  mxU  («I  (li>  facilili'"  pour  l','i|i|»i(Miiln(  ijiio 
(l'aulrcs  liiiimics  ;  en  (•(iii,s('(|ii('iit  <•,  je;  mo  d»^- 
tcniiiiijii  .•(  riilrcr  vu  <".liinr.        l'A  poiiiinioi 
lilulAl  «Il  Siil(;liin'ii  ([lie  (l.iiis  li's  aiilics  |iiu- 
viiiccs?  —  pour  deux    raisons  :   les   vivn-s 
y  soiil  moins  l'Iicrs  ;  cl  les  liistuiirs  nraviiiil 
;i|i|>ris  (|U('  celle   pi'oviiic(^  ,    il   y    a   plus  de 
cent  ans,  lui  dévaslée  par  les  l*a-ta\-ouan^  cl 
le  pcuplo  renouvel(''  depuis  ,  je  ju};;eais  (pi'il 
il  V  avail  moins  d'abus  el  de  malice,  el  par 
cons(^pu'nl  moins  d'ohstachîs  h  la  vérilé.  — 
(^u'y  l'y  a  amené?  —  Des  pan'us  (pie  je  ne 
connais  pas  ;  j'enlendais  ([ueNjue  chose  de  la 
lanjiçue,  el  moyiMmanl  cenl-cnKpianle  lacis, 
ils  ont  cons(Mili  h  lonl.  —  (lommenl  as-lu  pu 
appr(M\dre  la  langue? — Nous  avons  dans  no- 
tre i>ays  des  livres  (|ui  renseit;nenl  ,  el  j'en 
ai  vu  un,  fait  par  un  nonnné  FromonI,  (pii  a 
l)i(Mi  ciu(pianle  ans  de  date.  —  Mais  les  li- 
vr(\s  n'apprennent  [tas  les  Ions;    il  Tant  une 
voix  pour  les  l'aire  sonner.  »  Je  lis  (lucUpies 
observations  sur  les  no|(>s  d(>  nuisi(pio  (pi'on 
écrit  sur  1(>  papier,  sans  (pi'il  soit  besoui  do 
les  arlicider  ou  sonner.  Jtî  dis  que   la  seule 
pensée  suffisait  pour  les  éerire,  ot  autres  cho- 
ses send)lables,  où  ils  n'entendaient  rien,  ni 
moi  non  plus.  Un  d'eux  ,  ennuyé  de  ma  dis- 
sertation, m'interrompit  en  disant  :  «  La  ré- 
ponse est  toul(>  simple  ;  vous  avez  dans  vo- 
tre pays  des  Chinois  qui  y  sont  allés  pour  y 
apprendre  vos  livres,  et  qui  rentrent  ensuite 
en  Chine  pour  y  prêcher  voire  religion  :  ce 
sont  précisément  ceux-l<i  qui  vous  ont  appris 
les  tons.  —  11  n'en  est  rien,  répondis-je  ;  les 
Chinois  ne  peuvent  sortir  de  l'empire,  et  les 
vaisseaux  européens  qui  vont  à  Canton  crain- 
draieni  ilo  les  recevoir;  mais  il  est  vrai  que 
dans  mon  pays  il  y  a  des  commerçants  euro- 
péens qui  viennent  à  Canton  faire  le  com- 
merce ;  ils  savent  le  chinois  ;  et  j'en  ai  vu 
))lusieurs  avec  qui  je  m'en  suis  entretenu. — 
Comment  vis-tu  ici  ? —  A  mes  frais  ;  j'ai  ap- 
porté environ  cinq  cents  taëls  ;  je  n'en  ai 
plus  que  dix,  el  ils  sont  entre  vos  mains.  — 
Mais  si  tu  n'avais  pas  été  pris  ,  n'ayant  plus 
d'argent ,  counnent  aurais-tu  vécu  ?  —  Les 
chrétiens  ne  s'embarrassent  pas  du  lende- 
main. Au  reste  ,  il  était  naturel  de  supposer 
que  des  gens  pour  le  salut  desquels  j'ai  tout 
sacrifié  ne  me  laisseraient  pas  mourir  de 
faim.  »  {La.  édif.,  vol.  III,  p.  167.) 

Après  cela,  l'évèque  fut  mis  aux  fers,  avec 
des  menottes  :  il  était  au  milieu  d'une  troupe 
do  bandits.  Le  lendemain,  le  satellite  qui  le 
gardait  lui  ôta  les  menottes.  Le  mandarin  lui 
envoya  de  ([uoi  prendre  ses  repas,  et  le  len- 
demain le  lit  conduire  en  chaise  à  ïchintou. 
En  route  ,  le  saint  évéque  prêchait ,  il  con- 
fondit môme  le  bonze  d'une  pagode  qui  osa 
disputer  avec  lui.  Enfin ,  il  arriva  à  Tchin- 
tou.  Le  lieutenant  criminel  le  fit  mettre  dans 
la  prison  des  mandarins.  Dans  tous  les  in- 
terrogatoires qu'on  lui  fit  subir,  le  saint  fit 
les  mômes  réponses  à  peu  près  que  dans  les 
précédents.  Il  refusa  de  faire  aucune  décla- 
ration qui  fût  de  nature  à  compromettre  au- 
cun des  chrétiens  qu'il  avait  catéchisés  ,  ou 
qui  lui  avaient  rendu  service.  Bientôt  ce 
mandarin  le  fit  traiter  avec  beaucoup  d'é- 


gards et  pourvut  ^  tous  soshnioins.  Au  bout 
de  p(Mi  de  h'inps,  il  .sid)il  \u\  nouvol  inlerro* 
gatoire.  On  lui  demanda  s'il  y  nvail  des  Eu- 
ropéens dans  le  i)ays.  u  Je*  n'en  connais  pas, 
dit-il.   —  Mais  il  y  a  Li-lo-lin  (pii  y  est  de- 
puis huit  ans.  »  I. 'évéque   fut  surpris  d'en- 
tendre;  ce    nom  ,  (pii  él.ul   lelui  do   .M.   Du- 
l'resse.  Il  r('|»ondil  (pi'il  no  devait  plus  ftlre  au 
Sulchuen  ,  qin;  la  persécution  l'on  avait  fait 
sortir,  el  qiH'd(;puis  cinq  mois  il  n'(;n  avait 
pas  entendu  |)arl(;r.  Ils  siqtposèrent  (pi'il  de- 
vait être  au  Cheiisi.  Après  cela  ,  on  lit  sortir 
révé(pie  de  l'audience.  Dans  une  salle  où  il 
attendait ,  il  entend  dire  (pi'on  avait  donné 
l'ordnî  du  S(!  saisir  do  M.  Dul'rossf! ,  \\  (piel- 
(pu'  prix  (p)(;  ce  fût  ;  (juo  ,  ([uand  on  l'aurait 
pris,  l'allaire  des  Kuro[)é(;ns   finirait.  Oai- 
gnanl(|ut!  les  recherches  iiue  l'on  ferait  pour 
le  découvrir  ne  fussent  lalales  \\  beaucoup 
d'autres  missionnaires  ,  il  lui   écrivit  de  so 
présenter  do  lui-même.   Au  bout  d(!  douze 
jours,  M.  I)ufress(;  so  présenta.  Pondant  cet 
intervalle  ,    un  ordriî    était   venu   d  arrêter 
M.  Delpon.  On  avait  déclaré  qu'il  était  [lassé 
au  Sulchuen.  Le  lieutenant-criminel  lit  lire 
à   révê(pie    les    dépositions    qui  mettaient 
sur  la  trace  de  ce  missionnaire.  L'évoque , 
dans  son  mémoire  sur  ces  événements,  dé- 
clar(3  qu'il  crut  bien  faire  en  lui  écrivant  de 
se  présenter  aussi  de  lui-môme.  Il  dit  en- 
suite qu'il  ne  croyait  pas  qu'il  y  eût  d'autres 
Européens  dans  la   partie  orientale.   Mais 
bientôt  des  chrétiens  arrêtés  le  prièrent  d'é- 
crire à  M.  Devaut ,  dont  on  voulait  s'emparer, 
de  venir  de  lui-môme.  Cédant  aux  sollicita- 
tions, il  le  fit.  Quand  ces  trois  missionnaires 
furent  réunis,  on  les  fit  partir  avec  l'évoque 
pour  Pékin.  Ils  y  arrivèrent  le  28  avril,  com- 
parurent le  lendemain  au  tribunal  nommé 
Hing-pou,  chargés  de  chaînes  ,  avec  les'  fers 
aux  pieds  et  aux  mains.  Dans  la  prison  des 
mandarins ,  où  on  les  mit,  ils  furent  exces- 
sivement mal  nourris,  ne  recevant  pour  toute 
nourriture  que  de  mauvais  riz  et  du  fromage 
fait  avec  du  lait  de  fèves ,  qui  se  coagule. 
Dans  cette  prison,  ils  étaient  rongés  de  ver- 
mine. Enfin,  le  jugement  fut  prononcé.  Les 
Européens  pris  dans   les  provinces  furent 
condamnés  à  une  prison  perpétuelle  ;  pour 
beaucoup  cet  arrêt  équivalait  à  un  arrêt  de 
mort ,  car  ils  ne  pouvaient  vivre  avec  la 
mauvaise  nourriture  qu'on  leur  donnait.  Sept 
moururent ,  parmi  lesquels  MM.  Devaut  et 
Delpon.  L'évoque,  qui  était  d'une  faible  san- 
té ,  s'attendait  d'un  jour  à  l'autre  à  mourir. 
Enfin,  les  missionnaires  de  Pékin  purent , 
en  gagnant  des  gardiens ,  leur  faire  passer 
des  vivres  ,  de  l'argent ,  des  habits ,  en  un 
mot  améliorer  beaucoup  leur  sort.   Contre 
toute  espérance ,  le  10  novembre  178a ,  un 
édit  de  l'empereur  les  fit  sortir  de  prison  et 
exiler  à  Macao.  L'évoque  attendit  dans  cette 
ville  le  moment  de  pouvoir  rentrer  dans  le 
Sulchuen,  et  d'y  reprendre  ses  travaux  apos- 
toliques. Il  mourut  le  15  novembre  1801. 

Quand  on  réfléchit  à  toute  la  conduite  de 
révoque  de  Caradre ,  à  côté  du  confesseur 
qui  souflFrit  courageusement  pour  la  foi ,  et 
qui  à  ce  titre  mérite  d'être  compté  parmi  les 


m 


SàL 


SAL 


8fl2 


sai»)t5 ,  il  e.ol  pornTis  doxnminor  Thommo. 
Lo  mémoir<>  (ju'il  a  |'iil)li(^ ,  vi  dont  on  [xuit 
voir  do  nomhn'iix  fragments  dans  l'article 
Chine  ,  est  fad)l(MiH'nt  éoril  et  p«'ii  rnélho- 
(liiiuo.  Il  s'y  trouve  des  passai^es  qui  don- 
nent imm<''diat»M]ieut  la  mesure  d'un  homuie. 
Si  réviV]ue  de  Caradre  eût  «''lé  d'un  i^rand 
jugement  «>f  d'une  haute  |>orlée  d'esprit  , 
il  n'aurait  pas  écrit  la  |)mase  suivante , 
surtout  après  le  récit  d'événements  aussi 
graves  que  ceux  qu'il  venait  de  raconter  : 
n  M.  Dulresse  et  moi  nous  n'allions  pas  à 
Macao  pour  y  mander  des  ortolans,  etc.  »  Si 
nous  le  jugeons  sévèrement  ici,  plus  peut- 
<^lre  qu'il  ne  convient  sur  de  tels  laits,  c'est 
nour  avoir  le  droit  de  trouver  une  excuse  h 
la  légèreté  avec  laquelle  il  écrivit  ;i  trois 
missionnaires,  MM.  Dufresse,  Delpon  et  De- 
vant ,  de  se  constituer  eux-mêmes  prison- 
niers. Deux  d'entre  eux  moururent  en  pri- 
son. Dans  ces  temps  de  persécution  ,  il  im- 
porte par-dessus  tout  de  s'en  remettre  h  la 
Providence,  (pii  ,  mémo  dans  les  circonstan- 
ces qui  semhleut  les  plus  désespérées,  a  des 
moyens  à  elle  de  mettre  ceux  qu'elle  veut 
proléger  à  l'abri  de  tout  danger.  L'évoque  de 
Caradre  crut  hien  faire  ,  c'est  évident  ;  mais 
il  est  très-probable  ([u'un  autre  à  sa  place 
côt  mieux  fait  en  faisant  autrement.  Jusqu'à 
sa  n)ort,  du  reste,  il  garda  le  regret  d'avoir 
agi  ainsi.  Sans  cesse  il  avait  présent  devant 
ses  yeux  le  spectacle  de  ces  deux  mission- 
naires, morts,  disait-il,  par  sa  faute.  Mais  il 
espérait  que  Dieu  lui  pardonnerait  de  les 
avoir  conduits  à  la  mort.  Il  y  a  tout  lieu  de 
croire  que  ses  regrets  étaient  justes  ,  mais 
çiue  ses  espérances  étaient  fondées.  Dieu 
juge  les  con>;cioneps  avant  déjuger  les  actes. 

SAINT-SÉVKRIN  (FÉi.iv  di:),  capucin,  fut 
appelé  en  Abyssinie  dans  l'année  lGV-2  par  le 
P.  Petra-Santa,  d«»nl  le  conipagnon,  le  P.  Vir- 
golela  venait  de  mourir.  Félix  île  Saint-Sé- 
verin  vint  donc  rejoindre  ce  missionnaire 
avec  Joso|)h  Tortulriiii  d'Allino.  religieux  du 
même  ordre,  l/arrivée  de  ces  deux  mission- 
naires causa  luie  gran  le  émotion  en  Abys- 
sinie. .Ius(pie-là,  ces  courageux  prédicateurs 
de  la  foi  avaient  été  |)rotégés  par  lt>  pacha 
de  Souakim;  mais  alors  Hasilides  ayant  en- 
voyé au  pacha  cent  cimpiante  onces  d'or  et 
cin<iuaide  esclaves  ,  h  la  conditutn  (\n'\\  lui 
livrerait  les  missionnaires  ou  les  feivnl  périr 
hii-môinc  ,  cet  honune  (  ruel  et  cupide  se 
tu  amtMier  les  deux  luniveaux  religieux, 
et  leur  tit  trancher  la  léfe  innuédiate- 
ment.  On  |)eut  voir  à  l'article  Pktra-Svntv 
conmu'ut  ci-  saint  périt  aussi  par  les  ordres 
du  persr>culein'. 

SAINT-THOMAS  Jkan  pe).  do  la  compa- 
gnie lie  J(''su>;.  prêchait  l'Kvangilo  aux  habi- 
tants do  Madagisi  ir,  (|ni  rempoisoimèreiil  i  n 
15M.'>.    F'ont.uia,  .yf'inumrnln  Dominirnna.) 

SAI.KM  ,  gnuveinour  de  Syrie,  était  lils 
d'Ali  et  frère  d'Abilalla,  par  conséquent  oticIo 
du  calife  Aluiansor.Ce  prince  persémita  les 
chrétiens.  Il  envoya  on  exil,  dans  le  pays  des 
M"abdes,Tliéf)dore.palriarcluMUe|chilèd'An- 
tioche.  .successeur  de  Théophylacto,  qui  avait 
attiré  l'envie  des  .\rabes,  et  qu'ils  ncrusaiont 


décrire  souvent  h  l'empereur  Tonstantin, 
pour  lui  découvrir  leurs  atfaires.  Il  défendit 
aussi  de  b.Uir  de  nouvelles  églises,  ni  d'ex- 
poser en  public  aucune  croix,  ou  do  dogma- 
tiser avec  les  Arabes  touchant  la  foi  chré- 
tienne. C'était  l'an  7o(î,  sei/.ièmo  de  l'empire 
deConstantMi.  L'année  suivante,  757,  Salem 
étendit  les  tributs  des  chrétiens,  en  sorte  que 
tous  les  moines,  les  reclus  et  lesstylites  eu 
payaient.  Il  tit  sceller  les  trésors  des  églises, 
et  tit  venir  les  Juifs  .pour  le»  vendre:  mais 
les  atfranchis  les  achetèrent  :  j'entends  les 
affranchis  des  églises.  Salem  fit  aussi  mou- 
rir, par  ordre  du  calife,  six  des  principaux 
d'entre  les  Perses,  de  la  secte  des  mages,  qui 
avaient  séduit  ipiehiues-uns  de  leur  nation, 
leur  persuadant  de  vendre  leurs  biens  et  de 
s  '  jeter  tout  nus  de  ilessus  les  murailles  de 
leurs  villes,  dans  la  folle  espérance  de  voler 
au  ciel  ;  mais  ils  se  brisèrent  en  tombant. 

Les  Arabes  défendirent  encore  aux  chré- 
tiens ,  par  envie ,  de  tenir  les  registres  pu- 
blics; mais  ce  fut  pour  peu  de  temps  ,  et  ils 
furent  Identôt  contraints  de  les  leur  confier 
de  nouveau,  ne  sachant  point  écrire  les  chif- 
fres; car  ils  étaient  encore  fort  ignorants. 
Abdalla,  lils  dAli,  autre  oncle  du  cable  Al- 
mansor,  fil  aussi  btMucoup  de  mal  aux  chré- 
tiens. Il  leur  défendit  d'ap|>rendre  leurs  let- 
tres, apparennnent  les  lettres  grecques,  ot 
de  s'assembler  de  nuit  dans  les  églises,  dont 
il  fil  oler  les  croix.  Nonobstant  la  persécu- 
tion des  Arabes,  on  ne  laissa  pas,  sous  le  ré- 
gne d'Almansor,  de  bâtir  à  Eraèse  une  église 
magnifique  on  l'honneur  do  saint  Jean-Ha(>- 
tiste,  el  l'on  y  transféra  son  chef  du  monas- 
tère de  la  Caverne,  où  il  avait  été  trouvé 
sous  l'empereur  .Marcien,  l'an  i53.  Cette 
translidion  se  fit  la  vingtième  année  de  Cons- 
tantin, 760  de  Jésus-Christ,  quatrième  année 
d'Almansor.  (Fleury,  tome  III,  paasim.) 

SALINS,  chanoine  do  Couserans,  faisciit 
l^artie  des  prisonniers  renfermés  aux  Car- 
mes, et  (|ui  furent  innuolés  le  2  se|»tend)rc 
1792.  Il  s'avançait  au-devant  des  meurtriers, 
quand  un  coup  do  fusil  le  renversa  mort. 

SALMASTKF,  ville  de  Perse,  est  célèbre 
dans  les  annales  dos  martyrs  par  les  souf- 
frances qu'y  endura  saint  Antoine,  francis- 
cain, sous  le  règne  d'un  prince  monghol  qui 
persi'culait  vivement  les  chrétiens,  et  sur- 
tout les  ministres  de  Jésus-C,hrist.  Sa  mort 
arriva  en  1287. 

SALO.MON  (^sainl\  évètpie  .  confesseur, 
soulfril  à  Cènes  pour  la  défense  «le  la  reli- 
gion chrétienne  ;  on  ignore  h  quelle  épo(pie 
el  <lnns  (]u<||es  circonstances.  LKgliso  lail 
sa  fête  le  28  septembre. 

SAI.OMON  saint), fut  martyrisé  Jl  Cordoue 
avec  le  s.unt  prélre  Kodrigue  On  ignore  la 
(lato  ot  les  dilVi'rcntes  circonstances  de  leur 
martyre.  Ils  sont  inscrits  au  Martyrolo.^-; 
romain  h^  \'^  mars. 

S.VLl'STIK  sanifo' ,  martyre,  fut  mise  à 
mort  sous  l'empire  do  tiallus,  avec  son  mari, 
saint  Or^vi.  i^oif.  ce  nom.) 

SALISTIKN  (.sainl).  confessa  la  foi  de  Jé- 
sus-t;hrist  en  Sardaigne.  Nous  ignorons  les 
dilférenles  circonstances  qui  illustrèrent  son 


8D5 


8  AN 


MM 


h'ji 


uloriiMix  romlwil.    Il   <i.sl  iiisciil  an  MoilyrO' 
iu^(«  l'oiiiitiii  lo  H  juin. 

SAIA'I'",  (.saiiilK   iii.irl\r,    iiiinr  |,i   |(\(('  dn- 

(|lii>l  .o.'iitil    Aiuiisliii  lil  lin  (lisruin.s  nii  pcii- 

nli'  (Ir  (wii'tliMKo,  t'iil   iii.'irlynsc''  t'ii  Aliniiut. 

J/I'lj^^lisc  lionnid   sa  iin'inoirt^   le  il   jaiiviiT. 

SALZl'iJX)    (l'"i:ui>i\.VM)),    IVrrc    de    ['(tiilic 

(lt>  Saiul-l''nin<,'ois,  lui  mis  ji   niori   (in  lliK», 

cl  (|('V(ir(''  |»ar  les  <larailir.s  de  rAiii(''i'i(|U('  du 

l\(ii(l,  ainsi  (inc   Didacc    Itolfllio  cl  un   au  ■ 

li'(>   roli^icnx  d\i  ni(>in('   ordcc,  doiil    li>  num 

«'sl  rcslô  i};noi(''.  [V{}\\\i\i\i\,  Moinntu iifa  Ihxiii- 

uicnmt,  an.  i5l<>,  cl  \N'aihlini:,.an.  liiUI,  n'  .VO.) 

SAMONAS  (saint),  lui  marlyrisc  i^i  Kdrsso 

(Ml   Syrie,   iiv(>c  saint   (Iniir.  i-cnr  trioinplic 

arriva  sous  rcmitcrcur  Dioi  Ictim  cl  lu  |»in- 

consnl  Antonin.  Los  dclails  nous  nian(|uciit 

c(»in|)l('ttMncnt  sur  lui.  I/I';j.;lis(>  lail  collL'cli- 

vouuMit  l(Mn'  niciixiirc  le  Ifi  novembre. 

SAiMOSA  TK,  aujourd'hui  Saiiiisttl,  caiiitalo 
de  la  (',oma!;<Nne,  vil.  sous  rempire  de  Dio- 
elélion,  en  '21)7,  le  uiarl\  re  (h\s  saints  lli|i|>ar- 
nuo,  Phiiotlu'c,  Jacipies,  l'ara^rus,  Hahidc, 
Homain  cl  Lollien.  (îalère  revenail  de  la 
gueri'e  contre  les  l'ersiis  ([u'il  av;ul  vaincus; 
en  passant  h  Saniosate,  il  ordonna  des  ièlcs: 
et  des  sacrilices  publics  ;  tous  les  habitants 
devaicMit  se  rendre  au  lem|)l(*  de  la  Fortune. 
Hippartiu(>  et  Philolhée,  mai:;istrats  do  Sanio- 
sat(>,  relusùrent  de  sacrilier  ;  ils  lurent  cru- 
citit^s  par  ordre  de  (îalère,  avec  les  cinq  au- 
tres ({ue  nous  venons  de  nommer,  et  qui 
étaient  nouvellement  convertis.  {Voy.  larti- 

Cle  HlPP.VRQlE.) 

SAMUEL  (saint),  martyr,  reçut  la  jialnic 
du  martyre  à  Césarée  de  Palestine,  eu  Tan 
de  Jésus-Christ  309 ,  sous  le  gouverneur 
Firmilien,  avec  saint  Elie,  saint  Daniel  et 
saint  Isaie.  Ils  revenaient  de  Cilicie,  oii  ils 
étaient  allés  voir  des  confesseurs  condamnés 
aux  mines.  En  pass  int  par  Césarée,  ils  fu- 
rent arrêtés  et  conduits  au  gouverneur,  qui 
leur  lit  trancher  la  tète  après  les  avoir  fait 
tourmenter  cruellement.  L'Eglise  célèbre  la 
mémoire  de  ces  saints  martyrs  le  IG  février 

SAMUEL  (saint),  prêtre  d'Ararad,  du  vil- 
lage d'Aratz  ,  reçut  la  palme  du  martyre 
sous  le  règne  du  cruel  Hazguerd,  roi  de 
Perse  ;  il  fut  martyrisé  dans  Vartesse  avec 
le  diacre  Abraham.  Us  souffrirent  {)Our  n'a- 
voir pas  voulu  renier  leur  foi  et  embrasser 
la  loi  de  Zoroastre. 

SAN-CANTLVNO  {Aquœ  Gradatœ),  bourg 
de  l'Abruz/e  ultérieure,  dans  le  royaume 
de  Naples,  fut,  en  l'an  304  de  Jésus-Christ, 
témoin  du  martyre  .des  saints  Cant  et  Can- 
tien,  de  leur  sœur  Cantianilie,  et  de  saint 
Protus,  leurprécepteur.  Il  se  nommait  alors 
Aquœ  Gradatœ  ;  c'est  depuis  qu'il  a  pris  sou 
nom  moderne,  en  mémoire  de  cet  événe- 
ment. [Voy.  Cantiem.) 

SANCHE  (saint),  reçut  la  glorieuse  palme 
du  martyre  à  Cordoue  en  Espagne.  Ce  tout 
jeune  garçon,  quoique  élevé  à  la  cour,  ne  ba- 
lança point  à  soutirir  le  martyre  pour  la  foi 
(la  Jésus-Christ,  durant  la  persécution  des 
Arabes.  Il  est  honoré  dans  l'Eglise  le  o  juin. 

SANCHEZ  (le  bienheureux  Hernand),  Es- 
pagnol, de  la  compagnie  de  Jésus,  faisait 


larlic  de,  courageux  iiii.s.sioiaittires  (|iic  lo 
'.  A/ovedo  éloil  allé  iccruler  h  UoiU(5  jKiiir 
le  IhV'sil  1  !'«//.  l'aitiilc  A/i:m.i»(>;.  Leur  ii/i- 
vire  l'ut  pris,  le  lo  j-nllii  lo71,  par  des  cor- 
saires calvinislu.s,  i|ui  les  ma.ssucrèrenl  ou 
lis  jclcrcul  à  I  (MU.  (Du  Jariic,  lliiilohf  des 
ilio.srs  plus  inniiontlilrs,  etc.,  t.  \\,  p.  27H. 
TauMer,  Sorirlun  Jcnu  ust/ur  ad  suiKiniiii»  et 
ritir  piofiisionriii  iiiilifuns.  p.  I(»(J  et  170.) 

SANCllEZ  SA\  EI.LI'i  de  bienlicurcuvj,  do 
la  coiupaguie(le  Jt'siis,  fut  martyrisé  à  Axa(;a 
le  8  IV'vrier  l.")7l,  avec  les  bi(!nheuieu,\  Jcan- 
Jtaptisle  Scguiii.  (jabrici  (ioiiicz  et  Christo- 
phe KoIimkIo.  Jls  avaient  pc'jiélié  dans  la 
Floride  conduils  par  un  naturel  du  pa\8 
nommé  Louis,  (jui  avait  ét('  baptisé  en  I^s- 
|)agne.  Nous  avons  vu  h  j'arlicb!  Lolis  ukQli- 
Hos  (pu;  ce  naliu'el  rcuégat  h;  massacra  avec 
deux  de  SCS  compagnons.  Trois  jours  aj'rès, 
Jc's  meurtriers  se  présentèrent  d(!vanl  les  au- 
tres missionnaii(^s  (jui  if.'staient,  ceux  cpii 
sont  nommés  plus  haut,  prétextant  avoir 
besoin  de  haches  p(our  abattre  des  arbres. 
A  peiiu'  enreiû-ils  désarmé  hîs  mi^si<jnnai- 
jes  (ju'ils  les  massacrèrent  (8  février  1571j. 
Us  s'emparèrent  des  vases  sacrés  et  commi- 
riîjit  un  grand  nombre  de  profanalio'.is.  (So- 
cictas  Jcsu  usque  ad  aa^iguinis  cl  vitœ  profu- 
sioncui  mililans,  p.  iiO.)' 

SANCTUS  (saint),  cueillit  la  couronne  du 
martyre  sous  le  règne  de  remj)ereur  Marc- 
Aurèle,  dans  la  ville  de  Lyon.  Il  était  natif 
de  Vienne,  et  diacre  de  l'Eglise  de  Lyon. 
La  lettre  des  chrétiens  de  Lyon,  qui  raconte 
le  martyre  de  saint  Pothi'n  et  des  autres 
compagnons  de  saint  Sanctus,  rapporte  que 
ce  fut  principalement  contre  notre  saint  que 
s'exerça  la  rage  du  gouverneur,  du  peu[)le 
et  des  soldats. 

«  Sanctus  soutenait  avec  un  courage  élevé 
au-dessus  de  la  nature  de  l'homme  tout  ce 
que  l'inhumanité  la  plus  raftinée  lui  faisait 
endurer  ;  et  (|uoit|ue  ces  impies  espérassent 
à  tout  moment  que  la  violence  de  tant  de 
maux  lui  arrachei'ait  entin  quelque  parole 
indécente  ou  peu  religieuse,  il  trompa  si 
bien  leur  attente,  qu'ils  ne  purent  savoir  de 
lui  ni  son  nom  ni  de  quelle  province  il  était, 
nilelieude  sa  naissance,  ni  s'il  était  libreou 
esclave  ;  mais  ne  répondant  à  leurs  interro- 
gations que  ces  mots  en  langue  romaine  :  Je 
suis  chrétien,  il  comprenait  dans  cette  seule 
expression  son  nom,  son  pays,  sa  race,  sa 
condition  et  généralement  tout  ce  qu'il  était. 
Ce  silence  ne  servit  qu'à  rendre  la  fureur  du 
président  et  de  ses  ministres  encore  plus 
opiniâtre  ;  jusque-là  qu'après  avoir  employé 
en  vain  contre  cet  invincible  martyr  tous 
les  tourments  dont  ils  purent  s'aviser,  ils 
eurent  enfin  recours  à  des  lames  de  cuivre 
ardentes,  qu'ils  appliciuèrent  aux  parties  de 
son  corps  les  plus  délicates  et  les  plus  sen- 
sibles. Le  feu  fit  son  effet,  mais  le  martyr, 
immobile  dans  sa  foi ,  ne  le  fut  pas  moins 
dans  la  situation  ol'i  il  tint  son  corps.  Jésus- 
Christ,  versant  alors  sur  ses  membre  brûlés 
l'eau  divine  de  sa  grâce,  en  tempérait  l'ar- 
deur morîelle.  Entin  ce  n'était  plus  un  corps 
humain,  ce  n'était  qu'un  amas  de  chairs  per- 


895 


SAN 


SAN 


896 


céoSf  (l«Vhir(5es,  snn^l.infos,  h  donii  ronsu- 
ni  'es.  A  (XMiio  y  j)ouvait-nn  apercevoir  (|uel- 
que  figure  ;  tous  les  merubres  en  étaient  ou 
r(^lr(^cis  ou  mutilés,  on  n'ocnipaienl  plus  leur 
plaro  naturelle  ;  mais  re  cor|)s,tout  (Jén;.^uré 
qu'il  était,  ne  laissait  pas  d'avoir  Jésus- 
Christ  qui  l'animait,  et  il  y  opérait  des  mer- 
veiilt's  dignes  de  sa  toute-puissance.  Il  se 
servait  de  ces  restes  informes  de  la  cruauté 
d'un  tyran,  pour  confondre  rennemi,  pour 
le  vaincre  et  pour  détruire  son  pouvoir.  Il 
s'en  servait  pour  apprendre  aux  fidèles  que 
la  charité  du  Père  ne  doit  laisser  aucune 
crainte,  et  <jue  la  vue  de  la  doire  du  Fils  doit 
ôler  tout  sentiment  de  douleur.  Car  ces 
monstres  altérés  de  sang  ayant  repris  le  saint 
martyr  pour  le  tourmenter  de  nouveau,  ils 
s'imaginèrent  que  s'ils  remettaient  le  fer  et 
le  feu  dans  ses  plaies  encore  tontes  bouffies 
et  tout  enflammées,  sa  constance  serait  en- 
fin vaincue  par  un  tourment  si  effroyable, 
nuisqu'cn  cet  état  à  peine  peut-on  souffrir 
la  main  la  plus  douce  et  la  plus  légère  ;  ou 
que  rendant  l'esprit  parmi  de  si  horribles 
peines,  il  jetterait  r(''[touvante  dans  celui  des 
autres.  .Mais  rien  n'arriva  de  ce  qu'ils  pré- 
tendaient ;  car,  contre  l'attente  de  chacun, 
son  corps  ,  parfaitement  rétabli,  se  trouva 
prêt  à  endurer  de  nouveaux  supjdices  ;  en 
sorte  que  cette  seconde  épreuve  oi!i  il  fut  rais 
fut  moins  une  nouvelle  torture  ([u'un  appareil 
et  un  remède  à  ses  premières  blessures. 

«  Ces  divers  tourments  ayant  été  employés 
sans  effet ,  et  Jésus-Christ,  par  la  force  de 
sa  grAcOr  en  ayant  émons>é  toute  la  pointe, 
et  rendu  la  constance  des  martyrs  victorieuse, 
le  démon  en  inventa  un  des  plus  cruels.  Il 
fit  en  sorte  qu'on  les  jelàt  dans  une  [irison 
incommode  et  obscure;  et  Ih,  qu'on  anpor- 
l;U  mit'  machine  de  bois,  dans  la<pielle  on 
mettait  leurs  pieds,  ((u'on  écartait  avec  vio- 
lence jusqu'au  cinquième  trou  de  la  machine, 
où  on  les  arrêtait  avec  une  corde.  Kt  eu  cet 
état,  le  plus  horrible  ([u'on  se  puisse  imagi- 
ner, les  l)0urreaux,  animés  parle  souffle  du 
démon,  et  crevant  de  di'pit  de  s'être  vus  si 
souvent  vaincus  par  des  gens  à  demi  morts, 
ramassaient  contre  eux  tout  ce  que  l'art  de 
founnenter  les  hommes   leur  avait  ap|)ris. 
(]e  dernier  efforlfulsi  terrible,  (pn>  plusiem-s 
en  moururent,  Dieu  le  permettant  ainsi  pour 
sa  gloire.  Pour  les  autres,  ils  n'attendaient 
de  mom(>nl  en  moment  (pie  la  mort  ;  car  les 
supplices  qu'ils  avaient  éprouvés  avaient  été 
si  violents  qu'on  ne  croyait  pastpi'ils  y  dus- 
sent survivre,  quand  même  on  eiU  pris  soin 
de  leurs  plaies.  Cependant,  quoique  aban- 
donnés d(>s  hommes,  ils  ne  le  furent  pas  du 
Dieu  qu'ils  venaitMit  do  confesser,  il  veillait 
h  leur  conservation  ;  il  rendit  la  santé  h  leurs 
ror[)s  et  auginenli  la  force  et  la  vigueur  do 
leur  Ame.  Leurs  paroles  mêmes  et  leurs  excin- 
jilos   consolaient  et  ff)rtiliaient  tout  ensem- 
ble ceux  qui   étaient   avec  eux.  »  (lluinart.) 
Ouelipies  jours  s'ét.uit  «'coulés,  on  songea 
a  terminer  le  martyre  do  nos  saints  conl'es- 
.seurs  par  dilTt-renls  genres  dr>  mort.  On  des- 
tina dr»nc  Mature,  Sanctus,  Illandin  ■  et  Al- 
lalo  pour  raniphilhéàlre,  et  on  choisit,  en 


leur  considération,  un  jour  extraordinaire, 
pour  donner  un  spectacle  public  de  l'inhu- 
manité païenne.  «  Sanctus  et  Mature  repas- 
sèrent tout  de  nouveau  partons  les  tourments 
(pi'ils  avaient  déjà  essuyés ,  comme  s'ils 
n'eussent  encore  rien  souffert ,  ou  plutêt 
comme  d'invincil)les  athlètes  qui,  après  avoir 
terrassé  leur  ennemi,  ne  combattent  plus  que 
pour  la  gloire.  Ils  virent  d'abord  couler  leur 
sang  par  mille  cicatrices  h  demi  fermées  qui 
se  rouvrirent  sous  la  violence  des  fouets, 
par  les  morsures  des  bêtes,  et  par  tous  les 
autres  supplices  qu'un  peuple  insensé  inven- 
tait sur  l'heure,  et  (|ui  étaient  aussitôt  exé- 
cutés par  les  bourreaux,  attentifs  aux  moin- 
dres signes  des  spectateurs.  Enfin,  on  de- 
manda qu'on  donuAt  aux  martyrs  la  chaise 
de  fer  rougie  au  feu,  où  leurs  membres  brû- 
lés exhalaient  dans  tout  l'amnhithéAtre  une 
odeur  ((ui  eill  été  insupportable  h  tout  autre 
qu'à  un  peuple  cruel  qui  en  faisait  ses  déli- 
ces. Mais  sa  fureur  ne  fut  pas  encore  satis- 
faite, et  la  constance  des  martyrs  ne  fit  en- 
core que  l'enfiammer  davantage.  Cependant 
toute  son  activité  ne  put  jamais  tirer  de  la 
bouche  de  Sanctus  d'autre  parole  que  celle 
qu'il  n'avait  cessé  de  proférer  dès  le  com- 
mencement de  son  martyre  :  il  le  consomma 
enfin  par  un  coup  d'épée  dans  la  gorge.  » 
(Kuinart.) 

La  fête  de  saint  Sanctus  et  de  ses  compa- 
gnons se  célèbre  le  2  juin. 

SANDALE  (saint),  fut  martyrisé  à  Cordoue. 
Nous  n'avons  pas  d'autres  détails  sur  son 
compte.  Il  est  inscrit  au  Martyrologe  romain 
le  3  septembre. 

SANDOU  (saint),  évoque,  confessa  la  re- 
ligion de  Jésus-Christ  à  Vienne,  au  milieu 
des  tortures.  Nous  ignorons  l'époque  où  sou 
combat  eut  lieu.  Il  est  inscrit  au  Martyro- 
loge romain  le  10  décembre. 

SAN  -  SEVEHINO,  ville  de  la  Marche  d'An- 
rùne,  célèbre  dans  les  annales  des  martyrs 
par  les  souffrances  qu'y  endura  saint  Illumi- 
nât, confesseur. 

SANTAHEN  (Fkrpinvnd  pk),  de  la  compa- 
gnie de  Jésus,  naquit  à  Huela  en  Es[>agno 
d'une  famille  très-illustre.  Il  entra  chez  les 
jésuites  dès  l'Age  de  (piin/.e  ans, et  dès  que  sa 
philosophie  fut  ferminée,  il  part  il  pour  Mexico. 
Pendant  des  années,  il  fut  à  Cinaloa  le  com- 
pagnon du  P.  Cionzdve  de  Tapia.  De  \h  il  fut 
appelé  à  évangéliser  les  peuples  de  lapi.i, 
et  y  resta  jus«iu';\  la  \\n  de  sa  vie.  Il  s'y  livra 
à  des  travaux  aposlolitpies  vraiment  ef- 
frayants, et  forma  à  lui  seul  plus  detjuarante 
colonies  ,  baptisa  plus  de  cinquante  mille 
idolAtres.  Il  eut  A  résister  h  plusuMirs  impos- 
teurs qui  voulaient  soulever  .s(>s  indigènes 
contre  les  Espagnols  et  contre  la  religion. 
Il  pt'rit  de  la  main  des  Tt'péguans,  comme 
plusieurs  autres  Pères  de  la  compagnie,  il 
arriva  au  bourg  de  Saint-Ignace,  après  les 
massacres  et  les  profanations  des  naturels. 
Il  se  retirait,  l'Ame  brisée  de  douleur,  «piand 
les  Tépégiians  l'ayant  apen;u,  fondirent  sur 
lui  ,  et  lui  brisèrent  la  tète  d'un  coup  u  • 
massue  :  la  cervelle  jaillit  h  terre.  Après  l'a- 
voir ainsi  massacré,  ils  jetèrent  son  corps 


807                                  SAN  SAN                                   898 

Tlaiis  la  rivii^ro.  Noire  lii<'i:liiMir(Mi\  l'I.iil  niots  rioiuili/im,  il  l'taltlil  un  sj^rnirinirc  h  Ak'/i;<iwi, 

/^^r   (le  riii(|iiaiil('-iin  ans.    I.cs  rciiinics  des  <  licl' litii  de  la  mission,  s<iii>»  le  litre  i|(;  S/iinl- 

1'e|i(''t;;uaiis,  (|  ni  avaient  en  linii-enr  des  rniau-  Jean  de-l.alr.in.alind'v  éluver'  l.ijennessenidi- 

U'>s  de  lenrs  maris,  lecneillirenl  ses  reli(|n(>.s,  «''"<■•  l""'''ii'"tri-:s|»aKne,(jni  nvail  pris  les  lleg 

«'t    Hin'Ia,  sa  ville   natale,   en   possède  nno  Maiiamies  suns  sa  liante  pioteciion,  dota  ee 

[larlie.   (  lanner,  Sixirfas  Jcsk  nsi/tir  ad  sait-  sénnnaiiM!  d  une  pension  annnellc  de   trois 

ijuiiiis  et  l'if  IV  i)rofiisi(ninii  m  il  i  t  uns,  p.i;^. 'iTtJ.)  niilleiMiis,  pris  snr  le  Ir-i'-.sorro^aldn  .Mexique. 

SANI'l.\<i()  lll';iUn'",IU>  ^le   hienlieincnx^  l'Iein  d'ini  zèN;  inr.ili^alile,  Sanvilores  p/ir- 

niissionnaiie  du  la  comita^nie  do  Jésns,  pe-  lit  hientùl  pour  Tnnan  ;   il  venait  d'appi(;n- 

rit  on  nV(»,  dans  une  iiK  iiisioiupn'  les  Al)i-  dri,'  (pie   (lasanova   et  Médina,  nialj^ré  tous 

jiones  lireiil  dans  le  l'iimman,  on  il  pitVIiait  hîurs  ell'oits  n'avaienl  pu   ealiiK.'r  l'i/iimitié 

la  loi  c.liit'lienne.  ipii   sé|)aiait  Marpo  et  Sonliaiom,  les  deux 

SAN\  rroiU'lS  (Du'Uio-I.oris  dk),  mission-  prineipalcs  hour^adcîs  de  l'ilo.  Il  se  porta  on 
naire  de  la  compagnie  do  Jésus,  élail  issu  médialiMir  (uilrt!  les  deux  camps;  mais,  au 
irnno  des  plus  nobles  lamilles  do  l{ui>^os,  lion  d(!  l'écouler,  on  lu*i  lança  des  pierres 
villo  capilalode  la  Vieillo-C.aslille.  Ayant  été  qui  se  réduisaient  en  poudro  sitôt  qu'elles 
destiné  h  la  mission  (l(>s  Pliilippines,  il  s'om-  le  touchaient,  lui  ou  son  crncilix.  (](!  mira- 
barcpia  le  15  mai  KilU),  et  aiiiva  dans  ces  de,  joint  à  d'assez  longues  négociations,  mit 
îles  le  10  juillet  lOO'i.  Au  milieu  des  fruits  eiilin  un  terme  à  la  liaino  (jui  divisait  les 
aliondanls  que  sou  zélé  y  produisait,  il  n'ou-  deux  huur^'ades  el  la  paix  fut  ré-lablie.  Le  9 
bliait  pas  rarciiijxd  tb's  l-airons  ,  qxw  les  juin  KiTl,  les  PI*.  Kiancois  Solano,  Alonzo 
coiupu^rauts  espagnols  avaient  dédaii^né  jus-  Lopez,  Diej^o  Noriega  et  François  Ez<juerra 
(]m>-l.^,  à  cause  do  sa  pauvreté,  il  écrivit  vini'cnt  uriii-  leur  zèle  h  celui  (b;  SanvilfHcs, 
l>ieutiM  au  jésiiile  Nisard,  conl'osseur  do  Ma-  (]ui  envoya  le  dernier  dans  lile  do  Ilota. 
rie-Ainie  d'Autriche,  fenuiie  de  Philii)[)e  1\',  Notre  bienheureux  avait  enrôlé  dans  sa 
roi  d'Espagne,  alin  (ju'il  ongag"e;\t  cette  |)rin-  troupe  apostolicpio  un  jeune  catéchiste  nom- 
cesse  h  y  envoyer  des  missionnaires.  Le  2Ï  nié  Jiazan  ([ni  soull'rit  bient(jt  le  martyre, 
juin  IGCo,  lMiili|)pe  IV  ordonna  au  gouver-  Ce  saint  jeune  homme,  rempli  de  douleur 
neur  des  Philip|)inos  ,  do  fournir  <à  notre  envoyant  le  chef  Ki[)olia  déshonorer  son  li- 
bieuheuroux  el  h  ses  compagnons  tous  les  tre  cb;  chiétien  par  la  licence  de  ses  nni^urs, 
moyens  de  transport  nécessaires,  et  au  mois  lui  adressa  de  vives  re[)résentations,  et  fut 
do  juin  1GG8,  Sanvitores  descendit  ^  (ioua-  assassiné  le  31  mars  167i>.  Nicolas  do  Figue- 
ham,  l'une  dos  dix-se|)t  îles  dont  se  corn-  roa  et  Damion  Bernai,  autres  catéchistes  de 
pose  l'archipel  des  Larrons,  (lu'il  nomma  îles  Sanvitores,  périrent  de  môme  de  la  main  des 
Mariannos,  on  l'honneur  de  la  roino  d'Espa-  indigènes. 

gne.  11  était  accompagné  du  P.  Thomas  Car-  Sanvitores  ne  larda  pas  lui-môme  à  cueil- 

denoso  ,   pris  aux   Philippines  ,   des  Pères  Hr  la  glorieuse  palme  du  martyre.  Le  2  avril 

Louis  de  Médina,  Pierre  de  Casanova,  Louis  1672,  étant  allé  au  village  do  Tumham,  ac- 

de  Morales  et  Laurent  Kuslillos,  choisis  au  compagne  du  catéchiste  Pierre  Calangsor , 

Mexique  par  notre  saint.  Les  Pères  de  Mé-  atin  de  baptiser  la  tille  d'un  chrétien  apos- 

dina  et  de  Casanova  descendirent  les  pre-  tat,  nommé  Mata{)ang,  il  fut  repoussé  dure- 

miers  à  terre,    et  ayant  été  bien  accueillis  ment  par  cet  infidèle  et  se  mil  alors  à  prô- 

par  le  chef  Kipolia,  ils  plantèrent  une  grande  cher  la  jeunesse  du  village.  Matapang,  fu- 

croix  sur  le  rivage.  Bientôt  Sanvitores  corn-  rieux  du  zèle  de  Sanvitores,  s'éloigna  atin 

mença  son  apostolat  par  la  célébration  des  de  chercher  un  complice  qui  l'aidât  à  tuer 

saints  mystères  ;  dès  sa  première  allocution  le  saint  missionnaire  ;  mais  celui-ci  prolitant, 

quinze  cents  indigènes  se  convertirent.  Ki-  do  son  absence,  pénétra  dans  la  maison  de 

poha  donna  cl  Sanvitores  un  vaste  em])lace-  l'apostat  et  baptisa  la  jeune  fille.  Bientôt, 

ment  pour  y  bâtir  une  église  el  la  maison  Matapang  étant  arrivé,  un  de  ses  complices, 

q;ii  devait  servir  de  demeure  aux  jésuites,  nommé  Hirao,  tua  Calangsor,  et  déchargea 

Notre  saint  ayant  gardé  Médina  avec  lui,  en-  ensuite  un  grand  coup  sur  la  tète  de  Sanvi- 

voya  Casanova  dans  l'île  de  Rota,  Cardenoso  lores,  pendant  que   l'apostat  lui  passait  sa 

et  Morales  dans  celle  de  Tinian.  Bientôt  il  lance  à  travers  le  corps.  Le  saint  apôtre  de 

baptisa  le  chef  Kipoha,  dont  l'exemple  fut  l'archipel  des  Larrons  mourut  ainsi,  âgé  de 

suivi  par  un  grand  nombre,  el  habitua  à  se  quarante-cinq  ans,   après  avoir  prêché   et 

couvrir  ces  hommes  qui  avaient  toujours  établi  la  foi  dans  treize  îles,  fondé  huit  égli- 

marché  nus.  Ayant  appris,  sur  ces  entrefai-  ses,  organisé  trois  séminaires  pour  l'éduca- 

les,  i|ue  le  zèle  des  PP.  Médina  et  Morales  tion  de  la  jeunesse  des  deux  sexes  et  donné 

était  traversé  par  un  Chinois  idolâtre  nommé  le  baptême  à  50,000  indigènes.  Son  corps, 

Choco,  et  qu'excités  par  cet  infidèle,  les  ha-  dépouillé  par  Matapang,  fiit  trouvé   couvert 

bitants  du  pays  persécutaient  ces  deux  mis-  d'un  cilice  et  d'une  rucle  ceinture  de  fer. 

sionnaires,  Sanvitores  se  rendit  auprès  de  Ses  meurtriers  jetèrent  ensuite  les  deux  ca- 

cel  ennemi  acharné  de  la  foi,  discuta  avec  lui  dayres  dans  la  mer... 

enprésenced'unegrandemultilude,etrayant  SANZ,  évêque  de  Mauricaste,  fils  d'André 

converti,  l'amena  enfin  à  demander  le  bap-  Sanz  et  de  Catherine  Jorda,  naquit  à  Asco, 

tôine.  Il  visita  ensuite  les  îles  de  Tinian  et  dans  la  Catalogne.  Il  fut  élevé  à  Lerida  par 

de  Saypan,  pendant  que  Morales,  sur  son  or-  son  oncle  Michel  Jorda.  Il  entra  dans  l'ordre 

drc,  allait  évangéliser  Anataxan,  Sarjgnan,  de   Saint -•Dominique  au   couvent   de  cette 

Alamagnan,  Pagan  et  Grôgan.  A  son  retour  à  ville  et  fit  ses  vœux,  le  6  j  uillet  1698.  Il  reçut 


en  pntrfliit  en  profo^sion  lo  nom  de  Pierro 
Marfvr,  oommo  si  l'on  oi^t  prosst^nti  q\ie  la 
Pn^vuionre  le  dpslinnit  .^  jnstitior  (c  nom 
p«r  lo  fiit  II  roçut  l'ordro  do  la  prêtrise  lo  20 
soplomhro  170i.  I.on'-tfemps  il  ju't^rha  dans 
la  Catalogne  of  l'Arai^on.  Enlin  il  fui  choisi 
pour  allor  porter  la  parole  év,insj(''li((U('  aux 
idolAfres.  Il  alla  an  Moxitpie  on  17f2,  avec 
quolques  roli^it^ix  de  son  ordre  et  do  là  il 
passa  à  Manille  en  traversant  l'Oct'an  Paciti- 
que.  En  juin  ITKi  il  so  rendit  en  Chine 
avec  le  P.  Malhion.  Il  ahorda  au  port  d'Hia- 
men.  Longtemps  il  prêcha  dans  le  Fo-Rien, 
il  fut  nomnn^  vi(  aire-aposlolirpie  dans  ce 
pays  après  M.  Maigrot.  Il  fut  fait  évèqao  de 
Manricasto  le  2'*  février  1729.  A  la  suite 
dnno  persécution,  il  se  retira  à  Macao  comme 
les  autres  mii^sionnaires  et  y  resta  6  ans.  Il 
écrivit  dans  cotte  ville  une  apologie  en  fa- 
veur du  christianisme  pour  répondre  aux  ca- 
lomnies et  aux  blasi)hèmes  contenus  dans 
les  placards  que  les  mandarins  faisaient 
sans  cesse  aOicher  contre  la  religion.  En 
mai  1738  il  rentra  dans  lo  Fo-Kien,  où  il 
avait  appelé  à  son  aide  les  P.  Uoyo  el  Per- 
rano.  Lo  P.  Al<ol)ert  y  était  déjiv  ;  lui-même 
y  revint  avec  le  P.  Diaz.  Depuis  quehpie 
temps  il  prêchait  le  christianisme  dans 
cette  contrée,  lorsque  lo  Fou-Yven  ou  vice- 
roi  de  la  province  reçut  un  mémoire  où 
étaient  groupées  les  accusations  ([u'on  avait 
coutume  de  porter  contre  la  religion  chré- 
tienne. Files  étaient  formulées  sous  sept 
rhefs  différents  dont  on  peut  voir  le  détail 
à  l'article  Chine.  Aussitôt  que  le  vice-roi  eut 
reçu  ee  mémoire,  il  le  fit  |iassi>r  h  roîlicier 
Fan  à  Fou-iig;u).  Celui-ci  lit  partir  ses  sol- 
datsen  trois  bandoset  se  porta  sur  les  endroits 
désignés  conmio  étant  la  reliailo  des  mis- 
si'mn.'iiros ;  vainement  |)ln>ieurs  chrétiens 
arrêtés  furent  mis  h  la  torture,  aucun  ne 
voulut  dire  où  était  i'évêque.  Fan  faisait 
ses  recherches  avec  un«>  si  grande  activité 
qu'écha[>per  devenait  fort  diflicilo.  Pour  ter- 
rifier ceux  (pii  cachaient  les  missionnaires 
il  faisait  mcttie  à  la  lortiu-e  tous  ceux  qui 
étaient  soupi;onnés.  Le  chrétien  qui  cachait 
l'évêipu'  eut  peur  et  lui  dit  :  «  Vous  nous 
exposez,  ni(»i  et  les  niions,  h  do  gratids  dan- 
gers :  Ambroiso  Ko  mon  voisina  été  torturé 
quatre  fois,  ses  hicns  sont  vendus,  il  est  on 
j>rison  avec  sa  famillo.»  — «  Mon  ann,  lui  dit 
i'évê(pn\  nous  sommes  venus  ici  pour  vos 
intérêts  plutôt  que  pour  les  nôtres  ;  occasion 
innocente  dos  maux  qui  vous  arrivent,  nous 
soiniiios  prêts  à  les  partager  avec  vous,  mémo 
à  les  prendre  pour  nous  tout  entiers,  s'il  est 
jKjssiiilo.  Mais  soyez  fraïupiille,  je  vais  vous 
satisfoiro.  »  il  sortit  do  la  maison  et  gagna 
un  jardin  où  il  |)nssa  la  nuit.  Les  soldats 
passèrent  floux  fois  prés  de  lui  sans  lo  voir. 
Le  lendemain.  Ui  chrétien  (pii  l'avait  caché 
refusant,  ipnn  qu'on  \\\\[  faire,  de  lui  rouvrir 
sa  mais<m,  \\  se  montra  dans  le  village,  fut 
arrêté  et  enchaîné.  Pou  après,  dans  un  in- 
terrogatoire ((u'on  lit  sut)ir  aux  chrétiens, 
l'oflii  1er  Fan  ayant  demandé  h  l'évêfpio 
d<'[tujs  I  omltiwn  do  toiniis  il  était  dans  l'em- 
pire, ce  prélat    répuniiit  qu'il  y  était  vodu 


SAN 


PAO 


sons  le  règne  de  Cang-Hi  pour  y  prêcher  la 
vraie  religion.  Il  en  ex()0sa  les  principaux 
points  de  manière  à  toucher  tous  les  assis- 
tants. Le  10  juillet  tous  les  missionnaires 
chargés  de  chaînes  furent  conduits  à  Fou- 
Tcheou-Fou,  capitale,  à  27  lieues  de  Fou- 
gan.  Ils  furent  portés  sur  des  charettes  ;  la 
foule  les  injuriait  sur  la  roule,  les  nommant 
magiciens,  impudiques,  serinais,  fils  du  dia- 
ble. Le  vice-roi  les  interrogea  aussitôt  leur 
arrivée.  Pour  répondre  aux  «luostions  du 
vice-roi  I'évêque  dit  (lue  c'était  le  paj)o  qui 
l'avait  envoyé  prêcher  la  religion  chrétieiuie 
aux  Chinois;  cpio  ce  n'était  point  par  argent 
qu'il  les  engageait  à  le  faire  ;  (|u'on  lui  en- 
voyait d'Eurojio  tout  ce  rpii  était  nécessaire 
à  son  entretien  et  rien  de  plus.  «  Pour  con- 
vertir,dit-il,  jetàchedeconvaincre  ;jenel»;q>- 
tise  que  ceux  qui'le  demandent  instamment. 
La  Chine  repousse  le  christianisme  parce 
([u'ellene  le  connaît  pas;  c'est  la  seule  religion 
(pli  soit  vraie,  et  (}ui  explique  d'une  façon  ra- 
tionnelle les  peines  et  les  récompenses  dans 
l'autre  monde.  »  Ce  discours,  lut  payé  de 
vingt-cinq  soulllets.  On  remit  les  prisonniers 
dans  leur  cachot.  Au  bout  de  quelque 
temps,  de  nouveaux  juges  durent  connaître 
de  cette  atfaire.  Plusieurs  interrogatoires 
furent  faits  ;  on  voulait  absolument  trouver 
les  chrétiens  magiciens,  impudiques  ou  re- 
belles. Tous  furent  torturés  ;  lévèquo  reçut 
quatre-vingt  (juinze  soutilets. 

Pendant  le  jugement  de  cette  affaire,  vaine- 
ment les  missionnaires  enqiloyés  à  la  cour 
de  Pékin,  usèrent  de  leur  intluence  en  fa- 
veur des  accusés  :  une  sentence  de  mort  fut 
prononcée  dans  le  Fo-Kien  contre  révê(iue 
Sanz,  Royo,  Alcoberl,  Serrano,  Diaz  et  un 
de  leurs  cathéchisles.  Le  vice-roi  de  Fo-Kien 
vint  à  Pékin,  pour  la  faire  maintenir  par 
l'empereur  (|ui  la  déféra  au  tribunal  dos  cri- 
mes. Le  tribunal  la  conlirnia  el  la  signa  telle 
cpi'on  peu!  la  vi-irdans  l'article  Chink.  In 
prêtre  chinois  a|»pril  à  revêijuo  de  Manri- 
casto cpiel  était  son  sort.  Cuinme  il  était  velu 
de  haillons  dans  sou  cachot,  des  chrétiens 
lui  liront  parvenir  des  habits  convenables 
pour  marcher  au  supplice.  Ayant  emiuassé 
ses  compagnons  do  captivité,  ii  prit  (pielques 
rafraichissemonts  el  parut  devant  le  manda- 
rin char,:;é  de  lui  signifier  la  sentence,  l-ille 
lut  lue  dans  la  salle  d  audience.  Aussitôt  un 
enchaîna  I'évêque,  les  mains  au  dos,  et  on 
lui  mit  sur  les  é|)aulos  un  écritoau  c«>nte- 
nant  (lu'il  était  condamné  à  mori,  pouravoir 


travaillé  à  pervertir  le  peuple  par  une  mau- 
vaise doctrine.  Il  marclia  h  pied   au  lieu  du 
supplict>,  le  visage  gai,  et  récitant  îles  priè- 
res.  Beaucoup  de  chrétiens   suivaient.    On 
franchit  la  pitrte  du  Midi,  puis  un  pont   de 
bois  au  bitul  duquel  est  le  lieu  d'exécution. 
Le  bourreau  arrêta  I'évêque  et  lui  dît  :  C'est 
ici,  mettez-vous  h  genoux.  »  L'évê(iuc  obéit 
el  so  tournant  vers  cet  liumme,  lui  dit  :  «  Mon 
ami,  je  vais  au  ciel  ;  oh  !  que  je  voudrais  qu' 
tu  y  vins.ses  avec  moi  1  »  Le  IxHirreau  lui  i  e 
pondit  :  «  Do  tout  cieur,  je  désire  y  aller. 
Puis  lui  ôlant  son  l)o met,  il  iui  trancha  l.i 
têle  d'un  seul  coup.  Ce  fiil  le  2ti  luii  1747. 


î)oi                             s  Al'  SA»'                           {)(ri 

f,cs  ('liindis    croionl    iiiir  I'.'^mk»  des  siip-  (In-  ils  riiifut  mis  (1;ms  l;i  firisori  piihllquc, 

[ilin.'S  sort.'inl  (li»s  ('Diiis,  sn  jt'llo  sur  l(»M  ;»s-  (iii  leurs  (((iiip/iKtiotis   i'>tni<>iil   drtjA  (Ir'-lciiiin. 

sishints   cl   li«!)  riiaiidit.   Aussi,    ou    voy/itil  l.c  l<>Milr>iii.iiii,  Im  roi  iii/rrulrt  )(•!<  priricip/nix 

l'nijiptM'  les  roiifl.imrM'S,  ils  se  sniivciil  nus-  (!<•  In  tinhlcssc,  pnur  qu'ils    vinsscrjf  ifrttu- 

silAt  (Iniis  ltiu((vs    It's    (lii(Mliniis.  h.iiis  cnllft  liiiilrc*   h's  rui/.;u'(''<'iis  S/ii»«ir  cl   h.mr.  (',cu\-ri 

circoiisliiiico,  il  n'oii  lui  pas  de  iiK^inc.  l'cr-  Jiyaiil  dccLuV!  ipiM  ces  lionirrics  lonr  «'•l/iii-nt 

Sduuc   n'cMit  peur  de  l'Ame  du  salut.  Tous  coutnis,  |(>  roi,  au  dernier  poiid  irrifé,  dotirio 

vinrent  le  voir  de  prAs.    lin   paieu    ii(iunn('i  l'ordri»  (pie  les  coupaliles  lui  sr)i('ril  amcn«''S 

<;iiij4;-Kul- Yv(Mi,  |>ayc   nour   rnmassor  son  sur-le-cliaiuf».  Alms  on /um'^u»»  SafK»r  et  Isnno 

saui;',  m»  voulut   jtas  se    laver   l(>s   mains  en  tous   deu\    ('V(Vjues ,    ain^i    «pic    .>faliau(^s , 

reniratif    elle/    lui.    KrollanI    la    l(Me   de  ses  Alii'aliam  cl  Simcun.  Il  leur  <lil  :  »  hM-cr-rpio 

(-nlaMls  avec  so.>«  mains  ensauKlanl(kvs,  il  di-  vous  ne  snvo/.  pas  qiio  jo  suis  sorti  du  snnu 

sait  :  (,)U(>  I(^  san^du   saint  vous  Ix^iiisse  !  »  des  dieuv,  et  que  rii'anmolii<.  j'adore  Ir  soleil, 

Les  chrcUicns  ensevclirenl  Imnoraltlement  le  et   i'(  nds  <|es  honneurs  divins  au  leu '.' Mais 

oorps  :  mais  les   mandarins   lir(»nl  briser  la  vous,    (pii   <^los-vons,   pour  nVsisIcr  h   rnes 

<'roi\  (le  pierre  niis(>sur  l(>  l(Mid)ea\i,  et  lir(>nl  lois,  pour  oulrat;er  le  soleil,  cl  pour  m(''pii- 

lrai>$portcr  U»  cercueil  au  lieu  où  l'on  a  cou-  ser  W;  feu'/  »  Tous,  d'une   voix  lui  r<''pondi- 

lunu'  d'exposer  les  cadavres  dos  supplici(Vs.  renl  :  <(  Nous  no  reconnaissons  (pi'un  seul 

SAPOU  (saint),   (^V(\pie  d(»  Helli-Nicloi'  et  Dieu,  et  ne  servons  (pié  lui.  »  Alors  le  roi  : 

martyr,  lut  mis  à  moit  avec  les  saints  Isaac,  «  Ouel  Dieu  est   njeilleui- (pie   H(jismizdale, 

év(V|ue  do  Caroha,  Mahanc^s,  Abraham  et  Si-  ou   oins  à  craindre  qu'Ai  amane  irritf^'?  Kl 


nu^on,  (Ml    l'an   de  .l(''sus-(;hiist  .'{.'{1,  dui'ant      (pu'l  est  celui  (pii,  s'il  est  sape,  ne  comprend 

pas  (pi'il  doit  adorer  le  soleil?  »  .Mais  {'('■v*^- 


la   pers(Hnilion  do  Sapor.  \ Oici  leurs  Actes, 

quenousavons  traduits  textuellement  (inOnie  que  Sapor  lui   répondit  :<(  Quant  h   nous, 

remarque  au  point  de  vue  do  la  citation  (pie  nous  ne  recounaisson;?  aucun  dieu,  hormis 

pour  les  Actes  d(>  sainl  Jouas).  L'Kglisu  iail  C(diii  (|ui  a  cré('!  le  ciel  el  la  terre,  le  s(»leil  et 

la  l'ôte  de  ces  saints  le  30  novembre.  la  lune,  lout  ce  que  nos  jeux  peuvent  voir, 

.  .      j         •  .    ..            /  ..        ^     D  w    >T-  tout  ce  (pu' notre  intelli-'ence  peut  compren- 

Aces  des  savits  Sapor  éreciue  de  Bcth-Nic-  ,,,.,.^    ,.,  \   „.  ,^^^,3   ^.^^^  ^^„^  ^;.^,i,.  ,.ng,^ndr6 

tor,ham'  de  lh(h-Si<  mac  n_eq^^^^  J('.sus-Cl.rist,  que  vous  appelez  le  Naza- 
f/nj,  Miuumcf!,  Abraham  et  Simcon,  mis  à  j.^^,^  ^^  ^  '  ^ 
mort  sous  Sapor  roi  des  Perses  et  dont  les  j^,;  entendant  C(>la,  le  roi  ordonna  qu'on 
corps  reposent  dans  a  nouvelle  eylisc  des  f,  ,.^  j^  |,ie„i,e„roux  (5vôque  à  coups  de 
martt/rs  d  hdesse,  mira  muros.  j^^,,,,^^  ,„,.  ,.,  bo.ieho.  Cet  ordre  fut  exc^'cuté 
Dans  la  trentième  anut^'o  du  règne  de  Sapor,  avec  tant  de  barbarie,  que  presque  toutes  les 
roi  (les  Perses,  les  mages  vinrent  accuser  en  dents  du  saint  en  furent  arrachées, 
ces  termes  les  nazaréens  devant  le  roi:  «  Nous  Sapor,  s'adrcssant  de  nouveau  au  roi: 
ne  pouvons  plus  ador(M'  ni  le  soleil,  ni  l'air,  «Jésus-Christ,  dit-il,  m'a  donné  une  force 
qui  nous  donnent  des  jours  sereins  et  clairs,  inconnue  h  laquelle  vous  n'arriveriez  jamais, 
ni  l'eau  (pii  nous  purilie,  ni  la  terre,  qui  — Pourquoi  cela,  dit  le  roi?  —  Parce  que 
nous  sert  d'expiation  :  car  c'est  là  ([ue  nous  vous  êtes  un  impie,  »  répondit  Sapor.  Ces 
ont  amené  les  nazaréens,  qui  outragent  et  paroles  mirent  le  roi  si  fort  en  colère,  qu'il 
méprisent  le  soleil,  ([ui  méprisent  le  feu  et  envoya  aussitôt  chercher  des  verges,  et  fit 
ne  rendent  aucun  hommage  à  l'eau.  »  Le  roi,  frapper  d'une  manière  airoce  le  saint  évê- 
en  entendant  cela,  fui  si  fort  irrité,  qu'il  re-  que.  Les  bourreaux  frap[)èrent  jusqu'à  ce 
nonça  à  un  voyage  ([u'il  allait  faire  dans  la  qu'ils  eussent  brisé  les  os.  Alors  le  roi  or- 
ville  d'Aspharèse,  et  rendit  un  édif  ({ui  or-  donna  qu'on  emportât  le  martyr  presque 
donnait  d'arrêter  les  nazaréens.  (C'est  ainsi  inanimé,  qu'on  le  chargeât  de  chaînes,  et 
qu'en  Perse  on  désignait  et  on  désigne  en-  qu'on  le  mît  dans  la  prison  publique, 
core  aujourd'hui  les  chrétiens).  Mahanès,  Isaacfut  amené  ensuite.  Le  roi  lui  ordonna 
Abraham  et  Siméon  furent  immédiatement  d'abord  do  quitterson  manteau.  <;  Cette  peste, 
arrêtés  par  les  satellites  ([ue  le  roi  envoya  lui  dit-il,  t'a-t-elle  donc  infecté  à  ce  point 
de  tous  côtés.  que  je  doive  la  noyer  dans  ton  sang?  »  Isaac 
Le  lendemain,  les  mages  revinrent  devant  répondit  :  «  Ce  que  vous  appelez  peste  est 
le  roi,  et  commencèrent  à  vociférer  en  ces  suprême  sagesse, de  laquelle  votre  esprit  est 
termes  :  <(  Sapor,  évoque  de  Betli-Nictor,  et  bien  loin.  »  Alors  le  roi,  exaspéré  :  «  Tu  me 
Isaac  de  Bcth-Séleucie,  évoque  de  Carcha,  semblés  un  babillard  bien  prompt  à  dire  des 
construisent  des  églises  el  des  oratoires,  et  sottises  :  si  j'ordonnais  qu'on  le  coupât  la 
par  des  discours  trompeurs  circonviennent  langue?  «Mais  Isaac  :  «  Il  est  écrit  :  Je  par- 
le peuple,  et  l'induisent  en  erreur.  »  Le  roi  lerai  selon  la  justice  en  présence  des  rois,  et 
répondit  :  <(  J'ordonne  qu'on  cherche  les  je  ne  serai  pas  confondu.  »  (Ps.  cxvin.  ) 
coupables  par  tout  mon  royaume,  et  que  Comment,  dit  le  roi,  as-tu  osé  bâtir  des 
quand  on  les  aura  découverts,  on  les  inler-  églises?  —  Parce  que,  dit  le  saint,  il  m'a  été 
roge  sous  Iroisjours.  On  chargea  de  cesoin  les  agréable  d'en  bâtir.  » 

chevaliers  du  roi,  qui,  craignant  la  colère  du  Le  roi,  vivement  choqué  de  ces  paroles,  fit 

monarque,  coururent  nuit  et  jour,  à  marches  venir  à  la  hâte  les  principaux  de  la  ville,  et 

forcées,  par  toutes  les  provinces  du  royaume,  leur  parla  en  ces  termes  :«  Je  pense  que 

C'est  ainsi  qu'on  parvint  à  trouver  les  na-  vous  savez  que  quand  quel(|u'un  a  conspiré 

zaréens,  et  à  les  amener  au  roi;  sur  son  or-  contre  les  jours  du  roi,  et  qu'il  a  été  con- 


305 


SAP 


SAP 


904 


Taincu  de  mensonge,  il  est  coupable  de  crime 
de  lèse-majest«^  et  nu^rite  la  mort.  Mainte- 
nant. comnitMit  so  fait-il  que  mes  injures, 
(jui  sont  aiissi  les  vôtres,  vous  aient  inspiré 
si  peu  d'horreur,  que  vous  ayez  pactisé  avec 
Isaac  et  passé  dans  son  camp?  Mais  j'atteste 
le  soleil  ot  le  feu  inextinguible  que  si  je  ne 
retenais  mon  indignation,  je  vous  enverrais 
tous  m'attendre  dans  la  tombe.  »  Alors  tous 
les  grands,  saisis  de  crainte  à  ce  discours, 
tombent  la  face  contre  terre;  ensuite,  ils 
emmènent  Isaac  loin  du  lieu  où  était  le  roi, 
dans  un  endroit  ronvcnablc,  et  le  font  mou- 
rir sous  une  grêle  de  pierres.  Ainsi  agirent 
ces  nobles,  qui  pourtant  se  disaient  chré- 
tiens, tant  la  crainte  du  roi  les  avait  trans- 
formés. 

Quand  Sapor,  qui  était  en  prison  et  en- 
chaîné, eut  appris  cela,  quand  il  sut  que  le 
bienheureux  Isaac  avait  été  mis  à  mort  par 
les  principaux  delà  ville,  il  en  éprouva  une 
grande  joie,  et  rendit  à  Dieu  des  actions  de 
grAces  aussi  ardentes  que  possible,  parce  que 
son  saint  athlète  avait  reçu  la  couronne. 
Pour  lui,  après  deux  jours,  il  mourut,  acca- 
blé sous  la  douleur  que  lui  faisaient  éprouver 
les  blessures  qu'il  avait  reçues  quand  on  l'a- 
vait tlagellé;  sous  le  poids'de  ses  chaînes,  et 
aussi  infecté  par  la  saleté  de  la  prison.  Quand 
le  roi  l'eut  appris,  il  lit  couper  la  tôte  du 
mort  et  se  la  lit  apporter  :  les  bourreaux  ac- 
com[)lirent  cet  ordre.  Le  roi  n'avait  pas  ajouté 
foi  au  récit  de  ceux  qui  étaient  venus  lui  ra- 
conter sa  mort. 

Après  donc  qu'Isaac  eut  été  lapidé,  et  que 
Sapor  fut  mort  en  prison,  le  roi  ordonna 
qu  on  interrogeât  Mahonès,  Abraham  et  Si- 
méon  :  il  leur  parla  en  ces  termes  :  «  Vous 
résoudrez-vous  enfin  h  adorer  le  soleil  et  à 
rendre  au  feu  les  lionneurs  divins  ?  »  Mais 
eux  :  «  Que  Dieu  nous  garde  de  ce  crime  1 
nous  sommes  déterminés  à  adorer  Jésus- 
Christ,  et  h  ne  confesser  (pie  lui.  »  Alors,  sur 
l'ordre  du  roi,  Mahanès  fut  écorché  depuis 
le  sommet  de  la  tète  jus(pi'h  l'ombilic.  Il 
mourut  dans  ce  supplice.  Abraham  eut  les 
yeux  percés  avec  tles  fers  rouges  :  il  mou- 
rut deux  jours  après.  Siméon,  enterré  dans 
une  fosse  juscpi'à  la  poitrine,  fut  tué  h  coups 
de  flèches.  Les  chrétiens  ayant  enlevé  en 
secret  les  corps  des  martyrs,  leur  donnèrent 
la  sépulture.  [Traduit ion  de  l'auteur.) 

SAPOR  II,  surnonuné  Longue-Vie,  naquit 
en  310  ou  .'lll,  et  mourni  en  380.  Il  fut  pro- 
clauié  roi  à  la  mort  de  son  père,  Horniis- 
das  II,  et  avant  sa  naissance.  Ce  prince  eut 
de  gramls  talents  adnnnistralifs  et  militai- 
res, et  surtout  \ine  persévérance  remarqua- 
ble dans  SOS  desseins.  Malgré  des  revers 
nombreux,  il  lutta  contre  les  Uomains,  ius- 
fpi'à  ce  que,  les  ayant  cnlin  vaituMis,  il  les 
força  de  restituer  à  la  Perse  ses  limites  an- 
ciemies.  Ce  (pie  nous  devons  ici  dire  de  lui, 
c'e^t  'piil  fut  un  des  pbis  violents  parmi  les 
per>é(  uteurs  de  l'Kglise.  Tandis  q\w.  ses 
prédécesseurs  avaient  avec  joie  ouvert  les 
portes  de  leur  empire  aux  migrations  chré- 
tiennes fuvant  la  persécution  (les  enq)ereurs 
romains,  fui  so  montra  l'ennemi  acharné  des 


chrétiens.  A  part  les  vérités  évangéliques, 
semence  de  salut  et  decivilisation,  qu'avaient 
apportées  dans  ses  Etats  les  disciples  du 
Christ,  ils  lui  avaient  apporté  les  sciences, 
les  arts,  et  tout  ce  qui  illustrait  l'empire 
romain.  Sapor  n'agit   donc  pas  seulement 
avec  impiété  en  les  persécutant,  mais  il  agit 
encore  impolitiquement.  Il  n'était  pas  écrit 
dans  les  décrets  providentiels  que  ces  empi- 
res et  ces  royaumes  dussent  se  perpétuer  et 
arriver  à  rien  de   grand.   Les  maîtres  des 
nations  sont  souvent,  dans  la  main  du  Tout- 
Puissant,  les  instruments  de  sa  justice.  Le 
génie  lui-même  n'est-il  pas  souvent  un  des 
fléaux  de  Dieu?  Quand  la  terre  est  livrée  à 
ses  ambitions  et  à  ses  convoitises,  les  hom- 
mes admirent,  mais  l'humanité  gémit  sous 
le  châtiment  que  la  gloire  lui  fait  subir.  Les 
desseins  de  Dieu  sont  impénétrables.  Pour- 
quoi l'Orient,  cette  terre  si  privilégiée,  cette 
terre,  berceau  de  l'humanité,  si  fertile  et  si 
magnifiquement  douée,  n'est-elle  que  la  terre 
de  l'esclavage  et  de  l'abrutissement  humain? 
Là  oij  la  race  humaine  n'y  est  pas  enchaînée, 
elle  y  est  presque  dans  l'enfance;  tout  y  sta- 
gne, tout  y  dort.  La  Chine  si  vantée  ne  peut  se 
débarrasser  de  ses  langes  ;   l'Inde  est  pres- 
que idiote,  avec  ses  prétendus  sages  et  ses 
philosophes  ;   la  Perse  croupit  dans  sa  dé- 
chéance, et  la  Turquie  dort  enivrée  dans  le 
campement  qu'elle  s'est  fait  au  milieu  des 
splendeurs  et  des  magnificences  du  vieux 
monde.  Combien  de  temps  encore  Constan- 
tinople  verra-l-elle  le  cheval  du  conquérant 
attaché  aux  murailles  de  ses  temples,  et  la 
stupidité  mahométane  souiller  les  saints  par- 
vis de  la  primitive  église ?Constantinople,  la 
ville  assise  comme  une  reine  entre  les  mon- 
des  pour  les  dominer  tous  ,  qui   donc   te 
remettra  ta  couronne  au  front V  Quelle  est 
répée  qui  coupera  ta  chaîne  d'esclavage  ?  Tes 
destinées  sont  si  belles  et  si  grandes,  que  les 
rois  d'Europe  te  convoitent  tous,  mais  tous 
sesurveillent,de  peurqu'aucunmeUe  la  main 
sur  la  proie  si  splendide  et  si  riche,  sur  la 
seconde  Rome,  sur  la  plus  belle  des  cités  qui 
baignent  leurs  pieds  dans  les  mers  et  leurs 
tôtes  dans  les  cieux. 

Nous  semblons  loin  do  notre  sujet,  peut- 
être  :  non  pourtant,  car  nous  parlons  de 
l'atraissement,  de  l'avilissement  de  l'Orient 
que  la  vengeance  céleste  a  fait  déchoir  do 
ses  destinées  superbes  et  tomber  dans  l'as- 
sujellisseraent,  dans  le  crétinisme  politique 
et  moral.  A  quels  événements  faire  remonter 
ces  terribles  vengeances  du  Seigneur  ?  N'est- 
ce  point  le  sang  des  martyr.>  cjui  retombe 
sur  les  empires  persécuteurs?  N'est-ce  point 
l'abus  de  tant  de  grAces  dispensées  nar  Dieu 
h  celte  terre  d'Asi(>,  (jui  fait  aujourd'hui  qu'il 
s'est  détourné  d'elle? 

La  persécution  de  Sapor  fut  excessivement 
violente  :  les  auteurs  les  plus  modérés  por- 
tent I*»  seizt!  mille  le  nombre  des  martyrs  quo 
lit  un  seul  édit  porté  par  lui;  un  auteur  per- 
san porte  le  nombre  des  victimes  tombées 
sous  sa  tyrannie  h  dtMix  ccîit  mille.  Pour 
avoir  unt<  idé(î  des  Uiaux  qu'il  lit  endurer 
aux  chrétiens,  de  la  violence  avec  laquelle  il 


90» 


SAI' 


«AV 


906 


n^il  conlro  ont,  il  faiil  lirn  les  AcKs  des 
mari  \  l's  t|ur  nous  iivoiis  ilu'iiii''s  (l.ni.s  le  ciiiirs 
(lo  tel  oiivniiiÇf'.  N'oici  p.ir  (l(\lc.s  les  iioi  is  dos 
]»riiicij»/Mi\  s;ii'il.s,  loiiil».  s  sons  ce  rcN^iic. 

un.  S.iinl  Jim.is.  sjii'M  llMiacIiisr  et  l'i'ur.s 
n>in|ia:.;(ioiis,  —  .Tl'J.  Siitiil  Sipur,  ('\(\|iir  lio 
Jlrili-Niclor  ;  s.'iinl  Isnnc,  (W(Siim  de  ('.irclia; 
los  saillis  Mahaii^s,  Ahialiaiu  cl  SiMu''ii;i.  — 
nVI.  Sailli  A/.adr,  «miihuhio,  cl  plusiciirs  au- 
Ircs  martyrs;  saint  Milice,  cv(\|iio  do  Siiso  ; 
.saint  Ahrosimc,  picMri';  saint  Siiuis,  diacre; 
.saint  Siiiicon,  (^viVpic  de  Sôlcm  io  ol  do  Clô- 
siphoii,  cl  SCS  coniMa'-cnoMS,  martyrs.  —  'Ak-1. 
Saint  Harsaliias,  aiilic  ot  ses  compaj^iions, 
martyrs  on  Perse;  saint  Sadolii,  éviVpu!  do 
S(M(Ui(UO  cl  tle  t'lcsi|)li(m  cl  ses  co'il  vinj^t- 
liuil  eoinpaf^iions.  —  3'i4.  Saint  Di'iiol,  prcV 
tro,  ot  saintu  Vonla,  vierge;  les  cent  viiij^t 
martyrs  de  l'Aiiiadùne.  —  3'i(J.  Saint  B.ir- 
baseemin  et  ses  compagnons,  martyrs.  —  3i8. 
Saint  Abrnam  us,  ov(>iiuo  d  Arhcllcs.  —  350. 
Saint  Jac(jiics,  éviVjuc  de  Nisibe.  —  35V. 
Saiiit  Barhadliesciabas,  diacre.  —  3G2.  Pri- 
sonniers roinaiiis  martyrises  en  Perse,  etc. 

Ce  qu'il  y  a  t!e  remaiv[uablu  tlaiis  cetlo 
horrible  persi^ciniou,  c'est  la  férocité  des 
supplices  tpi'ou  Ut  etnlurcr  au\  chrélioMs, 
leur  nouveauté  :  jamais  nulle  j)arl  ou  n'avait 
porté  si  loin  la  barbarie.  Le  princifial  carac- 
tère de  cette  persécution  fut  d'être  religieuse. 
Eii  Perse,  la  religion  tenait  intimement  à  l'E- 
tat, au  gouvernement,  et  les  prêtres  ou  les 
mages  étaient  tout  ce  qu'il  y  avait  de  plus 
considéré.  Ce  l'ut  par  les  mages  que  les 
juifs,  ces  ennemis  acharnés,  (jà  poui sui- 
vaient partoutles  chréiieiis,  parvinrent  à  faire 
lancer  contre  eux  les  édiis  proscripleurs  :  ils 
les  accusèrent  d'être  amis  des  Romains,  avec 
qui  Sapor  était  en  guerre.  Ce  |)rince,  qui,  à 
cette  époi|ue,  c'est-à-dire  au  commencement 
de  la  f)ersécution,  éprouvait  des  revers  dans 
sa  lutte  avec  l'empire  romain,  crut  facilement 
ou  feignit  de  cron-e  à  la  trahison.  C'était  un 
abri  pour  son  amour-p.  opre  humilié  par  les 
défaites.  Sapor  commença  par  charger  les 
chrciieTS  d  i:npôts  épouva'Hables,  esjiérait 
qu'ils  ne  pourraient  pas  les  payer,  et  qu'a- 
lors il  les  obligerait  iacilement  de  (juitter  leur 
religion.  Bienlùt  après  il  ordonna  ([u'on  tran- 
chât la  tète  à  tous  les  ministres  de  la  religion, 
qu'on  s'emparât  de  leurs  biens  et  de  ceux 
des  églises  au  profit  d.i  trésor.  Enlin,  succes- 
sivement, comme  on  [)eul  le  voir  en  lisant 
les  Actes  dos  saints  que  nous  nommons  plus 
haut,  il  en  vint  à  prendie  les  mesures  les 
plus  atroces  contre  Its  chrétiens  en  général. 
Dieu,  doi't  les  desseins  sont  souvent  cachés 
aux  regards  des  faibles  mortels,  donna  à  ce 
tyran  un  règne  long  et  heureux,  .surtout  àla 
fin.  De  gra  ids  succès  et  l'apparence  de  la 
félicité  couronnèrent  ics  dernières  années 
de  sa  longue  domination.  Mais  pour  1  œil 
qui  sait  :-re  au  delà  l'es  choses  de  ce  monde, 
qu'importe'il  les  succès  éi»hémères  d'ici-bas 
et  les  félicités  humaines?  Dieu  n'a-l-il  pas 
l'élernité  pour  sa  justice?  Et  quand  il  a  ré- 
compensé le  génie,  même  chez  les  coupa- 
bles, qui  sait  ce  qu'il  garde  à  leurs  crimes? 

SAJrKICE,  prêtre  d'Antioche ,  confessa 
PicTioNN.    DES  Persécutions.  II. 


ploriousnnu'nt  le  nom  do  Jésns-Chrjsl  h  An- 
ti  )clie,  sons  j'eiiipiro  «le  \a|crien.  Il  Ifiom- 
plia  des  l)ourrejiiii  ot  dos  Mippli(;os,  ot  il 
iiiarchn  iivec  joie  nu  lioi:  oTi  il  df^vnit  nvoir 
le  iê!e  Iranclh'c;  mais  Di.'U  l'ait  ni  lil  t\  une 
nouvelle  épi'eu\'c.  (îolui  qui  inoui'ul  pour 
nous  sur  In  bois  dos  siipi>liciés,  ot  qui  uQ 
moiiranl  partloinail  fi  ses  bouirisiux,  voulut 
(]U(!  nous  nous  aimassions  h  s  uns  les  uu- 
lrt!s  au  ponil  d'oublier  los  olliîiisos  ot  !(h  ifi- 
juros,  comme  Ini-mêm'î  les  avait  ouhliéivs. 
Il  avait  fail  de  la  cliaiitt-,  celle  amitii'-  de  l.i 
l'ainille  spiriluolie  qu'il  l'iail  venu  l'ondor,  la 
vertu  sii;.rèi;i(!  (h  s chrélii:ns.  Sapri-c,  prolie 
dt^  la  religion  di;  .lésus-(>.'irist,  aur.iii  t\ù  so 
rappelci-  ces  «dmirabl''S  préci  plos  que  Io 
l>ieu  fail  homme  avait  h  ('.aque  iiista:il 
l.Mssé  lo.idjer  de  ses  lèvres  divines,  h's  ré- 
pa-ulaiit  comme  la  semence  de  la  pei  ro'-lion 
qu'il  vonK.it  en.siignerà  ses  e;f;ints  d  idop- 
lion.  Dans  la  pi  lère  qu'il  fit  pour  nous, 
Jésus-Christ  nous  fait  dire  h  no'.ie  Père 
.'•  U[)i'ême:  J'ardonncz-iious  nos  cfJ'msPSy  comme 
nous  les  pardonaons  à  ceux  qui  nous  ont  of- 
fensés. .\ii:si  nous-mêmes,  en  prononçant 
ces  paroles,  nous  faisons  à  Dieu  les  condi- 
tions du  parilon  q  le  n(jus  lui  dcîinandons. 
Il  n'y  en  aura  i)a:s  pour  nous,  si  nous  ne 
n.irdonnoas  pas  aux  autres.  Si  nous  ouvrons 
les  saintes  Ecritur»  s,  à  chaque  pag'^  nous 
trouvons  le  divin  précepte.  Si  vous  ne  savez 
pas  pardonner.  Vôtre  Père  qui  est  dans  les  deux 
ncvous  pardonnera  point  à  vous-mêmes.  [Mure. 
\i,  2(3).  Quand  vous  présentez  votre  don  à 
iautel,  si  vous  vous  rappelez  que  votre  frire 
a  quelque  reproclu  à  vous  faire,  laissez  la  vo- 
tre don  ;  allez  avant  tout  vous  réconcilier  avec 
votre  frère;  et  revenez  ensuite  offrir  votre 
hommage  au  Seigneur  [Matth.  v,  23,  24-). 
Saprice,  vous  venez  otfrn-  un  uon  à  Jésus- 
Chiist,  le  plus  grand  (jue  vous  lui  puissiez 
faire,  celui  de  la  vie.  Déjà  vous  avez  triom- 
phé des  supplices',  le  giaive  des  bcurieaux 
e.st  susj)endu  sur  votre  tête.  Laissez  là  votre 
don,  Saprice;  allez  vous  réconcilier  avec 
votre  frère.  Nicépliore,  votre  ancien  ami,  est 
iui  devant  vous,  s'humiliant  et  vous  priant 
de  lui  pardonner  son  oti'ense  ;  p.irdonnez-lui, 
Saprice;  ensuite  vous  irez  offrir  votre  hom- 
mage au  Seigneur.  Eh  quoi  1  cet  homme  qui 
s'est  humilié  devant  vous,  qui  s'est  pros- 
terné à  vos  pieds,  qui  vous  a  demandé  par- 
don à  vo  s,  prêtre,  avto  l'humilité  que  D. eu 
vous  recommande,  à  vous  surtout;  vous  l'a- 
vez repoussé.  \'ous  le  voyiez,  Dieu  csi  pa- 
tient, lui  ;  vous  avez  refusé  une  fois,  qua-i-e 
fois  le  pardon;  Dieu  ne  vous  a  cependart 
pas  repoussé  ;  il  a  accepté  votre  comnat  glo- 
rieux. Mais  le  teinps  press  j,  Sapric ,  par- 
uonnez  voui-Uième,  aûu  qu'on  reçoive  votre 
don. 

Nicéphore  se  jetait  aux  i,ieds  du  confes- 
seur, le  su,  pliant  avec  larmes  et  ôanglols; 
mais  il  fut  iiiîlexible  :  il  iourna  sur  Nicéphore 
des  yeux  où  bnîlait  la  haine.  La  c':.arité  ne 
put  briser  la  uoreté  de  sou  ooeur.  Alors  Dieu 
prononça  la  sentence  de  malédiction.  «  Les 
bourreaux  d'rcnt  à  Saprice  :  «Mets-toi  à 
genoux,  qu'on  te  coupe  la  tète.  »  Sapric© 

29 


907 


SAR 


SAT 


90S 


leur  dit  :  «  Et  pourquoi  mfi  couper  la  t^te? 
—  Parce  t|iie  tu  rel'ust's  de  sai'rilier  aux 
ditHix,  Pt  que  lu  ne  veux  pas  ob'ir  aux  or- 
dres des  euifiereurs.  pour  l'amour  de  cet 
lionime  qu'o'i  appelle  le  Christ.  »  L'infoiti  né 
Sa,>rice  ditau\  l>ourroiux  :  »  Arrêtez,  mes 
amis,  ne  me  faites  pas  mour  r,  je  ferai  tout 
ce  qu'on  voudra  ije  sacrifierai,  je  sacriliorai.» 
(Uuinarl,  Actes  île  saint  ^iiéphnre).  (Juod  si 
vos  non  dimiseritis,  ner  Pal.  r  qui  in  coeli^  est, 
diinittct  robis  prcrata  vrt.lra.  (V^nj.,  pour 
plus  amples  diUails,  l'àrli.le  NicKPOonE.) 

SAUA(i()SSK.t>'ipit.  lodel'Ara-o  ),n<)inmée 
SalduOn  nu  Cœsarcva  Augusta  chez  les  Ko- 
mauis,  [laya  largement  à  la  perséruiion  son 
tril»ut  de  Vang  et  de  mailyrs,  sous  le  rèj^ne 
de  Dioclélien.F/1  l'année  .'Î04,  le  gouverneur 
Daoien,  qui  y  counuaiidail,  liouime  d'une 
férocité  devenue  célèbre,  y  tit  m  tire  à  mort 
un  noQibre  eonsidirable  de  chiéticns.  Dans 
un  même  jour,  loute  une  trou|)p  de  saints, 
connus  vul,,s;iremLnt  ^ous  le  nom  des  dix- 
huit  niarli/rs  de  Sarnqosse,  y  ie<iu  la  couronne 
iuuuorteile,  en  sce  lanl  île  son  sang  les  v  ri- 
tés  évanpélii|ut'S  :  ce  furent  les  sauits  Optât, 
Luperipie,  Martial,  Su  cesse,  Uruain,  O'iin- 
tiiii-n,  Jules,  Publie,  Fflix,Cc;ilien,Eviitius, 
Primit  f,  Apo  lème,  et  quaire  auire>  du  nom 
de  Saturnin.  Les  saints  Caius  et  Crémence, 
qui  comuailiieut  avei'eux,  ne  snccombèccnt 
})as  aux  ti  .iil<'ur->  de  celt-'  preuiièie  attaqne; 
plus  fo  tement  constitués  (|ue  les  au  res,  ils 
vécurent  pour  moiu'ir  quelipjes  jours  après 
dans  un  nouvi>au  ('0;nbal.  il  faut  jouidrt*.  ;\ 
cette  coho  te  bienheureuse  saint  Kncratido 
ou  EUi^ratie,  jeu  ie  vierge  (pie  Dacien  lit 
co-^duire  dans  une  maison  de  [uoslilution, 
où  Dieu  préserva  iniia.;uleuse(nent  son  in- 
nocence, et  qui  mourut  plus  tard  d<'S  suites 
des  bifssartîs  «pie  lai  iii«'ul  les  iKiuire.uix. 
L'Eglise  a  réuni  duns  une  seule  ^^erbe  tous 
ces  épis  de  la  ui  lissou  du  Soigneur.  EIIh 
honore  tous  ces  saints  le  mé  ne  ,our,  le  l(i 
avril.  Leurs  rt;liqui  s  «mt  été  découverte-*  à 
Saiaj;ossi',  ♦vi  138'.).  Leur  histoire  est  duunée 
par  l'ruileuce. 

Hivc  xnb  nilari  sita  nrmpilerno 
Lnpsil'iis  noitlrii  veniiim  precalur 

liirha 

SltTiie  te  tfllam,  fiennosn  tunctis 

(.11  Uas  nircuin  iniinilis:  deimle 

ilox  rcsunjiiiUi  i.iiimus  cl  uilus 

lolu  srtiuiris. 

SARnf:M-:  (saint),  a  soullcrt  sous  Trajan, 
«Tce  ^.lln(  liarsimee  et  s.unle  liai  bée.  Leurs 
Actes,  qu'on  peut  Inuiver  dans  B  llandus 
(ÛOjfonr.,  p.  02:Js  portent  (pTds  l'urcm  mar- 
tyrls*«^  sous  l.y.sias,  lieuleiia.jt  Ue  Irajan. 
D'après  cela,  c»s  fails  n'ont  pu  se  passer 
qu'u  I  l'/tnnée  1(0,  (pi.ind  K  lessf'  fui  |)r,se  et 
bri^lée.  1>  laiil  bien  se  rcpo.ttr  au  temps  où 
Ly)>ias  8  U8l  trouvé  à  Kdes8u.  Ces  faits  prou- 
vent que  la  ()t'i  Miiiiitri  continua  Jusqu'à  la 
tîn  du  rèJiiie  de  I  lajan.  Nuui»  ne  ilonuons  pas 
!»•,>  A«'t»'s  do  ce  HaiiW  :  ils  ne  non»  paraissent 
p.1^  suf.i  ;;t  aiitlienli({ues.  L'Kgl.sefait 

s,i  féic  I.    -.1  j...ivier. 

SAKDAhi.Ml,  Sardniin,  Ile  considérable 
de    lu  Mcdiiuirunée,  fait  partie  des  Etals 


Sirdes.  Son  premier  martyr  fut  saint  An- 
tiope,  (pii  mourut  pour  la  fôi  sous  Adrien, 
dans  l'Ile  de  Suici,  aujourd'hui  Sainl-An- 
tiope.  «elle  petite  ile  C'^t  telbnuent  ia[)pio- 
cliée  de  la  Sardai^ne  que  quebpiefois  on  y 
peut  aller  à  pii;d  sec  ou  à  gu<'.  Sous  le  rè- 
gne de  l'emoereur  Maic-Aurèle,  nou^  trou- 
vons s;iiiif  Pnlile,  martvr  d.ins  celte  île; 
plus  tard,  enranuée  ;:35, saint  l'ontien,  pa[ie, 
fut  exilé  enSardair^ne,  avec  un  prêtre  nommé 
Hippol  b-,  par  l'empereur  Maximin  1".  Sui- 
vant (pielqnes  aiib-urs,  il  y  fut  assommé  à 
coups  d  •  bAton,  après  y  avoir  ei  duré  une 
Jurande  misère  :  suivant  d'autres,  il  y  mou- 
ri.t  par  suite  de  riniluence  (jue  lair  inalsaia 
de  cette   île  exerça  >ur  sa  sanlé. 

SAUDES,  ancienne  cajiitale  de  la  Lydie, 
(aujnurd  hui  Sart).  En  25i  ,  le  gouverneur 
V;  1ère  lit  ;,m(  ner  de  Thyatires  dans  celte 
ville  I  évô(|ue  sa  ni  Carpe,  Papyleson  diacre, 
et  Agathodore,  domestique  qui  les  servait. 
li  lit  tourmenter  cruellemenl  les  deux  saints, 
(pie  plus  lard  il  tilconduiie  à  Pcrgame,  où 
il  les  tit  mourir.  Quant  h  leur  domestique 
A4alliodoie,  il  le  lit  si  cruellement  batlie  à 
cou  s  de  nerf  de  bœuf,  qu'il  expira  sous  les 
coups.  Il  mourut  donc  à  Sardes,  où  les  li- 
deles  prirent  soin  de  sa  sépu  lure  ;  ils  l'eii- 
sev(<li(  ent  et  le  (lépo^èl■e  U  dans  une  caverne. 
Valère  avait  donné  r«.rdre  qu'on  abandon- 
nai son  C(U-  s  aux  chiens. 

SARMATE  (saint),  di.sciple  de  saint  An- 
toine, fut  massacré  en  Théhaï  ic  par  les  Sar- 
rasins, à  cause  de  sa  c/m-tanco  dans  la  reli- 
gion chrétienne.  L'Eglise  honore  sa  mémoire 
le     I  octobre. 

SAHMAlini,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyfiliens  qui  donnèrent  leur  sang  [»our  la 
foi  en  Egypte,  etdtsqucis  Uuinail  a  laissé 
les  A(t(s  iuiilientupies.  Voy.  Mahtvbs  (les 
trente-s»  fil)  égvptiens. 

SA  rritr,  s.iinti,  fit  martyri>é  h  Cartilage 
en  2U:i  iMi  «Ml  -l^li,  Mius  leiii  ire  de  Sepiiiue- 
8éère  et  S(»us  le  gouvernement  d'Hilarien 
avec  sali  le  IVrpélue,  sainte  Félicité  el  leurs 
compagnons,  avec  lesquels  il  avait  été  ar- 
rêté. Pour  |)lus  amples  rense  gnemeii  s,  il 
Sera  bon  de  lue  les  Acies  de  sainte  Pkrpé- 
Ti  K  ;  nous  les  doinions  in  crttnsn  à  son  ar- 
ticle. L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces  saints 
martyrs  le  7  mars. 

SA  1 1  UE  (s.r.Ml)  ,  martyr,  élait  intendant 
do  la  maison  d'Hunénc  ,  tils  aine  du  roi  des 
Vandales.  Ou  (In  relia  h  lui  faire  renier  sa 
religion,  mais  en  vain.  Sa  femme  même  s'unit 
aux Cunemis  de  so  foi  pour  le  séduire.  On 
lui  lit  ei  durer  plusi«nirs  tournients.  après 
(pioi  (Ui  le  chassa  do  la  vil  e  avec  délense 
de  paraître  en  public.  On  le  déjiosséua  de 
t(»us  ses  b.ens  et  i  mourut  plein  de  verlus 
et  dans  une  |irolonde  misère.  \i(tor  donne 
(pieljues  détails  sur  notre  saint  :  M  était, 
Uii-il,  inie ndani  de  la  maison  d'Hunéric  ,  et 
nianmoiiis  un  illustre  m» mbre  de  l'Eglise 
ralliolique.  La  cr.dnle  de  ce  prince  arien  ne 
reiiipécbail  pasde|  ar!  i  souvi  ntt  l  vec  force 
ronlie  sa  secte,  l'n  duu  renommé  Macivade, 
pour  «pu  Hunéric  avait  un  respect  tout  par- 
ticulier, ne  put  soulenir  sa  liberié  et  s'en 


I 


SAT  BAT                                giO 

>I/ii^'iiil.  On  ossnyii  dii  liii   fli\r^^  omornssor  iiiPijrnnt  formes  «Inns  l/i   f.»i  f(iril«  nv/iicni 

'rtii«  lismc,  OM  lui    promil  îles  liornciirs  ol  nnUnisséi',  l'iiKnl   «l'alionl   bdliM  ot  (Jûclii- 
dt' KIMIhIi  s  riclicssos  sil   voiilail   le    r.iitcu  ol  rés  |iisi|u'miix  On   .ivi-i;    (|i<s  li/lloris  pIrMim    (Jo 
on  le  iiicijKH  (li's   plus  cruels  sii|)|ili(i's  s'il  nmiKis;  iii/iis(MiMiiii'»|Mrs  li-iir  «voir  lail  cn- 
lo  lol'iis/iil.  Kiiliii  on  lui  tl('M|ju;M|nf  s'il  iTo-  (liircr  lon^itMiips   !(•  iii(\mo  su  plue,  fin   !«•■ 
bi'i.ssM  t  n  lurdic  du    prinr  ,    un   allait  co'i-  Irouv/iil   Ir   l(>ndcru.iiii  .ui.ssi  ^/nns  iiuc  si  on 
lis(ju«)r  tous  s<>s  hions,    vendit!  ses  csc'jivt^s  ni>  Icin-  cdl  f.iil  .iik  un    in.il,  on    les   cnvov* 
cl  ^es  oïdauts  et  ni.nior  sa  Ifunno  en  iwi  \ué-  ou  exil.  Là,  «près  «voir  fonvcrli  un   faraud 
S(."i('o  h  ini  conduclfMir  d(' cli.uucMUx.  noinlir-c  de  h.irh/uTs  et  olil<-nii  «lu  souvciviin 
S^i(ui»Minipli  de  i't'spiil  do  Dieu,  les  prrs-  po  ililc  un  piMMic  cl  (^in'lfpii'.s  juitrc.s   uii-ns- 
s.iiid  ox(^culer  U'urs  nit"i/\f,(vs.  Miii.s  sii  l't'iinno  iros  d««  l'K.;lis«  pour  l<\s  biipiisor,  ils  rutvrii 
anus  lui  en  licn  dire,   les  fonjuia   île   dilIV'-  onlin  Mrs  par  les  pieds  derrière  des  chariol» 
ror  ;  ol   iustruiU;    par   lO  serpent,    elle   vnil  à  (pialrc!  rhevnux,  ((u'om  lit  ccunir  au  Ir.iver» 
|)()ur  lo  séduire  en  un    lieu  (tù   il   iHnil  seul  dos  broussailles  dans  une  IbnM  pi  ine  (i'<^pi- 
eii  nrièrivs.  Mllu  se  préscnUt  ^  lui   les  babils  nos,  supplie»»   dan>    bMpiol    ils   |)erdir.nt    la 
décnirés,  I  s  ebeveux   épais,   suivit!   d(î   ses  vie.  Pour  la  vi   rge  Maxime,  apr.  s  plusieur» 
(Mifanls  et  lenanl  entre  i'CS  bras   une  petite  combats  dieil  Dieu  la  Ml  toiijou  s  so  tir  vie- 
illie ., ni  (Mail  e'icore  ^  la  mamelle.    Klle  jetd  toricnisc,  elle  fui    supérieure  de  ndi^ieiises 
eet  entant  aux  pieds  de  son  mari  (pii  iies'al-  d.ns  un  moiiaslèro   noinbrcnx  où   (ïlle  irum- 
tendaità  rien  moins.  KHe  s'.y  iola  elle-ménii',  rut  sainlemen'.  Ils  sont  inscrits  au  Martyro* 
lui    emiuassa    les  >;enoux  et  lui  tint  co.  I m-  lo;^e  romain  le  IG  octobre, 
ga^e  du  drai^on  :  «  A>o/:  pil  é  de  moi,    mon  S.VTUK.MN    (saint),   fut  brûlé   vif  à  Car- 
cb  r  époux,  ayez  p. lié  de  vous-iuômo,  ayez  tliage  ,   sous   l'empire   de   Seplime-!^évère, 
pitié  de  nos  ("liants  ;  tpie  leur  vue  vous  t'Mi-  ainsi  qu'en  fait  foi  !e  lécil  de  la  vision   de 
cbe,  et  ne  soullVe/  pas  qn  on   réduise  dans  S  dure,  écrit  par  ce  dernier  saint  dans  les 
l'esclavage  ceux  h  qui  vous  avez  donié  une  Actes  de  sai'ite   Perpétue  {Voy.  ce  nom), 
naissance  si  illustre.  Ne  f)ermotlez  pasipi'on  L'E.;lise  fait  sa  féie  le  9  janvier, 
nie  dés'ionoro  par  un  mariage  si  bonieux,  SÀTUKNIN  (saint),  soulbit  le  martyre  i 
du  vivait  niéine  de  mon  mari,   moi  qui  me  Carlhaj,e  en  202  ou  203,  sous  rem))ire  de 
suis  toujours  glorilié  parmi    mes  com|)aj,nes  Seplime-Sévére  ,  et  sous   le   gouvernement 
d'avo  r  Sature    pour    époux.    Dieu   cunnait  d'Hilarien.  li  fut  arrêté  avecsdnle   Plrfé- 
bien  que  ce  sera  malgré  vous  que  vous  fe-  TUE,a  l'articlede  la((uellei' faut  recourir  pour 
rez  ce  (jue  d'autres  ont  peut-être  fait  vulo:i-  avoir  de  [)Ius  amples  détails.  L'E^^lis  !  fa  t  la 
ta  romeiit.  »  fôle  de  lous  ces  saints  marty  s  le  7  mai'S. 

Cette  Eve  ne  trouva  pas  un  Adam  :  «  Vous  SATURNIN  ,  célèbre  confesseur  de  Car- 
parlez  coaime  une  femme  insen>ée,  lui  ré-  tbagc,  soulfrit  pour  Jésus-Cbrist,  sous  l'em- 
pondit  Satur\  avec  le  saint  bomme  Job.  Je  pire  de  Dece,  en  laimée  250.  Il  lut  réelle- 
tremblerais  comme  vous,  s'il  n'y  avait  pont  ment  martyr,  puisqu'il  fut  mis  k  la  questioo 
d'autre  félicité  que  l>.'s  douceurs  si  anièi  es  el  bfirriblement  tourmenté.  Dans  la  le  tre 
de  celle  vie.  Mais  vous  vous  rendez,  ma  classée  la  23' parmi  c  lies  de  saint  Cyf),ien, 
chère  épouse,  l'instrument  du  diable  ;  et  si  on  voit  que  les  confesseurs  de  Home  lui  écri- 
vons aimiez  voîre  mari,  vous  ne  le  [)réci';i-  virent  nommément,  el  à  lui  avant  tous  les 
teiiez  pas  dans  une  mort  éternelle.  Q  l'on  auîres.  Saint  Cyprien  le  loue  de  n'avoir 
m'arracbe  mes  enfants,  qu'on  me  sépare  de  donné  aucun  billet  d'indulgence,  comm^'  le 
ma  lemme,  (ju'on  m'enlève  mes  biens  ;  as-  faisait  Lucien.  Anrès  sa  sortie  de  prison, 
sure  des  promesses  de  mon  Dieu,  je  demeu-  Saturnin  se  rendii  à  Ro.iie,  où  il  ne  resta 
rmai  inséparalde  iient  attaché  à  ce  (ju'il  dit,  que  fort  |)eu  de  temps,  puisqu'on  trouve  une 
que  c  lui  qui  n'abandonne  pas  sa  femme,  lettre  des  co.  fesseurs  de  Home  écrite  ea 
Ses  enfants,  ses  terres,  sa  maison,  ne  peut  juillet,  adressée  à  lui  et  à  Aurèle.  Nous  ne 
être  son  disciple.  »  Sa  femme,  n'ayant  donc  savons  rien  de  plus  sur  ce  bienheureux  con- 
nen  pu  gagner,  se   retira  avec  ses  enfants,  fesseur  et  martyr. 

et  Sature  sanima  de  plus  en  pbis  h  souibir  SATURNIN  (saint),  martyr,  eut  la  gloire 
pour  ne  pas  perdre  sa  couronne.  Ou  vint  de  soulfrir  la  mort  pour  Jésus-Christ  en 
exécuter  sa  sentence  :  on  lui  fait  tendre  Crète, dans  la  vile  de  Gortine,  sous  le  règne 
compte  de  son  bien,  on  lui  ùte  jusqu'à  ses  de  Dèce,  durant  la  persécution  si  terrible 
hai)its;on  lui  fait  souifcir  divers  tourments  ;  que  ce  prince  alluma  contre  l'Eglise.  Il  fut 
entin  on  le  renvoie  sans  biens  et  sans  se-  décapité  après  avoir  souifert  d'horribles  tour- 
cours  comme  un  mendiant,  on  lui  défend  meiits.  Sa  fête  se  fait  le  23  décembre.  Saint 
môme  de  parai  re  jamais  en  [)ublic.  Les  Mar-  Saturnin  est  l'un  des  dix  martvrs  de  Crète. 
tyrologes  le  joignent,  sur  le  29  mars,  à  saint  (Voy.  Martyrs  de  Crète.) 
Armo^aste  et  à  saint  Arquinim  •.  SATURNIN  (saint),  évêque  de  Toulouse  et 

SATURIEN  fsaiiii),  reçut  la  couronne  du  martyr,  vulgairenjent  nommé  saint  Sernin, 
martyre  en  Afrique  avec  saint  Martinien  et  fut  envoyé  de  Rome,  par  le  pape  saint  Fa- 
deux  de  leurs  frères.  Ces  courageux  athlè-  bien,  pour  prêcher  la  foi  dans  les  Gaules, 
tes,  durant  la  pcrs'cution  des  Vandales,  A()rès  avoir  prêché  quelque  temps  à  Arles 
sous  Ge  iséric,  roi  arien,  é.ant  esclaves  d'un  el  en  did'érents  autres  lieux,  il  vint  à  Tou- 
certain  Vandale,  furent  convertis  à  la  foi  ca-  1  )use,où  il  bxa  son  siège  épisoopal,  en  l'an- 
tholique  par  la  vierge  sainte  Maxime,  qui  née -ioO.  Les  Actes  de  saint  firmin  d'Amiens 
sei-vait  aussi  ittjuèoie  tOAiU'e,  C€*S4iuts,uer-  disent  que  le  saint  allait  prèdier  jusque 


nll 


SAT 


S\T 


9J2 


flRiis  la  Nfivnrro,  cJ  f|ii  .lyont  fait  un  voyni^e 
à  Pampoluno  il  y  convertit  (juarnnte  iniilc 
jtnsoDni":.  Son  martyre,  hirn  (jiic  Hffiné 
p  ir  In  Dlupa-»  (\o<  nnifurs  f>niir  rainiéo  -i.ïO, 
n'eut  lieu  qu'on  257,  sous  I  empire  de  Vnlé- 
rit'KVoiii  ses  Actes,  que  nous  copions  dans 
llu)\i3rt  : 

«  Deu\  sièclos  et  dtMni  s'étaiont  éroulés 
<l:''puis  1.1  naissance  de  J.'sus-C.hiist,  <•(  ce 
so'ed  d<'  justce  qui  s'étad  élevé  au  milieu 
d«'S  lénèiires  avait  déjà  commencé  à  répan- 
dre la  lu:n  ère  de  la  foi  sut-  les  v;<^les  el  fer- 
tiles cnnirées  de  l'Occid»  ni.  Déjà  la  (ruin- 
pette  ile  l'Evangile  s'ét.nl  fait  entendre  aux 
extrémités  d;  s  Gaules,  et  déjà  les  pennies 
qui  babiient  au  pied  des  Py.én.  es  avaie  it 
reçu  la  doctrine  des  apôtres,  lorsque,  sous 
ie  eonsu'it  de  Décius  et  di'  Gratus,  Toulouse 
recoinut  Saturnin  pour  son  preniiei  évèiiue, 
A  la  vérité  les  chrétie-is  étaient  encore  en 
petit  nombre  dan>  ces  belles  provinces  :  lo 
Dieu  du  eiel  y  avait  peu  de  temples,  pendant 
quf  l'on  voyait  dans  toutes  les  villes  fumer 
les  autels  et  couler  le  san^'  des  victimes  à 
l'honneur  des  faux  dieux.  Mais  Saturnin 
commença  k  détruire  leur  culte  impie  dans 
sa  ville  e|)iscopale;  il  leur  im[)Osa  sile'^ce, 
fit  cess'n-  b'urs  oracles,  dévoila  les  mystères 
d'iniquité,  et  l'on  vit  en  peu  de  temps  la  foi 
des  cliréiiens,  sovilcnne  par  la  paroi  •  de  leur 
saint  pasteur  et  éclairée  par  sa  piété,  pren- 
«Ire  le  dessus  de  l'infidélité,  et  la  relis^i'on  de 
Jésus-Christ  s'établir  sur  les  ruines  de  celle 
des  idoles.  Le  saint  év.'que  élait  obligé, 
pour  aller  à  une  petite  église  qu'il  avait  i).\- 
tie,de  passer  d.'va;^  le  Capiiole.  Lts  ilemons 
qui  babi 'aient  ce  superbe  l- inpie  ne  pu.ent 
souffrir  la  présence  d.  l'Iioinme  de  Dieu;  ils 
fun  rit  contraints  de  reconnaître  la  puissance 
de  Jésus-Gbnst  que  Satuinui  exer(;ait  sur 
eux;  et  leurs  vains  simulacres,  reprenant 
leur  nature,  ne  reuiiirent  [dus  de  réponse, 
au  grand  élounement  de  ceux  (pii  bs  con- 
sullaitmt.  Lalaune  se  met  aussitôt  parmi  les 
antres;  cette  nouveauté  les  co  .fond.  Us  se 
demandent  les  Ui.s  aux  autres  d'où  peut 
itrovenir  un  sileiu"»'  si  peu  Oidinaire  à  leurs 
deux  ,  qui  peut  leur  avoir  ainsi  ferint"  la 
bnuriie?  S<»nt-ils  en  colère  ou  al)sents?  D'où 
vient  ([u'ins.  n>  blés  aux  [>i:èies  (lu'on  leur 
ndrcsae,  iN  noc'. aient  pas  mô.ne  la  voix  uo 
?iOS  m:nis*re«?On  a  be<ui  leur  inm.olei  d.s 
vi.l.uH  s,  en  vain  le  'j.ui^  des  tameaux  coule 
à  grands  flols  devant  burs  autels,  rien  n'est 
capabif  de  leur  rendre  la  paiole  :  ils  sont 
iourds  et  miie's. 

«  Quelques  personnes  peu  alTecfionnées  \ 
noir»'  rt'li^ion  vont  trouver  rrs  préiit's;  ils 
k:ir  rml  enl'MMbe  <^i.'il  |»arall  depuis  (ju.  I- 
que  temps  je  ne  sais  quelle  secie  qui  fait 
proression  d'être  l'i  nnemie  (b^s  flimix  im- 
moile's;  qu'elle  a  jure  b'ur  iu:ne,  »'t  (ju  elle 
n'a  en  vue  que  de  substituer  h  leur  place 
un  aulr.-  D'eu  qu'elle  adoie  ;  (ju'nn  ceitain 
Saiurnin  est  le  cb  f  de  crtir  serte  a  Tou- 
louse; (;ue  c -t  homme  passe  souvent  devant 
b'  Tapitole;  et  que  sa  vue,  qui  srnble  insul- 
ter aux  «lieux  qui  y  f"nt  b-ur  dcmiMif.  b  »  a 
ADiis  doute  irrités  ;  qu'il  y  a  beaucoup  d'a[>- 


j)arenco  que  c'est  là  la  lause  de  leur  silence; 
(pi'il  n'y  a  (pi'un  moyen  pour  les  flfjaiser, 
e'i'st  de  mettre  à  morl  cet  inipie.  O  aveUf;,le 
folie!  ô  malbeureuse  erreur!  comment  as-tu 
pu  persuader  à  des  esprits  raisonnables 
qu'un  lioinm'^  |  uisse  faire  j  eur  à  des  dieux, 
et  (pie,  cour  éviter  sa  prés(nice,  ces  pauvres 
divinités,  tremblantes  et  éperdues,  se  ban- 
nissent de  leur  teruple?  Misé  .blés  .^ue  vous 
êtes!  f)ourqui»i  d  ne  cherchez-vous  à  tuer 
cet  hoaim*'?  Allez  plutôt  l'ad'Ter;  certes,  il 
méritr  mieux  vos  liommaoes  (pi-  ces  dieui 
qui  tremblent  devant  lui.  Ne  vo.\ez-vous  !)as 
qu'ils  le  reconnaissent  pour  leur  maître  ? 
Du  moins  il  b-s  traite  comme  ses  esclaves. 
Quelle  exlravagpnce  de  craindre  ceux  qui 
craignent,  et  (bj  ne  pas  craindre  celui  qui  se 
fait  craindre  ! 

«  Ce[)endant  les  esprits  sont  agités  de  di- 
vers mouvements  :  les  uns  sont  surpris  de 
cet  événement  ;  les  autres  |)laignent  leur 
malheur,  et  regiettent  r<  ioignement  de  leurs 
dieux  ou  craignent  leur  colère.  Le  peuple 
s'avance,  curi^'ux  de  s.tvoir  la  cause  de  ce 
I)iodige.  L'on  dispose  toutes  choses  jiour  un 
sacrifice  extraordinaue  :  un  taureau  ebt 
choisi  entre  cent  des  plus  beaux;  c'e>t  une 
victime  digne  d'être  offerte  à  Jupiter.  11  n'y 
a  personno  qui  n'espère  qu'à  ce  coup  les 
dieux,  charmes  de  la  beauté  de  ce  sacrifice, 
relourncio  it  à  leur  ancienne  demeure  et 
rompront  enfin  leur  long  et  opiniAtre  si- 
lence. Tout  et  ut  niét,  et  l'on  allait  commen- 
cer, lorsque  (jueliju'un  de  la  troupe,  ayant 
aperiju  S.i.urn.n  ipji  allait  à  sa  petite  église 
pour  l'ollice  du  jour  ^c'eii  était  un  sobninel), 
sécria  :  »  V'oici  l'i  niiemi  de  nos  dieux  qui 
vient,  le  chef  de  la  nouvelle  religion;  c'est 
cet  homme  (pii  prêche  [>artout  (pje  nos  dieux 
ne  so.t  (jue  ties  démons,  et  q  'il  fuit  abattre 
leurs  temples;  c'est  lui  qui  est  cause  que  les 
oracles  n«^  disent  |>  u>  mol.  et  (]uc  nous  n'en 
saurions  tirer  aucune  réponse.  Les  dieux 
nous  le  livrent  tout  à  propos,  et  il  ne  tiendra 
ip.i'a  nous  (le  nous  ve  'ger  du  torl  (pi'il  nous 
là  t  et  uo  venger  aussi  nos  dieux  de  l'injure 
(ju'ils  en  r<'(;oivenl.  Il  faut  ou  (]u'il  b  ur 
(îomie  sa  vie  pour  les  rejouir,  ou  de  l'enrens 
pour  le>  apaiser.  »  Il  dit.  et  en  même  temps 
celle  muliilude,  éehauifée  par  ce  disiours 
st'uilieux,  environie  le  saint  évêipie;  il  se 
voit  nml  <lun  coup  abandonné  d'un  prêtre 
et  de  deux  di.icres  qui  racc«impa-,naii'nt,  cl 
sur  l'iieure  mené  au  Gapilole;  et  comme  on 
b-  pressait  de  sacrilier  aux  idoles,  il  éleva  sa 
VOIX  et  dit  :  «  Je  naOon'  (pi'uii  l)i.u,(jai  est 
le  seul  et  le  véritable  Dieu,  et  je  suis  [«rêt  à 
lui  imiiedt'r  des  vietnues  de  louanges.  Pour 
vos  iJieiix,  ce  ne  soit  que  des  démons  (|ui 
prennent  beaucoup  plus  de  pliùsir  au  sacri- 
liee  de  vos  finies  (pi'à  ceux  il.'  vos  taureaux. 
.\u  re^t(^  eommiMU  voub'Z-vm.s  que  je  les 
cr.iigne'.'  vous  av. tuez  vous-Diê4iies  qu'ils 
tremnlent  devant  moi.  » 

n  Ges  |)aroles ,  prononcées  avec  tout  le 
zêlo  dun  homme  apostolique, achevèrent  de 
mettre  ce  peuple  en  tiireur;  on  |)rend  le  tau- 
reau qui  était  drstiin'  pour  le  sacrdi.c,  et  un 
le  fait  servir  ù  uu  luunsièrc  do  cruauté  :  on 


on 


ftAT 


SAT 


Wi 


lui  iKisso  milniir  des  ll.incs  jim»  conli*  dont 
on  l,iiss(-  |»('  i(li(>  un  Imiil;  ou  y  .iII.k  lu;  S.i- 
tur-iiu  \H\v  les  |)it'(ls,  puis  i\  ^rjunls  coiiiis 
cr-iiumilloM  on  presse  raiiiin;il  luneu\.  Il  su 
pitViiiile  (lu  li.uil  (lu  ("..ipilole,  (^l  e  iliilue 
.HVt»('  lui  \o  saint  (^vcVme.  MrtisdcVs  l.i  preuiièto 
se('ouss(>  le  cr.'hni  S(>'dou('e,  cl  la  ('«'rvclln 
repau(lu(<  ensau^lautc  les  preiuieis  d(»,4C(''s 
(lu  perron;  le  corps  esl  uiis  on  pi^<  es,  et 
r;^iiit<  recouvre»  sa  lil)erl(''.  Ji'siis-('luMsl  la  re- 
(^'oil  e(  la  (()ur(MUie  de  lauriers  iuunorlels. 
(l(>p(>n(l.'inl  l(^  lain'(>au  Iraiuail  loujotirs  U; 
corps  priv(^  de  se  itiiueul  el  ineapahh»  d«) 
doul(MU',jus(pr;'»  ce  (pie,  la  corde  veninl  à  se 
rompre,  il  demeura  (''lendn  sur  le  s.,l)lu,  où 
on  lui  donna  une  s(^pullure  lell(>  (pie  la  cou- 
jonc. ure  le  1  ouvnil  piMuiellic  :  car  le  piMi  de 
chrtHii  ns  cpii  (Maient  pour  lors  à  Toulouso 
n'osaiil.h  cause  des  pai'Mis,  rendre  ces  der- 
niers devoirs  ;\  leur  ('■vt'^  pu',  deuv  l'eunnes, 
surmoutanl  la  l'aildosse  de  leur  sexo  et 
Irioiuphanl  do  celui  d(>s  hommes,  par  une^bi 
nleiue  de  Ibrce  e(  de  gt' m éros ;(('•,  m.'prisaul, 
a  l'exemple  de  leur  saint  paslour,  les  lour- 
m{Mils  au\(|uols  elles  s"ex|)osaient ,  deux 
femmes,  dis-jt;,  onferuièrenl  dans  un  cer- 
cueil de  bois  le  coros  de  ce  bioniieuicux 
martyr,  et  elles  le  ueseendirent  dais  une 
fosse  profonde,  songeant  bien  luoins  à  lui 
dresser  un  tombeau  qu'h  dérober  ces  pré- 
cieuses dé|»ouilles  h  la  haine  sacrdt^ge  des 
liounues.  Elles  lienunM'i^reul  du  lemns  in- 
coiniues  aux  hommes,  sous  un  simple  ga- 
zon, mais  connues  de  Dieu  et  lionort^es  des 
<^'^qi''*»  jus(iu';\  ce  (jue  saint  Hilaire,  qui  tut 
assis  sur  le  siège  d;'  Toulouse  plusietu's  an- 
nées apr(^s,  avant  lait  creuser  jusqu'au  cer- 
cueil, dé(;ouvrit  ce  trésor;  mais,  n'osant  t  >u- 
cher  à  ces  sacrées  reliques,  il  se  contenta  de 
les  env.loi)per  h  la  liàlo  d'in.e  voûte  de  bri- 
ques ,  qu'il  eut  ioutetbis  la  ()récaution  de 
couvrir  de  terre,  pour  ne  les  pas  exposer  ci  la 
profa-ialion  des  infid(";Ies,  et  il  éleva  sur  le 
tout  une  petite  chapelle  le  charf;eile.  Mais 
connue  dans  la  suite  plusieurs  tiuèles  eurent 
la  dévotion  de  se  l'aire  enterrer  j)rojhe  le 
corps  du  saint  martyr,  ce  lieu  se  remplit  de 
tombeaux  :  ce  qui  lit  entreprenili'c  à  saint 
Sihain,  successeur  de  saint  Hilaire,  le  des- 
sein (l'une  belle  et  spacieuse  basilique,  dans 
la  pensée  d'y  transférer  les  reli  jues  de 
saint  Saturnin.  Il  (  ommença  l'ouvrage,  m  is 
la  mort  l'empêcha  de  l'achever.  Celle  gloire 
était  réservée  à  saint  Exupere,  qui  succéda 
à  saint  Silvain.  Ce  pr('lat,que  son  m(''rite 
extraordinaire  et  ses  rares  vertus  égalaient 
no-î-seulement  à  tous  ses  prédécesseurs  et  à 
tous  les  autres  prélats  de  son  siècle,  mais  ne 
rendaient  pas  même  inférieur  au  grand  Sa- 
turnin, mit  heureusement  la  dernière  main 
à  ce  superbe  édiiice.  Cependant,  comme  il 
faisait  quelque  dilîicullé  d'y  transpoiter  le 
îorps  du  samt  évoque,  non  qu'il  manquât 
de  foi,  mais  par  un  motif  de  respect,  il  fut 
averti  en  songe  de  ne  pas  dillerer  plus  long- 
temps d'execuler  son  premier  projet;  qu'au 
resle  les  àiuos  des  saints  n'appiéheniaieat 
point  que  leur  bienhourc-.x  re.-os  fût  i  lîer-' 
jumpu  par  la  diminution  qui  pouvc^ii  arriver 


h  leur"?  cendres-,  ou  par  (|nelqnn  mouvement 
(pu-  pût  recevoir  h-ui'  corps;  'pi'au  coiilraire, 
(  (!  (p.ii  serait  av/nit/jgeux  pour  In  sarn  liiiita- 
lion  des  lidi'les  ne  pouvait  ^tri>  (jiK;  Irc'^s- 
);lorieu\  aux  saints  marlyrs.  Colle  vision 
aya-il  rassmé  s/'i'il  l'ixupère,  il  présenta 
nussit(M  uii''  rrwpiéle  au  Irès-religieux  em|»e- 
reiir,  nonr  avoir  la  pei mission  de  fiire  cette 
tra'islalion,  ce  (pi'il  obtint  saii.s  pei'ie  do  In 
pi('lé  des  princes;  et  la  ci-iémonie  s'en  lit 
avec  une  iiiagMiticenite  proixti  lioi:née  h  li| 
gloire  où  élaii  élevi'-  saint  Satiiirnn,  cl  digno 
(le  la  pi('té  de  saint  Kxupère.  » 

I/Kglise  fait  la  léle  de  saint  Saluiiiin  lo 
20  Movembre. 

SATIIIIMN  (saint),  martvr,  doiina  sa  vifl 
pfiur  confess(!r  sa  foi  h  Mome,  sous  le  rèu'uo 
de  Valéiie  1.  Ou  voù  dans  le  .Maityrologo 
ronia  n  (pi'il  cul  pour  C(unpa^'noiis  de  srs 
combats  l(\s  saints  Iréiiée,  A  > oi'ie ,  '|'(|('.,,- 
dore,  Victor,  et  dix-sept  autres  dout  on. 
ignorer  les  noms,  f/i  glise  ce  èbre  1^  sainte 
UK-'iioire  de  ces  marlyis  le  l.'i  (]('•.  embre. 

SATURNIN  (saint), soulfril  le  martyre  pour 
la  foi  en  Afrique,  so.is  le  r(''gne  de  Valérien^ 
l'a-i  2.")0,  avec  les  >aiiils  Paul,  (léroiK  e,  Jan- 
vier, Successe,  Jules,  Cat,  et  les  sain;(;s  Pie^ 
Tertulle  el  Cierinnine.  Oi  manqu"  de  détails, 
auîheiiliques  sur  leur  martyre.  L"Egli-e  fait: 
leur  f(He  le  19,|anvier. 

SATURNIN  (saint),  souiTrit  le  martyre  avec 
saint  Naj/oléon  ,  di:raiit  la  persécution  de 
Dioclétien  et  de  iMaxinnen.  La  date  n'est 
pas  précisément  conjiu  •  ;  néanmoins  oa 
pense  que  ce  doit  ("^tre  vers  la  lin.  A{>rès 
avoir  subi  les  plus  crnelles  torluics,  ils  fu- 
rent jetés  ^  dem;  morts  dans  un  noir  cachot, 
où  ils  moururent  nientùl  après.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  la  août. 

SATUHNLN  (saints).  Ces  quatre  saints 
marlyrs  sourfrireit  pour  Jésus-Cliiist  à  Sara- 
gosse  en  Espagne,  avec  les  sainîs  Primitif, 
Eve'ice,  0[)tat,  Lupenpie,  Successe,  M;;rt!al,. 
Jules,  QuiutUien,  Publius,  Fronton,  jtélix, 
Urb.in,  Cécilieu  et  Apodèrao.  Ces  sa  nts  fu- 
rent cruelleme-U  louruienlés  tous  ensemble^ 
cl  mis  il  mort  sous  Dacien  ,  gouvei neut 
d'E>pagne  (Voy.  D..cir,\.)  Le  |L0ëte  Prudence' 
a  decri.  en  vers  leur  glorieux  ma  Irre.  L'E- 
glise honore  leur  sainte  mémoire  le  16  aviiL 

SATURNIN  (saint!,  martyr,  mou.  ut  poi.r  la 
foi  en  ;:0o  de  l'ère  chi  étienn'-',  sous  renij  ire- 
et  durant  la  persé-ufion  de  Dio(i!étien,  avec; 
(luaranle-huit  aua-es  n'.irtyis.  L'Eglise  ait: 
leur  fête  le  11  février.  Les  Actes  de  saint 
Saturnin,  que  nous  donnons  en  entier,  de- 
vront servir  à  l'histoire  de  chacun  de  ceux 
qui  s'y  trouvent  iiommés. 

«  Ici  commencent  les  A-tes  des  saints 
martyrs  Sat  rnin,  prêtre,  Félix,  Datif,  Am- 
péhus,  et  autres  ([ui  sont  nommés  p.us  bûs, 
lesquels  répandirent  leur  sang  en  divers 
temps  et  en  ditréients  lieux,  pour  a  voie  con- 
fessé la  divinité  de  .'ésuS-Christ  et  pour  na- 
voir  pas  voulu  livrer  aux  infuiè.es  les  sain- 
tes Ecritures,  Anulin  él ml  a. ors  pruccnsul 
d'Afrique. 

«  Sous  l'empire  de  Dio.-létien  et  de  Maxi- 
mien,  le  démon  lit  la  gudre  aux  chrétiens 


!HS 


SAT 


SAT 


91« 


d'une  manière  toutf»  nouvelle.  11  mit  dans 
l'pspril  de  ceux  qui  gouvernaient  la  pen.«ée 
de  délrntre  entièrement  li-  culte  du  vrii 
Dirii:  tt  les  ntoye\s  qu'il  su>;gér;i,  ei  (|u"i] 
rrovail  inf lilliblfs,  furent  de  faire  saisir  fl 
hi  iTiltr  Ions  les  livies  de  l'un  fl  l'aufre  Tes- 
Irtuienl,  de  dtMunhr  les  é;^lises  el  di-  dt-fendre 
les  assenih'é  3  des  lidèles.  Larm(''e  du  Sei- 
giietir  )'ut  horreur  de  ces  desseuis  s-icrd  g"S, 
et  résolu!  de  u'obùn- jauiais  à  lU's  o  dMii.icui- 
ces  si  injustes  et  si  pleines  d'inip.été.  On 
aime  donc  parmi  les  ch  éiiens;  on  se  pré- 
})are  à  coudjaltie.  non  contre  les  hommes, 
mais  contre  les  démons;  et  quoiqu'il  v  en 
eOl  quf'l  .nes-iins  (jui  furent  assez  n»al}ieu- 
reux  ou  assez  lAches  pour  remettre  les  livn  s 
sain  s  entre  d  s  mains  |)rofa  es.  il  y  en  eut 
incomparablement  d;ivai>taj:e  qui,  pour  les 
«auvt'r  de  la  fureur  de^*  idolàlros.  s'y  eT|>o- 
Sèrent  (  ux-mômes,  et  conservèrent  ce  dépôt 
sacié  aux  déj^eiis  de  leur  \ie.  Il  y  en  eut  un 
Irès-giand  nombre  qui,  a  imés  de  ce  feu 
divin  qui  f^il  aimer  tout  ce  (fui  afipartie;  t  à 
Dieu,  foulèrent  aux  pieds  le  diable  et  ses 
ministres,  et,  cha  gés  de  palmes  teintes  de 
leur  sang,  si^^nèrent  de  ce  Dième  sat»ji  la 
condannialioQ  des  iraditeurs  et  de  h.urs 
complices,  et  souscriviient  à  la  >eutence  qui 
tes  cb.xssait  de  l'Ej^lise  ,  laquelle  ne  peut 
renfermer  dans  un  même  sein  drs  martyrs 
el  des  traîtres. 

«  On  voyait  donc  arriver  de  tous  côtés  des 
trou[iPS  de  confesseurs  qni  se  rendaient  au 
cani[)  des  fidèles,  pour  avoir  paît  au  péril  et 
à  la  victoire.  On  s'y  fortiiiait  contie  l'en- 
nemi, et  on  s'y  préparait  h  le  bien  recevoir. 
Abiline,  ville  d'Afrique,  de  la  [)rovince  I*ro- 
consulaire,  devint  un  d  s  principaux  théA- 
ties  de  celle  guerre,  el  la  maison  irOctavius 
Ft'lix  fut  un  des  quartiers  d'a-senibbe.   Au 

firemier  son  de  la  trompette,  tous  les  mar- 
yrs  y  accoururent  :  un  dimiincbe,  comme 
on  y  célébra. l  les  divins  mystères,  les  ma- 
gistrats en  ayant  eu  avis ,  y  vinrent  avec 
ni.iin-forle,  et  y  ayant  trouv.'>  quaranle-i  euf 
chrélieis,  ils  les  arrêtèrent  el  les  remirent 
mire  les  mains  d'un  oflicier  de  la  t;arnison. 
Voici  les  n<tms  de  ces  quarante-neuf  saints  : 

a  Le  prêtre  Salurnin  avec  ses  quatre  en- 
fants, savofr  :  le  jeune  Salurn  n  el  Félix, 
tous  deux  lecteurs;  .Marie,  lelij^jieuse ,  el 
Itilarion,  qui  n'éiail  e  icore  qu»*  dans  l'en- 
fance ;  le  sénateur  Dalif,  Félix,  un  autre 
Félix,  Eméritus,  Ampélius,  Roj;ali(Mi,  Qiiin- 
tus,  M.iximien,  Tli»  lica,  un  autre  Ko^^aiicn, 
Rogal,  Janvier,  (lassien,  Victorien,  Vin- 
cent, Cécilien,  Hestilu  a,  Eve,  Prima,  un 
Iroisiènu'  Ro^aiiin,  Givalius.  un  aut  e  Ro- 
gat.  Poiiqmnie.  Seconde,  Janv  ère.  Satur- 
nine, Martin.  Dante,  un  troisième  Félix, 
Mar.^uenle,  M.ijeur,  HoMnala .  Rei^iola  . 
Vi(l"rin,  Pehi>c,  Fausle,  Dacien,  M.itrune, 
Céc  le,  Victoire,  Hi-rectine,  une  autre  Se- 
cond le,  une  autre  Malroue,  une  autre  Jan- 
vièie. 

«I  Dalif,  rnrncmcnl  du  sénat  d'Abdine,  et 
que  son  heureuse  n.iissTnce  (lesiinail  ;^  être 
un  jour  un  des  principaux  sénateurs  du  ciel, 
marchail  à  la  lèle  du  ce  sauc  balaiiiou;  Sa- 


turnin, prêtre  du  Seigneur,  était  à  côté  de 
lin.  11  était  environné  d'une  illustre  famille, 
d"nl  u"te  partie  d'vail  être  associée  h  la 
{gloire  de  son  ma  tyre,  et  l'autre  réservée 
pour  perpétuer  dans  l'Ei^lise  son  '^ora  et  sa 
mémoiie.  Tous  les  au  i^s  -uivaict  en  si- 
lence. Cette  troupe  choisie,  el  que  le  Sei- 
gneur re.;ardnit  comiu"  l'élite  des  siennes, 
était  ro'ive.  te  d'artn»  s  célestes,  du  bouclier 
de  la  fui.  de  la  cuirasse  de  la  justice,  du 
Clique  au  alut,  el  chacun  avait  à  la  main 
l'i'l  ée  >  deux  tranchants,  la  p.<role  de  Dieu. 
Avec  de  si  bonnes  armes,  si  luisantes  el  si 
fort»  s,  il?  étaient  coi.me  sûrs  de  la  vicloire. 
On  les  conduisit  d'abord  h  l'audience  du 
mai,nslral,  ils  y  confessèrent  J  sns-Christ, 
el  méritèrent  par  celte  sainte  haidiesse  que 
leurs  juges  mêm«'S  fissent  leur  éloôP-  Il  est 
vr.ii  (|u'ils  \  trouvèrent  les  esprits  en  quel- 
que sorte  dis|)osés  en  leur  faveur  par  un 
événement  qni  tient  du  miracle,  et  par  qui 
le  ciel  Semblait  avoir  voulu  marquer  (juil 
se  ■  é.  larail  hautement  pour  les  livres  divins^ 
Car  Fundanus,  ancien  évèfpie  de  cette  ville, 
les  ayant  livrés  au  ma^i-tral  pour  les  briller, 
eoumie  il  était  pr^t  de  les  meitie  au  feu,  il 
survint,  l'air  étant  fort  serein,  une  grosse 
pluie  qui  rétei;.fiit,  <  l  qui  fui  suivie  d'une 
grêle  si  horrible  quelle  ravagea  toute  la 
campagne  voisine,  laissant  partout  ues  mar- 
ques de  la  colère  de  Dieu  contre  ces  incen- 
diaires sacrilèges. 

«  Ce[)endant  les  juges  d'Abiline  ne  lais- 
sèrent pas  de  fare  mettre  aux  fers  nos  (|ua- 
rante-neuf  confesseurs  et  de  les  envoyer  à 
Carihage.  ils  parti  ent  pleins  de  joie  et  de 
consohlion  de  se  voir  enchaînés  pour  Jésus- 
Christ;  ils  lui  en  rendaient  grâces  par  des 
hvmnes  el  des  cantiques  qu'ils  ne  cessai  nt 
de  chanter  rturanl  tout  le  ch  min.  Ils  furent 
en  arrivant  inlioduils  à  l'audience  du  pro- 
consul Aniilin,  où  ils  eurent  de  nouveaux 
combats  à  soutenir  contre  le  démon;  mais  Id 
grAce  (iu  Seigneur  comballanl  pour  eux.  il 
ne  put  remporter  sur  eux  .an  un  avantage. 
^  oyanl  «lonc  (]u'ils  étaient  invincibles  tous 
ensemble,  il  les  attaqua  séparéme^'l.  Je  rap- 
porterai tons  I  es  combats  parliculi.  rs.  »t  je 
n'emploierai  le  ,  lus  si  uveni  dans  mon  récit 
que  les  propres  paroles  «le  ces  saints,  alin 
que  dans  la  descriplitm  qne  je  ferai  des  tour- 
ments (pie  le  démon  inventa  contre  eux,  on 
[MiissM  coiuiaitre  jusqu  où  peut  aller  sa  rage 
contre  les  homuu's,  et  qn'en  même  temps  on 
adore  \i\  [)uissanee  el  l.i  b  -nié  de  notre  Sei- 
gneur Jésus-Chrisl.  qi.i  les  soutient,  les 
fortifie,  et  les  n  tid  victorietix  et  des  tour- 
ments et  de  l'ennemi  même. 

«  Apiès  donc  qu'ils ei  rent  été  pr«'ser.tés  nu 
proeo  'Mil  par  l'olliiier  de  la  ga'  tuson  d'.\bi- 
Ine.  el  qu  Du  lui  eut  fail  enlmidre  que  c'é- 
laieU  de5  chrétiens  accusés  d'avoir  w  l.bré 
letlnuan<  he  «'f  l,i  collecte  J1.  conlreles  défen- 
ses expi esses  des  empereur^  et  des  Césars. 
Le  nioconsul  interrogea  d  .(bord  Diilif;  il 
lui  demiuida  de  quelle  condition  il  était,  et 

(I)  Pur  le  iliin;inrlir.  ilsriiiciiiloionl  !.«  célchr.Uion 
(1rs  v.iiiits  iny^icreâ;  cl  par  U  coUccic,  loulcb  M>rlc!i 
d'a&âcuibkc». 


917 


8AT 


SAT 


m 


s'il  nv/iit  nssis((S  h  In  collfclc  des  cnri^ticns; 
v\  coiiimt'  il  (Mil  ri^iiondii  qu'il  l'I.iil  clirriicn, 
cl  iiu'il    «'t'Iiil    liïMivr  il    Wl  (•(tllt'cli',   le  [nd- 
(oiisiil   lui  (lii  <riii(li(|U(T  celui  <|iu  y  pn'si- 
tl.iil,(U  eh  /.  (|Mi  cllf  s'rlrtil  l'iiilc;  cl  s/iris  jit- 
l<"i<li(<  sa  r('i)i'iiH>,   il    \{:  lil  (M(Mitli'(«  sur  J(^ 
(••irv.'iloi,  cl  (l(''(liii(»r  mvcc  des  o  i|j;los  de  1er. 
Mois  (-(iniuic  les  houi i-enuv  <'<MuuicrieM crd  h 
('X(^(iilor  cet  (»tr|i(»  .ivcc  cclti»   I  r<tiii[iltliidft 
el  celle  )ill{';;;resse  iiik»  loiir  u.'durcl    IV'iocci 
leur  iiispitc,   cl  (|u'ils  avaiciil.  di^ji»  eid'u  icé 
leurs  onj^lcs  de  l'er  daus  l  s  vW'^  du  nuu'lyr, 
riMli(^|)i(le    riiélicft  |)('rce  Im  foule,  s'avniice, 
(>(  s(*  prfVsenlail  aux   hourioaux,  il  s't^crie  : 
Nous  sonuues  lous  cIum'Iiciis,  ef  nous  /ivoiis 
tous  assisté  i»  la  collecle.  Celle  aeliou  liardii^ 
el   ini|Mévuo  mil  le   trouhie  d.ms  TAum*   du 
l)roconsul  ;  il  e-ilra  (>  i  TiinMir,  (>t  l'aisn'U  di- 
version,   il   ahiuidoui  a   Dald"  pour  TliélKa. 
Ou  le  hallil,  O'i  réliMidit  sjir  le  clievalcl,  ou 
lui  dérhira   les   cAlés;   lo    niarlyr  ne  disait 
autre  cliose  (jue  ces  paroles  :  C'est  pour  vous, 
Sej.;nour,  c'est  jiour  vous,  ù  iôsus,  Fils  du 
Dieu  vivant  ;  venez  au  secotn-s  de  vos  ser- 
viteurs. 

«  Je  veux,  lui  dit  le  proconsul,  que  tu  me 
iiouimes  fout  t>i't''S(>'ilenient  celui  cfiez  cpii  la 
collecle  s'est  tenue.  Il  l'épondit  d'u'ie  voix 
forte  et  distincte,  quoique  dans  le  uiouient 
les  boinreauK  ne  rép'X'p'ia^sout  pas  :  Sa- 
lurnii,  mais  nous  y  étions  lous.  L-  [)ro- 
consul  lui  dit  :  Montre-le  moi.  Le  voilà,  lui 
dit-il,  en  monliaiit  Saturnin.  Qu'on  ue  pense 
pas,  au  reste,  ([ue  Tliélica  en  u-At  ainsi 
pour  livrer  Saïuiui'i  h  la  cruauté  du  pro- 
consul ;  il  savait  bien  ipu^  ce  sa;nt  pitMro 
brillait  d'impaliein'O  d'entrer  au  coml)at  ; 
mais  il  agissait  encore  par  un  autre  motif. 
11  voulait  |)ar  là  faire  connaître  au  ti;ouver- 
neur  que  cette  collecte  avait  eu  tout  ce  cpii 
la  pouvait  rendre  comf)16te  et  solenielle, 
et  qu'on  y  avait  célébré  les  sacrés  mystères, 
puisque  le  prélre  y  était  présent.  Des  ruis- 
seaux de  sang  coulaient  cependant  de  ses 
côtés  jus(pie  sur  la  teri'o.  Alors,  st;  ressou- 
venant du  précepte  de  l'Evangile,  il  éleva  sa 
voix,  et  demamla  grâce  au  ciel  pour  ceux 
qui  le  tourmentaieit.  Puis  s'adie-sant  à  eux 
et  au  proconsul  même  ;  Malhrureux  que 
vous  êtes,  leur  dit-il,  hél.is  !  que  faites-vous? 
Vous  vous  en  prenez  à  Dieu.  Dieu  très-haut, 
arrêtez  leui"  cruauté,  et  je  sais.  Seigneur, 
que  vous  n'y  consentez  pas.  Puis,  un  mo- 
ment après,  ]]  reprenait:  Vous  otfensez  Dieu, 
misérables;  c'est  contre  lui  que  se  tourne 
votre  fureur;  vous  faites  périr  des  innocents. 
Sommes-nous  des  homicides,  nous  accuse- 
t-oi  d'avoir  fait  injustice  à  qu  Iqu'un?  Sei- 
gneur, ayez  pitié  d'eux.  Je  vous  rends  grâ- 
ces Seigneur,  fortifiez-moi,  accordez-moi 
la  patience  dans  les  douhuirs  qu^' j'endure. 
Déli^  rez  vos  serviteurs,  Seigneur,  aÛ'ian- 
chissez-les  deia  servitude  du  siècle.  Je  vous 
rends  grâces,  Seigieur,  mon  Dieu,  je  no 
saurais  vous  rendre  assez  d'actions  de  grâ- 
ces. Et  comuie  dans  ce  moine  it  les  bour- 
reaux redounlaieut  leurs  etforls,  et  que  son 
sang  continuait  à  couler  ave.;  abondance,  le 
proconsul  lui  dit  :  lu  commences  à  ressen- 


tir ce  qu'd  le  faut  (tudurer.  Tliélica  ajoiila 
«ussilAl  :  Oui,  uiaU  c'est  pour  la  globe  in 
re>(|s  ^^irtics  au  iMeu  des  royaiKne*»  ;  j'e  fre- 
vois  déjà  le  royaume  du  fiel;  ce  roy.  uitirt 
élinnel.  ce  lo^nunie  qui  ne  «ef «  jnrriflu  d/j- 
triiil;  je  |e  vois,  j'y  louche  déjA.  Seii^lieiip 
Jésus,  nous  somiries  vos  serviteu  s.  N'oijn 
<^les  loule  notre  es|)ér/in(;e,  rfuis  <^(es  to  ta 
l'espi'iaiice  des  clnélieiis  :  |>icii  In's-liaut, 
Dieu  tressailli,  hum  loui-nuiss/ifil.  Ij'  pro- 
CoiiMul  l'iiderrompil  :  Tu  devais  nussj  oD-'lp 
aux  ordr(;^  des  ein  icreurs  <l  des  (;ésar<. 
Thi  lica  rr|)Oiidil  d'un  ton  d(r  V(»i\  ferme  et 
assuiM',  (pioi(|ue  son  cu-ps  épuisé  de  sang 
eOl  [ier(lu  une  fiartie  df-ses  forces  :  Je  n'f)béis 
fju'auv  ordr  s  de  mon  Dieu,  j(>  ne  connais 
point  d'autres  lois  (|ue  la  sieine;  cc-tte  loi 
adorable  pour  bupieile  il  me  s.n-ait  doux  do 
mourir.  I.oi  de  mnn  Dieu,  je  tesaciilje  vo- 
lontiers ma  vie.  (a's  parob's  étaient  autant 
de  Irails  entlammés  (pii  ()orfaieni  le  fou  et  la 
douleur  dans  l'.iiiied' Aniil  ii.C'en  est  assez, 
dit-il,  (pr(jii  le  reniène  eu  [)ris(»ii. 

«   Ce  endant  Datif  re:  tre  da   s   le   c'iamp 
de  bataille.  Il  était  toujours  deimMiré  éle-viii 
sur  le  chevalet  durant  le  combat  de  Thélica, 
et  de   là  comme  d'un  thé  dr(!  élevé,  il  avait 
souvent  appliudi  à  la  généreuse  résistance 
de   ce    vaillant   athlète;    et    Iodes   les  fois 
mèiiie  (pie  Thélica  disait  (pi'il  était  chrélie.i, 
Datif  répé  ail  :  Je  suis  clirélie  i.  Cela  iinpa- 
tie.ila  Forlunatien,    (jui    était  encore  alors 
étrangement  prévenu  contre  la  religion  chré- 
tienne,  (pioi(jue  d'ailleurs  ce  lût  un  liomme 
d'uni!  grande  probité,  et  digne  du  rang  i|u'il 
te  ta  t  dais    le    sénat  di;  (arlh.-.ge.  Ce   qui 
l'aigrissait   contre  Dat  f,  c'est  (|u"il   croyait 
que  ce  sénateur  d'Abitine  avait  inspiré  à  sa 
S(Bur  d'embrasser  le   (  hristianiSme.    Celait 
l'illustre  N'ictoiie,  que  l'on  voyait  là   paiiui 
les  qua  ante-neuf  martyrs.  Fortunatien  donii 
s'adressant  au  proconsul  :  Seign(nir,  lui  dit- 
il,  vo  là  un  scé  érat  (|ui,dnrau  l'absence  do 
mon  père,  s'éiant,je  ne  sais  comment,  insi- 
nué chez  nous,  a  séduit  par  ses  beaux  dis- 
cours ma  sœur  Victoire;  et,  lui  ayant   |)er- 
suadé  de  se  faire  chrétienne,  l'a  eiumenée  à 
Ai)itine  avec  Seconde  et  UiStituIa.   Victoire 
ne  put  soutfrir  qu'un  homme  d'honneur,  et 
son  compagnon  de  martyre,  fût  pour  l'amour 
d'elle  exposé  à  la  calomnie;  et,  sans  consi- 
dérer (jue  son  propre  frère  était  le  calomnia- 
teur, elle  prit  la  parole;  elle  dit  au  procon- 
sul avec  cette  liberté  chrétienne  :  Non,  sei- 
gneur, il  n'est  pas  vrai  que  je  sois  sortie  de 
Cai  Ihage  à  la  persuasion  de  qui  que  ce  soit, 
et  il  lest  encore   moins  que  ce  soit  lui  qui 
m'ait  emm^'iée  à  xVbitine;  j'y  suis  allée  de 
mon  bon  gré  ;  je  n'en  veux  point  d'autre  té- 
moignage que  celui  des  !  abitnts  mêmes  do 
l'une  et  de  l'autre  vide.  Et  si  j'ai  assisté  à  la 
collecle,  si  j'ai  célébré  avec  les  frères  le  saint 
jour  du  dimanche,  c'est    qne  je  suis  chré- 
tienne .   Forlunatien   continuait   à   accu;er 
Ditif  ;  Daiif,  du  haut  du  chevalet,  se  justi- 
fiait ;   mais  le    proconsul,  sans    le  vouloir 
écouler,  le  fut  reprendre  par  les  bouneai.x. 
Ces  hommes,  nourris  rie  sang  humain,  vo- 
lent au  premier  commandement  qu'ils  en 


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SAT 


9-20 


rrcoivonf.  lonrs  mnins  rrnollos  s'nrhnrnpnt 
sur  les  i<M(''S  (lu  martyr;  ils  les  lui  oiiInru-MU, 
la  poaii  en  csi  enlevée,  los  cnlraiilos  coin- 
uioncent  h  poroitre,  et  lt\s  socrels  ressorts 
quQ  h  n.iUire  a  couverts  de  l:i  poitrine 
vont  bientôt  être  exposés  aux  yeux  des  spcc- 
taltMirs.  Le  courage  (lu  martyr  ne  saUjiblis- 
saii  [)oint.  Ou  le  dtchire,  on  le  perce,  on  le 
dëconpe,  et  il  demeure  inf'hranlable.  Tou- 
tefois, ci-aitinant  de  faire  ou  dédire  quelque 
chose  qni  lui  indigne  de  la  lu.^niit'  de  séna- 
teur et  de  chrétien,  il  répétait  souvent  tes 
parules  :  Seigneur  Jésus,  q.ie  .je  ne  soi>  point 
confondu!  Il  obtint  sur-lo-ehamp  letM  de 
cette  courte  prière. 

'<  Car  le  proco-isul  se  sentit  troublé  de  je 
ne  sais  (lueîle  terreu  -,  et  dans  ce  mouve- 
ment il  cria  aux  bourreaux  :  Arrêtez,  et  la 
sullil.  Cependant  Poni,^éian,  un  intAine  dé- 
laieui',  jiroduisil  conire  le  saint  une  nou- 
velle accusation,  aussi  peu  fondée  que  la 
pr'  niière.  Le  sauit  ne  lémo'gna  que  du  mé- 
pri>  pour  cet  homme,  et  repoussa  seulement 
sa  calomnie  par  ces  paroles  :  Mauvais  dé- 
mo i,  (lue  fais-iu  ici?  vie-is-tù  encore  em- 
jiloyer  les  drilestfibleï.  artdices  contre  les  ser- 
viteurs de  Dieu?Sach»i  (jue  je  ne  crains  ni 
ta  iTirlice  ni  l'injuste  pnissince  tjui  te  pro- 
tège. Ln  séi..ilt'ur,  uo  clnét.en  triomphera 
toujours  de  l'une  et  de  l'autre.  Mais  (ommeii 
lui  éiail  av.uitageux  de  soudVir  p^.ur  J  sus- 
CIirJ3l,  et  q-  •  dans  un  second  interroga- 
toire il  por.^istail  loujours  à  dire  qu'il  avait 
assisté  ?i  la  cjlltvie,  le  projonsul  rcjMitsa 
piv.niè'O  fureur,  et  le*'  bo.irre.;u\  leur  pre- 
mière lérocité.  On  lui  enfonce  tout  de  nou- 
V  L'au  les  «ngh'S  n  •  fer  da;  s  les  côtés,  et  le 
saint,  recourant  aussi  a  son  unique  et  puis- 
sa;il  protecteur,  redisait  les  mêmes  |)aroles  : 
Soigneur,  que  je  .le  sois  j/^niviis  confondu  I 
Qu'a'-je  fan?  Sainnùn  est  .otr.- pijlre. 

;(  Mais  tandi-  que  les  bouriea''\  forment 
sur  sa  ctiaii-  de  sanglants  <ill"ns,  le  ]trétre 
S.ituriiin  se  présente  paiw  combattie.  Il 
avait  quelque  hoale  de  n'.ivoir  e  icore  rien 
fait  poar  signaler  soi  zèle,  lorsqu'il  venait 
à  ,)"!n-er  que  ses  comp.igiions  avan-  U  d«\jd 
donné  de  si  éclatantes  marques  de  leur 
oiii.jur  [>ou--  .lésu-'-Cliri'^t,  et  d(i  la  nol)l.'  et 
saiuli!  ainuitio  i  qu'ils  avaient  de  eoïKiu'rir 
le  royaume  du  ciel.  11  sentit  donc  une  ex- 
trême joie,  iorsqu<'  le  |TOcon>  1  lui  dit  : 
Vuu.>uvez  eu  la  li.ud  ess.^  d\issemblt'r  (>  ux- 
ci  dans  voire  logis,  conire  les  défenses  for- 
mell.  s  des  empci-'urs  et  des  Cés^irs.  Oui,  je 
l'ai  fait,  répondil-il,  il  est  viai,  mais  re^;>i(t 
de  Dm'u  me  l'avait  ordonné;  et  sous  celle 
puissante  nroieruon  nous  avons  célébié  le 
saint  jour  (lu  inuanche.  Le  proconsul  lui  lit: 
El  que  ne  diirériez-vous?Salurinn  répondit: 
11  hf  nou>  esl  p.is  permis  de  (liir''ier  ii  tie 
solennité.  Le  proco  isul,  irrité  de  la  fermeté 
de  cette  lépunse,  commanda  qu'on  le  mit 
avec  Datil.  Cepriidant  celui -li  regai  lait 
son  co;ps  décliné,  it  ks  lambeaux  df  sa 
rbair  peiidanb  de  tous  c»'jlés;  mais  il  con- 
teiuplail  ces  i  uines  et  n  s  débris  de  son  corj  s 
ftvec  toute  I  indilléremo  d'un  ho.mne  que 
cela  ne  louche  pas.  Son  esprit,  appliqué  uiii- 


miement  à  Dieu,  détournait  le  sentiment 
(1-  la  dc'ulenr.  Cejenda'it  on  l'f-ntendait  de 
ttMnps  en  temps  faire  cette  prière  :  Venez, 
Seigneur,  à  mon  secours  ;  co'"'servpz-mon 
;iiiie  pour  vous  ;  (pie  je  ne  sois  jamais  con- 
fondu I  mon  Dieu,  donnez-moi  la  force  de 
soutîrir  avi'c  patience,  avec  joie.  Et  comme 
le  proconsul  lui  disait  :  Etant  ce  que  vous 
êtes,  ne  devicz-vr»us  pas  donner  aux  ai.tres 
l'exemple  d'une  parfaite  soumission  aux  or- 
dres des  empereurs  et  des  Césars,  au  lieu 
de  leur  inspirer,  comme  vous  avez  fait,  cet 
esprit  de  révolte  et  d(,>  désobéissance?  Comme, 
dis  je,  le  proconsul  lui  faisait  ce  re[)rorh»', 
il  s'écriait  d'un  ton  de  voix  encore  plus  écla- 
tant :  Je  suis  chrétien,  je  suis  chrétien.  Cette 
}iirole,  prononcée  avec  cette  sainte  auda.  e 
qui  est  propre  aux  saints,  fut  comme  un  coup 
(le  foudre  (pii  ach  va  d'altérer  le  démon,  et 
le  jiroeonsnl,  son  fidèle  ministre.  Ce  dernier 
fut  contraint  de  se  rendre,  et  il  cria  à  ses 
bourreaux  :  C'en  est  assez  pour  <i  présent, 
(lu'on  Vù\c  de  là;  mais  qu'une  étroite  prison 
me  ré[)onde  de  lui.  Ainsi  il  le  réserva  à  de 
nouveaux  tourments,  mais  qui  devaient  être 
dign<  sd':in  tel  n.arlyr. 

«  CepenJani  le  prêtre  Saturnin  était  étendu 
sur  le  chevalet.  Le  sang  de  Datif,  mêlé  avec 
celui  (le  Tliélica,  dont  cet  e  machine  fumait 
encore ,  l'avertissait  de  persévérer  comme 
eux  dans  la  foi,  poar  laquidle  l'un  et  l'auire 
venaient  de  verser  le  l.'ur.  Le  proconsul  lui 
demanda  sil  n'était  fias  celui  chez  (lui  s'était 
tenue  la  dernière  assemblée  des  cnréli'^ns. 
Celui  que  vous  ch  -rchez,  s'écria  Eméritus  (1) 
en  fendant  la  presse  et  se  jetant  enlie  le 
proconsul  et  Saturnin  ,  lo  voici  ;  c  esl  moi- 
méhiJ  :  oui,  c'est  mon  logis  qui  a  servi  à  cé- 
lébrer la  cullecle.  Le  pro,.onsul ,  qui  avait  été 
déj.'i  vaim  u  tant  de  f('is  ,  frémit  à  la  vue 
u'Kinéritus.  Il  ne  lit  donc  pas  sciublant  de  le 
voir  ni  d'avoir  entendu  ce  qu'il  avait  dit; 
mais  cachant  son  trouble  secret  sous  un  exté- 
rieur tran([uiile,  il  l'ontinna  d'intei  roger  Sa- 
turnin. D  où  vient,  lui  dit-il,  que  vous  avez 
fait  (ette  assemblée  au  pr(^jndice  d»^  l'édit  des 
cmpeienis?  C'est,  iépon  .it  Saturnin,  (pie  la 
so  ennité  dn  dimanclie  ne  se  remet  point;  le 
comniandemeiit  du  Seigneur  y  est  formel  : 
la  loi  d"  I)i  u  l'ordonne.  Nulle  loi,  répliqua 
le  proconsul  ,  ne  peut  autoriser  une  déso- 
béissance aussi  iTiminelletpie  la  vcMre.  Fades 
votie  devoir,  dit-il  en  se  tournant  vers  les 
i»ourreajx.  Ces  hommes,  animés  au  carna  ;e 
>ar  la  vue  du  s.uig  cpie  la  rage  des  tyrans 
eur  faisait  répandre  tous  lesj<Mirs,  n'atte  i- 
direnl  pas  un  second  ordre;  ils  se  jetèrent 
avec  toute  la  vivacili'  des  ois»  aux  de  pi  oie 
sur  l(!  cor  jts  du  saint  vieillard  ;  (  e  corps  ne  se 
soutient  b.ellt(^t  plus,  les  meiniires  tien  ont 
h  peine  I  vs  uns  aux  antres,  les  nerfs  ip.i  les 
joignaient  sont  rompus;  les  os  découverts 
montre  t  .H  nu  leur  superlicn-  l)lan<  lie  mar- 
(Iiié(>  lie  ronge.  Celte  vue  fiii  horreur.  Le 
iii;irl\r  même  (>n  e>l  ému.  Il  sadresse.^  Jt'sus- 
Christ.  Kxaurez-uioi ,  6  Jé>us ,  bii  dit-il; 
Seigneur,  je  vous  rends  grÂces;  commandez 

(1)  UcUiH  locicur. 


J 


o^t 


8AT 


RAT 


Oii 


(pi'on  mo  coiipo  In  iHr  :  J(Vsim,  ny^z  |>ili<'  ilo 
moi;  r'tls(l()  Dicii ,  ncroiiiP/  .'i  iikui  snoiirs. 
Le  procoMSul,  lu  voyi'it  (mi  cdl  rinl,  lui  ilil  : 
IViiii'iiiKii  .'icssi  u'avcz-vims  pas  olx'i  ?  \a) 
priHir  i'(''p(iii>li(  :  Lu  l(*i  l()  (l('r(>ii(i;ii(  ;  l.i  loi 
(»i\l((  niait  le  coiilrairc^  ()  n'-ponsM  aijimra- 
blf  I  A  pr(Mr(»  (pinii  iio  peu!  assez  louer  I 
Saint  (iocleiir  (l(^  la  plus  sainte  des  lois  !  || 
anii'iiice,  il  iMiltlie,  il  pK^elu;  la  loi  /ni  iiiilieti 
dvs  loiwmetils.  A  (•(>  mot  de  loi,  Aniilin  p.'W 
lit,  se  di'concei  le,  li'emhln,  et  nrriHe  tout 
conri  les  bourreaux.  Il  envoie  le  ort^tre  eu 
prison,  résolu  d'en  faire  un  exemiile  dans  la 
suite. 

«  Kméiitus  est  nus  en  sn  phïcc.  Ton  In-^is, 
lui  dit  le  proeonsul  ,  a  doue  servi  l\  ces  im- 
jiies  pour  y  eélehror  leur  colleele  ?  Oui, 
n^po'idit  lùnérilus,  nous  y  avons  t'ailla  so- 
loiuùté  du  saint  dimaneiK».  I.e  proconsul  lui 
dit  :  l'ounpioi  leur  en  peinuMIais-lu  l'entrée, 

ruis(]ue  lu  savais  bien  que  cela  était  eoutro 
ititention  d(>s  omnereurs?  Kmérilus  répli- 
qua :  Aloi,  leur  (lerividre  l'eiiti-ée  de  mm 
logis  ?  ils  sont  mes  frères,  jiouvais-jo  no  les 
})as  recevoir?  I.e  |)roco'isul  poursuivit  :  Mais 
tu  le  devais.  Cela  no  se  pouvait  pas,  réj)oii- 
dil  Emérifus;  le  diniau(;ho  est  parmi  nous 
d'une  ob!ij^:ilion  indispeMsal)l(>.  Il  l'ut  aussi- 
tôt étendu  sur  le  chevalet,  el  dtvs  bourreaux 
tout  frais  se  présentèrent  pour  le  tourmen- 
ter. Dans  le  plus  fort  de  ses  doideurs,il  s'é- 
criait :  0  Jésus  !  venez  î\  mon  secours  :  mal- 
heureux ,  vous  vous  rendez  cou!)abl(>s  d'un 
grand  péché.  Le  proconsul,  rinlerroaqiant, 
lui  dit  :  Il  ne  fallait  pas  les  recevoir  chez 
toi.  Il  répoi'dit  :  Je  n'aui-ais  [)as  reçu  mes 
frères  chez  nioi  ?  Mais  ,  dit  le  proconsiil ,  la 
voionté  des  empeteurs  devait  prévaloir  à 
toutes  CCS  considérations.  Ah  !  que  dites- 
vous,  repartit  ie  martyr,  c'est  celle  de  Dieu 
qui  doit  prévaloir.  Jésus,  écoutez  ma  prière, 
je  vous  loue.  Seigneur;  Seigneur  Jésus, 
do'mez-moi  la  patience.  Le  proconsul,  l'in- 
terroiuparit  encore ,  lui  dit  :  N'as-tu  pas  chez 
toi  de  ces  livres  que  vous  autres  chrétiens 
ap;^elez  ks  Ecritures  ?  Kmérilus  répondit  : 
Oui,  j'e'T  ai,  mais  je  les  conserve  dans  mon 
cœur.  Réponds-moi  juste,  reprit  Je  procon- 
sul :  ces  Ecritures  sont-elles  ch^z  toi,  ou  n'y 
sont-elles  pas?  Je  vous  ai  déjh  dit,  ré[i!iqua 
le  saint ,  que  je  Us  ai  dan:,  mon  cœur.  Je 
vous  loue,  o  îésus,  écoutez  ma  prière,  exau- 
cez-moi,  ùélivrez-moi;  je  soullVe  en  votre 
nom,  je  soutfre  bien  moins  que  je  ne  vou- 
drais soufî'nr,  je  soidfre  avcL"  joie;  Seigneur, 
que  je  ne  sois  pas  coiifondu  !  0  martyr  in- 
comi)arabIe,  vous  vous  souveniez  de  ce  que 
rA|)otre  disait  de  lui-mènie,  lorsqu'il  assurait 
qu'il  avc.it  la  loi  du  S-  igncur  gravée  non 
sur  des  tables  de  pierre,  mais  sur  celies  de 
son  cœur;  noi  avec  une  plume  trempée 
dans  l'cicre  ,  mais  avec  le  doigt  du  Saint- 
Esp'-it,  en  caractères  de  feu!  G  tidôle  gardien 
de  la  loi  divine,  ri'oireur  que  vous  aviez  des 
traditeurs  et  la  crai  Ue  de  tomber  dans  un 
pareil  saciilégo,  vous  faisaient  conserver 
avec  soin  celte  loi  au  fond  de  vôtres  cœur  1 
Le  proconsul,  ne  pouvant  tirer  de  lui  autre 
chose,  dit  :  Eh  bien  1  qu'on  le  détache  et 


qu'on  récrive  ses  réponses  nvoc  relies  des 
autres,  (lli/icun  aura  son  tour,  et  ou  aura 
s(Mn  (tue  tous  roçoiveni  le  prix  (pii  est  dû  h 
leur  (lésobéissauie  el  à  leiii   impi'''lé. 

«  l./i  luieiir.  rassassiée  dr  saiig,eomiiierienil 
h  se  ralentir,    lorsqu(>    Im'Mx   entra  linns'  lo 
eliainp  di'  bataille  el  |,i  retira  de  relie  esuèeo 
de  l.iii-iieiir.  Le   tyran  paraiss.nl  abattu  ,  sa 
voix  ])asse  et  enrou 'e  inaniunit  son  abnlle- 
ini  ni,  et  .>on  /^nie,  rem;  lie  <le  l'idée  aifreuso 
de  tant  de  iourments,  avait  coinmiiiiiipK' au 
corps  sa  lassitude   et  son   dégoOt.  Il    parla 
donc  aux  confesseurs  d'tnie  ni.iiiièic  un  pm 
plus  radoucie  ipi'à  I  ordn  aire.  J'espèic,  l.-iir 
ilil-il,  (pu'  vous  prendrez  enlin  le  bon  parti, 
(•'est  d(>  cons(irver  votre  vie  en  obéissant  dt; 
bonne  gi.'lie  aux  ordres  des  empereurs.  .Mais 
il  fut  interrompu   |)ar  un  cri  (jui  s'élera  du 
milieu  de  (cs  généreux  hommes,  qui  s'éeriè- 
retu  tous  à  la  fois  :  Nous  sommes  clirélie'is! 
nous  somnu'S  chrétiens!  nous  ganlerons  les 
commandemenis  de   notre;  Dieu  au  péril  de 
notre  vie,  et  nous  défendrons  sa  loi  jusqu'il 
la  dernière  goutte  de  notre  sang! Ces  paroles, 
prononcées    avec   chaleur    et    d'une    même 
voix  ,  réveillèKMif   la  fureur  dans  l'Ame  du 
tyran ,  car,   s'adressant  particulièrement   à 
télix,   il  lui  dit  d'un  ton  bien  diiïérent  de 
celui  dont  il   venait  de  parler  :  Je  ne  te  de- 
mande [tas  si  tu  es  chrétien  ,  mais  si  lu  as 
assisté  ^  la  collecte   et  céh'bré  le  dimanche, 
et  si  lu  as  chez  loi  des  livres  de  t.'i  religion  ? 
Oh!  la  [ilaisante  demande!  ô  l'impertinent 
encpu^teur  !  11  m'importe  peu,  dit  ce  juge,  de 
savoir  si  lu  es  chiéiien,  dis-moi. seulem'-nt 
si  lu  as  été  à  la  collecte,  et  si  tu  as  célébré  le 
dimanche  ?  Comme  si  un  chrétien  pouvait 
ne  pas  célébrer  le  dimanche ,  ou  que  le  di- 
manche  se  pût  célébrer  sans  le  chrétien. 
A()prends  ,   ô  Sa'an  ,  que  le  chrétien  fait  le 
dimanche,  comme  le  dimanche  fait  le  chré- 
tien, et  que  l'un  ne  peutsubsistei  sans  l'autre: 
lorsque  tu  entendras  prononcer  ce  mol  chré- 
tien ,  pense  h  l'assemblée  des  fidèles  ,  songe 
à  la  coliecte;  et  quand  lu  entendras  celui  de 
collecte  ,  conçois  un  chréUeu.  C'est  ce  ({ue 
le  saint  martyr  le  va  faire  comprendre  par 
sa  réponse.  Oui ,    répondil-il ,  nous  l'avons 
célébré,  ce  saint  jour  du  dimanche,  le  plus 
solennellement  que  nous  avons  pu  ,  el  nous 
n'en  avons  laissé  passer  aucun  sans  nous 
assembler  pour  ouï   la  lecture  de  l'Eciiture 
sainte.  Auulio  ne  ^e  souvint  })lus  de  sa  l:s- 
situde ,  cette  réponse  la  lui  fit  oublier;  il  fit 
battre  d'un  bàtun  noueux  si  longtemps  et  si 
cruellement  ce  saint  lecteur,  qu'il  l'envoya 
au  ciel  dans  le  moment  même,  ta  autre  Fé- 
lix suivit  immédiatement  ce  premier.  Ayant 
coniine  lui  confessé ,  il  fut  comme  lui  roué 
de  coups  de  bâton,  il  expira  comme  lui  au 
milieu  do  cet  horrible  supplice,  et  il  entra 
presque  au  même  in>tant  que  lui  en  posses- 
sion de  la  même  gloire. 

«  Ampélius,  garde  des  livres  saints,  et  fi- 
dèle conservateur  ae  la  loi  du  Seigneur,  pa- 
rut sur  les  rangs;  le  pioconsul  lui  demanda 
s'il  avait  été  h  la  collecte,  il  répondit  sans 
héslt  r  :  Oui,  j'ai  été  avec  mes  frères  à  la  col- 
lecte, j'ai  célébré  le  dimanche,  et  j'ai  les  li-> 


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rres  sacr(?s  qno  vous  demandez  ,  mais  c'est 
dans  le  tunir  qii«'  jo  les  ai.  J»''sns-Clirist, 
mon  Sei^'oeiir,  je  vous  lour,  je  vous  l)'>nisT 
ex.lucez-riloi ,  6  Jésus  1  Celle  réjK>nsi»  lui 
coilla  plusieurs  coups  sur  la  l«^(e,  qn»»  le 
gouverneur  Itii  til  donner  parun  soldat  firme 
dun  gantelet  de  fer,  et  il  fut  ensuite  conduit 
en  ftrison,  où  il  entra  comniedans  une  (cnle 
rovale.  Uoj;ntien  vi-il  a|)r«»s  ,  il  coifcssa  le 
nom  de  Jésus-Christ,  et,  sans  (juon  lui  fit 
autre  chose,  on  le  mit  en  prison  avec  les  au- 
tres. Quiulus  coi'.fessa  p;u'eillen)eiit,  et  ayant 
reçu  plusieurs  cour»s  de  b;Uon  ,  il  suivit  ses 
compa^^no'is  (ians  la  [irison.  Après  Qiiintus, 
Maximien  se  [trt'senta;  \\  conlt-ssa  ,  il  cou)- 
l)nll  t,  il  triompha  comme  ceux  qui  l'av.iient 
)récédé.  Le  jeune  Félix  n'attendit  pas  qu'on 
'inlerrogeàl ,  )l  piévinl  le  juj;e  et  dit  tout 
laul  :  Le  s.iint  dimanche  est  l'espérance,  le 
salut  et  le  bo  iheur  des  chrétiens.  C»  l  aviHi 
lui  valut  comme  aux  autre-  force  co  ips  de 
biiton.  Pendant  qu'on  les  I  i  donnait ,  il  ne 
cessiit  de  d.re  :  J'a;  fait  la  collecte  a  ce  mes 
frères,  parce  que  je  suis  chi-t'-tieu.  J'ai  célé- 
bré le  saint  dimanche,  je  suis  chrét  en;  j'ai 
assisté  h  la  cnljecte  le  [dus  dévoleinent  ipi  il 
m'a  été  pos>il)L' ,  je  veux  bien  (pion  le  s  i- 
che.  Celte  généreuse  confession  lui  mérita 
d'être  enchfiiné  avec  les  au(re>  chréliens. 

«  Le  jeune  Saturnin,  digne  du  nom  et  de 
la  (p)alité  de  (ils  du  vieux  Saturnin,  ce  saint 
prêtre  et  ce  lidèle  martv  r  ^o  Jésus-Christ ,  se 

firessa  «le  remplir  la  place  de  Fél:x;  il  bril- 
ait  du  désir  d'égaler  par  quel(|ue  acte  héroi- 
(jtie  la  vertu  de  ^on  f)ère.  Le  proco  isul  lui 
dematida,  comme  aux  autres,  s'il  avait  assisté 
à  la  collecte.  Saturnin  ne  répondit  autre 
chose,  sinon  :  Je  suis  chrétien.  Il  n'est  pas 
question  de  cela,  dit  le  gouverneur,  mais  si 
vous  avez  célébré  le  dimanclie.  Oui,  repar- 
tit Saturnin  ,  je  l'ai  célébré  pour  hnuorer 
Jésus-Christ,  qui  est  le  Sauveur  des  hom- 
mes. A  ce  mot  de  Sauveur,  .Vnulin  entre  en 
fureur  et  fait  piéparer  pour  le  lils  le  lu'nno 
chevnlelqui  av.iits  rvi  à  tourmenter  le  père. 
Lorsque  S.Uurnin  y  fut  étendu  ,  le  ^ou^er- 
neur  lui  dit  :  Hegarde  où  tu  es  et  songe  à 
Die  répondre  juste.  As-tu  (jui';  pies-uns  do 
ces  livre-»  qtie  vous  appel,  z,  vous  autri*s  chré- 
tiens, VFrriliire?  Saturnin  rt''pondit  :  Je  suis 
chrétien.  Le  gouverneur  insista  :  Je  te  de- 
mande si  tu  as  élé  a  la  collecte,  si  tu  as  do 
ces  livres?  S.ilurn  r>  ré()ondit  (mcnre  :  Je 
s'iis  chrétien;  après  le  nom  sacré  de  Jésns- 
Christ ,  le  plus  s.iint  est  celui  de  chrétien. 
Puis. pif»  In  ne  veux  pas  fnire  d'autre  n'ponse, 
dit  le  gouverruMir,  ii  faut  voir  si  les  four- 
monts  ne  te  feront  point  parler  d'une  ma- 
nière plus  raisonnable.  Dis  donc  si  lu  as  de 
cis  Ktritures?  Kt  «m  luOme  tem[)s  il  lii  signe 
aux  b  >urrpaux  de  f.ure  leur  devoir.  Ces  hom- 
mes, (|('»ja  l.is  d'avoir  touriuenté  le  père,  ne 
laissiMit  pas  de  reprendie  leurs  instruments 
tout  rouges  encore  de  s  «n  san^; ,  ({u'Us  oui 
bieu;iM  mêlé  avec  celui  du  fils.  Mais  ce  mé- 
lange ne  sert  pi'à  re  nlie  le  tifs  plus  fort  et 
plus  courag  ni.  Ce  sa  ig  chéri  dun  père  si 
respectabb'  esl  cou)me  uhe  liqueur  salutaire, 
comme  un  baume  précicui  qui  charme  les 


plaies  du  fils  et  en  (Me  tout  sentiment  de 
douleur.  En  sorte  q  l'il  s'écrie  d'une  voit 
ferme  et  haute  :  Tya  i.  l'ai  les  Ecritures  que 
lu  demandes,  mais  c'est  dans  le  cœur;  viens, 
et  arrache-les  de  ]}\  si  tu  peux.  Seigneu  Jé- 
sus, donnez-moi  la  grlce  «le  souffrir  patiem- 
nu-nl  :  toute  mon  espérance  est  en  vous. 
Anulin  lui  dit  :  Pourqinii  as-fn  agi  contre  les 
ordres  des  em()ere(irs  ?  Salurnin  réj  on  lit  : 
Parce  que  je  suis  chrétien.  Arrêtez,  ihl  le 
proconsul  aux  bourreaux  ,  qu'il  aille  dans  la 
p.i.son  attendre  sa  destinée. 

«  CepeiKlanl  le  jour  se  précipitait  insensi- 
blement avec  le  soled  el  les  heures  dans  le 
sein  de  la  nuii ,  et  la  cruauté  des  b  luneaut 
languissait  faute  d'avoir  de  nouveaux  tour- 
ments à  mettre  en  œuvre  qui  la  réveillassent. 
L'armée  du  S.-igneur,  au  coniraire,  l\  «pii 
Ji'Siis-Christ  fournissait  sans  cesse  des  armes 
céle>les,  animé  •  par  la  présence  invisible  de 
son  ch  f,  n'en  était  que  plus  disposée  à 
combattre  el  c»  vaincre.  C  est  pourquoi  le 
proco  isul,  déj<i  vjiincu  lui-même  tant  de  fois, 
abandon). é  de  la  lum  ère  du  jour  el  sur.)  is 
par  la  nuii,  ne  pouvant  plus  d'dlleurs  faire 
aucun  fiid  sur  la  vigueur  de  s  s  ministres, 
(pli  n  était  jiis  moins  émoussée  (|ue  leurs 
instru  nenls  ,  n'osant  plus  se  hasarder  dans 
des  combats  singuli  rs  qui  lui  avaient  si  mal 
réussi ,  le  proconsul ,  dis-je  ,  ayant  tant  de 
motifs  de  souhaiter  du  moins  une  trêve, 
aim  »  mieux  entre.-  en  une  espèce  de  négo- 
ciation avec  cette  trou  >p  invincible  [li,  (|ue 
d  ex[)0ser  encore  sa  réputation  et  son  hon- 
neur, et  il  parla  h  fous  les  confesseurs  qii 
rc>'a!eiit  en  ces  te.  m  s  •  Vous  avez  é  é  lé- 
nvdns  ,  le  ir  dit-il ,  des  lourmenls  que  nous 
avons  fait  soulfrir  h  c-ux  qui  ont  ou  la  témé- 
rité de  nous  résister,  el  vous  [>ouvez  jeter 
les  yeux  sur  les  nouveaux  supplices  que 
nous  leur  pri'parons  en  cas  (]u  i  s  persistent 
luUjOuis  d-ns  leur  impiété  el  leur  désobéis- 
sance. C'est  à  VOUS  antres  de  voir  si  vous 
voulez,  courir  la  même  fortune,  ou  si  vous 
n'aimez  mieux  avoir  recours  à  notre  clé- 
mence.   pou.  vu   louiefois  que Plus  de 

(luarantc  voix  .  (pli  n'eu  faisai(»nt  (pi'une,  in- 
terroiupireul  le  proconsul  en  cet  endroil  de 
sa  harangue.  Ces  saints  ,  pleins  de  joie  et 
d  s  pe  vs.'  s  de  l'élernilé.  et  plus  animés  en- 
core par  lim  ulsion  (>m  Saini-E5,»rit  que 
p)ar  les  paroles  du  proconsul  ,  s'écirèrenl  r 
Nous  sommes  chrétiens!  C,e  fut  pour  Amiîin" 
un  coup  ie  tonnerre  ipii  l'élourdil,  l'an.Ulil 
et  ui  ù  a  la  |>arole.  Il  ne  puld  re  autre  clw^se; 
mais  plein  de  co  if  .sion  et  de  ra,e.  il  les  eii- 
vo.a  tous  en  prison,  les  destinant  tous  dès 
ce  moine  11  h  la  mort. 

«  i.e  sexe  dévot  ne  se  signaU  pas  moins  tni 
cette  rencontre  que  le  sexe  né  }  oui  la  guerre, 
et  lilluslre  clKPur  des  vierges  ne  le  voulut 
pont  (  é  1er  en  courage  à  la  v.ii  l.uife  troupe 
des  confesseurs.  Vicioi.e  coiunallit ,  et  la 
gloire  «pielle  leinpor  afut  la  gloire  de  loules 
le-i  femmes.  Victoire,  la  tleiir  des  vierges, 
(l'un  sang  noble,  d'une  piété  exemplane, 
!  d'une  pureté  de  mœurs  incomparable;  Vic- 

^l)  Us  étaient  encore  pins  de  (luarante. 


o^s 


SAT 


»AT 


9M 


loiro,  (hxiui  IcIVotiI,  Iniiimirs  ('•oiivoit  d'iiiUi 
lioiiii  le  |iii(lrij|',  sciiilil.iil  (Mn>  le  liAiir  de  lu 
clinslcli' ,  ul  dont  I  cxi'cllniln  l>i>niil(^  du 
(;<n'|i,s  tr(''l.iil  iiii'ii'i  liviT  (!'|iai(lii'iiici  t.  cl 
(lu'll'l  ('ifli.iiilil  un  de  t(dl()  de  l'Aiin-.  IhVs  sa 
plus  ((Midrc  jiMi  lossd  ,  ii'm  cliaslc»  snv  rite 
p.iiaiss.'iil  lU^jA  (l/r»s  s'  s  «i;li(»ns  ,  cl  ct'iil  en 
»jiicl.|ii(!  sorte  It!  |)r(Vsii;c  du  iiuirlyrc  tiu'cllc 
(levait  Diiduror  u  i  jour.  Ivtli  i ,  lorH(|u'cll(' 
l'ut  paivcnuo  h  cet  .'li^c  <pic  la  nature  a  uiar- 
(]U(\  p  )iu'  U'  luaria^i- ,  eoniuu!  ses  partîiils 
la  V()idai»Mit  cnnlraindre  h  s'y  on.^aj^er,  et 
(pio  l'cipouv  (pj'  Is  lui  avaient  choisi  la  pr(«s- 
sail  do  do  uuM-  s  m  ('O'isculemcut  h  leur 
union,  ('Mo  aiuia  ii\icux  se  jeter  cilro  U's 
bras  de  la  mort  ipienir»*  ecu\  ilu  )  jeuiu; 
auia  U,  car  ollo  se  précipita  d'uuti  l'euiHrc  eu 
bas;  mais  les  viuils,  par  Tordre  de  leur  créa- 
teur, la  re(;ureut  sur  leurs  ailes  et  la  posè- 
reni  douccurui  il  teno.  Ai  »si  ci;lle  (pii  dt;- 
Viil  innurir  pour  Jésu--Christ ,  le  roi  cl  l'é- 
poux d  s  vierges  ,  eu  lit  eoiuuie  uo  e^sai  en 
s'ex()osauL  h  uu(^  uioi  t  pi-esipie  certaine  pour 
co  server  sa  virj;iuité.  Elle  se  pri'parait  dés 
lors  à  cueillir  lui  joui-  de  nouveaux  lauriers 
ai'rusésde  sou  sa'ig.  Ce|)eiidanl,  so  trouvait 
sais  b'essure,  et  se  vo.vanl  délivrée  île  .a  fu- 
mée incouimode  du  llaud)cau  luiptial  ,  et  de 
rempresseuient  iui[)Oi  tu  i  de  s.  s  parents  cl 
d'ui  uiari,  elle  courut  h  l'église,  l'asile  de  la 
pureté  ,  \o.  rei'ug;»  des  vier.^jes  ,  le  port  où  la 
pudeur  est  ei  sùnUé;  et  là,  par  u:i  vœu  de 
chasteté  i>erpétuelle  ,  elle  consacra  à  Dieu 
la  plus  belle  téle  du  monde  (I).  Se  h;Uant 
doMc  maintena'it  d'arriver  <»  la  mort  iiu'elle 
souliail.iit  avec  passion  ,  elle  portait  d'une 
main  la  palme  de  la  virginité,  et  teulait 
l'autre  pour  recevoir  celle  du  martyre.  Car 
le  proconsid  lui  ay  nt  demandé  (pielle  était 
sa  religion  :  Je  suis  chrét  enie,  répondit-elle. 
Le  séualeur  Fort  ination,  son  frère,  se  pré- 
senta, et  s'otfrit  de  faire  pr  uve  que  sa  sœur 
avait  l'esprit  al  éné;  mais  elle  lit  paraître 
tau  de  sages-edans  ses  réponses,  qu  il  n'en 
fallut  pas  davantage  pour  détruire  celte 
vaine  et  injurieuse  accusation.  C'est  ce  qui 
obligea  le  proconsul  à  lui  demander  si  elle 
voulait  retourner  avec  son  frère.  Non  ,  dit- 
elle ,  parce  que  je  suis  chrétieniie,  et  que 
ceux-là  seuls  sont  mes  frères ,  qui  gardant 
les  coramandemeiils  de  Dieu.  Entin  le  pro- 
consul,  se  dé[»ouillant  i  our  quflque  teujps 
de  sa  q  jalité  de  juge,  voulut  bien  descendre 
jusqu'à  celle  de  su,)pliant;  il  emploie  donc 
les  prièies  auprès  de  Victoire;  mais  cette 
généreuse  fille  lui  répondit  avec  une  fer- 
meté qu  lui  lit  bientôt  reprendre  sa  férocité 
nalu  elle  :  Vous  vous  abaissez  en  vain,  lui 
dit-elle,  pour  obtenir  de  moi  une  chose  que 
je  n'ai  point  résolu  de  vous  accorder.  Je 
vous  l'ai  déjà  dit,  je  suis  chrétienne,  j'ai  as- 
sisté à  a  collecte  et  j'ai  céléb.é  le  saint  di- 
man.die.  Alors  Anulin  ,  se  revêtant  de  sa 
cruauté,  qui  lui  seyait  mieux  que  cette  huma- 
il)  Les  vierges  de  Carlhage,  (iitalie  el  des  Gaules, 
e»  se  coMsacraiil  à  Dieu,  ne  coiip.iieiit  pas  leius che- 
veux ;  mais  celles  d'Egypte  et  de  Syrie  se  faisaieut 
raser 


niti'-  fciide  cl  forcée  ,  envoya  on  prisOM  U 
siniUe  martyre  île  Jésu.vChrist ,  pour  y  /it- 
tendre  .iver,  les  autres  le  jiiKemeiit  de  mort 
(pi  d  prononça  peu  de  jours  après  c(jntru 
tous. 

<<  Il  ne  restait  plus  que  le  petit  flilarion, 
ipii  ,  dans  un  iV;;e  Irès-lcrdre  ,  fiisail  p  ral- 
tre  une  iiii'li'  ipii  n  avait  i  ien  «Je  rcnfanci;. 
Il  élait  l'  dernier  des  lils  du  priMie  Salui- 
tiiii.  Il  avait  vu  son  père  et  ses  frères  s(»rtir 
viclorieiix  d  i  comhit  ,  et  il  a-^iurait  a  la 
mè  cie  gloire.  Il  témoigna  donc  l)ioii  moins 
de  crainte  (pn'  de  mi''|iri.s  [tour  les  menacer 
du  tyran.  I"!t  lorsipiil  lui  ihniianda  s'il  n'a- 
vait pas  suivi  à  1 1  colleilc  son  fière  et  .ses 
frères,  on  ontinidil  une  voix  eniantine  pu- 
blier riinité  d'un  Dieu  el  la  vér.li''(J(j  sa  reli- 
gion. Je  suis  chrétien  ,  d  l-il;  j'ai  Hé,  il  est 
vrai ,  à  la  colleile  ,  mais  (;'a  été  de  mon  gré, 
et  sans  y  èlrc  forcé.  Vous  (Missiez  iru  ouir  la 
voix  du  pèr»!  sort  r  de  la  bouche  du  lils,  et 
celhîsdcs  d(Mix  frères  aînés  (nnpninler  l'or- 
gane (h;  leur  calet,  et  se  réunir  toutes  (pia- 
tre  en  une  seule  pour  confiîsser  la  divinité 
(le  Jésus-Christ;  mais  le  proconsul,  ne  corn- 
prtî  anl  as  (iiie  c'est  Dieu  lui-même  (jui 
combat  d  .ns  les  martyrs ,  et  qui  élevait 
l'Ame  d'un  e  d'à  U  au-dessus  des  faiblesses 
de  son  Age,  le  m  nai^a  de  ces  petits  suppli- 
ces do  u  on  a  coutume  de  chAlier  les  en- 
fants. Mais  celui-ci  ne  lit  qu'en  r  re.  Je  vous 
ferai  coup  .r  le  'h  z  et  les  oreilles ,  lui  dit  le 
proconsul,  et  je  vous  renverrai  fn  cet  état. 
Le  [letit  martyr  répondit  à  cela  froidement  : 
Vous  le  pouvez,  mais  je  suis  chrétien.  Le 
proconsul ,  di  simulant  son  dépit  ,  l'envoya 
en  [trison.  E  y  entrant,  Hila  ion  dit  d'un  air 
gai  :  Seigneur,  je  vous  rends  grAces.  » 

SATURNLN  (saint),  fils  de  saint  Saturnin 
prèire,  fut  l'un  des  quaranle-hui;  martyrs 
mis  à  mort  eu  Afrique  spus  le  proconsu. 
Anulin,  en  l'an  de  Jésus-Christ  305  ,  sous  le 
règne  et  durant  la  persécution  que  Dioclé- 
tien  suscita  contre  l'Eglise  du  S.igneur.  {Voy. 
l'article  précédent.)  L'Eglise  célèbre  la  fête 
de  t  us  ces  saints  le  1 1  février. 

SATUUN.N  (sauit),  versa  son  san'?  pour  la 
foi  à  Adrumète  en  Af,  ique  ,  durant  la  [lersé- 
cution  des  Vandales  contre  la  religion  ca- 
tholique. Il  eut  pour  compagnons  de  son 
triomphe  les  saints  Vérule,  Secondin,  Sirice, 
Félix,  Servule,  Fortunat  el  seize  autres  dont 
les  noms  sont  ignorés.  L'Eglise  fait  leur  fête 
le  21  février. 

SATURNIN  {Vîgellius  Saturninus),  procon- 
sul d'Afrique  sous  Sévère  en  lan  200,  est 
cité  dans  la  lettre  de  ïerlullien  à  Scapula, 
comiue  ayant  le  premier  tiré  le  glaive  con- 
tre les  chrétiens  en  Afrique.  On  voit,  dans 
les  Actes  des  martyrs  Scilliiains ,  la  façon 
dont  il  les  interrogea;  on  y  trouve  aussi  la 
sentence  qu'il  prononça  contre  eux.  Peu  de 
temps  après ,  ce  proconsul  persécuteur  fut 
frappé  par  Dieu  d'une  cécité  qui  le  tint  jus- 
qu'à la  lin  de  sa  vie.  Ainsi,  le  [ilus  souvent, 
la  vengeance  du  ciel  s'accomplit  avant  même 
que  la  mort  ait  amen''  les  coupables  devant 
le  grand  tribunal  de  l'éternité. 

SAXUKNIN,  l'un  des  treûte-sept  martyrs 


9i7 


SAT 


(^^yptiVn?  qui  (lonnf>roiit  liMir  «^.ins  pour  l.i 
f.)i  011  llgvpti'  ,  pt  (I  >s«]iiols  HuiMort  a  laissé 
les  Arlps  anthpiili(pios  Voy.  Martyrs  (les 
tro'^to-sepl)  Ér.YPTiKNS. 

SATURNIN  (sniiil),  nrriyr.  rocncillit  la 
glorieuse  palme  du  niarlyre  avec  les  saints 
CasUile,  Mayniis  (  t  Lucius.  L'Eglise  fait  leur 
nu^moire  l-  15  février. 

SATURNIN  (saint),  fut  martyrisé  h  Alexan- 
drie avec  les  saints  Tliyrse  et  Victor;  nous 
ignorons  à  (pielle  époque  et  dans  quelles 
rirro'KNtances.  L'Eglise  l'ait  coUectiveiuent 
leur  fèlc  le  31  janvier. 

SATURNIN  (sai-H),  était  un  vieillard  habi- 
tant Rouie,  et  qui  soulfiit  le  martyre  sur  la 
voie  Sninrid  avec  le  diacre  Sisinne.  Après 
avoir  lauj;ni  longlein[is  en  prison  sous  le 
règne  de  l'empereur  Àlaximien  ,  ils  furent, 
jiar  ordre  du  préfet  d,>  la  vill.> ,  tourment  s 
sur  11-  chevalet,  tirés  avec  viol.^nce,  accablés 
de  coups  de  bAtons  et  de  fouets  garn  s  de 
pointes  (le  fer,  brûlés  en  plusi^-urs  parties  du 
corps;  entin  ,  ayant  été  descendus  du  che- 
valet ,  ils  eurent  la  léle  tranchée.  L'E;^lise 
fait  leur  fête  le  -29  novembre. 

SATURNIN  (saint),  évéque  ,  confessa  la 
foi  df  Jésu^-Christ  h  Véro-ie;  on  ignore  à 
quelle  époque.  Il  est  inscrit  au  Martyrologe 
roniain  le  V  avril. 

SATURNIN  (saint)  ,  fut  martvrisé  en  A*'ri- 
que  avec  neuf  autres  saints,  (iont  les  noms 
mallieureusemenl  sont  ignorés.  Nous  n'a- 
vons |)as  de  détails  authentiques  Mir  hîur 
compte.  L'Eglise  fait  collectivement  leurmé- 
more  le  22  mars. 

SATURNiN  (saint),  fut  martyrisé  avec  saint 
Nérée  et  trois  cent  cinquante-cinq  autres 
dont  les  noms  sont  ignorés.  L  Eglise  faitcol- 
leciivemnit  leur  fête  le  IG  oclobie 

SATURNIN  (saint),  r('(;ul  la  [)nlme  immor- 
telle du  martyre  avec  saint  Théophile  et 
saii.te  Révf)cate.  N.tus  ig.iorons  le  lie\i ,  la 
date  et  I  s  circon.Nlances  d.'  leur  <  ombrit. 
L'Eglise  fait  collectivement  la  fùte  de  ces 
saints  martyrs  le  (i  février. 

SA'IURNIN  (>ainl) ,  mariyr,  reçut  la  cou- 
ronne du  martyre  à  AntiocheavLC  les  saints 
Basilée  et  ,\ux!e.  On  n'a  aucun  détail  sur 
leur  martyie.  L'Eglisi'  fut  leur  fcte  le  27  no- 
Tembre. 

SATURNIN  isiint)  .  martyr,  soutTrit  pour 
la  loi  à  Rome  avec  les  sa  nts  Nr'o[>ole,  iier- 
main  et  Célestin.  Anrés  avoir  beaucoup  souf- 
f.  rt  ,  ils  furrnt  j  les  dans  mie  prison  ,  d  où 
ils  pas.sèrcnt  au  repos  élenul.  L'Eglise  fait 
leur  mi^moire  ]>•  2  mai. 

SA  rURMN  i'saifit),  eut  le  glorieux  privi- 
lège de  donner  sa  vie  pour  Ji'sus-Christ  h 
Poilo,  nver  les  saints  .Martial,  Epictéie,  Ma- 
pnl,  Félix  et  leurs  compagnons,  que  nous 
•le  roiiMaissons  pas.  L'Eglise  honore  leur 
JKMiioire  le  22  aoOl. 

SATURNINE  [s:\\nio]  ,  fut  au  nombre  des 
Quarante-huit  martyrs  ave.  .s.iint  Saturnin, 
en.\fri(jue,  sous  le  proconsul  Anulin ,  en 
l'an  d"  Jésus-«.hr ist  .lO.'i ,  sous  le  règne  et 
durant  la  pi  rséinilion  ipie  Tio  li'-t.en  susi'ila 
contre  l'Eglise  du  Seigneur.  ^Uoy.  S*tirm?i.j 


SAT  928 

L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces  saints  le  11 
février. 

SATURNINE  (sainte),  vierge,  fut  martyri- 
sée h  Arras  à  une  éfioque  et  dans  d"s  cir- 
con-^tances  que  nous  ignorons.  Lie  est 
insi  rite  au  Martyrologe  romain  !e  '»  juin. 

SA  rURNiUS^saint\  eut  la  gloire  de  r|oT;ner 
son  sang  pour  la  foi  cliri-tienne  durant  la 
longue  persécution  de  Trajan.  La  ville  de 
Duraz/.o  en  Albanie  vit  dans  ses  murs  le 
triomphe  de  saint  Saturnins  et  de  ses  com- 
pagnons saint  Pérégrin,  saint  Lutien,  samt 
Pompée,  saint  Hésyrhius,  saint  Papius  et 
saint  (iermain.  Ces  nobles  soldats  du  Christ 
ne  nous  ont  laiss'-  que  leurs  noms  et  la  (  er- 
titude  de  leur  mort  héroïque.  Ils  ont  mi"!- 
(pi  •  d'historiens  pour  la  terre;  nous  saurons 
toute  leur  gloire  à  ce  jour  suprême  où  les 
tombeaux  s'ouvrant ,  s'ouvriront  aussi  les 
portes  éternelles,  montrant  aux  yeux  de 
tous ,  h  côté  des  splendeurs  '!e  Dieii  ,  la  vie, 
les  mérites,  les  combats  de  tous  les  sai  Ms 
ignorés  par  la  terre  et  assis  autour  de  son 
trône.  Saint  Saturnius  est  honoré  par  l'Eglise 
le  7  ji.illet. 

SATYRE  saint),  confesseur,  était  frère 
de  saint  Ambioise  :  1  ur  père,  nommé  Am- 
broise,  était  préfet  du  prétoire.  Notre  saint 
lit  admirer  son  éloquence  dans  le  barreau 
et  parut  dans  l'auditoire  de  la  préfeeture 
avec  un  étlat  et  une  estime  extraordinaires. 
Il  eut  le  gouvernement  d'une  province  et  il 
se  lit  tellem<nt  aimer  des  peuples,  qu'ils  le 
considéraient  [)!utôt  comme  leur  père  que 
comme  leur  juge.  Il  terminait  comme  un 
arbitre  commun  les  dilTérends  des  familles 
à  la  satisfaction  de  tout  le  monde,  et  ren- 
(iait  la  justice  av"c  une  tidélil.'  inébranla- 
ble. Il  ne  recherchait  pas  les  honneurs  du 
siècle  (|ui  lui  étaient  h  charge.  Quand  saint 
Ambroise  fut  ordonné  évèque,  ne  voulant 
pas  avoir  l'embarras  des  affaires  mondâmes, 
il  en  chargea  Satyre,  (pii  peit-ètre  même 
avait  (]uitté  Rome  pour  venir  demeuierà 
Milan  avec  son  frère.  Satyre  exeoUait  en  pu- 
reté, m  innocence,  en  mo<leslie  et  en  smi- 
I  licite  :  en  un  mot,  il  semblait  avoir  toutes 
les  qualités  d'un  enfant,  et  néanmoins  il 
éiait  fort  agissant  et  fort  versé  dans  les  af- 
l'iures.  11  était  chas  e  de  corps  et  encore 
plus  de  cœur  et  d'esprit.  Aussi,  il  n'avait 
point  d'incii  lalion  pour  le  mariage,  Mi'.tn- 
moins  il  n'y  renonçait  [>as  aussi,  cotnme  s'il 
eOt  voulu  éviter  la  vanité  en  ne  fais-inl  pas 
une  profession  piibliipie  de  contint  nce.  il 
(lit  en  mourant  (piil  n'avait  pas  voulu  se 
mari'T  de  OMir  d'être  contraint  de  se  sépa- 
rer de  Ses  frères.  Il  avait  oe  grands  bi.Mis, 
m  is  il  en  usait  de  telle  sorte,  (pi'ils  ntt 
l'empêchai  eut  point  d'être  véri  tablée  lent  pau- 
vre d'<  sprit.  Saint  .\nibroise  et  Ini  se  es- 
semblaient  si  fo,t  de  visage  qu'on  lespe- 
nait  souvent  l'un  pour  l'autre.  L'unittn  de 
leurs  esprits  était  encore  plus  grande,  «n  ils 
semblaient  ne  pouvoir  vivie  l'un  sans  l'au- 
tre ;  mais  ils  ne  s'amiisai«>nt  pas  à  j-c  témoi- 
gner leur  airection  par  des  caresses  exté- 
rieures. Ils  n'avaient  ]»o',iit  fait  de  paitago 
do  leurs  biens  et  tout  était  commun  entre 


92!» 


8AT 


SAT 


OTiO 


oii\,  hormis  lo  st;crol  (h*  J^iirs  ami.s.  Satvro 
(Inliiii'^Ai'.iit  Amhrnis.'  dd  loiis  les  soins  do- 
ni«<  :|ii|ii(vs.  Si  I(^s  viih^ls  avaient  lait  iiia>l.|iu) 
inulc.r'iUail  lui  (iiii  les  |iiiiii.s.sail,  mais  «vrr 
Ix'.iucniii»  (1(1  (Idiicciir.  Ayaiil  ii-solu  avec 
.sailli  Aiiilnoisc  di;  l'aire  ((udijUi'  |ire.s(!iil  a 
eeliii  (jiii  avait  soi'i  de  Inur  bien,  il  en 
donna  loiil  If  iiuM'ile  h  son  lV('*ro.  Saint  Am- 
hroise  dit,  (]iie  ([iiaiid  il  avait  (|iM:li|iie  dilli- 
cuU«5  avec  sa  sdinr  pour  savoir  s'il  lallail 
une  clioso  pliih^t  (|u'uiiO  aiilic ,  ils  s'en 
rapporlaio  11  ,^  Sdyce,  cl  il  ajAissr.il  di;  tello 
inaMiôiT  (lu'il  les  satisfaisait  l'un  et  laulro. 
Sailli  Amnroi.so  avait  un  tel  respect  pour 
lui,  (pie  lors(|u'il  parlait  dans  l'église-,  il 
craignait  do  dire  queUiuu  clioso  qui  lui  dù- 
pini. 

Avant  que  saint  AniUroisofût  nommé  évo- 
que, un  nonnuo  l'rosper  lui  avait  onlovo 
quelque  bien,   el   (pieUpies  poursuites  (pie 

10  sai'il  et  son  l'rèro  oussonl  l'aiUîS  conlro 
lui,  ils  n'avaionl  pu  en  avoir  raison.  L'élé- 
valion  d'Aïubroiso  h  l'épiscopal,  i|ui  l'oiiipô- 
cliail  do  poiisor  à  ces  sortes  d'allaires,  lit 
croire  h  Prosper  ([ue  rien  ne  le  troublerait 
plus  dans  son  usnrpalion.  Mais  Salyro  on- 
tii>[)ril  de  lo  uoursuivro  et  lit  seul  ce  (]ue  les 
douv  ensemble  n'avaii-nl  pu.  H  fallait  qu'avant 
do  quitter  la  terre  il  rendit  oiieoro  h  son 
frère  cotte  preuve  do  son  aUeclion,  on  fai- 
sant voir  à  tout  le  monde  jusqu'où  allait 
son  habileté.  11  enlre[)rit  donc  d'aller  en 
Afrique,  malgré  les  instances  de  saint  Am- 
broise  qui,  comme  s'il  eût  prévu  quelque 
malheur,  craignait  beaucoup  ce  voyage  et 
ecrivr.it  souvent  à  son  frère  pour  le  i)rier 
d'y  envoyer  quoiqu'un  au  lieu  de  lui.  Sa 
crainte  ne  fut  pas  vaine  ;  car  Satyre  lit  nau- 
frage, et  son  vaisseau  ayant  échoué  parmi 
les  écueils  et  des  bancs  de  sables,  il  i'ut  en- 
tin  ouvert  par  la  violence  dos  llols.  Il  n'était 
Doint  encore  baptisé,  et  s'il  ne  craignait  i)as 
la  mo  t,  il  craignait  de  mourir  sans  avoir 
reçu  les  saints  mystères.  Mais  la  foi  le  déli- 
vra dû  ce  danger  ;  car  ayant  demandé  à  ceux 
qu'il  savait  être  baptisés  le  divin  sacre- 
ment des  tiJèles ,  qu'ils  avaieiit  apporté 
rvec  eux,  pour  en  tirer  le  secours  que  sa 
foi  lui  faisait  espérer,  et  non  pour  pénétrer 
}).ir  curiosité  dans  ce  secret  de  l'iiglise,  il  le 
iil  meiue  di'ns  un  linge,  noua  ce  linjo  au- 
tour de  son  cou  et  en  cet  état  se  jeta  dans  la 
mer,  sans  chercher  aucune  planche  du  vais- 
f.eau,  croyant  que  sa  foi  suitisait  pour  le  sau- 
ver. Il  ne  fut  pas  trompé  dans  son  espé- 
rance ;  iJ  gagna  la  teire  tout  le  premier  et 
aida  ensu.te  à  sauver  ses  serviteurs.  Ce  fut 
peul-èire  en  cetie  rencontre  qu'il  lit  des 
vœux,  à  saint  Laurent,  pour  obto'iir  lo  temps 
de  revenir  de  son  voyage.  Après  que  lui  et 
les  aulres  furent  sauvés,  il  ne  s'amusa  point 
h  chercher  les  restes  du  naufrage,  ni  à  re- 
gretter ce  qu'il  avait  perdu.  Il  de'uanda  aus- 
sitôt où  élan  l'église  de  Dieu  pour  lui  ron- 
uie  grâces  de  sa  déhvrance.  11  dit  que  la 
plus  grande  de  nos  obligations  était  de  re- 
coiiiiailre  les  biens  que  nous  avio.is  reçus. 

11  recherchait  encore  l'église  pour  y  partici- 
per aux  mystères  éteruuls  dout  U  venait 


<i'(''proii>'er  la  vertu  et  la  piiis^tniire,  c  o«it-/i- 
dire  pour  icecvoii'  le  baj»l(''iiM',  la  (onllrma- 
tioii  ei  reiiili.ii'isl  e. 

JSlai.s  son  zèle,  (pn-hpio  nrdo'it  qu'il  UM, 
no  iiil  pas  iiidisi  ni  el  léméraire  :  cnr,  sn- 
chaiil  (pi'il  n'y  a  point  dt*  vraie  ^lAce  van.n 
la  vraie  foi,  il  lit  venir  l'évO  iu(t  du  lieu  el 
lui  demainia  s'il  était  d'accoiu  nvee  les  év(>- 
{[xu'.s  (•alli(tli(pies,  e'esl-à-dire  «vim;  l'higliso 
rnuiaino.  (^elle  prévoyance  lui  fut  utile;  car 
il  se  liduva  (pie  eell(!  église  était  dans  le 
schisme  de  Lucifer,  '  t  ainsi  il  y  a  ap|»areii(e 
(jue  ceci  arriv  i  en  Sardaigm;  où  c(;  schisme 
s  était  pri  K  ipdemeiil  répandu.  S.ilyre  (  rai- 
giiaiit  beaiK ouji  do  se  rc.'iiiettre  en  mer  sans 
avoir  leconiiu  (en  locovant  le  b'ipii^ine  el 
l'oucharislio)  la  gnlce  dont  il  était  red(;va- 
ble,  mais  néanmoins  sachanl  (pn;  notr(;  r(î- 
connais.sanc(î  envers  Dieu  dé|)erid  de  noire  foi 
el  de  notre  charité,  plus  (pie  des  sacrtMiients 
extérieurs,  il  aima  mieux  diiférerson  b..['léine 
jusqu'à  ce  (pi'il  le  pût  recevoir  sans  dang(!r. 
Lt  en  elloi,dès(pril  eut  trouvé  une  église  ca- 
tlioli(iuo.  il  ne  manqua  point  de  recevoir  la 
grâce  qu'il  souhaiiait  d(;puis  si  longleuqis. 
Il  le  reçut  a|)paremment  en  Afrique  où  il 
allait;  car  il  laul  que  cela  soit  arrivé  en  y 
allant,  el  non  pas  on  revenant,  puis(pi'apres 
son  naufrage,  il  traversa  j)liisieuis  lois  les 
mors  el  parcourut  de  grandes  provinces.  H 
conserva  sans  lâche  la  grâce  do  son  baptême 
el  vécut  toujours  depuis  uans  une  entière  pu- 
reté de  corps  el  d'esprit.  Satyie  noursuivil 
Prosper  avec  tant  de  vigi  eur,  qu'il  l'obligea 
de  [)ayer  tout  ce  qu'il  devait,  et  néanmoins 
avec  tant  de  modéralion  et  de  douceur  que 
Prosper  no  pouvait  lui  en  savoir  mauvais 
gré  ni  s'empêcher  même  de  l'en  Ion  r. 
Ainsi,  il  acheva  entièrement  cette  grande 
alfairo,  pour  laquelle  il  senible  qu'il  ail  été 
aussi  en  Sicile.  Dura•^t  qu'il  était  absent  et 
appareinnienl  au  commencement  de  celte 
année,  saint  Ambroise  fut  extrêmement,  ma- 
lade, jusqu'à  croiie  qu'il  en  mourrait,  ce 
qu'il  souhaiait  beaucoup.  11  avait  sa  sœur 
auprès  de  lui  qui  lui  leiida.l  tous  les  servi- 
ces dont  elle  était  capable.  Mais  parmi  cette 
consolation  il  s'afUigeait  de  ce  que  Satyre 
n'y  était  pas,  pour  partager  celle  peine  avec 
elle,  el  pour  lui  fermer  les  yeux  après  sa 
mort.  L'atfairo  que  Salj  re  avait  en  Afrique 
étant  achevée,  il  eut  tant  de  âte  de  s'en  revenir 
pour  donner  à  son  fièie  el  à  sa  sœur  la  joie 
de  le  voir  de  retour,  qu'il  ne  se  donna  {)as 
le  loisir  de  chercher  un  bon  vaisseau  et  se 
remit  eu  mer  sur  un  vieux  navire  qui  faisait 
eau  de  tous  côtés.  Néanmoins  il  arriva 
heureusement  en  Italie,  lorsque  l'on  crai- 
gnait la  descente  des  barbares,  c'est-à-dire, 
comme  nous  croyou>,  sur  la  tin  de  cotte 
année,  [>eu  après  la  mort  de  Valens.  U  y  a 
apparence  que  pour  venir  à  Milan,  il  passa 
par  Kome,  où  Symmaque  son  parent  de- 
meurait. Cet  homme  illustre  s'elforça  de  re- 
tenir notre  saint  et  de  l'empêcher  daller  à 
Milan,  parce  que,  disait-il,  tout  y  était  en 
feu,  et  qu'il  se  mettait  en  (ianger  de  tomber 
entre  les  mains  des  barbares.  Mais  Satvre 
lui  répondit  que  c'étdit  cela  même  qui  l'o- 


9^1 


BAT 


SAT 


9n 


bli;5eaU  d'y  aller,  pnrre  qu'il  ne  voulait  pas 
laii>or  son  frère  l  >ul  seul  d.in-^  u  i  t  nips  si 
prille  IX  II  y  vint  eu  elFel  et  il  semble 
m«}aic  qu'il  y  sot  venu  en  hiver,  se  s  u- 
ci.wit  aussi  peu  nu  troi  i  qu-'  (ies  dangers 
qu'on  lui  avait  f  lit  nppréliend  t. 

On  peul  ju^er  de  la  joie  qu'eut  saint  Am- 
broiso  de  revoir  SiUyre  eu  s.inl»',  n\)ro<  de  si 
g;and5  [)éiils.  Le  voyant  revenu  d'AIVifiue 
sans  des  incoiiunolilés  de  la  nier,  ecliappf^ 
du  naufrnge,  il  ne  croyait   pas  qu'aucun  ar- 
cide  U  lïll  capable  -Je  le  lui  ravir;  c.ir  il   ne 
coui}>tait  pour  rien  le  b  en   qu'il    lui   avait 
fait  rendre,  et  il  voulait  luèiue  l'obliger  h  ac- 
cepler  pour  lui  ce  qui    lui  avait  coûté   tant 
de  travaux,  et  fie  d«t  'gi-rs.  Mais  la  mort  de 
sou  frèie  trompa   bi>nti>t   ses   espérances  ; 
elie  suivit  .si  |)roinptonieut  son  retour,  (ju'il 
semblait  que  Dieu  ne  lui  eùi  conserv,'  la  vie 
qu'atiu  qu'il  la  linit  entre  les  bias  de  sai  it 
Ambro  se  (|ui  lui  leriua  les  yeux.  Satyre  le 
laissa   héritier   de   son    bien   sans   vouloir 
faire  de  testaïue  U,  (pioiqu'il  l'en  pressât,  de 
peur,  disa  l-il,  de  blesser  en  i^u  l,|ue  chose 
les  inclinations  de  son  f.  ère.  C'est  pourquoi 
il  Se  couleiita  de  lui  lecouiiuander  quelques 
perso  mes  qu'il   aiinaii,  et   de    le   prier   de 
donieraux  pauvres  ce  ijuil  trouverait  juste 
et    raisonnable.  C'était    dire   assez   à    saint 
Auibroi>e  :  car  il  trouva  ([u'il  élail  .juste  de 
donner  aui  pauvres  tout  ce  (jue  son  frère 
laissait  de  Pieu,  s'en  considérant  non  (;ouune 
l'héritier,  mais  comme  le  siiiijtle  dispensa- 
teur, et  donuant  encore  à  son  Irèie  toute  la 
gloire   d'un  désintéressement  si   extra  'rdi- 
iia;re.  11  ne  [louvait  s  empèeher  de   pleurer 
en  le  voyant  luour  r,  et  ïvityre  tAcliait  ue  le 
cousolei-,  et  lui  disait  qu'il  ne  s'aJili,-;eait  pas 
de  mourir,  mais  de  le   laisser  si  tri.ste  et  si 
abattu.  11  fut   pleuré  de   tout   le  monde  et 
particulièrement  (l  s  pauvres,  dont   les  lar- 
mes étaient  l'expiulion  de  ses  |>échés.  Celte 
douleur  publique'  80u:aj5ea  un   peu  celle  de 
Siiin    Aiiibioi.se.  Nnnob.stani   la   violence  de 
sa  douleur,  il  eut  a-sez  «le  force  |)our  po.ier 
lui-mOme  son  corps  au  tombeau.  11  eut  néan- 
moins bien  de  la  peine  à  luo  érer  sa  dou- 
leur dans  l'éloge  funèbre  qu'il   lit  de  lui  à 
so  1  Ciiterreiue  it  :  «  Nous  avons,  dil-.l,  ac- 
cordé quelque  chose  au  regret  d'avoir  ,  erdu 
un   tel   frère,  de  peur  (pieu  ap|)lnpirtiit  h 
une  plaie  .m  Irai^h-'  des  rcuiédos  li»p  «'Ui- 
l^a/jts,  ils   u'aigu.sseni  le  m-d  pluiM  <)Ue  de 
sl'vidoucir.  Coiiiiue  j'adressais  soiive  il  la  pa- 
jrolj  a  mon  frère  que  j'avais  présent  à  rn«>s 
'yeux,  il  w'a  point   été  ln^rs  de    propos   de 
duuuer  cours  a«ix  .scntiuien  s  de  la  nature. 
La  tendresse  de  l'amil.è  croit  dans   les  lar- 
liic»  ;  elle  trouve  du  soulagement  dais   les 
jileurs  ;  elle  s'enracine  [>lu.s  fortement  dans 
ta  tristesse  :  car  la  piélu  chrélieiinv  >  st  ten- 
dre cl  se  isible.  I.ll<'  n'alVi.'cle  nen   d'pMra- 
oiiiinaire,  de  sauv.ij.<(j,  de  ilur  et  d'mipiloj.;»- 
ble.  C'est  en  supjioi  tant  .sa  douleur  et   non 
|>as  en  la  coiuballant  q.i  on  fait  voir  ({u'ou  a 
de  la  [laluiH  0.  » 

Il  \  relève  beaui  ou|>  les  vertus  rie  son  frère, 
el  l'K^ise  n  autorisé  les  louantes  qu'il  lui 


le  17  de  septembre  .  .luqtiel  on  a  mis  son 
nom  dans  le  .Martyrologe  romain  sur  l'auto- 
rité fie  rE.;lise  «l-*  Milan,  qui  en  fait  ce  jOur- 
là  loftice  dei)uis  plus  de  eiii(|  cents  ans.  Que      , 
si  <;'esl  ip  jour  de  si  mort ,  et  qu'il  soit  re- 
venu h  Milan  durant   1  hiver,  comme  nous 
avons  dit,  il  faut  qu'il  soit  demeuré  environ 
six  mois  avec  son  frère;   et  (cla  peut  ôtre, 
pnisqne  ce  tenvs  pouvait  ne  par.iilre  qu'uQ 
jour  A  un  amour  aussi  ardent  qn'él;'il  celui 
de  saint  Ambroise.  En  ce  cas  ,  il  faudra  ap- 
paremment ditf.Ter  sa  mort  juscpi'à  l'année 
sui-rante.  Divers  mo  iern-s  niett.nl  la  mort    • 
de  saint  Satyre  dans  le  temiis  de  1 1  guerre 
de  Maxime,  (|Uol  pies-uns  en  .3H3,  et  d'au- 
tres en  387.   Leur  raison  est  que  l'on  crai- 
gnait al   r>  en  Italie  les  ravages  el  les  autres 
maux  de  la  guerre;  mais  on   les  cr.ii.;nHit 
de   la    part  des    barbares,  et    de   barbares 
cru'-ls  et  impudi;]nes;    ce  qui  se  rappoite 
fout  à  fait  à  l'an  378.  puisque,  outre  les  Al- 
lemaïKls  qu'on   avait  pu  craindre  eu  Italie 
au  commencement  de  l'anné-STS,  Aminiea 
nous  ai»prend  qu'ajtiès  li  mort  de  "\'alens, 
les  (lOtns  et  les  antres  barbares  ,  entre  les- 
quels éta  eut  les  Taï  aies  ,  peuples  extrême- 
ment  iniitudiques  ,   ravagèrent  sans  auci.n 
einpèeh.'inent  timtes  les  [irovinces  d»*  l'il- 
lyrie ,   juscpi'au   pied  des  Alpes  Julie-^nes. 
Maxime  et  Eugène  purent  bien  amener  des 
barbares  en  Italie,    mais   c'é  aient  Ls  Ro- 
mains qui  étaient  les  chefs  de  la  guerre;  et 
je  ne  sais  si  l'on  eût  eu  h  craindre  d'eux  le 
violement  des  vierges ,  le  massacre  d  s  en- 
fants  et  les  autres  violences  qu'on  appr*'»- 
liendot  lorsqiK,"  Satyre  mourut.  Que  si  Syni- 
maque  mandait  h  S  tyre,  un  pen  uvaiit  qu'il 
mouriit,  (jue  toute  l'it.ilie  était  embr.sée  du 
feu  (le  la  gii-rre,  il  exagéiait  as^uiémeni  les 
choses,  el  (»renail  la  crai.  te  et  les  menaces 
pour  l'etrei;  lar  ilest  vis  ble,  |)arrorauson  fu- 
nèl)re  de  Sat\  re  ,  (pie  les  ennemis  n'étaient 
point  encore  entrés  dans  l'Italie.  Nous  nous 
croyons  ei.cori'  obligé  ,  par   une  autre  rai- 
son, de  mettre  celte  mort  da'^s  lespiemières 
années  de  l'épiscopal  de  saint  Ambroise ,  à 
cause  de  ces  paroles  que  ce  saint  adresse  à 
.son  fière  :  hcnufue  eu   (/uir   ai/iho  nn/uivern- 
mns  ,  solus  ùnpicsti  :  ptnudcbnt  sibi ,  u/  aa- 
(iio  .  Prosprr  ,  qnod  sacrrdotii  mri  occnsione 
redditurnm   sr  qua;  abstadral   tion  putabut  ; 
scd  vehemrnliurein  luain  uniii*  rf/icariain  tx- 
spn'fun  rsl  (junm  duonun.  Le  sens  de  cet  t-n- 
droil  parai-  être  que  ce  Pros^ier ,  que  nous 
ne   connaissons   point  d'autie  part,   avait 
usurpé  qiiel(pie  bien  qui  apparU-nait  à  .saint 
AmbiOLse  avant  son  épiscopal  ;  (jue  le  saint 
et  s  >n  frère  avaiiMil  comme  icé  à  le  poursui- 
vre ,   et  (pie   siint  Anibnuse  a  ant  été  fait 
évè(pie  ,  et  les  obligations  de  sa  charge  lui 
rtlani  le  moyen  de  tonl.nuer  celle  ))0uisuile, 
Sat\re  Te  Mrepril  loul  seul  el  en  vint  a  b(ml. 
Celait  donc  au  (  omuieneciiient  de  l'épiMO- 
pat  de  sa  ni  Aiiibroise.  Or.  la  suit*'  fait  voir, 
ce  me  semltie.  forl    clai  inneMl  (jue  ce  lUl 
pou.    celte  atla:re   que  ^afJlre   ni  le   vo^a.,© 
(I  .Mriiiu  ,  au  retour  duquel  il  uiouiul.  Il  re- 
vint de  ce  voyage  h  MiUui  dur.inl  l'ii  ver ,  et 


donne,  en  l'iiouoiaul  au  oombru  dus  saints,      mourut  aussitôt  après ,  comme  saïul  Àm- 


or..". 


8,\V 


fiCft 


084 


1 


liroisr  lo  (lil  plusieurs  fois  ;  C(*  qui  pnrntt 

(lillirilr  il  /iccnrdcr  nvi'c  le  jour  tic  sa  lôlc.  si 
i  (Ml  vi'iil  (|iii'  ce  so  I  niissi  Ir jimii  lir  sa  iiinil. 
Mmi.s  il  n'i'sl  [»•«  '•x'I-  iH\('(),s>Hir(' tlf  lu  tln'o; 
ul  iiriiiiiiioiiis  il  se  |i(MiI  t'nirc  <|ii'('laiil  revenu 
Mil'  lu  lin  (le  riiiver,  iiii  ii,ni,N  (l((  iiiiiis,  il  ail. 
vi'cii  eiu'oro  environ  si\  inois  après,  «•!  ipn^ 
Ci'S  six  mois  aieiil  pain  hieu  eoiiils  à  un 
amour  «nssi  aideiil  (pi'él.iil  celui  (l(>  saiiil 
Aiiiliroise.  S'il  esi  iikuI  le  17  septemlire  , 
il  semble  ipie  l'o'i  peiil  dire  Jisse/.  iimIiIIV'- 
feimiieiil  ipie  ea  elt*  en  'MH  on  en  .'{7tl  ;  car 
l'irruption  des  Alleinniils  ,  du  ciMi' de  H.'lle, 
<>n  r(Wrier  'MH,  ponvail  l'aire  trembler  l'Il.i- 
lio  ,  l'I  taire  d  re  «i  Ss  mmaipie  (Ui'elle  etail 
(M)  l'ou.N  ainnoinsceln  e.onv.e'd  encore  beau- 
coup niienx  aii\  ravages  olVcivables  (pn^ 
l(?s  liollis  lirenl  dans  loule  l'illviie  el  jus- 
(pi'aux  Alp(\s  Juliennes,  a  la  li'i  deUTH,  a|)rès 
la  mon  de  \a!ens  ;  el  je  pense  cpTil  v.iul 
mieux  so  délermiier  a  ce  sentimenl.  en  mel- 
tanl  1.1  uiorl  ne  Satyre  vers  la  tin  do  378 ,  ou 
;>eu  a  rès ,  on  le  17  soplembro  379 ,  si 
on  s'arriMo  ù  sa  l'cMo. 
Don.;ale,  autour  du  ix*  sièelo,  mar(|UO  que 
saint  Àmbroise  lit  onleiri  r  so  i  l'iôie  Sal»  ro 
t\  la  gauclie  de  saint  Victor ,  in;irlyr ,  ecMobie 
à  Milan  ,  et  til  soi  (^pila|)ho  en  qualro  vers 
qui  [)oitent  (pi'il  ^a^  ail  mis  h  la  y;au.  lie  du 
martyr,  alin  que  ce  saig sacré  pénéiràl  jns- 

3u'h  so'i  lV(Sre  et  lavAt  ses  cendres.  C'est 
ans  celle  (''|)itapht'  que  Satyre  est  nommé 
aussi  Urane.  ^  Tillemont,  passiin.) 

SA 'rVRK  (saint),  passant  un  jour  dans  l'A- 
chau'  devant  un  idole,  el  soul'llant  dessus  en 
imprimant  sui-  son  Iront  lo  signe  de  la  croix, 
Ja  litaussiliH  tomber  par  terre,  et,  à  cause  de 
cola,  fut  déc.a[)ité  [lai-  l(!s  paions.  L'Eglise  ho- 
nore sa  mémoire  le  12 janvier. 

SAULE  (sainte)  reçut  la  palme  du  martyre 
à  Cologne  avec  sainte  Marthe  H  plusieurs 
autres  dont  on  ig  lore  compléteuie  it  les 
noms.  L'Eglise  fait  leur  féli;  le  20  octobre. 

SAULIEU  (5/</</rtc«>»  ou  SedelaucHin),  ville 
de  l'a'iuion  Anlunuis,  qui  faii  maintenant 
|w»r.tie  de  la  Cùte-d'Or.  Sous  l'empire  de 
Marc-Aurèle  ,{  sailli  Andoche  el  sai  il  Tyrse 
clanl  Venus  d'Aulnn  dans  c^'lle  ville,  y  logè- 
rent eliez  un  marchand  nonuné  Félix,  lequel 
était  chi'élioM  el  prali(]uail  la  charité  d'uie 
admirable  façon.  Il  donnait  aux  pauvres  tous 
les,  bénéti.es  ipiil  faisait  dans  son  négOi'e. 
Comme  les  saints  faisaient  leurs  instruclio.is 
dans  sa  maison  ,  ils  fure'il  dénoncés  par  un 
Ol'licier  du  gouverneur,  qui  était  venu  pour 
y  loger.  Ce  gouverneur  lil  arrélei-  saint  An- 
docue  et  sainl  Tyrse  ,  ainsi  que  Félix  ,  qui 
voulut  élre  le  compagnon  de  leurs  dangers 
et  de  leurs  Itiom  hes.  ils  fureit  tous  les 
trois  martyrisés.  (Pour  les  dé  ails,  voy.  les 
articles  de  ces  ditl'é.enls  saints.) 

SAUVÉ  (saint),  évéque  d'Aiigoulôme,  .souf- 
frit le  martyre  dans  la  ville  d,'.  Valencionnes, 
avoc  sainl  Supéry.  L'Eglise  fait  collective- 
ment l.iur  fôle  le'iiG  juin. 

SAV'iN  i^saiutj,  maii.r,  répandit  son  sang 
pour  la  foi  de  Jésus-Chrisl  à  Bresse.  Il  eut 
pour  compagioa  de  son  martyre  saint  Cy- 
pnea.  ISous  mauuuons  de  détails  sur  leurs 


rnmbnlfi.  I/Egliso  honorn  jour  mémoire  le 

1  .   JUlllrl 

SA\  l.\ll'",N  f  KninI  ),  (uil  hi  gloire  de  mou- 
rir pi.ui  lii  loi  MMis  l'empircj  d'Aiirél  eu.  Oo 
prince  t  tant  vi>nii  dans  Icsliaiilis  cl  passant 
à  '1  royes  ,  y  lit  mai  I  \  riser  Saviniiei  ,  ipi'on 
iioiinne  aussi  S.ibinion.  Lck  trois  liiKtoircs 
que  nous  avons  de  rr  snirii  nunivr  ric  v.ile-it 
plis  la  peine  d  él.'c  lues,  lani  c||i->  si.fit  plei- 
ni>K  de  (:ircon.<4t<wieos  évidemmo'it  l'abulei- 
ses.  Après  avoir  séjourné  longleuips  .'i  Sainle- 
Sire  ,  iini  pour  lors  se  iioiiiiii.ul  Sainl-S/ivi- 
nieii  ,  les  reliqiMvs  du  sainl  ont  clé  (ii)rlée.s 
dans  la  (•rtihi''diale  de;  Troses.  La  i'èle  de 
sainl  Sav  illien  est  inscrite  au  Ma.  tyiologe 
romain  sous  la  date  du  !2H  janvier.  Louk- 
temps  l'Lglise  d(>  'l'royes  a  fait  sa  léte  le  5v 
du  même  mois  :  les  (illférenls  ^^■ll^y^ologes 
la  m.nqiienl  ii  des  dates  Irôs-dilléienles. 

SAN  INII'IN  saint),  premier  évé(pie  de  Sens, 
fut  mail»  lise  dans  le  m'  siècle  ,  vers  la  (in  , 
sous  les  ((tminenceiiMeiis  de  Dioclélien,  avec 
sailli  Poleiilien  et  saint  Altiii  ,  ipii  avaient 
été  envoyés  dans  le.-<(iaules  avec  lui  pour  y 
inécli  r  l'Evangile.  Arrivés  h  Sens,  ils  logè- 
rent elle/  un  nommé  Victorin,  (pi'ils  eurent 
le  bonheur  tie  convertir  h  la  religion  chré- 
tienne,  ainsi  (pie  p'us  eurs  autres  idoJAlres, 
entre  autres  Eodald  et  Sérolin.  Sainl  Sérolin 
ei  sainl  Poleiitien  se  rendirent  h  'l'i-oyes  pour 
y  prôclier  l'Evangile;  saint  Altin  et  saint 
Eodald,  après  avoir  séjourné  quelqiu!  temps 
i^  Orléans  ,  vinreiil  à  Cliarires  et  ensuite  à 
Paris.  Ils  convertirent  à  Créteil ,  prc-s  Pa- 
l'is,  saint  Agoard  cl  saint  Agiib.rt.  Tous  ces 
saints  (|ue  nous  venons  de  nommer  revin- 
rent à  >ens  tiouver  saint  Savinien,  et  tous  .y 
furent  maityri>és  avec  qnel(|ues-uns  de  leurs 
disciples.  L'Eglise  iionore  leur  mémoire  coJ- 
lectivemenl  à  li  même  date,  quoiqu'on  sa- 
che (pi'ils  n'ont  pas  tous  été  martyrisés  le 
même  jour  :  c'est  le  31  décembre  qu'arrive 
leur  fête. 

SAZANES  (s-iint) ,  martyr,  eut  le  bonheur 
de  mourir  pour  la  foi  chréti  -nne  en  l'an  3V3 
de  Jésus-Chrisi,  sous  le  règne  de  Sapor  dit 
Longue-Vie.  Il  élaii  laïque,  et  habitait  la 
piovince  des  Huziles.  Sa  fête  est  inscrite  au 
Martyrologe  romain  le  30  novembre. 

SCEMBAiSE(saiid),  martyr  eu  Perse,  mou- 
rut en  l'aînée  327,  sous  Sapor.  {Voy.  les  A&- 
tes  de  saint  Jonas  et  de-saint  Barachise  ,  à 
leur  article.) 

SCHALL  (Adam),  jésuite  de  Cologne,  con- 
tinua dans  l'emiiiré  cniiiois  les  travaux  apos- 
toliques du  P.  Ricci.  L'en)  ler.'ur  Zonchi  le 
coMiut  et  l'estima  |)articulièreinenl.  Il  pro- 
tégeait ouve  tement  le  sain  miss.onnaiie  et 
ses  compagnons  ;  mais  il  se  donna  lui-même 
la  mort,  eiî  163G,  pour  ne  pas  tomber  entre 
les  mains  de  deux  r,  belles  î{ui  s'étaient  em- 
parés de  Pékin.  Les  Chinois  appelèrent  à 
leur  secours  Zunté  ou  Xunte  ,  roi  dts  Tar- 
tares  ,  qui  vainquit  les  usurpateurs,  reprit 
Pékin  ,  mais  demanda  l'empire  j  our  prix  de 
sa  victoire.  Le  P.  Adam  Schall  était  resté  à 
Pékin;  levainqueur  vi.ulut  le  voir,  et  il  seprit 
de  beaucoup  uestime  el  d'ad'ection  pour  lui. 
Non-seulement  il  lui  donna  l'entrée  libre  dans 


95ÎÎ 


SIA 


SI.\ 


93« 


son  palais  ;  mais  il  a.laU  souvent  le  vo'r  dans 
1,1  iii.>i>on  (l'i'il  <)'-cu(iail,  et  passait  [)lusi'  urs 
liciirt's  avec  lui.  L<'  missionnaire  ,  p. u- son 
raractère  aimable  el  insinuait,  disposait  tel- 
Ji'MH'nt  \os  sujets  de  ces  entreliens  ,  qu'il 
passait  des  sciences  mallu'maliiiiR's  h  des 
noinlsde  morale  et  de  religion.  Il  réussi!  à 
inspirer  du  mo.ns  h  ce  prin»-e  une  tell  >  es- 
tinit'  pour  la  religion  chrétienne  ,  •pi'd  <mi 
obtint  pour  les  missionnaires  Id  liberté  de  la 
prêcher  el  de  la  propa^jer  dsns  rein|)ire. 
Aussi  la  mission  évanf;''litjuc  a-l-elle  été 
abonnante  sous  son  règne.  La  haute  consi- 
dération que  procurait  au  P.  Sch.iil  la  di- 
gnité de  présidei.t  «lu  Inbui.d  <ies  mathéma- 
tiques, tourna  au  proiU  de  la  relijion.  Chnn- 
chi  mourut  h  quatro-vuiyls  ans;  il  eut  {)our 
sutees^eur  le  célèbre  Caug-hi  :  il  n'avait  que 
huit  ans  lorsqu'il  monta  sur  le  trône.  Les 
ré.,'onts  de  l'empire  crurent  qu'il  devait  être 
de  leur  politique  de  servir  la  haine  des  bon- 
zes contre  le  christianisme,  et  ilsdevinient 
persécuteurs.  Les  mis.Nionnaires  furent  pres- 
que tous  chargés  de  chaînes,  bannis  el  con- 
duits à  Canton.  Adam  Schall  ,  déchu  du  sa 
faveur,  privé  de  ses  digniiés  ,  accablé  d'o|)- 
probres  et  de  calomnies,  fut  jeté  dan>  les 
prisons  et  condamné  à  mort  |iour  avoir  prê- 
ché la  foi  de  Jésus-Christ.  Dn-u  lui  avait 
inspiré  l'ardeur  du  martyre;  il  s  estima  plus 
heureux  de  confesser  le  nom  de  Dieu  dans 
un  cachot  que  de  l'avoir  annoncé  avec  hon- 
neur dans  Ui  palais  d'un  grand  monar(|ue. 
La  sentence  ne  fut  pas  exécutée;  mais  il 
survécut  p  'U  de  tem[)s  à  ses  longues  souf- 
frances, et  Dieu  rompit  ses  liens  terieslreb , 
[)Our  le  faire  jouir  de  la  liberté  des  enfants 
de  Dieu.  [Choix  des  Lettres  édifiantes,  t.  H, 
p.  28.) 

SCL\DUST  ou  Sadoth  (saint) ,  évêque  de 
Séleucie  et  de  Clésiphon  ,  martyr,  mourut 
pour  la  foi  chrélieiiiie  en  l'an  d».'  Jjsus- 
Clirst  3V2,  durant  la  persécution  de  Sapor. 
Ses  Actes,  que  nous  avons  traduits,  donnent 
son  hisloire  el  celle  de  ses  »;imipagn(ji.s.  L'E- 
glis(!  honore  leur  mémoire  à  tous  le  20  du 
mois  de  février. 

filnrti/rr  de  saint  Scindunt,  (^•fi<jiie  de  S'irurie 
et  de  (téKiplwn,  et  de  ses  cent  rinyt-hutt 
compagnons. 

Dans  ce  temps -là  Sciadust  succéda  h 
.sainl  Siméon  sur  le  si('»,-;e  de  Séleu(;it'  et  de 
Clésiphon.  <-e  saint  ht)mme  eut  en  soUj^o 
une  admi.able  vision.  Peu  lanl  qu'il  en  était 
dnn>  la  slupéfadion.  il  s'éveilla  subi:enu  ni 
cl  la  racoiita  h  sci  Liimliers,  prêtres  et  dia- 
cres, qu'il  savait  hobiiei»  dans  l'cxpli  alion 
des  choses  mvsléri  uses.  Il  m'a  semblé  dans 
mon  somuK  il,  dil-il,  voir  des  é(;helles  d  un 
loflonitique  ir.Tvail  et  liè»-grandco,  t^ui  mon- 
laieU  jusqu'au  «nol.  ,\u  sommet  de  ces 
éch  r.es  éiait  {^uiiéon  qui,  de  ( o  l'aile,  me 
regardant  avec,  ^hs  yeux  remplis  de  douceur 
et  de  joie,  me  p.Tlail  en  ce-,  termes  :  «  Cou- 
ra-,e,  Sciadust,  monte  ir-,  que  crains-tu? 
Hier,  c'était  à  nui  d'y  monter,  aujourd'hui 
c'est  ton  luur.  »  Pour  moi.  tue  reveill.mt 
i^Hi^ilùt,  j'çq  compris  et  Uic&ius  persuadé, 


comme  chose  arrêtée  par  la  rolnnté  divine, 
que  bientôt  jr  devùs  rejoindre  par  le  mar- 
tyre CPt  homme  illustre  :  cr  ce  qu'il  m'a 
(lit  :  A  moi  hier,  ù  tôt  'lujourd'hui,  signifie 
(pi'il  est  mort  l'an  pas."-  .  el  ijne  le  dois  mou- 
rir dans  l'année  iJ'ésenle.  Il  ajoutait,  pour 
exciter  1' 'smit  des  siens  au  martyre,  ces 
paroles  de  r.V|)ùtre  qn"  1  leur  ilonnait  h  mé- 
diter :  Fortifiez-voHs  dons  h  S>'ijneur  et  dans 
sa  vert)i  toute-puissnnte;  rir^tez-vous  di 
toutts  les  armes  de  Dieu;  et  celles-ci  :  Fai- 
sant cela,  vous  brilerez  parmi  les  homn  es 
comme  des  astres  portant  en  vous  soignen-' 
sèment  la  par(de  de  ii>  [Eph'-s.  vi,  10;  Phi- 
lip., Il,  15  I.  U  ajoutait  dans  ie  même  sens  : 
«  Il  est  honteux  de  criindre  la  mort  ((e.i 
peut  venir,  ou  d'éprouver  à  son  asnect  le 
moindre  trouble  d'esprit;  il  est  beau  de 
combattre  courageusement  quand  on  est 
dans  l'agitation  de  celle  vie;  quant  à  ceux 
qui  craignent  la  mort,  ils  doivent  se  tenir, 
pour  ne  pas  paraître  tremlil.'r,  hors  de  la 
portée  du  trait.  Souffrons  tout  pour  le  Christ 
et  pour  notre  religion  vraie  et  certaine.  C'est 
[lourquoi,  maifitenanl  qu'on  nous  déi  lare  la 
guerre,  que  nous  avons  sur  la  gorge  la 
pointe  de  l'épée,  mettons  nos  soins  à  aug- 
mei.ter  notre  courage  et  h  réunir  nos  for- 
ces, et  pendant  que  le  jour  brille,  accélé- 
rons notre  marche  jusqu'à  ce  que  viennent 
les  ténèbres  de  la  nuit,  afin  de  pouvoir  arri- 
ver dignes  du  royaume  réleste  en  posses- 
sion Je  l'éternelle  félicité.  C'est  pourquoi, 
je  vous  prie  et  vous  supplie  de  me  recom- 
mander  à  Dieu  dans  vos  prières,  pour  l'évé- 
nement su[)rôme  qui  se  prépare,  pour  que 
vous  m'aidiez  par  vos  supplications,  afin 
(pie  ce  qui  m'a  été  promis  uans  ma  vision 
me  soit  lieuieusement  accordé,  v 

Ah  1  comliien  ceux  que  l'Esprit-Saint  en- 
fl.uninail  recevaient  la  mort  avec  joie  d'es- 
prit el  gaieté  de  cœur!  .Vh  !  combien,  au  con- 
traire, elait  grande  la  crainle  de  ceux  qui 
suivai«>nt  le  torrent  de  leurs  liassions  mon- 
daines. Les  premiers  chercha  enl  avec  ar- 
deur la  mort,  et  quand  ils  l'av.  lent  trouvée, 
ils  [)  usaient  avoir  remporté  une  glorieuse 
victoire;  les  lâches,  au  contraire,  dans  leur 
in  rlie,  fuyaient  sa  présence  avec  horreur, 
cheiehaie  U  à  se  cacher,  sludi"nx  h  se  con- 
server une  longue  vie.  Ceux  qui  étaient  em- 
brasés de  la  charité  divine,  s  elforcaie  U  de 
sortir  le  [>lus  l(^t  [)ossibli  de  la  ténébreuse 
prison  de  leur  coips  pour  s'enrùli'r  dans  le 
sein  de  Dieu  ;  ceux,  au  conliaire,  qui  étaient 
retenus  par  l'amour  insensé  df  cette  vie, 
cln-rchaieii'  à  u,aider  leur  iiIxTte  et  une  exis- 
tence la  plus  longue  possibh».  Le.s  premiers 
soufiiraient  après  les  délires  et  h  vie  im- 
moi  telle,  les  seconds  s'altachaijul  aux  inlir- 
mitt's  el  h  la  mort  t  Ile-même. 

Dans  la  seconde  auné«;  de  la  pfTséculion, 
le  roi  étant  venu  dans  la  v. Ile  de  Séleucie, 
Sciadust,  homme  d'une  gravite  et  d'une  aus- 
téiité  d"  nururs  remari,uab  >s,  fut  arrêté,  il 
étail  illustre  par  sa  foi  .i  .s.i  piété  ;  son  nom, 
bien  traduit,  signilie  ami  du  roi  :  car  il  ai- 
mail  uniipieinenl  «  I  du  plus  profond  de  son 
cœur  le  IWi  des  cicu^.  Coul  viugl-imil  prc- 


<)7,7                                        m  SCI                                     Ml 

liMvs,  (U/MT(^s, dores  ot  viergos  s/icnUis  furent  KiAtos,  (lisniciil-ils,  nous  di'vons  h  Difii  (|iji 

aii<^l(^.s  jivoc  lui  ri  niis  djuis  la  villr,  les  cliA-  nous  a|i|)<'llc  ii  ce  (((iiilial,  cl  i|iii  nous  tjoiiiio 

Icaux  et  lieux  voisins.  'Ions  liiicnt  condnils  la   coiuotnio   iinc    nous  (lésinons    <|r.'|Miis  .si 


dans  les  pri.sons  |uil)li(|iies,j()l(''s  dans  d'Iior-  loiiKliMiips  I   (iloiro  h  .son  (llirist   (|iii,  nous 

lildcs   cl    saies  eacliols,   et    fiirciil  rcscivi's  liraiil  ilc   la  l'an^c  ilr  rr  sicclc,  nous  allirn  h 

|tcndanl  ciiKl  mois  poui    le  dcMiiicr  sniiplice.  lui,  cl  <|iii  nous  rend,  lavés  de  nos  soiuiju- 

l'cndanl  cet  inleivallc   do  hunps,  ils  furent  ros  par  notnî  sjuik,  dignes  d<;  s/i  luV'.seneo  I  » 

cctnduils  de  la  prison  an  (rihiinal,  cl  coiiiiiie  l.cs  clianls  ne  ccsscrcnl  t\i'  se  f'aiie  entiMi- 

ils    refusaienl  d'adorer  hî   soleil,  ils   lurent  die  (pic  (puind   le   dcinior  (l(!s  martyrs  cul 

aecahlés  de  coups  ;  on   les   inourlril   en  les  re(;u    le  (;ou|)   nïorlel.  (^etio  illusln;  (•oliorl(i 

frappant  avec;  dos  Ic'viers;  on  leur  lit  endn-  de  marlyrs  sonlfril   h;  vin}.;lièiiie  jour  de  In 

rer  tous   les   {j;(»nros   do  supplices    les   |)lus  lune  do  février.  Le  hii^nlicurcnx  Sei.idusl  fut 

cruels.  Connue    les  ju{j;os,  au   nom  du  roi,  conduit,  cliargé  de  cliaJnes,  dans  In  provinco 

leur  j)romellaienl  leur  lilicrU';  s'ils  voulaient  des   Hn/.il(;s,  dans   la    vdie    de   Lapeia  :  \h, 

obéir,  Sciadusl  lit  au  nom  d(î   tous  cetU^  gé-  ayant  livi'o  sa  télo  au  Ijourreau,  il    mourut 

nércuso  ré|tonso  :  «  Allez  dire  h  votre  mai-  conra;.;(;usomonl  pour  lo   Christ  et   dans   sn 

tro  co(;i  do  noire  part  :  lanl  (pie  nous   soin-  hicnlieureusc    esi)érancf.     (  Traduction   de 

nws   soutenus    |)ar   une   même    verlu,  une  l'auteur.) 

m<>me  verilé,  une  même  volonté,  nous  avons  SCIO  ,   île  d(!    rArcln[)ol ,    .'incionnement 

la  mémo  foi  dans  vm  Dieu  uniipio,  et  sachez  r/jjo.v,  est  située  prt's  d(!S  cAtes  do  l'Analolie. 

3ue  jamais  nous  no   souillerons  la  sainlelé  Sa  i)opulalioii,  (jui    naguèr(!  s'éhîvail  h  cent 

0  notre  religion  pour  obéir  i\  votre  volonté  mille    habilanls,   est    maintenant  réduite  au 

en  adorant  le  soleil,  h^   fou,  créatures   (juo  dixième  :  en  18'i2,  les  massacres  dos  'l'urcs 

notre  Dieu  a  faites  pour  noire  commodité  (!t  ont  produit  cet    alfreux   résultat.    En    1G%, 

notre  usage.  Cessez   vos  menaces  ;   aucune  «luand  les  Vénitiens  la  compiironl,  elle  était 

crainte  ne  nous  arracluira  ce  ([ue  vous  nous  encore  plus  peuplée  qu'à  répo(pie  (|uo  nous 

demandez.    Apprêtez    lo    for,   apprêtez    le  venons  do  dire  La  population  chrétienne  y 

glaive,  voici  nos  ItMes  ;  augmonloz  vos  sup-  éUit  déjà  do  cent  mille  individus  ;   mais  les 

plices,  prenez   notre  vie  ;  bien    plus,    nous  Vénitiens  l'abandonnèrent  bientiH  après  et  la 

vous  prions  et  vous  supplions  de  nous  l'ar-  laissèrent  exposée  à  la  merci  des  Turcs  (^ui 

radier  sans    aucun    retard.    Un  jour,   une  on  y  entrant  y  connoiront  toutes  les  atroci- 

heure,  c'est  trop  long  pour  ceux  ((ui  veulent  tés   imaginables.  Partout  où  Mahomet  [)or- 

mourir.  Votre  nésitalion,  vos  rotardoments  tait  ses  coïKiuètes  religieuses,  le  sabre  avait 

ne  nous  feront  point  abjurer;  faites-nous  h  faire  plus  que  moitié  de  la  besogne.  Avant 

mourir  bien  vite.  »  Le  roi  répondit  :  «  Si  la  conquête  vénitienne,  déjà  la  domination 

vous  ne  déposez  votre  entêtement  ot  n'obéis-  turque  avait  posé  sur  cette  île  malheureuse; 

sez  à  mes  ordres,  sachez  quel  vous  touchez  déjà  le  sang  des  martyrs  avait  rougi  son  sol. 

à  votre  dernière  heure.  »  Les  saints  martyrs  L'année  164-5  avait  vu   la  fin.  glorieuse  du 

répliquèrent  dans  un  seul  esprit  :  «  Vous  ne  bienheureux  Alexandre  Baldrati.  (Toy.  son 

comprenez  donc  pas  que  rien  ne  peut  nous  article.) 

arracher  la  vie  que  nous  avons  en  Dieu  et  Lorsque,aprèsla  retraite  des  Vénitiens,  les 

en  son  Christ  ?  Car  après  notre  mort,  il  nous  Turcs  rentrèrent  dans  l'ile,  quelque   chose 

«appellera  à  une  vie  nouvelle,  et  de  mortels  pourtant  surpassa  l'horreur  de  leur  conduite, 

il  nous  rendra  immortels.  Dressez  vos  sup-  ce  fut  celle  des  G^-ecsschismatiques.  Ilsache- 

plices,  si  bon  vous  semble,  les  plus  cruels  tèrent  des  Turcs  à  prix  d'argent  lo  droit  de 

et  les  plus  grands  ;  la  mort  que  nous  souf-  persécuter  les  catholiques  ;  ils  renversèrent 

frons    pour   Jésus  -  Christ    nous    trouvera  l'église  et  la  maison  dos  jésuites,  établisse- 

joyeux  et  pleins  de  courage.  Quant  à  ce  qui  ment  dont  ils  étaient  en  possession   depuis 

est  du  reste,  plusieurs  fois  nous  vous  l'avons  plus  de  cent  ans.  Les  jésuites  ne  purent  se 

dit,  nous  ne  commettrons  point  le  crime  de  résoudre  à  quitter  cette  île  et  à  laisser  sans 

paraître  adorer  le  soleil  ou  d'obéir  à  vos  or-  secours  cinq  mille  catholiques  qui  n'avaient 

dres  ,  au  grand  scandale  des  esprits  fai-  qu'eux  pour  les  soutenir  dans  des  circons- 

bles.  »  tances  si  fâcheuses.  Obligés  de  quitter  leur 

Tous  furent  condamnés  à  la  peine  capi-  habit  religieux,  ils  prirent  des  habits  laïques 

taie,  et  ordre  fut  donné  de  les  conduire  au  et  se  mirent  à  parcourir  les  maisons  des  ca- 

supplice.  Dès  que  les  bienheureux  martyrs  tholiques  pour  administrer  les  secours  delà 

connurent  la  condamnation  capitale  que  le  religion  et  aflermir  leur  foi.   Les  schismati- 

roi  avait  prononcée,  ils  se  hâtèrent  de  se  li-  ques,  pour  répandre  la  terreur  et  décrier  le 

vrer  aux  exécuteurs.  Entourés  des  licteurs  rite  latin,  avaient  oblenu  à  force  d'argent  la 

qui  les  conduisaient  à  la  mort,  en  signe  de  mort  de  quatre  des  plus  qualifiés  catholiques 

joie  ils  chantaient  d'une  voix  suave  et  har-  dont   deux  étaient  de  la  maison  des  Justi- 

monieuse  le  psaume  qui  commence  ainsi:  niani.  Le  lendemain  de  leur  mort,  leurs  épou- 

Jtigez  notre  cause,  6  Seigneur,  tirez   ven-  ses,  malgré  la  délicatesse  et  la  timidité  de 

geance  pour  nous  d'un  peuple  inhumain  et  leur  sexe,   allèrent     trouver  le  séraskier, 

des  hommes  qui  versent  le  sang,  et  arrachez-  menant  à  la  main  leurs  petits  enfants  :  «  Sei- 

nous  à  ceux  qui  pratiquent  la  fraude  {Psal.  gneur,  lui  dirent-elles  d'un  ton  assuré,  vous 

XLii).  Quand  ils  furent  arrivés  au  lieu  du  avez  fait  mourir  hier  nos  maris,  parce  qu'ils 

supplice,  qui  était  hors  de  la  ville,  ils  s'ex-  étaient  catholiques,  faites-en  autant  de  nous 

hortaient  mutuellement  à  la  mort  :  «Que  de  et  de  ces  petits  innocents  que  vous  voyez, 

DicTio.N.v.  DES  Persécutions.  II,  30 


<)ôd 


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SEB 


940 


car  nous  sommes  tous  do  la  raAme  religion 
que  no>  i'i><Hiï  cl  nous  n'en  changerons  ja- 
mais, x  Le  séraskier,  frappé  de  ce  S[)eclacle 
déc'iiranU  fil  dislribi»  r  h  cos  dames  dos  mou- 
choirs brodés  d'or  et  It-ur  dil  :  «  Ne  m'impu- 
tez pas  la  mort  de  vos  époui ,  ce  n'est  pas 
moi,  ce  sont  ces  hommes  cruels  (  monlr  tnt 
les  primais  grecs  )  que  vous  devez  accuser 
de  celle  barbarie.  » 

M.  de  Casiagnères,  alors  ambassadeur  à  la 
Porte,  informé  de  ces  inj\isles  vexations,  or- 
donna au  consul  de  Smvrne  d'envoyer  un 
vice-consul  à  Scio,  d'y  éla'.>lir  une  chapelle 
qui  serait  à  l'usage  des  calholiqU'S  et  d'y 
nommer  un  missionnaire  pour  son  chape- 
lain. Le  vice-consul  exécuta  ses  ordres,  et 
Louis  XIV  contirma celte  disp(Jsilion  perdes 
lollres-palentes  expédiées  en  faveur  des  jé- 
suites en  1006;  c'est  ce  qui  sauva  la  mission 
de  Scio.  Les  Latins  virent  avec  une  graiide 
consolation  la  chapelle  française  suppléer  à 
la  perle  des  érjlises  qu'on  leur  avait  enlevées. 
Les  schismatiques  n'vn  devinrent  que  plus 
énnannnés  <!e  colère  et  de  jalousie  contre  les 
catholiques  :  taxes  excessives,  emprisonne- 
ments, citations  éternelles  devant  les  juges, 
accusations,  calomnies  atroces  et  quelquefois 
ridicules,  tout  fut  mis  en  œuvre  |)Our  rebu- 
ter les  catholiques  de  l'exercice  de  leur  reli- 
gion. 

On  sait  assez  qu  en  Turquie  le  nom  de 
pai>e  est  en  horreur  comme  étant  le  premier 
et  le  |>lus  irréconcdiable  ennemi  de  la  reli- 
gion de  Mahomet.  Les  schismatiques  n'eu- 
rent pas  houtt;  de  traduire  les  cathoUtpies 
devant  le  cadi  et  de  les  accuser  d'être  ses 
partisans  et  ses  complices;  les  missionnaires 
lurent  cités  à  son  tribunal.  Avertis  par  des 
Turcs  de  considération,  du  pii'ge  qu'on  leur 
tendait,  ils  répondirent  aux  interrogatoires 
qu'on  leur  fit  subir,  sans  jamais  prononcer 
le  nom  du  pape,  et  se  relranchanl  toujours 
à  dire  qu'ils  étaient  les  desservants  de  la 
chapelle  du  roi  de  France  ;  qu'enlin,  ils  n'a- 
vaiiiil  que  la  même  foi  et  la  même  religion 
que  ce  grand  monaniue. 

L'interrogatoire  avait  duré  plus  d'une 
heure.  A  la  !in,  un  bey  de  galère,  favorable- 
ment disposé  pour  les  missionnaires,  et  iati- 
g\ié  de  ce  m.nié.;e,  dit  en  se  levant:  «  Tout 
ceci  me  eonliruje  dans  uion  opunon  ;  je  mu 
lierai  toujours  plus  à  ceux  qui  croioul 
comme  les  Fiançais,  ipi'à  ceux  (pii  o>ent 
s'en  rendre  ie>  accusateurs.  »  L'allaire  eu 
demeura  là,  il  n'y  eut  point  d'acte  judiciaire 
dre->sé  et  les  Latins  en  furent  quille  pour 
cent  écus  du  dé|ieus.  La  persécution  se  ral- 
luma encore  de  temps  en  temps,  mais  le 
«•r<''ilil  du  roi  d'  France  acheva  «le  l'aire  ren- 
dre ju>tice  entière  et  la  liberté  de  leur  reli- 
gion aux  catljoli((ues  de  Scio.  il  est  vrai  qu'il 
ne  vient  guère  de  nouveau  |)aeha  et  de  nou- 
veau cadi  fe  Scio.  qu  ils  ne  lds^ellt  mettre  les 
catholiques  à  couli  ibiilicKi,  sous  divers  pré- 
texl'S  i|ui  nu  manquiui  jamais  h  la  eupnlité 
insatiable  de  ces  oili'iei  s.  I.fs  catholiques  y 
sont  si  fort  ac«outuuje->,  qu 'des  (jue  narais- 
fenl(pielques  »  haï  iL'xians  ces  olluiers, 

ils  se  preparnul  it  .  *  ^    ^>*u  'H  aux  uvanics. 


On  compose  alors  et  tout  se  remet  dans  l'or- 
dre au  moyen  de  quelques  boiuses  plus  ou 
moins  fortes  que  Von  oïlVe  au  pacha  ou  au 
cadi.  f  Lrtt.  e'dif.,  vol.  V.  |..  G9.  ) 

S(^0KP10NS,  scorpioms,  ou  fouets  garnis 
de  pointes.  On  nonnuait  ain>i  des  lt)uets 
tressés  de  telle  façon  (|ue,  tie  dislance  en 
distance,  il  sortait  de  la  corde  ou  tresse 
l»rincipale  de  petites  cordes  auxquelles 
étaient  allai  liées  des  pointes  de  fer.  On  don- 
nait aussi  ce  nom  aux  branches  garnies  de 
pointes  dont  on  se  servait  pour  frapper  les 
martyrs;  souvent  on  prenait  |»our  cet  usage 
des  branches  d'acacias.  En  Perse,  surtout, 
ce  dernier  genre  de  supplice  était  fort  usité. 
Les  seorpions  faisaient  endurer  aux  saints 
d'horribles  tourments;  souvent,  quand  on 
avait  déchiré  les  victimes  avec  les  branches 
d'ai bies  garnies  de  pointes,  on  en  garnissait 
leur  prison  et  on  les  couchait  tout  nus  sur  ce 
lit  de  nouvelle  espèce. 

SCUBICULL  (saint),  diacre  et  martyr, 
donna  sa  vie  pour  la  foi  chrétienne,  vers 
l'an  -286,  sous  1  empire  de  Dioclétien.  Il  fut 
martyrisé  dans  le  Vexin,  par  ordre  du  pré- 
sident Fescenninus,  avec  sainte  Piancie  et 
les  saints  Nicaise  et  Quirin.  Aujourd'hui  ses 
reliipies,  ou  du  moins  uii«  partie,  sont  dans 
l'église  de  Saint-Aignan  à  Orléans.  L'Eglise 
vénère  tous  ces  saints  martyrs  le  11  octo- 
bre. 

St^YTHOPOLlS.  aujourd'hui  Bisan,  ville 
de  Palestine  en  Samarie,  doit,  dit-on.  sa  fon- 
dation aux  Scytiies  (pii  envahirent  la  Syrie 
et  la  Médie.  Elle  est  célèbre  parson  évèque, 
saint  Sévérien,  qui  soutîrit  le  martyre  eu 
k'ô'î  ou  453,  par  ordre  de  rimi)ie  Théodose, 
moine  eutycnien,  qui, se  voyant  protégé  par 
l'inqiératrice  Eudoxie,  veuve  de  Théo(K;)se  le 
Jeune,  persécutait  cruellement  les  chré- 
tiens. 

SÉBASTE,  ville  de  la  petite  Arménie, 
avait  pour  enqiereur  Licinius,  dans  les  an- 
nées 31G,  318  et  320.  Ce  prince,  oubliant  les 
services  que  le  Dieu  des  chrétiens  lui  avait 
rendus,  devint  leur  persécuteuj'.  Dans  la  ville 
de  Sébasie,  Agricolaus  lit  mourir  il'abord 
saint  Rlaise,  évù({ue  de  cette  ville,  et  ensuite 
les  (piarante  soldats  connus  et  honorés  par 
l'Eglise  sous  le  nom  dos  quarante  martyrs  de 
Sébaste.  ^  Voy.  Blaisk:  ,  .>Lvrtyrs  de  Sk- 
nvsrr.  ^ 

SÉBASTIE  i^saiute),  reçulla  palu\e  di>  glo- 
rieux combat lants  de  la  loi  pour  la  delense 
di'  la  religion  ehiétienne,  uan^  la  ville  de 
Sirmich  en  Pannonio.  Elle  eut  pour  compa- 
gnons de  son  martyre  saint  Innocent  et 
tienle  autres  dont  inalheureu-eiuenl  Ks 
noms  ne  sont  point  nnrvenus  jusiju  à  nous. 
L'Eglise  honore  coUeclivemenl  leur  sainte 
uieiiioiie  le  '^  juillet. 

SÉiiVSllEN  isauit  .  ofticier  du  palais  du 
l'empereur  ('.arni  et  de  li  mpereur  Dioclé- 
tien, eut  la  gloire  de  niiturir  pour  Jésus- 
Christ,  comme  il  est  iiit  d.iis  ses  Actes,  que 
nous  donneions  ici  entièrement  :  ces  Actes 
lui  sont  communs  avec  une  grande  quantité 
de  saints  martyrs  ;    nous  y  renvoyons  sou- 


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vciil  (l;ins   o  cours  ili'  <'<'l  ouvra;^?,  ol,  il   (^sl 
utile  (]ii(i  le  Iccltmi-  puis.se  v  rfiouiii'. 

S.iiiil  S(l);isli(Mi  rl.'iil  ril(iy«>n  do  N.iiIxtiiiHi, 
el  ruii  V  inonlic  ciicoio  lo  lieu  où  rnii  |iri''- 
Iciid  (|ii'il  csl  ii(^  L'on  l'M  a  l'ail  iiiir  l'-^lisr  iIm 
.SOI)  iJiiiii.  Mais  il  l'iail  oi'i;^iiuiii'r  ilr  Milan, 
(>l  il  V  lui  ('■Icvi'.  Il  (|iiil(a  ilc|)iiis  crlU'  villo 
pour  venir  ^  Uouie  chcichor  la  coiiitjnno 
(in  niai'!,)!'!',  an  moins  dans  le  dessein  <lo 
Dien,  .si  ee  n'élail  \his  la  viu>  ((n'il  avail 
alors.  Il  du  élevé  dans  les  cliarj^es  militai- 
ii>s  ,  soil  |iar  (larin  ,  (|ni  ié;;;na  de|tnis  -iSi 
jnst^n'on  -iHii,  soit  |»ai-  t|nel(|n'nii  de  S4'S  |iit)- 
décosj(>nrs;  el  dans  cet  emploi,  il  si  lil  ai- 
iiUM'  des  sold.ils  el  de  tout  U;  monde  par  sa 
prndeufu,  sa  l)onlé,  sa  sineériU''  el  plusieurs 
antres  j^r.indes  tpialilés  (pu'  la  piét(''  el  la 
i^i;\ce  doil  son  ànw  était  remplio  ,  faisaient 
parai  ire  au  tieliors.  Il  avail  résolu  d'altord 
de  ni}  poitd  enlrer  dans  la  prol'ession  des 
arnu's,  el  il  conserva  lonli>  sa  vie  Ld'ancitnp 
d'éinii^iiLMUenl  poiu'  ceKo  couiJilion.  Mais  lo 
désir  di'  servir  ses  frères  dais  Irs  p(M'sécu- 
lio'iS(pi'on  leur  suscitait,  l'emporta  sin-  sou 
inclination.  Il  ac(^epta  doue  cet  (unploi ,  et 
cacha  sous  nu  lialiil  inililairo  l'esp^  it  d'un 
^éiérenx  soldat  de  Jésus-!. luisl,  àtiui  ii  of- 
Irail  lous  les  jours  avec  soin  le  sacrilice  de 
ses  bonnes  iLHivres,  mais  avec  tout  lo  socrel 
cpi'il  [)ouvail,  piiur  empêcher  (juc  les  euipe- 
riUH's  n'eu  eussent  connaissance,  non  (}u'il 
crai.^nil  de  perdre  les  biens  ou  la  vie  poiir 
Jésus-lihrist,  mais  [)arce  que  ce  secret  lui 
donnait  plus  d'  moyens  d'encourager  les 
chrétieis  (pii  succoinhairut  sous  la  violence 
des  louriuenls,  et  d'a-«surer  à  Dieu  les  âmes 
que  le  démon  s'ell'orçait  de  lui  ivivir.  Car 
quoi(|ue  l'Jv^i  se  jouil  alors  (h»  la  paix, 
connue  nous  l'appr.  i)f)ns  tl'Eu^èhe,  néan- 
moins l'histoire  de  notre  saint  nous  oblige 
de  dire  qu'il  y  eut  quel((ue  [)ei'sécution  à 
Rome,  vers  l'an  :28V,  sous  Carin  ,  et  dans  les 
premières  années  de  Dioclétien,  qui  lui  suc- 
céda. 

Les  plus  illustres  de  ceux  que  Dieu  assista 
par  son  moyen,  furent  saint  Marc;  et  saint 
Marcellien.  C'étaient  deux  frères  jumeaux, 
d'une  très-illustre  famille,  et  il  semble  même, 
par  le  titre  iiui  leur  est  donné,  qu'ils  fussent 
sénateurs  romains.  Ils  avaient  aussi  beau- 
coup de  biens,  et  même  des  femmes  et  des 
enfants,  c'est-à-dii-e  bien  des  fardeaux  ca- 
j)ables  de  les  empêcher  de  passer  par  la 
porte  étroite  et  de  courir  dans  la  voie  do 
Dieu.  Leur  père  est  nommé  Tranquillin,  et 
leur  mère  Marcie,  l'un  et  l'autre  tout  blancs 
de  vieillesse,  mais  encore  païens.  Et  néan- 
moins on  assure  que  Marc  el  Marcellien 
étaient  chrétiens  dès  leur  premier  âge ,  ce 
qui  ne  s'est  pu  faire  que  par  quelque  ordre 
extraordinaire  de  la  Providence.  Les  deux 
frères  ayant  été  arrêtés  pour  la  foi,  saint  Sé- 
bastien ne  manquait  point  de  les  aller  visi- 
ter lous  les  jours  pour  les  Ibrlifier,  et  il  ren- 
dait ce  devoir  tant  à  eux  qu'à  leurs  servi- 
teurs qui  avaient  été  pris  avec  eux,  et  qui 
pouvaient  les  avoir  nourris  et  entretenus 
dajns  la  foi. 
Nous  iMî  sav<3fls  pas  ce  qui  arriva  de  ces 


serviteurs.  Pour  les  deu\  fièro»,  ayant  wuif- 
l'rrl  avet;  biMUcoup  de  persévérance,  par  \i-i 
consolations  céleslev  dont  ils  élaicul  rt-nipJis, 
les  l'oui'lsilonl  on  le<>  avjil  dé*  liiréii,  ils  fu- 
rent eiilin  co'idamnés  ù  avoir  la  tOle  Iraii- 
chi're.  Mais  leui>  pareuls  o|ilitni*nt  du  prtj- 
l'el  de  lt<»me,  nomiiii'  A^revUu.s  (;iiroinidi4i.^, 
iMi  dé'Iai  de  dente  jonr.s  pour  essayer,  dil- 
raidce  temps,  di*  surmoulej-  leur  ('(jh^I^iicm, 
Ils  furent  mis  à  la  garde  et  i.-n  la  lumsitti  du 
OKUiiier  grellicr  du  la  prc'-fucttne,  nooiiné 
Siicostrale,  où  ils  avaient  le:»  mains  euchal- 
lujytj.  Ils  y  ('laieiit  g^irdés  par  ordre  du  pré- 
fet et  (h;  l'empejeui'. 

Leur  père,  hiur  mèrr,',  leurs  femiue.s  aven 
leurs  entants  encore  (oui  petits,  t;t  leurs 
amis,  tirent  ce  (pi'ils  purent  pour  les  lli-chir, 
el  Ituus  larmes  commenraicuit  déjà  ii  péni'-- 
Irer  el  à  amollir  lesc(burs  des  martyrs,  lors- 
(pie  S('baslieii,  (jui,  comme  nous  l'avons  dil, 
les  venait  visiter  tous  les  jours,  h.'ui'  releva 
le  courage  par  uu  discours  aoijoil  el  persua- 
sif (pii  dura  environ  une  heure.  Il  l'adressa 
pi'es([ue  tout  entiei-  ;\  ceux  cpii  voulaient 
perdre  les  martyrs  par  uii  amour  chiM-iel  et 
terrestre  ;  et  il  lit  aussi  un  merv(!illeux  ein^t 
sur  leurs  esprits,  ilais  Dieu  cm  augmenta 
beaucoup  la  force  par  un  grand  luii-aclo  ; 
car,  durant  tout  le  temps  (pie  le  saint  parla, 
il  parut  environné  d'une  luuiière  tout  ex- 
traorilinaire  :  on  vit  aussi  sept  anges ,  di- 
sent ses  Actes,  «pii  le  revêtirent  d'iui  liabit 
blanc,  et  un  je  ne  homme  qui  lui  don  «ait 
la  paix  et  lui  promettait  ([u'il  serait  toujours 
avec  lui.  Ces  miracles  peuvent  ne  pas  pa- 
raître incroyables,  puisijue  nous  allons  voir 
les  grands  effets  de  grâce  auxquels  on  a  heu 
de  croire  (lu'ils  contribuèrent. 

Dès  que  saint  Si'b.islien  eut  cessé  de  par- 
ler, Zoé,  femme  de  Nicostrate,  se  jeta  à  ses 
pieds,  tàch  int  de  faire  connaître  par  ses 
gestes  ce  qu'elle  souhaitait  de  lui.  Car  il  v 
avait  six  ans  qu'une  maladie  lui  avait  fait 
perdre  la  parole.  Sébastien  ayant  appris  sou 
état,  lit  le  signe  de  la  croix  sur  sa  bouche, 
demandant  tout  haut  à  Jésus-Christ  qu'il 
lui  plût  de  la  guérir,  si  tout  ce  qu'il  venait 
de  dire  était  véritable.  L'elfet  suivit  la  pa- 
role, et  Zoé  commença  à  s'écrier  pour  louer 
le  saint  el  témoigner  qu'elle  croyait  tout  ce 
qn  il  avait  dit.  Elle  déclara  aussi  qu'elle 
avait  vu  un  ange  descendu  du  ciel  qui  te- 
nait un  livre  ouvert  devant  les  yeux  du 
saint,  où  tout  ce  qu'il  avait  dit  était  écrit 
mot  à  mot. 

Nicostrate ,  voyant  la  guéri  son  de  sa 
femme,  se  jeta  aussi  aux  pieds  de  Sébastien, 
demanda  pardon  «.''avoir  retenu  des  saisis 
en  prison,  leur  ôfa  en  même  temps  leurs 
chaînes,  et  les  pria  de  s'en  aller  où  il  leur 
plairait,  déclarant  qu'il  se  tiendrait  heureux 
d'être  lu. -même  mis  en  prison  pour  leur 
avoir  donné  la  liberté  ,  et  d'éteindre  par  son 
sang  les  feux  éternels  qu'il  méritait.  Marc  et 
Mai  C(?llien  louèrent  sa  foi  si  parfaite  dès  son 
oi'iginc,  mais  ils  neuient  gaide  d'abandon- 
n;  r  le  combat  pour  l'y  exposer  en  leur 
place. 

La  grâce  ne  s'arrêta  pas  à  Nicostrate  et  à. 


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sa  femme  :  elle  se  repandit  sur  tous  ceui 
qui  étnienl  présents.  Marc  et  Marcellien  fu- 
rent airermis  dans  leur  foi ,  vl  ils  eurent  la 
joie  de  voir  ceux  oui  avaient  fait  tant  d'ef- 
forts pour  les  arrartier  h  Jt^sus-dhrist,  deve- 
nir eux-mêmes  ses  humbles  disciples.  Marc 
leur  fit  un  discours  où,  s'adressant  particu- 
lièrement à  son  père,  à  sa  mère,  h  sa  femme, 
et  à  celle  de  son  frère  ,  il  les  exhorta  h  sou- 
tenir généreusement  la  foi  qu'ils  témoi- 
gnaient voulo  r  embrasser,  h  ne  point  crain- 
dre tout  ce  que  le  démon  pourrait  faire 
pour  la  leur  ravir,  à  mépriser,  pour  obte- 
nir une  félicité  sans  tin  et  sans  bornes  ,  une 
vie  que  mille  accidents  nous  peuvent  ra- 
vir, et  qui  n'est  qu'une  source  d'aillictions 
et  de  crimes. 

Tous  ceux  de  l'assemblée  ftwidaient  en 
larmes,  mt'lai>t  lt>s  rej^fets  de  leur  infidélité 
passée  avec  les  actions  de  grAces  (ju'ils  ren- 
daient h  Dieu  de  les  en  avoir  délivrés.  Ni- 
costrate  protesta  qu'il  ne  boirait  et  ne  man- 
gerait point  (|u'il  n'eiU  reçu  le  saint  bap- 
tême. Mais  Sébastien  lui  dit  (ju'il  devait  au- 
§  ara  vaut  changer  de  dignité,  devenir  olficier 
e  Jésus-Christ,  d'oflicier  qu'il  était  du  pré- 
fet, et  amener  chez  lui  tous  les  prisonniers 
qu'il  avait  en  garde,  afin  qu'ils  fussent  caté- 
cliisés.  Car  si  le  diable,  ajouta-t-il,  s'elforcu 
de  ravir  ceux  qui  sont  à  Jésus-Christ,  nous 
devons  au  contraire  tAcher  de  restituer  à  leur 
créateur  ceux  que  son  ennemi  a  injustement 
usurpés.  Il  l'assura  que  s'il  olfrait  ce  présent 
à  Jésus-Christ  au  commencement  de  sa  con- 
version ,  il  en  serait  bientôt  récompensé  par 
le  martyre. 

Nicosirate  s'en  alla  donc  trouver  le  geôlier, 
nommé  Claude,  pour  lui  dire  d'amener  chez 
lui  tous  les  prisonniers,  sous  prétexte  qu'il 
les  voulait  tenir  [uèls  pour  comparaître  à  la 
première  séance.  Saint  Sébastien  leur  fit  une 
exhortation,  en  suite  de  lacpielle  voyant  (pi'ils 
témoignaient  le  changement  de  leurs  cœurs 
par  leurs  larmes  et  par  d'autr(>s  marques  ex- 
térieures, il  leur  tit  ôter  leurs  chaînes,  et 
f»uis  s'en  alla  chercher  un  saint  prêtre  nommé 
'olycarpe,  qui  était  caché  h  cause  de  la  per- 
sécution, et  l'amena  chez  Nicostrate.  Poly- 
carpt-,  après  avoir  téuioigné  à  ces  nouveaux 
convertis  la  joie  (ju'il  avait  de  leur  bonheur, 
et  leur  avoir  fait  espérer  le  pardon  de  la  mi- 
séricorde divine,  leur  onlonna  d(>  jeilner  jus- 
qu'au soir,  et  de  donner  chacun  leur  nom, 
ce  qu'ils  exécutèrent  aussitôt  avec  grande 
joie. 

Sur  ces  entrefaites,  Claude  vint  dire  h  Ni- 
costrate (pie  le  préfet  trouvait  fort  mauvais 
qu'il  t'ilt  fait  venir  tous  les  prisonniers  chez 
lui,  et  (pi'il  le  mandait  pour  lui  en  venir 
rendre  raison.  Il  y  fut  aussitôt,  et  satisfit  le 
préfet  en  lui  disant  que  c'était  pour  épou- 
vanter davantage  les  chrétiens  qu'il  avait 
che/.  lui,  par  l'eXfiiipif  de^  snp|»li( es  des 
autres,  (i'est  un  iiifiisonge  qu'il  faut  (  ondam- 
ner,  mais  qu'il  faut  en  même  temps  excuser 
m  une  personne  qui  n'était  pas  encore  ins- 
truite. 

Kn  s'en  revenant,  il  raconta  ,\  Claude  qui 
l'accuuipagnait  tout  ce  ({ui  était  arrivé  chez 


lui,  particulièrement  la  guérison  de  sa  fem- 
me. Claude  en  fut  touché,  et  il  alla  quérir 
deux  enfants  au'il  avait,  dont  l'un  était  hy- 
dropique et  1  autre  incommodé  de  divers 
maux.  Il  les  mit  devant  les  saints,  témoi- 
gnant qu'il  attendait  deux  la  santé  de  ses 
enfants,  et  que  pour  lui  il  croyait  de  tout 
son  cœur  en  Jésus-Christ.  Lfs  saints  l'assu- 
rèrent qu'eux  et  tous  les  autres  qui  étaient 
présents  seraient  guéris  de  tous  leurs  maux 
aussitôt  qu'ils  seraient  chrétiens.  Car  la  fer- 
metf'  de  leur  foi  et  la  confiance  nu'ils  avaient 
en  Dieu  leur  faisait  attendre  de  sa  miséri- 
corde ce  fju'ils  jugeraient  être  oécoësaire 
pour  le  salut  de  ces  i)ersnnnes;  et  celui  qui 
a  luomis  (^u'îl  accordera  tout  ce  qu'on  lui 
demandera  avec  une  ferme  espérance  de 
l'obtenir  vérifiait  en  eux  cette  promesse. 

On  prit  en  même  temps  les  noms  de  ceux 
qui  demandaient  le  baptême ,  qui  étaient 
Tranquillin,  six  de  ses  amis  nommés  Aris- 
ton,  Crescentien,  Eutychien,  Urbain,  Vital  et 
Juste,  puis  Nicostrate,  Castore,  son  frère, 
Claude  le  geôlier  avec  ses  deux  enfants,  Fé- 
licissime  et  Félix;  l'un  desquels  se  nommait 
aussi  Symphorion;  Marcie,  femme  de  Tran- 
quillin, avec  les  femmes  et  les  enfants  des 
saints  Marc  et  Marcellien;  Symphorose,  se- 
conde femme  de  Claude,  Zoé,  femme  de  Ni- 
costrate, [)uis  toute  la  famille  de  Nicostrate, 
au  nombre  de  trente-trois  personnes;  et  en- 
fin les  prisonniers  convertis,  qui  étaient 
seize,  ce  (jui  faisait  en  tout  soixante-huit 
personnes.  Dans  la  suite  il  est  parlé  de 
Victoiin  ,  frère  de  Claude  :  mais  peut-être 
qu'il  fut  converti  en  qiiel(|ue  autre  occa- 
sion. 

Ils  furent  tous  baptisés  par  saint  Poly- 
car[)e.  Sébastien  servit  de  parrain  aux  hom- 
mes; Béatrix,  depuis  martyre,  et  Lucine  fu- 
rent les  marraines  de  celles  de  leur  sexe.  Les 
deux  enfants  de  Claude  furent  baptisés  les 
premiers,  et  sortirent  des  fonts  aussi  sains 
qu'aucun  des  autres ,  n'ayant  pas  seule- 
ment la  moindre  manpie  d'aucune  incom- 
modité. 

Tranquillin  fut  baptisé  après  eux.  Il  avait 
la  gouite  depuis  onze  ans,  et  il  en  était  tel- 
lement tourmenté  aux  pieils  et  aux  mains, 
qu'il  pouvait  h  peine  soulfrir  qu'on  le  por- 
tAt.  Il  ne  pouvait  pas  même  porter  sa  main  v\ 
sa  bouche  pour  maii;j;er.  et  il  endura  de  très- 
grandes  douleurs  ipiand  il  le  fallut  déshabil- 
hr  pour  le  ba|>tiser.  Saint  Polycarpe  lui  de- 
mandant s'il  croyait  de  tout  sou  cœur  i\\\o 
Jésus-Christ,  Fils  unique  de  Dieu,  pouvait 
lui  rendre  la  santé  et  lui  pardonner  tous  ses 
péchés,  il  répondit  tout  haut  qu'il  recon- 
naissait de  tout  son  cœur  que  Jésus-Christ 
était  Fils  de  Dieu,  et  qu'il  pouvait  lui  accor- 
der le  salut  de  l'Aine  et  du  corps;  mais  qu'il 
ne  demandait  (jue  la  rémission  de  ses  pé- 
clii's  ,  et  (pie  (piand  même  il  demeurerait 
dans  ses  douleurs  après  la  sanctification  du 
baptême,  il  ne  pourrait  pas  douter  de  la  foi 
d(>  JéMis-Christ.  ("ett(^  parole  tira  des  larmes  m 
de  joie  d(>  tous  les  saints,  et  ils  demandèrent  1 
h  Dieu  qu'il  lui  accordAl  l'effet  d'une  foi  si 
pure.  Saint  Poiycarpc  l'ayant  oint  du  chrême, 


9-iK                          sf'U  si:n                        »40 

iwi  (Icniaiidn  imo  socondo  fois  s'il  croynil  jui  Innlivs  «os  idoles,   rnssiirnnt  (jii'il  nn  m;iii- 

Pric,  ail  l'ijs  cl  «Il  S;iiiil-lvs|tfit.    Ml.   i)    ii'ciil  i|in'i;iil  p.is  d'/^liT  ^'iH-ri   niissilùl.  (■Jiroiiiaro 

pas  pliilAl  rô|i(iiidiM|iit' nui, (Mil' sa  poulie  lut  vunliil  It-  l'ain-  Ijiiii!   par  ses  ^ciis;    lunis   lo 

f^m'iic  l'ii  un  iiiotiiiMil,  ri  il  (Icscciidit  d<<  lui-  saint   lui    rcmrscnta  (pu;   lo  (iiahic  pourrait 

iiK^iiic  dans  la  Inniainc,  sans  <^ln'  iiorlr  iiar  leur   nuire   a  cause   de    leur  inlidéliti''  et  du 

p«'is()Mne,  eu  s'ccriant  :  N'oiis  (Mes  le  seul  et  leur   nenliK(Mice,   et  cpie  l'on  dirait  aussitôt 

verilaMc  l>i»Mi  (pio  ce  niiscTahle  monde   ik»  ijin!  c'('lait  en  punition  do  ce  (ju'ils  nurnient 

eonnait  noinl.  ahallii  ces  idoles.  Saint  Si'liaslicii  y  lut  dono 

Tous  les  autres  l'urenl  l)aplis('s  ensuite,  et  lin-UK-nie  avec  saint  l'olycarite,  el  après  s'i^tro 

diiraiil  les  dix  jours  (pii  rivslaienl  des  treiihî  mis  en   pri(''re ,  ils  hrisi^-rent  idus  do  deux 


accordtVs  |)ar  le  priMcl  à  'l'ivuKpiiliin  pour  ses  cenis  stalues  de  Imites  soiles  d(;  inaiKTfîs. 

onlanls,  ces  nouveaux  elir(''liens  ne  s'oecu-  Us  trouv('rent  cependant  .'i  liMir  icloiirqim 

pi^'ieut  qn'h  louer  I)i(>u  et  h  se  pn^pnrer  au  Cliromnee  n'(''lail  pas  ^uéri.   Ils   lui    dirent 

eoiuhal,  d(Vsiranl  tous  aideiinuenl  h*  mattyro,  <|u'il  restait  assuiY'iiient  (pntlfpie  chose  à  hri- 

jus(|u'au\  t'enuues  et  aux  eiil'ants.  ser,  ou  (pu;  la  loi  n'(''lait  pas  eneorcî  enli(''r<!, 

(Jnand  ces  trente  jours  fuient  expirés,  lo  et  il  leur  avoua  (lu'il  avait  un  eahiiu.'t  rcm- 
pr(M"et  ('hroinace  envoya  (pn'rir  'l'i-aïupiillin  ,  nli  de  macliinos  de»  verre  et  de  cristal  pour 
(|ui  l(^  remercia  extrêmement  du  di-iai  (|u'il  l'astroloi^'ie  (pii  avait  extrômenuiiit  coûté  <i 
lui  avait  accordé,  parce  (ju'il  avait  conservé  ^on  |)ère,  nommé  Tanpiin,  et  c^u'il  était  bien 
les  enlanls  au  pi'^re  et  rendu  le  père  aux  en-  aise  di;  le  conserver  comme  I  ornemiMit  d(; 
fants.  (^hromace  ne  comprenani  pas  ce  (|u'il  sa  maison.  Néanmoins  les  saints  lui  ayant 
voulait  dire,  lui  dil  (]u'il  l'allait  donc  (juo  ses  lait  voir  la  vanité  de  l'astroloyie  et  de  toutes 
enlanls  vinssent  oiVrir  de  l'encens  aux  dieux  ;  les  prédictions  (jue  l'on  en  tirait,  il  li'\ir  pcr- 
el  alors  Trampiillin  s'expliipiant  plus  clai-  niit  'd'en  faire  ce  (ju'ils  voudraicMit.  'l'ihurce, 
renient,  lui  déclara  (pi'il  était  chrétien,  et  lils  de  Chromace,  ne  put  soullrir  qu'on  bri- 
que c'était  par  ce  moyen  (pi'il  était  guéri  sAt  une  pièce  si  |)récicuse  et  si  rare;  mais, 
de  la  goutte  dont  il  était  travaillé  aujiara-  ne  voulant  pas  aussi  empocher  la  guérison 
vaut.  de  son  père,  il  lit  allumer  deux  fourneaux, 

Ceci  toucha  Chromace,  qui  avait  le  même  protestant  que  si  l'on  brisait  ce  cabinet  sans 

mal.  Mais  ne  voulant  pas  encore  le  témoi-  que  son  père  guérît,  il  y  ferait  jeter  Sébastien 

gner,  à  cause  sans  doute  des  autres  i)erson-  et  Polvcarpe.  Les  saints  acceptèrent  volon- 

nes  qui  l'écoutaienl,  après  divers  discours  tiers  la  condition,   quoique  Chromace  s'y 

qu'ils  eurent  ensemble,  il  lit  arrêter  Tran-  oi)posAt. 

quillin  pour  le  mener  en  prison,  disant  (Tu'il  Mais  en  môme  temps  qu'ils  cassaient  ces 

I  entendrait  h  la  première  séance.  .Mais  il  se  machines,  un  jeune  homme  apparut  h  Chro- 
le  fit  amener  secrètement  dans  la  nuit,  et  mace,  et  lui  dit  qu'il  éiait  envoyé  de  Jésus- 
lui  promit  beaucoup  d'argent  pour  appren-  Christ  pour  le  guérir.  Il  fut  guéri  en  effet  à 
dre  le  remède  qui  l'avait  guéri  de  son  mal.  ce  moment,  et  commença  à  courir  après  ce 
Tranquillin  se  moqua  de  l'argent  qu'il  lui  jeune  homme  pour  lui  baiser  les  pieds;  mais 
promettait,  mais  il  1  assura  qu'il  n'avait  point  il  le  lui  défendit,  parce  qu'il  n'était  pas  en- 
trouvé  d'autre  remède  que  de  croire  en  Je-  core  lavé  et  sanctifié  par  le  baptême.  Il  se 
sus-Christ,  et  que  s'il  voulait  éprouver  le  jeta  donc  aux  pieds  de  Sébastien,  et  ïiburce 
môme  remède,  il  en  recevrait  aussi  le  même  en  môme  temps  h  ceux  de  saint  Polycarpe. 
soulagement.  Chromace  le  laissa  aller,  en  lui  Saint  Sébastien  lui  représenta  ensuite  que, 
disant  de  lui  amener  celui  qui  l'avait  fait  dans  la  dignité  où  il  était,  d  ne  pouvait  pas 
chrétien,  atin  que  si  cet  homme  lui  promet-  s'exempter  de  se  trouver  aux  spectacles,  sans 
tait  aussi  de  le  guérir,  il  pût  embrasser  la  parler  du  jugement  des  procès,  oii  il  est  dif- 
môme  religion.  licile  qu'il  ne  se  mêlât  alors  bien  des  choses 

Tranquillin  fut  aussitôt  trouver  saint  Po-  contraires  à  la  profession  du  christianisme, 

lycarpe,  et  le  mena  secrètement  chez  le  pré-  et  c'était  même  devant  le  préfet  de  Rome 

fei,  qui  lui  promit  la  moitié  de  son  bien  s'il  qu'on  poursuivait  les  chrétiens.  C'est  pour- 

le  pouvait  guérir  de  sa  goutte.  Polycarpe  lui  quoi  il  lui  conseilla  de  demander  un  succes- 

répondit  que  ce  trafic  serait  criminel  i)Our  seur,  afin  de  se  débarrasser  de  toutes  les  oc- 

l'un  et  pour  l'autre;  mais  que  Jésus-Christ  cupations  du  monde  et  ne  songer  qu'à  son 

pouvait  éclairer  ses  ténèbres  et  le  guérir  de  salut.  Chromace  exécuta  ce  conseil ,  et  en- 

ses  maux  s'il  croyait  en  lui  de  tout  son  cœur,  voya  dès  le  jour  même  prier  ses  amis  qui 

II  le  catéchisa  ensuite  et  lui  ordonna  un  étaient  en  cour  de  l'assister  de  leur  crédit 
jeûne  de  trois  jours,  dont  il  s'acquitta  lui-  pour  cet  efiet. 

même  avec  saint  Sébastien.  Le  troisième  Lorsqu'il  fut  prêt  d'être  baptisé,  saint  Po- 

jour  ils  revinrent  ensemble  trouver  Chro-  lycarpe  lui  demandant,  parmi  les  autres  in- 

mace  ,  et  prirent  sujet  des  douleurs  de  sa  terrogations,  s'il  renonçait  à  tous  ses  péchés, 

goutte  de  lui  parler  des  supplices  éternels,  il  répondit  qu'il  était  un  peu  tard  de  lui  faire 

Chromace  donna  aussitôt  son  nom  et  ce-  cette  demande,  mais  qu'il  aimait  mieux  se 

lui  de  Tiburce ,  son  fils  unique ,  pour  être  rhabiller  et  différer  son  baptême  pour  y  sa- 

faits  chrétiens.  Mais  saint  Sébastien  l'avertit  tisfaire.  Qu'il  voulait  pardonner  à  tous  ceux 

de  ne  pas  souhaiter  le  baptême  par  le  désir  contre  qui  il  était  en   colère,  remettre  ce 

d'être  guéri  plutôt  que  par  une  véritable  foi,  qu'on  lui  devait,  rendre  tout  ce  qu'il  avait 

et  lui  demanda  que,  pour  marque  d'une  en-  pris  par  violence;  qu'il  avait  eu  deux  con- 

ticre  conversion,  il  leur  permit  d'aller  briser  cubines  après  la  mort  de  sa  femme,  et  qu'il 


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SEB 


SEB 


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vi>n)ail  leur  donnpr  nne  plein©  liborti''  avpc 
leur  inariaiio  .  ot  liMir  trouver  des  ninris  ; 
qtiaprès  i  ela  li  prniaeltrait  de  renoncer  k 
tous  les  p<*r.h«'«s  et  aux  voluptés  du  monde. 
Siint  Polycarpe  approuva  son  dessein,  et  lui 
dit  qwe  c'était  pour  accomplir  ce  renouce- 
nieiit  que  Ion  ordonnait  quarant»'  jours  à 
ceux  q>wi  voulaient  recevoir  le  hapfcHue , 
lorsque  rien  ne  les  pressait  i\o  le  recevoir. 

T»hurre  renonça  aussi  au  barreau  ,  où  il 
était  prés  de  s'engager ,  ayant  déjà  acquis 
})eauroiqi  d'érudition  et  d  éloqiio  ice.  Il  re- 
çut dès  lors  le  haptéme,  et  Chromace,  ayant 
renoncé  iî  toutes  les  affaires  du  monde,  le  re- 
çut peu  de  jours  après.  On  baptisa  avec  lui 
i.400  [>ersonnes  de  sa  famille  J»  qui  il  avait 
dès  auparavant  donné  la  liberté,  disant  ([ue 
ceux  qui  commençaient  h  avoir  Dieu  pf)ur 
père  ne  devaient  plus  être  esclaves  d'un 
liomme.  Aussi  saint  Chrysostome  remarque 
qu'il  n'est  point  dit  qui»  b'?  prenders  chré- 
lie'Hs  vendissent  leurs  esclaves  pour  en  ajv 
porter  l'argent  aux  pieds  des  apAlres,  parce 
(pn^apparemmenf  ilsl  m  donnaient lal  berté. 
pour  le  nombre  de  l.VOO,  il  n'e-t  pas  fort 
étonnant,  puisque  saint*-  Midanie  la  Jeune 
en  alfranihii  8,000,  selon  les  trîdncteurs 
de  Palla«le,  et  il  y  en  eut  encore  d'autres  qui 
ne  voulurent  pas  recevoir  la  liberté. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'ici  peut 
s'être  passé  à  la  fin  de  l'année  28V  ,  lorsipie 
Carin  régnait  ?>  Rome  et  Diodétien  en 
Orient,  depuis  le  1"  scptcmljre  de  la  même 
année.  En  l'an  285,  Carin  alla  combattre 
Diodétien  ,  qui  s'avançait  contre  lui.  La 
guerre  se  lit  dans  l'Illyne;  Tarin  y  fu!  lue. 
Dioclétien  demeura  maître  de  tout  rem|)ire 
et  Je  partagea  avec.  Maximien  Hercule  le 
1"  avnl  28(i.  Ce  grand  cliangiMiient  de  l'em- 
idre  ne  changea  rien  h  l'égard  de  saint  Si'- 
Dastien  ni  des  autres  dirétiens  de  Rome.  La 
j>erséculio:!  iproii  leur  avait  fiite  soust^irin 
continua  après  sa  mort  et  fut  assez  viole  île 
on  l'an  280.  Ll  néanmoins,  comme  saint  Sé- 
bastien ne  se  dé.'larail  point  ouverteiuent 
pour  chrétien,  Dinclélien  étant  veiui  à  Konn; 
cri  285,  non-seulement  le  conserva  dans 
l'eiuploi  conmie  les  atitres  ofticiers  <le  Carin, 
mais  nril  même  une  alfcrlion  particulière 
pour  lui  ,  de  sorte  qu'il  lui  donna  la  charge 
«le  capitaine  de  la  première  compagnie  des 
gardes  prétoriennes  qu'il  voulait  laisser  à 
Rome  ;  et  tant  qu',1  demeura  ilans  celle  ville, 
il  voulut  loujouis  avoir  le  saint  auprès  de 
sa  per^otine ,  ce  que  M.iximien,  îi  ipii  il 
laissa  l'Orcident,  faisait  aussi. 

Ce|»endant  lomme  la  persécution  était  as- 
sez grande  à  l'i'gird  tjes  autres  chiétiens, 
Chromaco,  par  l'avis  du  pape,  »pii  était  alors 
saint  Caïus,  les  retira  fous  chez  lui,  c'est-?i- 
dire  to  ir  ceux  qui  avaient  été  cf»nverfis  de- 
'piiis  peu,  et  il  en  eut  un  tid  soin,  qu'aucun 
d'eux  ne  fut  réduit  ?»  la  nécessité  de  sacri- 
fier. M.ii5  comme  il  était  difficile  (pie  son 
changement  flemeur.lt  longtemps  caché,  il 
demanda  h  l'ciuL)çreur  la  perunssion  de  se 
retirer  dans  la  Cauipanie,  ofi  il  avait  de  fort 
belles  terres,  coDune  pnur  y  rélablir  sa  sanlt'«. 
Car  on  roil  par  riiistoire  que  les  vsénateiirs 


ne  pouvaient  s'exenqifer  de  résider  à  Rome 
pour  se  trouver  au  sénat,  s'ils  n'en  étaient 
exemptés  par  leur  âge  ou  par  une  grAce  par- 
ticulière. Il  obtint  cette  permission,  et  offrit 
de  retirer  avec  lui  dans  ses  ferres  tous  les 
chrétiens  qui  voudraient  le  suivre.  Comme 
ces  nouveaux  fidèles  avaient  une  confiance 
pailiciilière  en  saint  Polycarpe  et  en  saint 
Sébastien,  il  était  h  propos  que  l'un  des  deux 
fût  avec  eux  dans  la  Cainpanie.  Cela  était  dif- 
ficile à  saint  Sébastien  à  cause  de  sa  charge, 
outre  qu  il  espérait,  en  demeurant  à  Rome, 
trouver  plas  aisémeut  l'oieasion  du  martyre. 
Mais  Polycarpe  ne  la  cherchait  pas  moins. 
Ainsi  leur  zèle  causa  vuio  dispute  entre  ces 
deux  saints,  l'un  et  l'autre  voul mt  demeurer 
dans  la  ville  afin  d'y  répandre  son  sang  pour 
Jésus-Christ.  Cependant,  comme  ils  ne  le 
j)<»uvaienl  l'aire  sans  abandonner  les  m<  m- 
bre»  de  Jésus-Christ,  le  pape  jugea  que  Po- 
lycarpe, qui  exerçait  si  dignement  le  sacer- 
doce et  i|ui  était  plein  de  la  science  de  Dieu, 
devait  aller  avec  ceux  qui  se  retiraient  dms 
la  Cauqianie  pour  les  fo  tifiiT  et  les  assister. 
Saint  .\ugustin  souhaitait  de  voir  une  dis- 
|»ute  de  celle  nature  entre  les  ministres  de 
lE .1,11  se,  qui  fit  voir  l'ardeur  de  leur  charité 
et  qui   pldt  h  la  charité. 

Le  dimanche  étant  donc  venu,  le  pape 
célébra  les  saints  mystères  dans  la  maison 
de  Chromace,  et  puis  a\aiit  parlé  de  la  grâce 
de  la  confession  et  de  celle  du  martyre,  il 
dit  aux  fidèles  qu'ils  pouvaient  h  leur  choix 
ou  demeurer  avec  lui  dans  la  ville,  ou  se 
retirer  avec  Chromace  et  Tiburce.  Mais  Ti- 
burce  ob  int  de  lui  de  deme  rer  dans  la 
ville,  ce  que  son  père  lui  avait  sans  doute 
déjà  ai'cordé,  quoicpie  l'histoire  ne  l'exprime 
j>as.  Il  y  demeura  donc  avec  saint  SébasIitMi, 
les  saints  Maïc  et  Marcellien,  Trancjuillin, 
leur  père,  Nicostrate,  Zoé.  sa  femnie,  et 
Ca>ti)r,  sou  frère:  Claude  .Symphorien  , son 
fils,  et  Viclorin  ,  frère  d-  Cdaude.  Tous  les 
autres  se  retii'èrent  avec  Chromace. 

Le  pape  fil  piètre  Tranqnillin,  et  si\s  en- 
fants diacres.  Les  autres  furent  ordo!Uiés 
sous-diacM'es,  honnis  Sébastien  qui,  servant 
toujours  h's  tidèles  smis  l'habit  de  capi- 
taine, fut  fait,  disent  ses  Actes,  défenseur 
de  l'Rglise,  par  le  pape.  Ce  litre  manpiait 
du  lem,*  de  saint  Crégoire  le  (irand,  ccnix 
(pie  les  j  apes  employaient  [larlicnlièremeiu 
au  secours  et  h  l'assistance  tl€.s  pauvres. 
Saint  Sébisfien  est  le  pnnnier  h  qui  il  su 
trouve  attribué.  L'un  des  premiers  api^ès  lui 
est  C.yriaque,  l'un  des  disciples  de  Marcel 
d'Ancyre,  ipii  signe  en  l'an  Ml  une  profes- 
sion de  foi  dans  saint  Kpiphaue.  a|>rès  divers 
ecdé^iastiqnes.  et  est  (pialili('  défiMiseur  de 
réglis(>  d'Ancvre.  Nous  irouvons  aussi  un 
rescrit  de  Valinitinien  I*',  en  lan  MH,  qui 
parle  d'une  reipiète  que  le  défenseur  de  IK- 
glise  r«unaine  et  1-*  pape  Damage  lui  avaie  il 
envoyée,  pour  demandtM-  qu'on  rendit  h  Da- 
mase  une  église  tenue  parles  partisans  d'I'r- 
sin  atltipape. 

Les  saints  qui  étaient  flemeuié«  h  Rome, 
n'v  trouvant  pas  de  lieu  pour  y  être  en  siW 
reté,  -«<»  retirèr»«nl   avec  Jo  paf>e,  dans  le  pa- 


* 


î)ifl 


sin 


mu 


î)r;o 


lj\is  inAiiio  (lo  r«Mi)|M>iciir,  rhoz  ini  rioiiunrt 
Cdstuh^  (|iii  (Mail  clnrlKMi  .ivcc,  (oiilo  sji  l'a- 
niilN',  ut  daiil;!!!!  plus  |»ro|(n'  |)niir  los  ci\- 
rlirr,  que,  (Icnn'iinuil  <liiiis  In  imlais,  il  n'i'- 
Inil  inillriDOiil  siispccl.  Il  avait  soin  des 
rliivrs  (lu  palais,  mais  son  loj^oniciif  l'tait 
lotit  C\f\  liant. 

Les  saillis  dcnnMiraitMit  donr  avec  (lastiiic, 
occuixVs  joui'  cl  iniit  aii\  laiincs,  aux  jcilncs 
cl  h  la  prière,  pour  ohtiMiir  «l(>  l>i('ii  In  pcr- 
s(''V(^raiic('  «M  la  i^ivlcc  du  niai'lvro.  Ils  y  fai- 
sait'Hl  aussi  hcaiiconp  i\r  nnrathvs  ciivrrs  les 
chn'tit'ns  cpii  y  voiiaieiil  iinpIoriM-  liMiriissis- 
laiicP.  TilMinv  rlanl  une  fois  sorti,  rcncon- 
Ifa  iinjcnnc  lionniKi  tpii,  ('«tant  loinl>(''dr  fort 
haut,  s*(''!ail  tcllcnuMU  brisé  tous  les  inoiii- 
Im'os  ,  (pi'on  ni»  sonvicait  plus  qu'à  l'cntri- 
rcr.  'lilinric  domamla  ipi  on  le  laissAl  diro 
(pu^lipics  parolos  sur  lui,  pourvoir  s'il  ne  U; 
muMiraif  point.  VA  on  clîVf,  anssilùt  (pi'll 
ont  |)r()nonf(''  sur  lui  TOraisoii  dominicale 
et  le  Symbole,  ce  jeune  lioiinne  lut  parfai- 
lcincnl"t;n(''ri.  Tibnrcc,  prolilanl  (h- la  recon- 
naissance que  Jui  Icinoignaicnl  le  père  et  la 
mère  de  ce  jeune  homme,  les  lira  h  part, 
liHir  ikV'Ouviit  la  vertu  du  nom  di'  JtVsns- 
Christ,  et  puis  les  amena  au  pape,  qui  les 
baptisa  eux  et  leur  lils. 

1/auteur  de  celte  histoire  lémoli^ne  en- 
suite qu'iltpassc  beaucoup  de  choses  de  cette 
nature ,  pour  venir  au  martyre  dont  ces 
saints  furent  couronn(^s  l'un  après  l'autre. 
Sainte  Zoé,  femme  de  Nicostrate,  leur  donna 
l'exemple.  Car,  étant  allée  prier  au  tombeau 
(!(>  saint  Pierre,  le  jour  de  la  fête  des  apo- 
Ires,  elle  y  fut  prise  et  menée  au  patron  du 
((iiarticr  de  la  Naumaquie.  C'était  apparem- 
ment quelque  odicier  de  police  établi  au 
delà  du  Tibre,  où  était  le  tombeau  de  saint 
Pierre,  et  où  il  y  avait  aussi  uue  naumaqnin, 
c'est-à-dire  un  lieu  destiné  à  représenter 
un  combat  naval. 

Cet  ollicier  la  voulut  contraindre  d'offrir 
de  rencens  à  Mars,  ce  qu'elle  refusa  en  se 
moijuant  des  païens  et  de  leurs  dieux,  et  en 
témoignant  i[u'elle  mettait  toute  sa  confiance 
en  Jésus-Christ.  On  la  mit  en  prison  le  soir 
de  ce  môme  jour,  et  elle  y  demeura  cinq 
jours  entiers  sans  boire  ni  manger,  sans 
voir  aucune  lumière,  et  sans  entendre  autre 
chose  que  les  menaces  qu'on  lui  faisait  de 
J'y  laisser  mourir  de  faim,  si  elle  ne  pro- 
nïettait  de  sacrifier.  Six  jours  étant  passés, 
en  comptant  le  jour  de  la  prise,  on  en  parla 
au  préfet,  qui  commanda  qu'on  la  pendît 
à  uu  arbre  par  le  cou  et  par  les  cheveux,  et 
qu'on  allumAt  dessous  du  feu  de  fumier. 
Elle  rendit  l'âme  dès  qu'elle  fut  en  cet  état. 
On  attacha  son  corps  à  une  pierre,  et  on  le 
jeta  dans  le  Tibre,  de  peur,  disaient  les 
païens,  que  les  chr 'tiens  n'en  hssent  une 
déesse.  Usuard,  Adon,  Yandelbert,  et  divers 
autres  mettent  sa  fête  le  5  juillet.  Il  faut  ap- 
paremment rapporter  sa  mort  et  celle  des 
autres  dont  nous  allons  parler,  à  l'an  286, 
amjuel  les  Actes  de  saint  Sébastien  mar- 
quent que  fut  la  grande  persécution.  Les 
Grecs  ont  eu  à  Constantinople  dès  les  v'  et 
vr  siècles  une  église  de  sainte  Zoé.  Mais 


nn  voit  qiMi  c'est  d  uiio  niilro  niftplyre  ,  (pii 
a  soulforl  /i  Allialic  i-n  Asie,  soiis  Adrien. 

