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NOUVKLI.K
NCYCLOPEDIE
THÈOLOGIQUE,
OU NOUVELLE
IH DH DICTIONNAIRES SDR TOUTES LES PARTIES DE LA SCIENCE RELIGIEUSE ,
OrmANT, EN FRANÇAIS ET PAR ORDRE ALPHABETIQUE,
L\ PLUS CLAlIlb;, LA PLUS l-ACILK. LA PLUS COMMODE, LA PLUS VAUIÉE
ET LA PLUS COMPLÈTE DES THEOLOGIES.
CES DICTIONNAIRES SONT CEUX :
DES LIVRES APOCnvrilES, — DES DÉCRETS DES CONGRÉGATIONS ROMAINES,
— DE DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE, — DE LÉGISLATION MIXTE, TIIÉOUIQUE ET PRATIQUE, — DE PATROLOCIE,'
DE BIOCUArillE CHRÉTIENNE ET ANTl-ClIRÉTll.NNE , — DES CONI UERIES , — d'iIISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE,
— DES CROISADES, — DES MISSIONS,* — DES LÉGENDES, — h'aNECDOTES CHRÉTIENNES, —
D'aSŒTISME, des INVOCATIONS A LA VIERGE, ET DES ' INDULGENCES,
— des prophéties et des miracles, — de bibliographie catholique,
— d'Érudition ecclésiastique, — de statistique chrétienne, — d'économie charitable^
DES persécutions, — DES ERREURS SOCIALISTES,
— DE PHILOSOPHIE CATHOLIQUE, — DE PHYSIOLOGIE SPIRITUALISTE, — d'aNTI PHILOSOPHISME, —.
DES APOLOGISTES INVOLONTAIRES.
DE LA CHAIRE CHRÉTIENNE, — D'ÉLOQUENCE, irf., — DE LITTÉRATURE, l'rf., — d'aRCIIÉOLOGIE , t(^.,
— d'architecture, DE PEINTURE ET DE SCULPTURE, id., — DE NUMISMATIQUE, td., — d'iIÉRALDIQUE , td.f
— DE MUSIQUE, id., — DE PALÉONTOLOGIE, 1(1., — DE BOTANIQUE, td., ^DE ZOOLOGIE, id.,
— DE MÉDECINE USUELLE, — DÈS SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS, ETC.
PUBLIÉE
PAR M. L'ABBÉ MIGNE,
ÉDITEUK DS^A BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE OU CLBROÉ,
, OU
r ■* DES COURS COMPLETS SUR CHAQUE BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTIQUE.
I-RIX : 6 FA. LE VOL. POUR LE SOUSCRIPTEUR A LA COI LECTION ENTIÈRE, 7 FR., 8 FR., ET MÊUK 10 FR. WOl l€
SOUSCRIPTEUR A TEL OU TEL DICTIONNAIRE PARTICULIER.
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TOME GINQUIEHIE.
B n
DICTIONNAIRE DES PERSÉCUTIONS.
9 VOLUMES, PRIX : 16 FRANCS.
TOME SECOND.
S»IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MÎGIVE , ÉDITEUR
AUX ATliLlEKS CATHOLIQUES, RUE DAMBOISE, AU PETIT-MONTROUGE,
BARRIÈRE d'enfer DE PARIS.
5
1851
THE INSTITUTE Of li'En'*FVn SIUOÎIS
10 ELMSLEV f-LACe
TORONTO 6, CANADA.
SEP 2 2 1931
o^^
DICTIONNArRi:
(;i:ivi^nAL et complkt
DES PERSÉCUTIONS
SOUFFERTES PAR l'ÉGlISE CATiïOLIOCE
DEPUIS JÉSUS-CIIUIST JUSQU'A NOS JOURS.
PEUSéCVTIONS DES JLIFS, DES EMl'EUEl RS IlOMVINS, DES EMPI-REl HS D ORIENT, DES AIVIB7I9 ,
DES ICONOCLASTES, DES VANDALES, DES UOIS DE TEIISE, d'aKMÉME.
TERSÉCUTIONS DANS LES MISSIONS MODERNES, NOTAMMENT EN CHINE, EN COCIIINCUINE,
AU JAPON, EN AUYSSINIE, EN EGYPTE, EN AMÉRIQUE;
PUIS EN ANGLETERRE, EN ALLEMAGNE, EN RUSSIE ET EN FRANCE EN 1793, ETC., ETC.
Les «•iirccs principales auxquelles on a puisé sont t
LIS ACTES DES Al'ÔTBES , LES PÈRES DE l'ÉOLISE , ET NOTAMMENT ELSÈBE , SOCRATE , SOZOMÈNE, LACTANCE ,
SAINT JUSTIN, SAINT CYPRIEN, SAINT JÉRÔME, SAINT JEAN DAMASCÉNE, SAINT JEAN CHRVSOSTOME,
SAINT GRÉGOIRE DE TOURS, SAINT MARUTIIAS, LE MARTYROLOGE ROM VIN ET AUTRES, LES MENÉES DES GRECS,
SULPICE SÉVÈRE, ELISÉE AVARTARED, BOLLANDUS ET SES CONTINUATEURS, DAROMUS,
SURIUS , FERRARIS, USSÉRIUS , BEDE, MABILLON , TILLEMONT, FLEURY,
RUINART, LES ASSEMANI, LES LETTRES ÉDIFIANTES, TOURON, FONTANA, HENRION, ROHRBACHER,
SI LA PLUPART DES HISTORIENS ANGLAIS, FRANÇAIS ET AUTRES, TANT ANCIE.>vS QUE MODERNES.
Aul'Mir de ]'Ui$ii>ire (jmérnU- des Persi'cuiinns de l'Rfilise; des Passim dnm teins yai)por(t avec la religion,
lu philosopliie, la ttliiiiiolcgie ci tu médecine léfiale;
Da L>i ftinnie (pb^siolob'ie, iiis»yire ti woialc;; de 'l'Orumn dommicaie (CoaJiueiilaire sur); du Lkre det fauiTM*
PUBLIE
PAR M. L'ABBÊ MIGIVE,
EDITEUR DE liA UIBIOTHÈQUE UNIVERSELLE DU CLERGÉ,
00
PES tfOVtM COMritBTS SUR CHAQUE BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTlQUBt
2 TOL. PRIS : 16 FRANCS.
TOME DEUXIEME.
S'IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MIGNE, EDITEUR,
AUX ATELIERS CATHOLIQUES, RUE D'AMBROISE, AU PETIT-MONTROUGE,
BABBIÈHE d'enfer DE PaUIS.
1851
lui. tiiniic >l oM, »\\ roiii-M'iiUoiige.
^t ■ 'l'i'
i^M^^mia*^
«I 'FI'
i)i(;n()NNAii;i:
DES PERSÉCUTIONS
DE l'EGlISE CATnOUOUE.
M
\l\, l'un (les deux liciilcnnnts de police
de la ville de PiMùn, nvail le bonheur d'<^lro
né chrélien. Sa probiUS son désinléressc-
ineiit, le faisaient eslinier, et, mieux que
cela, aimer de tout le monde. A cette (^poijue,
à la suile de la d(^non(ialion de Tsi-Teliin;^-
Go, chef cOnunissaire d\i tribunal des Mathi*-
maliqucs, la persécution s'était élevée contre
les chrétiens^, ordre avait été donné aux
mandarins ipii appartenaient h la reli^^ion
chrélieiuie, de se dénoncer eux-mêmes. Le
collègue de Ma nommé Ly, qui lui portait
envie à cause de sa pO()ularité, clicrcha h le pas dans la résolution de vous corriger d«
perdre. Il lui dit qu'il eût h obéir h l'arrêt vos fautes |)assées? ■< Oui, répondit .Ma, mais
soit ca5s<î et traduit au Sin-[)Ou. » On ar-
racha à Ma les insignes de sa (Jignilé ; on le
conduisit a\i tribunal des crimes sur un«i
charrette découverte. Il ne .se démentit [»as
un moment. Les odicicrs et les ministres
conunencèrent h se [tiquer d'amour-nioprft
dans cette an'c-ire. Un jour l'un d'eux le me-
naça des plus cruels louiments, mais un
autre dit : « Il résistera ; vous n'y entendez
rien, laissez-moi faire : puis s'adressant h
Ma : « Vous avez oll'ensé l'empereur, no
vous en repentez-vous f)as? et n'él(.'S-vous
du Sin-pou, h se dénoncer iui-môme s'il no
voulait qu'd lui épargiiAl la poine en le fai-
.sant. Fort embarrassé, Ma consulta; il dut
prendre son parti. Le 31 décembre 1768, il
présenta au tribunal du gouverneur dont il
était membre, un écrit conçu ainsi : « Pour
obéir à l'arrôt du tribunal des crimes, je
déclare que moi et ma famille sommes chré-
je ne puis sortir de la religion chréliemie,
ni renon-cer à Dieu. » Ma eut beau prolester
après cette réponse qu'il était ciirétien, le
ministre alla faire son rapport 5 Terafiereur
qui fit publier dans les bannières l'ordro
suivant ; « La résistance que .Ma a faite à mes
volontés méritait une punition exemplaire ;
il convenait de le traiter en criminel; mais
tiens depuis trois générations; nos ancêtres comme la crainte lui a ouvert enti-i les yeux
embrassèrent la religion dans le Leao-long et l'a fait sortir de la religion chrétienne, jo
leur pays; nous connaissons comme eux que lui f lis grAce : je veux même qu'il soit nian-
c'est la vraie religion qu'il faut suivre; nous darin du titre de Cheon-pei. Qu'on respecte
y sommes tous termes et constants. » Les c tordre! » Comme on le voit, Ma n'avait
mandarins du tribunal aimaient beaucoup pas apostasie, et cependant l'habileté du
Ma; ils lui dirent : « A quoi pensez-vous? ministre qui l'avait interrogé et sa mauvaise
pourquoi vous perdre? attendez qu'on vous foi pi-o iuisirent le même scandale que s'il
recherche. » « C'est malgré moi, dit Ma, que l'eût fait. Ma, fort de sa conscience et cer-
je fais cette démarche, on m'y force. » Là- tiin de n'avoir pas trahi son Dieu, resta
dessus on le conduisit au muiistre qui le ainsi dans la position qu'on lui avait faite,
reçut avec amitié. Pour le sauver, on ne vou- Eut-il raison? nous ne le pensons pas. Il est
lait tirer de lui qu'une parole un peu équi- un principe de morale admis partout, c'est
voque, mais Ma s'en donna de garde. Sa que non-seulement il ne faut pas faire h
fermeté irrita ses juges; l'empereur finit par mal, mais qu'il ne faut pas sembler l'avoir fait,
le livrer au tribunal des princes et des grands C'est une faute très-grande que de rester
de l'empire pour y être examiné et inter- volontairement cause , même involontaire,
rogé. Ma montra un courage qui étonna ses d'un scanda'.c. L'homme qu'on accuse d'un
juges. Dès le lendemain ils jtrésentèrent à crime est dans l'obligation de s'en défendre,
l'empereur le placet qu'on peut voir à l'ar- Dans la primitive Eglise, beaucoup de chré-
tu'le Chine, année 1768, commençant par ces tiens furent ainsi accusés par des juges d'a-
mots : « Vos sujets, nous, premier minis- voir apostasie, ne l'ayant pas fait; presque
tre, » etc., et finissant par ceux-ci : a avec toujours on les vit, saintement révoltés d'une
ce placet. » L'empereur répondit : « Que Ma semblable imputation, venir d'eux-mêmes,
DiCTIONN. DES PerSÉCITIONS. II. D iQ V ^
Z\8
n A
n
M\r,
MAC
fS
oste-nsiblemonl ot publiquement protester
( onlro la position ipi'oîi prt'loncl.iit lowr fairp,
cl >ft proclamer hautement chrétiens : vo;l,i
la règle. Maintenant il fut des saints qui,
par humilil'S ilit-on, rosièrenl sons le coup
d'imputations calomnieuses, et s'en remi-
rent .'i Dieu du soin de les juslilier devant
les hommes. Celte rrndnito est fjuolqucfois
louée par les historiens. Il est bien l'jicile de
poser des règles g«^nérales, mais il est bien
tém(^raire souvent d'en faire l'application en
descendant dans les consciences pour les
juger. Cette question nous semble sérieuse-
ment enibarrassanle, et nous n'osons pas la
trancher d'une façon absolue.
MACAIHE (saint), fut martyrisé en Ar-
m^^nie, souj l'empire de Trajan, en l'année
107. Les Actes do ce saint, qui sont com-
muns à saint Zenon et h saint Eudoxe, por-
tent que Trajan fit martyriser h la fois onze
mille soldats à Méliline, ville d'Arménie,
parce cpi'ils n'avaient pas voulu renoncer au
christianisme. Ces actes n'ont point un ca-
ractère assez sérieux pour que, sur leur
autorité, on adopte l'opinion que Trajan ait
pu ordonner un aussi gran I massicre. Les
Siénées des Grecs disent que les onze mille
soldats furent mis h mort sous Trajan ou
sous Adrien, son successeur. Nous ne de-
V0 1S adopter que des opinions certaines :
celle-ci est loin d'être établie sur ries preu-
ves. Baronius se fonde probablemenl là-
dessus pour dire que ces soldats sont les
chrétiens cruciliés sur le mont Araial, sous
Adrien, et doit rE;j;lise fait la fête le 22 juin:
rien ne le démontre. Nous regrettons do
n'avoir pas de documents plus précis sur le
saint dont nous parlons.
MACAIUE (saint), martyr, fut décapité à
Lyon en 177, sous le règne de l'empereur
Marc-Aurèle. Il dut h sa qualité de citoyen
romain de n'être pas exposé aux bêtes ,
comme plusieurs de ses compagnons. L'E-
çlisc fait sa fête avec celle de saint Polhin
le 2juin.
.MACAIUE (saint). [Saint Denis . qui est
l'historien de son martyre, le notume heu-
reux {felix). Il se nommait Macar, qui, en
grec, signifie hnirrur fxynyp], et non pas
;l/arcar, conmic l'écrit Dom Uuinarl. ] Saint
Maoar, dont on a fait Macnirr, était origi-
naire de Lydie. Il fut arrêté h .Mexandrie
avec li'S sain I s dont saint Denis parle dans
.sa lettre sur le niariyrc des saints d'Alexan-
drie. Rit'n ne put b' contraindre h renoncer
à Jésus-Christ, qnelipie moyen ijue in'it em-
ployer le juge pour l'y forcer, il fut con-
dnniné h être brillé vif. L'Eglise fait sa f.'le
le 30 octobre, Adon, l'siiard et quclipies
autres ont m.irqué sa fêl(« le 8 déi embre :
c'est ce (pu a fait l'erreur des auteurs du
Martyrologe roniain , bî-sipuds oui iisc.'it
Macaire martyr ft Alexandrie sous Dèce,
sous deux dale.s, celle du .'10 octobre et celle
du 8déceml)re, (Oinine s"d s'aiiissa.l de ileux
saints dilTéreî)ls.
MACAIUE, confes'^eur, fut arrêté h r.oir.o
avec saml Moyse et ses conpagnon-^, sous
le règn»» dr* l'eniporeur Dec/", en l'année 2.^0.
Il soufTrit courageusement pour la foi les
tourments, la prison pendant dix-huit mois.
En sortant, il eut le malheur, comme plu-
sieurs autres, et notamment saint Maxime,
de tomber dans le schisme de Novatien, en-
traîné qu'il fut par Novat; mais bientôt,
grAce aui exhortations de saint Denys d'A-
lexandrie, de saint Cyprien et de saint Cor-
neille, il revint h la vérité. Quelques auteurs
le nomment aussi Célérin. Il ne faut pas le
confondre aver saint Célérin, lecteur de l'E-
glise de Carlhage, et confesseur à Rome en
même temps que lui. Deux s t urs de .saint
Macaire, Cornélie et Emérite, eun-nt la gloire
de confesser le nom de Jésus-Christ avec
leur frère et ses compagnons.
MAC.MUE (saint , martyr à .Mexandrie,
fut mis à mort dans cette ville sous l'empi e
de Dèce et sous le gouverneur Valère Sa-
binius eft l'année 230. Il fui décapité avec
saint Fau«te, prêtre, saint Bibe ou Abibe, et
plusieurs autres dont les" Menées des Grecs
ronl uKMition. Ce qu'il y a de filcheux, c'est
qu'il y a contradiction sur presque tous les
I oints entre le récit des Menées et celui de
leurs Actes, cpii, à part cela, n'otfrenl pas un
grand caractère d'authenticité. L'Eglise ho-
nore ces saints le 5 septembre.
MACAIUE (saint), soldat et martyr, fut
mirtyrisé à Mélitine en Arménie, av'ec ses
comj)agnons Endoxe , Zenon et quatre cent
quatre autres dont les noms ne sont point
parvenus jusqu'à nous. Ces saints soldats
ayant quitté le baudrier durant la persécu-
tion de l'empereur Diodétien, ils furent tous
mis à mort. Ils sont inscrite au Martyrologe
romain le o septembre.
MAC.VIUE (saint;, d'Egypte, instituteur des
solitaires de Scélé et coiuesseur, est le plus
illustre de tous les solitaires d'Egypte après
saint Antoine, qui en est le chef. 11 y cul
plusieurs Macaire. Celui d'Egypte, duquel
nous voulons écrire la vie, surnommé le
Grand par Pallade, naq^uit uans le commen-
cement du IV' siècle. Etant tout jeune, il al-
lait avec d'autres enfants mener paître ses
bœufs; chemin faisant, ils volèrent des fi-
gues. Saint Macaire en mangea une. et de-
puis il racontait qu'à chaque fois qu'il se
souvenait de cette faute il en pleurait
encore comme d'un péché considérable.
Etant encore tout enfant il se retira dans
une ffllule, auprès d'un vdiage d'Egypte.
Bollandus croit avec beaucoup d'apparence
(pie cette première retraite précéda celle
qu'il lit à l'i^jv' de trente ans. Etant in Egypte,
il sortit u;i jour d» sa cellule , et trouva
au retour un homme qui le volait et qui
meitidtsiir s(M1 chaimau tout ce (ju'il possé-
dait. Il s'approcha de lui. comme si c'eOt été
nu étr;'.nger, et l'aida même à charger son
chameau. Mais (]uaiid le ehame:iu fut (bar-
ge, le voieur lui avant donné un coup do
^meî pour le faire marcher, il ne put jamais
pc.:v..'i r à le faire se lever. Macaire, voyaut
cela, rentra dans sa cellu'ie, et ayant encore
ri-ouvt» une petite bresche, il l'apporta et dit
au voleur : <» .Mon frère, voilà ce (pic votre
rM.-'nienu attend.^il : <> et l'ayant mise avec le
n MAC
l'cslc, il (îniini lin vou\) de pied mi cluiintMii
«l lui' runiiiKiii.lii (II' SI- loNcr. Il iimnliM i|iii"l-
q\ws pns «liirnnl li'sipicls U» suint miuliiii li'
vnlrnr; ninis hicMiliM l'.Miiinwil sr h;n.ssM di-
niiiMc.iii ri im vonliil plus luarclicr (|n'un
n'tMU jui|)nrav;uil Atr loiil cTfiini .iji^iiiiIcM.ul
nn wiiiil. , • , I
rue ,nilr<> ni!ii(|in' cncdrc plus iKJMMnilWn
(lo la p!il:"nc(' dit pieux Mililaicf» csl r;i((iii-
1(^1' p,-ii' liii-ni(^ini' CM CVS ItTuics : « l.orsipni
j'(Mais cnciiit» jcnnc, nMiic r\\ l'^^yplc «la-is
ma (•(•Unie, on luc vint prendic et on m'or-
(loiina clerc dans un village; niais, ii(?
ponvani ac('r»|.ier ccll(> cliari^e , jo in'o'i-
fnis dans un aiilre villau;e, où il s(> trouva
un lionnue de hien. un s(''cidier, (|ui venait
]trendre l(>s (Uivra};(>s (pie j'avais faits, cl riuî
fournissait cecini ni'(''laii n('((>ssairc. Il arriva
(pi'nno tille du uiiMiie lieu loiuha dans la
fornication par la leidalinn du diahie, cl
ronnne on lui demanda, lors(pi'on s'apen.nl
de sa {grossesse, aV(C(pii elle avait couuuisce
piVlu^ elle r(^pondil on mo manpiaul (]ue
c\'{ait (ivtr cet (nutcliorète. Aloi's ses |)a-
ronts vinrent me prendre, nu> penciircnl au
cou des pots do tcrro , dos auses de cru-
ches, et autres choses seml)lal)les, et , mo
menant i).ir les rues du village en me bat-
tant juscpia me faire rendre TAim» , ils
criaieni : « YoWh le beau moine (]ui a violé
« notre iille. » Vainemout un vieillard vou-
lut les arr(Mcr : celui qui prenait soin de
moi marchait dorrii're, tout confus. Ils di-
rent qu'ils ne cesseraient de me battre si
je ne trouvais quelqu'u'i qui répondît pour
moi i]cii nlinuuils de leur tille. Je fis si-
gne à mon ami, qui s'engagea. Je retournai
dans ma cellule, et faisant vendre tout ce
que je pouvais de paniers, j'en envoyai le
jn-oduit à celte femme. Je me disais : « Ma-
caire, lu as trouvé femme, il i'aut travailliT
plus qu'auparavant. Je travaillais nuit et
jour. A son terme celte fille, no pouvant ac-
coucher, avoua la vérité et nomma le cou|:a-
ble. Mon ami vint, tout ravi, médire cette
bonne nouvelle. Tout le village voulait venir
me féliciter et surtout me demander |>ardon.
Pour éviter cela je pris la fuite et vins dans
celte solitude où je suis resté. »
Cette solitude c'était Scété, où le saint
passa les soixante dernières années de sa
vie. Il avait alors trente ans. Le désert de
Scété, dans la Libye, était (Soigné de tout
lieu habité. C'était un lieu aride où nul che-
min tracé ne conduisait, où le monde n'avait
aucun commerce. Les solitaires y étaient
éloignés de toute consolation humaine. Sans
autre eau que l'eau saumàtre du désert ,
ils étaient exposés aux bêtes féroces, et sans
cesse tourmentés par d'insupportables mous-
tiques. En 356 la sainteté des solitaires
était devenue si illustre, que le désert se
peupla extraordinairement. Ils y avaient
quatre églises. Ceux qui voulaient une solitude
complète éiaieiit obligés-d'aller vivre ailleurs.
Après dix ans passés dans la praticjue
de toutes les vertus religieuses, saint Ma-
caire alla, à quinze journées de là, trouver
saint Antoine. Ce fut à cotte époque qu'il
MAC
U
fui cl.vé HU sacerdoce : I é\(\pi • le conlr/jl-
K lil d'/icccpler cet lifiniieiir. Il rnenait l«
VIO la (iliis «usIi'to et la plus ibnc; «-'n vi-
sage oxliTuié juniom.ail l.i rinuour d«î s"ii
abstinence. Il Irnvailln l houvoiil i\ foin* b h
réc(dli's ; il portait liii-ménie m*s p.'Miiers
au marché. Ses lieui(;s de liav/iil no !<• dji-
lrayai«!nl pas do la priùro, cnr il | i ifiit «nns
cesse. Il ainiail passionni'iiKiil va scblcdo.
Il éiait plein do chari'é et de doureur | oiir
ses frères et pour lout hî niondo. Il disait
(pus la doiici iir peut lout gagiu r, t."iidi«
(pie l'orgueil el la vanil''' peuvent toul jier-dre.
Saint Macairc avait \c don dos nuracles.
Son Iiisloiie racorilo (pi(> deux fois il lit par-
ler d(!S moiis, la | remièro fois pour con-
vaincr(î un héréiitpio, l'autre fois L»onr ren-
dre service à une pauvre femim; dont le
mari éla l moit sans lui r('vé or un secn-t
important. Los ,iulr( s miiacdos du ^aint sont
nombreux. Les bornes ol lo but do cet ou-
vrag(.' iKuis enqu"'' lient d'onirer dans d( s dé-
tails h col égard. Notre t/)clu; est de montrer
*aint Macairo comme défenseur (\o la foi.
L'hérésie des ari( ns iidectait l'I^gypto;
mais c'était on Kgypte aussi que I)i( u avait
suscité les filus fermes soutiens du la foi do
IV'icée. Los Alexandre, les Atiianaso et ti'nt
d'autres lumières de l'Eglise oi,t il'uslré à
jamais celte contrée. Les saints annchorètes
de la Tliébaido rostèi-eiit aussi inviolabh;-
ment attachés <i l'orthodoxie. Le démon ne
voulut |)as les laisser on repos, il amena
vers eux les persécuteurs. Nous ne voyons
pas qu'ils aient été in'iuiétés sous Con.s-
tanco. Il n'en fut pas de même sous Valons.
Lure, l'évOque intrus qui avait chassé de son
siège PioiTo, successeur de saint Athanase,
se tiouvant appuyé de lauloriié impériale,
comni'l les plus horribles violences dans
toute l'Egypte. Après avoir ravagé les vil-
les, il tourna sa fureur contre les déserts;
il vint porter la guerre jusque dans les
solitudes, h ceux qui depuis si longt(.'mps
avaient fui le monde. Ce fut un peu après
la mort (ie "N'aientinien, arrivée en 375, que
beaucoup de moines de Nitrie furent tués
par les soldats. Cette persécution contre les
solitaires dura jusqu'à l'année 3T6, époque à
laquelle les guerres des Golhs forcèrent Va-
lons h laisser un fiou repose.'* l'Eglise. Dès
l'an 373, Valons avait fait ucc loi qui sta-
tuait que tous ceux qui, couvrant leur pa-
resse des apparences de la piété , s'é-
taient retirés dans les solitudes, y fussent
recherchés par le comte d'Egypte , forcés
d'accomplir envers leur patrie ce qu'on exi-
geait communément de tous les citoyens,
sous peine de voir leurs biens confisqués
au profit de ceux qui accompliraient à leur
place ces devoirs auxquels iis cherchaient à
se soustraire. Celte loi, juste au fond, de-
vint un moyen de persécution par la mau-
vaise foi de Valens. Mais, après la moi t do
son frère. Valons ne se borna pas à cetie
loi ; il Of-donna renrôlement dos moines
dans ses armées. Luce, qui avait obtenu de
l'empereur la permission d'agir comme il
rontendrait contre tous les seciafeurs de la
15
MAC
MAC
16
foi do \\côc. pflrlil d'AloT.indrio h la tAt«
»!•'* Irois niiile hommes, ciynlicrs el rTtit.ns-
.♦iin';, cl acrornp.i^ni^ ilii comtn d'E^.vplo vint
dans le désert, pour y raetlre à mort tous les
serviteurs de Dieu. Ils arrivèrent dans res
dé'^erts el y trouvèrent des ermites occupés à
leurs ouvrages ordiniires , c'est-à-dire à
prier, h guérir les n)alades et à chasser les
dt'rnons, mais dos di'mons moins méchants
Cl 18 ceux qui possédaient l'Ame de Luce.
Ils y trouvèrent, dis -je, non des gens
armés et préparés h se défendre, mais des
saints bien décidés à donner leur sang plu-
tôt que de trahr leur foi. Ils y trouvèrent
des anachorètf»; tout nus, qui n'étendaient
pas seulement la main pour détourner les
coups qu'on leur donnait , qui tendaient le
cou pour recevoir la mort, et ([ui ne disaient
nuire chose, sinon : « Mon ami, que venez-
vous faire? » Miis ni la douceur ni les mi-
racles ne furent capables de lléihir les exé-
culeurs dune senleme épiscopale. Ils leur
défendirent d'ahord de continuer à faire
leirs prières dans leurs églises, dont ils,
leur inlerdirent l'entrée, et puis, passant
plus avant, ils employèrent le fer et les ar-
mes et firent dans ces solitudes des maux
et des violences qui ne sont pas imagina-
bles, à ((uoi néanmoins Luce prt encore
plus de part que les sollats, et on écrit
(pi'il .<>ur()assa tout ce qui s'était vu dans
la persécution des païens.
On vit renouveler en eux ce que l'Apôtre
dit des ancic'is justes, ils souH'raienl les
moqueries, les fouets , la nudité, les chaî-
nes, les prisons. Ils étaient lapidés, ils mou-
laient par le tranchant de l'épée, ils étaient
va,:^abonds, couverts de peaux de brebis et
de ]>eaux de chèvres, abandonnés, alUigés,
persé'Utés, eux dont le monde n'elait |)as
di.^ne, et ils passaient leur vie erranl dans
les déserts et dans les montagnes et se re-
tirant dans les antres et dans les cavernes
de la terre, (lepndant c'étaient ceux ii (|ui
tout le monde rendait un témoignage si
avantageux, h cause de leur foi, de leins
œuvres et des miracles que la gr<U'e de Jé-
sus-Christ faisait par leurs mains. Mais la
Providenec divine ne permetlait cpi'ils soul-
fri>sent toutes ces chosis que pour le bien
des autres lidèles. h qui l'exemple de leur
patience devait être utde. Saint Jérôme et
Ornse hous assurent que (les troupes en-
tières de UKuncs répandirent leur sang à
Nitrie par la fureur des soldats ; mais Dieu
n'« pas permis que nous en sussions les
noms. fTilIemonl, vol. VIII, p. 6I0.|
I.uce ((btiut du gouverneur un ordre de
haimissemenl contre les deux M.icaire ,
Pamb'in . Hf'naclide et Isidore, qui étaient
considini s efjnime les nères des autres. O \
les enleva la nuit de leurs relluljs, et on
les conduisit dans une lied ICg\ pie envinm-
née de marais, où M n'y avait pas uu seid
habilflnl qui fiU chiélie'u. On voulait qu'ils
n'y pussent recevoir aucune consolation et
qu'il», ne pusfent y accomplir en au( une
Ifleon lf'> exercices de In vie (pids avaient
fudm^sée. Après avoir guéri, en .■djord^nt
dans cette tle, une fille possédée du démon,
les saints solitaires entreprirent de conver-
tir tous les habitants. Bientôt le succès dé-
passa leur attente, les mirachs qu'ils ac-
complissaient firent que les habitants accou-
raient à l'envi vers eux pour se faire bapti-
ser. Lfle entière devint chrétienne. Cette
nouvelle étant venue à Alexandrie y produi-
sit une grande rumeur ; on accusait Luce de
faire la guerre non pas seulement aux hom-
mes, mais h Dieu même. Le peuple se sou-
leva. Il fut obligé d'ordonner secrètement
qu'on rendit la liberté aux saints, et qu'on
les la ssàt retourner dans leurs solitudes.
Telle fut la persécution que saint Macaire
d'Kgn)tc et ses compagnons eurent à souf-
frir. Cependant il y a une exception h ce ré-
cil ; car saint Pambou fut banni h Diocésa-
rée. Ce fut après ce retour que saint Ma-
caire eut Kvagre pour disciple dans sa soli-
tude. L'extrême vieillesse et la fatigue du
saint ayant fait supposer aux solitaires d'E-
py()lc (pie sa fin était proche, les (tlus an-
c ens de la montagne de Nitrie vinrent vers
lui, et lui dirent que les solitaires désii aient
le voir ; que comme ils ne pouvaient pas
tous venir le trouver, ils le priaient de vou-
loir bien venir lui-même. U se rendit à leur
prière.
Voilà tout ce que nous pouvons dire de
ce grand saint, qui mourut à IVige de qua-
tre-vingt-dix ans , après en avoir passé
soixante dans le désert. Le Martyrologe ro-
main marque sa fête au 16 janvier. Il est
célèbre comme fondateur de la vie solitaire
à Scété , comme confesseur, et aussi comme
écrivain |)armi les Pères. U reste de lui
une éi>itre parfaitement authentique, et cin-
quante homélies qu'on lui attribue. { Voy.
Atuan vsk.)
.MACAIHL: i sainll d'Alexandrie, prêtre
des cellules et confesseur, naquit à Alexan-
drie, où d'abord il fut marchand de ilragées,
de fruits et d'autres petites (hoi.es sembla-
bles, il fut quehpie ti-mps disciple de saint
Ai.loiiie, (pu lui donna l'habit inoHasli(]ue.
Il a passé au luo.ns soixante ans dans la so-
litutie, et comme il est mort en 395 ou 300,
il doit s'être retiré du monde au plus tard
en ;{;}.'>, c'est-à-dire fort peu de temps après
que Macniie d'Egypte se fut relégué dans
les déserts (|(. S. été. Il ne resta pas toujours
d;u:.-. la Ihébinde, où était saint .Vntoine :
dès l'an 373, il était uu des Pères les plus
eotisidérables de la montagne de Nitrie.
Hulin dit ipie sa demeure liabituelle éîait
h Sct'té. En un certain endroit de ses écrits,
il dit «pi'il avait vu l'un des Macaire dans le
dt'^erl d'en haut, el lautrc dans le désert
d'en bas. Pourtant Hulin dislingue ce.s deux
dé-erls de ctnix di' Scétt', des cellules et de
Nitrie. Il parait malgré et la qu'il s'attacha
priuplemonl aux cellules, juiisipi'il est
(pialilié prê're de ce lieu. Ce fut vers l'an 3V0
(ju'il fut ele\é au sacerdoce. Pallade dit
qu'il a demeuré trois ans aux cellules avec
lui. Mac.'iiri' menait une vie excessivement
auslèie. Ayant entendu parbn' des austéri-
tés des soblaiies de Tabeiine il voulut cou-
^^
MAC
MAC
(S
iinttro plus ^wirliouiiùrniiii'ijl co <iir«>ii (Ji->;iii
kUi r<)Vc('ll«uico tlo lour vie. Il iiiaiTlia
(luiii/.d jmirs |i<iiir arriver h Talx-iiiir, où il
lui rt'rii |)iir l'abbé saiiil l'acAiiic 11 lui dù-
niaiidâ h ciilror couiiun .s(»lilain( dans su
maison. " <•'''" "*' *'•' P<'i't. '"' <''l l'abl'i) ;
vous CMos IropavaiK^ô ».mi rtn<- r'*ur vous sou-
nii'ltro a\\\ austérités (jue iiolrti rôj^le nrcs-
cril- » ^«'l'f jours il le rid'usa ainsi. « Uccc-
vt'^-inoi, mon pérc, disait Macairo ; si je no
jcrtno |)as, si jo no praluiue |ms los nu^nms
nnslénlés (pie les autres, vous mo cliasse-
vei. » l'act^me, voyant sa persévérance, lo
ro^ut au liombro de ses IVéros. Ils éluicnl
quatorze cents.
Lo carême étant venu, saint Macairo ro-
niarqua ipio (pieltpies-uns voulurent lo pas-
ser, les uns on no mangoanl (pie lo soir, los
autres on ne mangeant (juo tous les doux
jours, les autres en demeurant ciiui jours sans
prendre aucune nourriture; d'aiUres enlin
en passant la nuit enliére debout, et demeu-
rant assis lo jour pour travadler à quoique
ouvrage : cpiant h lui, il prit beaucoup do
fouilles de palmier, et se mit dans un coin, où
il resta debout durant tout le carômc, sans
manger et sans boir.N sinon quelques feuil-
les do chou crues qu'il se permettait le di-
manche. Si parfois il était obligé de sortir,
aussitùt il retournait h son ouvrage et conti-
nuait h demeurer, debout en silence, sans
seulement se permettre une parole. Son
cœur priait, durant que ses mains travail-
laient. Quelques-uns ayant remarqué cela,
dirent en umriuurant à l'abbé : « D'où nous
avez-vous amené cet homme, qui vit comme
s'il était un pur esprit, et qui semble n'être
venu parmi nous que pour nous condam-
ner par son exemple? faites-le sortir, ou
bien nous sortirons tous dès aujourd'hui. »
Saint Pacôuie, ayant appris comment avait
vécu celui dont ils faisaient tant de plaintes,
pria Dieu de lui révéler quel il était. Ayant
su que c'était Macaire, il le prit par "la main,
et le menant à la chapelle : « Vous êtes Ma-
caire, et vous n'avez pas voulu me le dire?
Je vous rends grAces de ce que vous avez
humilié mes enfants, en leur ôtant tout su-
jet de vanité. Vous nous avez assez éditiés
par votre présence. Je vous supplie de re-
tourner dans votre cellule ordinaire, et là
de prier pour nous. » A la prière de saint
Pacôme et de tous les frères, il se retira.
C'est en 3i8 que mourut saint Pacôme, le
fait que nous venons de raconter est donc
autérieur à cette époque. Si nous voulions
entrer dans le détail de ses austérités, nous
pourrions remplir des pages, mais nous
avons assez dit pour ce que nous permet le
cadre qui nous est tracé.
Saint Macaire arriva à l'extrême perfection
delà vie monastique, et reçut de Dieu les
grâces les plus abondantes. Il avait le don
desrairacles; il lisait, dit-on, dans les âmes de
ceux qui voulaient recevoir la communion,
et voyait parfaitement quelles étaient leurs
dispositions, bonnes ou mauvaises. Ce saint,
dit Uutin, avait sa cellule dans le voisinage
de la caverne d'une lionne. Cette bôto étant
non<cfl)jx /lui
qu'ils étnient
nu jour SOI lui apiiorl/i •>(••»
pii'us du saint, il recorinul
aveu>:;|es, et (pie J.i lionne les lui amcn.iil
aliii qu'il leur riMida la vue. S'étaiil mis imi
miére il obtint la giiéiison (le.H lioiiconux.
i.a mère recoiiii.iissjiiile lui ap|iMi'ta au bout
do queliMie temps plusieurs lnisoiit d<: bnj-
bis (ju'elle avait tuées.
V(Ms .*J7.') ou .'J7(», les di-u\ Miicairo furent
bamiis 5 la sollicitation do Imce, ainsi qun
nous l'avons raconté dans la Vie de .suiul
Maciiuic d'Kgypl<; ( »'«»/ S(;ii article)]. On
peut voir dans la Vie de ro saint ce qu";
soulfrirent los moines de Nilrio et commenl
linil cette pfM'sécution (pii permit h noiio
saint (h; r(!venir dans sa solitude. L'an '.i'J\,
Pallade, depuis évêipie d'nélén(j|)olis, on
Bilhynie, étant venu du désert d*; Nitne
dans celui des cellules, y resta trois ans,
sous la conduite do notre saint, (pii était
alors prêtre do ce lieu, où il vivait dans la
solitude. Pallade raconte un(; iiilinité do
miracles opérés par lui et dont il fut témoin.
Saint Macaire moumt trois ans après qu(î
Pallade fut venu aux cellules, c'est-à-dire
en l'an de Jésus-Christ 391, ce qui porto la
mort du saint en 39'i^ ou .'J'J5. Pallade rap-
I»orte (ju'il était assez petit de taille ; il avait
peu de cheveux et de barbe. On attribue
cette calvitie à son extrême austéiité. L'L-
glise romaine fait la fête* de saint Macaire
d'Alexandrie, le 2 janvier.
MACAIRE (saint), prêtre et martyr, donna
sa vie pour Jésus-Christ avec un autre saint
prêtre nommé Eugène. Ce fut en Arabie
qu'arriva leur martyre. Ces deux saints com-
battants ayant repris Julien l'Apostat de son
impiété, furent cruellement meurtris (Ih
coups, puis relégués dans un vaste désert
où ils périrent [)ar le glaive. L'Eglise fait
leur fête le 20 décembre.
MACAIRE (saint), confesseur, finit sa vie
en exil, sous l'empereur Léon, pour la dé-
fense des saintes images. L'Eglise honora
sa sainte mémoire le 1" avril.
MACAIRE (saint), reçut la palme de com-
battant de la foi en Syrie, avec saint Julien.
Nous n'avons aucun document relatif à l'épo-
que et aux diverses circonstances de leurs
souffrances. L'Eglise honore leur mémoire
le 12 aotlt.
MACAIRE (saint), fut couronné à Rome
avec les saints Rufin, Juste et Théophile,
dans des circonstances et à une époque que
nous ignorons. Ils sont inscrits au Martyro-
loge romain le 28 février.
MAC A RIE (sainte), reçut la glorieuse palme
des combattants pour la foi, dans la province
d'Afrique. Elle eut pour compagnons de son
triomphe saint Janvier et sainte Maxime.
L'Eglise fait collectivement leur fête le 8
avril.
MACÉDO (saint) , martyr, répandit son
sang pour la défense de la religion avec
saint Philet, son père, sainte Lydie, sa mère,
et saint Théaprépide, son hère. Il eut encore
pour compagnons de ses combats saint Am-
phiioquc, chef de milice, et saint Coronas,
i9
MAC
greffier. L'Ej^li -c honore la iiiéujoiro de ces
glorieiiv niarivrs \v 27 mars.
MACKDONK sainU . reçut la piltno rlti
martyre .^ .Méré"- cm l'iirygio, avec les saints
'i héiMlulo et Tatien. Après divers lourincils
que le prtv-îidenl Alniacjut» leur lil soutVrir,
SOIS le rè.;ne de Julien l'Apostat, ils lurent
couchés sur des grils ardents et y accoa)pli-
rent leur martyre avec allé.^resse. Ils sont
inscrits au Martyrologe romain le i'2 sep-
tcnd)re.
MACÉDONE [>(\ml\ soulTrit le martyre h
NicouK'dio avec Patrice, sa lennne, et leur
lillc. Modeste. Ils sont inscrits au Martyro-
loge rfi m. i in le 13 mars.
MACHADO (le bienheureux François),
jésuite portugais, partit en 1625, avec Men-
dez, nommé patriarche d'Abyssinie, pour
aller porter la lumière de la foi catholique à
cette contrée, qui, depuis le temps de saint
Athanase, était en proie aux erreurs (pie les
hérésies si fréquentes durant les [)remiers
siècles de l'Eglise y avaient semées. C'était
h la prière de Melcc Segued, Négous d'Abys-
sinie, que le pape avait nommé le saint pa-
triarche, ipii jiartit avec notre saint et sept
autres religieux du même ordre. En écrivant
à Mcndez, Melec SegueJ avait dicté qu'on
eût ;\ prendre par le Dankali pour pénétrer
dans ses états. Le secrétaire a\ail écrit Zeila
au lieu de Dankali. Ce fut cette erreur de sa
part (pji coûta la vie au P. Machado et au
P. Pereira, son compagnon. Mendez, pré-
voyant les immenses ditïicultés qu'il y avait
h pénétrer dans l'Abyssine, divi>a sa troupe
en deux bandes. Une, formée de quatre jé-
suites, alla par mer et parvint assez heureu-
sement après quelques dangers courus ;
l'autre, formée du même nombre, prit par
terre. Notre saint en faisait partie. Ces
quatio serviteurs de Jésus-Christ ignor.dent
jusqu'aux noms des peuples chez lesquels
ils (levaient passer pour se rendre en Al)ys-
sinie : ils se se, arèrent : deux prirent la route
do Zeili, deux celle de .Melinde. Le roi de
Z'^ila lit arrêter les deux premiers, le P. >L\-
ciiado et le P. Pereira, et les lit jeter dans un
cachot où ils languirent longtemps. Vaine-
ment le Négous lil pour les racheter toutes
les otlres possibles, le roi barbare ne voulut
ri II entendre et leur lit couper la tète h tous
deux.
ALVCIUS (saint), lecteur (le l'Eglise d'Emèse,
fut airtMé aver saint Silvnin, son évè(pi(\ et
livré aui bètes après avow enduré un grand
n()mbre de tourments. Sa fêle arrive le C
février. fVo//. Siivun d'Euièse.)
M.VCO \le bienheureux Joskpii), mission-
naire de la compagnie de Jésus, rend la
palme du maityreeii 1717, avec le P. Hlai^'e
de Sylva et trente de leurs iiéo[thytes. Ils
furent surpris cl massacrés par les Payaguas,
au moment où ils descendaient le lleuve du
Paraguay.
M.VCÙUE (saint) , niarivr 5 Carlhage on
S.'iO, S()us le règne et sous la perse(uii(Mi (h;
'em()ereur Dèce, fut o ifermé dans uncaihot
avec une foule d'autres chrétiens, où, par
cnjre de rtoipereur, on les laissa mourir de
MAC %
faim. L'Eglise fait la fête de tous ces saints
martyrs le 17 avril, avec celle de saint Map-
paliiiue. (Vo//. Victoria.)
MACRE (sainte', (pie l'Eglise romaine ho-
nore comme martyr le 11 juin, eut la gloire
de ron(iuérir le ciel en mourant pour Jésus-
Christ, vers l'an 287. sous l'empire de Dio-
clétien el sous le gouvernement de Uictius
Varus. préhM du Prétoire. Son sacrifice s'ac-
conqilit dans une ile que forme la Nore à
son embouchure dans la Vesle, non loin de
Finies, ville du diocèse de Reims, Son corps,
qui avait été enterré tout près du lieu où la
sainte avait subi son martyre, fut depuis
transféré à Fîmes, où un nommé Daudirfe
fit bâtir une fort belle église dédiée à la
sainte. Cette translation et l'édification du
nionument eurent lieu du temps de l'empe-
reur CliarltMiiagne.
MACRIEN [Titus Fitlvius Julius Macria-
nus), na([uit en Egypte de paren's pauvres,
et parvint des derniers échelons de la milice
aux postes les plus élevés. Il avait la con-
fiance de Valérien, à qui par méchanceté il
inculqua l'idée ridicule et cruelle tout à la
fois de se livrer à la magie. A son instigation,
Valérien fit des sacrifices humains el immo-
la des enfants, ^xjur lire dans leurs entrail-
les sanglantes les secrets de l'avenir el
celui de ses destinées. Ce fut lui cfui par ses
obsessions et par ses calomnies porta le vieil
empereur à persécuter les chrétiens qu'au
commencement de son règne il avait proté-
gés dune manière toute spéciale. Eu 258. il
accompagna Valéiien dans la guerre contre
les Perses. On prétend (^l'ille trahit, et (jue
ce fut lui ([ui fut cause de la perte de la ba-
taille que l'armée romaine livra à Saj or. On
ajoute même (pi'il fut cause d' la prise de
^ alérien par les Perses. Ce (piil y a de cer-
tain, c'est que depuis longtemps Macrien rê-
vait l'empire ; de longue main, il s©
préparait h rusur[)er, si loutefois on peul
nommer ainsi ce que faisaient si souvent les
généraux romains en s'em|Kirant (V\v\ \.vo'.\ù
toujours h la merci du plus audacieux ou
de celui (jui payait le mieux les soldats.
Après la piise de ^;^lérifn, Macrien se fit
proclamer ein(>ereur. el associa ses deux fils
a l'empire, en les faisant déclarer Augustes
par les troupes. Il fil avec succès la guerre
aux Perses, et se maintint .tlurant une année
en Orient. Ensuite il vint en Occident, pour
y ( oic.battreCallien.mais il trouva en Illyrie
i)oiiiitien, g'-neral do cet empereur, ipii le
vaiiiipiit. Macrien, se croyant trahi, pria ses
soldats de le tuer, ce (prils tirent, (.et évé-
nement se passa vers le 8 mars de l'année
202. Ses fils paitagèrent son sort. Encore
un perséculfur, un instignttnir de persécu-
t'ons ([ue Dieu |"unit d^uiie fa(;on exem-
p'ajre.
Macrien persé( u(a-l-il les chrétiens ? Beau-
coup d'auteiii s en ont dout('» : cepeiîdant c'est
un fait incontestable. On n'aurait pas de faits
positifs pour l'établir, qu'on pourrait le dire
sans crainte de se trom;ier, en se souveiianl
de la haine violente qu'il portait aux chré-
tiens ; en se souvenant surtout de linnuence
21 MAD
qu'il oxt'ivn .sur V.'ili'-rkMi , [luiir lo^ pm-
l.'i" h piMM'i'ulfi' li'>i iliscipirs il(! Ji'siis-dlirisl.
Mais riiisloiro osl Ih, positive, iK)iir ullir-
imr. A|ir(Vs la |)rist! dcN mUm icii , (;alli(5ii rcii-
(iil (n paix h l'Ki^lisc! : c'est là un l'ait iiicoii-
l('stal>l(".( y'oif. soti Jiitich).) Cit (pii no l'est
jiasmnins. c'est 'pio le bienfait de celte pnix
110 s'cleniiil p'is i>iix piitviiices (pii étaient
SOUS la iloininalion île Macrieii, cniiime par
oxeinple à la TalesliMe, oTi saint Marin, sol-
dai, lut mailyrisé. (Voy. Mvuin.)
MACUOlli'i (saint), martyr, est inscrit au
Alarlyrolo^;»! romain le '20 juillet. Il souH'rit
le martyre à Damas, avei; les saints marivrs
Sabin, 'Julien, Cassie, Saule, et dix autres
qui nous sont inconnus. L'I^j^lise l'ait hnir
l'tMe collectivement.
MACKOUK (saint), soulTrit le martyre sous
l'empereur Licinius, avec saint Julien. Nous
lie possédons point d'autres détails sur eux :
ils sont inscrits au Martyrologe romain le 13
sei)leml)i(\
MADAIIUK, ville de l'Afrique propre, a
vu le martyre de saint Nami)hanion et de ses
coujoagnoùs. (»n ignore comi)létcment à
quelle é|)Oipie aiiivaleur mort.
MADKLEINE ( la bienheureuse), é|)Ousc
de Minami, soulVril le martyre au Japon,
l'aniiée 1G02, avec Louis, c\gédese[)t ou huit
ans, son lils adoi)lif ; Agnès, femme de Ta-
cuenda, et Jeanne, belle-mère de cette der-
nière. Ou peut voir auxaiticles Minami et
Taci'ekda comment ces saintes femmes les
encouragèrent au martyre, comment la mère
et l'épouse de Tacuendà furent les courageux
témoins do leur mort. L'arrêt qui avait pro-
noncé la peine capitale contre ces deux saints
condamnait les saintes que nous venons de
nommer à être crucifiées. Après la mort de
Tacuendà, Jeanne et Agnès venaient de pas-
ser dans un cabinet attenant à la chambre où
l'exécution avait eu lieu. Elles avaient avec
elles la tète du saint martyr, elles l'embras-
saient et la couvraient de larmes. Tout à
coup un bonheur inattendu leur fut donné.
Madeleine, femme de Minami, entra avec le
petit Louis âgé de 7 ou 8 ans, comme nous
avons dit plus haut, qu'elle et son mari
avaient adopté. Elle leur dit qu'elle venait
f)artager avec elles le bonheur de mourir pour
a foi, et leur annonça que le lendemain elles
allaient être crucitiées. On peut voir au titre
de Jeanne les détails de leur martyre. Made-
leine fut frappée de la lance encore fumante
du sang de Louis.
MADIR (saint), martyr, souffrit le martyre
avec saint Chélidoine. Ces deux, soldats fai-
saient partie de l'armée campée à Léon, ville
de Galice. Etant partis pour Calahorra pen-
dant une persécution qui s'alluma contre les
chrétiens, ils y souffrirent diverses tortu-
res pour la confession du nom de Jésus-
Christ, et reçurent ainsi la couronne du
martyre. L'Eglise fait leur fête le 3 mars.
MADURÉ, vaste royaume qui était situé
dans le milieu du pays de la grande pénin-
sule qui forme l'Hindoustan ( en deçà du
Gange). Pour donner une idée de ce pays et
de l'état dans lequel y était le christianisme
.MAD
U
en 1700 et aii'iéi'S iirécédenlus, l/iissonf
parler le P. Ilonchet. « Cette mission est des-
servie j)Mr sept jésuites (jui y travadh nt «vci;
des piuiieset un succès pri'.sque iiiciMyjdjle».
(^11 n'est pas trop «pie do ( orler ii LiO.OUD \< s
indiens (pi'ils oui convertis, (.'l lu noiiibre
en augiiieiile (micoii» dinqui- jour. L<'S pre-
miers missionnaires île .M.idui'i- furent Ubsiu
heureux pour opérer des coiivei'-ions écla-
lanles dans la canin des voleurs, i::\ ûlliror
beau-oup à l'Evangile et .«e coficilier l'e.s-
tiiiK! et la vénération de cfMix mêmes (pii, par
leins j)assions, résistaient l\ la vérité. Ou
doinie à ccîtto casti; ce nom odieux, parco
(pje ceux (pii la composent se font un mé-
tier d(! voler sur les grands chemins. Quoi-
(|u'un grand nombre se soient faits chré-
tiens et (ju'ils aient aujourd'hui horreur do
l'ombnî même du vol, ils ne laissent pas de
leliMiir leur ancien nom, et les voyageurs re-
doutent de passcT dans les forêts où ils ont
fixé hîur habitation. Ci'pendanl comme le.s
anciennes habitudes et les inclinations na-
turelles ne se perdent pas si vite ni si aisé-
ment, on épnmve longtemps ces sortes do
catéchumènes avant (pie de les admettre a
la grAce du baptême; maistiuand une fois ils
l'ont reçu, ce sont absolument d'aulres hom-
mes : bien loin de continuer leurs brigaiida-
ges, ils se montrent charitables, hospitaliers
et n'oublient rien pour engager les autres a
renoncer à leur infAmepassion.»
A l'époque où le P. Bouchel entra dans le
Maduré, la caste des voleurs s'était rendue
presque indépendante, et fixait elle-même le
montant des impositions qu'elle voulait bien
payer à l'état. Le roi de Maduré venait de
mourir; un prince do ce pays crut l'occa-
sion favorable de s'emparer de la couronne;
la caste prit parti pour lui ; les voleurs réunis
en troupes assiégèrent la ville de Maduré, la
prirent et mirent l'usurpateur en possession;
mais ces sortes de gens étant plus pro[)re3
à faire un coup de main qu'à se déiendre
dans les formes, ne conservèrent pas long-
temps leur conquête. Le Taluvas (c'est le
nom que l'on donne au prince qui gouverne
le royaume sous l'autorité du souverain) se
mit à la tète des troupes, arriva à la faveur
de la nuit devant la ville, en fit enfoncer les
portes et s'en vit le maître avant que les re--
bellcs eussent eu le temps de se fortifier.-îii
môme de se reconnaître.; une grande par-
tie fut taillée en pièces et le reste n'éch -ppa
au carnage que par la fuite et en se retirant
avec précipitation dans les forêts.
Les missionnaires se servirent des mal-
heurs que cette caste des voleuis venait d'é-
prouver, pour convertir un grand nombre
d'entre eux; et maintenant, ajoute le nais-
sionnaire qui a écrit cette relation, « il n'y a
guère de lieu dans tout le Maduré où nous
soyons mieux reçus et plus en sûreté que
dans le pays qu'ils habitent; si quelqu'un de
ceux mènies qui n'ont pas embrassé le chris-
tianisme était assez hardi pour enlever la
moindre chose aux docteurs de la loi du
vrai Dieu (c'est ainsi qu'ils appellent les pré-
dicateurs de l'Evangile), on ne manquerait
i^ MAD
Pas d'en faire un châtiment exempFarre. Le
. Bouchet, viïiilcur de la mission de Ma-
diiré, mil à profil ces moments précieux de
tranquillitf^ pour donner h celle d'Aour tout
r«5clat dont ello pouvait être susceptible ;
cette mission avait été fondée depuis près
d'un siècle par lesjésuiles portugais. Comme
il connaissait parfaitement legéniede ces peu-
ples, qui se laissent prendre par les sens, il
résolut d'y bâtir une église assez belle pour
donner de la curiosité et y attirer les inlidè-
Ics Elle ne fut pas plutôt achevée qu'on ve-
nait la voir de toutes parts et surtout de la
ville capitale, qui n'en est qu'h quatre
lieues ; cela donnait occasion au Père de par-
ler de Dieu à une grande multitude de peu-
ple; plusieu:s se convertiront et vinrent s'é-
tablir h Aour, (jui est devenu par là une des
plus grosses bourgades du royaume. L'église
est b.ltie au milieu d'une grande cour; les
murailles de distance en distance sont pein-
tes et ornées, en dedans, de hautes colonnes
qui soutiennent une cornifhe, laquelle rè-
gne tout autour du bâtiment. Le pavé est si
propre et si bien uni qu'il paraît n'être que
d'une seule piorrc de marbre b'anc ; l'autel
est au milieu de la croisée, afin qu'on le
f»uisse voir de tous côtés; huit grandes co-
onnes qui soutiennent une couronne impé-
riale en font tout l'ornement; l'or et l'azur
y brillent de toutes parts, et l'architecture
indienne mêlée avec celle d'Euro|»e y fait
un très-agréable elTet. Comme celle église
estdédiéeà la sainte Vierge, les chrétiens y
■viennent en pèlerinage de tous les endroits
du royaume, et les grâces continuelles qu'ils
V reçoivent, par la puissante intercession de
la mère d«' miséricorde, animent et soutien-
nent leur foi qui est encore pure et en sa
première vigueur.
« Aour est la mis'^ion la plus considérable
de Maduré, n.m-seulemt^nl à cause du voisi-
nage (le la capitale, mais parce qu'il y a vingt-
neuf églises qui en dépendent. On n'admet
les catéchumènes au baptême qu'après de
grandes épreuves et trois à quatre mois d'ins-
truction; une fois devenus chrétiens, ils vi-
vent comme des anges. L'Kglisc de Maduré
olfre une parfaite image de l'Eglise naissante;
on ne pont retenir ses larmes de joie et de
ronsol.Ttion, quand on est témoin de l'em-
pressement de ces pennies pour entendre la
parole de Dieu, de l'ardeur avec laqtielle ils
se portent à tous les e\ercices do pi(''li'>, du
7.èlo qu'ils ont pour se nrorurer mutuelle-
ment tous les secours nécessaires au salut,
■tour se prévenir dans tous leurs besoins,
loiir nvancercharpie jour clins les voies de
a sainteté évangélirpio ; heureiispment |>our
eux, ils n'ont h condiattre aucun d(>s f)bsla-
cles qiM sn rencnnlrent parmi les autres peu-
ples de rinde; ils n'ont point de connnuni-
calinn avec les Européens dont les scamlaîes
el la vie licencieuse corrompent trop sou-
veit les nouveaux chrétiens. Lfur vie est
frugale, ils ne font point de connnerce, se
ronlentenl de ce f|ue le travail iJes mains
ou la rullurc des terres leur fournil pour
vivre cl %f* vèijr; riche? de leur pauvreté.
MAD
U
ils trouvent encore dans leurs privations
personnelles de quoi se montrer généreux
envers les indigents. »
Le P. Bouchet se trouvait chargé, dans ïf.
Maduré, de la conduite de trente mille âmes ;
les autres missionnaires ne sont guère moins
occupés; ce travail surpasserait ïeurs forces,
s'ils n'avaient de ressources que dans leur
propre zèle; mais ils ont chacun huit, dix el
quel(}uefois douze catéchistes, tous ayant le
talent de la parole, instruits de nos mystères
et de notre sainte religion; ces catéchistes
précèdent les missionnaires de quelques
, ours et préparent les néophytes h recevoir
es sacrements. Le P. Bouchet pourrait dire
d'Aour ce que disait saint Grégoire le Thau-
maturge, en mourant, de sa ville épiscopale :
« Il n'y avait que dix-sept chré'tiens quand
j'y SUIS arrivé; grâce h Jésus-Christ, je n'y
vois aujourd'hui que dix-sept inlidèles.»
Trichirapali est la viHe où le roi de Ma-
duré fait sa résidence ordinaire. Le P. Bou-
chet y avait fait bâtir une église sur les rui-
nes d'une pagode; on en avait abandonné
l'emplacement aux premiers missionnaires
de Maduré; mais, pendant les guerres qui
dévastèrent ce pays, ils avaient été obligés
de quitter cette ville et d'aller se cacher dans
les bois. Pendant leur absence un idolâtre
s'en était emparé, et éleva un petit temple
qu'il remplit do pagodes de toutes les espè-
ces. La paix ayant rétalth cht»cim dans ses
propriétés, le P. Bouchet se remit en pos-
session de ce lieu, et il a ol>ligé le prêtre des
idoles d'en sortir. Ce fut un spectacle glo-
rieux à la religion, et digne de compassion
tout ensemble que de voir les mouvements
empressés que se donnait col homme pour
enlever ses dieux. Les chrétiens se mon-
traient impatients de le voir délogé, et, pour
en finir plus vite. |>renaient eux-mêmes les
idoles et les mettaient par terre sans beau-
coup de f)récaution ; plusieurs se trouvaient
brisé'cs : el l'idolâtre en ramassait les mor-
ceaux épars, noyant son dépit dans beaucoup
de larme>s, mais n'osant se plaindre, parce
qu'on ne lui enlevait qu'un emplacement au-
(pii I il n'avait aut un droit, l'ayant usurpe^
sur s«'S légitimes possesseurs. Le tem(ile fut
abattu, ol sur ses ruines on bàlil une église,
et une petite niaison destinée au logement
des missionnaires.
Il n'y avait h Trichirapali. quand le P. Bou-
chet prit le gouvernement de celle mission,
(pie des églises h lusage des parias, la der-
nière de toutes les casl»«s et la plus méprisée
des Indiens, ce qui donnait une idée désa-
vantageuse de notre religion; auiourd'hni,
par les travaux infatigables de cet admira-
ble missicuinaire. an y trouve qufltre églises
po ir les h.iiites cistes, placi-os chacune dans
un (h\s (pialre (piarliorsde la ville. Les mis-
si(U)s du royaume de Maravasel de celui de
Maissour sont sous la dépendan(~e de la
mission de Maduré. Les ouvriers évangéli-
ques. qui cherchent le travail «'t les croix,
trouvent (lans ces deux Klats de quoi satis-
faire pleinement leur zèle, et l(> succès ré-
pond aux fniigu^'s qu'il* wnibrassenl avec
tti
MAC
roiiiMp;!'. I.c P. M/uliii n h/iptisr, d/iiis son
(lisliirl , «Ml imtiiisilc iiiii| iikms, <»ii/.f conls
iiTSMimos, cl le V. Ijiiiic/., (Ijuis Ii- M.inivns,
(^^^s (If <lit luillc, en inoiiis de \\i\\\ mis;
'Mv.'iii^il»' y ''>'l «'iKuii- cluwjiKî jour ll(> IIOIl-
V('«iix |>n)Ki'r.s. ( Lctt. <'ilif., vol. IN , p.
«0.)
I\irmi l«^s missionnaires i|ni «mmciiI la
gidiro (In sKullVir dans lo Mndun'î poiu- la
i-cliKion chit'lit'nm', il laid lanj^cr h-s IM'.
l'ranrois I.vim:/. «'( Siinon CxinAi.iio (»<*//.
leurs' nrticlos) ; puis lo V. Honianl de Saa,
cpii. avant convtMli un riche liahilant, lui
truellèuienl nialUaile. <>ii I"' tiappa avec
tant do l)rutali((\ ([u'ou lui lit sauter une
parlie des dents.
MA(i.\l)()\0, villo d'Afriquo, capitale du
rovaunu' du nuMue nom. où lurent niassa-
criVs les IM». François et Chérubin, tous deux
capucins.
mdALLANKS (lo bienheureux Fiunçois),
Porlui^ais, de la conipa;;;nie d(> Jésus, l'r.isait
itartiodes soivanle-neuf niissionnair(\s (pio
le P. A/(>veilo citait venu recruter à Uoine
pour le llrésil. {Voy. Azkvkdo.) Leur navire
i'iit pris, le 15 juillet 1571, par des corsai-
res calvinistes, (pii les massacrèrent ou h^s
jeii^reul .^ la mer. (Du Jarric, Hisloire des
vhosrs plus vicinorahlcs, t. Il, p. 278; Tau--
iier, Socictas Jcsu nsqne ad xanguinis et vitœ
profusioiuin militans, p. IGO et 170.)
MACiKS (Lr. cukk dks). Ce saint reçut la
palme immortelle du martvre sous le règne
de Hazguerd, roi de Perse. Excité par les
mages et par son premier uiinistre, nonuué
Mdjir-Nerseh, ce prince poursuivait avec
acharnement les chrétiens d'Arménie, et il
en avait confié six à la garde du chef des
ni 'ges en même temps gouverneur du pavs
d'Abar, qui les tenait captifs dans la vifle
fitrte de Ninehabouli, Ces six chrétiens
étaient : Sahag, évèque de Uichdounik ; Jo-
se|)h, |)alriarche de Vaiotz-tzor et du village
Hulotzmanz; Léonce, archiprèlre de Vanauf,
du village d'itcavank; Mou3he, prêtre de
Halpage ; Archen, prêtre de Pakrévant, du
village d'Eléheg ; Kalchatch, diacre du pays
de Richdounik. Le chef des mages voyant
ces saints demeurer fermes dans leur' foi,
les mallraila beaucoup et les fit enfermer
dans un noir et humide cachot où deux ga-
melles de soupe épaisse et une cruche d"e lu
composaient tous leurs aliments. Etonné de
les voir joyeux et bien portants malgié leur
dure captivité, et la grossière nourriture
gu'il leur faisait donner depuis quarante
jours , ce mage-gouverneur vint une nuit
rôder autour du cachot, soupçonnant que
quelqu'un de ses serviteurs portait des ali-
ments aux prisonniers, protégé par les té-
nèbres, Il s'approclia doucement du soupi-
rail de la prison et fut témoin d'un prodige
étrange ; chacun des prisonniers brillait
d'un éclat merveilleux au milieu de l'obscu-
rité de la nuit. 1! fut si épouvanté de ce pro-
dige que bientôt il renonça aux erreurs du
niagisme et se fit inslruiVe de la religion
des chrétiens par ses prisonniers. Hazguerd
venait d'envoyer un des grands de si cour,
MAC m
iKMumé Tem habouli, /diti de ffdrê monrlr !<'î
prc'-lii'"» ronlit'H au rliel' des m/i^i-s. Oiinnd 11
(uiivn pour exé(!uter Ic.h ordres* sa.MKuinniroi
<lu roi, il ne fut \>ns peu éionné de irouvor
le mage assis au milieu des piisoniiiers,
é( oulant leurs discours, ot le» eeicouraKennl
au marlyre. 'l'encliabouli avertit le ri>\ de en
qui se passait. Celui-ti lui d< lendit de punir
piibbipiiniKnil le mage-gouverneur h <:nu.so
du tori qui en résulterait pour la loi <le Zo-
roaslre, mais lui ordonnait d(> reiivo\er se-
crètement en exil, dans un pays lointain, au
nord d(^ Kliorassan, où il reçut la |ialiiii; du
martyre hs 'M) jiiillel '«.'iV.
MAtilN (sailli), fut martyrisé h Tnrrngono,
h luie époipu! et dans des circonstances qui
nous sont enlièicmeiil ineonimes. Il est
inscrit au Martyrologe romain le 25 aoi'it.
MACilNK (saint), martyr, reçut la cou-
ronne du martyre en Afri(pie, avec les saints
Claude, Crispin, Jean, Etienne. Les détails
sur leur martyre inan(iuent. L'Eglise fait
leur fête le 3 décembic.
1\IA(1NE (saint), évêcjue, fut martyrisé h
Anagni durant la persécution (i(î l'empereur
Dèce. Nous n'avons aucun détail sur lui.
L'Eglise fait sa fête le 11) aoi'it.
M.\GNE (saint), diacre et martyr, fut mis
h mort en 258, sous Valérien, avec saint
Sixte, en même temps que les saints dia-
cres Félicissime, Agapet, Janvier, iMagne,
Vincent, Etienne. Ils furent tous décapités.
L'Eylise honore la méinoire de tous ces
sai'Vis le G aoiU.
MACNE (saint), martyr, eut la gloire de
répandre son sang pour la foi à Fossom-
brone, avec les saints Aquilin, démine, Gé-
lase et Donat. Le Martyrologe romain ne
donne point les circonstances de leur mar-
tyre ; il n'indique même pas en quelle an-
née il eut lieu. L'Eglise célèbre leur mé-
moire le k février.
MAGNE (saint), martyr, reçut la couronne
du m:rtyreavec les saints Caste et Maxime.
On n'a aucun détail sur le lieu, la date et
les circonstanues de leur martyre. L'Eglise
fait leur fête le '* septembre.
MAGNE (saint) , évèqi:e et confesseur,
souifrit à Milan pour la défense de la reli-
gion chrétienne. Nous n'avons pas de docu-
ments authenti(}ues relatifs à l'époque et
aux circonstances de son combat. L'Eglise
l'honore comme confesseur le 5 novembre.
MAGNE (saint), reçut la palme du mar-
tyre pour la confession de sa foi et pour la
défense de la religion chrétienne. Nous
ignorons en quel lieu, à quelle époque et
dans quelles circonstances son martyre ar-
riva. L'Eglise fait sa fête le 1" janvier.
MAGNÈCE, préfet, est connu dans les an-
nales des martyrs, comme ayant fait don-
ner la palme tiu martyre au soldat Just.
L'époque précise nous est inconnue.
MAGNÉUIC (saint), évêque et confesseur,
souffrit à Trêves pour la défense de la reli-
gion chrétienne. Les détails authentiques
nous manquent com])létement sur son
compte. L'Eglise honore sa mémoire le
25 juillet.
17
MAJ
MACMMEN, magistral do la ville de
Thib.ire. dans lAfriquo proconsulaire, ayant
reçu los «Slils de PiocitMien qui ordonnaient
au\ clirt^tiens dt> livrer les saintes Ecrilurcs,
fit arrêter saint Fi'lix, évc^que de cette ville,
el lui ordonna d(> lui livrer les saintes Ecii-
tures. Sur le refus persistant de lévôque, il
l'envoya au proconsul de la province à Car-
thai;'^
AI AtiNl'S i'saint\ martyr, h Fondi, dans
la Terre de Labour, sous le règne de Dèci\
mourut en l'an 250. On n'a {)as de docu-
ments certains sur le genre de mort qu'il
soulFril. (Jiieli(ues (écrivains le font rvô pie
de Trani. LFglise fait la fôte de saint Ma-
gnus le 19 août.
-M.VHANfcS (saint), mirtyr en Perse, souf-
frit pour Jfsus-Christ, en .'J.'JO de notre ère,
durant la [ters(^rution que le roi Sapor suscita
contre les cliri^tie-is. Ses Actes lui étant
couuiiuns avec saint Sapor, évèque de Beth-
Niclor , nous renvoyons à l'article de ce
saint. Leur fête a lieu le 30 novembre.
.>L\H.\HIS (saint), martyr, mourut pour la
foi en 327, sous Sapor. (Voy. pour plus de
détails, les actes de saint Jonas et de saint
Baracuise h leurs articles respectifs.)
MAHARSAPOK (saint), martyr, était un
prince persan, iliuslr(î par ses vertus et son
zèle pour la foi chrétienne. Durant la persé-
cution d'Yesdedgerd, il fut arrêté avec Sa-
por et Sabutaca. Il fut applicpu; h une ques-
tion fort cruelle, languit ensuite dans uie
prison infecte, où on lui laissa endurer
toutes les angoisses de la faim. Kamcné de-
vant le juge, il fut condamné à être jeté dans
un« fosse [irofonde el obscure dont on ferma
hcf méliquemcnf l'entrée. Quelques jours
après, les soldats l'ouvrirent el y trouvèrent
le cadavre du saint, h genoux et environné
de lumière. O fut en i21 que saint .Mahar-
sapor consomma son marlvre, sous le règ-ie
de Vararanes, fils d'Yesiledgerd. L'Eglise
honore la mémoire de ce saint martyr le 27
novembre,
MAKiiUN (saint), reçut la couronne des
glorieux combattants de la foi h Nyon. Il
eut pour compagnons de sa gloire les saints
Valérien et (iordien. Nous n'avons pas de
détails sur eux. L'Eglise fait leur fête lo
17 septembre.
.MAISSOCU. partie de l'IIindoustan, oh le
P. Dacuiilia fut maityrisé [tour la foi chré-
tienne en 1711. {Vni/. son article.) Le I».
B('^. lii y fut aussi horriblement tourmenté.
MAJ ELU isainl\ fut au nondu-e des ([la-
rante-huit martyrs mis.'i mnil .ivec s<inl Sa-
turnin en Afiiijue, sous le proconsul Anu-
li'i. en l'an de Jésus-Christ .•{05. sous le rè-
fne (l durant la perse Mition si atio c que
l'if.me Dioch'tien suscita cont e l'Eglise
«lu SeigKMir. (Voi/. Sati iwm.) L'Eglise' fait
la léte de tous c s sanils niaiiyrs le 11 fé-
vrier.
MAIOIUt' 'saint\ mnrtyr, souiïril le mar-
lvre sous le règne de Mum rie. rni des V;m>-
ddes. vers l'an 48'». On lui lit endurer h's
tortures les plus affreuses en |)résence de
"•a mère qui forldiait son courage malgr«5
MAM M
ses propres souffrances, el qui l'aida à mou-
rir sans peur pour sa foi. L'Eglise honore sa
mémoire le (idéeembre.
.M.VJORQl'E ;JE4>- de', de la compagnie do
Jésus, Aragonais, faisait partie des mission-
naires que le bie dieureux Azevedo était
venu recruter à Home nour le Brésil. (Voy.
A/evedo.) Leur navire tut pris, le 15 juillet
1571, par des corsaires calvinistes qui les
massacrèrent ou les jetèrent à la mer. Tel
fut le martyre de notre bienheureux. (Du
Jarric, Hift. des chosex plua wcrnorables, etc.,
t 11, p. 278. Tanner, Socictns Jean ttsque ad
sfinr/uinis et vitœ profitsionem tnililans, p.
IGl) et ITO.)
.MALCH saint), fut martyrisé h Césflrée on
Palestine, sous l'emjiereur Valérien, avec
les saints Prisque et Alexandre. Tous trois
habitaient la campagne, près la ville. Sain-
tement envieux de la glore du martyre, ils
allèri.'nt h Césarée déclarer au gouverneur
qu'ils étaient rhrétiens. Ils furent horrible-
ment te.urme'Héset ensuite livrés aux bétes.
L'Eglise latine fait la fête do saiul Malch le
28 mars. [Voy. Puisque.)
MALCHL'S (saint), martyr à Ephèse, est
fêté |>ar l'Eglise le 27 juillet. Il est l'un des
se|)t Dormants dont saint Grégoire de Tours
nous a donné une histoire. Voy. Dobmants
(les sept».
M.VLDON.VT (le bienheureux Jean), Espa-
gnol, de l'ordre de Saint-Dominique, se ren-
dait l'an IG'JO des îles Philippines dans le
Camboge afin d'y répandre la lumière de
l'Evangile. lors(pril (ut pris avec son com-
jiagnon Alphonse Ximenès, par l'ordre du
roi de Siam el lue en iiaine du christia-
nisme.
.M.\ LINES, ville de Belgique, a vu 1« mar-
tyre de saint Kombaud, fils d'un roi d'Ir-
lande et évêque de Dublin.
M.XLRl'BE (saint , ermite et martyr en
Ecosse, y vivait dans la pratique des plus
grandes austérités. Il fut force de sortir de
son désert à cau^e des incursions des Norwé-
giens. Ayant voulu prêcher l'Evangile h ces
barbares qui désolaii-nt sa patrie, ils le mas-
Sicrèient sous le roi Dirican, vers l'an 10'*0,
dans la province de Mernis. L'Eglise fait sa
fêle le 27 aoiU.
MAM A (sainte\ vierge, subit le martyre
dans l'année 313 de Jésus-Christ, sous le
règne de Sapor dit Longue->'ie. Elle était do
Reth-Seleucie. Sa fêle est inscrite au .Marty-
rologe romain le iO novembre.
MAMAS saint', ordinairemctii apf>elé saint
Mammes, nacpiil d'une famdie obscure. Son
père était un pauvre lierger qui ne lui lé-
gua ni fortune ni titres, rien <le ce que lo
iiioiiile ;i(lmire et convoite. Saint Mamas vi-
vait comme avait vécu son père, du pro-
duit d'un pauvre lraiq>eau qui lui apparte-
nait, ou bien paissant hvs troupeaux d'au-
trui. L'histoire ne nous instruit pas h ce su-
jet. Saint Basile dit qu'il n'avait d'autres ri-
chesses que la nourriture qui lui était néces-
s.iire pour vivre, daulro logement et d'au-
Iro abri que le ciel, le criMix des rochers ou
le feuillage des bois. Saint (Iré-goire dit que
to
MAM
MAX
50
Jcs l)ic,li('S venaient h l'eiivi se l'.iire (niiro
i);ir lui, el 1(1 lumrrissHienl de li m Lut. l'io-
l»(\l)leiiieiil (pie celle ei^(•M|l'^l;lll(•e e^l une de
ces nnmlireiises iKclifes à l'iilde de,si|iie||es
Ins liishirieiis einhellisscMl lo récit. I*()iin|ii(ii
M Mii;is se seidil il noiiii de liiil dr hii lies
pui.siiii'il avait un lioiipeaii (|iii pouvait jiour-
voir A SCS besoins de ce cAlé ?
Saint Manias soullVil le niait vie siiiis Aii-
rt'lie'i, cil 27.'J on "27'i. Il l'nl ancMe ( l déra-
y'\US «prùs iivoir sonlVer! plnsic'irs supplices,
^cs Actes lappoi'tciit ipie ce lut avec joio
qn'il soulViii 1' niait} re, el lit à I)i4'U i'ul-
Irande de sa vi(\
(le In! ?i C.ésaiéo do Tappadoro qu'ont lien
la nioil de sailli Manias. Saiiil ('iié;:,()ire di!
Na/.ianzo dit ti;ni'éinenl (pie de son teni|)s
.saint Mainas était le pasteur de ce te éj.^lise,
c'esl-h-dire (pu; son corps y était, el cpTil y
C'UreliMiaii la piété des peuples parla yinmie
(inanlilé de miracles qu'il y opérait. Saint
Jl;isile dit (pi'oii y recevait heancoun de. gr.\-
ces de la part dn saint, dont l'assistance se
nianifo>tail dans beani'onp de circonstances,
vl noIainnuMil pour la ^uérison des nia'ades,
cl pour la résurrection d'entants nio.'ts(]u'o:i
ninenail h son lomboau , pour cpi'il les ra-
inen.U h la vi(>.
J/li^.;lise fait la féto de saiiil RFanias le 17
août. L'éu,lise cathédrale do La'ii^res jiossède
une partie de ses reliciui-s qu'o'i y ap[)orla
de Constanti'iople , au comunsncenienl du
\u\' siècle. I/éj;liso do Sceaux, près Paris,
en a aussi un i'ragmrnl. On raconte (jne, vers
le milieu du iv' siècle, il arriva une chose
(pii [)eut avoir contribué grandoiue il h la ré-
l)utalion du nom de saint Manias. Julien,
depuis apostat, et Gallus, son frère, étaient
élevés en Cappadoco,près deCésarée.Coiniiie
ils n'avaient à celle épn({uc aucune port aux
allaires de l'Klat, ils s'occupaient souvent à
faire réparer les éf^lisos, h faire orner les tom-
beaux des martyrs. Ils résolurent de cons-
truire une église autour du tombeau de Saint
JMamas. Ils paitagùrent l'ouvrage entte eux,
et lûchaienl de se surjiasser, tant par la prom-
ptitude que par la magnificence. Il arriva
des prodiges, qui furent comme la i)ro,.hé-
tip de ce que devait èlre Julien plus lard.
Car taudis que les travaux de Gallus avan-
çaient, tout ce que Julien avait fait cons-
truire tombait en ruines. Tantôt la ferre re-
jetait les fondemcLls Qu'on avait déjh posés,
tantôt elle ne soull'rait "pas qu'on dépo-s.U une
seule pierre. Sozomène dit que ce '.irodige
était de son temps attesté par beaucoup de
personnes, qui le tenaient de ceux nui l'a-
vaient vu. Nous n'hésitons ras à voir dans
cette manifestation de la puissance divine
une pro[)hétie de l'apostasie de Julien, mais
nous n'irons pas jusqu'à trouver étonnant
que Dieu eût du discernement dans cette
circonstance. Un auteur estimable, que nous
ne voulons pas nommer, a écrit, en parlant
de ce miracle, cette phrase «lue nous avons
peine à comprendre : Mais Dieu fit paraître
en cette rencontre un discernement éton-
KANT.
MAMLACHA (sainte), vierge, endura le
iiiarlvrc iionr l.i cuiifesMou de sa foi, en l'an
• l'i.'J lie Jesus-dlirist, sous lo rè^ne do Sapor
dit I.o i;^n«'-Vie. l'ille était oi iKinairr- 1|.' Ildli-
<ieriiiai. S,i l'.ie est inscrite au Marlyiolu^ij
l'oni/iio le '.)•) novembre.
MA Ml'. I, 'ri-; is;uiilij, martyre, était oii;^i •
iiaiic de l'(is(!. yVyaiiv reiiom é au culte d. .s
idoles pour enibinsser la foi < lirétieUMO, sui-
vant raverlisseiiie;it (pi'elle (vi avnit jecii
d ni ange, elle l'ut lapidée par les paiiMi.s el
jelée dans un lac prolond. O.i trouve son
nom insci'it au Martyrologe njinain le 17 oc-
lobr(,'.
MA.MII.I.II.:N ( aint), reçut la palme des
roinageiix combattants delà foi à 'itonie. On
ignore h (pn'r(! < ixnpie et dans cpielles cir-
conslaiices. I/Kglise fait sa fêle Ic' 12 mars.
A/ANA(1I'^ élail piésidinil à Triisle, sous
lerèg'ie de rempincur Dioclétien. Il lit niel-
Ire h mort saint Just, qui ne voulait point
sacrifier aux idoles.
MANCOS (sainti, soulïrit le martyre h Evo-
ra, en Portugal. Nous ne [)Ossédons aucun
détail relatif h ses combats. L'Eglise l'ho-
nore comme martvr le l;i mai.
MANi)ALE (sainlj, reçut la couronne du
martyre h Homo, sur la voie Aurélie me,
ave:; les saints Kasilide, Tripode (!t vingt
autres. Ce fut sous l'empire d'Aurélim
<pj'eut lion bur glorieux sacrilice, en l'an-
née 273 ou -llï. Les Actes de ces saints ne
sont pas de nature h inspirer une grande
coiiliance. Pierre de Natal ibus et Moml)iiiius
nous en ont donné de fort dilférents : ceux
de Pierre de Nataiibus, surtout, sont pleins
de léçits fabuleux, ce qui n'empôche pas
BaronUis n'y renvoyer ses lecteurs. On v re-
marque, et le Mai lyi-ologe romain les a\sui-
vis. qu'Us souiiVirent sous un préfet de Rome
nommé Platon : ce Platon n'est pas dans la
liste de Uucoherius. L'Eglise fuit la fêle de
ces sai'Us le 10 juin.
MANDEVILLE (lînRXARD de), né h Dort,
en Ho laniie, en 1G71, y étudia la médecine,
reçut le degré de docteur, ])assa à Londres,
s'y fr;a , cl y exerça son art de médecin.
Voulant, par vanité, se faire un nom, il com-
posa plusieurs ouvrages on vers el en prose.
Parmi ces demi, rs, deux surtout peuvent
être regarùés comme philosophiipies , ses
Pensées libres sur la religion et sur le bonheur
de la nation, 1 vol. in-12, et La fable des
aùeil-'es, ou Les vices prives font la prospérité
publique, qui a élé liT.duit en français, 4 vol.
in- 8".
Dans le dernier, l'auteur paraît avoir eu
pou' but de détruire tout.- moralité ; il y dé-
peint les sujets d'un Etat simsla ligure d'a-
eilles qui habitaient ensemble une ruche et
avaient les mœuj-s des sociétés humaines ;
chaque portion do cette grande réunion du
peuple ailé était livrée au vice : cependant,
la ruche allait bien, tout y prospérait. 11 ar-
riva que des abeilles fourbies et hypocrites se
flaignirenl de l'iniquité oui régnait parmi el-
les ; elles invoquèrent la probité. Jupiter les
exauça et purgea la ruthe <is tout désordre ;
alors la paix el l'abondance y régnèrent,
mais les arts se retirèrent. Les abeilles fu-
î
V
SI
MA^(
MAR
5î
ronl attaq'it'f's, se défendirent, triomphèrent,
non sans perdre beaucoup de roml mitants :
leur nombre alla en diminuant. Celles qui
restaient se cachèrent dans un trou d'arbre,
pour y jouir sans crainte du secret bonheur
que donne la vertu.
Telle est l'image de ce qui arriverait h une
nation (^ui bannirait de son sein tous les vi-
ces ; il n'y aurait plus d'administrateurs,
plus de tritjunau\ ni de mai;istrats. plus d'ar-
mée ni de force publique (juelconcjue , plus
de luxe, de faste, ni d'excès en aucun genre ;
par consé(iuenl plus auiun de o-s arts in-
nombrables, destinés à fo\irnir aux jouis-
sances des Ames corrom[>ues. Que devien-
draient alors ceux qui vivent honorablement
des emplois créés [)Our contenir ou satisfaire
les vices ? Ils seraient réduits h mourir de
faim ; la monotonie de la vertu rendrait la
nation probe semblable aux abeilles retirées
dans un trou.
L'idée de vertu est venue, selon Mande-
ville, des législateurs, qui, voulant organi-
ser les sociétés telles qu'elles sont, ont es-
sayé de persuader aux hommes qu'il valait
mieux soumettre ses penchants que de les
suivre. Là-dessus, ils ont établi arbitraire-
ment une distinction entre des actions (ju'ils
ont appelées bonnes et d'autres qu'ils ont
appelées mauvaises. La vanité doit être re-
gardée comme le premier principe de la
Vertu : car tous les hommes agissent par va-
nité, et plus ils sont vertueux, plus la va-
nité chez eux est raffinée.
Les notions de bien et de mal sont donc
le fiuit de l'éducation. La morale naturelle,
pour les individus, consiste en ce qu'ils rè-
glent leurs penchants de manière h obtenir
la plus grande sommede bonheur possible et
de l)onheur sensuel, bien entendu. La source
de ce bonheur se trouve <lans l'existence
du mal physique et du mal moral ; car
sans l'existence de ce double mal, il n'y au-
rait ni médecins, ni avocats, ni juges, ni
militaires, ni arts, ni fabri»pies, etc.
Il est aisé de voir combien ce système pa-
radoxal, renouvelé en partie de nos jours
•par les Saint-Simoniens, est subversif de la
religion, du bon ordre et de la morale en-
tière (Bouvier, Hist. de la philos., t. Il,
p. 207 .
MANKS, chef des buccellariens, soldats
préposés aux exécutions, fut, h Coiislanli-
nople, un des plus ardents ministres des
perséeiiiions (pie Constantin Copronyme, Ui-
rieiix iconoclaste, lit endurer aux catholi-
ques.
.>LVNNKE sainte^ souiïrit le martyre h
Tomes, dnns le Pont, avec le Tribun M.iriel-
lin son époux et leurs enfants Jean, Sérapion
et Pii-rie. Noms n'avons .iucud «h'-lail sur eux.
L'Eglise lait leur fête If 'il aoiU.
•MANS ou M*iMi saint . évcVpie et marlyr
rn FIcossc, viv.iit sous h» règne d(> Diinea'i.
l'ne armée de Norvégiens, conimandt'e par
le roi Hacon, étant venue ravager les Iles
Orcades. re saint évèque essaya de maîtri-
ser leur fureur. Comme ils le menaçaient do
le faire mourir, il répondit courng' u«îemenl
Gu'il était prêt h donner sa vie pour la cause
Ue Dieu et de son troupeau, mais que de la
part du Seigneur il leur défendait de maltrai-
ter son peuple. On lui coupa aussitôt la tôto.
Son martyre arriva en llO't, et l'Eglise ho-
nore sa mémoire le 16 avril.
MANS, chef-lieu de la Sarthe. Plusieurs
auteurs ont fait saint Julien, premier évoque
de cette ville, martyr : c'est une erreur qui
vient de la confusion qu'ils établissent entre
lui et un autre Julien, inscrit au Martyrologe
le 27 janvier comme le saint évèqiie.
MANSUET s'iint), évoque et martyr, souf-
frit la mort en .\fri(|ue avec l'évèqùe Papi-
nien. Ils soullrirent durant la persécution des
Vandales, sous Genséric. roi arien. On leur
brûla le corps avec des lames de fer ardent.
L'Eglise fait leur mémoire le 28 novembre.
MANSUET (saint , martyr, mourut à
Alexandrie pour la foi, avec les saints Sé-
vère, Appien, Donat, Honorius, et d'autres
martyrs dont les noms ne nous sont pas par-
venus. On ignore l'époque à laquelle eut lieu
leur martyre. L'FIglise, qui les a mis au
nombre de ses saints, honore leur mémoire
le 30 décembre.
MANSUET (saint), évêque et confesseur,
souiïrit de grandes tortures à Milan, pour la
défense et l'honneur de la religion de Jésus-
Christ. Les dé ails nous manquent sur son
compte. II est inscrit au Martyrologe romain
le 19 février.
MANUEL fsaint), souffrit le martyre à
Chaleédoine avec ses compagnons Isniaël et
Sabel. Etant venus vers Julien l'Apostat en
nualilé d'ambassadeurs du roi de Perse, afin
de conclure la paix avec lui, cet empereur
voulut les contraindre de vénérer les idoles,
et sur le refus généreux qu'ils on tirent, on
les lit périr par le glaive. L'Eglise fait leur
immortelle mémoire le 17 juin.
MAPPAMQUE (saHit\ eut le bonheur de
cueillir la palme du martyre à Carthage, sous
le règne de l'emjiereur Dèce, en l'année 250.
Saint Cyprien tait mention de lui dans sa
lettre aux martyrs et aux confesseurs. Ce
saint évèipie le loue de la fermeté avec
laquelle il refusa des billets de réconciliation
et d'indulgence h ceux qui étaient tombés.
Il se Itorna à demander dans une lettre qu'on
accordAt cette faveur h sa mère et à sa sœur,
\\ (pii ce malheur était arrivé. L'Eglise do
Cartilage était alors attristée de la facilité
avec laquelle les martyrs et les confesseurs
ilo'inaieiil dos liillets de réconciliation aux
tonihe's. La veille de sa mort , il annonça au
proconsul que le lendcMuain il aurait le plaisir
d un nouveau combat , et d'un comb.it do
Dieu. Il tint paroln, le lendemain il combattit
et il vainquit, en mourant dans les tourments
dt> la ipiesiion. L'Eglise célèbre sa AMe le 17
avril.avecc(<lleileses tHtmbreuxcompagnons.
MAI'HII, sainte reçut la couronne du
martyre à Porto, a^iw les saints Martial,
Saturnin, l'pii'.èîe, Félix et leurs compa-
çnoiis, dont les noms sont ignorés. L'Eglise
fait leur fête le 22 aoiU.
MAltACAPANA le raciqno de), fit. en
1520, mouiir Denis, fK're lai do l'ordre de.s
RX
MAI\
M A II
S4
I
Frnncisoniiis ; voici dniis qiiolltv^ rircon^-
tnnns. AKoiiso de Ojt'ila , s'rl/ml n-iidii h
Cumaiia pour la p(^(lic ii<'s |H'tl("s, lil venir
h son boni plusiciirs des ludtilaiil.s dn pav-s,
qu'il oinincna duns un nuire, pi»ur les y
vendra connue esclaves. IMus lard , (Manl
(h^scendii /i (erre, il y lut Im'- pai- \i>i caciipuî
(le Maracapana. Tons les lùnopéens de la
cunli'ée, soupeonncVs d'avoi)' (renipé dans la
trainson de cet ollicier, Cureiil ol)lii;;(''s de s»
relirer h Ilaili. Il ne; resta (pu- Denis, (|ui
xMidaut six jours fui cacin'', mais ipii au
tout d(M'ci temps, poussé par l.i faim, lut
()hlii;é de se livrer auv nalurels. (leu\-(i l(;
frapp(''rent si rudement, (pi'ils lui lirent sau-
ter la cervelle. Non coulent di; cette ven-
R(NUico, le caciipu' invila ceux de Cdiirihiidii
h se d(Mair(» d(^ leur cùl(^ des religieux (pii
liahitai(Mil au milieu d'eux le couvent d(i
Saiute-l'"oi. ('.'{Haienl des domiiucains. Les
deux religieux de Sainte-Foi ii^Mioraient
l'événenuMit (pu* nous venons de (lir(î, hieii
qu'il se lilt |)assé A (|uel(juos lieues seule-
ment de chez eux. Cétait le saint jour du
dimanche. L'un d'eux n'était pas piètre. 11
venait de recevoir l'absolution pourconnnu-
nier, l'autre ét.iit sur le point d'otl'rir le
saint sacrilice : les naturels arrivèrent connue
des forcenés, égorgèrent les deux religieux,
mirent le l'eu au couvent et brisèrent les
cloches, les images, les croix, un christ, et
jetèrent les débris do ces choses saintes sur
les chemins des environs. Ils coupèrent les
arbres plantés par les européens, voulant
ainsi ellacer jus(iu"Ji la dernière trace de leur
séjour au milieu d'eux. Bien des lois, dans
l'histoire américaine, on trouve de tels évé-
nements : la cupidité, la cruauté des vain-
queurs, éloignaient les indigènes de la reli-
gion qu'on leur prêchait, et les poussaient à
de terribles représailles.
MAUC (saint), évangéliste, apôtre de l'E-
gvpte et martyr, était Juif. Ses Actes, qui
paraissent anciens, quoiqu'ils ne soient {)as
originaux , disent qu'il était du pays de
Cyrène dans la province de Libye appelée
Pentapolis ou Cyrénaïque. Bède dit encore
au'on tenait qu'il était de la race sacerdotale
'Aaron, et cela se trouve dans un ouvrage
qui porte le nom de saint Jérôme, quoiqu'il
ne soit pas de lui; quelques anciens ont dit
(fu'il était du nombre des soixante-dix disci-
ples de Jésus-Christ. Néanmoins la tradition
la plus commune et la mieux autorisée est
u'il a été converti après la résurrection de
ésus-Christ par la prédication des a{)ôtres.
Beaucoup de Pères ont dit qu'il était disci-
ple et inter|)rète de saint Pierre, et f[ue c'est
e môme Marc que cet apôtre appelle son fils
dans sa première épître. Les auteurs ne sont
pas d'accord sur le titre d'interprète ; les
uns entendent par là que notre saint évan-
géliste écrivait en style correct les épîtres de
l'apôtre, les autres prétendent que cette fonc-
tion consistait à rendre en grec ou en latin
ce que saint Pierre prêchait dans sa langue
maternelle. Saint Marc composa son Evan-
jgilc à la sollicitation des chia'^iens de Home,
et saint Pierre, qui ap[irouva cet ouvrage, le
l
l
lUit en usage dans l'I-iglise. On (ir«<lefid avoir
anptuid'lnii h Venisi; l'original de ci | r;v,in-
gili', CI lit de 1,1 pKipre main de saint Mate.
(Juihpn-s modei IIC5I assurent (pie saint iMirrro
envoya notn- saiiil prèelwc rKvnn^^ilc ii A<pii-
lée ; (pie, rliir.inl un léjoiir d,. deux ans et
demi, il convertit un Kiand tioiiibre de per-
sonnes et fonda cette I';;.;lis(. (pii devint iino
des plus (('-lèlires (h; l'Oecidiiit. Ce fut en
raiiiiée lt\), d'après les historiens d'I-lgypti?,
(pie saint Mare alla prêcher rKvan^-iJr (l.ins
I l'igvpte, dans la TlK-haide et dans la Ld)VO
(lyrénaupie. Il (h'sceiidit h Cyrène, y lit (pj;,n-
tité de miracles cl convertit iin graiid iKjinliro
d'habilaiils. Api'ès avoir consaeié environ
dou/.(; afis h évatigéliser la Marmariipie et
rAinmonia(me (en Libye), il eut une vision
dans huiuelle Ditiii lui ordonnait d'aller ré-
pandre la foi dans la ville d'Alexandrie , la
i)r<'mière de l'empire après Homo. Il prit
donc congé de ses disciples, et arriva au
terme (h; son voyage, la 7* année du règno
de Néron, après deux jours de traversée.
On rapporte qu'étant entré dans la ville
pnr le (juarlier appelé Bennide, son soulier
vint à se rompre; il le porta aussitôt à un
savetier nommé Annien , qui s'étant blessé
la main nvcr. son alêne, s'écria de douleur :
« Ah! mon Dieu!... » Saint Marc, rempli de
joie en entendant cette exclamalion, |,ar la-
quelle l'idolAtre reconnaissait malgré lui un*
seul Dieu, fit un peu de bouc avec sa salive,
l'appliqua sur la plaie qui giiérit h l'instant.
Annien, touché de ce miracle, le for(;a d'en-
trer chez lui et prendre un peu de nourriture,
après quoi il se fit baptiser ainsi que touto
sa maison. Tel serait, si l'on on croit les
historiens d'assez médiocre autorité qui ra-
content cet incident, le commencement de
la religion chrétienne à Alexandrie. En peu
de temps, le nombre des chrétiens se multi-
plia d'une manière étonnante; le nombre en
était si grand, que toute la ville se souleva
contre ce Caliléen qui venait détrôner les
dieux de l'empire. Forcé de s'enfuir, saint
Marc élut Annien ou Ananie, pour le rem-
placer en qualité d'évêque; il ordonna éga-
lement trois prêtres, nommés Mélie, Sabin
et Cerdon; sept diacres et onze autres per-
sonnes qui devaient servir de ministres ,
après quoi il retourna dans la Pentapole afin
d'échapper aux poursuites des païens. Après
y avoir séjourné deux ans , il retourna à
Alexandrie d;int il trouva la nouvelle chré-
tienté en très-bon état. Il ne tarda pas à se
rendre à Rome où il fut témoin du martyre
de saint Pierre et de saint Paul, et d'oii il se
rendit de nouveau à Alexandrie. Ce fut alors
quelles [)aïens, devenus furieux des miracles
qu'il faisait et des railleries sanglantes dont
les chrétiens accablaient leurs idoles, réso-
lurent de s'emparer de lui, criant que c'était
un magicien. Un jour qu'ils otlraient un sa-
crifice à leur idole Sérapis, plusieurs d'entre
eux , chargés de le chercher, le trouvèrent
disant la messe. On croit que c'était le 24
avril de l'année 68.
Ici, nous laisserons parler Tillemont lui-
même : « Ils se saisirent de lui, lui mirent
3S
M.VR
M\I\
SO
tmo corde nu cou rt le traîneront on criant
qu'il f.ill.iit mener ce buflle h Biicoles. qui
était un lieu prôs de la mer jilein de rorli s
et de |)r»''ripie«'5, deslint'* apinremment pour
nourrir les bœufs. Durp.nl qu'on le traînait
ai'isi depuis It» matin jusqu au soir, et que
l'on couvrait la tene et les pierres de son
sang et des morceaux de chair qui s'arra-
chaient de son corps, il h^nis-^ait Dieu et lui
rentlait pnkes de ce qu'il lavnit ju;.^é digie
de soullrir pour son sainl nom. Quand le
soir fut venu, ils le mirent dans u le prison
en att- ndait qu'ds eussent résolu comment
ils le feraient mourir.
«t Dieu le consola la nuit pir deux visions
aue Bède a crues di,j;nes d'être marquées
ans 50-1 Marivrologe. Il lui ( nvoya d'ahoid
un ani^e qui, en faisant trembler la terre,
vint l'assurer que son nom était écrit dans
le livre de vie. lit lorsque le saint remerciait
Dieu de celle faveur et le priait de ne le
point priver de sa grâce , Jésus-Christ lui
apparut en la même forme (ju'il avait eue sur
la terre et lui donna la pa x. Le lendemain ,
dès le malin, les infidèles le tirèrent de la
prison et le traînèrent comme le jour précé-
dent jusqu'à ce qu'enfin il c ndil son âme à
Dieu et consomma son martyre le 25' jour
d'avril, auquel les Eg'ises grecque et la-
tine , aussi bien que les Egyptiens cl les
Syriens, célèbrent aujourd'hui sa lète. Les
païens ne se conlenlant jtas de lui avoir ùlé
la vie, brillèrent son cor|>s dans un lieu ap-
pelé les Messagers ou les Anges, l'ayant
traîné de Bucoles jusqu'en col endri)il. Mais
un grand orage qui survint les ayant obligés
de se retirer, les chrétiens ramassèrent ce
ui restait de son corp-;, le portèrent au lieu
e Bucoles où ils avaient aecoutumé de s'as-
sembler [)0ur prier, et l'entt rrèrenl en cet
endroit du cùtéde l'Orienl, en un lieu creusé
dans le roc, près d'une vallée où il y avait
>lusieurs tombeaux. Il est maniué qu'ils
'enterrèrent avec les cérémonies du |)ays en
y joignant la prière. » (lillcmont, tome II,
page !I6.)
S'il faut en croire les Actes do saint Pierre
d'Alexandrie, ils disent d'une manière posi-
tive rpie Bucoles fut le lieu du martyre de
noire saint , et rpi'eii .'{10, il y avail rni cet
endroit une église et un cimetière de Saint-
Marc Ils disfiit encore que saint Pie re
soud'rit le martyre en ce licni, et (piavanl de
mourir, il obtint des bourrcviux la liberté de
f«ire sa prière au tombenu de sa ni Marc;
nous vfiyons aussi (pi'au m* siècle , l'Kgliso
d'Alexandrie conservait encore le manteau
ou pnllinm de saint Marc, et (pio le nouvel
rvéque ne pouvait légitimement prendre
possession de son trône rpi'après avf)ir ro-
▼^lu ce manteau. La fêle de ce saint Fvan-
j^élisle se fut. roinine nous lavons dit, dans
toute l'Kglise le -i.'i d'avril. Le.s (Irecs font
enrore une mémoire parîiculière de cet
apôtre (comme ils rajij)elleiit) le tt janvier.
Au dire des Egyptiens, son épisropat dîna
sept ans, depuis l'année l".0 ou 01 qu'il vint
li Alexandriejiis |n'?i sa mort. Nict'-phore n'en
a
1
rompt»; que deux et attribue le reste à
Annien.
n Le corps de saintMarc.ditTiIIemonl(t.II,
p. 9S), était encore révéré h Alexandrie au
vin' siècle, quoique la ville fill alors sons
Il domi iition des malioméla-is. 11 y était
enterré dans un lombi-au de marbre devant
l'autel dune église qu'on trouvait à droite
en entrant dans la vill ,■ du rôle de la terre ,
hors de la porte orien'ale. Il y avait là un
moi a>lère (pii subs stail cnco-.e avec l'église
en 870. On préteml ipie vers l'an 815 sous
l'empire de Léon r.\rménien , le corjis du
saint en fut ôié et transporté à Venise. Nous
sommes contraint d'avouer que r»ous n'avons
point d histoire de cette iranslaiion qui nous
en apprenne aucune particularité qu'on
finisse regarder comme certaine. Mais pour
e fond, Bernard, moine français, (}ui lit lo
voyage d'Orient en l'an 870, nous as>ure que
le corps de saint .Marc n'était plus à Alexan-
drie, parce que les Vénitiens l'avaient enlevé
à celui rpii en avail la garde et l'avaient [lorté
dans leur île. Les Vénitiens croient l'avoir
encore aujourflbui dans'la superbe cha[)elle
de leurs ducs ipii porte le nom de saint
Mf:rc. Il parait (ju'on ne sait pas précisément
en quel endroit il est. Il est certain que dans
le MX' siècle, le duc et les procurateurs n- la
ré|»ubli<]ue prétendaient le savoir seuls et en
faisaient un secret aux autres. Celte répu-
lilique a pris saint Marc pour son |tatron, et
elle fait la mémoire de sa translation le 31
janvier. Cette tradition de l'Eglise de Venise
n'em[)èche pas ([uon ne [irétende avoir en
d'autres endroiis divi'rses reluiues de saint
Marc, ou môme le corps entier. »
MAIU: fsninP. d'Alin ivilie du LatiunV,
fut le premier évècpie de la ville d'Alm. Il
fut martyrisé le 28 avril %, sous l'empire et
durant la perséiulion de Domilien. Après
avoir prêché l'Evangile dans la Campanie, il
fut tué par les paysans qui lui enfoncèrent
deux clous dans la lète. Barouius a nus sa
fêle dans le Martyrologe romain au jour do
sa mort.
On construisit à Afin une église sur le lieu
où re|>osait son corps; au bout de quejtpies
années cette église fut complètement ruuiée
et détruite, de sorte ((u'on ne savait plus où
reposait le corps du saint. Ce fut le samedi
17 juillet lOo.'l qu'on le retrouva, sous lépis-
copal d' Léon, ('-vèipie d'.Min. Il fut déposé
dans l'église calln-drale de la Sainte-Vierge ,
jusquà ce (ju'il fut replacé par l'évèque dans
un»> c<l'so l)AI?e SUIS «on invocation.
MABC (saint), diacre de l'Eglise de ïrieste,
soiillril le martyre dans ceîte ville avec saint
Prime, prêtre, (le :\\t sous l'enq^ire d'Adrien
(pieiiî lieu leur tr.omphe, 1- 10 mai, jour
ampiel l'Eglise célèbre ieur fêle.
MABC , sainte martvr, fi.t mis à mort îi
Borne avec saint Timollu-e, sous l'innpire n«»
Marc-.Vurèle. L'Eglise fait sa fêle le"2i mars,
(hi manfpii' absolument de docnnn-nls his-
toriqiiis .uilheuliqucs sur son compte.