Ccllo  de  Hoinc  s'apparut  /i  s/mil  Scba«!lien, 
après  son  mariyrc,  iinir  Ini  afiprctidre  Ha 
mort.  Saint  Schasticn  l"/i\aMf  racontée  aux 
autres  ,  Tianqnillin  sortit  m  firtlc,  (hsnrit 
qu'il  était  honteux  (luc  d(»N  rcmincs  les  pré- 
vinssent, et  s'en  alla  prier  au  tonilieaii  do 
Maint  P/uil,  le  jour  de  l'o,  lave  des  a|i<^(res. 
Il  y  fut  pris  (tomme  il  souhaitait,  et  tué  par- 
le |teuple  h  coups  de  pierres  :  son  (()i|is  fut 
aussi  jeté  dans  le  Tibre.  Klorus  et  les  autres 
ipie  nous  venons  de  citer  marquent  sa  l/»le 
le  même  jo   r,  c'est-à-dire  le  «1  juillet. 

Nicostrate,  <'.laude,  Caslore',   Viclniin  (ri 
Symphorien    furent  pris  aussi  en  cln.'rchant 
les  corps    des  martyrs  sainte  Zoé  et  .saint 
Tranquillin,  et  meiKvs  an   piéfel  de  la  ville, 
ui  est   nommé    Fabien   on   cet    endroit    et 
ans  la  snili-.  Il  |;1clia   innti'ement,  diiranl 
i\  jours,  lanlùl  d'ép(uivaiiter  les  saint-,  par 
ses   menaces,  tantôt   do   les  gagner  par  ses 
caresses.  Enlin  il  en    |).irla  aux    emi).  reurs. 
Car  Dioclélirn  et    .Maximien  pouvaient  êlrci 
alors  à  Home,  selon  les  Actes  de  saint  .Mau- 
rice :  et  cela  est  aisé  à  croire  de  Maximien. 
C(>s  nrinces   ordo'inèrent  d'appli<pier   trois 
fois  les  saints  à  la  torture.  Mais  n'y  ayait 
point  eu  de  tourment  capable  de  les  abattre, 
Fabien  les  lit  jeter  dans  la  mer.  Cela  ne  se 
ritauplustotquelel7juillet.  Néanmoins,  leur 
fête  est  marquée  le  7  du  même  mois   dans 
Usuard,   Adon,  et  le  Martyrologe  romain. 
Florus  la  met,  à  cause  de  ([uelque  transla- 
tion, le  8  novembre,  en  cliangeant  le  nom 
de   Victorin  en  celui  de  Simplice  :  et  une 
môme   personne   peut   les  avoir  eus    tous 
deux.  Les  Martyrologes   de  saint  Jérôme, 
Bède ,  Usuard  ,  Adon  et  d'autres,  raanjuent 
aussi  ces  saints  du  8  novembre,  el  quelques- 
uns  les  répètent  le   7,  quoiqu'on  en  fasse 
une  histoire  toute  différente.  Ils  sont  encor.^ 
marqués  le  8  novembre  dans  le  Sacramen- 
taire  de  saint  Grégoire,  et  dans  le  Missel 
romain  de  Thomasius.  Le  Calendrier  de  Bu- 
chérius  marque  le  9  du  même  mois  les  sai  Us 
Sempronien,  Claude  et  Nicostrate,  mais  il  y 
joint  un  saint  Clément,  qui  ne  parait  i)oint 
avoir  de  ra[!porl  à  ceux  dont  nous  parlons. 
Un  fourbe  nommé  Torquat,  faisant  sem- 
blant d'être  encore  chrélien,  quoiqu'il  eût 
renoncé  à  la  foi,  se  joignit  à  la  compagnie  du 
saint  évoque  Caïus  ;  mais  il  menait  une  vie 
bien  différente  des  autres.  Tiburée  ne  pou- 
vait soutfiir  de  le  voir  aju.ster  proprement 
ses  cheveux  sur  son  front,  manger  conti- 
nuellement, boire  avec  excès,  jouer  durant 
les  repas,  avoir.des  gestes  et  une  démarche 
molle  et  efféminée,  se  faire  voir  trop  libre- 
ment aux  femmes,  se  dispenser  au  contraire 
des  jeûnes  et  des  prières,  et  dormir  pendant 
que  les   autres  veillaient  et  passaient  les 
nuits  à  chanter  les  louanges  de  Dieu.  Il  le 
reprenait  sévèrement  de  ces  choses  ;  et  To.r 
quat  faisait  semblant  de  prendre  ses  répri- 
mandes   en    bonne   part.    3Iais    il    trouva 
moyen  par  ses  artifices  de  le  faire  arrêter, 
et  pour  mieux  couvrir  son  jeu,  il  se  laissa 
arrêter  avec  lui   et  mener  devant  le  préfet 


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SFB 


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93i 


Fabien,  où  (^tant  interroge'',  il  dit  qn'\\  élait 
chrôiien  ,  ((ue  Tibiirre  était  son  maître,  et 
qu'il  forait  tout  re  qu'il  lui  verrait  faire. 

Tihurce  ne  put  soutTrir  cette  feinte,  et  en- 
treprit Torqnat  d'une  manière  très-vive  et 
très-éloipionte.  Que  si  les  discours  fju'on 
!ui  f.iit  (lire  en  cette  rencontre,  pour  repon- 
dre tant  h  Torquat  qu'à  Fabien,  ne  sont  pas 
de  lui,  on  peut  dire  au  moins  qu'ils  en  sont 
dignes  ;  mais  ils  seraient  trop  longs  h  rap- 
porter. La  conclusion  fut  que  Fabien  lui 
commanda  de  jeter  de  l'encens  sur  le  feu, 
ou  d'y  marcher  à  pieds  nus.  Il  n'eut  pas  de 
l>eine  î»  choisir,  et  ayant  fait  le  signe  de  la 
croiï,  il  marcha  sur  ces  charbons  sans  en  res- 
sentir aucune  douleur,  après  quoi  il  défia  le 
juge  de  mettre  seulement  la  main  dans  de 
l'eau  bouillante  au  nom  de  son  Jupiter. 

Le  juge,  confus  par  ce  miracle  :  Qui  ne 
sait,  lui  dit-il,  que  votre  Christ  vous  a  appris 
la  magie  ?  A  ces  mots  la  modestie  du  saint 
céda  à  son  zèle,  et  lui  qui  n'avait  parlé  jus- 
qu'alors qu'avec  beaucoup  de  respect,  re- 
poussa ce  blasphème  avec  véhémence.  Tai- 
sez-vous, malheureui,  dit-il  au  juge,  et  ne 
me  faites  pas  ce  tort  de  prononcer  devant  moi 
avec  une  bouche  si  impure  et  furieuse  un 
nom  si  sacré.  Cet  emportement  si  saint  mit 
le  juge  en  colère.  Il  le  condamna  aussitôt  à 
perdre  la  tète,  comme  blasphémateur  des 
dieux,  et  coupable  d'avoir  proféré  des  inju- 
res atroces.  Tiburce  fut  conduit  à  une  lieue 
de  la  ville ,  où  il  fut  exécuté  et  enterré  par 
un  chrétien  qui  s'y  trouva  :  et  Dieu  y  avait 
fait  depuis  beaucoup  de  miracles.  Sa  fôte  est 
marquée  le  oîizième  jour  d'août  dans  les 
Martyrologes  de  saint  Jérôme,  dans  Bède  et 
dans'ies  autres  Latins.  Elle  l'est  encore  dans 
le  Sacramentaire  de  saint  Crégoire,  dans  le 
Calendrier  du  père  Fronto,  et  dans  le  Missel 
romain  de  Thomasius. 

Deux  saintes  femmes  nommées  Lucille  et 
Firmine,  qui  étaient  parentes  de  saint  Ti- 
burce, ne  voulurent  point  quitter  son  tom- 
beau, et  liront  bAtir  un  logement  tout  au- 
près pour  y  clemeurcr  jour  et  nuit.  Oii'>n<I 
saint  Marrellin  et  saint  Pierre  eurent  souf- 
fert pour  Jésus-Christ,  vers  l'an  30V,  saint 
Tiburce  s'apparut  en  leur  compagnie  à  ces 
dou\  femmes,  h  qui  il  commanda  d'aller  re- 
tirer b's  corps  de  ces  martyrs,  et  de  les  en- 
terrer dans  une  grotte  proche  de  lui.  Lors- 
qu'on emporta  en  France,  en  l'an  826 ,  les 
corps  de  ces  deux  martyrs,  ils  furent  trou- 
vés dans  une  grotte  proche  de  l'église  de 
Saint-Tiburce,  cpii  était  sur  le  rhemiii  ap- 
pelé Lnvicnn,  h  irois  milles  de  Uomo.  il  y 
avait  i»lus  de  500  ans  qu'ils  étaient  dans  ce 
tombp.Tu.  Le  corps  de  saint  Tiburce  était 
dans  l'i'glis»'  même,  sous  l'iuitel.  On  s'ef- 
força d'ouvrir  son  tombeau  pour  em|ior- 
ler  aussi  ses  reliqiios  (mi  France,  mais  on 
n'on  put  venir  h  bout,  et  ou  se  contenta  de 
quelnues  cendres  que  l'on  s'imagina  pouvoir 
f'tre  «le  son  corps.  Il  y  n  /itij>arenre  qu'elles 
furent  apportées  l\  Saint-Mi'ilnnl  doSfussons. 
Tout  ce  récit  ne  se  peut  rapporter  qu'à  saint 
Titiurco,  romi^agîinn  de  saint  Si'b.istjpn.  Car 
pour  le  mari  ii>;  sninfc  Céi^ile,  outre  que  c'est 


une  histoire  assez  suspecte,  il  avait  été  mis 
dès  l'an  821,  non  dans  une  église  de  son  nom, 
mais  dans  celle  de  saint  Aniiré.  L'an  862,  le 
pape  Nicolas  accorda  aux  moines  de  Saint- 
Germain-d'Auxerre  beaucoup  de  reliaues 
de  saint  Urbain  et  do  saint  Tiburce,  par  les- 
quelles Dieu  opéra  alors  plusieurs  miracles  . 

Torquat ,  dont  nous  venons  de  parler,  fi  • 
encore  prendre  Castule,  riiô<e  des  chrétiens  • 
Ce  saint  fut  interrogé  et  tourmenté  par  trois 
fois,  et  comme  il  persistait  toujours,  on  le 
mit  dans  une  fosse,  sur  laquelle  on  jeta  un 
monceau  de  sable.  Sa  fôte  est  marquée  le  2C 
mars  dans  les  Martyrologes  de  saint  Jérôme, 
dans  Florus  et  dans  oresquetous  les  Latins, 
Ainsi,  il  semble  qu'il  soit  mort  l'année  d'a- 
près les  autres,  c'cst-h-dire  en  l'an  287.  On 
prétend  qu'il  fut  enterré  sur  le  chemin 
nommé  Lavican,  en  un  cimetièrede  son  non\ 
Quelques-uns  disent  que  son  corps  est  à  Pa- 
vie,  dans  une  église  de  saint  Félix.  Bollan- 
dus  nous  en  a  donné  des  Actes  tirés  pres- 
que mot  à  mot  de  ceux  de  saint  Sébastien. 
Que  s'ils  y  ajoutent  quelque  chose  ,  cela  ne 
nous  a  pas  paru  avoir  assez  d'autorité  pour 
nous  en  servir. 

Après  le  martyre  de  saint  Castule,  les  deux 
frères  Marc  et  Marcellien  furent  arrêtés  et 
liés  à  un  poteau,  les  pieds  percés  avec  des 
clous.  Mais  au  lieu  de  se  plaindre  de  ce  sup- 
plice, ils  témoignaient  souhaiter  de  rester 
toute  leur  vie  en  cet  état,  disant  qu'ils  n'a- 
vaient jamais  été  à  un  meilleur  festin  ,  et 
qu'ils  commençaient  enfin  à  être  attachés 
fixement  à  l'amour  de  Jésus-Christ.  Ils  pas- 
sèrent un  jour  et  une  nuit  dans  ce  supplice; 
et  enfin  ils  \  moururent  percés  de  lances  par 
le  commandement  du  iuge  Fabien.  Ils  fu- 
rent enterrés  <i  deux  milles  de  Rome,  en  un 
lieu  appelé  les  Sables  ,  sur  le  chemin  d'Ap- 
pius,  flans  un  cimetière  ()ui  a  porté  leur  nom, 
et  (jue  l'on  met  tantôt  sur  le  chemin  d'Ap- 
pius ,  tantôt  sur  celui  d'Ardea.  parce  qu'il 
était  entre  l'un  et  l'autre.  Leur  fête  est  mar- 
quée le  18  juin  dans  les  Martyrologes  de 
saint  Jérôme,  dans  Bède  et  dans  les  autres 
Latins.  Elle  l'est  de  même  dans  le  Sacramen- 
taire de  saint  Grégoire  ,  dans  le  Calendrier 
du  P.  Fronto ,  et  dans  le  Missel  romain  de 
Thomasius.  On  croit  qu'on  en  a  fait  autrefois 
quoique  fêle  le  7  octobre,  à  cause  de  la  trans- 
lation de  leurs  reliques  dans  la  ville,  dont 
la  mémoire  était  tout  h  fait  perdue  ,  lorsque 
leurs  corps  (Virent  trouvés  avec  celui  de  saint 
Trancpiillin,  leur  père,  sous  Grégoire  XIII, 
dans  l'Eglise  do  Saint  Cosme  et  Saint-Da- 
mion.  Ils  furent  remis  en  terre  dans  la  mémo 
église.  Nous  avons  toujours  nommé  saint 
Marc  le  premier,  comme  c'est  présentement 
l'usage.  Mais  les  Actes  do  saint  Sébastien  lo 
nomment  presque  toujours  le  dernier;  ce 
(pi'on  trouve  aussi  dans  quelques  anciens 
M,irtyrolog(>s. 

Après  que  saint  Sébastien  eut  fortifié 
boniicoup  do  martyrs  contre  la  crainte  dos 
supplices,  et  (pi'il  les  eut  animés  }\  combat- 
tre généreusement  pour  la  couronne  dn 
gloire,  il  fil  enfin  conniîtro  ]\  tout  le  monde 
co  (pi'il  ét.iit  lui-même  ,  sa  lumière  n'ayant 


î),« 


SK» 


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pji.s  i)u  (Irincnrcr  toujours  cnclK'i'  d/iiis  les 
triirmcs  dont  sa  s;i}^'r  piiKliuicc  la  couvrait. 
Sa  loi  cl  sa  piiMi^  furent  dcconvcrlos  par  (U'iix 
(pii  dressaient  des  (Mid)i^clies  anx  clu('tiens. 
Mais  .'j  causo  du  ran^cpTU  t(Miail  dans  la  mi- 
lice», le  prf'tet  du  prétoires  en  parla  h  Dio- 
(;létit>n  UK^ncs  <pii  peul  avoir  éti'  h  Uoniean 
ronnnen(M'ni(Mil  de  l'an  ^iH8.  \'e|serns  dit 
tpi'il  a  lu  i\\u)  l'on  conserve  au  mont  (bas- 
sin uiu^  liistcMre  assez  longue  de  la  coides- 
sion  ih  saint  Sébastien;  el  il  cioil  cpn^  c'vn 
sont  les  Actes  originaux  tirés  du  {i;reHe  : 
mais  le  P.  Mnbillon  n'y  en  a  pu  rien  ciécoii- 
YPir. 

C.(Mprontrouv(Mlans  losAcl(>s  du  saint  (pie 
nous  avons,  so  réduit  h  dire  cme  l)io(tlétn'n 
le  lit  venir,  cl  lui  reprocha  (pi  il  reconnais- 
sait l)ien  mal  les  ohligalions  cpj'il  lui  avait  : 
sur  (]uoi  le  saint  lui  (lit  (pio,  voyant  (pi'il  y 
a  de  la  folie  h  demander  des  fav(un's  h  di'^ 
pierres,  et  h  enatlendre  du  secours,  il  avait 
eu  recours  nu  Dieu  (pii  est  dans  le  ciel,  et  h 
Jésus-dhrist,  el  (pi'il  n'avait  jamais  cessé  do 
lui  adresser  ses  vceu\  pour  le  prince  qui  lui 
témoii;nait  tant  de  bonté,  et  pour  la  conser- 
vation de  tout  rem[)ire.  Une  réoonse  si  sago 
iw,  saUslit  jmint  Diodélien,  et  il  mit  le  saint 
entre  les  mains  non  des  prétoriens,  mais 
des  archers  orientaux  ou  maures  ,  qui ,  par 
son  ordre,  le  couvrirent  de  tlèches  de  tous 
côtés.  11  fut  laissé  pour  mort  sur  la  place  : 
mais  Irène,  veuve  de  saint  Castule,  étant  ve- 
nue pour  l'enterrer,  le  trouva  encore  vivant 
et  l'emmena  chez  elle  au  palais  de  l'empe- 
reur, où  il  recouvra  en  pou  de  tem[)S  une 
parfaite  santé.  Un  Martyrologe  njarquc  la 
fête  de  cette  sainte  veuve  le  22  janvier.  On 
change  son  nom  en  plusieurs  manières. 

Les  chrétiens  qui  vinrent  chez  elle  en 
grand  nombre  visiter  saint  Sébastien ,  l'ex- 
hortaient h  se  retirer  :  mais  après  avoir  in- 
voqué Dieu  pour  prendre  conseil  de  lui  plu- 
tôt que  des  hommes,  il  se  mit  sur  un  esca- 
lier par  où  Dioclétien  passait ,  et  lui  repré- 
senta avec  quelle  injustice  ses  pontifes  le 
portaient  à  persécuter  les  chrétiens,  et  les 
accusaient  d'être  les  ennemis  de  l'Etat ,  eux 
qui  priaient  continuellement  pour  l'empire 
et  pour  la  prospérité  des  armées  :  Dioclétien 
fut  surpris  delà  voir, le  croyant  mort  suivant 
l'ordre  qu'il  en  avait  donné  :  sur  quoi  le 
saint  lui  dit  que  Jésus-Christ  lui  avait  rendu 
la  vie ,  alin  qu'il  lui  vint  protester  devant 
tout  le  monde  que  c'était  une  injustice  ex- 
trême de  persécuter  les  chrétiens. 

Après  avoir  ainsi  consommé  l'œuvre  que 
Dieu  lui  avait  donné  à  faire,  il  ne  lui  res- 
tait plus  que  d'aller  recevoir  la  couronne. 
C'est  pourcjuoi  Dioclétien  le  fît  mener  aus- 
sitôt dans  le  cirque  du  palais,  où  il  fut  as- 
sommé à  coups  de  bâtons.  Mais  de  peur, 
disent  les  Actes,  que  les  chrétiens  n'en  fis- 
sent un  martyr,  on  jeta  la  nuit  son  corps 
dans  un  cloaque,  où  il  demeura  pendu  à  un 
croc.  Le  saint  s'apparut  à  une  dame  nommée 
Lucine,  et  lui  marquant  l'endroit  où  était 
son  corps,  lui  dit  de  l'aller  enterrer  aux  Ca- 
tacombes à  l'entrée  de  la  grotte  des  saints 
apôtres,  c'est-à-dire  de  celle  où  ils  avaient 


él('  :iiilrelois.  Lm me  exéc  utn  nvcr  soin  ce 
(  (inim/indenient.  el  passa  lr<!nle  jours  enlH'rs 
aumès  du  tondteau  du  saint.  On  prétend 
>pj  d  app.'init  encore  depuis  ,'i  la  même  Lu- 
cine, et  lui  lit  iriodérer  scvs  anstéiilés.  Selon 
(pie  la  suite  de  S(!S  Actes,  (!t  l'Iiisloiro  de 
l)ioc|<''li(!n  nous  en  peiivcnl  faire  iiiKcr,  il 
soull'nl  en  l'/ni  2HH.  Les  Martyrologes  do 
saint  Jérôme,  RrHIe,  vX  tous  les  autres  mo- 
numents de  ri'lglise  latiiK;,  depuis  l'an  li'ô't, 
mar(pient  sa  lêt(!  le  2W  janvier.  Son  ollice  e>t 
mar(pu';  h;  même  jour  dans  h;  Saciamenlairo 
de  saint  (Jrégoire,  où  il  y  a  une  préf.ico 
propre,  dans  \v.  caleiidrirr  du  P.  Fronlo,  et 
dans  le  Missel  romain  d(>  Thomasius.  Il  vM 
pres(pi(>  toujours  mis  avant  saint  I''ai)ien  , 
(pi'on  fêle  le  inêuu^jour.  J(^  pense  (pi'ii  n'y 
a  point  (réglis(;  dans  l'Occident  (pii  n'en 
fasse  roflice,  et  plusieurs  même  le  fêlent. 
Les  (Irecs  l'honorent  le  18  décembre  avec 
tous  ceux  dont  le  martyre  est  rapixjilé  dans 
ses  Ac'tos,  et  ils  en  font  même  leur  grand 
office. 

Nous  ne  savons  pas  ce  que  devinrent 
Chromace  et  les  autres  saints  marciués  dans 
son  histoire,  dont  nous  n'avons  j)oint  rap- 
porté le  martyre.  Usuard,  Adon,  et  le  Mar- 
tyrologe romain  ,  en  mettenl  la  plus  grande 
partie  le  2  juillet,  et  disent  qu'ils  soutfrirent 
le  martyre  dans  la  Campante.  Ils  nomment 
Ariston  et  les  six  autres  amis  de  saint  Tran- 
quillin,  avec  Marcie  sa  fenime,  et  Sym[»ho- 
rose,  femme  de  Claude.  On  y  met  aussi  les 
deux  enfants  de  Claude,  Félicissirne  et  Fé- 
lix, quoique  celui  d'eux  deux  qui  avait  été 
hydropique,  et  qui  est  aussi  nommé  Sym- 
pliorien,  ait  été  martyrisé  à  Rome  avec  son 
père.  Baronius  parle  de  leur  mort  sur  l'an 
303.  Le  calendrier  de  liucherius  met,  le  13 
décembre,  un  saint  Ariston,  honoré  dans  le 
cimetière  de  Pontien,  dont  je  ne  trouve  rien 
dans  les  Martyrologes.  Bollandus  dit  que  les 
six  amis  de  îranquillin  souffrirent  à  Sesse 
dans  la  Campanie  ou  Terre  de  Labour. 

Nous  ne  voyons  rien  du  tout  de  la  mort 
de  Chromace.  Pour  saint  Polycarpe,  sa  fête 
est  marquée  le  23février  dans  Usuard,  et'dans 
divers  autres,  avec  le  titre  de  confesseur 
dont  il  est  honoré  dans  les  Actes  de  saint 
Sébastien.  Quelques-uns  lui  donnent  celui 
de  martyr.  On  tient  que  son  corps  a  été  ap- 
porté de  Rome  à  l'abbaye  d'Hautvillers  au 
doyenné  d'Eperna}^  dans  le  diocèse  de  Reims. 
Bollandus  croit  que  ce  fut  peut-être  le  2i 
janvier  8i3.  On  prétend  aussi  avoir  de  ses 
reliques  à  Boulogne  en  Italie.  (  Traduit  de 
VActa  sanctoru7n.) 

SÉBASTIEN  (saint),  martyr,  était  officier 
de  l'armée.  11  souffrit  le  martyre  avec  sainte 
Photine  et  ses  deux  enfants  Joseph  et  Vic- 
tor, les  saints  Anatole,  Photius,  Photide, 
ainsi  que  les  saintes  Parascène  et  Cyiiaque 
sœurs  :  on  ignore  à  quelle  époqu'e.  L'Eglise 
célèbre  leur  mémoire  le  20  mars. 

SÉBASTIEN  (saint),  martyr,  eut  le  glo- 
rieux privilège  de  donner  sa  vie  pour  la  dé- 
fense de  la  religion,  avec  ses  deux  compa- 
gnons les  saints  Denis  et  Emilien.  Ce  fut 
dans  la  Basse-Arménie  qu'eut  lieu  leur  mar- 


95â 


SEB 


SF.B 


%& 


tvro.  I/Ki^lisô  honore  leur  saiate   mémoire 
le  8  février. 

Sr:BASTIEN  (saint),  confesseur,  était, 
rointe.  <iensérie  ayant  pris  Carlliago  on  V.'JO, 
entreprit  de  piller  la  Sicile  dès  l'ainiéo  même 
ou  au  moins  dès  iVO.  11  y  fit  de  grands  ra- 
valées et  y  tint  longtemps  la  ville  df  Palerrac 
assiégée.  Mais  il  f\it  obligé  de  retourner 
nroinplemeut  h  Carthage  sur  la  nouvelle  qno 
le  comte  Sébastien  venait  d'Es|)agne.  Car 
c'est  ce  que  nous  trouvons  dans  une  édition 
du  la  chronique  de  saint  Prosper,  et  ce  qui 
]inrait  plus  probable  que  ce  que  porte  l'édi- 
tioi  de  Scaliger,  ipje  (ienséric  revint  d'Es- 
pagne en  Afrique  et  retourna  à  Carthage. 

Le  comte  Sébastien  était  gendre  du  célè- 
bre comte  Bonifiice.  C'était  un  homme  habile 
pour  le  conseil  et  pour  l'exécution,  vaillant 
dans  la  guerre,  laborieux  et  vigilant.  Néan- 
moins saint  Sidoine,  en  })arlant  dun  jioétede 
Cahors  qui  l'avait  suivi,  l'appelle  hasardeux, 
prom[)l,  téméraire  et  étourdi.  Après  la  uiort 
de  Boinl'ace,  il  succéda  à  sa  grandeur  en  VSi. 
Mais  Aèce  l'en  dépouilla  bientôt  et  le  chassa 
de  la  cour  de  Valentinien  :  de  sorte  que  se 
vovant  fugitif  et  banni  de  l'Occident,  il  se 
relira  par  mer  en  Orient  à  la  cour  de  Théo- 
dose, en  l'an  Wi  selon  Idace.  Le  comte  Mar- 
celliu  dit,  sur  l'an  i3o,  qu'il  s'enfuit  de  la 
ville  royale.  Je  uesais  si  c'est  Rome  ou  Cons- 
lantinople.  Mais  il  faui  toujours  (fue,  soit  en 
h'.i'ô,  soit  depuis,  il  ait  q  ;illé  Conslantinople 
et  se  soit  retiré  en  Espagne. 

(ienséric  ayant  donc  appris  en  Sicile  qu'il 
vénal  en  Afrique,  et  croyant  cpie  c'était  pour 
prendre   Carlhage,  il  y  revint  promplemeiit 
redoutant  l'expérience  de  ce  capitaine.  Mais 
Sébastien  venait    comme  ami ,    et    dans   la 
croyance  de  trouver  chez  les   Vandales  une 
retraite    assuré".    Son  esjiérance  se    trouva 
aussi  mal  fondée  (jne  la  crainte  ([ne  Genséric 
avait  eue  de  sa  veuue,  et  il  épnmva  enlin  la 
cruauté  de  ceux  (pi'il  regardait    connue    ses 
protecteurs.    Mais  cela  n'arriva  (pi'en    V'»'J, 
après  divers  événements.  Car  lorscjue  Gen- 
séric fit  la  paix  avec  l'empire  en  VV2,  Sébas- 
tien lit  ap|»aremnienl  aus-i    la  sienne  et  re- 
tourna à  Constantinople,  nuisqu'Idace  nous 
fl|)prend  (iu'il  y  >  tait  en  vV.'lou  V*\.  Maison 
l'accusa  d'y  former  de  mauvais  desseijis,  de 
quoi  ayant  eu  avis,  il  s'enfuit  une  seconde 
fois  de  Constantinople   et    s'en  vint  trouver 
dans  les  Gaules  Théodoric  roi  des  Visigolhs. 
Jo  ne  sais  s'il  faudrait  rapporter  h  ce  que  dit 
Mace  des  mauvais  desseins  do'il  il  fut  accusé 
à  Constantniople.  ee  qu'on  trouve  dans  Sui- 
das, (lue  les  partisans  de  Sébastien  pillèrent 
les  côtes  de    la  Propontide  cl  de  l'Helles- 
pont. 

Idace  «joute  «pi'il  trouva  moyen  de  se  sai- 
sir d<!  Barcelone  sur  les  Romains  et  (ju'il  y 
eutia  loinme  eunenn.  Il  prcHindail  peut-ùlro 
s'y  établir  inie  petite  principa\ilé  et  se  ren- 
dre m. litre  de  en  que  1rs  Humains  louaient 
encore  en  Ivsftagne.  MaiMl  en  lut  chasse  l'an- 
née suivante  f>[  se  relira  une  seconde  fois 
cheï  les  Vamlales.  Il  f\it  d'abord  foil  bien 
re^u  Uo  Genséric.  Il  bu  t'il  sirment  de,  sal- 
lachor  à  lui  et  confirma  la  sincérité  de  son 


serment  par  sa  vigilance  et  par  ses  travaux. 
Mais  Genséric  qui  reconnaissait  d'une  part 
l'uiilité  de  ses  conseils,  le  craignait  trop  de 
l'autre  pour  le  souffrir  auprès  (le  lui.  Il  ré- 
solut donc  de  s'en  défaire,  et  de  se  servir 
pour  cela  du  prétexte  de  la  religion  :  car  Sé- 
bastien était  catholique. 

Ainsi  il   lui  dit  un  jour,  en  présence  de 
toute  sa  cour,  que,  quoiqu'il  ne  uoutât  point 
de  sa  fidélité,  néanmoins  poui-  s'(hï  assun-r 
davantage,  ses  évèques  jugeaient  qu'il  fallait 
qu'il  endirassAt  la  religion  des  Vandales.  Sé- 
bastien   trouva    sur-le-rhamp    une    répo-iso 
tout  à  fait  ingénieuse.  Il  demanda  un  pain 
de  la  table  du  roi,  et  Genséric  en  ayant  fait 
a|)pûrlerun,  Sébastien  commença  a  compa- 
rer les  sacrements  c|u'il  avait  reçus  dans  l'é- 
glise, à  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  faire 
un  pain,  comme  de  le  moudre,  de  le  cribler, 
de  le  pétrir  et  de  le  faire  cuire  dans  le  four, 
et  il   ajouta   ensuite  :  «  Commandez,    .'-ire, 
qu'on  rompe  le  pain  en  morceaux,  qu'on  le 
trempe  dans  l'eau,  qu'on  le  pétrisse  de  nou- 
veau et  qu'on  le  remette  ensuite  dans  le  four, 
s'il  en  sort  meilleur  (|u'il   n'est  maintenant, 
je  ferai  ce ipie  Votre  Majesté  souhaite  demoi. 
La  proposition   de   Sébastien    embarrassa 
tellement  ( ienséric   et   tous  les  assistants, 
qu'ils  ne  purent  s'en  démêler.  Genséric  ne 
laissa  pas  de  faire  mourir  depuis  ce    graml 
ca|)ilaine  sous  il'aulres  prétextes  enl'aniii), 
selon  Idace.  Baronins  le  qualifie  confesseur, 
et  on  l'a  mis  au  27  mai  dans  un  Martyrologe 
français  imprin»é  à  Liège  ;  mais  il  n'est  dans 
aui  un  autre.  Il  est  certain  (ju'il  a  cxfiosé  sa 
fortune  pour  conserver  sa  foi,  et  Victor  té- 
moigne assez,  qu'il  est  mort  innocent  ;  ce  (jui 
a  pu  purilier  les  fautes  où  détail  loujbé  au- 
])aravant.  Saint  Prosper  ne  le  regardait  pas 
connue  saint,  lorsqu'il  dit  qu'il  avait  trouve 
auprès  de  Genséric   tout   le  contraire  <le  co 
(jn  d  avait  cru  v  trouver,  et  que  sa  confiance 
en  celle  Ame  barbare  lui    avait   causé   \nio 
très-grande  misère  el  une  mort  très-malheu- 
reuse. 

Quelques  nouveaux  auteurs  disent  que 
Sébastien  vint  en  Afrique  en  iiOpourv  sou- 
lever les  catholiques  contre  les  Vandales  ; 
que  l'armt'e  di*  Théodose  ne  demeura  long- 
temi»s  en  Sicde  l'an  VVl,  iju'en  atleudant  ce 
soulèvement,  el  que  Genséric  ayant  décou- 
vert la  trahison,  ct>  fut  la  véritable  cause  de 
la  mort  dia  comte.  Tout  cela  ^e  dit  sans  fon- 
denu»nt,  n'y  on  ayanl  pas  lui  mot  dans  les  an- 
ciens, et  cela  suflu'ait  pour  n'y  avoir  aucun 
égard.  iTill.nionl,  vol.  \V1,  p.  517.) 

SÉBASTIEN  DE  SAINT-JOSEPH  f  le  bien- 
heureux ),  naijuit  l'U  Espagne  h  .Médina  del 
(iampo,  au  sein  d'une  faunlle  noble.  Il  eniM 
dans  l'ordre  de  Saint-François.  Envoyé  par 
ses  supérieurs  ilans  la  provinre  (jue  les  Fran- 
ciscains évangélisaient  aux  Philippines,  il 
passa  aux  iles  Mohuines  el  y  convertit  un 
grand  nombre  d'inlidèleN  :  entre  autres,  il  y 
baptisa  cinq  des  chefs  Us  plus  unissants  du 
pays;  mais  ayant  été  uris  par  aes  corsaire > 
liollandais  eh  se  rentfant  par  mer  ailleurs 
pour  y  continuer  ses  travaux  apostoliques, 
)l  fut  déposé  par  eux  dans  une  île  déserte. 


m 


me 


Atr, 


'j:»8 


On  rftcoiito  (jii'il  l'iil  niiniciilciisiMiioiil  livins- 
poili''  tl.iii.  iclli'  ilr  rn,-;<i|,iil(l()  |»r(vs.|iicciilu')- 
n'inciil  |M>ii|il(^('  (le  imisiiliii.ins.  Ayatil  »(llln«- 
pris  (le  leur  itrotiViT  cniiiltirii  l'Alcoi/i'i  ('lait 
.ibsiiidc,  et  la  i'(>li^iu'i  clMclii'iiiir  siihlmn', 
il  lui  (|('><7i|iil(^  par  tMiv  cl  soti  «Mirps  rnIjrhS  h 
la  mer  le  iH  juin  KHO.  S'il  t'iiil  (mi  cfono  les 
r-écifs  (le  ce  ((Mii|is-|.'i,  dr  gi-aiHls  |ti()(li};;t'S  si- 
^Malcrciil  ce  !J,l(>ii(Mi\  mail  vi(>.  i-c  cadavre  du 
mami  no  |>iil  jamais  (^Iro  (Milonc/i  dans  les 
»)iid('S  et  on  vil  an  lien  oi\  il  avait  sunlVcii 
a|»|>.nMilrt>  niH»  croix  miracnicnsd.  Lo  procès 
(l(>  sa  ranonisalion  clant  conniKMict^  à  Home, 
onyjnm'rrt  de  ranllicnlicil(''  plus  ou  moins 
grande  de  ces  miracles. 

S^MlASriKN  DKCANTII  (le  hii'nlienrcnx  ), 
dominicain,  nv  en  Porini^al,  parlil  de  (ioa 
avec  le  P.  JérAme  de  la  (li'oix  pour  pi'iK'Ircr 
dans  li>  royannie  do  Siam.  Ils  liretU  lanl  do 
l)ien  dans  celle  mission,  (pn'  deux  inlidèles, 
irrth^s  du  snccc'^sde  lenr  prédicalion,  ri'soln- 
renf  do  s'en  délairo.  Ils  t'oi,LÇiiirent  de  se  ha(- 
fre  en  duoi  dpvani  la  maison  do  nos  saints 
religieux.  Ceux-ci  ('lanl  accourus,  Jérônu) 
loinha  percé  d'un  coup  de  lance  au  cœur; 
Sébasiion  r(>c.nl  une  hlessun»  j^iravo  <^  la  tAle, 
mais  il  en  j^uéril.  Ayant  onsuile  oitlenu  des 
auxiliaires  du  vicaire  général  de  la  congré- 
gation oviental(>  des  Indes,  il  contiiuia  avec 
eux  ses  travaux  apostoli(|ues.  Lui  el  ses 
coni[)agnons  ne  soull'rirent  le  martyre  que  le 
11  l'évrier  15()9.  [Mofiumentn  Dominicana, 
an.  1555,  1565).) 

SÉBASTIEN,  nom  du  juge  qui  fit  décapi- 
ter à  Comane  dans  le  Pont,  saint  Hermias 
soldat,  et  le  bourreau  qui  d'abord  avait  fait 
endurer  divers  supplices  au  saint  martyr. 
[Voi/.  Hermias.) 

SÉBASTIENNE  sainte),  martyre,  disci|)le 
de  l'apùtre  saint  Paul,  fut  martyrisée  à  Hé- 
raclée  de  Thrace,  sous  le  règiie  de  l'empe- 
reur Domitien.  On  ne  sait  rien  de  plus  tou- 
chant cette  sainte,  que  l'Eglise  honore  le  16 
sei)tembre. 

SECOND  (saint),  d'Ast,  fut  martyrisé  dans 
cette  ville  sous  le  règne  de  l'empereur  Adrien 
le  30  mars.  Ses  Actes  n'ont  aucune  auto- 
rité. 

SECOND  (saint),  mis  par  les  anciens  Mar- 
tyrologes, et  notamment  par  le  Martyrologe 
romain,  au  nombre  des  saints  martyrs  qui, 
en  Afrique,  sous  le  règne  de  Sévère,  furent 
brûlés  vifs  à  Carthage,  et  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  la  vision  de  saint  Sature,  aux  Ac- 
tes de  sainte  Perpétue.  {Voij.  ce  nom).  L'E- 
glise fait  leur  féto  le  9  janvier. 

SECOND  (saint),  l'un  des  compagnons  du 
saint  martyr  Cyriaque,  diacre  de  l'église  ro- 
maine, mourut  en  303,  à  Rome  sur  la  voie 
Salaria,  oij  il  fut  enterré.  Ils  furent  vingt-six 
dans  le  même  jour  mis  à  mort  au  môme  en- 
droit. L'Eglise  célèbre  leur  fête  collective  le 
jour  de  leur  translation,  qui  eut  lieu  le  8 
août.  (  Voy.  Cyriaque  :  voy.  aussi  l'abbé 
Grandidier,  Hist.  de  FEglise  de  St7-asbo\irg.  ) 

SECOND  (saint),  fut  martyrisé  en  Àlauriia- 
nie  avec  son  frère  Romule.  L'Eglise  fait  leur 
fête  le  2'i.  mars. 

SECOND  (saint),  prêtre,  fut   cruellement 


tnis  h  inorl  diirnnl  leM  ft'fes  de  In  Pcrilecùf'', 
soiisln  ri'i^'ie  de  rciiipnr<MM-  Co'islaiire,  Il  lui 
inartyiiK'"  à  Alfx/ifidrn-  par  l'oidic  d'*  (jeor- 
g(vs,  év(~'ipi('  ;uirii.  L■|■;^llse  lionore  sa  nié- 
moir(f  1(^  21  iii.n. 

SECOND  (saint),  lut  jeté  dans  je  ril)re /i 
Amelia,  sous  le  régm-  d<?  l'empereur  Diocb-- 
tiun.  Il  est  iusci'it  au  M/ulMolo^e  romain  le 
1"  juin. 

SECOND  (  saint  ),  persoiuiagc;  de  considé- 
ralion  el  l'un  des  cliels  de  la  b'-^iou  Tlié- 
l)é«nne,  s(»uiriit  l(î  inartyr(!  h  Viniimillc,  ville 
des  Klals  Sardes  (  Ligiirie  ).  Nou.s  ignorons 
les  circonstances  el  I  époque  précise  de  son 
martyre.  L'lvj,lise  lionore  s.i  mémoire  le  26 
août. 

SECOND  (  s;nnt  ),  reçut  In  couronne  du 
martyre  en  Afrique  avfîc  b^s  saints  Eideiitien 
et  Variipié.  L'hlglise  l'ail  (olleclivemenl  leur 
l'été  le  15  novembre. 

SICCOND  (saiiil;,  martyr,  répandit  sot)  snniiç 
en  Atri([ue  pour  la  défense  di;  la  foi.  Il  eut 
poïu-  compagnons  de  son  martyre-  les  saints 
Dominiijue,  \  iclor,  Primien,  Lybose,  Cres- 
cent  et  Honorât.  On  ignore  la  date  et  les  cir- 
constances de  leur  martyre.  L'Eglise  fait 
leur  fêle  le  29  décembre. 

SECOND (saint>,  martyr,  souffrit  à  Synnade 
dans  la  Phrygie  Pacalienne.  1!  eut  pour  com- 
pagnons de  son  martyre,  sur  le([uel  nous 
n'avons  pas  de  détails,  les  saints  Denis  et 
Démocrite.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  31  juil- 
let. 

SECOND  (saint),  est  inscrit  au  Martyro- 
loge romain  le  7  août.  Il  fut  déca|)ité  avec 
les  saints  Carpophore,  Exanthe  Cassius  Sé- 
verin,  et  Licinius.On  ignore  h  quelle  é})oque 
leur  martyre  arriva.  L'Eglise  célèbre  leur 
mémoire  collectivement. 

SECOND  (saint),  martyr,  eut  le  bonheur 
de  donner  sa  vie  pour  Jésus-Christ  avec  les 
saints  Cyriaque,  Paulille,  Anastase,  Syndime 
et  d'autres  compagnons  qui  ne  sont  [)oint 
nommés  dans  le  Martyrologe  romain.  Oi 
ignore  la  date  de  leur  m'artyi  e.  L"Eglise  fait 
la  fête  de  ces  saints  le  19  décembre. 

SECONDAIRE  (saint),  souffrit  pour  la  foi  à 
Antioche  avec  les  saints  Cyrille  et  Prime. 
Leurs  noms  sont  inscrits  au  Martyrologe  ro- 
main le  2  octobre. 

SECONDE  (sainte),  eut  le  bonheur  de  mou- 
rir à  Carthage  pour  la  foi,  en  l'année  200, 
sous  l'empire  de  Sévère.  Elle  était  au  nom- 
bre des  martyrs  Scillitains.  L'Eglise  fait  sa 
fête  le  17  juillet.  (Pour  plus  amples  détails, 
voy.  Spébat  ;  à  cet  article  se  trouvent  les  Ac- 
tes proconsulaires  des  martyrs   Scillitains.  ) 

SECONDE  (sainte)  ,  martyre ,  avait  pour 
père  un  nommé  Astérius,  citoyen  romain  de 
famille  noble.  Sa  sœur  Seconde  et  elle 
avaient  été  tiancées,  celle-là  à  Armantaire  , 
l'autre  à  Vérin,  tous  deux  cbrétiens ,  mais 
qui  apostasièrent  en  -2^7,  sous  l'empire  et 
durant  la  persécution  de  Valérien.  Toutes 
deux  refusèrent  généreusement  de  les  imi- 
ter et  s'enfuirent  de  Rome;  mais  bientôt, 
ayant  été  arrêtées,  elles  furent  amenées  de- 
vant Junius  Donatus,  préfet  de  Rome,  qui 
les  fit  cruellement  tourmenter  et  enfin  déca- 


9S» 


S!=x: 


pilpr.  On  l>Afit  snr  Ipur  foniboan  uno  cha- 
v.plle  à  la(|n«»llp  lo  pa|>e  Damaso  substitua 
îuif^  Eg'is(\  Leurs  r'^liiîiies  sont  maintenant 
flans  la  basilique  rie  Latran,  près  du  baptis- 
tère de  Cnn^latitin.  L'KgUse  célèbre  leur 
fête  le  10  juillet. 

SECONDE  (sainte) ,  vierge  et  inartvrc. 
Voi-M  ce  t|uh  son  sujet  nous  trouvons  rlans 
le  Mart.vrologo  romain  :  «  A  Tuburbc  on 
Afrique  ,  b's  saintes  vierges  cl  martvres 
Maxime,  Donatille  et  Seconde.  Les  deux 
premières,  durant  la  persécution  de  Valé- 
rien  et  Gallien,  furent  abreuvées  de  vinaigre 
et  de  fiel ,  puis  déchirées  h  coups  de  fouet, 
étendues  sur  le  chevalet,  rôties  sur  un  gril, 
frottées  avec  de  la  chaux,  enfin  exposées 
aux  bètes  avec  Seconde,  jounc  vierge  âgée 
seulement  de  douze  ans;  mais  ,  n'en  ayant 
reçu  aucun  mal  ,  elles  furent  égorgées.  » 
L'Eglise  fait  la  fête  de  ces  trois  saintes  le  30 
juillet. 

SECONDE  (sainte),  nom  de  deux  saintes 
parmi  les  quarante-huit  martyrs  (jue  le  }iro- 
consul  Anulin  fit  mourir  pour  la  foi  en  l'an 
de  Jésus-Christ  305.  Voy.  Sati  rni>,  prêtre  : 
c'est  avec  lui  qu'ils  furent  tous  marlyrisés  ; 
ses  Actes  leur  sont  communs.  L'Eglise  ho- 
nore leur  mémoire  le  11  février. 

SECONDIEN  (saint),  martyr,  mourut  pour 
la  foi  chrétienne  sous  l'empire  de  Dôce,  par 
orilre  du  consulaire  Promote.  Les  Actes 
qu'on  a  de  lui  et  de  ses  compagnons  saint 
Vérien  et  saint  Marcellin  ne  sont  rien  moins 
qu'authentiques.  Arrêté  dans  la  ville  de 
Kojne,  il  y  subit  divers  supplices  ;  on  l'en- 
vova  ensuite  en  Toscane,  où  il  fut  décapité. 
L'Eglise  fait  sa  fête  le  9  août.  Lui  seul  des 
trois  saints  était  soldat. 

SECONDIEN  (saint),  martyr,  souffrit  pour 
la  défense  de  la  religion  h  Concordia  ,  avec 
les  saints  martyrs  Donat,  Romule  et  (juatre- 
vingt-six  autres  dont  les  noms  nous  sont  in- 
connus. C'est  le  17  février  que  l'Eglise  célè- 
bre leur  mémoire. 

SECONDILLE  (sainte),  reçut  la  palme  du 
martyre  à  Porto  avec  les  saints  Paul,  Héra- 
clius  et  Janvière.  L'Eglise  honore^  leur  mé- 
moire le  2  mars;  nous  n'avons  [las  d'autres 
détails. 

SECONDIN  (saint\  martyr,  souffrit  durant 
la  persécution  de  Valérien  h  Cirllic  en  Nu- 
niidie,  avec  les  saints  .\gape,  Emilien,  sol- 
dat, et  les  saintes  Tertulle  et  Antoinette. 
(Voy.,  pour  les  détails,  les  Actes  de  saint 
Marif.n,  h  son  article.) 

SECONDIN  (saint),  eut  le  glorieux  avan- 
tage de  réj)andrt'  .sou  sang  pour  la  foi  h 
Atlrumète  en  .\frique.  Les  compagnons  de 
sa  gloire  furi'Ut  les  saints  Secondin.  Sirire, 
Félix,  S«'rvule.  Saturnin,  Fortunat  et  seize 
nutn-s  dont  les  noms  malhe\ire>iscment  ne 
sont  point  arrivés  jusqu'à  tioiis.  Leur  mar- 
tvre  eut  lieu  duratit  la  perséciitiou  des  Van- 
dales contre  la  religir)n  ratholique.  On  ignore 
la  date  i-t  b's  dilTérenli-s  rirconslaners  do 
leurs  combats.  L'Eglise  fait  colloclivement 
leur  mémoirt"  If  21  février. 

SECONDIN  (saint),  souffrit  le  martyre  h 
Cordoue;  on   ignoro  la  ilalo  précise  et  les 


SEL  9C0 

circonstances  de  son  combat.  L'Eglise  fait  sa 
mémoire  le  21  mai. 

SECONDIN  (saint),  martyr,  versa  son  sang 
pour  la  foi  h  Sinuesse  avec  l'évêque  saint 
(]asie.  Secondin  était  lui-même  évoque.  On 
n'a  pas  de  détails  authentiques  sur  eux.  L'E- 
glise fait  leur  mémoire  le  1"  juillet. 

SECONDIN  (saint],  martyr,  mourut  pour  la 
foi  en  Afrique  avec  les  saints  Lucius,  Sil- 
vain,  Hutule,  Classique,  Fructule  et  Maxime. 
On  n'a  aucun  détail  sur  eux.  L'Eglise  fait 
leur  fêle  le  18  février. 

SECONDINE  (sainte),  martyre  dans  la 
Campagne  de  Rome,  souffrit  et  mourut  pour 
la  foi  sous  le  règne  de  Dèce.  L'Eglise  célè- 
bre sa  fùce  le  15  janvier  ;  on  manque  de  do- 
cuments sur  le  martyre  de  celle  sainte. 

SECONDULE(saint\  l'un  des  compagnons 
du  martyre  de  sainte  Perpétue,  fut  arrêté 
avec  elle  h  Carthage  en  202  ou  203,  sous  le 
règne  de  l'empereur  Sévère.  Ayant  été  tour- 
menté de  diverses  façons,  il"  n'eut  pas  la 
force  de  résister  h  la  souffrance  et  à  la  lon- 
gue détention  que  souffraient  les  saints.  Il 
mourut  en  prison.  {Voy.  Perpétue.)  Sa  fêle, 
comme  celle  de  tous  ses  compagnons,  a  lieu 
le  7  mars. 

SÉCUR  (saint),  fut  martyrisé  en  Afriq^ue 
avec  les  saints  Sévère,  Janvier  et  Victorin. 
Nous  n'avons  point  de  documents  relatifs  à 
leur  martyre.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  2  dé- 
cembre. 

SÉDOPHE  (sainte),  reçut  la  palme  des  com- 
battants de  la  foi  à  Tomes  en  Scythie.  Les 
compagnons  de  son  triomphe  iiurent  les 
saints  .Slarin  et  Théodote;  ils  sont  honorés 
dans  l'Eglise  le  Sjuillet. 

SEGUKA  (le  bienheureux  Jew-Raptiste), 
de  la  compagnie  de  Jésus,  fut  maityrisé  à 
Axaca,  le  8  février  1571,  avec  les  bienheu- 
reux Gabriel  Gomez,  Pierre  de  Linarez, 
Sanchez  Savelli  ,  Christophe  Rotundo.  Ils 
avaient  pénétré  dans  la  Floride,  conduits  par 
un  naturel  du  pays,  nonmié  Louis,  qui  avait 
été  baptisé  en  Espagne.  Nous  avons  vu  k  l'ar- 
ticle Loi  is  DE  QriBos  que  ce  naturel  rené- 
gat les  massacra  avec  deux  de  ses  compa- 
gnons. Trois  jours  après,  les  meurtriers  se 
présentèrent  devant  les  autres  missionnaires 
(pii  restaient,  ceux  qui  sont  nommés  plus 
haut,  prétextant  avoir  besoin  de  haches  pour 
abattre  des  arbres.  A  peine  eurenl-ils  dé- 
sarmé les  missionnaires  (ju'ils  les  massa- 
crèrent. Ils  s'em|»arèrent  des  vases  sacrés  et 
commirent  un  grand  nombre  de  profanations. 
{Snrirlns  Jrsu  tisqur  ad  sanguinis  et  vitcr  pro- 
fusionrm  militnti.i,  p.   »i9.) 

SELÏ':SE  (saint),  lut  martyrisé  h  Alexan- 
drie SMUs  l'empereur  Maximin.  Il  eut  pour 
compagnons  de  son  trionq>he  les  saints  Séra- 
pion,  Léonce,  Hiéronidc,  Valérien  et  Slra- 
ton.  Ils  furent  précipités  dans  les  flots.  L'E- 
gli>e  fait  leur  uiémoire  le  12  septembre. 

SELEUCUS  (.saint),  martyr,  assistait  h  la 
mort  de  saint  Porphyre,  h  Césaréede  Pales- 
tine, en  l'an  de  Jésus-Clirisl  309.  Témoin 
du  courage  Inouï  qtie  montrait  le  saint  au 
milieu  des  souffrances,  il  ne  put  s'empêcher 
d'y  applaudu"  et  de  lencourager.  Firmilien 


I 


oui 


SMi 


HKil 


fm 


lo  lil  (l(T;i|»il('i-.  I/KkUsh  rnl(M)rr  s«   iVtn  lu 
1"  juin.  Voif    KiistMxJ,  dr  Mnrli/r.  l'alrsl.) 

^l'A.lViQVi:  (sairil).  (onlosa  la  loi  m  Sy- 
rio.  Nous  n'avons  aucun  drlail  aullirnli(|U(i 
sur  son  coniiitc.  Il  «'^t  uiscril  au  Marlyro- 
lo^r  l'oniain  l<'  2't  mars. 

S^]NA  r  (If  hienlicnicux),  nii>.sionn/iiro  do 
In  (lompa^nit)  df  JAsus,  péril  vi«;lini('  t\v.  son 
(ItU'oncincnt  dans  la  mn'irc  odirusc  i|ui'  les 
Anglais  avaiout  cxcihM»  dans  la  Lonisiano 
eonlro  tous  les  Français.  Co  saint  jrsnitn 
aima  mieux  s'(>\|)os(M'  ?i  i^li'c  pris  cl  hiilli'; 
par  les  (Ihicachas,  ipic  de  n(^  pas  assister 
jnsiiu'au  dernior  sou|)irles  malheureux  hlcs- 
s(5s  (pii  no  pouvaient  fuir  (lovant  un  cnneiui 
supérieur  en  nombre.  Il  l'ut  livré  aux  llam- 
inos  av(>o  eux,  ot  prés  dt^  mourir,  il  les 
exhortait  eiu-ore  à  faire  lioiuicin-  à  la  France 
et  h  leur  relij^ion  par  leur  patience  et  leur 
courage  dans  le  supplice. 

SFNNFN  (saint),  martyr,  Peisan  d'origine, 
vint  h  Rome  avec  son  compatriott'  saint  Ab- 
don,  et  y  fut  pris  sous  lo  régne  de  renipo- 
reur  Déce,  en  l'an  iiiiO,  pour  cause  do  chris- 
tianisme. Tous  deuv  furent  reçus  par  les 
chrétiens  de  Kome,  non  pas  comme  des 
étrangers,  mais  comme  de  véritables  frères, 
dans  toute  l'acception  chriHietnie  de  cette 
expression.  Après  avoir  été  violemment  tour- 
mentés, ils  linu'enl  leur  vie  par  le  glaive. (!'o// 
AuuoN.)  On  dit  (lue  les  corps  dcsdiiux  saints 
martyrs  furent  itéposés  dans  la  maison  d'un 
sous-diacia  rrominé  Quiriji ,  et  (ju'ils  y  res- 
tèrent jus(iu'ii  ce  ((ue ,  sous  Conslantin,  les 
deux  saints  s'étant  eux-mêmes  révélés,  ils 
furent  transportés  au  cimetière  de  Pontien. 
On  .1  prétendu  que,  par  ordre  du  pape  Gré- 
goire IV,  ils  avaient  été  transférés  dans  l'é- 
glise de  Saint-Marc  ii  Rome.  Certains  au- 
teurs ont  allirmé  que,  dès  l'année  370  ou  à 
peu  près,  le  pape  saint  Gélase  les  avait  don- 
nés à  saint  Zénobe  de  Florence;  d'un  autre 
côté,  l'église  Saint-Médard  de  Soissons  pré- 
tend avoir  gardé  ces  précieuses  reliques, 
jusqu'à  ce  que  les  huguenots  les  eussent 
brûlées  durant  leurs  guerres.  L'Eglise  fait  la 
fôte  de  ces  deux  saints  le  30juillet. 

SENS,  ville  de  France  qui  eut  j)0ur  pre- 
mière victime  de  la  persécution  sainte  Co- 
lombe en  258  sous  Valérien,  ou  bien  en 
273  sous  Aurélien.  Elle  y  fut  martyrisée  sans 
qu'on  sache  les  détails  de  son  martyre.  Son 
culte  y  est  en  grand  honneur;  ses  reliques 
qui  y  étaient  conservées  chez  les  Bénédic- 
tins, furent  dispersées  par  les  huguenots. 

SEPTIME  (saint),  martyr,  recueillit  la 
palme  du  martyre  vers  l'année  483,  dans  la 
persécution  que  Hunéric,  roi  des  Vandales, 
suscita  aux  catholiques  dans  la  septième  an- 
née de  son  règne.  On  peut  voir  des  détails 
sur  son  martyre  à  l'article  Libérât. 

SÉRAPIE  (sainte),  était  originaire  d'An- 
tioche  et  habitait  l'Ombrie  où  elle  eut  le 
bonheur  de  convertir  sainte  Sabine,  chez 
qui  elle  demeurait  avec  quelques  autres 
jeunes  ûUes.  Une  persécution  s'étant  élevée 
sous  l'empereur  Adrien,  Bérylle,  gouverneur 
de  l'Ombrie,  envoya  chez  Sabine,  qui  était 
une  oersonne  d'un  rang  considérable,  pour 


(pi'iin  lui  aniinwU  les  jeunes  WWt's  (pii  étaient 
cIh'/.  elle.  Sabine  refusa,  mais  Sér/ipie  l'ayant 
sii|i|tli<'(«  (le  la  laisser  alhi  parler  nu  ju^;f, 
elle  nu  voulu!  ponil  consentir  h  la  lais.ser 
aller  .seule,  ellu  s'y  lit  porter  avec  elle.  Le 
juge  re(;ul  Sahino  avec  horuieur  et  distinc- 
tion ;  n(''anmoins  il  lui  lil  des  re|iroches,  lui 
(lisant  (pi'une  personne  de  sa  (pialité  et  do 
son  rang  ne  dev/nt  pas  s'abaisser  jusipi'/i  so 
joindic!  aux  chrétuMis,  sur  les  instances  et 
par  les  conseils  d'uiK!  misérable  magicienne. 
Sabine  lui  répondit  :  «  Je  souhaileiais  ipio 
vous  éprouvassiez.  vous-méiiK!  I(;s  chaimes 
d'uiK!  magicienne  aussi  sainlii  (pie  celle-ci, 
et  (pie  vous  pussi(?/.  (piitl(;r'  vos  idoles  pour 
adorer  celui  (jiii  |(romel  une  vi(3  éternello 
aux  bons,  et  (pii  livrera  les  méchants  h  des 
supplices  (pii  ne  linirorit  jamais.  »  Le  iugo 
n'ayant  pas  insisti!  davantage  ,  les  (Jeux 
saillies  purent  se  retirer  et  retourner  chez 
elles. 

Trois  jours  apnXs,  Bérylle  lit  prendre  Sé- 
rapie  |)ar  ses  archers,  voulant  l'interroger 
pul)li(piement.  Il  avait  voulu  laisser  Sab.ne 
en  dehors  de  celte  accusalion  ,  espérant 
p(3Ut-ôtre  l'intimider  par  sa  conduiU;  envers 
Sérapie  :  son  espoir  fut  trompé  ;  Sabine  sui 
vit  à  pied  son  amie,  et,  arrivée  devant  le 
juge,  elle  lui  reprocha  sévèrement  sa  con- 
duite et  lo  mena(;a  d(!  la  colère  de  Dieu  s'il 
osait  maltraiter  une  vierge  cpii  lui  était  con- 
sacrée. Bérylle  interrogea  Sérapie  ,  et 
l'exhorta  à  sacritier  aux  dieux.  Elle  répon- 
dit :  «  Je  ne  -s-atu'ifie  \)ns  aux.  iléinrais,  |)arce 
que  je  suis  chrétienne.  —  Sacriliez  donc  au 
moins  h  votre  Christ,  lui  dit  le  juge.  —  Oui, 
répondit  la  sainte,  je  lui  otfre  tous  les  jours 
des  sacrifices  ;  car  je  l'adore  et  le  prie  nuit  et 
jour.  —  Oii  est  le  temple  de  votre  Christ, 
reprit  le  juge,  et  quel  sacritice  lui  offrez- 
vous  '?  »  Elle  répondit  ;  «  C'est  de  me  con- 
server moi-môme  pure  par  une  vie  chaste  et 
de  porter  les  autres,  par  sa  miséricorde,  h  la 
profession  que  j'ai  embrassée.  —  Est-ce  donc 
là,  dit  le  juge,  le  temple  d'un  Dieu,  et  ce 
que  vous  offrez  à  votre  Christ?  —  Il  n'y  a 
rien  de  plus  grand,  reprit-elle,  que  de  con- 
naître le  vrai  Dieu,  et  de  le  servir  par  une 
vie  sainte.  »  Le  juge  ajouta  :  «  Selon  ce  que 
vous  dites,  vous  êtes  vous-même  le  temple 
de  votre  Dieu.  —  Oui,  dit  la  sainte,  si  par  sa 
grâce  je  demeure  pure  :  car  l'Ecriture  di- 
vine nous  dit  :  Vous  êtes  le  temple  du  Dieu 
vivant,  et  le  Saint-Esprit  habite  dans  vous. 
—  Si  donc  on  vous  viole,  repartit  le  juge, 
vous  ne  serez  plus  le  temple  de  Dieu.  » 
Elle  répondit  :  «  L'Ecriture  nous  apprend 
encore  que  si  quelqu'un  viole  le  temple  de 
Dieu,  Dieu  le  perdra.  » 

Bérylle  la  fit  en  effet  renfermer  et  envoya 
deux  Egyptiens,  pour  accomplir  la  menace 
qu'il  lui  avait  faite.  Quand  ces  deux  hommes 
entrèrent  dans  la  prison  de  la  sainte,  ils  fu- 
rent frappés  de  la  vive  lumière  qui  régnait 
en  ce  lieu  d'ordinaire  fort  obscur  ;  et  ils  vi- 
rent un  jeune  homme  éclatant  de  clarté,  qui 
leur  défendit  d'avancer.  Ils  tombèrent  aussi- 
tôt sans  mouvement  et  sans  parole,  et  res- 
tèrent ainsi  couchés.  Bérylle,  le  lendemain, 


Ô6S 


SFrt 


SER 


OCi 


ayant  Qnvnyfi  chorrhtT  la  snint<^,  .^s  archers 
la  troiivôrolit  oii  iirirres,  et  les  deu\  K;j;v'p- 
tirns  dans  l'élnt  que  nous  avons  dit.  Bi-n  Ile, 
quand  la  sainte  fut  devant  lui,  voulut  la 
r.tiller  et  faire  de  i^ro^sières  plaisanteries 
sur  ce  qui  sétait  passi*^  ;  mais  elle  hii  n'-pon- 
dil  avec  dignité ,  repoussant  ses  injures  et 
déclarant  (pie  Pieu  l'avait  prot(^-t«^r.  Hérvlle 
prétendit  (ju*t>lle  avait  ùté  la  parole  aux 
fe,-:.vpticns  par  magie,  et  il  la  pressa  de  les 
guérir.  Elle  n'y  voulut  constMitir([u'à  la  con- 
dition qu'ils  seraient  apjiorlés  devant  le  tri- 
bunal, afin  que  chacun  pût  voir  ce  qui  so 
passerait;  Iejuj;ce  y  ayant  eonsenti,  elle  «^ten- 
flit  les  uiains  sur  ces  deux  honuncs  et  leur 
ordonna  au  nom  de  Jésus-Christ  de  se  lever. 
Ils  se  levèrent,  et  racontèrent  tout  ce  qui  s'é- 
tait passé. 

Loin  que  ce  miracle  convertît  ou  touchât 
les  assistants,  on  prétendit  que  la  sainte 
était  ma:.^ieienne.  B 'rylle  lui  promit  sa  li- 
berté si  elle  voulait  dire  de  ([uels  charmes 
elle  se  servait;  puis,  voyant  qu'elle  ne  per- 
dait rien  ni  de  sa  résolution  ni  de  son  cou- 
rage, il  la  menava  de  lui  faire  couper  la  tète. 
«  Faites  ce  qae  vous  voudrez,  dit  la  sainte, 
je  n'obéis  qu  à  mon  Dieu.  »  Le  juge  fit  ap- 
pliquer sur  sa  chair  deux  llambeaux  ,  mais 
ils  s'éteignirent  ;  ensuite  il  la  fit  battre  h 
coups  de  bAtons,  et  enfin  pronoiM;a  la  sen- 
tence de  mort,  parce  que,  disait  cette  sen- 
tence, Sérapie  avait  désobéi  aux  empereurs 
et  s'était  rendue  coufiable  de  plusieurs  sor- 
celleries. La  sentence  fut  exécutée  le  29 
août.  Sainte  Sabine  fit  enterrer  son  amie 
dans  un  toudjeau  magnificpie  tpi'elle  s'était 
fait  faire  pour  elle-même.  La  fête  de  sainte 
Sérapie  arrive  le  3  septembre. 

SfiUAPION  (saint),  fut  martyrisé  en  Ma- 
cédoine ,  sous  le  règne  de  l'empereur  Sep- 
tiuie  Sévère,  et  par  ordre  d'un  juge  nounné 
Aquila.  Nous  trouvons  ce  saint  dans  les 
viiMix  Martyrologes  et  dans  le  Martyrologe 
romain  au  13juill(-'t 

SLU.U'ION  (saint),  martyr,  mourut  h 
Alexandrie  en  2V0,  sous  le  règne  de  remjie- 
reur  Phdippe  ,  dans  une  émeute  populaire 
qui  éclata  contre  les  chrétiens.  Nous  appre- 
nons d'une  lettre  de  saini  Denis,  citée  par 
Eusèbe,  (ju'après  avoir  étf-  louimenté  dans 
sa  maison  pur  les  persécuti  urs,  saint  Séra- 
pion  fut  précipité  du  liant  en  bas  et  (ju'il  ac- 
tiuit  ainsi  l.i  ronronne  du  martyre.  A  quelle 
(laie  mettre  sa  fête?  nous  n'en  savons  rien  : 
Tillemont  la  met  le  IV  novend)re,  il  a  tort, 
r'csl  celle  de  saint  Sérapion,  religieux  de  la 
M'iii  et  martyr  .\  Alger,  (jue  Tliglise  célèbre 
ce  jour-là.  Nous  trouvons  un  Sirapion  mar- 
tyr à  Alexandrie  sans  date  au  Martyrologe, 
le  28  février,  peut-être  est-ce  de  notre  saint 
iju'il  s'agit.  Cependant  nous  inclinons  forte- 
ment h  croire  'pie  ^a  l'èh>  tombe  au  -M  jan- 
>it.T,  jour  auquel  le  Martyrologe  romain 
nomme  un  Sérapion  martyr.  Ce  qui  nous  in- 
cline vers  celte  dernière  opinion,  c'est  fiue 
l'Fvglisc  fait  h^  morue  jour  la  fèie  do  saint 
Mc'liuii.  dont  le  martyre  est  ra[»porté  dans  la 
lettre  de  »..tinl  Denis  sur  la  persécution  d'A- 


lexandrie, en  môme  temps  que  celui  de  saint 


Siia;)ion 


SÉKAPION  (saint),  martyr,  habitai!  Co- 
rinthe,  en  2i9,  avec  les  saints  Victorin,  Vic- 
tor, Nicéphoie ,  Claudien,  Dioscore  et  Pa- 
pias.  11  confessa  Jésus-Christ  avec  eux  à  cette 
époque,  et  fut  avec  eux  exilé  en  Egyjtte.  On 
prétend  qu'ils  s'y  r<.Midirent  volontairement  : 
toujours  est-il  que  nous  retrouvons,  en  28», 
Sérapion  donnant  avec  eux  tous  sa  vie  pour 
la  foi  rbrétienne,  sous  le  règne  de  Numérien. 
{Voy.  \u:roHis.}  Saint  ^'ic^orin,  saint  N'ictor 
et  saint  Nicéphore  avaient  été  broyés  dans 
un  mortier,  par  ordre  du  juge  Sabin,  sans 
que  les  saints  martyrs  (^ui  reslaieul,  eussent 
été  ébranlés  par  la  vue  (Je  ces  atroces  suppli- 
C(>s.  Sabin  lit  couper  par  morceaux  saint 
Claudien,  et  jeter  devant  ses  compagnons 
ses  membres  tout  palpitants;  les  leur  mon- 
trant, il  leur  disait  :  «  Vous  pouvez,  si  vous 
le  voulez,  éviter  un  pareil  supplice.  Je  ne 
vous  force  pas  à  mourir.  Vous  ne  nous  con- 
naissez pas,  dirent  les  saints  ;  si  vous  ave/ 
des  supplices  f)lus  épouvantables,  vous  pou- 
vez nous  les  infiiger,  jamais  nous  ne  manque- 
rons h  notre  foi  ;  jamais  nous  ne  renoncerons 
Jésus-t>lirist  notre  Sauveur.  »  Le  juge,  irriti- 
de  ce  généreux  langage,  condamna  Sérapion 
h  Atre  décapité  ;  ct^tte  sentence  fut  exéi  utee 
le  25  février,  jour  auquel  l'Eglise  romaine 
célèbre  la  fête  de  tous  ces  saints. 

SÉRAPION  saint),  martyr,  eut  le  glorieux 
{irivilé^e  de  n'paniJre  son  sang  \HMir  la  de- 
tense  de  Jésus-Christ  h  Alexandrie,  sous  Nu- 
mérien. Il  eut  |)our  compagnons  de  son 
martyre  les  saints  Céréal,  Pupule  et  Caïus. 
L'Eglise  célèbre  leur  sainte  nu-moire  le  28 
février.  On  n'a  aucun  détail  loinbantles  cii- 
coiisfan((\s  de  leur  courageux  martyre. 

SERA  PION  (saint  ,  soullrit  le  martyre  à  Homo 
dmani  la  cruelle  |>ersécuiion  qiu'  l'empereur 
Diotiétien  lit  soulTrir  aux  clirétiens.  Les 
compagnons  de  son  martyre  fureni  les  saints 
Ht  rinas  et  Polyène.  Ces  sarnts  comballanls 
ayant  élé  lratn(^s  par  d(>s  lieux  étroits,  pleins 
de  pierres  et  raboteux,  ex[)irèrenl  au  miiitni 
des  souirranc(\s.  LEglise  fait  collectivement 
leur  mt'inoire  le  18  août. 

SÉRAPION,  lun  des  trente-sept  martyrs 
égypli»Mis  (pii  donnèrent  leur  sang  pour  la 
foi  en  Egypte,  et  desquels  Ruinait  a  laissé 
les  .\cles  autheiitiipies.  Voy.  Mautyrs  les 
Irente-sepfi  j^uyptib^is. 

SÉRAPION  (saint),  martyr,  était  le.  leur 
dans  une  église  de  la  Pentapole  de  Libye. 
On  n'a  aucun  détail  sur  .son  oiarlyru.  Le 
Martyrologe  romain  dit  seubnuenl  qu'il  eut 
pour  compag  loriMb' sou  marlvre  l'heoilore, 
évêfpn».  Irénée,  diacre,  et  Ammoue,  lecteur. 
T/FgliNC  Ie«<  honore  le  2<»  mars. 

SÉRAPION  isaint,  reyut  la  palme  du  mar- 
tyre h  Alexandrie,  soixs  le  règne  de  l'empe- 
reur Miximin.  Les  Arles  des  martyrs  nous 
nppretnnnil  qu'il  eut  pour  compagnons  do 
son  triomphe  les  sninis  Hiéronide,  Léoncr, 
Selèse.  Valérien  et  .Siraton.  et  (ju'ils  fureni 
jeti's  dans  la  mer.  où  ils  rendirent  Unir  ihu<' 
h  Dieu.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  12 
septembre. 


SfvUMMON  (sjiiiil),  nriii  la  conroiiin'  ilii 
innrlvnJ!  h  rouies  daiis  |i'l»uiil,  iivccmH'i  ]M^n• 
ri,  s/i'nièr('  MaiciOliii  cl  Mmiiik-c  cl  ses  deux 
IV<''fcs  Pierre  cl  Jeun.  I.'l\u,lis()  iioiinre  ('«jI- 
ici'livciiiciil  leur  niéimiire   h"  ill  !\n[\\. 

SMUAIMON  (saiiiU,  iiiarlyr  à  Kplièse,  est 
['(Me  par  ri'l^lisc  l(^  '21  |iiillel  :  il  esl  l'un  des 
sept  l)<irm;uils  don!  saint  llr(\:;uir()  de  'roiii's 
nous  a  ddinic  une  Insloire.  T»//.  '  Dohm  \>is 
(les  sepi). 

SI'HAIMON  (saini),  fui,  r\\  l'an  l'iVO,  mar- 
tyr de  la  l'iM  cl  d(>  la  cliarilé.  Il  ('lail  un  des 
|ireiniers  disciples  desaiiil  Pierre  N()ias(|uc. 
Hou  amour  pour  ses  semhlahles,  éclairé  par 
les  (Misei^n(MU(Mds  évani;éliqiu's,  le  condui- 
sit dcu\  l'ois  vUo/.  les  miisuliiuris,  pour  y 
raclictiM-  des  captifs  clirélicns  et  poui'  les 
riMidre  à  la  liberté.  Dans  son  preniiervoyn^c^ 
il  se  rendit  à  Munie,  et  y  accompli!  Iieureii- 
semenl  h^hutd*»  \n  mission  tpi  il  s'était  don- 
née ;  peu  après  il  [lartit  pour  Aij,or.  Les 
sommes  cpi'il  avait  norlécs  n'étai(;nt  pas 
snllisanfes  pour  lo  racfial  des  pauvres  Ci'ip- 
fil's  (pie  sa  cliarilé  hrOlail  de  rendre  ?i  leurs 
laiiiillcs  et  au  monde  clii(''licii.  Il  écrivit  en 
Anj^lelerre  pour  qu'on  lui  envoyAt  ce  «lui 
lui  mah((uait,  et  pendant  c(>  teiiij>s-lh,  il  resta 
lui-même  eu  olai^^e  jusipTà  [layeinent  inté- 
gral des  sommes  dont  on  était  convenu. 
Pendant  son  séjour,  il  fut  assez  lieureux  i)our 
convertir  et  ba[>liser  un  cerlain  nombre  de 
maliométans;  mais  ce  zèle  ardent  pour  la 
pro()a!;ation  d(>  la  doctrine  évangélique  lui 
coilla  la  vie.  11  fut  tué  juir  les  musulmans. 
L'KL'lise  célèbre  sa  fête  le  7  septembre. 

SKUAPION  (sainI),  religieux  de  la  Merci, 
martyr  àAlgei-,  naquit  en  Angleterre  vers  la 
fin  du  xir  siècle,  et  suivit  d'abord  la  profes- 
sion des  armes.  11  se  mit  plus  tard  au  ser- 
vice d'Alphonse  IX,  roi  de  tasiillc  :  un  jour 
ayant  rencontré  deux  religieux  de  l'ordre  de 
là  .Merci ,  nouvellement  fondé  par  saint 
Pierre  Noiasque,  il  causa  quelques  instants 
avec  eux  et  prit  la  résolution  d'entrer  dans 
leur  ordre.  Le  saint  fondateur  l'envoya  plu- 
sieurs fois  pour  traiter  de  la  rançon  des  cap- 
tifs et  il  s'acquitta  toujours  de  sa  mission 
avec  un  grand  succès.  U  partit  ensuite  pour 
l'Angleterre,  où  régnait  alors  Henri  III,  afin 
d'y  fonder  son  ordre.  Pendant  la  traversée,  il 
fut  jiris  parles  corsaires  qui  le  dépouillèrent, 
le  battirent  cruellement  lorsqu'il  voulut  leur 
prêcher  Jésus-Christ  et  le  jetèrent  à  la  mer  : 
mais  Dieu  ,  qui  l'assistait  visiblement ,  le 
fit  aborder  le  rivage.  Après  être  resté  quel- 
que temps  en  Angleterre,  il  passa  en  Irlande, 
où  se  voyant  traité  avec  trop  de  respect  et 
de  vénération  à  cause  de  sa  grande  vertu,  il 
se  rendit  à  la  cour  d'Ecosse,  où  sa  liberté 
évangélique  déplut  au  roi  Guillaume  dit  le 
Lion,  qui  le  força  de  retourner  en  Espagne. 
Quelques  jours  'après  son  retour,  son  supé- 
rieur l'envoya  en  rédemption  à  Alger,  avec 
un  autre  religieux  nommé  Béranger.  N'ayant 
que  fort  peu  d'argent,  et  n'ayant  pu  rache- 
ter que  quatre-vingt-sept  esclaves,  notre 
saint  resta  pour  consoler  et  encourager  ceux 
<jui  restaient  pendant  que  son  compagnon 
co  iduisait  les  autres  en  Espagne.  Son  grand 


sr.n 


'M 


d('vou(Miieiil  a\aiil  converti  piiisieur.s  inli^ 
dèles,  le  roi  d'Al^e|,  plein  de  fureur,  je  lit 
b.'Uoniicr  el  p-ler  dans  un  c/ichol  <tii  il  m/nii- 
fesl.i  oiiverlement  suri  liorieiir  pour  In  serU» 
de  Mali((iiie|.  Le  un  ra\/inl  su,  le  liviiu'i  l/i 
opulace,  ipii  lui  lit  subir  mille  oul^l^(*^.  On 
allai^ha  à  deux  poteaux  un  peu  l'ioigliés,  lo 
bras  droit  cl  le  pied  ;:,aii(  lira  .'un,  le  bras  g/iil- 
clie  et  le  piiMl  dro.l  à  l'aulre,  alin  de  lui  don- 
ner la  foi'iiied'ntie  croix.  Il  lut  ensuile  coupé 
par  iiKMceaux.  S(hi  marlyre  airivn  eu  I2'i(>. 
Plusieurs  miracles  obleiius  par  soi  inliMies- 
sion  l'onl  fait  inscrire  au  Mari  Molo.;e  r-oinain 
le  I  V  noviMiibre. 

SEIU)i EN  (saint),  reçut  la  ji/dme  du  mar- 
lyre à  (lordoiie,  avec  sailli  Koger,  son  comi)a- 
g'MMi.  ils  (Mirent  d'abord  les  mains  et  les 
|iie(ls  coiipi's,  puis  furent  décapités.  L'Eglise 
lail  leur  mémoire  h  Klseptemnre. 

S^lUl'iNE  (saii.t),  l'un  des  disciples  d'Oii- 
gèiie,  fut  martyrisé  à  Alexandrie,  sous  ]'(>m- 
pire  de  Sévère  (d  sous  h;  goiiv(Tnenr  Leius, 
sans  (pi'on  sache  précisément  en  (|uelle  an- 
née ;  mais  ce  dut  être  entre  l'année  20.'{  et 
l'année  lili,  Origène  n'ayant  ouvert  sa  célè- 
bre école  (pi'à  la  première  de  ces  deux  dates. 
On  voit  dans  Eiisèbe,  qu(i  saint  Séi'ène  fut 
hrùlé  vif.  Il  eut  pour  compagnons  saint  Plii- 
tanjue  et  plusieurs  autres  dont  on  peut  voir 
les  noms  h  l'article  de  ce  saint  martyr.  L'E- 
glise fait  sa  fêle  le  28  juin. 

SÉKÈNK  (saint),  comme  le  précédent,  dis- 
cijile  d'Origène,  fut  martyrisé  le  même  jour 
et  dans  les  mêmes  circonstances  que  le  |)ié- 
cédent;  seulement  il  eut  la  tête  tranchée 
aj)rès  avoir  souffert  divers  supplices.  Sa  fêle 
a  lieu  aussi  le  28  juin. 

SÉHÈNE  (saint),  moine,  fut  martyrisé  à 
Sirmich.  Ayant  été  pris  par  ordre  de  l'empe- 
reur Maxiniien,  et  confessant  qu'il  était  chré- 
tien, il  eut  la  tête  tranchée.  Son  nom  est 
inscrit  au  Martyrologe  romain  le  23  février. 

SERENNIEN  {/Eliiis  Serennianus),  gouver- 
neur de  Cappadoce,  sous  Maximin  1",  fut 
un  des  plus  ardents  persécuteurs  des  chré- 
tiens. (Voy.  Maximi.n  ,  pour  la  citation  du 
l)assage  de  saint  Firmilien.)  On  croit  que  ce 
gouverneur  est  le  même  que  celui  duquel 
Lampride  fait  l'éloge,  comme  d'un  des  con- 
seillers d'Alexandre  les  plus  honnêtes  et  les 
plus  intègres. 

SÉRÉNUS  (saint),  fut  martyrisé  en  l'an 
307  do  Jésus-Christ,  sous  l'empire  de  Dio- 
clétien.  Voici  ses  Actes  tirés  d'un  manuscrit 
de  la  bibliothèque  de  Noailles,  évêque  de 
Chàlons  :  «  Sérénus  était  Grec  ;  il  vint  à  Sir- 
miuin  et  résolut  d'y  passer  le  reste  de  ses 
jours  :  il  acheta  un  jardin  qu'il  cultivait  lui- 
même,  se  nourrissant  des  fruits  et  des  légu- 
mes que  la  terre  de  ce  jardin  lui  fournissait. 
La  persécution  commençant  à  se  faire  sen- 
tir, Sérénus  se  cacha;  mais  au  bout  de  quel- 
ques mois  il  revint,  et  reprit  la  cultuie  de  ses 
arbres.  Un  jour  qu'il  était  dans  son  jardin, 
occupé  à  son  travail  ordinaire,  une  femme 
qui  marquait  être  quelque  chose,  accompa- 
gnée de  deux  ieunes  filles,  s'y  vint  prome- 
ner. Sérénus  l'ayant  aperçue,  lui  dit  :  Que 
cherchez-vous,  madame  ?  —  Ce  jardin,  lui  ré- 


^7 


SER 


SER 


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pondit-ello  ,  m'a  naru  fort  agrôable  ,  et  si 
vous  lo  trouvez  bon,  j'y  ferai  un  tour  ou 
doux.  Une  femme  de  votre  condition,  répli- 
(jua  Sér(^nus,  se  pronitMUT  h  l'IieurtMiu'ilest  1 
Madame,  ajoula-l-il,  l'heure  est  indue,  il  est 
midi,  et  je  comprends  que  quelque  autre 
motif  que  celui  île  la  promenade  vous  amène 
ici:  je  ne  suis  pas  votre  alfaire;  croyez-moi, 
sortez,  sortez,  et  au  plus  tôt,  et  soyez  à  l'a- 
venir plus  régulière  etftlus  retenue. 

«Cetlefemmesortitdujardin  confuse  et  fré- 
missant de  rage,  non  de  ce  qu'on  l'en  avait 
mise  dehors,  mais  de  ce  qu'elle  n'avait  pu  sa- 
tisfaire l'infâme  passion  qui  l'y  avait  conduite. 
Elle  résolut  de  se  venger  de  celui  dont  elle 
croyait  avoir  reçu  un  si  grand  alTront.  Elle 
écrit  donc  à  son  mari,  qui  était  de  lamai- 
son  de  l'empereur  Maximien  (Galérius),  et 
se  plaint  îi  lui  d'une  prétendue  violence 
qu'on  lui  a  faite.  Le  mari,  ayant  reçu  cette 
lettre,  va  trouver  l'empereur,  et  lui  demande 
justice  pour  son  honneur  outragé.  Seigneur, 
lui  dit-il,  pendant  que  nos  jours  s'usent,  ((ue 
notre  vie  se  consume  au  service  de  Votre 
Majesté,  nos  femmes  se  trouvent  exposées  à 
l'insolence  d'un  corrupteur.  L'empereur  lui 
donna  un  rescrit  adressé  au  gouverneur  de 
la  province,  i)ar  letpiel  il  lui  était  enjoint  de 
faire  donnera  ce  mari  otfensé  toute  sorte  de 
satisfaction.  Le  mari  part  de  la  cour  avec 
cet  ordre,  et  se  h;Ue  d'aller  venger  sa  femme 
d'une  injure  qu'elle  n'a  pas  reçue.  Il  arrive  à 
Sirmium,  se  rend  au  palais  du  gouverneur, 
et  lui  met  entre  les  mains  le  rescrit.  J'ai  été 
outragé  ,  lui  dit-il ,  en  la  personne  dcj  ma 
femme,  et  je  demande  une  réparation  pro- 
portionnée h  l'indignité  de  l'action.  Et  quel 
est  l'insolent,  dit  le  gouverneur,  qni  a  osé 
perdre  le  respect  envers  une  dame  de  cette 
considération, dont  le  mari  a  rhonneurd'af)- 
procher  la  [tersonne  de  rem[)ereur  ?  Nom- 
mez-le-moi promptemenl,  que  j'en  fasse  jus- 
tice. C'est,  reprit  le  mari,  un  nommé  Séré- 
nus,  un  misérable  jardinier.  Le  gouverneur 
commanda  qu'on  le  cherchAt,  et  (lu'on  le  lui 
amenAt  incessamment.  Lorsfpi'il  fut  arrivé, 
le  gouverneur  lui  demanda  son  nom.  Je 
m'appelle  Sérénus,  répondit-il.  — Lo  gouver- 
neur :  de  quelle  vocation?— Sérénus  :  Jardi- 
nier. — Le  gouverneur:  Conmjent  avez-vous 
eu  l'insolence  de  faire  insulte  h  la  femme, 
d'un  seigneur  de  cette  distinction?  —  Séré- 
nus :  Moi,  je  n'ai  jamais  fait  d'insulte  à  au- 
cune fenmie.  —  Le  gouverneur:  (Ju'on  lui 
donne  la  question,  pour  lui  faire  dire  (juello 
était  cotte  dame  qu'il  insulta  l(>rs(iuelle  vint 
dans  son  jardin  pour  se  promener. —  Séré- 
nus :  Je  me  souviens  bien  (ju'une  dame  vint, 
il  y  a  quelque  temps,  dans  mon  jardin  h  une 
heure  indue,  dans  lo  dessein,  disait-elle,  de 
s'y  promener.  Il  est  vrai  nue  je  pris  la  li- 
berté de  lui  remontrer  (|u'il  était  contre  l'or- 
dre et  contre  la  bienséance  ipiune  personiu! 
de  son  sexe  el  de  sa  qualité  sortit  h  une 
tollo  heure  de  chez  elle.  Le  mari  demeura 
confus  à  ce  discours  do  Si-rénus.  qui  lui  ou- 
vrait tout  à  coup  les  yeux  sur  la  conduite  de 
sa  femme;  et  la  honte  l'einpèrh.iut  de  par- 
ler, d  se  retira  bans  presser  davantage  le  gou- 


Terneurde  le  venger  de  l'innocent  jardinier. 
«  Cependant   le  gouverneur,  comprenant 
lar  cette  réponse  de  Sérénus  que  c'était  un 
lomme  de  bien,  et  (pii,  loin  do  profiter   do 
a  faiblesse  d'uîie  femme,  l'avait  reprise  avec 
une  généreuse  liberté,  le  soupçonna  d'être 
chrétien.   Cela   l'obligea  à  l'interroger  plus 
particulièrement.  Qui  èfes-vous,  lui  dit-il,  et 
quelle  est  votre  religion?  Je  suis  chrétien, 
repartit  Sérénus  sans  hésiter  un  moment.  Et 
comment,  reprit  le  gouverneur,  nous  avez- 
vous  échappé;  oi!i  vous  ôtes-vous  si  bien  ca- 
ché'jus((u'ici,et  comment  avez-vous  pu  vous 
dispenser  de  sacrifier  aux  dieux?  La  Provi- 
dence, répliqua  Sérénus,  en  a  ainsi  ordonné, 
et  elle  m'a  réservé  jusqu'à  présent.  Il  sem- 
blait en  effet  (jue  Dieu  m'eût  rejeté  comme 
une  pierre  peu  propre  à  entrer  dans  son  édi- 
fice, mais  il  a  la  bonté  de  me  reprendre  au- 
jourtl'hui  pour  m'y  placer.  Au  reste,  je  suis 
prêt  à  souffrir  toutes  choses  pour  son  nom, 
afin  de  pouvoir  être  reçu  dans  son  royaume 
au  nombre  des   saints  qui  y  sont  déjà.  Cet 
aveu  ne  mit  pas   peu  en  colère  le  gouver- 
neur. Eh  bien!  lui  dit-il,  puis([ue  vous  avez 
voulu  éluder  par  la  fuite  les  édits  de  l'empe- 
reur, que  vous  vous  êtes  caché  pour  n'y  pas 
déférer,  et  que  vous  n'avez  pas  voulu  sacri- 
fier aux  dieux,  pour  réparation  de  tous  ces 
crimes  vous  perdrez  la  tête.  A  peine  cette 
sentence  eut-elle  été  prononcée,  que  le  saint 
fut  enlevé  et  conduit  au  lieu  de  son  supplice, 
où  il  eut  la  tête  coupée  le  8  des  calendes  de 
mars,  sous  le  règne  éternel  de  Jésus-Christ, 
auquel  soit  gloire  et  honneur  dans  tous  les 
siècles.  Amen.  » 

SERF  (saint),  fut  couronné  à  Tuhurbe  en 
Afriijue.  Après  avoir  été  longtemps  maltraité 
à  coups  de  bAlon,  durant  la  persécution  des 
^'andaleK,  sous  Hunéric,  roi  arien,  il  fut 
élevé  ensuite  en  l'air  à  plusieurs  reprises 
avec  des  |)0ulies,et  lAché  aussitôt  de  tout  le 
poids  de  son  corps  sur  des  cailloux  et  des 
pierres  pointues.  Tout  brisé  par  ce  supplice 
il  obtint  la  palmedu  marlyra.  L'Eglise  honore 
sa  mémoire  le  7  décembre. 

SERGE  (^saint),  eut  le  bonheur  de  recevoir 
la  couronne  du  martyre  en  Fouille,  avec  les 
saints  Pantalémon  et  Maur,  durant  la  [)ersécu- 
tionde  Trajan.  Les  détails  nous  man(|uont  sur 
le  genre  de  mort  (pii  couronna  ces  saints  et  sur 
le  lieu  [)récis  où  se  consomma  leur  sacrifice. 
L'Eglise  fait  la  fête  de  saint  Serge  Ie27  juillet. 

SERGE  (saint),  l'un  des  conq>açnons  du 
saint  martyr  Cyriaque,  diacre  de  l'hglise  ro- 
maine, mourut  en  303,  à  Rome,  sur  la  voie 
Salaria,  où  il  fut  enterré.  II  furent  vingt-six, 
dans  lo  même  jour,  mis  à  mort  au  même  en- 
droit. L'Eglise  i'élèbro  leur  fête  collective  le 
jour  do  leur  translation,  qui  eut  lieu  le  8 
août.  ^Toj/.ORiAyi  K.  Voy.  aussi  l'abbé  Gran- 
didior,  Hixt.  de  l  Eglise  dr  Slrnsbourg.) 

SER(îE  ^saint,  avee  saint  Racipie,  servait 
dans  les  armées  impériales,  en  qualité  d'of- 
ficier supérieur.  Sous  l'empire  de  Dioclé- 
lieii,  durant  la  cruelle  persécution  ijue  ce 
prince  suscita  contre  l'Eglise,  ces  deux  saints 
furent  mis  h  mort,  après  avoir  subi  de  lon- 
gues et  cruelles  tortures.  Ce  fut  dans  la  >y- 


000 


SEIl 


HKR 


OTO 


rie,  nu  dioo^so  d'irit^raitln  h  Ua^^nplid,  f[(i*ils 
vn-s^rciil  Iciii"  saiiK  pinir  Jôsus  -  Cliri.sl. 
Al(uniuln),  tW(^(|iio,  lit  hAlir  on  k'M  inio  iiui- 
gnil'KiiK'  i^Klis(^  sims  leur  iiivocalioti.  Jiisli- 
iiicu  Moiiitiia  Uasa|ilio  Scrj^i()|><)li.s  cl  lil cous- 
Iriiiriî  «M»  riioniK'iu'  des  saints  (lillV'iMjiilos 
églises  cil  Oi-ii'ut.  Pra-ii(\  Paris,  .\ii^;;i'rs,  |)0s- 
sr(l(Mihii'sr('Iii|ii('S(l('i(',s  liicMihcuciMix  saints. 
Cfllt'  (Icniic^ni  vilhi  nolaniincnt  n  iiiio  ('i.^liso 
sous l'iii vocal ioii(l(>  saiiil  Scrj^c  chltïSMÏnl  Hac- 
(]Ut>,  la(|iioll('('sii'cniari|iial>lc'|)aisotiait;liitc(  - 
tuiM  <!t  par  son  a'Ui(|iiil(^.  L'M^lisc  tail  la  l'(Mo 
(lo  ces  sainls  lo  7  (vclolicc.  D'apn^'s  le,  Mai'l\- 
rolOf;;o  romain,  IKu'(|U(' e\|iira  sous  Uis  coups 
(le  ntM't'de  biMd";  cl  Serge,  ayant  aux  pieds 
dos  souliers  garnis  d(*  clous  en  dedans,  resta 
Ion;j;teui|)seii  cet  élal,cl  enlin  eut  la  icMcIran- 
chc(>. 

SKU(iK  (saint),  re(;ul  la  palme  du  luarlvre 
à  Ci'vsarée  en  Cappadocc.  On  a  ('*cril  ses  mcr- 
voilleuses  actions.  I/lIglisc  l'a  inscril  au 
nombre  de  ses  saints  le  'i'i  levriei'. 

SKK(;i()l»()LIS.  Voi/.  lUsAiMiii. 

SEKCilUS,  moine  du  Monl-Anxence  ,  qui 
eut  rinfamie  do  se  laisser  gagner  h  prix 
d'or  par  Calisle,  envoyé  de  (-onslantin  Co- 
pronyme  [)0ur  perdre  saint  Etienne  ,  abbé 
de  son  monaslèro.  CiCt  hommes  abominal)le 
sortit  de  son  couvent,  et  se  concertant  avec 
Aidicalame,  rédigera  un  libelle  dans  le(piel  le 
saint  abbé  était  accusé  de  plusiom-s  crimes. 
D'abord  il  disait  h  l'emperinn-  :  «  Seignein-, 
cet  liomuic  vous  a  analliémalisé  ;  il  ne  cesse 
de  proférer  contre  vous  des  injures  révol- 
tantes. »  Ensuite  il  disait  :  «  Il  entretient 
un  commerce  adultère  avec  une  femme  no- 
ble nommée  Anne  ,  qu'il  a  séduite  et  qu'il 
tient  dans  le  monastère  d'en  bas  (le  couvent 
de  femmes).  Cette  Anne  monte  tous  les  soirs 
dans  sa  cellule  pour  s'y  livrer  avec  lui  à 
un  cominen'c  impur.  »  Ce  fut  en  raison  de 
ces  affreuses  dénonciations  que  Constantin 
Copronyme,  à  qui  on  remit  le  libelle  pen- 
dant qu'il  était  en  Scythie  ,  lit  arrêter  et 
amener  à  son  camp  la  sainte  femme  que 
nous  venons  de  nommer.  {Voij.  son  article.) 
Sergius  ne  rentra  pas  au  moiaslèrc,  ou  du 
moins  s'il  y  rentra  ce  ne  fut  que  sous  le 
couvert  de  l'hypocrisie  et  en  cachant  ses  vé- 
ritables intentions.  Le  seul  fait  certain  (jue 
nous  sachions  est  celui-ci  :  quand,  après  la 
destruction  du  monastère  de  Saint-Auxence, 
saint  Etienne  eut  été  banni  dans  l'Ile  de 
Procoièse,  tous  les  moines  vinrent  l'y  trou- 
ver et  y  érigèrent  un  nouveau  couvent  : 
tous,  hormis  deux  qui  sont  nommés  dans 
les  Actes  du  saint  ;  Sergius  est  l'un  de  ces 
deux. 

SEROTINE  (sainte),  martyre,  répandit  son 
sang  à  Rome  avec  les  saintes  Donate,  Pau- 
line, Rustique,  Nominande,  Hil.irie  et  d'au- 
tres saintes  femmes  encore  dont  les  noms 
sont  inconnus.  Nous  n'av.ms  point  de  détails 
authentiques  sur  elles.  L'Eglise  fait  leur  fête 
le  31   décembre. 

SERRADO  (  le  bienheureux  Juan  ),  Frère- 
Mineur,  fut  martyrisé  en  1555  pour  la  foi 
dans  le  Val  de  Guadiana,  par  les  Chichiraè- 
ques,   avec  Jean  de   Tapia  ,    religieux   du 

DicTiOHN.  DES  Persécutions.  IL 


iiiAiiKi  ordre,  llciniard  f'dsin,  (pi'ils  lircnl  oé- 
iir  h  coups  de  llcclics.  ((  hnmiifui'a  '/'"•  Irè- 
rnt-Minntrn,  t.  IV,  p,  .'JO?  cl  .siliv.) 

SEHUAN(>,  Dnnniiicain.s  ,  nfinongait  l'IC- 
vangilc  dans  h;  l-'o-Kicn,  aux  environs  de 
Fou-ngan,  sous  la  direction  de  Snnz,  <^vô- 
cpic  de  Maniicaste,  quand  le  vice-roi  de  C(J 
pays  cx(  ila  un(>  viojciilf!  |M-rsé(;iilion  contre 
les  chrétiens.  L'odicicr  Eau,  nj)rès  |)lusi(nirH 
investigations,  désespérait  de  premlfo  le;» 
missionnaires  ,  (luaiid  une  s(;rvatil(;  qu'il 
avait  fait  mettre  a  la  lortine  se  laissa  valn- 
vvr.  et  conduisit  les  soldats  au  lieu  où  N'S 
PP.  SiMiano  et  J)ia/,  se  tiMiaieiit  cachés  entre 
deux  [)lanchers.  Fan  fut  très-joyeux  d'avoir 
f)ins  CCS  deux  missionnaires  :  il  leur  deman- 
da où  était  l'évéque.  Sur  liMir  réponse  néga- 
tive, il  lildomier  dt!S  soulilels  au  P.  Serrano. 
L(î  10  juillet  17V(),  tous  les  missionnaires 
furent  conduits  chargés  <\o  chairies  h  f'oxc- 
icheoii-fou,  capitale  du  Fo-Kien,  <t  vingt-sept 
lieues  du  Fou-Ngan.  La  inultilude  suivait 
les  charrcîttes  sim"  les(|uelles  on  les  trans- 
])orlait,  faisant  entendre  ses  mah-dictions  et 
ses  injures.  Ils  furent  inUn-rogés  aussitôt 
leur  arrivée.  A  la  suite  de  plusieui-s  iidor- 
rogatoircs,  le  P.  Serrano  fui  condamné  à 
recevoir  des  souillets  :  il  en  eut  la  peau  d(;s 
joues  enh'vée,  et  le  visage  tout  ensanglanté. 
Quand  la  sentence  [)rononcée  dans  le  Fo- 
Kien,  et  condamnant  les  missionnaires,  l'é- 
vé({ue  à  être  déca|)ités,  les  autres  à  ôtro 
étranglés,  eut  été  ratitiée  à  Pékin  par  le  tri- 
bunal des  crimes  et  signée  par  l'enqiereur  , 
on  mit  le  P.  Serrano  dans  uni;  prison  parti- 
(nilière,  et  on  lui  grava  sui'  le  visage  avec 
un  1er  rouge  deux  caractères  qui  signitiaient 
le  genre  de  supplice  qu'il  devait  subir. 
Le  P.  Serrano  était  évéque  de  Tipasa.  Voici 
ce  qu'il  écrivait  do  sa  prison  au  P.  Archange 
Mirai  ta  :  «  Ce  que  nous  offrons  à  Jésus- 
Christ  notre  Sauveur  étant  peu  de  chose  et 
mauvais,  ne  serait-ce  pas  pire  si  nous  le  lui 
ollrions  de  mauvaise  grûce  ?  Personne  n'en 
doute.  Si  votre  révérence  m'offrait  une  chose 
précieuse  et  que  ce  no  fût  pas  de  bon  cœur, 
je  vous  assure  que  je  ne  la  recevrais  pas. 
Que  serait-ce  donc  si  elle  m'offrait  une  chose 
mauvaise  et  encore  avec  peine  ?  Ainsi  of- 
ftant  à  Jésus-Christ  celle  mauvaise  lête,  je 
dois  au  moins  le  faire  avec  plaisir.  »  H  fut 
étranglé  dans  sa  prison  le  28  octobre  1743. 

SERVAND  (saint),  souffrit  le  martyre  à  Os- 
suna  en  Es[)agne,  durant  la  persécution  de 
l'impie  Dioclétien  et  sous  Viateur,  un  de  ses 
lieutenants.  Il  eut  pour  compagnon  de  ses 
souffrances  saint  Geriuain.  Après  les  fouets, 
la  prison,  la  faim,  la  soif  et  losfatigues  d'un 
très-long  voyage  qu'on  leur  fit  faire  chargés 
de  chaînes,  ayant  eu  enfin  la  têie  tranchée  , 
ils  achevèrent  le  cours  de  leur  martyre. 
Germain  fut  enterré  à  Mérida  et  Servant!  h 
Séville.  L'Eglise  célèbre  collectivement  leur 
mémoire  le  2  octobre. 

SERVILE  (saint),  martyr,  souffrit  en  l'hon- 
neur de  sa  foi,  avec  les  saints  Zoël,  Félix, 
Silvain  et  Dioclès.  Leur  martyre,  sur  lequel 
on  n'a  pas  de  détans,  eut  lieu  en  Istrie. 
L'Eglise  célèbre  leur  mémoire  le  2i  mai. 

31 


071 


SO 


SEV 


97Î 


SERVIMEN  (saint),  compagnon  de  la 
gloire  et  du  martyre  de  saint  Sulpice,  mou- 
rut î>  Rome  pour  la  foi  durant  la  j)ers(5cu- 
tion  que  l'empereur  Adrien  avaitexcit(^e  ron- 
Irc  rEgiisc.  Sa  l'èt»'  est  mar(ju(';e  dans  le  Mar- 
tyrologe romain  au  20  avril.  Nous  manquons 
fie  détads  sur  l'f^poque  précise  du  trioujphe 
de  ce  saint  martyr,  ainsi  que  sur  le  genre  du 
supfilice  qui  termina  ses  jours. 

SEHVILirS  {Pnnlus),  proconsul  h  Laodi- 
rée,  sous  le  règne  de  l'empereur  Marc-Au- 
rèle,  fit  mourir  saint  Sagaris  ,  évoque  de 
celtf  ville. 

SERVULE  (saint),  souffrit  pour  la  foi  de 
Jésus-Christ  a  Adrumète  en  Afrique.  11  eut 
pour  compagnons  de  sa  gloire  les  saints 
Vérule,  Secondin,  Siriee,  Félix,  Saturnin, 
Fortunat  et  seize  autres  que  nous  ne  con- 
naissons pas.  Ce  fut  durant  la  j)ersL'tulion 
des  Vandales  contre  les  eallioli(iues  (ju'ils 
furent  martyrisés.  L'Eglise  fait  collective- 
ment leur  sainte  mémoire  le  21  février. 

SERVES  (  saint  )  ,  martyr  ,  cueillit  la 
)alme  du  martyre  vers  l'année  48i,  durant 
a  persécution  que  Hunéric.  roi  des  Vanda- 
es,  fit  souffrir  au\  cailioliques.  Notre  saint 
;ut  traîné  sur  des  cailloux,  en  sorte  que  tout 
son  corjis  fut  nus  en  lambeaux  et  qu'on  lui 
voyait  les  côtes.  L'Eglise  honore  sa  mé- 
moire le  6  décembre. 

SERVES  (saint  ,  martyr,  fut  un  de  ceux 
qui  donnèrent  leur  san^'  pour  la  foi  dans  la 
persécution  que  Hunéric,  roi  des  Vandales, 
suscita  aux  cailioliques  dans  la  septième  an- 
née de  son  règne.  (  Voir  les  détails  de  ses 
combats  à  l'article  Libérât.) 

SÉVÈRE  (s;dnt),  prêtre  et  martyr,  appar- 
tenait à  l'Eglise  d'Héraclée  ;  il  fut  arrêté 
avec  son  évoque  saint  Piiilippe,  etlo  diacre 
Hermès,  et  souffrit  le  martyre  |)0ur  la  foi 
chrétienne,  en  l'an  de  Jésus-Cliri>l  .30'i.,  sous 
le  règne  et  durant  la  parsécution  du  tyran 
Dioclélien.  Il  fut  martyrisé  troisjours  aiirès 
son  évOque.  (  Voy.  les  Actes  de  saint  iMii- 
lippe  h  son  article.)  LEglisc  célt  bre  la  fête 
de  cc^  saints  martyrs  h?  2^2  octobre. 

SÉVtRE  (saint)',  martyr  à  Rome  en  30V, 
sous  le  règne  et  durant  la  persécution  de 
Dioclélien.   {Voy.    les  Qi  atri;  Coiroxn^cs.) 

SÉVflRE,  nom  du  gouv.  rneur  qui  con- 
damna à  mort  saint  l'ierre  R.ilsame,  sous 
l'inupire  de  (iaière  »'l  de  Maxiuiin,  en  l'an 
311.  dans  la  ville  d'Aul.ine. 

SÉVERE^saint),  lut  honoré  de  lacouronne 
du  martyre  en  Al'iiqin',  avec  les  saints  Sé- 
riir.  J.invier  et  Vidoiin.  Les  Actes  des  mar- 
tyrs ne  nous  dmnent  pas  d'autres  détails. 
L  Eglise  fait  collectivement  leur  fête  le  2  dé- 
cembre. 

SÉN  f.RE  saint),  martyr,  reçut  la  palme  du 
martyre  h  Ale\anilrie  ,  h  inie  é;  oque  (|ui 
nous  est  incotunie.  Il  •  ut  pour  compagnons 
di  .»a  gloire  les  5aint>  M.insuel,  Appien,  Do- 
uât, ll(tnorins  et  d'aiilres  dont  les  noms  ne 
se  trouvent  pas  dans  le  Martyrologe  romain. 
L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  30  décem- 
bre. 

SfiVÈRE  (saint),  p^<^t^e.  cnrifp'.seur,  partit 
desIndeR  par   1p  seul  désir  de  prêcher   l'K- 


vangile.  Aprèsunsi  long  et  si  pénible  voyage, 
il  aniva  enfin  h  Vienne  en  Dauphiné,  où  par 
ses  discours  et  ses  miracles  il  convertit  une 
multitude  innombrable  do  païens  h  la  foi 
de  Jésus-Christ.  L'Eglise  l'honore  comme 
confesseur  le  8  aortf. 

SÉVÈRE  (saint),  prêtre,  confesseur,  souf- 
frit à  Orvièle  pour  la  défense  de  la  religion 
chrétienne.  LT-jIisefait  sa  fête  le  1"  octobre. 

SÉ^  ÈRE  (saint),  évêqne,  confesseur,  en- 
dura de  grands  sujiplices  h  Trêves  en  l'hon- 
neur de  Jésus-Chrisl.  Les  Actes  des  martyrs 
ne  nous  donnent  f>oint  de  détails  sur  lui.  Il 
est  inscrit  au  Martyrologe  romain  le  15  oc- 
tobre. 

SÉVÉRIEN  (saint),  était  soldat  dans  l'ar- 
mée do  l'empereur  Licinius.  Ce  saint,  allant 
souvent  dans  la  prison  où  étaient  les  qua- 
rante martyrs  de  SébaNte  ,  et  leur  rendant 
de  fréquentes  visites,  fut,  par  l'ordre  du  pré- 
sident Lysias,  suspendu  avec  une  gro'^se 
pierre  aux  pieds,  puis  fouetté  et  déchiré 
sans  reli'Éche  et  avec  tant  de  cruauté  qu'il 
rendit  l'esprit  dans  les  tourments. 

SÉVERIN  (saint),  évêqne.  confessa  la  foi  ?» 
Trêves  au  milieu  des  tortures.  L'Eglise  fait 
sa  fête  le  21  décembre. 

SÈ\  ÈRE  (saint),  retint  le  martyre  h  Alexan- 
drie avec  les  saints  Pierre  et  Leuce.  Nous 
ignorons  l'époque  elles  différentes  circons- 
tances de  leur  martyre.  L'Eglise  fait  collec- 
tivement leur  fêle  le  11  janvier. 

SEVER  (saint),  évêqne,  fut  martyrisé  h 
Barcelone.  Il  eut  la  tête  percée  avec  un  gros 
clo  1.  L'Eglise  l'honore  comme  martyr  le  6 
novembre. 

SÉVÈRE  (saint),  fut  martyrisé  avec  le  cen- 
turion Meiunon.  On  les  jeta  dans  une  four- 
naise ardente,  après  qu'on  leur  eut  coupé 
les  [)ieds  et  les  mains.  Us  sont  inscrits  au 
Martyrologe  romain  le  20  aoOt. 

SÉ\ÈRE  [Liicitis  SrptimiusK  naquit  h 
Leptis  en  Afii(]ue,  d'inie  famille  illusire, 
l'an  de  Jésus-Chrisl  r»0.  Ouesleur,  tribun, 
iroconsul  et  consul,  il  passa  par  toutes  les 
)rin(:ipales  cliarges  de  Veinpire  avant  de 
Kirvenir  à  la  suprême  puissance,  (irnnl 
lomme  de  guerre,  il  rendit  aux  armes  ro- 
maines réclat  dont  elles  Avaient  brillé  aux 
plus  grandes  et  aux  plus  glorieuses  épo- 
ques. Doué  d'un  esprit  vif  «'t  pénétrant,  il 
concevait  rapidement  et  exécutait  ce  ipiil 
avait  conçu  avec  habileté,  précision  et  har- 
diesse. Pendant  les  premières  années  de 
son  règiic,  qui  commença  en  1Î>"L  l'ExIi^e 
demeura  en  naix.  Les  guerres  civdes  qui 
déchirèrent  1  empire  conlribnèrenl  h  dé- 
tourner enlièreinenl  l'Htletition  de  l'empe- 
reur ;  p(nU-êlre  aussi  se  inonlra-l-il  favora- 
ble aux  chrétiens,  en  mémoire  de  ce  qu'au- 
trefois il  avait  élé  guéri  arec  une  certaine 
hmle  par  wu  tjirelien  nommé  Prociile 
Tor|)acion.  Quand  8évère  fut  empertMu-, 
reccuinai^sant  dri  bienfait,  il  fit  clierch^'r 
Procule,  et  le  garda  tant  (|u'il  vécut  dans 
son  palais.  Sans  doute  ce  personnage  fut 
pendarrt  longtemps  le  prolecteur  d^  ses  co- 
ndigionnaires  ntiprè.s  de  l'empereur.  Sévère 
bit   nusju   favorabi'  m^nt   disposé   pour   Ie« 


m 


SEV 


KKV 


074 


clinMifMis,  |mnr  ijii'il  n'en  trouva  aiiciin  mii 
tiO  l'iU  nsxiiié  mu  it'vnltc.s  d^  NiKcr  cl  d'Al 
l)if|  :  fo  (|iii  110  vont  pas  diru  qu'il  n'y  en  d'il 
ji.is  (l.iiis  !("<  jni.ys  soiiiiiis  l\  l'aiiluiili'!  i\v.  vm 
deux  coiiijjûlitciir.s  de  Si'Vt'Tc,  inai.s  (|iraiiri|it 
J)(.»  |ii  il  uio  pari  aciivo  duiis  jus  livrinMijunts 
p<)Idii|ii('S  (|iii  sij^iialrrcMl  ces  ^ncirt's.  Il 
vaimpjil  siK^fc^sivoiiiciit  DkIkt,  Jidii'i),  <|in, 
anrùs  la  mort  du  l'urliiiax,  b'clail  l'ail  pro- 
claiiuM"  (MuptM'fiir,  cil  iiu^nic  lcm(i.s  niic  liii- 
111(^1)11'  l'avail  cic  proilaiiic  par  lis  Icj^iuiis 
<r|'Il.vrii.i  où  il  coiiiiiiaiidail,  (Misuilc  Ni^cjcii 
O/'iciil,  cl  ciiii'i  Alliiii,  (jui  s'clail  Ciil  l'ccuii- 
jiaîlro  loiiimo  ciMpi'ioiir  dajis  la  (irand*!- 
Mrolai^iiio.  Il  les  lll  inoiirir  loiis  les  Iroii, 
avoc;  un  i^r>>ud  uoiubrt"  d(,'  leurs  parlisans. 

Ci;  lui  prcs  i\<'  l^yon  ipi'il  vaiuiiuil  Albin. 
ri  passa  cnsuilo  en  palcslinc  el  on  Syrii.'  j  \h 
il  suscita  une  viidciite  pcrscculion  conlro 
les  cluélions,  orilo'iiianl  par  un  édil  spi'i'iul 
do  pros'M'iro  Ions  coux  (pii  cinbiasscraiont 
soit  la  reli;^i()n  juive,  soit  la  reli.^ion  cluu- 
lionne;  iMi  nnhuo  Icinps  il  lit  apj)li(picr  avoc 
intiuinjcnl  de  i-i^uour  les  lois  existantes 
contre  les  clirétions.  La  persùculion  dura 
jusiju'h  la  (in  do  st)n  règne. 

Kn  l'année  208,  les  peuples  de  la  Cirandc- 
Bretagne  s'étant  do  nouveau  soulevés ,  il 
passa  dans  leur  ilo  pour  les  soumet tro,  ot  là 
comme  toujours  la  victoire  fut  tidélo  h  ses 
armes.  11  dompta  tous  ses  ennemis  ;  niais  un 
autre  cmemi  invincible,  envoyé  par  Dieu 
pour  le  punir,  vint  l'abattre  lui-même.  Il  fui 
pris  d'une  cruelle  maladie,  ijui  le  lit  beau- 
coup souirrir  pendant  plus  d'une  année. 
Accablé  par  la  douleur,  il  dut  faire  de  tristes 
réllexio'is  sur  lu  iorme  linal  de  touio  ambi- 
tion ici-bas  :  il  dut  penser  aux  cruautés 
inouïes  cjuil  avait  commises,  ii  ses  ennemis 
qu'il  avait  fait  mourir,  à  tous  ces  chrétiens 
qu'il  avait  jadis  protégés  et  que  depuis  lon- 
gues années  déjà  il  avait  fait  emprisonner, 
prof-ire  el  égorger. 

Ce  n'était  pas  assez  pour  ce  prince  persé- 
cuteur :  il  fut,  à  un  degré  plus  épouvantable 
eiccre,    frappé    de  la   punition   qui  avait 
atteint     Marc-Aurèle.    Ce    dernier    prince 
avait  quitté   la  vie  ci  soupçonnant  son  lils 
de  l'avoir  assassiné.  Sévère  eut  la  certitude 
nue  le  si(Mi  était  parricide.  Plusieurs  fois  on 
1  avait  informé  que  Caiacalla  cons[)irait  con- 
tre ses  jours.  L'horreur  de  pénétrer  dans  ce 
mystère  de  crime  pour  l'approfondir  avait 
arrêté  le  vieil   empereur  :   on  conçoit  que 
l'amour  de  la  vie  et  de  la  conservation  per- 
sonnelle devienne  insouciance  de  vivre  chez 
un  homme,  quand  la  mort  qui  le  menace 
vient  de  la  main  d'un  lils.  Sévèr.j  endurait 
une  torture  ([ue  rien  ne  saurait  rendre,  mais 
il    se   taisait.    Un  jour,  dans  une  maiche, 
étant  éloigné  de  ses  gardes  et  presque  seul 
avec  son   lils  da-s  un  sentier  étroit,  il  se 
retourne    au    cri   de  ceux   qui   raccompa- 
gnaienl  el  voit  Caracalla,  la  main  levée  pour 
le  frapper.  Une  dit  rien  à  ce  monstre;  mais, 
rentré  dans  sa  tente,  il  le  fait  venir  el  Jui 
présentant  une  é()ée  :  «  Frappez,  lui  dit-il, 
maintenant  que  nous  sommes  seuls,  per- 
sonne ne  vous  verra.  »  Peu  de  temps  après, 


prolitanl  d'un  inoiiioni  où  lu  f;oiillit  lu 
(  Imiiiit  sur  son  lll  de  diiiilciir,  \^^s  b'-f^io  '% 
proclainèn'ut  son  lils  omncroiir,  bévére  (il 
arrélerics  clicfs  de  l;i  rt-vollc,  cl  l(!.s  (il  d.'ca- 
oilcr.  Il  Appn.'ii(j/,  dil-l,  a  Caiacilla,  que  c'ol 
la  lèlo  qui  gouverne,  cl  non  ji/js  Ic^  |iiedN.  » 

l''igiire/-voii.s  ce  iiiallrc  du  monde,  in 
coiiquinaiit,  ce!  Idiijiuo  ;uiibiticu <( ,  <|Ui)  la 
l'ortiiim  avait  loujoiirs  etiivré  du  siiccA.s,  qiio 
la  vicloireavait  loujoiirs  f.ivoi  isc,  vjcijx  cl  iii«' 
lide  dans  les  biuincs  de  l'Aii^lcIci re,  com- 
mandant h  une  urméi!  qui  conspire,  et  itc- 
coinpii.mié  d'un  (ils  (pii  non  sciileinont 
allcnd  sou  héiitago  en  souhailani  .son  tré- 
pas, en  calculant  les  dornièros  hiMjrrîs  do  sa 
lent«^  ag(Mii(',  mais  qui  encore  veul  l'assassi- 
nei'.  Pensez  (jue  cet  homme  fut  cruel  el 
vindicatif;  cpie,  non  conlont  d'égorger  Sf!S 
compélileiirs ,  il  faisait  massacrer  leurs 
femmes  et  leurs  enfants;  souvenez-vous 
que  cet  homme  a  rendu  des  édils  sangui- 
naires contro  les  chélieiis,  dont  il  a  versé 
le  sang  duranl  près  de  dix  années,  et  vous 
com|»r(nidrez  la  justice  de  Dieu  jusque  dans 
cetl(>  rigueur  extrême. 

Sévère  mouiut  h  York  en  211,  désespéré, 
s'alfaissant  sous  la  douleur,  et  sous  la  mi- 
sère ([ue  le  ciel  lui  envoyait.  On  raconte 
même  que,  d(!maiidant  vjinemenl  du  poi- 
son pour  mourir,  il  S"  donna  une  indigeslion 
en  mangeant  une  grande  (luantité  de  mets 
indigestes.  Qu'ajouter  à  ce  lécit  (|ui  dé- 
goûte ?  Encore  une  fois.  Dieu  sait  venger  ses 
martyrs,  et  les  hommes  les  plus  grands  sont 
bien  petits  sous  sa  main. 

Sévère,  s'il  faut  en  croire  Dodwel,  ne  fut 
pas  ou  fut  à  peine  persécuteur.  Uuinart  a 
réfuté  si  victorieusement  l'écrivain  angla.is, 
que  nous  croyons  faire  une  chose  avanta- 
geuse au  lecteur  en  citant  ce  qu'il  a  dit  : 
«  Eusèb:;  est  si  fort  persuadé  que  sous  lem- 
pereur  Sévère  la  persécution  fut  générale, 
qu'il  n'a  point  fait  diliiculté  d'avancer  «que, 
dans  toutes  les  Eglises  du  monde,  il  y  eut 
des  fidèles  qui  combattirent  et  donnèrent 
leur  vie  pour  la  véritable  religion.  »  Dodwel, 
ne  pouvant  résister  à  la  force  de  ces  paroles, 
en  parait  ébranlé  jusqu'à  avouer  que  «  la 
persécution,  à  la  vérité,  se  répandit  dans 
toutes  les  provinces  de  l'empire  ;  »  mais  se 
repentant  aussitôt  de  cet  aveu,  et  se  mettant 
peu  en  peine  de  ce  qu'on  pourra  pen-er 
d'une  rétractation  si  soudaine  et  si  mal  co- 
lorée, il  écrit  que  tiès-peu  de  martyrs  souf- 
frirent alors,  «ce  qu'il  est  facile,  dt-il,  de 
prouver  par  l'histoire  môme  d'Eusèbe,  où 
cet  auteur,  ni  n'en  rapporte  un  grand  nom- 
bre, ni  ne  dit  point  en  avoir  omis  un  grand 
nombre.  »  Mais  je  ne  comprends  pas  com- 
ment on  peut  faire  dire  à  Eusèbe  tout  le 
contraire  de  ce  qu'il  dit  en  elfet,  et  ce  qu'il 
contirme  par  plus  d'un  endroit  du  vi'  li- 
vre, el  particulièrement  au  chapitre  second, 
où,  à  l'occasion  de  la  persécution  qui  s'excita 
à  Alexandrie,  il  se  sert  de  ces  mêmes  ter- 
mes :  «  Lorsque  le  feu  de  la  persécution 
était  le  plus  allumé  et  qu'un  nombre  infini 
de  fidèles  recevait  tous  les  jours  la  cou- 
ronne   du   maryre.  »    11    est  vrai  qu'il  ne.\ 


nS                                 SEV  StV                                  97« 

nomnif  que  très-peu,    parer   que  cela  n'a      exterminez-nous »  Car  le  peuple  et  les 

aurun  rapport  î»  son  (los>eiii,  soit  qu'il  en  magistrats  étaient  également  aniiii(!'sà  la  perte 
eiU  donne  une  liste  <!ans  un  ouvrage  cxiuès,  des  chrétiens,  ce  (|ui  fait  dire  h  Tertullien  : 
soit  qu'on  cet  endroit  il  ne  parlo  des  mar-  «Toutes  les foisquevousvons déchaînez  con- 
tvrs  qu'en  [»assant,  et  qu'il  n'ait  en  vue  tro  les  chrétiens,  vous  le  faites  en  partie  de  vo- 
qii'Origéne,  comme  la  suite  le  fait  assez  con-  Ire  propre  mouvement,  et  en  partie  pour  obéir 
naitre.  Mais  il  marque  posilivemeiit ,  au  aux  lois  ;  mais  il  arrive  souvent  que  le  peu- 
chapitre  premier,  qu'il  en  passe  sous  si-  pie  qui  nous  hait  vous  firévienl,  et  sans  at- 
lenre  une  inlinité;  a  car,  a[)rès  avoir  dit  (pi'il  tendre  vos  arrêts,  se  jette  sur  nous  de  son 
n'y  a  point  d'endroit  où  il  n'y  aiteudemar-  autorité  privée,  nous  poursuit  à  coups  de 
tvrs  illustres,  il  ajoute  que  c'est  h  Alexan-  pierres  et  nous  fait  périr  par  le  ffu.  »  Je 
Hrie  que  la  persécution  a  fait  de  plus  grands  prie  le  lecteur  de  remarquer  en  passant,  que 
ravages,  où  plusieurs  généreux  athlètes  cela  était  fort  ordinaire  au  peuple,  de  répan- 
soulfrirent.  »  Il  ne  nomme  ensuite  que  Léo-  dre  le  sang  des  chrétiens,  et  de   pousser  sa 

nide,    père  d'Oiigène 11   ne  laisse  pas  fureur  jusqu'à    les  ma-sacrer  tumultuaire- 

rependant  dans  la  suite  de  ce  récit,  de  faire  ment  et  sans  aucune  forme  de  justice  ;  ce 

mention  d'autres  martyrs  que  des  disciples  que  Dodwel  nie   cependant  plus  d'une  fois 

d'Origène,    lorsqu'il   dit  à  la  louange  de  ce  dans  sa  dissertation.   Au   reste,  il    inqiorle 

grand  homme  que    les  martyrs  de  Jésus-  peu  que  cette  apologie  ait  été  écrite  h  Komc 

Christ,  soit  qu'ils  fussent  connus  d'Origène,  ou  à  Carlhage  ,   puisqu'étant  adressée  aux 

soit  quils    lui    fussent   inconnus,   «  rece-  premiers  olliciers  de  1  empire,   il  paiall  as- 

vaient  de  lui  toute  sorte  d'assistances  et  de  sez  que  la  persécution  dont  elle  parle  n'é- 

bons  offices,  et  il  les  rendait  t\  tous  inditlé-  tait  pas   renfermi'c  dans  un  seul  endroit  ;  et 

remmeul ,  avec  une   |)romplitude  merveil-  Tertullien  même  s'y  sert  souvent  du  mut  de 

leuse,    sans   craindre  le  préfet  Aquila,  suc-  président,  qui  était  un  terme   atleclé  aux 

cesseur  de  Lélus.  »  Mais  nous  avons  encore  gouverneurs  de  province  et   (jui   désignait 

un  témoin  de  cette  persécution,  dim  très-  leur  rang  et  leur  dignité.  li  ne  parle  pas  de 

graud  poids;  c'est  Clément  d'Alexandrie  qui,  cetie  persécution  dune  manière  plus  favo- 

au  rapport  d'Eu>èbe,  écrivait  ses  Stromates,  rable  et  d'un  ton  [)lus  radouci,  dans  ses  au- 

ou  Tapisseries,  sous  l'empire  de  S -vère.  11  1res  ouvrages.  Il  dit  dans  son  premier  livre 

parle  ainsi  au  livre  second  :  «  Nous  voyons  aux  nations  :  «  que  les  chrétiens  confessent 

tous  les  jours  comme  de  nouveaux  débor-  dès  qu'ils  sont  interrogés,  qu'ils  font  gloire 

déments  de  martyrs;  on  1(  s  tourmente  à  nos  dètre  condamnés  et  qu  il  faut  employer  la 

yeux,  on  les  brûle,  on  les  égorge »  Kt  violence  pour  les  contraindre  à  nier  ce  qu'ils 

certes,  la  consternation  était  si  grande  jiarmi     ont  une  l'ois  confessé  sans  violence » 

les    chrétiens    d'alors,  qu'un  auteur  de  ce  Dans   son   exhortation   aux  martyrs  ,  qu'il 

temns-là,   nommé  Judc,  écrit  que  la  venue  nomme  des  martyrs  désignés  et  près  de  souf- 

de  l'antechrist,  prédite  de  siècle  en  siècle,  iVir,  il  les  encourage  .\  endurer  généreuse- 

n'étail  j)as  fort  éloignée.  luenl  toutes  sortes  de  supplices.  Enlin  il  sé- 

«  Mais  de  tous  les  écrivains  ecclésiastiques  crie  dans  son  Scorpiaque  :  «   La  canicule  est 

il   n'y   en    a    point  qui  ait  lassé  un  tab:eau  montée   sur  l'horizon  ;    le    cinocéphalc  vo- 

plus  ûdèle  de  celt(>  persécution  que  Terlul-  mit  de  tous  cùlés  le  feu  dosa  rage  ;  la  per- 

lien,  ni   qui  l'ail  représentée  avec  des  cou-  sécution  est  allumée;  ici  le  glaive,  là  les 

leurs   plus  vives.  Klle  lui    a  donm-  lieu  de  ilammes,  là  le  cirque,  tout  est  mis  en  usage 

composer    plusieurs   ouvrages,    d'où    nous  iiour  tourmenter  les  diréliens.   Les  prisons 

tirerons  seulement  quelques  passages,  pour  sont  rem|)lics  de  fidèles, qui,  n'ayant  éprouvé 

servir  de  montre  et  d'échantillon,  puisqu'au-  (|ue  les  fouets  et   les  ongles  de  fer,  soupi- 

Irement  il  faudrait  copier  ses  livres  entiers,  rent  après  le  martyre  ([u'ils   n'ont  fait  que 

Voici   le   premier  crayon  qu'il  en  fait  dans  goûter  en  passant.  Pour  nous  autres,  qui  ne 

son  ApoIogélKjue  :  «  Vous  attachez  les  eliié-  nous  trouvons  |)as  sous  la   main  des    persé- 

tiens  à   des   croix ,   vous   les  liez  à  des  culeurs,  nous  sommes  destinés  à  leur  fournir 

loteaux ,  vous  leur  arrachez  les  enlrail-  b  plaisir  de  la  chasse,  et   nous  attendons  à 

es  avec  des  ongles   de    fer ,    on  nous  tous  moments   (pi'on    lâche   sur  nous    une 

coupe  la  tète,  on  nous  ex|>oseaux  l)èles ,      meule  de  bourreaux notre  nom  seul 

on  nous  hrùle  tout  vifs ,  on  nous  relègue     nous  ren.i  l'abomination  d.'S  hommes 

dans  des  iles  dt-sertes Il  se  plaint  (pion  l'on  nous  jnoduil  devant  les    puissances  de 

viole  imj)unément  les  tombeaux  des  eliré-  la  terre,  I  on  nous  interroge,  l'on  nous  met 

tiens qu'on  les  ap(elle.   |)ar  une  rail-  à  la  (pu'stion.   l'on  nous  égorge.  »  LOclme 

lerie    sanglante,    des   fagots  de   sarment.»  do  Minulius  Félix  ^ce  célèbre  avo(Vit  de  Home 

parce  que   par  une  cruauté   inouïe,  on  les  ^écriv.utce  ifialogue  au  même  lenq>s  (jue 

attachait  à  des  pieux  revêtus  de  javelles  de  rerlullien  publiait  son  Apoln-ciKjue;  parle 

.sarment,   comme  d'une  robe,  auxquelles  on  comme  r.\i)ologéti(|ue  de  Tertullien  :«  L^t-il 


1 


mettait  le  feu   eiisuile.  Knfin  il  comlut  do  un  spectacle  plus  digne  de  toute  rattcnlion 

cette  sorte  celle  éloquente  pièec  :  «  Courage  du  ciel,  (piun  clirét  en  couiballant  contre  la 

donc,   messieurs  1  ne  vous  r«'1.1ehez  point,  l^  ilouleur?  Il  e.si  iraïKjuille  aux  menaces  des 

équitables  juges  1  mais  plus  équitables  en-  tyrans;  les  plus  aùreiix  supplices  ne  lui  font 

core  au  goût   du   peuple,  .si.  pour  lui  coin-  pas  faire  le  moindre  mouveinenl  irrégulier  ; 

plaire,   vous  vouliez  iinmobr  tous  les  chré-  le  bruit  de  la  mort  ne  l'épouvante  fias,  et  il 

liens:  perséculnz,  louriuenl»'/..  enndamnez,      foule  am  pieds  toutes  ses  horreurs • 


1)71 


»Et 


ftKY 


tri 


Kl  VOulanl  iiiDiiln-r  'lut'  (oul<-  lu  v/ilcm  drs 
IkM'os  (1(1  r/mciciMMi  Uitiiif  n'av.iil  licii  (|ui 
|)(1I  ('piller  la  nr/iiiil<'iii'  du  coiir.'i^;;!'  des  liôins 
liii  clinsliniilsiiu)  :  «(lonihicii,  <lil  il,  ni  ii-l-on 
vn  parmi  ii()iis(|iii  ii'inU  |ms  scuIciih'iiI  mis 
(111  luas  dans  un  hiasicc  anlriit,  mmiim 
ISldcidS  S(;('îVola  lit  aiilrcrnis,  mais  i|iii  s'\  sont 
laiii(Vs  lotit  ciUiers,  sans  i'ain'  cnlrndid  l(J 
nioindn*  gt'inissciiii'iil  !  I.(!  soxc  !<•  pins  l'ai- 
l>|(i  et  l'Agi'  lo  pins  U  iiilii'  s(!  nuKpicnl  des 
!;il)i'ls  Pi  des  lorluros,  anV(Hit(!nl  les  htMcs 
les  pins  faionclics  ,  cl  vont  II ndiniciil  à  la 
iiKirt,  sons  (pifl(|n.'  (>lViavanl('  li^nrc  (pTclIc 
se  [XH^enlo^  eux.  »  Kl  l'on  ne  ptuil  donitT 
(inc  la  p('is(''('nli()n  don!  Miiintins  l'ail  ici  la 
description,  ne  li'il  alois  allnmcc  dans  Hcnnc, 
et  cellc-ll^  nu'^mc  durant  laqucl c  Nalal,  aitr(''s 
avoir  alijnii''  l'Iicrcsic  des  lln'oiloiiciis,  cnl 
les  (''paules  d('cliir(''es  de  coups  d(î  i'oncls, 
jiour  le  nom  de  Jésus-Clirisl,  et  pour  cclto 
consid(^ration  l'ul  reçu  !i  la  coininnnion  do 
l"l\i;lise,  parle  pape  saint  Zéplurin,  aïKpicI  il 
inoiitra  les  tU'trissures  et  les  plaies  dont  son 
corps  (Mail  converl. 

«  Mais  rerlnllien,  dircz-vous,  dans  fou 
Apolog(.Miqne,  nouune  Sévère  parmi  les  em- 
pereurs (jui  n'ont  rien  entrepris  co'ilre  li^s 
elirétiens.  Je  le  veux  ;  (pioicinc  d'autres  ('édi- 
tions, (]uoi(iue  les  manuscrits,  (]uoi(|u'Ku- 
S('^be  nuMno  tjui  cite  cet  endroit  aient  l'enipo- 
reur  Vùre  et  non  rem[)ereur  Sévère;  j'ac- 
corvle  à  Dodwel  que  ce  soit  ce  dernier  dont 
il  soil  fait  partout  mention  ;  ipi'en  peut-il 
inférer,  sinon  cpie  ct  lie  pcrsi'culio'i  fut  trés- 
sanglanle,  sans  (]uc  Sévère  l'eût  autorisée 
par  son  édit  ?  Cependant  Sparlien  d,t  le  con- 
traire, et  il  en  rapporte  un  de  ce  prince 
contre  les  chrétiens.  C'est  en  vain  que  Dod- 
wel en  rejette  la  cause  sur  rim|)ortunité  du 
euple,  qui  l'arracha  ii  l'empereur,  fatigué 
es  clameurs  du  c-irque  et  du  théâtre,  et  qu'il 
prétend  détourner  par  ]h  de  la  personne  de 
Sévè:  e  le  nom  odieux  de  persécuteur  ;  et  ce 
n'est  pas  avec  i)lus  de  succès  qu'il  entre- 
prend de  diminuer  la  violence  et  l'injustice 
de  C(  l  édit,  en  disant  qu'il  ne  fut  pas  moins 
décerné  contre  les  juifs  que  contre  les  chré- 
tiens. Ainsi  Dodwel  aura  bien  de  la  [)eine  à 
justiher  Sévère  du  juste  reproche  que  toute 
la  postérité  peut  lui  faire  d'avoir  ensan- 
glanté son  règne  par  une  cruel'e  persécu- 
tion ;  d'autant  plus  qu'au  rapport  de  Spar- 
tien,  il  aimait  à  répandre  le  sang,  et  qu'il 
avait  répandu  en  elfet  celui  d'une  infinité 
de  personnes.  En  sorte  que  le  sénat,  après  sa 
mort,  porta  ce  jugement  :  qu'il  devait,  ou  ja- 
mais ne  venir  au  monde,  ou  jamais  n'en  sor- 
tir, parce  qu'il  avait  été  et  trop  cruel,  et  tout 
ensemble  trop  nécessaire  à  la  république. 
Mais  voyons  maintenant  si  la  durée  de  cette 
persécution  à  répondu  a  sa  violence. 

«  Dodw  el  la  renferme  toute  dans  l'espace 
de  deux  ans  et  il  la  fait  finir  aux  jeux  sécu- 
laires qui  furent  célébrés  la  douzième  an- 
née du  règne  de  Sévère  :  «  Ce  prince,  dit 
Dodwel,  ne  voulant  pas  qu'une  si  grande  so- 
lemnité  fiit  souillée  parle  sang  ou  déshonorée 
parles  supplices.  »  Dodwel  cependant  ne  se 
souvient  plus  qu'il  a  dit  ailleurs   que  ces 


i 


jfuv  piililics  ont  souvent  fflil  iiaîlrn  dei  jn'i- 
séciiiions,  cl  il  im  l'a  dil  qu'uprèsTcrlullien. 
■<  l-es  cliréliciis,  dit  ce  IN'-rc  dari"»  son  Apo 
lojjii'liqne,  ne  sont  ic^ardcs  comme  entiu- 
mis  de  l'empire,  ipie  p/irco  qu'ils  refusent 
de  rendre  aii\  cinpereiii  s  un  honneur  ou 
vain  ou  criminel. ...<  )li  !  (pi'on  a  rjiisori  do 
condamner  notre  (Conduite  |  Dr  (pioi  flu<isi 
nous  avisons-nous,  d(;  cunsuper  par  une  vio 
sainte  les  plaisirs  des  Ci'sais  cl  d'insulter  h 
leurs  divertissements  par  uihî  chaslclé  ou- 
liM'c  et  nue  sobriété  hors  do  saison?  l'our- 
(pioi,  durant  ces  jours  de  r('jouissarice,  (19 
pas  orner  do  festons  et  de  couronnes  de 
lleurs  les  portes  de  nos  logis?  Kl  pourmioi 
ne  laisons-nous  pas  pAlir  le  soleil  en  plein 
midi  par  un  grand  nombre  de-  llambenux  al- 
Inniés?  N'esl-c(^  pas,  n[)rès  tout,  une  chose 
loiil  à  fait  honiuMe  lorsque  la  solemnilé 
l'exige  ,  de  changer  votre  maison  en  un 
agréable  lieu  de  proslilntio'i,  et  poiivfîz-vous 
mieux  honorer  le  prince  qui;  d'en   faire   un 

temple  de  Vénus  ? »  C'était  cette  con 

duite  sage  et  modeste  qui  rendait  les  chré 
tiens  odieux  aux  gentils;  celtfî  sainte  tris- 
tesse (pi'ils  faisaient  paKaîtr(;  durant  les  so- 
lemnités profanes  , faisait  croire  qu'ils  étaient 
chagrins  des  prospérités  de  l'Ktat,  et  enne- 
mis de  la  fortune  des  empereurs. 

«  An  res  e,  il  est  certain  que  celle  persécu- 
tion dura  j)lus  de  deux  ans  en  Afri'jue,  puis- 
que pendant  tout  le  temps  qu'elle  y  fut  al- 
lumée, on  y  compte  six  gouverieurs  outre 
Minuce  'i'iminien,  dont  il  est  parlé  dans  les 
Actes  de  sainte  Perpétue.  J'avoue  que  le  feu 
n'en  fut  pas  toujours  égal;  tantôt  plus  âpre 
et  tantôt  [tins  nujdéré,  selon  que  les  gou- 
verneurs étaient  portés  h  la  cruauté  ou  à  la 
douceur,  La  même  persécution  ne  fut  pas 
non  plus  de  moindre  durée  dans  l'Egypte, 
comme  on  peut  facilement  l'inférer  de  l'his- 
toire d'Eusèbe.  Car  cet  auteur  nous  afiprend 
que  la  dixième  année  du  règne  de  Sévère, 
Léonide,  père  d'Origène,  soutl'rit  le  nivirtyre; 
que  ce  savant  homme  n'avait  pour  lors  que 
dix-sept  ans  ;  que  l'année  suivante  il  fut 
chargé  du  soin  d'enseigner  la  doctrine  chré- 
tienne aux  catéchumènes;  que  quelque  temps 
après  il  renonça  à  la  profession  de  grammai- 
rien pour  se  donner  tout  entier  à  l'étude  de 
l'Ecriture  sainte  ;  qu'il  vendit  tous  ses  li- 
vres moyennant  seulement  quatre  oboles, 
que  celui  qui  les  acheta  devait  lui  fournir 
chaque  jour  pour  sa  nourriture.  Il  vécut 
ainsi  plusieurs  années,  poursuit  Eusèbe,  en 

vrai   philosophe durant  plusieurs    an- 

néesil  marchanu-pieds durant  plusieurs 

années  il  s'abstint  de  boire  du  vin...  »  Enfin 
Eusèbe,  après  avoir  fait  l'éloge  de  toutes 
les  vertus  d'Origène,  poursuit  de  cette  sorte: 
«  Sa  vie  étant  donc  un  modèle  exposé  aux 
yeux  des  hommes  :  il  y  en  eut  plusieurs  qui 
devinrent  les  imitateurs  de  sa  vertu;  en  sorte 

que  parmi   les   gentils  mêmes il  s'en 

trouva  qui,  ayant  été  arrêtés,  endurèrent  gé- 
néreusement le  martyre.   Plutarque  fut  le 

premier  de  ces  heureux  disciples «  C'est 

ce  qui  nous  a  obligés  de  mettre  leur  mort 
dans  notre  recueil,  environ  vers  l'année  210, 


:n9 


SK\ 


SlA 


980 


parce  (Jne  «;•»  ternu*  <lf  j)liHieur>  Hiinées, 
donl  lids/'lie  se  sort  twiit  d^^  fois  dans  ce  ré- 
(^it.ne  f't'iit  <ie  reslieindre  ^  un  moindre 
nornbrt'  quo  d<'  sept  ou  huit.  An  reste*  celte 
*ui>[>tilali'>n  s'accorde  avec  celle  que  fait 
Siili»ice  Sévère  qui  met  lrent»'-huit  an<;  ei- 
tre  la  persi^cution  de  S  'vère  et  celle  de  l)è(  c. 
Or,  Di^io  notant  nioni»^  sur  le  trrine  qu'en 
l'année  '2\9,  il  faul  néressaireiuent  prolon- 
ger la  pers(Vulion  de  8ét<'>re  jiisfpi'en  l'an- 
née '211  qui  lut  la  (Jernière  de  son  règne.  » 
»f;A  fiUK.  esclave  qui  dt'^noni.a  sal'U  Apol- 
lonius coinuR'  clirétioM  devant  Perennius, 
souï»  l'empire  do  Conunnde.  Conune  le  res- 
ont  de  M.irc-Anrèle  qui  punissait  égalcmeiit 
et  le  dénonciateur  et  le  dénoncé  était  encore 
en  vigueur ,   Perennuis   lit    rouer    Sévère  ; 

Kour  cela  on  1  all.icha  A  un  poteau,  et  on  lui 
risa  les  bras  et  les  jambes  <\  coups  de  bnr- 
res  de  fer.  Cet  événement  eut  lieu  en  185 
ou  180. 

SÈVÉRIEN,  confesseur  de  Carfbage  sons 
l'empire  de  Dècc,  en  lan  250,  vint  h  Komo 
iiiunédiatetnenl  après  sa  sortie  de  prison. 
Sabit  Célérin,(lans  sa  lettre  aux  confesseurs 
et  aux  m,irt\rs  de-Carlbage  (la  21' parmi 
celles  de  saint  Cvprien),  demande  la  paix  au 
nom  de  St'itis  et"^  de  Sévé.  icn  ,  pour  deux 
femnjes.  Candide  et  Piumérie^  qui  avaient 
eu  le  malheur  de  sacriher  aux  idoles,  et 
dont  l'une  éîait  sa  sœur. 

SÉVÉRIKN  (saint) ,  martvr  h  Rome  en  30i. 
sous  le  règne  et  durant  la  persécution  de 
Dio  lélien.  Vny.  les  Qi^^tre  Coi  p.onnés. 

SfeVÉRlEN  (sainlj,  mari,  r,  l'un  des  ([ua- 
rante  martvrs  de  Sébasio,   sous   Liciniiis. 

YOTf.   MuiTYHS  DE  SÉBVSTE. 

bÊVHiUHN  (sainlj,  martyr,  élnil  évèque 
de  Scj-thopolis  en  Palestine.  L'impie  TfiéO- 
dosc  ,  moine  qiu*  [irnlé^eaif  l'iuqiéralrice 
Eudoxie.  veuve  de  Théodore  le  J-une,  abu- 
sai! de  cet((?  protecliofi  pour  faire  soulTrir 
cruellemtnl  les  rhrétitns.  Ce  furieux,  suivi 
d'une  troupe  de  soldats,  rava,.s*'«T'l  h'S  envi- 
rons d»'  Jérusalem  dont  il  ftVait  usurpé  le 
siège  ,iii  détriment  de  Jiivénal.  Il  trouva  des 
cathfdi(pies  qui  lui  résislèro  it  «ourageiHe- 
menC,  entre  autres  notre  saint.  II  fut  Saisi 
:iar  ces  soldat^  iriq)ios,  et  iu;i«'sncré  en  l'an 
*6'î  oti  V53.  I/Kglise  honore  la  mémoire'  de 
ce  saint  martvr  le  21  février. 

SKVÉRirS  saii.t',  marf.r,  soutTrit  ('oiir 
sa  loi  II  Césarée  en  .Mauritanie.  Il  l'ut  livré 
aux  flammes  avef^  sa  femme  Aquila.  Ce  fut 
.linsi  qu'ds  reçurent  la  palme  du  mart\re. 
On  ignore  en  (piel  e  année  eut  lieu  leur  m  ir- 
t\re.  L'Kglise  fètr  leur  mémoire  le  2.3  jan- 
vier. 

Hf:vf«:RIKN  (sninl,  martyr,  vers.i  son  sang 
tour  la  foi  snu«i  In  cruelle'  persécution  qui» 
.)ioc|éiien  lit  souffrir  aux  «lisriples  de  Jésus- 
Clinst.  Il  eut  pour  compagnons  de  ses  glo- 
rieux cottibats  ^amt  Vii  tor,  saint  Zoli«pie, 
saint  Zfuon,  saint  Césnir»-,  s.iinl  Chrvs')- 
phore,  sauit  Tliéonns  et  saint  Antonin.  1,'E- 
glise  honore  la  mémoir*  de  tnus  ces  glo- 
rieux mnitvrs  le  H)  avril. 

SÉVKRIN  ^saiDt \  fut  ninrlyrisé  ,n  Vienne 
cl)  «iaule,  nu  temps  de  l'emp'reui  Marc-.\u- 


l' 


1 


rèle,  avec  saint  Exiqtère  et  saint  FéUcien. 
On  manque  absolument  de  détails  histori- 
ques sur  leur  comftte.  M.  du  Saussay  est  le 
seul  écrivainqui  en  donne  urtp  histoire  :  mi^ls 
en  présence  dn  silence  de  tous  les  auteurs 
anciens,  nous  avtTiions  éprouver  quelques 
doutes,  eu  égard  aux  sourc»'s  auxquelles  il 
aurait  puisé.  Quelque  lem;  s  après  la  mort 
de  ces  siints,  leuis  curps  avant  é  é  trouvés 
f>ar  la  révélation  (ju'ils  eu  firent  eut-mèmes, 
l'évèque  Pascase  les  enterra  dai  s  l'église 
de  Saii;t-Rf)main.  Cet  évéque  rivait  vers  le 
milieu  du  iv  siècle.  L'E.;lise  fait  la  fùle  de 
ces  trois  sninfs  le  10  novembre. 

SE  VER  IN  s,i;ntj,  martyr,  eut  le  glorieux 
privilège  de  mourir  pour  la  foi ,  h  Corne, 
avecles  saints  Carptphore.  f.xanihe,  Cassius, 
Second  et  Lici  lius.  Ils  furent  dérapit -s  tous 
ensemble  pour  avoir  confessé  le  nom  de 
Jésus-Christ.  L'Eglise  célèbre  Icnrmémoiro 
le  7  aortf. 

SÉVILEE.  Jiilia  Bowiiln,c^\  itale  de  l'An- 
dalousie, fut,  en  SiVt  de  Jésus*Chrisl.  durant 
la  persécution  tie  Diocléticn,  illustrée  [  ar 
le  martyre  de  sainte  .Uisfe  et  de  sainte  Ru- 
line.  C.cfi  deirx  fmnmes  y  étaient  marchan- 
des. Les  païens  les  trainèrcnt  devant  le  juge, 
après  avoir  défoncé  leurs  bouliqucs,  parce 
({u'ellos  avaient  refusé  de  leur  vendre  des 
(ibjets  qu'ils  voulaient  employer  dans  leurs 
sacrifices, 

SEXTE  'saint),  martyr,  e«t  inscrit  au  Mar- 
tyrologe romain  le  31  décembre,  et  honoré 
comme  martyr  par  l'Eglise  avec  les  saints 
Etienne.  Pontieii,  Attale,  Fabien,  Corneille, 
Florus,  Quiritien,  .Minervien  et  Simplicien, 
qui  furent  les  comp.ignons  de  son  triomphe. 
Le  lieu,  la  date  elles  ciiconslances  du  mar- 
tyre sont  inconnus. 

SHEUWOOI)  (le  bienheureux)  ,  laïque , 
a\ant  nié  la  suprématie  religieuse  de  la  reine 
Elisabeth  d'.Xngleterre ,  fut  traîné  sur  la 
claie,  pendi!  et  coupé  en  quartiers  te  3  fé- 
vrier 1578  avec  un  prêtre  iionuué  Nelson. 

9f.\>l,  l'un  des  trois  grands  EtaCs  de  l'Indo- 
Chine,  est  peufilé  denviron  3,000,000  d'habi- 
tants. La  religion  doiuin mie  v  est  le  boud- 
dhisme; les  mœurs  à  peu  près  les  mêmes 
(pi'en  Chine.  Longtemps  la  religion  chré- 
tienne vint  llorissanle  et  prèchée  librement. 
En  1730.  M.  Texier  de  Kerlay,  évéque  dé 
Ros.TJir',  ét.int  vicaire  apostolique  de  Siain, 
un  prt'tre  siamois  a|ios.asia.  l'n  édit  inter- 
vini.  Contraire  h  la  pré  iiralion  évangélique. 
Il  fut  défendu  aux  missionnaires  d'éi  rire  au- 
cun livre  de  religion  dans  les  langues  usi- 
tée* dans  le  royaume,  et  de  blAmer  la  reli 
gion  (pi'ou  y  professait.  On  |>lacfl  cet  édit 
sur  une  pierre  qui  fut  scellé«>  h  I  entrée  de 
l'égliso.  En  1730,  M.  de  Lolière  Pu\conial, 
successeur  de  ^1.  Te\ierdc  Kevlay,  aanl 
empêché  les  chrétiens  d'assistei  h  une  pio- 
c»':;sinn  ido|,\lrlqiie,  c»;tte  pierre  fut  renouve- 
lée. En  K.'S.H,  M.  Sirou,  cmiorté  par  un 
excès  de  zèle,  la  bri.sa.  Il  sex posait  beau- 
coup, ainsi  que  les  autres  chrétiens,  ciicom- 
niefiint  un  tel  acte  :  on  ne  ><ongea  pas  h  l'en 
pufi T.  h  cause  des  troubles  que  les  nieiiafes 
des  Birmans  occasionnaient  dans  lo  royaume. 


091 


êfR 


m 


VRl 


('•l(^  |i(Hir  Icsmls.sioiiiinir'psuM  .^('■joiirdc  caltiM^ 
cl  (le  |i/iix. 

SlhM'OI.IS,  ville  de  Sm  le,  rvsl  (-«^IMin»  pnr 
lo  iiKirlyr»'  l'c  sjiifilt>  Frhffiiiic.  <lri(c  vicrf^o 
(Midiif))  les  iMdiiiiciils  cl  |,'i  mort  (Iiii7ir)l  ]n 
iicisi^ciiliiiii  «le  l)i()fl(''licii,  sftiis  le  jiij^c  l.ysi- 
Min(|iic. 

SIDOINF.  coiircsscnr,  fui  ;iri(^lc  h  Hoirie 
iwoc  s/iiiil  Miiysc  et  ses  cnniiinniiMUs,  sniis 
le  r^j,'iic  (le  li^cc,  pour  oiiisf*  (le  t'Iirisiin- 
ni.<!ine.  (lohiinc  Ions  les  ;nili'<'S  roiifcssciii-s, 
il  siMillVIl  ;ivcc  lin  };;i;m(l  coiir.'i^c  les  loiir- 
inciits,  la  prison  pcii(l;\iU  dix-ltiiit  mois.  Il 
cul  le  ni.'illieiir,  comme  plusieurs  anires,  iio- 
tamnu'iii  Macaiic,  de  loiidttT  dans  l'ct l'cin- 
d(>  Novalion,  cnti'nîm'^  par  Novnt  ;  mais  quand 
ce  deriner  lu!  parti  d(>  Home,  il  revint  à  la 
V(^rité.  {yoi/.,  pour  di'lails  |iln.s  circonslaii- 
ci(Vs,  l'atlicle  >1oym:.) 

SII)()>1,  villede  Plu'"iicic,  o\\  fut  martyrise'' 
lo  saint  [trcMre  Zénohe,  dans  la  rigueur  de  la 
derni(''r(>  f^crsticution. 

SJDOTTl  (lo  hienheurenx) ,  missionnaire 
sicilien,  dchartpia,  le  9  octobre  1709,  au  Ja- 
pon. 11  fut  aussitôt  arrêté  et  conduit  îi  Nan- 
gazaki,  où  il  fut  intorrogf'*.  On  lui  diMuanda 
s'il  ('•tait  vrai  qu'il  cùl  prôi^hc  la  religion 
chrétienne  au  peuple  Japonais  :  «  Oui,  ré- 
pondit-il, et  j'ai  entrepris  mon  voyage  dans 
ce  but-là.  )>  Hienlôt  il  fut  transféré  à  Yédo, 
y  passa  plusieurs  années  en  prison,  et  du- 
rant ce  temps  de  captivité  baptisa  |)lusiours 
Japonais.  Quand  le  gouvernement  en  fut 
instruit,  on  le  lit  murer  dans  une  fosse  qni 
avait  quatre  ou  cinq  pieds  de  profondeur; 
on  n'y  laissa  qu'une  très-pclile  ouverture 
par  laquelle  on  lui  faisait  passer  ses  ali- 
mcnls.  11  mourut,  au  bout  de  quohme  temps, 
de  l'infection  qui  se  développa  dans  cette 
espèce  d'antre,  et  reçut  ainsi,  dans  un  sup- 
plice des  plus  aft'rcux  qu'on  puisse  imagi- 
ner, la  glorieuse  couronne  du  martyre. 

SlDROlN  (saint),  fut  martyrisé  dans  le  dio- 
cèse de  Sens.  On  ignore  la  date  et  les  diti'é- 
rentes  circonstances  de  son  martyre. 

SIDRONIUS  (saint),  eut  la  gloire  de  don- 
ner son  sang  pour  Jésus-Christ,  sous  Auré- 
lien,  durant  la  persécution  que  ce  prince, 
dans  les  derniers  temps  de  son  règne,  sus- 
cita contre  les  chrétiens.  Après  la  mort  de 
son  époux  Baudouin  de  Lille,  IV  du  nom, 
Adèle  lit  un  voyage  k  Rome,  où  elle  se  con- 
sacra à  Dieu,  et  reçut  le  voile  des  mains  du 
pape  Alexandre  11.  Elle  emporta  de  Rome  à 
Lille  les  reliques  de  saint  Sidronius,  dont 
elle  enrichit  un  couvent  de  Bénédictines 
qu'elle  avait  fondé  à  Méessène,  à  deux  lieues 
dYpres.  Plus  tard,  elle  y  vint  finir  ses  jours. 
Sainte  Adèle  était  honorée  dans  ce  monas- 
tère le  8  janvier.  Le  nom  de  saint  Sidronius 
est  inscrit  au  Martyrologe  romain  sous  la 
date  du  8  septembre. 

SIELAWVA,  l'une  des  religieuses  de  Saint- 
Basile,  établies  à  Minsk  en  Lithuanie,  et 
connues  sous  le  nom  de  Filles  de  la  Sainte- 
Trinité,  qui  furent  expulsées  de  leur  cou- 
vent et  livrées  aux  persécutions  les  [dus  vio- 
lentes dans  le  courant  de  l'année  1837,  par 


le    i/.ni-  Nicolas   ei   1(1    préhit    apos!/il  Sic 
mas/ku.  l'ille  subit  une  n/ig(dlation  si  cruelle, 
(pTelle  Ml  moiii  ut  la  nuit  sulv.int(j,  les  yeut 
Inès  sur  \o  cruilllx   cl   l/i  lélo  iipjiuvéo  sur 
lesKcnouT  de  sa  «flinte  flfibes.so.  [Voy.  Mikc- 

/YMf,\  WSK  \.) 

Sli:i,ANVA  (O'Ni  piinî'),  l'une  des  relUinu- 
.ses  liasilieincs  (|tii,  dans  le  courant  do  l'ari- 
néc  1H;I7,  furent  si  violemment  persé<uté(;« 
p/ir  le  czar  Nifolas  et  l'évéque  apostat  Sie- 
mas/.ko.  On  les  (  mfiloya  h  la  construction 
d'un  palais  pour  ce  prêtre  scliismalifpie.  Un 
pan  de  i!iuraill(!  étant  venu  .*i  s'écrouler,  Orui- 
plire  Sielawa  et  huit  d  ■  .ses  compagnes  fu- 
rentécrasées.  (Voy.  l'article  Mtr.c/.vst.AWsKA.) 

SIK\1  ASZKO  (Josicrrr),  évéfpie  russe,  ajtos- 
laf,  ftit  un  des  plus  ardents  perséciil(!urs  de 
riv,'lis(>  en  Russie.  Aidé  de  deux  autn^s  firé- 
lals  (pii  avaient  aussi  renié  leiir  foi,  il  se- 
coida  l'empereur  Nicolas  dans  sa  persécu- 
tion violente  cf)ntre  les  pofiulations  e^ifioli- 
(jiies  et  dans  ses  efforts  pour  amener  b-ur 
uéfection.  C(5  prélat  amtiitieux  fut  imposé 
pour  sulfragant  au  métropolitain  Bulliak  de 
Lithuanie,  et,  malgré  le  serment  qu'il  lui 
avait  fait,  refusa  ensuite  de  demander  h  Rome 
sfm  institution  canonique.  II  substitua  des 
missels  et  des  eucologes  schismaliques  aux 
livres  catholiques,  et  persécuta  vioTemrneni 
ceux  qui  restaient  (idèles  à  leur  foi.  11  trouva 
surtout  de  la  résistance  parmi  les  prêtres  du 
district  de  Nowogrodek,  qui  lui  adressèrent 
une  protestation  le  il  avril  183i.  Il  en  gagna 
quelques-uns  par  la  violence,  et  fit  déporter 
les  autres  en  Sibérie.  A  la  simple  suggestion 
de  Sieraaszko,  le  czar  déclarait  schismat'que 
telle  ou  telle  paroisse,  telle  ou  telle  famille 
même,  sous  prétexte  qu'elle  l'avait  été  deux 
siècles  aupai-avant  ;  et  ceux  qui  ne  se  con- 
formaient point  à  cette  déclaration  du  czar 
subissaient  la  pekie  de  mort.  Un  grand  nom- 
bre, accablés  de  mauvais  traitements,  adres- 
sèrent des  pétitions  à  l'empereur,  qui  les 
laissa  sans  réponse.  Siemaszko défendit  à  son 
clergé  d'en  recevoir  aucune.  Dans  l'année 
1837  on  avait  enlevé,  dans  les  provinces  de 
Russie-Blanche  et  de  Lithuanie,  jusqu'à  huit 
cent  quatre-vingt-six  églises  paroissiales  aux 
catholiques  du  rite-uni,  pour  les  livrer  à  ceux 
qui  avaient  embrassé  le  schisme.  Ce  fut 
alors  que  l'apostat  Siemaszko  et  son  com- 
plice Lusinski,  évêque  de  Polock,  résolu 
rent  de  faire  signer  à  leur  clergé  un  acte 
d'apostasie  qu'ils  appelaient  acte  d'union 
avec  VEglise  russe.  Tous  les  prêtres  de  la 
province  de  Mohilow,  h  qui  il  avait  été  en- 
voyé, refusèrent  de  le  signer;  plus  de  cent 
soixante  furent  déportés  en  Sibérie,  où  pres- 
(|ue  tous  périrent  de  misère  et  de  mauvais 
ti-aitements.  Le  père  de  Siemaszko  lui-même 
se  trouvait  parmi  ces  courageux  confesseurs; 
l'empereur  et  Siemaszko  lui  firent  la  grâce 
de  ue  pas  l'envoyer  eu  Sibérie,  à  cause  de 
son  grand  âge.  Ces  abominables  violences 
valurent  aux  deux  traîtres  de  grandes  ré- 
compenses de  la  part  du  czar  :  il  leur  en- 
voya des  décorations  accompagnées  de  let/ 
très  autographes,  où  il  les  remercie  de  lem 
zèle  à  ramener  l'Eglise-Unie  au  schisme. 


'1^3 


SIR 


SIE 


084 


Ils  s'associèrent  alors  révôcjue  de  Brest, 
afin  de  consommer  leur  trahison.  Ils  s'as- 
semblt'reiit  à  Polock  vers  la  (in  de  l'ann^-e 
18;iS,  atin  de  signer  délinilivement  leur  acte 
(ratihésion  à  l'Eglise  russe  et  de  l'envoyer 
à  l'empereur.  Celui-ci,  persuadi^  n(^anini)ins 
([ue  l'atlaire  allait  échouer,  s'il  ne  gagnait 
le  vieux  métropuliiain  Bulhak,  lui  envoya 
le  cordon  de  Saint-AndrtS  qui  ne  se  donne 
(ju'aux  princes  du  sang.  Sieinaszko  alla  le 
voir  bientôt,  lui  disant  que  l'empereur  était 
tout  prêt  h  lui  accorder  la  souveraineté  sur 
toute  l'Eglise  russe  :  «  Sortez,  lui  répondit 
le  vieillard  indigné,  vous  outragez  Dieu  et 
votre  conscience.  »  L'aposlat,  furieux  de  la 
résistance  du  saint  prélat,  suggéra  h  l'empe- 
reur d'employer  la  violence.  Cette  nuit-là 
même,  le  ministre  de  l'intérieur,  M.  Blon- 
dow,  forga  le  palais  du  métropolitain  et  lui 
ordonna,  au  nom  de  l'empereur,  de  signer 
l'acte  de  schisme.  Mais  ce  saint  homme, 
sans  s'émouvoir,  lui  réj)oadit  :  «  Excellence, 
rien  ne  pourra  mobliger  à  signer  cet  acte  ; 
de  plus,  sachez  que  si  d'autres  prélats  le  si- 
gnent, et  f^ue  si  1.;  gouvernement  le  publie, 
je  publierai  de  mon  côté  une  protestation  so- 
i-'nnelle!»  Il  était  aimé  et  estimé:  aussi, 
on  n'osa  user  de  violence,  et  l'on  attendit  sa 
mort,  qui  arriva  un  an  ap.ès.  Mais  rem[)e- 
renr  voulant  faire  croire  que  le  vénér.ible 
Bulhak  était  entré  dans  S(>s  vues,  lui  fil  faire 
de  magnifiques  funérailles. 

Dès  le  2'i.  février   1839,  les    trois    évo- 
ques apostats  adhérèrent  publiquement  au 
schisme,  et  envoyèrent  à  l'empereur  l'acte 
(le  leur  séparation  d'avec  l'Eglise  romaine. 
Dès  lors  aussi  Siemaszko  ne  garda  plus  au- 
cune mesure;  il  fixa  à  l'empereur  un  délai 
très-rapproché,  dans  lequel  il  lui  promettait 
de  faire  passer  à   l'Eglise  russe   toutes  les 
provinces  qui  dépendaient  de  sa  juridiction. 
L'empereur,  v^/ulanl  le  récompenser,  lui  pr  i- 
digua  les  marques  d'honneur  et  lui  délivra 
tout  pouvoir  d'agir  contre  ceux  qui  désobéi- 
raient, comme  Vinlérél   de  In  rrli(/ion  pour- 
rail  le  réclamer.  Siemaszko,  ainsi  rcvùtud'un 
pouvoir  ilhmilé  ,  s'empressa  de  retourner 
dans  les  provinces  de  sa  juridiction,  où  ses 
premiers  regards  s'arrêtèrent  sur  les  reli- 
gieuses de  Saini-Basiie  établies  h  Minsk,  et 
coiniues  sous  le  nom  de  Filles  de  la  Sainle- 
Trmilé.  Il  essaya  de  les  gagner  au  schisme 
[)ar  tous  les  moyens  possibles;  mais  n'y  pou- 
vant réus>ir,  il  leur  annonça,  dms  les  [)re- 
miers  jours  de  juillet  1837,  (|u'il  lein-  accor- 
dait un  délai  d  '  trois  mois,  après  lequel  elles 
choisiraient  entre  le  schisme  et  rex|iulsM)n 
du  couvent.    Trois  jours  s'étaient  à   peine 
écoulés,  (pi'il  revint  à  cinq  heures  du  ma- 
lin, et  enir.i,  suivi  d'un  dét  uhement  russe, 
d»ns  la  chapelle  où  les  religieuses  étaient 
réunies.  «  Ce  délai  (pie  j'avais  a.  cordé,  s'é- 
cria-l-il,  je  le  relire  ,  c'e-^i  aujourd'hui ,  ce 
matin  même  tju'il  faut  (juitler  celle  maison, 
à  moins  (|(ie  vous  ne   vous  décidiez  h  faire 
entre  mes  mains  la  rétrai  talion  île  vos  cii- 
minellrs  erreurs.  »   Toutes    !••>  religieu<5es 
s'écrièrent  d'uiu;  voix  unanime  :  «  Nuus  par- 
lons. »  Cet  indigne  prélat,  aussi  a\  .iro  qu'im- 


pie, s'empara  d'un  crucitix  qui  contenait  des 
reliques  de  saint  Basile  :  l'or  et  les  pierre- 
ries dont  il  était  incrn^^lé  avaient  frappé  ses 
regards.  La  su[)érieure  en  [irenant  un  de  bois, 
tout  sim[)le,  lui  demanda  la  permission  de 
l'emimiler.  Il  était  bien  juste  qu'il  accédât  à 
cette  deinandis  mais  il  refusa.  Ce  fut  Usza- 
kotf  qui,  touché  de  la  douleur  de  l'abbesse, 
le  contraignit  h  cfMler.  On  [«enl  voir  à  l'aiti- 
cle  MiEczYSi.AwsK.v  les  persécutions   qu'eu- 
rent à  endurer  les  malheureuses  victimes  du 
czar  et  de  Siemaszko,  jusqu'au  jour  où  cet 
apostat  vint  h  S(>as,  (iernier  séjour  où  l'on 
avait  transféré   les  religieuses.  Furieux  de 
voir  que    toutes  les  tortures  auxquelles  on 
les  avait  soumises,  pour  les  faire  changer  de 
religion,  étaient  restées  sans  etTet,  Siemaszko 
s'en  prenait  à  tout  le  monde,  au  protopope, 
aux  czernice,  du  peu  de  succès  qu'avaient 
eu,  malgré  leur  barbarie,  les  moyens  em- 
ployés. Ce  fut  alors  (pic  s'inspirant  des  plus 
abominables  pensées  des  anciens  persécu- 
teurs de  l'Eglise,  il  fit  enivrer  des  diacres 
et  des  paysans  russes,  leur  jeta  les  saintes 
en  leur  disant  d'en  faire  ce  qu'ils  voudiaient. 
On  peut  voir  à  l'article  déjà  cité  comment 
Dieu  les  préserva,  mais  comment  les  ex<''cu- 
teurs  des  volontés  de  l'apostat   transformè- 
rent en  scène  de  carnage  et  de  meuitre  le 
supplice  infâme  qu'il  avait  voulu  infliger  à 
ses  victimes.    Ici   finissent    b  s   documents 
authentiques  que  nous  possédons  sur  cet 
homme.   Il  vit  encore  en  Russie,  digne  aco- 
lylbedu  tyran  (jui  y  règne.  Deux  puissances 
lui  ont  afiposé  sur  la  poitrine  les  décora- 
tions dont  il  est  digne.  L'empereur  de  Rus- 
sie l'a  revêtu  du  grand  cordon  de  ses  ordres. 
Quand  il  voulut  s'en  dépouiller  pour  l'olfrir 
à  l'abbesse  Mieczyslawska,  et  payer  ainsi  la 
défection  qu'il   lui  demandait,  cette  géné- 
reuse femme  lui  dit  :  c  Gardez  cet  ord  e,  il 
figurerait  mal  à  cùté  de  ma  modeste  croix  ; 
et  sur  vous,   il  aidt.'  à  cacher  la  poitrine  où 
bat  le  cœur  d'un  apostat.  »  Sublime  réponse 
(pii  caractérisait  à  la   fois  cl   la  valeur   de 
riiomme,  et  cellt»  du  cadeau  impérial  qui, 
comme  l'or  donné  à  Judas,  avait  i)ayé  la  tra- 
hison. 

SIENNE  (Pierre  de),  franciscain,  partit 
avec  trois  autres  moines  de  son  ordre  nom- 
més Thomas  de  Toleutino,  Démét.rius  de 
Titlis  et  Jac<|ues  de  Paolone,  pour  aller  prê- 
cher l'Evangile  dans  lo  Kathai,  dirigés  par 
un  zélé  dominicain  français  nommé  Jour- 
ilaiu  Catalini.  Forcés  par  diverses  circons- 
tances d'aborder  à  Tana,  capitale  de  l'Ile  Sal- 
selle,  ils  y  versèient  h>ur  sang  [>our  la  dé- 
fense du  nom  de  Jésus-Christ.  [Voy.  pour  les 
détails  l'article  Martyrs  ok  Tana.) 

SIESTUZKNCEWICZ  ^SrvMsus  Bomz}, 
na  juit  il  Ku'iiisberg  tlune  famille  [)auvro 
mais  noble.  (On  sait  (pi'outre-Rliin  la  noblesse 
appartic m  .\  prestpie  tout  ce  ipii  n'est  pas  ar- 
tisan ou  attaché  à  la  glèbe  j  Ses  parents 
('•l.iient  calvinistes.  Les  erreurs  de  Genève 
birnit  l'alinienldesajeiini  iiilelligencc.  Sen- 
Innl  ilu  goût  pour  le  ni'Mie.r  des  armes,  il 
s'engagea  et  fit  partie  d'un  régiment  de  hus- 
sards. Comme  il  avait  la  tête  chaude  et  la 


085 


SIK 


AU 


OHfi 


iiuiiii  (ifoiiipli',  il  SI)  lt;iUil  (>ii  «liicl  cl  lui 
l>l('ss(''A  lu  main  K/iiiclii'.  Oïl  lui  olili^r  de  lui 
.■iiii|.iilt'r  nii  (l(ti;;l.  (li'  l'ul  |»('>i  <li'  Icnins  apiM^^s 
ci'l.i  (|ii'il  lil  coMMaissaiirc  de  Mjissalki,  (•v(>- 
(|n('  (le  \  iJM.'i,  (|ui  lui  lil  cmhrasscr  la  iflli- 
;.;i()'i  (alliiilii|Ui'.  I.'auciiii  hussai-il  (|uilla  !'('•- 
|i('('  |)()ur  la  SKUlaiic,  cl  suivi!  la  |iiurc>siou 
cléricale.  Sun  ju'oU'ilcur,  tlans  les  hoinuvs 
,i;r,lc('s  (lu(|uel  il  sul  se  uu'lli-c  cnlièrcun'iil, 
lui  ((Uiléia  la  |»r(Miisc,  le  nnuuna  cnsiiilc 
cIiaMoim)  de  la  callu^drale  do  Viliia,  cl  culiii 
le  ('[-Kusil  pour  lui  succ(''der  à  c<'  sii'^f»  après 
sa  inorl.  HitMi  (|ue  Slanislas  l'i^l  P(di»uais,  il 
se  montra  toujours  l'eiim'uii  acliarné  do  sa 
palrio.  Ce  lui  lui  (|ui,  par  ses  iu!ri!;ues  avec, 
l'otloski,  de  déplorahle  inéuioire,  lavorisa  les 
projets  lie  la  Uussio  sur  la  Polo^^nn.  Callio- 
liiH)  11,  pour  l'en  récompe'is(>r,  le  iiouuua 
t''V(\|ue  do  .Molulow  ;  en  sa  l'avour  ollo  éri|;,ea 
ce  siégo  (Ml  aro.hevOc.iRS  el  du  lail  d(^  la  vo- 
lonli'  impôriale,  Slauislas  doviid  un-tropoli- 
lain  do  loulos  les  éj^lisos  latines  des  |-]|a!s 
russes.  Ce  nouvel  arcliev(\iue  dél'jstait  lo 
sainl-si('>ge,  et  lendail  sans  cosse  h  s'en  ren- 
dre indépendant  :  il  apportait  toutes  les  en- 
traves qu'il  pouvait  aux  ellorls  de  l'Egliso 
romaine  en  faveur  des  éj^lises-unies  des  deux 
liles  en  llussie  ;  il  prenait  iniluemenl  lo  litre 
de  UK'tropolitain  des  deux  rites  en  Uussie, 
cl  se  disait  lestai  a  Intcrr  du  saint-siége.  Ca- 
therine, ijui  entrevosait  tout  le  parti  qu'elle 
pouvait  tirer  do  cet  homme  ambitieux,  se 
l'attacha  par  les  faveurs  ([u'elle  lui  prodigua  ; 
elle  insista  beaucoup  près  du  pipe  i)Our  faire 
obtenir  le  chapeau  de  cardinal  h  son  pro- 
tégé ;  mais  ce  fut  inutilement,  le  |iape  refusa 
avec  une  fermeté  que  rien  ne  |)ut  ébranler- 
Le  pape  avait  cent  fois  raison  d'en  agir  ainsi, 
car  cet  évè(iue  abominable  se  prêtait  entiè- 
rement aux  vues  de  Catherine  dans  ses  pro- 
jets sur  les  Eglises  rnthéniennes-unies.  Il 
forçait  tout  son  clergé  à  embrasser  le  rite 
latin  :  or  beaucoup  de  populations,  habi- 
tuées au  rite  grec  et  no  voulant  pas  le  quit- 
ter, passèrent  pour  cotte  cause  au  schisme. 
Ou  sait  par  quels  moyens  Catherine  aidait 
l'archevêque  de  Mohilow  :  des  bandes  de 
popes  et  de  soldats  parcouraient  les  provin- 
ces, el  convertissaient  avec  le  fouet  et  le 
knout;  les  prêtres  étaient  chassés  de  leurs 
l)aroisses  avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants, 
ou  bien  jetés  en  prison  où  on  les  laissait 
cioupir;  on  déchirait  sous  le  fouet  ou  le 
knout  les  peuples  fidèles;  on  leur  coupait  le 
nez,  les  oreilles,  on  leur  arrachait,  ou  leur 
brisait  les  dents  à  coups  de  crosses  de  fusil. 
Si  Stanislas  avait  senti  un  peu  ce  que  l'a- 
mour de  la  patrie  met  au  cœur  de  la  plupart 
des  hommes,  il  eût  éprouvé  une  invincii)!e 
horreur  pour  la  femme  qui  assassinait  la  Po- 
logne. Comme  évèque  catholique,  il  eût  da- 
vantage encore  délesté  cette  môme  femme 
qui  renouvelait  les  persécutions  des  Néron 
et  des  Dioclétien.  A  côté  des  monstres  tels 
que  ceux  que  nous  venons  de  nommer,  il  y 
a  (juelque  chose  de  plus  horrible  encore,  ce 
sont  ces  apostats  qui,  comme  le  malheureux 
archevêque  de  Mohilow,  sont  traîtres  à  la 
patrie  et  traîtres  à  la  religion.  Rien  n'est 


épouvantable  connue  |i>  (Ils  qui  assH.xsino  nn 
ii\f>ri'.  :  or  l'apostat  politique  ou  rclinieux  est 
l'assassin  de  sa  pairie,  l'assassin  de  sn  reli- 
gion ;  les  siècles  n'aui ofd  jamais  assez  d'exé- 
crations pour  son  «tdieuse  ménioiro. 

SKiISMOM)  (saint),  roi  do  Hoiirgojj;no  , 
(jualilii*  iiiarl>r  par  le  Marlviologc  romain  et 
par  les  auteurs,  n'a  pas  réellement  mérité 
ce  litre  :  il  fut  tué  étant  prisonnier  de  guerre 
(l(\  Clodomii-,  [larce  (lue  ci;  piincc;  fut  irrité 
do  voir  que  le  frèr(M]o  son  prisonnier  faisait 
des  progrès  eu  Houi'gogue  el  battait  ses  trou- 
pes. Il  y  a  \h  uiu>  vengeance  politique,  une 
cruauté  féroce  envers  un  roi  [irisonnior; 
mais  rien  dans  tout  cola  uo.  conslilin!  un 
martyr. 

SILAIU),  rivière  de  Lucanie.  Aucommen- 
c(;meiit  du  i\  '  siècle,  sous  h;  règne  el  durant 
la  peis«''cution  de  J)iocl(''lieu,  saint  \'it  et 
sainte  Cresconcc,  sa  nourrice,  ainsi  que  Mo- 
deste, mari  de  la  sainte,  furent  mis  à  mort 
sur  les  bords  de  cette  rivière.  {Voy.  Vit  et 
Chksgence.) 

SILAS  ou  Sii.vAi>,  l'un  des  soixante-dix 
disciples,  fut  choisi  avec  Judo  pour  aller  A 
Antiochc  porter  le  décret  du  concile  des 
apôtres,  sur  l'observation  des  cérémonies 
légales.  Silas  se  joignit  à  saint  Paul,  le  sui- 
vit en  Syrie,  en  Cilicie,  puis  enlin  en  Macé- 
doine. Il  fut  battu  de  verges  avec  le  saint 
aj)ôlre  par  les  magistrats  de  Philippes,  de- 
vant (jui  on  les  avait  accusés  de  vouloir  in- 
troduire des  coutumes  qu'il  n'était  pas  per- 
mis aux  Ilomains  de  suivre.  On  célèbre  la 
fêle  de  saint  Silas  le  13  juin.  Saint  Jérôme 
(épître  li3)  dit  que  saint  Silas  est  le  même 
que  saint  Silvain,  dont  il  est  fait  mention  au 
commencement  de  l'Epitre  de  saint  Paul  aux 
Thessaloniciens  ;  mais  les  Grecs  les  distin- 
guent l'un  de  l'autre.  Dorothée  et  saint  Hip- 
polyte,  martyr,  disent  que  Silas  a  été  évoque 
de  Corinlhe,  et  Silvain  évêque  de  Thessalo- 
nique. 

SILON  (saint),  martyr,  eut  la  tête  tranchée 
à  Rieli  (dans  lOmbrie),  avec  saint  Rufm  et 
saint  Alexandre,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Maximin.  L'Eglise  fait  la  fête  de  ces  trois 
saints  le  11  août.  Les  Actes  de  ces  saints 
sont  sans  autorité. 

SILVAIN  (saint),  souflYit  le  martyre  avec 
les  saints  Domnin,  ïhéotime,  Philothée  et 
leurs  compagnons,  dont  les  noms  nous  sont 
inconnus.  Leur  martyre  eut  lieu  durant  la 
perséciUioii  que  l'empereur  Maximin  fit  souf- 
frir aux  chrétiens.  L'Eglise  fait  leur  mémoire 
le  '6  novembre. 

SILVAIN  (saint),  évèque  d'Emèse  en  Phé- 
nicie,  fut  dénoncé  au  préfet  de  la  province, 
en  Tan  313,  sous  l'empereur  MaximmValère. 
Son  diacre  Lucas,  et  Mucius  son  lecteur,  fu- 
rent arrêtés  avec  lui,  et  traduits  devant  le 
gouverneur.  Tout  fut  employé  pour  les  en- 
gager à  l'apostasie,  les  menaces,  les  prières, 
les  tortures  ;  ils  furent  battus  de  verges  avec 
la  dernière  cruauté.  Au  bt>ut  de  quelques 
jours,  ils  comparurent  de  nouveau  ;  les  mê- 
mes tentatives  furent  faites  près  deux  sans 
plus  de  résultat  que  la  première  fois.  On  les 
battit  de  verges  une  deuxième  fois  ;  puis  ils 


iÊfl 


SIL 


SIL 


988 


furent  garnttlés  étroitement  et  letés  dans  un 
cnrhof.nfi  on  leur  Ini^ssa  souffrir  les  horreurs 
de  I.»  fniin  et  de  la  <5oif ;  enfin  ils  furent  livrés 
flux  tiOtes.  Apr^s qu'ils  eiu'efil  rcrii  leur  glo- 
rieuse rouronr)e,  leurs  eor|)s  furent  a^dn- 
(ionnés  parle-s  piM-séculeurs;  mais  les  chré- 
tiens les  ensevelir  "it  avec  honneur.  la  nuit 
niAnie  (Je  leur  uiarlyrc.  LrurfiMe  est  inscrite 
au  >faftvrologe  romain  le  0  février.  {Voy. 
Hensrhénius,  nd  []  Fehr.,  |i.  777  ) 

SI!.^■.\IN  'saint),  évéïjuc,  confessa  sa  foi 
en  Campanie.  On  ignore  h  quell  époque  et 
dans  qu'elles  eirroisfanees;  son  nom  est  ins- 
crit au  Nfarlyiolo^e  runiain  le  10  f''V(ier. 

SILVAIN  (sainti,  fut  martyrisé  h  Rome; 
nous  n'avDus  aui  un  détail  sur  lui.  L'E-jlisc 
fait  sa  fêle  le  5  uiai. 

SILVAIN  (saint),  était  un  jeune  enfant.  Il 
souffrit  le  marty  e  h  Ancyrc  en  Tialalie,  avec 
d -ux  aulres  jeunes  enfuits  nouunés  Hulin 
et  Vilali(pie.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  4 
se(>(einlM-e. 

S1!,\'AIN'  (saint),  confessa  sa  foi  en  Bcrri, 
au  milieu  des  tortures.  Les  ilétails  nous  man- 
quent. L'Ej;lise  fait  sa  mémoire  le  22  sep- 
temltre. 

SILVAIN  ;saiiit  ,  martyr,  versa  son  sang 
nour  la  foi  avec  les  saints  Zoi'l.  Servile,  Fé- 
lii  et  Diodes.  Ce  martyre,  dont  les  circons- 
tances nonssont  inconnues,  eut  lieu  enistrie. 
L'E-lise  célùbrt^  leur  niémoii-e  le  2V  mai. 

SILVAIN  saint),  martyr,  habitait  rAfri(|UC. 
Il  y  .soulfrit  le  martyre  avec  les  saints  Ln- 
(iùs,  Rulule.  Classique,  Secondin,  Frurtulc 
et  Maxime.  Le  Martyrologe  romain  ne  donne 

1)oiMt  de  dt'tails  sur  le  martyre  de  ces  saints. 
/E.:lise  honore  leur  mémoire  le  18  février. 
SILVAIN  (saint',  martyr,  mtnirut  pour  la 
foi  en  Pi'-idie,  avec  saint  Riaroy.  Après  avoir 
souifert  de  rruels  stq>plires  pour  le  saint 
nom  de  Nofro-Seij^neur  Jésiis-(,hrist,  ils  fu- 
rent décapités  et  méritèrent  ainsi  de  recevoir 
la  çourouie  d<>  gloire.  Le  MarlyrolOfi;e  ro- 
main ne  dit  point  A  ((uellc  époque  eu'  l'Cu 
ce  martvre.  L'Eglise  célèbre  leur  mémoire 
le  lOjiirlIel. 

SlLN'fcllE  isn\utj,Silrrriits,  pape  (>t  martyr, 
succéda  en  o3G  au  pape  Agapil.  Il  était  tils 
du  pape  Hormisdas,  uni  avait  été  marié  avant 
d'être  élevé  sur  le  sie.,'e  pont  fical.  «  I/impé'- 
r.iti  icc  Théodora  lit  appeler  Vi;j;ile,  diacre  de 
rE^.^lise  romaine,  qui  était  ?\  Constantino(ile, 
et  lui  fit  promettre  secrètement  qu'il  alioli- 
rail  le  c  nrile  de  Chalcédome,  et  écrirait  h 
Théodose  d'Alexandrie,  h  Anthime  et  h  Sé- 
vère, appronv.uit  leur  foi,  moyetmant  (pioi 
elle  lui  donnerai!  sept  cenis  livres  d'or  et  nu 
ardre  pour  Rélisaire,  cpii  le  ferait  ordonner 
pape.  Vigile,  en  avant  donné  >;  i  [)romesso  , 
vint  h  Rome,  où  i(  trouva  Sdvérius  en  pos- 
session du  saint-sié^e.  Il  alla  donc  h  Ra- 
venne  trouver  R-'-lisnire  ,  ol  lui  montra  l'oi- 
(ire  de  l'impératrice,  lui  |)roinettant  deux 
cents  livres  d'or  s'il  le  faisait  ordoîmer  à  la 
place  de  Silvérius.  Rehs.ijre  prit  Rome  le 
10  décembre  536,  et  elle  se  rendit  |irinci[»a- 
lemcnt  h  la  persuasion  du  pape  Silvérius  ; 
mais  l'a'inée  suivante  ViMgès.  mi  deslîolhs, 
vint    l'asSiéger.   Pendant   ce   sie^jc  ,  (jui  fut 


long,  on  remanpia  le  respect  des  (îoths  pour 
les  églises  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul, 
toutes  rieux  hors  île  Rome.  Loin  d'y  faire 
aucun  désordre,  ils  laissèrent  toujours  aux 
ecclésiastiipies  la  liberti- d'exercer  leurs  fonc- 
tions. 

«  Cependant  on  accusa  le  pafie  Silvérius 
d'avoir  écrit  aux  Colhs  pour  les  faire  entrer 
dans  Rome  par  intelligence.  Mais  il  passait 
pour  consta'it  (pie  c'était  une  cal  ninie,  et 
qu'un  avocat  nommé  Marc,  et  un  garde  pré- 
torien ,  nommé  Julien,  avaient  composé  en 
son  nom  de  fausses  lettres  ndre'5<;»'es  au  ro: 
des  Cioths.  Toutefois,  B  lisaire  fit  venir  Sil 
vérius  au  palais  ,  où  lui  et  sa  femme  Anto- 
niMe,  contidente  de  l'impératrice,  s'efforcè- 
rent de  lui  [)ersuader  soci élément  d'obéir  t. 
cette  priicesse,  de  renoicer  au  concde  de 
Chaloédoinc  ft  d'approuver  par  écit  le 
créance  des  hérétiques.  Le  pape  ,  au  sortir 
du  palais  ,  dit  h  ceux  de  son  conseil  ce  qun 
l'on  voulait  lui  fiir^  faire,  et  se  retira  c'i  l'é- 
glise de  Sainte-Marie-Sabine.  Lh  on  lui  en- 
voya Pholiiis,  tils  d'Antonine  du  premier  lit. 
pour  l'iiiviier  à  venir  au  pilais,  lui  promet- 
tant si^relé  avci"  serment.  Ceux  qui  accom- 
pagnaient le  pape  Silvérius  lui  conseillaient 
de  ne  se  point  fier  aux  serments  des  GreC'^. 
Il  sortit  pourtant  et  vint  au  palais.  On  ne  lui 
fit  rien  ce  jour-là,  et  on  lui  permit  de  re- 
tourner à  l'éc'lise  oi^i  il  demeurait,  à  cause 
du  serment  ([u'on  lui  avait  fait. 

«  Bélisaire  le  manda  une  autre  fois.  Il 
voyait  bien  qu'on  viulait  le  surprendre  : 
toutefois,  après  s'être  mis  en  prière,  et  avoir 
recommandé  ses  affaires  ?»  Dieu,  il  sortit  de 
son  église  et  vint  au  p.dais.  On  le  lit  entr  r 
seul  et  les  siens  ne  le  virent  plus.  Le  lend  - 
main  ,  Bélisaire  assembla  les  prêtres  ,  l  s 
diacres  et  tout  le  clergé  de  Rtune  ,  et  leur 
ordonna  d'élire  un  autre  pape.  Ils  doutaient 
lie  ce  qu'ils  devaient  ftir»',  et  quelques-uns 
réfislaient  ;  ma-s  en  in.  par  Tanlorité  de  Bé- 
lisaire, \  igile  fut  ordonné  pape  le  22  no- 
vembre 537.  .Mors  Bélisaire  [iressa  Vigile  de 
lui  payer  ses  deux  cents  livres  d'or  et  d'ac- 
com.  Iir  la  promesse  qu'il  avait  faite  à  l'im- 
pératrice; mais  Vigile  avait  peine  à  s'y  résou- 
dre, tant  par  la  crainte  des  Romains  que  par 
avaric(>. 

Quant  au  pape  Silvérius,  il  fut  enYoyé  en 
exil  h  Patare  en  Lycic ,  dont  l'évêqne  alla 
trouver  Justinien  et  le  menaça  du  jugement 
de  Dieu  ,  nour  avoir  ainsi  clias'^é  de  so  i 
siège  le  chef  de  toute  l'Eglise.  L'empereur, 
(pu  ne  savait  riiui  des  ordres  ipie  l'impéra- 
Irice  avait  donnée,  commanda  que  Silvérius 
fi^l  renvoyé  h  Rome,  que  l'on  inforui.'il  de  la 
vérité  des  lettres  qn  on  l'accusait  d'avoir 
l'crites  aux  Cioihs  :  et  que  s'il  dait  prouvé 
qu'elles  fussent  de  lui,  il  demeurAt  évéqiie 
dans  (pie1(pii»  autre  villf»  ;  et  si  elles  étaient 
trouvées  fausses,  il  fiU  réialili  ilans  son  siège. 
Le  diacre  Pelage,  qu'.\gapit  avait  laissé  «^^nn 
légat  h  Consfantinopli«,  étant  gagné  parriiii- 
pératrice,  et  chargé  d"  ses  ordres  ,  courut 
en  diligence  pour  enqiècher  (pie  l'ordre  do 
l'eiupereur  ne  ft^l  evé-,  nié  et  que  Silvérius  ne 
l'ctourniit   à  Home;  tuais  l'ordre  de  l'empe- 


m 


SI  M 


llM 


MO 


rmir  ronnuirln.  Vi|a;ilo,  t^fHnivniilc»  ihi  rcloiir 
i1(t  Silvi'i  111"^ ,  et  ciflifJifwml  d'iMic  clwisst'' , 
ninndn  ft  H(MI«;iiro  :  Donncz-inoi  Silvriiiis , 
«iiIrciiH'tif  je  ne  finis  <'X('ciilcc  ce  (juc  \nii? 
me  (Iciii.iikIJ'Z.  SilVi'iiiis  lui  doiir  li\  r('  .'i  (N-iix 
(It'rciisciirs  ot  h  tl'iiiilirs  scrvilciirs  de  Vi[j;ilo 
(|iii  le  m(V'1^l•(•nl  (l.'His  l'Ile  l';ilriiiiii.'i  oTi  j  s  l(* 
f;.Mtl(''i("nl  ,  cl  il  .V  moiinil  de  r.iiiii  li-  'iO  iiiil- 
\<  (  (1;IH.  fipr^s  nvoir  Iniii  le  saint-slt^godoiix 
ans.  »  ((•'Iciirv,  v(d.  Il  ,  p.  (riO.) 

f.'lv^lisc  f;iil  la  ('(Me  de  saint  Silvi'MO  lo 
'JOjiiiii. 

SII.\'IK  (sailli),  l'uii  des  (|iiai'ant('-linil 
marl^rs  de  l.^oii,  S'His  rcinpii'i'  de  Marc-Aii- 
rMc,  (Ml  raiiii('«o  I77,ftil  (ircapilô  dans  (îoKo 
ville.  Comnio  citoyen  roniain,  on  ne  l'exposa 
pas  anx  In'^le^.  l/l'li^lise  célèhro  sa  P.e  lo 
2  juin,  avec  collo  do  .«saint  Polliin. 

SlLVIN  (  saint) ,  luarlyc,  (Mil  la  t^loire  do 
donner  sa  vie  punr  la  foi.  Ce  fut  h  .Mexan- 
drie  (juil  niourul  en  piison  avec  les  saints 
Aralor,  Koctiinal,  Félix  et  >'ilal.  On  i.;noio 
h  quelle  époipio  eut  lieu  It'Ui'  coufat;eu\  niac- 
tyi-e.  L  KgIisocélM)iolenrui(5nioiro Ie2l avril. 
SIMÉON,  év('^(piede  JérusaI(Mn  et  nnutyr, 
6\!x\[  lils  d(!  Cléo|)lias,  ot  de  Mario  ,  sœur  do 
la  sainte  Vierge.  Il  était  par  cons6(iucnt  cou- 
sin do  Jésus-tdnist.  0"i^i"l  saint  Jacfpuvs  le 
Minoureut  été  massacré  par  lesJuil's,  lesa[>A- 
ties,  d'un  coniniun  accord  ,  et  les  disciples 
choisirent  Siméoa  ronuno  digne  do  lui  suc- 
céder sur  lo  siét^o  ile  Jérusaloni ,  en  l'an-iéo 
62.  Ce  fut  sous  ja  conduite  do  saint  Siiiiéon 
que  beaucoup  de  Juifs  sortiront  de  Jérusa- 
lem avant  qu'  elle  fût  assiéj^éo  ,  et  se  retiré- 
l'O'U  à  Pella.  Après  la  ruine  de  Jérusalem,  ce 
saint  évoque  y  ramena  so!i  troupeau;  VK- 
glise  y  devint'  lloiissanlo  ,  Dieu  couronnait 
chaque  jour  les  efforts  du  pasteur  par  des 
conversions  nouvelles.  Nous  donnons  ses  Ac- 
tes d'a|)rès  Euséb\  C'c^t  sans  fondements 
sulïisauts  que  Kuina;  t  et  d'autres  ont  changé 
la  date  dEusébe,  107,  on  celle  de  lOi,  pour 
la  mort  de  saint  Siméon.  L'Eglise  fait  sa  féto 
le  18  février. 

Actes  de  saint  Siméon,  évéque  de  Jérusalem 
et  martyr. 

La  persécution  qui  s'était  allumée  contre 
les  chrétiens  sous  l'empire  do  Domilion,  sem- 
blait être  entièrement  éteinte,  lors(|u'elle  se 
ralluma  tout  ;\  cou|)  sous  celui  de  Trajan.Une 
émotion  populaire  s'étant  excitée  conuno  do 
concertdansloutcslos  villes  contre  les  fidèles, 
y  porta  les  étince^es  de  ce  feu  :  plusieurs 
en  furent  consumés  ,  et  outre  autres  Siméon, 
fils  de  Cléophas  et  de  Mario,  cousin  ger- 
main de  Jésus-Christ  et  successeur  do  saint 
Jacques  à  l'évôclié  de  Jérusalem.  Dos  héréti- 
ques qui  coiiimencoront  de  son  temps  à  cor- 
rompre la  pureté  de  l'Eglise,  qui  jusqu'alors 
était  demeurée  vierge ,  le  dénoncèrent  au 
gouverneur  do  Syrie  :  ils  l'accusèrent  d'être 
chiéiien,  et  du  sang  de  David.  Siméon,  con- 
vaincu de  ce  double  crime,  fut  condamné  à 
êlro  altac'ié  à  une  croix  ;  cl  il  fut  assez  heu- 
reux pour  mourir  du  même  supplice  qui 
avait  ôté  la  vie  à  son  maître;  mais  ce  ne  fut 
qu'après  avoir,  à  l'âge  de  cent  vingt  ans,  lasâé 


dnrafitplusifMirsJfuir»»  |n<  \m\\pfpn\iX  <1fln<  1^^ 
divi-rs  Inuniienis  qu'ils  lui  llr>Mil  endurfr,  «*t 
av(dr  nltiré  leur  ndmirnlioii  /iiMisi  bien  quo 
cflle  de  son  jiiKo.  (Kusèbc,  HiKt.  ml.,  I.  irt, 
ch.  :\'l  ) 

S\y\i:()S  (  .«îalntK  nmrlyr  de  l'crsn  ,  veMa 
son  sang  pour  noire  s/ii'iie  tfliilou  eu  Vnn 
IV.V.t  (\i>  l'ère  chn-tiiiitie,  sdiis  le  lè^ueetdii- 
rafif  la  violente  por>é('iifioii  de  Sapor.  Son 
histoire  se  lioiive  jointe  ?i  cille  d"  ses  corri- 
na,:.,'iions,  liaiis  les  Actes  de  saint  S/qior.  (Voif. 
l'arlich!  de  ce  dernier  saint.)  L'Kglisi»  horiorn 
la  niémoii'e  do  saint  Siméon  et  de  .ses  coiii- 
pa;:;iioiis  le  ;{()  noveiiibi(!. 

SIMf'lON  (saint) ,  évê(|uo  de  Cfésipliofi  et 
de  Séleiiciiî ,  est  un  des  plus  illustres  uiar 
lyrs  de  la  l'erse.  Il  mourut  [loiir  Jésus- 
Cfiri.sl  en  3V1  ,  sous  Snpor.  Sf  s  Actes  ,  (|ui 
sont  magriifi((U('s  ,  doivent  trouver  ici  leur 
place.  Nous  les  avons  liadiiits  avec  un  soin 
particulier.  La  fêlc^  de  saint  Siméon  an  ive  lo 
17  avril. 

Martijre  des  saints  Siinér'n  ,  évéque  de  Sélcu- 
cie  et  de  Ctésiplion  ,  vc  de  ses  compagnons 
Abdhaula  et  llauanias,  prêtres,  de  cent  au- 
tres chréliens  de  dilJV'rcnles  conditions  ; 
ainsi  que  de  rcunui/ue  (tuhscialazades , 
nourricier  du  roi,  de  Pliusikius,  intendant, 
et  de  sa  fille  ,  vierge  consacrée  au  Seigneur. 

J'entre|irends  d'exiio^ei-  et  do  consigner 
dans  cet  écrit  le  commencement  de  la  servi- 
tude de  notre  jiouplo,  d'oi^  s'élevèrent  les 
calamités  que  la  Providence  nous  a  envoyées 
pour  notre  correction  et  notre  amendement. 
Certainement,  la  cruelle  teirifiêle  qui  dcfiuis 
(juelque  lem[)s  a  fondu  sur  nous  égale  les 
rigueurs  de  celle  qui  fondit  jadis  sur  les 
Machabées  ;  puisque  eux  aussi  ont  passé  par 
ces  jours  qu'avaient  prédits  les  prophètes 
annonçant  les  vengeances  divines.  Car  Ba- 
laam  avait  parlé  de  ces  événements  mômes 
dans  ses  prédictions  :  Qui  vivra  quand  Dieu 
accomplira  ses  projets  ?  Je  vois  des  hommes 
venir  de  ta  terre  italique  en  des  vaisseaux:  ih 
ravageront  Assur  (  Nond)res  xxiv,  23  ,  2^).  11 
désignait  ainsi  les  Cir(;cs  qui,  |)lus  tard,  pous- 
sés [lar  leur  fureur,  se  ruèrent  sur  les  Ma- 
chabées. Ezéchiel  aussi  annonce  dans  ses 
oracles  [Q.h.  xxvni,  v.  2  et  suiv.)  Gog  et  Ma- 
gog,  désignant  par  ces  noms  les  luômes  Grecs 
que  Daniel  (Ch.  vii,  v.  8j  a  figurés  par  la  petite 
corne,  qui  dais  le  lieu  où  elle  s'éleva  fit  dis- 
paraître si  promptoment  tiois  autres  cornes 
qui  étaient  près  d'elle,  et  proféra  des  malé- 
dictions contre  le  Très-Haut. 

Ce  fut  Antiochus  qui,  dans  la  cent  qua- 
rante-troisième année  de  l'empire  grec,  dans 
la  sixième  du  sien ,  ayant  pris  Jérusalem  , 
enleva  la  table  d'or  et  les  autres  objets  des- 
tinés au  culte  saint ,  profana  le  temple  ,  et 
en  ayant  chassé  les  Juifs  qui  le  desservaient, 
y  construisit  des  autels  près  desquels  il 
plaça  des  étrangers.  Il  exerça  surtout  sa  fu- 
reur contre  les  prêtres,  et  profana  la  religion 
et  les  choses  saintes.  Non  content  d'avoir 
commis  de  telles  impiétés,  il  souilla  du  sang 
des  innocents  les  terres  que  les  Juifs  possé- 
daient par  droit  héréditaire ,  et  exposa  les 


99\ 


5IM 


SIM 


on 


corps  des  saints  pour  qu'ils  fussent  mis  vu 
pièct'S  pnr  los  bùles  IVtocos  et  los  oiseaux  lie 
proie.  Plusieurs,  vaincus  par  ces  pors«^cu- 
tions.  prtMèienl  iesnininsan  roi,  et  .ilijur.inl 
leur  reli-^ion,  se  souillèrent  par  des  saciili- 
ces  impies  ;  d'autres ,  hommes  d'un  noble 
courage,  femmes  attachées  f»  leur  Dieu, 
ayant  ouvertement  confess(''  leur  foi ,  subi- 
rent le  dernier  supplice  :  mille  dans  un  seul 
jour  moururent  pour  la  religion  du  sabbat 
en  protestant  de  leur  innocence.  «  Nous 
mourons,  disaient-ils,  dans  la  simplicité  de 
notre  cœur  ;  cependant  nous  prenons  en  ce 
jour  le  ciel  et  la  terre  à  témoin  que  nous 
sommes  innocents  et  ne  méritons  pas  la 
mort  que  vous  nous  donnez.  »  Des  fem- 
mes furent  tuées  avec  leurs  enfants  qu'on 
égorgeait,  et  pareillement  de  petits  enfants 
furent  tués  cruellement  h  la  mamelle  de  leurs 
mères  ,  leurs  i)etits  bras  attachés  à  leur  cou. 
D'autres  ayant,  [)ar  suite  de  leur  attachement 
constant  à  la  règle  du  saint  lestament ,  re- 
fusé de  se  souiller  en  mangeant  des  viandes 
prohibées,  furent  condamnés  à  la  peine  ca- 
jtilnle.  Et  un  grand  deuil  régna  dans  Israël, 
et  les  prirïces  des  prêtres,  les  anciens,  les 
jeunes  gens  et  les  vierges  poussèrent  des 
gémissements  et  furent  consternés  ;  la  beauté 
des  femmes  fut  flétrie  ;  l'épouse  ,  assise  sur 
son  lit  nuplial  ,  tomba  par  terre,  et  toute  la 
maison  de  Jacob  lut  dans  la  confusion.  Ma- 
tathias  gémissait  et  disait  :  Malheur  â  nous  , 
ù  qui  il  a  été  réserve'  de  voir  les  wniheurs  de 
notre  peuple,  et  la  désolation  de  la  ville  sainte 
et  de  son  temple,  lequel  a  été'  livre'  aux  mains 
des  étrangers.  Voilà  donc  anéantis  notre  gloire 
et  ce  qui  faisait  notre  honneur.  Pourquoi  ri- 
rons-nous encore?  Cependant,  reprenant 
bientôt  son  courage  :  Pensez,  disait-il,  de  gé- 
nération en  génération,  que  tous  ceux  qui  es- 
pèrent dans  le  Seigneur  ne  seront  point  anéan- 
tis. Et  maintenant  ne  craignez  riin  des  dis- 
cours d  un  homme  pécheur:  parce  que  sa  gloire 
va  devenir  de  la  fange  où  les  vers  se  mettront: 
aujourd'hui  il  est  élevé,  demain  vainement  on 
te  cherchera.  Déjà  il  est  penché  vers  la  terre 
CfUi  l'attend ,  et  toutes  ses  pensées  vont  périr. 
•M.itathias  ayant  vu  un  certain  Juif  son  coui- 
palnole  qui,  après  avoir  abjuré  ouveitenient 
sa  religion,  sacrifiait  aux  idoles,  ce  fervent 
serviteur  de  la  loi  divine  rougit  de  honte,  et 
ses  entrailles  s'émurent  et  tremblèrent.  Plein 
de  zèle  p<iur  son  Dit-u  i|u'on  ollVn>ait  , 
comme  il  convenait  à  un  vengeur  de  la  loi 
sflinle,  il  se  précipita  sur  le  coupable,  et  tua 
(et  honnne  sur  l'autel  même  où  il  ollrait  son 
abominal)le  sacriticc ,  versant  ce  sang  qui 
s'était  otrert  aux  idoles  sur  le  corps  de  la 
victime  morte,  nlin  que  celui  qui  avait  souillé 
la  loi  fût  souille  à  >on  tour  par  •  «^  contact 
impur.  Puis  abordant  le  délégué  du  roi,  qui 
contraignait  le  peuple  j\  ces  sairitii-es  im- 
pies, il  lui  trancha  pareillement  la  lète.Oer- 
les,  il  lit  une  n»  lion  méritoire,  ce  prêtre  qui 
éteignit  sa  suprèm»'  indignation  dans  \v  sang 
d'une  victim»'  immondf.  et  (pji  r.  nJit  l'i  son 
f>euple  son  Dieu  apaisé  et  piopire. 

Amsidoncdans  cette  époque  de  deuil  etdo 
douleur  cruelle,  dansceUe  détresse  univer- 


selle si  grande,  dans  cet  affreux  cliquetis  des 
armes,  la  joie  et  la  gaieté  des  peuples  firent 
place  au  morne  silence;  la  tranquillité,  cet  or- 
nement delà  paix,  cet  adjuvant  de  la  guerre, 
fut  enlevée  par  la  violence  ;  les  richesses  pu- 
blicjues  furent  dilapidées,  l'éclat  national 
obscurci,  la  vertu  opprimé  ',  le  royaume  dé- 
membré, la  fortune  privée  et  la  fortune  pu- 
blique renversées  et  détruites  par  le  crime 
porté  au  comble  et  par  la  scélératesse.  Par- 
tout le  glaive  faisant  en  tous  lieux  la  solitude 
et  le  désert  ;  partout  l'aspect  de  la  mort 
cruelle,  voilà  co  qui  frappait  les  regards df>s 
malheureux  débris  de  la  nalion.  L'enfer  lui- 
même  s'était  hAté  d'ouvrir  ses  goulTres  pour 
engloutir  ses  victimes  ;  il  ouvrait  sa  bouche 
et  sa  gorge  pour  les  dévorer;  il  attira  dans 
son  goutlre  les  hommes  vertueux  et  les  scé- 
lérats ,  et  fit  des  pécheurs  sa  nourriture.  11 
ensevelit  dans  son  sein  les  corps  des  lustes, 
et  broya  de  ses  dents  les  os  des  impies ,  di- 
lacéra  leurs  chairs,  les  dévora  et  les  englou- 
tit dans  ses  ténébreux  abîmes.  Il  tordit  los 
bourreaux  de  la  vertu,  et  mit  en  pièces  ceux 
qui  persécutaient  ses  projires  adeptes  ,  les 
mettant  tous  dans  la  plus  noire  prison,  et  les 
plongeant  dans  les  profondeurs  de  son  l:c  , 
parce  que  Jacob  a  été  noyé  dans  le  péché  et 
Israël  dans  l'opprobre. 

Depuis  bien  longtemps  les  trésors  de  la 
miséricorde  et  de  la  bienfaisance  célestes 
étaie.it  fermés  pour  nous  ;  la  vengeance  de 
Dieu  avait  pendant  ces  temps  redoutables 
exercé  sullisjinment  sa  colère  et  sa  fureur; 
le  glaive  s'était  rassasié,  la  lame  s'était  eni- 
vrée, les  vexations  et  les  crimes  étaient  au 
comble  ;  les  livres  saints  avaient  été  ouverts, 
et  les  choses  qu'ils  contenaient  divulguées  ; 
enlin  la  rosée  de  la  miséricorde  tomba  de 
nouveau,  les  sources  de  la  gr;ke  se  rouvri- 
rent,etsous  leur  heureuse  intluence,lesactes  ■ 
tl  K'S  écrits  qui  les  avaient  outragf'cs  fur.nt  ^ 
oubliés  ;  les  fautes  des  coupables  furent  la- 
vées et  justifiées,  pour  que  la  justice  venge- 
resse m;  poussAt  pas  leur  chAliment  jurqu'à 
les  perdre,  pour  qu'ils  ne  fus>ent  pas  punis 
})ar  les  plus  cruels  supplices.  Puis  voilà  que 
tout  à  coup  s'éleva  un  soleil  éclatant ,  qui 
fondit  sous  ses  vives  ardeurs  les  glaces  de  la 
superstition  paienno, ferma  la  sourie  impure 
de  l'inliilélite  ,  dessécha  l'eau  stagnante  de 
l'idolAlrie ,  celle  boue  immonde  ;  nettoya 
celte  sanie  féti  le .  éteignit  cette  puant'ur 
[tutride  ,  et  rétablit  la  p'urelé  et  la  sainteté 
partout.  Il  lava  le  lieu  saint  et  le  consacra  ; 
il  mil  sur  lui  le  minteau  de  la  piix  ei  le  ré- 
(haulfa.  Il  étendit  sur  lui  le  voile  de  la  Iran- 
(pullilé,  et  le  rendit  chaste  et  vénéré.  Puis 
il  courut  sus  aux  bêtes  féroces  et  les  exter- 
mina. Judas,  le  fils  du  lion,  agramiit  la  gloire 
de  son  peuple,  el  releva  la  télo  de  son 
Eglise.  Courage  1  ce  prêtre,  ce  guerrier  est 
touverl  de  1  épliod,  un  >aiiit,  pour  se  ren- 
dre propice  le  Seigneur  Dieu.  Il  a  revêtu  la 
tunique  terrible  comme  un  géant  (jui  mart  lie 
au  carnage  ;  il  a  ceint  les  armes  de  guerre 
«■oinuie  un  brave  ;  il  est  nrOl  pour  la  bataille. 
Dans  sa  force  il  ressemble  au  lion,  il  se  cou- 
che sur  les  ruines  des  ualions  pour  dévorer 


[n)h  SIM  HIM  wn 

loiil's  priiicivs.  Sa  \uu:\ui  rsl  tiiivrrc  [du  sjmg 


iiii'iil    r.iiili'l;  (oiis  deux,  M.'ir  M  AAiiilctf'!  do 
leurs  iiKi'iirs,  /ijDiilèiiMil /i  l'i'iM.il  d'un  iiiinin- 


dcs  vicliiiK's,  »)l  sd'i  Kl.tiv«>  <vsl  l/dimir  d'à-  leurs  iiki-iiis,  /iji 

liallro  les  ItMcs  de  SCS  emieiiiis.   Dnis  sa  co-  (eie  vi'iiéiaMe;  Ions  diMJX   liiieiil  (.oiis/Ktf's 

Ii'tc*  il    a  piHirsuivi  jum|ii'.ui\  deiiiieis   de»  iiar   l'eau  saiiiln  ;   Icjus  deux  liieiil  aviic  Joio 

ln'M'IuMirs  ;  il  a  Klacc^  les  ^;luiieu\  par  la  1er-  n^  sacrifice  do   leur  saii;^;  Ions  deux  surout 

reur  du  son  ik'Iii  ;  ceux  i|ui  élaieril  grands (!t  ennaniiner  par leiusdi>,eours  é|(Mpieiils  leurs 

élevés  solil    l{>nd)ôs  do  pour  devanl  lui.  I.c  iieuples   pour  la  verlu;  Ions  dt;ux,  icdouln- 

salut  a  (Mé  remis  eu  ses  mains,  cl  il  a  l'ail  lu  olesau  coud)al,  appelèreul  la  morl  avc.'c  coii- 

dé-iespoir  d'uu    ^raiid   m»ud»re  do  rois.  Il    a  liauce    et  courage  ;  f^i'-iiéreux  el  ardoiilH,  ils 

lue  millo  cniieuns  siu' les  moida^nos  ,  il  eu  |irovo(pièreul    leurs  meurlritîf s,   se;    préci- 

a  lue  sans  nombre  dans  l<>s  pjaiinvs.  Jacob  a  |)ilatil   vaillannnenl   sur    b'S    lances   et    sur 


tressailli  de  juio  devanl  ses  o'uvi'es  ;  Isiaid  les  ('pées  étincelanles ,  la  lAbî  en  avant 
s"L>>t  enori^iUeilli  do  ses  liants  laits,  l.a  lerro  comme  des  Iriomplialeurs.  Tous  deux  erilin 
s'est  reposée  sous  sa  |)rolecliou  cl  a  secoué  succombèrent  ^iorieiiseiiKMil,  bai;^nés  dans 
la  servitude.  Sa  renommée  est  alléejnsipi'au  leur  sanu,.  Ils  ont  accepté-  le  cali<;e  avec  joie, 
bout  du  monde;  mais  lui  est  tombé  vaillam-  ils  ont  l'ait  leurs  présents  avec;  libéralité,  et 
ment  pour  son  Dieu  et  pour  la  défense!  d(!  donné  leurs  coiironnis  suivant  leurs  niéri- 
son  peu|tle  ;  et  sa  mémoire  vivra  dans  la  re-  tes;  ils  onlaccoiu|)li  avec  amour  et  avec  .soin 
coimaissauco  éU'rnclle  des  peuples.  le  mandat  du  Soi^nmir  et  se  sont  attachés  à 
Ce  ipii  se  passa  alors  ,  est  riniaj;;e,  de  no-  a(;coiiiplir  et  l\  dércndie  la  loi  sainte.  L'un, 
tre  |)ersécutioti.  Le  pcniple  commença  à  être  comme  un  juge,  accomplit  l'ordre  dt;  Dieu, 
pressuré  d'impôts,  les  jxètres  à  élri^  l'objet  faisant  par  la  mort  [)ayer  Ame  pour  Ame,  et 
de  lonti  s  sortes  de  vevidions.  Saisissant  cliercliant  par  sou  |)ropre  trc-pas  le  salut  et 
cette  occasion,  les  hommes  élevés  et  orgueil-  hi  conservation  des  siens;  l'autre,  (connue 
loux  témoignaient  leur  mépi-is  pour  ceux  nn  sei-vil(nir,  accomplit  le  pré('i;pl(!  évangé- 
qui  étaie.il  dans  une  position  plus  modeste;  Ii(pu'  :  Si  (/uehjiiun  te  frappe  sur  la  joue,  etc. 
les  païens  feulaient  aux  [lieds  les  iidèles  ;  (iî/«<</i.  v,  v.  39),  en  pn-senlanl  sa  tôle  h  cou- 
la fraude  et  l'outrage  commencèrent  à  op-  per  au  glaive.  L'un,  (pii  cliAliait  les  antres, 
rimer  la  vérité  et  l'innocence.  La  malice  et  s'oll'iit   lui-même;    l'autre,  (pii  s'humiliait, 


l 


a  mécliancelé  des  |)ercepleurs  du    lise   ne  fut  écrasé;  l'un  par  son  ministère  puriliait 
négligeaient  aucun  moyen  ,  prolltaient   do  ceux  qui  étaient  morts  et  détenus  dans  les 
tous  les  prétextes,  tantôt  iiarla  violence,  tan-  abîmes  souterrains;  l'autre  les  rachetait  du 
tôt  par  la  ruse,  tantôt  ouvertement,  tantôt  péché  par  sa  mort.  L'un  mourut  vainqueur 
d'une  façon  détournée,  pour  arriver  h  chan-  de  ses  ennemis  dans  une  guerre  étrangère  , 
ger  en  une  dure  servitude  la  liberté  que  Dieu  l'autre  fut  mis  à  mort  dans  un  combat  (jui 
avait  donnée  à  son  Eglise  ,  pour  jeter  peu  à  ne  lit  pas  de  bruit.  0  excellente  et  illustre 
})ou  le  trcuble  lians  les  pratiques  de  la  loi  mort  des  saints,  surtout  après  le  triomphe 
divine,  qu'elle  se  faisait  gloire  d'observer,  que  notre  Sauveur  accorda  h  notre   héros 
pour  créer  sans  cesse  des  obstacles  dans  la  dans  cette  lutte  occulte  1  Judas,  vainqueur, 
voie  droite  de  la  vérité.  s'est  couché  lui-même  sur  les  monceaux  de 
L'année   117  du  royaume  des  Perses,  la  ses  ennemis  vaincus  afin  de  se  lever  aussi 
trente-unième  du  règne  du  roi  des  rois  Sa-  lui-môme  et  pour  consacrer  son  sacerdoce 
por,  ces  calamités  fondirent  surnotre  peuple,  par  son  sang.  Siméon,  jeté  par  terre  aussi,  se 
Quand  celte  tempête  arriva,  l'Eglise  de  Se-  releva  de  lui-même  et  vainqueur  porta  haut 
leucie  et  de  Ctésiphon  avait  pour  évoque  Si-  la  tète  qu'il  allait  bientôt  baisser  pour  rece- 
méon,  surnommé   Bflr-5«6oc,  nom  qui  lui  voiries  eaux  dans  lesquelles  le  pontife  allait 
convenait   i)rimitivement;   car  ses   parents  être sanctilié.  Judas,  tout  en  Dieu  et  aidé  de 
teignaient  la  pourpre  qui  servait  à  l'orne-  l'esprit  de  Dieu,  délivra  son  peuple  des  tri- 
ment des  rois;  pour  lui  ce  fut  avec  son  sang  buts  qu'il  payait  aux  rois  de  Syrie  et  de 
qu'il  teignit  la  pourpre  qui  devait  lui  servir  au  drècc.  Siméon,  par  le  secours  de  Jésus,  Fils 
ciel.  Ce  Siméon  fut  celui  qui  donna  sponta-  de  Dieu,  vainquit  ses  ennemis,  et  vengea 
nément  sa  vie  pour  son  Dieu  et  pour  son  son  peuple  que  la  tyrannie  des  rois  de  Perse 
peU|  le,  et  qui,  pénétré  d'horreur  contre  ce  faisait  gémir  dans  la  plus  dure  oppression. 
que  le  caprice  tyrannique  et  l'injustice  en-  Tous  deux  sont  de  vrais  pasteurs,  de  sages 
treprenaienl  contre  l'Eglise,  imila  J>idasMa-  conducteurs,  qui,  pour  les  brebis  qui  leur 
chabée  qui,  dans  des  temps  aussi  cruels,  étaient  confiées,  considérèrent  leur  propre  vie 
n'hésita  |)as  à  donner  librement  sa  vie.  Quel  comme  le  flocon  qui  vole,  et  qui  la  cionnè- 
illustre  couple  de  prêtres,  que  Judas  et  Si-  rentpour  les  sauver.  Eux-mêmes  moururent 
méon  1  L'un  conquit  pour  son  peuple  la  li-  pour  sauver  leurs  brebis  de  la  mort,  et  pour 
berté  par  les  armes,  l'autre  par  sa  mort;  que,  ramenées  aubercail,  elles  pussent  cueil- 
Tun,   victorieux,  fut  couvert  de  louanges  ;  lir  les  fruits  de  la  commune  victoire.  Pen- 
Tautre,  succombant  accusé,  triompha  de  ses  danl  qu'ils  s'occupent  du  salut  de  leur  trou- 
ennemis;  Judas  en  versant  le  sang  de  ses  peau,  ils  souffrent  l'affliction  et  la  persécu- 
ennemis,  guida  son  peuple  au  faîte  de  la  tion,  de  peur  qu'il  n'entre  dans  des  pâtura- 
gloire  et  de  la  puissance  ;  Siméon,  en  versant  ges  infectés  par  les  pas  des  étrangers  ;  em- 
le  sien,  éloigna  le  joug  de  la  servitude  de  la  brasés,  remplis  de  l'amour  de  leurs  brebis, 
tète  de  son  troupeau.  Tous  deux  furent  re-  ils  préférèrent  tout  souffrir  plutôt  que  de 
vêtus  du  suprême  sacerdoce;  tous  deux  por-  les  voir  boire,  mortel  breuvage,  les  eaux 
tèrent  l'éphod;  tous  deux  servirent  sainte-  troublées  par  les  pieds  des  intidèJes.  C'est 


095  S|H 

pourquoi  Sim^on,  cet  illustre  évèque,  met- 
tant S.1  f'Tce  dans  lo  Seig-iour  et  se  confiant 
dons  son  Dieu,  donna  relit'  r<''ponse  à  porter 
au  roi  :  «  J(4sus-Clirist  a  racheté  sou  Eglise 
par  sa  mort,  et  a  conquis  au  prix  de  son 
sang  la  lit)ertédo  son  peuple,  et  nous  ayant 
ôlé  le  joui?  de  la  servitud-',  nous  a  déchar- 
g/^s  des  lirdeaux  accablants  que  nous  por- 
tions. Il  nous  |)rom(t  d'immenses  récompen- 
ses dans  la  vie  future,  il  a  élevé  nos  espé- 
rances. Son  empire  est  éternel  et  ne  finira 
jamais.  Ainsi  donc,  tant  que  Jésus-Christ 
sera  le  roi  des  rois,  nous  avons  résolu  do 
ne  point  accepter  le  joug  que  vous  voulez 
nous  imposer.  Que  Dieu  ne  permette  pas 
que  nous  commettions  le  crime  de  préférer 
h  la  liherfé  de  laquelle  il  nous  a  fait  don 
la  tyrannie  des  mortels.  Le  Seigneur,  aii([uel 
nous  avons  résolu  d'obéir,  est  le  [)rincipe  et 
le  modérateur  de  votre  puissance.  Nous  n'a- 
vons point  coutume  de  supporter  l'empire 
inique  de  ceux  qui  sont,  coiumi'  nous,  ses 
serviteurs.  En  outre,  notre  Dieu  est  l'auteur 
et  le  créateur  de  celui  (pie  vous  a  lore/.  5  sa 
place;  et  nous  tenons  pour  intime  et  impie 
d'égaler  h  Dieu  de's  choses  qu'il  a  créées  et 
qui  vous  ressemblent.  Par-  lessus  tout,  vous 
nous  demandez  de  l'or,  à  nous  qui  n'avons 
ni  or  ni  richesses,  à  qui  il  est  défendu  par 
Dieu  d'avoir  dans  leurs  bourses  de  l'or  ou 
de  l'argent,  et  h  qui  Inpôtic  a  dit  :  Vous 
avez  été  achetés  d'un  (jrand  prix,  ne  mus  fai- 
tes pas  les  esclaves  des  hommes  (/  Cor.  vu, 
23j.  Siméona  écrit  ceci.  » 

Cette  lettre,  portée  au  roi,  excita  au  plus 
haut  degré  son  indignation;  il  fit  cette  ré- 
l»onse  à  Siméoii  par  le  |iorleur  qui   la  lui 
avait  apportée:  «  Es-tu  doncasse^  fou  pour 
exposer  ainsi  par  ton  audace,  no  i-seulement 
la  vie,  mais  aussi  celle  de  ton   peuiile,  et 
d'appeler  sur  toi  et  sur  les  tiens  le  trépas  ? 
Ton  orgueil  et  ton  arrogance   incroyablfs 
t'ont  porté  à  jiousser  ton  peuple  à  la  dél  c- 
ti<'n.  Il  m'appartient  d'employer  mon  auto- 
rité h  briser  cette  co  ispiralion,   Jt  anéantir 
cette  peste,  et  à  vous  elfacer,  \ous  et  votre 
mémoire,  du  souvenir  des  honnnes.  »  Le  cou- 
rageux Siinéon  ne   fut  nullement   ému   do 
cela,  et  répondit"  :  Quand  Jisus-Chrisl  a  souf- 
fert  spontanément  la  mort  la  plus  ciuello 
pour  le  salut  du  monde,  et  l'ii  lacheté  par 
son  trépa-,  qui  su  s-je   donc  pour  hésiltn*  à 
donner  nia  vie  pour  mon  troupeau,'  surtout 
(pjand  je  me  suis  vol(;ntaiieinent  ih.irgé  du 
soin  lie  son  salut?  Ainsi  donc,  tenez-vous 
bien  pour  dit  <pie  j'ai  résolu  du  vous  livrer 
ma  tête  plutôt  que  de  vo  is  abuidonner  mon 
I)euple,  pour  quu  vous  ré.rasiezsous  le  poids 
de  vos  exactions.   Je  ne  puis  désirer  vivre, 
si  je  ne  j»uis  vivre  que  criminel,  l'our  jouir 
de  la  lumière  du  jour,  je  ne  livrerai  |)oin!  à 
la  servilu  le  la  plus  dur  ■  (eux  que  mon  Dieu 
a  rendus  libres.  (Ju'ai-je  bestun  du  repos  et 
des  aises  do  la  vie?  A  Dieu  ne  plaise  que  j'o- 
rhète  ma  sécurité  au  pri\  du  [»éril  do  ceux 
(  u'il  a  rendus  libres  l  Que  je  veuille  jouir 
Je   l'exislenne  nu  prix  des  rtines  rachetées 
de  ^un  saii^,  ou  bien  que  je  cherche  les  dé- 
lice» de  mon  corp»  en  livrant  aux  travaux 


SIM 


996 


excessifs  de  l'esclavage  les  corps  de  ceux 
que  Jésus-Christ  a  rachetés  par  sa  mon  1 
Ma  volonté  ne  manque  pas  à  ce  point  d'éner- 
gie, ni  mon  pied  de  force,  que  je  ne  puisse 
marcher  sur  les  traces  de  Jésus-Christ,  entrer 
dans  ia  voie  de  sa  passion,  ou  craindre  de 
m'a^socier  au  sacrifice  dans  lequel,  lui,  le 
pontife  véritable,  a  été  immolé.  Je  suis  donc 
décidé  à  vous  donner  ma  tête  pour  mon 
troupeau  et  h  mourir  :  heureux  si  ma  mort, 
quoique  de  si  peu  de  prix  et  d'importance, 
est  aioulée  à  celte  inoit  d'un  si  gr «nd  prix 
que  le  Seigneur  a  soutferle  pour  le  salul  de 
ce  troupeau.  Quant  à  la  ruine  de  laquelle 
vous  menacez  mon  église,  elle  devra  être 
imputée,  ion  à  ma  volonté,  non  à  mon  amour 
pour  Dieu  et  pour  mon  troupeau,  mais  à 
votre  impiété  toute  seule.  El  ce  crime  devra 
être  lavé  non  dans  mon  sang,  mais  dans  le 
votre.  .Mon  peuple  et  moi  s«'rons  purs  de  ce 
crime  ;  quant  au  courage  qu'il  faut  à  ce  peu- 
ple |)Oiir  son  salut,  il  est  grand,  vous  en  au- 
rez bientôt  la  preuve.  » 

Alors  le  roi,  comme  un  lion  qui,  ayant 
goûté  au  sang  humain,  s'anime  au  carnage  et 
court  à  sa  proie,  entra  dans  unefureur  viol  nie, 
et  sentit  se  répandre  dans  tous  ses  membres 
la  rage  insensée  qu'il  avait  conçue  dans  son 
cœur.  Il  grinçait  des  dents,  se  crispai  lie  visage, 
s  agitait  avec  fureur  et  s'excilail  h  boir  ■  le 
sang  innocent,  à  dévorer  la  chair  des  saints. 
Il  rugit  (l'une  manière  horrible,  fit  trem- 
bler la  terre  par  d'épouv.inlables  blas  <héme$ 
et  rendit  un  édit  pour  ([u'on  fit  sur-le-champ 
mourir  les  prélres  et  les  diacres;  pourqu'oi 
renversât  les  églises  et  qu'on  fil  servir  les 
vases  sacrés  à  des  usages  profanes.  «Quant 
h  ce  Siinéon,  dit  le  roi  <  nllé  de  colère  et  de 
fureur,  ipianl  à  co  Siméon,  le  chei  de  ces  ein- 
|)oisi)nneurs,  ce  contem[)leur  de  ma  m.ijeslé 
royale,  qui  n'obéit  qu'à  César  et  qai  n'adore 
que  le  Dieu  de  César,  qui  se  m't(]ue  du  mien 
et  le  m  'prise,  (pion  l'amène  d«'va  il  moi, 
pour  voir  son  audace  soumise  à  la  question, 
et  pour  ipi'il  soit  jugé  e  \  ma  pr-'s^nc'.  » 

Les  Jiiiis,  qui  soiil  toujours  nos  ennemis, 
saisirent  celte  occasion,  suivant  leur  cou- 
tume, pour  attirer  encnre  dav.inlage  la  co- 
lère du  roi  sur  nous  el  sur  himéun,  en  noe.s 
chargeant  de  <  rimes  imaginaires  :  car  jamais 
temps  ne  fut  pour  eux  si  favorable  pour  d«'- 
ployer  conlr(!  notre  religion  et  contre  rïoiis 
leur  naine  implacable,  pour  assouvir  la  rage 
infernale   qui  les  an  me   p;ir  la  c  ilomnie  «  l 
rim[iiélé.  C  est  aiiiM  que  jadis  par  leurs  ers 
ils  exciiaient  IMIate   à  envoyer  Jf^sus-Christ 
h  la   mort.  Dans  cette  circoiisance,  porl.nil 
au  coini)  c  rniipuiem  e,  ils  parlaient  .linsi  : 
«  Si   vous,  roi,  «dre-isez  à  César  les  lettres 
les  plus  sages  el   les  plus  mag  ntiquement 
écriles,  SI  vous  lui  envoyez,  les  présunls  les 
plus  ili>liugués  et  les  pliis  h(»norable»,  il  les 
regard»^  comme  peu  de  chose,  n'y  attache 
pour  ainsi  dire  aucun  prix  ;  mais  si,  au  con- 
Iraire,  il  anive  que  Siméon  lui  écrive  une 
lellre  ou  iin^me  un  sinpie  billet,  il   se  lève 
soudain,  a  lore  les  miséral»les   feuillets,  et, 
les  louant  dans  ses  deux  mains,  donne  l'or- 
dr«»  qu'on   exécute  «u  plus   tA|   les  rho«c? 


007  m\  sni  ON 

dont  il  y  osf  pnrli^.  »  (loiiihioii  cos  (If'-lnlfMirs  sniil  rein  vous  s.'iiivon'/.  rt  vowi»  fl  ion  vô- 

(.i(^  SiiiK'^oii  sont  sonihbililcs  h  (-(is   t'iitii  Id-  lr<>s.  »  Mais  Siiiirnii  :  «  Ju  iio  v<>U(Jr;iitr  |Ui.s 

nmiiis  (|iii  sr  Icvrifiil  coiiln' J(^siis  son  Sci-  vous  nilorcr  voii.s-inr'riK!,  <*•  roi,  «(ui  noiirl/int 

l^nctii  1  \iivsi  les  Jiiils(|iii  (Vliisriciil  l;i  mort  IVinitot  tiv.  lit;  |)i'iM|i:oii|i  bur  iv   su|i.'il  ;  j/ius- 

do  J<\siis-('liri.sl,  (oinlxVs  <lu   l'utli»  do  ^l()il-l^  i|iiu  voijn  ^to.s  doui^  d'<-s|Mi(  o(   dn  «auettsc. 

où  ils  (''|;ii(>iil,  dans  le  (diis  proloiid  o|i|iro-  Jit  tut  in;iii(|iii  nii  ii.is  lic  .sens /m  jioinl  (i'.ido 


1 


hrc,  d.iiis  la  plus  grande  ioLiiiiic,  soiil  v.ij^M-  n-r  coUt?    v;iiin!  divnidô,  «n'alini'   iiiiiikdli 

lioiids  sur  In  terre,  i'(>g;ird(Vs  nnriodt  coiiiiuo  Konto,  (|iii  iioiih  eoniiidl  i\si>ui   |i(Mi   pour  nu 

des   lioiniiides  ,  d(»s   e\il(''s,  (les  hamiis,  des  snvoir  ni  vous  réronipenser,  vous  (|iii  l'iido- 

ln^ilil's.  (]eii\  (|iii    élevèrent  eonlre  Sinn-ori  rj-r,  ni   me  |ti|ini',  mkm   <|ui   l'iu^idle.  (Juaul 

cos  nll'rousos  (  nlotnines,  loinhiVs  nu  dernier  nu  snliil  do  mou  |»eu|ili.',  i|ue  \u\ii,  dilos  <ju)'- 

d(>î:;ri^  de    ^i^n(Mninie,  sont  pourMiivis    |iar  lain  si    je  vous  oheis,  n'en   pn-ne/.  .Sf<m:i,  et 

les   malédictions   ei   les   insnlles   dn    genri!  .sachez  ijiio   nous,  <  luéljens,  j)  avons   qn'uti 

huiiuiin  ;  cnr  eo  for,  (|ui  loul  J»  coup  lit  mon-  seul   Seigneur,  JésU8-(^hrii>l  uioiton  croij. 

rir  tant  do  inilliri-s  d'Iionnnes,  se  roloiiina  (Tesl   po(iri|noi  j  ai    résolu,  moi   so'i    Irèj,- 

contro  les  aulenis  de  lanl  d(>  maux,  (|uaiid,  Jiuuiblo  6ei  vilenr,  de    luandier   h    la    mort, 

h  la  persuasion  d'un  iinposleur,  ils  so  préri-  iiour   lui  ,  pour   moi,  pour  mon  pouplo  ;  (Ju 

liléi'ent  à  Ilots   prossés   pour    aller  reh.llir  iiiir  la  iioiile,  dv.  m'armi;r  du  eouiagi;  inviij- 

érnsalein.  eibli!  de   la  vertu,  de  ropoub.ver   l'oppiohro 

Siaïi'oji,  eliar|;é   dt»   eliatnos,  l'ui  conduit  et  liniamie,  cl  do  rcrcliorciiej'  l'Iionnour  et 

av(M'  deu\   piéires  de  son  lvi;liso,  Abidianla  la    gloire.   Je   no  suis  point,  moi,  do   ceux 

ol  Uananis,  dans  le  pays  des  Hu/.il(!S.  l'en-  (pj'oii  capte  avec  des  hagalollet.,  comme  on 

dant   (ju'il    linv(>rsail    sa    ville,    les   gardes  l'ait  des  enfants  :  commo   il    coMvioi.l  à   [u\ 

étant  siM-  lo  |ioint  d'enirer  dans  une  lue  où  vieillard,    j(j   marelieiai  sainloment   ol  avec 

avait  existé   une  église  clicétionno,  Siméon  inlégrilo  dans  la  voie  do  mon  devoir  ;  je  n'ai 

les  supplia  de   pri  ndrc  un  autre  chemin  ;  point  h  discuter  do  ceci  avec   vous,  moi  à 

car  depuis  pou  de  jours  cet  édilice  avait  été  <pii  Dii'u   a  daigné  accordoi-  des    iuniières 

donné  soif  nu  collège  dos  mages  pour  la  ce-  plus  étendues,  » 

lébration  de  leurs  rites,  soit  aux  Juifs  pour  l>e  roi  lui  dit  :  «  Si  lu  adorais  un  Dieu  vi- 
en  faire  une  synagogue.  Siméon  disait  :  vanl,  j'excuserais  lo  folie  ;  tu  convenais  tout 
«  J'ai  peur  ([uo  le  cunir  ne  me  fvisso  défaut,  à  1  heure  tpie  ton  Dieu  était  njort  «ittaché  à 
ou  soil  trop  trouhié  ,  h  L'.ispect  do  cette  un  ignoble  bois  :  ne  me  |;arlo  plus  d(;  ces 
église  qu'on  nous  a  arrachée  ;  i)Ouiiant  bien  choses,  Siméon,  et  adore  le  soleil,  par  qui 
dos  persécutions  cruelles  mo  sont  réseï-  tout  l'univers  subsiste.  Si  tu  le  iais,  les  l'i- 
vét'S.  »  Ayaid  fait  on  pou  de  jours  beaneou|)  chosses,  les  honneurs,  autant  que  tu  les 
de  chemin,  pressé  par  ses  gaides,  saint  Si-  voudras  grands,  les  dignités  les  plus  magni- 
niéon  arriva  à  Lodan  (l.edan  est  un  nom  de  liques  do  mon  royaume,  je  te  promets  tout 
ville^^  Dès  que  le  grand  préfet  roui  appris,  cela.  >.  Mais  Siméon  :  «  Quand  Jésus-Christ, 
il  amion(;a  au  roi  que  lo  chef  des  empoison-  le  créateur  du  soleil  et  des  hommes,  rendit 
neurs  était  arrivé;  Siméon  fut  introduit  l'àme  entre  les  mains  de  ses  ennemis,  le 
sur-le-champ.  11  ne  se  prosterna  pas  diva  t  soleil,  comme  un  esclave  quand  so  i  maitie 
le  roi  :  c'est  pourquoi  celui-ci,  profondé-  meurt,  prit  le  deuil;  mais  le  Seigneur  mort 
ment  indigné  :  «  Voilh  donc,  lui  dit-il,  (pie  ressuscita  le  troisième  jour  et  moula  au  ciel 
je  vois  par  mes  yeux  et  (pic  j'ai  la  |)reuve  au  mili  u  des  cantiques  des  anges.  Vaine- 
do  la  vérité  des  accusations  qu'on  poriait  ment  vous  vouiez  tenter  j.iar  vos  dons  et 
contre  toi.  Pourquoi  donc,  misérable  et  par  vos  {jiésents,  p;n-  l'espoir  des  dignités, 
pauvre  mortel,  ayant  coutume  de  te  pros-  des  honneurs,  u;i  i  oinme  qui  sait  que  des 
lerner  devant  moi,  changes-tu  d'avis  et  honneurs  et  des  dignités  sublimes  bien  au- 
ne veux-tu  plus  lo  faire?  »  Siméon  lui  dessus  des  vôtres  lui  sont  promis,  et  que 
répondit  :  «  (>'est  que  jo  ne  venais  point  dos  trésors  immenses,  au-dessus  de  tout  ce 
devant  vous  enchaîné,  et  surtout  n'y  étant  que  vous  pouvez  concevoir,  lui  sont  prépa- 
jioint  amené,  commo  je  le  suis  aujourd'hui,  rés  et  réservés  dans  cette  religion,  dans 
pour  abjurer  mon  Dieu.  »  cette  foi  dont  il  est  serviteur.  » 

Or  les   mages,  qui  étaient  là  en   grand  Alors  le  roi  :  «  Tu  n'es  pas  sage,  Siméon. 

nombre,  disaient    au  roi  :  «  Cet   homme  a  II  ne  peut  être   raisonnable   ni    d'un  esprit 

conjuré  coitie  vous  et  contre  votre  puis-  sain  d'admettre  une  opinion  qui  a  fait  mou- 

sanco  ;  il  doit  être  puni  de  mort,  c'est  l'avis  rir  tant  de  monde.  Prends  soin,  je  t'en  prie, 

de  tout  le  monde,  surtout  quand  on  le  voit  de  ton  salut,  du   s.ing  de  cette  multitude 

refuser  de  payer  les  tributs.  «  Misérables,  immense,  envers  laquelle  je  suis  décidé  à 

et  les  plus  impurs  des  hommes,  s'écria  Si-  sévir  aussi  rigoureusement  qu'envers  toi.  » 

niéon,  n'est-ce  donc  [)oint  assez  {)our  vous  Siméon   lui   répondit  :«  Si  vous   ver  ez  le 

d'avoir  abandonné   Dieu  ,  d'avoir  perdu  ce  sang  innocent  des  chrétiens,  quand  vous  au- 

royaume?  Faut-il  encore  que  vous  cheichiez  rez  commis  ce  crime,  vous  en   sentirez  l'é- 

h  nous  entraîner  dans  votre  iniquité,  à  nous  normité   en  ce  jour  où   vos  décrets  contre 

faire  tomber  dans  la  même  calamité  ?  »  Le  nous   seront    soumis   à   l'appréciaîio  i    du 

roi,  prenant  un  visage  plus  doux,  lui  dit  :  monde,  et  où  son  opinion  vous  demandera 

'(  Laissez  là  cette  dispute,  Siméon,  et  ren-  compte  des  actes  de  toute  votre  vie.  Quant 

dcv.-vous  à  mes  conseds  ;  car  je  vous  veux  à  moi,  je  sais  que  les  ciiréiiens  échangeront 

du  bien,  adorez  à  l'avenir  le  soleil.  En  fai-  avec  usure  cette  vie    présente   contre    le 


W9 


8iÉ 


SIM 


1000 


royaumo  éternel ,  et  que  leur  mort  sera 
vengée  sur  votre  tête.  Ce  qui  m'importe  h 
moi,  ce  (]uej'ni  le  plus  h  rœur,  c'est  de  ne 
]Kis  pousser  [tlus  loin  cette  vie  que  je  remets 
à  Jésus-Clirist  ;  c'est  «je  vous  donner  bien 
vile  cette  existence  fragile  et  caduque  que 
je  traîne  sur  la  terre  :  elle  est  à  votre  dis- 
position, en  votre  puissance;  liAtez-vuus 
donc,  comme  vous  en  avez  dessein,  de  me 
l'arrachiT  hien  vite.  »  Al  »rs  le  roi  :  «  Ton 
insolence  notoire  pour  tout  le  monde  ici  va 
do'ic  jusqu'à  n'avoir  pas  pitié  de  toi-même? 
Eh  bien  1  moi,  je  ferai  mes  etlorts  pour 
sauvt'r  tes  sectateurs.  J'espère  que  la  vue 
de  ton  supplice  all'reux  les  guérira  de  leui- 
folie.  —  Vous  saurez  par  expérience,  lui  dit 
Siméon,  (|ue  ce  ne  seront  point  des  chré- 
tiens (pii  sacrifieront  la  vie  qu'ils  espèrent 
en  Dieu,  pour  vivre  avec  vous.  Courage, 
donc  1  éprouvez  cet  or  aux  flammes  de  vos 
bûchers,  vous  verrez  le  courage  invincible 
des  chrétiens  pour  la  bonne  cause,  votre 
cruauté  ne  les  brisera  pas  :  car  tous  ont  la 
vérité  si  profondément  et  si  haut  inculquée, 
qu'ils  soulîriront  les  ])lus  cruels  supplices 
plutôt  que  d'obéir  h  vos  ordres.  Je  veux  que 
vous  le  sachiez  bien,  ù  roi,  le  nom  sempi- 
ternel et  auguste  que  nous  chrétiens  avons 
reçu  de  Jésus-Christ,  notre  Sauveur  h  tous, 
nous  ne  l'échangerions  jamais  contre  l'éclat 
si  g.and  de  votre  couronne.  »  Alors  le  roi  : 
«  E!i  bien  !  sache  donc  que  si  tu  ne  me 
rends  [)as  devant  toute  ma  cour  les  honneurs 
accoutumés,  et  que  si  lu  refuses  de  m'ado- 
rer  avec  le  soleil,  le  dieu  de  tout  l'Orient, 
dauN  un  jour  tro|)  prochain  pour  loi,  je  con- 
toiidrai  cruellement  la  beauté  de  ton  visage; 
la  majesté  si  vénérable  de  tout  ton  corps,  je 
la  déiigurerai,  je  me  rassasierai  de  ton  s.ing.  » 
Siméon  répondit  :  «  Vous  dites  h;  soleil  un 
dieu,  et  vous  l'égalez  h  vous  qui  êtes  un 
homme  ,  car  vous  demandiez  pour  vous  et 
pour  lui  un  culte  pareil.  Si  vous  éles  sage, 
vous  devez  vous  savoir  supérieur  à  lui  ; 
quant  h  vos  menaces  de  (hHruirf  la  beauté 
vraie  ou  non  de  cette  chair,  sachez  qu'elle 
a  un  réparateur  qui  la  ressuscitera,  et  qui 
pourra  lui  rendre  avec  usure  la  splendeur 
d'une  beauté  que,  (juant  h  moi,  je  n'estime 
guère;  car  c'est   lui  qui  l'a  faite  de  rien  et 

.    (jui  lui  a  donné  son  érlat.  » 

-/  Alors  le  roi  décréta,  (pie  Simi-on  bit  en- 
choiné  et,  sous  bonne  garie,  détenu  justpi'au 
lendemain ,  cs[)éraiU  rpie ,  mieux  ins[)iré 
jus(|ue-là,  il  changcnait  de  sentiment. 

A  la  porte  grande  ouverte  de  la  demeure 
royale,  à  l'instant  où  sortait  Suiiéon,  était 
assis  un  vieil  eunuque,  nourricier  (lu  roi  et 
arzalinile  (eu  nom  signilie  grand  clKunbel- 
lan).  l'un  des  houmies  les  plus  considira- 
bles,  tenant  à  la  jxeinière  noblesse  de  la 
Perse.  Il  se  nommait  iiuhscialazades.  Par 
crainte  du  roi  qui  perseeutait  violemment 
les  t  hrétiens,  il  avait  depuis  longt(>mps  ab- 
juré la  religion  chrélieiuie  (pi'il  nvmt  pro- 
fessée, et  avait  ouvcrlemtMil  adoré  le  soleil. 
En  voyant  Siméon  vemr.  il  se  |»n»sterna  h 
genoux  et  le  salua  ;  maiS  lo  saint  boiume.  le 
juj^eant  indigne  de  ses  regards,  détourna  les 


yeux  en  frémissant  d'indignation.  L'eunu- 
(pje,  profondi'nnent  ému  de  ce  reproche  ta- 
cite, et  se  remémorant  son  crime,  gémit  et 
jileura.  «  Si  Siméon,  disait-il,  jadis  mon  ami 
si  attaché,  me  montre  une  si  vive  in  ligna- 
tion,  (jue  fera  donc  envers  moi  Dieu  lui- 
même  dont  j'ai  trahi  la  foi  ?»  Le  cœur 
bourrelé  de  ces  pensées,  il  courut  à  sa  mai- 
son, et  là,  dépouillant  ses  riches  habiis,  il 
en  prit  de  grossiers  en  signe  de  deuil  et  de 
tristesse  ;  puis  tout  vêtu  de  noir ,  revint 
s'asseoir  aux  portes  du  palais,  à  l'endroit 
qu'il  venait  de  quitter. 

Cela  ayant  frap|»é  d'étonnemenl  tous  ceux 
qui  le  voyaient,  le  bruit  en  vint  au  roi,  qui 
envoya  un  homme  pour  s'informer  en  ces 
termes  auprès  de  l'eunuque  de  la  cause  d'une 
contluite  si  extraordinaire  :  ((  D'où  vient 
donc  ta  folie?  Comment  !  je  suis  sain  et 
sauf,  ma  couronne  est  atfermie  sur  ma  tête, 
et  tu  prends  le  deuil,  et  tu  viens  ici  vêu  de 
noir?  Ton  tils  est-il  mort?  Le  corps  de  la 
femme  morte  attend-il  h  ton  logis  la  sépul- 
ture ?  Comme  rien  de  sembl  ^ble  n'a  pu  l'arri- 
ver, je  suis  surpris  de  te  vbir  dans  ce  deuil  et 
celte  misère,  comme  si  tu  avais  éprouvé  ces 
malheurs.»  Ainsi  parla  l'envové. 

Guhsciatazades  lui  dit  de  répondre  au 
roi  en  son  nom  :  «  Je  suis  un  grand  cou- 
pable ;  ainsi  donc  ordo  nez  (]u'on  me  mène 
au  dernier  supplice  ;  je  l'ai  mérité.  »  Le  roi, 
ne  nouvant  deviner  ni  la  cause  ni  le  but  d'un 
tel  langage,  ordonna  qu'on  amenAt  l'eunu- 
que pour  apprendre  de  lui-même  la  cause 
d'un  événement  si  inattendu.  Quand  il  lut 
venu,  il  lui  parla  ainsi  :  «  Je  te  crois  en  proie 
h  ((uelque  mauvais  esprit  qui  l'agite,  pour 
tenir  les  étranges  discours  que  tu  liens 
dans  mon  royaume.  »  Mais  Guhsciatazades: 
H  Aucun  mauvais  démon  ne  m'inspire  ;  je 
suis  entièrement  sain  d'esprit,  je  rai*onne 
et  je  sens  comme  il  est  naturel  (pie  raisonne 
el  sente  un  vieillard.  —  Pourquoi  donc  alors, 
dit  le  roi,  te  présenter  à  nous  vêtu  de  noir 
comme  un  furieux  ?  Puis  (juand  je  l'envoie 
un  messager,  lu  le  déclares  indigne  de  vi- 
vre ?  —  C'est  mon  crime,  dit  Guhsci.ilazades, 
mon  crime  de  peiiidie  envers  Dieu  el  envers 
vous-même  (jui  ma  jeté  dans  ce  deuil  et 
dans  ce  délaiss(niienl  de  ma  personne  :  en- 
vers Ditni.  car  j'ai  Iralii  envers  lui  la  loi  ju- 
rée, et  j'ai  préféré  votre  bienveillance  à  la 
vérité;  envers  vous,  car  (juand  Vdus  m'avez 
ordonné  d'adorer  le  soleil  ,  je  ne  l'ai  fol 
([u'ai>[)aremment  cl  d'une  fa(,on  simulée.  Il 
s'en  f  illail  de  beaucoup  que  mon  cœur  fùl 
co  isenlant  à  celte  action.  »  A  ces  mots  le  roi 
(Millammé  de  colère:  «  Eh  (juoi  !  c'est  donc 
là.  slupide  vieillard,  la  cause  de  ta  douleur? 
Je  vais  avoir  soin  de  l'en  délivrer  prompte- 
meiit.si  toutef(Usiupersislesdans  ta  croyance 
im[)ie.  »  Alors  (luhsciatazado  :  «Je  |)rends, 
dit-il,  à  témoin  le  Créateur  du  ciel  el  de  la 
terre  (pii*  j(>  ne  vous  obéirai  pas,  el  que  je 
ne  ferai  i)as  de  nouveau  ce  (juej'ai  tant  de 
regret  d  avoir  fait.  Je  suis  chrétien,  el  je  ne 
prélérerai  [ilus  un  homme  perlidi-  au  vrai 
Dieu.  —  J'ai  pitié  de  ta  vieillesse,  dit  le  roi  ; 
puis  il  me  fera  peine  do  voir  mourir  si  uii- 


1001  SIM  Sl.M  MOi 

si^rablciiKMit  mi  lioininc  iiiii  a  si  Mon  siM'vi      un    ai^iiilloo,   siii'luiil    (luaml    elles   enien. 


iiioii  ii(>r((  ol  moi.  (l'est  |)onn|iioi  j»>  t()  siip-  «Itaieiil  les  appeler  le  lo'^leiiiom  de  iiiorl  de* 

))lit'  (le  r(>'ii)iint|-  h  ('ell(^  ilnclriin-  li'ciiipoisuii-  hn-liis  dn  iii(^iii(<  tinii|ir;iii. 

iieiMs,    pniir  ne   pas   (Mr»^    nus   à  nmil   avec  I, "excellent   vnillnd   lui  tnin  h   mort  pour 

*Mi\.        Sfiyc/  siir,  A  roi,  dit  (liiliscialazades,  Jésiis-diirisl  lo  Iri  i/.i/>iiie  jour  de  lalijrmd'a- 

qno  je  n'nlx'ii'.'ii  "i  h  vous,   ni  an\  rois  vos  vril,  le  ein(piièine  jour  de    la   semaine  des 

vassaux,  ni  aux  jirands  du  royainne  in  pré-  a/.\  nies  (le  jeudi  sainl).  O  Sinn'-on,  vous  (^P-.h 

seuls;  (|uejo  neelian^erai  pas  desenliinenl  ;  comparahie  à  Siimui   Pierre;,  Ir  pi^eheur,  car 

oue   je   ne  prcMiWcrai   pas    les   crc-aliires   au  vous  avez  l'ail  une  pi^ilu;  jioiu  \r  (  lel  et  p(Hir 

r.réaltMir  pour  les  adorer  «n  le  niépris.ud.  -  le  salut  ! 

C'est  donc.  ^  dire,  reprit  l(<  roi,  lioiiuno  (mui-  (les  choses  aynnl  ('"lé  aiissil(')i    rapporl(''0» 

]Vd)le  et  inl^Uue,  (lue  j'adore  (I(îs  créatures  ?  h  Siiu(''on,  (pii  était   dans  la    prison,   ||    en 


Kncoro,  dit  (lulisiiata/.ades,  si  vous  ado-  éprouva   une  grande!  joie  :  c'est   pourtuioi  , 

rioz  dos  (^tres  vivants,  des  eréaluros  inUdli-  rempli  d'.idmiralion  et  d'élomeiiMuit,  il  s'é- 

j:^onlesl   mais,  clios(>  lionl(Hise,  vous  adorez  cria  :()  Jésus-fJirist.  mon  Sei.;neur  !  ;^'iand<», 

des  objets  jturement  matériels,  choses  faites  est  \otre  chai/itéol  iiK-puisahli;  votre  amour. 

pour  r\isa,-;o  d(>  l'homme.  »  Jésus,  votre   pouvoir  esl  iiumens»^  d  voire 

Alors  le  roi, furieux, ordonna  «pi'on  le  ttiAl  puissances  admirable.  ()  mon  Sauveur,  vous 
suv-'.e-champ.  (lomme  les  exéculoius  se  h;l-  ressuscitez  les  morts  des  enrers,  vr)'is  rele- 
Inionl  pour  le  conduire  promptemenl  au  liiMi  vez  ceux  ijui  tombent,  vous  convertissez  his 
<3n  supplice,  il  leur  dit:  «Accordez-moi  pécheurs  et  faites  luire  l'espérani  e  dans  lo 
quehp^ies  instants  pour  (jue  j(>  fasse  dire  cer-  ctnur  des  désespérés,  ("elui  (jui  dans  ma  pen- 
■taines  choses  au  roi.  Un  euiuKjue  s'élantap-  sée  était,  le  <|eruier,  voil<i  ([ue,  selon  ines 
proches  il  le  chargea  diMlire  au  roi  :  «  A'ous-  vclmix,  vous  l'élevoz  au  prctniier  rang  ;  c"lui 
ïUi^me  rendiez  tout  à  l'heure  hommage  h  la  cpii  s'était  fait  étranger  h  ma  foi  est  devenu 
fidélité  et  au  parfait  dévouement  que  j'ai  tou-  mou  modèle  à  suivre  ;  celui  qui  s'était  en- 
joursmonlrésdansvos  conseils  ;  ^  l'intégrité,  foncé  dans  les  ténèbres  est  deveiui  l'un  des 
au\  soins  avec  les(iuels  j'ai  servi  vous  et  vo-  convives  du  céleste  festin  ;  celui  que  sa  vo- 
tre père  ;  je  viens  vous  demander  uno  seule  lonté  avait  éloigne  de  moi  voilà,  que  sa  con- 
grAoe  en  récompense  do  mes  services  :  c'est  f'-.-sion  le  ramène  [très  de  moi  ;  il  medevan- 
que  vous  fassiez  annoncer  par  vos  hérauts  ce,  moi  (]ui  le  précédais,  il  me  laisse  en  ar- 
que (iuhsciatazades  est  traîné  au  supplice,  rière,  moi  qui  voulais  marcher  devant.  Il  a 
non  pour  avoir  trahi  les  secrets  d'Etat,  non  traversé  les  terribles  anj^oisses  de  la  mort, 
jiour  avoir  trempé  dans  aucun  crime  ;  mais  et  il  m'a  édifié,  en  mo  montrant  les  sentiers 
<|u'il  meurt  pour  ce  seul  fait,  qu'étant  chré-  de  la  vie  ;  il  m'a  pénétré  dune  incroyable 
tien,  il  a  refusé  de  trahir  son  Dieu.  »  Cet  il-  joie.  Il  est  devenu  la  loi,  la  règle  de  mes 
îustre  vieillard  se  disait  en  lui-même:  i)ieds  dans  la  voie  étroite;  il  a  dirigé,  il 
«  (lomme  depuis  longtein[)S  il  est  do  noto-  a  conduit  mes  pas  dans  le  chemin  de  la 
riété  dans  la  ville  que  j'ai  trahi  la  foi  chré-  tribulation.  Pourquoi  donc  demeurerais-je 
tienne,  je  crains  que  la  lAcheié  que  j'ai  corn-  davantage?  quoi  donc  me  retiendrait  eii- 
mise  ne  brise  le  courage  d'un  grand  nom-  core?  Il  m'a  laissé  un  gage  en  me  d'sant  : 
bre  :   car  s'ils  apiirennent  mon  supplice  et  Courage,  ne  tar^ie  plus  ;  il  m'a  proposé  son 

au'ils  en  ignorent  la  cause,  ils  manqueront  exemple  à  imiter  en  disant  :  Siméon,  viens 
'un  exemple  de  vertu  chrélienne  qui  puisse  ici  promptement.  Les  regards  les  plus  joyeux 
les  encourager  à  ne  se  laisser  détourner  par  tournés  vers  moi,  il  me  parle  ainsi  :  «  Si- 
aucune  violence  de  la  pratique  de  leur  foi.  méon,  il  ne  vous  reste  plus  rien  maintenant 
Au  contraire,  j'ai  l'espoir  que,  quand  ils  contre  moi;  à  votre  vue  maintenant  je  ne 
siuronl  où  m'a  conduit  le  remords  de  mon  devrai  plus  m'ailliger.  Venez,  joyeux  et  le 
crime,  que  quand  ils  apprendront  que  je  cœur  gai,  vous  reposer  dans  cette  maison 
suis  mort  pour  la  foi  de  Jésus-Christ,  je  que  vous  m'aviez  préparée  et  que  vous  aviez 
laisserai  aux  chrétiens  un  encouragement  cherchée  pour  moi.  Désormais  nous  jouirons 
perpétuel  à  la  persistance  dans  la  foi,  par  ensemble  de  la  félicité  éternelle  et  durable, 
lequel  ils  comprendront  que  j'aurai  donné  comme  nous  avons  possédé  ensemble  la  lé- 
ma  vie  pour  Jésus-Christ,  et  qui  les  rendra  licite  fragile  et  passagère.  »  11  faut  doTc 
eux-mêmes  prêts  à  tout  et  courageux.  »  Ex-  m'imputer  tout  ce  qui  s'opposerait  à  ce  que 
collent  raisonnement  que  se  tenait  ainsi  ce  je  me  rendisse  à  son  appel  ;  me  reprocher 
sage  vieillard  !  comme  un  crime  de  prolonger  davantige  ce 
Le  testament  de  cet  homme  magnanime  glorieux  combat,  de  ne  pas  briser  tous  les 
fut  comme  le  son  de  trompe  qui  avertit  les  obstacles.  O  bienheureux  jour  qui  me  con- 
combaltants  de  se  lever  et  de  tenir  prêtes  duira  au  supplice  !  qui  me  délivrera  dos  an- 
le.irs  armes  pour  la  bataille  de  la  justice,  goisses  qui  me  déchirent  !  qui  me  délivrera 
Le  roi  accorda  ce  que  Guhsciatazades  deman-  des  inquiétudes  qui  de  tous  côtés  m'oppres- 
dait,  ot  ordonna  qu'un  héraut  répétât  tex-  sent  1  Puis  il  suppliait  Diou  en  ces  termes  : 
tuelleuient  ce  qu'il  avait  dicté.  Il  pensait  que  «Cette  couronne  tant  désirée  par  moi  de- 
la  multitude  en  serait  terrifiée  et  poitée  par  puis  longtemps,  vous  le  savez,  si  véhémen- 
là  même  à  renoncer  à  la  religion  chrétienne,  tement  attendue,  daignez  me  l'accorder,  ô 
Ce  tyran  insensé  ne  comprenait  pas  que  ces  mon  Dieu  1  Et  parce  que  je  vous  ai  aimé  de 
brebis  courraient  à  la  mort  poussées  par  le  cœur  durant  tout  le  cours  de  ma  vie,  que  je 
courage  de  cette  noble  pénitence  comme  par  vous  ai  chéri  sans  pai'tage  du  plus  profond 
DiCTioNN.  DES  Persécutio:<s.  il  32 


10O5 


SIM 


SIM 


1004 


(!e  mes  onlrailles,  je  ne  vous  (Icinande  au- 
jourd'hui qu'une  seule  chose  ,  vous  voir  , 
jouir  th'  votre  pr(^5onre,  me  reposer  en  vous  ; 
faites  que  je  ne  sois  pas  plus  longtemps  en- 
chaîn*^  dans  ce  sièele  u«uir  y  voir  les  cf^la- 
niiti^s  do  mon  peuple,  la  ruine  de  vos  (égli- 
ses, et  p.tr-dessiis  tout  voire  teslaïuciit  luulrj 
aux  pi<  ds  des  impics.  Prenez-moi,  pour  que 
je  ne  voie  j^as  les  faibles  se  souiller  de  sa- 
crilices  profanes,  les  IAcli(>s  abjurer  la  vérittS 
votre  troupeau,  tremblant  sous  lelfroi  de  la 
tyrannie,  se  ilisperser;  pour  que  je  n'aie 
pas  la  douleur  de  voir  de  faux  amis  cachant 
leur  haine  mortelle  sous  l'hypocrisie  de  leur 
visa;^e  ;  de  ces  amis  (pi'en  tout   temps   on 
voit  s'esquiver  quand  souille  l'adversité,  en- 
nemis irréconciliables  du  nom  chrétien,  in- 
sulter inhumainement  h  noire  peuple,  et 
tourner  contre  nous  et  tiotre  religion  leur 
orgueil  et  leur  cruauté.  Pourtant,  en  atten- 
dant, îS  mon  Dieu  l  je  suis  résolu  de  cœur  ^ 
remplir  tous  les  devoirs  du  nuuidat  que  j'ai 
reçu,  îi  achever  courageusement  mon  œu- 
vre commencée,  et  h  être  ,  S-igneur,   pour 
votre  peuple  tjui  habile  l'Orient,  un  exem- 
ple de  courage.  Faites  que  moi,  qui  étais  le 
premier  assis  h  votre  table,  je  tombe  le  pre- 
mier dans   le  combat,   pour  que  je  ressus- 
cite dans  la  société  et  dans  le  festin  de  ceux 
qu'aucun  soin  n'agite,  qu'aucune  sollicitude 
ne  presse,  (juaucune  douleur  ne  toiture; 
parmi  lesquels  nul  n'est  tyran,  nul  tyrannisé, 
nul  n'injurie,  et  personne  ne  soullre  l'injure, 
où  personne   n'étant  moleslé  ne  peut  non 
l)Ius  molester  auirui  ;  où,  ni  les  menaces 
des  rois,  ni  les  visages  cruels  de  leuis  mi- 
nistres, ne  viendront  point  me  troubler  ;  où 
personne  ne  me  tourmentera,  ne  me  tortu- 
rera ;  où  personne  ne  portant  atleinle  h  mon 
repos,  je  n'aurai  personne  k  craindre.  Vous 
allez ,  ô  Jésus-Christ  I  rendre  h  mes  pieds 
blessés  aux  asjn'rilés  des  chemins  leur  an- 
cienne intégrité,  <iélas>er  mes  membr.'S  fati- 
Çués  par  le  travail  du  voyage  ;  car  vous  èles 
h;   l)aume  de  toutes   nos  blessures  /textuel, 
pour  notre  otictiou).  Vous  qui  èles  le  calice 
de  notre  salut,  vous  retirerez  de  moi  toute 
douleur,  vous  essuierez  les  larmes  de  mes 
yeux  ,  car  vous  êtes  la  source  la  plus  douce 
et  le  principe  excellent  de  nos  joies.  »  C'est 
ainsi  (|ue,  les  mains  levées  au  ciel,  priait  le 
bienheureux  Siméon. 

Pendant  ce  temps-là,  les  deux  vieillards 
qui,  cuMiMie  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
avaient  été"  pris  avec  lui  et  ielés  dans  la  pri- 
son, admiraient  le  saint,  dont  le  visage,  il- 
luminé I  ar  la  joie  intérieure,  ressemblait  i\ 
la  rose  épanouie  ou  aux  Heurs  prinlanières 
en  leur  saison.  Dans  la  nuit  qui  précède  le 
qiiator/iéme  jour  de  la  passion  de  Nolre- 
Sci^neur  Jésus-Christ  (la  nuit  du  jeudi  saint 
au  vendredi),  le  bienheureux  Siméou,  par- 
Tutement  éveillé  et  distrait  de  toute  )  en>ée 
vaine,  se  uni  a  prier  en  ces  termes  :  «  O  mon 
Jésus,  quoi(|uej'eu^ois  indigne  et  loin  de  lo 
niciilei  ,e\aucez-UMii,  foies  (pie  dansée  jour, 
à  l'heure  devolie  pas  ion,  je  bnive  monea- 
lioe  :  car  je  désire  que  les  siècles  à  venir 
proclament  que  je  suis  mort  le  mCme  jour 


que  mon  Sauveur,  et  que  les  parents  puis- 
sent apprendre  à  leurs  lils  que  Siméon,  fi- 
dèle h  la  voix  de  son  maître,  n  été  misa 
mort  comme  son  Dieu,  le  qnatorzièmejour, 
la  sixième  férié. 

Voilà  (iu'5  la  troisième  luxure  du  même 
iour,  Siineon,  sur  l'ordre  du  roi,  est  saisi  par 
les  satellites,  entraîné  et  conduit  devant  les 
juges.  Cette  fois  encore  il  ne   se  prosterna 

Eas  devant  le  roi.  Alors  celui-ei  :  «  Eh  bien  1 
onnne  insensé,  quelle  résolution  as-tu  prise 
après  avoir  rétléLlii  durant  la  nuit  ?  Vas-tu, 
prolilant  de  ma  bienveillance,  te  soustraire 
à  la  mort  ;  ou  bien  vas-tu,  persistant  dans 
ta  révolte  contre  nous,  vas-tu  être  précipité 
aux  eifers?  » 

«  Certes,  lui  dit  Siméon,  la  pensée  de 
pourvoir  à  mon  salut  m'a  tenu  éveillé  toute 
la  nuit  dernière,  et  je  suis  demeuré  con- 
vaincu (|ue  votre  haine  m'est  beaucoup  plus 
avantageuse  que  votre  amitié  et  votre  bien- 
veillance. »  Alors  le  roi  :  «  Adore  le  soleil 
seulement  une  fois,  jamais  plus  tu  ne  l'ado- 
reras, et  je  te  promets  de  t'abriler  et  de  le  ga- 
rantir contre  la  luiine  de  tes  ennemis,  qui 
depuis  longtemps  manœuvrent  pour  te  per- 
dre. »  Mais  Siméon  :  «  Je  ne  commettrai 
point  ce  crime  pour  (jue  la  renommée  en  ré- 
pande le  bruit  chez  toutes  les  nations,  dans 
tous  les  pays,  comblant  ainsi  de  joie  ceux 
qui  me  haïssaient  innocent,  et  qui,  prenant 
de  li\  l'occision  de  m'accabler,  diraient  dans 
le  public  que  Siméon,  terriUé  par  la  peur,  a 
préféré  une  vaine  idole  à  son  Dieu.  »  Le  roi 
rci>ril  :  «  En  souvenir  de  notre  ancienne  ami- 
tié el  de  notre  intimité,  j'ai  voulu  d'abord 
employer  avec  loi  la  douceur,  l'aider  de  mes 
conseils  et  chercher  à  le  sauver  ;  mais,  je  le 
vois,  tous  mes  conseils  de  paix  sont  ihuinés 
en  vain  :  c'est  à  toi  maintenant  de  pourvoir.  » 
Mais  Siméon:  «  Cessez,  dit-il,  ce  langage 
nertide  et  inutile.  Immolez-moi  plulùl  :  Voilà 
l'henro  de  mon  fesiiii  qui  s'avance.  Dispen- 
scz-tnoi  d'«;tendre,  la  table  est  drissée  el  on 
me  demandera  la  raison  de  mon  absence.  » 

Alors  le  roi,  en  présence  de  Siméon,  se 
tournant  vers  les  princes  el  les  ofliciers  qui 
siégeaient  a  ilour  de  lui  :  .(  Voyez,  dil-il,  en 
montrant  Siméon,  la  dignité  magnilique  de 
ce  visage,  el  l'habitude  tout  entière  de  ce 
corps,  comme  elle  est  majestueuse.  J'ai  par- 
couru depuis  longtemps  bien  des  contrées 
éloignées,  bien  des  pavs,  sans  compter  le 
notre  ;  et  je  ne  me  souviens  pas  d'avoir  vu 
nulle  |>arl  un  visage  aussi  beau,  une  si  bille 
harmonie  de  tout  le  corps  ;  maintenant  re- 
marquez ,  je  vous  en  prie,  la  folie  de  cet 
homine,  tpn  préfère  >on  erreur  à  son  salut.  » 
La  répoii>e  unanime  à  ce  langagt»  fut  celle- 
ci  :  «  Nous  no  re<"tnnailrions  plus,  ô  roi! 
votre  sag-'sse  a>'coulumée,  si  la  be.iulé  cor- 
porelle dont  col  homiiie  est  doué  vous  faisait 
négliger  Tel  it  des  esprits  de  cette  Uiultitude, 
bien  plus  digne  d'inlérèl  ,  qu'il  a  séduite  et 
détournée  de  nos  croyances  pom'  l'entraîner 
da  is  sou  erreur.  » 

Lnlin  la  sentence  capitale  fut  prononcée 
contre  l'accusé;  el  aussitôt  les  exécuteurs  le 
conduisirent  au  supplice. 


lOUfi 


SIM 


SIM 


HMifi 


Dans  la  luAiiio  villn,  sous  In  ^anlr  «l.s 
nK^nu's  snlHIiU's,  no  troiiv.iicnl  nul  dirr- 
liciis,  demi  li's  lins  (M/iiciil  ('v(^(|ii('.s  de  ilijl't^- 
iciilcs  coliln^os,  Ics.iiilics  |ii(Mics,  les  niilros 
tliac.ros,  ou  autres  iut'nil)r<'.s  iiiiV-ruMir»  du 
cl('r"iV  Tiiiis  fui'fiif,  à  I''  iiK^'ini*  lii-iin',  con- 
(Iiiilsdc  la  piisoti.ui  sii|)|>liic.Ou,i'i(l  h^^raiid 
l>i('>|('ur,  s'adi'cssaiit  à  eux  lous,  leur  iTudil 
i  ("il  vos  Iciincs  l'rdil  du  ini  :  «  Si  (|UfIi|u'iUi 
(le  vous  vcul  (vilcr  la  ninil,  (jn'il  adiuc  le 
soli'il,  lo  dieu  sn|ii(Mu(M)  Tous  d'une  uu^uio 
voix  i'é|)(tuiiir(Mil  ^  celle  |)rii|in,sili(»u  :  «  Noltii 
J\(i  eu  Dieu  regarde  coiuuie  rien  lous  vos 
.suppliées;  notre  niuoiu*  pour  Jésns-Cduist 
méprise  la  uiorl  :  ces  ;:,laives  (pu-  vous  lin'/; 
coiilre  uous  S(UU  sans  inrce,  [loiir  hriser 
Tespéranco  quo  nous  avo'is  do  la  résurroc- 
liou.  Niius  souunes  i/solus,  saeliez-le  liien, 
h  lU'  jamais  adorer  le  sided  el  à  ne  p;»s  |>ro- 
llter  de  vos  conseils.  Ainsi  donc  a;j;issc/,  en- 
nemis in\plaeal)Ies  de  noire  r-eli^ion  ;  n'hési- 
te/, plus  à  evécuter  les  ordres  de  voiru  mai- 
Iro.» 

Le  roi  avait  ordonm^  qm^lans  eelh^  (roupc 
do  sainls  on  eiU  parliculiùremenl  l'd'il  sur 
Simenon,  leur  chef  courageux,  témoin  de  leur 
supplie(\|)(Misanlqnc  cespectaclelepc^uélri'nt 
d'horreur,  le  brisant  par  la  (;rainie,  l'amène- 
rait h  obéir  h  ses  ordres.  Pondant  qu'on 
égorgeait  cette  troupe  illustre  de  martyrs, 
Sunéon  pi'éscnl  les  exhortait  en  ces  termes  : 
«  Aircrniissez-vous  on  Dieu,  mes  Irôres,  re- 
poussez toute  crainte  ;  car  votre  résurrection 
sera  dans  la  tombe  avec  vous;  et  (luand  la 
trompette  sonnera  pour  vous  appeier,  elle 
dormira  avec  vous  pouv  que  sa  voix  vous 
réveille  aux  premiers  sons  qui  retentiront. 
On  a  tué  Notrc-Seigneur  et  il  vit;  pareille- 
ment votre  mort,  c'est  la  vie  dans  son  sein.» 
lla,'pele^-viius  ce  tju'il  disait  :  Ne  craignez 
point  ceux  qui  tuent  le  corps,  et  ne  peuvent 
tuer  rdine  [Matth.  \  ,  28)  :  Quiconque  aura 
donné  sa  vie  pour  mon  nom,  la  trouvera  dans 
la  vie  éternelle  {Id.,  39;  :  Le  caractère  de  V ami- 
tié véritable,  c^est  de  donner  sa  vie  pour  son 
ami  {Job.  w,  13,  citation  fausse  indiquée  [)ar 
Et.  Assemani  )  :  Quand  t'ous  aurez  donné 
votre  vie  comme  des  amis,  comme  des  amis 
aussi  vous  recevrez  la  récompense  de  votre 
amour  de  la  vérité.  Ecoutez  l'Apôtre  disant  : 
Souvenez-vous  que  Jésus-Christ  est  ressuscité 
des  morts  ;  si  nous  mouj-ons  avec  lui,  nous 
vivrons  avec  lui.  Et  si  nous  persévérons  à 
supporter  nos  tourments,  nous  partagerons 
son  royaume  avec  lui.  Et  si  nous  sommes  ici- 
bas  livrés  à  la  mort  pour  Jésus-Christ,  la  vie 
de  Jésus-Christ  se  manifestera  dans  notre 
corps  mortel.  Maintenant  il  semble  qu'oïl 
nous  donne  la  mort;  mais  sachez-le,  mes 
chors  frères,  cette  mort  vivra  de  la  vie  éter- 
nelle, et  cette  vie  mourra  de  mort  éternelle; 
parce  qut;  celui  qui  nie  Dieu  sera  frappé  de 
mort.  Si  dans  cet  instant  nous  avons  à  souf- 
frir, cet  instant  nous  fera  héritiers  d'une 
gloire  bien  grande  et  d'un  bonheur  éternel  ; 
et  si  en  nous  l'homme  extérieur  est  jeté  à  la 
corruption,  l'homme  intérieur  eu  recevra  un 
.')ien  plus  vif  éclat.  Celui  qui  a  ressuscité 
Notrc-Seigneur  Jésus-Christ  d'entre  les  morts 


nmis  rossu.MciInrn  iwt'c  lui  dam  flou  royauino. 
Tant  quo  uouh  restons  (Inufl  r.n  Ni^rle,  douh 
soiiuues  ciuume  mortt  dnris  le  Hi-ij^Metir } 
niavs  (pi.'uid  nous  en  sxrlironM,  nous  ontm- 
rons  (l/uis  la  Klnire  d«>  DIimi.  l/nnioiir  PKt  do 
noire  eiM(',  le  snliil  est  du  sici  ;  nouH  le  ché- 
risM»ns,  il  iKius  m  ri-eniiiiM-imc;  nous  Irn- 
vnilloii.s,  et  il  nous  pnye;  nous  «ouifrons,  il 
nous  ressuseiio  ;  nods  versons  noire  «.nm^, 
(>l  il  nous  aijmrt  dans  son  royaume,  où  il 
nous  (Joiuiera  le  roj)f)s,  In  joie,  lu  iranqnil- 
li(('  cl  Idules  les  ifunssailces,  en  nous  disant 
il  liaille  voix  :  "  Vmrz,  hmis  nrrritniin ,  i-ttlrrz 
dans  la  joie  de  votre  Seigneur  :  vaux  avez  bien 
usé  du  lali'ul  (pie  jr  vous  avais  confié,  recevez 
di.r  Idicnis  tv  récampinne.  » 

(,)uaiid  celK!  troupe  do  cent  martyrs  ont 
été  décapili'e  cl  eut  ainsi  olileruj  une  er)U- 
rou'ie  gldi'iciisc  ,'iu  centuple,  Sirm-on  se  pré- 
smita  de  nouveau  pour  la  [lortor  h  la  sainte 
Triiiil('',enri(iiie  trois  fois  encore  par  la  triphi 
iiKM't  des  deux  vieillarils,  ses  coinpagnon.s, 
et  do  lui-mômo.  Tous  trois  furent  courormés 
en  dernier  lieu. 

Or  il  arriva  (pie,   pendant  qu'on  menait 
au  supplic(!  l'un  des  coiufiagnons  du  bien- 
heurinix    Siméon  ,   pendant  (pio    les  bour- 
reaux  lo  dé[)()uillaient  de  ses  vêtements  et 
l'attachaient ,  il   fut   subitement   pris  d'un 
tremblement  général,  quoiipio  lo  courage  de 
son  ûme    ne   fi1t   pas  lo   moins  du  monde 
ébranlé.  Un  homme  fort  distingué,  nommé 
Phusikius,   et   qui  était  karugabar,  c'est-à- 
dire  intendant  des  travaux  du  roi,  honneur 
et  dignité  qu  il  venait  do  recevoir  du  roi 
depuis  peu  de  jours,  s'en  étant  nar  hasard 
aperçu,  encouragea  ainsi  le  vieillard  trem- 
blant :  «  Ne  craignez  rien,  ô  Hananie  I  fer- 
mez  un  instant  les   yeux  ,   vous  allez  les 
rouvr.r  à  la  lumière  de  Jésus-C'irist.  »  Ayant 
ainsi  parlé  il  fut  sur-le-champ  cunduit  de- 
vant le   roi  pour  dire  le  motif  du  langage 
qu'il  venait  de  tenir.  Le  roi  l'apostropha  en 
ces  termes  :  «  Homme  criminel  et  digne  du 
dernier  supplice,  je  ne  suis  donc  rien  pour 
toi  1  Eh  quoi  !  depuis  si  peu  de  temps  revêtu 
de  ta  charge,  quand  je  t'avais  ordonné  d'en 
accomplir  les  devoirs,  tu  viens,  spectateur 
oisif,  regarder  le  supplice  de  ces  hommes.» 
Alors  Phusikius  :  «  C'est  ])av  cettc^  oisiveté 
quo  je   prétends  ajouter  à  ma  dignité;  je 
voudrais  échanger  ma  vie  contre  leur  mort. 
Cette  dignité  que  vous  m'aviez  confiée,  si 
riche  en  inquiétude  et  en  soins,  librement 
je  l'abdique;   car  je  désire   et  je   préfère 
comme  le  plus  gr-nJ  bonheur  jiour    moi 
cette  mort  qu  ils  ont  «ouU'erte.  —  Ainsi,  dit 
le  roi,  tu  préfères  ta  perte  à  ta  dignité,  et  tu 
veux,   comme    un   insensé,    jiartager  leur 
son?  »  Mais  le  courageux  Phusikius  :  «  Oui 
certes,  car  je  suis  chrétien,  avec  l'espérance 
que  j'ai  placée  si  grande  et  si  certaine  dans 
le  Dieu  des  chrétiens,  je  pré 'ère  de  beau- 
coup leur  supplice  à  vos  dignités.  »  Alors  le 
roi,  rouge  de  colère,  et  se  tournant  vers  ceux 
qui  l'assistaient  :  «  Il  faut  que  cet  homme 
ne  meure  pas  d'une  mort  ordinaire.  Puisqu'il 
a  méprisé  la  dignité  que  je  lui  avais  confé- 
rée, et  qu'il  a  audacieusement  méconnu  mon 


^^^_  ;>.i«%*«- 


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SIM 


SIM 


400B 


aulorilt'  rormiie  inférieure  î»  la  sionne,  je 
veux  (ju'oii  lui  arracho  sa  langue  coupable 
jusqu'aux  racines,  en  lui  trouant  la  nucjue. 
1/hiirreur  saisit  les  spectateurs  de  cette  af- 
freuse exécution.  Aussitôt  (|u  elle  eut  été 
exéc\iti'*e  avec  férocité  par  les  bourrea'ix, 
Pliusikius  tomba  sans  vie.  11  avait  une  lillo, 
vierjje  consacrée  au  Seigneur,  (|ui,  accusée 
pTreilleuient  pour  cause  de  cbr-slianisrae, 
fut  mise  à  mort  pour  Jésus-Clirist ,  espoir 
de  s  n  salut.  [Traduction  de  l'autpur.) 

SIMÉON  (saintj,  élnil  un  jeui.e  enfant.  11 
fut  cruellement  massacré  à  Trente  par  les 
Juifs,  et  opéra  depuis  de  grands  miracles.  11 
est  honoré  dans  lEi^lise  le  2V  mais. 

SIMIESSE,  ville  de  la  Campanie,  célèl»re 
par  le  mari  vre  des  saints  Caste  et  Secondin. 
On  igiore'  dans  quelles  circonstances  ils 
succo'nbèr»  lit. 

SIMII.IFN  .saint),  évéq-ie,  confessa  la  foi 
de  Jé.^us-Chri.^l  dans  la  vdie  de  Nantes,  à 
une  époque  et  dans  des  circonstances  qui 
nous  sont  inconnues.  LEglise  honore  sa 
ménioire  le  16  juin. 

SIM'TRE  saint),  prêtre,  souffrit  à  Rome 
le  ui.irtyre  sous  le  règne  de  l'empereur  An- 
tonin,  avec  vingt-deux  autres.  Malgré   l'au 


elle  tontes  sortes  de  crimes.  Après  avoir 
couru  diverses  provinces  et  s'être  fuit  admi- 
rer d'un  grand  noml)re  de  personnes  qu'il 
trrtmpait  par  ses  enchantements  ,  il  quitta 
enfin  TOrient.  et  s'en  vint  h  Rome  du  temps 
de  Claude  ,  c'esl-h-dire  en  l'an  il  ,  ou  peu 
aj^rès.Si  nous  en  croyons  les  plus  illustres  et 
les  plus  anciens  auteurs  de  l'Eglise,  il  y  fut 
honore  comme  une  diviniié  f^ar  le  sénat 
nième  ,  et  s'y  vit  dresser  une  s>atue  dans 
l'île  du  Tibre,  avec  les  deux  tilres  'qui  lui 
conve'iaieit  le  moins)  de  saint  et  de  dieu. 
11  en  tit  ériger  non-sei;leme"t  pour  lui,  mais 
aussi  pour  son  Hélène  ,  la  dépeignant  sous 
la  figure  de  Minerve,  et  lui  sous  celle  de  Ju- 
piter. 

I/histoire  de  l'E.Tlise  dit  que  ce  fui  parti- 
culièrement pour  dissiper  les  illusions  de 
Simon  que  saint  Pi.'-rre  vint  à  Rome  fan  k2\ 
11  ruina  en  peu  de  temps  et  la  puissance  et 
la  personne  de  cet  imposteur,  dit  Eusèbe , 
selon  lejnel  il  est  difficile  de  ne  nas  mettre 
la  mort  de  Simon  dès  le  temi'S  de  Claude. 
Néa  imoins  ,  plusieurs  auteurs  du  iV  et  du 
V*  sièce  la  mettent  sous  Néron;  ce  que 
nous  suivons ,  d'autant  que  cette  opinion 
saccorde  plus   aisément  avec  les  diverses 


toi  iié  du  Mariyrolog»'  romain,  qui  dit  (juc  ce      circon>tances  que  l'on  rapporte  de  cette  mort 


fui  sou>i  .\nfoiiiii  le  Pieux,  nous  inclinons  k 
croire  que  ce  fut  >ous  Anlonin  .Marc-Aurèle. 
C'est  le  20  mai  que  l'E.^lise  honore  la  mé- 
moire de  saint  Similre  et  de  ses  compa- 
gnons. 

SIMON  (saint),  apôtre,  surnommé  le  Cha- 
nanéen.  Tout  ce  qui  concerne  la  vie,  les 
travaux  et  la  moit  de  cet  apôtre,  est  resté 
dans  la  plus  profonde  obscurité  :  on  prétend 
nue.  s'étant  rendu  en  Perse  avec  saint  Jiide, 
il  y  fut  massacré  avei;  lui  dans  une  sédition 
qu'excitèrent  les  prêtres  des  idoles.  On  fait 
sa  fèt"  le  28  o  tobrc. 

SI.MON  LE  MAtilClEN,  hérésiarque  ,  était 
d'un  b.iurg  de  Samaiie  nommé  (iitt 'ii  ,  ({ue 
saint  Epipiiane  dii  avoir  été  autrefois  une 
ville.  Il  était  magicien  et  abusait  tellement 
tout  le  pays  de  Samarie  par  des  illusions, 
qu  il  y  était  tenu  universel!ement  jtour  la 
grande  vertu  de  Dieu  ,  c'esl-h-due  pour  le 
Pèie  élevé  au-dessus  de  toutes  choses.  Il  ne 
Iais>a  pas  d'cnubrasser  le  cluislianisme  en 
l'an  3Vde  Jésus-Chrisl,  et  fut  baptisé  parsaint 
Philippe,  dincr-.  11  mérita  aussitôt  la  malé- 
diction de  saint  Pierre  ,  en  voulant  ai  heter 
de  lui  le  pouvoir  de  donner  le  Saiiu-l'-s|irit. 
Au  lieu  Je  recourir  au  remède  de  la  péni- 
tence, comme  saint  Pierre  l'y  avait  exhorlt-, 
il  s'appi  qua  plus  (pie  jamais  à  la  magie  ,  tit 
gloire  <!e  résister  aux  a|»ôtres,  et  infecta  tous 
ceux  qu'il  put  des  erreurs  que  nous  niions 
bientôt  manpi'r.  Il  quitta  pour  cela  la  Sama- 
rie et  couiul  div»TSi's  provinces,  chendiant 
les  pays  où  Jésus-Christ  n'avait  point  été 
prêché  ,  pour  y  prt'v-iur  les  esfirits. 

Etant  à  Tyr,  en  Phénicie  ,  il  y  acheta  une 
femm'»  publique  nomme.'  Hélène  ou  Selène, 
sehtn  (pielques  Latins,  et  il  l'-nheta,  dit  Ter- 
tulli«»n.  du  mêm«*  argent  dont  il  avait  voulu 
acheter  le  Saint-Esprit.  H  la  menait  partout 
où  il  allait ,  toinuicilant  secrètement  avec 


Nous  ne  h'.>  marquons  point  ici,  parce  qu'on 
peut  les  voir  sur  Ihistoiri^  de  saint  Pierre;  il 
suffit  de  dire,  en  un  mot,  que,  selon  beau- 
coup d'anciens,  Simon  ayant  entrepris  de 
s'élever  en  l'air  [lar  le  secours  de  ses  dé- 
nions, la  puissance  du  ciel  ,  implorée  par 
saint  Pierre  et  par  saint  Paul,  le  fit  tomber 
h  terre  en  présence  de  Néron.  Il  en  raO'irut 
peu  de  temps  après  et  ap()aremment  ranr«ée 
d'avant  le  martyre  de  saint  Pierre  et  de  saint 
Paul,  c'est-à-dire  en  65. 

Pour  ce  qui  est  de  ses  erreurs,  il  souffrait, 
comme  nous  avons  dit,  qu'on  l'appeMt  la 
gr^uide  vertu  de  Dieu;  et  il  ()'>rlaif  son  ini- 
ltiétéjus(/u'à  enseigner  qu'il  était  le  Dieu  sou- 
verain. Il  disait  qu'il  était  descendu  comme 
Père  à  l'égard  des  Samaritains  ,  comme  FiLs 
h  l'égard  des  Juifs,  et  comme  Saint-Esprit  ^ 
l'égnrd  de  touti'S  les  autics  nations;  mais 
(ju'il  ne  se  souciait  pas  de  quel  nom  I  s 
hommes  l'appelassent.  Saint  Jérôme  cite  ces 
blasphèmes  d'un  de  ses  livres  :  Jr  suis  h 
parole  de  Dieu.  —  Je  suis  la  beauté  de  Dieu. 
— Je  suis  le  Paraclel.  —  Je  suis  le  Tout-Puis- 
snnt.  —  Je  suis  tout  ce  t/ui  est  en  Dieu.  Il  a 
été  l'inventeur  des  éons  ,  devenus  si  célè- 
bres dans  l'hérésie  des  Valentiniens ,  et  on 
croil  nue  (-'était  comme  autant  de  [lersonnes 
dont  ils  conipo>aient  leur  pi.  nitude  et  leur 
divinité  fantasti(|ue.  Simon  en  avait  huit  au 
moins,  et  il  m>  ttail  de  le  nombre  une  pro- 
ton leur  et  un  silence  ,  dans  lesquels  lui  et 
ses  sectateurs  ont  mérité  de  se  perdre  enlin. 
On  prétend  qu't  nire  ces  éons  il  plaçait  le 
Verbe  au  cin  piieme  degré,  et  qu'il  a  été 
ainsi  le  pnnnier  père  de  l'arianisme. 

Il  appelait  son  Hélène  sa  nremière  intelli- 
gence et  la  mère  de  toutes  clioses  ;  il  l'appe- 
lait queUpiefois  le  Saint-Esprit,  et  lui  donnait 
aussi  le  nom  de  Prunique ,  co'mme  (juehpies 
autres  hérésies  l'ont  nommée  BarOcro  ou 


4009 


RÎM 


SIM 


lOiO 


Itnrhrio ,  r*('sl-ft-(lirf  lilli!  <I(î.  IJ.uil.    Pour  lo 
nom  (le  l'rutiù/uf,  ou  sail  \wm  ce  «lu'il  si^iii- 
lic.  Il  r/ipiM'I.iil  .•iiissi  Miiirrrr,  vmil.iiil  (lu'uti 
cnU  tjirrlln   l'iiul    la    Minerve    des    |io.(«'.s, 
coninie  lui  leur  .llipiler.  (î'éliiil  pai' relie  pre- 
inic'Te  ii'lellii^ence  ,  (lisait  Simon,  (|ii'il  .iv.iil 
tMi  (l'aliord  (lessdiii  di;  crét'r  les  an^Jis.  Mais 
plie,  comiaiss  ml  eell(>  vol(>iil(''  de  son  p«''r(<, 
el    prévenant  son   dessein  ,  t'iail  deseendiie 
pins  bas,  il  avait  engendre   les  an|;;es  el  les 
antres  pui^^sancos  snirilneilesnii\(pielles  elle 
n'avait    donne    nnlle    coiuiaissonei;    do    son 
père.  Ces  anj:,es  el   ces  puiss.inctîs  avaienl 
o-isuite  l'ail  le  inonde  el  les  hoinmes.  Simon 
donnait  î»  ces  ani.?es  divers  noms   hailiares 
qu'il   niveiilail,   el,  su|»|)0sanl  (pi'il  y  avail 
plusieurs  cicux  ,  il  allnhuail  cliaipie  ciel  h 
<inel(]nes-uns  des  anges.  Ces  anges,  disail- 
il,   no  voulant  pas  (ju'on  siU  cpi'ds  oussenl 
été  engendrés  par  un  autre,  avaienl  relnm 
I«Hir   mère  painii  eux  ,   et    lui  avaienl    fail 
toule  sorto  troutragos  cl  de  violentes  pour 
renipéchor  do  remonter  vers  son  p€>re  ;  ils 
Tavaionl  mOmo  eniermée  dans  des  corps  de 
t'omines  ,   el  entre  autres  dans  celui  d'Hé- 
lène, femme  de  Ménélas,  qui  lui  cause  de  la 
guerre  (le  Troie;  el  il  exf.liipiail  celte  guerre 
d'une   manière  loute  inysli(pie.  11   ajoutait 
que  son  intelligence  ,  passanl  loujours  d'ua 
corps  en   un  autre,   était  enlln  venue  <làns 
celle  Hélène  de  Tyr  ,  (pi'il  menait  avec  lui; 
que  c'était  la  brebis  égarée;  qu'il  était  des- 
cendu  des  cioux  |)Our  la  raclieter,  ol  qu'eu 
passant  ^)ar  clia(|ue  ciel  il  avail  pris  la  lij^ure 
de  la  puissance  qui  y  dominait,  de  peur  d'ê- 
tre reconnu;  de  môme  (lu'étant  parmi  les 
hommes,  il  avail  pris  la  (iguro  d'un  lioaime, 
quoiq^u'il  ne  le  fût  point  en  elfet,  el  avait  été 
crucilié  en  apparence  par  les  Juifs. 

Il  se  prétendait  ainsi  être  le  Christ ,  et 
mèhul  dans  ses  ci'imes  et  dans  ses  enchan- 
tements ce  nom  sacré,  par  le  moyen  duquel 
il  s'attirait  plusieurs  personnes.  Aussi  ses 
disciples  étaient  compris  par  les  païens  sous 
le  titre  de  chrétiens.  Mais  il  ne  recotuiaissuit 
point  du  tout  ([ue  Jésus  fûi  le  fils  de  Dieu  ; 
au  contraire ,  il  so  regardait  comme  son  ri- 
val, et  s'efforçait  de  faire,  au  moins  en  appa- 
rence, tout  ce  que  le  Sauveur  a  fail  t?  es-repl- 
iement par  sa  puissance  divine,  pour  s'ac- 
quérir, i'il  eût  pu  ,  la  môme  réputation  que 
lui  et  la  môme  autorité  parmi  les  hommes. 

11  disait  qu'il  était  descendu  du  ciel,  non- 
seul-ment  pour  délivrer  son  Hélène ,  mais 
encore  pour  rétablir  l'univers  troubli';  par 
l'ambition  des  anges,  dont  chacun  voulait 
être  le  premier,  et  pour  sauver  les  hommes, 
en  se  faisant  connailre  à  eux.  11  ne  recon- 
naissait néanmoins  ni  salut  ni  résurrection 
pour  la  chair ,  mais  seulement  pour  l'âme, 
laquelle  ne  devait  rien  es|)érer  que  de  sq 
grA';e  ,  sans  s'arrêter  aux  bonnes  œuvres, 
toutes  les  actio  is  étant,  disail-il,  indifféren- 
tes d'elles-mômos,  et  la  distinction  des  bon- 
nes et  des  mauvaises  n'ayant  été  établie  que 
par  les  anges,  pour  s'assujeltir  les  hommes; 
qu'ainsi  ceux  qui  espéraient  en  lui  et  en  son 
Hélène  étaient  délivrés  de  cette  superstition, 


et  t'iaienl   libres   pour   l'ain-   tout   (•!•    (pi'ilg 
voulaient.... 

On  voit  les  consécpiences  (jiie  le  démon 
pouvait  lui  taire  lirin-  de  ce  principe. 

Iteg/irdanl  les  anges  coinini;  des  ennemie 
de  Duni  el  roiiime  des  pnissaiires  maii>  ai- 
ses, qui  étannil  hors  de  la  plénitude,  selon 
.SOS  termes,  et  do  la  participation  de  In  <livi- 
nib-,  ol  voulant  d'ailleurs  muMs  eusseitt  rié(') 
le  monde,  il  ne  faut  pas  selonner  s'il  mépii- 
sait  el  s'il  rejetait  la  loi  donnée  à  Mois(;  par 
le  Créateur,  s'il  disait  ipi'il  était  venu  l'abo- 
lir, el  s'il  n(!  voulait  point  non  |)lus  (lu'o'i 
craignit  les  menaces  dvs  j*ioplièlos,  (lui  n'a- 
vaient, disa'l-il,  été  inspirés  (pio  pai- les  an- 
ges. Il  alliibiiail  de  mrino  tout  l'Ancien 
Testament  h  divers  anges  ;  la  loi  ii  l'un  ,  les 
psaumes  A  l'autre  ,  et  ainsi  du  reste.  Non- 
seulement  il  Ile  rendait  |)as  h  ces  paroles  di- 
vines lo  res|)ect  ((ui  leur  est  dû,  mus  il  me- 
naçait iiiAmc  d(,'  la  mon  el  de  la  damnation 
tous  c(!ux  (pii  y  défV-iaienl. 

Les  disciples  de  Simim  profilèrent  arlrnira- 
blemenl  de  celle  doclriiK!  de  leur  maUre  ; 
car  ils  vivaient  autant  (pi'iis  pouvai(!nl  dans 
toutes  sortes  de  débordements  (jui  surpas- 
saient de  beaucoup  tout  ce  que  Ton   pour- 
rait s'imaginer,  bien  loin  que  ceux  qui  ont 
quehiue  pudeur  osassent  jamais  les  expri- 
mer, soit  par  la  |)arole,  soit  par  écrit.  Et  ces 
inisérables  avouaient  eux-mêmes  dans  leui-s 
livres  que  ceux  qui  entendraient  parler  pour 
la  première  fois  de  leurs  mystères  les  [)lus 
soltcIs  seraient  sur[)ris  d'élonnement  el  d'ef- 
froi, Oulre  l'impudicité,  ils  s'adonnaient  en- 
core à  toutes  sortes  de  sorcelleries ,  et  se 
vantaient  môme  de  pouvoir  attirer  des  en- 
fers les  Ames  des  prophètes.  Kl  quoufu'ils 
fissent  semblant  d'imiter  îa  divine  philoFO- 
phie  des  diréliens ,   néar.moins  ils  retom- 
baient jusque  dans  l'.dolâlrie  dont  ils  sem- 
blaient   s'être  retirés  ;   car  ils   avaient   des 
images  de  Simon  et  d'Hélène  ,  représentés 
sous  la  ligure  de  Jupiter  el  de  Minerve,  ils 
adoraient  ces  images  ,   se  prosternaient  de- 
vant elles,  et  leur  offraient  de  l'encens  ,  des 
victimes  et  du  vin  ;  ils  regardaient  même  le 
culte  commun  des  idoles  comme  une  ciiose 
indifférente ,  et  par  ce  moyen  ils  n'avaient 
pas  de  peine  à  éviter  toutes' les  pec^éculions 
que  l'on  faisait  aux  chrétiens.  Saint  Justin 
t  moigne  aussi  que  les  païens  les  laissaient 
en  repos,  lorsque  l'on  persécutait  le  plus  ou- 
vertement les  disciples  de  Jésus-Christ. 

Quoique  Simon  se  déclarât,  par  toute  sa 
doctrine  ,  ennemi  des  anges,  néanmoins  il 
leur  lendail  un  culte  idolâtre,  prétendant 
que  l'on  ne  pouvait  être  sauvé  sans  offrir  au 
souverain  Père  des  sacriiicos  abominables, 
par  le  moyen  des  principautés  et  des  puis- 
sances qu'il  plaçait  dans  chaque  ciel ,  non 
pour  obtenir  d'elles  quelque  assistance,  mai.<i 
pour  les  adoucir  et  empêcher  qu'elles  ne  sop- 
posassent  aux  iiommes,  soit  durant  leur  vie, 
soit  après  leur  mort. 

Cet  imposteur  fut  adoré  comme  un  dieu, 
non-seulement  durant  sa  vie ,  mais  encore 
après  sa  mort;  et  saint  Justin  remarque, 
vers  l'an  150,  que  presque  tous  les  samari- 


1011 


SIM 


biM 


i0i2 


tain«,  et  encore  quelque  peu  d'autres  en  di- 
vers pa>>.  le  rei'onnaissaictit  pour  le  plus 
grand  d»'  tous  les  dieux.  La  statue  (ju'on  lui 
avait  érig(^e  h  Rome  était  encore  debout  en 
ce  temj>s-Ih.  Saint  d'-nienl  d'Alexandrie  dit 
que  ses  sectateurs  l'adoraient  encore  de  son 
temps  ,  et  lAchaient  de  se  rendre  semblables 
à  lui ,  ce  (jui  ne  leur  était  pas  bien  difticiie. 
11  y  en  avait  encore  plusieurs  vers  l'an  2-20. 
Ces  hérétiques  étaient  connus  sous  le  nom 
de  Simonifis  ,  atin  qu'on  ne  pOt  ignorer  di'. 
qui  venait  leur  doctrine  im,ie.  Ils  s'étaient 
eux-niônies  donné  ce  nom.  On  les  appelait 
aussi  Hélé'iiens  ,  à  cause  d'Hé  ène.  Quelque 
nombreuse  que  cette  secte  ait  été  dans  son 
commencement  jusqu'f^  Tan  150,  Origéne  dit 
que,  lors  juil  écrivait  son  nremier  livre  con- 
tre Celsc  ;vers  Tan  2V9),  elle  se  trouvait  ré- 
duite à  environ  trente  personnes  au  plus; 
car  il  s'en  trouvait  encore  alors  quelques- 
uns  dans  la  Palestine.  Dans  le  cniquiôme  li- 
vre du  même  ouvrage,  il  dit  qu'on  n'en  trou- 
vait pas  un.  Mais  il  y  en  avait  sans  doute 
encore  en  d'autres  endroits,  soit  qu'Origèno 
ne  le  sût  pas  ,  soit  (ju'ils  eussent  (juilté  le 
noi^  de  Simoniens;  car  un  auteur  qui  a  écrit 
SUT  le  bai)léme  ,  contre  saint  Cyprien.et 
ainsi  vers  l'an  256,  dit  rjue  (juclques-uns  des 
hermétiques  descendus  de  Simon  faisaient  pa- 
raître du  feu  au-dessus  do  l'eau  quind  ils 
donnaient  le  b  q)tème ,  pour  relever  leurs 
mystères  et  tromper  les  simples  et  les  cu- 
rieux ,  en  leur  faisant  croire  quiî  Unir  baj)- 
tèmo  était  plus  saint  et  plus  véritable  que 
celui  de  l'Eglisecatlioli  jue.  Cet  auteur  doute 
s'ils  faisaient  paraître  ce  feu  par  quelque  il- 
lusion et  quelque  adresse  [»urement  natu- 
relle, ou  si  c'était  par  migie.  Pour  autoriser 
ce  baptêm  ',  ils  avaient  sup[)osé  \\i\  livre  in- 
titulé :  I.n  Prédication  de  sitiiit  Paul  ,  (iltMii 
de  blasphèmes  contre  Jésus-Christ  et  de  fau- 
tes contre  riiisloire ,  dont  on  en  remarque 
quelques-unes. 

Il  restait  encore  un  assez  grand  nombre 
de  simoniens  plus  <le  cinquante  ans  après 
Oiigène  et  saint  t>yprien  ;  mais  ils  ne  for- 
Diaienl  plus  de  secte.  Ils  se  mè  aient  parmi 
les  catholiques,  et  recevaient  le  baptèmedans 
l'église,  connue  Snunn,  pour  lAcherde  ri'pan- 
dre  parmi  les  autres  la  doctrine  contagieuse 
do')t  ils  fiaient  iideclés,  et  ils  tirent  ;un>i  un 
grand  tort  à  ijudijues  personnes.  Piu->i(Mirs 
furent  découverts  dans  lo  commencement  du 
IV  siècln  et  chassés  de  l't'.^lise,  (  «luuuo  saint 
Pierre  en  avait  chassé  leur  maitie. 

11  y  a  bien  des  en  iroits  dans  saint  Paul  et 
<lans  les  auhes  api'ilics  (pn  se  peuvefit  rap- 
porter aux  Simonie-is.  Saint  Cyrille  de  Jeru- 
Mlem  appliipiu  à  Simon  ces  paroles  de  la 
première  epiirede  saint  Jean  :  Ih  ont  quille 
notre  compaqnir  ;  mais  ils  n'etatent  pas  de 
notre  compagnie.  Kt  ainsi,  selon  ce  Père, 
ce  sont  les  SnnoiU(>ns  «pie  saint  Jean,  dans 
Je  même  etidroil,  .-'[ipeile  de»  antei  hrisis. 
Saint  Paul  peut  l)ien  les  marquer  encore, 
lorsqu'd  avei  lit  Tun  )thr'o  de  tuir  les  profa- 
nes nouveautés  de  paroles,  et  tout  ce  (]u'on- 
poNC  une  doitrine  qui  porte  fausseinerU  le 
nom  de  science  ;  car  Simon  a  été  le  père  de 


îl 


tant  d'hérétiques,  qui,  se  vantant  faussement 
d'avoir  une  science  et  une  lumière  particu- 
lières sur  les  choses  intérieures  et  aivines, 
prenaient  le  nom  de  (/nnstiques  ,  qui  signifie 
saranls  et  illuminés ,  c'est-à-du'e  de  presque 
tous  ceux  qui  se  sont  élevés  ,  les  uns  après 
les  autres,  contre  la  doctrine  de  l'Eglise  jus- 

2u'après  le  milieu  du  ii*  siècle.  11  a  encore 
té  le  père  de  ceux  que  l'on  appelait  docètes 
ou  apparents,  parce  qu'ils  croynient  que  les 
mystères  (le  l'hnmaniti'du  Srtuveur  n'avaient 
été  0[>érés  qu'en  apparence,  et  c'était  l'héré- 
sie commune  de  tous  les  gnostiques. 

Mais  entre  les  diverses  sectes  des  gnosti- 
ues,  assez  ditférentes  les  unes  des  autres, 
il  y  en  a  plusieurs  qu'on  marque  avoir  tiré 
plus  particulièiement  leur  origine  de  Si- 
mon, en  faiscint  quelques  changements  peu 
considérables  dans  les  impiétés  qu'elles 
avaient  a;  prises  de  lui.  Les  eutyquites  ou 
les  eutyquites  sont  les  plus  anciens  que  l'on 
connaisse. Ilsosaient  dire  que  les  Ames  nesont 
envoyées  dans  les  corps  que  pour  y  honorer 
les  anges  ,  créateurs  du  monde,  par  loutes 
sortes  de  crimes.  Oiigène  les  met  entre  ceux 

3 ni  opi'osaienl  le  Dieu  de  l'Evangile  à  celui 
e  la  loi  e!  des  projihètes  ,  voulant  que  Jé- 
sus-Christ fût  lils  non  de  celui-ci,  mais  d'un 
autre  Dieu  inconnu.  Il  paraît  qu'ils  subsis- 
taient encore  de  son  temps. 

Aux  eutyquètes  Théodoret  ajoute  les  cléo- 
bains,  les  dosilhéens  ,  les  gorthéniens  ,  les 
niasl)othéens,  les  adrianistes  et  les  cainistes, 
dont  les  noms  sont  aussi  inconnus  (pie  les 
sentiments.  Hégésippe  parle  des  déobains 
et  des  tr<iis  autres  suivants,  qu'il  fut  venir, 
non  de  Simon,  mais  d'anciennes  sectes   de 
Juifs,  C'est  pourquoi  M.  Valois  veut  qu'ils 
soient  antérieurs  h  Simon,  ce  que  le  P.  Nouri 
ne  lui  ac( orile  pas,  au  moins  pour  toutes  les 
quatre  sectes.  Il  se  |)OUt  f.ure  que  d'ancien- 
nes sectes  di-  Juifs  .iieiil  embrassé  les   er- 
reurs de  Simon  et  Hiient  entrées  au  nombie 
do  ses  disciples.    Théodoret  ne  nous  en  a|v 
|trend  rien  davantage  ,  sinon  (praf»rès  avoir 
eu  fort  peu  <le  ilutée  ,  ils  s'étaient  entière- 
ment éteints.  Nous  en  }K)urrions  dire  quel- 
que chose  de  plus,  particulièrement  sur  Do- 
sitliée,  si  cela  en  valait  la  peine,  et  sil  no 
fallait  tirer  une  partie  de  ce  qu'on  eu  [lour- 
rait  dire  fl't'M'rils  apoi-rv  plies  et  supposés.  Il 
n'est  poini  m'i-essaire  non  plus  du  parler  ici 
des  simoniaqurs  ,  trop  connus,  ^  la  honl)>  et 
au  malheur  de  l'Eglise;  car,  tpioiqu'ils  aient 
nnriti!  ce  nom  ,  parce  «pi'ils  iiuiteiil  levem- 
})le  de  ce  prince  des  héiétiques,  au  nombre 
desquels  les  canons  hs  mettent ,   et  parce 
qu'ils  ont  part  à  sa  malédic  tion,  ils  ne  vien- 
nent néanmoins  de  lui  tiue  par  une  suite  in- 
terrompue durant    (pieîoiie^    siècles.    Nous 
avons  vu  (pie   saint   Jéiom»>  i  ite   quelques 
paroles  d'un  livre  de  Simon;  laultur  du  li- 
vre des  noms  divins  dit  «pie  cet  iiiinie  avait 
c<'mpos('>  plusieurs  discours  contre  la  foi  dt' 
Jcsus-t^hrist,  et  »ni'il  les  avait  intitulés  Con- 
Iradicloirr.i.  LesConslilutions  disent  que  Si- 
mon et  Cléobe,  le  com|-'agiioii  di>  ses  erreurs, 
avaient  composé,   sous  le  nom   de  Jésus- 
Christ  et  de  ses  disciples,  divers  ouvrages  cm- 


I 


101!^ 


SIM 


SIM 


KMi 


))oisomi('s,  (ni'ils  nvnifiit  n^pnndiis  pdrtrmt,  ' 
|)(iiii' IroiiiiMT  cciix  (|iM  iiiin.iiriil  li>  noiit  ilii 
Siuiv(Mir.  On  |Wirli'  «l'un  •'•vnii^ilti  inililii-  (Wir 
los  (lisciiilcs  (l«  Simon,  (in'ils  ;i|i(iclai()iit  lo 
livre  (1rs  (luatrc  coins  du  monde  ,  puicr  (ju'il 
(H.'iil  divise^  eu  (|iialro  parlics. 

l/li(''r(Vsi.'(n|iH<  Mt'n<ni(lrr ,  iiiii  p/inil  (1rs  lo 
vivHiil   <l<'s   a|iAlri'.s,   ('lail   ilisiiplo    do    Si- 
mon le  MiiKicicii.  11  c'diiil  samaritain  du  racn, 
iialil'd'iin  villa!:;(i  ap|M'l('  Coppondije  on  (",a- 
|)iai,  s(>lon  'llii'odoidl.  Il  i''>;ahul  ou  .snipas- 
sail  xwC'.ww  dans  lu  sciomît»  do  la  rna^çio  Si- 
mou  lo  Ma^iciiMi,  son  maiiro.  Il   lui  aussi  lo 
snccossoin-  di-  son  lirrésio,   ol  i'nd)iassa  les 
mOuu>s  scMilinuMils  ou  plulAl  los  mt^nuis  io- 
lios  (]U{'  lui.  Tout  (0  que  Simon  s'i'lail  attri- 
but^,  Mt'Miaudru  so   rallrihuail  aussi.    11   ne 
pnHoiulait  pas  nùanmoins  (Hro  la  souvoruino 
viM'lu  ,  (pi'il  sout(Miail  (Mr»!  oaflu'«o  ol  iucon- 
iHio  h  loul  lo  montio  ;   mais  il  so  vantail  d'a- 
voir cH6  onvoyé  par  col  (Mro  iuvisihlo  ,  pour 
sauver  les  liounuos.  Il  disait,  conmu^  Simon, 
(juo  li's  an^os  avaient  été  engendrés  nar  l'iu- 
telii^enct»  divine,  ([ue  le  monde  et  le  corps 
mémo  do  riionuno  avaio'il  été  l'ails  |)ar  eux; 
que  ,   pour  lui,  il  était  veiui,  (^w  (pudilé  de 
sauveur,  donner  aux  houunes,  par  sa  uiagio, 
la  science  et  le  moyen  do  vaincre  les  an^os 
créateurs  du  monde  ;  (]u'ou  ne  les   pouvait 
vaincre  (p.i'ei  a[)pronanl  sa  magie  et  on  re- 
cevant le  baptême  (ju'il  donnait  en  son  pro- 
pre nom;  que  ce  baptême  élalt  une  résur- 
rection, et  qu'après  l'avoir  reçu  on  devenait 
immorlel  et  incorruptible  ,  sans  vieillir  ja- 
mais. Quoique  ce  baptême  fût  si  commode 
et  si  siir,  selon  cetpi'il  en  disait,  néamnoins 
il  élait  tenu  fort  secret,  et  élait  fréquenté  de 
peu  de  personnes ,  y  en  ayant  peu  d'assez 
fous  pour  se  laisser  [)rendre  à  ces  chimères. 
Le  lieu  où  Ménandre  s'attira  plus  de  secta- 
teurs fut  Antioclie.  Ils  prenaient  le  nom  de 
chrétiens  ;  mais  les  autres  les   appelaient 
mcnnndriens  ou  ménandrianistcs  ;  d'où  quel- 
ques-uns croient  que  sont  venus ,  par  cor- 
ruption,  les  adrianistes  ,  avec  xVdrien,  leur 
chef,  marqués  parThéodoret  entre  les  sectes 
sorties  de  celle  des  Simonicns.  Il  y  avait  en- 
core quelques  ménandriens    du  temj)s   de 
saint  Justin,  assez  stupides  pour  croire  la 
prétendue  immortalité  que  leur  maître  leur 
promettait. 

Les  plus  célèbres  disciples  de  Ménandre 
ont  élé  Saturnin  et  Basilide  ;  les  gnosti{pies 
ont  aussi  tiré  de  lui  leurs  impiétés.  (  ïiUe- 
mont,  t.  II,  p.  35.) 
SIMON  (saint),  enfant  massacré  h  Trente, 
ar  les  Juifs,  en  haine  de  Jésus-Christ,  souf- 
•rit  le  martyre  pendant  la  semaine  sainte  de 
l'année  ikll.  Les  Juifs,  s'étant  rassemblés  à 
cette  époque,  délibérèrent  sur  les  prépara- 
tifs de  leur  pâque.  Ils  résolurent  d'immoler 
un  enfant  chrétien.  Un  médecin  de  leur 
secle  se  chargea  de  leur  en  amener  un,  et 
pendont  les  ténèbres,  ayant  trouvé  seul  le 
eune  Simon  âgé  de  deux  ans,  il  l'amena  à 
i  synagogue.  H  était  alors  minuit  :  après 
avoir  mis  un  mouchoir  sur  la  bouche  de 
l'enfant,  ils  lui  firent  plusieurs  incisions  sur 
^e  corps;  plusieurs  lui  tenaient  les  jambes, 


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i 


d'autres  les  brns  étuiidus  on  rroi\;  p«-iidaiil 
to  temps  on  In  porrail  on  dllIV-renls  rndtoilK 
avec  des  Hlùr»o.«»  ol  lios  poinçons,  Lorscju'il 
fut  expiré,  ils  chanlèreni  aulour  do  lui  : 
\(iil(ï  iiiiiiiiiriil  itiiitM  m  oun  Iroili'  Jénim^  le 
J)ini  des  vltrélivitn;  /luinsaU  lou»  non  runemts 
Cl)  (•  (linsi  confiiiidiiH  t]  jamais  !  —  Le  corps 
liit  caelit'  dans  un  grenier  a  foin,  pui*(  dans 
un  collior,  <!l  onllti  jeté  dans  la  rivièn;.  11 
fui  m' iinnoins  découvert,  et  les  menrlrior.s 
fureiil  nus  il  mort.  Los  icliipjos  de  oo  saint 
onlanl  sont  à  Trente,  dans  l'é^^liso  do  Sninl- 
Pierre,  où  s'opéi-èroni  pliisiouis  miraeles. 
L'i'lgliso  l'ail  sa  IV'le  le  -iV  iii;irs. 

SIMON  DKMONTANIS  (le  bienlieuroux), 
domiMicain  ,  lerut  la  palme  Kloiieiise  du 
martyre  dans  l'île  do  Sohjr  pour  avoir  brisé 
les  idoles.  Los  prôlres  du  |)ays,  furieux  do 
cotte  action,  It»  |)erièronl  d'un  coup  de  lanco 
j)ondanl 'tpi'il  priait  ;i  lé^liso.  Son  martyre 
arriva  I  an  1581.  {Monumenta  Dominicana  ^ 
an.  l.'iSl.j  I 

SIMON  I)K  LA  PITlL  (I.'  bienliouroux) , 
domini(viin,  fut  massacré  dans  h;  Malabar  en 
1507,  avec  W.  P.  Pn^rro  Usiismaris. 

SIMPLICK  (saint),  fut  martyrisé  avec  ses 
deux  llls,  Constance  et  Victorien,  au  pays 
des  Marses  ,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Marc-Aurèle.  L'Lglisc  célèbre  sa  fête  le  26 
aoili. 

SIMPLICE  (saint),  fut  martyrisé  en  Afrique 
avec  saint  Quinct  et  (juehpies  autres  quo 
nous  ne  connaissons  j)as.  Ils  subirent  le 
martyre  sous  le  règne  dos  empereurs  Dèce 
et  Valérien,  et  sont  inscrits  au  Martyrologe 
romain  le  18  décembre. 

SIMPLICE  (saint),  Simplicius,  sénateur, 
fut  mis  à  mort  à  Home  sous  l'empire  de 
Maximin  I",  avec  sa  femme,  ses  enfants  et 
soixante-huit  personnes  de  sa  famille.  Félix 
et  Blande  sa  femme  furent  aussi  martyrisés 
en  même  temps.  On  exposa  les  têtes  do 
tous  ces  martyrs  sur  diverses  portes  de  la 
ville,  pour  intimider  les  chrétiens.  Voilà  ce 
que  rapporte  le  Martyrologe  romain.  Nous 
ferons  ici  les  mêmes  observations  à  peu 
près  qu'à  propos  de  saint  Palmace.  Comment 
so  fait-il  qu'un  fait  aussi  grave,  à  propos 
d'un  homme  considérable,  ait  eu  lieu,  sans 
que  l'histoire  en  fasse  mention?  Quant  à  ce 
clîitlVe  de  soixante-huit  personnes  de  la  fa- 
mille de  saiiit  Simplice,  martyrisées  avec  lui, 
il  y  a  une  explication  importante  à  donner  : 
cela  ne  signifie  pas  que  ce  fussent  de  ses 
parents ,  mais  bien  des  personnes  de  sa 
maison.  Familia,  chez  les  Romains,  ou  la 
/oj/j/Z/e,' comprenait  l'ensemble  des  personnes 
habitant  la  maison  du  maître,  ou  attachées 
à  son  service,  soit  comme  serviteurs  à  gages 
ou  comme  esclaves.  L'Eglise  fait  la  fête  de 
saint  Simplice  et  de  ses  compagnons  le 
10  mai. 

SIMPLICE  (saint),  et  saint  Faustin,  son 
frère,  habitaient  Rome  au  temps  de  la  per- 
sécution de  Dioclétien.  En  303,  ils  lurent 
arrêtés  pour  la  foi,  cruellement  tourmentés, 
et  enfin  décapités.  On  jeta  leurs  corps  dans 
le  Tibre.  Béatrix,  leur  sœur,  les  en  ayant 
retirés,  les  enterra,  puis  elle  passa  le  fleuve, 


I0!5 


sm 


SIS 


1016 


et  re.Ma  «ppt  mois  rarhf^e  rlipz  nno  fommo 
nomiTK^o  Lucino,  avec  laqnollp  elle  «''tait  jour 
pt  nuit  en  nrièrt's.  Au  bout  do  co  laps  de 
temps,  un  ne  ses  parents,  (jui  désirait  s'ap- 
proprier ses  biens,  la  dénonça.  Avant  pro- 
testé devant  le  juge  «ine  jamais  efle  n'ado- 
rerait des  idol  'S  de  bois  et  de  pierre,  elle 
fut  étranglée  dans  sa  prison.  L'Egliso  honore 
tous  ces  martyrs  le  29  juillet.  (Voy.  les  Bol- 
lan.i>tf>s.) 

Si.MPLICE  'saint),  martyr,  était  sculpteur 
,^  Rome  en  30V,  sous  rem[)t'io>,r  Dioclétien  ; 
il  refusa  de  faire  des  idoles  et  fut  mis  à  mort 
pour  cette  cause.  D"ahord  il  fut  mi»  en 
prison  ,  ensuite  déchiré  avec  des  fouets 
garnis  de  pouites  de  fer,  ]>uis  précipité  dans 
la  rivière.  Sa  iete  a  lieu  le  8  novembre. 

SIMPLICE  saint',  évè(pie,  confessa  la  foi 
de  Jésus-Clirist  à  Vérone,  au  milieu  des  sup- 
plices. Les  détails  nous  monquent  sur  son 
compte,  il  est  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
main 1"  -20  novembre. 

SIMPLICIKN  l'saint),  martyr,  cueillit  la 
palme  du  martyre  avec  les  saints  Etieime, 
Ponlien,  Altale,  Fabien,  Corneille,  Sexte, 
Florus,  Quintien  et  M-nervien,  (fui  fu.ent 
les  comjKignons  de  son  triomphe.  On  ignore 
le  lieu,  la  date  et  les  circouslauces  de  leur 
martyre.  L'Eglise  honore  leur  mémoire  le 
31  décembre. 

SINAI  ou  SiNA,  montagne  du  pays  d'A- 
rabie dans  une  péninsul'  de  Ift  mer  Rouge, 
e"tre  Suez  et  Akaba.  Dieu  donna  sa  loi  à 
Moise  sur  cette  montagne.  Dès  les  premiers 
siècles  de  l'Eglise,  il  y  eut  des  anachorètes 
sur  cette  montagne.  Aujourd'hui  sur  un 
plateau  qui  se  trouve  à  peu  près  à  mi-côte 
du  pic  le  plus  élevé  est  un  couvent  foititié, 
qui  a  le  titre  d'archevêché.  En  l'an  373,  les 
Arabes  massacrèrent  au  Sinai  quarante  so- 
litaires, pirmi  les(piels  saint  Lsaie  et  saint 
S(d)as.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  lijanvier. 

SINAS  fsaint)  ou  Sina,  diacre  et  martyr, 
fut  une  des  nombreuses  viclmies  que  la  per- 
séculion  dp  Sapor  lit  en  Perse,  il  moiuiit 
pour  la  foi  chrétienne  en  l'an  3Vl  di'  Jésus- 
C'u-ist,  avec  saint  Mille,  évé(]ui\  et  saint 
Abrosime,  prêtre.  L'Eglise  vénère  leur  mé- 
moire le  10  novembre.  {Voy.  Mille.  Leurs 
Arles  sont  communs.) 

SIKICE  saint),  mourut  pour  la  foi  h  Adru- 
mèle  en  Afrirpit*.  Il  eut  pour  compagnons  de 
son  martyre  les  samis  Vérule,  Secondin, 
Fél  X,  Servule,  Saturnin,  Forlunat  et  seize 
.uitres.  Ce  fut  durant  la  persécutii»n  des 
Vandales  contre  la  foi  caiholupie  (pie  leur 
martyre  arriva.  LEgiise  fait  leur  fête  le  21 
févriT. 

SIRMirM,  Sirmich,  capitale  de  la  Pan- 
n.,nie,  avait  pour  gouverneur  Probus,  en 
l'an  de  Jésus-Christ  304,  sous  le  règne  et 
durant  la  perseiijiion  de  Dio  létieu.  Ce  gou- 
verneur y  lit  mouru-  pour  l.i  f(u  saint  Iréiiée. 
qu'  en  était  évèiue;  il  le  lit  décaj)irer  et  en- 
suite jeter  dans  la  vSave.  *«».  1r^:^êf.  et 
pR»Bi  s.;  Cette  vill(!  vil  encore  le  uiartyre  de 
sniul  liuiocent,  sainte  Sébastie  et  trente  au- 
tres dont  les  noms  sont  malheureusement 
ignorés. 


SISFRANT),  diacre  et  martyr,  honoré  par 
l'Eglise  le  10  judlet,  était  natif  de  Badajoz. 
On  l'amena  jeune  etuore  pour  étudier  à  î 
Cordoue.  11  y  fut  élevé  dans  le  monastère  de  '• 
Saint-Aciscle.  Comme  la  plup;Trt  des  martyrs 
de  ce  temps-là,  d  se  présenta  de  lui-même 
au  juge.  (Voy.  Paul,  Diacre).  Ses  Actes,  ou 
plut(M  1  h'sloire  de  saint  Euloge  le  men- 
tionnent comme  étant  déjà  en  prison  quand 
il  eut  la  révélation  de  sa  mort  prochaine.  Il 
écrivait  une  réj>o.ise  h  un  de  ses  amis  :  il 
en  avait  h  peine  écrit  quatre  lignes  que  tout 
à  coup  il  se  leva,  et  dit  au  valet  qui  l'atten- 
dait :  n  Allez-v(jus-en,  mon  ami,  de  peur 
que  les  soldats  ne  vous  prennent.  »  Eu 
etfet,  les  soldats,  entrant  tout  de  suite  après, 
l'emmenèrent,  en  lui  donnant  des  souftlets 
et  des  coups  de  poings.  On  le  présenta  au 
cadi,  devant  lequel  il  persista  dans  sa  con- 
fession. Alors  ce  magistrat  h»  lit  mettre  à 
mort.  Il  é'ait  encore  dans  toute  la  fleur  de 
la  jeunesse  quand  il  consomma  son  sacri- 
fice. Sa  mort  eut  lieu  le  Ifi  juillet  831.  Voy^ 
MLsrLM\>s  {Persccnfions  des). 

SISINK, (saint), diacre,  fut  martyrisé  àRomo 
surla  voieSalaria,avec  le  vieillard saintSi.lur- 
nin.  Après  avoir  langui  huigtemps  en  prison, 
sous  le  règne  de  l'empereur  Maxiniien,  ils 
furent,  par  ordre  du  préfet  de  la  villo,  tour- 
mentés sur  le  chevalet,  tirés  avec  violence, 
accablés  de  coups  de  bâton  et  de  fouets  gar- 
nis de  pointes  de  fer,  brOlés  en  plusieurs 
parties  (iu  corps  ;  enlin  ayant  été  descendus 
du  chevalet,  ils  eurent  la  tête  tranchée» 
Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le 
29  novembre. 

SISINNE  (saint),  diacre  et  martyr,  avait 
contribué,  avec  saint  Anthime,  prêire  (Foy. 
Anthime,  et  Li(.i\E,  femme  de  Pinien,\  à  la 
conversion  miraculeuse  de  Pinien,  gouver- 
neur d'.Vsie.  Il  était  venu  avec  ce  même  Pi- 
nien, et  beaucoup  de  confesseurs,  habiter 
Rome,  quand  ce  gouverneur  avait  i|uilté 
l'Asie.  La  présence  de  tant  de  chrétiens  dans 
le  logis  de  Pinien  ayant  l'ait  du  bruit,  ib  fu- 
rent tous  obligés  de  se  retirer  dans  ses  ter- 
res. Sisinne  avec  Dioclétien  et  Florent,  >o 
retirèrent  à  Osuie,  dans  la  Marche  d'.VnciNne. 
¥ai  l'an  290,  ils  furent  martvrisés  pour  la  foi 
dans  les  circonstances  suivantes.  Tous  les 
trois  ans,  les  gviis  du  pays  faisaient  des  sa- 
crifices à  un  démon  qui  décloia  (ju'd  ne  pou- 
vait plus  rendre  d'oracles,  si  Sisinne,  Dio- 
clclien  et  Florent  ne  sàcritiaient.  Les  trois 
disciples  de  Jésus-Christ  furent  pris,  el, 
sur  leur  refus  d'oîl'rir  des  sacrifices  au\  ido- 
les, ils  furent  lapidés  par  les  infidèles.  Les 
chrétiens  retirèrent  leurs  corps  de  des«<ous 
les  pierres,  et  les  ent<'rrèrent  près  ilu  lieu, 
où  ils  avaient  coisonnné  leur  sacrilii^e. 
L'Eglise  fait  la  fêle  de  ces  saints  le  11  mai, 

SIsINNE  saii.t*.  après  a\oir  >outrerl  d.es 
tourments  nuiltipliés  à  Cyzipi(\  dans  T'iel- 
lespont,  duratit  la  nersécution  de  Dioclvtien, 
|)érit  enfin  par  le  glaive.  L'Eglistî  l'ail  sa  mé- 
moire le  l'i  no>eiubre. 

SISINMIS  (saint),  diacre,  fut  m-rlyrisé 
poiM-  la  foi  clir("tienne  en  l'an  de  J-Ksus- 
Chiist  397,  dans  les  Alpes,  dao  s  le  canton 


ion  SIS 

•«l'Anniino,  jniioiinriiiii  yiil  (rAnnKiwi.  pnr  les 
i      naicMS,  sons  lo  imN^jui  (rArciidiiis,  flv(»(;  sjiiiil 
J      \lnrfviiiis   (M     sai'it    Alcxjiiulrc   :    ces    deux 
(IfTiiicrs   ('Iniriit    Irt^'ics.   'Inus    trois   (Hiiii'iit 
oi'i;finiuros  tl(i  (InpiiadniM»  ;     i's   viiirfiit  en 
Il.'ilic  sous  l(<  n^i^iK;  dd  'l'hrodosi»  l'AiiciiMi,  l'I 
»'iii(>til  riiomicur  de  voir  à  Milan  sainl  Aiii- 
l»rois(s  <|ui  1rs  liaila  avec  hcaiicoui»  d'r^.inls 
<U   do  dislinclioi).  I.(MII-  iiiliMilioii  riait  de  se 
vouer  1»  la  |tr(''dicali(in  du  chrisliauisnic  r\\r/. 
les  j;('nlils.  Saint  N'i^ilc,    (''Vt^iuc  de  'rifMilc, 
ordonna  Sisinnius  diacre,  Marlyrins  Iccirur, 
cl  AIexandi(>  porlicr;  puis  il  IciU'  dit  d'.dirr 
iirôcbcr  (tans  los  Alfics.    Pr('S(|U('   tons   les 
Jinhilanis  en  étaient  encore  païens  :  le  peu 
do    ((dation    (pi'ils   avaient   avec    le  inonde 
Jes  avait  enipcV'liiVs  de  recevnir  les  lumières 
de  la  foi.  Ce  l'ut  vers  le  canton  d'Anaune  ([lU! 
les  trios    [irédicafeurs  s.^   dirij^èrt-nl  :  ils   y 
furent  acc;'l)lés  dt»  mauvais  traitements;  ils 
se   souvenaient   des    a|)ôtres,    et   leur  /èlo, 
Join    de   salti(^dir,    ne  faisait  (|u'aui;menler 
de  ferveur.   Leur   cliaritt',   leurs  discours, 
Jours  exemples,  gagnèrent  c\  Jésus-Cdi.ist  un 
grand  non)br(>  de  païens.  Ils  eurent  tant  de 
succès  ([u'au  bout  de  ptni  de  teni|)s  Sisinnius 
put   fairi'  bAtir  dans  1,'  bourg  de  Médol  une 
<iglise   où  il  réunissait   les   nouveaux  ct)n- 
"vertis ,    pour  achever  leur  éducation   reli- 
gieuse. Les    j)aiens  étaient  extr;>ordinaire- 
nient  irrités  di'  voir  dinunuer  le  nond)re  de 
ucuxqui  adoraient  encore  les  idoles  :  ils;  ro:i- 
ièreiU  d'une  de  leurs  fêtes  pour  ei.tre|)ro'idro 
■de  forcer  les  nouveaux  chrétiens  îi  se  uiéler  à 
leurs  céj".éinoiues  et  h  abjurer  leur  foi.  Si- 
sinnius et  *>es  collaborateurs  l'ayant  su,  em- 
ployèrent tous  leurs  efforts  pour  empocher 
■que  cet  infernal  projet  réussît;  dès  lors  leurs 
prédications    eurent  pour  but  de  [irémunir 
leur  petit  trou[)eau  contre  le  danger  qui  le 
menaçait.  Furieux  de  voir  ainsi  leurs  es[)é- 
.rances  déjouées,  les  païens  tournèrent  leur 
rage  contre  les  saints  prédicateurs;  ils  s"em- 
.parôrent  de  leurs  personnes,  dans  l'église 
.même  où  ils  étaient  occupés  à  chanter  les 
louanges  du  Seigneur;  ils  leur  ordonnèrent 
de  sacritier  aux    idoles,  et,  sur  leur  refus 
.énergique,  ils   'es  battirent   avec   tant    de 
cruauté,  que  les  trois  saints  martyrs  furent 
laissés  pour  mort  sur  la  place  :  Sisinnius  ex- 
pira quelques  heures  après.  Les  deux  autres, 
Martyrius  et  Alexandre,  oubliant  leurs  bles- 
sures et  les  douleurs  qu'ils  ressentaient,  re- 
ît,    vinrent  dès  le  jour  suivant  à  leur  église  pour 
j    y  chanter  les  louanges  du  Seigneur,  Ils  y 
;    Jurent  instruits  que  les  païens  airivaient  : 
ixilors  ils  se  retirèrent  pour  se  soustraire  à 
ileurs  mauvais  traitements.  Ceux-ci,  ayant 
.trouvé  le  corps  du  saint  diacre  Sisinnius,  se 
portèrent  sur  cette  sainte  dépouille  aux  ac- 
tes de  profanation  les  plus  révoltants.  Leur 
xago   n'evi   fut  point  apaisée.  La    populace 
comme  l'iiène  s'enivre  au  sang  et  au  car- 
nage. Ils  cherchèrent  les  deux  hommes  de 
Dieu  qui  venaient  d'éch.ipper  à  leur  fureur. 
Martyrius  fui  trouvé  dans   un  jardin  :  les 
païens  le  renversèrent  et  le  chargèrent  tel- 
lement de  coups ,  qu'il  baignait  dans  son 
sang.  Ils  le  hèrent  ensuite  par  les  jambes  à 


fine  loig 

un  inorconu  de  bois,  «t  le  Iratru'^reid  ?i  tra- 
ver.H  leN  cailloux,  jusquVi  ro  qu'il  \ùl  mort. 
Anrès  ce  IV'iore  exploit,  ds  nrrèlcrfiil 
Alexandre,  et  l'/iwuil  ami-ué  devant  les  corps 
de  s(<s  deux  compagnons,  ils  les  brrtiènnt 
en  sa  [)réseiice,  proférant  contre  lui  les  plus 
allreuses  nieiwiccN,  m/us  rien  ne  put  éliraider 
s((n  courage.  Alors  les  païens  W-  jetèrent 
dans  le  biïihcr  (pii  co'isiimait  h  s  drmx  cftrp.H. 
Il  y  fut  eiilièreiiieiit  bi  lïh'.  Sa  morl  cul  lieu 
le  "-*!►  mai  .'lOT.  L'Ivglise  a  gardé  l'anni  versair» 
de  CI  tie  mort  pour  y  cé|('br<'r  la  l'ète  de  ces 
trois  saints.  Les  lidèl  -s  recueillirent  ce  (pi'ils 
|)nrenl  de  leurs  reiKjues  :  elles  lïirenl  por- 
tées dans  la  ville  de  'l'rente.  Saint  \ig:|e  con- 
sacra le  lieu  de  leur  mariyre  par  l'érection 
d'une  église.  (J'o//.  h's  lettres  d(;  Vigile  h 
Simplicie'i  et  h  Jean  (^hrysostorm!.) 

SISINMI'S,  (sainl),  martw',  l'un  des  qua- 
rante martyrs  de  Sébastcî  s<mjs  Liciruus. 
{)  oy.  I\I.vKTVns  ni':  Skiiisti:.) 

SISINMI'S,  général  d'armée,  commandait 
les  iroiiiies  h  A(piilée,  en  l'an  de  Ji-siis- 
('hrist  30V.  Ouand  la  persécution  do  Dioclé- 
lierï  éclata,  coiijointem.'nl  avec  Dulcidius, 
gouverneur,  il  s'o(;(;upait  de  poursuivre  et 
d'arrèler  les  (idoles  :  les  prisons  en  regor- 
geaient. Ce  fut  lui  qui  poursuivit  et  rejoi- 
gnil  dans  le  bourg  iVAfjuœ  Gr(i(l(itœ]t'S  saints 
Cant,  Cantien,  .sainte  (^antianille,  leur  soiur, 
et  sainl  Protus,  leur  gouverneur,  qui  s'étaient 
sauvés  d'Aquilée  [)our  éc-happer  aux  fureurs 
de  la  persécution.  N'ayant  pu,  ni  nar  mena- 
ces, ni  par  promesses,  ni  en  employant  les 
tortures,  les  amener  à  abjurer  leur  foi,  il  les 
lit  tous  décaniter.  (l'or/.  Canth:n.) 

SiSTKRON ,  est  située  dans  les  Basses- 
Alpes.  Son  diocèse  a  été  illustré  par  les 
miracles  et  les  souifrances  qu'y  enduia  le 
saint  prêtre  Donat  ;  on  ignore  à  quelle  épo- 
que. 

SISTOLA  (le  bienheureux  Thomas  de), 
confesseur,  missionnaire  capucin,  eut  la 
gloire  de  soutfrir  dans  le  Sogno,  province 
du  Congo,  en  1680.  La  cause  des  souifrances 
qu'il  eut  à  endurer  fut  lattaquo  que  les  Por- 
tugais avaient  dirigée  à  cette  époque  contre 
le  Sogno;  le  prince  du  pays,  irrité  de  cette 
invasion,  résolut  de  se  défaire  des  capucins, 
par  la  seule  raison  que  ces  religieux  étaient 
venus  du  Portugal.  (Pour  plus  de  détails, 
voy.  l'article  Sogno.) 

SIXTE  II  (  saint  ),  pape  et  martyr,  était 
Grec  de  naissance  ;  Athénien  d'après  les  Ac- 
tes de  saint  Etienne.  Il  succéda  à  ce  saint 
pape  le  2i  août  257.  Anastase  dit  qu'il  avait 
été  mis  en  prison  avec  son  saint  prédéces-. 
seur,  etqu'Etienne,  six  jours  avant  son  mar- 
tyre, lui  avait  remis  en  garde  tous  les  vases 
sacrés  et  tous  les  trésors  de  l'Eglise.  Il  faut, 
pour  admettre  cela,  admettre  aussi  que  tous 
deux  purent  sortir  de  prison.  Etienne  n'avait 
pas  les  richesses  de  l'Eglise  dans  sa  {"irison; 
d'un  autre  côté  il  est  dit  dans  ses  Actes  qu'il 
fut  décapité  sur  son  siège  épiscoiial.  Saint 
Sixte  ne  gouverna  que  pendant  onze  mois  et 
quelques  jours,  durant  le  feu  de  la  persécu- 
tion de  \alérien.  Sa  prudence,  sa  douceur, 
furent  aussi  utiles  à  l'Eglise  que  son  courage. 


1019 


SMY 


SOC 


<M0 


Imitant  son  i>nV16rt>ss(Mir,  il  suivit  1,t  m(^w 
couiluilo  ilans  la  grande  quorcllc  des  robap- 
tisaols.  (  Voy.  saint  Ktien-se.  )  Saint  Donys 
d'Aleiaiidrio  lui  c  rivil  trois  lettres,  dans 
lesquelles  il  rexhorlail  h  no  pas  porter  de 
peines  contre  eui  ;  saint  Sixte  suivit  ce  con- 
seil, qui  allait  du  reste  parf  lilonu-nt  bien 
aux  dispositions  de  son  ctrur.  Il  nio-itra  sa 
sagesse  en  choisissant  saint  Laurent  pour 
archidiacre  de  son  Eglise.  II  envoya  en 
Gaule  saint  Pérégrin,  qui  l'ut  niartyrisé  à 
Auxerre.  Vah^ricn  ayant  érrit  h  ses  ofticiers 
et  à  ses  magistrats  de  se  hAter  h  faire  mou- 
rir les  ministres  des  autels,  saint  Sixte  lut 
un  des  premiers  arrêtés,  et  décapité  dans  le 
cimetièro  de  Callixt  •,  le  6  août  '2oH.  Ou  lait 
es-t  prouvé  par  le  calendrier  de  Libère,  qui 
contredit  ceux  qui  prétendent  que  saint  Sixte 
Diourut  en  croix.  Connue  on  le  enduisait 
au  supplice,  saint  Laurent,  qui  l'ac^-ompa- 
gnait,  lui  témoignant  sa  douleur  de  ne  pas 
être  appelé  à  combattre  avec  lui,  saint  Sixte 
lui  prédit  que  bientôt  il  le  suivrait.  L'Kglise 
lail  sa  fête  le  6  août.  Saint  Cyprien  lui  donne 
pour  couipagMon  de  soi  martyre  Oi'in'"""; 
d'autres,  les  saints  Félicissime,  Agapel,  Jan- 
vier, Vi  icent,  .^L^gnus  <t  Etienne. 

SIXTE  (  saint  ;  ou  Xyste  (  car  beaucoup 
l'écrivcut  du  l'une  et  l'autre  manière),  suc- 
céda au  pape  saint  Alexandre.  11  gouverna 
dix  f.ns,  mais  non  entiers,  étant  mort  dès 
l'an  128,  et  peut-èlre  le  2;j  décembre, auquel 
les  plus  anciens  martyrolog  'S  metlenl  deux. 
Sixte,  martyrs  à  Rome.  Sa  fêle  est  néanmoins 
manjuéc  \rdv  Florns  et  par  (luehjues  autres, 
le  troisième  d'avril.  Le  Martyrologe  roujain, 
avec  Usuard,  Adon  et  la  plupart  des  posté- 
rieurs, la  mettent  le  G  du  même  mois.  Tous 
ces  martyrologes  lui  donnent  le  titre  de  mar- 
tyr, •  t  on  ne  le  lui  peut  refuser,  si  c'est  lui 
que  l'Eglise  a  mis  dans  lecano'i  delà  messe  ; 
mais  cela  n'est  pas  sans  difliculté.  11  ne  pa- 
rait point  que  saint  Irénée  ni  aucun  ancien 
ait  su  qu'il  lût  mort  par  le  martyre.  On  dit 
qu'il  alla  une  fuis  dans  la  terre  Sabine  pour 
y  catéchiser  et  y  baptiser  saint  Céiéal,  ipii, 
peu  après,  reçut  la  palme  du  manyre.  On 
prétend  que  son  c  irps  fut  enterré  au  Vati- 
can, auprès  do  celui  de  saiiii  Pierre,  et  l'on 
maruue  que,  vers  l'an  1100,  le  pane  Pas- 
cal 11  le  mit  sous  un  autel  de  l'église  du 
Valitan,  d'où  il  fut  tiré  par  l'anli-paj^e  .\na- 
clel  et  tl■an^pol•té  ^  Alati  i  dans  la  C.ampagiie 
de  Korae,  le  11  janvier  du  l'an  ll-'i2.  Il  fut 
trouvé  (laiii  ^é^Ii^e  cathédrale  de  celle  ville 
le  1-2  mais  loH't.  On  puni  voir  tout  cela  dans 
Boll  indus.  Le  &uccess(>ur  de  notre  saint  fut 
saint  Télesphore.  ^  Tiré  do  TiUeuionl,  vol.  Il, 
p.  2'»0) 

S.MAIlA(iI)E  (saint),  l'un  des  compagnons 
du  saint  martyr  (',yii.it|Ui',  diacre  de  l'Eglise 
romaine,  mourut  en  M).],  h  Uome,  sur  la  voie 
Saliria,  où  d  fut  enterré,  ils  furent  vingt-six 
dans  le  mj^me  jour  ini.s  ?i  luort  au  même  vu- 
ilroil.  L'Egliso  eelèbie  leur  lèlu  coUci  tive  le 
jour  de  leur  translation,  qui  eut  lieu  le  8 
août.  (  Voy.  (IvBUyi  k  ,  >oy.  aussi  l'abbé 
tjrandidier.  Iltsl.  de  i't'.tjUsr  df  Sliasbourg.) 


b.MYKNE,  Smynin,  S^mir  des  Tu 


asuoura.) 
rçs,  >ille 


de  la  Turquie  d'Asie,  vit  le  marfvre  de  sai?u 
Polycarpe,  son  evèque,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Marr-Aurèle  et  sous  le  gouverne- 
ment de  Statius  Quadratus.  Dans  les  derniè- 
res années  du  régime  de  Marc-Aurèle,  saint 
Thraséas  fut  martyrisé  dans  la  ville  de 
Sniyrne  :  on  croit  que  ce  '^aint  martyr  était 
évêque  d'Euménie.  Sous  l'empire  de  Dèce, 
en  l'année  250,  cette  ville  fut  le  théAtre  dune 
persécut  on  extrêmement  violente  contre  les 
chrétiens  ;  saint  Pione  et  «quinze  autres  y 
donnèrent  leur  vie  iiour  la  foi  :  saint  Asclé- 
piade  et  sainte  Sabine  sont  an  nombre  de 
ces  saints  martvrs.  Ce  fut  le  proconsul  Ju- 
lius  Proculus  Quinlilianus  qui  fut  leurjuge. 
Si  ces  bienheureux  soldats  de  Jésus-Christ 
eurent  la  gloire  de  triompher  pour  lui,  il  y 
en  eut  malheureusement  bien  d'autiesqui 
succombèrent.  La  ville  de  Smyrne  eut  le 
ma  heur  de  voir  le  chef  de  son  Eglise,  Eu- 
démon,  son  évô  pie,  non-seulement  renier 
Jésus-Christ  et  sacrifier  aux  idoles,  mais  en- 
core se  faire  persécuteur  de  ses  compagnons 
Plus  courageux  que  lui.  Les  Actes  de  saint 
io  e  disent  positivement  que  cet  évêque 
renégat  se  joignit  à  Lé;  ide,  juge  assesseur 
de  Polémon,  pour  interroger  les  saints. 
Voyez  :  cet  homme  naguère  otfrait  le  sacri- 
fice divin  dans  le  temple  des  chrétiens  :  il 
est  encore  à  l'autel,  mais  c'est  dans  un  au- 
tre temple  ;  il  sacrifie  aux  idoles  qu'on  y 
adore,  et  en  leur  nom  il  ordonne  à  Pione,  a 
un  prêtre  resté  fidèle  à  sa  foi,  d'imiter  sa  lâ- 
cheté. Dieu  donna  au  prêt  r(>  la  force  de  triom- 
ph(M'  de  l'évêque  apostat.  {Voy.  les  Actes  de 
saint  ProNE  h  son  article.] 

SOAN  ou  DE  CiOTTo  (sTint  JE.A^i^est  un  des 
vingt-six  martyrs  du  Japon  mie  taicosamatit 
crucifier,  en  1597,  sur  la  colline  de  Nangaza- 
ki.  Il  était  né  vers  1578,  dans  le  sein  d'une 
famille  chrétienne,  et  demeurait  chez  les  jé- 
suites dOzaca  quand  on  leur  doimades  gar- 
des. Il  n'avait  ahirs  aucun  grade  dans  la 
compagnie  :  il  pouvait  se  retirer,  mais  il  pré- 
féra rester  et  partager  les  travaux  et  les  dan- 
gers lies  saints  missiininaires.  Quand  il  eut 
été  conduit  avec  les  autres  au  lieu  du  sup- 
plice, il  apercent  son  père  qui  s'y  était  rendu. 
"  Vous  vo\e/.,  lui  dit-il,  mon  père,  qu'on 
doit  tout  faire  |)our  son  salut.  —Oui,  mon 
fils,  répondit  le  père  du  saint  ;  votre  mère  et 
moi  dt'sirons  marcher  sur  vos  traces  et 
j)riuns  Dieu  qu'il  nous  pcrnu^lle  de  subir  un 
jour  pour  lui  le  sn|)plice  ijue  vous  allez  souf- 
frir. »  Quand  on  eut  attaché  le  saint  martyr 
;\  la  croix,  le  père  se  tint  dessous  et  reçut  sur 
lui  le  .sang  de  son  fils.  Aprt^s  qu'il  fut  mort, 
il  s'éloigna,  plus  j(»y eux  de  voir  son  lils  mar- 
tyr, tpie  s'il  l'in'il  vu  parv»niir  à  la  plus 
liaul(>  fortune.  ()'oj/.  Japon,  j  L'Eglise  fait  la 
fête  i\o  (  e  saint  le  5  février. 

SOBEL  (  saint  ).  martyr,  était  Egyptien.  Il 
donna  sa  vie  pour  Jésus-Christ  avec  ses  com- 
})alrioles  Canlide  et  Canlidien.  On  ne  con- 
naît rien  de  certain  sur  eux.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  5  aoAl. 

SOCRVTE  (  saint  \  martyr,  reçut  le  mar- 
tyr»» avec  saint  Denis;  on  ignore  .h  quelle 
époque.  Ils  fiyenl  percés  h  coups  de  lances. 


1021  80(2 

L'KkMwo   hoiioro    loiir   in(''inoirn  Ip  i\)  nviil. 

SOCUA'I'K  isniiil),  M  iiwirl yrisr  en  Aii«le- 
tovvr  |)(iiii'  Jc'vsii.s-Clirisl.  Il  cul  |HMir  coiiiiia- 
giioii  (lt<  sa  f<l(iir<>  s.'iiiil  Isliciiiic  :  iiniis  n'a- 
vons aiicnn  (l«\lail  sur  \'r\>i>i\ I  U«s  ciicons- 

t.niccs  (l(>  loue  ni.iityic.  I,'lv:;lisi' (•('«Irlirc  la 
niôinoin*  (l(*  cos  s;unl.s  ciiiiihallaiits  di-  l.i  lui 
1(1  17  s('|ttenil)ii\ 

S()(iN(),  |>iiiviiioo  (lu  ('()nf;o.  l.o^  IVhIu- 
H.us  a>;uil  voulu  cuMiiuri  i|-  la  pinvuK  (;  «le 
So^no  on  KiSO,  cotlu  oxpcdilion,  i|iiui(|U() 
infructueuse,  irrita  si  vivement  le  |»riiice(|ui 
gouvernait  ce  pays.  (|u'il  l'é.solul  de  se  il  i  lai  ri- 
des capucins,  par  la  si>ule  raison  cpjo  ces  re- 
ligieux et. tient  venus  du  lN>rlu-;al.  Il  saisit 
J'occasion  de  ipiiMipies  niareli  inds  des  Pays- 
Bas  qui  relournaieiU  daMs  l(>ur  patrie,  pour 
écrire  à  ri'iter'ionce  de  Hrnxelles  cl  Ini  de- 
mand(>r  d'autres  niissio'inaires.  L'inloivKtnco 
lui  envoya  doux  [)rOU'es  fra'iciscains,  accoin- 
pngnt''s  d'un  IV^re-lai,  mais  (pu  avaient  or- 
dre d'(»l)tWr  au  supéi'iour  des  capucins,  s'il 
s'en  trouvait  encore  sur  les  lieux.  Ces  trois 
religieux  Curent  i-(>i,'us  avec  des  caresses  ex- 
lraordin«iri's  ei  conduits  aucouvenl  des  ca- 
pucins d'où  il  s'agissait  de  chasser  deux 
ancitMis  possesseurs  dont  Tinlertionce  recon- 
naissait les  droits  au  lieu  de  prétendre  les 
inlirmer.  A[)rès  avoir  cherché  inutilement 
des  prétextes,  ce  prince  ei.t  recours  au  trai- 
tement le  plus  barbare.  Il  ordonna  t(ue  les 
deux  capucins  fussent  traitiés  hors  de  ses 
terres  pendant  l'espaccMle  deux  uîilles,  et  cet 
ordre  odieux  rei;ul  son  exéculi m  littérale  : 
c'esl-h-dire  que  les  deux  confesseurs  liés 
de  leurs  [)ropres  coiiions  et  le  visage  contre 
terre  furent  tu'és  |iar  les  |)ieds  au  travers  des 
sables  du  pays.  On  les  laissa  sur  les  contins 
de  la  province  de  Sogno  dans  une  petite  île 
du  Zan-e.  Le  ciel  y  fut  leur  soutien  pendant 
deux  ou  trois  jours.  Le  P.  Thomas  de  Sis- 
tola,  qui  était  le  moins  blessé,  prit  quelques 
oiseaux  pour  leur  subsistance.  Quelques  pé- 
cheurs idolâtres,  devenus  leurs  libérateurs, 
les  conduisirent  à  Boniangoy,  ca;àtale  du 
royaume  d'Angoy.  Là,  un  noir  infidèle  les  re- 
çut avec  humanité,  leur  donna  à  souper  et 
les  logea  dans  une  maison  oh  il  laissa  trois 
fennnes  du  pays  pour  les  servir  ;  mais  les 
missionnaires, prenant  pende  confiance  dans 
les  habitaîits,  renvoyèrent  les  fennnes  après 
le  souper,  et  Thomas,  chargeant  son  compa- 
gnon sur  ses  épaules,  se  nul  en  marche  avec 
son  fardeau.  Il  ne  lit  pas  beaucoup  de  che- 
min sans  être  contraint  de  s'arrêter.  11  plaça 
scn  comi)agnon  sous  un  grand  arbre  où  les 
religieux  passèrent  le  reste  d.'  la  nuit.  A  la 
po'nte  du  jour,  n'étant  plus  capables  d'avan- 
cer, et  craignant  d'èlre  découverts,  ils  s'ef- 
forcèrent de  monter  sur  l'arbre  do'it  le  feuil- 
lage pouvait  les  cach'^r.  Leur  hôte,  surpris 
de  ne  point  les  retrouver  dans  sa  case,  mar- 
cha sur  leurs  traces  et  arriva  près  de  l'arbre, 
ne  doutant  pas  qu'ils  ne  reposassent  à  son 
ombre.  Comme  ce  pauvre  noir  ne  les  ajier- 
cevait  pas,  il  s'imagina  que  les  voyageurs 
avaient  été  enlevés  par  quelque  esprit.  Se 

f)ar]ant  à  lui-même  :  «  11  aura  voulu,  s'écria 
0  nègre,  me  priver  de  la  récompense  que  je 


soc; 


Util 


pouvais  e.spér<'r  de  nien  Bcryuou.  »  Ce»  pa- 
roles lirenl  soiniit!  h'.s  «;apiicins  auxquels 
elles  donnèrent  une  meilleure  opinion  de 
leui-  \\C\U\  Aussi,  aviuiçaul  la  tèle  hors  du 
feuillage  :  «  Nous  soninn/.s  ici,  liii  direnl-ils 
a\ec  confiance;  ne  doute/  pas  de  notre  re- 
conrijiis.sance.  »  Le  mur,  cliarnié  de  les  re- 
voir, leiu'  olVrit  deux  liamao,  du'ik  leMiuel.s 
ils  se  tirent  ccniduire  au  port  de  (^ilnn<le,  h 
deux  journées  de  i(omango\ .  L'ini  ih-<  deux 
ni!  tarda  pas  à  motnir,  et  Thomas  de  Sislola 
ne  se  ri'tablit  (pi'apres  de  longur-^  douleurs. 
D'un  autre  (;ôt('',  l'ii'i  des  prêtres  Ira  icisiains 
denu'urés  gw  |>os»ession  du  couvent  de  So- 
g  10  rpiifta  ce(l(!  nrission  porrr  passer  dans 
cell(!  d'Angola.  L'autre,  instrurl  par'  la  bar- 
barie du  prince,  lui  représenta  «pi'il  était 
obligé  d(î  chercher  les  malheureux  capuci'ts, 
ses  fièr'es,  pnnr  leur-  reidre  les  services  de 
la  charité,  et  il  se  garda  bien  dt;  re'ourner 
à  Sogno.  L(.'  frère-lai,  ii  son  tour-,  feignant 
d'aller  à  la  recherche  des  deux  prêtres,  s'é- 
chappa de  la  province,  en  sorte  (|ue  le  cou- 
vent ne  se  trouva  |i!us  habile  (pie  \y,\r  un 
auli  e  fièie-lai,  nommé  Léonard, (jue  le  piine(i 
enferma  sous  clef,  dans  la  crainte  (ju'il  ne 
sui\il  cet  exem[)le.  Le  peuple,  désole  du  dé- 
part des  nnssionnair-es,  se  souleva  c(jnlre  le 
peisécuteur,  le  chargea  de  fers,  et,  l'ayant 
relégué  dans  um^  île  du  Zaïre,  se  choisit  un 
nouveau  chiîf.  Ensuite,  ayant  a[»pris  que  le 
prince  dépossédé  sollicitait  le  secours  de  na- 
tions voisines  pour  se  létablir,  il  se  saisit 
encore  uie  fois  de  sa  iiersonne,  lui  mit  au 
cou  une j)ierie  fort  pesante,  et  le  précipita 
dans  le  Zaïre  avec  cotte  imprécation  :  «  Va, 
monstre  inhumain,  va  finn-  les  jours  dans 
le  même  lleuve  que  tu  as  fait  traverser  à  des 
prèti-es  innocents.»  Quelque  temps  aj)rès, 
le  ca()ucin  Joseph  Maria  fut  envoyé  de 
Loanda  à  Sogno  pour  reconnaître  l'état  de 
la  mission.  En  arrivant  au  ca[)  Padron,  à 
l'embouchure  du  Zaïre,  il  fit  avertir  le  nou- 
veau prince  de  ses  intentions.  Une  foule  de 
peurile  s'empressa  de  courir  au-devant  du 
missionnaire.  Les  uns  lui  raconlèreil  la 
triste  mort  du  persécuteur;  d'autres  lui  ré- 
pondirent des  dispositions  (du  nouveau  chef; 
tons  jurèi-ent  de  défendi-e  la  religion  et  ses 
ministres  jusqu'à  la  dernière  goutte  de  leur 
sang  ,  serment  qui  fut  confirmé  dans  la  suite 
au  [)ied  des  autels.  On  pressa  beaucoup  le 
P.  Joseph  de  s'établir  dans  le  couvent.  11  dit 
d'abord  que  sa  commission  se  bornait  à 
prendre  avec  lui  le  frère  Léonard  et  les  or- 
nements ecclésiastiques  {lour  retourner  à 
Loanda.  Enfin,  sur  les  instances  du  peuple 
et  du  prince,  non-seulement  il  consentit  à 
demeurer,  m?is  il  engagea  le  P.  Thomas  de 
Sistola  à  reprendie  son  emploi.  Depuis  cet 
lîeureux  jour,  les  capucins  furent  respectés. 
Les  peuples  qui  habitent  cette  c(jte  depuis 
le  cap  Lopez-Gonzalvo  jusqu'au  cap  de 
Bonne-Espéiance,  sont  idolâtres.  Les  Por- 
tugais eux-mêmes,  malgré  l'avantage  d'être 
établis  dans  ce  pays,  n'ont  guère  réussi  à  y 
pro[)ager  le  christianisme.  En  1777,  quatre 
prêlVes  italiens,  qui  s'étaient  embarqués  à 
La  Rochelle,  se  rendirent  au  Sogno,  pleins 


lOW 


SOL 


SOR 


10)4 


(It^zMoot  mnni^tl»^  prt'*;ont^  qn'iU  rrovaiont 
propres  h  leur  prôp.iror  nu  nitMlliMir  acniiMl. 
Le  préf»'t  de  la  mission  prit  le  (lovant  avt>r 
nii  (le  ses  ronip.Tç;nons,  oi  los  deu^  autres 
partire'U  qufjcpi  >  ttMiips  après.  Degraiulpré, 
marin  fran(,ais,  (^tant  alors  h  CaUende.  faci- 
lita leur  pas-^age  :  mais  an  b  >ut  de  di\  jours 
ils  rev  nrent,  et  apprirent  à  ce  voyageur 
qu'ils  avaient  trouvé  leurs  compagnons  em- 
poisoinés.  morts  et  enlerrt'S.  Ils  s'attt-n- 
d.ti(Mit  à  ^;ld)ir  lo  mt'^ine  sori.  et  l'un  deux, 
dé}h  tout  résigné,  ne  songeait  (in'h  recevoir 
les  secours  spirituels;  mais  1  autre  ,  plus 
jeune,  feignant  d'atlnl)uer  la  mort  do  ses 
compagnons  ^  des  causes  naturelles,  donna 
<\  eiitendre  aux  noirs  qu'il  avait  laissé  der- 
rière lui  la  [)Ius  grande  partie  dfs  présents 
qui  leur  étaient  destinés,  et  qui  ne  seraient 
délivrés  qu'aux  missionnaires  mômes;  il 
ajouta  qu'éta  it  venus  sur  deux  vaisseaux 
(iilférents,  il  était  indispensable  que  tous 
deux  repartissent  jiour  les  obtenir.  Celte 
ruse  trompa  les  noirs.  Les  missionnaires 
s'eml)aM[uèrent  peu  de  temfvs  a[)rôs  pour 
Haïti.    Henrion.  vol.  IV,  p.  8V;î.) 

SOISSONS,  sur  l'Aisne,  chef-lieu  d'arron- 
dissement, était,  au  temps  des  Romains,  une 
ville  foit  puissa  ite.  Sous  lescommoncem  nits 
de  Dioclétien.  à  la  lin  du  m'  siècle,  Riclius 
V  arus,  qui  avait  reçu  l'ordre  de  Maximien 
Hercule,  de  détruire  partout  le  nom  chré- 
tien, lit  mourir  près  de  cette  villft  l.'S  saints 
Ruiin  et  Valère,  surintendants  du  domaine 
impérial  sur  les  bords  de  la  Vesle.  D'abDrd 
il  les  avait  fait  horriblement  déchirer  sur  le 
chevalet  :  ce  supplice  n'ayant  pu  les  abattre, 
ils  furent  tous  deux  mis  h  mort  (lar  le  glaive, 
sur  le  bord  du  grand  chemin  de  Reuus  à 
Soissons. 

SOLANGE  (sainte),  vierge  et  martyre,  fil 
vœu  dès  son  enfance  de  passer  sa  vie  dans 
la  virginité.  []n  grand  seigneur,  (|ui  habitait 
la  ville  de  Bourges,  s'étant  épris  do  notre 
sainte,  fut  constimmenl  rebuté  dans  s^^s  dé- 
sirs :  alors,  n'écoutant  ([ue  sa  passion,  il 
l'erdeva  et  voulut  lui  faire  violence  ;  mais 
sainte  Solange,  fortifiée  par  le  secours  d'tm 
haut,  sortit  victorieuse  du  danger  imminent 
où  était  sa  chasteté,  et  fut  massacrée  par  cet 
homme  inf.lme.  On  rtnil-rra  dans  uneéghse 
bdtie  près  de  l'endroit  où  elle  devint  mar- 
lyrt»  de  1.»  ^ha^telé  en  830,  et  son  culte  de- 
vint célèbre  par  plusieurs  miracles  (pii  fu- 
rent obtenus  par  son  inlercess'on.  L  Kglise 
honore  sa  sdiite  mémo.re  le  10  mai. 

SO»,Kl'RK,  ville  de  la  Suissi',  chef  heu  du 
canton  de  Soleure,  a  été  témoin  du  martyre 
des  saints  Vntor  et  Ours,  faisant  partie  l.>ns 
deux  de  la  lé..;inn  Théb'''»MJ  le.  Leur  martyre 
eut  lieu  sous  l'empereur  Maximien. 

SOLOCANE  (saint,  éiait  s  »l  iat.  Il  fui  mar- 
tyrisé à  Clial(édoiin',>ous  leiupertvir  .Maxi- 
mien, avec  plusieurs  de  ses  com[)agnons 
d'irmes.  Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe 
romain  le  17  mai. 

SOLO.N,  gouverneur  inté- imaire  d'Afrique 
en  •i.'iH,  sons  l'eniier.'  de  Valéiion.  après  la 
mort  «le  Maxime  (ialère.  C.r  Soion  était  dé- 
lesté du  peuple  do  Carihage,  ((ui  se  révolta 


contre  lui  :  dans  cette  émeute  phi^ienrs  per- 
sonnes furent  tuées.  Au  lieu  de  rechercher 
les  vrais  coupables.  vSolon  (il  arrêter,  pour 
plaire  au  p"uple,  et  mettre  h  mort  saint 
Mo  ilan  et  ses  com[)agnons.  en  tout  huit, 
tous  disciples  de  saint  Cyprien,  et  pour  la 
plupart  membres  du  clergé  do  (^arlhage. 

SOLOR,  I  une  des  îles  de  la  Sonde,  avait 
depuis  (jueli}ue  temps  re(;u  la  lumière  de  la 
foi  chrétieme,  quand,  en  lo')8,  plusieurs 
des  habitants,  habitués  à  manger  de  la  chair 
humaine,  et  supportant  tiès-dillicilement  le 
joug  de  la  religion,  tuèrent  à  coups  de  flè- 
ches le  P.  Fram^ois  Calassa,  qui  depuis  huit 
ans  les  évangélisait.  L'année  suivante,  ds 
immolèrent  le  P.  Jean  Travazos,  le  copv  ts 
Melchior,  deux  jeunes  gens  du  couvent  dos 
Frères  Prêcheurs  qui,  ayant  refusé  d'abju- 
rer, eurent  la  langue  coupée,  les  yeux  ai  ra- 
diés et  les  bras  sciés  en  morceaux.  En  l'an- 
née 1601,  le  P.  Paul  de  Mesquita,  allant  do 
S  )lor  à  Mdaca,  fut  pris  par  des  pirates  hol- 
landais, q  li,  parce  qu'il  était  catholique  et 
dominicain,  le  tirent  cruellement  mourir. 

SOLl'TEUR  (saint),  martyr,  faisait  partie 
de  la  légion  Thébéenne,  qui  fut  massaerée 
par  Maximien,  dans  un  endroit  des  AlptS 
ap(»elé  aujourd  hui  Saint-Maurice,  pour  avoir 
refusé  d'assister  à  des  cérémonies  païennes. 
Plusieurs  légionnaires,  dont  Soluleur  faisait 
partie,  se  trouvaient  alors  à  Tuîin  ,  soit 
comme  retardataires,  soit  en  détachemen.s. 
Ctï  fut  là  qu'il  mourut  en  confessant  sa  foi 
avec  ses  deux  compa.;nons  saint  Octave  et 
saint  Atlvonteur.  LEaçlise  honore  la  mémoire 
de  ces  saints  et  courageux  martyrs  le  20  no- 
vembre. 

SOLUTEUR  (saint),  fut  martyrisé  à  Ra- 
venne,  sous  le  règne  de  l'empereur  Dio  dé- 
tien.  Saint  Valentin  et  saint  Victor  furent  les 
compagnons  de  son  martyre.  L'Eglise  fait 
colleclivemenl  leur  fête  le  13  novembre. 

SO.NSOROL  ou  Si»Roi..  une  des  îles  Palaos 
ou  Ptlow,  archipel  <lii  (Irunl-t^réan,  h  louent 
des  îles  Cirolines,  fut  lé.uidn  du  marl\  ro  Aes 
PP.  Duber.'on  et  Coitil.  Ils  furent  égorgf'-s  el 
mmg''s.  (Voy.  Dlrrrro'n  et  Cortil.) 

SOPHIE  (sainte),  mère  de  trois  sain!  ^s  : 
Pistis,  Elpis  et  Agape,  ou  Foi,  Espérance  et 
Charité,  fut  martyriséeainsi  qu'elles  à  Rome, 
sous  r(Mn|tire  d'.Vdrien.  On  n'a  pas  de  doeu- 
me;its  positifs  sur  ces  quatre  martvres  LE- 
gl.se  fait  la  fête  de  sainte  Sophie  le  30  .soo- 
tenibre,  sé|)arant  ainsi  celle  de  la  mère  (le 
celle  des  trois  tilles.  parc(<  que  celle  .sainte 
femme  fut  martyrisée  trois  jours  après  ses 
enfants. 

S(>PIÏIE  (.sainte),  fut  martyrisée  pour  la 
défense  de  la  religion  avec  sainte  Irène.  On 
ignore  en  quel  lieu,  à  quelle  épo(pie  et  d.ins 
ipielles  circonstances.  Elles  so  it  ins-rites 
au  Martvrolo^p  romain  le  18  septembre. 

SOPHIE  , sainte),  vierge,  fut  uiartyrisée  à 
Fermo,  dans  la  Marche  (l'.Vncô  le.  On  ig'i'»re 
h  ipielle  éjxxpie  et  dans  cpielles  circonslan- 
,ces.  L'EgI  se  fait  sa  fêle  le  30  avril. 

SORE.  nom  d'un  lien  voisin  de  Rome,  où 
l'on  suppose  (jue  saint  Julien  fut  mailyiisé, 
sous  le  règne  de  l'empereur  Marc-Aurcle, 


i<>2r; 


SOT 


SOU 


1(»Î6 


Oiicl<nios-tin.s  vouli'iit  ((iio  co  soit  ?»  Aliii,  ri 
non  h  Sor»'. 

SOIUU'.N  TO,  villt'  «lu  n»v;iiiiiic  ilc  N/iulfS, 
a  H''  li^moin  du  iiuiiiyro  (les  s/iiMls  (,)iiiii('- 
tn  .,  O""'""''"''.  I^^'iic,  «'l  iiciir  nulles  dont  on 
ig'inir  les  noms. 

SOSIK  (sniiil),  iliiicrc  t'I  innityr,  ('•(«it  «ll.'i- 
rli(^  M  l'ô^lisc  <l<f  Misc^no,  prcNs  de  N.i;>lt's.  Sa 
r»'|»uUilioii  rtail  si  ^lanili'.cnuulc  loulcs  pai  Is 
011  vonail  lo  coiisnllcr  sur  l«s  inati(''r(vs  n-li- 
giciisos.  Il  t'tail  lit'  d^Mioilc  amitié  avec  saint 
Jauvior,  rviVnii'  d(^  |{t''nt^V(Mil.  ijui  vt-nait  soli- 
ve U  piiisordans  s«>s  coiivi'rsalio'is  iiiio  noii- 
vt'llo  ardjMir  notir  la  toi,  vl  di's  lumières  ixmr 
la  direction  do  son  troupeau.  Un  jour  saint 
Janvier  1(*  trouva  eliantant  l'Kvant^ilo  d!]i\s 
l't^glise.  Des  llammes  environnaient  lo  elief 
du  saint  diacre.  Saint  Janvier  en  conclut  (|uo 
bientôt  il   mourrait  martyr.  Cola    ne  tarda 

f);is  îi  so  Réaliser.  Draconce,  gouverneur  de 
a  province,  exci't^  ronlre  lui,  le  lit  arr(M(*r, 
et  vovant  qu'il  coidessail  avec  ardeur  le  nom 
(1(>  JcVsus-Cflirist,  l(^  lit  cruellement  fouetter 
ot  ensuite  mettre  en  [nison  dans  la  ville  de 
Pouzzoles.  Saint  Janvier,  l'rocule,  diacre, 
Kulioe  et  Acace,  bourgeois  de  Pou/zoles, 
vinrent  le  visiter.  Draconce,  averti  de  la  clia- 
ritô  généreuse  de  ces  saints  personnages,  lit 
arrêter  les  trois  derniers,  et  aprt^s  qu'ils  eu- 
rent été  cruellement  fouettés,  il  les  lit  met- 
tre en  prison.  Sur  ces  entrefaites,  Diodétien 
reiiiplaija  Draconce  par  Timoiliéo.  Ce  nou- 
veau gouverneur  vint  <i  Noie,  où,  ayant  ap- 
puis les  soins  et  les  services  que  saint  Jan- 
vier rendait  à  Sosie,  il  le  lit  arrêter  aussi. 
Peu  de  temps  après,  il  lit  conduire  tous  les 
}irisonniers  à  Pouzzoles,  pour  y  être  ex[)0- 
sés  aux  bêtes;  mais  aucune  ne  voulut  tou- 
cher les  saints.  Alors  Timotliée  prononça 
contre  eux  la  peine  capitale.  Ils  furent  immé- 
diatement exécutés.  Les  chrétiens  de  diffé- 
rentes villes  étant  venus,  enlevèrent  leurs 
corps  :  celui  de  saint  Sosie  fut  em[)orté  à 
Misène.  Sa  fête  est  célébrée  par  l'Eglise  le 
23  ■^ept.-mbre.  Le  martyre  de  saint  Sosie  eut 
lieu  en  l'an  de  Jésus-Christ  305. 

SOSTHÈNE,  chef  de  la  synagogue  de  Co- 
rinlhe,  fut  battu  par  les  Juifs  devant  le  tri^ 
bunal  de  Gallion,  proconsul  d'Acliaïe.  11  est 
prob:d)lc  qu'il  fut  battu  en  celte  rencontre 
(en  l'année  53),  ou  parce  qu'il  était  chrétien, 
ou  parce  qu'il  voulut  prendre  le  i)arti  de 
saint  Paul.  L'Eglise  ftiit  la  fête  de  saint  Sos- 
tiiène  le  2S  novembre.  11  y  a  deux  Sosthène 
qui  vivaient  dans  le  môme  temps  :  Sosthène, 
aisc;iple  de  saint  Paul,  et  Sosthène,  disciple 
des  apôtres. 

SOSTUÈNE  (saint),  fut  d'abord  chargé  de 
chaînes  avec  saint  Victor,  et  exposé  aux 
bè;es  à  Chalcédoine,  durant  la  persécution  de 
Dioclélien.  Ensuite  ils  furent  condamnés  par 
Pi  isque,  proconsul  d'Asie,  à  être  brûlés  vifs. 
Alors,  s  étant  donné  le  baiser  de  paix,  ils  se 
mirent  en  prières  et  rendirent  l'esprit.  L'E- 
gliï'i  fait  collectivement  leur  fête  le  10  sep- 
tembre. 

SOTER  (saint),  pape,  succéda  à  saint  Ani- 
cet  et  monta  sur  le  trône  pontifical  en  l'an 
173.  11  assistait  de  tous  ses  moyens  les  pau- 


vres el  cctu  (pii  souiïraietit  pour  Jé^us- 
Cliri^t.  Il  iiireilra  un  liès-^;i/iiid  /<'le  pour  la 
piiifli'  (If  jji  foi,  ni  coiiihallanl  les  ciieiiis 
des  inoiitanislos,  tl  flfim  iira  a  l;i  tête  t'o 
ri'i^lise  Jusini'e'i  l'an  177.  Il  est  ijualiri/! 
iiiailyr  au  Mail vrolo^^c  ronwiiii,  où  so  {(^{q 
ost  manpiée  le  "ii  avril.  Les  déi/nl.s  (pie  nous 
donnons  ici  s  mt  tiré.s  de  l'Histoire  cvclésias 
(i(litr  d'lvus(''|i(>. 

SOrflIlK  (sai'ite),  vierge  et  marlyre,  ho- 
non'-e  par  l'Mglise  le  10  fi-viicr,  (''tail  d'une 
famille  illu>tre  (pii  complait  des  consuls  et 
des  préfels  :  satit  Ambroise,  d'aprt'-s  .ses 
écrits,  semble  fairi;  eiiteiidre  (jii'il  ('l.iil  son 
|)etit-neveu.  Elle  était  encore  jeuiKî  lors- 
(pi'elle  soullVit  le  martyre.  Le  juge,  (lar  un 
rnHinement  do  barbarie,  ordrtnna  qu'elle  fût 
frappée  au  visage,  parce  (pi'elle  reliisail  do 
sacrilier  aux  idoles.  Son  courages  lui  fil  sur 
monter  C(>  honteux  sui)|ilic(î  s.nis  répandre 
une  larme,  et  l'éjiéiïdu  bourreau  termina  sa 
vie. 

SOUKL  (le  bienheiiriMix).  jésuite,  mission- 
naire aux  Yasous,  revenait  un  jour  do  ren- 
dre visite  h  leur  chef,  lors(ju'en  traversant 
une  rivière  (jui  se  trouvait  sur  sa  route,  il 
périt,  atteint  de  plusitMirs  coups  de  fusil. 
Son  martyre,  qui  arriva  lo  1 1  dé(  embre  1729, 
fut  la  suite  d'un  com|)lot  général  formé  par 
les  Anglais,  de  faire  (Ji;  la  Louisiane  le  tom- 
beau de  tous  les  Fran(;ais,  en  excitant  contre 
eux  l'animosité  des  naturels. 

SOU-MA  THl AS, (Chinois,  hafitisé seulement 
depuis  un  mois,  fui  arrêté  pour  avoir  refusé 
de  contribuer  <^  rebâtir  un  lemplo  d'idoles 
en  1778.  Le  5  mars,  le  mandarin  le  fit  com- 
paraître devant  son  tribunal,  et  comme  ce 
magistrat  revenait  Sniis  cesse  aux  lois  de 
l'empire  et  h  la  honte  dont  il  ()rétendait  que 
des  Chinois  se  couvraient  en  suivant  nne 
religion  étrangère,  Sou-Mathias  lépondit  si 
à  propos  qu'il  réduisit  le  juge  au  silence. 
Furieux,  celui-ci  lui  fit  donner  la  qu-^stion, 
mais  en  vain  ;  car,  humilié  de  sa  constance, 
il  le  renvoya.  Quelques  jours  après,  il  le  lit 
comparaître  une  seconde  fois  devant  son 
tribun  .1.  Sou-Maihias  reçut  la  bastonnade  et 
un  grand  nombre  de  soufflets.  Le  mission- 
naire qui  a  fait  la  relalioii  des  souffrances 
qu'endura  Sou-Mathias  pour  la  foi  de  Jésus- 
Clirist,  ratîonte  un  fait  singulier  se  rappor- 
tant à  la  question  à  laquelle  ce  saint  homme 
fut  soumis.  Voici  en  quoi  consiste  ce  sup- 
plice :  on  met  les  pieds  du  patient  entre 
des  planches  qui  sont  étroitement  liées 
ensemble  à  une  de  leurs  extrémités;  à  l'au- 
tre il  y  a  deux  hommes  puissants  qui,  avec 
des  cordes  serrent  ces  planches  et  les  rap- 
prochent par  secousses;  à  la  première,  les 
nlus  robustes  tombent  généralement  en  dé- 
laillance.  Or  Sou-Mathias,  aprèd  avoir  subi 
ce  violent  supplice, se  releva  seul  sans  éprou- 
ver aucune  douleur,  retourna  en  prison,  où, 
sitôt  son  arrivée,  il  prépara  à  manger  aux 
autres  prisonniers.  Les  chrétiens  qui  avaient 
été  témoins  de  ce  fait  sinon  miraculeux,  du 
moins  fort  singuliei ,  vinrent  le  raconter  aui 
missionnaires.  Le  P.  Dolliers  voulut  en  avoir 
le  cœur  net.  Se    trouvant  seul  dans   une 


lOiT 


SOU 


sou 


Ï028 


chambre  avec  le  gcl'rK^reuT  confesseur,  il  lui 
lit  ùtcr  st^s  bas  cl  vit  de  ses  \e\i\  aii-Hcssus 
et  aii-dcsso"is  de  la  (''levillu  du  |)i('d  do 
grosses  taches  noires  foriiK^es  par  un  sang 
exlravast^.  Sou-M.Mhias  les  tVolla  •«nus  rrs- 

solir  aucune  douleur Sou-.M.Uliias.  Tit 

constant  dans  sa  foi,  et  on  n'osa  na^me  pas 
lui  pr'-scntor  h  signer  un  billet  aposlaliquo 
coniine  h  [ilusieurs  autres. 

SOUNOU,  nommé  par  quekpi'^s  auteurs 
Sourr'iani;^,  d'aulres  fois  Sounou-Ptyl»'.  était 
un  prince  de  la  famille  inï[>(Miale  des  l'artar.s 
ra.intrli<)u\.  En  172'*,  h  l'époque  où  la  j^er- 
séiulion  atteignit  sa  famille,  (pii  tout  cnlièro 
s'éiait  faite  clir<''lienue  ,  il  était  âgé  do 
soixanle-dix-sept  ans.  Il  avait  eu  Ireiie  (ils. 
Onze  vivaient  encore  :  tous  avaient  des 
enfants;  seize  tilles,  presque  toutes  ma- 
riées, avaient  épousé  des  princes  mon- 
ghols  ou  des  mandarins  <le  Pékin.  (Une  li)i 
chinoise  défend  aux  princesses  dépouser 
des  princes  du  môme  sang  qu'elles.)  Suc- 
cessivement, ronnne  on  peut  le  voir  à  l'arti- 
cle Chine,  la  plupart  des  enfants  de  ce  vieux 
prince  qui  avait  le  tirre  de  ré..;ulo  avaient 
embrassé  la  religion  chrélienne.  l/euipertnir 
Young-Tchiug  l'ayant  appiis  fit  venir  au 
palais  le  vieux  régulo.  Un  des  ijuaire  gou- 
verneurs, frère  aine  de  l'empereur  Kang-hi 
et  président  du  tribunal  des  princes,  lit  met- 
tre ce  vieillard  à  genoux  et  lui  lut  la  liste 
des  fautes  qu'on  prétendait  qu'il  avait  per- 
sonnellement commises.  Cette  énumération 
était  précédée  de  celle  des  délits  qu'avaient 
pu  commettre  ses  ancêtres.  Pour  ces  fautes 
on  le  destituait  de  sa  dignité,  on  le  privait 
de  ses  appointements,  on  lui  ordonnait  de 
partir  dans  dix  jours  pour  aller  avec  sa  fa- 
mille demeurer  à  Yeou-Oué,  petite  bourgade 
h  qnatre-vingt-dix  lieues  de  Pékin,  dans  la 
Tartarie,  un  peu  au  delà  de  la  grande  mu- 
raille. Sounou  pas  plus  que  persomie  ne  piit 
le  change  sur  le  motif  véritable  de  cette 
comlamiiation.  Il  c'ait  bien  cliir  (pie  ces 
fautes  n'en  étaient  pas  le  motif  sérieux,  car 
depuis  deux  ans  on  l'avait  élevé  à  un  nou- 
veau degré  d  honneur.  11  vit  bien  que  la 
religion  embrassée  [ku-  sa  famille  était  cause 
de  la  persécution  tju'on  lui  faisait  endurer. 
En  rentrant  chez  lui  il  fut  accueilli  par  ses 
enfints  «pii  le  prièrent  do  ne  pas  sallliger 
outre  mesure;  l'aîné  de  tous  prolita  de  la 
circonstance  pour  lui  ilcmander  de  vouloir 
bien  permettre  à  se.s  lils  (|u  il  avait  l>annis 
de  .sa  présence,  pni(;e  qu'ils  s'étaient  laits 
chrétiens,  d'v  reparaître  :  «  Appelez-les 
vous-mèmn,  lui  dil-il.  »  11  tiinoi^na  de  la 
gaieté,  plaisnnta  nt  dit  :  «  11  [tarait,  mes 
niifants,  (pie  nous  nvons  dans  n<itii'  fanullo 
un  pe(;li<'!  originel;  nous  portons  la  pinue 
des  faute»  de  nos  anciMres.  »  11  alla  se  ro- 
po-er.  Le  lendemain,  il  alla  présenter  une 
apologie  an  pal.iis.  Onand  il  la  remit  au 
prétident  du  tnluinnl  des  princes,  celui-ci 
laissa  voir  par  son  Inie-CM/.-  (\\u<  lo  vieux  ré- 
gulo avait  devin»'"  ju^-ii'  :  il  lui  lit  dt's  repro- 
ches, avouant  même  (lu'ils  venaient  de  la 
part  do  l'cmporour.  «  l.e  sixième,  le  dou- 
zième do  vos  enTants.  lui   dit-il  (les  princ(  s 


Louis  et  Joseph),  ont  embra>séla  religion 
clirélienne,  ont  coîitribué  de  leur  bourse 
à  bAtir  une  éj;Ii.se.  D'autres  encore  ont 
imité  cet  exemple.  Pour.iuoi  n'avez- vous 
pas  employé  votc  aulorité  pour  les  m  dé- 
tourner? Ou  s'ils  la  mi'prisaient,  pourquoi 
ne  les  avez-vous  pas  déférés  à  l'empereur  ? 
On  saura  les  réduire  à  l'ob  •issan(;e,  puisque 
vous  êtes  incapable  de  les  gouverner.  » 
«  C'est  vrai,  dit  lo  ré^julo.  plusieurs  de  mes 
enfants  se  sont  faits  chrétiens;  quand  je  l'ai 
su,  je  les  ai  chassés  de  ma  présence.  Trois 
ans  j'ai  refusé  de  les  voir.  Si  je  ne  lésai  pas 
dénoncés,  c'est  que  je  ne  me  crois  pas  la 
capacité  suinsantc*  ptjur  discerner  si  cette 
religion  est  vraie  ou  fausse.  »  .Malgré  ces 
excuses,  on  lui  tourna  le  dos  et  on  le  laissa 
faire  aiitichauibre  jusqu'au  soir.  Au  bout  de 
sept  Jours  il  retourna  au  palais;  toute  la 
journée  se  passa  sans  qu'il  pût  obtiniir  au- 
dience. «  Partez,  lui  disait-on,  corrigez- 
vous,  l'empereur  vous  fera  grAce.  »  11  ne 
pouvait  rien  obtenir  de  plus  précis  (|ue  ces 
j)aioles  vagues  et  générales.  Au  bout  de 
(juchpie  temps ,  il  apprit  que  l'eurjiereur 
avait  lu  son  mémoire  et  que  malgré  cela  il 
ne  lui  restait  plus  »ju'à  partir.  Alors  ne  pre- 
nant conseil  que  (Je  lui-même  et  croyant 
pouvoir  apaiser  la  colère  du  soaverain,  le 
vieux  régulo  rentra  chez  lui, envoya  chercher 
ses hls  et  ses  olliciers.  Il  lit  apporter  dés  chaî- 
nes et  d'un  geste  commanda  qu  on  les  mît  au 
prince  Jean  qui  les  regut  sans  mot  dire.  11 
tit  la  même  chose  à  l'égard  du  prince  Paul. 
Celui-ci  repoussa  violemment  les  chaînes  et 
dit  (pi'il  voulait  savoir  pour  quelle  faute, 
pour  (luel  crime  on  prétendait  en  user  ainsi 
avec  lui.  «.  Ne  voyez-vous  («as,  lui  dit  le 
}iiini.e  Jean,  que  tout  notre  crime  est  d'a- 
voir embrassé  la  religion  chrélienne?  —  A  la 
bonne  heure,  dit  le  prince  Paul,  pour  celte 
cause  je  les  recevrai  ;  je  les  eusse  repous- 
sées pour  d'autres!  »  Ayant  dit,  il  aida  à  se 
les  mettre.  On  tit  la  inéme  chose  ensuite  au 
j)rin(e  François.  Après  cela,  le  vieux  régulo 
se  leva  et  retourna  au  palais  pour  y  rendre 
compte  de  et;  (ju'il  avail  fait.  En  partant,  il 
ord(uina  h  un  de  ses  olliciers  ilaller  dans  les 
luMels  do  tous  ses  entants  et  de  commander 
.'»  leurs  domestiques  (Tu'ils  eussent  à  détruire 
immédialcuK'iil  les  cliapelles  et  les  oravOi- 
res,  et  à  prendre  les  images,  les  croix,  les 
chapelets  el  autres  ornemenis  religieux  pour 
les  reporter  à  léglise.  Les  trois  princes  en- 
chaînés, restés  dans  la  maison  de  leur  père, 
causaient  entre  eux,  (piand  un  domesli(juo 
envoyé  par  la  princesse,  feiiiin;' d'  Kranç(us, 
vint  les  avertir  de  l'ordre  qu'aval  donné 
l(Mir  père  d'enlever  les  ii  l  autres  < m- 

bièmes  de  la   juété  clui  Pendant  ce 

temps-lh,  le  vieux  régulo  était  fort  mal  re(;u 
au  pillais.  Connaissani  la  fermeté  des  trois 
)nnce>.  le  président  À  qui  il  s'adressa  vil 
Hon  «pion  allait  s'engager  dans  une  affaire 
de  laquelle  on  ne  sortirait  pas  avec  honneur  ; 
p,  \ii-èlre  craigi.ait-d  das>uiiier  une  trop 
haute  responsabilité  en  agissant  au  dehors 
de  la  siMilence  pronoiK  t'.\  Il  répondit  à  Sou- 
iiou  :  1  Tout  est  tiin.  \  ous  savez  la  seateiico  : 


M  29  SOU 

(M)(''iss('/.  cl  (•orri^^'c/.-vnM'*,  vou'^cl  l(>s  vAlics': 
(  HMS  ce  (Icitiicrcfis,  vous  scrc/.  tous  iivniirrs; 
>  i   vous  ne  1(1  l'jiilcs,  v<Mis  serez  .sévèi-ciiicnt 
IMinis.  --  Maistic  (|iioi  l'.nil-il  (pic  iukis  nous 
corrigions?  --  (Ihciclic/  le,  fnl  lonie   lu  ri'»- 
nons«.  »  |)('scs|i('rc,  il  icvitif  ;i  son  |ml.iis  cl 
lit   ftlcr    les  cli,(hics  ji    ses   enriiils  s;ms   niut 
(lire.  I,e  pri'ice  X.-ivicr,  l'alrH'  de  Ions,  |itil  la 
pnrolo  et  lui  dil  :  «  N'ons  save/,  mon  {'(•t<', 
qu'il  n'esl  pas  dans  IN-Ivi-t  une  seule  rannlli* 
(pii  nd    (^l(^   plus  ravoris(''e  (pu>  \n   \uM\o.  par 
l>iou  :  \o  IraihMuenI   (pi'on  n(uis  fait  cpr(Hi- 
\pv  «ujourd'hui   loin   de  vous  sendilcM'  inio 
disj^r.'lce  dev/ait  vous  [)ai'ailre   un  ell'el  de  la 
ini<!(Vicor(te  e(^lesto  ([ui  veut  vous  sauv(n'  ci 
vous  faisant   passer   par  la  voie  do  la  soul- 
1'ran(;o.  »  I,e  jui  ico   l*anl   lui  d  \  :  «    Ksl-ce 
(luo  vous  110  reconnaissez  pas  \h  riiij^Tatihnhî 
(le  ce  monde,  votr(î  idole  :  voilh  connue  il 
ri^coiuponse  les  pins  lonj^çs  cl  les  plus  hono- 
rables  services.    Il  fait  de   l'injusticfî   sans 
motif.  Ce  qu'il  donne  n'est  cpu'  vanité.  Dieu 
seul  est   !j,rand,   inaj^uii  lue  d  ins  ses   pro- 
messes, et  (id(''l(N'i  les  exiî'cnter.  Voulez-vous 
tout  d'u'i  coup  pinn(>r  au-dessus  de  ces  6\r- 
lU'mcnts ,   les   (lominer?    Atta(;liez-vous   c\ 
Dieu,  adorez-le,  faites-vous  chrétien.  Lui 
seul  peut  donn(M-  cett(>  ardeur  (pie  vous  nous 
voyez.   A    quoi   vous    servira-l-il    d'iJtre   lo 
père  de  celte  nombreuse  famille  que  vous 
aimez  tant,  si  vous   perdez  votre  Amo  et  si 
vous  tHes  éternellement  so[iaré  de   nous'?» 
11  lie  voulut  rien  répondre;  Dieu  n'avait  j)as 
encore  décidé  sa  conversio'i.  De  toutes  [)arts 
on  venait  visiter  les  proscrits,  car  on  les  ai- 
mait beaucoun.  Le  vieux  réf;iilo  fit  (iuel{|ues 
jours  apiôs  visifei*  |)ar  ui  ollicier  la  maison 
de  la  princesse  Françoise,  femme  de  Joseph. 
Ou  y  prit  tout  ce  qu'il  y  avait  de  croix,  de 
chapelets,  d'images,  et  on  le  brilla  au  milieu 
de  la  cour.    Les  autres   enl'anis  du  vieux 
prince  se  décidèrent  alors  à  renvoyer  à  l'é- 
glise tout  ce  (pi'ils  avaient  en  fait  d'objets 
semblables,  hormis  ce  qu'ils  |)urent  cacher 
et  emporter.  Voyant  qu'il  fallait  se  résigner 
à  partir,  le  vieillard  assembla  ses  enfants  et 
alla  avec  eux  visiter  la  sépulture  des  ancê- 
tres. Puis  au  bout  de  quelques  jours,  il  par- 
tit pour  se  rendre  au  lieu  de  son  exil  avec 
ses  enfants,  ses  petits-fils,  arrière-petits-fils 
au  nombre  de  frente-se[)t,  non  compris  les 
princesses,  femmes  ou  filles,  qui  portaient  ce 
nombre  à  peu  près  au  double.  Trois  cents 
domestiques    environ   les   accompagnaient. 
Le  prince  François  Xavier  mourut  en  arrivant 
au  lieu  de  l'exil.  Sounou  mourut  peu  de 
temps  après  dans  son  exil,  le  2  janvier  1725. 
Young-Tching   envo  a  en   Tartaric   deux 
mandarins  pour  dégrader  de  la   dignité  de 
princes  du  sang  tous  ses  enfants,  })uis   les 
fit  incorporer  comme  simples  cavaliers  dans 
les  huit  bannières  de  l'empire.  Il  y  avait  à 
Veou-Oué  des  soldais  de  ces  huit  corps  (tou- 
tes les  forces  militaires  de  la  Chine  étaient 
divisées  en  huit  corps  d'ils  bannières,  chacun 
d'environ  V0,000  hommes).  On  les  logea  eux 
et  leurs  familles  dans  les  caseiiies  destinées 
à  ces  soldats.  On  fit  sous  un  prétexte  politi- 
que le  procès  du  père;  il  fut  condamné  à  être 


sim: 


ie'o 


d('lcrr(',  ses  os  ?i  èjre  brilles  et  je|('s  fin  vent. 
IMiisieurN  dn  n(>s  pitlils-lils  /lU-iJussoiii  do 
(piiiizn  ans  dnro'il  èlro  mis  h  iiiorl  'l  letf 
auli'es  dispersés  d/iiis  les  proviiic4>s.  Oii)-lquo 
leirips  Hfirès  renitiercnr  sf  radount  (!l  donna 
l'ordre  de  les  réunir  tfuis  au  Immi  (it;  b-ur 
premier  e\d.  I'",m  \l:H\,  l/i  pcivér-olioii  »'»iH- 
sunpil,  cl  les  exilés  lun  ni  i('diabilit('s.  Los 
lils  et  [iclils-flls  de  Souiioii  revinrehl  h  1*6- 
kin  :  on  leur  aeiwirda  iiii^iiu;  la  cointuro 
rouge,  conuiie  fraiisitioM  h  \n  «;■  inliii-'  jauntj. 

S()ir/A  (le  bieulienieiix  Jiu^),  do  la  c  Hll- 
pa;i;rne  de  .b'sns,  re('ul  la  [taliiic  du  martyro 
av(!c  Pieri  e  (lorréa,  du  iiièine  (»r(lrc,  (  liez  bîS 
Carijos.  Pierre  avait  a[»pris  à  coniiailre  les 
bonnes  (pialités  d(î  ce  peiinle  dans  nnr;  mis- 
sion qui  lui  avait  été  (uécétleinnuMit  cmiliéij 
et  (pii  (onsistait  à  tirer  do  leurs  mains  des 
prisonniers  fpi'ils  d(»vaieiit  manger  ol  d(!U\ 
espagnols  desliMés  au  inèirH!  sort.  Dans  la 
seconde  excursion  q;ril  faisait  chez  ce» 
penphvs,  il  ne  «levait  rester  avec  son  roriipa- 
gnon  (pie  jnsipraux  fêtes  de  PAcpies  1554. 
L"(''[iO(pie  tixée  pour  leur  retour  [lar  leurs 
supérieurs  étant  arrivée,  ils  (piiltèrerit  le 
pays  guidés  par  un  des  Ksfiagnols  (jue  Pir-ne 
avait  délivré  de  1»  mort.  (]o  malheureux,  ou- 
bliant la  reconnaissance  ([u'il  (bavait  h  son 
saint  bicnl'.iitein',  persuada  aux  Oarijos  (pie 
nos  deux  saints  s'entendaient  avec  une  tribu 
voisine  pour  les  égorger.  Ce  {>euple  crédule, 
irrité  de  cette  trahison  prétendue,  se  mit  en 
embuscade  sur  le  chemin  que  devaient  sui- 
vre nos  missiOTinaires  et  les  tuèrent  h  coups 
de  flèches.  (Tanner,  Socirlaa  Jesu  nsque  ad 
sdnguinis  et  vitœ  profusioncm  militans,  p. 
i.')8'.) 

SOZONT  (saint),  fut  martyrisé  à  Pompéi- 
polis  en  Cilicie,  durant  le  règne  do  l'empe- 
jiereur  Maximien.  Il  fut  jeté  dans  les  llam- 
nèes.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le  7  sep- 
tembre. 

^  SOZOPOLIS  (Sizéboli),  un  des  noms  de 
l'Apollonie  de  Thrace,  a  été  témoin  du  mar- 
tyre de  saint  Zozime,  qui  souffrit  sous  l'em- 
pereur Trajau  et  sous  le  président  Domitien. 
Il  eut  la  (ète  coupée. 

SPELLO  (Pérouse),  ville  de  l'Etat  ecclé- 
siasti({ue,  est  célèbre  par  le  martyre  qu'y 
endura  l'évèque  saint  FéUx  sous  l'empereur 
Ma  xi  mi  en. 

SPERAT  (saint),  fut  martyrisé  à  Carthage 
en  l'année  200,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Sévère,  avec  J^es  compagnons  Narzal,  Cittin, 
Donate,  Vestine  et  Seconde.  Tous  sont  con- 
nus sous  le  nom  de  martyrs  Scillitains. 
Nous  allons  donner  ici  entièrement  leurs 
Actes. 

«  Lo  14  des  calendes  d'août  (le  19  juillet), 
le  second  consulat  de  Claudius,  à  Carthage, 
métropole  d'Afrique,  l'audience  tenant,  ont 
été  cités  par-devant  les  magistrats  et  per- 
sonnellement ajournés  les  nommés  Spérat, 
Narzal,  Cit'in,  et  les  nommées  Donate,  Ves- 
tine et  Seconde;  lesquels  ayant  comparu,  le 
proconsul  Saturnin  a  dit  ':  «  Vou-j  "pouvez 
espérer  de  trouver  grAce  auprès  de  nos  très- 
augustes  empereurs  Sévère  et  Antonin,  si 
vous  vous  mettez  sincèrement  en  état  de 


iOôl 


SPE 


SPE 


1032 


rendre  à  nos  dioiuThonneur  auc  vous  lour 
derez.  »  Spf^ral  a  répondu  :  «  Nous  n'avons 
point  ronuuis  (l'injustir,»',  persome  ne  se 
iH'ul  plaindre  de  nous;  nous  uo  faisons  tort 
a  personne.  Vos  mauvais  traitenionls  n'onl 
jamais  pu  tirer  de  notre  houch;^  la  moindre 
plainte  contre  vous.  Au  co'itraire,  nous  ne 
rendons  que  des  bénédictions  et  des  actions 
de  grAees  pour  tout  le  mal  que  vous  nous 
faites  :  c'est  pourquoi  nous  vtus  déclarons 
que  nous  nadorons  point  d'autre  dieu  (|ue 
le  vrai  Dieu,  qui  est  le  Seigneur  et  le  maître 
de  tontes  choses.  »  Le  proconsnl  Saturnin 
a  dit  :  a  Nous  voulons  bien  que  vous  sachiez 
que  nous  avons  une  religion  ({ui  est  toute 
de  douceur  et  (jui  ronsislo  dans  une  très- 
grande  simplicité.  »  Spérat  a  ré:)ondu  :  «  Si 
vous  me  laites  l'honneur  ih;  m'écouter  tran- 

aniUeiiient,  je  vons  découvrirai  le  mystère 
e  la  douceur  et  de  la  snnplicité  chrétienne 
qui  vous  est  inconnu.  »  Le  proeonsul  Sa- 
turnin a  dit  :  «  Ne  craignez  rien,  je  veux 
bien  vous  entendre;  jurez  seulement  par  le 
génie  de  notre  prince.  »  Spérat  a  répondu  : 
«  Je  ne  connais  ))oint  le  génie  de  l'empereur 
de  la  terre,  mais  je  sers  mon  Dieu,  qui  est 
le  Dieu  du  ciel,  que  nul  homme  n'a  jamais 
vu  ni  ne  peut  voir.  Je  ne  suis  coupai. le 
d'aucun  crime,  je  ne  prends  point  le  bien 
d'autrui  ;  si  j'achète  quelque  chose,  j'en  paye 
les  droits  aux  receveurs  de  l'empereur,  parce 
que  je  sais  ((uc  Dieu  me  l'a  donné  pour 
maître  ;  mais  je  n'.';dore  nue  mon  Sei^çneur, 
qui  est  le  Hoi  des  rois  et  le  maître  île  toutes 
les  nations  (lu  monde.  »  Le  proconsul  Satur- 
nin a  dit  :  La  ssez  là  tous  ces  vains  discours, 
etsansdiirérerdavant.igesacriliezauxdieux.» 
i>pérataré|»ondu  :  Jenjcrains  rien,  je  n'ai  of- 
fensé personn»'.  »  Le  proconsul  Saturnin,  s'a- 
dreisant  aux  autres,  a  dit  :  «  Ne  vous  laissez 
pas  séduire  par  l'exemple  de  celui-ci,  et  ne 
vous  rendez  f>as  complices  de  sa  fureur  ;  mais 
craignez  plutôt  de  déidaire  à  l'empejeur  en 
refusant  d'obéir  à  ses  ordres.  »  Ciltin  a  dit  : 
«  Nous  ne  craignons  de  déplaire  ([u'à  Dieu, 
notre  unique  Seigneur,  (jui  est  dans  l^  ciel.  ». 
Le  proconsul  Saturnin  a  dit  :  «  Qu'on  les 
mène  en  prison  et  ([u'on  les  mette  aux  ceps 
jus(prà  demain.  » 

Le  jour  suivant,  treizième  des  calendes 
d'aortl,  le  proconsul  Saturnin,  siant  sur  son 
tribunal,  a  ordonné  cpie  les  prisonniers  fus- 
sent représentés,  lesquels  étant  arrivés,  le 
]»rO(onsul  a  dit  aux  femmes  :  «  Ne  voulez- 
vous  [)as  rendre  h  nos  princes  l'honneur 
quo  vous  leur  devez ,  et  saeritier  ii  nos 
dieux?  »  Donate  n  ré()f)ndu  :  '<  Nous  rendons 
]i  lempeieur  riiohueur  ipie  nous  lui  devons 
comme  à  linnpereur  ;  mais  nous  n'olfrons 
qu'i»  notre  Dimi  nos  ;u\  )rations  et  nos  [)riè- 
res.  »  >'esline  a  tlit  :  «  Je  suis  aussi  chré- 
tienne, moi.  »  Secon  h-  a  dit  pareilleiiKuit  : 
■  Kt  moi  je  crois  en  mon  Dieu,  et  je  veux 
toujouts  demeurer  ali.irhée  h  lui  ;  pour  vos 
dieux,  nous  ne  les  adorons  [loint.  »  Le  pro- 
consul Saturnin,  ayant  oui  ces  r«>[)on.-,es,  a 
fait  retirer  ces  femmes,  et  fais.wit  approcher 
les  hommes,  il  a  dit  h  S|»érat  :  «  INrsisic/,- 
vous  toujours  dans  votre  religion?  »  Spérat 


a   répondu  :    «  Oui,  j'y    persiste.   Ecoutez, 
vous  tous  qui  êtes  ici  présents  :  je  déclare 
que  je  suis  chrétien.  »  Les  autres    prison- 
niers ont  tous  dit  de  même  :  «  Nous  décla- 
rons que  nous  sommes  chrétiens.  »  Le  pro- 
consul a  dit  :  «  Vous  ne  voulez  donc  point 
(ju'on  vous  accorde   le  délai    nour  prendre 
une  dernière  résolution,  ni  qu  on  vous  fasse 
gfike  ?  »   Spérat  a   réfiondn  :   «  Nous  n'en 
voulons  point,  et  Ion  n'en  doit  point  deman- 
der dans  une  guerre  juste.  Faites   ce   (}ue 
vous   voudrez,    nous  mourrons    avec   joie 
pour  Jésus-Christ.  »  Le  prof^onsul  Saturnia     i 
a  dit  :  «  Qiels  sont  cc^  livres  que  vous  ado- 
rez ?  n  Sf)érat  a  répondu  :  «  Ce  sont  les  qua- 
tre Evangiles  de  Nolre-Seignour  Jésus-Christ  ; 
Les  E|iîtres  de  ra|)'>lre  s.ont  Paul,  et  toute 
l'Ecriture  qui  a  été  ins[)iréede  Dieu.  »  Le  pro- 
consul Satuinin  a  dit  :  «  Je  vous  donne  trois 
jours,  afin  (jue  vous  aye^  le  temps  de  pini- 
ser  à  ce  que  vous  avez  à  faire,  et  de  rentrer 
en  vous-mêmes.  »  Spérat  a  répondu  :  «  Je 
suis  chrétien  et  tous  ceux  qui  sont  avec  moi 
le  sont  aussi  :  rien  ne  po.irra  nous   faire 
changer  ;  nous  n'abandonnerons  jamais    la 
foi  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  Faites 
ce  qu'il  vous  plaira.  » 

«  Le  proconsul,  voyant  leur  fermeté  iné- 
branlable, rendit  coifti  c  eux  cette  sentence, 
qui  fut  enregistrée  sur  l'heure  :  «  Nous  or- 
donnons (pie  Spérat,  Narzal,  Cittin,  Voi- 
ture ,  Félix  ,  .\cyliii ,  Létance,  Janvière,  (ié- 
néreuse,  Vcstine,  Donate  et  Seconde  ,  pour 
avoir  confessé  (}u'i  Is  éta  eut  ehréiiens,  et  avoir 
refiiséde  rendre  il  l'empereur  l'honneurqui  lui 
est  dû,  auront  la  tète  tranchée.  »  Après  que 
la  lecture  leur  eut  été  laite  de  celte  sentence, 
Spérat  et  les  autres  dirent  :  «  Nous  vous 
rendons  grAces,  ù  Dieu  éternel,  de  ce  que 
vous  daignez  nous  recevoir  aujourd'nui 
dans  le  ciel  au  nombre  de  vos  martyrs.  » 
On  les  conduisit  ensuite  au  lieu  du  sup- 
plice, oCi  s'élant  mis  h  genoux,  et  après 
avoir  encore  rendu  leurs  actions  de  grAces 
«^  Jésus-Christ,  ils  euj-ent  la  lèie  couj>ée. 
L'Eglise  fait  L'ur  fête  le  17  juillet.  »  ^Kui- 
nart.) 

Nous  jugeons  convenable  ici  de  faire  sui- 
vre ce  (pie  dit  Tillemont.  «  Saint  Spérat  et 
les  autres  martyrs  Scillitains,  (pii  soiiirrirent 
pour  la  foi  de  Jésus-Christ,  sont  les  plus 
anciens  martyrs  d'Africpie  dont  nous  ayons 
connaissance,  et  qui  peuvent  être  elfecti- 
vemeiil  les  premi(.'rs  de  tous.  Ils  sont  ap|)e- 
lés  Scillitains,  ()i  ut-être  parce  ipi'ils  étaient 
de  Scillite,  ville  de  la  province  proconsu- 
laire, (pii  est  celle  de  (^arthage.  Ils  souifri- 
renl  à  (;artlia.;e  durant  le  rèi^ne  de  Sévère 
et  d'Antonin-Caracalla,  sous  le  second  con- 
sulat (.'e  (daude  en  l'an  200,  et  ipii  lut  con- 
sul avec  Caïus,  Ansidius,  Viclorinus.  Ils  fu- 
rent jugés  par  Sa-turnin,  pr^onsul  d'Afri- 
(pie.  Terlullien  nous  apprend  du  reste  (jue 
\  igellius-Saturninus  fui  le  prtnnier  en  Airi- 
rpie  (pu  V  condamna  le^  cliiétiens  h  mort. 
n  Ces  Actes  ne  parhnit  point  de  l'empri- 
S(tiiiieiiient  des  saints  ni  de  leur  prinnier  in- 
terrogaloiie,  où  l'on  avait  accoutumé  de  de- 
mander les  uums  et  oualués  de  cuui  ({ue 


ioss                          SPK  sim;                      lorii 

l'on  pri^stMilailiiiix  jtij^i's.  Ainsi  ils  poiivaitMil  «l'iiixtitl    (''Itintilcr    lus    Icinincs  ,  coinrn<»   l«>fl 

nvdii' ilt^l^  |»as,s(^  |iliisiciiis  imirs  diiiis  la  |»ri-  mIiis  liiltli-s.  Mais  elles  r»^(i(iri(liietit  »|irelles 

son,  lui  siiiie,  (•(imiiie  |Hii  h'iil  leurs  Acies,  le  lioïKiiaieiil    Cé^ar   eoninie    ou   iluit    honorer 

proconsul  étant  assis  sin- son  tiil)uiial  à  r,ai-  (iésar,  el  (pi'elU's   honoraient   Dieu  coinine 

ll)a,u,e,  le  |(>  jiiilhtt,  les  magistrats  de  la  \iN()  Dien,  et  lui  a«li  l'ssaicil  leius  prières  ;  rpi'eljes 

tirent   aine'ier    par    leurs    seri;,euls    Spi-ral  ,  rendaienl  a  Ji-sus-Ciluisl  le  nille  dil  au  vrHi 

Nar/alo,  (^iltin   cl    les   l'cunnes    Donale,  Sn-  J)i(>u,  (pTelles  étaii'iil  (^luéluMMies,  rju'olle» 

coude    et    Vivstiue.    1-e  proconsul    Saturnin  voidaienl  demeurer  en  Dieu,  et  <pi'ei|es  un 

loiM'  promit  le  pardon  du  pissé  (ce  ipn  mar  ri'coiinaissaienl  et  n'adoraient  point  les  dieux 

(luo  hion  (ju'ils  avaient  déjà  (U)nrcssé  Jésus-  des  païens.  «  Mon  cœur  ol  ma  languo,  dit 

(wu'ist),  s'ils  voulaient  revenir  iv  eux  et  ado-  >'estiiic,  seront  toujours  occupés  ,'i  protester 

ror    les    dieux    des    Uoiiiains.    Spi'rat,    (pii  <pie  ji;  suis  cliréticnne.  —  Je  le  suis  aussi,  ■ 

parait  partout  coiiuno  le  chef  des  autres,  ré-  ajouta  Seconde,  et  je  le  veux  Atre  sans  <pi<> 

pondit  (pi'ils  ii(>  demandaient  point  ih»  par-  rien  me  puisse  faire  dire  autre  chose  ipie  cii 

don  puis(prils  n'etaieiil  eoupahles  de   rien;  (pn^  ceux-ci  vous  ont  dit.  »  Satiiriiin   les  lit 

qu'ils  n'avaient  jamais  fait  do  mal  h  personne;  retirer  pour  faire  approcluT  les  Iioiuiimîs,  et 

que   (pielipies    mauvais    traitements   (pi'ils  s'adressant  de  nouveau  à  Spéral,  il   lui  dc- 

eusseul   reçus  des   païens  ,  ils  avaient   ton-  manda  s'il  coiitinuail  encore  à  ùtn;  chrétien. 

jours  rendu  des  actions  de  grAces  au  lieu  de  II  rc-poiidil  :  »  Oui,  je  le  suis  (!ncore  ,  et  que 

mah'iliclioMs.el  i)rit'' pourl'iirs  perst'ciileiiis,  tout   le  monde  l'enlendi;  :  Je  suis  chrétien, 

selon    la    règh>  ipi'ils  avaient  reçue  du  Sei-  (l'est  la  i^^rAce  (pu;  j'ai  reçue  el  (}ue  j'(;spère 

teneur  qu'ils  adoraient  comme  leur  véritable  conserver  juscpi'au  bout,  non  par  mes  pro- 

roi.  pi"<'s  Ibi-ces,  mais  par  la   bonté  de  Dieu.  Si 

«  Saturnin   voulut  aussi    relever  sa  reli-  donc  vous  voulez  savoir  lu  résolulio-i  lixe  et 

gion,  sur  quoi  Spérat  lui  dit  que  s'il  voulait  absolue  de  mon  cœur,  je  suis  chrétien.  » 

l'écouler,  d  lui   ex[)li(iuerail  en   peu  de  pa-  Celle  (irolesialion  fut  suivie  de  celle  de  tous 

rôles  ciî  i(uo  c'est  (|ue  le  christianisme.  Mais  ceux    (lui    raccompai;5naienl.   Satuinin    leur 

Saturnin  luiditciu'il  ne  voulait  point  entendre  demanda  s'ils  ne  voulaient  donc  point  être 

parler  contre  ses  dieux,  et  le  |)ressa dejurer  délivn's,  ou  au   moins  avoir  quelque  délai, 

par  le  génie  de  l'empereur.  Le  sailli  lui  déclara  «  11  ne  faut  [)oint  d(3  délai;  il  n'y  a  point  à 

donc  qu'il  ne  connaissait  poinl  ce  génie  de  délibérer,  dit  Spéral,  dans  une  chose  si  juste 

l'emperiMU-  de  la  lerre  ;  (pi'il  servait  le  Dieu  et  si  claire.  Faites  ce  que  vous   vouiirez  ; 

du  ciel  ut  le  Koi  des  rois,  que  nul  homme  n'a  |)our  nous,  nous  mourrons  avec  joie  pour 

vu  et  ne  peut  voir;  qu'il   le  servait  par  la  Jésus-Christ.  Du  jour  que  nous  avons  été 

foi  ,   l'espérance    et   la   charité  ;    qu'il   re-  renouvelés  par  la  grAce  du  baptême,  que 

connaissait  néanmoins  l'empereur  pour  son  nous  avons  renoncé  au  diable  et  que  nous 

seigneur,  et  qu'il  lui  rendait  ce  qui  était  dû,  avons  suivi  les  traces  de  Jésus-Christ,  dès 

en  pavant  le  tribut  de  tout  ce  qu'il  achetait  ce  jour-là  nous  avons  pris  notre  parti,  et 

ou  du  tralic  qu'il   pouvait  faire;  qu'en  un  nous  nous  sommes  résolus  h  ne  quitter  ja- 

mot,  n'ayant  jamais  hùl  tort  à  personne,  on  mais  le  culte  de  ce  Sauveur.  »  Saturnin  de- 

ne  pouvait  le  punir  sans  injustice.  Tout  cela  manda  quels  étaient  ces  livres  qu'ils  ado- 

contirme   ce   que   dit   ïertullien,   que   les  raient   en   les   lisant.  Spérat  répondit  que 

chrétiens  ne  jin'ai(Mit  jamais  par  les  génies  c'étaient  les  quatre  Evangiles  de  Notre-Sei- 

des  Césars,  parce  que  ces  génies  étaient  des  gneur  Jésus-Christ,  les  Epîtres  de  l'apôtre 

démons  ;  mais   qu'ils    payaient   les    tributs  saint  Paul   et  toute  l'Ecriture    inspirée   de 

avec  une  entière  tldélilé.  Satur-iin,  voyant  Dieu.  Saturnin  leur  dit  qu'il  leur  donnait 

la  fermeté  de  Spérat,  se  tourna  vers  les  au-  trois  jours  pour  changer  d'avis.  A  quoi  Spé- 

tres  et  leur  dit  :  «  Prenez  garde  de  ne  pas  rat  répondit  :  «  Ni  trois  ni  trente  jours  ne 

imiter  la  folie  de  cet  insensé,  car  ceux  qui  nous  feront  pas  changer.  Cest  à  vous  à  voir 

seront  les  compagnons  de  son  obstination  si  vous  nous  voulez  donner  ce  terme  pour 

le  seront  aussi  de    son   su[)plice.  Craignez  vous  faire  passer  du  culte  honteux  que  vous 

l'empereur  et  obéissez»!  ses  ordres,  k  Spérat  rendez  aux  démons  à  l'amour  de  la  religion 

reprit  la  parole  pour  dire  que  c'est  vérita-  chrétienne.  Que  si  vous  n'êtes  pas  digne 

blement  une  obstination  digne  d'être  punie  de  cette  grâce,  laissez  là  tous  les  délais,  et 

de  ne  point  céder  aux  lois  d(!  Dieu  ou  à  i)rononcez.  Je  suis  chrétien;  ceux  qui  sont 

celles  des  hommes  qui  contribuent  au  bien  avec  moi  le  sont  tous  aussi  et  tous  résolus  à 

public;  mais  que  quand  on  nous  veut  faire  n'abandonner  jamais  notre  foi.  Voilà  ce  que 

abandonner  le  culte  que  l'on  doit  à  Dieu,  nous  sommes,  et  assurez-vous  que  nous  le 

nous  ne  saurions  être  trop  fermes.  Saturnin  serons  encore  après  tous  vos  délais.  Faites 

sans  l'écouter  persista  à  vouloir  savoir  le  donc  tout  ce  que  vous  voudrez.  » 

sentiment  des  autres  saints,  et  alors  Cittin  «  Le  proconsul,  voyant  qu'ils  étaient  iné- 

lui  répondit  :  «  N'espérez  pas  de  tirer  de  branlables,  dicta  au  greflier  la  sentence  par 

nous  autre  chose  que  ce  que  Spérat  vous  a  laquelle  il  les  condamnait  à  avoir   la  tête 

réi)ondu,   et  soyez  persuadé  que  nous  ne  tranchée,  connue  opiniâtres  dans  la  religion 

craignons  et  n'adorons  que  le  Seigneur  no-  chrétienne  et  comme  n'ayant  pas  rendu  à 

tre  Dieu  qui  est  dans  les  cieux.  »  Saturnin  l'empereur  l'honneur  et  le  respect  qu'ils  lui 

les  envoya  sur  cela  en  prison  et  les  lit  met  devaient.  Il  lut  ensuite  la  sentence,  après 

tre  dans  les  ceps  de  bois.  laquelle  les  saints  remercièrent  Dieu  de  la 

«  Il  les  fit  revenir  le  lendemain,  et  voulut  grâce  qu'il  leur  faisait  de  les  recevoir   ce 

DiCTIONN.    DES    PeRSÉCL'TIONS.  IL'  33 


loJS 


srr 


SPE 


1036 


iour-lh  flnns  lo  ciel  ronime  martyrs.  Ils  furent 
menés  an  lifU  «le  ri'\éruliMn,  où,  ayant  re- 
nnnvoli^  leurs  nrlions  ilo  j^rAces  à  uenoui.ils 
eurent  la  KHf-  ti  aiichée  le  17  .juilUît  ;  et  ils 
intercèdent    pour    nous    auprès  de   Jôsus- 
Cliiist.  disent  les  rhrélious,  qui  ont  eu  soin 
de  tirer  (  es  Actes  du  -^reire  puhlic.  Saiurnin 
condamna  avec  eux  six  autres  chrétiens,  q\ii 
sont  les  saints  Viture,  Félix,  Aipiilin,  \..\r- 
tan'^e,  et  le^  saintes  Janvier  cl  (i.'uérense. 
Ces  six  avaient  apparemment  été  interrogés 
auparavant  et  gardés  en  prison  jusqu'à  ce 
jour,  que  Dieu  avait  desluié  poin-  Ws  faire 
triom[)h"r  avec  leurs  frères.  L'Eglise  honore 
ces  douze  mnrt.is  le  19  juillet,  sous  le  nom 
de  martyrs  Sclllilains ,  comme   on  li;  voit 
dans  Bède  et  dans  les  autres  martyrologes, 
même  dans  ceux  qui  portent  lo  nom  de  saint 
Jérôme  ,  «Toù   nous   jtouvons   juger-  qu'ils 
étaient,  comme  on  a  dit,  de  la  ville  de  Scil- 
lite,  dans  la  Proconsnlaire,  marquée  dans  la 
Conférence  de  Carthago  et  dans  la  Notice 
«l'Alrique,  et  que  le  proconsul  les  avait  fait 
amener  de  là  à  Carihagc  pour  les  y  jnger. 
Leurs  corps  y  dem-urèrenf,  comme  nous  al- 
lons le  voir  par  la  translation  de  saintSpérat  ; 
et  il  y  avait  h  Canhagiî,  dans  le  v'  siècle, 
une  église  des  Scillilains.  Saint  Auguslin  y  a 
prononcé  le  sixième  sermon  sur  les  paroles 
de  l'Apôtre;  et  Posside  nous  apprend  que  ce 
saint  avait  fait  un  sermon  'e  jour  de  leur 
fête,  (pi'on  croit  n'avoir  point  encore  été 
imprimé.  Les   saints  Scillitains  sont  aussi 
marqués  dans  le  calendrier  des  martyrs  (|ue 
l'Eglise  de  Carihage  honorait  au  commence- 
ment ilu  vi*  siècle. 

<<  Agoba.-d,  ([ui  était  archevêque  de  Lyon 
en  815.  rapporte  que,  sous  Charlemagne,  des 
Français  se  ren.  outrant  à  Carihage  enlevè- 
rent le  cor|)S  de  saint  Cyprien,  avec;  les  os 
fie  saint  S|Ȏrat,  martyr,  et  de  saint  Panta- 
léon  ;  et  que  toutes  ces  relique^  étant  arri- 
vées en  France,  Leidrade,  son  prédecoseur, 
obtint  qu'elles  fussent  ap  ortées  à  Lyon,  où 
il  les  plaça  auprès  de  l'autel  de  saint  Jean- 
Baptiste,  et  les  mit  en  terre,  dit  Adon,  der- 
rière l  autel  de  l'église  cathédrale,  (pli  por- 
tait le  nom  du  saint  pr.  curseur  el  de  saint 
Etienne.   Elles   furent   aiputé  ,s   d'Afri(pie 
par  les  ambassadein-s  que  Cliarlemng.  e  avait 
envoyés  à  Aaron,  roi  des  Perses,  c'est-.Vuiie 
par  Isaac,  qui,  étant  resté  seul  de  ces  ani- 
bassadeur>,  arriva  en   France  en  l'an  H02, 
cornine  nous  l'apprei-.ons  d'Eginhard,  quoi- 
«pie  Ad(»n.  daii->  sa  Chronique,  le  mette  en 
lan  8<>t).  el  que  Ban>nius  nit  cru  devoir  le 
suivre  en  cela.  Le  même  Adon,  tant  dans  sa 
C!iro;iiqup  que  clans  son  Martyrologe,  sur  le 
17  juillet,  dii  tpi'on  apmiorta  a  Lyon  les  lo- 
liqueH  des  martyrs  seiliitains  saint  ijpérat  et 
ses  compagnon,s;  mais  sur  le  1'»  sppteinhie 
il  se  restreint  à  saiil  Spinal,  aussi  bien  que 
AKobard   M.  du  Snussay  n*>  dit  point  que  les 
reliipies  de  re  sant  ai  '  '    '    uns  éli>  trans- 
férées   ailleurs.   Les    1.  luis  de   Sunl- 
Coineille  de  Compiègnu  rrouM  t  (|ue  Charles 
|o(;ii          '.s  lit  apporter  en  leur  monastère, 
avec               le  saint  Cvprieii;  ni.ns  'Ui  ne  clil 
jxunt  qu  ils  en  aient  de»  preuves,  et  le»  Cé- 


lestins  de  Mantes  prétendent  avoir  le  chef, 
avec  hcaiicou|i  de  r.  licpies  des  martyrs  scil- 
litains, dans  une  châsse  d'argeot ,  avec  le 
clief  de  saint  Spéral,  en  particulier,  dans  un 
buste,  ils  disent  cpie  tout  cela  vient  de  Lyiui. 
Haronius,  qui  laisse  saint  Spérat  à  la  Fr.ince, 
dit  que  1  s  rehcjues  de  ses  compagncuis  sfint 
à  Bome,  dans  l'église  de  Saint-Jc  an-el-Saint- 
Paul,  et  cite  pour  cela  les  anciens  monu- 
mcMis  ue  cette  église,  avec  ses  |)eintur"S,  11 
ne  faut  |tas  oublier  cjue  le  proconsul  Vigel- 
lius  Saluriiinus,  qui  avait  répandu  le  saeg 
de  ces  mai  lyrs,  perdii  la  vue  peu  de  temps 
après,  comme  nous  l'aiiprenons  de  Tertul- 
lien.  »  (Tillemo  it,  vol.  IIL  pag.  131.) 

SPESINE,  nom  d'une  femme  romaine  i|ui 
fut  arrêtée  avec  saint  .Moyse  et  ses  coinj  a- 
gnons,  à  Bomo,  sous  le  règne  cie  l'empereur 
Dèce,  en  l'année  ioO.  Elle  confessa  coura- 
geusement le  nom  de  Jésus-Christ,  et.  pen- 
dant uix-huit  mois  d'enijirisonnemen'..  elle 
suppoita  avec  une  inébruilaole  constance 
les  |)rivatiotis  et  les  tourments.  Il  est  lait 
mention  d'elle  dans  une  lettre  de  Lucien, 
confesseur  dt;  Carihage,  aux  coiifesseuis  de 
Home,  lettre  qui  est  citée  parmi  celles  do 
saint  Cyprien.  (Pour  plus  de  détails,  voy. 
MoYSE,  conlesseur.) 

SPEL'SlPt'E  (saint),  fut  martyrisé  à  Lan- 
gres,  avec  ses  deux  frères  Eieiisinpe  et  >lé- 
leusippe.  Ils  éai  -nt  tous  trcjis  juin  am. 
Leur  martyre  eut  lieu  sous  le  règne  de  l'em- 
pereur >Lare-Anrè|p.  leur  niè.e  était  chré- 
tienne; il  e>l  probable  qu'ih  la  per  .n\'nt 
de  bonne  heure.  Léonille,  leur  grand'mère, 
chrétienne  aussi ,  n'osa  pas  leur  fiarler  de 
chii^tia  lisme  tant  que  vécut  leur  ,)ère,  qui 
les  avait  élevés  dans  la  religictn  païenne; 
elle  le  tit  dans  la  circonstance  que  nous  al- 
lons dire.  Ces  trois  jeune-,  gens  aimaient 
beaucoup  h  faire  des  excursions  à  cheval 
dans  la  campagne,  l'n  jour,  ils  se  rendirent 
dans  un  lieu  où  était  une  statue  de  la  déesse 
Némésis;  ils  lui  otfrirent  des  sacrifices,  et 
rappoi'ièrcMii  h  leur  grauci'mère  de>  viandes 
immolées.  Lécunllc  les  repoussa  avec  hor- 
reur, et  in^^truisit  ses  petits-lils  de  la  gnui- 
de.ir  de  la  religion  chn'litnine,  en  mémo 
temps  cpi'elle  leur  démon'ra  la  vanité  des 
idoles.  Becevant  bien  les  leçons  cle  leur 
aïeule,  les  trois  frères  l)risèrent  avec  hnirs 
serviteurs  la  statue  'le  Némésis  et  les  autres 
idoles  cpiils  avaient  chez  eux.  Saint  Bc'nigne, 
vcuiu  a  1  aigres  h  la  prière  de  Fausio  ,  leur 
oncle,  eut  beaucoup  de  part  h  leur  c(nivei- 
sion.  Cet  événcMiicnt  eut  un  grand  reieiitisse- 
menl,  et  irrita  beaucoup  l«>  |Kniple  et  les  ma- 
gi>liats.  On  les  arrêta  .  et  ils  com|wr  rent 
publiipiemcnit  devant  Qiiad  at.  P.dinaco  et 
Il  rmogènc,  qu'on  nomme  dais  leurs  Actes 
les  iroR  présidents.  La  ré[ionse  clés  saints 
nu\  cpi'e.slions  qu'on  leur  tit,  inita  tellmnent 
Quadral ,  cpi'il  frappe  du  poing  au  visage 
SpcMisippe  el  Eleiisippe,  ipii  avaiei  t  porte  la 
parole.  .Méleus  ppe  du  .ju'il  regrettait  de 
n'avoir  pas  {tarticipe  h  recevoir  cette  pre- 
mière violence.  Alors  on  les  menaça  cics 
plus  horribles  tourments, et  pai  liculèreiiie  tl 
de  leur  faire  confier  la  langue  ;  mais  ils   no 


1037 


Ml'» 


STA 


lOTid 


l'urnit.  point  (''hniiilrs  :  hicii  au  ronltaiio,  ils 
(trcssaiiMil   li'Uis  |tt'iM''iiilcui.s  ilr  \\à\rv  Iciii' 

8ll|)|*li<'*'  <'l  <'<*  '''*"'  *l*>l>'l*'>'  <l<>l><>   1<I  COllI'OIIIMi 

(lirils  «mhilioiinaicMl.  Les  liuis  .jii^^cs,  a>aiil 

sHuvor  st's  (iiirnils,  cm  1rs  i'u^i\,^  aiil  à  n'-la- 
l>lir  (U  ioiirs  iilolos  <'l  Irin-  nillc.  Citllc  sainh* 
i'ouiiiK*  |ii'<>inil  (Ir  Cure  loitl  son  (lossililo 
pour  leur  saliil.  ICIIc  alla  U'S  liiiiivrr,  les 
nnhivissa,  ri  les  ayaiil  (»\li(»tl('(s  à  la  poisù- 
vôranco,  cllr  so  rt'lifa.  l-c's  jn^ivs,  U-ii  .'lyaiil 
Iroiivés  iiuM)iiUilalil  s,  (•()iiimi'iic.('i'(Mit  à  ll^s 
lairo  lourmiMitcr.  On  lenr  plia  les  pii;  Is  et 
les  mains,  et  dans  cet  t'ilat  on  les  |i(>n  lit  tons 
trois  à  nn  arl)r(',  on,  à  tond  de  poulies,  on 
leur  lii-n  les  membres  avec  nno  viokM.eo 
éponvanialile  :  on  aurait  dit  (|un  leurs  mcm 
lires  allaienl  s'arraclier.  I.e  visai^e  baient'  do 
sueur,  ils  remiaient  grikes  ji  Dieu.  Quadiat 
tour  ayant  demandé  oCi  élail  Dieu,  ils  ré.non- 
(iiretil  :  «  Il  est  avec;  nous,  et  gr;\ie  a  .son 
secours,  nous  nous  mo(|uons  de  vos  tour- 
nienls.  »  Les  juges  les  ayant  numacés  de  les 
taire  briller  vils,  ils  on  turonl  euclianlés. 
Pendant  qu'on  élevait  le  bikher,  ils  s'entre- 
tenaient  avec  Léonille,  se  recommandant  à 
ses  pri'^res.  Quaiul  »  n  les  eut  mis  dans  le 
feu,  il  n'y  eut,  dit  leur  histoire,  (jue  leurs 
liens  de  consumés  :  de  sorte  qu'ils  se  pro- 
menaienl  librement  dans  les  llammes,  l.s- 
nuelles  s'arrondissaient  en  voûte  au-dessus 
d'euv.  Le  bois  étant  consumé,  le  feu  éteint, 
les  inlidèles  s'appioclièrenl  des  saints,  les- 

3uels  n'olfraient  aucune  trace  de  brûlure.  Us 
ircnt  à  la  foule  (ju'ayant  de  Diou  le  choix 
do  vivre  ou  de  mourir,  ils  n'avaient  plus 
qu'à  sortir  du  monde.  Us  s'agenouillèrent,  et 
rendirent  l'Ame  en  priant.  Il  est  probable 
qu'ils  furent  martyrisés  vers  l'an  180.  On  les 
honore  le  17  janvier. 

SPIRIDION  (saint),  évoque  et  confes- 
seur, était  berger,  et  vivait  avec  sa  famille 
dans  la  pratique  des  plus  grandes  ver- 
tus chrétiennes.  Sa  sainteté  lui  ayant  ac- 
quis une  grande  réputation,  il  fut  nommé 
evèqne  de  Trimythonte,  ville  située  sur  les 
b  rus  de  la  mer,  aux  environs  de  Salamino. 
11  n'en  continua  pas  moins  son  j)remier 
genre  de  vie,  et  lui-même  menait  ses  trou- 
peaux aux  pAturai^es.  11  avait  un  zèlo  ardent 
et  généreux  pour  la  religion,  et  distribuait 
aux  pauvres  une  partie  ne  son  rcve;îu.  H 
confessa  sa  f*)i  durant  la  persécuiion  de 
?.!aximien  Galère,  et  Rntln  semble  dire  qu'il 
fit  envoyé  aux  mines,  af)rès  avoir  eu  l'œil 
crevé  et  le  jarret  gauche  coui)é.  Pendant 
qu'il  était  au  premier  concile  géiéral  de 
Nicée,  sa  (ille  Irène,  qui  était  restée  vierge, 
alia  recevoir  aupiiès  de  Dieu  la  récompense 
de  ses  ve. tus.  Quelque  lenqis  auparavant, 
un  dépôt  fort  consi  .érnble  lui  ava  t  été  con- 
lié  [)ar  un  ûp.  leurs  amis,  et  voulant  le  gar- 
der plus  sûrement,  elle  l'avait  caché  dans  la 
terre.  Quand  elle  fut  morte,  celui  qui  lui 
avait  coniié  ce  déj)ot  vint  le  demander  à  Spi- 
ridion,  qui  n'avait  rien  su  de  cela.  11  le  cher- 
cha néanmoins  par  toute  la  maison,  sans  le 
trouver.  L'autre  persistait  toujours  à  rede- 
mander son  dépôt, le  pressant  avec  de  grands 


«;ris  do  le  lui  rendre,  et  doiiuanl  tous  b' .  ^i- 
giu's  d'un  viohiit  (lé.sespoir.  Notre  sa:nl, 
louché  de  .son  nllli(  tion,  .s'en  va  au  Ké|iulcio 
de  s;i  lille,  l'/ippcllc  par  .son  nom,  M  lui  de- 
mande où  v.Wr  avait  mis  ce  dépôt.  Llli*  liii  en 
mar(pia  l'ciidroil,  l'assurant  (ju'il  ly  Irriuvo- 
rail  ca(  Ik-  dans  la  lerKj.  lui  cHel,  étant  ro- 
tourni'  che/  lui,  il  trouva  bi  dépéil  au  li(!U 
indi(|U(-,  et  le  rtnidit  aussilôt  h  C(  lui  qui  te 
n-claiiiait.  L'LgIise  honn-e  la  niéinoirc  de  col 
illustie  s.iint  le  l'i  (b'ccniibie. 

SPOLfn'K,  Siiolrdim,  lat..  Spoirto,  ilal., 
ville  d  s  l'ilats-Koinains,  était  anciennemont 
une  des  villes  les  plus  (îonsidéiabbvs  de 
rOiubrie.  Sous  l'empire  de  Marc-Aurèh» , 
Toi(|uatus  on  étant  gonvernonr,  saint  (lon- 
(orde,  piètre,  et  saint  Ponlimi  y  cueillirent 
la  palme  gloi'i(nis(!  du  ma,tyre  {Voy.  (ioiv- 
couDii,  PoNTiicN,  ToHgLVTLs.)  Ku  l'annéo  de 
Jésus-(;hiist  .'JO'i-,  le  général  Klaccus,  envoyé 
par  Diociélimi  ponr  rechen  lier  et  forcer 
n'abjurer  les  chntiens,  y  lit  mourir  [lour  la 
foi  saint  fiiégoire,  [irètre.  Auj(uir.i'hui  Spo- 
Iclc  fiossôdo  les  reli(iues  de  .-ainl  (irégoire, 
dans  l'église  placée  sous  son  invocation.  Eu 
l'année  303  et  au  commencement  de  30'i., 
Vénuslien  était  gouvi;rneur  de  la  province 
d'Ombrie  et  d'Eirurie,  dans  laquelle  se  trou- 
vait Spolète.  <  e  gouverneur,  ap-ès  av(»ir  fait 
mourir  dans  les  supplices  l(!s  saints  diacres 
Marcel  et  Exupérance,  après  avoir  fait  cou- 
per les  deux  poignets  à  l'évoque  sa, ni  Sabin, 
avait  été  guéri  par  ce  dernier  d'une  maladie 
des  yeux.  11  s'était,  à  la  suite  de  cela,  con- 
verti au  christianisme.  Ce  fut  pour  cette 
cause,  très- vraisemblablement,  que  Flaccus 
fut  envoyé  avec  des  pouvoirs  extraordinai- 
res. Flaccus  n'eut  qu'une  mission  courir  à 
remplir  :  car  dans  cette  année  30i  nous 
trouvons  que  Lucius,  successeur  de  Vénus- 
tien  ,  ht  amener  saint  Sabin  à  Spolète  ,  e» 
gu'il  ordoima  qu'on  le  battit  cruellement, 
jusqu'à  ce  qu'il  expirât  sous  les  coups. 

STACTÉE  (saint),  reçut  la  [:alme  du  mar- 
tyre à  Kome  ;  on  ignon;  compiétement  à 
quelle  époque  et  dans  quelles  circonstances, 
L'Eglis;'  l'ail  sa  iôte  le  28  septembre. 

SÏACTEUS  (saint),  l'un  des  sept  fils  de 
saint  Gétule  et  de  sainte  Svm|,horose,  eut 
l'honneur  du  martyre  sous  i'empiie  et  du- 
r  nt  la  persécution  d'Ad  ien.  Ce  prit. ce  le 
condamna  à  è  i\)  hxé  à  un  pieu  ;  il  iui  ht 
ouvrir  les  deux  cotés.  L'Eglise  révère  sa 
m.'ino'rc  le  17  juillet,  (yoi/.  Sv-iPuoiinsE.) 

STAiNiSLAS  (saintj,  évoque  d,  Cracovie  en 
Pologne,  aiarlyr,  naquît  à  Sezepanow,  dans 
le  di  cèse  de  Cracovie,  le  2o  juillet  103J, 
d'une  famille  illustre  de  Pologne.  Sa  mèic, 
I>o-,na,  était  restée  trente  ans  stérile,  aussi 
sa  venue  'emplit-elle  de  joi.' ses  paie  ifs  qui 
désespéraient  d'avoir  jamais  des  enfaiits,  el 
qui,  en  reconnaissance,  le  consacrèreni  à 
D  eu.  Dès  sa  jeunesse,  notre  saint  .-e  montra 
sob.e,  tempérant  et  prodigue  envers  les 
pauvres.  Quand  il  fut  arrivé  à  un  certain 
âge,  il  continua  ses  études  à  Gnesiie,  puis 
vint  à  Paris  étudier  la  théologie  et  le  droit 
canonique.  Il  revinl  ensuite  eu  Pologne,  et 
son  retour  fut  bientôt  suivi  de  la   mort  de 


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STA 


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ses  parents.  H  vendit  alors  ses  biens  et  i-ii 
donna  le  produit  aux  pauvres,  sans  s'en  rien 
résfTver  pour  lui-nit'inc,  afin  de  se  con<;n- 
ort-r  compitHement  au  service  de  Dieu.  Lf- 
vêque  de  Cracovie  nommé  Lampert  Ziiln, 
connaissant  la  vertu  et  la  scienre  df  Sta- 
nislas, l'ordonna  [)rùtre  et  le  lit  chanoine  do 
sa  cathédrale.  11  fut  spécialement  chargé  de 
la  j)rédication.  et  eut  un  succès  innnonse  |>ar 
1h  bien  qu'il  produisit  et  les  conversions 
qu'il  obtint.  Lampert  Zula,  charmé  de  notre 
saint,  voulut  souvent  se  démettre  de  son 
siège  en  sa  faveur,  mais  Stanislas  refusa 
toujours  jusqu'à  la  mort  de  son  évéque,  où 
il  fut  élu  unntnniemt'nt.  Le  pape  Alexandre  II 
fut  obligé  de  le  forcer  à  l'obéissance,  parce 
qu'd  prétendait  n'être  pas  digne  de  cet  hon- 
neur. 11  fut  sacré  en  1072.  Dès  lors  il  usa  de 
son  pouvoir  et  de  sa  dignité  pour  réformer 
les  mœurs  tant  des  laïques  que  des  ecclé- 
siastiques de  -on  diocèse,  et  pour  soulager 
les  veuves,  les  orphelins,  et  généralement 
tous  ceux  qui  souffraient. 

La  Pologne  était  alors  gouvernée  par  Bo- 
leslas  II,  que  ses  cruautés  et  ses  grands  dé- 
sordres firent  surnommer  dans  l'histoire  le 
Cruel.  Personne  n'os,iit  le  reprendre-;  notre 
saint,  conduit  par  son  zèle,  se  chargea  de  le 
faire.   Ses    répriuiandes    paternelles    furent 
bien  accueillies,  et  pendant   quelque  temps 
Boleslas  surveilla  sn  conduite.  Mais  bientôt, 
suivant  la  pente  naturelle  de  son  caractère, 
il  revint  à  ses  désordres,  et  se  plaignit  de  la 
hardiesse  du  saint  à  ses  confidents  qui,  loin 
de  l'adoucir,   ne  cherchèrent  qu'à  l'exciter 
davantage.  Sur  ces  entrefaites,  le  roi  ayant 
vu  la  t'emm»'  de  Miécislas,  gentilhomme  du 
Palatinat   de  Sirad,  en   devint  épeidument 
amoureux,  la  fit  enlever,  et  en  eut  plusieurs 
enfants.  La  noblesse,  indignée  de  ce  nouveau 
scandale,  [)ria  l'archevêque  de  Gnesnc  et  les 
autres  évèqnes,  qui  allaient  habituellement 
h   la  cour,  de  marquer  au  roi  l'indignation 
générale  que  sa  conduite   inspirait.   Aucun 
d'»'Ui  n'osa  se  charger  de  cette  mission  dif- 
fit'iie.  Stanislas,  rem|)li  d'un  grand  zèle  pour 
la  religion,  se  rendit  à  la  cour,  lit  de  vives 
r.  montrances  h  Boleslas  ,  et  le  menaça  do 
l'ex/.omnmni(  ntion.  A  ces  mots,  le  roi  entra 
en  fureur,  et  jura  de  se  venger,  La  conduite 
de  notre  saint   était  irré[)rochable  en  tous 
points,  on  eut  recours  à   la  cdonmie.  Sta- 
iiislasavaitacheté,  d  un  gentilhonune  nommé 
Pierre,  un  terrain  qu'il  avait  uni  h  son  église, 
après  l'avdir  payé  en  |irt>sence  de  |)|iisieurs 
témoms.  Biunlùl  le  ventieur  mourut  :  les  ne- 
veux de  ce  gentilhomme  furent  engagés  h 
réclamer   de    nouveau    le    prix   de    I;»    terre 
comme  n'ayant  pas  été  payé;  et  (juand  Sta- 
nislas réclama    le   témoignage  de   ceux   en 
présence  desipiels  d   avait  solii(''  le  terrain, 
reiix-lh  n'osèrent   rien   dire,    inlimidi's   par 
des   agents    secrets    du  [>rince.   Néaiunoms 
celte  .(Ifaire  s'assoupK  jmur  un  temps,  et  le 
roi  parut  se  réconcilier  avec  notre  saint.  H 
continua  de  »e  livrer  i«    toute  la  fougue  de 
ses  passions,  et  Stanislas  l'ayanl   repris  en- 
rorft.  Boleslas  le  menaça  de  le  laiie  mourir. 
Notre  saint  le  retrancha  de  la  commumon  du 


l'Eglise  après  une  quatriènie  visite,  lit  fer- 
mer l'église  de  Cracovie,  et  se  retira  dans 
nnecha[>elle  de  Saint-Miehel.  située  hors  de 
la  ville.  Boleslas,  devenu  furieux,  vint  l'y 
trouver  environné  de  ses  gardes,  et  leur  or- 
donna de  massacrer  révépie.  Ceux-ci  en- 
trèrent dans  la  chapelle;  mais,  frappés  d'une 
stupeur  étrange,  ils  n'osèrent  exécuter  les 
ordres  de  Bolesla-^.  Deux  autres  troupes  de 
soldats  en  firent  autant.  Alors  le  roi,  n'écou- 
tant que  sou  indigne  fureur,  se  .jeta  sur  lui, 
et  le  tua  de  sa  pro|)re  miin.  Enhardis  par 
cette  action,  les  soldats  coupèrent  son  corps 
en  morceaux  et  les  jetèrent  en  pAture  aux 
oiseaux  de  proie.  Les  chanoines  de  sa  ca- 
thédrale les  recueillirent  et  les  enterrèrent 
devant  la  porte  de  lachapelle  de  Saint-Michel. 
Sa  mort  arrivi  le  8  mai  1079.  Bole-^las  fut 
excommunié  par  le  pape  Grégoire  VIL  et, 
déchiré  de  remords,  se  relira  eu  Hongrie, 
où  plusieurs  auteurs  prétendent  qu'il  se 
donna  la  mort. 

STATIS,  confesseur  d'Afrique,  qui  souffrit 
pour  la  foi  à  Carthage,  sous  l'empire  de  Dèce, 
en  l'an  -ioO,  vint  h  Rome  peu  de  temps  après 
sa  sortie  de  prison.  Saint  Célérin  demande 
la  paix  aux  martyrs  de  Carthage  au  nom  de 
Statis  et  de  Sévérii'n,  pour  sa  sœur  et  pour 
une  autre  femme  qui  avaient  eu  le  malheur 
de  succomber  dans  la  persécution  et  de  sa- 
crifier aux  idoles.  (  Lettre  classée  la  21' 
parmi  celles  de  saint  Cvprien.) 

STÉPHANIE  (sainte).  Voy.   sainte  Coi- 

RONNE. 

STORACINUS  (saint),  l'un  des  gardes  de  la 
prison  de  saint  Censorin  ouCensorinus,  sous 
Claude  H  le  Gothiipie,  fut  converti  à  la  foi 
chrétienne  par  le  prêtre  saint  Maxime , 
avec  les  autres  gardes  de  la  prison,  lesquels 
étaient  Félix,  Maxime,  Fausiin.  Herculan,  Nu- 
mère,  Mène,  Commoiie.  Herne,  Maur,  Eusèbe, 
Rustii}ue  ,  Amandinus  ,  Monacre,  Olymphe, 
Cy|>rien  et  Théodore.  ^Pour  voir  leur  histoire, 
recourez  à  l'article  .Martyrs  d'Ostik.)  Ces 
saints  ne  sont  pas  nommés  au  Martyrologe 
romain. 

STRATON  fsaini),  fut  martyrisé  dans  la 
ville  d'Alexandrie,  sous  h»  règne  de  Ma\i- 
min.  Nous  savons  seulement  de  lui  (ju'il 
tut  précipité  au  milieu  des  tlots,  avec  ses 
compagnons  Hiénuiide  ,  Léonce.  Sérapion, 
Séièse  et  Valérien,  L'Eglise  honore  leur  mé- 
moire le  12  se[)leiiibre. 

STRATON  ^saint),  soulfrit  le  martyre  à  Ni- 
comédie,  avec  le>  saints  Philippt»  et  Euly- 
chien.  Ces  courageux  martyrs,  ayant  été  ex- 
posés aux  bêtes  et  n'en  ayant  reçu  aucun 
mal,  accomplirent  leur  inarlue  par  le  sup- 
plice du  fi'u.  L'Eglise  les  honore  le  17  août. 

STRATON  (sai  ni '.fut  martyrisé  pour  Ji'sus- 
Christ.  Il  fut  attaché  à  deux  arbres  et  dé- 
membré. Il  est  inscrit  au  Martyrologe  ro- 
main le  9  septembre. 

STRATONl^l'E  (sainti.  reçut  la  glorieuse 
palme  du  martyre  à  Smgidon,dans  la  Haule- 
.My>ie,  avec  saint  Hermyle,  Après  avoir  en- 
duré de  cruels  lourmenis  sous  l'empire  do 
Licinius,  ils  furent  submergés  dans  le  Da- 


lOil                                  SI'C  Sl'Z                                     1014 

imiIh'.  I,'I'',hIivc  l.'iil  liiii  im'iiKtirc  If  l.'ljjiii-  (|iic    avrc   saiiil  Hk^'iI    «"l  .s«îi/«'  Hiiln-s  tloiit 

vim".  imiis  rin   s/ivoiis    juis    li's  rioiiis.  On  i^iMire 

Sr\'UI.\(,Hil'',  (saint), iii;iilvr,V('rs)is()iis»nn  li'    lii'ii    |»i«'cis,  la  dnto    «'I  les  rircoti,st«iicf« 

pour  l.'i  religion  cInM'-liriiiMs  sous  le  irunc  t.'t  ih-  li'in  cnniltjit.  Ils    soiil  irisc;rils  nii  Marly- 

(luiaiil  la    |)('r.s(^(Mili(»ii  lic    rcmpcrfiin'  l.ici-  loNt^!  rtiiiiani  In  28  mars, 

niiis.   Il   lui  mis   à  moil  av(<c  les  saillis  r,ar-  STLCll,  pclilc  ilc  (pu  se  troiivi'  h    l'cxlré- 

Irn-, 'l'ohic,    ImuIoxc   fl    A^apc.    I,a  l'iMc  dn  iiiiln  de  la  Siiidainiic,  aiijoiii»!  Imi   Sainl-An- 

lous  ws  saints  martyrs  csl  inscrilt»  au  Mar-  liopc,  du  nom  du  saint,  (irurrntM-   infirl>r  do 

Ivrolo^c  ^  la  date  du  "i  novcndjic.  Sardai^in-,  (pii  y  lui  mis?i  mort  durant  la  per- 

Sll.ANf'lS  (sailli),   ((tnlcssciu' ,    rtail     ini  sfculinn  d'Adrien. 

hoMuno   ricJK^  (^l  ^)uissanl  (ilic/  les    INmscs.  SUM'KIK  (sainlj,  (Mit  le  bonheur  d(!  perdre 

Il  avait,  dit  l'Iiisloii'e,  jnsipr^  mille  esclaves.  la  vie  pour  .l('sus-(;ini.sl  .'i  Home;,  dans  la  per- 

Naranès,  (pii   monta   sur    le    trône    en   V:i(),  sécnlion    allunuM!    par    rempereur   Adru-n, 

ayant  voulu  inuliUMuent  \o  contraindra  à  ah-  avec  saint  Sorvilien.  I.e  Martyiolof^fj  romain 

jùr(M'    la  loi    chnMienne,   lui  demanda  (piel  fait  mention    de   lui  le  20   avril.  Les   «lorii- 

iMait  lo  plus   uiécliaiil  de  tous  ses   esclaves.  nieiMs  nous  nuuKiuonl  pour  en    dire  davan- 

Sur  la  rc^ponse  ipu"  lui  lit  Suam^'s,  le  roi  mit  la^e. 

r«>sclave  à  la  place  du   niailre.donl   il    lui  lit  SrPf"]T\Y  (sainte  soullVit  le  mar'tvrc  à  Vn- 

épouserla  l'emuu',el  lui  donna  souvei'aineau-  leiicicmes  avec    saint  Sauve,    évètpH-  d'Ari- 

lorité  sur  tout  (•(Miuiap[)art('nail!M'ailoraleur  gouhMiio.    L'E;^lisc  lait  leur   fôle  collective- 

lid('>le  d(>  Jésus-Clu'ist.  Ilien  n(>  put   él)raid(>r  ment  Ieî2(>juin. 

le  courage  de  Suan('s;  il  mourut  dans  cet  et-  SI  SANNÉ  ^sainte],  était  d'une  illustre  fa- 

froyablo  esclavage  que  lui  avait  lait  la  bar-  nulle    romaine.    Ou    prétend    qu'elle    était 

barie  du  roi.  L'Kgliso  honoiu  sa  mémoire  le  tiiéco  du  [)ap(!  saint  Canis.    Ayant  l'ait    vo'U 

8  aoiU.  (Voy.  \\n\^i^.s.)  de  consacrer  sa  vii-jiinité  au  Seigneur,    elle 

SUAKEZ  (le  bienheureux  Antoine),  Espa-  refusa  de  se  marier,  comme  on  voulait  l'exi- 

gnol,  de  la  Com|)agnie  de  Jésu>,  faisait  par-  ger  d'elle.  On  conclut  de  ce  lefus  qu'elle  ajj- 

tie    des  missioiniaires,    au  nombre  de    soi-  parlenait  à  la   religion    chrétienne.  Elle  fut 

xante-neuf,  que  le  P.  Azevedo  était  allé  re-  condauniée  à  souifrir   d'horribles   tortures 

cruter  à  Rome  pour  les  missions  du  Brésil,  qu'elle  endura  av(.>c  un  grand   courage.  Elle 

(Toy.  l'article  AzEVEDO.)  Leur  navire  fui  pris  conquit  la  [)alme  du    niartyi'e    dans  sa  ville 

le  15  juillet  1571,  par  des  corsaires  caivinis-  -•natale,  environ  l'an  295.  L'Eglise  célèbre  sa 

tes  qui  U>s  précipitèrent  dans  les  Ilots  ou  les  fête  le  M  aoiit. 

massacrèrent.  (Du  Jarric,  Histoire  des  cho-  SUSANNE  (sainte),futmartyriséeavecMar- 
^•l^s•  p/as  j«<'mora6/cs,  etc.,  t.  Il,  p.  278.  Tan-  cienne  et  Pallade.  Ces  trois  saintes,  qui 
ner,  Societas  Jesu  H$que  ad  sanguinis  et  vitœ  étaient  les  épouses  de  soldats  martyrs  ,  lu- 
profusionein  mililans,  \).  IGli  et  170.)  rent  mises    en  pièces   avec    leurs  petits  en- 

SUAREZ  (le  bienheureux  Piekre)  ,   mis-  fants.  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  2i  mai. 

sionnaire  delà  Compagnie  de  Jésus,  fut  mas-  SUSANNE,  religieuse  du  Saint-Sacrement, 

sacré  en  1007,  ùans  le  pays   d'Abisiras,   sur  fut  guillotinée  le  5  juillet  17%,  dans  la  ville 

le  tleuve  des  Amazones,  par  les  intiuèles  à  d'O.ange. 

qui  il  annonçait  l'Evangile.  SUTRI,  Sutrium,  ville  de  l'Etat  ecclésias- 

SUCCÈS  (saint),    martyr,  cueillit  la  palme  tique  (  Viterbe  ),  eut  la  gloire  de    voir  mar- 

dumartyreen  Afrique, avecles  saints  Pierre,  tyriser  dans  ses  murs  le  prèlre  saint  Félix, 

Bassien,  Primitif  et   vingt  autres  dont  les  sous   l'empire  d'Aurében.  Ce  prince,  ayant 

noms  sont  inconnus.  Le  Martyrologe  romain  appris  qu'il  y  avait   en   Toscane  un   grand 

ne  donne  point  de  détails  touchant  l'époque  nombre  de   chrétiens,    envoya  un    officier, 

et  les  circonstances  de  leur  martyre.  L'Eglise  nommé  Turcius,  pour  les  rechercher  et  les 

célèbre  leur  mémoire  le  9  décembre.  faire  mourir.  Cet  envoyé  remplit  fidèlement 

SUCCESSE    (saint),  soulfrit  le   martyre  les  ordres  de  l'empereur  :  saint  Félix  ayant 

pour  la  foi  en  Afrique,  sous  le  règne  de  Va-  été  arrêté  et  n'ayant  pas  voulu  se  soumettre 

lérien,  l'an  259,  avec  les  saints  Paul ,    Gé-  à  ses  représentations,  il  ordonna  de  le  frap- 

ronce.  Janvier  ,  Saturnin,  Jules  ,  Cat,  et  les  per  sur  la  bouche  avec  une  pierre  jusqu'à 

saintes  Pie,  Tertulle  et  Germaine.  On  man-  ce  qu'il  expirât.  Le  diacre  saint  Irénée  ayant 

que   de  détails  authentiques  sur   leur  mar-  enterré  les  restes  du  saint  martyr,  Turcïus  , 

tyre.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  19  janvier.  qui  s'en  allait  de  Sutii  à  Chiousï,  le  fit  char- 

SUCCESSE  (saint),  fut  martyrisé  à  Sara-  ger  de  chaînes  et  le  força  de  marcher  nu- 
gosse  en  Espagne,  par  les  ordres  de  Dacieu,  pieds  devant  son  char,  pour  aller  avec  lui 
(pii  en  était  gouverneur,  en  l'an  de  Jésus-  dans  cette  ville,  oiî  il  le  fit  horriblement 
Christ  30i,  durant  la  persécution  de  Dioclé-  tourmenter. 

tien.  Dix-sept  autres  furent  martyrisés  avec  SUZANNE  (sainte) ,   vierge  et   martyre  eu 

lui  :  on  trouve  leurs  noms  à  l'article  Dacien.  Palestine,  était  fille   d'un  prêtre  idolâtre,  et 

Les  dix-huit  martyrs  de  Saragosse  sont  très-  nativû  d'Eleuthéropolis.    Après  la.  mort  de 

honorés  en  Espagne  :    c'est  Prudence    qui  ses  parents,  elle  reçut  le  baptême.  Elle  fit  ce 

rapporte  ce  qu'on  saint  d'eux.  Ils  sont  ins-  qui  souvent   se  pratiquait  alors  ,  elle  donna 

crits  au  Martyrologe  romain  sous  la  date  du  tout   son  bien  aux  pauvres,  et  se  retira  dans 

16  avril.   {Voy.  Prudence,  de   Cor.,  hym.  4  ;  la  solitude,  pour  y  servir  Dieu.  Sous  Julien 

TiUemont,  vol.  V,  p.  229;  Vasseus,  Belga.)  l'Apostat,   le  gouverneur  d'Eleuthéropolis , 

SUCCESSE  (saint),  fut  martyrisé  en   Afri-  en  362,  la  condamna   à  la  peine   de  mort. 


U45  SYL 

parce  qu  uii  i'aicu>a  devaul  lui  d'.ivnii  ren- 
versé (Tes  idoles.  Sa  fêle  est  inscrile  au  Mar- 
lvr«>loge  roiuain  le  20  septembre.  (*oy.  le 
P.  Stiliing,  l.  VI  Sept.,  p.  loi.) 

SYLVA  (BuAiSE  UE  ),  missionnaire  de  la 
compagnie  de  JtVsus,  fut  tué  pai  les  Pa.vn- 
guas,  avec  trente  iiéopliytes  et  le  P.  Jusepli 
Maco,  au  moment  où  ils  desc-  ndaiont  le 
tltuveda  Para^^uay.  Leur  martyre  arriva  en 
1717. 

SYLVAIN  (saint),  l'un  des  sept  enfants  de 
sainte  Félicité,  lut  martyrisé  à  Uome  avec 
sa  mère  et  ses  frères,  le  10  juillel,  sous  le 
rè^ie  de  l'empereur  Mar( -Aurèle.  Le  préfet 
Puhlius,  l'ayant  fait  amener  devant  lui,  lui 
parla  ainsi  :  «  A  ce  que  je  vois,  vous  agissez 
tons  de  concert  avec  la  plus  mécliante  de 
toutes  les  femmes,  dais  la  résolution  que 
vous  avez  prise  ensemble  de  désouéir  à  nos 
princes.  Une  mère  di'nalurée  vous  empoi- 
sonne de  ses  conseils  pernicieux;  elle  vous 
inspire  la  révolte  et  l'nnpiélé;  mais  craignez 
de  tomber  avec  elle  dans  le  même  |)iéci- 
pice.  »  Sylvain  répondit  au  préfet  :  «  Si  nous 
étions  assez  faibles  ou  assez  imprudents 
pour  nous  laisser  ébranler  par  la  crainte 
d'une  mort  qui  netlure  qu'un  moment,  nous 
d  viendiinns  la  proie  d'une  mort  qui  ne 
doit  jamais  tinir;  mais  la  religion  que  nous 
professons  nous  ap[)renanl  qu'il  y  a  dans  le 
ciel  des  récompenses  pour  les  gens  de  bien, 
et  dans  lenfer  des  supplices  nour  les  mé-c 
chants,  nous  n'avons  garde  aobéir  à  des 
or  ires  qui  nous  proposent  un  cnme  à  com- 
mettre; mais  nous  obéis?ous  aux  lois  de 
notre  Dieu,  qui  ne  nous  inspirent  que  l'a- 
lunur  de  la  verlu.  Quiconipie  méprise  vos 
idoles,  pour  ne  servir  iju-j  le  vrai  Dieu, 
vivra  éternellement  avec  lui;  mais  le  culte 
abominable  des  démons  vous  précipitera 
dans  des  feux  éternels  avec  vos  dieux.  »  Le 
préfet  lit  retirer  Sylvain,  et  lit  à  reai[)ereur 
un  rapport  de  ce  i^ui  venait  de  se  passer. 
-Marc-Aurèle  connuit  h  un  juge  spécial  le 
soiii  de  prononcer  la  sentence  du  saint,  et 
delà  faire  exécuter.  S.\lvain  fut  noyé  dans 
le  Tibre.  L'Eglise  honore  sa  ménume  le  10 
juillet. 

SYLVAIN  (saint).  Vnw  des  compagnons  du 
saint  martyr  (".yriaque  ,  diacre  de  l'Eglise 
romaine,  mourût  en  303,  à  Uome  sur  la  voie 
Salaria,  où  il  l'ut  ent.-rn''.  lis  furent  vingl-six, 
dans  le  n»ému  jour,  mis  h  mort  au  même  en- 
droit. L'Eglist  célèb  «!  leur  fête  collective  le 
jour  de  leur  translation,  tjui  eut  lien  le  8 
floùl.  (loi/.  r.YRUvti;.  }oy.  aussi  l'abbé 
(irandidier,  Ilisl.  de  Ikifliae  de  Strashourtf.) 

SYLV.MN  (Naiul)  ,  évé(|ue  «le  tia/a  et 
mart}r,  reçut  la  palme  en  l'an  de  Jésus- 
Chnst  .110,  diirani  la  [lersécution  de  Dio- 
clétien.  Il  lut  en  premi»M  lieu  condaniné  aux 
carrières;  ensuite  il  fut  décapité  avec  trente- 
neuf  li  lèles.  Sa  fête  a  lieu  avec  celle  de  saint 
Tyian  lion.  le  20  février. 

SYLN  ElIt.V  le  bienheureux  (ïonsalvf.)  , 
ancien  provincial  de  la  couqM.^iut;  do  Ji'sus 
dans  rlndiï,  fut  charnu  par  S'»n  successeur 
d'alliT  prè.  lier  la  foi  daf>s  le^IoïKMuotapa. 
N     .    Im-nheureux  quitta  tioa  on  latiO,  avec 


.^VM 


lOU 


tieux  autres  religieux  de  son  ordre,  et  Us 
arrivèrent  bientôt  jiis(|u'au  royaume  d'In- 
hambane,  et  baptisèrent  le  roi,  sa  femme  et 
sa  sceur.  (ionsalve  lais>a  ses  compagnons 
continuer  la  comjuèle  de  cette  nation,  et 
suivit  du  nord  au  midi  la  cote  orientale  d'A- 
frique. Il  arriva  la  veille  de  Noël  à  Chelu- 
chin,  et,  après  y  avoir  séjourné  huit  jours, 
il  enira  dans  la  capitale  du  Mnnoniotapa  et 
lut  présenté  au  roi,  dont  il  ga.^na  labié  iveil- 
lance  par.son  désinlér,'ssement.  Quinze  jours 
après  son  airiv.T,  il  ba'ti  a  le  roi  et  sa  uirre, 
ainsi  que  trois  cents  Calres  des  plus  illus- 
tres du  pays,  bientôt  quatre  niahoniétans 
sureni  persuader  à  ce  prince  que  notre 
bienheureux  tait  un  espion  envoyé  par  le 
vice-roi  de  l'Inde,  a!in  de  connaîtie  les  toi  ces 
du  Monomotapa  et  d'.  fomenter  des  Irou- 
bl'  s.  Le  roi  résolut  donc  de  le  fair<^  périr. 
Néanmoins  Gonsalve  en  avait  été  instruit 
par  révélation  ;  il  se  disposa  dnnc  il  la  nmrt 
qu'il  attendit,  revêtu  de  ses  habits  saceriio- 
taux.  Après  avoir  attendu  vamem  -nt  une 
partie  de  la  nuit  les  nienrtiiers,  il  s'endor- 
mi:.  Aussitôt  huit  soldats  qui  le  giu  ttaient 
se  jettent  sur  lui,  le  renversent  à  terre,  et 
leur  ch-  f,  nomujé  Mocruma,  ami  du  saint, 
lui  brise  la  poitrine  avec  le  talon.  Quatre 
soldats,  l'ayant  pris  par  les  pieds,  le  relevè- 
rent, pendant  que  deux  autres ,  lui  ayant 
mis  une  corde  au  cou,  le  tirèrent  chacun  en 
sens  contraire.  Le  sang  jaillit  en  abondance 
par  le  nez  et  par  la  bouche.  Ce  marlvre  ar- 
riva le  11  août  1561.  iSncietas  Jesu  usque 
ad  snnguinis  et  vilœ  profusionem  tnilitims  , 
p.  lo6.i 

SYMPHOHIEN  (saintl,  martyr  à  Autun, 
sous  Marc-Aurèl  ,  fut  bafitisé  dans  celte 
ville  |iar  saint  Bénigne  et  saint  Andoche. 
Après  avoir  relaté  cette  circonstance,  la  seule 
à  peu  près  oiidse  dans  ses  A(  tes,  nous  les 
citons  en  entier  d'après  Uuinart. 

«  t.'omperi  m-  Marc-.\urèle  ve  laild'excUer 
dans  l'empire  une  incroyable  leiuf  été  «  onlro 
l'Eglise,  et  se>  édits  foudroyants  attaquaient 
de  tous  côtés  la  reli;j,ion  de  Jésus-Christ, 
lorsque  S»  mphorien  vivait  i»  Autun,  uans  tmit 
l'éclat  <jue  peuvent  donner  une  haute  nais- 
san(  e  (  t  une  rare  vertu,  il  était  de  famille 
chrt'-tienne,  et  l'une  iie"  plu>  considérables 
de  la  ville;  sou  père  se  nommait  Fausle,  il- 
lustre par  le  san.;  tpi'il  avait  reçu  de  s.  s 
ancêtres,  plus  illustre  encore  i  ar  celui  q  e 
son  Uls  avait  reçu  de  lui.  Ce  jeune  genld- 
honime,  dont  les  moMirs  avait  ni  él' 
cl  polies  parles  belles-h'tlres,  nava.  ,  i 
moins  de  soin  de  purilier  les  belles-letlres 
par  l'élude  de  la  piété,  en  sorte  tpie,  u;  us 
un  j'i^e,  qui  U'oidinaire  ne  dmiue  que  des 
lleuis,  son  esprit  iléja  mOr  avait  produit  des 
fruits  d'uMe  saj^esse  anlieipée,  et  dont  les 
vieillards  les  plus  co  isommé>  «lans  la  pra- 
tiijue  des  vertus  auraient  pu  se  faire  hon- 
neur. On  l'avait  vu  passer  de  l'enlance  à  la 
jeunesse;  on  le  voyait  entrer  si  heureuso- 
nienl  «lans  l'i^ge  viril,  et  donner  des  u.ai- 
(pu's  si  sûres  d'iiti  mérite  mc  levé,  que  les 
;e  :s  de  bien  les  plu»  r<  Unes.  Irapjies  de 
'édut  de  taiU  de  belles  lualiies,  avouaient 


f 


104R 


SYM 


SVM 


lUiG 


i\\\()U  iio  |ioiivflit  pas  Alr'o  si  nccomiili  sans 
«voir  comnicrn'  iivcr  les  liilcllif^icnccs  n'i- 
l(>sl(>.s.  |lii<t  |ii'iHioiHiA  iviïvo  cl  sdiis  nrlilicri, 
jointe  à  iiiM»  «iin|ilicit('  \\iA)\r  ol  s.iiis  Iwissossc, 
l('m|i(''i'nil  hmics  ses  iiilntiis,  ut  y  iiitiniliii- 
.snil  ri^llc  jiivlo  iiK'ilidcrili^  (|iii  est  l'.'liiin  dn 
loiihvs  lot  vertus,  lui  un  mol,  il  sY'i.til  h\ 
liicii  roiidii*!,  l'I  iiviM-  l/iMt  (|(>  hoiilii'iir,  h 
iKivci's  les  ('«nicils  tl(»  la  mer  or/i;^i'iis('  du 
niondo,  qu'il  «vnil  (Wil('i  d'\  fnire  iiiudi(»;;c. 

((  Autun,   (lui  vov'iil   n>inord(M'  hii'ii  linut 
dans  r)iMiii(niic  sa  luddcss.»  d  son  orij^inc, 
.suivait  hvs   vi(>ill(>H  eiTCurs  d'un»!  rclii^ion 
s.icrili''^''.  l'Vivii'oniu'M»  de  trinplcs  pi'oliUK's 
cl  l'iMuplic  d'idoles,  elle  sT-lail  louli»    livi'i'-c 
,ui\  vaiiu>s  supcrsiilions  du  [)Mganisui(';  <  t 
son  peuple,  diVso('('Ui>i''  de  louft<  nntie  alV.iiro, 
|>assail  les  jours  el  les  nuds  dans  l'exertMce 
d'un    culle    ridicMilo.   ('yb(^l(> ,    Apollon    et 
Diane  y  élai(>nl  pai  lindièrenienl  r(^vérés.  Un 
jo\ir  (|u'o  »  faisait  une  pro(  cssifvn  soloinelle 
ei  1  horuienr  de  r,yl><^le,  et  '(lue  la  dévotion 
iMmr  la  utr»rt>  d  'S  dieu\  y  avait  niliré  toute 
la  Vîllo,  Syuiphorien   s(>  reneonlra   par  ha- 
sard en  un  endroit  où  la  cc^cémouio  pas.sa-t. 
Vo.  ani  la  di-esse  qi'on  portail  sur  un  bi'an- 
eard,   il    ne   put  s'einp(Vher  de  marquer  le 
mépri.s  qu'il  faisait  de  cette  idole;  el,  bien 
loin  de  la  iorer,  connue  Oii  l'y  voulait  cr)n- 
traindre,  il   s'en  moqua   haulement.   11   fut 
arr(M(^  sur-le-champ  el  présenté  à  iléraclius. 
(-'était  un  maiiîislrat,  persoimage  consulaire, 
(pii  était  pour  lors  h  Autun  avec  une  com- 
mission de   l'enqMM'eur  pour  la  recherche 
d(^s  chrélietis.  Héradius,  s'étant   assis  sur 
son  tiibu'ial,  dit  ù  Sympliorien  :  «  Déclinez 
voire  nom  et  la  condition  dont  vous  êtes.  » 
Symphorien  répondit  :  «   Je  sais  chrétien, 
je  ni"api)ello  Synrihorien.  »   Le  juge  dit  : 
«  Vous  êtes  chVélien  ;  comment  avez-vous 
donc  pu  nous  échap|)er,  car  on  ne  trouve 
j)lus  guère  ici  de  ces  sortes  de  gens?  Ré- 
jwndez-moi,  pourquoi  avez-vous  refusé  d'a- 
dorer  la   déesse-mère?  »    S. mphorien  ré- 
pondit :  «  Je  vous  l'ai  déjà  dit,  c'est  que  je 
suis  chrétien;  je  n'adore  que  le  vrai  Dieu 
qui  est  dans  le  ciel.  VA  je  suis  si  peu  dsposé 
h  adorer  ce  vain  simulacre  du  démon,  que 
si  vous  voulez  me  faire  donner  un  marteau, 
je  vais  de  ce  pas  me'.tre  votre  déesse-mère 
en  pièces.  »  Le  jug  >  dit  :  «  Cet  homme-ci 
n'est  p.!S  seulement  un  sacrilège,  il  joint  la 
révolte  h  l'impiété.  Est-il  d'ici?  »  Un  ollîcier 
répondit  :  «  Oui,  seigneur,  il  est  de  cette 
ville  et  d'une  des  premières  familles.  »  Le 
juge  dit  à  Symphorien   :  -a  C'est  donc  cela 
qui  vous  rend  si  lier?  Ignorez-vous  quelles 
sont  les  ordonnances  de  nos  princes?  Qu'on 
les  lise.  »  Le  greliier  lut  :  «  L'empereur 
Alarc-Aurèle,  h  tous  gouverneurs,  juges  et 
magistrats,  présidents  et  autres  ofliciers  gê- 
né aux  de  notre  empire.  Ayant  appris  que 
certaines  gens  qui   se  disent  chrétiens  ne 
font  aucime  difficulté  de  violer  les  lois  les 
plus  saintes  de  la  religion,  nous  voulons 
qu'il  s  it  procédé  contre  eux  à  toute  ri- 
gueur, «;t  nous  vous  enjoignons  de  les  punir 
de    divers    supplices    lors((u'ils   tomberont 
entre  vos  mains,  à  moins  qu'ils  ne  veuillent 


sacritier  h  nos  dieut.  l-!ti  .•«orte  (ouleloim  ipio 
la  justice  refiiniie  la  sévérité  dails  de  jusleU 
borru'fl,  (d  ipi'cn  retranchant  le  crime  on  no 
pinn?»tn  [)a.s  trop  rigoun.'useinorit  le»  cri- 
minels, n 

«  La  lecture  do  j'édit  de  jerniterewr  étant 
faite,  le  ju>^('  dit  :  «  Oue  diles-voii»  h  cela, 
Synqihorien?  Croye/-vous  qu'il  soit  en  mon 
pouvou"  d'aller  coidfr  une  déi  laralion  (Ui 
prince  si  fornndle?  Vous  ne  pouvez  nier  que 
vous  ne  .soyez  coupable  de  deux  crimes  : 
de  sacrilège  envers  les  dieux,  el  de  mari(|Uft 
de  riîspect  h  l'égard  des  lois.  Ain.si,  si  vous 
ne  vous  niellez  en  devoir  de  salisHiire  h  ce 
(pii  est  porté  par  Tf'-dil  qu'on  vient  dr  lire, 
j(!  in^nuis  ino  dispenser  de  faire  un  exemple 
de  voirez  personne;  les  lois  outragées  ei  les 
dieux  (dfetisés  demandent  votre  sang.  »  Syrn- 
phoiien  lépondit  :  «  On  ne  me  persuadera 
jamais  (pie  celte  image  soit  autre  chose 
(pi'un  preslige  du  démon,  do-it  il  se  sert 
|)our  tromper  les  hommes  et  pour  les  en- 
traîner avec  lui  dans  un  mallnnir  éternel. 
Sachez  que  tout  chn'tien  qui  ne  craint  point 
d'arrêter  ses  yeux  sur  ces  objets  profanes, 
et  ([ui  s'engage  imprudemment  daris  des 
s(>ntiers  qui  coiidnisejit  au  crime,  tombera 
infaillibleuHMit  dans  l'abîme,  et  donnera  dans 
les  («mbAches  que  l'ancien  ennemi  des 
honuïies  ne  cesse  de  leur  dresser.  Car  enfin 
nous  avons  un  Dieu  qui  n'est  pas  moins 
sévère  et  rigoureux  lors([i!'il  [)iinit  le  péché, 
qu'il  est  bon  (ît  Nbéral  lorsqu'il  récompense 
le  mérite.  Il  donne  la  vie  h  ceux  qui  crai- 
gnent sa  puissance,  et  la  mort  h  ceux  qui  se 
lévoltent  contre  elle.  Tant  que  je  demeu- 
rerai ferme  dans  la  protestation  publique  et 
sincère  que  je  fais  de  n'adorer  que  lui,  je 
suis  sur  d'ai liver  au  port  tranquille  d'une 
bienheureuse  éternité,  sans  craindre  ni  les 
vents  ni  les  Ilots,  que  la  fureur  du  démon 
peut  soulever  contre  moi  pour  me  faire 
{)éiir.  » 

«  Le  juge,  voyant  donc  qu'il  n'y  avait 
aucune  apparence  que  Symphorien  se  rendit, 
le  lit  frapper  par  des  licteurs  et  conduire  en 
j)rison.  Les  délais  accordés  par  la  loi  étant 
expirés,  et  le  juge  ayant  ordonné  qu'on  le 
lui  amenât,  on  vit  sortir  (bi  milieu  des  té- 
nèbres cet  enfant  de  la  lumière,  et  du  creux 
du  cachot  obscur  celui  qui  devait  bientôt 
être  reçu  dais  le  palais  du  roi  de  la  gloire, 
séjour  d'une  immortelle  clarté.  Les  nœuds 
que  formaient  ses  liens  s'étaient  relâchés  et 
ne  serraient  que  faiblement  ses  bras  amaigris 
e!  exténués  ;  et  les  incommodités  de  sa  prison 
ayant  consumé  une  partie  de  son  sang  dans 
ses  veines  et  dans  tout  son  corps  desséché, 
le  ciel  lui  en  tenait  compte,  comme  s'il  l'eût 
déjà  répandu  pour  lui.  Le  juge  lui  dit  : 
«  Considérez  ,  Symphorien  ,  ce  que  vou§ 
perdez  et  le  tort  que  vous  vous  faites  en  re- 
fusant d'adorer  les  dieux  immortels;  car, 
outre  la  gloire  que  vous  vous  acquerriez  en 
servant  l'empereur  dans  ses  armées,  vous 
pourriez  encore  attendre  de  sa  libéralité  des 
récompenses  proportionnées  à  vos  services. 
Voulez-vous  donc  que  je  fasse  dresser  un 
autel?  Croyez-%ioi,  otfrez  aux  dieux  de  l'en- 


i(^4T 


S\M 


SYM 


I0i8 


cens ,  et  par  des  sarrilices  dignes  de  leur 
majesté  siipr^^me,  rpndtv-les-vnus  favora- 
blt'S.  »  v^yrnphorien  rcpoixlil  :  «  Un  juge  qui 
esl  le  dépositaire  de  l'autorité  du  prince  et 
des  .'ilfairfs  publiques  ne  doit  pas  perdre  de 
temps  en  des  discours  vains  et  frivoles.  S'il 
esl  dangereux  de  ne  pas  travailler  chntiue 
jour  h  acquérir  quelque  vertu  nouvelle , 
•'MUibien  doit-on  plus  a[)prélirniicr,  en  s'é- 
cartant  de  la  droite  route,  d'aller  inconsidé- 
rément se  briser  ci  mire  lesécueilsdesvices?» 
Le  juge  dit  :  «  Du  moins  s:<crilie/,  aux  dieux, 
pour  jouir  des  honneurs  qui  vous  attendent 
«^  la  cour.  »  Svm|)horien  répondit  :  «  Un  jug<; 
avilit  sa  dignité  et  eu  ternit  le  lustre,  lors- 
qu'il se  sert  du  pouvoir  quelle  lui  donne 
l'Our  tendre  des  pièges  h  l'innocence.  Il 
cause  à  son  Ame  un  donnuage  irréparable, 
et  s'expose  à  voir  son  nom  tlétri  d'un  op- 
probr.'  éternel.  Au  reste,  je  ne  crains  point 
la  mort,  puisqu'elle  et  le  temps  nous  doivent 
toi  ou  lard  (Mer  la  vie,  et  que  c'est  une 
dette  ([ue  tout  bonnne  ne  peut  s'exempter 
de  payer  à  Dieu  :  prévenons  ce  moment 
par  le  désir,  et  faisons-nous-en  un  mérite 
auprès  de  lui,  en  la  lui  offrant  de  bfuine 
grAce;  changeons  une  dette  en  un  présent. 
A  quoi  me  servirait  le  repentir  inutile  el 
tardif  d'avoir  tremblé  devant  un  juge  ([ui 
doit  mourir  comme  moi?  Vous  m'ollrez  dans 
une  coupe  d'or  un  breuvage  ({ui,  sous  quel- 
(pie  douceur  apparente,  cache  une  amertume 
mortelle,  et  qui  donne  la  mort  à  ceux  qui 
sont  assez  imprudents  pour  le  recevoir.  Je 
refuse  tous  les  avantages  ipii  me  sont  olTetts 
par  une  antre  main  (]ue  par  la  main  adorable 
de  Jésus-Christ.  Les  richesses  doiU  il  nous 
comble,  avec  une  profusion  digne  d'un  Dieu, 
sont  incorrupiibles;  on  n'en  craint  ni  la 
perle,  ni  la  diminution;  mais  votre  cupidité 
insatiable,  en  voulant  tout  posséder,  ne  pos- 
sède rien  en  ell'et.  La  fragilité  des  biens  de 
ce  monde  ne  nous  atllige  |)oint,  parce  que 
nous  n'y  avons  aucune  attache;  et  la  fortune 
ne  nous  peut  rien  0>ter,  pari  e  que  nous  ne 
tenons  rien  d'elle.  Vo^  plaisirs  et  vos  joies 
sonl  send)lables  à  une  eau  glacée  qui  se  dis- 
sout aux  premiers  rayons  du  soleil.  Tout 
ce  qui  fait  Idbji't  de  vos  dt'sirs  tinit  bicntùl, 
est  sujet  au  changement,  et  est  enlin  en- 
trainé  par  le  torrent  rapide  des  années  dans 
le  vaste  sein  de  l'éternité.  Il  n'y  a  ipie  notre 
Dieu  (pii  puisse  ilonner  uiîe  félicité  durabl(\ 
L'autiqinté  la  plus  reculée  n'a  point  vu  le 
commencement  de  sa  gloire,  parce  que  sa 
gloire  est  avant  tous  hvs  temps;  el  lesderniers 
siècles  n'en  verront  pas  la  lin,  parce  qu'(>lle 
sulisistera  eui  ore  après  lesderiners  >iècles.  » 
«  Le  juge  dit  :  «  Vous  lassez  enhn  ma  pa- 
tience, Symphorien;  et  il  n'y  a  (pie  trop 
longtemps  que  je  vous  ('coule  relever  par 
des  lf)uanges  outrées  la  [missance  chiméri- 
ipn'  df^  jene  sais  quel  r.hrisl.  H  n'y  a  qu'un 
HMit  ijui  serve  :  ou  saciilie/,  tout  présente- 
ment A  la  déesse-mère,  nu,  après  vous  avoir 
fait  passer  p.ir  loule  la  rigueur  de*;  siippli- 
ccn,  je  iiiellriu  voire  tète  aux  pieds  de  U.y- 
bèle.  «  Synq)horien  répon  lit  :  «  Je  crains  le 
Dieu  tout-puissant  qm  m'a  donné  l'Aire  el  la 


vie,  el  je  n'adore  que  lui.  Mon  corps  est  en 
votre  pouvoir,  et  ce  pouvoir  même  ne  sera 
pas  long;  mais,  pour  mon  Ame,  elle  est  indé- 
pendante de  vous  et  de  votre  tribunal.  Souf- 
frez seulement  (jue  je  vous  représente  com- 
bien est  monstrueux  le  culte  que  vous  ren- 
dez à  vos  idoles.  Rougissez  dune  supersti- 
tion si  peu  conforme  hla  ri.ilure  et  h  la  rai- 
son. Etipii  ne  rougirait  en  vovant  une  trou[)H 
de  demi-hommes  mêler  dans  les  transports 
d'une  joie  insensée  la  fureur  a  ver  la  bruta- 
lité, et  faire  d'un  crime  détestable  un  acte 
de  religion?  Qui  ne  rougirait  en  voyant  vo- 
tre Apollon  chassé  honteusement  du  ciel, 
être  réduit  h  garder  les  tioupeaux  du  roi 
Admèle?Quel  dieu  adorez'vous?  Quel  exem- 
ple adorez-vous  en  ce  dieu  qui ,  chantant 
jour  et  nuit  sur  sa  lyre  ses  infâmes  amours, 
aime  à  voir  ses  lauriers  mêlés  de  myrtes  et 
de  roses?  Je  ne  parle  point  de  ces  voix  que 
les  démons,  sous  le  nom  de  cet  Apollon, 
font  sortir  du  fond  d'une  grotte  qui  en  mu- 
git ,  et  du  mlieu  d'un  trépied  qui  en  est 
ébranlé,  lesquels  par  mille  détours  viennent 
elfrayer  vos  oreilles  et  abuser  vos  esprits. 
Mais  quel  aveuglement  vous  fait  adorer  le 
démon  du  midi  sous  l.i  i'gure  d'une  Diane  ? 
Car  c'est  ce  qu'une  curieuse  recherche  a  dé- 
couvert à  nos  saints  docteurs.  Ce  démon  qui, 
jiarcourant  b  s  places  et  les  carrefours  des 
villes,  va  semant  dans  les  cœurs  des  miséra- 
bles mortels  la  discorde  et  l'envie » 

«  S\m[)horien,  en  cet  endroit,  fut  inter- 
rompu par  le  juge  qui.  ne  pouvant  plus  conte- 
nir so'i  dépit,  pronom^-a,  tout  en  désordre,  celte 
sentence:  «  Nous  déclarons Sym[)horien(Ou- 
pable  du  crime  delèse-majcste  divine  et  hu- 
maine, soit  |)Our  avoir  refusé  de  sacrifier 
aux  dieux,  soil  pour  avoir  parlé  d'eux  avec 
peu  de  respect,  soit  enlin  pour  avoir  fait  ou- 
trage à  leurs  sacrés  autels;  pour  réparation 
de  (pioi  nous  le  condamnons  à  mourir  par  le 
glaive,  vengeur  des  dieux  et  des  lois.» 

rt  Comme  on  le  conduisait  au  supplice,  sa 
mère,  vénérable  par  son  Age  et  par  sa  verlu, 
l'exhortait,  du  haut  des  murs  de  la  ville,  à 
mourir  en  vt'rilable  soldat  de  Jésus-Christ, 
et  lui  faisant  «Milernlre  une  voix  (|ui,fra|>- 
|)ant  son  oreille. allait  toucher  son  cieui-.elle 
lui  criait  :  «  Mon  lils,  ne  perdez  point  de  vue 
le  Dieu  pour  quj  vous  mourez;  a\ez-le  ton 
jours  dans  la  [lenst'e;  mon  cher  lils,  ayez  le 
courage  :  la  mort  n'est  pas  îi  craindre  lors- 
qu'elle ne  fail  ipie  nous  conduire  l\  la  vie; 
regardez  le  ciel,  ei  que  votre  cuMir  suive  vo-^ 
yeux  ;  jetez-les  sur  celui  qui  règne.  C'est 
aujourd'hui  (]ue  vous  chaii.^ez  une  vie  su- 
jette i^  la  mort  contre  une  vie  immortelle; 
ô  mon  \\\'>,  l'heureux  éthangeî  » 

Ce  fut  hor>»  des  murs  de  la  ville  que 
ce  bienheureux  mart\rliTiil  sa  sainte  car- 
rière par  la  main  d'un  bourreau  (pii  lui 
sé|)ara  la  tète  du  corps.  Qnelipies  personnes 
de  pii'té  enlevèrent  secrèlemenl  ses  sacrées 
relicpies.  Assez  proche  du  lieu  où  saint  Sym- 
ph"»i  len  sôutl'iit  le  martyre,  la  terre  donne 
passage  à  une  fontaine,  sur  le  bord  de  la- 
quelle on  avait  bAti  une  petite  cellule.  Ce  fui 
\h  (lu'on  mil  le  saint  martyr;  mais  il  n'y  de- 


IOt«) 


SYM 


SYM 


lOfSO 


iiMMiivi  |i;is  Idii^lriiip.s  ciiclh',  cl  les  iiiirarli'S 
(|iir  Dirii  oix'i-fiil  par  lui  l<'  (Iituiivi  ir(<iit 
liM'iilAl.  i. es  païens  iiii^ini's,  sm-pris  do  tant 
(le  nicivcillns,  n(*  pnrciil  lui  ii-iuscr  leur  vt'f- 
m'ialinu.  »  (ituiuail.) 

(l'csl    lo  til   .'Kll^l   (pu-  ri'l;J,li.si'  llniioïc    1,1  Ml('!- 

nioiro  do  saint  Syniphoiicn. 

SY,\iril()mi':N'(sainl),  l'un  des  dcnx  (ils  d.» 
saint  (llandc,  ^cAluM'.sc  nonniiaitaussi  l'V-liv 
(»u  iM'Iicissiiuc.  I,('(pu>l?  on  ri;;;n()ir  :  il(*  là, 
conliision  dans  l(>s  Ados  do  sanil  S(''l»asli(Mi, 
))ù  il  est  dit  (pi(>  (u^  dornior  saint  l'ut  luar- 
Ivi'is»'^  h  llciino  avc'c  son  ix'^ro,  ot  onsiiilo 
(pio  saint  V6\\\  ot  saint  I'(''li('issinu',  dont 
lin»  (Mait  ovidcnuiionl  ,  d'apii^'s  les  Actes, 
ce  nu^nie  saint  Sclia.^lien,  rurent  niaitM'isi'.s 
dans  la  Cainpanio.  [Voij.  les  Aolcvs  do  saint 
Si.iivsiu'N  i\  son  article.^,  (Juoi  (pi'il  on  soit, 
oelni  des  dcu\  lils  de  saint  ("daude  (pii  so 
noniinail  S(H)astion  l'ut  pris  aveo  sou  pùro  ol 
les  saints  Nit-oslrato,  ('astoi'(>  ot  >'icloi'iii,  on 
olioccliaut  los  corps  do  sainte  Zoé  cl  de  saint 
Tianquilitn,  (lui  avaient  été  niartyi'isés  par 
les  peiséciilours.  (^mdnit  devant  le  nouvoau 
pi'cl'et,  (pu  se  noiiuiiait  l'"al»icii,  il  lut  île  sa 
part,  pendant  dix  jours,  l'objet  d'obsessions 
do  toutes  sortes,  (pii  ne  servirent  (pi'à  iniui- 
trer  combien  sa  loi  était  inc'branlahle.  Sur 
l'ordre  des  enifiereurs  Dioclétion  cl  Maxi- 
nii(MU  tous  ces  saints  i'uriMit  mis  trois  lois  à 
la  (pieslion,et  ensuite  piéci[)ilés(lans  la  mer. 
Ce  l'ut  un  17  juillet.  Le  Martyrologe  romain 
l'ait  la  lete  do  saint  Sébastien  le  7  do  ce 
mémo  n)ois.  (Pour  lesdétails,  voy.  Skuastien.) 

SYMPHORIEN  (saint),  martyr,  était  scul()- 
teur  cl  Kouu\  en  30V,  sous  l'empereur  Dio- 
clétion; il  refusa  de  faire  des  idoles^  et  fut 
mis  à  mort  à  cause  do  cela.  D'abord  il  fut 
mis  en  |)rison,  ensuite  déchiré  avec  des 
fouets  garnis  depoinles  de  fei",  |)uis  précipité 
dans  la  rivière.  Sa  fête  a  lieu  le  8  novembre. 

SVAJPHOROSE  (sainte), seconde  femme  de 
Claude,  geôlier  préposé  à  la  garde  des  chré- 
tiens ,  que  le  ()réfet  de  Rome  Chromace 
avait  fait  arrétiu'  en  28i,  pentlant  que  Rome 
était  encore  sous  la  domination  de  Carin,  se 
convertit  avec  son  mari,  eu  entendant  saint 
Sébastien,  et  en  voyant  les  miracles  qu'il 
opérait  dans  la  prison.  Lorsque  Chromace 
lui-même,  miraculeusement  guéri  de  la 
goutte,  se  fut  converti  ot  eut  renoncé  à  sa 
charge  et  aux  honneurs,  il  offrit  aux  chré- 
tiens un  asile  durant  la  persécution  ,  dans 
les  domaines  qu'il  avait  on  Camiianie.  Ce  fut 
laque  plus  tard,  en  286  environ, sainte  Sym- 
phorose  fut  misi^  à  mort  par  les  [)ersécuteurs, 
avec  les  saints  Ariston,  Crescentien,  Euty- 
chicn,  Vital,  Urbain,  Juste,  Félix,  Félicis- 
sime  et  sainte  Marcie.  Les  Latins  honore.it  la 
mémoire  de  tous  ces  saints  martyrs  le2juil- 
let.  {Voy.  Sébastien.) 

SYMPHOROSE  (sainte),  et  ses  sept  m. 
«  L'empereur  Adrien  ayant  fait  élever  à  Ti- 
bur  un  palais  magnifique,  il  voulut  le  dédier 
avec  les  cérémonies  que  les  païens  obser- 
vaient en  ces  rencontres.  11  oÛ'iit  des  sacri- 
ticos,  il  consulta  ses  dieux  touchant  la  du- 
rée de  ce  superbe  édifice ,  et  il  attendait 
quelque  réponse  favorable,  lorsqu'il  reçut 


c((||e-ci  :  "  Piiiice  ,  nous  ne  pouvoijH  «nlis- 
■<  faire  votre  curiosité  «pio  vous  n'ayez  fait 
'<  cesser  l'insiilto  (pu-  nous  l'ail  une  vciivo 
«  clirélieiitif  m  inxoipiaiil  son  Dieu  en  no- 
•'  Ire  pré'seiKM'.  Elle  so  noiiuuo  Sympliorose, 
«  et  ollo  est  nièri»  ele  sept  lils;  f/iiles  (pTcllM 
<<  nous  oll're  de  lencens,  et  nous  répondroii» 
Il  h  vos  demandes.  i< 

«  Adrien,  sonsiblcmcnt  IoiicIh'-  de  l'ou- 
trage qu'on  faisait  à  ses  dieux,  comiiianda 
«lu'on  so  saisit  do  Sympliiuose  f\  de.  ses  ori- 
lanls.  Il  se  los  lit  amener  devant  lui,  cl,  cn- 
cliaiil  son  indignalion  sous  nue  douceur  ap- 
laronlo,  il  n'employa  d'aiiord  (pjo  dos  paro- 
(>s  llatlouses  pf)nr  les  porter  à  sacrilier  aux 
idoles.  Mais  .Sviii|i|iorose  ,  nh.'iiio  du  Dieu 
(pii  la  faisait  parler,  répomlit  h  roinp(;rour 
en  ces  teriuos  :  «  Soigneur,  j'ai  (ii  pour  mari 
el  jioiir  beaii-frèie  deux  olliciers  do  vos  ai- 
iiKios;  l'un  el  laiilro  avaient  l'hounour  de 
commander  vos  soldais  :  ils  étaient  tribuns. 
ils  ont  doiiiK'  leur  vie  pour  .lésus-(^lnisl,  et 
ils  ont  mi(Mix  aimé  endurer  milli!  tourments 
(pie  de  bri'llor  un  seul  grain  d'encons  devant 
les  démons  ipio  vous  adorez,  ils  sont  morts, 
enfin,  après  avoir  vaincu  ces  mêmes  démons  ; 
et  si  leur  trépas  a  élé  honteux  devant  les 
homm(!s,  il  a  été  honorable  dt.'vanl  losanges. 
Us  sont  maintenant  couronnés  d'un  éclat  im- 
mortel ;  ils  vivent  dans  le  ciel,  et  suivant 
|>artout  le  grand  Roi  qui  y  règne,  ils  mar- 
chent couverts  de  gloire,  parmi  les  trophées 
qu'ils  se  sont  élevés  en  mourant  pour  lui.  » 

«  Adrien  ,  pit|u6  jusqu'au  vif  d'une  ré- 
ponse si  généreuse,  ne  put  se  contraindre 
davantage.  «  Ou  sacrifie,  lui  dit-il,  à  l'ins- 
tant aux  dieux  tout-puissants,  ou  moi-même 
je  te  sacrifierai,  avec  tes  enfants,  à  ces 
dieux  que  tu  méprises. — Et  d'où  me  vient  ce 
bonheur,  s'écria  Symphorose,  de  pouvoir 
être  immolée  huit  fois  à  mon  Dieu?  —  Je  te 
le  dis  encore,  interrompit  Adrien,  je  te  sacri- 
fierai à  mes  dieux.  —  Vos  dieux,  réjjliqua 
cette  admirable  veuve,  ne  peuvent  me  rece- 
voir en  sacrifice  :  je  ne  suis  pas  une  victime 
pour  eux;  mais  si  vous  ordonnez  ([uo  je  sois 
biûlée  pour  le  nom  de  Jésus-Christ,  mon 
Seigneur,  sachez  que  le  feu  qui  me  consu- 
mera no  fera  qu'augmenter  celui  qui  fait 
leur  sui)plice.  —  Choisis,  te  dis-je,  reprit 
brusquement  l'empereur;  ou  sacrifie,  ou 
meurs.  —  Vous  pensez  sans  doute  m'épou- 
vanler,  repartit  Symphorose  ;  non,  non,  vos 
menaces  ne  rae  feront  point  changer  de  sen- 
timents; je  ne  serai  jamais  assez  tôt  réunie 
à  mon  époux.  Vous  l'avez  fait  mourir  pour 
avoir  confessé  Jésus-Christ;  qu'attendez- 
vous?  me  voilù  prête  à  mourir  aussi  ;  j'adore 
le  môme  Dieu.»  Alors  l'empereur  commanda 
qu'elle  filt  conduite  devant  le  temple  d'Her- 
cule, qu'on  lui  meurtrît  lo  visage  à  coups 
de  poing ,  et  qu'on  la  suspendit  ensuite 
par  les  cheveux.  Mais,  apprenant  que  ces 
tourments  ne  servaient  qu'à  l'affermir  da- 
vantage dans  la  foi,  il  la  fit  jeter  dans  le 
fleuve.  Son  frère  Eugène,  qui  était  un  des 
principaux  du  conseil  de  Tibur,  la  relira  de 
l'eau  el  l'enterra  dans  un  faubourg  de  cette 
ville. 


4051 


»T?< 


SYR 


4052 


a  Le  leMil»'niam  ,  Adrien  unio ma  qaon 
amt^nAt  on  sa  présence  les  sept  tils  de  Syni- 
phornse;  et,  voyant  ipi--  ni  Sfs  incnacos,  ni 
SCS  promesses,  ni  l'appareil  «les  plus  allVeuA 
supplices  qu'il  til  étaler  h  leurs  yeux,  ne 
pouvnit'nt  éi)ra')lt>r  li  i-o'stancc  de  ces  gt'- 
nérf-ux  t'rèros,  ni  les  porter. i»  sarrilicr  aux 
idolos.  il  tit  planter  sept  pieux  autour  du 
teinnie  d'Hercule,  où  on  les  élcriilit  avec  di.s 
poulies.  Ce  cruel  prince  prit  plaisir  à  diver- 
silier  leurs  tourin.'nls.  (rescence,  l'niné  de 
tous,  l'ut  perci'  d'un  coup  d'épée  dans  la 
gorg(!;  le  serond.  nouuné  Juiien,  eut  la  poi- 
Irino  piipn'-ede  plusieurs  poi  îles  de  fer  qu'on 
y  enfonça:  Néiuèse  recul  un  coup  dans  le 
cœur;  Primitif  fui  frappé  dans  Teslomac;  on 
rompit  les  reins  h  Justin;  on  ouvrit  les  co- 
tés h  Strnctées:  et  Kii:;f>ne,  le  plus  jeune,  fut 
fendu  d' puis  le  liant  jusqu'en  bas.  Li;  jour 
^iii  suivit  la  raort  de  ces  heureux  frères, 
Adrien  ,  (Uanf  venu  au  temple  ,  coinnianda 
qu'un  enlevât  leurs  corps,  el  qu'on  les  jetât 
dans  une  fosse  profonde.  Le  pontife  et  les 
sacriticateurs  du  templ  d'Hercule  nommè- 
rent ce  lieu  les  Sept-Biothanates,  c'ot-à-dire 
les  sept  suppliciés. 

«  Leur  sang  éteignit  la  persécution,  qui 
ne  se  rolluma  que  dix-huit  mois  aprè^.  Les 
chrétiens  employèrent  ce  temps  de  i»ai\  à 
rendre  aux  sacrées  reliques  des  martyrs 
l'honneur  qui  leur  est  drt,  et  on  les  enferma 
dans  de>  tombeaux  que  la  piété  des  fidèles 
leur  éleva  en  plusieiirs  endroits  du  monde. 
L<Mirs  n(Hn"^  furent  gravés  sur  ces  monu- 
D)enls;  mais  ils  le  sont  dans  le  livre  de  vie, 
avec  des  cirîctères  de  lumière  que  le  temps 
ne  pourra  jamais  eU'acer.  Le  martyre  de  sainte 
Sym  horose  et  de  ses  sept  tils  est  honoré 
par  l'Eglise  le  18  juillet;  leurs  corps  repo- 
s»nit  sur  le  (  hpinin  de  Tihur,  ii  huit  milles 
de  H»-, Me.  »    Huinarl,  I"  vol.) 

SY.MPHUONE  (saint), eut  le  glorieux  avan- 
tage de  r  fiandre  son  sang  en  Afriiiue  pour 
la  défense  de  la  religion  chri'-^ienne.  Il  eut 
pour  rnm  agnons  de  ses  soulTrances  les 
saints  Félix,  H  ppolyb;  et  leiu's  compagnons, 
dont  malheureusement  les  noms  ne  sont 
jtoiiil  parvenus  jus([u'?>  nous.  Nous  ne  pos- 
sédons point  d'autres  détails  aulhenlirpies. 
L'F.;lise  fait  collectivement  leur  fôle  le  '}  fé- 
vrier. 

SYMPIIHONirS  (saint),  mourut  martyr 
daiiN  la  capitale  iJu  monde  chrétien,  dans 
celte  cité  ilont  les  fondements  éternels  de- 
vaient être  arrosés  par  le  sang  de  tant  de 
chrétiens.  Ce  fut  durant  la  nerséculion  de 
l'cnupereur  Trajan  qu'il  eut  le  bonheur  de 
verser  son  sang,  avec  saint  Théodulc  el  les 
saintes  Olympe  el  Exupérie.  Nous  man- 
q  ions  de  document  sur  Ions  ees  saints. 
L'Eglise  fait  leir  fête  le  2'>  juillet. 

SYNDIME  (said).  martyr,  cul  la  ploin?  de 
verser  son  san*'  h  N coinédie,  pour  la  dé- 
fende di>  la  religion.  Il  ent  pour  compagnons 
lie  ses  combits  s;iiul  Cyria  pie  ,  saint  Pau- 
lille,  saiid  Se-ond,  saint  At;astase,  el  d'au- 
tr  s  saiuts  doul  les  noms  soûl   inconnus. 


L'Eglise  honore   leur   mémoire   le    19  dé- 
cembre. 

SVNÈSE  fsainf\  martyr  h  Rome,  ayant 
été  ordonné  lecteur  du  temiis  du  pape  saint 
Xisle,  convertit  beaueoupd'iidldf'les.  .\rcusé 
devant  l'empereur  Aurf'lien  ,  il  fut  frappé 
d'un  cou[)  d'épée,  et  renit  la  couronne  du 
martyre.  fTextu»'llenu}nt  e\irnit  iu  Martyro- 
loge romaiT.)  Hermaruius  (j-)n(ractns  dit 
qu'en  l'an  8-30  o n  appf)ria  dans  l'Ile  d'Auge, 
près  Constance,  les  reliques  de  ce  saint.  Ce 
sont  les  Citées  qui  les  premiers  ont  honoré 
saint  Synèse;  mais  son  histoire,  dans  les 
menées, est  excessivement  mauvaise;  U.;hil- 
lus  parait  en  avoir  extrait,  (tour  son  Méno- 
loge,  ce  qui  était  soulenable  et  a  Imissible. 
L'Eglise  romaine  fait  la  fétc  de  ce  saint  le 
12  décembre,  comme  l'Eglise  grecque. 

SYNÈSE  (>aint),  reçut  la  palme  du  mar- 
tyre avec  saint  Thi'opompe  :  on  ignore  en 
quel  lieu,  à  qui  Ile  épo  juc  et  dans  quelles 
circonsiances.  L'Eglise  fait  collectivement 
leur  fête  le  21  mars. 

SYNNADE,  ville  de  Phrygie.  En  l'ann-'^e 
276  environ ,  sous  l'empire  de  Probus.  le 
gouverneur  Dionvsiiis  P-n-eiiMius  y  avait  fait 
mettre  en  |>risou  saint  Troi  liime  ,  (lue  son 
vicaire  Héliodoie  lui  avait  envoyé  liAntio- 
che  de  Pisidie.  Ayant  ajijiris  qu'un  sénateur 
de  la  ville,  nommé  Dorymédon  ,  allait  ren- 
dre ViSite  au  saint  dans  sa  prison,  il  Ht  cre- 
ver les  yeux  de  saint  Trofihime;  ensuite  il 
exposa  les  deux  saints  aux  bétes.  Yoyanl 
quelles  ne  voulaient  pas  leur  faire  de  mal, 
il  ordonta  que  ces  deux  serviteurs  de  Dieu 
fussent  décapités,  ce  qui  eut  lieu  le  1*J  sep- 
tembre. 

SYNOPE,  nom  d'une  petite  ville  de  Syrie 
q\ii ,  durant  la  persécution  de  Trajan,  vit 
mourir  martyr  son  évoque,  saint  IMiocas, 
sans  que  l'histoire  nous  dise  comment  ar- 
riva sa  mort  et  quelles  en  furent  les  cir- 
constances. Un  autre  sii  ;t  Plirtcas  mourut 
dans  celle  ville  pour  la  foi .  au  temps  de 
Dio(  li'tien,  ei  l'année  303:  il  était  jardinier. 
{Voi/.  Puocvs.) 

SYOrH  fsaint).  souffrit  de  nombreux  tour- 
ments jioin-  Jésus-llhrist  h  Anlioche.  Saint 
Palatin  fut  le  compagnon  de  ses  soulTrances. 
L'Eglise  fait  leur  fête  le  3il  mai. 

SYHACrSi:,  capitale  de  la  Sicile,  en  304, 
du  tmnps  de  la  persécution  de  l'empereur 
Dioclétien,  avait  pour  goviverncur  lui  nouuné 
Past^hase,  homme  ignoble  et  féroce,  qui  <  on- 
danma  s.iintr»  Luie  h  mort  pour  cause  de 
c!iristianis;ue.  Avant  de  la  faire  touruu'n- 
ter,  il  l'avait  fait  exposer  dans  un  lieu  de 
prostitution;  mais  Dieu  n'avait  pas  permis 
qjie  cette  jeune  vierge  subit  les  outrages 
que  les  pt^rs'cuteuis  lui  destinaient.  Nul 
n'osa  s'approcher  d'elle.  Cetle  condamnation 
"e  frappa  que  le  scélérat  qui  lavait  portée. 
La  cruauté,  notis  la  concevons  :  elle  est  tille 
de  tous  les  fuialis  iie>  religieux  ou  politi- 
ques ;  la  lAeheté  d'un  tel  fait  est  au-dessous 
i;e  tous  les  autres  crimes. 


I0j5 


lAC 


TAC 


iOS4 


TAnAKATI  MUNDO  (In  l)i(-iilioiinMiv 
Aihiiicn),  lïil  iiiJ»rl,\  i'is<'  aii  J.ip<tn  ci  Mil.'l, 
(i.iii.s  lu  ro|iiiiitii>  (lAiiiiia,  avec  Jc.i-iih'  sa 
loiniuo,  sa  liJIc  Ma^io-^^l(l('^oillo ,  vitT^o 
voik'o  /m  Sfi,:i;ii(Mir,  (>|  .Inclines  so  i  lils,  Aj^ô 
(In  (l<)ii/(>  a'us,  LtMii  'l'aniicdoiiii  (liiiiii'niO'i, 
son  lils  l*an|,  ,'\j;,(' (In  vinj;l-8n|il  «ns,  Kaiiixiiia 
Kii;!,ii  .(''mon  (M  s.i  rcniiiin  Marllm.  ils  riiiciil 
colldaiMiK-s  loiis  jiu  sii|<|ilii-n  du  l'i'ii.  ()|i  jtniil 
voir  les  dnlails  dn  Innr  mailyro  au  lilm 
1'"aiii\ii»\  l.n(;iiYi:MO'>  (l-i'-oii). 

TACiri'l  (('.  ('i>rii(litis  Tni'ilus),  l'criviiiii 
et  liisUti'it'ii  i nl('>in' ' ,  iKuinil  h  llnraiiiiin  nii 
Oiuhi'in,  vers  laii  dn  .h'siis  ('iiiisi  ;i'i.  Bnaii- 
coiiji  dn  sns  uiivi'af;('s  sont  pnidiis.  Dans  ses 
Annales  (xv),  il  apitroiivo  la  (>nr.snciilion  dn 
ISércxi  coiilrn  Ins  ihri'liniis.  On  voit,  à  la  \é- 
gèi'lù  ni  il  l'ignoraïuo  avnn  Inscjunllns  il 
parle  d'<'iix  ,  (jn'il  uc  s'ciiait  pas  (Jonné  la 
i)nMjn  dn  It's  ( onnaîlrn.  II  laiinn  couIim;  eux 
uiin  acciK>al!On  (|un  riiislolKi  tout  nnliè're 
rnpousse,  c'est  cnlln  d'ùtrc  dôlalnurs  dn  leurs 
frères.  Nous  avons  f  ;il  jnslii-e  ailleurs  de 
celti^  cal   ni  lin.  [Voif.  INkuom.) 

TACUliNUA    (In  binnlmurnux  ),    mourut 
martyr  «u  Japon  en   IMYl.  Il  (Mail  un  des 

triuLi[)aux  snij^'itun-s  du  loyaunu;  dn  FiMgo. 
n  roi  chrélinii  dn  en  pays  étant  mort,  et  un 
idolâtre  lui  ayant  sui;cédi},  en  deriiinr  rnsolut 
d'oblignr  tous  les  chrnt  ens   de  sns  Elats  à 
adornr  les  inônies  dieux   que  lui.   Voyant 
qu'ils  rnt'usainnl,   il  résolut  dn  nomnicncer 
{)ar   ins    plus  éinvns  nu  dignité.   Il    choisit 
d'abord  Jean  Minaaii  el  Sinioi  Tacunnda. 
Les  aiuis  des  dnux  sainis  (ii-e  U  aujîrns  d'eux 
toul  en  que  leir  amitié  mal  entendue  pou- 
vait leur  suggérer  poui'  les  poilnr  à  obéir  au 
roi,  à  faire  quniquo  chose  qui  fût  au  moins 
\ino  mar(pie  de  soumission.  Mais  ces   con- 
seillers ayant  vu  que  les  épouses  dos  deux 
confesseurs  étaient  les  premières  à  les  en- 
gager <i  (inrsislnr  dans  la  foi ,  en  référèrent 
au  roi,  (.jui  ordonna  que  Minami  et  Tactienda 
fussent  conduits  à  Guiiamoto  pour  y  avoir 
la  tète  tranchée,  et  leurs  épouses  pour  y 
èti'e  crui  ifiées.  Au  titre  de  .Mixami,  on  peut 
voir  comment  ce  généreux  chrétien  alla  pour 
ainsi  dire  au-devant  des  ordres  du  roi,  et 
comment ,  après  avoir  fait  tout  son  possible 
pour  le  vaincre,  le  gouverneur,  qui  était  son 
ami,  le  lit  d  ''caiiiter  à  la  suite  d'un  repas, 
daLis  une  chambre  de  son   palais.  Ce  jour 
mt'^me  le  gouverneur  se  rendit  à  Jateuxiro 
l)oury  trouver  Tacunnda,  à  qui  il  avait  d'a- 
vane  écrit  sa  venue,   lui  annonçant  qu'il 
était  désireux  d'avoir  un  entrelien  avec  lui 
en  présence  de  sa  mère  et  d;'  sa  femme.  En 
eniranl  chez  lui,  il   comme  iga  à  pleurer; 
Tai:uenda  lit  de  même  Jeanne,*  mère  de  ïa- 
cuerda  ,  étant  venue,  le  gouverneur  lui  dit 
qu'incnssammnnl  il  allaii.  trouvnr  ie  roi  pour 
lui  rendre  rompt  ■  de  ce  qui  allait  se  passer, 
et  qu'il  comptait  sur  sa  sagesse  i)our  enga- 
ger son  lils  à  ne  pas  persister  dans  son  obsti- 


nation. «  Soyez  srtr,  réponditello  ,   qur»  je 
l'eiai   poin-  mon  bis  (•<!   (pm  j'aiiionr   d'nno 
bonne  mnrn  n\i.;n  :  jn  s;ds  nw  rii  n  ,   ni  les 
biens  de  vv  mon'ln,  ni  bi  vie  m(^mn  no  .sont 
capables  (|(>  payer  In  b-irdnMr  ('IciimI.  —  Sn- 
cbezdcMic,  loi  dii  l((  gonvernnur,  (jnc  de  son 
rnl'iis  dépend  su  vie  ,  el   vous  iwivf/.  In  doii- 
lenr  de  le  voir  dérapiinr.       V](ïl  an  nid,  dii 
JeaiUK!,  qu(!  je  piiss(!  verser  mon  sang  avec 
I.'  sien.  Si  vous  |iouve2  vous  employer  [lOin- 
(pM'    (C  bo  ihcin-  nous  arriv((  h  Ions  deux, 
vons  nous  aurn/  rendu  le  ()lus  grand  service; 
(pi'im  puisse  attendre  i(;i-t)as  d'nn  mortel.  » 
l.e  gouverneur,  jeté  dans  !a  slnpérnclion  par 
celle  iépons(!  coiragciuse ,  crut  (pi'(ni  sépa- 
rant son   ami  de  (relln  vertueuse  f(  mme  il 
viendrait  plus  f,ieilem(M)t  à  bout  de  vaincre 
sa  ;ésolntioii  :  il  l'ni.vo^a   chez  un  païen  de 
leurs  amis  communs.  Lh  on  fit  toul  ce  qui 
était  humainnmenl  possible  do  tenter  pour 
amenei-    Tacuenda   à    d'autres  sentiments  : 
tout  fut  imitile.  Le  soir  étant  venu  ,  le  gou- 
vernein-  envoya  [)rès  de  lui  un  dn  ses   pa- 
rents, avec   mission  dn  faire  dos  tentatives 
nouvelles  pour  le  séduire  ou  bien  do  le  dé- 
ca[iitnr.  Ln  pamnl,  n'ayant  pas  réussi  dans  la 
])reu)ière  partie  de  sa  mission,  dut  accom- 
plir la  seconde.  Avant  de  lui  donner  le  coup 
mortel,  il  lui  accorda  quehjuns  instants  pour 
faim  sa  prière.  Tacuenda  en  [irolita  pour  al- 
ler (Jans  l'appartement  de  sa  mère  et  dans 
celui  de  sa  femme  leur  dire  l'excellente  nou- 
velle qu'il  venait  d'a:i[)rei,drc.  Los  deux  fem- 
mes, qui  élaient  au  lit,  se  levèrent  et  vinrent 
préparer  elles-mèm!>s  tout  ce  qui  était  né- 
cessaire poui'  l'exécution.  Leur  visag  •,  pen- 
dant tout  ce  tenjps-h\  ne  laissa  voir  que  l'é- 
motion que  leur  causait  leur  joie.  Comme 
l'arrêt  les  coniJamnait  à  être  témoins  du  sup- 
plice, elles  étaient  dans  l'obligation  d'y  as- 
sister. Lorsque  tous  les  préparatifs  furent 
terminés,  Agnès,  se  jetant  aux  pieds  do  son 
époux,  lui  témoigna  le  désir  qu'il  lui  coupAt 
les  cheveux,  disant  que  si  on  no  la  faisait 
pas  mourir  api-ès   lui,  son  inionfion  était 
d'entrer  dans  la  vie  religieuse  el  de  renon- 
cer au  monde.   D'abord  Tacuenda  sembla 
épr(puver  queUiue  r.  pugnance  à  le  faire  ;  ce 
fut  à  ce  moment  qu'un  gentilhomme,  nonuiié 
Figida,  qui  avait  eu  le  malheur  de  renoncer 
au  christianisme,  ayant  aj)pris  la  condamna- 
tion de  Tacuenda,  entra  chez  lui.  Il  fut  ex-  ' 
cessivement  surpris  de  la  joie  qui  éclatait 
sur  tous  les  visages;  car  il  ignorait  la  dou- 
ceur qu'on  éprouve  à  mourir  pour  Jésus- 
Christ.  Ce  spectacle  de  femmes  en  prière,  de 
domestiques  occupés  à  tous  ces  pré])aratifs 
de  mort,  de  chrétiens  qui  consoiaiem  ceux 
qui  ne  croyaient  pas  pouvoir  en  cette  cir- 
constance mourir  pour  J;  sus-Christ,  qui  fé- 
licitaient ceux  qui,  au  contraire,  allaient  re- 
cevoir la  couronne  du  martyre,  tout  cela  l'é- 
mut profondément.  Il  se  jeta  au  cuu  de  Ta- 
cuenda et  promit  qu'il  allait  réparer  le  scan- 


1055 


TAN 


TVR 


lor,6 


dalo  nn'il  nvnif  doniK'',  ot  revenir  ?»  In  reli-      'If^orgion  de   nnuon.    [Voy.    l'article  Joi  r- 
nion  tin  rJirist.  Tanieiida  remercia  Dieu  do      dvin.  ) 


lui  avoir  donné  cette  d ornière  consolation 
avfliit  sa  mort,  ot,  ayant  arliové  ses  prières, 
einhrassè  sa  mère  ot  sa  feinmo,  c">ngôdiè  ses 
doniesti([nes ,  il  présenta  sa  tête  à  loxécu- 
tour,  qui  la  lui  abattit  d'nn  seul  roiip  ,  le 
9  dèeeinhre.  h  doui  heures  du  matin. 

TAGASTE,  ville  ruinée  de  Numidie,  est 
célèbre  dans  les  annales  des  martyrs  par  les 
soutlVancos  et  la  mort  qu"y  endura  rovùque 
saint  Firme. 

TACiH ,  |>rinre  arménien  de  la  famille 
Aravéléiank,  fut  l'un  de  ceux  qui  souffrirent 
volontairement  la  captivité  pour  Jésus-Christ 
sons  le  règne  d'Hazi^uord, deuxième  du  nom, 
roi  de  Perse  ,  ot  qui  ne  furent  remis  on  li- 
berté et  renvoyés  en  leur  pays  que  huit  ans 
après  la  mort  de  ce  prince,  sous  le  règne  de 
son  tils  Bérose.  (Pour  plus  de  détails,  voy. 
Princes  arméniens.) 

TAICOSAMA  ,  souverain  séculier  du  Ja- 
pon, avait  été  esclave  ;  bionlùt  il  devint  fa- 
vori et  lieutenant  d'un  général  qui  s'était 
emparé  do  plusieurs  provinces.  En  I.'îSS,  il 
s'empara  de  toute  l'autorité,  no  laissant  au 
dairi  ({ue  la  puissance  spirituelle.  Ce  fut  sous 
son  règne  qu'eut  lieu  la  })remièro  persécu- 
tion sérieuse  au  Ja[)on,  et  voici  dans  quelles 
circonstances.  Un  navire  espagnol  ayant 
échoué  sur  les  côtes,  fut  capturé,  et,  suivant 
l'habitude  du  pays,  conlisipié  au  protit  de 
rom[)orour.  Le  {)iloto,  qui  voulait  éviter  cela, 
s'imagina  qu'il  y  parviendrait  en  donnant 
aux  Japonais  une  grande  idée  de  la  puissance 
du  roi  d'Espagne.  Il  prit  donc  une  mappe- 
monde et  fit  voir  au  ministre  de  l'ompireur 
quelles  inunenses  contrées  obéissaient, dans 
les  deux  iién)is[>hères,  h  la  puissance  es[)a- 
gnole.  Celui-ci  lui  ayant  demandé  comment 
son  souverain  faisait  pour  se  rendre  maitie 
de  tant  de  |)avs  :  «  Kion  do  (dus  facile,  lui 
dit  le  pilote  :  le  roi  envoie  dos  missiomiaires 
qui  convertissent  h  notre  religion  une  paitie 
des  habitants  du  pays;  après  cola,  il  envoie 
des  soldats  qui,  se  joignant  aux  missionnai- 
res et  aux  habitants  clirétiens,  viennent  aisé- 
ment il  biiut  de  soumettre  les  autres.  )>()n 
conçoit  quelle  impression  dut  faire  sur  l'em- 
pereur une  send)lable  imprudence;  cette 
improsion  fui  (elle  qu'il  lit  arrêter  innné- 
diatomenl  plusieurs  missionnaires,  (|ui  fu- 
rent marlvrisos  à  Naoga/aqui  on  l.'iOT.  Il  ex- 
pulsa prexpu;  tous  les  aulics  de  ses  Etats. 
Ceux  (pii  restèrent  ne  le  liront  (pi'on  se  ca- 
chant. Taicosama  mourut  l'année  d'a[)rès. 
(Voy.  Japon.) 

tAILLEU  ,  MvpF.i.F.iNE  ) ,  religieuse  du 
Saint-Sacrement  ;i  Itulèiio,  i^érit  sur  l't  cha- 
faud  le  '.>juillel  I7'.»'|,,  avec  Mario  de  Conès- 
Chansollo,  religieuse  du  niAme  ordre,  Louise 
Eltiso,  converse  au  mènu'  couvent,  et  Eli'o- 
nore  do  Justamon  ,  religieuse  de  Saiuto-Ca- 
thorine  d'Avignon. 

TANA,  ca()ilal  •  do  l'ilo  Salsolte.  dans  l'Inde 
inglaise,  près  de  Uomb.iy ,  «•(•lèbre  par  le 
martyre  dos  saints  franciscains  Thomas  de 
ToU'ntino,  Jarqiies  do  Padniio .  Pierre  de 
Sienne  et  lu  trèro  lat  Démétrius  de  Titlis, 


TANGEU,  ville  de  la  Mauritanie  Tingi- 
tane,  sur  le  détroit  lie  Gibraltar,  était  la  ré- 
sidtMico,  sous  Dioclélion,  on  298,  du  lieute- 
nant du  préfet  du  prétoire  ,  nommé  Aurèle 
Agricolaii.  Ce  magistrat  condamna  à  mort 
saint  Marcel,  centurion,  et  saint  Cassien, 
gredior,  qui  furent  tous  deux  exécutés  dans 
la  ville.  [Voy.  Marcel,  centurion;  Cassie^j, 
groflier.) 

"TAPI A  (Jean  de),  frère  mineur,  fut  mar- 
tyrisé on  l.'Joo  pour  la  foi,  dans  le  val  de 
Guadiana,  par  les  Chichimèquos  ,  avec  Ber- 
nard Cosin,  religieux  du  même  ordre,  Jean 
Sorradn.  cpi'ils  lirent  pi'rir  à  coups  de  tlè- 
ches.  Xhronif/urs  des  Frères  Mineurs,  t.  IV, 
}).  .307  ot  suivantes.) 

TARAISE  (saint  ,  patriarche  de  Constan- 
tii)o|)le, confesseur,  naquit  dans  cotte  ville,  h 
peu  près  au  milieu  du  viii'  siècle.  Son  père 
se  nommait  George;  sa  mère  Eucratie.  "Tous 
doux  étaient  do  familles  nob'es.  Le  iière  de 
noti  0  saint  exerçait  une  charge  des  plus  im- 
portantes de  la  magistrature  ,  ot  jouissiit 
d'une  grande  considération,  à  cause  de  l'at- 
tachement inviolable  (ju'il  montrait  pour  la 
juMice.  Eucratie.  femme  plus  remarquable 
encore  par  sa  haute  piété  que  par  l'éclat  de 
sa  naissance,  voulut  olle-mémô  faire  l'édu- 
cation religieuse  de  son  fds  :  elle  y  réussit 
à  merveille.  Sachant  combien  est  dangereux 
le  poison  du  mauvais  exemple,  elle  enga- 
geait surtout  le  jeune  Taraise  à  fuir  les  m.iu- 
vaises  compagnies.  Le  lils  répondait  admira- 
blement aux  intentions  de  sa  sainte  mère; 
de  bonne  houie  il  laissait  viir  ce  qu'il  pour- 
rait être  un  jour.  Aussitôt  qu'il  entra  dans 
le  monde,  son  savoir  et  ses  vertus  l'y  firent 
admirer.  Bientôt  il  fut  élevé  à  la  dignité  de 
cotisul;  |)ou  do  tonqis  après  il  fut  nommé 
premier  secrétaire  d'Etat,  sous  Irène  et  son 
lils  Conslanlin.  La  connaissance  qu'il  avait 
dn  monde  et  de  ses  vanités  lit  qu'il  ne  se 
laissa  [»as  éi>louir  par  son  [>restigo.  A  la 
cour,  au  milieu  d\i  faste  et  do  la  dissolution 
général»',  il  vivait  non-seulement  comme  un 
chrétien,  mais  encore  conuue  un  religieux. 
A  cette  épo(pie.  l'hérésie  des  iconoclaste>  était 
protégée  successivement  par  Léon  l'Isaurion, 
('onslantin  Copionyuu'  ot  Léon  Chazaro. 
L'impératrice  Irène  ,  femme  de  ce  dernier 
prince,  avait  toujours  conservé  ,  malgn»  les 
grands  di-l'anls  qu'»>llo  avait  ,  un  profond 
amour  pour  la  foi  (  alhnli(nn\  Après  que  son 
mari  fui  mort,  eu  780,*  elle  prit  la  régence, 
gouvernant  pour  son  tils  Constantin,  alors 
.'Igé  seulenuMit  tie  dix  ans.  «  Ce  fut  bientôt 
après  (pir  le  patriarche  Paul,  étant  tombé 
malade,  renonça  ,^  sa  diguib'  le  dernier  jour 
d'aortt  78'»,  indiction' septième,  et  se  relira 
dans  h>  uïonasièro  de  Florus.  où  il  prit  Iha- 
jiit  mouastniuo,  ,^  l'insu  de  l'impératrice 
Irène.  (Juand  elle  l'eut  appris,  elle  vint  le 
trouver  tort  allligéo  ,  amenani  l'empereur 
C<»nstanlin,  son  lils,  ot  lui  demanda  pourquoi 
il  avait  fait  cette  démarche.  Il  répondit,  fon- 
dant 011  larmes  :  «  PIôi  ^  Dieu  (pieje  ne  fusse 
-i  jamais  entré  dans  le  siogo  épiscopal  i^oii- 


tor>7 


lAll 


lAU 


m.'.H 


c(  (I.Mil  (|iii'  cctlc  K;;lis("  (''Lui  t»|i|iiiiiii'u  ,  .s('t- 
«  |>.'ir('M«  (les  aiilnvs  cl  nli.iIlK'iiiMlisro.  „  L'illl- 
lu'-nilrico  lui  envoya  ciisiiilc  les  jiatriccs  cl 
les  |)i'iiii'i|i.'iii\  <lii  si'iiat.  Il  leur  dil  :  ••  Si  on 
«  Ile  tieiil  un  eoncilc  ii>(-uniéni(|ue,  cl  si  ou 
«(  neconiKe  l'erreur  (jui  rè>;ue  ici,  il  n'y  a 
((  point  pour  vous  lïo  salut.  »  Ils  lui  direnl  : 
((  l'oiuipioi  donc  à  votre  éleclion  av(!/.-vous 
u  souscrit  h  la  diMcnse  d'adorci-  It's  iniaj^cs? 
n  —  C'est,  «lil-il,  Cil  tiu(!  je  dcplorci  cl  pour- 
«  (|U()i  j'ai  recours  a  la  pt-nileiicc»,  pnanl 
«  Dieu  (ju'il  ne  ukî  punisse  [)as  comme  évc'S- 
«  (pu'  ptun-  avon-  gaid(^  le  sdcMice  jus(pr;i 
«  jirésent.el  n'avoir  pas  pri^clié  la  vérité  par 
«  la  crainle  de  voire  l'ureur.  Car  si  la  morl 
«  m'avait  surpris  rtMnpIissanl  le  siéi^e  di; 
((  celte  ville,  je  si'rais  cliaru,é  de  l'analluMue 
«  lie  toute  l'il^lise  calli(»li(|uo,  (pii  jette  dans 
.(  les  ténèhres  extiMMcures.  »  Après  celte  dé- 
claration, le  patriarclie  Paul  niourul  cmi  paix, 
foil  regretté  do  l'impératrice  cl  de  tous  les 
gens  de  bien  ,  car  c'était  ini  lionnne  vénéra- 
lile,  dont  les  aumônes  étaient  iunneiisi's  et 
en  ipii  la  princesse  avail  une  conllance  sin- 
guliùre. 

«  Alors  elle  assembla  son  conseil,  où  elle 
appela  des  hommes  versés  dans  les  allaires 
ecclésiastiipies,  et,  après  avoir  invoqué  Jé- 
sus-Christ, elle  délibéra  avec  eux  pour  cher- 
cher un  sujet  propre  ii  remplir  le  siège  de 
Constantino[)le.  Ils  nonnuèrent  tout  d'une 
voix  Tarai>e,  secrétaire  de  rein|)ereur.  L'im- 
pératrice le  lit  a[)|ieler;  mais  il  refusa  et  ex- 
pliciua  ses  raisons.  Enhn  l'impératrice  as- 
sembla tout  le  peu[)le  dans  le  palais  nommé 
Magnaure,  et  dil  :  «  Vous  savez,  mes  frères, 
«  ce  qu'a  fait  le  [latriarche  Paul  :  s'il  vivait 
«  encore,  nous  ne  souUririons  pas  qu'il  quit- 
«  lAt  sa  chaire,  quoiqu'il  eilt  pris  l'habit  mo- 
«  nastique;  mais,  puisqu'il  a  plu  à  Dieu  de 
«le  retirer  de  ce  monde,  cherchons  un 
«  homme  qui  puibse  être  notre  pasteur  et 
«  forlilier  I  Eglise  par  ses  instiuclions.  »  Ils 
dirent  tout  d'une  voix  :  «  Il  n'en  faut  point 
«  d'autre  que  le  secrétaire  Taraise.  —  Nous 
«l'avons  aussi  choisi,  dit  l'impératrice, 
«  mais  il  le  refuse  ;  qu'il  dise  pourquoi  il  ne 
«  reçoit  pas  notre  suffrage  et  le  vôtre.  »  Ta- 
raise exposa  publiquement  ses  excuses ,  et 
dit  :  «  Je  crains  de  me  rendre  si  facilement 
«  à  votre  choix.  Car  si  saint  Paul ,  instruit 
«  dans  le  ciel,  après  avoir  porté  le  nom  de 
«  Dieu  devant  les  [)euples  et  les  rois,  crai- 
«  gnait  encore  d'être  réprouvé,  moi,  quijus- 
«  qu'ici  ai  vécu  dans  le  monde  au  nombre 
«  des  laïques,  et  servant  dans  les  charges 
«  du  palais,  comment  puis-je  ainsi  sans  pré- 
«  paration  monter  à  la  dignité  sacerdotale? 
«  c'est  une  entreprise  bien  terrible;  mais 
«  voici  le  principal  sujet  de  ma  crainte.  Je 
«  vois  l'Eglise  divisée  en  Orient,  nous  par- 
«  Ions  différemment  les  uns  des  autres,  et 
«  plusieurs  sont  d'accord  avec  TOccident, 
«  qui  nous  anathématise  tous  les  jours.  C'est 
«  une  terrible  chose  que  l'anathème ,  qui 
«  chasse  du  royaume  des  cieux  et  mène  dans 
«  les  ténèbres  extérieures.  Rien  n'est  si 
«  agréable  à  Dieu  que  l'union ,  qui  nous  fait 
«  une  seule  Eglise  catholique,  comme  nous 


•<  confessons  dans  le  symbole.  Je  demanda 
«  «lonc ,  mes  frères,  ce  que  jo  crois  «pjo 
"  vous  dé'siie/.  aussi,  sachant  (|ue  vous 
«  /ive/  loiis  la  crainte  de  Dieu  :  je  demande 
><  (pie  remnereur  et  rimpi'iatnce  assemblent 
«  un  (toiicili!  ii'cuménicpie,  atiii  rpie  iioiin  un 
i<  soyons  (pi'un  corps  suus  un  seul  chef,  ipii 
«  est  J('sus-Chiist.  Si  l'euqterenr  et  l'impé-- 
«  ralrice  m'accordent  celle  demande,  jcs  iiio 
«  souinels  à  leurs  ordres  et  à  voire  sulfra^e; 
«  sinon  il  in'esl  iiii|)ossible  d'y  con>«eiilir, 
«  pour  ne  me  pas  reiidrt;  condamnable  au 
«jour  du  jug(!iiienl ,  dont  ni  empereur,  ni 
«  évè([ue,  ni  magistrats,  ni  multilude  d'houi- 
«  mes  MO  |)ourra  me  délivrer.  Heiide/- 
«  moi,  mes  frères,  telle  ré|)onsc  qu'il  vous 
«  plaira.  » 

«  Cl!  discours  de  Taraise  fut  écouté  do 
tout  l(i  |)eiiple  avec  grand  [)laisir,  et  tous 
consenliK'iil  au  concile,  exceiité  (juel(|UO 
neu  de  personnes  déraisonnables  «jui  vou- 
laient le  ditl'érer.  Taraise  lïil  donc  <irdonné 
palriaicht!  de  Conslanliuftple  le  jour  de 
Noél,  25  décembre,  indiction  huitième,  la 
même  année  78V.  »  fFleury,  vol,  III,  p.  KiO.) 

«  Sitôt  (pi'il  fut  patriarche,  il  envoya  ses 
lettres  synodales  et  sa  profession  de  foi  au 
j)ai)e  Adrien,  h  cpii  l'impératrice  écrivit  au 
nom  de  son  hls  cl  au  sien.  Ils  déclarent  la 
résolution  qu'ils  avaient  prise  d'assembler 
un  concile  universel,  et  f)rient  le  pajte  d'y 
venir  pour  conUrmer  l'ancienne  tradition 
touchant  les  images,  lui  promettant  de  le 
recevoir  avec  l'honneur  convenable  ot  de  le 
renvoyer  de  môme;  que  s'il  ne  peut  venir, 
ils  le  prient  d'envoyer  des  hommes  vénéra- 
bles et  savants  chargés  de  ses  lettres,  pour 
représenter  sa  personne.  Cette  lettre  est  da- 
tée du  quatrième  jour  des  calendes  de  sep- 
tembre, indiction  septième,  c'est-à-dire  du 
29  d'août  78i,  deux  jours  avant  la  mort  du 
patriarche  Paul,  avec  qui  apparemment  elle 
l\it^  concertée.  On  en  chargea  Constantin, 
évêque  de  Léontine  en  Sicile,  déjà  connu  du 
pape,  que  l'on  pria  de  le  renvoyer  prompte- 
ment  porter  les  nouvelles  de  sa  venue,  car 
on  supposait  que  le  pape  viendrait,  et  les  or- 
dres pour  le  recevoir  étaient  donnés  au  gou- 
verneur de  Sicile. 

«  Taraise  écrivit  aussi  une  lettre  adressée 
aux  évèques  et  aux  prêtres  d'Antioche,  d'A- 
lexandrie et  de  Jérusalem,  qui  contient  sa 
profession  de  foi  touchant  la  Trinité,  l'in- 
carnation et  l'invocation  des  saints,  la  con- 
damnation de  tous  les  hérétiques,  l'approba- 
tion des  six  conciles  œcuméniques,  et  la 
condamnation  du  prétendu  concile  contre 
les  images.  Enfin  il  les  prie  d'envoyer  au 
moins  deux  légats  pour  tenir  leur  place  dans 
le  concile  avec  leurs  lettres,  pour  concourir 
à  la  réunion  de  l'Eglise.  La  lettre  de  Ta- 
raise au  pape  était  conforme  à  celle-ci. 

«  Le  pape  Adrien  ne  manqua  pas  de  faire 
réponse  à  l'empereur  et  au  patriarche.  Il  dit 
à  l'empereur  :  «  C'est  votre  bisaïeul  qui, 
«  par  le  conseil  dequelquesimpies,  a  ôté  chez 
«  vous  lesimages,  au  grand  scandalede  tout 
«  l'univers.  De  quoi  les  deux  papes  Grégoire, 
«  élant  dans  une  grande  affliction,  lui  écrivi- 


1059 


TAR 


TAR 


10G0 


«  ront  plusieurs  fois  pour  le  prier  de  les  nHa- 
«  blir;  iivus  il  n'eut  aucun  ('"^ard  h  l 'urs 
«  [iriùres.  Ensuite  nos  sainîs  prédécesseurs 
«  Zachnrie,  Ktienne,  Paul  et  l'autre  Etienne 
«  O'it  fait  1,1  même  prière  lux empereurs  votre 
«  aieulet  votre  père.  Je  voussuppliede  même 
«  PMtoute  humilité  de  faireobserveren  (Vrèce 
«  ce  que  nous  pntipiois  en  honorant  les 
rt  imacjcç,  suivant  la  tra  lition  do  nos  pères.  » 
El  ensui'e  :  «  Nous  adcrons  Dieu  en  esprit 
a  et  en  vénh*,  et  nous  n'nvDnsgirdede  fiire 
«  des  divinités  des  images;  ce  n'est  qu  un 
«  monument  de  notre  vénération.  »  Il  traite 
fort  au  lon^;  la  question  et  ajoute  :  «  Nous 
«  avons  pris  soin  de  vous  envoyer  les  pas- 
f  sages  clés  Pères,  qui  recommandent  les 
«  saintes  images,  et  je  supplie  voire  clé- 
ff  menée  du  foiid  du  cœur,  h  genoux  et  pros- 
ff  lerné  à  vos  pied'>-,cO(nme  si  j'étais  présent  : 
«  je  vous  conjure,  dis-j»',  devant  Dieu,  de 
«  fiire  rétablir  les  images  en  leur  ancien 
«  état,  tant  h  Conslantinople  que  dans  les 
«  autres  partiras  de  la  Tirée.  Que  s'il  est 
«  imposs  ble,  5  cause  des  héréti(jues,  de  les 
«  rétal)lir  sans  tenir  un  concile,  il  faut  pre- 
«  niièremenl  que  le  faux  co  iode  tenu  eonlre 
«  toutes  les  règles  soit  anathinnaliaé  en  pré- 
«  sence  de  nos  légats.  Ensuite,  que  vous 
«  nnus  envoyiez,  suivant  la  coutume,  nnedé- 
«  claiation  avec  serment  en  votre  nom,  de 
«  l'impératrice  vdtre  mère,  du  patriarche  de 
«  Conslantinople  et  de  lotit  le  sénat,  (pie 
«  vous  laisserez  dans  le  concile  une  entière 
rt  liberté  et  renverrez  nos  légals  avec  toute 
«  sorte  dhumanilé,  quand  même  on  ne 
«  s'accorderait  pas. 

a  Je  vous  supplie  aussi  de  nous  faire  res- 
«  fituer  en  entier  les  patiimoines  de  Saint- 
«  Pierre  donnés  parles  empereurs  et  les  au- 
K  très  fidèles,  pour  le  lununaire  de  l'église 
n  et  la  nourrifun-  des  pauvres, et  de  faire res- 
«r  tituer  h  l'Eglise  romaine  les  consécrations 
«  des  archevêques  et  des  évèques  qui  sont 
«  de  nfttre  juridiction,  suivant  la  t  adit  on 
«  ancienne.  »  Il  faut  cnlendre  les  évêqu(>s 
d'Illyric,  qui  avait  été  tout  entière  sons  la 
juiidiclion  du  pape,  comme  Sfuis  h»  pape 
Boniface,  l'an  i21;  et  quant  aux  patrimoi- 
nes, ee  sont  ceux  de  (Irèct,'  et  d'Orient. 

«  Le  f»ape  Adrien  ajoine  :  «  Nous  avons 
«  élé  fort  siirprisde  voir{piedans  voirc  It'ftrc 
«on  donne  h  Taraise  le  litre  de  pairiartlie 
"  universel.  Lepilrinrche  de  Constantinoplo 
t  naiirait  pa-*  même  le  second  rang  sans  le 
«  consentement  de  notre  siège  ;  mais  s'il 
«  est  uiiivf^rsel,  il  a  d  inc  aus.M  la  primauté 
«  sur  noire  Eglise,  ce  que  tous  les  chrét  ens 

•  voient  bien  être  une  |»r(''t  ntinn  ridicule. 
«  Taraisp  lui-nième  nous  a  envoyé  sa  lettre 
«  synodiqup  ;  sa  ronfessinn  de  foi  nous  a 
ff  réjoui,  mais  nous  avons  été  troublé  de 
«  voir  (pi'ila  été  lire  d"  l'élat  laMpie  cl  du 
<»  sorviff   «le    remf)ereiir    pour    être    élevé 

♦  liMil  d'un  roup  à  la  dignité  de  patiiarchft  r 
«  ce  qui  est  telletn<  ni  contre  les  règles,  que 
«  nous  n';uiririn-t  point  ninsciui  n  son  ordi- 
«  nation,  si  nous  n'espéno  is  (pi'il  conrMurra 
«  li«lekinenl  »u  réfabiisseinent  des  images.  >» 
(  F)«ury,  ibid.) 


Les  trois  patriarclies  d'Orient,  qui  étaient 
alors  soumis  auv  î?nrra-ins,  ne  vinrent  pas 
à  Conslantinople.  Ces  maîtres  déliants  leur 
déiendaienl  d'avoir  aucune  relation  avec 
l'empereur.  Ils  se  bornèrent  à  envoyer  des 
déjtutés.  Le  concile  s'ouvrit  dans  l'église  des 
Apôtres  le  1"  août  780  ;  mais  les  violences 
des  ariens  obligèrent  les  Pères  du  concile  à 
se  sé()arer,  et  à  remettre  h  plus  lard  leur 
sainte  réunion.  Ce  ne  fut  que  l'année  sui- 
vante que  les  évèques  s'assemblèrent  à  Ni- 
cée  en  Bdhynie.  On  y  condamna  les  erreurs 
des  iconoclastes,  et 'on  y  déiinit  qu'on  de- 
vait rendre  aux  saintes  images  un  culte  de 
relation.  En  exécution  des  décrets  du  saint 
concile,  Taraise  rétablit  le  culte  des  images 
dans  tout  son  diocèse.  Il  eut  aussi  à  donner 
ses  soins  à  l'exlinclion  de  la  simonie.  La 
sainteté  de  sa  vie  réj  onda  t  aux  actes  de  son 
épisco[)al,  et  les  fruits -e  ses  travaux  étaient 
abondants.  H  se  recommandait  surtout  par 
son  extrême  charité  envers  les  pauvres.  11 
donnait  consdérab'ement,  visitait  les  ii  di- 
gents  et  les  malades.  Ce  tut  qm  Iqiie  temps 
après  que  leuii  ereur  C«  nstanlin  (en  793), 
qui  avait  éfousé  la  Ilrince^se  .Marie,  la  put 
en  aversion,  et  voulut  rompre  son  luiriage 
avec  elle,  quand  il  se  vil  le  mailre.  Sa  mère 
Irène,  voulant  le  ren  Ire  odieux  h  tout  le 
monde  pour  reconquérir  l'autoiilé,  lui  con- 
seillait elle-même  de  rompre  ces  premiers 
nœuds,  Constantin,  éperdum  nlam  ureuxdo 
Ti  éodote,  nne  des  tilles  de  la  chaiiibre  de 
l'impératrice,  voulait  lépouser  :  pour  arri- 
ver î»  son  but,  il  publia  que  Marie  avait  vou- 
lu l'empoisonner;  personne  ne  le  crut.  Il 
fit  ce  qu'il  put  pour  gagner  le  patriarche  Ta- 
raise, mais  il  ne  nul  en  venir  à  bout  :  vai- 
nement il  voulut  lui  faire  croire  que  Marie 
aviut  voulu  l'empoisonner;  le  iiatrianhe  lui 
d.l  :  «  Si  vous  avez  des  preuves,  faites-la 
condamner;  mais  vous  n'en  avez  [>as.  Je 
sais  votre  amour  pour  Tliéodole,  vous  vou- 
lez l'éjiouser  :  si  vous  le  faites,  je  serai 
obligé  de  vous  interdire  l'entrée  du  lieu 
saint  er  de  piononcer  contre  vous  I  excuiii- 
niunicalion.  »  L'empereur,  furieux,  le  lit 
chasïer  de  sa  prést  nce.  ainsi  que  le  moine 
Jian,  que  le  saint  patrianhe  avait  amené 
avec  lui  ;  puis,  comme  sa  passion  l'aveuglait 
de  plus  (Ml  plus,  il  obligea  la  princesse  Ma- 
rie a  se  retirer  da  is  u  i  eouvei  t,  cl  connue 
le  patriarche  ne  voulait  ;d»,-«oluinent  pas  le 
marier  avec  Tliéodole,  il  lit  l'aiie  l.t  cérémo- 
nie p.irJosep'i,  économe  de  l"l^gll^e  de  Con  - 
tantino|de.  Saint  Platon  «'t  saini  Théodore 
S(!  sép.uèreni  de  la  communion  di!  l'empe- 
reur; (juant  à  Taraise,  il  no>a  p'sexéiuter 
la  menai  e  qu'il  avait  faite  .>  Cunslantin:  il 
crut  (pi'ii  était  prudeni  d'agir  ainsi,  et  de  ne 
pas  i» ousMT  aux  dernières  extrémités  cet 
empereur,  qui  lU*  nai;ait  d(>  passer  complè- 
tement du  côlt'  des  ICO  iO(  la>les.  Malgré 
celle  réserve  eitrème,  l'empeieur,  duianl 
loul  le  reste  de  son  règne,  persécuta  le  saint 
latrianhe;  il  le  ût  consl  immenl  surveiller 
■>ar  des  espions  appelés  svDcelles,  qui  ne 
aissaient  personne  approcher  de  lui  sans 
une   permission  émanée  d'eux.  De  plus,  il 


10(11 


TAU 


TAU 


\t)C>1 


l);iiiMi(  sot;  (IniiU'^liiHMJs  ot  jns(|ii'A  sos  pn 
l«!  Ils.  Ce  lui  au  iiiilii'ii  (I  '  CCS  ('•vi^liciiiciits 
(juo  riiU|M'M'alri(;n  In^'ii  •  ilciiwiMiua  complcle- 
mc'il  M  s  |>alicrics  :  clli;  avjiil  tnil  tout  en 
(prcllc  l'oiiN.iil  |t(  Mil-  ICI  M  Ire  m  m  (ils  imIkmix; 
nial;;rc  cela,  I"'  |i(mi|»Ii'  ne  l'aisait  pis  r(» 
(pTclIc  atliail  (li''sir(«.  Alors  clic  j;,a;:;iwi  plu- 
.sicuis  ilfs  oilicici's  (le  la  cour  (!l  lit  iiicllro 
son  llls  dn'i.s  u-mi  prison,  oi^  («Ile  lui  lil  cre- 
ver les  }eu\.  (".clic  atroce  o|>(^r.'itio'i  lui  v\v- 
euléo  avee  laiit  de  liaili.irie,  ipie  le  luallicu- 
roux  piiiii'f  eu  iiiiuu'nl.  Aiirc^'s  eellepsiien- 
tioii  ii^ue  moula  sui'  le  lrA'i(>,  d.  y  resta 
seule  iliUit'M  ci  ni  iins-  Ou  sait  tpi'ou  ho  ;l  «le 
ce  temjis  Nu'j^plio  e,  l'.iyani  (^(Hr(^née,  l'exil.i. 
dans  Nie  île  l.i.-bos  oi"!  die  imiurul.  'l'a- 
raise,  à  (pii  la  iiioil  de  Conslailiii  reiidil  la 
liluMlé,  eu  usa  po  ir  déposer  «U  ehassor  Jo- 
se|)li.  (a!  l'iil  cet  a  i\^  de  jusie  si'vc'Mité  (pii  le 
reiiiil  lm»l  îv  l'ail  a^oe.  sai  il  JMalon  el  saint 
Tliéodore,  ipii  iravaieiU  pas  ei-u  devoir  res- 
ter unis  avec  lui,  h  cansi;  de  sa  liop  grande 
tondesceiidanee  à  l'égard  de  reinnereur.  11 
vécut  en  paix  sous  le  i-éj^nedo  Nice|)liore,  et 
mourut  le  2t  féviierSOi).  l.'J"lgli.>e  hoiiore  sa 
mémoire  le  'i.'i  lévrier.  Les  peiséeutiois  tloiit 
il  fui  l'objet  lui  ilonuenl  le  litre  de  confes- 
seur. 

TAUA(^)Ulî  (saiiU],  UKu-lyr,  niminit  pour 
Jésus-CUnsl  on  ;K)ô,  sous  l\iii()ire  de  Dio- 
(•léljon,  et  sous  le  prés. dent  Maxime.  Ses 
Actes,  (]ue  nous  prenons  dans  Uumart,  et 
qui  lui  sont  communs  avec  saint  Probus  et 
saint  Audronic,  sont  fort  loigs,  mais  trop 
importa  us  pour  (pie  nous  les  passions  sous 
silence,  ouque  nous  les  abrégiois. 

Pamphile,  Marcien,  Lysias,  Aj;alhocle,  Fé- 
lix, (iémellus,  Aihénio.i,  Taïaque  el  Oiose, 
à  nos  ohers  l'icres,  liassus,  Bérulle,  Timo- 
thée  et  Atinilns,  l't  à  tous  les  lidèles  d"I- 
cône,  qui  sont  sancliiiés  par  la  foi,  el  unis 
par  l<i  charité  en  Nolrc-Seigneur  Jésus- 
Clnist. 

Nous  avons  eu  soin  de  recueillir  avec 
toute  l'exactitude  possible  (;e  qui  s'est  passé 
de  jilus  remar([uabl(!  dans  la  Cificie  h  la  mort 
de  quelques  martyrs,  dont  nous  soi.'haiterions 
de  [)Ouvoir  porter  les  chaîoi'S,  et  nous  vous 
en  envoyons  les  Actes,  vous  assurant  en 
niènie  temps  fine  vous  ne  sauriez  faire  un 
plus  grand  plaisir  que  de  les  i-endre  publ  es. 
Au  \e>  f,  nous  les  avons  liés  des  registres 
(iu  greffe  criminel  de  ïarse  (en  Cilicie),  par 
l'entre. uise  de  Sabasle,  l'un  des  exécuteurs 
do  la  haute  justice  de  cette  ville,  qui  nous 
en  a  obtenu  la  communication,  moyennant 
la  somme  de  deux  cents  deniers  que  nous 
lui  avons  donn.  e.  V'ous  y  verrez  le  com- 
mencement et  la  suite  du  martyre  de  ces 
hommes  admirables;  leur  fin  glorieuse  et 
les  prodiges  (|u'il  a  plu  à  Dieu  d'opérer  par 
eux  pour  sa  propre  glure  et  pour  notre 
éd  d  ation.  Nous  vous  supplions  d'en  vou- 
loir l'aire  part  aux  lidèles  de  la  Pisidie  et  de 
la  Pamphylic,alin  que  Noti-e-Seigneur  Jésus- 
Christ  soit  glorilié,  et  que  checun  de  v  us 
trouve  dans  ce  tidèle  récit  un  nouveau  mo- 
tif de  s'animer  à  comi>aUre,   sous  les  aus- 


pjc(>s    du  Saifil   K'  prit  ,    le».-    nnurmlB  do  In 
\éi  ité. 

i>i«i:mii.u  nri  iiiioimioiiip.. 

Bons  le  nciivi^mo  eon'-ulai  de  Diorlélion 
(>l  le  hniliènm  <le   .Mnximien,    In   dnuzi/MMO 
«les  calendes  dn  juin  (-il  mnii,  /,  T/irsn,  capi- 
tale    de   (lilicic,     l'Iav  us    (iaiiis    Numiuicn 
Maxime,   yonvinncni-  de  la  province,  (  ■nnnt 
rnudieruM»   piibliqiH'.  le  c(niienicr  Déiiiéinns 
a  dit  :   Seigneur,   l'exempi   Kuiolmius  l'ai  a- 
diiis  a   aimnié  d<>  l'omjieioplc  (rois  liniiniius 
de  la  secte  impie  dos  cliiéliens,  Icsipicis  rtul 
rcf'iisi'    d'obi'ii    aux  édils  des  eni|ici  ours  ;  litS 
voila.   I.e   nou'vornmu    Maxiine   un   a  'l'ain- 
qiie    :    ('omiiKeil     vous    apoi  liz-voiis  ?    car 
ctaiil    le    plus    vieux    Oiîs    trois,  vous  devez, 
étro  intnirogé  le  pnMiiiin-;  répondez  d(mc. 
Tara  pin  a   n-pondu   :   .le  s  os  cliitHien.    — 
Maxime  :    Laissez   là   cell(^   inqtiété   (pii    no 
vous    lait   pas   grand  honneur,  et  diles-nu.i 
stnileiiKMit  votre   nom.  —  Taïaque  :  .le  suis 
cliiélieii.  — Maxime    :    Hompe/.-lui    les   mA- 
choiies,  et  dites-lui  :  Ni*  réponds  pas  une 
chos  •  jionr  l'autre.  —  Taraqne.  (l'est  là  in'in 
vrai  nom;   si   vous  voidez  savoir  celui  q  .0 
j'ai  reçu  do  mon  père,  je  m'appelle  Taraque, 
el    à  l'armée    on    me    nommait    \ictor.    — 
M.iviiiK!  :  De  quelle    protes.sion  et  de  (juel 
pa\s?  —  Taraqne  :   Je  suis  soldtt  et  Uo-' 
mai!i,  et  Clandiople,  ville  d'Isaurie,  e>t   le 
lieu  de  ma  naissance;   mais  parce  (jue  je 
suis    chrétien,    j'ai    quitté    le  service. — 
Maxime  :  Aussi  bien  ton  impiété  le  dégrade 
et  te  rnid  indign(î  do  porter  les  amies;  ce- 
pendant je  veux  savoir  connuenl  tu  as  ob- 
tenu ton  congé.  —  Taraque  :  Je  l'ai  demandé 
h  Publion,  mon  capitaine,  el  il  me  la  ac.  ordé. 
—  Maxime  :.  Ecoute,   j'ai  pitié  de  ta  vieil- 
lesse,   mais  il   faut   que  tu  obéisses  aux  or- 
dres des  maîtres,  et  je  te  p.  omets  que  si  lu 
le  fais   de  bonne  grâce,  tu  auras  tout  sujet 
d'être  content  do  moi.  Allons,  viens,  sacritie 
aux   dieux;    nos  princes  leur  sacritienl  par 
toule  la  terre.  —  Taraque  :  Vos  |)rinces  sont 
dans  l'tn-reur.   —   Maxime  :  Qu'on  le  frap.ie 
sur  la  bouche,  pour  avoir  dit  que  les  empe- 
reurs sont  dans  l'erreur.  —  Taïaqu  •  :  Oui, 
je  l'ai  du,  et  je  le  dis  encore,  ils  y  sont.  Eh 
quoi  î    ne    sont-ce    pas  des  hommes  ?  — 
Maxime   :   Sacritie  à  nos  d;eux,  et  laisse  là 
tous  ces  détours.  —  Taraque  :  Je  sers  mon 
Dieu,  et  chaque  jour  je  lui  sacritie,  non  le 
sang  lies  victmies,    mais  un  cœur  pur:  car 
Dieu  n'a  que  faire  de  c  s  sortes  de  sacrifices 
saiglanls,   —   Maxime   :   Certainement  j'ai 
pitié  de  ta  vieillesse  ;  renonce  donc  à  toiite 
cette  vaine  superstition,    et   .sacrifie   à  nos 
d  eux;  je  te  parle  en  ami.  —  Taraque  :  Je  ne 
renonce  pas  comme  cela  à  la  loi  de  Dieu.  — 
Maxime  :  Approche,  te  dis-je,  et  sacrifie.  — 
Taraque^  :   Je  ne  commettrai  j.oint  cette  im- 
piété;  j'ai   t[0[)   do  respect  pour  la  loi  de 
Dieu.  —  Maxime  :  Avons-nous  une  antre 
loi,  nous  autres,  têle  dure?  —  Taraque  :  Oui, 
sans  doute,  et  c'est  colle  qui  vous  ordonne 
d'adorer  du  bois,  des  pierres,  l'ouvrage  de 
v  s  mains.   —  Maxime  :   Frappez-le  sur  le 
o:>u,  et  dites-lui  :  Quille  ce  vain  entêtement 


I0«3 


TAR 


TAR 


1061 


OÙ  tu  os.  — Tnr.ique  :  Je  ne  quitterai  point 
un  entêtement  (|ui  sauve  mon  Atne.  —  Maxi- 
me :  Je  te  le  ferai  hion  quitter,  et  je  te  ren- 
drai sage  nialgrt''  toi.  — Taraque  :  Vous  pou- 
vez taire  ce  quil  vous  plaira,  mon  c  >rps  est 
en  votre  puissance.  —  Maxime  :  Otez-lui 
ses  habits,  et  frappez-le  à  coups  de  verges. 
Taraque  :  Vous  avez  trouvé  le  secret  de  me 
rendre  un  vrai  sage  ;  je  me  trouve  uuMue 
foriitié  par  les  plaies  qu'on  vient  de  me  faire, 
et  je  sens  en  moi  croître  de  plus  en  plus  la 
coîifiance  que  j'ai  en  mon  Dieu  et  eu  Jésus- 
Christ.  —  Maxi(ne  :  Mi'i'hant  que  tu  es, 
comment  peux-tu  dire  (pi'd  n'y  a  qu'un 
Dieu  !  en  vodà  deux  (jue  lu  viens  de  nom- 
mer. —  Tara(jue  :  Moi,  je  confesse  celui  qui 
est  le  vrai  Dieu.  —  Maxime  :  Tu  dis  que  tu 
sers  Dieu  et  Jésus-Christ.  —  Taraque  :  Fort 
bien;  c'est  que  Jésus-Christ  est  Fils  de  Dieu, 
et  un  seul  Dieu  avec  son  Père,  l'espérance 
des  chrétiens,  poin-  lequel  nous  soud'rons, 
et  par  qui  nous  sommes  sauvés.  —  Maxime: 
Kncore  une  fois,  cesse  de  tenir  tous  ces  vains 
discours;  approche,  et  sacrifie.  — Taraque  : 
Ce  ne  sont  [loint  là  de  vains  discours,  mais 
la  vérité  pure.  J'ai  soixante-six  ans,  et  j'ai 
toujours  vécu  dans  la  connaissance  et  l'a- 
mour de  celte  vérité;  jamais  je  ne  m'ensuis 
éloigné.  —  Le  cenlenier  Démétrius  :  Pauvre 
homme,  aie  compassion  de  toi-même,  et  sa- 
critie;  écoute-moi.  —  Taraque  :  Retire-toi, 
con^.eiller  de  Satan.  —  Maxime  :  Nous  per- 
dons le  tem|)s;  qu'on  le  charge  de  chaînes, 
et  qu'on  le  mène  en  prison.  Faites  entrer 
(  elui  qui  suit. 

Le  centenier  Démétrius  a  dit  :  Seigneur, 
le  voilci.  —  Maxime  :  Conunent  vous  a|)pe- 
lez-vous?  —  Prohus  :  J'ai  deux  noms,  le 
iilus  noble  est  chrélien,  et  celui  (|uo  les 
nommes  me  donnent  est  Probus.  —  Maxime  : 
En  bien  !   Probus,  votre  famille,  votre  pays? 

—  Probus  :  .Mon  père  était  originaire  de 
Thrace,  et  je  suis  né  à  Sida,  dans  la  Pam- 
phylie.  Ma  famille  n'est  |>as  fort  relevée,  mais 
je  suis  chrétien.  —  Maxime  :  Tu  ne  ia  relè- 
veras pas  beaucoup  avec  ce  nom,  et  il  n'est 
nullement  |)ropr(>  h  faire  fortune.  Crois-moi, 
sacrilie  aux  dieux,  c'est  un  moyen  bien  plus 
stir,  car  je  te  (iromets  en  ce' cas  la  faveiu- 
des  empereurs  et  mon  amitié.  —  Probus  : 
J'ai  peu  d'ambition,  je  me  passerai  tortbii.'n 
de  la  faveur  des  enq)ereurs,  et  je  vous  re- 
mercie de  voire  amitié.  Je  pouvais  fairt'  dans 
le  monde  une  tigure  assez  considérable; 
mais  je  lais  si  |)eu  d'état  des  biens  de  la 
terre,  ipie  j'ai  renoncé  h  tout  pour  servir 
mon  Duu.  —  Maxime  :  Otez-lui  ses  babils, 
et  donnez-lui  (eut   coups  de  nerfdeixeuf. 

—  Le  centetiier  Di>métrius  :  Aide-toi,  mon 
ami,  et  w  te  laisse  pas  mettre  auisi  tout  en 
.sang.  —  Probus  :  J».  vmus  abandoutic  mon 
cor|»s,  vos  tourments  me  .sont  un  agrt-ahle 
ralralf'hisseuient.  —  Maxime  :  .Misérable, 
veu\-lu  toujours  demeun-i' dans  ton  endur- 
cissement, et  ta  folie  est-elle  incuralile?  — 
Prot)Us  :  Je  ne  suis  pas  si  ton  que  vous  le 
pensez,  je  croies  uu^ne  être  |>lus  sag.>  (jue 
TOUS,  el  c'e.st  parce  que  je  ne  sacrilie  pas 
aux   démorjs.  ~    Maxnne  :  Tournez-le  de 


l'autre  coté,  et  frai»pez-le  sur  le  ventre.  — 
Probus  :  Seigneur  Jésus,  venez  au  secours 
(h;  voire  serviteur.  —  Maxime  :  A  chaque 
coup  dites-lui  :  Où  est-il,  ce  Jésus  que  tu 
appelles  à  ton  secours?  —  Probus  :  Il  m'a 
exaucé,  n'en  doutez  point;  il  est  ici,  je  sens 
qu'd  me  soutient,  et  une  m  irque  de  sa  pro- 
tection, c'est  quêtons  vos  tourments  n'ont  pu 
encore  me  faire  condes(;endre  à  ce  que  vous 
voulez.  —  Maxime  :  Regarde  l'état  oii  tu 
es,  la  terre  est  t(mte  couverte  de  ton  s  ;ng. 

—  Probus  :  Sachez  que  plus  mon  corps 
souffre,  plus  mon  Ame  se  sent  soulagée;  et, 
à  mesure  (ine  l'un  s'alfaiblit,  l'autre  reprend 
de  nouvelles  forces.  —  Maxime  :  Mettez-lui 
les  fers  aux  pieds  et  aux  mains,  et  qu'on  ne 
pernu.'tte  h  personne  de  le  voir.  Le  troisième, 
où  est-il? 

Le  centenier  Démétrius  a  dit  :  Seigneur,  le 
voilà.  —  Maxime  :  Diles  votre  nom  ?  — 
Andronic  :  Si  vous  voulez  savoir  le  vérita- 
ble, je  vous  dirai  que  c'est  chrétien.  — 
Maxime  :  Vos  ancêtres  ne  portaient  pas  ce 
nom-là;  répondez  donc  juste.  —  Andronic  : 
Eh  bien  1  pour  vous  satisfaire,  je  vous  ap- 
prends qut'je  m'appelle  Andronic.  —  Maxi- 
me :  Voire  familli.-?  — Andronic  :  Elle  n'est 
pas  des  moindres  d'Ephèse,  et  mon  père  y 
tient  un  des  premiers  rangs.  —  Maxime  : 
Aoulez-vous  m'en  croire,  laissez  là  tous  dis- 
cours inutiles  ;  ne  faites  pas  comme  ceux 
qui  ont  passé  avant  vous  :  ils  ont  fait  les 
fous,  mais  leur  folie  leur  coûte  cher.  Pour 
vous,  si  vous  voulez  suivre  mon  conseil,  et 
je  vous  parle  comme  à  mon  fds,  adorez  nos 
dieux,  rendez  à  nos  princes  l'homieur  (jui 
leur  est  dû,  et  ce  sera  en  obéissant  prompte- 
ment  à  leurs  ordonnances.  Ils  sont  nos  pères 
aussi  l)ien  que  nos  maîtres.  —  Andionic  : 
Vous  les  appelez  vos  pères  :  c'est  le  démon 
qui  est  votre  père  :  vous  êtes  ^es  enfants, 
vous  en  faites  les  actions.  —  .Maxime  :  Jeune 
homme,  n'abusez  pas  des  égards  que  j'ai 
pour  votre  Age.  J  ai  là  des  supplices  tout 
prêts.  —  Andronic  :  11  est  vrai,  je  suis  jeune, 
si  vous  com[)tez  mes  aimées,  mais  mon  Ame 
a  déjà  atteint  l'Age  viril,  elle  en  a  toule  la 
force  et  toute  la  maturité.  —  Maxime  :  Eh  I 
laissez  là  tout  ce  verbiage,  et  sacrifiez,  si 
vous  voulez  vous  garantir  des  tourments 
(ju'une  plus  longue  résistance  ne  manquera 
pas  de  vous  attirer.  —  Andronic  :  Crou'Z- 
vous  que  j'aie  moins  de  cœur  ou  de  bon 
sens  que  les  autres,  et  vous  imaginez-vous 
que  je  veuille  leur  ce  1er  en  courage  où  on 
fidélité  envers  mon  Dieu  ?  Je  vous  décl. ire 
(pie  me  voilà  prêt  à  soulfrir  tout  ce  ipie  vous 
me  voudrez  faire  tnidiirer.  —  Maxime  :  Met- 
tez-le tout  nu,  et  léieiidez  sur  le  chevalet. 

—  Le  centenier  Dém"trius  :  .Avant  que  de 
vous  laisser  déchirer  ainsi  misérablement, 
écoutez  siMilemenl  un  mot.  —  Andronic  : 
J'aime  mieux  [)erdre  mon  corps  que  mon 
Ame.  Faites  ce  que  vous  voudrez.  —  Maxi- 
me :  Sacrillez,  Andronic,  et  ne  m'obligez  pas 
à  en  venir  à  ces  extrémités.  —  Andronic  :  Je 
n'ai  jamais  sacrifié  en  ma  vie,  et  je  ne  com- 
mencerai pas  aiyourdhui;  voulez-vous  (jue 
je  sacrilie  à  des  démous  ?  —  Maxime  :  Al- 


l()(lf>  TAU 

loiis,  il  n'y  il  lion  h  lairo  avoc  lui:  o\6(Milo3i 
vos  (tniros.  —  l.o  KinMicr  Alliaiiasn  :  l'ili  ! 
faites  Cl)  (|ii()  l(t  i^ouvcnicur  (l<-iii.'ui(U)  do 
vous;  j'ai  deux  l'ois  voliez  .'^^r,  c'csl  ctMjui 
nie  l'ail  |)i'('ii(lit"l.'t  liht'itt'  de  vous  duiuH'r  co 
coiiîJtMl.  —  Aiidroiiic  :  Pour  un  Ikmoiiu'  (pii 
si>  croit  saj^c  et  (|ui  a  deux  l'ois  nioii  Age, 
vous  nu*  donne/.. Ih  un  (onscil  adnnraldc,  iU\ 
sacrilicr  j\  des  pierres  et  iidu  hois  ;  prcniî/.-lt! 
pour  vous,  si  vous  voulez.  — Maxime  :  Tu 
ne  sais  pas  encore  ce  (\uo  c'est  i\\w  de  souf- 
frir le  l'er  et  le  leu;  p(!Ut-('^lre  ([u'aiirC^s  l'avoir 
(éprouvé  lu  renon(M'ras  j\  des  cliiuu''res  (pii 
ne  te  sauveront  pas  de  nos  mains.  —  An- 
droriic  :  Heureuses  i-liiuii^res  !  (pii  nous  font 
niottre  en  Dieu  toute  noire  espéraïu-e.  C'est 
la  sagesse  du  siècle  cpii  ilonno  la  uiorl.  — 
Maxiuu'  :  (Jui  t'a  appris  toutes  ces  oxlra- 
vagances?  —  Andronic  :  La  parole  (pii  donne 
la  vie,  (pii  la  conserve,  et  (pii  nous  assure 
que  nous  ressusciterons  un  jour,  suivant 
la  promesse  (jue  Dieu  nous  en  a  faite.  — 
Maviuio  :  Détais-loi  de  ces  folles  imagina- 
tions, ou  je  te  ferai  tournu'nter  sans  miséri- 
corde. —  Andronie  :  Jesuis  entre  vos  mains, 
vous  ôtes  ici  le  niaîlre,  faites  ce  qu'il  vous 
plaira.  —  Maxime  :  Ne  l'épargnez  donc  pas. 

—  Andronic  :  Seigneur  (jui  êtes  un  Dieu 
juste,  voyez  ce  ([ue  je  soutfre  injustement  : 
on  me  punit  connue  si  j'étais  un  homicide  , 
et  jo  n'ai  rien  fait.  —  Maxime  :  A{)pclles-tu 
n'avoir  rien  fait  que  d'avoir  foulé  aux  pieds 
les  ordonnances  des  empereurs,  et  m'avou* 
bravé  jusque  sur  mon  tribunal?  —  Andro- 
nic :  Je  crois  en  Dieu,  je  défends  sa  vérité, 
j'espère  en  sa  bonté,  voilh  tout  mon  crime; 
c'est  pour  cela  que  l'on  me  fait  souffrir.  — 
Maxime  :  Ne  nous  vante  point  tant  ta  piété 
et  ta  religion;  tu  en  aurais  en  effet  si  tu 
adorais  les  dieux  que  les  empereurs  adorent. 

—  Andronic  :  C'est  impiété,  et  non  religion, 
que  d'abandonner  le  culte  du  vrai  Dieu  pour 
adorer  du  bronze  ou  du  marbre.  —  Maxime  : 
A  ton  compte,  détestable  que  tu  es,  nos 
princes  sont  donc  des  impies?  Qu'on  le  re- 
tourne, et  qu'on  lui  enfonce  des  pointes  de 
fer  dans  les  côtés.  —  Andronic  :  Je  suis  en 
votre  pouvoir,  faites  de  moi  ce  que  vous 
voudrez.  —  Maxime  :  Prenez  des  morceaux 
de  tuile,  et  frottez-en  ses  plaies.  —  Andro- 
nic :  Vous  venez  de  donner  à  mon  corps 
un  grand  soulagement.  —  Maxime  :  Je  te 
veux  faire  périr  peu  à  peu.  —  Andronic  : 
Vos  menaces  ne  me  font  point  de  peur. 
L'esprit  qui  me  conduit  est  meilleur  que 
celui  qui  vous  fait  agir.  —  Maxime  :  Met- 
tez-lui au  cou  une  grosse  chaîne ,  et  une 
autre  au  pied ,  et  qu'on  le  garde  soigneuse- 
ment. 

SECOND   INTERROGATOIRE. 

A  Mopsueste  en  Cilicie. 
Flavius  Caius  Numérien  Maxime ,  gou- 
verneur de  Cilicie,  tenant  l'audience,  a  dit 
au  centenier  Démétrius  :  Qu'on  fasse  en- 
trer les  chrétiens,  ces  impies.  —  Le  cente- 
nier Démétrius  :  Us  sont  iei,  seigneur.  — 
Maxime:  Je  sais  quelavieillessedoitêtreres- 
■  pectée,  mais  c'est  lorsque  le  bon  sens  et  la  sa- 

DlCTlONN.   PES  PerSÉGOTIONS.   IL 


TAR 


lOM 


^esseraccompannenl  ;ain.si,  Tarofjno,  cointno 
je  veux  croire  (pi'iiyant  eu  le  irdsir  d<'  fairedcs 
réilexions,  vous  avez  change  de  sentiiiienls, 
et  êtes  dis|iosé  h  obéir  h  nos  prince.s,  et  à 
sacrilieraux  dinix,  jr  veux  hii-n  aussi  vous 
assurer  (pie  je  suis  |ir(H  ii  rendre  h  votre  rt^O 
et  h  voire  mérite  tout  l'Iiotnirur  qui  t-st  dû  à 
l'un  et  à  l'autre.  'i'aiJKpif  :  l'Iiil  à  Dieu,  à 
ce  Dieu  ([ui  esl  Ir  si:ul  et  Icî  vrai  Dieu,  quo 
vos  princes,  et  tous  ceux  (|ui,  par  cnnmlai- 
sance  ou  par  prévention,  suivent  les  mêiiies 
erreurs,  pussent  sortir  de  l'élrangt-  aveugle- 
ment où  ils  sont  ;  et  (pi'éclairés  par  la  loi,  ils 
pussent  marchera  la  laveur  de  ses  lumières 
dans  l'unitpu!  chemin  (jui  mène  à  la  vie.  — 
Maxime  :  Hiisez-lui  les  mAchoires  avec  uno 
pierre,  et  dites- lui:  Cesse  d'être  fou. — 
Taraque  :  Cette  folie  (lue  vous  me  reprochez 
est  une  vraie  sagesse,  et  votre  prétendue  sa- 
gesse n'est  (pi'une  véritable  folie. — Maxime: 
Tu  n'as  plus  de  dénis,  niisérabh,',  et  on  vient 
de  te  les  nietlre  en  poudre,  sauve  du  moins 
le  reste.  —  Taracjue-:  Quand  vous  me  feriez 
hacher  en  mille  pièces,  je  n'en  serais  que 
plus  fort,  |)arc(!  que  toute  ma  force  vient  do 
Dieu. — Maxime:  N'importe,  crois-moi,  co 
sera  encore  le  meilleur  pour  toi  de  sacrilier. 

—  Taraque  :  Si  je  croyais  que  cela  me  fût 
aussi  avantageux  que  vous  le  dites,  je  n'en- 
durerais pas  de  si  grands  tourments.  — 
Maxime  :  Frappez-le  encore  sur  la  bouche, 
et  dites-lui  :  Réponds.  —  Taraque  :  Vous 
m'avez  fait  rompre  toutes  les  dents,  et  vous 
voulez  que  je  réponde? —  Maxime  :  Insensé, 
après  cela  tu  ne  te  rends  pas  encore  ;  appro- 
che-toi donc  enfin  de  l'autel,  et  sacritie.  — 
Taraque  :  Si  vous  m'avez  6té  le  moyen  de 
parler  ,  du  moins  avec  facilité,  vous  n'avez 
pu  môter  la  parole  intérieure,  et  mon  âme 
n'en  est  que  plus  ferme  et  plus  inébranlable. 

—  Maxime  :  Homme  maudit  des  dieux,  je 
trouverai  bien  le  secret  de  chasser  ta  folie  ; 
qu'on  apporte  un  brasier  avec  du  charbon 
bien  allumé,  et  tenez-lui  les  mains  dedans 
jusqu'à  ce  qu'elles  soient  brûlées.  —  Tara- 
que :  N'est-ce  que  cela?  votre  feu  est  peu  de 
chose,  il  en  est  un  que  je  crains  bien  plus, 
c'est  le  feu  éternel.  —  Maxime  :  Voilà  tes 
mains  toutes  rôties,  n'est-ii  f)as  temps  que  tu 
deviennes  sage  ;  viens  donc  sacrifier.  —  Ta- 
raque :  Vous  me  parlez  comme  si  vous  m'a- 
viez déjà  fait  consentir  à  ce  que  vous  vou- 
lez de  moi,  et  que  votre  cruauté  m'eût  ôté  la 
force  de  vous  résister  davantage  :  je  n'en  suis 
pas  encore  là.  Dieu  merci,  et  vous  n'avez 
qu'à  continuer,  j'ai  de  quoi  vous  mener  loin. 

—  Maxime  :  Suspendez-le  par  les  pieds,  la 
tête  en  bas,  et  allumez  dessous  du  feu  qui 
fasse  beaucoup  de  fumée.  —  Taraque  :  Ton 
feu  n'a  pu  me  faire  peur,  et  tu  prétends 
m'intimider  par  ta  fumée  ?  —  Maxime  :  Sa- 
critieras-tu  à  présent  ?  —  Taraque  :  Gouver- 
neur, tu  peux  sacrifier  si  tu  veux  ;  pour  moi, 
ie  ne  le  ferai  pas.  —  Maxime:  Apportez  du 
vinaigre  et  du  sel,  et  jetez-lui-en  dans  les 
narines.  —  Taraque  :  Ton  vinaigre  n'est  pas 
fort,  et  rien  n'est  plus  fade  que  ton  sel.  — 
Maxime  :  Mèlez-y  de  la  moutarde,  et  frot- 
tez-lui-en le  nez.  —  Taraque  :  Je  t'aveîtis 

3i 


lor,7 


TAU 


TAR 


ior.s 


quo  tos  bonrronux  te  Ircmpcnt ,  cl  qu'ils 
m'ont  tlonné  du  raid  pour  de  la  moutarde. 
—  Ma\ime  :  Ta\  yoWh  assez  pour  celle  séance. 
J'iuia^^iiierai  cependant  quelque  nouveau 
lounnent  ;  il  ne  sera  pas  dit  que  j'aie  le  dé- 
menti de  cette  airaire-<i.  il  faudra  bii'i  que 
tu  quittes  ta  lolie.  —  Taraiiue  :  Soil,  lu  lue 
trouveras  toujours  prôt  à  le  répor.dre.  — 
Maxime  :  Ote/.-Ie  de  là,  et  remenez-lc  en  pri- 
son. A  U'i  aulre. 

Le  cenlenier  Démélrius  a  dit  :  Seigneur, 
voiI.H  Probus.  —  Maxime  :  Eh  bien  '.  Probus, 
ayez-vous  pensé  à  vous,  èles-vous  guéri  de 
votre  folie,  et  ne  venez-vous  pas  dans  le  des- 
sein de  sacriûer  aux   dieux  ?  Nos  princes, 
vous  le  savez,  leur  sairiQenl  lous  les  jours 
pour  le  salut  de   leurs   sujets.  —  Probus  : 
Tous  me  revoyez  portant  dans  le  comu-  une 
nouvelle   audace  ;   les   tourments   que   j'ai 
soulîerls  n'o'it  fait  que  me  rendre  plus  fort 
et  1  lus  vig  ureux,  n'ont  servi  qu'à  endurcir 
taon  corps,  et  je  me  sens  une  fermelù  à  Vé- 
breuve  de  tous  ceux  que  vous  pouvez   me 
faire  endurer.  Ni  vous  ni  vos  primes  n'ob- 
tiendrez jai.iais  de  moi  que  je  sacrilie  à  des 
dieux  que  je  ne  connais  pas.  J'ai  mou  Dieu 
dans  le  ciel,  je  le  sers,  je  l'adore  ;  aiais  je  ne 
sers,  je  n'adore  que  lui.  —  Maxime  :  Quoi  1 
misérable,  les  dieux  que  nous  adorons   ne 
sont  pas  des  dieux  vivants  aussi  bien  ([ue  le 
lien?—  Probus:    Quoi  I   des   pierres,   du 
bois,  l'ouvrage  d'un  statuaire,  ce  sont  là  des 
dieux  vivants  ?  Ciouverneur,  vous  ne  savez 
ce  que  vous  faites,  quand  vous  sacrifiez  à 
ces  sortes  de  divinités.  —Maxime  :  Mécliant 
homme,  lu  as  l'insolence  de  dire  que  je  ne 
sais  ce  que  je  fais  quand  j'adore  les  dieux 
immortels? -- Probus  :  Que  ces  dieux    im- 
mortels qui  n'ont  fait  ni  le  ciel  ni  la  terre 
périssent  à  jamais  !  —  Maxime  :  Ecoute,  Pro- 
bus, toutes  ces  tinesses   ne  te  serviront  île 
rien  ;  sacrilie,  si  tu  veux  que  je  le  sauve  la 
vie.  —  Probus  :  Je  ne  puis  sacrilicr  à  plu- 
sieurs dieux  ;  un  seul  Dieu  esl  le  viai  Dieu  ; 
je  l'adore,  je    l'adorerai.  —   Maxime  :   Eh 
bien  !    viens,    ne    sarrilio   qu'à  Jupiter,    le 
^rand  dieu,  et  je  te  dispense  de  sacnlier  aux 
autres.  —  Probus  :  J'ai  un  Dieu  dans  le  ciel, 
\G  ne  crains  et  n'adore  ([ue  lui.  Je  vous  l'ai 
déjà  dit  tant  do  fois;  ceu\  (pie  vous  ajipelez 
des  dieux  ne  sont  rien  moins  que  des  dé- 
mou.N.  —  Maxinie:  Kl  nmi  je  le  dis  encore 
UiJC   fois,  sacriiLt!  à   Jupiler,  le  dieu  loal- 
uuissant.  —   Probus  :    N'avez-vous   point  de 
Qonle  d'appeler  dieu  celui  à  qui  les  adnllé- 
ros,lesincesti  s.eld'aulres  crimes  encore  |>lus 
énormes  ne  coûtent  rien  ? — Maxime  :  Frap- 
pez-lui la  boucheavec  une  pierre,  jiour  avoir 
blasphémé.  —  Probus  :  Pouripioi  mtî  fiap- 
pe-t-ou  pour  cela  ?  Est-ce  que  j'avance  une 
chose  ou  nouvelle  ou  fausse  ?  Ceux  qui  sa- 
critienl  à    Jupiter   parlonl-ils    autrement  ? 
Yous-môme,  ne   l'avez-vous  jamais  dit?  — 
M.txuu»'  :  Il   faut   que  j  arn>lf«   ces   saillies  : 
Qu'où   fasse   rougir  une  plaque  de   fer  ,  et 
quo  1  la  lui  uiette  sous  l,i  pl,uit)>  des  pieds. 
—  Probus  :  Ce  feu-là  n'a  ;Mini!ie  chaleur,  et 
je  ne  le  sens   pas.  —  Maxime  ;   Lai>se/    la 
plaque  plus  longtemps  au  feu,  et  ne  len  re- 


tirez point  qu'elle  ne  soit  toute  roUi^e.  — 
Probus  :    Elle   commence    à   être    un   peu 
échauffée.  —  Maxime  :  Qu'on  l'attache  donc 
sur   le  chevalet,  et  (pi'oii  le  balle  avec  des 
lanières  de  cuir  cru  jusipi'à  ce  que  ses  épau- 
les soient  toutes  rouges  de  sang.  —  Probus  : 
Tout   cela  ne  me  fait  rien,   mais   inventez 
quelque  chose  de  nouveau,  et  faites-en  l'é- 
preuve,  vous  reconnaîtrez  la  puissance  du 
Dieu  (jui  esl  en  luoi,  et  qui  me  fortifie.  — 
Maxime  :  Kasez-lui  la  tête,  et  mettez  dessus 
des  charbons  ardents.  —  Probus  :  Vous  m'a- 
vez fait  brûler  la  tète  et  les  pieds,  et  cela  n'a 
servi  qu'à  faire  éclater  le  pouvoir  et  la  bonté 
du  Dieu  ([lie  j'ad(jre,   e;  à  vous  convaincre 
de  votre  impuis^ance.  Je  ser5  mon  Dieu  qui 
me  sauvera,  et  non  vos  dieux,  qui  ne  peu- 
vent (jne  iierdr."  ceux  qui  s'attachent  à  eux. 
—  Maxime  :  Est-ce  que  tous  ceux  qui  sont 
ici,  et  qui  servent  les  dieux,  srmt  perdus  ; 
ils  sont  heureux,  au  contraire,  ils  sont  ho- 
norés des  empereurs  et   aimés  des   dieux 
mûmes,  au  lieu  que  par  ta  désobéissance  tu 
es  en  horreur  à  tout  le  monde.  —  Probus  : 
Tous  ceux  que   vous  dites  périront  infailli- 
blement s'ils  ne  font  [)énitence,   purs<iue, 
contre  le  témoignage  dt?  leur  conscience,  ils 
ont  abiiiulonné  le  Dieu  vivant  pour  adorer 
des  idoles.  —  Maxime  :  Ai  hevez  de  lui  rom- 
pre Ls  mâchoires,  alin  qu'il  ne  dise  j'ius  un 
Dieu,  mais  (les  dieux. — Probus:. Méchant  ju-;e, 
juge  inique,  tu  me  fais  casser  les  dents,  eldé- 
ligurer  tout  le  visage,  pareil  qne  je  dis  lavé- 
riié. — -Maxime  :  Tu  n'en  seras  pas  quitte  pour 
les  dents,  je  le  ferai  encore  couper  cette  lan- 
gue qui  profère  tant  de  blaspht'mes.  —  Pro- 
bus :    lu  me  feras  couper  In  langue  ;  mais 
pourras-lu  môter  celte  parole  intérieure  et 
immortelle  (pie  Dieu  enlendia  touj»HU's  mal- 
gré toi? —  Alaxime  :  Reiiu>ttez-le  en  prison, 
et  que  le  Iroisiéine  approche. 

Le  cenlenier  Démétrius  a  dit  :  Seigneur, 
le  voilà.  — Ceux  (jui  ont  été  interrogés  avant 
vous,  Androuic,   ont   paru  d'abor(l   vouloir 
persister   ilans   leur    première    opiniAtreté. 
Mais  (ju'ont-ils  gagné  à  «-eia?  des  coups  et 
de  la  confusion  ;  et  il  a  fallu,  après  avoir  es- 
suyé bien  des  tourments,  quils  se  soient 
entiii  rendus  ;  et  nous  les  avons,   quoi(prà 
grand'p(Mne  ,  fait    rt'soudre  h  se  convertir. 
Cependant  ils  ne  lais>eront  pas  de  recevoir 
d'assez  grandes  récompenses,  (pi'on  t;\cliera 
de  leur  procurer.  C'est  donc  à  vous  à  pren- 
dre votre  [tarli  do  bonne  heure  ;  puiscju'il 
faut  l('"l  ou  tard  en  venir  là,  et  (jue  vous  no 
pouvez  plus  vous  dispmiser  d  obi'ir  aux  t  in- 
pereurs,  et  de  sacritier  aux  dieux,  fait«>s-lo 
de  bonne    gr.ice  .    vous  y   Inuiverez  voire 
avautag(\   Mais  pour  peu  que  vous  t'assit  z 
de  résistance,  je  jure  par  les  dieux,  et  par 
les  invincibles  empereurs,  que  vous  ne  sor- 
tuez  [>a>  de  mes  maïus  celle  fois-ci,  sans  y 
laisser  la  vie.  —  Androuic  :  Imposteur,  pour- 
quoi (MitrepriMids-tu  (li>  me  tromper  ?  crois- 
tu  ine  p(nivoir  |)er-^ualer  aisément  que  lu 
as  reçu  du  riel  la  puissance  de  tourner  les 
volonti's  à  11  faiitaisie  .'  Tu  mens  impudem- 
ment, (piand  tu  m'a^Nures  que  ceux  doul  tu 
parles  ont  renoncé   le  vrai  Dieu;  je  sai^ 


\m 


TArt 


(|u'ils  n'oiil  eu  g.irdt' d»i  (•«)iis(Mitir  h  tun  iin- 
pi(H(^  M/lis  (|ii()n(l  coin  sniAit,  miiis(>s-lu 
liMii\(«r  (»ii  iiiiii  l.i  tiH^im'  r;i(ilil('t  ?  No  l'y  jil- 
It'Uils  |iH.s.  |j'  Dieu  (|iic  j'iiiliifc  m',!  icvtMd 
(les  jiniios  <|p  la  loi.  Kl  Jôsiis-Cln  isi.  iikiii 
Smiivciii',  iw'n  f.'iil  |>;iil  do  s.i  iMiissfiiicc  ;  r'csl 
ce  (|iii  i'nil  ((lie  jo  iwiiais  ici  sans  ci-aiiidi'o  ni 
Ion  |i(i(iv()ji',  ni  coliiidi*  li'S  iiuil(r<>s,  ni  celui 
do  los  dioiix.  A|ii'ô>  coli,  o\|i()so  a  mes  voux, 
et  ù|)n)nv^^  si  tu  voiu,  sur  irniu  j-urps  lous 
los  tourmoMls  (|uo  lu  as  pu  irivonlor.  —  Ma- 
viiiio  :  Allacho/.-lo  à  dou\  pioux,  <'l  IVaiipo/- 
lo  do  loulo  voli'o  force  il  (•()U|)s  douorl'do  ho-ul'. 

—  Androtiicr  :  Il  n'y  li  rioii  \h  de  nouveau  ni 
d'oxiraordiiiairo  ;  co  .supplico-là  (>sl  tios- 
coiMiimn. —  L(»  j;(HMior  Alhaiiaso  :  'l'u  as  lo 
corps  tout  en  sau^,  et  tu  comptes  cola  i)Our 
rion.  —  Aiidroiiic  :  (lolui  (pii  croit  ou  bieu 
ot  (pii  l'ainio,  coiupto  cola  pour  |»ou  do  cliose. 
^  Maxiuït^  :  Sorno/  du  sc^l  uioini  sur  loulos 
SOS  plaies. —  Audrouic;  :  Ordniuio,  jo  to  prio, 
iprun  ne  rôjiarj^no  pas,  alin  (pi'ôlant  condl 
au  sol,  jo  puisse,  sans  luo  corrotnpro,  rcVsis- 
t(M'  |)lus  lon,L;U>ni|)s  ;\  la  cruauté.  —  Maxiino  : 
Retouriioz-lo  sur  le  ventre,  et  renouvelez  ses 
preuiiùros  piflies  (pii  ne  doivent  pas  encfiro 
être  ferni-  es,  tVap|)ez  dessus.  —  Andronic  : 
Oui,  frappez  liardiuiont  ;  celui  (jui  m'a  déjà 
guéri  me  guérira  encore.  —  Maxime,  eu  s'a- 
dressant  aux  gardes  de  la  |irison  :  Co(piins, 
ne  vous  avais-je  pas  di''fendu  de  le  laisser 
voir  à  (jui  que  co  soil,  et  de  ptTmeltre  (ju'on 
lourhàt  ;\  ses  plaies?  cepe'id.inl  vous  voyez. 

—  Pégase,  l'un  des  guicfietiers  :  Je  [Proteste 
à  votre  excel  oneo  que  jxMsonnc  n'y  a  mis 
d'appareil,  (pii  que  ce  soit  même  ne  lui  a 
parlé  ;  on  l'avait  mis  pour  cela  d^ns  \i'  ca- 
chot le  plus  reculé  ;  je  veux  perdre  la  lètis 
si  je  ne  dis  pa^^  la  vérité  à  votre  grandeur. 

—  Maxime  :  Mais  i)ar  quel  enchantement  ses 
plaies  se  trouvent-el.es  guéries?  —  Le 
gu  chetier  :  Je  jure  par  votre  haute  nais- 
sance que  je  n'en  sais  rien.  —  Andronic  : 
Le  médecin  qui  y  a  mis  la  main  n'est  f)as 
moins  habile  que  charitable.  Pauvres  aveu- 
gles que  vous  êtes ,  vous  ne  le  coimaissez 
pas  !  Ce  n'est  pas  avec  dos  herbes  ou  des 
poudres  qu'il  guérit,  mais  avec  une  seule 
parole.  Il  est  au  ciel,  il  est  présent  paitout. 

—  Maxime  r  Toutes  ces  vaines  imaginations 
que  tu  nous  débites  là  ne  te  serviront  pas 
de  grand'chose.  Sacrifie  plutôt  aux  dieux  ou 
tu  es  perdu  sans  ressource.  —  Andronic  : 
Kcoute,  je  ne  suis  pas  à  deux  paroles  ;  ce 
que  j'ai  une  fois  dit,  je  le  dirai  toujours  : 
suis-je  un  enfant,  qu'un  amuse  ou  qu'on  inti- 
mide comme  on  veut  ? — Maxime :Necroispas 
queje  veuille  te  céder  la  victoire. — Andronic  : 
Ne  i-ense  pas  que  je  te  laisse  prendre  sur 
moi  le  moindre  avantage.  —  Maxime  :  Tu  ne 
mépriseras  pas  impunément  mon  pouvoir. 

—  Andronic  :  Tu  ne  triompheras  pas  de  moi 
aussi  facilement  que  tu  te  l'imagines.  — 
Maxime  :  Il  ne  sera  pas  dit  que  mon  tribu- 
nal relève  de  toi.  —  Andronic  :  11  ne  sera 
pas  dit  que  Jésus-Christ  relève  de  ton  tri- 
bunal. —  Maxime  :  Qu'on  me  tienne  prêts 
pour  la  première  séance  de  nouveaux  sup- 
plices. 


TA  II  4A70 

liioisiijMic  i^trEiiiiUfiATonti:. 
.1   AïKizitrhr  m   (xUcic. 

llaviusC/iius  Nuim'srii'n  Muiiuic,  ^<iUYo^- 
nour   de  Cilirio,  luiiant   l'audionco,   a   dit  : 

Qu'on  f;isso  oniror  cos  nnpios,  |os  chrolious. 
L(!  conlonior  Df'-MM'IniM  :  SiUKnour,  luit 
voici.  —  Mfiiirno  :  Avouez  |;i  vérilô,  Tiini- 
(pio  ;  n'osl-il  pas  vrai  (pi-  los  chaino.s,  |«!s 
fiiuois  ot  los  autroN  IoumulmiIs  no  vous  pa- 
raissent plus  si  digtio.s  du  mépris  V  Suivez 
dftnc  mon  conseil,  ion(»ncozà  voli c  iujpiété , 
doit  vous  n'avez  /otiié  aucune  iiliiilé  jus- 
(pi'ici,  ut  sacrilioz  aux  dieux  qui  sont  le» 
maîtres  (h;  la  naluio  (;t  flo  l,i  forliino.  —  Ta- 
racpio  :  Nous  ne  un;  persuaderez  jamais  que 
le  monde  soit  gouv(Miié  par  des  dieux  qui 
scMit  condanui'S  à  dos  tournionts  i-ternols. 
•Moi,  j'irais  Imr  sacrilier,  pouiêtre  élernelh;- 
nioiit  brûli!  comme  eux?  — Maxnue:  Ne 
cesseras-tu  point  do  blasphi'mor  ?  ô  lo  plus 
ineclianl  d<i  tous  les  houunes  l  Ou,  t'iinagino.s- 
tu  (|u'aprôs  m'avoir  poussé  l\  bout  juir  los  in- 
solents discours,  tu  en  soias  (piitt  >  pour  ptM'- 
dre  la  tête?  —  Taraquo  :  Plûl  à  Di(!U  !  je  ne 
languirais  pas  longtemps,  et  le  combat  serait 
bienlùl  tini.  Cependant  faites  ce  qu'il  vous 
plaira  ;  plus  le  condjat  do  la  foi  sera  long  et 
pénible,  plus  la  couionno  de  gloin'  qui  en 
doii  être  le  prix  sera  liche  et  éclatante,  — 
Maxime:  C'est  à  quoi,  suivant  toutes  les 
lois,  les  scélérats  comme  toi  doivent  s'atten- 
dre. —  Taraque  :  Ce  que  vous  dites  là  est 
contre  le  bon  sens  et  la  raison  :  il  est  vrai 
que  les  lois  condaïunent  à  mourir  ceux  qui 
ont  commis  ([uelque  crime  ;  mais  les  chré- 
tiens qui  sont  innocents,  et  qui  S(jutl'r.'nt 
uiH({uement  [)our  la  cause  de  Dieu,  bien 
loin  une  les  lois  les  jugent  dignes  de  mort, 
elles  leur  font  espérer  au  conti-aire  d-  rece- 
voir une  récompense  infiniment  glorieuse. 

—  Maxime  :  Quelle  récompense  peuvent  at- 
tendre des  imnics,  qui  meurent  dans  leur 
im[)iélé  et  leur  malice  ?  —  Tara  [ue  :  Ce  n'est 
pas  à  vous  à  vous  informer  de  la  maniêredout 
Dieu  récompense  ses  seivit  u:  s  ans  le  ciel  ; 
cos  choses  passent  votre  inteliij,ence,  (t 
vous  n'êtes  pas  digne  d'en  être  instruit  : 
pour  nous  qui  avons  le  bonheur  de  l'être, 
nous  souffrons  avec  joie  tout  ce  que  votre 
rage  emploie  contre  nous  d'elforts.  —  Maxi- 
me :  Tu  n'es  qu'un  misérable  déserteur,  ot 
tu  me  parles  comme  si  tu  étais  mon  égal. 

—  Taraque  :  Il  est  vrai  que  je  ne  suis  pas 
votre  égal,  mais  je  suis  de  condition  libre, 
et  je  puis  parler  librement  à  toute  la  terre, 
personne  ne  m'en  peut  empêcher  ;  car  celui 
qui  me  fait  parler,  c'est  Dieu  même.  — 
Maxime:  Je  t'en  empêcherai  bien,  moi.  — 
Taraque  :  Je  vous  en  défie,  vous,  et  le  diable 
votre  père.  —  Maxime  :  Finissons;  choisis, 
ou  de  sacrifier  aux  dieux,  ou  d'éprouver  \^s 
tourments  les  plus  atfreux.  —  Taraque  : 
Dans  le  prerfiier  et  le  second  interrogatoire, 
j'ai  confessé  que  j'étais  chrétien,  et  je  pro- 
teste encore  la  même  chose.  Croyez  que  si 
je  pouvais  en  consciente  sacrifier,  je  le  fe- 
rais. —  Maxime  :  Mais  quel  avantage  tire- 
ras-lu  de  ton  obstinatiou  ?  Je  vais  te  fairq 


1071 


TAR 


TAU 


«073 


K 


tounnenlor  do  la  manif'ro  l.i  plus  elTroyablo  : 
tu  to   repentiras    alors  de  ta  folie  ;  mais   il 
n'en  sera  [)lns  temps.  — Taraciue  :  Si  j'avais 
à  me  repentir,  je  n'attendrais  pas  h  f)résent, 
je  l'aurais  fait  dès  la   première  torture  que 
]'ai  soutTerte,  ou   du  moins  à  la  seconde  ; 
mais   j^nke  h   Dieu,  je   me  sens  assez  fort 
pour  résister  à  la  troisième.  Faites  donc  ce 
que  vous  voudrez  ;  je  suis  en  votre  puis- 
sance. —  Maxime  :  Liez-le,  altai  liez-le  ;  c'est 
un  fou,  un  furieux.  —  Taraque  :  Je  le  serais 
en  elTel,  si  je  faisais  ce  que  vous  demandez 
d-e  moi.  —  Maxime  :  Te  voilh  étendu  sur  le 
chevalet;  obéis,  et  sacrifie,  avant  que  je  t'a- 
bandonne aux  bourreaux.  —  Taraque  :  Je 
pourrais  vous  alléf,'uer  mon  privilège,  et  le 
rescrit  de  Dioclétien  (1],    cjui  défend  h  tous 
juges  de  faire  souffrir  aux  soldats  toutes  sor- 
tes de  peines.  Mais  de  peur  que  vous  ne  soup- 
çonniez en  moi  quelque  allaiblissement,  je 
ne  me  servirai  point  de  mon  droit,  et  je  ne 
réclamerai  point   contre  le   violement  que 
vous  faites  des  prérogatives  de  la  milice.  — 
Maxime  :  Tout  soldat  qui  refuse  de  sacritier 
our  le  salut  des  cm[)ereurs  perd  son  privi- 
ége  ;  et  comment  oses-tu  t'en  prévaloir,  h\- 
che,  après  avoir  déserté  ?  —  Tara([ue  :  Pour- 
quoi vous  écliaulfez-vous  si  fort  ?  je  vous  dis 
de  faire  ce  (|ue  vous  voudrez.  —  Maxime  : 
Ne  crois  pas  que  je  t'expédie  en  un  moment, 
je  te  veux  faire  mourir  d'une  mort  lente  ; 
puis  je  ferai  jeter  ton  corps  aux  chiens.  — 
Taraque  :  Que  ne  le  faites-vous  donc  '?  qui 
vous  retient  ?  Vous  n'avez  que  des  paroles. — 
Maxime  :  Je  vois  ce  qui  te  tlatte  ;  tu  espères 
que   quelques   dévotes  viendront  après  ta 
mort    recueillir  tes  reli((ues   et  embaumer 
ton  corps  ;  j'y  mettrai  bon  ordre.  —  Taracjue  : 
Fais  ce  (pie  tu  voudras  de  mon  corps,  je  te 
l'abandonne  mort  ou  vif.  —  Maxime  :  Sacri- 
tie  aux  dieux.  —  Taracfue  :   Je  l'ai  déjà  dit 
vingt  fois  que  je  ne  saerilierai  ni  aux  dieux 
ni  aux  déesses.  —  Maxime  :  Fendez-lui  les 
lèvres,  découpez-lui   tout  le  visage.  —  Ta- 
raque :  Tu  as   rendu    mon  visage    hideux  ; 
mais  mon  Ame  n'en  est  (|ue  plus  belle.  Je 
suis  prêt  h   recevoir  tous   les  coups   que  lu 
voudras  me  porter;  je  ne  les  crains  pas,  je 
suis  armé  d'armes  divines.  —  Maxime  :  Où 
sont-elles,  ces  armes,  houuiie  maudit  "?  tu  es 
nu,  tu  es  couvert  de  plaies,  et  lu  dis  que  tu 
es  armé  ?  —  Oui,  je  le  suis,  mais   tu  n'en 
aperçois  rien,    j)arce  que  tu  es  aveugle.  — 
Maxime:  Je   te  laisse  tout  dire  ;  tu  fais  tout 
ce  (|ue  tu  peux  pour  me  nieltre  en   colère 
afin   que  je   le    fasse   mourir.  —  Taratpie  : 
Quoi  !  je  le  veux  metire  en  colère  (larce  que 
j'ai  dit  que  lu  ne  pouvais  voir  mes  armes? 
c'est  (pie   pour  les  voir  il  faut  avoir  le  c(Eur 
pur,  el  le  lien  est  souillé,  aussi  liien  ipietes 
mains,  du  sang  des  serviteurs  de  Dieu.  — 
Maxime  :  Tu  n'fs  qu'un  fourbe.  — Taraque  : 
Ji'  ne  suis  point  un   fourbe  :  car  je  n'adore 
nas  les  dénions  tiui  sonl  des  Irotnpeurs,  mais 
te  Dieu  vivant,  le  Dieu  de  la  vérilé,  (pii  miU 
dans  ma  bouche  toutes  celles  que  je  dis.  — 
Maxime  :  Des  vérités  ?  Ce  ne  sont  (pie  des 

(1)  Ce  rcscril  est  adresse  au  prcfcl  S.illuslc. 


illusions.  Sacrifie,  te  dis-je,  et  délivre-toi  par 
ce  moyen  de  l'effroyable  misère  où  lu  t'es 
si  imprudemment  engagé.  —  Taraque  :  me 
crois-tu  si  peu  sensé,  rpie  je  mette  ma  con- 
fiance en  un  dieu  qui  n'a  pas  le  pouvoir  de 
me  rendre  éternellement  heureux  ?  Pour 
toi,  tu  fais  ton  bonheur  de  conserver  ton 
cor[)S  ;  mais  pour  ton  Ame,  tu  ne  t'en  mets 
guère  en  peine.  —  Maxime  :  Qu'on  fasse 
chauffer  des  pierres  [lointues,  ci  que  tout 
embrasées  on  les  lui  enfonce  sous  les  ais- 
selles.—  Taraque  :  Tout  cela  ne  me  fera  pas 
changer;  Taraque,  le  serviteur  de  Dieu, 
n'adorera  jamais  les  abominations  qu'adore 
Maxime.  —  Maxime  :  Qu'on  lui  coupe  les 
oreilles.  —  Taraque  :  Mon  cœur  n'en  sera 
pas  moins  attentif  h  la  parole  de  Dieu.  — 
Maxime  :  Arrachez-lui  la  peau  de  la  tête, 
puis  couvrez-la  toute  de  charbons  allumés. 
—  Taraque  :  Commande  qu'on  m'écorche 
tout  vif,  et  tu  verras  si  j'en  serai  moins  atta- 
ché h  mon  Dieu.  —  Maxime  :  Enfoncez-lui 
pour  la  seconde  fois  des  pierres  aiguës  tou- 
tes brûlantes  sous  les  aisselles.  —  Taraque: 
Dieu  du  ciel,  jetez  ici-bas  les  yeux,  et  jugez 
ma  cause.  — Maxime  :  Quel  Dieu  appelles- lu 
là  h  ton  secours  ?  Taraque  :  Un  Dieu  que  tu 
ne  connais  pas.  —  Maxime  :  Qu'on  le  re- 
mène en  prison  jusqu'au  jourdes  spectacles. 
Qu'un  autre  se  présente. 

Le  centenier  Démétrius  a  dit  :  Seigneur, 
le  voici.  —  Maxime  :  Il  s'agit  ici,  Probus,  de 
votre  intérêt.  N'allez  point  vous  précipiter 
inconsidérément  dans  des  tourments  dont 
vous  avez  déjà  éprouvé  la  rigueur.  Que 
l'exemple  de  ceux  qui  ont  comparu  avant 
vous  vous  rende  sage  ;  el  n'achetez  pas 
comme  eux  un  repentir  si  cher.  Venez  et  sa- 
crifiez aux  dieux,  et  laissez-moi  le  soin  du 
reste;  je  vous  engage  ma  parole  que  vous 
aurez  tout  sujet  de  vous  louer  et  des  dieux 
et  de  nous.  —  Prol)us  :  Gouverneur,  sachez 
que  nous  n'avons  tous  ({u'un  même  senti- 
ment, parce  que  nous  n'adorons  tous  qu'un 
même  Dieu,  qui  est  le  vérital)le  ;  n'es[)érez 
donc  pas  de  nous  en  voir  changer ,  nous 
vous  (lirons  toujours  la  même  chose  ;  vous 
avez  cru  que  vos  promesses  pourraient  nous 
ébranler,  elles  n'ont  produit  aucun  effet  sur 
nous  ;  et  lorsque  vous  avez  em[iloyé  la  vio- 
lence, vos  su[)plices  ne  vous  ont  pas  mieux 
réussi.  Vous  me  voyez  donc  aujourd'hui 
plus  ferme  dans  ma  première  résolution,  el 
ni  us  inébranlable  (lue  jamais.  —  .Maxime  : 
Vous  lave/  prise  ue  concert ,  cette  résolu- 
tion, et  je  vois  bien  (]ue  vous  vous  accor- 
dez tous  trois  à  traiter  nos  dieux  de  divini- 
tés de  rien.  —  Probus  :  Vous  ne  vous  trom- 
pe/ pas,  et  nous  sommes  tous  d'accord  h  te- 
nir ferme  noiir  la  vérilé.  —  Maxime  :  .Vvant 
que  je  te  tasse  senlir  les  elTets  de  ma  juste 
colère,  je  veux  bien  encore  l'avertir  de  pen- 
ser h  lui  sérieusement;  crois-moi,  préviens- 
les,  ils  s-  ronl  terribles.  —  Probus  :  Cro^yez 
vous-même  ce  que  je  vais  vous  dire:  c  est 
(pie  ni  vous,  ni  vos  tlieux,  ni  ceux  ([ui  vous 
ont  donné  tout  pouvoir  sur  nous,  ne  pour- 
re/  jamais,  avec  tous  vos  t^tforts,  arracher  de 
nos  cœuri   le  resi>cct  el  l'amour  ([ue  nous 


ioiz 


TAU 


TAU 


\(\li 


avons  pour  J»Vsiis-('.lirisl  iiotni  Sci^iiciir  cl 
notro  Dieu  ,  dont  iions  «tonrcssons  Iwniln- 
in«M)t  \o  nom,  ni  nous  l'aiiM»  ni.'ui(|tn'r  à  In  li- 
(Irlilr  (|n(t  nous  lui  devons,  r\  t\\\v.  nous  lui 
nvons  juréo.  —  Maxinu»  :  liio/.-lc,  ol  lo  sus- 
]M'nd(>/,  |);u'  !(vs  pirds.  —  l'iohus  :  Tu  no  c.i's- 
seras  poiul.  d'^Mrc  (wuci  pour  plaire  h  tes  dé- 
mons, et  tu  t(<  lais  Iioiukmm'  de  leur  rossoni- 
hler.  —  Maxime  :  Aiuuvs-tu  si  l'orl  h  souf- 
frir? Knvisa;;;!^  les  maux  (pu'  tu  to  |iiépares, 
elsongO(]uo  lu  as  un  (torps  qui  osl  swnsilde. 

—  Prol)us  :  Fais  ce  que  lu  voudras  ;  ro  (pui 
j'ai  déj.^  enduré  m'a  trop  t'ait  déplaisir,  pour 
no  pas  souhaiter  d'iMi  soulVrir  encore  davan- 
tago.  —  Maxime  :  Faites  cliaulVer  des  pier- 
res qui  soient  Iraneliantes,  et  t'ailes-lui-(>n 
des  incisions  dans  lt»s  cùlés  ;  cela  lui  fera 
l)eul-<\|r(>  passer  sa  lolii».  -  l'robus  :  l'iusje 
le  seud)le  insensé,  et  plus  je  [)arais  sa^e  aux 
yeux  do  Dieu.  —  Maxime  :   Ueniellez  les 

>iei"res  dans  le  IVu,  et  (pi'on  lui  en  fasse  do 
ongues  taillades  sur  les  épaules.  —  Prohus  : 
itfon  corf)S  est  en  ta  puissance.  Que  lo  Sei- 
gneur du  ciel  ol  de  la  terre  daigne  considé- 
rer riuunililé  de  mon  cœur  et  ma  patience. 

—  Maxime  :  Ce  Dieu  que  tu  invoques,  c'est 
lui  qui  t'a  livré  Ji  mon  pouvoir.  —  Probus  : 
Le  Dieu  (pu>  j'invo([ue  aime  les  honmies  et 
ne  veut  point  leur  mort.  —  Maxime  :  Ou- 
vrez-lui la  bouche,  et  qu'on  lui  verse  dedans 
du  vin  des  libations,  et  q^u'on  lui  fasse  ava- 
ler de  la  chair  des  victuues.  —  Probus  : 
Voyez,  Seigneur,  l'extrôme  violence  que  je 
soulfre ,  et  jugez  selon  votre  justice.  — 
Maxime  :  Eh  bien  !  tu  as  essuyé  une  induite 
do  tourments  pour  ne  pas  sacrifier,  et  tu 
viens  cependant  de  participer  au  sacrifice. 

—  Probus  :  Ne  porte  pas  si  haut  ta  prétendue 
victoire,  l'avantage  n'est  pas  grand  pour 
toi,  de  m'avoir  fait  goûter,  malgré  moi,  de 
ces  offrandes  abominables.  —  Maxime  : 
Qu'importe?  tu  en  as  bu  ,  tu  en  as  mangé, 
le  plus  fort  est  fait  ;  achève,  afin  que  je  te 
mette  en  liberté.  —  Probus  :  A  Dieu  ne 
plaise  que  tu  puisses  jamais  vaincre  ma  ré- 
sistance et  souiller  la  pureté  de  ma  foi  I  Mais 
sache  que  quand  tu  ferais  verser  dans  ma 
bouche  tout  le  vin  des  offrandes,  cela  ne  se- 
rait pas  capable  de  donner  la  moindre  al 
teinte  à  l'intégrité  de  mon  âme.  Dieu  voit 
la  violence  qu'on  me  fait ,  et  il  sait  que  je 
ne  donne  aucun  consentement  à  ces  abomi- 
nations. —  Maxime  :  Chauffez  encore  des 
pierres  pointues,  et  lorsqu'elles  seront  tou- 
tes rouges,  qu'on  lui  en  cautérise  les  jam- 
bes. —  Probus  :  L'enfer  et  ses  ministres 
n'ont  aucun  pouvoir  sur  la  liberté  des  ser- 
viteurs de  Dieu.  —  Maxime  :  Il  n'y  a  pas  un 
endroit  sur  tout  ton  corps  qui  ne  soit  une 
p'aie  ;  misérable,  qu'espères-tu  ?—  Probus  : 
Je  l'ai  livré  aux  tourments,  ce  corps,  pour 
en  garantir  mon  âme.  —  Maxime  :  Faites 
rougir  de  gros  clous,  et  qu'on  lui  en  perce 
les  mains.  —  Probus  :  0  mon  Sauveur,  je 
vous  rends  grâces  de  ce  que  vous  m'associez 
à  vos  souffrances.  —  Maxime  :  Tant  de  tour- 
ments te  rendent  vain.  —  Probus  :  Trop  de 
puissance  t'aveugle.— Maxime  :  Insolent  1  est- 
ce  là  le  respect  qui  est  dùà  moi  et  aux  dieux 


Irès-s/iinls  et  Irès-biins  dont  je  prends  lo 
parti  ?  —  Proi»u.s  :  PliU  h  Dieu  (pie  Ion  Ame 
ne  fût  pas  aveugle,  et  (pi'au  milieu  des  ténè- 
bres tu  ne  crusses  pas  être  envunnné  de  lu- 
mière I  —  Maxinn»  :  Oui,  parce  que  jo  l'ni 
laissé  tes  yeux,  lu  oses  m'impuler  je  ne  sais 
(pu'l  aveugleiiieiit  im.ii^iiiaire.  —  Probus  : 
Tu  peux  luv.  leslair(!  arracfuT,  je  n'en  verrai 
pas  moins  clair.  —  Maxime  :  Il  faut  lo  satis- 
faire. IN'obus  :  Il  n(;  lanl  pas  en  deuieiirer 
simpUunenl  aux  menaces,  maison  venir  aux 
elfi.'is  ;  ne  crains  rien,  Je  n'en  serai  pas  plus 
triste.  —  Maxime  :  Pi(piez-lui  les  >eijx  avec 
des  aiguilUïs,  ri  (pie  hîurs  pointes  lui  Atout 
peu  à  peu  l'usage  (l(;  li  lumière.  —  Probus: 
Me  voilà  aveugle;  lu  m'as  l'ail  [icrdre  les  yeux 
du  coros,  essaie  si  lu  auras  aussi  le  |)Ouvoir 
de  m'()ler  ceux  de  l'Ame.  —  Maxime:  Tu 
l'aisonnes  encore,  et  le  voilh  dans  d'éter- 
nelles ténèbres.  —  Probus  :  Si  tu  connais- 
sais celles  où  ton  Ame  est  plongée,  lu  lo 
croirais  bien  plus  malheureux  (jue  moi.  — 
Maxime  :  Tu  n'as  plus  qu'un  souille  de  vi(!, 
et  tu  ne  cesses  de  [)arlei'.  —  Probus  :  Tant 
qu'un  i)eu  de  chaleur  animera  ce  reste  de 
corns  (lue  tu  m'as  laissé,  je  ne  cesserai  do 
])arler  de  mon  Dieu,  de  le  louer,  de  lui  ren- 
dre grâces.  —  Maxime  :  Quoi  !  tu  espères 
vivre  après  tous  ces  tourments?  Ou  l'es-tu 
mis  dans  l'esprit  (pie  je  te  laisserai  mourir 
paisiblement  ?  —  Probus  :  Moi,  je  n'attends 
rien  de  toi  qu'une  mort  cruelle,  et  je  ne  de- 
mande rien  à  mon  Dieu  que  la  grâce  de 
persévérer  juscju'à  la  fin  dans  la  confession 
de  son  saint  nom.  —  Maxime  :  Je  te  laisse- 
rai languir  et  miner  à  la  douleur,  ainsi  qu'un 
scélérat  comme  toi  le  mérite.  —  Probus  : 
Tu  feras  ce  (lu'un  tyran  a  coutume  de  faire 
lorsqu'il  a  la  puissance  en  main  et  qu'il 
trouve  des  hommes  aussi  méchants  que  lui 
pour  lui  obéir.  —  Maxime  :  Otez-le  de  là  , 
et  remenez-lo  en  prison  ;  qu'on  prenne  bien 
garde  surtout  qu'aucun  de  leurs  compa- 
gnons ne  leur  parle  et  ne  les  vienne  félici- 
ter sur  ce  qu'ils  appellent  leur  victoire.  Je 
les  réserve  |)Our  les  prochains  spectacles. 
Qu'on  fasse  entrer  Andronic,  c'est  le  plus 
déterminé  des  trois. 