M.VBC (saintl, martyr, domia .•■a vie pour
la foi sous l'empire et durant la persécution
de Claude II, <lil h^ Ciolhiipie, avec les saints
57
M\U
M\n
TA
TIh'ixIoso. Piorrc, I.nrms t-r f(iinrnnl('-siT
niilnvs sn|(|/ils. (iiic le lyniii lil (lri;;i|iili'i- ;uis^
}«ilAl .iiinVs i|iio lo |).'i|><' It's cul li.'i|)lis(S. Ils
lurent (tMl(>ir<Vs sur la voie S;il;iri,i, iivcr plii-
siinis niilrcs m.irlyr'i , ;iii iminhrc de ce il
vin;;;!. l/l'^iAli**'' lu)nort^ hnir iiM'iMi()ir(.î lo 25
ocliihi-c.
MMU; et MAlUll'.I.Ml'lN (saints), ('lair-il
dciii ({■('Vi's jimicaiix, Mis do 'rrani|tiilliii cl
i\v Marcic. Ils ri ii(>;il cxccssivciiH-iil liclics.
Ils ('laiciil iiiaiM's t'I avaiciil des cidails. Sous
C/iri'i en '2S'i, ils riir(vil jirnMrs pour la Un ,
cnr ils rtaiciil (•lir(''li('Ms drs Inii' fciiiicssc,
quoi(|iio leur prie cl Unir mci'c iiisscil cii-
coro païnns. I.cs Aclcs do sninl Sebastien
(|iii rapportent ec lait n'cxplitpicnl pas coni-
nicnl cela s(> |)ul l'aire. Ils .Mouli'hl tpic 1 's
enfants de Marc eldc; Marcolûen (^lair:»! v\\\-
nw^nies païens : ce di-rnier lail paraît a^.^e/.
peu probable : conuuenl ces deux saints au-
raienl-ils pu soulVrir, eux convertis au eliris-
lianisiue, (pi'on él(M'Al leurs enfants dans les
ti^iiùbres dn pa;-;ani>nio? Ils bircvit conduits
en prison, et Cin-oniaco, préfet de Rome, les
condamna h Alit> décapitiVs. F.eurs i)arents
obtinre 11 un délai do trente jours pour Texé-
cuiion de la sentence, cspéianl les détermi-
ner à abjurer leur religion. On les condu sit
dans la maison de Nicostrale, |)remicr };rci1ier
de la préfecture. Là, 'lYanrpjilIin, Marcio,
leur pérc et leur mère, puis leurs femmes
et leurs enfants, vinrent les trouver e: essayè-
rent pour les vaincre tout ce que les larmes,
les su[>p ications ont de puissance. Mais
eux-mêmes furent co iveriis à Jésus-Clu'ist,
et leur conversion fut due en partie h saint
Sébastien, oilicier de la maiîOn de l'emne-
reur. Ce saint oilicier venait tous les jours
visiter les saints dans leur prison. Chromace
lui-même fut miraculeusement converti, mit
les saints en liberté, puis se retira à la cam-
pagne après avoir doimé sa démission. Ce
fut un nommé Castule , chef des éluves au
palais de l'empereur, qui cacha chez \i les
deux, saints; ils y restèrent fort loni;temps;
mais enlln ils furent trahis par Torquat qui
récemment avait apostasie. On se saisit
d'eux, et Fabien, successeur de Chromace,
les lil garrotter à un poteau sur lequel on leur
fixa les pieJs avec des clous. Ils furent un
jour et une nuit dans cette position doulou-
reuse, et le lendemain on les perça à coups
de lance. Leur séjiulture eut lieu dans VAre-
narium, à deux milles de Home. Ce lieu fut
de()uis un cimetière , lacé sous leur invoca-
tion. L'Eglise fait leur fôle le 18 juin. (Voy.
SÉIIASTIEN.)
MARC (saint), martyr en Egvpte, dans la
Thébaïde , mourut pour la loi en l'an do
Jésus-Christ 304., avec son frère saint Mar-
cien. Il périt avec eux une grande muliitudo
de chréjens. Eusèbe donne le détail des
tortures qu'on leur faisait endurer. Les
fouets, les ongles de fer, le feu, k-s noyades,
tout ce que la cruauté des nersécuteurs in-
venta pourtourmenterles chrétiensélait em-
ployé contre ces généreux soldats de Jésus-
Christ. L'Eglise célèbre leur fête le 4 octobre.
MARC (saint), berger, exerçait cette pro-
fession Iranfpiilli' <laiis 1rs efivirons rl'An-
tioclu; de l'isidic. Il faisait de nombreux
luir/iclns, ciw en ri'compense d(! son éniinente
pii'h'', Dieu lui avait acc<)idé colle puis'-aiice
SI conuuune aux sanils de la prinntivc l-!^| so
et si rare de nos jours, il ( onverlil h la reli-
gion clut'lienne un urand nombre de soldits,
l'insloire ilii Inndc.ipii, .ly.inl étééinervinllés
des prodij;,es (piil accomplissiiii, se déclar/i-
leiil cbréliens cl furent lu/irl \ lise-, en dill'é-
rciils lieux poiu- la loi. Saint Marc lui-mêmo
cufullil la glmieuso couronne du niartvrfj
dans la vide d'Anlioche avec ses trnis fièi es,
Ali'xandr(î, Alpin; et /o/.inu", et les «-ainls
Nicon, Néon et llidiodore. L'ICglise fait leur
fêle le 2S septembre.
MARC isaintj, martyr, e\it la gloire d«
soullVir pour la loi, h Nicéecn Rilliynie, avec
les saints 'l'iirnisétas et Horre/, son (ils, h'S
.saintes Arabie , Nympli(jdora et Tliéodora.
L(! Martyr(doge romain ne marque [loint h
quelle ép0(pui eul li(ni leur martyre. Ils
furent .'ous livrés ii des brasiers ardents.
I-/Eglise honore la mémou-e de ces saints
niar yrs le l.'J mars.
!\L\RC (sainlj, fut martyrisé on Afri({ue
dans des circonsiances que io Martyrologe
nuiiain ne marqi'o point. Il eut p mr com-
pagnons (le sa gioiic les saints Rufin et Va-
lero. C'est le 10 novembre que l'Eglise fait
leur mémoire.
MARC (saint), fut marîyrisé à Sorrento
avec les saints Quinctus, Quinctille et neuf
autres qui sont inconnus. Ils sont inscrits au
Martyrologe romain le 19 mars.
MARC (saint), fut décapité pour la foi de
Jésus-Chr.st avec saint Mucion. Un jeune
enfant les ayant avertis tout haut do ne pas
sacrilier aux idoles, on le fit fouetter ; et
comme il ne sistait de plus en plus à confes-
ser Jésus-Chiist , il fut massacré avec un
chrétien nommé Paul qui exhortait les mar-
tyrs également. Ils sont inscrits au Mar-
tyrol(»ge romain le 3 juill t.
MARC (saint), fut couronné avec saint Ro-
bustien; on ignore à quelle époque et dans
quelles circonstances. L'Eglise honore leur
mémoire le 31 août.
MARC (saint), fut martyrisé en Egypte
vers l'année 30'i- ou 305, avec saint Marcien,
que les anciens Martyrologes disent être son
pèie. Ces courageux combattants de la foi
eurent d'autres compagnons encore que nous
ne connaissons pas. L'iigiise fait leur fête le
k octobre.
MARC (saint), martyr, répandit son sang
pour Jésus-Christ en Afrique avec les saints
Faustin, Lucius, Caniiide, Celien, Janvier et
Fortunat. (Ko//, l'article Faustin pour ren-
seignements plus explicites.)
MARC (saint), soulfrit le martyreà Antioche
de Pisidie. Il eut pour compagnon de sa
gloire saint Etienne. Nous n'avons aucun dé-
tail sur la date el lesditférentes circonsances
ûr leur combat. Nous savons seulement qu'il
arriva durant la persécution de Dioclétien.
L'Eglise fait leur mémoire le 22 novembre.
MARC CVRLVCOPULE, Cretois, soulfrit
la mort pour la foi chrétienne le 6 juin 163i
st M.vn
Jeune enporo , et ne pouvant supporter les
mauvais Iraitonif'nls »le son père, il se renJ
à Sniyrne. Agé de !(> ans, et y embrasse le
mahomélisme à la grande joie des Turcs.
Deux ans .Tpr»''s, il rentre en lui-ni»'yme , re-
tourne en 0«'te, y passe deux antros années
dans les prières, les jeûnes et les larmes :
non content de ces pénitences, il revient h
Sniyrne en liabit de chrétien. In marchand
de sa connaissance le rencontre, lui demande
ce qu'il vient faire, s'il ne sait pas la peine
de mort qu'il l'attend; il l'oxliorle h s'enfuir
au plus vile et lui en oll're les moyens. Le
jeinie hon)me le remercie, lui racconte son
nisloire, ajoutant (pi'il vient donner sa vie
pour celui qu'il a eu la faiblesse de renier.
Aussit»')t, il entre dans une églis<\ y passe la
nuit en prières, se confesse avec larmes,
reçoit la communion, puis, soiti de là, dis-
tribue au\ pauvres l'argent (pii lui reste.
A un Turc qui le connaît fort l)ien , il ra-
conte ce qui lui est arrivé ; l'autre par
compassion s'elTorce do le ramener au ma-
homélisme. mais vainement. D'autres Turcs
surviennent qui le mènent au cadi. Les ex-
hortations ayant échoué, le juge lui fait ap-
Eliquer cent cinquante coups de nerf de
œuf sur les pieds et sur le ventre, puis jeter
en prison où il n'ap[»araîl plus aucune trace
de ses plaies. Il y passe six jours , privé à
peu près de toute nourriture; les Turcs le
visitent continuellement , pour le gagner à
force de promesses. Comme il demeure iné-
branlable, le juge le condatnne h avoir la tète
tranchée : le bourreau , par maladresse ou
cruauté , la lui hache en lambeaux plutôt
qu'il ne la lui coupe. Les chrétiens rachè-
tent son cor|)s pour une très-grande somme
et lui donnent une sépulture honorable.
(Rohrbacher, Ilist. univrr. de l'F.ql. cathol.,
citant, t. XXV, p. SS.'i, Léo Allatius, n" 12.)
MARC, abonna d'Abyssinie, est un des
plus abominables parmf cos. Judas qui dans
tous les tem[)S ont été la honte de l'Iunua-
nilé. Il était, quoi(|ue attaché à la religion
d'Alexandrie, ami du P. Agalhonge, supérieur
des Capucins d'Egypte, avec lequel il avait
eu plusieurs conférences dans lesipielles il
ne s'était pas montri" fort éloigné de revenir
à l'unité. Le P. Agallionge ayant ap[)ris ['('tat
malheureux de r.Mtyssinie, violemment per-
sécutée dejtuis l().l2 par Rasilides , lils et
.successeur du N 'gous Mi-lec-Segued , vint
trouver le palriarcte d'Alexandrie, dmpiel
il obtint la nominatifui de .Marc c(»mme
abonna d'.Xbyssinie, h la place de l'aventu-
rier cruel et cupifle que Basiliiles avait ac-
rej)té. Marc, investi de sa nouvelle digiiité,
jiartit avec des lettres du pa'riarche (iiii re-
rommandfiif h BaMiides de traiter les ca-
tholiques avec moins d(> dureté. Le Père
Agathonge, jugeant h>s circonstances conve-
nables pour entier en .Vbyssinie , y entra
par Souakiin avec le P. Cassien de Nantes,
religieux de son «irdre. Ils étaient déguisi's
en marchands ariin-niens. Cependant, dès
?|u'ih enrr'Ut mis le pied dans lo pays , ils
urent arrêtés et conduits devant Marc, qui
les reconnut facilement. L'amitié, Ihuma-
Mvn
^0
nilé, la religion, tout lui faisait un devoir de
les s.Tuvpr. Traître à tous les devoirs que lui
imposaient ces grands mobiles de tous le.$
actes humains, il répondit que ces hommes
étaient des prêtres romains qui venaient en
Abyssinie pour y détruire la foi d'AIeian-
dric. Il savait bien que dans sa bouche celte
réponse équivalait à un arrêt de mort. Les
deux saints furent \\ l'instant même saisis
par la populace et lapidés. Ainsi fut consom-
mé le martyre de deux saints, et consomm»^
aussi le crime d'un nouveau Judas.
M.XRC , catéchiste tonquinois , ayant été
pris, le 12 avril 1730, à Batxa, avec les saints
missionnaires Jean-(iaspard Cratz , Alle-
mand, Barthélémy Alvarez, Kmmanuel d'A-
breu et Vincent de Ciinza.fut amené avec
eux devant le tribunal. On leur o, donna do
fouler aux pieds un crucifix qu'on leur pré-
senta, lis refusèrent remplis d'horreur, et
furent mis en prison, d'où on bs tira pour
être décapités le 12 juin 1737, comme on
peut voir à l'article Ai.vabez. Marc représenta
que si les missionnaires étaient condamnés
h. mort pour avoir prêché la foi, il devait
l'être plus justement encore pour les avoir
introduits dans le Tonquin. Mais, malgré ses
représentations, il ne lut qu'exilé.
MAKC-AURÈLE ( A:stomn ), dit le Philo-
sophe, seizième empereur romain, monta sur
le trône en 161. Il naquit le ^tJ avril 121 do
Jésus-Christ. Il eut pour père Annius ^■erus,
descendant en ligne directe de Nuraa Pom-*
pilius. Par sa mère il descendait d'un roi de
Salente. Capitolin afTirme que cette généalo-
gie était prouvée; il renvoie à ce propos à
un ouvrage connu de son temps. Eulrope
(!. vin, ch. 9) avait dit la même chose avant
Capitolin. Adrien, q^ui l'aimait et l'estimait
beaucoup, aurait désiré l'adopter; il le trouva
trop jeune. (7est pour cela qu'il adopta son
oncle Anloniji le Pieux, afin que Marr-.\u-
rèle pût lui succéder. Adrien aimait .Marc-
Aurèle, parce qu'il avait découvcrl eu lui
une grandeur d'Ame extraordinaire. Marc-
Aurèle fut un des i)Ius beaux exemples que
nous ait légut's l'humanilé de la vertu hu-
maine dans un prince; mais le Seigneur dont
les desseins sont impénétrables, permit <]ue cet
hoiuine, si vertueux suivant le monde, tôt at-
taché d'une façon inébranlable aux dogmes et
aux prati.iues de l'idolAlrie, religion dt-jà
démonétisée aux yeux de tout ce qui avait
vie int(>llectuelle dans l'ancien montle. Bien
plus, il voulut (pie par amour de cette même
idolAtrie cl des philosophes, ennemis des
chrétiens, un des empereurs les plus équi-
tables, les plus humains qui aient illustre le
trône, divinl l'un des plus acharnés persé-
cuteurs des disciples de Jésus-Chrisl. O sa-
gesse, ô verlu, ô grandeur do l'Ame I qu'êU-s-
vous donc quand vous ne venez pas du ciel ?
Néant et vanilé; mirage qui surprt'ud les
yeux, mais (pii s'evanouil comme une fu-
inée. A toute vertu il faut la grAce ; à toute
grandeur il faut l'appui de Dieu. Rien n'éclôl
que pour mourir dans le c(pur de l'homme,
si un rayon d'en haut n'a pas vivifié le germe.
Ain«ii,<la*is les lieux «omiires et écoutes, tout
41
MAR
MAH
H
co i\\\\ luill sVtioIo «»t meurt snns lo rnyoïi
(lo Mtldil <|ui (liiiiiM) l/i Ion-)' cl (|iii ciilrclii'iil
la vie. Il irciilie point (I.ims nolr-e |il/iii di^
dire cmiiie lui M;iri-Aiiiel(! (uiiuiiie lé^is'u-
leur, coimiio cniKiiK-iviiil : c'iîsl le |icis(''cu-
teiii- <|iie nous li .iihiisons à nolr(> li.'n re. Nous
(lev»)lis le regarder avee l'audace dc! la vérih'i
(h^pouillnnl les nioils des oii|ieau\ de la
uloire cl de loul loclin(|uant de Icius verlus
iniildcs.
A laiil ans, MaroAurMi^ élail dcjà placé
par Adrien dans nue coiu|ia}^nie de prtHres
païens; il y devint si lialiilc, (pi'il savait par
Cd'ur toutes les toiiuules, Ions les riles (pii
étaient on usag(? dans les dilléreutcs céré-
monies ou récojttioMS d'adf'ples. Il devint
lelleinenl épris îles sacriliccs et d(!s cérémo-
nies dos païens, ({ue, (piand à Konu! on ne
faisait pas d'oifraudes |>ubli(pies dans les
temples, il en Taisait dans sa maison ; (piaiid
il allait dans des pa>s lointains, son bonlieur
était d'y célébrer les cérémonies des dieux
qu'on y véiu^rait. A Rome il adorait Jupi-
ter, à Athènes Cérès, en Kgy[)le il eilt,
connne Adrien, célébré les mystères d'isis.
Ainsi la vertu dos païens c'était la |)rostitu-
tion de l'idée divine et de l'adoration <i tou-
tes les turpitudes ou h toutes les cliinières
que l'inibécillilédu^cnre liumainavait mises
à la place du vrai Dieu sur les autels do la
terre. Chez les Anloiiins cette faiblesse su-
perstitieuse était comme une lèpre hérédi-
taire qui se transmettait avec la pour{)re.
Marc-Aurèlo professa aussi une estime et
un amour considérables pour la philosophie ;
il eut des maîtres parmi les(]uels les plus
célèbres sont Hérode Atlicus, Cornélius
Fronlo, Junius Rusticus, qui Ut mourir saint
Justin.
Dans ses Pensées ce prince remercie les
dieux de n'avoir point laissé aller son esprit
aux erreurs des sophistes. Que d'autres ad-
mirent comme modestie cet orgueil, nous
l'appellerons par son nom vulgaire. Oui ,
c'est là de l'orgueil, commun à tous ceux
qui se disent philosophes, et qui, se croyant
en possession de la vérité, accusent d'erreur
tout ce qui n'est pas leur croyance. Quel est
donc le philosophe qui n'ait pas la préten-
tion d'avoir par devers lui la bonne philoso-
phie? Marc-Aurèle aimait les stoïciens, il fut
surtout instruit par eux. Fait césar par An-
tonin , il n'en continua pas moins à cher-
cher les leçons des philosophes. A la mort
d'Antonin, il fut contraint par le sénat d'ac-
cepter la conduite des atlaires. Il associa à
l'empire L. Commode, comme lui tils adoplif
d'Antonin, et qui prit le nom de L. Verus.
Sous le règne de ce prince si doux pour
tout le monde, et si enclin à la justice, l'E-
glise eut à souffrir une persécution violente.
11 faut l'attribuer à 1 amour excessif que
Marc-Aurèle avait pour la religion païenne,
et à l'ascendant qu'avaient pris sur lui les
philosophes. Pour n'en nommer qu'un ,
Crescent, par exemple, diffamait publique-
ment les chrétiens, les accusait de tous les
crimes imaginables. Si Marc-Aurèle ne porta
pas d'édits, ne lit pas de lois contre eux, il
DiCTIONN. DES PerSÉCUTIOS. II.
1rs nprsécnin et les lit porsérulor en vertu
desltiiN »ii d«)s éilils anciens. L'n très-^rniid
nombre dn clirélieiis versèrent |(!ur san^
pour la foi sous son rè^ne.
Nous n(; devons point parler des guerres,
des triomphes de Marc-Aurèle ; une ffi ule
nous inlf-resse, c'est celle où il fut miracu-
leusement sauvé avec son armi-c) |»ni' h's
prières des chrétiens. On sidt comiiuîrit nyant
ét('! enveloppé par les Oiiades avec sou ar-
mée, il allait la voir |)(''iir tout «'nlière do
soif et de chaleur sans la pluie miraculpu.su
(pi'oi)liiit par ses prières la h'^^ion .M('lilirn;,
presipie entièrement composée de clinlicns.
On peut voir les détails de ce miracle dans
l'article I'i:nsC-:r.i:rioN. Marc-Aur'le, nu dire
de'l'ertullien,eii lulsi touché, (pi il écrivit une
letlr(! par la(|uclle il défendait de poursui-
vre les (;!irélicns. 11 ordonnait nrm pas qu'on
leur fit giAce <'n (-as de dénonciation, mais
(pi'on mît h mort l'accusateur aussi bien (juo
l'accusé. La leitie de Marc-Aurèle n'empê-
cha pas conqilélement la peisécution ; elle
raltiédil,clle l'empêcha d'être aussi violente,
mais el!e n'en dura pas moins jusqu'à la liu
de son règne.
Marc-Aurèle, vainqueur des barbares qui
à deux ou trois rejtrises avaient envahi l'em-
pire romain, était rentré à Rome apràs huit
années d'absence; il espérait y vivre en
paix dans une retraite qu'il s'était choisie,
({uand, au bout de deux ans, il fut obligé de
se remettre en campagne pour rcj)Ousserde»
peui)les germains qui relevaient l'éiendard
de la révolte, et qui violaient le territoire de
l'empire. La fortune n'abandonna point
Marc-Aurèle : il les battit, les poursuivit
ju>que dans leur pays ; mais il y trouva la
mort. La peste se mit dans son armée, et
lui-même en fut atteint à Vienne en Autri-
che, llysuccombale 17 mars 180, à cinquante-
neuf ans , apiès en avoir régné dix-neuf.
11 avait reçu du ciel la récompense de ses
vertus terrestres. Gloire militaire, réputation
universelle de sagesse et de justice, amour
de ses sujets , rien ne lui avait manqué.
Il avait eu les bonheurs de ce monde en ré-
compense de ses vertus mondaines; mais
Dieu l'avait doué d'un esprit éminent de jus-
tice, d'une intelligence peu commune, et il
avait fermé les yeux à la lumière qui écla-
tait alors si splendide et si victorieuse sur
les ruines du monde ancien; bien plus, il
avait persécuté les chrétiens avec acharne-
ment ; il avait dédaigné ces voix que Dieu
fait entendre aux princes et aux peuples
quand il leur envoie, pour les instruire, ses
Calamités ou ses miracles. Le secours ines-
péré qu'il avait reçu d'en haut quand il était
enveloppé par les Quades, secours qu'au
dire de Tertullien il avait d'abord attiibué
aux chrétiens, il avait souffert que sur une
colonne votive on l'attribuât à Jupiter Plu-
vieux. La peste, la famine, qui avaient désolé
l'empire, il avait prétendu les détourner en
immolant partout à ses dieux irrités les dis-
ciples de Jésus-Christ.
Dieu attendait Marc-Aurèle au seuil de
. l'éternité. Approchez de ce lit de dçuieuroii
43
MAR
MAR
li
gît un si grand prince, rjni meurt de la
posto.loin delà rotrailo qu'il r<^vnil si douce
a si'S vion\ ans. Lo ralmo e<;t-il au fond de
ce cœur mourant? S'endort-il paisible à
lombrc de ses vertus? Non, (U^h le grand
D.eu «jui se vt-nge le tient duis sa main. Cri
homme se croit empoisonni^ : et par ijui? par
son fds, par celui qu'il a assené au trône.
L'Iioritage qu'd laisse, cet empire qu'il a au
(ieliorsfortilié |)ar ses victoires et par ses ron-
quôies, au dedans par ses lois sages et lal)orieu-
semenlfaites,vadHVinirlaiiroied'unscél('jiat,
et d'ua céléraî sou lils. D-tes si le chevalet des
martyrs ne valait pas mieux que l'oeiller
du m marque! Quand Dieu fait ainsi gémir
une âme sous la donleiir poi j,nanle, ou bien
quand le bourreau déchire un corps, de quel
côté i)Ius grande est la soullrano^:'? Puis, h ce
moment suprême où Ihoinme (juittant tout
sent aussi que tout le quitte, qu*lle doit
être son angoisse, s'il voit si pénible et si
douloureuse l'entrée de cette éternité où la
mort le mène? Que lui garde donc le Maître
qui le fait mourir, s'il le frappe si rudement
h cet instant ternble? Quel trouble plus af-
friux que la soulfrance mùmel Ah! que les
grandeurs tie Thomme sont vaines et les
justices de Dieu terribles 1 Marc-Auiéle est
moit chAtié par Dieu. Ici finit l'histoire. Le
regard humain s'arrête ; l'éternité nous dira
ce que nous ignorons.
Nous devons ici donner, à propos de Marc-
Aurèle, ce que dom Ruinart a écrit comme
réfutalion de Dodwel en ce qui le concerne.
Cet historien partial avait prétendu que
Marc-Aurèle n'avait pas été perse, Mileur.
Voltaire, à l'article Perskcltion du Dicfion-
naire philosophique, av.nt dit la môme chose.
Doclwel atlrilme ù l'empereur Aiilonin la
raort do saint l'olyc-rtrp<.' , de Justin et de
quelques autres martyrs, contre le sentiment
général des savants, qui la l'ont arriver sons
le régne de Marc-Aurele. Nous ne nous ar-
rêterons pas davautaj^e à éclaircir ce dilTé-
rend , avant nsse/ d autres preuves de la
persécution excitée par cet empereur. Nous
ne saurions loulelois uous empêcher d'ob-
server en passant que Dolwel se trom;>e
cncoîc lorsqu'il prétend qu'on ne peut in-
férer de la pr.nnièie apologie de saint Justin
que la pers<''( utimi dont il parlt? se oit éten-
due h plus de trois murt_> rs, parce que l'apo-
logie n'en muuine que trois, puisque dès le
commenceuK-nt nK''me de l'on -rage, l'autiMir
ins nue l'idée u'une per>é>;ulion presque ge-
Dérale. Voici ses paroles : « Co (|ue nous
venons do' voir arriver dans notre ville, ô
Romains, par l'ordie (ITibicius, et ce (pie
ks gouverneurs, contre toutes les régies de
Injustice et de la raison...., ce sont sans
joule les démon> (|ui font leurs ell'orts pour
nous nro; urer la mort » 11 fut ensuite le
récit uo eflh' y\r Ptoloiuée cl de ses compa-
gnons, que le préfet, sans avoir égard ii leur
iiiriocenoe, venait d'envoyer au supplice pour
avoir confessé le nom île Jésns-rjirisl. Mais
voyons m liu.-nant ce que Dodwel pense do
la perst de Marc-Auréle.
« Il soutient «{UO l'empereur n'eut aucune
part 1\ cette persécution , et que le nombre
des martyrs qu'elle enleva fut bien moins
ronsidérnble rpTon ne le croit (ommuné-
meiit. Il le réduit aux seuls martyrs de Lyon;
il ne V'Ut pas même qu'Usaient soutTert pour
Il cause de la religion, iviais parce qu'ils fu-
rent convaincus, sur la déposition de leurs
est-laves , de meurtre et d'inceste. Il n'est
donc pas étonnant, dit-il, que le plus doux
et le plus clinnent des empereurs ait donné
un édit contre les chrétiens; mais on doit
plutôt admirer sa modération et son équ té,
en ce qu'il n'a pas voulu que les peines por-
tées par c<'t édit tombassent inditiéremment
sur tous les chrétitms, son intention étant
qii il n'eût d'etfet qu'^i l'égard de ceux de
> ienne et de Lyon. Il ajoute que cela se
passa la septième année de l'empire de Marc-
.'Vurèle , parce que ce fut durant la solennité
des jeux, «pii, selon lui, n'arrivait (jue tous
les cinq ans, et non la dix- septième , sui-
vant le calcul d'Kusèbe. Que pour les autres
persécutions qui parurent dans les autres
provinces, sous h,» même empereur , elles
n'étaient que des suiti's de celle de Lyoa ,
et voici comment il explique la chose. « Aus-
sitôt , dit- 1, que la mort des chrétiens de
Lyon fut sue dans latirèce, et que les motifs,
quoique supposés , en eurent été publiés
parmi le peuple, d se fît dans celte province
un soulèvement général contre tous ceux
qui faisaient profession du christianisme,
(pii toutefois n eut aucune suite sanglante, à
cause que les magistrats des villes, qui d'or-
dinaire dans ces rencontres étaient les seuls
qui remuassent, n'avaient pas le pouvoir de
condamner <i mort. Ce fut cetl • éuiolion po-
pulaire qui donna lieu à l'apologie d'Atné-
nagoras. Les mêmes nouvelles et avec les
mêmes fauiS.vs circonstances, étant aussi
passées en Asie , y excitèrent les mêmes
mouvements de fureur contre les chn tiens,
ce ((ui obligea pareillement .\poll naire et
Méliton d'écrire pour la défense de leurs
tjères que la calomnie o|)primait en tant do
lieux. » Il faut maintenant lépondre en dé-
tail h tous ces chefs.
« Kn premier lieu. la mort des martyrs de
Lyon doit être rapfiortée h la dix-septième
année de Marc-Aurèle , et nous le prouvons
par l'fiistoire d'Eusèbe . qui se trouve en
cela loiiforme h si chroniiiue. Pour ce qui
regarde les jeux de Lyon, qui, au sentiment
(li> Dodwel , ne se célébraient (pie tons l's
cinq ans, nous ne vc)yon.s p s qu'il l'a >■ uie
d'aucune raison déinoMstra.Uve , il uVn a
que de probables ; mais nous lui opposons
le lémoignage de .M. de Marca et celui du P.
Pagi, qui trouvent que ces sortes de jeux so
.soleiuiisaiiMil souv-nit chaque année. Mais
quand bien même la sidenuilé ne s'en serait
fiùle que tous les cinq ans, op n'en pourrait
rien tuer de certain, puisque tantôt on les
reculait , tantôt on les avançait . et l'ordro
étan' une fois rompu, on ne songeait plus à
le rétablir. On n'estime pas, au rest(>, qu'en
ce qui regarde lépoq e {|ui doit lixer lecom-
meucemenl du pontificat d'Eleuthère, on
doive abandonner Eusèbe et les anciens
45
MAR
MAU
4r,
ôorivnins ccrli^sinstiquos. pnur snivro Fnli-
chf, autour \t,n\v. «lu x* siftdo. Il f;iul nriin-
Icii.-nl voir si ces .-.'i.iil^ m.iilvrs diiI (^I(' cnii-
<laiiiii(5s. <»ii cuiiiiiK^ (iniitiiMi s dn dciiv des
plus graiwls criiiifS , «iiisi que le pti'lcinl
l)(jil\V(I. (••! soiilciiic'il ((iiiiiiic ( lirrliciis. 11
n'v u |>(Hir(»'l.i (jM^ (itiviir la IcHk- (pic li-s
V,glij>os (lo Vit'iiiH' «'1 de Lyon tV-iivcnl uiix
l'jili.sr.s d'Asile : « On y rai'iuilo d'abord
(jui' K> L;()uvfrnriir de I..V<>ii ayant dt'iii m l(';
.'i Atlalô s'il ('lait chri'lu'ii , AÏtalt! r('|Hiii<lil
qu'il ('lait chrrlicn , cl la Idlrc ajoid.' «lu'il
fu.t aujisilùl mis au lau:;; dos inarljrs Le
iiÙMiU' Allalc. pciiduil qu'on lui faisait l'airo
1(» tour- de raiii|»hilli(';11r(', avait un t'crilcau
altat'liô dovaiil lui, où ou lisait ces luols vu
latin : « Crst ici AtUde le chrétien ! » El, cii-
liii, In iii(^nu' It tire |()i'l(\ «'u Icinuvs (<\|),(''s :
« quo ri'u\ (jui no rouj^i'-saioiil poiul d'a-
vouor cocpj'ilsôtaionl.so voyaient sur l'Iicuro
oliarj;('s d(« fors, counnoôlanl cliri'lions, sans
ÔIro pr(''V(Mius d'auouu autre crime. » Il ost
vrai, nous n'en disronvonons pas , que do
j)aroils forfaits o'it ôl(^ souvent iuqiulôs aux
chrétiens; maisaulrcclioso est d'cMrc accusé,
autre chose est d'être convaincu ; et il est
clair, par la seule lecture du resorit de lom-
perour, (ju'il fut domé contie les chréliens
comme chréliens et non comme coupables
d'incosto et d'homicide ; « car ce pri'Ho or-
donna quo ceux qui coiifesseraie";l fussent
mis h moit, ot qu au contraire, ceux qui re-
noncerai(M't fussent renvoyés nbsous. » Si
doncPédil eilt élédécoiné contre des crimi-
nels d'homicide et d'inceste, ainsi que Dod-
wel le soutient, les chréliens ((ui auiaient
nié ces crimes auraient dû être déclarés in-
nocents , et les apostats qui les auraient
avoués auraient dû être envoyés au sup-
plice, et cependant il arrivait tout le con-
traire ; car on faisait mourir ceux qui con-
fessaient Jésus-Christ, et ceux qui le renon-
çaient étaient mis en liberté. C'est encore
une pure idée de Dodwel , et qui est sans
fondement, que celte restriclion qu'il donne
à redit de Marc-Aurèle, le réduisant aux
seuls chrétiens de Vienne et de Lyon, ce
qu'il aurait bien de la peine à montrer, puis-
que ni la lettre de ces E;j,lises ni aucun au-
tre monument de l'aidiquité ne sauraient
lui en fournir aucune preuve. Au reste, il
faut comurendie dans cette persécution le
martyre cie saint Benig'ie de Dijon, celui
de saint Symphorien d'Aulun, et ceux de
quelques autres martyrs. Nous croyons aussi
qu'on "doit rap[.orler à ce règne de Mai'c-
Aurèle la morl de plusieurs martyrs qui
ont soutïert en Bouri^Oj^ne, et que la confor-
mité des noms a rangés sous celui d'Auré-
liep. " " ; ";- ^^ ; i y ■ i ;i- y V
« D'ailleurs ,' sTies'm'àrtyrs' 3ë' T,f6n ont
souffert la dix-sep! ième année de Marc-Au-
rèle, il est impossible que c'ait été à leur
occasion qu'Athéuagoras ait composé son
apologie pour les chrétiens. Or celte pièce
même nous fourpi,t un argument d'oii l'on
peut inférer que la lettre d^s Eglises de
Vienne et de Lyon, qui est une relation de
la mort de ces saints, n'était pas venue à sa
r.nnnaissnnco ; rnr , parlant dos rnloinnie»
dont on nnir(i«vnit rinMOi'cnofdeschrél on.s,
il dil <i qu'elles ont sl [OU d'a(»j aroiico do
véri.é, (pi'il n'> a mpcsteiir au nionrjo nn-
sr/. iNipudont pour oser dirn rpril ;dt «'•lé
tinuoin des crinws (prou leur jmputo. Nous
avons, ajoulo-t il , des ts( laves; les uns on
ont plusnnns, les autres on ont peu; ils sont
ti'moins do lotîtes nos ai lions, et tioits no
pouvons riiMi leur cacher do lonl < o quo
nous fiusons; cependant on n'cni trouvora
point jusipj'ici qui ait osé dépcsor contre
nous lien do pareil. » Si la htli'e des K^-Ji.ses
eût été connue, Athén.'goras eût-il \>\ï j)ar-
lor ainsi? car voici co (pi'on y lil : « On iirit
aussi {piohiuos os( laves païens (jui sorvrtiont
chez dos chrétiens, lesqiuds nousnccusè-
nnit faussenjent de faire d(;s repas do
Thieste et des noces d'OEdifte (c'est-à-dire
do faire des repas où l'on sort de la chair
d'hoMune, et d avoir dos oommcn-oos inces-
tueux ) (>t d'autres crimes. » Nous pas-
sons volontiers h Dodwel ces persécutions
excitées par les (nis tumultucnix du peuple,
et forliliéos de l'aut rite dos magistrats des
villes ; mais il faut aussi quil demeure d'ac-
ccn-il avec nous qu'elles empruntaient ensuite
le glaive de ceux qui avaient droit de s'en
servir, et que souvent une émotion pof)u-
lairo devenait une information juridique,
lorsque du peuple elle passait aux gouver-
neurs dos provin'-es et aux oîficiers de l'em-
pereur. Athénagor. s nous le dira en orc en
termes formels : « On outrage l'innocence ,
on attaque la réputation dos gens de bien
par des calomnies, et le nombre des calom-
niateurs est si grand , que les proconsuls et
les juges délégués par vous dans les pro-
vinces, ne peuvent sufùre h l'in.struction de
tant de procès, ni à entendre toutes les ac-
cusations qu'on porte devant eux. » Voici
encore quelque cl)0se de plus f irt ; nous le
prendrons dans l'apologie de Aiél ton : c'est
que l'on vit en ce temps-là des é iis impé-
riaux donner du poids à la persécution. «On
voit de nos jours, dit-il , des choses incon-
nues aux âges supérieurs : la piété est per-
sécutée, la vertu est inquiet ^e par de nou-
veaux édits qui courent toute l'Asie , et
d'impudents uélate .rs se servent des
rescrils {\^^ souverain pour exercer impuné •
ment leurs infâmes biig:Uidages sur des per-
sonnes de mérite » Il est vrai queMéli-
ton semble douier si ces ordonnances sont
en effet émanées des empereurs; mais cela
ne nous fait rien , puisque entln elles ren-
daient permises les horribles violences qu'on
faisait aux chrétiens, et qu'elles armaient la
cruauté, iinpuissante d'elle-même, d'une au-
torité sacrée. « Si ces choses , dit iJéliton à
l'empereur, se font par vos ordres, elles sont
bien faites, et nous recevons sans murmurer
une mort dont une main auguste a signé
l'arrêt. » Ce même apologiste nomme Saga-
ris, évêque , qui souffrit alors le martyre
sous Servilius Paulus, proconsul d'Asie. Po-
Ijcratejointà ce même martyr i'évêque Tra-
séas et quelques autres tidèles, et Apollonius
fait aussi mention de Traséas.
a
MAR
MAR
46
«Toiil cela nous fait voir qu'Eusèbe a parlé
juste quand il a dit quo , sous IVmpire do
Man -Anrôle , raninio>ilé et la fureur d(\s
peiipit\s lirt nt par loul le monde un nouil)ro
presque inlini de martyrs. «C.ar ces émo-
tions p«^pul.'iires, entrainàntavec la multiiude
les gouverneurs et les juges, les poussaient
jusqu'h répandre beaucoup de sang.» Nous
en voyons un exemple dans la mort des mar-
tyrs de Lyon , qu'Eusèbe propose exprès ,
aiin gu'où pOt connaître par là ce qui se
passait dans" les autres provinces. L'auteur
de la Cliionicpie Pascale ou d'Alexandrie
s'accorde avec Eusèbe, en mettant sous cha-
que année de Marc-Aurèle les noms de di-
vers martyis. Nous avons un écrivain jdus
ancien encore que n'est cet auteur, ni Eusèbe
niéuie , c'est Théophile, évoque d'Aniioche,
qui vivait sous Marc-Aurèle. V'oici comme
il parle : « Jusqu'ici Ion n'a point cessé de
persécuter les cluétiens qui adorent le vrai
Dieu; la sainteté de la vie qu'ils mènent n'a
pu les garantir de la fureur (les persécuteurs.
On assomme les uns à coups de pierres, on
égorge les autres, et l'on voit tous les jours
des tidèles déchirés impitoyablement de
verges, etc " Enfin , Denys, évéque de
Corinlhe, nous apprend que, sous Marc-Au-
rèle, les mines étaient [)euplées de chrétiens :
c'est dans une lettre qu'il écrit au pane So-
tère. où il le loue « de la charité qu'il a de
fournir aux tidèles qui travaillent aux mé-
taux , les choses nécessaires à la vie. » Et
c'est en vain que Dodwel nous vante si fort
la clémence de Marc-Aurèle. Capitolin nous
le dépeint tout autrement, et non-seulement
comme un prince adonné à toutes sortes de
superstitions, mais encore connue un juge
inexorable et d'une sévérité outrée contre
ceux qui étaient prévenus de grands crimes.
L'on sait assez, et Dodwel lui-même n'en
disconviendra pas, que les chrétiens étaient
mis, en ces tem}>s-la, par les empereurs et
leurs sujets, au nombre de ces tameux cou-
lables. Mais , après loul , l'ingratitude de
ilarc-Aurele ne parut (pie trop à I endroit des
chrétiens, puisque, bien loui de leur témoi-
gner sa reroiuiaissance pour avoir, par leurs
prières, obtenudela pluieàson armée réduite
par la soif aux dernières extrémités dans la
guerre (pi'il faisait aux Marromans, il s'avi-
sa d'attribuer ce se( ours imprévu et mira-
culeux à son Mercure. L'on voit dans le Ca-
binet du roi une médaille d'argent qui con-
lirme ce lait, rapi)orté par Diuii. Tertullien
veut qu'à l'occasion de cette pluie Marc-
Aurèle ail dontK'! un rescnl en faveur des
chrétiens. Les auteurs ecclésiastiques, com-
me Apollinaire, Eusèbe et d'autres, parlent
aussi de celle pluie; mais pres(|ue tous les
savants rcjellenl comme suppose ce rescril
de Marc-Aurèle, qui se trouve à la tin de
lapologie de saint Justin. Ils ne croient pas
non |)lus que la U'gion toute composée do
chrétiens , qu'on af»pelait In Fulminnntr ,
doive son non» î» cette aventure. Eusèbe mê-
me rein.inpie que les paie, s ont parlé déco
miracle, san< toutefois l'attribuer aux priè-
res des nôtres. Le? uns veulent <iue ce soit
l
un effet des charmes de la magie, et les au-
tres une récompense de la piété de l'empe-
reur envers les dieux. Rome conserve en-
core aujourd'hui, dans la colonne Anto-
nienne, un monument de cette merveille ,
mais attribuée, suivant l'opinion des gentils,
à la puissance de Jupiter; car, parmi plu-
sieurs bas-reliefs qui représentent les belles
actions de .Marc-Aurèle , on voit un Jupiter
(Jupiter Pluvius) donnant de la pluie. Baro-
nius nous a laissé une description de cette
fameuse colonne, au second tome de ses An-
nales; mais nous l'avons depuis peu plus
heureusement et plus sensiblement repré-
sentée dans les estampes de Pierre Saint-
Bartoli. »
MARCHAND, missionnaire dans la Co-
chinchine, y souffrit le martyre. Le prince
MinhmAnd, s'étanl emparé du royaume au
préjudice d'un jeune prince, fils de Cant,
ancien élève de l'évèque d'Adran, persécuta
les chrétiens dans la persuasion que les mis-
sionnaires portaient intérêt au jeune roi
qu'il avait spolié. Au mois de septembre
183o, M. Marchand ayant été pris dans une
forteresse oii les rebelles le retenaient captif,
l'usurpateur fut confirmé dans son idée pre-
mière que les chrétiens faisaient partie des
conspirations qui s'ourdissaient fréquem-
ment contre lui. Le 30 novembre, M. Mar-
chand fut soumis aux plus alîreuses tortures,
après quoi on l'attacha h une potence figu-
rant la croix. Au roulement du tambour,
deux bourreaux i)lacés auprès de lui lui
coupèrent les mamelles qui vinrent tomber
à ses pieds ; le saint martyr ne fit aucun mou-
vement; les exécuteurs enlèvent encore deux
grands morceaux de chair dans le dos du pa-
tient qui s'agite, vaincu par l'atroce douleur
qu'il ressent, et lève les yeux au ciel. Deux
lambeaux de chair du gras des jambes tom-
bent bientôt aussi sous le fer; et M. Mar-
chand expire aussitôt. La sentence portant
que le saint aurait la tête tranchée, les bour-
reaux la lui coupèrent et partagèrent le
cadavre en (piatre morceaux. On jela sa tête
dans un vase rempli de chaux, et on la pro-
mena par toutes les provinces du royaume,
alin de l'expostT aux yeux du peuple et l'em-
nêclier par Ih d'embrasser une religion dont
1rs pro[)agateurs étaient si sévèrement punis.
On broya ensuite cette tête et on la jeta à la
mer, où le corps l'avait été précédemment.
MARCEL (saint), avait été converti par
saint Pierre. Il fut martyrisé sous le règne
de l'empereur Domitien. L'histoire ne nous
dit pas ce (pi'il (Hait, ni tni quel lieu il souf-
frit. LEgliso fait sa fête le 7 octolire.
>LVRCEL (saint), demeurait dans la ville
do Lyon, quand s'éleva, sous l'empereur
Marc-Aurèle, la violente persécution qui mit
l'Eglise de Dieu à une des plus cruelles, mais
en même temps des plus glorieuses épreuves
qu'elle ait subies. Il tpjitta Lvon, et vint dans
les villes voisines prêcher lEvangilc, mais il
fut arrêté près de ChAlons-sur-Saône, où on
lo conduisit. Il V souffrit dilferentes tortu-
res, et enlin y lut brûlé vif le i septembre,
jour au(iuel l Eglise célcbre sa fôto.
4^ MAU
MAUC.I'.K (saint), l'ul mflrlyris('i U Uoino,
sons rtinpin' do V/ilriicii , «vt^c Uv-. saints
IliiiMolvlo, lùis(M)(', Adiias, Maxiuio, Ni'-oii,
vl les snintos Pauline cl Mario. L'Kglisc Inil
SIX l"(Mo lo '2(l(^(tMnl>i(>. (Pour plus amples (!('>-
tails. voy. los Actes de i>ainl Uiitoi.vti:, h so/i
ailitle.)
MAKCKL (srtinl), eenluiioii. fut niartyrisrt
tMi Maurilanie, snus l'empire de Dioelélien,
vn l'an '2W. (Haroniiis, Smiiis, Kuinarl,
|). •Ml; Tillemonl, t. IV, p. t>75.) Les Actes
(|ue nous donnons ici sont pris de lUiinart.
L'Kglise l'ail la lùte do sainl Marcel le 30
oclohro.
« Dans une villo do Mauritanie, où la li''-
Rion de Trajan avait son ([uarlier, les soldais,
voulant céiehrer le jour de la naissance do
reni|)ereur, lo tirent à leur manière, c'est-à-
dire (lu'ils conunencèrenl dès lo malin Maire
grande chère, h boire h la santé du prince,
el h ollVir oour lui des sacrilicos. Il n'y eut
que Marcel, un des centurions ou capitaines
de la légion, qui refusa do prendre part à
celle fôle, qu'il traitait de profane; el de su-
persliliouso. Poussé mémo d'un mouvement
soudain, dun zèle ardent et impétueux, il
jeta son baudrier au pied de l'étendard, en
s'écrianl : « Je suis soldat de Jésus-Christ, le
« Roi éternel. » Puis, se dépouillant de sa
casaque et de ses armes, et arrachant de son
cou la médaille de plomb sur laquelle était
gravée une vigne, qui était la marque de ca-
pitaine, il marcha dessus, et ajouta : « Je
« renonce dés ce moment au service de vos
« empereurs, et au culte de vos dieux de
« pierre et de bois, qui ne sont que des
« idoles sourdes et muettes. S'il n'est per-
« mis de faire le métier de la guerre qu'à
« cette malheureuse condition de sacrifier à
« des hommes mortels et à des dieux inani-
« mes, voilà mon baudrier et ma médaille,
« et mon épée, et mes armes ; j'abandonne
« tout, je quitte le service, et je cesse de
« marcher sous les enseignes de Rome. »
« Une action faite avec tant d'éclat surprit
également tous ceux qui en furent témoins.
Ils se saisirent de Marcel, et le menèrent à
Anastase Fortunat, leur commandant , qui
l'envoya sur-le-champ en prison. Après que
la fête fui finie, et que cet officier général
fut sorti de table, il assembla le conseil de
guerre, et commanda qu'on amenât Marcel.
Alors le colonel lui dit : « D'où vient que,
« contre Tordre et les lois de la discipline,
« vous avez osé jeter par terre votre baudrier
« et vos armes ? » Marcel lui répondit : « Dès
« le mois de juillet dernier, comme l'on célé-
« brait dans le camp la fête de l'empereur, je
« déclarai tout haut que j'étais chrétien et
« soldat de Jésus-Christ, Fils du Père tout-
« puissant, et qu'ainsi je ne pouvais plus
« servir dans l'armée des Césars. — Votre
« emportement , reprit Fortunat , a trop
« éclaté pour que je le puisse dissimuler, et
« ie ne puis m'erapêcher d'en donner avis à
« la cour. Cependant, je vous ferai conduire
« sous bonne et sûre garde à Aurèle Agrico-
« lau, qui est, comme vous savez, lieutenant
MAR
60
•r du préfet du |»réloire en celte province, et
« <|ui y (Mimiiiande en chef. »
« Le IroisHiiie des calendes de novembre,
l'on conduisii Marcel h Tun^^cr (1), où Agri-
colan faisait onlmaireiiient sa résidence.
L'oflicier auquel il av.ut l'ié consigné, lo pré-
sentant à ce gouverneur, lui dit : « Seigneur,
« voilà le centurion Marcel (pu; Fortunat
o renvoie par-devant votre (^ramleiir. Il vous
« écrit, el, si vous rordonne/., on fera lec-
« tiir*; de la Ndlre. Atjrirolan : (^u'on la
« fasse. » On lui ( c qui suit : « A monsei-
« gneur Agricolan, Fortunat, et le.reHle...Al(ii
« olliciei-, après avoir jeté son baudrier, s'est
« dit hautement chrétien en présence de tous
« les soldats, accompagnant celte déclaration
« impie de mille blasphèmes contre les dieux
« immoilels , el conlr*; nos Irès-aujinsles
« empereurs. Je vous l'envoie, afin que co
« (|ue voire prudence ordonnera touchant
« cette all'aire soit prompleiiient exécuté. >•
Celle lettre étant lue, Agricolan dit à Marcel :
« Ce (pie votre colonel nuî mande de vous
« est-il vrai, el avez-vous parlé de la sorte? »
Marcel répondit : « Oui, seigneur, j'ai tenu
« ces discours, je ne m'en défends f)as\ Ayri-
« colan : Vous êtes capitaine en pied, ser-
« vaut actuellement dans la lésion deTrajan?
« Marcel : Oui, seigneur, je le suis. Agrico-
« lan : Quelle fureur, ou quelle folie vous
« a poussé à commettre une action si crimi-
« nelle, et à proférer des paroles si inju-
« rieuses à la majesté des dieux et des
« Césars? Marcel : Ce n'est point la fureur
« qui fait parler ceux (|ui cragnent le Dieu
« tout-puissant. Agricolan : Vous demeurez
« donc d'accord d'avoir dit tout ce qui est
« contenu dans le procès-verbal que votre
« colonel m'a envoyé? Marcel ; Oui, sei-
« gneur, j'en demeure d'accord, je l'ai dit.
« Agricolan .-Vous avez jeté vos armes?
« Marcel : Je les ai jetées; car je n'ai pas
« cru qu'il fût de la dignité d'un chréti.-n,
« qui a l'honneur de servir Jésus-Christ, de
« rester au service d'un homme mortel.
« Agricolan : Les lois de la discipline mili-
ce taire qui ont été violées par ce centurion
« demandent un exemple de sévérité en sa
« personne, et je ne puis me dispenser de le
« punir. » Il prononça donc contre lui cette
sentence : « Nous condamnons Marcel, cen-
« turion de la légion de T rajan, à avoir la
« tête tranchée, pour avoir renoncé publi-
« queraent et volontairement au serment de
« soldat, et avoir proféré des paroles peu
« respectueuses contre les dieux et Tempe-
« reur, ainsi qu'il est porté par les informa-
« tions faites contre lui par Anastase Fortu-
« nat, son colonel, et dont on nous a fait
« la lecture. »
« Marcel, en allant au supplice, dit à
Agricolan : Que le Dieu tout-puissant que
j'adore vous comble, seigneur, de ses béné-
dictions. Ce fut dans ces sentiments de cha-
rité et de douceur que mourut ce martyr
(1) Capitale de la Mauritanie. Elle l'esl aujour-
d'hui d'une province du royaume de Fez , appelé^
Babata.
51
MAR
ftlAR
53
de J(^sus-Christ, auquel soient honneur et
gJoiro dans fous les si^f"les. »
MARCFI. Sainf, nmrlyr, ^t-^it rîiarre (]o
l'éjilisp d'Assise. D^s l'aniK^o 303. anr^s la
publicatioM des é(\\\s des empereur*; nif)cl<^-
tien et M.iKiiuifn, il fui arrAl<< avec son 6xf^-
^p, saiuf S.ihin, et mis eu prison ju>((u'?i !a
Tenue de ^'«>^uslie^, gouverneur d'^ l'Ouibrio
et de l'Efrurie. Aussitôt son arrivée, Vf^nus-
fien fit rompnraître les prisonniers devant
lui. Sur leur refus de sarriii.'r, il les fit tour-
menter si horrildement. que Mire d et Kxu-
i)4ranre moururent au milieu di^s supplices.
Ce fut dans la villn d'.\«sise qu'ils reçurent
la couronne, au commeneement de l'année
30V. î.'Mir f.Me a lieu le 30 d'cembre.
MAUCF.I, 'sain!;, pape «d martyr, succéda
au pape Man-rllln en 308. A fieine sur le
siège pnnlili.al, il s'occupa do maintenir la
discipline (.-iclési islique et df (invaillec à
faire ohsei-vrr les canons qui regardaient la
pénitence. Avant rencontré des Confralir-
teurs, il fut dé-^oncé par eux. et surtout par
un apostat ?i l'égard duquel il avait iugé h
pro 'OS d«' s' vif. Le tyran Maxen^c le bani'it
de Rome, airès un an, se[)t mois et vingt
jours de pontificat. II niourul en exil. L'Eglise
fait sa fé'e le IGjanvier.
M.\RCFL 'saint;, iJrélre et mar'vr, mourut
pour la foi catholique à Nicomt^die. Il fut
précipité du haut d'un loclier [)ar les ariens,
du temps (i<' l'empereur Coi,stan( e. L'Eglise
célèbre sa mémoire le 26 novembre.
MARCEL (.>aint), martvr, ayant généreu-
sement confe>sé Jésus-Christ en urésence de
Julien l'Apostat, fut attaché h la queue de
chevaux indomptés, avec, les s.iints KIpide,
Eusto.-he, et plusieurs autres dont les nouis
ne nf»us sont pomt parvenus. Ces saints
combattants furent tirés avec viidonce, déchi-
rés et enfin jetés dans le feu, où ils accom-
f»liri'nt leur courageux martyre. L'Eglise fait
eur fi'dft le 16 novembre.
MAIttTJ. Saint , fut martyrisé en Afrique
»Vrc, Publius cl Julitn, dans des circonstan-
ces et h une épotpie (|'ii nous sont incon-
nues. Ils eurent encore d'autres cou)|iagii(>ns
dont les nom> sont ignorés. L'Egliie f>iii leur
ff^f • le 10 février.
MAHCEL (saint), évéque et martyr, fut
tfiartyrisé h Aparaée en Syrie. Ayant ren-
Yersé un temple de Jupiter, il fut' massacré
par une tronie de gentils en fureur. Il est
ii)<!f rit au Martyrologe romain le IV août.
MARCEL (saml), soumit le martyre .^
Argentan ;u'ec saitit An\><lase, hunnuo do
guerre. T'i is dtnjx furent décapités eu
riionneur de Jésus-Christ. Ils sont inscrits
au M 11' ' e romain le 20 juin.
MAUci I lint), donna sa vie pour Jésus-
Chnsl h Capoue. Il eut i)0ur compagnons de
Sou martyre | .s saints Caste, Emile et Satur-
nin. L'Egl s • fiif iiMir s.iiiite mémoire le 6
octobre.
MARCELLIL.N ( saint), martyr, fr^re de
saini llirc, fils de s.inl Tra iq oHiu et de
sainl-! Mar. ie,c\il la j^loirc i!l' moiuir pour
Jésus-Chri^-t, .^ Rome, eu 2*^'', n>
do Dioclélicu, alors que Roiue Oiv>..^j«.,,. !..i-
rin. (Vny. Marc et Sebastien.) La fête de
saint ^larcellien a lieu le 18 juin.
MABCELLIN i saint ) , pape et martyr,
souffrit pour la foi à Rome, sous l'emperetir
Maximien, avec les saints Clmde, Cyrin et
Antonin. 11^ furent décapités. Il y eut alors
tine 5n furieuse persécution , qu'en moins
d'un mois dix-'-^ept mille chrétiens ob inrent
la pilnie du martyre. L'Eglise fait leur im-
morfplle mémoire le 26 avril.
MARCI'LLIN s.iinf), évéque et confesseur,
soulfrit h llnveime [Hnir la défende de la re-
ligion chrétienne. Les détails ii uis mmquenl
sur son coniple. Il e^l honoré dans l'Eglise l«
5 o tobre.
MARCKLLIN 'saint^. prêtre et confesseur,
soulfrd à Dtveuler, ville des Pays-Bas. .Nons
ignorons ks «liverses circonsl-juces de son
combat. L'E^hsef^it sa mémoire le IV juillet.
MARCELLIN (sait.l), fut tué par les héré-
tiques, à Cailliage, pour avoir défendu la foi
catholiipie. L'Eglise l'honore comme martyr
le 6 avr.l.
MARCELLIN (saint), était tribun. Il souf-
frit le martyre à Tomes, dans le Pont. Les
compagnons de son Irioniphe f irent .Mannee,
sa lemme, et teurs enfuils, Jean, Sérapion et
Pierre. L'Eglise les honore comme martyrs
le 27 août.
MARCELLIN (saint), martyr, fut mis à
mort pour Jésus-Christ en l'an 3uV , sous
l'empire de Diociétien, avec saint Pierre. Ils
étaient : le premier, prêtre; le second, exor-
ciste de rE.j:lise ro.uainc. De peur que les
chrétiens prissent leurs corps |>oui- leur ren-
dre les derniers devoirs et les honneurs
qu'ih avaient coutume dacronit r aux reli-
ques des Uiaityrs, le juge d<inua l'ordre au
bourreau d'exécuter les deux saints dans
une forél éloignée de Rouu'. On les conduisit
dans un lieu plein de ronces et de bruyères;
et là. le bourieau leur ayant dit de quels
ordres \\ était chargé, tous deux se muent
immédiatement à eidever les ronces et les
bruyères, pour p éparer leur tombeau. Ils
furent décapités eustnuble, et enterrés au
lieu même. Peu de jouis amés, ui.c daiim
nonmiéo Luiile a[)pnt par lévélation ce qui
s'était passé ; die se îra.ispo ta , avec une
autre fcmuie noinraée F rmine, ^ li ndioit
qui lui avait été désigné, trouva (t enleva
les corps des saints, et h '^ enleria près do
celui de saint 1 b iive, sur la voie Lavi. ane,
dans Ijs Cai.n oiiil) 'S. L»' pape Daiuase ra-
conte (pi'étant tout enfant il apprit ces parli-
cularitts du bou.reau lui-même. Pcrcussor
rrtulU tnihi Ditinasn , cuin purr rssfin. Ces
mots se trouvent «luis l'épilaole iiuil inscri-
vit sur le tiuubeau des saints. L'Eglise honore
leur miMiioire le 2 juin.
MARCELLIN ,sainf .fut décapité à Pé-
roux*. piMidanl l.i persécution de Dèce, pro-
bablement eu i.'il, av c los .«ai Us Florence,
Julien, Cyriaque, Fauslc. L'Eglise honore la
mémoire do tous ces saints martyrs le .'ijuin.
C'est à tort que le Marlyiologe iui rimé à
Lille (Catalogue pour l'usage des b.iplémoS),
dit le V d-' ce lU'iis.
.MARCliXLlN ^saiut), martyr, mourut j'oui
58
MAU
la foi cliit'In'iiiH» sons rcmpim do \h\'^y, \uw
onln> «lu ('((iisiil/iiit* l'mmnlr. Kcvs A(it<!S
nu'on n ilo lui ol di* ses comixiKiKiiix , smnl
V('.(i(M» l'I s;iiiit Sf^comlioii , \w sont rirti
UKMiis (nratillirnli(|iifs. AïKMr dans la villn
d(« Homo, il y «iibil div(>rH loiiniKnils. Il lui
tMisiiit(> (Mivo\(^ (Ml ToscaMc, où il fui ilôca-
i)ili^ l,'lvj,lisr l'ail sa l'iMc^ lo \) aoAl.
MAIUllA. jeune lillc sorlio dos dornieis
iMO^s (in |)(«ni>!i', fnl la niailr.'ss(^ do C.oni-
in(t(l(',(|ni la l. lisait Iraiior cl lionoror ooi o
si ollo OUI cHrt r('>i'll('ino'U iinpc'Tdrico. Kilc!
nvnil boanconp d'iillVclioM <>l do pondiant
p(»nr los chnMions; ot connin» ollo pouvait
tout sur l'ospril dn Comniodo, ollo lit (luo, du-
rant son n'gno, ils no i'iironl pas p('rs('>cul(''s.
Miroia leur fit de grands hieus; o"osl iov-
prossioM dont so sert Li» Nain do Tillonio'U.
Connnodo ayant, (>n VM, mis lo nom do sa
niaitrosso sur uno liste do proscription, ocllo-
ci s'en aponMil, ot lui doinia du poisoi dont
il mourut. Oi'^'l'iues mois aitrôs, Julien la lit
tuor. ^ ,
MAHCIANILLE (sainte), môro de Cclso,
soullVil pour la loi sous lo r(>;^in! do (ial('>ro
et (le Ma\imi'i, le (i janvier 313, aYe(' saint
Julien rHosi)italier. Sa ièU\ arrive le 9 jan-
vier. (Voi/. (-Iiaslelain, p. 10(5.)
MAUCiANOPOLIS, ville de Tlirace , fut
lémoin du marl,\rc de sainte M('litinc, sous
romi.tereur Ant(V\iM et lo président Antio-
chus. Elle soud'rit par ordre du dernier.
iMAUClE (sainle), lenunc de Tranquillin,
mère des saints Marc et Marcollien , (Hait
naïen-io, ainsi que son mari, quoi(iue depuis
lonylomps SOS doux fils fusscit chrétiens.
Quand le préfet Chromace les eut fait arrcler
comme tels en 2Sï, durant que C.arin était
maître de Rome, et qu'il les eut condamnés
à être décapités, après leur avoir fait subir
divers tourments, Marcie et Tranquilli-i ob-
tinrent un sursis do trente jours à l'exécu-
tion : ils espéraient pouvoir , pendant ce
temps, venir h bout d'obtenir d'eux ce que
les tourments n'avaient pas pu. Marcie vint
donc auprès d'eux avec son mari, avec les
femmes et les enfants des deux saints; et
tout ce que les sun[)licalions, tout ce que les
larmes ont de puissance fut inutdement em-
ployé pour les vaincre. Saint Sébastien, oîH-
cier du palais de l'empereur, venait fréquem-
m-nt visiter los saints martyrs dans leur pri-
son; il y rencontra leurs parents. A la suite
de plusieurs conférences, et surtout après
qii'il les eut rendus témoins de divers mira-
cles qu'il opéra, il les convertit; Marcie,
comme les autres, fut baptisée par le saint
prêtre Polycarpe. Après que le préfet Chro-
mace, converti lui-môme, eut renoncé à sa
charge pour se consacrer entièrement à la
pratique des vertus chrétiennes, Marcie pro-
fita de l'otTre qu'il fit à beaucoup de chré-
tiens de se retirer, durant la persécution,
dans les terres qu'il possédait en Campanie.
Elle y vécut jusqu'en l'année 286, époque à
laquelle les persécuteurs la tirent mourir,
avec les saints Ariston, Cres(^,entien, Euty-
chien, Urbain, Vital, Juste, Félicissirae, Fé-
lix (ou du moins l'un de ces deux, derniers),
MAU •"'*
<il s/iinlo Symiiliorose. L'Eglise fait na létc lo
2jiullcl.
MAUCIK fsaitit), martyr, mourut pour la
foi av(3c Ion saints Im'II*, LJlci'do, Imh innat ,
et leurs eompa,;nons dont les noms noilt
i);n')ri'S, /Missi Inni ipic les «ainls (^léunic!,
lùtlropo ol ll/isilis(pic, soldats. Ils oxpiicroiil
.sur la «;roi\ durant la perséciiljon do Maxi-
mien, sous le président As(lé|ii;ido. l.n ]\r\i
<|(' leur martyre est («xnpiétcmi ni inconini.
C/osl lo 3 mars (pu; rEylis(! célcbic leur nié-
mo'ro.
MAItClE (sainte), reçut la palm*^ du mar-
tyre; à Syra(nise, avec s;iinl llulin. On i;.;ii')r««
complètement h qiudh! épo pie (!t dans (piolh s
circonstances. Ils sont inscrits au Marlyro-
loj^'c romain lo 21 juin.
MAIU'.IK (saint('), martyre, ré|tan(lil son
san^' h Césaréo vu Paloslino. Kilo oui pfuir
compagnes (|(( sfui martyre los saintes Z'-
naï.le, Cyro ot Valero. I/Egliso honore la
sainlo mémoire do ces (;;lorieuses martyres
le
5 juni.
MAUrJEN (saint), évoque et martyr, fut
massacré par les Juifs, après avoir firèché la
religion h Syracuse. Saint Pierre lui-m('me
l'avait ordonné évoque. Il est inscrit au Mar-
lyi'ologc romain le 1'* juin.
IMAÏICIKN (saint), martyr en Campanie,
sous lo rèf^ne de l'empereur Domilien. On ne
possède aucun document sur ce; saint mart , r.
L'Ej;lise on fait la fêle le 2 juillet.
MAUCIEN, évèfpie de Tc'irtono, fut marty-
risé sous lo règne d'Adrien, d'autres disent
do Tra.ian, dans sa ville épiscopale, le 27
mars. Ni ses Actes, ni l'histoire que donne
Boll indus de l'invention de ses reliques, ne
nous paraissent de nature à mériter la con-
fiance. On fait sa fête le 6 mars.
IMAUCIEN , consulaire sous l'empereur
Dèce, tit arrêter et comparaître h son tribu-
nal saint Acace, évoque d'Anlioche (Antio-
chia ad Cragiim). Il argumetita longuement
avec lui sans pouvoir n- le convaincre, ni le
contraindre à abjurer. Moins cruel que la
plupart des magistrats de cette époque, il fit
mettre le saint en prison, [)0ur aUendre la
d '-cision que Dèce prendrait à son égard. Ce
farouche tyran, par un caprice qu'on n'aurait
guère aitendu de son naturel sanguinaire,
fut tellement enchanté des réponses vives et
spir.tuoUes du saint , qu'il donna l'ordre
qu'on le laissât librement pratiquer sa reli-
gion; mais il n'en récompensa pas moins
Alarcien , en le nommant gouverneur de la
Pamphylie.
MAliCIEN (saint), fut martyrisé à Nicomé-
die, sous le règne de l'empereur Dèce, avec
saint Lucien et plusieurs autres dont l'Eglise
fait la fête le 26 octobre. Ses Actes étant en
même temps ceux de saint Lucien, il faut
recourir à l'article de ce dernier.
MARCIEN, était président à Rome, sous le
règne de l'empereur Numérien. Il y fit souf-
frir le martyre à saint Marin, sénateur ro-
main , qui faisait profession de la foi du
Christ.
MARCIEN (saint) , frère de saint Marc, fut
martyrisé avec lui en Thébaïde, en l'an de
55
MAR
Jésus-Christ 30V. sntis \e r^gnc et durant la
per>écatio'i do DiorUMion. i Pour plus de d»^-
lails, voy. .M\rc.) La fOte de ces deux saints
arrivp \v '* nrlohro,
M.UK-IEN isaint), martyr, fut mis à mort
en Mésic, pour la foi chrétienne, en 303,
sous le règne de Dioclélien. Ses Actes sont
fort beaux ; les voici en entier.
Actes de saint Marcien et de saint Nicandre,
tirt^s du cahinrt des livres du P. Mahillnn,
confrontés avec rni.r qu'Antoine Carraccioli
rapporte dans son Histoire de Xnples.
Je vais exposer aux yeux de la postérité
les glorieux romhats que les saints martyrs
Nicandre et Marcit-n eurent h soutenir con-
tre Kenfer. Ils portèrent quelque temps les
armes pour les empereurs ; mais renonçant
à la gloire vaine et frivole (jue le monde
donne pour toute récompense, ils quittèrent
le service des princes de la terre et prirent
parti dans Tarmée de Jésus-Christ , où sa
grAce les appelait. On leur fit bientùt un
crime de ce changement, et on les déféra à
Maxime, gouverneur de la Mésie (i),((ai, les
ayant fait venir en sa présence, leur dit :
«Vous n'ignorez pas (pi'il y a des ordres
précis fies empereurs de sacritier aux dieux ;
venezdonc, Nicandre, et vous aussi, Marcien,
venez doiunT des marques de votre soumis-
sion. — Ces ordres, répontlit Nicandre, sont
pour ceux qui les veulent suivre; pour nous,
étant chrétiens, nous sommes dispensés d'y
obéir. — Mais à profios, reprit Maxime, d'oiî
vient que vous ne vous présentez plus pour
recevoir votre paye? — C'est, n'plitiua Nican-
dre, que l'argent fourni par i'im[>iété est une
peste «pli infecte ceux qui veulent servir
Dipii. _ Je vous tiens quittes pour un peu
d'encens, repartit Maxime. donne/.-en aux
jipnx. — Kn bonne foi, seigneur. ré()li(pia
aussitôt Nicandre. comment un clu'étien ((iii
adore un Dieu immortel, un Dieu qui a tout
fait de rien, h ipii il doit son être et sa con-
servation , comment, dis -je, ce chrétien
pourra-t-il abandonner le culte de ce Dieu
pour le rendre à du bois et h des pierres? »
La fenune de saint Nicandre, nommée Daria,
était présente lorsrpie le gouverneur inter-
rogeait ainsi son mari. Llle |»rit la parole
pour l'encourager :« (îardez-vous bien , lui
dit-elle, mon r.U^T mari, de faire ce que l'on
veut exiger de vous ; garde/,-vous bien de
renoncer Jésus-Christ notre bon maître. Le-
vez les yeux au ciel, vous l'y verrez. Oui,
c'est lui h qui vons devez être lidèle jus(prà
la mort; il ne inan(piera pas de venir à votre
secours, de vous soutiniir » Maxime Tin-
lerroinpant : « Méehanle femme, lui ilil-il,
pourquoi souhaitez - vous (|ue votre mari
meure? — A Dieu ne plaiso, seigneur, que
jaie celte pensée. répondil-elle;je souhaite,
au contraire, qu'd vive toujours et (|u'il ne
meiire jamais. —Ce n'est iMijnt cela, dit le
j^riuverneur, c'est que vous \oudriez avoir
un autre mari. — Helas ! seigneur, répondit-
rlle. "»i vo.,s me souproune/ d'une pareiih»
chose, vous pouvez m en punu. Faites-moi
(I) i>uivanl la conjecture dv Uoui Tliicirv Uuiuart.
MAR 56
mourir la première, si toutefois les femmes
sont comprises dans l'édit ; aussi bien je
désire donner ma vie pour Jésus-Christ. —
Je n'ai point d'ordre pour faire mourir les
femmes, repartit Maxi(ne; je ne vous accor
derai pas ce que vous me demandez ; seu-
lement voiis irez en prison. »
Après que le gouverneur eut fait mettre
Daria en prison, il revint à son mari. «Ne
vous amusez j)as. lui dit-il, aux discours de
votre femme , ni à tout ce qii'on pourrait
vous dire d'approchant, il y aurait du dan-
ger pour votre vie ; mais prenez du temps
pour vous résoudre, et pour délibérer avec
vous-même si vous voulez vivre ou mourir.
— Imaginez-vous, répondit Nicandre, que ce
délai est déjh écoulé ; ma résolution est prise ;
c'est de ne rien faire qui puisse me faire tort. »
Le gouverneur tout joyeux dit : « Que les
dieux soient bénis! — Oui, dit en même
temps Nicandre, que Dieu soit béni!» Le
gouverneur croyait (jue le martyr, en disant
<{u'il ne voulait rien faire qui lui fit tort,
avait résolu de sacrifier pour sauver sa vie ;
c'est ce qui lui avait dire : Que les dieux
soient bénis ; et sur cette espérance il se re-
tirait fort content de lui-même, avec Leuco-
nius, qui était île son conseil ; mais il fut bien
surpris d'entendre le saint rendre grAces à
Dieu, dans une espèce d'extase, et le prier
de le délivrer des périls et des tentations du
siècle, car, retournant sur ses pas, il lui dit :
« Conmient donc 1 il n'y a qu'un moment
que vous vouliez vivre, et maintenant vous
demandez à inourir? » Nicandre lui répon-
dit : « Ne croyez pas que je renonce h la
vie: non. sans doute, je l'aime, j'en désire
la jouissance avec passion, et je suis prêt à
tout faire pour l'obtenir; mais c'est la vie
éternelle, et non celte vie mortelle et passa-
gère pour la(]uelle j'ai si peu d'attache, (jue
jo vous l'abaudoime; faites-en ce que vous
voudrez ; car enlin je suis chrétien. — Et
vous, Marcien, dit le gouverneur en se tour-
nant vers cet autre martyr, que luc répon-
dez-vous? — Les mêmes choses (pie mon
compagnon, repartit incontinent Marcien. —
Kh l)ien 1 lui dit le gouverneur, vous irez
doue avec lui en prison pour y attendre l'un
et l'autre le même clK^timeiit. »
Ils y demeurèrent vingt jours, au bout
desqmds ayant été introduits pour la se-
conde fois en la présence du gouverneur, il
leur dit : « Je vous ai donné tout h» tem[)s ipio
vous pouviez souhaiter pour vous ilétermi-
niM' ; êtes-vous enlin résolus d'obéir ? » Mar-
citMi pr(niant la [tarole répondit pour son
compagnon et pour lui : « Seigmnir, tous
v.>s discours ne nous feront jamais aban-
doniKn- la foi, ni méconnaître celui de qui
nous la tenons. Nous le voyons, nous enten-
dons sa voix, il nous appelle ; di^ grAce, ne
nous r(>ienez plus. Notre foi s'arcom(»lit au
jounl'hui en Jésus-Christ , renvoyez-nous
proiupttnnent. que nous puissions voir en-
fin le Cru( itié (pie nous adorons. — Vous
v> niiez donc mourir, répliqua le gouverneur,
vos désirs vont être acc(Mnplis, vous mourrez.
— No nous faites plus languir après cclta
Bî MA H MA II es
(Joiico attt'iito, (lii(Mit-ils, iiniis vnns on cou- rniv (|tii rrcticiil en lui , vous voilJi sur lo
jurons, sciniiciir, p.ic If sailli (les riiiiMTCurs. poini d'uri voir rrll'i'l. Oin' \()\is f-lt-s licii-
Aii riîstc, ccircsl |MMiil 1,1 (laiiilc de sucnuii- ifiix ! vous (Mes divs i lirr''liciis narfails. » i'.r-
iicr suiis la ri|^iuiiii- tics .su|)|ilii'cs (|ui nous |ii>iiilaiil l/i rcninif i|i< Maniiii li> suivait toii-
lait vous prier du liAlcr nolic iiiorl ; luir jours ni |ilcuiaiit cj le liianl ii dli'. (ir; ipii
saiiilc iiii|iali("M((î (l'cMic Iiciin-iix nous rend ohlij^i'a le saiiil df duc ii Zolic;us : « ll«;lcii'/-
si priissanls, et pciil-cMn' si iiu|ioi'luns. Ji; la, jo vous prie. » /dIkus tpiilla l«; martyr
SUIS l)i(Mi aise, dil le nouv«'i ncur , <pio ccirt <•! lit rc (pTil souliaiiail. I.orsijij'on lut ainvi'j
vienne do vous; ce n'i-sl pas iiuu, coiuino au lieu où on devait les lairc; mourir, Mar-
voiis voyez, ipii vous lais mourir, mes mains cion, jetant les jeux autour de lui, appela
sont iîuiocenles di^ voiro san;^, vous nu' l'or- Zoticus, et lo pria de l'ain.' avancer sa rfmmo.
coz h l(î i<^paii(lre ; mais ciilin. piiisipu' vous Klle vint , il la haisa , et lui dit : « AINîz an
ne sortez pas di^ mondi! à l'avc^nluic, (jue nom ilu Seii^nenr. il n'est pas h pnipos ipio
vous savez où vous allez, et (pie vous croyez vous soyez témoin do ce (pii va so passer, et
nuo votro mort sei'a suivie d'un honlieur ayant l'Amo encore toute païenne et sou-
oternel, jo vous en lélicile ; alNeis, il faut mise au démon, vous n'êtes pas dii^ne d'.is-
vous satisfaire. » Il prononça en iiuMiie temps sisli^r au sacrilic(; (pn; nous allons oll'rir. » Il
l'arrêt (pii les condamnait h perdit; la ItMe. j)ritonsuile son fils, (|n'il haisa; [)uis, regar
A |)eine eut-il lini, (pu; nos saints martyrs danl lo ciel, il «lit : « Dieu toul-puis.sant ,
s'écriériMil tout d'une Voi\ : « Que la [Wiix servez -lui de fn^vc* » Après cela les doux
soit avec vous, A le plus doux et le plus lia- martyrs s'cmhrassèronl, et s'oloit^nérent un
main des jn;.:;es ! » Puis, so liilt'int d'arriver i)eu l'un de l'autre, j)our so |)répnror à la
nu lieu de leur supplice, ils bénissaient le mort. .Marcien ayant aperçu la l'(;mmo de
Seigneur, ils lui rendaient mille actions de Nicandre, l,i(juelie ne pouvait approcher à
gr.lcos, ils étaient dans la joie. cause de la foule, il lui donna la main |)our
Daria mise en liberté avait eu permission la l'aire passer, et la conduisit où était son
d'aceompagner son mari (Nicandre) ; Papi- mari. Ce saint lui dit seulement : « Que le
nitMi, l'réro du martyr Pasicrate, était av«;c Seigneur demeur(;avoc vous.» Et elle, restant
elle, el elle portait entre ses bras le lils de toujours auprès de lui : « Mon seigneur, lui
Nicandre, et s'aiiprochant du saint, il se ré- dit-elle, il faut jusqu'à la tin donner des
jouissait avec lui de l'heureuse destinée qui marijues de son courage; j'ai été dix ans
l'attendait. D'un autre cùté, les parents de sans vous voir; le ciel est témoin dos vœux
Marcien le suivaient fort désolés, et mêlant que je faisais alors pour jouir do votre pré-f-
leurs larmes et leurs plaintes aux plaintes sence;je vous revois entin afirès une ab-
ct aux lai'mes de son é{)ouse infortunée. Elle sence si longue, et je vous revois prêt à en-
marchait innnédiatement après lui. Ses che- trer dans la gloire. C'est maintenant que je
veux épars (>t en désordre et sa robe déchi- vais être la plus heureuse de toutes lesfem-
rée maniuaient la douleur profonde que res- mes, la plus digne de considération : en un
sentait son ûme. « Marcien, disait-elle, mon mot, je serai la veuve d'un martyr. Courage
cher Marcien , hélas ! mes pressentiments donc, mon seigneur, rendez, par votre mort,
n'étaient que trop véritables : voilà ce que un témoignage éclatant à la divinité de Jé-
j'ayais toujours appréhendé, et ce qui m'a sus-Christ. Montrez-vous à lui au sortir du
déjà coûté tant de pleurs. Malheureuse que combat ; jouissez, en le suivant, du fruit de
je suis ! ah 1 tu ne nie réponds rien, cruel ! votre victoire ; et quelquefois aussi parlez-
Cher époux, prends pitié de mon infortune ; lui en faveur de votre femme. » Le bourreau
mon seigneur , ayez quelque compassion interrompit cet entreàen ; il banda les yeux
d'une épouse qui vous fut si chère autrefois, aux deux martyrs, et il leur trancha la tète
et qui vous fut toujours fidèle. Regardez du le 12 des calendes de juillet, sous le règne
moins votro fils, ce gage si doux dun inno- éternel de Jésus-Christ,
cent amour. Daignez laisser tomber sur nous MARCIEN (saint), martyr, était un person-
un de vos regards : notre misère nous rend- nage fort illustre de Rome ; il avait un tils
elle méprisables? Où courez-vous? à la mort, nommé Jean, qui, étant venu à mourir, fut
Pourquoi nous haïssez-vous ? On t'enlève, tessuscité par saint Abonde, prêtre, et saint
on t'arrache à ma tendresse, cher époux, et Abondance, diacre- Ces faits étant venus à la
mes yeux te verront enfoncer un poignard connaissance des persécuteurs, ces quatre
dans le cœur , et tomber sous le couteau saints furent pris et martyrisés sous Dioclé-
meurtriercomme une malheureuse victime. » tien, à Rome, sur la voie Flaminienne. L'E-
Saint Marcien, se retournant vers sa femme, glise fait leur fête le 16 septembre,
et la regardant d'un air sévère : « Jusqu'à MARCIEN (saint), martyr, versa son sang
quand, lui dit-il, souffrirez-vous que le dé- pour la religion en Egypte, durant la per-
nion vous mette un bandeau sur les yeux? sécution de Galère-Maximien. 11 eut pour
Eloignez-vous do nous, et nous laissez ache- compagnons de son martyre, dont le Marty-
ver en |)aix notre sacrifice. » Zoticus, qui était rologe romain ne donne pas de détails, les
chrétien, et qui aidait h marcher à Marcien, saints Nicanor, ApoUone et quelques autres
lui dit :« Courage, vous venez de remporter qui sont inconnus. L'Eglise honore leur
une grande victoire. Hélas 1 chétifs et faibles mémoire le 5 juin.
mortels que nous sommes, d'où nous vient MARCIEN (saint), fut honoré de la palme
une foi si vive et si pleine ? Souvenez-vous, du martvre vers l'année 30i ou 303, dans la
mon frère, des promesses que Dieu fait à province d'Afrique, ll^t pour compagnons
59
MAR
MAR
•0
d'^ 50iiffrflnces saint M.irr quo los «inri^ns
Mflrlvrolo;;('S disent «>lre son frèro. et d'au-
lrP'< onfore dont li>s noms sont ignorés. IN
sont inscrits au Marl)rolo^e rom lin le V
ortohn^.
MARriEN (saint;, mirtyr, rst inscrit au
"^Marlyrologo romain lo 2R mars. Il souffrit à
RotTiP aTC" les sainls Pif^rro. J vin, 'a^^sicn,
sainte Thèrie et (ijusiours nufn's do-it les
noms ne sont pas parvenus jusqu'à nous.
L'Eglise fait leur' m^nioiro rollfctivem nt.
MARCIEN (saint;, eut le glorieux privilégie
de verser soi sang pour la loi de Jésus-
Christ dans 11 proviiiro d'Afrique. Il eut
pour compagnon de ses soutfraires, sur les-
quelles nous n'avons aucun détail, sai'it
Fortunnl. L'Ej^li^e fait collectivement leur
mémoire le 17 avril.
MAKCIEN (saint), éyêque et confesseur,
soutfrit à Ravenne pour la "défense de la re-
ligion chrétienne. Nmis ne possédons a;i:un
document relatif à sou combat. Si uiémuire
est honorée dans l'Eglise le •22 mai.
MARCIEN (saint), fut martyrisé dans la ville
d'icùne par le présidi-nt Pcrennius. Les dé-
tails que nous possédons sur lui ne vont
p ts au delà. L'Eglise honore sa mémoire le
11 juillet.
MARCIEN (saint), était chantre àConslan-
tinople. 11 30U. frit des tortures et It mort
en l'honneur de Jé>us-Chr(St aveo le sous-
diarre Martyre. Les hérétiques les massa-
crèrent sous le rè-çnc de Constance. Us sont
honorés dans l'Eglise le 2ooclo!)re.
MARCIEN (sain'l, martyr, cinnllit la palme
du martyre eu Airitjue, à une époque que
nous ignorons complètement. Il ♦ut pour
compa:;nons de son martyre les saints Ai|ui-
lin, Géminé, Eugène, Quinctus, Théodote
et Triplioii. Le Martyrolo ;e romain ne nous
a donné aucune circonstance de hnir co nhat.
L'Eglise honore leur iminorlello mémoire le
k j uivier.
MARCIEN saint), est inscrit au Martyro-
loge romain avec saint Julien et huit aiitres
qui nous sont iuronnus, le 9 aoAt. L'tnpie
Léon, empermir (l'Orient, leur lit s mlfiir
divers tourments avant de les faire décapi-
ter, parce qu'ils nvaienl élevé l'image du
Sauvt'ur sur la port<î ^l'Airain.
MKRr.lKNNE (sainte), martyre, est fort
oélèhre dois les Mart * rolog"s latins, ipii la
mettent, les uns le 9 janvier etd'aulns le II
ou 1-2 juillet. Nous en avons une hymne ti-
rée <iu hréviaire golhiipn» ou mo/Trahe de
Tolède et des Actes donnés par H illaiidus,
dont on voit bien que cette hymne a été
pn^". On ne peut pas dire (pi ; ces Actes
s'utnit ongniaux, puisipiils (>araissf'nt érnts
plu' jours années après la mort de la sainte;
et in^'-mi^ iU e.mtinrin'ni» plu->i( urs particu-
larités qui doiunnl tiuclque Ii»;u de les te-
nir pour sus eiH. Mus. d'antre part, ils
s<»nt lHlt»m';nl p.nliiiJarisc; p' dun style >i
grive, qu'il est diili île de ne h-ur pas tlon-
lier qu Ique rmvanco. L'hvune même du
liréviairt" (le r ■ n^si'i Imlle et
••sez aucicQuc ^^u. .vj t >uivuir aulori^ier.
C'est pourquoi nous ne craindrons pas de
rapporter ce qu'ils contiennent.
Ii> ne nous apprennent pa> en quel temps
la s.Tinte a vécu et a souir»'rt. Vincent de
Be mvais et d'autres nouveaux auteurs l'ont
mise sous Dioch'-iien, et c'est pour les suivre
que nous en parlons ici, (luoupi'ih n'aient
peut-être pas eu d'autre raison de le laire
qu'une présomption ixénémle (pii fait attri-
buer h cette persécution les martyrs dont
on ignore le temjis. Les Espagnols s'atfi-
buenl celte sauiti\ mais sur des autorités
null.Miient considénddes. Ses Actes disent
qu'elle soutfrit à Césarée qui est un nom
co.nmun h hi'aucoup d** villes. Mais les cir-
constmces nous déterminent assez claire-
ment à l'entendre de Césarée en Mauritanie,
et presque t us les Martyrologes l'expli-
quent d .' cette Césarée, qu'on croit commu-
nément être la villed'Alger, quoique des per-
sonnes habil'S en douient.
Cela nous sert h expliquer ce que les Ac-
tes ajoutent, nu'elle éta t de la ville de Ru-
su;;cur; car l'histfure de l'Eglise nous ap-
prend qu'il y avait une ville de Rusuccur
dans la ^laurHaide Césarienne. Nous ne
pouvons donc douter que ce ne soit la («atrie
de notre sainte. Elle était sort.e d'une famille
illustre. D eu lui avait donné aussi d»'s ri-
chesses et de la beauté. Mais méprisant
toutes ces choses, elle vint demeurer à Cé-
sarée dans une petite cellule où eUe con-
si'rvait sa chasteté qu'elle avait consacrée à
Dieu, fuyant l'ambaion et les délices du
inonde.
Etant un jour sortie pour voir la ville, di-
sent ses Actes, ou pluti')t pour quelque sujet
plus important, elle se renconlia parmi une
grande foui > de pniple en un lieu proche la
porte de Fioase qui est aussi une ville de
Muiritan'e assez près de Césarée. Dans cette
place, a>ant vu sur une fontaine une Diane
de marbre, elle lui abattit la tète et la brisa
tout entière. C'est une de ces sortes d'aLtions
q .i étant contre l'ordre de la ■.iscipline ordi-
naire de l'Egl se ne se peuvent bien faire
(fue p.ir une inspiration du Saint-Esprit.
M »;s aussi nous ne devons pas les condam-
ner légèrement puisv|u'elles ne sont pas ex-
traor linaires dans les martyrs les plus au-
lie niques et les plus saints. Le peuple
prés nt ?i cette action se jeta sur la sainte et
aprè-i l'avoir meurtrie de coups la mena au
tiibun.d tiuju.;e. Marcienne prévint son iu-
le rogatoire en confessant publiquement
Jésus-Chr'sl et en exhortinl le peU) le à
abando nier des dieux qu'ils avaient faits
eux-mêmes.
Leju:;-', l'ayant fait fouettt^r par les minis-
tres 'le la tpieNtion, la lit renfermer eu une
académie de gladiateurs pour leur être aban-
di>nnée : ce qui n'étonna pas la sainte »pii
savait que Dieu ('«lait le gardien de sa chas-
teté. En elfet un gladiateur nommé Flammée
h qui elle avait été donnée en g.uvie, ayant
voulu venir au lieu où elle était et où elle
pnH^ail toute la nuit en prières, il trouva,
dise it les Actes, une muraille iiui l'emitècha
de l'approcher jusqu'à co que le jour étant
et MAR
vomi il lui (lemniMla p.irdoii m plciinml cl
la ronjuiairohlciiii <lii l>i''ii ipi'il |hU s<)ilir
(It) rt'ilii a(^'l(l('(llll(' ili* tçladi.iti'urs. I,a saiiilo
lui (iroiiiil (|ii(' Dii'ii le drliviciail Ni jour
(|ii"(!llo .soiillViiail lo iiiarlyrc, cl ccl.i aiiiva
t'ircclivoiin'iit.
l,(' biiiil (le eu luirailc s'i'lanl rc|iainlu
|»ail(»ut cl le .iUri;<.« aya II coiuiiianlc (|ii()
^lalTicmlt' l'i^l livrcc î» un aulro j^ladialiiiirct
jo l<>M(J(MiiaiM à Mil lidisiciiic, leur;. dcsscMMS
uriiui'H'Is lurcnl loiijotiis aii(Mt''S par va'XU)
liiuradlc dont DiiMi ciiviroiiiiail sa sorvanlc,
justiu'ii ctNiiiCiiliii Icjii.^Ac n'eut pln^ la iiai-
diosso du ruxfioscr du nouveau. Ccllu uiei-
vuillo c^t sans doute surju-enanlc, mais (jtii
1)0 sail (jiiu Diou a l'ait parait le pailiiulièit!-
nuMit sa puissance pour dérendre la ciiao'iiîlù
de SOS épouses? Kl si l'on considère les di-
V(M'S miiacl(»s (pi'il a opérés pour cela, (Jii
trouvera peul-éli-e (|ue les aiili'es paraîlroul
t'ucoro plus inei'oyablcs ijue eului-ci. Saiiilo
Marcienne, voyant sa ohastelu en assuraïu-e,
parée (pu^ Dieu on ftre-iail la [)roleeliun, no
son,-;ea plus qu'^ so préfiaror au marlyro.
ha suite des Arles est obscure: je ne sais
s'ils veulonl diie (jue l'on voulail J'airo ap-
prendre h la sainte l'arl des gladiateurs. Nous
savons par Eusobe (]no l'on y a quol.|uot'ois
contiaiuné les ehrélicns ; mais il y a pou
d'apparence que cola ait élc jusqu'à dos
filles.
Le lieu où était la sainte était auprès (le la
maison dun Juif, nouuué Budaire, qui ('lait
prince de la synagogue. Quelques-uns do
cotte maison so moquant de la sainte et lui
disant des injures, elle maudit colle maison,
priant Dieu de faire descendre le feu du ciel
poiu- la consumer, et do ne point |)ermo}U'e
qu'elle fiU jamais rebâtie; mais qu'au con-
traire les pierres que l'on eu Iransporteiat
causassent la ruine dos au'tres maisons où
on les voudrait employer. Cette prière, qui
est assurément extraordinaire, fui exaucée,
disent ses Actes, de lelle sorte qu'au mo-
ment mémo que la sainte rendit l'esprit, la
Diaison et tous ceux q;ii étaient dedar.s fii-
re'it consumés par le feu du ciel. Les Juifs
l'ayant souvent voulu rebâtir, elle tombait
toujours en ruiu- s, et ceux qui envouluient
prendre les pierres se bâtirent plutôt des sé-
pulcres que des maisons.
Le jour de son martyre fut le 9 de janvier,
ou le U de juillet; car ses Actes se lisent
diiréremmeni. Les gladiateurs descendiren.t
ce jour-là dans rampliithé.Ure pour combat-
tre, et Flammée y reçut la liberté par la voix
du peuple (jui as>istait au spectacle, comme
la sainte le lui avait promis. M.iis ce même
peuple iiyant demandé que Marcienne fût
exposée aux bêles, on l'allacha à un poteau,
^t on lâcha un lion très-fuàeux, qui se vint
ieter sur elle, tout en coura U, et mit ses
grill'es sur sa poitrine. Mais, dès qu'il l'eut
sentie, il la laissa sans lui avoir fait aucun
mal. Le peuple, surpris de celte merveille,
dit qu'il fallait laisser aller ceito chrétienne; ^
Bûais Budaire, qui avait avec lui ses enfants
Et ipielques Juifs ramassés pour le seconder,
éiciia un tumulte, criant qu'il fallait obtenir
MAIl
61
du Kouvcrticnr fpie l'on l.'^diAl un laurcui
sur elle. Cida lut fait, et le tiuircan ayant
bb-'sé la sainte h la mamelle nvcc SOS cor-
ne-;, cM(! londia h demi morte, toute cou-
verte de sanjr.
On la relira dans une jofje, où, opr^sfuTon
cul cla irlié son San,;, on la ramena pour re-
cevoir encore une autre coui(jnm;, cl on
rattacha pour la troisième fois au polr-nu.
Alors elle s'écria : « Jo vous vois, Seij^Mcur,
je vous suis, rccevc/. l'âme de voire .servante:
c'est vous qui nve/. été avec moi dans la pri-
son ; c'est vous (lui ave/ daigné conserver
ma clui'>l"'t('. ») Alors le juge, dont la riolcie
s'enllammait d(^ plus en j)lus, lit lâcher un
grand léoiiard, ipii se jeta sui- la sai nie, lui
orraclia d un seul coup de dent presqui' loiili!
la peim, et ainsi sépara son âme d'avec son
coi'ps.
Voilà ce que les Actes de sainte Maicienne
rapporlfiit d'elle. L'hymne du bréviaire go-
thique contient les inèmos choses, (pioique
avec moins d'étendue. Celle h, mne donne
sujet do croin; (|u'elle a été fort honorée ca
Espagne, et l'on fait |t(jrl(M-son nom à b -an-
coup de personnes dans le Portugal. C'est
apparemment ce qui adonné sujet à quelques
autours de incMlre son martyri! en K>pagne.
Oa pourrait pout-ê;re croire qu'elle a été
martyrisée à Césarée, et transportée à To-
lède,"^ et ([ue c'est pour cette raison (pjo le
Maityrolo^;e romain, après avoir mis cette
sainte dans la Mauritanie le Ojair ier, la met
à Tolède le 12 juillet. Car cela vient appa-
remment, dit liaronius, de ce (| le l'un est le
jour de sa mort, et l'aulre c lui de Sa tran^s-
latiou. Il y en a (fui e>i font deux saintes dif-
férentes, mais cela n"a pas de fondement. Sa
fête est mi.s8 le 11 janvier par Usuard, Adon,
Notker et divers autres, et le 11 juillet, non-
seulement jîar plusieurs martyrologes lea-
nuscrits, mais même i)ar deux exemplaires
d'Usuard, gardés à Saint-Germain-des-Prés,
qu'on croit être les plus authentiques. 11 y
a aussi bien tle l'apparence que sa nt Mar-
cien, marqué ce jour-là dans les mari} rolo-
ges de saint Jérôme, à Césarée de Maurita-
nie, n'est pai diiTéront de sainte Marcien; e;
car ces sortes de changements y sont ordi-
naires.
MAftCIENNR (sainte), fut martyrisée avec
les suintes Susanne et Pallade. Ces trois fem-
mes, qui étaient les é^jonses de soldats mar-
tyrs, dont les noms sont inconnus, furent
massacrées avec leurs petits enfants. Elles
sont honorées par l'Eglise le 2i mai.
MARCIENNE (sainte), vierge et martyre,
fut exposée aux bô;es dans le cirque de To-
lède. Elle accomplit ainsi son courageux
martyre. L'Eglise fait sa mémoire le 12
juillet.
MARDAÎRE (saint), donna sa vie pour la
foi chrétienne, sous le p!ésid;mt Lysias, en
Arménie, au pays des Arabraques, au leiups
de la persécution de l'empereur DiocL tien.
11 endura de crnels tourments avant de con-
sommer son sacrifice. L'Eglise honore sa
mémoire le 13 décembre. (Pas de détails sur
son martyre.}
es MAR
MARDOINE (saint\ fut m^irtyrisé h Nico-
m<^flie avec saint Mi).î(loine: le ^iromicr mou-
rut dans uno fosso où on l'nvait jolé, le se-
cond fut I nllf^. Leur inartyro arriva sous lo
règne de l'impie et cruel Diorlélien. Ce fut
aussi en re temps-lJj r^u'un diarre de saint
Anthynie, (^vi'^que de Niromé lie, portant des
lettres aux martyrs, fut arrêté par les païens
qui le lapidèrent. Ils sont inscrits au Marty-
rologe romain le 23 déennhre.
MARDOINK (saint), sourtVit le martyre à
Nëoct^sarf^e. avec les saints Musone, Eugène
et Métellus. Ils furent brûlés, cl leurs cen-
dres jet(^es dans la rivière. L'Eglise célèbre
leur mémoire le 2i janvier.
MARtS (sainte de la jirovince des Huzi-
tes, mourut pour la foi chrétienne, eu l'an
3V.1 de Jésus-Christ, sous le règne de Sapor,
dit Longuft-^'ie. Il n'était fpie laïque. Sa fOte
est inscrite le 30 novembre au Martyrologe
romain.
MARGUERITE (sainte), vierge et martyre,
souffrit, d'après les anciens martyrologes,
dans la ville d'Antiochede Pisidie, durant la
dernière persécution. Son père, qui était
prêtre des idoles, fut son accusateur, et elle
périt par lo glaive. On prétend que son corps
se garde à Slonte-Fiascone en Toscane. Son
martyre arriva vers l'an 275. L'Eglise honore
sa mémoire le 20 juillet.
MARCirKRITE , sainte), fut au nombre des
quarante-huit martyrs rais à mort avec saint
Saturnin en Afriqup, sous le proconsul Anu-
liii, en l'an de Jésus-Christ 305, sous le règne
et durant la persécution si atroce que l'in-
fAine Dioclétirn suscita contre l'Eglsc du
Seigneur. {Voy. Satlrsin.) L'Eglise fait la
fête de tous ces saints le 11 février.
MARCrERITE MIDDLEION (la bienheu-
reuse, femme de ClitluTco, l'un des plus ri-
ches habitants de la cité d'York, mourut
martyre en 1586, sous le règne du monstre
couronné ipii se nommait Elisabeth d'Angle-
terre. {Voy. le titre de cette reine.) On sait
comment cette femme sa guinaire, apostate,
relapse, après avoir sucé le lait de l'hérésie
dans son berceau, a[)rès avoir reçu les le-
çons de son père, l'infâme Henri NUL et de
sa njère Anne de Boulen, fil semblant de se
convertir à la religion catholique, sous le
règne de sa vertueuse sieiir Marie, et com-
ment, après sa mort, libre enfin de montrer
ses sentiments véritables, elle donna cours à
sa fureur et h sa cruauté contre les catholi-
ques de la malheureuse .\ngleterre. Au nom-
bre des lois atroces (luelle avait portées,
que son parlement de bourreaux avait sanc-
tionnées ou votées, il y en avait une (pii dé-
fendait h tout sujet de la couronni> d'.\ngle-
lerre de recevoir cho/. lui un prêtre catholi-
que. (]ette loi et beaucoup d'aulres sembla-
l)les remplirent les prisons d'Angleterre de
détenus, et firent un noml)re inouï de mar-
Iv Ts. Au nombre de < es derniers est la sai'ite
femme dont nous allons diri- la condamna-
lion rt le suppl<'«.
Kilo était mère de plusieurs enfants : elle
était do ces mères (pu savcnil que le lait ma-
lerncl n'est pas la seule nourriture qu'elles
MAR
64
■ doivent donner k leurs enfants, et qu'elles
n'ont rien fait {)oureui si, de bonne heure,
soit par elles-mêmes, soit par les maîtres
qu'elles leur donnent, elles ne les nourris-
sent pas du lait [Mirde la foi et des délices de
l'amour divin. Elle t'tail de celles qui savent
que les croyances reçues dans le bas Age im-
urègnenl l'âme, et demeurent en elle toute
la vie, et que ces croyances, bonnes ou mau-
vaises, sont une des choses k propos des-
quelles Dieu demande peut-être le plus grand,
le plus rigoureux compte aux parents. Elle
crut f)Ouvoir éviter de tomber sous le coup
de la loi auenous venons de mentionner un
peu plus haut -. elle choisit pour ses enfants
un précepteur selon le cœur de Dieu, un prê-
tre catholique, qu'elle logea dans sa maison,
accomplissant tout k la fois ce que_j;on
amour maternel lui prescrivait de faire, en
choisissant un tel maître à ses enfants, et ac-
complissant un devoir de charité en logeant
dans sa maison l'homme que la barbarie do
la reine condamnait à ne trouver nulle part
un al>ri prolecteur, un toit hospitalier. Bien-
tôt la sainte femme fut dénoncée : on la
trahia devant un des tribunaux institués par
la reine pour juger les crimes pareils à celui
dont on l'accusait. D'Ds sa conscience, elle
crut ne pas devoir répondre auï questions
qui lui lurent faites, aux accusations qui fu-
rent portées contre elle. Elle ne voulait pas,
en répondant, reconnaître en quelque sorte
à ce tribunal le droit de la juger et de con-
naître de questions qu'il n'appartient |)as
aux hommes de décider. Elle garda le silence
le plus absolu. La loi était formelle; en fous
cas elle eiU été condamnée, elle le fut. Le
25 mars 1586 on la fit sortir de sa prison : à
côté se trouvait le lieu du supplice: elle y
vint avec nuatre de ses femmes dont le dé-
vouement lui resta fidèle jusqu'au dernier
moment. .Après qu'elle eut fait sa prière, le
juge qui présidait au supplice donna l'ordre
aux bourreaux de la déshabiller. Vainement,
se jetant h ses pieds, elle le supplia qu'on
lui épargnât cette confus on ; vainement les
femmes qui l'accompagnaient joign rent
leurs prières aux siennes: le juge refusa.
Tout ce (pi'il voulut bien acc' nier, ce fut
qu'elle serait déshabillée par s«*s femmes et
non par les bouireaux. Sur sa demande, il
ordonna aussi «pie les assistants détournas-
sent les yeux ilurant celte opération. Quand
les femmes de Marguerite lui eurent ôté ses
vêtements, elles lui passèrent une longue
chemise en grosse toile. A'ors la sainte, avec
un calme et une trampiillité qui émurent
tous les témoins de son martyre, sVHeiidil à
terre : on lui mit un mouchoir sur les yeux ;
sa chemise lui couvrait la plus grande partie
du corjvs. S«)us son dos on avait place une
pierre anguleuse et pointue ; on étcfidit sur
son vi»ntre et sur sa poitrine une porte, sur
Infjuelle on mit d'énormes (viids. A la dou-
leur que ressentit Marguerite, elle joignit les
mains sur son visage. Le juge lui dit : « Otei
vos mains, il faut tpi'on vous les attache. »
Alor<; deux exécuteurs s'avancèrent et les lui
lièrent à deux pieui ; ils lui allachcrent aussi
•'
OK
MAR
MAU
M
les piods. Oïl rcconiiiKMir.n h rhnrKfr do jihis
on |tlu.s la Uibir,/» l'aidctlc poids (pii pcs/iiciit
plnsicnrs (•ciilaiiics de livres. Sdiis cclh- linr-
ril)li' picssioii «pii rtMiasait, la saiiilr ik; (il
oiihMKMc ipio vvs seules paroles : <( Jc^siks,
Jt'siis, aM'/. pilié <!•' moi. » l'illc les répéta
pliisitnws l'ois, laiil (pielN? ml la lorci! dr
parler. Totijours on ajoutait (l(^ nouveaux
poids ; enlin, la poiliinc l'ut écrasée, les cA-
Ivs hrisées, au point (pi'clles passaient h
travers la jieau. Cet a(lr(Mix supplice dura
plus d'un (piarl d'heure avant (pie la saintes
rendit l'Ame.
Voili\ quels étaient les suppliées (pie la fé-
roce Klisahelli faisait, en tons lieux lUi son
royaume, «Midurer aux (•atlioli(iues. Aujour-
d'Iiui, les Anglais sont fiers do co nioiislro
d'initpiité; ils évcxpient son souvenir (|uand
ils parlent de gloire. Jamais les Uomains n'a-
vnienl été licrs do Tihùro. Elisabeth, c'était
l'Ame (lo Néron dans la pean de Messaline.
Voilh quelle était l'héronie de l'Angleterre
prol(vstanlo.
MAU(;UKUITE DE LOUVAIN (sainte),
vierge et martyre, deux couronnes célestes
et immortelles sur la KHc d'une simple fille
d'auberge. Le Dieu (jui récompense chacun
suivant ses mérites ne regarde pas ici-bas
aux conditions de ceux qui le servent. Le
])auvre sous ses Iiaillons est souvent davan-
tage pour lui que le potentat sur son trône.
La religion chrétienne l'emporte, par cela
seulement, sur toutes les autres: elle est la
religion de 1 égalité. Ce fut vers lo connnen-
cement du xiii' siècle que naquit notre sainte.