Le  centenier  Démétrius  a  dit  :  Seigneur, 
le  voici.  —  Maxime  :  Il  est  temps  de  penser 
à  vos  affaires,  Andronic;  vous  êles-vous  bien 
consul. é,  et  d'un  sens  rassis  avez-vous  con- 
sidéré qu'il  est  de  la  dernière  conséquence 
pour  vous  de  reconnaître  les  dieux?  Ou,  ce 
que  je  n'ose  croire,  seriez-vous  encore  assez 
ennemi  de  vous-même  pour  persévérer  tou- 
jours dans  votre  première  opiniâtreté  ,  la- 
quelle ,  après  tout,  ne  peut  vous  être  que 
funeste  ?  Allons,  rendez-vous,  faites  ce  qu'on 
souhaite  de  vous ,  sacrifiez  aux  dieux  ;  ils 
vous  rendront  avec  usure  l'honneur  qu'ils 
recevront  de  vous.  N'attendez  pas,  au  reste, 
que  j'aie  pour  vous  la  moindre  condescen- 
dance, pour  peu  que  vous  marquiez  encore 
d'éloignement  d'une  chose  si  juste  et  si  rai- 
sonnable. Approchez  donc  de  l'autel,  sacri- 
fiez, et  votre  vie  est  en  sûreté.  —  Andronic  : 
Tyran ,  homme  dévoué  au  mensonge  ,  tu 
montres  bien  ton  naturel  féroce  et  inhu- 


107S 


TAR 


iii.Tin  ;  et  jo  l'onlrovois  h  trnvers  toutes  rcs 
]>orole5  ai  tilificusfS.  >'e  rrnis  pns  pouvoir 
me  surpreiiilrc,  jo  suis  inéliranlnhl'  dans  la 
confossirm  que  je  fais  d'un  seul  Dieu.  JV»i>- 
postrai  à  ta  (  rnaulé  une  constance  ii.vin- 
rible,  et  à  linjustice  de  tes  pens(''es  la  force 

Îue  bii'U  nie  donnera  pour  les  combat  Ire. 
e  t'apprendrai  que  la  venu  est  de  tous  les 
âges,  et  que  la  prudence  peut  quelquefois 
ôlrt-  celle  <le  la  jeunesse.  —  Maxime  :  Est-ce 
accès  de  folie  ou  possession  du  démon  q\n 
tt'  fait  parler  ainsi?  —  Andronic  :  Ni  l'un  ni 
l'autre  ;  cela  pourrait  Cire  si  je  consentais  à 
ce  que  tu  me  proposes.  Mais  toi-môme  ,  si 
l'on  en  juge  par  tes  actions,  qu'es-tu  autre 
chose  qu'un  démon  détestable  ?  —  Maxime  : 
Tes  deux  compagnons  faisaient  comme  toi 
les  courageux  avant  la  torture  ;  ce  n'était 
que  bravades,  que  paroles  lières  et  hautai- 
nes; mais  rien  de  plus  souple,  rien  de  plus 
soumis  après  que  je  les  eus  mis  h  la  laison 
par  le  moyen  des  tourments.  Ils  n'ont  ()lus 
l'ait  de  difficulté  de  sacrifier  aux  dieux  et  aux 
empereurs  mômes.  —  Andronic  :  Voilà  jus- 
tement parler  en  franc  adorateur  du  dieu 
du  mensonge,  et  je  reconnais,  h  ce  que  tu 
viens  d'avancer  avec  une  insigne  fausseté, 
que  les  hommes  sont  tels  (|ue  les  dieux 
qu'ils  servent.  Que  Dieu  te  juge,  ouvrier  d'i- 
niquité. —  Maxime  :  Je  consens  de  passer 
pour  tel,  si  je  n'abaisse  ton  insolent  orgueil. 
—  Andronic  :  Tu  ne  me  fais  point  de  peur. 
Je  t'attends  de  pied  ferme  ;  et  couvert  du 
nom  du  Seigneur,  j'essuierai  sans  piUir  tout 
le  feu  de  ta  colère.  —  Maxime  :  Faites  des 
rouleaux  de  papier,  mette/.-y  le  feu,  et  bvù- 
lez-lui  le  ventre  avec.  —  Andronic  :  Quand 
tu  me  ferais  jeter  au  milieu  des  llauuues,  ta 
victoire  n'en  serait  pas  plus  assurée,  pourvu 
que  je  respirasse  encore;  ne  vo.s-tu  pas 
que  mon  l)ieucoml)al  pour  moi?—  Maxime: 
Quoi  1  tu  uie  résisteras  toujours  ?  —  Andro- 
nic :  Oui,  tant  que  jo  vivrai.  Fais-moi  donc 
mourir  prom[ileiiient,  si  tu  veux  vaincre; 
c'en  est  pour  loi  l'unique  moyen.  — Maxime: 
Qu'on  fasse  rougir  au  feu  des  poinçons,  et 
qu'on  les  hii  enfonce  entré  les  doigts.  — 
Andronic  :  Ennemi  déclaré  de  Dieu  .  ton 
ûme  livrée  au  démon  en  est  toute  possédée; 
Ils  j)eusées  sont  celles  de  ce  malluniieux 
esprit,  tu  n'agis  que  par  le  mouvement  qu'il 
le  donne,  et  ses  sentiments  sont  3es  tiens. 
Tu  crois  peut-être  (pie  cela  me  causera  qut'l- 
(jue  crainte  ;  point  du  tout:  appreiuls  quejt« 
n'ai,  au  (contraire,  pour  loi  que  du  mé^)ris, 
et  c'est  Jésus-Chrirsl  lui-mt'me  qui  me  1  ins- 

f>ire.  —  Maxime  :  Ne  parles-tu  pas  là  de  cet 
Kunme  que  Ponce  Pilale  lit  punir?  —  An- 
(ironic  :  Tais-toi,  esprit  immoiulo,  et  (pie  ta 
|t''Ml)'<  impure  et  sacrilège  se  garde  bien 
Il  louuncer  ce  nom  adorable.  Il  te  l'au- 

rait peut-être  été  permis,  si  tu  ne  t'en  «'tais 
rencJu  indigne  [>ur  tant  de  cruautés  (jue  tu 
exerce  sur  ses  serviieurs;  mais  ne  l'espère 
plus,  car  lu  ne  les  ras  c(»ntiPlé  de  te  perdre 
toi  seul  par  ces  li(»rril»ks  excès  où  lu  lo 
|w,,if.s  ihi  pie  jour,  tu  en  as  encore  voulu 
;  i|   d'autres,  qu"  lu  as  rendus 

i:"iui'UL<j3  u.;  ius  cames ,  quoi(pic  souvent 


T.\R  iOTG 

Maxime  :  Mais  loi ,  quel 
lie  croire  et  d'espérer  en 


maigre   eux.   — 
avantage  tire>-lu 

cet  homme  que  tu  nomuK'S  Ch(i>t  ?  ~  An- 
dronic Quel  avantage?  Ah  !  très  -  grand  ; 
une  récompense  inlinie.  Il  ir.e  tiendra  compte 
de  tout  ce  que  je  soutire  ma  ntenint  pour 
lui.  —  Maxime:  Ne  t'attends  pas  au  moins 
h  mourir  du  premier  coup.  Et  je  veux  même 
l'épargner  jus(^u'au  jour  '.es  spectacles,  afin 
que,  moins  aH'.ibli  par  les  tourmei.ts,  tu  sois 
plus  sensible  aux  morsures  des  bêles:  tu  le 
verras  alors  dévorer  les  membres  l'un  aitrès 
l'autre  p.irces  cruels  animaux,  et  j'en  lais- 
serai ton  ."^me  longtemps  spectatrice,  avant 
de  lui  j)ermcttre  daband(jnner  ton  corj)S. — 
Andronic  :  A  (piel  excès  de  fureur  et  de  rage 
soulfies-tu  que  le  démon  porte  la  tienne? 
Tu  (S  itlus  inhuma  n  (|ue  les  tigres  et  ])lus 
altéré  ue  sang  (]ue  les  meurtriers  les  plus 
déterminés.  Tu  n'as  point  d'horreur  de  faire 
périr  des  hommes,  tes  semMables,  que  per- 
sonne n'accuse,  fpii  sont  innocents,  qui  ne 
t'ont  jamais  fait  de  mal?  —  Maxime  :  Ou- 
vrez-lui la  bouche,  et  faites-lui  prenire  du 
vin  (jui  a  été  oITert  aux  dieux.  —  Andronic  : 
Voyez,  Seigneur,  la  violence  qu'on  me  fait. 

—  Maxime  :  Que  prétends -tu  faire  à  pré- 
sent? Tu  n'a  pas  voulu  sacrifier  aux  dieux, 
et  tu  viens  de  goiller  des  oll'randes  prises  sur 
leur  autel;  te  voilà  initié  à  leurs  mystères. 

—  Andronic  :  Tj^ran  ,  sache  que  l'âme  n'est 
point  souillée  lorS(|ue  le  corps  est  forcé  de 
l'aire  une  chose  ([u'elle  condamne.  Dieu,  qui 
connaît  les  plus  secrètes  pensées  du  cœur, 
sait  (pie  le  mien  n'a  point  consenti  à  cette 
abomination.  —  Maxime  :  Jusqu'à  quand 
te  laisseraS-tu  infatuerde  toutes  ces  vaines 
imaginations?  Elhs  ne  te  sauveront  pas  de 
mes  mains.  —  Andronic  :  Quand  Dieu  le 
voudra,  il  saura  bien  trouver  le  moyen  de 
m'en  tirer. —  Maxime  :  .\utre  extravagance. 
Je  te  ferai  couper  cette  langue  qui  ih-bite 
tant  de  sottises.  Tu  abuses  de  ma  patience, 
et  ma  modération  ,  je  le  vois  bien  ,  ne  S(>rl 
qu'à  entretenir  ta  vanité.  —  Andronic  :  Eh 
bien  !  je  te  demande  par  grAce  de  me  faire 
couper  cette  langue  et  C(>s  lèvres ,  qui  ont 
été,  à  ce  (jue  tu  crois,  souillées  du  vin  oîTert 
aux  idoles.  —  Maxime  :  Tu  as  beau  dire,  tu 
as  gortté  du  sacrilîce.  —  Andronic  :  Puisses- 
tu  être  confondu,  tyran  détestable  ,  toi  et 
tous  ceux  uni  l'ont  donné  le  pouvoir  de  faire 
tant  (le  mal.  si  jamais  on  peut  reprocher  à 
Andronic  d'avoir  coi^senli  à  tiui  impiété  :  mais 
loi,  qu'il  te  souvienne  de  la  violence  (pie  tu 
fais  aux  serviteurs  (le  Dieu  ;  (juC  ce  Dieu  tout- 
[luissant  ii(»us  iuge.  —  Maxime  :  M(>chant  , 
tu  oses  faire  des  imprécations  contre  nos 
très-pieux  et  très-déments  emper(Mirs.  à  (pii 
nous  devons  la  paix  et  1."»  Iiaiiquillité  dotit 
nous  jouissons.  —  Andronic  :  Oui,  je  mau- 
dis mille  et  mille  fois  (Cs  l\rans  altérés  de 
sang,  qui  s'en  enivrent,  et  ijui  en  «uit  inondt" 
toute  la  terre.  Que  Dieu  étende  sur  eux  son 
bras  vengeur,  (ju'il  les  éi  rase,  (ju'il  les  cou- 
vre dcj>  tlots  de  sa  (  olère,  qu'il  les  abîme, 
afin  qu'eux  cl  leurs  semblabhvs  apprennen.l 
ce  que  c'est  que  «le  s'allaijuer  aux  serviteurs 
de  ce  Dieu  fedouiable.  —  Maume  :  Qu'on 


t; 


1077  TAU 

lui  nrnuîholos  tlcnts.ciiroi»  luiroupc  la  lan- 
Kiif  jns(]ir;i  la  raiiiic,  aliii  iiu'il  aii|ir(Miiio 
iiii-iiu"^iii(>  (0  i|iif  iiK'iilf  tfliii  (|ui  a  l'.ni.lacn 
i\y>  lilasplu^tuiT  c.oiiln'  Ion  sDUVcraiiih.  <.>ii<' 
iVs  ilciils  anarluH's  cl  (|ii('  (('lli'  lai»i;ii('  cnii- 
p(V>  suidJil  jctr-fs  dans  le  tVu  ,  t'I  mi'aprrs 
iIu'j'lUvs  auront  cHô  n'uluilcs  (\u  c«Mulri'.s,  on 
Ifs  s(''ino  coiili'c  le  vciil,  aTm  ijvril  n't'ii  l'csti' 
ririi  (|ui  |unssi'  C-lvv  recueilli  par  les  rhsr- 
ticris,  ot  (pii  puisse  nourrir  lu  supcrslilioii 
<lo  (pu'IipHvs  l'cimiics,  (pli  ne  niailipnTaienf 
jiasilcli-'s  pii'iuiie  el  do  les  conseiver  ciuinne 
do  précieusos  reliiiuos  (1).  Pour  lui.  (pi'ou 
le  reuïOiue  en  |)iis()n.iustprau  juin-  de  la  lelc, 
)oiU'  servir  avec  l(>s  autres  de  pAliiie  auv 
.lôlos  de  l'auipIiilhéAlro. 

MaxiiiK^  a\aiil  mandé  Tt'i'enlien  ,  souve- 
rain priHre  (2)  de  la  (".ilicie,  il  lui  ordonna  de 
faire  prépartM-  les  joux  pour  le  lendemain. 
Térenlieu  obéit;  et  ayant  tait  savoii-  rinleii- 
tion  ilu  gouverneur  à  celui  ipii  avait  linlen- 
dancedes  Sf>eclacles  de  l'auipliilhéAire,  tout 
fut  nrcM  au  jour  uiaïqué.  Dès  \c  matin,  une 
prodii^ieuse'  umllilude  de  [)euple,  hommes 
et  iemnies ,  so  rendirent  h  l'ampliithéAtre. 
Ce  lieu  est  éloigné  de  la  ville  d'environ  un 
nulle.  Le  gouve  neur  y  arriva  sur  le  midi. 
D'abord  on  domu\  aux  bcHes  les  corps  do 
]ilusioin\s  glatlialeurs  (pii  s'étaimit  entrc-lués. 
Nous  étions  retirés  dans  un  coin  ,  où  nous 
observions  toutes  choses ,  attendant  avec 
crainte  la  tin  de  la  journée,  lorsque  le  gou- 
verneur couunanda  h  tiuelques-uns  de  ses 
gardes  d'aller  (juérir  les  chrétiens  qui  étaient 
condamnés  aux  bétes.  Les  gardes  coururent 
»l  la  prison,  d'où  ayant  tiré  les  saints  mar- 
tyrs ,  ils  les  chargèrent  sur  les  épaules  do 
quelques  porte-faix  ,  (jui  les  portèrent  jus- 
«pi'au  pied  de  l'échafaud  du  gouverneur;  les 
touriViCnts  qu'on  leur  avait  fait  endurer  les 
avaient  mis  hors  d'état  non-seulement  de 
marcher,  mais  même  de  se  remuer.  Dès  que 
nous  les  eûmes  aperçus ,  nous  nous  avan- 
çAmes  vers  une  petite  éminence  où  nous 
nous  assîmes,  nous  couvrant  à  demi  de  quel- 
ques pierres  qui  étaient  là.  L'état  où  nous 
vîmes  nos  frères  nous  fit  répandre  bien  des 
larmes;  plusieurs  même  des  spectateurs  ne 

fmrent  retenir  les  leurs;  car  dès  que  les 
lommes  qui  portaient  les  martyrs  les  eurent 
déchargés  dans  la  place,  il  se  fit  un  silence 
presque  général ,  causé  par  la  vue  d'un  objet 
si  pitoyable  ;  mais  le  peuple  ne  pouvant  plus 
retenir  son  indignation ,  on  commença  à 
murmurer  tout  haut  contre  le  gouverneur. 
"Voilh,  disait-on,  une  injustice  criante;  cette 
procédure  ne  se  peut  soutenir,  il  ne  peut  y 
avoir  qu'un  méchant  juge  qui  ait  pu  rendre 
un  pareil  jugement;  et  là-dessus  il  y  en  eut 
beaucoup  qui  quittèrent  les  spectacles  et 
s'en  retournèrent  à  la  ville.  Le  gouverneur, 
qui  s'en  aperçut ,  mit  des  soldats  aux  ave- 
nues de  l'amphithéâtre  ,  pour  empêcher  que 

(1)  Les  reliques  des  martyrs  en  vénération  du 
commencement  du  iv  siècle. 

{i)  Ou  le  ciliciarque:  c'était  le  clief  des  prêtres 
des  idoles  de  toute  la  Cilicie,  comme  l'asiarque  clait 
le  chef  des  prèlres  de  l'Asie.  {Actes  de  suini  Poh - 
carpe.) 


TAR 


nr,A 


personne  ne  sortit,  et  |>our  remarfiuer  ceux 
qui  s'y  |M'éscntcraieiil,  et  les  lui  (lénOnc«r. 
Il  comiu.ind  I  en  mêine  temps  (jw'on  lAcliàt 
lin  j^rand  nonibn'  de  bêtes;  mai.s  ces  iini- 
maiix  ,  au  sortir  de  leurs  lo^es,  s'arr/^lèreul 
tout  court  ,  (il  ne  lirciil  point  de  mal  aux 
saints  martyrs.  Maxime;  tout  furieux  lit  ap- 
peler les  gardiens  des  bêtes  ,  (;t  leur  fil  don- 
ner cent  coups  de  bAton  ,  les  voulant  re'idro 
r(!S|)0!isables  de  ce  iiue  des  lions  et  des  tit^res 
étaient  moins  cniels  (pie  lui.  Il  les  menaça 
de  l(;s  fiiire  tons  mettre  en  croix,  s'ils  ne  lui 
fournissaient  sur  l'heure  celle  de  tout(;s  leurs 
bêtes  (pi'ils  croient  la  plus  fai-ouilie  et  la 
plus  carnassière.  Ils  lâchèrent  un  grand  ours, 
(pli  ce  jour-là  mêm(!  avait  étranglé  trois 
hommes.  Il  s'approcha  au  petit  pas  du  lieu 
où  étaient  les  martvrs,et  se  mit  ii  lécher  bs 
plaies  de  saint  Amfronic.  Co  jeune  homme, 
(jui  souhaitait  passioiniément  de  mourir,  aji- 
jmya  sa  tête  sur  l'ours,  taisant  tous  ses  ell'orts 
pour  le  mettre  en  colère,  mais  l'ours  ne 
l)ranla  pas.  Maxime  ,  ne  se  possédant  pins, 
co.iimanda  (ju'oii  le  tuAt;  et  il  se  laissa  tuer 
sans  résistance  aux  pieds  de  saint  Andronic. 
Térentieîi,  averti  de  l'elfroyable  colère  où 
était  le  gouveriu'ur,  et  craignant  le  sort  de 
l'ours  ,  lui  envoya  promptement  une  lionne 
des  plus  furieuses,  (|ui  était  venue  des  déserts 
de  la  l.ybie  ,  et  dont  le  souverain  sacrifica- 
teur d'Anlioiîhe  lui  avait  fait  présent.  Dès 
qil'elle  parut,  tous  les  spectateurs  pAlirenf. 
Elle  poussait  d(!S  rugissements  qui  porlaieU 
la  frayeur  dans  les  Ames  les  moins  suscejiti- 
bles  de  crainte.  Mais  s'étant  approchée  des 
saints,  qui  étaient  étendus  sur  le  s.ib'e,  elle 
se  coucha  aux  pieds  de  saint  Taraque,  dans 
une  posture  de  supi)liantc,  et  comme  si  elle 
l'eût  adoré.  Saint  Taraijue ,  au  contraire  , 
faisait  tout  ce  qu'il  pouvait  pour  l'animer 
contre  lui,  et  pour  lui  rendre  sa  férocité  na- 
turelle qu'elle  semblait  avoir  perdue  ;  mais 
la  lionne,  comme  une  brebis  innocente  et 
paisible  ,  demeurait  à  ses  pieds  qu'elle  bai- 
sait. Maxime,  écumant  de  rage,  commanda 
qu'on  piquât  la  lionne  avec  un  aiguillon. 
Mais  cette  bête ,  reprenant  alors  sa  fureur, 
qu'elle  n'avait  oubliée  que  pour  les  s-iints 
martyrs,  et  rugissant  d'une  manière  effroya- 
ble, mit  en  pièces  un  guichet  de  la  porte  de 
l'amphithéâtre,  et  jeta  une  si  grande  épou- 
vante parmi  le  peuple,  qu'il  criait  :  Nous  al- 
lons tous  périr,  qu'on  ouvre  la  porte  à  la 
lionne. 

Alors  Maxime  ordonna  qu'on  fit  entrer 
des  gladiateurs  pour  égorger  les  trois  mar- 
tyrs. Les  gladiateurs  vinrent,  et  les  saints 
consommèrent  leur  martvre  par  l'épée.  Le 
gouverneur,  en  sortant  de  l'amphithéâtre,  y 
laissa  une  escouade  de  soldats  pour  empê- 
cher qu'on  n'enlevât  les  corps;  et,  afin  qu'on 
ne  pût  les  reconnaître,  il  commanda  qu'on 
les  mît  pêle-mêle  avec  ceux  des  gladiateurs 
qui  avaient  péri  dans  les  divers  combats 
qui  s'étaient  donnés  durant  les  spectacles. 
Pendant  que  les  soldais  étaient  occupés  à 
cela,  nous  nous  ava'içâmes  un  peu  ;  et,  ayant 
mis  les  genoux  en  terre,  nous  demandâmes 
à  Dieu  qu'il  nous  montrât  les  reliques  des 


4079 


TAU 


T\T 


1080 


saints  martyrs.  Noire  oraison  finie ,  nous 
iKMis  approrliAmes  onroro  nn  peu  plus.  \j's 
soldais  avaient  alluuK^  du  tVu  ,  car  la  nuit 
^tail  survenue,  et  une  nuit  fort  obscure,  et 
ih  s'étaient  mis  h  soiiper.  Nous  nous  jrfAmPS 
une  seconde  fois  h  genoux  ,  implorant  avec 
une  grande  ferveur  le  secours  du  ciel,  et 
priant  Dieu  qu'il  voulût  favoriser  notre  en- 
treprise, et  nous  faire  démêler  les  corps  des 
martyrs  d'avec  ceux  des  gladiateurs.  Nous 
firmes  exaucés,  car  il  s'éleva  dans  le  moment 
un  furieux  orage ,  mêlé  d'éclairs,  de  tonnerre 
et  de  pluie  ,  et  accompagné  d'un  tremble- 
ment de  terre  qui  écarta  les  soldats.  Lorsque 
l'orage  fut  apaisé ,  nous  nous  mîmes  en 
prières;  et  nous  étant  enfin  a|)prorhés  fort 
près  des  corps,  nous  IrouvAmesle  feu  éteint 
et  les  soldats  dispersés  çà  et  là.  Mais  com- 
ment ,  dans  cet  amas  confus  de  corps,  pou- 
voir reconnaître  ceux  que  nous  cherchions  ? 
Nous  eûmes  recours  à  Dieu ,  nous  levAmes 
les  mains  au  ciel,  et  il  en  tomba  en  même 
temps  un  petit  globe  lumineux  en  forme 
d'étoile,  qui  se  posa  tour  à  tour  sur  les  corps 
des  saints  martyrs.  Nous  les  enlevAmes  avec 
une  joie  que  nous  ne  saurions  vous  expri- 
mer; et  à  la  faveur  de  cette  étoile  miracu- 
leuse, nous  sortîmes  de  l'amphithéAtre.  Nous 
trouvant  extrêmement  fatigués,  nous  fûmes 
obligés  de  nous  reposer  un  peu,  et  l'étoile 
s'arrêta  aussi  et  ne  nous  quitta  point.  Nous 
nous  mîmes  à  penser  où  nous  pourrions 
mellrc  h  couvert  notre  pieux  larcin;  nous 
nous  adressAines  h  notre  ordinaire  h  Dieu, 
le  priant  d'achever  ce  qu'il  avait  si  bi(ui 
commencé.  Ayant  repris  nos  forces  durant 
cette  pause  ,  nous  chargeAmes  de  nouveau 
nos  épaules  de  ce  précieux  fardeau,  et  nous 
prîmes  le  chemin  de  la  montagne  voisine.  Là 
l'étoile  disparut,  et  nous  aperçûmtvs  une  ou- 
verture dans  le  rocher,  creusée  en  forme  de 
sépulcre.  Nous  y  enfermAmes  promi>tement 
les  corps  de  nos  martyrs,  et  nous  nous  reti- 
rAmes  en  diligence,  nous  doutant  bien  que 
le  gouverneur  ne  manquerait  pas  «l'en  faire 
une  exacte  perquisition.  Etant  retournés  à 
la  ville,  nous  apprîmes  ([ue  les  soldats,  pour 
avoir  abandonné  leur  poste,  avaient  été  sé- 
vèrement cliAtiés  par  l'ordre  de  Maxime. 
Nous  rendîmes  grAcesàDieu  de  ce  qu'il  s'é- 
tait bien  voulu  servir  de  notre  ministère 
pour  rem  Ire  h  ses  serviteurs  ces  derniers  de- 
voirs de  piélé.  .Marcion  ,  Félix  et  ^'érus  se 
sont  r<'iir('s  dans  le  rocher  qui  est  le  déno- 
sitaire  de  ces  saintes  reliques  ,  dans  le  des- 
sein d'y  passer  le  reste  de  leurs  jours,  alin 
que  le  même  tombeau  qui  rent'eruu>  ces  os 
sacrés  couvre  aussi  un  jour  leurs  corps. 

Que  notre  Dieii  soii  béni  h  jamais.  Nous 
vous  conjurons  ,  au  reste,  nos  cliers  frères, 
de  recevoir  avec  votre  charité  ordinaire  ceux 
(jui  vous  rendront  (elle  lettre;  ils  inérilent 
vos  soins  et  votre  e^lune  ,  car  ils  uni  l'hon- 
neur d'être  du  nombre  des  ouvriers  (pii  tra- 
vaillent sous  les  onlrcs  de  Jésus-Chnsl.  au- 
quel la  gloire  et  la  puissance  a|)parliennent, 
avec  le  Père  et  le  Saint-Es[)nt,  avant  tous  les 
siècles  ,  maintenant  et  toujours,  et  dans  les 
siècles  à  venir.  Amrn. 


TARAZON.V,  ville  murée  d'Espagne,  a  été 
témoin  des  souffrances  (pi'y  endura  l'évêque 
Prudence,  en  confessant  sa  foi  ;  on  ignore  à 
([uelle  époque. 

TARNOWSKA  (Clotitde),  l'une  des  reli- 
gieuses Basiliennes  qui,  dans  le  courant  de 
Tannée  1837,  furent  si  violemment  persécu- 
tées par  le  czar  Nicolas  et  Siemaszko,  évoque 
apostat.  On  les  employa  à  la  construction 
d'un  palais  pour  ce  prêtre  schismatique.  Un 
pan  de  muraille  étant  venu  à  s'écrouler, 
(Motilde  Tarnowska  et  quatre  de  ses  compa- 
gnes furent  écrasées.  (Voy.  l'article  Miec- 

ZYSI.AWSKA.) 

TARUAGONE,  ville  d'Espagne  (Hispanio 
citérieure).  Son  évoque,  saint  Fructueux,  y 
fut  martyrisé  avec  ses  diacres  saint  Augure 
et  saint  Euloge.  {Voy.  Fructueux.) 

TARSE,  en  Cilicie,  est  célèbre  par  lo 
martyre  des  saints  Castor  et  Dorothée. 

TAtIEN  (saint),  diacre,  souffrit  le  martyre 
à  Aquilée  avec  saint  Hilairo,  évêque,  et  les 
saints  Félix ,  Large  et  Denis.  Leur  sacrifiée 
eut  lieu  sous  l'empire  de  Numérien  et  sous 
le  président  Béroine.  On  ne  dit  pas  quel  fut 
au  juste  leur  genre  de  mort  :  il  est  certain 
qu'ils  subirent  la  peine  du  chevalet  et  divers 
autres  tourments.  L'Eglise  fait  leur  fête  lo 
16  mars. 

TATIEN  (saint) ,  fut  martyrisé  à  Méré  en 
Phrygie  ,  avec  les  saints  Macédone  et  Théo- 
(lule.  Le  président  Almaque  ,  qui  comman- 
dait cette  province  durant  le  règne  de  Ju- 
lien l'Apostat ,  leur  ayant  fait  soulfrir  diver- 
s(>s  tortures  sans  les  amener  à  sacrifier  aux 
faux  dieux  ,  les  fit  étendre  sur  des  grils 
ardents,  où  ils  expirèrent  pleins  de  joie.  Ils 
sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le  12 
septembre. 

TATIENNE  (sainte),  vierge  et  martyre, 
est  portée  par  le  Martyrologe  romain  comme 
ayant  souffert  h  Rome  sous  l'empereur  Maxi- 
min  avec  sainte  Martine.  L'Eglise  fait  sa  fêle 
le  12  janvier.  Ses  Actes  n'ont  aucune  espèce 
d'autorité. 

TATION  (saint) ,  souffrit  le  martyre  en 
Isauric,  durant  la  pf^rsécution  de  l'empereur 
Dioclétien  et  sous  le  président  Urbain.  11 
périt  par  le  glaive.  L'Eglise  fait  sa  mémoire 
le  i't  août. 

TATONA  (sainte) ,  vierge  ,  fut  martyrisée 
en  l'an  .'JW  de  Jésus-Christ,  sous  le  règne  de 
Sapor  dit  Longue-Vie.  Elle  habitait  Beth- 
Séleucie.  Sa  fête  est  inscrite  au  .Martyrologe 
romain  le  ;}0  novembre. 

TATOl'L,  prince  arméni(>n  de  la  famille 
Timaksiank,  fut  l'un  dt>  ceux  qui  soutfrirent 
volontairement  la  captivité  pour  Jésus-Christ 
sous  le  règne  dlla/guerd.  deuxième  du  nom, 
roi  de  Perse ,  et  <pii  ne  furent  remis  eu  li- 
berté et  renvoyés  en  leur  pays  (jue  huit  ans 
a|»rès  la  mort  de  ce  [^rince,  sous  le  règne  do 
so!i  tils  Bérose.  ^Pour  plus  de  détails,  voy. 

PlU>C,rs    IHMKMENS.) 

TA  roi'L  ,  prince  arménien  ,  de  la  famille 
Camsaragank  ,  souffrit  h  captivité  avec  le 
précédent  et  dans  les  mêmes  circonstances. 

TATTK  (sainte\  martyre,  soutTrit  les  tour- 
ments cl  la  mort  pour  la  défense  de  la  reli- 


1081 


TKC 


TEN 


tOR2 


^ioiinvocPnul  son  (<|»oiit,  S,il)iiii('n,  Maxiino, 
lluf  cl  iMiKriic  It'iir.s  ciiliuils.  \yiu\\  l'Ir  n<;- 
cusés  dii  Iniro  profession  do  In  religion  rlirj^- 
tiomic,  ils  l'iinMit  rharm's  de  coiiits  ri  ciidil- 
im'timiI  d'aiilr-cs  .sii|>|ilirr.s  dont  les  circftiis- 
lancos  110  sonl  point  pnrvcMUics  josmi'h  nous, 
cl  dans  lesquels  ils  f\pir(''r(Mil.  I/K^lisi»  fait 
leur  HMe  le  2Î)  seplcudMe. 

'KIIIA-SSK-HAI,  mandarin  chinois,  nyanl 
Ibiinult^  une  accusation  nouvelle  C(»nlr(>  les 
chn^iens,  et  deinandanl  ,  dans  le  niéuioin» 
(ju'il  nnVsouta  h  cet  ellel ,  (juMI  fiU  délendu 
aux  (Jiinois  (]ui  servaient  sous  l(>s  banniè- 
res d'tMuhrasscr  W  cll^istianis^l(^  le  sixi«MU<' 
rt^guio  so  cliart^ca  de  reiuctlrc  raccusnlion  i\ 
remperour.  Kn  IT.'IC),  il  fui  arrêté,  au  cours 
du  mois  d'avril  ,  (jue  les  commandants  des 
bannières  on^ai^eraionl  les  nouveaux  chré- 
litMis  h  abjurer  et  les  inuiiraient  s'ils  refu- 
saient. Ce  fut  en  conséquence  de  ce  mé- 
moire quo  l'on  décida  qu'on  conserverait 
seulement  (piehpies  Kuropécns  h  Pékin,  h 
cause  de  leur  habileté  dans  les  sciences  ;  mais 
que  le  tribunal  des  rites  leur  défendrait  d'at- 
tirer personne  h  leur  religion.  On  peut  voir 
il  l'article  Chine  quelles  furent  les  consé- 
quences de  cet  édit. 

TCHOU  (Adrien),  prôtrc  chinois,  fut  exilé 
îi  une  époque  qu'on  ne  précise  pas ,  mais 
qui  doit  être  comprise  entre  1760  et  1780, 
dans  la  province  de  Chan-Tong.  En  1785,  il 
fut  banni  h  perpétuité  dans  un  lieu  nommé 
Yli ,  et  fut  marqué  au  fer  rouge  sur  le  vi- 
sage, pour  avoir  évangélisédans  le  Sutchuen. 
Son  premier  exil  avait  été  motivé  par  les 
prédications  qu'il  avait  faites  dans  la  pro- 
vince de  Fo-Kien. 

TECLA  (Emmanuel)  ,  vice-roi  du  Tigré 
sous  Basdides,  Négous  d'Abyssinie,  fut  mis 
aux  fers  par  ce  prince  pour  la  protection 
qu'il  accordait  aux  jésuites  persécutés.  II 
avait  caché  trois  de  ces  bienheureux  pros- 
crits :  Bruno  de  Sainte-Croix,  Gaspard  de  Paez 
et  Jean  Pereira.  Non-seulement  il  fut  empri- 
sonné ,  mais  encore  il  fut  dégradé  et  privé 
de  son  commandement ,  qui  fut  remis  à 
Melca  Christos  ,  ennemi  juré  des  catholi- 
ques. Ces  événements  se  passaient  en  1635. 
{Voy.  Abyssinie.) 

TEC  LE  (sainte),  vierge,  répandit  son  sang 
our  la  foi  en  l'an  3i3  de  Jésus-Christ,  sous 
e  règne  de  Sapor  dit  Longue-Vie.  Elle  habi- 
tait Beth-Séleucie.  Sa  fête  est  inscrite  au 
Martyrologe  romain  le  30  novembre. 

TËCUSE  (sainte),  vierge  et  martyre,  l'une 
des  sept  que  le  gouverneur  Théoctène  lit 
arrêter  à  Ancyre  en  même  temps  que  saint 
Théodote.  Elle  était,  comme  ses  compagnes, 
fort  âgée ,  ce  qui  n'empêcha  pas  l'indigne 
gouverneur  d'envoyer  près  d'elles  des  hom- 
mes pour  outrager  leur  pudeur.  Sainte  Té- 
cuse  leur  fit  des  remontrances  pleines  de 
sagesse  :  ces  hommes  se  retirèrent  en  mau- 
dissant Théoctène.  Les  sept  vierges  furent 
noyées  dans  un  lac,  chacune  avec  une  pierre 
au  cou.  Cet  événement  eut  lieu  en  l'an  de 
Jésus-Christ  303  ,  sous  le  règne  et  durant  la 
persécution  de  Dioclétien.  (Pour  plus  de  dé- 
tails, consulter  les  Actes  si  pleins  d'intérêt 


Fo 


de  s.iitit  TiiAonoTi',  h  l'article  do  c.o  dernier.) 
L'I'lKlise  l/iil  \i\  fêle  de  ci-tte  sainte  cl  de  ses 
compflKuos,  avec  celle  de  sninl  Tliéodole,  lu 
18  mai. 

1  f:i,KSIMI(>KK  (sninl),  .septiAino  pnsttrur 
de  l'Eglise  dn  Home,  fut  innrtyri.sé  In  on- 
zième année;  d(>  sim  é|(is(0|iat,  ce  ipii  revient 
à  la  première  année  d'Aril<»Miii  ,  par  cf)nsé- 
(|uenl  In  cent  trenlo-neuvièmo  de  Jésus- 
Clirisl.  1,0  martyre  de  ce  saint  pnpe  est  in- 
contestable ,  seulement  on  marujue  des  dr)- 
cumenls  nécessaires  pour  en  |)nrler  d'une 
fayoïi  détaillée.  Il  esl  à  peu  près  cerlnin  (pi'il 
mourut  le  5  janvier,  jour  au(iuel  l'Eglise  cé- 
lèbre sa  fête. 

Tf':N^:i)()S,  île  de  l'Archipel  ,  aujr.urd'hui 
Bokhtclia-Adassi,  située  près  de  l'entrée  des 
Dardanelles,  était  jadis  une  de  ces  îles  déli- 
cieusement do»iées  ,  où  la  (irèce  avait  ses 
ren'dez-vous  de  plaisir,  oiJ  l'imagination  de 
ses  poi'tes  avait  placé  h;  berceau  des  dieux 
et  raccomplissemenl  de  tous  les  mystères 
mylhologiipies.  Ténédos  était  non  loin  des 
rivages  troyens  el  des  côtes  d'Europe  :  on 
s'y  rendait  promptemenl;  aussi  ne  pouvait- 
elle  manquer  d'être  célèbre.  Les  voyageurs 
s'y  arrêtaient,  soit  qu'ils  allassent  en  Asie, 
soit  qu'ils  (>n  revinssent.  El  le  était  si  tuée  au  mi- 
lieu des  mers,  à  l'entrée  du  détroit,  comme 
une  halte  naturelle;  ses  rivages  étaient  plan- 
tés d'orangers  vA  de  lauriers  roses;  de  loin 
elle  semblait  une  corbeille  de  fleurs.  Les 
Grecs,  après  avoir  laissé  prendre  le  cheval 
de  bois  par  les  Troyens,  se  cachèrent  der- 
rière Ténédos.  De  toute  cette  poésie,  de  tous 
ces  souvenirs  qu'est-il  resté?  Le  janissaire 
abruti  foule  tout  cela  sous  ses  pieds;  de  tou- 
tes ses  splendeurs  passées,  Ténédos  n'a  plus 
rien;  seulement  tous  les  ans,  au  15  de  juil- 
let, quand  ses  arbres  sont  en  pleine  fleur, 
quelques  rares  chrétiens,  les  seuls  de  ses  ha- 
bitants qui  empruntent  encore  quelques  sou- 
venirs au  passé  pour  les  fêter,  se  réunissent 
à  l'église  et  vont  en  procession  jusqu'au  lieu 
où  un  saint,  nommé  Abudème,  versa  son 
sang  pour  la  religion  chrétienne  :  c'est  la 
seule  chose  qui  soit  restée.  Parlez  aux  ha- 
bitants, courbés  sous  le  bâton  des  Turcs,  des 
flottes  d'Agamemnon,  des  dieux  et  des  dées- 
ses qui  visitèrent  leur  île  :  pour  eux  c'est  let- 
tre morte;  parlez-leur  de  saint  Abudème: 
C'est  là  qu'il  mourut,  vous  diront-ils;  c'est 
là  que  tous  les  ans  nous  venons  le  prier. 
Puis  là,  vous  verriez  une  croix,  une  simple 
croix  de  bois,  ce  monument  éternel  plus  fort 
que  les  temps,  plus  fort  que  les  hoiuuies, 
qu'aucune  tempête  ne  peut  renverser,  et  qui 
reste  toujours  debout  entre  la  terre  et  le 
ciel  pour  unir  l'homme  à  Dieu.  C'est  de 
même  en  toutes  choses;  les  vanités  tombent 
et  meurent;  les  vertus  restent.  Dans  la  vie 
humaine,  les  joies,  les  plaisirs,  les  folles  il- 
lusions de  la  jeunesse,  toutes  ces  magnifi- 
cences du  cœur  qui  font  la  vie  si  splendide, 
s'évanouissent,  el  l'homme  arrive  au  tom- 
beau, heureux  s'il  a  dans  son  passé  quelque 
bon  souvenir  de  vertu,  quelque  mérite  où 
reposer  son  cœur,»où  appuyer  son  âme  pour 
dire  à  Dieu:  Seigneur,  voilà  ce  que  j'ai  fait; 


i(VS- 


TER 


TER 


108-t 


c'e-il  la  rnnt'on  de  mes  erreui'S,  c'est  le  ra- 
chat lie  mes  fautes. 

TKNSA  CHRISTOS  (le  bienheureux),  pnî- 
Ire  al)yssinien,  fut  mi  des  derniers  pn'tres 
calhnlicjues  qui  n-stènMit  en  Ahvssinic  .Tprrs 
le  dt^port  ou  la  morl  des  missionnaires,  lors 
de  la  persi'ention  suseitc'C  contre  les  cathuli- 
qiies  par  Basduies,  Négous  du  [)ays.  [Voy. 

y\E\.Ç  \-ClUUSTOS. 

TÉRENCE  isaint\  niarlvr,  soutTrit  sous  le 
règne  de  l'empereur  Dècc  et  sous  le  gouver- 
nement du   proconsul  Forlunatien  eu. Afri- 
que, en  Tau  250.  Il  donna  sa  vie  pour  Jésus- 
Christ ,  avec  saint  Africain,  sauit  Pompée  et 
plusieurs  autres,  que  les  Grecs  ont  en  grande 
Téui'ration,  ainsi  que  les  Russes.  Les  Actes 
que  nous  avo'is  de  ces  saints  n'oifi  ent  pas 
les  caractères  sutlisants  pour  qu'on   puisse 
les  c  )'isidérer  counn--  aulhenti(|uos.   Le  lec- 
teur Th-'O  Jore,  qui  vivait  au  conuiiencement 
du  vr  siècle,  rapporte  ({ue  les  reliques  do 
ces  saints  fi!re"t  placées,  sous  Th(''odose  le 
Grand,   dans    l'é^li^e  île    Saintc-Kuphémie, 
dans  un  quartier  de  Con-tantinople  appelé  la 
Pierre.  Li-ur  fête  esi  i  iscrite  au  Martyrologe 
romain   le    10  avril,  le  mcme   jour  qtiaux 
menées  des  Grecs. 

Ti-^RENCE  (saint),  eut  le  glorieux  avan- 
tage de  ver>er  son  sang  pour  la  défense  de 
Jésus-Chrisf,  avec  saint  Fidence.  Leur  mar- 
tyre e :,t  lieu  à  Todi  et  tlurvuil  la  persécution 
«le  l'empereur  Diociélien.  Nous  n'avons  pas 
d'autres  détails  sur  leur  compte.  L'Eglise 
fait  leur  fête  le  27  septembre. 

TÉRi'^.N'JIEN  (saint; ,  premier  évô(|ue  et 
patron  de  Todi,  dans  l'Ombrie,  eut  la  tète 
tranchée  du  temps  d'Adrien,  après  divers 
supjdices  que  lui  lit  soulfrir  le  proconsul 
Lélien.  Mombritius  en  donne  des  At  tes,  mais 
qui  ne  valent  rien.  Baron  i  us  n'en  fait  pas 
l'éloge  et  on  le  sait  assez  facilej.  Le  corps 
de  saint  Térentien  est  actuellement  à  Ale- 
xandri»',  ville  des  Etats-Sardes.  Sa  fête  ar- 
iive  II'  1''  septembre. 

TERNATE.  une  des  Moluffues,  avait,  en 
Lo80 .  un  collège  de  j('suite>  extrêmement 
tloris.>ant.  Le  roi  Bab-Llla  parvint  à  chas- 
ser les  Portugais  de  si's  Etals,  et,  h  l'instiga- 
tion des  .\nginis  et  des  Hollandais,  il  y  per- 
sécuta violen)me»it  les  catholiques.  S'il  faut 
en  croire  Du  Jarric  (Hisl.  des  choses  plus 
Vi/mnmhles,  t.  L  p.  <>0t)  .  il  y  eut  au  moins 
soixante  mdic  martyrs.  Quelle  belle  cou- 
ronne poiu'  la  prétendue  reforme! 

TKBM  Ininnmfiti ,  vilh»  de  l'Elal  ecclé- 
siastique, dans  uni  He  de  la  Néra,  \  il  le  mar- 
tyr<>  de  saint  >'aletUin,  évèquc,  qui  fui  mis 
h  mort  par  l'ordre  de  IMaindc,  pr<'d'et  de  la 
ville,  qui  le  ht  meurtrir  à  coups  de  bAton. 
pins  dé'capilor. 

TERRAHINE.  in.riir.  Triirhinn,Terrrtcinii, 
ville  des  Elais-RDuiauis.  (^e  tut  dans  oeil»! 
ville  ipie  saint  Nérée  »>|  saint  Aciullée,  ser- 
viteurs rie  sainte  Domildlo  (Klnvie)  furent 
dér^Tpilés,  sftus  Domilieii.  Le  Martyrologe 
romain  donne  aussi,  comme  ;i\ani  été  mar- 
tyrisées dans  cette  ville  h  la  même  époque, 
les  deux  vj'"- -'<-  .->•.<•  t'"'>)u'Osiiie  et  «mainte 
ThéoJore.  lUs  Irajan  sainte 


Domitille  elle-même  y  fut  renfermée  dans 
nue  c.iiiuubre  h  laciuelie  on  mit  le  feu;  mais 
celte  dernière  circonstance  est  loin  d'être 
jtrouvée.  Saint  Césaire,  diacre,  fut  inarlyris(5 
à  Terracine,  sous  le  règne  du  même  empe- 
reur, et  condamné  par  Léonce,  consulaire,  et 
Luxurius.  Ces  deux  jug"s  sont  nommés  dans 
les  Actes  de  ce  saint  martyr,  ainsi  que  dans 
ceux  de  saint  Hyacinthe, qui  mourut  h  t*orlo, 
pour  la  foi,  ti  la  même  époque.  Sous  remniie 
et  durant  la  persécution  d'Ailrien,  saint  Mon- 
tan,  dont  le  Martyrologe  romain  fait  la  fête 
au  17  juin,  y  perdit  la  vie  pour  la  ff)i  ;  on 
ne  sait  ni  la  date  précise  ni  la  nature  du  Sup- 
plice qui  termina  ses  jours.  Celte  ville  fut 
encore  illustrée,  en  300,  sous  l'empire   de 
Dioclétien,  par  le  martyre  des  saints  Césaire. 
diacre,  et  Lucien,  prêtre.  Une  coutume  hor- 
rible existait  dans  celte   ville:  de  temps  mi 
tcm])s,  quand  arrivait  la  fête   d'Apollon,  un 
jeune  homme  de  la  ville  devait  se  dévouer 
et  olfrir  sa  vie  en  sacrifice   volontaire.   Les 
habitants  le  comblaient  de  prévenances  et 
d'homieurs;  ilsI'habillaieMt  magnifiquement, 
et  dans  cet  état  il  devait  sacrifier  à  Apollon, 
et  ensuite  se  jeter  dans  les  Ilots  de  la  mer, 
oij  il  consommait  son  sacrifice.  Un  jour  que 
cette  alTreuse  cérémonie  venait  d'avoir  lieu, 
Césaire,  diacre,  et  Lucien,  i)rêlre,  qui  étaient 
présents,    en  témoignèrent  hautement  leur 
indignation.  Le  prêtre  d'A|)olIon  les  fil  ar- 
rêter et  les  envoya  au  gouverneur,  qui  les 
condamna  à  être  jetés  dans  la  mer,  liés  tous 
les  deux  dans  un  sac.  {Voy.  Césaire,  dia- 
cre.) 

TKRTILLE,  était  président  h  Lenlini,  ville 
de  Sicile,  du  temps  de  l'empereur  Licinius. 
Il  donna  la  couronne  du  martyre  à  saint 
Mercure  et  à  ses  compagnons,  soldats,  qu'il 
lit  pc'rir  par  le  glaive. 

TERTIUS  (^aint;,  martyr,  cueillit  la  palme 
du  marlyre  pendant  la  persécution  que  Hu- 
néric,  roi  îles  Vandales,  lit  subir  aux  catho- 
liques vers  l'an  V8V.  Il  soulfrit  des  lour- 
menls  horribles  sans  renier  sa  foi.  L'Eglise 
honore  sa  mémoire  le  6  décembre. 

TER  ILLLE  (saint) ,  soulfrit  le  marlvre 
lour  la  foi  en  Afrique,  sous  le  règne  de  Va- 
érien,  l'an  230,  avecli\<  saints  Paul, G é ronce, 
Janvier,  Saturnin,  Successe,  Jules,  Cat,  1 1 
les  saintes  Pie  et  Germain.  On  manque  de 
détails  authentiques  sur  leur  martyre.  L'E- 
glise fait  leur  fêle  le  10  janvier. 

TER  IL'LLE,  orateur,  espèce  d'avocat  que 
le  grand  [)rêlre  .\iianie  aiiunia  avec  lui  à  Ce- 
saree,  et  »jui  accusa  saint  Paul  devant  le  goii- 
veineur  I-élix. 

TERTULLE  (sainte],  martyre,  souffrit  du- 
rant la  ptMsé(Milion  de  Valérieu  h  Cirthe  en 
Numidie.  avec  les  saints  Agape,  Secondin, 
limiliei).  suidai,  et  sainte  .Vnloinetle. 

TERTLLLIEN,  naquit  .^  Carlhage  en  l'an 
ni'e  ICiO  environ.  Son  uère  étiilcenttnierpro- 
consulaire.  Génie  vil^,  ardent,  véhémenl  et 
sublil,  il  péchait  peut-être  ]»ar  la  solidilé  du 
iugeuu'nt.  L'extrême  conlianco  qu'il  avait  en 
lui-même  le  conduisit  îi  l'hérésie,  de  sor'* 
iju'après  ;'v..i.  .'lé  l'un  de-<  plus  zélés  défen- 
seurs do  ',  il  dc\int  un  de  ses  enoe- 


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ns  los  plus  nHmrn(V<!.  Sou  .slyli»  est  riulc, 
,  ;\rl'ois  haiii.irc;  mais  rrcl.iii-  \)v\\\i'  JHsipiO 
("laiis  SCS  ol)s('Uiili''s,  (>l  ses  laisoiiucmr'il.s 
soiil  (les  coups  dit  fouili'o.  Sa  (lial(>cti(iiii<  lait 
violiMicc;  s'il  u'culi-ainc,  il  icnvcisc.  lùisrln' 
r(Muar-(nio  (ju'il  avait  une  j^rando  couiiais- 
sauco  dos  lois  touiaiucs;  il  w'y  n  riou  \h  du 
hiiMi  ('louuaul,  puis(pi('  sa  piciiiirn'  profes- 
sion lui  ('l'Ile  il'aNocal.  La  vue  du  eourajAc  el 
de  la  poi'sévéïaïK'U  des  chrélioiis  dans  les 
loiu'iueuls  le  pnrla  «^  désirer  eounaiire  leur 
doctriuis  (piaud  il  la  coiuuil  il  se  couverlil. 
Il  avoui^  (juMI  s'(!sl  uio(pu'i  dos  doj^uuis  rhr('- 
ti(Mis,  lorsipi'il  les  eoiuiai^sail  ;i  p'iue;(pril 
a  pris  plaisir  au\  hoireius  do  raui[)liillii''A- 
tro;  (pi'il  a  nUMuo  ronuuis  plusieurs  ptVdiés 
};rav(\s  (pii,  h  e(>UeépO(pie,euip(\liaieut  (pTou 
l'oul'érAl  la  priMriso  ù  ceux  (pii  s'(mi  étaient 
rojidus  eou|»al)los.  Cola  u'iMujK^i^lia  pas  (pi'il 
no  devint  prélr(\  pai'ceipu>,  s'olani  converti, 
il  dut  tHro  baptisé,  ot  ipio  la  grAco  du  hapléuio 
lavait  do  tous  les  péchés  antériouriMuont 
counuis.  Il  se  maria  lort  jeuno,  ot  ('(.'rlaine- 
monl  avant  sa  conversion.  11  écrivit  deux  li- 
vres h  sa  founne,  le  premier  pour  l'oxliorter 
^  rester  veuve,  si  Dieu  l'appelait  avant  elle, 
le  second  pour  lui  dire  tpi(,>  si  elle  voulait  so 
remarier,  il  fallait  ([ue,  d'après  le  pi-ocopte 
de  saint  Paul,  elle  é}iousAt  un  chrétien.  Evi- 
dtMiimont,  d'ai)rès  cela,  sa  femme  était  chré- 
tienne; mais  nous  no  savons  rien  de  plus 
sur  son  com|)le.  Il  fut  ordonné  [urètre,  sans 
qu'on  sache  précisément  à  quelle  époque,  et 
sans  qu'on  puisse  dire  précisément  à  la- 
(luelle  dos  deu^c  Kl^Usos  de  Ropie  ou  de  Car- 
tilage il  lut  d'ahord  attaché. 

Nous  n'avons  point  ici  h  parler  des  nom- 
breux ouvrages  que  cet  écrivain  a  com- 
posés pour  la  religion:  nous  ne  devons  si- 
gnaler que  ceux  qui  ont  trait  h  lanaluredu 
sujet  que  nous  traitons.  Le  plus  important 
est  son  Apologétique,  ouvrage  dans  le((uel  il 
prend  la  délense  dos  chrétiens,  montrant  Tin- 
justice  (les  poursuites  qu'on  faisait  contre 
eux,  ot  démontrant  la  fausseté  des  crimes 
qu'on  leur  imputait.  Cette  apologie  fut 
adressée  au  sénat  romain,  après  le  triomphe 
de  Sévère  sur  Niger  et  Albin;  nous  ne  sa- 
vons pas  au  juste  en  quelle  année  elle  fut 
liréseniée.  De  197,  é[)oque  de  la  défaite 
d'Albin,  jusqu'à  l'an  202,  époque  à  laquelle 
Sévère  lança  ses  édils  contre  les  chrétiens, 
il  s'est  écoulé  cinq  ans,  durant  lesquels  des 
persécutions  isolées  eurent  lieu.  A  propos 
de  ces  persécutions,  il  put  très-bien  venir  à 
Tertullien  l'idée  de  défondre  ses  coreligion- 
naires. On  sait  que  la  persécution  coaimença 
à  llome  après  le  retour  triomphant  de  Sé- 
vère dans  cette  capitale,  les  chrétiens  ayant 
refusé  de  s'associer  aux  honneurs  sacrilèges 
que  les  païens  lui  rendaient.  11  est  probable 
que  ce  fut  dans  cette  persécution  que  Ter- 
tullien fit  son  apologie.  Elle  sulîit  très-bien 
h  en  montrer  l'opportunité,  sans  qu'il  soit 
besoin  de  venir,  comme  Tillemont  incline  à 
le  faire,  jusqu'à  l'année  202,  époque  des 
édits  de  Sévère.  Ce  travail  est  le  plus  remar- 
([uable  de  tous  ceux  du  môme  genre  qui  exis- 
tent (Jans  lesfastesde  l'Eglise.  Rien  n'est.fort, 


puissnni,  écra«*anl,  comme  la  io^^iqiie  di)  Tcr- 

lullie'i  d  MIS  (  cl    écrit,  qui    MUlllleurcUseihint 

n'eut  pas  le  sui'cès  qu'il  m<'ritail.  La  pcrs»'-(U- 
lion  devint  violente, acharru'c.iiiichpielernpH 

ajirès  (pie  celle  apologie  eiil  f'Ie  rciiiiso  ail  s<^- 
iial,  cl  dura,  coiiiiii(>  on  s.-ul,  jusipi'/i  la  lin  (jti 
règne  de  Sévère,  'rorlullien  coinposn  /iiihsj, 
SUl'  le  mémo  sujet  cpie  son  Apiihu/i'H/inr, 
son  livre  (tn.r  i\(iti(>iis.  Moins  bien  écrit, 
beaucoup  moins  nôrveiix  ,  moins  .savant 
aussi,  ce  livre  paraît  Aire  comme  la  s\  tu»- 
[)se  de  V.\i)<>lo(/rli(jitr ,  le  premier  hiouillon 
si  l'on  vont.  L'auteur  de  VApoloi/cfifiin^  était 
encore  dans  le  sein  de  la  i'eli;i;ioii  catlinli- 
qiie  (piaiid  il  l'écrivit;  un  pou  plus  lard  il 
(Hit  le  malheur  de  se  jeler  dans  l'héi-ésio  des 
luoiilanisles.  Onelle^  furent  les  causes  dosa 
(liulo?  on  ne  le  sait  pas  trop,  neaucoupl'at- 
Iribucnl  à  l'amitié  (pii  le  lia  à  un  certain 
l'roch»,  nionlaiiiste,  ipii  vivait  à  Hoiii"  dans 
les  pi'iMuières  années  di;  Sévère.  Pro.'le  alli- 
chait  une  vertu  sévère  et  un  rigorisme  (jui 
sédiiisii'ont  T(nlulli(ni.  L'(;\agéralion  des 
montanislos,  on  fait  de  morale  et  do  disci- 
l)lino,  convenait  assez  à  son  esprit  naturelle- 
nuMit  dur  ot  sévère. 

L'hérésie  porta  SOS  fruits:  bientôt  Tertul- 
lien n'écrivit  jilus  rien  avec  cette  modestie 
vraimonf  catholique  qu'on  rencontre  dans 
S(!S  premiers  ouvrages;  il  prit  un  ton  tran- 
chant, un  ton  de  maître,  régentant  l'Eglise 
tout  eiitière.  Il  proscrivit  formidknnent  les 
secondes  noces,  quoique  dans  un  livre  à  sa 
femme  il  eiU  prouvé  qu'il  en  admettait  la  lé- 
gitimité. Il  prétondit  (pio  la  fiile  en  temps 
de  persécution  était  défondue  aux  chrétiens. 
Sous  Sévère,  Tertullien  écrivit  sa  remarqua- 
ble Lettre  aux  martyrs  ;  nous  voudrions  la 
citer  ici,  on  peut  la  voir  dans  notre  II'  vol. 
de  VHistoire  générale  des  persécutions  de  VE- 
glise.  Sous  Caracalla,  il  écrivit  sa  Lettre  à 
Scapula,  que  nous  avons  transcrite  aussi  dans 
le  môme  volume. 

On  sait  (pie  Tertullien  renonça  avant  sa 
mort  aux  erreurs  des  montanistes.  Heureux 
s'il  l'eût  fait  pour  rentrer  dans  le  sein  de 
l'Eglise  I  II  se  lit  chef  d'une  secte  qui  dura 
jusqu'à  saint  Augustin.  Tertullien  mourut 
en  2^5. 

Une  chose  qui  nous  a  toujours  singuliè- 
rement frappé,  c'est  la  ditférence  énorme 
qu'il  y  a,  au  point  de  vue  même  du  talent, 
entre  les  écrits  de  Teitullien  catholique,  et 
les  écrits  du  même  auteur  devenu  la  proie 
de  l'hércsie.  D'oiî  vient  cette  différence?  Ah! 
bien  des  exemples  l'ont  prouvé  ,  quand 
l'homme  se  sépare  de  Dieu  pour  s'isoler  dans 
son  orgueil,  il  devient  le  jouet  pitoyable  de 
sa  faiblesse.  La  déchéance  est  tille  de  l'apos- 
tasie. Le  génie  meurt  en  désertant  la  vérité, 
comme  le  courage  en  désertant  le  drapeau. 
Voyez  le  Tertullien  de  notre  âge  :  quelle 
splendeur  et  quel  génie  quand  il  écrivait 
VEssai  sur  l'indifférence!  L'Eglise  était  tière 
de  lui,  l'irréligion  ramjiait  à  ses  pieds  ;  il 
l'enchaînait  comme  un  vainqueur  enchaîne 
un  esclave.  Aujourd'hui  que  l'orgueil  l'a  sé- 
paré de  l'Eglise  sa  mère,  pour  le  jeter  dans 
l'erreur,  quelle  n'est  pas  sa  déchéance  !  Pau- 


1087  THA 

vre  vieillard,  déchu,  tombé,  il  traîîip  ses  che- 
veux blancs  h  tous  les  alTronIs  que  lui  mé- 
nai^ent  ses  alliances  avec  quicniKjue  a  de  la 
b  ne  à  jeter  h  ce  que  lui  vénérait  jadis.  11 
prête  sa  |)lunio  aux  fausses  doctrines,  aux 
insulteurs  du  culte  qui  l'avait  t'ait  prêtre  1  Sa 
plume  débile  n'est  [)lus  dans  sa  main  sous 
l'inspiration  du  génie.  Vainement  le  triste 
apostat  veut  évoquer  sa  puissance  évanouie  ; 
écrasé  sous  son  passé  glorieux,  il  n'est  |)lus 
maintenant  qu'un  objet  de  pitié  pour  ceux 
qui  l'admiraient.  En  voyant  ce  vieillard  qui 
s'appelle  Lamennais,  servir  de  piédestal  à  ses 
acolytes  d'aiijourd'liui,  on  se  rappelle  mal- 
gré soi  Valérieii  traînant  dans  la  boue  la 
pourpre  romaine  pour  servir  de  marchepied 
a  son  brutal  vaincjueur.  De  tels  abaissements 
sont  de  grands  chAtimcnts  et  de  grands  exem- 
ples. Quand  les  cèdres  les  plus  élevés  sont 
ainsi  précijHlés,  les  humbles  sapins  doivent 
trembler.  TertuUien  mourut  hérétique  et 
déshérité  de  son  génie.  Si  l'homme  encore 
vivant  qui  traîne  chez  nous  son  front  décou- 
ronné de  gloire  n'a  plus  de  son  génie  que 
la  cendre,  prions  que  sous  cette  cendre  vive 
encore  une  étincelle  de  foi  pour  l'heure  de 
l'agonie,  et  qu'elle  se  rallume  pour  éclairer 
son  Ame  à  ce  moment  suprême. 

TKKTI'LLIN  (saint),  martyr  à  Rome,  sur 
la  voie  Latine.  Ce  saint  était  [)rétre;  cruelle- 
ment meurtri  sous  l'empire  de  Valérien  à 
coups  de  bAlon,  il  eut  ensuite  les  côtés 
brûlés  ,  les  niAchoires  brisées,  fut  étendu 
sur  le  chevalet,  ensuite  déchiré  à  cou{)s  de 
nerf  de  bœuf,  et  enlin  eut  la  tôtc  tranchée. 
L'Eglise  fait  sa  fètc  le  V  août. 

THACLAVAUET  (le  bienheureux),  Iran- 
ciscain,  issu  de  race  royale,  fut  martyrisé 
avec  un  autre  religieux  de  son  ordre,  aussi 
de  sang  royal,  et  nommé  Philippe,  pour  avoir 
re[)roché  aux  rois  île  l'Inde  les  mieurs  relâ- 
chées dans  lesquelles  ils  vivaient.  Leur  mar- 
tvre  arriva  en  13V0.  ^^Kontana,  Monumenta 
Jjotninirann.) 

THADEE-THO,  néophyte  tonquinois,  fut 
misa  mort  pour  la  foi  en  1722,  au  Tonquin, 
avec  le  P.  Bucharelli  ,  jésuite ,  Luc  Mai, 
Philippe  Mi,  Luc  Thu  ,  Emmanuel  Dion, 
Pit'rre  Frien,  Dao  Ambroise,  Paul  Noi  et 
Fran(;ois  Ram,  néophytes,  tpii  mêlèrent  leur 
sang  h  celui  du  saint  missionnaire. 

THAGOHE,  ville  d'AfrKpie,  célèbre  par  le 
martyre  des  saints  Jules,  Potamie,  Crispin, 
Félix,  Grat  et  sept  autres  dont  les  noms  ne 
nous  sont  point  parvernis. 

THALAI.EE  saint  ,  martyr,  soulTrit  pour 
la  foi  chrt'lienne,  h  Edesse  en  Syrie,  dit  lo 
.Martyrologe  roiuain  ;  à  Edesse  en  Cilicie, 
disent  les  Grecs  ,  avec  les  saints  Astèrc, 
Alexandre  et  leurs  compagnons.  Ce  fut  un 
juge  nommé  Théodore,  qui  les  lit  mourir, 
du  temps  de  l'empereur  Numérien.  Saint 
Thalalée  n  été  marl\risé  pmir  la  foi,  cela  est 
incontestable;  mais  rhi>l<»in'  de  son  com- 
bat, qiic  Bollandus  nous  donne  comme  au- 
tlicnlique,  est  tin  rérit  (pii  dépasse  les  bor- 
nes de  la  vraisemblance.  L'Eglise  fait  la 
fêle  de  saint  Thalalée  le  20  mai,  avec  celle 
de  .saint  Astèrc  et  saint  Alexandre. 


THA 


1038 


THALE  (saint),  versa  son  sang  pour  la  foi 
h  Laodicée  en  Syrie,  avec  saint  Trophime, 
durant  la  perséciition  du  cruel  Dioclétien. 
Ils  souffrirent  de  longs  el  cruels  tourments. 
Ils  sont  honorés  dans  l'Eglise  le  11  mars. 

THAMEL  (saints  fut  martyrisé  pour  la  foi 
sous  l'empereur  Adrien  avec  plusieurs  au- 
tres compagnons  dont  les  noms  sont  igno- 
rés. Ce  saint  avait  été  prêtre  des  idoles.  11 
est  inscrit  au  Martyrologe  romain  le  i 
septembre. 

THAHBE  (sainte),  soufTrit  pour  la  foi 
chrétienne  en  Perse,  en  l'an  de  Jésus-Christ 
3il,  sous  le  règne  et  durant  la  persécution 
de  Sapor.  Ses  Actes,  que  nous  donnons  ici 
en  entier,  sont  magniflques.  C'est  une  des 
pièces  les  plus  parfumées  que  nous  ayons 
rencontrées.  Nous  souhaitons  au  lecteur  le 
môme  bonheur  en  les  lisant  que  celui  que 
nous  avons  eu  h  les  traduire.  (Traduit  du 
Chaldaique.)  L'Eglise  fait  la  fête  de  cette 
sainte  le  22  avril. 

Martyre  de  sainte  Tharhe,  vierge,  de  sa  sœur, 
consacrée  à  Dieu,  et  de  sa  servante,  vierge 
aussi. 

Il  arriva  malheureusement  que  la  reine, 
dans  ce  temps-là ,  fut  prise  de  maladie. 
Comme  elle  était  imbue  des  opinions  détes- 
tables des  Juifs,  ces  hommes  coupables  et 
ennemis  de  la  croix  lui  persuadèrent  facile- 
ment que  sa  maladie  lui  avait  été  donnée 
par  maléfices,  par  les  sœurs  de  Siméon,  qui 
voulaient  venger  la  mort  de  leur  frère.  Le 
fait  est  aussitôt  dénoncé  au  roi  :  on  arrête 
la  vierge  Tharbe,  sa  sœur,  consacrée  à  Dieu, 
et  sa  servante,  vierge  aussi ,  qui  suivait 
scrupuleusement  la  discipline  chrétienne. 
Ces  trois  femmes,  amenées  dans  le  vestibule 
du  gvnécée  du  roi,  furent  interrogées.  Sié- 
geaient dans  cette  cause  lo  grand  préfet  et 
deux  hommes  de  haut  rang.  La  bienheu- 
reuse Tharbe  était  si  charmante  de  visage, 
si  resplendissante  de  grAoes,  qu'elle  passait 
pour  la  plus  belle  des  ieunes  tilles.  Aussi, 
dès  qu'elle  {>arut  en  leur  |)résence ,  elle 
charma  tellement  les  yeux  et  le  cœur  des 
juges,  les  entlamma  tellement,  q^ue  chacun 
d'eux  dans  son  cœur  se  demandait  quel  se- 
rait le  moyen  de  posséder  cette  jeune  tille 
et  de  satisfaire  la  passion  qu'il  éprouvait. 
Cependant,  composant  hnir  visage  pour  pa- 
raître sévères,  ils  parlent  ainsi  h  ces  jeunes 
tilles  :  «  .Vssurément  voiis  méritez  le  der- 
nier suf^plice,  vous  qui.  par  vos  malélices 
envers  la  reine,  souveraine  de  tout  l'Orient, 
avez  tenté  de  lui  porter  malheur.  » 

Mais  l'illuslre  Tharbe  :  «  D'où  viennent, 
répondit-elle,  ces  choses  ijui  ne  peuvent  se 
concilier  avec  la  sainteté  de  notre  profes- 
sion? La  religion  si  vraie,  si  claire  des  chré- 
tiens est  aussi  éloignée  que  possible  de  cri- 
mes semblables,  et  dans  ce  que  vous  dites 
contre  nous,  rien  ne  peut  nous  être  imputé 
h  crime.  Du  reste,  si  vous  avez  soif  de  no- 
tre sang,  qui  vous  défend  tl'en  étancher  cette 
soif?  S'il  vous  est  agréable  de  souiller,  eu 
déchirant  nos  corps,  vos  mains  habituées 
journellement  au    massacre  des  chrétiens, 


(OKI) 


TUA 


TIIA 


1000 


nous  soiimics  clin'iliciiiKvs,  nous  mourrons 
clurlicniics  ;  la  loliKiou  chn'lituuio,  janiais 
nous  ne  ccsscidiis  dd  la  coiircsscr,  (oiiiiiic  il 
(MUivi(Mil  àculli's  (|iM  ne  iloivi-nl  ailoici  (juiiu 
snul  l)i(>u  et  no  jamais  lui  r^;al(M-  les  iuingos 
vif  choses  cxislaiil  aii\  cicux  ou  mm'  la  (friu. 
(Juaul  aux  cncliaiilcurs,  (|ucls  ((u'ils  scHcnt, 
(|U{'I(|U(«  pnil  ([u'ou  los  trouv((,  tout  le  \)on- 
|)|(>  (loil  (le  s(!s  mains  les  Itaincr  au  su|i|ili(i', 
suivant  (|u'il  est  iircsciit.  (Jui  donc  cioiia 
quo  nous  piaticiuions  maléliccs  et  enclianlc- 
miMils,  (juand  col  arl  ((Hipaldc  udus  l'exé- 
crons couniio  un  ci'inio  (jui  viole  udlio  reli- 
gion divine  ?  » 

Ainsi  parla  Tliaibe,  cl  tonles  ensemble  ,\ 
l'inslanl  lurent  condanniées  il  la  peine  capi- 
tale. Mais  collo  senlenee,  qui  était  d'accord 
avec  l'impiété  de  chacun  kWs  juges,  bles- 
sait chacun  d'eux  aussi  dans  les  désirs  de 
sa  concupiscence  eiVrénéo,  et  i)endanl  (lu'ils 
admiraient  la  beauté  ravissant»'  de  Tharbe, 
et  sa  sagesse  et  sa  prudence  égales  h  sa 
beauté,  (•liacun  d'eux  es[)érait  et  croyait 
(ju'il  l'obliendrait  pour  épouse,  ne  jxMisant 
pas  ((u'elle  piU  refuser  cet  hymen,  suitout 
quand  elle  y  trouverait  un  nioyen  d'éviter 
une  mort  certaine. 

Le  préfet  reprit  :  «  En  vain  vous  invoquez 
votre  religion,  comme  s'il  n'était  pas  cons- 
tant que  vous  avez  mi(ui\  aimé  la  violer  que 
de  ne  pas  venger  la  mort  de  votre  tVôre,  en 
employant  des  malétices  jjour  nuire  i\  la 
reine,  quolcjuc  votre  rt>ligion  l'interdît  et  le 
déclarât  coupable,  ainsi  cjue  vous  le  préten- 
dez. »  La  généreuse  Tharbe  répondit  : 
«  Nous  n'avions  aucun  motif  de  vouloir 
venger  la  mort  de  notre  frère,  surtout  (juand 
on  ne  lui  a  rien  fait  à  propos  de  quoi  nous 
veuillons  nous  plaindre  et  pécher  si  grave- 
ment envers  Dieu.  Quoique  ce  soit  par  haine 
et  par  méchanceté  cjne  vous  l'ayez  fait  mourir, 
il  n'a  nullement  cessé  de  vivre  ;  il  jouit  de  la 
vie  éternelle  dans  le  royaume  céleste,  qui 
engloutira  votre  empire,"  si  puissant  qu'il 
soit,  terrassera  votre  domination,  et  jettera 
au  vent  votre  gloire  et  votre   renommée.  » 

Après  cela  on  donna  l'ordre  que  les  vier- 
ges fussent  mises  en  prison  et  bien  gardées. 
Le  lendemain,  le  préfet  envoya  un  exprès  à 
la  bienheureuse  Tharbe  pour  lui  demander 
si  elle  voulait  l'épouser  :  il  promettait  que 
si  elle  consentait,  il  mettrait  en  liberté  elle 
et  ses  compagnes,  se  faisant  fort  d'obtenir  le 
pardon  du  roi.  A  cette  proposition  la  noble 
jeune  fille  fut  saisie  d'horreur,  et  s'écria  : 
«  0  homme  inique  et  détestable  à  Dieu  I  Tais- 
toi,  et  ne  me  dis  pas  davantage  de  telles 
horreurs  que  je  déteste,  de  peur  que  ton 
discours  impur  ne  souille  des  oreilles  chas- 
tes, et  n'entre  dans  un  cœur  pudique  et 
consacré  à  Dieu.  Je  suis  épouse  de  Jésus- 
Christ;  je  veux  lui  conserver  ma  virginité 
intacte,  à  lui  que  je  reconnais  comme  l'au- 
teur de  la  vérité  \]t  de  la  religion  que  je 
professe.  Je  lui  conlie  ma  vie,  k  lui  qui 
saura  bien  me  sauver  pure  et  sans  tache  de 
vos  mains  et  de  votre  passion  honteuse.  Je 
ne  crains  pas  la  mort,  je  n'ai  pas  peur  des 
supplices  :  ils  vont  m'ouvrir  la  voie  qui  me 


ronduirn  vers  Siméon,  mon  fr^ro  hien-aimé, 
qui  m'arrai'her/i  aux  nerséi  ulioiix,  aux  tour- 

liicnls  qiif  vous  me  lailes  s(jidIVir,  pour  inr- 
laire  joinr  du  repus  cl  de  j.i  li;iii<piillih'  avec 
lui.  » 

Alors  les  deux  notables  «pii  siéneaient 
dans  celte  cause?  lirenl,  chacun  ,'i  l'iiisu  de 
ses  compagnons,  des  proposiiioiis  de  ma- 
riage h  la  jeune  vi(!rge.  OUiniil  l.i  bicrriheil- 
loiise  Tharbe,  indigm'-e,  les  eut  ripous.sés 
av(H;  la  mèuie  diiictt';  do  langage,  tous, 
comme!  dans  un  même  esprit,  .se  réunirent 
|)OUi' perdre  les  saintes  vierges  ;  ils  iiroiioucè- 
rent,  par  ini  jugement  ini(pie,(pi  files  élaient 
coupables  et  convaincues  do  sortilège.  Ce- 
pcMidanl  ils  ne  purent  persuader  an  roi  qiio 
ces  f(Mumes  fussent  cou|)ables  des  praliijiies 
de  cettii  science  néfaste,  et  il  donna  l'ordre 
(pi'on  leur  fit  gr<'\(;e  si  (^Ihis  consentaicuit  h 
adoi'cr  le  s(deil.  l'Jles  refns«>r(,'nt  en  ces  ter- 
nuîs  :  «  Nous  avons  fermement  rés(jlu  de  no 
jamais  chaiigei-  noire  Dieu  contre  une  créa- 
tuie,  et  de  ne  point  confondre  dans  un  culte 
commun  dû  à  lui  seul,  le  Créateur  et  les 
choses  créées.  Kn  vain  vous  emploierez  les 
supplices  ;  les  menaces  les  ()lus  cruelles  ne 
nous  émeuvent  pas,  et  ne  nous  sépareront 
jamais  de  l'amour  que  nous  devons  à  Jésus- 
Christ  notre  Sauveur.  » 

Quand  elles  eurent  parlé,  les  mages  criè- 
rent d'une  seule  voix  :  «  Qu'elles  périssent 
de  mille  morts,  ces  femmes  dont  les  maléti- 
ces ont  causé  depuis  longtemps  la  maladie 
dont  languit  la  reine.  »  Enfin  le  roi  leur 
donna  pleins  pouvoirs,  pour  qu'ils  tissent  souf- 
frir aux  saintes  vierges  le  genre  de  mort 
que  déterminait  le  jugement  qu'ils  avaient 
rendu.  Ils  voulurent  se  donner  le  plaisir  de 
les  faire  couper  par  morceaux  :  car  les  ma- 
ges avaient  prédit  que  la  reine  guérirait  de 
sa  maladie,  si  elle  passait  au  milieu  de  ces 
morceaux  de  cadavres  appendus  çà  et  là. 

Les  saintes  vierges  étaient  conduites  au 
lieu  du  supplice,  quand  le  préfet  fit  de  nou- 
veau porter  à  sainte  Tharbe,  par  un  exprès, 
des  propositions  de  mariage,  lui  promettant 
de  la  sauver.  Alors  la  chaste  vierge,  ne  pou- 
vant modérer  son  indignation,  stigmatisa  en 
ces  termes  l'insistance  de  cet  homme  débau- 
ché :  «  Homme  le  plus  impur  et  le  plus  in- 
fâme, jusques  à  quand  me  feras-tu,  sans 
rougir,  proposer  avec  tant  de  persistance 
une  chose  à  ce  point  déshonnête  et  hon- 
teuse ?  Sache  que,  pour  moi ,  succomber 
courageusement  c'est  vivre;  et  que  je  pré- 
fère la  mort  à  une  existence  partagée  d'in- 
famie. »  Quand  on  fut  arrivé  au  lieu  du  sup- 
plice, on  suspendit  chacune  d'elles  à  deux 
pieux,  comme  des  brebis  qu'on  va  tondre, 
puis  on  les  coupa  par  le  milieu  avec  des 
scies.  Bientôt  le  corps  coupé  en  deux  se  sé- 
pare :  On  met  chaque  morceau  dans  un  pan- 
nier,  et  ensuite  on  les  suspend  à  despoteaux 
bifurques.  Ces  poteaux  avaient  été  disposés 
sur  le  chemin  de  manière  à  ce  que  l'espace 
intermédiaire  figurât  une  croix.  Ces  pieux 
portaient  chacun  la  moitié  d'un  de  ces  corps, 
comme  autant  de  fruits  suspendus  à  des 


100! 


TFIA 


THF, 


1003 


ranipniii  d'arbres,  fruits  cIp  saveur  agréable  à 
Divti.  niai'^  anièro  aux  tvrari'^. 

O  speclaclr  atroio  ,  bien  digne  do  j)ilié  et 
dp  higubrcs  plainl(>sl  car  jamais  ass«ir<^- 
inoiit,  on  ne  vit  chose  |)liis  dt-sulanto  ft  jiliis 
h<»rrii)le.  Que  ceux  qui  aiment  le  deuil  vien- 
nent en  ro  lieu  et  se  purilienl  de  pieuses 
larmt'S  :  car  la  m(''nK)ire  de  ce  jour  fen-ible 
fournira  aux  larmes  une  grande  occasion  de 
coujfr,  h  la  vue  des  corps  do  ces  vierges 
pudiques,  d('>poiiill('s  df  leurs  v(Memenls  et 
ex{M)sés  appendus  aux  regards  de  la  foule 
sur  la  voie  pid)li(]ue;  de  ces  corps,  dis-je, 
qui,  tant  (pi'elles  vécurent,  furent  toujours 
cachés  dans  les  profondeurs  de  l.i  demeure 
privée.  C'est  ainsi  que  ces  nobles  vierges 
souffrirent  librement  cette  profanation  et 
cette  iîifamie.  Vous,  lecteur,  n'ètes-vous  pas 
surpris  du  silence  de  la  justice  divine,  en 

Iirésence  de  celte  perversiti';  si  grande  des 
lonmies?  Klle  se  tait  et  dissinuile,  provo- 
(juée  par  les  crimes  des  mortels;  parce  que, 
quandi  elle  leur  infligera  chAliment ,  elle 
n'aura  pas  de  miséricorde  et  néj)argnera  pas. 
Mais  admirez  en  môme  temps  à  uuel  point 
de  cruauté  inouïe  l'orgueil  et  l'audace  peu- 
vent arriver  quand  ils  s'entlanunent  sous  la 
colère  l  Mais  (juand  ils  auront  été  punis  et 
brisés,  toute  espt'rance  de  retrouver  la  di- 
gn  té  perdue  et  de  retourner  au  sali^l  toui- 
bt^ra  et  s'évanouira. 

Quant  à  cette  race  d'honunes  horriblement 
cruels  et  sans  aucun  sentiment  d'humanité, 
qui  coupèrent  en  morceaux  les  corps  de  ces 
viergeo  et  les  suspendirent  h  des  pieux,  je 
Jes  trouve  semblables  à  ces  loups  voraces 
dilacérant  les  cor[)S  palpitants  de  leurs  vic- 
times; car  ceux  qui  commirent  ces  atiocités 
envers  des  hommes  vivants  sont  ceux  dont 
ces  paroles  de  l'Ecriture  ont  voulu  parler. 
«  Quand  les  honunes  s'élevaient  pour  notre 
runie ,  ils  nous  auraient  dévorés  tout  vi- 
vants. »  [Ps.  cxxui,  2.)  Qui  donc  a  pu  se  ré- 
jouir de  ce  spectacle  lugubre?  A  qui  celte 
horrible  exhibition  a-l-elle  pu  plaire'.' Qui  a 
pu  envisager  ces  atrocités  d'un  œil  fixe  et 
immobile?  Qui  donc  s'est  fait  un  visage  de 
for  pour  le  lr)urnerde  ce  côté?  Celui-là,  as- 
surément, n'appartiendrait  pas  h  notre  na- 
ture, et  ne  descendrait  pas  d'Adam,  notre 
jtère  ?»  tous.  Ka  reine,  connue  les  mages  l'a- 
vaient prescrit .  traversa  ce  lieu  où  étaient 
rtf>pendus  les  corps  mutilés  des  saintes  vier- 
ges. I,a  foule  la  suivait  :  Ce  jour-là,  le  roi 
s'éhdgna  de  la  ville.  Ces  illustres  vierges 
reçurent  la  couronne  du  martyre  le  o'  jour 
de  la  lune  du  mois  de  mai.  {Tmditit  dn 
clinhlfiiqur.j 

IIIAUSICK  (sainlj,  at  ol\  te,  fut  martyrisé 
h  Home  sur  la  voir  A|>pien'u».  .\yant  éli''  ren- 
conlré  |)nr  de*!  païens,  comme  il  portait  In 
saint  sacrement  du  cor[t5  de  Jésus-Christ,  il 
fnl  fore/'  (»ar  fux  de  leur  dire  ce  (pi'il  por- 
tail :  mais  lui,  jugeant  qm»  t  était  une  t  hoso 
Indigne  de  livrer  les  nerles  h  îles  pourceaux, 
fut  frapp»''  h  coups  «le  bAiou  cl  de  pierres 
jii-MltrA  re  ipi'il  ei'Jt  rendu  r«'spril.  Après  sa 
Il  -   sncrilegeî*   le  fourllèreni  de  t«ins 

fvtci,  •^(^11'^  ffotitvr  oMiMine  h'>'<»i»'  ni   dan» 


ses  mains,  ni  dans  ses  habits.  Les  chrétiens 
enlevèrent  le  corps  du  saint  martyr  et  l'en- 
tcrrèrent  avec  honneur  dans  le  cimetière  de 
Calliste.  L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  15aoiK. 

THAUSir.E  (saint),  martyr,  souffrit  avec 
les  sai'its  Zotique,  Cyriaipie,et  d'autres  en- 
core dont  nous  ignorons  les  noms.  L'Eglise 
fait  leur  fêle  le  .31  janvier. 

THAURION  (saint),  martyr,  mourut  pour 
la  foi  à  Anqihipolis  en  Macédoine,  avec  saint 
Aiirte  et  sainte  Thessalonice.  On  n'a  pas  de 
détails  sur  leur  martyre.  L'Eglise  célèbre 
leur  mémoire  le  7  novembre. 

THÉBASTE,  ville  de  l'Afrique  proconsu- 
laire, vit,  en  'ÎO'»,  sous  le  règne  de  rerai)e- 
reur  Dioclétien,  le  martvre  de  sainte  Cris- 
piiie,  mise  à  mort  par  Tordre  du  proconsul 
Anulin.  ('o//.  Cuispi>e,  Am  lin.) 

THÉBESTE,  ville  de  Numidie,  où  saint 
Maximilien,  (pii  refusait  d'être  enrôlé  au 
service  de  rem{)ereur  Dioclétien,  fut  mar- 
tyrisé en  206,  par  ordre  du  proconsul  Dion. 

THf-^l^LE  (sauite).  Nous  ne  pouvons  nous 
en  rajtporter,  pour  parler  de  celte  sainte,  ni 
h  l'ancienne  hitoire  que  nous  avons  d'elle, 
et  qui  a  été  condamnée  par  saint  Jean,  ni  à 
celle  i)lus  récente  qu'a  composée,  vers  le  mi- 
lieu du  y  siècle,  Basile,  évoque  de  Séleucie. 
Nous  suivrons  ce  ipie  nous  trouvons  ch  et  là 
dans  les  Pères,  ce  (juc  la  tradition  leur  avait 
ap[)orté  à  travers  les  années  écoulées. 

Vers  l'an  Vo,  saint  Paul  étant  à  IcAne,  al- 
luma jiar  ses  discours  l'amour  de  la  virgi- 
nité dans  le  cœur  de  Thècle.  Elle  était  fian- 
cée et  accordée  h  un  jeune  homme  puissant 
et  riche.  Pour  la  faire  renoncer  à  son  des- 
sein de  rester  consacrée  à  Dieu,  ses  [larents, 
son  fiancé,  ses  serviteurs  employèrent  v;ii- 
nement  les  prières;  les  juges  eurent  vaine- 
ment recours  aux  menaces.  Elle  quitta  pa- 
rents, amis,  richesses,  pour  suivre  les  ins- 
truclions  de  saint  Paul.  Son  fiancé,  furieux, 
la  i>onrsuivit  et  la  fil  ccuidamner  h  être  ex- 
posée aux  bôles.  Elle  fut  en  efTtU  amenée  et 
exposée  nue,  dans  l'amphiihéAlre,  à  la  fu- 
reur des  lions  ;  mais  Dieu  la  préserva  mira- 
culeusenuMit  :  ces  animaux  féroces  vinrent 
S(>  coucher  devant  la  sainte  en  lui  léchant  les 
pieds.  Elle  fut  |>lus  tard  ex[»osée  au  feu  et 
encore  miraculeusement  préservée  :  on  croit 
que  ce  fut  .'i  Koine.  11  est  nrobable  t|u'ell') 
mourut  de  sa  mort  naturelle.  I-es  Pères  la 
nomment  martyre  :  dans  ces  premiers  temps 
de  1  Eglise,  on  donnait  ce  titre  à  ceux  cpii 
avaient  seulement  enduré  des  tourments. 
Elle  fut  enterrée  h  Séleucie.  On  fait  sa  fèto 
le  'l'.i  septembre.  St^s  relitjues  S(Mit  aiijour- 
d  hui  h  .Milan,  dans  l'église  de  son  nom. 

'rHf-lCI.E  •'.linle.  mourut  martyre  .\  Afpii- 
lée  avec  les  saintes  Dorothc(>  et  Kiqtliémie, 
et  saint  Erasme,  durant  la  perset  ulion  de 
Néron.  ^Pas  de  documents  certaiiiN.)  1,'Eglise 
célèbre  sa  fête  le  3  septembre.  Sainte  Thèc  le, 
dont  il  est  ici  (piestton,  n'est  pas  la  même 
que  (elle  ilont  nous  parlons  à  l'article  pié- 
cédeiil. 

THECLE  sainte),  martyre,  versa  son  sang 
pour  Jésus-Christ  en  Palestine,  en  l'année 
«le  l'ère  chrétiouiie  30'»,  sous  les  empereur^ 


mz 


TIII'J 


TIIK 


lO'J* 


l)i(icl('ti«'n  (il  Maxiiiiii'ii.  |i.ir  nnlvo  du  goil- 
Vi'i'iKMir  Hrluiin,  ijiii  lu  lil  jclcr  aux  IxMcs 
(l;ms  l'iUii|>liillH^'Ur(i  dd  ('.(Vsnr/'c,  nvi'c  jiniiil 
A^,i|M'.  (",M  doiiiier  lit)  rcriil  |i;is  l/i  innrt  ('<' 
JMlir-lh,  l>ii'ii  lui  i'(Vs(!rv(iil  de  ikhivcIIcs  oci'Ji- 
sioiis  dt»  iiioiilitn'  son  coiiim;;;!'.  (,)iiiiiil  à 
saiiiht  'l'ht^'i^lo,  <^ll)'  lui  iiiiMii'-ilinli'inciil  iiiist; 
«Ml  pit'icPS  ji«i"  los  jiniiii.iiix  IV'niccs.  Su  l'cMc  csl 
n'l('|)i('-c  (fans  les  Iv^lisrs  ^icc(|iii>  cl  Liliiic, 
Ir  10  aoiU,  avec  (•elles  de  saiiil  'riiiKilln'e  cl 
do  sailli  A^sipe.  (>'«//.  lMiS(''l)e,  dr  Mtirt.  Pa- 
Ivst.,  0.  .'{;  S|(>|)licii  Assciiiaiii,  Actn  siii- 
erra  mort.  Ocriilnit .,  L  II,  p.  ISV.  )  ((lerlai- 
nos  édilioiis  du  Mailyrolnj;;!!  romain  noilciil 
.^  tori  saillie  A^ape,  an  lien  de  saiiil  Ai^ape.) 
rill'Xll.K  (saillie),  iiiailyi(>,  enl  la  |j;l()ire 
d<^  donner  sa  vie  pour  Jésus-C.lirisl  h  Adni- 
niMe,  ville  (rArri(Hic,  avec  saiiil  nonitacesou 
époux,  ('es  deux  saints  enreiil  doii/e  enlanls, 
(lui  l'urenl  niarlyris('!s  pour  la  foi.  On  ii^noro 
I  ("^pocpie  (>f  les  circouslanccs  de  leur  mar- 
tyre. lïl\L;lise  lait  leur  l(He  Ie30aoi1l. 
'  THfi](-LE  (saillie),  martyre  do  Perse,  fui 
mise  j\  mort  pour  la  foi  chr(<liennc,  dans  la 
scpti(^me  année  de  la  grande  [)crsi^culion  de 
Sa()or,  avec  doux  saintes  Marie,  IMarlhe  et 
Ama.  Toutes  étaient  vierges  consacrées  t^ 
Dieu.  Ces  saintes  ne  sont  [las  au  Martyro- 
loge romain.  Nous  donnons  ici  leurs  Actes 
eu  cnli(>r. 

Martyre  des  saintes  Thcclc,  Marie,  Marthe, 
une  antre  Marie,  etrAma,  vierges  consacrées 
à  Dieu. 

A  peu  près  dans  le  même  temps  (septième 
année  de  la  persécution  de  Sapor),  un 
certain  Paul ,  homme  impie  ,  prêtre  ,  mais 
seulement  de  nom,  de  la  petite  ville  de  Cas- 
ciaza,  fut  dénoncé  à  Narsès  ïamsaiior.  Ce 
qxii  fut  la  principale  cause  de  cette  accusa- 
tion ,  ce  furent  les  richesses  de  ce  prêtre  , 
que  les  délateurs  disaient  être  très-grandes. 
Aussitôt  des  satellites  envoyés  par  le  pré- 
teur entourent  la  maison,  pour  ([ue  personne 
ne  s'échappe  ,  et  ayant  enchaîné  le  [)rètre  , 
pillent  son  logis  et  om[)orlcnt  une  grande 
quantité  d'argent  qu'ils  avaient  trouvé  dans 
un  coilVe-lbrt. 

Par  la  même  occasion,  les  émissaires  ar- 
rêtèrent plusieurs  jeunes  filles  de  la  môme 
ville,  consacrées  à  Dieu  :  c'étaient  Thècle  , 
Marie,  Marthe  ,  une  autre  Marie  et  Ama  ; 
toutes  furent  conduites  enchaînées  avec  le 
prêtre  dans  le  même  endroit;  Paul,  le  pre- 
mier, parut  au  tribunal  de  Tamsapor,  ce 
tyran  si  criminel.  Tamsapor  lui  dit  ;  «  Si  tu 
obéis  au  roi,  si  tu  adores  le  soleil  et  man- 
ges du  sang,  ton  salut  est  certain,  et  tu  re- 
couvreras tout  de  suite  l'argent  qu'on  t'a  cn- 
ievé.»  Alléché  par  cette  promesse,  cet  homme 
criminel,  ce  fils  de  l'enfer,  Paul,  ne  résista 
aucunement  au  tyran,  et  dit  qu'il  promettait 
de  faire  ce  qu'il  lui  commandait,  qu'il  tien- 
drait proptement  cette  promesse  :  tant  ce  mi- 
sérable convoitait  avidement  cet  argent  qui 
ne  devait  le  conduire  qu'aux  feux  éternels. 
Mais  Tamsapor,  vivement  peiné  que  Paul , 
par  sa  défection  de  la  religion  chrétienne , 
kiienhivât  le  prétexte  de  prononcer  le  juge- 


iiieiil  contre  lui  ,  rélléchil  (ineWjues  inslanli 
et  iiii/ij^ina  d'ordonner  h  ce  f»r/>trr5  d'éf^orf^er 
de  s/1  main  les  jeu  lies  (il  les  (pie  nous  viîlionsdu 
lioiiimei,  persuadé  (jue,  an  été  [lar  In  craiulr! 
dud(''slionn(!ire|  de  niif/iinic  il  n'obéirnil  pn« 
hcAil  ordre,  ei  lui  fournira  il  ainsi  uiii-nnuvtdlo 
occasion  de  retenir  avec  (pielquc  ajip.ireucc 
de  droit  l'argent  (pi'il  lui  avait  fnil  enlever. 
Il  lit  doric  venir  les  jeunes  lilles,  et  les  ro\i!\r- 
danl  avec  un  visage  terrible  et  sari>;iiinaire , 
il  leur  parla  ainsi  :  <<  Si  vous  n'obéis.so/ aux 
édilsdii  roi  (pii  vous  ordonnent  d'adorer  lo 
soleil  et  de  consentir  ;i  vous  marier  ,  vous 
n'échapperez  point  h  la  iieino  capitale,  aprè.s 
avoir  subi  la  (pieslion  la  plus  cruelle.  J'ai 
résolu  d'exécuter  prompleuienl  l(;s  ordres 
(pie  j'ai  rc(;us  de  sévir  contre  les  récalci- 
Iraiils  :  personne  ne  vous  arrachera  .'i  mon 
pouvoir.  »  Les  vierges  lui  répondirenl  d'une 
voix  élevée  :  «  Vainement  par  ce  discours 
arlilicieux  tu  veux  nous  épouvanter  ou  nous 
flatter,  lyran  insolent  et  superbe;  (pi'hési- 
tes-lu  h  accomplir  les  ordres  (pii  le  sont 
donnés  ?  Rien  n  est  plus  éloigné  de  notre 
pensée  (pie  d'aL)jurer  nolr(;  Dieu,  notre  créa- 
teur, et  d'obéir  en  cette  circonstance  à  les 
ordres.  » 

Alors  ce  juge  impie  ordonna  qu'on  cmme- 
nAl  les  vierges  du  lieu  où  il  siégeait.  Elles 
furent  cruellement  battues  de  verges  par  les 
licteurs;  chaciuKî  en  regul  ont  coups  avec 
tant  décourage,  que  dans  celle  boucherie 
de  tout  leur  corps  ,  elles  (riaient  à  haute 
voix  :  ((  Jamais  nous  ne  préférerons  le  soleil 
à  Dieu;  nous  avons  résolu  de  ne  jamais  par- 
tager vos  erreurs,  hommes  insensés  qui  pré- 
férez les  créatures  au  Créateur,  et  qui  ,  le 
méprisant,  les  jugez  dignes  de  votre  culte  et 
de  votre  religion.  »  A  l'instant  la  sentence 
capitale  fut  [)rononcée  contre  ces  saintes 
vierges,  et  le  lyran  en  confia  l'exécution  k 
l'infâme  Paul  en  ces  termes  :  <(  Si  tu  consens 
à  tuer  de  ta  main  ces  jeunes  filles,  je  te  pro- 
mets que  tout  te  sera  rendu.  » 

Rien  ne  pouvait  arrêter  l'audace  de  cet 
homme  avare  ,  possédé  du  démon,  qui  jadis 
avait  possédé  Judas  ,  saisi  de  la  fureur  qui 
s"était  emparée  du  cœur  de  cet  apôtre  qui 
livra  son  maître.  La  couleur  de  l'or  et  de 
l'argent  avait  tellement  fasciné  ses  yeux  , 
qu'il  n'hésita  pas  à  jeter  son  âme  dans  le 
malheur  éternel  pour  satisfaire  sa  cupidité. 
Semblable  au  traître  Judas,  il  eut  bientôt  un 
sort  pareil  au  sien ,  s'étant  rendu  coupable 
du  même  crime  :  car  pareillement  il  fut 
pendu  une  corde  passée  au  cou  ;  pareille- 
ment aussi  il  creva  par  le  milieu  du  corps  , 
et  ses  entrailles  se  répandirent  à  terre.  Peut- 
être  ce  premier  voleur  avait  transmis  à  l'au- 
tre son  héritage.  Le  premier  tua  Jésus- 
Christ  ,  le  second  tua  pareillement  Jésus- 
Christ  habitant  en  ces  vierges;  car  il  est 
écrit  :  Quiconque  a  été  baptisé  en  Jésus-Christ 
a  revêtu  Jésus-Christ  (  Galat.  m  ,  27).  Quelle 
peine  pensez-vous  que  l'un  et  l'autre  se 
soient  attirée?  quels  supplices  immenses 
n'onl-ils  pas  mérités?  Parce  qu'ils  ont  com- 
mis tous  les  deux  le  crime  le  plus  impie  et 
le  plus  cruel ,  il  est  hors  de  doute  que  tou§ 


i«és 


tHE 


THE 


1096 


deux  sont  punis  ,  par  la  justice  |vengeresse 
de   Diru,  cit'S  supplices  l<»s  plus  grands  du- 
rant l'éternité.  Cet  homme  avide  d'argent , 
aveuglé  par  cet  or  qu'il  ne  devait  jamais  pos- 
séder, croyant,  d'après  les  paroles  trompeu- 
ses du  tyran  ,  qu'on  allait  lui  rendre  son  ar- 
gent, se  tit  un  cœur  de  fer,  un  front  d'airain; 
ayant  tiré  son  glaive  ,  il  se  préci|>ita  sur  les 
jeunes  tilles,  qui,  le  voyant  venir,  Tapostro- 
nlièrent  en  ces  termes  :  «  C'est  donc  ainsi , 
lâche  pasteur,  que  tu  te  précipites  sur  ton 
troupeau,  et  que  tu  veux  massacrer  les  bre- 
bis. Te  voilà  donc,  homme  rapace,  à  ce  point 
changé  en  loup  cruel ,  que  tu  n'hésites  pas 
h  te  précipiter  dans  ta  bergerie.  Est-ce  là  le 
sacrement  qui  rend  Dieu  propice,  et  que  na- 
guère nous  recevions  de  tes  mains  ?  Est-ce 
là  le  sang  qui  donne  la  vie  que  tu  donnais  à 
noire  bouche  ,  quoi(iue  pourtant  ce  fer  que 
tu  tires  contre  nous   nous  doive  donner  le 
salut  et  la  vie.  Nous  allons  trouver  Jésus, 
qui  est  notre  bien  et  notre  héritage  ;  quant 
à  toi,   un  autre  sort  t'attend  :  cet  argent, 
ces  richesses  que  tu  veux    recouvrer,  sois 
sûr  que  tu  ne  les  auras  jamais ,  que  jamais 
elles  ne  reviendront  en  ton  pouvoir  :   car 
avant  toi    nous  allons  'paraître    devant    le 
juge  d'en  haut  ;  il  sera  le  nôtre  :  nous  lui 
déférerons  notre  cause,  nous  lui  dirons  tes 
crimes  envers  nous.  Tu  ne  crois  j)as  que 
ce  jugement  puisse  t'atteindre  en  ce  jour, 
mais  bientôt  le  chMiment  que   tu   mérites 
va  fondre  sur  toi  !  Il  ne  peut  pas  se  faire 
que  toi ,  qui  nous  fais  mourir  pour   Dieu 
et  sa  religion  ,  sois  laissé  par  lui  au  nom- 
bre  des  vivants ,    homme    chargé   de    cri- 
mes :  en  outre ,  nous  recevons  volontaire- 
ment la  mort  pour  lui  ;  c'est   pour  lui  qu'on 
nous  la  donne  ,   mais  malheur  à  celui  qui 
nous  la  donnera  l  Courage  !  homme  sordide, 
mets  le  comble  à  tes  crimes  par  notre  mort  : 
une  peine  égale  à  ton  forfait  menace  ta  tête. 
Qu'attends-tu,  lâche  et  misérable?  Pourquoi 
ne    nous    égorges-tu  promplemeut?  Qu'at- 
tends-tu ?  voudrais-tu  nous  donner  le  specta- 
cle de  ta  mort  prochaine,  f[uand,  pendu  à  une 
poutre,  tu  lutteras  vainement  contre  la  corde, 
et  quand ,  désespéré  de  te  voir  mourir,  tu 
secoueras  tes  pieds  et  tes  mains  en  l'air,  avant 
de  tomber  dans  l'enfer  ([ui  t'attend  l)ienlôt.» 
Ainsi  parlèrent  les  vierges  ;  mais  cet  homme 
criminel,  ce  tils  de  perdition  ,  (jui  avait  dé- 
posé toute  l'Udeur  et  toute  honte  ,  s'arrètanl 
inunobile,  brandissant  son  fer,  instrument 
du  feu  éternel  pour  lui ,  vise  les  tètes  des  vier- 
ges et  les  abat  avee  l'habileté  qu'v  aurait  mise 
le  bourreau  le  |)|ii.s  exp(''riineiit«>. 

La  main  de  ret  exécuteur  impie  ne  uarut 
point  fatiguée  ,  qiioi([u'eMe  ïw  tôt  pas  habi- 
tué»^ au  carnage  ;  le  glaive  de  ce  lAchc  gla- 
diateur ne  [tarul  point  ('-njoussé.  Mais  peut- 
^trctpicce  malheureux  bourreau  avait  aupa- 
ravant aiguisé  sou  fer.  dans  raltmlo  d'une 
tellt>  occasion,  et  l'amour  de  l'argent  avait 
atfermi  sa  main  pour  (pTille  m»  iriiublAt  pas 
en  donnant  le  coup  mortel.  Il  né[)roiiva  au- 
cune crainte,  quoiqu'il  n'eôt  pas  Ihabiludo 
de  verser  le  sang  liumain  ;  d  ne  rougit  pas , 
cet  homme  horrible,  devant  une  multitude 


qui  l'avait  en  horreur,  et  qui  le  regardait 
avec  des  yeux  qui  exprimaient  l'exécration. 
Celui  qui  le  premier,  poussantCam  au  meur- 
tre, porta  la  mort  dans  le  sein  de  l'humanité, 
instruisit  parfaitement  ce  bourreau  inexpé- 
rimenté, selon  cette  sentence  de  Dieu  :  Vous 
êtes  fils  de  celui  nui  fut  homicide  dès  le  prin- 
cipe (Job.  vin,  \\). 

C'est  ainsi  que  ces  saintes  vierges  reçurent 
une  mort  glorieuse  pour  Jésus-Christ ,  con- 
sommant un  sacrifice  d'agréable  odeur  pour 
Dieu,  vers  le([uel  elles  montèrent  chastes  et 
pures,  pour  recevoir  la  récompense  de  leurs 
glorieux  combats  dans  cette  vie,  et  les  fruits 
de  leur  patience  invincible  au  milieu  des 
plus  alfreux  supplices.  Ces  vierges  coura- 
geuses moururent  et  furent  réunies  au  chœur 
des  martyrs,  le  sixième  jour  de  la  lune  du 
mois  de  juin. 

Ce  ne  fut  pas  le  même  sort,  mais  un  bien 
différent  qui  fut  la  part  du  prêtre  insensé, 
qui  sans  doute  n'avait  pas  lu  ce  que  les  sain- 
tes Ecritures  disent  de  certain  riche  qui , 
ayant  amassé  l'abondante   moisson  de  son 
enamp,  s'en  félicitait  en  ces  termes  :  0  mon 
âme,  mange,  bois  et  livre-toi  à  la  bonne  chère. 
Ayant  ainsi  parlé,  il  entendit  une  voix   qui 
lui  dit  :  Insensé,  cette  nuit  on  rate  redemander 
ton  dme,  et  pour  qui  seront  les  choses  que   tu 
as  amassées  {Luc.  xii,  19 )?  C'est  ce  (}ui   ar- 
riva au  meurtrier  de  ces  vierges  magnani- 
mes; car  quand  il  pensait  (ju'on  allait  lui 
rendre  l'argent  dû  à  son  infâme  action  ,  et 
qu'il  allait  le  recouvrer,  lui  qui  n'avait  pas 
hésité  à  perdre  la  vie  de  l'âme,  fut  enlevé  de 
ce   monue    cette   nuit-là  môme.   Le  juge, 
craignant  que  cet  homme,  capable  de  tout  par 
amour  de  l'argent,  ne  s'adressât  au  roi  pour 
redemander  son  argent ,  tit  venir  ses  satel- 
lites et  leur  ordonna  de  tuer  prom|)tement 
Paul.  Ceux-ci,  entrant  dans  la  prison  durant 
la  nuit,   étranglèrent  cet  homme  avec  une 
corde,  pour  que  sa  mort  ne  laissât  pas  de 
traces.  Combien  fut  semblable  la  tin  ue  Paul 
et  de  Judas,  si  semblables  par  leur  avarice. 
Judas  est  peut-ôtre  moins  coupable,  car  après 
son  crime  il  se  repentit ,  et  en  eut  tellement 
horreur  ([u'il  se  pendit  lui-même.  Celui-ci 
n'eut  pas  honte  de  son  crinne  en  le  commet- 
tant, pas  de   regret  après  l'avoir  commis  ;  il 
ne  s'en  punit  pas ,  mais  en  fut  puni  malgré 
lui   par  ceux   qui  l'étranglèrent.   Fût-ce  là 
toute  la  peine  tle  cet  homme  qui  versa  avec 
des  yeux  secs  le  sang  innocent ,  c»'rtes  ,  ce 
supplice,  comparé  au  crime,  doit  être  trouvé 
léger  et  inégal. 

La  terre,  arrosée  du  sang  de  ces  saintes 
martyres  ,  produisit  un  tiguier  qui  ,  dans  les 
années  suivantes,  fut  le  salut  de  beaucoup; 
jusipi'à  ce  ([ue  longtem[is  après  il  fut  arra- 
ché par  les  impurs  manichéens,  qui  ne  pou- 
vaient voir  sans  chagrin  la  gloire  de  ces 
vierges.  Vno  peste  mortelle  fut  la  peine  qui 
suivit  immédiatement  ce  crime.  On  l'appelle 
le  mal  du  Lion  :  il  saisit  d'une  manière  épou- 
vantable plusitMirs  indnidus  de  celte  même 
secte.  Telle  fut  la  force  de  ce  miraclo  et 
son  évidence,  (jue  les  manichéens  eu\-ni6- 
mos  avouèrent  que  cette  maladie  u'avail  pas 


Ï0ÎI7  THE 

ou  (l'nutro  cnusn  qno  la  vlnlnlion  do  ce  lien 

sncrn.  ,     ,       , 

L(vs  vicrgns  Altinllios,  N/illic  IM.'imInclic,  dd 
1.1  |)rf)viii(T  (1(1  |{((||i-(;,irm;n',  ciMciil  le  iiKHiin 
porl  pour  la  loi  tliirliciiiic  :  lo  an  S,i|)(ir 
(^Ifl'it  v(<nii  par  hasard  dans  ci"  lieu,  los  |)iiiiil 

du   (llMIlitT  .SU|>|>li<"<'. 

Nous  «vo'is  t^cril  avoc  vt^rih^  les  Actos  do 
cos  saints  inniiyr-!,  ilapr^s  dos  documotils 
hisl(>ri(iU('S.  {Tinditrdini  de  rnKfrnr.) 

Tliid'.  (saillie),  lut  iiiisci  h  iiioil  en  Tal-vs- 
tino,  ou  Tau  do  JfVsus-Ciu-isl  ;iOS  .  dunnU  l« 
pors^cnitiou  (|ii('  les  succoss(  urs  d(î  Dioclù- 
tion  conlinuai<!iit(u)iitn'  l'K'-^liso.  Lo  j^ouvor- 
iiour  Kinuilioii  rayant  nio  laccH)  do  la  tairo 
e\posor  dans  un  lion  do  prostitution  ,  ollo 
lui  roprooha  avoc  hf.uuoup  i\o  lorco  sa  oon- 
duite  et  so!i  iniiuoralitt'ï.  Outrô  du  lanKa;^o 
do  la  sainte,  il  la  lit  hallro  criu'lloni.nl  , 
(^tondre  sur  lo  chovalot ,  ot  lui  lit  dt'^chiror 
ios  oôlôs  av(>o  les  OMi^los  do  for.  Pondait 
qu'on  la  traitait  ainsi,  umo  autro  cliroticnno, 
nonuniV'  Valontino,  s'adrossanl  au  t^ouvor- 
nour,  hii  cria  du  milieu  do  rassenibkV>  : 
«  Pondant  conibion  d(>  lonips  fcroz-vous  en- 
core soullVir  ainsi  ma  su  ur?  »  lunnédiate- 
nionl  arrôtcV%  Valontino  refusa  obstinément 
de  saorilior  :  on  voulut  l'y  oontriindrc  on  'a 
menant  do  force  à  l'auteUinais  elle  se  ilébat- 
tit  tellement  (quelle  le  re  ^versa.  Firmilien 
les  fit  attacher  toutes  doux  ensemble  et  brû- 
(er  vives.  Cette  sonlence  atroce  re(:nt  son 
exécution  le  "25  juillet,  jour  auquel  l'Eglise 
célèbre  leur  fête.  {Voy.  Eusèbe,  des  Mart.  de 
la  Palest.) 

TUÉE  (sainte),  reçut  la  glorieuse  palme 
des  combattants  de  la  loi  à  Gaza  en  Pales- 
tine. Elle  eut  sainte  Mouris  pour  compa.^ne 
de  son  triomphe.  Elles  sont  inscrites  au  Mar- 
tyrologe romain  le  19  décembre. 
'  THELICA  ('sainte),  fntan  nombre  des  qua- 
rante-huit martyrs  mis  à  mo;t  avec  saint  Sa- 
turnin en  Afrique ,  sous  le  proconsul  Anu- 
lin  ,  en  l'an  de  Jésus-Christ  305,  sous  le  rè- 
gne et  durant  la  persécution  que  Diodétien 
suscita  contre  l'Eglise  du  Seigneur.  (  Voy. 
Sati'rmn.)  L'Eglise  fait  la  fête  de  tous  ces 
saints  le  11  février. 

ÏHÉMISTOCLE  (saint),  berger,  martyr  en 
Lycie,  élait  né  vers  le  milieu  du  m'  siècle  , 
dans  le  territoire  de  Myro,  en  Lycie,  Un  jour 
des  païens  poursuivaient  un  chrétien  qui 
vint  se  réfugier  auprès  de  notre  saint.  Ce- 
lui-ci refusa  de  dire  aux  persécuteurs  où  était 
le  fugitif,  leur  déclarant  qu'il  était  aussi  chré- 
tien. Ils  se  saisirent  Je  lui  aussitôt  et  le  con- 
duisirent au  gouverneur  de  Lycie,  qui  le  fit 
déchirer  à  coups  de  fouet  et  étendre  sur  le 
chevalet.  Ensuite  on  le  traîna  nu  sur  des  cail- 
loux et  des  pointes  de  fer.  Il  expira  au  rai- 
lieu  des  tourments.  Les  Grecs  et  les  Latins 
font  sa  fête  le  21  décembre. 

THÉOCTÈNE,  gouverneur  de  la  ville  d'An- 
cyre ,  sous  Dioclétien  ,  en  l'année  303  ,  était 
un  homme  sans  mœurs,  sans  humanité,  sans 
religion,  d'un  naturel  inquiet,  emporté,  vio- 
lent, malfaisant,  aimant  le  sang  et  le  répan- 
dant avec  une  extrême  facilité.  Je  ne  sau- 
rais ,   dit  Nilus  ,  historien    du  martyre  do 

PiGTiONN.  DES  Persécutions.  II. 


Tiii': 


1008 


saint  Théodolo  ,  h  ipii  nous  rTuprunton»  o-n 
(h'-lails,  dduncr  une  idée  plus  juste  de  toutes 
SOS  mauvaises  ((iialilés,  (pi'on  dis.'int  (luc  son 
nu'i'ito  seul  lui  'iv.iit  oMenu  colle  pljwc  II 
avili  promis  i\  M.iMniicn  de  d  truiro  coniplé- 
IcMKMiL  II-  christianisme  dans  \n  vile  d'Ari- 
cyrc.  Oiiaiid  on  smI  ipii>  rc  ^oiivorriciir  arri- 
vait 'i  Ancyro  pour  prendre  possession  de  sn 
charno,  la  consternai  ion  fut  «'xlrêmo  :  on 
([iiillail  la  ville  on  fon'o  pour  se  r''fu^^i(!r 
dans  les  uKuilagnos  ,  da"s  les  cnvonos. 
D'Ikmiic  on  h"ure  arrivaient  dos  mess/jgers 
lie  la  pailde  Théoc|("'nr! ,  les  premiers  nri- 
non(;ant  ses  dessoins  fi.ncstos,  les  nuiros 
appoilant  dos  ordonnances  torriidos.  Ordre 
fut  ainsi  donné  (pi'on  (ùl  à  (h'-inolir  immé- 
diatcnnc'it  toutes  les  églises,  et  (pi'on  con- 
duisit les  prêtres  de  Jésus-Christ  dans  les 
temples  dos  idoles,  pour  les  contraindre  h  sa- 
crilicr.llfaul  lire,.*!  l  artichiTiiCîODOTK,  !(,"=  dé- 
tails des  persécutions  que  ce  inéchanl  homme 
lit  endurer  aux  cliiéliens  .  pour  avf)ir  une 
'uste  idée  de  la  terreur  (pi'il  inspirait  :  nous 
y  renvoyons  le  lecteur.  Il  verra  comment 
Théoclè  10  voulut  attenter  <*i  la  virginité  de 
S(>pt  vieilles  femmes  qu'il  avait  fait  arr'^t'-r, 
et  comment  il  lit  arrêter,  persécuta  et  enfin 
lit  mourir  saint  Théoilote. 

THÉOCTISTE  (  saint  ).  martyr,  fut  mis  ?» 
mort  à  Nicomédie  en  l'an  de  Jé^us-Chtist 
3',)'i.,  pour  avoir  pdilé  h  saint  Cyorien,  dit  le 
M'i'^icien ,  (|u'on  coniuisait  au  suppl'ce.  Il 
fut  immédiatement  décatiité.  [Voy.  l'article 
de  saint  Cyphien  ,  dit  le  Magicien.)  L'Eglise 
fait  la  fête  de  ces  saints  le  20  septembre. 

THÉODARD  (saint),  évê(iue  (  t  martyr,  est 
honoré  parl'Egiise  le  10  sept"mhre.  D'abord 
ce  saint  avait  succédé  h  Remarie,  abbé  de 
Malmedy  et  de  Stavelo  ,  dans  le  gouverne- 
nivMit  de  ses  deux  abbayes  ;  bier»ti)t  après  il 
avait  été  nommé  an  si'''^ge  de  Maestricht.  En 
669 ,  il  forma  le  dessein  de  se  rendre  à  la 
cour  de  Childéric  II ,  roi  d'Austrasie  ,  pour 
obtenir  de  lui  la  restitution  d(  s  hien-<  de  son 
église  que  des  seigneurs  puissants  dans  le 
pays  avaient  acca;  ares  et  détenaient  injuste- 
ment. Mais  ces  usui^pateurs,  ayant  «u  iebnt 
de  son  voyage ,  placèrent  daiïs  la  forêt  de 
Benalt  des  ge  is  qui  l'assassinèrent  .^  son  pas- 
sage. Le  lieu  de  son  martyre  se  voit  auprès 
de  Némèse  ou  de  Sp're.  Saint  Théodard  alhit 
accomplir  une  œuvre  d»^  justice  que  lui  com- 
mandait son  ministère  :  il  fut  tué  dans  cette 
circonstance,  et  à  cause  d'elle  il  mérite  par- 
faitement le  titre  de  martyr  que  l'Eglise  lui 
a  décerné.  {Voy.  Laihbert.) 

THÉODORA  (sainte),  martyre,  eut  la  gloire 
de  donner  sa  vie  pour  Jésus-Christ,  à  Nicee, 
avec  les  saints  T.heusétas  et  Jïorrez  son  fils, 
Marc  ,  et  les  saintes  N^mphodora  ot  Arabie. 
Le  Martyrologe  romain  ne  dit  {loint  à  quelle 
époque  eut  lieu  leur  martyre.  Ils  furent  fous 
livrés  aux  flammes.  L'Eglise  célèCie  leur  il- 
lustre mémoire  le  13  mars. 

THÉODORE  (saint) ,  soulTrit  la  mort  pour 
la  défense  de  la  foi  avec  saint  PausiJippe. 
Leur  martyre  arriva  sous  Adrien.  Nous  n'en 
savons  pas  davantage  sur  eux.  Ils  sent  ins- 
crits au  Martyrologe  romain  le  15  avril. 

35 


1090 


THE 


TUE 


«ido 


THÉODORE  («Jain»),  fut  martyrisé  à  Perse 
en  Parnp'i.vlie,  avec  sainte  Pliil'ppe  sa  mère. 
Loiir  lu.irtvre  .irriva  sous  le  rôj;iie  «Je  lem- 
pert'ur  Anloniii  :  ils  eiireit  |)liisieurs  coin- 
na.;iions  do  it  les  noms  sont  ignorés.  Ils  sont 
iiisrrils  au  MHrlvrolo.5e  romain  le  27  sep- 
tenihi'P. 

THfiODOHK(  saint),  fut  martyrisé  h  An- 
rlrinonln,  sous  le  rt"'j;ne  de  l'enipereui'  Mnxi- 
mion,'avoc  les  sai'iis  Maxiuie  el  Asclé[)io- 
dole.  Ils  sont  inscrits  au  Martyrologe  romaia 
le  lo  st'ptcinlM'e. 

THÉODOlUi  (saint),  martyr,  eut  le  bon- 
heui-  de  répa  >dre  son  sang  pour  la  religion 
chréfionne  à  Rome,  durant  la  persécution  de 
Valérien.  Il  eut  pour  compagnons  de  ses 
soulfrancps  les  saints  Irénée.  Antoine, Satur- 
nin, Victor  et  dix-sent  autres  dont  les  noms 
sont  in  -onnus.  I/Kglise  c  •lel)re  la  mémoire 
de  ces  saints  martyrs  le  15  décembre. 

THÉODORK,  (saint»,  fut  martyrisé  à  Rome, 
sous  le  commencement  do  Gallien,  avec 
sainte  Flore,  sainte  Lucillo,  et  les  saints  Eu- 
gène ,  An'onin ,  et  leurs  eo.npagions  au 
no'iibre  de  dix-huit.  L'Eglise  fait  leur  fèto  lo 
29iui  let. 

THÉODORE  l'sainr),  l'un  des  gardes  de  la 
pris  •;!  de  Saint-Cen*orin  ou  Censorinus, 
sous  Claude  II  le  (iolhifpie,  fut  converti  à 
la  foi  chrétienne  par  le  prêtre  saint  Maxiuie 
avec  les  autres  girdes  de  la  prison,  lesquels 
étnient  Félix,  Maxime,  Faustin  ,  Herculan, 
Nu.rnère,Storacinus,Mene,t^ommode,HL'r  ne, 
M»ur,  Etisèbe,  Rustiqu -,  Anmuliiius,  Mo- 
nacre,  Olym|)e,  Cy()rien  et  Théodore.  (Pour 
voir  leur  histftire,'  recoure*  h  l'article  Mvr- 
tYRs  d'Ostik.)  Ces  saints  ne  sont  pas  nom- 
més au  Mnri .  mloge  romain. 

THÉODORE  fsaint),  fut  martyrisé  sous 
rem(»ereiir  ^(a\imien  avec  les  saints  Océan, 
Amunen  et  Julien.  Après  avoir  eu  ies  pii^ds 
coupés,  ils  furH'nt  jetés  dans  le  feu  et  ac- 
complirent ainsi  leur  martyre.  Ils  sont  ins- 
ciits  au  Martyrologe  roujain  le  V  sepienubro. 

THèODORE(s'\int),surnommé  l'y ron, mar- 
tyr, était  évèipie  d'An>asée.  Nous  donnons, 
pour  le  faire  connaître,  le  panégyriijue  (jue 
nous  trouvonsdans  saint  (iré^oire  de  Ny^se. 
Cefulei3,)t>  (jue  saint  Théodore  ret;ut  la  cou- 
ronne du  ma  tj  r«.  Il  est  honoré  par  l'Eglise 
le  0  novemt)re. 

Discours  de  saint  (iréijoire  de  Xijssc  sur  saitU 
Ihéaiiore^  martijr.  ,L'aii  d«'  J.-C.  30o^sou$ 
Icjj  empereurs  (ialéiius  et  Ma.MUiiu.) 

S.Tcré  troupeau  (hiSeig'^eur,  vous  ([u'il  a 
ohoisi  pour  son  peuple,  racH  royale  honorée 
du  .sacerdoce.  Imu^ics  nombreuses  de  tidèi(>s, 
qui  H'îcourez  e  i  ce  lieu  des  villiis  el  de  la 
campagne,  <|uel  sujet  v  us  y  amène?  (^ui 
vous  obligea  ipiitte.  vos  loyers,  et  (|uel  mo- 
tif vous  fait  enlreprendre  un  voya^e  si  long 
et  SI  pénible,  dans  une  saison  si  rude,  au 
fort  'le  Ihiver,  dans  le  le  ups  des  neiges  el 
d«;s  fiim  «s.'  Toute  la  nature  osl  dans  l'iiia.- 
li'  n,  tout  se  ri'pose  :  le  sul  ial  •|uille  son  arc 
et  se»  llèch.!>,  pour  no  les  reprendre  cjuau 
pti  it'ups;  lt>  pil()te  désar..m  son  vaisseau, 
cl  le  laboureur di'tullu  sa  ciiârrue.  Ebl-cc  quo 


le  sainl  martyr  dont  nous  célébrons  aujour-. 
dhui  la  mémoire  a  sonné  de  la  trom(iette 
pour  vous  attirer  ici  de  toutes  paris?  A-t-il 
iail  de  son  tombeau  un  quartier  d'assem- 
blée, non  pour  marcher  à  1  ennemi  ou  pour 
livrer  un  combat,  mais  pour  goûter  en- 
semble, dans  une  union  saii  te  el  toute 
chrétienne,  lesdtMJX  fruits  de  la  paix, de  cette 
))aix  qu'il  nous  a  lui-même  procurée?  Cap 
enfin,  mes  frères,  vous  ne  dout-ï  plus  que 
c^  ne  soit  lui  qui,  j)ar  ses  prières  ,  conjura 
l'année  dernière  c<t  orage  prêt  à  Fondre  sur 
nos  provinces  ,  qui  arrêta  cotte  inondalioa 
de  barbares,  ce  déluge  de  Scythes  dont  nos 
champs  allaient  être  couverts,  s  il  n'eiU  éld 
au-devant  d'f^ux,  el  n'eût  répandu  la  lerrcup 
dans  leurs  bataillons,  en  se  montrant  à  leurs 
yeux,  armé,  non  d'un  cas<{ue  ombragé  de 
plumes  ou  hérissé  de  trois  cjôtes,  non  d'une 
épée  dont  le  tranchant  |:h»Ii  et  bien  trempé 
coupe  le  fer  et  l'aei  p,  mais  de  la  croix  de 
Jésus-Christ,  do  celte  croix  devant  qui  les 
maux  les  plus  horribles  [irennent  la  fuite; 
celte  croix  fronde  en  mirarles;  celle  croix 
ei  lin  h  qui  noire  saint  doit  t<mle  .sa  gloire. 

Sa  grande  i'iine,  en  quittant  la  terre,  alla 
prendre  sa  place  dans  le  ciel;  elle  y  jouit 
avec  les  autres  âmes  bienheureuses  d'un 
bonheur  iniini,  tandis  que  son  coi  |)S  repose 
ici  parmi  nous  dans  un  magniticjue  tomb»  au 
(jui  est  l'objet  de  notre  vénération  et  de 
notre  culle,  el  qu'il  reyoil  l'honneur  qui  est 
dil  à  celui  doul  lexlréme  pureté  n'a  jamais, 
été  souillée  iLuranl  que  l'âme  js  a  fcut  sa  uc- 
meure.  Ces  sacrées  reliques  sonl  cou»me  i  s 
dé  'ùt  précieux,  ipie  chaque  siètlc  conserve 
soigneusement  pour  le  représenter  au  jouj 
de  la  résurret-tion  générale,  coiuuk;  une  t>or- 
tift'i  de  matière  rare  el  exquise,  ornée  de 
mille  excellentes  qualités;  un  cor(>s  bien 
différent  des  autres  conts,  doul  la  mort  a  été 
commune  el  vulgair*?.  Car,  ^  la  vue  de  ceux-* 
ci  Tihiie  est  saisie  d  horreur.  On  n'aime  point 
c>  visiUtr  les  sépulcres,  el  >i  lu  ha>v».d  nous 
en  fait  ren;  outrer  quoiqu'un  d'ouvert,  nos 
tegards  aussilôl  s'en  éloignent  ;  ces  restes 
échappés  au  louips  el  aux  vers  nous  font  fré- 
mir, et  nous  fu\ons  cet  objet  avec  précipi- 
tation, en  géiuisvsant  siu'  la  triste  condition 
de  la  iialufe  humaine.  11  u'en  est  pas  do 
même  des  toiubeaux  des  .saints,  de  ces  lieux 
pannlsh  celui  où  nous  nous  trouvons  au- 
jouid'hui  assemblés,  où  le  juste  est  honoré» 
où  SOS  reliques  deviennent  l'olyol  de  la  dé- 
viition  des  peupi  s.  Los  ve.ix  sont  d'abord 
agiéablemenl  arrêtés  parla  luagniliconee  de 
ce  qui  se  presenlo  à  eux  :  un  temple  d'une 
anhiieelure  superbe,  cl  où  1  art  a  attaché 
mille  ornements.  Ses  uuus  sont  r)(;rusté9 
(l'un  maslic  qui  imite  la  polissure  de  I  ar- 
^ent  bruni.  In  le  sculpteur  on  a  tiré  des  bas- 
reliel's  qui  semtileiil  animés.  \.\  le  peinliv  % 
mis  dans  ses  l.ibleaux  autant  de  traits  li'iis 
qu'il  a  «lonné  de  coups  de  pinceau.  Ou  y  voit 
ué,  cuites  les  princi;  aies  a»  lions  du  martyr; 
riioneur  qu'il  a  du  >acritii'i'  abominable 
ipio  1  lui  propo.«ie  est  exprimée  sur  son  vi- 
sage ;  li'i  on  apei(;»>'t  d  vers  ins  rumenls  de 
supplices;  ici  une  luufuai:>o  qu  ou  allumo 


1101 


TIIK 


VHR 


410i 


ixtiir  y  Jt'tiT  lo  s/iiiil  ;  lo  poi'iliMi  n'n  uns  ou- 
lili('t  (l(*  lin-r  jiii  tuiliirrl  l.i  iiiiiic  jiHVciiso  et 
nu"irt(;.)\'ilo  (l'iiM  Ivrnii  <"i  liin'iir;  Jr-su-illirist 
lui  [n(Miii>  V  [>iinijl  roiiiiiic  Jti;;,i>  dti  coinbnl  : 
«'M   un    mol,    \h    tiiaiii    s.iv.iiilc   i|tii   n    litici^ 

tniltM.<i  COS  li^UIOS  IKtUS   lllrl  (h^VIl'U   les  )i'U\ 

(N>rnin»>  un  ^rnnd  livio  on  nous  ponvoiis  lut' 
H,L;i(^iiltlt'in('  Il  1rs  travaux,  la  vicldii-c.  In 
inoit  liourcMiso  ol  I'imiIi-it  ln(ini|ilin'iti'  du 
5ninJ  ni.iilyr  inns  la  i;l  iro.  Lu  cliarinaMlt' 
divcrsilt^  drs  ((uilcnrs  (|ni  en  lornicnl  les  ca- 
rflrlYres  donno  h  «'o  lieu  l'air  cl  ra^re'înn'nt 
4i'iino  prairie  scnu^'-  de  ilfiirs.  Kiilin  rvltr. 
|it'inlin(>,  lonU;  nuicllo  (|n'('ll  ■  rsl,  a  le  s('(  rct 
dt<  [urlt'r  aux  yt'U\,  «ît  dinslruirr  ciigaidant 
le  sil(Mi(('.  I,r  |)av<''  itu^nu*  dt»  cet  augusic  ItMu- 
plo  »'sl  un  laMcau,  où  ra.ssiMuhLirJ,»'  muim'c- 
iianl  d'un  niillio'i  d  •  [iclilcs  picrri's  de  dit- 
fi'rcnlcs  coidcu-s  (  1)  achève  d'.riiirrudi  i-  an 
[)-i(Mix  voyai^cur  riiislono  du  .sanil  ([non  y 
révère. 

Mais  afiri^-s  «pui  ses  youx  surpris  vl  cliar- 
mi''>  se  sonl  sat  sfails  par  la  vue  de  tanl  de 
choses  rares,  il  no  po'ise  plus  (pi'"»  satisfaire 
sa  ii'('v<i(ion  en  s'ap;'ro(  lianl  du  lond)eau.  Il 
y  (Moit  li()nvt>r  une  source  de  bénédiclious, 
sa  sa'ielilioalion,  des  gnkcs,  du  secoilTs  con- 
tre les  ennemis  de  son  .-alnl.  Quv  si  o'i  lui 
permet  de  prendre  de  la  [)oussière  (pii  est 
au  pied  du  tomheau,  il  la  rainasse  avec  res- 
pec  t,  il  remporte  avec  une  exlrt^fue  .-atisfae- 
tion,  il  la  s<'rre  soigneusement,  il  croit  pos- 
sévier  un  trésor  dans  un  peu  de  t  rre.  Car  de 
toutes  les  reliques  mômes,  c'est  une  laveur 
signalée  acetrdée  à  peu  de  personnes,  diix 
à  (pii  un  semblable  bonheur  est  arrivé  savent 
combien  il  letn-  a  fallu  employer  de  [)iieres, 
maripiei-  d'empres^ement,  suiliciter,  presser 
pour  lobienir. 

Alors  ils  embrassent  le  «acre  corps  comme 
s'il  élait  vivant,  ils  le  ba  sent  respectueuse- 
ment, ils  le  cunlem|dent  avvC  avidité,  ils  en 
porieiit  ijuelcpie  [wu  lie  à  leurs  yeux,  à  leur 
bouche,  à  leurs  oreilles,  h  tous  leurs  sens. 
Ensuite  ils  s'cidressent  à  lui  comme  s'ils  le 
vo.>  aient  préseï  t  ;  ils  le  prient,  ils  répandent 
des  laruii  s  pour  le  toucher,  ils  lui  demanueîTt 
son  intercession,  ils  ie  con,!  rent  de  se  ren- 
dre auprès  d  Dieu,  leur  avocat  et  leur  pro- 
tecteur. Ctmcevez  de  là,  mes  cliers  frèi'es, 
de  quelle  gloire  Dieu  prei.d  plaisir  à  com- 
b.er  ses  saints,  combien  leur  mort  est  |)ré- 
cieuse  devant  lui.  Quel  est  le  roi,  quel  est  le 
nionar(|ue  (|ui  ait  triomphé  plus  glorieuse- 
ment durant  sa  vie,  que  les  serviteurs  de 
Dieu  après  leur  moitV  Oh  sont  Ci  s  grainls, 
ces  (luissants  de  la  terre?  Qu'ils  nous  disent 
si  jamais  de  [lareils  honneurs  ont  accom^ia- 
gné  leur  sépulture?  Qut-Is  vœux  les  hommes 
ont-ils  portés  à  leurs  tombeaux  ?  Qui  de  ces 
pre'qeurs  de  vd.es,  de  ces  dompteurs  de 
peuples,  de  ces  fameux  conqu  ranls,  a  vu 
sa  mémoire  célèl>re  par  tout  le  monde,  chan- 
tée par  toutes  les  nations,  son  nom  exalté, 
annoncé,  publié  par  un  million  de  bouches, 
comme  le  soni  aujourd'hui  le  nom  ei  la  mé- 
moire d'un  pauvre  soldat  que  saint  Paul  a 

(1)  Ouyrajifi  à  k  in9saiqu.e. 


bien  voulu  armer  d»)  sa  main,  mais  qu»!  Jé- 
MJs-(]'  risl  n'a  pah  ilédaii^né  de  <:ou(oriner  de 
la  su'iine. 

Celle  heureuse»  région  qui  est  ériniréf!  do« 
premiers   rnyo  ih  <1u  soleil    vil  najiro    noln; 
illusire  sfdlal  au  eonmiem  emeni  du  dernier 
sièchî,   comme  elle  avait  vu   nudrf!  le   saint 
homme   Job    plusnnirs    sièeles    auj)ainv.i'ii. 
J/iin  ei  laulre,  animés  d'un  même  esprit,  Il 
renl  parailie  dans  buts  moins  la  iiiCnii-  pu- 
reté el   la  même   rei  liliide.    .Maiiil.na'il  (jue 
notre  martyr  habile  une  contrée  soumise  à 
un  souverain  (pji  l'est  de  toute  la   leric,  on 
peiil  dire  (pie  tout   h-    iikchJ,.    csi  s,i  paliie. 
S'élaiil    enrôlé  dans  les  troupes  romaines  , 
il  vinlavec  sa  légion  passer  l'hiverà  Aman'o. 
Ivi  c(^  t(niips-l?i  une  guerre  saii^lanle  s'éleva 
tout  à  coup  dans  lempire,  non  par   l'incur- 
sion i-'opiuéede    barbares,  mais  par  h  s  mo- 
iié(  s  et  le^  intrigues  de'  S.ilan.  Il  en  (il    pu- 
blier la  oéclaration  dans  un  édil  impie,  oui 
allaqujiit  l)i(MJ  d  r.  etemenl  en  obligeant   las 
clirét  eus  on  à  le  Mmoneer,  ou   ;i  perdre    la 
vie.    A  ors   notre    ri  uveau    soldat,    nourri 
dans  la  |)iét.>,  rcniipli  d(!  Jésus-Christ,    por- 
tant sa  confession  de  foi  é(  riie  sur  son  fio-it, 
l'heureuï   Théodore,  ouoicpie  peu  expéri- 
imnité   dans    lait   de    la   gi  (nie,  païut    un 
homme  consommé  dans  la  science  do  saints 
et  dans  la  pratique  des  verius.  On  ne  'e  vit 
point  céder  à  la  crainte,  ni  pâlir  h  la  vue  des 
périls,  ni  se    taire  par  lâcheté,  ou,    si    l'on 
v(ul,  par  u-ie  molle  prudence  ou  une  timide 
iiolitique.  D'ailleurs,  ainsi  qu'Hérode  et  Pi- 
lale  s'ui.irent  auliefois  coniie  Jésus-Christ , 
de  même  le  gouverneur  d'Aïuasée  et  le  tri- 
bun de  la  légion   oij   servait    Théodore  se 
joignirent  eiisimble  pour  lui  fa  re  son  pro- 
cès. L'un  et  1  autre,  l'ayant  fait  ciler  devant 
eux,  lui  drent  :    D'où  vous  vient   celle  au- 
dace, et  qui  vous  rend  si  hardi  et  si   témé- 
raire q'.e  doser  refuser  d'obé:r  aux  ordres 
de  l'empereur,  vous  qui  les  d.vriez  recevoir 
à  genoux  tt  avec  une  tramle  respectueuse? 
Pourquoi  n'adorez-vous  pas  les  dieux  qu'il 
plaît  auxemi  ereurs  (1)  défaire adoierà  leurs 
sujets  ?  Théodore,  sans  changer  de   visage, 
réi>ondit   d'un    ton   de  voix  assuré  :  Je  ne 
connais  point  plusieurs  dieux,   et  il  n'y  en 
eut  jamais  (ju'un.    Vous  êtes  dans  l'erreur 
]ois,,ue  vous  honorez  du  nom  de  Dieu  les 
démons,  ces  esprits  fî)urbes  et   imposteurs. 
Jé-us-Christ  est  mon  Dieu,   Je  Fils   unique 
de  Dieu.  Quico  ique  donc  voudra  me   con- 
traindre à  abandonner  ma  religion,  s'il  pré- 
tend  m'y   forcer  en    me   f  isa:it   maltraiter 
à  coups  de  fouet,  il   peut  encore,  s'il  veut, 
me  faire  déchirer  avec  des  ongles  de  fer,  j 
joindre  les  br.isiers  ardents  ;  et  si  mon  dis- 
cours l'ottense  ,  voilà  ma  langue  ,    qu'il  la 
fasse  couper  :  mon  corps  sera  trop  heureux 
de  souffrir  en   tous  ses  membres   pour  son 
Créateur.  Ces  paroles  généreuses  de  notre  - 
soldattjrent tomber  toute  la  tieitédes  tyrans; 
ils  voyaient  un  jeune;  homme  soupirer  après 
le  martyre,  se  réjouir   à  la   vue  des  tour- 
ments ,  et  avaler  ,  jjour  ainsi  dire  ,  Ja  mort 

(i)  Maximin  et  son  CQllègi)e. 


Am  TiiE 

comme  un  brpuvngo  délic'eux.  Ceppnd.inl, 
nlffclnnt  di*  nornUrt?  rk^im-nls,  ot  pio'iaiit  un 
air  (le  boiiit'  ftint»',  iIsUircnl  tout  haut  :  Il 
faut  tlonner  h  ri'^scnsf''  lo  tomps  de  rev  'nir 
de  sa  folie  .  ptMH-rtrc  (jin*  les  lélloxious  cpi'il 
aura  le  temps  de  faire  e  rcnirunt  plus  sajÇi'. 
C.'fSl  ainsi  (|u'ils  appelaient  folie  et  égarc- 
tnenî  d'osprit  ro  (pii  élnil  la  jlus  liaiite  sa- 
pesïse,  et  qu'ils  voulaient  f.iire  |)asscr  l'ac'c 
ie  pHis  héioupie  de  la  reliu;iou  pour  bas- 
sesse d'^mi'  et  p  liti.'sse  de  çÇénie.  Ainsi  dt's 
jjens  noyos  dans  la  crapule  appi-llenl  ivro- 
gne un  pliilosophe  sobre  et  tempérant. 
Voyons  luai'leiant  (piel  usage  le  saint 
homme  fit  du  délai  (lu'o  i  lui  (J  '[Uiait. 

Il  y  avait  k  Amisee  un  tempb'  dédié  h  la 
m^redes  dieu\  (1)  ,  (jue  les  anciens  païens 
lui  avaient  élevé  sur  le  bord  du  lleuve  qui 
!,ive  |t*s  m  >rs  de  cett  •  mé  ropole.  Théolore 
se  servit  pour  mettre  le  f.-u  h  ce  temple  de 
h  liberté  qu'on  lui  laissait.  Le  vent  tiiême 
s.'conda  son  dessein,  et  en  peu  d'heures  cet 
^'litic  '  fut  réduit  en  eendre-^.  Ce  fut  là  la 
réponse  qu'il  rendit  hwx  tyrans,  qui  leur  fit 
connaître  ee  ([u'ils  devaient  ait  «ndre  d»*  lui. 
Cependant  la  tlamme,  qui  s'élevait  fort  haut, 
apprit  la  chose  h  t  ute  la  ville.  Théodo;e, 
bie  1  loin  de  se  tenir  cach'*,  ou  du  moins  de 
songer  à  détourner  le  soupçon  de  l'embra- 
s  niMii  (pi'on  aurait  pu  fnre  tomber  sur  lui, 
publiait  haute  eei.t  (piil  en  était  l'auteur. 
H  s'en  vantait  comme  d'une  ai-tion  (jui  le 
devait  rouvrirdune  gl'.ire  immortelle.  Il  se 
moquait  ouvertenuenl  des  païens,  il  tour- 
nait ei  ri  lit  ule  les  regrets  qu'ils  faisaient 
sur  la  |)erie  d"  leur  tenij»!  'et  de  leur  déesse. 
L-'S  ra.'igistrats  le  fout  citer  :  il  comparait,  il 
parle  avec  une  libei  té  surprenante  et  ()leine 
d.'  confiance,  eomrae  s'il  n'av  it  rien  a  erain- 
dre  ;  il  st'ml)le  moins  être  le  criminel  qui 
suldt  l'interrogatoire,  que  le  juge  (pii  le  fait 
prêter.  Il  le  prévient  [»ai'  -^es  répo'iscs.  Enfin 
les  magistrats,  voyant  (ju'il  ne  perdait  rien 
dt!  sa  fermeté,  ((u'il  ne  paraissait  |)oint  ef- 
frayé de  la  viH.'des  supplice'^,  et  ipi'd  ;>ailait 
toujours  avec  la  même  assurance,  eh.ingè- 
n-nt  eux-mêmes  de  langage  ;  et  se  radoueis- 
sait  à  l't'girdde  Théodore,  ds  entreprirent 
de  legrigutn'  par  des  prones^es  et  d(>s  11  itt-- 
ries.  Si  vous  voulez  vous  soumettre,  lui  di- 
re t-ils,  et  laire  ce  «pi'on  souhaite  d(.'  vous, 
nous  vo.is  engageons  notie  pirole  que  dès 
le  Hicui  nt  même  on  vou>  relirer.»  de  la 
pou-isière,  vous  serez,  anobli  par  le  ,  rince, 
et  nous  vous  ot»tiendroiis  la  dignité  de  grand 
prèire.  A  ce  mot  dt-  grand  prètic,  Théoilore 
se  mil  à  lire  ;  puis  prc  lant  un  air  [)lus  sé- 
rieux :  En  vinil.',  dit-il.  j'estime  que  la  con- 
diliou  lies  simples  pr  très  de  vos  dieux  est 
une  lies  plus  miséral)lfs  qu'il  y  ait  sur  la 
terre  ;  je  ne  les  co  vsuiere  ipuî  comme  de  vils 
et  d(^  chétils  mimslrrs  d'une  vaine  et  ridi- 
cule sujierstition  ;  que  peut-on  doue  penser 
du  souveran  sacnlicaifur  ?  Son  état  est 
uioins  digne  de  co.unass.ou  quf  d'horreur. 
Ainsi,  parmi  les  métUa.its,  1»;  plus  scélérat 
tient  le  premier  rang  ;  et  entre  les  brigands 

(l)  Cylwlc,  Berccynlhir,  etc. 


THE 


il04 


celui-là  est  chr»isi  pour  capitaine,  qui  s'est  si- 
giial''j>ar  un  j-lus  grand uombrede  meurtres. 
Ainsi  parmi  de  jeunes  débauchés  le  plus  es- 
timé est  celui  qui  mai(ju»'le  f)lusd'empresse- 
luontdans  la  débaudif.  Ne  vous  donnez  donc 
plus  la  peine  de  me  faire  valoir  vos  otTres, 
j'en  connais  le  prix  mieux  que  vous  :  vous 
ne  me  sauriez  rien  promettre  de  plus  détes- 
table. Il  est  bien  plus  avantageux  à  quicon- 
que veut  vivre  dans  la  piété  et  linnocence, 
de  passer  ses  jours  inconnu  et  mé[>risi''  dans 
la  maison  du  Seigneur  ,  que  d'occuper  une 
place  honftrable  dans  les  palaisdes  pécheurs. 
Je  vous  assure  (jue  l'aveuglement  de  vos  em- 
jiereurs,  dont  vous  faites  sonner  si  haut  les 
lois  et  lepo  ivoir,  me  fait  pitié.  Qui  le  croi- 
rait, qu'élevés  au-dessus  des  autres  hommes 
par  l.i  puissance  souveraine  dont  ils  sont  re- 
vêtus ,  ils  s'imaginent  donner  un  nouvel 
éclat  à  leur  diadème  en  prenant  le  nom  de 
souverains  pontifes?  ils  ne  voient  [)as  qu'ils 
ternissent  la  beauté  de  la  |»ourpre  impé- 
riale en  la  couvrant  de  l'habit  lugubre  de 
sacrificateur,  ils  ne  voient  pas  que  les  fonc- 
tions de  ce  ministère  les  dég  adent  ;  ils 
deviennent  cuisiniers  ,  d'empereurs  qu'ils 
étaiem  ;  s'ocf  upant  d'une  manière  indigne 
du  trône  à  tuer  des  oiseaux  et  h  les  faire 
cuire,  h  fouiller  dans  les  entrailles  des  bêles 
mortes;  et  ils  s'attirent  le  mé|  ris  et  l'indi- 
gnaiion  des  peuples,  en  se  m  'Utrant  à  eux 
comme  des  bouchers,  les  mains  et  les  habits 
ensanglantés. 

La  fejiite  douceur  des  juges  s'évanouit  à 
ce  discours  du  saint,  elle  ne  put  tenir  contre 
des  paroles  si  fortes  et  si  pres.santes.  Us  écla- 
tèrent (l'abord  en  injurt  s,  ils  l'appelèrent 
impie,  rebelle  ;  ils  lui  rejirochèrent  son  peu 
de  respect  envers  les  «nnpereurset  lesdieux  ; 
ei  se  taisant  un  devoir  de  venger  les  uns  et 
les  autres,  ils  le  firent  étendre  sur  le  cheva- 
let. Ptnidant  que  les  bourreaux  attentifs  à  lo 
tourmenter  su  dent  à  grosses  gouttes,  lui, 
sans  donner  aucune  marque  de  faiblesse  , 
chantait  ce  verset  des  Psa.jines  :  J^  h/nirui 
le  Srijiffiir  rn  tout  temps,  ses  louanges  se- 
ront toujours  en  ma  bouche.  Les  bourreaux 
étai(nil  recrus,  Th  "o  lore  chantait  comme  si 
un  ;iutre  eiU  souif  rt  h  sa  place.  Ou  l'ôia  ilu 
chevalet  et  on  le  mit  en  prism  ;  il  s'y  fit  aus- 
sitôt plusieurs  mira<les  ;  on  y  entendait 
t(mtes  les  nuits  des  concerts,  et  une  infinité 
de  naml)eaux  éc'airaient  ces  lieux  alfrinix  ; 
en  sorte  que  le  geôlier  accourait  à  la  cham- 
bre des  prisonniers,  et  était  surpris  de  n'y 
trouver  (|ue  le  ma  tyr  qui  reposait,  el  les 
autres  |)risonniers  profondénunit  endormis; 
et  partout  enfin  un  grand  silence  et  une 
profomle  obsmirité. 

Cepeniant  les  juges  voyant  que  tou.5  leurs 
ell'orts  ne  servaient  (pi'à  rendre  l'admirable 
Tht'odore  plus  ferme  et  plus  inébranlable 
dans  sa  foi,  il  fallut  en  venir  à  la  sentence 
de  mort,  par  laquelle  il  fut  condamné  à  ôlro 
brôle  tout  vif.  Ce  saint,  mes  frères  ,  acheva 
glorieusement  sa  course  ;  mais  en  mourant  il 
nous  laissa  sa  vie  pour  nous  servir  d'exem- 
ple, et  sa  niorl  pou:  être  l'objet  de  notre  vé- 
ncialion.  Il  rassemble  depuis  uo  sièclo  les 


4105  THF. 

fiil(Mos  nntour  do  son  tomlHan  :  d»  I^  il  vu- 
sci^iic  rM^lisc,  il  iiicl  «'H  luitc  1rs  (Irinoii';, 
il  ia|i|)fllc  les  jiiif^cs  (le  |nii\,  il  prie  iM)iii- 
nous,  il  (IciiUMKJc,  il  ohlirnl.  Ci-  loinlinui 
sju-i-t"  est,  s'il  m'est  |MMiiiis  de  p.ii  In  fiinsi, 
lo  hihuratoiic  iiiiiiiciiiciix  où  se  coniiio- 
scnt  ik's  r('iii^(l(is  soiivcniiiis  pom*  toiilos 
soilcs  (le  iii.tl.'iilies  ;  c'csl  un  poil  li;inipiil!(« 
(pii  icM'oit  dans  son  sein  Ions  ceux  (pu  sont 
P'  nss/s  par  les  vcnisdcs  /ilUitlions  ;  c'osl  un 
trésor  in(''puis;d)lr  où  !a  l*rovi(l(!"i((>  piii^(! 
s/ins  (M'ssc  [>(Mir  i'ournir  aux  hi'soins  dis 
pauvres  ;  c'osl  un  hospice  paisible  el  coni- 
niodo  pour  lis  voyageurs  (pi(>  la  |)i(''tr\  y.  con- 
duit ;  c'est  cntin  (■ouM\it'  une  hcunuso  con- 
ti'(^o  où  lajoii'  cl  les  t'(Mcs  sont  continuel  les, 
où  il  se  l'ail  un  concours  (pii  n'est  jamais  in- 
terrompu ;  car,  (pioicjue  nous  (élébrions 
avec  une  pompe  oxlraoï-dinain;  co  jour 
comme  l'annivirsaire  dn  triomphe  du  sainl 
martyr,  les  «iulresjonrs  de  l'amiée  ne  laissent 
pas  d'avoir  leur  solennih^  parliculiôre,  la 
dévotion  s'y  renouvelle  cha(pu' jour,  et  y 
am^no  de  nouveaux  pèlerins.  lina;j;ine/.-vous 
un  sentier  couvert  de  fourmis,  do'it  les  unes 
moulent  ,  les  autres  descendent,  el  vous 
concevrez  le  chemin  (jui  conduit  h  ce  tom- 
beau célùl»re.  Pour  nous,  cpii  avons  aujour- 
d'hui le  bonheur  de  st)lennis(>r  ce  jour  (|uo 
le  cours  du  soleil  ramène  réyulièrenuMil  tous 
les  ans,  nous  venons  tous  ensend)le,  ô  bien- 
heureux martyr,  renouveler  la  mémoire  de 
voire  victoire,  et  adorerions  vt)s  auspices  lo 
Dieu  loul-puissanl  ([ui  vous  a  l'ail  vaincre. 

Venez  donc  ,  6  gra  id  sai"il  1  vesiez  pré- 
sider à  la  l'été,  accourez  de  quelque  endroit 
du  ciel  que  Dieu  vous  ail  marqué  pour  votre 
demeure;  soit  que  vous  vous  trouviez  dans 
la  plus  haute  région  de  l'air,  o\isous  le  ciel  de 
quelque  planèlo  ;  soit  qut-  vnus  soyez  placé 
avec  les  anges,  ou  occupé  à  louer  Dieu  avec 
les  puissanc  s  el  les  vertus,  quittez  s'il  se 
peut  pour  un  moment  ce  glorieux  emi)loi,  et 
venez  honorer  de  votre  présence  un  peuple 

3ui  vous  invoque.  Ce  n'est  plus  une  troUt<e 
'idoUltres  qui  prend  plaisir  à  vous  faire 
souffrir,  et  qui  se  fait  un  spectacle  agréable 
de  vos  tourments  ;  c'est  une  assemblée  de 
fi'ièles  serviteurs  de  Jésus-Christ  ,  qui  aime 
h  vous  contempler  par  les  yeux  de  la  foi, 
environné  de  la  gloire  dont  vous  jouissez 
dans  le  ciel  et  à  augmenter  les  hotmeurs 
que  les  hommes  vous  défèrent  sur  la  terre. 
Nos  besoins  sont  grands,  et  nous  en  avons 
plusieurs  :  intercédez  auprès  du  grand  Roi 
en  faveur  de  votre  patrie  ;  car  la  patrie  d'un 
martyr,  c'est  le  lieu  où  il  a  reçu  la  mort  ; 
et  ses  citoyens,  ses  alliés  et  ses  proches  , 
sont  ceux  qui  possèdent  ses  reliques  ,  qui 
les  conservent  el  qui  les  révèrent.  Divers 
malheurs  nous  menacent,  nous  les  voyons 
s'approcher  de  jouren  jour  ;  les  Scythes  s'a- 
vanceiit  vers  nos  frontières,  et  celle  cruelle 
nation  se  fait  suivre  par  le  désordre,  l'hor- 
reur et  le  c;irnage.  Comme  soldat ,  com- 
battez vaillamment  pour  nous  ;  comme  mar- 
tyr, parlez  hardiment  pour  nous.  Quoique 
votre  Ame  exempte  de  passion  n'ait  jamais 
connu  eu  elle  les  faiblesses  de  l'humanité  , 


TIIR 


noG 


elle  le.s  a  du  moins coiiriue.s  dans  les  Autres; 
elle    n'igii()re  p.is  (puis  sonl   les   beso.ris  et 

les  iiéccssih's  dr  \n  Vie  ,  1rs  ciainles  (  t  les 
rra\(iirs  (jr  lu  nature  h  la  vue  d'un  pénl 
prix  h.tin.  l><Mii;indez  bijaix,  afin  (pie  noi> 
saiiilis  asscnildées  ne  soient  poict  inter- 
rompues ,  ne  .soient  point  troublées  ,  no 
soii'iii  point  il'ssipt'cs  pjir  j.i  mjccic  ;  i\\iti  lo 
soldai  id(»l,Uie  ik;  viiMuie  pont  d'ijn(!  maiii 
saciil/'ge  nous  arracher  des  autels  el  de  votre 
lombcaii.  .Iu'(pi'i(i  iiou.->  vous  ri'i'OMM;»isson.s 
|HMn- notre  prolci  leur  ;  el  si  les  arnics  des 
barbares  ont  épar^'né  celt(î  |)rovince,  si  nou» 
joui-sons  (II-  la  !ibeilé  et  de  la  vie  nous  ("l 
sommes  rcMJevables  à  celte  puissanU;  prolec- 
tio:i  ;  (pie  le  passé  nous  réponde  pour  l'a- 
venii-.  Oiir  si  vous  croyez,  grand  saiil  (  et  il 
n'y  a  (pie  rhumililé  (pli  puisse  voiis  le  faim 
croire),  (ju'd  soit  nécessaire  d'ernj)loyer au- 
près de  Dieu  une  recommandati(Ji  jdusCor  e„ 
des  prières  plus  ellicaces,  un  plus  gra  id 
nombre  d'nitercesseuis,  voil.'i  vos  frères  les 
mailyrs  (1)  (pji  >ejoin(iro'U  à  vous.  Adez  , 
troupe  sacrée,  pricîz  pour  une  lroup(;  de  pé- 
cheurs, la  nnséii(;orde  de  Dieu  ne  pourrît 
vous  résister.  Mêliez  encore  l'ierre  dan.s  nos. 
intérêts,  mcllez-y  Paul  ;  faites-y  entrer  J,*ari 
le  théologien  elle  d'sciiile  bien  aimé;  qu'ds 
sollici'en!,  qu'ils  s'empressent  i)Our  la  con- 
servation des  éf,lises  (ju'ils  oui  tondées,  pour: 
les(piellesils  ont  do  inéleur  sang  el  leur  vie. 
Que  les  idoles  ab'tllues  ne  puissent  jam.iis 
se  relever.  Que  l'herésic,  cette  mauvase 
plante,  no  croisse  point  dans  la  vigne  uu 
Seigneur  ;  que  la  zizanie  n'étouffe  pas  le 
bon  grain  ;  que  les  pierres  et  la  terre  stéiile 
et  sa;^s  humeur,  qui  ne  peuvei.t  donner  da 
nourriture  lî  la  parole,  soient  jetées  hors  du 
champ  de  l'Eglise  ;  mais  que,  par  votre  puis- 
sante i:itei'cession  et  celle  de  vos  compa- 
gnons, la  république  chrétienne  devienne 
une  contrée  fertile  ;  qu'elle  soit  couverte  de 
riches  moissons,  qu'elle  soit  abondante  en 
fruits  ;  que  tous  les  habitants  y  cueillent  en 
tout  temps  ci'ux  de  la  vie  ét(;rnelle. 

THÉODORE  (  -aint  1 ,  martyr,  mourut  en 
confessant  sa  foi  à  Alexandrie  ,  durant  la 
persécution  de  l'empereur  Galère-Maximien. 
Ce  sainl  évéque  égyptien  eut  pour  compa- 
gnons de  Svjn  martyre  les  saints  Fausle,  prê- 
tre ,  Didie  et  Ammone  ,  Philéas ,  Uésyque, 
Pacome  et  six  cent-soixante  auties  doiit  les 
noms  ne  sont  point  consignés  aux  martyro- 
loges. L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  26 
novembre. 

THÉODORE  STRATÉLATE  (saint) ,  c'est- 
h-(]ire  Théodore  It  général,  m.irtyr,  comman- 
dait les  trou[)es  de  Licinius  dans  le  pays  des 
MarianJins  (partie  delà  Bilhynie,  du  P>.nt  et 
de  la  Paphiagonie).  Il  faisait  sa  résidence  à 
H>-racloe,  qui  i-our  lors  en  était  la  capitale.  Il 
était  chr.'tien.  Licinius  lui  fit  trancher  la 
tête  en  319  ,  le  7  février,  jour  auqut-l  l'E- 
glise honore  sa  mémoire.  Ses  reliques  sont 
à  Venise  dans  l'église  Saint-Sauveur  :  elles 
furent  apportées  dans  cette  ville  ,  en  liGO  » 

(1)  Peut-être  Eulrope,  Léonic  et  Basilisc ,  que 
les  Grecs  nomment  les  compagnons  de  saiol  TUéor 
dore. 


!I07 


TTTE 


TTIE 


if08 


p.ir  M.irr  D.indolo.  Les  Actes  gmcs  de  s,?int 
ThAoïlnrr',  qu'on  attribue  h  un  nommé  Au- 
g.iT''  .  n'ont  .lUfine  osîhto  d'autorilô.  {Voy. 
Folconius,  iV')r.  in  tnhul.  Jos  pli  Assemani, 
in  ralenrl.  univ.  nd  K  cl  17  febr.  f-t  8  junii. 
Lubi  1,  ^nt.  in  mart.  Rom.,  p.  2S3.) 

THKOnOHK  ^.lint),  m.irlyr  sous  Valens , 
on  370,  fut  l'un  des  <[u.itre-viM^K  diHiutés 
qu'il  lit  mourir  nar  le  mi  'istèrc  du  (tn''lVt'lu 
pr<^foir.^  \fo(jo«;t('.  (Vrty.  rRB4lN  pI  Valens.) 

THÉODOHE  STIDITE  ,s,iiil1,  .'bbô  à 
Toista-iti  lopio  et  co:if  ssour.  était  fils  do 
Théorfiste ,  sœur  de  saint  Platon,  abbé  de 
Symboléon,  sur  le  mont  Olyinp'-,  ci  Billiy- 
iiMî.  S^int  Platon  s'é.ait  depuis  lo'iglemps 
retiré  du  monde,  et  ses  neveux  eux-mêmes 
avaient  en  quel  luo  sorte  oublié  son  exis- 
tenre  ,  lorsqu'il  f.it  obli,j;é  de  venir  h  Cnus- 
tanti-io[)le  poura'Tare.  Bientôt  sa  ver  u  l'y 
fit  lemarqu  r,  et  l'v  rend  t  e\tr:Miement  c»'- 
lèbre.  A[)rt>s  qu'il  fut  rarli  pour  reloin-ier  à 
sa  solirud-' ,  i'iin[)ératrice  Irè  c  ayant  ac- 
cordé la  liberté  h  chacun  d'embrasser  T'  tat 
monastique,  toute  la  fam  Ile  de  Tbéocliste  , 
sœur  du  saint ,  résolut  de  marcher  sur  ses 
traces,  et  do  se  retirer  aussi  du  monde  en 
se  consacrant  entièrement  à  Dieu.  Cette 
sainte  femme  fonda  en  781  ,  près  de  Con- 
slantino|)le,  l'abbaye  deSaccudion.  Au  nom- 
bre do  ceux  qui  s'y  retirèrent  fut  Théo  lore, 
son  fils,  âgé  de  vingt-deux  ans.  Nul  ne  mon- 
tra plus  de  ferveur  q  e  ce  jeune  homme. 
L'année  d'après,  saint  P  aron,  quoiijuo  avec 
beaucoup  de  peine,  se  démit  ilc  son  monas- 
tère pour  [)rendre  la  nirectinn  de  la  nouvelle 
abbaye.  Sous  la  conduite  de  cet  homme  émi- 
nent  ,  Théodore  fit  de  très-grands  pro^'rès 
dans  la  vertu  et  dans  la  science.  En  7!)'*, 
saint  Platon  ,  ayant  voulu  vivre  en  sim()le 
religieux  ,  abdiq  la  son  titre  d'abl)é.  Saint 
Théodore  fut  élu  tout  d'une  voix  pour  le 
renifdacer.  11  avait  alors  trente-cinq  ans  ;  il 
y  /"vail  par  conséquent  treize  anui'es  qu'il 
avait  embrassé  la  vie  monastique.  L'année 
suivante,  l'empereur  Constantin  VI  ayant 
renvoyé  sa  femme  Marie,  avec  la  pudle  il  vi- 
vait depuis  se[)t  ans,  épousa  Théodote,  nro- 
che  parente  de  saml  Platon  et  de  saint  riiéo- 
dore.  Le  patriarche  Taraise  admonesta  sévè- 
rement l'empereur;  mais  il  ne  voulut  pas 
l'excommunier,  de  peur  (]u'ii  se  déclar.'it  en 
faveur  di's  icnnoclastes.  Saint  Platon  crut 
devoir  témoigner  ouvertement  qu'il  dés;ip- 
prouvait  If  mariage  de  1'»  m,iereur  Constan- 
tin avec  Théo-lole,  jusqu'à  se  séi)aror  de  la 
communion  Mu  patriarche  Taraise.  L'empe- 
reur, irrité  ,  le  (jt  mi>nacer  d'exil  .  de  fouet, 
de  nuitilalion  d  s  mendir''s  :  on  lui  env^va 
des  moines  ptuir  le  soll  citer;  on  lui  écrivit 
des  lettres,  mais  le  tuut  i  ujtilein»nt.  L'abbé 
Théodore,  son  nfvtni,  se  déclara  coum'-  lui, 
et  ne  .«se  crut  pas  obligé  au  mflme  ménage- 
ment que  h»  patiiarihf  Taraise;  mais,  après 
yavou  l»ien  pensé,  d  excommunia  j)ubli  jue- 
ment  l'empereur ,  et  le  dénomma  ,\  tous  les 
Mioines.  L'etnnereiir  ili*>simMla  >o  i  nssenti- 
uieia  ;  et,  voulant  gagner  Ihéo  lor  •.  il  y  em- 
ploya s/i  nouvelle  é^MHiseThéfxfoje.  qu  était 
parente  du  soiul  abbé  ,  ol  qui  s'eiror\,a  de  le 


gigner  par  de  grandes  sommes  d'argent  et 
de  grands  présents  ,  et  encore  plus  par  la 
considération  de  la  parenté. 

L'empereur  ,  voyant  ipi'elle  n'avait  rien 
ga  mé  ,  alla  lui-même  au  monastère  de  Sac- 
cudion,  sous  pri''te\tR  dune  atriite  iiressée; 
mais  ni  1  a!)b  •  Théodore,  ri  aucun  ^es  moi- 
nes, ne  se  piésenta  pour  h*  reievnir  ,  el  pas 
un  ne  lui  parla  ni  ne  l'approi  ha.  Outré  de 
colère,  il  retourna  au  palais,  el  e'^Toya  Bnr- 
dane,  domesliipie  des  ('-co'es,  c'esi-à-dire 
cai)itaine  des  compagnies,  et  Je.'n,  comte  de 
l'obs  q  lium ,  pour  maltraiter  ù  coups  de 
fouet  l'abbé  Théodore  et  ceux  de  ses  moines 
qu'il  sa  va  t  être  les  pins  fermes  dan<  les  mê- 
mes sentime  ils.  On  les  déchira  d*»  coups,  et 
on  fil  couler  de  leurs  corps  ('es  ruisseaux  de 
sang;  [)uis  on  les  envoya  sur-le-ch.imp  en 
exil  à  Thcsfaloiique  ,  suivant  l'ordre  de 
l'empeieur.  Ils  étaient  douze  en  fout,  l'abbé 
et  onze  moines  :  ils  soulfraient  ce  traite- 
ment d'un  esprit  tranquille  ;  et  comme  il  y 
avait  un  ordre  de  rem[)ereur  pnrlant  défense 
à  personne  de  les  recevoir,  les  abbés  mômes 
n'osaient  leur  f  ire  l'hospitalité. 

Les  mêmes  capitaines  amenèrent  Platci,  à 
Conslantinople  ,  et  l'em:  ereur  le  fit  venir 
devant  lui  ;  mais  il  lui  resis  a  en  face,  et  lui 
soutint  que  son  mariage  était  illicite,  L'em- 
pereur le  fil  enfermer  dans  u'ic  cellule  ,  oii 
on  lui  donnait  à  manger  par  u".  trou  ,  avec 
ordre  de  ne  le  laisser  voir  h  jtersonne;  et  il 
élait  gardé  dans  le  monastère  de  Saint-Mi- 
chel, joint  au  palais,  dont  était  ahbe  le  prê- 
tre Jose[>h,  (jui  avait  marié  l'empereur  avec 
Théodote.  L'empereur  envoya  dos  évoques  à 
Pl.ttun  pour  lui  persuade"  cfe  consentir  seu- 
lement de  parole,  afin  de  se  délivrer  de  cette 
prison.  Il  était  attaqué  par  les  railleries  des 
moines  et  des  laiq  les,  de  ses  [»arents  et  des 
étrangers;  mais  il  ilennnira  toujours  ferme, 
et  soutint  la  perse  iifion  un  an  entier.  Elle 
ne  fut  pas  sans  etfet  :  les  moin  s  et  les  ëvê- 
ques  de  la  Chersonèse ,  du  Bosphore,  dos 
cô'es  el  des  iles  voisines,  touchés  île  l'cxem- 
t)lo  de  Platon  et  de  Th^'odorc  ,  déclarèrent 
l'emoereur  excomnumié  ,  et  ne  se  laissiTont 
fléchir  ni  par  les  menaces  ni  par  les  présents. 
Il  les  fit  donc  bannir;  mais  iis  n'en  devin- 
rent ((ue  [lus  hardis  à  parler  contre  ce  ma- 
riage scandaleux,  el  rame^ère ni  plusieurs  do 
c^ux  qui  s'étaient  laissé  entraîner  à  imiter 
l'emiiereur.  Irène,  sa  mère,  voyant  cou)»)ien 
celle  conduite  lui  nuisait  auprès  des  gens  de 
bien,  prenait  le  parti  de  ceu\  qu'il  persécu- 
t  it,  pour  le  rendie  encore  plus  o«lieux. 

Saint  Thé  »dore  n'arriva  h  Thessal  mi  juo 
cpie  |(>  samedi  ,  jour  de  l'.Xnnonei.dion  . 
28  mars  ,  par  cons.-quenl  l'an  7<.I7.  De  \h  il 
et  îivd  i\  saint  P'almi  ce  i]ui  s'était  |>assé  de- 
puis leur  S(Yaratinri,  el  tout  le  dei  il  de  son 
voyage.  Il  écrivit  aussi  au  pape  lout  ce  gui 
éf.iit  arrivé  ,  et  en  reçut  une  ri^ponsr  j  l.ino 
di'  louanges  de  sa  prudence  i  t  de  sa  fininelé. 
(Fleury.  vol.  Ill,  n.  VX\ 

Bientôt  aorès  ,  l'inupereur  fut  détrôné  par 
sa  mère  Irène ,  (pu  aval  gagné  s(>s  princi- 
paux ofliciers,  et  (pli  lui  fil  crever  les  yeux. 
avec  tant  do  barbarie ,  ([uc  quelque  temps 


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TIIK 


1 III . 


IliO 


apr^s  il  r-i  iiioiniil.  Jr^iic  n'g'ia  s(miI(»  :  cllo 
fll  nwc'iir  los  cxilrs;  'riii'oduic  icviiil  Ji  S;ic- 
cudinM,  et  y  niiiiil  sts  iiKiincs.  Mais  coiiimu 
il  y  (Mnil  sans  (M'Sso  oxposi^  .iiix  i'isiiltcs  des 
inusuliiuiiis,  <|iii  ^.'li'^ai^•Ml  de  rr(^|m"il('<;  in- 
ciirsiois  jii,si|ii('  dans  lo  voisinage  do  ("!(»ii- 
.slaMliiHMili'.il  f<'M)Iiil<ln  VO'iii'da-i.s  rcicciiil*» 
(](>  la  vide.  I.f  |ialiiai(lit'  cl  riinix'i'aliico 
lui  donii^roMl  l(^  iiioMash'-rj'  de  Sliidc.  Ce  lui 
de  (•(«  li<Mi  (|iril  |)iil  son  nom  di»  Sludilc.  Il 
S(>  trouva  l)i(")lùl  avec  plusdc  nulle  !••  i,;i(Mix 
autour  de  Ini.  l'ai  HOi  ,  Iiùno  tul  déliAMc^o 
par  Ni((^|»lior(>,  son  premier  trésorier,  (lui  la 
til  o-ii'ermer  dans  un  couvenl  de  l'ile  /V/»i- 
ccssr.  Hi(>nlAl  apr^s  ,  onvov('M>  dans  celle  do 
L('sl)os,  ell(^  y  mourut  en  HO'l. 

Cependant  TK^lise  de  Coiistantinoplo  élail 
pn  troidile.  I.e  palriarelie  Taraise  avait  dé- 
posé lo  prêtre  Jos(>pli,  pour  avoir,  (.onlro  les 
saints  canons,  donné  la  liéiédii  lion  niipl'al(! 
?\  remperoni- CoMstantin  en  son  mariage  illi- 
cite avee.  Tliéodole.  Miis  Joseph  '^i\-^'\;\  les 
boH'ies  grAces  de  l'enipereur  Nieépliore  ,  en 
se  rendant  n.é  lial(>ur  de  1',  cconnnod(Mnent 
entre  lui  et  HardaiU!  le  Turc,  (p;i  avall  pris 
le  titre  d'empereur.  Nieépliore  se  mit  lionc 
en  télé  de  l'aire  rétablir  Joseph  da-is  ses  fonc- 
tions. Le  i)atriaiehe  Nicéjthore  le  refusait, 
île  t  cuvant  se  résoudre  à  casser  le  décrei  de 
son  prédér(>sseur  ;  mais  l'cMiiperenr  soute- 
nait qu'il  n'éla  t  |)as  nouveau  de  lélablir  ce- 
lui qu'un  autre  avait  d'^posé,  et  qu'il  y  avait 
de  la  chririlé  îï  parih^nner.  Enfin  ,  il  pressa 
tanllepalriarche,(pi'il  crutdevoircéder,  crai- 
gnant (jue  sa  fermeté  ne  portAl  l'empereur  à 
quelque  viidence  coUre  l'Eglise.  Le  patriar- 
clieNicéphore assembla  donc  unconcile  d'en- 
viron quinze  évoques  ,  où  ,  par  co-idescen- 
dance  et  par  dispense ,  il  rétablit  le  prôlre 
Joseph  dans  ses  lonctions.  On  croit  que  c'é- 
tait Tan  806. 

Saint  Théodore  SUidite,  qui  assistait  à  ce 
concile,  s'opposa  à  son  décret,  comme  il  s'é- 
tait opposé  au  mariage  de  Constantin  ;  et  le 
lendemain  il  le  déclaia  au  patriarche  Nicé- 
phore,  {lar  une  lettre  écrite  en  son  nom  et. 
de  saint  Platon  ,  oi^  ils  disent  :  «  Nous  som- 
mes orthodoxes  en  tout,  nous  r^ jetons  tou- 
tes les  héiésies ,  et  recevons  tous  les  conci- 
les généraux  et  particuliers  approuvés ,  et 
leurs  canons  ;  nous  recevons  aussi  les  dis- 
penses l  gitimès,  dont  les  saints  ont  usé  se- 
lon l'occasion.  Celle  lettre  même ,  par  la- 
quelle nous  vous  saluons,  fait  voir  que  nous 
usons  de  dispense.  »  lis  veulent  dire  que,  s'ils 
agissaient  à  la  rigueur,  ils  n'auraient  aucun 
commerce,  même  de  lettres,  avec  le  patriar- 
che. Us  conti'iuent  :  «  C'est  ainsi  que  nous 
avons  reçu  le  patriarche,  votre  prédécesseur, 
au  r>  tour  de  noue  exil,  après  la  dissolution 
du  mariage  illicite,  et  la  déposition  de  1  éco- 
nome. Nous  ne  voulûmes  poin*  communi- 
quer avec  lui,  tandis  qu'il  donnait  la  com- 
munion au  prince  adultère  ,  quoiqu'il  dit 
qu'il  le  faisait  par  cond.-sceidance,  et  qu'on 
lui  eût  plutôt  coupé  les  mains  que  de  faire 
la  cérémonie  de  ce  mariage.  Ce  fut  à  ces 
conditions  que  nous  communiquâmes  avec 
lui  jusqu'à  sa  mort.  Nous  avons  reçu  aussi 


voire  Kuinlelé  pour  p/ilriaroiie  ,  el  riOiiK  f/ii- 
sons  nn'moire  d'i-llc  tous  Icj»  jour»  au  saint 
saerill»:e. 

«I  II  n'v  a  donc  entre  nous  mikimi  dilFéKnid 
(pi'au  sujrl  di'  l'économe,  dépose  par  les  i;a- 
no  is  (m  plusieurs  uianicres,  cpii  recom- 
mence h  cxerc(;v  ses  fondions  «près  neuf 
ans  d'inlci'diclioii.  VA  ce  n'est  pns  en  «'.a- 
clietli';  on  le  |iouriviil  soullVir,  puiisqu  ri/)UK 
n'y  aurions  pas  de  part  ;  mais  on  veut  ipi'il 
exerce  coniinufllciiieiil  avec  uri  prélat  do 
V'»lre  mérite  ,  dans  la  source  du  sai cidoce 
(l(î  cette  lvj,lis('  (c'esl-^-dire  «ni'il  'issislail  i 
l'olVice  solennel  de  In  calhédralrj.  Il  était 
donc  juste,  pour  ne  poinl  scandaliser  le  pcii- 
ple  de  Dieu,  (irincipalement  ceux  de  nfjlie 
Oiilrc!  (il  entend  les  moines),  de  le  pr  v(!r  du 
sacerdoce,  on  du  moins  du  ne  rien  faire  con- 
tre nous  iriM'fiulièr' ineiit  ;  tuMJS  ne  li-  di>;ons 
pas  par  inainle,  mais  par  compassion  pour  le 
public.  Car  nous  souffrirons  tout  moycni- 
iiaiil  la  gr'c(!  de  Dieu  ;  mais  nous  vous  dé- 
c'arons  ,  devant  Jésus-<>hrist  et  les  anges, 
que  vous  faites  un  gr  nid  schisme  dans  notre 
Eglise.  Les  liommes  |)cuvent  se  servir  de 
leur  |)uissance  ;  mais  quand  ils  ne  le  vou- 
draient pis,  ils  sont  soumis  à  la  j)uissance 
des  canons.  » 

Après  celte  protestation  ,  Théodore  se  sé- 
para de  la  communion  du  patriarche  avec 
tous  ses  moines  ;  ce  qui  en  sépara  une 
grande  partie  du  peuple,  c'est-h-dire  les  plus 
vertueux.  Toutefois,  la  séparation  de  Théo- 
dore ne  fu'  pas  connue  d'abord  ,  et  par  dis- 
crétion il  la  tint  secrète  autant  qu'il  put;  ce 
qui  dura  deux  ans,  considérant  que,  comme 
il  n'était  pas  évêque ,  il  lui  sunisail  de  se 
conserver  lui-même  ,  et  ne  prendre  point  de 
part  h  ce  mal.  Mais  enfin  le  logolhèle  du 
drome,  c'est-à-dire  l'intendant  des  voitures 
publiques  ,  officier  considérable  à  la  cour, 
dit  à  Joseph,  archevêque  de  Thessaloniq  e, 
frère  de  Théodore  :  Pourquoi  avez -vous 
laissé  passer  tant  de  fêtes  sans  communiquer 
avec  nous  et  avec  le  patriarche?  dites-ea 
hardiment  la  raison.  L'archevêque  répondit  : 
Nous  n'avons  rien  contre  les  empereurs  ni 
contre  lo  patriarche  ,  mais  seulement  contre 
l'économe  déiiose  par  les  canons.  Les  empe- 
reurs étaient  Nicépho  e  et  son  fils  Staurace, 
qu'il  avait  fait  couronner  au  mois  de  décem- 
bre 803.  Le  logolhèle  répondit  ;  Les  empe- 
reurs n'ont  pas  besoin  de  vous ,  ni  à  Thes- 
salonique  ni  ailleurs.  Us  n'en  dirent  pas  da- 
vantage alors;  mais,  la  chose  étant  devenue 
publique  dans  Constantinople,  plusieurs  pri- 
rent le  parti  de  Théodore ,  sans  louteiois 
oser  se  déclarer. 

Saint  Platon ,  ou  plutôt  saint  Théodore 
sous  son  nom,  en  écrivit  au  moine  Siméon, 
parent  de  l'empereur,  qui  était  de  leurs 
ami>,  et  fort  affligé  de  la  déclaration  de  l'ar- 
chevêque Joseph.  Platon  le  prie  d'apaiser 
l'empereur,  «  f)Oiir  lequel,  dit-il.  nous  n'a- 
vons que  toute  sorte  de  respect,  loin  de  re- 
jeter sa  communion.  Notre  ditlérend  n'est 
que  contre  celui  qui  a  fait  ce  mariage  illi- 
cite, et  que  Jésus-Christ  lui-même  a  déposé 
par  deux  canons  entre  les  autres.  Le  premier 


IHl 


THE 


THE 


Wii 


di^fend  h  un  prôtro  d'pssislor  an  Tr>5(in  d'un 
sernnd  mariage,  rar  le  canon  n'a  pas  osé 
parkr  d'un  adiillôre,  el  conQl)i''n  anrail  il 
plus  défendu  d'v  donner  h  l»''nédiclion  nn- 
pliftle?  Le  st^cond  ranon  porte  que  relui  qui 
a  M  dt^posé  pour  un  crime  n'est  pas  rpceva- 
ble,  aprf^snn  a*"»,  h  demander  son  rétablis«;e- 
nient.  Olui-ci  a  été  déposé  |.1ms  de  neuf 
ans.  VoilM,  mon  père,  ce  qui  nous  épou- 
vante et  nous  ««erre  le  cœur.  C'est  pour  ne 
point  communiquer  avec  lui  et  avec  le  dé- 
lunt  pr.triarche  que  nous  avons  été  enfer- 
més, moi  au  lieu  où  vous  demeurez,  notre 
abbé  et  les  autr(>s  à  Thess.TJoniijue;  et  après 
noire  retour  nous  ne  serions  pas  reconciliés 
au  patriarche  s  il  n'eût  avoué  que  nous 
avions  bien  fait.  Si  donc,  pendant  le  règne 
du  piinte  adultère,  Dieu  nous  a  fail  la  grAce 
de  ne  nous  pas  relâcher;  commeit  aujour- 
d'hui.  sous  un  règne  si  pieux,  (rahirons-nous 
au  péril  de  nos  Anio*;?  Nous  souifrirons  tout, 
jusqu'?»  la  mort,  pliitiM  que  de  conmiuniquor 
avec  le  coupable.  Qu'il  soit  économe,  a  la 
bonne  heure;  qu*est-il  r-écessaire  qu'il  célè- 
b'-e  le  sacrifice?  Il  n'est  plus  prêtre.  Nous 
n'avons  rien  dit  jusq\i'ici,  nous  avons  dissi- 
mulé deux  ans,  dc|  uis  son  rétablissement, 
pour  garder  la  paix.  »  Knsuite  :  «  Si  on  ne 
veut  pas  l'interdire,  du  moins  qu'on  lious 
laisse  en  l'état  où  nous  sommes  depuis  dix 
ans.  Quant  à  ceux  qui  communiquent  avec 
lui.  évè  jues,  rirélres,  abîiés,  quand  ils  se- 
raient dix  mille,  il  ne  faut  pas  s'en  étonner. 
Ils  oïl  bien  communiqué  avec  l'adultère,  et 
pas  un  n'a  dit  un  irtot.  » 

Dans  une  autre  lettre  au  même  Siméon.  il 
dit  :  «  Jésus-Christ  déclare  coupable  d'adul- 
tère celui  qui  (piittc  sa  femme  lépilime.  et 
ce  crime,  suivani  le  canon  de  saint  Basile, 
est  é;al  à  l'homicide  et  aux  crimes  les  plus 
abomiiables  :  toutefois  c^lui-ci,  présentant 
le  prince  adultère  à  l'autel,  a  osé  diie  devant 
tout  le  peuple  :  Unissez,  Seigneur,  votre 
seivilour  et  votre  servante  en  une  chair, 
suivant  votr»'  bon  pKiisir,  et  le  reste  de  la 
prière  pour  l.i  bénédiction  nuptiale, (fue  nous 
lisons  encore  dans  l'eucoloi^o  des  drecs.  » 
Pui^  il  ajoute  :  «Nest-ce  pas  une  chose  hor- 
rible h  penser  quelle  a  été  l'indi^riation  du 
Saint-Esprit  sur  un  tri  lilasphème.' Comment 
la  ti-rre  n'a-t-elle  pas  englouti  sur-le-cliump, 
comme  Dathan  et  Ahiron,  celui  qui  le  pro- 
féi-ait.  Et  toutefois,  an  lieu  de  pleurer  jus- 
(Tu'à  la  mort,  cl  d"ètre  en  exécration  pour 
1  exemple  de  la  postérité,  il  est  rentré  dans 
TEglise,  et  a  repris  publiquement  les  fonc- 
tions sacerdotales,  comme  >  il  avait  fail  une 
belle  action.  El  (luil  ne  se  (rompe  j>as,  en  co 
<jue  rndultèrc  ••t.iit  empereur  :  tous  les 
hommes  sont  soumis  aux  lois  de  Dieu.  Il 
prétend  donc  se  montrer  [>lus  saint  ipie  saitU 
Jean-Maptiste,  et  raccustr  d'avoir  repris  Hé- 
rodi;  mal  k  propos,  el  d'être  moi  t  pour  luie 
mauvaise  cause.  Que  s'il  veut  s'excuser  sur 
l'ordre  du  patriarche  Tanise.  pourquoi  1a- 
rnise  ne  les  mariait-d  pas  lui-même?  car 
c'est  au  patriarche  h  marier  les  emf)orein3> 
et  non  [»as  h  un  prêtre,  ci'la  ne  s'est  j.urais 
fait;  iiuiis  je  ne  crois  point,  non  plus  cpiâ 


plusieurs  antres,  qu'il  ait  reçu  une  telle 
conunission.  Que  s'il  dit  qu'il  n'a  [lO^nt  été 
interdit  par  le  patriarche  Taraise,  pourquoi 
donc  a-t-il  été  neuf  ans  sans  servir?  pourquoi 
prétend-il  avoir  élé  absous  par  le  comde? 
Il  ne  faut  point  d'absolution  à  celui  qui  n'est 
lié  d'aucu!ie  cens\ire.  » 

Cependant  Théodore ,  prévoyant  bien  la 
persécution  qui  le  menaçait  lui  et  les  siens, 
écrivit  aux  moines  de  Saccudion  r-e  qui  s'é- 
tait passé  entre  l'archevêque  Joseph  el  le  lo- 
gothète;  puis  il  ajoute  :  «  Treize  jours  se 
sont  écoulés  depuis  sans  qu'il  y  ait  eu  ni 
réponse  ni  interrogation  nouvelle,  seule- 
ment nous  avons  écrit  au  seigneur  Siméon 
les  lettres  incluses.  L'alfaire  est  venue  aux 
oreilles  du  patriarche,  et  presque  de  toute  la 
ville  :  plusietirs  compatissent  à  notre  afflic- 
tion et  parlent  comme  nous;  mais  ce  sont 
des  adorateurs  nocturnes ,  qui  n'osent  se 
montrer  au  jour.  »  11  explique  ensuite, 
comme  dans  les  'Cttrcs  à  Siméon,  les  causes 
de  leur  séj)aration,  et  exhorte  ses  moines  à 
la  constance,  et  à  i)rier  pour  l'empereur, 
pour  le  patriarche  el  pour  la  paix  de  l'Eglise. 

Comme  quelqur-s-uns  soutenaient  nue 
Théodore  devait  au  moins  tolérer  le  rela- 
blisseme-^t  de  l'économe  par  condescen- 
dance, il  en  écrivit  une  lettre  à  Théoctiste, 
maître  des  oflices,  où  il  explique  jusqu'où 
peut  aller  la  condescendance  en  matière  de 
religion.  «  Nous  avons,  dit-il,  gardé  le  silence 
autant  qu'il  a  été  possible;  encore  à  présent 
nous  disons  :  Que  l'on  éloigne  du  service 
celui  qui  est  dé^  osé,  et  aussiirt  nous  commu- 
niquons avec  le  patriarche,  sinon  nous  de- 
meurons dans  la  même  soustraction  de  com- 
nuuiion  où  nous  étions  auparavant,  laissant 
h  Dieu  la  vengeance  de  cet  excès.  Aller  plus 
loin  ne  serait  plus  condescendance,  mais  pré- 
varication contie  les  cano.is.  Car  la  règle  de 
l'économif',  comme  vous  savez,  est  de  ne 
violer  en  aucune  manière  les  lois  établies, 
et  toutefois  de  relAchor  qu'Mque  chose  selon 
rocv.asion  et  la  raison  pour  arriver  h  votre 
lin  :  au  lieu  que  vous  perdriez  le  ca[)ital  en 
gardant  une  trop  gran  'e  rigueur.  Nous  l'a- 
vons appris  de  saint  Paul  (juand  il  se  puniia 
et  circoncit  Timolliée,  et  de  saint  Basile 
quand  il  reçut  l'oiïrande  de  Valens,  et  ces->a 
pour  uïi  t'^mps  de  nommer  le  Saint-Esprit 
simplement  Dieu  ;  mais  ils  ne  continuèrent 
ni  l'un  ni  l'autre,  au  contraire,  ils  niontrè- 
renl  (pi'ils  mourraient  plutôt.  On  ne  s'est  ja- 
mais trompé  en  suivani  cette  règle  d'écono- 
mie, el  imitant  le  pilote,  qui  détourne  un  peu 
le  gou  ernail  pendant  l'orage. 

«  Vous  dites  (pie  saint  Chrysostome  se 
dispensa  du  canon  des  apôtres  contre  les 
ordinations  simoidacjues,  à  l'égard  des  six 
évêtjues  qu'il  déposa;  mais  il  ne  s'en  écarta 
point  en  elfel,  car  il  les  ii.terdit  de  toute 
•onction  s.icenlotale,  el  ne  leur  a'corda  que 
ib*  commufiier  dans  le  sanctuaire.  Ici  ce 
n't'st  pas  de  même  :  celui  qui  a  marié  l'adul- 
tère sacrifie  comme  s'il  n'avait  rien  fait,  el 
l>ubliquement,  comme  pour  servir  d'eiem- 
pb-  aux  prêlres.  Et  (pi'avons-nous  atTaire 
de  la  bigamie  païenne  do  Valenliuico?  Quel» 


lus 


TIIK 


TIIK 


1114 


(lu'iiii  lui  n  t  il  (lonn<'>  l.i  brin'iliclinn  nii|>li;ili», 
on  (|iirl(|u'iiM  tl(vs  IN'^rcs  ;i-l  il  rcril  (|ii  il  iiil 
l)i('ii  r.iil?  »  'rii('>()(lor('  .su|»|Ktso  c<»  l'ail  mm-  la 
loi  (l(^  riiisloiini  Sociatc,  ni.ns  (|ii('li|iii's  sa- 
vaiils  ni  iloiilt  ni.  Il  (iiiiliiiu(>  :  «  Pliisii'iii'S 
anirns,  coiiijilaiit  Itur  volniiir  pour  loi,  ont 
l'ail  (les  ('lioscs  s(Mulilalil('s;  iii.iis  l'Iv^'isr  ni 
>s('s  lois  n'on  soiill'icnl  [loiiil  df  [urjodirc. 
Iwml-il  donc,  s'ôloimcr  <lo  c(i  (juo  viciincil  do 
laiio  (Miviriin  (|iiin/.<'  ('v(^(|U('s;  un  coiicilo 
n'es!  pas  snupUMiR'nl  iiii'>  assi-inhli''!^  d't'Vi^- 
(pics  ol  do  pi'ôlros,  (pioicpio  noinltronsc;  il 
l'aul  <p>'ils  s'asscmhlcnl  au  imuii  du  Sci^oi  to', 
vu  paix  ol  poil!'  l'ubsci-vation  des  ca'ioiis.  Ils 
n'ont  pas  lt>  pouvoir  do  lier  ot  do  drlicr  ali- 
sohuncnl;  mais,  selon  roxacliludc?  di  s  rcV 
glt's,  ils  n'otil  re(;u  aiicuiU!  puissance  de  li  s 
lrans|4rossor,  ot  jo  no  sais  s'il  y  »  (juelipio 
<'hos(>  (pii  n'ait  pas  été  ré^lo.  Si  on  aivordo 
aux  i^vi^(pu>s  ce  pouvoir  ail)ilraire,  l'Kvan^ilo 
est  inutile,  on  vain  il  y  a  des  canons  :  cha- 
cun du  U  inps  de  son  po'ililicat  sera  un  nou- 
vel (''van^i'lisU',  un  nouvel  apolie,  un  nou- 
veau k^gislateur;  mais  il  n'en  osf  pas  ainsi, 
rAf)ôlrc  nous  défend  do  rien  enseigner  ou 
ordonner  au  delà  lic  co  que  nous  avons 
reçu.  » 

Ce  qui  s'cHait  jiassé  b  Constantinoplc  fut 
rapp(U-lé  h  Uom(>  d'une  maniùic  qui  lit  hlû- 
mer  la  conduite  de  Tliéodore,  eu  sorte  (pie 
Basile,  abbé  de  Saint-Sabbas  de  Rome,  et  son 
ami.  lui  en  éciivil  duremeTit.  Théodore  lui 
répondit,  se  plaignant  qu'il  le  condamnait 
sans  connaissance  de  cause,  et  se  justiliant 
de  l'accusation  du  schisme  par  les  mô.ucs 
raisons  que  dans  ses  autres  lettres.  Il  parle 
du  pape  assez  librement,  comme  en  étaiit 
mal  satisfait,  ot  ajoute  :  «  Quant  à  ce  que 
vous  marquez  que  Von  pourra  dire  que  j  ai 
pris  ce  })réte\te  pour  satisfaire  mon  c'iagrin 
d'avoir  oianqué  la  dignité  de  patriarche,  ne 
vous  en  mettez  pas  en  peine  :  Dieu  connaît 
toutes  nos  démarch(>s,  e{  nous  comparaîtrons 
devant  son  tribunal  terrible.  »  Il  témoigne 
ensuite  soo  estime  et  son  respect  pour  le  pa- 
triarche, et  Unit  en  remerciant  Basile  des 
riches  présents  qu'il  lui  avait  envoyés. 

Les  ennemis  de  Théodore  disaient  que, 
quand  môme  il  aurait  interdit  l'économe,  il 
attaquerait  le  patriarche,  comme  ayant  com- 
munique avec  lui  depuis  sa  déposition;  et 
qu'il  n'épargnerait  pas  même  la  mémoire  du 
jiatriarche  défunt.  Pour  s'en  justifier,  Théo- 
dore écrivit  ainsi  au  cartulaire  Nicolas,  qui 
s'était  souvent  e.itiemisdel'accommodement: 
«  Que  l'on  interdise  l'économe  de  ses  fonc- 
tions de  prêtre,  et  nous  officierons  avec  le, 
patriarche,  s'il  l'ordonne,  chacun  selon  notre' 
on  ire.  Pour  sûreté  de  ce  que  nous  disons, 
nous  en  faisons  une  ample  déclaration  par 
écrit,  consentant  que  si  après  l'interdiction 
de  l'économe  nous  ne  rentrons  pas  aussitôt 
dans  la  communio;i  du  patriarche,  on  pro- 
nonce contre  nous  la  condamnation  qu'on 
voudra,  et  qu'il  ne  nous  soit  plus  permis  de 
parler  sur  ceJsujet.  Il  n'y  a  ni  ange  ni  homme 
qui  nous  y  oblige  :  c'est  Dieu  morne  qui  nous 
excite  par  votre  moyen.  »  Dans  celte  lettre 


il  cMiiiple  trois  ans  (|i|iiii>,  h-  ré'ablissetniiit 
dr  ré'conniiic,  ce  ipii  iii.uipn-  l'an  H(M). 

Il  y  avait  une  auriéo  eiili^re  que  Platon  et 
Théodoie  soiiili7ii<iil  une  rude  persécution. 
(^0  n'(''laienl  ipie  inenaces  de  rinii|iert'ur, 
(|ui  sctuvent  les  envoy.iit  «punir  pour  los 
pnîssin*  de  se  rendre  )i  sa  volunlé.  Ivurm,  il 
onvoy/i  uiU'  compaj^nie  de  soldais  <pii  eiivi- 
ronru''renl  loul  d'un  coup  le  riiona.sl/;ro  do 
Slude,  «m  sorte  que  pinsonne  n'iKail  s»-  iiiO!i- 
tr(n'.  li'évéquedi!  Niiée  et  l'é'véipie  «le  (l'iry- 
sopolis  vinrent  |)arl(n"  h  Platon  el  h  Théfjdore, 
noui'  leur  persuader  de  recevoir  l'écoiiomo 
.losepli,  coiuiiie  ayant  fut  [v  mariage  «m  «pies- 
liori  par  ordre  du  patriarche  Taraisc.  Car, 
disaiciil-ils  ,  (î'élait  un  saint  coiiune  saint 
(llu)  sostoine,  vous  devez  recevoir  sa  dis- 
ixnise.ll  vint  encore  leur  faire  la  niAim; propo- 
sition .^  Saint-Serge, où  on  les  avait  (niferinés. 

(lonuiie  ils  di meuraieïit  inébranlables, 
l'empereur  lit  assembler  un  concil»!  au  mois 
(K'janvier,  la  s<n)liéme  année  do  son  règne, 
indi'  li(jii  seconde,  c'esl-h-diro  l'an  809.  Le 
concile  était  nombreux.  Il  y  avait  plusieurs 
ovè(iues,  plusieurs  abbés,  ot  trois  des  [)lus 
grandes  dignités  de  l'empire.  Ce  fui  un  triste 
specla(;le  d'y  voir  comparaître  saint  Platon, 
si  vénérable  par  sa  viedlesso  el  [>ar  sa  vertu. 
Car,  connue  il  ne  {)0uvail  plus  marcher,  on 
le  |)ortailsur  les  épaules,  ayant  sa  chaîne  au 
Ijied  ;  el  ceux  (pii  1<»  [lortaient  se  le  jetaient 
l'un  h  l'autre  avec  dédain.  Théodore  aussi  y 
fut  traite  indignement,  cl  environné  de  gens 
(jui  lui  disaient  qu'il  ne  savait  ce  qu'il  disait. 
En  co  concil(!  on  déclara  qu.,-  le  mariage  de 
Constantin  avec  Théodoie  avait  été  légi- 
time par  dispense,  et  on  prononça  anathème 
à  ceux  qui  ne  recevaient  pas  les  dispenses 
des  saints. 

L'empereur  fit  signifier  ce  décret  à  Platon, 
à  Théodore  et  à  l'archevêque  Joseph,  comme 
ils  étaient  au  monastère  d'Agathus,  près  de 
Constanlino[)le.  Il  leur  envoya  pour  cet  ef- 
fet quelques-uns  de  ses  écuyers,  qui  leur  dé- 
clarèrent qu'ils  étaient  excommuniés  el  dé- 
posés par  le  concile.  Ensuite  on  les  rail  en 
prison  à  Saint-Mamas,  tous  trois  séparés  ; 
et  les  mêmes  écuyers  y  vinrent,  apportant  le 
décret  de  déposition  et  d'excommunication 
qu'ils  leur  lurent,  quoiqu'ils  se  bouchassent 
les  oreilles.  Enfin  ils  furent  tous  trois  relégués 
dans  des  îles  voisines  de  Constantinople,  en 
des  prisons  séparées. 

Les  moines  de  Slude  furent  tentés  en  ton- 
tes manières  pour  abandonner  leur  abbé. 
D'abord  l'empereur  les  fit  mettre  tous  dans 
un  bain  gardé  par  des  soldats.  Il  les  fit  venir 
devant  lui,  et  les  interrogea  lui-même,  pre- 
nant séparément  les  principaux  el  les  plus 
habiles,  et  employant  les  flatteries,  les  pro- 
messes el  les  menaces.  Enfin  il  les  fil  enfer- 
mer en  des  châteaux  <!U  des  monaslèri\«,dont 
les  abbés  les  traitaient  encore  plus  mal  qu'il 
ne  leur  était  ordonné.  On  faisait  cependant 
des  proclamations  par  toute  la  ville  de  Con- 
stantinople pour  empêcher  que  quelqu'un  de 
ces  moines  ne  se  cachât.  Il  y  en  eut,  en  effet, 
qui  se  retirèrent  dans  une  caverne  déguisés 
eu  séculiers,  pour  servir  en  secret  leur  abbé, 


1115 


THE 


THE 


1116 


tandis  qu'il  était  h  Co'istanlino'ile;  mais 
quel(}iu>s-uns  ayant  él  •  trouvi^s  ,  furcit 
pinfirisonnés  dans  le  piéloiic  cl  bannis  de 
la  ville. 

1  li(''odoro  dan*;  sa  prison  érrivit  h  fH's  amis 
pour  It'ssoiilt  nir  coiilre  la  persécntion.  rii- 
Ire  autres  à  Ku|>r(^picn  cl  à  ceux  (pii  (Hnic  it 
avec  lui.  Dan-;  celte  lettre  il  trait»-  de  la  dis- 
pense, et  accuse  ses  adversaiies  de  conibaf- 
IrerAnciei  et  le  Nouveau  'lest,  nient;  voici 
ses  paroles  :  «  La  loi  dit  :  Tu  ve  commrllrns 
point  d'adultère.  In  ne  pmidrns  point  Irnnni 
de  Dieu  m  vain.  La  inrnie  loi  sera  r»onr  le 
juif  et  le  prosélvlo.  LLvanpile  d('>lend  de 
regarder  uiAuie  une  fcnnne  pour  la  (h^sircr, 
et  condamne  celtii  cpii  viole  le  moindre  des 
commandements.  Cependa-U  ceux-ci  nom- 
ment écoMoniie  et  ind  Igenre  salutaire  à 
l'Eglise  l'adultère,  la  transgression  du-;  des 
plus  grands  comuiandemenls,  l'abus  du  nom 
de  Dit>u  dans  la  c'-r-'Uionie  d"un  niarinj;o 
criunnel  ,  accompagnée  de  la  romunnion 
des  saints  mystères.  Bouchons  nos  oreilles, 
mes  frères,  pour  n'être  f)ns  empoisonné-  d'i  n 
tel  blaspluMue.  Et  leur  déleuse,  c'es'  (pTà  l'é- 
gard lies  >ouverains  d  ne  faut  pas  prendre 
l'Evangile  à  la  rigueur.  Pourquoi  doic  est- 
il  écrit  que  h'«- grands  serccU  .ju^és  jtlus  sé- 
vèremeiit,  et  que  Dieu  n'a  point  d'égard  aux 
perso'ines?  L.-  pii-ice  a-t-il  u'e  auîre  loi  et 
un  autre  lé.islalecrcpie  ses  suiets?  Esl-il  u"i 
Dieu  pour  ne  re  |>oi  l sujet  à  la  loi?  Si  tous 
D'y  sont  égaleme  t  soimiis,  ce  tie  sera  que 
révolte  ei  anarchie.  Le  prince  voudra  s.ihan- 
domer  à  la  ultère  et  h  l'hérésie,  et  il  sera 
défei  du  aux  sujets  de  I  imiter.  » 

El  ensuite  :  «  Le  second  article  est  r.'isez 
clau'  parle  premier.  Anaihémaliser  ceux  qui 
n'appiouvenl  pas  ce  ma-iage  adultérin, 
qu'est-ce  autie  (pie  de  condamner  les  saints? 
Premièrement,  saint  Jean-Baptiste,  el  ce  qui 
est  hoi  lible  à  dire,  le  sei^'icur  des  sai  'ts, 
qui  a  détendu  d'avoir  part  avec  les  adultères, 
sans  distiiclion  d'emfwîreur  ou  dp  prince, 
de  grand  ou  de  pelil.  L'i-mixTiur  est-il  plus 
qu'un  angr^,  à  (pii  saint  P.iul  dit  a'atlième 
s'il  élu  aide  quel(|ue  parfe  de  rKv.iMgile? 
Ou  ils  croient  (jiie  nous  résistons  à  l.i  loi  de 
Dieu  en  n'approuvant  pas  leur  prête  i  uo 
économie,  ou,  s  ils  conviennent  que  nous 
observons  la  loi,  ils  se  condamnent  enx-nié- 
Hies.  »  Et  encoie  :  «  (Jue  diions-nous  du 
troi>ièQie  ait»  le?  (."-eux  qui  vont  tète  levée 
contre  l'Evaigile  se  metle'il-iis  en  peine  des 
canons,  quoupi'ils  aieit  aussi  été  scellés 
[mi  le  Saiiil-Li.,iiil,  et  ipie  de  leur  mé|>r.s 
s'en  suive  la  ptTle  de  tout  c  •  qui  sert  h  no- 
tre salut?  car  .sans  les  c.uions  il  'l'y.»  plus  ni 
sacerdoce,  ni  sa(  rilirc,  i<i  itutre  remède  jioiir 
les  maladies  des  lUnes.  Mjiis  pouHpioi  fais- 
je  diltéreiice  entre  les  canons  el  I  Kv;iii.;ile 
de  Jesus-t^hrisl?  ('/est  lui-méineipii  i\  donné 
les  ciels  a  sai  il  Pieire,  arec  la  pus.sa  ic  •  do 
lier  et  délier,  et  à  tous  h-s  apôtres  «  elle  de 
remeilre  et  de  lelenir  les  p  chés;  el  consé- 
qucininenl  il  a  donné  la  inéine  puissan  e  h 
leurs  suceess  urs  ,  pourvu  ',u'il»  marcheni 
sur  leurs  pa->.  ("-  e>t  pouiqiioi  les  ca  lo  's  de 
s«iut  Busilti  vt  dei  auties  saints  uni  été  re- 


çus comme  ceux  des  apôtres,  parce  qu'ils  les 
O'H  suivis  sans  rien  innover.  » 

Da:  s  u'ie  lettre  à  un  abbé  Théophile,  il 
dit  :  n  Si  voii-  me  demandez  pourquoi  nous 
n  vfMis  avons  pas  dit  ceci  avant  la  persécu- 
tion, et  poirquoi  nous  fiisi  tns  encore  alors 
menti"'!  dans  nos  [)ricres  de  ceux  de  Cm- 
stantinople,  considère/ que  leco^cile  n'avait 
point  encore  été  len»,  el  qne  l'oi  n'avait  en- 
core prononcé  ni  le  ma  ivais  décret  ni  l'a'ia- 
thème.  Avant  cela,  il  n'était  pas  siV  de  se 
se  arer  entièrement  des  coupables,  ou  môme 
d'éviter  ouvertement  leur  comniunion  :  il 
fall  .il  les  soutîrir  avec  la  discrétion  conve- 
nabli'.  » 

Pour  traitera  fond  la  matière  de  la  dis- 
pense, Théo<lore  en  fil  un  écrit  où  il  ne  di- 
sait rien  de  lui-même,  mais  c'était  un  tissu 
des  autorités  de  l'E  rilure  et  des  Pères.  Il 
l'envoya  <i  l'archevêque  Joseph,  son  frère,  le 
priant  de  l'ex.iminer.  Un  évéque  nommé 
Athanase  ,  a|) 'aremment  disciple  de  Théo- 
dore, puis(ju'il  le  nomme  son  fils,  avant 
lu  ce  traité,  l'admira:  mais  ensuite  il  chan- 
gea davis.ef  é'rivit  k  Théodore  |)ourprouver 
que  S(S  adversaires  ne  devaient  point  être 
traités  d'hér«'tiqires  puisqu'ils  n'enseignaient 
point  (ja'il  t'ùt  |)ermis  d;-  conuneltVe  des 
ad'dtères  el  d'fbsoudre  les  sacrilèges.  Théo- 
dore lui  lépoi  dit  :  «  11  est  vrai  qu'ils  ne  l'en- 
seigneU  pas  de  paroles  :  les  païens  mêmes  ne 
disent  pas  que  l'adultère  soit  inditfércnt. 
Aussi  ne  disons-nous  [)as  qu'ds  l'aient  oit 
ouvL'itemeiit,  mais  qu'ils  ont  autorisé  m  ma- 
riage adultérin  avec  ses  suites;  qu'ils  oit 
qualiliécette  condnited'ind  Igence  salut  lire, 
sons  peine  iJ'an  .thème  à  ceux  qui  la  désap- 
prouvent, et  qu'ils  exécutent  ce  décret  par 
les  exils  et  les  prisons  :  car  ils  ont  proncMicé 
en  ces  termes  :  Analhème  h  ceux  (|ui  ne  re- 
çoivt  nt  |>i»s  les  dispenses  des  saints  1  II  était 
question  de  ce  mariage;  ils  soutiennenl  douc 
qu'il  est  confoime  aux  dispe  'ses  des  saints; 
ell  s  sont  donc  contre  la  loi  :  mais  s'il  est  im- 
ios>ible  (|ue  les  sai  'ts  aient  agi  i-ontie  la 
oi.  ceux-ci  sont  analliémaiisés  en  ne  vou- 
a-U  pas  aband  'Uner  celle  conjonclion  adul- 
térine. » 

Et  ensuit!^  :  «  N'est-ce  pas  déclarer  les 
commandements  de  Dieu  sujets  au  change- 
ment,  suivant  les  occasions  et  les  circon- 
stances? (Jui  donnera  la  dispense?  les  évé- 
(lues  seuls,  ou  les  piôtn\s?  en  concile,  ou 
chacun  h  part?  Ne  sera-t-elle  que  |^)ur  les 
empereurs  el  au  sujet  de  l'adutère,  ou  do 
toutes  sortes  de  crimes?  Je  laisse  aux  nou- 
veaux évangélistes  h  d  cider  ce"  questions.  » 
Danse  Ife  même  lettre  il  manpie  ainsi  ceux 
(jiii  avaient  eu  part  à  cette  pcrsé(  uiion  : 
n  Comment  peut-on  dire  qu'iU  n'enseignent 
pas  ce  qu'i  s  publient  par  leurs  œuvres? 
Pour  pioi  donc  suis-ie  enfci m'  ici?  Pour- 
(|Uoi  mon  pè.e  le  reclus  (c'est  saint  Platon) 
at-d  éé  mallraiié. séparé  de  tous  les  autres, 
puis  jrlé  MU  lieu  où  il  est  maintenant?  Pour- 
(pioil'aiTlievè^meft-t-il  clé  déposé,  comme  ils 
prête  »deiil.  entériné  étroitement  avec  ordre 
de  ne  lui  donner  h  manger  que  par  mesure, 
el  depuis  [leu  exilé  en  pays  clrauger?  Pour- 


(jijoi  vons-iu/^inc,  «vit  vos  fr^ros,  /^tos-vou»  tiinrclio  Nicf^plioro  lui  a.vnrit  r6s\u\6,\'t'ini>e- 

g.M'd»'    h  Tli('ssnli»iiii|ii('?    r.'ililx'    'riKMjsnslo  r<'iir  lo  |>i  ivu  iJ(' son  .siruc,  r-n  l'iin  R15.  C<  lui 

cli.'is.st^  (In  In  nM^nif  villi'  «vi'c  ses  (lisci|i|('s,  U'i  i(;(,un(  l.islc,  uiuunir   'Mm'iuJoIc  f!as,sil<'r<', 

et  ui  MUlr(<  j»l)l>i^  (lu  iU(^iiU!  li(Mi  loiu'lh';  «vdO  (lu'n'i  mil  h  -i\  placo.  S.iiiil 'l'iK-odou-  Stutlilc, 

vMi's'!  P()ur'(juui  NaiicriKM'  cl  Aisimk!  sdiil-il»  vniil.i  il  ;nil  ml  (|U('  possible  répuriT  (■(•  «caM- 

éli'oilcuKMil  ^ai'ilt's,  aussi  bien  (juc  Ilasilc  cl  dalc,  ordonna  Ji  tousses  nioini-s  do   [ircnJcfl 

(iK'.^oirc?   Pour|ii()i   F'^licnnc,   <  («    vcrlin'ux  des  innées  cl   de    les  poilcr   ('■|i'V('-(;'«  da'is 

alilié,  H-l  il   ('l(''    (li.iss('    de   son    ni(in.isl("Me  leurs  mains /i  l,i  [iroccssioi  (Ju  jour  des  Un- 

avcc  (;iM(|uanlc  (lis(  iplcs?  l'oiu'ipjoi  le  pieux  iiicaux,  oi  eliu'iianl  une  livinuc  (|ui  (  nmrucn- 

«I)l)(''  A'Uoino  esl-il   priso-micr  à  AiiKuiuuj?  cail  :  ^'t^lls  adoi  ans  rot-  r  iiuK/i  lirspuri-,  en 

PoiU'ilUoi    Jùnili-'l    cl    les  siens    onl-ils    OAô  ilioiinrur    de   Jhua-Chrisl.  Les   iconor-.l.ishis 


Poin-quoi   Jùnili-u    cl    les  siens   onl-ils   ùid  Ihmnnur  de  JhuH-Clirisl.  his  icoiloelashts 

ciume'iés  par  ordre  de  r('v(\pu.' de  Nicouu'-  «va'd  assi'mhN'  uu    (•oneilc,  sai"l  Tlii'odf)ro 

die.  apr(*s  a^oir  (!'L^  l'oui-lU's   ol  Iraiu'-s  indi-  Sludile  ('iriv  l  une  Icllre  au  rujm  de  tous  les 

KiH'UKiul,  cl  leur  uu)Masl(''re  p  ll(''?  Pouninoi  al)lj(''s  de   Con.slanlinopic  ,  qui   s'exciisnient 

ri^v(\|ue   la'on    a-l-il    (!'((''  persécuU'i  à  (^li  r-  de  ec  pas  aller  au  eoiicile,  parce  que,  disait 

sonc,el  l'ahi»!^  Anloi'X'cmpriMiruK^wce deux  la  Icllre,  les  sig-iataiics  m-    pouvanni   [.nrc 

aulrcs?  l'ouiMpioi  à  I.i|  ari,  au  delà  de  la  Si-  aucun  acte  ccek''siasli(jiu'  >ans  la  periuissiou 

cile,  nos  IVi'rcs  snul-ils  cm  pris(jn?  l'oin(pioi  de  leur  ('vi^pic,  IcipicI  (''lail  Nu;(''phorc.   I.cs 

à  CJicrs()'u>  l  ('loius  a-l-il  ('le  ai-nMc,  puis  c-i-  deux  nioincvsipii  prr'scnh'ienl  celle  lellrc  au 

vo^(^  à   rcm;»ercur,  cl   cmiTl'isonmj  à  Cou-  co'iciie   furc-il   r(>nvoy(^s  cliargùs  de  cjuus. 

sla-Uinople?  «  Pin  de  lemps  api(\s, l'empereur  exila  le  saint 

Jo.^cph  ayanl  cli^  dc^pos('',  ou  mil  ii  sa  place  abh:'  'rii('ii(lore  au  cliAhiau  de   M('lope,  où  il 

U'i  aulre  ai-chcv(\|uc  h  Tlicssa  oni(|   e,  (pii  y  le  linl  ro  ifcrnié.  Le  sainl,  imil^ié  celte  per- 

fil  arr(Hcr  Anasiasc,  ol  cliassiT  l'aiibc  T,ii-o-  stîculio-i,  cnconr-a^cail  les  calii(diques,  ci  ne 

sosie   avec  dix-scjil    aulr-s,    cl   lil   donucr  cessait  de  les  cxliorlcr  par  ses  lellies.  Il  y 


uiMiiiur    iMU'jUL.  Il    im  «Il    :m  iinm    iiu'io  iiiiu  humuhm^    ii-i'uiu    M'   iiiai  la^e     auuiier'u    Ul 

église,  où  o  1  le  laissa  dcmi-morl  :  mais   lui  rcuinereur  Cnnsla'ilin,  puis  sepl  aulies   ab- 

hounne  chariuibb',  l'ayant  couvert  de  la  [)eaa  bés,  que  Joseph  avait  Si^iduits;  et  il  les  dési- 

d'un  agneau  fraMiement    tm',  lui  sauva   la  g'ie   p  r   les   noms    de  leurs  monastères.  Il 

vie.  Th(''0  lorc    t''cr.vil    h    raiclievèijue,  sou  écrit   à  Naucrace,  son  discijilc,    qu'à    celte 

frùre,  pour  le   coisoler  de   ces   violences,  triste  nouvelle  il  a  passé l   nuit  sans  dormir; 

(Fleury,  vol.  111,  p.  2!i.)  et  qu'il  sVlo  ne  moins  de  la  chute  (ie  ceux 

Dans  U'ie  Icllie  à  son   disci|  le  Naucrace,  qui  approu.vcnl  le  mariage  adcllérin.  Ils  ont, 

sainl  Théodoie  Sludile  traite  amplement  des  d4-i  ,  encore  une  fois  traité  d'Jconomie  l'a- 

sccondes  noces.  Il    écrivit  cnsu  te    au  pape  baudon  de  la  vérité. 

Lécn  111,  se  plaignant  des  persé>utio  is  qu'il  11  était  impossible  que  ce  commerce  delet- 

a  (  ues  à  suuUrir  à  Conslantino])le.  Elanl  sur  très  domeurûl  caché  à  remj  ereur.  M  envoya 

le  point  de  niiu-cher  contre  les  Bulgares,  en  donc  un  nommé   Nicétas,   en   qui  il  avait 

811,  remroreurNicé;hore  voulut  se  rappro-  grande    conliance,    avec   <;rdre    d'emmener 

cher  de  Théodore  :  d  lui    envoya  pour  cela  Théodore  plus  loin   en    Nalolie,  à  un  lieu 

des  oiricicrs.  Le  sainl  leur  [)arla  comme  si  nommé  Bonite;  cl  de  l'y  resserrer  tellement, 

l'empereur  eût  été  présent.  ((  Vous  devez,  qu'il  ne  vît  ni  ne  parlât  absolument  à  per- 

dil-il,  vous   repentir  et  ne  pas  rendre  mon  sonne.  Cet  ordre  étant  déclaré  h.  Théodore, 

mal  incuiable.  Vous  n'êtes   pas  satisfait  de  il  dit  :  Quant  au    changement   de   lieu,  j'y 

conduire  les  autres  sur  le  bord  du  précipice,  consens   volontiers,  je    ne   suis    attaché    à 

vous  les  y  jetez  avec  vous.  Celui  dont  l'œil  aucun  ;    mais   quant   à   retenir  ma  langue, 

voit  toutes  choses,  vous  déclare  [)ar  ma  bou-  vous  ne  m'y  obligerez  jamais,  puisque  c'est 

che  que  vous  ne  reviendiez  pas  de  cette  ex-  pour  cela   uième  <|ue  je  me  suis  mis  dans 

pédilion.  »  Nicéi^hore  fut  tué  en  Bulgarie,  cet   état.   L'empereur,  encore  averti  de  sa 

uar  Crunniiius,  roi  du  pays.  Deux  mois  api  es  fermeté,  renvoya  Nicétas  avec  ordre  de  le 

la  mort   de   Nicé|)hore,  Aiichel  Curopalale,  fouetter   cruellemi  ni.    Le   saint  homme  ôla 

surnommé  Rangabe,  qui  avait  épousé  Proco-  gaiement  sa   tunique,  et  se   présenta   aux 

pie,  lille  de  Nicéphore,  fut  nommé  empereur,  coups,  disant  :  «  C'est  ce  que  je  désiais  il 

Il  fut  exlrèmemeU  favojable  à  l'Eglise,  et  y  a  longtemi  s.  »  Mais  Nicétas,  voyant  à  nu 

procura  la    réconciliation  du  [latriarche  Ni-  ce  c(jrps  m  rtitié  par  les  jeûnes,  fut  aussitijt 

céphore  avec  saint  Platon  et  saint  Théo  iore;  attendri.  Il  dit  qu'il  voulait  faire  ceUe  exé- 

mais  ayant  élé  bnltu  par  les  Bulgares,  il  ré-  cution  seul  «^  seul,  pour  la  bienséance  :  puis 

si'lut  d'abdiquei- l'cmpiie.  Léon  l'Arménien  il  ajjjoila  une  peau  de  mouton   qu'il  mit 

fut  proclamé  à  sa  place.  sur  les  é':aules  (Je  Théodore,  et  sur  laque  le 

Pinidant  que  tous   ces  troubles  agitaient  il  déch:.rgea  quantité  de  coups  qu'on  enten- 

l'Elat,  Théouore,  renfcrmt'  dans  son  monas-  dait  de  do'  oc^.  Enfin   il  se  piqu.A  le  bras, 

tère,  y  vivait   en  paix,  et   progressait  tous  pour  eusangianier  le  fouet  qu'il  montra  en 

les  jours  e.i  vertu  et  en  science.  L'emper.ur  sortant,  et  i^arul  hors  d'hale:ne   des   etï'oris 

vint  tioubler  cette  tranquiliilé,  en  seuécla-  qu'il  avait  faits.  (  Fieury,  vol.  III,  p.  251.  ) 

rant pour  Ihérésie  dys  icuiiociai>les.  Le  pa-  11  écrivit  ensuite  aux  patriarches  et  au 


iiid 


tîlE 


YITB 


1120 


p.ipo  Pascal  dos  lettres  fort  rom.Trfjunlilcs. 
E'i  toutes  ces  lettres  saint  Théodore  dit  sou- 
vt'iit  (|ue  c'est  aux  (W(Mjnes  h  décider,  et 
qu'il  uo  donne  que  des  conseils. 

Ki'lin,  croyant  mourir  dans  cette  per'^écu- 
tion,  il  lit  un  testament  en  forme  de  lettres 
à  ses  frères  absctts,  où  il  les  prie  d(>  lui  par- 
donner les  fautes  de  son  gouvernement,  et 
leur  demande  leurs  prières  ;  puis  il  déclare 
qu'il  pardonne  en  ce  qui  le  touche  à  Léonce 
et  aux  autres  apostats,  et  charge  ses  frères 
de  leur  dénoncer  le  jugement  de  Dieu,  qui 
les  menace  s'ils  ne  font  pénitence.  11  com- 
posa encore  dans  sa  prison  divers  écrits, 
pour  nrotiter  de  son  loisir,  entre  autres  des 
vies  de  ses  frères  en  vers,  et  les  envoya  à 
son  disciple  Naucrace.  Une  de  ses  lettres 
catéchisiiques  étant  tombée  entre  les  mains 
de  l'empereur,  il  envoya  aussitôt  au  gouver- 
neur d'Orient  avec  ordre  de  faire  si  bien 
cliAtier  Théodore,  ((u'il  n'y  relournAt  pas. 
L'ollicier  du  gouverneur  représenta  la  lettre 
à  Théodore  qui  la  reconnut,  et  fit  donner 
plusieurs  coups  de  fouet  h  Nicolas,  son  dis- 
ciple, qui  l'avait  écrite,  et  cent  cou  s  à  lui- 
même  ;  puis  il  revint  à  Nicolas,  et,  le  trou- 
vant i)lus  ferme  qut)  dovani,  il  le  fit  encore 
frapper  en  renouvelant  les  premières  plaies; 
et  on  le  laissa  ainsi  étendu  à  l'air  et  au  froid, 
car  c'était  au  mois  de  lévrier.  L'abbé  Théo- 
dore était  aussi  étendu  par  terre  hors  d'ha- 
leine, et  fut  longtemps  sans  pouvoir  pren- 
dre de  nourriture  ni  de  re|)0s.  Son  disciple, 
le  voyant  en  cet  état,  oublia  ses  pro[)res 
douleurs,  lui  arrosa  la  langue  d'un  {)eu  de 
bouillon;  et,  a|)rès  l'avoir  fait  revenir,  s'ap- 
pliqua à  panser  ses  plaies,  dont  il  fut  obligé 
de  couper  beaucoup  de  chair  morte  et  cor- 
rompue. Théodore  eut  une  grosse  fièvre,  et 
soullrit  ])endant  trois  mois  des  douleurs 
extrètues  ;  mais  avant  nu'il  en  fOt  quitte, 
l'empereur  envoya  un  ouicier,  dont  le  pre- 
mier soin  fut  de  chercher  dans  tous  les 
coins  el  les  trous  de  la  prison  l'argent  qu'il 
sup,;(»sait  que  ceux  qui  venaient  visiter  le 
saint  ab.>é  lui  a|)[)ortaient  :  ne  trouvant  rien, 
il  ciiargea  d'injures  et  de  coups  le  maître  et 
le  disciple,  et  I  s  lit  transIVrer  en  diligence 
à  Smyrne.  C'était  vers  le  mois  de  juin  819. 
Le  jour  on  les  pres^^ait  de  marcher,  la  nuit 
on  les  mettait  aux  entraves  :  entin ,  étant 
arrivés,  on  les  nul  entre  les  mains  de  l'ar- 
chevêque d  'Smyrne,  un  des  chefs  des  icono- 
clastes, (pii  lit  mettre  Théodore  dans  un  ca- 
chot obscur  et  souterrain,  où  il  demeura 
dix-huit  mois,  et  y  reçut  pour  la  troisième 
fois  «"eit  coups  de  foui't.  Tliéodort>  ne  laissa 
pas  d'écrire  de  \l\  h  s«'S  disciples,  et  k  Nau- 
ctaco  en  parlicuher,  leur  témoignant  sa  joie 
do  ce  (pje  le  |)a|)e  avait  écrit  à  (lonslanlino- 
ple  pour  soulerur  la  bonne  (anse.  Enlin, 
l'archevècpie  <le  Smyrne  lui  dit,  en  partant 
pfjur  Coustantinopli',  qu'il  pmeraii  I  empe- 
reur d'envoyer  un  oiIk  ler  pour  lui  cou[)er 
In  tète,  ou  du  moins  la  langue.  ^Fleury,  v.  111, 
p.  Ht'.».) 

Kniin,  la  persécution  linit  avec  la  vie  de 
l'empereur  Léon.  Michel  I"  le  détrAna  el 
prit  sa  place  :  il  fll  revenir  les  exilés,  et  en- 


tre autres  saint  Théodore,  qui  depuis  sept 
ans  était  en  [irison.  Au  bout  de  quelque 
temps,  ce  nouvel  empereur,  s'étant  aussi 
déclaré  contre  les  saintes  images,  saint 
Théodore  lui  adressa  des  représentations  ; 
mais,  voyant  qu'elles  demeuraient  inutiles, 
il  se  retira  avec  ses  moines,  dans  la  pénin- 
sule de  saint  Try[>hon.  11  tomba  grièvement 
malade  au  commencement  du  mois  de  no- 
vembre 826.  Sur  cette  nouvelle  un  grand 
nombre   d'évéques,  de  moines  et  d'auti  >s 

Rersonnes  pieuses,  accoururent  j)0(irle  voir, 
e  pouvant  plus  parler  haut,  il  dicta  à  un 
secrétaire  ce  (}u'il  leur  voulait  dire,  puis  il 
se  trouva  l)eaucoup  mieux,  alla  de  sfui  pied 
à  l'église,  et  y  célébra  le  saint  sacrifice,  car 
c'était  le  dimanche,  quatrième  jour  du  iiiois. 
Il  parla  encore  aux  assistants,  et,  après  leur 
avoir  donné  la  communion  et  avoir  mangé 
avec  eux,  il  se  remit  au  lit,  fit  appeler  l'é- 
conome, et  lui  donna  les  instructions  qu'il 
crut  nécessaires.  C'était  Naucrace,  son  fi- 
dèle disciple  et  son  successeur.  Le  G  du 
mois,  qui  était  la  fête  de  saint  Paul,  év«Mpie 
de  Constantinople  et  confesseur  sous  Con- 
stantius,  Théodore  alla  encore  à  l'église,  cé- 
lébra la  messe,  et  parla  aux  frères.  Mai-  la 
nuit  suivante  son  mal  augmenta  notable- 
ment ;  et,  ayant  beaucoup  soullert  pendant 
deux  jours,  il  connut  une  sa  fin  appro  .;ait, 
parla  pour  la  dernière  lois  à  ses  moines,  et 
demeura  ainsi  encore  deux  jours,  bénissant 
ceux  ((ui  l'apfirochaient,  et  faisant  sur  eux 
le  signe  de  la  croix. 

Le  dimanche  11  novembre,  fête  du  mar- 
tyr saint  Menas,  sentant  qu'il  n'irait  |  is 
loin,  il  lit  faire  les  prières  ordinaires,  reyut 
l'exlrême-onction,  puis  communia  en  viati- 
que, et  fit  allumer  des  cierges,  et  commen- 
cer les  ])rières  des  funérailles.  Les  frères 
se  mirent  en  n.nd  autour  de  lui,  et  il  reiulil 
res{)rit  comme  ils  chantaient  le  grand  psr.u- 
me  cwiii,  (pie  les  Grecs  chantent  encore 
aux  enterrements.  Il  vécut  soixante-sept 
ans,  et  mourut  hors  de  Constantinople,  dans 
la  péninsule  de  Saint-Tryphon.  d'où  il  fut 
prtMiiièreiiient  transféré  à  l'île  du  Princ(\  et 
dix-huit  ans  après  dans  son  monastère  do 
Siude.  Naucrace,  son  successeur,  écrivit 
une  lettre  circulaire  h  tous  ceux  que  |a  per- 
sécution avait  dispersés,  où  il  raconte  les 
circonstances  de  sa  mort,  et  sa  vie  fut  écrite 
quehpie  temps  après  par  Michel  Studile, 
son  disciple.  L'Eglise  grecque  honore  sa 
mémoire  le  même  jour.  11  novembie,  et 
l'Eglise  latine  le  lendemain.  (Fleurv,  v.  III, 
p.  -272.) 

TIlLODOHE  (saint),  surnommé  Trichinas^ 
h  cause  du  rude  cilice  dont  il  était  revêtu, 
confes-n  sa  foi  au  milieu  des  tourments. 
Les  miracles  nombreux  qui  le  rendirent  cé- 
lèbre éclatèrent  surtout  contre  les  démons; 
il  dt'coule  de  son  corps  un  baume  qui  rend 
la  sanlt;  aux  malades.  Il  e^t  inscrit  au  .Mar- 
Ivrolniio  romain  le  20  avril. 
"  TH^IODOKE  (.sailli  ,  soulfrit  le  martyre 
pour  le  nom  de  Jésus-CIrnsl,  avec  les  saints 
Druse  et  Zozimo.  Les  Actes  des  martyrs 
ne  nous  ont  conservé  aucun  document  re- 


1121 


TIIR 


TIIK 


11« 


Inlif  h  ces  saints  lunilyrs.  l/Kf^lisc  l'.iil    li'iir 
l't^lc  le  l'i  (li'rcmhrc. 

l'Il^lODOKI-;  (siiiii),  souiriit  le  iiiarl}n«  à 
Nic()iiu'<(li(MiviM;  les  s.'iinls  Zriinn,  Coiiroitli' 
cl  SCS  cillants.  \a)  Marlyrolui^c  rotiiain  lit» 
(loim(>  aiiciiiMlcIail  sur  les  cinoiislaiiccs  do 
leur  iiwirijro.  L'Kyliso  l'ail  lour  incinouo  le 
2sc|»UMnl)rc. 

1  II^IODOIIK  (saint),  martyr,  (Uail  év<^(ine. 
Il  cueillit  la  |>ahno  <ln  niarlyro  dans  la  Pen- 
ta|mlc  de  l..l>ie,  avec  les  saints  Irém-c,  di'i- 
(Tc,  S(''ra|iion  cl  Ainmo'ic,  lecteurs.  L'I*!- 
glis(«  «'cl('*l)rc  leur  sainte  incnioirt»  le  'lÛ  mars. 

Tnif'lODOKK  (saint),  inscrit  an  Marlyro- 
loKc  romain  sous  la  dali;  du  17  mars,  tut 
martyrisé  h  Home  avec  sainl  Alexandre  ;  on 
igiioi(>  A  (incilc  cpoiinc. 

TlltODOUK,  gouverneur,  (pii,  sous  l'cm- 
perenr  Nun\érien,  lit  mettre  à  mort,  dans  la 
ville  (l'Kdessc,  sainl  Thalalciî  et  les  saints 
AsU'^re  et  Alexandre.  {Voi/.  Tuvi.alkk,  ^ 
l'article  duquel  on  Irouvtra  tous  les  détails 
nécessaires.] 

THÉODOUE  (sainte),  fut  martyrisée  h 
ïerracino  «vec  sainte  Euphrosine  ,  sous 
r'Mnpercur  Domitien  ;  on  prétend  (pie  co 
fut  on  même  temps  que  les  saints  Nérée  et 
Achillée.  (Pas  de  documents  certains.)  La 
fête  (\o  sainte  Théodore  a  lieu  le  7  mai. 

TIJÉODOUK  (saillie),  sœur  do  sainl  llerme, 
soulVril  la  mort  pour  Jésus-Chrisl  peu  de 
temps  ajirés  son  frère,  sous  le  règne  de 
l'eiiipereur  Adrien.  Sa  fêle  est  marquée 
dans  les  martyrologes  le  1"  avril. 

Tr.ÉODOlŒ  (sainte),  vierge  el  martyre, 
habitait  Alexandrie.  Elle  donni  sa  vie  [)0ur 
Jé*us-Christ,  ainsi  que  nous  l'apprennent 
ses  Actes,  en  l'an  30i  de  Jésus-Christ.  L'E- 
glise honore  sa  mémoire  ainsi  que  celle  de 
saint  Didyine  le  28  avril.  Ces  Actes  méri- 
tent d'élcè  cités.  Les  voici  en  entier. 

«  Euslasius  préfet  augustal  d'Alexandrie, 
séant  en  son  tribunal,  dit  :  Qu'on  fasse  en- 
trer Ja  vierge  Th 'odore.  Un  huissier  dit  : 
Seigneur,  voilà  Théodore.  Le  préfet  lui  dit  : 
De  cuelle  condition  êles-vous  ?  Théodore 
répondit  :  Je  suis  chrétienne.  —  Le  préfet  : 
Eles-vous  esclave   ou   de   condition   lib.e? 

—  Théodore  :  Je  vous  ai  déjà  dit  que  je  suis 
chrétienne.  Au  reste,  Jésus-Christ,  en  ve- 
nant au  monde  m'a  atfranchie,  el  d'ailleurs 
je  suis  née  de  parents  libres.  —  Le  préfet  : 
Qu'on  avertisse  le  procureur  de  la  ville. 
Lorsque  cet  officier  fut  venu,  il  lui  de- 
manda s'il  connaissait  Théodore,  el  lui  or- 
donna de  lui  dire  ce  qu'il  en  savait.  Le  pro- 
cureur de  la  ville  (Lucius)  dit  :  Par  votre 
illustre  naissance,  je  la  connais  pour  être 
d'une  très-bonne  famille  d'Alexandrie.  D'où 
vient  donc,  reprit  le  préfet,  en  s'adressant 
à  Théodore,  qu'étant  née  de  parents  nobles, 
vous  n'êtes  point  mariée  ?  —  Théodore  : 
C'est  pour  plaire  à  Jésus-Christ.  En  se  fai- 
sant homme  il  a  sanctifié  nos  corps,  et  j'es- 
père que,  pourvu  que  je  lui  sois  toujours 
fidèle,  il  me  préservera  de  toute  corruption. 

—  Le  préfet  *  Savez-vous  qu'il  y  a  une  or- 
donnance des  empereurs  qui  porte  que  les 
vierges  qui  refuseront  de  sacrifier  aux  dieux 


seront  exposées  dans  un  lien  «le  prosliiu- 
lion.  I  liéodoi'c  :  Je  crois  qui'  vous  n'i- 
giiorc/.  pas  aussi  que  Dieu  d/iiis  chaque  nr- 
lioii  rci^ardir  It  volonté;  il  connaît  bien  qm; 
je  l'ai  loiil  eiilière  de  conserver  ma  piirelé; 
que  si  après  c cla  vous  me  laites  fiiii c  violence, 
je  n'eu  paratirai  pas  moins  pure  l'i  ses  yeux. 

—  I.(^  préfet:  l-'ant-il  (pie  tant  de  beautés 
devieiiiMMil  la  proie  de  qiiclijnc  débauché? 
Je  vous  moleste  (iu(!  je  suis  sciiMiblement 
louché  (lu  sort  di^ploralile  (pie  vous  vous 
prépare/.  ;  mais  je  ne  puis  aussi  m'empè.  lier 
de  vous  avertir  (|ne  cette  compassion  vous 
sera  iiiuhle,  si  vous  méprisez  l'avis  (pu;  j(i 
vous  donne.  Oui,  j'c'i  jure  par  les  dieux  ;  il 
faut  ou  leur  sacrilier,  ou  vous  résoudre  à 
devenir  l'opprobre  de  votre  famille  el  le  re- 
but des  lioiuiél"s  gens.  Je  vous  ai  expli(pi<^ 
là-dessus  riilenlion  des  empereurs.  —  Théo- 
dore :  Je  vous  ai  (b'jà  dit  (pu;  Dieu'  n'a  égard 
qu'à  la  volont('';  il  p' nètre  dans  le  seciet 
des  ccjcurs,  et  il  n'ignore  aucune  de  nos 
pensées.  J(>  ne  croirai  pas  être  (h'-shonorée, 
si  l'on  emploie  la  force  pour  im;  déshono- 
rer. Si,  par  exemple,  vous  me  vouliez  faire 
couper  une  m  liu,  ni  bras,  la  tète,  serait-ce 
moi  (pii  serais  coupable  d'homicide.  Non, 
sans  doute,  ce  serait  celui  qui  commettrait 
cellt!  violence.  En  quel(iue  étal  que  je  sois,  je 
serai  toujours  à  Dieu  ;  je  serai  toujours 
vierge  pour  lui  ;  il  a  mis  en  moi  ce  précieux 
trésor  (1(>  la  virginité,  il  saura  bien  le  con- 
server. —  Le  [)réfet  :  Sauvez  du  moins  votre 
maison  d'un  affront  si  grand.  Souvenez- 
vous  de  qui  vous  êtes  née.  Suivant  ce  que 
m'en  a  dit  le  procureur  de  la  ville,  votre 
père  y  tient  un  des  premiers  rangs  ;  terni- 
rez-vous  en  un  jour  l'honneur  de  votre  race? 

—  Théodore  :  La  source  du  vrai  honneur, 
c'est  Jésus-Christ;  c'est  lui  qui  ennoblit  les 
âmes,  et  de  qui  la  mienne  a  reçu  le  peu 
d'éclat  qu'elle  a.  Il  empêchera  bien  que  sa 
colombe  ne  tombe  au  pouvoir  de  l'épervier. 

—  Le  préfet  :  Hélas  !  ma  chère  enfant,  en 
qui  mettez-vous  votre  espérance  ?  En  un 
homme  mort  sur  une  croix  ?  Vous  ima- 
ginez-vous que  lorsque  je  vous  aurai  fait 
conduire  dans  un  lieu  infilme,  il  viendra 
vous  en  arracher  ?  "\''ous  vous  ferez  moquer 
de  vous,  par  une  confiance  si  mal  fondée. 

—  Théodore  :  Pas  tout  à  fait  si  mal  que  vous 
pensez.  Je  crois,  oui,  je  crois  fermement 
que  ce  Jésus  qui  a  soutïert  sous  Ponce  Pilate 
me  délivrera  des  mains  de  ceux  qui  ont  juré 
ma  perte,  qu'il  me  conservera  pure  et  sans 
tache.  Jugez  après  cela  si  je  puis  le  renoncer. 

K  Le  préfet  :  Avez-vous  tout  dit?  11  faut, 
je  l'avoue,  (jue  j'aie  une  grande  patience 
pour  vous  laisser  ainsi  déljiter  toutes  vos 
visions,  je  devrais  bien  plutôt  vous....  Mais 
enfin,  si  vous  continuez  toujours  dans  celte 
opiniâtreté,  je  n'aurai  pas  plus  d'égard  pour 
vous  que  pour  la  dernière  des  esclaves  ;  et 
je  ferai  exécuter  sur  vous  Védit  dans  toute 
sa  rigueur,  comme  sur  une  fille  du  commun. 

—  Théodore  :  Tenez,  je  vous  livre  mon 
corps,  aussi  bien  en  étes-vous  le  maître  ; 
mais  pour  mon  âme,  elle  est  au  pouvoir  de 
Dieu  seul.  —  Le  préfet  :  Donnez-lui  deux 


1113 


THE 


THE 


1124 


soiifflpLs.  etflites-liii  :  Voilî»  ponp  vous  fi^ié- 
rir  *Je  votre  folie  :  ap  rorhez-vons  de  lau- 
t»»l  pour  sn  Tilier  aux  d  eii\.  —  Th«^Ofr»re  : 
0  le  11'  Siî  gnenr  ne  inTiiu'lte  pas  que  j.i- 
luflis  je  s.irnlîe  aux  dînons,  ni  que  je  les 
a<lo  e  —  I.c  préfet  :  Faiil-il  que  vous  in'.iyf'Z 
oblijié  h  vous  traiter  de  la  sorte,  et  à  f.iire 
un  alfront  sensible  à  une  (ilje  de  cond  tio-i. 
Il  V  a  (Ji'  la  foli<»  à  e.-la.  —  Tli(^odore  :  r.cite 
sainl''  folie  qui  nous  fait  confesser  le  Di  'u 
vivant  est  la  plus  haute  sagesse;  et  ce  que 
vous  a;>pelez  adront  fera  dans  le  eifl  ma 
)luf>  gran  'e  gloire.  —  Le  préfrt  :  A  la  fm  je 
)erdrai  patience,  et  je  vais  faire  exécuter 
'('dit.  Tant  que  j'ai  cru  vo.is  [)ouvoir  rame- 
ner de  votre  é^arcuie  il,  j'ai  patienté  ;  mais 
puisque  votre  ern'ur  vous  est  plus  cli^re 
que  Voire  proj>re  h>i'in«Mir,  et  (pie  vous  v(»<is 
plaisez  da-i.'*  ri>t  es[)rit  de  revote,  je  me  ren- 
drais moi-même  cri  m  nel  de  désoîiéissance, 
si  je  ditfi'rais  plus  lo  ii^tcmps  h  pu  lir  h  vo- 
tre. —  Théodore  :  Vous  crai;^nez  de  dé;)lai  e 
è  un  homme,  et  vous  vous  reprochez  votre 
peu  d'empressement  Ji  ext'cuter  se>  or  lies; 
et  moi  .je  crains  de  déplaire  à  Dieu,  et  je 
me  hàle  d'obéir  h  ce  qu'il  m'ordonne  ;  je 
crains  que  le  Hoi  du  ci  d  et  de  la  terre  ne 
soit  pas  content  de  moi,  et  (fu'il  m'accuse  de 
le  mépriser.  —  Le  préfet  :  Mais  vous  n<\\)~ 

f)réliendez  pas  de  témoigner  du  mépris  pour 
es  onlo mances  des  empereurs;  et  dans 
votre  àme,  vous  me  traitez,  moi,  d'insensé. 
Eh  bien  l  je  vous  donne  troi>  jours  pour 
penser  mûrement  à  ce  que  vous  avez  h 
taire.  Mais  ce  terme  expiré,  si  je  ne  vous 
trouve  soumise  et  prèie  'i  faire  tout  ceqn'^n 
exigera  de  vous,  par  les  dieux  I  je  vous  fe- 
rai traîner  dans  un  lieu  oCi  vous  serviicz 
d'exemp  e,  mais  d'un  <  xem[»le  ter  ibli',  qui 
retienne  toutes  l.-s  auti-«'S  lommes  dans  le 
devoir  —  Théo  lore  :  Il  n'est  pas  nécessaire 
d'attendre  ()0ur  cela  trois  jours,  et  ce  délai 
ne  me  fera  pas  chan-çer  de  sédiment.  Me 
voilà  prête  à  all-T  partout  où  vous  voudrez 
me  fane  coniiuire  ;  et  n'y  a-t-il  pas  un  Dieu 
dans  le  momie  qui  ne  m'abandonnen  pas? 
Vous  pouvez  donc  (les  aujcjurd'hui  l'a  re  tout 
ce  qu'il  vous  plai  a  Si  cej»endant  vous  avez 
résolu  de  laisser  pas-er  trois  jfHirs,  la  seule 
giAi;e  queje  vous  di-niiuiile,  c.'e>i  (pi  on  n'at- 
tente ne  i  sur  ma  [Midicité,  jus(prf»  ce  que 
v<»us  ave/ rciKiu  votre  pij;piuen  . — f.epréti-t: 
Cela  esljuste.  (^u  on  la  f;nrde  soigneuseiiii-nt 
durant  trois  jours,  d  qu'on  ne  lui  fasse  an- 
cune  violt-iicf  ;  l'nitMhIs  ipTon  respecft*  en 
cll«  la  nobljssu  du  sang  et  la  grandeur  de 
la  naissance. 

«  Les  trois  jours  étant  passés,  le  pn-fet 
commanda  ipiou  amen.U  Théodore.  Kh 
bi'fi  !  lui  dit-il,  avez-voiis  pns  une  meil- 
leure résolution  ?  Si  rela  est,  sa- ritie/,  et 
relournez  chez,  votre  père;  mais  si  vous  êtes 
toujours  celte  tiLe  ooiéK^e,  et  que  rien  no 
peut  persuader,  je  vous  déclare  (fuavant 
(pi'il  soil  une  heure,  vous  aurez  perdu  celte 
virj<initf''  «.ont  vous  vous  targuez  si  fort. 
—  rhéodorc  :  Je  vo  is  .u  di'-ja  dit  plus  d'-ne 
fois,  et  je  vous  le  répèle  encore,  que  le  vomi 
de  U  ciia&lelé  que  j'ai   f«it,  ju  l'ai  l'ait  par 


l'inspiration  de  Jésus-Christ  mAme.  Et  il  sait 
le  moyen  d'empêcher  qu"  son  épouse  ne 
perde  la  seule  ciiose  qui  peut  lui  plaire  en 
elle.  Il  saura  i)ien  retirer  sa  brebis  du  milieu 
des  lou|»s.  —  Le  préfet  :  Par  les  dieux,  je 
ne  m'exposerai  pas  [)our  l'amour  de  vous  à 
l'indignalion  des  emp'-reurs  ,  je  vais  pro- 
noncer la  sentence.  Pienez-vous-en  à  vous- 
même  ;  que  ne  sarrili''Z-vous  aux  dieux? 
Nous  venons  si  voire  Jésus-Clirisi  aura  u\\ 
si  grand  soin  de  sa  brebis  et  de  sa  colonbe; 
il  le  do  l,  pour  peu  iju'il  ail  l'/lme  recon- 
naissanie.  —  Théodore  :  Que  cela  ne  vous 
inquiêle  («s.  Ce  Dieu,  ^<n  a  été  jusqu'ici 
le   gardien   de    ma   pu.eié,s"en    rendra    le 

t»rolecl  ur   contre   la  violerce  de  quel([ues 
lom.nes  perd  s  qui  y  v  luirout  atlonler. 

«  L  I  servante  de  Dieu  fut  donc  conduite 
dans  un  lieu  de  dé  auche.  En  y  ei  tniiit, 
elle  leva  les  yeux  au  ciel,  e  elle  cfit  :  «  Dieu 
«  l  iut-puis<anl,  I*êre  de  Jésus-t'hrist  moa 
«  Seigoeur,  seçourez-moi,  et  relirez-moi  de 
«  ce  l.eu  infime.  Vous  ipii  d  livrUes  saint 
n  Pierre  et  qui  I"  retirâtes  de  la  prison  avant 
«  qu'il  eiU  souîlerl  au  ui  alf.'ont,  fai  es  que 
«je  puisse  sortir  d'ici  >ans  aucune  souillure, 
n  atiu  quelf)ut  le  monde  reconnaisse  que  j'ai 
«  l'honneur  d'être  h  vous.  >»  Cependau!  une 
foule  de  débauchés  environnent  le  logis; 
ils  regardaient  d'-jh  cette  innocente  beauté 
comme  une  proie  qui  ne  pouvait  leur  échap- 
per; mais  Je>us-Clirisi  veidail  h  la  conser- 
vai on  de  son  épouse.  L  lui  eivoya  aussitôt 
un  de  ses  servile-rs  pour  Ja  délivrer.  Il  y 
avait  i>armi  les  chrclens  d  Alexamlrie  un 
jeune  ho, unie  qui  craignait  Dieu,  et  qui 
marchait  avec  b'aucoup  da.deur  d  ms  la 
voie  (pii  (ondiiil  au  ciel.  Une  sainte  jalousie 
qu'il  Conçut  pour  la  pureté  de  I  épouse  de 
son  m.illre  bii  lit  avoir  recours  h  un  inno- 
cent slratagème,  jv-uir  la  tirer  de  Kfionible 
danger  où  elle  éîait.  Il  prit  un  hatut  de  sol- 
dat ;  et  se  donnant  toutes  les  manières  .l'un 
jeun  •  emporle,  il  eiit.e  haidiuienl  dans  le 
logis.  Sainte  TWcHlorf»,  !e  voyant  appro- 
cher, se  sentit  glacer  tout  le  sang  dans  les 
veines.  File  fuit  devant  lui,  t  Ile  parcourt 
tous  les  coins  de  la  c.iambrc,  elle  est  déjà 
hors  d'hîileiiif^.  Mais  ce  g»'  uVe.ix  incon.iu 
s  elf  Tce  de  lui  fane  entei.dre  qu  il  n'est  pas 
venu  là  dans  le  dessein  de  lui  lare  oulrage. 
Kniin  laya  it  jo  ntc  dans  le  moment  cpieile 
comuKMiçail  a  n'en  pouvoir  plus  :  Ne  crai- 
gnez rien,  ma  siriir,  lui  dil-il  :  je  ne  suis  pas 
ce  que  je  vous  pa  a'S.  Je  su. s  un  des  frères 
]ui  me  suis  travesti  ansi  pour  vous  arracher 
Je  ce  lieu  :  je  viens  sauver  l'épouse  de  mon 
Seigneur,  sa  hrebis,  sa  colouifie  :  |;renei 
me>  h.ibils  et  donoez-moi  les  vôtres;  et  à  la 
faveur  de  ce  deguiseme.it  sauvez-vdis,  et 
ipie  I  p  vêlc>ncnl,  qui  vous  a  d'abord  causé 
tant  de  f,  aycur,  serve  à  vous  mettre  en  siV- 
relé;  ipie  le  Seigneur  vous  acccuupagiic. 
Théodore  reconnut  alors  que  Dieu  avait 
eiivo_f é  son  ange  pour  ferme,  la  bouche  aux 
lion  .  Llie  (  ha 'g*'a  proiuplciuenl  d'habit, 
chose  d  aut  ni  plus  facile  que  les  liabds  des 
deux  sexes  no  diffei aient  guère,  et  non  sa  is 
inquiétude  pour  son  libérateur,  elle  lui  laissa 


;i 


fllS 


ïiii: 


TIIR 


«Hfl 


1rs  sinis.  Il  lui  lii  (jmIuik.iu'  son  rlin|»onu  Jih- 
(HK!  Mil'  les  j  (Mi\  (4  il  lin  irc.Mi  II  111,1  ii(|.i  M  ut.  ml 
(io  li>s  baissor  rti  .Hort.'jiil,  de  ii'-  itni'U  s'mii'Ù- 
l(ir,  cl  tir  Mit  imilcr  l\  perso. un',  iii.iis  d  .iH'i'c- 
Icr  ijiiti  Cl»  \lriiaiir<'  hoiilciiM'  cl  ciiiliiinn^sut». 
D(Vs  (|ii(i  lliiMxJiiro  lui  lioi'^i  (11)  la  vin-  ilo 
ceux  i|tii  a  iiMK'iil  |>ii  l,i  i-cnHin.iiln',  cllo 
s'mTcMa  ;  i"l  (i(',)l<)vuiU  (Miiir  ainsi  uiro  .ses 
ail(>s,  ()||(j  prend  so'i  vol  vcns  lo  ciijl,  (inj 
V(MMil  de  l'ùli'i'  do  la  main  du  rancnn.  <,c~ 
pondanl  le  jj,(Miei'eu\  i:i(:nn'ni  t'iail  le.siij 
dans  la  cliaiidxi^  avoo  la  (;li;inlé  (|iii  lui  le- 
liait  c<»iupa(:,iiii!  ;  il  avail  la  liMe  eonveil  ■  nu 
voile  do  liKJodoit,',  ol  il  éiail  roOludo  su 
rol)e,  mais  poiia'il  de  jilus  une  enurorwio 
c|uo  la  eluuilé  lui  avail  do  niée.  D'ailleurs, 
quelqu'un  i\ii  ceux  qui  élaieiii  à  la  porte  du 
lut^is.  cioy.ml  coiunu!  les  autres  avoir  vu 
sortir  le  boldal  qui  le  prtinief  .y  était  entié, 
(•)uvril  liiusipieiiieiii  la  tliaiiibre,  el  i'ui  (!\- 
tréiueuieiil  suip/'is  de  Irouvi  r  un  lionniio  au 
liou  d  uni!  belle  fieiso me  ipi'd  eliere  ail.  Il 
soit  tîllVajié,  et  eno  an  prodige;  mais  celui 
qui  avait  sau^é  la  vieryc;,  ente  ulanl  ce;  ipio 
col  lioniinu  int.a  I,  bien  loin  do  .•'O  vouloir 
tui  bor  nous  un  J'aux  luiiuele,  s'écrie  :  No  i, 
«on,  il  u'y  a  ()  >inl  ici  de  prodi.^e,  el  le  Sei- 
gneur n  a  rien  dn\u^é  en  moi,  je  Sui-s  ce  ipie 
j'élais;  le  seul  cbaiii^emeiit  qui  est  arrivé, 
c'est  (jue  j'ai  une  couronue  ipie  je  n'avais 
pt»s.  t^onsule/-vons.  Vous  n'avez,  plus  à  la  vé- 
rité celle  que  vo  i*  aviez,  mais  vous  po  ivez 
avoir  le  plaisir  de  vous  en  venp,er  sui-  celui 
qui  YOviS  rosle.  Une  double  f)alint*  m'est  due. 
Jo  suis^eulré  ici  vier^^e,  et  jon  sortirai  vieii;5e 
8liii:irt;,  r,  ol  to.  jours  soldai  de  J^ésus-Cbrist. 
.  a  On  se  saisil  aussilùl  do  cet  excellent 
jeune  homme,  et<  n  lame  a  au  pi-étet,  Coiu- 
menl  vous  appelle-l-on,  lui  dil  ce  magistral? 
Oum'api'fc'lle  Diilyme.  répo+idiUi3  jeune  chré- 
tien. —  Le  préi'^'l  :  Qui  vous  a  eii^a^é  à  faire 
ce  ([ue  vous  av^'zfau?  —  D_. dinie  :  Dieu  lui- 
méuiH  me  l'a  commandé.  ^  Le  [irél'et  :  Avant 
que  je  vous  lasse  lueltre  ci  la  (jueslion,  ué- 
clai'e4  où  est  Théodore.  —  Djdimc  :  Je  vous 
iui'tv  que  je  n'en  sais  riei.  Tout  ce  quej.i 
puis  vous  eu  dire  de  certain,  c'est  que  c  st 
une  véritable  servante  de  IXieu,  et  qu'il  la 
conservée  pure  el  chaste  pnur  avoir  to  lies- 
se sou  Fils  Jésus-Ciuist.  (^'esl  pourquoi  je 
ne  prétend?  point  m'atlribuer  le  mérite  de 
celle  action  :  toute  la  gloire  eu  est  due  à 
Dieu  seul.  Car  il  a  ou  éj^ard  à  la  grandeur 
de  la  foi  de  celle  admirable  bile,  ainsi  q  .e 
vous-uiômes  pourriez  en  rendre  lemoign.ige, 
si  vous  vouliez  par.er  sincèrement.  —  Le 
préfet  :  De  quelle  condiiion  éles-vous?  — 
Dydiuîe  :  Je  suis  chrétien,  et  alfranchi  de 
Jésus-Christ.  —  Le  préfet  :  Qu'on  lui  don.ie 
la  question  plus  forte  deux  fois  que  l'ordi- 
naire, à  cause  de  celtt;  belle  action.  —  Di- 
d^  me  :  Je  vous  prie  u'êl^e  ponctuels  h  exé- 
cuter les  ordres  de  voire  maître,  et  de  i:e 
pas  diiférer  d'un  moment.  —  Le  [oréfet  :  Par 
,es  uuiux,  tu  peux  t  altendio  à  être  loar- 
muiiié  de  la  1)0  1  le  manière,  a  moins  que  tti 
nesacniies;  c'est  l'unique  mo.)en  d'être  ren- 
vo,)é  absous  de  l'action  té.uérau'e  que  lu  as 
osé   entreprendre.  —  Dydime  :   C'est  cette 


iiiAiiie  ;iclioii,  qin»  vous  eondnninor,  «|tii  doit 
*"us  l,iii(;  (onn.'iilre  que  je  suis  nn  vmi 
/ilhléte  du  Dieu  vivant,  qui  iMinhal  pour  se» 
iiili'nM-.  el  p.mr  sa  Kloire.  Kl  m  /i  cnn^o  de 
cela  vous  lolouble/  mes  lotirm  iils,  vous  no 
faites  (jii  •  réi:onipuMs<'r  dniiblcim'iil  dein 
bomies  /Il  lions  que  l'.-ii  Oiilcs,  d'nvoir  snuvé 
une  vierge  de  riilanne,  cl  d'avi.ir  confessé 
publi((  icine  it  le  Dieu  (pn*  j'ador'*.  Au  rcsti; 
n'espénv.  pas  que  je  s.icri'lie  jmt  d  nions; 
ipi.i  id  vous  me  fer.i!/  Iin^ler  Ion!  vif,  je  n'y 
.sacriiit.'iais  pa.s.  —  L«  prrtfet  :  Un-  i  ^nind(î 
aiidar^e  ikï  doit  pas  demeurer  impunie;  (>||e 
te  coulera  la  léte.  Ml  parce  qm;  lu  rias  pas 
obéi  fliix  édils  des  emjiereiiis.  ton  corps 
après  la  mort  sera  jeté  dans  le  feu.  —  Di- 
dviiK!  :  Dieu  tout  bon.  Pèriide  Fio(i(<Seigiioup 
Jésn>-t;iirist,  soyez  béni  h  ja.nais.  Vims  n'a^ 
vez  pas  rejeté  mes  V(h«  x,  vous  ave/.délivré  vo- 
lr(!  servante,  el  vous  couronne/ votre  servi- 
teur (i  une  doiibb;  (oinoiiiie.  On  lui  coupa, 
la  léte,  el  son  corps  fut  brrtlé.  »  (Huinart.) 
^  S.iiiil  Ambroise  r.iconle  (pie  quand  sainlo 
Tliéodoii;  siil  ipi'oii  allait  exi'-i  nt'c  Dydime» 
elle  vint  au  liini  du  supplice.  Kl.e  voulait 
iiiour.r  à  sa  pla .e.  llna  pieuse  conleslation 
sél.iblil  entre  eux.  Les  bourreaux  la  lermi- 
nènnii  en  décapitant  l'un  et  l'autre.  Ce  récit 
complèle  les  Actes  qu'on  vi<Mit  do  lire. 

1  ifiÉODOKLT  (saiiilj,  évéque  d<'  Cyr,  doc- 
teur de  l'Eglise  ol  confesseur,  était  d'Antio- 
che.  Sa  môio,  mariée  à  l'Age  de  dix-sept  ans, 
vers  380,  vécut  jusqu'à  vingt-trois  ans  dans  le 
luxect  la  coquetterie.  Ayant  été  vers  ce  temps- 
là  gt.éiic  d'un  mal  d'yeux  «pii  lui  était  sur- 
venu, par  lo  sain)  solita,re  Pierre  de  Galalie, 
elle  revint  à  une  vie  sainte  el  pé  litente.  Cette 
sainte  femme,  après  plusiei/rs  années  de  ma- 
riage, aviit  la  douleur  (iO  se  voir  stérile.  Kile 
pria  longtemps,  mais  en  vain.  Enlin  saint 
.»ia,:édone  lui  |)i0init  un  ûs,  h  condition 
qu'elle  le  consacrerait  au  service  de  Dieu. 
En  etfet  elle  accoucha  do  Théodoret,  treize 
ansaprèssonmaii.ige;  notresaint  uaquildonc 
en  39J.  11  fut  él.  vé  ilans  la  pratique  des 
vertus  et  de  la  piété  chrétienne  et  lUt  fait 
lecteur  dans  l'église  d'Aiitioche,  comme  nous 
le  voyons  oa:s  le  passage  suivant  de  ses 
écrits  où  il  dit  qa'il  était  allé  visiter  saint 
Zoiion,  solitaire  qui  domeucail  sur  une  raoii- 
lagiie  rivoisi nant  la  ville  d  Antioche  :  «  Je  le 
rencontrai,  dit-il,  qui  portait  deux  cruches 
d'eau  en  ses  ueux  maii.s  et  comme  je  lui  dé- 
nia idais  où  demeurait  l'admirable  Zenon, 
lui,  qui  ne  se  reconnaissait  point  sous  ce  ti- 
tre, me  répondit,  qu'il  ne  ^avait  point  de 
solitaire  qu  on  nommU  ainsi.  Celle  ré{)0iise 
si  modeste  m'ayant  fait  juger  que  c'était  lui 
même,  je  le  suivis  et  entrai  dan^  sa  cellule  où 
je  m'entretins  avec  lui  de  plusieurs  discours 
de  piété,  sur  le  sujet  desquels  je  lui  faisais 
d.'S  demandes  el  ii  éclaircissail  mes  doutes. 
Lorsque  l'heure  de  m'en  retournerfut  venue, 
JG  le  priai  de  me  donner  sa  bénéd  ction  pour 
ine  servirde  viatique  à  mon  retour;  cequ'il 
refusa  n  disant  que  c'était  ;  lu  ôt  à  lui  à 
me  demanjer  la  mienne,  pu  squ  il  n'était 
qu'un  sim,«le  particuliei'  et  que  j'éiais  du 
nombre  des  soldats  enrôlés  dans  la  luilice 


Wil 


TRE 


TnE 


1128 


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de  Jésus-Christ,  car  j'étais  lecteur.  Je  lui  rn- 
résontai  que  j'élais  encore  si  j(Mi;ie  ijue  l.i 
_,Trl»o  no  fiisail  que  roiuuiencor  h  me  venir  : 
et  ayant  fait  sornienl  de  ne  le  plus  voir  s'il 
me  contrait^nsit  d'en  user  ainsi,  il  se  laissa 
entln  fléchir  avec  beaucoup  de  peine  h  ma 
prière  et  offrit  les  siennes  à  Dieu,  mais  avec 
de  grandes  eicuses  et  en  lui  |)r()t<'si.'nt  ([ue 
la  seule  charité  et  l'obéissance  le  lui  faisaient 
faire  :  ce  que  j'entendis  parce  que  j'étais  au- 
près de  lui.  » 

Après  la  mort  de  ses  parents,  notre  saint 
se  retira  dans  un  monastère  où  il  resta  jus- 
qu'en li^23  où  il  fut  élevé  sur  le  siège  épis- 
co|inl  de  la  ville  de  Cvr.  Cette  vdle  était  si- 
tuée dans  la  province  de  Comagène  en  S.>  rie, 
appel  eaussi  Eupliraicsi.-nne  parce  que  l'Ku- 
phrale  la  bonlait  du  cùlé  de  l'oiienl,  et  la 
séparait  de  la  Mésopotamie.  Comme  il  n'avait 
quitté  que  malgré  lui  le  silenoe  et   la  soli- 
tude du  monastère,  il  en  conserva  toujours 
l'amour  dans  son  cœur,  quo  que  ses    enne- 
mis prétendissent  qu'il  ne  pouvait  vivre  sans 
action.  11  n'aima  pas  moins  la  pauvreté  (pie 
la  retraite.  Après  vingt-cincj  ans  dépisco[)at, 
il  n'avait  pas  acquis  pour  un   sou  de  bien 
et  n'avait  à   lui  que  les  'habits  très-pauvres 
dont  il    était   couvert.    Il    ne   reçut   jamais 
de  personne  ni  un  habit,  ni  la  moindre  somme 
d'argent.  Jamais  il  ne  demanda  aucune  fa- 
veur pour  lui  ni  k  l'empereur  nia  ses  minis- 
tres; et  quoiiiu'il  eût  beaucoup  de  personnes 
dans  son  docèse  qui  y  possédaient  do  grands 
biens,  jamais  il  ne  leur  fut  h  charge.  Dans 
sa  persécution  plusieurs  évéques  de  ses  amis 
lui  ayant  envoyé  divers  secours,  il  s'excusa 
de  les  accepter,  non  par  aucun  impris  pour 
eux,  mais  parce  qu'il  se  oonteniait  de  rece- 
voir ce  qui  lui  était  nécessaire  de  celui  qui 
nourrit  avec  tant  d'abondance  les   corbeaux 
eux-mêmes.  Sa  pauvreté  était  accompagnée 
dune  grande  compassion  pour  les  pauvres, 
et  assez  richepour  les  soulager  dansleurs be- 
soins, soit  des  biens  de  son  éolise,  soit  par  ses 
sollicitations   à  l'égard  des  autics.  Il  écrivit 
une  lettre  courte  au  palrice  Arcovinde  pour 
le  porter  à  faire  quelque  remise  aux  fermiers 
des  teires  qu'il  aviit  dans  son  diocèse.  «  Ce- 
lui qui  a  fait  toutes  choses,  dit-il,  et  qui  les 
gouverne  par  sa  sagesse,  distrilme  diverse- 
ment à  chacun  de  nous  la  pauvreté  et  les  ri- 
chesses, mais  par  la  même  jusiice,  atiii  (jue 
les  riches  trouvent  dans  les  besoins  des  pau- 
vres de  quoi  subvenir  h  leurs  l)esoins  spiri- 
tUfls.  Il  fait  de  même  sentir  ses  eliAtimenIs 
aux  hommes,  non-seulement  pour  les  punir 
de  leurs  péchés,   mais  enc.ore  alin  que  ceux 
qui  en  ont  h'  moyen  aient   occasion  de  faire 
voir  leur  compassion  et  leur  bonté  pour  leurs 
frères.  Que  la  disette  de  celte  année  vous  soit 
donc  un  moyen  d  enrichir  votre  Ame  :  faites 
une  vendange  abonilanle  et  attirez  sur  vous 
la   miséicorde  de   Dieu  par  celle  que  vous 
exercerez  envers  les   receveurs  et   les  pay- 
sans de  vos  terres.  » 

Il  eut  la  consolation  de  convertir  tous  les 
Ariens  qui  sp  t-rouvaieni  dans  son  diocèse  ; 
cepen  lant  il  n'olfril  h  Dieu  relie  moisson  si 
féconde  qu'après  l'avoir  semée  avec  beau- 


coup de  larmes,  de  peines  et  de  travaux 
et  après  l'avoir  même  arrosée  souvent    de 
son  sang.  Il  avait  souvent  été   lapidé  par 
ceux  dont  il  s'efl'orçnit d'amollir  la  dureté;  et 
pour  leur  procurer  la  vie  de  l'Ame  il  s'était 
vu  près  de  perdre  celle  du  corps.  Dans  ses 
ouvrages,  Théodoret  parle  de  la  persécution 
que  l'Kglise  de  Perse  soulfrit  de  son  t^^mps. 
Voulant  servir  les  lidèlesde  Perse  d'une  ma- 
nièie  digne  d'un  évoque,  il  écrivit  deux  let- 
tres A  Eulale  et  h.  Eusèbe,  évêcjues  de  la  partie 
de  l'Arménie  soumise  aux  Perses.  La   se- 
conde de  ces  lettres  est   plus  particulière 
pour  Eusèbe.  Il  l'y  exhorte  comme  le  se- 
cond évèque  de  celte  province  h  remplir  les 
devoirs  et  à  faire  les  fonctions  du  premier, 
qui  était  hors  d'état  de  servir  les  fidèles,  soit 
qu'il  fût  mort,  ou  qu'il  eût  renoncé  à  la  foi, 
ou  ((uelqu'autre  mison  que  nous  ignoron».  Il 
lui  représente  donc  en  peu  de  mots  quels 
sont  les  devoirs  des  pasteurs,  par  l'exemple 
des  soins  et  la  vigilance  avec  laquelb  Jacob 
conduisait   non  des  hommes    rachetés   d'i 
sang  de  Jésus-Chri'-t  et  dont  il  faudra  rendre 
compte  h  Dieu,   mais  les  troupeaux  de  son 
beau-père.  Il  l'exhorte  particulièrement,  lui 
et  les  autres  évoques,  h  a  voir  beaucoup  de  com- 
passion el  de  charilé  pour  ceux  (pii  étaient 
tombés  durant  la  persécution,  à  travailler 
pour  guérir  leurs  plaies  et  a  les  faire  rentrer 
dans  le  combat.   La  lettre  ^  Eulale  seml»le 
être  plus  générale  pour  lesévêques  du  même 
pays.  Il  y  traite  la  môme  matière  que  dans 
l'autre,  mais  avec  encore  jilus  de  force.  Il  y 
témoigne  la  part  qu'il  prenait  à  leurs  souJ- 
frances  et  particulièrement  au  danger  que 
couraient  les  faibles  dans  une  si  forte  ten- 
tation. Il  les  exhorte  à  témoigner  dans  cette 
occasion   le  courage  qu'on  attendait  d'eux. 
«  Un  évêijue,  dit-il,  n'est  pas  évêque  pour 
recevoir  les  respects  dos  peuples  durant  la 
paix,  mais  pour  combattre  à  leur  tête  du- 
rant la  guerre.  Les  animaux  même  les  plus 
faibles  et  les  plus  farouches  nous   appren- 
nent comment  les  pères  doivent  s'exposer 
jKiur  hnirs  enf.mts.  »  Cependant,  il  délendit 
Nestorius  contre  saint  Cyrille  et  contre  le 
concile  d'E|)hèseoù  il  accompagna  Jean  d'An- 
tioc.ie.  Il  croyait  que  cet  la-résiarque  était 
condamné  injustement;  mais  eidin  C»rillc 
ayant  élé  reconnu  orthod  )xe  dans  sa  foi, 
iR)tr«^  saint  lui  rendit   avec  joie   un   témoi- 
gnage publi('  en  é.  rivant  à  son  métrojtoli- 
tain   qui  y  était  eniièremont   opposé,  et  ^ 
Nestorius  lui-môme.  Quand  nous  n'aurions 
aucune  autre  preuve  do  la  pureté  de  sa  foi, 
elle  se  justilierait  assez  [>ar  la  simplicité  el 
la  joie  même  avec  laquelle  il  reconnut  sans 
dillicullé.  en  4."{-2  et  4.<3.  les  expositions  que 
sailli  Cyril  le  fit  de  safoi,pourcerlainerienlca- 
tholi(|!ies.jus(ju'hI''S détendre  ha  itemeni  sur 
ce  point  contre  son  propr'  méiropolilain,  en 
même  tem()s(pril  les  combtMaii  s.ird'aulres. 
Ensuite  noire  saint  s'attira  beaucoup  d  en- 
nemis en   comliatlfliil  l'iiérésie  d'Kulychès, 
mais  en  particulier  Dmscore  d'Alexandrie. 
Il  composa  des  dinlogutvs  contre  cette  fu- 
neste h'M-és'e.  Dans  l>  premic'  il  (trouve  quo 
la  divinité  est  immuable,  dans  lu  troisième 


1120 


TIIK 


TilE 


<I7,0 


qu*ullO()^tIlll|H)^.^>ll)l^^^'t^l>'^'lslo^OCOIl(l.(^u■l•llu 

a  (Hù  miii)  i\  Jt''su.s-Clnisi  avoc  la  iwilurc  liu- 
iiiaiîU',  .sans  (|u'il.v  ail  <'ii  ;mmiiiih  coiiiisidii 
do  ru!if  dans  l'aulrc.  Il  y  cdinlial  (.l'uv  (|Ui 
nu  vonlautnl  dithnei-  i\  JtVsus-Olnisl  (|u<<  lu 
liuni  il  '  Diuu,  (jui  vonlai'Mil  (|U(!  If  NCil»! 
(H[[  pUileU  passu  |iar  la  sainlc  \  it'i't^c,  t'I  non 
pas  (|u  il  iùi  iiû  (I  t'ili',  cl  (in'il  l'iU  plis 
iinclijiio  cliosu  ilf  sa  snbslancc  ;  (lui  ne 
l.iisiiient  qn'nno  suuiu  nainiu  du  I  liiiina- 
iiilé  cl  di'  la  divinilu,  cl  (pii  alliibnaicnl 
les  soutlVancos  de  Jcsns-Cllnisl  à  sa  iialmo 
divine.  Tliéodoicl  (il  ici  (luvia^^o  pour  su 
jusUiier  hii-mOine  ((Hilio  cuuv  (pii  coiidaiii- 
iiaiu.il  sus  su  iliiiiunls  aussi  bien  i[ue  pour 
l'airu  voir  la  lausselù  ilu  la  dorliiin^  du  ses 
«dvui'saiius.  Il  y  riscoiinail  eu  cllVl  ires-l'nr- 
leuiout  i'uiiile  delà  peisonnu  u'iJesus-lilnisl, 
el  }■  uvpriuiu  si  neiieiiieiil  la  lui  callKtii.pie, 
qu  il  u'v  avait  [)lus  aui  un  sujet  r.iisonnablc 
du  douter  ilu  la  [)UioU^  do  sa  doeirinc.  (^e 
n'est  pas  (pi'im  luiuvel  auteur,  dit  rillenionl, 
(jui  su  ileilaie  pailout  so'i  cnneini,  ne  pré- 
tendu quu  cet  ouvraj^u  n'usi  |)rupro  iju'a  lu 
faire  eu-idauner;  ipie  sous  préle.vtu  d  unsui- 
gner  la  loi  oallio  upie  il  y  uiiseii^ne  ellucii- 
vuiuent  lu  Nestoiufiisinu;  qu'il  ria»i:me 
adroilemeiil  ou  lu  [irouve  mêiueh  déoouv.  rt. 
Cepun.ia.it  dauirus  pui  soi  les,  (|ui  ne  luaii- 
quunl  point  du  ces  yuux  savanis  el  curieux 
(ju'il  ouiuan  le,  souiiuu  lent  cpi'on  la.t  an 
cela  unu  i^rande  injustice  a  Théudorut  ;  que 
la  doctrine  qu'il  établit  dans  ses  dialogues 
est  aussi  orllio.lox>!  ([ue  celle  ([u"il  combat 
est  co'Uraire  à  la  croyaicude  liijilisu.  H  y 
rejette  néanmoins  l'expression  que  Dieu  a 
souil'ert  dans  sacliair,  comme  une  ex|)ressioii 
Oljscuie  et  embari-assée  qui  pourrait  faire 
cron-e  que  Dieu  avait  souilV;rt  même  da:is  sa 
naiure  divine,  et  qui  n'était  pas  autorisée  de 
riicriture.  Mais  |>our  le  sens  callioli>iue  de 
celte  expression  il  l'avoue  d'u.ie  maiière 
trés-cla.re  ei  très-i'orte.  Il  djineure  d'accord 
dais  un  endroit  que  l'un  on  des  deux  natu- 
res reuu  les  noms  eommu  is.  Les  calomnies 
qu'liutyclie  et  ses  partisans  répandaient  con- 
tre lliuodoretfure'.it  por.é  s  jus.[u'à  l'empe- 
reur Tiuodose  ll,tiui,  sans  l'avoiie'ilei.dujle 
crut  et  le  déclara  coupable,  non  d'uérésie, 
mais  d  exciter  des  Iroubljs  dans  la  province 
l>ar  les  asjemblées  qu'il  tenait  à  Antioclie. 
11  écrivit  donc  à  Zéiion,  général  des  armées 
romaines  dans  la  S,  rie,  de  l'aire  en  sr>:  te  que 
iiotie  saint  demeurât  à  Cyr,  el  n'allai  pas 
dans  u'auires  vdles  pour  y  assembler  sans 
cesse  des  synodes.  Tliéodoret  accepta  cette 
esi)èce  d'exil  avec  joie,  parce  qu'il  lui  pro- 
curait le  repos  et  la  solitude  qu'il  aimait  taat. 
Il  resta  sans  sortii- de  s'^n  diocèsj  jus[u'a- 
pi  es  le  faux  concile  d'Ephése,c"est-à-dii  e  jus- 
que sur  la  lii  de  l'aniée  1*^**0,  au  grand  dé- 
sespoir d^  tous  les  liJèles  d'Oiieut.  11  écri- 
vit plusieurs  lettres  et  une  apologie  pour  se 
juslilier  des  accusations  lojustes  que  ses  en- 
nemis portaient  coUre  lui.  Ci;  fut  inutile: 
il  eut  la  gloi.e d'être  con  ùimné  [)Ar  cette  as- 
semblée d'iniquité  avec  Domnus  d'Antioche, 
sai  it  Flavien  el  plusieurs  autres.  Le  titre 
d'iiérésiiirque  qu'on  leur  donna,  les  anathè- 

Diciiosn.  DES  Persécutions.  II« 


ni(*s  (pi  on  pronoïK^a  contre  c(>ut  qui  lui  riii- 
draiu  it  les  inoindrcN  a.sNJ.slniicuK,  ul  Us  ler- 

lllc^  injuficux  dont  'l'li<'-odosc  parla  de  lui 
pu  après  dans  une  loi,  n'ctaie  il  <|ue  dc>> 
nianpK's  illiistnvs  do  in  vii^uiMir  uxtraordi- 
naïKt  avec  laipicllr  il  av.iil  d('' cndii  les  vi'-ri- 
tcs  de  l.i  loi  contre  lc>  ci  ruurj)  d'l'-Uty(;li(;  et 
d{>  Dioscorc. 

NolK!  saint  ('•crivil  au  pape  iiiic  i^iando 
Ictirc.  alin  dcsi;  jtistilier  des  aci  ii.ialioiis  jioiir 
les(picil(  s  on  lu  déposait.  Il  lut  rclé^u(''  d.iiis 
s(Ui  mo  lasicf  près  d'.Vpaiiii'i!,  ipii  ('-lait situé 
à  ciMipiantc  lieues  de  (^yr.  On  l'av.iii  privé 
di'.s  rcveiiis  de  son  église;  on  avait  dé  cndu 
h  loulcs  personnes  de  lui  doriier  ni  reir.dte, 
ni  vivres,  ni  (pioi  (pie  (  e  l'i1t.  l'àiliii  on  avait 
fiit  tout  ce  (pi'on  avait  pu  pour  |e  n'dnire  h 
niaïKpicr  même  d(;  [lam  el  d'eau.  Diveis 
(■•vc(pies  lui  (î'ivoyôrenl  de  largent  c-t  tout  co 
(pii  lui  ('lail  iKM'essaire.  K  ili  i  li;  ((idcile  de 
Cnalcédoine,  ipii  se  tint  en  V.'il,  rétablit  notre 
saint  sur  son  si(''ge.  Il  conliniia  d(!  vivre 
comme  par  le  passé,  dans  la  pialnpie  dc'S 
plus  grandes  vertus  et,  après  avoir  fait  diifé- 
leiils  ouvrages  en  l'Iioii  leur  de  la  religion, 
il  mourut  enlii,  vers  l'année  4-37. 

TllÉODOHLT  isaintj ,  prêtre  et  martyr, 
versa  son  sang  po  a-  la  foi,  en  l'an  36-i  de 
l'i'ie  clnélienne,  ;:(jus  le  lègne  de  Julien  l'A- 
l)Oslat.  Ses  Actes,  qui  sont  fort  beaux,  doi- 
vent trouver  ici  leur  place.  L'Lglise  fait  la 
fête  de  ce  saint  le  23  octobre. 

Martyre  de  suint  Théodorct,  prêtre. 

Juliei  s'étant,  par  sa  mauvaise  conduite, 
brouillé  avec  soa  cousin,  l'empereur  Cons- 
tanliiis,  se  réfugia  dans  l'église  de  Niconié- 
die,  où  il  regut  l'ordre  de  lecteur  :  il  en 
exeiça  même  quelque  temps  la  fonction. 
.Mais  eilin,  Constantius  étant  mort  sans  en- 
fants, Julien  lui  ayant  succédé  à  l'empire, 
il  lit  une  profession  ouverle  du  pag.inisme, 
releva  les  autels  des  idoks,  el  abattit  ceux 
du  vrai  Dieu.  11  est  vrai  (jue,  pr.  naut  une 
voie  tout  opposée  à  celle  qu'avaient  fenue 
les  autres  tyrans,  d  n'employa  que  rarement 
la  fore/,  les  menaces  et  les  tourments,  pour 
contraindre  les  chrétiens  à  suivre  son  exem- 
l)le.  11  crut  que  his  récompenses,  les  dignités 
et  les  caresses  seraient  des  moyens  [dus 
su  s,  plus  honnêtes  et  moins  odieux.  Son 
oncle,  le  comte  Julien,  qui  pour  récompense 
de  son  apostasie  avait  eu  le  gouvernement 
de  l'Orient,  y  rétablit  au.-sit(jt  le  cuite  des 
idoles.  Ayant  eu  avis  qu'il  y  avait  beaucoup 
d'or  et  d'argent  dans  le  trésor  de  l'église 
d'Antioche,  il  y  vint,  s'empara  de  l'église  et 
du  trésor,  après  en  avoir  mis  en  fuite  le 
clergé.  Chacun  se  sauva  où  il  ,'Ut.  Le  seul 
ThJodoret,  l'un  des  prêtres  de  cette  église, 
r>'Solu  de  s  ei.sevelir  sous  aes  ruines,  ne 
voulut  jamais  l'abandonner;  mais  ramassant 
les  frères  qui  étaient  à  Antioche,  il  célébrait 
avec  eux  la  collecte  (le  dimanche).  Ce  qui 
ayant  été  rapporté  au  comte  Julien,  il  le  fit 
arrêter  et  ame  ler  devant  lui.  —  N'ètes-vous 
pas,  lui  dit-il,  ce  Théodoret  qui,  sous  le 
dernier  lègne  ,  renversiez  les  autels  des 
dieux ,   décriiez  leur   culte ,   bâtissiez    des 

36 


1131 


THE 


THE 


IlSt 


é{;lise$  et  dressiez  des  tnoiuimonlsanx  morts? 

—  Oui,  ré[)oinlit  Th(^oili»rct,  jf  suis  o^lui 
qu»'  vous  dilt's;  i'ai  prururé,  autant  que  jn 
1  ai  pu,  qu'on  (MliliAt  dos  temples  au  Dieu 
vivant,  et  qu'on  b;Uit  des  églises  sur  les  tom- 
beaux des  martyrs  :  il  est  encore  vrai  que 
j'ai  df^truit  plusieurs  autelsdédiés  aux  idoles. 

—  Reconnaissez  donc  maintiMiant,  en  pn''- 
sencedes  dieux,  répliqua  le  comte,  ([uevous 
avez  fait  toutes  ces  choses,  et  demandez- 
leur-en  pardon.  —  Moi,  repii'  Tlit'odnret,  je 
n'ai  rien  fait  que  par  l'ordre  de  renq»ercur 
Citnstantius.  Mais  j'admire  (pie  vous  soyez 
devenu  en  m  moment  le  défenseur  et  l'a- 
vocat des  démons.  Vous  noinmerai-je  un 
prévaricateur?  —  Qu'on  lui  donne  vingt 
coups  de  bAton  sur  la  plante  des  pieds,  dit 
le  comte,  pour  avoir  osé  dire  qu'il  n'y  a 
pas  de  dieux.  — Tliéodoret  :  Sachez,  comte, 
qu'en  renongant  à  la  foi,  vous  vous  préci- 
pitez dans  une  mort  éternelle.  —  Le  comte  : 
Qu  on  lui  donne  vin,j,t  souillets,  pour  lui 
apprendre  à  ne  pas  blasphémer.  —  Théo- 
doret  :  Vous  honorez  (jui  vous  séduit,  et 
vous  maltraite/ qui  vous  dit  la  vérité.  —  Le 
comte  :  Vous  voila  déjà  tout  ému,  pour  quel- 
ques coups  que  vous  avez  reçus.  Vous  ver- 
rez bien  autre  chose,  si  vous  ne  })renez  la 
résolution  de  sacrilier  aux  dieux.  —  Théo- 
doret  :  De  gr.ice,  n'anpele/.  point  dieux  les 
ouvrages  do  la  main  des  liommes  :  souve- 
nez-vous de  ce  que  vous  avez  cru  autrefois. 

—  Le  comte  :  Vous  n'avancerez  rien  auprès 
de  moi,  avec  tous  vos  disiours  si  reiherc  es. 

—  Théf)dorel  :  Lorsque  vous  adoriez  le  vrai 
Dieu,  la  vérité  était  sur  vos  lèvres  et  dans 
votre  cteur;  vous  l'aiuiiez,  et  vous  aviez  le 
mensonge  en  horreur  ;  niais  aujourd'hui 
l'orgueil  Vous  ferme  les  yeux  et  vous  eliange 
le  cœur;  vous  h  iissez  la  vérité  et  vous  ai- 
mez le  mensonge.  —  Le  comte  :  Vous  faites 
l'orateur,  et  vous  disrourez  e't  so|)liist(', 
comme  si  vous  ne  faisiez  que  de  soi  tir  des 
écoles  d'Athènes.  —  Tliéodoret  :  Ce  n'est 
point  aux  é  oies  d'Athènes  (pie  j'ai  pris  ce 
que  je  vous  dis,  mais  à  eelle  du  S:unl-Ks- 
prit.  Puisse-t-il,  seigneur  Julien,  vous  inspi- 
rer de  meilleurs  senhmeiits  I 

Le  (Ointe,  irrité  do  la  résistance  ef  des  ré- 
parties do  Tliéod' ij'et,  le  lit  attacher  h  quatre 
|»ienx  f(»rt  éloignés  l(>s  u  isdes  anlres;  ipiaire 
roues  étaient  [tlaciées  lian.s  la  même  distance, 
j>ar  le  moyen  des(pielles  on  allongeait  les 
tiras  et  les  jamb(\s  di  saint  avec  une  si  grande 
vi(tlence,  (pi  il  paraissait  av'ijr  huit  pieds  de 
longueur.  Alois  le  comte  lui  dit  :  Lli  bien, 
riieitdoiet,  cela  fait-il  mal?  —  Théod<>ret  : 
A'i-tu  di'jà  r)ul)lié  ee  (pie  je  viens  de  te  dire, 
que  les  ouvrages  di»  l.i  main  des  hommes  ne 
pi.'uvenl  être  «les  dieux?  Hecoiinais  piuhM 
celui  qui  l'est  en  cMet,  et  J.  sns-«lhrist  son 
Fil>  qui  a  (;r»''é  le  ciel  et  ht  terre,  le  sang  dn- 
qii'l  t'avait  ra(  hetn.  —  L  •  comte  :  (Jiioi.  cet 
homme  (pii  n  été  rrurilié,  ipii  est  mort  et 
(pii  a  été  enseveli,  tu  dis  qu'il  n  créé  le  ciel 
et  la  terre?  —  Théodoret  :  Oui,  cet  homme 
(pii  a  été  rriK  itié,  (pii  est  mort,  qui  a  été 
enseveli  pour  notre  salut;  ajoute,  (  t  (pii  est 
r*>«<)*uscit<^ ,  je  dis  qu'il  a  créé  toutes  •  hosAi; 


je  dis  qu'il  est  le  Verbe  et  la  sagesse  du 
l'èie.  Tu  l'as  ad  iré,  lorsque  tu  tes  laissé 
conduire  à  la  raison  et  Ji  1 1  vérité,  si  toule- 
foi.s  tu  les  as  j.iraiis  écontées. —  Le  comte  : 
r.rains  les  dieux,  et  obéis  h  l'empereur;  car 
il  est  écrit  :  Le  cœur  du  roi  est  en  la  main 
de  Dieu.  —  Théodore!  :  Oui,  le  c  t-urdn  roi 
qui  connaît  Dieu,  et  non  le  (-<eur  d'un  tyran 
qui  adore  le  démon.  —  Le  comte  -.  Insensé,  tu 
oses  afipeler  l'empcneuriin  tyran.  —  Théod(j- 
ret  :  S'il  est  tel.  et  s'il  commande  les  chos  s 
que  tu  dis,  on  doit  le  rt»g«rder  non-seulement 
comme  un  tyran,  mais  (omme  le  plus  misé- 
rai  »le  de  tous  les  hommes. 

Le  comte,  frémissant  de  rage,  ordonna 
qu'on  tourmentiU  le  martyr.  El  comme  il 
aperçut  le  sang  (|ui  commençât  à  couler  de 
ses  plaies  avec  abondance,  il  lui  dit  :  Sacri- 
fie maintenant  aux  dieux.  —  Théodoret  :  Je 
ne  connais  point  des  dieux  qui  sont  faits  de 
la  main  des  hommes  ;  je  n'en  connais  qu'un 
seul,  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre,  et  les  liom- 
nies  même.  —  Le  comte  :  Je  vois  bien  que 
tu  ne  sens  pas  encore  assez  les  tourments. 
—  Théodoret  :  Je  ne  les  sens  pas,  il  est  vrai, 
parce  (|ue  Difui  est  avec  moi.  —  Le  comte  : 
On  ma  dit  que  tu  étais  redevable  d  u"»© 
somme  considérable  au  trésor  pul)lic,  et 
que.  te  voyant  insolvable,  tu  es  bien  aise  de 
mourir  pour  sortir  d'atfaire.  Tu  pmix  t'(m 
tirer  à  mei  leur  marché,  et  sans  le  donner  la 
peine  de  mourir  :  tu  n'as  qu'à  sacritier  aux 
dieux,  et  je  te  promets  d(>  i  obtenir  un  acquit 
général  de  tout  ce  (pie  lu  dois.  — Théovioiel  ; 
Que  ton  or  et  ton  argent  périssent  avec  toi 
et  avec  ton  (>mpereur.  Je  ne  dois  rien  à  per- 
sonne; je  ne  dois  qu'à  Dieu  seul  un  amour 
pur  et  une  parfaite  obéissance.  Je  le  prie  de 
me  faire  recevoir  bieiit^M  l'elfel  de  ses  pro- 
messes. —  Le  comte  :  Quitte  toutes  ces 
folles  espérances,  ol  songe  à  conserver  ton 
ilme.  —  Théod(»ret  :  M.iis  toi,  (lense  h  n— 
tourner  à  Dimi,  d(i(|uel  tu  t'es  si  tort  éloi- 
gné, et  regigno  ton  Ame  que  lu  as  si  mal- 
heureusement pt>rdue. 

Le  comte  tii  redoubler  les  tourments,  et 
lui  dit  :  lu  t'es  intatué  d'une  vaine  obéis- 
sance h  nu  homme  crucilié,  au  lieu  de  la 
rtnidre  h.  l'emjiereur.  —  Théodoret  :  Sacfie, 
impie,  (pie  cet  homme  crucilié  peut,  (piaïul 
il  vinidivi,  t'«»nvoyer,  toi  et  ton  maître,  au 
feu  de  I  enfer,  el  vous  devez  tousdcnix  \ous 
y  altendrc ,  lorsijuo  vous  comparaîtrez  de- 
vant son  tribunal,  t. 'est  une  vc'-r.té  (pie  lu 
ne  dois  pas  ignorer.  —  Le  comte  :  En  alt»ni- 
dant  ce  jour-lh.  je  vais  tcmjours  par  pr<  vi- 
sion le  faire  l>ri^ler  toit  vif;  et  là-«lessu  il 
ordonna  (pi'oii  appliqiKU  «bnix  tlambca  «x 
allumés  aux  oMes  du  martyr,  l'eiidanl  quo 
la  tlammc  agissait  sur  sa  chair  et  la  faisait 
fo  idre  peu  h  peu.  il  éleva  les  yeux  au  ciel, 
et  dit  :  «  Dieu  loul-puissanl,  créateur  de 
l'univers,  .sauveur  des  hommes,  daignez  for- 
litier,  dans  votre  serviteur,  l'esiiérance  (jiio 
vous  lui  ave/  permis  de  m(>ltre  en  vos  |>ro- 
messes;  .soutenoz-le  dans  les  tourments  (pi'il 
endure  pour  vous;  faites  sentir  aux  méchants 
tout  votre  pouvoir  ;  (ju'ils  connaissent  que 
comme    vous    n'avez  que  des  grâces  pour 


liSS 


THE 


THK 


1154 


(l(tS  MI|l|lll(-('.S   |)(MII' ceux    l|(li    vous    IIW(ll>|ll<'lll 

«l(>  lidiWilA  :  Soimii'iir,  (|U(>  votro  iioiii  .soil 
Klr»rilit^  thiiis  tous  li-s  siffles,  u  A  ces  niitls, 
Ims  Ixtitii'caiix  l()iiil)(!iit  av(M-|i>urs  ll.iinhi.'Mii 
l(^  vis;ii;;(»   ((iiilrc   icirc  (1).  Lour  «^liiil»  jola 

(jHcllUM)     IlOIlhlM    iInIIS    I  CSplil    (lu     CUUlll',    cl 

(M!V(t\M   st's  g.iitlc.s  ;  il   Ml  itMuit   tuulcfuis,  et 
ItMM" Coiuin^'ida  «lit  r(»l('Vor    los  hounvaux. 
Uoiircnez   vos  n.imh'aux,   dit-il   à  r«jux-('i, 
lr>rs(|u'ils  l'urcU   rclfvt's,   csl   aj>|)r(>(li('/-l(«s 
u'io  socoiidt»   fois  des  <'At(Vs  do  v(\l   liotnuu»; 
iK»  craignez   riou.  —  Scij^int'ui',  lui  répouHi- 
i*("it-ils,  ay(v.  la  honlt^  de  doiuicr  cet  ordre  h 
d'autres;  pour  nous,    il  uous  est  iuipos^^ihlo 
d(^  l'exéruliM";  vous  mous  voyo/  ♦>urf)r«»  tout 
<^pouvant(Vs  d'une  vision  ipi»  nous  avoMs  mn; 
de  (piatrc  anues  vtMusd(>  blanc,  (|ni  s'cutre- 
tenaiont  avec  lui,  it  c'est  c(*  (|ui  nous  a  t'ait 
fou)h(>r  par  tone.  A  cetl(>  n^poiso,  le  conilo, 
ne  se  possi''d;\nt  plus,  til  jeter  les  bourreaux 
dans  la  mer  ('2).  Connue  on  les  conduisait  a 
la  mort,  Tlu^odorcl  leur  cria  :  Allez  toujours 
devant,  mes  Itères;  je  vous  suivrai  de  près; 
dans  f)eu  j'irai  recevoir  de  la  ni.tiu  ilu  Sei- 
gneur la  cuin-onie  (pi'il  d<'siino  à  tous  ceux 
qui  ont   remporté   ici-bas  la  victoire.  —  Lo 
comte  :  Où  est  rennemi  ([ue  tu  as  vaincu, 
et  quel  est  donc  c(  lui  qui  a  tant  de  couron- 
nes à  donner?  —  Thèodoret  :  Le  démon  est 
ce!  ennemi,  et  In  combats  [H)ur  lui.  Kt  Jésus- 
Christ,   le  Sauveur  du   monde,  est  celui  de 
qui  j'attends  la  couronms  et  c'est  par  lui  et 
pour  lui  que  j'es(tère  de  vaincre  —  Le  comte  : 
Pauvre  abusé,  de  q.ii  parles-tu  \h1  do  je  ne 
sais  quel  homme,  dont  [)ersonne  n'ignore  la 
naissance  ordinaire  et  la  mort  lionteusc,  ar- 
rivée il  f)eut  y  avoir  tiois  cents  ans  :  et  tu 
veux  nous  faire  passer  cet  hounne-l  i  pour  le 
créateur  de  toutes  choses  !  et  tu  crois  bonne- 
înont    qu'il   a   de    grandes   récompenses    à 
donner!  —  Théodoret  :  Quoique  je  sois  per- 
suadé que  tu  es  indigne  d'entendre  la  parole 
de  Dieu,  toutefois,  de  peur  que  mon  silence 
ne  scandalise  les  lldèles  i|ui  sont  ici  présents, 
et  qui  j)ourraient  peut-être  penser  que  je  n'ai 
rien  de  solide  h  te  ré|)ondre,  je  veu\  bien  te 
remettre  devant  les  yeux  des  vérités  que  tu 
as  sans  doute  oubliées.  Apprends  donc  que 
Dieu,  qui  a  créé  tout  s  choses  par  son  Verbe, 
touché  de    l'état  déplorable   où    l'idolâtrie 
avait  réduit  les  honunes,  a  bien  voulu  en- 
voyer ce  même  Verbe  sur  la  lerre,  pour  s'y 
revêtir   de   leur  nature  da  is  le  sein  d'une 
vierge.  Car,  la  divinité  ne  pouvant  tomber 
sous  les  sens,  elle  s'est  servie  de  ce  ujoven 
pour  se  rendre  visible  et  en  luèmc  temps 
sensible.  Ains  ,  ce  Dieu  plein  de  bonté  ayant 
soulfert  volontairement  pour  nous,  nous  a 
méi-ité  par  sa  mort  ce  salut  éternel  que  tu  as 
perdu  par   ton  apostasie.  —Le  comte  :  Je 
vois  bien  qu'aucun  supplice  ne  peut  vaincre 
ton  enlôtement;  tu  les  méprises  tous;  peut- 
être  que  la  mort  ne  te  paraîtra  pas  si  mépri- 
sable :  sacrilie  donc,  ou  songe  à  mourir.  — 

H)  Ce  miracle  est  rapporté  par  Adon,  sur  le  23 
octobre. 

(2)  Ou  piut44t  danî  1  Orooie. 


'l'hiMiduret  :  Moi,  sacrMiep?  Il  y  u  trop  li/u^- 
teMij's  qui'j'iu  renom  ('•  «ii  démon,  loti  pèi«. 
Mats  pour  le  qui  est  de  mourir,  (puj  le  Diou 
(pii'  l'adore  iiitt  fasse  hi  Kraco  du  n'en  point 
liim\er  auprès  du  tyran  (  Julien  ).—  Lu 
comte  :  Dis  tout  ce  que  tu  voudras,  je  tu 
laiss(>rai  vivre.  -^  l'Iiéodorel  :  Kli  bien,  son.;© 
doue  a  mouiir  loi-inèi<i<;.  Je  le  pr('<dis  rpiu 
eu  sera  parmi  les  douleurs  les  plus  MiKiien 
(pi(!  lu  rendras  ton  Ame.  A  ré;^ard  du  tyran 
(pii  osjiéri'  vaincre  (hjs  l^;l•se^j,  il  sera  lui- 
même  vaincu;  um^  main  inconuuo  lui  ôlo:a 
la  vie,  et  son  corjis  demeiireru  sans  sépulture 
dans  une  lerre  ««trangére. 

Lo  eoml(!,  voulant  arrêter  le  cours  de  seH 
prédictiotis  funesies,  se  hiUa  de  prononcer 
sa  senteiiK!  contre  le  saint;  il  le  condamna 
t»  mort.  Théodoret,  en  la  recevant  dit  :  «  Je 
vous  n  nds  gr.-lces,  Seigmnir,  do  ce  (pus  vous 
avez  ainsi  couronné  ma  peisévérance.  <>  (,'<;. 
peîidant  le  comte,  élant  de  retour  chez  lui, 
passa  une  très-mauvaise  nuit.  Le  lendemain 
il  alla  au  palais,  où  après  avoir  adoré  l'inn- 
pereur,  suivant  la  coutume  iiniiie  des  cour- 
tisans de  c(î  prince,  il  lui  dit  :  Votre  Majesté 
l)eut  voir,  par  l'état  que  je  lui  présente,  la 
(|i|anlité  d'or  et  d'argent  qu(!  j'ai  tirée  de  l'é- 
glise d'Anlioche^  et   (jue  je  viens  de  faire 
porter  dans  son  épargne  :  mais  j'ai  fait  plus, 
seigneur,  car  j'ai   fait    exécuter  à  mort  ce 
inéchant  prêtre  Théodoret,  que  Vfjtre  Ma- 
jesté faisait  chercher  avec  tant  de  sohi.  Cela 
ne  plut  pas  à  Julien,  et  il  ne  put  s'empêcher 
de  le  témoigner  à  son  oncle.  Vous  ne  m'avez 
pas   fait   plaisir,    lui  dit-il,  d'en  user  de  la 
sorte.   Je    travaille,   à  la  vérité,  à  abolir  la 
secte  des  Nazaréens  ;  mais  je  ne  me  sers, 
pour  cela,  que  de  bons  arguments;  je   n'y 
em()loie  que  le  raisonnmnent  et  la  persua- 
sion,   et  on   ne  m'a  point  vu  encore  avoir 
recours  à  la  force  et  à  l'a  violence.  Cependant, 
par  celle  (pie  vous  avez  exercée  contre  ce 
prêtre,  vous  fournissez    aux  Galiléens   un 
beau  prétexte  de  se  déchaîner  contre  moi, 
et  do  m'accabler  d'écrits  injurieux,  comme 
ils  en  ont  si  souvent  publi*^  contre  mes  pré- 
décesseurs, donnant  imoudeuimeit  le  nom 
de  martyr   à  Jes  scélérats  que  ces  princes 
avaient  justement  condamnés.    N'en  faites 
donc  plus  mourir  à  l'avenir,  et  ordonnez  la 
même  chose  aux  .juges  de  votre  département. 
Cette  remoulrance  de  Julien,  quelque  modé- 
rée qu'elle  lut,  ne  laissa  pas  ne   [)orter  un 
coup  mortel  d  ms  r<hne  du  couite;  ses  veux 
se  troublèrent,  son  visage  pâl:t  :  l'empereur, 
qui   s'en  aperçut,  tâcha  aussitôt  de  lui  re- 
mettre l'espr.t,  en  lui  disant  ;  Allons,  mon 
oncle,  allons  au  temple;  j'espère  que  le  sang 
des   vict  mes   qu'on  jettera  sur   vous  vous 
rendra   la   santé  et  la  joie.  Le  comte  suivit 
l'empereur  au  iemple;  mais  son  cœur  était 
plongé   dans   une    tristesse  profonde.  Les 
prêtres   h-ur  portèrent   des    oiseaux  qu'on 
venait  d'immoler  aux  idoles,  et  qu'on  avait 
fait  cuire  sur  l'autel  :  Julien,  après  en  avoir 
mangé,   en  présenta  à  son  oncle  qui  ne  fit 
qu'y  toucher,   soit  que  les  prédictions  de 
Théodoret  commençassent  à  leffrayer,  soit 
que  la  réprimande  de  l'empereur  lui  causât 


il55 


THt 


THE 


il5G 


de  riniiuiélude.  Il  se  retira  m^me  en  so'i 
palais,  (i^s  que  le  sacrifice  fut  achevé,  ayant 
l'AniP  (également  agitée,  et  du  remords  df 
son  crime,  et  de  la  crainte  d'être  dis^rik;é. 
Il  ne  voulut  rien  prendre.  Le  soir,  il  t  u  at- 
taqué d'une  douleur  violente  da-is  l'es  .)mac 
et  dans  les  intestins.  C.g  morceau  funeste 
qu'il  avait  avalé  dans  le  temple  lui  avait  mis 
le  foie  en  |)iéces,  et  il  en  jetait  de  temps  en 
temps  des  morceaux  |iar  la  i»ouche.  E  uin,  le 
mal  augmentant,  il  envoya  supplier  l'empe- 
reur de  faire  ouvrir  les  églises.  L'empereur 
lui  manda  :  Je  ne  les  ai  [)oint  fait  fermer  1), 
et  je  ne  les  ferai  point  rouvrir.  Le  comte 
renvoya  h  Julien  lui  dire  :  C'est  à  cause  de 
vous,'  ù  empereur!  que  je  soutire,  et  c'est 
pour  avoir  eu  pour  vous  tiop  de  complai- 
sance que  je  péris.  Julien  lui  lit  celte  ré- 
ponse :  Ce  sont  les  dieux  qui  vous  punissent, 
offensés  du  peu  de  foi  que  vous  avez  en 
leur  pouvoir.  Enfin  le  mallieureux  comte 
expira,  mangé  des  vers,  a[)rès  avoir  enduré 
des  douleurs  incroyables,  suivant  la  prophé- 
tie ilu  saint  martyr.  Lnrs((u'on  aniiontja  celle 
mort  à  Julien  :  il  avait  manqué  de  lidélite 
aux  dieux,  dit-il;  les  dieux  se  sont  vengés. 

La  prédiction  du  saint  martyr  s'accom- 
plit pareillement  à  l'égard  de  ce  prince  apos- 
tat; car,  étant  parti  peu  de  temps  après 
pour  la  guerre  de  Perse,  il  y  péril  miséra- 
blement. Le  ciel  même  se  déclara  haute- 
ment pour  ses  ennemis;  et  un  jour  qu'd 
croyait  avoir  remporté  sur  eux  quelque  avan- 
tage, il  fut  bien  surpris  de  se  voir  sur  les 
bras  de  nouvelles  troupes  toutes  composées 
d'anges,  il  fait  sonner  la  charge;  mais  il  se 
sont  dans  le  moment  frappé  d'une  llèche, 
(pii  par  le  milieu  de  l'air  vint  lui  |)ercer  le 
tlanc.  Alors  ,  s'imagina  it  voir  Jésus-Christ 
dans  un  nuage,  il  remplit  sa  main  du  sang 
qui  coulait  de  sa  blessure,  et  le  jetant  con- 
tre le  ciel,  il  s'écria  :  «  Ouoi,  (ialiléf  i,  tu  me 
poursuivras  jusqu'au  milieu  de  mon  armée? 
Tout  blessé  que  je  suis  de  la  main,  j'aurai 
assez  de  force  pour  te  rt  nonctT  encore  en 
iiiourant  :  rassasie-loi  de  mon  sang,  Christ, 
et  glorili  -toi  d'avoir  vaincu  Julien  1  »  On 
l'euqtorla  da^s  une  bourgade  voisine,  où  il 
mourut  quel(^ues  heures  aj)rès. 

Nous ,  serviteurs  de  Dieu,  (juoique  pé- 
cheurs, tivons  émit  avec  une  exacle  hdélilé, 
tout  ce  (pii  s'est  passt;  h  la  mort  du  bienheu- 
reux Theodoret ,  dont  nous  avons  été  té- 
uiouis  n(  iiLiirt-s,  élanl  logés  ^  Anlioche,  dans 
le  palais  de  l'empereur,  et  r.t\anl  suivi  en 
Perse  Nous  prions  ceux  (jui  jellerorii  les 
y«'ux  sur  (elle  relation,  de  se  ^ouven  r  do 
nous  dans  leurs  piicres,  et  noui>  ^ouhaitons 
cpi'ils  puissent  un  jour  p.trtai^er  avec  le 
saint  martyr,  la  .;lo  w  dont  il  jtiuit  dans  le 
ciel,  avec  i>olie-Stngieur  Jé>us-Cluisl.  (Tiré 
de  truis  manuscrits  et  des  Analecles  dt;  Ma- 
bilion,  tom    IV.) 

THKODOSE  (sailli),  martyr,  donna  sa  vie 
pour  l.i  foi  sous  r«niipirf  rt  durant  la  |>cr.sé- 
culion  de  Claude  11  ilil  h'  tiollinpie,  avicles 
saints  Pierr»-,    Mar< ,    Luciu^  vt  quarante-six 

(i)  Hors  U  |^;iii)lr  cfUse  dos  .iri«'n>. 


autres  soldats,  que  le  tyran  fit  décapiter  aus- 
sitôt après  que  le  pape  les  eut  bn|)tisés. 
Ils  furent  enterrés  sur  la  voie  Salaria,  avec 
plusieurs  autres  martyrs,  au  nombre  do  plus 
de  cent  vingt.  L'Eglise  honore  leur  mé- 
moire le  '2o  octobre. 

THÉODOSE,  moine  imi)ie  et  ignorant, 
était  eu ty chien.  At)usant  de  la  |)roteclion 
(|ue  lui  acordait  l'impératrice  Eudoxie,  veuve 
de  ThJodose  le  Jeune,  il  s'em()aia  du  siège 
de  Jérusalem  au  déiriment  de  Ju  vénal,  cl  de 
là  faisait  des  excursions  h  main  armée  contre 
les  chrétiens.  Il  fit  soiilfrir  aux  calhnliques 
les  plus  cruelles  persécutions,  et  lit  mourir 
en  particulier  saiit  Sévérien  ,  évèque  de 
Scytnopolis,  en  l'an  i52  ou  453. 

THÉODOSE  (sainte),  martyre,  versa  son 
sang  pour  la  foi  à  Ami  le  eh  Pa;>hlagonie; 
on  ignore  à  quelle  époque  :  on  sait  seule- 
ment qu'elle  soutfrit  avec  les  saintes  Alexan- 
dra,  Claude,  Eujjhrasie,  Mjtrone,  Justine, 
Euj)hémie,  D^M•phule  el  sa  sjeur.  L  Eglise 
honore  la  mémoire  de  ces  saintes  femmes 
le  20  niars. 

THÉODOSE  (saint),  martyr,  répandit  son 
sang  po  ir  la  défense  de  la  religion  avec  les 
saints  Quadrat  et  Emmanuel.  Nous  ignorons 
le  lieu,  la  date  et  les  circoiistances  de  leur 
martyre.  L'Eglise  fait  It'ur  fête  le  26  mars. 

THÉODOSIE  (sainte),  jeune  vierge  de 
Tyr,  fut  martyrisée  en  308,  à  Césarée 
de  Palestine,  par  ordre  d'Urbain,  ce  gou- 
verneur barbare  qui  tit  tant  mourir  de  chré- 
tiens durant  la  persécution  d'  Dioclélien. 
Laissons  parler  Eusèbe,  témoin  oculaire  de 
ce  q  l'il  raconte. 

«  11  y  avait  déjà  cinq  ans  que  la  persécu- 
tion durait,  el  elle  «nilevait  chaque  jour  à 
Césarée  plusieurs  chrétiens ,  lorsque ,  le 
pro[)re  jour  de  P.Upus,  (jui  celle  a  luée-là 
tombait  le  second  du  mois  xantique,  c'est- 
à-dire  le  (]ualriéiue  des  noues  d'avril,  une 
jeune  vierge  de  la  ville  de  Tyr,  nommée 
Théodosie,  qui  avait  à  peine  atteint  l'.^ge  de 
dix-huit  ans,  mais  d'un  esprit  mClr  et  >ol!dj, 
d'un  maintien  grave  el  modeste,  el  suiiout 
fidèle  à  Jésus-Christ,  fiit  arrêtée  par  les  gar- 
des du  gouverneur  pour  s'être  approchée  de 
quelques  sainis  martyrs  (pi'elle  apeivul  en- 
chaînés à  la  porte  du  palais,  sOit  qu  elle  no 
vouliU  (jue  Il'S  saluer,  soit,  ce  ipii  esl  assi  i 
vraisemLilable,  qu'elle  eût  desstnn  de  se  re- 
commander à  leurs  prièr.'S.  Quoi  qu'il  en 
siiit,  comme  si  elle  eût  commis  le  plusgra  id 
des  crimes,  ce  juge  iiKseusé,  Ir.mspoi  lé  ilune 
fureur  aveugle  et  «pie  la  nature  ne  permet 
pas  aux  bêles  même  les  plus  féro,es,  lui  lit 
déchirer  les  côtés  cl  les  mamelles  avec  îles 
ongles  d  •  fer,  ce  «m'elie  piidu.a  avec  u  ie 
gaieté  ipii  r. •doublait  la  rage  du  t,. ran;  tel 
homme  furuniv  vova ni  <{u  il  lui  restait  <ni- 
core  <pitl(pie  soufile  de  vie,  la  tîi  jeter  dans 
la  mer.  Aiires  quoi,  eidh'  u'uiic'  si  houleuse 
el  si  cruelle  victoire,  il  relourn.i  aux  autres 
confesseuis,  qu'il  condamna  aux  mines  de 
cuivre  (pii  sont  à  Phé.ium  dans  la  Pales- 
tine. »  L'Eglise  célèbre  la  fêle  de  sainte 
Théodosii!  le  2  avril. 

THÉODOSIE  ,>ainte),  martvre,  cueillit  la 


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THC 


WiH 


palinc  (lu  marivro  nvnc  s/rtil(<  hMoHio  ol  les» 
s.Mints  Doiiiiro,'  A(|iiilas,  l'.|i(ir.jui'.  I.c  Mar- 
lvn>l(>;^i«  romain  im  (Idiiiic  piis  ih-  drtails  sur 
les   circonslaiiccs  de  leur  conilial,  ni  iiuMiio 

lt«  Il »ù  ces  sainls  l'iinMil  mail yiisrs.  I/IC- 

j;li-c  linnorc  leur  m<''m<tir(>  le  'l'\  mars. 

rill'.ODOrM,  lui  aii(M('  à  IJv/aiic(»,  sous 
\o  («""gMo  (l(>  rniipcrciir  Marr-Aiin'li'.  avec  un 
i;raii(l  iioinhrc  (l(^  (liiM'Iid'is.  Sciviliiis  Ca- 
pclla,  (;oiivt'i'i(Mir  ou  |»rocoiisiil ,  les  ayail 
Ions  l'ail  appii(|U('r  j^  la  ipicslioii,  'I'IummIuP» 
si'iil  renia  Jrsns-Chrisl.  Ce  piiMincr  crime, 
la  ho'ile  (pi'il  (>n  éprouva,  le  lireiil,  (pi('l(pi<> 
loMips  api'és,  lomlxM'  dans  l'iiérésio. 

Tlll'X)l)(>  Tl''  (sainl),  caharelicr  et  martyr, 
Ail  mis  à  mori  pour  la  loi  soirs  l'empire  de 
Dioi'lélion,  en  I  anné(>  .'lO'J,  à  Aiicyrc,  par 
ordre  du  j;ouv(>i"i(>nr  'riiéoelèiie.  Nous  don- 
nons ii'i  ses  Aelis,  (pioicprils  soieiil  tort 
longs.  Ecrils  parINilus,  témoin  oculairo, 
ils  oonstilnent  nno  des  plus  bell(\s  piéci'S 
(pie  possède  l'Kglisc  h  propos  des  mar- 
tyrs. 

«  Jo  veux  laisser  h  la  postérité  des  mar- 
ques éternelles  de  ma  reconnaissance  en- 
vers le  sai'it  martyr  Théodote,  en  lui  lais- 
sant le  récit  lidéle  des  p;lorieux  combats  do 
ce  généreuv  alhléle  de  Jésus-Christ.  Les 
bons  oltices  que  j'ai  reçus  de  cet  ami,  dont 
la  nu'>moire  mo  sera  toujours  inlinimont 
cbéro,  demanderaient  d(\  moi,  non  do  sim- 
ples paroles,  mais  quelque  chose  encore  de 
plus  réel  et  de  plus  eUVctif;  quoiciu'à  dire 
vrai,  ni  les  ell'ets,  quelque  i;i;raiids  qu'ils  pa- 
raissent, ne  peuvi^nt  riionorer  autant  (ju'il 
le  méiife,  ni  les  paroles,  quel([ue  brillantes 
quelles  soient,  le  louer  autant  qu'il  en  est 
digne.  Mais  e-itin  si  je  ne  brûle  à  son  tom- 
beau qu'un  peu  d'encens,  j'otï're  d;i  moins 
tout  ce  que  j'ai,  à  l'exemple  de  la  veuve  de 
l'Kvangile,  qui  ne  mit  que  deux  deniers 
dans  le  trésor  du  temple.  Je  ferai  donc  con- 
naître quelle  a  été  l'i'uiocence  de  sa  vie  et 
la  gloire  de  sa  mort  :  je  décrirai  de  quelle 
manière  il  sanctifia  une  profession  qui  n'est 
pas  moi  is  dangereuse  qu'elle  est  peu  ho- 
norable (1)  :  en  un  mot,  je  le  conduirai  de- 
puis sa  jeunesse  jusqu'au  jour  où  il  reçut  la 
courou'io  du  martyre.  J'avoue  toutefois  que 
celle  entreprise  commence  àm'etfra, er,  tant 
elle  me  paraît  au-  essus  de  mes  forces.  Je 
se:is  bien  que  jo  'l'ai  ni  assez  d'haleine,  ni 
assez  de  vigueur,  pour  fournir  cette  longue 
carrière,  u  i  gé  lie  peu  éclairé,  nulle  poli- 
tesse dans  l'exprt  ssion,  rien  d'heureux  dans 
le  tour  et  dans  ie  choix  des  moiS,  des  con- 
naissances très-bornées,  une  médiocre  éru- 
dition :  avec  si  peu  de  talents,  comment  oser 
traiter  un  sujet  si  relevé,  et  ne  dois-je  pas 
appréhender  d'obscurcir  la  victoire  de  mon 
ami,  eu  l'exposant  aux  yeux  des  lecleurs 
avec  des  couleurs  si  sombres?  Un  ouvrier 
qui  ignore  la  finesse  de  son  art,  ne  fait  que 
gûter  la  matièro  qu'il  a  enire  les  mains,  bien 
loin  de  l'embellir.  Dautre  part,  on  pouiTa 
me  diie  que  Tliéodote  ayant  mené  une  vie 
commune  dans  le  mariage,  et  dans  un  exer- 

(1)  Il  était  cabaretier,  comme  on  l'a  dit  ci-dessus. 


ciee  peu  nohle,  el  ipii  semble  exclure  la 
piéle  el  la  pialirpie  des  vertus,  il  n'y  a  rien 
en  sa  personne  qui  puisse  attirer  la  curio- 
sité ou  la  vénénition.  Mais  je  réponds  h  cela 
que  la  lin  de  la  vie  de  ei*  s/iiiil  li'xnmeeti 
a  couvert  h-  rommencemenl  d'ecl.il  )-t  du 
luii.ièr(>,  cl  iMie  la  ba.sscssn  <Je  sa  condition 
se  cache  el  (lisparait  lieiirenseiiK  ni  dais  bi 
grandeur  de  sa  dern  ère  action.  I.oiii  donc 
loiit  scrupule,  ol  sans  plus  é(Out''r,  ni  In 
voix  timide  de  iikmi  incapacité-,  ni  les  mur- 
mures sourds  de  l'envie,  ni  les  fausses  rai- 
srms  des  sages  du  monde,  je  rapporterai 
ni^iiienl  et  avec  sim|ili(il'''  loni  ce  qiieje  sais 
de  la  vi(!  (U  (h;  la  mort  de  l'illustre  Tliéodole. 
Mais  j(5  prot(;st(î  en  même  temps  ipje  je  ne 
rapporterai  rien  dont  je  n'aie  été  i(;  [(^iiuun 
oculaire. 

«  Il  se  prépara  iongleiufis  par  divers  odes 
de    vertu    au  combat  qu'il  devait  soutenir  h 
la  (in   de  sa  vie,   ci  coiiinn!  un  alhlete  pru- 
dent  el  (jui   veut  s'assurer  de  la  victoire,  il 
s'exerça  plusieurs  années  dans  d'autres  com- 
bats (pi'il  entreprit  conln'  lui-même.  Il  com- 
mença par  déi'Iarer   la  gueri'e  à  toutes  ses 
passions,  el   il  s'appliqua  avec  tant  de  soin 
et  d(>  persévérance  à  les  dompter,  qu'il  s'en 
rendit  enlièreimnit  le  maitre.  Parmi  les  ver- 
tus  qu'il    prit    pour    ses  seconds  dans  ces 
combats,    la    tempérance    fut  celle   qui  lui 
rendit   de  j)lus  grands  services.  Il  avait  pour 
maxime,   (|ue  l'homme   chrétien  doit  faire 
toul  son  |)laisir  d'aflliger  son  corps,  que  toute 
sa  gloire  consiste  dans  laLaissemenl,  el  que 
ses  richesses  ne   sont  autre  chose  que  la 
pauvreté  soulforlc  avec  une  grandeur  d';lme 
el  une   généreuse  trantiuillité.  En  etl'et,  l'on 
a  souvent  vu   le  héros  se  jeter  sans  crainte 
au  milieu  des  périls,  et  se  laisser  vaincre  par 
le   faux  brillant  d'une  gloire  vaine  et  ima- 
ginaire; le  pliilos(»phe  céder  lâchement  à  un 
mouvement  de  crainte,  et  l'homme  modéré 
sentir  en  un  instant  sa  vertu  s'j'.fl'aiblir  à  la 
première  vue  d'un  plaisir  sensuel,  il  n'y  a 
que  l'homme  chrétien  à  qui  toutes  les  j)as- 
sions  soient  assujetties.  Ainsi  Théodote  em- 
ploya le  jeûne  pour  combattre  la  volupté,  la 
tempérance  pour  se  défendre  des  attaques 
de  la  chair,  et  l'aumône  pour  oter  aux  ri 
chesses  le  pouvoir  de  lui  nuire.  Mais  nous 
nous  étendrons  un  peu  plus,  dans  la  suite, 
sur  toutes   ces  choses,   et  nous  fei'ons  voir 
clairement  qu'il  est   parvenu  à  la  véritable 
gloire  par  le  chemin  de  l'ignominie,  à  une 
haute  fortun(î  par  la  pauvreté,  et  à  l'immor- 
talité bienheureuse,  par  les  souti'rances  et  la 
mort.  Il  relira  plusieurs  pécheurs  de  leurs 
désordres,  en  leur  donnant  des  instructions 
salutaires  pour  vivre  plus  chréliennement. 
Il  en  guérit  d'autres  par  sa  seule  prière,  qui 
dans  un   corps  sain  portaient  une  âme  atta- 
quée de  dangereuses  maladies.  Enfin,  par  ses 
puissantes  exhortations  il  amena  à  l'Eglise 
un  grand  nombre  de  juifs  et  de  gentils.  Son 
mélicr  de  cabjretier,  contre  l'ordinaire  de 
cette  profession,  lui  fournissait  les  moyens 
d'exercer  des  fonctions  tout  épiscopales  ;  car 
il  déf  ndait  de  tout  son  pouvoir  ceux  à  qui 
l'on  faisait  injustice;  il  prenait  soin  des  ma- 


1151 


TBE 


THE 


1140 


lades;  li  uinDif^niiit  .i(i\  pi  (^(iiiius  aftlia;ées 
une  conipassinn  qui  aduucissait  leurs  pei- 
np?  :  en  un  mot.  rpuipli  d'iinr  charité  al)on- 
dnnlo,  il  ressentait  !♦>  maux  de  tous  ceux 
qui  en  enduraient,  et  les  malheurs  des  au- 
tres devenaient  ses  propres  malheurs.  Dieu 
autorisait  lui-même,  par  d<s  miracles,  une 
conduite  si  ( luiril.dtie  ,  et  qui  (tait  plulH 
celle  d'un  cvC-que  (pie  d'un  simj  le  caharoti»T. 
Car,  quehpie  incurable  que  fiU  un  mal.  (jui  I- 
qiie  profonde  que  lût  une  plaie,  dès  (juc 
Théodole  y  avait  porté  la  main,  la  plaie  se 
refermait,  le  mal  se  gm'nnssait,  ce  saint 
homme  ne  se  servai.t  que  de  la  prière  puur 
faire  ces  cures  ailnurahles.  Mais  il  s'.ip  ti- 
quait particulièrenu^nt  à  Ira  ter  les  mal  idi<s 
(ie  l'Ame  :  les  plus  débauchés  di'venaicnt 
chastes,  en  l'eiitendaU  parlerdela  chasteté; 
les  gf'ns  de  bonne  chère  et  plongés  dans  la 
crapule  venaient  à  aimer  la  s  bridé,  <piand 
il  en  faisait  J'élo^e,  et  les  avares  (couraient 
répandre  leur  or  et  leur  .Tr^<*;^t  dans  le  sein 
des  pauvres,  dès  qu'il  |)arlaii  des  grands 
avantages  de  la  pauvreté  volontaire.  Com- 
bien de  saints  sont  sortis  de  c»>tte  excel- 
lente école  1 

«  Pendant  que  Théodole  formait  à  la  verlu 
tant  de  bons  sujets,  le  gouvernement  d'An- 
cyre  fut  donné  à  un  certain  Théolerne. 
C'était  un  homme  sans  mœurs,  sans  huuia- 
nilé,  sans  religion  ,  d'un  naturel  in(piiet, 
emporté,  violent,  malfaisant,  aimant  It*  sang, 
elle  répandant  avec  une  extrême  facilité.  Je 
ne  saurais  entin  donner  une  idée  plus  juste 
de  toutes  ses  mauvaises  ipiidilos,  qu'en  di- 
sant que  son  méiite  seul  lui  avait  obtenu  ce 
poste.  Car  voyant  ([ue  rem[»ereur  iMaxi- 
mien)  so  dis|»osait  à  faire  utic  guerre  san- 
glante à  l'Eglise,  il  lui  promit  de  détruire 
entièrement  le  christianisme  dans  Aiicvre, 
si  on  voulait  lui  en  co  Hier  iegouvennement. 
Cette  promesse,  qui  Uattait  >i  agréablement 
l'inclination  de  Ma\imien,  lit  avoir  sur-le- 
champ  à  Théote(  ne  ce  cpi'il  souhaitait  avec 
tant  de  passion.  Dès  qii  on  sutîi  Ancvre  (pi'il 
approchait,  la  conslernalioi  fut  gént-rali» 
parmi  les  liib'les;  tout  déserta,  totd  s  enfuit 
dans  les  montagnes  :  les  antres  et  les  creux 
des  rochers  deviiiit>nt  habités,  et  les  solitu- 
des se  peU|)lèrenl  di;  chrétiens.  Il  prenait 
soin  lui-même  de  semer  sur  son  passage 
l'horreur  et  la  crainte,  et  il  envi>yait  h  ,\ii- 
<>re,  d'heure  eu  heure,  de  funestes  messa- 
gers, qui  venaient  déclarer  de  sa  part  les 
desseins  impics  (pi'il  avait  foniu's  cou! ce  la 
religion  ;  en  sorte  qu'à  peine  le  premier  et  h» 
second  s'éiaient-ils  accjuittés  de  leur  com- 
mission, (ju'un  troisième  et  un  (pialrième,  s(» 
succt^dant  mmiéliatemcnt  I  lui  ù  l'autre, 
arrivaient  |)our  si^niier  encore  ses  (nuelles 
intentions:  et  les  d-Tiiiers  entin,  chariÇés 
d'i'dits  et  d'ordotmances  plus  amples  et  |>lus 
précises,  piddiaieiil  (pi'ini  eiU  f»  tiémolir  m- 
cosamment  toutes  «'kIiscs;  ipie  lus  prêtres 
chréluns  fuss»nit  conduits  dans  les  temples 
des  faux  dieux  pour  y  renutirer  Jésus- 
(ihrisl,  et  qiiencns  de  refus  n  d'opposition, 
le.s  biens  des  coupables  fussent  saisis  et  ctm- 
Usqués  au   protU  du  prince,    et  qu'eux    et 


leurs  enfants  fussent  mis  aux  fers  en  atten- 
dant l'arrivée  du  gouverneur.  Sans  doute, 
atin  que  les  incommodités  de  la  prison  et  la 
pesanteur  de  leurs  cliaines  les  rendissent 
nlus  soumis  aux  volonti-s  de  l'emiiereur,  et 
les  disposassent  à  répteidre  conformément 
au  désir  que  |(>  gouverneur  avait  de  les  sé- 
duire, pour  s'acquitter  de  ce  ipiil  avait  [)ro- 
mis  à  .Maximien. 

n  Ces  avant-coureurs  du  tyran  remplirent 
toute  rrglise  de  confusion  et  d'i'jiouvante. 
Elle  était  comme  un  navire  surpris  en  pleine 
mer  par  une  soudaine  tempête  ;  elle  ne  s'at- 
teiidail  plus  (pi "à  se  voir  abiim-e  dans  les 
Ilots  d'une  cruelle  et  sanglante  persécution. 
G'  pendant  ses  ennemis  triomphaient;  ils 
pass.tienl  les  jours  et  les  nuits  en  festins  et 
en  réjouissances,  où  la  ha. ne  qui  s  nous 
portent  leur  causant  uie  espèce  d'ivresse 
pins  firle  et  plus  diinginx'use  (juo  celle  du 
vin  do  it  ils  remplissaient  leurs  coupes,  ils 
s'.il)andonnaient  à  tous  les  excès  que  ces 
de  X  fniieii>es  passions  peuve  it  inspirer. 
En  etl'L'l,  sortant  de  ces  bacchanales,  ils  se 
répandaient  dans  les  logis  des  chrétiens,  oi» 
ils  commettaient  mille  insolences,  renver- 
sant, rompant,  brisant  tout  ce  qui  se  pré- 
sentait à  leurs  yeux  élincelants  de  cette  dou- 
ble fureur,  sans  (ju'on  osât  s'y  opposer,  de 
crainte  de  passer  pour  séditieux  et  pour  re- 
Ix'lles.  Les  magistrats,  bien  loin  d'apaiser 
le  tumulte,  y  donnaient  lieu  eux-mêmes,  et 
semb  aient  l'autoriser  par  leur  exemple.  Dès 
(|ue  les  edits  avaient  paru,  on  a\ait  ciiipri- 
soiiné  par  leur  ordre  les  plus  considérables 
d'entre  les  chrétiens,  et  la  populace  inso- 
hniti'  prenant  C'ite  procédure  tvranniipie 
pour  une  itermissio  i  tacite  d'insuiior  à  tous 
ceux  qui  faisaient  profession  du  ihristia- 
iiisine.  nul  cli:élion  n'osait  [dus  se  montrer 
en  public  ;  l'impunité  diigmentait  le  désor- 
dre :  on  forçait  les  maisons,  on  les  pillait  ; 
des  hommes  perdus  de  débauches  aira- 
chaient  les  femmes  de  coud, lion  d'entre  les 
bras  de  Icuis  mar.s;  les  jeunes  tilles  étaient 
enlevées  h  leurs  mères,  et  les  vierges  cons.v 
crées  à  Dieu  étaient  tir>  es  de  leur  retraite 
pour  être  exposées  h  riiiqmdicité  publnjun. 
Les  amis  trahissaient  leurs  amis,  et  les  li- 
vraient h  la  haine  d'un  |)i  U|ile  furieux  ;  la 
religion  ("lait  outragée,  violée  foulée  aux 
pieds.  <>hargée  de  calom  nés  et  d'.dlroiiis  : 
en  un  moi,  l'Eglise  soutirait  des  maux  qu'on 
a  peine  à  s'imaginer,  uiais  qu'on  peut  en- 
(  oru  moins  décrue.  C.eux  qui  croya  eut 
pouvoir  par  la  fuite  .*o  mettro  h  l'iibri  de 
celU'  horiible  li  nipêtv',  ne  trouvaient  aucun 
lieu  de  sûreté  ;  tous  les  asile»  é  aient  fer- 
més nour  eux  :  b.s  autels  etaimit  ab.i ndon- 
lés,  les  prêtres  dispersés,  les  biens  dos  tl- 
dèles  exposés  à  l'avarice,  t\  l'injustice.  ;>  1,1 
violence.  On  les  voyait  errant»  ei  éparsdans 
l(>s  solitudes  :  les'  uns  se  eoiilaie  U  d-ms 
les  fentes  des  rochers,  les  autres  s'eiif  m- 
(.lient  d.iiis  un  bois  épais  et  toutru,  ceux-ci- 
grimeaieut  sur  le  sommi>t  ileS  numlngiies, 
ceux-là  M>  Cachaient  païuii  les  halliers.  Mais 
b!(>  il('ii  la  f.iiiii  les  ( oiiliaignait  d'.ibaiii.on- 
ner  ces  fune»los  retraites.  Flusiiurs  s«  le- 


iUl 


Il  IF. 


Tiii; 


IHi 


miroiil  v()l(Mii«ir«»niPnt  oiili-o  li-s  innins  dt-!* 
persf^dilours,  sur  iVspi^inhfo  «sso/.  inror- 
Ifiim»  d'y  Irniivcr  qucliiui»  icsii»  (riiiiiiiMMit/'. 
D'iuili't'S  l'cslt"*!'!'!!!  (l;lll^  l(*s  huis  cl  d.iiis  les 
nnli'cs,  (IViù  soi'tmil  h  la  faviMir  de  In  nuit, 
ils  fliorrli.iionl  i|Mt'li|iu's  racines  |miui'  sdu- 
Icnir  leur  vie  muurauli".  i]>'{\\  (|ui  sduMVi- 
rcnl  le  mIiis  fui-eul  les  ixM'sonncs  d(^  mii- 
|il(«  ,  imi  ,  noniriivs  (Ii'IiciIi'iiicmI  cl  dans 
l'ahonda'ifc  de  lonlcs  cliosrs,  ctaiiul  con- 
tn\  tilcs  do  vivro  d'hiM'ht's  sniivagivs  cl  de 
cou'-lH'r  Mw  la  Icrit»  t\ue  ml  sur  des  Ibuilles 
scclii'S. 

«  (iCpctulaiU  lo  hicnlieurciix  martyr  Tlu^o- 
(l(il('  s'cvposail  lui  seul  à  divers  pi'iils  pour 
.•>tH'(iUiir  SCS  l'n'^ics ;  car  ce  n't'lail  luillriueul 
en  vue  dedt»veuir  riclie  (pi'il  tenait  cabarel; 
rallpule  d'un  ^aÎM  solide  u'eul  jaunis  a\i!'Uil 
pouvoir  sur  sou  ;\\\u\  Il  avail  d  s  vu  s  bien 
plus(Movi^eS  :il  pe-isait  h  faire  d(>  sou  lo^is 
un  lieu  di"  si'lrt'fi^  pour  lous  les  i^eus  d(>  hiiMi, 
un  porl  toujours  ouvert  aux  nialiieureux, 
un  asile  ou  la  vertu  persiW'utéo  pdl  (>lre  à 
e(»uverl  eo'Ure  les  oll'orls  d'uiu^  i'ijusto  puis- 
sauce.  Mais  Ses  soins  ne  st>  buriiaieul  jias  \h. 
L'élc'idue  dt;  sa  charité  les  lui  faisait  por- 
ter partout  oi^i  il  y  avait  dos  inisérahlos.  II 
visitait  les  prisoùîiiers,  il  les  consolait,  il 
les  seeourait  dans  Imirs  besoins;  il  recevait 
chez  lui  ceux  (lu'une  fuite  salutaireavait  tlé- 
robiVs  ;\  la  fuieur  dos  tyrans  :  et  non  content 
d'assister  les  vivants,  de  veiller  i\  l(>ur  cou- 
servation,  de  leur  procurer  du  repos,  do  la 
consolation  cl  de  la  joii»,  sa  charité  infatiga- 
ble s'étendait  jusqu'aux  morts.  Il  recueillait 
leurs  co'uires,  il  couvrait  l(Mirs  corps  do  terre, 
il  rasstMublait  leui's  membres  séparés  par  la 
violence  tics  tourniouts;  il  les  sauvait  sou- 
vent de  cette  triste  destinée,  qui  les  faisait  la 
proie  (les  corbeaux  ou  la  curée  des  chiens. 
Les  peines  rigoureuses  do  it  on  punissait 
ceut  qu'on  surprenait  en  rendant  ce  pie;ix 
olïïce  ne  pouvaient  le  détourner  de  \o  ren- 
dre aux  martyrs  que  sa  curieuse  compassion 
avait  découverts.  Qui  aurait  jamais  cru  len- 
contrer  tant  do  vertu,  de  religion,  de  gran- 
deur d'àme,  dans  un  cabaret?  Cabaret  illus- 
tre, consacré  îi  la  prière  et  non  h  la  débau- 
che, lieu  digne  de  la  vénération  dos  fidèles, 
sancîuaii'o  de  la  piété,  que  celui  qui  vous  a 
si  heureusement  fait  changer  de  nature,  et 
qui  vous  a  rendu  saint,  do  iirofaiio  que  vous 
étiez  auparavant,  est  digne  de  nos  louanges 
et  de  la  gloire  dont  il  jouit  maintenant  !  Cet 
homme  adiuirable  s'était  fait  tout  (\  tous, 
suivant  le  conseil  de  l'Apotre.  Tanlùl  il  était 
médecin,  et  il  fournissait  aux  pauvres  ma- 
lades toutes  sortes  de  médicameits;  tantôt  il 
prenait  soin  des  convalescents,  leur  [)rocu- 
rant  quelque  nouri-iture  agréable,  ciui  leur 
fit  ouulier  le  mauvais  goût  des  remèdes.  II 
donnait  du  pain  et  du  vin  h  ceux  qui,  pres- 
sés de  la  faim,  avaient  recours  à  lui  ;  il  as-, 
sistait  de  ses  conseils  toujours  sûrs,  tou- 
jours salutaires,  les  personnes  qui  en  avaient 
besoin  pour  leur  conduite  :  il  animait  au 
martyre,  i)ar  de  véhémentL's  exhortations, 
ceux  (ju'on  conduisait  aux  supplices;  il  les 
rassurait,  il  les  soutenait,  il  les  encourageait 


h  mourir  pour  Jé»us-Christ  ;  m  sorte  qu  ou 
peul  l'appeler  le  |)Arc,  |(<  diroctinir,  le  luul- 
Ire  do  tous  les  marlyrs  de  ee  leuipH-Ui. 

'•  l/impie  't'li('>o|ecue  avait  l'ail  une  ordon- 
nance liar  larpielle  tout  (•<«  (pii  N'eX|)Osnit  en 
vente,  le  pan,  le  vin,  les  fruits,  en  lui  mol, 
lotit  ce  qui  seil  à  la  iiourritur  '  d(t  l'iKiUMn'  , 
devait  être  oifert  aux  iiloles,  avant  qut*  i)i'r- 
sonne  en  pDl  ailioii'r,  alin  que  les  ehréti«"is 
ne  pussent  faiie.'i  Dieu  Ts  oM.d  ons  ordi- 
naires, toutes  les  denrées  élniit  souillées  par 
celte  aliomin.jblo  cérémonie.  |'r)ur  letiir  In 
main  ?»  cette  orijonn.niec,  le  Louvenieur 
avait  rominis  dos  prêtres  des  faux  dieux, 
(pli  pr(Miaieiil  un  grand  soin  qu'elle  fûl  exé- 
cutée. Ouelle  devait  être  la  peine  où  su  trou- 
vaient les  clu'étiens,  (pii  ne  pouvaient  plus 
faire  d'oirraiides?  I,e  saint  niai*l\r  Tlif'odole 
les  en  tiia  :  le  zèle  (pj'il  avail  j)our  sa  reli- 
gion el  pour  la  gloire  du  Seigneur  lui  lil 
Iro  iver  aussilùl  un  remède  îi  ce  mal;  il  le- 
vendail  aux  cluéliens,  [)our  les  oblations, 
00  qu'il  avait  Ini-méuu^  auparavant  acheté 
d'eux,  el  dont  il  élail  sûr.  Ainsi  Ton  vil,  du- 
ranl  ces  tcnups  factieux,  un  cabaret  être  aux 
chrétiens  ce  que  l'arche  de  Noé  fut,  au 
temps  (\\\  déluge,  h  ceux  (pu;  Dieu  voulut 
sauver;  car,  comme  alors  les  eaux  cou- 
vrant toute  la  face  de  la  terre,  tous  les  hom- 
mes périren!,  hors  ceux  (pii  étaient  renfer- 
més dans  l'arche:  de  niMiie,  peiidant  i^ue  ce 
déluge  de  maux  inondait  i'Kglise  d'Ancyre, 
aucun  fidèle  n'écliappi  h  la  rage  du  t\ran, 
que  ceux  qui  se  réfugièrent  dans  le  logis  de 
Théodote.  Ce  fut  |)our  lors  qu'une  taverne 
devint  une  église,  un  hospice,  une  maison 
d'oraison,  la  demeure  de  la  charité,  la  dépo- 
sitaire» de  la  religion. 

«  On  arrêta  en  ce  tinnps-lh  un  nommé  Vic- 
tor, p-our  qui  Théodote  avait  une  grande 
considération.  Des  préires  do  Diane  l'accu- 
sèrent (lavoir  [)arlé  peu  respectueusement 
du  grand  Apollon;  d'avoir  dit,  entre  autres 
choses,  que  ce  dieu  avait  violé  sa  sœurDiane, 
devant  l'autel  du  terai)le  d(:  Délos,  et  que 
les  Grecs  devaient  rougir  de  honte  d'adorer 
une  semblable  divinité,  qui  avait  commis  un 
crime  que  les  hommes  n  oseiaient  commet- 
tre. Cette  accusation  alarma  les  amis  de  Vic- 
tor, qui  la  plupjrt  étaient  jia'iens.  Ils  lui  re- 
prés nitère  ni  le  danger  où  il  s'était  précipité 
par  son  im;irudence;  qu'il  n'y  avait  qu'un 
moyen  pour  sortir  do  ce  mauvais  pas,  c'était 
d'obéir  sans  réserve  au  gouverneur,  qui  ne 
manquerait  ras,  pour  s'assurer  de  la  si'^cé- 
rité  de  son  retour,  d'exiger  do  lui  une  sou- 
mission entière  aux  édits.  Vous  pouvez,  lui 
disaient-ils,  obtenir  en  un  moment  les  bon- 
nes grâces  do  quatre  empereurs,  et  sans  qu'il 
vous  en  coûte  autre  chose  qu'un  simple 
désaveu  do  votre  superstition.  La  fortune  , 
vous  tend  les  bras,  mon  cher  Victor;  elle  ' 
vous  présente  des  honneurs,  des  richesses, 
la  faveur  des  maîtres  du  monde;  serez-vous 
assez  ennemi  de  vou;-même  pour  refuser 
des  offres  si  avantageuses?  Mais,  d'un  au- 
tre côté,  si  vous  persistez  dans  votre  entête- 
ment, comptez  qu  >  vous  êtes  perdu  sans 
ressource;  il  vous  faudra  expirer  dans  les 


114S 


TIIE 


THE 


liU 


fonrmrnts;  votre  famille  sera  clc^shonorée, 
ruin(^e,  arrahliî'e  sons  votre  crime  :  quoi  re- 
gret pour  vous  d'en  <^tre  la  eause?  Vos  biens 
sei'onl  ronlisqnf^s,  v(»tre  nom  rendu  inf.\mo; 
▼ous-raôme  n'aurez  pour  tombeau  que  le 
ventie  îles  cliieis.  Avez-vous  l'ilme  assez 
forte  pour  soutenir  seulement  la  pensée  de 
font  de  malheurs? 

n  Thi'odote,  averti  du  péril  que  rouroit 
son  ami,  p  r  ecs  pernicieux  conseils,  lit  en 
sorte  de  lui  parler,  ayant  pour  cela  gagnf^ 
le  geôlier,  qui  l'in'roduisit  la  nuit  dans  la 
chambre  où  on  le  gardait.  Ttiéodote  travailla 
d'abord  h  détruire  tous  ces  fa»ix  raisonne- 
ments dont  on  s'était  servi  pour  l'ébranler. 
Do  grâce,  lui  disait-i!,  mon  cher  Victor,  fer- 
mez l'oredle  à  ces  discours  empoisonnés, 
que  des  homipes  dévoués  au  démon  ont  tA- 
ché  de  faire  couler  dans  votre  cieur.  Quoi, 
voulez-vous  nous  abandonner,  pour  les  sui- 
vre? Quels  charmes  si  grands  ont-ils  pour 
vous  attirer  dans  leur  |)arli.'  Que  vous  of- 
frent-ilsde  si  engageant?  Quoi,  préférez-vous 
une  vie  voluptueuse  et  toute  charnelle  h  la 
vie  touie  s{)irituelle  et  toute  i  éleste  que 
vous  avez  menée  jusqu'ici?  La  religion 
qu'ils  vous  projiosent  est-elle  plus  sainte 
que  la  nôtre,  et  pensez-vous  trouver  plus 
de  i»urcté  dans  leur  morale  (|ue  dans  celle 
que  nous  suivons?  Non,  Victor,  non,  et 
vous  avez  trop  d'esprit  pour  ne  nas  vous 
apercevoir  de  l'avantage  ifu.;  la  loi  chré- 
tienne a  sur  cette  supeislit  on  monstrueuse 
qu't)n  veut  vous  fdiieembra.>ser.  f)'liez-vo  is 
des  promisses  que  vous  font  les  impies; 
]»liis  elles  sont  llatteiises  et  agréables,  |)his 
elles  sont  vaines  et  frivoles,  et  plus  le  venin 
qu'elles  couvrent  est  subtil  et  mortel.  Ce 
fut  ainsi  que  le  malh(Mireux  Judas  se  laissa 
séduire  par  les  Juifs.  Que  lui  servit  d'avoir 
reçu  les  trente  f)ièces  d'argent  qu'ils  lui 
donnèrent  pour  leur  livrer  son  maître?  il 
n'en  prolita  ()as,  et  vous  s  ivez  (pu^  ri  i  jirgent 
fut  employé  à  acheter  un  champ  pour  la  sé- 
pulture des  étrangers.  Que  lui  resta  t-il  donc 
(lu  prix  de  son  infAme  trahison?  le  cordeau 
avec  lequel  il  s'élrang'a.  Croyez-iuoi,  les 
vrais  l)iens  ne  sont  pas  en  la  ilis|)nsilion 
des  m'-chanls  -.ils  peuvent  bien  les  [)roiuet- 
tre,  mais  il  n'est  jias  en  leur  pouvoir  de  les 
donner.  Dieu  s.  ul  s'en  est  réservé  le  d  >- 
maine,  et  il  n'en  accorde  la  jouissance  (pi'à 
ceu\  ipii  l'adorent  et  qui  1  aunent.  Cv  fut 
par  ces  siges  et  pressantes  remontrances 
ipie  Théodote  lAcha  de  remi'ttre  l'esj)ril  de 
Victor,  et  de  le  ralfm  inir  contre  les  dange- 
reuses seco'isses  que  lui  avaient  domiées 
ses  taux  amis.  Il  parut  tomdié  :  en  elfel,  il 
en  lura  d'abord  avee  beaucoup  de  constance 
les  tourmi-nls  qu'on  lui  lit  souiïrir.el  il  s'at- 
tira l'aduuration  de  reux  ipii  en  ftireni  t('>- 
moins;  mais  comme  il  lomhnit  pre->(|ue  au 
bout  de  la  carrière,  où  Jésus  Christ  1  atten- 
dait pfuir  le  couromuT,  il  se  lai<sa  lA'  he- 
nieiil  arracher  la  victoire;  il  demarxla  (luar- 
tier,  et  il  l'obtint  ;  les  bourreaux  cessèrent 
de  le  frapper;  on  le  reconduisit  en  prison, 
où    il    mourut    quelipies  jours    a[très.    îles 


niaies  qu'il  avait  reçues,  nous  laissant  dans 
l'incertitude  de  son  salut. 

'<  Reprenons  la  suite  de  la  vin  de  notre 
saint  martyr,  et  [larlons  dune  aventure  as- 
sez surprenante,  ijui  lui  arriva  vers  ceiemps- 
Ih.  Il  y  a  un  bourg  .'i  cinq  milles  d'Ancyre, 
nommé  Malus.  Théodote  vint  proche  de  ce 
lieu,  par  une  disposition  particulière  de  la 
Provid(>  ire.  d.ins  le  mom'iit  qu'on  avait 
jeté  dans  la  rivière  d'H.dis  l'I),  une  partie 
du  corps  de  saint  Valens,  martyr, qui,  après 
avoir  et''*  lounnenlé  fort  longtemps,  ava'l 
entin  été  porté  tout  rouvert  de  sang  sur  un 
bilcher,  où  il  avait  consommé  son  sacrifice. 
Théodote  fut  assez  heureux  pour  recueillir 
ce  précieux  dépôt,  <jue  la  rivière  avait 
poussé  sur  ses  bords,  et  que  Dieu  lui  con- 
fiait. Ce  saint  h  >mme.  chargé  de  ces  riches 
dépouilles,  au  lieu  d'entrer  dans  le  bourg, 
s'arrêta  un  peu  au-dessous,  cl  il  se  relira 
dans  une  caver'^e.  d'où  sort  un  des  bas 
d'Halis,  et  qni  est  distante  du  bourg  d'envi- 
ron deux  cent  cinquante  pas.  11  y  rencontra 
quelques  personnes  de  sa  connaissance,  que 
la  même  Providence  y  avait  conduiles.  C'é- 
taient des  chrétiens  qui  depuis  peu  étaient 
sortis  de  prison  par  so  i  moven,  à  force  d'ar- 
gent et  de  recom.nandations,  cet  homme 
charitable  au  delà  île  ce  qu'on  peut  s'imagi- 
ner, ayant,  pour  les  racheter,  fourni  du  >-ien 
une  somme  considérable.  Dès  qu'ils  l'eu- 
rent aperçu,  ils  allèrent  h  lui,  pleins  de  joie 
de  l'avoir  rencnn'ré.  Ils  no  pouvaient  se  las- 
ser de  lui  témoigner  leur  reconnaissance; 
ils  le  regardaient  comme  un  libérateur.  F.t  en 
etfet,  taiul'S  (jue  les  plus  proches  parents  de 
ces  ptMsonnes  travaillaient  h  les  perdre  en 
les  livrant  aux  persécuteurs,  et  en  les  accu- 
sant d'avoir  renversé  un  autel  de  D  ane, 
Théodote  avait  travaillé  h  les  sauver,  ayant 
employé  pour  cela  son  crédit,  son  bien,  sa 
peine,  et  exposé  sa  vie-  Le  saint,  de  son 
côté,  ne  ressentit  pas  moins  dejoiede  trou- 
ver là  cette  tnnipe  de  confesseurs;  il  les  re- 
tint à  manger  avec  lui  ,  atin  (pi'ils  pus- 
sent ensuite  plus  gaiement  continuer  leur 
voyage. 

«  Il  les  fit  tous  asseoir  sur  l'herbe,  et  il 
f  lUt  avouer  que  l'endroit  était  tout  h  fait 
propre  h  leur  faire  oublier  leurs  travaux 
passés.  Un  gazon  frais  et  mollet  leur  présen- 
tait un  lit  (délicieux  pour  se  délasser  de  la 
f.digue  du  chtnuin,  et  une  source  qui  sor- 
tait à(juel(|ues  pas  do  là  <lu  pied  d'un  rocher, 
el  (pii,  par  un«>  route  couronnée  do  fleurs, 
venait  se  r(Mi  Ire  auprès  d  eux.  leur  olfrait 
une  eau  claire  el  pure  pour  les  désaltérer  : 
d(^s  arbres  fruitiers  mêles  d'arbres  sauvages 
loin-  fournissaient  de  l'ombre  et  des  fruits,  el 
une  l)and»>  de  savants  rossignols  ,  que  des 
cigah>s  relevaient  de  temf)s  en  temps,  v  for- 
U)  lient  un  concert  qui  n'inspirait  h  l'Ame 
(|ue  des  pensées  pleines  d'amour  el  de  re- 


(I)  Riviore  (I  '    l'Asie    Miiumiio.   qui,  après  avoir 
passe  par  piiisinirs  villes  do  la  Galalie  el  île  la  Pa- 
tlil.igoiiie.  eiUre   (l<nsle  ^'olff  li'.VmysC.  Val.h'Iac. 
.  \.  Argon.,  i-t  Ovid.ï.  iv.  de  l'onlo,  ileg.  10. 


r. 


1145 


Tiii; 


iiii: 


1140 


cnnnnissniicr   |wnir  In  Cn^ntcnr  de  i;mt  i\'i\- 
Kn^)\l)lt'S  cliosos,  ('tn'y r«is»i<'iit  iuiitr<'(|ii(' (le.< 
liioiivrim'Mls  iiiiKiccils  cl  pcniiis.    TIk'mmIoIh 
('M};,;i^;cn  (|iirl(|iics-iiiis  de  l;i  (•niii|i;i.;iiir  d /il- 
Iri- jii.s(|ir;iii  l>oin%  |i(Mir  prier  il(«  su  pnrl  In 
|>r(Mn'  (iiii  ri  (iv.iil    soin  de  venir  le  Irouvi"-, 
cl  l'iiivilcr  en  nuMiic  Innps  ;iii  icp.'is  (  li.ini- 
|MMrc  (Miils  nllaiciil    r.iirt>.  Il  av.iil  celle  ((iii- 
lunic  (le   ne  se  inelire  J;\ni.iis  à  l.iltle    (|ii'nM 
pr;»lr"  n'ciH   l'.iil  la  h   nediclinii  des  vi.i-ides. 
il  sonh.'iilail.  oulre  ccl.i,  de  l.i  recevoir  de  sa 
m.nii,  avant    (pu-  de    poursuivre   sa    roule. 
Ceux  (pii  claicnl  allés  au  hoiir^    renco-drè- 
rent  1(>  pr(Mre,   (^iMume  il  sortait  de  lé.^lise, 
npr^s  l'oriice   de  sexie.   Il  vint   à  eux   cl  les 
trouva  t'oi't  embarrassés  h  se  déreiidrc  des 
chiens  qui  les  avaient  alta(pu''s.  Aprùs  «voir 
chassé  ces  animaux,  (pii  violaient  ci,  (pn'l- 
que  manière  les  devoirs  de  l'Iiospilalile  en- 
vers ces   étrangers,  il  les  salua,  cl  ayant  su 
d"eux  (pi'ils  élaienl  chrélic'is,  ils  les  pria  ci- 
vilement de  venir  se   reposer   «i  son   logis. 
Puis  les  ro^^ardant  lixement  et  les  parcourant 
ensuite  des  yeux,  il  s'écria  tout  à  coup  :  O! 
Fronton,  car  (;'est  ainsi  ipi'il  se  nonuuait , 
Fronton  ,   voilh   raccomplissemcnt    de    ton 
songe.  Oui,  continua-t-il  cm  s'adressant^  ces 
étiangors,  j'ii  vu  celle  nuit  en   songe  deux 
liommes  tels  que  je   vous  vois;  ils  avaient 
voire  air,  votre  taille,  vos  tra  Is,  Ils  m'ont 
dit  qu'ilà  avaient  tiouvé  un  trésor,  et  qu'ils 
me  l'apportaient  :  puis(iue  je  ne  puis  |>lus 
douter  que  vous  ne  soyc.  ceux  (juc  mci 
songe  m'a  fait  voir,  souli'rez  que  je  vous  de- 
mande ce  trésor  que  vous  devez  me  remettre 
entre  les  mains. 

«  Les  deux  députés  do  Théodote  se  mirent 
à  sourire  et  dirent  au  prêtre  :  Il  est  vrai 
que  nous  avons  trouvé  un  trésor;  c'est  l'ad- 
mirable Théodote,  Si  vous  voulez  le  voir,  il 
ne  tiendra  qu'à  vous  ;  mais,  mon  père,  faites- 
nous  la  grâce  de  nous  enseigner  le  prèlre  de 
ce  bourg.  Vous  le  voyez,  leur  dit-il,  mes 
chers  frères;  c'est  moi  qui  le  suis.  Mais  je 
commence  à  être  dans  l'impatience  de  voir 
cei  excellent  homme  dont  vous  venez  de  me 
f)arler  ;  allons,  conduisez-moi  où  il  est  ;  il 
faut  qu'il  me  fasse  l'honneur  d'être  mon 
hùte  pour  cette  nuit  ;  je  me  reproche  déjà  de 
laisser  si  longtcm[)S  sous  des  arbres,  à  la 
campagne,  un  homme  de  ce  mérite. 

«  Il  se  mit  aussitôt  en  chemin,  et  sous  la 
conduite  de  ses  deux  guides,  i-1  arriva  au 
lieu  où  était  ThéoJote  avec  le  reste  de  sa 
;  compagnie.  Fronton  et  lui  s'embrassèrent 
;  avec  de  grandes  démonstrations  d  estime  et 
'  de  tendresse,  le  prêtre  faisait  au  saint  toutes 
les  instances  possibles  pour  l'engagera  venir 
chez  lui,  avec  tous  ceux  qui  étaient  Ih  ; 
mais  le  saint  s'en  excusait,  sur  ce  que  ses 
allaires  l'obligeaient  à  retourner  prompte- 
ment  à  Ancyre.  C'est  là,  mon  père,  lui  di- 
sait-il, qu'une  glorieuse  carrière  est  ouverte 
aux  chrétiens  :  [)0ur  moi,  qui  n'ose  me  met- 
tre au  i-ang  de  ces  généreux  athlètes  qui 
combattent  pour  Jésus-Christ  jusqu'au  der- 
nier soupir,  je  dois  du  moins  être  à  la  bar- 
rière pour  applaudir  à  leur  victoire.  Cepen- 
dant cette  pieuse  troupe  ayant  pris  un  lé- 


c«r  repas  (pn-  'l'Iiéodole  avait  fait  servir  sur 
l'Iierbe,  dont  le  vert  naissant  était  reh'vé  par 
les  nuances  diverses  (pie  l'orinait  le  divers 
coloris  des  lliMirs,  le  saint  hoiiiiiie  dit  en 
soiiriatit  h  l'runton  :  Ah  !  que  ce.  lien  .srdi- 
laire  me  parait  piopre  ;i  bAlir  une  cha|  elle 
pour  y  III  ttic  des  relupics  de  mnitus  : 
«preii  pcnse/.-vous,  mon  jière?  Je  «-iiis  dn 
voire  senlimi'iil,  répoi'dit  le  piètre,  faites  cri 
sort(ï  d'en  recouvrer,  et  iepos(!/.-v(»iis  sur 
moi  du  soin  di;  bAlir  la  chapelle  :  mais  il  faut 
coiinnencer  par  voir  des  re|i<pies  avani  que 
d'eiilreprendit'  l'ouvrage.  C'est  mo-i  allaire, 
léplitpia  'l'Iiéodole,  ou  plutôt  celle  de  Dieu  : 
(pi((  la  eliapelle  soit  prête  seulement,  cl  nous 
ne  maïKpieroiis  pas  de  reliques  :  certain 
mouv(Mnent  secret  méfait  vous  parhn-  ainsi  : 
ne  pei'dcz  point  do  temps,  prépar  z  le  lieu  , 
l'ailes  travailler  iiicessaiinnenl  a  l'éililice,  car 
avant  (pi'il  soit  peu  vous  aurez  des  rel  «pies 
pour  v  melire.  Kn  disant  cela,  il  tira  de  son 
doigt  un  anneau,  et  le  donnant  au  prèin;  : 
Je  prends  Dieu  à  témoin,  lui  dit-il,  de  la 
promesse  (|iie  je  vous  fais  aujonid'hui  do 
voiis  fournir  des  l'clicpies  dans  pmidc  temps, 
et  cet  anneiu  vous  servira  d'un  gage  assuré 
de  ma  parole.  .Mors,  après  avoir  dil  adieu  au 
prêtre,  il  iei)ril  le  chemin  d'Ancyre,  où  il 
arriva  sur  le  soir;  mais  il  y  trouva  toutes 
choses  dans  un(!  etfroyable  confusion. 

«  Il  y  avait  en  cette  ville-là  se|)t  vierges, 
qui  s'étant  consacrées  à  Dieu  dès  leurs  pre- 
mières années,  avaient  fait  un  grand  pro- 
grès en  toutes  sortes  de  vertus,  awint  tou- 
jours gardé  inviolablernentla  tiiiélité  qu'el'es 
avaient  jurée  à  leir  divin  époux,  et  conservé 
avec  un  soin  extrême  leur  corps  dans  une 
pureté  qui  les  rendait  en  quelque  sorte  di- 
gnes d'être  les  épouses  d'un  Dieu.  Le  tyran 
les  lit  an'êter;  mais  ayant  emiiloyé  itmtile- 
raent  les  tourments  pour  les  obliger  à  re- 
noncer au  christianisuie,  dans  la  colère  où 
le  mit  la  généreuse  résistance  de  ces  lilles, 
il  les  abandonna  aux  emportements  dune 
jeunesse  débauchée.  Leur  Age  avancé  et  leur 
visag'  qui  n'était  plus  que  le  tombeau  de 
leur  beauté  passée  ,  semblaient  devoir  les 
mettre  à  l'abri  de  la  brutalité  de  ces  jeunes 
gens  ;  mais  soit  qu'ils  se  tissent  un  plaisir 
bizarre  de  violer  sent  vierges  chrétiennes, 
soit  qu'ils  crussent  par  là  déshonorer  l'Eglise 
et  insulter  même  à  Jésus-Christ,  soit  enfin 
qu'ils  voulussent  faire  leur  cour  au  gouver- 
neur; qnoi  qu'il  en  soit,  ils  se  disposaient  à 
leur  faire  violence ,  lorsqu'une  des  sept, 
nommée  Técuse,  que  le  plus  etfronté  de  la 
troupe  avait  conduite  dans  un  cabinet,  se 
jeta  tout  en  pleurs  aux  jiieds  de  cet  impu- 
dent, et  les  loirant  embrassés,  elle  s'etforçait 
de  lui  faire  changer  de  résolution  :  Mon  fils, 
lui  disait-elle,  qu'allez-vous  faire,  et  (juel 
cruel  re[)entir  vous  préparez-vous?  quelle 
satisfaction  espérez-vous  tirer  de  l'action 
honteuse  où  vous  vous  portez  avec  lant  de 
fureur?  Ouvrez  Ijs  yeux,  et  arrête  -les,  si 
vous  le  pouvez,  sur  ces  corps  décharnés, 
que  la  vieillesse  a  flétris,  que  les  austérités 
ont  desséi-hés  ,  que  les  maladies  consu- 
ment et  commencent  à  réduire  en  pourri- 


it47 


THK 


THK 


MU 


ture:  les  croyez-vous  encore  j_»ropres  h 
lusflge do  la  volu(5lé?Cesyeux  lUgi'Us,  cette 
chair  à  demi  morte,  ces  rides  pleines  de 
crasse,  que  soixauio  et  dix  aînées  ont  creu- 
si^es  sur  mon  iVoni.  ce  visage  (jui  reprend  la 
nature  el  la  couleur  d.'  la  terre  dont  il  a  été 
formé  ;  tout  cela  peut-il  exciter  en  vous 
qiK'lijUedé>ir  ?  V'oulnez-vims  vous  souill«T 
avet-'  un  corps  destiné  h  ôtre  dans  piu  la 
n'iurrituie  des  diiens  et  des  vautours?  Ali  1 
(piiilez  des  pi-ns.  es  si  indignes  de  vous  : 
Jésus-Christ  vous  en  conjure  par  ma  honclie, 
il  vous  le  demande  comme  une  grà(;e,  il 
l'atlend  de  vous  :  si  vous  la  lui  accord;-/, 
vous  pouvez  h  votre  tour  atl-ndre  tout  de  sa 
reconnaissance,  lùisui  e  déchirait  le  v  ilo 
qui  lui  couvrait  la  léte.  et  lui  montrant  s  s 
cheveux  blancs  :  Moi  (ils,  conlinuait-elle, 
avez  pilié  Ue  ma  vieillesse;  ce  sera.t  vous 
demander  trop,  peut-élre,  (juc  de  vous  d(^ 
nia'ider  i  our  elle  quelque  respect.  Mais  si 
vous  avez  une  mère  à  cpii  l'A;e  ait  blanchi 
les  cheveux,  que  ledeviemie  auprès  de  vous 
notre  avocate,  qu'elle  plaide  notre  cause 
dans  voire  cœur,  l'uis-ic  le  juste  ciel  vous 
roud)ler  de  ses  bénédic  lions,  et  écouler  fa- 
vorablenie'U  les  vœux  ardents  que  raescom- 
p.ign  s  et  moi  lui  adressons  toutes  ensem- 
ble pour  vous  et  pour  ces  aim.dib'S  jeunes 
gens  qui  so  it  avec  vous.  Un  discours  si  tou- 
chant eut  son  eflei  ;  il  éteignit  tout  le  feu 
impur  et  grftssier  (|ue  celte  fode  jeunesse 
avait  d'aliord  fait  paraître.  Ces  jeunes  liber- 
tin^.  devenus  tout  h  coii|)  des  hoiumi'S  tai- 
sonnables  el  susceptibles  de  sentimcnils  de 
compassion  ,  raèlèient  leurs  larmes  avec 
celles  de  ces  sr^pt  vier.;es,  et  se  relirèrent 
en  délestant  l'inliumanilé  de  Tbéotecne. 

«  Cet  homm -apprit  avoc  chagrin  ((u^  ces 
sainl'S  lib-s  avai'-nt  été;  pi-ései-vées  de  la 
honte  où  il  les  avait  brutal. -menl  exposées, 
et  Qu'elles  n'avaient  trouvé  que  du  respect 
et  de  la  rais'tn,  où  l'empor lement  et  l'ins- 
tinct seul  régnaient  au;  ara  vaut.  Toulel"oi>  iJ 
ne  voulut  pas  qu'où  les  remit  à  une  seconde 
épreuve;  il  so  co-ileuta  d'ordon-MM  (pi'tdles 
fusse'U  initiées  aux  myslèi-es  de  Dian»;  et  do 
Minerve,  et  qu'elles  en  fussent  faites  pré- 
tresses. La  princqide  fonclion  de  cette  di- 
gnié  consistait  à  ail  r  to  is  les  ans,  en  un 
certain  jour,  laver  en  (cérémonie  dans  le  lac 
proi'haiii,  les  simulacres  de  c(-s  d'-esses.  Or, 
comme  le  jour  solennel  était  arrivé,  l'on 
chargea  sur  des  chariots  les  imag<'S  de  la 
grande  Diane  et  de  la  sage  Minerve,  pour 
les  coiMuirt^  au  bord  du  lac;  mais  on  y  lit 
monter  eu  mémo  temps  les  nouville>  prê- 
tresses, pour  l-'s  pmilier  auss  .  Les  sept 
vierges  paraissaient  doni;  toul  debout  auprès 
des  idoles;  elles  étaient  nii-s  el  evposees 
en  cet  étal  i»  la  vue  et  aux  risées  d'iui  peuple 
insolent.  Des  joueurs  d(>  HiUes  douces  el  do 
liHul-bois  }»rr-cédMt'ni  les  eh.iriois,  el  deux 
<  hu'ursde  Mùiiiides  (1)  luarcliaienl  aux  deux 
coté-s  :  leurs  cheveux  l'-t  lii-ut  epars,  tout  en 
désordre,  à   d.  ini  liéiis^'--»;  elles  avaient  lo 

(I)  Kniiiiifls  qui  célébraient  los  orKion  on  Iclcs  de 


flijrrse  (1)  h  la  main,  et  pleines  du  dieu  (2j 
qui  les  possédait,  clbs  faisaient  cent  pos- 
tures extravagantes,  chantaient,  criaient, 
hurlaient  h  la  manière  des  bacrhantes. 
Qu'on  s'imagine  l'eirel  que  produisait  cette 
çonfiisio'i  de  voix, d'instruments,  d'acclama- 
tions, de  huées,  le  hurli-meiil  des  Ménades, 
le  son  aigre  d  s  cymb?>lL-s,  le  bruit  des  tam- 
bours, le  ballt-ment  des  mains,  le  choc  de 
tant  de  pers  eines  qui  s'entre-poiissaient.  les 
cris  de  ceux  qui  tombaient,  et  qu'on  fo  .lait 
aux  pieds;  en  un  mot,  cetleetrroynble  multi- 
tude ,  (pii  grossis-ail  à  tout  moment  par  la 
ridicule  et  barbare  curiosité  de  voir  les 
vierges  chrétiennes  qui,  dans  le  déplorable 
état  oij  elles  se  trouvaient,  étaient  bien  ;  lus 
proi)res  h  exciter  de  la  compassion  el  do 
i'  orreuf,  qu'une  vaine  et  sotie  joie,  dont  il 
n'y  a  qu'une  v.le  populace  qui  soit  cajinble. 
Al  ssi  les  honnêtes  gens  tpii  se  trouvaient 
parmi  les  spectateurs  ne  pouvaient,  qiioiipio 
paiens,  approuver  une  chose  si  conlrnire 
aux  bonnes  mœurs  et  h  Ihonnôtelé  piildi- 
que.  Les  uMs  plaignaient  la  viedlesse  infor- 
tunée de  CCS  v,erge.s;  les  autres  admiraient 
leur  constance;  [dusieurs  louaient  leur  mo- 
destie :  twus  les  voyant  couvertes  de  plaies, 
leur  donnaient  di-s  larmes ,  en  préseni^o 
même  d  1  détestable  Théolccne,  qui  suivait 
les  chariots,  el  fermait  avec  ses  gardes  celle 
procession  impie. 

«  C  -  fut  cei  atTreux  spectacle  qui  frappa 
les  yeux  de  Théoiole,  lorsqu'il  'entra  dans 
Ancyre.  11  n'était  pas  sans  inquiétude  pour 
ces  saintes  iilles;  il  appréhendait  la  faiblesse 
du  sexe;  il  ciaignit  que  (pndqu'une  ne  vint 
à  perdre  courage  dan>  cet  abîme  de  misères 
et  de  confusion  ttù  ell  -s  se  trouvaient.  Il  eut 
recours  h  Dieu,  et  il  le  priait  avi  c  lannoë 
de  fortilier  ses  servantes  dans  un  combat  si 
ilangereux.  Il  s'était  relire  pour  c  "la  dans 
une  petite  maison  proche  une  chapelle  de 
martyrs  :  ee  logis  appartenait  h  un  pau- 
vre homme  nommé  Téocarès.  Théodote  de- 
iiKMirait  luostorné  en  la  présence  de  Dieu 
avec  le  jeune  Tiu-odole,  son  parent,  Poly- 
crone,  neveu  de  Técuse,  et  quelques  autres 
chrétiens  cpii  l'avaient  accompagné.  Ils 
avai(-nl  demeuré  en  oraison  depuis  hr  lever 
du  soleil  jusqu',^  midi,  lorsipie  la  femme  de 
Téocarès  vint  leur  dire  que  les  vierges 
avaient  (-té  jetées  dans  le  lac  A  celle  nou- 
\(-lle,  le  saiul,  se  relevant  de  Icrre  et  se  te- 
nant sur  les  genoux,  tourna  ses  yeux  baignés 
de  larmes  viîis  le  l'iel,  el  parmi  les  divers 
mouvements  de  joie,  d'amour  et  di>  recon- 
naissance qu'il  ressentait,  il  dit  :  Je  vous 
rends  grA(-es,  Seigneur,  de  ce  <pie  vous  n'a- 
vez pas  rejeté  'a  prier»'  de  vt)tre  serviteur,  ni 
méi'risé'  ses  larmes  et  ses  soupirs.  Puis  s'in- 
Ibrin ml  plus  p  irlii  ulièremenl  de  lu  feinii.e 
de  Téocarès,  coininent  la  chose  s'était  piis- 
séo,  il  apitril  délie  (|ue  Tholecne  ,  awanl 
tail  de  nouveaux  ellorts  pour  gajjner  Técuse 
et  ses  omipagnes,  il  n'avait  pu  v\i^^\  otilenii  : 
que  les  an»  leiines  prêliea.scs  do  Diane  et  «lo 

(I)  Vn  li.'ilon  oinironni'  ilo  feuilles  de  vîguc. 
^i)  Uj(  (.Uiiï,  uu  |)luiul  du  dcmuu. 


M4» 


Trii: 


IIIK 


11M 


Minerve,  s'«Manl avancées  pour  inollrola  rol)« 
bl(i'H'[i(f  iH  lu  coiiruniui ,  qui  sont  los  niar- 
tjui's  (l(!  Ii'ur  «liK'iHt^  l'fi  «ivjHcul  fit'  rcpous- 
siM's  .ivcH",  injures;  qu'cutin  l(i  ^unvi'iin'ur 
cuut'us  <'t  plein  (l(«  nig<> ,  nyiwl  conunnndû 
(|u'oii  leur  ti(lMi'li/U  ;i  cluKU'ie  uiu'  pierre  fiti 
cou,  on  lei  .'ivnil  (Miidinlcs  (Imiis  u'i  esipiil, 
où  lo  lac  oui  Ut  plus  [irolond,  el  (pu*  làu  i  \v$ 
av;\il  novices;  ipu»  cfU  endroil,  nu  r('sl(>,  pou- 
v/iil  iMro  c'loimi(^  (lu  rjv.ii^e  ironviron  di  u\ 
arfienls. 

«  Tliéodole,  jipr^s  avoir  oui  co  réeil,  do- 
uieuia    \h   ju,s(pi')ui    sow ,   di'lihi'ranl   ;ivec 
Polycro'io  C!  los  autres  chrélioiis,  sur  les 
moyens  de  retirer  les  eoriis  de  l'o.ui.  Au  cou- 
cher du  soleil,  un  jeune  li(uuuie,  (pi'on  av  iiil 
onvoyi^ftux  nvis,  rappurl.'i  (|ue  le  gouverneur 
avait  mis  des  u;,inl(>s  aux  oivirons  du  lac, 
j)our  eiup(Vher  les  eliréliens  (li«  vo'ur,  selon 
lenr  coulinn(>,  dinvin!    la   nuit,  enlever  ces 
corps,  ('('la  allli:-;ea   i(^  saini  lionuuo  :  il   lui 
paraissait   pres{pn'   iuipossihlo   de    venir    <^ 
bout  de  son   dessein,  tant  h   cause  de  ces 
soldais  ([iii  (hMeudaient  les  appro(;lies  iln  lac, 
(ju'ù  cause  de  l'evlrc'nie  dilIicuIlcS  (juM  y  au- 
rait à  tirer  ces  pierres  du  t'o'id  de  l'eau.  La 
iniil  ('tant  veiuieava'U  (pi'on  ei1l  pris  auciuie 
résolution,  il  sortit  seul,  et  voulant  enlri>r 
h  une  chapelle  voisine,  (]u'on  uoniinait  les 
Patriarches,  il   fiouva  i\\\{)  la  porte   eu  avail 
tHébouchée  par  les  inlidCdos  ;  il  ne  pui  doiu- 
faire  outre  chose  que  de  se  nu'ttre  à  ge'ioux 
auprès   du  bassin  de  pierre  (jni  est   à  l'en- 
tr(!'e,ori  il  demeura  qiieKiuetenii>s  en  oraison. 
De  là  il  alla  h  u'ie  autre  chapelle  appeK'e  les 
Pt^'res,  et  la  trouvant  l'i  ruu^e  de  même  que  la 
^iremière,   \\  se   contenta   do  faire  aussi  sa 
M'iôre  devant  le  ve'^libule.  Connue' il  était 
à,   il  entendit  derrière  lui  un  fort  grand 
jruit,  ce  qui  l'obligea  h  se  retirer  assez  vite 
chez  Téocirès.  11   était  fatigué  de  tant  do 
niouvemenis  qu'il  s'était  donnés;  il  se  jeta 
sur  un  petit  'it,  où  il  s'endormit.  Durant  son 
sommeil,  la  bienheureuse  Técuse  lui  appa- 
rut :  Eh  (pioi,  mon  lils  Théodote,  lui  tlil-elle, 
vous  d'jimez  sans  i)enser  à  nous  et  s.uis  vous 
mettre  en  peiie  si  nous  sommes  privées  do 
la  séj)nlture.  Ave/.-vous  si  tôt  oublié  les  soins 
que  j'ai   pris  d'élever  votre  jeunesse  et  de 
vous  conduire  dans  le  chemin  de  la  vertu? 
Vous  aviez  pour  moi  de  si  grands  égards 
lorsque  j'étais  au  monde;  vous  me  respec- 
tiez, vous  m'aimiez  comme  votre  mère.  I.a 
mort,  je  le  vois  bien,  en  m'ôtant  de  devant 
vos  yeux,  m'a  encm^e  etfacée  de  votre  souve- 
nir; et  ne  savez-vous  pas  qu'un  (ils  doit  ren- 
dre à  sa  mère  les  derniers  devoirs?  Nesoulfrez 
pas,  mon  cher  Théodote,  que  nos  corps  soient 
mangés  des  poissons;  vous  n'avez  poiit  de 
temps  à  perdre,  car  il  faut  vous  préparer  à 
combattre    à  votre  tour,  dans  deux  jours. 
Leve/.-vous  donc,  allez  au  lac;  mais  gaidez- 
vous  d'an  traître.  En  disant  cela  elle  dis- 
parut. 

«  Alors  Théodote  s'étant  éveillé  raconta  à 
ceux  qui  étaient  présents  le  songe  qu'il 
avait  eu;  ils  s'otlrirent  tons  ii  le  suivre.  Le 
reste  de  la  nuit  se  passa  à  implorer  le  se- 
cours du  ciel,  pour  obtenir  un  heureux  suc- 


cès. Dès  que  Iv  jiMir  parut,  on  envoya  c« 
MK^uio  jeune  homme  pour  roconruillro  l'état 
des  chose»  ;  ori  aV/iil  quehpiu  pOLSi-o  qUH 
les  garde»  p()Ui  raient  bien  s  t'élit'  icliré«,  h 
cause  (|ue  ce  jour-lh  o'i  célébrait  In  l'Mo  do 
Diane.  (îlie('iius,  c'i'tnil  le  nom  du  jeinio 
lioiuiue,  partit  avec  T('oi  .'nès,  et  Inns  lieiucs 
aprùs,  tous  deux  revinrent  el  liront  inpoort 
(pie  les  siddals  n'avaieiil  point  (piiiti;  leur 
poste.  Aiisi  il  r.ilhit  laisser  eue  )re  jnisser  m 
yniv-\h  sans  rien  faire. 

«  SilAl  (pii!  1,1  iiiiii  (•(Mnmen(;a  h  jiaraitre, 
ils  sortireil  tous  .'i  jeun,  et*  gardant  un 
profond  silence,  ils  prirent  le  chemin  du  lac. 
Ils  avaient  fait  provision  de  faux  bien  tran- 
clianles,  pour  ciMi|ier  les  cAbles  (jui  rete- 
naient au  fond  de  l'eau  les  corps  qu'ils 
voulaient  enlever.  Il  faisait  une  de  ces  nuits 
obscures,  où  le  ciel  sa'is  liuie  et  sans  étoiles 
semb'o  être  voiléd'un  cré|)e.  l..orsqu'ils  furent 
airiV(''sA  rcndroii  où  l'on  porte  les  corps  des 
criminels  (pi'ou  a  exéi-iiti  s,  (pii  se  liouvait 
sur  leur  roule,  ils  se  sent  rent  tout  d'i  n  coup 
saisis  d'un(*  eeitaitie  horreur  (ipii  leur  fil  dr.s- 
sei  les  c'  eveiix.  Pei-sonne,  «prés  le  soleil 
couché,  n'oserait  entrer  dans  ce  funeste  lieu  ; 
plusieurs  cadavres  i)endent  tout  autour, 
attachés  à  des  chevrons;  au-dessous  sont 
des  f)i(;ux  iilaulés  dans  la  terre,  où  l'on  a 
liché  autant  de  tôles  :  d'autres  tôles  môle  s 
co  d'usi'uieit  avec,  des  bras  et  des  jambes 
noircies  par  le  feu  sont  éparses  çîi  et  là  : 
rien  n'est  plus  capable  de  causer  l'effroi. 
Théodote  et  sa  troupe,  comme  nous  avons 
dit,  n'en  furent  pas  exempts,  el  une  voix 
qu'ils  entendirenl  dans  ce  moment,  qui  di- 
sait :  Théodote,  n'ayez  jjoint  peur,  ne  (it 
que  l'augmenter  davantage.  Ils  (in  nt  le  signe 
de  la  croix  (Ij,  s'armant  de  ce  signe  sacré 
contre  les  puissances  des  ténèbres.  Mais  en 
môme  temps  une  croix  toute  éclalanle  de 
lumière  parut  nans  le  ciel,  vers  l'ori  nt,  et 
chassa  par  c»  tte  agréable  et  soudaine  appa- 
rition la  crainte  qui  s'était  emiiarée  de  leur 
cœur.  Ils  se  jetèrent  promptoment  à  terre, 
el  adorèrent  du  coté  que  cette  croix  miracu- 
leuse se  montrait  à  eux. 

«  Encourag''s  par  cette  vision,  ils  pour- 
suivirent leur  c  lemin,  avec  une  f(M'me  es- 
pi-rance  que  leur  entreprise  aurait  une 
heureuse  issue.  Cependant  l'obscuiité  était 
si  grande,  qu'ils  ne  se  voyaient  pas  l'un 
l'autre.  La  pluie  qui  tombait  rendait  le  ter- 
rain si  glissant,  qu'ils  tombaient  à  chaque 
pas;  le  travail  et  la  lassitude  croissaient  ;  à 
l)eine  pouvaient-ils  se  soutenir.  Ils  eurent 
encore  recours  à  la  prière,  et  ils  furent  exau- 
cés. Un  (lambeau  parut,  et  leur  montrait  leur 
route:  une  main  invisible  le  portait  devant 
eux.  Dans  le  même  instant,  deux  vieillards 
vénérables,  dont  les  cheveux,  la  barbe  et 
l'babit  étaient  blancs  comme  de  la  neige,  se 

(1)  Coulume  ancienne  aux  chréliens ,  de  faire  le 
signe  de  la  croix  ,  lorsqu'ils  se  trouvaient  en  quel- 
que da,:ger.  Laclante  observe  que  ce  signe  avait 
plusieurs  fois  n;is  en  fuite  les  dénions,  et  déconcerté 
les  cérémonies  profanes  des  païens.  (Liv.  iv  des 
Insiit. ,  ehap.  27.) 


ram)li.(iia  h  In  quosiiiMi  coniine  les  aiilrps, 
«•t  il   la  soutint  d'ahird  avec  assez  de  coiis- 


il5l                                  THE  THE                              U5î 

présentèrent  h  eux.  et  adressant  la  parole  h  loj>;que  le  saint  a[)prit  relie  nouvelle  persé- 
Théodote.  ils  lui  dirent  :  Mon  -frère,  Notre-  (  iilioi.  Il  voulait  sur  Iheure  aller  se  livrer 
Sei2;n('ur  Jésus -Christ  a  fait  ('crire  votre  nom  liii-tnôme,  mais  les  frères  l'en  empaillèrent, 
parmi  ceu\  des  martyrs;  c'est  le  pnx  (piil  Cependant  Pol>  croie  s'éaU  travesti  en  vil- 
donne  €^  votre  foi,  et  surtout  à  ce  soin  clia-  la.;t'ois,  se  mêla  |)armi  If  peuple  et  qnelrpies 
ntahlf  que  vous  prenez  de  le  irs  relitpies.  Il  gens  de  la  campagne  cpii  apportaient  Ifurs 
nous  envoie  exprès  pour  vous  en  doiner  denrées  au  marché.  |)o  ir  tiV'her  de  s'iid'or- 
avis,  et  nous  soum  ;s  ceux-là  mêmes  que  mer  |)lus  particulièrement  de  c(>  (pij  sr  pas- 
vous  nomm -z  les  Pères.  Lors{[ue  vous  serez  s.iit,  et  des  divers  jugements  qu'on  formait 
arrivé  sur  le  honi  du  lac,  vous  y  trouverez  sur  cet  t;n  èvcment.  Mais  il  fut  b  entùt  re- 
sai  it  Sosiandr^',  armé  de  toulcs  pièces  :  il  connu  et  cond  lit  devant  le  gouve.neur.  On 
est  là  p'.ur  favoriser  votre  entreprise;  mais 
vous  ne  deviez  pas  avoir  amené  un  traitrc 
avec  vous.  tance,  sans  rien   avouer  ;  mais  le  tyran   le 

«  Ils  arrivèrent  endn  au  lac.  à  la  faveurde  menriçant  de  le  faire  mourir,  cl  le  biurreau 
ce  tlunbeau  qui  demeura  toujouis  allumé  lui  appuyant  di'-jà  le  coutelas  sur  le  cou,  il 
tant  qu'ils  en  eu  eut  besoin.  Cependint  l'air  periit  courage,  rt  codant  lâchement  à  la 
parait  tout  eu  feu;  raille  éclairs  suivis  do  crainte  de  la  in(»rt,  il  déclara  toutes  les  par- 
mille  coups  de  tonnerre,  jettent  l'épo  .vante  ti(  ularilésde  cette  alfaire.  deq  udle  maniè.-e 
parmi  les  soldais  :  les  nuages  se  crèvent  de  Théodole  avait  eu  ces  reliques,  et  le  lieu  où 
tous  côli'S,  et  f  )nt  tomber  s  ir  eux  des  tor-  on  les  avait  déposées.  Les  païens  y  couru- 
renîs  d'une  pluie  froide,  luèléj  d?  grêle,  rent,  les  tirèrent  du  tnmbi'au  et  les  bri\!è- 
qu'un  vent  impétueux  leur  pousse  au  visage  rer.l.  Alors  nous  reconnilmes  que  le  mal- 
avpc  tant  de  v.olence,  (juils  en  sont  môme  heur.nix  Polycron  •  était  ce  traiire  de  qui  la 
av,nigl>5s.  Mais  ils  n'ont  pas  seulement  h  bienheureuse  Técuse  et  les  deux  vieillards 
combattre  les  éléments;  voici  un  combat  avaient  averti  Théodole  de  se  garder.  Ce 
bien  plus  tenib'e  pour  eux.  Un  homme  se  saint  homme  ne  fut  pas  longtemps  sans  ap- 
présente  à  eux,  si  toutefois  c'est  un  homme  Prendre  la  trahison  de  Polycro ne  et  le  mal- 
luorlel;  il  est  d'une  taille  au-dessus  delà  lieur  arrivé  aux  rtdifpies. 
()lus  haute  :  son  bouclier,  sa  cuirasse  et  son  «  Il  commenya  dès  ce  moment  à  ne  plus 
casque  lancent  des  rayons  seml-lables  h  ceux  penser  qu'h  la  mort,  qu'il  comprit  bien  n'è- 
du  sol 'il  ;  les  gardes  n'en  sauraient  soutenir  Ire  pas  fort  éloignée.  Il  s'y  disposa  parla 
l'éclat;  ils  prennent  la  fuite  :  mais  ils  le  prière,  et  il  voulut  ijue  les  frère»  demaudas- 
sentent  h  leurs  épaules,  il  les  suit,  il  les  sent  pour  lui  ù  Dieu  la  couronne  du  mar- 
presse,  il  les  joint  avec  une  langue  el  forte  tyre.  Il  pria  longtemps  en  silence  ;  puis  tout 
lanc  •  ;  il  la  leur  porte  dans  les  reins  :  les  à  coup  élevant  sa  voix,  il  dit  :  Seigneur  Jé- 
soldots  doublent  le  pas,  et  se  sauvent  tout  sus,  l'unique  espérance  de  ceux  qui  n'en 
en  désordre  et  h  demi  morts  de  peur,  dans  ont  plus,  fiites-moi  la  gnlce  de  tour 'ir  cou- 
(pielques  cabanes  voisim^s.  Ce  vaillant  guer-  rageusement  cette  sanglante  carrière  qui 
rier  était  le  g'orieux  martyr  S  isiandre ,  m'est  ouverte;  faites-moi  combattre,  Sei- 
qui  avait  reçu  de  Dieu  l'ordre  d'écarter  les  gneur,  alin  que  vous  prissiez  vaincre  par 
gardes,  lanilis  rpie  Tlu-odole  et  ses  compa-  moi.  Je  vous  offre  mon  s.ing;  je  brûle  de  I' 
gnons  travailleraient  h  tirer  de  l'eau  les  corps  répandre  pour  votn»  gloire  et  pour  la  con- 
des  se,it  vierges.  Mai>  ce  même  v.mt,  qui  servalion  de  mes  frères  :  que  le  tyran  se 
avait  mis  (MI  fuite  lessoldai-^,  avail  en  mênn»  conteuU'  de  verser  le  mien,  mais  qu'il  épar- 
lemps  re|)Oussé  les  eaux  du  lac,  et  les  avail  gneleleur.  Délivrez-les  de  ro|)pression,  cal- 
fait  remo  iter  jusque  su--  le  rivage  opposé,  niez  cet  orage,  rendez  la  paix  à  votre  Eglise; 
en  sorte  que  le  fond  paraissait  être  à  sec,  el  que  ceux  qui  croient  eu  vous  puissent  enlin 
laissait  voir  h  découvert  les  corps  des  saintes  respirer  après  tant  de  traverses,  el  chanter 
martyres.  Alors  Théodole  [tlein  de  joie  >'en  paisi'lemeit  vns  louang<>s  sous  la  protec- 
étani' Approché,  et  jiyant  couité  les  cordes  lion  de  voire  fioin  ador.ble.  Il  fut  interrompu 
qui  les  tenaient  attachées  aux  quartiers  de  [lar  les  cris  el  les  gémissements  île  ceux  qui 
piene  fpii  seivaieut  de  contre-poids  poiir  les  étaient  là.  Ils  se  jet  dent  à  soii  cou,  el  le  ser- 
arrèler  au  fond  du  lac.  il  les  mit  sur  un  raiit  entre  leurs  bris,  le  couvraient  loul  de 
chariot ,  et  la  nuit  continuant  toujours  îi  le  leurs  larmes.  Ils  lui  disaient  :  Lumièn'  douoc 
favoriser,  il  alla  les  ent"irer  sei  rèlemeiit  el  bitMil'nisanle  (pii  éclairiez.  l'Kglise.  vous 
proche  l'Kglise  des  Patriarches.  Voici  les  aile',  lionc  vous  éieindre  pour  elle,  pour  ai- 
noms  (le  ces  sept  vierges  :  Técuse,  Al -xan-  1er  au  ciel,  éclairer  parmi  ces  lumières  im- 
flra  el  Pli,\ïné;  ces  trois  suivaient  la  règle  mortelles  qui  brille  it  avec  tant  d'éclat  ;  vous 
des  He  ion<;anls  ou  Apotarlies;  les  (pmire  allez  être  placé  pacnii  les  a  iges  el  les  aivhau- 
nutres  sont  :  Claudia,  Kuphrasie,  Matrone  el  ges.  Puissent  les  divines  .snlendeurs  du  Saint- 
Jidil..'.  Ksprit  vous  rendre  une   di>s  plus  éclatantes 

«  Dés  (pi'il  fut  jour,  le  bruit  se  réjiandit  lumières  de  ce  bie. . heurt  ux  séjour.  Puisse 
en  un  instant  que  les  reliques  des  sert  vier-  Noire-Seigneur  Jésus-Christ,  (pii  esl  assis  h 
ges  avaiei.tété  enlevées  l;i  iiiiil  précédent!»  :  la  droiie  tin  Père,  et  qui  est  le  soleil  de  jus- 
celte  nouvelle  mil  toute  la  villi-  en  coiiibus-  lice,  n-pandre  sur  vo  s  les  plus  vifs  rayons 
lion;  en  .sorte  (jue  dès  qu'un  chrétien  pa-  de  sa  gloire!  ma  s  pendant  que  vous  portez 
raissail,  il  était  aussiUM  arrêt.-  ri  mis  à  la  la  joie  dans  le  rief,  vons  nou>  laissez  ici- 
quesliou.  On  l'avait  déjà  donnée  à  plusieurs,  bas  le  deuil,  la  douleur  el  les  mortelles  in- 


1153 


THE 


iiii': 


11&4 


(liiirluilcs  eu  |wirln;^<».  Lu  saiiil  les  {>iiil)r;i.ssa 
Ions,  cl  luMii  M"'  l/inii»''>  »■«'<■  l»>^  li'iii's.  Ki»- 
SUlu  il  les  avt'rlil  (jiie  le  |ii(Hi('  Knnlo'ulu- 
vail  dans  peu  vfiir  à  Aii,>rc;  (|ii'il  Umii* 
iiKHilri'iail  son  a'ncaii,  (|iii  rlail  coiimi  dr 
l'IiisitMH's  (l'o'ilro  (MU  ;  (|iiM.s  lie  lis.sdiil  |i(»i'il 
(lo  ililliniltt'  (l(!  lui  iciiicllic  ciilri' les  mains 
ce  (in'ils  poiii  l'iiciil  sauver  <li'  son  corps. 
Ayant  ilil  cclii,  il  lil  If  si^çnc  du  la  croiv  sur 
lui,  (>l  sortit  pour  aller  an  (-ond).'it. 

((  l.ors  pi'il  lui  à  (piel  pies  pas  du  lojj;is,  il 
roiicoMlra  deux  ih>s  principaux  citoycMi.-.  (jui 
lui  lireiil  dei;rand(!S  mslances  poin-  ro|)lij,er 
î»  so  rolircM'  :  S;»uvc/-vt>us,  lui  direnl-i  >,  el 
ne  vous  oxposez  pas  h  la  fureur  de;  loul  nu 
pouplo  élranj;enu'nl  animé  conlrc»  vous  ;  car 
sache/  ipiau  nionieiil  où  nous  vous  parlitns, 
les  prtHresses  de  Minerve  et  do  Diane  Ibnl 
prand  bruit  anp  es  du  gouverneur;  elles  vous 
accusent  do  dtMonriior  le  i>eu|)lo  d'adorer 
liurs  déesses,  auo  vous  pnnlioz  n'être  (|ue 
dos  pioiros  ou  un  hois.  INilycrono  lui-uiènio 
vous  a  dél'iM'é  au  présitlonl;  il  vous  cii;u',J,o 
de  roulèvenio'it  des  reli(pies.  l*uis([u  il  en 
cstencori"  louips,  éloi^^Moz-vous;  la  prudence 
ne  veut  [)as  cpie  vous  vous  exposiez  ainsi, 
et  il  sied  mal  h  un  homme  aussi  sa^|,e  (|ue 
vous  d'aller  sans  nécessil'^  alfronler  les  tour- 
monls  de  la  m  »it.  Le  uiartyr  les  asanl  pai- 
siblement écoutés,  leur  répnndil  :  Si  vous 
êtes  toujours  île  mes  amis,  no  faites  point 
d'inutiles  ell'orts  pour  me  détoursior  de  mou 
dessein;  allez  pliitùt  trouver  le  gouverneur, 
et  dites-lui  :  Tli.'odole,  que  les  prêtresses 
accusent  d'uupiété,  est  là  ipii  demande  au- 
dience; et  en  disant  cela  il  prit  lui-niôme 
Its  devants,  et  t)arut  ti  l'iiuproviste  en  la  pré- 
se  ice  de  ses  accusateurs. 

«  Ni  tout  cet  appareil  de  supplices  qui 
rompliss.it  la  salle,  ni  ce  tribunal  redouta- 
ble, ni  la  vue  du  youverieur,  un  des  [jIus 
méciiants  hommes  ([u'il  y  eût  alors  sur  la 
terre,  ne  (iront  point  changer  de  visage  à 
'J  héoilote  :  il  regard  lit  tout  cela  avec  un  cer- 
tain sourire  tier  et  dédaigneux,  mêlé  de  joie. 
Mais  si  ce  spectacle  d'horrour  ne  put  l'indi- 
mider,  les  promesses  flatteuses  du  tyran  no 
furent  pas  j)lus  capables  de  l'émouvoir.  Il 
eui[)]oya,  pour  le  gagner,  tout  ce  que  l'art 
de  persuadera  d'aililicienx  et  de  séduisant, 
d'éblouissant  et  de  captieux.  Théodote,  lui 
dit-il,  ces  instruments  de  sui)plices  que  vous 
voyez  ici  ne  sont  pas  faits  pour  vous  ;  du 
moins  il  ne  tiendra  qu'à  vous  de  n'en  pas 
éprouver  la  rigueur;  laissez- vous  seidement 
peisuader  qu'il  est  d.;  la  dernière  consé- 
quence pour  vous  d'être  sage  et  de  sacrifier 
aux  dieux;  je  vous  renvoie  absous  (ie  tous 
les  crimes  ([u'on  vous  impute  ;  j  ■  n'écoute- 
rai ni  les  remontrances  de  toute  une  ville, 
ni  les  accusations  des  vénérables  prêtresses 
de  Diane  et  de  Minerve  :  je  vous  réponds  de 
la  faveur  de  nos  nv incibles  princes;  ils  vous 
honoreront  de  leurs  lettres,  et  ils  recevront 
les  vôtres  agréablement  :  enlin,  si  vous  comp- 
tez mon  amitié  pour  quelque  chose,  je  vous 
l'offre,  je  vous  la  donne,  et  vous  pouvez  dès 
ce  moment  mettre  au  nombre  de  vos  amis  le 
gouverneur  de  Galalie,  et  pour  tout  cela  je  ne 


vous  dinnande  ipi'une  seule  cliosi-,  c'e^l  do 
renoncer  a  J('"sus;  oui,  *i  rot  Iminme  qm*  l*i- 
lati-  lil  altach(;r  /<  une  crtdx,  pendant  (|u  il 
ont  lo  ^ouveinemeut  de  In  Judée.  Faites  ré- 
lloxin  I  h  ce  que  jn  Vous  pr(j|to.se;  cumparez 
ce  que  je  voirs  demande  avec  (■«  que  je  vous 
oll're.  Vous  me  paraisse/  un  homme  .sage  et 
avisé;  or,  la  sagesse,  coinm(>  vous  savez,  con- 
siste i^  oxamiiu-r  le^  choses,  h  en  prévoir  les 
suites,  à  se  dégager  [noiiqilemenl  d'i  n  mau- 
vas  pas,  à  proliloi-  adrfulemriit  il(;s  coijoric- 
luics;  (ni  un  iiiit,  h  se  i-'-ndre  hcnireux.  Vous 
le  pouvez,  Théodote,  si  v<ius  voulez  ab.'ui- 
doiinn'  colti!  folle  et  ridi(nile  superstition 
des  chréticMis;  je  vous  eiigige  ma  parole  do 
vous  faii'o  grand  préire  d'AiiolIon  :  vous  n'i- 
gnorez pas  (pi'apios  Jupiter  c'est  lo  [dus 
grand  et  le  plus  révéré  de  tous  les  dieux, 
soit  h  cause  de  sa  ipialité  de  prophète  (de 
devin),  ce  qui  Halle  la  curiosité",  soit  parce 
qu'il  a  une  connaissance  ()arf  lito  de  la  mé- 
decine, oo  (|ui  s'aci  ommodo  à  l'amour  qu'on 
a  pour  la  vie.  Vous  seul  conférerez  les  char- 
ges et  les  dignit  s  ;  vous  ferez  vous  seul  les 
piètres,  les  sacrilicaieurs,  les  officiers  (jui 
sorvinit  dans  les  temples,  et  tous  les  minis- 
tres de  la  religion.  Vous  serez  toujours  dé- 
Ijuté  préfé.abl  mont  h  tout  autre,  lorsquiî  la 
villo  aura  (lueKj  l'alf  .ire  d'imjioi tance  à  sol- 
liciter à  la  cour;  toutes  les  grâces  passeront 
par  vos  mains.  Voulez-vous  des  terres,  un 
})alais,  de  riches  meubles,  j'ai  ordre  de  vous 
donner  tout  cela  :  en  un  mot,  vous  verrez 
les  honneurs,  les  richesses,  la  puissance  et 
le  crédit  se  disput  r  les  uns  aux  autres  la 
gloire  de  vous  rendre  le  plus  heureux  de 
tous  les  hommes.  Ccsmagniii  [ues  promesses 
allirèront  au  goiivorneur  les  acclamations 
de  toute  l'assemblée,  et  mille  conjouissances 
à  Théodote.  On  i.e  pouvait  se  lasser  ne  louer 
la  générosi.é  de  l'un,  et  d'admirer  la  bonne 
fortune  de  l'autre. 

«  On  attendait  donc  avec  impatience  que 
Théodote  répondit,  et  l'on  ne  doutait  po:nt 
qu'il  n'acceptât  de  tout  son  cœur  des  offres 
si  avantage. ises,  lorsqu'entin  il  parla  en  ces 
termes  :  Je  jino  Jésus-Christ,  mon  Seigneur, 
que  vous  venez  d'appeler  par  mépris  un 
homme  ordinaire;  je  le  prie,  dis-jo,  de  me 
l'aii'e  la  grAce  de  pouvoir  vous  convaincre  de 
la  vanité,  du  riiicule,  de  la  turpitude  et  de 
la  fausseté  do  votre  religion,  et  en  même 
temps  de  la  solidité,  uq  la  grandeur,  de  la 
sainteté  et  de  la  vérité  de  celle  que  je  pro- 
fesse, qui  est  celK»  de  Jésus-Christ.  A  l'égard 
de  votre  religion,  on  ne  saurait  presque  ea 
parler  sans  rougir;  je  n'en  dirai  doir.3  que 
peu  de  choses,  et  seulement  pour  vous  en 
donner  de  l'horreur.  Celui  de  vos  dieux  que 
vous  appelez  Jupiter,  et  que  vous  reconnais- 
sr-z  pour  le  maître  des  autres,  n'est  en  eflet 
que  le  plus  infâme  de  tous.  Orphée,  le  plus 
ancien  de  vos  poètes,  qui  sont  aussi  vos  théo- 
logiens, écrit  ([ue  Jupiter  tua  son  père  (Sa- 
turne), qu'il  fut  le  mari  de  sa  mère  (Rhéa), 
de  sa  tille  (Perséphoné),  et  de  sa  sœur  (Ju- 
non).  Apollon,  un  autre  de  vos  dieux,  celui- 
là  même  do;:t  vous  m'offrez  le  souverain  sa- 
cerdoce ,   viola  sa   sœur  (Diane),  jusqu'au 


il5S 


THE 


TïlE 


im 


pied  des  «uIpIs.  Mars  et  Vnlrain  b^rtl^^ent 
tous  (Jeux  dun  amour  d(^ti\st;>ble  |iour  lonrs 
propres  sœurs,  Vt^nus  (>i  Mi-icrve.  Voilà 
quels  sont  les  dieux  que  vous  adorez.  Quel? 
dieux  !  (les  ailullères,  des  assassins,  des  in- 
coslueiix  ! 

<i  Détournez  lesyoux,  seigneur,  de  ces  abo- 
rai'iabifs  diviniés,  et  arrAlez-les  sur  le  Dieu 
des  chréiiens,  sur  J.^sus-dlirisl  ;  tout  est  pur, 
tout  est  chaste,  tout  est  divin  dans  ses  mys- 
tères, dans  son  inrarnation,  dans  sa  nais- 
sance :  la  pudeur  ne  soutire  rien  h  en  par- 
ler ;  tout  est  grand,  tout  est  vrai  dans  ses 
mir.irles.  Les  prophètes  ravnient  annoncé 
au  monde  plusieurs  siè(  les  avant  qu'il  y 
parût.  Ils  ont  tous  rendu  un  lémoi;J[nage  uni- 
forme de  sa  divinitt^.  Ils  ont  tous  prédit  rpiM 
naîtrait  et  vivrait  parmi  les  hommes,  qu'il 
guérirait  leurs  maladies,  qu'il  les  rendrait 
dignes  de  pouvoir  régner  eux-mêmes  un 
jour  dans  le  eiel.  Ils  s'accordent  aussi  tous 
dans  les  prédictions  qu'ils  ont  faites  des  cir- 
constances de  sa  passion,  de  sa  inoit  et  de 
sa  résurrection.  Les  astres  mèm«  s  l'ont  fait 
connaiire;  et  sur  la  t'ni  d'une  étoile,  les  ma- 
ges, ces  sages  jthilosoplies  de  Per-e,  sont 
venus  l'adorer  <  oiume  le  Dieu  de  l'univers, 
et  en  cette  (pjalité  lui  ont  olfert  des  présents. 
J«  ne  vous  parltnai  point  do  ce  grand  nom- 
bre de  miracles  (jui  ont  signalé  le  cours  de 
sa  vie.  11  a  changé  l'eau  en  vin  ;  il  a  rassa- 
sié 0  nq  mille  personnes  avec  c  nq  pains  et 
deux  poissons;  on  l'a  vu  marclier  sur  les 
eaux  qui  s'étaient  atl'ermies  sous  ses  [)as.  La 
nature  l'a  recoimu  pour  son  auieur  :  par  une 
seule  de  ses  paroles  il  a  rendu  la  vue  h  un 
av.nigle  de  naissance;  la  mort  entin,  toute 
fière  et  tout  inexorable  (ju'eile  est,  a  paru 
plus  d'une  fois  soumise  à  ses  ordres,  et  il 
l'a  contrainte  de  rendre  h  la  vie  un  homme 
quele  touihenu  enfermait  depuis  quatre  jours. 
S'd  n'avilit  été  Dieu,  aurait-il  [)U  l'aire  de  si 
grand.5  prodiges,  et  la  nature  |ieul-cllc  obéir 
à  un  auiro  qu'à  son  eiéaltur? 

«  Ce  mu:^i^semenl  (pie  la  mer  fait  entendre 
lorsque  les  vents  soulèvent  ses  Ilots  et  les 
j)0  sicnt  vers  les  rochers,  oi!i  ils  se  brisinit 
avec  un  gr.tnd  fracas,  n'a  rien  d'aussi  af- 
feux  <jue  le  bruil  (pii  s'éleva  tout  h  coup 
parmi  ces  idoliUres,  h  ce  discours  de  Théo- 
dole.  l^s  pfètre>ses,  secfiu;<nt  leurs  cheveux 
et  les  arrachant,  resxeiubhncnt  aux  finit  s  ; 
elles  dé.  hiniient  leurs  habits,  et  nu  liaient 
en  pièces  1rs  «oiiirMines  (pi'elle"*  poitaienl 
sur  leur  u>l»«  Le  peu|  le  jetait  des  (ris  coiimie 
dan»  une  calamité  publique:  il  s'en  |ueiiait 
même  au  gi-uvr-nieur,  el  seiublait  l'aci user 
d'une  l.lt  lu-  pri-vancaliou  •  nver>  les  dieux. 
Pouniuoi,  disait-il,  n'imposail-il  pas  sdence 
à  (et  homiue  qui  les  li.ul.iit  avec  tant  din- 
dignité?un  hnciuue  (pii  luéiilail  la  iiuut,  et 
dont  In  rhétorifpie  impie  n'avait  |  our  but 
que  d'éleindre  dans  les  ((purs  le  respect  et 
la  vén«^r«tioM  qu'un  bnir  diut  :  que  ces  n)é- 
uies  dieux,  traités  d'une  manière  si  outra- 
geuse,  demandjuent  qu'on  les  venj.'e,1t,  et 
qu'il  i>e  Jallail  pas  différer  davantage  à  les 
MtisfAir»*,  d«  nenr  de  se  rendre  complice 
d'un  fi  horribl'»  «arrilége.  Le  gouterneur, 


naturellement  enclin  h  la  crnauté,  n'avait  pas 
besoin  d'y  être  encore  porté  par  les  clameurs 
de  ces  furi(nix  ;  aussi  édala-t-il  avec  tant 
d'emporlcment,  que  sans  avoir  égard  h  son 
rang,  et  >(>  d'''gradanl  en  qiiel<[ue  sorte  lui- 
même,  il  descendit  de  son  tribunal  avec  pré- 
cipitation, pour  être  le  bourreau  du  sflint. 
Mais  t.indis  (pie  l'on  prépare  le  chevalet  et 
les  ongles  de  fer;  que  le  peuf>le  altéré  de 
s  ing  attend  avec  impatience  (ju'on  répande 
celui  du  martyr  ;  que  les  crienrs  publics  font 
enteiidre  leur  voix  enrouée,  le  martyr,  tran- 
quille, r(  garJe  sans  émotion  tous  ces  pré]>a- 
rat  fs,  comme  si  c'était  pour  un  autre  que 
l)Our  lui  qu'on  les  fit. 

«  On  le  guinda  sur  le  chevalet,  et  alors  on 
mil  en  usa:;e  tous  ces  instruments  dont  la 
^U(»  seule  faisait  frémir.  On  (  inpioyn  le  fer 
el  le  feu,  les  ongbs  el  les  peignes' d'acier, 
les  plom!)caux  et  les  courroies  de  cuir  cru  : 
tous  ceux  oui  se  trouvaient  là,  voulant  se 
faire  un  nieiite  auprès  de  leurs  dieux,  ôtè- 
rent  leurs  robes,  et,  se  séparant  en  deux 
bandes,  ils  se  rangèient  des  d(.ux  côtés  du 
chevalet.  Chacun  s'etfon'nit  de  se  signaler 
dans  cet  etl'roynblc  combi.t  de  cent  contre 
un  ;  chacun  mettait  sa  gloire  à  être  plu>  in- 
humain que  son  compagnon.  Le  saint  tour- 
nnit  ses  regards,  tant(M  d'un  côté  cl  tontôt 
d'un  aiitie,  (omme  pour  les  encourager  à 
ben  faire.  11  les  regardait  avec  un  visage 
riant,  sans  se  plaindre,  ni  du  tyran,  ni  des 
douleurs  qu'il  endurait.  Il  ne  faut  pas  s'ima- 
giner, au  reste,  qu'il  prit  dans  son  propre 
fon  Js  cette  raisible  situation  où  il  se  trou- 
vait ;  il  la  devait  à  Jésus-Christ,  qui  le  for- 
tifiait da;  s  un  combat  si  inégal,  el  dans  le- 
quel, bien  loin  de  succomber  sous  le  nom- 
bre, il  mit  plus  d'une  fois  ses  ennemis  hors 
dérat  de  le  continuer.  Ils  étaient  tous  hors 
d'haleine,  ce  qui  obligea  le  gouverneur,  pour 
leur  lai^stM- 1  rendre  de  nouvelles  forces,  d'en- 
voyer chercher  d'excellent  vinaigre,  qu'il  lit 
verser  le  long  des  c(*)lés  du  m.irtyr,  après  que 
des  tlambcaux  allumés  v  eurent  fait  de  lar- 
ges escares.  Alors  ro(ieur  de  cette  chair 
grilh'-e  et  de  ce  vinaigre  ayant  fait  faire  au 
saint  un  léger  mniiveuient  de  lêle.  (jui  mar- 
quait (\\iv  son  odorat  en  ét.ut  blessé,  le  gou- 
vermnir,  qui  s'en  aper(,nil,  saut  i  de  son  tri- 
bunal oTj  \l  était  r(nnonti',  et  comme  insul- 
tant ,iu  martyr,  il  lui  dit  :  Eh  ipioi,  Tliéo- 
dole,  tu  te  rends  déjà,  el  le  voil.'ï  à  dtiiui 
v,iin(U?Tu  luuis  bravais  il  n'y  a  (ju'un  mo- 
ment; (ju'est  devenue  (elle  noblf  lierlé  ciuc 
tu  fais-is  paraître?  N'cs-tu  courageux  (ju  on 
paroles?  De  qiuù  l'avisais-tu,  aussi,  daller 
nu-dire  des  dieux?  PouKjuoi  le  mo^uais-lu 
de  leur  (ouvoir?  Tu  le  ressens  maintenant 
malgré  toi.  Veux-tu  m'en  croire?  .^ois  h  l'a- 
venir plus  sag»',  et  n'étanl  qu'un  misérable 
cabarcljer,  ap[tre  ids.qu'il  le  sied  mal  de  l'é- 
riger en  docleur.  el  qu'on  ne  d  ùt  jamais  par- 
ler de>  souverains  en  des  Itn  uies  qui  puis^ 
sent  offenser  ces  hautes  majestés.  Apprenoi 
vous-même,  répartit  le  marhr,  que  vous  el 
vos  empereurs  n'êtes  à  mes  yeux  que  les 
derniers  des  botiimes.  de  vils  esclaves,  ijour 
qui  jf  n'ai  que  du  mépris.  Ne  craignez  ooint, 


)  tel  >  l'ois     pi 


lir)7  TIIR 

au  rc.std,  que  nun  ((im.i.^o  s'diïnihiissc;  jo 
VOUS  nvi'i'lis  st'iiJfini'iU  (|in<  vus  hoiii-rtwiiix 
s;»  n  li^clh  III  01  on'ils  ii  ai;;is.s('iil  plus  mvoo 
in  luAllU!  vii;ui'Hi'.  I'M-cimivcccmU^  iir^llgcicn 
qu'ils  CMMUlciil  vos  ordiivs?  Voulez  -  vous 
Ui'tli  cioiiT  /lusi?  I  ivciilc/.  (!(»  iiouvoiiiix 
•supplicos  (jui  soicnl  (liigiH's  d  (Urc^  «'iimlow-s 
co  lire  moi;  (MMix-ci  o  U  pcnlu  Iciir  ioiro  ; 
mais  plulvM  l'ccoiiM.iissc/.  (pic  c'csl  JtSiis- 
(lliiist,  mon  SrigiH'ur,  (pli  leur  ùiv  loiil  ce 
(pi'ils  o'il  (l'Apre  ol  de  in(»itel  ;  (pie  c'est  lui 
(i.i  me  doone  ce  coiir.ige  iii^iinuoiiliilili'  h  la 
{foiikuu',  Cl  (pii  allume  dans  mou  Ame  cc^le 
ardi'ur  euipresseS*  (pic  je  ressens  do  sonllrir 
pour  sa  yloiie.  Le  lyrau  lui  lit  nuiiore  les 
inAclioires  et  (asser  les  deiils  avec  de  jj; os 
eailloux.  Mais  TIk^oIoI»?  ,  articulant  avec 
teine  ses  païujes,  lui  dit  :  (Jua  iil  vous  me 
'eriez  encore  eou|)(M'  la  langue,  Dieu  enlo'ul 
e  silence  des  clirtWiens. 

«  l]i'|)endaM|  les  bourreaux  n'eu  pouvant 
pins,  In  }:;ouveriieur  (Oinmanda  (pi'on  r(M.U 
de  dessus  le  chevalet,  et  (pi'(  n  le  coiidnisll 
en  prison,  pour  cMre  remis  une  soco  ul  -  l'ois 
à  la  (pieslion.  Comme  il  traversait  la  place 
publique,  ilans  un  étal  (jui  taisait  horreur, 
ayanl  tout  le  corps  brisi!'  et  couvert  de  sang, 
il  ilis.iil  h  une  Ibule  de  peuple  (pii  accourait 
de  toutes  parts  pour  le  voir,  en  leur  mo  i- 
trant  ses  ^)laies  :  Telle  est  la  puissance  de 
Jùsus-tMu'ist  :  crovez-vous  ipic  sans  son  se- 
cours j'eusse  pu  r(''sist(>r  h  la  violence  des 
tourments  qu'on  m'a  lait  souH'iir?  Non,  ne 
le  croyez  pas,  c'est  lui,  c'est  ce  Dieu  tout- 
puissant  qui  a  donné  h  mou  corps  celle  im- 
]iassibilitt5  ;  c'est  lui  cpii  m'a  lait  surmonter 
le  l'eu  qui  (l(5truil  tout;  c'est  lui  (|ui  m'a 
donné  le  courage  de  méi)riser  les  menaces 
de  votre  gouveiueur  et  les  éJits  impies  de 
vos  empereurs.  Ne  vous  étonnez  donc  pas 
de  voii-  en  moi  des  s.  nliments  si  élevés,  et 
un  cœur  si  haut  et  si  grand  dans  un  homme 
d'une  condition  si  at)jecte  ;  c'est  que  Dieu 
ne  l'ait  acc.'j  tion  de  [jcrsonne,  et  (ju'é.ant  le 
Seigneur  de  tous,  il  donne  indilléremment 
sa  gr;\ce  h  tous,  aux  esclaves  comme  aux 
priiues,  aux  barbai'es  aussi  bien  qu'aux 
Romains.  Puis  un  nioraent  aptes  reprenant 
la  j  arole,  et  faisant  remarquer  à  ceux  qui 
étaient  les  plus  prOL-hes  ue  lui,  les  traces 
sanglantes  que  les  bourreaux  avaient  lais- 
sées sur  son  corps  :  \"oil;'i,  leur  dit-il,  le  sa- 
crilice  qu'on  doit  l'aire  à  Jesus-Christ,  quand 
on  croit  en  lui;  et  nous  ne  taisons,  après 
tout,  que  lui  rendre  ce  qu'il  a  donné  le  pre- 
mier pour  nous. 

«  Au  bout  de  cinq  jours,  Théotecne  ayant 
fait  dresser  son  tribunal  dans  la  grandeplace, 
il  se  lit  amener  Ttiéodote.  Dès  qu'il  rapei\nJt  : 
Anprochez,  lui  d:t-il,  Théodoie,  ai)prochez, 
el  ne  craignez  rien.  Nous  avons  appris  avec 
joie,  qu'instruit  par  ce  qui  s'est  passé,  j'ose 
dire  malgré  moi,  vous  aviez  pris  des  sen- 
timents meilleurs  et,  plus  laisoniiaoles,  et 
que  vous  n'ôles  plus  cet  homme  lier  et  in- 
traitable. A  la  vérité,  vous  auriez  pu  vous 
éj  argner  de  si  grands  maux,  en  donnant  un 
peu  moins  à  votre  s^ns,  el  un  peu  plus  aux 
conseils  de  vos  amis.  Je  vous  proteste  que 


TIB 


1161 


p<  n'eu  suis  venu  a  de  ni  Kcindêttltréiiiitôii 
qn  iivo(;  une  oKliéiiio  lépUijnanuu  i  litaik  ou» 
blioiis  le  |,jisîi('';  je  mii>»  pièt  u  I  •  réiiarei  par 
t()U->  lis  lions  Iniiienieiit.H  (pio  je  pOuri'U 
imaginer,  (;!  (pio  voin»  pourrez  boulunler.  Ju 
vous  li.'iidrai  lide!(nii<  ni  Itjulci  lt>>  pio- 
messH  (pie  je  voilh  lis  l'autre  j'iur,  *l  j  y 
ujoulorui,  s'il  est  nécesH.,ji'u,  de  iiuuvuuux 
prt''sciils  (U  (le  nouvelles  Ki'.ilili.  ai ioiiH.  ite- 
C(Miiiaiss('/  scuhniieul  le  pouvo  r  ^^)Uve|•Mlll 
dos  dinux,  eu  leur  sncriluml.  l/upinu)liel() 
ne  sied  à  per.soniic,  m.iis  moini,  a  un  sagu 
(pi'à  tout  autre.  Nu  mo  niriiuz  pas  dan»  la 
nécessité  do  vous  traiter  encore  plu»  mal 
(jue  II  |»reiiii(Me  l'ois  ;  car  t  iiliii,  je  ne  dois 
pas  vous  le  dissimuler,  les  loui'menls  (juo 
vous  avez  éprouvés  no  sont  quo  des  tour- 
ments (m  ptniilure,  au  prix  de  ceu\  ipiOn 
vous  fera  soullrir,  si  vous  ne  les  prévenez 
par  un(>  parfaite  soumission  aux  volontés 
des  eiiipennirs.  I!li  (pioi,  'rii(''ote(;ne,  répon- 
ilit  le  mart_>r,  uie  f.  ioz-v(nis  croire  (ju'il  est 
en  vclre  pouvoir  d'inventer  (piei(jue  sup- 
(pae  Jésus-(^lirist  mon  SingiK  iir  ne 
pui.>-se  lendre  vain  et  sans  etl'el  V  Quoi(pio 
vous  ayez  réduit  mou  coips  en  létal  où 
vous  le  voyez,  (juo  cpie  mes  membres  ne 
ti(Minent  presque  plus  les  uns  aux  autn  s, 
vous  pouvez  toutefois  faire  une  seconde 
épreuve  ;  essayez  un  peu  si  vous  pourrez 
nie  vaincre. 

«  Le  gouverneur  ne  dilléra  pas  longtemps 
à  le  satisfaire;  il  le  lit  mettre  tout  de  nouveau 
sur  le  chevalet,  el  placer  ù  dioite  et  h  gau- 
che des  bourreaux  qui  lemiienl  le  fer  (jans 
les  mêmes  blessures  qu'ils  lui  avaient  faites 
cinq  jours  auparavant.  Le  saint  n'en  élevait 
que  plus  haut  sa  voix  [)our  confesser  Jésus- 
Lh,  ist.  Ce  que  voyant  le  pré-idont ,  il  le  ht 
descendre  de  dessus  la  machine  et  élondie 
sur  des  morceaux  de  tuile  qu'on  avait  fait 
rougir  au  feu.  Ce  tourment  a  quelque  chose 
de  si  vif  et  de  si  pénétrant ,  qu'il  porte 
la  douleur  jusqu'au  fond  des  entrailles. 
Aussi  le  martyr,  la  ressentant  dans  toute  sa 
for(>e,  eut  recours  à  Jésus-Christ,  et  le  pria 
de  l'adoucir  un  j)eu  ;  ce  qui  lui  fut  accordé. 
Théotecne  le  Ut  reniettie  pour  la  troisième 
fois  sur  le  chevalet,  et  ht  retoucher  pour  la 
troisième  fuis  à  ses  |  laies  ;  mais  Jésus-Cnrist 
tempéra  encore  de  telle  sorte  ce  tourment, 
que  le  saint  paraissaii  ne  pas  soulfiir  beau- 
coup: l'on  eût  ditque  ce  n'était  (ju'une  repré- 
sentation, et  non  une  (exécution  eifeciive, 
et  que  les  bourreaux  n'étaient  tout  au  plus 
que  d'excellents  acteurs  d'une  pièce  tragi- 
que. Cependant,  de  tontes  les  pat  lies  de  son 
corps,  la  langue  seule  lui  restait  entière. 
Le  tyran  la  lui  laissait,  dans  l'espérance 
qu'il  s'en  servirait  pour  renoncer  Jésus- 
Clirist,  et  il  ne  voyait  pas  que  le  saint  s'en 
servait,  au  contraire,  poar  le  conièsser  plus 
longtemps. 

«  Il  fallut  enfin  que  le  gouverneur  en  vînt 
au  dernier  acte  de  cette  tragédie,  c'est-à- 
d.re  à  une  sentence  de  mort,  n'y  trouvant 
point  d'autre  dénouement,  à  cause  de  la  fer- 
meté extraordinaire  du  saint  et  de  la  lassi- 
tude de  ses  bourreaux.  Il  la  pronon^^a  donc 


1159 


THE 


THE 


1160 


en  ces  termes  :  «  Suivant  le  pouvoir  que 
«  nous nvo is  reçu  des  empereurs,  uou-j  cui- 
«  d.uuiions  Tlv'odott'ci  avoir  l;i  tèle  tranchée, 
n  pour  s'être  docl.irc  le  prfjlocteur  des  Gali- 
«  Icp  is  et  r»'nneuii  des  dieux,  et  pour  avoir 
«  refusé  d'obùir  aux  ordonnances  de  nos  in- 
«  vincihles  princes  el  aux  nôtres.  Nous  or- 
«  donnons  aussi  que  soi  corps  sera  brûlé, 
a  de  peur  que  les  chrétiens  ne  le  prennent 
«  et  ne  l'ensevelissent.  »  Une  multitude 
iiuiombrable  de  peuple  l'accompagna  jus- 
qu'au 1  eu  de  l'exéculinn.  Lorscju'il  y  fut 
arrivé,  ij  se  mit  à  ^eno  i\,  "t  lit  cette  prière 
à  Jé>us-Chrisl  :  «  Sei^'neur  Jésus,  créateur 
«  du  ciel  et  de  la  terre,  qui  n'abandonnez  ja- 
«  mais  ceux  ([ui  espèrent  en  vous,  je  vous 
n  rends  grâces  de  ce  que  vous  m'avez  choisi 
«  pour  être  un  des  citoyens  de  la  Jérusalem 
«  céleste,  et  l'un  de  ceux  avec  qui  vous  par- 
«  tagez  les  ho'nieu  s  de  la  royauté.  Je  vous 
«  rends  gr.kes  de  ce  que  vous  avez  bien 
«  V(julu  vous  servir  de  moi  pour  vaincre  le 
.(  diagon  el  lui  écraser  la  tète.  Accordez  en- 
«  (in,  Seigneur,  à  vos  serviteurs,  un  peu  de 
«  re(ios:  que  les  ennenns  de  volte  nom  éjjui- 
«  sent  sur  moi  leurs  derniers  liails;  (juc  leur 
«  fureur  contre  votre  Eglise  s'éteigne  dans 
«  mon  sang.  »  Et  ccunne  d  eut  dit  Amen,  il 
se  tourna  vers  les  fidèles  qui  l'avaient  suivi, 
et  les  voyant  tous  en  [deurs,  il  Icuidit  :  Pour- 
quoi pleuiez-vous,  m  s  iVeros?  Bénissez  plu- 
tôt N  'trc-Se  gneui-  Jésus-Clirisl,  de  ce  (lu'il 
me  fait  la  gcAcj  de  terminer  glorieusement 
ma  co  .rsc  par  ia  victoire.  Je  vais  au  ciel,  où 
je  vous  servirai  à  l'avenir  d'intercesseur  au- 
près de  Dieu.  En  disant  cela,  il  reçut  le  coup 
qui  mit  lin  à  sa  vie. 

On  éleva  ensuite  un  fort  grand  bûcher 
pour  brûler  le  corps  du  saint  ;  mais  comme 
on  était  sur  le  (toinl  d'y  mettre  le  feu,  une 
lumière  parut  tout  à  coup  au-dessus  du  bû- 
cher, qui  lampant  de  tous  cùlés  des  éclairs, 
écartait  tous  ceux  qui  voulaient  s'en  appo- 
clier.  La  nouvelle  de  ce  prodige  est  ausbilc»t 
poitée  h  Tliéoiecne,  qui  duiine  ordre  que 
des  soldats  restent  là  pour  garder  le  corps  et 
pour  empêcher  (pie  les  chiéliens  ne  l'enlè- 
vent. O.',  il  arriva  que  ce  jour-la  même  le 
prêtre  Fronton  était  parti  de  chez  lui  [l), 
jiour  se  reu'ire  h  Aucyre,  selon  ([uil  en  était 
convenu  avec  Théodote.  il  n'avait  pas  man- 
qué dapporlt-r  l'anneau  que  ce  saint  lui 
avait  lai>bé  lorsqu'ils  se  séparèrent,  alin  (|u'a 
cette  ma.  que  un  lui  do  niAt  les  reliques  qu'il 
demanderait.  11  co:  duisait  aussi  une  ;^nesse 
charg«''ede  deux  outres  d'excellent  vn  vieux 
(|ui  était  de  soii  (  rù.  (k)mme  il  approchait 
de  la  ville.  Dieu  permit  nue  l'Anesse  s'abat- 
tit tout  proche  le  lii  u  eu  élail  le  corps  du 
saint.  Les  soldats  y  accouruieiil,  et  vm.iIiI 
ce  "On  vieillard  fort  embirrassé  h  relever  sa 
b«He.  ils  lui  aidèrent  ei  hii  diieiit  ensuite  :  l-.l 
où  alez-vous  si  lar  i,  iioii  eboii  |  ère'.'  demeu- 
rez avec  nous;  votre  ânes>e  liouveia  iii  de 
(juoi  iiinuer;  el  si  vous  voulez  la  laisser  al- 
ler dans  les  bl  s,  n'a,»ez  pa.s  peur  q.e  per- 
soDue  vous  dise  rieiit  tant  (|uc  vous  serez 

(I)  Du  bourg  uouiuic  Mains,  tiuiil  il  clan  cure. 


en  notre  compagnif?  .Ne  vaut-il  pas  mieux 
que  vous  passiez  ici  la  nuil,  que  d  dlez  vous 
faire  rançonner  dans  quelque  mauvaise  hô- 
tellerie? 

«  Leprètrelescrul,etquittantlegrand  che- 
min, il  les  suivit  dans  une  barraqiie  qu'ils 
s'étai  nt  faite  de  branches  d.>  saules  entre- 
lacées de  joncs,  jour  se  mettre  à  couvert  du 
mauvais  temps.  Fronton  y  trouva  du  feu  el 
le  sou[)'r  prêt.  Après  «pie  les  soldats  eu- 
rent pris  le  bain  dans  une  petite  nvière  (pii 
n'est  pas  éloignée  de  ce  lieu,  ils  éttndirent 
leurs  casaques  sur  I  herbe,  et  s'y  couchèrent 
pour  manger  à  leur  aise.  Ils  commencèrent 
î)ar  quelques  rouges-bords  qu'ils  avalèrent, 
exhorlani  leur  hùte  d'en  faire  autant.  Fron- 
ton crut  qu'il  ne  pouvait  se  dispenser  de  leur 
donner  (le  son  vin;  il  demanda  donc  une 
tasse,  et  la  remplissant  jusqu'aux  bord»,  il  sa 
présenta  à  celui  qui  éiaii  proche  de  lui.  Goû- 
tez un  peu  de  celui-ci ,  lui  dit-il  ;  vous  ne  le 
trouverez  pas,  je  crois,  trop  mauvais  :  en  di- 
sant cela,  il  souriait  modestement.  Les  sol- 
dats le  voyant  pétiller  dans  la  tasse,  et  sen- 
tant l'odeur  agréable  (jui  s'en  exhalait,  s'é- 
crièrent tous:  Ah!  l'excellent  vin!  De  com- 
bien de  feuilles  est-il?  De  cin(| ,  répondit 
Fronion.  Buvons-en,  répliquèrent  les  sol- 
dats; nous  mourons  de  soif.  Tiè^-volontiers, 
enfanis,  répartit  le  prôlre,  et  ne  l'épargnez 
pas.  Un  jeune  soliial,  nommé  Métrodore,  ^e 
mil  à  (lire,  après  en  avoir  avalé  une  rasade  : 
Par  Jupiter,  cette  liqueur  commence  à  me 
faire  oublier  la  mauvaise  nuit  que  nous  pas- 
sâmes au  bord  du  lac,  quand  nous  fûmes 
commandés  |  our  garder  les  corps  d.-  ces 
femmes  chrétiennes.  Je  croyais  que  toute 
l'eau  du  fleuve  Lélhé  y\}  ne  pourrait  jamais 
reda>eide  mon  souvenir,  tanlelle  me  parut 
longue  el  tAcheuse,  et  plus  fâcheuse  encore 
j>ar  ses  suites  ^vo.^  ez  ci-dessus).  Mais  je  m'a- 
perçois que  le  vin  de  notre  hôte  a  plus  de 
vertu  (jue  l'eau  du  lleiive  Lélhé,  n  en  dé- 
plaise aux  poèies.  Donne/.-en  (Muore  autant, 
mon  [)ère,  alin  ({ue  j'achève  d'oublier  cette 
malheureuse  nuit.  De  ([uelles  femmes  par- 
lez-vous ?ie,  rit  Fronton.  Prends  gard.- aussi, 
Méiiodoit',  interronqul  un  de  ses  camara-les, 
110  limé  Apohonius,  que  celte  lique.injue  lu 
trouv es  si  agréable  1,0  te  fasse  oiibliciniue  nous 
>ommes  comman  lés  aujourd'hui  j)0.r garder 
le  cor^-sde  let  liomiU(>  (l'airain;  car  ce  fui  lui 
(pli  enleva  les  coips  (je  ces  feinni  s,  et  «pii 
lui  cause  (pif  nous  fûmes  ensuite  si  b;en 
étrillés  par  l'ordre  du  go  ivemcur;  prenons 
garde  qu'il  ne  nous  en  arrive  autant  celte 
nuit. 

«  Ce  sont  \h  pour  moi  autant  d'é  ligines, 
repnt  Fronion,  elje  suis  bien  fà»  ht'  de  n'a- 
vo.r  pas  amené  avec  moi  un  inlCipiète. 
Quelles  femmes  donc  ont  été  enlevées  Uu 
lac.  el  quel  e>l  ccl  homme  d'«iraii  dont  vous 
parlez?  E  t-(e  quelque  sialue  de  bronze 
(lu  on  a  fait  venir  de  loin  ,  el  qu'on  vous  a 
(ioiinée  en    garde  ,  ou  bien  ne  voulez-V(jus 

(I)  Fleuve  de  lenfiT  «les  poelos,  dont  l'eau  fait 
HtMilir  a  cni\  ipii  en  Imum'hi  lo  soiiviniir  de  loul 
ce  (ju'il»  oui  lall  uu  appri»  iluraul  leur  vie. 


Hfil  THE 

point  vous  divertir  nu\  dc^pciis  d'un  jiKiivro 
rliaii^^cr  (Hii  ii'csl  pas  le  plus  lin  du  inondn? 
MiHrodnicjdlail  répondro;  luiiis  unaulro,  ap- 
pelé (Janccncc,  prit  la  parolo  (>t  dit  h  l'ron- 
1(111  :  Il  n'y  a  riiMi  do  plus  vrai  (|iir  ci;  ipio 
vous  disciil  mes  r«niaiados;  r'(''liiil  vrainimt 
un  lioininc  de  l)ron/(>  nii  d(^  IVr.ipic  relui 
dont  nous  (gardons  le  corps,  el  plus  dur  en- 
core q\w  lo  fer  el  le  luon/.e,  plus  dur  (pn; 
tout  ce  (pi'il  y  a  de  plus  dui'  an  iiKUide,  liU- 
cii  lo  diauianl.  (lar  enlin  ces  nuManv  saniol- 
lissoMt  an  l'eu  ;  le  diainaiil  se  coupo,  so  taille, 
se  polil  ave(-  le  secours  de  Tari  ,  et  se  hrisc» 
(pielcinelois  ini^mo,  h  ci-  (pi'on  dil  :  mais  pour 
cet  lionune,  ni  le  fer,  ni  le  fen,  ni  les  cail- 
loux, ni  tous  les  inslnimenls  (pie  l'art  de 
lourim>nt(M'  les  lionunes  a  pu  inellreen  usa|^e, 
n'ont  pn  l'ébranler  ;  tout  cela  n'a  fait  cpic  blan- 
chir contre  lui.  Je  n'y  comprends  eneoro 
rien,  dit  ImouIoii  ;  est-("(^  d'un  lioinnu!  dont 
vous  parlez,  ou  de  (jnehprautre  chose?  J'au- 
rais bien  de  la  i)eii»e  nioi-nu^ine,  reprit  aussi- 
t(M  Cilauceuce,  ^  vous  ré|)ondre  juste  liVdes- 
sus,  et  .^  vous  oxpli'iuer  la  nature  de  celui 
dont  jo  vous  fiarle;  il  n'est  i)as  si  facile  do 
le  dcMinir.  Car  enlin,  si  je  l'appelle  un  honune, 
jamais  lioinmo  n"a  combattu  connue  celui-lh. 
On  sait  bien  ([ue  c'est  un  de  nos  citoyens; 
toute  la  ville  connaît  son  nom  el  sa  famille, 
qui  n'est  pas  même  des  nlus  illustres;  mais 
que  ce  ne  fiU  qu'un  simple  homme  ,  c'est  ce 
qu'on  ne  pourra  jamais  croire,  si  l'on  en 
juge  par  les  choses  qu'il  a  faites.  Imaginez- 
vous,  notre  hcMe  ,  que  ,  quoiqu'on  le  battît, 
qu'on  ledécliirAt,  qu'on  lui  appliquât  le  feu, 
il  paraissait  insensible  atout;  pas  un  mot 
d'impatience,  pas  la  moindre  plainte  ,  pas  le 
moindre  mouvement  qui  piU  faire  connaître 
q^ue  son  corps  soutirait  :  mais  ainsi  qu'un  ro- 
clier  battu  des  Ilots ,  il  est  toujours  de- 
meuré ferme  et  immobile  au  milieu  de  ceux 
qui  le  tourmentaient ,  sans  avoir  jamais 
voulu  démordre  de  son  sentiment. 

Si  vous  voulez  savoir  son  nom ,  il  s'appe- 
lait Théodote,  et  de  la  secte  des  chrétiens. 
C'était  celui  qui,  par  je  ne  saisquelle  adresse, 
avait  enlevé  du  lac  qui  est  proche  d'ici  les 
corps  de  sept  femmes  qu'on  avait  noyées  et 
que  nousÇardJons,  et  qui  les  avait  enterrées 
proche  une  de  leurs  églises.  Mais  comme  il 
eut  appris  qu'on  arrêtait  tous  les  jours  et 
qu'on  envoyait  au  supplice  plusieurs  chré- 
tiens, parce  qu'on  les  soupçonnait  de  cet 
enlèvement,  la  crainte  qu'il  eut  qu'ils  n'a- 
bandonnassent leur  créance,  l'obligea  à  aller 
se  livrer  lui-même  au  magistrat,  et  peut-être 
aussi  pour  n'être  pas  cause  que  des  inno- 
cents fussent  punis  pour  le  coupable.  Le 
gouverneur  eut  beau  lui  promettre  des  char- 
ges honorables,  des  richesses,  jusqu'à  la  sou- 
veraine sacriticature,  s'il  voulait  renoncer  à 
son  Jésus-Christ,  il  rejeta  toutes  ces  belles 
olfres,  et,  se  moquant  et  du  juge,  et  des 
édits,  et  des  empereurs,  et  des  dieux  mê- 
mes, à  peine  pul-il  se  résoudre  à  honorer 
notre  gouverneur  d'une  réponse.  On  ne  peut 
dire  les  tourments  qu'on  lui  lit  endurer  ; 
cependant  il  disait  qu'il  n'en  sentait  rien  : 
il  insultait  même  ceux  qui  le  tourmentaient; 

I)IGTIO^î(.  DES  Persécutions.  II. 


llli: 


Itot 


il  leur  reprochait  leur  laiblos.sft  ;  puis  il  so 
nuMtait  à  (hanter  des  hymnes  ut  des  c/irili- 
(pies,  jnsfpi'a  c(i  ipie  enlin  le  f^ouvenicur  fût 
obligé  de  lui  inivt)  couper  la  têl(!  :  il  av/iit 
aussi  oidoniK*  (pie  son  corps  lOt  brOh*  ; 
mais...  Il  pourrait  bien  encor'5  nous  «riiv(jr 
(piehpie  malheur  à  cause  de  lui,  et  v  avoir 
i(  I  (pu'hpu!  (  hose  d(!  semblable  Ji  raventiire 
du  lac.  Car  il  faut  (pie  vous  .s'ichiez  que, 
comme  on  allait  le  poser  sur  le  bi"i(  lier-,  ntio 
graihh'  lnmi(''r(!  est  venue  .'i  païailre,  (jui  a 
fait  fuir  ceux  (pii  devaient  y  inellre  h;  f(.'U. 
Ainsi,  de  peur  (pie  les  chi'étiens  ne  viefineiit 
(h'-rober  le  corps,  nous  av(Hi.s  ordr(i  de  lo 
uarder  ;  tenez,  voyez-lo  ,  il  est  sous  ces 
lenillages. 

«  Fronton,  ayant  compris  [lar  cv,  récit  (jue 
c'était  \h  le  saint  homme  Théodote,  remer- 
cia Dieu  de  l'avoir  conduit  en  ce  li(!U,(;t 
lui  demanda  son  secours  pour  pouvoir  Vim- 
lev  r.  Contndaisant  donc  riioinme  de  bonne 
humeur,  il  faisait  aux  soldats  de  p(!lils  con- 
tes joyeux,  les  excitant  de  temps  on  temps 
à  remplir  leurs  tasses  de  ce  bon  vin  vieux  , 
(lu'il  leur  versait  à  bonne  mesure.  Ils  les 
remplirent  si  souvent,  qu'ils  s'enivrèrent  et 
s'endormirent.  Alors  le  prêtre  se  levant, 
alla  prendre  le  corps  du  martyr,  et  le  met- 
tant sur  son  Anesse,  il  lui  dit,  comme  sil 
eût  été  vivant  :  Courage,  grand  saint,  voici 
le  moment  venu  d'accomplir  votre  pro- 
messe :  reconnaissez-vous  cet  anneau,  je 
vous  le  rends  ;  et  en  disant  cela,  il  le  lui 
mit  au  doigt  :  c'est  à  vous  d'achever  le  reste. 
Ensuite  il  remit  les  feuillages  qui  cou- 
vraient le  corps,  au  même  état  qu'ils  étaient 
auparavant,  alin  que  les  soldats  ne  s'aper- 
çussent de  rien.  Le  jour  vint ,  et  le  prêtre 
feignant  de  s'éveiller,  et  ne  voyant  point 
son  ânesse ,  se  leva  avec  empressement, 
comme  pour  la  chercher  :  il  ne  la  trouve 
point,  il  crie,  il  pleure,  il  fait  semblant  de 
s'arracher  les  cheveux  ;  les  soldats ,  qui 
ignoraient  ce  qui  s'était  passé  durant  leur 
sommeil,  et  qui  croyaient  que  son  affliction 
était  sincère  et  sa  perte  véritable,  le  conso- 
laient le  mieux  qu'ils  pouvaient.  Cependant 
un  ange  conduisait  l'ânesse  chargée  du  pré- 
cieux dépôt,  et  la  mena  par  des  chemins  dé- 
tournés jusqu'au  bourg  de  Malus.  Quelques 
habitants  du  bourg,  ayant  rencontré  le  prêtre, 
lui  dirent  en  secret  que  son  ânesse  avait 
apporté  des  reliques,  et  qu'elle  s'était  arrêtée 
d'elle-même  en  un  certain  endroit  qu'ils  lui 
dépeignirent.  C'était  le  même  oii,  quelques 
jours  auparavant,  le  saint  martyr  avait  dit  à 
Fronton  :  Mon  père,  que  ce  lieu-ci  serait 
propre  à  y  mettre  des  reliques  I  Le  prêtre 
prit  donc  congé  des  soldats,  paraissant  fort 
triste  pour  la  perte  de  son  ânesse,  et  il  se 
hâta  de  se  rendre  à  son  bourg.  Il  eut  bientôt 
élevé  une  chapelle,  telle  qu'on  la  voit  au- 
jourd'hui, où  il  plaça  le  plus  honorablement 
qu'il  put  les  reliques  du  bienheureux  mar- 
tyr Théodote. 

«  Cette  relation  a  été  mise  par  écrit,  par 
moi  l'humble  Nil,  avec  toute  la  fidélité  et 
l'exactitude  dont  je  suis  capable  ;  j'ai  été  ea 
prison  avec  le  sa-int  martyr ,  et  j'ai  été  té- 

37 


fin  THE 

moin  des  fait*  «^«^IC  jo  donne  ici  lo  réci! , 
que  j»'  prolrsto  ^tr*»  tiTs-vf^ritcihle.  Piii<'spnt 
tous  ceux  <jni  le  Mroni,  avoir  |)art  avec  le 
saint  martyr  Thf^ndott*  pt  avec  tous  les 
antres  i|ui  ont  ronibaUti  pour  la  foi  de  Jésns- 
Chri"<t  NotnvSeivtneiir.  aïKpiel  apparlimiioiit 
la  puissanee  et  la  gloire,  avec  le  Père  et  le 
Saiiil-l-sprit.  Ameu.  » 

THEODOTK  fsaint) ,  martyr,  reriieillit  la 
painiedu  martyrcen  Alriqne.Ili'iit  [loiircnm- 
pagions  de  so'i  triompht»  les  saints  Aquiliii, 
(irhiine,  KugèMe.  Marriofi.  Qninrtus  et  Tri- 
plion.  Dans  le  Martyrologe  romain,  on  nevoit 
anrun  détail  sur  leurs  sou tîrances  ;  l'époque 
de  leur  martyre  n'y  est  môme  pas  marquée. 
L'E^list'  célèbre  leur  mémoire  le  V  ja-ivicr. 

THEODOTK  (saint),  reçut  la  couronne  du 
martsre  J»  Tomes  en  Scythie.  Il  eut  pour 
roMipagnonsdt'  sa  gloire  les  saints  .>îarin  et 
St'îlophe.  L'Eglise  fait  collectivement  leur 
fét»»  le  5  juillet. 

THÉODOTE  (saint),  martyr,  souffrit  à  Cé- 
snrée  en  Cappadoce.  Il  eut  pour  compagnons 
de  son  m.'^r''  re  sainte  Rutine,  sa  mère,  qui 
le  n)il  au  monde  en  prison  ,  et  sainte  Am- 
mie,  sa  nourrice.  L'Eglise  honore  la  mé- 
moire de  CCS  saints  martyrs  le  31  août. 

THÉODOTE  saint),  martyr,  soulfrit  le 
martyre  h  Ht'racléc  en  Thrace,  avec  les  saints 
Cléiricntin  et  Philomène.  On  n'a  aucun  dé- 
tail sur  leurs  comliats.  L'Eglise  tait  leur  mé- 
moire le  ik  novembre. 

THÉODOTE  (sainte) ,  mourut  pour  la  foi 
chrétienne  en  l'an  de  J 'sus-Christ  318  ,  du- 
rant la  persécution  de  l'empereur  Licinius. 
Le  préft'l  Agi'if>pa  ayant  ordonné,  dans  la 
ville  de  Philippe,  en  Thrace,  que  Ions  les  ha- 
bitants se  rassemblasseiil  pour  olfrir  un  sa- 
criliie  h  l'occasion  de  la  fèfe  d'ApfilIon.  Théo- 
dote  déclara  qu'elle  ne  pouvait  pas  partici- 
per à  une  telle  impiété.  Cette  feuune  avait 
anciennement  fait  le  métier  de  proslifnée. 
Conduite  devant  le  juge,  elle  avoua  sa  con- 
duite antérieure,  en  ajoutant  que  pour  rien 
nu  monde  elle  ne  consentirait  à  y  mettre  le 
condde  en  se  souillant  par  un  sacrilège. Tou- 
chés de  cet  exeni|ile,  beaucoup  de  ciiretiens 
refusèrent,  comme  elle,  de  se  rendre  au  sa- 
criliee  :  on  e  i  pnite  le  iiond)re  à  sept  cent 
cinquante.  Enfermée  dans  une  prison,  Théo- 
dote  y  resta  vuigt  jours  :  elle  passa  tout  ce 
temps  en  prières.  Quand  on  la  ramena  de- 
vant leju'^e,  »'lle  pleura  amèrement  ses  an- 
ciens péchés,  et  pria  Dieu  f»  haute  voix  d»; 
lui  pardonner,  et  de  lui  accorder  la  force  d(> 
résister  avee  courage  aux  tourments  qui 
l'attendaient.  Elle  «voua  ou'elle  avait  été  as- 
sez malheureuse  |)our  lairo  le  métier  de 
[)rostituée  ,  mais  que  Dieu  lui  avait  accordé 
la  faveur  de  devenu-  i  'tréfienne,  bien  cpi'elle 
ne  mérit.'^t  pas  d'en  |>orier  le  nom.  Agrippa 
\a  lit  fouetter  avec  barbarie.  Les  païens  qui 
as.<<istaient  h  son  supplice  étaient  lonehés 
de  commisération  :  ils  l'pthortaifnt  à  se 
soMslr.iiir  .Hi\  tourments  en  ol.cissani  ;\ux 
ordres  «lu  juge;  mais  elle  j)rotesta  nue  ja- 
mais elle  n'abandonnerait  le  mile  (lu  vrai 
Dieu  pour  adorer  des  idoles  et  des  statues 
MHS  vie.  Agiip|>a  la  fit  étendre  sur  le  cheva- 


THK 


fir>4 


let,  où  on  lui  déchira  lès  cAtés  rtvec  les  on- 
gles de  fer.  Voyant  ([u'an  lieu  de  céder  elle 
remerciait  Dieu,  rpii  la  jugeait  digne  de  soiiif- 
frir  pour  lui.  Agrippa  la  ïit  j-lus  eruellement 
encore  déchirer  a»ec  les  j)ei,.;nes  di-  fer,  et 
fil  verser  dans  ses  plaies  du  sol  et  du  vinai- 
gre. Ce  nouveau  supplice  n'a,>ant  pu  la  vain- 
cre, on  lui  arracha  les  dents  les  unes  après 
les  autres,  puis  Agrippa  la  rondamna  à  être 
lapidée,  ce  qui  fut  exécuté  hors  de  la  ville, 
en  l'an  318  de  Jésus-Christ.  Sa  fête  est  cé- 
lébrée par  l'Eglise  le  20  septembre.  Vou. 
Etienne  Assemai  i,  Acta  sinrrra  mort.  Ocriâ.) 

THEODOTE  sainte),  fut  martyri>é-  à 
Constanlmople  sous  l'empereur  Léon  L'Ico- 
noclast».  L'Eglise  fait  sa  fôle  b'  17  juillet. 

THEODOTE  (sanite),  souffrit  le  martyre  à 
Nicée  en  Bitliynie  avec  ses  trois  fils,  dont 
l'ainé  ,  nommé  Evoile ,  confessant  généreu- 
sement Jésus-Christ,  fut  d'abord  meurtri  de 
coups  de  bAton  ,  par  l'ordre  du  consulaire 
Nicet  ,  qui  les  fit  ensuite  brûler  tous  trois 
avec  leur  mère.  L'Eglise  honore  collective- 
ment leur  mémoire  le  2  août. 

THÉODULE  (saint) ,  mourut  martyr  dans 
la  capitale  de  Tempire ,  dans  cette  Rome  si 
souvent  abreuvée  du  sang  des  disciples  du 
Christ.  Ce  fut  durant  la  persécution  de  l'em- 
pereur Trajan  qu'il  cueillit  la  palme  du  mar- 
tyre avec  saint  Symphronius  et  les  saintes 
Olympe  et  Exujiérie.  Nous  manquons  de  do- 
cuments sur  ce  qui  les  concerne.  L'Eglise 
les  h'-nore  le  26  juillet. 

THÉODULE  (saint)  ,  fils  de  saint  Hespère 
et  de  saiite  Zoé,  était  frère  de  saint  Cyria- 
que.  Tous  quatre  étaient  esclaves  chez  un 
nommé  Catale ,  naicn  ,  demeurant  .^  Attalie 
en  Pamphylie.  Ce  jeune  saint  et  son  frère  , 
ne  pouvant  souffrir  les  hommages  qu'on 
rendait  aux  idoles  chez  leur  maître,  se  dé- 
clarèrent chrétiens.  Catale  leur  ayant  fait 
endurer  divers  supplices,  les  fit  mettre,  avec 
leur  père  et  leur  mère,  dans  un  four,  où  ils 
moururent.  Ces  faits  eurent  lieu  sous  l'em- 
[lire  d'Adrien.  L'Eglise  fait  la  fête  de  ces 
saints  le  1  mai. 

THÉODULE  (saint),  fut  martyrisé  durant 
la  }H'rs('»(Mition  (pie  suscita  l'empereur  Adrien, 
avec  saint  Evence  et  saint  Alexan're.  ^Votj. 
Ai.FX4\DnK.]  On  n'a  de  lui  (jue  des  Actes  inca- 
pables de  faire  autorité.  Sa  fclea  lieu  le  3  mai. 

THÉODLLK  ,-aitil*.  martyr,  eut  la  gloire 
de  soutl'rir  la  mort  pour  J(''sns-Chrisi ,  en 
Crète,  dans  la  ville  de  (lortyiie  ,  sous  lo  rè- 
gne de  Dèce,  durant  la  [lersécnfion  que  ce 
prince  alluma  confreJ'Eglise.  Il  fut  décapité 
après  av(ur  soutVerl  d'horribles  touimenis.  Sa 
fêle  arrivt»  le  23  décembre.  Saint  Théodule  est 
l'un  des  dix  martyrs  de  Oète.  (y^y.  Martyrs 

PK   C.H^TF   ) 

THÉODULE  (saint),  martyr,  était  lecteur 
Ji  l'église  de  rhessaloni(|ue.  Il  fut  marf\risé 
sons  l'fMnpereur  Maxrmien  et  le  président 
Kaiisiin.  ave("  Agathopude,  (pii  était  diacre  à 
la  iiK'ine  (•gliso.  Ils  fiir(<Mt  jetés  ,^  la  mer  avec 
une  pierre  au  cou.  On  ignore  l'éi'oque  de 
leur  mnrtvre.  L'Eglise  fait  b-ur  fête  le  4  avril. 

THÉODULE  ^saini  martyr,  était  l'un  des 
domestiquev  de  Firmilren.  Ce  goaTerneur 


ih;';  tiii'; 

le  pnMV'rnil  à  loiis  los  aulros,  pnrrtMiu'il  (Unit 
|.r(il)(«  cl  vcrtiMMix.  (,)"""•'  •'  •'^nl  <l""'  '''l'<^"- 
(liilc  riail  chivlicii,  il  I(^  (011(1,111111.1  11  (Mr« 
(•nicilK''  le  joui-  iii(^iii(^(l'('lail  le  l»i  IV'vncr  .'HH>. 
{Voi/.  I';iis('^lt(<,  (le  Miirl.  l'ulfsl.)  Sa  l"(H(«  ,1  lieu 
li>  17  (cviicr, 

TIM'lODl'M';  (sniiil),  iiwirlvr.  l'iiii  des  iiiia- 
raille  iiiailyrs  (l(>S('l)a,sl(',  sous  Li(iiiius.(r«//. 

M.\UI\I«H    l)i:  Sl'.HASIK.) 

'l'il^'ionil.l''  (sailli),  iiiarlyr,  cikmIIiI  la 
paliiu"  (lu  iiiail.vi'd  (Ml  Arii(|U(',  avec  Icssaiiils 
Au^so,  Vî'Vw,  (loriuMic  cl  Icuis  coiiiiia^^doiis, 
dont  011  ignore  jns(iiraii  nom.  l/lvj,lisc  lio- 
noi»'  Unir  iiuMiioiio  le  M  mais. 

Tllf<:()l)ll|,l':  (saini),  rci.ul  la  coiiromic  du 
mail.Mc  ^  Mi^i'i'^  ♦■11  lMinr;i«' avec  les  saints 
ÎNIacôdnne  vl  Talicn.  Apirs  diverses  lorlures 
(|no  je  pri^sidcnt  .\lmai|U('  leur  lit  soull'rir. 
sDiis  le  rt^'^ne  de  Julien  l'Apuslat,  ils  furent 
C()uelit'>s  sur  des  yiils  ardciils  ,  et  y  aeeom- 
]ilire  d  leur  martyre  avec  joie.  L'hglise  lait 
leur  ("(Me  le  12  septembre 

rilfioDliLK  (saint) ,  prfdre  ,  fut  martyrise^ 
^  Antioehe  :  on  ignore  .^  ([uelle  (.'^|)0(iue  et 
dans  quelles  eirconslances.  L'Eglise  honore 
sa  nu^iiioirc»  le  !23  mars. 

'rHÈOCÈNK  (saint),  (^iViue  et  martyr, 
mourut  pour  la  foi  sous  l'emiiire  de  N'alé- 
rie'i,  h  (,aitliage  en  Africpn» ,  avec  trente- 
six  autres  chrétiens  dont  l'histoire  n'a  [las 
gardé  les  noms.  L'Eglise  fait  leur  f(ite  le  '2ù 
janvier. 

THÉOr.ÈNES  (saint) ,  eut  le  glorieux  pri- 
vilège de  donner  sa  vie  pour  la  religion  chré- 
tienne. Son  martyre  et  celui  de  ses  deux 
compagnons  ,  Prime  et  Cyiin  ,  arriva  dans 
rilellespo'it.  L'Eglise  fait  collectivement  leur 
fôte  le  i  janvier. 

THÉOGONE  (sainte),  martyre,  eut  la  gloire 
de  verser  son  sang  h  Edessc  en  Syrie  pour 
la  confession  de  sa  foi.  Ce  fut  durant  la  per- 
sécution de  Maximien.  Il  souffrit  le  martyre 
avec  ses  deux  frères ,  saint  Agape  el  sant 
Fidèle,  après  y  avoir  été  exhorté  par  sa  mère, 
sainte  Basse,  qui  fui  décapitée  quelque  temjis 
api'ès  eux,  dans  la  même  persécution.  L'E- 
glise honore  leur  mémoire  le  21  août. 

THÉONAS  (saint),  fut  martyrisé  durant  la 
persécution  de  l'empereur  Dioclétien,  avec 
saint  Théopempte.  Ils  sont  inscrits  au  Alar- 
tvrologe  romain  le  3  janvier. 
"  THÈONAS  (  saint  ),  martyr,  recueillit  la 
palme  du  martyre  durant  la  persécution  que 
l'impie  Dioclétien  fit  souffrir  à  l'Eglise.  11 
eut  pour  compagnons  de  ses  glorieuses souf- 
fratices  les  saints  Victor,  Zotique,  Zenon, 
Césaire,  Sévérien,  Chrysophore  et  Antonin. 
L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  20  avril. 

THÉONAS,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  sang  pour  la 
foi  en  Egypte,  et  desquels  Ruinart  a  laissé 
les  Actes  authentiques.  Voy.  Martyrs,  (  les 
trente-sept)  égyptiens. 

THÉONESTE  (saint),  évêque,  fut  marty- 
risé ti  Albino.  11  fut  tué  par  les  ariens,  en 
haine  de  Jésus-Christ.  L'Eglise  fait  sa  fête  le 
30  octobre. 

THÉONILLE  (sainte),  martyre,  eut  le  bon- 
heur de  mourir  pour  Jésus  Clirist,  à  Egée  en 


Kill 


(iilicie,  en  l'aniK'-i)  2K!»,  au  rfjmmencenn'nl 
du  règne  de  Dioch'-heii.  I''.ll(t  avait  élu  air(^- 
lée  avec  saillie  l>oiiiinnc  et  les  sainlHOIiiude, 
Aslcrc  cl  Ncon.  \.r  proconsul  J,ysia.s  lui  tii 
suliir  (liv(M-s  supjiliee.s,  après  le.s(|iiels  il  In 
lit  lier  dans  un  s«c  el  jeter  h  l'eau.  Voy.  les 
Actes,  (pli  sont  connnuns  h  tous  lei>  .Si'ints 
i|U(^  nous  venons  do  noniiiier,  h  l'aji-licle 
(.1  \M)i;.  L'Eglise  f.iit  la  frMo  de  >ninle  Tliét»- 
nilleet  de  s('s  compagnons  le  -l'A  aoi'it. 

TIIÉOIM-MPIE  (.sainl),  rei.ul  la  palme  du 
martyre  avec  saint  TlK-oiias,  sous  Ji;  rè- 
gne de  l'cMiipereur  Dioclétien.  L'^.;li.se  fait 
colji'clivemenl  h.'ur  fùt(;  le  3  janvier. 

TIILOPIIANK  (  .saint  ),  clianibcllaii  .'1  la 
cour  de  l'empereur  d'Orient  Léon  1\',  fui  ar- 
rêté par  ordre  de  ce  prince  iconoclaste,  avec 
le  papias  ou  porlier  du  nal.iis,  J/icipies  LéoT 
et  'riiomas,  Ions  deux  cfiamb.llans,  et  (jiiel- 
(pKvs  autres  (|ui  honoraient  les  images.  L'em- 
pereur les  lit  londre,  foueller  el  mener  hon- 
teusement par  la  ville  dans  la  priso'ulu  l*i-é- 
toire,  Tliéophani!  y  mourut  ;  tous  les  autres 
embrassèrent  la  vie  monaslifjue,  après  la 
mort  de  Léon  IV,  qui  eut  lieu  (pielques  mois 
a[)rès,  en  l'an  de  Jésus-Christ  780.  (  \  oy. 
Iconoclastes.)  L'Eglise  fait  leur  fête  le  k  dé- 
cembre. 

THÉOPHILE,  nom  de  l'un  des  officiers 
persécuteurs  de  saint  Pione  el  de  ses  com- 
jiagnons,  martyrs  à  Smyrne,  sous  le  règne 
de  rem()ereur  Dèce  et  sous  le  pi'ocoi.sul  Ju- 
lius  Proculus  Quintilianus.  Il  est  qualifié 
connnandanl  de  la  cavalerie  dans  les  Actes 
de  saint  Pione.  Ce  fut  lui  qui  dit  aux  saints, 
avec  une  voix  terrible  (  disent  les  Actes  )  : 
«  Voilà  Eudémon,  votre  évêque,  qui  a  sacri- 
fié ;  obéissez  aussi.  »  Ce  fut  lui  qui,  un  jieu 
plus  tard,  voulant  faire  sortir  de  prison  les 
saints  qui  s'y  refusaient,  parce  qu'ils  savaient 
qu'on  les  voulait  conduire  au  temftie,  vint 
leur  dire  que  le  proconsul  avait  donné  l'or- 
dre de  les  conduire  h  Ephèsé.  Saint  Pi(jne, 
qui  se  doutait  du  mensonge,  lui  dit  :  «  Que 
celui  qui  est  chargé  de  cet  ordre  vienne  le 
faire  exécuter.  »  Alors  Théophile,  outré  de 
fureur,  lui  dit  :  «  Si  tu  refuses  d'obéir  à  l'or- 
dre, tu  sentiras  mon  pouvoir.  »  En  même 
temps  il  lui  mit  lui-même  une  corde  au  cou, 
et  le  serra  si  fort  qu'il  pensa  l'étrangler  ; 
après  quoi  il  le  mit  entre  les  mains  des  gar- 
des, qui  le  conduisirent  à  la  place,  avec  S$  - 
bine  et  les  autres.  (  Voy.  les  Actes  de  saint 
Pione.  à  son  article.) 

THÉOPHILE  (saint),  martyr,  souffrit  pour 
la  foi  à  Césarée  en  Cappadoce,  sous  le  règne 
de  l'empereur  Dèce,  avec  les  saints  Germain, 
Césaire  et  Vital.  Le  Martyrologe  romain  ne 
donne  pas  de  détails  sur  leur  martyre.  L'E- 
glise les  honore  le  3  novembre. 

THÉOPHILE  (saint),  fut  martyrisé  pour  là 
foi  avec  saint  Trophime,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Dioclétien.  Ils  furent  meurtris  à 
coups  de  pierres,  mis  dans  le  feu,  puis  dé- 
capités.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  23  juillet. 

THÉOPHILE  (saint),  martyr,  l'un  des  qua- 
rante martyrs  de  Si^^iaste,  sous  Licinius. 
{Voy.  Marty:is  de  Sébaste.  ) 

THÉOPHiLS,  empereur  d'Orient,  succéda 


î 


ilG7                               THE  THE                               1168 

i  son  pèn^  Michel  le  Bègue,  on  829.  «  11  lé-  beaucoup  d'injures,  l'appela  idolâtre,  et  lui 

moigiia  d'abord  un  graïul  zèJe  pour  la  justire,  rapporta  le  discours  d(?  son  fou.  Seigneur, 

et  inômc  pour  la  religion  ;  mais  il  se  déclara  dit-elle,  c»'  n'est    pas    re  (juc  vous  pensez  : 

bientôt  plus  ouvertement  que  son  pèrecon-  c'est  que  je  me  regardais  à  mon  miroir  avec 

tre  les  saintes  images.  Car  il  ne  défendit  i)as  mes  femmes,  et  il  a  vu  dedans  nos  images. 

seulement  de  les  honorer,  mais  d'en  faire  et  Elle   apaisa  ainsi   l'empereur,  et  fit   ensuite 

d'en  garder.  On  eiïaga  donc  encore  une  fois  bien  fouetter  Denderis,  pour  lui  apprendre  à 

les  peintures  des  églises  pour  y  représenter  ne  plus  parler  des  belles  poupées. 

des  bétes  et  des  oiseaux,  on  brilla  pultli(pie-  «  Il  se  trouva  des  catholi(]ues  qui  résistè- 

ment  quantité  d'images  ;  les  prisons  furent  rent  courageusement   à  l'empereur  pour  la 

reraplii'sde  catholiques,  de  peintres,  de  moi-  défense  des  saintes  images,  entre  autres  les 

nés,  d'évé(pi('S.  L'empereur  en  voulait  par-  moines  du  monastère  de  Saint-Abraham.  Ils 

ticulièrement  aux  mnines.    Il  leur   détendit  lui  montraient  par  les  Pères,  comme   saint 

d'entrer  dans  les  villes,  ni  de  paraître  à  la  Denis,  saint  Hiérothée,  saint  Irénée,  que  la 

campagne;  en  S'irte  que,  ne   pouvant  avoir  vie  monastique  n'est  pas  une  invention  nou- 

les  choses   nécessaires  à  la  vie ,  plusieurs  velle  ;   et,    pour    prouver   que   les  images 

moururent  de   faim  et  de  misère  :  d'autres  étaient  reçues  dès  le  temps  des  apôtres,  ils 

-quittèrent  leur  habit  pour  sortir,  sans  toute-  rapportaient  le  portrait  de  la  sainte  Vierge, 

uis  abandonner    leur  profession;  d'autres  fait  par  saint  Luc,  et  l'image  miraculeuse  de 

enfin  tombèrent  dans  un  entier  relAcliement  Jésus-Christ,  qu'il  avait  lui-même  imprimée 

Ainsi  les  monastères  devinrent  les  cimetiè-  sur  un   linge  ;   car   ces  faits   n'étaient    pas 

res  des  moines  qui  y  demeuraient  morts,  ou  contestés    alors.  L'empereur,  irrité  de  leur 

des  logements  des  séculiers.  Cependant  il  y  hberté,  les  chassa  de  Cunstantinople,  après 

avait  dans  tous  les  villages  des  receveurs  leur  avoir  fait  souffrir  plusieurs  tourments. 

pour  charger  d'impositions  ceux  qui  ne  re-  .lisse  retirèrent  près  le   Pont-Euxin,   et  y 

nonçaient  pas  aux  saintes  images.  moururent  des  coups  de  fouet  qu'ils  avaieirt 

«  Toutefois,  l'empereur  Théophile  ne  put  reçus.  Leurs  corps  demeurèrent  longtemps 

y  faire  renoncer  Théodora,   sa  femme,  ni  sans  sépulture;  mais  ils  se  conservèrent,  et 

Théoctista,  sa  belle-mère.  Il  avait  cinq  filles,  depuis  on  les  honora  comme  des  reliques  de 

que  leur  aïeule  appelait  souvent  chez  elle,  martyrs. 

leur  faisant  de  petitsprésents,  et,  les  prenant  «  L'empereur  Théophile  persécutait  sur- 
en  particulier,  les  exhortait  à  résister  coura-  tout  les  peuitres  qui  faisaient  les  images.  11 
geusement  à  l'hérésie  de  leur  père,  et  à  hono-  attaqua  donc  un  moine,  nommé  Lazare,  qui 
rer  toujours  les  saintes  images.  En  disant  était  alors  célèbre  en  cet  art  ;  ne  l'ayant  pu 
cela,  elle  [)renait  les  siennes,  ({u'elle  gardait  gagner  par  caresses  ni  par  menaces,'  il  le  fil 
dans  un  coffre,  les  portait  h  son  vis  ige  et  les  déchirer  à  coups  de  fouet,  en  sorte  que  la 
baisait.  L'empereur  demanda  un  jour  à  ses  chair  tombait  avec  le  sang,  et  que  l'on  ne 
tillesce(iueleurgrand'mère  leur  avait  donné,  croyait  pas  qu"il  en  put  guérir.  Toutefois, 
et  quelles  caresses  elle  leur  avait  faites.  La  s'élant  un  [)eu  remis  dans  la  prison,  il  recom- 
plus jeune,  nommée  Pulehérie,  raconta  tout,  mença  ;\  peindre  des  saints  :  ce  que  l'enifie- 
nomma  les  fruits  dont  elle  les  avait  régalées,  reur  ayant  appris,  il  lui  lit  brûler  le  dedans 
puis  ajouta  :  Elle  a  dans  son  coffre  quantité  des  mains  avec  des  lames  de  fer  rouges,  et 
de  poupées  ((u'elle  met  sur  sa  tèle,  et  les  on  le  laissa  demi-mort.  Enfin,  h  la  prière  de 
baise.  L'empereur  comprit  bien  ce  que  c'é-  l'impératrice  et  d'autres  personnes  de  crédit, 
tait,  et  en  fut  fort  irrité,  mais  il  n'osa  le  té-  il  sortit  de  prison,  et  se  retira  à  l'église  do 
moigner,  par  le  respect  (pi'il  [lOrtait  h  sa  Saint-Jean-Phobéros,  où  il  se  cacha.  L^,  no- 
br'lle-n)ère,  et  la  crainte  de  ses  reproches,  nobstanl  ses  [)laies,  il  peignit  une  image  do 
Car  elle  lui  parlait  av(>c  liberté,  lo  reprenait  saint  Jean,  (pie  l'on  gardait  longtemps  après 
j>ubli(piemenl  de  la  persécution  (ju'il  faisait  et  (pii  guéri^sall  des  malades.  Lazare  survé- 
aux  c.itholiques,  cl  était  pres(pu' la  seule  cul  quehiuesaïuiées  ,^  l'empereur  Théophi- 
qui  os.U  lui  direcond)ien  il  était  liai  de  tout  le.  »  (Fleury,  vol.  III,  p.  288.  ) 
le  monde.  Il  se  contenta  donc,  d'empêcher  Cet  empertnir  mouiut  en  8V2. 
ue    ses    filles    allassent    si   soiiveiu  chez  TlUiOl'HILE  ^  saint,  soulfrit  le  marlvre  à 


elle.  Rome,  avec  les  saints  .>[acaire,  Uiilin  et  Juste  ; 

«  Il  avait  un  petit  homme  ridicule,  nom-  nous  m.unpions  d(>  détails  sur  leur  compte. 

mé  Dendens,  qui  le  divertissait  [)ar  ses  fo-  L  Eglise   fut  colleclivenKMil  la   mémoire  do 

lies.  Etant  entre  dans  la  diaiiibre  de  riinpi'*-  ces  saints  comhaltai.ls  le  2S  février. 

ratrice  Théodora.  il  la  trouva  ipii  baisait  les  THIlOPIlILK^sainl),  diare  et  martyr, versa 

saintes  images,  et  les  portail  à  ses  yeux  par  son  sang  en  Lil)yt>  pour  la  (l('»fense  de  la  re- 

dévolion.  Il  lui  deiuanda  ce  (|ue  c'élait.  et  ligioii.  Il  eut  pour  compagnons  de  son  triom- 

s'np[)ro(  ha    pour  les  voir.  Ce  sont,  dit-elle,  plie  saint  Hellade;  ces  deux  saints  combat- 

mes  belles  poupées.    .Vussilôt   Denderis  alla  tants    furent  d'al)ord  déchirés    h   coups  de 

trouver  l'cMupereur,  (pu  élait  î»  table,  et  ipii  fouet,  puis  piiiiiés  avec  des  tels  aigus  de  pots 

lui  demanda  d'où  il  venait.  Il  dit  qu'il  venait  cassés,  on  les  jeta  enfin  dans  un  nrasier  ar- 

de  chez  sa  maman,  c.aril  nommait  ainsi  l'im-  dent,  où  ils  rendirent  leur  Ame  h  Dieu.  L'E- 

>ératrice,  et  <pi'il  l'avait  vue  ijrer  dti  belles  glise  l'ait  leur  mémoire  le  8  janvier. 

toupées  do  derrière  son  chevel.  L'empereur  THIiOPHII.E  (  saint  ),  évèque  et  martyr, 

"entendit,  et.  sitôt  ([u'il  fut  sorti  de  lal)le.  il  mourut   ;"!    Nicomédie.  où  il  avait    été  exilé 

alla  chez  l'impératrice  l'orl  en  colère,  lui  dit  pour  la  défense  dos  saintes  images.  Nous 


ilOî)  TIIK 

t»';iv(ins  pus  d'/iutrcs  iliHails  sur  lui.  f/I'lj^liso 
lail  s;\  mt'iiKiini  If  7  iiinrs. 

'l'Ilf'lOI'llll.l';  (sailli),  rorul  \i\  |»aliii('  iiii- 
moili'llc  (lu  martyri'  avec;  saint  SaliU'iiiii  ol 
sainlci  lUWocnh».  Nous  i^iioroiis  le  lieu,  la 
(laie  (U  ivi  (lillÏMciilcs  circoiislauciîs  df  leur 
roiiihal.  I/K|;;liso  l'ail  collcclivciiicul  la  r<Ho 
(le  CCS  courageux  coiiiltallaiils  de  la  loi  le  G 
l'cviicr. 

THf<:()IMIII,K  (sain!  ).  niarlyr,  cueillit  la 
palme  du  martyre  h  Alexandrie;  ou  ig'iore  à 
(piell(\  t''pO(pie.  L(î  iMarlvTolng(5  romain  dit 
souloinent  (|u'il  eut  pour  com|iagM(uis  do  ses 
<'ombats  saint  Animon,  saint  Néoli^n»  et 
vingt  autres  (pi'il  ne  nomme  [»as.  (;'(>sl  \{'  H 
soi)ti>ml)re  ijuo  l'Kgliso  honore  la  mémoire 
de  ces  saints  martyrs. 

TIltOPlilM:  (saint),  inscrit  au  Martyro- 
loge romain  connue  soldat,  martyr,  Jsous  la 
date  du  20  décembre.  (Vo//.  Am'\i()n d'Alexan- 
drie. )  De  i)lus,  saint  Tlu''o|)lule  n'était  pas 
soldat  :  lo  passage  de  saint  Denys,  aucpiel 
nous  venons  de  renvoyer  le  lecteur,  distingue 
entre  ceux  cpii  étaient  soldats,  et  le  vieiJlard 
Théophile.  L'exactitude  est  la  vertu  de  l'his- 
toire. 

THÉOPHILE  (sainte),  martyre,  eut  le  glo- 
rieux privilège  de  verser  son  sang  pour  la 
foi  h  Nicomédie,  durant  la  persécution  du 
cruel  Dioclétien.  Elle  eut  })lusieurs  compa- 
gnons de  ses  soullrances,  entre  autres  un  des 
odiciers  du  palais,  et  les  vierges  Agape , 
Domne,  ainsi  que  plusieurs  autres  dont  les 
noms  ne  sont  point  inscrits  au  Martyrologe" 
romain.  C'est  le  "28  décembre  que  l'Eglise 
honore  leur  mémoire. 

THÉOPHYLACTE  (saint).  Voy.  Théo- 
phile. 

THÉOPISTE  (sainte),  femme  de  saint  Eus- 
tathc.  Elle  donna  sou  sang  pour  Jésus-Christ 
sous  le  commencement  du  règne  de  rem{)e- 
reur  Adrien,  avec  son  mari  et  ses  deux  en- 
fants saint  Agape  et  sainte  Théopiste.  (  Vojj. 
EusTATHE.  )  La  fête  de  cette  sainte  a  lieu  le 
20  septembre. 

THÉOPISTE  (sainte),  (ille  de  la  précédente, 
fut  martyrisée  avec  elle  à  Rome.  Sa  fôte  est 
célébrée  avec  celle  de  sa  mère,  le  20  septem- 
bre. Voy.  l'article  pré(;édent. 

THÉOPOMPE  (  saint),  fut  martyrisé  avec 
saint  Synèse  :  on  ignore  en  quel  lieu,  à  quelle 
époque  et  dans  ({uelles  circonstances.  L'E- 
glise fait  collectivement  leur  fête  le  21 
mai. 

THÉOPRÉPIDE  (saint),  martyr,  versa^son 
sang  pour  la  foi  avec  saint  Philet  son  père, 
sainte  Lydie  sa  mère  et  saint  Macédo  son 
frère.  Il  eut  encore  pour  compagnons  de  ses 
combats  saint  Amphiloque,  chef  de  milice, 
et  saint  Coronas,  grefïïer.  L'Eglise  honore 
leur  mémoire  le  27  mars. 

THÉOSTÉUICTE  (saint),  prêtre  du  monas- 
tère de  Pélicite,  eut  le  nez  coupé  et  la  barbe 
biûlée  avec  de  la  poix  et  du  naphte,  sous 
Constantin  Copronvme,  violent  iconoclaste 
qui  persécuta  cruellement  les  catholiques  en 
Orient.  Ce  saint  n'est  pas  au  Martyrologe. 

THEOTIME  (  saint },  souffrit  le  martyre 
sous  l'empereur  Maximin,  avec  les  saints 


Tiii; 


1170 


Domniu,  Pliilolée,  Silvaiu  et  d'nutres  saints 
aussi  dont  les  tioms  s<inl  ignorés.  L'Kgliso 
loiiiaine   l'ail  leiu'  miMiioire  le  5  novoiilbre. 

IIIÉOIIMI':  (sailli),  lut  mailvrisé  h  Laodi- 
cée  en  Syrie  avec,  saint  Hasilien.  Nous  n'a- 
vons point  de  détails  authentiques  sur  leur 
(Muiipto.  L'Eglise  l'ail  leur  félo  lo  18  décem- 
bre. 

TIlÉoriME  (  saint  ),  versa  .son  sm\^  eu 
riionueiir  de  la  foi  avec  hîs  saints  Lucien, 
Métrope,  Paul,  Z('riobe,  et  Drusiis.  Ce  lut  <i 
Tripoli  (pi  ils  souH'i  irent  l(!  martyiiî.  L'Egliso 
célèbre  leur  mémoire  le  2V  (iéc(iiibre. 

TlIÉOl'iOLE  (saint),  martyr,  périt  (tour  la 
foi  (UiNolre-SeigiMMir  J(Vsus-(;hrisl.  Il  i'iil  pré- 
cipité dans  la  mer  avec  sainl  Arien,  jirési- 
dent.  On  |)réten(l  (|ue  des  dauphins  rappor- 
tèrent leurs  corps  au  rivage.  La  date  de  leur 
martyre  est  ignorée.  L'Eglise  célèbre  leur 
mémoire  le  8  mars. 

TIIÉKÉSE  (la  princesse),  femme  de  Fran- 
çois Xavier,  lils  aine  de  Sounou-Peylé  (  ré- 
gulo  de  troisième  ordre)  à  la  cour  de  Pékin, 
fut  baptisée  (pehiue  temps  après  son  mari, 
et  partagea  1  exil  auiiuel  l'cnnpercur  Yong- 
Tching  condanuia  toute  sa  famille  pour  la  foi 
en  172V.  On  sait  que  toute  cette  famille  si 
nombreuse  fut  exilée  h  Yeou-Oué, poste  mi- 
liîairc  en  Tartarie,  h  90  lieues  de  Pékin,  a\i 
delà  de  la  grande  muraille.  La  veille  du  dé- 
part pour  l'exil,  cette  princesse  communia 
avec  son  mari  Xavier,  Pierre  leur  second  hls 
et  la  princesse  Agnès,  leur  belle-tille.  (Pour 
les  détails,  voy.  les  articles  Sounou  et  Chim: .) 

THÉRÈSE,  jeune  vierge  chrétienne,  fut 
arrêtée  en  Chine  en  17i6 ,  dans  la  persécu- 
tion du  Fo-Kien,  où  moururent  l'évoque  de 
Mauricaste  ,  les  PP.  Diaz  ,  Royo  ,  Alcober  et 
Serrano.  Le  1"  ou  le 2  juillet^  tous  les  chré- 
tiens prisonniers  à  Fou-Ngan  comparurent 
devant  le  gouverneur,  sur  la  convocation  de 
l'olficier  F««.  «Qui  vous  a  conseillé,  dirent 
les  juges  à  Thérèse,  de  garder  l'état  de  vir- 
ginité ?  —  Moi-même,  répondit-elle.  —  Dites- 
nous  au  moins  ,  reprit-on  ,  combien  vous 
êtes  de  jeunes  tilles  destinées  à  servir  les 
Européens  et  à  vous  prêter  à  leurs  plaisirs  ? 
—  Cette  infâme  idée  que  vous  avez  de  leur 
conduite  prouve  bien ,  dit  Thérèse  ,  que 
vous  ne  les  connaissez  pas.  Jai  en  horreur 
de  telles  indignités.  »  L'officier  Fan  tît  mettre 
la  jeune  chrétienne  à  la  torture.  S;^s  compa- 
gnes, ayant  été  interrogées,  dirent  toutes  que 
personne  ne  les  avait  empêchées  de  choisir 
l'état  de  mariage;  qu'elles  avaient  librement 
préféré  celui  de  la  virginité,  à  cause  de  l'es- 
time toute  particulière  que  Thérèse  leur 
avait  inspirée  pour  cette  vertu.  «  Oui ,  dit 
Thérèse,  c'est  moi  qui  leur  ai  donné  ce  con- 
seil ,  et ,  s'il  y  a  crime  en  cela ,  c'est  à  moi 
seule  qu'il  est  imputable.  Je  dois  seule  en 
porter  la  peine  ;  mettez  toutes  mes  compa- 
gnes en  liberté.  »  Le  10  du  mois  de  juillet, 
Thérèse  partit  de  Fou-Ngan  pour  être  con- 
duite à  Fou-Tchéou-Fou ,  capitale  du  Fo- 
Kien.  On  la  mit  enchaînée  sur  une  charrette, 
avec  les  missionnaires  et  cinq  chrétiens. 
Elle  eut  à  subir  la  torture  devant  les  nou- 
veaux juges  que  le  vice-roi  de  Fo-Kien,  cas- 


1171 


THE 


sant  l'arrôl  dus  premiers,  avait  commis,  pour 

fnoiioncer  dans  celte  aiïairo.  Ici  se  bornent 
cs  documriils  que  nous  j)Oiivons  fournir 
sur  cette  sainte  jeune  lille.  Malheureusc- 
nient  l'his'oire  ne  sait  pas  tout  ce  f|in'  le 
ciel  voil  cliaiiue  jour  de  wrlus,  de  soulTran- 
ces  ,  de  niériles  en  un  mot  sur  la  terre.  Ce- 
jiondant  il  est  présiitual)!''  (lu'clle  fut  ren- 
voyée dans  sa  l'amille.  La  relaliou  (jue  nous 
avons  du  martyre  de  l'évôcjue  de  Mauricastro 
et  de  ses  compagnons,  nous  dit  qu'ini  caté- 
chiste fut  condamné  à  perdr  •  la  vie  avec 
eux.  Or  si  Thérèse,  qui  parait  beaucoup  j)lus 
dans  1  hisloiro  de  leurs  soulfrances  que  ce 
catéchiste  ,  avait  été  condiuunéo  à  la  même 
I^eine  que  lui ,  le  narrateur  de  Unir  martyre 
n'iurait  pas  manqué  de  nous  en  instruire; 
du  reste,  il  faut  croire  que,  n'étant  accusée 
directement  (|ue  de  christianisme,  et  la  j)ro- 
cédure  n'ayant  pu  établir  contre  elle  aucune 
preuve  qu'elle  eiU  prêché  la  religion  chré- 
tienne, elle  fui  renvoyée  faute  de  ch.irges 
sullisantes.  Quoi  qu'il  en  soit,  elle  nous  a[)- 
])arnît  avec  des  droits  pleinement  sullisants 
au  titre  de  confesseur.  Il  y  a  dans  la  primi- 
tive Eglise  considérablement  de  saints  et  de 
saintes  inscrits  dans  les  Martyrologes,  et(]ui 
n'ont  pas  soulfert  autant  quelle  pour  la  foi. 
Pour  bien  apprécier  les  soulfrances  de  celle 
jeune  fille  ,  il  faut  tenir  compte  des  mœurs 
de  la  Chine,  voir  ce  qu'y  sont  les  femmes. 
Pour  elles,  c'est  un  malheur  innnense  (jue 
d'être  forcées  à  aller  aux  yeux  de  t  lUs  subir 
en  justice  des  accusations  semblables  à  celles 
qu  on  articu'a  contre  Thérèse.  Les  ferumes 
de  la  Chine  ont  une  réserve,  une  timidité  de 
mœurs  qui  se  trad  lit  dans  toutes  les  rela- 
tions. Les  missionnaires  eux-mêmes  sont 
obligés  de  respecter  les  usages  qu'im[iosenl 
a!!x  fennues  leur  éducation,  leui  s  habtuies, 
on  un  mot  toutes  les  idées  reçues.  Ainsi  les 
feunnes  ,  en  Chine  ,  ne  sont  tenues  d'aller 
publi(iueuient  à  l'église  ipie  deux  fois  l'an, 
et  encore  les  cérémonies  du  culte  sont  faites 
pour  elles  seulement  dans  un  grand  nombre 
de  lieux.  Les  Chinois  se  montrent  fort  scan- 
dalisés quand  par  hasard  il  en  est  autrement. 
C'était  pour  cette  raison  surtout  (pu*  les 
])rinces  de  la  famdle  de  Sounou  ,  nar  exem- 
ple, faisaient  b;Uir  des  chapelles  iians  leurs 
palais.  D'après  cela,  il  est  aisé  de  conrevoir 
quelle  immense  douleur  celte  jeune  iille 
chrétienne  dut  éprouver,  quand  des  satel- 
lites, que  leur  chef  s'étudiait  .^  rendre  bru- 
taux et  féroces,  vinrent  larracher  de  la  de- 
meure paternelle;  (piand  elle  fui  conduit(> 
devant  des  tribunaux  où  il  lui  fallut  être 
torturée  publiipiement.  Qu'on  pense  îi  ce 
qu'elle  dut  ressentir  quand  on  lui  adressa 
ces  questions  outragiantes  qui  hérissent  la 
pudeur  de  l'.'^me  «le  toute  f  lume  bien  me; 
qu'on  In  voie  exposée  h  toules  les  insidtes 
d'un  misérable  tel  que  l'oHii  ier  Fan,  ipii  di- 
rigeait o  son  gré  le  (irocès.  Qu'où  la  suive 
tur  celte  charrette  (ju'entourait  la  populace 
♦•D  Tins  dlant.  II  y  a  dans  tout  cela  plus  (pi'il 
"  ^lut  pour  mériter  à  une  ftnnme  le  titre 
iT  de  rof-^  tir.  Los  premiers  clné- 
licns  l'eu^senl  appelée  martyre. 


i 


THE  1172 

'rHf!;u^:sE  dk  saint  Augustin  ,  était 

prieure  d'un  niou.ialère  de  religieuses  car- 
mélitc'-,  a  Compiegne.  Klle  avait  été  élevée 
dans  la  maison  de  Saint-Denis ,  avec  sœur 
Louise  de  France  ,  et  sa  «lot  avait  été  payée 
par  a  reine  Marie  Lec/inska.  En  t7«.)2 ,  les 
Carmélites  de  Co  npiègne  ayant  été  chassées 
de  leur  mon.i>tère,  q  .atorze  d'entre  elles 
s'établirent  dans  des  maisons  particulières 
et  y  suivirent  la  règle  de  leur  ordre  dans 
toute  sa  riginnir.  Steur  Thérèse  était  du  nom- 
bre. Elles  furent  arrêtées  dans  les  premiers 

ours  de  mai  179'* ,  transférées  à  Paris  vers 

e  milieu  de  juin,  et  enfermées  à  la  Concier- 
gerie. Le  t7  juillet,  elles  furent  appelées  de- 
vant letiibunal  ré- oluliouiaire  etacxusées, 
1°  d'avoir  renfermé  dans  leur  monastère  des 
armes  pour  les  émigrés  :  '1°  d'exposer  le 
saint  sacrenient  les  jours  de  fête  ,  sous  un 
pavillon  (|ui  aviit  à  peu  près  la  forme  d'un 
manteau  royal  ;  3"  d'avoir  des  correspon- 
dances avec  les  émigrés  et  de  leur  faire  pas- 
ser de  l'argi  nt.  Malgré  les  réponses  victo- 
rieuses de  Thérèse  à  fous  ces  chefs  d'accu- 
sation dont  elle  montra  le  ridicule  et  la  l'aus- 
sefé,  elle  fut  condamnée  à  périr  sur  l'éclia- 
faud  avec  ses  compagne- ;  elles  subirent  Knir 
martyre  le  17  juillet  179V.  (Tiré  de  l'abbé 
Caron,  Confesseurs  de  la  foi,  t.  II.) 

THESPÈSE  [saint],  Tlicsprsiits,  martyr  en 
Capp.uloce  ,  sous  l'empereur  Alexandie  et 
sous  le  préfet  Sim.il ice  L'Eglise  fait  sa  fêle 
le  1"  juin.  ;Extiait  du  Martyrologe  romain.) 
THIv-^PÈSK  ^saint),  martyr,  originaire  de 
Nicée  en  Hilhynie,  y  souiTrit  le  martyre  du- 
rant la  [)ersécution  de  Maximin  :  on  ignore 
en  (pielle  année  ;  le  Martyrologe  romain  dit 
seulement  qu'il  eut  pour  compagnon  de  ses 
combats  saint  Eustache  et  saint  Anatole.  L'E- 
glise honore  leur  mémoire  le  20  novend)re. 

THESSALONICE  (sainte), martyre, rénandit 
son  sang  ponr  Jésus-Christ  à  Anïphi})olis,  en 
Macédoine.  Elle  mourut  avecsainl  T.turiouet 
saint  Aucte.Le  Martyrologe  romain  ne  donrm 
pas  de  reiiseigntnnents  sur  leur  martyre.  L'E- 
glise célèbre  le  ir  mémoire  le  7  novembre. 

TIIESSALONIQUE,  d'abord  Tlirrmn  ,  ini- 
jourd'hui  .S'fi/oniA/ ,  ville  de  Macédoine  en 
.Mygdonie,sur  le  golfe  Thciniaïqucfutappe- 
lée  Thessalonique,  en  l'honneur  de  Thessalo- 
nica,s(euinr.\le\andrecf  fennnedeCassandre. 
En  52,  saint  Paul  et  saint  Silas  logeaient 
dans  cotte  ville  chez  un  chrétien  nommé  Ja- 
son  dont  les  Juifs  vinrent  alta«[uer  la  mai- 
son, avec  grand  tumulte.  Les  deux  saints  , 
qu'its  voulaient  prendre  ne  s'y  étant  pas 
trouvés,  ils  se  saisirent  de  Jason,  et  le  con- 
duisirent devant  h's  magistrats  :  mais  ceux- 
ci  ,  plus  justes  que  n'auraient  désiré  les 
Juifs,  relâchèrent  Jason  et  les  autres  chré- 
tiens arrêtés  avfc  lui,  en  recevant  cet  homme. 

énéreux  connue  caution  pour  saint  Paul. 

ason  s'engageait  h  re|>rés(nUer  saint  Paul , 
si  l'on  réussissait  h  prouver  (pielque  chose 
contre  lui.  Ihessalonique  a  vu  le  martyre 
des  saints  Domnin,  Victor  et  autres  dont'les 
noms  ne  sont  point  parvenus  jusqu'î\  nous. 
THEUSÉTAS  ^saini  .  martyr,  mourut  pour 
la  fui  à  Nicée,  avec  saiut  Uorrez  son  ûls , 


î 


H7:> 


TIIO 


illO 


117* 


^ai'll  M/irt' ,  ol  los  .sninlfs  TlK-udoid  ,  Nym- 
jiliodoia  cl  .\nil)ii'.  Ils  ruinil  Imi.s  livn'isniix 
ll.iuMjics  ;  on  iuiKtrt»  ii  (iin'lji-  (''(tiKiiit'.  L'IC- 
j^li.sci  v(''iH>ro  liMir  .saillie  luûiuoii»'  If  13 
Jii.'irs. 

TIIIHAUM,  villr  il(>  rArii(|iu'  l'iocoiisii- 
laii'c.  Sous  Didclrlicii,  Ma.;iiili"*ii,  (jiii  l'ii  ('lail 
inagistrul  ,  rtwiiil  rcru  les  ctlils  (iiii  uiddii- 
ii.iitml  aux  iliiiHioiis  do  livriir  Us  sainlrs 
l'icrilurcs,  til  antMiT  saiiil  l'idix.  (Hii  v.w  ('-lail 
rv(V|iii',  cl  n'ayaiil  pu  le  coiilraiiidrc  à  les  lui 
(loinior ,  il  Tnivoya  à  (^arlliaj^c  ;iu  inocoii- 
sul. 

THIEN  (Thomas),  niissionnaire  vu  Cocliiii- 
cIjIiu',  y  cui'illil  la  j^loiieusc  |>aluw'  du  mar- 
tyre, avec  M.  Jactiuaid,  .[ui  avait  (Hv  laiipclij 
<!(>  sou  exil  daus  le  Laos.  Leur  touiljal  l'Ut 
lieu  lo  21  sophMuhio  1838. 

TIIOMAIDI''.  (Saiiilo),  vorsa  son  san;.;  pour 
îa  loi,  à  Alovaiidri(>  ;  ou  ii^nori^  h  (piulhi  épo- 
que ol  daus  (juolios  cii('0ustauc(>s.  L'E^liso 
tait  sa  uiiHnoire  lo  'i  avril. 

THOMAS  (saini),  (.Mail  cliaiuboUan  à  la  cour 
do  l'oiuperour  (rOficut  Léon  IV.  Co  prince 
iionoclaslo  le  lit  arriHer  avec  le  papias  ou 
jiorlier  du  palais,  Tlioophano,  Léon,  eliain- 
brllans,  et  (pielqucs  autres  qui  restaient  ii- 
dM"s  au  culte  des  images.  LVnupereur  les  lit 
tondre,  f  lu.tter  et  mener  honteusement  par 
la  ville  dans  la  prison  du  prétoire.  Théoiihano 
y  mourut ,  tous  les  autres  cmbrassi^^rent  la 
vie  monasti(iue  ajirùs  la  mort  de  Léon  IV, 
((ui  arriva  ijuelqe.es  mois  après  ,  en  l'an  de 
Jésus-Christ  780.  L"Eg'lise  fait  leur  fùte  le  4 
dénMulire.  (  Voi/.  Iconoclastes.) 

THOMAS  HÈCKET  (saint),  archevêque  de 
llantorbéry  ■  l  martyr, naquit  à  Londres  le  21 
décembre  1 1 17. Son  père,  Ciilbort  Becket, était 
un  gentilliomme  très-peu  riche,  qui,  dans  sa 
jeunesse,  se  croisa  et  alla  faire  la  guerre  en 
terre  sainte  :  fait  prisonnier  par  les  Sarra- 
sins, il  fut  l'esclave  d'un  de  leurs  émirs,  du- 
rant l'espace  de  dix-huit  mois.  Cet  émir  avait 
une  tille  unique  :  curieuse  et  avide  de  savoir 
comme  toutes  les  jeunes  tilles,  elle  lit  con- 
naissance avec  le  jeune  prisonnier,  qui  l'ins- 
truisit des  mystères  de  notre  sainte  religion. 
La  beauté  des  dogmes  que  lui  enseignait  le 
jeune  Anglais,  et  peut-être  aussi  un  com- 
mencement d'amour  qu'elle  éprouvait  pour 
lui ,  la  rendirent  docile  à  ses  leçons.  Bientôt 
elle  lui  manifesta  l'intention  de  se  faire  chré- 
tienne. «  Je  souhaite ,  lui  dit-il ,  que  Dieu 
vous  accorde  cette  faveur,  dût-elle  vous  coû- 
ter la  perte  des  avantages  auxquels  votrenais- 
sance  vous  a  destinée.  «Gilbert  trouva  moyen 
de  fuir  avec  la  jeune  Sarrasine  et  d'autres 
esclaves  chrétiens  :  ils  gagnèrent  heureuse- 
mont  l'Angleterre.  Quand  la  jeune  fille  eut  été 
sufiisammentinstruite,  elle  reçut  le  baptême; 
on  la  nomma  Mathilde  :  bientôt  Gilbert  l'é- 
pousa; ce  fut  l'évoque  de  Londres  qui  les  ma- 
ria dans  l'église  Saint-Paul.  Peu  après  ,  Gil- 
bert repassa  en  terre  sainte ,  où.  il  guerroya 
trois  ans  et  demi.  Lajeuiie  Mathilde  était 
enceinte  lorsque  son  mari  quitta  l'Angle- 
lerre  ;  peu  après  son  départ ,  elle  accoucha 
d'un  fils.  Ce  fruit  de  leur  union  fut  Thomas 
Becket ,  celui  duquel  nous  écrivons  la  Vie. 


I)ès  sa  plus  Iciidn*  eiil  nier,  su  iih'm'i;  lui  ui<»- 
|iirji  les  ,s(>n(uiicnts  lie  lapluHVJvn  dévotion. 
Auss^i'il  que  le  père  du  saint  lut  de  rutour 
en  An;^|tilen(' ,  d   lui   n<nnuié  srliérif  de   la 

cillMle   l.nndl'eH.   l'ji   ll.'iH  d  Miourut,  jaihNiUll 

.Sun  lils  exposé  à  tous  les  dangers  (jue  j'inoi' 
pcMience  du  monde  l'ait  rourir  au  jeun<!  J^ge. 
i.e  jinine  Thomas,  indiu  des  principes  irunu 
religion  fervente  cl  éclniréc; ,  ne  fnisail  v'uui 
sans  demander  conseil  h  c(nix  (pie  h^ur  .sa- 
voir et  leur  e\p('ri(nice  rc-ndaieid  aiites  h  la 
(lii-(>ction  d'aiitiui.  Il  avait  étiidii't  d  abord  h 
Oxford  ,  puis  h  Paris,  où  il  étudia  avec  les 
sci(mces  la  langue  française;,  (pii  était  celle, 
(le  la  cour  d'Angleterre  à  ceU(î  époi|ae.Ouand 
i.  revint  h  Londres,  il  fui  attaclu'  en  ipialité 
de  secrétaire;!  la  cour  de  ville.  Dans  ces  fonc- 
tions il  montra  une  très-grande  aptitude  pour 
les  alfaires.  Au  bout  de  tpieKpn!  temps,  il  so 
retira  clie/.  un  jeun(!  seign(nir  (jui  deimnirait 
îi  la  caïujagiie  :  p(ni  à  peu  il  prit  ses  goùls  et 
ses  habitudes,  et  devint  passionné  pour  la 
chasse.  Ces  plaisirs  l'éloignèrent  des  prati- 
ques de  la  piété  ;  mais  Dieu  le  ram(Mia  mi- 
raculeusement à  lui  :  du  moins  le  fait  que 
nous  al.onsdire,  et  qui  Ojjéra  sa  conv(.'rsion, 
fui  considéré  comme  un  miracle. 

U!i  jour  qu'il  chassait  an  vol,  son  faucon 
s'abattit  sur  un  canard  et  ()longea  avec  lui 
dans  la  livière.  Craignant  de  le  perdre,  il  se 
jeta  i\  l'eau  après  lui  :  Je  courant  l'entraîna 
res[)ace  de  |)lus  d'un  mille.  Il  arrivait  à  la 
roue  d'un  moulin,  qui  l'eût  infailliblement 
broyé,  si  elle  ne  so  fût  tout  à  coup  ariétée. 
Thomas,  pleinde  reconnaissance  envers  Dieu, 
résolut  de  mener  une  existence  p  us  chré- 
tienne, et  s'en  revint  à  Londres.  Comme  il 
était  bien  fait ,  de  belle  taille  et  d'un  esprit 
excellent,  ses  amis  le  firent  connaître  à  l'ar- 
chevêque Thibaud  ,  qui  le  retint  auprès  do 
lui,  le  mit  dans  son  conseil ,  et  l'envoya  }>lu- 
sieurs  fois  à  Rome  pour  les  afîaiies  de  l'E- 
glise qu'il  y  conduisit  avec  succès;  et  pour 
s'en  rendre  plus  capable,  il  étudia  quelque 
teuips  le  droit  civil  à  Boulogne.  Roger ,  ar- 
chidiacre de  Cantorbérj,  ayant  élé  élevé  à 
l'archevêché  d'York,  en  115i,  l'irchevèque 
Thibaud  donna  son  archidiaconé  à  Thomas 
Becket ,  qui  le  posséda  avec  la  prévôté  de 
Beverley,  plusieurs  cures  et  quelques  pré- 
bendes. Ensuite  le  roi  Henri  II  étant  venu  à 
la  couronne,  l'archevêque  Thibaud,  pour  re- 
tenir ce  jeune  roi  peu  affectionné  aux  inté- 
rêts de.l'Eglise  et  réprimer  les  entreprises 
de  ses  officiers ,  fit  en  sorte  qu'il  prît  pour 
son  chancelier  l'archidiacre  Thomas.  En  cette 
place,  il  s'appliqua  à  gagner  les  bonnes  grâ- 
ces du  roi  par  toutes  sortes  de  complaisan- 
sances  :  il  chassait  avec  lui,  se  conformait  à 
ses  heures  pour  le  repas  et  pour  le  sommeil; 
sa  table  était  magnifique,  ses  meubles  somp- 
tueux ;  il  était  entouré  (l'une  grosse  cour  et 
cherchait  à  se  faire  estimer  des  gens  du 
monde.  Toutefois ,  au  milieu  des  délices  et 
de  la  vanité ,  il  se  conserva  toujours  pur  à 
l'égard  des  femmes.  Il  eut  beaucoup  à  souf- 
frir de  la  part  des  courtisans ,  en  sorte  qu'il 
disait  souvent  avec  larmes  à  l'archevêque  et 
à  ses  amis,  qu'il  ne  souhaitait  rien  plus  que 


n 


<•■» 


THO 


}>ouvoir  sortir  (io  la  cour  sans  se  ilëshonoror. 
Copciuiant  il  gagnait  de  plus  en  plus  la  coii- 
tîancedu  roi  par  ses  grands  services,  entre  au- 
tres par  la  nc^gociation  du  mariage  entre  Irs 
enfants  des  deux  rois  de  France  et  d'Angle- 
terre, (}ui  lit  revenir  au  dernier  (iisors  et 
quatre  autres  places  importantes.  Kniin  ,  ce 
prince  lui  conlia  l'éducation  du  jeune  Henri, 
son  fils  et  son  héritier  présomptif.  Tel  était 
Thomas  Becket  quand  il  fut  élevé  sur  le  siège 
de  Cantorhéry. 

Mais  sitôt  qu'il  fut  élu ,  il  fit  de  sérieuses 
réflexions  sur  la  sainteté  de  l'état  où  il  allait 
^'engager;  il  résolut  de  ch.inger  de  vie,  et 
allant  de  Londres  à  Cantorbéry  pour  son  sa- 
cre, il  dit  à  Hébert,  un  de  ses  clercs,  homme 
de  grand  mérite  :  «  Je  veux  (juc  vous  me  di- 
siez désormais  ce  que  l'on  dira  de  moi  ;  car 
il  ni  arrivera,  comme  aux  autres,  principale- 
ment aux  grands,  dont  on  dit  bien  des  cho- 
ses qui  ne  viennent  jamais  à  leur  connais- 
sance. Avertissez-moi  aussi  des  fautes  ((ue 
vous  me  verrez  faire  ,  puisque  quatre  yeux 
voient  plus  que  deux.  »  Quand  il  eut  reçu 
l'onction  sacrée,  il  devint  un  autre  homme, 
il  se  convertit  entièrement  et  commença  par 
se  revô  ir  de  l'habit  monastique  avec  un 
rude  cilicc  par-dessous  ,  mais  par-dessus  il 
})ortait  un  habit  propre  et  convenable  h  sa 
dignité.  (Fleury,  vol.  IV,  p.  6i7.) 

Le  pape  Alexandre  était  à  Montpellier, 
quand  Thomas,  nouvel  arche vè(iuc  de  Can- 
torbérv,  lui  envoya  des  députés  chargés  de 
lui  demander  le  pallium.  L'archevè(iue  Thi- 
baut était  mort  après  une  longue  maladie. 
Se  voyant  près  de  mourir,  il  avait  écrit  au 
roi  pour  lui  donner  sa  bénédiction  ,  et  lui 
recommander  le  choix  de  son  successeur. 
Le  roi  et  toute  la  cour  avaient  jeté  les  yeui 
sur  Thomas  Becket,  ipii  pour  lors  remplis- 
sait les  fonctions  de  chancelier,  et  (jui  était 
en  même  temps  archidiacre  de  Caniorbéry. 
Le  peuple  était  dans  les  mêmes  disposi- 
tions que  le  roi  et  ceux  de  la  cour.  Le  roi 
dissimula  pendant  quelque  temps  le  dessein 
qu'il  avait  de  l'élever  au  siège  de  Cantor- 
béry :  il  lui  laissa  le  soin  de  cette  église 
suivant  l'usage  qui  en  Angleterre  confiait  à 
la  garde  du  chancelier  les  abbayes  et  les 
évè(  hé's  vacants.  La  cour  était  alors  en  Nor- 
mandie. Le  roi  envoya  Thomas  en  Angle- 
terre pour  certaines  atfaires  du  royaume,  et 
en  [irenant  congé  de  lui  h  Falaise,  il  lui  dit  : 
n  Save,c-voiis,  Thomas,  (jue  j'ai  linlenlion 
de  vous  faire  archevêque  de  Cantorbéry  ? 
(Juoi  1  lui  dit  le  rlianceher,  ou  lui  montrant 
rh,d)it  qu'il  portait,  et  (|ui  était  très-peu  ec- 
clésiastique, c'est  moi  (jue  vous  voulez  met- 
tre en  si  liant»'  position  ?  Vous  aurez,  vrai- 
ment placé  quelqu'un  de  bien  édifiant  à  la 
tête  de  ce  clergé  et  de  ces  moines  si  .saints 
♦'t  si  réguliers.  Du  reste,  si  vous  persistez, 
sacluz  que  l'amitié'  ipii  nous  lie  se  change- 
ra bientôt  en  une  haine  niortello  ;  car  vous 
faites  déjh  contre  rKgli*ie  des  entreprises  que 
je  ne  pourrais  soutl'rir.  Les  envieux  en  pro- 
fiteront et  mettront  entre  nous  une  haine 
irré'MiMi  iliable.  »  Le  roi  di  ineura  dans  ses 
intentions,  et  le»  fit  savoir  ou  clergé  et  aux 


THO  1176 

moines  de  Cantorbéry.  Thomas  refusa  du- 
rant quelque  tenqis  ;  mais  enfin,  sur  les  ins- 
tances de  ses  amis  et  du  légat  du  pape, 
le  cardinal  Henri  de  Pise,  il  finit  par  ac- 
cc()ler. 

Aussitôt  (ju'il  fut  arrivé  en  Angleterre,  les 
moines  de  la  métropole  se  réunirent  pour 
procéder  à  son  élection.  Les  avis  furent  parta- 
gés: les  uns  prétendaient  que  sous  un  prélat 
chéri  du  roi  la  paix  se  rétablirait  entière- 
ment entre  l'Fitat  et  le  sacerdoce  ;  les  autres, 
au  contraire,  disaient  que  sous  un  tel  arche- 
vêque les  gens  de  courpilleraient  à  merci  l'E- 
glise ;  (jue  d'ailleurs  il  était  absurde  et  con- 
tre toutes  les  coutumes  ecclésiastiques  ,  de 
donner  pour  chef  à  ce  vénérable  monastère 
et  h  toute  l'Eglise  d'Angleterre  un  lauiue 
courtisan  et  ami  du  faste.  Malgré  cette  Oji- 
position  il  fut  élu  par  la  majorité  desévêques 
et  des  moines  de  Cantorbéry.  L'élection  se 
fit  à  Westminster  auprès  de  Londres.  Tho- 
mas, depuis  cinq  ans  chancelier,  était  alors 
âgé  de  quarante-cinq  ails.  Aussitôt  il  fut 
présenté  au  jeune  roi  Henri,  dont  il  avait 
été  le  précepteur,  et  qui  était  présent  à  l'as- 
semblée, chargé  de  représenter  le  roi  son 
père.  Le  roi  déclara  immédiatement  Tho- 
mas libre  de  tous  les  engagements  de  la 
cour.  Alors  le  nouvel  élu  quitta  Londres, 
pour  aller  se  faire  sacrer  à  Cantorbéry.  11 
fut  ordonné  prêtre  le  samedi  d'après  la  Pen- 
tecôte, 2  juin  1162.  Le  lendemain,  dimanche 
de  l'Octave  ,  il  fut  sacré  évêque  par  Henri , 
évê(jue  de  SVinchester.  Ce  lut  alors  qu'il 
envoya  des  députés  au  pape,  qui  était  à 
Montpellier,  i)Our  lui  demander  le  pallium. 

Thomas  fut  le  premier  Anglais   qui   oc- 
cupa le  siège  de  Cantorbéry  depuis  la  con- 
quête des  Normands.  Comme  les  chanoines 
de  sa  cathédrale  étaient  moines,    il  prit  im- 
médiatement leur  habit ,  cju'il   i>orta    cons- 
tamment depuis   sous  celui  qui   aj»partenait 
h  sa  dignité.  Le  genre  de  vie  qu  il   ado|tta 
était  excessivement  austère.  Chaque  jour  il 
se  levait  à  deux   heures  du   matin  ;  après 
avoir  récité  l'otlice  de  la  nuit,  il  lavait   les 
pieds  à  treize  pauvres  ,  auxquels  il  donnait 
ensuite   une  somme  d'argent.  Bien   n'était 
plus  édifiant  (lue  do   le  voi-r  jirosterné   de- 
vant eux  et    Je    l'entendre   implorer   avec 
larmes  le  secours  de  leurs  prières.  A  l'heure 
lie  priiiie  ,  son  aumônier    lavait  les  pieds  à 
douze  autres  [>auvres  et  leur  distribuait   du 
pain    et  des  Mandes.    Après   matines,   l'ar- 
chevê(|ue  prenait  un  peu   de  repos;  mais  il 
se  levait  toujours  de  graiiil  matin  pour  prier 
et  pour  lire    l'Ecriture    sainte.  H  avait  tant 
de  respect  pour  ce  livre  divin  et  y  trouvait 
tant  d  onrlion  (pi'il  le  portait  toujours  avec 
lui,  même  dans  ses  voyages,  et  »ju'il  eôt  dé- 
siré vivre  dans  la  solitude  pour  en  faire  l'u- 
nique objet  de  sa  lecture  et  de    ses  médila- 
lioii>.  Il    avait    continuellement    auprès  do 
lui  une  personne  instruite  (]iii  lui  eu  expli- 
(piail  les  passages  dilliriles  ;   et   il  ne  crai- 
gnait rien  tant    ([uo  de  s'en   rapporter  à  ses 
propres  lumières,   quoique    tout   le  monde 
adniir.U   son  savoir    et    sa  sagesssc.    Lors- 
qu'il avait  fait   la   méditatiou  du   maliu» 


1177 


1110 


il  visitait  les  nuiladcs  ((u'il  y  av.iit  parmi  ses 
inoincs  nii  (la-is  .son  (:)('i}^(''.  A  nciil'  iieiircs, 
il  (lisait  la  iiicssc,  ou  il  j'iMilriKlail  ,  (iiiaïul 
par  r('s|M'('l  ou  par  humiiili'  il  ne  (•('•Iclnail 
point.  .\  (liv  liciiKVs,  il  l'iisait  uiin  iiouvi'lli) 
(lisli  ii»uliniurauiuAiu's,  ciisoito  (pi'il  assis- 
tait ('(Mil  pauvres  tous  les  joiiivs.  Il  doulila 
les  cliariti^s  or(litiair(>s  de  soi  prédc-ccsscur. 
Il  dinail  h  trois  Iumuos  cl  se  l'ai^-ail  lii(î  à 
lalile  (iu('l(pu>  livrt!  d(^  piéti^.  Jamais  ou  ik; 
lui  présciiiail  (l(>  mets  rtM'IuM'c.iii's.  Sa  tahic 
('>tait  ('.((piMidaiil  servit'  avec  découce.  à  causo 
de  (!(ni\  (lu'il  y  invitait.  lN)urlui,  il  iio  man- 
geait (|ue  ce  (pi'il  y  avait  de  plus  commun, 
et  il  se  ronl'ermait  dans  les  horiies  de 
la  plus  oxnclo  sohritUù.  Un  moine  l'ayant 
vu  un  jour  en  compai;nie  mander  (pu'lque 
clu)S(>  de  délicat,  il  en  fut  scandalisi',  comme! 
le  pharisien,  et  dit  qu'il  It^  croyait  pins  nior- 
tdié  Le  saint  archeviVpu'  lui  ri'poncM  avec, 
douceur  (lue  comme  ou  pouvait  se  rendre! 
coupable  (le  gourmandise  en  nian^îcant  les 
choses  les  plus  communes  ,  on  pouvait  aus- 
si mangei'  les  plus  elélicates  sans  tomber 
dans  ce  vice,  et  munie  en  l'aire  usage*  avec 
indiir(^rence.  Après  le  dîner,  il  s'entretenait 
(piehiue  temps  avecdesecclésiastiquiis  [>ieux 
et  savants  sur  des  matières  relatives  à  la  reli- 
gion. 11  était  fort  sévère  dans  l'examen  de 
ceux  qui  se  présentaient  |)Our  recevoir  les 
saints  ordres,  et  rarement  il  s'en  rapportait 
aux  autres  j)our  cet  objet  L'ordre  établi 
dans  sa  maison  |)révenait  tous  les  abus  ;  et 
aucun  de  ceux  qui  lui  étaient  attachés  n'osait 
recevoir  des  présents,  sous  quelque  prétexte 
que  ce  l'ùt.  11  regardait  tous  les  pauvres 
ce.mme  ses  enfants,  et  ses  revenus  parais- 
saient leur  a[)paitenir  bien  plus  qu'à  lui.  Il 
reprenait  avec  une  courageuse  liberté  les 
vices  des  grands  et  retirait  de  leurs  mains 
les  biens  de  l'Eglise  qu'ils  avaient  usurpés. 

Le  roi  l'aimait  toujours  et  le  protégeait 
contre  les  injustices  des  seigneurs  [)uissants. 
L'archevêque  de  Cantorbéry  fut  obligé  de 
venir  en  France  pour  assister  au  concile  de 
Tours  que  le  pape  Alexandre  lil  assembla 
en  1163.  Il  obligea  le  roi  de  nommer  aux 
évôchés  de  Worcester  et  de  Héréford  ;  Henri 
les  laissait  vacants  depuis  longtemps  pour 
s'en  approprier  les  revenus.  Ces  églises  eu- 
rent enlin  de  dignes  pasteurs ,  et  Thomas  fit 
la  cérémonie  de  leur  sacre. 

Bientôt  la  bonne  intelligence  qui  régnait 
entre  l'archevêque  et  le  roi  commença  à  se 
refroidir.  Thomas,  ne  croyant  pas  les  fonc- 
tions de  chancelier  compatibles  avec  sa  nou- 
velle dignité,  renvoya  les  sceaux  au  roi,  qui 
en  fut  très-mécontent.  Depuis  longues  an- 
nées les  rois  d'Angleterre  laissaient  des 
évêchés  vacants  pour  attribuer  au  trésor  les 
revenus  qui  y  étaient  attachés  :  le  roi  actuel 
n'imitait  ([ue  trop  en  cela  ses  prédécesseurs  ; 
d'un  autre  côté  il  prétendait  attribuer  aux 
juges  laïques  la  connaissance  des  crimes 
commis  par  les  clercs.  Thomas  ne  voulait 
pas  souffrir  tous  ces  abus,  pas  plus  que  les 
exactions  que  se  permettaient  les  seigneurs 
et  les  gens  en  place  contre  les  biens  ecclé- 
siastiques. L?  roi  prétendait  maintenir  sous 


TIK»  1178 

le  nom  (le  coutumes  du  roy/itime  les  abiiM 
(lue  rarclievè(pi(t  attatpi/iil  :  il  réunit  \t>s 
cvèipies  poiii' leur  faire  jincr  (1(!  les  obncrvcr; 
il  en  g.igii.'i  un  certain  nombre  (|ui  cédèrent 
par  f/iiblesse,  soit  (pi'ds  espéras>,()iil  ain.si 
(tbleiiirses  bonnes  grAces  ;  soit  (Ui'ils  crai- 
gnissent les  «illets  (l(>  son  re.ssjîiilimenl  :  ils 
nromirenl  donc  d'olx'ir,  et  c(da  ji  l'insii  do 
rarc'ievèipK!,  (pii  demeura  flV(!(;  lics-p(!ii 
d'évéïpies  dans  son  parti.  Le  roi  pres.snit 
Thomas  d(!  céder,  employant  tous  les  moyciiis 
pour  1(!  gagner,  agissant  iiersoniicllcnient 
[très  de  lui,  et  hî  faisant  travailler  par  l(;s 
hommes  les  plus  habiles  et  l(!s  plus  inlluents 
(lu  rityaume.  L'arcli(!V(\pi(!  disait  (pi'il  no 
ferait  le  serment  (pi'avec  cette  restriction, 
sauf  Ir  (Irvoir  ri  t(i  cotiscicnce.  L'abbé  do 
l'aumône  hi  pressait  d(!  h;  fair(!  disant  avoir 
été  chargé  par  le  pape  de  le  faire!  consentir 
au  désir  du  roi.  Cédant  à  toutes  ceîs  iiistin- 
ces,  Thomas  vint  trouver  1(!  reji  à  Oxford  et 
lui  |)romit  elo  ne^  plus  tenir  h  cette  restric- 
tion (pii  les  divisait.  Le  roi  en  montia  uiio 
très-grande  satisfaction.  L'année  suivante, 
llC'i-,  enjanvier,  le  roi  tint  à  Clarendon  une 
assemblée  générale,  pour  y  faire!  lédiger  et 
accepter  l(>s  coutumes  que  le  e;lergé  lui  con- 
testait. Il  pressait  vivement  l'archevêepie  de 
tenir  la  |)re)m(}ss(!  e[u'il  lui  avait  faite  ;  mais 
celui-ci  ne  pouvait  s'y  résoudre  craignant 
epie  le  roi  ne  gardAt  pas  de  mesures  dans 
l'exécution  ele  ces  coutumes.  Les  évoques 
ele  Sarisbéry  et  de  N  )r\vick  conjuraient  aveci 
larmes  l'archevêque  atin  eju'il  se  rendît  aux 
désirs  du  roi,  dont  ils  craignaient  l'indigna- 
tion. Aye'z  pitié  de!  votre  clergé,  lui  disaient- 
ils,  ne  l'exposez  pas  à  être  détruit  ;  évitez 
qu'on  vous  emprisonne  ,  que  jieut-être  on 
vous  mette  à  mort.  Il  était  encore  pressé 
par  deux  comtes  très-|)uissaiits  dans  le 
royaume,  qui  disaient  que,  s'il  n'acquiesçait 
à  la  volonté  du  roi,  il  les  contraindrait  d'user 
de  violence,  qui  attirerait  au  roi  et  à  eux 
une  infamie  éternelle.  Richard,  maître  des 
tem|)liers,  homme  d'un  grand  nom,  vint  à 
la  charge  pour  la  troisième  fois,  et  avertit 
l'archevêque  de  prendre  garde  à  lui  et  d'a- 
voir pitié  du  clergé.  Il  leur  semblait  à  tous 
voir  les  épées  déjà  levées  sur  sa  tête. 

Il  se  rendit  enfin  à  leurs  conseils  et  à  leurs 
prières,  et  s'obligea  le  premier  à  observer 
les  coutumes  royales  de  bonne  foi,  sans  au- 
tre addition.  Il  y  joignit  le  serment,  promet- 
tant en  parole  eie  vérité  de  le  faire  ainsi,  et 
tous  les  autres  évêques  le  jurèrent  en  la 
même  forme.  Aussitôt  quelques  seigneurs 
qui  devaient  savoir  ces  coutumes  en  dictè- 
rent la  reconnaissance  ;  et  comme  la  plu- 
part furent  rédigées  par  écrit,  l'archevêque, 
voyant  que  l'on  en  voulait  ajouter  beaucoup 
davantage,  interrompit,  et  dit  qu'il  ne  pou- 
vait être  bien  instruit  de  ces  coutumes,  n'é- 
tant ni  des  plus  anciens  du  royaume,  ni  ar- 
chevêque depuis  longtemps,  ajoutant  qu'il 
était  tard,  et  que  l'afi'aire  était  assez  impor- 
tante pour  la  remettre  au  lendemain.  Cet 
avis  fut  suivi  et  chacun  se  retira  à  son  lo- 


gis. 


Le  lendemain,  on  se  rassembla  et  on  acheva 


H. 9 


TIIO 


THO 


4iS0 


de  rédigor  les  coutumes  royales,  dont  le  m»'- 
moire  fut  dressé  en  ces   termes  :  «  L'an  de 
l'inrarnnlioii  de  Nofrc-Soiguonr  116'»,  le  ciii- 
(Iiiième  du  pontilicat  d'Alexandre,  du  très-il- 
lustre roi  d'Angleterre  Henri  le  dixième,  en 
présence  du  nièmc  roi,  a  été  faite  la  recon- 
naissance d'une  partie  des  coutunit's,  liber- 
tés et  dignités  de  ses  prédécesseurs,  savoir, 
du  roi  Henri,   son  aïeul,  et  des  autres,  les- 
(luelles  doivent  ètit>  observées  et  tenues  dans 
le  royaume.  Et  à  cause  des  dissensions  qui 
se  sont  élevées  entre  le  clergé,  les  justiciers 
du  roi  et  les  barons  du  royaume  touchant 
ces  coutumes,  la  reconnaissance  en  a  été 
faite  en  présence  des  archevêques,  des  évè- 
ijues,  du  clergé,  des  comtes,   des  barons  et 
des  grandsdu  royaume. Ces  coutumes,  recon- 
tuies  par  eux  et  par  les  plus  nol)les  et  plus 
anciens  du  royaume,  ont  été   accordées  par 
Thomas,  archevêque  de  Cantorbéry,  Roger, 
archevè(iuc  d'YOrk  ,  Gilbert  ,  évèifiie  de  Lon- 
dres, Henri,  évè<iue  de  Winchesti  r,   Nijicl, 
évèque  d'Eli,  (luillaume  de  Norvick,  Roi»ert 
de  LiiK^oln.  Hilaire  de  Chichester,  Josselin 
do  Sarisbérv,  Richard  de  Chester,  Barthé- 
lémy d'Oxford,   Robert  d'Ertord,   David  de 
Metièv.',  et  Roger,  élu  évèque  de  Worches- 
'i;r.  »  Ce  sont  douze  évoques  outre  les  d«  ux 
archevêques.  L'acte  continue  :  «  Ils  ont  pro- 
mis de  vive  voix,  en  parole  de  vérité,  de  te- 
nir et  observer  ces  coutumes  au  roi  et  à  ses 
héritiers,  de  bonne  foi  et  sans  artlice,  en 
présence  de  ces  seigneurs,  Robert,  comte  de 
l.ochcster,  Reinaud  de  Cornouaille,  Conan 
de  Bretagne  »  et  des  antres  seigneurs  qui 
sont  nommés  au  nombre  de  trente-neuf.  On 
met  ensuite  les  coutumes  dont  il  s'agit,  ré- 
digées en  seize  articles,  savoir: 

1.  S'il  s'émeut  un  dilférend  louchant  le  pa- 
tronaoC  el  la  préseiUalion  des  églises,  soit 
entre  lait|ues,  soit  entre  clercs  et  lanfues,  il 
sera  traité  et  terminé  dans  la  cour  du   roi. 

—  2.  Les  églises  du  lief  du  roi  ne  peuvent 
être  donuées  h  perpétuité  sans  son  consen- 
tement. —  3.  Les  clercs  cités  et  accusés  de 
quelque  cas  que  ce  soit  ,  étant  avertis  par 
le  ju^ticier  du  roi,  viendront  h  sa  cour  pour 
v  répondre  sur  ce  qii'c  lie  jugera  à  propos, 
tn  sorte  t^ue  le  justicier  du  roi  enverra  à  la 
cour  de  1  église  pour  voir  de  (juelle  manière 
l'fliraire  s'y  traitera;  et,  si  le  clerc  est  con- 
vai'icu,  iéglise  ne  doit  plus  le  protéger.  — 
U.  Il  n'est  pas  permis  aux  archevè(|ues,  aux 
évèqueset  aux  personnes  consliluées  en  di- 
gnité de  sorlu'  du  royaume  sans  la  [U'iinis- 
sion  du  roi  ;  et  en  i  e  cas  ils  donneront  as- 
surance qnf>  pendant  leur  voyage  ils  ne  fe- 
ront rien  au  préjudice  du  roi  ou  ilu  ro\aume. 

—  5.  Les  excommunies  ne  doivent  point  don- 
ner caiilioti  pour  le  Mirplus,  alin  il'ètre  ab- 
sous, ni  prêter.sermeiit,  mais  seulement  don- 
ner caution  de  se  mé.senler  au  jugement  de 
l'église.  —  6.  Les  lanjucs  ne  doivent  être  ac- 
cusées devant  l'évêti'ue  que  par  des  accusa- 
teurs certains  el  légitimes,  en  sorte  t|ue  l'ar- 
chidiacre ne  perde  poinlson  droit.  El  si  ceux 
dont  ou  se  plaint  soûl  tels  que  personne 
n'ose  les  accuser,  le  vicomte  r»'qni>;  par  Vv- 
vêque  fera  jurer  douze  hommes  loyaux  du 


même  lieu  devant  l'évêque,  qu'ils  en  décla- 
reront  la  vérité  en  conscience.  —  7.  Per- 
sonne qui  tienne  du  roi  en  chef,  ou  qui  soit 
son  ollicier,  ne  sera  excommunié  ni  sa  terre 
mise  en  interdit,  qu'auparavant  on  ne  s'a- 
dresse au  roi  s'il  est  dans  le  royaume,  ou 
s'il  en  est  dehors  à  son  justicier  ,  afin  qu'il 
en  fasse  justice;  en  sorte  que  ce  qui  ap- 
partient h  la  cour  du  roi  y  soit  terminé  ,  et 
ce  (pii  regarde  la  cour  ecclésiastique  lui  soit 
renvoyé.  —  8.  Les  a[)pellalions  doivent  aller 
de  l'archidiacre  à  l'évêque,  de  l'évêque  à  lar- 
chevêque;  et  si  l'archevêque  manijue  à  laire 
justice,    on  doit  venir   entin   au  roi,  pour 
terminer  l'airnire  par  son  ordre  dans  la  cour 
de  r.u'chevèciue,  en  sorte  qu'on  n'aille  point 
plus  avant  sans  le  consentement  du  roi.  — 
9.  S'il  s'éimmt  un  ditl'érend  entre  un  clerc  et 
un  lai(jue,  ou  au  contrair.'  pour  queUjue  té- 
nemeni,  que  l'on  prétende  èire  aumônes  et 
que    l'autre  soutienne  être  fief  laïque;  sur 
la  reconnaissaice  de  douze  loyaux  hommes, 
le  gran)  justicier  du  roi  déterminera  ce  qui 
en  est.  Si  c'est  aumône,  la  cause  se  pour^ui- 
vra   devant   la  cour   ecclésiastique;  si  c'est 
fief,  la  cause  se  poursuivra  devant  la  cour  du 
roi,  à  moiis  que  les  deux   parties   ne  relè- 
vent ce  teiiemenl  du   même  évèque  ou  du 
même  baron,  auquel  cas  ils  plaideront  en  sa 
cour,  s.tns  que  pour  cette  reconnaissance  ce- 
lui qui  el  était  déjà  saisi  perde  sa  saisine. 
—  10.  Celui  qui  est  d'une  ville,  d'un  bourg 
ou  d'un  manoir  du  domaine  du  roi.   s'il  est 
cité  par  l'archidiacre  ou  par   l'évêque  pour 
quelque  délit  dont  il  doive  lui  répondre,  et 
qu'il  ne  veuille  passatisfaire  à  leurs  citations, 
peut  bien  être  mis  eu  interdit,  mais  non  pas 
excommuuié  ,  sinon  après  s'être  adressé  au 
principal  ollicier  royal  du  lieu  pour  le  faire 
venir  à  satisfaction;  si  l'ollicier  y  uianque, 
il  se  rend  à  la  miséricorde  du  roi,  et  l'évêque 
dès  lors  pourra  réprimer  l'accusé  par  la  jus- 
tice ecclésiastique.  —  il.  Les  archevècjues, 
les  évêques  et  les  autres  qui  tiennent  du  roi 
en  chef  relèver(»nt  leurs  terres  du   domaine 
du  roi  comme  baronies  ,  eu  répondront  aux 
justiciers  el  aux  olliciers  du  roi,  suivront  tou- 
tes les  (  oulumes  el  les  droits  du  roi,  et  as- 
sisteront comme  les  autres  barons  aux  juge- 
ments de  la  cour  du  roi,  jusqu'à  sentence  de 
mort  ou  mutilation  de  membres.  —  12.  Va- 
cance avenant  d'un  archevêché,  évêché,  ab- 
baye on  prieuré  du  domaine  du  roi,  il  sera 
en  sa  main,  et   il  en   recevra  tous  les  reve- 
nus comme  domaniaux.   Et  ijuand   il  faudra 
pourvoir;!  cette  église,  le  roi  en  inandtTa  les 
princif)ales  personnes,  et  l'élection  >e  fera  en 
sa  chaoelle,  de  son  consentement  et  par  le 
conseil  des  |iersoiines  qu'il  y  aura  appelées 
de  sa  part.  Et  là  même,  l'élu  fera  hommage- 
lige  au  roi  avant  «pie  d'être  sacré,  promet- 
tant sauf  son  ordre,  lui  conserver  la  vie,  les 
membres  el  sa  dignité  l«Mnporelle.  —  13.  Si 
(luelquun  des  grands  du  royaume  refuse  de 
reiulie  jn>tice  à  un  évèque  ou  à  un  archidia- 
<Me,  le  roi  la  doit  faire  Im-nième;  et  si  quel- 
(|u'un  dénie  au  roi  son  droit,  les  évêtjues  el 
les  archidiacres  doivent  l'obliger  à  y  salis- 
fane.  —  l*.  L'Eglise  ne  retiendra  point  les 


1181 


TIK» 


iiiciililt's  ilo  ceux  t|iii  oui  lorl/iil  i\u  roi ,  |);u'(;i^ 
(|irilsliiia|)|);irlii>iin(>iil,i|ii()i(|irilss()ii>iit  txMi- 
Vt'sd.iiis  iiii(M''j4lis(' 011  iiii(iiiii'li(''n'.      l.'i.I.tvs 
ai'lioMs  |H)tii-  (Icllus  s(>|iniirsiiiveMl  en  la  «our 
(lu  roi,  soil  (|ii'il  y  ail  soriiiciil  iiileipost^  ou 
iio'i.   -    IG.  l-cs  cnlaiils  des   itaysaiis  iir  ddi- 
vt'iil  poiiilôlrc  oi'doiiiK'S  saiisIccdnM'nUmKiiil 
(lu  .scif^iit^ur  dans  la  Iciro  (lii(|Uol  ils  sou!  nos. 
(Ifllo  rocoimaissaiicc  d'iiiii'  pailin  des  coii- 
tmuos  d'Aii^lcUîne  Itil   ainsi  l'aile   à  (llaicn- 
don  lo  (  ualiiiMMc  jour  avant  la  Purilicalion, 
c'esl-Ji-(  iro  le  .'lO  janvior.  L'acte  en  ayant  ('-h'' 
dr(>ss(S   u  roi  demanda  à  rarc.iuiv(V|U(!  et  aux 
iWô(|nes  (l'y  nic^tlre  leurs  sceaux  jxnir  plus 
grande  surotc';.  L'arelieviSpu',  dissnnulant  sa 
douleur  pour  no  pas  alllii:,('r  lo  roi,  dit  (pi"(Mi- 
core,  (pi'ils  lussent  résolus  .\  Uî  l'aire,  la  e.lioso 
(Mail  assez  importante  pour  nrendre  un   [)e- 
lildi^lai,  et  la  i'aire   av(M'   pins  de  décence, 
après  y  avoii-  un  pcni  [tonsé.   Il  pi  it  lonlcfois 
un  exemplaire  do  l'acte,  rarcliov(\pu!  d'Vorck 
en  [irit  un  autre  ,  et  lo  r'oi  prit  le  troisièmo 
j)oui"  1(>  mettre  dans  les  ai'dnves  du  royaume. 
Ainsi  Thomas  se  relira  ()Our  aller  îi  Winches- 
ter. Pendant  le  chemin,  il  s'émut  une  dis- 
j)ulc  entre  ceux  de  sa  snile,  dont  les  uns  di- 
saient (ju'il  n'avait  pu  faire  autrement,  vu  la 
circonstance    du   temjts;    les  aulres  témoi- 
gnaient leur  indignation  de  ce  que  la  libiïrté 
ecclésiasti(iue  périssait  par  la  lantaisie  d'un 
seul  honnne.  Un  de   ceux-ci,  (|ui  portait  la 
croix  du  prélat,  parlait  avec  plus  d'ardeur 
(juc  les  autres,  se  plaignant  (juc  la  puissance 
séculière  troublait  tout  ;  que  l'on  n'estimait 
plus  que  ceux  qui  avaient  pour  les  princes 
une  complaisance  sans  bornes  ;  et  il  conclut 
on    disant  :  «    Que  deviendra   l'innocemu»  ? 
Qui  combattra  pour  elle  après  que  le  chef 
est  vaincu?  Quelle  vertu  a  gardée  celui  qui 
a  perdu  lu  constance  ?  —  A  qui  en  voulez- 
vous,  mon  lils?  dit  l'arclievèquo.  —  A  vous- 
luème,  reprit  le  porte-croix,  qui  avez  aujour- 
d'hui perdu  votre  conscience  et  votre  répu- 
tation, laissant  un  exemple  odieux  à  la  pos- 
térité, quand  vous  avez  étendu  vos  mains  sa- 
crées pour  promettre  l'observation  de  ces  cou- 
tumes détestables.  »  Le  prélat  dit  en  soupi- 
rant :  «  Je  m'en  repens,  j'ai  horreur  de  ma 
faute,  et  je  me  juge  désormais  indigne  des 
fonctions  du  sacoi-doce  et  d'approcher  de  ce- 
lui dont  j'ai  si  lâchement  trahi  l'Eglise;  je 
demeurerai  dans  la  tristesse  et  le  silence  jus- 
qu'à ce  que  j'aie  reçu  l'absolution  de  Dieu 
et  du  pape.  ^  Dès  lors  il  se  suspendit  du  ser- 
vice de  l'autel,  et  s'imposa  pour  pénitence 
des  jeûnes  et  des  vêtements  rudes;  et  peu 
de  jours  après  il  envoya  au  pape  en  diligence. 
Le  pape,  qui  était  à  Sens,  lui  envoya  par  sa 
réponse  l'absolution  qu'il  demandait,  le  con- 
solant etl'exhortant  à  reprendre  ses  fonctions, 
et  à  s'acquitter  courageusement  des  devoirs 
d'un  bon  pasteur.  Mais  le  roi  d'Angleterre  fut 
outré  de  colère  quand  il  apprit  que  l'archevè- 
cj[ue   voulait  revenir  contre  la   convention 
faite  àClareadon,  et  quand  il  vil  lui-même 
iiu'il  refusait  en  sa  présence  de  sceller  lacté 
qui  y  avait  été  dressé.  Le  roi  commença  à 
le  charger  de  grandes  exactions,  et  il  parut 
qu'il  en  voulait  même  à  sa  vie. 


TIIO  116^ 

L'arclievèijue,  voyant  qu'il  ne  j)0uvnit  plus 
f.'iire  aucun  nuit  dans  soiiéglisr',  voulut  pas- 
sei'  en  l''rance  pour-  alhi-  Irnnver  le  [Kipe,  et 
s'(!ml)ar(pia  secrèli'mi.'ul  ;  mais  il  l'ut  njclé 
|)ar  lo  vent  cfjiilraircî ,  cl  le  r^n  ,  nyaul  su 
qu'il  /ivait  Voulu  sortir  sans  congé,  en  fut 
encor(!  plus  irrité  contre  lui.  (!i-pendant  llo- 
liou,  évi^ipie  d'Kvreux,  truvaillail  h  réconci- 
li<'r  le  roi  et  l'archevéïpn!  ;  et  conum  h;  roi 
ne  voidait  rien  écouter  sans  la  (onlirmation 
des  coulunuiS,  rar(;li(!vè(nM3  envoya  /lu  pa|ie, 
comme  poin-  le  prier  di'  l(!S  coidirmer,  mais 
en  ell'et  pour  Vcm  lair(;  juge;,  cin  décharger  sa 
consc'ience  sur  son  supérieur,  et  apaiser 
ainsi  le  roi.  Le  pape  ne  se  laissa  |)as  sur- 
prendre, et  refusa  deconlirmer  les  coutumes; 
ainsi  lo  roi,  voyant  (ju'il  n'avançait  rien  do 
ce  c(Mé-l^,  enti-eprit,  par  le  conseil  de  gens 
mal  inlciutionnés,  d(î  fair(!  passer  la  légation 
d'Angleterre  à  Roger,  archev6(iuo  <i'Vork  , 
d(!  tout  temps  jaloux  de  Thomas.  Le  pape  lo 
l'olusa  une  i)remièro  fois  ,  ne  voulant  pas 
ôter  ù  l'église  de  Cantorbéry  cet  ancien  j)ri- 
vilége  ;  mais  le  roi  lui  ayant  envoyé  une  se- 
conde dépulation  sur  ce  sujet,  le  pape  crai- 
gnit de  le  trop  irriter  en  lui  refusant  tout, 
et  (jue  Thomas  lui-même  ne  ressentît  les  ef- 
fets de  son  indignation.  C'est  pourquoi,  te- 
nant ferme  pour  le  refus  des  coutumes,  il  ac- 
corda à  Roger  le  titre  de  légat,  mais  avec  des 
restri(îtions  qui  le  rendaient  i)resque  inutile  ; 
car  il  ne  soumettait  ni  la  personne  de  Tho- 
mas ni  son  diocèse  à  la  personne  du  nou- 
veau légat  ;  et  il  avait  tire  parole  que  les  let- 
tres de  légation  ne  seraient  point  rendues  à 
Roger  sans  un  nouveau  consentement  de  sa 
))art.  C'est  ce  que  l'on  voit  par  ses  lettres  à 
Thomas ,  dont  la  première  est  datée  du  5 
mars,  à  Sens.  Par  cette  lettre,  et  par  une  au- 
tre encore,  il  l'exhorte  à  se  conduire  envers 
le  roi  avec  grande  circonspection,  et  à  faire 
tous  ses  efforts  pour  recouvrer  les  bonnes 
grâces  de  ce  prince,  sans  préjudice  de  la  li- 
berté de  l'Eglise.  «  Gardez-vous  bien,  ajou- 
te-t-il,  d'user  d'aucune  rigueur  contre  le  roi 
ni  son  royaume  jusqu'à  Pâques  prochain. 
Dieu  nous  donnera  alors  un  meilleur  temps, 
et  nous  pourrons,  vous  et  moi,  agir  plus  sûre- 
ment eu  celte  affaire.  »  Il  semble  qu'Alexan- 
dre prévoyait  la  mort  de  l'antipape.  Il 
écrivit  aussi  au  roi  d'Angleterre,  l'exhortant 
à  abandonner  ses  coutumes  contraires  à  !a 
liberté  de  l'église ,  par  la  considération  du 
jugement  de  Dieu  et  par  les  punitions  que 
Dieu  a  exercées  contre  les  rois  qui  ont  en- 
trepris sur  le,  sacerdoce. 

Le  roi  ne  laissait  pas  de  soutenir  sa  pré- 
tention, et  faisait  poursuivre  devant  les  ju- 
ges séculiers  les  clercs  accusés  de  vol,  d'ho- 
micide ou  d'autres  crimes,  atîn  qu'ayant  été 
convaincus  ils  fussent  déposés  et  livrés  à  la 
cour  laïque.  Mais  l'archevêque,  considérant 
ce  qui  est  permis  à  chaque  juge,  ne  trouvait 
point  que  la  puissance  séculière  eût  aucun 
droit  dans  une  cause  ecclésiastique  crimi- 
nelle suivant  cette  constitution  :  «  Si  le 
crime  est  ecclésiastique,  la  cause  sera  exa- 
minée par  l'évêque,  et  la  peine  imi)osée  se- 
lon les  canons,  sans  que  les  autres  juges 


us: 


TIIO 


TlIO 


1181 


prennonl  aucune  {larl  îi  ces  sortes  de  cau- 
ses. »  Ainsi  parle  (luillaunio  de  Cantnrbéry, 
un  des  auteurs  de  la  Vie  de  saint  Thomas. 
Or,  la  rouslitnlion  (|u'il  rite  rst  ra|)i)orî6e 
de  môme,  mot  pour  mol,  par  Gratien,  et  ti- 
rée d'unr  uovcllc  de  Jusiinicn,  et  il  est  évi- 
dent qu'elle  parle  dos  crimes  ecclésiasti- 
ques, comme  la  simonie,  l'usure  et  les  au- 
tres, (pii  du  temps  <lc  Justinicn  n'i-taicnt 
point  cnnlre  les  lois,  mais  seulement  contre 
les  canons.  Mais  cette  constitution  est  tron- 
quée dans  l'extrait  de  Gratien,  et  dans  l'ori- 
ginal renq)ereur  dit  (!xpres>ément  (jue  si  le 
crime  est  civil,  c'est-h-dire  de  la  compétence 
(lu  juge  séculier,  il  fera  le  procès  au  clerc 
accusé,  et,  s'il  le  trouve  coupable,  il  le  fera 
déposer  par  l'évéque  avant  que  de  le  punir 
selon  les  lois. 

C'est  justement  ce  que  i)rétendait  le  roi 
d'Any;leterre  ;  au  contraire,  larchevèque  vou- 
lait que,  même  pour  les  crimes  contre  les 
lois,  un  clerc  ne  piltètre  poursuivi  (|ue  de- 
vant le  juge  ecclésifistique  qui  ne  pouvait 
imposer  de  plus  grande  peine  que  la  ilé- 
position,  sans  que  le  coupable  jiùt  ensuite 
être  puni  corporellement,  sinon  pour  un  nou- 
veau crime.  Se  fondant  sur  la  r(\^le  .Von  bis 
in  idem,  r'est-à-dire  (pion  no  [lunit  pas  deux 
fois  une  mémo  faul(>,  et  craignant  que,  si  les 
ecclésiastiques  soulfraient  double  |)eine,  ils 
ne  fussent  de  pire  condition  (juc  les  lanjues 
criminels.  C'est  ce  (|ui  irritait  le  roi  de  plus 
en  plus;  et  les  évé((ues,  loin  de  lui  résister, 
se  soumottaii  ut  à  toutes  ses  volontés. 

On  venait  tous  les  jours  rapporter  au  roi 
«pie  l'aicltevêifiie  n'observait  [)oint  les  cou- 
tumes (ju'il  avait  jurées;  d'autres  se  |)lai- 
gnaient  ipiaftpuyé  de  son  crédit  il  les  avait 
(iéfiouillés  de  leurs  biens,  et  les  courtisans 
jaloux  exagéraient  son  ingratitude  ajM'ès  tant 
d'-  bienfaits  du  roi.  On  empoisonnait  même 
ses  vertus  et  le  changement  de  ses  nucurs. 
Son  Z('\o  pour  la  justice  était  traitédecruautc', 
son  application  à  procurer  l'utilité  de  l'Kglise 
était  avarice  ;  c'était  jtar  orgueil  ([u'il  mépri- 
sait l'estime  du  monde  pour  ne  s'attacher 
(pj'à  la  volonté  d(î  Dieu  ;  c'était  ti-mérilé  de 
vouloir  soutenir  les  droits  de  son  siège  au 
delà  de  ses  |)rédécesseurs  ;  il  ne  pouvait  plus 
rien  due  ni  rien  faire  (pii  iu>  fût  mal  inter- 
prété. Enlin,  on  persuada  au  roi  (jue  sa  puis- 
sance allait  s'anéanlir  si  celU^  de  rarchmé- 
que  continuait  de  (  roitri> ,  et  (^ue  ,  s'il  n'y 
(onnait  ordre,  il  n'y  aurait  plus  à  l'avenir 
de  roi  en  AnghMerre  que  celui  ipii  serait  élu 
par  le  clergé ,  etjvuliint  (pi'il  plairait  h  l'ar- 
clievéfpie. 

Le  rni,  dont  la  Imine  cr(»issait  de  )tlus  en 
plus  contre  rarchesèi[ue  de  Caulorlu-ry  ,  lo 
lit  citer  devant  un  concile  qu'il  assembla  h 
Northampton,  en  la  nième  année  IKlV.  Tous 
les  prélats  et  seigneinsdn  royaume  y  furent 
convoqués.  Thomas  y  fut  aci^'usé  de  ne  s'ô- 
tre  pas  r(Midu  h  une  cilaiion  prérédonte  du 
roi  :  d  eut  beau  dire  (piil  av.iit  donne  pro- 
curation h  une  personne  de  se  présenter  et 
de  répondre  en  son  nom,  tous  ses  meubles 
furent  conli.>qué-.  au  prolii  du  r(»i.  Le  lende- 
luain,  le  roi  lui  rérlaun  cinq  cent  livres  d'ar- 


gont  f(u'il  disait  lui  avoir  prêtées  durant 
(ju'il  était  chancelier.  L'archevêque  adirina 
que  le  roi  lui  en  avait  fait  le  cadeau.  Comme 
il  adirmait  cela  sans  preuve,  et  que,  d'un 
autre  côté ,  il  confessait  avoir  reçu  cette 
somme,  il  fut  condamné  à  payer  et  obligé 
de  fournir  caution,  pour  éviterd'être  arrêté. 
Le  jour  suivant,  le  roi,  qui  le  tenait  enfermé 
.^  clef  dans  une  chambre  séparée  avec  les 
évêques,  lui  demanda  compte  des  revenus  de 
plusieurs  évêchés  et  abbayes  qu'il  avait  ré- 
gis pendant  qu'il  était  en  fonctions  comme 
chancelier.  On  trouva  que  la  somme  monta 
à  deux  cent  trente  mille  marcs  d'argent. 
Tout  le  monde  fut  stupéfait  :  on  disait 
qu'il  no  restait  plus  qu'à  arrêter  rarch(.'vô- 
que.  Il  répondit  qu'il  voulait  prendre  con- 
seil. Henri,  évêque  de  Winchester,  qui  le 
favorisait  en  secret,  émit  une  tin  de  non-re- 
cevoir  et  dit  :  «  Souvenez-vous  que  ,  lors- 
qu'éfant  archidiacre  de  Cantorbéry  et  chan- 
celier du  royaume,  il  fut  élu  archevêque,  on 
le  donna  à  PEglise,  libre  de  tous  les  enga- 
gements (pi'il  pouvait  avoir  envers  la  cour.» 
("était  si  notoire  que  les  autres  évêques  n'en 
purent  disconvenir.  Sans  élever  aucun  doute 
sur  la  |)robité  du  saint  archevêque,  nous  re- 
grettons qu'en  telle  circonstance  on  ait  cru 
devoir  répondre  par  une  lin  de  non-rece- 
voir.  Vn  homme  qui  a  été  en  fonctions  ,  un 
administrateur,  doit  avoir  h  fournir  l'emploi 
de  sommes  aussi  considérables.  Il  est  éton- 
nant qu'il  puisse  être  ainsi  pris  au  dépour- 
vu ,  et  ne  pas  avoir  à  répondre  sur  d  aussi 
graves  allégations  par  des  preuves  directes 
(pii  le  décharge  t.  On  opina  ensuite.  Gil- 
boit  de  Londres  lui  dit  :  «  Mon  Père,  songez 
d'où  le  roi  vous  a  tiré,  aux  biens  dont  il 
vous  a  comblé,  e',  j'en  suis  sur,  vous  ferez  ce 
(pi'il  vous  deman(le  ;  vous  laisserez  l'aiche- 
vèclié  ,  vous  laisseriez  mille  fois  davantage. 
Puis  ,  si  vous  le  faites,  vous  le  savez  géné- 
reux, il  vous  rendra  peut-être  tout.  »  L'é- 
i(ue  de  Winchester  dit  avec  raison  que  cela 
ne  pouvait  nas  être  ainsi;  que  s'il  dépendait 
du  caprici^  du  roi  de  faire  et  de  défaire  les 
archevê  pieset  l(>S(''vêques,  plus  rien  ne  serait 
en  sûreté  datis  lEglise.  L'évê(]ue  de  Lincoln, 
homme  siin[>le  et  (pii  disait  brutalement  sa 
pensée,  parla  ainsi  :  «  Il  est  clair  tpi'cui  (>n 
veut  J»  la  vie  de  cet  homme,  il  faut  (ju'il  re- 
nonce h  l'archevêché.  »  Roger  (l(>  Worchcs- 
ter  dit  (juc  l'an  hevêque  ne  devait  pas  (juit- 
ter  la  place  où  Dieu  I  avait  mis. 

On  siégea  en(or(>  (|uolipi(>s  jours  sans  rien 
decidtn-;  eiilin  les  ('vêtpies  vinrtMtt  le  trou- 
ver, lui  conseillant  de  se  soumettre  en  tout 
,^  Il  vnlonlt'  du  roi,  «^t  lui  disarit  (pie  s'il  ne 
le  faisait  on  pourrait  l'accuser  de  parjure  , 
vu  (pi'il  refusait  maintenant  d'obéir  aux  cou- 
tumes ipTil  avait  jiirt^  d'observer  par  un  ser- 
ment particulier.  Il  leur  ré|)onilit  :  n  Mes  frè- 
res ,  le  monde  ,  comme  vous  voyez  ,  frémit 
contre  moi  ,  mais  ce  qui  m'est  le  plus  sen- 
sible, c'est  que  vous  mêt»>s  vous-mêmes  con- 
traires. Quanil  je  me  tairais  ,  les  siècles  fu- 
turs raconteront  comment  vous  m'avez  aban- 
doniK'  dans  le  combat.  Vous  m'avez  (k^jà  jug«': 
pendant  deux  jours  de  suite ,  moi  qui  suis 


tm 


TIIO 


TflO 


HKC 


Vdirc  ;ir('lH>v^|iu>  cl  voIit  ix'to,  ot  jo  fonjoo- 
luic  l'iicttrc  par  vos  discniirs  (iiir  vous  (M<'S 
|ti(M.s  ft  iiio  jiJgc"!' (Iniis  l(^  Ibr  siMMilin-,  iioii- 
sriilcim'iil  ,'111  civil ,  mais  an  ciiiiiiiii'l.  Or,  je 
vous  (li'lcuds  h  l()Us  ,  (Ml  vcilu  ilc  l'obcis- 
saiico  et  sous  poiiic  de  i)(M'dn»  volrc  ordre  , 
d'assislcf  au  juîJ,ciuciil  ou  ou  prcicud  me  ju- 
m'i',  et  de  peur  tpir  vous  iic  le  l'assic/,  j'ai - 
|iellt»  h  l'Kglise  roiuaiue.  (,)uo  si  les  si^culicis 
mellcul  la  main  sur  uioi,  Je  vous  ordonne  do 
im^nii;  d'emplo\er  pour  ma  délcuse  les  ciin- 
surcs  eccl(Vsiasli(iucs.  Saclic/  ,  au  reste  , 
(prencore  i\no  le  monde  iiémiss(>,  <pie  l'eu- 
iiemi  s'clùve  ,  cpi'il  hrOlo  mou  cm-ps,  toulc- 
l'ois,  nvoc  l'aide  d(^  Dieu,  je  ne  céderai  point 
mon  lrou|)eau.  »  I/évtVpu'  de  Londres  ap- 
pela aussitôt  de  cell(^  ordonnance  de  l'arclie- 
V(\pn\  et  ils  le  (piitlérent  tous  pour  se  ren- 
di'c  à  la  cour;  seulement ,  il  y  en  eut  deux 
(pii  d(Mueuréreul  encore  cpudcpu'  temps  avec 
lui  pour  le  consoler  et  l'encourager  secrù- 
tenuMit,  savoir,  Henri,  évé(pu'  de  Winches- 
ter, et  Jossclin  de  Sarisbt'r\ .  (Fleury,  l.  1\', 
j).  (i()l.) 

(Juandlesév(\]uesso  furent  retirés,  Thomas 
céléhra  la  messe  de  saint  Ktionno  ,  premier 
martyr  ;  nuis,  se  revêtant  do  ses  habits  épis- 
coi)aux,  il  vint  h  la  cour  portant  à  la  mani  sa 
croix  pastorale.  Le  roi ,  sachant  ipio  l'arche- 
vOq^uo  venait  avec  sa  croix,  se  relira,  disant 
qu'il  ne  lui  convenait  pas  do  se  présenter 
tlevanl  Thomas  ,  puiscju'il  venait  armé.  11  se 
plaignit  vivement  décela,  disant  qu'il  était 
venu  ainsi  |)Our  lui  fau-e  atl'ront.  Tous  les 
seigneurs  prirent  i)ar[i  contre  le  prélat ,  le 
traitant  de  traître,  d'ingrat  et  de  parjure.  Les 
assistants,  saisis  d'horreur,  se  retirèrent.  Ro- 
ger d'York  en  sortit  en  disant  :  «  11  ne  nous  con- 
vient pas  de  voir  ce  qu'on  va  faire  à  l'arche- 
vêque de  Cantorbéry.  »  Alors  des  huissiers, 
descendant  de  la  chambre  où  était  le  roi , 
vinrent  vers  Thomas,  le  menaçani  avec  force 
gestes  et  méchantes  paroles,  Barthélémy , 
évéque  d'Exester,  se  jeta  aux  pieds  du  pré- 
lat et  lui  dit  :  «  Mon  Père,  ayez  pitié  de  nous 
et  de  vous-même.  Nous  allons  tous  périr  au- 
jourd'hui à  cause  de  vous.  »  En  elfet,  le  roi 
avait  ordonné  que  quiconque  demeurerait 
avec  l'archevêque  serait  regardé  comme  en- 
nemi public  et  puni  de  mort.  On  faisait  cou- 
rir le  bruit  que  les  évoques  de  Sarisbéry  et 
(le  Norwich,  qui  étaient  restés  près  de  lui,  al- 
laient être  conduits  au  supplice  et  mutilés. 
Ils  suppliaient  l'archevêque  de  les  sauver. 
«  Retirez-vous  d'ici,  dit-il  à  l'évêque  d'Exes- 
ter ;  vos  discours  ne  sont  pas  de  Dieu.  Les 
évêques ,  qui  ne  voulaient  pas  se  joindre 
aux  seigneurs  pour  condamner  leur  arche- 
vêque comme  criminel ,  se  décidèrent  à  le 
déférer  au  pape  comme  parjure  ,  en  ce  qu'il 
avait  juré  au  roi  d'observer  les  coutumes, 
et  que  maintenant  il  refusait  de  le  faire.  Ils 
vinrent  lui  signitier  leur  résolution.  Ce  fut 
Hilaire  de  Chichester  qui  porta  la  parole  et 
qui  lui  dit  que  dorénavant  ils  ne  le  considé- 
raient plus  comme  leur  archevêque.  Les  sei- 
gneurs et  quelques  prélats  ne  laissèrent  pas 
de  le  condamner  comme  traître  et  parjure. 
Robert,  comte  de  Leicesler,  vint  le  trouver 


ot  le  somma  de  la  p/ut  <lii  roi  de  venir  lui 
leuilif  compte  sur  (c  dont  d  ('-tait  accusé  , 
ou  di  iiteiidre  .son  jugement.  «  Mon  juge- 
ment !  »  l'epi'il  l'(U"clievê(pie  ,  et  s  élntll 
levi',  il  ajouta  :  «  (lomle,  mon  liU,  écoulez 
vous-mêmi!  /lupnravaiil.  Lu  roi  m'a  fait  ar- 
clievêipie  de  (laiitorbéry  parce  <pie  j«!  l'avais 
bien  servi.  Il  l'a  l'ait  iiiidgré  moi  ,  Dieu  le 
sait,  ot  j'y  ai  corisonli  pour  l'amour  de  lui 
|ilus  (pie  pour  l'amour  de  Dieu,  (pii  m'en  pu- 
nit aujourd'lini.  l'oiilelois,  loisipi'oii  |irocé- 
dajt  à  mon  éhution  en  présence  du  princ» 
Henri,  cl  par  ordr(î  du  loi  ,  ou  déclara  ipi»! 
l'on  im;  rendait  à  l'Eglisi!  di;  Cantorbéry  li- 
bre et  (piilte  de  tout  engagement  diî  la  c  uir. 
Je  ne  suis  donc  point  tenu  de  i('pondre  sur 
co  sujet.  M  Le  comte  dit  :  «  Ceci  est  diiri'reiit 
de  ce  (|ue  l'évêcpuî  d(ï  Londres  avait  dit  au 
nu.  »  L'archev(''(pie  ajouta  :  «  Kcoiile/  en- 
core, mon  tils  :  autant  (pie  I'Aiih!  est  |)lus 
digne  que  le  cor|)s  ,  autant  devez-vous  plus 
olx'ir  h  Dieu  et  à  moi  t|u';\  un  roi  lerresuo  ; 
d'ailleurs,  ni  la  loi,  ni  la  raison  ne  pcrmit- 
tent  que  des  enfants  jugent  leur  père.  C'est 
pourquoi,  je  décline  sa  juridiction  et  la  V('>tro 
pour  être  jugé  de  Dieu  seul  par  le  ministère 
du  pape,  à  (pii  j'en  appelle  on  présence  de 
vous  tous,  et  mets  sous  sa  protection  l'Eglise 
de  Cantorbéry,  ma  dignité  et  tout  ce  qui  en 
dépend.  Et  vous,  mes  confrères  les  évèques, 
qui  obéissez  à  un  homme  plut(jt  (ju'à  Dieu, 
je  vous  appelle  aussi  au  jugement  du  pape, 
et  ainsi  je  me  retire  par  l'autorité  de  l'E- 
glise et  du  saint-siége.  »  Cette  dernière 
séance  fut  tenue  le  mardi  13  octobre.  (Fleury, 
loc.  cit.,  p.  6(r2.) 

Comme  il  sortait ,  il  fut  accablé  d'iijurcs 
par  les  seigneurs  qui  le  nommaient  parjure 
et  traître  ;  mais  au  dehors  la  foule  était  im- 
mense pour  recevoir  sa  bénédiction.  Les  {)au- 
vres  surtout  étaient  en  très-grand  nombre  : 
c'était  à  j)eine  si  son  cheval  pouvait  fen  Ire 
les  flots  de  cette  foule  qui  se  pressait  autour 
de  lui.  On  le  conduisit  comme  en  triomphe 
jusqu'à  son  logis,  qui  était  au  monastère  de 
Saint-André.  Il  ordonna  qu'on  fit  entrer  tous 
les  pauvres  et  qu'on  leur  donnât  à  manger  ; 
puis  il  envoya  au  roi  les  évèques  de  Wor- 
chester,  d'Herford  et  de  Rochester,  lui  de- 
mander sûreté  pour  sortir  du  royaume.  Sur 
l'avis  qu'on  voulait  l'assassiner,  il  quitta  le 
royaume,  et  ayant  débarqué  en  Flandre ,  il 
se  rendit  à  Saint-Omer  et  logea  dans  l'abbaye 
de  Saint-Bertin.  11  envoya  des  députés  à 
Louis  Vil,  roi  de  France,  qui  les  reçut  très- 
bien,  et  lit  inviter  le  saint  archevêque  à  ve- 
nir dans  ses  Etats.  Le  roi  d'Angleterre  dé- 
fendit à  tous  ses  sujets  de  lui  faire  parvenir 
la  moindre  des  choses  pour  ses  besoins. 
Gilbert,  abbé  de  Sempringham,  ayant  été  ac- 
cusé de  l'avoir  assisté,  fut  mandéà  Londres, 
avec  tous  les  procureurs  de  son  ordre  :  il  fut 
vivement  persécuté  pour  cela. 

Le  pape  était  toujours  à  Sens.  Ce  fut  là 
que  les  députés  du  roi  d'Angleterre  vinrent 
le  trouver  :  ils  gagnèrent  plusieurs  caiMi- 
naux,et,dansune  audience  particulière  qu'ils 
obtinrent,  ils  lancèrent  les  plus  graves  accu- 
sations contre  le  saint.  BieuKJt  l'ali'aire  ayant 


{18? 


THO 


tM(^  mi^romont  oxamint^c ,  on  roronnut  Tin- 
noccnte  de  Thoiuas,  ol  on  d  '(.lara  qu'il  s'était 
toujours  conduit  en  vénérable  et  digne  évo- 
que. 11  quitta  bientôt  le  couvent  qui  lui  avait 
donné  asile  pour  venir  h  Soissons ,  prés  du 
roi  «le  France  ,  qui  vint  le  visiter  aussitôt 
qu'il  sut  son  arrivée,  et  lui  offrit  tous  les  se- 
cours des(iuels  il  pourrait  avoir  besoin  du- 
rant l'exil.  Peu  après  il  nuitta  Soissons 
pour  ailer  ?\  Sens,  où  il  tut  très -froide- 
ment reçu  par  les  cardinaux;  mais  bien- 
tôt ils  revinrent  à  de  meilleurs  sentiments 
pour  lui  ;  car  ayant  obtenu  une  audience 
particulière  du  pape,  il  y  exposa  sa  cause 
avec  tant  de  force  et  en  mémo  temps  d'hu- 
milité ,  qu'il  amena  tout  le  monde  à  lui. 
11  lit  voir,  en  lisant  la  copie  de  la  pièce  dont 
Je  roi  exigeait  l'adoption  ,  ({ue  les  coutumes 
qu'il  voulait  faire  recevoir  ne  tendaient  à 
rien  moins  qu'au  renversement  de  l'Eglise. 
Dans  la  seconde  audience  qu'il  obtint  du 
pape,  il  se  démit  entre  ses  mains  de  son  ar- 
chevêché, disant  que  son  élection  lui  laissait 
des  scrupules  ,  parce  qu'il  était  contre  les 
règles  qu'on  passAt  tout  à  coup  de  l'état  de 
laïque  à  d'aussi  hautes  fonctions.  Après  avoir 
remis  son  anneau  pastoral ,  il  se  retira.  On 
délibéra  sur  ce  qui  venait  de  se  passer,  après 
quoi  le  pape  le  fit  rentrer,  et  lui  rendant 
l'anneau,  lui  dit  qu'il  le  réintégrait  dans  sa 
dignité,  avec  défense  de  s'en  démettre, parce 
que  ce  serait  abandonner  la  cause  de  l'Eglise 
elfe-mème.  Puis  il  chargea  l'abbé  de  Ponti- 
gny  de  prendre  soin  du  vénérable  exilé.  Co 
fut  dans  le  monastère  que  dirigeait  cet  abbé 
que  le  saint  se  retira. 

La  douceur  de  cette  retraite  fut  troublée 
quelque  temps  aj)rès  par  les  exilés  ([ui  ve- 
naient trouver  rar(hevè(iue;  ear  le  loi  d'An- 
gleterre, irrité  de  la  bonne  réception  ijue  le 
roi  de  France  et  le  pape  lui  avaient  faite,  et 
de  la  protection  qu'ils  lui  donnaient,  ht 
confisquer  tous  lesDiens  de  l'archevèiiue  et 
des  siens,  et  bannit  tous  ses  i)arents,  ses  do- 
mesti(}ues  et  ceux  qui  avaient  (juclque  liai- 
son avec  lui,  sans  épargner  ni  les  vieil- 
lards décrépits,  ni  les  enfants  au  berceau, 
ni  les  femmes  en  couches.  Il  lit  jurer  h  tous 
ceux  (jui  étaient  en  Age  de  le  faire ,  d'aller 
trou\er  l'archevêque  en  (piohpie  lieu  (|u'il 
iù\,  pdur  l'aflliger  par  leur  pré.sence  ;  entin, 
il  détendit  de  prier  pour  lui  dans  l'Eglise.  11 
venait  do^ic  tous  les  jours  ,  au  >ai'U  prélat , 
grand  nombre  de  ces  exilés,  duiit  toutefois 
plusieurs  demeureront  en  Flandre,  ayant  été 
al)sous  par  le  nape  de  leur  serimMit.  en  con- 
.<;i(Jéiation  de  leur  s(>xe,  de  leur  Age  et  de  la 
rigueur  de  la  saison.  Les  autres  venaient  h 
Pontigny,  fatiguer  rarchevè({iie  par  leurs 
cris  et  leurs  plaintes  des  maux  qu'ils  souf- 
iraienl  pour  sa  c.aus(>.  Ne  pouvant  h'S  gar- 
der aii|)rès  de  lui ,  il  les  envoyait  en  divers 
pays  avec  des  lettres  di;  recommandation  ;  et 
ils  trouvaiinl  partout  du  secours,  tant  |>ar  la 
compassion  t|ue  l'on  avait  d'eux  ,  que  par 
l'inflignation  qu'excitait  la  cruautt-  du  roi 
d'An  jeterre.  Il  y  eut  même  do  ces  bannis  qui 
se  trouvèrent  mieux  au  lieu  do  leur  exil  que 
Uaus  leur  patrie. 


TllÔ  \m 

thomas,  de  son  côté,  touché  de  ce  que  les 
siens  soutTraient  ;i  cause  de  lui,  commença  à 
Pontigny  de  mener  une  vie  plus  pénitente. 
On!re  le  cilicerpi'il  portait  continuellement, 
et  les  disciplines  qu'il  se  faisait  souvent  don- 
ner en  secret,  il  ordonna  au  moine  qui  le 
servait  à  table  de  lui  donner  tous  les  jours, 
sans  (lue  l'on  s'en  aperçût,  avec  les  mets  les 
plus  délicats  (pi'on  lui  servait,  la  portion  de 
la  communauté  ,  ayant  résolu  d'en  faire  sa 
seule  nourriture.  Ainsi ,  ()endant  quelques 
jours,  il  ne  vécut  que  de  légumes  secs  et  in- 
sipides, suivant  qu'on  l'observait  alors  dans 
l'ordre  de  Citeaux.  Mais  cette  nourriture,  si 
différente  de  celle  à  laquelle  il  était  accou- 
tumé de  jeunesse,  lui  causa  une  griève  ma- 
ladie ,  et  il  fut  obligé  de  revenir  à  des  ali- 
ments plus  convenables 

Cependant  on  portait  des  paroles  entre  le 
pape  et  le  roi  d'Angleterre  pour  tenir  une 
conférence  où  l'on  traitAt  de  la  paix.  Le  roi 
dit  ([u'il  s'y  trouverait,  mais  à  condition  que 
Thomas  n'y  serait  pas,  autrement  qu'il  ne 
verrait  pas  le  pape  même.  Thomas,  au  coii- 
traire ,  manda  au  pape  de  ne  point  entrer 
sans  lui  en  conférence  avec  le  roi.  Je  con- 
nais, disait-il ,  ses  manières,  il  lui  sera  plus 
facile  de  vous  sur|)rendre ,  s'il  n'y  a  un  in- 
terprète exact  qui  puisse  pénétrer  ses  senti- 
ments. Sur  cette  réponse,  le  pape  manda  au 
roi  :  «  11  est  inouï  que  l'Eglise  romaine  ait 
éloigné  quelqu'un  de  sa  compagnie  au  gré 
du  prince,  particulièrement  un  homme  exilé 
pour  sa  justice  ;  au  contraire  ,  le  saint-siége 
est  en  droit  de  protéger  les  opprimés,  même 
contre  l'indignation  des  jtrinces.  »  Ainsi  la 
conférence  fut  rompue.  (Fleury,  pnssim.) 

Sur  ces  entrefaites,  en  llGo.leoape  Alexan- 
dre écrivit  à  Gilbert ,  évê(iue  ue  Londres  , 
une  lettre  en  laquelle ,  entre  autres  choses 
qu'il  reprochait  au  roi  d'Angleterre ,  il  se 
montrait  très-aflligé  et  mécontent  de  la  iier- 
sécution  iju'endurait  l'archevêque  de  Can- 
torbér-y.  L'évêiiue  de  Londres  lui  répondit  : 
«  Ayant  reçu  votre  ordre  ,  très-cher  Père  , 
avec  le  respect  convenable,  nous  avons  été 
aussitôt  trouver  le  roi,  l'évêque  d'Herford  et 
moi ,  quoiciu'il  fût  déjh  dans  le  pays  de  Gal- 
les ,  à  la  tête  de  son  armée.  Il  a  reçu  votre 
correctii>n  avec  action  de  grAces  ,  et  a  ré- 
pondu avec  beauciujp  de  modestie.  Premiè- 
rement, il  déclare  (ju'il  n'a  jamais  cessé  de 
vous  aimer  comme  son  père  et  d'obéir  à  vos 
ordres;  que  si  depuis  longtemps  il  ne  vous 
a  pas  rendu  tant  de  respect ,  c'est  qu'après 
vous  avoir  aidé  au  besoin  de  tout  son  pou- 
voir, il  a  reçu  des  refus  presque  en  t'Hii  n} 
qu'il  vous  a  demandé.  Toutefois,  il  demeure 
lerme  dans  votre  obéissance,  et  ilédare  qu'il 
n'em|>ê(  luM-a  pr^rsonne  })ar  force  d'aller  h 
Rome  ni  ne  l'a  empêché  jusqu'ici.  Ç)uant  aux 
ap|tellalions,  il  prétend  avoir  droit  d'emi»'''- 
clier  aucun  clerc  de  sortir  de  son  royaumo 
pour  aui  une  cause  civile,  s'il  n'ci  aupara- 
vant essayé  de  s'y  faire  rendre  justice.  Il  sa- 
vait bien  que  l'empereur  était  schismatique, 
mais  jusqu'h  présent  il  n'a  pas  su  r^uo  vous 
l'eussiez  excommunié.  Il  dit  qu'il  najama  s 
chassé  l'archevêque   de   Canlorbéry;    c'est 


il  Ht) 


TMrt 


Tllo 


i\m 


|i(.nii'(|n<)i,<Timmo  il  s'csl  irlir(<  (l(<  liii~ni('*inr>, 
il  |i(Mil  l'ciiln'i-  (liiiis  son  I^i^lisi'  <|u;iii(l  il  lui 
plnir.i,  en  Siilislnisiinl  au  mi  sur  ses  (iJuiiiKis 
•>l  }^ai(l«iit  livs  contmnos  royahvs  (jn'il  n  lui- 
iiu'^int' juri^cs.  Si  (|ii('l(|iic  i^j^lisr  on  (|iit'l(|ii(' 
|t(>i'sonii(*  ('ccUVsiasIiciiic  se  plaint  d^Mi'c  inal- 
liail(^(S  il  osl  |ir<^l  îi  y  salislniio  au  ju^fMUont 
(io  loulc  rKi;;lis(>. 

«  \o\\h  It's  i(''|)()ns('S  (lu  roi,  sur  Icsquclltvs 
nous  vous  prions  du  C(>usi(i(^r('r  (pn-llc  lin 
vous  voulez  nu'Krr  h  (('llf  alVaiic  :  cju-  Ii- 
roi  oroil  l'aii'o  beaucoup  pour  sa  juslilicalion 
on  se  rapporlant  de  loul  ce  ([ui  rt  ôtô  dit  au 
juu;(MU('nl  de  ri''i:,liso  de  son  royauint».  C'est 
poui'(pu»i  nous  vous  supplions  de  nH)der<'r 
voiro  /èlo  pour  un  temps,  de  pour  (lu'eu  |)ro- 
noneant  un  interdit  on  nue  exeonnnunica- 
lion!  vous  n'ayez,  la  douleur  do  voir  une  in- 
linilé  (i'éi^lises  renversées,  et  lo  roi,  avec  un 
peu,.U>  iMii()nd>ral)le,  éloi;4ru'>  sans  lo'.our  de 
voire  olxMssance.  Il  vaut  nneux  ipiun  uieni- 
l)re,  luc^uie  hlossé,  demeure  attaché  au  chef 
avec  eS|)éranco  de  i^uérison  ,  (pie  d'en  éli'e 
séjiaré  et  retranché  du  corps  poui- toujouis. 
Oiioi  !  si  vos  reiuoutrancos  ne  sont  pas  bien 
reçues,  laut-il  déses[)ércr  de  la  grAce  ûo  Dieu 
pour  les  taire  mieux  recevoir  en  un  autre 
temps?  lo  sanjr  royal  se  laisse  vaincre  quand 
on  lui  a  cédé  quelque  chose  ,  il  faut  le  j.|;a- 
gner  par  la  douceur  et  par  la  patience.  Per- 
mettez-moi de  le  dire;  c'est  la  charité  sincère 
(jui  me  fait  parler  ;  si  la  tin  de  cette  affaire 
est  que  l'arclievôque  de  Cantorbéry  demeure 
en  exil  perpétuel,  dépouillé  de  ses  biens,  et 
(|ue  l'Angleterre,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  ne 
vous  obéisse  plus ,  vous  verrez  qu'il  elU 
mieux  valu  souiîrir  pour  un  temps  qu'user 
d'une  si  grande  sévérité.  Je  crois  bien  que 
[dusie'M's  d'entre  nous  demeureront  dans  vo- 
tre obéissance,  malgré  la  persécution  ;  mais 
il  se  trouvera  quelqu'un  qui  reconnaîtra 
l'anti-pape  et  recevra  de  sa  main  le  pallium 
jiour  le  siège  de  Cantorbéry  :  il  s'en  trou- 
vera qui  lui  obéiront  pour  usurper  nos  siè- 
ges. Plusieurs  forment  déjà  de  tels  [irojets 
et  désirent  le  trouble  pour  s'en  prévaloir. 
Ce  n'est  pas  notre  intérêt  particulier  qui 
nous  touche,  mais  le  triste  renversement  de 
l'Eglise  dont  nous  sommes  menacés  et  ({ui 
nous  ferait  désirer  la  mort  plutôt  que  d'en 
être  spectateurs....  »  Ainsi  parlait  i'évèque 
de  Londres. 

Le  roi  d'Angleterre ,  ou  plutôt  le  même 
évêque  en  son  nom  ,  écrivit  dans  le  même 
sens  au  collège  des  cardinaux.  Il  représente 
ce  qu'il  a  fait  pour  le  pape  Alexandre  ,  et 
que ,  loin  de  se  faire  prier  pour  le  recon- 
naître, il  lui  a  attiré  les  autres.  II  se  plaint 
(jue  le  pape  le  traite  de  persécuteur  de  l'Eglise, 
et  proteste  qu'il  ne  laisse  pas  de  vouloir  de- 
meurer dans  son  obéissance  et  se  conserver 
son  affection,  pourvu  qu'il  le  traite  comme 
les  autres  papes  ont  traité  ses  prédécesseurs; 
entiii  il  déclare  qu'il  se  rapportera  toujours 
au  jugement  du  clergé  et  des  seigneurs  de 
son  l'oyaume  dont  il  veut  conserver  les  droits 
et  les  anciennes  prérogatives.  (Fleury,  t.  IV, 


A|M*^s  ces  évétieini'nls,  et,  «u.ssitAl  apr'''s  sr»ii 
arrivée,  il  décl/na  rarchcvéïpie  de  Caiitor- 
Ix-ry  son  légal  dans  toute  rAiigl'ierre. Celui- 
ci  sigiMlia  sa  nomination  h  l'évêquo  de  Lon- 
dres, le  charge.'iiil  de  la  fori'  s.ivoir  h  l(,ule 
l'Angleterre.  Il  cciivit  succes.sivfMiu'nl  au  roi 
deux  htltres  cpii  reslérenl  .sans  e(r«l  :  in  [irc- 
nnèi'e,  pleine  de  douceur,  t'Iail  une  s  ulo 
d'aveilisseuKMit  ;  la  seconde,  un  il  le  inena- 
çail  de  In  colère  divine,  annonçail  (pi'il  .so 
disposail  à  user  contre  lui  des  pouvoirs  t\\i\ 
lin  avaient  él(''  conféiés.  Les  évê(pM;s  du 
parti  du  roi  lui  eons(dllèreiUde  fornu-r  appel 
au  pap(^  contre  la   nomination  du  nouveau 


légat,  lui  disant  (pie  cet  a;'pel  serait  susp  n- 
sif  des  j)0uvoirs  ((ue  le  pnp(î  lui  avait  doi- 
nés.  L(>  roi  envoya  l'archevê  |ue  d(!  Ilfxien 
pour  sigMilier  ra|t|)el  à  'l'homas;  mais  celui- 
ci  était  absent  de  Pontigny.  Le  loi  étant 
tombé  malade,  rarchev(^(jue  retarda  de  lari- 
cer  rexcommunication  contre  lui  ;   mais  il 


usa  de  ses  nouvoirs  contre  Jean  d'Ovfoi 
acihéré  au 
•tzbourp'.  Fort  peu  de  temjis  a|ir(';s,  les 


(lui  avait 


schisme  ;i  l'assemb  l'e 


rab- 


669.) 


Le  pape  se  rendit  à  Rome  immédiatement 


(lui  a  va 

de  Wirt 

évêqucs  réunfs  à  Londres  en  concile  inter- 

jelèrent. appel  au  pape  et  à  rarcliev6(|U(\ 

,La  lettre  au  pape  est  ainsi  conçue  :  «  Nous 
croyoïs  qu'il  vous  souvient  que  vous  avez 
averti  il  y  a  longtemps  le  roi,  notre  maître, 
par  les  lettres  dont  furent  chargés  les  évo- 
ques de  Londres  et  d'Herl'ord  ,  de  corriger 
quelqu(>s  abus  dans  son  royaume.  Il  a  re(;u 
vos  ordres  avec  le  respect  convenable,  dé- 
clarant qu'il  corrigerait  ces  désordres  sui- 
vant le  jugement  de  son  Eglise,  comme  en 
etfet  tous  ses  vœux  ne  tendent  qu'à  ôter  les 
scandales  de  son  royaume  et  à  y  faire  ré- 
gner la  paix.  Or,  voyant  qu'elle  était  trou- 
blée par  les  crimes  énormes  de  quelques 
ecclésiastiques,  il  a  rendu  à  leur  profession 
l'honneur  qui  lui  est  dû,  les  déférant  aux 
évoques,  qui  sont  demeurés  dans  les  bornes 
de  leur  pouvoir  en  punissant  un  homicide, 
par  exemple,  par  la  seule  dégradation  du 
criminel.  Mais  le  roi  est  persuadé  que  cette 
peine  ne  répond  pas  à  la  grandeur  du  crime, 
et  que  la  sûreté  publique  n'est  pas  bien  éta- 
blie si  un  lecteur  ou  un  acolyte,  après  avoir 
tué  quelqu'un,  en  est  quitte  pour  perdre 
l'exercice  de  ses  fonctions.  Le  clergé  vou- 
lant donc  s'en  tenir  à  l'ordre  établi  du  ciel, 
et  le  roi  voulant  affermir  la  paix,  il  s'est 
élevé  une  pieuse  dispute,  excusable  devant 
Dieu,  comme  nous  croyons,  par  la  bonne 
intention  des  deux  parties.  De  là  est  arrivé 
que  le  roi  a  voulu  faire  rédiger  les  ancien- 
nes coutumes  de  son  royaume,  observées 
par  les  ecclésiastiques  sous  ses  prédéces- 
seurs, et  les  rendre  publiques,  atin  qu'on 
n'en  disputât  plus  à  l'avenir.  C'est  ce  qui  a 
été  exécuté,  et  voilà  cette  persécution  contre 
l'Eglise  dont  on  accuse  le  roi  par  toute  la 
terre. 

«  Si  toutefois,  dans  ces  coutumes,  il  y  a 
quelque  chose  de  dangereux  pour  la  cons- 
cience ou  de  honteux  pour  l'Eglise ,  ce 
prince,  touché  de  vos  avertissements  et  de 
votre  autorité ,  a  promis  il  y  a  longtemps  et 

pniinet  c  core  de  le  cor.'iger.  Et  nous  au- 


1191 


THO 


rions  d^jh  obtenu  la  paix  que  nous  d(^sirôn.>, 
si  l'arrlu^vôquo  di>  Canlorbéry  n'avait  rnllu- 
ni(^  sa  colère  ('•teinto;  mais  ce  pr(''lat,  au  lieu 
do  l'apaiser  par  ses  avertissements  et  de  lo 
vaincre  par  sa  douceur,  vient  de  l'attaquer 
durement  par  des  lettres  tristes  et  terri- 
bles, le  menaçant  d'excommunication  et  son 
royaume  d'interdit.  A  ces  menaces  il  a  ajouté 
<les  elTets  plus  fâcheux;  car  d  a  exconuuuniô 
et  dénoncé  publitiuement  des  seigneurs  du 
premier  rang  et  (]Qfi  j)ersonn('s  en  ipii  le  roi 
a  le  plus  de  confiance  et  ([uil  admet  h  ses 
conseils  les  plus  secrets,  sans  les  avoir  cités 
ni  convaincus,  ni  donné  li<ni  de  se  défendre. 
Il  a  de  môme  suspendu  de  ses  fonctions  no- 
tre confrère  l'évéque  de  Sarisbéry,  sans  pro- 
cédure juridique  et  sans  notre  participation. 
Quelle  suite  pouvons-nous  attendre  d'inic 
manière  d'agir  si  irrégulière,  vu  j)rincipale- 
ment  la  malheureuse  circonstance  du  temps, 
sinon  que  la  concorde  entre  le  royaume  et 
le  sacerdoce  soit  rompue,  et  que  nous  al- 
lions en  exil  avec  notre  clergé,  ou,  ce  qu'à 
Dieu  ne  plaise,  qu(>  nous  nous  relirions  de 
votre  obéissance  pour  tomber  dans  le  schis- 
me? C'est  pour  éviter  do  si  grands  maux 
que  nous  en  avons  appelé  à  Votre  (Irandeur, 
de  vive  voix  et  par  écrit,  contre  les  mande- 
ments de  l'archevêque  de  Canlorbéry,  qui 
portent  quelque  préjudice  au  roi  ,  à  son 
royaume,  .^  nous  ou  h  nos  Eglises;  et  nous 
avons  marqué  le  terme  de  notre  appel  h 
l'Ascension,  aimant  mieux  être  humiliés  en 
tout  ce  qu'il  plaira  h  Votre  Sainteté  que  de 
sentir  de  jour  en  jour  les  elfets  de  la  passion 
de  l'archevêque.  »  Ce  terme  de  l'appel  s'é- 
tendait h  près  d'un  an. 

Voici  la  lettre  adressée  h  l'archevêque  par 
ses  sutîraganls  :  «  Nnns  espérions  que  vous 
répareriez  par  votre  humilité  et  votre  pru- 
dence le  trouble  qu'a  produit  votre  retraite 
inopinée  dans  un  pays  éloigné,  et  nous  nous 
consolions,  parce  ([no  nous  entendions  dire 
de  tous  côtés  que  vous  portiez  avec  modes- 
tic  la  pauvreté  où  vous  vous  êtes  volontai- 
rement réduit,  vous  appliquant  h  la  lecture 
et  à  la  prière,  et  réparant  le  passé  par  les 
jeûnes,  les  veilles,  les  larmes  et  les  exercices 
spirituels.  Nous  espérions  tpie,  par  une  telle 
conduite,  vous  attireriez  d'en  haut  la  grAce 
(fans  le  cœur  du  roi,  pour  lui  faire  onldirr 
son  ressentiu)ont  contre  vous,  et  vos  anus 
trouvaient  ouverture  pour  lui  parler  en  vo- 
tre faveur.  Maintenant  nons  apprtMions  (pie 
vous  avez  |)ublié  contre  lui  un  mandement 
où,  sans  ini'ltre  de  salutation  ni  aucun  té- 
moignage (ramitii',  vous  le  menacez  d'inter- 
dit ou  dexromiMiinieation  prochaine.  Si  vous 
l'exécutez,  nous  n'espérons  plus  de  [)aix,  et 
il  est  de  la  prudence  de  considérer  la  lin  do 
ce  q-ie  l'on  entreprend. 

«  Faites  donc,  s'il  vous  plait,  réllexion  h 
quelle  lin  vous  ten<lez,  et  si  vous  prenez  les 
moyens  pour  y  parviMiir.  Pour  nous,  nous 
vous  cf»nseillf)ns,  comme  h  notre  Père,  de  ne 
pas  ajouter  de  nouvelles  dillieulti-s,  de  lais- 
srTles  menaces  et  de  vous  conduire  avec  pa- 
tience et  humilité,  et  de  remettre  vi><5  inté- 
rêts à  la  miséricorde  de  Dieu  et  à  la  clé- 


THO  il  9-2 

mcncc  du  roi.  Il  valait  mieux  faire  louer  vo- 
tre pauvreté  volontaire  que  de  vous  exposer 
à  être  universellement  bl.'mié  d'ingratitude  ; 
car  tout  le  monde  se  souvient  h  quelle  gloire 
le  roi  vous  a  élevé  d'une  fortune  médiocre, 
en  quelle  faveur  et  en  quelle  familiarité 
vous  avez  été  auprès  de  lui,  comme  il  vous 
a  soumis  tous  les  pays  de  son  obéissance 
qui  s'étendent  depuis  l'Océan  jusqu'aux  Py- 
rénées, en  sorte  (pie  l'on  n'estimait  heureux 
que  ceux  qui  pouvaient  vous  plaire.  Pour 
vous  assurer  une  gloire  plus  solide,  il  vous 
a  mis  au  rang  que  vous  tenez  dans  l'E  lise, 
et  cela  contre  lavis  de  sa  mère,  quoique  le 
royaume  en  murmurât  et  que  l'Eglise  en  g'*- 
mît.  Epargnez  donc  votre  réputation  et  votre 
gloire ,  et  ne  songez  h  vaincre  le  roi  (|ue  par 
l'humilité  et  la  charité. 

«  Si  vous  n'avez  pas  égard  h  nos  conseils, 
faites-le  du  moins  pour  l'intérêt  du  fiape  et 
de  l'Eglise  romaine.  Car  que  sera-ce  si  le  roi, 
à  qui  tant  de  peuples  obéissent,  aigri  par 
vos  duretés ,  se  retire  de  l'obéissance  du 
pape,  qui  lui  refusera  peut-être  son  secours 
contre  vous?  Par  combien  de  prières,  de 
promesses  et  de  présents  sollicite-t-on  lo 
roi  h  prendre  ce  parti?  Il  a  résisté  jusqu'à 
présent,  mais  nous  craignons  que  lindigna- 
tion  ne  lui  arrache  ce  que  la  considération 
de  ce  qu'il  y  a  de  plus  grand  dans  le  monde 
n'a  pu  obtenir  de  lui.  Et  si  vous  en  êtes 
cause,  vous  aurez  de  quoi  fondre  en  larmes. 
Quittez  donc,  s'il  vous  plaît,  une  résolution 
si  nuisible  au  pape,  h  1  Eglise  romaine  et  à 
vous-même,  si  vous  voulez  y  faire  attention. 
Mais  peut-être  que  ceux  qui  sont  auprès  tle 
vous  vous  exhortent  h  taire  sentir  votre 
puissance  au  roi  e  à  ses  Etats.  Cette  puis- 
sance est  véritab'ement  h  craindre  pour  ce- 
lui qui  pèche  et  qui  ne  veut  pas  satisfaire; 
mais  quant  au  roi,  notre  maître,  quoinuo 
nous  ne  disions  pas  qu'il  n'a  jamais  péché, 
nous  disons  hardiment  qu'il  est  toujours 
prêt  à  satisfaire  h  Dieu,  qui,  l'ayant  établi 
jiour  maintenir  la  paix  entre  ses  sujets,  veut 
h  cette  lin  qu'on  lui  rende  la  même  défé- 
rence qu'on  a  rendue  aux  rois  ses  prédéces- 
seurs. S'il  s'est  ému,  sur  ce  sujet,  quelipie 
ditlerend  entre  vous  et  lui,  il  a  promis  au 
pape  de  se  soumettre  au  jugement  de  lEgliso 
de  son  royaume.  Il  est  prêt  d'exécuter  cette 
promesse,  de  satisfaire  et  d'en  donner  des 
sûretés  s'il  est  besoin.  Après  cela,  de  quel 
droit  et  en  vertu  de  (piel  canon  le  frappez- 
vous  d'interdit  ou  d'excommunication?  11  ne 
faut  pas  agir  par  emportement ,  mais  par 
raison.  >-  l.es  évêques  se  plaignent  ensuite, 


comme  dans  la  lettre  au  pape,  de  la  sus- 

1)ense  prononcée  contre   l'évêque  de  Saris- 
)éry,  et  concluent  en  signiliant  leur  appel. 


Le  saint  archevê(pie  répondit  par  une  lon- 
gue lettre,  où  il  marque  d'abord  qu'il  no 
croit  pas  que  cet  écrit  soit  de  tous  les  évê- 
ques dont  il  porte  le  nom.  et  (pi'il  le  regarde 
comme  un  elfet  de  l'autorité  du  roi.  Il  leur 
reproche  leur  peu  de  zèle  pour  la  liberté  de 
IKglise  et  p(Mir  leurs  véritables  intérêts,  et 
la  faiblesse  avec  laipielle  ils  l'abandonnent 
lui-même  dans  la  persécution  qu'il  souffre 


nos 


THO 


TIIO 


l<94 


|ionr  In  cnuso  conimiimi.  Kiitnml  m  inalitVo, 
il  juslilii»  sa  sorlii'  (rAii^ii'UMTr ,  (m'il  sdii-  ' 
fiiiiil  avoir  «Mi^  iii^iessairc,  aprrs  l'iiijii^lico 
ol  In  violcnct*  (ju'il  a  soiill'crlcs  h  Noriliamn- 
Im?i,  pour  mcllro  sa  vio  on  sOrcli'  cl  pDiir- 
Miivio  SOI)  appel  au  |iap(*;  |Mii.s  il  ajuuto  : 
«  Si  ma  sortie  a  produit  du  trnul)l(>,  c'est  h 
celui  (pii  CM  n  élc  cause  à  se  riiiiputer.  Au 
resl(\je  ino  suis  pr(Vsoiiléà  la  cour  du  pape; 
j'y  ai  exposé  lo  tort  (|ue  j'ai  soullert  aveo 
inou  Kj^lise,  et  les  causes  do  mon  appel. 
Personne  n'a  pai'U  |)Our  me  rénondre,  pour 
rien  [iroposer  (-onlre  moi.  PenuanI  (pie  j'at- 
fendnis  en  cotte  cour,  on  est  venu  de  la  pari 
(lu  roi  dc^fondro  h  mes  ollioiers  de  m'ohéir 
<^n  rien  poiu-  le  temporel,  et  de  rien  l'ouruir 
h  moi  ni  anx  miens  à  l'insu  du  roi.  Sans  ju- 
f;on)ont  iirononcé,  sans  raison,  au  |)réju(lico 
de  mon  ap|)el ,  on  m'a  dépouillé  ei  mou 
tj^lisc;  ou  a  proscrit  les  clercs,  les  laupies, 
ios  lennuos  ol  les  onl'aids  an  berceau.  On  a 
«•onlistiué  les  biens  do  rK;.;lisc;  une  |)artio 
de  l'arf^ent  a  tourné  au  prolit  du  roi,  une 
])arlic  à  votre  prolit,  mon  frère,  l'évoque  do 
Londres,  et  de  votre  Eglise,  si  ce  que  j'en 
ai  ouï-dire  est  véritable  :  auquel  cas  je  vous 
ordonne,  en  vertu  de  l'obéissance,  de  le  res- 
tituer dans  quarante  jours  après  la  réception 
do  celte  lettre.  De  quel  droit  [)cul-on  soute- 
nir de  toiles  usurpations?  Est-ce  par  le  pré- 
texte d'un  appel  ?  Voyez  à  quoi  vous  vous 
c\posez,  vous  et  vos  Eglises,  si  ceux  qui  les 
auront  pillées  se  mettent  à  couvert  par  ce 
moven.  » 

Et  ensuite  :  «  Voi'S  dites  que  ma  promo- 
tio'i  s'est  faite  malgré  les  muruiures  du 
royaume  ot  les  gémissements  de  l'Esliso. 
Consultez  votre  conscience;  voyez  la  firme 
de  l'élection,  le  consen'euient  de  tous  ceux 
qui  y  avaient  droit,  l'agréme'it  du  roi  donné 
par  son  tiis  et  ses  coinniissairos.  Si  quel- 
qu'un s'y  est  0[)posé,  que  colui  qui  en  a 
connaissance  Je  dise.  Voyez  aussi  les  lettres 
du  roi  et  les  vôtres  pour  demander  mon  pal- 
îium.  Que  si  quelqu'un  a  été  a.'iligé  de  ma 
promotion  par  envie  et  par  ambiUon,  Dieu 
îiu  pardonne,  comme  je  fais,  ce  péché  qu'il 
n'a  [)as  honle  de  rendre  puijlic.  »  (C'est 
lévêque  de  Londres  do-^t  il  veuf  pa-^ler.)  Il 
contiime  :  «  Vous  dites  que  le  roi  m'a  élevé 
d'une  fortune  médiocre  :  je  ne  suis  pas  né 
de  sang  roy.d,  mais  j'aime  nii.^ux  ne  pas  dé- 
générer de  ma  noblesse.  Je  suis  p  ut-étre  né 
dans  une  pauvre  cabane;  mais  dans  ma  mé- 
diocrité, avant  que  je  vinsse  au  service  du 
roi,  je  ne  laissais  pas  de  vivre,  comme  vous 
savez,  honorablement.  Saint  Pierre  a  été  tiré 
de  la  pêche  :  nous  sommes  ses  successeurs, 
et  non  pas  d'Auguste.  Vous  m'accusez  i'in- 
gralilude;  mais  c'est  lintention  qui  fait  le 
péché,  et  je  prétends  nnidre  service  au  roi, 
quoique  malgré  lui,  en  le  détournant  de  pé- 
clier  par  la  sévérité  des  censures,  puisqu'il 
n"a  pas  écouté  nos  avertissements  paternels. 
Entin,  je  crains  encore  plus  d'être  ingrat  en- 
vers mon  vérit.-ble  maître,  Jésus-Christ,  (jui 
me  n.enace  de  son  indignation  si  je  n'em- 
ploie le  po-jvoir  qu'il  m'a  donné  pour  corri- 
ger les  pé  -heurs. 

DiCTioNN.    DES   Persécutions.  IL 


'  «  Vous  nio  firoposo/.  le  péril  do  l'Ef^lun! 
romaine,  cl  la  menace  que  le  roi  m;  s'en  sé- 
pare. A  Dieu  ne  plaise  qu'il  nrionco /i  l'uiiilc'i 
pour  un  intérêt  temporel,  lui  dont  le  criini^ 
serait  d'aul.uil  plus  ^rand,  (|u'il  onlrHinornit 
plus  do  monde  ajirès  lui.  A  Diou  ne  plaiso 
(pio  colle  pensée  vicniio  h  aucun  de  so.s  .ser- 
viteurs, pour  ne  pas  dire  à  un  évêrpic.  Pre- 
110/  garde  mêiiK;  «pn;  ce  (pio  vous  en  dites 
ii<!  soit  un  poison  mortel  pour  plusieurs 
Ames,  (!t  (pie  vns  pensées  les  plus  socrèlos 
no  so  découvrent.  OuanI  à  l'Eglise,  elle  s'af- 
fermit par  les  persécutions  ;  il  n'y  a  ri(;n  <'i 
craindre  pour  elle,  mais  pour  vous,  (pii  Irn- 
vaille/  à  sa  ruine.  A  l'égarrl  de  la  suspense 
d(>  l'évêciue  do  Sarisbory  et  rexcommunica- 
tion  de  Jean  d'Oxford,  vous  ne  devez  fias 
ignorer  (pie,  selon  b:s  canons,  l'ordre  judi- 
(  iaire  n'est  pas  rtiquis  (!ans  les  crimes  no- 
toires. Or,  revê(pie  a  confiTé  le  doyenné  do 
son  Eglise  h  Jean  d'Oxford  après  la  défense 
du  pape  ot  la  iiêtro.  » 

11  montre  ensuite  la  nullité  de  leur  appel, 
en  ce  qu'ils  n'ont  rien  h  craindre  pour  eux, 
et  n'ont  aucun  intérêt  d'afipeler  au  nom  du 
roi  contre  la  liberté  de  l'Eglise.  Entin  il  dé- 
clare (lu'il  ne  peut  les  reconnaître  pourjuges 
entre  le  roi  et  lui,  «  premièrement,  dit-il, 
parce  que  vous  devez  être  ses  parties  aussi 
bien  que  moi,  puisqu'il  s'agit  de  l'intérêt 
commun  de  l'Eglise;  ensuite,  parce  que 
nous  ne  trouvons  point  qu'un  supérieur 
puisse  être  jugé  par  ses  inférieurs,  priiici- 
{lalement  un  métropolitain  par  ses  suffra- 
ganls.  »  Il  insiste  sur  la  .eslitution  des  biens 
et  des  (  r.)ils  de  son  Eglise,  et  cono  ut  eu 
exhorlont  les  évê([ues  à  faire  r.  ntier  le  roi 
en  lui-i;iênie  et  l'extuter  à  pénitence. 

Saint  Thoi^ias  é  rivit  si;r  le  niême  sujet  à 
l'évèque  de  Londres,  qui  lui  i  vait  é^^rit  en 
particulier.  Il  lui  reproche  d'abord  qu'il  se 
contredit,  commerçant  sa  lotti-.  par  une  pro- 
testiîtion  d'obéi.-saa-;e,  et  1 1  finisoant  par  un 
appd  qui  tend  qu'à  ne  lui  pas  obéir.  «  E:  le 
terrn'^  lie  cet  appel,  ajoute-t-il,  est  de  près 
d'une  année,  ahn  de  faire  durer  pi. s  long- 
temps notre  exil,  ks  maux  de  l'Eglise  et  le 
péril  où  est  le  roi  pour  son  ûme.  »  Au  fond, 
il  réponrl  aux  objections  d:-  l'évêoue  comme 
duns  la  lettre  ['récéucnle;  ot,  sur  ce  que  l'é- 
voque disail  que  le  roi  était  prêt  à  satisfaire 
l'Eiliso,  l'archevùque  répond  :  «  Commert 
l'enteiidez-vous?  Vous  v.'yez  que  l'on  pros- 
crit les  veuves,  les  orphelins,  les  innocents, 
ceux  qui  ignorent  absolcmeMt  le  sujet  de 
noire  diff'rend;  qu'on  bannit  les  clercs,  on 
les  dépouille  de  leurs  biens,  on  les  traite  in- 
dignement, on  tieat  mes  serviteurs  dans  les 
fers,  on  pille  les  biens  de  l'Eglise  de  Cantor- 
bv.ry,  votre  mère.  Est-ce  satisiaire  que  de  ne. 
pas  réparei-  le  mal  et  l'augmenter  tous  les 
jours?»  11  l'exhorte  enfin  à  représenter  au 
roi  qu'.l  n'est  point  juge  des  éveq  les. 

Ce  fut  tres-peu  de  temps  rprès  que  lo  roi 
d'Angleterre  écrivit  ai  cha[)ilre  général  de 
Citeaux  qu'il  abolirait  son  ord.e  en  Angle- 
terre, si  le  saint  ne  quittait  pas  le  monas- 
tère do  Poutigny.  Le  saint  en  partit  aussitôt, 
ne  voulant  pas  être  cause  d'un  malheur  aus^i 

38 


•If)5 


TITO 


THO 


11% 


grand.  Lp  roi  de  Fnnco,  auquel  il  s'adressa, 
lui  (Il  (lire  quo  qm^lqur  part  qu'il  voulût  se 
rt'iirer  dans  ses  Klals,  il  tiKuveiail  priH  le 
lieu  qu'il  aurait  désigné.  Le  saint  prél.it 
rlioisit  la  vil!»'  de  Sens.  Il  resta  doux  ans  h 
Pnuligny  et  en  sortit  vers  la  Saitil-Marlin 
1166.  Comme  il  prenait  congé  des  moines, 
il  versait  d'abondanlps  larmes.  I/ahlté  lui 
dit  :  «  J'admire  tettu  faiblesse  dans  un 
homme  si  ferme.  »  Alors  rarclievtqne  dit  à 
l'alib»'  qu'il  ne  pleurait  pas  paire  ipiil  par- 
tait, mais  parct^  qu'd  avait  tu  la  révéhiton  de 
son  futur  martyre.  Il  lui  en  raconta  les  dé- 
tads;  il  les  dit  aussi  (>Ius  tard  à  l'abbé  de 
Vauluisant.  Tous  drux  le  rae«int«:'renl  après 
sa  mort.  Vne  chose  remarquable  que  lui  dit 
l'abbé  de  Pontigiiy  à  celte  occasion  est  la  })a- 
rolo  suivante  :  «  Comment!  vous  serez  mar- 
tyr, vous  noiirris'ianl  délicatement  comme 
vous  faites  I  »  (Fleury.  IV,  p.  677.) 

A  Sens,  le  saint  logea  au  monastère  de 
Sairde-Colorabe  :  il  y  passa  qualre  ans,  li- 
béralement défrayé  par  le  roi  Louis,  (}ui  le 
visitait  avec  graiûle  vénération  (ju md  il  ve- 
nait à  Sens.  Durant  ce  temps,  Jean  u'Oïlord 
était  allé  h  Rome,  où  il  avait  séduit  la  plu- 
part des  cardinaux,  avec  l'or  que  lui  avait 
donné  le  roi  d'Angleterre;  il  avait  aussi 
réu«si  h  tromper  le  pape,  en  lui  allirmant 
avec  serment  qu'il  n'avait  pas  tenu  en  Alle- 
ma.^ne  la  conduite  qu'on  lui  im|)utait.  Il  lui 
donna  une  lettre  de  la  part  du  roi,  (|ui  s'en 
remettait  à  l'autorité  papale  à  propos  de 
l'aifaire  des  coutumes  et  de  la  paix  à 
établir  entre  rarclievô.jue  et  le  gouverne- 
ment. Le  pape  donna  h  Jean  l'absolution  de 
la  sentence  portée  contre  lui,  et  le  continua 
dans  le  doyenné  de  S,<riSi>éry.  Le  pane  en- 
vova  en  Angleterre  deux  légats,  ('luillauiiie 
de' l'avie,  cardinal-prètre  du  titre  de  Saint- 
Pierre-aux-Liens,  e'  Otiion,  cardinal-diacre 
du  titre  de  Saiiit-Nirolas-de-la-Prison.  Il 
écrivit  (ju'il  les  envoyai'  spécialement  pour 
terminer  le  ditférentl  qui  existait  entre  le 
roi  et  l'arelievCqiie,  exhortant  Thomas,  h 
qui  elle  était  adressée,  à  se  montrer  facile, 
atte-^dii  la  circonstance  des  temp5,  et  le 
b'soi  1  que  son  église  avait  de  sa  présence. 
Il  l'eng.-.geait  à  ne  jias  se  (b-lier  de  (iuillaume 
de  Pavi«'. 

Les  légats  étant  arrivés,  on  tint  h  Gisors 
une  tonléience  où  'riiomas  so  rendit;  mais 
il  .s'apen;ut  bieutùt  (lue  le  cardinal  de  Pavie 
empUtyad  l'artiliee  p  iir  le  taire  tomber  dans 
le  piégi!  :  il  t;li  ('«(rivit  au  jiape.  Le  eardj'vd 
Oifion  représenta  au  roi  qu'd  était  tenu  de 
l'Hitu'r  les  binis  «le  rr'',.;lise,  desquels  il 
<-  i.iil  emparé,  ainsi  que  les  revenus  de  \'H- 
ul  se  d(f  «.nntorbéry.  Le  roi  ayant  répondu 
qu'il  n'avait  aneun  scrupule  l\  col  égiid, 
pn  ce  qn'd  donnait  aux  pauvres  ou  ft  légiise 
tout  cet  Argeni,  le  cardinal  lui  répondit  : 
»  Cette  ettus''  ne  sera  [loint  regiie  nu  tri- 
bunal de  Jésus-Christ.  » 

Les  dent  rois  de  Franco  et  d'Angleterre 
se  réunirent  ?i  (lisorg  pour  t.leher  d'opérer 
c  lie  [>ai\  SI  diflicilo.  Celui  d  AuglelorK^  af- 
frrla  de  la  désirer  beaucoup  :  il  exnosa  ses 
raisons,  que  le  roi  do  France  trouva  bonnes; 


ce  prince  bl;1ma  mémo  Thomas  qu'il  trouva 
trop  intU'xible,  parce  qu'il  ne  voulait  abso- 
IiMiienf  ri  n  cé<ler  au  roi  d'Angleterre;  mais 
bientôt  il  comprit  nuil  avait  eu  tort  d^  jir^er 
ainsi  le  pélat  :  il  f't'nvova  chercher  h  Sens, 
et  lui  dt'inanda  pardon  de  lavoir  mal  jugé. 
Deux  autres  légats,  Gratien  et  Vivien,  fu- 
rent de  nouveau  envoyés,  et  ne  purent  par- 
venir h  terminer  celle  grande  atlaire  :  le  roi 
ne  voulait  pas  restituer  les  biens  des  églises. 

Mais  Dieu,  rpii  tient  ilans  sa  main  le  eœur 
des  hommes,  opéra  une  révolution  soudaine 
dans  celui  du  roi  d'Angleterre,  qui  tout  h 
coup  montra  un  très-grand  désir  de  se  ré- 
coiH-iliei'  avec  le  saint.  L'archevêque  de 
Sens  le  lui  conduisit,  et  Thomas  fut  re(;u  par 
le  roi  avec  les  marques  do  la  plus  vive  af- 
fection. Dès  que  Henri  l'aperçut,  il  se  dé- 
tacha de  sa  troupe,  alla  au-devant  de  lui  et 
le  salua  le  premier,  la  tète  nue.  Après  s'être 
donné  la  main  et  s'être  embrassés  tout  à 
cheval,  ils  se  retirèrent  à  part,  le  roi,  l'ar- 
chevé  [ue  de  Cautorbéry  et  celui  de  Sens.  Le 
premier  se  plaignit  au  roi  des  torts  qu'on 
lui  avait  fails  cl  à  son  église,  usant  de  pa- 
roles touehantes  et  convenables  au  sujet. 
Ensuite,  l'arehevéque  de  Sens  se  retira  et  le 
roi  s'entretint  seul  avec  Thomas,  si  fandliè- 
reiiunit,  (ju'il  ne  paraissait  pas  qu'ils  eus- 
sent jamais  été  mal  ensemlde;  ce  (fui  surprit 
agréablement  les  assistants  jusqu'à  leur  fa  re 
verser  des  larmes  de  joie;  mais  la  convt>r- 
sation  fut  si  longue  (}ue  quelques-uns  s'en 
ennuyèrent.  L'archevêque  représenta  au  roi 
1110  ,est''ment  la  ma  ivaise  co  iduite  qu'il 
avait  tenue  et  les  périls  où  il  s'était  exposé, 
et  l'exhorta  à  rentrer  en  lui-même,  î»  satis- 
faire h  l'Lglise,  décharger  sa  conscience  et 
rétablir  sa  réputation,  attribuant  ses  fautes 
aux  mauvais  conseils  nlutOt  (|u'à  sa  mau- 
vaise volonté.  Le  roi  l'écoutait  non-seule- 
ment avec  patience,  mais  avec  bonté,  pro- 
UK  liant  de  se  corriger,  et  l'aic'ievê  jue 
ajouta  :  «  Il  est  nécessaire  pour  votre  salut, 
pour  le  bien  de  vos  enfants  et  la  sûreté  do 
votre  puissance,  (jue  vous  réparie'  le  tort 
que  vous  venez  de  faire  k  l'église  de  Can- 
loibéiy  en  faisant  couronner  votre  (ils  par 
rarchevê(pie  d'York.  »  \.c  roi  résista  un  peu 
à  cette  propo>ition,  et  proieslanl  qu'il  ne 
dirait  rien  [tar  res[)rit  de  dispute,  il  ajouta  : 
a  (Jui  a  couro  uiéGuillanme  le  Con(piêiant  "l 
les  rois  suivants?  n'est-ce  pas  rarrhevêi]ue 
d'Vork  ou  tel  autre  évêipie  (pi'il  a  plu  ;  u 
roi  (pli  (leva  t  être  couronne?»  L'archevê^jue 
répondit  pertinemment  il  cette  objection  par 
la  déliMion  historique  de  ce  ipii  s'était 
passé  en  .\n.-;h'lerr  •  uepuis  la  «'on(piél  •  d('S 
Normands,  et  montra  que.  hors  ceiiiins  cas 
extraorlin  lires,  les  archevê(pies  de  Cantor-  i 
béiy  avannit  toujours  sicré  les  rois,  sans  I 
que  ce  dmit  leur  fût  dis|nilé  par  les  arche- 
vêipies  d'York. 

Après  (pie  rhomas  eut  longtemps  parlé 
sur  ce  sup't,  lo  roi  lui  dit  :  «  Je  no  doute 
point  ipie  l'K-Iise  de  Canlorb'''rv  no  soit  la 
plua  nob'e  (io  toutes  celles  d"t)ccident,  et 
loin  do  la  vouloir  priver  do  son  droit,  je 
suivrai  votre  conseil  ot  forai  en  sorte  que 


1197 


'JIIO 


iUo 


iim 


sur  cf  point  cl  en  ttml  nutn»,  pIIi'  rcciuivro 
so  1  ,')iii  icirn"  t!i,^i.i(i'.   M.iis  |M)iir  ceux  mii 

il|S;|M'lCI    IIUMS  (ml   ll'jlllis    VnlIS   fl    llUli,  je   k'S 

ttaii(M-((i,  Dieu  (lidiiiit,  ('iiMiiiii'  ils  iiiriiliiit.  » 
A    ns  ii'dis,   Tliiiiii;!^  (lis.  (Midil  (io  cheval 
Itoiir  Se  jcl(>r  nnx  niiMls  du  roi;  mais  Io  roi, 
IMciuiiil   li-triiM",   rol(li;^(ia  tlo   rcinoilcr.   il 
l'anil  iikMiic  r(V'"i  '"'  "'"^  lariims  et  lui  dit  : 
"  Ivili'i,  soip'Mi'Ui  ,'nihcv(\jmî,  rcndoMs-iious 
de  |»arl   Cl   d'aiilrc  notii»  aiifit'ii'io  amilu'; 
laiSM  is-'U)US  Iniil  le  hit'ii  t|U(>  nous  |>(iuriuiis 
cl  ouhli  n>^  cntièiiMiicnl   Io  [uissi'.   Mai.^,  jo 
vous  |)rio,  lailcs-iTioi  hom:  ur  devant  ceuv 
ijut  MOUS   roj^aruTi'  (\v  l(tin.  »  V.l  comme  il 
voyait  onlr(>  les  sitcrlaU-urs  (iU(''(|Uts-u'is  du 
c«'iix  (jui   l'omoMlaii-nt  la  division,   il  s'ajj- 
rroi'lia    d'eux    cl   dit  pour   leur   fermer   la 
1)()U(  lie   :  a  (lommcje   Louve   l";  rclievi\|uo 
p  irl'aitemont  bien  dispos(^,  si,  do  mon  colé, 
jp  'l'en  use  pas  h  en  avec  lui,  je  serai  le  plus 
mé(  liiuil   (h'   Ions   les  hommes,  el  je  mon- 
trerai In  v(^rilé  do  tout  Io  mal  ({u'on  dit  do 
moi.  Mais  jo   uv    vois   point   de   i  arti   plus 
lio  UK^e  ni  plus  ulile  que  do  mi^ludier  ù  le 
surpasser  on  amiiié  et  en  bons  oinces.  » 
'J'ous  les  assistants  donnC'ri  iit  de  giands  a|)- 
|)laud;ssemcr.ts  à  ce  discours  du  rou  Alois 
il  envoya  h  l'ari-hovôque  des  évOquos  do  sa 
suite  lui  dire  d»'  proposer  publiiiuemonl  sa 
demande,  et  {iueh|ues-uns  lui  coiiseiliaicnt 
do  remollre  t mt  à  la  discrétion  du  loi;  ma:s 
Thomas  ne  jugea  pas  à  propos  do  compro- 
mettre la  ca'ise  lie  l'Eglise.  A_\  ont  donc  te.iu 
conseil  avec  l'archevéipie    de   Sens  et  les 
com|)agnons  do  son  exil,  il  résolut  do  ne 
point  remettre  à  la  discrétion  du  roi  la  (|ues- 
tio!)  des  coutumes,  les  connuages  que  son 
Eglise  avait  souiïorls,  ni  la  jilainle  louchant 
le  sacre  du  jeune  yv  nce.  Ainsi,  se  rappro- 
ciiani  du  roi,  il  le  p:ia  humblemenl,  pjr  la 
bouche  do   l'archevêque  de   Sons ,  de   lui 
rendre  ses  bonnes  grâces,  de  lui  donner  la 
paix  et  sûreté  à  lui  et  aux  siens,  do  lui  res- 
tituer l'église  de  Cantoibéry  et  les  terres  de 
sa  déjJO'îdanco  dont  il  avait  lu  l'étal  dans  un 
pa[)ier,  et  de  rapporter  rentiepriso  du  sacre 
de  son  ti  s.  A  ces  conditions,  Thomaà  [:ro- 
Uicltaii  l'amour,  l'honneur  et  loui  le  seivice 
qu'un   archevêque  peut  rendre  à  son  roi, 
selon  Dieu.  Le  roi  ncce.ta  la  [)roposition,  et 
r  eut  à  ses  bo mes  çjrÀcos  Thoiuas  et  ceux 
de  sa  suite,  qui   étaient  présenis;  mais  la 
roslilulion  d.  s  biens  l'ut  diU'érée,  parce  que 
le  [.-ape  ne  l'avait  pas  ordo  niée  expressé- 
moiit.  Le  roi  s'entielint  encoio  longtemps 
ttvec  l'archevêque,  suivant  leur  ancienne  la- 
m;l  arité  en  sorte  que  leur  conf  ronce  d..ra 
I  tc.>q  le  j  squ'au  soir.  L;'  roi  voulut  l'em- 
mener a\oc  lui,  disant  qu'il  lui  était  avan- 
tag  ux  que  leur  pa  x  fût  connue  de  toi.t  lel 
inonde;  mais  le  i)rélat  réponuit  qu'il  passe- 
rail  pour  un  ingrat  s'il  ne  prenait  cotigé  du 
roi  de  France  ei  de  ses  autres  bienfaiteurs; 
et  le  roi  d'Angleterre  en  convint. 

Comme  Thomas  était  prêt  à  se  retirer, 
Arnoul,  évêque  de  Lisicux,  le  pressa  vive- 
ment en  présence  du  roi,  des  évoques  el  des 
seigneurs,  d'absoudre  les  excommuniés,  di- 
sant :  «  Comme  le  roi  a  reçu  en  grâce  tous 


roux  qui  vous  ont  suivi,  vous  dnve/.  nustti 

reecvoir  eu  ^rrtce  tous  eeiix  qui  ont  él<;  at  • 
lai  Ih'vs  au  roi.  u  Thom.is  lui  lépniiiil  :  «  Il 
l'aut  nécessaireiiienl  lairu  di.stiiieliou  :  eiilro 
(■eux  pour  qui  Vous  parle/.,  les  uns  sont  plus 
coupables  «pie  les  autres;  les  un»  sont  UX- 
ct>nnnuniés  diruc  leuienl,  leN  aulre.t  par  ottm- 
inunicalion  ;  l(;s  uns  par  nous  ou  par  leurii 
évêcpies,  les  autres  par  le  pape,  «;l  <ou\-là 
ne  p(»'.venl  ÔLo  absous  que  |»ar  son  nulo- 
rilé.  (.)uanl  à  nous,  comme  nous  avruis  de  ]n 
charili'  pour  eux  lous,  (juand  nous  aurons 
<mi  le  conseil  du  roi,  nous  uspéroris  tra- 
vailler de  telle  sorl(,'  h  hiur  rét  oik  iliation, 
(lue  SI  (jnelipTun  n'y  est  pas  compris,  il  no 
a  vra  1  imputer  (ju'a  soi-môme.  »  (leollroy 
Udel,  archidfacro  de  Canioibéiy,  un  des 
(  Xi  (unmuniés,  répondit  à  ce  discours  avec 
Ii.iuleui,  et  le  roi,  craignant  (ju'on  ne  s'é- 
cliauirAl  de  part  i  t  d'autre,  lira  à  |iart  l'ar- 
chevêque et  le  pria  de  ne  point  s'arrêter  aux 
discours  de  toiles  gens.  Ainsi  on  so  sépara 
doiiceme  il,  après  ([uo  Thomas  eut  donné  sa 
bénédu  lion  au  roi. 