De bonne heure elle donna les marques d'une
grande piété et d'une vertu solide. Aussitôt
qu'elle fut d'âge à pouvoir travailler, ses pa-
rents, qui étaient ouvriers, obligés de gagner
chaque jour le pain quotidien, se virent dans
la dure nécessité de mettre l'enfant en ser-
vice; mais ils lui tirent un trésor de leurs
conseils et de leurs recommandations. Du
reste, ils la plaçaient chez un parent auquel
ils la recommandèrent avec fervent amour.
Ce parent était un homme vertueux, nommé
Aniand: il tenait une auberge. A côté des
voyageurs qui payaient le gîte qu'ils trou-
vaient dans sa maison, il y avait toujours une
j)lace que la charité chrétienne gardait aux
pauvres et aux pèlerins. Marguerite n'avait
donc que de bons exemples à recevoir du
côtiî de ces parents chez lesquels on la pla-
çait. Bientôt elle s'y fortiiia dans la vertu :
non contente d'accomplir ses devoirs de ser-
vante, elle faisait tous ses elforts pour se
rendre utile et charitable envers les pauvres
et les pèlerins qui fréquentaient l'auberge.
Elle résolut de consacrer à Dieu sa virginité :
aussi évitait-elle avec un soin tout particu-
lier ce qui aurait pu porter la plus légère at-
teinte à sa pudeur. Au-dessus de ces timidi-
tés qu'ont d'ordinaire les filles qu'on tient
éloignées du contact du monde, Marguerite
osait parler et lever la tête ; elle résistait à
toute tentative de séduction avec une force
et une énergie de volonté qui la faisait nom-
mer la fière Marguerite ; elle ne soutirait de-
vant elle ui une action ni une parole com-
promettante ou ('•(|uivo(pie. C'était une sainte
lille, chaste et pure, el ro.spe(i«''e. llno fenuiio
[•eut ioii|nurs (\tre dans la posilim ipridlo
sait prendre.
Amnnd cl sa remnie, ayant pris la résolu-
tion de se vouer /i la vie iiH»iiaslirpif., veidi-
rent tout ce (piils possé.|,iMiit. (^uand Mar-
guerite sut leur dessein, elle prit h- voile
dans l'ordre de Saint lleinanl. Ooehpjes scé-
lérats (pii iiabilaicnl le pa ys, 's.unant que
l'argent provenant de la v(!nl»; était cncoro
dans la inaisr»n d'Aniand, s'hahillèienl r;n
pèlerins, <ît, le soir, vinrent deni.inder l'hos-
pitalité. ni(;n rpi'Amaiid se ïùi décidé h fiar-
tir le lendemain |)oiir l'alihaye d(; Villeis, il
ne crut pas pouvoir refuser cette (euvre cha-
ritable. Pour les traiter jilus convenablement,
cf)iiiiiie il n'avait pins de vin dans sa mai-
son, il en envoya acheter par .Marguerite.
Des que celle-ci fut partie, les brigands as-
sassinèrent sans j»itié les deux personnes
qui avaient bien voulu les reccsvoir sons hîur
toit. A son retour, Marguerite fut assaillie
par eux : ils la traînèrent hors de la ville.
Aj)rès l'avoir beaucoup maltraitée, ils déli-
bérèrent entre eux sur ce qu'ils allaient faire
d'elle. L'un d'entre eux voulait la garder
pour femme, pour conserver ses jours; mais
Marguerite dit qu'elle aimait mieux mourir
que de violer son vœu de chasteté. Un des
assassins la blessa grièvement au cou, et en-
suite lui ayant enfoncé son poignard dans le
cœur, précipita son corps dans la Dvle, le 2
septembre 1225. On raconte que Dieu, vou-
lant montrer combien le sacrifice de cette
viorge lui était agréable, lit flotter son corps
sur la surface de la rivière. 11 remonta con-
tre le courant jusque dans la ville. Une lu-
mière céleste l'entourait, et on entendait des
chants harmonieux.
MARIANNES ou DES LARRONS (îles),
appelées encore Archipel de Saint-Lazare,
sont une chaîne de dix-sept îles du Grand-
Océan. Les principales îles de ce groupe d'î-
lots, qui sont habitées, sont Guam .(chef-
lieu Agana), Tinian, Saypan ou Saint-Joseph,
Agrigan, l'Assomption. La cruauté drs Es-
pagnols fut si grande à l'égard des indigè-
nes, qu'on n'en compte guère plus que deux
mille. « La raee indigène, dit Henrion (t. IV,
p. 537), se désigne dans le pays: sous le nom
de Chainorre ou de Chamorrin, ou encore
de Ghamorris, nom qu'il serait difficile de
justifier d'une manière satisfaisante : peut-
être une méprise des compagnons de Ma-
gellan a-t-elle donné naissance à cette quali
fication qui s'est maintenue depuis. Quoi
qu'il en soit, les indigènes étaient partagés
en trois classes: les nobles, matoas; les
demi-nobles, atchaots , et les hommes du
peuple, mangatchangs. Les matoas comman-
daient aux deux autres classes; ils étaient
constructeurs de pirogues, guerriers et pê-
cheurs. Les atchaots étaient admis à les ai-
der, sous de certaines conditions. Quant aux
mangatchangs, espèce de parias, la naviga-
tion leur était interdite. La langue marian-
naise n'a point de mot ()Our désigner la Di-
vinité, d'où le P. Le Gobien a conclu que
fi7 M\R
ces in«ti1iiros n'nvnionl -iiinme id(^o d'un
Etn» siinrt^me. D'aatrfs ;iiitarilt'S [ir<''loinJonl
qne dfs rroynnrrs v.i^iies rj^jinatf'nt parmi
eiiN. Voici quelles l't.iient l(>urs i(](''es sur
i'ori.^ino du monde. Pontan oti Fruita i ,
hiiunip lrr's-in;<^nieiix, vt'cut tin grand t!om-
bre d'nnnô''s dans les es,>aces iiiia'j^inairos
qui exi^'taioiU avail la cré.ilim. A sa inort,
il chargea ses sœurs do faire de sa poitrine
et de ses éi>a!ilfs lo riol et la lerro, de ?os
y.Mii le soleil et la lune, et de ses sourcifs
arc-en-riel. Los >ïariann'is reconnaissaient
fim.iiorlaliffMle l'Ame : suivant eux, l'homme
qui mourait tranquillement et sans aucune
aoulcur allait en paradis et y jouissait des
arhrt'S et dos fruits qui y sont en abondance;
tandis que relui dont lès derniers moments
étaient violents et agités, allait dans l'enfer,
?u'ils appolaient sassala^;oliam. Le diable
tait connu chez eux sous le nom de KViti ou
Aniti (nia.tvfis esprit). Ils croyaient que si
quehiu'un ronvorsait le pilier d'une maison,
l'Ame de celui qui l'avait construite no man-
querait pas de venir invisibloment tirer ven-
geance iriHic telle action. Seloii eux, le dia-
ble demeurait parmi les vivants, et n'y et ut
occupé qu«» faire du mal. Heureusement, les
âmes de leurs ancêtres s'y opposaient et
Venaient h leur secours dans le morne il du
danger. Il y avait des âmes j)!us fortes que
le démon, d'autres ([ui l'étaient moins: les
rrc idères avaient apparfeim aux honmics
mtrépid'^s et actifs; les secondes aux pares-
seux et aux lAclies. Les femmes avaient aussi
dos Ames, mai> de moindre valeur que celles
des hommes. || n'est pas silr qu'on en accor-
dât aux 7t)ar>'jnic/nugs. Vn fait assez singu-
lier, c'est la crainte suj>erstitieus'> qu'inspi-
rait aux Minannais I'oisimu Carolin, n:)m!ué
0(07, présage de mauvais temps ; son appa-
rition sur cette cote é'.ait toujouis d'un fu-
neste augure. Dans le péril et h; besoin, les
indicielles invoquaient les antis (âmes des
morts), d'ab.)rd à voix ordinaire, puis, le
dan",er cnnt nmnt, sur un ton plus haut;
en .1 de toutes leurs forces. Ces cris per-
çants si.;niti;M.*nt : a Ames des morts, secou-
Tez-nous, si votre fnuiillo vous l'ut cliére. »
Les makams ou sorci(;rs, qui rem;)lissaient
niie esitéee de sact^rdoc», se divisaioi\t \'n
deux classes: lunede man^iatch.ui^s, ne fai-
sant iMie le mal ; l'autre de nobles, ne f tisant
que le bien. Ces deniers pro:-urnieni de
bonnes pèches, d'heureux voyages, de b lle-s
récolles et une leinpi'rature conv.'nable. Les
mikanas, pour s'aider dans le irs prédic-
tions, ganlaienl chez eux les crAnes de leurs
raor s, e ifnrm'^s dnns des ()nrners. Indéjien-
damin^nt de cf*s si>reiprs, des Enmlis (gué-
risseurs ou guérisseusf»s) s'adonnaient h la
cure cle maladies spéciales, dislocation ou
fnrture dos membres, bl(«ssuros de toiit
genre, fièvres, 'le... »
M\KIK, nom d'une femme qui ronffssa
cnuri.;iMisement li foi ehiéiiinme en •2.>0 ,
sou-» le rè^çne de l'ernperour Déco; pendant
dit-huit ojois, comme saint Moyse et tous
les aulr<s rofifi'^se'irs, elle ru lnr« la prison,
les l turmeuts, la faim, la soif, sans que rion
MAR
fis
p<*if ébranler <!on courage. Î1 est fait mention
d'tll » dans la lettre qii»; Lucien, eonlosseiir
do Carlhage , écrivit aux confesseurs de
Rome, et qui est misi* parmi colk-s de saint
Cyprien. (Po ir voir plus de «létails, recourez
h l'art de de Moysk, confesseur.)
MARIE (sainte), fut martyrisée à Rome,
sous l'ompire de Valérien, avec le> saints
Hi|)polyle, Eus«'be, Marcl. Adrias, Maxime,
Néon, et sainte Pauline. L'Eglise fait si fô e
le 2 dé-'cmbre. (Pour plus amples détails,
roM. Ifs Actifs de saint Hippolyte, à son ar-
ticle.)
MARIE, mère de saint Marien qui fut
raar^yri^é à Larabèse en Numidie, assista au
martyre de son Uls, non pour le détourner
de soulfrir la mort pour la foi, mai> pour l'y
engager, pour l'encouragera persévérer avec
constance dans le glorieux combat qu'il sou-
tenait |>our Jésus-Christ. (Toy. Mariek.)
MAI'.IE l'sainto', esclave et martyre, appar-
tenait à Teriullus, sénateur romain. Dès son
enfance, elle faisait profession du christia-
nisme. Les prati(]ues pieuses auxquelles elle
se livrait déplaisaient beaucoup à sa maî-
tresse; mais son maître lui poitait beaucoup
dalfe. lim à cause de sa tidéliié et de son
ex'ictitude à remplir tous ses devoirs. Les
édits cruels de D o< létien ayant été promul-
gués, la terreur dovi.t univei selle ilans l'em-
pire. Teriullus. tpii cnignait que les persét.u-
teurs ne découvrissent que M.uie était cbré-
lieme, et ([ui aurait clé très-aifeclé de la
perdre, mit tout en ceuvre pour l'amener à
sacrifier aux idoles. Marie fut inébranlable
dans sa foi. Tertullus, alors, mù pari égoisme
et peut-être aussi j)ar une compassion mal
entendue, lit cruell .ment fouetter Marie,
pour qu'elle lui ol) it et qu'elle ne cou.ût
pas risque d'être dénoncée au préfet. Sa
constance aya;it résisté à ce siq)plice, Marie
fut enfermée trente jours iluraut dans un
cachot noir, où oti lui donnait seulement la
nourriture sufiisante pour (|u"olle ne mounlt
pas d • faim. Ce fur»nt ces tourments eux-
mêmes, que Terlnll is em|)loyait pour sau-
ver sou es(lav(>. ({ui la perdirent. Le juge,
instruit de re «pii se passait, réclama !a (tri-
sonniére. Dans l'inlerio^ntoire qu'elle subit,
•Mario fut calme et f rmc; elle répondit avec
une grande dignité. D'abord, en l'ontendaAt
si c >;irageuse dans ses réponses, le peujdo
demanda (ju'elte fiU brùlco vive. La sainte
dit aii jug.^ : « J'ai avec moi le Dieu que je
sers : vos tou''iiienls, je ru> jes redoute >Jonc
pas. Ils peuvent tout au plus m'arraclier une
vie que je brûle «le donner pour Jésus-
Christ. » Le juge la lit toiiinuMter si cru II e-
ineiit, i|ue la poputa c. qui naguère dom.in-
ddl sa iitoit, cridit pour qu'on cessât de la
tourmentiT. Le •: . (pii > : ' iio
ém.Miio, la lit cl . . et les > . ; >-
cendirent liii cbevalet. On contia sa garde à
UI) soldat. La jeune r - . qui craij;nait
b's dang'TS que sa liii ,'ouvail tourir
arnc un pareil gardien, prit la fuite» et se
x< ' . , ' ■ , ! ' -, où elle ti i ' ■ -
r<. .. ■ Li.iLii' _-L • j _ Ui :. Ou iio sait p, - ' •- 1 ,1 - '-'
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|)n^('is(« (\o st\ HKirl. I."lv;lis(* l'Iioiion; «•oiiiiiKi
lll.ill^ IV II" 1" iinvcmhic.
MAIllli (sHiiitf), lillt' 'I'' sHJ'il Snlijriiin.i
|)r(Mi-i>, l'iit nu iioinlu')' «les i|iuii'.'iiil(' hiiil
iiiarlyrs mis A inoil /iviîc sitiiil S.iliiiriin, en
AlViquo, sons Id piucfiiisiil A'iiiliii, v\ l'an
<1)> JtVsiis-dlirisI ;J().'), siuis II' ir^iir i-l dur tiil
hi pcrséciilioM si h'iiiltii' ^uc I iiilihnc Dio-
cléliu'i siiscila coiilio I Kglio(^ du Sui>;iH'ur.
(Voy. Smiumn.) 1.'I'".j;Iis(' l'ail la l'iMi» du Ions
ces saillis iiiailyi's li' Il iV-vricr.
MAIUK (saiiilo), iioiii do doux vior«os roii-
nnciocs à DiiMi, cl iiiail.vics on Prise Sdus le
roi Sapnr, avoc saiiilo rm'.»:!.!-;. (>"//• •"»" nuin.)
WAIUI': (suiulo), (Hail iiit\'o do .sainl Ahra-
nam, [triMro, solilaiio ( 1 conrossoiir. Cv .s.'iiit
ijlanl roiili-»' da is la suliludo, vors la liciili'-
liuiti^iijo aniico do son .'i}j;o, im rolitiir do .^a
mission dans un jAiaml vdla^i» païon dos tMi-
virous d'Kdosso, on lui anioiia iiolro saiuto,
i\iw son l'rôio vu niouraul avail laissée oi-
pliolino. KMo u'avail o'uoio (|iio sopl ans ;
iit^aninoins AbiaLaiu lil aussilùl disLibuor
aux pauvros los grands bions (jue sou |)ôio
lui avail laissés, ol la lit luollro dans une ool-
lulo proclio de la sienne, où il .y avail uno
feuôlro par hujuolle il l'inslruisail. Elio pro-
lila leilomeul sons sa condnile, cpreil • d^'-
vinl pailaile iiuilalriee de ses vérins, à quoi
sailli Kplnein conlribua aussi par les exlioi-
talions qu'il lui faisait loixpi'il venait voir
soinl Abraluuu, son ;uni. (k'pendant, au bout
do vingt ans, iMaiio se laissa iiialbouieuso-
uieut ii'oniiiir par iiii l'au\ nioiiio, qui l'avait
vue par sa l'euètre en venant voir souv^ ni io
saint. Ce crime lajcladans le désespoir, et
au lieu d'avouer sa l'aule à son oiiole pour
se relever et embrasser la pénitence, elle no
songea qu'ici le fuir et s'en alla dans une ville
où elle s'abandonna enl;èremciil au péché
durmil deux ans. Saint Abraham ayant re-
marqué que depuis deux jours il ne l'entoi-
dail point clianiei' des psaumes, coiiiiue elle
avait accoutumé de faire avec lui, il l'appela
pour lui ea demander la cause. Comme elle
ne répondit pas, il jugea aussitôt que le dia-
gou l'avait engloutie, selon un so'ige qu'il
en avail ou. Il pleura et [iria sans cesse pour
elle. Mais au bout de <leu\ ans, ayant su le
lieu et l'état déploiablc où elle était, il prit
un cheval et un habit de soldat, avec un
grand chapeau qui lui couvrait le visage, et
il s'en alla à l'hùlelierie où elle logeait. Il
dit qu'il venait e.xpiès pour elle, se lit ap-
.pi èler un grand souper, et lorsqu'il se trouva
seul avec sa nièce, il se lit connaître à elle.
Elle se trouva dans une sur})rise et une con-
fusion étranges : mais le saint lui témoigna
tant de bonté et l'assura tellement de l.i mi-
séricorde de Dieu, à qui il lui promit de sa-
tisfaire pour elle avec saint Eplirem, qu'en-
tin elle reprit courage et se résolut de s'en
revenir avec lui, pour achever le reste de ses
jours dans la pénitence. Il lui fit laisser là
tout ce qu'elle avail d'argent et de hardos
comme le tenant du démon qui l'avait trom-
pée, ot la fil monter sur son cheval qu'il
conduisit à pied. Nous ne louchons qu'en
un mot une hisloire 5i édifiante et si admi-
rablo qu'nit poiil dire ^tro l'arlioij In iilus
s/nnio t'I 1,1 plus ^i.indi' qnr* s uni Al'i.iliain
ail jamais f/nlo. Il f/nil étrn un i>aiiii Ivp'iroHi
pour on iiwnqnri If déljiij o( \ l'.iiio lo<) ri'—
ili'vions qn'i II.' nioiilr, aussi bnu quo pour
roprése il»;r «voi; ipndli; anlcur oj;tlo lieu-
rriiso (lérlKiii'SSo oinbrass.i la pénjionro ot
la prali |ua iliiranl h's qniji/.f on.s iju\>||ij vé-
cut oncnro depuis, dix aub avec uni oucie,
ot cinq depuis la mort de re saint. Dion vou-
liil méuie lui ai rordtn' nin.- maripu> iju'd
agréait sa péniltmoo, en lui dt^nnanl la ^ràco
do gui rir les maladies, au boni di- lr<iis ans
(pi't ll(! y bii eniréo, et (ont le peupl" venait
avec joii! lui d( inaiider ses pnéros. On as-
sure (pi'à rinnre de sa mort, il parut sur
son vissage uno sjilendcnir (jiii lil glonliiT le
Seigneur à tous ceux qui é-tnicnl piésenls.
l.ivs (irees foui la félcî do s.unt Abraham el
de sainte AJario, sa nioco, le 21) oi tobre, au-
({uol ils en font leur principal olliceconjoin-
(emonl avec celui di; sainte An.isiasie, ot
l'on croit ipae cet oflice a été composé par
un saint Joseph, qui vivait au ix.' siècle. Les
Copliles font aussi la fêle de saint Abraham
le dernier du mois liabai ou Pauphi, c'est-
à-dire vers le 27 octobre. Les Latins ne l'ho-
iioreit que depuis peu, tantôt le 29 octobre
avec les Grecs, tantôt le IG mars, auijuel Ba-
lOiiius l'a mis dans le Martyrologe ro.iiain.
Kux et les Urecs le nomment queUiuofois
seul, et quelquefois avec sa nièce. ( Tillc-
inont, vol. Vil, p. 587.)
MARIE (la bieiiheureuso), naquit en Es-
pagne. Le jour des Uaineaux, ayant osé [)ar-
courir les rues de la ville saint ; en analhé-
matisant Mahomet, elle fut jetée dans un
grand f.ni el y périt. Ses os furent vendus
aux chrétiens, qui se les parlagérenl pieuse-
ment. {Chroniques des Frères MineurSfi. IV,
p. 557.)
xMAKlE-ÏHÉUÈSE (la bienheureuse), jeune
fille du pays des Maronites, eut le bonheur
de se convertir à la religion catholique et de
mourir j)0ur la foi dans les circonst mces quo
nous allons raconter en ciîant le P. Nacchi :
«Une femme nonnnéc Vonni Joussephe, pour
s'éloigner des troubles qui agitaicmi le Mont-
Liban vint se réfugier dans un village près
de Saida. Elle était fort âgée et très-inlirm";
son corps était presque tout couv r. d'ul-
cères ; si on la touchait (^our la soulager, on
lui f;».is:iit soutl'rif des douleurs très-aiguës.
D'ailleurs, son extrême pauvreté la privait
des commodités de la vie les plus nécessai-
res. Un état aussi déplorable que le sien était
moins étonnant ({ue la patience qu'elle faisait
constamment paraître dans ses maux. Jamais
on ne l'entendait se plaindre, bien au con-
traire. On voyait sur son visage une douceur
et une égalité d'humeur inaltérables. Les
voisines qui venaient la visiter ne pouvaient
assez admirer sa tranquillité dans un état si
douloureux. Entre ces voisines, il y avait
une jeune fille, âgée de vingt ans, qui fut
nommée quelque temps avant sa moi t Ma-
rie-Thérèse. Elle avait été élevée par son
père et sa mère dans la religion et les er-
reurs de sa nation. Cette jeune fille, charmée
f,
Tl MVR
des vertus qn'cllf* fl(^< otivrait dnns la malade,
«^lait cvWo qui l.i frô|ii''iitnit lo plus souvent.
S'rnlreieunnt un jour avt-o elle, elle lui de-
manda rommcnt il se pouvait faire que, souf-
frant autant im'elle soulfrait, rllf n»' <»> plai-
nftjamais et pariUtonjours ronlrnte. « C'est,
ui r»^pond t la patiente Maronite, quo je ne
sf)iilTre pas seule; rar le Diou que j'adore et
qui est le seul adorable, ni'aidt! par sa grAce
à soulTrir. Sa grAce m'a fait aimer mes dou-
leurs, parce qu'ellf m'a fait connaître que
mes soulfrances me rendr-nt agréable h ses
yeux; et que les siennes, pour le salut de
mon Ame, ont é\6 beaucoup plus grantles.
Mais vous avez le mallunir d'ignorer, ajouta
la malade à la jeune tille, que vous avez eu
auta it de part que moi à ses souffrances. —
Quel est donc ce Dieu qui a souffert pour
moi? reprit la jeune tille; je voudrais bien
le connaître. — Je vous l'apprendrai quand
vous le voudrez, lui dit la Maronite. »
« La jeune fille, frappée de ces discours,
revenait souvent visiter la Maronite qui no
manquait pas de profiter de ces occasions pour
l'instruire des principales vérités du chris-
tianisme et de nos augustes mystères. La
jeune fdle écoutait avec pliisir ses instruc-
tions, et les méditait chez elle avec attention.
Dieu de son côté préparait intérieurernent
son Ame à recevoir la divine semence que
l'on y jetait. Sur ces entrefaites il se pré-
senta un parti pour cette fille. Son père le
jugeant convenable h sa famille, le proposa
comme une atfaire si bien conclue, (ju'il ne
s'agissait plus que de l'exécuter. Sa fille em-
plova toutes les raisons qu'elle put imaginer
pour faire changer la volonté (le son père;
mais n'ayant rien pu gagner, elle le conjura
de lui laisser la liberté de se choisir elle-
même un époux qui ptU faire sou bonheur.
Le père, qui avait un intérêt tout particulier
à se donner le gendre (luil avait choisi, dé-
clara à sa fille qu'ell 1 n'aurait point d'autre
époux et (pi'il regardait sa résistance comme
une rébellion manilesle. La lille ne lui ré-
pondit que par une abondance de larmes et
de gémissements capables de toucher le cieur
du plus dur de tous les pères; mais celui-
ci n'en fut que plus irrité. Il la menaça de
la chasser de chez lui et de l'abandonner;
les menaces nem|)é( hèrent pas sa lille de
persister dans sa résolution, ce qui obligea
soir père d'engager un de ses oncles (prello
aimait de faire ses efforts |)our l'amener .^
consentir h ses volontés. Londe fil de son
mienx pour vaincre la rési.>tance de sa nièce,
en lui représentant d'un cAté le tort (pielle
se faisait de refuser un parti aussi avanla-
geiu que celui (pie l'on proposait, et lui ex-
posant de l'autre tout co ([u'clle avait a cran-
dre (le l'indignation d'un père offensé par sa
(iésobiissant e. La jeune lille qui avait pris
le nom de Marie- Thérèse, n'osant pas encore
déclarer les sentimentj que Dieu mettait
dans son cœur, ne put opposi>r h tout ce que
lui dit son oncle (pie sa n'[tugnancc extrême
et invincible à tout état)lisscment, tel qu'il
])\\\ être, le sup|>lianl en même temps de lui
Uuuucr la plu^ grande du toutes les manques
M\n 72
de tendresse en obtenant de son père la grAce
de ne lui en parler jamais. L'onde, attendri
des |)aroles de sa nièce, lit tout ce qu'il i>ut
pour persuader à son père de ne j)oint for-
cer l'inclination de sa fille et de songer plu-
iùl h marier sa cadette.
Pendant ces négociations Marie-Thérèso
trouvait chaque jour des moments pour aller
secrètement rendre conqtteà sa directrice,
sa voisine, de tout ce qui se passait. Celle-ci
la fortifiait dans ses résolutions et l'instrui-
sait de toutes les vérités qu'elle devait croire.
Elle l'animait par l'espérance d'un bonh'ur
éternel, dont Dieu récompenserait ce qu'elle
souffrait et ce qu'elle aurait encore à souffrir
pour sou saint nom. Elle lui enseignait la
pratique des vertus qui lui étaient nécessai-
res et lui en faisait faire les actes. Marie-
Thérèse revenait toujours d'auprès de cette
bonne amie avec plus d'amour et plus d'at-
tachement pour la religion chrétienne. Son
père, qui avait gardé le silence pendant (quel-
ques jours, pour donner le loisir h sa fille de
wire ses réflexions, voyant que ni lui ni
son oncle n'avaient pu la réduire à obéir, re-
garda sa résistance comme un mépris de son
autorité et un affront que sa propre fille lui
faisait. Piqué de ces pensées, il prit la réso-
lution de marier sa cadette et de se défaire
de l'aînée, qui lui était devenue un objet
odieux. .Marie-Thérèse fut bient(it informée
de ses desseins. Elle en avertit sa bonne
amie Maronite (lui la disposa h souffrir avec
mérite ce qu'elle avait îi craindre de la fu-
reur de son père. Elle ne fut pas longtemps
sans en sentir les effets; car ce père inhu-
main, croyant causer un chagrin mortel à sa
fill(>, fit les noces de sa cadette avec un grand
appareil; mais il n'en demeura pas là. Con-
servant toujours contre sa fille aînée un vif
ressentiment de son refus et l'accusant d'une
rébellion crimiuello et punissable des der-
niers supulices, ce père inhumain n'eut [^as
horreur, clans uneassembl e chez lui où l'on
)reiiail du café, d'en faire donner une tasso
)réparée à cette innocente victime, qui la
)ut sans savoir qu'elle devait lui causer la
mort. Peu de temps après, elle se sentit atta-
quée d'une lièvre lenle, acconi|)agnée de fris-
sonnements et de défaillances fréquentes,
(pii ravertir(Mit (pie ses jours s'abrégeaient et
(ju'elle ne devait plus songer qu'à mettre eu
prali(iue ce qu'elle avait fl[)pris de sa direc-
trice, la Maronite. La fièvre lente qui la con-
sumait red(Uibla. Dieu lui fil la grAce de con-
server jus(pi'au dernier >ou(>ir assez de pré-
sence desprit pour produire les actes les
plus héroKiues de notre sainte religion et
pour faire à Ditni le sacrifice de $>a vie. .\insi
nKnirul celte jeune martyre. Son Ame, comme
nous le devons espérer de la bonté de Dieu
pour elle, fut enlevée au ciel. Son père, pour
satisfaire son ressentiment contre elle, litje-
ler inhumainement son corps dans un puits.
Mais Dieu ne permit pas (pie le crime d'un
tel père reslAt impuni ; il mourut subite-
ment Heu de temps après la sainte mort do
sa fille. Exemple de In sévérité redoutablo
des ju^jemouli du Dieu, C(jiuuie la converMun
7S M\U
cl riiciliMmso (lu (le (("lin jeune lilld est ime
iiianuM) sensilile <l« ses inliiiies iiuséiicoi-
(les. ('es deux (•V(''Menielils ;\i'rivi">i'eul vers
la lin i\o l'anuée 1(5'.>7. .. (Ilennon, vul. III,
p. "279.)
MAUIM-MADKI.KINI': (hi bieiilienreusej ,
lui ni.iilyriséo au Ja|)()U en lOI.'t, dans lis
royaunu' (rAiinin, avee. sa uu>re Jeanne, son
|)(Ve 'raealatiiuundo, snn frère Jaecines, A^é
do 1'2 ans , Léon l'aeniMidonii (Inniénion ,
Paul son lils, Aj;;é do 27 ans, l'ainxida Lu-
guyiWnon (Li^on), Maillie sa i'eunne. Tous l'n-
riMil condanuiés au supplice du feu. Nolro
bionlieureuse viiM'^e, vouée au SeigiU'Ur, el
Agée seulonient de 1*.> ans, reslail dehoul el
seud)lail plein(> de force el île vi(! ipi(>it|u'ell(!
panU loule cousuniée. Ou croyait (pTelie al-
lait s'ntlaissor, ipiand on la vit prendre des
charbons ardents, les niottre sur sa lète el
s'en faire une couronne. Pou après , elle
j^lissa le long do son poteau, se coucha dans
10 brasier et y expira paisiblemcnl.
MAUllî (la princesse), l'ommo do Paul, di-
xième lils de Sounou, prince du sang impé-
rial des 'l'artares Manlclioux, se convertit au
clmstianismo el fut ba|itisée vers l'an 1720.
Son mari étant à la guerre daHS le Thibet
avec le qualorzièn\e lils de l'empereur Kang-
hi, elle suivit en exil à Yeou-Oué dans la Tar-
tario sou mari et toute sa famille. L'empe-
reur avait prononcé cette peine contre Sounou
et tous les siens, parce qu'il avait appris que
plusieurs d'entr'cux s'étaient convertis au
christianisme. ( Voy. les articles Sounou ,
Paul, Cuiise.)
MARIEN (saint), lecteur, fut martyrisé h
Lambèse en Numidie , avec saint Jacques,
diacre. Durant la persécution de Dèce, il
avait déjà triomplié en confessant glorieuse-
ment le nom de Jésus-Christ. Tous deux,
après des supplices cruels, furent martyri-
sés avec plusieurs autres. Nous donnons ici
leurs Actes tirés de Tillemont, tels que saint
Augustin les a connus.
Saint Jacques était diacre, et saint Marien
lecteur ; c'est pourquoi nous le nommons
ordinairement le dernier. Néanmoins, ceux
qui en parlent le mettent presque toujours
le premier , et il semble , en effet , qu'on
remarquât en lui cruelque éminence de grâce.
11 avait une excellente mère, nommée Ma-
rie, comme Bollandus soutient qu'il faut lire
dans ses Actes, sans recourir même à l'au-
torité de saint Augustin, qui ne nous per-
met pas d'en douter. Jacques avait, ce sem-
ble, quelque chose de plus ferme et de plus
austère, il avait déjà acquis le titre de con-
fesseur dans une autre persécution qui pou-
vait être celle de Dèce.
On ne dit point de quelle Eglise ni de quel
pavs ils étaient. 11 semble seulement qu'ils
n'étaient pas de la Numidie, oii il plut à Dieu
de les couronner. Ils y vinrent' ensemble
avec celui qui a écrit cette histoire ; car ils
ne se séparaient presque jamais. 11 semble
même qu'ils fussent parents. L'auteur ne
marque point quel était le sujet de leur
voyage. Jacques eut en chemin une vision qui
DlCTION>. DES PeRSÉCUT10]N;S. U.
MAU
74
lui uiu)|)rédi(-lion de son inartyru el dccolui
(\r Maricn.
Pour les y préparer, Dieu les lit arrêter
(|uel(pu)s jours en un lieu a.s.icz proclK! do
(.utile, noMuni- Mii^^iias, et il y lit venir en
nièiiie temps deux >ainUévè(pies,(pii avai<;iit
déjii élé baïuHs pour la fui, mais qu'on lai-
sail alors reveinr d'exil, pour les mener un
pMiverneur (pii voulait les iViin; mourir, ut
les fane passer non des la peine à la peine,
connue disaient les païens, mais tie la gloire
des confesseurs l\ la gloire des marivrs.
(les deux évè(|ues, nommés A|;ape el S*;-
condin, étaient tous deux admirables pour
leur grandi! charité, h (pioi l'on ajoulail uni!
pureté el ium; cliaslcîté enlièr(îs. N(jus tn-u-
vons un Secondin dans h; tilro de la letlro
5'i-" de saint (lyprien à sainl Corneille. Il y
en a deux dans le concile de (bailliage (;ii 250,
outil! Secondin d(! Thambes dans la Hyza-
cène ou la Numidie, qui y (.'st (pialili/; mar-
tyr. Ainsi il semble (lue ce pourrait être ce-
lui-ci. Néanmoins , le P. Kuinart met lou-
joui's Thandjes ou Thambaye, connue il l'ap-
[telle, dans la lîyzacène.
Ces deux saints furent donc conduits, par
l'ordre de Dieu plutôt que par celui des hom-
mes, à Muguas, pour y passer quehjues jours
avec Jacques et Marien. Car ne se conten-
tant pas du feu (pie leur seule vue et l'exem-
ple de leur courage allumaient dans les cœurs,
ils ré[)andai(>nt encore sur les autres, par
leurs exhortations, cet esprit de grâce et de
vie dont ils étaient remplis, et avec d'autant
plus d'eflicacité , qu'étant près de mourir
pour Jésus-Christ , c'était lui qui vivait et
parlait en eux. Ainsi en quittant ce lieu pour
continuer leur voyage, ils laissèrent Jacques
et Marien pleinement disposés à les imiter,
comme il parut aussitôt.
Le feu de la persécution, qui était alors
fort grand partout, était particulièrement al-
lumé à Cirthe, comme dans la première ville
de la Numidie, et le gouverneur y avait en-
voyé des soldats pour y prendre tous les
chrétiens. Deux jours donc seulement après
qu'Agape et Secondin furent partis de Mu-
guas, une troupe de païens fut assiéger ce
lieu qu'on regardait comme une retraite des
chrétiens. Jacques et Marien furent pris et
menés à Cirthe avec l'auteur de leur histoire.
Divers chrétiens les suivaient non en pleu-
rant, mais en se réjouissant de leur bonheur
et les animant à la constance. Les païens s'en
aperçurent, leur demandèrent s'ils étaient
chrétiens , et comme ils l'avouèrent sans
crainte, on les mena aussi en prison, et ils
:>ouû"rirent le martyre avant les deux saints.
Jacques et Marien furent présentés aux
magistrats de la ville de Cirthe et à quel-
ques autres officiers, pour être interrogés ;
et on les menaçait de tous les supplices les
plus cruels. Jacques confessa qu'il était chré-
tien, et même diacre, sans craindre la^mort à
laquelle Valérienavait condamné, en 258, tous
ceux qui servaient l'Eglise dans ce degré et
dans les supérieurs. Pour Marien, comme il
n'était que lecteur, etqu'ainsi il eût pusauver
sa vie en perdant sa foi, on s'eiiorçade l'y obli-
â
7X
MAK
UAH
76
ger par IfS tMlll•n^L•^l^ de la i|uesnoh. Pour lf5
Ini tniro sniitVni. nu le suspendit non parles
mains, roninie c'«'la;t l'ordinaire, mais par
le? ponros, rff <pii étad beaucoup |ilus sen-
sible ; »'t on loi attacha iiiùnio des poids an\
pieds. Mais rouune il était plein de conlianco
en Dieu, plus son corps aoutlVail, plus son
Aine s'élevait au ci.l. La i ruaulé des bour-
reaux avant enlin ct'(ié h son ( onraj^e, il l'ut
enfermé dans la prison avec JacijUfS et les
autres chrétiens ipii prirent part à sa joie, et
s'unirent à lui pour rendre j;ràcesà Dieu par
de fréipienles prières de la victoire qu'il avait
remportée en lui.
Agape el Secondin furent sans doute les
premiers h lui rendre cet olVice de diarilé,
s'ils étaient alors dans la niCMue prison, connue
il y a assez d apparence. Ce qui est certain,
c'est (pi'ils consonnuèrent le sacritice do
leur fol par le martyre, quelque temps avant
les saints Jacques "et .Mariai). Saint Agape
apparut depuis à saint Jacques plein d'une
joie toute célesle, on l'invitant, avec saint
Malien, au banquet qu'il leur avait préparé;
et ils V prirent part dès le lendemain. On
marque de lui qu'il aimait deuxj unes lilles,
Terlulie el Au'onia, comme si c'eussent^ été
ses i ropros enfants ; mais il les aimait d'une
manière digne d'un t'-vèque et d'un martyr.
Car il demandait à Dieu très-souvent (pi'il
leur fit la grâce de soulfrii avec lui pour son
nom. hntin il obtint du ciel cette réponse :
« Il n'est pas besoin que vous me demandiez
par tant de prières ce que vous avez obtenu
par une seule. »
Nous trouvons dans les .Martyrologes de
saint Jérôme, au \'l d'août, saint Agape mar-
tyr, el d.ms la suite du même jour les sain-
tes Tertulle et Antonia. Florentinius ue fait
pas dilliiullé de croire que ce sont celles
doit nous parlons, el que ce peut ôlre lo
véritable jour de leur martyre. Usuard et
plusieurs autres manpienl saint Agape avec
sailli Secondin le 2'.» «l'avril, au([Uel le Mar-
tyrologe de saint Jérôme mel saint S,iron-
din ou Secondien, évoque. Ils y joigni'Ul les
saintes Tertulle el Anlonia avec le titre do
vierges, qu'elles mérilenl selon toutes les
a|q)areiices. Ils mettent leur martyre h Cir-
ihe, quoicpj'il soil plutôt arrivé à Lambèse.
Le calendrier de l'iijjlise de Carlhage met lo
iA de mai saint Secondien, martyr; mais il
V a bien de l'appartMice (pie baiiit Secondin,
évèuue, com|)agnon de saint Agape, a souf-
fert b 12 avril avec lui.
&;unt Jaiques et ^aint .Marien passèrent
quelques jours h Cirtlie dans les ténèbres et
dans l'horreur >le la prison. On les y tour-
luentail encore par la faim. .Mais la parole ili>
Dieu leur était une liès-claire lumière, et
un pain qui les iinuirissail parfaitement.
Dieu les v t onsola j.ar une vi>ion, dans la-
quelle saint Cypriei) apparut à saint Marieii
comme assis i\ l.i droite du grand juge ; et il
lui tit buin lie la iu< me f )iit.iine dont il avait
t>a le premier. C'était lui prédire son mar-
tyre ; »«t Dieu lit espérer lut ore eette gr.lce
il lou.s le^ JiiHres qui étaient avet eiu dans
ies niison», ^»ar une autre vision qu'eut un
de ces saints confesseurs, nommé Emilien.
Il était chevalier romain, el quoiqu'il eût
près de cintpianteans, il avait toujours vécu
dans une parfaite continence. Sa principale
oceupation (\nn<> la («rison était la prière. Ses
jeûnes étaient très-fré([i;cnts , et il passait
«[u Iquefois deu\ jours sans m m.,'er , se
préparant ainsi au sacrement de Dieu, di-
sent les Acl s. J,> ne sais s'ils entendent le
mai lyre ou l'Eucharistie. Ce saint peut èire
«îaint Emilien, marqué dans les Martyrolo-
ges de saint Jérôme, le 30 d'avril. Usuard,
AfJon, Nolker et [)Iusieurs autres le mar-
quent certainement le 20.
Les saints. a;>rès avoir passé quelque temps
dans la prison, furent am^ nés une seconde
fois devant le magistral 'le Cirthe, qui de-
vait les envoyer à Limbèse où était le gou-
verneur, en lui manjuint do quoi ils étaiest
accusés et convaincus, afin qu'il donnAt con-
tre eux le dernier arrêt. Beaucoup de chré-
tiens se trouvèrent h cette aciion, et un en-
tre autres, qui se Ht remarquer de tout le
monde par l'ardeur et l'éclat que la grâce
qu'il allait recevoir de Jésus-Christ faisait
paraître sur son visage. Le peuple lui di^-
manda en fureur s'il était chrétien. Il se hâta
de l'avouer, i,>t fut aussitôt joint aui autres
qui, en se pré()arant au mariyre, acquirent
cette nouvelle, vieiime à JésusAMirist.
Ils furent tous con luits h Lambèse par un
chemin l'.icheux et dilHcile, qui était de huit
ou neuf lieues. Ils furent présentés au gou-
verneur et ensuite menés en prison ; car les
j>aiens n'avaient pas d'autre logement pour
les saints. Ils v deineurèreit plusieurs jours,
durant iescpiels le gouverneur était occupé à
faire mourir un fort grand nombre de cliré-
tiens, tous laïques ; car il les séparait à des-
sein des ecclésiastiques, croyant les vaincre
plus aisément quand lisseraient seuls. Ceux
qui a\ aient été pr s à Mu,uas après saint
Jacques et saint Marien furent sans doute
de ce nombre, puis(ju'ils bs précèdent dans
le martyre. Il y eut une femme martyrisée
le 2 ou 3 mai avec ses deux entants jumeaux,
encore fort jeunes. Usuard et plusieurs au-
tres mettent leur fête le 21) d'août à Cirllie ;
ce qui est une faute visible.
Saint Jacipies et les autres ecclésiastiques
comnieiii,aient à s'attrister de ce que loa
dill'i'rait leur victoire, lorsque saint Agapt»
apparut à sainl Jacques la nnil (jui jiiéceda
le G de mai, comme l'invitant lui et Marien à
un festin qu'il faisait ; et dans la même vi-
sion l'un des deux jumeaux qui ava.eiil souf-
fert trois jours auparavant leur dit de se ré-
jouir, ( ar ils soiiperaieut tous ensemble lo
jour .suivant. Dieu ipii leur avait fait d'Ile
|)romesse la lit accomplir par le gouverneur,
qu;, dès le lendemain, aOraiu hit par sa sen-
tence les deux saints, et beaucoup d'autres
ecclésiastiques, des misères de ce siècle pour
les unir au\ saints patri.irches.
On les mena dans une ajjréable vallée cou-
née par une rivière, qu'on croit être cejle de
ra.,yde ; el 1;\ on les lit placer en diverses
nies .sur ies bords du lleuve, atin (jue l'exé-
cuteur allAt de rang en rang leur couper la
)t MVIi
lôtc, t't iiu'on |"^t j'''*''' i'"'^'"'" li'iirs rui'ii.s
diuis l'ciui ; car on m- voiil.iil jmn i|U(j r(jllti
(luaiiUlô il(« cdiiis lil |taiailn' rcxK-sdu cri-
nii' (It'S [«r.srcilli'iir.s ; le liniiiln»' "les iiliil--
lyrs (U/Uil si KiMiiil M'"'» ■'^' "" '•'*' '''^^ Ions jc-
l(!^s on un iiK^iiK^ nidi-nil il(< lu riviùru, ils un
cussi'iil iiritMt^ II' (Mnits.
On leur lianda Ics^ciu; jiiais leur rtiiir,
(Shiin^o delà Imnion». de Dii'U, Vd.yail des
mcrvcillrs (|iir Imis les juilrcs ne |Hmv,iii'Ml
«litTcovoir ; cl ils 1rs di,s;ii(MU aux ilirclu'ii.s
(|iu se icMcoidiviicMl .iniucs d'cMix ; c'iHaiciil
jKirlicidi('>i'cuiciil des mciiaccs do giicnc ;
cl. sailli Maricii déclara hosilivcMUciil i|iic la
tciie élail menacée do |>lUMOurs iiiau\ poiir
veiiiJier lo sang des jusles. Jamais iii(»|iliélic
ne lui mieux accomidic ijuc le lui ccllc-lii,
])ar la [)iisc {\c Valéiieu (joi arriva en 2(>(), cl
par les malheurs elVroj.djles (jui lui .surxiu-
rcMl sous lo reloue d(> Ciallieu. Du'u voulul
apprendre par avance aux ehréliens la iévé-
rilé avec la«piello il allail les venger, tant
pour réprimer les insulles dos pan'us ([uo
pour les animer eux-mêmes h ipiillor avec
joio lo moiide, menacé de lanl de malheurs.
La mère do saint Marien so trouva ;i son
martyre, noi pour le ilélournor île soidlVir
la mort, connue d'autres nièies faisaient par
des caresses maihoiu-enses, mais plulùl poin-
l'y exhorter. Kilo le vil mourir avec inie joie
semblable à la mère des Maohabéos, et digne
du nom si glorieux do Mario qu'elle i)orlail.
Elle embrassai! son lils, baisait son cou avec
piété, s'oslimant hturouse de se voir mère
d'unmartyr, et elleélait eiicorepluslieureuso
d'étro dans des soinimtNits si dillérents do
ceux de la chair et do la nature. Mais sa foi
l'assurait qu'elle no perdait point son lils et
qu'e le ''envoyait seukmont au lieu où elle
espérait, le suivre dans peu de temps.
La fô'e de saint Jacques et do saint Ma-
rien est marquée lo 30 avril dans divers
Martyrologes et même dans les plus anciens.
Néainnoius il y a bien de l'apparence que
le vrai jour de leur mort est le G do mai au-
quel l'Eglise d'Afrique les honorait au vi'
siècle. Les Martyrologes de saint Jérôme
mettent aussi ce jour-la en Afrique, saint-
Secondin, évoque, saint Jacques, saint Ma-
rien et un grand nombre d'autres martj rs,
hommes et femmes. Nolker et Raban ' los
mettent aussi le même jour. Saint Augustin
fit son sermon 28i' sur Mnricn et saint Jac-
ques, le jour de leur fête. 11 s'y étend parti-
cuiièremont sur les éloges de Mario, mère
!e saint Marien. L'Eglise calhé .raie dlîu-
eubio dans l'Ombi ie, est dédiée sous le nom
de ces doux saints martyrs, dont elle croit
posséder les corps ; et elle célèbre leur trans-
lation le 10 de mai. Mais on ne dit point
quand, ni comment ils y ont été apportés.
MARIEN (-^aint), diacre, fut martyrisé
avec le prêtre saint Diodore, et un grand
nombre de chrétiens qui s'étaient rendus
dans la sablonnière oii étaient enterrés les
saints martyrs Chrisantho et Darie sa femme,
pour célébrer leur fête et pour y assister
au saint sacrifice. L'empereur Numérien fit
obstruer l'entrée de cette sablonnière avec
M Ml
7h
un<> énorme quantiti- de Nabh- cl de |iieiiuii
u (tu > uceniuula ; de sorle (jno tous tvnx
ni s'y (rouvaii'iil y périn'iil au hoiil du peu
e ti'iiips. (JiihikI ItoMK! Idi.te entière eut
(piillé II) (ull'dr-> idide."!, l)li!U rÛVc'da le lieu
où se trouvaient Imis (es saints luarlyri^. On
lil une ouverture pour y ai river et on Ironva
les .saintes reli<pii's, (.omme il b'y oiiOrail
ix'aucoiip de miracli'.'', on y (:on.sliul'')l nno
v(>ùt(! pour f.dre de la Sidjloniiiére un lieu
où les liilèlos pusscMit s'assoiuhh |-. Ou ré-
para ce lien en deux |>ai- uni; muraille. D'un
(•nté on mil les reliques de sailli 'ilirisauiho
et d(! sainli! Darie; de l'aulre, celleh desaiul
Diodore , d'! saint Marien, et des autres
mailyrs. L'l"'glise ei'-lèbre la l'été dosaini .Ma-
rien et de SOS glorieux compagnuus le 1"
déceiiibro.
>L\IUEN (saint), martyr, dont la fête est
eélebiéo par l'Eglise lo 17 octobre, avec
cell(! de sqint Victor et do saint Alexandre,
compagnons de son triomplie, cueillit sa
gloiieuso couronne à une époque et dans
des circonslances que nialheui ousoment l'his-
tuire ne précise |)as.
MAUIN (saint), soldat, eut la ghjiro de re-
cevoir la couronne du niaityre, à (lésaréo on
Palestine, (.uraiit la persécution de \<dérien
coitinuéo |)ar Macrion, à qui la Palestine
était soumise à cette époque. Nous donnons
oiilièrcniont ses Actes.
Quoique la paix eût été rendue à l'Eglise,
on ne laissait pas de voir encore do temps
en temps couler le sang chrétien. Marin ré-
pandit alors le sien à Césnréo. C'était un sol-
dat do marque, de ceux qui servent .uprès
des gouverneurs de provinces, considérable
d'ailleurs p.ar ses richesses et la nobles-e de
sa race, il perdit la vie pour Jésus-Christ, et
ce fut à l'occasion que je vais rapporter. 11
y a dans la milice romaine nne filace hono-
rable (ju'on nomme la vigne. Ceux qui y
parviennent sont faits centeniers ou capi-
taines. Cotte place étant venue à vaquer
dans le corps où servait Marin , il se
présenta pour en être pourvu, conmie y
ayant droit par son ancienneté. Mais celui
qui lo .Miivait immé liatemenl, dans l'esiié-
rance de l'obtenir pour lui-même, l'alla dé-
férer au gouverneur, l'accusant d'être chré-
tien , et par conséquent incapable de possé-
der aucune charge militaire et civile. A
quoi le uéluteur ajoutait qu'ayant toutes les
qualités requises pour être honoré de cette
dignité, il devait succéder au droit de Marin,
qui en était déi hu à cause de la religion
qu'il professait. Sur cette accusation, le gou-
verneur fait venir Marin, l'interroge sur sa
religion. Marin n'hésite pas un moment ; i'
répond qu'il est chrétien. Le gouverneur
qui l'aimait et qui voulait le sauver, lui
donne trois heures pour prendre sa dernière
résolution. En sortant du palais, il rencon-
tre Théodecne, son évêque. Il lui dit ce qui
vient de lui arriver, la proposition que lui
fait le gouve'.neur, le délai qu'il lui accorde.
Ce récit les conduisit in>ensiblement jusqu'à
l'église. Ils y entrent ; l'évèque, qui avait
son dessein, conduit Marin auprès de l'au-
79
MVR
MAU
80
tel : \h, so toiirnaiit toul-à-t oup vct^ lui. il
enlr'oiivre un pou sa casaque, et découvre
son ép»'o; pui^, lui montrant d'une main le
livro <\o< Evangiles ijui était sur rautel. et
mettant l'autrt^ sur la garde de son épée :
« Il faut choisir, lui dit-il, mon cIut Ma-
rin. — Mon choix est tout fait, ré|)ondit ce
généreux soldat en étendant le bras vers le
livre des Evangiles; voici ce que je choi-
sis. — Allez en paix, lui dit l'évùque, et de-
meurez ferme dans le choix que vous venez
de faire. Attachez-vous h Dieu, et il vous
forlitiera. » Marin sort de l'église et reprend
le chemin du palais ; comme il en était pro-
che, il s'entendit nommer par un crieur jm-
blic : c'était le gouverneur qui le faisait ci-
ter devant lui, le temps qui lui avait été ac-
cordé étant expiré. Il omparait; le gouver-
neur le presse de déclarer ce ((u'il est et ce
qu'il veut être. « Je suis chrétien, seigneur,
répond Marin : C'est tout ce que j'ai à
dire. » A peine eut-il achevé la dernière
parole, que le gouverneur l'envoya au sup-
plice.
Ce fut en cette rencontre qu'Asturius, qui
se trouvait pour lorsàCésarée, flt une action
qui a rendu son nom plus célèbre et sa mé-
moire plus glorieuse que n'auraient fait sa
dignité de sénateur romain, la faveur des
empereurs , son illustre naissance et ses
grandes richesses ; car il possédait toutes ces
choses. Il assistait à la mort de Marin, et,
poussé d'un sentiment de dévotion el d'une
vénération religieuse pour les sacrées dé-
pouilles de ce bienheureux, il chargea sur
ses épaules ce[)récieux dépôt, sans craindre
de souiller une robe blanche qu'il avait,
d'une étoffe très-riche et toute brochée d'or,
et le porta ainsi dans un lieu écarté, où il
l'enterra de ses propres mains.
L'Eglise latine fait la fête de saint Marin
le 3 mars.
MAKIN (saint), fut martyrisé à Rome. Ce
saint, qui était sénateur romain, ayant été
arrêté sous l'empereur Numérien' par le
préfet Marcien, pan^e qu'il faisait profession
de la religion chrétienne, fut mis sur le che-
valet etdéchiré avec des ongles de fer comme
un esclave, puisjetédansune poêle brûlante:
mais le feu s'élanl changé en rosée il n'en
ressentit aucune atteinte. Il fut ensuite ex-
posé aux bètes (pii ne lui tirent jinint de
mal : enlin ineni' une seconde fois devant
l'autel, et les idoles ayant été renversées par
la foret' do sa prière, il fut frappé d'un coup
d'épée et mérita la palme du martyre. I/E-
glise fait sa glorieuse mémoire If 20 dé-
ctMMltre.
MARIN (saint), souffrit le martyre h Ana-
zarbe en Cilicie, sous l'empereur Diocléticn
ri le présiilfiit l.ysias. Ce saint vieillard ,
«près avoir été <h'!(hiré ^ coups de fouet et
dislo([aé , périt par les dents des botes
féroces auxquelles il fnt exposé. L'Eglise
honore sa mémoire I" 8 août.
MARIN saint), fut martyrisé en Afrique
avec saint Nabor. Ils furent dé.ppités. Ott
ignore complètement le lieu préi ,s, l'époque
el les diverses circonstances de leur martyre.
Ils sont inscrits au Martyrologe romain le 10
juillet.
MARIN (sainti , fut martyrisé à Tomes
en Sc.vlhie avec les saints Tliéodote et Sédo-
phe. Nous n'avons pas d'autres détails sur
eux. L'Eglise fait leur fête le 5 juillet.
MARIS (saint), seigneur persan, qui, avant
embrassé la foi chrétienne et distribué son
bien aux pauvres, vint à Rome, pour visiter
les tombeaux des martyrs, avec Marthe sa
femme, et ses deux lils Àudifax et Abaolium.
Le Martyrologe romain dit que ce fut du
temps de rem{)ereur Claude, et qu'ayant été
arrêtés comme chrétiens , ils soulfrirenl les
bastonnades, le chevalet, le feu, les ongles
de fer; qu'eniin, après avoir eu les mains
coupées , ils accomplirent leur martyre.
Marthe fut noyée dans une mare ; les autres
furent décapités, et leurs eorps brûlés. Voilà
ce que nous trouvons au Martyrologe ro-
main, sous la date du 19 ianvier. Mainte-
nant si nous consultons les Actes de ces
saints martyrs. Actes que Bollandus admet,
que Tillemont rejette, nous y voyons que
saint Maris, sa femme et ses fds, soulfrirenl
sous .Vurélien, en l'an 270, et non pas sous
Claude. Ces Actes font évidemment erreur :
d'abord Aurélien, (jui monta sur le trùne en
l'année 270, ne persécuta les chrétiens que
sur la fm de son règne, c'est- h-dire quatre
ans plus tard. Ensuite ils ajoutent un fait
d'où ressort d'une façon péremptoire, (pi'il
y a confusion. Aurélien, disent-ils, lit p^'rir
un grand nombre de chrétiens dans l'amplii-
thédtro : les uns furent tués à coups de
flèches, les autres brûlés. Qu'on aille 5 l'ar-
ticle de Blaste, on verra que cela s'est pa>sé
sous Claude. Faut-il aussi relever une phrase
de ces actes ainsi conçue? « .Vurélien, qui
n'avait rien du mérite de Claude II, son
prédécesseur. » Laservililé qui écrit l'histoire
des princes pour com|)laire à eux ou aux
autres, a certes bien des privilèges, elle le
prouve; l'ignorance en a non moins <}uelle.
Laquelle ûas deux tenait la plume en écri-
vant cette phrase ? Nous ne savons tro|), c'est
l'une ou l'autre. Aure'lirn n avait rien du
mérite de Claude ; il fut un des plus grands
empereurs qui aient illustré le trône des
Césars. Passons.
De nos jours on a beaucoup, à propos de
socialisme, agité la (juestion de savoir jus-
u'à ipiel |)oinl était obligatoire le précepte
ui ordonnait aux premiiTS chrétiens de
donner leurs biens aux pauvres, de les met-
tre en commun. Nouscro\ons que ces Actes
nous fournissent l'occasion de dire que la
plu[)art du temps ce précept<\ qui serait du
reste, si om rappli(iuait rigoureusement, la
ruine de la société, sigtiiliait simplement
(pi'il fallait faire la charité. Nous voytuisque
saint Maris avait distribué son i)i»'n aux
pauvres, suivant la coutume des premiers
chrétiens, et (pi'ensuiie il était venu h Rome
pour visiter les tomlieaux des apôtres. Saint
Maris était un nohle persan. Il en devait
coûter [lour venir de Perse à Rome ; il avait
donc gardé une j)arlie de son bien. L'alié-
nation complète de ce bien n'était donc pas
81
MAR
oliligatdin». Puis, s'il ne s'(M/iit rion rc^sorvc'' ini
l'cloiif. ii'i>i1(-il p.'is (''ti- liii-iiir»iiir ;iv(m; srs
rtilMiils, i|iii iii< s,'iv<iii-ii( ;iiii un iiirlicr, n \i\
cliarKiMhvs clirétitMis? Ici nous (liivoiishornrr
CCS fcllcxitiiis (|ut> hicii (rjuilics vies dos
saillis MOUS .'lui'.iiciil ;niloiis»'' m laiic
L'Egliso lail la UHd de saint M.iiis l(! Il)
janvier.
MAKOI.K (s«inl), (WcVpio ol confesseur,
soiillVil Ji Milan pour l'iionncur de sa loi.
Nous ne possédons aucini docunienl anllicn-
li(pje sur soiiconiplo. L'Kylise l'ail .sa léle lo
!2;J avril.
MAHON (.sainl), recul la palme (hi niar-
tvre avec les sainls lùilycliès cl Victorin.
Ils avaienl d'abord (Hé exilés |>our la lV»i dan.s
l'ile (le l'once, avec la hienlieui'euse Klavio
Doniilille, et ensuilt» rai)|)elés sous l'euipe-
r(>ur Nerva ; mais depuis leur relour, ayant
l'ail plnsieui's conversions, ils furent, duianl
la persécution dv Trajan, mis h mort par di-
vers supplices, suivant la sentence du juge
>'al('rien. L'Ki!;iise fait leur fêle le 15 avril.
MAKSKILLK, Massilia, maintenant clu'f-
lieu du dé|iarlcmenl des Bouclies-du-Uliùne,
vil le célèbre martyre de saint Victor , ofli-
cier détaché de la légion Tliébéenne, et de
SCS compagnons, saint Alexandre, saint Lon-
ginet saint Félicien. Ce i-cmarquablo événe-
ment eut lieu en 290, par ordre et en pré-
sence de l'empereur MaximitMi.
MAKSKS, |ieuples tl'Ilalie, qui habitaient
près duLalium, dans les montagnes qui en-
tourent le lac Fucin. On nonnnait aussi
Marses une tribu de la Germanie qui habi-
tait au nord de la Lippe. En présence de
celle même appellation donnée à deux
peuples dill'érenls, il est assez difficile de
dire où furent martyrisés saint Simplice et
ses fils saint Victorien et saint Constance,
que le Martyrologe romain se contente de
placer simplement au pays des Marses.
MARTHE (sainte), vierge et martyre, reçut
sa glorieuse couronne dans la ville d'Astorga
en Espagne, sous le règne de l'empereur
Dèce, en 251, sous le proconsul Paterne. On
a d'elle une histoire évidemment trop nou-
velle pour qu'on doive y ajouter une grande
contiance. Ses reliques sont encore dans
l'abbaye de Fera, dans le diocèse d'Astorga.
L'église porte le nom de la sainte. Sa fête
a lieu le 23 février.
MARTHE (sainte), femme de saint Maris,
noble Persan, vint à Rome, avec lui et ses
deux fils, les saints Audifax et Abachum,
pour visiter les tombeaux des apôtres.
Arrêtée avec son mari et ses fils, comme
chrétienne, elle endura, sous l'empereur
Claude H le Gothique, en 2T0, la bastonnade,
le chevalet, le feu, les ongles de fer, eut les
mains coupées, et fut enfin noyée dans une
mare. L'église vénère la mémoire de sainte
Marthe le 19 janvier.
MARTHE (sainte), vierge consacrée à Dieu,
et martyre en Perse, dans la septième année
ue la persécution de Sapor, avec sainte
rHÈcLE. {Voy. ce nom.)
MARTHE (sainte), fut martyrisée à Cologne
avec sainte Saule et plu.sieurs autres dont
M Alt H
les niinis ^lorienx ne sont point p/irveini:i
jusqu'à nous. |'!lles «-(int inscrites au Marty-
ru|n;^r l'oiniiiM le 20 octobre.
.MAIll IIK (Iji hienliciireusej, lui marty-
risi'ii au J.ipoii, en HilU, dans le royaume
d'.Vrima , avec son •'•puiix Léon Faiuxida
Lnguyémon, Adrien Tacalalinnindo, Ji.'onno
sa femme, sa lille Marii- Madeleine, vierge
vniu'e au Si'ignenr el J/i((pies son lils, Agé
lie don/.o ans, enlin Léon 'J'/icueiidond (^inié-
nion <'l son lils Paul, .^gé de viii;^l-sept /mis.
Ils fui'(Mil ( oiidaniné-s tous an siipplu i- du fi;u.
On peut voir les détails do leur mnityre h
rarlicle Tmixida Li(;i vi'imo.n (IJoii).
.M A un AL (sainlj, l'un des sept fils de
sainte Félicité, fut martyrisé avec elle et ses
frèi'(>s à Rome, en lOV, sons le règne de
l'empereur Marc-Aurèle. Le préfet l'ublius
ayanffail venir'Martial devant lui, lui dit :
« .le plains vos infortunés frères ; ils se sont
attiré eux-mêmes l(\s malheurs dont ils vont
être accablés. Voulez-vous suivre leur exem-
ple, el mépriserez-vous comme eux les or-
donnances de nos princes? — Ah ! Puijlius,
répondit Martial, si vous saviez ({uels tour-
ments effroyables sont préparés dans les
enfers h ceux (jui adorent les démons 1...
mais Dieu tient encore la foudre suspendue,
n'attendez pas ([u'il la lance sur vous et sur
ces mêmes dieux en qui vous mettez votre
confiance. On reconnaissez que Jésus-Christ
est l'unique Dieu que l'univers doit recon-
naître, ou tremblez à la vue des flammes qui
sont prêtes <\ vous dévorer.» Le préfet en-
voya à l'empereur le procès-verbal de ce qui
avait eu lieu dans les interrogatoires qira-
vaient subis les enfants de Félicité, et Marc-
Aurèie commit pour les juger des juges
particuliers. Martial fut par l'un d'eux con-
damné à avoir la tête tranchée, ce qui fut
exécuté le 10 juillet, jour auquel l'Eglise
célèbre la fête de saint Martial.
MARTLVL (saint), martyr à Carthage en
250, sous le règne et durant la persécution
de l'empereur Dèce, fut enfermé dans un
cachot, avec une foule d'autres chrétiens,
où, par ordre de l'empereur, on les laissa
mourir de faim. L'Eglise fait la fête de tous
ces saints martyrs le 17 avril, avec celle de
saint Mappaliquè. {Voy. Victorin).
MARTIAL, évêque de Mérida en Espagne,
n'eut pas le courage d'envisager les tour-
ments et le trépas pour la foi dont il était
le ministre. Sous le règne de Dèce, il eut le
malheur de renoncer son Dieu, celui qui
l'avait élevé à sa dignité de successeur des
apôtres, pour sacrifier aux idoles. Il fut
déposé dans un concile, car il était resté sur
son siège, l'espèce d'apostasie qu'il avait
commise le lui permettant ; son crime était
celui d'avoir donné dans l'erreur des libel-
latiques. Félix fut nommé évêque à sa place.
Bientôt Martial, sachant que Basilide, coupa-
ble du même crime que lui, était allé à
Rome où il avait été admis par le pape
Etienne à la communion comme évoque,
voulut aussi, lui, se faire recevoir comme
jouissant encore des droits épiscopaux, par
ses collègues d'Espagne. Ceux-ci en écrivi-
85
MAK
MAR
84
leiit à sainl Cyprien et J» sflini Etienne. Ce
dernier avait <'\é trompe^ par RiJ^ilide. Après
« es lettres, et surtout cf qun lui «écrivit saint
Ciprien, Klienne maintint la d'-posilion des
évr>.jues lihcllaliques, Martial et B.)silid»\
M.\KTI\L fsaint), martyr, reçut la cou-
ronne ru Kspagne pour Jêsus-Christ, vn lan
30». La persécution dti tyran Diorléticn
di^cimait alors lEglise. Ce fut un nommé
Eugène, qui commandait une partie de
rEs[)aj;ne pour les Romains, qui lo lit
mourir ave? les saints Janvier et Martial.
La fête de ces siints arrive le 13 octobre.
(Pour plus do détails, loy. les Actes de
saint J\>viEn,à son article.)
MARTIAL (saint), fut martyrisé h Sara-
gosse en Espagne, par les ordres do Dacien
2 ni en était gouverneur, en 1 an de Jésus-
hrisl .T,)V, durant la p ^rsécution de Dioclé-
lion. Dix-sept autres furent martyrisés avec
lui. On trouvera leurs noms à l'arlicie Dacie-h.
Les dix-huit martyrs île Siragosse sont très-
honorés en Espagne. C'est Prudence qui
rapporte ce qu'on sait d'eux. Ils sont inscrits
au Martyrologe romain, sous la date du 16
avril. {Voff. Prudence, dr Cor. hym. i. Til-
leinont, vol. V, p. 'l-I'd. Vasseus» lirlgn.)
MARTIAL (saint , reçut la palme d'os glo-
rieux cond)attants de la foi en Afrique avec
saint Lnunnl et vingt autres de leurs com-
pagnons dont nous ignorons les noms. Nous
n'avons pas de détails authentiques stir
eux. Ils sont inscrits au Martyrologe le '28
septemlue.
MARTIAL fsaint), versa son sang pour 11
défense de la religion h Porto. 11 eut pour
compagnons de son martyre les saints Satur-
nin, Epictète, Mapril, et leurs compagnons
dont les homs ne sont point parvenus np;-
qu'à nous. L'Eglise fait collectivement hnir
fête le ?î-2 aoiU.
MAR TIN sauit', évéque et martyr, versa
son sang |»our la défense de la religion
chrétienne à Trêves et dans des circonstan-
ces qui nous sont inconnues. Nous ignorons
complètement à quelle «''[joipu' (Mit lieu son
martyre. Il est inscrit au Martyrologe ro-
main le \\) juillet.
MARTIN (sainti, fut lun des (piarnnte-huit
martsTS mis k mort avec saint Saturnin en
Afrique, sous le proconsul Annlin . en l'a i
de Jésus-Christ -Wo, sous le rvgne et durant
la perséi ulion si terrible que l'infAme Dio-
clétien «n'alita contie l'Iv^ilise du Seiuneur.
(î'oy. Sati «MX.) L'Eglise célèbre la fiMe de
tous ces saints le tt février.
,M VRI'IN ,>a ni), éyèrpic de Toins et con-
fesseur, est un de^glomnix lleurons dec tle
couronna de saints que l'Enlisé de France
porte sur sn lèle. C'est ini *^aint. c'est un
J;rftnil hounne. Nous mêlons le saint au pro-
ane dans celte «ccunniUition d'épithèles ;
c'est qu'?» qu> I |ui' point de vue que l'un con-
sidère celle grande ligine . ou p^t obligé de
s'incliner dcY.ml elle, chrétien ou Franç.^is.
Siini Mnrlin de Tours est en quelque sorte
le père dune pléiade de sanils qui coiiverli-
reiil les contrées oi^i j'ai passé ma vie. (Cha-
cun d'eux n attaché son nom h quelque vide.
M quelque tillage. Et dans cette histoire des
temps passés, je retrouve toute celle de mes
icunes années : chaifue nom que je relis
mn raopellp un cloch r de mon p'ays. Pnf-
<Jon, cher lecteur : où n'irais-je i»às, dans
cette évocation des souvenirs ? De la maison
qui m'a vu naître à la tonih:^ de mon père?
Souvenirs d'enfance et d'Age d'homnte parse-
mant la route de qu 'Iques rares bonhi'^urs
mêlés h tant fl'ilhisione {omh''es. Pardon,
mais quel est clui d'entre vous nui ne sente
au nom d'un sa ni s'éveiller en lui quel ;uc
souvenir écho du passé qui sourit ou qui
pleure? C'est ain««| que la r ligion chré-
tienne jalonne notre existence h tous : par-
tout la croix ou des noms saitils planant sur
nos souvenirs et \s localisant. C'est celte
religion (pii U'uis prend an berceau, qui nous
mèue à la tondie, et qui marque toiMes les
haltes de notre vie dans le deuil oti dans la
joie. Dans les contrées agrestes de la Vendée,
h tout carrefour où passe un mort, on met
une petite croix de bois; h toute chapelle ou
croix près de laquelle passe une mariée, on
met un bouquet. Croix et bou'pn'fs laissés
en arrière, voilA notre existence. Au-dessus
de chacun d'cux l'Eglise h mis une consola-
tion ou hier» une espérance. Souvenons-hjus,
h l'aide des signes sacrés ; les souvenirs se
purifient de plus en plus sous de tels gar-
diens.
Originaire de la Pnimonie, de la ville de
Salinrie, saint Martin dut naître en .316 oïl
.■'17. Son père, desim[>le soldat devenu tri-
bun, éiflit païen comme toute sa famille. Il
fut élevé i\ Pavie dans 1» Milan ds. Il ne fit
pas d'études, le temps lui manquait. A dix
ans il se lit catéchumène ; et h douze il vou-
lut se retirer dans le df'sert. Malgré le grand
désir (pi'il eut d'entrer dans la vie ascétique,
les circonstances le forcèrent d'entrer (fans
la p'ilic^ dès l'Age de quinze ans. Il servit
rinq ans, et ne se retira du service mdit drc
qu'H r.^ge de vingt ans, sous le règne de
Constantin, en :VM\. \\\\ portos d'Alniens,
n'étant que catéchumène, il dn uia la moitié
de sa casaque ft un pauvre (jui lui dcman-
dnit lauiuAne. Après avoir quitté l'armée,
il se retira auprès de saint Hdaire : quanrl
ce sainl évèque eut reconnu le inérite de
Martin, il le voulut retenir a\q>rès de lui. et
ne luj permit (.'aller en son pays, pour y
convettir sa famille, qu'à la condition for-
în die fpi'il reviendrait. Il ne piil pas con-
vertir son père, tna's d eut le bonheur de
réussir près de sa mère et d'un grantl nora-
be d'attln-s.
Ce fut dans ce pays (|ue sainl Martin souf-
frit publiquement le fotwl pour la divinité
de jésu^-i luisl î*a patrie était complète-
ment intecté.- de l'hérésie des arien^. Ayant
apnns, M la fin de 35'5, le bannissement de
s,n"nf ililaire, il se retira h Milan, pour y
vivre dans la siditude : il en fiit ehassé par
Auxenc'. celui qui avait occupé le siège de
sa nt De is, et qui fut forcé p,ir la niorl de
ci'der ce siège de Milan h saint Ambroise. H
.se retim dans l'Ile tiallinaire, sur leS côtes de
Toscane («upr^s d'Albeugn}. Il y i.-i i quel-
(lUP t«'in|»s; riiflls (1)^ «lu'il cul i\\)\\vU (pio (|iil ni Mi\\\ dfSul*'' aii|)(iMiV(itil, i-l qui cm l'ut
Ooiisl;initw\vrtll fXMMuis à saint llilairc di- fi;i|»|).'' t|i. noinc/iii raiincc ipil siiivii sa rimii.
rcloiiiiicf dans son (lincc'^so, CM cxt'M'ution (lo Diçii lui dcniuviit qu'un |trclciidu inarlyr
sa |ifi>nM'S,s(», il se r(>ndil anpr^s de lui. Pi(Vs mi'on iMiiiuijnt h 'I'oiii'h, cl sur le loiiilican
de Pnilicis, Il clalilil nn nionasli'^rc h (lru\ dni|iii| la |.i<'li' des lidi-lcs avait bAli un nra-
licues environ de la ville: ce tiKuiasii^n! tniie et un autel, n'i'-lail aidr(M|u'uii vrjleur
existait encore n\\ lemps de saiid (ii(^;j,oire (|ui avait «'té o\cculc [mur ses crimes. Il nr-
i\(' 'l'oni's, (|ui en parle. ('.«> l'nl dans ce nio- lAia inie l'ois, h cmu\ cenis pas de loin, uni;
n.'isléic (\\\{' s.MinI NIailiu rtvssnscil» tni mort, troupe de païens, eu ne Tiisanl <pie li- sij^no
Deux nuires l'ois il aecomplil li' miMue pro- «!(• I.i cmix. Sain! Martin détruisit l'idolAlrio
i\\p\ inic l'ois avatd son épisropal , !a se- ([ui rt'';.^iiail encore dans la plus ^la-ide pnr-
c'oMde l'ois élanl évéïpie. Imî des(Jaules; il h/llit pinsicuis églises, fil
l/l\glis(» de 'l'onis, anjoiird'liui si célèhi'c de nouveaux miiacles tpii le retnlifeiil nn
prti- le nom de sain! Mai lin, a eu pour pre- oliieldr v^'-nération pour loul le pays.
iiiicM' éviVpu' saint TialiiM» qui y vint de l/an .IH.'J, Maxime se révolta contre (Ira-
Home vers lo lenjps de l)é('(>, vers l'an "i!)!). tien (mi An^lel(>rre; (Iralien fut vaincu ot
Apr^S sa mort, (pu eut lieu (vi ."lOO, son si(''g(» tué h Lyon, le 2.') aoi1l. Il resta maitrc ahsolti
resta tr(M>le-sepl ans sans évéqne. Oiiand les des (lanles, de l'Anj^leteire et de l'r'.spa^ne.
)n'icns savaient ipio (pn'l(]n'un avait cm- Il élahlit li» si('';^o <!(! son youvernemr;nl <'i
.^rass»^ la foi chiélienne, ou ils l(> déchiraient Trêves, où beaucoup d'évéqnes h; vinrcMit
k coups de l'oui^l, ou bien ils le faisaient pé- trouver d(! divers i tidroils, pour lui deman-
rir par le Lçlaive. Après cet espace de temps der dilVérenles i^rAcos en faveur des vaincus,
écoulé, saiid l.idoire ou Mtoire fut nommé des prisonniers, des malbouroux. A for(;edo
<^vé(]ue de Tours, et gouverna celle lîi;liso solliciter, le plus j^rand nombre prit l'Iiabi-
durant Irente-t'ois ans, jusqu'en l'ainiéo tiido de la flatterie, et des façons de courli-
371 ou 372. Celait un lionniie do grande sans. Saint Martin seul soutint l'honneur de
piété, qui augmenta beaucoup le nond)ro son saint caractère et de son siège. Il solli-
ues chrétiens dans la ville; ce fut lui ({ui y citait la grAce qu'il demandait pour qucl-
bAtit la première église. Il est assez, proba- qucs prisonniers , d'une façon si noble qu'il
ble qu'après sa mort son siège fut vacant jiaraissait commander plutôt (juc sui)|)lier. Il
durant di\ mois. Ce fut alors que le suf- s'assit h latab'e de l'empereur, qui en fut si
frage de tout le peuple de Tours appela ilatlé, qu'il v convia tout ce ([u'il y avait de
saint Martin h être son troisième évèque. Il graïul et d'élevé autour de lui. Maxime avait
fallut, dit-on, user d'artilice et de violence tant d'estime et de conliance dans le saint
pour rairachîM" de son monastère. Pendant évèque de Tours, qu'il le mandait à cliaque
que tout le pi'uple voulait saint Martin pour instinf pour lui lendre ses devoirs, ou [lour
évèque, phisieurs des prélats voisins s'y op- proliler de ses conseils. Saint Martin n'était
losaienl à muse de son extérieur vil et pas venu solliciter que pour quehpios ofli-
uuuble. Ce furent des einiemis (ju'il garda ciers, il était venu demander surtout la
toui(»urs : ils étaient furieux de voir en lui grAce desprisrillianistes, hérétiques d'Espa-
la vertu qu'ils ne trouvaient pas en eux- gne, qu'il avait anathémalisés avec la [)lu-
niémes. Le j)lus acharné de tous fut Févè- part des évoques de France, mais qu'il ne
que Défenseur, le [iremier évôcjue d'Angers, voulait pas voir ])oursuivre et condamner
Ce fut fort peu de temps après son ordina- par rem|)ereur, devant lequel Ithace les ac-
tion que saint Martin fonda l'abbaye deMar- cusait avec un acharnement indicible. S;iint
moutier, la plus ancienne de toutes celles Martin jugeait avec une raison qu'on aurait
qui se voient encore aujourd'hui en France : bien dû suivre toujours depuis, que les cho-
c'était là qu'il faisait sa résidence; tous les ses de la foi étaient du ressort de l'Eglise
jours il en partait pour venir faire le ser- et non point de celui du pouvoir sécuber.
vice. Dans son logis, oii il y avait une foit « Saint Martin, n@n plus que saint Am-
^etite cour, il n'avait pour s'asseoir qu'ime broise, ne communiquait point avec Ithace,
selite selle d(> bois. Ayant eu occasion d'al- ni avec les évèques qui, en communiquant
er pour atfaires à la cour de Valentinien, avec lui, s'étaient chargés de la même haine.
Justine , seconde femme de ce prince , Maxime les soutenait, et faisait par son au-
arienne forcenée, celle qui plus tard perse- torité que personne n'osait les condamner;
cuta violemment saint Arabroise, inlluença il n'y eut qu'un évèque, nommé Théognoste,
tellement son mari qu'il ne voulut pas rece- qui rendit publiquement une sentence con-
voir saint Martin : ce ne fut qu'au bout d'as- tre eux. Ces évèques ithaciens, étant assem-
sez longtemps qu'il put parvenir à avoir au- blés à Trêves pour l'élection d'un évèque,
dience. Quand Valentinien l'eut vu, il sut obtinrent de l'empereur qu'il envoyât en
découvrir en lui l'homme de Dieu, lui ac- Espagne des tribuns avec un souverain pou-
corda beaucoup |)lus qu'il ne demandait, et voir, pour rechercher les hérétiques et leur
voulut le combler de présents (jue le saint ôter la vie et les biens. On ne doutait pas
refusa, préférant la pauvreté aux richesses, que beaucoup de catholiques ne se trouvas-
Saint Martin se rendit extrêmement célè- sent envelopj'és dans cette recherche. Car
bre par le grand nombre de miracles qu'il on jugeait .ilors les hérétiques h la vue, sur
opéra : Ainsi, pendant vingt ans, à la de- la pâleur du visage et sur 1 habit, plutôt que
mande d'Auspice, préfet du prétoire, il em- par l'examen de la foi. Ayant obtenu cet or-
pêcha la grêle de tomber dans un canton, dre, ils apprirent le lendemain, lorsqu'ils s'y
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atloniiaifiit lo nioio'^. (|m^ saint Martin allait
arriv»^r à Trêves; rar il fut obligé dy faire
plusieurs voyages pour des affaires de cha-
ritt'. Ils en furent fort alarmés, sachant (pin
ce qu'ils venaient de faire lui déplairait, et
craignant que plusieurs ne suivissent lauto-
rifé d'un si grand homme. Ils tinn-nt conseil
avec l'enipiTeur; et il fut résolu d'envoyer
au-devant de saint Martin des olliciers, pour
lui défendre d'approcher de plus |)rès de la
ville s'il ne promettait de garder la paix avec
les évéques qui y étaient. Saint Martin s'en
dëfit adroitement en disant qu'il viendrait
avec la paix de Jésus-Christ.
« Etant entré de nuit, il alla à l'église, seu-
lement pour y faire sa prière; et le lende-
main il se rendit au palais. Ses principales
demandes étaient pour le comte Narsès et le
gouverneur Leucadius, qui avaient irrité
Maxime par leur attachement au parti de
Gratien. Mais ce que saint Martin avait le
;ilus h cœur, c'était d'empêcher que ces tri-
ouns ne fussent envoyés en Espagne avec la
puissance de vie et àe mort; et il était en
peine non-seulement pour les catholiques,
qui pourraient ôtre inquiétés à cette occa-
sion; mais pour les hérétiques mômes, à
qui il voulait sauver la vie. Les deux pre-
miers jours, l'empereur le tint on suspens,
soit pour lui faire valoir les grAces qu'il de-
mandait, soit par la répugnance de pardon-
ner à ses ennemis, soit par avarice, pour
profiter de leur dépouille. Cependant les
évoques, voyant que saint Martin s'abstenait
de leur conimunion, vont trouver l'empe-
reur, et disent que c'était fait de leur répu-
tation si ro[)iniAtreté de Théognoste se trou-
vait soutenue par l'autorité de Martin; (pi'oii
n'aurait pas dd le laisser entrer dans la ville ;
que l'on n'avait rien gagné à la mort de
Priscillien, si Martin entreprenait sa ven-
geance. Enfin prosternés devant l'empereur
avec larmes, ils le conjurent d'user de sa
puissance contre lui.
<< Quelque attaché que Maxime fiU h ces
évoques, il n'osa user de violence contre un
homme si distingué pour sa sainteté. Il le
prend en particulier, et lui re[)résenle avec
douceur que les hérétiques avaient été jus-
tement ( ondamnés par l'ordre des jugements,
I>lufùt (pi'ii la noiusuite des évéques; qu'il
n'avait point (le cause de rejeter la comuui-
nion d'ilhace et de ceux de son parti ; que
Théognoste seul s'était st''paré d'eux, et plu-
t(jt par haine que par raison; (pie nuMue un
concile tenu peu de jours auparavant avait
déclaré Ithace innocent. Comme .saint Mar-
tin n'était point touché de ces raisons,
rem|»ereiir entra en colt're, le quitta, et en-
voya iuis'.itt'd des gens pour faire mourir
ceux dont il demamlail la grAce. Saint Mar-
tin en fut av(;rli comme il était dijh nuil;
alors il court an |>alais, il promet de commu-
niquer si l'on pardonne h ces malheureux,
pourvu (]ue l'on rap|>elAt aussi les tribuns
que Ion avait envoyés en Espagne. .VussittM
Maxime lui accorda tout.
« Ee b'ndeniain, comme les ithaciens (le-
vaient faire l'unlinalion do leviique Félix,
saint Martin communiqua avec eux ce jour-
Ih, aimant mieux céder pour un peu de
temps (jue de ne pas sauver ceux qui allaient
«^tre égorgés. Mais tpielaue etfort que fis-
sent les évéques pour le f;nre souscrire k cet
acte en signe de communion, ils ne purent
jamais l'y résoudre. Le lendemain il sortit
promptement de Trêves, et gémissait par le
chemin d'avoir trempé tant soit peu dans
cette communion criminelle. Etant prés d'\in
bourg nommé Andelhauna , aujourd'hui
Ethernach en Luxembourg, à deux lieues
de Trêves, il s'arr(Ma un peu dans les bois,
laissant marcher devant ceux de sa suite.
Là, c(Dmme il examinait cette faute, que sa
conscience lui reprochait, un ange lui appa-
rut, et lui dit : «Ton remords est bien fondé ;
mais tu n'as pu en sortir autrement : re-
prends courage, de peur de mettre en péril
même ton salut.» Il se donna bien garde de-
puis ce temps de communiquer avec le parti
d'ilhace; et pendant seize ans qu'il vécut
encore, il ne se trouva à aucun concile, et
s'éloigna de toutes les assemblées d'évôques.
Saint Sévêre-Sulpice le raconte ainsi, et il
ajoute : « Au reste, sentant moins de grAce
« et de facilité à ilélivrer les possédés, il
« nous avouait de temps en temps avec lar-
« mes qu'il sentait une diminution de puis-
«( sance, à cause de celte malheureuse com-
« munion, où il s'était engagé malgré lui
« pour un moment.» Félix, qui fut ordonné
en cette occasion, était, comme l'on croit,
évoque do Trêves, homme de mérite, et
compté entre les saints. » (Fleury.)
Dans les derniers temps de sa vie, saint
Martin continua pai>il)lement à administrer
son diocèse, h contribuer .Ma conversion des
païens. 11 faisait de nombreux miracles. Il
vint à Trêves une quatrième fois près du
pr(''fet des (iaules ; car depuis 387 cette ville
n'était plus la résidence des enq)ereurs. Il
vécut encore un certain nombre d'années
dans la pratique de ses devoirs et dans
l'exercice des plus hautes vertus. Dieu en-
tin, voulant le laire venir à lui, lui révéla le
moment de sa mort. Sachant que ce moment
était proche, il partit pour Candes, qui était
à l'extrémité de son diocèse, du côté d'An-
gers, afin d'y terminer un dilL'rend survenu
entre les erclésiasti(iues de ce lieu. Il mou-
rut après avoir accompli ce dernier acte
épiscopal, comme il voulait revenir à son
monastère de Marmoutier. La lièvre le tint
(luehiues jours et il rendit son Ame il Dieu
(fans la paisible assnranee (pie lui donnait la
saintet('* de sa vie. Longtemps son corps fut
conservé dans la ville île Tours; les hugue-
nots le brOlêrent h r(''poiiue de leurs ravages
en France. S.iint Martin mourut-il en 397
ou en 400? Les auteurs sont divisés sur
ce point. L'Eglise fait sa fête le 11 no-
vembre.
MAHriN (saint), pape et martyr, mourut
pour j.t défense île la religion chrtUienne en
l'an de Ji'siis-Chrisl G5'i. Il na(juit à Todi; il
devint célèbre dans le clergé romain [vir son
jirofond savoir et sa grande sainteté. Il était
diacre seulement quand le pape riiéodoro
89 MAR
l'onvoyii fil (|iiiilil('' <lt' uoiico ^ (-oiistjiiiliiKi-
itlo. AiHt^-s 1,1 1 1 tlf <•<* |"i|'"'. '1 '""' <•'•• I""""
lui sii(((^(lt'r. Il iiH'iila sur le liAiu' |H»iililitwil
011 juillol (iV'J. Ce ïul r;iiiiMM' suiv.iiilf (iiiil
lilll, (lilllS r«^Klis(! (Il' l.llllflll, MM (nMilll! (1(1
cvul chu\ ('V(\|M('s coiilrc los niiiimlli(''lilcs.
On y COiidaiiMia |»lMsi(Mir.s ikm-somiuikcs cm-
g/i^(V< (Ijmis cclh' lu^ivsif, et iiolaiiiiiKMil l'.uil,
(|in occupait alors lo siégo di! (loii.slaiili-
noplo.
Pcrsi'cHtion contre le papr saint Martin.
« Lo paiH' saint Martin s(>Mlit l)ii'nt(M les
clVots (lo l'indi^Malioii do i'fin|torour (lon-
slaïU. Avant (pui l'on oOl nouvcdlo à (lon-
slanlinoplo du conoilo do Latraii, roiiiitcrc.ur
onvo\a pour ovanpio on llalio Olvnipins,
son Vliaiidx'llan, avec ordro ilo lairo sous-
crire lo tvpo h tous los évc^quos ot los pro-
priôtairos' do torr(>s. « Si vous pouvez ,
« aioula-l-il, vous assurer do l'ariiu'o d'Ita-
« lio, vous arrôtercz Martin, ciui a éli' k>j;at
« ioi h Consfantinoplo. Que si vous trouvez
« do la résistance dans rarin(:'0, tenez-vous
« en repos jusqu'à ee que vous soy(>z maître
« do la province ot que vous ayez '^iv^nc les
« troupes de Rome ot de Ravenne pour faire
« exécuter nos ordres. »
« Olynipius arriva h Rome, trouva le con-
cile assemblé; il voulut d'abord exciter un
schisme dans l'Eglise par le moyen des
troupes qu'il amenait , h quoi il travailla
longtemps, mais inulilomonl; et ne pouvant
réussir par la violence, il eut recours h la
trahison. Comme le pape lui présentait la
communion dans l'église de Sainte-Marie-
Majeure, il voulut lo faire tuer par son
écuyer. Ce qui était d'autant plus facile, que
le pape allait communier chacun à sa place,
comme il a été observé. Mais l'écuyer as-
sura depuis avec serment qu'il avait été
frappé d'aveuglement et n'avait point vu le
pape, quand il vint donner la communion
a l'exarque. Celui-ci, voyant la protection
de Dieu sur le pape, lui déclara les ordres
qu'il avait reçus, fit la paix avec lui, et
passa en Sicile avec son armée contre les
Sarrasins, qui s'y étaient déjà établis. Mais
l'armée romaine y périt et l'exarque mourut
ensuite de maladie.
« L'empereur envoya pour lui succéder
Théodore, surnommé Calliopas, avec un de
ses chambellans, nommé aussi Théodore et
surnommé Pellure, et leur donnant ordre
d'enlever le pape, l'accusant d'hérésie, parce
qu'il avait condamné le type. On l'accusait
aussi de ne pas honorer la sainte Vierge
comme mère de Dieu : ce qui était une
suite de la calomnie précédente ; car, les
monothélites, comme les eutychéens, accu-
saient la catholique de nestorianisme. On
chargeait encore le pape de crime d'état et
d'avoir envoyé des lettres et de l'argent aux
Sarrasins. Le pape, averti des desseins que
l'on avait sur lui, s'était retiré avec son
cierge dans l'église de Latran, quand l'exar-
que CalUopas arriva à Rome avec le cham-
bellan Théodore et l'armée de Ravenne.
C'était le samedi 15 juin 653. Le pape, qui
M Alt
M
était considérabli'incnl malade dcpuiH lo
mois d'oclolirc, envoya au-dev/iiit de l'ex/ir-
(lile (piehiiics persoinicH de Son clergé ; et
I e\.ir<pie les re(;ul dalis le p;il«is,(Tr)y.>iil «pio
le p/ipe étrtil avi'c eux. Mais, ne l'y Irrjiivanl
pas, il dit <iux premiers du ^•U•r^^é : Nous
voulions l'/idorer; mais di-niaiii, <|ui est di-
iii.inclie, Miius Tirons trouver et le saluer ;
car aMJrturd'IiMi, il ne nous n pus été possi-
ble. ()n voit ici li's mots d'adorer el do sa-
luer employés irKlill'i'i-emiiienl, «;l il y avait
loni^li'nipN (pio l'on disait adi/rer r(MM-
portMir.
u Le leiideiiiain ditiianclie, 10 juin, la
niosso fut célél)ié(! dans la mém»! église d(«
Latran, et l'oxaripio craignant la multitude
du [x'uplo, envoya dire au pa|)e : « Je suis
« si fatigué du voyage, (pio je ne puis vous
« aller voir aujourd'hui ; mais j'irai demain
« sans l'auto adorer Votre Sainl(îlé. » Le lundi
malin, il envoya son cartulair(i et (|uel(pies
autres de sa suite, dire au pape : « Vous avez
« préparé des armes et amassé des i)ierr<;8
« [)our vous (léh'ndro, el vous av«;z dos gens
« armés là-dodans. » Le pap(! 1(!S envoya vi-
siter toute la maison épiscofiah; pour rendre
eux-mêmes lémoignagi,' s'ils y auraient vu
des armes ou des pierres. Ils rf.'vinrenl sans
avoir rien trouvé, et il leur dit : « Voilà
« comme on a toujours agi contre nous, i)ar
« des faussetés et des calomnies : Quand
'( 01ym|)ius vint, il y avait aussi dos men-
« tours (jui disaiiMit (jue je pouvais le re-
« i)ousser à main armée. »
«Ils s'en allèrent avec cette réponse;
mais une domi-heure n'était pas encore pas-
sée quand ils revinrent avec des troupes. Le
pape, malade, était couché sur son lit à la
porte de l'église. Les soldats entrèrent ar-
més d'écus, de lances et d'épées, avec leurs
arcs bandés. Ils brisèrent los cierges de
l'église et en jonchèrent le pavé avec un
bruit effroyable joint à celui de leurs armes.
En mémo temps , Calliopas présenta aux
prêtres et aux diacres un ordre de l'empe-
reur pour déposer le pape Martin, comme
indigne et intrus, et de l'envoyer à Constan-
tinople après avoir ordonné un autre évoque
à sa place. Alors le pape sortit de l'église,
et le clergé s'écria en présence de l'exarque
et du chambellan Théodore : « Anathème à
« qui dira ou croira que le pape Martin a
« changé un seul point dans la foi el à qui-
« conque ne persévère pas jusqu'à la mort
« dans la foi catholique. » Calliopas, voulant
se justifier devant les assistants, commença
à dire : Il n'y a point d'autre foi que la vôtre
et je n'en ai point d'autre moi-même.
« Le pape se livra donc sans résistance pour
être mené à l'empereur. Quelques-uns du
clergé lui criaient de n'en rien faire ; mais
il ne les écouta pas , aimant mieux mourir
dix fois, comme il dit lui-même, que d'être
cause qu'on répandît le sang de qui que ce
fût. Il dit seulement à l'exarque : « Laissez
« venir avec moi ceux du clergé que je ju-
« gérai à propos. » Calliopas répondit :
« Tous ceux qui voudront, qu'ils viennent,
« à la bonne heure, nous ne contraignons
M MAR
• personne. » 0"P''l^>f*5-un» des évoques
s pcri^rpnt : « Nous inonrrnns et vivrons
• nvor lui. » Ensuite Calliopas dil m pfljK.' :
« Venez avec nous au nal.iis. >' Il y alln flonc
le rn^me jour, et lo leniifinnin ni.inli. 18 juin,
tout lt> riorgé vint le trouvi r nvcr |>ln>i|i'nrs
autre? qui s'étaient preparc^s h .seinbanpipp
avec !ni, et avaient (]&]h niis l.^nr-^ li;inlf,s
dans Ifs hirques. Mais la nuit suivante, vers
Ja sitièmo heure, r'esl-à-<lire à minuit, on
tin le pape (lu pa'ais. (t l'm renfertna tous
reu\ (Je s<i suite et (livc ses clios(>s qui lui
étaient nécessaires pour soi voya;^e; on lui
Jai-sa seulement sit jeunes serviteurs et un
pot h l)()ire.
« On le fit ainsi sortir rie Rome, dont on
referuin l<-s portes aussitôt , de peur que
quel(ju"un ne le suivit; et on renunena d.in.s
une oarque sur le Tibre. Ils arrivèrent h.
Porto vers la quatrième heure du jour, le?
13 des calendes do juillet, r"est-h-dire le
mercredi 19 juin, h dix heures du matin.
Ils en partirent le même jour et .nrrivè-
rent h Misène le 1" de juillet. De là, ii.s
passèrent en Calahre, puis en plusieurs fies
où ils furent arr(M(^s pendant (rois mois.
Enlin ils airivèrent à l'ile de Na\o, où ils
deujeurèrent un an. Pendant tout ce voyage,
lep.ipo fut travail ('• d'un cours de ventre qui
ne lui donnait point de repos, avec un dégot^t
ilFroN able ; toutefois, on ne hii accorda au-
cun soulagement, Qxeepté h Na\o, où d se
baigna deux ou trois l'ois et logea (Jans U' e
maison de la ville. Hors de \h, il ne sortit
point du vaisseau, qui ('•(ait sa prison, quoi-
que ceux qui le conduisaient prissent terre
h toute occasion pour se reposer. Cepen-
dant, h Rome, Eugène fut ('labll pape par
autorité de lempereur. Il était Romain, lils
de Ruflnien, et clerc dès son bas Age; il ne
fut élu fpie le 0 septembre 6o.^, et tint le
.«ainf-siége près de trois ans. » Fleurv.i
«Le pape saint Martin était prisonnier dans
l'Ile d(> Naxo. où on envo\ait de la part des
évèques et des lidèles, tout ce (pii lui était
nécessaire pour ses ditlérents besoins. Mais
ses gardes ne soulfiaienl pas (pie rien de
tout cela lui fût remi.s : ils pillaient tout,
même en sa présence, le rhargeanl des re-
proches les plus outrageants. Ils maltrai-
taient même de paroles et de '"O ipsçeux qui
apportaient les présents et les chassaient en
disant: «Quiconque rime ret houniie, est
" ennemi de lEtat. >< Le saint pape sentait
plus vivement les injures de ses bienfaiteurs,
que les (!■ uleurs de s.i goutte et «lèses au-
ties incommodités. Etant pariis de Na\o et
arrivés ^ .\byde, reu\ (pii le comluisaieiit
envoyèrent h Consiaiitinople donner avis (bi
son arrivée, le traitant d'hi'réliipie. dentuMuf
de Dieu r-t de rebelle, ipn soulevait tout
l'empire. Entln saint Marhn arriva h Con-
^tanlinople le 17 scpieuibre iWi. On b»
laissa au port denius le uiatui ju<(pi'ft tpiatre
heures après midi, dans le vaisseau, nuM'hé
sur tin grnbni. exposé en spectacle h tout le
monde. Plusieurs tnsoliuts , et mèiue des
païens, s"ap()r ichaienl et lui disaient des
paroi»^ ouii «géantes. \>r^ le courber du
MAR
M
soleil, vint un srribe nommé Sagolève, avec
plusieurs tfardes. On tira le pape de la bar-
que, on remporta sur un brancard, on le
mena dans la pri.son, nommée Prandéaria ; et
Sauolève défendit que fiersomie de la ville
ne sût fpiil y était. [>e pape demeura donc
enfermé dans celte prison, sans [)arlcr à per-
sonn»! . pendant (piatre-vingl-treize jours ,
'pii Ibnt Iroi.s mois, cest-i»-dire depuis le
17 septembre jusqu'au 17 décembre.
" Ce fut apparemui'-nt de là (ju'il écrivit
le.s deux lettres à Théodore. Dans la pre-
mière, il se juslitie contre les calomnies dont
on le chargeait; premièiement, par le té-
moignage que le clergé de Rome avait rendu
de sa foi en présence de lexarque Calliopas,
ensuite par la protestation qu'il fait lui-
luème de la di'fendre jus(pi'à la mort. Puis
il ajoute : «Je n'ai jamais envoyé aux Sai-
" rasins ni argent, ni lettres, ni I écrit (pie
« l'on dit, pour leur mar.^uer ce qui s doi-
« vent croire. J'ai seulement drmné quelque
« peu de chose à des serviteurs de Dieu qui
« Venaient chercher des aum(")nes; mais ro
« n'était pas pour les Sarrasms. Q lant à la
" glorieus(^ vi»>rge Marie, Mère de Dieu, ils
« ont porté faux témoignage contre moi; car
« ie déilare anathème, et en ce monde et en
" l'autre, quiconque ne Ibonoro pas au-des-
« sus do toutes les créatures, excepté son
« tils, Notre-Seignenr. «
'< Dans l'autre lettre, il raconte comme il
fut enlevé de Rome, et comme lexanpie
Calliopas présenta un ordre de l'enipereur
pour fiire élire un autre pape à sa place.
Sur quoi il dit : t( On ne la encore jamais
« fait, et j'espère qu'on ne le feia jamais;
« car, en l'fibsencede l'tWèipie, l'archidiacre,
« l'arcbipi-étre et lo priniicier tiennent sa
rt place. » Ayant raconté ce qu'il a soutr-rl
dans l,> vo âge, il ajoiiio h la tin : « Il y a
« (iiiaiante-sept jours (jue je n'ai pu obtenir
« cle me laver ni d'eau chaude ni d'eau
« frtiide; je suis tout fondu et refroidi, car
« le llux de ventre ne m'a point donné de
« repos jusqu'à présent, ni sur mer ni sur
« terre; j'ai le corps tout bnsé, et (juand je
« veux prendre de la no uriture.je manque
" de celle <pii me pourrait tortiller, et je suis
n entièrement dégoûté .b' celle (pie j'ai. Mais
a j'espère en Dieu, (pii voit tout, que (piaml
« il m'aura tiré de cette vie, il recherchera
n ceux (pli me perséeuteni fiour les amener
« i péuilence. »
n Le vendnvli, l.S déci inbre 65i, le pape
saint Martin fut tiré de sa prisrm dès le ma-
tin et amené dans la chambre de Rueoléon,
.sacellaire, c'esi-à-dire grainl trésorier, où,
dès la veille, on avait (Ioiuk» ordre à tout lo
sénat d(> s'assembler. Saint Mirtin y fut ap-
porte dans une cluise, car \a navigaii(ui et la
pri-on avaient augmeuié ses maladies. Le
sacellaire, le regniflanl de lun, lui com-
manda de se lever de la chaise et de se tenir
debout. On'"! i"'" olFuners représentèrent
qu'il ne pouvait, et b« sacellaire « lin en co-
lère qu'on le soutint dt^s deux «,\lé!«, ce qui
fut fait.
t Alors le sacellaire lui parla ainsi : «tDis,
«5 '^All >IAli ft*
« inisiMviblo, i|in>l mal l'a l'ail rfiii|icrcur ? " tiiiol nous t'X|tlimu;/-vou» c« <|ii'il <lil? »
« T'a-t-il a'1(^ (jii('l(|n,) rhosc? T'a-l-il oit Puis il litrnn'iila nu scribe Sugdlt^Vf k il v
« nriiiK^ par viuli-iicc ? » I-c |m|i(' lie n'iioiidil avait l'iicon- «Icliurs irniilrcs lériioinH. « Oui.
rit'ii. [a' 8;ic('II,iiii' lui dit trim Imi d'aulo- « Kci^mîi-r, dit li- s. nln-, il y <'ii » l'Insionr;». "
ril6 : «Tu no rc'ixuids nns? 'l'es aiciisalciirs Mais ceux (jui présidaiiMil h l'flkiyiiibli^»' tli-
« vo" I clilrcr. » Aiissilol on les lil ciiln-r au rcnt (|iit' c'cti Mini i\s^t'/.
jioiiibn' do vingt, la |) ii|tarl soldais l'I Kc'is .. Le saccdiairo so Icv^ cl (Mitrn n\.i |talni«
bn.laiix ; (|ii('l(iuos-iins avaient été «vtio pour l'aine sou ra|>|n»il à rcmpereur. Ou (il
l'('\.in|iie Ol\iii|tiu>, eiIre autri>s André, soilir le pape de la rliambre du i ouM'il. tou-
soii seiréla re. \a) pa:u', les voya'it enlror, iourspiirt • sur um- eli.iisc, ri un !.• mil dans
(lit eu .soiiriaid : « SoMl-ee l.\ les léiu-iins ? l.i cnur. (pii était devant, pi es (leM'rtin-ie do
« l'M-ee là voire procédiir(>? » l*iiis, (Oiiiine i'cinperciir, où t'iiil le peuple s'as^eiidilail,
ou les lil jurer sur les l'!\ai),;il'S, il dil au\ pdiir iiltciidrc l'enli l'O du sarcllairr, l.e |.apo
iiingis'rnls: « Jo vous prie au Moin do Dieu, était envinuiié des f,'ardes, ol c'était un
« ne les faites point jiirei'; (pi'ils disent sans speitaele lerrilde. Pou do temps après, on le
M serment ce (pi'ih voudio it. el laites ce (pio lit apporter sur une terrasse, alin (|ue l'i-m-
a vous voudrez. Qu'esl-il besoin ([u'ils |ier- pereur pill lo voir |i«r les jalousies d'- sa
« dent ainsi leurs ;^uies?» clianibre. On leva donc le |)ap(!, en lo soulo-
« Le prcmii'r do ses accusateurs fut Doro- naiit dos deux côtés au milieu de la lerrasse
thée, pnirice ilo Cilicio, (jui dit avec sonnent, en présence do loul le sénat; el il s'amassa
parlant du pape :« S'il avait ciiupiante têtes, une grande foule autour de lui. AU)rs le
« il mérilorait tic les perdre, pour ovoii' seul sacollaire sortit delà clhunbrede roiuporour,
« roMversé el perdu tout l'Occidi'nt.» Il était et fondant la presse, vint dire au papo : « He-
de concert avec Olvmpius et ennemi mortel «garde comme Di(,>u t'a livré entre nos
de l'empereur el de IKtal. Un des témoins dit « mains. Tu faisais des eU'oits contre l'em-
aussi que lo papo avait conjuré avec Olym- «pereur, avec quelle es[)érance? Tu as
plus, et pris le serment dos soldats. Ou do- « abandonné Di(>u, et Dieu t'a abandonné. »
manda au pape s'il on était ainsi. Il répon- Aussi lui il commanda h un de ses gardes de
dit : « Si vous voulez entendre la vérité, je lui décbircr son manteau ol la courroie de sa
« vous la dirai. Quand le type fut fait et chaussure, pu'S il le mit entre les inains du
« envoyé h Rome [lar l'empereur. ..» Alors le préfet do Constantinople, en lui disant:
préi'el Troïle rinterrompit, en criant : «Ne « Prenez-le, seigneur préfet, et le mettez en
« nous parlez point ici do la foi, il est ([ues- « [)ioces tout mainlenant. » Il commanda auï
« lion du crime d'Etat. Nous sounnos tous assistants de l'anathématiser. Mais il n'y eut
ft chrétiens et orthodoxes, les Romains et pas vingt personnes qui crièrent analhème ;
« nous. — Plilt à Dieu ! dit lo pape; toute- tous les autres baissaient le visage el se re-
« fois, au jour terrible du jugement, je ren- tiraient accablés de tristesse.