Ce  lécil  est  tiré  do  la  lettre  que  Thomas 
éenvil  au  pa[)o  pour  lui  .aire  part  de  sa 
réconciliation  avec  le  roi,  où  il  ajoute  :  «  J'ai 
appris  depuis,  i|ue  rarchevê(juo  do  Uouen  et 
l'évêquo  de  Nevers  ont  chargé  l'évéquo  de 
Séez,  qui  passe  on  Angleterre,  d'al)30ud.a 
ceux  (jue  j'ai  excommuniés;  mais  je  ne  sais 
s'ils  lui  ont  prescrit  la  loi  mule  que  vous 
leur  avez  donnée,  ou  s'il  la  suivra.  S  ils  sont 
absous  autrement,  il  sera  nécessaire  que 
vous  y  nielliez  remède,  car  rien  n'atlaiblit 
tant  l'Eglise  que  l'impunité  de  tels  attentats 
par  la  tolérance  du  sainl-siége.  »  11  av.iit  dit 
auparavant  :  .(J'attendrai  (  n  Franco  jusqu'au 
retour  do  ceux  que  j'ai  envoyés  pour  rece- 
voir la  restitution  de  nos  domaines,  néiant 
pas  d'avis  do  retourner  auprès  du  roi  tant 
qu'il  aura  un  pied  de  lerri3  à  l'Eglise ,  car 
c'est  par  cette  restitution  que  jo  verrai  s'il 
agit  sincèrement  avec  moi.  Je  ne  crains  pas 
toutefois  qu'il  manque  ii  tenir  s.^  parole,  s'il 
n'en  est  empoclié  |  ar  les  conseils  do  ceux  à 
qui  la  conscience  ne  permet  pas  de  se  tenir 

en  re  os »  Il  parait  en  ed'et  que  le  roi 

éta.t  bien  ii.ten  io  îii.''  pour  l'e.xéiuiion  de 
cotte  {)aix,  par  j'ordre  qu'il  envoya  au  jeuue 
roi  son  tils. 

En  écrivant  au  pape,  Thomas  écrivit  aussi 
à  quatre  cardinaux  do  ses  amis,  pour  leur 
faire  part  de  cette  heureuse  nouvelle,  mais 
surtout  au  sous-diacr  ■  Gratien,  qui  s'était 
bien  conduit  dans  sa  nonciatuie,  et  à  qui  il 
dit  en  conlidoiice  ces  paroles  remanpu.bles  : 
«  i'arce(iue  l'iiglise  romaiiie  a  nus  sa  liberté 
dans  la  crainte,  ele  a  égard  aux  personnes 
et  ne  s'0[)pnse  point  aux  injustices;  c'est 
pour  ce  sujet  que  les  Uéaux  do  Dieu  les  plus 
ludes  et  les  plus  insupportobles  viennonl 
sur  elle;  eu  sorte  qu'elle  est  erianle,  qu'elld 
fuit  devant  ses  persécuteurs  et  subsiste  à 
peine  dans  les  maux  qui  raccabient.  »  Et 
ensuite  :  «  Ayez  soin  que  les  ielires  lirs  plue 
pressantes  et  les  plus  oliicaces  que  le  pape  a 
écrites  au  roi  d'Angleterre  pour  la  cause  à9 
l'Eglise  soient  insérées  dans  le  registre,  aûD 


\m  THO 

do  servir  «loxomple  à  la  postérité.  »  (Fleury, 
IV.  nai:.'  700.) 

Tliomns  vit  encore  deux  fois  le  roi  d'An- 
phMcrre  :  preniioremciit  h  Tmirs,   où  le  roi 
«'•lait  venu  ronférer  avec  Thibaut,  comte  do 
Blois.  Le  roi  vint  au-devant  de  l'archevôcpie, 
mais  il  ne  parut  pas  le  regarder  de  bon  œil; 
et  lo  lendemain  il  lit  dire  dans  sa  chapelle 
une  messe  des  morts,  ce  que  l'on  crut  qu'il 
avait  fait,  de  prur  (jne  l'archevcVpie  ne  lui  of- 
frit le  baiser  de  paix.  Ils  aller»  rit  ensuite  à 
la  conférence  avec  le  comte  Thibaut ,  et  le 
roi  ,  pressé  par  ce  comte  et  par  le  prélat, 
])roinit  positivement  la  restitution  des  te;res 
de  l'Eglise;  mais  il  voulait  que  l'archevôque 
retournAt  aufiaravant  en  Angleterre  pour  voir 
comment  il  s'y  conduirait.  Quelques  jours 
après,  Thomas  vint  encore  trouver  le  roi  à 
Chaumont,  entre  Blois  et  Amboise,  non  pour 
lui  rit'ii  demander,  mais  pour  essayer  de  re- 
gagner ses  bonnes  grAces.  En  etfet,  le  roi  lui 
fit  moins  d'honneur  et  lui   témoigna  |)lus 
d'amitié,  et  ils  convinrent  qu'il  irait  inces- 
samment prendre  congé  du  loi  de   France 
pour  passer  au  plus  tôt  en  Angleterre.   Il 
partit  dès  le  lendemain  pour  retourner   à 
Sens  faire  ses  adieux  et    se  préparer  à  son 
voyage.  Cependant  il   reçut  une  lettre  des 
agents  qu'il  avait  envoyés  en  Angleterre,  et 
qui  lui  rendaient  ainsi  compte  dt;  leur  com- 
mission :  «  Nous  nous  présentâmes  au  jeune 
roi,   dans  sa  chambre,  h  Westminster,    le 
hmili  d'api  es  1-5  Saint-Michel  :  c'était  le  5  oc- 
lobrr,  c  tie  année  1170.  Avec  lui  étaient  assis 
le  comte  Renaud,  i'orclndiaci  e  de  C'-.ntor- 
béry,  ceiui  d<;  Poitieis,  (iuillaunie  de  Saint- 
Jeaii  et  plusieurs  aube?.  Quelques-ins,  du 
nombre   desipals   étaii    le    comte    Renaud, 
ayant  oui  la  nouv .Ile  de  la  pai:v,  en  i ei. di- 
rent dévotement  g.  âcrs  à  Dieu.   Après  que 
les  lettres  d  i  roi  eurent  été  Kies,  le  roi  son 
fils  dit  qu'i   en  prendr.  it  lonse  I,  et  on  nous 
fil  retirer.  Ensuie  on  nous  rappela,  et  votre 
arcîii.liacre  nous  dit  de  la  pari  ilu  jeune  roi  : 
«  R.'ioul  Mt;  liroc  et   ses    serviteuis  .so  sont 
mis  en  possession,  i>ar  ordr  •  du   roi   mon 
|)èie,  <les  terres  de  l'archevôché  et  des  reve- 
nus des  clercs  le  l'archevè  jue.  Nous  né  |  ou- 
vons  savoir  l'état  des  lieux  que  par  le  rap- 
port tie  ers  ollieieis;   c'est  poni(|uoi  nous 
vous  iiiai(|uon>  lejeudi,  le'ulem.iin  ne  S.iiiit- 
Calliste,  pour  l'exécu'  on  plus  en.iere  déco 
mandenv  fil.  »  Ce  jeudi  était  k-Soitob-e.  l.n 
lell  o   ajoute    ensu  le  :  «  Le  roi   a  mainié  a 
l'Riclievéïue  d'York ,  aux  évé.jues  de  Lon- 
dres et  de  Siu  isbéiy,  et  a  qtiatre  ou  six  per- 
sonnes de   toutes  les  éoli>ea  va(  a   t»  s  ,  d'é- 
lire des  évoques  suivunt  le  cunsc.l  de  ces 
trois  prélnls,  et  de  les  civcHer  au  pape  |  our 
1.3  sa' rt.r  au  préj  ilicc  'le  voire  Egii>e.  »  Les 
agents  conolueul  en  priant  instamiiienl  Tiio- 
uias  de  nt;  point  revenir  t"i  .Vn^leterre  (lue 
sa  p.iu  avec  le  roi   ne  sut  mieux  alfermie. 
TiiOtiiHS  envoya  au  pape  c«tle  lellre  de  ses 
flgen'N,  lui  de  i  «'ida'  l  de  nouveaux  pouvoirs 
pour  presser  le  rui  d'Anghtor.e. 

Il  écrivit  aussi  h  ce  prince,  se  plaignant 

cpie  les  elf  Is  ne  r(^,i'»|ldan  lU  pis  A  SCS  pro- 

laviktts  ui  à  I  ordre  (iu'il  avait  euvuyu  au  rui 


THO 


i200 


son  fils.  «  La  restitution,  dit-il,  a  été  diffé- 
rée au  dixième  jour,  sous  pn'lextede  Raoul, 
qui  cependant  ravage  les  biens  de  l'Eglise  et 
serre  publi(|uemcnt  nos  provisions  de  bou- 
che dans  le  ch;Ueau  de  Saltonde.  11  s'est 
vanté  devant  plusieurs  personnes  que  je  ne 
jouirais  pas  longtemps  de  votre  paix,  et  que 
je  ne  mangerais  pas  un  pain  entier  en  An- 
gleterre avant  qu'il  m'ùte  la  vie;  mais  je  lui 
présenterai  ma  tète  à  lui  et  à  ses  complices 
plutôt  que  de  laisser  périr  l'Eglise  de  Can- 
torbéry.  J'avais  résolu,  seigneur,  de  retour- 
ner vers  vous;  mais  la  nécessité  de  cette 
pauvre  Eglise  me  presse  de  m'y  rendre, 
peut-être  [.our  y  périr  si  vous  ne  me  don- 
nez promptement  une  autre  consolation. 
Mais  soit  (jue  je  vive  ou  que  je  meure,  ie 
suis  toujours  à  vous,  et  je  prie  Dieu  qu  il 
répande  ses  bénédictions  sur  vous  et  sur  vos 
enfants.  » 

C'est  la  dernière  lettre  que  nous  ayons  de 
ce  saint  |)rélat  au  roi  son  maître.  11  envoya 
devant  Jean  de  Sarisbéry,  qui  arriva  le  quin- 
zième de  novembre.  Il  trouva  que  trois  jours 
auparavant  on  avait  saisi  les  biens  de  l'ar- 
chevêque, en  ayant  ôté  la  saisie  à  ses  agents, 
et  que  l'on  avait  publié  dans  les  ports  une 
défense  de  passer  aucun  des  siens  pour  sor- 
tir d'Angleterre.  D'ailleurs  les  ofiiciers  du 
roi  avaient  donné  ordre  que  l'archevêque  et 
les  siens  ne  trouvassent  à  leur  retour  que  les 
maisons  vides  et  en  décadence  et  les  gran- 
ges ruinées,  et  avaient  pris  au  nom  du  loi 
tous  les  rêve  lus  jusqu'à  la  Saint-M  iriin  , 
quoique  la  [)aix  enl  éie  f 'ile  h  la  Ma  <  leine. 
Cepe..uanl  l'an  hevèqi.e  n'York,  l'évêiiue  de 
LoihJres  et  les  autres  ennemis  de  llium.iS 
avaient  envoyé  au  loi  jiour  le  prier  de  ne  le 
pas  laisser  revenir  en  Angleterre  tpi'il  n'oilt 
reiioucé  à  la  légation,  (ju'il  n'iOt  lendu  au 
roi  toutes  les  lettres  (ju'il  avait  obtenues  du 
pape, et  promis  d'obs'  i  wc  inviolablemonlles 
droits  tiu  ro,\aumj,  voulant  ainsi  l'engager 
h  rol)servatioa  ats  coulunies  c(mteslees  Ils 
(lisaient  (pie  sans  ces  préiauliuns  son  retour 
serait  prejudic.able  au  roi.  Ils  avaient  fait 
au  si  apjieler  de  chacune  des  églises  vacan- 
tes six  |)ersoiine>  ayant  pouvoir  d'élire  lU 
évéque  au  nom  de  ïa  commu  laulé,  alin  de 
faire  les  élot lions  au  gré  du  roi,  .  t  que  si 
Thomas  s'y  opposait ,  il  encourût  sa  dis- 
gn'.ce. 

Tiiomas  était  venu  à  Rouen  par  ordre  du 
roi,  espérant,  comme  on  lui  avaii  promis,  y 
ae  piilter  .;es  dettes  et  être  renvoyé  en  An- 
gleterre avec  honneur.  Mais  Jean  d'Oxl- .rd 
lui  iipi'orla  une  lelir.'  du  roi,  par  l.iquelL-  il 
le  priait  de  reiourner  inccssaaimenl  en  An- 
gltleiie  (>t  lui  donnait  le  nu' me  Jtan  pour 
l'accompagner.  Thomas  obéit  et  apjtril  en 
ch-'iuin  les  mauvais  desseins  de  ses  enne- 
mis (jui  étaient  déjà  vm.is  à  la  mer  et  atten- 
daient le  leuips  favorable  comme  il  i  a  ten- 
dait do  son  côté.  Ces  enn  mis  étaient  l'arche- 
vêijue  d'York  et  les  évêijues  de  Loiures  et 
de  Sarisbery,  et,  pour  leur  prêter  main-for. e, 
Gervais,  vicomte  de  Ken',  Raoul  «le  Bi;oc  et 
Renaml  de  >an'nnes,  pii  mei  nç.uenl  hau- 
leiuculde  lui  couper  la  têU  »  il  usait  passer. 


laoi                         Tiio  'iiio                          ri()i 

(,)ii'>lqii(vs  ainis  coiiscMlInieiil  ^ 'l'Iioinns  (|(>  110  son  l'',«lis(!  nu   smcic  «lu  jfiiiH' roi,  et   ••mpô- 
|)()iiil  .s't'\|>(is('r  ?i  ('(^  pjissaj^i»  (HIC  la  |i;ii\  m^  cher  (|iic  celle  eiilrc|iris(<  ne  ti^l  tin'*»)  h  coii- 
l'iU  mieux  Hlloniiio;  miiis   il    n''|iuii(lil  :  «  hi  siMiiieiice.  I,c  iiniii  du  roi  riMiiit  les  rjfjicicrs; 
vois   rAii^lcIcriM*   (<l  j'v    ciilienii ,  Dicii    ni-  ils  coiiimeinèieiil    h    |i;irlei'    |i|il.H    moijcslo- 
(l.inl,  (]ii()i(|ile  je  sjiclie  ceilameiiietil  (|iie  J'y  iik  iil  ,    (leiii.'iinl.iiil    loiilcfoi.H    iiVfîc    ilist.ince 
vais  soiillVir  \o  luarlyre.  »  La  veille   dn  son  l'aUsoÎMlion  des  év(^i|iies.   I/Mnliev(V|iii'   rc- 
ciul)ai(|iicm(Mil,  il  envoya  Ii's  lellres  du  pape,  mil  h  en  dt-liln-rcr  à  Cjudorhcry ,  où  d  scniil 
porlanl  suspense  coiilie  r.ii'clievt^ipie  d'^■ol  k  le  lendemain,    cl   les   (dVicier-s  so  retirèrent. 
(>l  r«W(Vpic  de  Dnrliam  ,    cl   d'aulros  lellres  Ln  lendemain,  mardi,  premier  joim'  do  dc';- 
(pii  icmcllaicnl  dans  rcvconnminicalio  1  l'c-  ren\l)re  ,   Tliomas   parlil  de   Sandwich  pour 
vtVpie  de  l.o'idres   cl  celui   de  Sal  si)  u'y,  cl  aller  à  <!anlorl)éry  ,  ipii  n'ci  esl  (pi'e'ivn-oti 
portaient  suspense  conlro  tous  les  «WAques  h  six   milles.   A    peine    piil-il   l'aire  In  jour 
(pii  avai(Md  assiste'' au  sai-re  du  jeune  roi.  Ces  tnAme  ce  peu  de  chemin,   tant  le  |)euple  et 
lellres   t'urenl   rendues  aux    prélats  di'is  le  pri'icipalemeil   les    pauvrets   s'cMupressaicul 
port  do  Douvres,  oTi  ils  croyaieU  que  Tho-  autour  do  lui;  les  curés  vonai(îul  au-devaiil 
mas  dill  aborder.  Le  tenïps  ('tani  d(>venu  l'a-  en   pror(>ssioii  aven   les   [nroisscs   entières, 
vorable.  il  s'cMuharqua  i\  (iuissand  la  iniil  du  Mlaid  .irivé  à  (laiilorhèry  ,  il  y  l'ut  n'iya  par 
second  jour  de  l'Avenl,  c■esl-^■dire  du  lundi,  les  moines   avec   l'honneur  convenable  ,  au 
jour  (l(>Sainl-A'ulrè,  dernier  iiovend)re  1 170,  sou    des  cloches   et  des  or.;ues,  et  avec  les 
la  septième  année  de  sou  exil  ,  cl  il  arriva  chants  (h;  joie;;  il  leur  donna  à  tous  le  baiser 
heureusemont  nu  porl  di^  Sandwich  pour  évi-  de  paix,  ayant  |)ris  la  précaution  d.i  faire  au- 
ler  ceux  (pii  l'atlendaient  h  Douvr  >>.  Le  vais-  parav.'nt  absoudre  ceux  qui  avaient  coinmu- 
soau  qui  le  |)ortail  élail  remarquable  par   la  nlipu';  avec,  les   excommunii'S.   Les  olliciers 
croix  archié[)iscopale  qui  y  était  dressée,  cl  du  roi  vinrent  le  jour  suivant  savoir  sa  ré- 
quand  on  l'apore^ut ,  une  multitude  de  pan-  ponsi>,  et  avec  eux  les  clercs  des  ti'ois  pré- 
vres  (jui  étaient  venus  aa-devanl  ilu  saiîU  lais  exconnnuniés  ,  demandant  l'airsolulion 
prélat   se   mit  i\  crier  :  Béni  soit  celui  nui  de  leurs  maîtres.  Thomas  répondit  qu'il  n'a- 
vinit  au  nom  du  Seigneur,  le  père  des  orplie-  vait  pas  le  pouvoir  de  lever  les  censures  im- 
lins  cl  le  juge  des  veuves.  Ils  plein^aient ,  les  posées  par  le  pape,  et  toutefois,  comme  ils 
uns  de  compassion,  les  autres  de  joie;  les  le  pressaient  et  le  menaçaient  de  l'indigna- 
uns   se   |)roslernaient   à   terre  ,   les   autres,  tioii  du  roi,  il  répondit  (pie  si  les  év6(|ues  do 
ayant  leurs  habits  retroussés,  s'avançaient  Londres  et  de  Salisbury  juraient,  sehjn  la 
pour  le  prendre  au  sortir  du  vais<;eau  et  re-  forme  do  l'Eglise,  d'obéir  au  mandement  du 
cevoir  les  premiers  sa  bénédiction.  Mais  les  pape,  il  ferait  pour  la  paix  de  l'Kglise,  par  le 
gentilshommes,  qui  avaient  cru  qu'il  aborde-  respect  du  roi  et  par  le  conseil  des  autres 
rail <i  Douvres,  apprenant  son  arrivée,  accou-  évoques,  tout  ce  ([ui  dépendrait  de  lui,  ol 
rurent  promptement  à  Sandwich.  Ils  s"ap-  traiterait  les  tiois  .rélatsavec toutes  sortes  de 
prochèrent,  armés,  du  bAtiment  où  était  l'ar-  douceur  et  de  charité,  se  confiant  en  la  clé- 
chevôque  comme  pour  lui  faire  violence.  Ce  menée  du  pape.   Les  deux  évoques  étaient 
que  voyant  Jean  d'Oxford,  il  craignit  que  la  prêts  h   accepter  la  condition  et  à  venir  se 
honte  n'en  retombAt  sur  le  roi  et  qu'on  ne  faire  absoudre,  mais  l'archevêque  d'York  les 
l'accusAt  de  trahison;  c'est  pourquoi  il  s'a-  en  détourna   et  leur  dit  :  J'ai   encore  huit 
vança  et  leur  défendit  de  la  part  du  roi  de  mille  livres  d'argent  comptant  que  j'emploie- 
faire  aucune  insulte  à  l'archevètiue  ou  aux.  rai,  s'il  est  bosoin,  pour  réprimer  l'arrogance 
siens,  et  leur  persuada  de  poser  les  armes,  et  l'opiniAtrelé  de  Thomas  ;  ne  vous  laissez 
Ils  demandèrent  toutefois  que  les  étrangers  jias  séduire  :  allons  [ilutôt  trouver  le  roi,  qui 
qui  étaient  venus  avec  l'archevêque  tissent  nous  a  si  fidèlement  protégés  jusqu'ici.  Si 
serment  de  lidélité  au  roi  et  au  royaume.  Il  vous  le  quittez  pour  vous  attacher  à  son  ad- 
ne  paraissait  d'autre  étranger  (jue  Simon,  ar-  versaire,  car  il  n'y  aura  jamais  entre  eux  de 
chidiacre  de  Sens,  qui  aurait  facilement  con-  réconciliation   parfaite  ,  il    vous   regardera 
senti  ,\  prêter  le  serment;  mais  Thomas  ne  comme  des  transfuges  et  vous  chassera  de 
le  permit  pas,  craignant  les  conséquences  de  vos  terres.  Que  deviendrez-voiis  alors?  En 
ce  serment  pour  le  clergé  d'Angleterre,  et  quel  pays  irez-vous  mendier  votre  paiti?  Au 
dit  qu'il  était  contre  les  bonnes  mœurs  et  le  contraire,  si  vous  demeurez  avec  le  roi,  que 
droit  des  gens  d'exiger  des  étrangers  de  tels  peut  faire  contre  vous  Thomas  plus  que  ce 
serments.  Or,  il  voyait  bien  que  les  officiers  qu'il  a  fait?  Les  deux  évoques  furent  tou- 
du  roi  étaient  en  trop  petit  nombre  })our  faire  chés  de  cette  remontrance,  et  ils  partirent 
violence,  parce  que  le  peuple,  qui  était  ravi  tous  trois  aussitôt  pour  aller  trouver  le  roi 
de  son  retour,  avait  pris  les  armes  et  aurait  en  Normandie  ;  en  même  temps  ils  envoyè- 
élé  le  plus  fort.  rent  au  roi   son  fils,  qui  était   k  Londres, 
Ces  officiers,  ayant  à  peine  salué  l'arche-  Geoffroy  Ridel  et  quelques  autres  pour  lui 
vêque ,  lui  demandèrent,  en  colère,  pour-  persuader  que  Thomas  voulait  le  déposer, 
quoi  à  son  entrée  dans  le  pays,  qui  devait  Mais  rien  n'était  plus  éloigné  de  sa  pens(^e, 
être  pacifique,  il  avait  excommunié  et  sus-  comme  il  l'assure  lui-même  dans  la  lettre 
pendu  les  évoques  du  roi,  ajoutant  que  quand  qu'il  écrivit  alors  au  pa|ie,  contenant  la  rela- 
ie roi  l'apprendrait  il  en  serait  fort  irrité.  Le  tion  de  son  retour  en  Angleterre,  et  qui  est 
prélat  répondit  doucement  (|u'il  ne  l'avait  sa  dernière  au  pape  Alexandre, 
fait  que  par  la  permission  du  roi,  pour  ne  Peu  de  jours  après  son  arrivée  à  Cantor- 
pas  laisser  impunie  l'injure  faite  à  lui  et  à  béry,  il  envoya  à  Londres  Richard,  prieur 


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de  Saint-Martin  de  Douvres,  qui  fut  do[)uis 
son  successeur,  donnir  part  au  jeuue  roi  de 
son  arrivi^e,  et  lui  fit  faire  ses  excuses  tou- 
chant   la    suspense   dc^  prélats.  Ce  dt'iHilé 
fut  mal  reçu  par  le  jeun*î  prince  dont   les 
niinistros  ne  regardaient  que  la  volontt^  du 
roi  son  père.  Thomas  ne  laissa   pas    de   se 
mettre  en  chemin  pou  de  jours  a[)rès,  vou- 
lant voir  le  jeune  roi  (pii  avait  éié  son  dis- 
ciple, et  ensuite   visiter  sa   provi-ice  aban- 
doniK^e  depuis  si   longtemps.  Connue  il  ap- 
prochait   de   Londres,    Ions    les   bmirnOois 
vinrent  au-devant  de  lui  et  le  reçurent  avec 
grande  joie;  mais  il   vint  deux  chevaliers 
de  la   part  du   roi   lui    défendre   de    passer 
outre  et  lui  ordonner  de  retourner  à  s  m 
éylise.  Ses  ennemis  en  deviment  plus  fiers, 
et  Robert  de  Broc,  frère  de  Renoul,  pour  in- 
sulter au  prélat,  co  ipa  la  qurue  d'un  cheval 
qui  portail  queliuos  ustensiles  de  sa  cui- 
sine. Le  jour  de   Noël,  l'archt'vécpie  monta 
en  (  haire,  et  fit  un  s^Tmon  à  la  fin  duiucl  il 
prédit  sa  mort  prochaine,  fondant  en  larmes 
et  attirant  celles  d-»  l'auditoire  ;  mais  il  prit 
un    ton    d'indignation  et  parla  avec  véhé- 
mence   contre  plusieurs  courtisans  du  roi 
père.  11  les  excomunniia  et  nommément  les 
deux  frères  Renoul  et  Robert  de  Broc.  Après 
la  messe,  il  tint  table  comme  il  avait  accou- 
tumé les  grandes  fêtes,  avec  gaieté,  et  quoi- 
que le  jour  de  Noël    filt   celle  année-là  le 
vendredi,  il  mangea  de  la  viande  comme  les 
autres.  On  voit  ici  1',  nliquité  de  cette  dis- 
pense de  l'abstiience  an  jour  de  Noël. 

Cependant ,  l'archeviViuo    d'York   et    les 
deux  évèipies  étant  arrivés  en  Normandie 
peu  de  jours  avant  la  fête,  se  jetèrent  aux 
pieds  du  roi,    imploiant  sa  ju.>tice   et  se 
plaignant   amèrement  que  Thomas  abu>ait 
de  la  paix  (ju'd   lui   avait  accordée,  et  que, 
dès  qu'il  était   arrivé,  \\   avait   troublé  lo 
rovaume   par  les  censures  qu'il  avait    pu- 
bié.  s  contre  eux.  Le  roi  dit  :  «  Si  lou^  ceux 
qui  ont  consenti  au  sacre  de  mon  fils  sont 
excommuniés  par    les  yeux  de  Dieu,  je  le 
suis  aussi,  i>  et  il  entra  dans  une  furimise  co- 
lère ;  or  il   était  sujet  h  s'y  laisser  emporter. 
Un  jour,  irrité  contre  un  seigneur  (pii   lui 
semblait   pn-niiie  l'intérêt  du  roi  d'Kiosse, 
il  l'appela  Iraitre  et   lui  dit  |)lusieurs  autres 
injures;  puis  il  jeta  .«on  bonnet,  ôta   son 
ceinturon,  jeta  loin  de  lui  s(m  manteau  et 
ses  habits,  d. 'couvrit  son  lit,  et  s'élanl  assis 
dessus,  se  mit  à  t  n   uulcher  la   padie.  Une 
autre  fois,  il  voulut  airacher  les  yeux  h  un 
garçon  qui  lui  av.iil  appoilé  une  lettre  désa- 
gréable, et  lui  mit  le  visage  en  sang.  Pierre 
de  Rlois,  d'ailleurs  son  adinirateur.  dil  irie 
dans  sa  i  olère  il   ét.iil   jilus  furieux    ipi  un 
lion.  Etant  donc  excité  jiar  les  trois  prélats, 
il  rommeiiça  ?i  niau.lire  inus  ceux  qu  il  avait 
nourris  el  coiiibl'  s  de  b  e-ifuls,  dont  aucun 
ne  le  vengeait  u'un  prêtre  qui  troublait  son 
royauino't  le  voulait  dé  oniller  lui-même 
de  sa  dignité,  ajoulmt  ,lu>uurs  re  roches 
rontro  Ibomas.  Alors  quatre  chevaliers  de 
SI  elianibie,  cro\nnl  'U»  pouvoir  ri,  i  f.uro 
qui  lui  lill  plus  a^^it'  il)  e  (jue  de    Iuli   i'ar- 
cherè^ue,  en  foru-ôaiit  ensemble  la  résolu- 


lion.  Ces  quatre  étaient   :  Renaud,    Fitz- 
Iri^e,   Hugues  de  Moreville,  riuillaume  de 
Tracy  el  Tticliard  le  Béton.  Us  firent  leur 
copjuratio'1  la  nuit  di-  Noël,  s'engageant  par 
serment  h  ce  meurtre,  el  le  jour  même  de  la 
fêle  ils. *e  retirèrent  secrètement  de  la  cour.  Ils 
fire'it   telle  diligence  et  eiire'".»  le  tt  mjs  si 
favorable,  qu'ils  arrivèrent  en  A^gb-lerre  le 
lundi,  jour   des    Uniocents,  et   logèrent   au 
chàleaii  de  SaKonde  (jui  était  h  1."  garde  de 
Raoul  de  Broc,  à  six   milles  de  Cantorbéry. 
Us  p^s^èrent  l.i  nuit  ^  concerter  l'cxéeMMon 
de  leur  edrepiise,  et  le  lendemain  maidi  29 
dérembre,  ayant   ass  mblé    une  troune  de 
ge'^s  du  pays,  ils  vinrt  nt   h  Can  orbérv,  en- 
trèrei  t  au  m"'na<;tère   de  Sai'ii-Augustin  et 
conférèrent  avec  (>lairemb  ud  qui   en  était 
élu  abbé,  ernemi   déclaré  de  l'archevêque. 
Us  allèrent  ensuite  h  l'arch-vêihé,   où    ils 
trouvèrent   le  prélat  qui  avait  déjà  diné  et 
s'entretenait  de  qiiehpies  alfaires  avec  ses 
moines  et  ses  clercs.  Le<  quatre  cheval  ers 
entrèrent  dans  sa  chanibre  et  sans  le  saluer 
s'assirent  5  terre  h  ses  pieds.  Après  un  peu 
de  silence,  Remud   dit   au   nom    de   tous  : 
«  Nous  venons  de  la  part  du  roi  vous  apporter 
ses  ordres.  Vonlez-vous  les  entendre  en  Se- 
cret ou  en  public  ?  Comm-^  il   vous   plaira, 
dit  l'archevêque,  et  Renaud  reprit  :  Nous  les 
dirons  donc  en  seiTct.  »  L'archevêipie  fit  re- 
tirer ceux  qui  étaient  avec  lui  :  mai>  Ihuis- 
sier  laissa  la  porte  ouverte,  afin  que  cuit 
qui    (laienl    dehors  pussent  voir  ce  (]ni  se 
passait.  Après  que  I  s  ihevalicrs  eurent  -lit 
ce  ((u'ils  vonlure:  t,  le  prélat  dit   qu'il  vou- 
lait que  I  lusieurs  person-^es  l'enten  ;issert, 
et  fil  ranpider  les  moines  et  bs  clercs,  n  ais 
non  les  laïques.  Alors  Renaud  dil  :«  Nous  vous 
ordo'inons,  de  la  part  du  roi,  d'aller  trouver 
le  roi  son  fils  et  lui   rendre  ce  (pie  vou^  lui 
devez.  — Je  crois  l'avoir  fait,  dit   l'archevê- 
que. —  Non.  dit  Ren  nid,  ]>uisque  vous  nv(^z 
susp:^ndu  les  évê]ues,  ce  qui  fait  croire  que 
vous  lui  vondiie?.  Aler  la  (ouronne  de  des- 
sus la  tête.  »  L'.irchevêque  dit  :  «  Au  con- 
traire, je    voudrais    pouvoir  lui  donner  en- 
core d'autres  couioimi's.  Et  quant  aux  évê- 
ques,  ce  n'est  pas  moi  qui  les  ai  suspendus, 
c'est    le    paie!  —  C'est  bien  vous,  dit   Re- 
naud ,  puisque    c'est  h    vttfre   poursuite.  » 
Thomas  reprit  :  «  J'avoue  que  je  ne  suis  pas 
fiM  lié'  si   le  pape  venge  les   injures    faites  h 
mon  Kglise.  »  Knsuile  il  se  plaigiitdes  torts 
et  des  insultes  qu'ils  avait   ivçus  de|mis  la 
conclusion    de    la    paix,  et    dit  h   Renaud  : 
«  Vous  eliez  présent,  vous  et  plus  de  deux 
cents  chevaliers,  ipiand  le  roi  m'accorda  de 
ronlraindre  par  li*scensures  ceux  (|ui  avaient 
tniuble    rUglive,  à    lui    faire  sali-taelion  ;  et 
jt>  ne  me  |>nis  dispenser  de  remplir  mon  de- 
voir de  pasteur.  »  .\  c«'s  mots  les  chevaliers 
se   levèrent    en   criant  :  «  > Dilà  di's  mena- 
ces I  »  F.t  rlirenl  aux  moines  :  n  Nous  vous 
coiinv      '      -  de  la  part  du  roi  de  le  garde   ; 
s'il  sis    -u  r  '•  on  s'en  jirendra  h  vous.  »  Us 
sortirent  aussitôt  et  riiomas  les  suivit  jus- 
qu'à la  porte  de  son  n'iiiehaïubre  en  disant  : 
o  Sachez  qiiejenesuis  jias  venu  pourm'en- 
fuir  et  que  je  fais  peu  de  cas  de  vos  mena- 


lîOK 


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TIIO 


ItM 


f«'s.  >>  Ils  r<'[>on<lir(Mil  :  «  Il  y  "'"""  n\\\rf  rliosn 
«]iM'  <li's  iiKMiJtccs  1  »  l'At\\\\  sdrlis  du  |i,'\l;ii.s,  ils 
Ali'M'ciil  It'iirs  cluiix»*»  ri  Inirs  nihcs  i>t  on 
vil  l(»s  (•()lt(<s  (le  mailles  duiil  ils  (''iMiciil  ro- 
Vt^lns.  (Iciiv  (lo  leur  suite  s*,iniièreiil  aussi, 
cl  (Mllre  leili'S  «\|té(>s  ils  poilaieiil  des  arcs, 
d 'S  Huches,  «les  liarlies  el  d'anire.s  iiislni- 
iiie-ds  I  (iiir  rompre  les  portes.  Tliomas  de- 
ineiirail  tr.'in(|uille  dans  sa  cliamhre,  et  loin 
de  s'eid'iiir,  h  peine  se  laissa-l-il  persuader 
d'aller  h  l'église  ef)l(>ndre  li's  v(^pres  ;  mais 
il  no  venait  cpie  d'y  eiiti-er  (piand  les  (luatri^ 
chevaliers  y  oiilrèrenl  aussi  par  le  cloilre, 
l'i^  ;«''o  h  la  main.  I.e  pi'cmier  s'('^cri.'i  :  «  Où 
est  ce  traître?  »  Kt  conuiu'  |)ersotini»  ne  n'-- 
nondail,  il  ajouta  :  «  Où  est  i'archevô(pio?  » 
l'Iiomas,  desceiidant  d(\s  dei^rés  (pi'il  avait 
lUtintés,  répondit  :  u  Me  voici  !  »  l'A  il  ajouta  : 
«  Ucnaud,  llenaud,  je  l'ai  i'ail  beaucoup  de 
hien,  el  tu  viens  aiMué  mo  clieichei-  dans 
ré,-;lise!  »>  llonand.  |)reu  mt  le  pallium  îles 
mains  de  ^.•lrt•hov(^t^ue,  dit  :  «  'l'u  vas  le  voir; 
sors,  tu  mourras  tout  h  l'heiu'e.  »  Tliotuas 
retira  le  pallium  de  sivs  mains  et  dit  :  «  Jo 
ne  sortirai  point  ;  mais  si  vous  nie  cherchez, 
je  vous  détonds,  de  la  part  de  Dieu,  sous 
peine  d'anathèmo,  do  faire  aucun  mal  aux 
miens  1  » 

Renaud  recula  un  peu,  et  voyant  que  ses 
couipagnoiis  étaient  veiuis,  il  voulut  doinier 
un  grand  coup  d'épée  sur  la  tète  de  l'arche- 
vêque; mais  un  clerc,  nomin(5  Edouard 
Grim,  étendit  le  bras  pour  lecevoir  le  coup, 
dont  il  eut  le  bras  presque  emporté  :  le 
reste  du  cou[>  porta  sui-  h-  prélat,  abattit 
son  botmet  et  le  blessa  à  la  tète.  Alors  Ue- 
naud  s'écria  :  «  Fra;>pez,  Frapjjcz  !  »  Tho- 
mas baissa  la  lAte  pour  ia  prière  et  dit  :  «  Je 
mo  rocouimiuide,  moi  et  la  cause  de  l'Eglise, 
à  Dieu,  à  la  sainte  Vierge,  aux  saints  pa- 
trons de  celte  église  et  au  martyr  saint  De- 
nis. »  Et  ce  furent  ses  don-ières  {)aro]es. 
Alors  il  se  mit  à  genoux  devant  l'autel,  les 
mains  jointes,  et  lovant  les  yeux,  il  allendit 
le  second  coup  qui  entra  [)lus  avant  juscpi'au 
cerveau,  et  tit  tomber  le  prélat  prosterné 
comme  en  prière  ;  le  troisième  acheva  de 
lui  couper  la  tète,  qui  t  ;mba  en  devant  sur 
son  visage.  Enfin,  un  nommé  Hugues  Mau- 
clerc,  enfonça  la  pointe  de  son  é|)ée  dans  'a 
tète  ouverte,  et  ré[)andit  la  cervelle  sur  le 
pavé,  puis  il  s'écria  :  «  Il  est  mort,  sortons 
d'ici  !  » 

Ainsi  mourut  Thomas  ,  archevêque  de 
Canlorbéry,  dans  la  cinquante-troisième  an- 
née do  son  âge,  le  mardi  29  décembre  1170, 
Sûr  les  cinq  heures  du  soir.  Il  reçut  tous  ces 
coups  sans  parler  et  sans  faire  aucun  mou- 
vement des  pieds  ni  des  mains.  Pendant 
qu'on  le  massacrait  dans  l'église,  d'autres 
pillaient  son  palais.  Ils  rompirent  les  portes 
et  les  serrures ,  enJevèrent  ses  chevaux, 
battirent  ses  domestiques,  ouvrirent  ses 
coffres,  partagèrent  entre  eux  l'argent,  les 
habits  et  les  autres  meubles.  Us  emportèrent 
même  les  titres  de  l'église  de  Canlorbéry  et 
les  donnèrent  à  Renoul  de  Broc  pour  les 
porter  au  roi  en  Normandie,  alin  qu'il  pût 
supprimer  ceux  qu'il  trouverait    contrai- 


res h  s(»s  prét(«(dions.  A  la  nouvelle  de  rti 
nH'urtr(!,  toute  la  ville  de  Ciuilorlx-ry  fut 
coiisteirM^e;  mai»  les  riche»»,  .saisis  «fn  crajnlfl, 
demenrèrenl  dans  lenrs  maisons  :  il  n'y  eut 
(lin*  les  pauvres  (pli  accoinureut  niiH-SitAl  h 
I  église  ileurer  b  ur  jière.  Il»  lui  hni.naiJînl 
les  mains  el  les  pieds,  ils  r/nnassaient  son 
sang  dont  ils  .si;  frottaient  les  yeut,  et  y 
trempaient  des  morceaux  <le  leurs  habits, 
(!e  (]ui  en  di-mcura  sui'  le  pavé  fut  reciiedli 
soigiMMiscnient  et  nus  dans  lu)  vase  Irès-net 
pour  le  garder  dans  l'église.  Lr's  moines  mi- 
rent le  cor[is  sur  un  brancard  devant  l'au- 
tel, et 
en 


•t  passèrent  la  nuit  au|»rès  en  l«rmes  ot 
jrieres.  Mais  le  len<lemain  malin  on 
leur  vint  dire  (pi'il  y  avait  hors  de  In  ville 
une  grande  troupe  d  •  gens  armés  r]ui  vou- 
laient enlever  h;  corns  du  saint  prélat,  lo 
tramer  par  les  rues  h  la  queue  di  s  chevaux, 
le  p(nidre  au  gibet  ou  le  mettre  en  pièces  et 
le  jeler  ei  (jui'lque  bourbim".  Les  moines, 
alarmés  de  ce  bruit,  n'soluient  de  l'initeirer 
promptemeril.  Ils  fernièieit  les  portes  de  l'é- 
glise et  (toi  terent  lecorj)sd;ui><la(ha[)(;lle  sou- 
terraine, où,  l'ayant  (le|»ouillé,ils  trouvèrent 
(]uo  sous  son  hc\bit  monastique  il  portait  un 
rude  ciliée,  et,  ce  qui  était  sans  exemph;,  des 
fémoraux  do  même  étolfe.  Ce  spectacle  at- 
tira de  nouveau  des  torrents  de  larmes,  car 
on  avait  ignoré  juscpie-lîi  qu'il  nrati  juiU 
celte  austérité.  On  le  revêtit  par-aessus  de 
ses  habits  pontificaux,  on  le  mit  dans  un 
tombeau  de  marbre  tout  neuf,  qui  se  trouva 
dans  cette  cliapclle,  ot  on  en  ferma  soigneu- 
sement les  portes.  L'église  demeura  interdite 
pendant  près  d'une  année  ;  on  couvrit  les 
croix,  on  dépouilla  les  autels  comme  au 
vendredi-saint,  et  les  moines  récitèrent  l'of- 
fice dans  leur  chapitre  sans  chanter.  (Fleury, 
t,  IV,  p.  709.) 

THOMAS  DE  FOLIGNO  (  le  bienheureux), 
franciscain,  souffrit  le  martyre  dans  la  ca- 
pitale des  Bulgares  avec  quatre  autres  bien- 
heureux de  son  ordre,  nommés  Ladislas  de 
Hongrie,  Nicolas  de  Hongrie,  Grégoire  de 
Trau  en  Dalmatie,  et  Antoine  de  Saxe.  Bussa- 
rath,  prince  schismaticiue,  qui  régnait  au  deià 
du  Danube,  surprit  la  ville  où  étaient  nos 
saints,  aidé  par  les  schismatiques  qui  l'habi- 
taient il'unde  cestnartyrsfut  massacré  dans  le 
premier  tumulte,  elles  quatre  autresfurentdé- 
capitéssurleborddu  fleuve  le  12février  1369. 
L'endroit  du  rivage  où  gisaient  les  corps  des 
martyrs  fut  illuminé  d'une  clarté  splendide. 
On  y  entendit  une  musique  qui  semblait 
provenir  des  chœurs  célestes.  Quand  on  ra- 
conta ces  prodiges  à  B  ssarath,  il  se  rendit 
immédiatement  sur  les  lieux.  Mais  quoiqu'il 
pût  faire,  son  cheval,  n'obéissant  ni  aux  coups 
ni  à  l'éperon,  refusa  d'anprocher  du  corps 
des  saints.  Alors,  descendant  de  cheval,  il 
voulut  s'en  approcher;  mais  une  terrible  ap- 
parition lui  en  défendit  le  chemin,  il  fiit 
obligé  de  se  reti-rer  l'épouvante  dans  le 
cœur.  Les  moines  du  rite  grec,  qui  crai- 
gnaient qu'on  rendit  les  honneurs  accoutu- 
més pai'mi  les  catholitjues  aux  reliques  des 
sa.nts,  amenèrent  dos  cliiens  pour  les  dé- 
vorer.   Quand  ces   animaux  voulurent  ac- 


4Î07 


THO 


TFIY 


1208 


complir  cette  horrible  ciirf^e,  la  main  do  ce- 
lui qui  commande  à  toutes  rlioses  ici-hns, 
les  frappant  d'une  fa^-on  invisil)lc  pour  les 
siiectateurs,  les  força  de  fuir  en  jetant  des 
hurlements  épouvantiblos.  L'un  d'eux,  ayant 
mordu  un  u»-  ces  corps  sacrés,  parut  inirué- 
dialement  la  gueule  en  feu  aux  yeux  des 
spec  'aleursremoiis  i'»^pouvante.  Cf  f'it  alors 
que  Dieu,  mettant  le  coir.bie  à  ces  prodiges, 
fit  sortir  le  tleuve  do  son  lit  ;  ses  vagu^^s  vin- 
rent soulever  sur  la  rive  les  corps  ipie  trtUt 
de  miracles  avaient  sloritiés,  et  Ils  placè- 
rent dans  des  cercueils  qu'a|>portôrent  des 
anges.  Quand  cet  tns'jvelisseiii''nt  miracu- 
leux fut  terminé,  le  lleuve  s'ouvrit  pour  don- 
ner aux  martyrs  une  sé|)ullure  non  moins 
miraculeuse  au  sein  de  ses  tlots.  Les  véné- 
rables reliques  n'ont  pas  été  retrouvées. 
Voilà  ce  que  raconte  Wadding,  et,  d'après 
lui,  Henrion  ;  nous  aimons  à  croire  que  dos 
faits  de  cotte  nature  ont  été  étayés  de  preu- 
ves sulFisanles  pour  que  des  auteurs  recom- 
mandal)les  en  aient  accepté  la  responsabi- 
lité. 

THOMAS  (le  bienheureux),  chevalier  hon- 
grois, avait  emb.assé  la  loi  de  Mahomfit 
alin  de  se  concilier  la  faveur  du  sultan  d'E- 
gypte. Poussé  par  un  secret  mouvement  de 
la  grAce  divine,  il  vint,  pendant  la  semaine 
sainte,  visiter  les  sanctuaires  de  Jérusalem, 
et  entra  par  hasard  dans  un  couvent  de 
franciscains,  qui  était  voisin.  Le  frère  Nico- 
las de  Monte-Corvino  lui  ayant  reproché  son 
apostasie  et  l'ayant  exhorté  à  revenir  h  Dieu, 
il  fut  touché  de  la  grAce,  et  résolut  d'allor  se 
rétracter  publiquement  au  Caire,  accompa- 
gné de  Nicolas  et  des  frères  François  et 
Pierre.  Ce  fut  le  dimanche  de  PAques  1358 
'lu'ils  furent  admis  en  présence  du  sultan. 
Ils  lui  parleront  avec  une  si  généreuse  li- 
berté que  ce  prince,  rempli  de  colère,  les  li- 
vra au  cadi  qui  les  condamna  à  être  coupés 
])ar  morceaux,  puis  consumés  par  le  feu,  le 
4  avril  1358.  (Wadding,  an.  135'*,  n"  9.) 

THOMAS  DE  TOLENTINO,  le  bienheu- 
reux), fran(iscain,  partit  avec  trois  autros 
moines  de  son  ordre,  nommés  Pierre  de 
Sionne,  Démétrius  de  Tillis  ol  Jacques  de 
l'adoue,  pour  aller  prêcher  l'Evangile  dans 
le  Kathai,  dirigés  par  uii^élé  dominicain 
français  nommé  Jourdain  Catalini.  Forcés 
par  ilivorsos  circonslancos  daborderh  Tana, 
capitale  de  l'ile  Salsette,  ils  y  versèrent  leur 
sang  pour  la  défensodu  nom  do  Jésus-Christ. 
[Voy.  pour  les  détails  l'article  Martyrs  de 
Taxa.) 

THOMAS  lo  bionhfMiroux'^  ot  ses  compa- 
gnons Malhias  son  frère,  Marthe  sa  mère, 
furent  déca|)ités,  le  28  janvier  1613,  pour  la 
foi  chrétienne  dans  !»«  royaume  d'Ariina.  qui 
fait  partit-  du  Japon.  Thomas  et  Mathias 
avaient  deux  enfants  :  Jacques  et  Just  qui 
})artagèrent  la  gloire  i\r  h'ur  martyre.  11  n'est 
pas  dit  de  qui  ces  doux  jeunes  enfants 
étaient  los  fils. 

THOMAS,  (le  bienhouroii\\  fut  martyrisé 
en  H»08,  au  Ja[>on,  dan»  lo  royaume  de 
Fingo,  avec  Faciémon  son  père,  «liro/.ayé- 
mon  Joachim,  Jean  Tingoro,  et  Pierre,  tils 


de  ce  dernier.  On  peut  voir  les  détails  de 
leur  martyre  au  titre  GiROZAVÉMoy.  Notre 
bienhoureux  n'avait  que  douze  ans.  Ayant 
appris  sa  condamnation,  il  courut  se  revêtir 
de  SOS  plus  beaux  habits,  et  vint  spontané- 
ment au-dcv.'-n  du  cortège  funèbre,  qui  se 
dirigeait  vers  le  lieu  du  supplice.  Il  sauta 
au  cou  de  son  père  en  lui  témoignant  sa  joie 
d'èlre  associé  a  son  sort.  Lorsqu'on  fut  ar- 
rivé au  lieu  du  supplice,  les  saints  confes- 
seurs attendirent  quelque  temps  que  l'autre 
enfant  arriv;U  ;  mais  comme  il  ne  venait 
pas,  ils  furent  décapités  en  son  absence. 

THOMAS  lie  princej,  tils  de  la  |)rincesse 
Agnès,  potit-Qls  de  Jean,  fils  de  Sounou,  ré- 
gulo  cfiinois,  fut  baptisé  en  1721,  avec  son 
frère  Matthieu  ei  ses  deux  sœurs,  sa  mère 
Agnès  et  sa  grand'raère  Cécile.  Il  partagea 
Icxil  que  l'empereur  Young-Tching  pro- 
nonça en  172'»,  contre  toute  sa  famille,  cou- 
pable presfpie  tout  entière  d'avoir  em- 
brassé la  foi  chrétienne,  et  fut  envoyé  à 
Yeou-Oué,  petite  place  militaire  de  la  Tar- 
tarie,  à  90  lieues  de  Pékin,  au  delà  de  la 
grande  muraille.  Peut-être  fut-il  de  ceux  que, 
l'année  suivante,  atteignit  le  jugement  qui 
condamnait  plusieurs  des  petits-tils  de  Sou- 
nou à  être  mis  à  mort.  On  croit  que  l'empe- 
reur commua  la  peine.  iPour  les  détails  de 
cet  exil,  voy.  Cbine  et  Sounol.) 

THOMAS,  ancien  aumônier  de  l'hôpital 
de  Château-Gonlhier,  fut  guillotiné  à  Laval 
lo  21  janvier  179i,  avec  treize  autres  prêtres. 
Les  facultés  de  ce  saint  ecclésiaslimie 
étaient  très-affaiblies,  au  point  que  pailois 
sa  tète  s'égarait  com|)létement.  Le  jour  de 
sa  mort.  Dieu  lui  rendit  la  plénitude  de  sa 
raison,  et  il  répondit  avec  beaucoup  de  pré- 
sence d'esprit  à  toutes  les  questions  qui  lui 
furent  adressées.  Peu  après  son  interroga- 
toire, sa  tète  roulait  sur  l'échafaud.  (Tiré 
dos  Mémoires  ecclésiastiques ,  etc.,  j>ar 
M.  Isidore  Boullier,  curé  de  la  Sainte-Tri- 
nité de  Laval,  18i6.) 

THONIUS,  l'un  des  trente-sept  martyrs 
égyptiens  qui  donnèrent  leur  sang  pour  la 
foi  en  Egypte,  et  descpiels  Ruinart  adonné 
los  Actes  authoiitiquos.  Voy.  .Martyrs  ^los 
trenle-sopt)  égyptiens. 

THRASÉ.\S'( saint),  évêque  d  Euménie, 
fut  martyrisé  à  Smyrne,  dans  les  domières 
années  du  règne  de  .NLarc-.\urèle.  L'Eglise 
vénère  sa  mémoire  le  5  octobre. 

THUASON  isaiiil\  martyr,  employait  son 
bion  à  nourrir  no!i-seulemoiit  les  clirélioiis 
qui  travaillaient  aux  bains  et  autres  ouvrages 
publics,  mais  aussi  ceux  (uii  otaiont  en  pri- 
son. Il  fut  donc  airèté  par  Vordro  do  l'empe- 
reur Maximien,  et  reçut  la  couronne  du  mar^ 
tyre  avec  Pontien  et  Prétextât,  ses  doux  com- 
pagnons. L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  11  dé- 
cembre. 

THYRSE  [saint),  diacre,  disciple  de  saint 
Polycarpe.  fut  envoyé  par  lui  dans  les  (iau- 
les,  avec  saint  Bénigne  et  saint  Andoche, 
piètres,  pour  y  prè»  lier  l'Evangile.  Heureu- 
srincnl  arrivé  h  .Marseille,  il  vint  l\  Lyon, 
|tuis  h  Autun,  où  de  nombreuses  conver- 
sions eurent  lieu  ;  puis  il  vint,  avec  saint 


vim 


Tl!l 


TIC. 


r^io 


Andoclio,  ?i  Sn>ili(Mi,  pi^s  (rAuhiii,  clio/,  un 
niarcliaïKl  iioiiiiik''  Im-Ux,  (|iii  les  t-cnil  et  leur 
oiVril  sa  nuiisoii  pour  y  iiistniirc  les  pirsoii- 
iics  (pii  voiidiait'iil  l(»s  rcoiilcr.  |Iii  (dlicicr 
du  t;<)iiv('iiiciir,  (Hniit  venu  (In-/.  I''(''li\  pour 
y  lo^cr,  (>l  y  ayaul  tfouvc'i  lus  saiiils,  (pii  y 
i'aisaitnil  leurs  iiislrnclions,  s'oii  l'ut  les  dé- 
iiiMicor.  \ai  gouvcnifiu'  les  lil  arrcHcr  avec 
Kélix.cpii  voulut  <Mr('  \o  ((Mupa^iion  di^  leurs 
(lanj^'ers  el  de  lours  li-ioinplies.  D'alxud  on 
les  lit  foueller,  susiieiidrc^  pendant  loul  un 
jour  par  les  mains  ;\  des  nrhres,  les  pi(>(|s 
(■liarf;és  (le  f^rosses  |)ierres,  el  ensuilojeler 
(lins  lo  rou,(|ui  iw  les  hrAla  point.  K«'s  |)er- 
sécutiMirs,  voyant  cela  ,  les  assouinu-renl  j\ 
coups  de  hAlons.  L'l']^iis(>  célèbre  la  l'Ole  de 
cos  saints  uiai'lyrs  le  liV  seplend)re. 

TIIVUSK  ^sainl),  eut  la  j;loire  (l(>  donner 
sa  vie  |)our  Jésus-l-luist  en  llilliynic»,  sous 
l'empire  d(>Dèce,  avec  saint  ('ail  ini(pieel  saint 
Leuce.  Nous  tie  savons  ri(Mi  de  positif  sur 
ces  trois  saints  ;  ce  qu'on  en  raco'ile  (;ounno 
détail  n'a  aucun  caractèn^  d'aulhtMiticiié  ; 
mais  de  tout  lem[)s  ils  ont  été  on  li'ès-grando 
vén(''ration  dans  l'Kglise  qui  célèbre  leur 
fôte  le  :28  janvier.  Saint  Tliyrse  et  saint  Cal- 
liniquo  eurent  la  lèle  tranchée  ;  quant  à 
saint  Loue  ',  il  expira  au  moment  oCi  l'on 
cessait  de  le  tourmenter. 

THYUSE  (sauili,  fut  martyrisé  avec  saint 
Prix,  dans  un  lieu,  à  une  époque  et  dans 
des  circonstances  qui  nous  sont  inconnues. 
L'Kglise  fait  collectivement  leur  mémoire  le 
2'i.  janvier. 

THYUSE  (saint),  fut  martyrisé  à  Alexan- 
drie, avec  les  saints  Saturnin  et  Victor.  Nous 
ignorons  à  quelle  époqui^  et  dans  quelles 
circonstances.  L'Eglise  fait  collectivement 
leur  sainte  mémoire  le  31  janvier. 

TIBÈRE  ou  TiBERY  (saint),  habitait  Cesse- 
ron  ouCessarion,  dans  les  environs  d'Agde, 
à  peu  de  distance  de  Béziers  (12  kilora.).  11 
était  très-jeune  :  son  père,  voulant  le  con- 
traindre à  adorer  les  idoles,  lui  fit  endurer 
plusieurs  tourments  et  la  prison,  et  enfin  le 
dénonça.  11  fut  arrêté  avec  un  chrétien 
nommé  Modeste,  et  mis  avec  lui  en  prison. 
Tous  deux  eurent  à  soulTrir  des  tourments 
atroces  ;  mais  rien  n'ayant  pu  abattre  leur 
constance,  on  les  condamna  à  être  décapités, 
et  ils  furent  mis  à  mort  au  lieu  même  oii  ils 
demeuraient.  Vers  la  fin  du  vm'  siècle,  on 
fonda  en  leur  honneur,  en  ce  lieu,  une  ab- 
baye régulière  de  Bénédictins.  L'Eglise  fait 
leur  fête  le  10  novembre.  Le  martyre  de  ces 
deux  saints  eut  lieu  dans  le  commencement 
du  IV'   siècle,  sous  l'empire  de  Dioclétien. 

TIBÈRE  (Claudius  Nero),  successeur  d'Au- 
guste, deuxième  empereur  romain,  monta 
sur  le  trône  en  l'an  14.  Nous  n'avons  à  par- 
ler ni  de  l'habileté  gouvernementale,  ni  de 
la  cruauté,  ni  des  débauches  de  ce  prince  ; 
Nous  ne  trouvons  dans  sa  vie  que  peu  de 
chose  qui  ait  rapport  à  l'Eglise  et  à  ses 
persécutions.  PiJate  ayant  adressé  à  Tibère 
un  rapport  détaillé  de  tout  ce  qui  s'était 
passé  en  Judée  relativement  à  Jésus-Christ, 
à  ses  miracles,  à  sa  résurrection,  et  aussi 
relativement  aux  apôtres  et  à  la  doctrine 


(pi'ils  prêchaient,  ce  princo  «e  aontit  porté 
\\  r.ivonser  les  chrétiens.  Il  demanda  au 
se;  al  (h;  meltr<!  J(Vsus-('.hiist  au  noudjie  des 
dieux.  Ayant  été  refusé  pnrcoll(î  compagnie, 
il  délendit,  sous  pcunit  (h;  mort,  qui;  l'on 
conlirni.lt  de  |>ers('culer  l(!S  chrétiens.  11  est 
très-probable  rpie  cet  ordrc!  donné  ()/ir  Ti- 
bère; arriva  après  la  conversion  de  saint  F'aul 
ot  la  persécution  ([ui  sévissait  lï  Jérusalem. 

TIMEUV  (saint),  h;  même  que  saint  Ti- 
bère. 

TIIUIRCE  (saini),  fui  martyrisé  [)Our  la 
défense  de  la  ridigion  chriHienne,  à  tronto 
milles  d(;  Rome,  dans  h»  pays  d(!S  Sabiiis. 
Nous  n'avons  pas  (h;  détails  a\ilh(;nli(jues  sur 
lui,  sinon  qu'd  soull'rit  avec  hîs  saints  Hya- 
cinthe et  Al(!xandre.  L'Eglise;  fait  leur  mé- 
moire (•olleclivement  le  1)  septembre. 

TIRllIU'-E,  (pialilié  président  dans  le  Mar- 
tyrologe romain,  lit  mourir  par  le  glaive, 
durant  la  persécution  de  Dèce,  dans  la  viilo 
d'Are/./.o  en  Toscane,  les  deux  jeunes  frères 
Laurenlin  et  Pergentm ,  qui  avaient  fait 
beaucoup  (h;  mirae^les  durant  la  [xjrsécutiot;, 
et  (jui  donnèretit  l(;ur  vie  pour  la  foi  mal- 
gré leur  extrême  jeunesse. 

TIBURCE  (saint),  martyr,  frère  de  Valé- 
rien,  le  mari  de  sainte  Cécile,  fut  converti  à 
la  foi  par  les'  exhortations  de  cette  sainte. 
Il  fut  arrêté  avec  Valérien  pour  cause  do 
christianisme,  et,  par  ordre  du  préfet  Alma- 
que,  il  fut  d'abord  frappé  à  coups  de  bâtons, 
puis  décapité.  Maxime,  l'un  des  officiers  du 
préfet,  louché  du  courage  des  deux  saints 
martyrs,  se  convertit,  et  fut  lui-même  mis  à 
mort.  On  le  frappa  avec  des  cordes  garnies 
de  plomb  jusqu'à  ce  qu'il  rendît  l'Ame.  L'E- 
glise fait  la  fête  de  ces  saints  le  14  avril, 
[Voy.  Cécile.) 

TIBURCE  (saint),  fils  de  saint  Chromace, 
préfet  de  Rome,  en  284,  sous  l'empereur  Ca- 
rin,  se  convertit  avec  son  père,  que  saint 
Tranquillin  et  saint  Polycarpe,  prêtre,  gué- 
rirent de  la  goutte  ,  après  l'avoir  baptisé. 
Tiburce  étudiait  le  barreau  :  il  quitta  la  pro- 
fession d'avocat,  e'  fut  ordonné  sous-diacre 
par  le  pape  saiit  Caïus  ;  peu  de  temps  après, 
il  fat  arrêté  par  les  païens  pour  cause  de 
christianisme.  Après  avoir  subi  plusieurs 
tortures,  il  fut  ùéca^nté  sur  la  voie  Lavicane, 
à  trois  milles  de  Roue,  où  depuis  une  église 
fut  bàti^  el  placée  sous  son  invocation.  La 
cathédrale  de  Soissons  possède  une  partie 
des  reliques  do  saint  Tiburce.  11  est  honoré 
par  l'Eglise,  avec  saint  Chromace,  son  père, 
le  11  août.  {Voy,  les  Actes  de  saint  Sébastien, 
à  son  article.) 

TIGUIUS  (saint),  martyr,  versa  son  sang 
k  cause  de  l'intérêt  qu'il  avait  pris  à  saint 
Chrysoslome.  On  le  dépouilla  de  ses  habits, 
on  le  fouetta  sur  le  dos,  on  lui  étendit  les 
mains  et  les  pieds  sur  le  chevalet  avec  tant 
de  violence,  que  ses  membres  en  furent  tout 
disloqués.  Il  souffrit  ce  supplice  vers  la  fin 
de  Tan  'î04.  L'histoire  ne  dit  point  qu'il  soit 
mort  dans  le  supplice,  et  il  n'y  a  pas  lieu  de 
le  croire,  puisque  Pallade  dit  que  le  prêtre 
Tigrius  fut  relégué  dans  la  Mésopotamie. 
L'Eglise  honore  sa  mémoire  le  12  janvier. 


mi 


TIM 


TIM 


1212 


TlMf'E  (saint),  martyr,  mourut  pour  la 
foi  (  hn'-lienno,  en  l'.in  3»3  di'  Jc'sus-Christ, 
50US  li^  règne  «lo  Sapor  dit  Lon^'ii.>-Vio.  Il 
«^lail  laiqup  ot  liabiJait  1.»  iirovi'ire  de»;  Huzi- 
tos.  Sa  iV'le  c.^f  iiiscrilo  le  30  noveiiil»te  au 
Marfvrnlogp  romain. 

TIM»  )L  A  US  (saint),  martyr,  fut  dé.-npih'  h 
Césaréo  eu  Paleslinc,  sous  le  prt'-sidcut  Ur- 
bain, dans  la  persécution  de  Dioelc^-tion.  fi 
ouf  pour  compagnons  de  son  martvre  les 
deux  saints  Dinvs,  les  deux  sai'Us  AlexaM- 
dre,  saint  P.ui>«lde,  saint  Romule  *  t  saint 
Agapo.  C'est  le  i't  mars  que  l'Eglise  honore 
leu.'  mt^mnire. 

TIMON  (saint),  «^tait  l'un  des  sept  premiers 
diacres.  Il  fit  ii'altor.l  sa  résid<'ncc  à  Biuée, 
de  là,  cont.Miiant  h  répanlrt?  la  précieuse 
semence  de  la  parole  de  Dieu,  il  vi-^t  à  Co- 
rinthe,  oïl,  selon  la  tiadilion,  les  Juifs  et  les 
Grecs  le  jetèrent  dans  le  feu  ;  mais  n'en 
ayant  reçu  aucune  atteinte,  il  fut  eutin  atta- 
ché à  une  etoix,  où  il  accomplit  son  mar- 
tyre. L'Eglise  l'a  mis  au  nombre  des  saints, 
et  honore  sa  mémoire  le  19  avril. 

TIMOTHÉE  (saint),  disciple  de  saint  Paul, 
évèpie  d'Kjjlièsc,  martyr,  était  de  Derbe  ou 
plutôt  de  Lyslre,  toutes  deux  villes  de  Ly- 
caonie  ;  son  père  était  gentil ,  mai>  sa  mère 
était  juive  et  j)eut-étre  j)arente  de  saint  Paul. 
Elle  s'ai)pelait  Eunice  ;  sa  grand'mère  se 
nommait  Loide,  et  elles  avaient  toutes  deux 
embrassé  la  religion  chrélien;ie  nva'U  saint 
Timotiiée.  Saint  Paul  les  loue  pour  la  sincé- 
rifi'  de  leur  foi.  Lorsque  cet  apôtre  [lassa  à 
Derbe  et  à  Lysfre,  il  y  avait,  disent  les  Ac- 
tes, un  discijtle  nommé  Tiinolliée  (ce  qui 
marque  qu'il  était  chrétien  dès  au})aravant) 
h  qui  les  frères  de  Lystre  et  d'I(  oie  ren- 
daient uu  témoignage  avantageux.  Il  avait 
appris  les  saintes  lettres  dès  son  enfance. 
Sanit  Paul  voulut  qu'd  le  suivît,  et  Timothée, 
préférant  à  tout  s  ciioses  la  compag  :ie  de 
cet  ai)ôlre,  abandonna  son  pays,  sa  maison, 
son  père  et  sa  mère, afin  de  le  suivre.  Ainsi, 
dit  Chry>o>tome,  Dieu  rendit  à  saint  l'aul,  eu 
Timothée,  ce  qu'il  lui  avait  ôlé  [)ar  la  re- 
traite de  saint  Runa.ié.  Il  était  |)auvre  aussi 
bien  (jue  sainr  Paui,  et  il  n'eût  pas  pu  èfic 
son  disciple,  s'il  n'eôt  aiyié  la  (tauvrelé,  les 
sou(Tran<;es  el  tnulfs  les  autres  peines  dont 
celui  (ju'il  prenait  pour  maître  l'aisait  sa 
gloire  el  sa  joie.  Saint  Paul  le  circoncit  à 
Lysirt'  avant  que  de  le  prendre  en  sa  com- 
pag'ue.  Saint  Cliry>o^toine  admire  la  [)éné- 
tralion  d'esprit  avec  laquelle  saint  Timothée 
couipiil  les  laisK'is  de  sagesse  el  de  {)ru- 
«lence  qui  ubligi-aient  saint  Paul  à  le  faire 
circoncire,  et  on  peut  encore  admirer  lliu- 
mililé  avec  la  piel.e  il  s'y  soumit.  Saint  Paul 
raéme  nous  apprtnd  (ju'il  s'était  fait  diver- 
ses |»rophélies  sur  son  sujet,  par  où  il  nous 
manjuc  peut-èlre  qu'il  ne  l'avait  pris  avec 
lui  et  ne  l'avait  circoMi  is  ipie  par  un  ordre 
exprès  idu  Saint-Espril.  Après  qu'il  fut  cir- 
concis, saint  P>Mil  lui  coniia,  dit  saint  Clirv- 
sostoiue,  tout''  l'économio  el  le  minislùre  île 
la  pMilication,  quoiqu'il  fût  emore  bien 
jeune  ;  de  sorte  qu'il  fut  l'ail  <  u  mèiuf  temps 
Uisciplu  el  Diailiu,  sa  vcttu  eilraurdinairo 


suppléant  au  défaut  de  l'âge;  et  aussi  il  pa- 
raît que  le  seniime  it  de  saint  Chrysosfome 
a  été  que  Timothée  fut  fait  évéque  aussitôt 
après  sa  circoncision.  Ou  ne  peut  dmitorau 
moins  qu'il  ne  le  fût,  lorsque  saint  Paul  lui 
écrivit,  puisqu'il  lui  parh'  de  l'imposition 
des  mains  et  des  accusations  coitre  les  prê- 
tres. Il  ne  fui  l'ail  évè que  ((iie  par  u'^e  pro- 
phétie el  un  ordr  •  particidiei-  du  Sainl-Es- 
jtrit.  Ce  fut  saint  P.nil  (\>n  lui  imposa  les 
mains,  et,  en  reeevnnl  larcetb' imposition  la 
grâce  du  Saint-Es[irif,  il  reçut  le  [touvoir 
non-seuleme'it  de  gouverner  l'Eglise,  ni.iis 
encore  de  faire  des  mirachs.  Aussi,  saint 
Chrysostome  dit  qu'il  ressuscitait  ménie  les 
morts.  11  travaillait  avec  saint  Paul  |>our  l'E- 
vangile, comme  in  fils  avec  son  père;  et 
cet  a|»ôtre  l'appelle  non-seulement  son  (ils 
très-cher  et  très-ûdèle,  mais  aussi  son  frère, 
le  coiiipngi.on  de  s  s  trnaiix,  en  un  mot, 
un  homme  de  Dieu.  Il  assure  <|u'il  n'avait 
personne  qui  f;">l  uni  avec  lui  d'es[>rit  el  de 
cœur  comme  l'était  son  Timothée.  Il  recom- 
mande aux  Corinthiens  de  ne  le  pas  mépri- 
ser, ]inrce  qu'il  travaillait  i>our  le  Seigneur 
aussi  bien  que  lui,  et  il  le  joint  avec  lui 
dans  le  titre  de  plusieurs  de  ses  lettres.  Cette 
affection  ipie  saint  Paul  avait  pour  lui  .'■uf- 
tii  }iour  ju^erde  l'estime  que  nous  en  devons 
avoir.  Cet  apôtre,  après  avoir  pris  avec  lui 
saint  Timothée,  passa  de  l'Asie  en  Macé- 
doine, où  il  prêcha  h  Phiiippes,  à  Thessalo- 
niqneet  à  Bérée.  En  quittant  Bérée  jour  al- 
ler i\  Athènes,  il  y  laissa  Si  as  et  Timothée, 
et  lorsqu'il  fut  h  Athènes,  il  leur  mand.i,  ,  ar 
quei(pies  chrétiens,  de  l'y  venir  proiiipti-menl 
trouver.  Saint  Timothée  y  étant  venu,  saint 
Paul  le  renvoya  d'Athènes  h  Thessalonique 
lour  y  fortifier  la  foi  dos  chrétieus  cunlie 
es  persécutions  qu'ils  soufi'iaient  alors.  11 
'appelle  diaere  ou  ministre  de  Dieu,  et  il  se 
peut  bien  faire  ipi'il  re  fôt  eneore  que  dia- 
cre. Timotiiée  trouva  l'Eglise  de  Thessaloni- 
que en  fort  bon  état  el  revint,  avec  Silas, 
tro  iver  saint  Paul  à  CoriiiHie. 

Peu  de  lem|>s  après,  rA[>ôtre  écrivit  sa 
première  Fpitrc  nus  Thrssnlouicinis.  où  il 
j:  iiit  avt'i'  lui  ces  deux  saints  dans  l'inscr  n- 
tion,  el  il  fait  la  même  chose  dans  la  seconde 
le;tre  h  la  même  Eglise;  ce  ([ui  suflil  pour 
monlrer  (lue  saint  Timothée  n'a  porté  ni 
l'une  ni  l'aulre,  quoiuue  quel«iues-uns  le 
prétt'ndenl.  De  Ciu-inllie  saint  Paul  fil  uu 
vowige  à  Jéiusalein,  d'où  il  revint  prêcher  à 
Eplièse,  et  après  y  avoir  passé  environ  deux 
ans.  comme  il  était  dans  le  dessein  de  cpiit- 
ter  l'Asie  pour  retourner  e^i  Macédoine  et 
en  Achaie,  il  envoya  devant  lui.  en  Macé- 
doine, deux  deceux(jui  le  servaient,  savoir, 
Timotiié'c  et  Erisie.  C'était  apparemment 
pour  faire  préparer  les  aumônes  qu'îl  re- 
cueillait pour  les  chrétiens  de  Jéiu>alcm.  U 
tlouna  aussi  ordre  à  Timollié-r  d'aller  .^  Co- 
rinthe  pour  y  repréaentcr  aux  chrétiens 
l'exemple  de  sa  vertu,  pour  leur  remettre 
dans  l'esprit  la  doclr.iit^  qu'il  leur  avait  ap- 
prise comme  il  renseignait  partout  ailleurs, 
el'peul-êlre  au^si  pour  leur  faire  de  sévères 
réprimandes.  Ecrivaul  peu  après  aux  Corin- 


ms 


TIM 


TIM 


ï-iU 


tliicMs,  il  leur  tcdommMiulc^  d'/wnir  soin  ((iio 
'IiiikiIIh'c  Ii'iI  dit'/  eux  en  assiii;iii((\  ni  tl<' 
In  i'0('(iii(ltiii'o  un  |i/iix.  On  cioil  (jms  lors- 
que sninl  'l'iiii()lli('('  l'nl  venu  h  ('niinilit',  les 
chnWicns  lo  |)i'iôi'ciil  ilc  «iriii.uiili'i-  t\ti  Icin* 
part  h  .sainl  l'an!  lo  panioii  (l(^  l'intostiiuiix 
(lu'il  jiviiil  cxcominiiiiit',  cl  il  lil  ce  tprils 
.Noiiii.iiiaicnl.  Apiè^  (pi'il  ciU  vv^^ïi''  luiilcs 
<'lu>sos  »  (iorinllic,  il  idonnia  en  Asie  limi- 
ViT  s.'ii'U  l'iiiil  (|.  I  rall(Miil,ii(,  <'t  (pu  ;i\aii( 
mis  ortlni  avec  lui,  dil  sain!  (llir.  >osl(mH', 
«n\  adaiics  do  l'Asie,  passa  en  iSlaeédoine 
{n\  il  le  mena  avec  lui.  Il  joinl  son  nom  au 
sitv)  «laus  le  (ilre  de  la  seconde  épilre  anv 
Cofinlliie  Ks,  (''Cl  ile  peu  do  mois  aprcVs  ,  el  il 
lail  ses  recomiiiaiidalions  aux  Humains  , 
dans  kl  h  (tre  iin'il  leur  éeiivil,  lorsipiil  lut 
venu  do  Maiédoin  •  «^  ('orinlho.  Sainl  Timo- 
tiic^o  l'aecompa^j^iia  (Uieoce  jusiprà  IMiilippes, 
J(M's.pio  de  (lorinllie  il  voulut  lelouiiier  i\ 
Jc^rusalem,  ot  l'ayanl  laissé  h  Flnlippes,  il 
l'alla  altendi'e  à  'IVoadooù  sainl  Paul  le  vint 
l'ejoindro  ipieJijues  jours  apr(''s. 

On  no  (iil  point  oc  (pio devint  saint  Timo- 
Ihéo  duiaid  les  deux  années  que  saint  Paul 
lut  piis.)nnu'r;iCé>ai'éo  en  Palestine,  il  peut 
néaiunuins  ùlre  denunu'é  d;vns  ce  temps-là 
méiue  au|tiès  de  lui.  O'i  présume  aussi  (pi'il 
l'aecompagna  lorsqu'il  fut  mené  prisonnier 
à  Uonie.  11  est  eeiiain  en  eiïet  que  saint  Ti- 
niolhéi!  élait  à  Uome  lorsijue  cet  apAli'e  éeri- 
vil  à  Philénmn,  auX  Philifipiens  et  au\  Co- 
lossiens,  f)ui3quil  est  nommé  eonjointoment 
avec;  lui  dans  le  litre  «le  ces  trois  lettres. 
Sainl  Paul  mande  aux  Pli  lippieus  qu'il  es- 
pérait de  le  leur  etvo.yer  bientôt,  alin  d'ap- 
piendre  par  son  moyen  en  quoi  état  ils 
étaient.  11  y  a  apparence  qu'il  le  fit  et  que 
Timotliée  eut  le  bonheur,  dans  ce  voyage, 
d'être  l'ait  prisonnier  pour  le  norn  de  Jésus- 
Christ;  car  saint  Paul,  é(U'iva.:t  aux  Hé- 
breux l'année  suivante,  leur  mande  que  Ti- 
luuthée  était  sorti  de  prison,  et  il  est  cer- 
tain qu'avant  l'an  Gi  il  avait  confessé  glo- 
rieusement la  vérité  en  présence  d'un  grand 
noujbic  de  témoins,  il  n'éiait  pas  encore 
revenu  trouver  saint  Paul,  lorsque  cet  apo- 
tie  écrivit  aux  Hébi'oux,  à  qui  il  mande  que 
s'il  revenait  bientôt  il  les  irait  voir  avec  lui. 
C'était  comme  un  mérite  qu'il  se  fais  it  au- 
près d'eux,  car  il  y  a  ajjparence  que  saint 
Timothée  n'était  (jos  odieux  aux  Juifs,  en 
faveur  desquels  il  avait  bien  voulu  se  sou- 
mettre à  la  circor.cision. 

11  revint  apparemment  assez  tôt  pour  ac- 
compagner saint  Paul  en  Orient.  Au  moins, 
nous  savons  que  saint  Paul,  passant  d'Asie 
en  Macédoine  (an  6i),  le  laissa  à  Ephèse  et 
le  pria  d'y  demeurer  pour  corriger  quel  jues 
])ersounes  qui  semaient  une  fausse  docîriiie, 
pour  y  régler  les  prières  de  l'Eglise,  y  pren- 
dre soin  de  la  conduite  de  toutes  sortes  de 
personnes  et  de  la  subsistance  des  prôtres, 
y  reprendre  publiquement  les  pécheurs,  y 
juger  les  prêtres  mêmes,  y  imposer  les  mains 
à  ceux  qu'il  faudr.it  élever  au  niinisière  de 
l'Eglise,  y  ordonner  des  diacres  et  même 
ûos  évoques  ;  car  il  lui  remettait  le  soin  de 
toutes  les  Eg'ises  (i'.-.3ie   Ainsi,  saint  Paul 


l'élaldil  évArpie  d'l'",plicse,  ot  rVst  lui  qui  se 
(l'Olive  le  piiMiiin- en  avoir  j^ouvoilié  l'I'glisr! 
on  eello  (piaillé.  On  voit  dans  lo  concilu  do 
Calci''i|oiiie  que  saint  'riiiioiliée  étrdt  alors 
coiisidt'-ré    (Miilliie    le    picmier    des    év/'qiies 

d  l'ipliéso,  dont  on  en  comptait  17  jusql^^ 
lilnnine  déposé  par  ce  corK^ite.  Maxime  é  ail 
proconsul  d'Asie,  selon  li's  Actes  de  'ainl 
'l'imothée,  lorsque  ce  saint  en  fut  établi  évô- 
(pio  par  sailli  l'.ml.  On  (•roil  iiiie  l'a,  'tlrr* 
ir(''tait  pas  encore  parti  do  Macédoine  ondes 
environs,  lorsqu'il  lui  écrivit  sa  priniiièc 
i''j)lln',  où  il  lui  donne  divers  piéceples  laiil 
pour  se  régUr  liii-iiiiMiie  ipie  pour  gouV(M'- 
iier  les  autres,  alin  (pie,  s'il  ne  pouvait  nns 
le  i(  voir  sitnl,  il  sùl  do  qn»  lie  nianic'-re  il  se 
devail  Cl  nduirodans  roxircice  de  sa  charge. 
Il  espérait  né  inmoins  aller  bientôt  le  revoir. 
Nous  appro-'oiis  do  celle;  lettre  ipie  saint 'l'i- 
niolliée  ne  buvait  t]uv  de  l'eau.  Mais  coiiiine 
il  l'tait  souvisnl  malade  et  qu'il  avait  l'oslo- 
niac  Iros-raible,  se  l'étant  gAté  jiar  sos  gran- 
des austérités,  et  ayant  bien  voulu  éire  in- 
lirine  peur  plairt;  h  Dieu,  saint  Paul  lui  or- 
donna d(!  boire  un  peu  de  vin,  alin  (pi'il  ré- 
tablit sa  santé  ;  mais  il  ne  lui  ordonna  pas 
d'en  boire  beaucoup,  parce  qu'il  nous  est 
utile  (pie  la  chair  soit  faible  afin  que  l'esprit 
en  soit  |)lus  fort  el  plus  vigoureux.  11  lui 
eût  été  aisé  de  le  guérir  })ar  miracle,  comme 
il  en  guérissait  tant  d'autres  ;  mais  la  foi  de 
Timothée  était  trop  forte  pour  av(nr  booin 
de  cette  faveur  extérieure  et  tem[)Oielle.  Il 
élait  encore  alois  assez  jeune,  ce  fpii  ne 
nous  oblige  pas  né;>nraoins  de  dire  qu'il 
eût  moins  de  quarante  ans.  Rien  ne  nous 
empêche  de  croire  que  saint  Paul  le  vint  re- 
voir à  Ephèse,  comme  il  le  lui  avait  fait  es- 
pérer, il  ne  le  quitia  cette  dernère  fois  que 
pour  retourner  à  Rome  et  y  aller  recevoir  la 
couronne  du  martyre.  Saint  Timothée,  qui 
était  attaché  à  lui  par  un  amour  extnhne- 
mont  tendre,  ne  le  put  laisser  aller  s  ins  ré- 
pandre beaucoup  de  larmes.  Saint  Paul  n'ou- 
blia jamais  cctie  mannie  de  sa  tendresse.  11 
se  souvenait  continuellement  dans  ses  priè- 
res de  ce  cher  disciple  dont  il  aimait  si  fort 
la  foi  sincère,  et  il  regardait  mèine  ce  sou- 
venir comme  une  grâce  qu'il  avait  reçue  de 
Dieu. 

Il  ne  perdit  jamais  aussi  le  désir  de  le 
voir  encore,  dans  l'espérance  que  cette  vue  lui 
donnerait  à  lui-même  une  pleine  joie.  C'est 
pourquoi,  étant  arrivé  à  Rome  et  déjà  fort 
proche  de  sa  mort,  il  lui  écrivit  une  seconde 
lettre  qui  était  toute  pleine  de  tendresse  et 
de  consolation,  et  comme  son  testament,  par 
laquelle  il  lui  manda  de  le  venir  prompte- 
mont  trouver  avant  l'hiver  ;  car  il  souhaitait 
de  le  voir,  non-seulement  pour  avoir  celte 
consolation  avant  sa  mort,  mais  peut-être  en- 
core pour  lui  recomniander  et  lui  coniier 
beaucoup  de  choses.  11  lui  mande  d'amener 
Marc  avec  lui,  et  de  lui  apporter  diverses 
choses  qu'il  avait  laissées  à  Troade,  ce  qui 
marque  fpie  sainl  Timoihée  pouvait  être 
alors  dins  l'Asie,  quoiqu'apparemment  ii  ne 
fi1t  pas  à  Ephèse  ;  et  saint  Paul  pouvait  l'a- 
v(»ir  charge,  eu  le  quittant,  de  visiter  les 


tîl5  TIM 

Eg1ise<:  d'alentour.  Il  lui  mande  nii'il  avait 
eiivové  Tvquique  h  Ephèse,  et  i[uel(jues-uns 
croiint  que  c'était  pour  y  tenir  sa  place  du- 
rant qu'il  ferait  le  voyai^è  de  Kome. 

Ci'si  tout  ce  que  nous  avons  d'assuré  sur 
saint  ïiniothée  ;  car  pour  le  reste  de  sa  vie 
nous  n'en  trouvons  rien  dans  les  auteurs  au- 
thentiques.  Tout  re  que  nous  en  pouvons 
dire,  c'est  que  comme  Eusèbe  l'appelle  évo- 
que d'Ephèse,  et  (pie  cette  E;.^lise  commen- 
çait par  lui    la  liste  de  ses  évoques,   nous 
avons  lieu  de  croire  qu'il  s'est  particulière- 
ment em[)l'>yé  h  sanctifier  les  f>euples    [vir 
l'exemple  de  sa  vie  et  par  la  force  de  ses 
exhortations.  Car,  quoique  saint  Jean    l'E- 
vangéliste  y  demeurAt  en  même  temp?,  néan- 
moins il  n'en  était  pas  évoque  particu'ier  ; 
mais  il  avait  soin  en  générât  de  toutes  les 
Eglises  de   l'Asie,  par   une  autorité  supé- 
rieure h  celle  même  des  évoques.  Nous  li- 
sons dans  les  a  Iditions  faites  aux  Hommes 
Uluslrcs  de  saint  Jérôme,  que   saint  Timo- 
thée  linit  sa  vie  dans  la  même  ville  par  un 
glorieux   martyre.   Le   Martyrologe  romain 
dit  qu'il  fut  lapidé  lorsqu'il  reprenait  ceux 
qui  sacrihaient  à  Diane,  et  qu'il  expira  peu 
après.  Tout  cela  est  assez  conforme  à  ses 
Actes  écrits  apparemment  par  un  ecclésias- 
tique d'E|)hèse,  peut-être  dans  le  v  ou  vi' 
siècle,  et  dont  Photius  s'est  donné  la  peine 
de  nous  faire  un  abrégé.  Ces  Actes  portent 
que  sous  l'empire  de  Nerva  et  le  proconsul 
Pérégrin,  lorsque  saint  Jean  était  encore  à 
Pathnios  (et  ainsi  en  Tan  97),  les  païens  fi- 
rent, le  22  de  janvier,  une  f^ète  appelée  par 
les    Asiatiques  Catagogès,   ou  conduite,   en 
laquelle   ils  portaient   les  images  de  leurs 
dieux  et  commettaient  mi'le  insolences  avec 
d'autant  plus  de  liberté  qu'ils  étaient  mas- 
qués et  armés  de  grosses  massues  ;  que  saint 
Timothée  s'étant  jeté  au  milieu  d'eux  pour 
empêcher  cette  fête  abominable,  ils  le  bat- 
tirent k  coups  de  pierres  et  de  massues  jus- 
qu'à lui   ôter  la  vie,  et   qu-*  ses    disciples, 
l'ayant  retiré  de  là  à  demi  mort,  le  portèrent 
sur  une  montagne  proch''  de  la  ville,  où  il 
mourut.  «  11  fut  enleré.  ajoutent  ces  Actes, 
dans  un  lieu  appelé  Pion,  et  s.iirit  J  'an,  ayant 
aj)pris  sa  mort  lors  [u'il  revint  à  Ephè-^e,  se 
chargea  du  gouvernement  de  son  E;lise.  Les 
Grecs   semblent  ineltre  le  tombeau  de  saint 
Timolln'e  auprès  do  celui  de  saint  Jean,  sur 
une  montagne  ap[)elée  Libate.  IN  ra[)portent 
son  martyre  à  peu  près  comme  nous  le  lis(Uis 
dans  ses  Actes.  Ils  en  font  leur  grand  oftice 
le  22  janvier,  l'snard  et  quehpies  autres  la- 
tins le  mar(iueiit  le  même  jour  ;  mais  la  plu- 
part, après  Bède.  Kaban  et  Adon,  le  mettent 
le  2'*.  auquel  l'Eglise  romaine  et  beaucoiif) 
d'autres  en  font  Inflice.  Les  anciens  marty- 
rologes, qui  portent  le  nom  de  saini  Jérôme, 
mettent  sa   mémoire  le  -27  seplemlire.  Bède 
et  Adon,  dans  leurs  martyrologes,  lui  don- 
nent le  litre  «l'anùtre  ;  cela  est  encore  plus 
onLnaire  parmi  les  (Irecs.  O-i  ne  sait  pour- 
quoi ils  (lisent  dans   leurs    Mmiées  (ju'il  a 
non-.seul»Muent  prêché  l'Evangile.  mais(pril 
l'a  aussi  écrit.  .S'd  n'est  mort  (pi'en  l'an  97, 
il  Mmblo  nécessaire  de  dire  que  c'est  l'ango 


TIM 


1216 


de  l'Eglise   d'E|)hèse,  auquel   saint  Jean  a 
écrit  dans  l'Apocalypse.  Onésime,  (pii  a  mé- 
rité les  éloges  de  saint  Ignace,  remplissait 
le  siège  d'Ephèse  en  l'an  107,  et  rendait  lui- 
mêuîe  un  témoignage  avantageux  à  la  piété 
de  son  Eglise.  Les  reliques  rie  saint  Timo- 
thée furent  transférées  d'Asie  et  d'Ephèse  à 
Constantinople  ,  sous  Constance ,  et  tirent 
beaucoup  de  miracles  en  chemin.  Elles  furent 
reçues  avec  toutes  sortes  d'honneurs  à  Cons- 
tantinople, le  2'*  juin,   ou  le  1"  du  même 
mois,  sous  le  huitième  consulat  deConstance, 
et  le  preniier  de  Julien,  qui  est  l'an  de  Jé- 
sus-Christ 356.  On   ra|tporta   encore  à  Con- 
stantinople, le  3  mars  de  1  année  suivante, 
les  corps  de  saint  André  et  de  saint  Luc,  et 
le    Martyrologe  romain    fait   une  mémoire 
commune  de  la  translation  de  ces  trois  saints 
le  9  mai,  auquel  quelques  antres  ne  parlent  que 
de  celle  de  saint  Timothée.  Les  corps  de  ces 
trois  saints  furent  mis  sous  l'autel  de  l'é- 
glise  des  Ap(Mres,  où  les  démons  témoi- 
gnaient par  leurs  rugissements  combien  ils 
ressentaient  leur  présence.   Saint  Chrysos- 
tome,  dans  la  [iremière  de  ses  homélies  au 
peuple  d'Antioche,  où  il  fait  un  grand  éloge 
de  saint  Timothée,  dit  que  ses  os  et  ses  re- 
liques chassaient  les  démons.  Ceux  qui  ac- 
compagnèrent son  corps  lorsqu'on  le  trans- 
porta à  Constantino[)le  eurent  de  ses  reli- 
({ues  pour  leur  récompense  ;  et  la  moindre 
partie    de   ses  cendres    faisait   partout   de 
grands  miracles.  Il  semble  qu'on  en  ail  porté 
à  Rome  et  qu'on  les  ait  mises  dans  une  cha- 
pelle  du  saint  ,   près  de  l'église  de   Saint- 
Paul,  et   que  cela  ait  donné  occasion   d'en 
faire  la  fête  à  Roir.e  et  en  Afrique  le  22  août. 
Son  corps  fut  trouvé  à  Constantinople  sous 
Jusiinien,  et  ensuite  remis  en  terre  comme 
il  était.  (Tillemont.  t.  Il,  p.  1V2.) 

TIMOTllflE  ^s.unt),  martyr,  fut  mis  à  mort 
dans  la  ville  de  Rome,  sous  le  règne  de 
1  emper(^ur  M.trc-Aurèle.  L'Eglise  vénère  sa 
mémoire  \  •  2i  mars.  L'Iiistiure  ne  fournit 
surson  compte  aucun  document  ([u'on  puisse 
accepter  comme  aullienlique. 

TI.MOrHÉE  (saint),  l'un  des  nombrtnix 
martyrs  de  la  Pa  esti.ie,  mourut  pour  Jésus- 
Christ,  en  l'an  30'*  de  l'ère  chrétienne,  par 
les  ordres  du  gouverneur  Urbain,  l'un  des 
plus  ardmits  à  persécuter  les  chiétiens,  et 
à  exécuter  contre  eux  les  édits  terribles  de 
Dioclétien.  Ce  juge  fit  cruellement  fouetter 
Timotlu'e,  le  lit  ensuite  étendre  sur  le  clu^- 
valel,  où  il  eut  les  côtés  déchirés  avec  les 
jKMgnes  de  fer.  Après  qu'il  eut  enduré  ce 
suiiplice,  on  le  brôla  à  p(>(il  feu,  dans  la 
ville  do  (ia/a,  le  1"  mai  30V.  L'Eglise  ho- 
nore sa  mémoire  le  19  août.  (''oy.  Eusèbe, 
de  Miirt.  Pnlrsl.,  c.  3;  Assemani,  Acln  .<in- 
crra,  t.  II.  p.  18V.) 

TLMtvmEE  .saint),  marivr  à  Reims,  y  fut 
arrêté  comme  il  y  prêchait  la  foi,  et  ciniduil 
devant  le  magistrat.  On  lui  lit  souffrir  do 
cruelles  tortures,  (pi'il  supportai  avec  un  cou- 
ragt»  si  grand,  (pr.Apoiluiaire,  un  de  ses 
bourreaux,  se  convertit  avec  plusieurs  au- 
tres |)ersonnes.  Ces  nouveaux  chrétiens  fu- 
rent baptisés  en  prison  peudaut  la  nuit,  et 


1117 


ïl^ 


JIT 


1218 


inirunl  lii  l(H<>  tiancluW)  In  li>ii(li'iii.iiii,  (|iii 
(Mait  1(1 -22  ani^l.  Dans  Ir  Marlyrulu^r  i-diiuiiii 
la  WHo  (Iti  (  t's  .saillis  ('.-.l  iii.ii(|m'Mi  In  2;j  du 
nu^iiic  mois. 

TIM(>rill<]K(.saiiil),  mailyr,  vimiii  d'Aiitio- 
clio  .'i  Udiiic,  V  |ii'(V'lia  la  lui  cliicliciiu'  dn- 
r/iiil  l'cspaco  il'iuio  aiiiirf,  ci  y  cul  la  KM» 
Ir.'incluS' ,  (Ml  l'un  de  Ji'«.Mis-('lii'isl  .'Ml,  par 
ordro  di>  Maxcncc,  (ils  do  Maxiinicu  Ilci- 
Ciilo.  Sa  ïùlcs  csl  iiiscrild  au  Mail}  inluj^c  lo- 
uiaiii,  h  la  date  du  22  aoiU.  (>'«//.  l'illcnioiil, 
t.  Il,  iiotiî  sur  la  vi(!  de  saiiil  V\r.) 

riM()'rnjf';i">  tut  utuunu'  ^ouvcnuiur  do 
Caiu{)auic,  par  DiocliMicu,  eu  .JOli,  ù  la  plac(! 
(lo  DiMconco.  (1(^  dernier  déleiiail  eu  |iri.s(>u 
h  Pouzzoles  sailli  Sosie,  diacre  de  Mis(''ue  , 
salut  Pi  oeuli',  diacre,  Aeaco  et  Kutice,  bour- 
geois do  l'ouz/.olcs,  lous  Irois  coupables  d'i)- 
tre  venus  visiter  Sosie  dans  sa  |)rison.  Tinio- 
théo  leur  adjoignit  bienlAl  saint  Janvier, 
éviViue  de  Uéniivenl,  puis  Fesie  el  Didier, 
le  premier  diai;rt>,  le  second  lecteur  de  son 
«église.  11  avait  l'ait  arrcMer  saint  Janvier  à 
Bt^névent.  On  le  lui  avait  amené  à  Noie  ; 
c'est  dans  cette  ville  (lu'il  avait  l'ait  arrôter 
les  deux  derniers,  qui  y  étaient  venus  pour 
visiter  leur  évôcjuo.  Il  les  lit  tous  conduire 
à  Pouzzoles,  pour  y  être,  avec  les  prisoiniiers 
qui  y  étaient  déjh,  exposés  aux  bôles  ;  celles- 
ci  n'ayant  pas  voulu  leur  faire  de  mal,  Ti- 
niolhée  les  lit  tous  décapiter. 

TIMOTHÉE  (saint),  évèciue  ,  souffrit  le 
martyre  h  l'ruse  en  Bitliynie,  sous  le  règne  do 
Julien  l'Aiiostat.  L'Eglise  f;ut  safételelO^uin. 

TI.NiOTiiÉE  (saint;,  martyr,  est  inscrit  au 
Marlyi-ologo  romain  le  G  avril.  11  soullrit  en 
M.iédoinc,  avec  saint  Diogèao  :  on  n'a  aucun 
détail  sur  le  mariyre.  L'ii^'i^^  f^'i^  'i*  ''*<^- 
nioire  de  ces  valeureux  combattants  de  la 
foi  h;  0  avril. 

TIMOTHÉE  (  saint  ),  diacre,  fut  jeté  dans 
lelen,  où  il  expira  après  une  longue  el  cru»  Ile 
prison  ({u'il  avait  soullerte  pour  Jésus-Christ. 
Sju  mariyre  arriva  en  Mauritanie.  L'Eglise 
fait  sa  fête  l^e  19  décembre. 

TlMO'l'HÉE  (  sainl  j,  lut  martyrisé  à  An- 
tioclie  ,  avec  saint  Fauste.  Les  Actes  des 
martyis  ne  nous  marquent  aucun  détail  sur 
leur  compte.  L'Eglise  fait  leur  fêle  le  8  sep- 
tembre. 

TIMOTHÉE  (saint) ,  fut  martyrisé  en  Thé- 
baïdt,  avec  sa  femme,  sainte  .>laure,  par  l'or- 
dre d'Arien,  gouverneur  de  la  province. 
Après  plusieurs  autres  tourments,  ils  furent 
mis  en  croix,  oiî  ayant  vécu  pendant  neuf 
jours,  se  foitifiant  l'un  et  l'autre  dans  la  foi, 
ils  accomplirent  leur  martyre.  L'Eglise  fat 
la  mémoire  de  ces  saints  combattants  le  3  mai. 

TlNiiOKO  (le  bienheureux  Jea>  j ,  lut 
rrjart}  iisé  en  IbOS,  au  Japon,  dans  le  royaume 
de  Fingo,  avec  Girozayémon  Joachim,  Mi- 
chel Faciémon,  Thomas,  tils  de  ce  dernier, 
et  Pierre,  son  propre  tils.  Jean  Tingoro , 
Girozayémon  et  iaciémon  comptaient  par- 
mi l'es  plus  puissants  seigneurs  uu  royaume 
de  Fingo.  Tous  trois  étaient  directeurs 
d'une  confrérie  qu'on  avait  iondée  dans  ce 
royaume,  sous  le  nomdelaiJ/iieVtcorde.  Lors- 
<iue  le  roi  de  Fingo  commença  ù  persécuter 


les  clinUnins,  il  lit  cmprisonnor  nos  trois 
saints.  A  ré;i(j(pn«  de  1(08,  il  y  avnil  près 
de  (pialrc  ans  i|u'il  les  tenait  en  prinon.  l./i 
noiinilure  y  élaii  m  mauvaise,  le  carliot 
élait  M  iiialsaiii,  lus  soins  de  toutes  sortes 
niani|iiai<iii  i(  llcriiciit  aux  saiuls  conres- 
seurs,  (pie  diiozaycmou  iikiuiiiI  de  iiiiscrc. 
A  la  nouvelli!  de  sa  mort,  le  roi  donna  l'or- 
dre de  (li'-capiler  ses  deux  compa;^i]o'is  /linsi 
ipie  leurs  enfants.  lùi  ap|trcii/i:ii  celle  sen- 
tence, tous  deux  dé(  IaKMent  (pi'ils  on  étaient 
ravis,  et  cpie  s'ils  avaiofit  un  souliail  .*i  l'or- 
mer,  celait  celui  de  voir  les  bourreaux  épui- 
ser sur  eux  toutes  les  lortures  ipio  Uîur  art 
piMiiiail  leur  suggérer.  L(!  r(ji,  (pii  craignait 
(\\U)  le  peuj)le  se  soulevAl,  commanda  do 
presser  1  exécution.  On  en  peut  voir  le  dé- 
lail  au  titre  GiuozAviiMON.  On  les  conduisit, 
une  corde  au  cou,  hors  des  murs  de  Ja- 
loux iro,  où  ils  furent  d(''ca|»ilés. 

'i'IPASE,  ville  de  la  .MauiilanieCésari(;nn<», 
a  été  célèbre  par  raltachciiient  (h;  ses  habi- 
tants pour  la  fui  calhcditpie.  Les  ariens,  pour 
perdre  les  <)mes,  y  ordonnèrent  un  évèqiio 
de  leur  secte,  nommé  Cyrille,  (pii  avait  été 
secrétaire  du  roi,  ou  plut(H,  selon  une  autre 
version  ,  un  secrétaire  de  Cyrille,  leur  pa- 
triarche. Je  ne  sais  si  ce  serait  ce  Bulimande, 
évoque  arien ,  cjue  les  Grecs  disent  avoir 
allumé,  avec  Cyrille,  la  persécution  de  Gu- 
néric.  Dès  qu'on  sut  à  Tipaso  l'ordination 
de  ce  faux  évèque,  toute  la  ville  se  mit  en 
mer,  et  se  retira  en  Espagne  ,  à  la  réserve 
de  fort  peu  de  personnes  qui  ne  purent  trou- 
ver moyen  de  s'ouibarquer.  L'évèque  arien 
employa  au  commencement  les  caresses  et 
)uis  les  menaces  pour  faire  changer  de  re- 
igion  ù  ceux  qui  étaient  restés  ;  mais  Dieu 
es  .0.  liha  de  tclie  sorte,  qu'ils  se  moquèrent 
de  sa  foiie.  Ils  s'assenibièient  mènio  lous 
dans  une  maison  où  ils  clébrèrenl  les  di- 
vins mystères  sans  se  cacher.  La  générosité 
de  celte  Eglise  est  d'autai-t  plus  remarquable 
que  Réparai,  son  évèque,  s'était  perdu  par 
sa  lâcheté. 

L'évèque  arien,  voyant  cette  fermeté  iné- 
branlable des  catholiques  ,  en  duiina  secrè- 
tement avis  à  Cartilage,  et  Hunéric,  tout  en 
colère,  envoya  un  comte  avec  ordre  de  faire 
venir  dans  la  ville  toute  la  province,  et  de 
faire  couper  ensuite,  ac  milieu  de  la  place, 
à  ces  généreux  catholiques,  la  main  droite 
et  la  langue  jusqu'à  la  racine.  Cela  fut  exé- 
cut.^  :  mais,  par  un  effet  de  la  grâce  toute- 
puissante  du  Sainî-Espnt,  ilj  parlèrent,  «  et 
parient  encore,  dit"\  ictor,  comme  ils  faisaient 
auparavant.  Que  si  quelqu'un  trouve  ce  mi- 
racle incroyable,  qu'il  aille  à  Constantinople, 
continue  le  même  auœur,  et  il  y  verra  l'un 
d'eux,  nommé  Réparai,  qui  est  sous-dicicre 
et  qui  t.arle  parfastem-nt  bien:  il  est  res- 
pecté de  tout  le  monde  dans  le  palais  de 
l'empereur  Zenon,  et  l'impéialilce  même 
aune  vénéra  lion  touteparliculière  pour  lui.  » 

TITE  (  saint  ),  martyr,  l'un  des  quarante- 
huit  ^dnrieux  combattants  qui,  à  la  suite  de 
saint  Pothin,  lo  vénérable  évèque  de  Lyon, 
furent  rais  à  mort  en  J77,  sous  le  règne  de 
l'empereur  Anlonin  Marc-Aurèle.  Comme 


1219 


TOM 


TOM 


1-2-20 


co  saint  évr'quo,  et  conmiG  \mo  foule  d'nu- 
trcs  i;cn>riu\  mnrtvrs,  snin!  'T'\Ui  n'ont  |  as 
!..  force  de  résister  jusfjn'au  bout  aux  cru.iu- 
ti's,  fUi\  snpi-liros  (jno  les  porst'rulfurs  lui 
firent  eudiirer  :  il  fut  attirô  au  ciel  par  Dieu, 
qui  mit  fin  à  ses  soulTrances  en  le  faisant 
mourir  en  piison.  I/\  frlede  tous  ces  saints 
marl.vrs  a  lieu  le  2  juin. 

TITE  (saint),  eut  la  gloire  et  le  bonheur 
de  donner  sa  vie  pour  la  foi  chrt^licine, 
durant  la  persécution  c^ue  le  cruel  empereur 
Déco  souleva  contre  1  Eglise  du  Seigneur. 
II  fui  un  des  compagnons  dts  saints  Lu-ien 
et  Marcien  ;  ce  fut  h  Nicomédie  qu'eut  lieu 
son  martyre.  Le  proconsul  S^.binus  le  con- 
damna à  étro  bn'dé  vif  ainsi  que  fous  ses 
co.upagnons.  L'Eglise  célèl»re  la  fête  de  tous 
ces  saints  martyrs  le  26  octobre. 

TITE  (saint),  diacre  à  Home,  ayant  été 
surpris  comme  il  distribuait  de  largo'ît  aux 
pauvres  ,  pendant  que  les  Golhs  étaient  maî- 
tres do  la  ville,  fut  tué  |  ar  l'un  des  tribuns 
de  ces  barbares.  L'Eglise  honore  sa  mémoiie 
le  16  aotU. 

TIVOLI  (TiBinl,  ville  dos  Etats  de  l'E- 
glise, est  célèbie  clans  les  annales  des  mar- 
tyrs pai  les  tourments  et  la  mort  qu'y  endura 
saint  Généreux. 

TOBIE  (saint),  cueillit  la  palme  du  mar- 
tyre dans  la  ville  d'Edesse,  durant  la  persé- 
cution (|ue  l'eniporeur  Licinius,  viulant  la 
foi  jurée,  fit  soulfiir  aux  chrétiens.  Les  com- 
pagnons de  son  glorieux  triomphe  furent  les 
saints  Cartère,  Styria([ue,  Eudoxo  efAga.e. 
Le  Martyrologe  romain  marque  leur  fête  au 
2  novembre. 

fODI,  Juf/fr/»m,arfuclIoment  aux  Et.-^ts  de 
l'Egli.se,  eut  pour  premier  évoque,  et  a  au- 
jourd'hui pour  patron  saint  Tirentien,  qui  y 
fut  martyrisé  sous  Adrien  :  le  proconsul 
Lucien  lui  fit  trancher  la  tète. 

TOGOLANDE,  ile  d'entre  les  Moluques, 
fut,  le  28  juin  Kilo,  témoin  du  martyre  do 
Sébastien  de  saint  Joseph,  franciscain  espa- 
gnol. Ayant  été  pris  par  les  corsaires  hol- 
landais, ce  aiissionnaire  fid  abandonné  par 
eux  dans  une  île  déserte.  On  raconte  qu'il 
fut  transjjorlé  miraeul.  usement  tlans  C'  Ile 
de  Togolande  :  là  il  fut  pris  par  des  musiil- 
mans,  auxquels  ilentrejtrit  de  moidr.  r  l'ab- 
surdité do  r.VIcoran  et  la  subliunlé  de  l'E- 
vang.lo.  Il  fut  décapité  par  eux. 

lOLËDE,  Tolctum  (  Nouvello-Castillo  en 
Espagne  j,  ville  d'origine  phénicienne,  ('tait 
puissante  au  tom[)s  des  Romains.  Au  com- 
mencement du  iV  siècle,  sous  le  régne  de 
Di  clulii'ii  et  durant  la  |)ersé(Ulion  qi>e  cet 
euipertur suscita  contre  l'Eglise,  sainie  Léo- 
(adio,  arréti'e  nar  l'ordre  du  gouverneur 
Da.Men,  fut  cruel  lemen  loirmeult  eeliiunirut 
en  pii&on  des  suites  des  supplices  qu'elle 
avait  endurés.  Depiiis  1'  rs,  Tolèdo  a  pour 
palionno  telleglorMMi>e  fille  de  Jesus-Ghrist: 
elle  [«ossède  ses  reliques.  Trois  églises  sont 
sous  snn  invocation. 

'lO.MBLS.  On  applait  ainsi,  dans  les  pre- 
miers siècles  de  1  Eglise,  les  chrétiens  qui 
avaient  eu  le  malheur  de  succomber  durant 
la  ptrséculiou  ,  ut  qui,  ayant  reme  leur  foi  ^ 


sacrifié  aux  idoles,  ou  enfin  consenti  h  quoi 
que  ce  filt  (pii  étiit  une  renonciation  ilo  1 .  foi 
chrétienne,  en  avaient  après  cela  du  repen- 
tir, et  demnnd.iioni  à  rentrer  d.ms  h-  s-  in  de 
l'Eglise.  On  gaiJat  la  dénomination  d'apos- 
tats, de  renégats  pour  ceux  qui,  après  avoir 
renié  la  foi,  restaient  imiiénitenfs  'ians  leur 
péché,  et  no  faisaient  riun  pour  rentrer  dans 
le  sein  de  l'Eglise.  Les  tombés  étaient  admis 
h  la  communion  d'après  certaines  règles  dis- 
cif>linniies  qui  étaient  appliqué»  s  par  les 
évèqucs  ;  mais  presque  toujours  c'était  en 
faisant  l'exonudM^èse  ,  c'él  lil  en  se  soumet- 
tant aux  pénitences  (|ui  leur  étaient  impo- 
sées. II  arrivait  fréqu  unnenl  quo  quand  dos 
martyrs  étaient  dans  Ks  piisons,  ou  même 
dans  les  tourmonls ,  ils  sollicitaient  lin- 
dulgence  de  l'Eglise  pour  ceux  ues  tombés 
qiii  le  leur  demandaient  ;  et  d'ordinaire  l'E- 
glise se  mouliôit  empressée  d'obt(  mpérer 
aux  désirs  des  saints  ,  comptant  (jue  Dieu  , 
dans  sa  bonté  ,  voudrait  bien  appliquer  une 
partie  de  leuis  mérites  à  ces  malheureuses 
victimes  de  la  persécution.  Cependant,  il 
f;\ut  en  convenir ,  ces  cas-là  étaient  excep- 
tionnels ,  et  la  plupart  'des  tombés  devaient 
se  conformer  à  la  discipline  ecclésiastique. 

Ce  fut  en  l'année  2o0  que  certains  confes- 
seurs d'Afrique  abuseront  d'une  façon  vrai- 
ment dé[)loiable  du  privilège  que  ^Egll^e 
avait  parfois  bien  voulu  actoider:  ces  con- 
fesseurs ,  et  plus  particulièrement  Lucien  , 
donnèrent  à  profusion  des  billets  d'inuul- 
gemc;  ils  s'airogerent  même  comme  un 
droit  ce  qui  n'éiait  qu'une  siuiple  tolérance 
de  la  part  de  l'Eglise  ;  et  quand  les  évoques, 
et  surtout  saint  Cypiien ,  voulurent  redres- 
ser les  abus  à  cet  égard ,  ils  se  montrèrent 
obstinés  et  indociles ,  au  |)oint  i(u'o.i  fut 
obligé  de  prendre  contre  eux  dos  décisions 
sévères.  (  >  oy.  Cyprikn.  j  Ce  fut  surtout  Lu- 
cien qui  tomba  dans  cette  faute  :  il  écrivii  à 
saint  liypiieii  une  lettre  vraiment  uisolenlo, 
dans  laciuelle  il  lui  sigiiiliait  qu'il  eiU  à  tenir 
coniftfe  des  volontés  ues  confesseurs.  Il  pré- 
tendait quo  saint  Paul  nn.uant ,  celui  ([ui 
était  mort  à  Caithage  en  soi  tant  de  la  ques- 
tion, en  :i50,  lui  avait  recommandé  de  don- 
ner la  paix  à  tous  ceux  (}ui  la  lui  den.an- 
doraient.  Saint  Cyprion  nie  la  vérité  de  celte 
allégation  ;  mais  Idl-ello,  du  reste,  pacifl  to- 
ment  exacte ,  ce  n'eiU  point  été  une  raisnn 
suffisante  pour  que  Lucien  se  criU  dûment 
auloiisé  à  agir  ainsi  à  l'enoontre  do  laulo- 
rilé  é[»iscopale  et  de  la  discipline  de  lEglise. 
Lue  semblal)lc  recomuia  idation  aurait  élé 
simp'emeîil  une  erreur  du  saint  martyr  cpii 
la  faisait. 

Cctlo  résistance  do  Lucien  aux  volontés 
de  son  évèque  jeta  du  s»andale  dans  1  E- 
glisc.  Comme  cela  a  lieu  uans  tous  les  con- 
flits d'autniilé,  les  uik>  prirent  paili  pour  Lu- 
cien, les  autres  pour  saiiii  Cvprion  :  on  ac- 
cusait celui-ci  d'outrer  la  siveiilé.  P  usieurs 
saints  confesseurs,  iiolammonl  ceux  do  Uoiiio, 
puis  à  Cartilage  saint  Numidi(|uc,  saint  1U>- 
galien  ,  adressèrent  aux  autres  confesseurs 
des  atlmou>  stations  et  dGi,  conseils.  II  fallut 
uu  tuucilo  puur  terminer  cette  allairo.  Du 


I.>«1 


TON 


TON 


1M2 


Icmps  (\o  sailli  C.vprioi» ,  l(vs  (oinltrs  ('■Inioiit 
rMini|)n>n\  .l.iiis  ri\J,li''((  :  I»  |)i'is('.iitiMii  dit 
\)(''((i  ftv.iil  ni  (•(•!  iiircnial  ciiai  Uii-  tin'i  Ile 
visail  iiiuiiis  h  lairc  iiKnirir'li's  cliii'liuns  f|u7i 
les  l'orccr  iVr.ilijiiiatinii.  (,>ii('ltjii('!t)is  on  .'il- 
lail  (cd  (pK^  l'hisUiiri'  di'  la  cIiitIk  iiiin  iioiii- 
iiM'c  IloiiTU'  nous  pi(»uv(')  jii.s(pr/\  laiio  .sciii- 
Mail,  par  un  iiiriison^r,  d'avoir  (il)lrnii  des 
al)|iiralit)ii.s  do  pcisonncs  (pii  i\v  s'imi  i  taiciil 
on  auciim>  l'aron  rtMiducs  conpahlos.  (  l'onr 
pins  (le  di'iaiis,  ri>tf.  (lYi'nir.N.) 

rONOl'IN  ,    ro>KiN  (lu    r<>>a-KiN(; ,  aussi 
«ipp»>l(''  l)iiA\(.- ruo\(;  ,  piovinc.c  du  royaunn) 
d'Annain  ,   lui.   pidis   nu  rovaunni  iiidi'jifii- 
daiil.  Il  (>st  siln'r  par  I0l'-I0(i"  Inii^.  M.,  IH  - 
2'i"  lai.  N.  Il  a  pour  hnrncs  la  (^liiiic  au  noi»!, 
lo  gnlo  de  'rtniipiin  à   I  est,  f"»  rmicsl  l.-  La- 
tins,  au  sud    la  (iochinciniic.   Li>   1*.  Jnlicn 
Haldiiiolli   lui  lo  priMuicr  qui   «'iilra  dans  lo 
'roii,'-Kinji; ,    l'an    l(i-i(>.    l/aniu''»^  siiivailo, 
lieux  aniros  Jt'suilos  allrronl  k- joindre.  Jùi 
moins  de  (piatre  ans,  ^raml  nombre  «le  'l'oiii;- 
Kinois,  lonveiiis  A  la  loi,  rorinèreiil.  unecliré- 
tie.ili^  noiUDiouse.  Des  proj^r»  s  rapides  alar- 
mèrent les  prèlros  dos  nli^les  ;  à  l'oreo  d'iii- 
tritA'uos  et  de  lalouinies ,  ils  vinrent  .^  bout 
de  faire   chasser  du  'J'ony-King  les   mis- 
sionnaires que  l'on  conduisit  à  iMaeao;  leur 
exil  calma   l'orage.  Li^  18  lévrier  de   l'au- 
iiée  lli;?!  ,  arrivèrent  de  nouveaux  mission- 
naires (|ui  trouvèrent  le  nomb.e  des  chré- 
tiens augmenté  do  2J00  néophytes.  Ivi  i'ai- 
née  1G3;> ,  on  comptait  :i80,500  ehréliens,  et 
dans  la  province  tie  (ihean,  soixante-donze 
bi)ur;;ados  où  il  ne  restait  presque  plus  d'in- 
lidèles.   La   mission  du  royaume  de  To!i^- 
Kuig  a  été  longtemps  uno  des  plus  tlonssan- 
tes  missions  de  l'Oiienl.  Les  PP.  Alexandre 
de  Rhodes  et  Anlouie  .Maniuès,  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  furent  les  [)remiers  cjui  la  fon- 
dèrent e'î  16i7.  En  moins  de  trois  ans,  i,s 
baptisèrent    près   de   six   nulle   p.  rsonnes. 
Trois  bonzes  ,  qui  avaient  beaucoup  du  cré- 
dit parmi  ces  peuples,  furent  de  ce  nombre, 
et  rendirent  des  services  inlinis  aux   mis- 
sionnaires. Les  piètres  des  idoles,  alarmés 
de   voir  que   leurs   disciples  embrassaient 
comme  h  1  envi  la  religion  chrétienne,  tirent 
tous  leurs  eilorts  pour  lu  déciéditer  et  pour 
rendre  les  missionnanes  suspects  au  roi.  Ils 
y  réussirent ,  et  les  Pères  àiieut  chassés  du 
royaume,  aj)rès  trois  ans  de  séjour.  Les  trois 
bonzes  convertis  eurent  soin  de  [à  nouvelle 
chrétienté,  et  ils  la  cultivèrent  avec  tant  de 
zeio,  que  les  missionnaires,  était  retournés 
l'année  suivante ,  trouvèrent  leur  troupeau 
augnu'uté  de  'i-,000  néO|)b,vtcs.  Le  roi  les  lit  re- 
ve;nr,  parce  ({u'il  reconnut  l'imposture  des 
prêtres  des  idoles  ,  et  il  leur  accorda  la  per- 
mission de  prêcher  l'Evangile  dans  ses  Liais. 
Ils  le  hrent  avec  tant  de  succès  ,  que  bientôt 
il  y  eut  dans  Tong-iCing  jusqu'à  20  ',000  chré- 
tiens. Les  grands  du  royaume  se  plaignirent 
au  roi  du  progrès  que  faisait  celtij  nouvelle 
religion,   et  lui  remontrèrent  avec  tant  de 
fôi'ce  les  maux  inévitables  que,  selon  eux, 
Ijouvaie-.it  causer  ces  étrangers ,  qu'il  tinit 
par  proscrire  le  christianisme  et  chasser  une 
seconde  fois  les  missionnaires.  Depuis  ,  on 


<i  persécuté  les  clirélien.s,  et  les  (irédicnli'urd 
de  rilvannile  oui   ('•!('•  obligés  di-  hO  tenir  «a- 
cIk'-s;  imu.s  le  iimiibre  de.s  néo|iIivli  5  n'fl  pa« 
dimiinié.   Les  |ieuples  du  Toiu-kiui^  oui  d«; 
res|iiil,  d-  la  polil»!vsi>,  de  la  bouté  ;  ils  ont 
peu  d'allnrlicinent  pour  b-urs  pa^;odes  et  en- 
core moins  d'itstimi'  pour  leurs  prêtres.  Leurs 
iiKi-iirs  sont  pures;  iK  ne  coiinaissciil  point 
les  vices  ^rossi(!i.s  auxijuels  les»  auties  na- 
tions de  l'Orient  iio  livrent;  la  polygamie  est 
él.iblif  parmi  eux  ,  et  ehaeiin  ;  «lU  i('|iudier 
la  f.'inme  dont  il  n'est  paseonleiit.  Ils  ont  la 
barbare  couluinu  di;  fair(>  des  eiiniiquis,  et 
ils  les  allaclie  it  au  servietî  de;,  personnes  d»i 
(juiliié.  Lu  l'année  1G%,  il  s'éleva  une  nou- 
velle persécution   conire  les  chrélbus;   lo 
roi  lit  un  édit  [lar  le(piel  il  déb-n  j;nl  h  ses 
sujets  irembia>ser  la  religion  des  Portugais 
(e'e^t  11!  nom  qu'on  donne  au  'lo  ig-King  à  la 
religion  chrétienne).  Ce   prince  ordonna    à 
toiLs  ceux  <jui  en  faisaient  piob-ssiou  de  ne 
pb  s  s'assembler  p(mr  prier,  et  de  ne  plus 
|)Orler  d'innées  ni  de  médailles.   Il   voulut 
aussi  (pion  airètd  ces  étiangeis.  Le  chef  de 
nos  catéchistes  fut  emprisonné  et  ebargi'  de 
fers.  Deux  l*ères  de  notre  Coniijagnie  ,  aux- 
(piels  le  roi  avait  donné  une  permission  par- 
ticulière de  demeurer  dans  le  T ong-King , 
eureil  ordre  ,  comme  tous  les  autres  ,  d'en 
sortir  iiicessamment  ;  ils  furent  même  Irai- 
lés  avec  rigueur  ;  car  l'un  d'eux  ,  malade  à 
l'exti'émité  ,  fui  obligé  d(,'  partir  sana  délai  : 
il  mourut  ou  bout  de  trois  jours  dans  le  ba- 
teau où  on  bavait  mis  éta  it  moribo'id. 

Ledit  du  i'oi  alarma  les  chréiens  et  jeta 
les  missicmnaires  dans  la  consternation  ;  ils 
ne  tnjuvaienl  perso  uie  qui  osât  les  rece- 
voir. Je  demeuiai  près  de  deux  mois  dans 
un  fort  obscur  (tout  ce  récit  est  empru.  té  aux 
Lettres  édifuintcs  ;  ce  qui  explique  cette  forme 
de  style)  ;  on  abattit  presque  toutes  les  égli- 
ses et  les  maisons  des  catéchisies  dans  la 
province  du  nord  ,  et  l'on  maltraita  même 
les  chrétiens  dans  quelques  endroits;  mais 
il  y  eut  des  provinces  où  les  gouverneurs 
furent  plus  modérés  :  ils  se  coitentère-it 
d'envoyer  l'édit  du  roi  aux  chefs  des  villa- 
ges ,  atin  que  les  chrétiens  se  tinssent  sur 
leurs  gardes.  On  ma  assuré  qu"uii  gouver- 
neur de  province  osa  faire  des  représenta- 
tions au  roi  ,  et  qu'il  peignit  les  chrétiens 
comme  des  sujets  très-Udèies  ;  que  ce  prince 
leur  répondit  qu'il  ne  pouvait  révoquer  son 
édit,  mais  que  c'était  aux  gouverneurs  d'en 
user,  dans  les  rencontres  particulières  ,  se- 
lon qu'iis  le  jugeraient  à  propos.  Aussi  cette 
persécution  n'a  pas  eu  les  suites  fâcheuses 
qu'on  appiéhe  idait. 

Cette  chrétienté  jouissait  d'une  paix  pro- 
fonde, loîsqu'un  édit  du  roi,  publié  en  1712, 
l'a  mise  dans  une  agitation  extrême.  Les 
missionnaires  ont  été  obligés  de  se  cacher  ; 
quelques  catéchistes  ont  éié  bâtonnés ,  em- 
prisonnés, et  ont  reçu  des  coups  de  massue 
sur  les  genoux;  c'est  la  mère  du  roi  qui  l'a 
engagé  a  donner  cet  édit  ;  elle  est  très-dé- 
vouée aux  pagodes  ,  et  femme  d'un  manda- 
rin lettré  qui  a  beaucoup  de  crédit.  MM.  les 
évoques  d'Auren  et  de  iJasilie ,  dont  on  n'a- 


lias 


TON 


TON 


1224 


▼ait  jamais  parlé  dans  les  ('nlits  précédents, 
ont  ru  aussi  ordre  de  sortir  du  royoume;  ils 
ont  fait  dp  grands  pri'sonts  à  des  personnes 
qui  promettaient  de  It'S  servir,  mais  inutile- 
ment. On  n'a  eu  aucun  égard  à  l'âge  de 
M.  révéque  d'Auren  ,  qui  passait  quatre- 
vingts  ans.  On  a  construit  deux  barques 
pour  transporter  ces  deux  prélats;  on  s'est 
ensuite  saisi  de  quantité  de  terres  et  de  mai- 
sons qu'ils  avaient  en  diirérents  endroits. 
On  promet  dans  cet  édit  certaine  somme  h 
ceux  qui  pourront  découvrir  des  chrétiens. 
Comme  tous  les  édits  n"ont  jamais  nommé 
la  loi  chrétienne,  mais  (piils  l'ont  défen- 
due sous  le  nom  de  la  loi  portugaise  ,  les 
mandarins  qui  ont  voulu  nous  servir  ont 
fait  la  distinction  de  ces  deux  lois.  Une  dame 
chrétienne  ayant  assemblé  plus  de  cent  chré- 
tiens pour  accompagner  le  corps  de  sa  mère 
au  lieu  de  la  sépulture,  le  chef  du  village  la 
dénonça  au  gouverneur  de  la  province,  et 
l'accusa  de  suivre  la  loi  [lortiigaise  que  le 
roi  venait  de  proscrire.  Elle  répondit  au  tri- 
bunal (pi'on  ne  prouverait  pas  (pi'elle  eOt 
suivi  d'autre  loi  que  celle  du  Dieu  du  ciel. 
Le  gouverneur  se  contenta  de  sa  réponse,  et 
il  fit  fustiger  le  dénoncialeur  (fui  ne  pouvait 
donner  aucune  preuve  qu'elle  eiU  suivi  la 
loi  portugaise. 

Cette  persécution  s'apaisa  peu  îi  peu;  mais 
en  l'année  1721  il  s'en  alluma  une  des  plus 
cruelles;  elle  fut  causée  par  une  femme 
chrétienne  dont  le  cœur  était  corrompu.  Elle 
demeurait  dans  la  bourgade  de  Késut ,  où  il 
y  avait  une  chrétienté  nombreuse  :  sa  li- 
Derté  y  causait  du  scandale.  Les  avis,  les 
re;iro(hes,  les  menaces  dont  on  se  servait 
pour  lui  faire  changer  de  mœurs  furent  inu- 
tilt's;  enfin  ses  «lésordres  montri-ent  à  un  tel 
excès,  que  les  chiélieus  ne  voulurent  plus 
communiquer  avec  elle.  Celte  femme  outrée 
résolut  de  tout  ontr<'|  rcnlrc  pi»ur  détruire 
le  christianistne  ;  elle  s'unit  a  un  apostat,  et 
ils  présentèrent  une  requiUe  au  régent  du 
royaume,  uomiuv  Chna  ,  qui  ((fUmait  les 
accusations  suivantes  :  1°  (pj'lùnmanuel 
Phaocet  ses  parents,  contre  l'obéissance  due 
?»  ledit  d'i  loi  (}ui  proscrit  la  lui  des  Portu- 
gais, étaient  les  [)roteit,urs  doclai  é.-.  de  deux 
Européens  «pli  enseignaient  celte  foi  ,  et 
qu'ils  les  tenaient  i-achés  dans  leurs  mai- 
sons; i'qunces  d^-ux  Européens  avaient  éri- 
gé dans  leur  village  une  église  où  ils  enjei- 
g'iaient  leur  reli  ,ion  au  peuple  ,  et  que  de 
t'>ul  le  royaume  on  accourait  a  cette  église; 
3"  que  les  Eur«','écns  avaient  des  églises 
dans  plusieurs  autres  bour^adt•s,  et  ipie  les 
man  larins  ferma  cnl  i  s  yeux  .sur  ce  désor- 
dre   Celte  requ^^le  fut  suivie  d'une  se- 
conde, plriiio  de  c.'lo  .wiies  lonlre  les  mis- 
si(»nnanes  et  leurs  néophytes. 

Le  P.  Bucliarelli  lésidàil  à  Késat.  Ayant 
appris  que  la  cour  avait  t'aii  partir  tiois 
mandarins  el  une  c  <ntaui<!  de  soldats  pour 
s'assurt-r  de  cette  bourgade,  il  en  donna  avis 
aux  chrétions  :  ses  CTléchisti-s  et  lui  n'eu- 
rent (pio  l«  temps  de  sortir  de  la  bourgade  ; 
le»  Holilals  arrivèrent  ri  rmvestircnt.  Kn 
oiôiiie  temps   les   mandarins  lirent  publier 


une  défense  de  sortir  du  village,  sous  peine 
de  mort.  Ainsi  lès  chrétiens  se  trouvèrent 
assiégés.  Au  point  du  jour,  les  mandarins  y 
entrèrent  et  s'assemblèrent  dans  la  maison 
du  conseil;  ils  ordonnèrent  à  tous  les  habi- 
tants de  s'y  rendre.  On  appela  ceux  qui 
avaient  été  dénoncés  comme  chrétiens.  On 
connnença  par  Emmanuel  qui  avait  disparu; 
on  nomu)a  ensuite  six  de  ses  parents  ,  et  à 
mesure  (j  l'ils  paraissaient,  ils  étaient  pris 
et  garrottés  par  les  soldats.  On  leur  donna 
pour  prison  la  salle  du  conseil,  et  on  congé- 
dia les  autres;  après  quoi  les  mandarins, 
suivis  de  leurs  soldats,  allèrent  tout  sacca- 
ger dans  l'église  et  dans  les  maisons  des 
chrétiens.  Ils  allèrent  d'abord  chez  Emma- 
nuel,  qui  passait  pour  très-riche;  mais  il 
avait  pris  des  précautions  qui  trompèrent 
leur  avarice.  Après  avoir  tout  pillé  ,  ils  re- 
tournèrent à  la  salle  du  conseil ,  et  firent 
traîner  dans  les  prisons  les  six  chrétiens 
avec  les  fers  aux  pieds.  Trois  jours  après  ils 
les  conduisirent  à  la  cour.  On  les  présenta 
au  tribunal  ;  on  étala  à  leurs  yeux  des  chaî- 
nes d'une  pesanteur  énorme,  et  tous  les  ins- 
truments des  plus  cruels  supplices.  Le  man- 
darin jeta  par  terre  un  crucilix  ,  et  leur  dé- 
clara que  le  seul  moyen  de  sauver  leur  vie 
était  cle  le  fouler  aux  pieds.  Trois  néophy- 
tes, effrayés  par  ce  spectacle  de  terreur,  ra- 
chetèrent leur  vie  par  une  criminelle  obéis- 
sance ;  les  autres  s'offrirent  généreusement 
aux  tortures  et  à  la  mort.  Aussitôt  on  les 
enchaîna ,  et  on  les  mit  dans  une  rude  pri- 
son. Les  manoarins  lirent  leur  i  apport  au  ré- 
gent ,  el  lui  présenlè'-enl  ce  qu  ds  avaient 
trouvé  à  Késat,  comii.o  servant  au  culte  di- 
vin. 

On  envoya  à  deux  différentes  fois  k  Ké-^at 
pour  faire  de  nouvelles  rtaherches  ,  et  Us 
soldats  n'épargnèrent  ni  les  insultes  ni  les 
violences  ;  ils  se  répai dirent  ù  \ns  touies  les 
maisons  ,  iiappan!  tou.s  ceux  qu'ils  rencjn- 
traient.  Toute  la  bourgade  était  dans  la  cons- 
ternation ;  une  femme,  -:^isie  de  liayeur, 
aceoucha  avant  toruie  ;  une  autre,  de  do  es- 
poir ,  se  donna  la  mort.  Tout  le  peuple  en 
mouvement  vint  [)orti  r  s-s  plaintes  aux 
mandarins  ,  et  leur  autorité  U'odéra  h  l'ins- 
tant la  fureur  el  l'aviuité  du  soldat.  Le  ré- 
gent envoya  pour  la  quitriènle  fois  des  m<tn- 
darins  à  Késat.  avec  ordre  d'abattre  les  égli- 
ses ,  et  d'en  faire  transporter  les  matériaux 
h  la  cour ,  po.ir  servir  j\  des  pagodes.  Ces 
nouveaux  mamlari ns,  gagnés  par  une  somme 
d'arme  U  «mon  leurtlonna,  usèrent  de  mo- 
iltMaiiiui  «l.ris  re\«''cution  de  leurs  i  rdres. 
Ce.  endant  iu)lre  égli-e  lut  enii«'n>ment  dé- 
molie. La  désolation  l'ut  d'autant  plus  gra  i^e, 
(|ue  la  bourg.tii."  de  Késat  ne  s  éta.t  jamais 
r.  ssentie  «les  persécutions,  et  qm  dailltuis 
elle  n'y  reiifermo  «|u«'  six  familles  idol.U.es, 
tamiis  (pi'eile  a  dans  ses  murs  plus  de  deux 
mille  «  bréti»"is  ,  «'t  que  les  missionnaires  y 
ré-idaient  dans  un  asile  assuré. 

La  [iersé«ution  s'éttnidif  bientôt  dans  les 
aiitr«*s  [>rovinces:  la  «ié>  latioj  fut  gémnale; 
de  tmites  parts  on  sai.sisv,,ji  j^.s  chrétiens. 
Les  PP.  Bucharelli  et  .Messari  furent  arrùlés 


t2i5                                  lOL  TOL                                  tMA 

sur  It's  conl'ms  du  royftuin»^  o\  rlrtonus  dnivs  dn  I'('uuu(|U(>  ;  on  pi  il  Irsnrtiics:  il  se  forma 

une  (Mi-dilc  |ins(iii,  oCi  l(i  \'.  Mf.sNiii  inoiirul.  divers   |i/iilis  ,   cl  cliai  un  l/l(  li/iit  d'nlhn  i-  h 

Lo  P.  Hncliarclli  Tiil  si  danj^iTOUscmonl  nia-  soi  los  villes  et  les  villages.  Do  là  lo  pllln^() 

l«(ie  (|u'(m  déses|i(^rai(  de  sa  vie.  I,e  manda-  df  ces  piiees   el  la   di'solalion  de  I/i  canii)/!- 

rin  piépost^   poni'  sa  ^aide  le   nul  dans  un  jj;ne  ;  les  lencs  n-stèrenl  sans  cullnre,  la  fa- 

liiMi  plus  (Oininode  ;  enliii,  apn'^s  une  auiiéo  iniuu  s'en  suivit  ,  et  la  pe.slo  so  joignit  h  \n 

(le  la  pins  dKnionrense  délenlion  ,  If  IN're  el  rainiiie;  de  soile  (ine  ,  (lan^  l'espace  de  huit 

les  ilnéliens  apprirent  (pie  le  tribunal  vu-  aninii-s  ,  la   iiKulie  des   liahilants  du  Tonwç- 

iiail  (lo  los  condanuHM"  h  mort.  Lo  11  oclo-  Kin^  p(''rit  parées  trois  ll(''aux.  Parmi  tous 

lire,  ils  fiir(vit  condnils  dans  une»  plac(! ,  vis-  cvs  di-sordres  ,   le  fr(Nre  du  |)riti(0  assassin*^ 

j\-vis  le  palais  du  lyran  :  o'i    les  rangea  sur  avait  (''l(;  (i('clar('!  imm;  il  lAclia  do  premJro  dos 

w:io  mômo  ligne,  le  P.  Iln(-iiarelli  h  la  ttHo.  mesures  pour  metiro  h  la  raison  l(\s  rd-vol- 

\h\  oriicier  soilil  du  palais,  |  ulilia  h  hante  li-s  ;  niais  il  n'avait  pas  sur  pi(!d  les  iroupcs 

voix  ipu'  le  rcr^enl,  |»ar  un  ellel.de  sa  haute  sullisaiitus.  Les  rolxdles  marchaient  par  p(^- 

piiH(^,  faisait  (jçrAc(!  h  ceux  (pii,  (Hanl  (ils  uni-  lotoris  ;  s'ils  étaiofit  poursuivis  par  rarm('îO 

ques  ,  pourraient  racheter  leur  vie  par  uikî  royale,  ils  se  r('fn^iaieiit  dans  les  mrjniagnes 

sonnue   d'argent.  Il  en  ('«ciivit  les  noms,  et  ol  liss  ibrôls  ina(;cessiljles  ,  et  reparaissaient 

porta  la  liste  h  ce  prince.  Un  moment  après  ,  dans  d'autres  parties  du- royaume.  Plusieurs 

il   reviiU  to'iaiit  h  la   main   la    sentenc(!  de  anniM's  se  sont  (''couh'tîs  dans  ces  troubles  et 

mort   de   tous  les  autres.   11  s'a|)pro(ha   du  ces  guerres  intestines.  Le  roi   imagina  (juo 

P.  Bucharelli ,  et  lui  dit  :  «  Vous,  (''Iranger,  (t'ijlaiont  leschr(Hiens  (jui  avaient  suscité  les 

parce  ([ue  vous   avez    pr{^ih('>    la    loi   ciné-  (l('>sordres  de  son  l'itat ,  et  il  n'attendait  (pie 

tionno  ,  qui  est  proscrite  dans  ce  royaume  ,  le  monuMit  où  ils  seraient  pacili(''s  pour  faire 

vous  ^tes  coiidamiK'i  h  avoir  la  tôle   Iran-  la  })lus  exacte   recherche  de  ceux  (jui  pro- 

clu^o.  »  Le  Pure  baissa  modestement  la  tcHe,  fessaient  cette  religion.   Un  événement  im- 

el  dit  d'un  air  content  :  «  Dieu  soit  béiu  !  »  prévu  occasionna  un  changement  favorable 

L'ofticier  adressa  la  parole  h  un  autre  :  «  Vous  au  christianisme. 

êtes  condamné  au  miMue  sup|)lice,  parce  que  Ce  prince  visitait ,  sur  la  fin  de  1748  ,  un 
vous  êtes  diiciplo  de  cet  étranger  ,  et  que  arsenal  où  il  trouva  des  pièces  de  canon  avec 
vous  suivez  sa  religioi.  »  Il  continua  à  lire  des  inscri[)tions  qui  excilèrcni  sa  curiosité; 
aux  autres  leur  sentence  molivé(î  de  la  même  mais  comme  les  caractères  en  étaient  euro- 
manière.  11  li\iit  [)ar  la  lecture  de  la  sentence  péons,  personne  n'y  connaissait  rien.  Il  de- 
qui  condauHia  t  plusieurs  autres  chrétiens  à  manda  ce  qu''étaient  devenus  deux  mission- 
avoir  soin  des  éléphants  ,  les  uns  pendant  naires  qu'il  avait  vus  dans  sa  capitale.  On 
leur  vie,  les  autres  un  certain  nombre  d'an-  lui  dit  (ju'ils  avaient  été  exécutés.  0  ciel  1 
néi^s.  On  conduisit  ensuite  au  lieu  du  sup-  s'écria-t-il,  comment  les  ministres  peuvent- 
plice  les  chrétiens  condamnés  à  moi  t.  Le  ils  se  permettre,  sans  ordre,  ces  actes  aibi- 
P.  Bucharelli,  qui  n'était  pas  rétabli  de  sa  traires  ?  Nous  aurions  pu  tirer  de  grands 
maladie,  tomba  en  défaillance  :  on  fut  obligé  avantages  de  la  science  de  ces  deux  élran- 
de  le  soutenir.  Arrivé  au  lieu  fatal,  il  se  gers  ;  ils  nous  auraient  expliqué  les  insciip- 
prosterna.  Les  bourreaux  se  saisirent  alors  tiovis  des  canons.  Et  il  commanda  qu'on  lui 
de  lui  et  des  autres  prisonniers  ,  les  atta-  cherchât  un  Européen  pour  cela.  Un  chrô- 
chèrent  à  des  |)ûteaux  et  leur  tranchèrent  la  tien  qui  entendit  ce  discours  s'offrit  à  en 
tête.  Ainsi  périrent  ces  glorieux  martyrs  de  trouver  un.  On  lui  donna  copie  des  inscrip- 
la  loi.  tions  ,  et  il  les  fit  communiquer  au  P.  Vin- 
La  mort  du  pasteur  et  de  ses  disciples  ne  ceslas  Paleceuk,  supérieur  de  la  mission  des 
mit  pas  fin  à  la  persécution;  cependint  elle  jésuites.  L'explication  qu'en  donna  ce  Père 
se  ralentit  un  peu.  En  1735,  quatre  jésuites  fut  envoyée  à  la  cour.  Le  roi  parut  satisfait 
osèrent  entrer  secrètement  dans  le  royaume;  d'avoir  trouvé  un  homme  dont  il  espérait  ti- 
ils  furent  encore  les  victimes  de  leur  zèle,  rer  d'importantes  co  uiaissances.  Plusieurs 
et  payèrent  de  leurs  tètes  leur  amour  pour  mandarins  furent  dépêchée  pour  l'aller  trou- 
la  pr()pagation  de  la  foi.  Nonobstant  ces  exé-  ver,  et  il  fut  traité  avec  distinction  pendant 
entions  cruelles  el  les  continuelles  recher-  le  voyage  ,  qui  dura  cinq  jours.  Durant  ce 
ches  des  soldats  qui  répandent  partout  la  temps,  le  roi  ordonna  qu'on  mit  hors  de  pri- 
terreur,  la  foi  des  fidèles  est  plus  ferme  que  son  sept  chrétiens.  «■  Il  ne  convient  pas,  dit- 
jamais ,  et  leur  nombre  s'accroît  tous  les  il,  que  ces  malheureux  languissent  dans  les 
jours.  fers  pendant  que  nous  avons  recours  au 
Peu  après  cette  époque,  le  Tong-King  n'a  maître  de  leur  loi.  »  A  l'arrivée  du  Père,  on 
presque  pas  cessé  d'ôlre  en  proie  à  la  fureur  le  mena  au  palais,  et ,  après  un  court  entre- 
des  guerres  civiles.  Le  roi,  prince  etféniiné,  tien  qu'il  eût  avec  le  monarque,  il  fut  mené 
avait  laissé  à  un  premier  ministre  l'exercice  dans  l'arsenal.  On  lui  demanda  comment  il 
absolu  de  son  autorité.  Ce  crédit  sans  bornes  fallait  se  servir  de  ces  canons.  11  dit  ce  qu'il 
excita  la  jalousie  des  courtisatis  :  ils  intri-  en  savait.  Le  tout  finit  par  un  souper  magni- 
guèrent;  un  eunuque  l'assassina,  gouverna  fique  que  le  roi  lui  fit  (donner.  Depuis  ce 
sous  son  nom,  en  faisant  accroire  qu'il  était  temps,  les  chrétiens  viennent  a-ux  fêtes,  en 
malade  et  qu'il  ne  voulait  être  vu  de  per-  triomphe,  avec  des  tambours  et  autres  ins- 
sonne.  Ce  prince,  n'ayant  point  laissé  d'en-  truments.  Ce  prince  demanda  encore  un  ma- 
fant,  c'étaient  sonfrère  et  ses  neveux  qui  de-  thématicien  el  un  canonnier  ,  et  déc'ara  de 
valent  lui  succéder.  Ils  découvrirent  le  crime  plus  qu'il  souhaitait  qu'un  vaisseau  de  Ma- 

DiCTiONN.  DE»  Persécutions.  II.  39 


l-2i7 


TOL 


TOR 


au 


r^io  vtnl  commerror  dans  ses  ports ,  avec 
rnssurance  qu'il  MO  paverait  aucundroit.  Pon- 
•larit  qw'h  Macao  on  se  préparait  à  le  satis- 
faire ,  l"  P.  Pali'ccuk  faisait  beaucoup  do 
prosélytes.  Les  bonzes ,  jaloux  de  ces  pro- 
grès, voalurenl  y  mettre  obstacle.  L'un  d'eux 
eng.igea  un  eunuqui'  h  accuser  le  mission- 
naire de  déterrer  les  morts  ,  de  piler  leurs 
os ,  et  d'en  composer  une  poudre  qui  était 
un  véritable  poison.  Ln  mi  répondit  :  «  Cet 
Européen  est  d'un  naturel  pnc.ilicjue  ;  il  ne 
Teut  faire  du  mal  ni  aux  morts  ni  aux  vi- 
rants :  retirez-vous.  »• 

Cependant  les  l)on/es  no  cessaient  d'irri- 
ter les  esprits  contre  le  P.  Paloceuk.  Les 
choses  allèrent  si  loin,  que  le  Père  n»*  se 
crut  plus  en  sOreté.  Le  roi ,  informé ,  pensa 
à  arrêter  cette  effervescence  ;  il  fit  appeler 
J'eunuque,  et  le  for(;a  de  déclarer  h  l'instiga- 
tion de  qui  il  était  venu  accuser  l'Européen. 
Il  fit  mettre  en  prison  le  bonze  (fui  lui  fut 
nommé,  avec  oidre  de  lui  faire  son  procès. 
Les  juges  le  condamnèrent  h  mort.  Le  P.  Pa- 
leceuk  demanda  sa  grâce  et  l'obtint.  Ce 
prince  fit  publier  que  quiconque  parlerait 
contre  l'Européen  aurait  la  langue  coui)ée. 
Tout  cela  donnait  au  missionnaire  les  plus 
grandes  espérances  pour  la  religion  ;  mais 
les  effets  n'ont  pas  répondu  h  une  si  douce 
attente.  11  avait  fallu  du  temps  à  Macao  pour 
satisfaire  aux  demandes  du  roi.  Aussitôt 
qu'on  eut  des  sujets  propres  h  lui  être  pré- 
sentés en  qualité  de  mathématiciens,  et  tou- 
tes les  choses  nécessaires  pour  une  pareille 
expédition,  on  se  mit  en  roui»!  pour  une 
mission  si  ilésirée.  Ce  fut  le  6  mars  i".'il  (juo 
le  P.  Simonelli  et  quatre  autres  jésuites  de 
la  province  du  Japon  partirent  de  Macao. 
Ces  missionnaires,  arrivés  auTong-King, 
donneront  à  la  cour  avis  de  leur  arrivée.  Ils 
s'attendaient  que  le  roi  ,  (]ui  les  avait  de- 
mandés avec  tant  d'ardeur,  les  accueillerait 
avec  plaisir.  Ils  furent  bien  surpris  lors- 
qu'ils reçurent  l'ordre  de  ne  pas  quitter  le 
rivage.  Ils  envoyèrent  ce|>endant  les  pré- 
sents dont  ils  étaieiH  chargés  pour  le  prince. 
Ils  furef)t  acceptés  ;  mais  les  missionnaires 
n'obtinrent  pour  toute  faveur  que  la  permis- 
sion de  bAtir  une  maison  sur  le  bord  de  la 
mer.  Le  roi  parut  oublier  (]tie  les  missin?i- 
naires  uiathémaliciens  n'étaient  venus  (ju'à 
.sa  demande.  On  attribue  le  peu  de  réus>ite 
do  celte  affaire  ,'i  In  jalousie  des  ministres 
que  le  P.  Paleceuk  avait  négligé  tie  consul- 
ter avant  d'appeler  ses  confrères.  Quoi  (jii'il 
en  soit,  le  P.  Siuinnolli  .  âgé  de  soi\ante-dix 
ans  ,  voyant  (juil  n'y  avait  rien  h  faire  dans 
ce  royaume  ,  voulut  s'en  retourner  à  Macao, 
Il  demanda  'On  con.;é,  cl  l'oldmt  san-;  (M>ine  ; 
sf.s  quatre  compagnons  se  glissèrent  f'uili- 
vernenl  dans  les  provir^es  oi'i  ils  exercent 
leur  ministère  envers  les  •<im[»les  et  les  pau- 
vres nvor  plus  desiireès  qu'ils  n'en  auraient 
eu  auprès  des  riches  et  (les  grands.  (Choix 
drs  Lrtlrm  /ilifianlm,  vol.  II.  p.  .11.) 

Depui.s  cette  éj)oque  juscpien  1T7.1  ,  le 
Tong-Kingjouit  d  une  assez  graiid<>  Iranquil- 
îilè  ;  mais  en  celte  «nnée  une  iwTsécntinn 
violente  s'alluma  :  trois  missionnaires  fu- 


rent rais  h  mort;  un  catéchiste  fut  décapité. 
Knlin,  en  1782,  le  prince  j»erséculeur  mou- 
rut, et,  en  1788,  leTong-King  fut  conquis  par 
les  Cochinchinois;  aussi  terminerons-nous 
ici  cet  article,  renvovant  pour  la  suite  le 
lecteur  h  1  article  CocBincnnK. 

TOUCHK.*^,  tmlff,  flambeaux  de  bois,  faits 
de  petits  morceaux  de  pin  ou  d'autres  ma- 
tières combustibles.  On  s'en  servait  pour 
brOler  les  cotés  des  martyrs  pendant  qu'ils 
étaient  appliqués  sur  le  chevalet. 

TOUPES  (saint),  martyr.  On  croit  généra- 
lement qu'il  fut  martyrisé  à  Pise  :  ce  fut 
sous  l'empire  de  Néron.  Ses  Actes  sont  sans 
autorité:  voici  cr'  qu'on  trouve  de  lui  au 
Mai  tyrologe  romain  sous  la  date  du  17  mai  : 
«  A  Pise  en  Toscane,  saint  Torpes,  martyr, 
homme  considérat)lfi  entre  les  principaux 
officiers  de  Néron,  et  l'un  de  ceux  dont  parle 
saint  Paul,  écrivant  de  Rome  aux  Philip- 
piens  :  Tnus  les  sninls  vous  salueiJt,  maisfirin- 
cipnlrment  ceux  qui  sont  de  la  maison  de 
César.  Après  avoir  été  snullleté  pour  la  foi 
de  Jésus-Christ,  et  cruellement  ballu  de  ver- 
ges par  l'ordre  de  Salellicus,  il  fut  exposé 
aux  bètes  pour  en  être  liévoré;  mais  comme 
il  n'en  reçut  aucun  maf,  il  eut  !a  tète  tran- 
chée ]r  29  avril.  On  fait  toutefois  sa  fêle  en 
ce  jour,  à  cause  de  la  translation  de  sou 
corps.  » 

TORQUAT,  Torquatus,  fourbe  et  hypo- 
crite qui,  ayant  abjuré  la  fin,  se  disait  néan- 
moins chrétien  fervent.  11  fréquentait  le  pape 
saint  Caius,  et  ceux  desquels  ce  saint  homme 
faisait  sa  compagnie.  Il  est  dit  aux  Actes 
de  saint  Sébastien  que  Tiburce  ne  pouvait 
souffrir  de  le  voir  ajuster  proprement  ses 
cheveux  sur  son  front,  manger  rontinuello- 
raent,  boire  avec  excès,  jouer  durant  les  re- 
pas, avoir  des  gestes  et  une  démarche  molle 
et  elTéminée  ,  se  faire  voir  trop  librement 
aux  femmes,  se  dispenser  des  prières  et  des 
jeOnes,  dormir  pendant  que  les  autres  Teil- 
"laient  et  passaient  les  nuits  h  clMiler  les 
louanges  de  Dieu.  Il  le  reprenait  sévèrement 
de  tout  cela,  et  Tonjuat  faisait  semblant 
de  prendre  toutes  ses  réprimaiules  en  bonne 
part;  mais  il  eut  la  h\chetéde  dénoncer  saint 
Tiburce,  et  l'astuce  de  se  faire  arrêter  avec 
lui,  |>our  lui  laisser  croire  ipi'il  était  étran- 
ger h  son  arrestation.  Ce  traître  étant  inter- 
rogé, répondit  qu'il  était  chrétien, et  queTi- 
burce  étant  son  maître,  il  ferait  tout  ce  <iu'il 
lui  verrait  faire.  Tiburce  ne  init  soulfrir  tant 
de  fausseté  et  d'hypocrisie  :  il  f>arla  avec  une 
très-grande  véhémence  à  Tortpiat,  lui  témoi- 
gnant toute  son  indignation  ,  et  répudiant 
tout)'  espèce  de  solidarité  à  son  égard.  Ou 
ne  dit  pas  cependant  ce  que  devint  ce  Tor- 
qual  ;  on  sait  seulement  que  plus  tard  il  fil 
arrêter  «aint  t^aslule  ,  et  fui  cause  de  son 
mart\re,  comme  il  l'avnif  été  de  celui  de 
saint  Tiburce.  ;  Koy.  S^bastik?».) 

TOUOI  ATUî^,  gouverneur  de  Spolète, 
sous  le  règne  de  l'empereur  Mnrc-.^urèle, 
fil  mettre  à  mort  dans  celte  ville  saint  Con- 
i-orde  et  sainl  Ponlien.  On  s'explicpie  peu, 
en  lisant  les  Acte-*  de  ces  saints  martyrs,  la 
coiulmte  (to  ce  gouverneur.  Il  faisait  mourir 


1220 


illA 


1KV 


urA 


.sMiiil  (loncoiile  |ioui'  funsc  ilo  i  lnisli.ini.sin»;, 
ri,  il  i\\i\'\\  ]H)\\v  iiiili  r(''V(Vjili'  (le  S|inlr|i'  All- 
lliiiiio,  il  (|iii  il  /icctirtiail  de  KiiidiT  (loiicordu 
vhoA  lui  |i«>ii(laiil  (|iii>l(Mi««  Iciiips.  D'un  iiuli'Q 
(•A|(^,  lii'ii  11(1  (lit  (lu'il  iiil  iKMiisiiivi  lùily- 
cliiiis,  chr/.  (|iii  (JniiuMirail  .saiiil  Ooiiconlu. 
Ces  l'ails,  icImIcVs  clans  lus  Aoles,  pioiivcnl 
(•(in!n'  la  (•(iiitltiil{«,.ui  moins  lorl  ia|tri(itMiso 
(In  t^ouvornour.on  hit'nconlio  kis  Aclu.scav- 
in»>ni(*.s. 

'l'OUTONI':,  Dn-toiui  (Ali'x;ni(lri(>) ,  acliu'l- 
lonionl  ilr|i('n(laiilo  tli.'s  liluls-Saitliis.  Sou 
(''vcVjno   sanil   Maccicn  y  l'ul  niarljiisù  sous 

10  roi;no  (l'Adiicii, 

TOUrULANi  jrALTlNO  (Joskhii),  »a|iu- 
ein,  l'ul  a|tpt'|(^  en  Ahys.sinio,  dans  l'annéo 
l(»'i"i,  par  le  1'.  IN'Iia-Sanla,  dont  le  coiniia- 
\i,inn\,  Iv  V.  Niigoli>la,  venait  do  inonrir.  1  or- 
tnlani  vint  doiu'.  icjoindio  co  niissionnaiio 
avec  Ft'liv  do  Sainl-Scvoiin,  lelii^itHix  du 
nuMne  onii'(>,  ol  tous  doux  iurenl  décapiléi» 
par  les  ordres  du  pacha  de  Sonakiin.eoinnie 
on  peut  lo  voir  aux  articles  Pktha-Santa  et 

SéVKHIN. 

TOTILA,  roi  des  Osirogolhs  en  Italio 
monta  sur  le  trOne  en  5'fl,  et  mourut  on  552. 

11  lit  un  grand  nombre  de  con(]uôtes,  dont  il 
fut  ensuite  dépouillé  par  liélisaire,  qu'il 
vaincpiit  ensuite.  11  mourui  queU|ues  jours 
après  avoir  perdu  contre  Narsès,  la  bataille 
de  BustaG(iltor\wi.l\  persécuta  les  chrétiens, 
et  til  mourir  jt  Narni  révé({ue  saint  IMocul. 

TOTNAN  (saint),  était  diacre.  11  lut  mar- 
t^'risé  à  Wurtzbourg  ,  en  Allemagne  ,  avec 
l'évêque  Kilicn  et  lo  prùtro  Cloman.  On 
ignore  les  circonstances  et  la  date  de  leurs 
courageux  combats.  L'Eglise  l'ait  leur  mé- 
moire le  8  juillet. 

TOULOUSE ,  eut  la  gloire  de  voir  marty- 
riser dans  ses  murs,  en  250,  saint  Saturnin, 
son  premier  évèque,  sous  l'empire  et  durant 
l'horrible  persécution  de  Dèce  {voy.  Satur- 
nin), suivant  les  uns,  de  Valérien  suivant  les 
autres. 

TOURNUS,  Castrum  Tinurtium,  plus  tard 
Turnucium,  ville  du  déparlement  de  Saùne- 
et-Loire,  oii  saint  Valérien  fut  décapité  après 
avoir  soulfert  le  supplice  du  chevalet  et  des 
ongles  de  fer  sous  l'empire  de  JVIarc-Aurèle, 
dans  le  temps  où  sévissait  la  fameuse  per- 
sécution de  Lyon. 

TOUSSI-SUR-YONNE,  petite  localité  du 
département  de  l'Yonne,  à  un  peu  plus  de 
16  kilomètres  d'Auxerre.  C'est  en  ce  lieu  que, 
sous  l'empereur  Aurélieu ,  les  deux  saints 
Prisque  et  Cot  furent  martyrisés.  Voy.  leurs 
articles. 

TUAJAN,  Ulpinus  Trajanus  Crinitus,  trei- 
zième empereur  romain,  naquit  à  Italica, 
près  de  Séville,  en  Espagne,  le  18  septembre 
de  l'an  52  de  Jésus-Christ.  Sa  famille  était 
fort  ancienne,  mais  jusqu'à  son  père  rien  ne 
l'avait  illustrée.  Le  père  de  Trajan  avait  ob- 
tenu les  honneurs  du  triomphe  sous  Vespa- 
sien,  qui  l'avait  nommé  sénateur  et  consul  ; 
le  fils  marcha  glorieusement  sur  les  traces 
du  père  :  ses  talents  militaires,  son  caractère 
et  son  aptitude  décidèrent  Nerva  à  l'adopter. 
A  la  mort  de  cet  empereur,  en  98,  Trajan, 


(|ui  élail  h  C(ll()^nl^  ftil  proclamé  euifiHreiir 
et  rrconini  dans  (oui  l'empire. 

A  m-  considérer  (pic  la  j^loire  d<'  «on  iV-- 
tjnc,  sa  jiislice  dans  rc  qui  coiienruail  le«  ftC- 
niircs  ordin.iircs  de  V\:li\\  et  des  p/irtini- 
liers,  la  bonté  ci  la  généntsité  de  son  ((fur, 
ses  tahnts  niililair(!K  et  ndininistiotifs ,  rm 
regardera  Trajan  comme  un  des  plus  ginnds 
enqxMcurs  (pTaii  ni  (!us  les  lUtmainH.  Noire 
devoir  ici  est  di;  lo  coiisidérei-  loueli  int  la 
condiiilc  (|n'il  a  Iciiuf  cnvfîrs  les  chré(i(!ns. 
—  Eh  bien  !  c'est  [KTiiblc  h  dire,  mais  la  vérité 
le  y<!Ul,  cet  empereur  h  l'esprit  énnnciit,  an 
(•(iMir  si  noble  et  si  bon,  ('(■!  enipcrcui-  dont 
la  mémoire  est  restée;  clie/.  les  nations  eii- 
tourée  d'une  auréob;  do  gloire  et  de  justice, 
fui  un  (l(\s  plus  ardetUs  [)ersé(nleurs  du 
chrisiianismo.  Son  prédécesseur  avait  l'ail 
un  édit  (jui  défendait  de  poursuivre  l(!S  chré- 
tiens, el  (jui  ouvinil  h  tous  h-s  exilés  le  sol 
de  la  pallie  el  le  seuil  du  foyer  domestique. 
Il  )  avait  dans  cet  exemple  de  (luoi  s'inspi- 
rer de  générosité.  Trajan  devint  pei'sécutcur  : 
il  soutl'rit  (jue  sous  son  règni;  on  appliquait 
les  anciennes  lois  et  les  anciens  édits  aux 
disciiiles  de  Jésus-Christ.  Or,  ((uds  étaient 
ces  lois  et  ces  édits?  C'était  l'œuvre  de  Né- 
ron, de  ce  prince,  la  honte  de  la  pourpre  el 
du  trcuie  des  Césars,  de  ce  monsirt!,  la  honte 
et  l'horreur  de  l'humanité.  Uien  (pie  la 
source  d'où  venaient  ces  lois  aurait  dû  en 
inspirer  la  haine  à  Trajan.  Non-seulement 
il  souiïril  que  ses  gouverneurs ,  que  ses  lieu- 
tenants, que  ses  magistrats  les  appliquas- 
sent, mais  encore  il  les  appliqua  lui-même, 
comme  nous  le  voyons  par  l'histoire  du 
martyre  de  saint  Ignace.  {Voy.  Ignace.) 

Oii  a  prétendu  (jue  Trajan  n'avait  que  très- 
peu  persécuté  ou  laissé  persécuter  l'Eglise: 
c'est  une  eri-eur.  Tout  son  règne  a  vu  cou- 
ler le  sang  chrétien;  toutes  les  parties  de 
l'empire  en  ont  été  arrosées.  Saint  Siméon 
-de  Jérusalem,  saint  Ignace  d'Antioche,  saint 
Barsimée  d'Edesse  ,  saint  Césaire  de  Terra- 
cine  ,  saint  Pérégrin  et  ses  compagnons  en 
Albanie,  saint  Phocas  à  Synope  ,  saint  Sym- 
piironius  el  ses  nombreux  compagnons  à 
Rome,  saint  Maur  et  ses  comjiagnons  en 
Pouille,  saint  Victorin  à  Amiterae,  sont-ce 
là  des  jalons  suflîsants  pour  suivre  dans  sa 
voie  sanglante  et  persécutrice  le  règne  du 
grand  empereur  ? 

Assez  u'historiens  ont  amnistié  sa  gloire, 
dont  les  rayons  les  éblouirent;  laissons-lui 
l'ombre  que  la  vérité  lui  fait.  Si  cette  ombre 
est  un  stigmate,  qu'importe  ?  ne  sacrifions 
pas  la  vérité  à  la  gloire.  Dans  cette  énumé- 
ration  rapide,  nous  n'avons  nommé  que  les 
sommités  :  de  même,  des  hauteurs  oii  il  est 
placé,  levt)yageur,  quand  un  vaste  horizon 
se  déroule  à  ses  regards,  ne  les  arrête  et  ne 
les  attache  que  sur  ces  arbres  séculaires  et 
gigantesques  qu'on  voit  de  distance  en  dis- 
tance pyramider  vers  la  nue. 

Des  milliers  de  martyrs  périrent  dans  les 
différentes  provinces  de  l'empire,  suivant  le 
caprice  des  gouverneurs ,  suivant  qu'il  leur 
convenait  d'appliquer  plus  ou  moins  sévère- 
ment les  lois  en  vigueur.  Il  est  pefïBis  de 


Ii5i 


TRA 


TRA 


i25i 


croire  ijuils  le  faisaient  avec  sévérité  quand 
on  lit  la  lettre  (It^  Pline  ?i  Traj.Ti  (Voy.  Punk!; 
de  Pline,  que  les  priiplfs  de  Pont  et  de  Bi- 
thvnie  ,  dont  il  fut  nommé  gouverneur,  re- 
çurent comme  un  bienfait  d»'  Tempereur;  de 
Pline  qui,  [larmi  tous,  a  laissé  une  si  grande 
réputation  d'équité,  de  justice;  de  Pline  le 
sago,  le  philosophe.  0'i''<'"l  O'^  l'I  celte  It'I- 
tre,  et  qu'on  y  voit  (pielle  conduite  Pline 
tient  h  l'égard  des  chrétiens,  on  est  stupéfait. 
Il  envoie  h  la  mort  par  provision,  dit-il,  les 
chrétiens  sur  le  sort  desquels  il  a  consulté 
lerapereur,  les  chrétiens  cjuMl  avoue  ne  pas 
savoir  innocents  ou  coupables.  Que  faisaient 
donc  les  autres  gouverneurs,  quand  Pline 
agissait  ainsi  ?  Lnréponse  de  l'empereur  à 
son  lieutenant  doit  trouver  place  ici. 

Lettre  de  Trajnn  à  Pline. 

«  Vous  avez  agi  comme  vous  le  deviez, 
mon  cher  Pline,  dans  l<i  discus-^ion  des  cau- 
ses de  ceux  qu'on  vous  a  déférés  comme 
chrétiens;  car  il  n'est  pas  possible  d'établir 
une  loi  générale  ni  une  forme  de  procéder 
qui  soit  applicable  à  tous  les  cas.  Il  ne  faut 
point  faire  de  recherches  pour  les  dt'cou- 
vrir  :  s'ils  sont  amenés  à  votre  tribunal  et 
conv.tincus,  vous  devez  les  punir,  avec  cette 
restriction  néanmoins  ((ue  si  que'q  l'un  nie 
qu'il  soit  chrétien,  et  prouve  sa  déclaration 
j)ar  des  elTets,  c'est-à-dire  en  adorant  nos 
dieux,  quand  même  il  Si-rait  suspect  pour 
son  passé,  son  repentir  doit  lui  procurer  le 
pardon.  Pour  ce  qui  est  d  'S  mémoires  ano- 
nymes ,  il  ne  faut  y  avoir  égard  dans  aucun 
genre  d'affaires;  c'e>t  une  chose  de  trop 
mauvais  exemple  et  qui  ne  convient  point 
à  notre  temps.  »  «  Trajan.  » 

On  a  cité  cette  lettre  comme  une  preuve 
de  la  modération  et  de  la  justice  de  Trajan. 
Ijuiconqne  en  pèsera  les  termes,  K'S  leom- 
mandiilions,  verra  qu'elle  est  loin  d'èlre  un 
pro  luit  de  sagesse,  de  justice  et  de  modéra- 
tion. Un  seul  raisonm^nent  en  montre  le 
vice.  Trajan  lecouuuande  de  ne  pas  recher- 
cher les  chrétiens  ,  mais  de  les  punir  s'ils 
sont  amenés  devant  son  lieutenant  et  con- 
vaincus. Si  le  fait  de  christianisme  constitue 
un  criino,  rechcrchez-le,  c'est  votre  devoir, 
c'est  de  la  iuslice;  sil  ne  constitue  pas  un 
crime,  pourquoi  ordonner  de  punir  ceux  qui 
sont  amenés  et  convaincus?  Entre  ces  deux 
termes  extrêmes  il  n'y  a  pas  de  milieu. 

Du  reste  ,  Trajan  resta-t-il  toujours  dans 
les  bornes  (le  celte  modiTation  (ju'il  recom- 
mande à  Pline  de  garder?  Ne  til-il  |>as  lui- 
raûme  com[)araitre  saint  Ignace  à  Anlioche? 
Ne  condamna-t-il  pas  ce  saint  personnage, 
un  vieillard  blanchi  par  les  armées  ,  i"»  être 
conduit  a  Koun^  pour  y  élro  dévoré  par  les 
bétes  féroces  ,  pour  y  servir,  dans  l'amphi- 
thé.Ure,  aux  cruels  div»Tlissptnents  du  p(>u- 
ple-roi  ?  Apj>eller,i-i-nn  cela  de  la  justice, 
de  la  modération,  de  riiumanilé? 

Un  autre  fait  Irés-grave,  c  est  (lue,  sons  le 
régne  de  Trajan  ,  la  persc^cution  fut  inces- 
sante. Nous  avons  vu  des  martyrs  au  coiu- 
moncement  de  son  règne  :  Plinr  f.ul  mourir 
par  prnvùion   l*»s  rhrétieïis  de  Hilhytne  en 


l 


l'année  103;  nous  voyons  le  prince  lui-môme 
envoyer  saint  Ignace*  au  supplice  quelques 
années  ^ilus  tard.  A  la  fin  de  son  règne,  saint 
Barsimee,  évèque  d'Kdesse,  y  est  martyrisé; 
Bome,  dans  les  derniers  ft>mps,  voit  mouiir 
saint  Symplironius  et  ses  coni|)agnons.  Ainsi, 
toutes  les  années  de  ce  règne  sont  tachées 
du  sang  des  chrétiens.  L'hi>toire  est  une  ba- 
lance :  l'un  des  plateaux  est  chargé  des  pal- 
mes du  grand  empereur;  celles  des  martyrs 
ses  victimes  pèsent  dans  l'autre.  La  foi  sait 
combien  sont  légères  les  palmes  de  la  gloire  : 
le  héros  ne  peut  pas  sauver  le  persécu- 
teur. 

On  s'est  engoué  de  Trajan;  il  existe  ?»  son 
sujet  un  conte  absurde  que  quelques  auteurs 
n'ont  pas  hésité  h  accefiter.  Vn  écrivain  de 
nos  jours,  un  homme  recommandable  ,  a 
écrit  cette  phrase  étrange  :  «  Trajan,  ce  saint 
empereur,  (jue  saint  Grégoire  le  Grand  de- 
manda à  Dieu  de  faire  enirer  par  exception 
en  paradis  »  Nous  ne  le  nommerons  pas  ici  : 
rju'il  rétléchisse,  il  effacera  celte  erreur 
'chappée  au  courant  de  la  plume.  Non,  Tra- 
an  n'était  point  un  saint  :*cenx  qui,  comme 
'auteur  dont  nous  parlons,  ont  adopt»  cette 
'ahie  qui;  saint  Grégoire  le  Grand  avait  ob- 
tenu que  Dieu  le  mit  en  p.iradis  ,  tombent 
dans  l'absurde  et  le  ridicule.  Trajan  persé- 
cuta l'Eglise,  Trajan  eut  des  vices  honteux 
que  nous  ne  noiiimons  pas  :  l'histoire ,  et 
surtout  (elle  que  nous  écrivons  ,  doit  avoir 
la  pudeur  de  passer  sous  silence  certaines 
débauches.  Oui,  Dieu  peut  avoir  sauvé  Tra- 
jan, si,  soudainement  illuminé  ,  le  cœur  de 
ce  prince  s  est  re[)enti  et  humilié.  Nous  ne 
savons  pas  les  mystères  de  la  m  Si'nicorde 
d'en  haut;  mais  arrêtons-nous  au  doute. 
Quand  Dieu  ferme  sur  une  Ame  les  portes 
de  l'eiernité,  h  lui  seul  le  plus  souvent  a|i- 
parlient  le  secret  du  sort  ipii  lui  est  gardé. 
A  Dieu  donc  le  secret  tJ'uutre-lombe  en  ce 
qui  (concerne  Trajan  ;  h  l'histoire  le  secret 
des  punitions  que  cet  empereur  subit  sur  la 
terre. 

Heureux  suivant  le  monde,  Trajan,  l'un 
des  plus  grands  honunes  de  l'antiquité,  vil 
usque  dans  la  dernière  année  de  son  règne 
es  événements  couronner  ses  désirs,  ses 
projets,  ses  entreprises.  Il  réussit  suivant  ses 
vœux  :  dans  toutes  les  guerres  qu'il  entre- 
prit, il  fut  vainqueur;  il  agrandit  remftire 
romain  par  de  uinnbieuses  comjuêtes  ;  il  le 
ilota  de  travaux,  de  routes,  de  monuments 
de  toute  sorte  :  il  mérita  l'amour  de  ses  su- 
jels  et  l'admiration  des  étrar)gers.  Dieu  lui 
laissa  les  années  d'un  long  règne  prospères 
et  glorieuses  pour  récomnense  de  ses  vertus 
et  de  se>  talents;  mais  il  prit  pour  lui  les 
deux  dernièris.  et,  dans  ce  court  espace  de 
d(Mix  années,  il  l«>  frappa  de  fa(;on  à  le  pu- 
nir, autant  (pi'un  mortel  p<nit  l'être,  dans 
ses  atl'ertions  terrestres,  pour  le  chAlier  de 
son  orgueil  et  des  maux  qu'd  avait  faits  à 
son  Eglise. 

Dans  ]«•  courant  de  l'année  115,  Trajan 
étant  h  Antioclu'.  ville  où  il  avait  fait  le  pnv 
ces  ^  sailli  Ignace,  et  où  il  avait  fait  mouiir 
de  nombreux  chrétiens,  éprouva  un  do»  plu* 


\ 


I»3 


IIIA 


lUA 


ir.4 


^ninds    iiwiIIkmus    (|in    |Mii.s.sr    fni|i|M'i'    un 

ins  (Miipircs  mil  (MI  riiiinvs  crlli'  ln-lli-  riir,  cil 
lil  |>(''rii-,  /ivcr  (les  miriicis  (rii;ilnl;iMls,  des 
sold/ils,  des  g('ii(''r«ii\,  des  |)('rsniiiiMm's  dis- 
tin,mi(''s  de  l'ciiipifc,  dc^  Miiihass.idciirs  ('"Ir.'m- 
gci's  (jiic  le  s<''j(>iir  de  I'('1ii|»ci(mii-  y  .iv.iil  al- 
lift^s.  bo  fui  nii  (loml)l('iiicnl  <!('  Icrro  (|iii  fut 
ninnifcsla  pai'  des  sctotisscs  acromiJa^tM'w.s 
de  l()iiiit'n'(>,  (k)  vtMils  im]i(''liicn\,  cl  .ivre. 
tanl  (Je  violoncc,  quo  les  (''diliccs  élaicnt 
(•oiiiin(\jtM(Vs  hors  d(^  leurs  f()iid(Mn(Mils.  I,a 
terri' stMlt''cliii'iil ,  et  les  déeliirures  vouiis- 
sai<>iil  des  leux  souterrains  (jui  (hWoraieiil 
ceux  (|ue  la  élude  ties  (Sliliees  n'avait  pas 
(W'rasés.  Il  péril  ainsi  une  inullilude  de  per- 
sonnes. Trajnn  s'élanl  échappé  par  la  l'enétro 
de  la  eh;u\d'>re  où  il  t'Iait  lo;;é.  se  relii-a  dans 
l'hippodronu-,  (\\ù  ii'élail  environné  d'aucun 
biUinient. 

Ce  qu'il  y  (>nl  do  plus  néuiblo  pour  Tra- 
jan,  c'est  (/u'il  fut  t'rapt)é  dans  sa  [lassion  do- 
minante. A'a'iittMix  h  l'excès,  il  voulait  lais- 
ser un  em|)ire  consiilérablemcnt  augmenté 
par  ses  conquêtes.  Il  vécut  assez  longtemps 
pour  voir  les  pays  que  ses  victoires  avaient 
ajoulés  h  l'empire  romain  s'en  délacher  par 
la  révolte.  Ses  trou|)es  lurent  prescpie  par- 
tout surfirises  cl  massacrées,  et  il  tul  obligé 
de  recommencer  la  gueri-e.  IMa\  uie,  l'un  de 
ses  lieutenanls,  l'ut  vaincu  et  tué  par  les  re- 
belles; lui-même  courut  mettre  le  siège  de- 
vant Alra,  ville  arabe,  (pii  persistait  dans  la 
révolte,  (-elle  ville  était  située  au  milieu  d'un 
désert  aride,  où,  sans  eau,  sans  bois,  sans 
fourrages,  les  soldats  romains  virent  leurs 
efforts  se  brider  contre  les  obstacles.  Ayant 
enlin  fait  brèche,  Trajan  donna  l'assaut;  mais 
il  fut  repoussé  avec  perle,  et,  n'ayant  pu  ral- 
lier ses  troupes,  faillit  être  tué  ou  blessé. 
Les  moustiques  s'en  mêlèrent,  la  saison  des 
pluies  arriva,  les  soldats  furent  décimés 
par  la  maladie,  et  il  fallut  enfin  lever  le 
siège. 

Trajan  se  retira  en  Syrie,  oii  il  eut  une 
attaque  d'apoplexie  qui  le  laissa  paralysé  et 
languissant.  Le  sénat  l'invitait  à  se  rendre  à 
Rome  pour  y  triompher  et  y  goûter  le  repos 
si  bien  dû  à  ses  ex])Ioits.  Û  se  décida  à  en 
prendre  le  chemin,  et  laissa  en  Syrie  Adrien 
avec  son  armée  ,  le  chargeant  de  continuer 
la  guerre  contre  les  Parthes.  Mais,  le  conqué- 
rant parti,  les  Parthes  profilèrent  de  l'inca- 
pacité d'Adrien,  chassèrent  le  roi  que  Trajan 
leur  avait  donné,  et  rappelèrent  Ohosruès, 
qu'il  avait  déposé.  L'Arménie  et  la  Mésopo- 
tamie secouèrent  le  joug  et  revinrent  à  leurs 
anciens  maîtres. 

Ces  nouvelles  furent  poignantes  pour  Tra- 
jan; mais  son  plus  grand  chagrin  fut  de  mou- 
rir sans  revoir  Rome,  où  l'attendaient  les 
honneurs  du  triomphe,  et  d'adopter  ou  de 
subir  pour  successeur  Adrien,  qu'il  n'aimait 
pas,  Adiien,  qui  venait  d'é  ablir  d'une  ûi- 
çon  si  flagrante  son  incapacité,  et  qu'il  soup- 
çonnait d'avoir  voulu  lui  donner  du  poison. 

Ainsi  finit  ce  prince  persécuteur ,  avec  la 
récompense  de  sa  gloire  et  la  punition  de 


sts  crunes  envers  les  chrétiens.  IMuutard,  il 
appartenait  i\  Dieu. 

•I  Dodw  cl  avoue  que  Traj.'ui  lit  mourir  s/iinl 
iKnaccd'Aiiiidclic,  cl  Unlus  cl  /.o/imcdc  Phi- 
lippes,  mais  <pic  la  persécution  s'/irrêln  Ih, 
et  (pi'clhf  se  coutcnla,  du  moins  dan.->  la  Sy- 
rie ,  <lu  sarig  de  ces  trois  martyrs  :  ce  ipi'il 
prétend  prouver  |)ar  la  lettre  (pu-  saint  l'oly- 
car|ic  écrivit  aux  chréiiens  rpii  demeuraient 
à  Pliilipjics,  d/ins  la(pielle  il  rioMuiic  (es  Ikjis 
saints.  Il  y  n  de  l'apparence,  dit  Dodwel,  (pie 
si  d'iiulics  eussi  ni  souHert  le  martyre  ,  ce 
saint  (■vê(pi(!  n'(!Ûl  pas  maïupic  de  les  nom- 
ni(!r  aussi.  Mais  connU'  ni  un  homme  si 
éclairé  n'a-t-il  pas  pris  garde  (pie  celle  mémo 
lettre  parle  posilivcmenl  d'aulics  maityrs? 
«  Je  vous  exhorte  ,  dit  ce  .saint  év<^què  de 
Smyrne,  je  vous  conjure  d'obéir  ave('  amour 
A  vos  supérieurs;  exercez-vous  h  la  patience, 
il  celte  vertu  dont  vous  venez  d'avoir  de  si 
beaux  exemples,  non-'-eulement  dans  Ignace, 
dans  Zo/.iine  et  dans  IJul'us,  mais  encore  ilans 

vos    autres    citoyens »   La    vi.Tsion 

d'Ussér  us  porte':  «  C(  ux  d'entre  vous  (pii, 
ayant  souffert  avec  le  Seigneur,  sont  allés  au 
lieu  qu'il  leur  a  marqué  pour  y  recevoir  la 
récompense  qui  leur  est  duc.  »  Les  Actes  de 
saint  Ignace  (|u'on  vient  de  citer  sont  tout  à 
fait  favorables  il  notre  opinion.  On  y  l.t  que 
«  la  seule  givlce  (ju'on  pouvait  espérer  de 
Trajan  était  de  choisir  entre  mourir  ou  sa- 
crilier.  »  Sur  quoi  Eusèbe  remarque  que  ce 
procédé  do  l'empereur  excita  une  persécu- 
tion particulière  dans  chaque  ville  où  le  peu- 
ple, autoiisé  par  l'exemple  du  prince,  s'ani- 
mait contre  les  chrétiens  et  aimait  h  trem- 
per ses  mains  dans  leur  sang.  «  C'est  ainsi 
que  saint  Siméon  ,  évoque  de  Jérusalem, 
après  avoir  confessé  Jésus-Christ  avec  une 
constance  admirable,  fut  enfin  attaché  h  une 
croix  par  un  jugement  rendu  contre  lui.  » 

«  C'est  dans  ce  temps  de  cruauté  et  de  per- 
sécution que  l'auteur  de  la  Chronique  [)as- 
cale  ou  d'Alexandrie  fait  arriver  la  mort  de 
saint  Marc  :  «  Saint  Marc  ,    dit-il  ,    évoque 
d'Alexandrie,  ayant  été  pris  et  lié  par  des 
bucoliens  (une  espèce  de  valets   de    sacrifi- 
cateurs, qui  avaient  soin  de  conduire  à  l'au- 
tel les  taureaux  qu'on  y  devait  sacrifier),  fut 
traîné  hors  la  ville,  dans  un  lieu  nommé  les 
Anges,  où  il  fut  brûlé,  le  premier  jour   du 
mois  Pharmulhi,  et  finit  ainsi  sa  vie  par  le 
martyre.  »  C'est  encore  sous  cet  empereur 
que  le.s  habitants  d'une  ville  de  Rilhynie, 
qui  était  toute  chrétienne,  vinrent  se  présen- 
ter devant  le  tribunal  du  gouverneur,  lequel, 
étonné  de  leur  nombre,  en  envova  quelques- 
uns  au  supplice  et  renvoya  les  autres  en  leur 
disant  :  «  Misérables,  si  vous  avez  une  si 
grande  envie  de  mourir,  vous  avez  des  cor- 
des et  des  précipices  !  »  Ce  serait  ici  le  lieu 
de  rapporter  la  relation  que  Tibérien,  gou- 
verneur de  la  première  Palestine,  envoya  à 
Trajan,  où  il  avoue  ingénument  à  l'empe- 
reur que,  dans  le  désir  qu'il  a  de  satisfaire  à 
ses  ordres ,   il   s'est  plusieurs  fois  lassé  à 
tourmenter  les  chrétiens  et  à  les  faire  mou- 
rir. Il  est  vrai  que  les  savants  doutent  de  la 
vérité  de  cette  pièce;  mais  nous  avons,  dans 


1235 


TRA 


TRE 


li36 


la  It'Ure  Je  Pline  au  lu^me  empereur,  un  té- 
moi;?nage  de  cette  pers«*riitioii  qui  n*'  |>put 
Mro  m  plus  cfrtaifi  ni  moins  suspect.  Plu- 
sieurs chrétiens  de  son  gouvernement  ayant 
été  dénonrés  h  son  Irihuiial.  il  se  les  Ht  ame- 
ner; mais,  roti>i(li''rant  celle  multitude  com- 
posée de  [Kîrsonnes  de  tout  sexe ,  de  tout 
.îge  et  de  toute  r.ondiUon.  qui  n'aftondait  »pii' 
le  moment  d'être  envoyée  au  supplice,  il  en 
fut  etfravé,  et,  se  contentant  d'en  condam- 
ner quelques-uns,  et  repoussant  les  autres 
de  son  tribunal,  il  écrivit  k  Traian  pour  le 
consulter  touchant  la  manière  dont  il  devait 
tr.iiter  ceux  (|uil  n'avait  pas  voulu  condam- 
ner. L'empereur  api»rouva  la  conduite  de 
Pline;  il  loua  l'ordre  qu'il  avait  gardé  dans 
l'instruction  de  cette  affaire,  et  il  lui  ré- 
pondit enfin  qu'il  fallait  cesser  les  poursui- 
tes contre  les  chrétiens,  mais  qu'on  devait 
punir  ceux  i}ui  seraient  dénoncés.  Cette  rt- 
ponse  lit  gagner  à  plusieurs  tidèles  [)lus 
d'une  fois  la  couronne  du  martyre;  car  elle 
doima  aux  peuples  et  aux  juives  une  licence 
ouverte  de  dresser  impunément  des  embû- 
ches aux  chrétiens.  Au  r^ste,  cette  lettre  de 
Pline  nous  apprend  <|n'il  y  avait  un  é  iit  de 
Traian  qui  défendait  toute  sorte  de  société 
et  d'assemblée.  »  —  (Rninart.  Dii>r.  prélim.) 
TRANI,  ville  du  royaume  de  Naples,  a  vu 
les  soutl'rances  qu'y  endura  Nicolas  le  Pèlo- 
rio  pour  la  foi  de  Jésus-Christ,  qu'il  conft.'ssa 
avec  courage. 

TRANQLILLIN  fsain  ),  prêtre,  eut  la  gloire 
de  mourir  pour  la  foi  clirélienne  sous  l'em- 
pire de  Dioclélien.  Ce  saint  avait  deux  fils 
nommés  .Marc  et  Marcellien:  ils  furent  arrê- 
tés comme  tels.  Carii  étant  encore  maître 
de  Uouie.  Trampiillin  et  sa  femme  Marcio 
étaient  païens  tous  les  deux  :  ils  obtinrent 
du  [)réfet  de  Rome,  nommé  Cliromace,  un 
délai  de  trente  jours  pour  le  supplice  le  leurs 
enfants;  ils  espéraient,  durant  ce  temps, 
pouvoir  vaincre  leur  constance,  qui  avait 
résisté  aux  plus  cruels  tourments.  Ils  tirent 
donc  tout  ce  qu'ils  purent  pour  les  tléclnr  : 
peut-être  y  eussent-ils  réussi;  mais  saint 
Sébastien,  qui  était  venu  visiter  les  martyrs 
dans  leur  prison,  ratfermit  leur  couragi^  et 
ayant  opéré  de  grands  miracles  en  présence 
de  tous  les  assistants,  tous  se  convertirent. 
Tranquiilin  et  Manie  sa  femme  furent  de  ce 
nond)re  :  sauil  Poivcar|>e,  irétre,  les  bap- 
tisa. Tranqudiin,  ipii  avait  la  goutte  depuis 
onze  ans,  et  (pii  ei,  souffrait  beaucoup,  en 
fU'  iiumédialemeiit  guéri.  I,e  délai  qu'avait 
accordé  le  préfet  Cliromace  étant  expiré, 
Tranquiilin  se  rendit  auprès  de  ce  magistral 
et  lui  apprit  qu'au  lien  d'avoir  amené  ses 
enfants  h  abjurer  leur  religion,  il  avait  lui- 
même  été  converti  au  eliri«ilianismc.  Il  lui 
dit  sa  guérisuii  mirai  nlniise.  Chromaee  le  lit 
arrêter  et  conduire  en  |»rison;  mais,  la  nuit 

vernie,  il  se  le  lit  amener  ««errètement  et  lui 
demanda  de  lui  taire  part  du  m'-yrn  cpii  l'a- 
vait guéri,  lui  offrant  pour  rein  une  grande 
somme  d'argent.  Chromnr«>  et  lit  bii-même 
atteint  de  la  goutte,  rranquilliii  lui  dit  qu'un 
pareil  marché  serait  indigne  de  la  sainteté 
du  Dieu  auipipl  il  devait  ta  guéridon.  Il  lui 


2 


en  dit  assez  pour  que  Cliromace  désirât  voir 
le  prêtre  saint  Polvcarpe,  déclarant  que  si 
ce  prêtre  pouvait  îe  guérir ,  il  se  ferait  im- 
médiatement chrétien  {vny.,  h  l'article  Chro- 
M\CR,  la  suite  des  événements  qui  le  con- 
cernent). Quant  h  Tranquiilin,  il  se  retira 
avec  Chromaee,  devenu  chrétien,  dans  la 
Campanie,  accompagné  do beauioup d'antres 
chrétiens.  Au  bout  de  quelque  temps,  le 
pape  saint  Caïus,  étant  venu  chez  Chromaee 
vi>^ile^  le<*  chrétiens  ,  ordonna  prêtre  saint 
TraïKpiillin,  et  ses  enfants,  Marc  et  Marcel- 
lien,  diacres.  Ici  les  détails  nous  manquent 
sur  saint  Tranquiilin  :  nous  voyons  seule- 
ment ([u'ayant  cTiipris  la  mort  de  sainte  Zoé, 
femme  du  greflier  Nicoslrate ,  qui  comme 
lui  avait  été  convertie  par  saint  Sébastien 
dans  la  prison  de  ses  enfants,  il  s'écria  qu'il 
était  honteux  pour  eux  que  des  femmes  les 
prévinssent.  Il  sortit  en  disant  cela;  c'était 
le  jour  de  l'octave  des  Apùtres.  Il  s'en  alla 
prier  au  tombeau  de  saint  Paul  :  là ,  il  fut 
pris  par  le  peuple,  ainsi  qu'il  le  désirait,  et 
tué  à  coups  de  pierres.  Son  corps  fut  jeté 
dans  le  Tibre.  L'Kglise  honore  la  mémoire 
lie  ce  saint  le  H  juillet.  Pour  plus  de  dé- 
tails, voy.  les  Actes  de  saint  Sébastien,  ii  son 
article.! 

TRANSUCCO,  nom  d'un  lieu  voisin  dn  lao 
Celano,  dans  l'.Vbruzze  ultérieure  :  c'est  là 
ue  saint  Céside,  prêtre,  fils  de  saint  Kutin, 
vêque  des  Marses,  fut  martyrisé  sous  le 
règne  de  l'empereur  Maxirain  I" 

TRAVANC()RE,  royaume  de  rHindoustan, 
sur  les  côtes  du  Malabai.  était,  en  l'an  1600, 
évangélisé  avec  beaucoup  de  fruits  par  les 
PP.  André  Bucério  et  Emmanuel  de  Veiga. 
jésuites.  Ce  fut  dès  cette  époque  que  lo  ml 
de  ce  pays  commença  à  se  montrer  défavo- 
rable aux  chrétiens.  Quatre  ans  après,  il  les 
persécuta  vivomenf,  au  [mini  qu'ils  furent 
iorct's  d(»  se  dis[)or»er  au  nombre  d'environ 
vingt  milli".  Mais  en  I(i07.  le  P.  Nicolas  Spi- 
nola,  qui  était  à  la  tôle  du  colléaede  Colam. 
parvint  h  ramener  ce  prince  à  île  meilleur8 
senliiuenls,  et,  grâce  à  son  intervention,  les 
églises  qui  avaient  été  abattues  se  relevè- 
rent ;  il  11:  mémo  des  dons  considérables  k 
l'aide  desquels  on  en  éleva  do  ncuivelles. 

TRAVAZOS  ,1e  bienheureux  Jean).  Por- 
tugais, lie  Tordre  de  Sainl-Doininiipie,  fut 
massacre  d  uis  lîle  Solor  avec  le  frère  coii- 
vers  Melcluor.  Leuis  prédications  trompant 
la  cupidité  dos  prêtres  idolâtres ,  ceux-ci  le 
tirent  ma>sacru.'.  i  Fonlana  ,  MonumciUu  Do- 
uiiiiinina,  année  1599.) 

TRKBI,  nom  d'un  lieu  illustré  |>ar  les  souf- 
Iranccs  du  confesseur  sainl  Pierre.  Le  Mar- 
tyrologe semble  le  désigner  comme  ville; 
lions  (  rovons  qu'il  vi-ul  marquer  la  rivière 
de  Tn-bie,  la  même  où  Annibal  défit  Sem- 
proniiis.  lau  218  avant  Jésus-Christ. 

TUf-lCn  AN  fie  bienheureux),  seigneur  an- 
glais qui  fui  cond.nniié  ,  sous  la  reine  Eli- 
sabeth, i\  voir  conli.squer  ses  biens  et  à  la 
pi  ison  pour  avnjr  fait  dire  la  messe  dans  sa 
maison,  par  un  nrêlre  catholique  nommé 
Cûthbert  Maine,  leipiel  .  pour  cette  cause, 
mourut  martyr.  Tous  deux  furent  condam- 


1Î37 


Tni 


MU 


\r>n 


ui^a  ou  iiuV('iiil)ro  l!i77.  Tinf^uiait  uiDurut 
(Ml  prison.  {Voy.  OnTiiiiKin-  M ainu  cl  Ki.isa- 
111:111.) 

TUf«:VKS.  villo  lit)  la  rriissi'  lUn'naiif,  vf'- 
lM»n>  par  Jo  mnrlyrc  (U)s  saints  Maxt-nco, 
(loiislaiiid,  (j-csccncc ,  Jusiiii  et  irnnlrcs 
dont  li>s  noms  nous  soiil  incuiiinis,  et  (lui 
sonllVircnl  iluiatil  la  |)('rs('(iilioii  de  Diocm- 
licli  sous  le  |i|'iVsi(lciil   Ilicliovai'c. 

lUlCIlATliVll,  ou  Saint-Pai  i-TUoisCiu- 
TiMiix,  ville  illustri''o  par  le  niarl)r(î  quy 
soulIVil  saini  l'iorcnl;  on  ignore  h  (pullu 
epoipio  el  (laus  (pielles  cireonslaiiees. 

TUIMSTF,  dans  l'ill^rie,  ap|iarlieul  niaiii- 
leuaul  .^  rAulricho.  (le  lui.  ilaus  ci  Ile  villo 
([ue  sainl  Priuu',  prôlri',  el  saiul  Maïc  ,  dia- 
cre, l'uri'Ul  luarh  risés,  sous  1(>  r^gne  de  l'ein- 
perour  Adiieu.  Sous  Marc-AurMe  ,  M(»us  y 
Irouvoiis  saint  La/are,  diacre,  marlyr.  Les 
docuuionls  (pii  nous  soni  parvenus  sur  ce 
sainl  personnage  sont  insu^l^auls  :  nous  no 
pouvons  donc  donnei'  aucun  détail  sur  son 
marlyie. 

TÙlPlIÈNli;  (saillie),  après  avoir  snrnionlô 
tlusicurs  tournu'uls  ;\  Cyzicjue,  dans  l'Hel- 


I 


espont ,  l'ut  mise  ^  moii  par  un  lain'can,  et 
méi'ita  ainsi  la  palme  du  martyre.  On  ignore 
la  date  de  son  cou>bat.  L'Eglise  fait  sa  fùlo 
le  31  janvier. 

TlliPIUNE  (sainte),  martyre,  compagne  du 
saint  martyr  Agatlion  ,  mourut  nour  la  foi 
chrélieinie  en  Sicile.  La  l'été  iic  ces  deux 
saints  est  inscrite  au  Martyrologe  leSjuillet. 

TlUPHON  (sainl),  martyr  à  Nicéc  on  Bi- 
thynic  sons  le  règne  do  rcmperour  Dèce,  eut 
pour  compagnon  de  ses  glorieux  combats 
saint  Ucspice,  honoré  connue  lui  par  l'E- 
glise le  10  novembre.  Ce  que  nous  allons  ra- 
conter est  commun  à  ces  deux  saints,  nous 
ne  les  séparerons  pas  dans  notre  narration. 
Ils  étaient  tous  deux  natifs  de  Phrygie,  d  un 
village  nommé  Sansore,  dans  le  lerVitoirc  de 
la  ville  d'Apamée.  Leurs  familles  étaient 
aisées,  sans  cependant  être  de  celles  qu'on 
appelle  fortunées.  Ils  étaient  célèbres  dans 
le  pays  et  par  leurs  vertus  et  par  la  favem* 
toute  spéciale  qu'ils  avaient  de  recevoir 
toutes  sortes  de  dons  et  de  grâces  de  la  part 
du  Seigneur.  Ils  honoraient  vraiment  le  titre 
de  chrétiens  autant  qu'ils  en  étaient  honorés. 
Quand  Déco  arriva  à  l'empire  ei  qu'il  eut 
lancé  contre  l'^^glise  les  édits  cruels  qui  ti- 
rent tant  couler  de  sang,  saint  Respice  et 
saint  Triphon  ne  purent  pas  rester  igno- 
rés des  i)ersécnteurs  :  ils  furent  dénoncés 
au  gouverneur  de  Bilhynie,  qui  se  nommait 
Gracchus  Claudius  Aquilinus.  Ce  gouverneur 
envoya  un  nommé  fronton  avec  quelques 
gardes  pour  les  arrêter.  Ce  Fronton,  da:.s 
leurs  Actes ,  est  qualifié  d'irénarque.  Ils 
furent  amenés  chargés  de  chaînes  au  gou- 
verneur, qui,  étant  occupé  h  d'autres  af- 
faires, les  Ut  mettre  en  prison.  Quelques 
jours  après  il  les  lit  amener  devant  son  tri- 
bunal, où  les  saints  confessèrent  Jésus-Christ 
aveu  une  ardeur  et  un  courage  indicibles. 
Quand  on  leur  demanda  quelle  était  leur 
fortune  :  «Des  chrétiens,  répondit  saint 
Triphou ,   ne  connaissent  point  de  fortune, 


.sacliunt  que  (-'est  l'onlii-  de  DuMi  qui  ii-kIu 
tonl.ol'n  olllt'jcr,  rrnynnl  len  <<ponvnnl<T,l»*ur 
dil  (pi'on  bn'llail  ceux  dt-  Ir-nr  soi  to  qui  r»'- 
ru>,ii«'nl  de  sncrillcr  el  d'obi'ir  nii\  oruresdn 
rcnipcnnii .  «  HIcn,  lui  dil  nes|ii«'P,  ri*»  pftut 
iHMis  .Oliver  (pii  nous  soit  jilus /if.^iénl)le.  » 
Aipiiliii  leur  a^.'inl  «lit,  de  ro  Ion  (pii  vi^c  \ 
llaller,  (ju'ils  parals.saionl  avoir  n-^sfr  d*rtg« 
pour  savoir  se  <nndnire  et  prnir  Aire  sngrs  : 
i<  Oui  ,  dil  'l'riplion  ,  nous  sommes  «nges, 
parce  <pie  nous  suivons  Jésus  Christ.  Nous 
souhaitons  d'arriver  h  la  perfection  de  celte 
sagesse,  et  [«mr  cida  d'aller  jus(pi';iu  liout 
dans  le  comnat  (jne  nous  avons  entrepris.  » 
A(piilin  n'en  pouviuit  rien  obtenir  de  |ilu.«!, 
leur  lit  doinier  la  (puistion  avec  les  ongles 
fie  fer.  Les  d((ux  saints  se  dépouillèrent 
tnix-inèmes  :](>  leurs  liabits,  et  pen<l;inl  trois 
heiiies  (pie  dura  cette  cruelle  torture,  ils  no 
poussèrent  pas  un  gémissement,  ne  firent 
tas  cnlendiT  un  seul  mol  pour  se  nlaindre. 
Is  lie  parlèrent  (|ue  pour  menacer  le  juge  et 
es  bourreaux  de  la  colère  du  Dieu  (|ui  les 
soutenait  dans  le  combat  ({u'ils  livraient 
j)Our  lui. 

Le  gouverneur  partit  pour  aller  à  la  chasse 
et  donna  l'ordre  de  laisser  les  saints,  qu'il 
venait  do  faire  couvrir  de  plaies,  exposés  à 
la  violence  des  frimas  •  il  faisait  alors  exces- 
sivement froid.  Bient(jt  les  saints  eurent  les 
})ieds  gonflés  et  gercés  en  plusieurs  endroits. 
A  son  retour,  Aqnilin  se  les  étant  fait  ame- 
ner, leur  demanda  s'ils  étaient  devenus  nlus 
sages  :  «  C'est  ce  h  quoi  nous  travaillons 
sans  relAche,  lui  dit  Triphon,  par  le  culte 
incessant  que  nous  rendons  à  Dion.  »  Il  les 
renvoya  en  prison,  en  leur  faisant  de  gran- 
des menaces  pour  le  cas  où  ils  persiste- 
raient à  lui  désobéir. 

Durant  quelques  jours  Aquilin  fit  une 
tournée  dans  la  province.  Quand  il  fut  re- 
venu, il  essaya  de  faire  fléchir  les  saints,  en 
les  prenant  par  de  fausses  marques  de  dou- 
ceur, en  leur  montrant  de  l'estime  et  de 
l'atreclion.  «  Prenez  pitié  de  votre  jeunesse,» 
leur  disait-il.  Thriphon  lui  dit  :  «  Nous  ne 
saurions  mieux  faire  ce  que  vous  nous  con- 
seillez, qu'en  demeurant  inébranlables  dans 
la  confession  de  Jésus-Christ.  »  Aquilin , 
outré  de  colère,  leur  fît  enfoncer  des  clous 
dans  les  pieds  et  les  fit  en  cet  état  traîner 
au  milieu  de  la  ville  par  un  froid  excessif. 
Dieu  fortifiait  de  plus  en  plus  ses  servi- 
teurs :  ils  protestaient  qu'avec  ces  clous  ils 
étaient  comme  avec  la  chaussure  la  plus 
commode.  Le  gouverneur  les  fit  fouetter 
jusqu'à  fatiguer  les  bourreaux  ;  ensuite,  on 
les  déchira  avec  les  ongles  de  fer,  on  leur 
brûla  les  côtés  avec  des  torches  ardentes. 

Leurs  Actes  racontent  qu'alors  un  ange 
parut,  qui  fit  tomber  les  bourreaux  demi- 
morts  de  frayeur,  et  qui  donna  aux  saints  / 
un  nouveau  courage  en  leur  plaçant  des  cou- 
ronnes sur  la  tête.  Les  saints,  ajoutent  les 
Actes,  dirent,  en  levant  les  yeux  au  ciel  : 
«  Seigneur  Jésus,  exaucez-nous,  que  le  diable 
ne  nous  surmonte  point;  mais  exaucez-nous 
et  faites-nous  acîTever  notre  course,  afin  que 
vous  combattiez  en  nous,  et  que  vous  vain- 


«39 


TRI 


TRO 


liit» 


i|uioz  en  nous.  »  Aquilin  continua  à  les  faire 
tourmenter  :  il  les  pria  on(  oro  d'.ivoir  pitié 
de  leur  jeunesse.  «  Lli  quoi  !  lui  dit  Respice, 
ce  ser.iit  donc  en  nous  abaissant  h  adorer  du 
bois  et  des  pierres?  Jamais  nous  ne  le  fe- 
rons. »  Le  lendemain,  il  furent  battus  lon,;- 
temps  et  très-cruellement  avec  des  fouets 
garnis  de  plond).  Aquilin,  voyant  l'inutilité 
de  toutes  ses  fureurs,  les  condamna  à  avoir 
la  tête  tranchée.  Les  saints  martyrs  regurent 
avec  joie  cet  arrêt,  et  donnôienl  leurs .•Imes 
à  Jésus-Christ  en  bénissant  leurs  boirreaux. 
Leurs  reliques  sont  maintenant  dans  deux 
églises  de  Rome,  celle  de  S.iint-Augustin  et 
celle  du  Saint-Esprit  in  Suxia.  Sn.ria  est  le 
nom  d'une  rue  qui  est  entre  Saint-Pierre  et 
le  Tibre.  Ce  nom  vient  de  ce  ([ue  Charle- 
magne  établit  en  cet  endroit  la  colonie  de 
Saxons  qu'il  avait  déportés  en  805^,  à  peu 
près,  pour  les  faire  instruire  dans  la  foi 
chrétienne. 

TRIPHON  (saint),  martyr,  eut  la  gloire 
immortelle  de  doni;er  son  sang  pour  la  foi 
du  Christ.  Le  Martyrologe  romain  nomme 
les  compagnons  de  son  triomphe,  les  saints 
Géminé,  Aipiilin,  Eugène,  Marcien,  Quin- 
clus  et  Théodote.  On  ignore  l'année  de  leur 
martyre.  L'Eglise  célèbre  leur  mémoire  le 
k  janvier. 

TRIPHON  saint),  fut  martyrisé  à  Alexan- 
drie avec  douze  autres  compagnons  dont 
les  noms  nous  sont  ignorés.  L'Eglise  fait 
collectivement  leur  fête  le  3jiiillet. 

TRIPODE  (saint),  re(;ut  la  couronne  du 
martyre  à  Rome  sur  la  voie  Aurélienne,  avec 
les  saints  Rasilide,  Mandale  et  vingt  autres. 
Ce  fut  sous  l'empire  d'Aijrélien  ({u'eut  lieu 
leur  glorieux  sacrifice,  en  l'année  273  ou  274. 
Les  Actes  de  ces  saints  ne  sont  pas  de  na- 
ture à  inspirer  une  grande  conliance.  Pierre 
de  Natalibus  et  Mondjritius  nous  en  ont 
donné  de  fort  dillerenls  :  ceux  du  {)remier 
surtout  sont  pleins  de  récits  fabuleux,  ce  qui 
n'empêche  |)as  Baronius  d'y  renvoyer  ses 
lecteurs.  On  y  marque,  et  le  Marlyrologo 
rouiain  les  a  suivis,  tpi'ils  soulfnrent  sous 
un  préfet  de  Rome,  nommi'  Platon,  lequel 
ne  se  trouve  pas  dans  la  liste  de  R.ieche- 
rius.  L'Eglise  lait  la  fête  de  ces  saints  le 
1 0  j  u  i  M . 

TRIPOLL  le  |ilus  oriental  des  pays  bar- 
barcsqiies,  est  célèbre  dans  les  annales  des 
martyrs  par  les  soulîr.inces  (ju'y  endurèrent 
pfiur  la  foi  les  saints  Luiien,  Mi-lrope,  Paul, 
Zeliobe.  riiédtime  et  Drusus.  On  ignore  h 
(pielle  époi|ue  arriva  leur  martyre. 

TRIOl'ERIE  ,  franciscain  ,  et  chapelain 
d'un  couvent  de  Laval,  fut  guillotiné  dans 
celle  ville  le  21  janvier  171)'».  avec  treize 
autres  j)rêtres.  Lorsfjnon  lui  demanda,  a»j 
tribunal  révolulionnaiie,  s'il  voulait  r<nion- 
cer  h  la  religion  cathf)lique.  «  Ah  l  vrai- 
menl  non,  ntoyen,  s'et na-l-il,  je  serai  ti- 
ilèle  h  Jésus-Christ  jUMpia  mon  dernier 
soupir!  B  Ses  treize  compagnons  suivirent 
.son  glorieux  exemple,  et  tous  périrent  sur 
l'érhalaud.  ^Tiri''  des  Mi'inoirrs  tccUsintli- 
tfurji,  etc.,  par  M.  Isidore  Rouiller,  curé  de 
la  Trinité  de  Laval.  1846.) 


TRO  A  DE  (saint),  martyr  à  Néocésarée,  en 
2o0,  sous  le  règne  de  l'empereur  Dèce.  ter- 
mina glorieusement  sa  vie  en  la  donnant 
i)Our  la  foi  chrétienne.  Il  était  à  la  fleur  de 
l'/lge,  et  appartenait  à  une  des  principales 
familles  de  la  ville.  Ni  l'amour  de  la  vie,  (|ui 
s'ouvrait  devant  lui,  riche  de  toutes  les  illu- 
sions de  la  jeun -sse  et  de  la  fortune,  ni  la 
crainte  des  tourments  qui  allaient  la  lui 
Ater,  rien  ne  peut  l'ébranler.  Amené  de- 
vant le  gouverneur,  il  confessa  sa  foi  avec 
un  grand  courage,  et  a[)rès  avoir  soulfert 
divers  tourments,  il  finit  par  un  illustre 
martyre.  L'Kglise  vénère  sa  mémoire  le  28 
décembre.  Ses  Actes  racontent  que  pendant 
qu'il  endu.ait  le  martyre,  saint  Grégoire 
'rtiaumaiurge  lui  apparut  pour  l'encourager 
dans  le  saint  c»ml)at  qu'il  soutenait. 

TROPHIME  (saint),  fut  martyrisé  pour  la 
foi  chrétienne  sous  l'empire  de  Probus. 
Quoique  ce  prince  n'ait  pas  persécuté  l'E- 
glise, il  y  eut  des  martyrs  sous  son  règne  : 
notre  saint  fut  du  nombre.  Il  avait  témoigné 
sa  douleur  en  voyant  les  folies  sacrilèges 
des  cérémonies  païennes.  On  l'arrêta  à  An- 
tioche  de  Pisidie,  avec  saint  Sabbace  ;  le 
Ménologe  d'Ughellus  le  dit  positivement.  On 
les  conduisit  devant  Héliodore,  vicaire  de  la 
province.  Ce  magistrat  n'avant  pas  l'autorité 
suprême  pour  juger  les  deux  saints,  ne  les 
condamna  j)as  l\  mort  :  il  leur  fit  seulement 
donner  la  question.  Sabbace  mourut  au  mi- 
lieu des  tourments;  Trofihime  fut  renvoyé 
devant  Dyonisius  Pérennius,  gouverneur  de 
la  Phrygie,  qui  se  trouvait  alors  à  Synnade, 
cl  trois  journées  d'Antioche.  On  lui  conduisit 
Trophime  avant  aux  pieds  des  cliaussures 
garnies  int(?rieurcment  de  pointes.  Péren- 
nius, lui  ayant  fait  soutfrir  [)lusieurs  sup- 
plices, le  lit  mettre  en  prison,  où  un  séna- 
teur (le  la  ville,  nomme  Dorymédon,  qui 
déjh  était  cîirétien,  ou  i|ui,  suivant  d'autres, 
lot  converti  dans  la  prison  même  par  saint 
Trophime,  venait  visiter  le  saint  martyr.  Ce 
devoir  de  charité  (|u'il  remplissait  fut  cause 
qu'on  l'arrêta.  Saint  Trophime  eut  les  yeux 
crevés,  et  fut  ensuite  exposé  aux  biHes  avec 
Dorymédon  :  les  bêtes  ne  leur  ayant  fait  au- 
eun  mal,  on  leur  trancha  la  tête  à  tous  dfeux. 
le  19  septtnnbre.  jour  auipiel  ils  sont  ho- 
norés par  l'Eglise  grecque  et  par  l'Eglise 
latine. 

TROPHIME  (saint),  fut  martyrisé  à  Lao- 
dicée  en  Syrie  durant  la  persécution  de  l'em- 
pereur Ditielélien.  Il  soulTrit  de  cruels  tour- 
ments avec  saint  Thaïe.  Ils  sont  inscrits  au 
Marivrologe  romain  le  11  mars. 

TliOPHlME  ^sainl\  martyr,  reçut  la  palme 
des  gi«>neux  combattants  pour  la  foi  de  Jé- 
sus-Christ. Il  eut  \HM\v  com|)agnon  de  sa 
gloire  saint  Eucarpe.  Les  Artes  des  martyrs 
ne  nous  ont  laissé  aucun  détail  sur  le  lieu, 
la  date  et  les  circonstances  de  luur  martyre. 
L'Ei;lise  t'ait  leur  f ê  e  le  18  mars. 

TROPHIME  ^saini).  versa  son  .sang  pour 
la  foi  avec  saint  Théophile.  Ayant  été  meur- 
tris ,^  coups  de  pierres,  mis  dans  le  feu,  el 
enlin  dec  ipités,  ils  reçurent  ainsi  sous  l'em- 
pereur Dioclélien,  la  couronne  du  martyre. 


Iï41 


TSI 


TCR 


1i4i 


L'I''L?liso    fait  folleclivriiiciit    Inir   lï^lc  le  'i.'l 
juill.'!. 

l'IlOIMIlMI';  (.s«int('),  iiDiiIvri'.  lut  misf  h 
moil  iliii.iiil  lii  |MM-st''ciili(Mi  (II-  riMii|M'i('iir 
Ar.loiiiii  M,'«rc-Aiir('>l(',  en  l'a-MH'-f  177,  dans 
In  ville  tic  Lyon,  Coiimir  If  vrin-rahlc'  iWÔ- 
(jiic  sailli  l'olliin  cl  une  iimlliliiilr  d'aiilics, 
t'Ilc  iiKMiIra  lin  coiirai^r  (|ii('  irr^alcrciil  |ias 
SOS  forccvs  |)livsi(|iii's.  I.a  violence  des  lonr- 
nients  doiil  l'arcihlèreiil  les  pefséciilein"^  la 
lil  monter  au  ciel  avant  (|n'elle  eiU  snhi  tout 
ce  (jne  leur  raj;:e  lui  réservail  dc^soiillrance. 
K|)uis(^(>,  mais  non  vaincue,  elle  s"étei,i;iiil 
en  p:-ison  dans  la  paix  du  Seij^Mcnr.  lille 
«lin  recevoir  an  ciel  le  prix  de  son  coura.uio 
et  la  riW'omptMisi'  de  ses  comhats  :  Dieu  la 
riMiradela  nuMcW»,  converte  de  hiessnies,  et 
mil  sur  ses  plaies  le  hauuKMles  lélicilés  éler- 
nelies. 

TUOYKS,  anci(Min(»  capitale  de  la  Cdiam- 
pagne,  aujourd'hui  cliel'-lieu  du  département 
de  l'Aube,  eut  l'IioinuMir  d'avoir  |)our  mar- 
tyr, sous  le  ri>i;ne  de  \alérien,  mi  do  ses 
habilanls  nommé  Palrocle,  ([ui  demeurait 
à  environ  deux  cents  pas  des  murs  de  la 
ville,  en  dehors,  dans  mie  maison  isolée. 
Ce  fut  le  tiouveinenr  Aur.'li'Mi  (pii  le  con- 
damna h  ôtre  (iéca|)i!é.  {Voy.  Patuoci-i;.)  La 
môme  ville  eut  l'honneur  d'avoir  jtour  mar- 
tyr saint  Sivinien  ou  Sabiiiion,  (juc  l'empe- 
reur Aurélion  fit  mettre  h  morl  pour  la  foi. 
On  ne  sait  pas  au  juste  les  circonstances  do 
son  martyre,  les  histoires  que  nous  en  avons 
n'étant  rien  moins  qu'authentiques.  La  ca- 
thédrale de  Troyes  possède  les  reliques  de 
saint  Savinien.  Ce  saint  ne  fui  pas  le  soûl 
que  l'empereur  Aurélien  fit  martyriser  à 
Troyes  :  quelque  temps  après  lui,  nous 
trouvons  sainte  Julie,  avec  les  saints  Claude, 
Juste  et  Jucondin;  puis,  bientôt,  saint  Vé- 
iiérand  et  sainte  Vénérande  ,  doux  person- 
nages qui,  à  vrai  dire,  n'en  font  qu'un  seul. 
{Voy.  VÉNÉRANDE.)  Los  Aclcs  de  tous  les 
saints  que  nous  venons  do  nommer  ne  va- 
lent pas  mieux  ,  et  pout-otre  moins  encore 
que  ceux  de  saint  Savinien. 

TSI-TCHING-CiO  ,  chef  commissaire  du 
tribunal  des  mathématiques  à  Pékin  ,  en 
1768,  ennemi  déclaré  du  christianisme,  pré- 
senta à  l'empereur  un  libelle  d'accusation 
contre  cette  religion  sainte,  l'accusant  de  ne 
reconniître  ni  divinité,  ni  esprits,  ni  ancê- 
tres ;  et  de  n'être  que  tromperie,  superstition 
et  mensonge.  «  J'ai  fait,  disait-il,  des  re- 
cherches pour  ariiver  à  savoir  si  les  euro- 
péens qui  sont  dans  le  tribunal  dos  mathé- 
matiques n'ont  pas  séduit  quelques  mem- 
bres de  ce  tribunal,  et  j'ai  trouvé  que  vingt- 
deux  mandarins  n'avaient  pas  rougi  d'em- 
brasser celte  superstition.  Sans  doute,  ajou- 
tait Tsi-Tching-Go ,  les  autres  tribunaux 
sont  infectés  comme  le  mien  ;  il  est  temps 
de  mettre  un  terme  à  cet  envahissement  du 
mal  ;  je  demande  donc  que  les  mandarins  de 
mon  tribunal  soient  jugés  selon  les  lois,  et 
qu'ensuite  on  prenne  le  moyen  d'empêcher 
le  mal  de  s'étendre.  »  L'empereur  renvoya 
l'aifaire  aux  tribunaux  compétents.  On  dé- 
cida parmi  les  missionnaires  qu'on  ferait 


une  réponsi'  h  ce  lilndle  :  ce  fut  h;  IV  llnnn- 
lain,  pi't'sident  du  tribunal  (hs  iiiatlM-iiifid- 
ques,  et  ses  doux  collêKues  i|ui  le  présontù- 
reiil.  On  pciil  voir  h-s  di'tails  do  celte  aU'an'»' 
dans  larlnlr  ;:én<''ial  Ciiim:. 

KhllUti:,  ville  de  J'Alriipie  l'roconsu- 
laiir,  vil,  sr)us  le  règne  et  diir.iiil  la  per-^r^- 
cution  (le  Nah'iien,  le  marlue  d<'s  saintes 
Maxime,  Donalille  et  Seconde,  Co  martyre 
fut  un  dis  plus  j;|()ri(Mix  combats  ipi'aient 
livri's  de  laiiiles  femmes  pour  la  foi.  (Voy. 
DoNATiii.K.)  Tuburbo  vil  encore  le  martyre 
de  saint  Serf,  sous  I(î  règne  de  Hunéric,  roi 
des  \  andales. 

TUNIS,  ville  d'Afrique,  capitale  de  l'F'tal 
de  Tunis,  a  été  témoin  du  iiiart\re  du  do- 
minicain (iniilo  Loiigimel,  (pii  fut  massacré 
par  les  Musulmans,  en  1270,  lorsqu'il  leur 
prêchait  l'Ivangile.  Sa  niortarrivah  l'éixxpie 
de  la  croisade  de  saint  Louis.  [Voy.  Fontana, 
AfoDunif'utd  Domiuinnia.) 

'rriUU)N  (s.iiiii),  L'ioflier  Irxcrptor)  du 
jugo(pii  condamna  à  la  morl  saint  Speusippe 
et  ses  frères,  sous  l'empire  de  Marc-Anrèle, 
dans  la  ville  de  Langres,  écrivait  avec  saint 
Néon  le  procès-verbal  do  ce;  qui  se  passait 
devant  le  juge.  Ayant  ajjpris  ce  que  c'était 
(pie  le  clnisliaiiismo  par  les  discours  et  [lar 
roxom|)le  des  trois  saints  martyrs,  il  se  con- 
vertit aussilôl.  Peu  après,  ayant  été  pris 
par  les  persécuteurs,  il  termina  ses  jours 
par  un  glorieux  martyre. 

TUUCIUS ,  officier  ou  magistrat,  qui  fut 
envoyé  par  l'empereur  Aurélien  en  Toscane 
pour  y  rechercher  les  chrétiens,  et  pour  les 
ifaire  mourir.  A  Sutrii  il  fit  mettre  h  mort 
saint  Félix,  prêtre,  de  la  fa(jon  la  plus  cruelle; 
il  le  fit  frapper  sur  la  bouche  avec  une  pier- 
re, jusqu'à  co  qu'il  fût  mort.  Saint  Irénée, 
diacre,  ayant  pris  soin  d'enterrer  les  restes 
du  saint  martyr,  Turcius  le  fit  arrêter,  et 
comme  il  se  rendait  à  Chiouli,  il  le  tlt  char- 
ger de  chaînes  et  le  força  de  marcher  ainsi 
nu-pieds  devant  son  chaV.  Arrivé  dans  celte 
ville,  il  le  fit  mettre  en  prison  avec  beaucoup 
de  chrétiens  qu'il  y  fit  arrêter.  Ayant  appris 
qu'une  dame,  nommée  Mustiole,  cousine  de 
lompereur  Claude,  se  rendait  tontes  les  nuits 
auprès  des  prisonniers  pour  les  exhorter 
et  pour  leur  porter  les  choses  qui  leur 
étaient  nécessaires  dans  le  dénùment  ab- 
solu où  on  les  laissait,  il  la  fit  amener  de- 
vant lui  par  ses  gens.  La  beauté  de  sainte 
Mustiole  le  frappa  si  vivement,  qu'il  lui  té- 
moigna les  plus  grands  égards  et  la  renvoya 
chez  elle  avec  honneur.  Pende  temps  après, 
il  alla  la  visiter,  espérant  la  pouvoir  déter- 
miner h  l'épouser.  11  s'enquit  avec  grand  soin 
de  sa  noblesse;  mais  Mustiole  lui  dit  que  la 
première  noblesse  était  Ihumilité  des  chré- 
tiens. Enfin,  comme  il  insistait  beaucoup 
pour  la  décider  à  renoncer  au  christianisme, 
elle  lui  dit  que  ses  propositions  étaient  une 
folie  et  un  blasphème.  Outré  de  colère,  Tur- 
cius fit  décapiter  immédiatement  tous  les 
confesseurs  ;  il  ne  garda  que  saint  Irénée, 
qu'il  fit  amener  devant  Mustiole,  afin  que  la 
vue  des  sup])licos  qu'il  endurerait  lui  fît 
changer  de  résolution.  Irénée  fut  étendu  sur 


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NCl] 


1244 


le  chevfllet  ;  il  eut  les  c<M(^s  d<^chirés  avec 
les  onde^  de  fer  ot  fut  bnllé  nvcc  les  torrhes 
et  les  laïues  ardentes.  Il  imiurut  dans  res 
horribles  sun|»lices.  Mnstiole ,  loin  d'être 
ébrankV  par  lii  vue  delà  cniaulé  de  Turcius 
et  du  grand  courage  du  saint  martvr ,  se 
sentit  de  plus  en  plus  aiïeruiie  dans  sa  réso- 
lution {Ai^néreuse.  Elle  re|)rocha  éner.;iquc- 
nuMit  à  Turcius  sa  barbarie.  Ct'lui-(  i,  hors 
rie  lui-même,  dicta  une  sentence  (|ui  con- 
damnait la  sainte  h  être  battue  avec  des  fouets 
armés  de  plomb,  jusqu'à  ce  qu'elle  e\pir;U  : 
celte  sentence  fut  exécutée  l(>  3  juidet,  le 
jour  nii'iiie  de  la  mort  d'Irénée. 

niIPlN  DU  COF^MlliU,  curé  de  la  Tri- 
nité de  Laval,  fut  guillotiné  dans  cette  ville, 
le  21  janvier  ITOi,  av^e  treize  autres  prêtres. 
Pour  parvenir  au  tribunal,  les  victimes  du- 
rent passer  au  pied  de  l'échafaud,  qui  était 
en  permanence.  A|)rès  les  (|ueslions  d'usa- 
ge, les  juges  dema-idèrent  à  chacun  des  ac- 
cusés :  «  As-tu  fait  le  serment  de  1791, 
prescrit  par  la  Constitution  (ùviledu  clerj^é? 
As-tu  fait  le  serment  de  liberté-égalité?  Veux- 
tu  prêter  ces  serments?  Veu\-tu  jurer  d'être 
fidèle  à  la  république,  d'observer  ses  lois, 
et,  en  conséqueice,  de  no  professer  aucune 
religion  et  notamment  la  religion  catholi- 
que? »  Tous  les  saints  martyrs  ré|)ondireiU 
négativement.  Le  président  du  tribunal  de- 
manda ensuite  à  M.  Turpin  du  Cormier  : 
«  N'est-ce  pas  toi  qui  as  empêché  tes  prêtres 
de  faire  le  serment  ?  — Quand  on  nous  le 
demanda,  répondit-il,  nous  nous  asserablA- 
mes  pour  en  délibérer,  et  nous  reconnûmes 
que  notre  conscience  ne  nous  permettait 
pas  de  le  prêter.  »  Quand  l'inteirogatoin;  fut 
achevé,  l'accusateur  public,  prêtre  intrus, 
conclut  h  la  peine  de  mort,  et  ajrjuta  :  «  Quant 
à  Turpin  du  Cormier,  curé  de  cette  com- 
mune, c'est  lui  (pu  a  fanatisé  son  clergf'';  jo 
demande  ciu'il  soit  exécuté  le  dernier.  >»  Le 
président  du  tribunal  sanctionna  la  peine,  et 
l'on  se  prépara  à  l'exéculio'i.  Pendant  les 
préparatifs,  on  Ht  retirer  les  quatorze  prê- 
tres dans  une  salle  du  greffe,  et  là,  dit-on, 
ils  eurent  le  temps  de  se  cunfesser  nniluel- 
lement.  Au  sortir  du  jialais  |)our  aller  à  l'é- 
chalàud,  M.  Turpin  du  Cormier  marchait  à 
la  tête  des  victimes,  et  quand  on  fut  arrivé 
au  pied  de  la  guillotine,  les  bourreaux  le 
repoussèr<'nt  [)nr  derrière  p(»ur  être  rxcMuté 
le  dernier.  Il  monta  eu  elfet  le  dernier  à  l'é- 
chafaud, a(>rès  avoir  récité   le  Te  Deum,  ot 


avant  qu'on  le  liAt  sur  la  planche  ensan- 
glantée du  sang  de  ses  frères,  il  la  baisa 
avec  respect.  (Tiré  des  Mémoires  ecclésiasti- 
ques, etc.,  par  M.  Isidore  Boullier,  curé  de 
laTrinitédeLaval,18'»f).) 

TLY  (PierreK  prêtre  tonquinois,  fut  dé- 
capité le  11  octobre  1833,  pour  la  foi  catho- 
li(|ue.  Il  fut  martyrisé  après  la  promulgation 
d'un  édit  porti'  le  6  janvier  de  la  même  an- 
née, qui  ordonnait  a  tous  les  chrétiens  de 
renoncer  à  la  religion  chrétienne  ,  en  fou- 
lant aux  pieds  une  croix,  <le  détruire  les 
églises  et  les  maisons  religieuses  :  cet  édit 
ordotuiait  en  paniculitr  de  rechercher  acti- 
vement les  prêtres  et  les  catéchistes. 

TYR,  Sour,  ville  de  Phénicie,  illustrée  par 
le  mnrtyre  de  saint  l'ipien,  qui,  sous  l'empe- 
reur (ialère-Maximien,  fut  cousu  dans  un 
sac  avec  un  as[)ic  et  un  chien,  puis  jeté  dans 
la  mer. 

TYRANNION  (saint),  évêque  de  Tvr,  fut 
martyrisé  pour  la  foi  catholique  en  l'an  de 
Jésus-Christ  310.  Il  fut  mené  de  Tyr  h  An- 
tioclie  avec  le  prêtre  Zénobius.  On  lui  fit 
soulTrir  divers  tourments;  enfin  on  le  jeta 
dans  l'Oronte.  L'Eglise  célèbre  sa  fêle  le  20 
février. 

TYRO,  ville  située  dans  une  île  mainte- 
nant engloutie,  du  lac  Ralsène  en  Toscane. 
Sainte  Christine  y  fut  martyrisée  au  com- 
mencement du  IV'  siècle,  sous  l'empire  et 
dur  nt  la  persécution  d>^  Dioclétien.  Cette 
ville  n'est  pas  indiquée  par  la  plupart  des 
géographes. 

TYSENHAUZ  (Ei.isibktiO.  lune  «les  reli- 
gieuses de  Saint-Basile,  établies  à  Minsk  en 
Lithua'ii(>,  (>t  connues  sous  le  nom  de  Filles 
de  la  Sainte-Trinité,  qui  furent  expulsées  de 
leur  couvent  et  livrées  aux  persécutions  les 
plus  violentes  dans  le  courant  de  l'année 
1837,  par  le  czar  Nicolas,  et  Siemaszko,  évê- 
que  schismali(jue  et  apostat.  On  les  employa 
à  la  eo'islruction  d'un  palais  à  Spas,  pour 
Siemaszko.  Un  éboulemeni  étant  survenu, 
Elisabeth  Tyseidiauz  et  quatre  de  ses  com- 
pagnes furent  ensevelies  vivantes  sous  les 
d 'coinbrcs,  sans  cpi'on  permît  à  celles  qui 
étaient  témoins  de  ce  malheur,  de  chercher 
à  délivrer  les  victimes.  Les  quatre  autres 
S(eurs  se  nommaient  Euphémie  Gurzynska, 
Clémentine  Zebrowska,  Catherine  Korycka 
et  Irène  Krainlo.    (Voy.    l'article  Miec«y«- 

I.\>\SKÀ.) 


L 


rCUNT)ONO  fJr«T),  soulTrit  l'exil  en  IfilV, 
au  Japon,  pour  la  toi  chn'-lieime.  En  ccMte 
année,  le  cubo^ama  pul)l  .i  un  second  édit 
conlirmatif  dii  premier.  Il  avait  pour  but, 
par  ce  dernier,  de  [>river  ri',gli«;e  du  Japon 
de  Ions  l»>s  chré'iens  qui  appu  iinn'ent  a  la 
noblesse  du  pays.  Il  i  rononçail  la  peine  du 
bannissement  contre  Jnst  Vi  undono.  eonire 
l'ancien  roi  de  Taïuba,  Jean  Najladono,  le 


prince  Thomas,  son  fils.  Julio,  sa  sneur, 
Tliomas  Uquienda,  l'un  des  seigneurs  les 
plus  puissants  du  royaume  de  Ruygen,  et 
beaucoup  d'autres,  parmi  les  personnes  les 
l>lu«!  (pialiliées  do  l'empire.  L'édil  portait 
qu'ils  seraient  tous  conduits  à  Méaco,  et  que 
le  gouverneur  de  relie  ville  les  livrerait  k 
celui  d(>  N  uignznqui ,  rh.irgé  de  les  faire 
sortir  du  Japon.  Le  roi  de  Tamba  écrivit  à 


1Ï4& 


lieu 


ni 


1144) 


un  lVr(\iiVsiiil('  on  rva  Icnncs  :  «  l.r  vent  do 
la  |KM'S(Vnli(>n  s'cMf'^vc  <l(i  |tlns  tni  |iliis,  ol 
J)ioii,  inoiitiaiil  sa  niis('ii(()i(li\','y  voulu  ipio 
nous  fussions  un  h'rand  noiiiltrc  (lis|Mis(Vs  à 
vcrscM-  noIiT  sauf;  pour  la  loi.  'l'oulcs  les  a|)- 
paroncos  l'ont  croirez  (pu?  ci'llo  t(Mnp(Mi'  du- 
rera lonf;l(>nips.  J'os(»  csprrcr  (pic  Ji'sus- 
(lluist  voudra  liicn  pcruicllro  ipu'  nous  par- 
lassions on  (jucicjuo  (;lios(î  .ses  soullVanccs. 
Si  ce  hoidicui"  [tcul  nous  ;u-rivor,  nous  aurons 
\d  j:,|oir(t  d(>  niarclicr  dans  la  voie  (pi'nni. 
ouvcrto  avant. nous  les  niarlvrs  de  In  prinii- 
tivi'  Kgliso,  ceux  (pii  l'ont  illuslr/'c  h  (•i'tl(3 
époque  si  hollc,  ceux  qui  oui  vcrsi^  pour  cllo 
le  sang  nui  a  éiiS  la  spuu'nco  de  la  moisson 
dont  on  fait  depuis  des  si6clos  la  r(^collo  pour 
l'iMernité.  (]her  IN^'rc,  piiez  poiu'  nous,  de- 
mandez h  Dieu  (pi'il  nous  fasse  j)ers(îv»5rcr. 
Oui  l'eiM  pu  croire!  Des  pcVheurs  connue 
nous,  doinier  leur  vie  pour  Jcsus-Chrisl, 
notre  patrie  lui  fournir  des  martyrs  1  A  cette 
pensée,  mon  Aiue  s'enivre  de  joie;  mes  yeuv 
verseni  des  laruu's  abondanti's  dans  le  siîiili- 
ment  de  reconnaissance  que  j'énrouve  pour 
toutes  les  gr;lces  dont  je  suis  l'objet  de  la 
)art  de  mon  Sauveur.  Nous  avons  aussi  du 
irince  Thomas  deu\  lettres  qui  font  voir  (^ue 
e  fds  ne  le  cédait  au  p(^re,  ni  en  zMe  ni  en 
bons  sentiments.  Nous  donnons  ici  la  se- 
conde qii'il  envoya  aux  habitants  de  Cuma- 
Moto.  Klle  était  datée  de  sa  prison.  Il  était 
pour  lors  renfermé  dans  une  forteresse  tlu 
Fingo.  Sa  foi  y  était  tous  les  jours  soumise 
aux  plus  dures  épreuves  :  «  Mon  ca)ur  a  bien 
sontiert,  mes  très-chers  frères,  en  apprenant 
que  plusieurs  ont  courbé  la  tôle  sous  la 
violence  de  la  persécution.  Mais  j'ai  été  bien 
consolé  par  la  coîistance  et  par  la  persévé- 
rance du  grand  nombre.  Que  je  voudrais 
être  au|)rôs  d'eux,  s'ils  meurent  martyrs  ! 
baiser  le  sang  qu'ils  verseraient,  les  conju- 
rer de  m'oblenir  de  mourir  comme  eux  ! 
Priez  pour  que  je  l'obtienne,  mes  frères, 
priez,  car  je  me  sais  bien  indigne.  Je  suis 
ravi,  mais  non  surpris,  que  ces  généreux 
martyrs  aient  renoncé  à  tous  les  biens  de  la 
terre.  Qui  peut  préférer  ces  biens  à  Dieu  ? 
Ceux  qui  les  leur  prennent  les  enrichissent. 
Ils  leur  ôtent  ce  (ju'il  faut  quitter  un  jour, 
ce  qui  est  l'obstacle  du  salut;  ceux  qui  les 
donnent  prêtent  à  usure  de  la  boue  contre 
de  l'or.  Jadis  je  m'occupais  de  ce  saint  traiic, 
depuis  ma  tiédeur  a  tout  perdu.  Que  mou 
martyre  lachète  ce  défaut.  On  dit  (jue  vous 
n'êtes  pas  assez  fervents  pour  mériter  le 
martyre.  Que  sera-ce  donc  de  moi?  Pourtant 
je  pressens  que  Dieu  recevra  le  sacrifice  de 
mon  sang!  Je  ne  puis  prétendre  vous  diri- 
ger; cependant,  je  vous  le  dis,  foulez  tout 
aux  pieds  jjour  Dieu  ;  quitter  les  choses  du 
ciel  pour  celles  de  la  terre,  c'est  agir  en  in- 
sensé. L'épreiive  arrive,  le  ciseau  taille  la 
pierre,  le  marteau  et  le  feu  façonnent  le  fer, 
ainsi  fait  Jésus-Christ  pour  construire  son 
Eglise.  Il  a  commencé  par  lui,  pierre  angu- 
laire; le  feu  des  tribulations  a  éprouvé  ceux 
qui  devaient  servir  de  base.  Soyons  dignes 
d'être  traités  comme  ses  disciples  chéris.  S'il 
veut  pour  nous  l'attaque  ,  il  nous  garde  la 


(^ouroruH*.  Oi'''>'d  ^>   ukm,  j  ai  subi    ici  uutaiit 
d'assauts   qu(?   possiblr;    mft  jmneji.so ,   m« 
naissance,    iiies   cnf.mts,   les    perds  qui  nie 
menacent,  oti  m'a  tout  mis  devant  les  yeux. 
A  di'faiit  d'amis  pi^s  do  moi  pfuir  mo  souto- 
nii',  j'ai  eu  la  ^;rAci' du  cir'ljjo  vols  nu  repos 
ipi'on    iiK»  laisse   (pi'on    n'oMjtère    plus   mo 
vaincre.  Dieu  aidant,  nous  sommes  invinci- 
bles.  Mais  une  ou  ih-ux   vii-loires   ne  sont 
rien    sans    la    persévérance  jus([u'au    bout. 
Demandez  (pieje  l'oblieniie.  Ceux  qui  étaient 
bannis  on  vertu  de  cei  édit  élaioiit  nu  nom- 
bre (le  plus  de  milh;.  Parmi  eux  élaionl  tous 
les  religieux  de   Saint-Augustin,  les  domi- 
nicains, les  franciscains  et  ving-lroisjésuilos. 
Ils  furent  transportés  h  Manille,  cnjtitale  dos 
il(!s  IMiilippiiies.  A  peine  y  arrivaient-ils «luo 
Just  l'cundono  tomba  gravement  malade  :  h 
son  lit  de  mort,  il  dil  h  son  confesseur  :  «  Je 
ne  recommandi'  ma  famille  h  personne;  mes 
jiarents  ont  ainsi  rpie  nnu  l'honneur  et  l'a- 
vantage de  sonfVrir  pour  .lésus-Christ;  cela 
doit  leur  suflire.  »   Parlant  h  ses  enfants,  il 
leur  dit  :  «  De[)ui3  mon  bas  âgejusqu'h  mon 
pionnier  exil,  j'ai  servi  h  la  guerre  mes  sei- 
gneurs  et   uK^s  empereurs.   Durant  tout  ce 
temps-là,  j'ai  été  plus  souvent  sous  la  cui- 
rasse (]ne  sous  la  robe  de  soie  ;  mes  cheveui 
ont  blanchi  sous  le  cas(]ue,  et  mon  épée  ne 
s'est  pas  rouillée  dans  le  fourreau.  Plus  do 
cent  rois,  j'ai  joué  ma  vie  sur  les  champs  do 
bataille.  Que  m'est-il  donné  pour  tout  cela? 
vous    le   savez   comme    moi.   Mais    si   les 
hommes  m'ont  manqué,  il  n'en  pas  été  do 
même  de  Dieu.  Au  temps  de  ma  puissance, 
ai-je  eu  davantage  ce  qui  m'était  nécessaire 
que  dans  cet  exil,  oij  une  si  généreuse  hos- 
pitalité nous  accueille?  Ce  n'est  pas  tout.  Je 
sais  quelle  récompense  m'attend  au  ciel  ;  ne 
[)leurez  donc  pas,  félicitez-moi.  Quant  à  ce 
qui  vous  concerne,  je  ne  saurais  vous  croire 
malheureux;  je  vous  laisse  à  la  garde  de 
Dieu.  Vous  savez  que  sa  bonté,  que  sa  puis- 
sance sont  infinies,   soyez-lui  lidèles,  il  ne 
vous  abandonnera  pas.  »  Après  cela  il  (it  son 
testament;  la  principale  clause  portait  qu'il 
regardait  comme  ne  faisant  pas  {lartie  de  son 
sang  quiconque  dans   sa  famille   aurait   le 
malheur  de  renier  Jésus-Christ.  Il  mourut 
dans  ces  admirables  dispositions.  Sa  moi  t  fut 
cause  d'un  deuil  général  :  Espagnols  et  Japo- 
nais y  prirent  part 

UHANAM  (saint),  prêtre  et  martyr,  fut  mis 
h  mort  pour  la  foi,  en  l'an  de  Jésus-Christ 
3i3,  sous  le  règne  de  Sapor,  dit  Longue-Vie, 
par  ordre  d'Ardacirus,  prince  persan,  gou- 
verneur de  l'Abiadèue.  Ce  prince  ordonna 
à  des  femmes  de  Beth-Séleucie,  qui  avaient 
apostasie,  de  le  lapider  :  elles  eurent  la  lâ- 
cheté de  le  faire.  Sa  fête  a  lieu  le  30  no- 
vembre. 

ULFRID  ou  WoLFRED  (saint),  évêque  en 
Suède,  martyr,  naquit  en  Angleterre.  Ce 
sainî,  plein  d'ardeur  pour  la  conversion  des 
iniidèles,  vint  d'abord  annoncer  l'Evangile 
dans  les  pays  septentrionaux  de  l'Allemagne, 
et  vint  entin  en  Suède,  gouvernée  alors  par 
un  prince  chrétien  nommé  Olaûs  II.  Bientôt 
les  vertus  d'Ulfrid  le  firent  élever  à  l'épisco- 


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pat,  Pl  il  profita  des  pouvoirs  qup  lui  donnait 
sa  nouvello  dignité  pour  étendre  davantage 
le  régne  de  Jésiis-Cnrist.  Un  jour  qu'il  des- 
cendait df  chaire,  où  il  avait  fait  un  discours 
filein  de  force  contre  les  idoles,  il  prt  une 
lache,  soutenu  qu'il  était  par  l'autorisation 
du  roi,  et  voulut  briser  la  principale  idole 
du  pays,  Loniniée  Tlior  ;  mais  les  paicns  lo 
massacrèrent  (1028).  Son  nom  est  inscrit  au 
Ma'tyrologe  romain  le  18  janvier. 

ULPIFIN,  célèbre  jurisconsulte  romain, 
était  natif  de  Phénicie,  préfet  du  prétoire 
sous  Héliogabale  et  sous  .Mcxandre  Sévère  : 
il  fut  toujours  très-ennemi  df's  chrétiens. 
Pen  lant  qu'Alexandre,  dont  il  était  le  conTi- 
dcnt,  les  favorisait  d'une  manière  toute  spé- 
ciale, il  ftusait,  lui,  tout  ce  qui  était  en  son 
pouvoir  pour  leur  nuire.  Outre  plusieurs 
ouvrages  de  droit  romain  fort  remarquables, 
Ulpien  est  auteur  d'un  recueil  de  toutes  les 
lois,  édits,  ordonnances  qui  avaient  élé  por- 
tés contre  lesjuifs  et  contre  les  chrétiens.  Il 
assemblait  ainsi  pour  les  persécuteurs  un 
arsenal  où  ils  pussent  choisir  leurs  armes. 
Ulpien  fut  massacré  sous  l'empereur  Alexan- 
dre, au  sein  d'une  émeute  populaire.  Ce  qui 
reste  de  ses  œuvres  a  été  publié  on  15V9  par 
Tilius,  sous  le  titre  île  Tiluli  ex  corpore 
i'Ipiani.  Sous  l'empereur  Alexandre,  il  fit 
mourir  à  Ostie  les  saints  Quiriace,  évèque, 
Maxime  et  Astère,  prêtres,  le  diacre  Art'he- 
laiis,  et  un  certain  nombre  de  fidèles.  On 
manque  de  détails  bien  authentiques  sur  le 
martyre  de  tous  ces  saitits. 

ULPIEN  ou  ViLPiEN  (saint),  martyr,  habi- 
tait la  Ville  de  Tyr,  en  Phénicie.  La  mort  cou- 
rageuse d'Appien  et  de  plusieurs  autres 
saints  martyrs  enilamma  son  cœur  et  lui  lit 
confesser  généreusement  Jésus-Christ  h  Cé- 
sarée,  devant  Urbain,  gouverneur  de  Pales- 
tine à  (>ésaréc.  Il  soullrit  avec  une  inébran- 
lable fermeté  les  fouets  et  les  tortures  de 
toutes  sortes;  puis  il  fut  jeté  dans  la  mer, 
cousu  dans  un  sac  avec  un  chien  et  un  ser- 
pent. Sa  mort  arriva  vers  l'année  .'Î06.  L'E- 
glise honore  sa  mémoire  le  3  avril. 

ULKIK  le  bienheureux),  frère  mineur, 
)afcourait.  vers  l'année  I.'IVO,  avec  un  autre 
'rère  nommé  .Martin,  les  terres  voisines  de 
a  mer  Balti(pie  et  du  golfe  de  Fudande, 
pour  y  sen)er  la  parole  de  Dieu.  Ils  s'arrêtè- 
rent eu  un  lieii  fortilif-  du  duché  de  Livonie, 
et,  taudis  que  .Marlui  disait  la  luesse,  notre 
^aint  alla  [)rècher  la  parole  de  Dieu  sur  la 
place  p  ihli(pie.  Les  idolâtres,  irrib's  de  son 
audace,  rameiu''r(Mit  à  leur  duc,  cpii,  après 
j'avo  r  interrogé,  ordonna  qu'on  lui  fît  subir 
de  grandes  tortures.  On  lui  coupa  les  tuains 
et  les  bias  par  luorceaux,  ensuite  le  m'/  et 
les  oreilles,  après  quoi  oti  le  lia  h  un  arbre, 
et  on  laccnbla  d  ouira-;e-;.  Il  fut  jeti-  ensuite 
dans  le  lleuvc  avec  plusieurs  habitants  (pi'il 
av.iil  converlis,  et  le  til  de  l'eau  les  conduisit 
jusqu'.*!  uno  ville  habitée  par  des  chrétiens, 
où  ds  furent  inhumés  avec  pompe.  Cepeti- 
dnnl  Marlm,  que  le  duc  avait  f.»il  arrêter  et 
conduire   k    sin   tribunal.  snullVit    aussi  do 

f^randcN  tortures;  entre  autres  tourments,  on 
It  pénétrer  par  sou  gosier  un  lony  tissu  de 


soie  qu'on  retira  ensuite  avec  violence,  de 
nianièrequ'ilentratnAtavec  lui  les  entrailles. 
Il  fut  enfin  pendu.  Une  sœur  du  duc.  qui 
était  chrétienne,  recueillit  son  corps,  et  le 
fit  ensevelir  dans  son  monastère,  oii  elle 
était  abbesse.  —  Vers  la  mèiiie  époque,  les 
habitants  de  la  Livonie  tirent  encore  soutlrir 
le  martvre  h  cinq  autres  frères  mineurs, 

U.MEKAND  fsaini  .  martyr,  l'un  des  qua- 
rante  martyrs   de  Sébasic ,   sous  Licinius. 

(VO}/.   MxnTYRS  DK  SKBAiSTE.) 

UFU5AIN  (sainti,  martyr,  eut  la  gloire  de 
répandre  son  sang  pour  la  foi.  Il  fut  massa- 
cré par  les  juifs  et  les  gentils  avec  saint  Am- 
l)liat  et  saint  Narcisse.  Saint  Paul  parle  de 
ces  martyrs  dans  son  Epitre  aux  Romains. 
L'Eglise  célènre  leur  mémoire  le  31  octobre. 

UUBAIN  saint),  pape,  succéda  à  saint  Cal- 
liste  Tan  3  d'Alexandre,  sur  la  fin  de  l'an  -223 
de  Jésus-Christ.  11  était  Romain  et  fils  d'un 
nommé  Ponlien.  Il  tint  le  siège  durant  près 
de  sept  ans.  jus(pie  vers  le  milieu  de  l'an  2-30. 
Ainsi  il  peut  bien  être  mort  le  25  mai,  au- 
quel sa  fête  est  marquée  dans  le  calendrier 
du  P.  Fronto,  dans  le  Sacramentaire  de  saint 
Grégoire,  dans  Bède  et  dans  plusieurs  autres 
martyro'oges.  Quelipies  Pontificaux  mar- 
quent expressément  (jue  c'est  le  jour  de  sa 
mort.  On  prétend  que  saint  Urbain,  martyr, 
dont  Nicolas  I"  donna  des  reliques  aux  moi- 
nes de  Saiiit-tiermain  d  .Vuxcrre,  en  l'an 
<SG2,  est  le  môme  que  saint  Urbain,  pa  e,  et 
on  remarque  ([u'il  apparut  habillé  eni  évê- 
(pio,  de  quoi  on  soutient  néanmoi'is  qu'on 
ne  [leut  jias  conclure  qu'il  le  fût  véritable- 
ment. Ces  reliques  fire  il  alors  divers  mira- 
cles. L'an  865,  les  moines  de  Saint-Ccrmaia 
d'.Vuxerre  les  donnèrent  en  tout  ou  en  partie 
à  Herchenraùs,  évêque  de  ChAl^ns  -  sur- 
.Marne,  etcetévêrpie  les  mit  dans  un  mon  s- 
tère  qu'il  avait  fait  b.ltir  dans  le  Pertois,  sous 
11"  titre  de  la  Sainte- Trinité  ;  mais  qui  (lorla 
ensuite  le  nom  de  Saint-Urbain  ,  et  elles  y 
ont  fait  un  grand  nombre  de  miraides.  Mais 
Bollandus  soulicit  (pie  ce  s^aint  Urbain  est 
quehpie  autre  saint  ditférenl  du  pape,  parce 
(pi'on  trouve  dans  divers  mimuments  ipie  le 
cor[)s  de  ce  paiie  ayant  été  transféré  eu  821 
par  Pascal  1",  (lu  cinu^tièrc  de  Prétextât  dans 
l'église  de  Sainte-Cécile,  il  y  a  été  trouvé 
en  15î)0,  et  laissé  entier  dans  la  môme  église, 
sous  l'autel.  Bollandus  ne  doute  pas  néan- 
moins (jU(>  le  pape  Nicolas  1"  ne  crùl  de 
bonne  roi  que  le  corps  ipi'il  envoyait  à 
.\u\(>rr(^  ne  Ml  celui  du  pape  Urbain.  (Tille- 
monl,  passim.) 

UBBAIN  saint),  confesseur,  fut  arrêté  sous 
le  règnt»  de  l'empereur  Dèce,  en  250,  avec 
saint  Moyse,  saint  Maxime  et  ses  com|>a- 
gnons,  pour  cause  de  christianisme.  11  par- 
tagea [lendanl  dix-huit  mois  de  prison  h'ur 
gloire  et  leurs  soullrances.  .\près  sa  sortie 
de  prison  avec  eux,  il  tomba  dans  la  même 
faute  (pie  Maxime,  prêlr(\  Macaire  et  (piel- 
(pies  autres.  Entraîné  par  Nnvat,  il  suivit  lo 
schismi»  de  Novatieii  ;  mais  cpiand  l'homme 
(pii  l'avait  t»  itrafné  ,  Noval  ,  fut  |">.trti  de 
Uome,  comme  tous  les  confesseurs  tombi'S, 
il  rentra  dans  le  sein  ,de  l'Eglise.  Eusèbe 


1i4U 


iiitn 


IlilH 


«MO 


(1.  VI,  eh.  h:\)  (lit  (iii'il  ml  dfiix  lois  la  kIdiio 

irillKMlIlIslll^  (•((llfossioil.   {Volf.   M(»YSK.) 

HUIIAIN  (sailli),  marlvr  à  Anlidcln' ci -iSO, 
sons  r('iii|Mro  de  \h\'v,  rlail  un  di-s  rlrvc-s 
pliilôl  tiiic  (l(is  (lis(i|tl('s  (1((  sailli  Ualtvlns, 
iW(V|ii(Ml(M'cllt'  ville  ;(;ai-  il  rlail  cxIitMiir- 
niotil  jtMini'.  Il  lui  mis  ?i  iiiorl  |i(iiir  la  lui 
nvoc  le  sailli  ('v(^i|ii('.  Ses  A(;li'S  rariinloiil 
(|ii'il  l'iil  (hW'apili''.  Il  lui  (  iilt-nr  dans  la  iiii^iik! 
Imiihr  (|iit'  sainl  llahylas,  cl  par  cniiMMiiKMit 
sos  r('li(pi('s  (Mil ,  coiiiiuc  le  dit  d'aillriirs 
TliiVidorol,  suivi  (•elles  de  <•(!  sain!  dans  leurs 
diverses  Iranslalioiis.  I/Mi^ilisi^  l'ail  sa  l'Ole  lu 
iiV  janvier. 

IIIUIAIN  él.iil  président  en  Isanrie,  sons  ](< 
r^};i)ede  l'emperenr  Dioclélion.  Il  lil  souU'rir 
le  inarlyre  h  sainl  'l'atioii. 

IIKIIÀIN  (sailli),  l'iil  in.ir(yriséhSar;\K<)Sse 
en  Kspa;j,n(\  par  les  ordres  do  Daeien,  ipii 
en  cHail  gouveriUMn-,  en  l'an  de  Jésns-Clnisl 
30'i-,  dnraiil  la  ptMséenlion  de  Dioelélien. 
Di\-Sepl  antres  l'nreiil  luarlvnsés  avec  lui  : 
on  Ironveia  lonrs  noms  h  l'arlichî  Dacikn. 
Les  dix-linil  martyrs  de  Saragnsse  soiil  Irès- 
lionorés  en  Kspagne.  C'esl  Prndenee  (jni 
rapporte  ce  qu'on  sait  d'eux.  Ils  sont  inscrits 
au  Martyrologe  romain  sons  la  date  du  10 
avril.  {Voy.  Prudence,  de  Cor.  Iimu.  V;  Til- 
lemont,  vol.  V,  }).  ±29;  Vasseus,  BcUja.) 

UKBAIN  (saint),  martyr,  s'était  converti  ?i 
la  loi  chréiieune  en  même  temps  que  les 
saints  Ariston,  Crescenlicn,  Eutychien,  Vi- 
tal et  Juste.  Ils  y  avricnt  été  déterminés  par 
saint  Tranquillin,  leur  ami  commun;  mais 
ce  fut  surtout  h  saint  Sébastien  qu'ils  (lurent 
leur  conversion,  puisque  ce  saint  oflicier  du 
palais  de  Temperour  Dioclétien  fut  l'instru- 
ment principal  de  la  conversion  de  Tranquil- 
lin. Ils  furent  baptisés  par  le  prêtre  saint 
Polycarpe,  s'élant  retirés  en  Campanie  dans 
les  terres  de  saint  Chromace,  qui,  pour  s'a- 
donner à  la  pratique  des  vertus  chrétiennes, 
avait  quitté  sa  charge  de  préfet  de  Rome. 
Ils  furent  martyrisés  avec  saint  Félix,  saint 
Félicissiine,  sainte  Marcie,  mère  de  ces  deux 
saints,  et  sainte  Symphorose.  L'Eglise  fait  la 
fête  de  saint  Urbain,  avec  celle  de  ses  com- 
pagnons, le  2  juillet.  [Voy.  Sébastien.) 

Cubain  (saint),  remporta  la  couronne  du 
martyre  à  Saragosse  eu  Espagne,  avec  les 
saints  Optât,  Lupcrque,  Successe,  Martial, 
Jules,  Quintilien,  Pubiius,  Fronton,  Félix, 
Cécilien,  Evence,  Primitif,  Apodème  et  qua- 
tre autres  appelés  Saturnin.  Ces  saints  fu- 
rent cruellement  tourmentés  tous  ensemble, 
et  mis  à  mort  sous  Daeien,  gouverneur  d'Es- 
nagne.  Le  poète  Prudence  a  décrit  en  vers 
1  ur  glorieux  martyre.  L'Eglise  honore  leur 
glorieuse  et  sainte  mémoire  le  16  avr.l. 

URBAIN  (saint),  martyr,  fa:sait  partie  des 
quatre-vingts  députés  ecclésiastiques  qui 
fuient  envoyés  à  l'empereur  Valens,  au  com- 
menceraeiit  de  370,  par  les  catholiques  de 
Coiistanlinople,  pour  se  plaindre  à  lui  de  la 
cruauté  que  les  ariens  montraient  h  les  per- 
sécuter. Valens  fut  extrêmement  irrité  en 
entendant  leurs  plaintes  ;  mais  il  dissimula 
et  donna  l'ordre  à  Modeste,  préfet  du  pré- 
toire, de  tout  arranger  pour  les  faire  périr. 


Modesle  lit  semblant  de  les  envoyer  en  e\il, 
et  li*.s  «•inbanpia  sur  un  bAlimciit  aii(|uel  ton 
iiialeliits  mireiit  le  feu  (piaiid  il  l'ul  arrivé 
dais  la  liante  mer.  Ces  inalelols  sa  saiivi'- 
reiil  sur  une  chaloupe,  (le  nnviro,  dérivant 
sous  le  vent  (pii  s((iilllail  d'fnietil,  alla  liiiir 
de  l)rOler  dans  le  liAvre  de  l)a(  idi/.e.  Ainsi 
périrent  ces  (inaire-viiigls  martyrs  qui;  l'K- 
glise  lioïKdc   l(î  Yi  septembre. 

IJBBAIN  (saiiil),  évê(pie,  conressa  la  foi  do 
Jésns-dhiisl  à  (lliieli,  ville  (hi  royauine  de 
Naples  :  on  ignoiM!  à  (pielle  (''poipie  et  dans 
ipielles  circonstances.  Il  est  insi  rit  au  .Mai- 
tyrol()g()  romain  le  7  décembre. 

UiUiAIN  (sainl),  martyr,  soiilViit  jionr  la 
foi  du  Ciirisl  avec  les  saints  évè(pi(!s  Vah^- 
rien,  Crescent,  Eusiaclie,  Crescone,  (^roscen-' 
li(Mi,  F('lix,  llortulan  el  Floi(  iitiii.  Ils  fuient 
condanmes  h  l'exil,  et  y  lermini-renl  leur  vi(.'. 
L'I'lglise  les  honore  h;  28  novembre. 

UKBAIN,  gouverneur  de  Palesline  on  .10V, 
sous  les  (nnpereiirs  Dioelélien  el  .Maximien, 
se  nu)nlra  l'un  des  plus  acharnés,  parmi  les 
goiiV(n"nenrs,  à  lair(.'  exécuter  conlre  les 
chiéiiens  les  édils  impériaux.  11  lit  meUre 
ù  mort,  à  Gaza,  saint  Timolhée,  exposer  h 
(lésarée,  dans  l'amiihithéAlre,  sainte  Thèclo 
et  saint  Agape.  (  Voy.  les  articles  de  ces 
saints.)  Beancou()  d'autres  [icrirent  encore 
par  son  (^irdre.  [Voy.  Eusèbe,  (le  Mart.  Pa- 
lu'sl.)  En  300,  ce  même  gouverneur  (il  mar- 
tyriser à  Césarée  saint  Appien,  ieuiie  homme 
de  dix-neuf  ans,  fjui  avait  eu  le  courage  de 
venir  le  braver  jusque  dans  le  temple  oiî  il 
s'apprêtait  à  sacritier.  Comme  il  levait  le 
bras  pour  le  faire,  Appien  lui  avait  dit  :  «  Ar- 
rête, on  n'adore  que  le  vrai  Dieu  ;  tout  sa- 
crifice qu'on  fait  aux  idoles  est  sacrilège.  » 
Urbain  le  fit  horriblement  tourmenter  et  en- 
lin  jeter  dans  la  mer.  (V^o?/.  Appien.)  En  308, 
il  lit  mourir  cruellement  sainte  Théodosie, 
jeune  vierge  lyrienne.  {Voy.  l'article  de  cette 
sainte.)  Cet  atroce  persécuteur  des  chrétiens 
fut  décapité  par  ordre  de  Dioclétien,  qui  le 
punissait  ainsi  pour  certains  crimes,  quand 
Dieu  le  punissait  réellement  des  maux  qu'il 
avait  fait  souil'rir  à  son  Eglise. 

URBICUS,  nom  d'un  magistrat  cité  dans  la 
seconde  Apologie  de  saint  Justin,  comme 
ayant  fait  mourir  à  Rome  saint  Ptoléméo. 
Comme  ce  document  est  le  seul  que  nous 
possédions,  il  est  impossible  d'entrer  dans 
aucun  détail,  soit  à  propos  du  martyr,  soit  à 
propos  du  magistrat  persécuteur. 

URREA  (Michel  de),  de  la  compagnie  de 
Jésus,  naquit  à  Fuentès  en  Espagne.  A  son 
arrivée  à  Lima,  en  1585,  il  était  prêtre  et 
docteur  en  philosophie.  On  l'envoya  prêcher 
la  foi  chez  les  Ciunciens,  dont  le  pays  était 
presque  inaccessible,  à  cause  de  ses  hautes 
montagnes  et  de  ses  nombreux  cours  d  eau. 
Dès  son  arrivée,  il  se  fit  de  nombreux  enne- 
mis en  condamnant  la  pluralité  des  femmes; 
les  piètres  des  idoles  surtout  cherchèrent 
avidement  à  le  perdre.  Sur  ces  entrefaites, 
le  fils  d'un  cacique  du  pays  étant  tombé  ma- 
lade, Michel  fut  prié  de  "lui  administrer  un 
remède  :  il  lui  fit  boire  un  peu  d'eau  sucrée. 
Le  malade  étant  mort,   notre  bienheureux 


1251 


VAC 


VAC 


13o2 


lui  trnitf^  dVrapoisonnour.  Doux  Ir^res  «lu 
mort.  arrtK^s  do  massues  ol  de  flèches,  lui 
firent  <len\  blessnies  niorfelh^s  à  In  tf^le.  le 
28  aoi^t  1507.  Il  était  alors  Agé  de  ((iiaranle- 
deux  ans.  A  In  prière  du  provincial  des  jé- 
s\iites  du  Pérou,  le  rommamlant  e<<pai-{nol 
Dclamala  lii  transférer  les  reliques  dan-^  celte 
ville ,  d'où  l'année  suivante  elles  furent 
transportées  h  Paz  ,  dans  le  collège  qnn  la 
compagnie  possédait.  Tanner,  Sonetnn  Jmn 
usque  ad  sanguinis  et  vitœ  profusionem  mi- 
litnns.  p.  i5H.) 

UKSK'.E  (saint),  souffrit  le  martyre  en  Illy- 
rie,  sous  l'empereur  Maximien  et  le  prési- 
dent Aristide.  Après  divers  tourments,  il  fut 
mis  à  mort  par  le  glaive.  L'Eglise  honore  sa 
mé  noire  le  14  anftt. 

l'RSICIN  saintU  avait  déj?i  beaucoup  souf- 
fert ()our  la  foi.  lorsqu'il  fut  co'idamné  h  être 
décapité  par  Paulin,  magistral  de  Ravenne, 
durant  la  persécution  de  Néron.  Tout  h  coup 
il  fut  saisi  d'une  telle  frayeur,  qu'il  allait 
peut-être  renoncer  à  la  foi,  lorsque  Vital, 
ami  intime  d»*  Paulin,  qui  jusque-là  s'était 
contenté  d'assister  serrètemont  Tes  chrétiens, 
l'encouragea  et  l'exhorta  tellement  qu'Ursi- 
cin,  retrouvant  son  intrépidité  tout  entière, 
fut  décapité  et  reçut  ainsi  la  couronne  du 
martyre.  La  plupart  des  anciens  martyrolo- 
ges mettant  sa  fête  le  19  juin. 

UK3IC1N  (saint),  évèque,  souffrit  de  grands 
tourmentJihSens  en  confessant  la  religion  de 
Jésus-Christ.  Oii  ignore  h  rpielle  é[)0(pie  et 
dans  quelles  circonstances.  L'Eglise  lait  sa 
fête  le  2V  juillet. 

URSIN  (saint),  confessa  Jésus -Christ  à 
Bourges,  à  une  époque  et  dans  des  circons- 
tances qui  nous  sont  inconnues.  Il  fut  or- 
dotmé  h  Home  par  les  successeurs  des  aiiù- 
Ires,  et  désigné  par  eux  premier  évéque  de 
Bourges.  L'Eglise  fait  sa  mémoire  le  9  no- 
vembre. 

CRJ^ISCÊNE  (saint),  évéque,  confessa  sa 
foi  h  Pavie,  h  me  époque  et  dans  des  circons- 
tances qui  nous  sont  inconnues.  L'Eglise 
fait  sa  fête  le  •2\  juin. 

THSILE  saiide),  martyre,  donna  sa  vie 
pour  la  conléssion  de  sa  foi  vers  le  milieu 


r, 


•  lu  v*  siècle.  A  cette  énoipie  les  Saxons,  en- 
core païens.  ravageanirAngleterre,  une  foule 
de  Bretons  rpii  habitaient  cettr  île  s'enfui- 
rent dans  les  (laules  et  s'établirent  dans  le 
ays  appelé  depuis  Bretagne,  d'autres  dans 
es  Pays-Bas,  auprès  de  l'embouchure  du 
Rhin.  Ce  fut  cette  dernière  retraite  que  sainte 
Ursule  choisit,  ainsi  'que  plusieurs  de  ses 
compagnes  rpTelle  dirigeait  et  soutenait  de 
ses  encouragements.  L'armée  des  Huns  ra- 
vageait alors  le  pays  où  elles  s'étaient  reti- 
rées; elles  furent  massacrées  par  ces  baiba- 
res.  Suivant  la  coutume  de  ces  temps-là,  on 
bAfit  tnie  église  sur  leur  tombeau,  où  plus 
tard  il  s'opéra  plusieurs  miracles.  Sainte  Ur- 
sule est  la  patronne  et  le  modèle  dos  person- 
nes qui  se  vouent  h  l'éducation  de  la  jeu- 
nesse chrétienne. 

USPIE  (saint),  l'un  des  quarantohuit  mar- 
tyrs (le  Lyon,  sous  l'empereur  Marc-.Vurèle, 
en  177,  fut  décapité  dans  cette  ville  avec 
plusieurs  de  ses  compagnons.  Ce  fut  sa  (jua- 
lité  de  (  itoyen  romain  qui  lit  qu'on  ne  1  ex- 
posa pas  aux  bêtes,  comme  plusieurs  de  ces 
saints  martyrs.  L'Eglise  célèbre  sa  fête,  avec 
celle  de  saint  Pothin,  évêque  et  martyr,  et 
de  tous  ses  compagnons,  le  2  juin. 

USUSMARIS  le  bienheureux  Pierrb),  de 
l'ordre  do  Saint-Dominique,  fut  massacré 
dans  le  Malabar  en  151)7,  avec  le  P.  Simou 
de  la  Pitit',  du  même  ordre. 

UTIQUE,  ville  d'Afrique,  actuellement 
dans  la  régence  de  Tunis,  tut,  aprè.s  la  prise 
de.Carthage,  la  capitale  de  la  province  d'A- 
frique. Sous  lo  règne  do  Valérien.  en  2S7  ou 
2.58,  trois  cents  marfvrs,  ilil  martyrs  d  Cli- 
que ou  la  Mnitfe  blanche,  y  furent  niis  A  mort. 
La  circonstance  du  four  h  chaux,  dans  IcMpiel 
on  préten«l  qu'ils  furent  jetés,  indintierait  si 
ce  |)oint  était  parfaitement  justifié,  que  ce 
ne  lut  pas  à  L'titpie  même,  mais  bien  à  cAié, 
qu'eut  lieu  ce  martyre  :  on  n'établit  pas  de 
four  <\  chaux  dans  une  ville. 

rZALi:,  ville  d'Afrique,  est  célèbre  dans 
les  annales  des  martyrs  par  les  soutfrances 
qu'y  endurèrent  les  saints  Félix  et  Gennade; 
on  ignore  h  quelle  époque. 


V 


VA», MER  Jfvn  î,f\  i\oh  Ecouen.  en  1(>10, 
fut  le  premier  Lazariste  qui  ait  répandu  «^nn 
sangh  Algci  pour  la  t'ni  de  Jésus-Christ.  S.iint 
Vinrent  ne  Paul,  durant  sa  captivité  h  Tunis, 
avait  vu  romb'cn  le  sort  des  esclaves  était 
mdhe'iretix.  Il  fonda  l'institut  des  [trêlres 
de  1,1  Missif)!!  ou  La/arisies  rhargés  d'aller 
répandre  la  lumière   de  l'Evangile  dans  les 

F  ays  étrangers.  Ayant  reçu  do  Louis  XIV 
invitation  d'envoyer  quelipies-uns  de  ses 
i)r/*fres  en  Barbirie,  il  fit  partir  en  \(\\^  Louis 
Guérin,  enf|unlitéd'aurnAnier  du  eonsul  fran- 
çais k  Tunis,  et  en  16V8  Le  Vacher  vint  rem- 
plnrerce  <,iinl  missionnaire, quelapesto  avait 
enlevé.   Malgré   leurs    nombreuses  occupa- 


tions h  Tunis,  notre  bienheureux  et  ses  com- 
pagnons venaiiMit  le  long  des  ctMes  et  un 
peu  avafit  dans  les  terres  pour  otTrir  leurs 
services  ,tux  malheii  eux  «pli  en  av.iient  b(î- 
soin.  Ils  parcouraient  les  fermes  situées  qu(  1- 
nuelo  s  h  10  ou  \1  lieues  de  Tunis  .  au  mi- 
lieu lies  numtagnes.  au  riàiine  d'être  dévo- 
rés par  les  bêtes  féroces.  I.e  Vacher,  «près 
f'i  avoir  obtenu  la  permission  des  jtalrons, 
rnsstnnblait  les  «'sclaves  ,  les  instruisait,  les 
confessait  .  et  leur  donnait  la  communion. 
Avant  été  envoyé  de  Tunis  h  Alg'-r.  il  y 
retira  chez  lui  lès  esclaves  (pie  la  peste  de 
1677  avait  attaqués.  Kn  168.1,  quand  I>0- 
quesne  parut  devant  Alger  avec  sa  flotte,  on 


im 


VAL 


Vai, 


ll'SI 


In  cliargcn  ilo  siiivn;  Ioniens  l(>s  Ii«'^(i(-i<ili<iii4 
UVtT.  l'amiial  liaïK.iii.s.  Sur  (m-s  ciilicrjnlcs, 
UMO  hôdiliuii  (Uaiil  vt'iiuo  i\  l'cljiti'i'  dans  la 
vilU«,  los'i'urfs  iJ'iKtiict'iiMil  à  Idiil  «(■(•iimmo- 
duMM'iil  l'I  vouluiciil  liticor  Ir  .saiiil  d»'  rt'iiou- 
cor  au  rlin^lianisiiu'.  Sur  sa  ;;rnnn'UMi  nnsis- 
idiH'.o,  il  lui  allacliù  h  la  Ixiiirlx^  d'un  canon, 
ol  un  Ixinlol  cniipa  miu  corps  lut  iltMix. 

\  AIÙNA  ^1(1  l)it'iili(Mii(MU  Ai.i-'uNsi:),  do  la 
l'onipat^iiic  de  Jésus  ,  espagnol  d^'  la  Ncui- 
vell(»-(las(illt'  ,  faisait  p.iilit^  des  soixaiilo- 
Uttul'  luissioiuiaiics  (|Uo  le  I*,  A/.cvcdo  ('Mail 
V(Miu  ri'iTUlcr  h  Uonu^  poiu'  le  Hicsil.  {Voi/. 
l'ailirlc  A/i.vHDo.)  l,»Mir  naviic  lui  pris  lo  lij 
iuillcl  1<)7I,  par  des  t;(»rsairi's  calviuisU's  (pii 
li's  nu»ssat'ior«'nl  ou  les  jiUùrtMii  au  uiilu'u 
des  Ilots.  Nolio  hionluMircux  subit  U'  nu^uu! 
sort.  (Du  Jarric,  llislairc  (/es  cliosm  {il us  iné- 
Vioritbhs,  Ole,  i.  Il,  p.  278.  l'auuor,  Socirlas 
Jcsu  ns(iuv  ad  saïu/itinis  et  tilu'  profusioiiein 
militons,  o.  l(>()  cl  170.) 

VAH.VN  ,  prince  aiiucuien  de  la  famille 
Anuulouiiik,  fui  l'un  de  ceux  (|ui  soulfriront 
voloulaireuiciil  la  caplivitc  pour  .Icsus-dluisl, 
sous  lo  règne  d'IlazjAuord,  deuxiènio  du  nom, 
roi  do  Perse,  el  (pii  lu;  furent  remis  en  li- 
borlé  el  renvoyés  en  leur  |).iys  que  liuit  ans 
après  la  mort  de  co  prince,  sous  le  règne  do 
son  lil.s  Bérose.  (Pour  plus  de  ilélails,  voy. 

PllINCES  AllMKNlENS.) 

VALDIVIIÎJO  (Antoine  de),  évèque  do 
Nicaragua,  élait  noble  caslillan.  Il  fut  associé 
par  ses  supéiieurs  aux  courageux  domini- 
cains que  Ion  envoyait  chaque  année  à  Haïti 
pour  y  porter  la  foi  :  la  province  de  Nica- 
ragua fut  le  lieu  où  il  travailla  S[)écialement 
à  gagner  des  âmes  à  Jésus-Christ.  11  y  lit  un 
bien  inuuense.  Sur  ces  entiefailes  Rodrigue 
de  Contreras,  gouverneurdoNicaragua,  ayant 
été  dépossédé  de  son  gouvernement,  Uer- 
nand  et  Pèih-e  ses  deux  tils  se  maintinrent 
en  étal  de  révolte  et  iiieni  subir  les  plus  in- 
dignes tourments  aux  indigènes.  Notre  bien- 
lieureux  passa  en  Espagne  et  avertit  Charles- 
Quint  de  tout  ce  qui  se  passait  au  Mexi({ue. 
L'empereur  lui  promit  d'y  porter  remède, 
et  le  renvoya  à  sa  mission  avec  le  titre  d'é- 
vèque,  alin  de  rcm})lacer  Diego  Alvarez  Oso- 
rio  qui  venait  de  mourir.  De  retour  au  Me- 
xique, Antoine  attendit  Telfet  de  la  promesse 
de  lempereur  ;  usais  Chailes-Quint,  préoc- 
cupé d'autres  sollicitudes,  ne  put  interrompre 
le  cours  des  vexations  des  deux  frères  révol- 
tés contre  l'autorité  royale.  Pemiant  cinq  ans, 
noire  saint  eut  donc  à  lutter  contre  leurs  pas- 
sions elîrénées,  et  toutes  ses  menaces,  toules 
ses  exhortations  furent  inutiles.  Les  vdles 
de  Léon  et  de  Grenade  refusèrent  de  rece- 
voir ses  missionnaires.  Antoirie  s'y  rendit 
lui-même  et  renouvela  ses  etlorts.  Tout  fut 
inutile;  alors  il  fulmina  contre  les  autours 
du  désordre  une  sentence  d'excommunica- 
tion et  fit  fermer  l'Kgli.se.  Hernand  de  Con- 
treras, devenu  furieux,  se  rendit,  suivi  de 
plusieurs  conjurés,  dans  la  chambre  de  lévè- 
que  et  le  •  [)erça  de  deux  coups  dépée.  Il 
souffrit  ainsi  le  martyre  pour  la  délense  de 
la  justice  et  de  la  liberté  publique  le  2Ô  fé- 
vrier 15i9.  Il  fut  enterré  par  les  tlominicains 


dans  leur  é^lis()  de  S.iinl-Paul.  fFonlnn.i,  ^/o^ 
iiuiitnitii    Ihniiiniiiiiiu,  .ui.  L>»0.j 

\  ALAltONSi;  iftainl),  martyr  ,  ôlnil  natif 
d'IUèple.  Son  père  ,  qui  avait  éiiou.Hé  une 
jeuue  lille  arabe ,  la  convertit  h  la  r('ll^ion 
cl:reln-nne  :  pour  celte  raisou  il  fut  obligé 
de  quitter  son  pays.  11  eiiu  eu  diHVM'onts 
liinix  ,  et  s'arrêta  eiilin  à  l'ionion,  p(!lilo 
ville  M  tuée  dans  les  monla^nos,  h  \n:\i  du 
distance  de  Cordoue.  Ui  sa  jeune  fernme 
nioiirul,  lui  laissant  deux  (Mifantii,  V'ahibonse 
et  Marie,  Il  j)liica  Valabonse  dans  lu  "ijiivent 
de  Saint-Kelix  de  Fronien ,  ipm  dirigeait 
l'abhé  Sauveur,  i;t  mit  sa  tille  dans  lu  mo- 
nastère de  Sainte-.Marie  do  Cult-dar,  auprès 
d(!  (îordoue.  C'était  l'abbe  l-'rugelle  qui  diri- 
geait ce  moiiastèro  de  femmes  :  il  demeu- 
rait non  loin  de  là  avec  ses  moines.  (Juand 
l'abbé  Sauveur  fui  mort ,  Valabonse  revint 
auprès  de  son  père  ,  et  fut  oidonné  diacio. 
L'abbé  Fruge'lo  le  cliargea  ,  avec  lo  prèlrc 
Pierre  do  diriger  le  monastère  tb;  Saint(!-Ma- 
rie  de  Culéclar.  Lu  8o0  ,  Valabonse  vint  do 
liii-mème  avec;  Pierre  Sabinien,  Visln'iiiond, 
Habenlius  et  Jérémie  ,  se  présenter  au  cadi, 
en  criant  :  «  Nous  confessons  (pie  Jésus- 
Christ  est  Dieu:  nous  tenons  votre  prophète 
pour  précurseur  de  l'Anteclirisl,  et  nous  dé- 
plorons votre  aveuglemerd.  »  lis  furent  im- 
médialemo'it  condamnés  à  être  décapités  : 
Valabonse  fut  exécuté  d'abord  avec  Pierre. 
Leurs  corps  furent  durant  quelques  joursat- 
tachés  à  de  grands  |)ieux  et  ensuite  brûlés. 
On  jeta  leurs  cendres  dans  le  tleuve.  L'E- 
glise fait  la  mémoire  de  ces  saints  martyrs 
le  7  juin. 

VALENCE,  ville  du  Dauphiné  ,  célèbre 
dans  les  annales  des  martyrs  par  les  souf- 
frances qu'y  endurèrent  les  saints  Félix  prê- 
tre, Fortunat  et  Achillée,  diacres.  Us  soulfri- 
ront sous  le  général  Corneille. 

VALENCIENNES,  ville  de  l'ancienne  Bel- 
gique, a  vu  le  martyre  de  saint  Sauve,  évè- 
que d'Angoulème,  et  de  saint  Supéry  :  On 
ignore  à  quelle  é[)oque. 

VALEiNS(  Flavie^  ), empereur  romain,  na- 
quit en  Pannonie,  vers  l'an  328.  Son  frère 
Valentinien  l'associa  à  lempire  en  l'ai  364. 
11  embrassa  les  erreurs  d'Arius  et  persécuta 
l'Eglise  catholique.  A  la  sollicitation  d'Eudoxe 
de  Constantinople,  il  écrivit  aux  évèques  qui 
voulaient  tenir  un  concile  à  Tarse,  et  leur 
défendit  avec  menaces  de  s'assembler.  Il 
donna  l'ordre  aux  gouverneurs  de  provinces 
de  chasser  de  leurs  sièges  les  évèques  dé- 
posés sous  Constance  et  que  Julien  avait 
rendus  à  leurs  diocèses.  Ainsi  en  Egypte,  le 
gouverneur  voulut  chasser  d'Alexandrie  saint 
Athanase.  Les  chiétiens  s'y  opposèrent  ;  il  y 
eut  un  commencement  de  sédition.  Durant 
la  nuit,  le  saint  évêque  se  retira  dans  une 
maison  de  campagne  et  quand  les  persécu- 
teurs se  présentèrent  ie  lendemain  pour  l'ar- 
rêter, ils  ne  trouvèrent  plus  personne.  Le 
saint  resta  pendant  quatre  mois  caché  dans 
le  sépulcre  do  son  père  (  on  sait  qu'en  Egypte, 
les  sépulcres  contenaient  de  véritables  loge- 
ments. )  Au  bout  de  ce  temps,  l'empereui' 
\'alens  le  lit  revenir.  L'ordre  qu'il  donna 


1Î55  VAL 

pour  col.i  fut  dû  h  rintorvfntion  do  Valen- 
tinieii.  ()iielque  temps  après,  Valons  reçut 
le  baplOine  des  mains  d'Eudoxe,  évoque 
arien,  qui  lui  fit  jurer  de  rester  toujours 
dans  son  opinioii  et  de  poursuivre  h  outrance 
et  partout  ceux  qui  lui  seraient  opposés. 
Durant  deux  ans  il  fit  la  guerre  aux  Golhs 
et  ne  put  pas  songer  aux  choses  religieuses; 
mais  ayant  rôdiiit  ces  peu[)les  h  lui  deman- 
der la  paix,  il  vint  à  Tomi,  ville  c.ipitale  de 
la  Scvliiie,  vers  lembouchure  du  Danube, 
dans  le  Pont-Euxin.  L'évéque  Brclannion  ou 
Vt'Iranion  y  résidait;  il  était  très-aliaihé  au 
calholicisnie.  Valens  vint  dans  l'église  prin- 
cinale  de  la  ville  où  d  trouva  le  saint  évùi|ue. 
Il  lit  tout  son  possible  pour  l'engager  à  com- 
muni(iuer  avec  les  ariens;  m.iis  le  saint 
évoque  résista  courageusement,  et,  suivi  de 
son  clergé,  se  retira  dans  une  autre  église. 
Alors  Vulens,  au  comble  de  la  fureur,  le  lit 
prendre  et  l'envoya  en  exil,  d'où  pouriant 
il  le  rappela  bieiilùt,  craignant  il'irriter  les 
Scythes,  ()euple  puissant  et  qu'il  ne  voulait 
pas  avoir  pour  ennemis. 

Ceci  se  passait  en  3t)9,  Au  coamiencement 
de  370,  Valens  vint  à  Anlioche  pour  s'y  oc- 
cufier  de  la  guerre  contre  les  Perses,  (jui 
durait  depuis   trois   ans.    Il    n'était    encore 
rendu   qu'à  Nicomédie  quand   il   aj)prit    la 
mort  de  l'évoque  arien  de  Constanlinople, 
Eudoxe.   Les  ariens  lui  avaient  donné  |)Our 
successeur  Démophile,   évèque   de   Bérée  ; 
mais  de  leur  côt;'!  les  catholiciues,  protitant 
de  l'occasion,  nominf'rcnt  Evagre,  qui   fut 
ordonné  [)ar  un  évèipie  nommé  Euslalhe.  A 
celte  nouvelle,  Valens  envoya  des  troupes 
de  Nicomédie  à  Constantinople,  avec  ordie 
de  prendre  Evagre  et  Euslathe,  et  de   les 
envoyer  en  exil.  Evagre,  qui  mourut  dans 
son  exil,  est  honoré  par  l'Eglise  le  6  mai.  Les 
ariens  ,  se  sentant  soûle  lus,  persécutaient 
violemment  les  catholiques;  dslesfra[)i>aient, 
les  trainaieni  devant  les  magistrats,  et  leur 
faisaient  payer  de  fortes  amendes.  Ou  compte 
au  nombre  des  saints  martyrs  que  tirent  ces 
fuiieux,  saint  Euloge.   Pour  se  plaindre  de 
ces  violences,  les  caltiolKjues  (leputèrrnt  à 
rem[)ereur  quatre-vingts  ecclésiasiicpics,  h 
la  léle  desquels  étaient  Url)aiii,  'riiéoilore  et 
Ménédème.  Arrivés  à  Nicomédie,   ils  expo- 
sèrent leurs  plaintes  à  l'empereur.  Celui-ci 
fut  trés-irrité  contre  eux,  mais  il  dissiimda, 
et  donna  secrètement  ses  ordres  à  Modeste, 
préfet  du  prétoire,  pour  qu'il  les  fit   périr. 
Modeste  lit  semblant  de  les  vouloir  envoyer 
en  exil,  et  les  lit  melire  dans  un   vaisseau 
pré[)aréde  manière  ((u'il  dev.iit  nérir  en  mer. 
Au  milieu  du  golf.»  d  Astaque,  les  mariniers 
mirent   le  feu  au  b.Uiment  ei  se   retirèrent 
sur  une  chaloupe,  [jn  grand  vent  cjui  souf- 
fl.iil  de  l'orieiil  pouss,\  lo  vaisseau  jiiscpj'au 
havre  d.-  Dacidi/.e,  mi  \\  acheva  de  se  consu- 
mer. Ainsi  périrent  (es  (pialrc- vingts  mar- 
tyrs.   L'Eglise   hitnore    l;\    mémoire  do  ces 
saints  martyrs  le  o  septembre. 

Peu  de  temps  après,  Valens  passa  cnGala- 
lie,  où  il  lit  soutirir  dt<  gaiids  maux  h  l'E- 
glise. Il  espérait  [)Ouvoir  faire  la  même  chose 
en  Cappauoco,  h  cause  du  dilîérend  survenu 


VAL  1Î56 

entre  Eusèbe  de  Césarée  et  saint  Basile,  dont 
les  personnes  les  plus  recommandab  es 
avaient  pris  le  parti.  Saint  Basile  demeurait 
tranquille  dans  la  solitude  du  Pont,  s'appli- 
quant  aux  exercices  de  piété.  Eusèbe  invi- 
tant saint  drégoire  de  Na/.ianze  h  se  trouver 
aux  assemblées  ecclésiasti(pies,  ce  saint  pré- 
lat lui  répondit  :  «  Je  ne  puis  souffrir  l'in.iure 
que  vous  faites  ;i  mon  frère  Basile;  m'Iio- 
norer  et  le  maltraiter,  c'est  comme  si  vous 
caressiez  quelqu'un  d'une  main,  et  le  souf- 
fletiez de  l'autre.  »  Cette  lettre  fit  quelque 
peine  à  E  isèbe,  mais  saint  Grégoire  l'adou- 
cit ensuite,  et  la  persécution  étant  venue,  il 
s'offrit  d'aller  h  son  secours.  Puis  le  voyant 
tout  à  fait  bien  disposé,  il  en  avertit  saint 
Basile,  l'exhortant  a  le  prévenir  et  à  ne  pas 
se  laisser  vaincre  en  combat  de  vertu.  Bisile 
revint  de  sa  soltude  et  s'unit  à  l'évèque 
Eusèbe  pour  résister  à  l'empereur  Valens  et 
aux  évèques  ariens  qu'il  avait  toujours  à  sa 
suite.  Valens  fit  lous  ses  efforts  pour  gagner 
saint  Basile,  il  alla  même  jusqu'à  lui  propo- 
ser le  gouvernement  de  son  église.  11  le  me- 
naça, il  le  flatta,  mais  Basile  au  contraire 
lexhorta  à  faire  pénitence,  et  à  cesser  de 
persécuter  les  vrais  serviteurs  de  Jésus- 
Christ.  Il  s'unit  h  Eusèbe  pour  combattre  les 
ennemis  communs.  Valens  fut  obligé  de  se 
retirer  avec  son  cortège  d'hérétiques  sans 
avou"  |)u  rien  obtenir.  Quand  Valens  fut  ar- 
rivé h  Anlioche,  il  y  persé>uta  violemment 
rE,j,lise.  Saint  .Mélèce,  princi[)al  chef  des 
calholicjues,  fut  b  mni  pour  la  troisième  fois 
et  envo. é  en  Arménie,  sa  patrie.  Les  lidèles 
qui  eurent  défense  de  s'assembler  dans  les 
églises,  se  réunissaient  près  d'Antioche  au 
pied  d'une  montagne  où  il  y  avait  des  caver- 
nes qui  leur  servaient  de  lieu  de  réunion. 
Valens  en  fit  mourir  un  certain  nombre, 
plusieurs  furent  jetés  dans  l'Oronte. 

La  persécution  continuant  toujours,  Va- 
lens fut  harangué  h  Anlioche  par  un  pliilo- 
so})he  nommé  Thémistius,  qui  lui  représenta 
(|u'il  ne  devait  |)as  persécuter  les  chrétiens 
à  cause  des  différences  d'opinions  cpii  ré- 
gnaient e  lire  eux.  Leui's  divisions  ne  sont 
rien,  lui  dit-il,  si  on  les  compare  h  (elles 
(pii,  à  nombre  égal  d'individus,  existent  en- 
tre les  païens.  >alens  d'après  (cla  se  borna 
à  bannir  les  hérétiques,  au  lieu  de  les  faire 
iiKûirif.  La  [)ersécution  ne  s'éteignit  donc 
pas.  SeuhMuenl  elle  s'adoucit  :  à  partir  de 
ce  moment,  elle  s'étendit  dans  la  Syrie,  et 
saint  Pelage,  évètpie  de  Laodicée,  fut  au 
nombre  des  évèipies  qui  furent  b:^nnis.  L  'S 
Eglises  de  Chalcide  et  de  Béiée,  se  sentir,  nt 
aussi  de  la  |)erséculi(»n.  L'Eglise  d'Iùlesso 
a\ail  pour  ('vèqiie  s.iint  Barsis  ou  Barsin; 
Valens  le  relégua  d  abord  dans  l'île  d'A- 
rade  en  Plié  lii ne;  ma. s  bie.  t(M  après  appre- 
nanl  (piil  gueiissait  les  malades  et  faisait 
beaucoup  de  miracles,  il  l'exila  i^  Oxyrynquo 
(Ml  Egypte,  et  beiit(M  après,  pour  les  mêmes 
molli-.,  en  Theb.iide  dtiis  un  lieu  nommé 
Philo,  sur  la  frontière  des  barbares.  A  la 
place  du  s  ont  évèque,  Valens  envoya  un  arien; 
mais  tout  le  peuple  sortait  de  la  ville  et  s'as- 
semblait avec  les  pasteurs,  sans  vouloir  com- 


1257  VAI. 


VAI.  «tn» 


iniini<nior  nvoc  rii(^i(^li(|ii('.  Nnlnis,  nvniil  ('•(rt  qiif  nrirri,  vnr  le  siôi^t- tl' Ah  AninliH'.  P/i1Ih'I   . 

(('•iiiniti  «riiic  tlt'  ers  nsscinlilfcs,  .srm|Mirla  |ti<-l.'l  (ri';-v|il<' «'l  l'aio'i,   n-Mit    l'dnlic  d  m- 

jusiiuà  Irappn-  In  pn'IVl  MiidcsU- parci?  (|ir.l  Kir  au^si   lui  «Jniis  le  m^^inc  ««-ris.  Co  prôlcl 

hn  les  nviiil    pas    cinpc^lircs.   ||    lui  dmi   a  nsscmlda  irx' lrii<i|ic  <!i' iiiils   cl  de   paiciis, 

rorilrc   (I  nssi'iiihl''!-  des  soldais  cl  «le  punir  cl,  cMVinmiaiil  l'c^lisc  ilr.  S;tiiil-'rii<'oiia.s,  lit 

(iui(  (impie  scrail  (l'soiinais  lioiiviU  CCS  rcii-  duc  à  l'iciit'   d'en   .sortir   .s'il  iio  voiilail  y 

iiici   s.  Mo  Icsli',  ipioKpic  ancii.  lil  avertir  les  <5irc  coiilrainl  pir  la  lorc"-.  I'ii;rrc  ipiilla  lYf- 

rallio  iiMit  s.   iiour  (ju'ils  eussent   à  se   tenir  ^lisi',  cl  ansv,iiùt  celle  hantli*  iidViinc  se  pré- 


II  marcha  cc|i(V)danl  avec  ;;,raM(ll'iacas  vers  le  1»  coinlt!    Ma^nns.  Ce  comte  Ma;^'Mis   (';lait 

)i(>u  (tù  les  tidèles  élaieiU  rcuii-;.  Il  csi»crait  celui  qui,  sons  Julien,  ny.'Jil  hrrtic  l'i'Kliso 

les  (^punvailer  cl  le^  forcer  h  lu  r.  Coniiiie  il  il»'  Servie,  avait  été,   son.s  Jovi'"i,  forcé   df» 

Iravcrsrtil  la  ville,  nn(>  pauvre  fenuiic  soilit  ii  recon-iruire  h  ses  (lé|)ens.  Il  lil  prendre  h 

préeipila:iiii:o«il  d'uniMnaisoi,  et,  coiipaii' la  .\le\andric  dix-neuf  tant    i»r<^lrcs  (pio  dia- 

lile  des  soldais,  [lassa  devant  li>  préfel.  Il  la  crcs.  dont  (pi(M(pies-nns  avaie-il  plus  de  (pia- 

lil  arcélci-.  «  Où  vas-tu?  lui  dit-il.  — Je  nu;  trc-viigls  a-is.    Les  ayn-it   lait   aiuenor  de- 

hàlc  d'arriver  où  les  callioliiuivs  sont  réunis,  vaut  son  Irihnual,  il  leur  disait  h  haute  voix  : 

—  Tu  o(>  sais  donc  pas  (pie  le  préf/l  s'y  leiid  «  (lédcz,  niisérahles,  cédez  aux  oidrcs  de 
jiour  faire  mourir  ceux  (pi'il  y  trouvej-n?  l'enipercur.  Quaid  l)ieti  inèuuî  votre  icli- 
~  C'est  bien  |)our  cela  (juc  j'y  cours,  ne  gion serait  la  véiitahle,  Dieu  vous  panloinc- 
voulant  pas  mampicr  r()C.a>ioii  du  martyre,  rail  d'avoir  cédé  à  la  iiéccs<;ité.  »  lis  lui  ré- 

—  lill  cet   cnl'aitl,   ponr(]iioi   l'y    mùies-tu?  pondirent  avec  un  gi'and  coura^^e    (ju'il  ce  - 

—  Pourciu'il  pailagelel)  inh(>ur  de  sa  mère.  »  sàt  lui-nu'^uK'  de  vouloir  leur  faire  abandon- 
Modeste,  déconcerié,  revint  au  palais,  et,  ner  leur  loi  ;  rpi'ils  s'en  tenaient  au  synd)ole 
racontant  ces  faits  h  rem,ioreur,  le  dissuada  de  Nicée  (pie  leurs  pères  en  Jésus-Christ 
de  persister  dans  celtt;  enlreprise.  Valcns  lui  avaient  adoplé^  en  anaihétn.ntisant  ceux  qui 
donna  l'ordre  d'épar;j:;iier  le  peu;ile;  mais  lui  refuseraient  d'y  souscrire.  Ma.L:;niis  les  (il  en- 
dit  de  prentire  les  piètres  et  L's  diacres,  de  suit(;  mettre  ci  pris  .n,  où  il  les  tint  plu- 
ies inviter  à  communii(uer  avec  lesévôi|ues  sieursjours.  Eu  suite  deqtioi  il  les  fil  fouetter 
ariens,  et,  s'ils  refusaient,  de  l(>s  env.iyer  et  tourmenter  devant  le  pmiple  assemJ)!é  qui 
aux  cxlréinités  d,'  r(nnpire.  Modeste,  les  gémissait  en  vo>ant  celle  persé;;ulion.  Aurès 
ayant  tous  ass(nnblés,  les  invita,  suivant  les  cela  il  ies  bannit  tous  en  Phé.ic  e,  à  Ili'lio- 
oi'drcsciuil  avait  reçus,  h  communiquer  avec  pcilis.  Parmi  les  assistanis  plusieuis  a.ant 
les  ariens.  Tous  gaidèrent  le  silence.  Alors  lémoigié,  parleurs  larmes,  la  peine  qn'iU 
s'ad.essant  à  Eulo.;e  ([ui  paraissait  leur  chef  :  éjirouvaient  en  voyant  conunenî  on  (raitait 
«  Pourquoi,  lui  dit-il,  ne  me  réiioiidez-vous  le^seiviteursile  Dieu,  Palla.ie  les  [:t  prcr.dre, 
pas?  —  Pace--  qu  •  vous  parliez  h  tout  le  déchirer  de  cou[iS,  et  ensi-ite  les  envoya  tra- 
ni'«nde,  dit  Kulo^e.  Dès  que  vous  m'inter-  vailler  aux  mines.  Ainsi  Fuzoius  avait  réussi 
pelhz  nom  nativemeni,  je  vous  dirai  ma  dans  son  entreprise.  Toutes  les  églises 
pensée.  —  lîh  bien,  dit  Modeste,  coimnu-  d'Alexandrie  étaient  aux  mains  don  ariens, 
niquez  avec  l'empereur.  —  Est-ce  qu'a-  li  revnit  à  Antioche,  laissant  rE;jypte  dans 
vec    ]'em[)ire   il  a  reçu   le  sacerdoce  ?»  dit  la  dés  dalioii. 

Euloge.    Piqué    de  cette  réponse,  le  piéf -t         Quoique  t-nnps  après  l'arrivée  de  Luciiis, 

repartit  :  «  Impertinent,  je  ne  dis  pas  cela,  il  vint  de  la  part  de  re.iioereiir  un  édiî  qui 

Je  Vous  dis  de  cour.nuniquer  avec  ceux  qui  ordonnait  de  chasser  u'E^vple  et  d'Alexan- 

s  )nt  en    communion    avec    remj)ereur. —  drie  tous  ceux  qui  croyaient  au  ronsubsian- 

Nqus  avons  un  [)asteur,  dit  Euloge,  et  nous  liel,  en  un  mot,  tous  ceux  que  Lucius  indi- 

luiclevous  obéissance.  »  Alors  le  préfet  les  querait.  Magnus  bannit  ou  lit  m' Itre  Ji  la 

exila  eu  Thrace  au  nombre  de  quatre-vingts,  torîurt  un  grand  nombre  d'évônues.Onzo  de 

Les  honneurs  qu'ils  recevaient  sur  la  route  ces  derniers    furent  relégués   "a  Diocésarée 

portèrent  ombrage  à  Valeiis.  il   \^s  lit  sépa-  de  Palestine  :  les  jinncipaux  étaient  Euioge, 

rer  deux  h  deux.  Les  u  is  furent  envoyés  en  Ade]p?iius,  évèqne  d'Oiiuphis,  et  Ammonius, 

Thrace,    d'autres    en   Arabie,    d'autres   en  évoque   de    Pachnémoun,  Isidore,  évèqne 

B.u'barie.   Euloge  et  Prologèie  fure.t   en-  d'Hermopole,  que  l'Eglise  latine  honore  le 

voyés  dans  la  petite  ville  a'Anlinous.  Ils  y  2  de  janvier.  Des  clercs  et  des  moines  cr- 

reslèrent  jusqu'à  la  mort  de  Valens.  Son  ne-  Iholiqucs  qui  se  trouvaient  à  Antioche  i-nnit 

vcu  Gratien  les  lit  revenir  d'exil.  h  Valens  des  représentations  sur  la  persécu- 

bur  ces  entrefaites,  saint  Athanase  éfint  lion  qu'on  faisait  endurer  aux  catholiques; 

mort,  les  ariens,  qui  vou  aient  lui  donner  un  mais  Valens  envoya  ces  catholiques  en  exil 

successeur  de  leur  parti,  en  avertirent  V'a-  à  Néooésarée  dans  le  Pont.  La  rigueur  du 

lens.  Ils  voulaient  qu'on  chassAt  Pierre,  qui  climat  et  la  misère  les  y  firent  bient(M  mou- 

avait  immedia  ement  été  donné  [lour  suc-  rir.  Dans  ce  tenv)s-]à  aussi,  Lucius,  évèque 

ces^eue  a  Aihana^e.  L'eraiereur  envoya  le  arie  i   de  la  ville   d'Alexandrie,   persécuta 

comte  Magniis  avec   des  trouj)es  pour  ac-  vio  emmenl  les  moines  de  la  Thébaide  et  do 

coinpagner  Eu/.oïus  et  mettre  Lucius,  évô-  toute  l'Egypte.  11  allai»  lui-nième,avec  le  duc 
Dif;Tio?<N    DES  PETisKcmovs.  IL  40 


^  îT.i 


V\L 


VAL 


liGO 


•  l'E^ypto.  los  poursuivre  jusque  dans  leurs 
nionnslores  où  il  eiiiploy;nl  conlro  eux  les 
fouils.  los  [)icrres  el  les  ormes.  Il  fit  exiler 
les  deux  Macnire  el  saint  Isidore,  tous  trois 
nlibi^s  (!»*  ces  nioinos,  dnns  uni*  petit*'  lie 
(/uni  ils  eonvertirenl  tous  les  hiibilanls.  Mais 
bientôt  il  les  fil  rappeler  parce  (ju'il  crai- 
gnait une  s'dilion  du  iieuple.d'Alcxaiidrie  à 
leur  sujet.  La  per^é(•uti(tn  conlrc  les  callio- 
lirpies  continua  jusipi'h  la  lin  du  règne  de 
Valens.  Ainsi,  vers  l'iui  376on  377,un  noiinné 
l)(^mosliir!ies,  vicaire  du  prél'el  du  prétoire, 
vint  en  Cappadoce,  h  Césarée,  où  il  soumit 
tous  les  ecclés  astiques  aux  charges  publi- 
(jues.  A  Schast"  il  !;l  la  rnènie  chose.  Vn 
nommé  AscU''pii."^  y  fut  tellement  battu  do 
verges  qu'il  en  m  -urut.  Ensuite  ce  vicaire 
autorisa  les  ariens  à  mettre  un  esulave  fugi- 
tif pour  évèque  sur  le  siège  de  Doares,  ptUite 
bourgade  df  la  Cappadoce.  Il  voulut  mettre 
un  «''vè(]uc  arien  à  Nico{)olis,  à  la  place  de 
Théodore  qui  venait  de  mourir  ;  mais  cette 
Eglise  refusa  courageusement. 

Au  rommenceuient  de  378,  Valens,  s'étant 
engagé  dans  une  guerro  avec  les  (ioths,  lit 
tous  ses  pré|iaraiifs  f>our  les  combattre.  Le 
11  de  juni  il  |)artit  de  Ccnstantinople  pour 
marcher  contre  eux  et  réparer  les  échecs 
(jue  ses  olliciers  avaient  épiouvés.  Il  passait 
devant  la  cellule  d'un  moine  nounné  Isaac, 
avec  sa  suite. Ce  moine  lui  cria  :  «  Kmpciciir, 
où  allez-vous?  Vous  avez,  en  irritant  Dieu, 
fait  la  force  des  barbares.  Si  vous  persistez 
dans  votre  conduite,  vous  n'en  reviendrez 
pas  et  vous  jienlrez  votre  armée.  »  Irrilé, 
l'empereur  ordonna  (ju'on  le  mit  en  prison, 
le  menarant  de  le  punir  à  son  retour.  .<  Oui, 
lui  dit  Isaac,  punissez-moi  si  vous  me  trou- 
vez faux  propliète.  »  Après  une  baladle  dans 
laquelle  \'alens  fut  détail,  bl(»ssé  d'un  Ir.it, 
il  se  relira  dans  un"  })auvre  cabane.  Les 
fioths  arrivant  l'allafpièrenl.  Les  Uomains 
s'y  barricadant  ia  détendirent.  Pour  ne  pas 
j)enlre  de  temps,  les  barbares,  l'enlfunanl  d<^ 
fascines,  y  mirent  le  feu.  \'alens  fui  brûlé, 
et  |)orla  ainsi  dès  ici-bas  la  peine  de  la  jier- 
sécution  qu'd  avait  faite  h  l'Eglise. 

VALEMIN  ^sai  il),  était  maître  ne  la  mi- 
lice à  Uavenne,  du  tenqts  de  l'empert  ur 
Maximien.  II  versa  son  sang  |)our  la  foi  chié- 
tienno,  avec  saint  Coneorde  son  fils,  sant 
Naval  el  saint  .Xgricole.  L'Eglise  honore 
colleetiveinenf  leur  mémoire  le  l(i décembre. 

VALEMIN  sanit),  prètn".  fut  martyiisé'.^ 
Viterbe,aveclediacr«'  sauit  lldane,  durant  la 
persécntion  de  l'empereur  .MaAUun'U.  Ils  fu- 
ri'ni  pr'M  ipil(-s  dans  le  libre  avec  iine  grosse 
jtierre  au  cou  ;  mais,  en  avant  éle  tirés  mira- 
culeusement par  n-i  ange,  ils  eurent  eniin  la 
tète  IrnuelK-e.  L'Eg!ise  lionoriî  collectiv.inent 
leur  mémoire  le  3  novemlire. 

VALENTIN  (sau»l),  reçut  la  couronne  du 
martyre.^  Havenne,  avec  les  saints  Eeliiien 
fit  Victorin,  Ce  fut  sous  la  p'-rsecuiiou  do 
I)ir)clé'lien  «pie  leur  martyre  arriva.  L'Eglise 
fait  leur  lèle  b^  11  novembre. 

NALENIIN  sailli  .  V(uci  ce  rpie  nous 
l'Ouv<ms  dans  le  Martyrologe  romain.  l\  pro- 
pos do    lui  :  «  A   llom*'.  .-ur  la  voie  Flami- 


nienne,  la  fête  de  saint  Valenlin,  prôlre  et 
martyr,  «jui,  afirès  avoir  donné  de  grandes 
preuves  de  sa  science  profonde  et  du  pou- 
voir qu'il  avait  de  guérir  les  maladies,  fut 
meurtri  de  coups  de  bAlon,  puis  décapité 
sous  l'empereur  Claude.  »  L'Eglise  fait  sa 
fêle  le  IV  février. 

VALEMIN  saint).  A  la  dite  du  li  fé- 
vrier, nous  trouvons  au  .Maitvrologe  ro- 
main, qu'à  Terni  saint  Valenlui,  évêque  et 
martyr,  après  une  longue  ilagtllalion,  fut 
mis  en  prison,  et,  qu'étant  demeuré  inébran- 
lable, on  l'en  tira  au  milieu  d'une  profonde 
nuit,  et  qu'il  eut  la  tête  In-nchée  par  ordre 
lie  Placide,  préfet  de  la  ville.  Ses  Actes  oit 
fort  peu  d'autorité. 

VALENTIN  (  saint),  confesseur,  souffrit 
pour  U  défense  de  la  religion  chrétienne. 
On  ignore  le  lieu,  la  dale  el  les  circonstances 
de  son  triom})he.  L'Eglise  fait  sa  mémoire 
le  29  octobre,  ainsi  ijue  celle  de  l'évèque 
Miximilien,  qui  fut  martyrisé  le  môme  jour 
(jue  celui  où  noire  sa  inlcon  fessa. 

VALENTIN  (saint),  évèque,  reçut  la  cou- 
ronne du  martyre  à  Trêves.  L'Eglise  l'a  mis 
au  nombre  de  ses  saints  et  honore  sa  mé- 
moire le  16  juillet. 

VALENTINE  (sainte),  martyre,  fut  brûlée 
viveeii  Palcst ine, avec  sainte  thée,  en  r.inde 
Jésus-Christ  308,  ()ar ordre  du  gouverneur  Fir- 
milien.Ce  barbare  exécuteur  des  ordres  des 
empereurs  faisait  horriblement  tourmenter 
sainte  Thée.  Valenlinccjui  était  dansla  foule, 
ne  put  retenirson  indignation  el  lui  reprocha 
h  haute  voix  sa  cruauté.  «  Jusqu'à  quand, 
lui  dil-ello  ,  tourmenterez- vous  ainsi  ma 
sœur?  »  Immédiatement  elle  fut  arrêtée  et 
conduit!^  au  pied  du  tribunal.  On  voulut  la 
contraindre  à  sacrifier,  mais  inutilement  ; 
rien  ne  put  vaincre  son  énergique  résis- 
tance. Alors  Firmilien,  voulant  qu'au  moins 
elle  eût  l'air  d'avoir  obéi  à  ses  ordres,  com- 
maiulaiju'on  la  mit  île  force  près  de  raulel. 
La  saintvse  débattit  tellement  iiuelle  fit  rou- 
ler cet  autel  h  terre.  Firmilien,  exaspéré,  fit 
attacher  Valentine  avec  sainte  Thée.  el  les 
condamna  à  être  toutes  deux  brûlées  vives, 
(^.elte  sentence  fut  exécutée  le  2.'i  juillet, 
jourauipiel  la  fêle  des  deux. saintes  est  ins- 
crite au  M  irl>  rologe.  [Voy.  Eusèbe,  (1rs  Mari, 
de  Pairst.  Voy.  aus.si  l'article  de  sainte  TiibE.) 

V.VLEN  IlON  saiiiti,  reçut  la  palme  du 
martyre  à  Doiostore  en  Mysie.  Il  eut  pour 
compagnons  de  son  martyre,  saint  Pasicraie 
et  deux  autres  tlo  il  les  noms  ne  nous  sont 
point  parvenus.  L'Eglise  fait  leur  fêle  le  '2'6 
mai. 