* drai témoignage contre vous sur cet ar- « Les bourreaux le prirent, lui otèrent son
E licle môme. » pallium sacerdotal el le dépouillèrent de tous
« Trode lui dit en colère : « Quand vous ses babils, ne lui laissant qu'une seule lu-
« voyiez le malheureux Olympius former de nique sans r.einture; encore la déchirèrent-
« tels projets contre l'empereur, que ne l'em- ils des deux côtés depuis le haut jusqu'en
« pu. hiez-voiis, loin d'y consentir? » Le pape bis, en sorte que l'on voyait SOil corps à nu.
réjiondit : «Dites-moi, seigneur Troïle, Ils lui mirent un carcan de fer au cou et je
« quand Geo ges, qui avait été moine et trainèrent ainsi depuis le palais par le nii-
« depuis II agistrat, vint ici du cauip el lit ce lieu de la ville, attaché avec le geôlier, pour
* que vous savez, où éliez-vous et ceux qui montrer qu'il était condamné h mort; et un
« sont avec vous? Non-seulement vous ne autre portait devant lui l'épée dont il devait
« r'^sislàtes poin, mais il vous harangua et être exécuté. Malgré ses soutfrances, il con-
« chassa du palais qui il voulut. Et quand servait un visage serein, mais tout le peuple
a. Valeutin se revêtit ne la i)ourpre avec un pleurait et gémissait, hors quelque peu qui
« ordre de l'eiupereur et s'assil avec lui, où lui insultaient. Etant arrivé au prétoire, il
« étiez-vous? que ne rempêchâtes-vous? fut chargé de chaînes et jeté dans une pri-
« pourquoi, au contraire, prîtes-vous tous son avec des meurtriers. Mais, environ une
«son parti? Et moi, comment pouvais-je heure après, on le transféra dans la prison
«résister à Olympius qui avait touies les de Diomède. On le traînait si violemment,
« forces d'Italie ? Est-ce moi qui l'ai fait qu'en montant les degrés, qui étaient hauts
« exarque? Mais je vous conjure, au nom de et rudes, il s'écorcha les jambes et lesjar-
« Dieu, faites au plus tôt ce que vous avez rets, et ensanglanta l'escalier. Il semblait
« résolu de moi : car Dieu «ail que vous me prêt à rendre l'âme, tant il était épuisé; et,
« procurez une grande récompense. » Je.ne en entrant dans la prison, il tomba et se
vois point qui était ce Georges dont parle ce releva plusieurs fus. On le mit sur un banc,
pape; mais pour Valentin, il fut le chef du enchaîné comme il était et mourant de froid,
parti contraire h l'impératrice Martine. Le car l'hiver était insupportable , et c'était,
pape parlait latin et ce qu'il disait était ex- comme il a été dit, le lo décembre. Il n'avait
pliqué en grec par le consul Innocent, fils de personne des siens, qu'un jeune clerc qui
Thomas, qui était d'Afrique. Mais le sacel- l'avait suivi et se lamentait auprès de lui.
laire, ne pouvant souffrir les réponses du « Deux femmes qui gardaient les clefs de
saint pape, dit en colère à innocent : «Pour- la prison, la mère el la tille, touchées de com
05
MAR
MAR
90
passion, voulaient soulager le saint pape,
mais elles n'osaient ^ cause du geôlier qui
était attache^ avec lui; et elles croyaient (pie
l'ordre allait venir pour l'exécuter à mort.
Quehiuos heures apr^s un oflirier appela
tl'en l>as le geôlier, et, (pinnd il fut descendu,
une de ces femmes emporta le pape, le mit
dans un lit et le couvrit bien pour le ré-
chauffer. Mais il demeura jusqu'au soir sans
pouvoir parler. Alors, l'eunuque Grégoire,
2ui de chambellan élait devenu préf«>t de
onstantinople, lui envova son maître d'hô-
tel, avec quelque peu de vivres, et lui en
avant fait prendre, il lui dit : « Ne succom-
« hez pas en vos peines, nous espérons en
« Dieu que vous n'en mourrez pas.» Le saint
pape, qui désirait le niartv re , n'en fut
?[ue plus aûligé ; aussitôt on lui ôta les
ers.
«Le lendemain, l'empereur alla voir le
patriarche Paul, qui était malade à la mort,
et lui compta tout ce que l'on avait fait au
pape. Paul soupira, et se tournant vers la
muraille, il dit : « Hélas 1 c'est encore pour
« augmenter ma condamnation. » L'empe-
pereurlui demanda pourquoi il parlait ainsi;
Paul répondit : « N'est-ce pas une chose
« déplorable de traiter ainsi un évéque. »
Ensuite il conjura instamment l'empereur
de se contenter de ce que le pape avait souf-
fert. Paul mourut en effet, après avoir tenu
le siège de Constantinople treize nus; et
Pyrrhus, qui était présont, voulut y entrer.
Mais plusieurs s'y opposaient et publiaient
dans le palais le libelle de rétractation (|u'il
avait donné au pope Théodure, souleiiant
qu'il s'était par là rendu indigne du sacer-
doce et que le patriarche Paul l'avait anathé-
matisé.
« Comme le trouble était grand à cette
occasion, l'empereur voulut être édairci de
ce que Pyrrhus avait fait à Home; et pour
cet effet, il envoya Démosthène, commis du
sacellaire, avor un greflier, pour inlerro;.ier
le paj)e dans la pri>on. -Quand ils furent
entrés, ils lui dirent : « Voyez en quelle
« gloire vous avez été, et en (piel t'tat vous
« êtes réduit. C'est vous sml (pii vous y
« êtes rais. » Le pape répondit seulement :
n Dieu soit loué de tout. » Démosthène dit :
« L'empereur veut savoir de vous ce (jui s'est
« passé ici et à Rome h l'égard de Pyrrhus,
« ci-<levant patriarche. Pourquoi alla-t-il h
« Home? Fut-ce par ordre de quelqu'un, ou
« de son mouviMiient? — De son propre
« mouvement, réponilit le pape. » Démos-
thène dit : n ('omment lit-il ce libelle ? Y
« fut-il contraint?» Le pape rt'pondil : « Non,
« il le tit de lui-même. » Démosthène dit :
« Quand Pyrrhus vint h Rome, eonunent le
« pape Théodore, votre prédécesseur , le
« reçul-d ? comme un évèque ? » Le pa['0
répondit : n Kt comment donc ? Puis(pravant
« que Pyrrhus vitU à Rome, Théodore avait
« écrit nettement à Paul (pi'il n'avait pas bien
« fait d'usurper le sk'-s'c d'un autre. Pyrrhus,
■ Venant ensuite de lui-même juix pn.'ds de
« sanit Pierre, comment pouvait-il s'empê-
« cher do le recevoir et de l'honorer comme
« évèque? — Il est vrai, dit Démosthène.
« >îais (|*où tirait-il sa subsistance? » Le pape
répondit : « Sans doute du palais patriarcal
« de Rome. » Démosthène dit : « Quel pain
« lui donnait-on ? » Le paj^e répondit : « Vous
« ne connaissez pas rKglise romaine. Je vous
« dis «pie quiconque y vient demander l'hos-
« nitalité, cpielque misérable qu'il soit, on
« lui donne toutes les choses nécessaires :
« saint Pierre ne refuse personne. On lui
« donne du pain très-blanc et des vins de
« diverses sortes, non-seulement c» lui, mais
« au\ siens. Jugez par là comme on doit trai-
« ter un évèque. »
« D{'niosthène dit : « On nous a dit que
« Pyrrhus a fait ce libelle par force, qu'on
n lui a mis des entraves et fait soutTrir beau-
« coup de maux. » Le pape répondit : « On
« n'a rien fait de semblable. Vous avez 5
« Constantinople plusieurs personnes qui
« étaient alors à Rome, et qui savent ce qui
« s'y est passé, si la crainte ne les empôclio
« de dire la vérité. Vous avez entre autres le
u patrire Platon, ([ui était e\ar(iue, et (pii
« envoya ses gens à Pyrrhus. Mais h quoi
« l)on tant de questions ? me voilà entre vos
« mains, faites <le moi ce qu'il vous plaira.
« Quand vous me feriez hacher en pièces,
« comme vous avez ordonné au préfet, je
« ne communupie point à l'Kglise de Con>-
« tantinople. Est-il encore question de Pyr-
« ihus, tant de fois déposé el analhématisé?»
Démosthène el ceux qui l'accouipagnaient,
étonnés de la constance du pape, se retirè-
rent après avoir mis par éi-rit toutes ses
réponses.
« Le pape saint Martin demeura donc dans
la prison d(> Diomède ((uatre-vingt-cinqjours,
(pii font près de trois mois, cl avec les trois
mois de la première prison, près de six,
c'est-à-dire depuis le 17 septembre jus(ju';ui
10 mars GoV. Alois le scribe Sagolève lui
vint dire : « J'ai ordre de vous transférer
« chez moi et de vous envoyer dans deux
« jours où le sacellairt.» commandera. » Le
pa[)e demanda où on le voulait mener ; mais
il ne voulut pas le lui ilire, ni lui permettre
de demeurer dans la même prison jusqu'à
son exil. Vers he soir, le pape dit à ceux qui
étaient auprès de lui : « N'ene/.. mes frères,
« disons-nous adieu, on va m'enlever d'ici.»
Alors ils burent chacun un coup, et le pape,
se levant avec une grande constance, dit à
un de ses assistants qu'il aimait : « Venez,
« mon frère, donnez-m<u la paix. " Celui-ci,
qui avait déjà le coMir stTn'', ne put retenir
sa douleur el tit un grand cri; les autres s'é-
crièrent aussi. Le saint i)ape, les regardant
d'un visage serein. les en reprit; el mettant
les mains sur la tète du premier, il dit »>n
souriant: « Tout ceci est bon, mon frèn;,
«il est avant.igeux; faut-il en user ainsi ?
n Vous tievriez plutôt vous réjouir de mon
« état. » Celui-ci, lui répomlit : « Dieu le
« sait, serviteur «le Jésus-Christ, je me ré-
« jouis (le la gloire qu'il vous prépare; mais
« je m'afllige de» la perle de tant d'autres. »
Après donc l'avoir salué tous, ils se retirè-
rent. Aussitôt vint le scribe, qui l'emmena
07 M A II
dans sa m.iisoM ; («I il lui ilil iproii l'i-nviiyait
cil exil h (llicisniic.
« lui ollbl, on !<• ,lil ('iuliar(|ii('r scciMj^-
iiictil le j«Mi(li sailli, (|ui, ccllt' aiiiii'-cd.'i."), t'Iait
II» 'JC» iii.irs, cl aiircs avoir nasse en divcr.s
lieux, il arriva a (llicrsono 1(1 1!) mai. (l'ost
lui iiu'^iiiii <|iii le ilil ainsi, dans une letlri;
(inil ('crivil à iiii de ses |>lns cliers amis h
(.onstanlinonle, on il ajoiile : « Le purleiir
« (le ('("Ile lellre esl arrivé nii mois après
« nous d(( lly/aiiee à (lliersonc. Sv, me suis
i< réjoui de Sun arrivée, crovaiil (juc l'on
« m'aurait eiivovt' d'Italie (|iiel(|ne secours
« pour ma sulisislance. .I(> le lui ai demande,
« cl ayanl appris cpi'il n'apporlail rien, je
« m'en suis ('loiiiu'' ; mais j'en ai loui- Dieu,
« qui mesure nos souli'rances comiiU! il lui
« jiiatt. Vu |)rincipalcmenl (pi(> la raiiiine et
« la disette est telle en ce pavs, ipic l'on y
« parle de pain, mais sans eu voir. Si ou no
« nous envoie du secours d'Italie ou do
« Pont, nous no pouvons alisoliiiiK-iil vivre
ici : car on ne [leut y rien trouver. Si donc
i.il nous vient de Ih du blé, du vin, de
« riuiilo, ou (piel(|ue autre chose, envoyez-
« les-nous prompli'iucnl, comme vous [lour-
« rez. Je ne crois pas avoir si mallrailé les
« saints qui sont à Home, ou les ecclésiasti-
« ques, qvi'ils doivent ainsi mépriser à mon
« égard le commandement du Seigneur. Si
« saint Pierre y nourrit si bien les étrangers,
« qut>dirai-je de nous, ([ui sommes ses scr-
« viteurs propres, tpii l'avons servi du luoins
« quel([ue[)(>u et ipii sommesdansun tel (>xil
« et une telle alllicliou? Je vous ai spécilié
« certaines choses (|ue l'on peut acheter par
« delii,etquc je vous prie de m'envoyeravec
(' votre soin ordinaire, <\ cause de mes grands
« besoins et de mes fréciuentes maladies. »
« Il écrivit encore une lettre, au mois de sep-
tembre, où il dit : « Nous sommes non-seu-
« lemcnt séparés de tout le reste du monde,
« mais privés même de la vie. Les habitants
« du pays sont tous païens, et ceux ({ui y
« viennent d'ailleurs en prennent les mœurs,
« n'ayant aucune charité, i)as même la cora-
« passion naturelle qui se trouve entre les
« barbares. Il ne nous vient rien que de de-
ce hors, par les barques qui arrivent pour
« charger du sel, et je n'ai pu acheter autre
« chose qu'un boisseau de blé pour quatre
« sous d'or. J'admire le peu de sensibilité
« de tous ceux qui avaient autrefois quel-
« que rapport avec moi, et qui m'ont si ab-
« solument oublié qu'ils ne veulent pas seu-
« lement savoir si je suis encore au monde.
« J'admire encore plus ceux qui apparticn-
« nent à l'église de Saint-Pierre, du peu de
'>■ soin qu'ils ont d'un homme qui est de leur
« corps.Sicettcéglise n'a point d'argent, elle
« ne manque pas. Dieu merci, de blé, de
« vin et d'autres provisions, pour nous don-
« ner au moins quelque petit secours. Avec
« quelle conscience paraîtrons-nous au tri-
« bunal de Jésus-Christ, nous qui sommes
« tous formés de la même terre? Quelle
« crainte a saisi tous les hommes pour les
« empocher d'accomplir les commandements
« de Dieu ? Ai-j.e'paru si ennemi de toute
•^'■/ e-j. '« "^
MAIt
f)A
'< ri'Vli"^e e( lieux eu pailnidier? J<' |iim
" Dieu toutefois, par rinler«;(;.ssion de naini
<< Pierre , (lo le» conserver inéliiaidnhU!»
« dans lu loi oi lliodoxe, priiiiipalemont le
» oasteiir qui hi K<»ii\erne li |)ré.i(rnl, c'esl-
« n-dire le \m\n> Kiif^ènc. Pour r-e inisérablo
« corps, leSei^neiir en aiiia soin. Il est pro-
« (lie, de quoi sllis-je en peine ? car j'espero
«( en sa miséricordi! ipi'il no lardera pas h
« lerminer ma carri(''i('. >-
« Le pap(! saint Martin ik; fut pas frustré
de son (ispérniico, car il mourut le jour di»
sainte lMlpli('liiie, Ki du luéliK! mois de sr p-
lenibri , indiclion (piatoizii-me, l'an iV.V.'». Il
avait tenu le sainl-siége, h com[)ler depuis
sou oïdiiiation jiisrpi'à sa moi l, six ans un
mois (;t vingt-six jouis, lui deux ordinations,
au mois de décembre, il lit onze pr<^tres et
cinq diacres ; et d'ailleurs trente-trois év(V
nues. Il fut enterré dans une église de la
"Vierge, .^ une stades (h; la ville di; Chersone;
et il y eut depuis un grand concours de |)eu-
plc h son t()mb(îau. I/Kglise greiKjue l'Inj-
nqrc (domine ciuifesseur, le IV avril ; et l'E-
glise latine, comme martyr, le 2 novembre.
On prétend (ju(! ses reli(pics ont été d(.'puis
rapportées h Home, dans l'église dédiée long-
temps auparavant à saint Martin de Tours.»
(Fleury, t. II, p. 873. )
. MARTIN (le bienheureux), frère mineur,
prcourait, vers l'année 13V0, avec un autre
frère nommé Ulric, les terres voisines de la
mer Baltique et du golfe de Finlande nour y
répandre la semence de l'Evangile. Ils s'ar-
rêtèrent en un lieu fortifié du duclié de Li-
vonic, et tandis que Martin disait la messe,
Ulric alla prêcher sur la place publique, fut
arrêté et mis à mort. ( Voy. Uluic. ) Notre
saint ayant été conduit ensuite au tribunal
du duc, fut également condamné à la mort.
Entr(5 autres supplices, on fit pénétrer par
son gosier un long tissu de soie au moyen
duquel on entraînait ses entrailles. Après
cette cruelle torture, il fut pendu. Une S(Teur
du duc, qui était chrétienne et abbesse d'un
monastère, y ensevelit notre saint.
MARTIN DE SPOLÈTE (le bienheureux},
franciscain italien, animé d'un ardent désir
de gagner des âmes à Jésus-Christ, partit en
1530 pour le royaume de Fez, dont le roi et
son beau-frère étaient bienveillants pour les
chrétiens. Ils le détournèrent néanmoins de
sa résolution à cause des difficultés que l'en-
treprise présentait. Rien n'arrêta Martin ; il
commença ses prédications avec un grand
succès et battit plusieurs fois les rabbins
dans des discussions publiques. Ceux-ci
ayant circonvenu le roi, eurent l'adresse de
lui faire craindre que les discours de notre
bienheureux ne soulevassent le peuple. Le
beau-frère du prince, qui affectionnait Mar-
tin, l'engagea à (quitter le pays, mais il ré-
pondit que Dieu lui avait donné mission de
convertir les musulmans de Fez, et que s'ils
lui promettaient de se convertir il n'hésite-
rait pas à entrer dans une fournaise ardente.
La cour accepta. Mais quand Martin sortit
sain et saufdu bûcher, un Maure lui perça
la i'.oitrine de sa lance et un autre lui brisa
/,
\ '^.
\^f^
^.„^.ij j^
m- MAR
la lôte avec iine tuile ; c'est ainsi qu'il rem-
j)Orla la roiironno du in.irtyre. On rrul g/-
néralpint'iil que rotto mort avait (ié cnm-
m^n(lo>^par U* roi. Quoi qu'il en soit, lesdeux
mpuririer^ ['«^rirent huit jours aprt's : le pre-
mier fut tu(s le second eut la ItMo fendue par
une pierre tjui tomha d'en haut. Les relques
de notre hienheur'ux opérèrent plusieurs
miracles. ( Histoire des chérifs, etc.. traduite
de l'espagnol de Di^t^ode Torrès, par M. le
dur d'Angotil^nie le père, M la suite de IM-
friqtte de .Mnruiol, p. 18(i. }
MARTINK (sainte), vierge martyre, est ho-
norée par l'Eglise le 3ii janvier. Ses Arles
disent qu'elle soulTrit à Rome sous Vlaximin,
avec sainte Talienne. Ce sont des plus mau-
vais ipie nous cormaissions.
MAHTINKZ ( le bienheureux PiEunE \ de
la compagnie de Jésus, fut (né en haine de
la religion chrétienne, le 28 ,se|)teml)re l,o66,
6ar les indigènes de la Floride. Don Pedro
[encndez de Avilcz avait été chargé, en 1565,
de s'eni|tarer do ce pavs, et il avait d'siré
que plusieurs religieux d * la rom[»agnie de
Jésus lui fussent adjoints. C'est ce qui occa-
sionna le dé[)art de notre bienheureux, de
Jean Koger et du coadjuleur François de
Villaréal. Le navire (jui portait ces saints
religieux s'étant trouvé séparé du reste de
la tloUe, arriva le premier : on voulut en-
voyer I lusieurs Belges pour reconnaitre le
point de débarquement ; mais ils refusèrent,
a moins que notre saint ne les y accompa-
gnAl. A peine descendus au rivage, le vais-
seau (ju'ds venaient de quitter fut poussé f)ar
la tempête jusqu'^ Cuba. Le lendemain de
leur des -eiiie svir la cùte, une troupe de na-
turels >e rua sur eux d Une manière mena-
çante. L" P. M.irtinrz fut saisi avec deux
Belges, tandis qu'il s'elf.ipçail do faire é'chap-
per le reste de ses c(mq)agnons. Il expira
avec ces deux hommes sous un terrible coup
de massue, le 28 septeuduo loOti. ( Sncietas
Jesu iisr/Hf ad snnfjuinis et vilœ profusionem
mililfin.i, p. '*V3.)
>LVIMINKZ i>aint François), jésuite chi-
nois, prêchait la foi chrétienne h Xankai
(province de Nankin). Il (•Inil un descompa-
gnon.s du lue do-ureux P. Uicci, (pu !<! pr(>-
mier eut le bordieur de porter le llaml)eau
de l'Evangile chez les (Chinois. Ayant con-
verti et biptisé un fameux doi-U'ur c linois,
il fut cruellement battu à pli. sieurs reprises,
v.l expira enlinau milieu des tourments, v(>rs
l'anni'i' liiio.
MAK riNIKN (saint), martyr, l'un des prin-
cipaux gardesde saint Pierre et de saint Paul,
da (S la prison Maine, titie. (iOnverli par eux
•insi quf saint Processe et quarante-sept au-
tres giirdes, il fut marlyrisi'^ par or(li(> de
Néron, en I anné»^ lit», pou de tcnnps après
SHint Pierre et saint Paul. \ } ny. Proc.ksse. )
Sa fêle est inscrite nu .Vlartvrologo romain
sous la date du 2 juillet.
MARTINIEN saint ).martyr.>iEphèse. est fêté
par rE,.;lise le 27 juillet. || est I un des sept
Donnants dont saint (îrégiure île Tours nous a
donne une histoire. Vni/. DuHMAMTStLes sept.)
MAK i INIEN saint), fui martyrué en Afri
MAR
100
que avec saint Saturien et deux de leurs fiè-
res. Ces saints combinants, durant la per-
sécution des Vandales, sous (ïenséiic, roi
arien, étant esclave d'un certain vandale,
furent convertis h la foi catholiipie par sainte
Maxiiiie, vierge, qui servait aus.-i le même
maitre. Ces hommes courageux demeuiant
fermes dans la f n qu'ils avaient embrassée,
furent d'abord battus et déchirés jus pi'aux
os avec des bAlons pleins de nœuds ; mais
comme, après leur avoir fait endurer long-
temps le même su;». lice, on les trouvait le
lendemain aussi sains que si on ne leur eOt
fait aucun mal, on les envoya en • xil. L?i,
après avoir converti un grand nomb e de
ba bares et obtenu du souverain ponlife un
prêtre et (|uei(|ues autres ministres de l'E-
glise pour les baptiser, ils furent enlin liés
par les pieds derrière des chariots à quatre
chevaux, ((u'on fil courir au travers des
broussailles dans une forêt pleim- d épines,
supfdice dans lequel ils perdirent la vie. Pour
la vierge Maxime, après plusieurs combats
dont Dieu la lit toujours sortir victorieuse,
elle fut supérieure de religieuses dans un
moi astère nombreux où elle mourut s inte-
rnent. L'Eglise honore leur mémoire le 16
octoi»re.
>L\RTOLF, ville célèbre par son évéque
saint Brîce, (|ui y coifessa Jésus-Christ dans
les toiirmeids. Il y mourut en paix avec le
titre de confesseur.
MAKTORY ;saint), soull'i il le martyre avec
les saints Alexandre et Sisinne, du temps de
reinpi'reur Honorius. ils furent persécutés
par les gentils dans le >al-d'Anagne, comme
l'écrit Paul.u dans la Vie <Ie saint Ambroise,
et obtinrent ainsi la couronne du ma* Ivre.
L'Eglise fait leur immortelle mémoire le 29
mai.
MARTYRE isaint), sous-diace et inartvr,
fut massacré à Constantinople par les héré-
tiques, avec le chantre Man ieu. Nous n'a-
vons pas d'antres détails sur leur compte.
L'Egli>efail leiirsainte mémoire le2ooctol>re.
.>IARrVRE i)'i > JEiNK F.NKAMT. Prudt iice
nous a laissé l'histoire d'un jeune enfant,
martyrisé en 3u3, sous l'empire de Diode-
tien; tdie est tellement éjiliante, que nous
la donnons dans son entier: d'ailleurs nous
le devons, puisqu'e'le augmente le nombre'
des pièces aulhntiques de noire ouvrage.
Nous la copums lexluelleme. t d'après cet au-
teur. Nous prenons telle qu'elle esi, cette
pièce, quonpie s(ui déi)ul puisse paraître au-
noiicor (pielque chose de lionqué.
« {)\\r ]r peu que nous \enons de vous
déi'ouvnr des mystères de not.e salut et ne
l'espérance qui nous est donnée du b uiheiir
éienn I, vous suilise, continua saint Romain;
on doit sur ces matières garder i.ii silence
res|»eclueux, et Jesus-Chrisl. nr)tre maître ,
no>|s défend de jeter les perles devant les
aniuiaux immondes, de crainte (pi'ils ne les
foulent aux pieds et qu'ils n'en ternissent
l'éclat et la blancheur. Mais pui8(pi'il ne
nous est pa/ furmis de vous donner une
connaissance plii>.clmpi'- de c^^s profonds ei
divins secre
l'ad-
101 MAIl
Iriirri 1)1 niison seule, sans l(^ sorours tlo la
foi, Qsl iiiiililn pour ()ii iM'iit'Ircr l;i motoii-
(iriii' ; (•i);il('iil<>iis- tous de ('imsullcr les clio-
srs (iiii iioii.s ciiviriiiiiii'iil. N'oiilr/.-voiis (|U0
nous l'assioii.s |i.iil('i- la iialnic, (lu'rllo s'i^x-
|tli(|uo dans loiilo sa iiiiivrl(' ? Je n<i V(3iix
|)(iiiil d aulrt' ItMiioiii des vt^riti-s (|ii(i j'ai
nvfliioéos. ijut» ('{'lui (iiu' celle iialure Nim|'l(i
MAIl
IM
ol sans lard IVra parler elle-iiu^mc! : Je l'iit-
repto pour ju|^e ; lailes venir un (Uifaiil île
sept ans, do moins si vous voulez, potn-vu
qu'il n*' sache encure lien de l'arl de llal-
lor ; qu'il n'ail ni pendiaul , ni aversion,
Cl que celto j)elile Ame, élanl encore dans
une parfaite nulilleronce, n'aj^isse ipui par
les mouvements tout ours d'une n.iliu'e in-
nocente. Faisons-ea l expérionce ; (pie l'en-
fance aujourd'hui devienne la maîtresse de
l'âge [)aiVait ; apprenons il'une laiiH,ue cpii no
fait que bi^'^ayer ce que nous devons croire
(le la divind(\ je suis pr(M ^ souscrire au lé-
moi^nage iju'elle en l'endrn.
« Le gouverneur accepte le parti ; il se fait
amener un entant (]u'o'i arraclu» pres(iue à la
inamolle de sa mC're. Kh bienl inlerro^ez-le,
dit-il il Uonuvin , et soumettons-nous, j'y
consens , h tout ce que les dieux nous an-
nonceront par sa bouche. Uomaiti brûlant
d'impatience d'eu faire répreuve : Dites-nous
un peu, mon tils, lui dit-il, lequel des deux
croyez-vous le plus raisonnable et le plus
conforme h la vérité, ou dadorer un seul
Dieu et un Jésus-Christ , ou bien d'adorer
plusieurs dieux. I.'enlant sourit, et répo idit
sans hésiter: Ce que les hommes adorent,
et ce qu'ils appellent Dieu, qi.el qu'il soit,
doit ôlre un : or ce Dieu a un hls unique,
Îui ne fait qu'un Dieu avec son Père, et c'est
ésus-Chrisl. Mais qu'il y ait plusieurs dieux,
aiouta-l-il, les enfants mômes n'en croient
rien. Vne réponse si précise et si peu atten-
due jeta l'étonnement et la fureur dans l'àme
du tyran, vn même temps que la rougeur et
la confusion lui couvraient le visage. D'un
côté, les lois ne lui permettaient pas de faire
violence à un âge si tendre ; et d'un autre, le
fol entêtement qu'il avait pour ses dieux le
pressait de punir des paroles qui leur étaient
si injurieuses. Qui vous a si bien instruit,
lui dit-il entin , petit impie? Seigneur, ré-
pondit l'enfant, c'est ma mère qui m'a appris
ces vérités, et c'est Dieu qui les a apprises à
ma mère. C'a été la première nourriture
qu'elle m'a donnée; j'ai sucé la connaissance
d'un seul Dieu en suçant le lait de ses ma-
melles, et le nom de Jésus-Christ est la pre-
mière l'arole qu'elle m'a appris à prononcer.
Qu'on aille quérir cette mère, s'écrie le gou-
verneur en furie, qu'elle vienne pour être
témoin de l'heureux succès que vont avoir
ses belles instructions. La mort de ton en-
fant va être la récompense de la doctrine
que tu lui as inspirée, et il est bien juste que
tu pleures la perte de celui que ton impiété
a déjà perdu. xMais aux dieux ne plaise qu'un
sang SI vil et si méprisable rougisse l'épée de
nos bourreaux ; la mort linirait trop tôt son
supplice, celui de son fils en sera un pour
«lie, et pins long et plus sensible, et l'on
.sait (pie le lournitril le plus ritçoureuii qu'on
pnivse ('.lire souffrir h une mèrp, Uklde Liiro
soull'rir son |ils h ses y(ni\.
a II coMoiuH' le donc (pi'on suspctiih; en
l'air ce pcîtil martyr, après lui inoir fait 6ler
ses habits; il livre ce corps d(*lical (i une
cruelle et s/Mijj;linite lla^elhilinn. Iliontftt les
verges coupent sa chidr iiuiocenle en niillo
endroits, vl tirent olus de hoi (pic du b<ing
des |)less(U'(!s (j\i'elles font. \U\ roc'iur se se-
rait attendri à un |iareil spectacle , et il nu-
rait pu faire pii'lr(.' au marbre ol iui bronze
leur insensibilité njiliirel'o. A chaipie foiç
(|ue l'ijsier impitoyable allait fraiper cetliî
tendre victime, h cha(pio fois il revenait
couvert d'un nouveau sang. Tons les assis-
tants fondaient en larmes; il n'y eut pas
)ns(|u'aux boiM'rea\ix (pii lu) (iomiassenl di!s
m;ii(pM-s de compassion ; on vit couler des
|)leurs l(! long d(! ces faces nn'na(;antes, et
ces yeux toujours secs h la vue des plus hoi-
I ibles tourments , en répandiienl alors pour
la prem:èr(î fois. Tout [)l(;nre , hors le lyran
et la mère: cette généreuse fennn;' fr.il p:i-
laitre une joie tran(juillo; l'amour de Jésus-
Christ soutient en elle l'amour maternel; il
lui (jte sa faiblesse naturelle; il le rend [)lus
fort ([ue le cœur mênje des bourreaux. La
grAce triomphe de la nature dans le cœur
d'une mère; elle l'endurcit, et étoulfanl en
lui tons les sentiments d'une piété troi)mol|e,
elle l'alfermit par une constance toute chré-
tienne qu'elle lui ins[)ire.
« Cep(!ndaiit ce nauvre enfant, brtilé d'une
soif ardente que lui cause la rigueur des
tourments qu'il endure , demande ci boire.
J'ai soif, s'écrie-t-il, qu'on me donne un peu
d'eau. Mais sa mère s'avançant et prenant
un air sévère et un ton de voix plus animé
que de coutume : A quoi pensez-vous , mon
lils, lui dit-elle; la peur vous trouble-t-elle
le jugement, cédez-vous ainsi à la douleur?
j'attendais de vous [)lus de fermeté, et j'avais
répondu à Dieu de votre constance. Le fruit
de mon sein manque de courage, et ne vous
ai-je donné la vie ipiepour avoir le déj)laisir
de vous voir craindre la mort? Vous cleman-
dcz un peu d'eau, et vous allez être dans un
moment à la source des eaux vives; de ces
eaux qui , coulant sans interrompre leur
cours dans les âmes saintes , apaisent leur
soif et en éteignent toute l'ardeur. C'est là,
mon iils, c'est là qu'il faut aller boire une
heureuse éternité. Encore un peu de temps,
et vous vous trouver z sur ces courants (lé
licieux, si toutefois vous ne ressentez point
ici-bas d'autre soif que celle de voir Jésus-
Christ. Ah ! mon lis, si jamais vous pouvez
approcher vos lèvres altérées de cette uivine
fontaine, si jamais votre langue desséchée
peut seulement y toucher, il n'y a plus pour
vous de soif à craindre, et votre cœur plei-
nement rassasié s 'ra dans un éternel rafraî-
chissement. Maintenant il faut que vous
buviez les eaux amères du calice du Sau-
veur; mille enfants bien plus jeunes que
vous y ont bu avant vous , mon tils ; cette
troupe de martyrs au berceau préféra l'amer-
tume de ces eaux à la douceur du lait ; mai§
103
MAR
MAR
104
àpeino en ciiront-ils goûté, qup cotte amer-
tiimp fut rhnniiée m une douceur qu'on ne
peut exprimer. Que cet exemple vous anime,
ô généreux enfant ! O mon ius, mon unirfue
consolnlionl La vertu est pour tous les
«Iges, cl le père commun des hommes n'en a
pas exclu l'enfance; il veut qu'elle ait ses
triomphes, aussi bien que WV^q lo plus avan-
cé. Je vous l'ai dit plusieurs fois, lorsque je
vous enseignais à exprimer vos petites pen-
sées par des sons en( oro imparfaits, et vous
vous en souvenez sans doute : Isaac était fils
unique; mais sur le point d'être immolé au
Seigneur, jetant les yeux sur l'autel où il
devait consommer son sacrifice , il y monta
hardiment ; et sans marquer aucune répu-
gnance, il présenta sa létc à son père , qui
devait être le sacriticateur. Je vous contais
aussi quelquefois le fameux couibat do ces
se[»t frères contre le tyran Antiochus; tous
sept étaient sortis d'un même sein , et celle
qui leur avait donné la vie, voyant d'un côté
les supplices qu'on leur préparait, et de l'au-
tre les récompenses f|ui leur étaient of-
fertes, ne balança pas un moment ; on sait
qu'elle choisit les supplices pour ses sept fils :
N'appréhendez pas, mes enfants, leur dil-
clle, de verser mon propre sang qui coule
dans vos veines; répandez-le généreusement
pour la gloire du Pieu que nous adorons, du
Dieu de nos pèrej;. Ses )cu\ furent témoins
des tourments qu'on leur fit endurer , sans
qu'on vit tomber une seule larme ; elle leur
vit donner à tous sept une mort cruelle, sans
qu'on lui entendît |)ousser le moindre sou-
tir. La joie éclatait sur son visage , lorsque
es bourreaux en plongeaient un dans Ihuile
Douillante, ou qu'on applifjuait à l'autre des
âmes de cuivre ardentes. Sa joie redoublait
quand on arrachait à celui-ci la peau de la
tôte, et que par une raillerie inhumaine on
la lui couvrait ensuite d'un pot de terre en
guise d'un bonnet royal. Courage , mon fils,
lui disait-elle , ce pot de terre deviendra
bientôt sur votre tètr^ une couronne tout
élincelante de [)ierreries. Et tpiand jiar
l'ordre du tyran on coupait à celui-là la
langue, celle admirable femme disait : Nous
voil<\ enfin arriv(''s au conibh* de la gloire,
puisque Dieu veut bien accepter en sacri-
fice la partie de notre cor|>s la plus digne de
lui être olîerte. Oui , Seigneur, utie langue
qui a eu l'honneur de confesser votre saini
imm est une victime digne de vous. Qnv
celte lidèle interprète des peust-es, (jue cette
ambassadrice du cœur, (jue cette sage con-
fidente de l'Ame, qui s'en sort si heiireuse-
nietU ou pour soulager ses peines , ou pour
confier ses secrets, que cette langue, dis-je,
que vous nous aviez donnée pour chantt>r
vos louanges, soit mise sur votre aulel,
comme les prémices du sacrifice entier que
nous sommes prêts à vous faire de tout
notre corps. Qu'ellr obtienne le même hou-
npur pour tous les autres n>embres; qu'elle
vous les présente, S<igueur, comme elant
leur chef et leur condut tru'e.
« C'était ainsi, mon fils, coulinue la mère
de nolic petit martyr , que la mère des Ma-
chabées , par ces paroles toutes brûlantes
d'un feu noble et généreux, les animait h
mourir pour la loi de Dieu; et ce fut par
leur mort quelle triompha se\A fois d'Antio-
chus, et qu'elle se vit comblée d'une gloire
immortelle. Il ne tiendra qu'à vous, mon fils,
que je n'aie aucun sujet ue lui porter envie,
et vous pouvez me rendre la plus glorieuse
mère du monde. Je vous en conjure nar ce
sein o\i vous avez été conçu , cl qui aurant
neuf mois vous a servi de demeure et de re-
traite. Si vous avez trouvé quelque plaisir à
sucer le lait que mes mamelles vous ont si
libéralement fourni ; si le sommeil que vous
avez si souvent [)iis sur mes genoux et entre
mes bras a eu pourvousquelquecharme;sije
n'ai rien épargné pour vous faire avoir tous ces
petits jouetsqui plaisent si fort à l'enfance, ne
vousrelAchez point, et mourez, mon fils, pour
celui qui seul est l'auteur de tous ces biens.
« Pendant que cette mère vraiment chré-
tienne tâchait d'inspirer à son fils une force
et une constance au-dessus de la faiblesse
de son Age , ce généreux enfant riait des
tourments et semblait insulter à la douleur.
Ce que voyant le préfet , il le fit détacher et
conduire en prison. Mais il voulut que Ro-
main, comme ayant donné occasion à tout
ce désordre, fôt tourmenté à son tour avec
une extrême rigueur. Les bourreaux le pren-
nenl donc , leur fureur à peine ralentie se
rallume, el ils remettent le fer dans ses plaies
encore toutes sanglantes. Romain les excite
lui-même, il les nomme des lâches : 0 hom-
mes sans vigueur, leur dit-il, si toutefois
vous méritez qu'on vous appelle des hom-
mes, vos bras faibles el tremblants n'ont pu
depuis tant de temps renverser ce méchant
édilice, qui déjà tombe lui-même eu ruines.
Il na presipie jilus de soutien, et cependant
vous maïKpiez de force pour l'abattre; il ré-
siste loujoursà vos elforts impuissants. Voyez
avec (pielle activité une meute do chiens
di'cliire un cerf dont ils font curée. Quelle
ardeur ne font point paraître des vautours,
lorsipie ayant découvert un cadavre, ils fon-
dent dessus, le mettent en pièces, se servant
pour cela de leur bec «'t de leurs serres. Ap-
prenez donc des bêles carnassières à être
jilus ardents ai>rès la proie oui vous tombe
entre les mains. Misérables! la faim vous dé-
vore, et vous ne faites rien pour l'apaiser :
vous avez la voracité des loups , que n'en
avez-vous donc l'impétuosité? ('es paroles
pi(|uèrent le gouverneur jusqu'au vif, et
elles lo déterminèrent à prononcer sur
l'heiue la sentence de mort contre celui qui
ne les avait dites (pià (O dessein. Puisque
tu as une si grande impatience de mourir,
lui dit-il, il faut la satisfaire; eh bien ! tu se-
ra> brôlé tout vif, et dans peu ton corps
sera ré<luit en cendres. Alors le saint mar-
tyr, comme les bourreaux rentrainaient au
lieu du supplice, se relournant vers le pré-
fet : J'en appelle, dil-il. au tribunal de Jésus-
Christ, de mou Dieu. .Vh I r'on est trop, dit
nrét ipitammenl le gouverneur, pourquoi dif-
rérer davantage à punir l'impiété; (lu'ils pé-
rissent tous doux, e' lo uiaîlrc et le disci-
105
MAR
MMl
106
l
ct'iinn tlii disciple, cl (|ii(> la Ihiiiittin rx[)ii>
celui <hi tiinlli'(s (|iir niii et l'aiilir iMiliti
iui'Ui(Mi( ; mais tnic leur moil stul (lillù-
rcnlc.
« IV'iidaiit <p''"" •''■'"''"'''' '•' lii^tluT, l'«i\«')-
t'iiUMir |ii-('>|iaiail son coiilclas |hiiii- Ctlvv la
vio h uoUo, pclil luarlyr. Sa iiutc Ut vonliil
p<irt(MM'll('-m(^iii(' jusipic sur rrclialaïKl ; ainsi
Altol, au ('()iiuu(Mi('(Mii(>iil (lu uioiidf, potiait
III) (ondrc agneau choisi (>iitr(; inilU^ , pour
l'alkM' ollVir h Dieu sur un aulel de gazon.
L'exécuteur avant d(Miiandé l'enlanl, celto
saint(^ t'eiiuuo le lui mit aussitôt ontro los
mains; elle tu; s'an\usa pas à i-épandr(î des
larmes, et elle ne désli()n('ra point son saeri-
lice par dos manpies d'un(> ti'islesse ]n'U
religieuse; elle s(> contenta siîulenuMit do
"baiser ce cher lils (lour la dernière fois, et
olle lui dit ce peu do jiaroles : Allez , mon
lils, allez où votre heui'ouso deslim^o vous
apix'llc; mais lors(pie vous serez auprès do
Jésus-Ohrist , du moins souvenez-vous do
votre mère : jusciu'ici je vous ai nommé mon
fils, je vous nommerai h l'aveiir mon Sei-
gneur. Elle dit, et le bourreau [)ronant d'une
main celto tOte innocente , la coupa d'un
seul coup. Cependant la [)ieuse mère chan-
tait ce verset d'un des sacrés cantiques de
David : Que la mort des saints est précieuse
devant Dieu 1 Celui-ci , ô mon Dieu 1 était
votre serviteur et lo lils do votre servante,
ïlllo étetidit son voile pour recevoir cette
tôte (]ui lui était si chère, et pour ne rien
por.lre du saiig qui sortait à gros bouillons
«es veines coupées. Elle rejoignit ensuite la
tôle à son corps, et chargée de ces précieu-
ses dépouilles , elle alla les déposer dans
l'endroit le p!us honorable de son Jogis. »
MAKTYRKS (Les quarante vierges J'An-
tiocue). L'Eglise honore le 24 décembre la
mémoire de quarante vierges d'Antioche, qui,
durant la persécution de Dèce , donnèrent
leur vie pour la foi. Le Martyrologe romain
n'entre à leur égard dans aucun détail, seu-
lement il dit qu'elles périrent par divers
supplices.
MARTYRS D'ALEXANDRIE victimes de
Là PESTE. Au nombre des punitions que
D'ieu envoya à l'empire romain, à cause des
crimes des peuples et des prévarications
des empereurs, la peste de 250 fut une des
plus terribles. Elle dura douze ans, rava-
geant successivement toutes les contrées de
l'empire, jetant la désolation dans les la-
milles, dépeuplant les campagnes et trans-
fornant les cités en vastes champs de deuil
et de mort. Alexandrie fut une des villes les
plus maltraitées ; c'était la seconde cité de
l'empire, elle comi)lail à celte épo jue 900,000
habitants. Saint Denys en était évèque, et la
persécution de Dèce commengait à y exer-
cer ses fureurs. Le saint évèque parle ainsi
de cetie grande calamité : « On n'enteud que
des cris de tous côtés : tout le monde pleure,
toute la ville ne retentit que de gémisse-
ments et de soupirs, par lesquels on re-
grette ou ceux qui sont morts ou ceux qui
DicTiONN. DES Persécutions. IL
sn moiirnnt Il n'y a j>ns do m«ison f>ù il
n'y ail des funérailles. Kt plilt a Dmu miil
n'y ei^i (pi'un moit dans cluKpie maison!..,»
Le saint évètpie a^it dans ces douloiireusex
circonstances comme mi minisire du citd
dint a^ir ; il porta parloiil les sccfuirs de In
reiif^ion, secours nialémls aussi bien i\\Ui
secours spirituels. Ses prêtres cl sesdiacies,
ainsi (pie beamoiip d'aiilces clnéii(fis, mar-
(•hèreiil sur s(;s tractis, se hrenl les imitatciir.s
do son zèle et de» sn charilé. Heaucoup mou-
rurent victimes de leur dévouemenl, el Irou-
vèriMil la mort dans les soins (pi'ils doniiaienl
h leurs frères mourants, Sainl Denys dit avec
raison (pie, ces martyrs de la chaiilé sont
aussi illustres, aussi méritants (pj(! les mar-
tyrs de la foi. L'l<].;lise a été do l'avis du
saint évô(pn'. Raronius a mis ces saintc.'s
victimes de la charité au Martyi'olog(; ro-
main, sous la (lato du 2S février, jour au-
(piel l'Eglise rumaino les honore coinm(î
martvrs.
MÀKTVRS D'ALKXANDRIK, sous Théo-
dose, en 302. Tillemont, dans son Histoire
de Théodosc, a donné sur ces saints martyrs
et les événements anx(|uels ils durent lour
glorieuse couronne, des détails si beaux que
nous les cil ns comme Actes do ces mar-
tyrs. Ces détails sont basés sur les récils des
meilleurs historiens, Théodoret, Kullin, So-
crate, Sozomène. L'Egli^e fait la fêle do ces
saii ts martyrs le 17 mars.
Dieu, dit Tillemont, qui voulait effacer les
restes de l'idolâtrie par le moyen de Théodose
elde ses enfants, ne soulfrit pas que lidole de
Sérapis résislAl plus longtemps à laglo;rede la
croix. L'occasion dosa ruine vint d'un grand
bâtiment public fort ancien, mais fort né-
gligé, en sorte qu'il n'y avait que les gros
murs qui pussent servir à quelque chose.
C'était un temple de Bacchus. On disait que
Constance lavait autrefois donné aux évo-
ques ariens d'.-\lexandrie [h Grégoire ou à
Georges); et Théophile, qui gouvernait la
même Eglise sous Théodose, le demanda à
l'empereur, qui le lui accorda pour en faire
une nouvelle église, à cause que le nombre
des fidèles, qui croissait toujours rendait les
autres trop petites. Théophde, voulant donc
mettre ce lieu en état de servir aux chré-
tiens, et faisant pour ce sujet oter les statues
et découvrir des lieux obscurs et secrets qui
y étaient joints, on aperçut dans un endroit
des cavernes cachées et creusées sous terre,
qui paraissaient plus propres à couvrir des
larcins et des crimes qu'à faire des cérémo-
nies de religion. On y trouva en effet les
instruments les plus ridicules et les plus in-
fâmes des superstitions païennes, que Théo-
phile fit promener publiquement par la vi le,
pour se moquer de ces mystères honteux.
Les païens , et surtout les philosophes ,
voyant qu'on avait découvert ces lieux d'in-
famies e. de crimes, ne purent retenir la dou-
leur qu'ils avaient de ce qu'on révélait aux
yeux de toute la terre leurs œuvres de ténè-
bres qu'ils avaient eu soin de cacher durant
tant de siècles. Us entrèrent dans une furie
extrême, et, non contents de se venger par
k
lot
NAR
MAR
IM
dP5 i'ijiit^"» pf dos mnlt^di» Hnns. romme cola
■il ordinfliro. ils prinsni les nrinos, at-
■ ni le:* chii'tiens avoc It |)é(', vl lis
r(^(lmsirf nt h roi onssor la firre par la force
.'* «nn<: donto pnr lo u;nnvonifiir). On
\ 1 une miorroonvorto dans AJt'xnii'irip,
rt il s'y donnait souvent dos romlinls au nii-
liiMi d»'s placps. I.os paious éfniful do hf-aii-
rmip iiift^rit^urs pour li' nombre et la (pialit«5;
mais, ayant atfairo h dos porsonnos dont la
rrli>;ion no peut «oulliir la tureur et la
rrunuié, ils on hlossaicnt beaucoup, en
tuaient un assez grand nombre, m compa-
raison de coii\ qu'ils penlnienldo leur coté.
Ils se retiraient après le combat dans le
temple de Sérapis comme dans leur fort :
d'où ils faisaient de fréquentos sorties sur
les chrétiens. Ils en prenaient plusieurs, les
emmenaient dans ce te»nple, et \k les for-
çaient de sacrilier, m<^me par la violence des
tourments. Mais pour ceux qui refusaient de
le faire, ils employaient contre eu\ de nou-
veaux genres cle supplices, et les faisaient
entin mourir, cruciliant les uns, coupant les
jambes aux autres, et les prf^cipitant dans les
cloaques de leur temple, après l<ur avoir
ca-'sè les jambes. Ils n'exerçaient d'abord ces
cruautés qu'avec irembleraent ; mais dans la
suite le désespoir et la rage les rendirent
plus hnrdis et plus t» méraiies.
Après avoir vécu <pu,'lque temps de vols
et do rapines, le désir de se rassasier encore
davantage du sang de Itnirs concitoyens
leur fit chercher un chef, sous la con<luile
duquel ils pussent se défendre dans leur
fort, si on les y \enait «tîafpier. et conti-
nuer leurs brij;an(lages : ils choisirent ponr
cela un certain ()lyuq>e, qui portail Ih^bil et
le nom de philnsonhe, qui avait un grand
zèle pour lidolAtrie mourante, qui lavait
toujours soutenue dans la ville, et (pii avait
de grands taleiUs pour se faire écoulei- d'une
populace superstitieuse. On peut voir dans
Sindas un élo-^e de cet Olympe, tiré, h ce
qu'on croit, d'Kunapo. On prêt» nd (piil avait
pré<lit que son Sérapis abandonnerait son
temple.
Une sédition toute semblable à celle-ci,
dans ses circonstaiKtîs et dans son origine,
arriva du temps d»- saint Aihau.iso, et nous
doutons si ce n'est jioint uiu' même chose
rapportée î» dos tenq»s diiïiTents. Quoi qu'il
en «<oit. celle «ju'oii met sous Oui'^lanco nu
suus Julien oui un succès tout ditl'erent de
eelle qui ai riva en ce lomps-ri. I.e Martyro-
loge rom 'in uiar(|ue le 17 de mars outre les
saints elles niatlyrsct'ux qui. ayatit élé pris
en ceUe-e^ par les païens, a^m^ront mieux
*- • ilTrir la mort que d'.idoror l'idole do Sé-
1 ■ is, on qnoi nous allons voir (|u'on a
suivi les sentiments du grand Théodose.
I 1 ' • avait alors cour nrél'oi Kvagr»»,
et l ' 1 f>our général de la inili» o. Ces
dfiiT magistrats, chargés de faire observer
les lois et les ii'.l-sdf la jpsiiri>, vo\«nt
que h sédition •le^ païens continuait avec,
tant d'audace H de fur»Mir, ernignirenl qu'elle
II'» lit de f* ' î ^^ suites, et jniîérenl qu'ils
«ioTaicnl et; • 'r tous bnus soms et toute
letir autorité pour l'arrêter. Us vinrent au
teinjde parler aux séditieux, demandèrent
(ju'lle élail la cause de hur soulèveDjenl, et
comiueul ils étaient assez haidis et assez
impies pour répandre lo sang de leurs conci-
toyons devant les autels de leurs rjieux. Les
ôé«jitieux, toujours bien eiifermés dans leur
temple, netiient entendre pour toute raison
qu'un cri <onfus et tumultueux. Cependant
on leur fit dire que leur cntrepiise était un
crime dKlat, qu'ils atliraient sur eux toute
la puissance de reoipire, el qu'ils s'expo-
saient à tout ce que les lois ordonnent en
punition de semblables aUenlat>; mais rien
ne les ébranla, el comme on ne pouviut
aussi avoir rai.Non d'eux tant qu'ils demeu-
reraient ainsi retranchés dans leur fort, h.
moins d'y em|tloyer une f-^rce supérieure,
on informa l'empereur de toute latlaire.
Pendant qu'on attendait ses orures, les sé-
ditieux s'o{)iniAtraienl dans leur entreprise,
par la vue même des peines que méritaient
leurs crimes. Olympe les animait encore à
mourir plutôt généreusement, s'il était be-
soin, que d'al)aiidonner Va religion el les cé-
rémonies de leurs pères, leur en faisant es-*
pérer do grandes récompenses de leurs
dieux (qui ne se pouvaient défendre eux-
mêmes). Ayant n^manjué que la fjerte de
leurs idoles, (ju'on renversait dans tout l'O-
rient |>ai ordre de Théodose el de C>iiège,
les ineUnit dans une grande conslernation,
il leur reuiontia qu'ils ue devaient |kis \Mn\v
cela peixii-e courage et renoncer à leur reli-
gion ; (|ue les statues et les images de leurs
«lieux étont d'une njaliùre coriupiible, il ne
fallait pas s'élonner qu'on les eilt brisées et
entièrement détruites, mais que les vertus
invisil)les dont elles avaient été le si' go s'é-
taient retirées dans le ci< 1. > oilà comment
il amusait les païens qui étaient avec lui
dans le tem[»le de Sérapis, et les entretenait
dans leur ré\olte
Opendant l'empereur, informé de ce qui
se passait J» Alexandrie, y envoya sf s onires,
où il relevait le bonlu ur des citréliens qui
avaient remporté en cette rencontre la gloire
du iiiarl\re. Croyant dt ne f|iio le sang (piils
avaient réfvindu devant les autels des dé-
nmns qu'ils lefusaiont d'athtrer. les avait
nuidus inactvrs, el que la douleur de leur
mort était surmontée par la gioire de leurs
nn'Tites, il ne voulut point, selon sa douceur
ordiiit^ire, (pi'on en (hMU.indAt la vengeance.
Il suivait en cola l'esi^nt de rKi;lise, puis-
que dans la suile de ci Ile année même, un
roi ci.e empêcha les ent.inls d'un saml évê-
qne de demander ju^^iice de la mort do leur
père assassiné par les paions; et l'on on
P'iirrait encore rapporter d'autres ex«>mples
où Ion en a usé ue la même sorte, de |>cur
qui- les soutlYanres dos inaiiyrs, <jui doivent
être glorieuses et honoral)li s à I Kgliso, ne
lui devinssent honteuses par l'ellusion du
sangtie ses ennemi'!, qui. quoique juste, pa-
rait toujours odieuse. Outie celle raison,
TliétKlo>e, qui souhaitait de corriger el non
ti.i-* do piirir les ('<.iipaf)les. espérait que sa
►onté les ferait rouuir do leur criffie» et les
100
MAfl
liorlorait h oiiihrrtssor l.i lui clin'liciiiio. Mnis
(>i) iiK^nu' lnii|iii, l'oiir iMMipcr In niciiiu h va)A
si'tlilio is (|tii* lt"< |)'i.(>ii.s raiMiiciit |i(iiii' l.i (In-
l'tuiM' (If Iciiih lnii|"lt">, il nrdo'iiwi iin'un ra-
si'iail tous (MMix i|iii (>tai«>iil (Ijiiis AlcNJUitlric,
t»l il (tHiiiml rt'\(''('iilit)'i (If i'v\ (lidrc i\ \'ù-
V(^(|ii(i rii(''()|>liil(>, (|in raviiil sollicilcc. il (l(<-
Vitil cUre tioiilciai iiiii- lo |)ri'i''l il |i;ii' lo
{•(illllc.
l.iir.sqiK" (u« roscril lui iiiriv('', il m) lil
ooiiiuic tino |)('lili' InWf ciilio les (K;u\ par-
tis, (iiii s'.issciiiMc'i'cul snr l.i nl.ico ilu Iciu-
]»lo (le St'i')i|pi.s jionr en «MiU'iulro la hs'luii!.
Los chrtHu'iis, V()_)aiil dès la preiiiièro |».igo
(ji\f r> iHj (M'i wv y lil.tiiiiiil la vainc supcrsii-
iKt'i lU's païens, jo.èii'hl «•lUssil.H nu i^iaiid
cri du joit'. Mais co (|ui pcnl sui prendre,
o'esl (pie les paions, t)nl)li ni lonlt' leur
iierlf.douieurèi enl eoiislei nés cl saisis d'une
exlriiino hau'ur : cliaruu d'eux ne sonj^ua
(pi'à se cacher; les uns clieiclic'reul pnur
cela les rei oins les plus enrunees (U les plus
inaccessibles, (>i les autres se uiiilèreiit sc-
cr^leiuent [lariui lesi^hri'lieiis. Tout leniondt;
reconnut ainsi les ell'cls visibles do la pié-
sence de Dieu, qui, va relevant le courage
de ses serviteurs, aval banni des autres la
l'ureur que le démon leur avait inspirée.
Olvuipe, leur chef, s'était retiré, dès la
nuit de devant, pour un sujet qui mérite
d'élrt^ rapptxté. Car cette nuit là, ayant en-
lendu dans le temple de Sérapis où il était,
coiume Sozomèiie dit l'avoir appris, une
voix qui cliania.l Allrluia, quoique les por-
tes l'usseul lerniécs, et tout le monde dans
un grand re()os, il se douta que c'était ua
présage de la victoire des chrélieuS, et, sor-
tant secrèiemeiit du temple à l'heure môme,
il monta sur un vaisseau et s'en alla en
Italie.
11 y eut beaucoup d'autres païens qui, ne
se croyanl pas en sûreté ai)rès les violences
qu'ils avaient faites, se cachèrent en divers
endroits de la ville. D'/iutres l'abandonnèrent
absolument pour so reiiror en a'auires lieux ;
parmi eux éiaientdeux gramma.i'iens, Hel-
îa'le et Annuone, sous lesquels Socrate dit
qu'il avait étudié àConstaniino()le, étant en-
core l'on jeune; et li ajoute qu'on tenait
qu'ils c.vaienl tous deux été pontii'es, Hel-
lade de Jupiter, et Amiuone d'un singe (dont
l'< rreur déplorable dos p.aeus i'disail un dieu).
Heliade se vantait quelquefois d'avoir tué
jusqu'à neul'chiélie.9, daiis la sédition dont
nous avons parié. Quelques-uns veulent que
cet Heliade soit celui dont Pliotius nous a
couservé quelques extraits; mas Photius
fait if. sie 1 plus ancien de près d'un siècle.
Le rescrit de l'empereur ayant donc été
lu, et les païens se trouvant contraints de
céder, Tliéophile, soutenu par le gouverneur
el lo général, se mil en devoir d'abattre les
temples. Le peuple était tout près de coin*
mencer par la source de l'erreur, c'est-à-dire
par 1 idole de Sérapis ; mais les païens ayant
lait courir le bruit que si quelqu'un était
assez hardi pour y toucher, le ciel fondrait
tout d'un coup sur la terre, qui s'ouvrirîùt à
1 heure même et s'y abîmerait : cela donnait
MAR iitj
(pii'lqini 0ppré|i«'iiMon mit [tliih sinipici.
Ni'aniiioinH un soldat, (iiii nvail plus do roii-
liance en sn Un (pie ((ans ses nriiies, a wiiit
Mil ore été lUiiiiK* pal 'I'liéii|.|| le, dérlwir^cn
de toute Ml for( it un «-oup de co;^n6u Mir la
joue (le celle idole. I-ln ihAiik- temps et le»
tlilttiells et les païens jclcjciil loiis un «r'Ild
cri; niais Sérapis ne dit iiioi, et ni le ciel ni
la terre ne l>ia'il(''n!nt poiiil (le Ifin plact', Lo
soldat l'idoui liant doiK^ ii la (h i-c, riiil CU
nièces le genou de l'idole, i[ui n'était que de
itois pourri : on le jela d.uis le l'eu, i t il lu i^ja
tout coiiime un autre bois. O'iallaaussit 1 a la
tète, (juilouiba avec lo célèbre boisseau (pi'elle
p iilail. et ensuite .'( tous les un inbres l'un
après l'atilie. A mesure (pi'on en avait à
demi cotqié quehiu'uii, d'aulics ranachaieiit
avec des cordes : on en portait les mor-
ceaux par tout»' la ville .'i la vtic de ses ado-
rateurs, i)uis ou les jetait au fiMi. Ltî tronc
fut biûie lu demi r, dans ramjilnthéi^lre.
> oilà (piclle fut la lin du ilieu S. raidis, (jui
avait servi si longtemps à abuser tant de
peuples. Tliéodoret ajiuitn h en récit de
lUilin que, quanti on rb.itlit la tôle de cette
statue, il en sortit une b.inde de souris, à
qui celte divinité des Egyptiens servait de
demeure.
Il y avait dans co temple une image du
soleil dans un char de fer, tjui était susjien-
due en l'air i)ar une jiierro d'aimant atta-
chée à la voûte; un serviteur de Dieu ayant
connu cet aitilice par une inspira'ion parti-
culière, (jta l'aimant, et aussiltjt toute cette
machine tomba par terre et se brisa en
pièces.
On rapporte que lorsque tout ceci arriva,
une partie du peuple d'Alexandrie ne lais-
sait pas d'être dans le cirque occu[)ée à voir
les cours, s des chariots; un des cocheis
étant tombé, se releva si promptement, qu'il
ne laissa pas de passer les autres et de rem-
porter le i)rix. Sa mère s'appelait Marie, et
le peuple, faisant a{)parerament allusion à
Jésus-Chri t, s'écria sur cela : Le fils de Ma-
rie est tombé, s'est rvlcté et a vaincu. Ces cris
continuaient encore lorsqu'on vint dire que
Théophile avait abattu l'idole tJe Sérapis et
était maître de son temple. On prétend que
cotte histoire venait de saint Kpiphane.
Théophile démolit le temple même de Sé-
rapis, et en lit un monceau de ruines, sans
en laisser autre chose que les fondements,
qu'on ne put ôler, à cause de la grandeur et
delà pesanteur des pierres. En démolissant
ce temple, on trouva des croix gravées sous
diverses pierres; ce qui ayant surpris les
assistants, les païens et les chrétiens vou-
laient chacun tirer cette renco.itre à leur
avantage, jusqu'à ce que quelques personnes
qui entendaieni les hiéroglyphes et les hgu-
res sacrées des Egyptiens, et qui avaient em-
brassé la religion chrétienne, découvrirent
que, selon les règles de cette science, la
croix signifiait la vie future. Ainsi c'avait
été par un ortire paiHiculier de la Provi-
dence que les Egyptiens, sans connaître le
mystère de là croix, l'avaient en quelque
lit
MVR
MAP
112
sorte prftphiHisé, pour sorvir h la conver-
sion (le leurs siinosseiirs.
Il V avnii ni'Mui' pnrmi eux une ancienne
tradition, qu.- \rviv nlii^ion et le lem[)le de Sé-
ra()is dureraient jus-^^u'au temp? (jue ce signe
di> Il vie paraîtrait d.ins 1»' monde: et il
srinhle que (>ela se soit trouvi'" itiors rnanpié
sur les pierres inôtnes du temple. Ainsi,
voyant alors la croix arhort^e de toutes
parts, l'éioiMiement de ce succès les f)orlait
a embrasser la religion clirtHionne, à confes-
ser leurs p«^( hi'S, et à recevoir le baptême.
Kt c'étaient au^si ()rincip dément les priHros
et les ministres des temples qui se conver-
tissaient, parce (pTils avaient su ces préilic-
tions plutôt que le simple peuple, qu'ils
avaient abusé p«r leurs tromperies.
Toute la ville d'Alexandiie était pleine de
bustes de Sérapis. Il y en avait en rliaqne
maison dans des niches, sur les portes et
aux fenêtres. Mais on les détruisit si univer-
sellement qu'il n'en resta plus aucun vesti.^e,
et qu'on n'entendit môme plus parler ni de
cet>e idole, ni d'aucune autre. Au lieu de
ces abouiinations, chacun s'empressait de
faire peindre la croix de Noire-Sei^neur sur
les murailles, les piliers, les seuils, les por-
tes et les fenêtres de sa maison.
Comme c'était la coutume eu Egypte de
porter au temple de Sérapis In toise destinée
a mesurer les débordements du Nd, pour
reconnaître que c'était lui qui en était l'au-
teur, lorsque sa statue eut été abattue et
réduite en cendres, tous les païens préten-
daient que Sera, lis, outré df l'injure (juctn
lui avait faite, ne fournirait plus la même
quanlilt' d'eaux que par le p.issé. .Mais Dieu,
pour montrer que c'était lui-même (jui ré-
glait et qui opérait l'accroissement des eaux
du Nil, et non Sérapis, qui était bien posté-
rieur à ce lleuve, permit (piil se déborda
depuis ce temps-là à une aussi grande liau-
teur qu'on sût ([u'il fiU jamais monté aupa-
ravant. On commenta dès lors h en poiler
la mesure dans l'Eglise, pour rendre hom-
mage à c. lui qui est le Sei,.5neur et le seul
maître des eaux. Constantin as ail déjh fait
mettre dans l'ég isc d'Alexandrie cette me-
sure du (h'bordiMiicnl ; mais Ji;iien l'.Vpostat
l'avait fait r.qiporier dans le temple de Séra-
pis ; et on ne trouve point (jue ses succes-
seurs l'en eussent fait ùler jusqu'à ce
temps-ci.
Ce fut peut-être alors riu'arriva ce que
rap[>orte So/omène , que le Nil tarda plus
qu'a l'or lin/ure h se déborder; et il semble
que livs païens avaient fait (iuel(pu\s sacrili-
ces mafîiuues , pensa it qu'ils le pourraient
arrêter, o' préférant la joie de se ven;-;rr par
tous les maux (pii en eussent pu arriver h
tout le public et à eu\-mèmes. Les E^yp-
tio is coiniiieiiçainnl déjà à attribuer re re-
tardement nu mépris tpi'oii faisait du fleuve,
pI à se plaindre de re (pi'il ne leur était plus
permis île lui oifiir des sicrilit es selon la
coutume de leur» pères. Le préfet d Egypte,
voyant que le jieuple se mutinait et se dis-
[osail à une sédition , en donna avis à l'em-
perour; mais co religieux prince répondit
qu'il n'avait garde rie manquer de fidélité à
Dieu pour une abondance pnssngère que le
dél)ordemenl du Nil pouvait produire, quand
même les superstitionsdu pn^'anisme seraient
capables de le causer ou de l'empêcher.
« Que plutôt , <lil-il , ce fleuve ne coule ja-
mais, si, pour le faire couler, il faut des en-
chantements , s'il se plait aux sacritices et
s'il peut souiller, par le mélange tiu sang des
victimes, des eaux qui tirent leur source du
paradis. » Dieu exauça sa foi : rar, inconti-
nent après, le Nil se déborda avec une telle
violence, qu'il couvrait les lieux les plus éle-
vés jusqu'où il pouvait monter; et comme,
après être arrivé à sa plus grande hauteur,
ou il ne s'élevait que rarement, il s'enllait
encore de plus en plus, il lit apiiréhendcr
l'inondation de la ville d'Alexandrie et des
pays les plus bas de la Libye , à ceux qui
peu auparavant avaient appréhendé la sé-
cher(>sse et la disette. Cet accident fut cause
encore de la conversion d'un grand nombre
de païens.
Après que le temple de Sérapis eut été
ruiné, on y bM\\ d'un côté une eglisp et de
l'autre un marli/re, dit Rufin (ce que je n'en-
tends pas bien , si l'on ne vei.t dire que par
le mot d'église il marque celles qui ser-
vaient seulement pour bs assemblées du
peuple , sans être consacrées sous le nom
d'aucun sainte. Celle-ci porta le nom d'Ar-
cade. Le martyre, qui étai* tout enrichi d'or,
servit pour mettre des reliques de saint
Jean-Ba|iliste, apportées sou5 Julien à saint
Atlianase, qui les avait fait serrer secrète-
ment dans la muraille d'une église, pour >er-
vir, disait-il par un esprit de prophétie , à
ceux ipii viendront a[)rès nous. L'histoire
apocryphe de la translation prétendue du
cnef de saint Jean-Baptiste à Saint-Jean-
d'Angely, ipii est parmi les œuvres de saint
Cyprien,dil(pie l'égiise biltie par Théophile,
qui était extrêmement grande, fut dédiée,
par ordre de Tliéodose , le 29 noi'ii, avec un
grand concours, tant du peu[)le que de tous
les prélats voisins.
L'histoire de la démolition du temple de
Sérapis avait été écrite par Sophrone, ami de
saint Jérôme , vers l'an ."Mil; et saint Jérôme
dit que c'était un ouvrage très-considérable;
mais il n'est pas venu lusqu'à nous. (Tillc-
m<trit. flisfnirr tir Throdosf.)
MAHiVHS DAMBtllNE^LEs\ furent mas-
sacrés , en 1565 , «Jans une invasion que fi-
rent les mahomélans de Java. Ces clir»^liens,
connaissant la haiiu^ de leurs persécuteurs
pour la croix , cachèrent la leur dans une
fosse profonde. Les mahonn'tans. furieux de
ne la pas trouver, massacrèrent six cents
chrétiens sans pouvoir les amener à décou-
vrir • >ù était cette croix. Ces bourreaux abo-
minables coupaient les membri-s de leurs
victimes et les dévoraimt devant elles. Les
jeunes gens s'enfu aient pour ( hercher un
n fuge dans les rochers; beaucoup se préci-
pitèrent dans la mer, où ils furent recueillis
par un navire portugais (|ui venait à leur
SfM'ours. Le P. Niigne/. Hibern écha|)pa à leur
fureur, et un Aiuboinais, qui le trouva trois
i 15 MAH
jours apiiN.s nis/int h l<>in' et h niMilit' liiist'.
1(Oiaiisn(Ml;i chu/, «les clirrlictns . où il lui
nccucilli /ivcr IxMilit'iu'. (Du Jarrh-, llistoivv.
tics rhitsrs lis /'/"•'•' im'iiiDnililis . I. I , |». (VH .)
MAinVKS DAN I lOCIII-; iiir S\iM), nu
IH\H. Hih.iis, sull.in (I l';^;v|ili' , sc) n'iulit
Mi.iiir'o (II' |ilusi('uis villiis de S\ i'i(i : Auliii-
,.|i,. lut (lu iionihfd (le ((•lies (|ui ciircil lu
niidlicur de touihcr s(Mi.s sn lyraïuiic. r.ctio
vil!(» nvail alors deux couvculs de IrniuM-s,
l'uu de D(nuiuicaiu(>s, l'aulri! de Krauciscai-
iics (,)uaud le |)aliiarcluKsul (juo les luu-ul-
maiis approclunonl, il r('iMii( loulcs ers lillcs
du St'ijAucur daus I(> couvcnl dt's Douiinicai-
nos , ot \h il les |n(V-ha avoc foire, les invi-
taul .^ souilVir la uiorl |)lul(M (|u'^ coiiscnlir
aux oulra^cs dont les vaiu(iU(Mirs no uiau-
(jucraiciil pas do vouloir les rendre vicliuu's.
Ces saintes lenunes (pii savaient bien (pie la
lueilhMiro volonti^ ne saurait pas los souslraiii!
«ux exi,^(Mices dos luusuluians. se (UMi^uriV
reiil toutes (Ml so coupant iinilnelleiiieiil le
nez. (le moyen do sauvegarder leur pudeur,
tlo la nuHtfo i\ l'ahri des insultes, ful-il une
insiMiviliou du Saint-K»|)ril ? 11 faut radiuel-
tre pour le trouver excusable. Avec une loi
vive et une grande conlianoe en Dieu , elles
auraioMl pu ne pas se dc^'lipirer, en se sou-
venant couunent Dieu , dans les premiers
siècles de l'Eglise luilitante, savait i)rotéger
les saintes i\\n', la brutalité des juges prcHen-
dait livrer h la brutalité des débauchés. Les
musulmans, les voyant en cet état, les égor-
gèrent toutes. Le patriarche lut égorgé, av(>c
quatre frères précliiurs, au {)ied du grand
autel de son église, où, prosterné, il priait
Dieu pour son peu[)le. Tous les Franciscains
que les vainqueurs trouvèrent daus la ville
et dans les couvents voisins furent emmenés
captifs. Cette année vit le martyre de plus de
cent Dominicains de la province de Terre-
Sainte , que le barbare sultan lit mourir et
envoya rejoindre au ciel leurs glorieux com-
pagnons d'Antioche. (ronlana, Monumcnta
Dominicana, 1-268.)
MARTYRS DE CRÈTE (Les dix), souffri-
rent ensemble sous l'empire de Dèce. Un
commun martyre les avait réunis dans la
gloire et dans ïe triomphe, l'Eglise fait leur
fête en un même jour. Ces saints martyrs
sont : Théodule, Saturnin, Euporc, tous
trois de Gorlyne, métropole de l'île, Zo-
tique de Gnosse, Agatope de Panorme ,
Basili le de Cydonie , Evareste d'Héraclée,
puis Gélase, Punicien et Cléomène , des-
quels on ne désigne pas la patrie. Les trois
premiers avaient été instruits dans la foi par
saint Cyrille, évêque de Gorty ne. Arrêtés pour
la foi, ils eurent à souffrir toutes sortes de
tourments , d'outrages , de tortures , avant
môme qu'on les conduisît au gouverneur, qui
faisait sa résidence à Gortyne. Ce fut un 23
décembre qu'ils furent interrogés. Ce jour
était spécialement consacré à Jupiter, qui
était la principale divinité du pays. On bi-ur
donna l'ordre de lui offrir des sacrifices; ils
refusèrent courageusement d'offrir des sa-
crilic(>s à des idoles. «Vous connaîtrez, dit
le juge, la puissance des dieux ; ce ne sera.
MAR
1(4
p.'is impiiiiéineiit (|uo vous fnnnqiiorc/. do
respect n Cl tic illiislre asseinbb'M' ipii jidoro
b^ KHiiid Jiipilrr, Juiioii Kliét; et les /iiilroH
dieux. — Cesse/., n'-pliquèieiit les iii.iilyr.S,
de lioiis parler de Jii|iil<'r et de Ubée, sa
mère; nous savons leur KétiéaloKie et riiis-
toim de leurs actions; tioiis pouvons vous
uiiiiilrer le tombeau di; Jiipiirr : il est nlS
dans celle Jle; il a été roi, ou plubM tyran du
son pays; il s'est abandonné i\ louics soiles
d(! desordres , et m nue à des abouiiiialKjns
contre nature; il a eu recours aux (nichin-
leiiieiils pour corrompre les autres : cmix ipii
rhoiioretil comme un di(ni ne doivent point
s(! faire scrupule du l'imiter. » ((îodebcurd,
vol. XMI. p. Xy.i.)
Le juge, voyant (pi'il ne pouvait rien ol>-
teiiir des saillis martyrs, n éco'ila plus (pio
sa rag(; et (pie sa fureur : il hnii lit souffrir
d'horribles tortures. Pendant (juils les su-
bissaient, le peuple avait besoin d'être cou-
t(niu ; sans cela il «n'it mis les saints martyrs
en pièces. Les chevalets, les ongles de. fer,
les fouets armés de jilomb , tous les instru-
ments d(! supplice fiiiunit tour ii tour em-
jilojés contre eux. Loin de s'en j)laindre, ils
ne faisaient que répéter : « Nous sommes
chrélieiis; dût-on nous faire soulfiir mille
morts, nous les soutfiiions avec joie. » Le
jieuple vociférait pour animer le juge contre
eux. Du reste, il n'avait pas besoin d'être
excité; il accomplisait à merveille sa mis-
sion de férocité. 11 encourageait lui-môme
les bourreaux <i ne pas se fatiguer. Enfin,
ayant éjuisé toutes les insjjii allons de la
cruauté la plusrallinée,il condamna les saints
à être décapités. Pendant qu'on les condui-
sait au supplice , ils demandaient à Dieu
deux choses pour eux : persévérance jusqu'à,
la lin et grâce pour leurs bourreaux. Les
chrétiens les enterrèrent secrètement. De-
puis, leurs reliques ont été transportées à
Rome. L'Eglise fait leur fête le 2J décembre.
MARTYRS DE DAMAS (Les], étaient au
nombre de vingt-deux. Le gouverneur de
ceite ville, homme cupide et plein d«' haine
pour les (.h étions qui étaient riches, fit met-
tre le f 'U à deux quartiers de Damas en
1351, et les accusa de ce crime. La plupart,
pour se soustraire aux tortures, lui payèrent
de grosses sommes. Vingt-deux chrétiens
néanmoins , pleins de courage , aimèrent
mieux souffrir pour le nom de Jésus-Christ.
Ils furent cloués à des croix et promenés
pendant trois jours sur des chameaux. Le
si.ltan d'Egypte ayant appris ces barbaries,
fit couper en deux l'avide gouverneur, et
Dieu vengea ainsi l'innocence de ses servi-
teurs. (Rinaldi, an. 1351, n" 25.)
MARTYRS DE DAMlETTE (Les), en 1261.
Les Frères Prêcheurs qui portaient la lu-
mière évangélique dans celle ville et dans
ses environs, furent massacrés en l'an 1261
par les musulmans, au nombre d'environ
deux cents. /Foniana, Monumenta Domini-
cana.)
MARTYRS ÉGYPTIENS (Les tkente-sept).
« Témoignage rendu à la divinité de Jésus-
Christ par Paul, Pansius, Denys, Thonius,
(13
MAR
Horprez , Tforu*: , un anfro Denys , Aninio-
nius, Bpssammo, Agnthus. Rpctimbiis, Bas-
tanio. S.Hin.ifhe , Profc^."^ . Orinn. Collntns,
Di^lymc, Plosius, Arntus, Thronns, Hi|ij»t';is,
Romain, S.iturnin , Piniilins, Sérapioii, Pa-
rias, Baslanione, PanlhrTO, un autre Papias,
Pioscoro , Héron, Polariion, Peleciiis, Eco-
nit''nc, Zotiquc, Ciriaquc et un autre Ammo-
nius.
rt F/on rit cette troupe de braves soldats
de Ji^sus-Christ niarchei- tôle baissée au mar-
tyre. Le juge en fut errrayé, troublé, pres-
que hors (b^ son bon sens. Car c'étaient tous
gens do distinction , des premières familles
d'Kgypte , et qui soutenaient !'é(Iat de leur
naissance par celui de leurs richesses. Le
Saiiil-Ksprif les dis[)ersa dans toute lEgypte;
il on fit commo ipiatre quadrilles , qu'il en-
voya dans les quatre parties de la province
pour y annoncer la parole et la connaissance
du vrai Dieu, et pour porter aux peuples qui
étaient encore dans les tf''nè:»res la lumière
et la vérité. Les uns prirent à l'orient et les
autres au couchant; ceux-ci au midi, et ceux-
là au septentrion. M;\is la plupart des habi-
tants de ces diverses contrées , aimant leur
ignorance et leurs ténèbres bien plus que la
science du salut, que ces illustres prédica-
teurs (I) allaient répandant sur leur route,
ne les regardaient que comme des hommes
ordinaires, se jetaient sur eux, les cliar-
geaient de chaînes comme des gens qui
avaient de mauvais dessems ou qui ensei-
gnaient une docl ine [)ernicieuse, cl les mal-
traitaient en plusieurs manières.
« F>a nouvelle tic celte mission vint bien-
tôt aux oreilles du gouverneur d'E:;ypie; il
prit feu d'abord , et la colère allumant la
Cruauté, il prit tumultuaircm nt lavis do
son consed , rt envoya partout des soldats
avec ordre de lui amener ces saints miss on-
naires , qui , ceiiendant, n'ayant tous qu'un
même esprit, une nii-me foi cl une même vo-
lonté, s'étaient réj)andus par toute l'EgypIo
et l'environnaient en queVpie soite , nion-
trant aux hommes la voie [)Our arriver au
honfnur éternel. Ils reconnaissaient tous
Paul yiour leur chef; Paul (pii, |)ar son z>lo
et son ardente diarilé, avait beaucoup de rap-
port avec 1»> grand ApAtre des nations. Pa i-
sius le suivTit de près; Denys atteignait
Pansius; ei Tlu» 'iiis. Horpr. /. cl Horus mar-
chaient après eux d u i pas presque égal , et
étaient suivis h |)eu de distance d'un autrt^.
Denys, des deux AinuKUiius cl d'Agalhus.
Ceiix-lh nvai(Mil pour leur pailngo la partie
orientale de l'Egvjite. Ceux tpn Iravaill lient
h di'friclier les endroits les jilus seplenlrio-
nain ne le cédaient aux premiers ni en ca-
pacité, ni en |)iété , m en /.Me anoslolique.
Ce n'est pns (ju'il n'y rùl une espèce de ja-
lousie entre eux. C'était h qui établirait
mieux et plus promptemenl le royaume de
Jésus-Christ. Le chef de (cilc socoide l'ancie
était Recuiubus , avec Bislame , Sarmatho ,
(I) Ol rnilrnil a f.iil rr'i>' .» 'loin Thierry Riii-
n.irl qtip rr^ Irr lU^n-nl nurlyrs i-i.iiiMil «Ifs tjiaorcs
ou qiirlqiM>s :)ntrt*<i miniftlre» iiiA rii-iir» ilc It^i^o,
«pioiquc le» n).)rl)rologos les nommvnl soldais.
HAR il6
Pmtée.Orion.qui briMail extrêraomcnt parmi
ses confrères; Collutus et Didyme, auxtiuels
Plésius et Aratus s'étaient joints. La troisième
troupe, qui parcourait le midi, avait à sa tète
Théonas , que le Seigneur avait |>lanté lui-
même <le .Si main. 11 aviit avec lui Hi|tpéas,
Romain et S.iiumin; Pinulius et B.TSlamone
s'étaient attachés à lui; Sèrapion , Papias et
Pa .thè.M ne l'abandonnaient po'nt. La partie
occidentale n'élait pas moins bien paitagée
que les trois autres; elle avait aussi bien
qu'elle ses docteurs et ses prop'iètes; le se-
cond Pa[>ias , Diosc.ore , Hé-ron et Potamon,
qui avaient pour adjoints Pétécius, Kcomène,
2oliq le, Ciriaque et Bessamone.
« C s trente-sept envoyé-s du Seigneur tra-
vaillaient avec beaueoup de succès dans toute
l'Egypte. Lie noble ft sainte émulation les
animait; chacun cherchait à se distinguer
par un amour plus a;d ni pour Jésus-Christ
et par une [ilus grande indilférence pour la
vie. Ils couraient do ic les villes et les bour-
gi le^, et disaient aux |>euples qu'ils assem-
bliient : « Consnlez-vous , nos cliers frères,
« si les vérii''s (jue nous vous anuon(;ons
« vous ont été inconnues jusq^u'ici, l'igno-
« rance n'est péché que lorsipi on ignore ce
« qu'on ne peut pas ignorer. .Maintenant que
a nous vous avons découvert vos erreurs,
a que vous v avez renoncé , déplorons tous
« ensembl.' Vaveuglement de nos pères; dans
« qutdies épaissis ténèbres n'oiit-ils pas
« marché? quelle longue suite d'égarements !
« d uis (jiiels précifiices ne les oul-ils pas
« jetés, avant que le Fils de Dieu quilliU le
« s 'in de son Père ? Mais enliu le Père
«ne voulait plus retenir son FiU, il lui
« donna h permission de descendre du ciel
« en terre et de se nwêtir tie notre n tlurc.
« Le Fils, ayant celle permission, seminessa
a de descendre et de se faire hoiume. 11 com-
« mença par prècliiT les grandeurs de son
0 Père; ensuite il iirêcha ses propre-^ gran-
« deurs, sa divinité, sa l^ii•^lion . contirniant
« par ses actions re (jne les pro|>hèles avaient
« pri'dil de lui , et auiorisaiil en même temps
a ses actions par le témoignagedes prtiphèles,
« qui n'avaient rien dit ni rien écrit que ce
a (jue .son esprit leur avait dicté. Car avant
« qu'il vint enseigner lui-même sa doctrine
« et prom liguer .^a loi , il avait eiKsCuné
« dite même iloi triiio et donné celte même
« loi p.ir ses prophètes. » C'est ainsi (jue no.s
saints missionna ros allaient pla ilanl la foi
dans l'Egypte. IN faisaient entrer dans le
bon chemin ceux (jui s'i'garaient ; ils instrui-
saient des mystères delà religion ceux qu'ils
trouvaient dociles, et ils puriliaient de leurs
péchés ceux qui les confessaient haute-
ment.
« Cependant le gouverneur, ainsi que
nous avons dit, averti îles |>rogrès qu'ils l.ii-
s.iienl dans toute I ét«M» lut? de son gouver-
nement, avanl envoyé do tous c«Mt's des sol-
dais pour les lui amener, ils turent tous nr-
rèies et présentés à ce juge. 11 emnioya d'a-
bord, pour les '>l)igor h sacniier, 1. s tlalto-
ries et les promesses. Evitez une mort cruelle,
leur dit-il; sauvez-vous des touimuuts qui
117
MAIl
MA II
IIH
vous iiKMincont; nccommMdc/.-voïis n\i fomps.
Cnr i iiliit il laiil ou Mirniirr ou nioui ir. Paul,
pnciaut Iji [mo\o pour lous, irpundii ; Nmis
SHvoiKs corlainonHiUl tiu'il vaut luifux niuu-
liicpiii s.uiiliiir ; ainsi ne nous ('pait^Mcz pas.
Sur u'ilo (li'claiJiliou , If jugti [inuHwi^a la
suuliMKut (lo uiorl coiilrc" lous les Irontc-.sopt.
Il coiuiainiia au l\'U rcuxip'i avaiciil piYcluj
1,1 loi A l'oiiiut l'I au iiiuli. Il lil haut li^r la
tOlo à i'vn\ <|ui l'uvuieiil atmoncéu «u si'p-
fenlrioii; cl pouiMfux <|ni «vaifiil liavaillù
h lucciiitMil , il k'.s lit alla» lur à lies croix.
Mais, pour parler plus juslc , il les punil
moins (pi'il lu' les ilniuia poiii- piolccleurs ^
1 l';j,\ pic, jiuiï.(pM>,lou.|<»urs parlâmes ciit[u.'lro
troupes, ils voilleul t.i)Uliiuiclleuu>ul sur les
(jualio eaiilons lie la proviuic, avec ciicoto
plus ilo eliarik^ el du zèle nuu iluranl leur
VIO. u
MARTYUS DK COUCIM Lks svints) . au
nomliru de div-ueul', claieul lous religieux ou
jutHros séculiers. Ils l'urtMU poudii.s ii Uiil,
IMr los calvinistes, en hai'U> de la religion
fallioli(iue , le 9 juillet ld7-i. l/Kf^lisu lail
colleeliveuiont Iihu' liMe le 9 juillet.
Rl.VUTVUSCiUKCS (Lis i)i\-m:i k .ii;ijm;s),
en 15liG, dans lile de Cliio, l'urenl mis h uK^rt
par les Turcs [)our la foi calhol ([ue. Un d'en-
tre eux élait do la noble lauiille des Jusli-
uiani.
MARTYUS DTTALIK (Les saints), sous
les Lombards, sont, dit saint (irégoire le
(Il ami, au nombre d'environ ijualre cents.
Ils donnèrent leur vie pour la foi chrétienne,
dans lo vr siècle. Les Lombanls, peui»le en-
core prosi|ue sauvage h cette é[)ot[uc, sortis
des forùls de la Scandinavie et de la Pomé-
rann», vinrent d'abord lial)iter en Allema-
gne les contrées qui forment aujourd'hui
l'Autriche el la Bavière. Bientôt aj rès, pro-
gressant toujours, ils franclurcnt les Alpes
et toQibèreni sur l'Italie. Mal défendue, elle
ne put résister, et toute la [)artio septen-
trionale devint la proie de ces barbares. Par-
tout oti ils passèrent, ils laissèrent la désola-
tion et le ravage. Non contents d'avoir dé-
pouille les vaincus et de les traiter avec une
crua té inouïe, ils voulu; ent les fa rc re-
noncer à la religion chrétienne. Ce fut par
quarante paysans que la persécution di'bu-
ta. Les barbares voulurent les contraindre à
manger des viandes qui avaient été olï ries
aux idoles. Leurs (uforts furent inutiles, et
les serviteurs de Jésus-Christ refusèrent de
se souiller de cette abomination. Ils furent
alors inhumainement massacrés par ces fé-
roces vainqueurs. Bientôt après, les Lom-
bards essayèrent de forcer d'autres prison-
niers à adorer leur principale idole. C'était
une tête de chèvre, devant laquelle ils fai-
saient des génuflexions et chantaient des
espèces d'hymnes. Ils la portaient en pro-
cession partout où ils allaient. Les chrétiens
refusèrent avec horreur d'otfrir aucun hom-
mage à celte méprisable idole. Ils préférè-
rent mourir que de se perdre en aposta-
siant. Ils eurent le sort des premiers, et fu-
rent massacrés f»ar les barbares. L'Eglise les
honore coUeclivement sous la date du 2
mars. Il est h re^rciltor (jn'nn n'ait pas pluN
de di'lads sur celle persécution, remarq-- i
l)le par le courage et par le nond)re li'
mai l\ I s.
MAlirVIlS Dr J\l»()N. Vm/. Ju'oN
MAIM \ U> 1)1 S M MU S MAINTS. Kn l'an-
née .')n;i, rempi-reiu' Dioch'i en |tul»lia un
édil où le> iiiagisliats recevaicnl r«»r(li(! do
brûler tout ce qu'ils pouiiaie it .saisir des
livres saints en possession des (hrélions.
Beaucoup de ces magistrats eiirenl recours
aux su|)plices, aux viideiices l'oiii forcer le.s
clnéliens h leur doinier ces livres; mnis
beaucoup de ces derniers préférèrent iiiou''ir
(lue de se icndi e coupables d'iui | areil crime.
(.0 sont ces saints cpn; l'Iiglise honore sous
le nom de maityis des livies saints, le '2 «lu
mois dej iiivier. (J yy. lluinart, Act<:s dr sdiiil
Sut ami II : Lad., tic Moi le persecttl. ; Baro-
niiis, Ainiiil. in I\I<irti/r. roin.)
.MAinVUS .MASSVLIIALNS (Li:s saints),
versèrent leur sang poiu' Jésus-Christ, en
Alrifpie. On leur a (lonné le nom dt; .Massy-
litaiiis , nrobablement part e qu'ils furent
martyrises aux environs de Massyla, pays
(pii s'étendait le long des côtes de la mer.
Bède fait mention de ces saints combattants,
dont lo nom se trouve inscrit dans les ca-
lendriers les plus anciens. L'Eglise fait leur
fêle le y avril.
MARTYUS D'OSTIE, sous Claude II le
Golhi(|ue. Les Actes de ces saints sont la
seule, mais Irès-importante pièce aulhenti-
(^ue que nous ayons, à propos des martyrs
laits par la persécution de Claude, ils ont été
trouvés à Turin, dans un manuscrit grec
qui, i)ar les soins de la bibliothèque de la
Propagande, à Uomo, a élé im[)rimé et tra-
duit en latin, pendant que la révolution fran-
çaise nous ten fit sous le joug de la le''''*^ur.
A cette terrible et douloureuse époque, on
fciisait d.s martyrs, mais on ne pensait guère
à mettre dans les bibliothèques de la répu-
blique les histoires des maityrs des siècles
passés. Nous nous sommes ()rocuré l'ojivrage
imprimé à Rome : nous avons traduit ces
Actes en français, tels que nous les donnons
ici. On n'en avait depuis longtemps qu'une
assez mauvaise traduction latine, offrant des
lacunes considéiables. Les faits contenus
d.ais ces Actes ont tous eu lieu en 2G8, pre-
mière année de Claude, et non pas, comme
l'o it dit presque tous les auteurs, en 269.
Sous l'empereur Claude, Uh ius Romulus
étant vicaire, une violente persécution s'é-
leva contre les chrétiens. Censorinus, maître
des oUices, secrètement chrétien et crai-
gnant Dieu, accompagnait partout l'empe-
reur Claude ; quand il voyait des chrétiens
qu'on menait à la mort ou en prison, il les
encourageait secrètement , et tant qu'il le
pouvait, fournissait des aliments à ceux qui
éiaient captifs ou enchaînés : bien plus, il
était toujours prêt à instruire les catéchu-
mènes. Ce que l'empereur Clauue ayant ap-
pris, il le fil arrêter, amener devant lui, et
lui parla en ces termes : C'est donc vous,
fidèle adorateur des dieux, vous qui èies
toujours près de notre majesté, qui faites
119
MAR
MAR
120
de toiles choses? Certes, jamais notre cl»5-
luence n'a repoussé ceux qui l'implorent;
mais nous gouvernons la ré|»uhli((ue en vou-
lant i|ue chacun respecte nos dieux. Cen-
sorinus répondit : Jh rendrai témoignage do
JésiiN-ThrisI, mou Sei,-;neur; lui seul est le
vrai Die i,(|ui a été crucilié, enseveli, et qui
est ressuscité le troisième jour, en présence
des garnies qui l'avai'-nt mis en croix. Après
sa résurrection, il n|tparut h ses discMples,
ef, en leur présence, monta aux cieux. C'est
lui qui naguère a daigné, (piiitant le sein
de Dieu, son Pèrts naître d'une vierge; car
il est venu sur la terre pour l'amour des
hommes, tout en ne quittant pas les cieux.
Claude, irrité, lui dit : (À'nsoriiius, vous êtes
fou; et aussitôt il ordonna que les soldats le
conduisissent h la ville d"Oslit\ et qu'il y
fi1i emprisonné. Amené dans cette ville, dis-
tante d'environ quinze mille pas de Homo, il
y fut mis en |)risoM et enchaîné; nuit et jour
il chantait les louanges du Seigneur.
Dans le même lieu, près la ville d'Ostic,
logeait une dame nomm'-e C iryse, d'origine
impt'riali', (|ui iU\\i\ avait soulî'crt plusieurs
persécutions et subi plusieurs condamna-
lions; elle vivait dans sa maison, avec des
hommes pieux cl des vierges. Tous les jours
elle envoyait des vivres à Censorinus, et ve-
nait e.le-mème laver ses chaînes, ainsi que
son visage et s:\s mains. Il y avait dans le
niérne lifu un saint prêtre nommé Maxime,
et un diacre, nommé Archelaiis, qui, tous
les jours, oirraient lo saint sacrifice en cttan-
tant des hymnes au Seigneur. Ce s-iint i)rêtre
opérait grand nombre de miracles au nom
de Jésus-Christ. Quelquefois il vénal voir
Censorinus, et aussitôt les chaînes du saint
confesseur lo nbaient de ses pieds et de ses
mains. Le saml prêtre se tournant vers les
gardes de la prison, leur parla ainsi : Mes
frères , abandonnez le culte des démons ,
renoncez aux volu|)tés temporelles, conver-
tiss^'Z-vous à lésus-Christ Noire-Seigneur,
souverain maître de toutes choses, lecjuel
était avant les siècles, et ([ui viendra juger
les vivants et les morts, et punira par le leu
les péchés du monde. Le temps, le ciel cl la
terre passeront ; mais Nolre-Se gneuc Jésus-
Christ est et 'icra toujours le même. Les gar-
des direnl h Maxime : Que ferons-nous p )ur
relui que vous nous annoncez, (lue nous
connaissons par vos paroles et par les mira-
cles que vous faiti's en sou nom ; car ces
chaînes viennent île tomber nar sa puissance
et vos prières ? Que chacun ue vous, leur dit
Maxime, reçoive le baplême et croie en Jé-
sus-(^hrist. Fils "le Dieu ; abandonne/, le vain
culte des idoles et repentez-vous de vos
fau'cs : dans vntrn ignorance, vous avez
b'aspht'mé son saml nom et pcrséinilé les
saints. Tous alors dans un même esprit, h
savoir : Fi-lix. Maximus. Kaiisiinus, Hcicu-
lanius, >uiiionuN. MMiacinns, Mcias, Com-
inf>diiis. Hernes, Maurus, Kusebius, Uusti-
cius, .Monacrius, Amandimis. Olyiupius, Cy-
prins avec Tlu-odore, Icurlnbuii. tombèrent
aux pieds du bienhfureux Maxime, d» man-
danl s'il les trouvait digues de recevoir le
baptême. Celui-ci ayant accompli tout ce qui
est d'usage en pareille circonstance , les
avant revêtus d'Iiabits fournis par sainte
Cliryse, et après les avoir réunis dans un
banquet offert aussi par elle, les baptisa au
nom du Père, du Fils et du Saint-F'sprif. En-
fi'i ils reçurent tous la lumière et la grAce
de Dieu. La nuit venue, l'évêque Cy[)rieQ
les oignit du saint chrême au nom dnChrist,
ef. après l'ablution, les instruisit dans la foi
et les marqua du signe de la croix.
Pendant ce tem[is-li^, le fils d'un cordon-
nier qui demeurait dans cet endroi», mou-
rut, et les bienheureux Cyprien, Maxime et
Chryse, ainsi que les autres nouveaux chré-
tiens, entendirent, en passant, le cordonnier
qui se lamentait sur la mort de son fdS.
Alors le prêtre Maxime dit au cordonnier:
Croyez en Jésus-Christ Noire-Seigneur, en
présence de nous tous, vous vivrez, et votre
lils vous sera rendu. Cet homme, tout en lar-
mes, répondit : Conmient croirai-je en celui
que.i'ai toujours maudil dejuiisma plus tendre
enfance ? Repentez-vous, dit Maxime, de ce
que vous avez fait, car noire Dieu écoule le
repentir : il ne nous rend point se on nos
fAufes, mais selon son infinie miséricorde.
Ha(>lisez-moi donc en son nom. pour que j»
croie. Il fut baptisé au nom de la sainte Tri-
nité, et. a|»rès avoir reçu le signe du Christ,
il revint tout joyeux vers son hls. Le prêtre
Maxime, ne pouvant retenir ses larmes,
parla en ces termes : Seigneur Jésus-Christ,
qui avez daigné prendre la forme d'un es-
clave pour nous racheter de l'esclavage du
démon, jetez un coup dœil sur l'œuvre de
vos mains, afin que cet homme vous recon-
naisse pour son auteur et son créateur. Sei-
gneur, dit l'évêque Cyprien, qui, par l'eiret
de Votre infinie miséricorde, avez été cruci-
lié sous Ponce-Pilate. pour le salut des hom-
mes, qui avez ressuscité Lazare et rappelé
h la vie le lils unique de la veuve, montrei
aujourd'hui votre puissance en faveur de cet
homme, votre serviteur, atin qu'il recon-
naisse que vous êtes le Dieu vivant, le seul
vrai créateur de toutes choses, qui régnez
dans les siècles des siècles. Tous les assis-
tants n'pondirent : Amen, .Alors le mort re-
vint à la vie et parla en ces termes : J'ai vu
Notre Seigneur Jésus-Christ qui m'a ramené
des ténèbres à la lumière. Après (piil eut
été calée lise, il fut baptisé au nom du Pèro
et du Fils, et reçut le signe du Saint-Ksprit.
Sainte Chryse lui servil de marraine el lui
donna le nom «le Fausle : il était près d'en-
trer dans sa douzième année. Peu de temps
après, (m apprit i\ rem[)ereur Claude (juun
ieiine enfant, grAce aux |>nères de ces luin-
neureux chrétiens, élail ressuscité denlro
les morts. Cela na pu se faire, dit l'empe-
reur, qu'avec le secours de la magie. Il lit
venir ri|>ius Uomulus, vicaire de Home, et
lui donna les ordres suivanls : Sounuiiez
Chryse. femme sacrilège, (pii a souillé la
noblesse de sa naissance, et qui demeure
avec deux magiciens, h divers tourments,
jiisipià ce <|ue, ce<lant à n(»s ordres, elle
uduro nos dieux et nos décises.Si clic obéit,
m
M Ml
M Mi
m
qji'ollo viv(> ; liit'M plus, i|ii'<)ii drcliiii' l.i
«(Mlldlicc (li'J/i n'Ilililt' ((ililic rllr. (Mi.iiil h
<'()ii\ (|ii(' vous |ir(<M(li('Z iivcc. clic, l'ailcs Uvs
loiinuciilcr de divcrscvs iiiaMi(''rcs.
Ia> vi(;«in' IHiiiiis Unimdiis ('lanl venu
dans la ville d'Oslits uidu'Ui.i de nicllrc en
niisoii Ions les saints sans excepiion. 1.(5
leiideniain malin, ii('»s son lever, il lit luwo-
ner (levant lui la l)ienliein(Mise (llnyse, et
ini parla en ces ternies : {)\n'\ loi ainonr de
la Miat;i(> vous porle donc A ternir eu voiis-
nit^uu^ l'éclat (In sani:; iniiK'-rial cl voire uohli;
ori;j;i!H»? ('e sont Itien |)lut(M les di-nions (|ui
vous (roin|UMil, (I<miI j'ai lerni la ^;Ioir(», rc-
j)oudit la sainte, en (|uillant le culte vain
des idoles l'ailos de main d'Iionnuc, pour li
fonnaissance du l)i(Mi vivant, niuipuî et seul
vrai, et de son Kils unitpu', Nolre-Scij:;neur
Jésus-Christ, (jni viendra ini;;or los vivants
et los morts, et pr(Sipilcr dans les livit^'lires
le démon, votre prolecteur et l'empereur
Claude lui-même. Ulpius Uomnliis s écria :
(]etlc l'cnime est devenue l'olle de ma^ie ; (;t,
se tournant vers elle : Renoncez, lui dit-il,
h de telles inei)ties, et souvenez-vous de vo-
tre naissance I.a l)i(>nlieureuse ('hrysc», lui
souillant au visasse, lui dit : Misérable, si
vous connaissiez le Dieu créateur du ciel et
do la tcrr(\ votr(> bouche n'eût i)oinl proféré
ce blasphème. Irrité de cette ui)()stro|)he, le
vicaire la (it attacher à la roue. Pendant ([ue
ses i\iembres élaieid lion-iblement dishxinés,
la sainte, ravttnna'ite de joie et de yaité,
parla en ces termes : Je vous rends grAces,
feeigneur Jésus, (|ui daignez m'élever des
enfers aux régions célestes. Nous allons
voir, lui dit le vicaire, si votre Christ va ve-
nir vous délivrer. Je n'en suis pas digne, dit
Chryse ; mais celui qui veut bien m'arra-
cher des ténèbres de ce monde, pourra bien
vous perdre ainsi i]ue votre empereurClaude.
Pendant qu'elle parlait ainsi, tout à coup la
roue se brisa, et quand on la détacha, on vit
qu'elle n'avait aucune blessure. Roniulus
ordonna qu'on la déchirât à coups de fouet,
et lit crier par le héraut : Que Chryse, la sa-
crilège, ({ui a blasphémé nos déesses et mé-
prisé Claude, empereur de notre républi-
que, expire sons les coups. Mais la bien-
heureuse vierge criait à haute voix : Soyez
béni. Seigneur Jésus-Christ que je vais bien-
t(jt voir. Romulus ordonna de lui brûler les
côtes avec des torches ardentes. Comme on
ex(^cutait cet ordre, la sainte dit d'une voix
claire, avec une gaîté que rehaussait encore
la beauté de son visage : Vous n'avez donc
pas honte, malheureux, de regarder ainsi
un corps qui vous rappelle celle qid vous a
donné le jour ? Vous méritez ce qui vous ar-
rive, lui dit Romulus, vous qui avez trahi
nos dieux immortels, méprisé la dignité im-
périale, pour vous livrer aux pratiques infâ-
mes de la magie. La sainte était couchée par
terre, à demi-brûlée : il ordonna de la re-
conduire en prison.
Alors il ordonna d'amener les saints con-
lesseurs, le prêtre Maxime et le diacre Ar-
cnelaus. C'est donc par vous, leur dit-il, (]u'on
blasphème les noms de nos dieux.? c'est donc
la vous ([ui jH'rvertJHve/, les Iioitinie» pour qu'iln
ne croient poi'it '.' Nous ne nerverlissrjtis per-
sonne, rt-po-idil le prêtre NIaxime ; mai'^, par
la grAc(( de Nolre-Seinneur Jésus- Christ,
nous arrachons tous les homnies des ericurs
de l'idolâtrie. Ces lionrrrirs, dit Romulus ,
sont certes bien dignes de mort. H lit con-
duire le diacr'e /Sichelans sons l'nrcade (pii
est devant le Ihéâtic. pour ipiil y eût la
tète tianchée ; cet ordre ayant été exéciilé,
il lit iccnnilnii'e Maxime en prison. t,a nuit
étant venue, un piètre, iionuin'' lùivei)!-, re-
cueillit les restes du martyr, et les cnsjîvelit
dans un cliainp. IM-esipi'en nième temps h s
soldats (pii, par le miiiistèi'(î de .Maxime,
avaiiMit cru on Jésus-Christ, furtMit mis ;i
mort de la même manière. Ouaiid Romulus
eut aiipr-is (|ue ses (U'drcs avaient ('té (;xécu-
tés, il commanda ([ue les saints confesseurs,
Maxime, le prêtre et révê(pi(! Cyriac, eus-
sent la tête Ir'aiichi'e da-is la prison, et ipio
leurs corps fussc^nt jetés à la mer. Le prêtre
Eusèbe les ayant retrouvés, les recueillit
avec soin et les ensevelit près (h; la ville
d'Ostie, dans un champ f)rès du bord de la
mer, el les déposa tous dans la même grotte.
11 cacha Taiirinus et Herculaiiius dans le
port de Rome. Le quatrième jour environ il
trouva sur le rivage les corps des autres
saints que \o Ilot avait rejetés, il |)la(;a le
bienheureux tribun Théodore (lans un ca-
veau voûté, il réunit les corps d(! tous les
autres martyrs et les déposa dans le même
lieu que leurs compagnons Cyriac et Maxime.