VALÎ'MIE  saint),  mourut  pour  la  foi  avec 
saint  Uiiliii.  du  leiiips  de  l'empereur  Diodé- 
tieii,  vers  la  fin  du  m'  siè.le.  fous  deux  gé- 
raient. (Ml  (piaillé  de  suriiitendanls.les  biens 
du  domaine  impérial,  sur  les  bords  de  la 
>  i'nIc.  au  territoire  de  S)issfms.  L'emi)ereur 
Ma\imieii-Uercule,  ayanl  ilomplé  les  Bagau- 
des  près  Pans,  laissa  l'ordre  à  Hiclius  Va- 
rus,  piéfel  du  prétoire,  de  loul  faire  pour 
(léiruire  dans  le  pays  le  nom  chrétien, Ce  fui 
dabord  la  ville  deÙeim.^  (|ui  ressentit  les  ef- 
fets d  -  la  rage  du  pntel   du  pr-'loire,  qui  fit 


i!2fH  VAF, 

iijonrir  loiil  r.>  qu'il  y  pul  tli'nuivrir  du  11- 
«1M('><.  De  lii,s(»  rcinlrtiil  ii  Soissoiis,  il  lit  ;i(iic- 
ncr  (l('\aiit  son  liihun.il  Vidric  ri  Uiilio,  (|ili 
s'rtlniciil  caclit's,  à  son  a|i|ii(>,  lie,  dans  un 
l)()i.s  (lù  (in  les  «vail  airiMi's.  I.c  |i(rs('(ul('iir 
ii'S  lit  (iciKirc  sur  lo  chi'Vftlcl,  on  on  les  di'i- 
chira  i\  (•«)n|is  dcronds  plonilM-s.Cc  supplico 
ii<?  les  avant  |>;is  alciltus,  ils  liiicnt  (••tn  luils 
sur  1(.'  iMM'd  d\i  Kiand  clicniiii  (|iii  u\i"\r  h 
Soissons  ,  (M  là  Icrniinc'rrni  leur  ^lorii-uv 
(•on)lial  |).ir  le  ^laivt>.  l/l-'-j^hsi'  (•élùhic!  leur 
l'(Ht'  !<'  IV  juin. 

N'AlJ-'dlK  (saint),  tMil  Ir  t;l()ri(Mi\  privili-^o 
iU\  do mci-  sa  vie  pnur  Jcsus-Cilnisl  en  MVi- 
quc,  avec  les  sainis  Marc,  lUilin  ol  d'anlics 
(i:i('0,"('  dont  nialhcui'cnscincMl  les  noms 
nous  so'il  i'U'onnus.  Ils  sont  insciiis  au.Mar- 
lyn)'o,^('  romain  le  ((>  iioviMnhrc. 

>'ALfCiU':  (sainti'),  niartyro,  nioiirnl  ou 
oourtssaul  sa  loi  à  (lôsarrc  on  l'alcsliiuï.  li  lo 
ont  pour  comitai^ncs  do  son  martyre  Ii's 
saint i>s  Zrnaidc,  ilyvv  et  Marcic.  On  iiï'iorc 
la  daliMît  li's  cirron^tanccvs  de  leur  luaitjrt'. 
L"l"'.;lis('  fait  li-ur  niénioiro  lo  5  juin. 

NAI.f'MlK  (sai'di'),  vierge,  versa  son  sang 
x^  Limoges  pour  la  déTense  di^  la  religion 
chrélieu'u».  Nous  n'avons  |)oint  do  détails  sur 
son  eompto,  L'Eglise  fait  sa  mémoire  lo  9dé- 
ocnd)r(\ 

VALÎiUK  (Sébastien),  qualifié  juge  dans 
les  Actes  de  sanit  Kirmin  d'AniioDs,  |)ersé- 
cutait  violemmenl  les  chrétiens  à  Beauvais 
quand  ce  saint  évèque  y  vint  prôclicr  la  foi 
avant  de  se  rendre  à  Amiens,  ^'aléro  le  fit 
touiuicitor  et  fouetler  eruellemcnt.  Plus 
tard,  sous  l'empire  de  Dioclélien,  en  Tannée 
2S7,  étant  vetni  à  AmieiiS,  il  y  lit  arrêter  lo 
saint  évèque  et  le  lit  décapiter  dans  sa  pri- 
son. La  vengeance  d'en  haut  ne  se  lit  pas 
hv^gtomps  attendre  :  A'alère  fut  tué  par  ses 
propri's  soldats  quehiui^  tem})S  après. 

NALÈKK,  proconsul  d'Asie  sous  l'empire 
de  Dèce,  en  l'an  -251.  II  succéda  à  Oplime, 
qui  lu  -môme  avait  succédé  àQumlilien.  Cet 
homme  est  au  nf)mbre  des  plus  féroces  per- 
sécuteurs de  l'Eglise.  Etant  venu  à  Thyatires, 
il  lit  arrêter  saint  Carpe,  évoque  do  c€lte 
vil  e,  et  saint  Papyle,son  diacre.  Après  avoir 
vainement  cherché,  par  ses  raisonnements, 
à  les  faire  ahjurer,  il  les  fit  cruellement  tour- 
menter; ensuite  il  les  fit  mener  à  Sardes, 
où  il  se  rendait.  Il  les  lit  attacher,  pendant 
tout  le  voyage,  sur  des  chevaux  excessive- 
ment rudes,  croyant  que  la  fatigue  dans  la- 
quelle il  allait  jeter  ainsi  leurs  corps  rendrait 
leurs  âmes  plus  faciles  à  vaincre.  Mais  rei- 
dus  h  Sardes,  les  deux  sainis  confessèrent 
leur  foi  avec  autant  d'ardeur  et  de  courage 
que  s'ils  n'eussent  pas  souffert  déjà.  Valè.e 
conimit  alors  une  de  ces  actions  qui  désho- 
norent le  cœur  d'un  homme,  parce  que,  in- 
dépendamment do  toute  opinion  politique 
ou  religieuse,  elle  dénote  rahscnco  complète 
do  coque  nous  appelons  le  cœur,  de  ce  que 
les  anciens  appelaient  pectus.  L'homme  qui 
com.net  de  tels  actes  est  un  hlcho  et  un  vil 
scélérat.  Les  deux  sainis  avaient  été  suivis 
par  un  domestique  fidèle,  nommé  Agatho- 
dore,  qui  ne  les   avait   pas   quittés  depuis 


VM. 


liM 


leur  départ,  et  (pu  hnr  prodiguait  les  soins 
les  plus  toucli/iMls.  Loni  de  comprendre  tn 
dév(uienienl  f^rtuéreiix  el  d'en  éiro  touché, 
>  alèrc,  viiid.nd  priver  1rs  saint-,  des  sorviccs 
qu'Agalhodoii-  leur  rendait  et  les  faire  souf- 
fiiron  lunnt  celui  (pii,  h  cause  d'eux,  nvait 
quitté  sa  ville  cl  sn  faiiiille  ,  fil  lelleriicnt 
liatlre  Agalhodore  à  coiqi-.  de  nerf  de  hn-ul, 
(|ue  ce  saint  serviteur  expira  sous  les  coups. 
\'alère  tlitiMia  l'urdi'e  (le  jeter  son  corps  à  la 
voirie,  alin  nud  servît  de  pâture  aux  chiens  ; 
mais  des  lideles  viiu-eid  nuitamment  l'eiise- 
velir,  l't  \o.  déposèrent  dans  luie  caverne. 
Après  cet  indigne  exploit,  le  uKUistre.  rpii 
.s'nuagiuait  avoir  épouvanté  les  (hnix  hom- 
mes de  Dieu,  voulut  e  icfu'e  hvs  faire  renoii- 
c(>r  à  Itnw  loi.  Leur  fermeté  fut  im-hranlalde. 
Alors,  fiu-ie\ix  d'être  vaincu  parce  prand  cou- 
rage, il  ordonna  (pTon  les  conduisît  à  pied 
jusqu'à  l'(M'gaun',  où  lui  sf.'rc-ndait  à  cheval. 
Le  second  jour  du  voyage,  ne  trouvant  |)as 
hnu'  fatigue  assez  grande,  il  les  lit  charger 
d(>  chaîiu's.  lJn(>  fois  arrivé,  il  les  fit  jeter  on 
|)rison,  puis  battre  avec  des  hAlons  garnis 
d'(''pines.  Il  leui'  fit  Iirùler  les  cùti-s  avec  des 
torches,  loin*  fit  subir  la  torture  du  cheva- 
l(;t,  et  reconduire  en  prison:  peu  de  jours 
après,  il  ordonna  (]iTon  les  coucIkU  toul  nus 
sur  des  j)ointes  de  for.  Enfin,  voyant  (pTil  ne 
pouvait  vaincre  ces  deux  admirables  clné- 
tiens,  ils  les  fit  jet(M'  dans  un  bûcher,  au  ils 
furent  consumés.  Sairle  Agatluinicine,  (\u'\. 
avait  aussi  suivi  son  frère,  voyant  les  llain- 
mes  le  consumer,  se  jela  au  milieu  et  fut 
biûlée  avec  lui. 

VALÉKIE  (sainte),  femme  de  Vital  ,  de- 
niiMirait  avec  lui  à  Milan.  Ayant  appris  qu'il 
avait  été  martyrisé  à  Ravcnnc,  elle  se  hAla 
d'y  venir.  Queli|uos  jours  après,  s'en  retour- 
nant à  Milan,  elle  trouva  en  route  des  [)ay- 
sans  (jui  célébraient  la  fêle  do  leurs  idoles. 
Ces  hommes,  ne  pouvant  la  contraindre  à 
prendre  part  à  leurs  réjouissances,  la  batti- 
renl  si  cruellement  qu'elle  en  mourut  au 
bout  de  trois  jours.  Les  plus  anciens  marty- 
rologes indiquent  la  fête  de  sainte  V.lérie 
pour  le  lOjuin,  ainsi  que  celle  de  saint  Ursi- 
cin,  de  saint  Vital,  et  d'un  saint  Marcel  sur 
le(|uel  on  ne  possède  aucun  document  cer- 
tain; mais  l'Eglise  lomaino  fait  leur  fête  le 
28  avril. 

VALÉRIEN  (saint),  fut  martyrisé  à  Tour- 
nus,  sous  le  règne  de  l'empereur  Marc-Au- 
rèle.  Il  habitait  Lyon  avec  saint  Marcel  quand 
la  persécution  s'y  déchaîna  avec  une  vio- 
lence indicible.  Il  quitta  la  ville  et  s  en  fut 
prêcher  l'Evangile  dans  les  provinces  voi- 
sines. Arrêté  près  de  la  petite  ville  de  Tour- 
nus,  il  y  souffrit  d'a-bord  le  supplice  du  che- 
valet et  dos  ongles  de  for,  puis  y  f  .1  déca- 
pité le  15  septembre.  L'Eglise  honore  sa 
mémoire  le  i  du  môme  mois,  en  même 
temps  que  celle  de  saint  Marcel. 

VALERIEN  (saint),  martyr,  mari  de  sainto 
Cécile,  fut  converti  j)ar  elle  à  la  religion  de 
Jésus-Christ ,  avec  Tiburce  son  frère.  Le 
préfet  Almaque,  les  ayant  fait  arrêter,  les 
fit  d'abord  battre  à  coups  de  bâtons,  et  en- 
suite décapiter  sur  la  voie  Apiiienne.  Maxi- 


VAL 


VAL 


f-:ci 


me,  ui  dos  oTiriers  d'Aiinaqn^,  loiirhé  do 
leur  roulage,  se  cou  vorlil  aussi,  et  fut  frappé 
flvec  (If s  pl()nil>ean\  jiisipi'h  ro  qu'il  on  in  »u- 
r.U.  L'Kglisc  fait  leur  fie  Ir  IV  avril.  Leurs 
ArU'S  sont  sans  autorité.  ^Voij.  Cécile.) 

VALKlllEN,  commissaire  iles  g\jcrrcs  on 
Afri'î'ic  avec  Fabius  Victor,  en  296,  sous 
1  cinpiro  de  Dioclolien,  jirésenln  nu  tr.bu- 
nai  de  Dion  ,  proconsul ,  saint  >LTximilien 
de  Thébe^te,  qui  n fusait  d"(Mro  enrôlé 
au  service  de  romporeMP,  parce  ipio,  disait- 
il,  il  l'était  déjà  h  celui  de  Jésus-t^.hrist. 
Ayantpersis!é  (I  ins'^on  refus,  Maximilien  su- 
bit le  lie;  nier  supplice.  (Toy.  Maximilien  de 
Thébeste.V 

VALÉUiEN  (?ai-U\  mourut  pour  la  foi  à 
Antiociie  nvc.^  les  saints  Re.-lilut,  Dunat, 
Fructuose  et  douze  autres  dont  les  noms  sont 
ignorés.  Us  reg  irent  la  [)alme  du  martyre 
dans  des  cirrou.stnnccs  et  à  une  époque  que 
nous  ne  connaissons  pas.  L'E^^lisc  fait  leur 
fêle  le  23  aoilt. 

VALfLPviEN  (saint),  reçut  la  couronne  des 
glorieux  combatlanls  de  la  foi  h  Nyon.  II 
eut  |;our  compagnons  de  ses  souifrances  les 
saints  .Mair^rin  et  (j')rdien.  L'I-^glise  fait  col- 
lectivement leur  fêle  le  17  septembre. 

VALÉHIEN  (saint),  iut  martyrisé  à  Alexan- 
drie, sous  l'empereur  Maximin.  II  fut  préci- 
pité au  milieu  des  flots  avec  les  saints  Hié- 
ronide  ,  Léonce  ,  Sérapion  ,  Sti  afon  et  un 
autre.  L'Ej;Iise  fait  collectivement  leur  mé- 
moire le  12  scpicmitre. 

VALÉRIEN  (sauit),  martyre,  donna  sa  vie 
pour  Jésus-Cluist  avec  les  autres  saints  évo- 
ques Urbain,  Crescent,  Eustaclie,  Crescone, 
Crescrnlien,  Félix,  Hortalan  et  Floienlien. 
Ils  furent  condamnés  à  l'exil  et  y  terminè- 
rent leurs  jours.  L'Eglise  les  honore  et  les 
fête  le  2S  novembre. 

V'ALÉiilEN  (saint),  martyr,  l'un  des  qua- 
rante   martyrs  de   Sébasté  ,  sous  Licinius. 

{Voy.   MvRTYC.S    DE   SÉDVSTE.) 

VALÉUIEN ,  nom  d'un  juge  qu'on  dit 
avoir  condamné  saint  Flocelh'  h  être  dé- 
chiré par  les  bètes,  dans  la  ville  d'Aulun, 
sous  l'empire  de  Mirc-.Vurèle. 

VALÉHIEN  [P.  Licinius  Valrrinmis),  em- 
pereur romain,  naquit  en  l'an  190.  So  i  père 
se  nounnait  Valère  et  anpnricnail  à  une  fa- 
mille illustre  de  sénateurs.  Singulière  d(^sli- 
uée  ((ue  celle  de  ce  [irince  !  Tant  qu'il  fut 
an-dessous  du  rang  siiprôiue,  il  en  parut  le 
plus  digne;  h  |)eine  fut-i!  monté  sur  le  trùno 
de  l'empire  (pj'il  révéla  son  insullisanre  do 
In  fa^on  la  [>Ius  funeslo  pour  li-s  grands  in- 
térêts qui  lui  étaient  conliés.  Naturcllenunl 
bienveillant,  surtout  par  savoir-faire,  Valé- 
rien  s'était  acquis  1  estime  et  l'amitié  de 
tout  le  nu)nde.  Ses  mœurs  furtnU  sans  re- 
proches :  il  était  grave,  modéré,  ami  de  la 
vertu,  ennemi  des  méclianls;  voiià  ce  qu'on 
n  »u5  ni>prend  <ie  lui.  En  éludianl  ce  carac- 
tère dans  son  intimité,  et  par  les  faits  qui 
s'accomplirent  quand  Valerien  fut  monté 
sur  le  trône,  nous  sommes  purlt- à  du'i- ipiil 
eut  toutes  les  vertus  passives,  qin  sont  plu- 
tôt Tabseire  des  vit  es  et  des  pas»ir.;i,s  que 
la  vcr.u  n'ellf  et  active.  Que  d'insuilisancfs 


dans  ce  bas  monde  décorées  ainsi  du  titre 
de  vertus  !  En  g'néral,  nous  nous  défions 
beaurouf)  des  vertus,  des  capacités,  du  génie 
de  ces  hommes  qui  plaisent  h  tovit  le  inonde, 
cpie  toutie  monde  dit  vertueux,  et  que  l'en- 
vie ne  dénigre  pas.  L'envie  est  en  quelqtie 
sorte  la  [>iorredc  touche  qui  sert  h  recon- 
naiire  la  vertu,  le  nu-rite,  le  génie.  Heureux 
riiommo  que  les  passions  n'ont  pas  agité  ! 
Ce  |iOurra  être  un  honnête  homme  :  qu'il 
borne  là  son  espéra  ne  •.  Du  reste,  ce  doit 
être  assez  pour  une  ambition  saine,  [tuisquo 
c'est  assez  pour  le  ciel. 

V'alérien  [)assa  successivement  par  toutes 
les  charges  et  par  Ions  les  grades.  A  me«;u  e 
qu'il  montait  un  échelon,  on  le  jugeait  digne 
de  monter  encore.  Il  et  ut  p-ince  ilu  scnal. 
C*  corps  ayant,  sur  l'invitition  de  Dèce,  à 
élire  un  censeur,  choisit  Valerien.  Quand 
Emilien,  en  253,  se  révolta  contre  Gallus, 
Valerien  fut  choi?i  pour  commander  les 
troupes  que  l'empereur  envoyait  chercher 
d  ms  les  Gaules  pour  combattre  son  compé- 
titeur. Mais  tlid'us  ayant  été  tué  par  ses  sol- 
dats, Emilien  demeura  maître  de  lltalie. 
Les  trou[)es  que  Valerien  commandait,  refu- 
sèrent d'obéir  à  un  autre  qu'à  leur  chef,  et 
le  proclamèrent  empereur.  Aussitôt  il  se 
mit  en  marclie  pour  aller  co  iiltaltrc  Emi- 
lien; mais  les  soldats  de  ce  dernier  le  massa- 
Cièrenf,  jugeant  Valerien  plus  digne  du  rang 
suprême,  .\ussitot  sa  puissance  é  ablie  sur 
tout  l'empire,  Valerien  s'associa  Ga  lien  son 
n  s,  en  le  nommant  Auguste.  De  tous  côtés 
les  barbares  attaquaient  l'empire,  et  le  vieil 
empereur  voulait  partager  le  jioids  de  son 
fardeau.  Les  deux  nouveaux  empereurs  fu- 
rent insudisanîs  à  la  lArhe. 

Il  ne  nous  a[)pirtient  pas  de  dire  les  fai- 
blesses, les  inlial)iletés,  les  lAchelés  même 
de  ce  règne.  Notre  |  lan  nous  est  tracé  par 
notre  sujet,  nous  écrivons  une  S[iécialilé  de 
1  histoire  et  non  l'iiistoiie  en  général.  Qu'il 
noussuflise  de  dire  que  l'empire  fut  dévasté 
j>ar  les  barbares.  La  puissance  qui  régnait 
au  dedans  n'avait  pas  li  maui  assez,  forte 
ftour  opposer  ihs  bariiùres  suflisanles  à  ar- 
rêter les  ennemis  du  dehors.  Ainsi  nous 
voyons  Chrocus,  roi  des  Allrmaiuls,  prome- 
ner ses  phalanges  dans  les  tiaules  comme  en 
pays  co  U(nis,  les  ravager  sans  coup  férir  et  y 
faire  périr  une  grande  cpiuntiié  de  chrétiens. 
D'abord  rous  le  trouvons  pi  es  d(^  .Nh-nde, 
assiogi'ant  le  cliAleau  di»  Grèze  où  les  habi- 
l  liUs  du  pays  s'étaient  renfermés,  cl  faisant 
mourir  l  évê(iuo  saint  Privai,  (pii  ne  veut 
liah  r  ni  sa  patrie  ni  sa  .oi.  IMus  lard  nous 
le  retrouvons  à  Albi.  dan*  la  piemière  Aqui- 
taine (Languedoc,  Tarn),  c  est-a-dire  jus- 
(pi'aux  extrémités  do  la  tiau!c.  Encor.e  un 
jour,  il  enjam'ie  les  Pyrénées  ou  les  Alpes. 
A  Vians  ou  V  ieux,  près  d'Albi,  il  fait  mou- 
rir saint  Ama:aud  ou  Amaranllie  qui  refuse 
d'adorer  les  divinités  leuloniques. 

Passons  les  ineis,  nîhuis  au  rivage  afri- 
cain. Que  voyons-nous?  Li  charité  des  tidè- 
le.s  do  Gariha'ge  onvover  aux  barbare*,  par 
les  m.iins  de  saint  Cyi""''*"'  ^^  rançon  des 
ca^tlii'^  que  les  iriues  romaines,  raccourcies 


iiiùS 


VAL 


\\l 


iiW 


dnns  les  iiiniiis  du  i'iililr   cnipcnMir.  n'ont 

Iwis  (Ml  II»  lune  <1(!  |)rol(''-(r.  P.iiloul  la_  lai- 
►losso  et  1)1  liM'ilc.  L'IimiukHp  lionniic,  l'fipn- 
llii(Hi(i  \'.'\l(''ii(Mi.  ii'ost  pas  h  |,i  laillc  di'  la 
t(».çn  iinpt''iia!(«.  H  use  .ses  minces  l'arullés 
ilans  1rs  nctilos  clmsrs,  dans  lus  inlri^urs 
(lo  cour,  dans  les  meMpiincfies  adini'iislia- 
lives,  tandis  cpu'  les  ciuieiius  rava^^ienl  l'c-in- 
j)iro  ol  ahaissent  l'iiuinieiir  de  ses  armes. 
(Vost  (]M'nni>  main  ne  snlllt  jias  pimr  tenir 
l'i^péo  d'nn(î  naiion  ii  la  lianlenr  (pie  i'li(ei- 
iicur  commande;  il  faut  tiHe  el  cvjinr  l\  celui 
qui  la  tient.  Plus  tard  nous  vernins  Nalérien 
sous  le  pied  de  Sapur,  el  (piand  un  om- 
jVM'onr  peut  C'iio  \l\,  c\sl  qu'il  v  est  h  sa 
plaro. 

Dans  le  connnenciMuent  de  son  r('>^n(\ 
Valt^rion  so  montra  e\lr(^menn'nl  lavurahlo 
nn\  fin  éliiMis  :  le  |)ropi'e  de  la  faihlesse  est 
de  s(!  tenir  toujours  dans  les  extrcimes.  Il 
les  traita  d(5  laijon  (pi'on  poul  dire;  do  lui 
qu'aucun  de  ses  prédécesseurs  ne  les  avait 
autant  l'avorises.  Il  y  avait, dit  un  auteur  con- 
lem[/orain,  tant  de  chrétiens  dans  son  palais, 
qu'on  aurait  pu  lo  prendre  pour  une  é-iliso. 
Si  celle  douceur,  celle  j)ropensi()n  h  favori- 
ser les  chrélions,  sonl  e\lraordinaires,  la 
violence  avec  lai]U(dle  il  les  [xn-sécula  de- 
puis ne  l'c'st  pas  moins.  Celui  (]ui  chant^ea  h 
ce  point  l'esprit  do  Valérion  l'ut  Macrien, 
qui  des  derners  raui^s  de  la   milice  s'était 

i>eu  h  peu  élt'vé  jusiiu'aux  })romiers  grades. 
l  audjitionnait  le  ran,^  suprême  et  s'adon- 
nait h  la  ma;j,ie.  Les  imposteurs  lui  avaient 
prédit  rem[)ire.  En  attendant  que  ses  {)ro- 
jets  pusscnl  se  réaliser  il  porta  Valérien  à 
avoir  comme  lui  conliancc  dans  les  sortilè- 
ges et  dans  les  magiciens  ;  il  lui  persuada 
que  son  règne  serait  heureux  s'il  s'adonnait 
aux  pratiques  de  la  magie.  Valérien  l'ut  as- 
sez faible  pour  commeltie  le  crime  qu'avait 
autrefois  conmiis  Adi'ien  :  il  lit  des  sacriii- 
ces  humains  ;  il  égorgea  des  enfants  [)our 
parvenir  à  connaître  les  secr^-ls  de  l'avenir 
et  pour  obtenir  des  révélations  sur  la  réus- 
site de  ses  projets.  Ce  fut  ei  l'année  257,  la 
quatrième  de  son  règne,  qu'il  commença  h 
j)t'rsécuter  les  chrétiens.  On  peut  voir  à 
î'article  Pi-«sécitions  avec  quelle  violence 
il  le  lit.  11  s'est  placé  par  ses  horribles 
cruautés  au  rang  des  plus  mauvais  empe- 
reurs qu'aient  eus  les  llomains.  Saint  Denys 
d'Alexandrie  lui  applique  ces  paroles  de 
l'Apocaljpsc  :  Il  lui  fut  donné  une  bouche 
gui  se  glorifiail  insolemment  et  qui  blasphé- 
mait ;  et  il  reçut  le  pouvoir  de  faire  la  guerre 
durant  quarante-deux  inois  {Apec,  xui,  o). 

La  punition  de  ce  prince  fut  terrible.  En 
l'année  2G0,  il  se  décida  à  marcher  contre 
Sapor,  roi  des  Perses,  que  depuis  quelque 
temps  il  avait  laissé  ravager  tout  h  son  aise 
les  provinces  de  l'emoire.  Un  échec  que  Sa- 
por  venait  d'éprouver  devant  la  ville  d'E- 
desse,  qui  s'était  défendue  avec  autant  de 
succès  que  de  courage,  décida  Valérien  à 
marcher  enfin  contre  son  ennemi.  Après  les 
péri|)6lies  d'une  campagne  qui  fut  honteuse 
pour  les  armes  romaines,  une  grande  ba- 
taille fut  livrée  :  Valérien  la  perdit.   Une 


P'uliedi'  son  nrmt'i'  In!  t  dlléci  rn  piécrs  par 
Sip(»r.  (Jn  prétend  «pie  .Macrien,  c'iar'^tr  pnr 
\  ;dérien  du  |irinci'<al  connnan'lenK'nt,  lu 
trahit,  et  ipie  s.i  (raliisu  i  fut  en  partie  caiiM) 
delà  petto  de  la  baladle.  Cela  peut  C-lre  ; 
mais  quel  est  lo  vnincu  qui  cu'  .so  dise  trahi  T 
Presque  pas  qui  ne  vjMiillent  i\'\us\  couvrir 
leur  IkjmIo  o  I  leur  mallieiu'.  L'n  onqjcreiU' 
doit  savoir  choisir  ses  .surbordonnés  :  on  no 
trahit  guèic  les  hommes  d(!  gi'nie.  Aussi  lA- 
clio  (piinliabile,  Nalérien  amassa  de  l'or 
itour  acheter  la  |)aix,  cl  députa  h  Sn[)or,  qui 
longtemps  l'elinl  les  andiassad^iurs  s(jus  di- 
vers prétextes,  et  eiilin  les  n.'iivoja  on  leur 
disant  (pi'il  voulait  traiter  avec  Valérien 
Ini-mèuie.  Valéritni  se  rendit  au  lieu  di'si- 
gné  pour  la  conférence.  S  qior  s'em|)ara  do 
lui  cl  d(î  toute  sa  suiU;.  Lo  faible  onnierour, 
iirobableinent  pour  mieux  adoucir  le  bar- 
i),ne,  avait  mené  l'impérali ice  .Marinienne 
avec  lui  :  c'était  sa  seconde  fenune.  La  ven- 
geance! du  ciel  fut  terrible:  Sapor,orgiu.'illeux 
d'avoir  abaissé  la  [)uissanco  romaine  d-ins 
la  persoiîno  de  l'empereur,  usa  de  .«•a  vic- 
toire de  la  fagon  la  plus  odieuse  et  la  plus 
lAch(\  Il  se  déshonora  par  sa  conuude; 
mais  Valérien  mérita  l'infamie  h  laipielle  il 
fut  condamné.  Sapor  le  traînait  par  ont  à 
sa  suite  avec  l'impératrice.  Il  forçait  le  vieil 
cm[)ereur  à  être  témoin  des  outrages  de 
toute  nalure  qu'il  prodiguait  h  sa  fennne. 
(Juand  il  monlail  il  cheval  il  fallait  que  Va- 
lérien ,  les  mains  el  les  genoux  à  terre, 
souillant  de  boue  la  pour[)re  im[HTiale  dont  .1 
était  vêtu,  lui  prôtAt  son  dos  en  guise  de  mar- 
chepied. Valérien  obéissait.  El  voilà  l'homine 
dont  les  historiens  ont  fait  l'élo-^e  :  Ver- 
tueux, onl-ils  dit,  de  mœurs  irréprochables, 
ami  de  la  justice.  Eh  1  qu'im]  o.te  tout  cela? 
nous  concevrions  mieux  un  de  ces  hommes 
que  la  passion  ég-ire,  un  débiuché.nn  despote 
bravant  toutes  les  lois,  mais  tuant  Sapor  ou 
so  faisant  tuer,  que  ce  lAche  qui  dans  sa 
personne  prostitue  l'hoiin  ur  de  tout  un 
peuple,  qui  avilit  le  trône  des  Césars,  el  la 
majesté  de  la  plus  grande  nation  du  monde. 
Il  y  a  des  crimes  personnels  qu'on  peut  con- 
cevoir, tout  grands  qu'ils  sont.  A  la  ri- 
gueur, nous  concevons  Néron  et  Caracalla  ; 
ce  sont  des  monstres  ou  des  fous  furieux  ; 
mais  ce  que  nous  ne  comprendrons  jamais, 
c'est  la  lâcheté  de  Valérien.  Quoi  !  l'homme 
quia  été  jugé  par  tous,  sénateurs,  peuple 
et  soldats,  lo  plus  digne  du  rang  suprême, 
avilit  à  ce  point  devant  l'univers  la  majesté 
de  la  nation  dont  il  est  le  chef,  qu'il  sert  de 
marchepied  à  un  roi  barbare  qui  l'a  vaincu, 
et  (fu'il  obéit  aux  ignominieuses  brutalités 
qu'on  lui  coraman  .e  !  Ah  1  celui  qui  avait 
pu  faire  tant  de  martyrs  de  la  foi  n  était  })as 
digne  d'être  martyr  de  la  patrie  et  de  l'hon- 
neur. iMettez  votie  front  d'emp.ereur  sous  le 
talon  de  Sapor,  ô  Valérien  !  Rampez  dans  la 
fange  pour  qu'il  monte  à  cheval  en  vous 
marchant  sur  le  dos  ;  avilissez  la  pourpre 
romaine,  la  pourpre  de  César,  d'Auguste  et 
de  Trajan.  Dieu  sait  se  venger  et  venger 
ses  saints.  Rappelez-vous  les  chevalets  des 
martyrs,  le  gril  de  saint  Laureut,  tous  ets 


liOl 


VAL 


VAL 


1-268 


instrumonls  do  supplirosque  vos  hourroaux 
em[tln\ .lient  por  vos  ordres,  l.o  lit  (le  feu  du 
saint  arcliidiacre  nest  pa»  si  brOlant  que 
votre  lit  de  fange  ;  les  ongles  de  fer  et  les 
torrlies  nrdenles  ne  vont  p.is  si  loin  flnns 
les  entrailles  que  la  sandale  do  >npor. 
El  des  années  entières  vous  subissez  re 
5H[>pIi(p  !  Ah  !  vous  êtes  l)ifn  la  plus 
grande  infamie  des  siècles,  la  [)lns  incniupa- 
rable  des  lAclietés!  Quand  V'alérien  fut  mort 
Sapor  le  (if  écoreher,  et  lit  corroyer  sa  peau 

auon  teignit  cm  rouge  pour  la  suspendre 
ans  un  des  temples  de  Ctésiphon,  comme 
monument  d'opprobre  et  do  Iklieté.  Il  n'y 
eut  qu'un  opprobre  aussi  grand,  ce  fut  ce- 
lui de  Gallien,  qui,  resté  seul  empereur,  ne 
prit  pas  la  |)eine  de  songer  ^  son  père  du- 
rant les  longues  années  (ju'il  resta  captif. 
Ce  fils  dénaturé  n'eut  ni  le  courage  de  le 
venger,  ni  l'amour  filial  suffisant  pour  son- 
ger à  finir  d'une  autre  fa(;on  que  [)ar  les  ar- 
mes les  longues  douleurs  du  vieil  empereur. 
Pas  lUie  démarche,  pas  une  tenlalive,  pas 
un  trait  qui  révélât  l'empereur  ou  le  tils. 
Du  reste,  le  fils  était  digne  du  pèro,  et  le 
père  méritait  lievant  l'histoire  et  devant 
Dieu  d'avoir  un  tel  fils.  Gallien  ne  rede- 
nian  la  pas  même  les  restes  de  Valérien. 

Dodu  cl  ayant  prétendu  que  sous  les  em- 
pereurs romains  il  y  avait  eu  fort  j)cu  de 
martyrs,  voici  ce  que  Uuinart  lui  répond 
relativement  à  ce  que  le  prince  dont  nous 
venons  d'esquisser  la  vie,  tit  endurer  à  l'E- 
glise de  Jésus-Christ. 

«  La  troisième  persécution  que  saint  Cy- 
I)rien  ail  vue  allumée  dans  l'Kglise  el  dont 
il  a  été  lui-mènu!  entin  consumé  est  celle  de 
Valérien.  Ce  |)rince,  au  conunenremenl  de 
son  régne,  était  assez  bien  intentionné  en- 
vers les  chrétiens,  mais  il  changea  ensuite 
de  senliments,  et  se  laissant  aller  aux  mau- 
"rais  conseils  de  .VLicrien,  fameux  magicien, 
et  le  chef  des  magiciens  de  l'Egypte,  il  per- 
sécuta les  i\  lèles  avec  tant  de  fureur,  ipi'il 
mérite  de  tenir  un  des  premiers  rangs  |)armi 
les  persécuteurs  les  plus  cruels  de  l'Eglise. 
Lactance  dit  qu'en  très-peu  de  lenqts,  d  ré- 
pandit beaucoup  de  sang;  d'où  Doilwel  con- 
clut (jue,  puis([ue  la  persécution  fut  courte, 
le  noml)re  des  martyrs  ne  fut  pas  grand; 
nous ,  au  contraire ,  nous  disons  que  le 
nombre  des  martyrs  fut  très-grand,  (pioi([uo 
le  lenqis  de  la  persécution  bit  court. 

Il  cnI  ct-rtain  qu'elle  fut  violente  ilès  son 
conuncnicoment  :  cela  se  voit  par  une  lettre 
de  saint  Cyprien,  écrite  aux  coid'esseurs 
con<lamnés  aux  métaux;  il  les  félii  ite  do  ce 
«jue,  par  les  njauvais  traitements  qu'ils  en- 
durent, ils  se  frayent  un  (  hemin  au  niailyre  : 
M  Une  partie,  njouie-l-d,  y  est  déjà  parvenue 
avec  beaucoup  de  gloire,  el  l'autre  partie, 
CiiftTMiée  dans  des  caihots  et  reli'guée  dans 
les  mines,  marche,  quoique  plus  lentement, 
i\pus  cette  glorieuse  carrière.  »  (Juu  Dodwel 
nous  dise  tant  (pi'il  lui  plaira  qu'il  n'y  eut 
que  les  évéques  et  les  ecriesiastnpies  qui 
souirrirent  alors;  saint  Cypiien  nous  aisun^ 
du  contraire.  «  La  plus  grande  et  la  plus 
iaine  partie  du  trouneaii,  continue  co  suinl 


a  suivi  rcxemiile  de  ses  |)asteurs;  le  peuple 
a  confessé  Jésus-Christ  aussi  bien  que  les  , 
évéques,  et  la  mémo  main  a  couronné  les 
uns  et  les  autres.  Les  jeunes  enfants  et  les 
vierges  n'ont  pas  rrii  rpie  leur  Tige  ni  leur 
sexe  pussent  les  exempter  de  mourir  avec 

leurs   frères »   Au  reste,   saint  Cyprien 

é(  rivait  ceci  la  nreraière  année  de  la  persé- 
cution (l'an  2.'i7  .  Mais  un  nouvel  éJit  de 
Valérien  la  porta  l'année  suivante  jusqu'h 
l'excès.  Ce  iut  pour  lv»rs  que  le  pa|)e  saint 
Sixte  bit  martyrisé  h  Rome,  et  qu'entin  saint 
Cyprien  lui-même  perdit  la  tête  h  Carthage. 
L'orage  alla  fondre  ensuite  sur  la  Numidie 
et  sur  les  autres  provinces  d'Afrique  où  il 
enleva  saint  Jacques,  siinl  >LTriPD  et  saint 
Montan,  tous  diseiple.s  de  saint  Cyprien.  On 
dit  ipie  saint  Montan  humilia  f^uelques  hé- 
rétiques qui  disputaient  à  l'Eglise  son  heu- 
reuse fécondité  en  martyrs  ,  qu'il  les  con- 
fondit ft  qu'il  les  convaintpiil  d'erreur. 
Saint  Denys  d'Alexandrie  fut  aussi  arrêté 
avec  quelques  autres,  (irégoire  de  Tours 
nous  a  donné  l'histoire  de  quelques  mari. rs 
qui  périrent  <lans  une  irruption  que  des 
barbares  firent  dans  les  (iaules  (en  .Au- 
vergne) entre  lesquels  il  nomme  Cassius  et 
Victorin,  Antolien  el  Limien  el  Stiinl  Privai, 
évèque.  » 

VALftUIUS  (saiut\  martyr,  l'un  des  qua- 
rante martyrs  de  Sébaste,  sous  Licinius. 
[Voy.  yiMKTxns  nt:  Sî:baste.) 

VALLE  Jkvn  i>e  ,  naijuit  l'an  Ld76,  îi  Vic- 
toria en  Espagne.  On  l'envoya  prêcher  les 
Tépéguans  avec  le  P.  Louis  de  Alabes.  Ils 
firent  une  grande  moisson  chez  ces  peuples 
dont  ils  s'étaient  faits  les  domestiques  autant 
ne  les  pères.  Notre  bienheureux  était  plein 
e  zèle  el  de  charité,  l'n  jour  comme  il  des- 
cendait de  l'autel  un  indigène  lui  donna  un 
souille»,  lui  disant  «pie  c'était  .'i  cause  du  sa- 
crifice (pi'il  viMiail  d'oll'iir  :  En  ce  cas,  frappe 

encore,  dit  le  Père Il  passa  ainsi  12  au- 

nées,  calmant  les  haines  et  rélablis<a  U  hi 
paix  parmi  les  ennemis;  aussi  mérila-l-il  lo 
glorieux  surnom  de  Jean  de  la  Paix.  Le> 
deux  compagnons  riMjiirent  la  révélation  do 
leur  mart.vre.  Nous   avons   vu  nux  arlicles 

DlDACE    DE    OrOSCO,    BeR>.4RD    VR    CiSNF.ROS, 

Ffrpinvm)  oe  Ciii\c\>.  etc.,  que  les  Tépé- 
guans avaient  résolu  le  uLissacre  de  leurs 
missionnaires.  Le  18  novembre  161(),  ils  so 
portèrent  sur  le  bourg  de  Saint-Ignace,  que 
dirigeaient  Jean  de  Valle  et  Louis  de  Alabr-s. 
Nos  deux  bienheureux  furent  massacrés  au 
moment  où  ils  se  dis|)osaienl  à  céUVirer  les 
divins  mystères,  l'ii  jeune  enfant  et  un  do-- 
minicain  nommé  Sébastien  du  Mont,  à  qui 
Lniiis  de  Alabes  avait  annoncé  leur  martyre, 
subirent  le  même  sort. 

VALLfeE  (P\ii.  DR  la),  jésuite  mis.sion- 
naire  h  la  côle  de  la  P»Vherie.  dans  les  Indes 
orientales,  fut  pris  par  les  Hadages,  ennemis 
féroces  des  Paravas  et  de  la  religion  chré- 
tienne (pi'ils  avaient  embrassée.  Pendant 
longtemps  (»n  le  tint  en  prison,  où  il  no 
vécut  que  d'un  peu  d'eau  el  de  ri/..  Il  y 
mourut  de  «^onifranees. 

VALVERDE  vVi?ice:st  de  ,  naquit  à  Oro- 


3 


>Osî»,  villi»  (rF.s|i»Uiui.  Kii  l'an  VVM),  il  s'cm-      <|ir<'ii  'lO'.»   luuti's  les  nroviiiCf^H  do  l/i  <l(iiil»'. 
);ir(i'ii;i  coiimit'   niis.-iioniiMiiT  avrc    ImiihiikI      cl  au  iimis  de  n<'|iI(MiiI)I('  Me  n'tt»!  niiiK'c,  lU 


.);ir(|iia  (•(miiiic   

ri/aric,  (Hli  allail   i^   l.i  cuiitiin'lc  «lu    l'rioii.  ciilrn  fiil  en  Msiki^uiv  \:i\  VIH,   h'S  \  aii.l.ilc'» 

il   liilla'  incnssammoiil    pour    cmix^licr   Ins  iioiiiiiK's  SiIiiikcs,  v/uriciis  «-l  en  ftnrli»)  <l<'- 

nuaiilrs  dont  m-s  comialiinli-s  se  n-H'Iaicil  tniils  |>;\r  \'.ill';i,  nii  «les  Mollis,  iiiii^i  (|iu'  \i'.h 

rdupahlcs   envers   les    l-idicii-;.    Km    l'annc^o  Alams  d'l':s|i;inm',  liiicid  oltli^^ivs  de  se  soii- 

l.'i.'IV,  il  revint  h  la  mt'InuMili-,  |iiMir  v   pi<»-  inrlin-  ,niv  Vjiiid.iles,  (pii   ('aicnl  (iffiieuréH 

lester    cnnlre     leur     eoiidiiile     .dunul'i.dile.  dans  l.i   (lalici',  cl  d(!   se  soiiinetlic    à   (ioii- 

(Jn.'iIrcwiniK^cs    «près,    il    revint    au    l'i-inn  drrie,  iein- roi.tpinnincjUMpralors  les  Al.ii  n 

«ver  le  titre  (i'(Wi\pii>  de  Cuseo.  Kn  l!>'».'l.  il  eiissoiit  été  plus  puissants  (pie  los  Vandalos. 

vovaif,  •r^nU'o  à  son  dévonene'nt  el  à  ses  soins  A  p.ulir  lUt  cette  époipie,  tinndi'rir,  pnn/iiil 

incessaiils,  le  cliristianisuie  llorissjinl   dans  le  (itrr  di'  roi  des  \  .md.iles  et  des  Alanrs, 

son  iuuiieiise  diocèse.  Il  avait  constitué  un  pass;i  di-  l,i  (i.ilice  (l;uis   l.i   lléli(pjc,    où   il 

clerj^é,  un  peuple  iiuineusi»  suivait  la  loi  do  s'f'-lalilil  coinpléleineiit  en  'il->,  après  l;i  dé- 

Jésus-Clirisl.  Mais  \{\  c.ieur  du  saint  évèipK!  laite  de  Castiu,  (^('ni'ral  de  raniiée  romaine. 

saif^Ma't  de  voir  (lue   les  liahitaïUs  d'utuî  ile  Iv»  (r27,  il  y  mourut  «près  .s'èlre  eiu|iaié  dtj 

lioininé(>   l'uiia,   dans  la   province  d(^  (jiiilo,  Mérida. 

roulassent  ndraclaires  à  la  parole  divine,  et  Après  la  mort  de  fiond('ric,  s(»m  l'rère  liA- 

ne  suivissent  pas  ce  couianl  universel  (iiii  tard  (Jizéric  ou  (len.-»éric  monta  sur  le  tnjue. 


e  (traînait  vers  Dieu  et  la  connaissance  dvs  Ce  riil  loi  (ini,  au  mois  do  mai  V2H,  aim-na 
vérités  évan^éli(pu\s  les  autres  iudi^'ènes.  Il  eu  Aliicpie  les  \'andales  et  les  Alains.  Uoin- 
résolut  d'aller  au  milieu  d'eux  pour  les  con-  face,  comte  d'AlViciue,  et  l'un  des  plus  grands 
verlir  :  lud  n'avait  osé  lenlor  celle  enire-  liomnies  de  ceth!  épo(]uo,  étant  venu  eu 
prise.  Ces  naUu-els  étaient  d'une  tVrocilé  Kspa.i^ue,  y  avait  é|»ouse  une  parente  du  roi 
incroyable  :  ils  manj:^eaient  la  chair  lui-  des  Vandales  :  de  lA,  [)rélexte  à  ses  ennemis 
maini».  I/(''vè<jue  (I(>  Cusco  (Milrepreiiait  uiu!  de  !e  rendre  suspect  h  la  coni-.  l'iacidie  l'n- 
douhlc  lAclie  :  avant  de  faire  ces  sauva^^es  vait  l'ait  général,  l-'élix,  grand  maître  de  la 
elnétieus,  il  fallait  en  faire  des  hommes,  et  niilice,  cotiçut  de  son  agrandissement  une 
c'étaient  d(>s  hiHes  féroces.  La  charité  ne  jalousie  eliVéniM»  :  il  s'unit  h  Aéliiis  |)our  le 
calc(de  ni  les  obstacles  ni  les  dangers;  Val-  perdre.  Quand  Bonilace  lut  parti  |)Our  re- 
verde  vint  à  Puna.  Les  conmiencements  fii-  tourner  en  Afrirpuî,  Aélius  intrigua  contro 
rent  heureux  :  déjà  le  saint  évècpie  avait  lui  el  persuada  à  Placidie  (|uo  ce  comte  vou- 
planlé  siu"  celte  terre  l'étendard  du  salut,  lait  s'emparer  de  la  puissance  souveraine  en 
fe>ous  l'ombre  (le  la  croix,  il  avait  édilié  une  Afri(]ue,  aux  dépens  d'elle  et  de  son  fils; 
petite  chapelle;  déj>^  il  y  olfrait  h^  saint  sacii-  (lu'elle  [)()uvail  parfaitement  se  rendre  cer- 
fice,  (]uaiul  il  fut  massacré  par  les  habitants,  taine  de  ses  mauvais  desseins  en  le  mandant 
qui  mirent  son  corps  en  pièces  et  le  dévo-  à  Home  où  il  refuserait  sans  aucun  doute  de 
rèrent.  Le  caractère  de  Valverde  a  été  sin-  se  rendre.  Placidie  crut  .Vétius,  et  (il  ce  qu'il 
gulièrement  outragé  par  certains  écrivains  lui  disait;  nuiis  celui-ci  prit  les  devants  et 
du  siècle  dernier.  iMarmontel,  entre  autres,  écrivit  secrètement  à  lîoniface  que  Placidie 
l'a  dénaturé.  Ce  nom  si  saint  de  Valverde  est  voulait  le  j)erdre,  qu'elle  devait  le  mander 
resté  coninn,»  un  nom  odieux  de  fanatisme  près  d'elle  atin  de  le  faire  soi-tir  d'Afrique, 
et  de  persécution,  dans  la  mémoire  de  ces  où  il  était  puissant  et  ca[)able  de  résister, 
vollairiens  de  bas  étage,  qui  lisent  l'histoire  Boniface  ayant  en  elfet  reçu  l'ordre  de  l'im- 
dans  les  romans,  étudient  la  religion  dans  le  pératrice,  refusa  d'obéir  :  on  le  déclara  ea- 
Dictionnaire  i/hilosopltique,  el  qui  semblent  nemi  public.  Mavorce  Galbion  et  Sinex  fu- 
prédeslinés,  en  qualité  d'esprits  foils,  h  se  rent  envoyés  contre  lui;  mais  Boniface  de- 
draper  de  toutes  les  vieilles  défroques  de  la  meura  vainqueur.  Alors  on  coniia  le  soin  de 
sottise  et  de  la  niaiserie  philosophiciues.  Un  la  guerre  à  Sigisvult,  qui  la  poussa  active- 
historien  peut  sans  risque  imprim:'r  un  nien-  ment.  Voyant  qu'on  s'obstinait  à  le  vaincre 
songe,  un  romancier  une  chose  ordurière,  et  qu'il  serait  à  la  longue  incapable  de  ré- 
les  esprits  forts  ne  laissent  rien  perdre  de  sister,  Boniface  demanda  le  secours  et  la  pro- 
semblable. Chacals  à  la  suite  de  la  société,  tection  des  Vandales.  Genséric  était  alors  le 
ils  sont  toujours  là  pour  dévorer  les  im-  roi  de  ce  peuple  en  Espagne.  Il  passa  en 
mondices  :  libre  à  eux  de  les  trouver  de  Afrique  au  mois  de  mai  428.  En  deux  ans 
leur  goût.  Ils  juslirient  le  proverbe  Marga-  ils  devinrent  maîtres  de  toute  celle  belle 
ritas  ante  porcos.  Qu'une  perle  roule  à  terre  province,  à  la  réserve  de  Carthage,  de  Cir- 
auprès  d'une  ordure,  ce  n'est  pas  la  perle  the  et  dHippone.  Boniface  voulut  vainement 
qu'ils  choisiront.  les  en  faire  sortir;  vaincu  par  eux  ainsi 
VAND.\LES  (nom  qui  vient  de  Wendes),  qu'Aspar,  célèbre  général  de  l'empire  d'O- 
peuple  de  la  grande  famille  des  Slaves,  qui  rii'Ut,  il  fut  obligé  de  se  retirer  en  Italie; 
habita  d'abord  entre  la  Vislule  et  l'Oder,  Aspar  s'en  alla  en  Orient.  Quand  les  Van- 
sur  les  côtes  de  la  Baltique,  entre  l'Oder  et  dales  demeurèrent  entièrement  maîtres  de 
l'Elbe.  Au  H*  siècle,  les  Vandales  se  porté-  l'Afrique,  ce  pays  avait  pour  principal  évêque 
rent  davantage  au  sud,  parmi  les  Hermun-  Capréole  de  Carthage.  Saint  Augustin  venait 
dures  et  les  Quades,  et  se  transportèrent,  de  mourir  (28  août  430).  Pourtant  ce  ne  fut 
au  m'  siècl(î,  dans  le  sud  de  la  Dacie  Tia-  qu'en  439  que  Genséric  s'empara  de  Car- 
jane,  à  l'orieiit  du  Ti bisque  inférieur.  En  thage.  QuodvuUdeus  en  était  alors  évêque. 
<t06,  ils  passèrent  le  Bhin,  ravagèrent  jus-  Dieu  ditféra  jusqu'à  ce  temps-là  la  ruine 


12TJ                                VA^I  VAN                                      127i 

(Je  cclto  ville  suporDo;   nnis  ellp  no  j^ront.i  f>lus  nbominnhlcs.  noii-senlempnl  1rs  adul- 

guùre  de  ce  dt'lai.  Elle  avait  foules  «sortes  fie  tèips,    mais  aussi    les  sim|)lfs   fomiralions 

ina,4is!rals.  d-s  écoles  do  pliiioso  ihos,  tout  qui  élniont  porniise>5  par  les  lois  romaines. 

ce  qui  la  |  ouvail  régler  el  1 1  faire  aussi  hie  i  Us  oLli^èronl  toutes  les  f -mine^   puhlifjues 

fleurir  pour   les  mœirs  que  pour  les  scien-  à  se  marier  et  fireil  dfs  lois  sévi^res  co  ilro 

CCS.   el  I  ion  n'élait   si  rorrorn  u   m(^mo   au  les  im[>iidicités  par  les  piel'rs  il<;  comlam-. 

milieu  des  barbares.  On  onlondait,  dit  S.d-  naieiil    tout  ce   que   la   I  .i   di;  Jésus-C  irisl 

vien,  les  cris  insensés  des  chrétiens  de  celle  conlamnaif,    el   punissaient   de  mort  ce  x 

ville  dans  le  cirque,  et  leurs  inf.unos  bouf-  (j'H  tombaient  dans  ces  dérèjlouienls  cirai- 

founories  dans  le  théàiro,  en   même  lemps  iicls. 

que  les  muraillosde  la  villo  rolenlissiionl  du  Salvien    on     parle   comme    s'ils    eussent 

bruit  d(>s  cnnomis  qui  les  cnviro:uiaioiit  de  obligé  tout  lt>  monlo  h  se  marier.  Mais  il  csX 

toutes  paris.  Pendint    qu'on   é;or.;t'ait    les  cert.iin  qu'ils  soullraiont  quo  les  caholiques 

lins  an   dehors,  les  autres   s'abandonnaient  eussent  des   monastères    d'hommes    et    do 

nu    dedans  aux  ciimes  de   l'impureté.   Los  lill  s.   Ils  avaient  ou\-mCmes  dos   moines, 

uns  étaient  faits  prisonniers  par  les  cimenis  Dimi  condamnait  parce   moyon   les  péch -s 

et  les  ajitres  se  rendaient  les  esclaves  des  des  Romains  el   les  f>orlail  h  on  rou;4ir  «t  à 

vices.  Car  ceu\-]?\  n'étaienl-ils  |)as  v  aiment  en  faire  pénitonr^o ,  par  e  qu'il    vouldl   les 

esclaves  non  des  Vandales,  mais  desdémons,  s.iuver.  Mais  pour  les  Van  l.des,  toute  leur 

qui  se  diverlissaiont  ainsi  durant  (}ue  leurs  chasteté  lour  était  assez  inutil",   puisqu'ils 

prodios,  leurs  amis  et  leurs  concitoyens  gé-  demouraiout  opiniAir 'ment  dans  leur  héré- 

niissaiont    dans    l'esclavago?  Ceux-là    n'é-  sie  et  s'eiron;aient  même  d'y  allircr  tous  les 

laionl-ils  pas  vraimcnf  captifs  de  cœur  el  de  autres. 

sentiment,  qui  se  réjouissaient  dans   leurs  Ils  ne    persistèrent   pas  même  longtemps 

folies  au  milieu  des  tourments  qu  ■  l'on  fai-  dans   cette    vie   si)bre  et    réglée,  el  ils  ont 

sait  soulfrir  h   leurs  amis,   qui  ne  conq)ro-  i>assé  depuis  pour  la  nation  do  toutes  la  plus 

naient  pas  (pi'on  les  égorgeait  eux-mêmes  voluptueuse  et   la  i>lus   eiféminée.  Car  do- 

cn  égorgeant  leurs  concitoyens,  et  qui   no  puis  qu'ds  se  furonl  n-ndus  maitr-^s  de  l'.X- 

pensaient  pas  que  la  mort  de   leurs  parents  frique,  ils  s'accoulumèrenl  h  prendre  le  bain 

élait  la  leur  propre?  Le  bruit  dvs  spectacl  s  tous  b's  jours  ol  à  avoir  uno  fible  garnie  de 

dans  la  ville,  et  le  son  des  arnus  hors  de  la  mois  délicieux  qu'on  envoyait  chercher  par 

ville,  les  cris  des  mourants  d'un  côb'",  et  de  terre  et  par  nior.  Ils  se  pareront  do  dorures 

l'aulro  les  clameurs  dos  baladins  el  do  leurs  cl  d'habils  de  soie.  Ils  devinrent  passionnés 

spectateurs  se  confondaient  de  telle  sorte,  jiour  les  jinix  du  cicpio  et  l 's  autres  divor- 

qu'on  avait  jjcine  à  discerner  les  lamenta-  lissemenls,  et  surtout  pour  l's  comb  ils  d  s 

lions  de  ceux  qui  périssaient  dans  le  corn-  biHos.  On  ne  vit   plus  p  nui  eux  que  d.m- 

bat,  du  bruit  (jue  faisait  le  peuple  en  criant  seurs  et  qu»^  biladins,  (|ui  donnaient  .^  leurs 

dans  le  cirque.  Et  que  faisaient  ces  mallieu-  yeux  el  à  leurs  oreilles  lous  los  plaisirs  que 

roux  par  uno  telle  conduite,  sinon  d'obliger  les  concerts  et   les   spectacles   peuvent  leur 

Dieu  de  les  perdre   lorsipi'il  n'auraii  peut-  fair»  goûter.   Ils  se  logère  4  dins  dos  nni- 

élre  pas  encore  eu  la  volonté  do  le  faire?  sons  do  campagne  b  en   arrosées   el    bioi 

NouS  trouvons  les  mémos  plaintes   dans  un  iilanlées.  Ils  et  dent   |>ros:|ue  toujours  dnis 


.sermon  fait  en  ce  temps-là  h  Carlhage  ou  à  les  festins  ;  et  après  cola  il  m'  faut  nas  s".- 

Cirlhe.  toinier  s'ds  se   livraient  à  tons  le^  aéré  J  — ^ 

11  no  faut  |ias  douter  que  ces  dérèglements  niinits  do  l'impureté.   Dos  l'an  V»0  ou  pou 

n'aient  encoie  augmonlé  dei^m  s  (pio  ceux  de  après,  ils  s'étaient  déjÀ  aL)and  rinés  jusipi'à 

Cartilage  el  ilo  Cirthe  se  vnonl  vn  ((uohpie  violer  b-s  vierges. 

.sorte  on  sûreté  par  la  paix  qui  fut  signée  le  Bientôt  les  Vandales  persécutèrent  TE- 
11  févri-r  W-'i,  entre  Valonlinien  ot  tlinisé-  pHso.  (KMi^éric,  qui  élait  arien,  e  i  reprit  do 
rie.  Autant  (ju'(»n  on  peut  juger,  Cniiséric  ruiner  la  foi  calliobquo  mi  Afrwpi -,  pour  y 
p«irda  par  ce  traité  ce  qu'il  avait  coni[uis  établir  l'hérésie  à  Lupiolle  il  a  ip.irto  lail.  Il 
dans  la  Numidie,  la  Proconsulairo  el  la  My-  débuta  par  porsécut  r  divers  évéques,  leur 
zacèno,  à  condition  d'en  paver  <pjel(|ue  tri-  ôtant  leurs  églises,  et  les  chassant  do  le  rs 
but  à  lemporeiir  h  qui  il  laissa  ou  rendit  le  villes  épiscopalos.  On  co  niito  parmi  ces  gé- 
re^te,  c'ost-.'i-dire  (îarlhago,  Cirlho,  la  Tri-  néroux  comballanls  de  la  foi.  Tossitlc,  No- 
politaine  el  les  trois  M.niritanios.  Los  dérè-  nat  ol  S,'véri(ni  :  le  prennor.  évècpie  do  Ca- 
glements  de  ceux  de  Carthago  étaient  d'au-  lame  ol  doyini  de  la  Numidie;  le  soioid, 
tant  plus  cajablos  d'irriter  Dieu  que  les  Van-  évéqin'  do  Slèfo,  ot  S'-vécio  t,  de  Corame.  Lu 
dales  nièmos  bnir  d-'iniaiont  \\\  oxomplo  r..i  barbare  avait  à  sa  cour  (jualrc  calholi- 
tout  dillorenl.  Car  ces  barbares,  parmi  leurs  (pies  d  Espagne,  auxqtuds  \\  était  tort  alta- 
cruaut.  s,  noiaissaioni  pas  do  sofaiie  cstinu'r  (hé  :  celaient  Pasihise,  rio!)e,  Luiyjue  et 
par  leur  frugalité  .1  [)ar  leur  mo.bialion  .Xivado.  Ces  doux  derniers  ét.-.tonl  frei  es.  Le 
dans  les  plaisirs.  Non-soidoment  ils  étaient  roi  ci  ut  qu'il  poinrait  compter  davantago 
chaMos  dans  tin  pavs  do  déliros  et  parmi  sur  lour  tidélilé,  s'ils  cndirassaienl  1  aria- 
dos  peuples  accoutuinés  Moules  sortes  d  un-  lusini'  et  se  laissaient  robiptisor.  On  voit 
pureHis,  mni.s  ce  qui  est,  dit  Salvien,  une  (jue  durant  tome  cotte  persécution,  les  \  un- 
ch.iso  nnnvrlh'.  inouïe  et  incrovibl  -.ilscon-  «lalosrobaptisaionllescith  on  lucsipiiavaiont 
traignnent  les  Uomains  mémos  .l'être  chas-  la  l.Uli(<té  de  roi>oncer  h  loiii  lo  .  Lo>  saints 
te»,  lis  (Mèf.nil  non-seulement  le?  péchés  les  que  nous  venons  do  nommer  ne  se  laisse- 


1473 


VAN 


VAN 


1i7i 


roiit  l'IIS  v.'iiiicic  |iJii  (i('U.s(^iic,  cl  (Iciin'iir^- 
rt'iil  im-lir'.>iil;>lilrs  (la"is  la  lui  ('.'iIIimIuiiu'. 
'rniis  (iiialic  l'iiii'il  liaiiiiis. 

(',•>  lui  à  (•  Ile  (!(•(••. sidii  i|ii(>  r(W(^(|ii('  (le 
(ji|Ih>,  Aiilonii,  ('t  rivil  à  Ai(viili'>a  laiiii'iisn 
Icllii',  |Hini-  lo-iconra^cr  cl  pour  le  Ibriilicf 
(l.uis  sa  ^i''iii''it'ii'^c  |•c^i^ta  it'c.  Ocltc  Icllic, 
llimiail  la  duiiic  Inul  ciilicrc  diiis  soi  lis- 
Idiic  (le  la  (iers(''enliniMli's  \  an  laies.  Aiito- 
iiiii  I  i  piélisail  II-  mail\f'',  ((Miiiiic  (levant 
coiinuriei'  sa  |»ersé\  ('rance;  cl,  en  'ilel,  les 
«ainls  coiiresseiirs  pe(;ureiil  la  coiiron')!' glo- 
rieuse, a|ir(''s  divers  toiirnieiils  (|iiMs  svip- 
porU'reiil  avec  lUie  eonsiaiice  li(''ioi(|iic. 
(Toy.  leurs  nrliiles.)  Pnse'uiso  cl  l'".iit\(|ue 
avau'nl  un  jeu  "c  rr(''re  iu)uuu('  l'aiddlc,  cu- 
eoie  eut'.ud.  (ie'»s(''rie  l'aiuiail  lieauioup  h 
cause  de  sn  Iteaulù  cl  de  sou  cspril.  Il  (il 
Idiit  ('(>  (pi'  I  put  pour  lui  taii'e  (piitler  la  re- 
lii^ion  eallioli(|''e.  Aprc's  les  sollu  ilalio  is  cl 
les  nuMiacos  vi-u'enl  les  supplices  :  ou  le 
hUtil  lou,j,tenips  à  coups  de  hAlOKS,  ui.iis  il 
fut  iu(''lM'.iu  al)le.  (leusérie,  n'osail  ou  ne 
viulanl  pas  le  laiio  mourir,  le  condauuin  h 
iinc  l)o-Ui'U>e  servitude.  Ces  fa  Is  se  pas- 
saient en  V37.  lui  -i^i),  (ieusiu-ic,  en  di'pit 
des  irailc^s,  ayail  surpris  Carthago  ,  s'y  li- 
vra h  loufi*  In  fcW'ocilé  de  son  naturel.  Cette 
ville  l'ut  pill(''(\  sacL'au;é('  e  'li('i('uu>,it.  Les 
olliciers  iuiptuiaux  ,  les  si^ualeins  furent 
di^i'ouillés  (l(>  louis  hions,  et  chass's  de  la 
>ille,  et  (Miiiu  do  l'Afriipie.  La  uuùson  do 
Gordi.Mi.  aïeul  de  saint  Fulg-i'iop,  fut  d  n  éa 
à  des  prti  os  aiiins.  (Jue!(|nos-u'is  veulent 
que  sainte  Jidie,  dont  !c  uiart  re  est  ciMè- 
bro  d/ns  l'ilfî  de  C(U'se,  ait  élé  faite  ca[)live 
h  la  prise  d-  Caithage.  Il  n'y  a  là-dessus 
rien  de  posiliv  miumiI  asnu'é. 

Gens<5ric  îraila  avec  beaucoup  de  C'uaid6 
tous  les  liab  la^ts  de  Cartha-;e,  nui's  parti- 
cidièrement  la  noblesse  et  bs  ecdésiasti- 
q  ics,  de  sorte  qu'il  semblait  vouloir  non- 
seubMiient  déclarer  la  guerr,-  au\  houuues, 
mais  à  D  eu  UK^ne.  Cailliage  avait  pour  é\ù- 
que  Quodvull  ieus  ,  aimé  de  Dieu  et  des 
buumies,  peut-(>trc  m  ine  celui  ijui,  (Haut 
diacre  de  Carlba^.^e,  avait  prié  sa  ut  Augustin 
d  écrire  stir  les  bérésies  vers  l'an  k'id.  Cen- 
séric,  d(''s  qu'il  eut  piis  Cartba-;e  ei  avant  la 
lin  de  l'atiuée  ^39,  le  lit  mettre  avec  un 
grand  nombre  d'ecclésiastiques  nus  et  dé- 
pouillés de  toutes  clioses  sur  des  vaisseaux 
bi-isés,  et  le  lit  ebasscr  eu  cet  étal  du  port  do 
Cartilage.  Mais  la  miséricorde  divine  les  lit 
aborder  heureusement  à  Naples,  où  l'on 
croit  que  Quodvultdcus  mourut  glorieux 
c  nfesseur.  Il  faut  qu'il  soit  mon  avant  l'an 
ko'i,  auquel  saint  Deogratias  fut  fait  évèipie 
do  Cartilage,  après  que  cette  Eglise  eut  (Je- 
meuré  lo-^gtemps abandonnée.  Adon  et  quel- 
ques M.utyrologes  mettent  sain  Quodvult- 
(leus  le  28  novembio,  avec  divers  autres 
saints  martyrs  ou  confesseurs  de  ce  temps-là. 
Le  Martyrologe  romaiîi  le  marque  on  parti- 
culier le  26  octobre,  mais  le  vrai  jour  de  sa 
mort  est  sans  doute  le  Sja-ivier,  auquel  son 
Kglise  r.bonorait.  Oi  conserve  ses  reliques 
à  Na()les  dans  l'église  de  Saint-Caudiose. 

Dès  que  Gensoric  eut  cbassé  Quodvult- 


dcus, i!  s'ompnrn  (b-  bi  grande  église  oii  les 
é\  épies  de  (;aitba,.çe  (ivjiicul  /w'couluuié  do 
résider,  appelée  l<t  Hr»titni'i\  ou  S.ii'ite-l*or- 
|)(''lue,  cl  i/i  (!(»  uui  h  ceux  d.-  va  secte.  Il  b;» 
iiid  d  •  même  e  \  piissc>.siou  de  la  Ci'-I  riiic, 
de  (elle  d(!s  saints  Scilliiaiiis  et  de*  outres 
(pi'il  Me  voulut  I  as  di'tiiiiic. 

La  prise  deCarlIwige  porta  le  dernier  coup 
à  la  puissance  des  Uomain^cui  Abiipie.  Hieri 
(pi'ils  y  iiossi''  lassent  ciK orc  la  Maui  il/nie, 
la  l'ripolitauu',  une  partie  de  la  Numi  lie, 
leur  puissance  y  demeura  pres(|U(î  nulb;; 
car  les  piovi'ices  (pie  le  laicnl  les  Vandales 
étaient  les  plus  i-iclies,  les  plus  pojudeu^es, 
et  en  même  temps  celb.'S  oi'i  étale  it  toutes 
les  grandes  villes.  Geuséi  ic  dsliibui  les 
terres  à  s<s  soldats  ;  il  [dai'i  la  plus  gran  le 
jiarlie  autour  de  (^irlbago,  ali  i  de  les  avoir 
toujours  |)iès  de  lui  et  h  sa  disposition.  Co 
l'ut  alors  (pie  ces  barbares  deiiian  elèrelit 
toutes  les  villes  d'Ab'i(pie,  à  l'exception  de 
Cartilage.  Ils  ciaignaieiit  (j  le  ces  places  ue 
fournissent  aux  iloiuai  is  d.'s  poi'its  d'appui  ; 
d  .'S  lieux  fortiliés,  s'ils  venaient  lesatta(pier: 
mais  ce  fut  la  cause  do  leur  i  iiino;  car  (piaiid 
Itéhsaire  vint  Uvs  alla  pier,  il  ne  s:î  trouva 
aucune  idace  foito  qui  \)C\[  arrêter  sa  marcbe. 
Il  enl(H  les  \a  idales,  à  (pii  o  i  avait  distribué 
les  iorros,  regureiit  oidre  d  '  chasser  du  pays 
1  s  évèques  et  les  personnes  do  ((ualité.  ou 
bien  de  les  gardi.r  comnio  esclaves,  s'ils  re- 
fusaient de  s'en  aller.  Ce  fut  .dors  que  plu- 
sieurs évèques  et  qmdques  pecsonnages 
considérable>  du  pays  al  èron^  b'ou>'rr  Gen- 
séric.  pour  ob.enuMlo  lui  quoique  gr.ko. 
Quand  ils  l'abordèrent,  il  se  (iromonait  sur 
le  boid  de  la  niôr;  il  leur  lit  cet  e  ré[)onsô 
barba. e  :  «  J'ai  réso  u  d'exlormiicr  voire 
nom  et  votre  nation  ;  que  le  de  uande  venez- 
vous  me  faire?  »  U  voulait  à  l'heuie  môin(ï 
les  faire  j  ter  dans  la  mer  :  ceux  qui  l'ac- 
compagnaient eurent  beaucoup  de  peine  à 
l'eu  emjiècher.  Ls  se  reiirèront,  et  furent 
obligés  de  célt''brer  secrètement  les  saints 
mystères;  car  Genséiic  faisait  des  édits  ter- 
ribles |)oui  ùler  toute  liberté  auxcatholiques, 
pour  ompècber  qu'ils  [lussent  trouver  aacua 
end.oit  pour  prier  et  pour  otlrir  le  saint 
sacrilice.  Dans  les  provin.jos  tribulaiie-,  il 
n'osait  pas  persécuter  ouvertement  la  foi 
calliol  que;  mais  il  trouvait  toujours  moyen 
d  •  bannir  ((uolques  évèques,  tanttit  sous  un 
prétexte,  lant(jt  sous  un  autre. 

C'est  en  cette  manière  (|ue  Genséric  bannit 
un  grand  nombre  u'évèqués  entre  lesquels 
on  marque  Urbain  de  Girbe  ou  Gilbe  dans 
la  Numiuie.  Crescent  d'Aqua,  métropolitain 
de  cou  vingt  évoques,  apparemment  de  la 
Numidie,  ou  do  la  Jiy/.acène,  Habotdeumde 
Teu  lale,  vilie  as.sez"  célèbre  mais  dont  on 
ignore  la  provi  ico,  Eustrace  de  Sutfcs  dans 
la  By^acèno,  Crescone  d'Ooa  dans  la  Tripoli- 
taine,  et  l'évèque  de  Sabrai  dans  la  même  pro- 
vince?, dont  le  nom  est  corrompu.  Ces  deux 
derniers  ne  furent  apparemment  bannis 
qu'après  l'an  455.  Car  il  ne  paraît  pas  que 
les  S'anilalos  aient  été  maîtres  paisibles  de 
la  Tripulitaino  avant  la  mort  de  Valentinien. 
Et  cela  s'accorde  bien  avec  ce  qu'on  trouve, 


ii: 


VAN 


VAN 


i276 


que  l'un  do?  deu\  au  raoins  vivait  encore 
»'M  »8'*.  Eustrare  et  Crosronc  assisteront  en 
W»  à  la  conf(Vonce  do  Carthago  ot  niéritôront 
ensuite  tout  de  nouveau  le  titre  de  ronfos- 
sonrs.  FtMi\  d'Adruniet.dans  la  Ryzarèiio.fut 
banni  aussi  pour  avoir  roou  un  ino  iie  étian- 
gor  nommé  Jean.  On  préiond  quil  y  avait 
en  i-29  un  monastère  h  Adrumet  (jiii  avait 
toujours  dos  [irôlrcs  érangors  et  non  or- 
domés  par  rt'v<^que  du  lieu.  On  en  nomme 
quatre,  mais  Jean  n'en  est  pas. 

Cos  saints  évè(}.ues,  Urbain,  Cro-^cont.  Ha- 
betdeum,  Eustrace  ou  ICustacho,  Grescone  et 
FtMix,  sont  inarqui^s  avec  quelques  autres 
dans  Adon  et  da'is  le  Marl\  rologo  romai-i  le 
28  novembre,  comme  avant  achevé  le  cours 
diî  leur  vie  dtns  la  conlossioa  de  la  vérita- 
ble foi;  saint  Eustrace  et  ses  compagnons 
sont  encore  marqués  le  15  décemijre  dans 
un  ancien  calendrier. 

(ionséric banni  encorebeaucoupd'évéquf^s 
que  l'histoire  ne  nomme  pas.  Et  ce  qu  il  y 
avait  de  plus  c  uol,  c'est  que  quand  un  de 
ces  évéqu(>s  était  mort  dans  l'ovd,  il  n'était 
pas  permis  d'en  ordonner  un  autre  h  sa  place. 
On  ne  dit  f)oint  s'il  le  pormottait  h  1  égard 
des  autres.  Euric,  roi  dos  Visigoths,  tra- 
vailla j)resque  en  mémo  tf'm|)S  h  ruuier  aussi 
par  ce  moyen  la  foi  catholique  dans  une 
])arlie  des  Gaules. 

Quelques-uns  des  évéques  chassés  d'Afri- 
que allèrent  chorcher  du  secours  à  b-ur 
pa  ivreté  jusipie  dans  les  extrémités  de  l'O- 
r  ont.  Théodorot  reconniiandc  à  la  charité 
d'Ibïs  d'Edesse  et  d^  Sophrono  do  Consian- 
t  ne  ui  évoque  d'Africpie  nommé  Cypriei, 
que  la  cruauté  des  barbares  avait  contrai-it 
de  chercher  sa  retraite  dans  les  pays  éîran- 
gors.  Eusèbe  de  Galatie  l'avait  roconnna'idé 
h  Théodorot;  et  il  prie  ces  deu\  [irélats  do 
lui  donner  aussi  des  lettres  pour  les  éyé- 
ques  h  qui  il  voudrait  s'adriîssor,  alin  d'en 
recevoir  quelque  consolation  et  quoique 
assistance  teniiiorello  connue  les  autres  ou 
avaioU  autrefois  re(;u  de  lui,  et  de  leur 
donner  en  échange  des  biens  célestes  et 
été  nels. 

Théodorot,  faisant  réflexion  sur  la  ruine 
de  l'Afrique,  admire  la  bonté  de  Dieu  (pii 
fiormot  dos  accidonls  si  funestes  on  ap|^)a- 
renio  poiir  l'avantage  de  ses  élus.  «  (,os 
c'iAtinjenls,  dit-il,  sorve-it  aux  [)é<lieurs  do 
romèdo  pour  se  purilior,  exorront  la  patioiu^o 
dos  bons  et  donnoni  à  ceux  (pu  les  anpro-i- 
nonl  une  sainte  frayeur  de  la  justice  diviuo. 
Je  vois,  dit-il  encore,  dans  un  changomont 
si  prodigieux  fl  si  subit,  combii'n  \\  se  faut 
peu  attachera  toute  la  félicité  humaine  ot 
(pio  tous  les  malheurs  (p;i  nous  peuvent  ar- 
river no  doivent  poiit  nous  paraître  extraor- 
dinaires cl  insupporial)les.  Cela  nu'  renu't 
aus>i  mes  pêches  devant  les  ycnix,  dans  la 
crainte  que  j'ai  (piils  nome  fassent  tomber 
dans  de  pareils  nccid  nls.  » 

Au  miiiou  lie  tant  de  porséculions,  le 
peuple  (idèlo  de  1  Abique  >'airermis.sait  de 
plus  en  plus  dans  la  foi.  En  iiuoi  l'on 
voyjiit  nreomplir  cette  parole  de  l'Eeri- 
liipj  :  l'Int  on  (rx  nffîiijrait, pluf  il»  anjntcn- 


tnient    en   force  et    en  nombre,  Voilh   l'état 
où  fut  l'Eglise  d'.\fri(pie  jusque  vers  l'an 


15  V. 


2 


Saint  Gaudioseesl  célèbre   parmi  les  évô- 
ues  que  Genséric  chassa  il'Afrifjuo.  Il  était 
véque  de  Bitine  et  se  nommait  Septimus 
Ciolius  Gaudiosus.  Il  vint  h  Naples   vers  le 
même  temps   que   l'évoque   Quodvultdeus. 
Gaudiose  fonda  près  de  Naples  un  monastère 
qui  subsista  longtemps  après  lui  ;  saint  Agnel 
en  fut  abbé  au  vT  siè<  le.  .\  mesure  que  Gen- 
séric s'agrandissait  en  .Vfrique,  et   devenait 
plus  puissant,  il  devenait  aussi  plus  en'repre- 
nant  contre  l'Eglise  ;  sa  rage  augmentait  avec 
son  [Kjuvoir.  En   kïO,   commri   il    pillait    Id 
Siei'e,  .Maximi"!),  évèque  arien  de  ce  pays, 
étant  venu  se  [)laindre  à  lui  d'avoir  été  cim- 
(lamné  parles  évèques  catholiques,  il  entra 
dans  une  telle  fureur,   qu'il   voulut  forcer 
tous  les  cat  oliques  de  cette  île  à  se  faire 
ariens.  Quehpies-uns  cédèrent  aux  menaces 
ou  aux  tourments;  mais  le  [dus  grand  nom- 
bre  (lersévéra  dans  la  foi,  et  reçut  la  cou- 
ronne  du  martyre.  V  est  très-|)robable  que 
ce   Maximi'-n  est  celui  que  saint  xVu.uslin 
avait  réfuté  en  i-28. 

Sur  es  onlrofailos,  le   comte  Sébastien, 
gendre  du  célèbre  comte  Boniface,  étant  venu 
en  .Vfrque  se  mettre  sous  la  protection  de 
Genséric  et  lui  olbir  ses  services,  ce  prince 
voulut    le   forcer  h  embrasser  l'arianisme. 
Sebastien  r.  fusa  courageusement,  et,  depuis, 
le  roi  barbare  devina  un  prétexte  pour  le  fairo 
mourir.  En  iVl,  l'empereur  Théodoso  til  la 
guerre  h  Genséric;  mais  par  ses  temporisa- 
tions, le  piince  barl)aro  sut    éviter  une  dé- 
faite, et  r  innée   suivante  lit   la  paix.  Si  ty- 
rainiie  et  son  orgueil  cn)issaient  toujours. 
Des  seigneurs  vandales  conspirèrent  contre 
lui  :  il   les  punit  en  faisant  mourir  la    plu- 
part d'entre  eux.  A  la  prière  de  Valentinien, 
il  |tormit   ([u'on  nonim.U   un  évèijue  à  Car- 
tilage, dont   le   siège   é()iscopal  était  vacant 
depuis    longtemps.  Ce  fut  en  45i  que  Deo- 
gratias  fut  élevé  sur  le  siège  de  cette  ville. 
L'année  d'après,  Valentinien  ayant  été  tué, 
l'etrinus  .Maximus,  son  meurtrier,  s'empara 
non-seulement  do  l'empire,  mais  même  de  la 
femme  de  >'alenlinien. 

C'était  Eudoxio,niledoTliéodosele  Jeune. 
Cette  priîicesse  écrivit  <à  (jonsoric  de  la  venir 
(b'iivror.  Ee  roi  barbare  marcha  droit  sur 
I\om(>,  d'oii  tout  le  monde  prit  la  fuite  à  son 
appnxjio.  Maxime  fut  mis  en  pièces  par  le 
peuple.  Gensoricrostaipiatorzejours.^  Kome, 
où  il  pilla  h  son  nrolit  toutes  les  richesses 
do  la  ville  éternelle.  Il  emmena  une  grande 
(piantité  do  captifs,  et  revint  on  Afrique,  ra- 
iii- nant  avec  lui  Eudoxio,  et  ses  dtnix  tilles 
Eudocie  et  Plai  idie  :  il  conserva  Placidie 
pour  Olybre.  ampiel  elle  était  dejh  liancée, 
et  maria  Eudo\ie  h  son  fils  Hunéric.  C'est 
de  ce  mariage  ipie  naipiil  Hiltléric,  le  pé- 
iniltième  roi  des  Vandales,  (pii  montra  eu 
lui  la  noblesse  et  on  mémo  temps  la  bonté 
excessive  «pii  caractérisaient  les  enfants  du 
grand  Thoodose.  Il  lit  rosser  la  persécution 
contre  les  catholiques.  Sous  prétexte  des 
droits  de  sa   belle   tille,  Genséric  ravagea 


iî77 


V\N 


VVN 


!i78 


I 


ihisicurs  fuis  rilaliti.  A|>r('>s  l/i  moil  de  \'a- 
.(•Mliiiii'il,  il  .s'i'iii|i;ir«  de  loul  ce  tiiic  Irs 
Romni'is  possiMliiicnt  m  Arii(|iii'.  Oii.iikI  il 
ml  pill(''  ol  rav.ij;;!'  rOcciih'iil,  il  su  jol.-i  sur 
rt>iii|iirc  (rOiiciil,  an  il  (h'v.isl.i  l(  s  cnlcs  do 
l.(  Ciiôcc.  Il  lil  pins  lard  des  maux  iiicntvn- 
h'(>s  (ja'is  rMs|ia^;nt',  l'Ilalic.  la  Daliiialic, 
l'I'lpirt' cl  li(viui'(m|)  d'aulics  lii'uv.  Il  s'cm- 
paia  «Misuilti  d(>  In  Sici  e,  dti  Ij\  Sardai.^iic, 
de  la  (loisc,  dos  llalrart's  cl  de  plusieurs 
autres  des. 

\'[\  reveiianl  de  l\on»(>,  (îens(''ric  a\ail  |)ar- 
1;,,^,'.  (.Mil-,,  les  \  aiid.des  el  1rs  Miures  Ions 
les  prisuM'iiers  cpTil  avail  auieués.  Les  uiaris 
lurent  s(^parés  di»  leurs  lenuues,  et  los  |)èros 
(|i>  leurs  (vd'anls.  Siinl  l)(>o-;i-alias  v'U.lit 
Idus  les  vases  d  s  (^f;lises,  euiplo/'i  loules 
l(\s  rich(>ssos  (pii  leur  appai  teiiaieul  h  rache- 
ter los  captil's.  11  reuiil  les  uiai'is  avec  leui's 
leuunos,  los  c'tranls  avec  leurs  nùros.  Il  lo-^ea 
tous  cos  nialhcui'OMX  capliis  dans  deux 
^:r;ri<lcs  hasiliipu's,  celle  de  Kausie  et  crlh; 
d(vs  ISciivos.  Saiul  l)c()_,ialias  mourut  au 
milieu  do  ces  saiulos  occupations.  Après  sa 
Uiortjpiiarriv.i  eu  'iii7  ou  en  V5S  .ui  plus  lard, 
(loiistWic  dél'o'idil  d'orchuuier  aucun  évè(pie 
dans  la  Proconsulaire  cl  dans  la  Zcugiînno. 
Ainsi,  de  cent  soixanle-i]uatre  (Wi  eues  (pii 
cMai  ni  lians  ce  pays  eu  VST,  il  n'en  r-stait 
pl"S  ipie  trois. 

Celte  persécution  de  fienséric  fit  considé- 
rableuH'nt  de  martyrs  el  de  confesseurs. 
Nous  rapporterons  ici  l'iùsloire  do  saint  Mar- 
tinien,  de  sainte  jM;uime  et  de  IlMU'S  cora- 
)agnons.  C'est  N'icior  (|ui  nous  l'a  conservée. 
Il  mil  d'abord  les  quatre  frères,  Martinien 
qui  ('tait  aruunier,  Saturien  el  deux  autres 
qui  ne  sont  pas  noimnés,  esclaves  d'un  de 
ces  Vandales  millenaii'(>s  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut.  Ils  étaient,  ce  semble,  ou 
ariens  comnie  leur  maître  ou  païens.  Mais 
au  moins  ils  n'avaient  que  des  |)ensées  bas- 
ses et  terrestres.  Il  y  avail  dans  la  môme 
maison  une  tille  nommée  Maxime,  q  i  était 
une  excellente  servante  de  Jésus-Christ  et 
dont  la  beauté  oxléiieure  était  accompagnée 
de  celle  de  l'Ame.  Quoiqu'elle  fût  esclave, 
elle  avait  n('anmoins  la  conduite  de  toute  la 
maison,  tant  son  maître  avait  de  contiance 
en  sa  fidélité  et  en  sa  sagesse.  Et  comme  il 
était  aussi  fort  satisfait  de  Martinien  il  crut 
que  [)Our  reconnaître  leur  fidélité  et  s'en  as- 
surer encore  davantage  à  l'avenir  il  fallait 
les  marier  ensemble. 

Martinien,  qui  n'avait  point  d'autres  pen- 
sées que  celles  qui  sont  ordinaires  aux  jeu- 
nes gens  du  monde,  reçut  cette  proposition 
avec  joie  ;  Maxime,  au  contraire,  qui  s'était 
déjà  consacrée  à  Dieu,  ne  voulait  point 
avoir  d'autre  époux  :  mais  elle  n'osait  pas 
.se  déclarer.  Ainsi  le  mariage  se  fait  et  l'on 
mène  les  deux  époux  dans  la  chambre  où 
ils  devaient  rester  seuls.  Martinien  ne  son- 
geait qu'à  user  de  la  grâce  qu'il  croyait  avoir 
reçue  de  son  maître  et  il  ne  savait  pas  quo 
Dieu  le  destinait  à  une  |)lus  grande.  Maxime, 
qui  priait  Dieu,  dans  le  secret  et  dans  son 
cœur,  de  lui  conserver  le  trésor  que  lui- 
luéine  lui  avait  confié,  le  voyaut  approcher 


I 


d'i'lle,  lui  dit  d'ini  Ion  animé  par  la  rliarili) 
(pi'elh»  seulail  dans  «-on  rtme  :  «<  .Marlituen, 
mon  frère,  J'ai  consacré  mou  corps  h  Jé- 
sus-ChrisI  ;  je  l'ai  pris  pour-  mon  époux  el, 
après  m'iMre  duiMiée  a  mon  Dieu,  je  ne  [tins 
consoMiir  Ix  nie  marier  avec  un  homme. 
Prenez,  ihuic  pari  à  la  ^rAce  (pn^  j'ai  iceu»', 
.sonfiie/  (|ue  je  i|(>nM'ure  l'épousc!  de  Jésus- 
Ch  isi  el  c  ■nsacre/.-vous  h  .son  s(«rvice.  Vous 
pouvez,  mainlenanl  vous  procui-er  ce  grand 
i)ien  et  il  ne  Uenl  qu'à  le  vouloir.  » 

Dieu  [larlait  olus  ipn;  la  sainte,  et  la  grAco 
a;-;issanl  dans  le  ((nu' de  Maitinien,  il  léso- 
lul  dès  lors  de  suivre  le  co!is(i|  (h;  Maxiuu", 
do  lui  conserver  le  titre  de  vierge,  en  agis- 
saU  au  dehors  comme  sou  mari  pour  ca- 
clier  C(î  secret  à  leur  maitro,  (M  de  sauver 
lui-même  son  Amo  en  se  donnant  tout  en- 
tier' à  Jésus-Christ.  Mais  il  no  voulut  pas 
garder  pour  lui  seul  le  trésor  q.i'il  avait 
ti'ouvé.  11  (Ml  lit  voir  l'excellenco  à  ses  frères 
et  leur  persuada  d'y  |tr(nidro  part.  Ils  le  cru- 
rent, et  tous  (piatre  se  lésolurenl  de  re:.on- 
vov  entièrement  au  siècles  [lour  ne  servir  «pie 
Dieu  seul.  Ils  jugèitnit  sans  doute  (pi'ils  ne 
le  pouvaient  pas  faiio  dans  la  maison  de 
leur  maître.  Ainsi,  ils  en  sortirent  sec.èle- 
mcnil  uii(>  nuit  avec  Maxime  et  se  retirèrent, 
les  ipia Ire  frères  dans  le  monastère  de  Tabi'aca, 
gouverné  alors  par  André,  pasteur  illustre 
entre  les  pasteurs,  el  la  servante  de  Dieu 
dans  un  monastère  de  vierges  qui  en  était 
proche 

Le  Vandale  sut  l)ienlùt  ce  qui  était  arrivé 
chez  lui.  Il  fit  chercher  i)arloul  les  quatre 
frères  et  Maxime.  Il  y  employa  los  pro- 
misses (^t  les  présents,  et  (;nllu  il  découvrit 
où  ils  étaient.  Il  les  fil  aussitôt  ramener  chez 
lui  où  on  les  enferma  dans  une  prison  el  on. 
leur  y  lit  endurer  divers  tourments,  pour 
obliger  Mai-tinien  el  Maxime  à  [lasser  les 
bornes  qu'ils  sétaienl  proscrites  dans  leur 
mariage,  eî  pour  les  contraindre  eux  et  tous 
les  autres  à  violer  la  pureté  de  leur  foi  par 
un  second  baptême  qui  de  chrétiens  les  eût 
rendus  ariens.  Ainsi  ils  eurent  la  consola- 
lion  de  soutfrir  non  comme  dos  esclaves 
fugitifs,  mais  comme  des  martyrs  de  la  chas- 
teté et  mémo  de  la  divinité  de  Jésus-Christ. 

La  chose  vint  à  la  coiuiaissaiice  du  roi 
(le  iséric  qui,  au  lieu  de  tempérer  la  dureté 
de  ce  maitre  impitoyable  |)ar  la  clémence 
naturelle  aux  grands  monarques,  ordonna 
que  les  saints  ne  cesseraient  f)oinl  d'être 
tourmentés  jusqu'à  ce  qu'ils  se  fussent  sou- 
mis à  la  volonté  de  leur  maître.  On  fit  donc 
faire  de  gros  bâtons  pleins  de  dents  comme 
une  scie  ,  et  de  pointes  aisées  à  rompre 
comme  celles  qu'on  voit  au  bout  des  feuilles 
de  palmier.  Ai  isi  ces  bâtons  brisaient  les  os 
par  leur  pesanteur  et  laissaient  dans  la  chair 
des  pointes  qui  faisaient  une  douleur  très- 
cuisante.  On  voyait  le  sang  des  serviteurs 
do  Dieu  couler  de  toutes  parts  el  leur  chair 
toute  déchirée  laissait  à  nu  ce  qu'il  y  a  de 
plus  caché  dans  le  corps.  Mais  après  qu'ils 
avaient  souffert  cos  horribles  tourments,  ils 
se  trouvaient  guéris  1-e  lendemain  par  Jê- 
sus-Cliïisl,  sans  qu'il  parût  sur  leurs  corps 


1279 


VAN 


VAN 


1^80 


l' 


nnrune  trace  de  li^urs  blessures.  Ce  mirado 
n'arriva  pis  pour  un»'  fo'S,  rar  los  linmiiiosfii- 
it'iit  loii^temits  ()pit>i;UiP->  ;ih>>lo!irmrnl!'r.  cl 
le  Sa  nl-Ksj  ril  ronliruia  ilf  môme  J»  les  '^in'rir. 
>'a\ime  ('prmiva  la  môme  i;rAoo.  Kllc  fut 
resserrée  dais  uno  [insoii  foit  rmle  et  »'te  i- 
duc   sur  uif  [)oulro  qui  lui  tenait  les  piods 
fitrt  «'cartt'S  l'u  i  de  l'autre.  Dansoi^  supplice, 
qu'un   {^raid  -^oiuhrc  de  martvis  avaicnl  au- 
trefois éprouvé,  elle  él.iit  consolée  parbeiu- 
coup  de  serviteurs  de  Dieu  qui  la  vinaient 
visiter   :   et    u'i  jour  qu'ils  y  étaient,  cette 
pou're,  (]ui  était  extrêmement  forte,  se  ron- 
»it   à   leurs   yeu\  comme   un  morceau    de 
_)ois    pourri.   Ce  miracle   fut   su    de  tout  le 
monde  :    mais  Victor,  par  qui  Dieu  l'a  con- 
servé  h    la  posli-rilé.  lapprit  de  la  l)OU(:lic 
même  de   celui  (|ui  avait  la  sainte  en  ^arJe 
el  qui   le  lui  assura  avec  serment.  I.e  Van- 
dale qui  faisait  tourmenter  les  saints  ne  céda 
Iiointà  des  iniracles  si  visibles;  de  sortecpu; 
)  eu  dont  il  ne  voulait  point  reconnaitr»!  le 
jiouvoir.  appesantit   enfin  sa  main  sur  lui  el 
sur   toute   sa   fimill".    Il   le  lit  mourir  lui  et 
ses  enfants  et  tous  les  animaux  de  prix  (|ui 
étaie:.t  dans  sa  maison;  ai  isi  sa  femme  se 
trouva  seule,  sans  mari,  sans  enfants  et  sans 
bien.  Elle  fit  un   présent  des  servi tiurs  de 
Dieu  k  Sésaon,  parent  du  r  i,  qui  K;s  reçut 
a\ec   joie.   Mais,    parce   (ju'il    éiait   indij,ie 
d'avoir  chez  lui   des  hùtts  si  saints,  le  dé- 
mon commença  h  tourmenter  en  d  lleren- 
tis    manières   s  s    enfants   et    ses  doiuesli- 
qucs.    11    rapporta   au    roi    ce  qui  se  passait 
chez  lui.  Ce  prince,  ((uelipie  endurci  qu'il  fi'it. 
céda  en  (pi<|quo  chose  à  Dieu  connu  ■  Tlia- 
raon,  et  ayant  honte  de  combaitre  (ontre  une 
fille  (ju'il   vo.ait   bien  ne  pouvoir  vain  re, 
il    lai>sa   aller   Maxime   en   liberté.  Ainsi  la 
sainte,  ayant  conservé  la  pureté  de  sa  foi  et 
de  sa  virginité-,  devint  mère  île  b  aucouixie 
vierç^es,  et  ellj  vivait  encore  e  i '>87,  lorsque 
Vii;  or,  qui  témoigne  l'avoir  connue,  écr  vait 
Ihisloiie  de   la    persé/ulion   d  'S  Vand.les. 
Les  (jUatre  frères,  qui  ét.uent  ég.di'ment  ou 
innocents  ou  cou|)ab!es  comme  elle,  méri- 
taient  de  recevoir  la  mèm  •  lib;'rté.  Ce;  en- 
dant  (îens-ric  ordonna  (pi'on  les    rel'guU 
dans  les  élats  d'un  (irince  païen  nouuné  Ca|>- 
siir.   qui    était    rr)i  d'inie  nation  des  Maures, 
mais   (pli  reconnaissait  l'auloiité  d<  s  N'anda- 
les.  Son  \)!\\ s  était  un  cnidioit  des  déserts  d'.\- 
fri  pieqn'rui  appelai!  C  lèvrcpeinle.  Les  saints 
furent  donc  conduits  en  ce  désert  et  là  mis 
Cl. Ire  les  mains  de  Capsiir:  c'était  un  pays 
dont   tous    les    h.tbil.mts    étaient    |)aiens  et 
a  loraiivil    le  démon  p.ir  des  sacrifices  sacri- 
lèges, cl  même  ils  n'avaient  jama  s  entendu 
lailer   de  nom    des   chrétiens.  C'éttit  pour 
,eur  potier  la   lumière  de  la  ïn  que  Dieu  y 
envoyait  les  sai  'Is;  car  ayant  commencé  h 
donner  h  ces  Lubues   la   cf)nnai^s,\  ice  du 
vrai  Dieu,    cl  leur  vie  appuyant  leurs  piio- 
les,  ils  en  convertirent  un  fort  grand  nom- 
bre  qui  embra*isèreut  le  nom  et  la   foi  de 
Jé>us-(^hnst.    Mais  comme    ils  travaillaient 
pour  Dieu  et  non  pour  eux,  et  que  la  disci- 
pline de  IK^li^e  siHiffcail  eiiroie  mnins  alots 
«juaujourdiiui  que  le  baptême  bU  adminis- 


I 


tré  par  des  laï(]ues,  ils  cherchèrent  le  moyen 
d'avoir  Quelques  ecclésiastiques  qui  pussent 
cultiver  le  champ  qu'ils  avaient  débiché,  et 
arroser  ces  nouvelles  plantes  par  la  pluie 
sacrée  du  saint  ba:itéme.  Ils  donnèrent  cette 
charge  à  (juelques  personnes,  qui,  après 
avoii'  longtemps  marché  par  «les  chemins 
détournés,  arrivèrent  enfin  h  Home  et  rap- 
portèrent au  [»ape  b^  progrès  (jue  l'Kvangilô 
avait  fait  parmi  les  l)arb.ires.  Il  en  eut  une 
exlrèm  '  joie  et  eovova  aussitôt  un  prêtre  et 
plusieurs  ministres  qui  s  acquittèrent  de  leur 
commission  avec  la  prom;»litude  que  la  chose 
demandait.  On  dressa  une  église,  on  ba  'tisa 
\i  ^  nombre  infini  de  barbai  es  et  l'eau  sacr/fr 
fit  de  cette  multitude  de  loups  un  troupeaa 
d'agneaux. 

Capsiir  fit  savoir  tout  cela  h  denséric.  et 
le  diable,  irrité  par  la  gloire  de  Jésus-Christ^ 
ralluma  dans   le  cœur  de  ce  tyran   la  htino 

?|u'il  avait  eue  autrefois  contre  les  quatre 
lères  qui  avaient  été  les  ministri'S  de  ce 
miracle.  11  ordonna  donc  qu'ils  fussent  at- 
tachi'S  par  les  pieds  deirière  des  chariots, 
ayant  le  visage  tourné  les  uns  vers  les  au- 
tre-, afin  t|  l'outre  leur  propre  supplice  ils 
eussent  encore  le  déplaisir  (le  voir  celui  de 
leurs  frères;  et  puis  tiu'on  fit  couiir  les  cha- 
riots par  les  lieux  les  pîus  ploi/îs  de  bois  et 
(ré|)ine^,  afin  (pie  Imirs  corps  fussent  dé- 
chirés en  mille  pièces.  Ce  cruel  arrêt  ayant 
don,'  été  exécuté,  et  les  Mnures  commençant 
déjà  à  fiire  courir  les  chariots,  on  entendait 
les  martyrs  se  dire  l'un  à  l'aulie  le  dernier 
adie',1  par  ces  paroi  .s  :  «  .Mon  frère,  priez 
pour  m  li.  Dieu  accomjdil  enfin  notre  «lésir, 
c'est  n  r  ce  chemin  que  l'on  monte  au  ciel.  » 
Ils  aciievèrentai  isi.  (  n  «  hantant  et  en  priant, 
ce  (pii  leur  restait  (ie  vie,  à  la  vue  des  an- 
ges qui  se  réjouissaient  dans  leur  triomphe, 
et  rendirent  i(Mirs  Ain's  viclorituses  h  celui 
)ar  qui  ils  avaient  vaincu.  Dieu  honora 
ur  martyre  par  beaucouj»  de  grands  mira- 
cles (pi'il  lit  au  lieu  où  ils  avaient  souffert  : 
et  un  saint  évècpic  pio;esta  q  l'une  b-mme 
aveugle  y  avait  recouvré  la  vue  en  sa  pré- 
sence. M  lis.  el  le  courage  et  les  mira(  les  dos 
martyrs  et  la  conversion  de  tant  dinliJèles 
ne  tirent  ((u'augmentcr  la  fureur  de  Genséric 
co'tre  IKglise. 

Le  Martyrologe  romain  met  la  fête  de  ces 
«piatre  illustres  martyrs  le  !(>  octobre,  avec 
celle  (le  sainte  Maxime  do'it  Dieu  s'était 
servi  pour  leur  coiiuniini(p»er  sa  gnlce.  C'est 
ce  que  les  Martyrologes  du  ix' siècle  avaient 
fait  i\(';i  a»q)aiàvaTit.  Haronius  croit  qu'Us 
étaient  (le.<  captifs  de  Itome.  |»uis qu'ils  en- 
voyèrent à  Uome  demander  un  prêtre.  Ht 
d'ailleirs  toutes  les  Kglises  d'Abiipie  étant 
aflligéi's  par  la  persécution  do>  ariens,  celles 
d'hspigne  ou  sous  les  Suèvos  cl  les  Coths, 
ou  piiliMS  par  (Mix.  el  u'ie  partie  de  celles 
de;i  daules  soiuuises  aussi  aux  (îolbs  ariens, 
il  ne  faut  'pas  s'étonner  (jue  ces  saints  aient 
ciivoy('  jus(pi'à  Home,  (.omme  on  ne  sait 
point  précisément  le  temp^  de  leur  martyre, 
on  lie  peut  pas  dire  à  (picl  pape  ils  s'adres- 
sèrent. 

Il   e«;l   remarquable    ijuo   quel(|ue  cruelle 


<3SI 


V\N 


VAN 


i2S2 


qui'  fiU  la  |)('r*.«''.Milioti  (les  N'itiitl.ili'S,  ilssoiif- 
fi\iit!iil  iii'';iiiiii<ii"i.s  MiU'  les  calliolitiiii's  Jilliis- 
stiMi  visiUM'  Itvs  coiifossours  (.1  ms  Ion  prisi»  is, 
()l  Mirils  (Ml.s>('lll  (I  s  liinii.isti'lTS  (riioiiimt'S 
Ol  (1(1  rcmm-'S.  ()  »  vuil  [uir  h-aiiroiiiurc  i- 
(Iroils  (|U(i  les  mniiics  y  fiirc  il  [(nijuiirs  li- 
bres, t'I  (III  (nuivc  |M).ssilivciii('iil  dans  un  c  iii- 
t'ilo  (l(i  (larllia;^!'  en  ti:5.  (|iii'  la  pcLsiMiiluiu 
pViéraic»  dos  lv;l;S(.'S  MO  s'ciail  poiiil  •  t  'inliio 
j(is(|irî»  eux.  io  [HMisc  (pic  c'csi  (in'iM  I  -s 
rt'f;ai\lail  coiiiiiu'  l.u(|ii(!,s.  Car  les  Naidal»--, 
(|iii  vovaijMil  rArii(|ii»'  loiitc  |i(mi|iIùi'  jIo  vn- 
lli()li((ii('s,  irnsi'-r.'iil  jamais  la  ic  d'tVlil  ,m'- 
lu'iral  |)(iiir  les  (ihii^cr  d'tMn'  ancMis,  siiia  » 
on  'i8V  dans  la  dcriiit'ic  aiiiu-c  dllu  n-r  c.  lis 
se  coilliMilaiciit  (II'  |»(MS(''(  iiior  les  O'C  i''s:as- 
tii]ins,  ou  (1(3  ii'S  iliasscr,  ('S|)(''raiil  (iu<^  io 
poiipic,  priv('!  (lu  socdurs  ol  de  rni>lrucliu;i 
(I.  s  |)ast(niis,  ci'iK'rait  ciisuilo. 

Dcî  plus  c"i  plus  iriiU'  coMlrc  ri'^lis.'\  (ien- 
sév.c  envoya  Procuhi  dans  la  Zen^ilaiie  pour 
co'ilraiiulre  lous  les  c^V(Vjues  à  lui  li^rel•  les 
livres  sacri'S  d  tous  les  or'euu'iils  des  (!'gli- 
ses,  ainsi  (juo  les  vas<'ssacr(^s  serv.intau  culln 
divi'i.  Les  niinislres  de  Dieu  ayant  ictusé 
d'obéir  il  cel  ordre  iniiiue,  l'roL'uh'  pil  alput 
lui-nicMne,  et  porta  des  mains  sacril(''^es  sur 
les  choses  sai'itesdans  toutes  lcs(.''j!,iises.II  se 
lit  des  cliomisesol  descak^ons  avec  l  s  nap- 
pesdu  saint  aul(!l.  La  vengoanco  de  Dieu  no 
tarda  pas  h  châtier  ce  sacrih\AO.  Il  tiiiit  mi- 
sérab  einent  sesj(Kirs.  Cet  ordre  don  i(3  par 
Ge  iséric  fut  la  cause  du  lu  irtyrc  de  saint 
Valériei,  t*V(>(|uo  d'Abes  ou  (rAhlicizo.  <'e 
saint,  ayant  donc  rc'^sislé  généreusem  nt  à 
tous  ceux  (pli  voulaient  (|u"il  leur  liviAl  les 
choses  saintes,  l'ut  chassie  dj  la  v  lie  ;  dJ'lense 
fut  faite  à  toutes  sories  de  personnes  de  le 
r.cevoirel  de  rien  lui  fournir. Ce  saint  vieil- 
lard, Ag(^  de  quatre-vingts  ans,  fut  obligé 
de  coucher  longtemps  sur  le  grand  chemin, 
n'ayant  d'autre  abri  que  le  ciel.  «  J'ai  été  as- 
sez heureux,  dit  Nictor,  [)our  le  saluer  du- 
lant  qu'il  était  en  cet  état.  » 

Dans  un  lieu  nommé  Rége,dans  la  Mawti- 
tanie  (Césarienne,  les  catholiques  ayant  ou- 
vert, le  jour  de  Pâques,  une  église"  que  de- 
puis longtemps  les  héréti  pies  avaient  fer- 
mée, et  voulant  y  célébrer  cette  grande 
fête,  les  ariens  en  eurent  avis,  et  Aiidiol,  un 
de  leurs  [)rôtres,  ayant  assemnlé  des  soldats, 
J.'S  exhorta  à  aller  exterminer  cette  troupe 
do  c.ithiiliques.  Les  uns  entrèrent  par  les 
portes  réj)ée  h  la  main;  les  autres,  montant 
sur  le  toit,  tiraieni  des  tlèohes  à  ceux  des 
calrioli([ui'S([ui  étaient  dans  l'église.  \]  ^  lec- 
teur qui  était  au  jubé,  et  (pii  ciiantait  l'ulle- 
liiia,  fut  frapi)é  à  la  gorge  f)ar  une  de  ces 
Uôches.  Le  livre  s'écha()pa  de  ses  mains,  et 
il  tomba  mort.  Plusieurs,  fra|>pés  à  coups 
d'épée  ou  de  javelots,  |)ériront  au  pied  mémo 
des  autels.  Ceux  (jui  ne  furent  pas  massai  rés 
furent  emmenés  prisonniers;  et  presque 
lous  moururent  dans  les  sup[)lices  par  l'or- 
dre du  roi.  La  fête  de  tous  ces  martyrs  est 
marquée  au  Martyrologe  romain  le  5  avril. 
Dans  d'auties  lieux,  à  Thunazu  les,  à  Ca- 
les, à  Ammonie,  les  ariens,  enlrant  furieux 
dans  les  églises,  ptindant  qu'on  y  distribuait 


les  s.icrciiiPiils,  y  ji-'j^-nnit  ynr  lorre  p|  r(,iil('!- 
rciit  au\  pieis  les  saillies  liustics, 

l'enda  )(quecesaboiiiinnli(iiis  se  [inssajenl, 
les  ('.(Vpii's  arie  is,  ailt<'UlS  des  cfuaillé*  do 
<ieiis(''iic,  lui  dicîèrent  une  loi  (jiii  «ji-crélail 
(pjc  le»  ariens  .soiil'.sornienl/Khiii.s  aux  cliar- 
g's  laiit  adiiiini-lralives  (pi'ii  celles  du  palais, 
(j'ite  loi  lin  l'orcasio  1  de  h  rliule'  d'uT 
granil  nombre;  mais  elle  fit  beaucoup  do 
martvrs;  car  il  y  •  ut  iuk*  muliiliidede  Ibnc- 
lio  r)air(!s  ipii  p((''|V'r{''rent  la  perle  de  leurs 
places  et  la  mort  même  à  la  p('rl(!  de  leur 
foi.  .\ii  nomh.c  d  ■  ces  sairiK  di-l'i-iseiirs  (b- 
la  (Il vinil(''  de  J(''Mis-Cliri-t  fut  -aiiil  Armo- 
gaslo,  (pli  était  de  \  ite.  ()!li  ier  de  Tliéodo- 
rie,  lils  ,ie  ('ieii.s(''ric,  il  av.iil  h'  tilic  de  comte. 
Non-seuleinciit  o  i  le  priva  de  sa  charge, 
mais  en.ore  on  lui  lit  s()uirrir  divers  tour- 
ments; on  lui  séria  1 -s  jambes  et  le  front 
av  c  des  cordes  excessivement  forUîs,  puis 
on  Io  tr:t  pendu  par  un  pieil  la  léte  en  bas. 
Da  )s  et  étal,  il  gardait  un  calme  et  une 
traKphllité  aussi  {>arfait  •  (pie  s'il  eilt  et  •?)  i o 
poser  dans  son  lit.  Théodoric  voulait  lui 
laire  couMer  la  l(Me;  mais  son  p:  être  nommé 
Jnioiidc  lui  dit  :  a  Princ,  si  vous  le  faites 
mourir  ain>i,  il  sera  honoré  comme  marlvr, 
tandis  cpie  si  vous  le  fdtes  périr  par  des 
tou  nienls  successiîs  cl  lents  il  n'en  sera 
pas  ainsi.  Ne  le  laissez  pas  conquérir  la 
gloire  d'élre  honoré  i)ar  les  siens  conune 
u'i  m  irtyr  de  sa  caus(!.  » 

Ce  Joconde,  qualilié  prêtre  de  Théodoric, 
est  très-certainement  Joconde,  patriarche 
des  Vandales,  attaché  à  la  maison  de  Théo- 
doric. Ce  [)rincc,  suivant  le  conseil  de  Jo- 
conde, envoya  Armogaste  creuser  la  terre 
dans  1 1  liyzacène.  Dejiuis  il  ordonna  qu'on  le 
pré^;Osàl  à  la  gardj  des  vaches  dans  les  envi- 
rons de  Carthage.  »ienl(jt  après  le  saint 
homme  mourut,  et  Félix,  intendant  de  la 
maison  du  lils  du  roi  cl  secrètement  catho- 
lique, l'initerra  au  pie  1  d'un  arbre,  que  le 
saint  lui  av, lit  indi({iié  dans  un  toinb.'au  m.i- 
gniiiqiie  en  marbre  blanc,  qu'il  y  trouva  e:i 
creusant  la  terre. 

Victor  raconte  ensuite  îo  co  nbat  ('e  Mas- 
cule ,  chef  do  comédiens.  Quelques-uns 
veulent  qu'il  se  noinm  t  Arquinime,  et  fût 
de  la  ville  de  Mascule  en  Numidie.  On  em- 
ploya tous  les  moy^ens  possibles  pour  le  por- 
ter à  abandonner  la  leligion  catholique.  Le 
roi  lui-même  lui  tilde  grandes  promesses  : 
rien  ne  |iut  l'ébranler.  Le  roi  donna  alors 
l'ordre  que  s'il  montrait  de  la  crainte  et  vou- 
lait abjurer  quand  il  verrait  l'épé."  levée  p.»ur 
le  frap[)er,  o  1  1  exéjutat  immédiatement; 
qu'au  conlraire  s'il  se  montrait  ferme  et  ré- 
soh),  on  ne  le  f.t  p.  s  mourir.  Au  moment 
du  supplice,  il  montra  un  courage  que  rien 
ne  i)ut  ébi-anler;  alors  on  le  ramena  sa  s  lui 
faire  aucun  mal.  Ainsi,  le  roi,  diabolique- 
ment inspiré,  put  bien  lui  ravir  li  couronne 
du  martyre,  mais  ne  put  l'empêcher  d'être 
un  des  plus  glorieux  confesseurs  de  cette 
épo  jue  lamentable  et  illustr.'. 

Sature  était  intendant  o'Hunéric.  Rien  ne 
pouvait  l'eng'.ger  à  dissimuler  sa  loi.  Un  dia- 
cre arien  ,  nommé   Marivadc ,   ne   pouvant 


Ii83 


VAN 


VAN 


f28i 


5iipporl»T  II  sniiil(>  liberU'  di^  cet  o.Ticicr, 
s'en  plaignit.  Huiirric  vo  ilut  le  coitraimlro 
h  ombr.i>ser  l'iiria  lismojiii  prometla  il  hnn- 
iii^rs  et  ricJit'sses  s'il  a((ej>(ait,  et  le  nip- 
Maganl,en  cas  Je  refus,  dos  plus  cruels  sup- 
plices, rt  Je  c()iifis(]ner.'ii  vos  hieis.  lui  dit  le 
prince,  si  vous  n'obéissez  :  je  vendrai  (Oinine 
esclaves  vos  enfants, et  n)arierai  voire  fciume 
en  votre  prés(«nco  h  un  conduiteur  de  rha- 
nioaux.  »  Sature  les  pressait  devi-cutcr  leurs 
luen.ices  ;  sa  fiMume  les  supplia  de  dilférer; 
puis,  démon  tentateur,  elle  vint  vers  son 
mari,  accompagnée  do  ses  ont'anls.ct  (it 
près  de  lui  tout  ce  qu'elle  put  pour  le  porter 
a  obéir  au  prince.  Tout  lui  mutile,  Sat  ro 
roslii  inébra  ilable.  Alors  on  le  (h'-poudia  de 
ses  vêtements,  et  après  lui  avoir  fait  souf- 
frir divers  tourments,  on  le  i'  nvoya  connue 
u"i  mendiant,  et  on  lui  défendit  do  parailio 
jamais  en  public  (Toy.  son  article.) 

Saint  Seivo,  homnio  considé.ablo  do  la 
ville  de  Tnburbo,  (Jans  la  grandie  IMo.o'.isu- 
laire,  soulfritau-^si  de  très-grands  tourments 
sous  (lOnséric.  Hnnéiic  lui  fournit  aussi  [)!u> 
tard  la  glon-e  de  confeiS^r  giori  usemei.l  le 
romdeJésus-Clirist.ll.y  eutdeseonfessi'urset 
dos  (iiartvrs  jus(|ue  parmi  les  V^indalcs  »mix- 
mèmes.  De  ix  frères  vandales  confessèrent  à 
plusieurs  reprises  la  foi  sous  Genséric.  Di- 
gila,  mariée  à  un  maître  d'lh'»tel  du  roi,  con- 
lessa  à  plusieuis  fois  b-  nom  de  Jésus-Christ 
sous  (lenséric,  et  cueillit  sous  son  succes- 
seur la  p;dme  du  martyre. 

Après  avoir  ainsi  peiséeuté  avec  acharne- 
ment les  oITioiers  de  son  palais,  Genséric  fit 
ferau'r  les  églises  dos  catbolepies  à  Cartilage 
et  envoya  en  divers  1  eux  d'exil  les  prêtres 
qui  le^ desservaient.  L'Iiglise  deCarlhage  de- 
meura dans  cet  état  (léplor.ibie  jnsipi'on 
l'année  i77.  L'empereur  Zenon,  ayant  dé- 
puté en  .\fri(pie  le  patricc  Sévère  ,  ohtint 
qu'on  I  ouvrit  ces  églises.  Les  prêtres  funnit 
r.i()pelés  d'exil.  En  i77  la  paix  fut  conclue 
entre  Genséric  et  Zenon. 

Peu  après,  Genséric  mourut  dans  tont  l'é- 
clat de  sa  gloire  et  de  ses  succès.  Dieu  fait 
doue  bieo  peu  de  cas  des  couronnes  et  des 
gia  ideiirs  de  ce  mond(>,  puistpi  il  acionle  la 
jjraiideur,  la  ()U  ssauce,  la  gloire,  d  s  triom- 
p:ies  incessants,  e  i  un  mol,  toutes  les  |)  os- 
périlés  qu'un  roi  pt'ut  dé-sirer  en  ce  monde 
à  un  b  ul)a;e  f  toci»  et  perlido,  à  im  arien  fu- 
ribond, à  11  i  onn.'mi  acharné  do  la  religion 
sainte  i|u'd  a  do:in'>e  au  monde.  Il  mil  da°'s 
son  le>l.iiu(!nt  une  loi  ipii  portait  que  ce  se- 
rait toujours  le  |(lus  Agé  de  sa  descendance 
en  ligno  masculine  qui  serait  riu  des  Van- 
dales. 

Uunéric  monta  sur  le  trône.  Il  alTecla  d'a- 
|)or  I  la  p  us  gr.iii  le  douce. ir  :  les  caltu)li- 
ques  eux-mêmes  ourml  tenir  do  gra..dos 
assemblées;  ma  s  bienlôl  il  le  leur  défendit, 
et  prit  occasion  de  lil  pour  les  persi-culer  vio- 
lemment. Il  commença  neamuoins  par  persé- 
cuter particulièremeul  les  manichéens.  A  la 
suil«î  d'un  traité  de  paix  el  dalliauco  (jui  fut 
fdit  entre  llunéiie  et  Zenon,  par  I  intermé- 
diaire d'Alexandre,  intendant  lie  l'Iai  idie,(iui 
i^lail  alors  h  (>)nslanlinople,  on  nomma   uu 


évèqueà  Carlhage.  Il  y  avait  vingt-quatre  ans 
que  ce  siège  en  était  privé.  Zenon  obtint 
d'Hunéricfpi'il  en  laissât  nommer  un.  Comme 
les  tidèles  étaient  aNsem.di'-s  dans  l'église,  le 
18  juin,  qui  était  le  jeudi  en  481.  Huné- 
ric  y  envoya  Alexandre  pour  faire  élire  un 
évêque,  avec  son  secrétaire  nommé  Vitha- 
red,  qui  portait  un  édil  pour  l'élire  publi- 
quement. Il  leur  (bVlarait  par  cet  édit  qu'il 
trouvait  l)on  qu'ils  élussotit  un  évêtpjc  h. 
Carlhage,  et  que  de  môme  dans  loules  les 
églises  d'\frii|no,  ceux  de  leur  communion 
eussent  lib  nté  d  >  célébrer  la  messe,  de  prê- 
ch  r  en  telle  langue  qu'ils  voudraient,  et  do 
faire  comme  ils  voii  Iraient  tons  les  aultes 
exercices  de  leur  religion.  Il  ne  parle  point 
d'élire  d'évèque  dans  les  autres  églises.  Fl  il 
soiuble  en  oifet  ([uo  colles  do  la  Proconsu- 
l.iire  el  de  la  Zengilano  n'aient  plus  eu  cette 
liberté  depuis  la  mort  de  saint  Doogratias. 
Il  ne  se  trouva  on  iSV  que  citKpiante-ipiatrc 
évê quosdans  In  Proconsulairo,où  l'oncompie 
I)lus  de  cent  é.  êchés  et  même  cent  soixante- 
quatre  en  y  comitromnt  la  Zengifane.  Cotte 
partie  de  l'édit  d'Hunérie  fut  sans  doute  bnn 
agréable  aux  catholiques.  Mais  Hunérir  ajou- 
tait que  c'(''tait  h  condition  (]uo  les  évoques 
do  sa  communion  auraient  aussi,  à  Conslan- 
linople  et  dans  tout  ri)rient,  la  liberté  d'en- 
seigner le  peuple  en  telle  langue  (pi'ils  vou- 
draient et  de  faire  tous  les  exercices  de 
leur  rel'gion  ;  et  (]ue  si  on  ne  leur  donnait 
pas  celle  liberté,  l'évêijue  do  Carthago  avec 
son  clergé  et  même  tous  les  autres  évêques 
d'Arri(]ue,  el  leurs  ecclésiastiques  seraient 
enoyés  parmi  les  Maures. 

U  le  condition  >i  importante  et  si  fAcheuso 
partagea  les  esprits  d  ns  l'assemblée.  Le  peu- 
ple, sa  is  songer  h  autre  chose,  voulait  un 
evêiiuo.  .Mais  Victor  de  Vite,  présent  à  tout 
ceci,  elles  autres  cpii  avaient  plusde  lumiè- 
res et  plus  de  prinlence,  gémi>saienl  entre 
eux  et  se  d.saient  tout  bas  que  celait  assu- 
rément un  piège  qu'on  leur  tendait  pour 
faire  une  perséi  ution.  El  comme  d'ail'ours 
ils  no  pouvaieU  pas  consentir  .^  la  liborlé 
(pi'Hunéric  voulait  qu'on  donuAt  aux  ariens, 
(ians  rOiionl.ce  (pii  était  un  bi>'n  plus  grautl 
mal  que  tio  laisser  l'Eglise  do  Carlhage  sans 
évêque,  ils  direnl  à  l'ambassadeur  :  Si  ceito 
église  lie  peut  avoir  un  évêqiio  qu'à  des 
(  ouilitioiis  >i  dangereuse^ ,  elle  non  veut 
point  avoir;  Josu>-Chrisl  la  gouvernera,  s'il 
lui  plail,  lui-même,  comme  il  l'a  gouvernée 
juxpi'a  |>ré>ont. 

L  ambassadeur  no  se  mil  pas  en  peine  do 
ci'tio  |)ioiesi,ition  ,  ce  ipii  |v»uvait  donner 
lieu  .^  \  uior  et  aux  «ulres  «pii  s'elaionl  d"a- 
bord  opj)Osés  à  réic.îlion,  déjuger  ([u'Huné- 
ric  se  ile^-i^tait  d(>s  condilion^;  qu'il  avait  de- 
mandées, ou  qu'au  moins  «Ml  ne  pouvait  plus 
M'élendre  de  les  y  obliger.  Et  de  plus,  tout 
0  peuple  demandait  avec  tant  do  cris  el  avec 
une  ardo'.ir  >i  vioiento  qu'on  procé.iAl  .^  l'é- 
lection d'un  évê<|vie,  (piil  ne  lut  pas  possible 
do  faire  auUomenl.  Ainsi  on  éleva  h  colto 
dignité  Eugène,  (pu  inaii  un  homme  saint  el 
sol.)n  le  cœur  de  Dieu  :  ce  qui  combla  l'E- 
gliseralholiqiicd'unelello  joie, qu'il  semblait 


I 


1i>S.'? 


VVN 


VAN 


mn 


»|ir('ll('  m>  scnlît  plus  les  mniu  qn'iino  (î.)- 
ininalion  l),'irl);ii't!  lui  lais.nl  sniillVii'.  Uu  lirs- 
l^raïul  houihic  de  jeunes  i;mroiis  cl  (|(>  jeu- 
(tt's  lillcs,  (|ui  u'avaicMt  j.iiiiais  vu  ({'('Vt^tiim 
assis  sur  sa  cliaiit'  (''pisioitalc,  claicnl  ((mix 
(|ui  iMcii/iiiMil  II'  plus  (le  pail  h  celle  réjouis- 
^au('e  puhliipu*. 

(le  ipii  y  (((iitrihuail  heaiicoui)  el  avec'  plus 
(le  rniKjcineiil  h  ré^ar.l  des  autres,  (Uail  la 
verlu  (l'MuiAèMe.  I.epape  (li'lasc  daus  sa  Icl- 
(re  aux  év(\pu's  de  Daida'iic,  pai'la'il  d(!  la 
^éuéntsilé  «vec  laipielle  il  souliid  la  vérilé 
(-outre  Iluuéi'ic,  le  qualilic  un  ^laud  linuuue 
et  iiu  e\celleiil  pic'lat.  Saint  (Icéf^nire  de 
'l'ours  l'appelle  un  lioinnu;  d(>  grande  pru- 
dence, d'une  aihnirahie  saiiilel(',  et  le  plus 
giaml  orneuieiit  de  ia  d  gnilt'  épisiopale. 

r.el  houinie  do  Dieu  se  rendit  hientot  vé- 
nérahle  à  ceux  nuMues  (pii  n'élaient  pas  de 
la  connuuMion  île  rivj,lise,  |)ar  la  sainteté  do 
sa  vie  ol  par  réclat  (le  ses  bonnes  œuvics. 
Pour  les  i'alIioli(pies,  il  i;a,u,na  lelleiueni  tous 


,     ..j-,,.^-,.. 

les  eu'iu's,  (jue  eliaiun  se  l'i\l  est  un'  heureux 
(le  pouvoir  perdre  la  vio  pour  lui.  On  ne 
saurait  assez  louer  riiuaiililiS  la  clKirilé,  la 

rietô  et  la  bonté  (jue  Dieu  lui  avait  d.inné>  s. 
,a  Providoncedivino  lui  proeura  des  moyens 
de  taire  tant  de  chantés  et  d'auniùno-;, qu'on 
ne  concevait  jtas  eonuucnt  il  pouvait  fournu' 
h  tant  de  dé|)enses,  en  un  temps  où  riîglise 
n'avait  pas  la  disposition  libre  d'un  écu, 
les  barbares  tenant  tout.  Il  est  certain  (luo 
l'argent  ne  demeuiait  point  entre  ses  mains, 
que  lorsqu'on  le  lui  oH'rait  si  tard,  qu'il  ne 
pouvait  plus  sortir  [tour  le  distribuer  à 
d'autres.  11  ne  s'en  réservait  qu'autant  qu'il 
lui  sidlisait  pour  chaque  jour,  et  non  au- 
tant que  la  convoitise  l'eilt  demandé.  Dieu 
se  plaisait  aussiàhii  envoyer  dejourenjour 
de  plus  grandes  sommes  d'argent  à  dis- 
tribuer. 

Les  catholiiiues  avaient  bien  eu  raison  de 
craindre  les  arrière-pensées  d  Hunéric  leur 
accordant  l'édit  qui  i)ermettait  l'élection  d'un 
évoque  :  car  ce  piince se  mit  presque  immé- 
diatemcnt  h  persécuter  les  catholiques.  Il 
condamna  (jamath,  un  dos  principaux,  de  sa 
cour,  à  travailler  aux  vignes,  et  à  être  fouetté 
tous  les  mois,  sans  avoir  d'autre  nourriture 
qu'un  peu  de  pain  et  d'eau.  Ce  malheureux 
[)assa  ainsi  cinq  ans.  On  vit  immédiatement 
après  le  prince  barbare  faire  mourir,  en  l'ac- 
cusant d'un  crime  supjiosé  ,  la  founue  de 
Théodoric,  puis  ensuite  le  lils  aine  de  ce 
prince.  Mais  la  stupéfaction  IVit  bien  plus 
grande  encore,  quand  il  fit  publiquement 
brûler  au  milieu  de  Carthage  le  patriarche 
arien  Joconde,  sous  prétexte  qu'il  était  trop 
ami  de  la  maison  de  Théodoric.  On  jugea 
alors  ce  qu'on  devait  attendre  d'un  pareil 
l'orcené.  Cyrila  ou  Cyrille  succéda  au  pa- 
triaicho  arien  Joconde.  Après  la  mort  de  sa 
femme  1 1  de  son  lils,  Théodoric  fut  lui-même 
envoyé  en  exil,  dépouillé  de  tout,  sans  même 
un  valet  pour  le  servir.  Ainsi  les  persécu- 
teurs d'Armogaste  et  de  Sature  trouvèrent 
leur  punition.  Après  cela,  Hunéric  fit  mou- 
rir pour  des  crimes  supposés  un  grand  nom- 
bre de  comtes  et  de  personnes  qualifiées  de 


In  cour.  Il  l'il  <b'iapiler  lli-ldicn,  minislic  de 
son  père,  «pie  Ir  vieuv  roi  inouiaril  lui  avait 
parliculièremenl  recommandé.  Ln  f(!mme  dd 
ce  iiiiiii.slie  fut  brOléi  vive  avec,  iin(!  aulro 
daiiii-, 

HienlAt  la  sainleléde  .sninl  Kii^i'^rK!  jela  un 
si  viféclal,  (pie  les  ariens  en  coiiçiirent  urm 
exiréiiie  jalousie,  (lyril.i,  paili(  iiliereiiienl, 
inventai!  chaipie  joiuMpu-lipH'  calomnie  con- 
tre le  sai'U.  lluiK-iic  lui  dél'mdil  eiilin,  h 
leur  instigation,  di;  s'assccur  sur  sou  lrùn(5 
épisco|)al,  de  prêcher  et  de  soulliir  daris  son 

église    aucune  personne,  lio c  on  fcniiiK!, 

ipii  \'ù[  velue  a  la  vandale.  Le  saint  ('-vêipio 
répondit  (pie  la  maison  du  Seigneur  dt-vait 
être  ouverte  h  t(»ut  le  moinle,  sans  que  nul 
pot  en  (  hasser  ceux  ipii  y  V(judraient  en- 
trer. 

Hunéric,  ayant  su  cetle  réponse,  fil  rnellre 
des  bourreaux  aux  portes  de  r(''gli.s(;,  (jui, 
(piand  ils  voyaient  venir  des  hommes  ou  des 
femmes  habillés  en  vandales,  les  tiraient 
avec  violence  par  la  lête  avec  d(!s  bâtons 
pleins  de  dents  (]u'ilsentor.illaienl  dansleurs 
cl.eveux,  et  leur  arrachaient  ainsi  avec  les 
cheveux  toute  la  peau  de  la  tète.  Cetle 
cruauté  lit  perdre  la  vue  h  (piel;|ues-uns 
(•t  on  lit  mourir  plusieurs  autres.  l'A  pour  les 
femmes,  après  (pi'on  leur  avait  ainsi  ariaché 
la  peau,  on  les  conduisait  par  la  ville  avec  un 
huissier  (lui  marchait  devant  afin  (pie  tout 
le  monde  les  pilt  voir  en  cet  état.  Mais  elles 
trouvaient  k-ur  gloire  dans  celte  dilfamation 
publique.  Beaucouj)  d'hommes  et  de  femmes 
furent  liailés  de  la  sorte.  Mais  nous  n'en  sa- 
vons point,  dit  Victor,  à  qui  la  rigueur  de 
tant  de  tourments  ait  pu  rien  faire  faire  con- 
tre son  devoir. 

Hunéric,  voyant  qu'il  ne  pouvait  ébranler 
par  ce  moyen  "la  fermeté  de  leur  foi,  défendit 
de  donner  ni  gages,  ni  vivres,  ni  quoi  que  ce 
filt  aux  catholiques  qui  étaient  dans  sa  cour; 
et  outre  cette  inhumanité,  il  les  fit  accabler 
par  des  ouvrages  pénibles.  Ainsi,  il  envoya 
des  personnes  de  condition  et  f  trt  délicates 
faii'O  la  moisson  dans  les  plaines  d'Utique, 
durant  la  plus  ardente  chaleur  du  soleil. 
Mais  au  lieu  de  s'en  aftligor,  ils  y  allaient 
giiement  et  se  réjouissaient  au  Seigneur  de 
souffrir  {)our  lui.  Il  s'en  trouva  un  qui,  ayant 
depuis  plusieurs  années  une  main  paralyti- 
que dont  il  ne  se  pouvait  du  tout  aider,"re- 
présenta  qu'il  était  absolument  inca[)able  du 
travail  qu'on  lui  demandait;  et  on  l'en  pressa 
encore  (lavantage.  Lorsqu'ils  furent  arrivés 
dans  le  champ,  tous  se  mirent  en  prières  et 
particulièrement  pour  celui  qui  avait  cetle 
main  paralytique  ;  et  Dieu  par  sa  bonté  gué- 
rit à  rinstanl  même  ce  confesseur  de  son 
saint  nom. 

Tel  fut  le  coramenc  ^ment  de  la  persécution 
d'Hunéric  et  des  maux  que  lEglise  souffrit 
sous  lui.  Ce  tyran,  après  s'être  défait  en  peu 
de  temps  de  ceux  (lu'il  appréhendait,  croyant 
avoir  bien  afï'ermi  une  couronne  qu'il  devait 
bientôt  perdre  et  n'avoir  plus  rien  à  craindre, 
tourna  alors  comme  un  lion  rugissant  toute 
sa  fureur  contre  l'Eglise,  apparemment  en 
482.  Il  commença  par  faire  une  expresse  dé- 


«i87 


VAN 


TVN 


n88 


fon<;c  î>  tous  ceux  qui  ne  sernienl  pas  nrions, 
rt't'iorrcr  aucune  charge  dans  son  palnis,  ni 
•].'  faire  auriinc  fonrliMU  imlilipio;  ce  qui 
fui  cause  ipiii  i  grand  iionihit'dt'  oalhnliqiics, 
par  une  constance  invincible  dans  la  foi,  ro- 
nonrèrrnt  h  leurs  niplois.  Mnis  n"n  ronloiit 
de  retraitement,  ri  les  chassa  d. 'puis  de  leurs 
maisons,  les  dépouilla  de  tous  leurs  biens  et 
les  relégua  dans  les  îles  de  Sicile  et  de  Sar- 
daiççne. 

Il  ordonna  ou  fut  près  d'ordonner  que  par 
trtulc  l'Afrique,  quand  un  (l^vèque serait  mort, 
son  bien  serait  appl  (pié  au  hs.  ;  et  que  ce- 
lui qui  lui  succéderait  ne  pourrait  être  or- 
donn»'  qu'après  nvoir  pnyé  une  certainesom- 
me  d'argent.  Mais  ses  oiliciers  lui  remontrè- 
rent que  si  cela  avait  lieu,  les  évèques  de 
1.  ur  secte  seraient  traités  encore  plus  mal 
dans  la  Thrace  et  dans  1  •  reste  de  lOiien». 
Ain^i  Jésus-Christpar  sa  boité  détruisit  aus- 
sitôt cet  ouvrage  que  le  démon  tâchait  d'é- 
lever. 

Hu'>éric  fit  depuis  assembler  les  vierpes 
consacrées  à  Dieu  ;  et,  contre  toules  les  lois 
de  la  j)U(lei.r,  commit  des  \"a!i(lales  et  (h  s 
sages-femn)es  de  sa  nation  pour  les  visiter, 
sans  que  leurs  mères  ni  au(  une  dame  cn- 
tholiipie  fussetil  présentes  ;  puis  on  les 
suspendit  en  l'air  avec  des  ftoids  fort  pe- 
sants aux  {)ieds  ;  on  leur  a[)pli(pia  des  lanus 
de  fer  toute  rouges  sur  le  dos,  sur  le  veiitre, 
sur  les  mamelles  et  sur  les  cotés,  et  au  milieu 
deces  épo.vantables  supplices, on  I  urdisait: 
«  Avouez  donc  de  quel  e  sorte  vos  évêques  et 
vos  ecclésiastiques  abusent  devons.  »Car 
ce  tigre  espérait  poT  lUrouver  un  n  oyen  de 
déslmnorer  l'Eglise  et  avoir  un  prélexie  |  our 
colorer  la  lersécution  générale  qu'il  voulait 
faire  et  (ju'il  fit  bientôt  après  à  ses  mini.'tres. 
Mais  il  ne  pu!  rien  trouver  de  ce  rpiil  dit  r- 
chait  et  juslili.»  ainsi  la  sainteté  de  ceux  dont 
il  piéle.  dait  découvrir  les  crimes.  La  plu- 
nait  de  ces  saintes  vierges  mouiu;eiil  dans 
les  tourments,  et  celles  qui  survéïuienl, 
ayant  la  [)eau  toute  giillée.  oemeurèn  nt 
courbées  durant  le  reste  d(^  leur   vie. 

Cette  cruauté  d'Hunéric  l'ut  donc  une  il- 
lustre pr(njve  de  la  pureté  des  ministres  de 
l'Eglise  dans  l'Aiiifi  .e.  Mais  innocents  ou 
coujiables,  il  fallait  ks  (lersécuter.  Le  tyran 
fit  [trentlre  justpi'îi  irès  de  cin(|  mille  persrci- 
nes.  évéïpits,  ji  êtres,  di.icits  on  autres 
membres  de  l'Eglise,  c'est-à-dire  apparem- 
nunil  des  ec(  lésiiisli(pies  ;  car  il  .semble  qu'il 
n'y  eut  pas  de  têmmes.  Kt  les  enlaiils  liont 
il  y  est  parlé  pouvaii  ni  être  des  le.  tiMU's.  Ils 
étaient  lou>  apparemment  ci»m|  nbles  davnir 
célébré  uu  aidé  à  <  éléhr.r  1 'S  divins  mystè- 
res d.ins  les  terres  des  Vandales,  cfuilre  les 
défenses  d  Huiiér  c,  fni  au  moins  contre  et  1- 
les  tjt;  st»n  père.  Qutu  ipi'il  en  soit,  Hunéric 
condamna  tout  il'un  ct)U|>  près  de  cint|  mill(> 
personnes  h  être  reléguées  dans  les    déserts. 

Qiii  pourra  t,  dit  Victor,  rappi>rlt>r  sai  s 
larmes  une  hislttire  si  tr.i.;i(|u<!  ?  Parmi  ce 
grand  nombre  «le  cofifess.ur'.  il  y  en  avait 
0'act;ablé.s  il.:  gtiulte>,  d'autres  si  j^gés  qu'ils 
éiaienl  devenus  aveug'cMle  vieillesse  ;  et 
entre  les  autres,  saint  léiit,  évêque  ilAbbir 


ou  d'Abder  dans  la  Proconsulairc,  «lepuisi^ 
ans,  était  tellement  paralytique  qu'il  n'avait 
plus  ni  sentiment  ni  f>.'iroIe.  Victor  tie  Vile 
et  d'autres,  voyait  ipi'il  ne  pouvait  pas  même 
aller  h  cheval,  tirent  prier  le  roi  de  trouver 
bon  que,  puisf|u'on  ne  prmvait  l'emmener 
en  exil  et  ouil  ava;l  si  p  u  à  vivre,  il  de- 
meunU  à  Carihage.  A  tpioi  on  dit  que  ce 
jirinre  répondit  en  fureur  :  «  S'il  ne  [,eu(  al* 
1  ir  à  (heval,  ipi'on  l'attache  avec  îles  cor.ies 
h  des  bœuls  qui  le  tiaheronl  où  j'ai  com* 
mand  '•  qu'il  aille.  »  Ainsi  on  f  t  contraint  île 
le  mettre  "n  travers  sur  un  mulet, comme  ttn 
ferait  un  tronc  il'arbre  et  on  le  mena  de  la 
sorte  durant  tout  le  chemin.  Vit  tor  île  Vile 
et  divers  autres  qui  n'  talent  pas  du  nombre 
«les  co-^fesscurs,  les  accompagnai-  nt  pour 
leur  rendre  tous  les  services  po^sil  les.  El 
ainsi  on  ne  peut  désirer  te  plus  fidèle  té* 
moin  de  leurs  souffra-^ce^  que  ce  saint  évè- 
que  qui  en  continue  l'histoiie  en  ces  ter- 
mes : 

n  On  assembla  tous  ces  fidèles  confesseurs 
du  nom  de  D  eu  dans  les  vi  les  deSitque  et 
de  Lare  |  our  les  meltie  entre  les  mains  des 
Mtures.  qui  les  devaie-^t  m  ner  dans  le  dé- 
sert. 11  vi  11  \h  par  un  ar  ilice  du  diable  dei.x 
comtes  vandales  i|Ui  s  elfor.  en  nt  par  de  bi  lies 
paroles  de  les  tmiler.  Pourquoi,  leur  disaient- 
ils.  Ôles-V(  us  si  opi'iâties,  et  refusez-vo  s 
d'obéir  h  notre  roi,  dont  vi,us  f)Ouvez  en- 
core «voir  les  boni  es  grAres  et  être  en  liOi,- 
mur  auprès  de  lui  si  vn»is  failes  pronq  te» 
ment  i  e  qu  il  vous  ordonne  ?  Sur  cela,  t  ha- 
ciin  s'écri  I  dune  seule  voix  et  f.vec  grand 
liruit  :  n  Nous  sonunes  chréliins:  nous  S(  lû- 
mes catlol  tpies  ;  nous  cenfi  sons  la  Trinité, 
un  seul  D  eu  immortel  et  inviol.ib'e  1»  Après 
celle  réponse,  on  h  s  enferma  dans  une  pri- 
so  1  assez  rude,  mais  qui  n'était  [)as  si  étroite 
qu'elle  fui  depiii-.  Car  on  permettait  h  leurs 
nm  s  d'y  entrer,  d'v  faire  des  exhorlations 
et  tl'y  célébrer  les  dfvir<smy>tères.  11  y  avail  l.\ 
plusieurs  enf  nls,  que  leurs  mères  suivaimit 
pai'  celte  atleclio-i  tpii  leur  es!  si  naturelle, 
mais  avec  des  sentiments  bienditVérenls.  Car 
les  unes  se  réjf)uis^aienl  d'avtur  mis  au 
monde  des  martyrs,  et  les  autres,  pour  déli- 
vrer de  la  mort  linirs  tnifanls,  l.UliaitMil  tIe 
leur  persuader  de  se  faire  rebaptiser  et  do 
renoncer  parce  moyin  d  la  vraie  foi.  Toutes 
leurs  llalteries  et  leurs  caresses  ne  pureiil 
néanmoins  en  gagner  un  sind  ;  et  celle  len- 
ilresse  cl  arnelle  ne  fut  pascapable  dallaiblir 
leur  courage.  » 

Victor  rapp'  fie  sur  cela  une  histoire  dune 
mère  b  endiirérentc  de  celle-ci  et  vrainunt 
ailiiiirabb'.  Ltdstpie  l'armée  tics  serviteurs 
de  Dieu  était  en  inar.he,  plus  dur.inl  la  nuit 
que  dînant  le  jour,  à  cause  de  l'exlrême  ar- 
tieur  tlu  solinl,  nous  vime<,  tlit-il,  une  femme 
fort  .'igée  tpii,trunc  main,  j'orlait  un  sac  et 
quehpies  I  anies,  et  ten.iil  île  1  autre  un  en- 
fant auquel,  pour  l'encouiagtv-  .'j  marcher,  elle 
parlait  on  c«'tte  sorte  :  <«  Courons,  mon  (ils, 
car  vous  voyez  ave.'  qiiell'  joii;  tous  les 
saints  se  hAlt*nl  d'allt>r  recevoir  des  couron- 
nes. »  El  sur  ce  que  nous  la  rcpiiinesconiino 
une  imporluiie  de  ce  tpi'elle  venait  ainsi  so 


i2«a  V\N  VAN  liOO 

joiiiilrc  ?\  niic  lr()ii|ir  (riinnimcs  cl  liuiiMcr      dt»  gi'nrrnix  «oiilV^snirs  :  son  firsir  fui  hich- 


1 


a  «•niii|i.ij;Mi('tlcs  Miiiils,  elle  i(''i»()U(lil  :  "Dnii-  liU  .ictumiili  ;  <-.ir    il  souHiil  itliisinirs  looi- 

110/ -lions  v(Mn>   lu'>ii('Mli(  lion,   mes  IN^rcs,  cl  nicnls,  odln;  loulcs  I«*h  iti<:oinnioilil<'*H  (l'un» 

prie/,  poni' iMoi,  je  vous  sii|i|)lic,  cl  pour  cfl  ci  iidlc  piison,  cl  s'en  .ill.i  iivfr  joie  dans  l'i-iil 

oiifanl  qui  est  nioii  |tclillil>;  car,   lonic  |m'-  aiii|uc|  on  lo    comlanina  cl  t|n'il    av.iil    tant 

cluTcssc  (|n(«jo  suis,  j'ai  on  pour  prio  l'cvâ-  ih-sin^.  Cela   arriva  en  '»HV,  aprc»  la  vanté- 

i]\\(\  (le  Znrilc.  —('onunciil  tloiic,  Ini  icpar-  rciicc  pour  l/cpn-llc  il  clait  venu  /i  ('arlliaj;p, 

linics-iions,  (Mcs-vons  en  si  inanvais    cipii-  cl  l'I'lj^lisi'   l'Iionoie    le   12    octolirc,  avec  In 

j)aj4;(\  cl  pounpKii  vonc/.-vous  ici  do  si  loin  ?  c(Mnpa(j;'no  d('s   cin(|  inillo  conlcsseurs  h  lo- 

—  J'y  vi«Mis  ponr  aller  en  exil  .ivcc  cel  (Mi-  (piellc  il  avail  sonliaih-  si  fo,  l  d'èli»'  uni. 
fnni,  rc'pontlil-cUc,  i\c.  <'rainl(>  qno  U'.  déiiiou  J)(î   lonlivs   parts   les  cat'ioliipn-s    accoii- 

\o  Ironvanl  soil    ne  lo  fasse  sortir   «in  clio-  raient  pnnr  voir  les  saiiils  niarl,>rs  do  la  foi, 

min  (le  la  vcrilé  pour  lo  pn'cipiler  dans  une  I. es  paroles  de  coiisolalion  ipTils  leins  adrcs- 

niorl  (Mcrnello.  »  Nous    adinirAnnîs  la  foi  (;l  saicnl ,   nuMoes  aux    nlainles  (ju'ils  ne  ixiu- 

ia  oonslance  de  cclhï  gt'iUtVouso  founne  cl  no  vaienl   s'oinpAchor   (l'exhaler    contre    fours 

pi^nios  dire  autre  clioso,  sinon  :  «  La  volonté  pcrsi'cuteurs  ,    irrih'-renl   liès-foilenienl   les 

do  Ditni  soit  faite  !  «  ariens,  (|ui  d('>fi'iidir(.'nt  (jue  per.soinie  doré- 

Quaud  les  onnouiis  do  J('sus-Chrisl  virent  navanl   a[)prochAt   dos   saints    ooiifesseurs. 

(pi'ds  no  pouvaionl  corrompre  la  foi  d'ancun  Quant  h  ceux-ci,  on   les   faisait  parcourir  à 

de   SOS   serviteurs,  ils  les  resserr('rcnl  tous  niarclios  forcé-es   la  (lislance  (jui  les  s(''|»arait 

dans  do  nuM'hanles    ohaniL»ros    trùs-peliles,  du  j^iito  de  clwupie  soir,  Los  vi(!illards  et  les 

oh  on  leur  rofus.i  la  oonsolatio-i  do  recevoir  enfants  (pie  leur  faiblesse  et  la  f.iti;^n(.'  em- 

auciino  visilo;o.ir   on    donnait  (piantilii  de  pôcliaicnt  do  suivre  avec  fornu'lé,  les  njala- 

tonps   do  hAion  à  leurs  gardes  lorscju'ils    le  dos,  étaient  l'objet  dos  plus  indignes  traite- 

soulfraiiMil.  Mais   de   plus,  comino  les  lieux  monts  :  on  les  piipiait  avec  des  javelots,  on 

où  l'on  avail  ronferiné  les  saints  étaient  très-  leur  jetait  dos  pierres  pour  les  forcer  h  mar- 

étroils  ,   ils   s'y   trouvaient    réduits    h    être  cher  vite  ;  (juanl   à  ceux  qui   ne  pouvaient 

comme  di'S   troupes  do  sauterelles  ou  pour  ])lus  maichor  du  tout,  on  ordonna  aux  Man- 

parlor  phis  pro|>roinout,  connue  dos   grains  res  (}ui  les   conduisaient  de  les  attacher  par 

d'un  froment  tros-|)nr,  entassés  les  uns  sur  les  jtiods  et  de  les  traîner  connue  on   fait 

les  a'itros.  Et  ou  n(;  leur  [>ennottail  |)as  d'on  dos  bûtes  mortes  qu'on  mètie  à  la   voirie, 

sortir  i)Onrsatisl"air(>  aux  nécessités  delà  na-  Bionttjt,  les  habits  étant   déchirés,  les  ron- 

lure,    de  sorte  qu'il  s'y  forma  une  corrup-  ces,  les    pierres  déchiraient  la  chair,  et  de 

lion  dont  la  puanteur  iîisnppoitable  surpas-  bingues  traces  de  sang  maïquaient  l'alfreuse 

sait   tous  les  autres  genres  de  supplices.  A  route.  Aux  uns,  quand  les  chevaux  s'em- 

poine  pi^mos-uous   obtenir,   dit  >'i(tor,  par  portaient,  les  i)ierres  brisaient  la  tête  ou  les 

de    grands    présents   que    nous   fimos  aux  membres. Quand  on  fut  arrivé  au  désert  où  on 

Maures  qui  les  gardaient,  d'aller  visiter  ces  les  conduisait,  on  les  nourrit  avec  de  l'orge 

saints  durant  que  les  ^'andalos  dormaient,  et  comme  on  en  donne  aux  chevaux  ;  plus  tard, 

e'i   entrant  nous   enfoncions  dans  l'ordure  on  leur  ùta  mome  ccti.e  nourriture, 
jusqu'aux  genoux.  Alors  on  vit  l'accomplis-         Victor  de   Vite  accompagnait  ces  saints 

soiuoîitdo  cotte  [larole  de  Jérémie  :  «  Ceux  confesseurs  de  la  foi  ;  quand  on  le  lui  per- 

(|ui  ont  été  élevés  délicatomont   sont  main-  mit,  il  revint  à  Caithage,  où  il   fut  témoin 

tenant  plongés  dans  le  fumier,»  d'une  nouvelle  abomination.  Cyrila,  patriar- 

Après  qu'ils  eurent  passé  quelque  temps  che  arien,  ri>is|)irateur  de  tous  les  crimes 

on    cet  état,  les    Maures  leur   diront  enfin  dHunéric,  lui  persuada  que,  s'il  voulait  que 

avec  un  grand  bruit  de  se  préparer   pour  son  règne  fût  heureux,  il  fallait  qu'il  exter- 

achever  le  voyage  qu'on  leur  avait  ordonné  minât,  dans  ses  Etats,  jusqu'au  nom  des  ca- 

do  faire.  Ils  sortiront  lojour  du  dimanche  on  tholiques.  li  demanda  une  conférence  :  Hu- 

Tétat  que  l'on  se  peut  imaginer,  après  avoir  néric  donna  un  édit  dans  lequel  il  disait  que, 

croupi  si  lo  igteinj>s  dans  une  telle  corrup-  désolé  de  voir  la  division  régner  entre  les 
lion.  Los  Maures  ne  laissaient  pas  néai-  chrétiens  de  ses  Etats  ,  il  voulait  qu'une 
moins  de  les  maltraiter  encore  en  les  me-  conférence  eût  lieu  pour  mettre  tout  le 
nani,  et,  au  milieu  de  tant  de  maux,  ces  il-  monde  d'accord,  et  qu'il  ordonnait  que  tous 
lustres  confesseurs  cliantaienl  avec  joie  au  les  évèques  catholiques  s'y  rendissent.  Saint 
Soigneur  :  «  Tous  vos  saints  vous  gloritient,  Eugène  présenta  un  mémoire  dans  lequel  il 
mon  Dieu,  en  cette  journée.  »  Le  bienheu-  disait  que,  comme  il  s'agissait  de  la  foi,  il 
reux  Cyprien,  évoque  dUniziber,daus  la  By-  désirait,  pour  accepter  celte  conférence,  quo 
zacène,  les  consolait  d'une  manière  admira-  toutes  les  autres  Eglises  y  fussent  aussi  invi- 
blo,  car  il  les  aimait  tous  comme  s'ils  eussent  tées.  C'était  un  concile  que  voulait  le  saint  évè- 
élé  ses  propres  enfants.  La  compassion  qu'il  que.  Hunéric,  qui  voulait  absolument  exé- 
avait  de  leurs  soulfrances  lui  faisait  verser  cuter  son  détestable  dessein,  lui  lit  répondre 
des  ruisseaux  de  larmes.  Si  on  le  lui  eût  per-  par  Obade  ,  qui  gouvernait  sous  lui  tout  le 
mis,  il  se  serait  rendu  le  compagnon  do  leurs  royaume  :  «  Assujettissez  toute  la  terre  à  mon 
peines,  et  aurait  donné  pour  eux  sa  propre  empire,  et  alors  je  ferai  ce  que  vous  me  de- 
vie,  comme  il  avait  employé  ses  biens  à  les  mandez.  »  Saint  Eugène  représenta  qu'oQ 
assister;  et  étant  déjà  de  coeur  et  par  sa  vertu  lui  demandait  une  chose  impossible,  au  lieu 
confesseur  du  nom  de  Jésus-Christ,  il  ne  d'\me  très-facile  qu'il  avait  proposée.  «  Car 
cherchait  que  l'occasion  d'être  associé  à  tant  tout  ce  que  je  dis,  ajouta-t-il,  c'est  que  si  le 
DicTioNN.  DES  Perskcitions.  IL  41 


1*01 


VAN 


V\N 


iï?î 


roi  <l(^sirc  ronn;\tIre  notro  f«»i,  qui  osl  la  scnic 
vf^ritablo,  il  n'a  qu'h  mander  ceux  qui  sont 
dnn*;  ces  scnlinuMit'î.  JtVrirni  aussi  ,'i  mes 
ronfrôres,  et  parliruli^renicTit  à  rEj^lisp  ro- 
maine, qui  est  le  chef  de  toutes  les  E-çUses; 
et  ainsi  nous  pourrons  tous  ensemble  vous 
d(^eiarer  quelle  est  la  foi  que  nous  tenons 
tous.  —  ^  ous  vous  <^;.ialez  donc  an  roi  mon 
inaifre,  repartit  (^hailo?  —  Nullement,  r«''[)on- 
dit  Eiiiï(-ne  ;  mais  pnisque  notre  cause  est 
celle  de  toute  l'H^Iise  catholique,  je  puis  de- 
niandiT  que  toute  cette  E^li.se  rc/onde  avec 
nous.  » 

Hunéric,  qui  n'avait  cherché  qu'une  occa- 
5ion  de  persécution,  tourmenta  de  diverses 
manières  les  plus  lialules  parmi  les  évèques 
catholiques.  Donatien  avait  été  banni,  pour 
1.1  sei  onde  fois,  dans  un  lieu  appeh''  A'ibiane. 
Avant  d'v  ùtre  r.'^l»''ij;ué,  il  avait  rrM-u  cin- 
quante coups  de  bAton.  Préside  de  Safetule, 
dans  la  Byzar^ne,  fut  relc^ué  au  infime  lieu. 
Mansuel  d'At'ut.  (iermain  de  Pérédame,  Fi- 
litiose  d'A;j:a;ar,  furent  bannis  au  môme  en- 
droit. Il  dMV'ndit  qu'aucun  catholique  man- 
geAt  avec  les  ariens. 

Félix,  qui  venait  d'être  élové  h  la  papauté, 
en  vovant  ce  que  souffrait  l'Eglise  (rAiri(|ue, 
écrivit  h  ce  sujet  aux  l('';.^als  qu'il  avait  k 
Constantinople  auprès  d;;  l'empereur  Zenon. 
Celui-ci  prit  h  cneur  cette  alfaire,  et  envoya 
des  députi''S  h  Huiiéric  ,  mais  ils  ne  purent 
réussira  rien. 

Cep-ndint  les  t^è  {'ics  avaient  consenti  h 
la  fatale  conférence  :  on  les  y  Oal  traîné  en 
cas  de  refus.  La  conférence  était  déjh  ou- 
verte depuis  plusieurs  jours  :  on  n'avait  c(?- 
pendant  paih"  encore  ûc  rien,  parce  (lueHu- 
néric  voulait  intimider  les  défenseurs  de  la 
foi.  Il  lit  emprisonner  et  mfxirir.  pour  des 
crimes  supjtos'S,  plusieurs  évè(pies.  Le|)lus 
célèbre  est  saint  Lœlus,  qu'd  (it  brû'er  vif. 
La  confiMcnc»  conimença  enlin  ri'elhnnc  t 
le  5  fi'vrier.  Les  catholiipies  avaient  noiumi' 
dix  d'entre  eux  pour  prendre  la  parole  au 
nom  de  tous  les  aulre-^.  Cyrila  arriva  avec 
SOS  satellites  et  d.'s  soldat*,  et  monta  sur  un 
trAne  riche  et  élevé,  les  catholiques  restant 
debout.  Il  snmltlait  venir  ccinnuc  .juge  et  non 
pas  comme  nieiubre  d'une  contérence.  Les 
cathiliipies  alors  demandèrent  «piel  serait  le 
juge  chaciié  d'examiner  ce  qui  se  dirnit  de 
part  et  d  autre  ;  alors  le  secrétaire  du  roi 
prit  la  parole  et  dit  :  «  Le  patriarche  C.yrila 
dit »  Les  catholiques,  indigiii's.  deman- 
dèrent de  (piel  droit  Cyrila  prenait  un  tilre 
qui  lui  appartenait  si  peu  ;  alors  les  nriens 
firent  taraud  bruil.  Les  ca  holiipies  deman- 
dèrent qu'au  moins  le  |)euple  liU  ju.;e  de  ce 
qui  .«îe  (lirait  de  part  et  d'autre  et  (pi'on  le 
laiss.U  entrer.  Tli  ii  loin  d'y  ct»nseiilir.  les 
nriens  liient  donner  cent  cou^'fs  de  bAton  à 
tous  les  laïques  qui  étaient  présents.  Saint 
Eugène  s't'cria:  t  Voyez,,  mon  Dieu,  de  quelle 
nnrU)  on  no»is  opprime,  et  soyez,  leju^i*  d(>s 
violences  que  nos  persécuteurs  nous  font 
.^oiilfrir.  n 

Ensuite  les  catholiques  demandèrent  h 
Cyrila  de  vouloir  bien  préciser  les  questions 
.^ur  lesquelles  il  d<''sirait  qu'on  enlrAI  en  dis- 


cussion. Il  s'excusa,  disant  qu'il  ne  parl.-il 
l)as  latin.  Le  fait  est,  et  on  le  lui  dit,  qu'il 
articulait  un  mensonge.  Enfin,  on  en  vint 
au  mot  consuhslnnliel,  (pie  les  ariens  veil- 
laient absolument  qu'on  hnir  montrât  dans 
l'Ecriture  sainte.  Voyant  hs  catholiques 
mieux  préfiarés  h  lui  répondre  qu'il  ne  l'a- 
vait su[»posé,  Cyrila  évita  par  toutes  sor:es 
d'artiliecs  de  leur  laisser  le  temps  de  parler. 
Les  ariens  publièrent  que  les  catholiques 
avaient  tout  brouillé  par  leurs  violences. 
Hiinéric  onlonna  dès  lors  que  toutes  les 
églises  catholi(pies  ,  h  partir  du  7  février, 
fussent  fermées  dans  Carlhage. 

Les  catholifjues,  rpii  avaient  prévu  les  vio- 
lences qu'on  leur  ferait  dans  l'assemblée, 
avaient  rédigé  un  écrit  contenant  l'exposi- 
tion entière  de  leur  foi,  et  non  contents  do 
l'avoir  présenté  aux  ariens  dans  le  cours  de 
la  conférence,  ils  le  leur  envoyèrent  encore 
pir  quatre  des  leurs,  le  18  février  :  Viclor 
de  Vite  a  inséré  cette  pièce  dans  son  His- 
toire de  la  persécution  dL-s  Vandales.  L'écrit 
ne  fut  pas  présenté  au  roi,  il  ne  le  fut  (pi 'h 
ses  évoques,  c  qui  revient  absolument  au 
même.  Les  ariens,  ayant  lu  l'écrit  des  catho- 
liques, entrèrent  en  fureur,  et  ne  jurent 
soutfrir  que  leurs  adversaires  y  prissent  le 
titre  decatholiques.  Ils  persuadtVent  de  nou- 
veau h  Hunéric  (jue  les  catholi<]ues  fuyaient 
la  conférence  et  troublaient  tout  par  leur 
mauvaise  volonté. 

.Mors  le  roi  publia  son  édit  de  persécu- 
tion générale,  daté  du  2'*  ou  2o  de  février. 
Dans  cet  édit,  ilonlonne  que  les  catholifjues 
n'auront  aucune  églisi-  ,  et  ne  pourront 
s'assembler  en  (piehjue  lieu  que  ce  soit.  11 
dispose  de  leurs  églises  et  de  tous  les  biens 
(pii  en  dépendent  en  fn-eur  de  ceux  de  sa 
s.'cte.  Il  veut  que  les  évèques  soient  chassés 
des  villes,  ne  [missent  faire  aucune  fonction, 
pas  même  bajitiser.  S'ils  ordonnent  (}uel- 
(pi'un  ,  dit  ledit ,  l'ordinateur  et  l'urdonné 
payeront  chacun  dix  livres  d'or,  et  s'ils 
persisIcMil  à  soitenir  cette  ordination,  ils  se- 
ro  11  bannis.  I!  ne  viMit  pas  (jue  les  laïques 
puissent  rien  donner  ni  recevoir  entre  vifs 
ni  par  t'stamenl.  Il  y  est  dit  qu'ils  seront  dé- 
pouillés do  leurs  charges,  soit  h  la  cour,  soit 
dans  ladministratim  ;  ijuils  seront  com- 
damn(''>^  h  diverses  amendes,  chacun  suivant 
sa  condition  et  sa  fort  me,  dépouillés  de 
leurs  lïiens,  et  bannis  en  casq  l'ils  persistent 
dans  leiirreligio  i.  Les  livres  pii  soiiiieninnit 
la  doctrine  de  la  consubstantialité  doivi  ut 
èlre  brOlés,  L'édit  exceptait  de  ces  rig  leurs 
ceux  qui  1  énonceraient  ù  leur  foi. 

Le  l'juin  de  cetip  année,  avant  de  faim 
pub  iercet  édilk  (^irlhage,  Hunéric  l'envoya 
d  ms  toutes  les  prininces.  alin  qu'il  panll 
et  fit  exécuté*  partout  en  n\èine  temps.  Ainsi, 
le  même  jour  vit  toutes  les  églises  d'Afrique 
frim^vs,  et  leurs  biens  donnés  aux  anens, 
durant  (pie  les  évênues  étaient  h  Carlhage. 
On  mura  les  portes  «le  toutes  les  églises. 

Après  la  pubhc  ition  de  let  édit,  Htnéri(^ 
envoya  dans  les  maisons  rl'e  la  ville  où  lo 
He  lient  les  évêques.  leur  tit  enlever  tout  ce 
qu'ils  posH^laient ,  ne  leur  laissant  ni  cho- 


1203                                 VVN  VAX                                  H"4 

val,  ni  sorvilrMir,  pas  iiir^iiic  d'Imliils,  liiti-inis  *  Jure/,  (put  \(»iis   il.siit  /  ipi'n;!!/*"*  l/i  rriori 

t('U\   (pi'ils  jwaiciil  sur   eux.   l'Jisiiilc   il  Irs  du  ini,  iiolic  iiiailic,  IIiIi|<'tic,  soi   lils,   lui 

lit  cliavscr  (le  la  villi',  avec  ([(''rcii^c  à  luiil  hî  suc.  rilc  à  K-i   (••Mirniirir,  cl  mic  nul  (!••  voiiH 

monde  d  '   les  rcrevoir,  di'  les  lo;-,'i'r,  de  Icin*  n'écriiM  /niciHH' Icllic  dans  (es  pays  d  oiilro- 

ricn  l'oininr  ponr  leurs   hesid-is.  (.)  licon  pie  nier;  rar  pourvu  (pie  vous  le  juriez,  Sa  Mn  - 

l'ei^l    l'ail  liai!    iiieMaci'   d'iMre  liiillé  vif  .ivec.  ,i<'slé  vou-i   H'Ialilii/i  dans  vos  ^'•^lis(■s.  »  l'Iii- 

toute  sa  faiiiillo.  Tous  ces  prélals,  (|  oiijiie  sieurs  évi^ipics,  dniil  la  piélé  «'"lait  plus  siiri- 

n''diiils  à  mendier  leur  eNisleiifi-,  r('vsnlineiil  pie,  crurent    pouvoir   faircf  (te  seriiniil,  iio- 

de  ne  pas  s'éloigner,  parce  (pu- s'ils  l'eussenl.  nolistanl  la  déleiisi'  ipie  Ji^sus-rinisl  Inil  du 

lait,  on  les  «'lit  ramenés  de  force,  el  lesaiiiins  jiu'er,  île  crainte  de  (humer  suifl  aux  lid(''!e« 

n'auraient  pas  maïupié  de  dire  ipTils  s'iMoi-  de  dire  ipie,  rmic  de  l'avoir  lail,  les  ('•vi^pies 

gnaieiil  de  crainle  liii  c(unhal.  auraiciil  (''li'*  cause  (pi'cui  i:o  leurautail  point 

Pondant  i^uo  dai  s  cel  ('tal  déploraUli»  ils  restitué   leurs  églises;   mais  d'antres,  plus 

(étaient  réduits  .^  s('jouiner  hors  des  murs  de  prmleTits  et  plus  avisés,  ju;^^earit   Itien   (ju'il 

la  ville,  e\pos('s  h  toules  les  injures  de  l'air,  y  avait  s(mis  cela  (piehnie  iiiaiic(t  cachée,  rc- 

Uuiu'ric  sortit  pour  «lier  voir  des  ré^(M•voirs.  il'us(''renl  absolument  do  |)r('^ler  co  >eriiient, 

lis  allèrent  tous  ensemble  ?»  sa  i-enco-ilre,  ot  et  dii(>nt,  poiu's'en  dispenser,  que  l'autorité 

lui  direni  :  «  (,>u 'avons-nous  donc  lait  pour  (hU'Kvan^ih;  y  ('tait  contraire,  nuisipieJésiis- 

niériler  d'(Mro   traités  de  la  sorte?  (Jnello  <ihrist  a  dit  de  sa  propre  bmiclic  :  «  Vous  no 

lanU"   avoiis-iieus  commise?  Si    on  nous   a  jurerez  point.   »  A  riieurc  hm'-uw  les  minis- 

nssemblés   pour    coih'rer ,   pouKpioi    nous  très  du  roi   tirent  séparer  d'avec  les  autres 

dé()ouille-l-on  ?    p(uu-(jnoi   nous    maltraite-  ceux  cpii  avaient  témoigné  do  vouloir  bien 

t-on?  pouripioi  ikÎus  |)iive-l-on  (1(>  nos  é.;lisis  faire  le  seiinent  ,  et  d's  tn-elhers  écrivirent 

et  de  nos   maiso'is  ?  poniupioi    nous  fait-on  leurs  réponses,  leni-  nom  el  de  cpu-lh;  vi  lo 

périr  par  la  nudité  et  par  la   faim,  0'\  nous  ils  étaient.  Ils  lii-ent  mettre  d'un  autre  côté 

chassant  hors  de  la  ville  et  nous  ré, luisant  ceux  (pii  refusaient  de  jurer,  el  nussilAt  on 

à  coucher  sur  le  fumier?  »  Ce  barl>are  les  envoya  les  uns  et  les  autres  dans  des  prisons 

rej;arda  d'un  ù}A  de  fureur,  et  sans  se  don-  séparées. 

nor  la   peine  d'écouter  ce  (jn'ils  voulai(Mit  On  reconnut  bientôt  h   quel  dessoin  Hu- 

diro,  il'conmianda  à  ses  i^ardes  h  cheval  de  néric   avait  fait   proposer   ce  serment    aux 

se  jeter  sur  eux,  ne  se  mettant  pas  en  peine  évèciuos  ;  car  l'on  vint  dire  <i  ceux  qui  vou- 

(ju'ils  fussent  estropiés  ou  tués,  lî  y  en  eut  laienl   bien   le  faire:  «  Pnis(jnc,  contre   le 

en  etlet   |)lusie.irs  ,  et  j)arliculiéremenl  des  précepte  de    l'Evangile,  vous   ôles  prôts  à 

vieillards  et  de  ceux  qui  étaient  faibles,  qui  jurer,  le  roi  vous  défend  de  voir  jamais  vos 

furent    forluiés,   (jui   em-ent   des   membres  églises,  el  vous  relègue  dans  les  fermes,  oîi 

brisés  el  horriblemenl  coiilus.  Ion  vous  donnera  de  la  terre  h  cultiver  ; 

Ensuite  on  ordonna  à  tous  ces  saints  dvê-  mais   à  condition  que    vous   ne  chanterez 

ques  do  seriMidre  au  temple  de  la  Mémoii'o  :  point,  que  vous  ne  prierez  point  avec  d'au- 

ils  ne  se  doutaient  pas  du  guet-apeiis  (pi'on  très,  cjue  vous  n'aurez  aucun  livre,  que  vous 

leur  tendait.  Ce  temple  n'était  autre  chose  ne  baptiserez,  n'ordonnerez  et  ne  réconci- 

(|u'une  ruine  de  cel   ancien  édifice  que  h.'s  lierez   personne.  Et  quant  à   ceux  qui  n'a- 

\andales  avaient  détruit.  Quand  ils  lurent  vaient  pas  voulu  faire  le  serment,  on  leur  dit  : 

réunis,  on  vint   leur  présenter  un  papier  «  Vous  ne  voulez  pas  jurer,  parce  que  vous 

j)lié,   en  disant  ces  mots  évidemment  ins-  ne  désirez  pas  que  le  fils  de  notre  prince 

pires  par  le   diable  :   «   Quoique    noire   roi  règne  après  lui  :  c'est  pourquoi  on  vous  re- 

Hunéric  soit  fort  mécontent  de  ce  que  vous  lègue  en  l'île  de  Corse,  où  vous  travaillerez 

avez   jusqu'ici    résisté  au   commandement  à  couper  du  bois  pour  les  vaisseaux  de  Sa 

qu'il  vous  a  fait  d'embrasser  sa   religion.  Majesté.  »  Il  est  remarquable  que  ce  jirince, 

néanmoins,  pour  vous  témoigner  qu'il  lui  qui   servait  de  prétexte  h  la  persécution  de 

reste  de  la  bonté  [lour  vous,  il  vous  promet  l'Eglise,  esl   ce    même  Hildéric,  qui,   élant 

de  vous  renvoyer  dans  vos  églises  et  dans  pai'venu  à  la  couronne  près  de  quarante  ans 

vos  maisons,  pourvu  que  vous  juriez  d'exé-  après  la  mort  de  son  père,  lui  rendit  entiè- 

cuter  ce  qui  est  contenu  dans  cet   écrit.  »  rement  sa  liberté.  » 

Tous  les  évè(iues  répondirent  :  «  Nous  avons  Dans  la  Notice  d'Afrique  il  n'est  question 
toujours  dit,  nous  disons  encore,  et  nous  ne  que  de  quarante-deux  évèques  relégués  dans 
cesserons  jamais  de  dire  que  nous  sommes  la  Corse.  Elle  en  met  trois  cent  ceux  relé- 
chrétiens  ot  évoques,  et  que  nous  tenons  gués  ici,  dit  le  texte.  Quelques-uns  l'enten- 
l'unique  et  véritable  foi  apostolique.  »  Après  dent  de  Constantinople.  Mais  avec  Constan- 
cette  confession  de  lour  foi,  on  demeura  tinople  on  joindrait  encore  tout  l'Orient.  Il 
durant  quoique  temps  de  [)artot  d'autre  dius  est  plus  croyable  q^ie  ces  trois  cent  doux 
le  silence;  el  ensuite  ceux  qui  parlaient  de  la  évêqucs  étaient  ceux  qui  avaient  consenti  à 
part  du  roi  commencèrent  à  les  presser  de  prêter  serment,  et  qui  furent  relégués  en  di- 
faiie  le  serment  qu'on  leur  demandait.  Sur  vers  endroits  d'Afrique.  Quanta  ceux  qui 
cela  les  évoques  Hoitidan  et  Valontinien,  ne  sortirent  pas  d'Afrique,  Hunéric  les  ban- 
diront  au  nom  de  tous,  et  avec  tous  :  «  Smn-  nit  assez  proche  des  églises  dont  ils  avaient 
mes-nous  donc  des  bêles  brutes,  pour  jurer  été  dépouillés,  s'imaginant  |)ar  là  leur  ron- 
ce qui  est  dans  un  écrit  sans  savoir  ce  qu'il  dre  leur  exil  plus  sensible,  et  les  forcer  plus 
contient?  »  Aussitôt  les  députés  leur  mon-  aisément  à  renoncer  Jésus-Christ.  Parmi  eux 
trèrent  ce    captieux    écrit,   le(inel  portait  :  fut  le  saint  évoque  Fauste,  dont  il  est  parlo 


HO.i 


VAN 


VAN 


isrc 


d«ns  la  \io  do  saint  Fulji<nri>.  II  l'-lail  évf- 
mio  (l;n)>i  la  Bv/n(»'no.  ProlialtlciiM'iit  f}uo 
c  est  Fau>tt' ,  évt'^que  île  Préside.  Il  «''lait  rr- 
]r^\i6  dans  le  diocèse  Mutité,  lieu  que  nous 
ii»>  pouvons  i'i(li(|nt>r.  A|)r("'s  la  ino  l  d'Hii- 
nt-rio  il  y  fonda  un  nionaslrre  ;  lO  lut  là  (jue 
saint  Fuliieni'p  alla  vivre,  en  so  retirant  du 
monde.  Les  saints  évèijues  Horlulan,  Flo- 
rentiuienou  Florentien.  ijui  avaient  deniandi' 
si  on  les  prenait  pour  des  hrutes  en  voulant 
leur  faire  jur(M-  une  cliose  dont  ils  ij;noraient 
le  contenu,  sont  uian|ués  au  28  novembre 
dans  A  don  et  le  Martyrologe  romain.  C'é- 
taient |)rol>;d)lenient  les  évèques  de  IJenèfc 
dans  la  Byzaeène  elde  Midite  en  Nuniidic. 
>'ictor  de  Vite  ,  compte  vingt-huit  évù(iues 
qui  évitèrent  la  persécution  en  preimiit  la 
fuite.  On  estime  ([ue  lui-même  fut  de  ce  nom- 
l»re:  nous  en  parlerons  |>lus  tard.  On  a  vu 
déjà  que  0'i'"'i<*'i  dUrci  dans  la  Proconsu- 
laire, se  relira  à  Edesse  dans  la  Macédoine 
et  quil  y  était  encore  en  W7.  L'évéque  Ra- 
linien  tle  la  llyzacène  était  réfugié  ,  en  l'.in 
500,  dans  une  petite  île  voisine  de  la  Sicile, 
où  il  se  livrait  avec  une  grande  ferveur  aux 
exercices  d-*  la  vie  monastique.  Il  est  proba- 
ble, daprès  la  notice,  qu'il  y  tu  eut  ipiatre- 
vingt-liuit  qui  succombèrent  et  qui  cédèrent 
nialheureusemciî  aux  e\i,;.:onces  d'Hunéric: 
»ar  elle  dit  (ju'ils  sont  péris.  Or,  si  cela  eût 
du  s'entendre  de  la  mort  du  corps,  on  so  se- 
rait exprimé  avec  |ilus  de  respect  sur  le 
compte  lie  ces  saints  confesseurs,  qui  alors, 
étant  entrés  dans  la  gloire  de  Jésus-Christ, 
Auraient  mérité  (pi'on  dit  d'eux  autre  chose 
que  ce  mot  :  ils  sont  péris. 

Nous  n'avons  pas  jusqu'ici  parlé  des  souf- 
frances du  saint  évèipie  Habeldeum  de  Ta- 
mallume  dans  la  Bvzacèue.  On  dit  ([u'il  fut 
hatifii  (iaiis  une  vilfe  nommée  aussi  famal- 
iume.  Il  faut  eioire  (ju'd  y  a  eu  confusion 
dans  «-es  i.ouis  de  villes  ,peut-étre  y  avait-d 
drux  villes  de  ce  nom  dans  la  Rvzacènr); 
«•el  e  oij  le  saint  fut  i'elt'>j;ué  avait  ouiu-  évè- 
que  un  arien  nonuné  .Antoine,  célèbre  par 
.«i»'s  cruanlévs  inouïes  envers  les  catholiques, 
quoi(pie  pourtant  tous  les  ecclésiasli(pies  de 
.sa  siM  te  ,  évèques  ou  prétn-s  ,  se  montras- 
sent tous  également  cruels  envers  leurs  ad- 
versaires, de  façon  même  (pi'ils  dl''[>.■^ss.lient 
îiouscera|)[iorl  Huilerie  lui-même.  Cet  lionime 
fit  altacliiT  Ilaheldi'um  et  lui  lit  fermer  la 
b'UK  lif  pour  (pi  il  ne  pi1t  crier  ;  alois  d  versa 
.sur  lui  de  l'eau,  et  piéieiidit  l'avoir  n  bap- 
tisé: [MUS,  il  lui  dit  :  «  Maintenant  vous  ap- 
pailciir/.  à  ma  rrligion  ;  vous  voilà  chiétien, 
et  vous  ne  s.iuiir/.  dcsoiniais  tlésnbéir  il  la 
volonté  du  roi.  »  Le  saint  répond  l  avec  gé- 
nérosité :  f<  pour  que  la  culpaliiliti'  existe,  il 
faut  (pi'il  y  ait  conscntiuie  il  de  la  volonté; 
or,  vous  m'avez  fcmiéHa  bouche,  je  n'ai  pu 
protester  de  vive  vuu  ;  mais  j'ai  protesté 
dans  mon  c«i.'ur  (lontie  vos  indignes  violen- 
ces. »  Après  cela  Ilabetdcum,  voulant,  pour 
éviter  le  scandale  que  son  silence  aurait  pu 
produire,  prolester  ostensiblement,  s'en  vint 
trouver  le  roi  Ilunéric  h  Carlliai^e.  et  lui  pré- 
senta un»!  reipiélo  i-xlrêiiiemenl  »  nergiipie, 
ilans  laquelle  il  se  plaignait  d's  indigues  trai- 


tements que  les  persécuteurs  faisaient  subir 
à  lui  et  aux  autres.  HirK'ric,  pour  toute  ré- 
ponse, l'envoya  aux  évêipies  ariens,  qui,  lui 
dit-il,  avaient  tout  pouvoir.  On  croit  que  les 
A'aiidales  linirent  par  le  f.iire  décapiter. 

Hunéric  ne  se  contenta  pas  de  bannir  tous 
les  évéques  ;  il  voulut  étendre  la  persécution 
sur  tous  les  catholiipies  et  faire  un  grand 
nombre  de  martyrs,  même  narini  le  peuple, 
par  les  divers  supplices  qu'il  faisait  endurer 
à  toutes  sortes  de  personnes  pour  les  con- 
traindre d'être  ariens.  Ainsi,  avant  mémo 
que  les  évoques  eussent  été  conduits  en  exil. 
il  envoya  en  même  tem[)s  des  bourreaux 
très-cruels  dans  t)utes  les  provinces  de  l'A- 
frique, afin  qu'il  n'y  eût  aucune  maison  ni 
aucun  li(Mi  qui  ne  retentît  de  cris  el  de  plain- 
tes ;  car  ils  avaient  ordre  de  n'épargner  ni 
âge  ni  sexe,  mais  seulement  ceux  qui  seré- 
souilraient  de  faire  tout  ce  qu'il  voulait. 
Pour  obéir  donc  à  cet  ordre,  ils  assommaient 
les  uns  h  coups  de  bâton,  pendaient  les  au- 
tres ou  les  brûlaient. 

Il  y  avait  des  ^'andaIes  disposés  de  tous 
côtés  sur  les  chemins  pour  arrêter  les  pas- 
sants, et  les  aiiuiier  A  leurs évêques qui, après 
leur  avoir  fait  pcrilrc  la  vie  de  l'âme  pir 
leur  faux  baptême,  leur  en  dnnnaienl  par 
écrit  un  cerlilicat.  (ju'on  pouvait  appeler  le 
certilicat  de  leur  daiuiiation  et  de  leur  perte, 
afin  qu'ils  pussent,  avec  cet  acte  aller  partout 
sans  lien  craindre.  Sans  cette  attestation  pnr 
écrit,  ni  marchand  ni  aucun  autre  n'avait  li- 
berté d'alh>r  nulle  part.  Ainsi,  on  voyait  .'c- 
com|dir  à  la  lettre  ce  (pie  Jésus-Christ  dit  à 
saint  Jean  dans  l'Apocalypse  :  7/  ne  sera  per- 
mis d'acheter  ni  de  vendre  quà  ceux  qui  por- 
teront sur  h'  front  et  dans  la  main  le  carac- 
tère de  la  be'tc. 

Les  bourreaux  envoyés  de  tous  côtés  par 
Hunéric  n'é[>argnai(>nt  pas  les  femmes  plus 
que  les  homiiies,  el  ei.core  moins,  princi|)a- 
lement  ctdies  (pii  étaient  de  plus  grande  con- 
dition. Contre  les  lois  de  la  nature  et  de  la 
>udeur,  ils  les  dépouiliaienl  toutes  nue>  »  l 
eur  faisaient  soulFrir  en  public,  au  milieu  de 
mille  touriuinits,  une  ho'ile  (pii  leur  était 
beaucoup  plus  insupportable  que  les  tour- 
ments mêmes.  Le  tyran  lit  donner  aux  Mau-r 
res  (pii  étai(nit  [>aiens  tous  les  monastèies 
d'hommes  et  de  vierges  avec  ceux  (pii  les 
habitaient,  ce  q^i  semble  néanmoins  n'a- 
voir |>as  éli'  exercé  parhuil  ,  puisque  sainti» 
Mavime  était  encore  Mère  de  beaucoup  de 
vierges  e;i  487. 

Les  évê(pies  et  les  ecclésiastiques  arit^ns. 
eiicnre  plus  cruels  (pie  leurs  l.iKpies,  comme 
nous  avons  déjà  dit,  couraient  parloul  l'épéo 
à  II  main  pour  |>ers(''cuter  h  s  callioli(pies. 
Leurs  viobnices  tirent  sortir  quehp.es  cor- 
beaux de  l'arcne  de  l'Eglise,  mais  leur  nom- 
bre n'égala  pas  celui  des  colombes  (pii  y  de- 
nu  uièreiil  attachées.  C'est  pounpioi,  alin 
d  augmenter ,  au  moins  en  apparence ,  le 
n(Uiibiedes apostats, ils  (Muployaient  la  même 
illusion  dont  Antoine  s'était  servi  à  l'égard 
d'Habetdeum.  Car  les  évèijues  et  les  prêtres 
aruMis,  accompagnés  de  gens  armés,  cl  |K)r- 
tanl  tout  ensemble  l'eau  et  le  fer,  nllaicnl 


I 


«i07 


VAN 


\  \N 


liO» 


\i\  IMlil  loiit  ^  rciitoiir  (les  vill.t^i'S  et  tlfS 
bourgs,  («iidaicnl  dc'  U>\rv  dims  les  iiinisoiis 
|)Our  y  V(tl(M'  ri  rrtvir  l(<s  Aiiirs,  «>l  soil  (pi'ils 
iionv.issciil  les  |ii'isi>n'ii'S  (''vcillri's  ou  cii- 
dtinnics  ,  ils  les  jiiTds.iiciit  de  <t||i'  r.iii  sa- 
crih^^r,  leur  i»'lai»Mil  sur  lt<  nirps  (^ucliiuc 
liu^i^  ou  (|Ufli|nt>  lialtit  Itl.iiic.  ,  cl  puis  avec, 
(les  caresses  ilc  tlciiinii  ,  ils  les  saliiaic'il 
roMuuo  (l(<  vrais  cliriHiens  cl  rKinine  leuis 
l'I'ères  ,  léiU(ti^;ii,iii(  pai"  là  iiu'ils  i'ei;ar(l;iiciil 
cux-iiu'^UM's  U'ui'  rclij;i(>ii  pliilùl  chiiuik!  une 
l»(ilili(|uc  cl  uii  jeu  (|uo  corunie  un  eulle  siu- 
{.(•Vi^  cl  sérieux  de  la  luajeslé  divine. 

Kulre  ceux  sur  (pii  ils  (>\eiraieiil  celle 
iiii|)i(Mé  ,  les  siiuples  cl  les  lAchcs  s'inia^i- 
iiaieiit  (pie  l'on  «vail  accompli  eu  eux  un  sa- 
crilège (pii  souillait  leur  Ame,  cl  ci(»_vanl 
avoir  élu  faits  ariens,  ils  lo<levenaicut  eUcc- 
tivemoul.  Mais  les  |»lus  linlMles  se  réjouis- 
saient de  ce  (pit>  tout  ce  (pi'ou  avail  iail  con- 
tre lourgré  no  leiu' pouvait  nuire,  et  no  lais- 
saient pas  de  léiiioi;j;uer  en  diverses  niani(>- 
res  l'horreur  cl  la  lituileur  (pi'ils  avaient  du 
sacrilégo  (|u'on  avail  prétendu  conunctlro. 
JMusieurs  se  jetaient  h  l'Iioure  même  de  la 
cendj-e  sur  la  télé  ,  d'aulrcs  so  la  couvraient 
d'un  cdice,  d'autres  do  boue,  et  tous  avec  une 
loi  vive  déchiraient  les  linges  dont  on  s'<î- 
tail  servi  dans  celle  aclion  et  les  jetaient  dans 
des  cioacjues. 

Victor  de  Vite  vit  exercer  devant  ses  yeux, 
à  Cartilage  une  violence  de  celle  nature.  Cy- 
rila,  leur  prétendu  patriarche,  Ut  arracher  un 
enfant  de  se[)t  ans  d'entre  les  bras  de  sa  mère 
qui  était  une  dame  de  condition  ;  elle  cou- 
rut après  ces  ravisseurs  ,  au  milieu  de  toute 
la  ville  ,  les  ciieveux  épars  et  l'eid'ant  criait 
de  toute  sa  force  :  k  Je  suis  chrétien  1  Je  suis 
chrétien!  Ces  impies  lui  fermèrent  la  bou- 
che et  iiloiigèrent  celte  petite  innocente  créa- 
ture dans  l'eau  de  leur  taux  baptême.  On  fit 
la  même  chose  ,  comme  nous  verrons,  aux 
enfants  de  saint  Libéral.  11  y  a  des  martyro- 
loges qui  mettent  ces  enfants  au  nombre  des 
.saints,  le  22  mars. 

L'appréhension  des  horribles  violences  des 
ariens  lit  que  plusieurs  j)ersoniies  de  l'un  et 
de  l'autre  sexe  s'allèrent  cacher,  les  uns  dans 
des  cavernes  et  les  autres  dans  des  déserts 
où  on  ne  pouvait  les  découvrir.  Comme  ils 
y  manquaient  de  tout,  ils  mouraient  de  faim 
et  de  froid  après  avoir  soutîert  mille  autres 
incommodités,  mais  avec  cette  consolation 
et  ce  témoignage  que  leur  conscience  leur 
rendait  d'avoir  conservé  à  Jésus-Christ  une 
inviolable  foi.  On  trouva  entre  autres  dans 
une  caverne  de  la  montagne  de  Zique  le  corps 
de  Crescone  ,  prêtre  de  la  ville  de  Myzente, 
qui  était  déjà  tout  corrompu.  Quelques  mar- 
tyrologes marquent  sa  fête  le  23  mars.  On 
ne  trouve  rien  de  la  ville  de  Myzente;  quel- 
ques manuscrits  ra|ipellent  Quize ,  et  on 
croit  que  c'est  une  ville  de  la  Césarienne. 

Toute  l'Afrique  était  donc  alors  dans  l'af- 
iliction  et  dans  le  deuil.  Ce  n'étaient  partout 
que  cris,  que  gémissements  et  que  larmes, 
qui  ne  faisaient  néanmoins  qu'allumer  dans 
les  catholiques  une  ardeur  générais,  mais  vive 
et  parfaite,  de  mourir  pour  Jésus-Chrisl.  Plu- 


sieurs pt-rsoiiiii-s  di-  ipialiti-  il  di-  di'-luiclion, 
qui  a\.iii'nl  de  uramle-,  possessions,  ne  |ju- 
laiicèrcnt  pas  h  donner  la  tcTre  pour  lu  ciel. 

cl   ils  ahilidoinèiejil    mêiiie    ^énéreiiseuienl 

n\\\  peisiM  iili'ui  s  leurs  (  orps  avec  tous  leurs 
hiens.  Keaucoiip  de  daines  illustres,  nonobs- 
tant la  laililesse  de  leur  coiiipl 'xion,  rein- 
poiléreiil  de  uloiieiix  lropliéesd,iiisce>  saillis 
coiiilials  où  elles  ruicnl  l)atlues  de  V(Tr;ns  ù 
l.i  vue  de  loul  le  inonde,  pour  faire  honte  i\ 
la  iialnre,  el  lonrmeiiir'es  par  divi'ises  sortes 
desiipplices.  Ouanlilé'de  (lelits  enfants  mémo 
S(!  miMpièreiil  de  ees  édils  de  inorl,  et  liié- 
|>i  isèreni  h>  monde  avant  que;  d'être  (•nlré.s 
dans  SOS  voies  Iroinpeuses.  lOnliri,  on  ne  sau- 
rait C(»ncevoir  h;  nombre  des  mailyis  rpie  lit 
c<'lleperst''culioii.  L'Afrique  seule,  (pii  les  en- 
voya au  ciel,  pourrait  eu  rendre  témoignage 
aussi  bien  (pie  la  main  de  J(''siis-Cliri>l,  (pii 
leur  distribua  à  tous  des  couronnes  immor- 
telles. 

('<'tle  alfreus)»  recrudivscence  (h;  la  persé- 
cution lit  plusicnirs  saints  martyrs  ,  parmi 
les(|uels  siint  M.ijoric ,  saint  Serve,  sainte 
^'icl()ire,  sainte  Deiiyse  et  |)lusieirs  .iiilres. 
{y'oy.  leurs  articles.)  Puis  vint  après  saint 
Victorien  ,  proconsul ,  et  ses  deux  frères. 
Mais  i-ien  ,  dans  cette  aiïreuse  persécution, 
n'est  [il us  célèbre  (pi(>  ce  qui  eut  lieu  à  Ti- 
pase ,  dans  la  Mauritanio  Césarienne.  Les 
ariens  y  nommèrent  évê(iue  un  nommé  Cy- 
rille, qui  avait  été  secrétaire  du  roi,  ou  plu- 
tôt do  leur  patriarche  Cyrila.  Quand  on  sut 
cl  ïipase  l'ordination  de  cet  évê({ue,  toute  la 
ville  fut  dans  la  désolation  :  les  liabitant.'» 
se  mirent  en  mer  pour  se  retirer  en  Espagne, 
à  l'exception  d'un  fort  petit  nombre  de  per- 
sonnes qui ,  n'ayant  }m  trouver  moyen  de 
s'embarquer,  furent  forcées  de  rester.  D'a- 
bord l'évêque  arien  employa  les  promesses, 
puis  les  menaces,  pour  faire  changer  ceux 
qui  étaient  restés;  mais  Dieu  les  rendit  tel- 
lement forts  qu'ils  ne  purent  aucunement 
être  ébranlés  :  ils  s'assemblaient  secrète- 
ment dans  une  maison  où  on  célébrait  les 
divins  mystères.  Le  courage  de  ces  fidèles 
babitants  est  d'autant  plus  digne  d'éloges, 
que  Réparât ,  leur  évè(pie  ,  avait  ai)0slasié. 
Voyant  ce  courage  invincible,  l'évêque  arien 
en  fit  avertir  le  roi ,  qui ,  entrant  dans  une 
grande  fureur,  donna  l'ordre  qu'on  fît  as- 
sembler tous  les  habitants  de  la  province 
dans  la  ville  ,  et  qu'on  coupât  la  main  droite 
et  la  langue  jusqu'à  la  base  à  tous  les  ca- 
tholiques. Cela  fut  exécuté;  mais  jiar  la 
grâce  du  Saint-Esprit,  dit  Victor  de  Vite,  ils 
gardèrent  et  ont  encore  l'usage  de  la  parole. 
Bientôt  après ,  deux  marcbands ,  nommés 
tous  deux  Frumence,  furent  martyrisés  glo- 
rieusement à  Cartilage  ,  ainsi  que  saint  Li- 
béral, médecin,  et  saint  Libérât,  abbé.  {Voy. 
leurs  articles.) 

Après  que  saint  Eugène  eut  été  banni, 
tous  les  ecclésiastiques  de  Carthage ,  au 
nombre  de  cinq  cents  ,  eurent  à  souffrir  la 
faim  et  d'indignes  traitements;  puis  ils  fu- 
rent envoyés  en  exil ,  saus  en  excepter  les 
enfants ,  qui  étaient  lecteurs.  Les  noms  do 
tous  ces  saints  martyrs  sont  restés  ignorés, 


IÎ03 


VA^ 


VAN 


1300 


à  l'exception  ue  ceux  des  sflinls  confesseurs 
Snliilairo  cl  Miiritte.  luii  «Trcliidi.icre  cl  l'au- 
Ire  .  (lisent  les  nvjils  do  Vict-r  do  Vile,  lo 
premier  apr^s  lei.  11  no  faut  pas  passer  sous 
silence  la  lil)erté  géiu^reuse  que  Miirilte  lil 
l»araîlre  sur  lous  les  auîres  lors<fti'nn  les 
touimenl.iil  au  milieu  de  Carlhag-.  Flpidi- 
fore.  l'un  des  plus  cruels  e\é(  uteurs  de  la 
fiireu'-  du  Ivran  ,  avait  été  choisi  pour  faire 
soulïrir  h  ces  saints  confesseurs  de  Jésus- 
Christ  toutes  sortes  de  supplices.  Il  avait  été 
l)aplisé  par  les  catfioli((ues  dans  l'église  de 
Fausle  ,  et  .Muritte  l'avait  reru  au  sortir  des 
fonts  :  mais  depuis  il  avait  quilli''  la  foi,  et  nul 
autre  n'était  si  acharné  ([ue  lui  îi  persécuter 
l'Eglise  de  Dieu.  Afirès  que  les  |»rètres  eu- 
rent élé  tourmentés  l'un  aiirès  l'autre,  et 
ensuite  l'archidiarro  Salutaire,  o!i  fit  venir 
Murille.  parce  qu'il  était  le  second  en  ordre. 

Lors((u"on  nllait  dépouiller  ce  vénérable 
viediard  pour  l'étendre  sur  le  chevalet,  il 
tira  les  linges  dont  il  avait  autrefois  couvert 
Elpidifoie  au  sortir  des  fonts  .  les  d'plova 
atin  que  chacun  les  vil,  et  adres>a  la  parole 
à  cet  apostat  (|ui  était  assis  sur  son  tribunal, 
tout  transporté  de  ra;.;econtie  les  défenseurs 
de  la  vraie  foi  :  «  Voici ,  ù  Elpidifore  ,  vous 
qui  êtes  le  minisire  de  l'erreur,  voici  d 'S 
linges  (|ui  vous  accuseront  d  'vant  la  majesté 
de  Dieu  ,  lors(ju"il  viendra  juger  les  hom- 
raes.  Je  les  ai  gardés  avec  soin  pour  être 
contre  vous  un  témoignage  de  l'apostasie 
(jui  vous  précipitera  daris  l'abiuie  de  feu  et 
do  soufre.  Ces  linges  qui  vons  ont  environné 
lorsque  vous  êtes  sorti  |)ur  de  l'eau  du  ba|»- 
téme ,  redoubleront  voire  supplice  quand 
vous  serez  enseveli  dans  les  llnmmes  étei^ 
nelles.  »  Ces  paroles  tiienl  fondre  en  ph'urs 
toute  la  ville ,  et  il  ajouta  encore  [«lusieiirs 
autres  ch  ses  de  celte  force,  sans  qu'lMpidi- 
fore  ,  qui  sentait  déjà  dans  lo  feu  dont  sa 
«"onscience  le  bnVail,  l'ardeur  des  feux  éter- 
nels, osAl  répondre  un  seul  mot. 

Quan(l  l'ordre  eut  été  dnnné  d'eiivovor 
les  conlessinirs  en  exil,  ils  partirent  do  (Jar- 
thage  [)réparés  à  toutes  sortes  de  rigueurs, 
saiis  que  la  vue  de  l'exil  si  cruel  au((uel  ils 
étaient  condamnés  les  ]\ùl  ein[)é(hor  do  se 
réjouir  en  Dieu.  Ils  furent  bannis  en  un  lieu 
fort  éloigné,  et  avant  qu'ils  y  arrivassent  ou 
envoya,  h  la  persuasiim  (Jes  évèijues  ariens, 
des  liouuues  violents  et  impitoyables  pour 
leur  ôler,  avec  une  cruauté  barbare,  le  peu 
<le  vivres  nue  la  compassion  d'  s  ehrétiens 
leur  avait  donnés.  Sur  (|ui>i  chacun  d'eux 
disait  et  di'  tout  S(m  cieur  :  «  Je  suis  sorti 
nu  du  venir»'  de  ma  mère  ,  et  je  m'en  vais 
tout  nu  eu  e\i|  :  Duni  sait  bien  nourrir  ceux 
qui  ont  faim  et  vêtir  bs  nus  dans  le  désorl.  » 
Deux  frères  vandales  qui  ,  dès  le  règne  de 
Gcnsi-ric  ,  avaient  diverses  fois  été  eonfes- 
.seurs,  abandonnèrent  toutes  leurs  richesses 
pour  suivre  ces  ecclésiastiques  dans  leur 
exil ,  et  leur  mèro  eut  aus>i  assez  de  courage 
pour  faire  la  même  rhoso.  L'Eglise  honor^- 
tous  ces  saints  conjiuntenx'Ut  avec  saint 
l'Eugène  leur  rhef,  le  l'ijuillol,  dans  les  mar- 
tyrologes d'I'suard  et  d'Adon,  cl  tians  quel- 
ques autres. 


Il  y  avait,  comme  nous  avons  dit ,  entre 
ces  ccc!ésiasti(p)cs ,  beiucoup  d'enfanls  lec- 
teurs que  l'on  élevait  ainsi  dès  le  bas  Age 
dans  le  clergé,  pour  les  rendre  c  qiabhs  d'en 
remplir  un  jour  les  premières  charges.  Nous 
on  avons  déjà  vu  d'autres  dans  cette  his- 
toire, dit  Victor  do  Vile,  (  l  nn  en  trouve  do 
même  plusieurs  exem()les  d.ins  l'Eglise  d'O- 
rient, comme  de  saint  Eulhyme  ,  qui  fui  fait 
lecteur  à  trois  ans  par  l'évéque  de  Mélitène. 
Cet  endroit  seul  de  Victor  suftit  pour  mon- 
trer qu'ils  étaient  regardés  comme  du  corfs 
du  clergé  ,  et  assurément  on  ne  les  bannis- 
sait (pie  par  cette  seule  raison. 

De  ce  grand  nombre  donc  que  l'on  exilait 
avec  le  reste  du  clergé  de  Carthage ,  un 
nommé  Teucaire,  alors  apostat,  qui  avait 
élé  lecteur  et  leur  maître,  en  (il  séparer 
douze  qu'il  savait  avoir  meilleure  voix  et 
avoir  mioix  appris  le  chant.  Ces  enfants 
voyant  qu'on  les  voulait  séparer  des  autres 
confesseurs  et  les  faire  retourner,  conjure  ^t 
nie  telle  crainte  de  loiiib  r  dans  les  |)réci- 
pices  de  l'erreur,  (pi'ils  embrasNTiont  avec 
soupirs  et  avec  larmes  les  genoux  de  l.urs 
coMipagnons  ,  ne  voul.int  point  absoiumer  t 
les  (luiller.  Mais  les  hérétques,  mettant  l'é- 
l)ée  à  la  main  ,  les  lirèrenl  par  force  et  les 
rameiièroîit  à  Carllwge, 

On  usa  d'abord  clo  caresses  envers  eux 
pour  les  gagner  comme  d  s  enfants,  mais  ils 
liront  voir  (ju'ils  nT-taienl  [)oinl  enfants  et 
(pie  leur  cœur,  érluré  de  la  lumière  de  l'E- 
vangile, ne  s'endormait  point  dans  les  om- 
bres de  la  mort.  Les  ariens,  plus  irrités  que 
confus  ,  les  déc.hirèrenl  à  force  do  b-s  fouet- 
ter, et  peu  de  jours  après  ,  avait  (jue  leirs 
plaies  fussent  guéries  ,  ils  leur  en  tirent  de 
nouvelles,  non  plus  avec  des  verges  n.ais  a 
grands  coups  de  b.Uon.  Dieu  losfortili.i  m'-a  i- 
moins  de  telle  sorie  (pie  la  faiblesse  de  leur 
<^ge  ne  succoinbi  |  oint  sous  les  tourments, 
et  leur  es,  rit  s'alfermit  nu  contraire  de  plu> 
en  plus  dans  la  foi.  (Carthage  les  hoiiore 
maintenant,  dit  Victor,  avtM- une  alfeclion 
non  |)aretHe ,  et  regarde  comme  les  douze 
apiUres  celle  lrou[)e  de  douze  )tnmes  enfants. 
Ils  (hniieurenl  ensemble,  mangent  oixemiile, 
chantent  ensemble  et  glorilient  \o  Seigneur 
ensemble.  Ces  douze  enfants  sont  marij  .es 
par  ipichpies-uns  au  nombre  des  s.»inls  K- 2."t 
mars. 

Ainsi  que  nous  l'avons  vu  déjà  ,  Huu' rie 
n(^  traitait  pas  mieux  ceux  des  Vandales  (pii 
étaient  calholiipies  (pie  les  autres  :  on  ne 
p(Mil  mieux  faire  ii  i  «luo  de  s'en  tenir  au  ré- 
cit d  '  Victor  de  Vile. 

fl  IMusiiMirs  d'entre  eux,  dit-il,  étant  con- 
vertis, (bnueuièrent  Irès-ferines  dans  la  loi. 
Ou  ne  saur\it  exprimer  les  diverses  sortes 
de  tourments  que  les  autres  \  andales  leur 
lirtnit  soulïrir.  Quand  on  s'arrêterait  à  ce 
(pli  s'est  passé  scuhnuent  à  Carthage,  on  ne 
pourrait  |ias  mémo  taire  unolisle  toute  sim- 
ple des  noiiiN  d(\s  iiislrumenls  ([u'^n  (Miiplova 
[tour  les  tourmenter.  Les  ciTels  en  parais- 
sent encore  mainl(Mianl  aux  yeux  de  tous, 
dit  Victor,  car  on  \oit  les  uns  sans  mains, 
les  autres  sans  yeux,  les  autres  sans  pieds. 


ir,(ii 


\AN 


N  V.N 


Coi 


les  /iiili'cs  sans  nez  <'l  sans  oii-illi-s,  t-l  tl'jiu- 
Ircs  ont  Im  I(M(>  cnruncri' dnns  les  (''pinili'S  îi 
forcer  d'avoir  v\{S  snsprndns  cm  l'air  par  Ifs 
mains;. n  luuil  des  maisons, où  ilsscrvaiciit  do 
iourl  à  CCS  Iiarhati's  ipii  se  les  punssaicMil 
les  ins  niix  nnires.  OiiclipH'fnis  les  cordes 
o''i  ils  (  Inicnl  allarln-s  se  rompaieiil  ,  cl, 
eoiume  ils  iondtaieiil  de  lorl  liant,  pliisieius 
se  ('.■issairiit  la  l(Me,  d'aiilics  se  crcvaienl  les 
von\,  d'antres  se  hrisaieni  les  os,  et  ainsi 
cxpiiaiont  sin'-l(>-eliamp  on  Itienlôl  après. 

.(  (Jne  si  (pn'hni'n'i  considère  cela  comnn; 
une  fahie,  coMtuinc  >'icl(»r,  il  n'a  (pi'à  s'en 
informer  (ITrane  ,  (pii  était  alni-s  and)assa- 
denrdo  l'empereur  Zenon  anprès  d'Ilnnéric, 
car  la  plupart  de  ces  cli(»ses  su  sont  passées 
CMi  sa  pr(''scnt'c,  parce  (jue  s'cl  inl  vnnlé,  lors- 
(|u'il  ariiva  h  Caitlia^e  ,  ([u'il  vcnail  en  l'a- 
vcnr  des  éj;lises  catliolitpuvs  ,  c(^  tyra'i ,  |)our 
Ini  montrer  (|u'il  ne  craii:,nail  ([ni  (pie  ee  l'iU, 
ilispos(î  plusieurs  bourreaux,  el  les  plus 
cruels  ,  (fans  l(>s  riu's  (>l  daas  les  places  par 
oh  cet  ambassadi'ur  devait  [tasser  eu  allant 
jui[)  'laisetens'cji  relournant.C'('tail  taire  nue 
étrange  iMJur(>  h  l'empire  romain  et  insulter 
bien  insolenunent  ?i  sa  l'aiblesse.  Mais  la  ré- 
volte d'illus  contre  Zenon  ,  ([ui  arriva  celle 
année  selon  Mareelliu  ,  [Kmvait  remlre  Hn- 
néric  assez  lier  [)our  no  le  craindre  en  au- 
cune t'a(;()'i.  » 

^■ict()r  n'entre  dans  des  di-tails  circnnstar.- 
ciés  qu'à  propos  de  l'Iiisloire  de  sainte  Da- 
gila ,  de  laquelle  nous  avons  déjà  |)arlé  ,  et 
dont  on  yianl  voir  l'histoire  complète  à  son 
article.  11  (>st  évident  ,  d'a|)rès  ('c  que  nous 
dit  Victor  de  \"itc  de  celte  persécution,  qtie 
jamais  aucune  ne  fut  |)lus  cruelle,  [)as  même 
celle  de  Diocléticn.  Elle  s'étendit  jus([u'à  la 
Sardaigne  et  au\  autres  îles  que  possédaient 
les  ^'an(lales.  1!  ajoute  ([ue  (icnséi'ic  persé- 
cuta violemment  les  catholiques  [xu'tout  où 
il  j)orta  ses  ravages ,  de  sorte  qu'on  [)eut 
considérer  les  Vandales  et  leurs  princes 
nioins  encore  comme  des  cnneniis  de  l'em- 
pire romain,  comme  des  ennemis  des  catho- 
liques, que  connne  des  monstres  acharnés  à 
détruire  le  geme  humain. 

Les  horribles  cruautés  que  commettaient 
les  A'amiales  ne  pouvaient  [)as  rester  impu- 
nies :  les  clameurs  des  saints  [Kn'sécutés,  la 
voix  de  leur  sang  réjiandu,  montaient  au 
ciel  et  appelaient  les  vengeances  de  Dieu. 
Elles  ne  se  tirent  pas  attendre  :  l'Afrique  fut 
fra[)pée  d'une  elfroyable  sécheresse  qui  dé- 
vora tout  ce  que  la  terre  a  de  biens  et  de 
richesses  dans  ses  moissons.  Tout  fut  sé- 
ché, brûlé;  les  bestiaux  moururent,  et  bien- 
tôt les  hommes,  privés  de  nourriture,  pâles 
squelettes  errants  sur  un  sol  dévasté,  mou- 
rurent aussi  dans  le  déses[wir,  après  avoir 
é|)uisé  les  d(!:nières  el  tristes  ressources 
([ue  la  faim  leur  faisait  trouver.  Chacun 
quittait  sa  bourgade  ou  sa  campagne,  imagi- 
nant qu'ailleurs  il  trouverait  (Je  l'eau  pour 
étancher  sa  soif,  du  [)ain  [)0ur  se  nourrir. 
Cartilage  était  pleine  de  ces  émigrants  et  de 
toutes  [)arts  on  y  accourait  encore.  Ces  mal- 
heureux faméliques  jalonnaient  de  cadavres 
les  chemins  où  ils  [lassaient,  et  la  ville  elle- 


nx'^nie  cl  ses  environ'»  en  élincut  n  iiqiliK. 
I,es  c.lwicals  cl  les  aulrcH  ïtdlus  iûiinvn  nu 
siiliisan-nt  pas  h  dév(»rer  ceU<'  proie  que  la 
famine  leiu- jetait  :  l'air  en  était  infecte.  Ilu- 
néri(; ,  craignant  i|U(j  l/i  pcsl(j  envalill  Car- 
tilage ,  donna  l'ordre  h  ces  mallienreiix  do 
s'en  rctiniriier  t(Mis  aux  lieux  d'où  ils  vc- 
luiient;  presipie  tous  ifiourureiil  en  route. 
La  d('\solali(iii  l'-tait  an  comble.  I.e  ^rand 
nombre  d'esclaves,  (|ui  était  la  forlnur?  dcu 
riches,  deviiil  alors  iiii(!  cause;  d'allreuse  mi- 
sère; chaiini  renvoya  les  sien.s  ,  ne  jxiuvanl 
h's  nonnir.  Ces  iiil'orlunés,  crraril  dans  les 
camjiag'ies  ([u'ils  [larciuH-aient  [lour  gagner 
un  sol  on  fi'it  la  lil)erl('',  mourin-eiil  dina'ii- 
lioi  sur  la  terre  d'csclavai^e.  Ce  fut  ainsi  quu 
|)éril  le  plus  grand  nombre;  do  ces  mallicu- 
renses  familles  (|U(î  (ienséric  avait  enlev('ci 
sur  tous  les  |)oints  (](•  l'empire.  C'est  ainsi, 
disent  les  auteurs  du  tenijts,  (pie  Dieu  inniit 
les  [lersécuteurs.  Seiilemcnt  ils  ne  (lisent 
[)as  ([ue  les  malheureux  |)ers(''(ulés aient  ùiù 
exem|tts  d(»  ces  eH'royabl"s  désaslies. 

Au  milieu  d(!  celle  désolalion  ,  Hunéric 
conlinuait  à  persécuter  violemmenl  les  ca- 
lholi(]ues  :  il  semblait  (jue  Dii'ii  voulût  l'en- 
lever à  l'ajjogée  du  crime.  Une  horribh- ma- 
ladie s'empara  de  lui  et  il  mourut,  dit  Victor 
de  Vite,  ilévoré  |iar  les  vers.  Quoi([u'il  eût 
fait  tant  d'eUoi-ts  et  de  cruaulés  [tour  laisser 
la  couronne  à  son  lils  Hildéric,  Dieu  se  mo- 
qua de  ses  desseins  :  il  eut  donc  [)0ur  suc- 
cesseur Ciontamond  ou  Ciondamond,  son  ne- 
veu, lils  de  Genzon,  que  le  [)rivilége  de  l'âge 
a[)pela  à  celte  dignité.  Ce  prince  eut  de 
grandes  guerres  contre  les  Maures  ,  dont  on 
ne  dit  point  révénement.  On  remarciue  seu- 
lement en  général  que,  durant  que  les  Van- 
dales régnaient  en  Afri(jue,  les  Maures  rem- 
[)ortèrenl  sur  eux  beaucoup  de  victoires,  se 
rendirent  maîtres  de  la  .Maui'itanie  ,  depuis 
le  détroit  de  Gibraltar  jusque  vers  la  viiled** 
Césarée  (qui  donne  hî  nom  à  la  Césarienne), 
et  occu[)èrent  encore  la  plupart  des  autres 
[irovinces  de  l'Afrique.  Néanmoins  ceux  qui 
cominan  laient  les  Maures  dans  la  Nuraidie 
et  dans  la  Byzaeène  ,  prenaient  encore  les 
marques  du  commandement  du  roi  des  Van- 
dales. 

Un  auteur  cité  par  le  P.  Cliiitlet  dit  que 
Gontamond  ,  ayant  ra[)pelé  d'exil  saint  Eu- 
gène ,  fit  donner  aux  catholiques  de  Car- 
thage  le  cimetière  de  Sainl-Agilée  ,  dans  la 
troisième  année  de  son  règne,  c'est-à-dire  en 
/i-87.  C'est  sans  doute  ce  qui  a  donné  occa- 
sion à  Viclor  de  Tune  de  dire  qu'il  avait 
rappelé  d'exil  les  catholiques  dès  qu'il  avait 
commencé  à  régner.  Saint  Isidore  de  Séville 
l'a  dit  après  lui  ;  el  [.  eut-èlre  avec  saint 
Eugène  Gontamond  rappela-t-il  encore  les 
laïi[ues.  11  ne  rajtpela  les  évoques  el  ne  fit 
ouvrir  les  églises  ({u'en  l'année  iOi. 

Saint  Eugène  fut  ra[ipelé,  comme  nous  ve- 
nons de  le  voir,  en  l'an  4-87.  Depuis  cette 
année  juseju^en  i9i-  ,  nous  ne  voyons  rien 
d'intéressant  concernant  l'Eglise  d'Afrique. 
Ce  fut  alors  seulement  que  Gontamond,  à  la 
prière  de  saint  Eugène  ,  ouvrit  les  églises 
des  catholiques  et  fit  revenir  d'exil  tous  les 


no3                       vAu  VAU                       noi 

évoques.  Ce  fut  le  10  août  quon  ouvrit  les  incaux  de  l'armée  :  on  le  dépouilla  do  ses 

églises,  environ  dix  ans  et  demi  après  ([n"Hu-  vétenit-nts  et  on  ne  lui  laissa  qu'un  morreau 

néric  les  avait  fait  fcrnier.  Après  C(»Ia  (Ion-  de  toile  pour  se  couvrir  Ns  renis.  Il  nioiirul 

tamond  régna  encore  deux  ans  ,  un  mois  tt  dans  cet  ignoble  emploi.  Quant  h  Suanès,  le 

trois  jnnrs.  Thra'^imond ,  son  frère,  lui  sur-  roi  s'enquit    de    lui    quti   était  le  |>lus  mé- 

céda.  C'était  un  prince  naturclleiuenl  gêné-  chant  de  li»us  ses  esclaves  :  ce  seigneur  va 

reux  ,  ami  des  lettres  et  studieux.  Procope  possédait    mille.   Sur  sa   réponse,  Varanes 

dit   qu'il   travaillnit  h  pervertir  IfS  cdlioli-  donna  h  cet  esclave  et  son  propre  maître  et 

ques  ,    non   par   la   rigueur  .des   su|ipli(es,  tout  ce  (pii  lui  appartenait;  il  le  maria  avec 

comme  ses  prédécesseurs,  mais  en  rioniuint  l'épouse  de  Sunnès.  Atroce  supplice,  qui  ne 

î»  ceux  (pii  changeaient  de  religion  de   lar-  put  ébranler  lecouraged\i  saint  servitcurde 

gent,  des  honneurs  ,   des  charges  et  l'impu-  Dieu.  (Voy.  Hormisdas  et  Si,\>Ès.} 

rite  des  crimes  qu'ils  pouvaient  avoir  corn-  Ce  fut  le  même  roi  qui,  en  i21.  fil  marty- 

mis.  Du  reste  il  ne   faisait  pas  semblant  de  riser  d'une  façon   atroce  saint  Jacques  ùit 

connaître  ceux  qui  ne  lui  obéissaient  pas  en  Vlnlrrcis.  [Voy.  son  article.) 

ce   point.   Mais  les  autres  historiens   n'en  VAUAZKEN,   prince  arménien  de  la  fa- 

parlent  point  de  la   même  manière.  Victor  mille  Aravéléiank,  fut  l'un  de  ceux  qui  souf- 

de  Tune  dit  cpie  ce  prince  ,  rempli  de  la  fo-  frirent  volontairement  la  captivité  pour  Jé- 

lie  de  l'arianisme,  persécuta  lescatholi((ues,  sus-Christ,  sous  )e  règne  d'Hazguerd,  deu- 

fit  fermer  les  églis;'s  et  relégua  en  Sardaigno  xième  du  nom,  roi  de  Perse,  et  qui  ne  fu- 

cent  vingt  évéques  de  toutes  les  provinces  rent  remis   en  liberté  et  renvoyés  en  leur 

d'Afri(pie.  La  vie  de  saint  Fulgence  nous  pays  que  huit  ans  après  la  mort  de  ce  prince, 

apprend  qu'avant  l'an  508,  et  ai)parcmment  sous  le  règne  de  son  fils  Berose.  (Pour  plus 

dès  le  conunencement  de  son  règne  ,  il  J(''-  de  détails,  voy.  Princes  abmémens.) 

fendait   d'ordonner  des   évèques  ;   ce  qui,  VAKDZ,   [irince  arménien    de  la  famille 

n'ayant  pas  laissé  de  se  faire,  malgré  ses  dé-  Gamsaragank,  fut  l'un  de  ceux  rpu".  comme  le 

fenses,  il  bannit  tous  ces  évèques  nouvelle-  précédent,  soulîrirent  volontairement  la  ca|>- 

ment  ordonnés,  en  relégua  plus  de  soixante  tivité  f)Our  Jésus-Christ  sous  le  règne  d'Hai- 

dans  la  Sardaigne  et  d'autres  en  divers  en-  guerd,  deuxième  du  nom,  roi  de  Perse.  {Voy. 

droits  de  l'Afrique.  Elle  recoimait  qu'il  cm-  Princfs  arméniens. 

)loyait  les  promesses,  une  feinte  douceur,  ^'AHE  ,saint),  était  soldat.  Il  remporta  la 
'adresse  et  l'artifice  pour  séduire  les  catlio-  palme  du  martyre  en  Egypte,  sous  l'empe- 
iques  ,  mais  elle  assure  qu'il  y  joignait  la  reur  Maxim;en.  il  était  allé  visiter  sept  moi- 
terreur  pour  les  y  contraindre,  de  rudes  per-  nés  qu'on  avait  mis  en  prison  et  subvenait 
sécutions  et  le  reste  de  ce  qu'on  pouvait  at-  h  h^urs  besoins.  11  voulut  prendre  la  place 
tendre  d'une  haine  imi)lacable  contre  la  de  l'un  d'eux  qui  était  mort,  et,  ayant  en- 
vraie  religion,  et  d'une  colère  terrible  con-  duré  avec  eux  clés  tourments  Irès-cruels,  il 
tre  ceux  qui  la  défenilaienf ,  arrêté  se\ile-  remporta  ainsi  la  palme  du  martyre.  L'E- 
ment  par  l'amour  de  sa  ré,>utation.  11  faut  glise  fait  sa  fête  le  19  octobre. 
en  effet  qu'il  fiU  étrangement  ennemi  des  VAUfiAS  (Jean  de),  de  l'ordre  de  la  Merci, 
catholiques,  puisqu'éiant  près  de  mourir,  en  naquit  .^  Xérès  dans  l'Andalousie.  Dans  le 
52i  ,  il  lit  jurer  Hildéric  ,  son  successeur,  premier  vovage  (]u'il  lit  pour  aller  prêcher 
qu'il  ne  les  rétablirait  point  et  n'ouvrirait  l'Evangile,  le  navire  qui  le  portait  fit  nau- 
point  les  églises.  frage  aux  environs  de  lile  (le  Panama.  Les 

Saint  Eugène  fut  banni  dans  les  Gaules  et  matelots  l'tMigagèrent  à  faire  connue  eux,  h 
y  mourut.  Saint  Vindenual ,  .saint  Octavien  se  dépouiller  <le  ses  vôlemenls,  afin  de  se 
et  beaucoup  d'autres  furent  martyrisés.  Nous  soiilenir  plus  facilement  sur  les  fiots  ;  mais 
trouvons  aussi  saint  Castreu.-e  et  (piolques  notre  bienheureux  refusa  par  modestie,  et 
autres  confesseurs.  On  peut  voir  à  ces  dilfé-  mit  toute  sa  confiance  en  Dieu,  (jui  l'en  ré- 
renfs  articles  les  détails  nui  les  conctTiient.  comnensa  ;  eu-,  au  moment  où  tous  les  nau- 
Thrasimond  étant  n\orl,  llildéric  lui  succéda  fragés  approchaient  de  terre,  persuadés  cpi'il 
en  52.1  et  fut  assez  juste  |>onr  laisser  entière  était  mort,  ils  l'aperçurent  priant  sur  le  ri- 
liberté  aux  catholi(pies.  Gt-limer.  son  sue-  vagi*.  II  fit  \\u  gr.nnd  nond^re  «le  conversions 
ccsseiir  en  .'i.'lO,  fut.  en  .'iSV.  vaincu  par  Uéli-  «lans  Panama,  où  soji  ascendant  devint  Irès- 
saire.  En  lui  finit  la  monarchie  des  Vanda-  grand.  Les  Espagnols  s'en  servirent  |>our  ra- 
ies ,  qui  furent  ané-antis  par  ce  conquérant,  mener  h  l'obéissance  des  esclav(>s  noirs  c^u'ils 

VAh.\NES.  roi  des  Perses,  monta  sur  le  avaient  fait  venir  du  Cap-^'e|•t  et  des  côtes 
trAne  en  i20,  après  la  mort  de  son  père  Yes-  d'Afrique,  et  cpie  leurs  mauvais  traitements 
«lerlgerfl.  Il  continua  la  persécution  que  ce  avaient  portc's  h  s'enfuir.  Ils  s'étaient  joints 
prince  avait  commencée  contre  les  chrétiens,  aux  corsaires  anglais  et  hollandais,  avec  les- 
Les  detix  premiers  martyrs  que  nous  trou-  (juels  ils  ravageaient  les  («Mes  des  posses- 
vions  sons  lui  sont  saint  Hormisdas  et  saint  sionses|  agnolos.  Notre  bieidieureux,  accom- 
Suanès;  encore  ne  devraient-ils  avoir  que  le  j>agné  d'un  seul  Espagnol,  les  alla  donc  trou- 
titre  de  confesseurs,  car  ils  m*  furent  pas  mis  ver  sur  la  niontagne  de  Vallano.  Il  com- 
h  mort,  mais  eurent  h  soulfiir  dos  tour-  mença  par  célébrer  l«>s  divins  mystères,  et 
nients  dont  la  bizarre  cruauté  caractérise  les  (pudiques  noirs  y  accoururent  au  son  de  la 
persécutions  des  rois  de  Perse.  Hormisdas.  cloche.  Le  lendemain  ils  vinrent  en  plus 
llls  de  satrape,  homme  d'une  grande  dis-  grand  nond)re,  et  au  bout  de  quelques  jours, 
tinclion,  fut  condamne  è  conduire  les  clia-  Jean  les  ayant  amenés  au  repentir,  ils  se 


i:.o:; 


VAIl 


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<lis|)ns(>n>ii(  h  roloiirncr  au|U('»s  de  leurs  m/i!- 
trtvs,  sur  l'assiiiviiicc  ipril  li<ni- iloiiiui  t\uh 
l'uvriiir  ils  s(>iiin'iil  hiin  tiaili'-s  :  il  ne  res- 
tait plus  qu'h  (li^teriiiiiier  le  jour  du  (h'part, 
l(trs(Hie  nriiilaiil  la  messe  (|iie  (  l'Ii'-lirail  no- 
tre liieimeureiu,  niie  Iroiipe  espn^iioh»,  <|ui 
if;tiorait  sa  mission,  vint  surnreiidrn  les 
noirs  et  en  Ina  unelqiies-uns.  (.eiix-ci,  [ter- 
suadcVs  (lue  le  niissioiuiaiio  les  avait  Iroui- 
i)tVs,  se  jrlùrent  sur  lui,  ratla(l)t''rent  h  un  ar- 
l)re.  oil  il  servit  de  l»iM  à  l((urs  llèelies  eni- 
|)()isonnéos.  Ils  le  pendirent  ensuite  et  ne 
prireid  la  fiiili'  <|u'aprù.s  s'Oln»  assurés  do  sa 
mort,  l'n  mois  après,  le  conseil  do  Panama, 
})lein  du  désir  ih'  coiniaîlre  lo  n'-sullat  de  la 
niission  do  Joan  do  Varias,  envoya  unocoiu- 
lia^nie  de  soldats  h  la  découverte.  ('eu\-ci 
trouvèrent  lo  corps  du  martyr  aussi  irais  ot 
aussi  vormoil  (|ue  s'il  venait  d'expirer,  ot  lo 
transporlèrent  h  Panama,  où  plusieurs  mira- 
cles eurent  lieu  sur  son  lumbeau.  Les  noirs 
ayant  appris  l'innoconcc  do  leur  mission- 
naire, et  vu  l(>s  miracles  (pii  s'opéraient  |)ar 
son  intercession,  viiu-ent  d'eux-mêmes  se 
soumollro  îl  leurs  maîtres.  Le  martyre  de 
Jean  de  Vargas  eut  lieu  sur  la  lin  du  xvi' 
siècl(>. 

VAllTAN,  prince  de  la  maison  de  Mami- 
f:;onien,  commandai I  le  soulèvement  national 
de  l'Arménie  chrétienne,  au  v'  siècle,  contre 
la  loi  de  Zoroasfre,  ipie  Hazguerd,  roi  des 
Perses,  voulait  lui  imposer.  Ce  fut  datis  la 
onzième  année  de  son  règne  (jue  co  prince 
se  déclara  l'ennemi  du  christianisme  et  pu- 
blia un  édit  très-violent,  (jui  sonnnait  tous 
SOS  sujets  do  suivre  la  loi  de  Zoroaslro. 
L'Arménie,  qui  avait  été  partagée  entre  les 
Romains  et  les  Perses,  et  qui  était  chré- 
tienne, protesta  hautement  et  refusa  de  se 
soumetire  à  cet  ordre.  Hazguerd,  furieux  de 
cette  résistance,  dicta  à  son  grand  chancelier 
un  manifeste  fiar  leciuel  il  ordonnait  nomi- 
nativement à  dix  princes  de  ce  pays  de  se 
rendre  immédiatement  à  la  cour.  Ces  dix 
])rinces  étaient  :  A'artan,  prince  de  la  maison 
de  Mamigonien;  Vassag,  de  la  maison  de 
Sunik;  Nerchabouh,  de  la  maison  d'Arzrou- 
nik  ;  Ardag,  de  la  maison  de  Richedunik  ; 
Katechau,  de  la  maison  Korkorounik;  Ardag, 
delà  maison  Mogli;  Manegli,  de  la  maison 
d'Abahonnic;  Valian,  de  la  maison  d'Aba- 
dounik;  Kide,  de  la  maison  de  A'ahevounik; 
Chemavon,  de  la  maison  d'Andzevazik.  Us 
arrivèrent  à  la  cour  de  Hazguerd,  et  n'y  fu- 
rent point  honorés  du  cérémonial  ordinaire. 
Le  roi  leur  jura  par  le  soleil  que  si  le  len- 
demain matin  ils  n'adoraient  point  cet  astre, 
il  leur  forait  subir  les  plus  grands  supplices. 
Us  lui  demandèrent  si  leur  religion  les  avait 
empêchés  de  le  servir  avec  fidélité,  et  mieux 
peut-être  que  leurs  ancêtres,  qui  avaient 
rendu  tant  de  services  aux  siens.  Mais  Haz- 
guerd, pour  toute  réponse,  les  lit  charger  de 
chaînes.  Bientôt  un  eunuque  de  la  cour,  qui 
était  chrétien  à  l'insu  du  prince,  vint  leur 
dire  en  secret  que  les  habitants  du  couchant 
avaient  déjà  dévasté  plusieurs  provinces  de 
l'empire  persan  ;  que  le  roi  ayant  dès  lors  un 
grand  besoin  d'eux  et  do  leurs  forces,  ils  fei- 


Kniss«»fit  (h>  so  rondro  h  son  onirnit,  et  (pi'il 
s'empresserail  de  les  délivrer.  Les  dix  prnires 
arméniens  .suivirent  ce  conseil,  el  le  roi, 
plein  do  Joii?,  les  combla  d'Iioiniciirs  ol  les 
renvoya  dans  leur  pays  h  la  tête  d'uni) 
^ross(>  troupe  de  cavalerie,  et  sept  cents  nin- 
j^es  (pii  devaient  établir  lo  culte  do  Zoroaslro 
dans  r\rméiii(!  et  dans  les  provinces  otivi- 
ronnantes.  Ces  mages  commencèrent  h  [tor- 
séculor  les  chrétiens  et  h  les  l(Mirmenler  do 
tontes  les  laçons.  Les  Aiiiiénioiis  ipii  avaient 
appris  la  |)ri''tendu(!  apostasie  de  \  arlan  vin- 
rent le  trouver  nu  cnm|)  avec  leurs  évêipio*, 
et  le  sommèrent  do  leur  dire  s'il  était  chré- 
tien ou  aposlal.  Notre  prince  hsur  réprmdit 
(pi'il  avait  apostasie,  on  oirel,  mais  exlérieu- 
remont  senlomont,  afin  do  sauver  sa  vi(;  ot 
celle  des  autres  princes  ses  compagnons, 
mais  (pi'au  fond  du  ((rur  ils  étaient  toujours 
restés  lidèlos  à  Jésus-Chiist.  Los  évêfpies 
leur  donnèrent  leur  bénédiction.  Co  fui  lo 
signal  de  l'insurroclion.  Les  Arméniens  cou- 
rurent aux  armes ,  se  divisèrent  en  trois 
corps,  et  bal  liront  complétomcînl  l'armée  ([uo 
Varlan  avait  amenée  de  la  Perse.  Us  j)rirent 
la  grande  cité  d'Aidacliad,  avec  ses  bourgs, 
puis  la  ville  de  Karni,  avec  sa  forteresse; 
l'Anic,  l'Ardakorsse  et  ses  bourgs;  Jergai- 
nort  et  .\rh  uni,  avec  ses  bourgs;  Pardza- 
liougne,  Khoiaiiisde,  Dzakhanisde,  Tinacces- 
sible  Olagan,  avec  leurs  bourgs;  Arpanial  et 
A'anavan,  avec  ses  bourgs;  Kirial  et  (îaboud, 
Oroden,  Vasagachad  et  ses  bourgs.  Us  ré- 
duisirent en  esclavage  les  Persans  qui  en 
étaient  maîtres,  détruisirent  leurs  édilices 
{)ublics.  En  une  année  ils  purgèrent  ainsi 
toute  l'Arménie  du  culte  des  idoles. 

Sur  ces  entrefaites ,  l'intendant  général 
d'Albanie,  ainsi  que  l'archevêque  du  pays, 
vinrent  prier  Varfan  d'y  envoyer  une  armée, 
afin  d'en  repousser  les  Perses,  qui  venaient 
d'y  pénétrer.  Yartan  leur  dit  de  patienter,  et 
envoya  un  ambassadeur  à  Théodose  le 
Jeune,  empereur  de  Constantinople,  afin  de 
lui  demander  du  secours,  olfrant  de  se  ran- 
ger, avec  l'Arménie,  sous  sa  puissance.  Ce 
l)rince  répondit  favorablement  à  la  demande 
des  Arméniens  ;  mais  il  mourut  peu  de 
temps  ai)i'ès,  sans  pouvoir  réaliser  sa  pro- 
messe. Bien  plus,  Marcien,  son  successeur, 
loin  de  les  secourir,  fit  alliance  avec  les 
Perses,  poussé  par  ses  conseillers.  Les  Armé- 
niens ne  perdirent  point  courage  ;  ils  ras- 
semblèrent toutes  les  troupes  qu'ils  purent 
lever,  et  les  partagèrent  en  trois  corps  :  le 
premier  commandé  par  Nerchabouh  Rirapos- 
tian,  le  second  par  Vartan,  et  le  troisième 
par  Vassag,  qui  avait  apostasie  une  fois,  et 
({ui  fut  chargé  de  défendre  l'intérieur  du 
pays. 

Quand  les  deux  premiers  corps  furent 
partis  au-devant  de  l'ennemi,  le  traître  Vas- 
sag envoya  un  message  au  marzban  Sépoukt, 
où  il  lui  disait  d'alter  contre  Vartan,  qu'il 
le  vaincrait  facilement  h  cause  du  petit  nom- 
bre de  soldats  qu'il  commandait, et  que  pour 
lui  il  saurait  bien  empêcher  les  troupes  qu'il 
avait  sous  ses  ordres  de  nuire  aux  armées 
du  roi.  Lo  marzban  partit  donc  à  la  rencou- 


1507 


\AR 


YEN 


1328 


tre  dt^  Varl.in,  cl  les  deux  aniK^es  se  Iroiivè- 
rent  en  n:(^seni'f'  près  de  la  ville  de  Khnlkal, 
près  de  la  frouiière  de  (léurgie.  Après  avoir 
adressa'  imo  fervenle  [irièro  au  ciel,  les  Ar- 
méniens fondirenl  iinpétueusemenl  sur  leurs 
adversaires,  et  en  firent  une  bouelierie   ef- 
frovable.  Vartan  ap{)ril  bientôt  après  la  tra- 
liisoii  de  Vassaj^  et  ses  cruautés  conlie  les 
chr 'tieris  de  l'intérieur  de  l'Arménie.  Il  re- 
vir)i  donc;  mais  le  traître,  h  son  a;)|)roihe, 
s'enfuit  dai'S   ses   forteresses   du   Siouiik , 
dont   noire   brave   prince   se   rendit   maître 
successivement.    Vassag    envoya    alors    un 
messager  h  Hnzguerd.  afin  de  l'iustiuire  des 
îristes  événements  de   cette  campaj^ue.  Ce 
prince,  devenu  i)lus  prudent  par  l'écliec  qu'il 
venait  de  subir  é-;alemenl  dans   la  guerre 
d'Orient,  ap[)ela  la  ruse  h  son  secours,  par  le 
conseil  de  ses  favoris.  Il  combla  les  chré- 
tiens d'honneurs,  leur  rendit  leurs  pensions 
ei  lit  publi  r  u^^  édit  dans  l'Arménie,  par  le- 
quel il  oi-donnait  de  rendre  aux  disciples  du 
Cht  ist  leurs  biens  qui  avaient  été  confisqués, 
lui  relOMp  de  ces  concessions,  il  ne  deman- 
dait (fu'une  chose  :  qu'ils  le  servissent  avec 
fidélité.  Les  Arméniens  ne  se  laissèrent  pas 
prendre  k  ce  piège;  alors  Ha/guord  leva  une 
grande  armée,  dont  il  confia  ie  conuuande- 
ment  au  satrajie  .Mdiernerseh,  commandant 
et  intendant  général  de  toute  la  Perse.  Ce 
satrape  partit  pour  subjuguer  l'Arménie.  11 
s'attacha,  jiar  des  promesses  fallacieuses  et 
par  de  grands  honneurs,  le  traître  Vassag, 
qu'il  méprisait  intérieurement,  lui   faisant 
entendre  que,  pour  prix  de  son  secours,  il 
pourrait  lui  faire  obtenir  le  litre  de  roi  d'Ar- 
ménie. Poussé  par  son  amb  t:on,  ce  prince, 
traître  h  sa  (>atrie  et  à  son  Dieu,  mit  tout  en 
œuvre  pour  détacher  beaucoup  de  cliréliens 
de  la  cause  i  ationale,  et  il  gagna  un  grand 
nombre  de  nobles,  de  princes  et  d'ecclesias- 
ti(pies. 

\  arlan  ne  perdit  point  courage;  il  rassem- 
bla le  [»eu  de  Iroiqtes  ([ui  re>»taienl  sous  son 
obéissance,  et  leur  fit  une  harangue  digne 
d'un  héros;  ensuite  il  les  dissémina  en  dillé- 
renls  <'ndroils,  les  exhoitanl  h  se  |>r(''paier 
au  cond)al  |)ar  le  ieûne  et  la  prière.  Le  2  juin 
451  ,  un  samedi,  les  deux  arnuTS  s'ébranlè- 
rent et  en  vuuent  aux  mauis.  Dfs  deux  cùlés 
on  combattit  avec  une  fureur  égale.  Vartan 
fil  des  prodiges  de  valeur,  et  culbuta  même 
le  cor[»s  si  célèbre  des  Immortels.  Le  carnage 
était  ho  rible,  et  les  Perses,  bien  supérieurs 
en  nombre  ,  conunenraient  h  se  ilébander. 
Leur  général  ranuna  le  (oui âge  des  Immor- 
tels, qui  cernèrent  alors  noire  héros.  >'nincu 
par  le  nondtre,  il  l(»iid)a  couvert  de  blessu- 
res. Les  Perses  restèrent  maîtres  du  rliarrq) 
de  bataille  ;  mais  ils  n'eurent  pas  llioirneur 
de  la  victoire,  h  en  jugrr  par  h-s  considéra- 
tiou>  suivantes  :  jls  pendirent  trois  fois  plus 
de  monde  que  les  Ar menions,  qui  n«î  se  dé- 
lerrnirièroril  .'i  la  retraite  que  par  la  mort  do 
b'ur  général,  et  ajirès  avoir  vaincu  loule  la 
jouriu^e  les  Perses  sur  lous  les  points. Vnrian 
MUTile-l-il  d('  (igiuer  au  nondtr»'  des  marivrs 
lie  la  loi  chrétienne?  LvidtMiunent  oui.  Touio 
son  exi«;tence  politique  fui  consacrée  h  la 


d<  fe  ise  du  christianisme,  que  l'imiue  Haz- 
guerd  voulait  exlir|ier  dt-  l'Arménie.  Il  mou- 
rut sur  le  fhamp  de  bataille  en  héros, mar,t>-r 
tout  h  la  fois  de  la  patrie  et  de  noire  sainte 
rel  gion.  Il  y  eut  dans  sa  vie  une  grande 
faule  :  il  donna  à  la  cour  de  Perse  le  scan- 
dale d'une  aifoslasie,  bien  (ni'au  fond  son 
cœur  restiU  pur;  mais  cette  taule  fut  rache- 
téi'  [)ar  tout  le  reste  de  sa  conduite  et  par  sa 
mort  glorieuse, 

VAKTUANES,  prêtre  apostat,  eut  le  mal- 
heur d'obéir  aux  ordres  d'Aidacii-us  ,  i^rinoe 
persan,  gouverneur  d»^  l'Abiailène ,  qui  lui 
commanda  de  tuer  de  sa  main  le  saint  piètre 
Vhannin.  Cet  événement  eut  lieu  sous  le  rè- 
gne de  Sapor.  (Koy.  Nahsks.) 

VAS  ( saint),  évècpie,  soulfrit  le  martyre  à 
Casai;  on  ignore  à  quelle  époque  et  dans 
quelles  circonstances.  L'Eglise  honore  sa 
mémoire  le  1"  décembre. 

VECCHl  Horace  dej,  de  la  compagnie  de 
Jésus,  naquit  à  Sienne  en  Italie.  Il  fut  en 
voyé  par  le  P.  Louis  Valdivia,  pour  évangé- 
liser  la  trilwi  des  Elicuriens,  avec  les  biru- 
heureux  Mnrtin  d'Aranda,  \  aldivia  et  le  co- 
a  ijuteur  Diego  de  Montalvan.  Peu  d-  tem>s 
au|)nr  ivant,  le  P.  Louis  Valdivia  avait  baplisé 
trois  des  ferumes  d'Anganomon,  cacique  des 
Araucan  ^s.  Ces  femmes  s'étaient  évadées 
avec  leurs  enfants,  to.it  jeines  encore,  et  ré- 
fugiées auprès  des  Es[)agnols.  Anganomon, 
les  ayarit  réclamées  en  vain,  résolut  de  se 
venger.  Ayant  ap[)ris  le  départ  de  nos  trois 
missionnaires,  il  les  suivit  avec  deux  cents 
cavaliiTS,  et  fondât  sur  eux  au  luoruenl  où. 
ils  faisaient  leur  première  exhortation  aux 
Elicuriens.  Ils  turent  assommés  h  coups  de 
massues,  percés  de  flèches,  et  eirent  ensui  e 
la  tète  tranchée,  le  14  décembre  11312.  1)  au 
très  auteurs  [)rélondenl  qu'ayant  été  li«''S  h 
un  arbre  pour  èlre  écorclu-s  vifs,  on  leur 
arr-acha  le  ca*ur,  et  q  l'ils  furent  achevés  à 
cou  s  do  massues.  (Tanner,  Socirtns  Jrsu 
usf/ne  ad  san/juinis  rt  ritœ  profusiotiem  mili- 
lans,  p.  4l)i.) 

^  Eti.V  iJean  de),  frère  convers  chez  les 
Dominicains,  reçut  la  palme  glorieuse  du 
martyr ('  h  Valdivia  Chili:,  pour  l.i  défense 
des  saintes  images.  Les  naturels  s'élant  sou- 
levés en  16>).'i,c'»  cause  des  atrocités  (juo 
connui'tlaient  les  Espagnols,  s'enqiarèrcnt  do 
plusieurs  villes  et  couvents,  ^■aldivia  tomba 
en  leur  |)ouvoir.  Notre  bienheureux  ayant 
a  lerçu  1  un  d'eux  «|ui  nuXd.iil  do  saintes 
images,  lui  rej)ro,'ha  son  crime:  mais  le  bar- 
bire,  loin  de  l'écouler,  le  |  erç:i  de  sa  larrce. 
(Koirl.in.1.  Mnniimnila  Dominirnna,  an.  KiOo.) 

\KN.VNT  (saiîil),  mar'lyr,  cul  la  gloin*  do 
moiuir  sous  le  règne  do  rem[»iTeur  Dèce, 
pour  la  religion  chrétienne.  Ce  fut  à  Camé- 
rino  ipi  il  accomplit  son  maityre,  avec  dix 
airlrt's  de  ses  compagnons.  t)ii  prétend  qu'd 
eut  la  lèle  tranchée.  Lo  juge  (]ui  lo  condamna 
se  nommait  Antiorhus.  Dt-jà  ,  depuis  long- 
temps, les  Uomains  donnaient  des  charges  h 
des  Kcns  d'origme  étrangère.  Des  soldats  d'o- 
rrgiue  barbare  avaieni  plusieurs  fois  monté 
les  degrés  «lu  Irône  iiujn  rial.  Du  reste,  on 
sait  que  In  Palestine,  In  S^rie,  d'où  pouvait 


i:,M 


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vin 


tz\n 


(^lr(>  (-("l  Aiilidclms.nv/iiciil  (Icpiiis  loti^lcmps 
(li'o  l  (le  ('il(''.(,)M;(iiil  sniiil  N'cii.iiil  lui  iiinil.v- 
r\s6,  on  |ir(''t('iiil  ipi'il  ii'.iv.iil  i|iir  (|ni'i/.i'  a'is. 
l/l',j;lis(«  l'ail  sa  ItMc  le  IH  mai. 

\KN.\N'r  (sailli) ,  alilh-,  coiircvsa  la  lui  h 
Tours;  nous  i;.;'ioioiis  (l.ins  inicllcs  rinoiis- 
tnnros.  Il  ost  iiisciil  au  Marlyrologc  conuiiu 
K>  l.'l  ocIoImc. 

VI'INDOMI'",  ville  siturii  sur  le  l.oir.  i-st 
«uMC'hro  poi'  It's  souHVanci's  i|U"  saiiil  Hii'u- 
lu'Uic^  y  0  xlura  m  lOMtVssaiil  la  loi. 

N  ^:N^;H.\NI)  ^sailli),  au  diocrsr  (ri'lviciix, 
fut  tnarl.yrisr  pour  la  loi  clin'ticunc  en  uK^tiio 
tcuips  (|U(>  sailli  Maxiiii",  (^cViiir.  I.c  papi) 
J)auiasi',  leur  asaiil  coit't'rr  les  ordres  sacrôs, 
les  cuvnyji  pri^'li  r  la  loi  clic/,  lt>s  idol.Urcs. 
Ils  pr(\licrciil  (l'ahortl  ci  I  oiiihaiilic.où  1.  ur 
zùic  n'cul  aucun  l'csullat,  sinon  ilv  leur  alli- 
rw  (le  iioiiihrcux  lourMiciils.  Noy.int  loues 
(Mlbrls  iiilVucliKMix ,  le  diacre  \i'ii(''ia''d  »>l 
l'c»(\pu'  Maxime  viurcMl  catérliiscr  les  (lau- 
los,  «vcc  deux  saints  prOlres  nonuués  iMarc 
cl  l'illiérius.  Ils  piM^'Iu^^reut  à  Au\erro,à  Sons 
Ol  à  l*aris  ;  ils  se  diri,-:,('>reiit  onsuile  vors 
Kvrcux.  Arrivés  auprès  du  villa^^o  d'Accpii- 
^ny,  une  tioupc  d'idolAlios  les  arriMa  et  hmr 
coupa  la  liMc,  dans  une  île  formée'  par  les 
rivières  d'Euro  et  d'ilon.  Trcnle-huit  sol- 
dats convertis  jiar  les  saints  martyrs  subi- 
rent les  inèines  lourmoUs.  Kes  deux  prètros 
qui  les  avaient  accompagnés,  et  qui  avaient 
réussi  ,^  .s'échapper,  revi'irent  au  lieu  du 
su|»plico  des  deux  saints  martyrs,  et  enseve 
liront  leurs  cor|)s  dans  une  vieille  église  si- 
tuée près  do  là.  Ce  fut  un  nommé  Amalbert 
qui  trouva  <îos  ro  icpK^s,  vers  l'an  9()0,  h  Ac- 
qnigiy.  Léglise  qui  les  renfermait  tombant 
ei  ruines,  M.  de  Kocliecliouart,  évèqiie  d'E- 
vroux  on  1750,  les  lit  transférer  dans  l'église 
paroissiale.  L'Eglise  honore  la  mémoire  de 
Ces  doux  saints  le  25  mai. 

VÉNÉIIAND  (saint),  fut  martyrisé  à  Troyes 
sous  l'empereur  Aurélien.  Le  Martyrologe 
rimain  indi(iue  sa  fête  le  ik  novombre.  Sou 
histoire  est  tellement  mauvaise  ([u'il  est  iiu- 
poss  ble  d'y  rien  fonder. 

\  ÉNÉRÀNDE  (sainte),  est  mise  au  même 
jour  que  le  précédent  par  le  Martyrologe  ro- 
pain,  (|uoiiiue  le  Mariyrologc  indi(iue  qu'elle 
souffrit  sous  JMarc-Au"èle  (Aiitonin).  11  y  a 
tout  lieu  de  cro're  que  les  historiens  ont 
fait  double  emploi,  et  que  sainte  Vénérande 
et  saii.t  Vénérand  sont  un  seul  et  même  per- 
sonnage. Pierre  de  Natalibus  donne  de  l'un 
et  de  l'autre  des  histoires  invraiseaiblablos, 
mais  dont  certaines  circonstances  concor- 
dent assez  pour  qu'on  puisse  porter  le  juge- 
ment que  nous  venons  d'émettre. 

VÉNÈRE  (sainte  était  un  honuîie  d'une  ad- 
mirable sainteté,  qui  mena  la  vie  érémitique 
dans  l'Ile  Palmaire.  Il  confessa  la  foi  :  nous 
ignorons  en  quel  lieu,àquelleépoqueetdans 
quelles  circonstances.  L'Eglise  fait  sa  mé- 
moire le  1.3  septf^nibro. 

VENOUSE,  ville  de  la  Pouille,  où  saint  Fé- 
lix, évoque  de  Thit)are,fut  décapité,  sous 
remf)ire  de  Dioclétien,  en  l'année  303.  (Toy. 
FÉLIX  de  Thibare.) 

VENTUKIUS,  général  romain  sous  Dioclé- 


tien, mais  immédialemenl  souini.s  h  (î/ilère, 
|ici  s  ■(  iilail,  il'.ipi  es  les  oïdies  do  ce  dernior, 
les  clui'iiens  UNI  ('t/iienl  parmi  les  soldils 
qu'il  commanilait.  Il  les  niellait  tous  dans 
I  alleruative,  ou  de  re-wcirer  il  |(>ur  foi.  ou 
d'i^'re  (h'-clius  de;  leurs  emploi-.  Plusieur» 
soiiinireiil  le  martyre,  parce  (pi'ils  ne  voulii- 
reiil  pas  re'ioncer  h  leiu'  foi.  (yoi/.  (ivi.iiii.) 
>  l'iN  ri;S  sainl),  iiiartNiii  (iarllia^e  en  2o(), 
sous  1(!  règne  et  durant  la  porséculion  do 
roiiipeieiir  Dère.  (le  saint  l'ut  eulermé  avec 
beaucoup  d'autres  cliri'liens  dans  un  cachot 
où,  [)ar  l'ordre  do  l'omperour,  on  I  s  laissa 
l(Mis  mourir  de  faim.  iVoi/.  \i(:\uni\.)  L'I'!- 
glis(»  l'ait  la  fcle  de;  tous  ces  suints  le  17 
aviil. 

\  ENrS'I'E  (saint),  reçut  la  glorieuse  palme 
du  martyre  on  Al'ri(pie  avcjc,  sainl  li(''li(»dor(' 
et  soixante  -  (juinze  autres  dont  les  noms 
nialhourcu.somenlnesontpf)int  paiv(niiis  jus- 
(pi'à  nous.  L'Egl  se  fait  coilectiveinent  leur 
miniioire  le  0  mai. 

VIONrsriEN  (saint),  gouveriunird'Ombrio 
etd'Erurie,  sous  les  eujpoiours  Dioclé.ien 
et  Maximiori ,  s'(nn|)ressa,  dès  l'an  31)3  ,  do 
faire  mettre  h  oxécu  ion,  dans  tons  les  lieux, 
de  son  ressort,  les  édils  des  empereurs  con- 
tre les  chrétiens.  A  Assise  on  arrêta  saint 
Sabin,  éyè(|uc,  avec  ses  deux  diacres  Marcel 
et  Exupérance.  Vénustion  y  étant  venu  les 
lit  comparaitre,  et  saint  Marcel  et  saint  Exu- 
pérance, ayant  étéélen.lus  sur  le  chevalet,  fu- 
rent déchirés  avec  les  ongles  de  fer.  Ils  mou- 
rurent au  milieu  (les  su[)[)lices.  Saint  Sabji 
eut  les  deux  mains  coupées.  Plus  lar<l  ,  le 
sainl  évô((uo  rendit  la  vue  à  un  aveugle,  et 
guérit  Vénustion  lui-môme  d'un  mal  d  yeux 
qui  le  faisait  soutfiir  beaucoup.  Ce  persécu- 
teur, touché  de  ses  miracles  se  convertit.  Il 
donna  sa  démission,  ne  voulant  pas  être  plus 
longtemps  ministre  des  fureurs  sanguinai- 
res (ios  em[)ereurs.  Les  Actes  de  saint  Sabin 
portent  que  depuis  il  fut  décapité  pour  la 
foi.  Le  .Martyrologe  romain  ne  le  men- 
tionne pas. 

VEUCHIÈRE  (Elis.\beth)  ,  religieuse  du 
Saint-Sacioment  à  Bolèno,  périt  sur  l'écha- 
faud,  le  13  juillet  179i,  à  Orange,  avec  Anas- 
tasie  de  Rocard  ,  su[)érieure  des  Ursulinos 
de  Bolène  ;  Marie  Anne  Lambert ,  converse 
au  même  couvent;  la  sœur  Sainte-Françoise, 
converse  chez  les  Ursulinos  à  Car|ieitras; 
Alexis  iMincette  et  Henriette  Laforge,  reli- 
gieuse du  Saint-Sacrement  de  Bolène. 

VERDA  (sainte),  vierge  et  martyre,  mou- 
rut on  Perse  pour  la  religion  chrétienne  avec 
saint  Daniel  en  l'an  de  Jésus-Christ  3V'i.,  du- 
rant l'atroce  persécution  de  Sapor.  (Voy.  Da- 
niel, Actes  connnuns.)  Le  Martyrologe  ro- 
main marque  la  fête  de  sainte  Vorda  le  21 
février. 

VERDUN,  ville  située  dans  le  département 
de  la  Meuse,  est  célèbre  dans  les  annales  des 
martyrs  par  les  soutl'rances  qu'y  endura  l'é- 
vêque  Maur,  en  confessant  le  nom  de  Jésus- 
Christ. 

VERECONI  (saint),  évêque,  confessa  Jé- 
sus-Christ à  Vérone;  on  ne  sait  pas  à  quelle 
époque;  les  documents  authentiques  maiv- 


1511 


VER 


Vie 


1312 


quent  sur  «on  complo.  L'Eglise  honore  sa 
mt'nioire  le  22  octobre. 

VKKCiES,  rirgiT,  |)oign<'e  de  petites  bran- 
ches extrcMnciueiit  llexiblos  et  liées  ensem- 
ble. Les  blessures  occasionnées  |)ar  cet  ins- 
trument (le  su[)plice  (^talent  excessivement 
douloureuses,  mais  peu  dangereuses. 

VKIUA  (l'ancienne  Bérée),  ville  de  Macé- 
doine, vil,  vers  l'année  173i,  le  glorieux 
martyre  d'un  jeune  Français  (pii  avait  eu  le 
malheur  d'aposlasier  la  religion  chrétienne, 
et  qui  s'était  fait  mahométan.  Pris  de  re- 
mords pour  son  détestable  crime,  il  montra 
publiquement  combien  il  le  détestait.  A  Ve- 
ria,  il  n'y  avait  pas  de  prêtres  calholiques  : 
ce  jeune  honnne  confessa  son  crime  h  un 
prêtre  grec  et  reçut  la  communion;  mais  le 
scandale  de  son  apostasie  ne  lui  semblant 
pas  sudisamment  réparé,  il  voulut  se  sou- 
mettre à  une  pénitence  ostensible  :  il  se  mit 
aux  jambes  des  pointes  excessivement  pi- 
quantes, sur  la  tête  une  couronne  d'é[)ines, 
et  au  cou  une  petite  croix  ;  ensuite  il  vint, 
demi  nu,  se  montrer  on  cet  état  sur  la  place 
publique,  se  fra|tpant  à  coups  redoublés 
avec  une  grosse  corde,  et  criant  (ju'il  avait 
eu  le  malheur  d'aposlasier,  mais  (pi'il  vou- 
lait que  tout  le  monde  fiU  témoin  de  sa  pé- 
nitence. Le  cadi  le  fit  arrêter,  et  employa 
vainement  tous  les  moyens  imaginables  pour 
l'amènera  apostasicr  une  so^'onde  fois.  Priè- 
res, menaces,  promesses,  tourments,  rien  ne 
put  l'y  décider  :  il  niotitra  une  constance  in- 
vincible, et  périt  dans  les  tourments.  Ce  fait, 
glorieux  pour  le  christianisme,  est  ripporté 
dans  une  lettre  du  P.  Souciet,  datée  du  20 
mars  173V. 

V'ÉHIEN  (saint),  martyr,  mourut  pour  la 
foi  chrétienne,  sous  l'ernpire  de  Dèce,  par 
ordre  du  consulaire  Promote.  Les  Actes 
qu'on  a  de  lui  et  de  ses  compagnons,  saint 
Secondien  et  saint  Marcellin,  ne  sont  rien 
moins  qu'authcnli(jues.  Arrêté  dans  la  ville 
de  Home,  il  y  subit  divers  su|in)lices  ;  il  fut 
ensuite  envové  en  Toscane,  où  il  fut  déca- 
pité  L'E.^lisc  fait  sa  fêle  le  9  août. 

VtlUSSIME  (saint),  fut  martyrisé  h  Lis- 
bonne en  Portugal,  durant  la  cruelle  |>or.-é- 
cution  de  l'emperour  Dioelélien.  Il  eut  pour 
compagnes  de  son  martyre  ses  deux  sœurs 
MaxMue  et  Julie.  L'Eglise  fait  collectivement 
leur  fèie  le  1"  octobre. 

VEHMAND,  chef-lieu  de  canton,  ancienne- 
ment Auffusln  Vrromnnduonim.  Cette  ville 
était  considérable  et  siégod'un  ('vêché.  Ell(> 
fut  détruite  pnr  les  Huns.  Aujourd'hui  elle 
n'est  plus  .|uin  petit  village.  <:'(vsi  \h  qM(> 
Kictius  Vanis  lit  martyriser  saint  Queului, 
qu'il  avait  déjà  fait  "soulfrir  h  Amiens,  et 
(ju'il  avait  fait  amener  de  cette  ville. 

Vf;K()M:.  Vrron'i  ei  l.itin  et  en  italien, 
ville  considérable  du  royaunu-  Lombard-Vi'- 
liitien,  est  célèbre  par  le  marlvre  de  saint 
Zenon,  son  évêcpie,  soii.^  le  règne  de  (lal- 
lien.  Ce  saint  évoque  avait  gouverné  son 
Ki^lise  avci;  un  grand  courage  durant  la  per- 
so, iilion. 

vEHILK  saint),  eut  le  glorieux  privilège 
de  réj'iUKhc  son  sang  pour  la  foi,  h  Adru- 


mèle  en  Afrique.  Les  compagnons  de  sa 
gloire  furent  les  saints  Secondin,  Sirice,  Fé- 
lix, Servule,  Saturnin,  F'ortiniat  et  seize  au- 
tres dont  les  noms  malheureusement  ne  sont 
point  parvenus  jusqu'à  nous.  Leur  martyre 
arriva  durant  la  persécution  des  Vandales 
contre  la  religion  catholique.  On  ignore  la 
date  et  les  ditlérentes  circonstances  de  leur 
combat.  L'Flglise  fait  collectivement  leur  mé- 
moire le  21  fi'vrier. 

VESPASIEN  (  r//M.«f  Flavius),  empereuF 
romain,  né  l'an  8  ou  9  de  Jésus-Christ,  fut 
l'uistrunient  dont  Dieu  se  servit  pour  punir 
les  Juifs.  (Voy.  Juifs.)  Son  règne  fut  un  rè-r 
gne  de  bonheur  pour  les  Romains,  l/histoire 
a  consacré  la  mémoire  de  Vespasien  couime 
celle  d'un  des  meilleurs  princes  qui  aient 
passé  sur  le  trône  des  Césars.  L'opinion  com- 
mune est  que  Vespasien  n'a  pas  pxîrsécuté 
l'Eglise;  nous  ne  pensons  pas  qu'on  puisse 
ainsi  amnistier  com|ilétement  ce  prince  d'un 
pareil  fait.  Un  ouvrage  d'un  intérêt  puissant 
(Roma  soterranca,  1.  lu  ,  ch.  22\  qui  nous 
donne  la  description  de  Rome  souterraine, 
nous  fournil  une  inscription  dont  voiei  la 
traduction  fidèle  :  C'est  du  Christ  nue  tu  tirns 
toutes  choses,  et  tu  fais  mourir  Gaudcntius. 
C'est  ainsi,  cruel  Vcspitsicn,  que  tu  fais  voir 
ta  reconnaissance  :  mais  le  Christ  lui  a  gardé 
MM/?  place  au  ciel.  Il  est  évident,  d'après  cette 
inscri[)tion,  que,  sous  le  règne  de  Ves[)asieM, 
il  y  eut  {\es  chrétiens  persécutés.  Probable- 
ment ([u'il  y  en  eut  peu,  et  que  ceux  qui  le 
furent  soutfrirent  en  vertu  dos  lois  ancien- 
nes (celles  portées  par  Néron)  qui  leur 
étaient  appliquées.  Q\uA  était  ce  Cauden- 
tius?on  l'ignore.  Vespasien  mourut  en  79, 
laissant  la  réputation  d'un  bon  prince,  et  lé- 
guant son  trône  à  son  lils  Titus,  qui  avec  la 
pourpre  hérita  de  ses  vertus. 

VESTINE  (sainte),  reçtit  la  couronne  du 
martyre  ;\  Cailhage,  en  l'année  20).  sous  le 
règne  de  l'empereur  Si'-vère.  Elle  était  au 
nombre  des  martyrs  soillitains.  Sa  fête  a  lieu 
dans  l'Eglise  romaine  W  17  judlet.  (Pour  plus 
de  di'tails,  voij.  Spkhat.) 

VIALLE,  missionnaire  en  Cochinchine,  y 
mourut  do  misère  et  de  privations  avec 
M.  Candalh. 

VI  ANS,  ou  Vieux,  petit  village  près  d'Albi, 
où  saint  Amarand  ou  Amaranlhe  fut  marl\- 
risé  sous  l'empire  de  V'alérion,  lors  do  l'ni- 
cursion  que  le  barbare  Chocus,  roi  des  Al- 
loiua'ids,  lit  dans  les  (iaules.  où  il  lit  mour.r 
une  grande  ipianlilé  dt>  chrétiens. 

VIAI'ELIV  (saint',  évêque,  endura  do  vio- 
IfMites  tortures  h  Bm-game.  en  confessant  sa 
toi.  L'EaIiso  fait  sa  mémoire  le  1»  décembre. 

VICIOIRE  ^  sainte),  vierge  et  martyre, 
était  lianeée  à  nu  jeune  homme  nonnné  Eu- 
gèni;;  sa  soMir  An  iloli(>  l'était  h  un  autre, 
nommé  Aurélien.  Eugène  ayant  su  aiie  Vic- 
toire, par  une  dt-termination  nouvelle,  vou- 
lait deiiu'iMMT  vierge,  et  par  conséquent  re- 
noncer à  l'état  du  mariage,  pria  Anatolie  de 
la  faire  revenir  à  ses  nremiers  |)rojets  ;  mais, 
loin  que  ce  fût  Anatolie  <pii  ameuAl  \  icioire 
à  ce  qu'on  désirait  d'elle,  ce  fut  celle  der- 
nière (jui  convcriil   ^^a  sœur  ô  ses  propres 


1:>15 


vin 


vu; 


i:>\i 


iih^cs,  cl  loulcs  deux  n'vsoliirftil  de  ne  pas 
s»»  iiiarirr,  (»l  do  c()nsn(;r<>r  Icnr  vir^^iiiih!  au 
Sci^uciir.  l'infî»"-!!!',  alllifAÔ  di-  vctir  (jiic  sa 
liai)('(''(^  ]^^  (|iiilliiil,  cl  (juc  par  sa  IhiiIc 
celle  d'AiirclicM  If  laissail  aussi,  ollVil  de 
liicKi'c  \i(;l(»ii(!  cii  jii;^^i'iiicii(,  coiiiiik^  clilc- 
licmic  ;  mais  Aiin'lii'ii  s'y  rcCiisa,  et  lui  c.oii- 
fi(MlIa  d'ohlcnir  d(<  Dt'^cn  ipic  les  deux  lilles 
lotir  fiissiMil  liviérs.  |)rc(>  y  ('(niseiil il .  Vvo- 
halilemciil  (jiie  fcs  deux  jeunes  gens  élaioiil 
puissauls,  0  esl  du  moins  ce  (iiie  eello  eir- 
eonslance  lend  à  prouver.  Ils  les  men^it-iil 
loules  doux  .^  la  eampaj^^ne,  où  ils  U\[\v  (ireiit 
souffrir  loules  sortes  de  (ournienls  cl  dt;  pri- 
valions,  sans  jjouvoir  vaincre  leur  amour 
pour  la  cliasleU^.  Leurs  Arles  discul  (pj'ils 
alU^'reid  Jus(|u'à  les  orivci-  d'aliments.  INmi- 
daul  (prelles  élaienl  tlans  les  terres  des  deux 
jeunes  ^eiis,  elles  lirenl  henucoup  de  mira- 
cle;» (pii  eoiivertirenl  un  j^rand  iiondue  de 
vierges  h  .hVsus-Cluisl.  lùiliM,  par  ordre  de 
Di^ce,  (pii  a|)piil  leur  gi'uére  (S(>  o|)ini<Urelé, 
elles  furent  loules  deux  mises  à  mort.  Le 
juge,  noiunu'i  raustirnen,  n'ayant  pu  déler- 
niiner  A'icloire  ù  sa(M'ilier  ou  h  épouser  Ku- 
gùno,  lui  lit  |)ercer  le  e(LMn"  avec  une  é|)ée. 
La  jeune  épouse  du  Seigneur  mourut  sui-le- 
diamp  de  celle  blessure,  eu  l'année  250.  L'K- 
glis(>  fait  la  fêle  de  sainte  Victoire  le  23  dé- 
cembre. 

VICTOIRE  (sainte),  était  originaire  de  Cu- 
cuse.  Kilo  coid'essa  sa  foi  au  milieu  des  dou- 
leurs les  plus  atroces.  On  la  suspendit  en 
l'air  et  on  alluma  du  feu  au-dessous  de  son 
corps,  rendant  ce  tem[)s-là,  son  mari,  qui 
avait  apostasie,  lui  parlait  de  la  manière  la 
plus  cai)able  de  la  séduire.  Il  la  conjurait 
d'avoir  pitié  de  lui,  de  ses  enfants,  et  de  sau- 
ver sa  vie  en  obéissant  au  roi.  Cette  géné- 
reuse clirétienne  ferma  ses  oreilles  pour  ne 
j)oint  entendre  son  mari,  et  n'arrêta  point 
ses  yeux  sur  ses  enfants,  afin  de  tenir  son 
cœur  plus  parf;\itement  élevé  au  ciel.  Les 
l)Ourreaux,  voyant  que  ses  épaules  élaienl 
disloquées,  qu'elle  avait  la  plupart  des  os 
brisés,  et  qu'elle  ne  respirait  plus,  crurent 
qu'elle  était  morte,  et  la  descendirent.  Mais 
elle  revint  à  elle-même,  et  elle  raconta  de- 
puis qu'une  vierge  lui  était  apparue,  et  l'a- 
vait guérie  en  louchant  les  différentes  parties 
de  son  cor[)S. 

VlCTOllΠ (sainte) ,  fut  au  nombre  des 
quarante-huit  martyrs  m  s  à  mort  avec  saint 
Saturnin,  en  Afrit{ue,  sous  le  proconsul  Anu- 
lin,  en  l'an  de  Jésus-Christ  305,  sous  le  rè- 
gne et  durant  la  i)ersécution  que  Dioclétien 
suscita  contre  l'Eglise  du  Seigneur,  [Voy.  Sa- 
turnin.) L'Eglise  honore  la  fête  de  tous  ces 
saints  le  11  février. 

VICTOIRE  (sainte),  martyre,  sœur  de  saint 
Aciscle,  martyr,  habitait  avec  lui  Cordoue, 
sous  le  règne  et  durant  la  persécution  de 
l'empereur  Dioclétien.  Le  président  Dion  les 
lit  cruellement  tourmenter.  Tous  deux  cueil- 
lirent la  palme  du  martyre.  L'Eglise  fait  leur 
fête  le  17  novembre. 

VICTOR  (saint),  soldat,  fut  martyrisé  à 
Damas  de  Syrie,  avec  sainte  Couronne,  sous 
ie  règne  de  l'empereur  Marc-Aurèle.  Leurs 


Al  1rs,  dont  Hcdc  dnnn(!  ini  abrégé  dans  smi 
Martyrologe,  srml  loiri  d'avriir  les  carartèrci 
(l'.Mdlienlicilé  désnabies.  !,cs  Latins  font  la 
fêle  de  saint  \'i(-lor  le   \k  mai. 

VICl'OK  (sainlj,  pape,  (pu  mourut  en  202, 
sous  ri-iii|iiie  de  Si'Vère,  est  regardé  par 
(piel(pies  écrivains  comiiK!  mai  (\  r,  par  d'au- 
tres simpleiiicnt  comme  confesseur.  Le  doiiln 
est  au  fniid  de  cclh;  (meslii)n,  nous  n'osons 
pas  la  dt'cider.  Dans  les  addilions  du  Mar- 
tyrologes d(«  Rèdc,  f)u  trouve  ces  tiiol.s  :  /)p- 
jxisitio  sdiirli  Victoiis  rpisco/ii,  et  /xissio  Uo- 
nali  iiKirti/ris.  I*rcs(iue  lotis  les  exenipi/iire.s 
dvs  martyridoges  de  saint  Jérôme  poitent 
également  :  Dvposido  savrli  Virloris.  Il  est 
vrai  (pus  dais  la  piimilive  l-lgiis",  Irès-soti- 
ve'il  on  donnait  le  nom  de  conlessetirs  aux 
martyrs;  mais  ce  ipii  ici  contiibiie  ,'i  nous 
faire  croue  tpi'à  profios  dt;  saint  Victor  co 
mot  n'avait  pas  la  même  signilicalion,  c'est 
l'opposilidii  qui  s(>  trouve  dans  Rède.  Saint 
Victor,  Africain  dt;  naissance;,  succéda  <à  saint 
Eleiilhère  en  193;  il  combatlil  avec  vigueur 
les  hérésies  nombreuses  qui  s'élevèrent  do 
son  temps  :  ainsi  il  excommunia  Théodolo 
de  Ry/ance,  tpii  prêchait  h  Rome  que  Jésus- 
Chiisl  élail  un  homme.  Peu  de  tenqis  après, 
un  nonnné  Montan,  qui,  ayant  aspiré  aux 
premières  places  d(î  l'Eglise,  avait  vu  son 
ambition  déçue ,  devint  enthousiaste  par 
sinle  d'orgtieil.  Deux  femmes  de  mauvaise 
vie,  Priscille  et  Maximille,  imitant  ses  excès 
et  ])arlageant  ses  erreurs,  se  joignirent  à  lui. 
Il  prétendait  avoir  le  don  de  prophétie,  se 
disait  supérieur  aux  a[)ôtres,  et  disait  qu'il 
avait  reçu  le  Saint-Esprit  promis  par  Jésus- 
Christ  pour  perfectionner  entièrement  sa 
doctrine  ici-bas.  Il  déniait  à  l'Eglise  le  pou- 
voir de  remettre  les  péchés  d'idolAlrie,  d'ho- 
micide et  d'impureté.  II  condamnait  les  se- 
condes noces  comme  impures,  et  ne  voulait 
pas  qu'on  se  retirât  des  lieux  où  sévissait 
la  pe.sécution.  Les  montanistes,  disciples  de 
cet  énergumène,  devinrent  nombreux  :  ils 
furent  condamnés  par  l'Eglise.  D'abord  saint 
Victor  avait  envoyé  des  lettres  de  commu- 
nion à  ces  prétendus  prophètes,  qui  rési- 
daient in  Asie,  àPepuzium  ;  sa  foi  avait  été 
surftrise  ;  mais,  éclairé  par  Praxéas,  il  les 
révoqua.  Enflé  d'orgueil ,  ce  Praxées  lui- 
même  devint  hérétique,  enseignant,  à  Rome 
même,  qu'il  n'y  avait  qu'une  personne  en 
Dieu,  et  que  le  Père  avait  été  crucifié  aussi 
bien  que  le  Fils,  Saint  Victor  le  retrancha 
de  la  communion  des  fidèles,  11  fut  obligé 
de  faire  la  même  chose  pour  Talien,  chef 
des  encratiles  ou  continents.  Ce  célèbre  dis- 
ci[)le  de  saint  Justin  en  était  arrivé  à  dire 
qu'il  y  avait  deux  principes,  un  bon  et  un 
mauvais,  et  que  le  mauvais  était  le  créateur 
du  momie.  Il  soutenait  qu'Adam  était  damné, 
et  que  le  mariage  n'était  pas  moins  coupable 
que  l'adultère.  Ses  disciples  n'employaient 
que  l'eau  dans  la  consécration  eucharistique, 
ce  qui  leur  avait  fait  donner  le  nom  d'açua- 
ricns  ou  d'hydroporastates.  Il  eut  à  régler  de 
graves  différends  avec  L^s  Eglises  d'Orient, 
qui,  pour  la  célébration  de  la  fêle  de  Pâques, 
ne  voulaient  pas  suivre  l'usage  de  l'Eglise 


romaine.  Sa  fermeté,  et  en  m^mc  temps  sa 
donccur,  mf'èrent  les  rho>cs  h  bion.  il 
mourut  on  l'nn  !2.)2  do  Jrsus-Christ.  Les 
donlos  (jiK-  nous  .'ivons  si^nU  s  en  cuoi- 
racn(.anl  plane  it  sur  la  lin  (le  sh  vie. 

VICTOU  sninli,  évtVpic  et  qunl  fu^  mar- 
tyr au  MartvMjlo^o  roui  lin  h  la  date  du  10 
st'ptomhre,  jour  auqutl  l'Kglise  ct'lôhre  sa 
ftHf,  «'lait  l'un  dis  m-uf  ùvô([ue.s  cifcriuivs 
dans  les  mines,  et  à  i[ui  saint  Cypr  en  écri- 
vit ?a  76'  lettre.  11  avait  été  d('[)orlé  iinmé- 
dialement  a[)rès  sa  première  ronfession , 
aussitôt  après  avoir  éti'  cruellement  frap:ié  h 
coups  de  bAton.  Cet  évèque  avait  assisté 
au  grand  concile  de  Carthage.  [Voy.  Nèmé- 

SIE>.) 

VICTOR  ^saints  confessa  généreusement 
la  foi  chrétienne  h  Corinlhe,  en  2V9,  sous 
l'empire  de  Dèce ,  avec  les  saints  Vic- 
torin,  Nii'éphore,  Claudicn,  Dio^core,  Séra- 
pion  et  Papias.  Tous  sept  furent  exilés  en 
£.;yple  ,  ou  s'y  retirèrent  vnlonta  renient. 
No  .s  les  retrouvons  en  raiinée  28V,  souf- 
frant la  mort  pour  Jésus-Christ  sous  l'em- 
pire de  Numérieii.  [Voi/.  Victorin.)  Après 
que  saim  Virlorin  fut  mo.t  broyé  dans  un 
mortier  où  le  juge  Sabin  l'avait  fait  jeter, 
l'un  dos  bourre.iuK  montra  ce  mortier  san- 
gla it  à  Victor.  «  C'esl-là,  dit-il,  uù  je  trou- 
verai le  salut  et  la  véritable  fél  cité.  »  Aus- 
sitôt on  l'y  jota  lui-même,  et  on  le  fia  :|)a 
jusqu'à  ce  (piil  lût  mort.  L'Kglise  fait  sa 
fôle  le  2.J  février. 

VICTOU  ,'sainl),  martyr,  mourut  on  2o0, 
sous  l'empire  de  Dèce,  à  Carthage.  II  fut 
enf -rmé  dans  un  cachot  avec  saint  \i(  Icrin 
et  une  foule  d'autres  saints,  où  on  le  laissa 
mourir  de  soif  et  do  faim  par  ordre  (\i^  l'em- 
pereur, yoy.  VicToRix.)  L'E^dise  fait  la  fêle 
de  saint  Vielur  et  de  ses  com[)agnons  le  17 
avril. 

VICTOR  (saint) ,  martyr,  versa  son  sang 
our  la  foi  à  Rome,  sous  la  persécution  do 
.  nipereur  Valérien.  Il  eut  pour  compa- 
gnons de  son  martyre  les  saints  Irénée, 
Antoine,  Théodore,  Saturnin  et  di\-sepi  au- 
tres tiont  on  ignore  les  noiiis.  La  date  de 
leur  martyre  c>t  inco  uiiio.  L'Kglise  célèb,  e 
leur  mémoire  le  l.'i  décembre. 

VICTOR  :saint\  fut  martyrisé  à  Sobnire, 
V  lie  de  Suis«;e,  avr'C  son  couipagiiou  Ours. 
Ces  deu\  soldats,  (pii  f.iisaieul  paitie  de  la 
lésion  Tln'béoime ,  soulfrirent  d'abord  de 
nuels  supj>lices  sous  l'enii  ereur  M;i\imien; 
mais  unt;  lumière  céleste  brdiant  sur  eux, 
les  exéculi'urs  lonibêront  par  ((mm'o,  et  ils 
furent  délivrés  :  jrti's  ensuite  dans  le  fou, 
el  n'en  ayant  reçu  aucun  mal,  ils  périront 
ontin  p;ir  le  gl.nve.  L'Kglise  fait  leur  m»'- 
inoire  h-  'M)  sepleuibre. 

VICTOR  (sainl),  martyr,  était  un  onicior 
rlirélion  ré^id;1!ll5  Marsiillo.  Il  eut  le  bon- 
rieur  de  soulfrir  le  mari,  lo  pour  Jésis- 
Clirist  avec  les  saints  Alexandre,  Kéiicion  cl 
I.ongin.  Rion  mieux  (pic  ses  Actes,  (pd  s(Uit 
adiiiii;ibles ,  iK*  put  iio;iver  ni  ».a  place. 
Comme  ils  sont  longs,  nous  forons  pour  les 
trois  saints  (pie  nous  veinuis  do  n(Mnmer  d<* 


vir. 


i'IG 


F 


simples  renvois.  Les  voici  en  entier,  d'après 
D.  Ruinart. 

Marti/rc  dr  sninl  Victor,  de  saint  Alr.randre, 
de  aaint  Félicien  et  de  saint  Lonyiu. 

Mai  se  lie  est  une  grande  ville  que  la  m-- 
gniliconoe  et  la  solidité  de  ses  b.'itiuunts  ont 
r  "n  110  aufiefiis  très-fameuse.  Kdo  est  si- 
tuée dans  un  beau  pays,  à  l'entiéodes  Gau- 
h'S,  d'où  ell-  éle-id  son  commerce  de  terre 
el  de  mer  jusque  chez  les  peuples  les  plus 
éloignés.  Ses  richesses,  1  abord  et  le  con- 
cours du  toutes  les  n.itions  qui  se  rendent 
en  son  [)orl,  le  coiirag"  même  et  la  valeur 
nainrello  de  ses  habitants ,  l'avaient  fait 
choisir  aux  Romains  pour  êire  dans  l'Occi- 
dent u'ie  de  hnirs  ca[)itales  :  au^si  porta- 
l-el!e  plus  loin  qu'une  autre  lo  culte  super- 
stiti(Mix  et  sacrilège  des  divinités  romaines. 
Rendue  orgueilleuse  et  féiOL-o  par  ses  avan- 
tages, elle  semblait  avoir  perdu  toute  ombre 
d'hiimaniié  d.ans  la  iierséculiiin  qu'el  e  dé- 
(;larait  au*;  fidèles.  Se-,  citoyens  surtout,  à 
l'approche  des  i  [n|«oieurs,  ah'ectaiont  de  se 
jeter  comme  des  loups  atlamés  sur  les  trou- 
peaux de  saints  qu'ils  ramassaient  soign^u- 
soment  de  tous  côtés.  Elle  n'épargnait  pas 
ses  j)ropres  enfants;  et  sans  dittérence  d  âge 
ni  de  sexe,  tous  ceux  ipii  se  trouvaient  en- 
gag-  s  chez  elle  dans  le  ihrislianiMne  étaient 
menés  comme  en  triomphe  a-.x  autels  do 
ces  démons  ,  où  ,  après  toutes  sortes  .. 'in- 
sultes et  de  tourments,  ils  étaient  égorgés 
avec  moins  de  compassion  (jue  des  ani- 
maux. 

Lnli  c  ces  r  récieuscs  victimes  ,  lo  très- 
saint  martyr  A'ictor,  (omnie  une  étoile  plus 
brillante  (pie  toutes  les  autres,  fut  particu- 
lièrement remaiqual)le,  soit  par  la  nolilesse 
de  son  origine,  soit  par  ses  lumières  et  sa 
ferveur  dans  noire  religion,  soit  enlin  par 
cet  ordre  de  la  Provideiu  o  qui.  l'ayant  com- 
nds  avec  remi>eieur  .Maximien,  le'plus  bru- 
tal et  le  plus  délosl.ible  des  persécuteurs, 
voulut  (lue  sa  constance  véritiAt  lo  nom  do 
vaiiKpieur  ({u'il  avait  leçu  en  naissant. 

Cet  (MU|  ereur  Viiit  lui-même  h  .Marseille. 
Il  ne  s'était  (h'-jà  rendu  que  trop  redoutable 
à  [ilusieurs  d'entre  nous  par  le  sang  des 
chréti(Mis  ipi'il  avait  répaidu.  surtout  dans 
les  daules,  avec  plus  d  ;ibondaiice  que  Imis 
ses  prédécesseurs,  mais  parliouliereiue  it 
par  ce  fameux  ii:assacre  do  la  légion  l'né- 
Ix-enno  qu'il  avait  fait  périrh  Agaiine  ,Saint- 
.Mauricoi.  Cet  impie,  pour  agir  encore  avec 
impiété,  selo'i  le  langage  de  l'Ecriture,  et 
jutur  combli-r  la  mesure  de  ses  crimes  av;inl 
la  tin  de  sa  vie,  se  déclara  d'aboid  persécu- 
liMir  infatigable  de  la  vertu  ;  et  comme  s'il 
n'avait  f.iii  alors  (pie  commonror,  il  résolut 
d'oxtncer  toute  lelendvie  de  sa  rage  contre 
les  chrétiens  (pii  refuseraient  de  se  rendre, 
on  les  faisant  passera  um»  n.oit  cruelle  |)ar 
les  tmirme  ds  les  plus  r(>cliert  liés.  Au  mi- 
lieu de  cet  orage  do  maux  (|ui  ébranlait  et 
nnivor-ail  la  plupait  dos  nôtres,  \  icior  pa- 
rut toujours  intrépide.  Inutcs  les  nuits  il 
visitait  pour  ainsi  dire  le  eanip  des  chré- 
lioris.  allant   d-^  mai^nn  en   mnison  in':pir»T 


ir.i7 


\\c 


vir. 


r.n 


/iii\  srrvil(Mirs  de  Dieu  le  im'pris  d'iino  mort 
jiassa^;,*''!»',  cl  .'illiiiiitr  cii  ni\  r.iiiioiir  tic  la 
vio  (''it  nielle. 

Il  lui  hiciilAl  sur|iiis  (l.iiis  cet  cxcicicn 
(laiijj,ci'cii\  I  l  ('(induii  tlr^ani  les  Inluiiuiiix. 
Les  ju^cs  rinvilciciil  ir.ilKiid  avci-  ddiiceur 
h  ne  point  iiliandonnci'  ainsi  la  lavenr  de 
]'(Mn|)ci cin'  ponc  .s'all.'iclicrà  nn  lionuiic  nnut 
(l(>puis  IdMfAlcnips.  Mais  Vietor,  animé  de 
l'cspiil  de  Dicn,  leur  prouva  d'.'ilioid  (pn^ 
leuis  (iivinili's  n'6laienl  (pn-  des  dcnii/ns 
impurs.  Il  leur  déclara  eiiMiile  (pi"é(anl  sol- 
dai de  Jésus-dhi  isl  il  i-e-io-'cail  à  |ou(  ran^ 
dans  rarmée  el  lians  la  cour  de  l'empt  renr, 
si  riionucur  de  stm  premier  el  vcrilahlo 
mallre  y  était  intéressé,  l'iilin  il  lein'  ensei- 
gna jv  liante  voix,  avec  une  torce  et  uikî  li- 
berté nnrveilleusc,  (pic  le  Scigrunn-  Jésus, 
l''ils  du  Dieu  'rrcs-llaul,  s"(''lail  h  la  vérité 
i'ait  liomiiic  uioilel  par  amour  pour  la  na- 
ture humaine  ;  (|u'il  avait  nu'^me  élé  mis  ii 
mort  par  les  im|)U's,  de  la  mauièio  (juc  liii- 
nièuu'  avait  (h'-siiée;  mais  (pu!  par  sa  v(Mtu 
loutediviue  il  était  ressuscilédés  le  Iroisièmo 
Jour,  et  ensuite  monté  au  ci(  I,  où  il  avait 
re(;u  de  son  Tère  un  royaume  éternel  et  iiu'3- 
biaidable.  A  ces  paroles  les  assistants  jetè- 
rent des  eris  furievix.  Oi  accable  d'injures 
b'  saint  cout'esseur.  (lependant,  coinuie  il 
(jtait  honuno  consiilérable,  les  juyes  trouvè- 
rent h  pro,  os  dt  renvoyer  sa  eausi!  h  César, 
qui ,  la,  ant  a[ipris  ,  ordonna,  tout  trans- 
porté de  rage,  (ju'on  anienût  sans  délai  ce 
saint  athlète  devant  lui. 

Le  l)ienluineux  Victor,  étant  donc  pré- 
senté au  crut  1  empereur,  est  accablé  d'accu- 
sation.» violenti'S  et  reiioublées.  On  le  jiresse 
encore  par  toutes  sortes  de  promesses  et  de 
menaces  de  sacrilicr  aux  démons.  Mais 
rendu  |ilus  fort  par  ces  éj  reuves,  avec  les- 
quelles il  s'était  lamiliarisé ,  et  lassé  du 
séjour  (ie  la  terre  par  l'espérance  et  le  droit 
qu'il  avait  déjà  au  ciel  ;  en  un  mot,  comme 
rafraidii  el  enivré  d'un  breuvai$e  céleste,  il 
confondit  [)ar  sa  sagesse  et  sa  fermeté  le 
baibare  empei'eur,  et  tous  les  princes  qui 
l'assistaient,  en  faisant  voir  churement  la 
vanité  des  idoles,  et  prouvant  invincible- 
nicrit  la  divinité  d;' Jésus-Chiist. 

Alors  le  tyran  ini})ie,  plus  furieux  qu'un 
lion  et  plus  malin  qu'un  serpent,  se  laissa 
aller  aux  derniers  cmpoilements  que  le  dia- 
ble lui  Hispirait,  etcoidamna  le  saint  mar- 
tyr à  élre  traîné  dans  la  boue  avec  des  cor- 
d^es  dans  lout^  s  les  rues  d.-  la  ville,  afin  de 
venger  parcelle  ignominie  ses  dieux  offen- 
sés, et  nous  épouvanter  })ar  cet  exemple. 
La  nouvelle  de  celle  sentence  attira  une 
multitude  effroyable  de  j)euple  à  ce  specta- 
cle, qui,  voyant  ainsi  rouler  ce  généreux 
coinballaut,  les  pieds  et  bs  mains  liés, 
augmentait  ses  soullrances  avec  les  coups 
qu'il  lui  donnait,  ou  du  moins  avec  ses 
injures,  s'il  ne  poiivait  faiie  davantage, 
s'estima  ni  heureux  de  contribuer  en  quelque 
chose  à  son  supplice. 

Le  généreux  Victor,  ayant  ainsi  rempli  la 
barbare  curiosité  d'une  [lopulace  effrénée, 
fut  ree<jnduit  tout  brisé  et  tout  sanglant  au 


Irihiiiinl  tic  «ic«  juges,  (m'i  l'on  lui  Ht  ilc  nou- 
velles uislai.ces  lie  renoncer  Jésus-(ihi  ist  el 
d'atioicr  les  faux  tlieux.  (a'h  iinnieii,  «'imngj. 
liant  ipie  las  tics  toiirnienls  (ju  il  avait  souf- 
b  I  Is,  des  injuii's  tprou  lui  aviiil  diles,  des 
sei  les  huét  s  ilu  pf-uple  ipi'il  av«it  essuyées, 
il  songciail  h  sauver  ce  peu  dt;  vie  tpii  lui 
restau,  sans  plus  ih'reiitlie  sa  religion,  lui 
repK'  (  iitèrcnt  tout  ileiioiive.u  I  injure  (pi'il 
faisait  à  (It'sar  et  à  la  répuhlitpie.  Ils  exagé- 
rait ni  la  Iblic  ipi'ils  littuvaiinl  en  bu  du 
sacrilicr  la  favei.r  el  l'amitié  des  dieux  ul 
des  princis,  les  plaisirs  1  t  les  honneurs  du 
monde,  son  corps  el  sa  vitr,  h  1  espi'-r.Mico 
d'un  bien  (|ue  personne  n'avait  jamais  ni  vu 
ni  i  onnu  ;  il'atiirer  sur  lui  dt;  g  ieté  de  creur 
tt)ul  te  tpie  la  vengeance  el  In  colère  hu- 
maine peuvent  inventer  de  clwllimenls  cl  tlo 
sup[)lices,  de  s'y  exposer,  cl  de  les  subir  h 
la  vue  tie  ses  amis  et  dt;  ses  pifjches  déses- 
pérés. Ils  ajoi.taieut  tiue  la  funeste  expé- 
rience (pi'il  venait  de  taire  tievail  fort  I  ai- 
der h  reiiresser  situ  jugi'iiieiii  ;  iprenlin  il 
cessa  de  mépriser  les  tlieux  dont  la  majesté 
brillait  dans  les  temples,  ijoul  les  bienfaits 
se  répaidaie-it  sur  tous,  ipie  la  vénérable 
antitpiilé  avait  reconnus,  el  qui  étaient  ado- 
rés encore  aiijoiirtriiui  par  les  plus  grands 
d'entre  les  honuui.'s  ;  des(iuels  la  bienveil- 
lance faisait  tout  prospérer,  et  dont  le  cour- 
roux était  cap.dile  d'anéantir  le  monde  en- 
tier. Qu'il  rei  om;;11  à  un  Dieu  t{ui  avait  vécu 
pauvre  et  misérable,  et  dont  la  mort  iifAmo 
découvrait  assez  l'impuissance.  Qu'à  ces 
conditions  non-seulement  il  cchapperail  au 
dernier  supi)lice  qui  latlendail,  mais  qu'il 
serait  hientol  en  état  d'être  congratulé  }iar 
eux-mêmes  des  richesses  et  des  dignités 
dont  César  1  allait  combler.  Que  si  au  con- 
tiaire  il  refusiiit  de  pareilles  offres,  on  allait 
achever  sur  lui  les  opprobres  el  les  tour- 
ments dont  il  avait  déjà  vu  quelque  ébau- 
che, [;our  le  faire  passer  à  la  gloire  préten- 
due el  chimérique  de  son  Maître,  par  le 
même  chemin  que  lui. 

A  ces  n;ois,  le  martyr,  soutenu  par  la  vic- 
toiie  qu'il  venait  de  1  emporter,  plein  de  la 
grâce  el  de  la  force  de  D  eu  même,  devenu 
l'oracle  i.u  Saint-Lspril,  prononça  ce  dis- 
cours au  mil  eu  de  celte  assemblée  : 

«  S'il  ne  s'agissait  ici  que  de  l'intérôt  de 
César  et  de  la  réjiublique,  qu'on  mêle  dans 
l'accusai  on  qu'on  iniente  contre  iLoi,  ma 
défense  consisterait  à  ]>rotester  que  je  n'ai 
jamais  olfensé  l'emfjcieur,  ni  manqué  au 
lespect  que  je  lui  dois,  m  même  cessé  de 
le  servir  dans  ma  [)roféssion  et  selon  mon 
ministère.  Tous  les  jours  j'offre  avec  mes 
frères  un  précieux  sacrifice  pour  son  salut 
et  celui  de  l'tmfiire,  j'immole  une  hostie 
non  sanglante  el  spirituelle  pour  la  coi.ser- 
valion  de  la  république.  Mais  enfin  est-il 
quelqu'un  qui  n'attribuât  au  dernier  excès 
ne  démence  et  d'illusion,  de  s'attacher  telle- 
ment h  un  bien  qu'on,  le  préfère  à  un  autre 
cent  fois  j)lus  grand  ?  Que  serait-ce  donc 
encore,  si  ce  premier  bien  que  vous  avez 
n'élait  jamais  lel  que  vous  le  souhaiteriez  ; 
que  vous  ne  le  pussiez  retenir  sans  crainte  ; 


131!) 


TIC 


Vie 


1320 


qu'enfin  toutes  vos  crainfos  ne  pussent  vous 
rassiiror?  Kl  q\i'aii  ronlnirc  U*  bien  qui  fait 
le  C('-Uu|)lo  du  pnMuitT  fût  eu  vf>lrf  dispo- 
sition toutes  les  fois  que  vous  le  voudriez? 
quf  vous  on  pussiez  jouir  Ir.riquilleuie'it  et 
sans  remonls?  qu'onlin  il  no  fi^t  ni  diminu- 
tion de  sa  part,  ni  dé;-;oiU  de  la  vôtre,  ni  vio- 
lence (^trnn^^re  qui  \n\l  J.uuais  le  foire  per- 
dre ?  Or  il  "n'est  point  dlionuue  sa.^e  et  de 
rédexion   qui  ne  sache  q  le   la    faveur  du 
prinro,  les  plaisirs  du  monde,  la  gloire,  les 
honneurs,  les  amis,  la  s.inlé  et  la  vie  niOine, 
sont  des  biens  qu'on  n'ac(|uiert  pas  quand 
on  veut,  (pi'on  ne  poss^de  pas   silreincil, 
qu'on  ne  conserve  pas  longtemps;   qu'ainsi 
il  leur  faut  préférer  les  joies  ineffables  et 
solides  qui  naissent  de  la  jouissance  du  Dieu, 
auteur  de  toutes  choses,  que  l'on  possède 
aussitôt  qu'on   l'aime,  avec  lequel  on  pos- 
sède tout,  qui   récompense  d'un  trésor  im- 
mense et  éternel  les  frivoles  et  courts  avan- 
tages du  monde   présent  qu'on  abandonne 
pour  lui.  Ce  n'est  donc  pas  une  mort,  mais 
un    passage   délicieux,  que  le   chemin    qui 
nous  mène  à  une  telle  vie.  Comme  Us  souf- 
frances (lui  éteignent   les  feux  de  l'enfer  ne 
sont  point  des  sup[)lic(S,  mais  de  véritables 
rafraîchissements;    rien    aussi    d'un    autre 
côté    n'est    plus   insensé,    rien    n'est'  plus 
bas  que  de  s'olistiner  à  regarder  son  ennemi 
comme  son  Dieu,  et  s'attirer  par  Ih  après 
celte  vie  une   mort  éternelle   et   des  tour- 
ment"; qui  n'ont  [)oiiit  de  mesure  dans  leur 
rigueur  ni  dans  leur  durée.  Kt  (piel  est  cet 
ennemi  dont  je  parle,  si  ce  n'est  celui  qui 
appt-end  et  ipii   invite   |)ar    sou  exemple  h 
faire  des  choses  honteuses,  et  qu'on    punit 
même  très-injustement   parmi  1(!S  hommes 
du  dernier  supplice?  Vous    ne   nierez   pas 
que  les  vers  que  vous  faites  réciter  et  chan- 
ter  publiquement    ne  S(»ient    une    manière 
d'enseigner  les  hommes.  Or  tout  et-  (jueje 
viens  de  dire  se  rapporte  à  vos  dieux,  dont 
les  crimes  horribles  non-seulement  reten- 
tissent sur  vos  théâtres,  mais  sont  célébrés 
par  vos  canti(|ues,  et  comblés  de  louanges 
dans  vos  temples. 

'<  Qui  de  vous  ignort^  les  brigandages  de 
votre  Jupiter,  et  les  |)arricides  (ju'il  a  com- 
mis, du  moins  autant  qu'il  était  en  lui?  .V 
qui  est-il  |)ermis  d'ignorer  ses  adullèr(>s  s(>- 
crels  ou  publics,  fruits  de  ses  Inunperies 
ou  de  ses  violences?  Ne  voit-on  pas  la 
cruauté  maligne  et  l'inceste  perpétuel  r|e  la 
reine  dos  dieux,  sœur  et  fenuue  île  Jupiter? 
l'implacabli'  férocnlé  de  Mars;  les  infamies 
du  sale  Priape  et  de  l'impndiipie  X'énus? 
Que  dirai-je  de  la  fièvre  et  de  la  pAleur  de 
cette  mnltitiide  de  dieux  et  de  déesses  (pie 
vous-mêmes  appelez  fiuiesles,  et  (|ue  vous 
reconnaissez  pour  ennemis  de  la  nature  hu- 
maiiu'?  Je  rougis  piesipie  de  vous  repro- 
cher vos  divinités  des  cloaques,  monstres 
qui  réduisent  leurs  vils  ailoraleurs  à  so 
prosterner  d.uis  des  lieux  doni  on  ne  peut 
soutenir  la  vue  et  la  proxinuti'-.  Il  parait 
donc  bien  h  (juel  point  sont  vos  eniunnis  ros 
grands  dieux,  dont  la  majesté  de  bois,  de 
pierre  ou  de  euivre,  ouvra<je  de  vos  propres 


mains,  est  souillée  dans  vos  temples  par  les 
oiseaux  et    par    les  animaux   les    plus  im- 
mondes; dont  vous  avez  jieut-ètre  reçu  des 
lufluxj  mais  dont  vous  n'avez  certainement 
re(;u    aucun   bien;  qui  ont   abandonné   vos 
ancêtres,  malgré  fout  leur  zèle  et  toute  leur 
dévotion,  aux  malheurs  (|ui  les  ont  altaiïués; 
et  que   vos   princes  enfin  devraient   abattre 
pour  leur  propre  gloire,  puisipie  ceux   qui 
suivent  leur  exemple  sont  conduits  par  vous- 
mêmes  sur  l'échalaud;  et  (jue  ce  nest  qu'en 
détestant  hnir  vie  et  leurs  actions  (pie  l'in- 
nocence, l'honnêteté  et  la  justice  peuvent 
être  ramenées  sur  la  terre.   Cependant  ces 
dieux  n'auront  garde  de  favoriser  ceux  qui 
s'opposeront  ainsi  h  eux,  puisque   enfin  on 
n'aime  que  ses  semblables;  et  si  on  se  ha- 
sartle  de  les  imiter,  non-seulement  on  s'ex- 
pose h  la  rigueur  de  vos  jugements,  comme 
je  viens  de  le  dire,  mais  encore  on  s'assure 
après  cette  vie  des  tourments  infinis.  Car  il 
n'est  personne  qui  ose  promettre  la  béati-' 
tude  à  des  scélérats.  Or  on  sait  qu'il   n'y  a 
que  deux  états  l\  attendre  après  notre  mort, 
un  bonheur  ou  un  malheur  éternel  ;  d'où  je 
conclus  que  vos  dieux  devant  être  toujours 
contraires  h  ceux  cpii  haïssent  leurs  désor- 
dres, et   nuisibles   h   ceux   qui  s'y   confor- 
ment;  que  leur  imitation  ne  pouvant  con- 
duire qii'.'i  la  honte  en  cette  vie,  et  aux  en- 
fers en  l'autre,  personne  ne  doit  les  hono- 
rer; et  que  rpiand  ils  auraient  quelque  pou- 
voir,   leur  faveur   serait    intinuueut   plus  à 
craindre  que  leur  indignation. 

«  Mais    au-  contraire;    quelle    vénération, 
fpiel  ardent  amour  ne  devons-nous  pas  avoir 
pour  celui  qui,  lorsque  nous  étions  ses  en- 
nemis,  nous  a  chtTchés,  nous  a  aimés  le 
i)r(Mnier  ;   cpii  nous  a   découvert   l'abus   de 
lidolAtrie.  et  qui,  pour  nous  retirer  de  ce 
culte    |)rofane,  s'est  revêtu  de  notre  huma- 
nité sans  rien   perdre  de  sa  divinité;  (pii, 
tout  Dieu  qu'il  était,  a  habité  comme  homme 
parmi   nous  ;  (pii,   pour  n(nis  enrichir  des 
trésors  (piil   possi^hùi,   s'est  rendu   pauvre 
par  conformité  à   notre  indigence;  dont   la 
vie  humaine  a  ('lé  un  ex(Muple  et  un  modèle 
d(!  toiit(>  honnêteté  et  de  loute  vertu,  et  dont 
la  mort    injuî>t(>  nous  a  rachetés  de  la  mort 
éternelle  que  nous  méritons  :  pendant   que 
vos  dieu\  et   vos  démons  (pii  1  ont  si  cruel- 
lement persécuté  ,  caché  «juil  était  sous  le 
vi»ile  de  mtlre  infirmité,  ont  perdu  les  hom- 
mes après  les  avoir  si'duits?  Ohl  (pic  C(>lle 
|)auvreté  que  vous  lui  reprochez  était  al)on- 
(laul(>,  lorsqu(>  par  son  seul  commaïKbnui  ni 
elle  a  rempli  des  barques  entières  de  pois- 
sons,  et  (pi'avec  cin(|  pains  elle   a   rassasié 
sept    mille   hommes  1   (),\v  sa  faiblesse  était 
puissante,  lorsqu'elle  guérissait  de  toute  in- 
firmité l   Que  sa  nature  mortelle   était   une 
h(Mir(nise  source  de  vie,  lors(pi'elle  ressus- 
citait tant  de  morts  1  Et  os»>ri(>z-vous  douter 
de  la  vérité  de  ces  miracles,  attestés  par  le 
témoignage  de  loulcs  les  créatures,  vous  qui 
(Il    voyez   faire   encore   aujourd'hui    un   si 
grand   nombre  par  ses  disciples,  selon  ses 
promesses  et  ses  |)rédiclions  ?  Oh  !  cond)ien 
^çrand  doit  être  celui  'pii  commande  h  toute 


r.2i 


vir 


\u: 


\7rli 


la  iialiiic!  (l()iiil)ii-ii  o>.l  soiili.iil.ihlf  ccliii 
(taiis  li'(|ii('l  liiiit  (>sl  sans  (ir-laiit,  totil  est 
hmahlc;  iliiiit  la  mis(^iic()i(l(>  csl  oiivrrle  à 
Idiis,  (Mii  l'ail  justice!  à  luiil  lu  mniuji-  I  Qu'y 
a-t-il  (lo  plus  sailli  (|ut'  sa  vie,  do  plus  pur 
(pi(>  sa  (loclriiic,  de  plus  av,iiilaj:;('u\  (pic  sos 
pionicsscs,  (l(!  plus  Icnihic  ipio  ses  lUciia- 
oos,  de  plus  M^r  (pu*  sa  prolcrtifMi,  de  plus 
lidiiniahli'  'pii'  smi  ainilii',  de  plus  |•avis^a'll 
(pic  sa  f;l(Mi('?  <Jui'l  Dieu  lui  csl  siiiuhlahle, 
«'I  lui  pciil  (Mrc  ( oîiiparahic!?  Tous  les  dicuK 
t\os  naiioiis  sdiil  des  d(''iii(>iis,  mais  iiolr»! 
Dieu  a  l'ail  l'univers. 

«  C.'esl  pom^pioi  eux  cl  hMirs  adoialeurs 
soiil  ('(tiidaïuiiiVs  aux  llaiiiuics  (•IcrMcllcs,  sc- 
loM  l'oracle  d'un  saint  pr(ipli("'l(!  :  Que  les 
(iint.v  (/ni  )i'on(  pas  fuit  le  ciel  et  la  terre 
soient  extermines.  \<A  dans  un  autre  endroit  : 
(Jue  eeiix  qui  (tdorenl  les  idoles  soient  con- 
fondus. [<A  ailleurs  :  Vous  les  jetterez  dans  le 
feu,  et  vous  les  ferez  pi'rir  dans  lu  misère. 
.Mais  au  C(nitrair(!  le  nuMiie  proplH'lo  dit  de 
notre  Dieu  ,  (ju'j/  est  élevé  au-dessus  de  tous 
les  eieux  :  (pi'/Z  <i  fuit  tout  ce  qu'il  lui  a  plu 
duns  le  ciel,  dans  la  terre,  dans  la  mer  et  dans 
les  ahimes.  Il  s'i^crio  encore  :  Heureux  ceux 
qui  craignent  le  Seiqneur ,  et  qui  marchent 
dans  ses  roies  !  lui  ctlel,  les  sujets  liilèles 
parlagonl  la  gloire  de  leur  prince.  C'eslaussi 
ix\  ce  (jui  iKuis  a  animés  l^  soutl'rir  pour  son 
Moni  ;  et  vous  pouvez  conclure,  de  notre 
constance  dans  les  tourments,  quelle  est  la 
liaulenr  et  Ja  cerlilude  tle  notre  espérance. 
A'ous  do'ic,  è  lioiumes  illustres,  hommes  sa- 
vants, hommes  sensés,  daignez  suspendre 
pour  un  monuMit  voire  haine  et  voire  pré- 
vention,  et  examinez  avec  é([uité  les  rai- 
sons des  deux  parties.  Ne  vous  livrez  [tlusà 
ces  implaealtles  démons  (jui  ont  déjà  re(;u 
leur  arrêt.  N'avilissez  pas  l'image  de  la  Divi- 
nité qui  esl  dans  vous,  en  vous  assujeltis- 
sanl  à  leur  culte  infâme,  qui  vous  entraîne 
avec  eux  dans  la  même  condaimation.  Re- 
connaissez voire  créateur,  voire  bienfai- 
teur, si  saint,  si  beau,  si  juste,  si  clément, 
dont  l'humililé  vous  éh.'vera,  dont  la  pau 
vrelé  vous  enrichira,  dont  la  mort  vous  res- 
suscitera, dont  les  avertissements  salutaires 
vous  a[)i)ellenl,  dont  les  récompenses  vous 
invitent  :  aciiuérez  dès  à  présent  son  ami- 
tié, et  metlez-vous  en  état  de  jouir  enfin  de 
sa  gloire.  » 

Le  martyr  ayant  achevé  ce  discours,  les 
juges  accablés  de  ses  raisons  lui  dirent  :  Eh 
quoi  1  tu  prétends  encore  dogmatiser?  Choi- 
sis promptemenl,  ou  d'apaiser  les  dieux,  oi> 
de  mourir.  Puisqu'il  est  ainsi,  répondit  Vic- 
tor, je  dois  appuyer  de  mo  i  exemple  ce 
que  j'ai  avancé  par  mes  paroles.  Je  méprise 
l(;s  dieux,  el  je  confesse  Jésus-Christ;  me 
voilh  prêt  à  tous  les  tourments  que  vous 
voudrez  me  faire  soutfrir. 

Les  deux  préfets,  outrés  de  ses  réponses, 
el  souhaitant  de  se  surpasser  l'un  l'autre 
dans  la  cruauté  qu'ils  avaient  envie  dexercer 
sur  lui,  se  disputèrent  d'abord  entre  eux.  à 
(jui  devait  le  juger.  Eutichius  cédant  enlin, 
Astérius  son  confrère  se  vit  avec  plaisirseul 
arbitre  de  ce  jugement.  Pour  pro'iter  de  son 
DicTijNN.  DES  Peusécitio^s.  h. 


avantage,  il  l'ail  lueltre  e  i«'r(dt  le  soldat  d<t 
Jé.siis-Chrisl.  C(Uiiiimi  il  soiiirrnit  lienucoup, 
et  (pic,  levant  les  \cnx  au  ciel,  il  deinandail 
la  p  dieiic(!  au  Dieu  de  niis('-ricordc,  d'i'il  il 
savait  biiui  (pTello  devait  venir,  le  Seii^çneur 
Jésus,  ne  voidanl  pas  le  laisser  la'l^uil  plus 
lorigl(Miips,  lui  apparut  pour  le  ( onsoler, 
lorla  il  entre  ses  mains  l'élendard  du  roiii- 
)at  et  le  si,;nal  de  la  victoire,  c'est-à-dire  sa 
croix,  et  lui-dit  :  <<  ic  suis  Je'vsus,  cpii  sou- 
tiens moi-iiK^iiK!  dans  mes  saints  l(;s  maux 
(]u'ils  endurent  ;  soyez  courageux  el  cons- 
lanl.  Je  viens  être  votre  h.'nne  appui  dans 
le  combat,  comme  jo  dois  être  votre  kIo- 
riiMise  récompense  après  votre  victoire.  » 
A  celle  voix  du  Sauveur,  toutes  l(>s  doidciirs 
du  martyr  cessèrent;  et  prenant  un  visago 
gai  (îl  serein,  il  remerciait  avec,  un  épanchc- 
mciil  de  cnnir  admi'able  son  Dieu,  ([ui  ve- 
nait ainsi  le  visiter  el  le  consoler. 

Ccpefidanl  les  bourreaux  s'(''lant  lassés 
inutilement  contre  un  martyr  ([ui  se  réjouis- 
sait dans  ses  soulVrances,  ils  le  détachèrent 
de  la  croix,  et  h;  jetèrent,  par  l'ordre  du  pré- 
fet, dans  le  plus  piol'ond  (l'une  prison,  où  on 
le  faisait  même  garder  par  des  soldats.  Lo 
Scig'ieur  Jésus,  se  souvenant  de  sa  pro- 
messe, lui  envoya  des  anges  vers  l'heure  de 
minuit;  et  les  portes  s'étant  ouvertes  tout  h 
coup,  une  lumière  [)lus  brillante  cpie  celle 
du  soleil  rcmj)lil  aiissibjt  ce  heu,  J.e  saint 
chantait  avec  ces  esprits  célestes  les  louanges 
du  Seigneur;  et  les  soldats,  voyant  cette 
clarté  miraculeuse,  se  prosternèrent  devant 
leur  prisonnier,  le  prièrent  de  leur  pardon- 
ner, et  lui  demandèrent  le  l)a|)têiiie.  Aussi- 
tôt les  ayant  brièvement  instruits,  selon  le 
peu  de  tenqis  qu'il  en  avait,  et  ayant  fait 
venir  des  jirêtres,  il  les  mène  à  la  mer  celle 
même  nuit;  et  lorsqu'ils  furent  baptisés,  il 
les  tira  lui-même  de  l'eau.  La  conversion  de 
ces  soldats,  (jui  s'appelaient  Alexandre,  Lon- 
gin  et  Félicien,  s'étant  divulguée  dès  le  ma- 
tin, le  barbare  Maximien  entra  en  fureur,  et 
ordonna  sur-le-champ  qu'on  rendît  Victor 
responsable  de  tout  cet  événement  dont  il 
était  l'auteur;  et  pour  les  trois  soldats,  qu'on 
les  fît  incessamment  sacrifier  aux  dieux,  ou 
qu'on  les  punît  de  mort. 