L(; cinquième jour, Romulus ordonna (pi'on
tirât sainte Chryse de sa prison. Quand elle
fut devant lui, malheureux, lui dit-elle avec
véhémence, pouKjuoi perdez-vous les jours
qui vous sont donnés ? Reconnaissez enfin
que le Christ qui vous a créé est le seul vrai
Dieu, cessez d'adorer des pierres ou de vains
simulacres d'airain, d'or ou d'argent, pour
adorer Notre-Seigneur Jésus-Christ, crucitié
sous Ponce - Pilate , ressuscité d'entre les
moits trois jours après avoir été enseveli ,
monté aux cieux d'oii il descendra de nou-
veau pour juger les vivants et les morts, et
punir par le ieu les péchés du monde. Vous
verrez bient(jt votre Christ, lui dit Romulus,
à moins que vous ne sacrifiiez aux dieux im-
mortels. Vous avez parlé, lui dit-elle, avec
vérité , quoique tard elle est sortie de votre
bouche quand vous m'avez dit que je verrais
le Christ si je ne sacrifiais à vos démons.
Alors Romulus entlammé de colère , parce
qu'il avait été {tris par ses propres paroles,
ordonna qu'on lui meurtrît le visage à coups
de pierre, mais sainte Chryse criait à haute
voix : (iloire vous soit rendue, Jésus-Christ
mon sauveur, qui m'avez jugée digne de fi-
gurer parmi vos serviteurs et vos servantes.
Ecoutez, lui dit Romulus , les conseils de la
prudence, adorez nos dieux, saciificz-leur et
prenez un mari d'une condition égale à la
vôtre. Alors la bienheureuse vierge lui dit
à haute et intelligible voix : J ai déjà pour
époux le créateur du ciel et de la terre, Jé-
sus-Christ, Fils du Dieu vivant, que vous ne
voulez pa:» connaître pour vous attacher au
iU
MAR
MAR
1*4
démon qui vous inspire la rage féroce dont
votre cœur est rempli. Enflammé de colère ,
Romulus onlDMua au bourreau de la frapper
de fouels armés île plomb. Plus on la Irap-
Hail, plus son courage ét<iit ^rand ; alors le
juge ordonna de lui altacber une yrando
nierre au cou et de la jeter ainsi à la mer.
Lr flot ayant njelé son cor|)S au rivage, le
bienheureux Nonus, qu'on a surnommé Hip-
jolyle, l'emporta et l'ensevelit dans une
propriété où e le hnbiiait , près des murs de
a ville d'Oslie, le 19 des calendes de septem-
bre (V* aoù').
Alors le vicaire fit arrôler un nommé Sa-
binianus , intendant de colle propriété , et
corameiça h l'interroger sur les alfaires de
sainte Chryse, lui «lisant : Celte ft-mme sa-
crilège, nommée Chryse.q li par amour pour
la magie a mieux aimé mourir que vivre ,
possédait de grandes richesses ; apportez-
nous donc ses trésors et sa garde-robe, et si,
comme le veulent les édits impériaux, vous
sacriliez aux dieux, vous vivrez. Sabinianns
répondit : J'ai été instruit par sainte Chryse
dans le détachement de toutes choses , elle
m'a appris h confesser un seul Dieu, Noire-
Seigneur Jésus-Chnst, né de l'Espril-Saint et
de la vierge Marie , c'est pouniuoi nous n'a-
vons ni or, ni argfrit, ni pie,rrt>s |)récieuses.
HAtcz-vous, lui dit Uomulns, livrez aux em-
pereurs les trésors que vous avez cachés, et
sacrifiez aux dieux. Certes je ne suis pas di-
gne , dit Sabinia'ius , de soulTrir (]Ui'|que
chose pour mes péchés, à moins (pie le Sei-
g leur, moM Dimi, ne daigne me l'accorder ;
c'est pourquoi je vous le déclare , mettant
ma confiance en lui, je ne possède pas plus
les trésors méprisabhîs que vous me deman-
dez , que je n'ai la volonté de fléLliir le ge-
nou devant vos idoles. Ayant dit cela et plu-
sieurs antres choses sinublatiles, Sabinianns,
d'après l'ordre que Uomulus donna au bour-
reau, fut frappé sur la tète avec des laniè-
res armées di; |)lomb.
Le bienheureux vieillard Hippolyte ayant
appris cela, vint trouver Uoinuluset lui dit
à haute Voix : Maliicin-t'uv, si vous connais-
siez Jésus-Chrisl, Fils dts Dien, bien lo n de
sup|)licier de celte manière les saints qui le
servent, pour les forcer h sacrifier à vos ido-
les, vous vous in( lim'ricz vous-même devant
le créateur el l'autour de loules choses et (ba-
vant ses serviteurs, i-l vous n'adoreru'z point
des pierres aui sont mûrîtes et inanimées.
Ayant entendu cela, Uomulns unira dans une
véhémente colère el ordonna do le précipiter
les mains el les pieds allac'iés dans une
fosse profomle. Le bienheureux Hippolyle
ayant été précipité dans ujie fosse allenanle
ou port, dos voix fur,.rU entendues poniant
l'espar^ d'une heurç. semblables à des voix
d'enfants (pii e,i«;sent rendu ^r;^ces à Dieu.
Pendant ce lenij»s-i;i, i| rendit l'Ame nu Sei-
gneur, le onzième jour des i-alendes de sep-
tembre i'22 aoOl.)
Komulus di.jail : Il est évident que celte
folie provient de l'art do bi ni.igic ; el il
»«'inil h (Tier avec colère: Sabinianns a
i'ié déduit par l'arl de la ma($ie, par l'amour
do l'argent, par l'altrait des richesses ; je le
fera! mourir pour l'arracher h cette folle ma-
nie, s'il ne consent à adorer nos dieux. A[)rès
avoir dit d'autres choses semblables, il le fit
frapnor à coups de b.\tons , en faisant crier
par le héraut : Livre tes trésors h nos em-
pereurs et adore les dieux tout-|)uissanls
auxijuels obéissent les chefs de notre répu-
bli(|ue. Mais Sabinianns disait : Jésus-Chiist
mon Seigneur, ijui avez daigné me compter
parmi vos- servileurs , grAces vous soient
rendu 'S. Après qu'il eut été longiemps battu,
son visage gardait sa tr inquillité et son a.s-
sura ice, de telle sorte que Uomulus, en-
flammé de colère, ordonna de l'attacher au che-
valet; pendant (ju'ondi-loquail ses membres
et que la voix du héraut résonnait encore à
ses 0 eil'es, lui ne disait rien que ces paro-
les : Je vous rends grâces, Jésus-Chrisl mon
S'igneur. Le vicaire dit aux assistants : Cet
insensé se confie dans les promesses de la
magie; et il ordonna (lu'on le brûlât avec des
torches. Pendanttpi'nn les approchait de lui,
Romulus lui iiit : Malheureux, ayez pitié de
vous-même, rendez les trésors que nous sa-
vons avoir été cachés par vous. Mais le bien-
heureux Sabinianns, martyr du Christ, ren-
dait grAces au Seigneur en disant : Seigneur
mon Dieu , recevez mon âme entre vos
mains : ayant ainsi parlé , il rendit trauquil-
lement rés()rit. Uomulus ordonna de jeter
son corps dans un i>uils. Bientôt après, un
f>rètre nommé Cordius , relira nuilamijieut
e corps du puits el l'ensevelit près de celui
de sainte Chryse, le odes calendes de sep-
tembre ^28 août.'. Par la gr.'ice , la miséri-
corde et l'humanilé de Notro-Seigneur Jésus-
Chnst, le([uel avec le Père el le Saint-Esprit
uossède la gloire, la puissance, rh',)nneur e*.
l'adoration . maintenant et dans les siècles
des siècles. Ainsi soit-il (1).
MARTYRS DE PERSE (Les cent vingt).
Ac(es des cent n'ufjt martyrs, ptirmi lesquels
neuf iirrijcs consacrées au Seigneur, tes au-
tres prêtres , diacres et clercs de différents
degrés.
Dans la cinquième année tle la persécu-
tion que nous eûmes k soulfiir par l'ordre
du roi (pii se trouvait pour lors h Séleucie ,
cent viiut cbréli«'ns de dilVérents lieux, de
plusieurs v lies voisines , au nombre des-
quels neuf vierges consacrées au Seigneur,
It's autres prêtres, diacres el clercs de dilfé-
ronls ordres, arrêtés pour la foi , fureni mis
en prison où ils eurent ?» soutfrir pend mt
.six mois de la fétidité de leuis eaehols et
d'une l'onle de tonrments, jusqu'h ce ((ue la
tin de l'hiver arrivant, ils perdirent une vie
plus pénible que la mort. Au milieu de ces
soulTrances et do ces temps malheureux,
une certaine femme noble de la ville d Ar-
lielle, do la province d'Hadjabena et nom-
(I) r>.in>« h ir.'^iliirtinn Lilinc ipio nous avons «iii-
vi<\ l.i lonniili' qui liiiil ces Aclfs esi ain.«ii reiidiio :
I\i(jniinh Hdhuiio iioslio Jrtu (.hrtao, fui eti gloria et
imiirnum in Circula srrulorum. .li»i<*;j. Ni>us ne savons
p.ts pourquoi le traducteur 3'e^t .liiisi éloigne du
icii« grec, (|u« pou« avons liiiér»lemenl rmcni.
i85
MAU M AH m
nx^ti J.i/dun loclo, fi'tiiiiK" dont on (loit pMilci- les r-nnornis do la justice C'est jioiir'|iioi
avec. ^|•Jmd t'Io^Ai' . ■'-'' |'rt''St'iil.\ |iiiiir les nt^i- «''|(»i;^iic/. ilr vous li; H'|ios durant rctlf iniil
courir. Sou nom , nn piTsan , si^nilin nile de pour li- sfun de rctte ^raiid" nfTairn ; vcuil-
/>/(■». (]('lli' riMiunc, tr^s-riilic, nourrit di> ses le/ [icnsi'i'i |irr|iar('r votr«'rotirn^«', rt fjno l«
dcuiors ff'tl"' <"'""■'•' dcMuarl vrs lanl (lu'cllc fali^uc iif soil point assf/, l'ortr pour vous
resta «laos les prisons pul»li(pi(>s ; elin an'.- «'•loii^ner des louant^i-s d(» Dieii et do Ift
coniplil LM'tlc (l'uvre de v<mIu avet; iu\e si j)ri(''re. Vous reeevre/. le fruit de votre «ol-
ur/uid»* eonslanee d.' coura-r^e , avee une si licilude et devossoi-is; (arinournnt hono-
grando l)ont(^ t\\\r non-seulement <'llo sulllt ral)lem(Mit pour- Jésus-Chrisl (pruni<pn'in<'nt
^ Ions les besoins dos saints, mais qu'encore vous chérissez , vous rcMnporleir/. In cou-
t'Ile ne cherclia pour les soulager et no ro- roruie du mart} re.
çul aucune aide. Coppiidnnl tout cela ('•tait dit rio f.iron ni
Dans c(»l espacodo ttMnns, los hionlinuroux dans le dessoin (pi'ils tm pnssont compron-
mail.vrs, cilés au Irilnuial suivaiu le cajinci! du» ((u'ils devaient niom'ir le jour suivant,
et l'iniipiilé des lnu^('s, l'uronl IVcSpuMunuMil Mais eux, que; l'arrivj^e iiiopini''(! de colle
battus i\ coups de l"onet et lourmcMilés |)ar fennnn tenait dans l'élonnoment : Pourfjnoi,
l0ul(-'s sortes de sup|)li(Os. Pendait loiil le dirent-ils, vous esl-il venu dans l'espril <ie
toujps de Ctt supplice, le visage el la ph^'sio- nous traiter anjfturd'hui d'une fa<;on si li'*^-
noiiiie des saiids niontrnienl un si (^nunent raie et si granil(\ et d'un autre cAt('; de nous
Coura;j;e contre les scui lira nces, (pie le prcV'el jtarler ainsi dt; nos devoirs'.' Mais (die, dissi-
leur «lisant au nom du roi que s'ils n'ado- uml ml : Pourquoi vous préoccuper de cela?
raient le soleil ils pc^riraiei.t ceplainonient dii-ello; pense/, (juo j'ai accom|ili envers
tous du dernier supplice, tous n^potidirent vous les devoirs que ji; devais remplir. Cette
d'un seul cœur et d une seule voii on ces dame ayant éludé ainsi la curiosité de ceux
termes : Loin de nous un si grand crime; (pii rinterroi^er.icnt par l'anihi^uilé de ses
on ne nous verra [)oinl , nous qui sonnnes paroles, se retira dans sa maison. Le leiide-
les serviteurs du vrai Dieu, souverain créa- main de grand malin elle revint 5 la iirison
teiu' de l'univers , (pii, par sa force divine, et, déposant toute dissimulation, el'e leur
soutient el gouverne toutes choses, avoir la parla en ces termes : Maintenant il faut teu-
perlidie de déserter ou répudier le culte du dre au ciel des mains suppliantes , oublier
souverain créateur, ]UHir [lorler nos boni- tout autre soin et vous appliquer avec giande
mages au soleil, chose vile et cré'e par lui. ferveur d'es{)rii et pureté de cieur ^ une
Pourquoi ne nous conduisez- vous pas à soûle chose , à vous rendre la divinité pro-
l'instant au supplice? pourquoi ne nous don- piic Le jour suprême est arrivé qui doit
nez->ous pas celte joie supi'éme ? i)ourquoi vous concluire décorés de la couronne Iriom-
relardez-vous noire mort qui , nous an-a- phale auprès des habitants des cieu\ ; mais
chant à vos caprices et h vos insultes quo- auparavant , il vous faut livrer un terrible
tidiennes , nous conduira dans le port tant combat sur la terre et dresser un trophée
désiré du repos ? magnifique, après avoir vaincu votre enneud.
Le jour désigné pour le supplice des mar- Vous qui allez vous rendre vers Dieu , pré-
tyrs avançait. Jazduiidoete ayant appris en parez-vous ; vous allez soutfrir une mort il-
secret d'un certain chrétien de ses amis lustre, vous allez verser votre sang pour la
que c'était le matin du jour suivant que la plus grande gloire du Seigneur; quant au
bienheureuse cohorte devait marcher au reste, pour ce qui me regarde , je vous eu
supplice , se rend immédiatement à la pn- supplie, oblenez-moi les grâces de ce ui que
son, lave les pieJs des martyrs, etleurôtant je prie el sui^plie uniquement. Car si vous
leuis vôtoraents souillés par la malpropreté m'obtenez du Seigneur, que vous aimez avant
du lieu, elle mit à chacun d'eux un vêtement tout, el.:pour lequel vous allez donner bientôt
blanc et les ona comme les époux desdnés votre vie, qu'il me soil accordé par lui de
au lit céleste. Bientôt elle leur fil servir un jouir de votre présence au dernier jour du
spirnJiile. festin : elle les sert elle-même à monde, d'aller vers vous, de vous parler, de
table : e;. suite ^'e s'etforce, jiar un discours vivre avec vous l'éternité, je regarderai celle
convenable à la circmstance , d'enflammer grAce que j'aurai obtenue comme telle,
encore le courage des saints martyrs déjà si qu'aucune plus grande ne pourrait m'êlre
bien préparés de cœur. Dépouillez toute accordée. J'ai pour témoin ma conscience
crainte, leur disait-elle , vous que la foi en du nombre de crimes que j'ai commis. Ce-
Dieu soutient au milieu de ces temps mal- p. ndant , si vous voulez bien intercédi^r en
heureux , qui vous fortifiez dans les pro- ma faveur, j'ai confiance que par votre inter-
messes magnifiques qu'il fait à chaque page vention j'obtiendrai de Dieu le pai'don de
des saints Evangiles et qu'il nous a laissées mes crimes.
comme confirmées par serment ; vous que Les vieillards vénérables de la troupe lui
l'illustre exemple du Seigneur provoque à répondirent : Nous avons confiance que, par
la vertu. Car le Christ étant sur la terre a la gra;ide clémence et la suprême bonté de
souffert dans son humanité les plus cruels noire Dieu, nos prières pour vous seront
supphces ; il a ouvert ainsi pour nous les exaucées, et qu'il arrivera que poui votre
portes du martyre, afin que nous puissions bienveillance, que pour les bienfaits de vo-
par elle voir son visage et transporter son tre charité, que pour tout ce que vous avez
image dans nos cœurs. Enseignez ainsi à ne fait pour nous à cause de Dieu dans ces
Voiut craindre la mort que nous font souflrir temps difficiles, il vous donnera une am
127
M\R
MAR
128
plerécomponso. ot rjuo les clinsos que vous
(leniandicz tout .^ 1 iicuro vous seront tou-
tes accordi^es entirrenicnf .
D^s que le malin du jour (h'-si-^ue eut
lui, le roi ordonna que les nnrlyrs fussent
conduits au suppliée. Ja/.dutidnrle vint
au-dovant d'^-ux qu.Tid ils étaient enrorc
dans le vostiltule de la prison, elle n'hrsita
pas h se jeter h leurs pieds, h leur prendre
t)ieuseine'it les mains et h leur donner le
taiser d'adieu. Quand les licteurs les cu-
rent conduits rapidement hors de la ville, et
(pi'ils furent déjh sur le lieu du supplice, le
grand préfet tpii avait i)résidé à leur juge-
ment leur demanda, en leur promettant leur
grâce, s'ils voulaient adorer le soleil. Alors
toutela troupe des martyrs s'écria d'une voix
haute et reieidissante : Vous -le savez |)eut-Atro
pas, car vous êtes aveugle des .veu\ et de l'es-
prit, que les coupables, quand on les traîne
au supplice , ne [peuvent dissimuler leur
crainte, la pAleur de leurs visages; mais que,
par l'habitude honteuse de leurs corps et
par leurs sombres vêtements, ils trahis-
sent l'intime tristesse de leur Ame. Mainte-
nant voyez le sourire éclore sur nos visages
comme les roses naissantes u-i jour de prin-
temps ; voyez quels beaux habits nous avons,
combien ils sont splendides : assurément ils
ne tra(iuisent ni la crainte ni le deuil. Cou-
rage donc, appli(niez-nous les supplices (pie
bon vous semblera aussi longtemps (jue
vous vo idrez, âmes atroces éternelles , exer-
cez sur nous vos colères. Ilien n'est ])lus
dans notre volonté que de ne pas niépriser
le nom du souverain Créateur pour adorer
le soleil, divinité vaine et insignili.-iite ; la
crainte de votre |)Ouvoir n'obtiendra rien de
nous, nous n'en faisons aucun cas, |>a^ plus
que des ordres de votre roi. Nous n'obéirons
pas et ne commeUrons point ce crime irré-
missible; rien pour no\is n'est plus beau que
de recevoir une mort honorable, et nous
penserons être arrivés h notre but si nous
donnons pour le royaiimc d'en haut non-
seulement nos richesses, mais la lumière
dont nous jouissons, pour ce royaume vers
lequel vous nous poussez sans le savoir, et
duquel vousiu' nous enlevez pas laghure im-
mort lie en nous ôiant la vie. Entin le pré-
fet ordr)una (pie les coupables re(;ussent im-
médiat ment le coup miulel . \ l'instant
même les lu.irtyrs ayant présenté leurs têtes
au bourreau , moururent courageusement
pour Jésus-Christ.
Ja/dundocto , la nuit venue, conduisit de
sa maison des embaumeurs, tit envelopper
dans des linceuls les saintes relii(ues, et,
crnignant le pouvoir <les mages, les lit
portiT dans in li»Mi éloigné de la ville, où,
aynni fait «Teuser de grandes fosses, (>||e lit
faire des tombi nux d.ins les(piels on mit les
corps cin<j pir cinq. Cette troupe de saints
mart\ rs re(;ul la r-onronne le sixièmejour de
la lune du mois d'avril. [Tradiutinn de l'aiir-
leur.)
Ces saints martyrs sont nonnnés le G avril
dans !>• Mirlvndoge rcunaui.
MAUTVUS DL PONT, sous Dioclélien.
On ne sait ni les noms ni le nombre de ces
saints martyrs ; on ignore aussi la date pré-
cisedeleurscombats. Seulement on sait que ce
fut sous Dioclétien qu'ils souffrirent. Les uns
furent arrosés de plomb fondu, les autres
jteroés sous les on;-;les avec des roseaux très-
aigus. Après divers autres tourments (pi'on
leur fit souffrir, tous méritèrent par uno
mort glorieuse, de rerevoir de Dieu la cou-
ronne de gloire. Leur fête est inscrite au
Martyrologe le 7 février.
MARTYRS DES PREFETS, en Perse.
Passion d^s mnrti/rs (jin furent misa mort
par les préfets en diffrrents lieux, «ans
compter ceux qui y furent mis par le tribunal
du roi. I
Presque dans le même temps où Bar-
bascemcn reçut la couronne du martyre, une
affreuse tempête se déchaîna sur nos terres,
elle allligea véhémentement notre peuple,
renversa les églises, livra aux prostitutions
du vulgaire les objets sacrés do notre reli-
gion. .\lors on vit les forts et les hommes
courageux progresser et croître en nombre;,
les faibles au contraire et les gens inertes
languiitont et faillirent h la tAcho : on vit
ceux qui hésitaient tomber, ceux au con-
traire qui étaient constants défendre avec
plus d'ardeur la vérité re(;ue et établie : on
vit ceux qui étaient ardents et alertes courir
lour rem[ilir leurs tAches , au contraire les
)aresseux et les oisifs cherchèrent un igno-
)le repos. Quoi I parce que les tyrans ont
tiré le fer sur leur [)roie, se sont précipités
sur les Ames généreuses , leur ont arraché
ce qu'elles possédaient, ils se sont imaginé
augmenter leurs riihcsses à eux-mêmes par
ces raj>ines? Mais la voix q;ii réveillera les
morts les dissi|)era un Jour, quand elle ren-
dra aux martyrs les biens qui leur auront
été erdevés et qu'elle ap[)liquera h leurs [)er-
sécuteurs les chAtimenls mérités.
Quoi(pie dans un grand nombre de lieux
il soit certain qu'une multitude de chré-
tiens soiiMit uKuts en témoignage de la foi
chrétieimt> , il n'est parvenu jusiju'h nous
((U(i les noms d'un petit nombre consignés
dans ([uelipies écrits : ce serait hors tle pro«
pos (pie je voudrais rapporter leurs combats
illustres dans de tro[) longs discours, car je
ne crois pas j)ouvoir en apprendre davantage
en racontant, ni |)ouvoir ttuit embrasserduno
manière pleine et parfaite. Car ce (jue je vais
dire, je le sens |)ar troi» bref et par trop in-
complet,sion C(uisidêre lessoulTrancessi lon-
gues (pi(> C(vs saints eurent h endurer. Tout co
que j'aurai écrit sera trop petit, car leurs tour-
ments excèdent toutes mesures. (3epen tant jo
n(> |>uis rieri en dire davantage, n'ayant pouil
vu leurs Actes chez leurs juges, ne pouvant
pis y supph'er par ma pensé(>. les refaire do
mes mains ou les embrasser dans une course
imaginalive. Car il est dillicile dv parler de
ce (pi'on n'a appris de personne, défaire l'his-
tornpie de choses dont on n'.i pas les docu-
miMits. ou d'atteindre un but (pi'on ne voit
pas; c'est un ouvrage certes ditrunle : je
m'eirorcerai cepeudaut , j'onlreproudrai d'à-
12»
MAIt
MAU
i:v)
hoiilcr pnr mon (liscoiiis et» (|ni est f^rnnd cl
(li^iic (le l()iKUiK<*s, (l.iiis le iii.iil\n' d»» (cs
saillis; /m iii(^lili> |)niiil se lioiivit In coinliiil,
»'l 1,1 victoiii', cl l(> iiwiilyrc, cl l;i coiii-otiiic,
cl la lin lie liMis les iiiaiiv «•! de tous les la-
liciirs.
(.)iii ilniic pcuira rac(tiil(>r dimicmcnl ces
choses, (Ml lioiiverdes syinholcs n.ii' la coiii-
paraisoii des(|iicl.s il iiioiilrc la lieawlé dos
cImiscs (ju'il (•('•lèhre ? le livre ipii fiil iiié-
iiioire de leurs hauts faits rcsseiiihle ?i la
plaine ccMnotuuS' d(> cèdres élovt'ïs ou à la
prairie où nous allons les jours de f'èlcs, (;l
(pii est diaprée de lleurs odorantes, car leurs
noms {.-oui des Heurs pleines d(> partuius pour
les esprits purs, (>l les lis printaniers sonl
les lollrcs de Icin* nom. Leur san^ 'i ar-
rosé nos provinces el l'a répandu sur nos
terres comme la rosée, nous api'orlant h la
fois la joie el le deuil, des jours joyeux mê-
lés à do tristes jours. Leurs torps sonl
comme les mamelles d'uni^ bonne nourrice ;
leurs os sont un jardin fécond ; leur champ
s'est emichi pour la moisson, et la gerbe a
été otl■erlei^ Tauti^l. Leur troupeau s'est pro-
pagé [tarmi les autres li'oupcaux d'une façon
prodigieuse; il a fourni divs agneauv pour
viitimes. Leur volonlé a été le prêtre, leur
cor[>s riiolocaustc, et leur martyre une im-
molation douce.
Courage i onc , pensons combien leurs
tourments furent terribles, combien leurs
discours furent doux et agréables ! Autant
leurs supplices sont faits nour lerrilier,
autant les récompenses qui leur sont pro-
mises sont faites pour nous attirer et
nous engager I Combu-n horrible et combien
atroce fut le supplice dont ils moururent,
mais combien leur mémoire est belle et di-
gne d'envie! La maison du sang nous mon-
tre du sang : le seuil de la mort est couvert
de carnage. C'est pourquoi le sujet de notie
discours est le sang versé par le fer des ty-
rans et la mort illustre des martyrs au mi-
lieu (le supplices cruels. Nous recueillons
des ruines et des morts.
Venez donc ici, qui que vous soyez, amis de
la sagesse qui avez soif d'amour et de pieuse
douleur, et vous serez navrés. Approchez,
dis-jo, et soulagez par de pieuses larmes vo-
tre cœur oppressé. Accourez , qui que vous
soyez, qui êtes sages, el qui aimez et sou-
lagez par les pleurs votre cœur en proie aux
pensées tristes. Lavez dans la douleur les
souillures de votre àme ; purifiez par l'a-
mour votre cœur, qui que vous soyez qui
attendez prudemment dans les laTmes et sou-
haitez un monde meilleur. Hâtez-vous, dis-je :
que votre tête répande l'eau, que vos yeux
aient des fontaines de larmes ; préparez vos
oreilles, que votre esprit soit attentif; lisez
la liste des noms; pensez combien furent
terribles les tempêtes de calamités déchaî-
nées sur la tête des martyrs. Que votre cha-
rité comprenne les ardeurs de leurs cœurs ;
supposez en vous-mêmes la grandeur de
leurs tourments, quM ne m'est [)as donné de
raconter, tanldsdépassenl el mon intelligence
et ma faible éloquence. De ces athlètes du
Chri*.l, Irts uns morts par le ^Liive, les au-
tres l'ciaséi soijs une grêle de |iM'rres , me-
sure/. alteiilivrnMMit les soulIrniMe», évaluez-
en la giandfur, vous serez sliipélaits. Il vous
appailieiil d'appiéiHi- (|;ims voire c<iMir lu
rage (If la miilliludc iiriéné(( lapidant le»
saints, cl la finie des t.r.uis déclialii's ritu-
tr(! les martyrs. Preiic/. Kard»- (piand vous
aurez parcouru menlalemi nt la passion dn
ce» bienheureux maityis, n'allé/ |,,is tondier
dans l'inertie de (d'Ur ; ijprès r.ivou méiliti-o
ne gardez |ias le silence ; remplisse/, volro
co'iir de douleur et di; joie, (il vos >cu\ do
larmes, lui voyant cette Iroiipe de moits vi-
vants, ces bataillons j')yeux ue liépassés; eii
les voyant séfiarés (le nous, pleurez; en les
voyant réunis h Dieu , r(''jouisse/-vous. Do
celle joie et de ( (îlle tristesse vous relirez
deux avantages : l'un de laver vos corps [lar
les larmes, l'autre de rajeunir votre /\mo
pour la résurre. lion ; car c'est \h (pi'il faut
lendn> toutes vos espérances ; c'e^t là (pie
tout (•(! qui; vous espérez vous sera (hjnué.
Ce cpii e.sl ici esl nassagiîr, ce qui est là haut
est éternel. (Traduction de l'nidnir.)
MAKI VHS l)K KAiniK Kl DL SINAL
En 373, les Arabes massacrèrent plusieurs
saints anachorètes (l'histoire dit quarante) du
mont Sinai. Au nombre de ces sainis mar-
tyrs, étaient saint Isaie et saint Sabas. Ce
fut dans la môme année, que les Blemmyens,
peuple féroce qui habitait rElhio|)ie, martyri-
sèrent un grand nombre d'ermites de Raiihe.
Les princi|)au\ parmi les ermites étaient
Paul, leur abbé ; xMoïse, dont l'élofjuence et
les miracles avaient amené au christianisme
les habitants de Pharan, (|ui étaient ismaé-
lites; et Psaès,dont l'austérité était si jirodi-
gieuse, qu'on en parlait dans tout le pays.
Ces saints solitaires s'étaient interdit l'usage
du pain. Ils ne vivaient que de dattes ou
d'autres fruits sauvages. Ici, qu'il nous soit
permis de dire que celle austérité, qui nous
parait si grande, l'était beaucoup moins chez
des hommes qui habitaient ces climats,
qu'elle ne le serait chez nous, par exem|)le.
Les hommes des pays chauds vivent de fort
peu, et de nos jours encore, en Arabie, en
Egypte, en Orient, on trouve des hommes
qui, sans la moindre prétention à l'austérité,
à la mortification, mèneni une vie plus dure
que nos moines de la Trappe. Il faut jnger
chaque chose à son point de vue : c'est le
moyen d'être vrai, d'être juste. L'Eglise fait
la fête de ces saints marlvrs le li janvier.
MARTYRS DE ROME (Les saints). En
l'année 64, Néron, le plus exécrable des
monstres qui aient déshonoré le trijne, fit
mettre le feu à Rome. Cette superbe capi-
tale du monde avait quatorze quartiers, trois
furent entièrement détruits; dans sept au-
tres, il ne resta que quelques débris. L'in-
cendie dura six jours d'abord, et, s'étant ral-
lumé quand on le croyait éteint, il dura trois
autres jours encore. Néron qui était à An-
tium à une journée de la ville, s'y rendit
quand on vint lui dire que le feu approchait
de son palais. En voyant l'océan de flammes
qui couvrait Rome, il donna toutes les mar-
1SI
MAR
MAR
iSi
(|ups (l'nno rxlr^'^mc joie. Il monla siir une
liant"- tour <1 où il |univ.)it roiitompitjr tout
1 ♦•ml»ra pmi'iil, et la, en hnbil ilc joueur do
Ivrp. il ( h.mlrt un pot'uip (|u'il avoil l'.ùl sur
rincHiiilif de Troif. SouvcU • n l'avail tn-
tendu o\prinier \o plaisir qu'il «mrait k voir,
roiumcaiitn'fois'Priiun. l'inceiidiode sa villo.
Nous ii'entroprendrons pas de dire Texlrôme
désolation des habitants, dont plusieurs se
prt'cipilèrent de dési'«.i)oir dans tes tlaïunies.
Ils furent réduits pcMidani longtemps à ein r
sans asile, et dt'-nués de tout. Ils se réfu-
giaient dans les tombeaux et dans les vieilles
masures....
Tacite n'ose pas afl'irnier positivement que
Néro'i f\it l'auteur de l'incendie; cependant
cet »^crivaiM raconte des faits qui ne laissent
nus de doute à cet égard. Avant même que
l'empereur fiU revenu d'Antium, ses olli-
ciers défendaient qu'on éteignît le feu, me-
naçant et frappant ceux qui s'opposaient à
ses progrès. 11 y avait aussi, dans tous les
quartiers, une foulede gens inconnus qui fai-
saient la même chose, ou qui même augmen-
taient le feu, le propageaient, jetant partout
des torches entlammées.
Ce que nous avons dit de la joie de Néron,
les faits que nous venons de rapporter, tout
autorise à dire que ce fut lui qui brdla Rouie.
Que motif pouvait-il avoir? Pour qui tonnait
ce prince abominable, en fallait-il d'autre
que celui de se procurer un beau spet tacle,
de jouir quelque temps, comme il le ût, de
cette subUme horreur? Mais Néron en avait
aussi d'autres. 11 avait la manie des construc-
tions; il voulait faire rebâtir Rome sur un
nouveau plan et lui donner son nom. Il vou-
lait aussi s'approprier les immenses riches-
ses que contenait la cité et les historiens
du temps nous disent, comment en ell'et il
s'empara de tout ce qui était dans les dé-
combres, sous prétexte de tout faire dé-
bla\f r à ses frais.
Home perdit ses plus beaux monuments;
)re*que tous les chefs-d'œuvre des arts,
i^s dépouilles de l'univers conquis, accumu-
ées d.uis les temples et les bbliolliècpies
nbliqucs. On ne sv trompa point de couf)a-
le, et Ihorreur de tout 1 empire déMgu.i le
tyran ro:nme incendiaire. Alors, il voulut
se montrer bon et génénux. H lit ost«'nta-
tion de M bif. f.ns<*uice et di's .soins (pi'il se
thnna [)Our soulager tant d>' mlbers de mal-
heureux qu'il avili faits. Il U'ur ouvrit .ses
jarilins et h's vastes bâtiments ipi'ils co'ile-
nn (Mil. Il tii venir des vivres et les autres
( .isfs nécessaires de tonte l'Ilalie. Il coin-
racuça ï\ faire i eronstruirc Uoiuc sur un |>laa
iDagnili(pn< . mais tout cola n'mni écha joint
le |M-U|.|t' (if lui t;arder sa haine |)our 1 i-xé-
crablo crime qu'il avait couimis. .Mors, co
nirmsire c royant donner le chaige h lopi-
nioii pnlil.qii»' , «niusa les chn-licns d'élro
|p..* iiutearB <i«' l'incMidie. Personne ne fut
trouip'' y»%T celte indi^-irt ralomiie. Pourtant
les < hi l'iifiis, rniiiiiie tous ceux qui foiil pro-
fession d'une rnligi 'Il nouvelle, étaient haus
M ralon ' — f-ix rpii ne les coiinais-
Mi«iit p ' ^ . . .lUscdc Cl la. crut <pie ta
C
ralomnie qu'il lançait contre eux serait fa-
cili'iiient adoptée pnr le peuple de Rome.
Mais ceux riui détestaient le plus les chré-
ti.'iis ne se lais>èrei)t point trom|>er, et ne
prireut point le change sur le crime du ty-
ran.
Ce qu'il y a de certain, au rapport de Ta-
cite, (le Suétone, c'est «pi'une grande multi-
tude de chrétiens soulfiirent le martyre dans
les premiers temps de cette persécution.
Ainsi que le pre.aicr de ces auteurs le rap-
porte, on le."* arrêtait comme incendiaires,
luais on les (mnissait comme ennemis du
ffrnre humnin ei i omme sectateurs d'une su-
perstition damnnhlf. Le premier feu ne cette
persérulioi fut do-^c allumé par la fureur
arbitraire du tyran. li y a lieu de croire qu'à
celte époque il n'y aviit point encore de lois
contieles chrétiens. Ecoutons Tacite nous
rai onter les horribles su[)plices qu'on leur
faisait endurer.
« Dans leurs supplices même, ils furent
traités avec insulie : on couvrait les uns de
peaux de bétes pour les faire dévofer par
des chiens. On en attachait d'autres à des
croix. Plusieurs étaient revèlus de tuniques
enduites de poix et de soutire, et on les fai-
sait briller en manière <Je llambcaux pour
éclairer la nuit. Ces suj pliccs étiient un
spectacle qui s'exécutait dans les jardins de
l'empereur. Pendant ce temps, il donnait au
peuple le divertissement dos courses de cha-
riots, se mêlant pa;mi la foule en habit de
cocher, ou monté sur le sié.^e d'un char et
tenant les rênes. De là, naissait la ( omuiisé-
ration pour des hommes véritablement cou-
pables et dign"S de toutes sortes de sufipli-
ces, mais qui semblaient immolés au plaisir
inhumain (l'un seul, et non à l'utilité publi-
que. » ilielouino. Histoire générale des per-
sécutions, t. 1", p.ig. liy.).
MARTYRS DU SAFED. On désigne sous
ce noui les six cents et quelques martyrs
ipie le sultan d'Eg^\ pte Bibars lit décapiter
pour la foi, en l'an de Jésus-Christ 126d. Ce
prince musulman, ayant pris sur les chré-
tie is le château de Safed, lit dire à ses pri-
sonniers qu'ils eussent à choisir entre la
mort et rislariti.snie. Jacques do Podio et
Jéiémie, freines un leurs, etuployèrent louto
la nuit à encourager les chrétiens i^i préférer
la couronne glorieuse du martyre fi l'oijieui
avantage de l'aeost sie. Le le-ijemain la gar-
nison l<H»t eaitière se présenta couragouse-
nuiit au In-pas. fous les prisonniers turent
décapitée». Ilibars, pour se vcMiger des Fran-
ciscains, (pii avaient été cause d'un si géné-
reux di'viMiement, les lit écorcher vifs, ainsi
inrun templier. C'était le prieur de l'onlre.
il les lit accabler de coups de bâton , après
qu'ils curent enduié l'.ilTreux supplice ijue
nous veno'is iïv dire; ensuiie, on les meuâ
au lieu où les six cents martyrs avaient en
Ja tète tranchée. Ils y moururent de la mémo
iai,-on. Il est bien clau «p.'il ne faut }>as com-
pr'-ndre parce récit, que nous rendons h peu
près dans les lerme>» que non.s trouvons
dans Wadding. .in. l'itio, n" 9. ipie i es saints
ont été entièremeût écorchés. Nous iwuvons,
4»
ilikR
MAI!
I^t
nous ini'ï.liMin , «riinurr <|iriiii p/nnl siip-
pliit* n't'Nl p.'is (lt< iinliini ?i laisser crii\ i|ui
Voiil soiiircrt .«iwilili s (!<' sniilliic «iiiioiw
fc (in'o'il (Miiliii'' Mos saillis iiliis l.ud.
M.VIM VUS Sl^lll-IIAINS, li'S plus «iicioiis
in.'iilyis <I''^'|"I""' ''""' "'""^ as mis nmiiais-
saiii-i'. On l<'N iinmiiu! ainsi, parco t|in! ino-
hiihlfiinMil ils élaifiil ilo Scillillo, ville »lo la
prdviiico piDConsiilaini , (jui est (•.clic tlu
Carlha^e. (yoi/. Si-kuai' )
MAUTYKS |)KS^:i{ASrK (l.ics QUAR-iNU;),
soiillViiciil en iJ'iO, laiis celle ville, sons rciii-
pcK'nr l^icinins. Tous élaicnl ^.oldals ilaus
le niOnio (orps, (pioiipi'ils Inssenl de dillVî-
renls p.\ys. S'il lanl, en croire sainl (Iré^oiiv,
dt' Nysse, ils i'aisaioMl partie de la lésion Ful-
niinaiilo. Nous n(M;ro.vons pas pouv»)ir mieux
donner lenr liisloire, (pi'tMi citanl l'Iioinélie
l'aile en leur honneur par sainl Uasile lo
(iraiid. L'iislise l'ail leur l'Cilo le 10 mars.
JlomiHic de saint Basile le Grand en Vhonneur
(les quarante martt/rs de Séhaste.
Cirion, Candide, Domnus, Mt''lilon, Domi-
tien, Iîuuok;, Sisinnius, Kraclius, Alcxaiulre,
Jean, Claud(>, Alhanase, Valôrien, liliun,
Kcdilius, Acacius, Vivien, lîlie, Tlit'odulo,
Cyrillo, Flavius, ScWérien, Valerius, Chu-
dion, Sacerdon, Priscus, Euliquius, Enli-
quès, Umerand, Filoclimon, Vivien, Michal,
Lysimaquo. , Tliéoftliilc , Xantée, Ag^jjias,
L<)once, HesyeUius, Caius cl Gorgonius.
Ce n'est pas un seul marlyr, ni deux, ni
<lix, que l'Eglise proftose aujourd'hui ànolrc
véjuM-ation ; ce sont quaraule n^rtyrs, qui,
D'ayant tous qu'une dme répandue eu divers
corps, ont donné les iiièines marques de
constance, et, conspiianl tous à soutenir etîi
défendre la foi de Jésus-Christ, ont s>scrilié
en un même jour leur vie pour elle. Nulle
inégalité entre eux , mêiues sentiments ,
même valeur, mêmes combats, même gloire
et mêmes couronnes. Mais oCi trouver des
louanges pour quarante victorieux tout à la
fois? Quelle éloquence assez aboud-aite en
pourrait autant fournir ? Quarante langues
sufliraienl à peine i)Our louer quarante con-
quérants de cette sorte. Eh quoi 1 un seul de
ces vaillants hommes, s'il était loué connue
il faut, épuiserait facilement tout ce que nous
avons de génie, et consumerait le médiocre
fonds que nous pouvons avoir fait de belles
paroles ; que fora donc cette multitude de
iiraves, ce bataillon qu'aucun ennemi n'a
jamais pu vaincre, et qu'aucun orateur ne
pourra jamais dignement louer? Essayons
toutefois d'ébaucher les exploits mémorables
de ces illustres guerriers, rappelons la mé-
moire de leurs hauts faits, et ayons en cette
rencontre bien moins en vue notre réputa-
tion que l'utilité de nos auditeurs. J'ai dit
que j'allais lâcher d'ébaucher le tableau des
Délies actions de nos quarante héios. C'est
que les orateurs peignent avec la langue,
comme les peintres parlent avec le pinceau :
et ce que la peinture met devant les yeux
par le moyen des couleurs, un récit histori-
que le fait entendre à l'oreille par le dis-
cours ; mais enfin, et les peintres et les ora-
teurs ne doivent avoir pour lin de leurs '»u-
vra^es (|iie d'ex<:iler dain lus Ctuitm, [mv In
vue el itar ruine, l'/iiiioiir de \n verlii < l In
d<''sir d limier les i^ia-idch aclioos qu'ils re-
pré.senlcril. Ainsi» en \n\iH raconlant cidlex
du <('s (plaçante iii«rl\iH, rxMi.^ nous «'n'orce-
roiis de V(jiis inspirer Cl! doir, el nous nu
doutons point (pie ce dessein tw* réu!»!»i!«Ne,
pour peu di! disposition que nous trtiiivions
dans v<»s ((l'iiis. Ee plus lui élo^^(J qu'on
unisse l'aire d'un martyr, c'esl de proposer
le iiiarivr p<H»r modèle l\ ceux (ini en écou-
lent l'éloge. Jùi ell'el, OU lie loue pas un
sainl eomuK' on lou(! un h<jnnnedu monde,
el le paiié>;yi Kpie es! bieiid If lent de l'o/ai-
son iu'ièbie. l'onr composer celle-ci, h;
inonde fournit h l'orateur tous les matériaux
dont il a besoin ; mais coiiiinenl einpinnti>r
du iuo')(i(! de (juoi louer celui a (^ui le monde
esl crucilié?
Nos (piaranle martyrs n'avai(Mil pas tous
pris naissance sous un même climat; plus
d'une ville les réclamait jwur ses citoyens.
M lis à (juoi bon parler ici des lieux (pii ks
virenl naître, puisiiu'ils ne ro( (»iinaissai«nt
plus de patrie sur la terre? La vér table pa-
trie des martyrs est la cité de Dieu, qu'il a
conslruiie pour être le si'jour de ses élus;
c'est la Jérusalem céleste, celle ville libre,
la mère de Paul et de tous ceux ipii comme
lui soupirent après celle heureuse demeure.
Sur la terre, el selon le tours ordinaire de
la natuce, il y a dill'érenles familles ; dans le
ciel, el suivant l'ordre de la grâce, il n'y en
a qu'une. Dieu en est le chel"; il est le père
de tous les saints, qui sont tous frères | ar
l'adopiion du Saint-Esprit et par l'union
d'une parfaite charité. Tels furent nos guer-
riers ; ils étaient tous dans la tleur de leur
Age, d'une taille avantageuse, d'une valeur
reconnue , et qui s't talent distingués par
plus d'une belle action. Comme ils savaient
parfaitement la guerre, leur mérite et leur
bravoure les avaient fait parvenir aux char-
ges de l'armée ; ils étaient connus des em-
pereurs, qui les honoraient de leur estime,
et ils s'étaient souvenus d'eux dans la distri-
bution des honneurs et des récompenses
militaires.
Dans le temps qu'ils étaient le plus floris-
sants, on publia un édit qui défendait à qui
que ce fût de confesser Jésus-Christ, el qui
décernait des peines très-sévères contre ceux
qui refuseraient d'y obéir. Ce fut pour lors
que l'injustice, la violence et la fureur s'em-
parèrent des triliuuaux ; ce n'était partout
qu'embûches secrètes ou guerre déclarée,
accusateurs publics ou ennemis cochés. On
allumait des feux, on plantait des croix, on
creusait des fosses, on préparait des roues,
des fouets, des ciievalels ; les épées et les
haches faisaient briller en mille lieux divers
leur acier funeste. Dans cette horrible agita-
tion où se trouvaient les tidèles , les uns
fuyaient, les autres succombaient ; plusieurs
étaient incertains du parti qu'ils devaient
)reudre, d'autres se rendaient avant rùême
e combat, d'autres pâlissaient à la vue des
tournaents, «t perdaient eourag^ .dès l^n
l
15S
MAR
MAR
136
trée ; d'antros ronibaltait'iil d'abord vaillam-
ment, mais ils so relàcliaifU dniis la suite,
ils abandonnaient la victoire iorsiurd n'y
«nvait plus (ju'un pas?» faire |)Our vainrro ; et
semblables à des gens (jui font naufrage, ils
jetaient dans la mer, pour sauver leur vie,
le fruit de leurs sueurs et de leurs longs tra-
vaux.
Le président Agricolaiis ayant fait voir
cet édit h rarm(5e,el e\bortanr un chacun ci
s'y soumettre, ces vaillants lionmies, sans
ôtre épouvflntés par le péril où ils allaient
s'exposer, s'avancèrent liardimrnt, et, d'une
voix assurée, ( onfes-^èrent Jésus-Cduist. O
langues heureuses! qui prononçâtes un si
saint nom, l'air qui le reçut en fut consacré ;
les a'iges, qui l'entendirent, y ré, tondirent
par leurs ap|)laudissements ; les démons en
lurent frap|>és comme d'un Irait de feu, et
le Seigneur récrivit au plus haut Jes cieux !
Voilà donc nos quarante officiers qui l'un
après l'autre s'avancent vers le tribunal en
disant : Je suis chrétien. Ainsi l'on v(jit les
athlètes, en un jour de spectacle, se faire
inscrire sur le rôle des combattants , avec
cette ditrérence que ceux-ci , laissant leurs
noms de famille, se lirent enregistrer sous
celui du Sauveur, en sorte que tous les qua-
rante ne se donnèrent (piuii même nom. Ils
ne disaient, point, ie m'appelle un tel ou un
tel, maisje m'ap|ielle chiélien. Le président
demeura (juelque temps dans l'incertitude
s'il emploierait les menaces ou les flatteries;
il se détermina enfin à se servir d'a))Ord de
celles-ci. Que faites-vous, mes enfants, leur
dit-il, et pourquoi |)erdre ainsi tant de belles
années ((ue les dieux vous promettent?
Pourquoi, par une mort piématuiée, mettre
lin h une vie douce, et qu'une jeunesse tlo-
rissanle vous doit rendre si chère ?Quoi 1 de
braves gens comme vous, se résoudi e à mou-
rir comme des criminels 1 11 leur offrit en-
suite de l'aigenf, puis il leur faisait espérer
d'obtenir pour eux de l'empereur des digni-
tés et des grades ; en un m.it il mit en usage
mille sortes de finesses, il les tourna de cent
manières pour tAcher de les vaincre et de
les faire consentira ce qu'il souhaitait. Mais
<)uand il vit (pie tout cela m; fai>ait rien,
que toutes ces belles promesses, que ces of-
Ires si brillantes, si avantageuses en appa-
rence, n'avaient i>u 1rs ébranler, il tenta un
autre moyen. Il leur mil devant les }eux bs
sup[)lices les plus affreux, il leur remplit
l'imagination (le plaies, de sang, de nmrts.
Cette menace, capable de jeter l'etfroi dans
le.s /^mes les plus intrépides, ne lit aucun
elfet sur celles de nos gens de guerre. « Que
« pr»'-tende/-V()us ave<; toutes ces offres, ù
« cimemi de Dieu, dirent-ils au |>résident?
m (Irove/.-vous pouvoir , par vos pré'sents.
« nous engager à abandonner le culte du
« D.eu vivant pour celui de vos mauvais
«démons? Il f unirait pour cela nous per-
« siiader que ce cpie vous nous offrez vaut
t autant que ce qio vous voulez nous faire
« perdre. Nfuis ne vouluns point de v«»s
« dons, qui ne peuvenl nous causer qu'un
« dommage évident. Nous refusons vos hon-
«f neurs. qui ne sauraient qnenons plonger
n dans un abime d'ignominie. Donnez-nous
« des richesses (jui soient éternelles, et une
« gloire qui ne passe jamai>. Vous nous pro-
« mettez les bonnes giAces de l'empereur, et
« vous voulez nous faire perdre celles de
« Dieu. Vous nous faites valoir je ne sais
« (piels avantages <jue le monde vous four-
« ml ; ignorez-vous que nous méprisons le
« monde entier? S.ichez rjue tout ce (pii
« tombe sous les sens, (|ue tout ce que la
« vue trouve de beau, tout ce qu'elle offre
« à l'esprit de rare et de surprenant, tout
« cela n'approchera jamais de ce que l'espé-
« rance nous fait seulement entrevoir. Vous
« voyez le ciel ; rien n'est plus digne de no-
« tre attention, rien n'a plus de véritable
« grandeur; cela est vrai. Et la terre, quelle
« vaste étendue I Combien de merveilles ne
« renfermc-t-elle pas dans son sein? Et ce-
« pendant la possession de tout cela ne peut
« égaler la félicité que Dieu prépare aux
« justes. Car enfin, la terre et le ciel passe-
« ront, et celte félicité ne passera jamais.
« Ce n'est donc que pour la jouissant e de
« cetie félicité que nous pouvons concevoir
« quelque aml)ition ; ce n'est que pour cet
« unique b.en que nous ressentons de l'ar-
« deur ; c'est la seule gloire après laq elle
« nous soupirons. Nous souhaitons d'être
« heureux , et nous craignons fort d'être
« malheureux. Le feu de l'enfer nous fait
« peur ; car, h l'égard de celui dont vous
« nous menacez, bien loin que nous le crai-
« gnions, c'est lui-même qui nous craint ; il
« est aussi bien (|ue nous soumis à Dieu, et
« il n'ose se jouer h ceux ipii, comme nous,
« méfirisent les idoles. N'ouiez-vous ijue nous
« vous disions ce que nous pensons de vos
« tourments? Ce ne sont franchement que
« de légères égratignures faites de la main
« d'un enfant. Vous pouvez à la vérité faire
« un peu d- mal à notre corps; (]ue s'il ré-
'< siste longtemps, tant mieux pour nous,
« notre couronne en sera plus belle ; que si,
« au contraire, il succombe sous vos prê-
te miers coups, tant mieux encore, nous îe-
« rons plus tOt délivrés de vos mains. .Mais
n enfin, n'est-ce pas unecliose insupportable
« de voir ijue vous vouliez étendre votre
« |>uissance jus(|ue sur les Ames, et (jue
(( vous n'iMitriez précisément en fureur (jue
« parce ipie nous obéissons plulùt aux or-
« lires de Dieu qu'aux vôtres. Cette préfé-
« rence vous choipie. vous vous en offensez
n comme d'une injure faite à votre autorité :
« nous sommes criminels, parce que nous
« avons de la religion ; et la litbdité (|ue nous
« gaulons h notre Dieu niéiite les derniers
« supplices. Nous n'aimons pas assez la vie,
« et nous ne cra gnous nas si f«irt la mort,
n pour (pie le désir de 1 une et l'appréhen-
n sion do l'autre nous fassent condescendre
• à votre vdionté. (iar, alin tpie vous le sa-
« (liiez, nous sommes prêts à souffrir et vos
n roues, et vos chevalets, et vos feux, pour
n la fniipienous professons, et pour l'amour
« du Dieu (pie nous adorons. »
La liberté de co discours excita dans l'âmo
1S7
M AU
M Ml
ir.fi
(1(1 prcmdcill iiii(< liiniir (|iii^ l'oi^^tU'il cl lii
niiaiilc, (|iii on raisnicnl drj/i If r;inicl('>ri',
rctiiliiitvil (Micorn plus viuli'iilc. Il rif drlihrrn
plus s'ilddil rail»' iiKiui ir ces };('"n'Tcii\ t|ii('-
tù'iis, mais dt" (picllc iiiorl cl di' (pici sup-
plice il les d<»il l'aire iiiouiir. Il ne nc ^■^^\\-
tciMo pas d'un supjilicc oïdiiiaue mi d'une
niorl coiniuuMc, il veut «pn-hpic choso d'(»x-
«juis. Voici ce ipTii invcnla. On était alors
dans le plus l'orl dt« riiiv(>r, cl on sait d'aU-
loiirs (ju(^ rArnu'nic esl ini pays «xtrc'^ine-
ment froid (1) duranl celle saisuM ; le jtrt'si-
denl clioisil poin- son dt>ssein une nuil (pie
II) froid était de heaucoup augujent('* par un
veut de hise (pii souillait avec violence; il
commanda cpie les saints fusseid couduils
sur un étang, et \h ox|)osés tout nus h l'air,
('eux (pli oit (piel(piefois éprouvé la riiiiuMir
d'un fi(tid Apre cl [uipianl s'iiuai;iner(tnl l'a-
l'ilement la grandeur d'un pareil supplice.
D'abord le corps est saisi, le sa'igso glace, (>t
une pâleur livide s'empare do toute la su-
perticic de la cliaii; ctisuiteon frissonne, les
dents 80 ( liO(]uout l'une contre l'autre, les
veines se léli écisseiil, le corps se raccourcit ;
entin une douleur aiguë s'msinue partout,
pénétre jus(iu'au\ moelles, et cause de moi-
telles convulsions. Alors les exirémilés du
corps s'en séi;arent, et les membres tombent
par pièces; car la chaleur iialurcllc se reli-
raut des |)arlies extéi ieures vers les parties
nobles et internes, il f.uil nécessairement
C|Ui^ ces finrties ainsi abandonnées de ce feu
(jui enlielient la vie , meurent; mais eu
même temps celles vers lesquelles la chaleur
s'est retirée , n'en pouvant supporter l'aug-
mentation, en soit éloiiifiîes.
On conduisit les saints sur cet étang, qui
n'est pas fort éloigné de la ville. La glace en
était plus dure que le marbre, et aussi im-
mobile qu'un rocher, et si épaisse, que les
gens de pied et les chevaux marchaient
dessus comme sur la terre ferme; il était de-
venu un chemin public. Borée, de sou ha-
leine, tuait tous les oiseaux et les autri^s
bètes de la campagne qui osaient en appro-
cher. Quel fut donc le courage de nos mar-
tyrs, lorsqu'ayant jeté les yeux sur cet ef-
froyable lit où" la cruauté du tyran les avait
condamnés à passer la nuit, ils y entrèrent
gaiement , ôtèrent leurs habits, et s'avancè-
rent hardiment vers la mort qui les atten-
dait, s'exhortant l'un et l'autre, non à mourir,
mais à vaincre? Nous ne nous dépouillons
pas, dirent-ils, de nos habits, mais du vieil
homme, que l'erreur et les mauvais désirs
corrompent. Soyez béni, Seigneur, de ce
que nous quittons le péché en quittant ce
vêtement honteux, et la marque du crime
de notre premier père. Le serpent fut cause
que nous le prîmes dans le paradis, mais
nous en fûmes en même temps chassés; et
aujourd'hui Jésus-Christ nous l'ôte pour
nous faire rentrer dans le paradis. On nous
dé[)Ouiile pour l'amour de notre Dieu, et
notre Dieu a bien été dépouillé pour l'amour
(1) Saint Chrysostome s'en plaint dans ses lettres
4 et () à Olympiade.
DiCTIONN. DES PERSÉCUTIONS. IL
de nous. Si lo inniiri! a soMlI'eit relie peiiir,
esl-ce un si grniid ellorl h l'oselave de l/j
soull'iir? Du moins avoiis-nouH celh* coti.so-
lalion, «pie nos mains n'ont lias .servi it d)'-
poiiilliM- le Sauvoir ; c(j MncriloKe fut lo crime
des soldais romains. I.n temps est rude, il
esl vrai, l'hiver se l'ail senlii d/ins toute sn
violence, mais nous jouirons dHiiH le ciel
d'un ('lernel piinlemps; Abraham nous r^'-
(haiiHera uaiis son sein. Il faut ipie le Iroid
détacdie nos nieds <le noire r;orps, {ijin (pi'on
non-, en rende dans le ciel dimmorlels. Il
faut (pie le froid fasse tomber nos mains,
jioiir pouvoir les élevei' \t;vs Dicni. Combien
de nos compagnons nvons-nruis vus périr
(unis !<'S(|ivers((»mbal s où nous nous sommes
tr(uivés? Ils donnaient leur vie pour le ser-
vice d'un homme, et nous avons le bonheur
de sacrilii r la mMie pour les inti'rèts d'un
J)ieu, Mais combien ne scélérats, combien
d'iiif.ùnes brigands ont soulfert la mort pour
leurs crimes, et nous ne la soull'rirons ()as
pour la justice"? Chers compagnons, ne nous
leflehons point ; ne donnons sur nous au-
cune prise au démon. 11 ne s'agit (jue de notre
corps, ne réf)argnons pas. Puis(jue entin nous
ne vivons que |)our mourir, mourons puur
vivre éternellement. Seigneur, daignez iiOi-
norer notre sacritice de vos re^iards, recevez-
nous comme autant de victimes vivantes
cpie nous vous imm-dons de nos piopies
mains. Sacritice nouveau, nouvel holocauste
qut.' le froid déiruit, que le froid consume.
C'est de cette sorte que nos saints martyrs
s'animaient à soulfrir constamment, chacun
donna lit, pour ainsi dire, et recevant l'ordre
tour à tour; ils passa ont cette allreusenuit,
comme s'ils eussent été au bivouac. Ils sup-
jiorlaient patiemment le présent, ils se ré-
jouissaient de l'avenir, et ils se moquaient
des vahis offortsde leur ennemi. Ils faisaient
celle prière : Nous sommes entrés quarante
d ns la (^arrière, qu'il vous plaise. Seigneur,
nous couronner tous quarante : qu'il n'y en
ait pas un qui ne r çoive le prix de la course.
Vous lavez consacré, Seigneur, | ar votre
jeune, ce nombre de quarante; ce fut après
un pareil nombie de jouis que Moïse fut
jiîgé digne de promulguer dans le monde
votre loi, et que le prophète Elle mérita de
vous voir. Nos quarante martyis priaient
ainsi : mais ils eurent la douleur d'en voir un
des quarante abandonner son poste, et dé-
serter hoiiteusement. Mais leur [irière ne
laissa pas d'avoir son elfi t, et Dieu la leur
accorda dans toute son étendue.
Le gouverneur avait commandé un soldat
pour garder les quarante mart^u's. Le grai^d
froid l'avait obligé d'enirer dans le lieu des
exercices qui (liait proche de l'étang, il s'y
était mis, comme il avait pu, à l'abri -le l'in-
clémence de l'air. 11 avait aussi ordre de
preîidre garde si quelqu'un des quar.mte ne
viendrait point à changer de senlunents. En
ce cas, il y avait là un bain pour réchauffer
ceux (jui demanderaient grâce. L'expédient
était admirable pour faire des apostats ; et
c'était un trait de grande adresse au gouver-
neur, d'avoir su si bien choisir le lieu u-i
139
MAR
MAR
l40
rombal. qn»' b^s roinhallanfs, pres:>és de so
reudrf', pussent trouver aussitôt un socours
Gonlre la mort. C'éiail sans doute de quoi
•^branler lour constance ; et c»» fut ce qui
rendit celle des martyrs plus recomiuan-
dahl©. Ce soldat donc, qui observait ave
s<^)in, de l'endroit nù il sT'lad mis h couvert,
tout co qui se passait sur létan.;, connue en
devant rendre compte au gouverneur, aper-
çut des anges qui descendaient ô\i ciel,
ayant les mauis chargt^es do couronnes et «le
frésents qu'ils rlislril)uaient aux martyrs, à
exception d'un seul, ('/était celui qui, dans
le moment mf^-me, c«^dant au froid une fu-
neste victoire, et donnant un triste exom-
jle d'inconstance et de faiblesse , quittait le
")arti de Jésus-Christ pour se jeter dans ce-
ui de son ennemi. Déplorable condition de
Ihommo ! Un soldat, qui jusqu'alors avait
passé pour vaillant, abandonne lAchement
son général, ses compagnons ; il manque de
cœur, il se laisse prendre; et ce qui est de
plus lamentable , cet infortuné transfuge ,
en perdant le ciel, ne jouit pas longtemps
de la terre. Car h peine fut-il entré dans le
bain, que l'eau clnude venant à dissoudre
ses membres «jue le froid tenait encore un
peu unis ensemble, il y expira. Ainsi ce
malheureux, qui pour conserver un reste de
vie n'avait pas craint de connnettre un
crime, n'en tira nueini avantage. Celui qui
en prolita fut le garde du gouverneur. Cm-,
ayant vu ce misérable sortir do l'élang et
courir vers le bain, il prit aussitôt sa place ;
el ùtant ses habits, il se joignit aux trente-
neuf antres, disant avec eux : Je suis chré-
tien. Un changement si soudain remplit
d'abord nos martyrs détonnement, puis de
|oie et de consolation , lorsqu'ils virent la
perte ({u'ils venaient 'le faire si heureuse-
ment réparée. C'est ainsi que dans une ba-
taille, quand un corps qui fait front à l'en-
nemi se trouve éclairci jiar l» chute de quel-
ques soldats , on a soin de remplir aussitôt
ces Vides, de crainte que l'ennemi ne pénètre
par Ih, comme par aiit ml de brèches, jus-
qu'au centre de l'armée. Kniin cet heureux
soldat vit un miracle, A reconnut la vérité,
il eut recours à Dieu, il fut mis au nombre
des martyrs, (/est ainsi ei'core ({ue .Malliias
l)rend la niace du traître Judas; que Paul,
fpii éiait liirr un perséiuleiir , est aujour-
d'hui un apôtre. L:\ voialion de notre sol-
dat, aussi bien que celle du docteur des
gentils, venant directement de Dieu, t»t non
des hommes, il croit en Jésus-Christ, il est
l)aplisé non par un ministre de l'Kglise,
mais [lar la foi seule; non dans l'eau, mais
dans son piiq)re sang.
Cependant le jour parut ; et comtno on
leur trouva encore rpielipie reste de vie, on
lesjeta tous sur un bikher pour y être con-
sumés, et leurs cendres furent i.èlt'es avtx
les eaux du fleuve. De sorte que tous les
éléments contribuèrent à li'ur martyre. Ils
e-idurèrent premièrement divers tourments
sur la terre ; après ils furent exposés à ui» air
glacé, puis mis sur un biVher, .t entin jolés
d ii>* une nvière. Ils pouvaient dire avec
beaucoup de raison : Nous nvona passé par
Ir frn et par />«»«, et t'OM.« nous avez mil en-
gtiite dans un lieu de rafrnieinssement [P$aL
i.W). Ce sont ces bienheureux »old<Hs qui,
faisant garde jour el nuit dans cette pro-
vince, sont comme autant de tours qui nr-
rélcnt les courses de nos ennemis. Leurs
sainlf^s reliques ne furent pas toutes aban-
données au courant du fleuve; la plus grande
partie de ce trésor est restée sur terre non
en un seul endroit , mais répandue en divers
lieux, et faisant celui de plusieurs églises
Chose admirable ! Ils sont tous en ciiaque
lieu, ils ne sont f)as même séparés après leur
mort. La |>orlion que nous en avons obte-
nue est un bienf lit du ciel ; c'est pour nous
une source perpétuelle de grAces; c'est pour
les chrétiens un secours toujours prêt , ipie
C'tto nombreuse assemblée de martyrs, que
cette aruK'e viclori*^use et tnomplianle, c^ue
ce chœur de sain's uni à ceux des anges
pour louer Dieu. Je vous ai vus souvent en
peine pour trouver dans le ciel queltpic
saint qui voulût se rendre notre interces-
seur aufirès de Dieu , el vous er» avez qua-
rante qui n'ont tous qu'une inèmc voix iiour
demander les gr.lces qui vmis sont néces-
saires. En (pielque lieu (pie deux nu trois
personnes soient assemblées an nom du Sei-
gneur, le Seigneur est au milieu d'eMes ; et
qui peut douter qu'il ne soit présent au mi-
lieu de quarante ? Quiconque donc es4 dans
l'afiliction, qu'il aille «'i eux, ils feront cesser
ses peintîs. Quel((u'un est-il dans la joie ,
qu'il s'adresse à nos saints, ils savent don-
ner de la durée à la prospérité. Une mère
leur porte ses vœux [lour son tils; une femme
leur va demander le retour de «on mari qui
est en voyage ; une autre implore leur se-
cours dans la maladie du sien, .\llous donc
aus'^i nous autres leur offrir nos [irières.Que
les jeuaes gens les prennent pour modèles
de leur conduite; ils étaient jeunes; que les
pères souliailenl d'avoir des enfants qui leur
ressemblent, ils ont fait le bonheur de leurs
pères ; mais que les mères règlent leur ten-
dresse sur l'exemple que nous allons leur
proposer ; il est de la mère de l'an de nos
quarante martyrs. Cette femme admirable
vil (|u'on a\ail chargé un chariot des corjKs
de ces saints, pour les porter sur un brtcher
où ils devaient Aire brrtiés, o\ q\\'i)u laissait
Ih son lils ijui respirait encore, ayant résisté
plus longtemps que les autres à la violence
du froid, parce (pi'on esnéraif toujours que
tint qu'il serait en vie , il pourrait changer
de sentiment.'*. Klle le prit entre ses bras, et
de ses propres mains elle le mit d ms le cha-
riot sur les corps de ses comj»agnoiis ; elle ne
s'amusa point k répandre des larmes , elle
ne déshonora point la victoire de son lils
par des plaintes. ,\llez , lui dit-elle, mon
lils, achevez glorieusement avec tos compa-
gnons la course (pie tous avez si glonetHe-
ment commenci^e avec eux. Ahl mon lils, je
ne crains pour tom fju'une chose, c'eârt que
vous n'arrivie/ plus tard (pie les autres en la
présence du Heignenr. () mère digne d'un
tel tilsl 6 Ûls digne d'une telle mère 1 lils
Ul MAIl
liciirtMiX d'avoir iMi unu u»(>r^* t/m lui nil l'iiil
sucer lu i»iiHi^ «ver lu lail ; Mièic liciurusti
d'avoir (Ml un lils ipii ail si hicii n'i uudu il
rt^dncdlioiJ saillir (|ii(' vous lui avio/. d'i'i-
Ui'c I t.i' déuiou, linii|(!iix de s.i di'l'-iilc, s'nlla
caclicr an fou»! do l'cider. Jl l'nMuissail do
r;ij;,o <'U vo3aMl loulcs ses luachiiuîs d«'uiou-
((^(!S \mr la ridrliU' cl la coiislancc di; nos
martyrs. Kn ciïi'l , il avait si Iticii conccrli^
foules (hoscs , (ju'd srinhlail (\uv ses des-
seins ne pouvr.ienl ni;ui(iuer de réussir. F,e
temps, le lieu, les personnes, riiorreur d'unc!
nuil d'iiiver, la saison la plus l'rnido et lu
plus l'AcIionse do l'aïuiée, un «limai de fri-
mas 01 de glanons , tous les v(miIs du niM'd
mailres (l(> l'an", en un mol loulo l;i nature h
sa discriMion.Olroupe sacrée I brijj;adesainlo
h.ilaillon invincible , glorieuse compagnie
de martyrs ! A sih\s ol lidèli's gardiens du
goure lîumain , charilahles associés à nos
misères , députés de la naluro humaine au-
tres do Dieu , puissants intercesseurs pour
os chrétiens, astres du monde , Ihiirs de
'F<-;iiso , oui , jo lo dis , llours intolligonlos,
tlours qui biillez parmi les éloilo;-.
Martyrs dignes dos louanges de tous les
siècles," les portes du paradis vous furent ou-
vertes; les anges, les prophètes, les patriar-
ches, tous les saints, accoururent de tous les
endroits du ciel pour être spectateurs do
roniiéé Ir'omplianie (lue vous y fîtes. Qu'il
était charmant, ce spociaclc. ol digne d oc-
cuper tous les bi(>nhoureux ! Q^i^^ranle jeunes
guerriers, h la tleur do leur Age, égaux on
fnérile, on valeur, en réputation, méprisent
Ïa vie, aiment Dieu plus que pères, enfants,
femmes, |)arents, lo gloritionl en leurs corps,
le gloritient en son corps mystique, s'érigent
un tro[)héo des dépouilles de l'enfer et sont
couronnés de la propre main de Jésus-
Christ.
MARTYRS DE TANA. En 132^, Jourdain
Catalani, Français d'origine , était domini-
cain. Voulant aller semer la parole de Dieu
jusque dans le Ralliai, il se joignit h quatre
franciscains : Thomas de Tolonlino, qui na-
guère avait évangéîisé l'Arménie , et qui
était aloisAgé desoixanle ans; JacquesdoPa-
doue, Pierre de Sienne, et lo frère lai Démé-
liiiis do Titlis , Géorgien de nation , versé
dans les langues orientales , et qui servait
d'interprète aux trois prédicateurs de son or-
dre. Ces franciscains demeuraient à Tauris,
lorsque rospéranco <lu ma.rtyre et le désir
de pro|iager la foi parmi les musulmans et
les idolâtres, au prix, mémo de leur sang,
les porlèr. nt à s'cml)arquer avec Jourdain,
dans le port d'Ormuz. Ils firent d'abord
voile pour Columbum (Coiam sur la côte du
Malabar), et comptaient aller de là visiter
l'église de saint Thomas, h Méliapour; mais
la tempête ou plutôt le mauvais vouloir du
pilote les conduisit, au mois d'avril 1322, à
Tana, dans l'île de Salcette, où dos nesto-
riens les accueillirent. Ceux-ci les ayant
priés d'envoyer l'un deux à Paroco (Baroch
sur le Nerboudha dans le Guzerate), aûn
a'y instruire et baptiser quelques chrétiens.
M\I\
m
u\i\\s de nom totileniunt, qui n'y lioiivaniii,
Jiiiird.'iiii fut dési^iK- <l'iiii conunuii no (ird
pDiii celle mission, pareo (pi'd .suvail niiL'ot
(pii) ses CduipjiKnoiis la langue per:>iiiio. Cu-
iieiKJant une (pu-i elle h'i'i.uiI éluvée nitro Il-h
liùle.s dos li .1111 is( anis, ht reuuuo alla s« pl/iiii-
dro de son mûri au cadi, ajoutuiil «pi Cllo
|i(tuvail iiivinpier lo témoigna^»; dos ipjalro
reli;.;ieu\. lidcjiuié aiii.si de leur présence è
T'iiia , lo cadi luai.du les fiéres mineurs.
'l'Iiomas, Jae(pios cl Déméliiiis alleient lo
ti(ui\(.'r, Pierre loslaiit cho/. leur hôte itour
y garder les ornomonls et les uulros objet»
(pi'ils avaient apportés avec eux. Inloriog(''g
sur la religi(;u <i l'instigation d'un inusul-
nian d'Alexandiii! nommé Youssonf, hs
trois fianciseaiiis proelamèrcnt la divinité
do Jésus-Clirisl, ol, comme on leur deman-
dait ce qu'ils pensaient (h; Mahomet, Tho-
mas ne f)ul taire ipu; cet imposl(!ur ontiai-
nait la pcute éloinoHi; dc' rr,u\ (jui suivaient
sa faiisso loi. Los musulmans, furieux, eni-
jiloyèi'ent tour h tour les menaces et les
promesses jtour obtenir nm,- rétiaclalion.
Voyant ane les franciscains, inébranlables
dans la l'oi, refu.s'iiint d'aposlasiei-, ds leur
arrachèrent le capuchon et les exf)0sèrent,
liés à dos poteaux, à l'ardeur du soleil, dont
on ce lieu, et à cotlo éi)0(|uo de l'année, on
ne peut soutenir pendant une heure, à dé-
couvert, les rayons brûlants, sans succom-
ber. Néanmoins, les trois religieux demeurè-
rent depuis l'heure de tierce jusqu'à colle
de iionc, exposés à ce soleil dévorant, dont
une douce rosée venait de temps on temps
mifiger l'ardeur, jiour qu'elle ne pilt leur
nuire, et ils ne cessèrent de chanter les
louanges de Dieu. L'étonnement et la rage
des persécuteurs leur firent inventer un
nouvem supj)lice. Par l'ordre du cadi et
du gouverneur on éleva sur la place publi-
que un grand bûcher, et on dit aux martyrs
que si leur foi était vraie , ils ne seraiîent
pas brûlés; qu'au coniraire, si elle était fausse,
ils seraient réduits en cendres. «Nous sommes
prêts, répon(Jirent-ils, à entrer dans ce bû-
cher et à endurer tous les tourments pour
l'amour de Jésus-Christ; mais si le fou nous
consume en punition de nos péchés, i.otre
foi n'en sera pas moins vraie, car elle émane
de la source même de la vérité; el si nous
ne sommes pas brûlés, nous ne le devrons
qu'à la clémence divine. »
Thomas réclamait le privilège de l'Age
pour entrer le premier dans le feu; mais
quatre musulmans, à la vue d'un peuple im-
mense , en approchèrent Jacques , le plus
jeune des religieux. Muni du signe de la
croix, il pénétra au milieu des flammes, les
bras étendus, les yeux élevés au ciel, glori-
fiant Dieu ot Jésus-Christ son Fils unique,
ou invoquant la Vierge Marie. Il y demeura
ainsi, miraculeusement préseivé, jusqu'à ce
que tout le bois se trouvant consumé, les
flammes s'éteignissent sans qu'un cheveu
manquât à sa tèto, ni un fU à ses vêtements.
Emu de ce prodige, le peuple inclinait vers
le christianisme et proclamait la sainteté des
serviteurs de Dieu, ministres d'une religion
il^
MVR
MAR
M\
v<^rilnble et vivifinnle. Mnis le cadi, (^lovant
In vni\, proti'sla (\>\'\\ii iiéfaionl ni s«iinls,
ni serviteurs de Dieu, ni ministres tie la
vraie religion, et que Jat;ques avait él»> pré-
servt^ pnr son vi^teinent, tissu de laine de la
tcrrt' (rAl)raliani (jiio le Soigneur avnit h.'--
nie. Faisant aussitôt |)rt^parer un bûcher
dru\ fois plus^rand que le premier, sur le-
quel on répandit de lliuile et de la résine,
il ordonna de mettre le martyr à nu, de lui
laver tout le corps pour en détacher tout pré-
servatif magique, (le l'oindre ensuite d'huile
et de beurre. En présence d'un grand nom-
bre d'idolAlres, dont jdusieurs adoraient le
feu, de beaucoup do musulmans, de qutl-
qnes chrétiens et des autres religieux qui,
prosternés, priaient Dieu avec ferveur, Jac-
ques entra dans ce second bûcher avec la
même liberté desprit, y resta et en sortit
protégé par la môme vertu divine. La mul-
titude, frappée d élonnement, cria tout d'une
voix que ces hommes étaient justes et saints.
Le gouverneur, voyant les disj ositions du
})euple, embrassa Jacques, qui avait revêtu
ses habits , et les autres franciscains. 11
donna de grands éloges h leur religion, leur
promit sa protection, mais les j>ria, alin de
déjouer la malice du cadi et de prévenir toute
embûche, de passer le bras ae mer qui sé-
pare l'ile de Salcette de la terre ferme: les
franciscains le lui promirent, tout en décla-
rant qu'ils ne fuyaient ni les embûches, ni
la mort dont on pouvait les menacer pour
Jésus-Christ. Le nestorien, leur hôte, les ac-
compagna et les conduisit sur le continent,
dans la maison d'un idolâtre son ami. iM.iis
la nuit suivante, le cadi vint trouver le gou-
verneur, et se plaignit de 1 injure^ faite à
>Jahomel dont tout le peupl' ne manque-
rait pas de déserter la loi pour adopter la
foi etr'jngère des chrétiens. Le gouverneur
résista d'abord à ses insinuations, et parla de
rinnoceiice des martyrs. Le juge inique lit
alors entendre le langage de la menace. Re-
doutant la disgrâce du |)rince, le taible gou-
verneur ordonna à quatre satellites de pour-
suivre les serviteurs de Dieu, et lit saisir tous
les chrétiens qui se trouvaient dans la ville.
Les bourreaux cherchèrent d'abord en vain,
dans lobsi urité, la nouvelle demeure des
trois fr.inciscains ; mais ceux-ci s'étant levés
vers minuit pour dire matines furent «nilin
aperçus. On s'euqiara d'eux et ou les con-
duisit au pied d'un arbre : « Nous sommes
chargés de vous mettre h mort, leur dirent
les satt'llites, et nous ne le faisons (pi'à ri^-
grct, sachant que vous êtes bons et saints;
mais nf>us ne pouvo^is désobéir sans ex[)o-
ser notre vie et celle de tous les inMres. »
Les religieux reçurent cette nouvelle avec
joie et s exhnrtèrent mutuellement au mar-
tyre. Oi saisit d'abord Jacques (pie le feu
avait res|)eclé deux fois ; un cou[) de cime-
tère lui fendit la lête jusqu'aux yeux. Un
des satellites pi eiianl (ni-uili' par la bartie le
frèn; Ihomas, que son .1.;e rendait plus vé-
nérable encore, lui l'Iongi a son énée dans le
dos; comme, au moimnit de si (fuite, il in-
voquait la sainte VierKo h haute voix, un
autre l'égorgea. Déméfrius reçut plusieurs
blessures; on l'acheva en lui passant l'épée
au travers du cor[)s. Puis les satellites liai-
chèrent les trois tètes, et mutilèrent les
corps d'une manière horrible. En ce rao-
m» nt, la nuit, d'abord très-obscure, s'écl.iir-
cit.au point qu'on aurait cru le j<jur arrivé ;
les éclairs, la grêle, le tonnerre, se succé ;è-
rent d'une manière menaçante, et au milieu
d une tempête telle (ju'on n'en avait pas vu
de semblahle dans ce pays, le vaisseau, qui
avait frauduleusement amené les martyrs à
'fana, périt avec ses marchandises et ses
matelots, dans ce port ordinairement tran-
quille et sûr. Les bourreaux n'en remplirent
pas moins jusqu'au bout leur funeste mis-
sion; ils allèrent au [)remier asile des fran-
ciscains, y saisirent le f. ère Pierre, alors en
oraison , et le conduisirent lié devant le
cadi, qui le pressa d'apostasier, prodiguant
les piomesscs et les menaces pour lui fair»;
renier sa foi. Le lidèle serviteur de Jésus-
Christ ne répondit (^u'eii disant anathèrae à
^:ahomet. Après qu il eut passé le rtsie de
la nuit en prison, on le ût reparaître pour le
contraindre à prononcer au moins une fois
le mot 17a/ [Allah, synonyme de un seul
Dieu), qui en soi n'a rien que de catholique,
mais qui, dans l'aceeption particulière des
musulmans, est exclusif du mystère de la
sainte Trinité. Aussi ne put-on obtenir que
Pierre le prononçAt. Après avoir cruelle-
ment frapi)é le martyr, on le suspendit avec
une corde à un arbre , et de là, pendant deux
jours, sans (|ue la corde l'étranglAt, il conti-
nua, comme du haut d'une chaire, à louer
Dieu, h contirmer les néophytes dans la foi,
à convertir les inlldèles. Détaclié enlin [lar
l'ordre du gouverneur, il fut décapiié hors
de la ville. Qi^elque temps a{)rès, les quatre
martyrs apparurent ensemble h un chrét en
de T.ma, qui, les voyant enviroiniés d'une
splendeur éclatante, leur demanda s'ils vi-
vaient; ils répon lirent qu'ils jouissaient
dans h- paradis d'une vie de délices, exempte
de soucis et de contradictions, et qu'en ce
momeiitJourdain, leur compagnon de voyage,
entrait au port. En (>n'et, Jourdain, qui était
parti pour Paroco, s'étant arrêté chemin fai-
sant, (juiiize jours .^ Su])^ra ^Sefer), y avait
appris l'arrestation des frères mineurs res-
tés i\ Taiia. Uetoiiinant aus>itôt sur ses pas
pour faire des démarches en leur faveur,
auprès des autorités du pays, ou pour jar-
tager leur couronne, il sut à son arrivée
(pie tous les (juatre V(>naie;U d'être mis à
mort. .\ l'aide d'un jeune (îénois qui se
trouvait h Fana , il s'occupa d'enlever les
corps de ces martyrs. Celui de Pierre ne
put être trouvé; ceux de Jacques, de Tho-
mas et de Démétrius, gisaient encore au lieu
du supplice. p(>r>oune n'ayant osé leur don-
ner ia sépulture «^ cause du cadi; ils exha-
laient une odeur suave et étaient aussi frais
que le jour de Unir mort. Jour<lain les trans-
porta secrètement à Supera et les déposa
avec honneur dans une église.
Le supplice des martyrs ne demeura pas
impuni, et le gouverneur qui l'avait ordonné
us
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MAK
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ou poniiiN, <'\|>i/i son ciiiiif. l'iic imil, \m\-
(Iniil (pril (loiiii.'iil , les (ni.ilif rriinciscains
lui niip/inirciil iww (Hi;ilii« aii^^lcs du lit,
|)^.\^(iis'^nlll (iii.tirc t^l.iivcs de l'i'ii, et li' mc-
iKic.iiil (le l'i'xl s'il 110 Iniilnit plus Imiiuii-
iH'MK'iii les clinMicii';. M|)()iiv;iiil(' ilc cfllc vi-
sion, il.jciM tic ^liiinis cris, i-l le IciKlrm.iiii,
iinrlo cniiscil iiuMuimIt l'iiiitincMadi, il hiisa
les f(M's dos clu-olions caplils, rappola ceux
qui s'ôlaionl exiles, loui' deiuaiida pardon (i
tous, otchMViulit sous 1/1 peiu(> eapilale, par
un édil public, de eatiser la uioiudi-e injuro
aux adorateurs de J('sus-Christ. Il ré|)an(lil
aussi beaucoup (rauuu^n(>s daus lo sein (l(!S
paiivres ot éleva (pialre oratoires en l'Iiou
rieur dos cpialre martyrs. Ces dispositions
ni'uvclii's socondèrent la eonversioii d'un
tr^s-|iraiul noiul>r(> d'idolAtros et de niusnl-
luans. Ils furent l.)a|»tisés par Jourdain, (pio
la liberté «ccordéo nu ministère apostolicpio
(UMtM'ini'ia A séjourner plusieurs années h
Tana, et qui, dans une lettn» adressée, au
mois de janvier 1323, aux su|)érieursdes frè-
res prêcheurs et tuineurs ûc la Perse, leur
demanda des auxiliaires. C(>|)endant les répa-
rations du gouverneur étaient insuflisantes ;
Dieu voulut ipie le prince même dos malio-
métans devînt liMslrumenl de sa justice ci
l'égard du persécuteur. Ce prince le fit ve-
nir, et motivant sa sentence sur ce que le
gouverneur avait méprisé les miracles de
Bieu et condamné avec impiété des hommes
que tant de merveilles reconnnandaient, il
le condamna .^ mort avec toute sa famille.
De l'Hindoustan les reliques des martyrs
franciscains fur(>nt |)ortées en Chine par le
B. Oderic. Ce dernic", né cVPordenone dans
le Frioul vers 1-2fc;6, était entré dans l'ordre
de Saint-François^ ù Udine. Il portait cons-
tamment un cilice ou corset en mailles de
fer sur la chair nue, qu'il domptait d'ailleurs
par de fréquentes tlagellations; il marchait
•m-pieds, couvert d'une simple tunique et
ne se nourrissait que de pain et d'eau. Il
refusa toujours les dignités qu'on lui offrit
dans son ordre. Ami de la solitude et de la
prière, il obtint de ses supérieurs la per-
mission de mener la vie érémitique, dans la-
quelle il ht de tels progrès en vertu et en
sainteté , qu'il opéra une foule de conver-
sions. Dieu lui accorda aussi le don des mi-
racles. Vers 131V, il se dévoua aux missions
lointaines de l'Asie. Arrivé à Constantino-
ple, il traversa la mer Noire, prit terre à Tré-
bizonde, se dirigea par la grande Arménie
sur Ornmz, et s'embarqua dans ce port pour
la cote du Malabar. Il apprit à Tana la mort
glorieuse des quatre frères mineurs, et re-
cueillit celles (Je leurs reliques qui étaient
déposées à Supéra. Ce missionnaire visita
les îles de Ceylan, do Sumatra, de Java et
de Bornéo. D'après l'énumération des difli-
cultés qu'il eut à surmonter pour arriver k
la Chine, on peut sui)[ioser (pi'il y ])énétra
par les contrées marécageuses de Pégu et
d'Ava. Ce fut à Zeyton on Siven-Tcheu,
qu'Oderic laissa son précieux dépôt ; cir-
constance qui nous conduit à rappeler ce
qu'avaient fait les premiers suffragants
dontn'-s h Moriierorvino. flleiirioii, Hiulnire
(1rs Misi<iniis,\w . i", p. 1()H.)
MAiriYKS in TKMi:, ou vuJKairement
la j)J<issr hidiiclir. On di'signe ainsi 300
martyrs qui , sous le rè^iK» do Vnlérif'n
et de <lallieii , soull'rirenl )a niort firuir
Jésus-Christ. I,e M.ulyrolo^c roiiiiiii, fj'a-
près Prudence, (pii s'ap|)uie sur la rz-nom-
ni/'r, raconle ipie le jug", ayant fait dresser
s(ui tribunal à côte d'un four h cli.iux ,
lit mettre le feu i\ ce four et lit élever
un autel siu' lequel il lit a[)|)Orter du sej
et un foie de cochon , pour (pi'on ollVil
1UI .sacrilic(! aux dieux. Il ordoruin aux
chrétiens d'avoir h clif)isir, entre sacrifier
et se jeter eux-mêmes dans le four prtiir y
être consumés. Les chrétiens , ne voulant
pas sacrifier, se jetèrent dans h; feu, où ils
furent bientôt consumés, au nombre de
300. Leurs restes furent retirés du four ,
et, comme ils é'aient mêlés ?i la clianx ,
on leur donna le nom de Masse bldrirlu; ,
sous leqmd ils sont généralement connus.
Voilh le fait tel (jue nous le trouvons raconté.
Mainlenant, on nous i)ermettia bien (juf^l-
ques réflexions. D'abord, nous ne trouvons
])as parfaitement justifiable que des chré-
tiens se donnent la mort eux-mêmes, sur
la simple injonction d'un juge. Qu'ils la re-
çoivent, c'est différent. Ensuite, nous con-
cevons diflicilonienl un four à chaux oij 300
personnes puissent so jeter h la fois et
être consumées. Puis, en admettant que
300 personnes [mssent être consumées
dans ce four, leurs restes mêlés à la chaux
seraient bien loin de faire une masse
blanche, si l'on admet la combustion pous-
sée "un peu loin ; si on ne l'admet pas,
on aura de la chaux vive en pierre, qu'au-
cune matière humide ne sera venue étein-
dre, et le mélange aura été impossible.
Saint Augustin, dans un sermon {Sermmnes
ex Ben., t. V, serm. 306. ch. 2, p. 12.39),
dit, à plusieurs reprises , qu'ils 'mouru-
rent par le glaive des persécuteurs. Ce
nom de Masse blanche n'aurait-il point
été donné à ces martyrs pour deux rai-
sons, d'abord à cause' de leur nombre,
ensuite à cause de ce que le martyre
est censé blanchir l'âme de toute souil-
lure, ou bien à cause de l'éclatante blan-
cheur que, d'ordinaire, on dit appartenir
aux bienheureux? L'Eglise fait la fôte des
martvrs d'Uticjue le 2i août.
MARTYRES DE VALENCIENNES (Les)
étaient onze religieuses ursulines, qui
avaient élevé presque toutes les dames
de la ville dans la ynété et dans l'exer-.
cice des vertus chrétiennes. Elles furent
victimes des horreurs et des atrocités de
la révolution française. La veille de leur
mort, elles communièrent de la main d'un
prêtre qui partageait leur prison et qui,
peu de temps après elles, mourut aussi
sur l'échafaud. Elles se coupèrent les che-
veux et allèrent à la guillotine les mains
liées derrière Je dos , ayant pour tout
vêtement une chemise et un jupon. Après
avoir chanté le Te Deum et récité les li-
U7
MAK
MAU
148
lanies «le la sMinie Vierge . elles {»réseii-
lèrent leurs ttHes au bourreau, le 23 oc-
tobre 171)». Tir!^ de l'abhé Carron, Con-
fUirur» de la foi, t. II.)
M.VRTVIIS DYOHK. La trop famonse
Elisabeth (l'Aii,'lef''rre. tii;4iio lille de lin-
fàine Henri > III, a>an(, après la mort
de sa sœur Marie, fait retomber son
rovaumo dans le srhisnio d'où ceUe prin-
cesse l'avail fait sorlir, fit, en exécution
des lois quelle et le parlement avaient
portées coiilre les catlioli(iiies, arriver, en
1577. un grand nombre de ses sujets,
comme coupables d'avoir, soit professé la
religion catholique, soit eu des iap|)orls
avec le pa|)e, S'il reçu dt^s f)rètr»'S ra-
tholiques, so t refusé de reconnaître la su-
prématie religie<ise de la reine, soit enfin
refusé de fréquenter les teuii'les protes-
tants. Les prisons dAnglelerro regorgoaienl
de ces saints confesseurs de la foi. Beau-
coup 50 ilfrirent \" martyre; bi-aiicoiip
moururent des langHfïurs et des souffrances
dune loi.gue raptivilé; d'autres furent em-
portés , en 1578, par une maladie [)esti-
lentielle '4ui sévit surtout dans les pri-
sons, où tant de malheureux étaient en-
tassés. Ceux que nous désignons sous le
nom de martyrs d'Vork i)érirent de cette
maladie dans le château de ce nom, où
ils étaient détenus pimr la foi, au nom-
bre de plus de vingt, le 3 février 1578.
MARTYHS (NoMBUE des;. Beamoup d'in-
crédules, d'hérétiques, de philosophes, ont
voulu contester le nombre [irodigieux des
saints martyrs moits pour la toi chré-
tienne. On conçoit dans qui'l intérêt : amoin-
drir les gloires du ehristianisme était le
seul but (pi'avaient ces hommes de men-
songe. Nou« ne prendrons pas à tikhe do
combattre tous ceux qui ont calonmié
l'histoire à cet égard ; nous prendrons
senlement, parmi 1 s sommités, ceux qui
ont poussé le plus loin b-ur audace. D'a-
b(»rd, Voltaire, ensuite Dodwel, (pii sem-
ble avoir spécialement pris à tAche de
démontrer que rK.;lis(' n eu fort j)eM do
martyrs. Quant au premier, d.uis celle
question comme dans toutes les autres
qu'il traite, il prf)céde par l'allirmation
dénuée de preuvi-s, par l'imputation ca-
lomnieuse. l)odwe! dsrule. Nous les trai-
terons diHéreoMU'iit. bien qu'au fond tous
deux nient le même but et qu'ils diiVê-
rent sinqtlement dans les moyens emplo, é's
pour l'atteindre. Dans son Dictinnnnirr
philosophique, vol. VII, png. 'iVl. \'oltaire
dit : n (ie n'est | as Dioclétien que je
nommerai persécuteur, car il lui dix-huil
ans entiers le prolecteur des chrétiens ;
el si, dans les derniers lenq»s de .son
etupire, il ne les sauva jsts (les ressen-
limenis de Galère, il ne lut en cela qu'un
prince séduit et etitrainé p.ir la cabale
au del.'l de son cararlére , comme tant
flaiilres. Je donnerai encore moins le iiom
de |)ers ruttnirs aux Trajan, aux Anlonin:
je croirais prononcer un blasphème. » Pour
[épondie à dp pareille» sottises, nous ren-
vovons à l'histoire tout entière, et spé-
cialement aux titres des princes dont Vol-
taire fait l'énuméralion. Cependant, nous
I rif>ns nos lecttmrs d'^ ne pas i^nser que
nous les plaçons dans la catégorie de ceux
<pii peuvent être dupes du Dirfinnnoire
philosophique. Quant à Dodwel , il a été
réfuté par Ruinart de telle façon, que nous
citerons m entier ce qu'il' a dit sur le
nombre des martyrs en général ; qu.uil à
ce que Dodwel a prétendu de chaque persé-
cution i>olément, la réfutation se trouve
au tilr^ de chaque prince per6écut»ur en
particulier.
Il n'y a personne qui n'ait été surpris de
voir, parmi les dissertations du sieur Henri
Dodwel, sur les œuvres de saint Cyprien (1),
celle (jui a pioiir titre, Dn petit nombre fies
martyrs. Cet auteur, homme d'adleurs illus-
tre par sa grande érudition el par la connais-
sance ([u'il a de l'aiiliquité. après avoir fait
l'apologie des tyrans, et avoir tâché de dé-
créditer les auteurs qui lui sont contraires,
ou du moins après avoir fait quelques elTorts
l)Our les détourner dans un sens qui favorise
son opinion; cet auteur, dis-je, prétend
prouver qu'il y a en très-peu de chrétiens
qui aient souifert })0ur la foi, durant les
anciennes persécutions, et que celle foule
de mirtvrs dont l'Kglise catholique honore
la mémoire dans son ollice et dans ses Mar-
tyrologes, u'y a été introduite qu'Ji la faveur
de certains récits fabuleux, et par l'autorité
de ciuelques moines oisifs, qui ont pris soin
de les répandre fiarmi les tidèles dont ils
ont impudemment sur[)ris la crédulité. Nous
ne croyons pas que, qinique léi^ère teinture
qu'on nit de l'histcure ecclésia.<tique, on
j)uisse ignorer que la tradition de l'Eglise,
touchant le grand nombre des martyrs qii'elh»
révère, ny ait été reçue par le consentement
unanime de toutes les Kglises du monde, et
suivant le sentiment général de tous les
Pères; cependant nous avons cru devoir
nous étendre un peu au bmg sur ce te ma-
tière, soit pour empêcher que les ennemis
des calholi(pies ne prennuTit leur silence
)our un aveu de hnir défaite, el pour ne pas
aisser à des gens qui tirent avantage de
tout, la vaine joie d'un trioniphe im.iginaire;
soit pour venger l'injure qu'on fait aux mar-
tyrs, et repousser la calomnie dont on pré-
tend noin ir rE.;lise, que saint Augustin
appidie \i\ m»^re des marlyrs. El alin d'éviler
loute confusion, nous suivrions le même or-
dre qu'a Miivi Doiwrl : nous examinerons
d'abord lesobjeclionsgé léralesipid propose,
et descendant ensuite dans le détail, nous
parroiirrons avec lui chaque persécution en
parliciilitM'.
Dodwel nous objecte, en premier lieu,
(pie n .si le nombre des martyrs eût été aussi
cons:<l(''rablp <jue nous le urélendons. il eût
éti' pres(pie impnssil>le (]ue leuvs noms se
fussent p.rilus. ('ar, comni''. suivant le té-
moignage de saint Cypriini (/•.';>. 30. édit.
Oxon. I, on en taisait mémoire tous les ans,
(i) Imprimées ;'« Otfonl en I68i.
ut)
MAIl
MAft
ISO
lonr.s iKims (^tnioiit ônils ilniis les f/islOM <lf
rM^'IIsc, filln (iii'iiii |»vU irirliit!!' Iinir lOUi
selon lo riiiitf M'-" ''■** «^''''"^ "'"i^'' •■♦'*' Marly-
rolo^ios. Au n'sti', rrs sdilcs de ic^;islrc»
(Mnient («muis iivoc. boHinouptli' soin ild'cxac-
litiide, «•oiniiH' on pi'iil In voir |>Hr les loiwm-
K(>S tiiiP r» s«int év(\iiu' do'iiu', dans nnc dn
sesleltri'S (/'j'usi/. rf/. ijhsI. \'1 ), à un noninn'î
'lorliili', (lonl d pi-isc ('\lr(^ni('nM'nl la dili-
i;rnrf el riippluiilion h s'aciinilter ilr ce iiii-
n'sl(^i'e. (lellf nii^nii- lellie nous a|t|)reM(j (|ne,
(oïd 0('fnp(^ (|n'il l'i'll de ses l'oneiions é|iisco-
palos, il ne laissait pas de do nuT ses soins
pour tonir en hon ordi'e ces l'asles sacrés. Il
esl encore certain (pi'on y écrivail les noms
de tous ceux (jui niouraienl pour la loi; on
ne faisait «lois aucune dilVt^rence des per-
soiuies. l,es UKiityrs d'uiu^ coiidilion servilo
ou peu rolovc^c, les enfants, les i'eunues, los
rat(Vl)unu''nos ni(Mne y avaient leur plac<',
aussi bien (luo les martyrs d'inie naissance
illustro ('t d une (pialilé dislin^uch!; témoin
ce jeune enfant (pii sotilVril avec saint llo-
main; tiMiioin encore sainte Félicité elsainto
Klandine, tontes denv esclaves, et tant dau-
tres martyrs d'un nom obscm-, que ni l'ilKC»
ni l'état, iii le se\e moins noble n'excluaient
fias du rang triiouîieur ({u'ou donnait ii tous
ceux qui perdaient la vie i)our Jésus-C.luist,
el dont les actes et les noms ayant été re-
cueillis avec un si grand soin, devaient être
parvenus jusqu'aux siècles suivants. De plus,
le conmierce continuel (jue la chaiité entre-
tenait entre les K^lises faisait passer les
noms des martyrs dans les provinces étran-
gèn^s, f)ar le moyen des lettres circulaires,
doiit quelques-unes sont venues juscju'à
nous, (flnt était grande, ajoute Dodwel, lap-
plieatioi qu'avaient les premiers chrétiens
h inslruire la postérité de tout ce qui regar-
dait les martyrs; de sorie que rien n'a dû
échapper à sa connaissance.
« Jetons maintenant les yeux, continue ce
savant Anglais, sur ce qui nous reste de ces
sacrés monuments; consultons les anciens
auteurs, qui avaient encore entre les mains
les mémoires que nous n'avons plus; com-
bien y trouverons-nous peu de martyrs ? Le
calendrier de Buchérius fut fait au iv' siècle,
et à peine y trouve-t-on, dans chaque mois,
trois ou quatre martyrs; et plus les xMarty-
lologes remontent vers les premiers temps
de l'Eglise, plus ils sont succincts. Les ho-
mélies que les saints Pores prononçaient aux
solennités des martyrs, en eontienuent un
très-petit nombre : Eusèbe en reconnaît peu,
soit dans son livre des martyrs do la Pales-
tine, qui nous reste, soit dans son recueil
des anciens martyrs, que nous avons perdu,
et dont il nous a|)prend quelque chose dais
son Histoire ecclésiastique. Le livre des Cou-
ronnes, que Prudence avait exprès composé
à la gloire des martyrs, n'en fait pas un
grand dénombrement : et Origène ne dit-il
pas en termes formels, écrivant contre Celse
( Lib. m ), que le nombre de ceux qui ont
versé leur sang pour Jésus-Christ est très-
peu con.sidérable? L'on trouve, outre cela,
peu d'édits contre les chrétiens, et avant
hlutlellvU l'un compte p<-u d'eUipeicui:» qui
les ujeiil |iersô(;utés (jUvtMli'Mieiit, du moin>
si nous un croyouH deux léuioiu.s irrépro-
chnbles el nidleineiil sii>j»ect.s, Tertullicii,
dans son /l//"/(»(/c7»V/Mf, et Laclunce, d/jns
louvragc! a<Jmiral»le qu'il a lai.ssé dr la mort
(tes prrst'riilrui s. Ojj ,suil même (jue la plu-
part d(!S enipereui> qtji passent pour les
enneuiis déclarés do l'Eglise élnienl des
pHfices d'un i^Npril p^iisible, et dont les in-
clin/itions étaient ast.e/ purlécj» u In douceur,
et (pu' pour les aulret,, ils étaient auiis des
clinHiens; ils les prolégeoienl hautement, et
p(jurvowiient à leur sûreté par des relents
et des (n'domianc(!s. 11 y a ap[)arorico(|ue les
gouverneurs des provinces n'étaient pas f(jrt
cruels sous des etupereurs si mo(Jérés, el
l'on peut croire que ces preiuiers ofliciers de
l'enqjire aimaient h faire leur coui' h leurs
maîtres, cmi imitant leur clémence, tsainl
And)roise nou^ en assure, dans une do ses
lettres : Je sais, dit-il (Jî/jifil. ()8 ), que filu-
sieurs magistrats imuMus fcc ^ont vynlés d'a-
voir ra[)porté à Uome les haoljej; et les fais-
ceaux de leiu' magistrature, sans les avoir
trempés dans le sang. » V oilà un abrégé des
objections de Dodwel; il faut maintenant ré-
pondre à chacune en i.)articulier.
Je réponds donc premièrement, que Dod-
wel ne saurait tirer aucun avantage contre
nous des calendriers anciens, s'il ne nous
en produit un qui contienne lui seul les noms
de tous les martyrs qui ont jauiais été recon-
nus pour tels dans tout le monde chrétien,
ou, ce qui revient au môme, s'il ne nous
représente le calendrier de cliaque Eglise en
particulier, alin que de tous ces ditférents
calendiiers on en forme un d'où l'on puisse
extraire au juste le nombre des martyrs, el
connaître par là s'il y «n a peu, comme le
prétendent nos adversaires, ou beaucoup,
comme les catholi(iues le croient. « Mais, ré-
pond Dodwel, vous ne pouvez nier que le ca-
lendrier de iBuchérius, que je })roduis, ne
soit du moins une preuve manifeste du peu
de martyrs de l'Eglise d'Occident, c'est-à-
dire de l'Eglise latine, et peut ainsi suppléer
à ce qui manque au recueil d Eusèbe, qui ne
nous a nen donné des martyrs de celle
Eglise; cai il faut remarquer, continue-t-il,
que ce calendrier ne parle pas seulement des
martyrs d'Italie, mais de ceux des autres
provinces de l'Occident; et cependant ils ne
font tous ensemble (]u'un très-petit nombre
de martyrs. » Mais j'en appelle de Dodwel
à Dodwel même : croit-il de bonne loi que
dans tout l'Occident il n'y ait jamais eu aucun
autre martyr que ceux qui sont compris dans
ce calendrier de Buchéîius, et que l'Orient
n'en reconnaisse point hors ceux dont Eu-
sèbe a fait le catalogue ? Je ne puis compreu- .
dre comment un homme, qui sans doute ne ;
passera j;imais pour étranger dans l'histoire
ecclésiastique, se soit de lui-même renleimé
si mal à propos dans un déûlé d'où il lui
sera si dilficile de se dégager.
Nous lui soutenons donc que ce cale'i-
drier unique qu'il emploie pour foilitier
son opinion, ne peut lui être d'aucun usage,
Voi
MAR
MAR
152
l'' Pnrreqnf^ ciiaquo E.^lise partirnlière avait
so'i calondripr qui lui él.iil projm». et tout
dilTt^rpiil fie celui dt'S autres Ei^Iises, dais
lequel il élait très-rare qu'on écrivit le nom
«if quelque aulre inarl.vr (^trnn.ri>r, quand
nif^me il e'U ('lé d'uic Kj^lise voisine. Tel est
le calendrier romain de Ruchérius. 2° Il s'en
fn'la'l beaucoup que Ton écrivit dans ces ca-
lendriers le nom de tous ceux qui souf-
fraient le martyre dans la ville ou dans la
province oCi élnit cette Eglise particulière.
3' On doit cmrlure de ce"s deux premiers
chefs, que plusieurs martyrs qui nous sont
mainten^'nt inconnus, ou" qui nous parais-
sent douteux, parce qu'ils nous viennent
d'un endroit suspect, seraient recniuius do
nous aujourd'hui sans aucune diflicuUé, si
nous avions les calendriers de toutes les
Eglises particulières. Examinons ces trois
points en peu de mots.