Le  bienheureux  Victor»  (jui  devait  envoyer 
ces  nouveaux  chrétiens  avant  lui  dans  le 
ciel,  les  anima  parce  discours  :  «  Courageux 
compagnons,  leur  dit-il,  vous  qui  allez  com- 
mencer le  combat,  il  faut  recueillir  toute 
votre  constance  et  toutes  vos  forces,  el  gar- 
der à  noire  Dieu  la  foi  que  vous  venez  de 
lui  promettre.  L'ennemi  veut  surprendre  les 
premiers  moments  de  votre  apprentissage, 
espérant  que  votre  peu  d'expérience  lui 
laissera  enlever  une  victoire  aisée.  Mais  en- 
fin, mes  amis,  Jésus-Christ  est  déjà  plus  en- 
raciné dans  vos  cœurs  qu'il  ne  croit.  Vous 
n'êtes  pas  si  nouveaux  qu'il  pense  ;  puisque 
enfin,  élevés  depuis  longtemps  dans  la 
guerre,  vous  n'avez  fait  que  changer  d'objet. 
Faites  en  sorte  que  Dieu  soit  content  de 
vous  avoir  confié,  au  sortir  de  votre  baptême, 
l'honneur  de  sa  religion ,  et  de  vous  avoir 
choisis  pour  ouvrir  le  combat.  Que  vos  eii- 


i:*3 


VI  r. 


VIK 


43i4 


iirniU  appronrir-nt  que  vous  ii'i'^'ps  p.is  dc- 
vtMjiis  nioitis  brnv(\s  g(MJS  pitur  avoir  pris  un 
ni<*ill<Mir  parti.  Que  des  terreurs  pa-sagères 
IIP  vous  enlèvent  pas  un  bien  éterMol  déjà  si 
proche.  Il  ne  s"ag't  (jue  d'un  dernier  ctlort 
pour  le  ravir;  de  passer  au  travers  de  (juel- 
ques  «''pées  nues  pour  y  allrindre.  Le  che- 
min même,  s'il  vous  [)arait  dillicile,  vous  a 
été  frayé  i>ar  voire  Roi,  (]ui  l'a  fait  avant 
vdus.  Fcoulez-le  (pii  dit  lui-nièine  :  Vous 
aurez  à  souffrir  de  la  part  du  monde;  mais 
ayez  confiance,  foi  vaincu  ce  monde.  Invo- 
quez-le de  f'teur  et  de  bouche  contre  toutes 
1rs  adversités.  Celui  (pii  a  dit  :  Je  suis  avec 
vous  jusqu'à  la  consommation  des  siècles,  ne 
reieltera  pas  vos  prières.  J'oserai  me  citer 
ici  moi-même  jtour  exemple  :  lors(juf»  j'é- 
tais hier  attaché  h  la  croix,  et  (ju'au  fort  de 
mes  douleurs  j'implorais  sa  miséricorde,  il 
m'ap[)arul  portant  le  glorieux  instrum-nit  de 
notre  rédemption  et  il  me  dit  :  «  Victor,  la 
«  |)aix  vous  soit  donnée  ;  je  suis  Jésus,  qui 
o  prendssur  moi  les  injures  et  les  tourments 
n  qu'on  fait  soutl'rir  à  mes  saints.  »  Et  cette 
paiole  divine  a  jeté  dans  mon  Ame  une  telle 
force,  que  tous  mes  maux  ont  paru  s'éva- 
nouir tout  d'un  covqi.  C'est  pounpioi,  mes 
ch  Ts  frères,  rappelez  votre  courage,  et  por- 
tant vo!rc  pensée  sur  Jésus-Christ, auteur  de 
notre  salut,  sur  la  voie  qu'il  a  prise,  et  suric 
terme  où  elle  l'a  conduit,  méprisez  ces  vaines 
menaces  des  hommes  morte  s,  vous  (pii  èies 
sur  le  point  d'être  adnns  dans  la  société  des 
anges.  Uésolvez-vousîi  des  soulfranc  s  d'un 
moment ,  j)our  tiiompher  des  peines  éter- 
nelles ;  et  puisque  autrefois  vous  auriez  pré- 
féré la  mort  h  la  honte  d'une  défaite,  (pioicjue 
l'une  ou  l'autre  ne  dût  eilin  vous  conduire 
qu'à  l'enfer,  daignez  aujourd'hui  acce.ter 
une  victoirerpii  va  vous  procurer  un  royaume 
qui  ne  finira  jamais.  » 

Le  saint  les  exhortait  ainsi,  lorsque  des 
satellites  vinrent  les  prendre  tous  ensemble 
po  ir  les  conduire  à  !a  cliaud)re  haute  ,  où 
toute  la  ville  se  rendit  encore  comme  la  pre- 
mière fois.  Les  uns  y  étaient  amenés  par  la 
haine  qu'ils  portaient  à  notre  religon,  cl 
(piel(|uf,s  autres  par  le  picnix  désir  qu'ils 
avaient  de  voir  le  démon  combattu  et  sui- 
monti!  des  «'Inéliens.  Cependant  une  popu- 
lace tumidtueuso  riniiplil  le  palais  de  ses 
hurlements,  et  accable  le  saint  d'injures  et 
de  rt^proihes;  mais  lui  demeura  insensible 
k  tous  ces  traits,  et  lorscj  :e  les  impies  le 
pressaient  de  rendre  au  culte  des  dieux  ces 
soldats  qu'il  en  avait  détoiu'ués  :  Je  ne  [uiis 

E as  détruire,  leur  dil-il,  ce  cpiej'ai  éddié. 
,à-<lessus  Alexandre.  Longiu  et  Félicien, 
étant  interrogés,  persévérèrent  dans  la  con- 
fession (le  Jésus-Christ,  et  avant  eu  sur-le- 
champ  la  tête  Iranehi'e  par  l'ordre  de  l'ein- 
f)ereur,  ils  sauvèrent  leur  dme  en  perdant 
eur  corps. 

Le  très-illustre  ■\'iclor,  témoin  de  cette 
exécution,  priait  le  Seig-ieiir,  avec  des  lai- 
nie-s  ardente^,  ipi'il  daign.H  Icenlôl  l'associer 
nu  martyre  et  à  la  rountun'-  d^  c  nix  ((  ti  lui 
devaient,  après  Dieu,  leur  convers.on  et  leur 
foi.    Aussitôt   le  peuple  »lemanda  sa  mort 


avec  des  cris  otTroyab'es.  On  le  su'spendit, 
et  on  brisa  cruellement  son  corps  h  coups  de 
bâton  et  de  nerf  de  bœuf.  Ensuite  de  quoi 
lesl)ourreaux  lassés  le  reconduisirent  en  pri- 
son, où,  durant  trois  jours  (ju'il  passa  en 
prières,  il  recommandait  son  martyre  à  Dieu 
avei;  une  grande  comjionction  de  cœur ,  et 
des  larmes  (|ui  ne  tarissaient  point. 

L'emj)ereur,  ayant  appris  la  constance  du 
martyr ,  le  lit  enfin  amener  devant  lui  , 
connue  s'étant  réservé  l'honneur  d'être  son 
dernier  bourreau.  \  ictor,  interrogé  par  lui- 
même,  ne  démentit  point  devant  1  empe- 
reur la  fermeté  qu'il  avait  témoignée  devant 
les  autres  juges.  La  fureur  et  la  rage  se  re- 
nouvellent de  fous  cotés  contre  le  saint.  On 
redouble  les  menaces  et  les  injures.  Cepen- 
dant .Maximien  fit  ai)|)orler  un  autel  de  Ju- 
l»iler;  on  le  place  devant  le  saint,  et  un  prê- 
tie  idolâtre  se  disposait  aux  cérémonies  si- 
criléges.  L'emj>ercur  dit  à  Victor  :  Prends  de 
rencens,  sacrifie  à  Jupiter,  et  sois  notre 
ami.  A  ces  paroles,  le  généreux  soldat,  rem- 
pli ilu  feu  du  ï^ainl-Esprit,  (t  ne  pouv.mt 
plus  contenir  son  zèle,  s'approche  de  l'autel 
comme  |)Our  sacrifier,  et  le  jette  à  terre  d'un 
coup  de  pied,  so  is  les  yeux  et  sous  la  main 
du  prêtre.  Le  détestalde  empereur  lui  l'ait 
aussitrt  cou[)er  ce  [ued-lh,  et  le  saint  m  r- 
tyr  l'otlrit  à  Dieu  comme  les  prém  ces  de 
tout  s  m  corps,  qu'on  allait  bientôt  immoler. 

Enfin,  pour  lui  faire  consommer  son  sa- 
crifice, ou  le  mena  dans  un  moulin;  il  y  alla 
avec  autant  de  légèreté  et  de  joie  que  s'il 
n'avait  rien  soutfeit.  Là,  les  sanglants  exé- 
cuteurs des  ordres  de  l'empereur  étenilirent 
le  martyr  sous  la  meule,  où,  comme  un 
froment  de  Dieu,  ses  os  furent  bientôt  broyés. 
Cependant  la  machine  s'étant  démontée  par 
miracle,  et  le  saint  respirant  encore,  pour 
achever  sa  victoire,  (jui  avait  été  précédée 
de  tant  de  combats,  et  de  la  confession  du 
nom  de  Jésus-Christ  si  souvent  réitérée,  on 
lui  trancha  la  fêle;  et  aussitôt  on  entendit 
une  voix  du  ciel  (jui  dil  :  Vous  avez  vaincu, 
Victor,  vous  avez  vaincu. 

Mais  l'impie  >'aximien,  toujours  possédé 
du  démon  de  l'idol.Urie.  et  espérant  (le  vain- 
(re,  du  moins  après  leur  mort,  ceux  ({ui  l'a- 
vaient vaincu  lui-même  pendant  leur  vie,  par 
un  demier  trait  d'inhumanité,  qui  tonrna 
nourtani  à  la  gloire  des  maityrs,  th'tendit  de 
les  ensevelir,  et  ordonna  que  leurs  corps 
fusstnit  précipités  dans  ce  bras  de  nier  qui 
environne  Marseille  du  côté  du  midi.  >tais 
Dieu,  (pii,    par  un    conseil  plus  favorable, 

1>ourvo\ait  à  l'hoiuitnir  d<^  ses  saints  et  au\ 
)csoins  de  l'Eglise,  fil  poussa  aussitôt  ces 
corps,  par  le  min  .stère  des  anges,  sur  le  ri- 
vage op[)osé,  où  les  chri'tiens  les  iiihumè- 
nnit  dans  une  caverne  lailhn' exprès,  et  avec 
beaucoup  de  soin,  dans  la  pierre  vive.  11  s'y 
fait  encore  aujourd'hui  beaucoup  de  mira- 
cles en  favtnir  de  cmix  qui  y  vienneni  avec 
dévotion  (h  mander  des  grÀcés,  par  l'inler- 
ces«.ion  de  ces  saints  marlws,  à  notre  Dieu 
et  Seigneur  Jesus-Chri»t,  auquel  soit  louange 
étern«.'lle,  puissance,  h(Mineur  et  empire,  avec 


n-2r;                       vie  vie                       r/26 

le  Prro  et  le  S;ti'il-ICs|iiit,  dans  lous  les  sift-  sons  le  t^^^iir'    rie  r('m|M'r<iir  Diorlt'-ticn.    Il 

des.  Ainsi  s<iil-il.  'ul  ni.irlyriM'  h  MriiiJa  eu  l'isp/iKni*,  avcr  ses 

Nir.'IOU   isainl),    (|ualilii''   li'-vilc  il.ins  les  di'iix  IVrics  Sicnacr  cl  Anlino,^<''nc    l.'K^liso 

Act(vs  (ir  ^a^ll   \ini^rnl  «l  tic  s.unl    Oiuiilc,  l'a  mis  .ni  rioinhrc  «li'i  s.iuils,  cl  f.'iil  sn  liHu 

îiahilait  Uoila,  |>r»>s  ilc  (îironni!  en  l'^|ta;<iic,  li'  •iV^inilJcl. 

<liuMiil    la  |M'rs('(iili()  \   (|ni'   I(ï   i^onvcr'icnr  >'l(,roil  (sai'il),  fut  rnassacr('j  on  I''Ht)n;5no 

Itniin  avait  cxcilcc  .untic   les  rlnv'licis,  ci  par  les  M  nircs,  c-i  haine  ilii   noirï  «li*  Jésijs- 

2iH,  snus  l(>  rf^'f^mi  de   DiochHic'i.   I-es  di-nv  r.lnisi.  Il  c-,1  nisiiit  «u  Marl\  roln^c  romain 

.sai  ils  (|iie  nous   venons   de  nommer    ('tant  le  2!>  aoOt. 

Venus  chez  lui,    il  lenr  <ltnna   riinsjtilalih^.  \l('.  lOll  fsainli  ,  versa    son  sa  n;^    |if)nr  I.i 

An  1(0  il  de  (|neli|nes  jnnis  ,  les  den\  IVères  lui  fln|irès  de  la  ville  de  (;f)|o;;;tie,  avec  d'an- 

>  inceni  cl  Omnle    allèrcil  snr  nnc  monla-  très  comp  tenons  dont  les  noms  sont  ignores, 

tç'ie  voisine   pour  s'v  l'orlilicr  par   la   prière  L'K^liso  lail   collcclivenienl   Icin-  l(Mc  le   10 

t>t  ponr  éviler  la  porst'n'nlinn  de  lln'.in.    (le-  oclohie. 

Ini-ci,  étant  venn  trouver  Niclor,  Ini  lit  de  VKirOll  (saint  •,  père  do  saint  Maximiiicri 
Irès-^rands  reproches  d'avoir  r'çu  che/  lui  de  'rhi'hesle  cm  Nmnidit;  [Voij.  Maximiiikn), 
Oronic  et  Vincent  ,  (pi'il  traitait  de  st'-  assislait  au  marlvre  de  son  lils,  qni  arriva 
dnctcnrs  du  peuple  ;  mais  \ictnr  lui  répon-  on  '2:Hi,  sous  l'cnipiiO  de  Dioch'ticn.  Kn  son 
dit  avec  un  généreux  coura;^^e  tpie  ceux  relournant  che/  lui,  il  rendait  h  Dieu  millo 
qu'il  nonnnail  des  sédu'leurs  ('taient  dos  actions  de  gr  ces  do  ce  (juil  avait  hien  vou- 
servihMM's  du  vrai  Dieu,  des  lionnues  pleins  lu  recevoir  de  sa  main  celte  chère  et  pré- 
do  sonlinients  élevés,  ipii  no  (  onsentiraienl,  cieuse  victime,  en  altendant  qu'il  pût  s'of- 
dans  aucu  10  circo'istanco,  à  oMompéior  à  i'iir  lui-mémo,  ce  (jui  arriva  pou  (h.'  temps 
SOS  ordres  inipies  et  h  adorer  les  idoles,  après.  Voil;"!  le  seul  document  (juo  nous 
Uidin  ayant  trouvé  h's  deiiv  sai-its  Vincent  ayo'is  à  propos  de  ce  saint  porsoMiiaj^e. 
et  Oroiito,  connue  on  |)OUt  le  vor  «i  leurs  ar-  Connue  tant  d'autres,  il  mourut  pour  Jésus- 
lides,  les  lit  di''capiter.  Victor  cacha  leurs  Christ  sans  laisser  d'hisloricn  de  sa  mort  et 
corps  et  leur  donna  la  sépultun».  Iluli'i  ,  en  doses  lïlorieux  combats, 
ayant  éé  informé  ,  lo  lit  venir  et  lui  doMna  N ICTOK  j  saint]  ,  inaityr,  répandit  son 
l'ordre  de  sanitier  ;  voyant  (pi'il  no  pouvait  sang  pour  la  foi  durant  la  j)ersécution  du 
venirh  bout  de  vaincre  sa  lésistance,  il  le  sarii^uinaire  Dio;léiion.  Il  eut  pour  compa- 
fil  d'abord  hoiribleme'U  (liH-hirer  (luis  divers  gnons  de  sci  martyre  les  saints  Zotique, 
supplices,  et  ontin  !e  lit  décapiter.  Ainsi  Zenon,  Césaire  ,  Sévérien,  Chrysophore , 
qu'on  peut  le  voir  à  l'article  Ayi  ii.i\e  ,  son  Théonas  et  Antonin.  L'Eglise  célèbre  la  l'Ole 
pore  el  sa  inèro,  ipii  assistaient  à  son  inar-  de  ces  glorieux  martyrs  le  20  avril, 
tyro,  reçurent  aussi  la  même  couronne.  L'K-  VICTOR,  nom  d'un  chrétien  qui  fut  ar- 
gliso  romai  ie  fait  la  fèt"  do  tous  ces  saints  roté  à  Ancyre,  en  même  tem[)S  que  s.iint 
le  22jaivi(,r.  {Voy.  Vincknt  et  Ouontic.)  Théodot  >,  cabarotier  ,  [lar  ordre  du  gouvor- 

ViCTOIl  (saint  1,  fut  marlyrisé  à  Havo'ine,  noar  Tliéojtène,  en  l'an  303  de  Jésus-Christ, 

sous  le  règne  de    l'eii^iereur  J)iocléli(!'i.  Il  Victor,  engagé  par  les  païens  et  [)ar  les  prè- 

eut  pour  compag'ions  lie  ses  souin-anccs   les  très  des    idoles,  allait  faiblir   dans    la  foi, 

.saints    Valentin   et  Soluteur.   L'Kglise   fait  quand    ThéoJoto,  qui  lui  portait    une  vive 

co  lectivemeit  leur  fête  le  13  novembro.  amitié,  Toxhorta  dans  les  termes    les    plus 

VlCTOK  (saint),    soulfrit   lo  mai-lyre  en  vifs,  à  ne  j)as  commoUre  un  crime  si  lâche 

Afrique.  On  ignore  les  dilférentes   circons-  et   si    horrible.    Victor   se    laissa    toucher, 

tances   qui   illustrèrent  sou   martyre.    Saint  mais  au  milieu  des  tourments,  son  courage 

Augustin  a  fait   un  sermon  au    peuple  pour  faiblit,  il  demanda  relâche   aux   bourreaux, 

le  jour  de   sa  fête.   L'iiglise  honore   sa  mé-  On  cessa  de  le  tourmenter  et  on  le  condui- 

moire  le  10  mars.  sit  en   prison,   où.  il   mourut  des  suites    de 

VlCTOll  (saint),  Maure  donation,  et  chré-  ses  blessures.  Ou  est  dans  riiicertilude  sur 

tien  dès  son  enfance,  servait  dans  les   trou-  son  salut.  N'a-t-il  été  que  faible  ?  A-t-il  été 

pos  impériales  et  demeurait   toujours  forte-  apostat  dans  le  cœur?  Dieu  seul   le  sait, 

ment  attaché  à  Jésus-Christ,  malgré  les  ef-  {yoy.  Théodote.) 

forts  que  faisait  Maximion  pour  l'engagera  VICTOR  (saint),  reçut  le  martyre  à 
sacriliei-aux  idoles.  11  fut  cruellement  meur-  Alexandrie,  avec  les  saints  Thyrse  et  Satur- 
tri  de  coups  de  bâton  :  mais,  par  la  protec-  nin  ;  nous  ignorons  à  quelle  époque  et  dans 
lion  de  Dieu,  il  n'en  ressentit  aucune  dou-  quelles  circonstances.  L'Eglise  honore  col- 
leur. Ayant  été  ensuite  arrosé  de  plomb  lectivement  leur  mémoire  le  31  janvier, 
fondu  san<  en  recevoir  aucun  mal,  il  eut  la  VICTOR  (saint) ,  reçut  la  palme  d:i  mar- 
tèle tranchée.  Son  martyre  arriva  à  Milan,  tyre  en  Afrique,  avec  les  saints  Castor  et 
L'Eglise  fait  sa  fête  le  8  mai.  Rogatien  ;    nous    ignorons   l'époque  et  les 

V  ICTOR  (saint),  encore  catéchumène,  re-  circonstances   de  leur  combat.   L'Eglise  fait 

fusant  d'adorer  les  idoles,  et  confessant  Je-  collectivement  leur  fête  le  28  décembre. 

sus-Christ  avec   une  fermeté  inébranlable  ,  VICTOR  (saint),    soutfrit   le   martyre   en 

endura   plusieurs   tourments   à   Rrague    en  Afrique  pour  la  défense  de  la  religion  chré- 

Porlugal,  {)uis  eut  la  tête  tranchée.  11  reçut  tienne.  Il  eut  i)our  compagnons  de  son  mar- 

aiiisi  le  baptême  de  sang.   L'Eglise  fait  sa  tyre  les  saints  Cresceniien,  Rosulo  et  Gêné- 

mémoire  le  12  avril.  rai.  Du  reste,  nous  manquons  de  détails  sur 

VICTOR  (saint),  était   homme  de    guerre  l'époque  précise  et  les   différentes  circons- 


1327 


Vie 


Vin 


4 --28 


tances  (W  Ifiir  mnrtyro.  I/Kglisc  fi^it  collor- 
tivonitMil  IcurtVte  U'  1'»  s»'[)f(Mnl)ro. 

VKyrOR  (sailli),  rerut  la  |>nlme  du  ni;ir- 
tvrp  en  K^^ypto.  Il  cul  pi>ur  coni|»;\i;non  de  sa 
ploiro  sailli  Klionno.  Nous  n'avons  aucun 
rrnsoignonuMil  sur  la  date,  le  lieu  et  les  cir- 
runslaiircs  de  leur  martyre.  L'Eglise  fait  leur 
fêle  le  1"  avril. 

VICTOR  (saint),  martyr,  eut  le  glorieux 
privilt^ge  de  verser  son  sanj;  |)Our  la  foi,  h 
>'irouiédie.  avt>r  saint  Victorien,  saint  Cl.iu- 
dieu  et  sainte  Basse,  épouse  du  dernier.  Ils 
furent  liMuiuentés  penlanl  trois  ans,  et  ache- 
vèrent leur  glorieux  martyre  en  [irison.  L'E- 
glise honore  leur  nn-moire  le  6  mars. 

VICTOR  (sainte  martyr,  versa  son  sang  en 
Afriqiie,  pour  la  di'-fense  (le  la  religion,  avec 
les  saints  Dominique,  Primien ,  Lybose, 
Crescent,  Second,  Honorai.  La  (late  et  les 
circonstances  de  leurs  combats  sont  incon- 
nues. L'Eglise  honore  leur  mémoire  le  21)  no- 
vembre. 

VICTOR  (saint\  reçut  la  palme  du  mar- 
tyre à  Thessalonique,  avec  les  saints  Dom- 
iiin  et  d'autres  dont  nous  ignorons  les  noms. 
L'Eglise  les  honore  le  30  niars. 

VICTOR  (saint\  fut  martyrisé  en  Afrique 
à  une  é|)oque  et  dans  des  circonstances  ([ni 
nous  sont  complètement  inconnues.   Il  eut 

Eour  compagnons  de  sa  gloire  les  saints  Pu- 
lie,  Hermès  et  Papias.  L'Eglise  fait  leur 
sainte  mémoire  le  2  novembre. 

VICTOR  ^saint),  (luc  le  Martyrologe  ro- 
main inscrit  h  l,i  date  du  1"  octobre,  donna 
sa  vie  pour  la  foi  des  chrétiens  avec  saint 
Alexandre  et  saint  Marien,  h  une  époque  et 
<lans  des  circonstances  que  l'histoire  a  mal- 
heureusement laissées  oliscures. 

VICTOR  saint;,  martyr,  habitait  la  ville 
(Je  ISicomédie.  Ce  fut  \h  rpi'il  cueillit  la  palme 
glorieuse  du  martyre  avec  les  saints  And)i- 
Mue  et  Jul 'S  ;  on  ignore  en  quelle  année. 
L'Eglise  fait  la  fête  de  ces  trois  saints  le  3  dé- 
ceml)re. 

VICrOR  (saint),  martyr,  était  f)riginairc 
de  Samarie.  Il  mourut  [tour  la  dt-fcnse  de  la 
religion  avec  sainte  Photinc  sa  mèie,  Joseph 
son  frère, Sébastien,  ollicier  de  l'armée,  Ana- 
tole, Photius,  Piiotide,  les  saintes  Parascève 
et  Cyriaipie,  sœurs.  L'ICglise  honore  la  mé- 
nu)irf  de  ces  saints  mailyrs  le  20  mars. 

VIi.TOR  saint),  martyr,  cueiMil  la  palme 
du  martyre  durant  b>s  persécutions  (pi(>  les 
empereurs  romains  tirent  souiVrirà  l'Eglise. 
Coiul  sjir  la  terre  d'Afriipie,  qui  fournit  tant 
«le  courageux  marl\rs,  qu'il  rt''|)andil  son 
sang  avec  les  saints  \  it  lur,  Adjulenr,  N'ic- 
lorin,  (juart  et  trente  autres  ipii  ne  sont 
pf»inl  noMunés  dans  les  martyrologes.  C'est 
le  18  di'cend)re  (pie  rEgli>e  bonoie  leur  mé- 
moire. 

VICTOR  (saint),  était  évr,pie  (le  Vile.  Il 
est  célèbre  par  son  Histoire  ilr  la  prr.si'tutinn 
de»  Vandnlnt.  Il  n'y  a  guère  dans  l'antiquité 
•  hiétieiuie  d'hiNpiire  plus  Ijilèle  ni  plus  glo- 
rieuse au  Kils  de  Dieu  et  à  son  Eglise.  L  s 
sentiments  que  Victor  y  fait  paraître  l'ont 
fait  appi.'Ier  un  évèipie  plein  de  la  prudence 
ft   de  la   sagesse  de    Dieu,   qui    \    maïquail 


partout  sa  piété  et  son  zèle  pour  a  vraie  foi 
aussi  bien  (jiie  son  érudition.  (Vest  donc  avec 
beaucoup  de  raison  que  le  .Martyrologe  ro- 
main le  met,  le  Hi  aoili,  au  nombre  des  saints 
évècpies.  Au  titre  do  saint,  il  faut  encore 
ajouter  ceux  de  primat  et  do  confesseur,  si 
c'est  lui  dont  parle  saint  Fulgence,  comme 
le  P.  Cliilllet,  le  croit  sur  le  rang  fpi'il  avait 
en  Wi  entre  les  évèques  de  sa  province.  Et 
il  pouvait  être  revenu  en  Afrique  en  l'an  '»9l, 
aucpiel  (iontamond  rappela  tous  les  évèques. 
Celte  Vie  porte  que  Tlirasamond,(pii  ré-gnait 
alors  en  Afri(jue,  ayant  défendu  d'ordonner 
de  nouveaux  évê(iues,  ceux  (pii  restaient, 
après  avoir  observé  quelque  temps  cette  d»'-- 
fense,  ne  laissèrent  pas  de  résoudre  entre 
eux  ,o07j  que  Ion  en  ordonnerait,  et  l'exé- 
cutèrent etfecti veinent.  Cette  adion  irrita 
Thrasamond.  Il  commanda  (jue  tous  ces  nou- 
veaux évèques  au  moins  fusst?nl  menés  ei 
exil  avec  Victor,  qui,  étant  le  primai  et  le 
plus  ancien  de  sa  province,  les  avait  or- 
donnés. 

Victor  fut  pris  en  effet  pour  être  mené  à 
Cartilage.  Celte  persécution  n'empêcha  pas 
(pie  saint  Fulgence  ne  fiU  alors  élu  évèque 
(le  Ruspe.  Victor  ne  put  pas  lui  imposer  les 
mains  h  cause  de  sa  captivité.  Mais  avant 
(jue  d'arriver  h  Carihage,  il  donna  pouvoir 
aux  évêijues  voisins  de  le  faire.  11  fut  relé- 
gué en  Sard  'igné  avec  plus  de  soixante  au- 
tres de  sa  province,  entre  lescpiels  était  saint 
Fulgence,  dont  il  écoutait  et  suivait  avec  joie 
les  sentiments,  quni(|u'il  eilt  le  dernitT  rang 
par  la  séance.  11  mourut  sans  doute  en  Sir- 
daigne,  avant  que  les  confesseurs  fussent 
rappelés,  en  32;{.  jinisque  Libéral  se  trouve 
a\issit('>l  après  chef  des  évèques  de  la  Ryza- 
cène,  et  môme  avant  l'an  517,  auciucl  Roni- 
face  de  Gratiane  était  en  possession  de  ce 
rang. 

Le  fondement  qu'a  le  P.  Chilllet,  pour 
croire  que  >  ictor.  primat  de  la  Ry/acène  en 
ÎJ07,  est  celui  de  Vit(>,  c'est  qu'entre  les  cent 
onze  évêipies  de  celte  province,  qui  vivaient 
en  'i8V,  il  n'y  a  (pie  trois  Victor,  celui  de 
Naremis,le  I.'J';  celui  de  Vile,  le  VG'.et  celui 
de  (iauvar,  le  Hi2'.  Il  n'y  a  assurément  au- 
cune apparence  (pie  le  premier  vécOt  encore 
en  o07.  Le  P.  Clulllel  tiouve  aussi  qu'il  e^t 
dillicile  de  croire  tpic  les  cent  un  qui  précé- 
dai(Mit  le  premier  fussent  tous  mctrts  en 
vingt -trois  ans  de  temps.  J(>  ne  vois  pas 
néanmoins  ipic  cela  soit  fort  dillicile  paiiui 
tant  de  persécutions  et  de  peines  que  ces 
évèipies  avaient  h  soutfiir.  Il  est  certain  (jue 
tons  les  cfMit  onze  étaient  morts  en  52.3.  aii- 
(juel  Libéral  élail  primat  de  la  Hyzacènc.  Car 
ce  Libéral  n'est  aucun  des  deux  marqut's 
par  la  iiutice  dans  celte  provinc(>,  puisqu'ils 
avaient  Ions  péri,  c'est-^-dire  morts  ou  apos- 
tats. Il  n'avait  ('té  ordonné  ipiaprès  Vs'», 
c'esl-.Vdiie  en  V.)'»  pour  le  |>Ius  lAl. 

Nous  pourrions  avoir  plus  de  lumière  sur 
la  primali(>  de  notre  saint,  si  la  notice  n'a- 
v.iil  oiil)li(''  Ronilac(<  de  Cratiane,  qui  était 
assurémement  évêipie  en  V8V,  et  primat  de 
la  Ryzacène  vu  517.  On  voit  néanmoins  qu'il 
élaii  po.slé'riw'ur  h  Boniface  de  Forace,  compté 


\7,t\) 


Vie. 


\i<\ 


iSTiO 


i 


jtour  h*  sf»ix;iiil(^Iiiiili(''iiii',  dr  sniin  (|iril 
l^('In|l<^^•ll(^  p.is  (l(^  cfoirc  t|ii(»  lo  |)i'iiiwil  N'ic- 
l(ir  ne  soil  coliii  de  \ili'.  Il  n'cmix^chcr.i  point 
iioli  |iltis  (|iit"  Cl'  ne  sDil  (('Iiii  (le  (iiiiiviir,  s'il 
lui  a  rlc'i  itosh^riciir,  c'csl-à-diio  riiii  des 
iiciil'  drniicrs  de  la  province  en  VH'i.  Mais 
loiilt^  ri'l^lisc  d'MViipic  aiirviil-cllc  choisi  un 
liommo  lotil  nouvel  ('NiVpie  pour  aller  iiré- 
.senlerson  iuiporlanl  ('cril  suy  la  loi  ?  S'il  n'y 
a  dtuic  point  de  certilude  (pie  >  ict(M'  de  \  ile 
ail  (Hé  primai,  c'est  au  moins  unu  conjoo 
liii'(>  lrès-|)ien  l'ondéo. 

\  Ul  roim'AHii  s\  conunissalredes^jmMres 
en  Al'ri(pici  en  '29(5,  du  temps  de  l'empiMcui- 
Dioclélien,  présenta  au  proconsul  Dio'i  nn 
jeune  homme  de  Tliéheste,  noMunt'  Maximi- 
ien,  (pii  fut  coutJaunié  à  moil  pour  n'avoir 
pas  voulu  s'enrAler  au  service  do  l'empe- 
reur, l'élanl  déjh,  disait-il,  au  service  de  Je- 
sus-f,lu'isl.  [Vol/.  MvMMiiiiA  d(»  'l'ht'hosle.) 

\l(',r()Kl(4  (.saint),  mailyi-,  l'ut  mis;'»  mort 
h  (^<a'thai;o,  av(>c  les  sainis  Monlan,  Leuce, 
Mavien,  Julien,  Primole,  Uenus  cl  Donatien, 
(le  l'ut  en  25'.),  sous  l'empire  de  N'alérion  et 
sous  lo  t;ouvorn(Mnont  intérimaire  de  S(doM. 
(Pour  plus  de  détails,  il  faut  lire  les  .Vclos 
do  saint  Mom'.vn,  à  son  article.)  L'Kglise  l'ait 
la  l'été  de  tous  ces  saints  le  2'i-  février. 

VlCrOlUC  (saint),  martyr,  fiit  un  des 
compagnons  de  saint  Denis  de  Paris.  Pen- 
dant cpie  saint  (Jueutin  allait  répandre  la  pa- 
role évangéliipie,  notre  saint,  en  compagnie 
de  saint  Fuscien,  alla  |)Oilerlo  christianisme 
au\  Morins;  c'est  ;\  Térou(>nne  que  les  saints 
nussioiuiaires  lixèrenl  leur  principale  rési- 
dence. A  celte  époque  Kictius  "N'arus,  que 
Maximien  avait  fait  préfet  du  prétoire,  vers 
l'an  -286,  avait  excité  une  violente  persécu- 
tion coîilre  les  disci[)les  de  Jésus-Christ. 
Saint  Victoric  et  saint  Fuscien,  se  rendant 
à  Paris,  passèj'cnt  par  Amiens  pour  y  voir 
saint  Quentin  et  pour  s'y  rcyouir  avec  fui  dos 
progrès  du  christianisme;  no  l'y  avant  pas 
trouvé,  ils  reprirent  leur  chemin.  Non  loin 
d'Amiens,  ils  furent  arrêtés  par  un  vieillard, 
nonmié  Gentien,  qui  était  encore  païen, 
mais  disi)osé  a  se  convertir  à  la  religion 
chrétienne.  Il  leur  raconta  comment  saint 
Ouentin  avait  été  martyrisé,  et  les  invita  à 
loger  chez  lui,  ce  qu'ils  acceptèrent.  Rictius 
Varus  étant  arrivé  sur  ces  entrefaites,  donna 
Tordre  qu'on  s'emparAt  des  doux  saints.  Gen- 
tien,  indigné  qu'on  viol.lt  ainsi  l'hospitalité 
dosa  maison,  tira  l'épée  contre  le  préfet; 
celui-ci  l'ayant  fait  prendre,  lui  demanda  la 
raison  d'une  action  si  hardie;  le  saint  vieil- 
lard lui  répondit  :  «  J'ai  agi  ainsi  parce  que 
je  suis  chrétien  et  que  je  désire  mourir  pour 
Jésus-Christ  et  pour  ceux  qui  sont  ses  ser- 
viteurs. »  Alois  Rictius  Varus  lui  dit  :  Vous 
ne  tarderez  pas  h  avoir  ce  que  vous  désirez; 
et  en  elfet  il  le  ht  décapiter.  Ensuite  il  lit 
amener  les  deux  saints  devant  son  tribunal 
et,  les  ayant  trouvés  inébranlables  dans  leur 
foi,  les  fit  charger  de  chaînes  et  conduire  à 
Amiens  pour  que  la  sentence  qu'il  prononça 
contre  eux  filt  exécutée.  En  effet,  presaiie 
a'issilùt  après  leur  arrivée  dans  cette  ville, 
lis  furent  jetés  quchpie    temps  en  prison, 


ensuite  dé'cai)ilés.  Auparnvnrit  ils  avaient 
soull'erl,  de  l/i  pari  du  prél'i-l  du  pn-lone, 
des  toiM'menIs  iiliores.  Ils  furent  d'abord 
enlerriVs  lrès-huud)lcimMit,  «U  biinilAt  l/i  ni<^- 
moire  du  lieu  uii  on  !(■■>  nut  se  perdit;  mais 
liois  cents /uis  après,  leins  corpsn\;nil  été 
trouvés  par  saint  Honoré,  évèque  d'.Vniietis, 
on  les  apporta  dans  celte  vilh-;  plus  lard  ils 
furent  transportes  il  Heauj^ency  sur  la  l.oirc, 
et  ils  v  sont  encore.  L'Kghse  romaitw  fait  In 
fêle  (ie  ces  sainis  et  du  saint  (îentien  le  11 
di'-i  embre. 

NICTOHII-;,  feuniH'  d'un  prêtre;  d'Afrique, 
nommi'-  iM'lix,  eut  le  mallieur,  comme  son 
mari,  de  r(Miier  Jésus-Christ  dans  un  [ire- 
mier  intei-rogntoire;  mais  bientôt  le  icpiMitir 
s'elant  emparé  de  son  c(r'ur,  elle  compaiMJt 
|)our  ^1  seconde  fois  avec  Félix.  Tous  dcmx 
{lonnèi(;nl  les  preuves  d'un  grand  courage  : 
ils  ne  se  laissèrent  ni  séduire  ni  intimidiT. 
Le  juge  pronon(;a  contri!  eux  et  contre  un 
simple  lidèhs  nonnné  Luce,  (pii  s(;  trouvait 
dans  le  même  cas,  la  peine  du  bannissement. 
Leui's  biens  lurent  conlis(jués.  Ces  événe- 
ments eurent  lieu  en  Africjue,  sous  l'empire 
de  Dèce  et  en  l'année  250. 

VICTORIEN  (saint),  lils  de  saint  Simplice, 
fut  martyrisé  avec  son  père  et  son  frère 
Constance,  au  pays  des  Marses,  sous  le  règne 
derem|)ereurMarc-Aurèle;toustroisenrent  la 
tète  tranchée.  L'Eglise  l'ait  leur  l'ète  le  2()  août. 
VICTORIEN  (saint),  l'un  dos  compagnons 
du  saint  martyr  Cyriaque,  diacre  de  l'Eglise 
romaine,  mourut  en  303,  à  Rome,  sur  la  voie 
Salaria,  où  il  fut  enterré.  Ils  furent  vingt-six 
dans  le  même  jour  mis  h  mort  au  môme  en- 
droit. L'Eglise  célèbre  leur  fôte  collective  le 
jour  de  leur  translation  qui  eut  lieu  le  8 
août.  (  Voy.  Cyriaque.  Voy.  aussi  l'abbé 
Grandidier,  Hist.  de  rcglisc  de  Strasbourg.) 
VICTORIEN  (saint),  fut  l'un  des  quarante- 
huit  martyrs  mis  à  mort  avec  saint  Saturnin 
en  Afrique,  on  l'an  do  Jésus-Christ  305,  sous 
le  règne  et  durant  la  i)ersécution  que  Dio- 
clélien suscita  contre  l'Eglise  du  Seigneur. 
[Voy.  Saturnin.)  L'Eglise  célèbre  la  i'ète  de 
tous  ces  saints  le  11  février. 

VICTORIEN  (saint),  martyr,  était  procon- 
sul de  Cartilage.  Genséric,  roi  des  Yandales, 
qui,  dans  le  commencement  de  son  règne, 
avait  toléré  les  chrétiens,  leur  suscita  une 
persécution  générale  en  i8i.  11  engagea  Vic- 
torien, qu'il  estimait  beaucoup  et  qui  lui 
était  très-dovoué,  à  embrasser  l'arianisme; 
mais  notre  saint  lui  ht  répondre  qu'il  mour- 
rait plutôt  pour  sa  foi.  Son  maître  entra  en 
fureur,  lui  ht  endurer  les  plus  cruels  sup- 
plices, qui  furent  suivis  de  la  mort.  L'Eglise 
lionore  sa  mémoire  le  23  mars. 

V1CT0RIF:N  (saint),  martyr,  reçut  la  cou- 
ronne du  martyre  on  Isaurie,  avec  saint 
Aquilin  ;  on  ignore  à  quelle  époque  et  dans 
quelles  circonstantances.  L'Eglise  célèbre 
leur  sainte  mémoire  le  16  mai. 

VICTORIEN  (saint),  martyr,  recueillit  la 
palme  du  martyre  à  Nicoméclie  avec  saint 
Victor,  saint  Claudien  et  sainte  Basse,  épouse 
du  dernier.  On  les  tourmenta  cruellement 
pendant  (rois  années  entières,  et  ils  achevé- 


1331 


Vie 


Vie 


renf  ontln  leur  martyre  en  prison.  L'EyIise 
c(^l('brf  loiir  m(^moirc  le  6  mars. 

VK-TOKIN  (snini),  m.irlvr,  doTTia  sa  vio 
pour  la  fwi  sotisj'nnpire  de  Dèct>,  à  C.irlfi.tj^o, 
en  l'année  250.  Il  ont  pour  compagnons  de 
son  martyre  les  saints  Virlor,  Hérén<''e,  Df>- 
nat.  Firme,  Venfus,  Frnde,  Martial  et  Aris- 
ton.  et  les  saintes  Fortune,  Hérène,  Crédule 
et  Julie.  D'aprùs  Usuard,  A. Ion  et  les  Marty- 
rologes de  saint  Jérôme,  il  faut  encore  .(jou- 
ter .'i  la  liste  de  ces  saints,  Biruc,  Quinte, 
Janvier,  Marore  et  Gallus.  Tous  ces  saints 
furent,  par  ordre  de  l'empereur,  cifernu'-s 
dans  deux  cachots,  où  ils  étaient  si  h  l'étroit 
fjue  la  chaleur  et  la  mauvaise  odeur  y  étaient 
irisupportiibles.  On  les  y  laissa  mourir  de 
faim  et  de  soif.  Certes,  ce  supplice  est  bien 
un  des  plus  atroces  qu'on  |)uisse  in)aainer. 
Mieux  valent  les  croix,  les  ongles  de  icr  et 
les  bûchers,  (pi'une  mort  paredle.  L'Eglise 
célèbre  la  fête  de  tous  ces  samts,  avec  celle 
do  saint  Ma[)puli(pie,  le  17  avril, 

A  ICTORIN  ^sainl),  reçut  la  couronne  des 
glorieux  cond)attants  de  la  foi  avec  les  saints 
Maron  et  Ewlyehès,  (jui  d'.ibo:d  avaient  été 
exilés  pour  la  fui  dans  l'ile  de  Ponce,  avec 
la  bienheureuse  Flavie  Domitille,  et  ensuite 
rappelés  sous  l'empereur  Nerva.  Ayant,  de- 
puis leur  retour,  fait  jilusieurs  conversions, 
ils  furent,  durant  la  persécution  de  Tia.jan , 
rais  à  mort  par  divers  supplices,  suivant  la 
sentence  du  juge  Valérien.  L'Eglise  fait  leur 
fête  le  15  avril. 

VICTORLN  (saint),  évoque  d'Amiterne,  fut 
martyrisé  dans  cette  ville,  durant  la  persé- 
cution de  Trajan.  II  est  vrai  (jue  l'histoire 
ne  nous  a  pas  gnrdé  d'.Vctes  aulhenti(pn^s  do 
ce  martyr;  (juehpies  auteurs  ont  môme  nié 
qu'il  eût  été  évéïjue  d'Amiterne,  et  qu'il  fiU 
moit  martyr;  mais  la  tradition  la  \)\us  cons- 
tante établit  la  vérité  do  ces  faits.  Amiterno, 
autrefois  ville  importante,  aujourd'liui  bourg 
assez  peu  con>idérable,  se  nomme  Saint-Vic- 
lorin.  La  tradition  a  survécu  à  l'histoire;  la 
vérité,  vivant  dans  les  souvenirsdu  p.iys,  n'a 
pas  eu  besoin  d'historien  pour  rester.  Saint 
Vidorin  est  fêté  par  l'Eglise  le  5  seo- 
tend»re. 

^  ICTOBIN  (saint') ,  martyr,  confessa  la  foi 
chrétienne  à  Cor  intne,  au  commencement  du 
règne  do  Dèce  ,  sous  le  proconsul  Terlius  , 
en  'iiO ,  avec  les  saints  Victor,  Nicéohore  , 
Claudien ,  Dioscore,  Sérapion  et  ra|iias. 
Après  cela  ils  j'assèrent  en  Egypte,  ou  y  fu- 
reiit  reh'gué-^,  et  en  l'an  2H\  ,  sous  l'empire 
deNumérion,  ils  dotmèrenl  leur  vi»'|)our  Jé- 
sus-Christ. Voil.h  ce  que  no\is  racontent  leurs 
Actes,  prétendus  aulhentiques.  [  Artu  mar- 
(i/rum  Orcitirnt.,  l.  Il  ,  p.  (iO.  Henschenius  , 
25  février.'  Nous  croyous  qu'il  y  a  1,^  une  er- 
reur de  date,  du  moins  en  e(>  (|ui  lom  ho  la 
première ,  h  moins  (pie  tous  no  fussent  cx- 
îrèmemenl  jeunes  quand  eut  lieu  leur  con- 
fession h  (.orinthe.  Encore  est-il  qu'après 
trente-cinq  ans  il  est  assez  extraordinaire 
que  sept  liMinmes  aient  enscmbli-  véi ni  sarrs 
«pie  la  mort  ail  f.iit  au  milieu  d'nu  sa  mois- 
son. Tous  tant  que  nous  sommes ,  souve- 
nons-nous, si  nos  souvenirs  peuvent  remon- 


iôoi 


ter  aussi  loin,  do  ceux  qui  nous  entouraient 
il  y  a  trente-cinq  ans.  parents  ou  amis  du 
même  î\<^o    rjuc  nous   :   compton--en   sept. 
Combien  aujourd'hui  nv  so'  t  plus  !  Hélas  ! 
presque  cha(pie  année  le  tiépas  moissonne 
quelques-unes  de  nos  affections.  Pour  moi, 
qui  éi  ri>  ces  lignes,  quand  je  reporte  ai  ssi 
loin  mes  souvenirs,  ils  revi.-ni  ent.^i  rnf»i  voi- 
lés de  deuil.  Lh.rbe  a  bien  d.vs   fois  venli 
sur  ilcs  tomb  aux  où  mes  alfeclio  \s  sont  cou- 
chée-^. Que  d'étoiles  éteirrtes  dans  mon  ciel 
d'au  refois  !  (pir  d'amitiés  qui   ne  so-^t  plirs 
de  ce  monde  !  Et  si  je  parlais  de  ci-ux  (pii 
m'avaient  devancé  dans  la  vie,  et  que  pour- 
t.irit  j'espérais   y    voir  marcher    longtem|»s 
près  do  nioi  I  Plus  rien  bienlùt  sur  la  terre  ; 
ni  père  ni  mère;  morts  jeunes  encore  tous 
deux.  Encor-e  un  coup  «le  la  faux  inqnloya- 
ble,  f  t  je  I  attends  tous  les  jours,  o  mort ,  et 
je  serai  seul  des  miens  l  Pardon,  lecteur,  jo 
vous  oublie  pour  parler  de  moi.  Mai^  mou 
histoire,  c'e^t  ou  ce  sera  la  vôii'e.  La  conver- 
sation qu'on  fait  avec  la  tombe  n'est  du  reste 
jamais  stérile  :  il  y  a   toujours    là    pour    le 
caiir  et  pour  Tàme  le  double  trésor  des  ^ou- 
venirs  et  de  l'espérance.  Du  sein  de  la  mort 
sortent  des  voix  qui  [tarlent  un  mystéiitux 
langage  à  celui  (jui  cro  t  en   Dieu  ;  en  Dieu 
qui  permet  que,  dans  la  vallée  aride  du  pré- 
sent, arrivent  à  mon  c(rur  comme  au  vu  re, 
et  les  souvenirs   parfunn's  du  i  une  ilge  ,  et 
les  révélations  sublimes  de  reiernité.  Nous 
avons  fait  comme  un  passant  qui,  par  ha>ard, 
côtoyant  le  chanq»  des  morts,  a  voulu  y  en- 
trer pour  s'y  distraire  un  instant  de  la  vie. 
Reprenons  no(i-e  chemin. 

Saint  Victoiin  et  ses  compagnons  furent 
martyrisés  à  Diospolis,  dans  la  Théliaïde.  Le 
gouverneur  Sabin  leur  fit  soullrir  la  que>t:on 
du  chevalet  et  plusieurs  auti'es  lf)urments  ; 
mais  rien  ne  put  él)ranler  leur  cour  ige.  Lo 
gouverneur,  irrité,  onlimia  qu'on  mit  Vic- 
torin  dans  un  grand  rnorlirr  ou  on  lui  éc.asa 
les  pieds  et  les  jambes.  .\  chaque  coup  qu'on 
lui  donnait,  on  lui  disa  t  :  «  .\ie  pitié  de  t(»i, 
malheureux  ;  lu  peux  éviter  la  mort  en  re- 
nonçant h  ton  nouveau  D.eu.  »  Le  saint  m.ir- 
tvr.  persistant  toujours  (lans  sa  résolution 
de  mourir  nour  sa  foi,  fut  assommé. 

VICTORIN  (  saint  1,  frère  de  saint  Claude  , 
geôlier  de  la  prison  dans  laquelle,  sous  l'em- 
pereur Cariti  et  sous  le  préfet  de  Rome  Chro- 
mace,  on  avait  renfermé  les  chrétiens  ,  fut 
pris  avec  lui,  et  les  saints  Niioslrate.  Cas:oio 
et  SymidioruMi.  en  s'occupant  h  cher-cher  les 
corps  (le  sainte  Zoé  et  de  saint  Traïupiil- 
lin.  (pie  les  persécuteurs  avaient  lail  mou- 
rir. I.e  nouveau  préfet,  noninié  Fabnii.  .^  ipii 
on  les  amena,  employa  dix  jours  ^  chercher 
h  les  intimider  par  les  menaces,  h  les  cor- 
rompre par  1.1  douceur,  sans  pouvoir  venir  à 
bout  de  les  ébraribn-.  Enfin  il  les  lil.  sur  l'or- 
dre lies  empen  urs  Dioclétien  et  Maximien, 
appl  quer  trois  fois  à  la  queslion,  et  ensuite 
les  lit  précipiter  dans  la  mer.  Les  Actes  do 
saint  Si'itastien  norlent  (pie  ce  fut  un  ITjuil- 
Ift.  Le  Martyrologe  rom.tin  met  Itnir  fèlo  le 
7  du  nièiii(>  '.iiois.  [Voy.  Skhastien.) 

^  ICTORIN  (saint),  était  attaché  au  serTic» 


iyZ                               vie  vie                                I3S4 

(lu  |ti<Mr<' ilii  l('in|il(i  farnoiu  iKimim'  rnijcron  |iicsi|iii<  Imm  (pi'il   soiilFrit   sons  Diorli'-lMMi, 

ftilli(|m'.  Il  t'iil  It"  hnnlinic  ilc  rciinnln-r  h»  iM  !<•  cilctil  t|(>  s;mil  Jt'-rùnir'.  (le  IN'tc  io  dit  ifi 

sailli  |)itMi(<   (liissiiis.   (,)iirl,|iics  (■unri''ri'iici'S  cllfl  jisscz  ,  ru   iiicllaiil  (•<•  s/iiiit  ,   dans    nom 

(juM  cul  avec  lui  li- (Irlacliciriil  du  ciillc  des  i'ntahti/ur  tlis  nnlnir»   rrrlhiinitnjHra  ,    «'lllra 

idiilcs,   t't    I  aiiKMirn'iit   \\   I,m    rt>li;;i(Ui  clin--  saint  Aiialulc ,  riiii  ;i  vi'«u  jusiiu'au  rZ-^MU' do 

lifiiiit'.    Sa    iccoinaissauir    lit    <|u'il    sr    ha  llarus,  (;t  sniiil  Paiii|ilulc  ,  ijui  a  soulicrl  en 

(MiniliiMciit  à  saiul  ('.as«»ius.  Il  l'aida  dans  ses  \W^,  sous  Maxiiuin.   Il  a  eu  riioiuu'ur  d'eii- 

(ravauv  <'Vaii|;t'lii|Uf'S ,  ri    ri'(;ul    avec    lui  la  lirliir   des   |in'iiiit'is   rr',;^lis('   laliin'   par  ses 

('miroiiiu' du  mai  t\  ic,  (piaudCliiocus,  roi  d.'s  ouvrages;  car  t|ijui(jiril  siK  cficorr  niu'iix  lo 

Alii'iiiands,  viiil  ravager  les  (iaulcs,  ouviroii  Krcc.  cjuc  le  Inlin,  iicTuiiMins  saiul  Jc'm-Aiiu!  Io 

l'ail  'i()().  Ou  lail  la  liMc  de  ci'S  deux  saints  iiirl  au  iiniultn' des  j'i^ics  lali'is,  cl  c'est  |icul- 

Ic  15  mai.  Ivi   Auvergne,  surtout ,  ils  sont  <''lrc  |>uur  ((!  sujet  (|u'il  i'a|»|ielk'  notre  V\c- 

rolii(>l  d'une  grande  vénération  /or/rt ,  si   l'on  n'niiiio  niimix  duo  f|uc  c'est 

N'ICTOUIN  i  sai'it  \  fil  l'un  des  (|uaranle-  parce  (pTil  ('-tail  évéïpie  dans  la   l'annnnie, 

iiiiit  marlus  uiis  h  nmrl  avec  saint  Salurnin,  donl  saint  Jérôme  était  nalil'.  Il  lui  donno  Io 

en  AlViipio  ,  sous  Io   nrocoMsul   Aniilin,  eu  troisième  ran.^  entre  les  Latins,  le  lueitanl 

l'an  de  Ji'sus-C.lirisl  IIO.") ,    sous   le  rè^Mie  et  avant  Aniohe,  ipii  par. lit  avoir  ('ciil  l'an -i'.)?. 

durant  la  [lerséculion  si  lerrilde  ipu»  Diocié-  Saint  \  iciorin  a  l'ait  un  Commcnlnirc  sur  ta 

tien  suscita    contre    l'Ki^lise   du    Sei.Ltiieur.  ^/r/»ô-e ,  et  sainl  Jérôme  cilo  son  sentimei.t 

(Vo//.  Satihmn.)  l/lv-;lise  célèbre  la  l'été  do  sur  la  héiiédiclion  (pi'Isaac  donna   h  Jacd). 

tous  ces  saints  le  11  janvier.  11  a  aussi  commeiitt'  l'I-lxodc  ,  le  Lévilicjuc  , 

\  ICrOUIN  ^saini\'martvr  h  lU)nu>  en  .'Wi,  Jsaie  ,  dont  saiul  Jérôme   cite   un  endroit, 

sous  le  légiit^  et  durant   la  persiCulicMi    de  l^zécliicl ,  Hahacuc  ,  l'iv'clésias'.e,  donl  jiarlo 

Diodélien.   )  otj.  (Ji  Arm:-(]oi  honm.s  ^les).  C.assiodore  (;l  dont  saint  Jérôme  lire  une  ex- 

MCTOUIN  (saint  ),  évéi|ue  de  Petaw,  est  |>lication.  Il  a  encore  écrit  sur  le  Cantique 

rej;ardé  [)ar   saint   Jérôme   comme    une  des  des  canlicpies  et  sur  l'Kvang  le  de  .^aiïif  Ma- 

colonnos  de  l'KgHse   11  savait  mieux  le  f;rec  tliieu,  comme  (lassiodore  le  témoi^^iie  du  dcr- 

que  le  latin,  ce  ipii  doune  lieu  de  croire  (ju'il  nier,  et  il  a  fait  ce  Conimenlaire,  sinon  avec 

était  (liée  (le  naissance.  Cassiodore  dit  que  la  même  éloqu(Mtce,  au  moins  avec  la  ni^mo 

d'ora-teur  il  devint  évé(iue  ;  uvus  il  le  con-  gr;\ce  que  saint  Hilaire  a  fail  le  sien.  C'est 

fond  apparemuient  en  ce  jinint  avec  Marins  peut-éire  de  cet  ouvrage  qu'Helvide  voulait 

"N'ictoiiius  d'Afriipu',  dont  parh^  saint   Au-  se  servir  lorscpi'il  ]irélendait  que,  selon,  saint 

gustin  ,  puisque  ce  (pie  saint  Jérôme  dit  de  Victorin  ,  la  sainte  Vierge  r.vait  eu  d'autres 

son  sty  e  ne  convient  point  Ji  une  persoinie  enfatitsque  Jésus-Christ;  mais  saint  Jérôme 

(jui  aurait  autrefois  fait  profession  de  Télo-  souîie'U  h  Ilelvide  que  ce  martyr  avait  seu- 

quence  :  car  il  iious  assure  qno  dans  les  di-  hnnent   parlé   des  frères    de   Jésus-Cinist , 

vers  ouvrages  que  saint  Victorin  avait  coni-  comme  l'Evangile. 

posés,  on  ne  voyait  pas  beaucoup  d'érudi-  Saint  ^■ictorin  a  encore  écrit  sur  l'Apoca- 
tion  séculière,  ni  les  lumières  des  It'ttres  liu-  lypse  de  saint  Jean,  et  Cassiodore  parle  de 
niaines;  qu'il  était,  connue  saint  Paul,  énii-  cet  ouvrage;  mais  il  semble  dire  que  c'était 
nenl  en  science  ,  et  rabaissé  dans  ses  paro-  seuleme-it  ine  explicinlion  de  quelques  ou- 
ïes ;  qu'il  était  })lein  de  pensées  grandes  et  droits  difliciles  de  ce  livre.  C'est  ce  qui  fait 
relevées,  en  même  temps  qu'il  ne  paraissait  douter  à  quelques-uns  si  l'ouvrage  que  nous 
rien  que  de  commun  et  de  simple  dans  la  avons  aujourJ'hui  sur  l'Apocalypse,  sous  le 
composition  de  sa  phrase  ;  enfin  qu'il  ne  pou-  nom  de  saint  A'ictorin ,  est  véritablement  de 
vait  pas  (  xprimer  les  choses  aussi  noblement  lui.  11  y  a  encore  quelques  autres  sujets  d'en 
qu'il  les  concevait,  ce  qui  venait  de  ce  uu'il  douter;  mais  il  semble  qu'il  y  en  ail  encore 
savait  peu  la  langue  latine  dans  laquelle  il  davantage  de  croire  que  c'est  un  véritable 
écrivait.  Nous  savons  donc  seulement  qu'il  reste  de  tant  de  travaux  de  ce  saint  martyr, 
était  évèque,  comme  saint  Jérôme  et  Cassio-  pourvu  seulement  qu"on  avoue  qu'on  a 
dore  le  maniuent.  On  ne  convient  pas  môme  changé  ce  qu'il  y  disait  en  faveur  de  l'opi- 
du  lieu  de  son  évèché  ,  et  plusieurs  moder-  nion  des  millénaires,  laquelle  il  suivait  aussi 
nés  veulent  qu'il  l'ait  été  évèque  dePoitiers  :  bien  que  plusieurs  grands  hommes  de  ces 
ce  qui  lui  donnerait  rang  entre  les  Pères  de  premiers  siècles.  Outre  ses  Commentaires 
l'Eglise  gallicane.  Néanmoins  ,  l'opinion  la  sur  l'Ecriture,  saint  Jérôiiie  nous  assure  qu'il 
mieux  fondée  est  qu'il  était  de  Pétaw,  ville  composa  encore  beaucoup  d'autres  écrits  : 
du  duché  de  Styrie  en  Autriche  ,  sur  la  ri-  il  ne  les  marque  pas  en  particulier,  hormis 
vière  de  Drau  ,  mais  qui  appartient  aujour-  celui  qui  était  contre  toutes  les  hérésies.  Cet 
d'hui  à  l'archevêque  de  Salzbourg,  privée  de  écrit  paraît  avoir  été  fort  célèbre,  et  avait 
l'honneur  de  l'épiscopat  et  moins  célèbre  fait  passer  le  nom  de  saint  Victorin  jusque 
qu'elle  ne  l'a  été  dans  l'antiquité  ,  sous  le  dans  l'Afrique  :  car  saint  Optât,  qui  a  parlé 
nom  de  Poetabio  ou  Petavio.  Ammien  Mar-  le  premi-M*  de  ce  saint,  le  met  entre  les  dé- 
cellin  la  met  dans  la  Norique  ;  d'autres  la  fenseurs  de  la  vérité  catholique  qui  ont  ruiné 
placent  dans  la  Pannonie  supérieure.  Saint  les  hérésies.  La  plupart  des  manuscrits  attri- 
V'ictorin  a  été  couronné  par  un  glorieux  mar-  buent  à  saint  Victorin  de  Pétaw,  une  hymne 
lyre  ,  et  saint  Jérôme  le  désigne  assez  sou-  sur  la  croix  ou  sur  la  pâque  et  sur  le'bap- 
vent  sous  le  titre  de  martyr.  Usuard,  Adon,  tême,  qui  est  parmi  les  œuvres  de  saint  Cy- 
Vandelbertet  divers  autres  martyrologes  qui  prien  ,  et  on  marque  que  Bède  la  cite  sous 
marquent  sa  fête  le  2  novembre,  ajoutent  son  nom.  Elle  est  belle ,  et  peut-être  trop 


^oo 


\l(. 


vie 


135e 


pour  tUrodo  lui.  Dupin  ne  la  nu'l  [loinUlmis 
le  Catalogue  de  ses  ouvraj^es  :  on  y  voil 
qut^  l)t'au(oii|)(le  personnes  ipii  prétendaient 
embrasser  la  relij^ion  rhrétitMine  ne  persévé- 
raient pas  jusfpi'au  bapléiiio.  L'a|>|)endice 
de  saint  Isidore  dit  que  Viclorin  ,  évéque, 
roniposa  en  \ers  doux  petits  ouvrages  ex- 
Irènienienl  courts,  l'un  contre  les  mani- 
chéens, l'autre  contre  les  niarcioniles.  Nous 
ne  connaissons  point  d'autre  Victorin,  évé- 
que,  qui  ail  écrit,  que  celui  de  P^law  .  Ainsi, 
il   semble   qu'on    lui   pourrait    attribuer   le 

f)oénie  contre  les  marcionites,  ([ui  est  parmi 
es  œuvres  de  Tertullien  ;  et  cet  ouvrage  ne 
démentirait  (las  le  pou  de  facilité  que  saint 
Jén'iuie  attribue  à  nuire  saint  dans'ia  langue 
latine;  mais  il  est  d'une  assez  juste  lon- 
gueur. Saint  Jérôme  cite  un  ouvrage  de  Vic- 
torin sur  les  Dialogues  de  Cicéron  ;  mais  un 
sujet  de  celte  natuiv  convient  mieux  à  Vic- 
torin d'Afrique,  (pii  avait  été  professeur  de 
rhétorique.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  saint 
Victorin  a  tiré  et  traduit  diverses  choses  d"0- 
rigènc.  mais  seulement  sur  ce  qui  rfgardait 
l'exidiration  des  saintes  Ecrituies.  Il  ne  h> 
tradnisait  pas  comme  un  interprèle,  mais  il 
en  faisait  comme  un  nouvel  ouvrage  ijui  lui 
était  propre  ,  corrigeant  ou  passant  ce  qu'il 
y  jugeait  de  mauvais.  L'opinion  des  millé- 
naires, qui  se  trouvait  en  différents  endroits 
des  Comuienlaires  de  sainl  Viclorin  ,  a  fait 
mettre  ses  écrits  au  nombre  des  apocryphes, 
par  (lélase.  Il  y  a  un  >"iclorin,  évè(jue,  con- 
danuié  et  anathématisé  dans  le  second  con- 
cile d(^  Kome,  sous  Silvestre,  parce  (pi'il  re- 
jetait les  cycles  ordinaires  dont  l'Eglise  se 
.servait  pour  régler  la  fête  de  PAipies  ;  mais 
les  savants  n'ont  pas  graudc  croyance  pour 
^cs  sottes  de  conciles  ,  cpiiis  soutiennent 
être  tout  à  fait  supposés.  Haronius  même 
n^oiie  que  cet  endroit  est  faux  ou  regarde  un 
autre  Victorin.  (Tillemont,  vo..  ^',  p.  .111.) 

\  ir.TOlUN  (sainte  martyr,  répandit  son 
sang  pour  la  foi  durant  les  persécutions  ([ue 
les  chrétiens  soulfrirent  sous  les  empereurs 
romains.  Ce  fut  aussi  sur  la  terre  il'.Vfricpie 
qu'eut  lieu  son  martyre  ,  ainsi*(|ue  celui  de 
ses  compagnons,  saints  Victor,  Victur,  Adju- 
teur,  Quart  et  trente  autres  cpie  les  marty- 
rologes ne  nomment  pas.  L'Eglise  célèbre 
leur  mi'moire  le  18  décembre. 

VICTOIUN  (^ saint),  fut  honoré  de  la  cou- 
ronne du  martyre,  en  Afrique,  avec  les  saints 
Sévère,  Sécur  el  Janvier.  Les  Actes  des  mar- 
tyrs ne  nous  ont  conservé  aucun  document 
relatif  h  eux-  L'Eglise  fait  leur  mémoire  le  2 
décembre. 

VICTOIUN  (sainl) ,  fut  martyrisé  h  Nico- 
méilie  avec  Pasteur  el  plusieurs  autres  dont 
les  noms  ne  nous  sunt  point  parvenus.  Les 
détails  nous  uianuuent  sur  leur  compte.  Ils 
sont  inscrits  au  Martyrologe  romain  le  2i> 
mars. 

NK.TOHIN  (saint),  reçut  la  palme  dtvs  glo- 
rieux combattants  de  la  foi ,  h  Havenne.  Il 
eut  pour  compagnons  do  son  triomphe  h>s 
saiut.s  Valenlm  ,et  Felicieu.  Nous  ne  possé- 
Jon*  pas  d'autres  «lélails.  L'Eglise  fait  sa 
fête  le  11  novembre. 


VICTORIUS  l'saint).  fui  martyrisé  pour  la 
foi  h  Léon  en  Esjiagne,  avec  ses  deux  frères 
Luperque  et  Claude,  (loy.  l'art.  Clalde  {louf 
}»liis  de  di'la'l"!.) 

VICTOUllS  saint  ),  souffrit  le  martyre  à 
Césaréc  en  Can|»adoce.  11  eut  pour  compa-f 
gnons  saint  Poiyeucle  et  saint  Donnai.  Of> 
n'a  |)as  de  détails  authentiques  sur  eux.  L'E- 
glise fait  leur  fête  le  21  mai. 

VICTKICE  (saint),  évèque  de  Rouen  el 
confesseur,  iviqiiil  dans  <pielque  extrémité 
de  l'empire  romain  ;  on  ignore  dons  quelle 
ville.  Il  servit  d'abord  dans  les  armées  da 
l'empereur.  Ayant  été  converti  à  la  foi  de 
Jésus-Christ,  un  jour  de  revue,  il  vint  dé- 
poser ses  armes  au  pied  du  tribun,  lui  disant 
(juil  était  résolu  h  servir  désormais  le  Dieu 
des  chrétiens.  Ce  tribun,  qui  était  idol.itre, 
en  fut  jilus  irrité  que  surpris.  Il  lit  fouetter 
le  saint  et  le  fil  déchirer  h  coups  de  bito'i, 
el  en  cet  état  on  leouchadans  li  prison  siir 
des  pièces  de  (ots  cassés,  ses  plaies  n'étiie-it 
pas  encore  guéries,  lors(iu'oii  le  lit  compa- 
raître devant  un  co'.iile  (pu  était  ce  semble 
venu  exprès  j.our  cette  affaire.  Comme  cet 
ennemi  était  plus  considérable  que  le  pre- 
mier, ce  fut  au^si  un  triomphe  plus  illu-tre 
que  notre  saint  remporta  sur  lui.  On  ignore 
s'il  reçut  la  (jueslion  une  seconde  fois;  ce 
(ju'il  y  a  de  si^r,  c'est  qu'on  n'osa  pas  le 
tourmenter  davantage,  voyant  bien  qu'on  ne 
le  déterminerait  point  à  rentrer  dans  la  mi- 
lice. On  le  cond  unna  à  avoir  la  tète  tranchée. 
Pendant  ([uon  le  menait  au  lieudu  su[)plice» 
le  bourreau,  qui  allait  devant,  lui  ayant  mis 
la  main  sur  le  cou  pour  lui  i-isulter  et  comme 
voulant  choisir  déjà  l'endroit  où  il  donnerait 
le  coup,  les  yeux  lui  tombèrent  de  la  tète  (>l 
il  demeura  aveugle.  On  avait  lié  notre  saint 
avec  lies  cliaiues  ([iii  le  serraient  fortement. 
11  pria  qu'on  le  dess.rr.U  un  peu,  mais  on 
le  lui  retnsa.  S't'tant  alors  adressé  di'vant  >es 
gardes  ,^  Jésus-Christ  liu-méme,  ils  vue  <l 
ses  chaînes  se  délier  d'elles-mêmes  et  lui 
laissiT  les  mains  entièrement  libres.  Le^  sol- 
dais n'osèrent  pas  le  lier  de  nouveau.  Ils 
coururent  tout  saisis  de  peur  rapporter  au 
coiiile  les  miracles  dont  ils  venaient  d'ètro 
témoins.  Celui-ci,  (piittanl  par  la  puissance 
de  Dieu  cette  fureur  qu'il  avait  fait  parailr»^ 
justpi'alors.  crut  le  rapport  des  soldats,  ol 
manda  ù  l'empereur  tout  ce  (pii  s'était  [ia>sé 
en  celle  all'aire,  puis  laissa  le  saint  en  li-. 
berté. 

Les  suites  de  la  jtiété  de  sainl  Viclrice  ré- 
pondirent k  la  gloire  d'un  couuuençem.^nt  si 
illustre.  Dieu  voulant  réconqieiser  sa  granilo 
vertu,  le  lit  élever  sur  le  siège  apO!>lolique 
de  l'église  de  Rouen,  avant  l'année  .'J'.H).  Il 
ajtpoi ta  d.uis  rac(-omplisseinent  îles  devons 
de  l'episiopat  toutes  les  vertus  et  ledévoue- 
uient  ipie  Dieu  léguait  de  siècle  en  siècle, 
dans  ces  temps  apostoliques  comme  l'héri- 
tage de  JéMis-Chrisl  et  des  apôtres  à  ceux 
qui  étaient  «liargés  de  répandre  sur  la  teiro 
la  seiutMice  ('vangi'licpie.  Il  rassembla  ouloiir 
de  lui  des  troupes  innombrables  de  saint>do 
lun  et  de  l'autre  sexe  qu'il  avait  engendrés 
à  Jésus-Christ  par  sa  sage  conduite  et  h  qui 


iM7  v:i': 

il  s(^rvi\i(  il«^  tnndiM»'  d'uiin  loi  et  (rmn»  vcutii 
|Kirf;iilcs,  juissi  voyjul  i>ii  llriiiii'  ddiis  suii 
iv^lisr  loiiti's  sortes  <l(i  Vfiliis. 

La  ii(''|;li};;(«ii(;(Ml(>s|t«sl(Mirs  nu  les  i'MV)ij:;(fS 
lies  harh/iri's  avaiciil  ('iii|i<^cli('  li's  |ii-om'rs  do 
riùaii^ilcdaiis  le  pays  ilrs  Moriiis  ci  îles  Nim- 
viciis  (l-'iaiidrc,  Hialtaul ,  llaiii/iiil,  cl  (lamhre- 
sisl  :  Dieu  dioisil  iiulic  saiiil  |ioiii- y  (airr  ht  il- 
Icr  le  divin  llainl)(au  de  ri';vaii^ile.(',(>s  lieux, 
(|iu  auparavaid  n'élaienl  ((u'uti  d('is(>rl  li.diiU^ 
par  des  voleius  el  roui'U  sans  eesse  par  hvs 
harliares,  l'ureul  hienliM  ((uiverls  de  villes , 
d(»  bourgades,  (r»''^lises  et  de  nionaslùr(>s. 
\  (>rs  l'aniH'(>  ^OV,  noli-e  saint  lil  lui  voyage  ?i 
ilonie  :  on  pense  (pu>  ce  lui  à  cause  de  la 
persi^rution  (lue  la  calonniit»  lui  suscita, 
connue  nous  1  appiuMions  de  saint  l'aidin  ;  il 

i)ai'ait  n»(Mne  qwc  ce  fui  au  sujet  de  sa  loi. 
)i(>u  ne  permit  cette  lenïpcMe  ({u'alin  (|u'il 
eût  encoi't"  la  i;Ioire  de  la  vaincre,  ipu'  ce  lui 
fût  une  matière  de  remporter  une  n^mvelh» 
couronne  et  (|iril  |>iU  dire,  avec  sajnl  Paul, 
(pi'il  ctMnhallail  h  droite  et  à  t^anclie  par  les 
armes  (h>  la  justice,  parmi  riionueur  ol  l'i^ 
f^iuMuinie,  dans  la  mauvaise  et  dans  la  ho'ine 
l'épnlalion.  (-ar  les  (rails  d(>s  mauvaises  lan- 
gues no  purent  trouver  d'endroit  pour  bles- 
ser un  corps  tout  environne^  des  armes  do 
Dieu,  ni  fnre  voir  aucune  tache  dans  ce  so- 
leil. Le  moyen,  eu  ellt't,  de  douler  si  hi  foi 
de  la  vt^rité  était  dans  l'esprit  d'un  évùifue, 
lors(]ue  la  vei'lu  da  la  loi  paraissait  da  is  ses 
actions?  Ainsi,  personne  n'eut  la  confusion 
d'avoir  eu  trop  bomio  opinion  de  lui,  et  c;'tte 
nouvelle  preuve  de  la  pureté  de  sa  foi, jointe 
<i  Texemph^  de  sa  veiln,  servit  même  an  pro- 
giùs  de  l'Kvangilc. 

L'histoire  ne  nous  ajiprend  rien  davantage 
touchant  saint  Victrice.  Un  ancien  manus- 
crit parle  de  sa  grande  charité  envers  les 
pauvres  ;  on  prétend  cjne  les  anciennes 
chioniques  mettent  sa  mort  l'an  4-17.  On  as- 
sure (jue  sesreliques  furent  conservées  dans 
le  piieuré  de  Saint-Uemi,  aux  environs  de 
Kouen,  jusqu'en  150-2,  époque  à  la(iuelle  elles 
furent  brûlées  par  les  calvinistes.  L'Eglise 
fait  sa  fête  le  7  août. 

yiCTUR  (saint),  martyr,  eut  la  gloire  de 
répandre  son  sang  j>our  la  foi,  durant  les 
perséeutions  que  les  empereurs  romains  fi- 
rent subir  aux  chrétiens.  Il  cueillit  la  palme 
du  martyre  en  Afrique,  où  Genséric  et  Hu- 
néric  son  fils  répandirent  tant  do  sang  chré- 
tien, à  ré,>oque  où  l'arianisme  faisait  une 
guerre  acharnée  aux  disciples  du  Christ.  Les 
saints  Adjuteur,  Victor,  Victorin  et  Quart,  et 
trente  autres  que  les  martyrologes  ne  nom- 
ment pas,  partagèrent  ses  souifranccs  et  al- 
lèrent avec  lui  en  recevoir  le  prix  au  ciel. 
L'Eglise  fait  leur  l'ète  le  18  décendjre. 

VIENNE,  ville  des  Gaules,  anciennement 
capitale  des  Allobroges,fait  maintenant  par- 
tie du  département  de  l'Isère.  Sous  l'empire 
do  Marc-Aurèle,  une  furieuse  persécution 
s'étant  élevée  contre  les  chrétiens,  cette  ville 
fut  le  théâtre  du  martyre  des  saints  Séverin, 
Félicien  et  Exupère.  Beaucoup  d'autres  dont 
les  noms  ne  sont  pas  venus  jusqu'à  nous,  y 
donnèrent  leur  vie  pour  la  foi. 


VIN 


r>7.8 


\  l(ilLI''.  (saitd),  év(V|U('  d«i  Trente  et  uwir- 
lyr.  lui  ('-lu  évèquc  m  '.IH'.',.  L"l';;;lisc  élail  <«ri 
plruM'  paix  sriiis  h«  sceptre  pniss/inl  r-l  pn- 
li-rncl  ibi  ^raiid  'l'héodose,  ce  modèh'  de» 
souverains,  (pu  rmul  à  un  si  haut  point  (Jn 
giandciH'  Truquii!  romain  ipi'il  Irouva  si  af- 
faibli, si  déchu,  si  déchiré,  et  rpii  cicatrisa 
la  |tlus  grande  partie  di-s  plaies  (pie  les  hé- 
ri'sies  av.iient  laites  à  l'I-iglise  du  Scngnmir. 
Saint  Vigile  «ml  le  honlunir  rare  h  crMlc  é|ir)- 
(pie  d'iMre  év(%pie(|'iMie  conln'i!  où  evislaienl 
encoi'e  de  noiiibieiix  païens. 'l'oule  la  parlie 
de  son  diocèso  située  dans  les  Alp(vs  était 
peuplée  d'idoMlres.  Anssilùt  ipTil  bit  promu 
a  son  siège,  il  comprit  les  devoirs  (pie  lui 
imposait  cotte  sitiinlion  excoptifumelle.  Il 
songea  ?i  porter  le  nambean  évangi'liipie  au 
niilien  de  ces  p(niples  inicore  déshérités  de 
\a  croyance  qui  sauvait  le  monde.  Il  envoya 
dans  les  Alpes  les  saints  Sisinnius,  Marty- 
rins  et  Alexamlre.  Quand  ces  trois  saints 
prédicat(nirs  eurent  été  mis  à  nif)rt  par  les 
paie  is,  >'igil(>,  tpii  ambitionnait  d'avoir  bj 
même  sort,  ne  cessait  de  |irier  Dieu  de  le  lui 
accorder.  Ses  priè.es  furent  enfin  exaucées  : 
il  fut  mailyrisé  pour  la  foi  par  des  paysans 
iilol.itres  qui  se  saisirent  de  lui  connue  il 
parcourait  le  [)ays  pour  y  continuer  l'cEuvre 
apostolique  connnencée  par  les  saints  pré- 
dicateurs (pie  nous  venons  de  nonnuer.  Ce 
fut  en  iOOou  en'i-05  qu'il  re(;ut  la  glorieuse 
couronne  (pi'il  avait  été  si  désireux  de  con- 
quérir. L'Eglise  fait  sa  fête  le  2G  juin. 

VILLABANO  (le  bienheureux  Àlt.istin), 
capucin,  paya  de  sa  vie,  en  l'année  1666, 
l'honneur  de  prêcher  Jésus-Christ  aux  infi- 
dèles de  la  Nouvelle-Grenade. 

VILLALOBOS  (le  bienheureux  Louis  de  ), 
frère  mineur,  appartenant  à  la  custodie  de 
Zacatecas,  étant  parti  envoyé  en  mission  par 
son  supérieur,  fut  tué  en  route  |)ar  les  Clii- 
chimèqu(>s,  qui  le  percèrent  à  coups  de  llè- 
ciies.  (  Chroniques  des  Frères-Mineurs,  t.  IV, 
p.  600.] 

VINt^ENT  (  saint  j,  reçut  la  palme  des  glo- 
rieux combattants  de  la  foi  de  Jésus-Christ  à 
Rome,  avec  les  saints  Pontien,  Eusèbe  et 
Pérégrin.  Ce  fut  sous  l'empereur  Commode 
qu'ils  endurèrent  successivement  les  tour- 
ments du  chevalet,  des  entraves,  dos  coups 
de  b;Uon  ;  ensuite,  après  avoir  eu  les  côtés 
brûlés,  comme  ils  ne  cessaient  point  de  louer 
Jésus-Christ,  on  les  fi'ap[)a  avec  des  fouets 
garnis  de  plomi),  jusqu'à  ce  qu'ils  rendis- 
sent l'esprit.  L'Eglise  fait  la  fête  de  ces  glo- 
rieux combattants  le  25  août. 

VINCENT  (saint), diacre  et  martyr,  fut  mis 
à  mort  en  258,  sous  Valérien  ,  avec  saint 
Sixte,  en  même  temps  que  les  saints  diacres 
Félicissime,  Agapet,  Janvier,  Magne,  Vin- 
cent, Etienne.  Ils  furent  tous  décapités.  L'E-  , 
glise  honore  la  mémoire  de  tous  ces  saints 
le  6  août. 

VINCENT  (saint),  avec  son  frère  saint 
Oronte,  cueillit  la  palme  du  martyre  'sous 
le  règne  de  Dioclétien,  à  Gironne  en  Es- 
]iagne,  en  291.  Tous  deux  étaient  issus 
de  race  illustre ,  et  même  on  dit  dans 
leurs   Actes  qu'ils  étaient  de   sang  royal. 


i:.:o 


VIN 


VIN 


13.iO 


Un  nommé  Uufin  ,  gouverneur  ae  la  par- 
tie de  l'Espagne  où  liahitaicU  les  dont 
sai'ils,  ayant  suscilé  une  vioionto  persécu- 
lion  co'Ure  les  chrél'ens,  lii  couler  des  ilils 
de  >an^  et  cojim  t  de  gra  'des  iruauk^s.  Co 
fu;  [)en  .ant  quil  >évis'ait  ainsi  eonire  I -s 
disriples  de  J "^us  Christ,  qii  les  deux  fr«'- 
rcs  viirent  h  Rcdi,  [»et;te  v,ll  •  située  à  (piel- 
quo  dista  lee  de  (iironne.  Ils  recuroil  V'  os- 
pitidité  chez  \  ictor.  h'-viie  et  i  hrél  en  fer- 
vent. U  i  jour  qu'ils  étaient  allés  sur  une 
nionia,^ie  voisine,  pour  se  forli(ier  [tar  la 
prière  et  po  ir  évit  r  1  s  p  )ur*uites  de  Uulin  ; 
celui-t  i  vint  clez  Victor,  et  lui  reprocha 
avec  ui.e  extrême  violence  île  ne  vouloir  |»as 
ad'irer  les  dieux  de  l'empire,  et  de  duuier 
a-ile  à  Oronte  et  à  \incent,  d'jux  séducteurs 
du  peuple,  disait-il.  Victor  lui  répondit  (jue 
ceux  qu'il  nommait  des  séducteurs  et  lient 
des  serviteurs  du  vrai  Dieu,  honunes  de 
graille  naissance,  pleins  de  gé  léreux  senti- 
ments, et  iiicapaWcs  d'obtempérer  à  ses  in- 
jo'ictions  im(»ies  et  de  s'incliner  dev.mt  ne 
vaines  idoles.  Outré  de  f.reur,  Hu'.in,  avec 
des  espions  qu'il  avait  amenés,  gravit  la 
montagne,  et  ayant  trouvé  les  deux  frère'^, 
voulut  les  for -èr  à  sacrilier.  Sur  leur  géné- 
reux refus,  il  les  lit  conduire  dans  la  plaine 
et  décapiter.  Victor  cactia  leurs  corps  et  les 
ensevelit  honorablement.  Rufi  i  ayant  ap[»ris 
cette  circonsla-ice,  tU  décapiter  aussi  Victor, 
ainsi  que  sainte  .Vquiline  sa  mère,  et  son 
père,  (pie  les  Actes  ne  nomment  pas.  L'K- 
glise  romaine  fait  la  fête  de  tous  ces  martyrs 
le  22  janvier.  (  Voy.  Victor  et  Aqliline.) 

VINCENT  (sai'it),  diacre  de  V.deixe,  fut 
ma  tyrisé  pour  la  foi  clnétienne  en  Espagne, 
sous  l'empire  de  Dioclétien,  en  l'an  de  Jé- 
sus-Christ 30V.  IMuilence  nous  a  donné  ses 
Actes  authentiques,  que  nous  copions  tex- 
tuellement, d'après  D.  Ruinart 

Que  ce  jour,  illustre  Vincent,  qui  éclaira 
votre  triomphe,  et  ipii  mit  sur  votre  tète  vic- 
torieuse u'ie  cOiMO  ine  de  lauriers  arrosés 
de  votre  sang,  so  t  pnur  nous  un  jour  serein 
et  sans  nuages.  Il  tut  le  témoin  de  votre 
gloire,  JorS(jue,  a[)rès  avoir  abattu  a  vos  pieds 
la  cruauté  des  tyrans  et  des  bourreaux,  vous 
vous  élevjUes  du  uulieu  des  ténèbres  de  ce 
monde  vers  le  ciel  où  Jésus-Chist  vous  at- 
tendait [>our  vous  couronner  d'une  im  nor- 
telle  .  larté.  Nous  y  prîtes  votre  place  parmi 
les  anges,  revêtu  dune  robe  où  vos  victoires 
élai<'r)l  re|trésenlées  avec  votre  profire  sang. 
Permellez-moi,  géni-reux  martvr,  de  les  re- 
tracer dans  mes  vers,  et  de  vous  dresser  un 
trophée  flvec  ma  |)lume  dans  le  souvenir  de 
la  postérité.  On  v  verra  le  tyr.ni  prendre 
en  vain  le  parti  dt/sesdeux,  et  armé  de  lois 
et  d't'dils  sacrilèges,  emjiloyoi'  sans  sui'cès 
la  p  ison  et  les  tortures  pour  vous  obliger 
de  doiHicr  de  Toacens  aux  démons.  Il  est 
vrai  qu'il  p.irut  d  abord  que  sou  dess(>iu 
était  de  vous  ménager;  \\  (  rut  devoir  com- 
mencer par  la  douce  persuasion,  et  il  se  llat- 
lail  que  vous  ne  pouviez  résister  aux  chir- 
mes  de  sa  parole;  semblal)leau  crml  enneu)i 
des  innocentes  brebi*,  qui  prêt  h  faire  curée 
d'un  agneau  simple  et  sans  malice  ,  l'amu»»* 


par  un  jtu  simulé,  ou  l'intimide  par  un  cri 
menaç.int.  Car  voici  comme  le  tyran  Dacien 
parla  au  saint  martyr 

n  Les  maiires  du  monde,  lui  dit-il,  nos  au- 
g  istes  princts.ont  fat  nue  loi  qui  ordonne 
h  tous  les  honunes  de  fléc'iir  le  genou  de- 
va  it  les  anciens  dieux  de  Rome.  Ils  en  réta- 
blissent le  culte  dans  tous  les  lieux  de  leur 
domination.  Nous  ne  doutons  point  que 
vous  autres  N.izaréens  ne  soyez  ravis  de 
donner  en  cette  rencontre  des  manpies  de 
votre  soumission.  Quittez  donc  votre  nou- 
velle superstition,  c<  tte  religion  informe,  et 
venez  sacrilier  aux  dieux  du  prince.  »  Alois 
Vincent,  animé  d'un  zèle  digne  de  la  sain- 
teté (le  son  ministère  i  car  il  était  du  nom- 
bre des  diacres  de  la  tribu  sacrée  (Ij,  et  l'une 
dessepicolonnesderE-,lise  ;  Vincent, dis-jr», 
transporté  d'une  sainte  jalousie  pour  l'hon- 
neur de  son  Maître,  répondit  ainsi  à  Da- 
cien :  «  Nous  vous  laissons  vos  dieux;  ado- 
rez si  vous  voulez  du  bois  et  des  pierres  ; 
soyez  souverain  pontife  des  morts,  nous  ne 
nous  y  opposerons  pas;  [^our  nous,  nous  ne 
reconnaissons  pour  Dieu  que  le  créateur  ue 
la  lumière,  le  Père,  et  Jésus-Christ  son  Fils, 
qui  n'.'St  avec  le  Père  qu'un  seul  et  vérUdbie 
Dieu.  »  Le  tyran,  à  ses  i)aroles.  se  sentit  ému. 
«  .Malheureux,  s'écra-t-il,  est-ce  ainsi  que 
vous  osez  violer,  \<ar  un  discours  impie  el 
sacrilège,  le  respect  (jui  est  dCi  h  la  maje>té  de 
nos  princes  et  de  nos  dieux?  El  comment 
a vez-vou5raudice( l'attaquer  en  même  tenij-s 
et  les  lois  et  la  riligicr)  de  tous  les  peuples  de 
la  terre;  ne  craignez-vous  point  le  péril  où 
vous  peuvent  entraîner  les  saillies  d'uie 
jeunesse  inconsidérée  '?  Modérez  cette  ar- 
deur, si  vous  m'en  croyez;  recevez  l'éuil 
avec  soumission;  enlin' chois  sse/,  ou  de 
briller  de  l'encens  sur  cet  autel ,  ou  de  l'ar- 
rosi-r  de  votre  sang.  » 

«  Mon  choix  isl  tait,  répliqua  le  saint  dia- 
cre, ma  main  ne  fera  point  tumer  d'encens  ; 
employez  maintenant  tout  voire  pouvoir 
pour  l'y  contraindre.  Ecoutez,  voici  ce  que 
je  confesse  haulenieil  :  il  n'y  a  {ju'un  Dieu 
et  qu'un  Jésus-Christ.  Je  le  publie  sans 
crainte  :  arrachez  si  vous  pouvez  crtte  loi 
(le  mon  cieur  ;  mais  sachez  que  les  lourmenis 
les  plus  horribles,  les  ongles  de  fer,  les  lames 
ardentes,  la  mort  enlin;  sachez  ,  dis-je  ,  que 
cela  nest  ([u'un  jeu  pour  les  chrétiens.  Oh  1 
que  cet  édil  que  vous  me  présentez  est  peu 
sensé,  et  (pie  vos  Césars  sont  dignes  (le  ri<éo 
avec  Itnirs  vaines  ordonnai  ces  I  Tels  dieux, 
tels  adorateurs.  Oh!  les  plaisants  dieiix,  ijui 
doivent  leur  divinité  à  l'art  d'un  oifèvre  <ui 
diiii  sculpteur  1  Les  plaisants  dieux,  dont  la 
snbstance  se  prépare  dans  un  creuset,  riu'on 
fait  (Miire  dans  un  fourneau,  el  (ju'on  lorge 
sur  une  enclume  1  Quels  ditnix.  (pii  n'ont  ni 
voix  ni  mouvement  ;  (|iii  sont  sans  \eux  el 
sans  langue  !  El  cependant  l'or  et  le  marbre 
('(latent  de  tous  C(.Més  dans  les  tenqiles  (juo 
vous  leur  élevez  ;   mille  taureaux  tombent 

(H  (''cst-à-dirc  li>vilo.  I.c  poêle  fait  .illusion  aux 
S!-pl  premier»  (lucres,  qui  fiirctu  dus  a  Jeru&aleiu. 
An.  m. 


r.H 


VIN 


VIN 


tStl 


(levant  riiT  rn  imi^iss/mt  ,  frapiM 's  <lii  cou- 

li'im   sacrc^    (|iii  li-s  iiiniiolc.  \  tiis  iiii<  drc/. 

|)rnl-(Mi('  (|ii('  (les   csiuits  luil)  le  ni  dans  cos 

tfiniilcs  cl  ronipl  sscn'  (-(«s  vai  's  .snnnluirs. 

Kl  (-.  ()sl  cela  uK^nir  i|iii  d'il  vous  cm  l'indiu. 

Savcz-vniis  (Hicccs  c^|»nls  son   lics  dcuinn.s, 

rsprils  iinpiiiN,  cnanls ,  r.iil)lcs,  tioiii|iciir.s, 

inipuissants,  les  inxli.^a'curs  des  ciini-s,  les 

(>  T'cinis  lie  vnlic  s.diil.  Co  soi!  r\i\  i|iii  vous 

jiii'',  i|iil('ni  cans  uiillc  (\^ari'nn'nl.s,  (|in  viiu^ 

I  vs|)ii('i  l  rinjuslicc,  <|ui  vous  i-culr  d  < dii  ii\ 

les  j;in«>  de  bien,  (pii  vous  lo  'l  Ircnipcr  vos 

niains  da'>s  I  iir  sa   f;.  Ils  n'i.^i.oirni  pas,  an 

rcslc ,  i|U(^   Ji'sns-(<liii>l   csi    viv.ml,   (|u"il 

vèfiH\  (Ja  \s  l(»  eiid  cl  dans  .-o  i   l\>;.ist!;  (jn  • 

bicnlôl  les  nicrlianls    iccnnnailioiil    nial^^ic 

(Mi\  le  pouvoir  (pi'il  a  snr  tons  hs  lioinnu  s. 

(l'cul  ce  ipu'  (CS  nianvais  ^t«niiîs  no  pt  uvi"il 

s'enip(^(lu  )•  d'avoncr,   lors.jne  les  clu'  liens 

leur  coiiinia.  denl,  au  nom  île  J(''sus  tlhiisi, 

u'a^ifl,  (lo'imr  les  corps  donl  ds  sélaienl  eiii- 

paics.  » 

l.ejii^e  fniienx  nopni  sonllVircc  discours 
(lu  niailyi'.  «  (Ju'on  lui  iV'rnio  la  boudie,  s'é- 
ei'ie-t-il,  et  (pie  nos  ori'illes  i  c  so  cil  p'us 
frappi'os  de  ses  liorribKs  blasplieuies;  (j  l'on 
iass(!  vonir  des  bourreaux,  oui,  de  ccu\  (jui 
ne  >'enr;ia  sseU  (p.o  du  sa  'i^doscriiiiinels  et 
qui  save  t  lo  luioux  I  <ij"l  de  les  louriiieuti'r; 
(pi'ds  approche  il.  il  scnliia  ,  rini|>io,  qu'on 
ne  se  mixpie  p.is  iui|);  iiéiuo  U  d.'s  dieux,  et 
que  lo  pieuiur  oevoir  d"uiijUc;o  est  ue  vcn- 
yer  leurs  injuios.  Tu  astru  sans  d  'Uto  tiuo 
je  te  soullVi  ais  1'  nier  aux  pied>  les  sacr.  s 
mystères  du  Capilolo,  lou  ner  en  ridic  lo  la 
piék!  du  sénat,  ..e  llouie  (Mitiero  ;  ^\u^  dis-je? 
des  euipereuis  mêmes.  Q.i'om  lui  atl.iclie  les 
bias  d(.ri'i(l'ro  le  dos,  el  ([u'ensuiie  on  l'élève 
fort  haut,  tt  quon  le  laiss>'  lelombor  lude- 
mo'il,  ji  s,|u"à  ce  qu  ■  tous  ses  os  so  déboi- 
tont  par  la  violence  redoublée  de  ses  mou\e- 
nients  opposés.  (Ju'ou  ajoute  à  ce  lour- 
mont  les  ongles  dv.  Ici',  qui  .le  leurs  poii.tes 
recourbées  aillent  au  travers  des  côtes 
décharnées  cheicher  les  entrailles  palpi- 
tantes. » 

L'iiitiépidesoldat  de  Jésus-Christ  insultait 
copend  nt  au  tyran.  -<  Ces  ongles  do  fer, 
lui  disait-il  en  lui  rcp;o>hant  sa  cnaulé, 
n'enlronl  pas  encore  assez  avant,  »  •  ais  les 
bouireaux  n'e  1  i)Ouvaieni  plus,  leurs  lurces 
étaient  épuisées,  et  loiirs  bras  tombaitm  de 
I  ssitude.  Vincent  neu  était  que  plus  gai. 
Votre  vue,  ô  Jésus!  qui  le  Ibrtiliait,  réjian- 
dait  sur  son  front  une  lumière  vive,  sem- 
blable à  celle  qu'un  beau  jour  répand  dans 
l'idr,  aj.rès  en  avou-  écarté  tous  les  nuages, 
a  Quelle  joie  tranquille  bnlle  sur  ce  visage, 
s'écriait  le  tyran  tout  confus  1  quelle  ho  Ue 
pour  nous  !  Le  misérable  rit  au  milieu  des 
su])plices,  il  nous  bravo;  et  par  sa  résistance 
il  uevient  à  son  tour  lo  Jjourreau  de  ses  pro- 
pres bourreaux.  Uici  ne  peut  surmonter 
cette  lierté  ;  la  douleur  et  la  mort  ont  beau 
l'attaquer  par  mille  endroits,  elles  ne  sau- 
raient l'abattre  :  il  triomphe  de  la  douleur  et 
lie  la  mort.  Mais  vous,  chers  ministres  de 
Uia  fureur,  vous  (|ui,  nourris  parmi  les  hor- 
reurs d'une  prison  ,  ne  respirez  que  le  sang 


vl   lO  cnrnnKf,  nrconh*/   (juejque  rtdjlcho  h 
vos  liielidires  r/ilij^iié>,   et  donne/  le  temps  h 
une  nouvelle  vigueur  de  s'insniuer  dan>  vos 
neiis.    Uepicne/.   do  nouvelles  joncs,  et  lû- 
clio/.  de  ra-iiuier  celle  Ki'-iéreusc  ardeur  qui 
m'a  toujours  si  |)ic»i  .scivi   Anns    loui(  s   les 
lorliircs  (pu'  j'ai  fiiil  donner.  Attende/  .seu- 
lenie  il  (pie  hs  cicalrn  es  commencent  h  su 
lormer  sur  les  plaies  (|iie  vous  ave/  laites,  •  l 
ipie    l(!    sang   soil  refioidi;   ipie  votrt!  main 
alors  remeUe  1»;  ï  v   dans  les  mêmes  li'essu- 
ifs,  et  (pi'(dle  ouvre  a  la  iiioil  et  à  la  douleur 
ce'l  portes  tout  h  la  fois.   -    Si  vous  croye/, 
dit  le  sai  il    lévite,  (pie  les  lidiles  ministres 
(h)   Votre  fureur  maïKjuenl   d'Iialeim*  et  do 
f  Mce,  veno/,  achevé/  vmjs-mênie  ce  (jii'ils 
ont  SI  heuieuseinent  coinmenci'.  Ne(r.iig'iez 
lien,  vous  êtes  encore    plus   criK.'l    (ju dix. 
Aiiprenez-lour  à  fouiller  dans  les  entrailles, 
el  moiiire/-leur  par  votre  exemplt!  (Kjiiime  ils 
(liiivenl  boire  le  sang  des  mari  \  is  encoie  lout 
l'uiiia.  t.  Tu  te  trompes,  tyran Jii  lolrom(»os, 
SI  tu  penses  (pie  j  eiduro  (piel(jue  youllianco 
loisque  tu  décimes  ces  memores;    lu   leur 
don  les  la  mort,  eh  I  no  sonl-ils  pas  destinés 
h  mourir?  Ma  s   il   (>st   au  dedans  un  autre 
homme,  un  autre  Vincent  sur  io(|uel  tu  n'as 
aucun  pouvou'.  il  est  libre,  malgré  tes  chaî- 
nes ;   il  jouit   d'un  |i«ifait  re,  os,  tu  n'as  pu 
encore  1  entamer,  avec  tous  les  instrumenis 
doni  ta  cruauté  so  sert  :  il  est  ini>e  'sible  à 
la  douleur.^  Ce  que  tu  t'ellorces  de  dél.uiro 
avoclanl  d'opiniàirelé  n'est  rien  qu'un  vais- 
seau do  teiie  déjà  l'èlé,  qui  tût  ou  tard  doit 
être  mis  .  n  p  oces.  C'(-si  cet  autre  homme, 
cet  homme  intérieur  et  invisib  e  qui  méi  iie 
toute  l'aiiplication  de   ta  lurour;  essaye,  si 
tu   poux,    do  lui    en  faire  sentir  hs  edols  ; 
[)orlejusque-la  tes  cigles  de  fer,  les  lames 
ardentes.  Insensé  I  ne  vois-tu  pas  qu'il  se  rit 
(Je  t  i  i'olio;  va,croiS-moi,  tes  ellorts  seraient 
vains,  il  est  impénétrable  à  tes  traits  ,  il  ne 
craint  ni  les  bourreaux  ni  les  tyrans;  Dieu 
seul  est  celui  qu'il  peut  craindre.  » 

A  peine  eut-il  achevé  de  pailer,  qu'on 
recommon(:a  tout  de  nouveau  à  le  tourmen- 
ter. Co|)endant  Dacien ,  mêlant  rartdice  à  la 
cruauté,  lui  fait  entendre  ces  paroles,  qui  ne 
pouv.ie  U  lui  être  inspirées  que  t>ar  l'ancien 
serpent  :  «  l^uisquo  la  durolé  do  votre  cœur, 
lui  dit-il,  et  laioreur  où  je  vois  votre  os[)ril, 
vous  font  rejeter  les  soulagements  que  ma 
main  \ous  pii^cnte,  et  que  ma  compassion 
vous  av.it  prép,  rés,  j'eiitonds  que  vous  me 
mettiez  tout  présontoiutnl  en  mam  ces  livres 
que  ^ous  appe  ez  sacrés  ,  et  qui  sont  p<.rmi 
vous  c  nservés  avec  tant  de  respect.  Je  parle 
do  ces  livres  qui  contiennent  celle  pomi- 
cieuso  doctrine  qi.e  les  geits  de  votre  secte 
vo  't  semant  partout.  Je  veux  que  le  feu  on 
abolisse  jusqu'à  la  mémoire.  » 

A  peine  le  martyr  eut-il  entendu  celte 
demande  du  tyran,  qu'il  lui  repartit  ainsi  : 
«  Tu  prétends  que  je  te  livrerai  lo  sacré  dépôt 
des  saintes  Ecritures,  et  lu  lais  déjà  prépa- 
rer le  feu  pour  les  consumer  ;  apprends  que 
ce  n'est  pas  leur  destinée  de  brûler,  mais  la 
tienne  Oui,  la  justice  divine  vengera  sur 
toi  l'injure  que  tu  leur  voulais  faire ,  et  cetîo 


r»43 


VIN 


VIN 


13il 


langue  qui  a  prononcé  ooiitiM^  ollc  cfftn  son- 
tcMoo  itupio  Sf'ra  frappro  do  la  foudre.  Que 
ces  éliriccllfs  (pic  tu  vois  s'»''Icver  te  fassent 
souvenir  des  rrinics  de  (lumorrhe,  et  que 
cette  cendre  te  remette  en  mémoire  celle  où 
Sodoine  fut  réduite.  Voil.'i  ton  sort,  A  serpent 
artilicieu\  !  voilh  le  .supi»lice  qui  t'attend. 
Bientôt  un  nuase  épais  ,  t"envelf)ppant  dans 
la  noire  vapeiir  dont  il  est  forini' ,  te  prt'ci- 
pilera  au  fond  dun  étang  de  soufie,  de 
poi\  et  do  hitume,  que  la  colère  de  Dieu  a 
allumé  dans  les  enfers  pour  [tunir  les  tyrans 
comme  toi.  «A  ces  niDfs,  la  piUeur  se  fait 
voir  sur  le  visage  de  Dacien  ;  un  rouge  obscur 
s'en  empare  à  son  tour  cl  en  chasse  la  pA- 
leur;    ses  yeux  étincellcnt  d'un  feu  mena- 

Î;ant ,  lancent  sur  le  martyr  des  regards 
oudroyants;  ses  lôvres  trrnnblantes  s'en- 
tr'ouvrent  et  donnent  passage  à  une  écume 
enflammée  :  tout  son  corps  est  trem{)é  de 
sueur.  Enfin ,  après  avoir  gardé  (pielque 
temps  un  morne  silence,  le  môme  mouve- 
ment de  fureur  qui  lui  avait  ôlé  la  voix  la 
lui  rend,  pour  commander  ([u'on  ap[ili(pie  h 
la  (piestion  le  diacre  di3  ^'alence,  et  ([u'on 
y  emploie  le  fer  et  le  feu.  Alors  Vincent, 
plein  de  joie  ,  et  oubliant  la  faiblesse  où  le 
réduisaient  les  |)remiers  tourments  qu'il 
avait  soufferts,  court,  vole  où  on  lui  en  pré- 
pare de  noiiveaux.ll  se  |)resse  d'y  arriver,  et 
il  ne  craint  qu'une  chose,  c'est  que  les  bour- 
reaux ne  le  préviennent.  Enfin  ce  généreux 
athlète  descend  courageusement  sur  l'arène; 
l'espérance  et  la  cruauté  y  descendent  avec 
lui,  et  dans  ce  fameux  combat  l'espérance 
soutient  le  martyr,  et  la  cruauté  anime  les 
bourreaux.  Là  on  (iressc  un  lit  de  fer;  les 
barres  qui  le  composent  sont  hérissées  de 
pointes  et  garnies  de  dents  ;  cl  un  brasier 
ardent  sur  hvpiel  il  est  i)osé  a  déjh  fut  per- 
dre au  fer  sa  couleur  [)Our  lui  donner  celle 
du  feu.  Vincent,  luoniranf  un  visage  assuré, 
monte  de  lui-même  sur  celte  funeste  couche. 
Tel  aux  jeux  olympiques  un  vaiiupunir 
monte  plein  d'allégresse  siir  l'échafaud  des 
jug(>s  (pii  y  président,  pour  recevoir  le  prix 
qu'il  vient  de  remporter.  On  jette  d'abord 
sur  le  sanit  martyr  du  sel  à  pleines  mains; 
le  sel  pétille  et  (Mitre  dans  milte  ouvertures 
«luelui  font  en  mille  endroits  des  pointes  de 
fer  qu'on  loi  enfonce  dans  la  chair.  On  loi 
verse  encore  sur  tout  le  corps  du  suif  fondu, 
qui,  s'insinuant  dins  cett(>  infinité  de  [daies 
•pie  le  fer  et  le  feu  ont  faites  ,  les  p(''nèlr<\ 
et  y  attire  la  llamme  ipii  les  agramlit,  les  cau- 
térise et  eu  fait  autant  d'ulcères.  Cependant 
l'invincible  dincre  ne  f.iit  pas  le  moindre 
mouvement,  il  symbleavoir  oubli('  (pie  c'est 
son  corps  qui  est  expos  »  h  do  si  horribles 
tourment-*.  Il  tourne  seulement  les  \eux 
vers  le  ciel,  car  ses  mains  sont  enchalni'es. 
11  se  lève  enlin,  mais  pins  vigoureux  et  plus 
fort  ;  il  quitte  ce  lit  atl'renx,  pour  un  autre 
(ju'on  lui  a  préparé  dans  un  antre  souter- 
rain et  inaccessible  k  la  bnnièro.  Car  on 
craint  qne  la  vue  du  ciel  n'au  ;tnente  encore 
celle  grandeur  d'Ame  (pii  confond  le  tyran 
et  fut  gémir  l'enfer. 
Dans  l'endroit  de  la  prison  le  plus  creux , 


on  a  pratifiué  un  caveau,  dont  la  voi^te  et 
b»s  cf»tés  s  approchent  et  se  serrent  de  telle 
Sorte,  qu'à  peine  lais'^eiit-ils  assez  d'espace 
pour  y  [dacer  un  homme,  l'ne  nuit  éternelle 
en  d('fend  constamment  lentrée  au  soleil. 
C'est  dans  ce  sépulcre  destitK'  |>our  les  vi- 
vants qu'on  jette  saint  Vincent ,  et  l'on  ren- 
ferme encore  dans  des  ceps  ses  deux  jambes 
('•cariées.  L'on  sème  la  terre  de  morceaux 
de  pots  cassés,  qui,  par  Imirs  angles  poin- 
tus et  leurs  inégalités  aijwës  ou  raboteuses, 
se  pla(;ant  dans  ce  grand  nombre  de  bles- 
sures dont  ce  saint  martyr  est  couveit,  y 
entretiennent  la  douleur,  l'y  retiennent,  et, 
si  l'on  ose  le  dire  ainsi,  lui  fournissent  une 
nouvelle  vivacité.  Ce  sont  connue  autant 
d'aiguillons  dont  ce  triste  lit  est  armé,  qui 
ne  laissent  prendre  aucun  repos  à  celui  (pii 
y  est  attaché,  et  qui  chassent  bien  loin  de 
ses  paupières  appesanties  la  douceur  du 
sommeil.  (]e  fut  ce  nouveau  genre  de  sup- 
plice, inconnu  aux  tyrans  des  siècles  passés, 
et  incroyable  aux  siècles  à  venir,  que  le 
démon  inspira  h  ce  savant  artisan  de  tortures. 

Mais  enlin  Jésus-Christ  renversa  en  un 
instant  tous  ces  noirs  attentats  de  l'ennemi. 
Car  tout  h  coup  l'obscurité  de  ce  cachot  se 
dissipe,  une  lumière  céleste  le  remplit,  les 
entraves  se  brisent.  Vincent,  votre  espé- 
rance ne  vous  a  pas  lromi»é;  voile»  celui  que 
vous  attendiez  avec  tant  dim[)atience  ;  re- 
connaissez au  travers  de  ces  rayons  qui 
vous  éblouissent,  reconnaissez  Jésus-Christ 
qui  vient  lui-même  vous  couronner.  Le 
martyr  charmé  jette  ses  regards  avides  sur 
ce  grand  obj(>t.  Il  sent,  (^  merveille  surpre- 
nante !  il  sent  que  tous  ces  morceaux  de  pots 
cassés  se  changent  en  fleurs,  et  que  cette 
couche  armée  (le  dards  v{  de  pointes  est  de- 
venue un  lit  doux  et  mollet;  un  parfum  ex- 
quis en  s'exhale  et  flatte  agréablement  Ko-;- 
(!orat;un(>  troupe  d'anges  l'environne,  lui 
parle,  le  félicite  de  sa  victoire,  l'n  de  ces 
i)ienheureux  esprits,  dont  l'air  majestueux 
faisait  assez  connaître  (pi'il  était  d'un  des 
premiers  ordres,  lui  parla  aifisi  :  «  Levez- 
vous,  illustre  vainqueur,  quittez  ces  lieux 
si  |)eu  dignes  de  vous,  ne  craigniv.-rien,  ve- 
nez :  et  (iésormais  associé  aux  neuf  ordres 
des  anges,  augunnite/.  le  nombre  des  heii- 
reux  citoyiMis  du  ciel;  vous  avez  assez  fait 
connaître  Votre  valeur  et  votre  constance, 
et  assez  essuyé  de  travaux,  il  est  temps 
ipi'une  mort  glori(ni<;e  nu^tte  fin  .H  vos  pei- 
nes. O  soldat  invincible  !  plus  vaillant  (pie 
la  v,ih>nr  même,  les  tourments  les  plus  hor- 
ribles tremblent  maintenant  d(>vant  vous, 
et  depuis  (jue  vous  les  avez  v.nn.  iis  ik  n'o- 
sent plus  vous  atiaipier. 

«  Ji''sus-Chri>t,  ipie  vous  voyez.,  et  (pii  n'a 
pas  dédaigné  dtMre  spectateur  de  votre  com- 
bit,  veut  ipn^  l'iHeruité  bienheureuse  en  soit 
le  prix;  (>t  après  vous  avoir  fait  l'honneur 
de  vous  (huuKM-  part  h  ses  soutlrances,  il 
vous  fait  celui  de  partager  avec  vous  sa 
gloire.  Abandonnez  donc  ci^  corps  mortel, 
(piittez  cette  demeiwe  ipii  tombe  en  ruine, 
celte  maison  de  terre  entrouverte  de  tous 
ctMés;  et,  ilégagé  de  cet   importun  fardeau, 


iTii:; 


VIN 


VIN 


17>4C 


vcllr/.  ri  SUIVI'/  11' Sri,;iiriir  M.'ins  soii  roynii- 
liir.  »  Il  ilil:  ('r|ii'iiil'illl  ci'lli'  liliiili'ir  (|iir  la 
jii('vsi'iinM|(>  Jésiis-dlil'ist  i'r|iniiilail  (huis  r(i 
lieu  SI'  r.iil  jiiiir  h  travi'is  !,•  };iii(ln<l  (|iii  m 
Icriiii'  rcMlrcc,  cl  va  ria|i|MM-  de  sciii  (m  lai  1rs 
\tMi\  lin  soldat  qui  U;  Kaidail.  Duc  voix  uir- 
loiliciisf  vient  l'U  iiu^mc  l(«iu|ts  cliaihicr  sou 
oreille  ;  c'est  celle  du  .s.iiul  mai  I  \  r  ijui  (  liaiit(! 
un  canli(|uc  h  la  louan^u  ilo  son  liIxTaloiir. 
I,a  \()ù\i'  du  carliol,  dcvcinu»  scnsildc,  vO- 
|ièlc  aprc^s  lui  lc>  iiii'^iucs  paroles.  Le  suidai 
s'a|>|)ro(^lio  de  la  |)(«lo  on  Irenihianl,  il  clier- 
cli(«  avec  eiupiessciuenl  une  (mivimIuic  (|ui 
luiisse  douncr  |)assa;.;e  î»  ses  yeux  curieux. 
l\l«is  (juel  speclacio  surprenant  se  orésenti) 
?i  sa  vu(>l  II  voit  loutes  les  lleiirs  (lu  prin- 
leiu|is  (pii  loriuciit  une  nuaic(>  vari(''(;  do 
mille  couleurs,  cl  radmirahk'  Vinconl  au 
milieu. 

(IcpendaiU  la  nouvelle  d'un  si  ^raiid  mi- 
racle est  l)ienUM  porl(^o  au  |)alais  du  gouver- 
neur; il  en  IVl^iuiI  de  ra^e,  il  en  pleure  d(; 
(lépil;  la  coK'ie,  le  cliagriii  et  la  honte  aj^i- 
Icnt  tour  à  tour  par  des  secousses  violentes 
soM  .'^nie  furieuse.  «  Qu'on  h;  fasse  proniple- 
nuMit  sortir  ihï  prison,  s"(;crie-l-il  ;  (pie  pa-r 
de  douces  fomentations  et  un  bon  traite- 
ment on  lAclie  de  lui  redonner  des  forces  ; 
(ju'oii  [)renne  enti'i  un  si  grand  soin  de  lui, 
que,  rcMahli  d.ins  son  premier  é'ial,  il  four- 
nisse h  ma  juste  fureur  de  (]Uoi  se  rassasier, 
en  e\er(j;ani  sur  lui  de  nouvelles  cruaut(^s.  » 

JNlais,  d'un  autre  côté,  les  lidèles,  ayant 
api)ris  ce  qui  se  passait  au  jialais,  y  accou- 
rurent en  foule.  Les  uns  s'empressent  h  re- 
muer la  plume  sur  hKjuelle  on  avait  couché 
saint  Vincent  |)ar  l'oi'dre  de  Dacien;  les  au- 
tres essuient  ses  plaies;  ceux-ci  baisent  avec 
respect  les  sillons  que  les  ongles  de  fer  o!it 
creus(3S  dans  sa  chair,  ccn\-là  portent  leurs 
l(?vres  et  leurs  langues  sur  quelques  ^'Oultes 
do  sang  qur coulent  encore  de  ses  blessures; 
il  y  eu  a  enfin  qui  le  recueillent  dans  des 
linges  [)uur  le  déposer  ensuite  dans  leurs 
maisons,  connue  ce  qui  en  doit  être  la  sauve- 
garde, et  le  laissent  à  leurs  héritiers  comme 
un  des  plus  riches  etlets  de  leur  succession. 
Nous  apitrenons  m(jine,  i)ar  des  relations  cer- 
taines, ({ue  ce  fortuné  guichelier,  touché  de 
la  vue  do  tant  de  merveilles  dont  il  avait  été 
le  témoin,  se  convertit  sur  l'heure,  et  em- 
brassa la  foi  de  Jésus-Christ. 

Cependant,  dès  que  le  saint  a  commencé 
à  presser  le  (iuvct  et  la  laine  tine  du  lit  que 
le  gouverneur  lui  avait  fait  préparer,  ce  re- 
pos lui  devient  à  charge,  il  ne  peut  plus 
soulfrir  la  vie,  et  il  soupire  après  celte  heu- 
reuse mort  qui  doit  achever  de  mettre  en  li- 
berté son  Ame  et  le  faire  jouir  de  la  présence 
de  son  Dieu.  Cette  âme,  dis-je,  puritiée  de 
toutes  ses  taches  dans  son  })ropre  sang,  se 
co'isume  du  désir  de  s'immoler  à  Jésus- 
Christ.  Ce  désir  ardent  s'accom[)lit  enûn  ;  et 
cette  grande  âme,  victorieuse  du  tyran,  lui 
laisse  son  corps,  et  s'élève  d'un  vol  rapide 
dans  le  sein  de  la  Divinité,  suivant  les  mômes 
traces  que  l'innocent  Abel  marqua  autrefois 
de  son  sang  lorsque,  péi'issant  de  la  main 
impie  de  son  fière,  il  alla  chercher  dans  le 


ciel  ini  ven^?eur.  Des  Iroiijies  de  mai  lus  re- 
V.  lus  de  Kibes  blanches  viennent  /lU-dev/i'it 
do  >i!icent,  il  l'accuiiipag  i(!nl  r/in^é.s  .sur 
(leiiv  lignes,  JiMii  It.iplisle  esl  h  leur  lèl(!;  il 
a  cumule  lui  perdu  la  vi(.>  dans  une  prison 
pour  riub'-ièl  (le  la  vérité. 

Mais  d'ailleurs  un  poison  brillant  d('vor(î 
le  coMir  du  l'uiieii\  bacieii  :  cet  ennemi  du 
nom  chrélien  siuil  ses  enlrailles  li(»ublée.s,  et 
son  esprit  agih-  par  les  vains  soiileveiiieiils 
d'une  ragi!  impuis^.inte;  tel  o  i  a  vu  (pnlque- 
fois  une  vipèi-c!  li  (pii  on  a  arraché  les  dents 
se  jel(!r  ?i  la  main  de  (•(•lui  (pii  l'a  ainsi  ih-s- 
ariiK'O,  ol  faire  d'inutiles  eU'oi  Is  |Miur  lui 
porteries  coups  (lui  ne  sont  plus  mortels.  Il 
s'est  donc  dérobii  a  notre  venge  uice,  cet  in- 
soleiil  rebelle,  dil-il.  Son  onibic  Iriomplii! 
mainleiiaiil,  mais  sa  victoire  n'est  pas  en- 
tière; il  reste  encore  entre  nos  mains  une 
partie  (1(3  lui-même,  à  (jui  nous  ferons  por- 
ter la  peim'  (pie  mérite  celle  (pii  n'est  plus 
en  noire  puissance.  Il  faut  (pie  h  s  bêles  so 
rempliss(!nl  de  ces  malheureux  restes,  et  (jUe 
le  ventre  des  chiens  serve  de  tombeau  à  un 
cadavre  dont  la  terre  serait  souillée.  Je  ne 
veux  i)as  (ju'il  en  d(,'meure  le  moindre  osse- 
nu'nl,  qui  puisse  être  à  l'avenir  à  une  popu- 
lace superstiiieuse  l'objet  d'une  solU;  véné- 
ratii  n.  11  ordonne  aussiUjt,  le  profane  qu'il 
e>t,  (pie  ce  corps  sacré  soit  jeté  parmi  des 
joncs  marins.  0  crime!  ù  impiété  digne  de 
renier  !  Mais,  ô  prodige  1  ù  [)rovidence  adoi-a- 
ble  I  il  sort  de  ce  cor[)s  d(is  rayons  de  gloire 
qui  jettent  l'épouvante,  ou  [)lut(')t  qui  impri- 
njenl  le  res[)ect  dans  l'âme  des  anunaux  les 
plus  farouches.  On  aperçoit  des  vautours 
qui,  (iuoi(pu;  pressés  de  la  faim,  n'osent  y 
toucher.  Un  corbeau,  peut-être  le  môme  qui 
fut  donné  au  i)rophète  Klie  pour  le  servir 
dans  le  désert,  devient  le  gardien  de  ces  pré- 
cieus(>s  reliques.  S'il  remarque  que  ({uelque 
oiseau  de  proie  semble  s'en  approcher,  il  i  é- 
carle  de  son  vol  et  de  son  croassement;  puis 
re[)renant  son  [iosle,  il  s'y  fixe,  et  le  garde 
jour  et  nuit  avec  une  tidèlité  admirable.  Ce 
fut  pour  lors  qu'un  loup  d'une  taille  ])rodi- 
gi(Mise,  sortant  d'un  taillis  peu  éloigné  de  ce 
lieu,  et  faisant  mine  d'en  vouloir  à  ce  sacré 
déi)ôt,  ce  tidèle  et  vigilant  oiseau  se  peiche 
sur  sa  tète,  et  ne  cesse  de  lui  enfoncer  son 
bec  dans  les  yeux,  et  de  le  frapper  de  ses 
ailes,  qu'il  ne  lait  contraint  de  prendre  la 
fuite  et  de  rentrer  dans  son  fort.  Où  sont 
ceux  qui  se  font  honneur  de  ne  rien  croire  ? 
qu'ils  nous  disent  i)ar  quel  charme  inconnu 
une  bète  accoutuiuée  au  carnage,  que  dis- 
je  '?  une  bête  qui  ose  se  mesurer  avec  les 
plus  furieux  taureaux,  cède  toutefois  à  un 
oiseau  qui  ne  se  sert  contre  elle  pour  loutes 
armes  que  de  ses  plumes  et  de  son  bec?  Ce- 
pendant il  faut  que  cet  animal  vorace  aban- 
donne une  proie  qu'il  ne  croyait  pas  lui  pou- 
voir être  disputée  par  un  autre  ;  il  a  beau 
gronder  et  pousser  des  hurlements,  un  seul 
corbeau  l'arrête,  l'épouvante  et  le  réduit  à 
fuir. 

Quelles  furent  alors  tes  pensées,  cruel  Da- 
cien, lorsqu'un  récit  lidèle  t'apprit  des  évé- 
nements si  peu  communs  ?  A  combien  de 


1347 


VIN 


VIN 


r)48 


serpents  la  rago  livn-l-cUo  ton  supprnc  rncnr, 
lorsque  lu  lo  vis  vainru  par  ui  coriis  privé 
d<'  VIO,  (in(!(les  niiMubrosin  -ris  Iromphaicnt 
enron^  (le  toi.  cl  (pio  d'S  os  insonsihl  s  et 
inanimés  somblaient  te  braver  jusq  le   sur 
ion  lril)nnal  ?  Mais  qu  >\  1  lanl  de  m  rv.-illes 
ne  seront-eile?  point  ca  tables  d'abaissci-  ta 
li''rté  ?  reconnais  du  moins  'a  faiblesse  ;  to-i 
0,>i'iiAlrc  funMir  n'aura  t-elle  point  de  tin  ? 
Non,  dit-il,  on  ne  verra  pont  Darien  se  ren- 
dre, et  SI  la  f'rocité   d  s  loups  et  d-'s  vau- 
tours s'adoueil  en  faveur  d  un  enieiui   des 
die   X  ;  si  les  corbeaux,  renonçant  h  leur  na- 
turel carnassier,  ont  si  mal  servi  mon  zelo, 
la  mer  peut-ôtre  me  sera  plus  favora  de,  et 
répondra  mieux  h  mes  désirs  ;  cet  éléuienl 
i  iipitoyable  ne  fit  jamais  -înke  à  perso  me, 
et  l'on  n"a  jamais  pu   le  rassasier  de  naulVa- 
ges.Qiie  si  1. sondes  ne  veulent  point  recevoir 
d  ms  leur  sein  ce  misé .able  cadavre,  il  ile- 
viendra  du  moins  le  jouet  des  Ilots,  et  la  pA- 
tuie  enlin  des  monst,es  manns.  Ou  bien 
élant   porté  au  |)ie  i  de  (pielqii  ■  falaise   es- 
carpé<! ,  il  ne  pourra   résister  à  1 1  violence 
des  va^'ues,  qui,  le  poussant  contre  la  pointe 
desé'ueils,  le  meitcont  en    [léees;   et  ses 
nieiujres  épais  n'auioit  |»our  toute  sépu- 
lure  que  le  creux  de  quelq  le  rucher  iiiac- 
cessibic.   Mais  qui  de  vo  is,  l)rav.'S  soldats; 
sera  assez  hardi    ou   as-ez  dévoué   a    votre 
commandant  ?  qui  de  vous  sera  assez  habile 
pour  conduire   une    barque  «ni    haite  m  t, 
manier  la  rame,  et  faire  une  maïKCuvre  à 
propos,  atin  d'aller  donner  aux  po'ssons  ce 
c  )  ps  ([ue  vous  voyez  encore  tout  (entier  par- 
mi ces  joncs,   et  i}ue  les  bêles  carnass.eres 
ont  épar^nié?  Mdsav.int   toutes  choses ,  il 
faut  le  renfermer  dans  une  corbeille  faite  de 
genêt,  et  y  attacher  une  pierre  exlrêmeme  il 
|»esante,  alin  que  son  poid-  la  retienne  au  fond 
d-'  la  mer. 

Alors  un  nommé  Eumorphion  s'olfre  h 
Dacie  ^.  Celait  un  ho.n.ne  déierminé,  b.  ulal 
ju-Nipj'iï  l'excès,  ne  connaissant  ni  pé.il  ni 
lio,,neiir,  au  resle,  <i'uii  naturel  inliumaiu 
et  tirant  sur  I  •  li^^re.  Il  emorasse  avec  ar- 
dnir  CfUe  oc(;asion  de  >atisraire  son  huaieur 
b  irb  ue.  Il  |)rend  doiK-  le  corps  du  saint  mar- 
tyr, le  m  t  dans  une  longue  corbeille  faite 
Ue  hianches  de  (^eiiêl,  et  se  jetant  dans  un 
esquif,  ga^ne  la  pleine  mer.  Lorsqu'il  eut 
perdu  la  lerre  de  vue,  il  crut  ([uil  était  tem|)S 
de  s'a  quiter  de  sa  dél  stanle  coinniissioo  ; 
il  liâC  le  tor,>s  d.»  l'exiuif,  et  le  pré.njdle 
dans  on  abtuie  d'eaux.  Alais,  ô  puissaïKO 
siiiiv  rai  ne  do  i  Dieu  auteur  île  l'univers  ! 
celui  qui  aiferiiiit  aiilref 'is  les  [tain  s  liqui- 
des .sous  Us  pas  d'un  apùlre,  et  ijui,  |)lusieurs 
sièilcs  .lup.iravaiit,  avait  commandé  a  la  mer 
Hou.;e  de  s'ouvrn  pour  laisser  passfM-  h  pied 
sec  les  enfants  d'Israël  ;  ce  même  Dieu  or- 
donne aojiiiird'iiui  a  Ce  inêiiie  élément  d'a- 
pa  ser  ses  ilois,  et  de  pousser  re-^pectueiise- 
inenl  eu  saint  rort^s  sur  son  rivage.  Il  se 
5'niinet  aux  ordnvs  «le  ««on  cré  ileur  ;  la  pCi  r»! 
iia^c  c'imme  uu  peu  irecum  ,  ei  l.i  corbeille 
est  porlé'o  sur  les  aux  coiiiaiu  un  vaisseau 
qui  n  le  vent  e  i  poupe. 

Cependant  le  riv.i^e  se  rouvre  de  peuple» 


qui  y  accourent  en  foule  ;  chacun  est  dans 
1  l'ionnement  en  voyant  ce  bAtimon'  d'une 
nouvelle  fabrique  courir  légère  nent  sur  la 
surface  il.'s  i>aux,  et  traînant  après  soi  une 
pièce  de  marbre  ;  le  vent  et  la  marée  le  pous- 
sent il  l'envi  vers  le  bord.  >'in,.;t  chaloupes 
se  détachent  du  port,  la  mer  blancint  sous 
les  rames,  on  s'elforce  de  joindre  ce  miracle 
lloltanl,  m  lis  on  s'etforce  en  vain;  il  fuit 
d  vant  les  barques  les  pins  légères  avec  une 
vitesse  iMconcev;ible  ;  enlin  il  touche  la  terre, 
et  laisse  bien  loin  derrière  lui  la  petite  llotlo 
de  ces  pieux  matelots. 

Il'ureuse  la  terre  qui  reçut  cet  illustre 
martvr!  heureux  le  riv,ij;e  (im  lui  serv  t  île 
port!  heureux  le  sable  qui  le  couvrit  et  lui 
fournil  un  loinbeoi!  Alors  les  fidèles  s'en 
a|)proc!ièrenl  avec  un  res|)ect  religieux,  ils 
jetèrent  dessus  force  poignées  de  fleurs, 
qu'ils  arrosèrent  de  leurs  l.irme*,  et  ils  l'or- 
nèrent st.don  que  letenijis  présent  et  la  trislo 
c;\,tlivité  où  gémissait  l'Eglise  le  leur  purent 
permeitie.  Mais  il  ne  resta  pas  longlenii  s 
dans  un  état  si  peu  digne  le  lui  :  car  les  en- 
nemis de  Jésus-Christ  a»  anl  été  vaincus  (1) 
peu  de  tem[)5  a[)rès.  et  la  paix  donnée  à  ses 
serviteurs,  on  éleva  sur  ce  tombeau  rusti- 
que un  autel,  sous  lequel  on  rail  re noser  les 
os  sacrés  de  ce  saint  diacre.  .Vinsi  Dieu  vou- 
lut bien  partager  son  tn^ne  ^2  ave>'  lui  sur  la 
terre,  comme  il  l'avait  déjà  partagé  dans  le 
ciel. 

tirand  saint,  nous  remettons  vos  vœux 
entre  vos  mains,  alin  que  vous  les  otiriez 
5  notre  Père  céleste;  soyez  aiqtrès  de  lui 
notre  intercesseur  Z'Ié,  pressant,  q  lo  i  ne 
puisse  refuser.  Défendez-nous  au  tribunal  du 
souverain  juge,  |)rolégez-nous  auprès  du 
grand  roi,  obtenez-nous  le  pardon  de  nos 
crimes,  nous  vous  en  conjurons,  grand  saint, 
par  votre  prison,  ce  thé.Ure  de  votre  gloire; 
par  vos  chaînes,  q;!i  ne  {lureiit  jamais  asser* 
vir  votre  Ame;  par  les  llamm  s  qui  ne  vous 
br  lèien!  q  le  pour  vous  puritier;  par  les  on* 
gles  de  fer  qui  écrivirent  sur  votre  corps  en 
caractères  de  sang  vos  victoires  ;  par  ces  mor- 
ceaux de  pots  cassés  qui  furtnit  changés  en 
Heurs  ;  par  ce  lit  doidoureux  que  les  lidèles 
baisent  aujourd'hui  avec  une  frayeur  respec- 
tueuse. Priez,  pressez  ,  rendez-nons  Jéstis- 
C!iri>t  propice.  Si  nous  célébrons  c 'j'Uirso- 
len  el  d  •  votre  triomnh.»  avec  un  cctnir  pur 
et  se  ijiibie  h  Viitre  gliire  ;  si  nos  voix  |)ii- 
bl  enl  vo»  Vertus  et  chantent  vos  lo;ianges  ; 
si  nous  nous  prosternons  avec  joie  devant 
vus  s.iinies  reliipies;  si  toutes  ces  marques 
d'un  culte  religieux  ont  de  quoi  vous  pi, lire, 
faites-le  nous  connaître  en  nous  procurant 
les  grAces  du  Sauveur;  soUicitez-les  po  .r 
nous,  neciaignez  point  «le  vous  rendre  im- 
{)orlun  en  notre  faveur,  et  revenez  dan.s 
ces  lieux  qui  furent  autrefois  les  téindiis 
de  vos  vicitii.es,  et  qui  le  sont  aujourd'hui 
des  honneurs  que  nous  vous  rend-ms;  re- 
venez, d.s-je,  vous-même,  chargé  des  béné- 
dictio  is  du  (  lel,   les  distribuera  ceux  (jui 


I)  P;u  le  granit  Const.inlitu 
i)  Àllart  teJe$  lh%. 


1340 


VIN 


VIN 


fSM 


vous  invO(HWMit.  Ainsi  puisse  le  joiinlii  Si'i- 
gnoiir  lni'iilùl  |»;iiaiti(',  ali-i  que  vnlii'  lii-llii 
(\[\\r  M'  irm  i>siiiil  h  v.ilrc  r<ii|is,  ce  cdriis  no 
soit  p.'is  plus  |onKli'in|is  piivr  (le  la  IV'licilé 
«nril  M  iiiérilt''t>  en  lui  scivaMl  di'  second 
dans  It^s  cdMiltals  (pi'elle  n  soutenus;  ri 
(ju'ayiuil  essuyc^  les  iu(^uies  tiavaux,  il  re- 
(;oiv(i  avec  elle  la  iiuMiie  récompe  ise. 

\  INCI'lN'f  (saiiiT,  niailvr,  iiioiinil  pour  la 
foi  h  Avila  en  l';S|ia;;iie,  avec  les  saiiJes  Sa- 
biuo  ci  ()hri.sli''l(\  Ils  liinMil  (rabonl  éli  ndus 
sur  le  chevalet  avec  (aul  (1(^  violence,  (pie 
(diitos  lesjiiihlures  deleuis  nninhres  se  dis- 
hxiu^reiil  ;  |  ui>,  leur  avani  mis  la  l(Me  sur 
«les  pierres,  on  les  i'iappa  h  grands  coups  do 
Jevie  s.  jus(priï  c(>  (pi'oii  en  lit  soriir  la  cer- 
velle. Ils  accoinplireiil  ainsi  leur  inarlyre 
ttar  l'ordre  du  presideni  Dacieii.  L'ivj^lisel'.iit 
leur  iiK^iiioire  le  '11  oclohre. 

\  INCKN  T  (  sa  nt  ),  l'ut  l'un  des  (]uaranlo- 
huil  inarivrs,  iiiis^  iiKU't  ave(;  saint  Saluriiiii 
eu  AlViijuo,  sous  le  proco'isul  Auiilin,  (vi 
l'an  de  Ji^us-Clirist  305,  sous  lo  r(''g'Uî  et 
dura-d  la  perséculio'i  (pie  rmf.liue  Diocléiien 
suscita  contre  rKglise  du  Seigneur.  (  To//. 
Sau'umn.  )  L'Kglise  l'ait  la  l'Ole  de  tous  ces 
sai'it.s  martyrs  lo  11  février. 

VINCKNT  (saint),  ahinS  souiïril  le  martyre 
Ji  LcH)!!  en  Espagne.  L'Kgliso  l'ail  sa  mémo, le 
le  1 1  septembre. 

VINCI.M  vsai'it),  fut  m.irtyrisé  h  Coliouro 
en  Catalogne.  Nous  ignorons  en  quelles  cir- 
coiLstances.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le 
19  avril. 

VINCENT  (  saint  ),  martyr,  reçut  la  cou- 
ronne du  marl\re  en  Afri(jue  avec  les  saints 
Julien,  Datif,  Vt  vingt-sei)t  autres  (jui  nous 
sont  inconnus.  L'Elglise  lait  leur  mémoire  le 
27  janvier. 

VINCENT  (  saint  ),  reçut  la  couronne  des 
glorieux  combattants  de  la  foi  ci  E-|)agnc. 
11  eut  pour  coiufiagnon  de  sa  gloire  saint 
Liède.  L'Eglise  les  honore  comme  martyrs 
le  1"  septembre. 

VINCENT  (Saint),  versa  son  sang  pour  la 
foi  à  Kouie  sur  la  voie  Tiburtme;  oa  i(^nore 
h  quelle  époque.  L'Eglise  faii  sa  fête  le  :2i 
juillet. 

VINCENT,  catéchiste  tonquinois,  ayant 
été  [)ris  le  12  avril  17JG  h  Batxa,  avec  les 
saints  missionnares  Jean-Gaspard  Craiz,  Al- 
lemand, Barthi  lemy  Alvarez,  Emmaïuel  dA- 
breu  et  Aince-it  da  Cunha,  fut  ame  é  avec 
eux  devant  le  tribunal,  présidé  par  un  des 
eunuques  du  roi  ;  cet  eueuqueleur  ordon  la 
de  fouler  aux  pieds  U'i  crucdix  (ju'oi  leur 
présenta  ;  ils  refusèrent,  remplis  û'horreur, 
et  furent  mis  en  prison.  Vincent  y  mourut 
saintement,  le  30  juin  1736.  Les  missionnai- 
res en  furent  tirés  le  12,)ui'i  1737,  pour  être 
décapités  ;  l'autre  catéchiste,  nommé  Marc, 
fut  seulement  exilé  pour  avoir  introduit  les 
missionnaires  dans  le  royaume. 

VINCENT  LIÊM,  doniin  cain  tonquinois, 
eut  la  tête  tranchée  pour  la  foi  le  7  novem- 
bre 1773,  dans  le  royaume  du  Tonquii.  Il 
fut  décapité  avec  un  autre  dominicain,  le 
P.  Castanc'da,  Espagnol. 

VINDÉMIAL  (saint),   évAque   et  martyr, 


riioiinil  en  .\rii(pie  pour  la  (b'Tfnse  de  In  re- 
ligion. Il  eut  pour  comoag'ion.s  de  sn  gloire 
les  saillis  év(\pies  lùi^ieii»?  et  l.ongin.  Aynnt 
cominliu  les  /(liens  et  les  nynni  <-oiit'iiid>i!i 
par  sadocliKie  cl  |iar  ses  miracles,  il  lui  dé- 
capité par  l'o  dr  ■  du  roi  lluiiéric,  ainsi  rnin 
ses  doux  compagnons.  L'Eglise  l'ail  leur  lélo 
le  '2  mai. 

VINDENE,  petite  vilh;  de  l'Ombiie,  où, 
SOI. s  l(!  regn  •  d'Adrien,  sainte  Si'-rapie  fut 
(l(''ca;>itée  iiaro.drede  Hi-rvlle,  gouverneur, 
et  un  an  plus  tard,  sainte  Sabine  jiar  ordre 
du  prélel  lle'piile.  (  Voy.  Saiiim:,  Skhapie, 
lilCKVi  i.i:,  lli.i.riDi:.) 

NTNE.M.Mt,  vassal  du  comte  Haudoui'!,  était 
le  chef  des  assassins  de  Eouhpies.  arclirvfi- 
(jiiede  Ueims.  Eoulipies  s'était  attiré  la  liaiiio 


de  Haudouin  pour  les  rais(»iis  (pie  l'on  rxiut 
voir  <i  l'artich!  d(;  ce  saint.  Ce  (irinco  étant 
maître  d'Arras,  .s'ét  lit  aussi  mis  cm  posses- 
sion de  ralibayc  de  Saint-\aast,  (jue  le  ici 
Charles  h;  Simple  lui  ùla  pour  son  inlidélilé, 
et  (pi'il  donna  à  rarihev(''qne.  .Mais  c(dui-c.i, 
trouvant  plus  à  sa  bienséan.  e  l'abbaye  do 
Samt-Médaid  (pae  j)Ossédait  un  autr>;  comte, 
nommé  Altinar,  ei  hangea  avec  lui  celle  de 
Sai..l-Va  isl,  afirès  avoir  assiégé  et  pris  Ar- 
ras  sur  le  comte  Baudouin.  Le  dépit  (pie  ce 
dernuT  e-i  eut  {)assa  à  toute  si  cour,  et  ses 
vassaux,  cherchant  à  h;  ve  iger,  feignirent 
de  vouloir  se  réconcilier  avec  le  prélat  ; 
ayant  épié  l'occa-ion  ,  ui  jour  (|u'il  allait 
trouver  le  roi  avec  une  très-petite  escorte, 
ils  l'abordèrent  dans  le  chemin,  a>ant  à  leur 
téfe  Vmemar,  Evrard  et  Bolfel.  ils  lui  par- 
lèient  d'.ibord  de  la  récoiciliatiou  avec  le 
coiiiie  Baudouin;  {)uis,  lo.squ'il  s'y  attendait 
le  moi  is,  ils  le  chargèrent  <i  coups  de  lances, 
le  liient  tomb.-r  et  le  tuèrent.  Li  même  jour 
ou  Hervé  fut  élu  succe.-seur  d  •  l'illustre 
mort,  «t  en  présence  des  douze  prélats  qai 
asi.istèrent  au  sacre  du  nouvel  archevêijue, 
on  lui  dans  1  églisede  Notre-Dame  deUeiius, 
comme  on  l'a  ii  dé'_^à  vo.rà  larliclede  Foul- 
ques, u-i  acte  d'excommunication  contre  les 
meurtriers  ;  on  y  en  nomme  trois  :\'inemar, 
Evrard  etUotfcI,  va-saux  ducouUe  Baudouin, 
et  leurs  com, /lices  en  général.  On  les  déclare 
séparés  tiei'Eglise  et  chargés  d'un  [)er,)étuel 
ai.athème,  avec  toutes  les  malédictions  ex- 
primées dans  l'Ecriture  el  dans  les  canons. 
Défense  à  aucun  chi-étien  de  les  saluer,  à  au- 
cun prêtre  d'  dire  la  messe  en  leur  présence; 
et  s'ils  toin.^eiit  malades,  de  recevoir  leur 
co•lf,'s^iJn,  ni  leur  donner  la  communion, 
même  à  la  li  i,  s'ils  ne  viennent  à  résipis- 
cence; défense  de  leur  donner  sépulture 

En  prononçant  ces  malédictions,  les  évêques 
jetèrent  des  lampes  de  leurs  mains  et  les 
éteignirent.  Et  c'est  le  premier  exemple, 
ajoute  Eieury,  que  nous  citons,  d'une  telle 
excommunication. 

Nous  liso  s  dans  Longueval  que  Vinemar, 
priici])al  chef  des  meurlr.ers,  reçut  visible- 
ment de  la  ma:n  de  Dieu  la  peine  due  à  son 
forfait  :  il  mourut  rongé  tout  vivant  par  des 
vers  qui  s'étaient  formés  dans  un  ulcère. 

VINTIMILLE,  ville  des  Etats  Sardes,  a  été 
témoin  du  martyre  de  saint  Second,  person- 


insi 


VIT 


VIT 


135Î 


nage  deronsiih'rnlion  et  l'un  dos  cliofs  di^  la 
légion  Tlu'bt^enne  ;  on  igiore  l'éponuo  prc- 
cist>. 

VIRGULETAN  ^lo  bienhcnrtMix  Antoi>f), 
franciscain  de  la  [)rovinco  dos  réfornios,  fut 
envoyé  par  le  pape  |)oiir  priH-her  l'Evangile 
en  Abyssinie.  Ayant  été  jeté  dal)ord  en  pri- 
son, il  fut  ensuite  déporté  dans  l'ilede  Soiia- 
kin,  où  il  mourut  do  faim.  Son  corps  fut 
transporté  à  Diu  par  des  marchands  portu- 
gais, et  fut  inhumé  dans  l'église  dos  Francis- 
cains do  l'Observance.  Son  martyre  arriva 
dans  le  x\i'  siècle 

VISSE  ^sainto\  viorgo,  répandit  son  sang 
h  Foriuo  dans  la  Marche  d'Ancùne.  pour  la 
défense  do  la  religion  chrétienne.  Les  docu- 
ments nous  manquent  sur  celte  sainte.  L'E- 
glise l'a  mise  au  noud)ro  dos  saints  et  fait  sa 
mémoire  le  il  aviil. 

VISTKEMOND  (saint),  martyr,  moine  de 
Saint-Zode  d'Armilat,  habiiait  ce  monastt-re 
avec  saint  Sabinien.  Ce  monastère  se  trou- 
vait dans  un  désert  ad'reux,  à  dix  lieues  en- 
viron de  la  ville  de  Cordoue.  Vers  raiui''e 
830,  ces  deux  saints  vinrent  en  cette  ville  se 

Erésenler  au  cadi,  avec  Pierre,  prêtre,  Vala- 
onse,  diacre,  Habentius,  moine  et  Jérémit% 
moine  aussi  et  qui  avait  fondé  le  monastère 
do  Tabanes.  Ils  lui  dirent  :  «  Nous  sommes 
disciples  de  Jésus-Christ;  votre  prophète 
Mahomet  est  le  précurseur  de  IWntechrist, 
et  votre  aveuglement  nous  remplit  de  dou- 
leur! "Ils  furent  décapités  ;  a[)rès  être  res- 
tés (juolquo  tem[)S  attachés  à  des  pieux,  leurs 
corps  furent  brûlés,  et  les  cendres  jetées 
dans  le  fleuve.  Les  noms  de  ces  glorieux 
coujbattants  de  la  foi  sont  inscrits  au  Mar- 
tyrologe romain  le  "juin.  Voy.  Valabonse, 
Ml  siLMws  {Persécution  drs^. 

VIT  (saint;,  martyr,  habitait  la  Sicile,  où 
il  était    né,  quand  éclata   la   |iersécution  de 
Dioclétien,  au  commencement  du  iv'  siècle. 
Il  avait  ou  pour  nourrice  une  femme  chré- 
tienne, nommée  Croscenco,  (pii  l'avait  élevé 
dans  11  foi  chrétienne.  Quand  son  père,  (pii 
se  nommait  Hylas,  découvrit  cela,  il  en  lut 
violemment    irrili-,   et   employa     tous    les 
moyens    imaginables  pour   le  contraindre  à 
embrasser  le  cidto  idolAtrique.  Voyant   t[iio 
rien  ne  pouvait  vaincre  la  constance  de  son 
lils,  ce  père  sans  entrailles  le  livra  au  gouver- 
neur de  la  province.  C'était  un  nommé  Va- 
lérien,  qui  usa  aussi,  lui, dotons  les  moyens 
que  la  cruauté  peut    suggt'-rer  pour  amo;ier 
le  jeune  soldat    de  Jésus-Christ  <»  obéir  aux 
ordres  de   son  père  et  de  l'empereur.  Uien 
ne  fut  capabli'  dt<  l'ébranler.  Sauil  \  it  aurait 
soulfcrt  en  Sicile  la  peine  capitale,  si  Cros- 
cenco et  son  mari   ^iodeste  ne  l'eussent  en- 
levé des  mains  des  perséculours.  Ils  se  sau- 
vèrent avec  lui  en  Italie,  mais  relto  terre  ne 
leur  bit  pas  hospiinlière,  roMimo  ils  l'avaient 
pensé,    lui  Lucani»',  sur  le^   br)rds  do  la  ri- 
vière de  Silara,  ils  fuient  arrêtés  et  reçurent 
ï'nsi'inblo  la  couronne  du  martyre.  Le  .Mar- 
tyrologe   romain   porte  qu'on    les  niit  dans 
tïne  chaiulièro  pleine  do  plomb  fondu,  qu'on 
les  exposa  aux  bètes,  étendus  sur  le  cheva- 
let, et  qu't'nlin,    viclorioux  de  ces  lorlurcs. 


ils  achevèrent  leui  glorieux  combat.  L'Eglise 
honore  la  méuioiro  de  tous  ces  saints  le  13 
juin.  Saint  Vit  est  le  même  que  Saint  (iuv. 
[Voi/.  le  P.  Papebroch,  t.  II  Jiinii,  p.  101.3.) 
VITAL  (saint),  habitait  M  dan  ;  on  ne  sait 
|)Ourquoi  il  se  trouvait  à  Uavcnno  «luand  son 
martyre  eut  lieu.  Il  était  ami  intime  du  juge 
Paulin,  et  chrétien  secrètement.  Saint  Ursi- 
cin,  ayant  été  condamné  à  être  décapité,  et 
se  trouvant  pris  de  frayeur,  au  i>oint  qu'il 
allait  peut-être  renoncer  la  foi  ;  ce  fut  V  ital 
qui,  par  ses  exhorlations,  sut  lui  rendre  le 
courage  et  qui  fut  cause  (pi'il  cueillit  la  pal- 
me du  martyre.  11  prit  soin  de  .son  corps  et 
lui  lit  donner  la  sépulture.  Paulin  l'ayant  su, 
en  fut  tellement  irrité  qu'il  tit  prendre  Vi- 
tal, lui  lit  donner  la  torture  du  chevalet,  et 
ensuite  le  lit  enterrer  vivant  à  Ravenno,  au 
lieu  dit  In  Palme.  Ces  faits  sont  attestés  par 
Fortunat  Jiv.  i,  ch.  2,  p.  .33  »,  qui  avait  été 
élevé  à  Ravenne.  Il  parle  du  tombeau  du 
s.iint  dans  cette  ville,  et  dit  qu'une,  église 
de  Saint-.Vndré,  bâtie  par  un  autre  Vital, 
évéque  de  Ravenno,  possédait  do  ses  reli- 
ques. Le  martyre  de  saint  Vital  eut  lieu  sous 
la  persécution  de  Néron.  La  plu|»art  dos  mar- 
tyrologes mettent  sa  fête  le  lOjuin;  ri-.gliso 
romaine  la  fait  avec  celle  de  sainte  Valérie, 
le  28  avril.  , 

ViT.VL  (saint\  un  des  sept  fds  de  sainte 
Félicité,  fut  martyrisé  à  Rome,  avec  sa  mère 
et  ses  frères,  sous  le  règne  de  l'empereur 
Marc-.Vurèlo,  en  l'an  IGi.  Le  préfet  Publius 
l'ayant  fait  venir  à  son  tribunal,  où  déjJi 
avaient  comparu  cinq  de  ses  frères,  lui  dit  : 
«  Pour  vous,  mon  tils,  vous  ne  venez  pas  ici 
comme  vos  frères,  chercher  follement  à  mou- 
rir ;  je  connais  que  vous  avez  l'esprit  trop 
bien  fait  pour  no  pas  préférer  une  vie  heu- 
reuse et  comblée  do  toutes  sortes  de  biens, 
à  une  mort  triste  et  honteuse.  »  Vital  lui  ré- 
pondit :  «  II  est  vrai,  Publius,  j'aime  la  vie, 
et  c'est  pour  en  jouir  longtemps  que  i'adore 
un  seul  Dion,  et  (pi(\j'ai  en  horreur  les  dé- 
mons. —  Et  (jui  sont-ils  ces  ilémons?  répli- 
(jua  le  jiréfet  ?  —  Ce  sont  les  dieux  dos  na- 
tions, ilit  \'ital,  et  ceux  ijui  les  roconnais- 
seiit  pour  di'sd;eux.  »Pul)lius  rendit  com|>te 
de  l'interrogatoire  i»  reiiiperour,  qui  commit 
un  juge  [lourconnaitrodii  procès  do  Vital,  (^e 
juge  le  condam  la  à  avoir  la  tète  tranchée, 
ce  (pii  fut  exécuté  le  10  juillet,  jour  aïKpicl 
l'Eglise  fait  la  fête  do  saint  Vital. 

VITAL  (saint),  l'un  des  quarante-huit  mar- 
tyrs do  Lyon,  sous  Marc-.\urèle.en  l'an  177, 
fut  décapité  avtM'  un  certain  nombre  de  ces 
généreux  xildats  de  Je>us-('hr:st.  Sa  qualité 
de  citoyen  louiain  lui  valut  <lo  n'être  pas 
exposé  aux  bêtes.  L'Eglise  honore  sa  mé- 
moire avec  celle  de  saint  Polliui  et  de  tous 
SCS  compagnons,  le  2  juin. 

Vri'AL  (saint),  est  eompris  |»ar  les  anciens 
martyrologes  et  par  le  .Martyrologe  romain, 
au  nombre  des  saints  martyrs  qui,  h  Or- 
tliage.  sous  l'ompiri'  do  Sévère,  furent  brù- 
b's  vifs  pour  la  fi>i,  et  dont  il  est  question 
dans  le  récit  do  la  vision  de  saint  Sature, 
aux  Actes  de  sainte  Pkbpkti  k.  (IV>y.  ce  nom.) 
L'EjjIi^o  honore  sa  mémoire  le  0  janvier. 


iy:^ 


VIT 


VOT, 


ir.4 


VITAT.  (sailli),  martyr,  rccncillil  la  |t.'\Ini(' 
(lu  nuirtyrc  à  CrsariM^  ijii  (lapiiailocc,  sdiis  In 
nNj^iiic  (In  rnm|>nrniir  D^cc,  avec,  lus  sninls 
(Inniiaiil,  Tliniil'llil*'  «'l  <'nS'>ii-n.  [/K}^lisu  cé- 
It^hrn  Iniir  mnmoim  In  .'<  iiovniiihro. 

VITAL  (sailli),  iiiail\r,  s'nlail  «-ouvcrli  h 
In  foi  jlii'iHiomio  en  lll(^llln  Iniiips  (|tio  Ins 
.saints  Aiisloii.  (Irnscniilinii,  Mnlyrhinii,  Ur- 
bain (>l  Juste.  Ils  y  avaient  rln  (Inlnrniini'îs 
jiar  saint  'rran(|nillin,  loin-  ami  comniun  ; 
jnais  en  lui  h  saint  Sébastien  ([n'ils  diucMit 
snrloul  leur  conversion,  |Miis(ine  ce  saint  (jt- 
licier  liu  palais  do  rem|MM'eur  DiocUHion  fut 
riMstrnmenl  orincipal  dt!  la  conversion  de 
TraïKinillin.  Ils  l'nreiil  ba|)lisés  par  le  prêtre 
saint  l'olycarpe,  s'élnnt  r(>tir(^s  on  Campanie 
dans  les  terres  de  saint  ('hromace,  qni,|ioiir 
s'adonner  il  la  praticpie  des  vérins  clirelieii- 
ncs,  avait  quitté  sa  chargede  jirélet  de  Homo. 
Ils  furent  martyriscVs  avi'c  saint  Félix,  saint 
FcMicissime,  sainte  Marcie,  mère  do  ces  deux 
saints,  et  sainte  Sympliorose.  L'Kglise  fait  la 
f(Mo  de  saint  Vital,  avec  celle  de  tous  ses 
coiniiagnoîis,  le  2  juillet.  (  V'oy.  Séhastien.) 

VITAL  (saint),  martyr,  habitait  Bologne, 
où  il  était  domestique  d'Agricole,  habitant 
de  cette  ville, et  qui  soullrit  le  martyre  avec 
lui.  Vital  fut  tellement  tourmenté,  que  son 
corps  n'était  plus  qu'une  plaie  ;  Agricole 
mourut  sur  une  croix  où  on  l'avait  attaché 
avec  des  clous  comme  notre  Sauveur.  Saint 
Ambroise  dit  qu'étant  })résent  k  la  transla- 
tion de  leurs  corps,  il  mit  sous  l'autel  les 
clous  et  le  bois  do  la  croix  avec  le  sang  du 
saint  martyr.  L'Eglise  honore  la  mémoire  de 
ces  deux  saints  martyrs  le  k  novembre. 

VITAL  (saint),  UKsrtyr,  soullrit  pour  son 
attaiJiement  à  la  reJigio'i  de  Jésus-Christ.  11 
mourut  en  prison  avec  les  maints  Arator, 
prêtre,  Forlur.;Tt,  Félix  et  Silvm  :  on  ignore 
à  quelle  époque.  L'Eglise  célèbre  leur  mé- 
moire le  'il  avril. 

VITAL  (saint),  fat  martyrisé  k  Smyrne, 
avec  les  saints  Révocat  et  Fortunat.  Los  Ac- 
tes d'S  martyrs  ne  nous  ont  transmis  aucun 
détail  sur  eux.  L'Eglise  fait  leur  fête  collec- 
tivement le  9  janvier. 

Vri'AL  (saint),  reçut  la  couronne  du  mar- 
ty-re  à  Rome,  avec  sainte  Félicule  et  saint 
Zenon.  Les  A^tes  des  martyrs  ne  nous  don- 
nent pas  de  détails  sur  la  date  et  les  ditîé- 
renles  circonstances  de  leurs  combats.  L'E- 
glise fait  leur  fête  le  14  février. 

Vri'ALIEN  (saint),  pape,  reçut  la  palme  du 
martyre  à  Rome,  et  l'Eglise  honore  son  il- 
lustre mémoire  le  27  janvier. 

VFfALIEiN  (saint),  évoque,  confessa  sa  foi 
dans  la  ville  de  Capoue.  Les  détails  nous 
manquent  sur  son  compte.  Il  est  inscrit  au 
nombre  des  saints  le  IG  juillet. 

VITALIQUE  (saint),  était  un  jeune  enfant. 
Il  soulfrit  le  martyre  à  Ancyre  en  Galatie, 
avec  deux  autres  jeunes  enfants,  nommés 
Rntin  et  Silvain.  Ils  sont  inscrits  au  Marty- 
rologe romain  le  4-  septembre. 

VITELLIUS,  est  qualifié  de  président  dans 
les  Actes  de  saint  Jules,  martyr.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  est  connu   dans  les  annales   des 

DiCTIOîiN.     DES   PeHSÉCUTIONS.    II. 


martyrs  pour    avftir  fait    sfuifTrir  la  mort  au 
.saint  dont  il  est  (lueslion. 

M'II-:KUK,  ville  de  IKlat  e<(lésinsti(|ue, 
on  eut  lien  le  marlyre  dn  prêtre  N'alenlin  (ri 
{\u  diacre  liilaM(>  ,  durant  la  per.sécntion  du 
l'empereur  Maximinn. 

VIVENT  (sanil  )  ,  coid'essa  Jésns-Cliiist  /m 
monastère  de  V'ergy.  Il  est  inscrit  au  Mar- 
tyrologe romain  h;  i.'l  janviiîr. 

VIVIEN  (saint),  martyr,  l'un  des  ipiarante 
martyrs  de  Séhaste  ,  sons  Licinius.  (  Voi/. 
RIautvus  I)K  S/chastk.] 

NTVIEN  (saint),  évê(pie,  soiiiïritde  grands 
tourments  h  Saintes,  en  confessant  sa  foi. 
L'Eglise  fait  .sa  féto  le  2H  août. 

NOISEL  (saint),  de  l'ordre  des  Frères  Mi- 
neuis,  fut  martyrisé  pour  la  foi  avec  un  au- 
tre frère  nommé  Conrad  ,  dn  mônn;  ordre. 
Les  Mahométans  les  lièrent  h  dos  poteaux, 
et  leur  dépouillèrent  le  crAne.  Comme  ils 
continuaient,  malgré  ce  supplice,  h  chanter 
h  pleine  voix  le  Snlvc  Rryinn,  les  bourreaux 
les  noyèrent.  {Voy.  Wadding,  an.  1284., 
n"  11.) 

VOLTAIRE  (François-Marie  Arouet  de), 
naquit  à  Chatonay,  près  de  Sceaux,  en  IfiOi. 
Son  père  ,  qui  se  nommait  François  Arouot, 
était  notaire  et  trésorier  h  la  cour  des  comp- 
tes. Sa  mère,  Marguerite  d'Auraart,  apparte- 
nait h  une  riclie  famille  du  Poitou.  Les  com- 
mencements du  jeune  Arouet  furent  comme 
marqués  d'un  sceau  fatal  de  prédestination. 
Il  eut  pour  parrain  le  trop  célèbre  abbé  de 
Châtcanncuf,  qui  lui  apprit  à  lire  dans  le  li- 
vre le  i>ius  infâme  et  le  plus  ordurier  qui 
ex'stât  alors.  Ain.^i  les  prenrères  semences 
d'éducation  jetées  dans  ce  jeune  eœur  furent 
djs  semences  de  corruption  ;  elles  y  |,ro- 
duisirent  avec  abondance  et  au  centuple.  Le 
vied  abbé,  dernier  amant  d'une  vieille  cour- 
tisane, Ninon  de  l'Enclos,  lui  conduisit  son 
jeune  élève.  Arouet  plut  tellement  à  Ninon  , 
Qu'elle  lui  légua  2000  francs  pour  acheter 
des  livres.  Par  reconnaissance  ,  .sans  doute  , 
Voltaire,  j)lus  tard,  ima^i  la  de  faire  le  por- 
trait de  l'héroïne  de  la  France,  de  l'illustre 
et  pudique  Jeanne  d'Arc  ,  sur  le  modè'e  de 
la  prostituée,  sa  bienfaitrice.  Il  devait  bien 
à  sa  mémoire,  ne  pouvant  la  hausser,  d'a- 
baisser à  son  niveau  quelque  réputation  vé- 
nérée. Les  gens  qu'on  n  •  peut  plus  honorer 
aiment  qu'on  en  salisse  d'autres  auprès  d'eux. 

L'abbé  de  Châteauneuf  était  un  de  ces 
nobles  qui ,  sous  les  dernières  années  de 
Louis  XIV,  préludaient  au  règne  de  Louis  XV. 
Comme  le  vieux  roi,  dominé  par  madame  de 
Maintenon,  exigeait  qu'on  affichât  partout 
autour  de  lui  la  dévotion  et  la  pureté  des 
mœurs,  personne  n'osait  faire  autrement. 
Louis  XIV  croyait  sf.ns  doute  que  ses  exi- 
gences réparaient  ainsi  le  mal  que  ses  scan- 
dales avaient  causé ,  et  qu'elles  étouffaient 
les  fruits  de  ses  mauvais  exemples.  Il  s'abu- 
sait étrangement.  Los  hommes  aui  avaient 
appris  de  lui  à  se  jouer  de  toute  pudeur,  à 
fouler  aux  pieds  toute  retenue ,  à  prendre 
leurs  passions  pour  règle  ,  ne  pouvaient  pas 
changer  ainsi  tout  à  coup  au  bon  plaisir  du 
monarque.  Ce  qu'ils  n'osaient  paraître  pu- 

43 


|.>o5 


TOL 


3 


liliaupinoni,  ils  rotaieiit  dans  leurs  salons, 
ils  ['(Waioul  Pil  spcret.  On  sortait  de  se  si- 
gntM- chez  nialniue  de  Mainlorion  pour  aller 
faire  des  orgies  et  tenir  des  propos  scanda- 
ient et  grivois  chez  Ninon.  A  la  tôlo  «les 
mauvais  sniels  de  bon  ton  qui  jouaient  ainsi 
douhle  jeu  d'hypocrisie  etded(?baathe  «'laient 
les  princes  de  Conli ,  de  Vendi^ine,  le  gr  ind 
prieur  son  fr^re ,  h;  duc  de  Sully,  le  mar- 
quis do  la  Fare  ,  l'abbé  de  Chaulieu  ,  l'ahoé 
Courtiti ,  ra!>b.3  Servieu  ,  l'al»!)!^  de  Chlfeau- 
neul',  le  digne  parrain  et  institut  ur  de  no- 
tre jeune  Arouet.  Le  vieux  libertin  se  char- 
gea de  produire  dans  ce  luo nd  •  corrompu 
le  disciple  qu'il  avait  déjà  eonduit  chez  Ni- 
non. Il  y  fut  reçu  à  bctis  (luvorls.  Il  avait  de 
r.'sprit,*et  de  [dus  une  éducation  soij;ncc, 
qu'il  mit  [>romptemenl  au  service  des  mau- 
vaises passions  de  ses  niiuvelîes  connaissan- 
ces. Ses  saillies,  ses  plaisanteries,  lui  valu- 
rent les  honneurs  des  salons  oij  on  le  pro- 
duisit; puis  il  v  avait  à  ces  p  eniier^exploits 
dut'uturij  and  liomme  déjà  comme  un  païf  un 
d'apostasie  morale  au  moins,  c'était  piquant. 
Arouet  avait  é'udié  au  collé^^e  Lonis-l'- 
Cîrand  ,  sous  les  jésuites.  Il  avait  eu  pour 
maîtres  les  PP.  Lejay  et  Porù^!.  Dans  ce  con- 
tras'o  d.'S  noms  de  ses  maîtres  et  di'  Tusige 
u'il  taisait  des  leçons  (pi'ils  lui  avaient 
onnées,  il  y  avait  le  p(tnent  nécessaire  [tour 
pi  pi'T  le  pal  lis  alTxli  des  vieux  libertins 
qui  le  lançaient  dans  le  vice.  Ils  s'aidèrent 
mutuellement  :  l'élève  des  jésuites  cl  les 
roués  des  salons  où  brillaient ,  sur  le  ;r  dé- 
clin ,  b's  |)rostilué.is  d'  la  grande  époqie, 
se  donnèrent  la  main.  C'était  l'clé^ance  du 
vice  ancien  ,  la  délicatesse  du  blasphèaio 
lancé  avec  grAc",  qui  s'acciiuplaient  av*.'(3  le 
raisonnement  philosnphicjue.  De  ce  mariage 
du  cynisme  et  do  l'erreur  devait  naître,  dans 
la  përs.)nue  d'Arouet,  l'esprit  phiioso[>hique 
ou  l'incrédulité  moderne,  dont  il  fut,  sinon 
le  père ,  du  moins  l'envoyé  sur  terre  et  1',»- 
]>ôtro  incessant  iluranl  sîi  longue  et  fatale 
existence. 

Ce  qu'd  y  avait  de  plus  piqmnt  à  fout 
cela  ,  c'«.'st  (pio  le  respectable  ai)bé  île  Clià- 
teuuneuf  introduisait  son  élève  dans  ce  cer- 
cle corrompu,  alors  qu'il  était  enc(»reau  col- 
lège Ai  isi  .\rouet  avait  h  l'aire  double  toi- 
lette h  chaqut^  sortie  :  il  menait  manteau 
d'aiio-^tat  |)our  «nUrer  chez  le  digne  abbé  do 
(^fïHteauncuf ,  et  manie. ui  d'hy|M>crile  pour 
revenir  à  son  collège  :  double  m  tl'f  l'ai!  \>  \iv 
égayer  les  amis  comnnujs  do  l'élève  et  du 
mailre.  On  garde  tout  •  la  vie  l<'s  habitudes 
jirises  étant  jeune.  Aussi  nous  ne  serons 
pas  le  moins  du  moutle  tUonués  quand  nous 
Vtîrrons  Voltaire ,  lidfle  à  sCv-»  souvenirs  de 
jcuues.se,  écrire  ùlaiil  vieux,  au  lointe  il  Ar- 
gental,  en  17(11  :  •  Si  j'avais  cent  unlU>  hoiu- 
•ije"^  ,  jo  .sais  bien  c«»  quo  je  ffr.us  ;  mais 
"oiumo  ji'  uo  lésai  \m^  ,  j.>  connnuuierai  à 
"^.liu»»,  el  vous  ut'apjH lierez  hypocrite  tanl 
fj-'  ■  ,s  voudrez.  »  Kn  elt  'l  .  il  couunuiiii. 
iii>  ,  M- |)hi>  lard,»'n  I7(kS,  d  doiuia  le  pou 
bém,  cl  |>(«}t.'ba  h  Tt^glise,  on  qualilc  de  sei- 
P'  '         ioi<NS(>.  Pour  .^''^         '.  il  disait  : 


•  ut  taire  les  sa, 


lud  ils  sont 


VOL  i3o6 

environnés  d'insensés  ?  Imiter  leurs  contor- 
sions et  parler  leur  langage.  »  Nous  revien- 
dons  plus  tard  sur  (es  faits  honteux  pour 
les  commenter.  Si  nous  les  avons  rappro- 
chés, e'cst  qu'il  est  b  «n  de  voir  ain>i  les 
ignominies  du  jeune  li^c  se  marier  aux  igno- 
minies de  la  vieill  sse  dnri«;  le  rapproche- 
chemenf  fatal  qu'a  né.essité  1  habitude  pri>e. 
Arouet,  en  fréquentant  ces  hommes,  ac- 
quit une  célébrité  firéroce  de  m  dignité.  A 
vingt  et  un  ans,  il  fut  accusé  d'avoir  fait 
contre  Louis  XIV  une  satire  célèbre,  tinis- 
sant  par  ce  vers  : 

J'ai  v(i  ces  maux,  el  je  n'ai  pns  vingt  ans. 

On  le  mit    à    la   B:\slille,  où  il  rr":fa  plus 
d'un  an.  Ce  fut  à  la  suite  de  cela  (ju'il  quitta 
son  nom  d'Arouet ,  pour  prendre  celui  de 
Voltaire.  Sous  h-  premier,  disait-il.  il  avait 
été  trop  m^l'nnireux.  Etait-ce  supers(iln>n  ? 
éfait-ce  orgueil?  Nous  croyons  plus  facile* 
men»  au  dorni  r  motif;  maïs  ,  qnel  qu»-  soit 
le  réel  d'entre  les  deux  ,  il  ne  saurait  faire 
tomber  l'accusalion  d'ingratitude  et  de  mau- 
vais cœur.  Kn  elVet ,  le  nom  ,  c'est  la  famille 
en  queliiue  sorte,  c'est  \o  souvenir  du  j»^une 
Age.  \  l'appel  de  son  nom ,  Thrunine  sent 
s'éveiller  dans  son  cœur  connue  uti  écho,  la 
reconnaissance  pour  les  soins  q  l'il  a  reçus  , 
pour  le.s  tendresses  dont  il  a  été  l'objet.  Il 
revoit  la  figure  de  son  père  et  la  douce  ima^o 
de  sa  mère,  ange  gardien  du  berceau.   Le 
nom,  c'est  tout  le  passé  avec  ses  enseigne- 
mmiis  ,    ses    exemples  ,    ses    joies   et  "ses 
don  eurs.  Le  nom  ,  c'est  le  compagnon  de 
l'nommB  associé  h  toutes  les  phases  de  sa 
vie  :  le  répudier  parce  qu'on  l'a  porté  da  is 
des  jours  d  iutorlune ,  c'est  n'avoir  pas  de 
cœur.  Vous  êtes  né  avec  ce  nom,  qui  couvre 
votre  |»ère  et  votre  mère  dans  leur  tombeau; 
ils  vous  l'ont  légué  comme  le  ir  hérila.Jie  le 
plus  précieux  ,  et  vous  le  répudiez  comme 
un"  déropio  jetée  au  revendeur,  comme  un 
usiensile  hors  do  service  :  vous  n'êtes  ijuiui 
ingrat.  Arouet  faisant  l'anagramino  des  let- 
tres Aroui't  L.-J.,  eu  forma  le  ooiu  de  Vol- 
taire. Plus  lard  il  y  ajoiita  la  particule  <lr.  |,e 
voilà  donc  motixicur  de  Voltaire.  Nous  avons 
eu  raison  de  le  dire  :   son  nom  d'Arouet,  il 
l'a  jeté  comme  une  d-d'io  que  usée  (pion  ré- 
pugne h  mettre.  Kn  17»1,  il  écrivait  ,  le  17 
mai  :   «  Je  vo.is  envovai   ma  signature  on 
|>archeiiiin  ,  dans  la  pielir^  j'oubliai   le  nom 
^\.\rourt ,  que  j'ouidie  asse^  volontiers.  Je 
vous  (M»voied*<»utri  spnr.'hemins.où  sel  ouve 
ce  non»,  malgré  le  peu  d»'  cas  que  j'en  tais.  » 
C'était  en  17 IS  qu'il  avait  répuiliii  le  nom  de 
ses  parents,  lu  honune  doit  êire  jn,n>  quand 
il  l'ail  de  pareilles  rh  t.ses,  et  q  inud  il  a  l'in- 
solimte  etironler  e  de  l<»s  iVrire.  Pouvait-on 
atbnidre  de  cet  homme,  ipii  nu'pri.saU  à  ce 
point  le  nom  de  sa  l'.imille.  <|  i  li  fdl  un  bon 
(iioyen.   (|u'd  ai m.'U  sa  patrie  .*  FiédéricH, 
roi  de   Prus.so  .  a.ant  battu   I  .s  Française 
Uosbacli,  Noilaire  lui  écrivit  pour  l'en  féli- 
citer, il  1  oiutiie  .'«i>s  compatriotes  Welrhrs,  SO 
mo(]ue  d'eux  dans  [diisu-urs  lelfre.s  *lres- 
séos  à  ce  prince.  Il  les  n         •■  -  sot>  ,  lAche^r, 
et  leur  prodige  des  t  [      •     >  orduriôres. 


1 


i:^rj7  voi. 

(•_>«  m.'irs  177:>  7  (It'c.-iiihni  177V-  27  nvril 
17";.'),  fie.  )  (,>iir  (lue  de  lui  ,  t|iiMiHl  nii  xul 
qu'il  simliaùo  h  un  ollirii  r  priissicM  do  vo- 
iiir  .'»s.sir'^(M'  cl  (ii'i'ikIii'  iii.c  villu  fiaiiraisc? 
(A  d'Ar^ciilal,  2.>iiiai  l'hu .)  <«  llcj^ardiv-iiioi, 
«^rril  il  au  roi  du  Prusse,  couuuii  le  sujet  Ih 
plus  allai  M  i|U(>  Vdus  ayez  ;  (  ar  ji'  u'ai  poiiil 
i\l  ue  vinix  jiui  II  avoir  d'autre  luailre^  lé- 
vrier n.'H).  (Vesl  diiucà  uKiM  loi  (|iu)  j't^cris 
(mars  17.17).  »  Après  avoir  ansi  ré|  >idié  sa 
lalrio  pour  se  faiii»  Pliissieu,  d  se  lil  llusse. 
.(>  18  octobre  1771  ,  il  écrivail  h  CnllMiriiio 
(l(«  Kussie  .  Irailanl  de  fous  cl  de  grossiers 
les  Kraiiçais  (pii  élaieui  allés  nu  secours  do 
]a  Polo;.;ue  :  «  Ce  s(vil  les  'l'ai  lares,  dil-il  , 
qui  soiil  polis,  cl  les  Français  (pii  sonl  dc;- 
venus  des  Scyllips.  l).;i^Hv/.  oliscrver,  Ma- 
dame, (j\ie  je  lie  suis  |ias  Welclio  :  je  suis 
Suisses  ;  et  si  j  étais  plus  jeune  ,  je  nu'  ferais 
Russe.  »  Ct>  molli'  ue  l'ompéclia  p.is  d'é- 
crire, le  7  juillel  1775  :  «  J'igiK-K»  absolu- 
meul  eu  qiuds  termes  esl  actuelle. luuil  votre 
(Mupire  avec  le  pdil  pays  dos  NVohdies  ,  (pii 
|)rcleiideul  toujours  élro  Fraiçais.  Pour  moi, 
j'ai  riiouueur  d'élre  u'i  vieux  Suisse,  ([ue 
vous  ave.  naturalisé  voire  sujet.  »  Le  9  août 
177'i. ,  il  sigia  au  has  de  sa  lettre  :  «  Votre 
vie\ix  Russe  d(?  Ferney.  » 

Un  inotencoi'eh  [iropos  de  ses  injures  aux 
Français  tpii  étaient  allés  au  secours  de  la 
Pologne.  Croyez-vous  que  ce  fill  tout  ?  Non. 
Apiùs  avoir,  (ians  son  Diciionnuirc  phlluso- 
pliitjue  (  vol.  \'li  ,  p.  "loi  ),  l'ail  l'élOcje  du  loi 
de  Pr  sse  en  termes  de  basse  tlaterie  qu'au 
lioamie  ,  et  surtout  un  Fianç;;is  ,  devait  ne 
jamais  écrire,  il  arrive  à  celui  dt  la  lUissie; 
puis  il  dit  des  Polc^ais  ((ui  détendent  leur 
patrie  :  «  Si  les  couleilé  es  de  Pologne  avaient 
un  peu  de  pliilosojjliie ,  ils  ne  meitraient 
pas  leur  pairie,  leurs  terres,  leurs  maisons 
au  pillage  ;  ils  îi'eusa-iglanieraieut  pas  leur 

{\iys  ;  ils  ne  se  reudiaieut  |)as  les  plus  lual- 
leureux  des  hommes.  »  Eh  quoi  1  les  nobles 
défenseurs  d'une  sainle  cause,  les  héros  qui 
uieurenl  pour  leur  ualioualité  ,  voilà  comme 
on  les  traite!  Ce  sont  des  fauatiqui^s.  S'ils 
avaient  un  peu  de  philosophie,  q.ie  f»  raient- 
ils?  Voltaire  le  dit;  les  motifs  Ue  leur  con- 
duite, il  les  donne  :  leurs  terres,  leurs  mai- 
sens,  voilà  ce  qu'ils  n'exfiO-eraieni  jias  au 
])illage.  L'aveu  est  trop  isaïf.  .Messieurs  les 
ihiiosophes  lie.inent  à  ce  qLi'ils  ont;  n'allez 
)i.s  leur  (icmander  de  sacritier  leur  avoir  sur 
'autel  de  la  i)alrie  :  la  voix  de  l'égo-sme  , 
c'est  celle  qu'ils  écoutent.  Pou.-  ne  [as  se 
rendre  malheureux  ,  ils  ."«onge'U  à  sauver 
leurs  terres  ,  leurs  maisons  du  pillage.  M(  ure 
la  patrie!  périsse  la  natio '.alilél  Qu'im- 
porte 1  ils  ont  sauvé  leur  fortune  et  mis 
leurs  jouis  à  l'aiji-i  du  malheur  >ous  la  do- 
mination étrangère.  Sur  les  bords  des  lleu- 
ves  ennemis  ,  ce  n'est  pas  le  Super  Rumina 
qu'ils  chanteront  :  ils  entonneront  le  TeDeum 
pour  le  vainqueur  génère  ix  qui  leur  laisse 
leur  bien-être.  Honte  et  dégoiU  ,  voilà  donc 
où  tombent  ces  esprits  forts!  Ils  se  mettent 
au-dessus  de  tout,  disent-ils.  Hélas!  nous  le 
voyons  bien;  ils  foulent  sous  leurs  pieds 
tout  ce  que  les  hommes  ont  de  sentijuents 


V(U, 


1S»8 


rnrncinés  au  ro-ui .  Préju;-'('s,  disent-ils.  Fai- 
les-iioiis  la  màci',  A  moi  Difii  !  d'y  cro  rn 
liiti^lenipti.  Amour  di;  la  pntrin  ,  r<^>lez  diin» 
nos  Allies  pour  tpie  uou'.  pu;s'  ions  les  inau- 
dii'i-,  ci'U\  qui  vous  metti  ni  ti  b/isl 

Quand  lonle  rKurope  ^émi.ssnil  rt  pleu- 
rait au  r/'cil  (les  doiili'iii  s  Me  la  Pologne,  celle 
giamle  mail  re  des  hniips  iiioilcrms  ,  celle 
iialion  cheval  nsque  (pii  posa  sa  poitrinn 
comme  iMi  lemjiai'l  coiilre  li  bni  b:irii-  des 
'l'urc.N  pour  iMUis  siiuvint  u*;,  celle  digU"  vi- 
vanl>'  (pii  sauva  la  civilisation,  rv.  furent  Vol- 
taire et  '■es  discifiles  ipii  ap[ilaudire"t  :  il  eut 
le  II  isle  courage  d'applauilir  a  .se^  dél.iiles  et 
de  félii'iter  ses  bouireaux.  A  ct'o  éporpio  , 
comiiu;  aujourd'liir  ,  il  f.diail  deux  clio.es 
loiir  lie  pas  sym;  atiliser  avec  celle  rialioa 
léroï.pie,  nnn-S(nd(niient  n'être  (las  Fian- 
çais ,  mais  encore  avoir  le  co'iir  et  les  ins- 
liucls  d'un  hirbare.  Ks!-ce  ass  •/ ?  Non,  ;I 
fallait  (pn^  Voltaire  descendît  jus(pj'au-des- 
sous  de  l'ignoble.  Citons.  Non  content  de 
dire  au  roi  de  Prusse  ijuc  les  Frariçais  qui 
ont  secouru  la  Pologne  assassinée  sont  ';es 
extravagints  (jui  niiTilent  pun  tioii,  il  lui 
dit  (13  novembre  1772)  :  »•  On  prétend  rpie 
c'est  vous.  Sire,  qui  avez  imaginé  le  pailage 
de  la  Polog->e.  Je  le  cr nis,  [  ar*:e  (ju'il  y  a  là 
du  génie,  cl  que  le  traité  s'est  fait  à  Post- 
dam.  »  Voilà  la  basse  llatterie;  A  va  faire  de 
la  ra  llerie  sur  les  corps  sanglants  des  Prjlo- 
nais  égiirp^és  fie  13  du  même  mois)  :  «  C'est 
dans  le  Nord  (|ue  tous  les  arls  tleurissent 
aujourd'hui  ;  c'est  là  qu'on  fait  les  plus  bel- 
les écuelles  en  p  ircelaino,  ([u'on  partage  des 
provinces  d'un  trait  de  pluiu  -,  (pi'on  dissipe 
des  confédi^ralions  et  des  sénats  en  deux 
jours,  et  qu'on  se  moque  surtout  très-plai- 
samment des  confédérés  et  de  leur  Notre- 
Dame.  »  Les  malheureux  Polonais  ,  aban- 
donnés de  t,ms,  réduits  à  une  lutte  désespé- 
rée, traqués  par  trois  puissances  coalisées, 
levèrent  les  yeux  au  ciel ,  et ,  se  recomman- 
dant, eux  et  leur  patrie,  à  la  mère  du  Christ, 
lui  dédièrent  leurs  étendards.  Voltaire  se 
moque  de  cet  amour  sacré  de  la  patrie  qui 
éJate  dans  la  {)rière  et  dans  la  foi  sublime 
(le  ces  hommes  qui  pour  tUe  vont  mourir. 
11  tiouve  qu'on  se  moque  u'eux  et  de  leur 
foi  très-plaisamment.  E\  effet  ,  })lusieurs  de 
ces  héros ,  prisonniers  des  Russes ,  furent 
l'oljet  d'atroces  cruaut.  s.  Les  vainqueurs 
l,s  faisaient,  après  dîner  et  pour  l'amuse- 
ment du  dessert ,  dé.  !iir:'r  sous  le  knout  ou 
tuer  de  diverses  manières  non  moins  barba- 
res. La  plaisanterie  diail  plus  loi'^.  Les  fem- 
mes p  l'Uiaises  n'avaient  pas  taild  à  leur 
cause  hé.oique;  elles  aussi,  elles  avaieiit 
suivi  leurs  époux  sur  les  i;liani[)S  de  bataille; 
comme  leur  Not.  e-Dame,  elles  avaient  assis- 
lé  à  la  mort  de  ce  qu'elles  aimaient  le  plus , 
prodiguant  leur  amour  et  leurs  soins  à  ceux 
qui  prodiguaient  leur  sang.  Plusieurs,  prises 
})ar  les  Russes,  furent  éventrées;  en  aira- 
chait  à  celles  qui  étaient  enceintes  leurs  en- 
fants vivants  ;  â  la  [)lace  on  mettait  des  chats 
furieux;  on  recousait  le  ventre  ,  et  ces  hé- 
:  roïques  victimes  mouraient  dans  les  plus 
.  abominables  tortures.  Voltaire  trouve  qu'on 


I5:>9 


VOL 


VOL 


1360 


se  ni(>t]nnit  (rès-pinisammont  des  conféilt^rés 
et  (le  leur  Nolre-D.ime.  Une  telle  parole  ,  en 
de  telles  rircnnstanees  ,  met  le  vil  flatteur 
lies  bourreaux  au-dessous  des  bourreaux 
en\-niômes. 

L'apAtre  de   la  philosophie  moderne,   le 
}M>re  de  rincr(''dulitt.^ ,  le  fétiche  des  esprits 
forts  de  nos  jours,  ne  trouvait  pas  avoir  fait 
assez  :  il  écrivait  à  Damilaville,  le  10  mars 
ITiKi  :  «  Il  est  h  propos  que  le  peu[)le  soit 
guidé,  et  non  (ju'il  soit  instruit  :  il  n'est  ()as 
digne  de  l'tMre.  »  Au  même  (  le  1"  avril)  : 
«  Il  me  paraît  essentiel  qu'  1  y  ait  des  gueux 
ignorants.  Si  vous  faisiez  valoir  comme  moi 
une  terre,  et  si  vous  aviez  des  charrues,  vous 
seriez  de  mon  avis.  Ce  n"ost  pas  le  manœu- 
vre qu'il  faut  instruire,  c'est  le  bon  bour- 
ueois ,   c'est  l'habitant  des  villes.  »  Il  «lit  à 
d'Alembert  (4-  février  1757)   :   «  La  raison 
triomphera ,    au  moins   chez  les  honnôtes 
gens  :  la  canaille  n'est  pas  faite  pour  elle  ;  » 
au  roi  de  Prusse  (  5  janvier  1767  )  :  «  La  ca- 
naille n'est  pas  digne  d'être  éclairée,  et  tous 
les  jougs  lui  sont  propres.  »  Voilà  avec  quel 
cynisme  Voltaire  se  faisait  insulteur  de  l'hu- 
manité ,  divisant  les  hommes  en  deux  clas- 
ses :  les  honnêtes  gens,  c'est-h-dire  les  bour- 
geois et   les  riches;    la  canaille,    c'est-à- 
dire  les  manœuvres,  les  pauvres.  C'est  quand 
on  sait  tout  cela  qu'on  est  révolté  d'enten- 
dre chaque  jour  l'ignorance  sotte  et  fron- 
deuse fure  l'éloge  d'un  t"l  homme,  et  le  con- 
sid''rer  quasi  coiuuwî  un  sal-il.  Il  n'est  pas 
de  prétendus  esprits  forts  qui  ne  regardent 
Vr)l,aire   co.nme  un   bitMifulcur  de  l'huma 
nilé  ,  comme  le   r>ifor;naleui-  de  la  |)hiloso- 
phie  ,  comme  le  père  de  l'ém  mcipaliou  so- 
ciale. Imbéodes,  (jui  ne  savent  pas  que  Vol- 
la. le,  s  il   vivait ,  au   lieu   de   les   pl.iuivire, 
comme  nous  faisons,  les  aurait  tout  bonne- 
ment  ra!\..;i'S  dans  la  seconde  rnli'go.-ie  de 
riiumanilé,  In  ranaillr.  Oui,  voilà  ce  qu'il  est 
bon  dappreidre  à  tous  ces  niais  ipii  se  dra- 
pent (la  is   les  vieux   I  unbeau\  de  la  défro- 
(jue  philos  >phi|Ue.  Voilai  e  oulrage.iit  à  ce 
point  l'es-'èce  humai  le  ;  mettant  de  côté  la 
morale  évangéli(jiie  qui   proclame   l'égalité 
de   tous  ,  et  qui   veut  que   tous  aie  l   part 
égale  au   ba'i.|uet  ;  il   pirq  'C  les  hommes 
d.uis  rignoraiiie  et  d.ins  rabtulisseuieiil  ;  il 
admei  une  da-.se  inférieure,  qu'il  'lomme  la 
canaille,  et  pour  la(}uelle  ,  dit-il,  tous  les 
jougs  so'it  propre*..  Lui  cpii  f.ut  travailler  et 
(pji  possède  lies  charruo  ,  au  lieu  d'el  ver 
son  cœur  h  ce  spectacle ,  et  de  conjprendre 
(jue  le  Iravadleiir  es!  la  tê  e  du  monde,  que 
cciUi  (jui  féconde  le  sol  de  ses  su  urs  ,  qu<f 
lf)uvrier  cpii  prculuil,  sont  les  premiers  de 
ce  inonde,  il  les  regarde  <lu  h.M\it  de  l'orgueil 
de  sa   richesse,  il  les  n  unme  de  la  canaille 
bonne  à  rester  ignorante,  a  être  exploitée,  h 
Cire   mi^e  sous   n'iui[)oile  ipiel   iou;;.   Ah! 
nous  le  concHVoi.s,  le  peunle  lui  devait  b.en 
ce  qu'il  a  fait  [)0ur  lui  :  il  s'est  «Itelè  h  son 
rhar  morluaire  ;  il  a  porté  ses  restes  au  Pan- 
théon. 

A\ant  do  montrer Vollairc  persécuteur  mo- 
ral de  la  religion  chrétienne,  nous  devions 


le  juger  comme  fds,  comme  citoyen,  comme 
homme.  Il  nous  semble  que  nous  en  avons 
assez  dit  pour  montrer  que  si  ce  père  de 
l'incrédulité  a  reçu  du  ciel  un  génie  fécond 
et  puissant ,  comme  nul  n'en  doute  ,  il  en  a 
fait  le  plus  vil  et  le  plus  (h'-testable  usage. 
Certes,  si  lious  avions  à  juger  ^'oltai^e  comme 
écrivain,  comme  [)oëte,  comme  historien, 
nous  aurions  souvent  à  lui  prodiguer  des  ad- 
mirations. Nous  ne  méconnaissons  pas  son 
talent  ;  nous  savons  qu'il  fut  un  des  plus 
puissants  génies  des  temps  modernes  ;  qu'il 
a  laissé  des  chefs-d'œuvre  nombreux  ;  mais 
précisément  à  cause  de  cela,  nous  avons  le 
droit  d'être  sévère  ;  et  quand  nous  trouvons 
que  cet  homme,  si  magnitiquement  doué  ,  a 
traîné  son  esprit,  son  cœur,  son  génie,  dans 
toutes  les  ignominies  ,  qu'il  les  a  prostitués 
à  toutes  les  lAchelés,  et  cela  en  haine  de  la 
religion  chrétienne  ,  nous  avons  le  droit  de 
le  s  igmatiser  et  de  croire  que,  pour  qu'une 
perversité  si  grande  pût  s'allier  à  tant  d'émi- 
nentes  facultés ,  Dieu  avait  laissé  peut-être 
un  coin  de  ce  vaste  cerveau  vide  ou  incom- 
plet ,  et  que  chez  lui  le  chaînon  fait  pour 
unir  le  génie  et  le  bien  n'existait  pas. 

Voltaire  sembla  n'avoir  toute  sa  vie  qu'un 
but  à  atteindre  :  la  ruine  de  la  religion  cliré- 
tienne ,  qu'il  nommait  Vinfâme.  «  Serait-il 
possible,  écrivail-il  (à  d'Alembert  le  2V  juil- 
let 1760)  que  cinq  ou  six  hommes  de  mérite 
n'y  réussissent  pas,  après  les  exemples  que 
nous  avons  de  douze  faquins  qui  ont  réussi?  » 
C'est  ainsi  qu'il  nommait  les  douze  apôtres.  Il 
disait  un  jour  à  ses  amis  :  «  Je  suis  las  de 
leur  ente  idre   répéter   (jue  douze  hommes 
ont  suiii  [lOur  établir  le  christianisme,  et  jai 
envie  de  hnir  prouver  ipi'il  n'en  f  ut  qu  in 
jiour  le  diHiuir '.  »  (  Condor,  et ,  \ie  de  Vol- 
tiire,  p.  112,  115.)  Il  écrivait  à  Damilav-He, 
le  2i)  janvier  1762  :  «  C'est  bien  domm.ige 
que  les  philoso,ihe.s  ne  soient  ni  assez  nom- 
breux, ni  assez  zélés,  ni  assez  riches,  p.jr 
aller  liélruiie  par  le  fer  et  la  llamiuc  c  s  en- 
nemis d'i  genre  hu.naiu  et  la  secte  abomi- 
nable (pli  a  pro  luit  tant  d  horieurs.  »  Sa  fu- 
reur contre  la  religion  chrétienne  devint  si 
gruide,  que,  dans  ses  leures ,  il  ne  la  nom- 
mait olu>  (pie  Vinfàme.  Ces  mots  :  Ecrasons 
I  in  filme  ,  écrasez  l'infâme!  y  sont  à  chacpio 
insia'>t   prodigués.  Avec  les  premières  let- 
tres de  C(vs  deux  mots,  il  sétail  composé  un 
nom  duqu,l  il  se  servait  souvent  pour  >i- 
^Mier  :  Ecrlinf.  Une  fois  ,  il  eut  la  bêtise  de 
signer  Chrisl  mmjne.  Quand  un  homme  des- 
ceiiil  liais  un  tel  dévergoiidag«>  de  sens  cl  de 
ciD.ir,  (pie  dire  sur  son  compte?  Faul-il  ap- 
prouver le  président  de  Ilrosses  de  lui  avoir 
écrit  ail. si  :  «  Souvt  nez-vous,  Mon^iinir,  des 
avis  prudents  que  |e  vous  ai  ci-devanl  dnii- 
nt's  en  conversation  ,  lorspi'en  me  raion- 
tanl  les  Inverses  de  votre  vie,  vous  ajoutd- 
los  que  vous  étiez  d'un  carattère  naturelle- 
ment insolent.  Je  vous  ai  «lonné  mon  amdié, 
parc  '  ipiil  y  a  des  jours  où  vous  en  êtes  di- 
%nQ.  Une  marque  que  je  ne  l'ai  pas  retirée, 
c'est  raverli-semont  que  je  vous  donne  en- 
core de  ne  jamais  écrir»  dans  vos  moments 
d'aliénation  d'esprit,  pour  n'avoir  pas  à  rou- 


1301 


VOL 


VOL 


iiat 


jçtr,  (Iniis  v(»tro  iioii  simis,  do  cv  (jiKi  vous  «u- 
ric/  lail  dans  vnlic  drlirc^  » 

llciiicux  N'ollairo,  s'il  crtl  suivi  vii  v(m- 
scil  !  Mais  sa  haine  l'avcni^la  cl  lin  lit  cnni- 
nu'ltrc  de  cfs  cIkiscs   ijn'ini   li(minic  de  i^^^"- 
nio,  (in'un  lionn^lo    liiunnic,   aurait  iU\   nu 
pas  conniicltro  ,  cdl  il   l'alln   iloinicr    sa  vie 
sur  rt''.liafa\id.  On   sait  (|U(I!('  v(''n(''iali(»n  la 
Franco  n  pour  Jeanne  d'Arc,    sa  lilu-ralrict;. 
On    sait   avec   ([uel    respect    les  siècles   ont 
toujours   re^aide    l'aurculc  i\r  gloire  vl  de 
sniiitetô  qui  enviroiuie   la   l<^le  de  celte  lié- 
rouie,  si   po(Mi(pn'  el  si  nol>le.  Jeainie  d'Arc 
avait  ,  aux  yeux  de  \ DUaire  ,  deux  criuies  à 
oxpier  :  elli>  était  chrétienne  feivcnte  et,  do 
})lus,  tille  du  peuple.  V.Wv.  ap|)arlenail  h  1'/»- 
fdmc  eu    t'ait  de  religion  ,  el  en  t'ait  d'esiièce 
h  la  canaille,  cette  elasso  imaginée  par  N'ol- 
taire.  Il  a  eu  rii^noble  courage  de  composer 
un   poéiue   (jue    tout   le    monde  connaît  do 
nom  au  moins  ,  /<j  Pucclle ,  amas  d'outrages 
et  de  turpitudes  cjui  déshonorent  l'écrivain. 
Ce  livre   est   telknu'ut  ordurier  (pi'il   est  à 
Vimiex,  iion-soulement  de  l'Eglise,  mais  en- 
eoro  do  la   pudeur  [)ublique.  Son  nom  est 
une  ignominie;  on  ne  le  voit  (ju'aux  mains 
des  libertins  ,  des  vieux  débauchés,  do  cotte 
classe,  en  un  mot,  d'êtres  dégradés  aux(]uels 
Voltaire  a  volé  leurs  litres  pour   le  donner 
indignement  aux  pauvres,  aux  malheureux, 
aux  amis  do   Dieu  ,  à  ces  déshérités  d'ici- 
bas  qui  ont  tant  de  uuh'ites  sur  terre  et  tant 
d'espérances  dans  les  cieux.  Dans  son  Dic- 
tionnaire philosophique  ,  Voltaire  mont  im- 
pudemment à  propos  de  Jeanne  d'Arc.  11  de- 
vait, dans  sa  personne,  outrager  tout  ce  qui 
est  respectable  ,  la  pudeur,  la  vérité  histori- 
que, la  reconnaissance.  Celui  qui  trouvait  si 
plaisantes  les  moqueries  à  la  russe,  faites 
aux  femmes   polonaises ,   était  bien  digne 
d'écrire  la  Pucelle. 

A  côté  de  cette  ordure.  Voltaire  a  mis  un 
autre  ouviage  :  le  Dictionnaire  philosophi- 
que ,  œuvre  détestable  où.  l'esprit  abonde, 
quoique  de  mauvais  aloi  ;  œuvre  faite  pour 
produire  intinimcnt  de  mal.  Dans  ce  livre, 
tout  ce  qui  est  saint,  vénéré,  tout  ce  que  le 
respect  des  peuples  et  des  temps  a  consa- 
cré est  indignement  outragé  ,  conspué.  Vol- 
taire discute,  apprécie.  Il  fait  de  l'érudition. 
Au  fond  ,  tout  ce  qu'il  dit  n'est  que  men- 
songe, tout  ce  qu'il  cite  ,  fausseté.  Pour  un 
homme  instruit ,  ce  livre  nauséabond  ne 
sup[)orte  pas  l'examen.  C'est  une  œuvre  d'i- 
niquité faite  avec  la  conscience  du  men- 
songe pour  abuser  les  simples  et  les  igno- 
rants. Voltaire  le  savait  bien,  et,  dans  cer- 
tains moments,  il  en  avait  honte.  Le  13  juil- 
let 176i ,  il  écrivait  :  «  Dieu  me  préserve 
d'avoir  la  moindre  part  au  Dictionnaire  phi- 
losophique! Ce  livre  est  reconnu  pour  être 
d'un  nommé  Dubut ,  petit  apprenti  théolo- 
gien en  Hollande.  »  Le  IG  juillet,  écrivant  à 
son  ami  d'Alembert,  il  disait  :  «  J'ai  oui  par- 
ler de  ce  petit  abominable  Dictionnaire;  c'est 
un  ouvrage  de  Satan.  Heureusement  je  n'ai 
nulle  part  à  ce  vilain  ouvrage;  j'en  serais 
bien  fiiché.  »  Ce  livre  ,  vade  mccum  des  es- 
prits forts  d'estaminet,  des  commis   mar- 


chands éuuuici|iés  ,  de  Ions  ces  niais  qin  so 
dlNcnt  des  hommes    pensards  ,    fie   tous  ces 

r;obe-niouchesraits  pcunavalerbouclM- béante 
es    plus   éuoinies    bélises  ,    pourvu  qu'elles 
soient   assaisonnées   d'impiété  ,  a  iiaiCaili!- 
meiil    aU(>  ut    son    but.    NOIlaire     l'érriMiil 
pour    les    imbécdes  :  il  a  visé   juste.    Hon- 
neur h.  S(ni  coup   d'd'il  !   'Idutes  les  bévues, 
toutes  les  stupidités,  toutes  l(>s  impudences 
(pie    ce    livre     ((Uilient     sont    devenues    In 
monnaie   courante   des  espr  ts   foits  de  bas 
éta;:e    ipii    glapissent   dans    le    sillage    vol- 
taiiien.  l'xonte/    nu   de  ces  |)hilosophes  do 
cairel'oiir  ou  de  cabaret  ,    ou   i>ien  cuvrez  l»j 
Diclionuairv   plnlosophiijuf  ,   c'est   tout  un  : 
mêmes  bêtises  sur  la  Saint-Barthélerny,  sur 
limpiisition,  sur  Jeanne  d'Aïc,  etc.  ;  mêmes 
impiétés  saciiléges  et  sottes  sui-  les  'logmcs 
de  noire  sainte  r(digion.  Ils  sntit  aussi  forts 
(pie    Voltaire;  nue   seule   <  hose   les  dislin- 
gue :  Voltaire  savait  bien  (ju'il  mentait,  lui, 
tandis  (jue  beaiicou[)  de  nos  esprits  forts  font 
parfumés   d'une   naïveté   de   conviction  rpii 
désarme  toute  colère  et  fait  place  ou  h  la  pi- 
tié,   ou  au  dédain,  ou  au  fou  rire,  liéates 
créatuios,  qui  posent    sérieusi ment    devant 
le  genre  humain  en  réformateurs,  qui  pren- 
nent en  pitié  dix-luiit  cents  ans  de  cioyan- 
ccs,   et  (Jécident  qu'il  est  temps  de  changer 
les  bases  sur   les(juollos  pivote  le  monde. 
Uien   n'est  curieux  comme  les  prétentions 
outrecuidantes  de   ces   hommes  qui  prodi- 
guent le  dédain  à  ouiconque  ne  pense  pas 
comme  eux  et  n'incline  pas  le  genou  devant 
l'idole. 

Voltaire  fut  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  fidèle  à 
SOS  haines  contre  la  religion  chrétienne.  Sur 
son  chemin,  il  eut  souvent  de  tristes  déboires, 
de  rudes  leçons  à  subir.  Deux  hommes  , 
l'abbé  Nonotie  et  î'abbé  Guénée,  lui  donnè- 
rent de  terribles  étrivières.  Il  faut  lire  les 
ouvrages  de  ces  deux  savants  pour  s'initier 
à  celte  guerre  acharnée  qui  eut  lieu  entre 
eux  et  le  vieux  séide  de  l'incrédulité.  Vol- 
taire fut  loin  d'y  avoir  l'avantage  :  presque 
toujours  son  honneur  restait  sur  le  champ 
de  bataille  ;  mais  il  était  de  ceux  qui  ne  se 
corrigent  pas.  Dieu  l'avait  frappé  d'incrédu- 
lité linale  pour  le  punir  de  son  incrédulité 
première;  il  y  persévéra  jusqu'à  la  fin  dt 
ses  jours.  Vainement  on  a  tenté  de  faire , 
dans  plusieurs  ouvrages,  de  Voltaire  un  cliré- 
tien,un  catholique  ;  les  témoignages  extraits 
de  ses  livres  ne  sont  que  des  passages  tron- 
qués ou  détournés  de  leur  sens  par  les  au- 
teurs :  ce  n'est  point  sur  des  passages  ainsi 
décapités,  écourtés,  qu'on  peut  juger  du  vé- 
ritable sentiment  d'un  écrivain.  En  prenant 
dans  un  livre  passim  des  passages,  des  phra- 
ses, on  peut  presque  faire  dire  à  un  homme 
ce  qu'on  veut.  Quand  on  a  un  ennemi  dé- 
claré, pourquoi  ne  pas  l'accepter  comme  tel? 
Pourquoi  vouloir ,  à  toute  force  ,  trouver 
quelques  traces  d'amitié  au  milieu  de  ses  hai- 
nes? A  l'égard  de  Voltaire,  on  a  montré  celte 
prétention  :  on  a  voulu  absolument  trouver 
dans  ses  écrits  des  apologies  de  la  religion 
chrétienne,  de  la  foi  catholique,  et  souvent, 
pour  en  faire  des  citations  qui  répondissent 


«63  WAL 

à  ce  dtVsir,  on  a  tron  jué  :  pourquoi  faul-il 
que  nous  soyons  oblii^é  de  dire  ?  on  a  faisi- 
hé.  M.  lie  fienoude.,  dans  son  ouvra^^o  inli- 
tuir-  la  Raison  du  christianisme ,  s'fst  rendu 
toupahie  do  ce  crime  liltéraire  au  pre- 
mier chef.  Knlre  autres  exemples,  nous  don- 
nerons ccl'ji-ci  :  vol.  III,  pa^.  508,  il  dit, 
citant  Voltaire  :  «  Des  philosophes  qui  [»en- 
se'il  seuls  être  raisonnables,  et  quelques 
sots  que  ces  gens-lh  dirigent ,  se  déchaînent 
contre  la  v(^rité  :  ce  sont  des  chiens  île  did'é- 
rento  espèce  ,  qui  hurlent  tous  h  leur  ma- 
niJ^'re  contre  un  b'au  cheval  qui  pait  dans 
une  verte  [trairie,  et  ^ui  ne  leur  dispute  au- 
cune des  charognes  dont  ils  font  leur  nour- 
riture et  pour  lesquelles  ds  se  battent  entre 
eus.  »  Or  voici  le  tfxle  de  Voltaire  (  Dic- 
tionnaire philosophique  ,  vol.  Vil,  [).  233)  : 
«  L'empesé  ludiérien,  le  sauva,.;e  calviniste  , 
l'ogueilleux  anglican  ,  le  lanalique  jansé- 
niste, le  jé>uile  qui  croit  toujours  réj^enler, 
même  dans  l'exd  et  sous  la  i  otem  e  ,  le  s  r- 
boniste,  (pai  prétend  èlie  père  d'un  concile  , 
et  fjuelqucs  sottfs  que  tous  ces  ge-is-la  di- 
rigent, se  déchaînent  tous  contre  le  philoso- 
phe :  ce  sont  des  chiens  de  diifi'ren  e  espèce, 
qui  hurlent  tous  h  leur  manière  contre  un 
beau  cheval  qui  paît  dans  une  verte  prairie, 
et  qui  ne  leur  dispute  aucune  ties  charognes 
dont  ils  se  nourrissent,  cH  pour  lfS(pieil;'S 
ils  se  battent  entre  eux.  »  Connu;'  on  le  voit, 
M.  de  Geuoude  kait  dire  à  Voltaire  préc-isé- 
ment  le  contraire  de  ce  qu'il  dit  :  il  lui  lait 
aftirmer  en  faveur  de  la  religion  ,  de  la  vé- 
rité ,  ce  qu'il  afirme  contre  la  religion,  eu 
faveur  du  |)hilosophe. 

Comme  nous  le  disions  plus  haut ,  Vol' 
taire  persista  jusqu'à  sa  mort  dans  ses  sen- 
timents anli-clnéiicis.  Il  n'eut  |>as  toujours 
le  courage  de  montrer  dans  sa  conduite  ce 
qui  était  dans  son  cœur  :  la  fiauchi^^e  n'(^st 
pas  donnée  à  tout  le  monde.  Nalurellenit-nt 
Voltaire  était  menteur  et  hypocrite.  Nous 
aviins  vu  ce  (ju'il  écrivait  au  comte  d'Argen- 
tal  relalivemeul  àsescomiuuniois  h  Piipn'S. 
Il  y  a  là  queliiue  chose  de  tellement  vil  et 
de  tellement  lâche,  (ju'on  man(jue  d'ex]  res- 
sions  pour  le  cu'actonser.  Un  an  plustanl, 
étant  malade,  il  se  lit  apporter  le  viatiipie 
devant  un  notiure  qu'il  pria  il'en  rédiger  aile 
aulh>  ntiipje.  Le  8  mai,  il  écrivait  à  monsieur 
et  à  madame  d'Argent  d  :  a  Mes  chers  anges 
sont  tout  ébouriifs  d'ini  déjiuVu;r  [tar-de- 
vant  notaire...  On  ne  peut  donner  une  plus 
grande  manpie  do  mépris  pour  (;es  facéties 
que  de  les  jouer  soi-uième.  »  Kvideuuuent 
on  ne  peut  lien  voude  plus  ignoble  (pie  tout 
cela.  Que  ceux  qui  1  osent  admirent  Vol- 
taire ;  quant  h  nous,  nous  réserverons  notre 
admiration  pourles  chefs-d'œuvre  qu'il  nous 


WAL 


i364 


a  légués  :  pour  lui  i)ersonnellement ,  pour 
son  caractère,  nous  n'aurons  que  du  mépris, 
et  le  mépris  le  plus  pioiVmd. 

Pour  dire  ipi  -Iles  ont  été  les  attaques  de 
Voltaire  contr.'  la  religiftn,  il  faudrait  pren- 
dre tous  les  dogmes,  toutes  les  croyancps 
du  catholicisme,  jtnsser  en  revue  tous  les 
personnages  de  l'hisl  »ire  sacn  e  et  «le  l'his- 
toire de  i'Kglise.  A  projios  «le  chaque  nom, 
on  trouverait  une  profanation,  une  insulte, 
un  sacrilège.  C'est  princ  [)alemenl  aux  jé- 
suites que  Voltnire  s'attaquait  avec  le  plus 
d'a(;harn(Muent  :  il  sentait  que  cet  ordr.-  re- 
ligieux était  en  quelque  sorte  la  lèle  du 
clergé;  il  voulait  décapuer  le  clergé.  L'auto- 
rité du  pape,  l'unité  de  l'Eglise,  furent  aussi 
l'objet  de  ses  attaques  ino-ssaTites,  deses  in- 
jures sans  cesse  renouvelées. 

Pour  liuir  cet  article,  nous  citerons  l'opi- 
nion de  Jean-Jacques  sur  cet  homme  célè- 
bre. «  Ainsi  donc,  la  satire,  le  noir  mensonge 
et  les  lib  dles  «-ont  devenus  les  armes  des 
})hilosophes  et  de  leurs  partisans!  Ainsi  paye 
M.  de  Voltaire  l'hospitalité  dont,  par  une 
funeste  indulgence,  (ienèv«  use  envers  lui  ! 
Ce  fanf.îou  d'impiété,  ce  beau  génie  et  cette 
Ame  basse,  cet  lumime  si  grand  par  ses  t<»- 
lents,  et  si  vil  par  leur  usage,  nous  laissera  de 
longs  et  cruel>  souvenirs  de  son  séjour  par- 
mi nous.  La  ruine  des  mteurs,  la  perte  de 
la  liberté,  qui  en  est  la  suite  inévitabl", 
seront  chez  nos  neveux  les  monuments  de 
sa  gloire  et  de  sa  reconnaissance.  S'il  reste 
d  uis  leurs  cœurs  quelque  amour  pour  la 
l»alrie,  iU  détesteront  sa  mémoire,  et  il  en 
sera  plus  maudit  qu'a  uniré.  » 

Voltaire  vint  mourir  «^  Paris,  en  mai  1778. 
S.-^  principaux  émits  contre  la  rpligion,  sont  : 
la  Philosophii'  de  l'histoire;  la  liihle  commen- 
léi'  ;  Viîxnmen  important  de  mylord  Boling- 
hrohr  ;  VfJ  istaiie  ilr  l'rtdhiissement  du  chris- 
tianisme :  le  Dictionnaire  philosophique. 

VOLVIC,  bourg  du  département  du  Puy- 
de-DAme,  où  saint  Amarin  et  saint  Prix, 
(pie  l'Eglise  honore  comme  martyrs  le  25 
jinvier,  furo'^t  assa'^sinés  en  revenant  de  la 
cour  du  roi  Childéric  II,  où  >aint  Prix  s'était 
rendu  )  our  alfaire  concernant  son  iliocèse. 
{Voy.  Prix.) 

AU  EN,  prince  arménien  de  la  famille  Da- 
chrad/.ick,  lut  l'un  de  ceux  qui  soutfrireut 
vol.mtairi'iaent  la  captivité  pour  Jé^us- 
Chrisl,  sous  le  rc^ne  d  Ha/guerd,  deuxième 
du  nom,  roi  de  Perse,  et  ciui  ne  furent  remis 
en  liberté  et  rcnvo>és  en  h  ur  pays  que  huit 
ans  aj)rès  la  mort  do  ce  prince  et  sous  le 
règne  de  son  lils  Herose.  (Pour  plus  de  dé- 
tails, voy.  Princics  ah.mémkns.) 

VULPIEN.  Voy.  Ulpien,  martyr. 


w 


WALin  II,  fils  de  Yésid  II  et  neveu  d'Hi- 
thain,  était  calife  en  Orionl.  Hi»  Inm  était 
mort  l'an  de  l'h.gne  \2S,  de  Jésus-Chrisl 
7*3,  après  avoir  réjjné  plus  de  Uix-ucuf  ans. 


Après  sa  mort,  la  maison  d'Ommia  tomba 
tout  h  coup  et  ne  subsista  (|uc  .sept  ans, 
pendant  lesouels  il  y  (miI  (jualre  «alifes.  Le 
premier  fut  le  inince  qui  nous  occupe,  qui 


iM5 


wi:n 


wr.N 


r><>G 


110  r('«;;;ii;i  (|n(^  (|uiii/.((  nxtis,  et  iul  (l(''|i()S(^ 
puiir  S((S  (IiIkuicIu's  ol  son  iiii|M(''l(^  «•uiili'o  so 
jji'oiirc  rcli^idii.  Il  no  liiis.s.'i  |tiis  de  pursôou- 
it;r  los  cliiiHiciis  :  il  lil  coujinr  l.i  l.iiiytin'  h 
riiM'i'O,  iiit''lr(i|)(i|itjiiii  (In  Damas,  où  il  i.ii.sait 
.sa  i'i'.sidi«ii(i',  |iai'c(;  (|ii"il  i('rtilail  (nncrUiincnl 
l'iiii|»i(''l('  (Itts  Arnlw's  ol  dns  iiianiflinon.s  ;  il 
l't'iivova  t'i»  exil  dans  l'Araliii"  lltiiiroii.>.o,  où 
il  iiiouinl. 

l'u'iTc  de  Majumc  s'allira  aussi  le  marlyro 
dans  l(t  iiK^nio  i(Mn|is.  IClanl  malade,  il  a|)|it'la 
les  m.'i^islials  di'S  Arjd)i\s  (lui  rlaionl  sos 
amis;  car  il  avait  la  roccllc  des  impAls  pu- 
l)lio>,  el  It'inilil  :  «  Jo  |>ru'  Dion  d(>  vous  rr- 
«  «îumpcnsiMilo  lu  visiUi  cpio  v«)us  nu'  t'ailcs  ; 
«  mais  ji>  v(Mi\  (|uf  vous  sovd/  trmoins  do 
«  mon  leslaiiuMd  (juo  voici  :  «  Oui«-on(|U(\  ne 
«  croit  pas  nu  l'ùi-i-,  an  l<"ils  et  au  Siint-Ks- 
«  piit,  et  h  la  Trinili^  consnhsianlicllc,  csl 
«  aveu;Alc  de  l'Ame,  et  dij,n(!  du  supplice 
«  éternel,  comme  Mahonu't,  votre  faux  pro- 
«  plii^te,  pi'étMU'seur  de  l'anJeclirisl.  lliMion- 
«  ci>/  do'U!  ii  ces  iahles,  je  vous  cncvcijure 
«  anjourd  hui,  et  j'en  prods  à  témoin  le  ciel 
«  el  la  terre.  »  Il  leur  dit  plusieurs  autres 
choses  sur  ce  sujet,  el,  bien  cju  ils  en  fussent 
irrités,  ils  résolurent  de  prendre  paticice,  le 
rei;"arila'it  coiume  un  nialadt^  en  (lélire.  Mais 
(]uand  il  l'ut  i;uéri,  il  counnença  à  crier  [_)lus 
haut  :  «  Analhème  f»  Mahomet,  et  h  son  livre 
lal)uleu\,  (^t  à  tous  ceuv  (jui  y  croient!  » 
Alors  o'i  lui  coupa  la  ItMe.  Sain!  Jean  Da- 
niascène  lit  son  éloge  ;  l'Eglise  l'honore 
connue  martyr  le  '21  février,  et  Pierre  de 
Damas  le  V  octobre.  (Fleurv,  t.  III ,  passim.) 

WKNCESLAS  (saint),   martyr,  était   fils 
d'Uraiislas,  duc  de  Boîu^me.  So!i  père  était 
vei'tueux  et  chrétien,  mais  samèreDrahomire 
de  liUcsko  joignait  à  une  hauteur  insuppor- 
table une  grande  cruauté.  De  plus,  el'e  se 
donnait  pour  païenne  et  n'avait  aucun  sen- 
timent de  religion.  Notre  saint  fut  élevé  par 
so;i  aïeule  Lndmille,  et  fut  initié  aux  secrets 
de  la  science  et  di^  la  piété  par  Paul,  aumô- 
nier de  celte  |)rincesse.  11  fut  mis   ensuite 
dans  le  collège  de  Budweis,  auprès  de  Pra- 
gue, où  il  se  rendit  habile  dans  toutes  les 
sciiMices  qui  convenaient  h  sa  iiaissance  il- 
lustre. Son  père  était  venu  h  mourir,  Drano- 
mire   s'empara    du  gouverneniLMit  sous    le 
titre  de  régente.  Prolitant  de  sa  toute-puis- 
sance, elle  lit  abattre  les  églises  et  défendit 
de  pratiquer  en  aucune  manière  les  devoirs 
de  la  leligion.  Lndmille,  désespérée  de  ces 
tristes  événements,   pressa   notre  saint  de 
prendre   les  rênes  du  gouvernement  ;  mais 
comme  il  avait  un  frère  nommé  Bideslas,  le 
royaume  fut  partagé  entre  eux  deux.  Draho- 
mire ,  furieuse  de    ces  arrangements    qui 
dérangeaient  ses  intérêts,   s'unit  à  son  tils 
Boleslas,  qu'elle  avait  élevé  dans  l'idolâtrie. 
Bieniôt  elle  fit  assassiner  Lndmille   da-is  si 
cha})elle  même,  et  ses  si.^aires  Téiran^^Ièrent 
avec   son  prrtpre  voile.  Sur  ces  entrefaites, 
Ladislas,  prince  de  Gurime,  vint  fondre  sur 
les  Etals  de  notre  saint,  sans  aucun  motif 
plausible.    Wenceslas ,  après   avoir  essayé 
d'ariKMier  son  ennemi  à  un  accommodement, 
fut  forcé  de  marcher  contre  ce  prince  ;  mais, 


voui/uil  éviter  l'elfusion  du  sang  di-  m-s 
sujets,  il  proposa  h  nom  fMincrni  u'i  condi'it 
.siii^idier  (pu  lui  accepté.  Des  hislori<")s 
ra(  onli'nt  (pi(<  Ladislas,  ayant  vudeut  aii^tts 
(pii  d' Ic'id  ù<»ril  s<»n  ««Ivcrsaire,  mil  Ixo»  les 
armes,  cl  se  jiMa  /ui\  genoux  (le  noli'(<  >>ainl, 
lui  promiïUanl  d'accepter  toutes  les  condi- 
Immis  (ju'il  dicleiail  lui-niAine.  >Verw('sla.s 
oblinl  de  l'emfK'reur  <M|io'i,  dans  une  dicte 
g(''néial(5  tenue  h  >>'orm'>,  les  reli(pn's  do 
saint  \  il  el  de  saint  Si^ismo  id,  roi  de  Hour- 
gogin;.  Olhon  lui  accorda l'galemcnl  le  lilK-do 
roi,  et  allïanchil  ses  doiuaiues  (h-  triub;  vc- 
(levan(!e.  Son  zèle  h  répiiuier  les  exaclifins 
de  In  noblesse  lui  allir/i  des  (ennemis  (pji 
s'unirent  h  Drahomiic  et  A  Holeslas  :  ce  dei-- 
nier  avait  un  tils.  On  invita  noire  sainl  <'i 
venir  partager  la  joie  générale  (jui  régnait  à 
in  coin- de  son  frère,  et  la  nuit  suivanie,  «les 
sicaires,  conduits  par  Boleslas,  l'assassioè- 
roiit  dans  l't'glise  où  il  faisait  ses  dévotions 
ordinaires.  Il  fut  ainsi  niai'tyr  de  son  zèlo 
pour  la  religion,  h;  !2H  sephiubre  '.).'{(}. 

L'ein|)ereur  Olhon,  qui  aimait  beaucoup 
notre  saint,  vengea  sa  mort  en  faisant  une 
guerre  violente  h  Boleslas.  C(;lui-ci  l'ut 
vaincu,  et  l'empeieur  lui  dicta  ses  condi- 
tions. Il  dut  lélablir  la  religion  chrétienne 
dans  ses  Etats  el  pa\  er  un  liibul  a'nuel  ; 
Diahomire  mourut  misérablement  f)eu  après 
avoir  fait  assassinei-  son  (ds  Wenceslas. 
Boleslas  ayant  été  témoin  des  mii-ach  s  opé- 
rés sur  le  loud)eau  de  son  frère,  Ut  trans- 
porter ses  reliques  à  Prague,  dans  l'église 
de  Saint-Vit.  On  l'y  voit  encore  dans  une 
châsse  niagnific{uc.  Le  tils  de  ce  prince  fra- 
tricide, Boleslas  II,  mérita  par  ses  vertus  le 
nom  de  Pieux,  et  lit  le  bonheur  de  ses  su- 
jets. L'Eglise  fait  la  mémoire  illustre  de 
notre  sailli  le  28  septembre. 

WÊNliFRlDIil  (sainte),  vierge  et  martyre, 
honorée  par  l'Eglise  le  3  novembre,  eut 
pour  père  Théwith,  un  des  seigneurs  les 
plus  riches  et  les  plus  puissants  de  Nord- 
"NVales.  Comme  elle  était  encore  toute  jeune, 
saint  Beunon  vint  s'établir  dans  le  voisinage  : 
il  était  moine  et  i»rètre  ;  sa  vertu  était 
recoinmandable.  Quelques-uns  prétendent 
qu'il  était  oncle  de  Wéiéfride  du  côté  de  sa 
mère.  Théwith,  enchanté  de  sa  venue,  lui 
donna  un  terrain  i)our  y  bâtir  une  église, 
et  le  pria  de  se  charger  d'élever  saillie  dans 
l'amour  de  Dieu  et  dans  la  pratique  de  la 
vertu.  La  jeune  fille  répondit  tellement  aux 
instructions  du  maître,  que  bientôt  elle  prit 
la  résolution  de  consacrer  à  Dieu  sa  virgi- 
nité. Elle  prit  le  voile  entre  les  mains  de 
Beunon  ,  puis  elle  s'en  alla  vivre  avec  quel- 
ques vierges,  dans  un  monastère  que  son 
père  avait  fait  construire  à  quelque  di^:ancG 
de  Holy-Well.  Saint  Beunon  retourna  dans 
son  monastère  de  Clunnooh,  où  il  mourut 
quoique  temps  après.  Quand  saint  Beunon 
fut  mort,  sainte  Wénéfride  quitta  son  mo- 
nastère, et  se  confia  à  la  direction  de  saint 
Déifer.  Bientôt  après  elle  se  retira  à  Guthe- 
rin,  dans  le  Denbigshire,  où  elle  eut  pour 
directeur  le  sainl  abbé  Elérius,  qui  était  ïà 
à  la  tête  d'un  monastère  d'hommes  et  de 


1367 


WIS 


WL'T 


i5C8 


femmes  (deux  maisons  séparées).  Quand 
l'ahbcsse  des  femmes  fut  morte  (elle  se  nom- 
mait Théonie),  notre  sainte  fut  appelée  h  lui 
succé.ler.  Ce  f^ut  \l\  qu'elle  trouva  la  rouronne 
du  martyre.  Caradocou  Crador,  (ils  d'Abain, 
prince  d  »  la  contrée,  étant  devenu  excessi- 
♦  emei.l  amoureux  d'elle,  ot  ne  pouvant  par- 
venir à  l'amener  h  ses  désirs,  lui  oupa  la 
t(Me,  comuie  elle  cherchait  h  se  réfugier  dans 
l'ét^lise  que  Beunon  av.iit  fait  bâtir  h  Holy- 
Well.  Bob'  ri  de  Sclirewsburs^  et  plusieurs 
autres  auteurs  prétendent  (juc  la  terre  s'en- 
trouvrit et  dévora  Cradoc  à  l'endroit  où  il 
avait  commis  son  crime.  Une  fonliiinc  sortit 
de  terre  h  l'endroit  où  tomba  la  t(Me  de  la 
sainte.  D'autres  ont  ajouté  que  la  sainte 
ayant  éié  ressuscitée  par  j'intercession  de 
saint  Beunon,  elle  porta  toujours  une  mar- 
que rouj^e  autour  du  cou,  indication  du  mar- 
tyre qu'elle  avait  souffert.  L'histoire  ne 
donne  pas  précisément  la  date  à  laciuelle 
vivait  la  sainte;  mais  tous  les  historiens  qui 
en  ont  parlé  s'accordent  à  dire  (ju'elle  vivait 
vers  la  fin  du  vu'  siècle.  Ce  qui  nous  tran- 
quillise infiniment,  (|uand  nous  avons  à 
à  écrire  ce  que  nous  dicte  ainsi  la  tradition, 
c'est  que  ses  récils  ne  sont  pas  articles  de  foi. 

WERNER  ou  Wrrnher  (saint),  jeune  gar- 
çon, martyrisé  par  les  Juifs  h  cause  desafoi, 
naquit  au  village  de  Mammeralh,  dans  l'ar- 
chevêché de  Trêves.  Dès  l'âge  le  plus  tendre 
il  se  faisait  déjà  remarquer  par  ses  vertus 
chréliennes  et  par  son  grand  amour  pour  les 
j.>auvres.  Il  vivait  chez  son  beau-père,  qui 
le  tounnenlait  si  fort  qu'il  fut  obligé  de  se 
mettre  en  condiliûn  chez  des  étrangers.  Il  se 
rendit  à  Ober-Wesel,  sur  la  rive  gauche  du 
Rhin,  entre  Mayence  et  Cobleiit/,  et  entra 
au  service  d'une  famille  juive.  Le  jeuili  «;ainl 
de  l'année  1287,  Wernèr  ayant  communié, 
les  Juifs  chez  qui  il  était  le  prirent  i\  son  re- 
tour, et  lo  suspendirent  par  les  pieds  afin 
de  lui  faire  rendre  la  sainte  hostie.  N'ayant 
pu  réussir,  ils  lui  firent  endurer  des  suppli- 
ces horribles,  après  quoi  ils  le  transportè- 
rent dans  une  caverne  entourée  de  buis- 
sons près  de  Bacharach.  Lo  corps  ayant  élé 
bientôt  découvert,  il  fut  enterré  dans  la 
'haf^ellefieSaint-Cunibert,  près  de  Mayence. 
VVe  ner  fut  ainsi  martyrisé  le  19  avril  1287. 
Il  s'opéra  de  grands  miracles  sur  le  tomb(>au 
de  ce  saint,  et  les  habitants  du  Hunsrùck 
ont  une  grande  dévotion  pour  lui.  L'Eglise 
fait  sa  mémoire  le  18  avril. 

WILGEFORTE  sainte  ,  vierge,  souiïrit  le 
martyre  m  Portug.il.  Ayant  sonlemi  de  rudes 
atla(pies  pour  la  ronst>rv,Tlif»n  de  sa  foi  et  de 
sa  chaileté.  elle  mérita,  en  mourant  sur  une 
croix,  (le  remporter  la  glorieuse  j).ilme  du 
martyre.  Elle  est  inscrite  au  nombre  des 
saints  lo  20  juillet. 

WISTAN(s.iint},princcde  Mercie,  était  pe- 


tit-fils deWitlas,  qui  fut  roi  de  Mercie  depuis 
l'an  82G  jusqu'en  830.  Notre  saint  ayant  été 
privé  de  la  couronne  par  les  Danois,  parce 
qu'il  était  tout  jeune  encore  lors  de  la  mort  de 
son  aïeul  ,  fut  remplacé  sur  le  trône  par 
Bertulphe.  frère  do  Wiilas.  Wistan  s'adonna 
à  la  ;  iété  et  il  l'exercice  des  vertus  qui  con- 
duisent au  royaume  de  Dieu.  Il  fut  bientôt 
troublé  dans  ses  œuvres  de  piété.  Bertulphe, 
qui  craignait  d'être  supplanté  par  notre 
saint,  chargea  son  fils,  nommé  Berferl,  et 
qui  (levait  lui  succéder,  de  donner  la  mort  à 
Wistan.  Celui-ci  s'élanl  rendu  sansdéliance 
à  une  entrevue  qu'il  crovait  être  offerte  par 
l'amilié,  reçut  un  coup  de  sabre  de  la  main 
de  l'assassin,  et  expira  aussitôt  (1"  juin8i9). 
Sa  mère  Enflède  le  fit  enterrer  à  Repton,  et 
quelques  années  après  son  corps  fut  trans- 
féré dans  le  monastère  d'Eveshani  Pour 
Bertul[)he,  il  subit  bientôt  la  peine  de  son 
infamie  :  il  fut  déposé,  avant  la  Un  de  l'an- 
née 849,  par  Ethehvolph,  et  remplacé  par 
Barrhed,  dernier  roi  de  Mercie. 

WULFÈRE,  roi  de  Mercie  en  Angleterre, 
vers  la  fin  du  vu'  siècle,  fit  inhumainement 
massacrer  ses  deux  fils  Wulfliad  et  Rufin, 
qui  s'étaient  fait  bafUiser  par  saint  Chad, 
évêque  de  Litciifield.  Ce  prince  imitait  son 
nère  Penda,  qui  avait  cruellement  persécuté 
les  chrétiens.  De|>uis  il  embrassa  le  chris- 
tianisme; en  G75,  peu  de  temps  avant  sa 
mort,  il  fut  baptisé,  s'il  faut  en  croire  Flo- 
rent de  Worcester.  Bradshaw  prétend  que 
l'assassinat  des  deux  jeunes  princes  fut  com- 
mis par  des  courtisans  païens,  et  sans  la 
participation  du  roi.  On  serait  vraiment 
heureux  de  pouvoir  admettre  une  telle 
explication  en  présence    d'un  pareil  crime. 

[Vot/.   Wll.FHAn.) 

Wl"LKH.\D  (saint\  martyr,  frère  de  saint 
Rufin,  ('tait  fils  de  Wulfère,  roi  de  Mercie. 
L'an  G70,  saint  Chad,  évêque  de  Lichtield, 
baptisa  en  secret  ces  deux  jeunes  princes. 
Leur  père  l'Ayant  appris,  les  fit  massacrer 
tous  les  deux,  un  jour  qu'ils  étaient  en  priè- 
res. Ce  prince  était  ami  outré  de  l'idolâtrie. 
Son  père  Penda  avait  violemment  persécuté 
les  (  hrétiens.  Emmelinde,  reine  de  Mercie, 
mère  des  deux  jeunes  princes,  les  lit  enter- 
rer dans  un  lieu  iiomiué  Stone,  à  cause 
d'un  grand  monceau  de  pierres  et  de  teno 
qu  on  accumula  sur  leur  tombeau,  ainsi  que 
les  Saxons  avaient  coutume  de  faire.  Plus 
tard  elle  lit  bâiir  une  église  avec  ces  mêmes 
pierres.  On  la  pla(;a  sous  l'invocation  d»>s 
deux  saints.  L'Eglise  honore  la  mémoire  de 
notre  saint  le  2'»  janvier. 

WURTZROrRC.  vill."  du  royaume  de  Ba- 
vière, sur  le  M»Mii,  à  232  kil.  N.  O.  de  Mu- 
nich, a  été  illustrée  par  les  soulfrances  qu')^ 
endura  le  saint  évêque  Brunoii  pour  la  foi 
de  Jésus-Christ  ;  on  ignore  il  quelle  épo- 
que. 


1300 


TES 


TES 


1370 


X 


XANTf'M'l   (s;iinl),    nuirlyr,    l'uti  dt's  (|iih-  roi   dr  Sintn,   cl  mo  nvcc  son  (:orni)ngnon, 

rOMli'    iiuifl.yfs    (le    Sc'hiisic,  sous   Liciiiius.  Jean  MiiMotiat,  du  m^^iiic  ordre!. 
(V'o//.  MvirrvHS  i)\:  SiaïAsric.)  XIS'I'l'l  (siiinlj,  disci|(l(!  do  saint  Pierre,  ,iil 

XllMl'lNf'lS  (1(>  hionluMirt'Ux  Ai.roNsi:),  lis-  martyrisé  h  Ucniis,  sous  la  pcMséculinM   du 

paj^Miol,  de   1  oi'dro  de  Sainl-I)(>iniiii(|uo,  so  Néron.  On   n'en   sait  pas  davantage!  sur   co 

r(Midait,  l'an  KJOO,  des  îles  IMiilipnines  dans  martyr,  (pii  doit  éirt;  Iti  premier  martyr  des 

le  (]and)ot;e,  alin  d'y  répandre  la  lumièr(!  do  (Jaules.  Sa  Tûto  tombe  lu  1"  septembre. 
l'Evaiiijile,  lorsqu'il   lut  pris  par  l'ordre  du 


YESDEDr.ERD,  roi  de  Perso,  monta  sur  le 
trône  en  l'an  .'11)9,  et  l'occMipa  jus((u';\  sa 
moi't,  en  l'an  de  Jésus-(]hrist  kH).  Il  persé- 
cuta violenuuent  rKglisc.  Depuis  quelque 
temps  les  chréliens  vivaient  en  |)aix,  ol  les 
plaies  faites  par  latrocc  [)erséculion  si  lon- 
gue et  si  terrible  de  Sapor  se  cicalrisaieiit. 
Rien  n'annonçait  que  Yesded.^ord  vonhlt 
la  rocommcnier.  Ce  fut  la  conduite  d'un 
évoque,  nommé  Abdas,  (jui  la  détermina  :  cet 
évéque,  empoi'lé  par  un  faux  zélé,  mit  le  fèu 
au  temple  nonuné  Pyrée  (leuiple  du  feu).  Le 
roi  le  tit  venir  devant  lui  et  lui  ordonna  de 
le  rebAtir  sons  peine  de  voir  démolir  par  re- 
présailles toules  les  éj^lises  des  cbréliens. 
Abdas  refusa.  Presque  tous  les  auteurs  con- 
veiiant  qu'au  fond  il  avait  eu  tort  de  détruire 
ce  temple,  disent  qu'il  eut  raison  de  ne  vou- 
loir pas  le  reconstruire  :  car,  disent-ils,  il 
n'y  a  pas  de  dilféronce  entre  adorer  le  feu 
ou  lui  éditier  un  temple.  C'est  là  jouer  sur 
les  mots.  Editier  un  temple  par  dévotion, 
c'est  adorer  l'être  auquel  on  l'éililie  ;  mais 
le  reconstruire,  simplement  parce  qu'on  l'a 
brûlé,  c'est  réparer  un  dommage  causé  à  la 
propriété  d'antrui,  c'est  faire  un  acte  de  jus- 
tice, de  restitution,  et  nullement  un  acte  re- 
ligieux. Le  point  de  droit  est  complètement 
séparé  de  la  question  religieuse.  Cela  est 
tellement  vrai,  que  de  nos  jours,  en  admet- 
tant qu'un  pareil  temple  existât,  l'évèque 
qui  le  brûlerait  passerait  en  cour  d'assises, 
et  nul  n'y  trouverait  à  redire.  Le  rôle  de 
l'avocat  serait  de  plaider  les  circonstances 
atténuantes  en  faveur  du  zèle  mal  entendu 
qui  aurait  dirigé  l'incendiaire.  Dans  tous  les 
cas  il  serait  condamné  à  la  réparation  du 
dommage.  Yesdedgerd  lit  raser  toutes  les 
églises  des  cbréliens.  Après  cet  acte  arbi- 
traire de  représailles,  Yesdedgerd,  lit  persé- 
cuter directement  les  fidèles.  Beaucoup  fu- 
rent arrêtés,  mis  en  prison  ;  un  grand  nom- 
bre suppliciés.  Quelques-uns  étaient  atta- 
chés à  des  poteaux,  et  là  servaient  de  but  à 
des  archers  qui  leur  lançaient,  en  guise  de 
flèches,  de  petits  morceaux  de  roseau  poin- 
tus. Bientôt  ils  en  étaient  tout  hérissés  :  on 
leur  en  enfonçait  sous  les  ongles  des  pieds  et 
des  mains  ;  puis  on  arrosait  d'huile  ou  de 


poix  tous  ces  morceaux  de  roseau,  et  on  y 
niellait  le  feu.  On  sait  (pu;  la  persécution, 
chez  les  Perses,  fut  touj.ours  remanpiablo 
par  l'étrangeté  des  supplices  qu'on  faisait 
subir  aux  chrétiens,  et  par  um;  férocité 
toute  particulière.  Beaucoup  de  saints,  cpii 
furent  arrêtés  sous  Yesdedgerd,  ne  furent 
martyrisés  (pie  sous  son  lils  Varanes  ou  Va- 
raraiïes,  la  mort  ayant  empêché  ce  premier 
prince  de  poursuivre  ses  desseins  .  la  per- 
sécution qu'il  lit  à  l'Eglise  ne  commença  (jue 
quelque  temps  avant  sa  mort.  {Voy.  Vaua- 
NEs.  Voy.  aussi  JacqvesV Intercis,  Hormispas, 
et  les  autres  martyrs  de  Perse  de  ce  temps- 
là.) 

YiiSID,  fils  d'Abdelmélic  et  frère  de  So- 
liman, lui  succéda  au  califat.  Son  règne  dura 
quatre  ans.  La  seconde  année  de  son  règne, 
il  parut  un  imposteur  syrien  qui  trompa  les 
Juifs  en  se  disant  le  Messie,  fils  de  Dieu. 
Deux  ans  après,  c'est-à-dire  en  723,  un  autre 
imposteur  trompa  le  calife  Yésid.  C'était  un 
Juif  de  Laodicée  en  Phénicie,  demeurant  à 
Tibériade,  surnommé  Saranta  Péchys,  c'es.t- 
à-dire,  en  grec  du  temps,  quarante  coudées, 
apparemment  à  cause  de  sa  grande  taille.  Il 
vint  trouver  le  calife,  dont  il  connaissait  la 
légèreté,  et  lui  parla  ainsi  :  «L'affection  que  je 
vous  porte,  seigneur,  m'oblige  à  vous  propo- 
ser un  moyeu  facile  de  vous  conserver  trente 
ans  dans  cette  dignité.  »  Le  calife,  qui  ai- 
mait la  vie  et  le  plaisir,  promit  de  faire  tout 
ce  qu'il  lui  proposerait.  Le  Juif  reprit  :  «  Fai- 
tes écrire  incessamment,  par  tout  votre  em- 
pire, une  lettre  circulaire,  portant  ordie  d'ef- 
facer toutes  les  peintures  qui  sont  dans  les 
églises  des  chrétiens,  soit  sur  des  planches 
de  bois,  soit  en  mosaïque  sur  les  murailles, 
soit  sur  les  vases  sacrés  et  les  ornements 
d'autel,  de  les  supprimer  entièrement ,  et 
même  toutes  sortes  d'images  qui  sont  dans 
les  places  publiques  pour  l'ornement  des 
villes.  Il  ajouta  malicieusement  ce  dernier 
article  pour  cacher  sous  celte  défense  géné- 
rale la  haine  particulière  contre  les  chré- 
liens :  le  calife  crut  cette  promesse,  et  en- 
voya l'ordre,  par  toutes  les  provinces,  pour 
ôter  les  saintes  images  et  les  autres  figures. 
Comme  les  chrétiens  s'enfuyaient  plutôt  que 


1371  ZAF 

de  ronversor  de  leurs  propres  ni.iins  los  snin- 
tes  iiii<i-,>\^,  les  t^mirs  ou  L;ouv<»rn('iirs,  en- 
voyés pour  ce  sujot,  y  employaient  des  Juifs 
et  lies  Arobes,  qui  hn^lniful  l.-s  imn^es  et 
enduisaient  ou  gi-'laiml  les  niuradles  des 
églises.  Le  calife  Yi'sid  innirul  l'.unéo sui- 
vante, 12'*,  di!  Ihégire  105,  et  son  fds  Wa- 
lid.  i(ui  réj;na  vin;t  an*;  aprè<,  fit  mourir 
lionteusement  lr>  Juif  qui  l'avai  l  fronipé.  Ce- 
pendaU  le  suoccssour  immédiat  d'Vésid  fut 
sou  frère  Hiclinni,  tilsd'Ah  Itdmélu-,  qui  per- 
lu.l  de  rétablir  les  saintes  images  ;   et  il  y 


ZEB 


1372 


avait plusieiirs  lieux  oi'il'ordred'Yésid n'avait 
j)as  encore  été  porté.  Fl-'ury,  t.III,  pnssim.) 
YON  (saint),  prôtre,  martyr  au  diocèse  de 
Paris,  était  disciple  de  siint  Déni'*.  Il  vint 
établir  la  foi  dans  la  pelilc  ville  d(>  CliAlr»'s, 
appelée  aujourd'hui  Arpajon.  Il  fut  bientôt 
ariôtéot  déraiiitéj»ar l'ordre  du  préfet  Julien. 
On  pardait  ses  r<'lirjues  dans  li''j;li>e  de  Saint- 
Clément,  à  CliAtres,  et  dans  celle  de  Nolie- 
Daini^  de  Corheil.  Il  est  inscrit  au  Martyro- 
lo  ,0  romain  le  2  sciitcmbru  ;  h  Cliàtres  on 
l'honore  le  5  août. 


ZACHARIE  (saint),  évi^que,  souiïrit  le 
martyre  à  Vienne,  sous  l'empereur  Trajan. 
L'P>^li-e  f  it  «^a  tète  le  2l)  mai. 

ZACHAIIÎE  (saint),  l'un  des  quarante-huit 
martyrs  de  Lyon,  sous  Marc-Auièle,  en  177, 
fut  déca|)ité  en  (jualité  de  citoyen  romain. 
L'Kglise  fait  sa  fêle  1.'  2. juin,  avec  .elle  de 
sainl  Pothii  e  de  tous  ses  compai^nou'^. 
,  ZACHAl'klE  (sainl),  versa  son  >ang  à  Nico- 
médie  pour  la  dt-fcnse  de  la  relif^io?!  chré- 
tien-ie.  Il  est  iiisorit  au  Martyrologe  romain 
le  lOjuiu. 

ZAi'HÉE  (saint),  fut  martyrisé  pour  la  foi 
chrétienne,  le  17  novend)re  303,  sous  le  rè- 
gne et  durant  la  persécution  de  l'er.UH'rt'ur 
Dioclétien.  On  cél  brait  celte  année-là  les 
jeux  des  vinconnales,  (-'('s'-à-dire  de  la  ving- 
tième année  du  lègne  de  ce  prince.  Le  gou- 
verneur de  la  Palt.'Sline,  résidant  «»  Césarée, 
obtint  de  l'em  ereiir  la  grâce  de  tous  les 
coupables  que  la  justice  publique  n  tenait 
dans  les  prisons.  Les  chrétiens  seuls  funuit 
exceptés;  on  les  regirdait  coinni"  |)lus  cou- 
pabk's  que  les  assassins,  les  voleiu'S  et  autr»'S 
criminels.  Zaulié",  (|ui  t'iail  diacre  à  (iadare, 
au  delà  du  Jourdain,  fut  arrêté,  cliacé  de 
fers  et  conduit  devant  le  gouverneur.  Il  fui, 
par  ordre  du  juge,  cruellement  battu  de  ver- 
ges, et  déchiré  avec  les  ongles  de  fer.  Après 
ce  supplice,  leï>  bouireaux  le  conduisirent  »;n 
prison,  où  on  le  mit  dans  les  entraves,  les 
jambes  écartées  jnsipi'au  quatrième  t. ou. 
Pans  celle  horrible  silualion.  le  cor|)S  pres- 
que enlièremenl  écartelé,  il  ne  cessait  do 
loutM'  le  Seigneur  ride  ehant<  r  ses  louanges. 
Bieiilùl  î^on  parent  Al[)hée,  leelenr  tl  exor- 
ciste de  l'Eglise  de  Césarée,  vint  le  rejoinib\s 
et  tous  deux,  a|)rès  divers  siqtpliees  et  plu- 
sieurs inleriogattiros,  furent  condamnés  à  la 
peine  capitale.  La  sentence  fut  exécutée  le 
17  novembre  :  \  mv  imnnoireest  lion  >r('e  p;'r 
l'LgliX!  le  18  du  luèine  mois.  Assemani  a 
donné  leurs  Actes  authentupies,  traduits  sur 
le  (•haldaïqufî  [Àcta  mnrt.  Ocrid.,   t.  II,   p. 

ZAFIIA  f  Jkan  dk  )  ,  l•',^paglu)l  de  To- 
lède ,  de  la  compai^fiie  de  J»<sus  ,  fai-^ait 
parlio  des  nus.siunnan'es  que  le  V.  A/.evedo 
était  allé  rniruter  h  Rome  pour  évangéliser 
le  Brésil.  {Vou.  l'arlirli»  A7p\ki>o.j  Leur  na- 
viie  lut  pris,  le  15  juillet  1571,  par  de-;  cor- 
saires caiviuistes,  qui  les  massacrèrent  ou 


les  précipitèrent  à  la  mer.  (Du  Jarric,  Uix- 
toire  des  choses  plus  mémornhles,  etc.  ,  t.  H, 
p.  278.  Taiitier,  Societns  Jesn  usfjue  a^i  san- 
(fuinis  et  vitœ  profusionem  militons,  p.  166  et 
170.) 

ZANIÏAS  (saint),  fut  cruellement  massa- 
cré en  Perse,  sous  le  roi  Sapor,  avec  les 
saints  Lazare,  .Marotas,  Narsès  et  cinq  au- 
tr-^s  dont  on  ne  nous  a  pas  conservé  les 
noms.  L'Ej;lise  fait  leur  fêle  le  27  mars. 

ZARA  -CHRISTOS  (le  bienheureux^,  prr^- 
tre  al)>ssinien,  fut  mis  à  mort  pour  la  foi 
catholique,  on  Abyssinie,  sous  le  W'gue  et 
durant  la  persécution  du  tyran  Basilides, 
Mégous  de  ce  pays,  le  21  octobie  1647. 

ZARON  (sain'),  martyr,  eut  la  gloire  de 
mourir  [iotir  la  foi  chrétienne,  en  l'an  3'i3  de 
Jésus-(^,hrist,  so  is  le  règne  de  Sapor  dit  Lon- 
gue-A'ie.  Il  était  laiqu  • .  t  habitait  la  province 
des  Huzit'S.  Sa  fête  est  inscrite  au  Martyro- 
lu_;e  romain  le  30  novembre. 

ZAWKCKL  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Basile,  l'ut  une  des  victimes  de  l'atroce  per- 
sécution ipie  le  czar  Nicolas  lit  subir  en  l'^-'H 
h  tous  les  catholiques  qui  n(^  voulaient  point 
abuidonner  leur  foi  pour  embrasser  la  reli 
giou  russe.  .Vprès  avoir  subi  mille  tortures, 
ce  saint  martyr,  qui  était  plus  que  seplua- 
gé.iain',  fut  placé  sous  une  pompe  dont  l't-au 
qu'on  lAcha  Nur  lui,  se  congelaid  au  contact 
de  l'air,  l'tniveloppa  bientôt  comme  d'un 
luanteau  de  glace,  sous  lequel  il  trouva  une 
ailreuse  mort.  (Je//,  l'article  Mikczvsi.a>\sk  v.) 

ZÉHINAS  saint),  martyr,  fut  décapité  à 
Césarée  en  Palestine,  sous  Calère  Maximien, 
avec  les  saints  Anlonin.tlermain,  j)arce  qu'ils 
accusaient  il'impiélé  le  président  Firmilien 
et  le  reorcnaieiii  dt>  ce  (pi'il  sacriliail  aux 
faux  dieux.  Ils  eurent  pour  compagne  de 
bnir  martyre  sain'e  Ennathe,  vierge,  qui  fui 
meurtrie  de  coups  et  brrtli'e  ensuite.  L  Eglise 
h  moie  la  mémoire  de  ces  saints  martyrs  le 
1.3  novembre. 

ZERINE  (siint\  martvr  en  Per^e.  mourut 
pour  la  foi  e  i  327,  sous  :>apor.  Vny.  les  .\i  les 
de  saint  Jo?i4S  et  de  saint  R^nAciiiSE  à  leurs 
aili'le^.) 

ZEHROWSKA  (Ci.émk>ti'«e\  l'une  des  re- 
ligieuses de  Saint-Basile,  établies  Ji  M.nsk 
en  Liih  lanie,  et  co  uiu<'s  sous  le  nom  de 
Filles  de  la  Sainte-Trinité,  qui  furent  ex- 
pulsées de  leur  couvent  et  livrées  aux  per- 


1373 


im 


ZEN 


r,74 


srnilions  les  plus  violentes,  d/ms  Ir  coiinnil 
(,\v  I'hiiikm'  \KM,  \\i\\  le  «v.ar  Nicohis  cl  S\v- 
iiiiis/k(i,  ^\^^(|lM»  M;liisiiuili(|iiti  cl  ii|m»sIiiI.  On 
l(>s  t  jnployii  .'I  l.'i  ciiiisti  iiclioi)  (l'un  l'iilois  à 
Spiis  |i(Mir  Sii'um.s/.kt>.  In  t'Iinnli  im-nl  cliuil 
sni'viMMi,  (".Irnirnliui"  /rljiowska  ul  (|Uiilrt) 
antres  de  s(>s  cuniii.it^nes  InreMl  ensevelies 
vi vailles  sons  les  ilocuniiii es,  sans (|n'on  per- 
inil  h  ctrljcsmii  «^laie'.l  It'Mnoin.sdi'  ce  malheur 
de  chercher  h  dt'liv  rer  l(>s  victimes.  I,es  (jualro 
anirts  so'nrs  so  n<inimaieiM  lMi|iln''mie  (inr- 
/ynskn,  (lalhernie  Kor^cka,  l'ilisaheth  'r^sc- 
nhanz  et  Ii('>n(<  Kralnto.  (  Yoij.  l'artirle 
AIii:c./vsi.\\\sK.v.) 

Zf'lNAIDK  (sainte),  luarlyro,  ré|)an(lil  son 
sani;  |)()nr  la  loi  ;i  (lésart'(>  i  n  Paieslim  ,  avec 
les  sairtli  s  V.yio.,  Na'ière  et  Manie.  L'Ki^jliso 
('é!t''hre  leur  mémoiio  le  5  jui;i. 

ZKNOHK  (s.Mnl).  i^vcViue,  lut  marlyris(! 
avect  .sa  steur  Zéiohie  ^  Xi^va  en  (liluie,  s(»ns 
{"■'mporonr  Dioé'lélion  et  le  prôsidenl  Lysias. 
L'l'!;;lise  fait  leur  IVMo  h;  'U)  oclolire. 

ZtlSOHK  (saint),  mait,\r,  était  picMre  do  in 
ville  do  Tyr.  Il  lui  conduit  h  Anlioche  avec 
saint  lyrannion,  son  éviVpie,  et  (>nt  h  sn.hir, 
en  310,  pour  la  loi  cinviienne,  divers  lour- 
nuMits,  au  milieu  descpiels  il  expira  sur  lo 
chOYalet.  L'K-lise  céU  bio  sa  fiMe  le  20  le- 
vri(  r.  avec  celle  de  saint  T_)raunion. 

ZÉNOIJE  (saint),  martyr,  reçut  la  couronne 
du  martyre  à  Tripoli,  pour  la  défense  de  sa 
foi.  Les  comj)ag!ions  de  suii  martyre  lur(^nl 
les  saints  Lucien,  Métrope,  Paul,  Théolime 
et  Drusus.  Nous  n'avo  is  [y,\%  de  détails  au- 
thentiiiues  sur  ces  saints.  L'IîgLse  lait  leur 
mémoire  lo2i  décembre. 

ZÉNOBE  (sai'tt),  prêtre,  fut  martyrisé  à 
Sidou  en  Phénicie,  dans  le  cours  de  la  der- 
nière persécution.  11  exhortait  les  autres  au 
martyre,  et  fut  jugé  lui-même  digne  d'en 
L'Ire  honoré.  L'Eglise  honore  sa  mémoire  le 
29  octobre. 

ZÉNOIÎIE  (sainte),  sœur  de  l'évêque  Zé- 
nobe,  fut  martyrisée  avec  lui  k  Egée  en  Ci- 
licie,  sous  l'empereur  Dioclétien  et  le  prési- 
dent Lysias.  lis  sont  inscrits  au  Martyrologe 
romain  le  même  jour  30  octobre. 

ZENON  (sainlj,  fut  martyrisé  en  Arménie, 
sous  rem|)ire  deTrajan,  en  l'année  107.  Les 
Actes  de  ce  saint,  qui  sont  communs  à  saint 
Eudoxe  et  ù  saint  Macaire,  portent  que  Tra- 
jai  fit  martyriser  à  la  fois  onze  mille  soldats 
à  M(''litine,  ville  d'Arménie,  parce  qu'ils  n'a- 
vaient pas  voulu  I  énoncer  au  christianisme. 
Ces  Actes  n'ont  point  un  caractère  assez  sé- 
rieux pour  que,  sur  leur  autorité,  on  adopte 
l'opiiiion  que  Trajan  ait  pu  faire  foire  un 
aussi  gra'id  massacre.  Les  Menées  des  (Irecs 
disent  que  les  onze  mille  soldai  s  furent  mis 
à  mort  sous  Trajan  ou  sous  Adrien,  son  suc- 
cesseur. Nous  ne  devons  adopter  que  des 
opinions  certaines;  celle-ci  est  loin  d'être 
établie  sur  des  preuves.  Baronius  se  fonde 
probablement  là-.iessus  pour  dire  que  ces 
soldats  sont  les  chrétiens  crucifiés  sur  le 
mont  Ararat,  sous  Adrien,  et  dont  l'Eglise 
fait  la  fêle  le  22  juin  :  rien  ne  le  démontre. 
Nous  regr'etlons  de  n'avoir  pas  de  documents 
plus  précis  sur  le  saint  dout  nous  parlons. 


ZENON  (saint),  évéïpie.  «pii  Kouveiimil 
avec  une  coMsIance  /iduurable  llydise  «li-  Vé- 
rone duiant  les  tempêtes  (pie  l/i  perséeulion 
Jiv;ul  excilées,  obtint  l/i  couroiMie  du  marl\io 
(lu  leiiips  de  l'euiitereur  (iallieii.  L'E  lise  fall 
sa  lête  l(^  12/ivril.  (Miirîiiruloqr  rotnnni  i 

ZENON  fsiiinl),  marl>  r,  cikuIIiI  ia  palme  du 
mariyre  diiranl  ralïieuse  persécnlion  (put  Ich 
(îhréiicns  soulliiicnl  sous  Dio' h'Iieii.  H  cul 
pour  compagnons  les  saints  \  ielor,  Zoujuc, 
(".(•saire,  Sévérieii,  Chrysoplioii; ,  Tliéonas  et 
Aiilonin.  L'Ivgiisi!  honore  hnir  illn^-tre  mé- 
moii'(>  le  20  avril. 

Zt'lNON  (saint]  ,  .soldat  et  martyr,  Koullrit 
pour  la  foi  de  Jé.sus-dhii.st  à  Méliluu'  (Mi  Ar- 
imniie,  avec  ses  compagnons  Eudoxe  et  Ma- 
caire, el  (piatre  ceiil  (pialre  aulr<  s  (hml  l(!S 
lunws  sont  ignorés.  Ces  saints  soldais  ayant 
(piilh"  le  baudrier  durant  la  |  erséculion  (h; 
1),(M  léli(>n  ,  ds  rur(  lit  mis  à  mort.  L'E^^lise 
jionore  leur  mémoir(.'  le  li  sepb'iiibi-e. 

Zf':NON  (saiiit),  martyr,  habitait  (iaza,  avec 
ses  deux  frères  saint  Eùsèbe  et  saint  Nesia- 
ble,  sous  .Julien  l'Apostat  :  il  fut  mis  h  mort 
av(MMnix  au  sein  d'une  viohmle  émolion  |io- 
jmlaire.  l/lvglise  téUbre  la  fête  de  ces  Irris 
saints  le  8  seplcinbr( .  {Voy.  saint  EtsKuu.) 

ZftNON  (saint) ,  fut  martyrisé  h  Philadel- 
phie en  Arabie,  avecZénas,  son  esclave,  qui, 
baisant  les  chaînes  avec  les(pielles  son  maî- 
tre était  lié,  et  le  priant  de  trouvt  r  bon  qu'il 
})aiticii)àt  il  ses  tourments  ,  fut  pris  j)ar  les 
soldats,  et  reçut  par  le  martyre  une  couronne 
parei.le  à  celle  de  son  maître.  L'Eglise  fait 
îeu:  nii'moiie  le  23  juin. 

ZENON  (saint),  fût  martyrisé  h  Rome  au 
lieu  nommé  la  Goutte  qui  coule  toujours, 
avec  dix  mille  deux  cent  trois  autres  com- 
battants, ils  sont  honorés  collectivement 
dans  l'Eglise  le  9  juillet. 

ZENON  (saint) ,  ayant  été  écorché  et  en- 
duit de  poix,  fut  jeté  dans  une  fournaise  ar- 
dente. Son  nom  est  inscrit  au  Martyrologe 
romain  le  5  avril. 

ZENON  (saint),  martyr,  souffrit  à  Rome 
pour  la  défense  de  la  religion  chrétienne.  H 
eut  pour  comjiagnons  de  sa  gloire  sainte  Fé- 
lirufe  et  saint  Vital.  L'Eglise  célèbre  leur 
glorieuse  mémoire  le  ik  février. 

Zf'iNON  (saint),  souffrit  le  martyre  à  Nico- 
raédie,  avec  les  saints  Concorde  ,  Théodore 
et  ses  enfants.  L'Eglise  fait  leur  fête  le  2  sep- 
temi,)re. 

ZENON  (saint),  martyr,  souffrit  pour  la  dé- 
fense de  la  religion.  Il  fat  jeté  dans  une  chau- 
dière j  leine  de  plomb  fondu,  tandis  que  son 
compagnon,  saint  Carilo  i ,  était  i)récipité 
dans  une  fournaise  ardente.  L'Eglise  fait  la 
ménvire  de  ces  glorieux  combattants  le  3 
se])tembre. 

ZENON  (saint) ,  fut  martyrisé  à  Alexan- 
drie, avec  les  sanits  Philippe,  Narsée  el  dix 
autres  qui  nous  sont  inconnus.  Nous  n'avons 
aucun  détail  autheniique  sur  eux.  L'Eglise 
honore  leur  sainte  mémoire  le  15  juillet. 

ZENON  (saint),  porté  au  Martyrologe  ro- 
main comme  soldat  mai  tyr  sous  la  date  du  20 
déci  nibre.(Fo;/.sainl  xVmmon  d'Alexandi-ie.) 

ZÉPiiYHE,  ville  de  Gilicie,  a  été  illustrée 


1575 


ZEP 


ZIL 


1576 


par  \f  martyro  de  saint  Du. as,  qui  y  souffrit 
sons  If  président  Maxime  :  on  ignore  l'année 
pr«^rise  de  son  martyre. 

ZÈPHYIUN  ,>^aint>,  pape,  surcMa  au  pape 
Victor  lan  Ode  Sévère,  sur  la  lin  de  l'an  201 
ou  au  rommenrement  de  ^OS.  Il  était  Romain, 
disent   les  nouveaux  Pontificaux  ,  fils  d'un 
Ahundis  ou  Abondanre.  Rufin  dit  que  quel- 
ques-uns lui    attribuaient   l'élection  miracu- 
ieuse(|u'Euséhe  rapporte  de  saint  Fabien,  (li* 
fut  dans  la  première  année  de  son  pontifi- 
cat,  qui    était   la  dixième  de  Sévère  que  ce 
nrince  publia  dos   édits  (|ui   excitèrent    une 
horrible  persécution  contre  i'Kj^Iise.  Zépliy- 
rin  eut  la  consolation  de  voir  revenir  la  paix 
après  la  mort  de  Sévère,  et  passa  le  rest«;  de 
son  épiscopat  dans  un  g^ud  calme  «i  l'égard 
des    ennemis    étrangers.     Les    théodolicns 
condamnés  par  Victor  continuaient  toujours 
dans  leurs  erreurs,  et  il  y  a  apparence  (pie 
Zépliyrin   les  combattit   avec  l)eaucou|)    de 
force  et  de  vigueur,  puisqu'ils  lui  faisaient 
ce  reproche  si  glorieux  d'avoir  été  le  premier 
qui  eût,  disaient-ils,  corromj)u  la  vérité,  en 
soutenant  contre  eux  la  divmité  de  Jésus- 
Christ  :  flussi  saint  Optât  le  met   entre  ceux 
qui  on!  combattu  les  hérésies  et  le  joint  en 
cela  avec  Tertullieu  ,  saint  Viclorin  et  les 
autres  défenseurs  de  l'Eglise  catholique.  Ce 
fut  de  son  temps  «pi'arriva  cette  hisloire  si 
mémorable   du  confesseur  Natalis,  qui,  s'é- 
tant  laissé  enq>orter  par  avarice  h  se   faire 
chef  des  théodolicns,  en  fut  chAtié  rigoureu- 
sement une  nuit  par  les  anges.  11  vint  dès  le 
matin  se  jeter  aux   pieds  de  Zéphyrin,  im- 
plora l'intercession  tant  du  clergé  ([ue  des  fi- 
dèles, et  obtint  enfin  la  grAce  de  rentrer  dans 
la  conimunion  de  l'Eglise.  Baronius  attribue 
à  saint  Zéphyrin  la  première  condamnation 
de  Praxéas,  suivie  de  sa  rétractation,  et  il  est 
connue  certain   (pie  cela  arriva  ou  sous  lui 
ou  sous  Victor,  son  prédécesseur;  mais  il  y 
a  sujet  de  croire  que  ce  fut  en  Afiiquc  et 
non  pas  h  Rome.  Ce  fut  a|>paremment  dans 
les  dernières  années  do  Sévère  que  Cécile 
fut  converti  h  Ostie  par  le  discours  d'Octave, 
qui  fait  le  sujet  du  (lialo.^ue  c.'lèbre  de  Mi- 
nuce  Félix.  On  peut  voir   dans  ce   dialogue 
quels  étaient  alors  I  état  (  l  la  vertu  du  trou- 
peau coiifii'- aux  soinsdeZéphvrindont  Minuce 
Félix  ('tait  un  illustr.'  memlue.  Ce   fut  cer- 
tainement sous   Zéphyrin,  (pi'Origène    vint 
d'Alexandrie  h  Rome  pour  voir,  comme  il  dit 
lui-même,  celte  église  si  an(nenne  et  si  illus- 
tre. Il  y  demeura  (pielque  temps  t>l  puis  s'en 
retourna  à   Alexandrie.    La   suite  d'Eusèbe 
s<Mni)le  marqu(M  (pu»  ceci  arriva  an  connnen- 
cement  du  règne  de  Caracalln,  en  -211  ou  212. 
Il  arriva  encore  h  Rom»»  une  (  hose  fort  re- 
marquable s(tus  lepunlilicalde  Zéphyrin.  vers 
ran2l2,(pii  fulla  dispuif  entre  Canis  ,prètr(; 
célèbre  (le  l'Eglise  romaine  elProcle,  l'un  des 
rhet's  (je  l'hérésie  des  montanisles.  C'est  dans 
les  umnumentsde  cette  contV'rence  que  nous 
apprenons  que  l'on  voyait  «Inrs  h  Rom(>,  au 
Vatican,  et  sin*  le  chemin  d'Osiie.  les  trophées 
des  aptMres,  t'ondnieurs  «le  cetie  église.   On 
du  que  ce  Caïus  fut  depuis  ordoiuié  évèque 
des  nations. 


Mais  parmi  toutes  ces  satisfactions  Zéphv- 
rni  eut  le  déplaisir  de  voir  la  chute  de  Tertul- 
lieu; car  elle  parait  avoir  eu  lieu  vers  p^n  205; 
et  celte  alTlielion  comnujne  h  toute  l'Eglise, 
lui  fut  sans  doute  d'autant  plus  sensible  que 
saint  J(''r(*)me  en  rapporte  la  cause  au  mau- 
vais traitement  et  h  la  jalousie  des  ecclésias- 
tiijues  de  Rome  contre  un  si  grand  person- 
nage. Baronius    dit    que  Zéphyrin  voyant 
depuis    (pi'il    demeurait  obstiné  dans  son 
schisme,  il  le  frapfta  d'analhème  ;  mais  cela 
n'est  pas  fondé.  Pour  ce  (pii  est  des  actions 
parliculières  de  Zéphyrin,  nous  n'en  avons 
aucune  connaissance.  Baronius  lui  attribue 
la  déclaration  que  Tertullien  dit  qiruu  évè- 
c(ue  avait   faite  en  ces  termes  :  «  Pour  moi, 
je  pardonne  h  ceux  r^ui  sont  tombés  dans  la 
fornication  et  dans  I  adultère  pourvu  qu'ils 
aient  fait  pénitence.  »  Néanmoins,  nous  ne 
voyons  rien  qui  nous  oblige  de  rapporter 
cet  endroit  plut('>t  au  pape  rfu'à  tout  autre 
évoque;  car  pour  ce  qui  est  des  termes  de 
Tertullien  qui  appelle  cela  un  édit  définitif, 
digne  assurément  d'un  souverain  pontife  et 
de  l'évoque  des   évoques,  il  faut  faire  peu 
de  réfiexion  sur  le  style  ironique  de  cetau- 
t'  ur  pour  en  voulnir  rien  inférer.  On  attribue 
à  Zéj)hyrin  quelques  décrets  dont  quelques- 
uns  sont  très-obscurs,  et  c'est  fort  inutilement 
qu'on  se  donne  beaucoup  de  peine    pour 
trouver  un  sens  h  des  choses  qui  n'ont  au- 
cune autorité.  Barcmius  a  pris  le  meilleur 
parti  en  n'en  parlant  point  du  tout.  On  lui 
attribue  aussi  deux  Epines  dont  il  suflTit  de 
dire  qu'elles  sont  du  nombre  des  dérrétales. 
Il  tint  le  sainl-siége  durant  environ  17  ans, 
et  mourut  en  l'an  218.  On  croit  que  ce  fut  le 
20  décembre ,  au(iuel  sa  fête    est  marquée 
dans  les  martyrologes  de  saint  Jér»!tme  et 
dans  d'autres  anciens.  Usuard  et   d'autres 
plus  nouveaux,  suivis  par  le  Martyrologe  et 
par  le  Bréviaire  romain,  la  mettent  le  20  août. 
Ou  présume  ijue  ce  peut  être  le  jour  de  quel- 
(pie  tran>liUi'ni  de  son  corps.  Nous  n'avons 
vu  aucun  nuirtyrologe  hors  le  romain  ni  au- 
cun auteur  mi  peu  ancien  qui  dise  qu'il  ait 
souinM'l  le  martyre.   Baronius   reconnaît  en 
elf't  qu'il  est  liillicile   de  juger  par  (publie 
occasion  il  aurait  été  martyri>é  d  ms  la  paix 
dont  l'Eglise  jouissait  ah^rs  :  à  qioi  il  ajoute 
qu'il   est  assez   ordinaire  de    voir   appeler 
tnartjfis  ceux  qui  n'étaient  que  confesseurs. 
Un  Ponlitical  dit  (pie  saint  Zéphyrin  fut  en- 
terré dans  son  cimetière,  près  celui  de  ('al- 
jislo,  sur  le  chemin  d'Appius.  Saint  (Milli^sio 
fut  son  successeur,  frillemont.  t.  III.  p.  2-11).) 
ZILEWICZ,  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Basile,  fut  une  des  victimes  de  l'abominable 
p(M'S('cution  ipi(>  le  czar  Nicolas  fil  subir  en 
1837  à  tous  les  cathi>liques  qui  ne  voulaient 
j>oint  abandonner  leur  foi  pour  embrasser 
la  religion   russe.  Après   avoir    subi  mille 
tortures,  ce  saint  martyr,  (pii  était  plus  i^ue 
septuagéna  re.  fut   placé    sous  une  nompe 
dont  l'eau  (pi'on  lAcha  sur  lui.  se  congelant  au 


contact  de  l'air,  l'enveloppa  bient('»l  comme 
d'un  manteau  de  glace  sous  lequel  il  trouva 
la  mort.  ^ >'(»»/.  rarlieh»  Mikczvslawska.) 
ZIKAN  (le  bienheureux  François),  croire. 


i:.77 


zoi-; 


ZOS 


r.7H 


religieux  de  l'onlrc  des  rr^rcs  IMinnirs  dn 
r()|)S(>rvaiici',  iiaiiiiil  m  S.'inl/iiKiir.  Il  lui  oii- 
V()\(''  |);if  |{«  loi  (ri'',s|i,i^,MH'  cniiiiiic  (iiiihass;!- 
(Iciir  iwvr  \{^  lirir  Malliini  A(|iiii.'i,  au  roi  du 
(loiico,  (Ml  Arii(|ii('.  IN'iidjiiil  (|ii(>  son  <'oiii|»a- 
glioii  (•(niliimail  sa  i<nilc,  il  s'ancMa  aliii  d'y 
raclicicr  nu  cousin  ikiiiiiiiô  Kraiirois  Sciia, 
(|ui  y  (Mail  oscinvi».  Sur  i;us  ciilicrailcs,  un 
clinMicii,  (jui  lui  apimilail  des  Icllrcs  de  la 
pail  d('  MalliiiMi,  lui  saisi  coiuiiic  csiiiftii  ci 
l'ciidu;  huit  autres  clir/'hcus  furent  eiii|ial(''s, 
et  Ziian  n'eul  (|ue  le  tcin|)s  de  s'eid'iiir  au 
Conco.  Le  inince  de  ce  pays  le  reuvoy.i  eu 
Esp«gne  coinuio  nnibassadcur.  Notre  hieii- 
lieiireux  parlil  le  I"  janvier  lOO.'J.  Tu  jour 
cpi'il  cùtoyail  les  bords  de  la  nu^r,  une  Irou- 
[»e  do  soldats  alj;6riciis  altn(|ua  son  escorlo 
et  s'enipaia  de  lui.  Aprc'^s  inilU»  outrages,  il 
fut  enniKMK^  il  Alg(>r  les  mains  liées  derrière! 
lo  dos  (10  janvier).  Le  18  janvier,  le  prinocî 
lo  condamna  h  <>tre  (H'orclu^  vif,  et  ordoinia 
que  sa  peau  remplie  il(>  paille  fiU  mise  sur 
la  porto  Bab-Azoun.  L'un  dos  bourreaux 
j)ronanl  un  rasoir,  incisa  la  peau  du  saint 
martyr  lo  long  do  la  colonne  vorlébrale, 
puis  d'une  épaule  à  l'autre  on  forme  d(î  croix  ; 
ensuite,  ils  s'emparèrent  de  lu  tôle,  et  y 
tirent  une  autre  croix.  Pendant  cet  alFrcux 
supplice,  il  ne  cessa  point  do  chanter  les 
litanies  de  la  sainte  Vierge.  Pour  dernier 
supplice  les  bourreaux  lui  arrachùrent  vio- 
lemment la  peau  do  la  i)artie  supérieure 
qui  tombait  déjci  au  nombril;  il  ex[)ira  aus- 
sitôt   A  peine  était-il  mort  qu'une  tem- 
pête eilVoyable  so  déchaîui  et  força  les 
Maures  épouvantés  h  s'enfuir.  Le  cousin  uo 
noire  saint,  Frantjois  Serra  (jui  avait  été  ra- 
cheté par  ses  soins,  prolita  de  la  tourmente 
pour  enlever  le  cadavre  et  l'inhumer.  Les 
inlidèli's  voulant  ensuite  élever  un  bflcher, 
s'aperçuroîit  do  col  enlèvement  ;  ils  se  con- 
tenlèîcnt  de  f)ren(ire  la  peau,  l'emplireU 
de  paille  et  rallochérent  à  la  poite  li^ib- 
Azoun  selon  l'ordonnance  du  prince.  Mais 
le  vent  l'emporta,  et  elle  fut  pieusement 
recueillie  par  Ls  chrétioîis.  {Chroniques  des 
Frères  Mineurs,  tom.  iV,  pag.  1203  ;  Férol, 
Abrégé  historique  de  la  rie  des  saints  des  trois 
ordres  de  Saint-François,  tom.  IH,  pag.  326  ) 

ZOÉ  (sainte),  femme  de  saint  Hespère,  et 
mère  de  saint  Cyriaque  et  do  saint  'Jhéo- 
dule,  était,  avec  son  mari  et  ses  eniants, 
esclave  d'un  païen  nommé  Catale,  à  Allalie 
en  Pamphylie.  Les  deux  enfants  ne  pouvant 
souffrir,  dit  leur  histoire,  le  culte  qu'on 
rendait  aux  démons  dans  la  maison  de  leur 
maître,  se  déclarèrent  chrétiens.  Catale  leur 
lit  d'abord  endurer  divers  supplices,  et  en- 
suite les  fit  enfermer,  avec  leur  père  et  leur 
mère,  dans  un  four  où  ils  moururent.  Ce 
fu.  sous  l'empire  et  durant  la  persécution 
d'Adritn,  que  cette  sainte  famille  donii.i  sa 
vie  pour  la  religion  de  Jésus-Christ.  L'Eglise 
fait  la  fête  do  sainte  Zoé,  de  saint  Hespère 
et  de  leurs  enfants,  le  2  mai. 

ZOÉ  (saintej,  femme  de  Nicnstrate,  pre- 
mier grellier  de  la  préfecture,  sous  les  em 
perours  Carin  et  Dioclétien,  fut  convertie 
par  saint  Sébastien,  qui  était  venu  voir  les 


saints  Marc  et  Marcellicn,  qui  élaieni  in 
prison  et  conllés  )\  \a  Karde  «le  snu  mari  II 
y  avait  m\  h  is  qu'uim  maladie  lui  av.iit  fait 
pcrilrc  la  p/irole  :  saint  Sébastien  la  niiéiil 
miraculeuseiiKMil  ;  elle  fut  au  bout  do  <piel- 
<pic  liMiips  baptisée  par  le  prélrc  sainl  Po - 
ly carpe,  avec  sou  mari  cl  loiili'  sa  famille, 
qui  so  composait  do  trenlo-Irois  f)ersoiines. 
(,rlte  sainte  lut  une  des  premières  victimes 
de  la  pei  s(''cuiiou  d(!  Dioclétien;  étant  allé» 
prier  au  lombeau  d»?  l'aprMre  saint  l'ierri!, 
elle  y  fut  arrèlé(!  par  les  persécuteurs,  jelét! 
dans  un  cachot,  ou  p(Mid/inl  ciu<j  jours  elle 
fut  privé(!  d(î  nourriture!  ol  d(!  lumière;  do 
lem|is  en  temps  on  vcnail  h  la  poil(!  do  'on 
cachot  et  on  la  menaçait  do  la  faire;  mejurir 
de  faim  si  elIc!  no  voulait  pas  renoncer  h 
Jésus-Christ  :  sainte  Zoé  fut  inébianlabb;. 
L(î  sixième  jctur  le  piéfet  de  Home  ordonna 
(pi'oii  la  pendit  à  un  arbre  par  lo  cou  et  par 
les  cli(>veux,  et  (pi'on  alliiniiU  dessous  un 
grand  feu  avo'^  du  fumier.  La  sainte,  ad'ai- 
l)Iio  |)ar  le  jeiVie  (pi'elle  avait  subi  en  pri- 
son, ne  su|)|)orta  pas  loiigt('m[)S  ce  su|)plicc  : 
bientôt  la  fumée  rétoulla.  11  est  convenable 
de  remareiuer  (pie  sa  conversion  ont  lieu  sous 
Carin,  en  281*,  ce  i)rince  étant  maître  de  Home, 
et  qu(!  son  martyre  arriva  sous  Dioclétien, 
en  285  ou  286.  L'Eglise  honore  la  mémoire 
do  sainte  Zoé  le  5  juillet.  {Voy.  Sébastien.) 
ZOEL  (Saint),  martyr,  reçut  la  palme  du 
martyre  en  Istrio,  avec  les  saints  Servila, 
Félix,  Silvain  et  Dioclès  :  on  manque  de 
détails  sur  les  circonstances  qui  illustrèrent 
leur  martyre.  L'Eglise,  notre  mère,  fête  leur 
sainte  mémoire  Ie2imai. 

ZOILE  (saint),  versa  son  sang  à  Cordoue 
pour  la  défense  do  l<i  religion  chrétienne, 
avec  dix-no. if  autres  saints  août  les  noms 
nous  sont  inconnus.  Ils  sont  honorés  col- 
lectivement dans  l'Flglise  le  27  juin. 

ZONAREN,  prince  Arménien,  de  la  fa- 
mille Anzevadzik,  fut  l'un  de  ceux  qui  souf- 
frirent volontairement  la  captivité  pour 
Jésus -Christ  sous  le  règne  d'Hazguerd  , 
deuxième  du  nom,  roi  de  Perse,  et  (pii  ne 
furent  rerais  en  liberté  ei  renvoyés  en  leur 
pays  que  huit  ans  après  la  mort  de  ce  prince, 
sous  le  règne  de  sou  (ils  Bérose.  (Pour  plus 
de  détails,  voy.  Princes  auméniens.) 

ZOSIME  (saint),  fut  martyrisé  durant  la 
persécution  de  Traja  i.  11  y  a  lieu  de  croire 
qu'il  fut  compagnon  du  martyre  de  saint 
Ignace  d'Antioche;  mais  ce  «lu'il  y  a  de  cer- 
tain, c'est  qu'il  fut  compagnon  de  ses  liens. 
On  manque  sur  saint  Z-osime  de  renseigne- 
ments positifs.  L'Eglise  fait  sa  fête  le  18  dé- 
cembre. 

ZOSIME  (saint),  martyr,  Tun  des  qua- 
rante-huit qui  fui  ont  mis  à  mort  à  Lyou  eu 
l'an  177,  sous  lo  règnn  de  l'empereur  An- 
toninMarf;-Aurèle,  Il  fut  du  nombre  de  ceux 
qui  ne  purent  i)as  rés'ster  aux  mauvais  trai- 
tements, à  la  violrnce  des  supplices  que  les 
persécuteu:S  fiiisa'ont  endurer  à  ces  géné- 
reux sold.its  de  Jésus-Christ.  Il  mourut  en 
prison  comme  saint  Pothin,  le  vénérable 
évêque  de  Lyon ,    et   une  foule  d'autres 


\7,19 


ZOT 


7.m 


!380 


saip.ts  mnrtyrs.  L'Eglise  fait  sa  fôtc  avec  la 
leur  \f'  '2  juin. 

Z(^SIMK  s.iinte),  fut  raartyriséo  avec  «a 
stiMir,  sflinft'  Rono.sr,  sou*;  Itî  poiilifi-at  du 
pnye  saint  Félix,  sous  le  rogne  de  rerii}  e- 
renr  Aurélien,  en  l';uin(^c  273  ou  27i  ;  son 
martyre  imiI  lien  h  Porto  (d'Itidio).  Les  dent 
sainies  Zozime  et  Bonose  sontlrircMl  oQ 
nii^tne  temps  que  le  saint  marl.vr  Kutrope. 
Nkus  n'avons  sur  leur  «filo-irn^  sarrificc  que 
di  s  Artcs  exlrcm(^me'il  r/'cents,  et  (|iii  so  it 
loin  d  otlrir  les  caractères  d'anthentiuilé  dé- 
sir.'.ides.  L'Eglise  fait  l.i  f(He  dos  dt'iix  sain- 
tes en  même  temps  que  relie  de  leur  glo- 
rieux ro(npagnon,  le  lo  juillet. 

ZOT.Ol'E  (saint),  martyr,  fat  un  des  qua- 
rante-huit généreux  comb.iltants  de  Jésus- 
Christ,  (pii  donneront  leur  vie  pour  la  foi  à 
Lyon,  en  17",  sous  le  régiiC  de  r(uiq>er(Mir 
Aiitonin  Marc-Aurèle.  Ainsi  que  saint  Po- 
tliin  et  une  foule  d'autres  martyrs,  saint 
Zotiquc  n'eut  pas  la  forci!  de  sufipnrler  jus- 
([uau  bout  les  tourments  et  les  mauvais 
traitements  que  les  persécuteurs  lui  firent 
soutl'rir.  LE-;,liso  honore  sa  mémoire  le  2 
jun,  avec  celle  de  lo;is  ses  couipagnous. 

ZOilQfE  (saint),  fut  martyrisé  à  Comane 
en  Arménie,  sous  l'empire  de  Seplime-Sé- 
vère.  Le  Martyrologe  romain  fait  niimtiou 
de  iiii  au  21  judlet. 

ZO  l'IOLE  ;saiMt),  martyr,  eut  la  glo're  de 
soulfcir  la  mort  pour  Jésus-Christ,  en  Crète, 
dai.s  la  ville  de  (lortyne ,  sous  le  règne  de 
Dèce,  durant  la  persécution  si  lerrihie  que 
ce  piince  féroce  alluma  contre  les  chré- 
tiens. 11  fut  déc.qiié,  après  avoir  souîl'ert 
d'horribles  tourments.  Sa  fête  acrive  le  23 
décembre.  Saint  Zoti(iue  est  l'un  di's'dii 
martyrs  de  Crète.  {Vojj.  Mvhtvus  dh  Cr^tk.) 

Z()TIQL'K  (s;nnt),  martyr,  fut  mis  à  mort 
pour  la  foi  chrétierme  ,  à  Nicomédio  ,  <lu 
t(>mps  de  l'empereur  ."'iaximien,  par  ordre 
du  président  Eutholome,  avec  saint  Agatiio- 
nique.  Tous  deux  sont  honorés  par  l'Eglise 
h  la  date  du  22  a(»Qt 

ZOTIOUE  (saint),  martyr,  cueillit  la  palme 
du  martyre  ijiuant  la  sanglante  |)Oisé<utiou 
(pie  le  cruel  Diodélien  lit  subir  aux  disci- 
ples du  Chri>t.  Il  eut  pour  compagnons  de 
son  glorieux  martyre  les  saints  Victor,  Ze- 
non, (]é>,iire,  Sé\ erie!i,  Chrvsoiili(»re,  Tliéo- 
nas  et  Antonin.  C'est  le  20  avril  qr»M'E<iIiso 
cé!^h^e  leur  sainte  mémoire. 

H)IH)\  V.  isaintj.  Voy.  (iiVrui.E. 

ZOIIUI'E  (sai'it),  soulfrit  le  martyre 
avec  les  sauUs  Tharsice  ,  Cyria<pje  et  plu- 
sieurs autres  (pie  neus  ne  connaissons 
pas.  On  igi.ore  le  lieu,  la  date  et  les  cir- 
roiisiances  de  leur  m  utyre.  L'Egliso  célè- 
bre leur  f<^'e  le  31  jninier. 

Z()TiyrKi'saini),rép;indit  son  sang  pour  la 
foi  ;»Tivoli.  l.  Eglise  fait  -a  fête  le  12  janvier. 

î^nîKjUE  (saint),  uiailyr,  endura  divers 
tourments  à  Nicoinédie  avec  les  saints  Dase, 
CniUH  et  douze  autres  soldats  dotit  le  Mar- 
lyr^  logo  roiiiaui  ne  nous  a  p.-js  conservé  les 
nouki.  Ou  les  précipita  enliu  dans  les  Ilots, 


ou  i1s  cueillirent  la  palme  du  martyre.  On 
ignore  ré(>oque  <»ù  eut  lieu  l(Mir  coiubat. 
L'Eglise  fait  leur  fèf^  le  21  octobre. 

ZOTIQUK,  l'un  des  lrenle-se|>t  martyrs 
égyptie  s  qui  donnèrent  leur  sang  pour  la 
foi,  en  Eg\  f.le,  et  desquels  Huinart  a  laissé 
les  Actes  autiieiiliques.  Voy.  .Martyrs  (les 
tre'Me-se()t)  éctptiens. 

ZOTIQCE  ^saint),  fut  martyrisé  en  Afri- 
que avec  les  saints  Rogat,  \lo;lc>^le,  Cas- 
tule  et  (juaranli;  soldats  martyrs.  Les  cir- 
constances qui  il!ustr»^rent  leur  martyre  sont 
comi'léteme  it  ignorées.  L'Eglise  fait  leur 
fête  le  12  janvier.  , 

ZOZL'tîE  /saint),  versa  son   sang  pour  la       | 
rHigion  chrétienne  avec  saint  .\thanase,  que 
l'Eglise  honore  avec  lui   le  3  janvier.  Leur 
martyre  eut  lieu  en  Cilirie. 

ZdZIME  saint!,  soiitfiit  le  mart}TO  ^  So- 
zapolis,  sous  l'empereur  Trajan  et  le  |)ré- 
sident  D -mitien.  Après  avoir  souffert  de 
cruelles  tortures,  il  eut  la  tête  coupée.  Il  est 
honoré  dans  l'Eglise  le  lOjuin. 

ZOZLME  (saint),  pape,  confessa  Jésus- 
Christ  h  Hoinc  au  milieu  des  tortures.  L'E- 
glise l'a  mis  au  nombre  des  saints  et  ho- 
nore sa  mémoire  le  26  déeeTbre. 

ZOZl>re  (-oint),  souffrit  le  mart^'re  h  An- 
tioche  pour  .lésiis-Christ,  avec  samt  Druse 
et  un  autre.  Les  Actes  (Us  martyrs  ne  nous 
ont  conservé  aucun  document  relatif  ,\  ces 
saints  combattants.  L'Kglise  célèbre  leur 
mémoire  le  IV  di-cembre. 

ZOZIME  (saint),  ma  tyr,  versa  son  sang  î> 
Car  linge  pour  la  déf  use  de  la  religion 
chr  tienne.  U  eut  pour  compagnon  de  snn 
martyre  saint  Héracle.  Les  délais  nous  man- 
(pienl  sur  eux.  L'Eglise  fait  collecliveraenl 
leur  m 'moire  le  U  mars. 

ZOZJME  fsaiiit),  martyr,  ont  le  glorieux 
privilège  de  mounr  pour  la  défense  de  la 
religion  avec  les  saints  Davius,  Paul  et  Se- 
cond. Leur  ma; lyre,  dont  on  ne  connaît 
pas  les  circonstances ,  eut  lien  h  Nicée. 
L'Eglis»»  fait  leur  mémoire  le  10  décendire. 

ZOZIME  (saint\  frère  de  saint  Varc,  ber- 
gr'r.  (  t  des  saints  .\lexandre  et  Alphe,  fit 
martyrisé  pour  la  foi  chrétienne  avec  saint 
Ni'on  et  saint  Héliodore,  plus  trente  soll.its 
que  les  miracles  de  saint  Marc  avaient  cou- 
vert s.  Le  lieu  ti'^  leur  martyre  fut  .Vntioche 
de  Pisidie.  L'Eglise  vénèi'e  leur  mémoiro 
le  27  septembre. 

ZrZAlUE  Je  bienhoiireux  ETiE?f5K),  de  la 

compagnie  de  Jésus,  était  Bisrnyen.  Ava  il 
de<piitler  Placencia  en  Es()agne,  où  il  lési- 
daii.  il  avait  dit  à  son  confesseur  qu'il  ga- 
gnerait la  I  aime  du  ni.irlyr(\  En  effet,  étant 
|>arli  avec  les  autres  coitrageux  miss  o  U);  i- 
res  (jue  le  P.  Azkvkdo  {voy.  son  titre)  était 
allé  recruter  <i  Rome  poiu'  le  Brésil,  leur 
navire  fut  pris  le  15  juillet  ir>7l  |vir  des 
corsaires  calvinistes  t^ui  les  massacrèrent 
ou  les  jeter 'Ut  .^  la  mer.  (Du  Jarric,  Ilisloire 
drs  rhnsis  plus  mémornftlrt  ,  etc.,  t.  Il  , 
p.  27H.  Tanner.  Socirtns  Jean  usque  ad  sanqui- 
ni.i  ft  vidr  profusioiirm  militans ,  p.  ItiGet  170.) 


FM  nu  oitTioNNAinr. 


i\'OTi<:  .ii»Di'rio\M:i.i.!i{  iii<:i..itiv0:  %  i.  tiiiii i.i^  nii.\B. 


LU  f;\TiM»ii'".isMr.  KN  c.iiim;. 

r.n  Ttrviii'  ilrs  Driir  yioudi'x  vient  «Ir  piililior,  sur 
I;\  l'oUrniiir  fiifojn'i-niic  m  <'.ltiiii\  un  ;irlii  le  ('ciil  |»:i|- 
M.  C.  I-;\voll('(».  <'<"l  iirliclc  |irisciil<'  le  rcsiiiiK'  lifs 
t'vt'nnui'ills  (fii  se  sdiil  ari()in|ilis,  depuis  |»liisieiirs 
années,  iUi<('Mn'inil('s  de  l'Asie,  el  il  em.ipare  le  n\l(« 
(pi'V  ont  joiK'  les  p;iiieip;ile-i  nations  île  IKnntpe, 
Ii(>raniineiil  l'Ani-lelerre  el  la  France.  Nous  repiiMJni- 
sons  re\lrail  rnivanl,  iela(i('à  la  silnalion  aeliielîe 
dn  oallioliiisn>e  en  Cliine  : 

Nnns  ptnirrions.  pnnr  notre  pnlilinne  et  noirn 
ooniineree.  iniiliM'  la  eomlnile,  à  la  lois  prnileiile  et 
intri'piile,  des  missions  ealliorniues,  ipii  dt>p!iis  pl\is 
(le  deux  eents  ans  ont  lenlé  de  si  noM(>s  elVorls  jninr 
la  eause  de  la  relij^ion.  Tour  à  l:>;ir  prolt-^cs  el  pros- 
crits, honorés  et  persi'rnlés,  appelés  nn  jour  aux  di- 
j^iiiles  (le  la  oonr  impériale  |)our  iMre  le  lendemain 
jeles  dans  les  cailiols  on  condiils  an  supplice,  les 
missionnaires  onl  poursuivi  leur  j;loriense  taclio  sans 
s  >  laisser  nn  seul  momeni  exalli-r  pai'  les  perspecli- 
V(>s  d'imo  favenr  passagère,  on  aballre  par  les  coups 
(les  plus-  reiloulaliles  persécutions.  Toiis  les  peuples 
oatholiiiues  de  l'Iùirope,—  Framjais,  Ksitau^uols,  Ita- 
liens, Ponu<{ais.  —  lou'es  les  eon:;ri';îalions,  —  la- 
zaristes, dominicains,  franciscains,  j/suites,— sesont 
lignés  dans  cette  lointaine  croisa  fe,  pour  prendre 
r.\sio  à  revers  el  conquérir  ;\  la  d.nnination  spiri- 
tuel'e  de  l\ouw  la  plus  antiipie,  la  pl.is  civilisée,  mais 
aussi  la  plus  ct^rronipue  des  nations  asiati.pies.  Au- 
jourd'hui la  Chine  est  déconp(>e  en  (hèclu's  on  vica- 
riats aposlorui'ics,  où  les  nouveaux  apôtics  se  sont 
parta»»;'  le  rude  l.t1)enT  de  la  conversion.  Les  pro- 
grès soui  lents,  mais  celte  lenteur  n'a  point  lassé 
lespérance;  la  foi  n'avance  que  par  degrés  prcsqriC 
insensibles,  mais  elle  ne  recule  jamais.  Dien  seul 
sait  combien  il  faudra  encore  d'années  el  de  siècles, 
de  dévouements  et  de  martyres  pour  que  la  conuuele 
soit  accomplie. 

La  France  a  de  tonl  temps  tenu  à  honneur  de  fi- 
gurer au  premier  rang  des  nations  cbréliennes  :  en 
Chine,  elle  n'a  point  failli  aux  devoirs  que  lui  impo- 
sent ses  traditions  et  que  lui  conseillerait  au  be- 
soin sa  politique.  Que  ce  soit  du  moins  une  com- 
pensation (in  rang  inférieur  (pii  nous  est  «^chn  (Ums 
loidre  des  intérêts  matériels,  et  si  nous  sommes 
forcés  de  reconnaître  à  quel  point  l'Anglelerre  el  les 
Klals-Unis  nous  etl'acent  par  l'exlonsion  toujom's 
croissante  de  leur  conunerce  et  de  leur  navigaîion, 
no:!;>  piiuvons  ansi  njus  enorgueillir  des  services 
é  lalanls  que  les  missions  catholiques  de  la  France 
ont  rendus  à  la  civilisation  el  à  la  foi. 

Les  diverses  sectes  de  la  commimion  protestante 
possèdent  égulennuit  di^s  prédicateurs  qui  ont  entre- 
pris la  conversion  desChino's.  Ces  missionnaires,  ou 
plutôt  ces  agents,  ne  {|uiller\l  point  les  poits  légale- 
ment ouverts  à  l'étranger  :  ils  arrivent  av(?c  leur  fa- 
iniiL';  ils  sont  assurés  de  recevoir  un  salaire  élevé; 
ils  exercent  la  inéiiecine  on  se  livrent  au  négoce,  et 
le  prêche  n'est  pour  eux  qu'un  incident  de  leur  exis- 
tence confortable  el  paisi  le.  Sans  doute,  en  guéris- 
Siint  sratnilenienl  les  mulades,  ils  inspirent  aux  po- 
pulations chinoises  une  haut'  idée  de  la  science  eu- 
ropéenne, ils  servent  l'humanité,  mais  où  est  le  nvl- 
rile?  quelle  est  la  gloire  de  ces  fonctions  sans  péril? 
Coini)are/  le  pasteur  méihodislc  expédié  de  Londres 
par  une  société  d'actionnaires  apportant  une  cargai- 
son de  bibles,  comparez-le  avec  ce  jeune  prêtre  (pii, 
à  peine  débarqué  sur  la  terre  de  Chine,  part,  plein 
d'ardeur  et  de  foi,  pour  les  provinces  les  plus  recu- 
l(;es.  où  rallcndent,  après  les  dangers  d'un  long 


VoyaRO,  des  piM-ils  [dus  (jrainlH  encore  et  len  pri- 
Valions  de  lonle  sinle  et  de  tout  instant  atladicH  i 
l'apiislolal  !  Sorlanl  la  nuit,  se  crKh.inl  le  i'iur,  ex- 
pose sans  ce«.se  aux  soupi-ons  d  niU'  pupuiaiitut  mt.n- 
raille  (Ml  d'un  iu.iiid.,riM  riiiaii(pic,  le  iiiisHioiiiiairo 
l'iaïK-ais  n'a  d'aiilK!  reciuiipense  ipie  la  salisfai  lion 
(In  devoir  <u'coiiipli,  d'anlrc  esp(»ir  (|ne  le  marlvie. 
Voilà,  s'il  esl  permis  de  s'exprimer  ainsi,  les  jini- 
diiils  (pie  ntnis  iiilro  luisons  en  IJiine  :  ils  nierileiit, 
à  coup  '-nr,  de  noire  pari  iino  proleetioii  an  inoinH 
égale  à  celle  (pie  l'orgiieillease  Anj-lelerie  accorde  à 
uni;  caiss(^  d'(q)iiiin  (mi  à  nue  balle  de  colon. 

.\nssi,  Im-sipie  rainhassadeur  de  la  France,  M.  do 
Lagrenée,  s(«  Iroina  en  pn-senee  du  vice  roi  de  Can- 
ton,  le  s(Hl  de  nos  mi  siiuinain's   e|    l'avenir  de  la 
pro;  a^andi?  catlioliipie   fiirenl-ils  l'objet   de  sck  plus 
vives   préoccupations.  Il   eoin|>rit  (iiie   la  naiieui   h! 
longtemps  appeli-e  la  (ille  aiiiee  de  rFglise  avait  nu 
pieux   (cvoir   à  remplir,  et   (pie  l'occasion  s'ofl'rait 
(MMir  elle  de   repreiidi(î  soleiin.  Ileineiil   Ihonoraldo 
pioteetoral  de  la  foi  clin-tienne.  L's  mandarins  char- 
gés de  suivre  les  i.cgocialions  ne  inaiii(estaieiit  au- 
cun sentiment  d'aversion  eoiiiro  l.i  r  li;.;iou  du  Sci- 
(jnfur  ^/h  f/(!/ (c'est  ainsi  que  les  Chinois  designeiif  la 
religion  calholiipie),  mais  ils  craigiiaienl,  en  autori- 
sant  l'exeie  ce   d'un   culte   jusipi'alors   sévèrement 
proscrit,  de  heurter  le  préjugé  populaire,  de  mécon- 
tenter la  classe  innuentc  des  lellrés,  el   snriout  de 
perdre  la  faveur  de  la  cour  d(!  Pékin,  qui  vovait  déjà 
de  fort  mauvais  œil  et   ne  subissait  (fu'à  regrettes 
concessions  faites  à  l'esprit  eiiropécn.  vin  ne  pouvait 
donc  espérer  que  la  reconuaissaiice  formelle  de  la 
religion  ca.holi(iuc  serait   inscrite  au  non^.re  des 
articles  du  traité,  el,  d'ailleurs,  n'cnt-c(!  pas  été  en 
(jnelipie  sorte  une  profaiialion  de  stipuler,   dans  nn 
seul  et  nieiiie  acte,  pour  les  intérêts  du  commerce 
et  pour  ceux  de  la  foi,  d'abaisser  une  cause  si  sainte 
au  niveau  d'un  aflVanchissemeMt  de  droit  de  ton- 
nage ou  d'une  réduction  de  tarif?  Ou  éluda  la  dilïi- 
culié  par  l'ailoptioii  li'une  formule  qui  devait  ména- 
ger les  snsccplibililés  de  l'orgueil  chinois  et  donner 
satisfaction  à  nos  légitimes  exigences.  Le  vice-roi 
Ky-ing  adressa,  en  juillet  1855,  à  l'empereur  Tao- 
kvvang,  une  pétition  tlans  laquelle  il  proposait  de  ne 
plus  considérer  comme  crimineiles  aux  yeux  de  la 
loi  les  principales  pratiq;ies  de  la  religion  chrétienne. 
Eu    signant  de  son  pinceau    ronge  cette  pétition , 
l'empereur  lui  Imprimait  le  caractère  d'un  décret. 
C'était  d(jà  un  grand  pas,  et  noire  diplomatie  pou- 
vait se  féliciter  du  résultat  qu'elle  venait  de  conqué- 
rir après  taat  d'elîo;  ts.  Cependant  le  document  olli- 
ciel  ne  d>jlinissail  pas  encore  assez  nettement,  au 
gré  un  pi.  nipotenliaire  français,  les  libertés  que  ré- 
clamait l'iiiloM  religieux.  Les  n('giicia' ions  furent 
reprises  :  chaque  liberté,  chaque  droit  fui  discuté  de 
nouveau  avec  une  insistance  qui  alleslait,  dune  part, 
le  vif  désir  de  brioor  à  jamais  et  d'un  seul  coup  les 
derniers  obslacles,  —  d'autre  part,  la   crainte  de 
trop  céder  à  l'influence  étrangère.  Eulin,  après  nn 
mois  de  pourparlers,  on  parvint  à  s'entendre  sur  une 
rédaction  plus  explicite,  qui  consacre  la  liberté  du 
cuite  catholique  dans  le  Celesie-Eiupire.  Nous  nous 
bornons  à  citer  le  passage  le  plus  r< marquanle  de  ce 
docu  iient  curieux  et  peu  connu  :  c  ...  Bien  qu'en 
général  ce  soifde  l'essence  de  la  religion  du  Seigneur 
du  ciel  de  conseiller  la  vertu  et  de  dé.feniîre  le  vice, 
je  n'ai  cependant  pas  clairement  établi  dans  ma  dé- 
pêche antérieure  en  quoi  co.'isistail  la  pratique  ver- 
tueuse de  cette  religion,  el  craignant  que  dans  les 
dilTérentes  provinces  on  ne  rencontre  des  xliilicultés 
sur  ce  point  d'administration,  j'examine  maintenant 


15S3 


NOTE  ADDITIONNELLE. 


i38A 


la  rrliçion  (\\\  Soigneur  du  ci»M.  et  je  trouve  qie  s'as- 
éemhler  à  cenaini's  l'puqiir'i,  ndnrrr  17  Sriçiiitur  du 
fiel,  intrrcr  la  croix  ri  les  imigei,  lire  drs  livres 
pieux,  sont  autant  de  régies  propres  à  rette  religion, 
lellement  que,  sans  elles,  on  ne  peut  pas  dire  que 
ce  soit  la  religion  ilu  Seigneur  du  ciel.  Par  eonsé- 
quent,  sont  désormais  exempts  de  toute  eulpabilité 
ceux  qui  s'assemblent  pour  ailorer  la  relijjion  du 
Seigneur  du  (  iel.  vénérer  la  eroix  et  les  images,  lire 
des  livres  pieux  et  prèelier  la  doctrine  qui  exhorte 
ik  la  vertu;  rar  ee  sont  là  des  pratiques  propres  à 
l'exercice  vertueux  de  cette  religion  qu'on  ne  doit 
en  aucune  fa(,on  prohiber,  el,  s'il  en  est  qui  veuil- 
lent ériger  tles  lieux  d'a.ioralion  du  Seigneur  du  ciel 
pour  s'y  assembler,  .idorer  les  images  et  exhorlcr 
au  bien,  ils  le  peuvent  ainsi  suivant  leur  bon  plai- 
sir. > 

Cette  proclamation  ne  laisse  subsister  aucune 
équivo(]ue  :  elle  nous  est  acquise.  Dans  la  lutte  en- 
gagée, au  nom  de  la  libcrt"  des  cultes,  contre  les 
préjugés  traditionnels  du  Céleste-Empire,  à  nous 
seuls  revient  l'honneur  de  l'inilialive  et  du  succès, 
et,  malgré  le  penchant  de  noire  siècle  à  ne  respec- 
ter, à  n'admirer  que  les  conquêtes  de  la  force,  nous 
pouvons,  avec  quelque  fierté,  placer  celte  victoire 
toute  morale  en  parallèle  avec  le  triomphe  remporté 
par  les  canons  anglais  sous  les  murs  de  Nankin. 
Aussi  l'Angleterre  n'a-t-elle  pas  vu  sans  une  émolion 
jalouse  la  publication  du  document  émané  du  pin- 
ceau de  Ky-ing.  Après  avoir  ouvert  la  Chine  au  com- 
merce étranger  el  obtenu,  pour  les  cinq  ports  ins- 
crits au  traité  de  184"2,  le  libre  exercice  du  culte 
chrétien,  elle  pensait  avoir  atteint,  dépassé  même 
la  mesure  des  concessions,  et  elle  se  flattait  de  ne 
plus  rien  laisser  à  faire  aux  nations  «pii  viendraient 
après  elle.  Ne  soyons  pas  injustes  pour  le  grand  acte 
q'i'elle  a  accompli  :  c'est  l'Angleterre  qui  a  porté 
aux  préjugés  chinois  le  coup  décisif,  elle  a  rendu  h 
la  civilisation,  à  la  religion,  à  l'humanité  un  écl  il  iiit 
ser\ice;  mais  son  succès  ne  doit  point  effacer  le 
nôtre. 

Il  con\ient  désormais  que  la  proclamation  de  Ky- 
ing  ne  deiiieure  pas  lettre-morte.  En  la  provoquant, 
nous  avo.is  pris  envers  h'S  missions  calliolirjues  et 
envers  iioiis-incnies  leiig  igemeiil  d'en  surveiller  la 
stricte  exéculion,  et  il  ne  tant  pis  nous  dissimuler 
que  nous  pourrons,  dans  l'exercice  de  celle  surveil- 
lance, lenconirer  parfois  de  graves  eiiibarr.is.  La 
léffislatioii  cl  siirlniit  les  niir'irs  de  tout  un  peuple 
ne  sauraient  se  .  odifier  d'un  jour  à  l'aulre. 

L'n  princip»'  nouveau  a  été  proclame;  il  existe  un 
nouveau  droit  qui  bie.sse  de  vieilles  antipathies  et 
qni   réveille  d'antiques  défiances.  Assurénienl,  ce 


principe  et  ce  droit  subiront,  pendant  les  premières 
années,  de  regrellabl.-s  atteiiiles.  11  siiflira  qu'une 
conversion  trop  édatinte  vienne  réveiller  le  ii-le 
d'un  mandarin,  sectateur  fervent  de  Confucius,  pour 
motiver  un  acte  de  persécution,  l'n  fait  de  celle  na- 
ture s'est  produit  récemment  dans  un  district  de  la 
province  de  Canton,  sur  les  limites  du  Fokien.  Un 
missionnaire  frençais  a  été  arr.ic,  et  le  mandarin 
Wan  a  cru  devoir,  .i  celte  occasion,  fulminer  contre 
la  religion  chrétienne  une  proclamation  dans  la- 
quelle se  révèle  énergiquement  l'intolfrance  connue 
du  lettré  chinois.  <  Bien  qu'une  ordonnance  récente, 
dit  ce  mandarin  en  rappelant  la  circulaire  de  Ky-ing, 
ait  reconnu  aux  barbares  le  droit  de  disscrler'enlre 
eux  sur  leurs  livres  religieux,  elle  ne  leur  a  cepen- 
dant pas  permis  de  s'établir  dans  l'empire  du  Milieu, 
de  se  mêler  à  sa  population,  de  propager  leur»  doc- 
trines parmi  ses  habitants.  Si  donc  il  est  quelques- 
uns  de  ceux-ci  qui  appellent  les  étrangers,  qui  se 
liguent  avec  eux  pour  agiter  et  troubler  l'esprit  pu- 
blic, pour  convertir  les  femmes  ou  violer  la  loi  de 
toute  autre  manière,  ils  seront  punis,  comme  par  le 
passé,  soit  de  la  strangulation  immédiate,  soit  de  la 
déportation ,  soit  de  la  bastonnade  :  la  loi  n'ad  net 
pas  de  rémission...  »  Heureusement  le  représentant 
de  la  France,  M.  Forlh-Rouen,  se  trouvait  encore 
à  Macao,  lorsque  l'on  a  reçu  la  nouvelle  de  Parrcsla- 
lion  du  missionnaire  et  la  copie  de  la  proclamation, 
et  il. a  pu  adresser  au  vice-roi  do  Canlon  dcnergi- 
qiie^  représentations,  qui  ont  amené  la  mise  en  li- 
berté immédiate  du  prêtre  français;  mais  il  faut  s'at- 
tendre à  voir,  pendant  quelques  années  encore,  se 
renouveler  de  semblables  Incidents.  La  circulaire  de 
Ky-ing,  tout  en  recovn:\iss3nt  la  liberté  du  culte  ca- 
tholique, n'a  point  autorisé  formellement  l'iniroduc- 
tion  des  prêtres  européens  dans  I  intérieur  de  l'em- 
pire; il  était  impossible,  en  1844 ,  li'obtenir  cette 
cession,  puisque,  aux  termes  du  traité,  la  présence 
des  étrangers  n'était  autorisée  qu>'  dans  les  ci;  q  ports 
ouverts  ai  commerce.  Notre  poi  tique  doit  ten  ,re  à 
lever  ce  dernii-r  s.  rupiile  du  giniveriieinent  chinois, 
et  à  protéger  les  mi.ssionnaires  cniboliques  contre 
toute  chance  de  persécution.  Celte  p<ilitiqiie.  .on- 
forme  aux  traditions  du  passé,  est  oigne  de  la  solli- 
cil'ide  du  gouvernemenl,  et  lut?  n'- me  que,  par  nn 
oubli  regrettable,  nous  persisterions  à  ne  ;li:;er  les 
intérêts  commerciaux  qui  s'agileni  à  rexlréinile  de 
l'Orient,  nous  ne  saurion-^  abandon-. >'r  à  d'autre;  un 
patronage  qui  honore  rinfltience  ei  le  nom  de  noire 
pays.  » 

C.  LAVOLi.^r. 
(Revue  des  Dcux-M ondes.) 


FIN  DU  SECOND  ET  DERNIER  VOLUME. 


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TORONTO— 5,   CANADA 

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