De tous les calendriers qui ont précédé les
iMartyrologes ordinaires, il n'y en a que
deux (]ui soient vennsjusqu'à nous. Le pre-
mier est celui de Bucliérius, (pii a été fut
à Rome, au iv' siècle, sous le pontilicat de
Libère. Le second est celui de Carthage, qui
fut dressé et renilu public au v' siècle. Or, il
estévidentquenil'unni l'autre n'ontétéécrils
pour toute 1 Eglise d'Occident. Car, pour
celui de Buchérins, il est tellement propre
à lEglise de Rome, que lorsqu'il fait men-
tion de saint Cypri. n, il ajoute aussitôt
l'endroit de Rouie où la fête de ce saint
évêque se célébrait ( 1 ) : d'où il est aisé de
conclure quf ce ca'ennrier ne contenait que
les nonii des martyrs dont la solennité
se faisait dans les Eglises et les titres de
cette ville. Mais ce qui doit mettre la chose
hors de doute, c'est que ce môme calendrier
ne contient que le nom des évèques de
Rome, et ne dit pas un mot des évèqties des
villes voisines et des Eglises q\ii so it. pour
ainsi dire, sous les murs de Rome. A l'égard
du calendrier de l'Eglise ;le Carthage, le seul
titre décide d'abord en notre faveur : dans
ce livre-ci est marqué le jour de la mort
des martyrs et des ('vèiiues dont l'Eglis') de
Carthage fait l'annivrsaiie. 11 n'y est parh'-
que des évèiiues de Carthage. Car, hors le
nom de saint .Vugusiin, si célèbre en tous
lieux, et celui de (pielc(ues martyrs des
plus fameux, on n'y en remarque aucun,
ni d'évèfjue, ni de martyr, qui ne soit de
cette Egl se. Une preuve d'ailleurs (|ue ce
calendrier n'était pas commun à toutes les
Eglises lie r.Vfrupie, c'est qu'on n'y trouve
point plusieurs solennités de celle d'Hip-
pone : par exemple, on n'y trouve point
saint Fruelueux et ses rompagnons. h I hon-
neur de .,ui saint Au,-,uslin a fait un dis-
cours [Snm. 273). On n'y fait aucune
mention des vingt martyrs dont ce saint
docteur a prononcé le panégyrique [Srrm.
325); on ny parle point non plus de saint
Félix et de samt Cennade, anciens martyrs
d'Lsale, et loues dans le livre des miracles
de saint Etienne.
Au reslp, (piil y vM pour chaque Eglise
(1) Homir celebratur in Cnii.xii.
un calendrier particulier, c'est ce que Sozo"
mène nous ar.prend par occasion, au v' li-
vre de son Histoire \('np. .3) , OÙ, j)ariant de
deux villes de la Palestine (Gaze ou Asca-
lon et Constance'! , il observe que. quoiqu'il
n'y eût (pie quatre lieues de dislances enlib
ces deux villes, qu'elles fussent soumises à
une même juridiction temi orelle. qu'elles
eussent les mêmes magistrats, les mêmes
officiers de police, en un mot, les mêmes
lois et les mêmes coutumes civiles, elles
n'avaient cependant rien de commun pour
l^ spirituel et pour la juridiction ecclésias-
tique. «Car, dit cet historien, chacune avait
son évèque, son clergé, ses jours de fête pnr-
ticuliers, consacrés h la mémoire de ses
propres martyrs, et des évêques qui l'a-
vaient gouvernée, » et par coueéqueni, un
calendrier particulier, où ni év6(pie, ni mar-
tyr étranger, n'était inscrit. Il est vrai que
dans les Eglises pntiiarcales on récitait,
durant les saints mystères, les noms de quel-
ques évêques des autres Eglises ; mais
comme cela ne se pratiquait que [)Our mar-
quer la communion des Eglises et des évê-
ques, on voit assez que cela ne fait rien au
sujet rpie nous traitons.
Mais, bien loin que les noms des matU-rs
étrangers trouvassent place dans ces fastes
sacrés , il arrivait souvent que les noms
même des martyrs du lieu ne s'y rencon-
traient pis : ce qui pouvait provenir, ou de
leur multitude, ou de ce que le feu de la
persécution était quelquefois si violent, que
les lidèles ne pouvaient savoir ni leurs
noms, ni l'endroit où leurs corns reposaient.
Prudence , dans son livre des Couronnes
(Hymne 11'*,, assure que Rome possédait un
nombre intini de martyrs qu'elle ne connais-
sait pas; saint Paulin, saint Léon et quel-
((ues autres Pères sont dans le même senti-
ment. On en a même découvert {)Iusieurs
dans ces derniers siècles, et de savants anti-
((u.iires (Aring, Reyney et Dubois) les ont
déterrés avec les marbres qui les couvraient.
Le Révérend P. Mabillon en loue quel ques-
uns dans som Voifti'jr d'Italir p. 1."Î9). De ce
nombre est Pnmilius; une épouse tidèle tit
son épilaphe, que le livre de Home souter-
raine nous conserve. Ou y lit le nom de
(iordien, ipii fut égorgé sur les corps encore
sanglants de ses enfants et de sa femme
(I.ii). m, r. '22^ On y ht celui di» Marcelle,
eiiviroum'; de cinij cent cinquante martyrs
(Lib. IV, f. 37): ceux de Siraplicius, de Faus-
lin. de (~!onslam e, à qui le fer ôia la vie, que
le [>oison n avait pu lui faire perdre {Lih. u,
c. 10) ; ceux de Servdien et d un aulre Sim-
plicius J.ih. III. r. 22'. vl enlin celui de Ru-
lin, suivi de plus d(« cent <ie ses généreux
compagnons {Apud Ros. lib. m, f. 27). Mais
Rome n'a pas é:é li seule ville qui ail eu
dans son seiîi i\o semblables trésors sans les
connaître : les autres villes d'Italie en ont
aussi renfermé plusieurs, que les révolu-
tions des temps ont mis au jour, par les
ordres de la Providence. La terre de Milan
couvi it l(>s corps de s.nnt Cervais et de saint
Prolais durant plusieurs aiiuées, et il fallut
IM
M Ml
MA H
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ntid 1(1 r'w\ l(»s (li^couvrll ft saint Aiuhroisi».
(.omhii'ii (rilliislics martyrs, (it ipii iir sont
iiicoMims h «iMii'i (les iliiiHifiis , ddut les
l'nslps n'oiil jamais parlr? Doilwrl liii-mtMim
nvdiip t|iio i; a ('Ir la (Icstiin'f (!(• ceux (|iii (ml
suiiUVrl If m.irlyrd du Icmiis d^'s apùlrcs.
Mais il (*sl curlaiii (|ii(> ('(>la S(i doit (''Iciidru
jiis(|ii'aiiv sif'^clcs (|iii oïd suivi imm(''(lial('-
iii(<iit ('t< |)n>mi(>r .'i;;,<> du ('lirisli.uiiMiic Lt)
cfllciulricr d(» lliiclKirius, si souvent (•il('s n'a
point sai'd l^n.'Hc, ipic Trajan lit mourir, ni
le |iap(» 'r(''l('sp|ioi(«, ni l.ucius, ni t'ru\ (pii
soiiIVrirt'ul avcM'. lui sous lus Anionins, ni
Apcdionius, (pii versa son sanjA' sous l'em-
pire de (iouunode, ni Ouintus, ([ui arcompa-
i;na le pape Sixt(^ au supplico, ni Mois(î et
les autres, doul saint (lyprien reli'^ve la eous-
lau(!e, (pii lurent iunuoles dmant la persi-eu-
tion do l)(''cius ou do Val(^rion, ni liliuslro
vioriA'o Soli'>r(», parenle d(> saini Amhroise, (>t
si fort o\aU(''e par ce ^rand évt^iue. lùilin lo
|)apo Damaso, suoeossotn" do Lihciro, a (chaulé
dans sos vers plusi(MU's mai-tyrs ([ui ont ('l(^
couronnés durant les (lenii('MCs |)ei'S(''eu-
tions, ((ui cependant no se trouvent pas dans
ce calendrier, coiiuue l*i(>rro, Marcelin, Maur,
lùiliclie, r-hrysanlhe et Darie, et l'acolyte
ïarsicius, qui aima mieux livrer aux gentils
son corps (juc les choses sacrc'os (Carni. il,
'il, 31, 35 cl 30). La piose de saint (Wx'goiro
le Grand n'a pas moins retenti des louan;4es
des marlyrs que les vers de son pn'-déces-
seur. Nous avons diverses homt'lies de ce
saint pape, qui ont toutes été prononcées à
la gloire de ces illuslres confesseurs de Jésus-
C.hrist {Ilom. '2S, 3:2, 33, 3'i-). 11 y en a u!io
qui le fut au tombeau de saint Nérée et do
saint Achilée, au jour de leur f(He; une autre
h l'honneur de saint Processus et de saint
Marlinien, une autre pour saint Félix, une
autre pour saint Jean et saint Paul , une au-
tre entin pour saint Monnas. Et toutefois le
calendrier romain avait laissé tant de saints
martyrs dans l'oubli.
Le calendrier de Carthage, quoique beau-
coup plus ample que celui de Home , ne
laisse pas d'ôtre fort défectueux et de passer
sous silence plusieurs martyrs d'ailleurs
très-connus dans l'Eglise. Il ne dit rien de
Rutile, qui, après avoir longtemps fui de-
vant les f)ersécuteurs , tomba enlin entre
leurs mains, et finit sa vie par le feu; ni de
Mavilus, qui fut condamné aux bètes, sous
l'empire de Sévère ; ni de Laurent , ni
d'Ignace, ni de Célérine, ni de Bassus, ni de
Fortunien, ni de tant d'autres illustres Car-
thaginois, dont les noms et les actions hé-
roïques se seraient perdus sans les lettres de
saint Cyprien, qui a pris soin de conserver
les uns et les autres. On peut dire la même
chose des calendriers c^ui ont été faits dans
les siècles postérieurs : nous le voyons par
le fameux Missel Mosarabique , qui ne fait
aucune mention de quelques martyrs consi-
dérables d'Espagne, que les beaux vers de
Prudence ont préservés de l'injure du temps :
Zoël de Cordoue, Cucuphe de Barcelone, la
vierge Encratis, et surtout les dix-huit mar-
tyrs de Saragosse. Enfin, l'exemple de sainte
l*er|)éiue et di' sainl(! F<^Iicitrt, dont se sort
l)ii(|\v((l, pour prouver (pw l'on n'a rn-ri oirns
d/ins ces e.di'ndni'rs, piiisiiiron y a donné
place h (les fcinnics cl h (i(!8 escInvRK; cci
()\em(ile, dis-p-, pionvi- (oui le conlrnin! do
ce ipi d prt'-lenil. \:[ nous n<- noux servirons,
poin- l'en convaincns <pie (|(;s [i/uol»5.s ()ro-
|»res de s.dnl Augustin. Voici commi' il pailc,
au sermon iiS.3 : « Nous célélirons aujour-
d'hui la lélo de deiiv saintes martyres. » Kl
il Conclu! ainsi : « Des hommes, cii ce jour,
ont aussi mérili' rtionneiir du triomplic ;
oui, ce même jour a été témoin do la vicloiro
(pie des honnues g(''néreu\ ont rerrqxirléc eu
ri'pandanl leiu' sang; cep'M dant ce n'est pas
leur nom (pii a rendu ce jour reconnnanda-
ble (mais celui de ces adnn'rables femmes);
non (pu» leur sexe soit plus noble (pu- celui
des honnues, mais parce qu'il y a (pn'l(ju(i
chose de plus uu-rveilleux à voir la faiblessn
d'une femmii triompher de l'ancien ennemi
des hommes. »
Mais |)Our(pioi remonter si haut, et (piel
besoin de recourir à des exemples si éloi-
gnés , puiscpi'on peut observer la mr^mo
chose dans les calendrieivs d'aujourd'hui,
(jui, bien loin de couq)rendre les noms des
martyrs qui ont souffert dans les royaunu's
et dans les |)ays étrangers, ne comprennent
j)as mémo les noms de ceux qui ont rougi
de leur sang la terre la plus proche? La plu-
part des Eglises ne reconnaissent pas leurs
j)ropres patrons, et il arrive souvent que les
martyrs ou les évoques d'une Eglise re(;oi-
vent d'un f)euph! étranger l'honneur que
leur propre peuple ne songe pas h leur ren-
dre. Cela provient , selon ma pensée , de ce
que leurs sacrées relicpies ont été transfé-
rées dans un autre lieu que celui qu'ils ont
honoré de leur moit, ou parce que leurs
Actes se sont perdus. « Saint Patrocle,aa
rapport de saint Grégoire de Tours [Lib. i
Mirac. c. Ci), était peu honoré du [leuple de
Troyes ; sa sainteté était obscure , et son
nom aussi peu connu que l'histoire de son
martyre; mais dès qu'elle eut été trouvée,
on vit s'enlever une raagnitique église sur son
tombeau , et sa fête célébrée tous les ans
avec un concours et une dévotion incroya-
bles. » Voici encore une autre raison que
Fronton allègue du peu de martyrs qui se
rencontrent dans les anciens calendriers :
c'est, dit ce docte chanoine régulier [In prœ-
not. ad Calencl. a se vulgat.), que l'on n'y in-
séi'ait c[ue les noms des saints dont la fête
était solennisée par l'assemblée du peuple et
par l'oblation publique du sacrifice ; ce qu'il
prétend api)uyer d'un passage de saint Gré-
goire le Grand : « Nous avons , dit ce saint
pontife [Lib. vu, ep. 9, indict. 1), les noms
de presque tous les martyrs, recueidis dans
un volume et distribués dans tous les jours
de l'année, auxquels nous avons accoutumé
de célébrer solennellement la messe à leur
honneur. Ce n'est pas, ajoute-t-il, que ce
recueil contienne toutes les circonstances de
leur mort, ni les divers tourments qu'ils ort
endurés; on y a seulement marqué le nom
du saint, le jour et le lieu de son martyre.
155
MAR
MAR
lâti
Ainsi l'on peut, chaque jcnir du nn^is, hono-
rer pln<;ienr5 fiiIMes <lo divers siècles et de
differi-iites provinro?, comme ayant re(;ii co
jour-lh In coumnnv') du n)artjre. Voilà l'un
des plus jincions Mnrlyrologes, où l'on i'inl
ft^ipic jour mi'moin* do plusieurs mnrlxrs.
Celui qu'o 1 attribue h saint Jérôme, qui
prtM-f'de rerlninemonl tous ceux nui imt du
moins paru jusqu'ici , met pareillement h
chaque jour plusieurs martyrs. Fronton
trouve encore de quoi foriilior son senti-
ment, dans c«'s paroles de saint Aslôre. évù-
?ue d'Aniasée : « Si quoiqu'un, dit-il (In
jicom. de SS. Mnrtyrih.:, avait assez <le dé-
votion envers les martyrs [>our vouloir hono-
rer jiar une fOte parliculiùre la mort et les
souffrances de chacun d'eux, toute lamée
serait pour lui un»' fOte conlinuclie. » Et c'est
ce qui a donné lieu, sans doute, h établir des
solennités générales qui renfermassent tous
les martyrs d'une province. Le calendrier de
Cartilage en m uque plusieurs : il y a une
homélie de saint Cliryso^tomo, des Martyrs
d'F.rjypic; et rien n'est plus ordinaire, dans
les écrits des saints Pures, que ces sortes de
discours qui ont pour titre : des Martyrs ou
de tous les Martyrs.
Au reste, coiume ces deux calendriers
nous fournissent les noms de plusieurs
saints quiju»qu'ici nous étaient inconnus,
et nous ôtent d'une manière presque iiifail-
lible et par It.ur seule lecture, tout ce (jui
pourrait nous rester de doute touchant ijuel-
2ues autres, nous avons cru les devoir join-
reaux Actes que no is rapportons, comme
un su|iplément deceu\ qui nous manquent.
Et il ne faut point douter (]ue si nous avions
les calendriers des autres Ivglises, nous n'en
tirassions les noms d'un très-grand nombre
de martyrs; ce qu'il est facile de prouver
par quantité de passages des Pères, où jiar
oecasion il est fait mi'ition de plusieurs so-
lennités de jainis. Théodorel en nomme
sept ou huit : c'est, dis lit ce Père aux (îriîcs
de son temps, en leur reprochant le dérègle-
ment de leurs mœurs, qui se faisait voir
jusque dans les a;-tions les plus saintes;
c'est par de "çran is repas (jue le peuple cé-
lèbre la fête des saints martyrs, Pierre, Pnul,
Thomas, Sergius, Li'once, Antoine, Mau-
rice L'on en trouve nussi dans .Maxime.
évèqup de Madaure. Gildas le Sage, qui dans
le T' sièiMe nous a lai-sé un si tii>iie l;d)Ieau
des dévistri s d' lAngU lerr(\ maniue entre
les martyrs anglais, Alban, doVérolame,
Aaron et Julien, lf)us di-ux d" la ville de
Chester (ou de Cai-rléon). Les calendriers de
'France, apportés par saint (Irégoire de
Tours 'f.il>. de Glor. mnrt.), nous en ont
encore iourni quelques-uns. (jn y peut join-
• fre Timottièe et Apollinaire, célèbres à
Heims. et f onuis parle testament de saint
Hemv ; Eutrope, premier évèque de Xaintes,
quef''oituint chante dan.s ses vers; .VmaramI,
r»'véré pnr le peuple l'.Mby, et avec (pii uu
évèipie Eugène partagea la -iloire du marl}re,
dur.Tut la persécution d'Hunneric; Mallosus
et Vil Ion, :i Cologne; Aninjien. en Auvergne;
Baudil, à Nltues, et Quentin, dans lo Vunneii-
dois. dont saiut Eloi releva pour la seconde
fois les sacrées reli(|ues du lieu qui les cou-
vrait, drégoire de Tours étend sa recherche
jusipi'aux martyrs étrangers : il nonnne saint
Clément, pape, avec sauii JeJ>n et sa nt Paul ;
Sergius, Cùme, Damicn, Domilius, tous qua-
tre fameux dans l'Orient; Isidore, dansi'iJe
de Chio. et Polycucle, h Cuiîstanlinople. Je
sais que le témoignage de cet hist(»rien, sou-
vent trop crédule, n'est pas toujours rece-
vahle dans les faits qu'il rapporte et dans le
récif des miracles ([u'il alTirme avec une
bonne foi peu éclairée, surtout ceux qui sont
arrivés dans des temps éloignés du sien ; on
ne peut toutefois lui refuser créance pour les
noms des martyrs dont il nous a donné le
catalogue. Mais aussi qu'on n'aille pas s'i-
maginer que les martyrs de France qu'il n'y
a pas compris, soient pour cela des saints
nouvellement déterrés, puisqu'il s'en faut
beaucouf) que son catalogue soit exact, et
qu'il en nomme |)lusieurs, dans son Uisloire,
dont il ne parle nullement dans son livre
des Martyrs, tels tpie sont Cassius et les
autres martyrs d'Auvergne, Créjiin et Cré-
jnnien.de Soisso is , Caprais, d'Agen Et
ne devons-no is pas à saint Ouen la con-
naissance de saint Piaton de Tournay, de
sainte Cnjombe de Sens, de saint Lucien, de
saint Julien, et de saint Maximien de Beau-
vais, lorsque, dans la Vie de saint Eloi, il
nous apprend que ce saint évèque de Noyou
til des cliâsses pour les corps de ces sauiti
martyrs? C'est ainsi tjue Pru lence elle .Mis-
sel luosarabique nous ont conservé la mé-
moire de quelques saints d'Espagne, que
Procope nous a fait connaître di s saints de
Conslantinople , et que d'autres auteurs
ont fait passer d'autres saints juscju'à nous,
îe ne vois pas, au reste, ce que peut pré-
tendre Dodwel, lorsqu'il nous dit que si l'oû
mettait à part les homélies ijui .sont certaine-
ment des Pères, d'avec celles qui sont sup-
jiosées, il resterait peu de martyrs dont on
célébrAt la lète ; je ne vois pas, dis-|e, l'a-
vantage qu'il peut tirer de celte proposition,
à moins ((u'il ne prouve en même temps
deux choses : l'u'ie. que nous avons toutes
les homélies des Pères sur le sujet des mar-
t\rs; l'autre, qu'il n'v a jamais eu de fêle de
martyrs, sans qu'elle ait été accompagnée
d'une homélie. Certes, avec cet argument
Dudwel va d'un seul trait effacer plus de la
luoitit'; du calendrier de Buclunius. L'illustre
vierge et la généreuse martyre Eugénie était
révérée de toute la terre, au siècle et au
témoignage de ^aint A vil. évè.pie de Viemie :
cependant nous ne trouvons aucune boni lie
prononcée à sou hoiri(-ur; n(»us n'eu trou-
vons aucune pour snuile Thècle, qui la pre-
mière, parmi les femmes, a levé l'étendard
du martyre, ni pour saint Sixte, pape. Ou
n'a pas laissé de metlie da ts ce rec uoil des
homélies des Pères, dont on a tiré les noms
et les .Vcles de ipuMques martyrs, et l'on a
néglig' d'y en mettre d'autres «lui ne peu-
vent tout au plus nous apprentire que leur
nom. comme le sermon de saint Chry.siis-
tume {Serm. 66, tom. F), où il parle de saint
tû7
M AU
MAU
m
Hnssus, évôquo cl mdil.vr, cl i'lio«ii6lit* <lo
saitil rit-rrc (:iirv<;f)l(>^Mii« \)in\v ^iù\\\ A|inlli-
nuire, inciiiii'i' t^vAjiic (lii llavctiiic. Les /m-
lios oiivngt's (les n*>r''s no soiil jifts moins
qiio IiMirs lioiiitMics rcmiilis (l(( ces saci(^s
nioninnc'Mls du la f;lnirti des niail.vrs. Il y
on a lin dans sai'il Clénicnl d'Alcxa-idiic, h
la gloire de saint l'ii'irc, le piinn- des apn-
tiTS ; saint lla.silc 1(> (iiand, dans S(im livio
do 1,1 divinité dn Saiiit-I-Npril [('(ip. 'iiOj, inuo
saint Atlié !();(> u»; sainl (lirp^oiri' df Na-
zia'iz(* lait l'élD^o de sainl Oieslc, dans nnn
do SCS oi-aisons; .<;,'iinl JéiAnui (lonnc nno
place ho loiahic parmi les Pries et les niai-
tyi'S de ri'lj^dise, h Mélliodins, évé pn- tl'O-
Ivnipo (en l-yeie), cl ensnito do Tvr, cl h
Victorin, d(> "Pélavo : sainl Nil, discipli! do
sainl Chrvsoslonio , a consneré dans ses
écrits, la mémoire de s.iint Platon, martyr,
et de sainl Onésime, élève de sainl Paul. Kl
onlin sainl Auj^nslin (Smn. 2S0) a donné des
louanges A la Jeunesse de Néniésien, ponr
avoir répandu son san.i; innocent pour Jésus-
Christ, aussi bien (|uà Salvius. h ("latuli.'n (>t
Agildc, dont ee sainl orateur a rendu le nom
iitnuortel par son éloquence. Ajoute/. Papias,
martyr de Pliiladelphie; "Me; euro el Aqui-
lina, nonnnés avec honnenr dans la Chioni-
quG pascale -, Mocius, hnié par Sozomèno
{Lib, VIII, 0.17); Acaco, [)ar Socrale (Lib.
VI, c. 23); Enphrosinc, jiar sainl Avil de
Vienne; Père j;rin I", évéque d'Auxcrre, |)ar
l'auleur de la Vie de saint Germain (écrite
an V siècle), son successeur; Tnnolliée,
Tliea et Maure, inartyi'S do Gaze, d nis la
Vie do saint Porphyre; Saturnin, martyr de
Sardaigne, dans la Vie do saint Fulgence ;
Polycuc'.e, Menas et trente-trois autj-es mar-
tyrs, da-^s la Vie de saint Knlhvmc, et Jan-
vier, évéque de Naplcs, dans Voraison l'u-
nèbre de saint Paulin. Ajontez encore à tant
de saints mirtyrs, la famille entière des
Cantiens [Cantius, Cantianus, CantianiL),
martyrs d'Aqnilée, do'd Fortnnat a chanté la
victoire; Syrus de Gènes, Entychc de Fé-
renlino, Pro>_'ule, Sabin, Erasme, Césaire,
Marllie, Julienne, et le fameux sainl Christo-
phe, do'il l>>s Actes sont si défectueux, tous
préconisés par saint Gré^oiie lo Grand, et
tant d'autres enfin, dont les noms se lisent
dans les auteurs ecclésiastiques, (>tc(uo i;ous
sommes contrainls d'omettre pour passer à
d'autres preuves.
Si nous consultons maintenant les Pcrrs
du IV* et du V' siècle, touchant le nombre
des martyrs, ils nous diront tous qu'il est
presque infini. Des milliers do maityrs ,
disait saint Augustin à son peuple {Srrm. i
de Temp.), vous environnent de tous côtés.
Mille et mille martyrs, dit-il ailleurs {Senn.
300j, ont rougi la terre deleur sang. La terre,
depuis Etienne, dit-il en un autre endroit
(Serin. 3\k), regorge du sang des martyrs. Et
écrivant contre Fauste, il lui dit : « Des mil-
liers de nos martyrs se présenteront devant
vous. » Il les compte par légions ; il assure
3u'on ne peut les compter; et à loccasion
e la pêche de saint Pierre, il se fait à lui-
inême cette question : « Mais quoi, y aura-
l-il tant de b'iintit iiam lu eiel? » Et d réjujud
ainsi : .. Oui; car enfin, f-nns pnrhr îles fl-
dèh's (pii d'inie vie sainte juissenl h une vie
biridieiu'eus(!, (piand il n'y ntirnil rpie les
seulsmarlvis.qiic'li'prodi^iî'usermdlilndc! •
C'est le scntime'il de sanil Alliana.s«', de hi\itïl
AmbroiKO, de saint Jér^nn*, di* sainl Chry-
sosioiiic, (i(« s.iinl Asiérc, el ^énér ahim ni
de tons les Percs « ' di- fous les nntour» ec-
clésiasti(pies.
\'oici ini pas.sage dOrigèiu; (pii seniblo
favoriser l'opinion de Dodwel, et ipii loule-
fois, bien entendu, lui devient tout h fait
inutiU'. Ce -avant Pèie, éci'ivant conlre (Icdso
{l.ib. ni',luidit(ju'onpeul facilcnM'iilconqder
les ehréliens (jui sont morts pour leur reli-
gion, parci' (pi'il en est nnnl pfu, et seule-
ment de Unnps en temps et [)ar intervalh-.
Mais Origène, par ces |)aroles, ne j»rél(*nd
pi'ouvcr autre clinse, sinon ipie les pcisécu-
tions (pji s'étaient élevées conlre les fidèles
n'avaient pas été si violentes, (pi'elles eus-
sent été capables irexteiniiner entièrement
les chrétiens, et qu'on pouvait dire qu'd
n'en était mort (jue très-peu, si on h's com-
paiait h ceux ^lui i-estaicnt, « Dieu,ajoule-t-il,
s'opj)Osanl h la ruine générale de ces honnnes
consacrés à son culte. » 11 faut remarquer ici
que le dessein d'Origène n'est autre chose
(|ue de montrera Celse que la religion chré-
tienne ne devait i)as sa naissance à une sé-
dition et h un esprit de révolte, comme co
philosophe le reprochail faussement aux
chrétiens, « i)uis(iu'ils n'ont jamais eu re-
cours aux armes jjour di'iendre leur vie
contre ceux qui l'attaquaient, cl que leurs
lois, au contiaire, les obligent de tendre le
cou à leurs ennemis, et de se laisser égorger
comme de paisib es brebis. Ainsi, de peur que
cette douceur et cette patience ne vinssent
à causer leur ruine entière, et afin que les
})lus faibles ne fussent pas exposés sans cesse
aux frayeurs d'une moil toujours prochaine,
Dieu, par sa bonté, avait bien voulu pourvoir
h. leur sûreté, et avait d'un seul clin d'œil
renversé les cruels projets de leurs ennemis,
et rendu leurs efforts impuissants , en
sorte que ni les rois ni les gouverneurs de
province n'avaient plus aucun jjouvoir de
leur nuire. » Et il est certain, par d'autres
passages d'Origène, qu'il était fort persuadé
de cette multitude de martyrs. « 11 n'y a
loint de ville, dit-il dans une de ses homé-
ies [Hom. 8 m Josue], où le nom des chré-
tiens ne soit en horreur; tous les hommes,
do quelque rang et de quelque condition
qu'ils soient, s'unissent ensemble pour les
détruire. » Il dit ailleurs 'Lib. ii contra
Celsum) : « Nous voyons tous les jours plu-
sieurs personnes qui savent fort bien que
s'ils confessent Jésus-Christ, on les fera
mourir, et qu'au contraire ils seront ren-
voyés absous et mis en liberté, s'ils le re-
noncent : cependant leur foi est si grande
et leur piété si sincère, qu'elles leur fout
mépriser généreusement la vie, et courir
volontairement à la mort. » Et dans son
commentaire sur l'Epitre aux Romains {Cap.
v), il assure qu'on voit souvent des hommes
I
15»
AlAR
MAP.
iOO
qui so prf^sf^ntpnt dovant los juges, rie leur
propre inouvemont et sans y «Mre forctV>, et
qui rroiont que c'est peu pour «nix d'endurer
qiK^lques alTronts pour Ji^sus-Christ. s'ils ne
suufTrenl oncorc pour lui I,t mort la plus
rnielle. » Il dit enlin, en un aut-e endroit
(Lit), i contra Crlsiim\ rpio, rfuoi(pi'il y ait
une peine dp mort dt^rornée contre ceux qui
se trouveront aux asspnibl»''es des lidèles,
elles ne laissent pas «TtHre Ir^s-nombreuses.»
Le lecteur reiuarquora qu'Origène écrivait
ceci avant les horribles boucheries des Dé-
cius, fies ^'alérien l't des Dioclétien.
Mais le grand Iréi '«>, plus ancien qu'Ori-
gine, et p.utaitement instruit desatTnires de
l'Kglise grec([ue et de l'iMat de l'Kglise la-
tine, ayant reçu de ce'le-lh les premières
connaissances de la religion chrétienne, et
vivant actuellement dans celle-ci; le grand
Iréni'e. dis-je, n'admet pas seidement cette
mnUilude de martyrs, mais il veut (]u'elle
soit la marque ^ laquelle on puisse recon-
naître la véritable Eglise, et la discerner des
autres sectes. C'est dans son livre Contre les
hérésies, c'est-h-dire dans un ouvrage com-
posé, de l'aveu mémo de Dodwel, avant la
|)ersécution de l'Eglise de Lyon et au com-
mencement de leinpire de Marc-Auréle.
Voici ses paroles ^Lih. iv, c. 6ij : « Partout
où l'Eglise se rencontre, cette sainte mère
envoie au ciel avant elle, par le mai-tyre,
une multitude de ses enfants, qu'elle olFre
au Père comme un gage de l'extrême amour
iju'elle a f)Our lui. Mais les autres assem-
blées non-seulement n'ont point de imr-
tyrs; il n'y a ([ue l'Eglise qui aime à souH'rir
les opprobres, pour t'^moigner à Dieu quel
est l'excès de sa charité, et quelle est la
grandeur de la foi qui lui fait confesser hau-
tement Jésus-Christ. Souvent on l'a vue
s'affaiblir par la perte de son sang et de ses
membres, puis tout h coup se rétablir, re-
prendre de nouvelles forces, et redevenir
mère d'un [)lus grand nombre d'enfants. »
Nous rapporterons les témoignages des au-
tres Pères, lorsque nous traiterons des per-
sécutions en particulier. Voyons cependant
s'il est vrai (lu'Eusèbe soit aussi favorable à
Dodwel, qu'il ose s'en vanter.
Eusèl)e, conmie nous l'avons déjh remar-
f|ué, avait recueilli dans deux ouvrages dif-
érenls, les noms de tous les martyrs (pii
avaient [)u verdr à sa connaissancf : le pre-
mier de ces recueils i omprenait les martyrs
anciens; et le second, les martyrs (pu, de
son ternes, aviient soufTt^rt dans la Palestine.
Nous donnerons cebii-ci tout (>ntier, et lors-
que nous y aurons joint ce (}ue le même au-
teur ra-'porti' ailleurs 'Lib. vm. fUst. errl.)
(le la mémo persécution, le lecteur pourra
ju^er si Dodwel peut avec justice orétiMidrc
d'avoir Eusébe dans son jiarti. A l égard du
premier recueil, qui ne se trouve plus de-
ptiis plusii'iirs siècles, Dodwel nous dit d'un
ton aHiruinlif (pie par l'Iiisloire même d'Eu-
sèhe on doit rondure (ni'd ne eoutenait
qu'un Irés-petil nombre de martyrs. Il nous
mirait fait plaisir de prodmre ces passa'.;ps
prétendus de l'histoire ecclésiastique, puis-
'i
qu'il est constant, par divers endroits do
celle histoire, que son auteur a reconnu une
infinité de martyrs, quoiqu'en effet il n'en
ait nommé que très-|>eu. Nous ne cherche-
rons point d'autres interprètes de la pensée
d'Eusèbe, qu'Eusèbe même. Il dit donc
{Lih. m, c. 3^} que. durant la persécution
de Trajan. plusieurs fidèl^^s soulinrent géné-
reusement le combat, quoiqu'ils se vissent
attaqués de tous côtés par divers tourments.
Il assure {L. v, init.) que, sous Anlonin, la
constmce d'une infinit'' de martvrs se fit ad-
mirer de tout l'univers. Il décrit la persécu-
tion que Sévère alluma (L. vi. r. 1\ pen-
dant laquelle on vit dilluslres athlètes com-
buiroponrlapié'éet|)ourlafoi,danstoutesles
Eglises du monde. Il [)arledansles mêmes ter-
mes des persécutions de Dèce cl de Va'érien.
Pour ce qui re;arde Prudence, l'on ne
peut pas dire qti'il favorise le moins du
monde Dodwel, si l'on ne nous fait voir que
ce prince des poètes chrétiens s'est engagea
chanter dans ses vers tous les martyrs qui
furent jamais II fait l'éloge de plusieurs, il
ne dit rien aussi de plusieurs; mais il est
étonnaîit que sa muse ne lui ait rien inspiré
})our l'illustre Léocadie, dans l'Eglise de la-
quelle fut tenu le quatrième concile de To-
lède.
Voici enfin la dernière ressource de Dod-
wel ; c'est la ch'mencc des empereurs ro-
mains. .< Il y a eu peu il'empereurs, dit-il,
qui aient persécuté l'Eglise; l'on trouve peu
d'édits rendus contre les fidèles, et plusieurs
de ces princes afi'eiîtaicnt si fort la réputa-
tion d'être cléments, qu'ils voulaient même
paraître ne punir les coupabb's qu'?\ regret.
Il ne faut point douter. ajoute-t-il,que les mi-
nistres de princes si déboiuiaires ne se soient
fait un devoir d'imiter la douceur de leurs
maîtres. » Ma's pour renverser cet argu-
ment de Dodwel, il n'y a qu'à jirésuppo-er
cette vérité constante, que ce qui excit lil les
perséinitions contre lEglise n était pas ton-
jours la rigueur des édits, ou l'animoMlé
des juges parlicnliers. ou les dame ts du
p(Miple, comme le répète si souvent Dodwel;
mais la disposition (le la jurisprmlence ro-
maine, dont lt\s lois ne soulfraient dans
l'empire aucuiu» religion étrangère [Cirer,
lih. II (le f.eif.). Or, l(>s chrétiens non-seule-
ment voulaient introduire une religion
étrangère et nouvelle laii moins les Romains
le [pensaient ainsi^, mais ils soutimaient dn
plus que toute autre religion (pie la leur
était tausse et ridicule. La puissance des
empereurs, (piehpie absolue (pi'elle fiU eu
toute autre chose, était contrainte de se
soumettre h ces lois, surtout lorsi]ue, du
consentement d(> tout l'empire, elles st> trou-
vaient fortifiées par de nouveaux décrets.
Ce qu'Origène coulirme d'une manière élé-
gante et ironi(pie : Le s('nat, dit-il [llom. 9
in Jostte\ le peuple elles empereurs ont or-
donné (pi'il n'y aurait plus de chrétiens.
Terlullieu recotinaît pareillement qu'il y
avait des lois r iidiies contre le clirislia
iiisme (.l/)o/. r. 37). On ne doit donc pas s'é-
tonner, après cela, si, malgré la paix Uonnéu
U'<i MA il MA II 46«
piir l<vs cmixMours h l'KKliso, los (•lir(^lion.s (juiscs «t irclinrclK^fM, ot ils w nnignctit
nu luissjiifiil \n\s (l'(Mi(! soiivciil drli^ii-s ri i kui (lavaiilM^r <|iic dn voir mourir <;eux
punis, (■omiiK' im |u'ul hi vnir |wir la mort (lu'ils loin iiiiiiln.i. Ijiir cniaiit»' iiisnii.ihl*!
do saint A|tollonnis, (|ni lui ( ond.innu; à <•! o|.nii.iirr |,. ni lail |Mtndrt' soin des plaies
pordio I» liHn (à Cosaiûo <'n ralcsliiicj, |iar (pi'ils oui lailcs; ds Irs KUJ^risscnl, ali-i (pio
lin ari(M du sônal, rendu en cxiMiilion d un les in('inl)rc.s rciKuncIt'». soii-nl en t';lal do
aiuicn dccicl de celle coiiipa^nie, (pu avail soutenir de nouveaux lom nictits, et (pio les
par Ih prétendu eiii|u\lier (pie les (•iir(''liens, veines so icinplis^eni d'un nduvcnu .snnu
«prC's avoir él»'- (h'iionct's, ne lussent leii- (piiK puissent encore r(''paiidr('. (iependanl
\oyvs absous. Par la nu'^iiie raison, Marin (((iiiinue Lactaiice (('(ift. \ij, j'en m v,j ,,\^1
ne put (Witor la mort, (|uoi(pi(i (lalieii eiU sieurs (pn su gloriliuient (Je leur condoitn
fait piil)li(M' un ('dit en laveur des clirétiens. nio(l('i(''e en va', point, el «pii n». < i;ii^ii,i|,.|||
Mais ([uaiid des lois.si st'iveres veiiaiontii rcci;- pas de dire (pjc le temps de leur adminisli/i-
voir une nouvelle iorco des ordoiinaiicos du lion n'avait point vU'. soiiilh'! par les criiaulés
prince, c'élail (lour lors (pie la peiS(''ciiiioii (pi'on reprorliait aux autres. Les plu-, hk'--
s'allumait avec violence; on recluM'cliail les clianls de tous les iiommes veulent parailio
clirétiens avec une extrémo cxaetilude, ( l justes, eux qui suL'passenl en inliiimanilc')
lors(prils étaient pris, on leur faisait soui- les l.éles les [dus l'arouclies. » Il pcnirsuil
l'rir tout ce ipio larajAc des persécutouis [i(»u- [Cap. li), el il relev(! L'ur justice avec les
vait inventer do sup[)liccs nouveaux. Co niOmos couleurs dont i) h dépeinl leur cîé-
n'est pas ipie ces ordo;iiiaiices du piincefus- inence. >< Us nomment justice toutes les lior-
seiil toujours nécessaires pour auloiisor la leurs dont les aiicie is t^ laiis, dans les plus
persécution, et nous voyons, parcelle la- noirs accès de leur rage, accdblaieiil l'inno-
meuso lettre de JMino le Jeuiu! <i Trajan, cenc(î inalhouieuse; et, (|uoi(pj'ils soient di-s
qu'il ne laissait pas de poursuivre el cou- exemples allreiix de cruauté el d'injuslice,
damner les clirétiens, quoiqu'il n'y eût alors, ils veulent passer [)Our dr.-, modèles de sa-
seloii DodNV(d même, aucu'i étiit rendu cou- gesse el d'é({uilé. Jùili'i, lour a iressaiit la
Ire eux. 11 n'osa loulelois d'abord suL-ipeiidre parole : Esl-il donc jiossible, leur dil-il, ('»
ces cruelles exécutions, sans un rescrit de âmes perdues 1 que vous ayez pour la jus-
rem()eicur, n'ayant |)ris la résolution de le tice une aversion si prodigieuse, cjue vous
consuller (|u'ai)rès en avoir l'ail mourir plu- n'appréliendiez pas de couvrir les plus grands
sieurs, et que la multitude de ceux qui res- crimes de son nom sacré, el l'innocence
taienl h punir reill déterminé à l'aire cesser vous est-elle devenue si odieuse, que vous
les su[)plices. Au reste, nous apprenons de la jugiez indigne d'un supplice ordinaire? »
Laclance que le nombre de ces édils n'é- Que si le même auteur, dans son livre De la
tait pas si i)eu considérable que le j)i étend mort des persécuteurs, ne compte que cinq
Dodwel, })uisque, selon cet iincieo auteur empereurs qui aient mérité de [)ùi ter un
{Lib. V Jnst., cap. 11), « un proconsul (Do- nom si infâme, on ne doit pas inférer de là
mitius) se servant du pouvoir que lui don- qu'il n'y en ait jamais eu d'autres. Car Lac-
nait sa charge, ramassa en sept volumes les tance ne parle que de ceux que le ciel avait
rescrits et les ordonnances des empereurs frappés d'une mort funeste, pour avoir été
contre les clirétiens, atiu que les juges pus- les auteurs des diverses perséculio'is dont
sent trouver dans ce recueil tous les genres 1 -Eglise avait été agitée, comme le titre et
de tourments dont ils devaient se servir pour toute la suite du livre le font assez connaître,
punir ceux qui seraient convaincus de n"a- Ainsi, il n'est pas étonnant qu'il ne uommei
doier qu'un seul Dieu. » Et il ne sert de ni Trajan, ni les Antonins, dont la mort
rien de nous 0{)poser la modération de quel- avait été paisible et naturelle, avec Néron,
ques empereurs, et leurs inclinations à la Valérien et ces autres monstres, de qui la
clémence, puisque ceux-là mêmes à qui les lin avait été accompagnée de circonstances
auteurs païens attribuaient ces vertus, ont également sanglantes et honteuses. On doit
éié en eil'et les plus cruels persécuteurs raisonner de même en ce qui regarde l'Jwo-
des chrétiens. Et Ion ne s'étonnera pas de /o<7e7«5'ife ; le dessein de son auteur étant de
ce que la conduite de ces princes envers les montrer aux païens que la religion chré-
fidèles, quelque inhumaine qu'elle lût, ne tienne n'avait eu pour ennemis que des prin-
passat pus pour cruauté, si l'on consicière ces dont la mémoire et les ordonnances
que les chrétiens étaient regardés comme étaient en horreur chez les païens mêmes, il
des sacrilèges, des ennemis publics et des ne devait pas nommer parmi les persécu-
gens noircis des plus énormes crimes. Sué- leurs d'autres princes que les Romains re-
tone en était bien persuadé, lorsqu'entre les gardaient comme les pères de la patrie et
ordonnances dignes de louange qu'il dit comme des empereurs très-religieux,
avoir été publiées par Néron, il mtt celles MAKTYRILÎS (saint), lecteur, eut là gloire
qui décernaient des peines contre les chré- de verser son sang pour la religion cliré-
tiens : une sorte d'hommes, dit-il, adonnés tienne, sous le règne d'Arcadius, en l'an de
à une nouvelle suiicrstition et à la magie. Jésus-Christ 397, à Anaune (Val d'Anagna),
Pour la douceur qu'on attribue aux juges et avec saint Sisinnius, diacre, et saint Alexan-
aux gouverneurs de provinces, la voici dé- dre, portier. L'Eglise fait leur fête le 29 mai.
peinte par Lactance (Lj6. V, c. 11), avec dés (Pour les détails de son histoire, voy.
traits admirables. Sisinnius.)
« lis font sentir au corps des douleurs ex- MARUTHAS (saint), martyr, mourut en
lei
M.VS
MAT
164
confessant Jésus-Christ en Perse, sous le
roj Sapor, vers l'amét^ 3-27. [Voy., pour plus
de tlriails, les Arles de saint ioMkS et de
Saint B*nA(.uiSK à leurs articles.)
MASCARKCNAS (Pierrk de), dn la Com-
pagnie de Jé.>us, retourna plusu-urs fois à
Céiebes pour les inlérùts de 1» foi, cl y
mourut en loSl, enipoisoiuié parlfs Maho-
niétans. ^Tanner, Snnetns Jesu nsque ad snn-
guinis et vitœ profusiotwin militnn.s, p. 2'i^i.)
MASSA01:aH, ville d'AInssinie d mis le
Suuiara, était ><tuiiHse aux Turcs du temps
de Melec Srgued, négnus dAl)>>sinie, et
de Basilides, son lils, qui lui succéda <n 16-J2.
Quan I ce dernier prnice renvoya de ses Ktals
le patriarche Mendez et les autres jésuites,
qu'y avait fait venir son père, Jean Akay
qui les protégeait, et qui était B.iharnagast h,
leur donna des lettres de reconunandalion
pour le gouverneur turc de cette ville par
laquelle ils devaient passer. Ce gouverneur
était un homme cruel et cupide, qui crut ce
que Basilides lui lit dire des jésuites, à savoir
cju'ils emportaient avec euï toutes les
richesses d'Abyssinie. Il les lit fouiller avec
beaucoup de soin. On ne trouva en h-ur
possession que deux calices et quelques
reliquaires sans valeur. Il avait dit avant
l'arrivée des jésuites, cpiil ne serait content
que quand il les aurait tués tous de sa main.
Il l'aurait fait, s'\\ n'avait pas rétléchi que
les Portugais pourraient lui })a}er rangon
pour les délivrer. Alors il fait dire aux
jésuites d'avoir h choisir entre la mort ou
donner une rançon de trente mille écus.
Cependant il réduit la somme à vingt mille,
nuis à quinze mille, menaçant les Pères de
tes faire empaler, si elle ne lui est pas
comptée sur l'heure. Quelques-uns de ses
conlidents, craignant (jue les Portugais ne
vinssent plus taid veiig»^r leurs compatriotes,
firent entendre au bâcha qu'il valait nueux
capituler avec eux et abaisser encore le
chiffre de la somme exigée. Ils s'otlriicnt ù
faire les avances de celle à laquelle il s'ar-
rêta en dernier lieu, se coutentant, dirent-
ils, de la |»arole des jésuites. Le bâcha reçut
ainsi quaire mille cinq cents écus. Les
jésuites devaient, d'après les comlitions .sti-
pulées, s'embariiuer dans deux heuics. Il lui
vint en pensée qu ils pourraient bien, un
coup partis, ne pas |)iver la r.uiçon aNancce
pour eux ; il dit ipi^l en garderait Inns
comme otages, et (pu^ \os autres [louvaifiit
t)arlir pour aller ( hercher la raiiçun. Il retint
o [)atriareho Mendez, Diego de Malos et
Antoine Fernandez. (^epcnulanl, comme (O
dernier él.iit pliisqu'oi ln^énaire,il consentit,
sur les instar/tes du P. Jérùtiie Lobo, ^ en
mettre un autre à saplai e.Le P.Lobnse rendit
d'abord aux Indes, ensuite à Lisbonne et à
Home. Dans celle dernière ville, il s'adressa à
rambassadeur de Fiaice.qm écrivit au consul
du (iaire toucli.uit la m ilheuieusu positnm
des prisonniers de Massanuah. (^e fonction-
naire lit écrire par le paclia du i'.aire h celui
de Souakim. qui avait jundntiun sur Mas-
saouah. L«s iiitenlions du consul de France
furent aussitAiexécut4es, le pacha ileSouakim
écrivit sur-le-champ à celui lie Massaouah
eu termes forl durs, pour lui re|>rocher sa
conduite et lui ord ^nner de rendre immé-
diatemenl la liberté à ses prisonniers. Le
baclia prévaricateur n'osa pas désobéir, mais
il trouva encore moyeu u'exlorquer sii
mille cruzades aux marcliaiids portugais
qui faisaient le commerce de la mer Unuge.
Ici, ((u'il nous soit permis, en passant, d«
remlre un juste hommage à cette inlluence
prolectrice ipi'e'cerçait pailoul la France. Le
monde connai;sait I esprit chevaleresque et
généreux de notre nation, toujours prèle à
voler au secours des opprimés. Aussi dès
qu'une civilisation était en danger, dès
qu'une nationalité était menai ée, des qu'une
infortune élevait la voix de ses "louleurs,
la France intervenait. Dans ce leraps-là sun
épée généreuse était assez longue pour
atteindre et combattre l'oppression jus-
qu'aux bouts du monde.
Après toutes ces horribles perséculious,
les PP. Petra Santa et Antoine Virgoleta
demeurèrent à ilassaouah dans les ain.ées
qui suivirent, sous la protection du bâcha
de Souakim. Le P. de Virgoleta t tant mort au
commencement de 16+2, le P. Petra Santa
demanda de nouveaux collègues el fui rejoint
par les P. Félix de Saint-Séverin et Joseph
Torlulani d'Altino. Sur i es entrefaites, a la
plat;e du hacha (jui protégeait les mission-
naires, on en avait envoyé nn autre qui
éiait •xlrèmement cruel et cupide. Le uégous
Basilides lui envoya un ambassadeur chai gé
de lui remettre cent ciiKjua'Ue onces d'or
et cinquante esclaves, à la condition qu'il
ferait mourir les missionnaires, ou les lui
livrerait, t^e baroare lit venir en sa présenCii
et décapiter les P. Félix de Saint-Séverin
et Joseph Tortulani d'Altino, puis il se lit
apporter la tète du P. Pelra Santa. Comme
il le eo uiaissait, il ne voulut pas le faire
paraître devant lui.
MAl'APANt;, chrétien apostat, fut le
meurtrier de Sanvilores, apôtre des des .Ma-
riannes. << Sauvilores i,dil Uenrion, //<«/. <li's
miss., t. IV, p. 5»()), accompagné du cale-
(liiste Pierre Calan-sor, était cillé, le 2 avril
1G72, au village d.' Tumliaui, pour y régé-
nérer la tille de Matapang, chrétien .q)0siat.
Fliilrt> dans ma maisu i, impo.steur, lui dit ce
barbare, tu v trouveras une tète de mort tpie
je garde; baplise-laj y consens.— Laisse-moi
l)ii|)tiser la tille mal «de, puisque lu es lui-
même baptisé, repond le serviteur de Di u.
lu me tueras ensuite, .si tu veux. Je | er-
drai volonliers la vi«' du corps pour piocu-
rer la vie de TAïue à cette eiilani. Sanvi-
lores repouss*'; so met à cdécliiser la jeu-
nesse du villa.;e: au lieu d'a«i<isler h cette
iiisli m lion, M.itapang va !»'a>surer d'un com-
plice pour assassiner le missioiuiairo. L'op6-
Ire proliie de son absence pour pénétrer,
avec le catéchiste, dans .sa maistui, où il
bafilisc la jeune tîllo : sur ces entrefaites
anivenl les meurtriers. Calangsor est tu«5
|>ai lidoLltre llirao. Sauvilores. voyant que
l'heure de sa mort a sonné, préseiUc la eru
cilix aux deux indigènes. • Sachez , leur
ICU
MAI
Mat
m
(lit-il, (\w r>»Mti OMl In flOilv»M-;iiii SjtJKiicur
(1(1 loiitcs les nnliniis cl (ju'iI est l(» seul
llinilKI (JU'OII doive a<l(ll'(*l' (i.'IIIS l'ilc l|(!
(idiinlinin. » A |kuii(» ii-l-il jyoul»^ : «Ah ! M«-
(?i(i,ili^, ((in' IMi'ii le l'.'issc iriiM'i iididi- ! »
((n'Ilinio lut <liM'li<'ii-^c un |4,i-:iiiil ('(hi|i .sur la
l(^(»', cl ((iiff M.Ml/ipaii;^ lui pusso sa Iniicu à
livivi'CS le corps j
MArMUNI'l (sjiiiilc), iii;!rl,vrc, cul le hnn-
lipiir (itnuourii pour .l<Vsu.s-(l!jii.sl, dans la
vdic de Lyon, en raini(''c 177, sons le i(\j;iie
de rcmi)rreur Anlonin Marc-Aurele. Sa
(jualiu'; (io ciloyeinu) romaine lil (|ii'(>lle lut
tl<^c.'«f)il('e au lieu d'c'^tre e\pos('e aux IkHcs,
couune le l'urcnl pliisKîurs des conipau,n()tis
de sniMt IV)lliin. L'l\^lis(i t'ait leur l'iHe à tous
\o -2 juin.
MA'ri'lKNK (saint), ('VtVpie, rei-ul la cou-
ronne du martyre l\ Milan, sons l'empereur
Maximion. On le mit iTahord enpiison, puis
on le lla;j;e.la à diverses icprises ; eiilin ,
niein (io K">'"'' pour avoir conl'('ss(3 souvent
la loi, il s'endormit d.ms le Seigneur. L'Kgliso
fait sa t'(Me le 18 jnil,o!.
MATH 1 AS (saint), aoiMre, resta toujours
avec Jésus-Christ et les a)»(Mres depuis le
baptême de saint Jean jus((u'à l'Asceiision.
Nous n'avons rien de ccitaiii sur ce saint
apôtre. « Ce qu'il y a de i)liis remanpjable,
dit Tilleinont (t. l^ p. VOG), ce sont les Actes
du martyre de ce saint, tirt^s, selon la pr(3-
lace, d'un livre hcHireu intitulé : Le Livre des
condanuiés, parce (]u'il contenait la con-
dannialion et la mort de ceux (jui, selon les
Juifs, avaient violé la loi, c'est-ii-dire de
saint Malhias, dos deux saints Jacques et de
saint Etienne. Ces Actes ont été traduits en
latin dans le \iv sièchs par un luoine de
l'abbaye de Saint-Malhias à Trêves, en la-
quelle on prétend que sont les leliques de
cet apôtre. » Ce moine étant fort en peine de
savoir comment il pourrait trouver la Vie de
notre saint a[)ôtre, s'adressa à un Juif qui,
pensant le trom[)v.r, lui apporta le Cantique
des caniiques. Le moine, ayant reconnu sa
fourberie, la lui reprocha fortement. Le Juif
alors lui promit avec serment de le conten-
ter, « craignant, dit le moine, que je ne lui
« rendisse quoique mauvais oilice auprès du
« prince avec lequel j'étais assez bien Il
« m'apporta donc, continue le moine, un au-
« tro livre intitulé : La Vie de saint Mathias,
« et me rex[)liqua tout du long, dans la
« croyance qu'il avait que je l'entendais
« comme lui. Un an après, l'archevêque de
« Trêves se fit expliquer le même livre par
« un autre Juif qui, se trouvant dans un fort
« grand danger, avait besoin de son secours;
« son explication se trouva toute conforme à
« la première, hormis «m un article. »
^ Le moine composa donc, d'après ce livre,
l'histoire de saint Malhias ; il avoue seule-
ment qu'il l'a un peu étendue. Ce qu'elle
contient de saint Mathias, outre ce que l'E-
criture nous en apprend, dit Tdlemont (t. I,
p. VOT), '(C'est qu'il était de Bethléem, de la
tribu de Juda, d'une naissance illustre ; qu'il
fut fort Dien instruit, tant par ses parents
que par un homme incomparable nommé
SMUi'on ; qu'après la l'enb-rôlo, il cul |»(iiir
paila^i' l;i l'alolnie ; <|ii'il y lit un ^lariri
nombre do muai l(;s ol y convertit lieam (»up
(le monde; (pie Irriiic-iruis «us environ /iprè»
la passion, le jeiuH! Aiiiniis ayniil Tiil inoii-
iir sainl J.k (pies le Mineur ii Jt'rusûlcm,
S'iiiil Malhias fut pris en m<'^mo l<;rup!i (jii
<1.iIi1('m' el aiiieiii' dev.tnl Ananus , lequel
lui a)aiil fut une lurgue li.uaiiyui' et uyuul
ùc(MJlé sa réponse, voyant (ju'il p(!rhi^lail î
confesser Jésus-CIn isl, h; condaïuna h <jlro
lapi(l('' ; ((îla fut aussiU'jl exécul(s el ensuilu
on lui tram ha la lèl(j ^i la rouiaiin;. » N(jus
livrons (;etle histoiii' à l'appréci.ilion U s
lecl urs, en faisant observer tou!ef(iis, i]ne
les auteurs les plus sérictix et les plus re-
coiumandiibles, ElorenliMiis, le I'. (.oinbi-hs
el Hollandus la regardent coiuiikj Ires-sus-
pecle. Il (ixisle aussi une tradition chez les
(irecs, (|ui porte ipie le saint aj)ùlre, après
avoir prêché l'Evangile dans la Colcliide, y
a soullert le martyre. Ces derniers fonl sa
fêle le'.)aoi1l, et les Latins le 2V février. Les
vill(!s de Trêves et de Uome prétendent avoir
le corps de saint .Malhias.
MATHLVS (saint), l'un des vingt-six mar-
tyrs ilu Japon, (pii furent cruciliés à Naii-
ga/.aqui, en l'aimée L'i'J7, le o février, sous
le règm; de Taïcosama , était un |)auvro
artisan japonais. Quand l'oIBcier qui vint
arrêter dix-sejit chrétiens, savoir: cinq
franciscains el douze lai(pies , lit l'appel
des noms, il se trouva que .Wathi.is, l'un
d'entre eux, ne répondit pas. Il était sor-
ti j)Our aller faire des emplettes. Alors
Malhias l'artisan se présenta el dit à l'ollicier :
« Jt! me nomm î Mathias, je ne suis proba-
blement (las celui que vous cherchez, mais
n'impoile, je suis chrétien, et je tiendrai
très-volontiers sa place. — Soit, dil roificier,
peu m'importe, pourvu que je remplisse ma
liste. » Mathias fut mis avec les autres el
eut le bonheur de leeevoir la couronne du
martyre. [Voy. Japon). L'Eglise fait la fête de
ce saint le 5 février.
MATHIEU (saint;, martyr, était ermite eu
Pologne. Il y soutfr.t le martyre avec d'ay-
tres ermites ses compagnons, les saints B(^-
noil, Jeai, Isaac et Cliristin. On ignore à
quelle époque et dans quelles circonstances
eut lieu leur martyre. L'Eglise cé.èbre leur '
mémoire le 12 novembre.
MATHIEU (Le prince), fils de la princesse
Agnès, petit-fils de Jea-i, fils de Sounou Ré-
gulo, Chinois, fut baptisé en 1721 avec son
frère Thomas et ses deux sœurs, sa mère
Agnès et sa grand'mère Cécile. Il part.igea
l'exil que l'empereur Young-Tching pro-
nonça, en 172i, contre toute sa famille cou-
pable presque tout entière d'avoir embrassé
la religion chrétienne , et fut envoyé à
Yeou-Oiié, petite place militaire de la Tar
tarie, à 90 lieues de Pékin, au delà de la
gran(le muraille. Peut-être fut-il de ceux que
l'année suivante atteignit le jugement qui
condamnait plusieurs des petits-fils de Sou-
nou à être mis à mort. (On croit que l'em-
pereur commua !a peine.) Pour les détails de
cet exil, roy. Chink et Sounou.
ici
MAL
MAO
4 PS
MATTIFRIN 'sninll, confessa Jésus-Christ
<»n (ialiiiais. Nous ignorons l'époque et les
dilTeienli'S circonstances ijui iliuslrèrenl sa
confession. H est inscrit au Martyrologe ro-
nia n !<" 1" novembre.
MATUONE vsamtf), nom de deux saintes
parmi les quarante huit martyrs compagnons
(le saint Saturnin. prAlre. mis à mort en ."JOo
de r^re chrétienne, en Afri'|ue, sons le pro-
consul Anulin, durant It^pouvantable ]iersé-
cutii'U que la rage de Dioclétien avait sou-
levée contre l'Kglise de Dieu. (>'o//. Satir-
m:v.) La tôte de tous ces saints est au Mar-
tyrologe romain, h la date du 11 février.
MaIuoNK (saintt') , mourut pour la foi
à Thessalonique. Servante d'une femme
juive, elle adorait Îésus-Christ en secret, et
se dérobait tous les jours pour aller dms
l'église olTrir à Dieu sa prière. Un jour elle
fut surprise par sa maîtresse. Celle-ci, après
])lusieurs autres sortes de mauvais traite-
ments, lui donna tant et de si rudes coups
de l)Alon, qu'elle rendit son Ame iimocenlc
en persévérant à confesser le nom de Jésus-
Christ. L'Kgli>e fait sa mémoire le 15 mars.
MATUONE ^ sainte:, martyre, souffrit le
martyre à Amide, en Paphlagoiie, avec les
saintes Alexandra, Claude, Eu|)hrasie, Jus-
tine, Eu[)hémie, Théodose, Dir|)hule et sa
sœur. On ignore l"é[)oque où eut lieu leur
uiartyre. L'Eglise les honore le 20 aiars.
MATURE (saint), l'un des glorieux mar-
tyrs de Lyon, sous le règne de l'euqx'reur
Marc-Aurèle, et compagnon des saints Epa-
gathe, Sanctus, Altale, Pothin, Ponticus,
Alexar.dre, Epipode. Mature fut un de' ceux
contre qui la rage du gouverneur, des sol-
dats et du peuple, sévit le plus violemment.
11 fut horriblement tourmenté: le fer, le feu,
leschcvalets, furent employéspour lui comme
à l'égard d<* ses compagnons. E'isuite on h'
mil dans une prison obscure, où on le mit
dans les ceps, les jambes écartées jusqu'au
cinquième trou. Pendant (pi'il é(ait dans cet
étal, les bourreaux rrnouvfièrcnt cintre lui
les supplices qu'il avait déjà endurés. Plu-
sieurs saints niounn-ent duraîil cet lio;i-il)le
tourment; Malurc en bOrtil victorieux. Quel-
ques jours après, ayant été conduit à lam-
phitheAtre avec Sanctus, Blandine et .\tlale,
il y passa de nouveau par tous les suppliées
qu'il avait déjh subis. Les fouets, la dent des
bêles, rouvrirent ses plaies h denn fermées.
Il fut, couHue ses compagnons, placé sur une
chaise de fer rougie au feu, et enlin termina
ses joiir^ |tar un roup d'épée dauN la gorge.
.MAUK ^saintj, l'un des garder de la [»rison
de saint Ccusorin ou Ccnsorinus, sous
Claude II le Cioihiqiu', fut eonveiii h la foi
chrétienne par le prêtre saint .Maxime, avei^
les autres gardes de la prison , lesquels
ét.dent Fflix. M.ixime. Fausiin. Hereulan.
Numère,Siorariiui>,Mene,Ciinimo(le. Herne,
£usèbe, Rustupic , Amandinus, Monacre,
OI\mpe, (',> prier), Thi'oilore. iP >nr voir leur
histoire, recourez à huiubî M\htvhs n'Os-
TiE.) Ces saints ne sont pas nommés dans lo
Miirlvrnlf)gn romain.
MALK ^saini), tils de saint Claude, tribun,
et de saillie Hilarie, frère de saint Jason, fut
martyrisé par ordre de l'empereur Numéricn,
avec son père, son fière et soixante-dix sol-
dats. Il eut la tète tranchée ainsi que son
frère. Son père, atiaché à une énorme pierre,
avait été précipité- d;ins le Tibre. Sainte
Hiiarie lit enteirer les restes de ses deux fils.
LeiMS (cliques sont aujourd'hui dans l'église
cathédrale de Lucques, (»ù ou les transféra
de l'églse de Sainte-Praxède, oij le pape
Pascal I" les avait d'abord fait mettre. LE-
glise fait la fêle de cette sainte famille de
martyrs le 3 décembre. iVoij. Clalue et Hi-
LAR'E.)
MAUK (saint), martyr, était venu k Rome
d'Afr.que, son pays, "pour visiter les tom-
beaux des saints .ip.dres. 11 fut arrêté comme
chrétien, sous l'empire de Numérien, et mar-
tyrisé par ordre deCéiérin, préfet de la ville.
L'Eglise célèbre sa fête le 22 novembre.
.MAUK (Sai'it), soldat et martyr, fut cou-
ronné cl Rome sur la voie de Nomenle, avec
un autre soldat nommé Papias. Ayant con-
fessé Jésus-Christ sous le lèg-ie de l'empe-
reur D:oclétien, on leur cassa les mAchoires
avec des cailloux, par l'ordre de Laodice.
préfet de la ville. En cet état, il les lit enlei-
mer dans un cachot, puis meurtrir à coups
de bâton, et enlin déchirer avec des fouets
garnis de plond), jusqu'à ce (pi'ils expiras-
sent. Ils sont inscrits au Martyrologe romain
le 29 janvier.
MALR ^s tint), reçut la palme des glorieux
combattants de la foi à Rome sur la voif
Latine, avec le prêtre Bon, l'auste et neuf
autres, dont les noms malheureu>emcnt sont
ignorés. Leur martyre est rapporté dans les
Actes du pape sai.it Etienne. L'Eglise fait
leur sainte mémoire le 1" août.
MAUR (saint), fut martyrisé à Reims, à une
époque et dans des curonstances cpii sont
couq>létemenl ignorées. Il eut plusieurs com-
jtagnons dans son triomphe, mais leurs noms
ne sont point parvenus jusipi'h la postérité.
L'Eglise fait leur léle le 22 août.
MAUR (saint), évè(|ue ( l confesseur, souf-
frit à ^■éro•le [»our la défense de la religion
chrétienne. On ignort> tompleiemeyl les dil-
lére lies circonstances qui idustrèrenl son
triomphe. Il est iiisciit au Martyrologe ro-
main le 21 novembre.
M.VUR (samtj, évè(iue et confesseur, souf-
frit h Verdun pour \r nom de Jésus-Chnst.
Nous ignoroi.s completeme'it l'époque < t les
diverses circonstances de sa confession.
L'Eglise fait sa fête le 8 novembre.
.>I.Vl R ^saintj, lut un des nouibreux mar-
tyrs (|ue la persécution d« Trajan lit monter
aux eieiix. Il fut mailyrise en Pouille avec
saint l'.mlalemon. La Iradition ne nous dit
rien de |)lus sur ce saint martyr dont la fête
lombi' le 27 juillet.
.MAIRE ^^a^1tl'), martyre .^ Ravenne, était
nourrict* de sainle Fusque. Convertie par sa
jeune maîtresse, elle eut le bonh(>ur cl la
goiie d'être associée à « Ile dans les persécu-
tions domestiques que lui tit subir son
père ; et ciisuite dan"- les tourmenis aux-
quels le gouverneur (Juuitien ta condanui i
<«•»
MA 11
mai;
ii(,
nvdiil tin la l'airn mourir. {Voi/. s.iinlM Vvh-
v»iii.;.) I,a l""H(i tl(j .s/iinlc M.iiirr arrivo le \'i
IV'vrirr.
MAIMU"! (sainte*), fut iiiarlyrisc-c («•! TIii'-
liuilc avi'C sdii (''jHiiix, sailli 'riiiiollii'''', par
Idrilic d'Arici, ^;(iiivi'iiifiii île la [Moviiicc
Apiôs |iliisi(Mirs aulrt's loiiiiiiciils ils liiicvil
mis en croix où, avaiil vriii |i(«ii(laiil iiciil
jours, S(" i'oililiaiil riiii l'autre d ms la loi,
ils a<'foiii|ilirt'iil leur martyii'. I/I']f^lis(< lait la
nM'iiioirtMlo i!OS saints coiiihallaiils le 3 mai.
MAl'IUs (sainte), vier;.;'e el iiiarlyre, soiif-
l'i it la inori h (]onslaMliiin|i!e pour la tlél'eiise
(le la roli;^ion clirélietine. Nous ignorons
les (liversi's i'ircoiistaiie(>s de son mart,^ re.
L'l'',j.;lise lai! sa IcMe le .'{() iioveml)rt\
MAIMUCK (saint), martyr, dont I'Fxj;liso
fait la r(Ho It^ -2'2 st>pteiiil)i'e, avec celle de
tous SCS coiupa ;no)s, el iiolaminenl de saint
l'Aupc^'io ol (le saint Candide, est un Ars [ilus
«•(Mi'^bres marlyrs doiil l'Iiistoiri* ail '^i\V{l6 le
souviMiir. (llief d'iiiK» léu;ioii puissante parle
iioiiihrc, par le courai^e, il préfôra mourir tpie
sncrdiorauxdieux d(^ l'empire ; ilselaissa tuer
avec ses soldais, sans opposer la moiîidrc
n'-sislaice, c|uand il aurait |)u vondri; clièro-
nieut sa vie, pcut-Olro nuMuc» la sauver avec
celle dos siens. Ce fut le cruel iMaximicn, col-
lègue de DiockHien, qui fit mourir cette glo-
rieuse légion de saints, en l'année 28G,
ainsi que le rap[)orte!U les Actes du martyre
de saint Maurice, donnés par saint Eucher,
•jt que nous rapportons in extenso.
J'ai pris la plume pour écrire les circon-
stances d'un combat si glorieux à Jésus-
Christ ; ce n'a été que dans la crainte que
le temps ne vînt h en elïacer insensiblement
la mémoire. Au reste, je les tiens d'auteurs
dignes de foi, de ceux-là mêmes qui m'ont
assuré les avoir apprises du saint homme
Isace, évoque de Genève, à qui le bienheu-
reux évèque de Sion, Théodore (ce Théo-
dore assista au concile d'Aquilée, et y sous-
crivit en 381), en avait fait le récit." Ainsi,
comme on voit les fidèles venir en foule des
provinces les plus éloignées aux tombeaux
de ces saints, y otTrir de l'or, de l'argent et
d'autres choses piécieuses, nous y appor-
tons cette histoire, que nous mettons à leurs
pieds, et que nous prenons la liberté de
leur présenter sous vos auspices, les conju-
rant de vouloir bien nous accorder leur
protection. Et vous, notre très- cher frère
en Jésus-Christ, ne nous refusez pas de
nous donner quelque part en votre souve-
nir ; surtout nous vous le demandons en ce
jour solennel, que vous célébrez tous les
ans à l'honneur de ces illustres soldats, et
toutes les fois que vous prierez devant leurs
saintes reliques.
Nous voulons laisser à la postérité l'his-
toire du martyre de ces généreux soldats
qui, dans les champs d'Agaune, donnèrent
leur vie pour Jésus-Christ. La grandeur du
sujet nous y invite, et nous nous y sen-
tons porté par le désir de contribuer à la
gloire de tant de saints, pour la(iuelle nous
travaillerons avec d'autant plus do solidité,
,que nous sommes certain que le récit que
DlCTIONN. DES PeRSÉCUTIOINS, IL
nous allons l'-iiri' est lue de ménioires ties-
aiillieiiliipies. En ell'cl la tr/idilion n'en a
pu eiiroro (Mr<' air.nlilie par l/i lo'iîAueur du
temps ; el nous loin lions piesque h ceux
ipii en ont élt- li-nioiiis. l-.nli i nous iiou«
['.lisons un sensible plaisir ■ c pubin r le
boiibi'iir trAf^aiiiie, el de ^ralilier le peiiplo
liilèle ipii riiabib; ; car .si les villes (pu ont
riiuii. (!ur d'iMre les déposilaires d('s dù-
poiiilles sacrées d un inart\r sont le^jurjées
avec uiM! (!spèco d(î vénération religieus*;,
(piel respcM't ik; doil-on [loinl avoir pour iiri
li(!U consacré par le .sang de plus de six mi|-
!(.' martyrs ?
Lorsipie le monde gémissait sous la ty-
rannie de DioclétKMi (;t d(! Maximien, le (;io|
se peuplait de martyrs ; tontes le.s provi'i(:«;s
(l(> l'cMiipire y envoyaient en foule, et il no
se passait point de jours (pi'il n'en tomb.lt
l)liisieurs sous le tranchant de réjiée. Maxi-
mien S(! signala en celt(! renconire; et
comme il surjiassait de beaucoup son col-
lègue (Ml avarice, vn cruauté el en impudicilé,
il l'emporta aussi sur lui par l'atlache (pi'iî
avait au culte exécrable di; ses dieux, el par
la haine (lu'ilavail conçuecontrf le vrai DiiHi;
en sorte ([u'il arma pour ainsi dire touto
son impiété à la ruine et h la destruction
du nom chrétien. Dès qui' quelqu'un osait
professer ouvertement le christianisme, aus-
sitôt on voyait son logis environné de sol-
dais qui l'enlevaient d'entre les bras de sa
famille et le traînaient au sui)plice. Entin le
tyran avait t' llement à cœur d'abolir la re-
ligion de Jésus-Christ, qu'il (it une trêve
honteuse avec les barbares, pour s'appliquer
tout entier à persécuter les fidèles.
Il y avait alors à l'armée une légion nom-
mée la Thébaine. Une légion était de six
mille six cents hommes effectifs. Maximien
avait fait venir celle-ci d'une des provinces
de l'Orient où elle avait ses quartiers, et
avec ce nouveau renfort il aurait pu mar-
cher sur le ventre de l'ennemi, si l'injuste
péission qui l'animait contre les chrétiens
ne lui eût fait préférer le cruel plaisir de
répandre leur sang à la gloire de vaincre les
ennemis de l'empire. Car cette légion Thé-
baine était toute composée de braves gens,
d'une valeur éprouvée, intrépides dans le
péril et qui avaient vieilli la plupart dans
le métier ; au reste, fidèles à Jésus-Christ,
inébranlables dans leur foi, et qui savaient
rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu, en
même temps qu'ils rendaient à César ce qui
appartient à César. {Voy. Tillemont, dans ses
Notes sur la persécution de Dioclétien.) L'em-
pereur les ayant commandés avec d'autres
troupes contre les chrétiens qu'il fais lit en-
lever partout et conduire à la mort, ils décla-
rèrent nettement qu'ils ne pouvaient obéir à
des ordres si injustes, et qu'ils n'étaient pas
venus pour être les ministres de la cruauté
du prince, mais pour lui aider à remporter
des victoires. Maximien n'était pas loin du
camp, car il s'était rétiré à Martigny (ou
M.irtinach, ville de Suisse), où il se reposai*
d'une longue traite (ju'il avait faite. Mais à la
première nouvelle qu'il y reçut de cette gé-^
6
171
M AU
MAU
172
nf^reuso résistance do la l(^:;io?i Th('>baino,"
il nnroiinit (ilcin 'lo ra;^fi ol ne ros[)iranl qwn.
snni ft <y\o veng'^nnre. >fais avant i|no ilc
pa«.<;i'r o itrf', il faut qno jo donn»' le plan
du lieu où f(>tto l<^gion fêtait ramp(''p.
Agaune «ist éloig-i»^ do denèvo d>nviron
GO milles, et de quatorze milles du lac
L''man (lac deGon^ve). Ce lieu est situé
dan-! u'io vallt'e au milir'u des Alr»f*s, dont
1p<; pointes la counuinont de tous rnt(^. Le
RluNne, qui coule au travers, ne laisse sur
ses deux rives qn Un rhe.nin étroit et dilli-
cile. Oiis roi'hers s'avanci-nt de l'un et de
l'autre côté de son lit jusque sur ses hor Is.
Mais apr(>s que l'on a (lassé ce Ion.; détilt",
le pied df'S monta;^nes venant ;\ s'eiar^^ir à
droite et à gauche, elles forment un c rcle
qui renferme une campagne assez étendue,
au milieu de laquelle est le bourjj il'A-
gaune. C'était là où \\ lé^ioi Thébaine s'était
reliri'o, après avoir fait sa di'claratio i (ju'elle
ne i^ouvait déférer aux ordres cruels île
l'em lereur. La fureur qu'elle excita dans
l'esprit de ce prin\;e fut si violente, qu'il
commanla sur-le-champ qu'on déciuiùt
(qu'on en tuAt de dix un } la Icjjion, atin que
ce iX que le sort ain'ail épar^^nés, épouv.ui-
tés par le danger qu'ils venaient d'éviter et
par la vue de leurs compagnons égorgés à
leurs yeux, se résolussent <\ obéir; mais ni
ce triste spectacle, ni la crainte d'une i)arfilk
destinée ne purent les ébranler. Ils s'écriè-
rent tous qu'on ne verrait jamais leurs
mains souillées du meurtre de It.'urs frèics,
ni fumantes de leur sang innocent ; qu'ils
d'iesiaient le culte imjjie des i(|.)les; cju'ils
étaient les adorateurs du vrai Dieu, et qu'ils
en hn- raient les dernières extréuntés, et la
mort môme, plutôt (|ue île faire la mointlre
chose contre la religion qu'ils professaient.
Cela ayant été rapporté à Maximien, il or-
donna ([u'on dét'imAi la légion pour la se-
conde fois, et qu'on ne l,dss.U jias ensuite
de contraindre ceux qui resteraient à exé-
cuter ses premiers ordres. La légion lut
«lonc encore dé(;imée, mais le reste, sans
s'étonner, persévéra toujours dans le même
refus; les olliciers et les soldats s'exhortant
niutufllement b-s uns les autres à demeu-
rer fernu's dans une si belle résolution.
Mais celui qui leur inspirait le plus cell!' ad-
mirable feiuii'té était saint .Maurice, leur co-
Imi 1, aiiipiel se joignirent Lxupère, ma-
réchal de camp, cl Candide, prévôt di* la lé-
gion. Ces trois i>incifrs ne cessaient de leur
représ-ntcr la sainteté du serment qu'ils
avaient fiil à Jésus-lJhrist, la lidélit' cj l'ils
lui dev;n<Mil romme h leur véritable empe-
reur; uu'il était b-Mii di^ mourir |)our la dé-
fense (l.* la loi de Dieu ; que l'ext'inpb» de
leurs rom[>agn()ns, (pi'ils voyaient élondus
sur la pous-.iiT»', comme élaiil dt's vicliui -s
sacritiées à la gloire de ce grand Dion, les
devait inerveilicusom ni encourager; ipiedii
haut du eicl où ils veo.iitMit d<> mont i , ils
leur tendaient la main el leur mont ni ni
d vironn.îs toutes pareilles à celles qu'ils
.1 .uenl lirille." sur leurs leles. Ces trois
grands homiues n'eurent pas de |ieiuu à al-
■ liimer dans le cceiir do leurs soldats ce feu
divin dont ils brûlaient eux-mêmes : tons
souniraieni après le martyre. Ainsi animés
de ce beau feu, ils lirenl pn'-senter à Maxi-
mien un écrit conçu à peu près en ces termes :
n Seigneur, nous sommes vos stddats, il
est vrai; mais nous sommes aussi les servi-
teurs du vrai Dieu, et nous faisons gloire
de le confesser. Vous nous ave honorés de
la milice; mais nous devons à Dieu le don
inestimable de l'innocence. Nous recevons
de vous la solde connue une récompense
due h nos travaux ; m lis nous tenons de
Dieu la vie comme un don purement gratuit
et que nous -lo pouvons jamais nn-riier. Il
ne nous est donc plus permis d'obéir à no-
tre empereur, dès que notre Dieu nous le
défend ; oui, notre Dieu est le vôtre, soi-
gne ir. Cominandez-nou.s des choses justes,
vous nous trouverez soumis, obéissants,
prêts h tout cntre[)rendre pour votre service
et i)our votre gloire. Monlre/î-nous l'ennemi,
et nous vous répondons de sa défaite ; nos
mains n'attendent que votre ordre pour se
tr Miioer dans son saU;^; ma s nous ne répan-
drons jamais celui de nos frères, de vos su-
jets. Avons-nous pris les .irmes pour exter-
miner les Uomains, ou f)0ur les défendre?
Ef n'est-ce pas pour la justice, pour la (-on-
servation de rein|>ire, p mr y maintenir la
Iran ju llité. que nous avons iusqu' à présent
combattu? Ça to jours été là le prix aussi
bien que le motif de tant de |>érils où nous
nous exposions cha pie jour. Mais euîin, sei-
gneur, si nous man pions àlaUdélitéipienous
avons promise à Dieu, quelle assurance au-
riez-vousque nous vous garderons celle (jue
nous vous avons jurée? Un double serment
nous lie en vers Di«Mi(>t envers notre empereur:
si nous violons le premier, le second nous
doit neu couler à rompre. Vous nons oom-
manuez d'égorger des chrétiens; que n'em-
ployez-vous h ce grand exploit vos autres
soldais? Ils vous ont si bien servi lors(|ue
vous bnir avez ordonné de faire main-basse
sur nos compagnons ! (Juailende.z-vous à
en faire aillant do nous ? (Jui vous arrête?
Nous cont'essons un Dimi créateur de tou-
tes choses, e.t un Jesus-Cdinst, son Fils
et l>ieu comme son Père. Nous venons de
voir nos cIkm's compagnons expirer sous
le fer imnirlrier de vos boiirreaus, et nous
sommes tout couverts de leur sang. Nous
avez-vous vus vi>rser la moindre larme ?
Avons nous jeté le moindre soupir? Vt)us
a-t-on dit (|ue nous di'plorions leur uiort
prématurt'o? .\u coiilraire, nous lavo'is ac-
coiuiMgii'e de nus vuuix. de mdle marques
de joie. Nous leur portons envie, nous les
estiin 'US heureux d'avoir ("lé trouvés di-
gues de soutl'rir pour leur Dieu. Au res'i^
qu'on n'appréhende rien de notre désespoir;
la ( rainte de la mort n'armera point nos
mains pour repousser celle qu'on nous
voudra doiiuor; et notre em|)ertMir, quoique
ac'iarné à no.re perle, ne nous en sera |tas
moins rospeclable. Nous ne parerons point
les coups (pi'il nous lera porter, el nous ne
nous servirons po'nl de nos armes i>our cm-
i7.^
MAtI
M\t.
17i
p^clior ['(«xrculioii (l(> Sfs (irdrcs, (|ii('l(|iMti-
juslcs (iii'ils soiciil. Nous ;\iin(itis (Ioim:
inii'iix nioiiiir nons-iiK^mcs (|ii(> ûi' l'niri' In
iiioii.dii' iii.'il 'i iHis rrcics ; cl («iitiM^ mniirir
iii'iocciitiJ oi vivre niii|t;i|tl(>s, il n'y ;i pus h
li,iliiiic('r «u clmix. ImiIIii nous sommes
elii'eti<'iis, nous Me imiivons nous résomli'o
à verser le s;ni;^ des ehr(''linis, »
!\l;iximien, sY'l/ml f.iit lire eel éeiil, (';^'ji'e-
nie'il l'oil el lesneclneiix, el n"es|)(raiil |ilii.s
(lt« pouvoir Viiitiero la (•oiisl.'ince de ces ^6-
n(^ieiix clnM'IiiMis, résohil de les laii'i; Ions
p;iss(>r par le lil de l'épt'e. Nos sainis, voyant
ap|iroehor les soldats l'épée nu(N mirent l)as
les armes; et |>r<V*<OMlaMt la yorj;(> à leurs
bourreaux, ils reeevaieiil le coui» moi le!
sans [loussei'la muiudro plainte. Ils auraient
pu vendre bien iiu>r leur vi(\ el, foris de leur
noudire el d»" b'ur valeur, l'aire sentir aux
soldats (lui les niassacraioiil qu'il n'cHaitpas
si facile do I;i leur (M(>r ; mais, se ressouve-
nant que celui qu'ils adoraient el pour
l'amour duquel ils mouraient, semb'ablo^ un
paisible a.Aueau, u'avait pas m^^me ouvert la
bouelio pour se plaindre de ri'mislieo de ses
ennemis, ils se laissùrent dt^'liircr comuio
d'innocentes brebis qu'uue bande de loups
allâmes oU assaillies dans un lieu écarté. I.a
terre i'ut eu uu instant couverte de corps ou
morls ou mouraids; el do longs ruisseaux
de sang c niaient de tous cùtés. Quel tyran,
quelque altéré qu'il en fût, en a jamais fait
couler ainsi des torrents sur le sable? Un
seul ari'él a-t-il jamais puni tant de crimi-
nels i\ la fois '/Cependant, quoique un crime
couuuis par une nuillitude de coupables de-
meure [)resque toujours impuni, ici la mul-
titude ne peut sauver môme des innocents.
C'est ainsi qu'un seul homme, abusant de sa
puissance, tit périr d'une seule parole un
peuple tout entiei' de saints. C'est ainsi que
lui éleinte dans son sang celte légion d'an-
ges mortels; mais ii faut croire que dans le
moment elle s'alla joindre aux légions des
es(;rits célestes, pour louer et bénira jamais
le Dieu des années.
Le martyr Victor n'était pas de la légion,
il ne portail même plus les armes ; mais ayant
obtenu des Litres de vétéran, il s'était re-
tiré à la campagne. Comme il voyageait, le
hasard le coiduisit dans le camp de Maxi-
mien, le jour de celte hoi'rijjlc expédition
dont nous venons de parler. Il y trouva
ceux quiyavaienleupart, qui faisaientg ande
chère. H y avait eu ])Our récompense de leur
infâme cruauté les dépouilles des martyrs; et
après les avoir partagées entre eux, ils se
réjouissaient de celte bonne fortune. Ils
n'eurent pas plutôt aperçu Victor, qu'ils l'in-
vitèrent à se mettre à table avec eux ; pleins
de vin el encore plus enivrés d'une folle
'oie, ils lui racontèrent ce qui venait de se
passer. Mais lui , frémissant d'horreur et
détestant en lui-môme ces meurtriers, il ne
put se résoudre de toucher à des viandes ar-
rosées du sang humain. 11 se lève prompie-
ment, et, fuyant uu repas si funeste, il mé-
ditait déjà sa retraite, lorsque ies soldats,
s'en apercevant, lui demandèrent brusque-
uu'nt s'il n'i'l/iil p/is (lirétieii. u Om, je In
suis, bMH- rt'pondd-il, el jo li; Hcrui, ûvei- la
\^\f\ri' de Dieu, tant (pie je vivrjii. i> A pcino
eul il lArlii- celle p;irolc, (pj'ds .se jel(''H.'nt
sur lui el le massiicr(''reiil.
Au r(vsle, de ce grand iioiidxc de uailwh,
ntuis n'avons pu .savoir le n(»iii (pje de Ct.-s
trois, savoir : de sjunt Maurice, de «iriTil
Kxiqièr-e et de saint (Candide, qiiclqui s rv-
cherclies (pie ikmis ayons pu faii c. A \h véiiié,
la ville de Soleiiro conserve cik orc aujour-
d'hui la mémoire de \ icior et d'Ours Un
Ihsiis), ipi'on li(jMl commniiéincnl être deux
soldais (I(« celh; bienli(!ureuse légion, et (pii
enduièreni le mai lyre (ians celle ville.
Il l'aiil mai'ileiiaiil, pour la salisl'aclion des
lecteurs, (jue je rapporte quelle fnl la lin tra-
gi(|ue et fuiiesU! du tyinn iMaximienf. H
s'avisa, pour sf»u mallieur, de Ibrmer le dea-
sein de fair(! |)érir Constantin son gen-
(lr(>, qui, après la mort de son père Co'ts-
taïu'e, vtMiait d'être élevé ^i l'empin*. Mais
ce nouvel emjiereur ayant découvert la mau-
vaise intenlion d(i son beau-i ère el s'éiant
heureusement sauvé des embûches ([ue M ;-
ximien lui avait dressé(S, il le surprit lui-
même dais Marseille; et s'éiant assuré do
sa personne, il le lit étrangler. Ainsi tinit
sa vie, par une mort digne d'elle, un des
plus méchants hommes <pii aient jamais
monté sur le trtjne des Césars.
A l'égard des bienheureux martyrs d'A-
gaune, la tradition nous apprend rpie, plu-
sieurs années après leur passage au ci 1, le
saint évoque de Sion, Théodore, eut révéla-
tion du lieu qui iwinfermait leurs corps sa-
crés, et qu'il leur fit au môme endroit élever
une fort beUa é'glise. Durant qu'on la bâtis-
sait, il arriva une chose (jue nous jie pou-
vons nous dispenser de rapporter ici. Parmi
les ouvriers qui travaillaient à cet édifice, il
y en avait un qui était païen. Un dimanche,
pendant que les autres, qui étaient chrétiens,
assistaient à l'oirice divin, lui seul, sans res-
pect du jour, s'obstina à continuer son tra-
vail ; mais une troupe de ces saints martyrs
apparaissant à lui environnés d'une grande
lumière, il fut saisi par des mains invisibles
et tourmenté fort longtemps. Cependant les
mart rs cpi étaient présents à son supplice
lui reprochaient son impiété, et la hai'diesse
qu'il avait eue de mettre ses mains profanes
et idî.làtres ?) un ouvrage destiné à servir de
temple au Dieu vivant. Ce pauvre homme,
effrayé de cette vision, intimidé ])ar cette ré-
primande, mais b en plus vivement enc.ire
touché par la douleur des coups qu'il avait
reçus, courut à l'assemblée des fidèles et se
fit chri'tien.
J'ajouterai encore un miracle connu et
avéré de toute la province. La femme de
Quincius, personnage considérable par son
rang, était si fort paralytique, qu'elle n'avai'
plus aucun usage de s s jambes. Elle souhaitct
qu'on la conduisit à Agaune, espérant d'y
recouvrer lasaiiiéparrintercession des saints
martyrs. En etfet, en ayant obtenu la per-
mission de son mari, on ne l'eut pas plutôt
portée dans l'égUse, que ses jambes à demi
17.'
MVX
MAX
170
morlps rt'priront une noiivollo vie. Elle ro-
tourna do son pied h l'Iintollerie, et elle porte
mainterinl p;irtoiil où elle va un Irmoign.ijie
visil>Ie et antlientique du [lonvoir (|iie ces il-
liisires It^gionn dresonlaiiprèsdi" Diru.Nons
ne dirons rien de plusitMirs auir»''^ miracles
qui so t'ont tous les jours parli-ur enlreuiise.
MAt'HK'.E (saint), martyr, reçut la palme
des i;lorieii\ roinhattanis de la loi ?i Niro[io-
lis en Anuériie. 11 eut poi?r compagnons de
son martyre les saints Léonce et Daniel. On
leur lit d'abord e-idurcr |)iusieurs tortures,
sous rf-mpereur Licinius et le président Ly-
sias, apr^s quoi ils achevèrent leur martyre
(la\s le l'eu où ils furent jetés. L'Eglise ho-
nore leur mémoire le 10 juillet.
MAlllKlE SEUPI (le bienheureux), de la
compagnie de Jésus, naquit à Viana en Es-
pagne. 11 était confesseur du roi (piand il
s'embarqua h Lisbonne, avec douze autres
jésuites oont il était supé-rieur, alin de semer
la parole de 1 Evangile dans l'empire du Ma-
roc. Il soulfril le martyre le 4 août 1778. Sé-
bast en, roi de Portugal, était parti en Afri-
que, atin de soutenir les droits de Muley-
Moliauimed Al Monlhaser, souverain de Fez
et de Maroc Tous deux |)érireht dans le
combat contre les infidèles. Un mahoiuélan
ayant aperçu notre bienheureux, au milieu
du combat,* qui aillait un chevalier à mourir
saintement, l'étcndit à ses pieds do deux
coups de cmieterre. Ses compagnons furent
remis en liberté moyennant lançou. (Tan-
ner, Socirlas Jesn u.sr/uf ad satujuinis et vitœ
profusionem militans, p. 181.)
MAL'KIN (saint), abbé et martyr, souiïiit
de grandes tortures et la mort il Cologne,
pour la défense de la religion chrétienne.
Les détails nous manquent sur son compte.
L'Eglise fait sa fèti; le lOjuin.
MAVILE (saint), bourgeois d'Adrumète,
fut ex[K)sé auxbôles en Afriipie, sous l'em-
pereur Sévère, par l'ordre de Scapula. L'E-
glise célèbre sa fête le '» janvier.
MAVIM(-;NE (saint PiKRni:',fnt martyrisé à
Damas. Ayant dit ii qiiehpies Arabes (pii ve-
naient le voir dans sa maladie : « Quicon-
que n'end)rasse pas la foi chrt'licnne et ca-
tliolicpie est damné comme votre faux pro-
phète Mahomet,» il fut par eux massacré sur-
le-cham;i. L'Eglise fait sa fête le 20 février.
MAXELLENDE (sainte), ipic l'Eglise ho-
nore connue vierge et martyre, le Ll novem-
bre, fut tuée pour l'amour de Dieu et de la
cha>teté en <i7(). Ses Actes racontent que dès
ses plus jeunes ans elle avait olfert sa vir-
ginité au StigneiM. Sans doute cela vinitdire
tout simplement (pi'elle avait promis de ne
passe marier. Celle locution, que nous trou-
vons SI souvent dans les Vies des saints.
n'a probablement pas d'autre signilication
la plupart du ti in|>s. Comment admettre en
flTet ipie de jeunes liljes , que des enfants,
connue l'était sainte Maxellende, aient pu
comprendre autre chose ? La jeune lille ipii
s'olfre au Seigneur, qui so consacre h Dieu.
ignore les choses de l'amour ; souvent ce
•ont sp.s parents qui fniit la promesse pour
elle : ce n'est que plus tard et cjuand elle est
déjh engagée, qu'elle sent les sacrifices
(pi'elle s'est imposés. Quand le cœur et les
sens s'eveillent,(piand certains mol s, /nrrriooe,
enfants, ont pour elle une signilication d a-
venir ; quand elle conqtrend le bonheur
qu'elle aurait à devenir mère , c'est alors
(pi'elle fait à Dieu des sacriQces vraiment di-
gnes de ce nom ; (pi'tdie lui immole les dé-
sirs , les illiisions, les espérances de son
cœur, et qu'elle com|)rime, pour être toute
à lui, les révoltes incessantes qui se font en
elle. Sainte Maxellende avait été de bonne
heure promise en mariage par ses parents
à un jeune homme nommé Harduin; mais
quand vint lo moment où il réclama l'exécu-
tion de cette promesse, rien ne put engager la
sainte à en consentir l'accomplissement. Or
un jour, profitant de l'absence de ses i)arents,
Harduin, accompagné de plusieurs honunes
dévoués, se présenta chez elle pour l'enlever.
Longtemps i\ chercha en vain, mais entin il
trouva la jeune tille cachée dans une ar-
moire. Ses larmes, ses supplications ne pu-
rent arrêter Harduin, qui 1 entraîna avec vio-
lence. Elle persistant toujours à dire qu'elle
n'ajiparliendrait jamais qu'à Dieu, et qu'elle
n'accepterait pas les propositions de son ra-
visseur, celui-ci entra dans une violente co-
lère et l'assassina. Les Actes de la sainte di-
sent que le meurtrier fut immédiatement
frappé de cécité. Le village de Caudii, dio-
cèse de Cambrai, où eut lieu son martyre,
possède encore une partie de ses reli({ùes.
MAXENCE (;»/. Aureliits Valerius) , était
fils de l'empereur Hercule et de (ialéria Va-
leria Entiopia. On doute cependant si .Ma-
xe ice n'a point été supfiosé par Eutropia
même. On prétend (ju'elle avoua qu'il était
lils d'un Syrien. Il était naturellement lAclie
et paresseux, difforme de corj)s, d'un esprit
mal fiit, et si lier et si arrogant, qu'il ne ren-
dait pas h son père le respect qu'il lui de-
vait. Aussi, n'était-il aimé de personne, et
(lalère lui-même, dont il avait épouse^ la
tille, empêcha en .'105 qu'il ne fût déclaré Cé-
s,ir. Pupié de se voir [«réféi er Sévère et .Ma-
ximin, il réussit, par ses intrigues, h se faire
donner ce litre p.ir le ptniple, le '28 octobre
de l'an .'JUG, et rendit celui d'Auguste h Her-
cule son père, qui en avait été dépossédé.
ItieiiiiM (i.dère. h la tête dune forte armt'e,
vint assiégtM- Home ; mais Maxence, (pii avait
gagné un grand nombre des soldats de son
ennemi, le força de quitter l'Ilalie. trop heu-
reux ti'avoir pu s'enfuir. Ptnidant quelque
temps, Maxence régna de concert avec Her-
cuh» son père ; mais ce dernier ayant tenlt'
de le détrôner, son fils le contraignit de quit-
ter Home et de se retirer dans les (iaules.
Le 20 avril .'108, Maxmice se fit décLirer
consulavec Komulesun lils^.Mar» us .Vurelius).
n II envoya ses images en Afrique, dit Til-
leinont Jtist. ilis rmp., t. IV. p. '»09).nonr s'y
faire reconnaître emjt'reur. Les milices du
l>ays les rejetèrent, aimant mieux obéir filialè-
re. Maxence poursuivit son entreprise, et les
soldais de I.Vfrique, ne.se vftyant pas en
état de résister, voulurent s'en aller à Alexan-
drie: mais ils furent arrêtés par les troupes
477
MAX
M\\
11R
1
lie Maxcncc, ()iii les cniilriiii-^'uiriil ;i I'uIm'm.s-
siWU'o. Ils loloiiriMM-fiil i\ C.ai 111.1^(1. .Miixclicn
vniil.'iil ii.i.sscr fii Arn(|iit' |iimi {Miiiir, avec;
s.Mi iiuulùortiiii.iiii', ((uix i|iii av.iiriil icjcli'"
s(«s illla^l^'4 ; niait» sos .saciilicaUtuis lui ilirciil
(MIC SCS (lieux ne le viuilaiciit |»as : (railleurs,
il ciMi^iiail Alexauilic (jiii y élail vu aire du
priM'ot (1(1 picloiic. Il se (Miiilcnln liniK*. (I(«
(Iciiiaiiiler ^ Alexaiulrc, |»(»ur ola|j;c, un lils
(luil avait. Alexaiidre, (|iii ciai-^iiail les iii-
l'Aiiios (i(^n\;;lcui(Mils (lo (•(> |triu(!c, s'oxcusa
(le ('(Mivoyci-; cl eoiiiiiie on (l(''('()iiVril peu
a|ii'('*s (|uo Maxciice avail (MiV()_y('' des ^ciis
|i(Mir l'assassiner, hîs sol lais ciureiil (jucî
colle occasion (Mail tavorahle pour s(> révol-
ter, tircMl Alexandre leur omnercur, cl l(i
rev(Mireiil de la pourpre h Cartilage. 11 (''tait
l'iirv^^icn d'orii;iiic, selon le jeune N'iclor
cl Zosiinc, ou sorti irune >"aiiiill(Mle jiaysans,
dans la Paniionio, selon Aurèlo-Victor. Mais
(Ml co'ivieiit (iii'il avail peu de i;('nie, peu
do cœur, pou do viaieur et lioaucouii d'an-
iK^es. Sos Iroupos (.Haieiil roin[)lios do nou-
velles Icvi'os, la luoilii'' sans armes. Avec
cola il no laissa pas i.k\ gartlor lo lilro d'Au-
guslo plus do trois ans, ol sos niédai los
gioc(|uos maniuonl iuscju'h la (]ii.ilivùiiio an-
née do sou roj^iio. il j)araîUpi'il lit (piehiuos
pcrs(5cutions contre l'Eglise. Maxonce (p.
119 et suiv.) n'envoya ([uo i'ort pou do trou-
nos en AlVitiuo pour s'o'i rendre inailre, sous
la coiiduilo de Rufus, ou lUitius Volusianus,
son prcMol du prétoire, et de Zone, lioinmo
célèbre dans la guerre el fort estimé |)Our
sa bonté. Dés lo premier combat, un batail-
lon d'Alexandre ayant plié, il prit lui nièuie
aus,>il(_'»t la f .ilo ; il l'ut [louisuivi, pris et
étranglé, et la guerre finit ainsi sans beau-
coup de peine.
« Los maux de l'Afrique ne finirent pas
pour cela. Tous ceux (.|ui avaient de la
naissance ou dos biens étaient accusés d'a-
voir favorisé la rébellion d'Alexandre , et
aussit()t coiiilamnés sans miséricorde à per-
dre ou les biens, ou la vie même. Maxence
ordonna outre cela de piller , de saccager,
de brûler Carthage, qui était alors un des
grands ornements du monde, avec tout ce
qu il y avait de plus beau dans l'Afrique.
Ai.. si, il épuisa et abattit presque tout à fait
cotte belle province qu'il voulait môme en-
tièrement ruiner. Maxence triomplia à Rome
de la défaite d'Alexandre, ou plutijt de la
destruction de Carthage et de l'Afrique.
« S'il [lillait et ravageait l'Afrique, il ne
traitait guère moins mal l'Italie et Rome
môme. D'abord qu'il se fut rendu maître de
la ville, il s'etïorça, pour gagner le peu[)le,
de faire paraître de la religion et de la dou-
ceur, et pour cela môme, il lit cesser la per-
sécution des chrétiens, qu'il avait jusque-là
horriblement tourmentés. Mais il se fit bien-
tôt connaître pour tel qu'il était , s'aban-
donna avec une fureur incroyable à toutes
sortes de crimes et de débauches. Il enlevait
lesfemmesdes plusgrands sénateurs; elaprès
en avoir abusé il les renvoyait à leurs maris.
Mais quand sa brutalité attaquait des femmes
chrétiennes, il y trouvait une résistance gé-
n('*i'eusc, parce (pi'cllos jiinwiienl iniciix lui
aliaiidoiiiK 1 leur vio (pnt leur pudeur.
" Il li"epai>;ua pas UK'^liie le prélcl de la
ville, ipii iidsail icsisld- a sa vudcm c. Mais
.>^a femme, ipii était chrélitMirie, (;t <pi(! Hnfiii
nomme Soplironie , ayiiit dciiiand('; un peu
de Iciiips pour s'Ii.diilier, eiilia d iiis son ca-
binel, où après s'(Hru nnse h K(>nonx pour
faii(! sa piièi(! , elle s'cidorK.a le p i^inird
dans le sein cl tomba morte ausMl('>l. l'iusébo
et Rufiii louent extrènienicnt ccllo action.
Palladesciiihleaussi l'aiiprouver. C» Ile acli(»ri
est ccrIauKjmeiil graii(le aus>i bien (pie ced(î
do Ra/.ias dans les Macliabées. Kilo monln)
dans Sophroiiie un couiage au-dessus de son
sexe, ol un amour (ixtraordiiiairo de la itu-
relé. Mais avec tout cela, elle ne peut ôiro
légitime, si elle n'a été faite jiar un mouvo-
niciit exlraordinaiie de l'esprit de Dieu: et
c'est ce que nous n'avons heu do présumer
(pie dans les persoiiiies (pii sont canonisées
par une Iradilimi pei'pélu(dl(! de l'Iiglise ; tit
haronius, (|ui semble la vouloirjustiiier, ne
dit point (pie l'Kglise l'honore, ni ([u'elle l'ai',
jamais honorée.
« Maxence permettait à s(;s soldats les
mômes crimes (pi'ilso |)ermollait à lui-même;
et pour se les acquéiir eiitieroment, il leur
abandonnait l'honneur, les b cns et la vie
môme dos [)lus innoc> nts. Lorsipi'il les ha-
ranguait, c était |)our les exhorter à iaii-o
grande chère, à dépenser, à dissiper, comme
si tout eût été à eux. Il pillait juMjii'aux
temples mômes. Ainsi, il épuisa en i.uoiis do
six ans les richesses immenses- que Rome
avait amassées on plus do dix siècles. Comme
rien ne suffisait à sa prodigalité, il conlrai-
gnait les laboureurs et jusqu'aux sénateurs
mômes à lui fournir des sommes d'argent
sous le spécieux litre de présents. 11 rédui-
sit ainsi la ville de Rome à un tel état, que
le peuple y manquait des choses les plus né-
cessaires , et on assure que jamais on n'y
avait vu une si grande famine. Pour s'empa-
rer dos biens des sénateurs, il leur suscitait
mille calomnies, sous le prétexte desquel-
les il en fit mourir un fort grand nombre. Il
semble que quelques-uns aient été accusés
d'avoir formé une conspiration contre lui.
En un mot, il était l'ennemi irréconciliable
de toutes les personnes de qualité. Ainsi, sa
cruauté pi iva le sénat d'un grand nombre de
ses plus illustres membres, et remplit Rome
du sang des plus innocents. Et ce qu'il
faisait par lui- môme à Rome, il le faisait de
môme dans toute l'Italie par ses ministres.
« Il s'appliquait beaucoup aux supersti-
tions et aux maléfices de Ja magie, qui l'en-
gageaient encore à de nouvelles cruautés,
dans la folle imagination de trouver l'avenir
dan- 'es entrailles des femmes et des enfants,
et de se rendre les démons favorables par
ces sortes de sacrifices. Eusèbe et Aurèle
Victor lui attribuent le carnage d'un grand
nombre de Citoyens tués au milieu de Rome
par ses soklats, pour un sujet très-léger. Ils
manjuent sans doute ce que dit Zosime, qua
le temple de la Fortune ayant été brùlo a
Rome, ou du feu du ciel ou par quelque ac-
Kf)
MAX
MAX
m
cidonl inconnu, durant que (out le monde
sVmpro«;s.tif pour tMeindrt' le feu. un snMat
dit (jnol(7U'> parole do raillerie contre celle
déesse infortuné*»; sur cela, le peuple s'émut
et lua le soldat : los autres, vonlanl venger -^a
mort, il se forma me si'diiion (pii pen-a mi-
ner toute la viMe. Zosime assure m'anmoins
qut^ Ma\encem«^tne arrêta fTomptemeiil la fu-
reur de sessoMals. Cela peut (Mie arrivé vers
l'an 309. Quoiqtie Zosime veuille jusliticr
Maxenee en cet e oee;»sion , il avoue néan-
moins^ que le peuple romai'i souhaitait hcau-
coup d'être délivré 'e ce Ivran, dont les vio-
lences et les eruaufés au^nnenf tient Ions les
ionrs ; et un prélend ({ue le désir' de l'en dé-
livrer fnl une des raisons qui porta Cons-
tanlin 't\ enfre,:^r ndr ■ la jjuerrc co-ifre lui.
Prudeni e fait une b^dle d'SiMiplion de lé at
misérable ou était R"me sous ce tyran cruel
et impudi pie. q:ii ne rou;^'ssait pas dt; met-
tre les sénateurs dans les fers et d'en rem-
plir les prisons, de quoi il n'exemptait [las
même If s consid ires.
(( Pour achever le portrait do Maxence,
outre ce que nous a?r)ns dit de son corps
conirefail, et de son esprit fier et arroguit,
il était timide, hkhe et extrêmement pares-
seux, en sorte que même les plus grands
dangers n'étaient pas capables de lui faire
quilt'T ses voluptés ordinaires. 11 ne sortait
prestrae pas du palais : c'était pour lui un
grand voyage d'aller jusqu'au jardin de Sal-
luste, qui était dans un aut c (juartier de
Rome, .laiiiais il ne faisait aucun exercice
militaire, soif par paresse, soit de peur qu on
se moquât de son peu d'adresse et de sa
mauvaise gn'^ce. Cependant il voulait (ju'on
regardât cette mollesse et cette fun antise
comme so i bonheur, et il disait <^ ses soldats
qu',1 était seul véritable empereur; que les
autres éiaiinit ses li-nilenants, (pii combat-
taient poiir lui sur les l'roulières, afin (juil
pOt régner en paix.
« Il ne laissait jias de se faire honneur de
plusieurs victoires, ou remportées par d'au-
tres sous son nom, ou absolument feintes
pour amuser le peuple de Rome. Car, lians
une inscription fro ivée vers Vérone, on le
voit qualifié iwprrntor pour la onzième l'ois,
quoiqu'on ne voie au [»lus que trois guerres
(jui aient pu fournir quelipie prétexte à sa
vanil'' : encore il n'y a que (•elle d'.Mexa i-
dre Oli l'on puisse (lire ijuil y oit eu quel-
que comb it. II est druic diinciU^ de concevoii-
ce (|ui put donner la hiid ess»- h un homme
lâche et paresseux comme il était, de vouloir
entreprendre la guerre ( outre Conslnntin, si
ce n'(vst (ju ' les moins courageux sont sou-
vent plus présom tueux et plus léiuéraiics
qui" les autres. Kusèbe d t qu'il met ail toute
I assnraiii'o de sa vi. toire d.ui.-« le set ouïs
des démons et dans la ma.^ie. Il présum ait
sans doute encore bi>iucoup, soit de l'atle -
tio 1 et du coura.;<> do ses piéioricns, (|ui ne
pouvaient espérer de Constantin le pardon
de tant de cime* qu'il ! nir .ivait laissé rom-
mf'ffre, soit du grand iiombro tie ses autres
troupes. Car, outre l'ancienne armée de >ou
père, il en avait fait une nouvelle d'Italiens
et de Maures, de sorte qu'il avait bien 170,000
hommes de pierl. selon Zosime , et IS.OiO
cîievaux, ce qui lui donna moyen do forti-
fier, par un nombre incroyable de soldats,
tous les lieux par où l'on pouvait entrer en
It die. Un panégyriste ne lui donne que
100,0*0 hommes, ne comptant peut êtn* pas
Ips garnisons. Il ne maiiipiait pas de bons
ofliciers de guerre, ses rapines lui avaient
fourni de l'arg ni eu abondance. Il avait
aussi pourvu Rome de vivres pour longtemps,
ayant épuisé pour cola toute l'Afrique et les
îles voisines de l'Italie. »
Constantin gémissait (le|.uis longtemps de
voir Rome soumise à la tyrannie de .Maxtiice,
mais il ne croyait pas que ce fût une raison
suftisaiite |»our l'attaquer. Ce dernier lui eu
fournit bienk')t un juslc sujet. Il lit abattre
les statues et les images de Conblanti!i, qui
se |)ré()ara dès !ors h m ;rch r sur Rome. Il
a ait Ui e armée de tjuarante mille liommes
environ, bien aguerris et habitués h vaincre
sous sa conduite. II s'as.>ocia Licinius, en lui
promettant la main de sa sœur Conslaiicie,
tandis que .Maxence s'alliait avec .Maximin.
Nous passerons lapideme it sur la vision mi-
raculeuse de C nstantin, ijui lui promenait
la victoire, sur sa conversion et sur les trois
défaites successives qu'il lit éprouver à
Maxence, auprèsdeTurin,deRresseetde Vé-
rone, pour arriver enfin à la dernière défaite
et à la mort liu tyr.in. Ici nous laisserons en-
core parler Tiilemonl, (|ui nous fournil des
détails excessivement intéressants, el donl
nous serions fâchés de pnvrr nos lecl».'urs.
« Constantin, dii-il, marcha Uonc sans hé-
siter du cc)ié do Rome, se hâtant d'y arriver
pu- le chemin le plus court. Il uonna encore
(ju- hpies combats dont le succès ne lui fut
pas lavor.tble. Mais, re[»renanl courage, il
s'attprocha de la ville avec to.it ce qu'il avait
de forces. .Maxence ue s'ébranlait poi t pour
tout ce (pii était arrivé, et ne quiltail point
sa vie ordinaire, ne voulanl point sortir do
Rome, soit par sa paresse cl sa limidilé or-
dinaires poiir ne se pas exposer, soit parce
que SCS devins lui .ivaient prédit (|u il péri-
rail s'il eu sortait. Il su[)priiuail les nouvel-
les de la défaite do se> lioiq)eset lémoignait
quehjiiefois être lieu aise que Constantin
s'approih.ll. dans la fausse imagination que
la vue de Rouie et son argent le r<nidraienl
maille des troupes de ce princ»», aussi bien
(pie de col os de Sévère et de (ialère. Il fit
faire sur lo Tibre un pont de bateaux, cons-
Iriiit de telle sorte, «|u'en (Mant ipiehpies
crampons (pd le I, aient parle milieu, ils(m-
VI. lit el s.' rompait do lui-même. Son d» --
sein élail de le faire ouvrir «piand Consfau-
tiii passerait dessus, alin qu il louil)Ai dans
la rivière et se novAl. Mais Di. u le lit tom-
ber lui-même dans le piér,e (|u il drossait aux
autres. Ce pont était un pi u au-dessus du
Pontr-.Mole.
" Constantin, arrivé devant Rome,sec«rapa
auprès d.' la ville, dans une eau ' large
et spacieuse, vis-à-vis du Pont' . Tout
ce «piil craignait étîit (jue Maxence ne se
renferniill dans Rome et ne le réduisît .^ I as
fsi
MAX
M\\
fRi
si(^;;;or; ro (iiii n^f |mi durer lon^icinp'*, la
ville («liuU tir»s-|)i(Mi Iminiir de vivn-s.el l'ci-
H/i;j;ei' à frtire rrs."«(»'iliniii |>iMi|tle les iiiiiii\ <ln
In .;neri'(>. M.'ii** "i''»' 'i'"" M.'tx<'nie de Home,
nimme in.d>;i<^ lui, fi|""<''*< l'nvidr Im- deti\
jours ;Mi|)firiiv;ml du palMis im|»('riMl, <l<>ii'^ 'I
sortit, sni' (|iii i'|ii<' mauvais |ur'sa;;e i|iii l'a-
vait épouvante duianl la uuil,<'l >alla lo;;;er
.Mvt'c sn leiumo et son lils dans une maison
parliruli^r(>. Son anm-e («lait ceiiendanl en-
tr(< Home cl le l'onte-Mole, pnui disputer \r.
j)assa;^(' ^ TonslaMlin. I-a nuil <pii p écéda
le '11, ou plulAl le îiS d'oclohre, Coiislanlin
lui aveili (>u son;j;e de l'aire niilln^ à ses sol-
dais, sur leuis houeliers, le earnctére du
nom de Jésus-(',luisl, et, a| ri^s cela, de dnu-
iior la bataille sa-is rico erauidre. 1/ordre
l'ut aussitôt exécuté, et Ton vit la croix et lo
roui de J. sus-Chrisl sur les Ixuu'liers dn
tous les soldats, et mémo aussi sur l( urs
rasipios, comme lUi le voit encore dans uiu^
inédiillo de Constantin. I':n mémo temps, ils
se disposèrent à la halaille.
«Ce n)émejour. -J8 octohm, IMaxence fi-
nissait la sixième aiuu'M» de son rè-^'ie, et ne
pouvant ouhli(>r ses plaisirs an milieu méuïc
de la gueri'e, il domiait au |)t nple le div. r-
tissemenl des j{>ux du cirt[Ui'. Il sacrifiait en
méuie tpn\ps pour co-nialtre Févénement de
cette guerre, et taisait consulter les livres
des sibylles. Et coi\uue on lui rap|iorta (|ue
ce jour-lh même l'einiemi des Romains de-
vait périr, il renlendit de Constant n, prit
les armes sur cela, cl alla combattre. Lac-
fani 0 dit (]u'il ne partit que sur ce que le
peu|)le le traitait dedéseiteur, et ci'iait dans
le cii-quo, pendant que les deux armées étaient
déjà aux mai'KS sans lui, cpie Constantin était
invincible. Néanmoins les autres hislorics,
et les panégyristes mômes, disent cjue ce fui
lui (jui tu [Kisser à ses troupes le poil qu'il
avait lait faire, qu'il choisit le champ de ba-
taille en nn lieu api)e é les Roches ronges,
à neuf milles de Rome, el qu'il plaça son
armée entre celle de Constantin el le Tibre,
mais tellement sm- le bord du tlcuve, ciu'é-
ta-d poussée, il fallait qu'elle s'y jetât. Son
armée était Irès-nombieuse.
« Ce fut un grand bonhe:.r pour Constan-
tin de voir Maxence hors de Rome, et un plus
heureux j)résage que celle mulUUide de hi-
boux que Zosime dit qu'on vit alors. 11 donna
le premier sur les eimemis, et s exposa plus
qu'il n'avait encore fait; mais Di.'U combat-
tit pour lui. Les soldats romains et italiens
de Maxence, ([ui ne souhaitai' ni que d être
déiivi'cs d'un si mécliant prince, plièicnt
bientôt. Les autres résistèrent avec assez de
vigueur, aussi bien que les principaux mi-
nislros du tyran et les prétoiiens, qui n'es-
péraient pas de pardon. Ainsi la b .taille de-
meura ([uelque temps douteuse. Néanmoins,
la cavalerie de Maxence ayant enfin été rom-
pue, il prit lui-même la fuite pour repasser
son pont de bateaux.
« Les uns disent que le pont rompit du-
rant ia bataille ; les autres que le grand nom-
bre de ceux qui fuyaient devant Maxence ou
après lui le fit ouvrir, el que Maxence, poussé
par ceux qui l'uvanMil après lui, fut préci-
|)il<> dans l/i rivi)-('e, loinliaiil dans \n iiiènio
pié^o (juM MV/nl (iroKNt^ h l^mNlantin. D'au-
tres rJip ort iil la ( hosM d'une marilèrr* nn
peu ddIVre'ite. Mais un convient «pi'élarit
londx' dans In 'Fibp<« ii clicv/il, nveo son nr-
nies, (»l ayant fait d'inuldes eiforts pf)nr K"-
^mr le bord, il l'ut enii.i englouti dans 1(»h
eaux, et se noya avec un lrès-«r«nd noiid)ro
de personnes, outre beain onp d'autre-., qui
furent luf'es dans le condtai. S(»(i cor .s ,
t;h«rr!;é' d'une pesante (niir/isse, denuturn en-
foncé' dans la vase an lieu même où il s'était
no\é, et on ne le tifiuya qu'avec [)eiiie le
hnidcnnain. On lui coupa la léle pour la por-
ter ;\ Ronu' et l'y faire voir h loni le monde.
Jus(pie-I,i, lu peu[jle n'avait oMj téuKjigner
se léjouir de sa mort, do peur (pie la nou-
velle n'ini fiU fausse. » ('1 ilh mont, Ifisl. des
eiii/xr., t. I\ , p. i'^'^.)
SlVXKNCK (sainte), vulgairement ai)peléo
sainte Maixence, ou Mess(nice, reçut le jour
en lù'osse,(rui otam Ile de sang i-o>al. A.\ant
résolu de garder sa vii-ginilé, elle vint en
Fi-aiice pour exé'cutei" plus facilement ce
VQ'U. Ce fut pi'ès de la livière de l'Oise
qu'elle fixa sa résidence. Elle y fut pour-
suivie et découveite par un honuiui amou-
reux d'elle, (|ui, voulant lui fa re violer son
vœu et n'y pouvant réuss r, entra dans un
tel accès de fiuecripi'il la tir,'.. C'est le '20 no-
vembre qu'on fail sa l'ète à Reauvais et dans
l'I'.cosse, sa pitrie.(ro//. Henskenius.)
MA XENCI'] (saint), nrarlyr,soutl'ril [> Tièves
pour la défense de la rel gion, avec les saii Is
Constance, Crescence, Justin et d'autres qui
nous sont in«onnus. leur- niartyie eut lieu
ciuiantla iiorsétution de Diocléiien, sous le
président Ricl ov;;i'e. L'Eglise célèbre leur
mémoire le 12 décembre.
MAXKNCE, gouverneur ou juge qui fit
mourir, à Rome ou in Palestine, le saint
prêtre Eusèbe. Cet évériement se passa sous
le règne de Diocléiien, h la fin du ni"^ s;ècle
et en présence de rein[)ereur Maximien.
{Voy. EcsÈBE.)
MAXIME (saint), souffrit le martyre en
Perse, avec saii l Olympiade. Ce fut sous le
règne de l'empereur Dèce , qu'ayant été
meurtris de coups de bAton et de foiiets gar-
nis de jdomb, on les frappa ensuite sur la
tête avec des leviersjusqu'à ce qu'ils eussent
rendu l'esprit. Ils sont inscrits au Martyro-
loge romain le 15 avril.
MAXIME (saint), fui martyrisé sous l'em-
pereur Dèce. Nous ignorons le lieu, la data
elles circonstances de son martyre. L'iiglise
fait sa fête le 28 septembre.
MAXIME (saint), évoque de Noie en Cam-
panie, se reiira dans la retraite pour éviier
la persécution de Dèce. 11 y fût mort de faim
si Dieu ne lui eût pas envoyé saint Félix,
prèlre de la même église. L'Eglise honore
sa mémoire le 15 janvier.
MAXIME (saint) cueillit la palme du
martyre sous l'empire de Dèce, en l'an 250,
sous le proconsulat d'Optime, successeur
de Quintilien. Les Actes que nous en avons
ont été pris des registres du greffe pro:-
!8S
MAX
MAX
184
consulaire, et sont pnrconséruK^nt Iros-fifl^-
Ips. Nous Io>< <Ionni'roiis on entier. L'Eglise
célèbre sa t»Ho le .'{0 avril.
Décius ayant formé le dessoin impie
d'exlerininor onfièroinenl la religion rlirr-
ti»'nne, lit niihlier, dans retendue de l'em-
pire, un étiit qui obligeait, sous peine de
la vie, tous les rlirrlitMis n renoncer au
culte du vrai Dieu pour embrasser celui
des idoles. Ce fui h l'occasion de cet édit
que le saint homme Maxime se déelara
hautement pour serviteur de Jésus-(]|irisf.
Il était né parmi le peuple, et il exerçait la
profession de marchand. Il Cnt aussitôt arrcié
et cpnduil devant Oittime, proconsul d'Asie.
Interrogatoire prêté par Maxime, par-devant
le proconsul Optime.
Le proconsul : Comment vous appelez-
vous? il/aj-</»r ; .le me nomme Maxime. Le
f^-oconsul : De (pieile condition èles- vous ?
Maxime : De condition libre, mais esclave
de Jésus-Chri»t. Le proconsul : Q;iolIe est
votre vocation ? .V(/J'</H<' : Je suis un homme
du peuple, vivant de mou petit négoce. Le
proconsul : ¥Aes-\oy}S chrétien? Maxime:
Oui, le le suis, quoii|ue pécheur. Le pro-
consul : N'avez-vous pas conn;iissance des
édits. Maxime : Et que portenl-ils?Lp/>rocon-
sul : Que t'iusles chrétiens renonçant h leur
superstition ne reconnaissent plus qu'un
seul seionieur, h qui tout ob it, et n'aient
plus d autre religion que la sienne. Maxime :
Oui, cet édit impie et injuste m'est connu,
et c'est cela même (pii m'a obligé de faire
une profession ouverte du christianisme.
Le proconsul : Puisuue vous êtes informé
d(Ma teneur de ces eilits, sacrilie/, donc aux
dieux. Maxime : Je ne sacrifie qu'ii un Dieu
seul, et c'est h lui que je me suis sacri-
fié dès ma première jeunesse. Le proconsul :
Sacriliez, vous dis-je, si vous voulez en-
core vivre; car je vous déclare que, pour
peu (pic vous fassiez de relus, je vous
ferai expirer dans les lourmenis. Maxime :
C'est ce que j'ai toujours ardeunnent sou-
haité, et vous ne sauriez me faire un plus
grand i)laisir, que de m'ùter promptement
cette cnélive et misérable vie , |)our me
faire passer dans celle autre vie bien-
heureuse et éternelle. .Mors le proconsul
lui tit donner plusieurs coups de bu-
tons, et, h rha(pie coup, ce juge criait :
Sacrifiez, Maxime, sa( riliez. Maxime lui ré-
pondit : Vous vous trompez, si vous croyez
<jue ces coiqts me lassent du mal. Ce qu'on
endure pour Jésus-lihnst est un»ins un
tourment (pTune douce consolation. Mais
si j'étais assez imprudent pour m'écarler
tant soit peii do la praliipie des divins
préceptes (pii sont contenus dans l'Evan-
gile, ce serait pour lors (pie je devrais
m'attendre h soulfrir d'(''ternels supplic»'S.
Le («roconsul le lit donc mettre sur lo
rhnvalel, et, pendant ipTon le tourmentait,
il lui répétait souvent, ces paroles • Ue-
ppn<:-toi, misérable; recoiuiais ton erreur ;
renonce h ce fol entêtement, et sacrilie
cnlin [)our sauver la vie. — Je la perdrais.
au contraire, repartit Maxime, si je sa-
crifiais, et c'est pour la sauver que je ne
sacrilie pas. Ni vos bâtons, ni vos ongles
de fer, ni votre feu, ne sont capables de
me causer la moindre douleur, parce que
la grâce de Jésus-Christ est en moi, et elle
me délivrera de vos mains pour me met-
tre en possession du même bonheur dont
jouissent maintenant tant de saints (pii,
en ce même lieu, ont triomphé de votre
fureur et de votre cruauté. C'c-t par le
moyen de leurs prières que j'obtiens cette
force et ce courage que vous me voyez.
Le proconsul prononça cette sentence :
« La divine clémence île nos invincibles
jirinces ordonne que celui qui, refusant
d'obéir fi leurs sacrés édits, n a pas voulu
sacrifier h la grande Diane, soit lapidé
pour servir d'xemple aux chrétens. » Saint
Maxime fut en même temps enlevé par une
trouj)e de satellites, f[ui le conduisirent
hors de la ville, oi il fut assommé à coups
de iiierres He IV mai).
MAXIME (>aintj , piètre de l'Eglise de
Rome, fut un des nombreux confesseurs ar-
rêtés et mis en prison sous le rè^ne de Dèce,
en l'aniée 2o0. Après avoir courageusement
soulfert [)onr la foi et passé près de dix-huit
mois dans les fers, il eut le malheur de
s'attacher à Novat, qui le jeta dans l'erreur
de Novatien et le fit un des adhérents fou-
gueux de cet an'ii apc ; mais bient^^t, gr;-ce ci
saint Denis d'Alex ndrie et à saint Cvprien ,
qui écrivirent plusieurs fois aux confesseurs
tombés, il eut le bonheur, après le départ
de Home de Novat, de rentrer dans le sein
de l'Eglise. Il est inscrit au martyrologe au
2.") novembre. (Vo//. , pour plus de détails,
lariic'e de saint SlovsE.i
MAXLME, évêque d'Afrique, n'eut pas le
courage d'envisager les tourments et le tré-
pas pour la foi dont il était le minisire. Sous
le règne de Dèce, il eut le malheur de re-
noncer son Dieu, celui qui l'avait élevé h la
dignité de successeur des api^Mrcs, (Our ,si-
crifier aux idoles. Depuis son apostasie, il
est tuuibé dans l'oubli des hommes ; |>uisso
Dieu ne s'êire souvenu de lui au jour de
son ju-'emenll
MAXIME s,,int\ prêtre, fut martyrisé h
Oslie, sous le règne de l'empereur Alexan-
dre, par ordre du préfet du prétoire Ul-
pien, avec saint Quiriace. évêque. et saint
.Maxime, prêtre. L'Eglise célèbre la fêle de
ces saillis martvrs le "23 août.
MAXIME , saint), prêtre et martyr, souf-
frit à lloiu(> sur la voie Appienne, sous l'eiu-
pirede Valérien. Il fut enterré près du na[»e
saint Xisle. L'Eglise latine fait lafôtcdece
saint le 1".) noviinbre.
MAXIME (.saint) fut martyrisé . h Rome,
sous l'tMnpire de Valérien, av(>c les saints
Hippol\te.Eus('be. .Marcel. Adnas. Néon et
les saintes Pauline et Marie. L'Eglise fait sa
fête h> 2 décembre. Pour plu» amples détails,
rot/, les ,\ctcs de saint lliri'OLVTK. h son
ariicle.)
MAXIME ('sainl\ martyr , mourut pour
la loi dans les Gaules, aux environs de Cler-
185
MAX
M\\
1M
mniil, oti (Iniis cctlo ville iiu'^mr, avec li'.s
saillis N nldiiii cl (lassiiis. Il lui une îles
lii»r)i|)i(Misr.s viclinics (jiKi ('.liiociis, roi (les
Aili'm.'tiids, fit mouler nu ciel poiii- refus d'a-
(|(»rci' SCS (liciu. Nous ne s.'ivuiis «lisnlii-
llioiil lien sur le ^eiiic de iiioil •ipie soiillVit
s.ii'il Maxime : ce (lu'oii sait d'iiiu^ manière
|Misilivc, c'osl (|n'il acc(ini|)lit son .s;icrilice h
peu |>i'ès en raniii'C ^liU\, |»ui^(|ne les mar-
l\roloîj;es le joi^nenl aux deux saints (mit
lions avons nommés en commencanl. I. 1-1-
glise romaine l'ail sa lète le II) mai. lui Au-
vor^^nc , sailli Maxinu» est r(d)jet d'une
grande vé'iéralion.
MAXIMI'l (saiiil) , l'un des gardes de la
prison de saint (/ nsoiin ou (lensoriinis ,
sous ('lande II lo <'iotlii(pie, lui converli à
la loi oliélienne par le jircMre saint Maxime,
avec los aulies gardes de la p ison, lesipiels
(Maieiit Félix, Kau,>tin, llercnlan , Niimère,
Storntinus, Mène, (loinmode, Maur, lùisèhe,
Uiislicpic , Amandiinis, Monacro , ()ivm|io,
(lypricn et Théodore, il'our voir ](!ur his-
toire , rccouiT/ h l'arlich; Mvkïyus d'Ostik.)
Ces sa'iils ne sont pas nommés au Martyro-
loge romain.
MAXlMi: (saint), prêtre, eut la KHe tran-
diéi' pour la foi chréliennc, sous rom|)ire
do Claude II le riothiqnc, avec saint Ar-
clielaiis , diacre, et saint Cyriaqu" , évo-
que. (Pour plus de détails , voy. Mautyivs
d'Ostik.)
MAXIME (saint), vulgairement saint
]\Iau\e, au diocési^ d'Evroux en Normandi(>,
iloiuia sa vie pour la foi chréliennc (Mi mê-
me temps (jue saint Vénérand. Le premier
éiait évè(pie, le second diacre. Après leur
avoir co'd'éré les ordres sacrés, le paiie Da-
mase les avait envoyés prôcher la foi aux
idol.Ures. D'ahord ils prêchèrent en Lom-
bardie, parmi les barbares qui, après avoir
franchi les Alpes, s'étaient établis dans cette
partie de l'Italie. Leur /èle n'eut d'autre ré-
sultat que celui de leur attirerdes tourments,
qu'ils soutfrirent courageusement pour Jésus-
Christ. Voyant qu'en Italie leurs efforts de-
meuraient sans succès , ils passèrent los
Alpes et vinrent dans los Gaules, avec deux
saints prêtres nommés Marc et Ethérius.
Auxerre, Sons et Paris furent successive-
mont témoins de leurs prédications. Après
s'être arrêtés quoique temps au lieu où la
Seine et l'Oise se réunissent, ils continuèrent
leur marche du côté d'Evreux. Mais au vil-
lage d'Acquigny, une troupe d'idolâtres les
a\ant arrêtés, leur coupa la tête dans une
petite île formée par les rivières d'Eure et
d'Yton. Plusieurs de ceux qu'ils avaient nou-
voll ment convertis partagèrent avec eux
l'honneur du martyre. C'étaient trente-huit
soldats, que leurs "^discours et leurs exem-
ples avaient gagnés à Jésus-Christ. Les deux
prêtres qui les accompagnaient réussirent à
s'échapper durant qu'on les conduisait à
Evreux. La nuit venue, ils revinrent au lieu
du supplice des deux saints martyrs, et en-
sevelirent leurs corps dans une vieille église,
située tout près de là, et que les Vandales
avaient ruinée. Ces reliques ont été retrou-
véos vers l'an *.M»(), .'i .Xccpii^ny, |iarun nom-
mé Amalberl. Elles sont toujours, depuis,
resl'''es (hiM.H c(! lieu, OÙ OU voyait un prieuré
de hi'iM'ilirliiis. Coiuiiie ri'*^lise<pji |e« ren-
fermait touillait en ruines, M. de Itoclie-
cIh uni, évê(pie d'Evreux on ITM), \vs lit
transférer dans l'i-^lise paroissiale. La Iftl»
des deux saints arrive le •i:» in.ij.
.MAXIME (saint) fui mailynsé durant la
persi''rution de rempen ur Dioch'-iieii, a A|iu-
iiH'o. Nous ignorons les circoiisl.incjvs de son
martyre. l.'Eglis(> fait sa fête le .'JO o( tohro.
MÀXIME(saint) reçut la couronne du mar-
tyre h Andrinople, sous le règne do l'em-
pereur Maximiciii. Il eut pour comna'^noris
(1(! son glorieux marlyr(! les saints 'liiéodoro
et .\scl(''piodole. L'Jvglise fait leur immortiUo
nn-iiioire l(> 15 so|ilembre.
MAXIME (saint), prêlre (;t martyr, doiiii.i
sa vie pour la f<ii chrétienne sous l'empiie do
Dioclétien, eu rannotî 290. 11 était de ceux
(pie Pinion, |)roconsnl d'Asie, avait fait sortir
(i(! prison après sa conversion, et avait aimj-
nés chez lui à Uomo à son retour de son gou-
vernement. Maxime fut bientôt obligé, com-
me les autres confesseurs, ses compagnons,
de ([uittor la demeure do Pinion par crainte
(le la persécution, et il se retira dans une dos
terres (|uo possédait cet ex-|)ioconsul. Il
était avec saint Anthime. Après la mort do
ce saint prêtre, il fut choisi par ses compa-
gnons pour lui succéder comme dirocbnir do
leur conduite. Prisipie, consulaire qui avait
fait mourir Anthime , envoya piondro
Maxime, et, a[)rès l'avoir fait fustiger, lo
condamna ^v être déca;àté. Une chose remar-
quable, c'est que Maxime apaisa lo peujilo
qui, voulant s'opposer aux ortiros de Pi'is(pie»
s'était soulevé, et se rendit de lui-même au-
près du magistrat. L'Eglise fait la fêle de co
saint le 11 mai. (Vo//. Lucine, femme de
Pinion ; vVnthime, Pimen.)
MAXIME, gouverneur de Pannonie, sous
le règne de l'empereur Dioclétien, fit mettre
h mort, en l'an 30V, à Sabarie, saint Quirin,
évoque de Siscia , qui refusait de sacrifier
aux dieux des empereurs.
MAXIME, gouverneur de Mésie, qui fit
mourir pour la foi les saints Nicandre et
Marcien, sous l'empire et durant la persé-
cution de Dioclétien, en l'année 303.
MAXDIE (saint) est inscrit au Martyro-
loge romain le 13 avril. Il souffrit pour la
défense de la religion, durant la persécution
de Dioclétien, avec les saints Quintilien et
Dadas. On n'a aucun détail sur les circons-
tances de leur combat. L'Eglise fait leur
mémoire le 13 avril.
MAXIME , gouverneur de Cilicie sous
l'empereur Dioclétien, fit mourir, en l'an de
Jésus-Christ 305, pour la foi chrétienne, les
saints Taraque, Probe et Andronic. {Voy. Ta-
RAQUE.)
MAXIME (saint), martyr, eut l'honneur de
verser son sang pour la foi, vers l'année 483,
dans la persécution que Hunéric, roi des
Vandales, suscita aux catholiques dans la
septième année de son règne. Le lecteur
trouvera des détails à rarticle de Libérât.
IS"
MAX
MAX
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M.VXBIP: (sainl), habitait Ostie du tomps
de rcinpereiir Diorléli»*n. Ce prince barbare
le ni .trrrl r avec sctii frôie ('.lamb*, Prt'péili-
gnt'. ffiimie tlt> Ce ileriier. L'I It'urs deux t'u-
fânts, Alexandre etCulias. Ils leiiaicnt à ine
des tamillcs les plus ilhi'^tres ri les jilius coiisi-
diTablt's du |>ays. D'abor i ils lureit exilés ;
mais bieiilôt les persécuteurs, regrettant do
ne pas s'ère inmlrés a>si>z crue s, les <oii-
dainni^reut au feu. Ils subirent tous ensem-
ble cet atfreux suppiioe. Leurs reliques lurent
jf'lées dan-i la rivière: mais les chrétiens
trouvèreil nioven de les recueillir, et les
enterrèrent près de la ville. La fête de ces
saints ni.utvrs arrive le 18 févi-ier.
MAXI.MK saint], évè pje de .lérusTlem et
confesseur, mourut à la (m de l'a-i 3V9, ou
dans les romnu^'icemeuts de 350. Sn viu en-
tière n'avait été ipi une lulie cunli nielle,
une suite de combats pour la religion sainte,
de iaifuelh' il avait l'honneur d'être minis-
tre. Dans la per>écution de (lalère, on l'a-
vait vu parmi les plus généreux confes-
seui-s de la foi chrtHienne. Durant r-lle
de Maximin Daia, il reparut sur la brèehe
el n'eo descendit qu'après avoir élé mutilé
j)Our sa sainte cause. Il eut un œil crevé et
lui jarret coupé. Il net lit eneore que sim-
)lc prêtre. ï>aint Macaire, évèqoe de Jérusa-
ftin, l'ordonna quel |ue temps a;)rès pour
/évèclié de Diuspolis, auipiel il avait élé ap-
pelé. Le peuple de Jérusalem refusa de le
laisser partir. Alors le saint évè(}ue Macaire
s'achemina lui-même vers le sié^^e vacant,
laissant le sien à celui pour lequel le peu-
j)le mo itr.iit lui si ij;rand amour. Dans celle
émrnenle position, Maxime eut à cond)attre
sans cesse contre les hérétiques : il n'avait
rien à craindre de leur- guerr • ouverte, son
courMgo et sa loi étaient au-dossu^s de toule
fail»lesse ; m lis sa bonne foi fut surprise au
concile qu'on avait assembh; à Tyr conlie
saint Alhatrase : il se trouvait au milieu di>3
ariens. Qu md le saint ac-cusé entra dans le
concile a la tète de (|uaranle-neuf évèciucs
cattroliqucs, il y eut iirr moment soieirnel
où la majesté du vrai triompha de l'errein-
et lui écrasa la lète du lali>n. Deux vt'-tér'ans
de la persécution mareliai; ni en tète de la
vénérab e phalan-;e. Mutilt'vs tous les deux,
ils portaient leurs blessures c omnie le ^lo-
lie.ix étendaril de Imir foi : e'ét;\ient sairrt
Paphiuii;eet saint Potamon. Quand ils virent
au mi leu des ariens, M.ixime, ce frère de
leurs >ouirrani;es, l'aplmuec. traversant l'as-
semiilée, vint h lui. < Parce que nous por-
toll^ tous ..eux les mêmes mar(pies pour la
même foi, et (|uc nous ..vous perdu ehainni
un o!il p Mil- Jesiis-l^hrisl, je ne puis souf-
frir de vous voir sit''.;er au milieu des mé-
chants. •> Maxime suivit Papiinuce qui lui
lit voir la vi'.iit''. ci l'MltacIn iiiviolal)lemeiit
au [larli •l'Attianase. Six ans plus tard, il
refu-a de sn rendre nu coninle u'Anlioctie
que l'empereur ai.^emldait eu faveur des
anen.H ; uiais rien, ni son ^mud .l^e, ni les
fali:.(ues et les dani<er8 d'un long voyaiçe, ne
jjur.'ul l'eiupèrher de se rendre au eoiicile
do Sardique. En l'an 3W, saint Athanase,
revenant d'exil, passa par la Palestine, où
les évêques qui avaient si-^ué sa condamna-
tion viment lui t-n témo'gner leur eha^rin
el lui en demander pardon. Stint Maxime
les réunit tous à Jérusalem. Une lettre sy-
nodale, dans larpielle un témoig lage' écla-
tant était rendu ii l'orthodoxie, fut écrite
aux évêques des provinces voisines et à la
ville d'Ale\an<irie, Ce fut le dernier acte
marfpiant du saint évêque : Dieu l'.ippela à
lui au temps que nous .ivons dit plus haut.
Il fut le quarantième évè(jue oe Je iisaiem.
L"Ivj;lise honore sa mémoire le 5 mai.
M.VXIMK (saint), confesseur, reçut le jour
.^ Conslantinople, dans le sein d'une famil'e
des |)l.iS illostn-s et des plus ancieiin'S de
la cité. Il eut des maîtres h.tbiles qui rele-
vèrent co iformément h sa naissance. L'em-
pereur Héraclius, ayant enten lu parler de
la science et des talents de noire saint, se
l'altacha en (pialilé de secrétaire d'Eiat. Il
élait d'une modestie si grande, qu'il ne se
croyait aucunement digne des • honneurs
aux(juels on l'ilevail. 11 désirait ardemment
1.1 solitude, djiis la crainte ipie son cd'ur
vînt à changer et se laissât aller h la vanité.
Ce fut h celle époque que le monothéiisme
fit le plus de progrès. Il donvnait ;\ la cour,
et la faveur que le prince lui accordait lit
que Maxiriie désira sortir d'un emploi où sa
foi devait être constamment en lutte avec ce
que sa lidélilé devait à l'empereur, qui le
chargeait sans cesse d'exé uter des ordres
(jue sa conscirncH réprouvait. Il se démit
de ses fonctions et se retira dans un mo-
nastère. Ce fut h Chiysopolis qu'il alla so
soustraire au monde et aux honneurs qui
lui avaient été si hmrds. Héraclius étant
venu ;\ mourir, ('oiistanlin, l'ainé de ses
lils, lui succéda en GVl. Comme son père, il
se montra très-favorable à l'hérésie ; mais
il iKî régna (pre rent trois jours On accusa
sa belie-mèie .Martine et le patriarche Pyr-
rhus de lui avoir été la vie. Ce q\ù contri-
bua il aerrédiler cette accusation, c- fut lo
choix (|ue tirent ces deux personnages il'Hé-
raeh'onas (ils de .Martine, pour le mettre sur
II' Irô u' i> la |)laco de Constant, second lîls
d'iléraclius, et par conséquent héritier na-
turel du trône; m.ùs avant la tin de r.mnée,
le peuplée! le --énat bannirent .Martine et son
lils. el it't.iblirt nt Constant dans lous ses
droits. On montra dans ces circonstances
une fiTocili'' (pn< l'histoire n.» saurait trop
stigmatiser. .Martine eut la langue arrachée.
Héiacléonas. son lils, eut le ne/, coupé.
Ou.int i» Pvrrhue. ayant peur que la jus ice
populaire lui fil un sort pareil, il se relira
secrèleme.d de Couslanlino; le et pasNa . n
Abiqiie. Dans ee pays, il lit tous ses eiforts
pour jiK) lager le monothéiisme. Il y trouva
.s.iinl Ma\im.>, (|iii de|Miis quelque temps
s'y éla t relir.'. (iiégoire, p.iliiec «t gouver-
neur d'Abii|ue, lit son possible pour que
M.txiine eiU une conférenee avec Pyrrhus.
Celte confeience eut lieu en elîel, au mois
(lejuilleltVio. Plusifur^evèquesy assistèrent,
avec un grand nombre de pcrsormarfes dis-
tingués. Maxiiin> \ confondit Pyrrnus, et
IhO
M\\
M\X
i'.,(\
prmiv/\ rcnili'f fui qu'il y t\ r('(rllfim"il dt'iix.
pcisniiiM^s («Il .Irsiis-Clirisl. I»\ nliiis, com-
v.iiiicii, m l'f^lntcl/ilioii ciitn^ los iiiM'ns du
impc des ddclriiics iju'il Mvjiil jus iiit'-I;i iid-
r('ss(^(>s ; itinis bii'ulAl /iprrs il roloiid).! il.iiis
SOS tTHMirS.
A t'cllo (''|io(pi(', r.'iiil qui ('liiil sur le sic^^r
(hMlo'isl.iiiliiKipIr, cl qui ('tiiil aussi iiioiio-
(lii'lilc, ohliiit d<' rcmiMTi'iir im (''dil (pii d»'*-
i'i'iid.nl dr s'occuper tic celle question. Cel.
(Mil, nommé ////><• on fitrmnUtirv, parut en
()'iN. (Jiuuid i(^ pape Tlieodore appi'il la con-
duile do Pyrilois, il liiil dans l'éi^lise de
8aint-Pieri'(> ime asstmihh'c où il prononça
iiim senfeiice d'excommunicalion cl d(^ dé-
])(»sition contre l\vrrlius. Il 11! la iiiéimî
rlioso contre Paul. Il condamna aussi Ic'dil
dt! (amsiant. Il ne put terminer celto all'aire,
car il iMourul li> 'iO avril (i'iO. (le l'ut saint
Martin (pii lui succéda. Maxime vint trou-
ver ee nouv(>au pape, et assista au concile
de l-alran ipi'il présidait. .\[>r(\s la mort de
l'aiil, Pvrilius t'ul remis sur le siège do
(]()'islautinople ; mais il n'y resta (]ue fort
peu do leuqis : cpiatre mois et vingt-trois
jours. Il eut [lour successeur un préire
nommé Pierre, et aussi monothélile. Kn
6;k), après la mort de saint Martin, saint
Maxime fut arrêté ^ Home el conduit à C(nis-
taulinople avec les deux Anastase, l'un soi
disciple, l'autre qui avait été nom^e de l'Iî
glisc romaine. Dés le soir de leur arrivée,
deux ollic ers avec dix soldais les vinrent
jirendre, les emmèneront prestpu^ nus du
vaisseau el les mirent dans diverses prisons,
où ils furent très-fort maltraités. Au bout
de (pielquos jours, oi les mena au palais,
où le sénat était assemblé el où se trouvait
une grande multiludo do peuple. Quand
Maxime eut été introduit, le sacellaire, ou
trésorier impérial, lui adressa de très-durs
reproches et lui demanda s'il était chrétien.
« Oui, par la grAce dî Dieu, » répondit
Maxime ; alors le sacellaire l'accusa de tra!ii-
soii, lui disant qu'il avait engagé Pierre, qui
gouvernait la Numidie, à ne pas envoyer de
troupes en Egypte, ce qui faisait que les
Sarrasins s'étaient emp.u'és de ce pays, de
la Penta()ole, de Tripoli el de l'Afrique pro-
consulairo. Le saint se justilia très-facile-
nuMit de ces accusations ; mais il avoua par-
faitement avoir dit h Uoiue, à un oilicier,
3ue l'empereur ne possédait pas le sacer-
oce, ijue l'union décrétée par son édit ne
pouvait être reçue ; quj le silence qu'il
orduniiail équivaLiit à la destruction ab->:o-
lue de la fui, ce qui jamais iie pcjuvait être
licite ; que sur le terrain de pareils princi-
pes, les juifs et les chrétiens pouvaient se
réunir el s'entendre ; que les premiers n'a-
vaient pour cela qu'à sacrdier la circonci-
sion et les autres le baptême. Le sacellaire,
au lieu de répondre, dit qu'un homme tel
que Maxime ne pouvait demeurer dans
l'empiie. Plusi'^urs des assistants se réuni-
renl à lui pour accabler le saint d injui es.
Après cela, on procéda à l'interrogatoire
d'Anastase, disciple du saint. II avait la voix
très-faible, et comme il lui était impossible
do se faire onlendie de rassemblée, les
g/itdcs le so'illleterenl avec l/iiil do barbarie,
ou'ils le laisseront dofiii-inorl. On recon-
finisil Maxime et son disci le en piisoii. I.e
même soir, le palricc; 'l'roile vi II vou' .Maxi-
me, pour rengager A rommii iiqiior avec jo
patriarche de (!oMslanliiio|)|e. Le -aitil do-
inatida (pi'.ivanl loiil le |)(ilriarclic el les
.siens (txcommuniassonl les monolliélili*^,
(pli avaient été condamnés | ar le concile do
Lalran. l's lui direni : » Vous nous con-
damiKïZ donc lous ? — Jo n(5 vous cond/irnno
pas, dit-il, Diini me gardi; de (ondamner
peisnniie ; mais je jiréférorais mourir (pie
(piilbn- la vraie foi. » Los o(li( iers lirent
tous hnirs ell'orls pour le p(n^uad(n" d'accep-
ter le typ(^ cl d (Ml recotiiiaitre les disposi-
tions : ce fut en vain. H dil «piil n'atlaipiail
on rien la ptn'sonno de r(niip(n(nir ; (pi'd no
rac(nisail pas d'hérésio, el (pi'.l cro>aii (pu;
le ////><' n'était |)as s(»n (ouvre, mais bien lo
fait des eiuieniis des chrélitnis, cpii avaii nt
surpris sa bonne foi. HimibM après, .Maxime
et Anastas(> subirent un second interroga-
toire au [lalais, dans la chambre du coi s(!il,
on présence du sénat, do Pierre, patriarche
de Conslaiilinople, de Macaire, [latriarcho
d'Alexandrie, lous doux nio no héliles. Ils
dirent (pi'ils ne (|uillerai(nil jamais la foi de
leurs pères, et qu'ils s'en tiendraient aux
décisions du concile de Lalran. On les re-
conduisit en i)rison.
Le jour de la Pentecôte, on vint voir
Maxime, de la part du patriarche Pierre,
poui- l'oïigager h obéir. On le un naça de l'ex-
(îounnuiii r et de le faire mourir d une mort
très-cruelle. « Je ne crains rien, dit-il : que
la volonté du Seigneur soit l'aile à mon su-
jet. » Ce fut le lenJ.niam qu on {>ioiiOiiça
contre lui la peine de l'exil. Celle p ine lui
fut commune avec les eux. Anastase. Il eut
pour lieu d'exil le château de Bizye ; Aiuis-
tase l'apocrisiaire fut relégué à Sélimbrie,
et l'autre Anastase à Porbère. Us furent en-
voyés tous trois, sans provisions de bouche
et seulement avec quelques haillons qui les
couvraient à peine. Quelque temps après,
des conunissaires furent envoyés poiir exa-
miner de nouveau le saint dans son exil.
Parmi eux se trouvait un évêque nommé
Théodose. Les raisonnements de M.ixime
convainquirent cet .évêque, qui partit en
donnant raison sur tous les poiids aux gé-
néreux confesseurs, el en lui laissant une
petite somme d'argent et quelques vête-
mtnits. On signa même une réconciliation
dans laquelle, de part et d'autre, on adiin-t-
tail que ie type ne pouvait pas être reçu.
Mais cette réconciliation ne servit à rien.
L'emifereur, en 6oG, envoya à Bizye le
consul Paul, auquel il donna l'ordre d'ame-
ner Maxime au monastère de Saint-Théo-
dore de Kège, situé près de Constantinople.
Sans égard pour l'âge de notre saint et pour
le rang élevé qu'il avait occupé à la cour,
on le traita en route avec la dernière
cruaulé. Ce fut le 13 septembre qu'il arriva
à Rège. Epiphane et Troïle, patrices,el l'évê-
que Théodose Vy vinrent trouver : ils lui
IM
MAX
MAX
192
rappol^roiit lo promesse qu'il nvnit faite d'o-
béir h l'enipcrcur. « Oui, dit le s.iinf, pour
tout ce (pii n'est pa>^ du domaine spiri-
tuel. » I^e palriee Kpi|>hane lui dit : « Ecou-
tez l'envovt^ (If l'ompcreiir : tout rOccidiril,
et tous ceux qui ont été séduits en Orient
ont les yeux fixés sur vous. Voulez-vous
communirpifT avee nous ef rt-revoir If fj/pr?
Nous virndrons vous saluer m persoiuie ;
nous vous j)résenterons la main ; nous vous
conduirons dans la grande église pour y re-
c<n-oir ensemble le corps et le sang de Jésus-
Christ, et nous vous reconnaîtrons publi-
quement pour notre père. Nous sonunes
persuadés que tous c-'ux qui s'étaient sépa-
rés de notre communion ne vous verront
pas plutôt comnuniiquer avec le sainl-siége
«le Constantinople, qu'ils suivront voire
exemple. — Seigneur, dit Maxime, en adres-
sant la parole à révè({U(! Théodose, nous
attendons tous le jour du jugement. Vous
connaissez l'accord solennel (jui a été fait
entre nous, et qui a été ratifié sur les Evan-
giles, sur la croix, sur l'image de Jésus-
Christ et sur celle de sa sainte Mère. — Que
'ouliez-vous que je fisse, répondit Théo-
dose en baissant la tùte, et avec le ton d'un
homme qui cherche à faire sa cour; que
vouliez-vous ([ue je fisse, en voyant cpse
l'enq^ereur était d'un autre sentiment? —
Pourquoi donc, répli(iua Maxime, mettiez-
vous la main sur les Evangiles? Quant à
moi, je vous déclare que rien au monde ne
me fera faire ce que vous me demandez.
Quels reproches n'aurais-je [)as à essuyer do
ma conscience, et (jue pourrais-je répondre
à Dieu, si je renonçais «i la foi pour des
considérations humaines? »
A cet instant, transportés de fureur. Ions
les membres de l'assemblée se lèvent, S(> jet-
tent sur l(! saint, le soulllèlenl, lui arrachent
la barbe, le couvrent de crachats et d'ordu-
res, l'accablent en un mot des traitements
les plus grossiers et les plus outrageants.
« On ,1 tort, dit Théodose, d'en agir de la
sorte h son ('-gai-d, il sullisait de rappoi ter
sa réponse <» rem[)ereur. » On cessa donc
les mauvais lrail(nuents, et l'on s'en tint aux
injiues et aux reproches. Alors Troile dit
au saint abbé : « On ne vous demande que
de signer le ////)/•; vous croirez dans votre
ra'ur tout ce que vous voudrez. — Ce n'est
pas seulement dans le cœur, repartit Maxi-
me, (]\\o Dieu a renfermé notre devoir ; nous
sommes aussi ob igé-s de conl'e.-.ser Jésus-
Christ devant les honuues. — Si l'on m'(>n
croyait, dit Epiphane. on vous lierait à un
pole.iu au nnbeu de la vdle, alin (pie la po-
pulace idIU vous soullleler et vous couvrir
de crachats. — Si les barbares nous laisstMil
un peu respirer, du-ent (pu'l(|ues autres,
nous vous traiterons comme vous le méri-
tez, vous, le p,'q»e, et Ions vos sectateurs.
r,eux-ci dirent : .Mlons dîner, puis nous ren-
drons compte à rem[)ereur de tout ce (lui
s'est passé. Cet h(jnnuo est possédé du tlé-
mon. u
Eo lendemain, des soldats le conduisirent
h l'crbère, où on le mit en prison. Après
quelque temps, on le ramena h Constantino-
ple avec les deux Anastase ; ils furent cilé-s
(1( vaut un pseudo-cnricile, composé de mono-
thélites, qui les anathémalisa ainsi que le
Pjqie Martin, So[)hrone et leurs adhérents.
Voici le texte de la sentence prononcée con-
tre eux par le synode et par le sénat : « Ayant
été condamnés canoniquement. «ous mérite
riez de subir la sévérité de la loi pour vos im-
piétés. Mais quoicju'il n'y ait point de puni-
tions proportionnées h vos crimes, nous ne
voulons ()as vous traiter suivant la rigueur
de la loi ; nous vous laisserons la vie, vous
abandonnant h la justice du souverain juge.
Nous ordonnons au préfet ici présent de
vous conduire au prétoire, où, a|)rès vous
avoir fouettés, on vous arrachera la Iangu(>,
(pii a élé l'instrument de vos blasphèmes;
l'on vous coupera la main droite, avec la-
quelle vous avez écrit ces blasphèmes. Nous
voulons que l'on vous promène ensuite
dans les douze «piartiers de la ville ; |>uis
que vous soyez bannis et emprisonnés le
reste de vos jours, pour ex[>ier vos péchés
par les larmes, v
.\[)rès avoir souiïert les j)eines f)ortées
dans la sentence. Maxime et les deux Anas-
tase furent exilés chez lesLazes,en Sarmalio
d'Eurojie : on les sépara. Le moine Anas-
tase fut envoyé à Sumas ; il y mourut de fa-
tigue et de douleur, le ii judlet suivant.
(Les saints étaient arrivés dans leur exil lo
8 juin 662.) L'autre Anastase lui survécut
fort peu de temps. Maxime, brisé de fatigue
et très-sou If rant de ses blessures, no pou-
vait sufiporter le cheval^: on le porta en li-
tière au chAteau de Schcmari, chez les A-
lains ; il mourut h la tin de cette aiunn» ou
au commencen)ent de la suivante. Agé de
quatre-vingt-deux ans. L'Eglise fait sa fête
le i;{ aoiU.
.MAXIME \saint), évèque et confesseur,
souiliit beaucou|) .^ Mavence de la part des
ariens, et nmurui avec la cpialité de confes-
seur. L'Eglise fait sa mémoire le 18 novem-
bre.
MAXIME ^sailli), souffrit les tourna nls et
la mort pour la défenst> île sa foi, avec Paul
son père, Talle sa mère et ses trois frères
Sabinien, Huf et Eugène. Ayant été accusés
de faire profession de la religion chré'tienne,
ils furent charges di^ coups et endurèrent
d'autres tourments dont les dilférentes cir-
constances ne sont point parvenues jus(|ir.\
nous, et dans lesiincls ils rendirent lAme h
Dieu. On ignore la date et le lieu de leur
martyre. L'Eglise fait leur fùtc le 25 sep-
tiMubre
>LVXIME (Sainte), reçiit la ronronne du
mart\n' en ,-M"riqin\ avec saint JanviiT et
sainte Macane. Les .\ctes des martyrs ne
nous ont laissé aucun document relatif à
ces saints condtatlants. L'Eglise fait leur
fête le S avril.
MAXIME (sainte, martvr, était otricier
d'Almaque. préfet du jiretoire h Home. T»'-
moMi du courage avec lequtd Valérien et
Tiburce son frère, le premier mari, et le
second beau-frère de sainte Cécile, endu-
iW MAX
rHifiit li««! tniirnionts pour lii foi, so conver-
tit («l lui rr;i|i|H'' avec dt's conlfs ^/iriiics de
i.loml). iiis(|u'a Cl' (|ij'il (•\iMn\l. I/I-Ii^Iim- (•('-
Irlin- s'a ('(Mti lo IV avril. Ses acli-s n'ont,
CDiiiiiKMUMix (If's saillis (|iii' nous vciiniis do
iKiiiimi'r, aiinuic aiiloritt'. [Voij. Ci iii.i;.)
M.WIMK (sailli), diacre ot martyr h Ahio,
|,|-,\s (i'A(|iiila da-is i'Ahhiu/./.c, ('-lail si iiii-
p.ilic'U de soiilViir l(* marh re, (|u'ii se dr-
(•(iiivril hii-miMiic aux itciséciiUnirs (|iii io
chcrciiaitMit. Imnirdialcnienl il lut siis|»riidu
cl louniUMilc^ sur i(> cln>valcl, (il ci ucllnuciil
l'ia|t|)c à (-ouiis d(> l);\loii, cl culiii prccipitc
d'un lieu fort ci(iV(^. iW fut par ce dernier
supplic(> qu'il rendit son Aine h Dieu. I/I''-
j;lise »'(M(M)ro la f(Ho de ce saint diacre et
nmrlyr lo 10 octobre.
MAXIMl'. (sainte), fut nn\v(\ à Sinnicli, h
caust' de sou amour pour la religion et la
foi. l'Ile eut pour compajjçnon do sou mnr-
Ivre l(> sailli priMre Monlaii. Ils sont inscrits
au .Mart,>roloi;o romain le 2() mars.
MAXIMK (sainte), fut martyrisée en Afri-
que avec UMC autre sainte femme nommée
Macarie et saint Janvier. Nous n'avons point
de délails. L'Ejjlise honore leur mémoire le
8 avril.
MAXIME (sainte) , vierge et martyre.
Voici ce (pi'h propos d'elle nous troiivtuis
dans le Martyrologe romain : « A Tubuihc
en AiVique, les saintes vierges et martyres
DoMalille, Maxime, et Seconde. Les deux
jtremières, durant la persécution de Valé-
rien et (lallieii, furent abreuvées de vinai-
gre et d(î liel, puis décliirées à coups de
louet, étendues sur le chevalet, rôties sur
un gril, frottées avec de la chaux, enfin ex-
})Osées aux bêles, avec Seconde, jeune
vierge âgée seulement de douze ans ; mais,
n'en ayant reçu aucun mal, elles furent égor-
gées. » L'Eglise fait la fêle de ces trois sain-
tes le 30 juillet.
MAXIME (sainte), fut martyrisée à Rome,
sous le règne de l'empereur Dioclétien, avec
uu autre combattant de la foi nomuié Ansau.
Ils expirèrent sous les coups de bâtoti dont
les bourreaux les accablaient. L'Eglise fait
leur fête le 2 septembre.
MAXIME (Galère), succède à Maxime,
gouverneur de Carthage. Il fait revenir
saint Cyprien d'exil, le iS septembre 258 ; il
se le fait amener à Sexti le li du môme
mois. {Voîj. la Vie et les Actes de saint Cy-
prien à son article.) Très-peu de jours après
la mort de saint Cyprien, ce gouverneur alla
lui-môme rendre compte de sa conduite de-
vant Dieu.
MAXIME, juge qui condamna à mourir
pour la foi saint Jule, vétéran, à Durostoro,
dans la seconde Mésie.
MAXIMIEN (saint), martyr, disciple et
compagnon des travaux de saint Lucien, le
suivit dans sa retraite avec saint Julien sur
la montagne de Montmille, à une lieue d'A-
miens, quand il s'y relira pour éviter les
persécuteurs chargés par Julien, préfet du
prétoire, de le mettre à mort. Il fut trouvé
MAX V.ii
dans ce lieu et iii/irl \ risé nvftc s/iinl Julir-n
«jUflipic ii'iiips nv/iiil haiiit Liuii-n. L'éj^lis»
ue 'Irjiuv.iis ffg.'irde coiiiim: o^l^^inalI•e.s dw
(•ell(f ville ot prêtres Ions U'H deux, Haiiit
M.'iximieii et sjiiiit Julien. Ils sieil iiiscrili au
M,iil\ iolu;;e s(mis I.i i\;\\r du Mj/uivht.
MAXI.MII'.N (saint), lui I Un d(!s rjuar/intr)-
liuil inaityrs mis h iiioil a\ec saint Salurnin
vu yM'rique, sous le proconsul Anulin, en
l'an de Jésus-Clirist .'JO.'i, sous h; |•('•^'M' et
dînant la persécution atroce (lue l'innmrj
Dioclélien suscita contre ri';;.!;lise du Sei-
gneur. (Vol/. Satiiumn.) L'Eglise célèbri- la
fêle de tous ces saints martyrs h; U fé-
vrier.
MAXIMIEN (saint), évêcpu; et confesseur,
.soull'ril h Uavenne poui- l'honneur de; la reli-
gion clii'i'lieiine et pour la délense de sa foi.
Nous ignor 'lis compléliîirKMit à (pielle épo-
que il con'ossa Jésus-Christ et dans quelles
circonstances. Il est inscrit au Marlyrologe
romain le 21 février.
MAXIMIEN (saint), év6(fuc de Bagaie en
Afriipie, ayant été deux fois cruellement
ni.dlraité par les donatisles, fut enlin préi i-
pilédu haut d'une lonr élevée et laissé pour
mort. Peu de temps a[)rès il passa au repos
du Seigneur, avei' la gloire d'une géné'euse
confession. Son nom est inscrit au Marlyro-^
loge romain le 30 octobre.
MAXIMIEN HERCULE {Aiirelius Maximta-
nus Jlcrculcs), empereur romain, na(juit dans
le voisinage de Sirmium, ville de Pannouie,
cette contrée qui fut si longtemps comme la
pé()inière des empereurs. D'aijord simple
soldat, il monta peu à peu en grade, el bien-
tôt s'éleva aux premiers degrés de la milice.
En 292 Dioclétien, sou compagnon d'armes
el son ami, le choisit pour collègue et so
l'associa au gouvernement de l'empire. Il lui
donna l'Occident à gouverner. Quand Dio-
clétien eut nommé deux césars, Maximien
eut la su[)rématie sur Constance, qui avait
le gouvernement des Gaules. Ce prince fut
un féroce persécuteur de l'Eglise. Il com-
mença à tourmenter et à poursuivre les
chrétiens presque aussitôt qu'il eut l'auto-
rité. On peut voir, j)ar liiisloire de la légion
Thébaine, à quel degré de cruauté inouïe
il poussait sa haine contre le nom de Jésus-
Christ. Ilictius Varus et Dacien furent deux
des principaux exécuteurs de ses ordres bar-
bares : les fastes de l'Eglise sont remplis de
l'histoire de ses cruautés. L'an 305, il ab-
diqua le pouvoir avec Dioclétien et rentra
dans la condition privée, mais ce fut à con-
tre-cœur. Quelque temps après, aidé de son.
fils Maxence, il reprit la pourpre. Le vieux
Maximien oublia bien promptement qu'il
devait la pourpre à son fils ; ayant voulu le
détrôner, il fut abandonné parses soldats et
obligé de se réfugier dans les Gaules, auprès
de Constantin, son gendre. Ce prince avait
épousé sa fille Fausta. Là son humeur am-
bitieuse, ses habitudes criminelles prirent
encore le dessus : il voulut le faire assassi-
ner, afin de régner à sa place. La cons[)ira-
tion avant été découverte. Maximien fut ré^
i95
MAX
MAK
m
diiil h sp rpnf»'rni(^r <lnns li vill»^ do Marsoille,
et. so volatil sur le point iï'y être furc<^. il
s'étrani:;la Ct'Ite lin a élv justement regardée
comme une punition divine inlli^t'e ;i ce
pri'K e pcrsj'culeur. (^ oy. Lactani.k, de Mnrtc
prrsccutorum. Voy. aussi l'article Galère,
dnns li'cpiel l'hisloire do Maximien est pres-
que entM^'r" ineorporéf.)
MAXIMII.IKN (sainte martyr h Ephèso,
est ÎHé ar l'Eglise le 27 juillet : il est l'un
des sept dormants dont saint (ir«''goiro de
Tours nous a donné une histoire. Voy. Dor-
>r WTS I.rs srpt),
MAXIMILII'N (saint), était fils d'un soldat
romain nonniK' Victor. Ayant refusé do
prendre lo baudrier, parce que la prof ssion
des armes était désormais in'^épaïahle de
l'idol.'itrie d'après les ordres que Diocléticn
venait de do-mer, il fut conduit de\ant le
procorisnl qui, lui trouvant la taille requise,
voulut le marquer à la main et lui mettre le
collier do plonib sur lequel étaient gravés le
nom et la devise du prnico. Notre saint re-
fusa courageusement , et fut condamné par
lo proconsul à avoir la tète tranchée. Il souf-
frit le martyre en 296, Agé de vingt et un ans
et quelques mois. L'Eglise fait sa mémoire
le 12 mars. Ses Actes authentiiiues, donnés
par Ruinart, s'expriment ainsi :
Lofpiatriémed s ides de mars (le 12 mars),
sous le consulat do Tuscus et dAnulin, h
Thébosle en Numidic, Maximilien ayant été
présenté an proconsul Dion ()ar Fabius Vic-
tor, com\uissaire des guerres en Afrique,
Pompéian, procureur de l'empereur, dit :
« Le counnissaire Fabius, et Valérien son col-
lègue, préposes par César à l'enrôlement des
nouveaux soldais, ont amené ici Maximi-
lien, lils de Victor, et ]e présentent pour
être enrôlé. Et d'autant qu'il lue paraît tel
(|U'' les ordonnances le vcident, je requiers
(pi'il soit prcsentemenl mesuré. » Le pro-
consul , regardant Maximilien , I
Le [
ui d
it
« Coujment vous appel le-t-on'.' » Maximilien
répond t : « Pouiquoi voulez-v tus savoir
mon nom ? Je vous déclare que je ne pré-
ten<N point m'ei rôler, parce (pie je suis
chreli n. » Le proi'onsul répliqua : « N'im-
porte, qu'on ne laisse pas do voir s'il est de
taille T' quisc. » l'A pendant ([u'on le mesu-
rait, il c(»nlinuail à prote.-.ler contre la vio-
lence qu'on lui taisait : « Que sert tout cela '?
Je vous dis (juo je ne saurais prendre pai ti
dans les troupes de vos Césars ; «'t la lai-
soH, c'est que je suis chrétien. » Le procon-
sul : (t Qu'on le mesure. » Kt après qu'il
eut été mesuré, un (»llicier dit : « Il a cin((
pieds dix pouces (I). » Le proconsul dit n
l'ollit ipr : n Qu'on le marque. » Et Ma\imi-
lie-i ne le voulut pa> soullur : « Non. dil-il.
non, je ne le permettrai jamais. Je ne veui
ni ne puis faue ce (pie vous voidcz. » Lo
proronsul lui dit : « Mon ami, crois-moi,
réfcous-toi à marcher, si tu veux conserver ta
vi'", B .Maxinnlien répondit : « jt- ne ni u-
ciieini puiitt, quand vous devriez, uie faiio
OASouiuicr. Je nu serai jamais soldat de l'cui-
(I) Pedct qumqui' , unctas dccem.
porour, l'étant déjh do mon Dieu. » Le pro-
consul: «Qui te met cela en tète? » Maximi-
lien : « Ma raison, et celui qui m'a appelé à
la foi. » Le proconsul, s'adressant à Victor,
père du martyr, lui dit : « Donnez un bon
conseil à votre lils. » Le père ré|xmdit : « Il
sait ce ipi'd doit faire, et ce qui lui est plus
avantageux, il a son conseil. » Le proconsul
h Maximilien : « Enjôle-toi.el reçois la mar-
que du I rince 1'. » .Maximilien : « Je ne
m'enrôlerai [toint, et je ne recevrai point la
marque du prince ; je fiorte déjà celle <le Jé-
sus-(;hrist, Fnon Dieu et mon maître- » Le
proconsul : « Je t'enverrai à ton Jésus-
Christ. » Maximilien : « IMûi à Dieu que ce
iùl tout h l'heure ; c est le plus çrand bon-
heur (pli puisse ra'arriver. » Le proconsul
dit à un olllcier : a Qu'(m le marque, et
(pi'on lui mette le collier.» M.ximilien:
« J ne le soutfrirai point ; je ne })uis me
résoudre à porter les marques de la iiàlice
du siècle ; et si on me le» met par force, je
les romprai aussitôt. Je suis chrétien ; il no
m'esi pas p(.'rmis de recevoir un collier aux
chitlres de l'empereur, après avoir re<;u la
marque honorable et le signe salutaire de
Jésus-Christ mon Seigneur, et le Fils du
Dieu vivant. Mais vous ne le connaissez
pas, et toutefois il a soulfert la mort jvourvous
et pour moi. C'est lui que nous servons,
nous autres chrétiens ; c est à lui que nous
nous attachons, comme à l'auteur de not/^e
salut et de notre bonheur éternel. » Le pio-
consul : « De crainte plutôt de l'attirer quel-
que malheur, enrôle- toi. » Maximilien :
« 11 ne m'en arrivera aumin, et je ne nVen-
rôlerai point. Je vous l'ai déjà dit. le Dieu
(pie je sers a [tris mon nom, et je ne saurais
plus m'engager à un autre. » Le proconsul :
« Considère, mon ami, que tu es dans la
fleur de ta jeunesse, et que rien ne sied
mieux h un jeune homme que de jwrter les
armes |)our son prince et pour sa |>alrie. »
Maximilien : « Je les porte pour mon Dieu;
je vous le répète encore, je suis chrét en et
soldat de Jesns-(^hrisl. Je ne puis l'être de
r»Miipereur. >> Le proconsul : « Mais il y a
des chrétiens dans les troupes; il y en a
dans les compagnies des gardes ; et ils so
font même distinguer par leur courage, leur
altache et hnu- fidélité. » Maximilien : « Ils
savent ce qui leur est propre ; pour moi , je
ne vous puis ilire autre (• lose, sin •■ : je
suis chrétien comme eux. cl (|ue i . . mt
je ne veux point être d'une prutessioo où je
puis ollénser Dieu. » Le proconsul : « M.iis
quel md lonl ceux qui vont à la guerre ? »
Maximilien : « Vous ne le savez que trop. »
Le proronsul : « C'(>st perdre le temps (>n
dis(>ouis supeillus ; il faut ou que tu mar-
ches, ou que tu meures. • .Maxiiiiilicu : « Jo
n«> marcherai pas, et je no mourrai point :
car, bien que je q iitte la terre, mim Amiî
vivra dans le ciel avec Jésus-Christ mon bon
maître. »
(h On iinpriin;))! niir l.i m.iin dn s(il,I.nt li^ nom de
rnii|)«ni<iir, et i),i im nifli.tii nii coilioi de ploiiili on
lin Unurli'l. sur lf)(ii«i lo nom e( l.i devise du prince
t'i.iieni guM'b.
1
197 MAK
l.c proconsul, voyniit t|ii'il nn pouvait
ritMl i^MKiior siii- l'cspiil Ai' M.ixiniilii'ii, pro-
lliMini ((Hilrc lui l.i scMlciir.- dd iikhI, ni \>'
Hi(ill*i(«n'ii lit il» lerluni «mi co.h termes : « Nous
(utiilMiiii ^ Maxiiiiilini f» peitlrc la KMe,
p(Mir «voir refusé avei' mépris el opini.Urelé
(le pr^^lor le serment de sulilal. <> (le yt^iS-
iiiMciix marl\ r ii'elai! jV^é ipic de viiijAl et
un ans, Irdis mois el di\-lmil jours.
Comme nn le coM iiisnil au supplice, il
disait aux rlu-élieiis (iii il reneoulrait : << Mes
{•liers t'réres, ipu' le plus aiilenl de vos d(''sirs
soit (l'arriver prompiemeut au lernu' (»ù Je
me lioiive; soupu'e/. de tout voire co'ur
npn'^s ce momeul hu'idiei.reux, (pii vous
doit faire jouir de la vue de iiolr(> Dieu; et
lie cess /. poiul de prier, (pu> vous n'ave'.
ohleim de sa l)oiili> une couronne paredle à
celle ipieje vaisro(;ovoir. » Kt s(^ tournant vers
son p(^ro, il lui dil avec un visage tJ,ai : « Je
vous |)rie, mon père, de (Uumor mon liahit
neuf à cet houiiél" lionnne cpii va nie cou-
)''r la télé ; cet liahil (pm vous nr.iv(v. fait
.aire pour allier h l'armi'C. Ainsi puissio/.-
vous, après avoir reçu pour celle bo me
œuvre le centuplt^ sur la l(Mri\ être l)i(Mil(M
réu'U dans le ciel h vot. c lils, ( our louer
e'isouiiiie et bénir éternellement le Dieu de
{^iloire (pii y ré^-^ne. » Ivi achevant ces mots,
il rei^ut le coup cpii mil lin à sa vu\ Une
i'euHne do (pialilé, nonunéi^ Pompéiane, ob-
tint avei; peine du proconsul le cor[)s uu
martyr; et, api es l'avoir ^ardéquel(|u<' temps
dans son Jo^is, i lie le lit conduire à Car-
tilage, où elle lui éleva un petit tombeau
proche de ci'lui de saitit Cy|)rien, tout joi-
gnant le palais; elle y l'ut enterrée elle-
même, étant morte au bout de tr(Mze jours.
Cependant \ iclor, père de Maximilien, après
avoir vu mourir son hls, s'en retourna ch 'Z
hd, rendant à Dieu mille actions de grâces
de ce qu'il avait bien voulu recevoir de sa
main cette chère et précieuse victime, en at-
tendant qu'il pilt s'offrir lui-même, ce qui
arriva peu après. (La l'èle du saint mai tyr a
lieu le 1*2 mars.)
Piobablemenl qu'il y a quelque chose
d'omis dans ces Actes, et que le rédacteur a
P' usé qu'il pouvait se dispenser de dire po-
.•^ilivement pourquoi le saint refusait d'être
soldat. On doit supposer qu'on exigeait de
lui quelque sei'ment incompatible avec ses
•croyances, quelque acte que la religion dé-
fendait d'accom[)lir ; sans (juelque circons-
tance de c<4te nature, on ne pourrait ni
comprendre ni excuser son relus. Quand les
lois d'un Etat exigent des citoyens une
chose qui n'est pas mal en soi, ils sont
coupables s'ils ne s'y soumettent pas. Peut-
être saint Maximilien était-il revêtu de quel-
que dignité ecclésiastique qui l'empêchait
de (louvoir être soldat ; cependant il est pro-
bable qu'il eût donné cette raison en ré-
ponse aux objections du proconsul, si elle
eût existé. Nous ne dirons pas, comme Tille-
niont, que la résolution du saint provenait
« soit d'une prudence chrétienne, soit d'un
mouvement pariiculier ilu Saiiit-Esj)rit. »
Nous aimons mieux nous en rappoiler à nos
MAX
Jfi8
pK-cédcnles supp«)sition.s, (pioiqU(? I(! c<mi-
leiiii di' \( 1rs n'y soil pns Ir^s-lnvornbh'.
M A \ IMII.II'.N sjiiiil I, iiiarlyr, ver a son
sjing pour Jt'Mis-Cluisl en HM de IVmi' chré-
tieillli', s(Mls l'empereur Juli' fi l'AposlMl,
avec saint Mono'c (Ijh Arles de ces diiii
sainis leur ('•lanl (onuiiurj!,, voy. l'ailiclo
IloNosr. I
MAXIMILIEN (saint), évêquc, fut marly-
risé pour la foi (le JéKii.s-ChriKl : on i^noro
le lieu, la date (d les circoiist.iiices de son
lriom|die. L'Eglise fait sa mémoire le iii)
octobre, ainsi que celh; île saint \'alenlin,
(pii coiil'essa le même jour ipie ciliii où no-
tre sailli lui mari \ risé.
MAXIMIN (saint), martyr, donna .sa vio
)our la cause de Jésus-Christ en l'an de
'èie chrétienne .'{(i."{, sous le règnf^de Julien
Aposlat. Actes communs avec saint Jlven-
Ti\. (Vi»!/. ce dernier nom.)
MAXIMIN I" ih'Kjuit en Thrace vers l'an
17.'{, dans un pays presrpn; encore sauva^fo.
Sa ininnière profession fut relie de p,1(re.
Deviniu empereur après l'assassinat d'A-
lexandre, assassinat au(piel il pi'it part, il
garda sur le trôiu; la férocité rpi'il avait dans
le c'araclèi'e et les habitudes sauvages qu'il
avait ?;ardées de son pays et diî son premier
élal. Après (pi'il eut rendu ;i la mémoire de
son prédécesseur les honneuis que les usa-
ges établis le forçaient à lui rendre, il ban-
nit ou éloigna tous les gens de bien ipi'il
avait |)ris comme conseillei's; il en lit même
mettre ci mort un grand nombie. Il sullisait,
pour mériter sa colère et sa haine, d'avoir
eu quelque part dans la laveur d'Alexandre.
Eusèbc n'hésite pas à attribuer à cette cause
la fureur (ju'il montra contre les chrétiens:
il les persécuta, parce que cet excellent
prince les avait protégés. On prétend que la
colère de Maximin contre les chrétiens eut
aussi poui' cause l'imprudence et le zèle exa-
géré d'un soldat qui ne voulut pas mettre
sur sa tête une couronne, comme le faisaient
les autres, quand les empereurs leur accor-
daient des largesses à leur avènement. Ce
soldat prétendit que sa rt ligion s'opposait
cl celle déraonstj'alion, très-permise en soi.
Il soutïril la moit avec un grand courage;
mais sa conduite fut généraiement blâmée,
car elle attira de grands maux sur l'Eglise.
En tout, l'excès du zèle a de mauvais résul-
tats ; en religion il produit le fanatisme.
Maximin, qui n'avait rien dé evé dans
l'âme, se vengea cruellement de l'aciion de
ce soldat en persécutant les chrétiens, contre
lesijuels il lai ça de violents édits. Il salistit
en cela la haine des païens, et notamment
des Orientaux, qui, surtout dans la Cappa-
doce et dans le Pont, ayant été victimes de
grandes calamités, comme famines et trem-
blements de terre qui engloutirent des villes,
ne manquèrent pas de les attribuer aux chré-
tiens. L'édit de Maximin ordonnait de met-
tre à mort tous les pasteurs des églises : ce
sont les expressions d'i'^usèbe. {Hist. i. vi,
ch. 28.)
Apres cet édit promulgué, les gouverneurs
se c'iargèrent de linterpréter et de l'appji-
190 MAX
qu^r. Stlrs do n ^fre pas (liVs,ivouës p.ir un
niaitre qui faisait do la cruautt' sa pr(.'mirrtî
verln, ils se servirent de cet édit pour per-
s cuter non-seulement les pr('^fres, mais en •
coreles simples lidèles. Ainsi Sércmen, gou-
verneur de Cappadoce, lit mourir un très-
grand nombre (le rhrélieiis. Saint Firmilien,
dans une de ses lettres k saint (lyprien, parle
ainsi de Sérénien et de lY'tat de l'Eglise dans
la Cappadoce :
« Il y a environ vingt-tleux ans, après la
mort de l'empereur Alexandre, des calamités
de toute nature alHi aèrent le monde en gé-
néral, et les chrétiens en particulier; de
fré(juents tremblements de terre ébranlèrent
la Cappadoce et le Pont ; (juanlité d'éditiccs
furent détruits; des vil es tout entières dis-
parurent, englouties dans les abîmes de la
terre. Ces catastrophes amenèrent contre le
nom chrétien une violente persécution, qui,
s'élevant tout à coup et a[très les douceurs
«l'une paix prolongée, fut d'autant plus ter-
rible et d'autant plus accablante que le Uéau
t'tait plus imprévu. Nous avions alors pour
gouverneur de la province Sérénianus, cruel
et impitoyable [tersécuteur. Grande pertur-
bai ion parmi tous nos frères. Ils fuyaient ch
et là devant l'orage ; ils abandonnaient leurs
Biaisons, leur patrie, pour clu-rclier un asile
d uis d'autres conliées; cor cette persécution
n'étant que locale leur laissait l'espérance
de trouver un refuge ailleurs. »
Maximin, en lançant son édit, avait eu
paiiiculièrement en vue d'atteindre Origène;
niais celui-ci sut éviter ses rccherc^hes. Il
n'en fut pas de môme d'Ambroise, ami de ce
grand docteur : il confessa glorieusement le
nom de Jésu-^-Christ. [Voij. son article.^ Nous
apprenons d'Origène (pie, pendant la persé-
cuiion de Maximin, on brillait les églises.
Après trois années et (pielques jours de rè-
gne, Maximin vint mettre le si(''ge devant
Aquib'e, que tenaient Maxime et Balbin, em-
j)ereurs choisis par le sénat pour faire la
guerre au tyran. Sous les murs de cette ville,
il éprouva plusieurs revers, et ses troupes
se clécMurageant (levinr(Mit séditeuses. Dans
une circonslanee où les soldats s'étaient
ameutés. Maximin sortit de sa tente nour les
faire rentrer dans le devoir; mais il tut as-
sa'^siné avec son lils. Pendant une année en-
tière, ce monstre couronné put constater la
haine (pi'on lui portail. I-'llalie et un»> par-
tie du reste de l'empu'e .s'(''laient révoltées
contre lui, et le sénat l'avait déclaré cnncoii
public.
Voici ce (pie dit dom Ruinart, à nropos do
la [>ersé(uiion de Maximin. Cet écrivain a
pour but de réfuter les prétentions de Dod-
wel:
n .\près (pT Alexandre eut été tué, Maxi-
niin, (pu lui surcéda, renouvela la persécu-
tion contre les chrétiens, en haine de son
firé'lécesseur, dorit presipic toute la n'iison,
au rapport d'Ku.sebe, avail innbrasx' le chris-
tianisme. Capitolin dit qu(> Maximin lit mou-
rir en diver-ics manières les olliriers et l(>s
tlonie>tiipi'S d'.Vlexandre, d pai consé(jUcnl
MAX
âoû
plusieurs chrétiens. Oite persécution enleva
a Origène dt>ux de ses amis, .\mbroise et
Protectus, prêtres deCésarée; dès qu'il eut
apfiris (pi'ils avaient été arrêtés , il leur
adressa le livre qui a pour titre : Exhorta-
tion au marlf/rr, qu'il écrivit exprè> pour
eux. Au reste, (pioi(pie Maximin. si l'on en
croit Eusèbe, n'en voulût qu'aux chefs des
églises, la persécution ne laissa pas, di.ns
quehpies provinces, de s'étendre jusipi'aux
simples fidèles. Nous apprenons d'une lettre
de saint Firmilien, que Sérénien , gouver-
neur de Cappadoce, exerçait de granles
cruautés sur les chrétiens de sa province. Le
l)ape saint Poncien, dont le calendrier de
Buchérius fait mémoire aux ides d'août (le
13), fut emporté par cet horrible tou b lion,
quoique, à la vérité, le catalogue des pajtes,
qui fut dressé sous le ponlilical de Libère,
fas>e reléguer saint Poncien en Sardaigne
avec saint Hippolyte, prêtre du clergé de Ho-
me, et marque sa mort dins cette Ile le ides
calendes d'octobre (le 28 se|iterabre). An-
thère, successeur de Poncien, ne tint le siège
(pi'un mois ; mais nous n'avons rien de cer-
tain touchant son martyre. »
Cette persécution dura trois ans, c'est-h-
dire tout le règne de Maximin, selon le té-
moignage de deux célèbres historiens; Dod-
wel, au contrair(>, ne la fait durer qu'un an,
mais sans aucun fondement, comme le prouve
très-bien le savant P. Pagi.
Cet empereur, au reste, a été si cruel qu'on
l'a nommé un Cyclope, un Busiris, un Sci-
ron, un Phalaris, un Cygès, un Typhon.
Rome et le sénat tirent des prières publiques
pour demander au ciel (|ue ce délestabh» ty-
ran ne revît jamais le Capitule. « Le bruit iie
ses cruautés inouïes venait sans cesse fra;)-
per les oreilles; on n'entendait autre chose,
i)ar toute la ville, (pie le récit funeste des
exécutions qu'il ordonnait : il faisait cruci-
tier les uns, enf(Tmer les autres dans le ven-
tre des bêtes tuées traîchement ; ceux-ci
étaient exposés aux lions et aux ours; ceux-
\h étaient assommés h cou[)S de b.Uon, sans
que ce monstre eût aucun égard ni au rang
ni au mérite; car il tenait pour maxime (pic,
pour alVermir un tr('ine, il fallait le cimenter
avec du sang. Les Romains ne pouvaient
pius porter la pesanteur de ce joug tyranni-
(pi(>, ni voir sans horreur (pi'il sus(ntait lui-
même les (lélat(nirs, (juil supposait des cri-
nitvs, (pi'il f.lisail périr l'innocence (Jul. Ca-
pitol.) » Hérotlien en parle à peu près
dans lt»s mêmes termes.
MAXIMIN-DAIA, était neveu de Galère et
fils diin pAtre de I lirace. Ce fut le métier de
son père (pii fut le sien dans les premiers
temps de son existence. S'étant enr«Mé comme
simple soldat, il monta bienl('it nar son cou-
rage jusqu'aux plus hauts grades. Ceci est
contesté par certains aulmirs, et même les
)lus recommandables, ((iii veulent que Ga-
ère soit allé le prendre dans son état de bar-
)arie inculte et |>iesque sauvage, pour le
cr('cr césar en 305, à Tepoquo de l'abdicalion
de Dioclétien. A la mort de (îalère, il se lit
proclanior auguste cl partagea l'empire avec
20i
MAX
MFI)
Mt
(loiislaiiliii r( I.iciiiitis; hiiMitAl il .s(> hroiiillrt
jiviw; (Ml\. I-ici'iiiis le drlil iii(Vs (rAiidiiiKi-
|ilt> : il l'iil (ilili^ît'' »l(^ l'iiir (h'^^iiisi''. IN-ii (In
t(«m|»s .'iiir(''>i, il iiHMinil ;i Taisf. (le piiino
l'iil iiii VKiloiit |KM'S(^r.iil('iir (le ri'l^'isc. (Il' lui
lui i|iii lil iiKMiiir s;iiMl l'iriif trAlc\;iii(liit'
««I s(vs (;(iiii|»i,J,ii(»'is. N'uici coiiiiin'iil 'l'illr-
nioiit nu'oiiti^ la ixM-si^ctilioii (|ii() Maxiiiiin
rccoimiiciira (■(•iilic rivj;lis(! (iiiaïui il oui liil
la paix aviu; Lici'iius :
« (l(>(lo pnix i'iil lu ronoiivclltMiiciil de la
giUM'iMi (<oiilro ri''j<lis(', (>l Maxiiniii n'ayaiil
plus rion h craiudn' du cùli' di; Liciiiiu.s, lil
en Asid loul ce (lu'il avail fail vu Ki^.vplc ol
en Syrio. Lors pi il (Mail venu d'ahord à Ni-
connVIio aussihM apri^'s la uiorl de (lah^'ic,
('(nix (le la ville rclaionl V(îmu li'onver avec
leurs idohvs (>l lui avaieul diMuaiiih'' (pi'il di'--
ft.'Mdit aux clirélicîMs de deuiiurer daus leur
pays. Il t('Mn()ii:;na (pi'il aj^réail tort leur do-
inaude ; luais couuue il savait (pi'il y avait
b(>au('Oup de clii(''li(Mis en ces cpiartiors-là,
ni> voulant peut-iHre pas les avoir pour en-
nemis dans la j^uerre (|u'il craij^nait d'avoir
contre I.ieinius, il r(^|)o'idil (ju'il ne pouvait
pas consentir h la demande (pi'(7n lui lAisait,
parce (Qu'elle n\''tait |)as l'aile d'un consente-
ment universel, et (|u'il aimait niit>u\ laisser
tout le uiondo en sa liberté. Mais il chan[j;ea
de conduite (]uand il se vit lil)ro et en état
de faire ce qu'il voulait, et il se moqua de la
liberté accord;>e aux chrétiens par un édit
solennel qui portait son nom; do sorte (fu'ils
ne jouirent pas six mois entiers de l'etL't do
cet étiit.
« 11 tâcha premièrement, sous je ne sais
quel prétexte, d'empôclier les assemblées
qui se faisaient dans les cimetières. Il usa
ens\iite d'un autre artitlce pour fiiire croire
qu'il accordait par contrainte, h la prière des
peuples, ce qu'il souhaitait lui-même. Car il
se tit demander par les villes, comme une
grande faveur, (ju'il leur permît de défendi e
aux chrétiens (Je bAlirdes lieux d'assemblées
et des églises dans l'enceinte de leurs m.u-
railles, et môme d'y demeurer. Ceux d'An-
tioche commencèrent les premiers. Et quand
on vit qu'ils avaient obtenu sans peine ce
qu'ils avaient demandé , les magistrats do
toutes les autres villes se liAtèreut de faire
la môme chose ; et môme les gouverneurs
des provinces les y exhortaient, parce qu'on
voyait assez quelle était rintenlion du
prince, qui ne trouva plus alors de difficulté
à accorder à ceux de Nicomédie ce qu'il leur
avait refusé d'abord, et à l'accorder de même
à toutes les autres villes. Ainsi on voyait
juirlout des décrets des villes pour chasser
les chrétiens, et des rescrits de Maximin
pour confirm'T ces décrets. Et tout cela pa-
raissait, au milieu des villes, gravé sur du
cuivre. Eusèbe rapporte un de ces rescrits
de Maximin, adressé à la ville de Tyr. Il s'y
déclare ouvertement ennemi des chrétiens,
et veut que les cruautés qu'on avait exercées
contre eux soient la cause de la prospérité
dont il se glorifie que son empire avait joui
jusqu'alors.
(( La persécution se ralluma ainsi tout
DlCTIO>N. DES PeRSÉCUTIOîJS. II.
de nouveau : car, (luoiipi'd n'y ortl point
d'édil i^i'niéral d<' \1aximin contre U>h chré-
ti'iis cl que les rescrits i nrliiuliers (iii'ij
donnai! n'allassenl (pi";» | s en liu'e des vilh;»,
ce[)endatU le désir do lui plaire et l'espéninco
de recevoir de lui ipielqiie lavelM', portaient
tout 1(» monde, et les parliculiers ans.si l>n'ii
cpu' les magistrats, h laire toutes choses con-
lic eux, à clierclier de nouvelles iiivenlioll.S
poiH' les lourunniler, et à n'épargner jias
in('^m<î hnn" san^; et leur vie. L(!s grands piè-
tres et les pontifes étaiilis par Maxinnn, uni.s
avec ceux (pii étaient d • plus anci(;nne créa-
tion, pr(niai(nit un gi-and soin (r(nrq)(M:her hvs
clirélnnis iUi bAlir- des églises et nièni'' do
faire, ou en j)ublic, ou en particulier, au( lirr
acte de religion ; et (piand ils les y sur-rjre-
naiinit, ils les arrèlaient (mi vertu du Jioit
(jue .Maximin hnu' avait attribué, et les obli-
geai(nit h saci-ilier ou les metiaien! entre
les mains des g(niveriieiH's. Laclance semble
nietti'o (Ml ce tem|)s-ci l'éreclion (h; ces nou-
veaux ministres des idoles : Lusèbe ne s'en
éloigne pas aussi. Et cela est vrai pour l'A-
sie, (;ar pour la Syi'ie et l'Egypte, Eusî-bo
semble les faire plus anciens (le ([uelques
années. »
MAY (Ii.R m;), voisine de l'Ecosse, h l'em-
bouchure du Eorth. En 87'i., quand les Da-
nois iiient une formidabl(> descente en
Ecosse, suint Adrien, (jui était évè(iue de
Saint-André, se retii-a dans cette île pour y
évit(jr la fureur des jiirates. Ils l'y découvri-
ront et le massacrèrent avec six mille six
cents chrétiens, s'il faut en cr-oire le Bré-
viaire d'Aberdeen. On a b;Hi uikî église en
l'honneur du saint martyr dans cette île, où
longtemps la dévotion à ses reliques attira
de nombreux pèlerins.
MAYENCE, ville importante d'Allemagne,
est célèbre par le martyre qu'y subirent, du
tem})s que les Huns rava.'eàient ces con-
trées, saint Auré et sainte Justine sa sœur,
avec plusieurs autres chrétiens. Ils étaient
dans une des églises de la ville, quand ils
furent massacrés par ces bai-bares.
MAZACHIA (sainte), vierge, mourut en
confessant sa foi, dans l'année 3i3 de Jé-
sus-Christ, sous le règne de Sapor, dit Lon-
gue-Vie. Elle habitait Beth-Séleucie. Sa fête
est inscrite au Martyrologe romain le 30 no-
vembre.
MEDINî^ (Louis de), missionnaire de la
compagnie de Jésus, quitta le Mexique pour
suivre le P. deSanvitores à la conquête des
îles Mariannes. (Pour plus de détails, voy.
l'article Sanvitores.) Il fut le premier mar-
tyr de la compagnie dans cette nouvelle
mission. Il périt dans l'iie'de Saypan, le 29
janvier 1670, la gorge percée d'un coup de
lance. Son catéchiste, Hippolyte de la Croix,
qui l'accompagnait, reçut la couronne du
martyre de la même manière. Leurs corps,
par l'ordre de dom Juan Lope/, évêque de
Nombre de Dios, dans l'île de Zébu, aux
Philippines, furent transportés dans l'église
d"A;agna, ca|)itale de l'Ile de Gouaiiam.
MEDUNIEGKA 'llosu-ii:, princesse), l'uuo
7
^
MEL
des religieuses boNilionnos ([ui, clans le cou-
rant (le Vannât' 1837, furent si violeinmei.t
per5t''(Utées p.ir le czar Nirol.is el l'i-viMiiie
«posrat Siemaszko. On les employa à la
ron-'tnirtion d'un pnlah ponr rè pr^^tro
schisiu.iliijue. Un pan tic muraille élanl venu
h s'écrouler, la princesse Rosalie Mrilu-
nierka (>t (pialre de ses iif()rltin(''es conipa-
c;nes lurent écrnsres. Voy. l'arliili' Miixzys-
MtiiriE (le bionhourcux BKn>Ani», con-
fesseur, religieux 'le la Merci. ^^Voy. Mo>-
MET-AS '"^aint^ évc^qne de Rinocorure, ou
Rh'MML'olure en lEgyple, fut banni pour l'or-
th(>do\ie en 373, sous l'cnipereur Adrien
Valens, pnr 1'' c<>inle Ma^rjuns, qui l'envoya
h Diocésarée en Palestine. Ceux (jui vinieil
pour le prendre, le trouvèrent qui pré|>arait
ff>s lampes de l'éi^lise, connue If dernier de
ses ministres, ceint d'un tablier .;^ias,t't por-
tant des mèches. On lui demanda ou était
révèque : « U est ici, dil-il, cl je vous ferai
parler à lui. » Aussitôt, jngeaid que ces
gens étaient fatigués du chemin, il les mena
dans la maison épiscoftale, mil une latjle
devant eu\, et leur servd à manger de ce
qui se trouva. Après qu'ils eurent mangé, il
leur dit que c'était lui : tnix, fort surpris, Ini
avouèrent lo sujet ûc leur voyage ; ma. s Is
lui donnèrent la liuerté de se retirer, tant
ils avaient conçu île respect pou i' sa vert i.
11 aima mieux suull" ir le même traitement
que les autres catholiques, et accepta l'exil.
J/Kg ise lu)nore sa mémoire le 10 janvier.
(Tiré de Flenry.j
MÉLASIPPK, cueillit la palme du martyre
h Ancyre, sous Julien l'Aif^stai, avec ses
compagnons Antoine et Corinne, l/eiglise
vénère leur gloiieuse mémoire le 7 novem-
bre.
MELCA-CHRISTOS (le bienheureux,, re-
ligieux abyssinien , fut un des der iieis
prêtres catholiques q d restèrent en Ab.»ssi-
nie, après leuépait ou la mort des nu^siou-
niiiies, lors de la peiséculion suscitée coalre
Icscaiholiques jar BaMiuli >,Négousdu |a.vs.
Voici ce (pie nous trouvons le conLeiUiUil
dans la letiie «pie No^^ueira, vica re du pa-
triarche Meiide/., lui (M ri\it eiija iviei" llnO :
« Mescompagiio 's, Abba.Moi('a-Cnristos,abba
Tensft-ChrisJOs,ie«n-li.tlui(I.Grégo.re Puez,
Ant(Mne d'.XImanca, et i.hrislophe, ne so it
plusipie dessipielel es animes. l|>onléte traî-
nés en prison et fouettés; leur peau est tcuiihee
demisere; etsils ne sont |>as morts, du moins
ils<»nl sou.ferl tout ce ipruiw^ extrême pau-
vreté a de [)lus rude, mendiant de porte en
poiie. B
MELCA-l'.HRlsroS. ennemi acharné des
cntholi<pie"<. tut mis [i.tr H.»>ilides, Ni'gous
d'Abyssinie, .i la plat n de Tecla-EmmatnK I,
VI -n- ni ri,.;ré, coupable d'avoir pio.egé
It ;oUl»ires jésuites ipic ce prili. e per-
sécuteur avait proscrits et V(»ulait exlc miner
dans ses lùals. Ceci s»- passiit ei Ki.t.'i. Or,
des siHi eiitit'i'dans sou gitiivernemeni , Mel-
Cfl-Chrisios ayant su que tioi.* jésuites, les
P. Hruiio de Sainte-Croix, Gaspard Paez
MEL
et Jean Pereirfl, étaient cachés dans une val-
lée, pla(;a des troupes en embuscade, et s'em-
para d tux. il les lit amener au milieu de
sou camp, et là les lit per(;er à coups d'épée.
Les Portugais ayant appris le martyre des
saints, vinrent jiour enlever lescor(>s. Bruno
el Pereira vivaient encore. Les siùns qu on
leur |)ro ligua raiiiener(nit le premier à la
vie. Pereira mourut le 2 umI ; il avait été
martyrisé avec ses deux comiiagnons le 25
avril l()3o.
.MELCIIiOR Je bienheureux), frère con-
vers de l'ordre (Je Sainl-Dfuuiiuque, fui mas-
.sacn- dans lile Snlor ;ivec le bienheuieux
J au Travazos. Leurs prédications trompant
la cupiditi'i des piètres ididàlres, ceux-ci les
lireiit massacrer. (Fontana, Monumenta Do-
minicniia, an. ioyi».
.SI ÉLÈCE (saint), éviVjued'Antioche et con-
fesseur , naquit à Mélitène ou Mélitine ,
dans la petite Arménie. Sa famille était
illustre en Orient , et à l'illustration de
la race venait se join ire l'éclat de la foriune.
Notre saint reçU' une éducation conforme à
sa naissance : il devint l'une des lumières
d ■: son époque ; mais il fut encore plus
remarquable par sa sainielé que par sa
sci n»ce.
Avant daller plus loin, nous devons im-
luedialeiueiil parler de ce qu'il y a de repio-
chat)le dans sa vie. Constance réguait alors,
et , erséculail avec acharn. ment les catholi-
ques, eu laveur des ariens ; on sait avec
quelle rage ces enuemis de la divinité de
jfésns-Ciinsl ponrsuiva.e il leurs adversai-
res ; chassant de leurs sièges les évèques ca-
tholiques, bannissant, t'uiprisonnaut ou lai
saut niouiir aula.d d'urtiiodoxes qu iU le
pouvaient. Saint Mélece eut le tort, smou
d'ètro- avec eux, du moins de 1»; laisser croire.
En temps de persécution, chacun d-ut mon-
trer >a foi : c'est une gu rre , il faui l'un ou
l'autre drapeau. Certains historiens ont dit
de saint Mélece que son caractère, sou
cœur ami de li paix , le tirent esliiner
des ariens comme des catholiques. Il y a
des éi livains qui ne se croient jamais le
(lr(ùi de trouver queltpie cho^e à i éprendre
d.nis la vie d'un saini. Il y a des amis mala-
dro Is, (pii trappeiil en voulant llatler de la
mai 1 . C'est le ipie font ceux auxquels
nous faisons allusion. Qu on mente résume
des e inemis de sa foi |)ar son ciuirage. par
son ihirépitlilé, j>ar l'énergie franche avec
laquelle on les combat, rien de mieux; mais
tel ne fui pouit le c.is de saint .Nbdèce : les
cnllKtlnpics l'aimaient parce qu'ils «"ill"'-
niaient tpi il ('lail d avec eux ; les ariens l'ai-
maient parce que. disaient-ils, il était arien.
Eh bie!i 1 nous le répetons, saint .Melece of-
fensait Di u par cette iluilual.on apparente
entre la vérité el l'erreur; il scandalisait
I Eglise. XLdheiireusement les faits suiil eu
faveur de roj)iiiion que nous soutenous ici.
Eu lallie d«> Séhasle, a^>aiil été ucposéUtux
fois par les ariens, la première fois eu 367,
la si( onde en 31)0, Mélei e fut choisi pour
lui succéder. Alors évidemment il pencha
du côté des arieus, il fut arien lui-même.
%M
MLL
M£L
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Les cMtlioliqtU'N «nvaiciil, «'iisoiniiaicnt ijuti
nul ii'avail In <lrtMl dt) |ii(«iulii' la |tl«t:«
(i'mi ('•v(>iiuo iiuii'imi'Ul di'iMtsr. 1) Un aulrn
«•(Me. MtWoco imU-iI nili-niKin ti'tiii' fv(^i|ii«
(mIIiIiIkiuis d'agir ((•nnnc loi, il n'eu n-sUiil
pas niouis vrai qu'il Mtr<'|il;nl rorcliiialioii
dos li('T«''iii|ii<"^. i|" '' ^*'i>d>lail d'uvcc eux, fl
.scaiidalisnii ain>i IKi^Iim- i allH»li(|iic luiil un-
lièro. INiclisor avuc llirrcsic, dans d(! hllifs
(iironstaiiciis, (''(|iiivaiil i» ùlrc soi-iiu^mc in'-
ii'li(|iit'.
Mcl(>c(> viiil [(rendre possessidii du sk'i^o
(le S(>l)asl(>; mais W itciiplc, (|iii lOj^riiUait
son ('V(^(Hi(', ol '|ui n'en vnnlail pas lucovoir
un do la main des «riens, monlni une Icillo
opposilion ^ MrUtcc, se nioiilia IcIlciiK'iil
njtiin;Uit> cl dooltcissant, cpii' lont^ lui au
non vol (''VtVjuo do ipiilUir son siégo. Il se
relira à IléiiM' en S\rio, pour _v vivre dans la
soliliuh'. Quelipies-uns vouleil (pi'il en ail
iHé (WiVpir , mais eela ne paruil aucuiuîment
fondé. Nous inclinons îi eroire, avec la j»lu-
l»arl des auteurs, iju'il s'y relira sim|)lenienl
pour y vivre dans la pénitence. Sourate,
parlanUles évécpies qui [lassèrenl d'un siégo
a u I autre, mar(pie saint Mélèce connue
ayant été évôtiue d'Amioche, a|)iès l'avoir
é'l(' de Séhaste, ce ipii prouve que, lors-
qu'il dit ailleurs qu'il passa de Sébaste à
Béiée, cotte ev|)ression veut seulement dire
qu'il s'y relira : ear, faisant la criliiiue
des évéques (|ui cliani^eaienl de siège, il
n'eût pas maïuiué, h pro[iosde saint Mélèce,
di' l'aecuser d'avoir changé deu\ fois au lieu
d'une. 11 est donc évident ([u'il n'avail pas
été évéque do Jiérée. Du reste, quoique
nous nous écartions en cela un peu de no-
tre sujet, nous devons dire que Socrate
n'est pas fondé à compter saint Mélèce
connue ayant changé de siège. Eustailie
ayant été indiinieut déposé, il restait toujours
évèque : Mélèce n'occui)ailqu'illégitimeuient
son siège. Il n'élail pas évèque de Sébaste,
il pouvait parfaitement être élevé à un autre
siège sans otfenser le canon qui en faisait
défense aux évéques.
En 3G1, il fut élevéà l'évèché d'Antioche :
le siège de cette ville était alors vacant. Eus-
tathe, déposé trente ans auparavant par les
ariens, était mort ; et Eudoxe, qu'on avait
mis à sa place, avait quuté Anlioche pour
Constantinople dès le commenceiiunt de 300.
Le siège d'Antioche, le troisième du monde,
était ardemment convoité : cette vacance
donna lieu à beaucoup de brigues et d'intri-
gurs ; elles durèrent jusqu'en 361. A cette
époque, Constance étant venu à Anlioche
avec un certain nombre d'évôques, ariens
pour la jiluparl, on résolut de donner un
pasteur à ce troui)eau délaissé. Ce furent en-
core les ariens qui, le croyant un des Irurs,
proposèrent et demandèrent à Constance
saint Mélèce pour évèque d'Antioche ; d'où
il serait peut-être permis de croiiequo saint
Mélèce avait signé le formulaire de Constan-
tinople, ou avait eu le malheur de tomber
dans quelque autre fau e semblable. Il est
fâcheux, pour le saint d'avoir été nommé
évèque d'Antioche par des ariens. Ce que
nous disons ici, («ht fondé sur Ich même- mo-
tifs fpn' ceux (pii non» ont fait rriti<pnT«»Mn
éli'valioti an siéj^e de lléréc. I/é|tvalion (in
sai'il Méicie au sié^f d'Aiili((clie no lut pas
seiileiiUMit le fait dis arions; les i alholiquos,
iitii élan ni cfilains de la pnn té de sa [ni,
(le ri'Xcellence de hi's intinlioiiH, riO' s cil
'l'héodorel, s'nnu'ent aux ain-iispour deman-
der (jii'on le fil évèipic.
Ce fut h lléri'e cpie .Mélèce recul l'oriln'do
renipeicur ipii lui mandait di; se tendre h
Aniioclie. A scjii arrivét;, tout le peuple, les
évéques et le «lergi'! furi'iil au-devanl <le lui.
Comme personne, au fond de l'Aine, n'ét.iit
absoliinienl sili de ses véritables sentiments,
tous venaienl, ariens et catlioli(4Ues, juifs et
païens, pour voir tpiel nai II il embrasserait.
On fut charmé de lui. Jl était d'un extérieur
(lon\ l't aimable. Digne sans piéleiition, il
alliait la |)li<s gr.iiide simplicité de manières
à la gravité caUue et paisdde que doil avoir
un évèque. Il était exIi ènirnjeiit conciliant
ol |)acilique. Son regaid <ioux et obligeait,
le souille toujours piésent sui- ses lèvres,
SOS mains loujoins prèles î\ bénir, tout fai-
sait de lui un homme qu'on se sentait dis-
posé à aimer autant qu'à vénérer. 11 avait
avec cela a parole éloquente cl facile : quant
à sa conduite, elle était irréjirochable ; ses
mœurs étaient d'une pureté vraiment exem-
plaire. Dans son premier discours^ on pré-
sence de Constance et des aiiens, ilse dé-
clara en faveur de la consubstantialité, sans
cependant en em|doyer le terme. Il exhorta
ses audileuis à garder la foi de >iicée. Les
catholiques en furent exlrèmeiucnl ré.ouis ;
les arii ns en furent coîisleniés de douleur.
On raconte (pi'étantea chaire, saint Mélèce,
parlant pour la con-ubstantialité, l'arcliidia-
cie de l'église ne le j)ut soulliir et lui mit la
main sur la bouche }Our l'empêcher de con-
tinuer. Alors le saint, élevant le bras, mon-
tia d'abi rd trois doigts, puis un seul, ce qui
signiti.iit les trois p(;rsonnes de la sainte Tri-
nité en un seul Dieu. Alors rarchidiacie lui
prit la main. L évèque recommefiça à ,;ui]er.
Ainsi pendant longleiiaps unia ce combat :
quand rr.rchi .iacre empêchait le saiiit de
pailer; il s'expriuiait par gesics, quc.nd il lui
tenait la nia.n, il iecomme';(;ait à parler. La
gravité de l'histoire répugne à de telles pué-
rilités. Tillemont lui-même, sans oser se
prononcer avec autant d'assurance, ditquon
trouvera pei.t-ètre ce combat entre un pa-
triarche et un arch diacre peu vraisembla-
ble. Nous allons plus loin, et disons qu'il
eût été [larfaitement lidicule.
Méièce ne resta que trente jours à Anlio-
che; mais, dans ce court espace de temps, il
en bannit entièrement l'hérésie ; il y établit
la foi sur des bases si solides que, quand ses
ennemis l'eurent chassé, ils ne purent ébran-
ler l'édifice qu'il avait construit en si peu de
tein})s. Les ariens ne l'eurent pas plutôt vu
à l'œuvre qu'ils se repentirent de l'avoir fait
évèque. Eudoxe voulut lu: faire rétracter ce
qu'il avait prêché ; mais n'y pouvant parvenir,
de concert avec les autres ariens, il s'adressa
à Constance, pour faire sortir le saint d'Au-
i07
MEL
MEL
208
tioHie. On Tncrusa de saboUianismo, et Cons-
taiiro, roi osfirit li'gor (juo le nioiridro \rui
faisiit rhanger, le hnnnit datis sa villo natale
à MiMitine on Arménie, tren;e jours après
son fDt ('>e h Aniioc lie.
Saint K|>i|>liane raconte qu'il fut oblig»^ do
sortir durant la nuit. Bollandus et ïJlemoit
trouvent (juc ce r»Vi( ne peut pas s'ar(ord(>r
avec celui de saint Ctirvsostomt\ qui raconte
que le gouverneur, emmenant le saint dans
son chariot, et passant sur la grande place,
fut assailli par le p 'U|)le, qui lui lanra une
grôle de pierres, furieux qu'il iHait de voir
qu'on lui (ulevait son (^vô([ue. Saint Mélèce,
ajoute le narrateur, couvrit le gouverneur
de son manteau, montrant ainsi sa mod(^ra-
tion h ses ennemis. Les embarras de Hollaii-
dus et de Tillemont nous étonnent. Est-ce
que le peuple d'Antioche, sachant qu'on al-
lait lui enlever son évéqiie, ne pouvait pas
rester la nuit sur la plu-e |)ul)liiiue ? Et ne
f)0uvait-il |)as lancer des pierres aussi bien
a nuit que le jour? Ce cpii nous étonne,
nous, ce n'est pas cela; mais nous sonuues
surpris que ce peuple, si ardent dans son
amour pour son évèiiu', n'ait pas craint, en
lapidant le gouverneur, d'égarer quekpuvs-
uns de ses coups sur l'évoque dont il défen-
dait la cause, et si nous avions quehpies
raisons de contester ce récit, ce serait pour
ce motif et non pour l'autre. Nous savons
bien que le peuftle ne raisonne pas, »•! (|ne
bien souvent, ami maladroit, il tue celui (piil
prétend servir. Nous avons voulu seulement
i^iire voir (pie Bollandus et Tillemcuit |)0u-
vaient très-bien ne pas altiquerles lécitsdo
saint Epi|)hane et de saint Chrysostome,
comme s'excluanl l'un l'autre. L'Eglise alors
était tellement divisée, déchirée; il \ avait
si peu de liens entre ses dilVérenIs membres,
([ue la vérité s'y montrait diilicilement. Saint
Jérômeaélé trompé à tel pointsur les causes
de l'exil de saint .Mélèce, qu'il a écrit nue ce
saint, (pii prétendait être exilé pour la foi,
ne l'avait été (pie pour sa mauvais»» conduite.
Quant h la Chroni(pie d'Alexandrie, qui dit
que Mf'lèce fut di-posé pour son impiété et
ses autres crimes, on ne doit pas s'en éton-
ner; on sait (pi'elh" fut rédigée par un
arien. Quant à saint JérAine, il était tout na-
turel (pi'il fiU tionqu' sur le (()iiq)le de Mé-
lèce : il avait été fait prêtre par Paulin, ad-
versaire de cet évéïpie : il devait subir lin-
fluenco de celui ipiil regardait coniiiie son
évécjue et comme son père dans la foi. Après
le départ de Mélèce, (.onstance nomma ('vè-
que d'Antioche Eu/oius, le plus ancien et le
plus ardent des dise iples d'Arius, condamné
romme son maître, par le grand coïKnlede
Nicée. Les hérétiques crurent, en rinslallant,
amener tout le monde h leur parti : ils furcMit
étrangement lrom|K''s , car U'S callioliques
d'Antioche, (pii jusquc-lii t'-taient restes en
paix avec les arims, ne voulurent plus com-
muniquer avec eux. Ils rompirent entière-
ment avec les ariens.
Les etforts de l'hérésie, la violence de la
perst'-cution, rien ne put ébranler la foi des
catholiuues. En l'aliscncc du i)ilole, le vais-
seau ne sombra pas, et. Dieu aidant, il vogua
au milieu des écneils sans se briser. Ce cou-
rage des catlioliques d'Antioche se montra
d'une constance bien consolante pour l'Eglise,
qunnd l'indigne llls de Constanlin fut mort,
et «jiie Julien fut h sa place monté sur le
t^(^ne impérial. Mélèce, revenu h son trou-
peau, en vertu de la permission que Julien
avait donnée h tous les évè<|ucs bannis, le
trouva II qu'il lavait laissé, plein de foi et
surtout d'ainoiir pour lui. Cependant il y avait
au sein de l'Eglise d'.Antioche une division
qui peinait profondément le saint évèqne.
Après la déposition de l'évè pie Euslatlie,
beaucoup de catholiques n'avaient pas vou-
lu communiquer avec les autres catholiques
qui ne s'étaient pa> ourert»>ment séfiarésdes
ariens, llsavaient nu-me protesté contre l'ordi-
nationdesaint Mélèce, parce qu'elle était faite
par des ariens. Au fond, ils avaient raison;
mais, en voyant Mélèce se déclarer frandie-
ment comme il l'avait fait pour la foi de Ni-
cée, ils auraient di'i revenir de leur rigueur
excessive, et par aniour de la paix et de la
charité, teimiiier une division si fâcheuse
pour le bien général. On nommait ces ca-
tholi((ues détachés les eustathiens ; on nom-
mait niélécieiis ceux qui suivaient le parti
delévèquc. Mélèce n'était pas seul à déplorer
cellescission : les autres évèques catholitiues
d'Orient ne sou lailaient rien tant q e (Je la
voir cesser : saint Eusèbe de Verceil, saint
Lucifer de Cagliari, tous deux confesseurs,
s'occupèrent des moyens de la terminer. Ils
décidèrent saint .\th:inase h asseml» er à
Alexandiie un concile de confesseurs pour
s'occuper de cette grande alfaire. Paulin,
chef des eustathiens, y envoya deux diacres,
Maxime et Calimèie. Ce concile trancha la
question, en décidant qu'il fallait recevoir
ceux ([ui, ayant été engagés dans l'erieur
des ariens, revitMidrai(Mit à l'orihodoxie et
embrasseraient la foi de Nicée. Saint Mélèce
et les siens l'avaient fait. Ils n'avaient même
plus à profiler un béiiétice prononcé eu ft-
veiir (les catholiques égarés nar le concile,
puisque leur retour avait eu lieu du vivant
même de Constance et durant la persécution.
Saint .Mélèce avait racheté sa faute en souf-
frant l'exil [)our la foi. Il n'y avait donc pas
d'IiesilatKUi possiblt> à son endroit. Le con-
cile écrivit ^ Lucifer, qui se trouvait à An-
tioche avec les évêques Cymace et .Vnatole,
une lettre (ju'il envoya par Astère de Pclra
et Eusèbe de Verceil. Il témoignait sa joie de
ce (pie les Mélécieiis voulai(Mit se réunir
avec ceux de Paulin, souhaitait qu'on les
traitiU avei^ inliniment de douceur et (pi'on
ne leur d(niiand,it ri«Mi autre chose que d a ia-
theiiiatiser la fiu arienne et de s»tus( rire à celle
de Ni( ée. Le coni ile ne parlait pas de Mé-
lèce, laissant aiparemment h la prudence
des ( inq évê(pies à régler ce (pu le concer-
nait, et supposait que sa piété lui conseille-
rait peul-êlre de renoncer i\ répisco[>at, s'il
se croyait un obstacle il la paix, i.uiifr, qui
s'était rendu d'onic(» à Aiilioche, y travail a
avec lr(»p de /èle. Trop de /.èle est parf'.us
un grand cmicnii du bien : c'est ce qui eut
209
Mi:r,
MFJ.
ÎIO
lieu (Intis cotto circntislniM'.o. Smis «llcndro
les ()rili<is (In ((incilc, il niilomi.i l'.iiiliii (''V(>-
(|ii(>; l(vs iii(M(''ci('ii.s ne le vttiiliirriit piis rece-
voir : (II* \h nii^iiKMit.'iiioii du scliisiiic (]ii'oii
iivail voulu ap/iiscr. l'aulin vl Mc'IAeo iio
coiiHiuitii(|U(''('('iil p/is ciilrc (Mi\, cl les évc^-
( iiivs (le lT!j;lis(> |irii'enl p/iili i|ui poiu' l'un,
( ni (loiir rjuilre. Saiul Atliiiiiase el ceux
( Occideiil se dcclarci-ciil pour Paulin; la
pluparl d(M'<Mi\ (rOrieiil i'csl(''i(vU en coui-
uui'iioM avec Mclccc. (lcp(Mid;\'it la scission
complète n'exislail (pi'à Aulioclie, où IVinlin
ol Mi'l^ci^ ne (•oiiMnutU(|uaicnl p.is eulre eu\.
Lrs aulres th'cVjucs, (pioi.puî divisés à leiw
sujet, n'en conuiuuiiipiaic'il jias moins aveu;
les autres, (pioi |Ue cette (pu'stion jetai do
la froideiu" dans lou's relations. Seuleincî'il
deux saints évé(pM\s h celte occasion ccmu-
uurent d(^ j;,ran(les l'autes. lùisèlx» de \ vv-
ceil en arrivant, trouvant (pi'on avait agi avec
l);'a»uoup trop do précipitation, se relira sans
avoir voulu couuuuni(pi(r avec aucun des
lieux par;is, et Lucifer, de son côté, se sépaia
t'ela eoiuniunion (ri"'u>C'l)e,el ensuite de tous
eeux (lui adnieKraii'ul les évé(pies tombés
dans I arianismo. Ces faits s'étaient passés
avant le retour do saint ÎNlélécc : il ne revint
de son exil (pi'a|)rés rordinalion de Paulin.
Il trouva h Antioche ceux qui tenaient pour
son parti, et, se nu'ltant h leur UMc, il tint ses
assemblées hors de la ville, dans l'église^ do
la Palée. Euzoïus avait h sa disi)Ositmn plu-
sieurs églises de la ville, hors une petite
qu'il avait laissée ou donnée .^ Paulin.
En .'{().'}, Julien éla.it mort, Jovien, prince
lrés-catholi(iuc, monta sur le trùiie, et vint à
Antiothe vois le mois d'octobre. Trouvant à
Antioche une église nouvellement bàlic, il
la donna ti saiîit Mélèce. Acace de Césaréc,
voyant sur le trône un prince catholique,
iugea opportun de le devenir. Il était de ces
nonuuesqui se tournent toujours au vent qui
souille du coté tic la puissance. 1.1 vint trou-
ver saint Mélèce : ils tinrent à Antioche un
concile composé tie vingt-sept évoques, (jui
confessèrent la foi de Nicée. Les principaux
de ces vingt-sept évoques sont, saint Mélèce
d'Antioche, saint Eusèbe do Samosate, Acace
de Césarée, Eutyque d'Eleuthéropolis, Isa-
coquis, Isaac de l'Arménie Majeure, Tite de
Bostres en Arabie, Pelage de Laodicée en
Syrie, Athanase d'Ancyre, Ironion de Gaza,
Anatole de Bérée. Allianase et deux autres
n'y assistèrent que par des prêtres qu'ils y
avaient envoyés. Le concile adopta entière-
ment et identiquement, quant au termes, la
foi de Nicée. Quoique temps après, Athanase
vint à Antioche et vit Paulin, sans commu-
niquer avec Mélèce.
En l'an 3GV, Valons, qui succéda à Jovien,
se montra un persécuteur acharné des ca-
tholiques. 11 voulut forcer les orthodoxes à
communiquer avec Euzoïus, et condamna
Mélèce au bannissement. Ce second bannis-
sement ne dura pas longtemps : Procoi-'e s'é-
tant soulevé contre Valons, ce piince, pour
ne pas s'aliéner les habitants d'Antioche,
consentit au retour de saint Mélèce. Ce qui
est certain, c'est que ce saint évoque était à
Aritio(;li() on .'U'»7 et années suivantes : enrco
fut h cellr é|i(*quc qu'd découvrit un des plus
riches tii'-sors dont ll'iKlise ;iil le droit d'élro
lièru. Saint Je/m ('.hr\ sosltune (|uitlail les
écoles des sophistes : Mt'-lèce, avant deviné
(•(! (jn'il valait, h; gardaprès de lui, h; bafilisa
el l'ordo'uia lecteur. Siiiil Jenri resta trois
ans ainsi près de s/unt Mi'lec c, c'esl-^h-dirci
jusipi'cn .'{70, éfiocpu! du IroisK me bantn.s-
sement du saint évéïpu'. Mélèce fut banni
«•cite troisiènu! fois en Arménie, où il d«;-
meurait vers Nicopolis. Il possédait en ro
pas s une t(ure noimnéc; (Jéiase. Il était sur
les contins de la Cap|)adoce, à poi-tée d(; saint
Basile, (lesoite(pi(! tous deux se soutenaient,
se consolaient daiis les |)ersécutions dont ils
étai nt victinu's. (^-s deux saints étaient unis
dans tous les points, connue la suite le fera
voir.
N'alens, au milieu de c(;tle persécution
(pi'il faisait soi.lfrir h saint Mélèce, laissait
Paulin i)arfailt mont Irampiillo à Antioche;
sans doute j arce «|ue peu de i)orsoniu\s sui-
vaient son parti, ou bien parce (pie, n'étant
en conniumiou (pi'avec fort [)eu des évo-
ques d'Orient, il ne faisait |)as d'ombrage
aux ariens. Du reste, on voit (pu; la tacticiuo
dos empeieuis (jui porséculaiont les oitlio-
doxcs était de leur susciter autant d'embar-
ras (pi'ils le pouvaient, soit on les i)Ouisui-
vant directement, soit en favorisant toutes
les divisions qui se montraient au milieu
d'eux. Puis, comme les Occidentaux étaient
foil unis à Paulin, il craignait sans doute de
mécontenter en l'attaquant Valenlinien : c'é-
tait pour celle mémo raison que jusque-là il
n'avait pas norsécuté saint Allianase. Deux
des f)rètres de saint Mélèce, Flavien et Dio-
doro, tenaient sa jilaco à Antioche et y dé-
fendaient la foi de Jésus-Christ. Ce fut dans
son exil que saint Mélèce reçut dans sa terre
de Gétaso la visite de saint Basile, qui du
reste le consnllait et s'en rapportait à sa dé-
cision dans toutes les affaires sérieuses qui
avaient trait au bien de l'Eglise. Dans l'an-
née 377, saint Mélèce eut la douleur d'ap-
prendre qu'à Rome on l'avait traité très-ou-
trageusoment, et mis au nombre des ariens.
Après lamortde Valons, Gratien étant monté
sur le trône, l'Eghse put enfin jouir de la
paix. Mélèce revint de son exil : toute la ville
d'Antioche vint au-devant de lui ; on le reçut
avec tous les transports de la joie la plus
vive. 11 paraît qu'après son retour on tenta
de le rapprocher de Paulin. Les détails de
cotte aîî'aire sont si peu certains, que nous
n'en pouvons dire que très-peu de chose :
nous savons seulement que ceux qui étaient
de sa communion le voulurent faire asseoir
sur le .moine trône que Paulin. Comme il
avait l'humeur fort conciliante et fort douce,
non-seulement il le voulait bien, mais en-
core il en pressait Paulin par les paroles les
plus engageantes : « Puisque le maître du
troupeau, lui disait-il, m'a confié la garde de
SOS brebis, que vous êtes chargé du soin des
autres, et que les unes et les autres ont Ja
même foi, rassemblons-les toutes, je vous
prie, en une seule bergerie, et termine as
211
MF.L
MFX
21-2
enfin ppUp di^pnf»^ rpio nniH avons pour l«Mir
roiitJiiit'* : fiis'ins-Ios totitos |»<TÎlrp Pitst>niblf .
Qw^"! si re trùnt\ où Tôv^-ipio n arronlunu^ <lo
snsspoir au milio i iU\ clcrg»^. l'onno entre
nous quel {lie d lft'?'onrf, j*» Irouvrmi l)i»'u
moyen de If tprminor; motions le saint
Evangile sur le tn^uo, rt ass"yons-tous à
ses rùtés. Quh si jf» Unis m'^s jours devant
vous, vous aurez tout seul l'inlendanee du
troupcan : et si vous mourez le premer, je
lâeherai aussi d'en prendre tout le soinquil
nio sera possible. »
Paulin ne voulut pas accepter la proposi-
tion que lui faisait Mf^lèce. prétendant rjuil
ne pouvait pas recevoir pour ci>||èg\n\ un
homme qui avait été fait évéqu" par les
arien-. Alors reux du parti d»« Mélèee, s'é-
tanl saisis dune église qui était hors de la
ville, l'y liront asseoir sur le troie é()isfO[)al,
Ce fut sur les ariens qu'ils |)rirent cette
éiîlise : c'était cidie de la Pab'B, qu'avait déjà
eue Mélèee avant d'être banni par Valons.
De plus en plus la division auiimoda : ell<^
devint tell ment vive, qu'il s'ensuivit pres-
que une sédilif^n dans la vil e. L'E;lise g»'-
missait de ce schisme : saint (Iré^oire de
Nazianze, saint Ambroise, en étaient dans In
douleur. Les évéques du concile d'.Vquilée,
les évéques d'Occident avaiei t résolu d'en-
voyer à Antioche pour y terminer ces trou-
bles d"''plorabl»'s, lorsque la guerre destioths
vii.t tout siis|)endre. Kn 378, saint Méléce
ordonna plusieurs évoques ; lualhi'ureuse-
mml ces or.iinaiions venaient allli-;e l'E-
jçlise ; carsi dans une ville, il y avait un év«V
qne euslatliieo ( ou du parti de Paulin ), les
inélé( iens en ordonnaient un .futro, et ré( i-
prf)quement, ce qui ne faisait qu'agrandir la
division aui avait commencé Ji Antioche. En
370. touché d'une situation si (lé|ilorahle,
saint Mélècc tint un grand concile <\ Antio-
che; on y adhéra de tous points aux di'ci-
sioiis prises au coiii ile di> Rome. Saint Me-
lèco y renouvela encore ses piopo-ilio s à
Paulin, qui refusa obstinément, «'omme tout
cela s'i'lait lias*)' devant Sapor, il donna les
églises à saint Mélèee, ne laissant à Paulin
que cellos qui s'étaient séparées lors de la
dé'position et Hu bannissemi'nt de saint Eiis-
talho. Enlin, Paulin consmilil néanmoins (pie
celui des deux qui survivrait h l'autre, serait
seul évèque de tous les orthodoxes. Ajirès
fot arcord, sa nt Méléco erriv.t inicore aux
évèqiies d'O. cident [lour leur demander leur
communion. Snirale nous jippn nd «pi'on
prit >ix p(M-sonnnges qtii» Tnn pouvait présu-
mer (jeviur plus proi>nbl 'ment que d'autres
èlre ap|)el(is k occuiior plus lard le sié'ge
d'Anlioche, et qu'on leur lit jurer que tant
que l'un des deux évéqnes serait vivant, ils
n'arceploiair'tii jias. Flavien était au nom-
bi e du ces por»><ujnagps,ot pourtant, ajires la
n»ort «le Mélèee et du vivant mémo de Pau-
lin, il acce|ita le sié^e d'Anlioi ho. Mal^iré
oel •, rOneni Vu loiijoiir> regardé' comme un
saint. Faut-il croire Soerale, ou penser que
fUivfen «w soil parjuré? I/liisioire de ces
H»ni]><» si orageux esi ph'ine tie mvsfères. Il
V avait fort pou de t^'mps que ^^aint Mt-ièce
él.iit en possession des égli<03 d'Antioche,
loisqu'il partit pour 3e rendre au concile de
Constantinople. Il y eonduisit ses disciples
Flavien et Elpid'.' Quand il arriva h Cons-
t iiitinople, il se passa (pielque chosp d'ex-
trêmement remarquable : l'empereur Théo-
dose, (pli ne l'avait jamais vu, avait rêvé
qu'il lui mettait la couronne sur la tète. 11
pria qu'on noleliii fît jias voir, alin des'assu-
rer s'il le recoiniailrait. En etTet, il le vit au
milieu de tous les autres et couru' l'embras-
sor. Une des principales causes do la réu-
nion du concile était la nomination d'un
évéïpie de Constantinoplo. Le choix ne pou-
vait être douteux : les vœux et le jugement
de tout le monde y appelaient saint Gré-
goire de Nazianzo". Ce fut saint .Médèce qui
consacra le U'uvel évèfpie : car c'était lui
qui présidait le concile œeuménique. Tous
les autres prélats le considéraient comme
leur chef et leur père. Ce fut au milieu des
travaux de ce saint coneile ((u'il mourut.
Tous les Pères en furent très-con'risli'S ;
l'empereur en témoigna une douleur pro-
fond-, une gran le quantité de peuple suivit
ses funérailles. Le corps du saint évéque fut
reporté h Antioche : toute la ville d.* Cons-
tantinoplo sortit pour l'accompagner ; toute
celle d'Antioche vint an-devant. On l'en-
terra dans l'église de Saint-Babvlas, que lui-
même avait fait construire. Son corps fut
placé auprès de celui de ce saint martyr.
L'E,.;lise cf'lèbre sa fête le 12 février.
SiÉLÈl'E (saint), était général d'armée. Il
soutfrit avec deux cent cin(piante-deux mar-
tyrs. Ils accomplirent leur marivro par di-
vers genres de mort. L'Eglise fait leur fête le
2'». mai.
MÉI.ErSIPPE 'saint), fut martyrisé hLan-
gres sous 1 em|>ire de Ma'C-.Vurèlo. avec ses
deix frères, saint Sfieusippc et saint hleu-
sip()e. ( Pour avoir les détails circonstanciés
do son martyre, rny. l'article Speisippe. )
L'Eglise honore sa mémoire li> 17 janvier.
>ii:LlTINE sainte), fut martyrisée à Mar-
cianopolis [)our son atta.hement à la reli-;ion
chrétienne, .\yant et." conduite deux fois au
tem;ile des gentils, et les idoles étant tom-
bées chacpie |()is ?i terre, elle fut suspendue,
déchirée do coups, et décapitée par arrêt du
■•résident Antiochus, sous le règne de l'om-
-lerenr Anionin. L'Egli>c honore sa mémoire
0 15 sefiteiiibre.
Ml':i<l l'INE, ville d'Arménie, fondée par
Trajan, et où fut établi un camp pour nue
légion dite In Foudroyante. On prétend (pie
Trajan fit mouri. dan.s ce lieu onze mille s(.)I-
dafs (pii avaient refusé d'abjurer le cliristia-
nisiii(>. Cette opinion est fo;)déo sur les Ac-
tes des saints Zmion, Macaire et Eudoxe. On
sait (fue ces Actes n'ont aucime autorité. En
matière aussi grave, il ne faut atlmettre (pic
les faits di montrés d'une nianière positive.
Il est bien dillicile de croire (pi'un empe-
nnir romain, surtout dans la position oii se
trouvait Trajan, en guerri> avec des peuples
Suissants, ait pu se priver de onze mille ?ol
ats en les faisant uiouiir pour cause de re-
ligion.
41.^ mi;m
(ai fui tliui» n«l((» ville (jin» sninl Polycnrlc,
fjn/ilic |()nrs n|irè>< s;i convorsiitM. (Iuimim s,i
vil' pour U\ loi cliitMiiiiMc, mus je rciiic cl
(liiiaiil la |icrs(Miili()n do Df'w, en iî50 ou
ii.'il.
Mf"]l ITON fsaiiil), (^vi''(ino(lcSan!('s ci Lv-
Hic, Mt\\\, suivant Polycinlc (riMili(\sc, nno
(1rs jiliis ('cl.ila'ili's lumières de ri'!^lis(>.(;((
iii(\|iie (Si'ivaiu lui do'uit' la (|iialilieiili(iM
d'eunuiiue. Saiiil JérAine (M T'-rlullieii loucnl
fa heault^ el l'elévatioM de sou ^étiic. Sai-d
Mélitou composa (mi faveur des chrélicus
u!ie Apoloi^ie (pi'il adressa, ou qu'il donna,
suivant la (^.hronitiue d'IùisMx', à l'empercnr
lyiai'C-Aurèle ; on n(> sait pas précis('>menl à
quelle époi|ue celle .\polo;:;ie l'ut reinse;'» ce
pririco : les uns pensent (in(> ce lut ininn'-
<liat(Mnenl après la mort de !.. Venis, t'rèro
;idoplir el collèi;ue de Marc-AurMe ; les au-
tres, (|uo cène fut (|ue (pie'ijues annéi s jibis
lard, et après (pie ('omiiiode eut él('> associi'
?i lempin», en l'an 175. Il ne nous reste rien
<le celte Apoloi;ie, si ce n'est (pielcpu^s fra|^-
inents Irès-courls (pi'Knsèhe a cités.
Saint M(''lilo-ia l'ail un lrès-L;rand nombre
d'autres ouvragivs (]ui n'ont pas eu, j)lus (pic
eelui-lh, l'avantage de jiasser h la posiérilé.
Ouoi (pion en ail dil, le saint a 'oloj^isle ne
iiionrul pas martyr. L'Eglise célèbre sa fèlc
le 1" avril.
^n'ilLlTON ( saint ), martyr, l'un dos qua-
rante martyrs de Sébastei sous Licinius.
(yoj/. Mautyrs dk Skoastf. )
IVIeLLO (Loiis i>e), de la comiiagnic de Jé-
sus, avait été chargé nar le bienheureux .!( an
de Britio de tlir ger la mission du .>'ara\va,
avec le P. Jérôme Telles. Ce pay^ avait alors
un gouverneur très-hoslile ?i la religion chré-
tienne : au-si le P. Mello l'ut bienuM arrêté;
on l'attacha à un poteau, les jambes forle-
jnent serrées avec des liens de fer, et on l'y
laissa pendant plusieurs jours exposé aux
lenx du soleil et aux ignobles insultes de la
lto|)ulace. Ayant été ramené dans son ca-
chot, il ne tarda pas à y succomber par suite
«les cruels tourments qu'il avait eus à su-
bir.
MEI.UN, chef-lieu du déparlement de Sei-
ne-et-Marne , fut témoin des soutTrances
u'y endura saint Léon, en confessant la foi
e Jésus-Christ.
MEMMIE ( sainte ), reçut k Rome la cou-
ronne du raaityre, en 303, sous l'empire et
durant la persécution de Dioclélien. Elle fut
mise à mon sur la voie Salaria, où elle de-
meura enterrée jus(iu'au jour de sa transla-
tion, qui eut lieu le 8 août de nous ne sa-
vons quelle année. Vingt-six chrétiens fu-
rent exécutés le même jour dans le même
endroit. L'Eglise honore leur mémoire le 8
août. ( Voy. Cyriaqle. Yoy. aussi l'abbé
Grandidier, Histoire de l'Eglise de Stras-
bourg. )
MÈMNON (saint), était centurion. Il souf-
frit le martyre avec saint Sévère : tous deux
furent jctésdans une fournaise ardente, après
avoir eu les pieds et les mains cruellement
coupés. L'Eglise honore leur mémoire le 20
août.
MT.N
211
3
MfWIIPPT'! f.vijnl), martyr, donna snvii»
pour J(''sns-Cliri.sl avec hvs sairils Dioinèdc,
Julien. PInlippc, EutycJi «••i. IJésv(j' e, Lco-
nide. Phibnlclphc d PniitaKa|tpe. II.h nit iJli-
reni la palme du mait lo h s uns p; r If fou,
les aulrcs par le glaive ou sur la uoix. L'E-
gMse les fêle le 2 septembre.
Mf'NANDUE (saint , niailyr. oui la ^loiro
de donner sa vie pour Nohc-Sei^neur ■• Plii-
ladeljihie on Arabie. Les compagnons de son
m.nlyi'e fnre'il les saints C\rille, A(|nil.is,
Pierre, Domilieii et lluf. L'<''|.Oque dû eut
lieu hnir martyre est inconnue. L'Eglise ho-
nore leur méinoii'e le 1" août.
INir^NANDIlI-; (saint), selon l'imlicalion iUs
martyrologes latins et grecs, soulfrit le iiiar-
lyic. avec saint Acace et saint PolyèiK,-, en
même lenqis (jiie saint l'airice à Prus(; on
Pithynie. On n'a aucun détail sur î-on mar-
tyre. L'I'^ lise célèbre sa fêle le 28 avril,
(f)mmo celle de sainl Patrice. C'est sous lu
règne de Dioc'étien, dans le m' siècle, qu'eut
lieu son martyre.
IMENDICZ (le bienheureux Ai.imionsk), .'é-
suite, regnl en 15.r2 la mort pour la foi, sur
la côte de la Pêcherie, où les Hadages, enne-
mis cruels des Paravas et du clirislianisme,
lui tranchèrent la lête,
MENDEZ (le bieniieureux Alvaiio), Portu-
gais, de la compagnie de Jésus, faisait par-
lie des soixante-neuf niissionnaiiM s (jue le
P. Azevi do était v nu recruter à Rome pour
le Bié-il. {Voy. Azrvi.DO.) Leur navire fut
jiris le 15 juillet 1571 par des corsaires cal-
vinistes, qui les massacrèrent ou les jetè-
rent dans les flots. Quand ces bourreaux
s'(Miiparèrci!t du navire, Alvaio Mendez et
Grégoire Escrivain, un de ses compagnons,
gisaient au lit malades. Ils se levèrent à
gran l' peine, pas-èrent leur soutane [iar-
dessus leur chemise et vêtus ainsi, nu-pieds,
vinrent se mêler parmi ceux que l'on mas-
sacrait. Ils reçurent ainsi la palme du mar-
tyre. (Du Jarric, Histoire des choses plus me'-
juorables, etc., t. II, p. 278. Tanner, Socie-
tas JesH iisgue ad sauyiiinis et vitœ profusio-
nem tnilitans, p. 166 et 170. )
MENDEZ (Alphonse) , jésuite portugais,
patriarche d'Abyssinie et confesseur , fut
sacré à Lisbonne le 25 mai 162i. On l'avait
choisi pour l'élever à cette dignité , parce
qu'il était un homme d'un grand savoir , et
qu'on comptait beaucoup sur lui pour mener
à bon succès la mission d'Abyssinie. Depuis
bien des siècles, ce malheureux pays était en
proie à l'hérésie : il reco^maissait pour chef
religieux le primat héiélique d'Alexandrie.
U'"! peu avant i62i, leNégous Méiuc-Segued,
s'étani converti à la foi catholique, écrivit au
pai)e pour qu'il lui e-^'oyât un palriarche et
des missionnaires: comme nous venons de Je
dire, ce fut Mendez qui fut cloisi. Aussitôt
que Mélec-Segued en fut instruit, ii éciivit
au prélat pour le prier de presser son arri-
vée. Il dit à son secrétaire, en diclant sa let-
tre, qu'il fallait que les missionnaires entras-
sent dans ses Elats par le Dankali; mais le
secrétaire écrivit Zeila au lieu de Dankali,
ce qui fut cause de la mort des PP. François
215
MFN
MEN
916
M.irhndo ot Bornard Poreira. Mendoz divisa
ses missionnaires on i>liisiciirs bandes. On
peut voir à l'orticle Abvsssinic les «^V(^ne-
ijients (|iii furent la conséquence de cette
séparation, et les vicissitudes qu'eurent à
subir les voyageurs. Quant h Mendez, il s'em-
bnr(]ua ?i Bacaiin pour Baylour, dans le Dan-
kali. Ce fui par ce pays qu'il entra en Abys-
sinie, après six s* m-iines de marches fati-
gantes, et pleines de dangers de toutes sorics.
Mélec-Segued étant absent pour la guerre, les
niissiont)aires demeurèrent h Frénione , et
s'occupèrent h évangéliser les environs; ils
y recueillirent une riche moisson pour le
Seigneur.
Bientôt Mendez convoqua h (lorgora un
svnnde, où il fut décidé qu'on élèverait le
plus prom|)tement possible aux ordres sacrés
les indigènes qu'on en jugerait dig'ies,et (pie,
quant aux préires du pavs, on réitérerait
sous condition leur ordination, parce qu'il y
avait de graves raisons de contester la vali-
dité de leurs pouvoirs.
Quand le Négous fut de retour, il envoya
chercher Mendez par un corps de troupes de
?uinze mille lioTnmes , à la tète desquels
taient son lils, son frère, et les principaux
d'entre les vice-rois. Le patriarche , vôtu de
ses habits pontificaux , était monté sur un
cheval blanc [qnndruprdenivro, peut-être un
âne blanc, à cause de l'estime particulière
qu'on faisait de cet animal en Abyssinie). La
réception qu'on fit au prélat fut magni(i(pie:
le Négous lui témoigna la plus grande estime
et la plus haute vénération. 11 fixa pour
l'année suivante, 1626, le jour de la convo-
cation de tous les ordres de l'empire, pou'- la
reconnaissance sole'inelle de la suprématie
du pape, et pour l'adhésion h la foi de l'Kglise
romaine. Mendez s'assit sur le trône h coté
du souverain, et fit un discours dans lecpud
il exposa les points de la foi catholi(pn> .^ l'é-
gard desquels les Arm(''niens étaient dans
l'erreur. In des notables de l'assemblée se
lève et dit, au nom du Négous, fjuece prince
veut suivre la foi romaine, et y iurer adhé-
sion au nom do tout son peuple. Alors le
Négous lui-même se lève, et, la main sur le
livre lies Ev.ingiles ouvert , il prononce le
serment suivant : « Nous , sultan Segued,
en)f)ereur d'Mlhiopie, croyons et confesso. s
a ne Jésus-Christ a établi saint Pierre prince
e ses aitotres et chef di- l'Kglise universelle,
et qu'il lui a donné la [)rimauté sur toute la
terre. De plus, nous crovons et confessons
que le souverain pontife, élu h'gitunement,
est le successeur de saint Pierre, et qu'il a
le même pouvoir, la même di.;nifé, \;\ même
primauté sur l'Kglise universelle. Enlin, nous
promeltorïs, vniions et jurons une obéissance
et une fidéliii- sincère-^, "ix îiolre très-saint
Père el seigneur l rbaui \'III, pape par la
divine providence ; el nous mettons à ses
pieds, avec, une sonmissit^n mlière, notre
personne, nos héritiers et lout notre em[)ire.
Qu'ainsi Dieu et les saints Ilvangiles nous
soi-nt en aide. » Le lils du Nt'"-;oiis lii W
inêm*' s<Tmenî avei- un enthousiasme qui ne
devait guère laisser supposer qu'il persécu-
terait si violemment plus tard la religion
catholicpie. Immédiatement après, le Négous
pul)lia des édits sévères, qui défendaient
d'einbrasser une autre toi que la foi ro-
maine. Bientôt le bruit de ces succès se ré-
païKiil en Ein-ope , et des missionnaires
nouveaux {)ar(ent pour rejoindre .Mendez.
Il reçoit le pallium par ceux qui viennent de
Lisbonne.
Mélec-Segued donna h Mendez Enfras avec
tout son territoire ; et Mendez choisit sa de-
nieure h Dep,>an, h. une lieue de Dancas, sé-
jour ordinaire du Négous, et à une lieue
aussi du lac de Dembéa. Par ses soins et par
ceux du monarque, on fonda à Frémone un
séminaire où toute l'élite de l'.Vbyssinie vint
étudier. Devenu fort habile dans la langue
du pays, Mendez publia rhi>toire des six
premiers conciles, avec la réfutation des
erreurs répandues en Abyssinie. Il fit aussi
un catéchisme h l'usage' de cet empire. Il
commença bientôt a[)rès le cours de ses visi-
tes pastorales, et il eut le bonheur de voir
se convenir un très-grand nombre d'Abyssi-
niens; mais il était manpié dans les desseins
de la Providence que l'Abyssinie serait rou-
gie (lu sang des martyrs. Deux prêtres furent
assommés .;ans le tigré, par les ordres du
chef d'i n village. Déjà la réaction commen-
çait à se produire. Mélec-Segued, dans son
zèle trop ardent, avait le tort immense de
voulriir forcer ses sujets à embrasser la foi
calholi(pie. et Mendez, tout-puissant sur son
esprit , eut le tort plus flagrant, s'il est pos-
sibhs de ne pas l'engager à laisser aux mis-
sionnaires le soin de convertir, elden'y pas
employer la viol(>nce. On précipita soixante
moines ([ui ne voulaient pas obéir aux or-
dr(?s du souverain; plus «le six cents reli-
gieux et religieuses furent massacrés par les
troupes du Négous, en (h'fenda'it Itnir indé-
j)e'i(iaiue religieuse. Sans aucun doute, Men-
dez et 1rs missionnaires furent personnelle-
ment étrangers à ces horreurs ; mais tout-
puissants sur l'esprit du Négous, ils ne de-
vaient pas souffrir qu'il se portât h de tels
actes de tyrarmie.
Bientôt, comme on le peut voir en détail
h l'arlichi Abvssimf et a l'article Cif.oh(;is,
eut lieu la révolte de Técla-Georgis, vice-
roi du Tigré et gendre du Négous. Ce prince
apostat lit mourir le bienheureux Jacques,
son confesseur; i)uis, vaincu iiar les troufies
envoyées pour le réduire, il tut pendu. Peu
après, I(\s Agowsdu Lasia se révoltèrent aussi
contre la tyrannie de .Mélec-Segued, et fu-
rent d'abord vainqueurs. Profitant de leur
victoire, ils inlluencèreut f(>II(>ment le vieux
Négiius. (pi'il en vnit à demandera Mendez
de rétablir l'ancienne liturgie. Mendez crut
(h'voir accéder i^ cedt-sir : il la rétablit donc,
en la purgeant des nombreuses erreurs dont
elle était remjilie. Ce fut à cette épotpie qu'ar-
riva en .\byssinie le P. Apollinaire Alméida,
nommé coadjuteur de Mende/.. Il apportai! un
brefdu pape accordant h l'.Vbyssirùe le jubilé
pour l'année 16.11. O jubilé produisit d'ex-
cellenis fruits; mais ce bien ne fut pas do
longue durée. .Mélec-Segued ayant découvert
217
MKN
MKil
ÎIÈ
(|ii(> (li> toutes pni'ls on roiispirnil coiilrr lui,
<|ii(f It.'isiljdcs, son (Ils, riait h la t(Hr dcS
roiis|iiial("m's, cMn aux ()l>s(>ssi(ms de ses
coiisrilliTS iiitiiiics : il se laissa airaclicr un
<^tlil (Mii (hMriilail aux iiiissioiinainvs (|(>|ii<>-
(•lici'davaiila^c, ipi'il |(>s rclri^iiail à iM-t'-iiioiic,
«Ml allciidaiil ([u'oii 1rs fit paiiji' pour les In-
des.
l,e vieux Né^'ous étarit mort eu 1(5.12, sou
lils llasilides lui siucéda, (M aussih'il com-
liniia l'ordi-e d'oxil des .Jésuites. Meude/. lui
adressa uue li'tli(> pleine di; Ibice et de rai-
sons, le priant d(> lui diie pour(pioi oi» clias-
snit les J('suiles, aliu (pTil ptll eu iiisiru re
le nape et les souverains de l'Iùirope (pii
le lui deniandaieid. Il proposait (Vi oulrc
(pi'ou lui pernuH (1(> disruler en séance pu-
Mitpu' co'Ui'e l'abouna et contre ceux des
docleui's d'Ahyssinie (pi'il dési;;;nerail ; mais
llasilides lui réiiondil ipi'il n'élait pas né-
cossair(> de revenir sur une (pu'stioM d(''j.\
jui;"éi>. Los Jésuites furent obligés de partir;
ils se mirent (pu-hpui temps sous la |)roti'c-
tion du l)aliarna|:;as(li Jean Akay, (pii de|)uis
longtemps scmaintenaildansriuiiépenilaïuu.
Mais le Négous avant vivement uu'uaeé ce
{)ririee, il conseilla aux Jésuites de se reti-
ter. ISIendez partit avec ses compagnons, ne
laissant en Abvssinie (pu» six Jésuites avec
le V. Aliuéida, évé(iue de Nicée, h leur lôte.
Arrivé h Massaouali, Mendez et S(>s religieux
furent arrêtés |)ar le pacha, (|ui voulut obte-
nir d'eux une grosse rançon, etcpii ne laissa
}>.u"t;r les missionnainvs (|u"ea retenant Mou-
liez et deux autres comme otages. Ce ne fut
que sur les instances du consul de France
au Caire, (jue le pacha de celte ville lit écrire
au pacha de Massaouali par celui deSouakim,
son supérieur, de reldcher sans retard les
prisonniers. Cet oflicier dut obéir, mais ce
lut en se faisant payer une seconde rançon
de la part des niarclîands portugais qui une
première fois avaient versé quatre mille cin([
cents écus, et qui, cette dernière, vei sèrent
six mille cruzades. Le P. Mendez s'embar-
qua pour les Indes orientales. Arrivé dans
ce l'ays, il ne cessa de s'occuper du sort du
malheureux troupeau qu'il avait laissé en
Abyssinie. Il lit tout ce qu'il put pour [)ro-
curer aux catholiques des secours de toutes
sortes, spirituels et autres. Nogueira lui fit
parvenir une lettre que nous donnons à l'ar-
ticle Abyssime, laquelle le navra de douleur.
Peu de temps après il mourut aux Indes, âgé
de soixante-seize ans. Ce saint confesseur
mérite d'être regardé comme un des plus
ardents défenseurs de la foi catholique en
Abyssinie. Nous ne nous occuperons pas ici
des reproches plus ou moins fondés qui ont
été adressés à sa mémoire : on peut voir ce
que nous avons dit à ce sujet à l'article
Abyssiisie.
MÈNE (saint), l'un des gardes de la prison
de saint Censorin ou Censorinus, sous Clau-
de II, le Gothique, fut converti à la foi chré-
tienne par le prêtre saint Maxime, avec les
autres gardes de la prison, lesquels étaient
Félix, Maxime, Faustin, Herculan , Numéro,
Storacinus, Commode, Maur, Eusèbe , Rus
lique, Amandiniis , Monncre, Olympe, (]y~
pru'ii et 'l'héodurr. (l'diir von- b-ur histoire,
recoure/, h larliclc .Mahtvhh k'Omik.) i'.vs
saints nu .sont pas nomim's au Marlyrolo^o
romain.
MflNriDriMI': Csniiil), maityr, était l'un des
quatre viii^ls di'piiir's (willinliqucs (pie les
chrétiens orllmdoxcs de Coiisl inlinoplo dé-
pulèirnt à \ alcns m :|7(), ,.i ,|,,'i| rUtuy^va lo
préh't du préluirc. Modeste, de faire mourir.
(Ko//. V,u.i:ns (il lInHviN.)
MI"'.N/']F (saint), martyr, (Mit le glorieux
|)ri\ ilege de mourir pour- J('sns-Cluist avec;
sauit Capiton. Le Martyrologe romain no
donne aucun (hHail sus ces ihuix saints. L'F-
^lise cébMire Nnir iiK-moire le 2V juillet.
MKMCNI'; (saint), martyr à l'arion, dans
l'IIellespont, sous l'empire de Dèce, (;st ho-
noré par les (liées le 22 de novembre. Il
exeirail le métier (hi foulon dans la vi.le([U(j
nous venons de nommer : il fut arrêté commo
chrétien et eut la tête tranchée. Il est pro-
babl(! (|ue ce saint soullVit dès h; commence-
nieiil de la perséculion , sous le proconsul
Quintilien : rHcllespont tenait au procon-
sulat d"Asie.
MENNE (saint|, martyr, reçut la couronne
du martyre en l'an de Jésûs-Christ .'}0'i, h
Cot.ée, en Phrygie, où il était (ui garnison,
avec le cor|)S de troufies auquel il apparte-
nait. La persécution de Dioclétien était dans
toute sa force. Mi'tuie ayant courageusement
confessé sa foi, fut battu de verges et mis sur
le chevalet, où on lui (il subir de cruelles
tortures. Son martyre fut terminé par la
glaive: on lui trancha la tête. L'Eglise célô-
bi'o sa fête le 11 novembre. {Voi/. Surius.)
MENNE (saint), dilfércnt du précédent,
soulfrit la mort pour la foi en Lybie , sous
Maximien, à peu près à la môme époque. Sa
fête arrive le 10 décembre. Ses Actes n'ont
aucune espèce d'autorité.
MENODOKE (sainte), reçut la palme du
martyre en Bilhynie, par arrêt du président
Fronton, sous le règne de Maximien. Elle
eut pour compagnes de sa gloire ses deux,
sœurs Métrodore et Nymphodorel. L'Eglise
les honore comme martyres le 10 sep-
tembre.
MENTHON (saint Bernard de), confessa sa
foi en Valais sur le mont Jou. Nous ignorons
à quelle époque et dans quelles circons-
tances. L'Eglise célèbre sa fête le 15 juin.
MERCUKIE (sainte), fut martyrisée pour la
foi chrétienne, à Alexandrie, sous l'empire
de Dèce, et sous le gouvernement de Sabi-
nus, en 250. Elle eut pour compagnes de son
martyre les deux saintes \mmonaire et De-
nise. Elle était, dit saint Denys, respectable
par sa vieillesse : le juge la fit décapiter; elle
ne souffrit pas d'autres tourments. L'Eglise
fait sa fête le 12 décembre, avec celle de ses
trois courageuses compagnes de gloire et de
souffrances.
MERCURE (saint), martyr, était soldat sous
le règne de l'empereur Dèce. Il fut décapité
à Césarée de Cappadoce , par ordre de ce
cruel tyran. Nous^en avons des Actes, mais
tellement remplis de faits évidemment faux.
510
^fFT
MET
2iO
?iip nous n'o?ons y fniro aumn fondomont.
n riironiiiuf cr.Moxiniliie ra])por'o ipip'^ni'it
Bisilp nppril de In mmièrc siiiv.iMl • l.i mort
dn Juliffi l'Apostat : il vit en snn^o Jésiis-
riiri^t. qui onlonnaH h «^.lint M»^r urn do
lai^rr t'ior. Lo 26 aoi^l "fiS , on npporfa h
Bf'ni'vont les re'iques d'nn s.iint qu'o i a lir-
nnii <^tro rtdli^s (ic saint Morrurc. I/Eglisc
célèhre ><a fiîte le 25 tiovoinhre.
Les Actes qu'on nossède concernant saint
Mercuro jmrtent le nom de M(''raphrnslo; ce-
pendant il est probal)lt> qu'ils -if sont pas do
cet auteur : le style est très-dilTérenl du sien.
Probahlonient q'ui'Iquo critique, en ap|)r('-
ciant les faits qu'ils coitiennent , aura 6(rit
sur un manuscrit le nom de MiHaphraste, h
cause de sa manvaisc r(''putatio'i, et aura (Uiî
suivi par d'autres. Bnro lius (25 nov. d] dit
avoir ou ei mains d'autres Actes du saint.
MErtCUUK fsaint), ('>tnit soldat. FI souffrit
le martyre h Lentini, ville de Sicile, avec plu-
sieurs de ses compagnons, |)ar l'ordre du pré-
sident Tersille, sous le rè^ne de l'cmpcriMir
Licinius. Ils pt^rirent par lo glaivo. L'Egliso
lionori' leur mémoire le 10 décembre.
MÉHÉE, vd!e do Plirygio, est célèbre dans
les auîialos des niartyis par les soullVancos
que lo |)rcsident Almaqiiefit soulFrir, durant
le règne do Julien l'Apostat, aux saints Ma-
cédo '0, Thi'odule < t Tation.
MfiUIDA [Emerila Augusta), ville de l'Es-
Iramaduro es|tagnol(\ fut la patrie de sai'ito
Eulalie, qui y fut mise h mort pour la foi,
au temps de la persécution do Dioclétien, en
l'an do .lésus-Chrisf 30V. [Voij. Ei i.mik.)
MÉHOUJAN, prince arménien do li famille
d'Ardxourounik, fut l'un de ceux qui souf-
frirent volontairement la captiv lé f)onr
Jésus -Christ , sous le règne d'IIazgue.il,
deuxième du nom, roi de Perse, et qui ne
furent remis en liberté et renvoyi's en leur
pavsque huit ans après la mort de coprin, o,
sous le règne de son fds Bérose. (Poiu* jdns
dedr-taiN, roy. Princes Armkmens.)
^lEUlVE (saint), le morne que saint Mitri;.
(Vo//. ce nom.)
MESSALINE sainte), martyre à Foligni,
sous Déco, en 2.50. Sa fote arrive le 2.'j jan-
vier. On n'a, par rapport h elle, ou'unc seule
Vie donnée par Kollandus, la([uoIlc fut écrite
en l'aimée 1G1.'{ s(nilom(>nt.
MESSINE, ville et port du royaume des
Deux-Sicilos, est célèbre par le m ulvre de
.saint Corebo, (|ui y [)érit par h' glaive ; on
igdr»re à fpi lie époque.
Mf'irEl.E.V (le bienheureux Ji;an\ [lOrMi-
Çais, de 1,1 conq)agnie de Jésus, prêchant (MI
iGUi dans la petite île Cnredivn , fut tué h
coup-N do I.TK e par les indigènes, avec lo
P. Loui> Péli igolli. (Sntiefus Jrsu usqnr ml
xanf/uinis rt r»7rr prnfusinncm niHitans, pag.
277.
Ml-'/FET-LlS snint), martyr, donna sa vie
pour Irt foi chrétienne M N océsaréc. lient
pour compignonsdo se«; irioiui»hes les saints
Manloine, Musnn et Eugène. Ou Ips bn^Ia
tout vifs, et hnirn cendres furent jetéf>s dais
la rivière. Nous n'avons pas d'autres détails
r«'Ialivemont h ces saints cond>a»».nnts do la
foi. Î/Egliso honore leur immortelle mé-
moire le 2'» janvier.
MÉTHOnE (snint) , martyr , fut d'abord
évé pie d'Olympe, ville maritime en Lycie.
II éîait aussi é\è([ue de Pataro, s'il f\ut en
croire Léonce de Ryzanre. Alors il faut dire
que ces deux sièges étaient réunis h cotte
époque. Saitit Pyraïuiion , évè.pie de Tyr.
ayant été martyrisé sous Diorlétion, saint
Méthode lui fut donné pour successeur. On
ignore comment saint Méttiode se trouvait à
Chalcide, on (irèce, dans l'année 311 ou 312:
le fait est qu'il y fut martyrisé. Ce saint évo-
que est considéré conmie un dos Pères de
l'Eglise. Son élo pience et son savoir étaient
Irès-estimés des anciens. Photius cite des
fragments considérables de ses ouvrages,
ainsi que saint Epiphane, saint Jérùm»' et
Théodoret. Nous possédons encore en en-
tier son /învrfurt rirs rirrqra, ouvrage fait à
l'éloge de la virginité. L'Eglise fait la fête de
saint Mét'iode le 18 seiitembre.
Mf-ITHODE 'sainf\ patriarche de Constaii-
tino -le, fut élevé \\ celte dignité dans un
concile assemblé par l'impératrice Théodora,
en remplaceiuent de Jean Locnomante. Il
était issu dune illu-tre famille de Sicile et
se rendit fo. t habile dans les sciences sacrées
et |)rofaMos. S'i'lant relira'' du monde, il bA-
lit un monastère dans l'ile île Chio ; uiais lo
patriarche N'icéphore l'ayant appelé à Cons-
lantinople, i! s'y rendit et suivit depuis son
évè(pio dans l'exil, au(iuel l'avait condamné
Léon l'Arménien <l cause de son zèle pour
la dé'ronso du culte dos images. Nicéphoe
l'oîivoya ensuite h IU)me on qualité do non^
ce. Notre saint revint h Conslantinople après
la mort do ce saint patriarche, et bientôt il
y fut en butte aux persécutions des icono-
clnstes. Michel le Bègue le lit mettre en pri-
son et l'y roiinl durant tout son règne, et ce
fut limpérafrice Théodora qui le lit mettre
on liberté en H.30. Il ne jouit pas longtemps
do sa liberté, car bientôt l'empereur t'u-o-
philo l'exila do nouveau. Ce prince étant
venu h mourir, en 8'»2, l'impératrice Théo-
dora, i[ui gouvernait l'empire sons son lils
Micliid III, rétablit la paix dans l'Eglise, et
pourchassa l'hérésie. Elle pla(;a Méthode ,
comme nous l'avons dit plus haut, sur le
siège patriarcal de Constantinople , après
avoT chassé Jean Loconomanle . patriar-
che arien (|ui l'ocinipait. Mi'thodo gouverna
son Eglise avec zèle, et ri-lablil partout le
règn ' de la piété ef des vertus chrétiennes.
Il mourut le IV juin HVG, ai)rès avoir si"gi>
quatre ans ,^ la tète do l'Eglise de Cons-
tanlinoplo. I, Eglise honore sa m<''moire lo
I'» juin. Saint Méthode nous a la ssr pbi-
sioiirs écrits, ilcs lanons ,iénilentiaux, un
bel Eloge de saint Denis l'Aréopagite et
|iliisi(>iirs sonnons.
Mf-ilUAN ^sninth doima sa vie po»ir la
f(^i ?» .Vlexandrie sous lo rè^ne de l'empe-
reur l*hilip|>o. qui monin sur le f ône (U
2\5. ('o fut par le fait d'uno émrttion popu-
laire que la persi'cution tut al.uméo. Ecou-
tons saint Denis : t La première victime que
les Alexandrins unmolèroîil à leur rage et à
sei
me.
^^}r.
tH
cclli^ (lo lf>nrfi flriiion^ fui un vicMlnnl
noniino Mi'lr.in. Us vdiilmciil le ((inlifiiiKlii'
(|« iHoli^ror (les pnnili's impies conln» le
oiiJlr (lu vrai l)i<"U ; cl, sur !<' rvl'iis .pTil m
m. ils II- ni.illr >ilri('iil ;i coups de liAlo-i ; ils
lui (Mil'niici^reiil'es éclals de roscMii (hns los
yeux, el l'ivanl «'iiliii I ai m' dans un de leurs
nnilHMir^s.'ils le lapidèienl. L'Kf^iiis.' ci'li'l.rc
su l'iMc le .'H janvier.
Mf':riU)l>()UI': (s.iinle^ sonlTiit li- niarlyn-
on ItilliMiie avec ses dcnx .sieiifs M("i(id()re
et NvMi|ili()d()re. Leur Irioniplie arriva sous
J'eniponMU' Maxiuiicn el le pn'sideni Frnn-
to'i, !•: 1 s snnl inscrites au Marl.yrulogo ru-
niaii\ le 10 sepleinhre.
Mf-yrUOlM-: (sainO, versa son sanu; p'uir la
foi dans la ville di- Tripoli. 11 eut poin- coni-
pagnons de sa gloire les saints lau'ien, Paul,
//nonihro , Tliéolinie et Drnsus. I/K^iise
(•(MM)re leur inunorlt'lle mémoire le il'i dé-
ce m bre.
MfirnOPHANK (saint), évéquo ot cnnlVs-
seur, sontlVil ?i r.onstantinople pour la dé-
fense d(^ la roligioi chrétienjie. Nous ijj;no-
rons les circonstances (jui illustrèrent son
martyre. Il est inscrit au Martyrologe ro-
main le 'i- juin.
!\IKUUIS (sainto\ souffiit lo martyre h
Gaza en Palestine, avec saiid(^ Tliée. Nous
n'avons aucun détail sur leur C'uuiite. l'E-
glise h(Mion; leur mén\oire \o 10 déciMuhre.
Ml (Puii.ii'Pi:\ néophyte tonquinois , fut
mis h mort pour la loi en 17-i-2, au Ton-
quin, avec le P. BtuMiandli , jésuite, iMuma-
nuel Dien. Piorr(> Frieu, Dao Amhrdise. I.uc
Thu , Luc Mai, Thaddée Tho , Paul Noi et
François Kam, néophytes qui mêlèrent leur
sang h celui du saint missionna re.
MIAO, ve' ve chinoise et chrétienne, fut
arrêtée en 17'«.(>, par l'ordre de l'oflicier Fan,
durant la persécution (luo suscita le vice-roi
du Fo-Kien, et trailuite devant le tribunal
du gouverneur de Fou-ngan. Elle avait re-
fusé comme les autres de dii'e où était l'évè-
que de Mauricaste et les aulres missionnai-
res. Mais un chrétien concubinaire, interrogé
h son tour, déclara quil demeurait chez
elle. Mise <i la torture, elle montra une ad-
mirable constance, et rien ne put lui arra-
cher ni son secret ni un seul gémis-
sement.
M1€HAL (saint), martyr, l'un d^s quarante
martyrs de Sébaste , sous Licinius. [Voy.
Martyrs de Sébaste.)
MICHEL MELISSÈNE, persécuta violem-
meni les catholiques en NatoIie,sousCo?)stan-
tin Copronyme, qui fut un des plus ardents
iconoclastes. ( Voy. Constantin et Icono-
clastes.) L'an 770, il assembla h Ephèse
tous les moines et les religieuses des pro-
vinces de Tlirace, et, les ayant menés dans
luie plaine , il leur dit : « Que celui qui
veut obéir à l'empereur s'haDille de blanc,
et prenne une femme tout à l'heure. Ceux
qui ne le feront pas |)erdront la vue, et se-
ront envoyés en exil dans l'ile de Chypre. »
Aussitôt on en vint à l'exécution : plu-
sieui-s souffrirent la peine et furent regar-
dés comme martyrs ; plusieurs apostasièrent,
el le ^'Oiivernoin* les trailrt romme se»; ntiUM.
L'aïuiéc suivant'', 771, il til vendie tous les
moUMsIe (S d'iiomtlies et de fetiimofl, nvec
les vasfs s:i -les, les hvres. les h'Sliftux et
tous leurs liicus. d <>ii c vuva le pn\ il l'eni-
percur. Il brida loul ce rpi'il trouva de livre»
des uioinrs el des Pcri-s. Il lirill/i aussi lotî-
tes les reliques que l'fju portail en des re-
liquiires , et punit ceux ipii |(»s avaient
cniuiiK! conpabli's d'impi«''tés. || (jt rnoitrir
à coups de l'ouel plusieurs moines (ti quel-
ques-uns par Ift glaive. Il (it perdre In vue h
une i'itiiiilé'. Il y (Ml eut à qui il litoindr*' la
barbe d'huile et de C'r(! londue , puis y
mettant le feu , on leur bridait I«î visage
el la tète, d'autres ipi'il envoya en exil
a[iiès plusieurs tourments. Fn un iuf)l, il ne
laissa pas une seule persf)nne, d mis loul son
gr)uverneinent. ipii port.U l'Iiabit monasti-
(p,ie. L'empereur lin en écrivit des lettres do
leiiKMciment, ci^ i|ui porta les autres h l'i-
niiter.
MICHALEWICZ, l'un <les persécuteurs
d(\s religieuses de Saint-Hasile , établies ,'i
IMinsk, en Lithnanie, et coiuiues sous e norri
de l'illes de la Sainte-Trinité, (pii furent ex-
pulsées de leur couvent et soumises aux
persécutions les jilus violentes. Ce prêtre
apostat , leur ancien confesseur, s'unit au
czar Nicolas et h révô(|ue apostat Siemaszko,
pour les torturer atfreusement, afin de les
faire renoncer h la foi catholiipu'. On les
avait renfermées dans un couvent enlevé à
d'autres religieus!-s, pour passer entre les
mains d'une communauté de Gzernice, ou
Filles-Noires, recrutées paimi les veuves de
soldats russes et les filles de mœurs déré^
giées. Leur douleur était grande de ne pou-
voir communier, lorsqu'un jour Michale-
wicz parut devant elles. « 0 mon père ! s'é-
crièrent-elles ei se précipitant à ses genoux,
soyez le bienvenu, vous qui nous avez en-
seigné pendant si longtemps comment il faut
vivre et mourir pour Jésus-Christ ! » Bien-
tôt cc[)endant elles s'aperçurent de leur
méprise, quand l'apost'it, voulant abuser de
son ancien crédit sur ces innocentes religieu-
ses, osa leur dire : « J'étais un insensé, lors-
que je vous recommandais la fidélité à l'E-
glise romaine. Faites comme moi, ouvrez
les yeux... » Il fut interrompu par un cri
général d'indignation... Le traître n'ayant
pu [)arvenir à les vaincre résolut de les trai-
ter avec la dernière rigueur. Il les con-
damna à être flagellées deux fois par se-
maine et à recevoir chaque fois cinquante
coups de verges. Bientôt il les fit renfermer
dans quatre cachots séparés, espérant les
vaincre alors plus aisément. Souvent il se
présentait devant ses malheureuses victi-
mes, avec un papier qui, disait-il, con-
tenait la formule de renonciation que
presque toutes les sœurs avaient déjà si-
gnée. Les religieuses n'avaient pour nour-
riture , dans leur alireux cachot, que des
restes de légumes pourris, qu'elles étaient
obligées d'arracher à l'avidité des vers. Un
juif, poussé par la pitié, leur avait donné
un grand vase de terre dans lequel elle
535
MIC
^^c
224
fiisaipnt rlinniïfr lo mnrr flo IVnu-do-vic de
grain <\uo d'oufres juifs leur donnaient pnr-
lois. Michalpwicz, poussé par un atroce be-
soin de vongonnre . hn<i\ ce vase, et se
donna l'aboniinaMe plaisir do voir |>lcurer
ces pauvres religieuses. II ne tarda pas à
aller rendre compte h Dieu dr toutes ses
alrocit''s. Depuis son apostasie il faisait un
abus fréquent des liqueurs fortes. Un jour
qu'il était dans un état complet (Tivresse, et
3u"il a ait maltr,iité ses victimes avec plus
8 violence qu'à l'ordinaire, il tomba dans
ive mare, en traversant la coiwdn couvent,
et y péril éloulTé dans les eaux, ^Voy. l'art.
MiECZVSLAWSKA.)
MICHEL II, dit le Bègu". naquit à Amo-
rium on Phrvgie. Il était lo favori de l'em-
pereur Léon l'Arménien, qui l'éleva au patri-
ciat. .V.vant été accusé d'avoir conspiré
contre le prince, il fut mis ou prison; mais
l'empereur ayant été assassiné, Mi( bel fortit
de prison et monta sur lo trôno. D'abord il
se montra favorable aux catholiques, il iit
revenir les exilés. On crut que c'était chez
lui un sentiment do jnété. (pii le |)ortait J»
agir ainsi; on se trompait, ce n'était quo de
la tolérance venant de l'indlirérence qu'il
avait pour toutes les croyances quelles
qu'elles fussent. Quand les catholiques so
furent réunis, ils lui demandèrent la resti-
tution des églises qui leur avaient été en-
levées. « Entendez -vous avec vos adver-
saires, dit Michel -je vous tolère, je ne vous
protège pas. » Michel était du reste un
nomme excessivement grossier. Il était né,
comme nous l'avons dit, à Amorium, dans
la haute Phry^^io. où il y avait toujours une
grande mnliitude de juiJ's et d'athingans,
certains hérétiaues que l'on prétend être
les mémos que les anciens melchisédéciens,
et dont on dit (|uc nos bohémiens vagabo-ids
étaient des restes. Nous avons vu toutefois
que Ton donnait aussi lo nom d'athingans
aux paulicicns ou maîiichéens d'Arménie.
De CCS deux sectes de juifs et d'athingans
s'en était formée une troisième, do-it Mi( bel
avait appris les erreurs par la tradition de
ses ancêtres. Ils recevaient le baptême et
rejetaient la circoncision; mais du reste ils
observaient toute la loi mosaiijuo, et chacun
d'eux avait chez lui un juif ou une juive
qui gouvernait sa maison pour le spirituel
et pour le temporel. Michel avait donc été
élevé dans cette secte, avec une grande igno-
rance et une grande ru>lirilé. Il niénris.iit
entièrement l'élude et le raisoniienionl , h
leine .savait-il lire, il no voidait point (pie
'on instruisit les cur.mis ni dans les livres
des anciens (Irers ni uans ceux des chré-
tiens.
Les ciiiinniss.inces dont il se piquait ,
même étant empereur, étaient do distinguer
les mulets les plus propres h être monîés,
on h pf>rter des fardeaux; piger d'un coup
dteil les chevaux bons ji la course ou au
combat, les brebis et les vaches les plus
féronles , et. les plus abondante»: eu |nit , et
rendre h rharpie mèro son petit. Quant h la
religion, il ne croyait pojjit la résurrection.
P:
il disait qu'il n'y avait |>oint de diable, puis-
(pie .Moïse n'en avait point parlé; que la for-
nication était permise, que l'on ne célébrait
j)oi'il la PAque en son temps, et qu'il fallait
joOner le samedi, contre l'usage des Grecs.
Il parlait mal des prophètes, disait que Judas
était sauvé, et no voulait point d'autre ser-
ment nue par le Dieu souverain. (Fleurv,
vol. III, p. 259.) Mais bientôt, malgré son
indiffrenco apparente. .Michel persécuta les
catholiques, surtout les moines, qu'il trait lit
avec le plus profond mépris. (lojy. Ico>o-
CLASTT-s.;' Plus tard il voulut amener les ca-
tholiques à une conférence avec les icono-
clastes. Pou de temps après il mourut, à la
suite de désordres.
MICHF.L i'io bienheureux', de ta compa
gnie de Jésus, Aragonais. faisait partie de la
ti-oupe de missio-inaires que le P. Diaz con-
duisait au Brésil, h la suite du B. Azevodo.
Un mois a[)rès lo départ du Snint-Jacqucs
qui portait ce dernier. Diaz et ses compa-
gnons ([uitièrent Madère, afin de poursuivre
la route vers le Brésil avec le reste do la
Hotte. La tempête ayant dispersé les navires,
col'ii (pie montait notre bienheureux et ses
comnagnons dévia vers 1 ilc de Cuba, et à
San-Iigo on dut abandonner le vaisseau qui
fusait eau do foutes parts. Les voyageurs
trouvèrent une baniue qui les conduisit au
port d'Abana, d'où un navire, qu'ils y frétè-
rent, les tr;'nsporta aux Acores au mois
d'août 1571. Ils y trouvèrent lo comma'idant
do la tlotto. Louis de V'asconcellos avec le
P. Fran(;ois Diaz et cinq autres jésuites qui
les y avaient devancés. L'amiral vovant son
monde si réduit, ne conserva qu'un navire,
et ils se rtMiibarquorent le <> septembre 1571.
BientAt ils r(Micontrèrent cinq vaisseaux de
haut-bord, commandés |)ar le Béarnais Cai>
d''vill(>. calvinisl(>, ijui s'était trouvé à l'a-
bordage du Saint-Jfirqiirs : lo combat ne fut
|ias long et les calvinistes s'emparèrent du
navire catlioliquo. Le bienheureux Diaz fut
massacré, |)uisjeléh la mer lo Mi septembre;
Fr UK'ois do Castro confessait le pilote au
moment où les calvinistes montaient h l'a-
bordage, il fut massacre; (laspard Goes subit
lt> même sort. Pour le P. .Michel, (lui avait
été renfermé avec d'autres durant la nuit,
<lans la cabine do A'asconrellos, ayant jeté
un soiqiir (juo lui arrachait la l)lessure do
son bras, les calvinistes se saisirent do lui
et lo jetèrent à la mer. Les autres (om[)a-
gnons de son martyre furent le P. Fran(;ois-
Paiil , Portugais; Jean Alvare, Portugais;
Pierri> Fernand. Portugais; Alf(uise Fernan-
dez. Portugais; .Vll'onso .Viidré Pais, Portu-
gais; un autre Pierre Di.iz. Portugais; Jac-
«pios Carvalho, Portugais; Fernand .\lvare,
Portugais, i Du Jarric, Histoirr ilm choses
plus nirmnrnhlrs, etc., I. II, p. 205; Tanner,
Sorields Jfsu usqur nd sanguinis et vitœ yro'
fusionem niilitntis, p. 17» ot 177.)
MfCHFL VAZ (le bienheureux), était vi-
caire g(^néral de Jean d'AlbiKpiorque, évê(pie
deCioa. Avant évangélisé ,ivec succès la ville
de Chaiil, les brames l'empoisonnèrent. (Du
2'2:; MiR MIE 2W
Jaiiic, llixtnirr des rliosrs plus im'mornhlr», lilcs ri-iiiiiios rcrurciit l;i mission (1« rcl(!V<T
(•lt\, I. I,, |i. ;ilV.) 1<'S rtiiiis ;i|),itliirs (i'iiii Ici i uii|i. «;ii soiilli iiiil
MICIIi;!, !•' ACIl'i.MON (le l)iciili(Mii('u\), fut «vcc wh- nm.sUmcc h(«roi(ju«j I«;m lorluros
iii,iii\ I isr eu KillH, jiii .l.\|inii,(i;ms le loxmiiH* au\(|iiflUîs rHposiui les (oiiilaiiiii.i liifulûl,
(in l'iiipO, .'ivre Jean l'iiiiAoïo, (liiu/ayt'-iiioM poiii les aiiiciicr a .siiivn" son f\ciii|»lc
Jctacliiii, l'IiMiiias, son propri^ lils, cl l'icrrt', (li-l linnimc, pour se laiir valoir (jii pour
liK (|(^ Jean 'l'iiii;oro. (les trois saiuls coniii- (limiinicr pciil-iMrr i\ ses propres \<mi\ la
taiciil parmi les plus puissauls sci^uruis du lioiili- de sou apostasie, avail <|il a Veinjie-
rovauiiu) (le lMii^(t. Tous trois (''taunil direc- n!ur, (piaud il dut recevoir de? lui, roiiiiuc
leurs d'une (•OMlV(''ri() (pi'ou avail l'oudec dans du cIk i' snpn'^nie d(; l'I^^lise, de nunvcaux
co royauMH' sons lo uon> de la Misnicorilr. jiouvous spiiiinels, (ju'il ik; doni.ul point
LoiS(pM^ le roi do Kiu^o coiiunen(>;rt à [lerst'i- (juc, dans un d('-lai Irès-rapproclu'; (pi'il lixa,
culei' l(\s chr(''ti(Mis, il lit onipnsonner nos les provinces ipii (h'-pendaienl do sa jm-nlic-
Irois saints. A ri>|)0(juo do l(U)H, il y avait lion ne lusseiil passives à ri';;|^li.si! russe, l'our
ui'ès do (piatroans (ju'il les louait on prison, n^connailicdi^uoinont cet enf^a^ouieut, roiii-
La nourrilure y était si mauvaise, lo cacliol peicnr lui prodigua les iiiaripies d'Iioiincur,
tMail si malsain, les soins de loules sortes ot pour lui (MI icndro l"o\(''(nlio i plus facile,
luaiKpiaioMt tollomoiit aux sauils confosseurs il lui d. livra plein pouvoir d'af^ir avei; les
(pie (liro/.ayi^mou mourut de iiiis(''r(>. A la récalcitrants vowmr, l'inlércl de la rclitjioa
iiouv(>llo de sa mort, le roi donna l'ordin; do pourniil le rciluiiirr.
dt'capitor SOS doux compagnons, ainsi (|uo Ainsi n!V(Hu d'un j)ouvoir illimité, Sic-
leurs enfants, lui apprenant celle sentence, nias/ko retourna dans ses provincos, où sos
tous deux déclar('rent (pi'ils ou étaient ravis, ])remier.s rogai'ds so (liriyôiMMU sur l(;s roli-
et (juo, s'ils avaiont un souhait à forinor, c'é- gieusos do Saint-Basilo, établies h Minsk, et
tait eolui do voir l(>s bourreaux épuiser sur connues, eonniuî toutes les IJasiliennes ou
eux toutes les tortures (juo leur art pouriail J.illiuanio, sous lo nom d(; l-'illesde la Sainte-
leur suggérer. Le roi, qui craignait que le Trinité (1). Jilles vivaient en communauté
poui»lo so soulovAf, commanda do presser sous la discipline de MioczyslaNvska, leur su-
l'exécution. On eu [)eul voir le déta.l au litre périoure depuis pr('s de trente ans. Le ser-
GiRoz.vvÉMON. On les conduisit une corde au vice de Dieu, lo soin des pauvres et l'édu-
cou hors des murs de Jateuviro, où ils fu- cation dos enfants se partageaient leur vie.
roui déca|>ités. Elles avaient à Minsk une si grande ré|)ula-
MK'.HLL (le prince), lils de Paul, et petit- lion de sa.ntelé, le bien qu'elles faisaient
lils d(> Sounou, prince manlclKui, servant h parlait si haut on leur faveur, (jue, malgré la
la cour de Pékin, fut baptisé en n2V, ;\ l'é- vioJenco oes persécutions, le peuple es[>érait
poijue où rom[)ei-eur piononçait contre toute qu'elles seraient épargnées. Pour elles, s'en
sa famille la jieino (le Voxil. 11 était alors à;^é reniottaiU à Dieu do leur sort futur, elles
de dix-sept ans; il reçut le nom de Michel, conii-uiaient, dans ces jours d'agitation et de
et eut le prince Jean pour parrain. U suivit douleur, à s'ac(iuiUer, comme par le j>assé,
sa famille en exil à Vcou-Oué, lieu ([uo l'oiu- do toutes les obligations qui leur étaient
pereur Young-Tching avait désigné. [Voy., imposées. Mais, en raison môme de leur vie
pour plus de détails, les articles Paul, Sol- si pure et si sainte, on aurait dû redouter
Noi , Chine.) pour elles les violences do Siemaszko. Toute
MIECZYSLAWSKA (Irena-Macrina), ab- vertu lui était devenue odieu.se depuis qu'il
besse des religieuses Basilionnes de Minsk n'en avait plus. 11 neusait dailleurs que ga-
en Lithuanie, a soulfort, ainsi que ses com- gner au schisme les religieuses de Samt-
pagnes, d'horribles persécutions en Russie, Basile, (lui avaient un si grand crédit dans la
de la part de l'empereur Nicolas et des mi- ville, c'était y gagner la ville môme,
nistres de ses fureurs. Le récit des soull'ran- 11 fut d'abord doux et caressant avec les
ces de ces religieuses, publié en brocimre, et saintes tilles; il employa toute son éloquence
actuellement à la quatrième édition, appar- pour leur persuader que le passage à lEglise
tient dès maintenant à riiistoire de l'Eglise, russe n'était d'aucune importance pour la
Nous n'estimons pas que l'auteur veuille foi; mais, quand il vit qu'il ne gagnait rien
faire une propriété littéraire de ce qui est sur elles, il mêla les emportements aux ca-
dt^jà une pièce authentique. Il a déjà eu resses, les menaces aux promesses brillantes
l'honneur d'être cité en entier textuellement qu'il leur faisait au nom de l'empereur, et
par M. Rohrbacher, dans son Histoire de leur montra, pour les intimider davantage,
rEglise. Nous prenons le même droit en le pouvoir qui lui avait été donné, et sur
faisant la même citation {Martyre de sœur lequel eiles virent en effet la signature im-
Irena Mieczyslawska, Paris, Gaume frères.) périale.
Un grand scandale, dit notre auteur, avait
eu lieu dans l'Eglise-Unie; celui qui devait (1) Quand on fu connaître à l'Europe, surprise et
en être la lumière et l'appui, dans ces temps inaignée, ces atroces persécutions, ou négligea de
malheureux, l'évoque Siemaszko, indigne du désigner les Basiliennes sous le titre de Filles de la
siège où Dieu l'avait i)lacé avi-it cédé à la Sainte-Trinité, qui leur est donné dans touie l'éten-
peur et à la corruption, et s'était honteuse- ^""^ "^^ ^'' l^'i'"'»"»^- Le gouvernement russe de s'é-
iiient vf»nrlii :. ^•v .^■ \- ^■ r. .. cner, en louant sur es mois avec une fouriiene
n ,o L?P nnnv.L^ 'f schlsmatique. Ce te digne de Scapin : Quelles sont ces Bas.liennes dont
apostasie pouvait porter le trouble et le ué- on lait si grand bruit? Il nexistepas uue seule inai-
couragement chez les catholiques; d'iium- &ou de Ba^^iliennes eu Lithuanie l
2i7 Mi
LVmporoMr y disiit à peu près en ces
t(»rm'^s :
rt J'.ipproirve tout ce que le saint arrh»»vè-
qiie a pu faire et fer.» pour le n'iaMissMincul
el \:\ prnp;\iîat on de la religion orlho(|r)\e
dans les proviicfs qui ont vn le iii;illioiir
d'en tMre éloignées pendant nn temps plus
on nmiiis lf>n,4; je lions tontes ses eritri'()rist'S
ponr sainti's, saintes, trois fois saintes. Jor-
donne, en ras de résistance à ses ordres, an\
nuforités niilit.nres de se mettre à tonte
lienre et piMtoul h sa disposition, et de lui
fonrnir anlant de fone armée qnil en de-
mi-i(ler;i: et cet onkase je le si^'iie de ma
propre main. « Nicolas. »
Mieczyslawska regarda trislement ses
.sœnrs après la lectnre de Tonkase; c'était
l'arrêt de leur mort en ce monde ou dans
l'autre qu'elles veiiaient d'entendre, soit
qu'elles eussent le courage d'eml)rasser pour
I amour de Ji'sus-Clirisl la vie de douleur à
laquelle elles devaient s'attendre désormais,
so t qn'ell<>s reculassent devant l'excès des
maux (pi'oii pomrail leur faire souiVrir. « La
mort ici-bas, dans les persécutions et les
larmes, et ;^loire éternelle au ciel, chères
filles, leur (iit-elle, ou la vie en ce monde, et
la mort dans l'auire : choisissez 1 • Le choix
ne fut pas long; toutes s'embrassèrent en
se promettant de se soutenir mutuellement:
Siemaszko les q' litta après leur avoir prodigué
le*; injures et les menaees.
C'-peniJant, avint cpie le couïbat ne fiU
engagé, Mieczyslawska crut qu'elle devait
employer 1<mis les moyens qui pouvaient
s'ollrir à elle d'éloigner de ses sieurs le diui-
ger qui les mena(;ait. Klle leur proposa d'a-
bord de profiter des ollVes (jiie des amis li-
dèles leur faisaient tous les jours, et de nc
disperser dans des retraites sûres où elles
jiourraient attendre des temps meilleurs. »
IS'ons suivrez- vous , ma mère? lui de-
manda-t-on. — Je dois mourir au poste où
T)ieu m'a plaeée, si la violetice ne m'en ar-
rache, dit-el e avec son angi'liipie doueBur,
niais aussi avec son invim ible fermeté. —
Alors ne parlez de fuite pour personne, lui
dirent ses tilles, car notre uevoir, à nous, est
d • mourir à vos côtés. » Ce moyen ne lui
ayant pas réussi, elle adressa, (pnii prellc en
cs[)éràt peu, une supplique a I empereur,
dans laquelle elle sollieitail la grAce, |iour
elle et |tiinr ses somiis, de s • retirer dans
leurs familles respectives, si on les expulsait
de leur couvent.
Dans 1rs premiers joiirs de juillet I8^{7.
Siemaszko vint anno^rer à Miee/.yslawska
qu'il n'aecordail plus que trois jours de de-
Itn, h e le et ;\ ses compagnes, pour choisir
entre le sctiisme ou l'expiilsion du couv.nt.
II essaya emoie de la tenter par le f.ddeau
des honneurs et des dignités (jne remperenr
fo plairait h lui a. ronler, si elle mellait tin
h sa résistance. Il détacha même un des or-
dres dont il élftil couvert, et Voulut l'en re-
vêtir. « tiardc/.. ^<irde/. * et ordre;, lui dit la
MBur: il tiguieiaii mal h cù(i'> d<' ma modeste
crix; et sur vous, il aide a ca< hor la poi-
trine uù bal le cuMir d'un apostat. » Lu mu-
MIE
2i8
chant Re mon'ra troublé de cette généreuse
ri|'<tnse, et sortit binscpiement. Mais trois
jours s'étaient h pei te ••coulés, qu'à cinq
lienres du matin, pendant (pie toutes les
steu s étaient r(;unics à la < liapelh-, il fit
entourer le couvent, et, suivi du^ détache-
ment russe, y p nétra liii-nicme avec Usza-
kolf. le gouverneur civil de .Minsk. Il tenait
h la main la supplupie de Miecz»>l iw>ka, et,
la lui montrant, il rep ocha à celte -ainle Ql e,
avec les plus grossières injiir. s, d'avoir osé
écrire à l'empereur. « Igiiores-lu, lui dit-il
dans .s(tn langage toujours plein de jactam e,
ignore>-tu que l'emiiereur et moi, c est la
même chose? Tiens, lis sa réponse; elle est
en marge : « Uenvoyé au saint archevêque,
qui fera droit a celte demande, si elles chan-
gent de religi(ui. » Ce délai de trois jours cjue
j'avais accordé, coiuinue-t-il avec une furtur
toujours croissante, je le retire, c'est aujour-
d'hui, ce matin même qu'il faut quitter cette
maison, à moins que vous ne vous décidiez
à faire entre mes mains la rétractation de vos
criminelles erreurs. «Nous paitons, oit
Mieczyslawska, de sa voix douce et ferme.
— Nous parlons, ré|iélèrenl toutes les sœurs
avec entrainement. » Pour la dernière fois
elles s'agenouillèrent sur les dalles de cette
sainte chapelle (jui avait si souvent reçu les
lieux élans de leurs âmes vers ce Dieu qui
es appelait à la glOire du martyre. ■< Seigi cur,
ni disaieiit-elles, nous voulons ce que vous
voulez ; fortitiez-nous. Apprenez-nous les
mystcnes de votre passion, jiour que nous
ayons le couinge de mourir pour vous! a
l ne d'entre elle- ne se releva pas pour j>ar-
tir; Dieu lui ravit son âme dans une der-
nière prière ; il voulut en faire l'ange gardien
de ses sœurs pendant leurs glorieux com-
bats.
Siemaszko s'était, dans la chapelle, empi^ré
d un crucilix qui cunltmail des reliques de
saint Basile, non certainement | our les re-
liipies du saint, mais pour l'or et les menés
précieuses tpi'il y avait vus. Miecz. slawska
le supilia de permellre qu'elle emportât à
son tour le crncilix de bois ijui servait à la
communauté dans les processions; il s'y re-
fusa t(uil d'aitoid, mais Uszakotf, touché de
la douleur de Mieczvslawska, le contraignit à
u-dtn-; et c'est portant sur l'épaule droite
cette croix bien-aiiuée que Miecz.vslawska
«piitta le convinil. entourée de ses su'urs, et
escortée par le détachement qui avait accom-
pagné Siemaszko au couv» nt.
Les enfants élevées par les saintes tilles, et
<pii étaient au nombre de plus de cent,
éveillées brnscpiemenl par le bruit inaccou-
tiiiiii- (pu se fiis.iit dans la maison, s'étaient
re|Mndues dans Pi ville, s'écr.ant tout mi lar-
mes ; n On nous enlève nos bonnes mèr(\s !
des soldats vu-nnent les chercher. » Tout
Min<«k(niiu se prêt ipifa sur la trace des soMirs,
et. malgré ladiligiuice qu'avait faite Siemaszko
dans ht crainte de ce mouvement piqnilaire,
l.i majorité nés halutantsdc la ville se tioiiva
aussiiût que le> su'iir.s h NVigaoka, auberge
à une lieue de la vitb>, et où Siemasiko avait
résolu de s'arrOtcr uour faire mettre à ses
Si9
m.
MIE
iso
pri^oiuii^ros les lorsniix pirds cl .'iiix mains.
On i-<'|HiiisMi iM'iiInlfiiii'iil loiiscnix (|ui voii-
luri'iil s'«|i|int('ht'r d Cllcs |)(iui° 1rs nuiMoIrr
iMi leur l'/tiro (|ii('l(|ncs /iiiiiiAiics. (!ps Iximucs
^',t'iis, (|u<> 1)1 vcilii ilr> sinirs jiVdil «'dilirs
si liiiii.;li'iii|)»i, s'n^ciininllaii'iil siii- la roule
|ioiii' recevoir leur iM'îiédiclKtri, mnl:-;i(' les «I
(dil|is iJe rrosse doiil Us ('laielil lia|i|ie.s.
L<' |»remi<M' jour de leur voyage, on leur Hl
fijre ((uin/e lieues; la l'Iuparl tond):iienl d'e-
|)iM>>euienl cl de ratifia'; on les relevai!,
coiiiine on avail chassé les lialiilanis de iMinsk,
h n)U|)S de crosse ol de h.Uo'i. Miec/v slawska
ni.u'cliail loujours, cliari;(''e du cruediv de
liois, sans laisser (';clia|>|>er une plainte; sa
Itouche ne s'ouvrait i\r.o. pour con^fder ses
couipaiines, ou | oiu' clianler les louanges do
son divin Maitr(>.
Après sept jours d'une marche l'orcéo, la
sainte Iroupe arriva à NN ilch^k, (tù elle l'ut
coiuluite dans un couvent dont l'on venait
(le déposséder les lilles d(> la Saint(vTriiiilé,
jxiur élahlirà leur placcuiesC/ernice ou lilles-
iioires, ainsi iiomniées du costume qu'elles
poitenl. ('es commnnaulés de filles-noires
sont pour l'ordinaire rec rutées paiiui les veu-
ves de soldats russes, et les iilies de mœurs
déréglées. C'est une maniôi'e d'assuier la
subsistance des unes, et de mettre lia au
scandale (jue donnent les autres. On se ligure
aisément dès-lors l'ignorance et la gio>siè-
reié des pUcs-uoires, l'impatience avec la-
(pU'Ue elles subissent le joug de la nécessité,
et Ja disposition qu'elles doivent monlicr h
se venger sur de plus l'-iibles qu'elles de l'é-
tat de dé[)endance et do retraite où les letieiit
la volonté de celui qui connuande à la volonté
de tous. Les lilles-noircs de Witebsk pi'.s-
saieut la plus grande partie de leur temps à
s'injurier, à se battie, à s'enivrer avec de
l'eau-de-vie, et à pou.vser, quand elles avaient
bu, (.les houras en l'iionneur de l'empereur
Nicolas.
On jeta les sœurs dans une salle basse et
humide qui ouvrait sur la cour des animaux;
el es y trouvé, ont quatorze des sœurs chas-
sées par les Czernice, les autres avaict déjà
succomi)é à la latigue et aux soull'rances.
Elles venaient de perdre leur abbesse, ebes
s.' joèrent aux pieds de Mieczyslawska et la
supplièrent de les prendre sous sa direction,
j^i' .j;. .'i.'avvska les bénit en les nommant ses
lilles, leur parla de Jésus-Christ avec son ins-
piration accoutumée, et les anima de nou-
velles forces pour le combat. Ces pauvres
lilles portaient des chaînes aux pieds la nuit
et le jour; on en revêtit aussi Mii czyslawska
el ses campagnes, et penda it sept aiis qu'ont
duré les tourments de celles qu'il n'a pas plu
à Dieu d'appeler à lui, on ne les leur a pas
retirées.
_ Le récit de ce long et douloureux martyre,
c'est de Mieczyslawska qu'il faudrait l'en-
tendre. Les saints seuls savent pailer des
choses saintes; Dieu revêt leur ])arole d'une
force mystérieuse qui entraine et subjugue;
il leur met sur les lèvres des niots dont la
simplicité sublime fait verser des pleurs ; il
répand aussi sur leurs traits tant de calme,
de douceur el de paIx, (pie le plus ilKTédiilij
< loil a la venté de ce iju d eiiletid. Il nous
semble en. ure voM" Mii'c'/yKJa WJtkn cédant
avec humiliir- aux prières qu on lui l'ail do
raconter son hislonc; sa parole simple et
vraie retentit encore dans notre Aine alleri-
drie; p(nil-ètre Dieti permeitinl-il que ce
souvenir si vivant nous aide h conserver
(pielque peu de radiuirable douceur d'ei-
piessiou de MieczNslawska, dans loiil ce quo
nous avons encore i\ dire d'elb'.
Knchainées deux à deux, elles étaient jj-
vn-es loui le jour h des travaux (pii excé-
dnie l leurs forces ; elles rr-ccvaieiil nrio
nourriture grossière et en (pianlité .'i [leino
siillisanle pour les soiili'nir, et n'avaient,
lendanl les cpu-lipies heures de rejios (ju'oij
eiir peruieltail la nuit, d'ailre couche ouo
a teri'Cî nue. Mais l'amoiir divin (pii remplis-
sait leiMS co'urs les empêchait de sr trouver
à plaindre. C'étaient elles, au contraire, (jui
plaignaient les femines d nt elh s éiaient hs
victimes. Klles |)ii,'ieiil Dieu de jairiî des-
cendre la lumière dans ces pauvres <1m s, et
chaipie fois qu'elles élaicnil fappées, ( u
qu'une tAche trop lourde les accablait, elles
priaient encore plus a; déminent juiur que la
mi-ériconie divine [tût sélendrc sni-tous les
])écheurs. Le crucilix de bois faisait la joie
et rornement de leur demeure ; c'était h ses
pieds (pi'elles viniaient oui)lier toutes les
douleurs de la journée, c'était à ses fiieds
qu'elles reprenaient la force de supporter
celles (lu jour suivant. Llles priaient, elles
chantaient (Ïqs cantiques, dès qu'on les avait
enfermées |»our la nuit dans leur prison ;
elles s'ac(juittaient des ollices u'obligation
dont . Iles ne pouvaient s'occuper le jour, et
Dieu leur envoyait de si puissantes, de si ra-
vissantes consolations que, dans le froid et
l'humidité de leur {irison, sous les lambeaux
de toile qu'on leur jetait pour vêtements,
avec les meurtrissures qui couvraient leurs
cor[)S, la fatigue qui accablait leurs membres,
elles se trouvaient les épouses les plus heu-
reuses de Jésus-Christ. i
La seule jirivation qu'elles ressentissent
sans cesse, c'était celle de la sainte commu-
nion. Quelle ne fut [)as leur joie, quand un
jour elles virent (laraitie devant elles Micha-
levvicz, leur ancien confesseur ! « O mon
père 1 s'écrièient-elles en tombant à ses
genoux, soyez le bienvenu, vous qui nous
avez enseigné si longtemps comment il faut
vivre et mourir pour J sus-Chr-si ! » Et elles
arrosaient ses mains de larmes de joie, en
répétant toujours ce nom sacré de père.
Elles remarquaient cependant, sans en com-
prendre le motif, que Michalewicz avait
laissé croître sa barbe, et qu'il ne leur
parlait plus dans leur chère langue polo-
naise ; elles allaient, avec leur douce fami-
liarité d'autrefois, lui rej)rocher ces deux
nouveautés, quand Michalewicz, enhardi par
l'accueil qu'elles lui faisaient comme par le
souvenir de son ancien crédit sur elles, osa,
dans un discours ])lein d'apprêi, les exhorter
à cesser ce qu'il a[)pelait une f ;lle résistance.
« Est-ce vous qui parlez ? s'écria Mieczys-
2,-i
lUE
MIE
232
î.iwsk.i tout en nleurs ; vous qui avez si
s.iiiitomenl trcjvaillé au salul de nos Amos,
vous voultv. les perdre aujourd'hui ? Oli !
non, lion, mon p^re 1 c'est init)ossd)le : dites
que c'est impossible ! que nous nous (rom-
rions ! — Quand jt' vous recommandais, di*,-il,
,1 lidtMité à l'Eglise romaine, j'étais ini in-
sensé. Ouvrez les youx comme moi...—
Apostat ! interrom[)it\MierzysIawska avec un
arceut indicible de douleur , apostat I —
Apostat ! » ré[)étèrent les sœurs. Et elles se
jetèrent toutes au pied du crucilix pour im-
plorer de Dieu le retour de cet homme à la
vérih^. Mais il n'était pas venu chercher des
prières ; il leur déclara nettement qu'il
fallait ou qu'il eilt raison de leur obsliniiliou
ou ((u'eiles s'attendissent, selon les ordres
qu'il avait reçus du saint archevêque, à
être traitées plus durement que jamais. Elles
Je regardèrent avec compassion, et ne lui
dirent plus un mot.
Il se montra le plus violent de leurs
persécuteurs ; elles avaient été condamnées
par Siemaszko au supplice de la flagellation ;
ce fut .Michalewicz qui décida qu'elles rece-
vraient chaque lois cinquarite coups de
verges, et que la flagellation aurait lieu deux
fois [tar semaine. Elles entendirent d.ins
leur silence accoutumé la sentence pronon-
cée sur elles, et se préparèrent, par la médi-
latou de la passion du Sauveur, à ce nouveau
supplice. Le mercredi et le samedi, chaque
sœur étnt, en présence d'un clergé russe
nombreux présidé par Michalewicz, frappée
de cinquante coups de verges, et le regard
attaché sur ses victimes, il épiait une plainle,
un gémissement (jui pill lui donner res|»oir
d'avoir vaincu une de ces généreuses résis-
tances. M, lis il n'entendait jamais (pie cette
prière : « Par votre cioi\ et vos souH'raiices,
Jésus, sauvez mou àme ! » ou s'il cessait
(luel piefois de l'entendre, c'est que le ciel
comptait une luari.yre «le plus.
Notre compassion était grande h cet en-
droit du récit de Mieczyslawska, el l'une de
'nous l'interrompant, lui dit : Eli quoi 1 nulle
d'entre vous ne criait pendant ces horribles
exécutions? << Non, réptmdit .Miec/.vsli\wska
avec sa simplicité accoutumée; la (irièie nous
occupait trop ; seulement nous priions
d'abord bien haut, plus bas, et enlin. aj(uila-
t-elle avec de.-> larmes, queli|ues-uues de
nous ne priaient plus du tout ; nous étions
averties |>ar là (pi'on ne frappait ))liis (piun
cadavre. » Nous demandions encore ;i Miec-
zyslawska si la nature n'opposait pas souvent
de grandes rési>tances ,^ l'héroïsme de leur
foi. <( Avec l'aide île Dieu, nous répondit-
elle, on s'habitue i» tout ; dans les commen-
cements, les coups nous paraissaient durs ;
plus lard, nous nous orésenlAmes chacune à
notre lour, sans cpi'il fi\i besoin de nous
a[»pelor. » El pouri.uil des lambeaux de chair
restaient souvent altach s aux verges, el ce
sui)plioe se (irolongea des mois entiers.
La première qui péril des suites de la lla-
gfllalioii lut Colombe liorska, elle avait
(l'abonl perdu connaissance : Michalewicz la
lii revenir ii elle par de uouvcaui coups, cl
lui enjoignit aussit<M do reprendre son tra-
vail ; elle obéit, se traîna ju<;(|u'à une brouelt*
qu'elle devaitcharger de toute sorte d'immon-
dices amoncelées (lans la cour. Avant d'avoir
accompli sa lAche, elle tomba morte. La 1
seconde fut Suzanne Rypinska. qui resta
sous les coups. La troisième, Sielawva, qui
expira la nuit suivante, le regard attaché sur
le crncitix et la tète appuyée sur les genoux
de Mieczyslawska.
Ce ne furent |)as les seules pertes que
firent les saintes martyres pendant leur
séjour à Witcbsk. Les filles-n<.ires, dans un
jour d'ivresse peut-être, en enfermèrent une,
Bapiiste Downar, dans un grand poêle oCi
elle fut briilée vive. Une autre, Népomucèno
Gr.itkow ska, a\anl osé, sans permission, se
servir d'uiu couteau pour gratter sur le
jilancher uo« tache de goudron, excita la
colère de riguuiena, ou abbesse des filles-
noires, qui lui fendit la lète d'un coup de
bûche.
Mais la mort seule éclaircissait les rangs,
et les conversions que Michalewicz avait pro-
mises à Siemaszko n'arrivaient pas. Il reçut
des reproches mêlés de menaces, el la peur
qu'il en conçut ajouta <i sa cruauté. C'c'^t ici
qu'il faut j lacer, et non pas à Miadziolv,
comme dans les éditions précédentes, la
première distribution ([u'on lit des sœurs en
(pialre cachots ditrérents, dans l'espoir
qu'ainsi séparées on les vaincrait plus aisé-
juent. Ce fut une invention de Michalewicz.
Le lieu où fut enfermée .Mieczyslawska avec
huit de ses sœurs était une cave d'une hu-
midité si grande, qu'on n'y pouvait conserver
aucune provision. Elles étaient obligées de
livrer des combats continuels aux vers, qui
se remuaient de tous côtés dans cette cave,
pour n'en être point dévorées vivantes. Pen-
dant les neufs jours qu'elles passèrent dans
cette alfreuse prison, elles furent réduites à
manger des restes de légumes pourris é(ha|v
nés c\ l'avidité des vers. Chaque jour Micha-
lewicz se pré'senlait ^ elles, un papier h la
main, conienani, disait-il, une formule de
renonciation ({n'avaient déjh signée presque
toutes les sieurs. « Il lueiil, disait Mieczys-
lawska!, le malheureux, il ment ; aucune n'a
signé, j'en suis sûre. » Dès qu'il était parli,
et souvent même malgré sa présence, ce qui
le faisait tomber dans des Iransporls de rage,
elles reprenaient les prières et le chant des
cantiipus. Elles improvisèrent même qiiel-
ipies cantiques contormes h leur situation ;
en voici un entre autres qu'elles chaulai -nt
souvent, aussi Mieczyslawska se le rappelle-
t-t'lle en entier : «' Mon Dieu, c'est par
ta volonté que nous portons ces fers : agrée
nos soutVrances et soutiens-nous toujours.
Chassées de la maison où le travail nous fut
si doux, vers qui porterons-nous nos plaintes
contre les crimes de ces traîtres ? Mon Dieu,
change en joie notre tristesse ; éloigne le
schisme de notre patrie : c'est Ih no re uni-
(pie prière. SouiVrons, esclaves du Seigneur 1
Ah ! si nous combattons pour lui. un jour
il tarira nos larmes en fais.mt lriom[iher la
foi. Alors nous briserons nos chaînes, nous
Î35
MIK
Mil
tu
riMMcliirons (outo harri^ir. {)\w ta voloiiln
Sdil li(''iii(" ; In in'iis cniiroiiMcnis nu ciel. »
Oiiiiiid les iMiilfS (le leurs cachnls ic.s|m'c-
lii's s'ouvrirniil, t'1 (lu'cllos se icvinMil h ai
t\[i'o\\rs a|)|M'l«it'iil ^aicmciil Inir.s li;iv;ni\
lurcrs, <!'ivsl--.'\-ilii«' Mii\ niiplnis 1rs plus vils
ot los plus péuihlt's (1(î la maison, i«ll(vs cn-
toMiit'^rcMl nii 7V Dciini (raclions dcgivlccvs,
cil se rt'Iroiivaiil loiilcs aussi lidrics (pTavanl
cetlo il('rni(>r«> ô|)ri>uv('.
I\ri(lial(<\vic/,, dans l'cIVroi d(>s miMiaccvs de
Sii'iiias/.ko, s'rlail licaiicoup avanci" avec
celnj-ci, Ol lui avait priVscnté la irsislanco
(lt>s stiMU's coinMic di'vani inccssannncMil. (Mic
vaincue. Sienias/.uo, sur celle parole, se
trans[)orla AWilehsk, et lit donner au\
suMirs l'ordri» de si^ rendre au t(Mn|)l(^ russe
à une luMU(> (pi'il lixa piiur } lairt.' leur ab-
juration. Il lit rein, lire ou mùiuo toni[)S à
iMiec/.)sla\\ ska une inaf^Mirnpie crosse avec
le litre de nu^'n» jAtMiérale des cuuvenis de
Litliuanie. Mais cpiand ou lui cul dit que
lous ces pr(Vseids (étaient un^prisés, et (jne
AJieczyslawska se uionlrail toujours invin-
cible, il s'écria qu'il en liinrait avec elle de
(pieUpie manière (lue c(>l"Al. A riieurc qu'il
avait lixée [lour rabjuration|, des i)Oi»es et
des soldats russes vinrent sonnner les saintes
(illes lie marcher. Klles refusèr(!nt ; ils tirent
alors leur ollice accoutumé, et, tout ensan-
glantées des cou[)s qu'elles recevaient, elles
lurent lraîné(\s jusc^ue sur la place qui pré-
cède le temple.
Tout Witebsk, surmontant onliu la peur,
les y avait précédées sur le bruit qui s'était
répandu des violences dont elles devaient
être l'objet. Siemas/ko fut un peu déconcerté
de cette foule inattendue. Il Ut quelques pas
au-devant des sœurs, allée ta de leur parler
avec bonté, et ordonnant aux soldats de leur
rendre la liberté, il voulut prendre la main
de Mieczyslawska pour la conduire au
temple, comme s'il ne se fût agi que de l'exé-
cution d'une chose arrêtée à l'avance entre
les deux parties. Mieczyslawska s'éloigne de
lui, ordonne à la sœur Wawrzeckade placer
devant la porte du temple une espèce de
billot dont se servaient des charpentiers em-
ployés à la réparation du temple , fait signe
à toutes les sœurs de s'agenouiller, saisit la
hache d'un des ouvriers, et la présentant à
Siemaszko, lui dit : « Prenez cette hache :
faites-vous notre bourreau , après avoir
été notre pasteur. Nos tètes rouleront peut-
être dans votre église ; mais pour nos pieds,
tant que Dieu nous prêtera un souffle de vie,
ils n'en franchiront point le seuil.» Siemaszko
jette loin de lui la hache, qui va blesser au
lied une des sœurs, et donne à Mieczys-
awska, qu'il repousse, un coup de poing si
'urieux, que les dents de la sainte en sont
brisées. Mieczyslawska, toute sanglante, lui
en présente une en lui disant : « C'est un
trophée digne de vous, gardez-le précieuse-
ment ; peut-être vous vaudra-t-il quelque
nouvelle distinction ! » A ces mots, Sie-
masko tombe dans un si violent accès de
rage, que des convulsions le saisissent et
qu'il est emporté dans les bras de ses diacres,
DicTioNH. DES Persécutions. II.
Les stpur. s, toutes meurtries cl «iiiKnnKlaiiléeH
qu'idles sont, relouriieiil deux par deux h
leur Iprisiiii, es( mlées do tout uirpeu|»|e, et
chantant on action.s do ^rAco-s un Tr Ih-nm
(pU' ce peuple /icconipaKUe on «hiour. VX
piiinlant toutes ces iemuies qui résistaiont
aux oorséculions av(!c uno constamo .si nd-
iuir/il)le ; ces femmes, dont oui-lques-nnos
trouvaient, (piaiid il h; l'aM.ul, de res paroloH
qui troiililelil f^t confondent les luéch.'uit.s,
.s(! nionlraient dans la vie ordinaire si douces,
si timides, si soumises, ipie Siemas/ko sans
nul doute avait cru d'abiud (pi'elles m^ liil-
loraionl pas loii;^' temps avec lui. Il s'acharna
d'autaiil plus, dans sa violence ot son orgueil,
l\ briser l'héroiipie résistance (lui lui était
faite, (pi'il s'y était moins alteniiii. I.o Ki-ur
du saint est un livre l'erim'' pour rinijiie.
Il no pouvait pardonner à Miciiahîwicz de
n'avoir pas mieux rempli la prr)iiiess(( (pi'il
lui .ivait faile, et celui-ci se veiig<'ail sur los
martyres, i)ar un rodoubhnnent de cruauté,
{\v^ mauvais traitonuMils (pi'il recevait de
son maille. Klles devaient h la pitié d'un
juif un grand vase de terre dans lequel elles
faisaient chaulfer de la bralia , le marc de
l'eau-de-vie de grain ipie d'autres juifs non
moins compatissants leur faisaient tenir, dès
qu'ils pouvai(>nt saisir une occasion favora-
ble. C'était la seule nourriture chaude de
ces pauvres femmes, elle n'était certes ni
bien aiipétissante, ni bien saine, mais elle
leur jiaraissait incomparablement meilleure
que les ordures qu'on leur jetait, que des
chiens n'eussent point voulu manger. Micha-
lewicz, par un atroce besoin de vengeance,
brisa le vase de terre d'un coup de son talon
ferré. Des larmes leur vinrent aux yeux à la
vue des débris de leur marmite; elles otïii-
rent aussitôt cette peine à Dieu : « Mais,
nous dit Mieczyslawska, la résignation coûta
peut-être plus à la nature dans cette occasion
que dans beaucoup d'autres cas, en appa-
rence plus diiïiciles et plus pénibles. » C'é-
tait le seul meuble dont on leur eût permis
l'usage, c'était à lui qu'elles devaient de
pouvoir servir, à celles de leurs compagnes
qui étaient malades, de l'eau qui ne fût point
glacée ; c'était à lui qu'elles devaient toutes
de pouvoir se réchauffer avec la braha, et de
porter un peu moins sales les quelques lam-
beaux qui les couvraient. Le premier" mo-
ment de douleur passé, elles remercièrent
Dieu de leur avoir, dans ce misérable vase,
procuré les moyens de lui faire un nouveau
sacrifice.
Michalewicz ne tarda pas à porter devant
Dieu le compte des deux dernières années
de sa vie. Ce prêtre , qui, avant son aposta-
sie, ne connaissait que de nom les liqueurs
fortes, était tous les jours ivre d'eau-de-vie.
Un jour qu'il avait encore i^lus que de cou-
tume tourmenté les martyres , parce qu'il
était dans un état complet d'ivresse, il tomba,
en traversant la cour du couvent, dans une
mare, où il fut étouffé. « Dieu ait pitié de
son âmel » disait Mieczyslawska avec un
profond soupir en racontà^nt cette mort.
Elles avaient passé deuîannées à Witebsk,
8
i55
Ml«
MIS
156
Îruand un matin on vint los pretidro avec un
orl (léta<-htMiienl clo soldats, en leur annon-
çant quelles nllaienl être diri^.*es sur Po-
fotk. (.e cruiiiix qui avait élé si souvent ;ir-
rosi^ de leurs larmes, ce conlidont d»- toutes
leurs douleurs, et qu'elles espéraient voir
eneoreau milieu d'elles |>endaiit re nouveau
voyage, on le leur arracha brutalement. Co
leur lut un coup si sensible, qu'elles mar-
chèrent deux jours pleurant sans cesse leur
cher crucifix. Les douces exhortations de
Mieczyslawska réussirent pourtant à calmer
leur douleur. Elles appli(juérenl leurs re-
gards intt'rieurs sur limage de ce Dieu cru-
cifié qu'elles portaient si profondément
gravé dans leurs cœurs, et qu'on ne pouvait
leur ravir. Le courage leur revint, et avec
lui descendit dans leurs Ames cette sainte
joie qu'elles ressentaient ordinairementaprés
un nouveau sacrifice. Pauvres femmes 1 Po-
lork, ou plutôt Spas, un petit endroit qui l'a-
voisine, allait devenir |)our elles une arène
sanglante où [)lus que jamais elles auraient
besoin , dans les combats qu'elles y livre-
rai'Mit, que Dieu les fortifiAt de sa grAce.
On les renferma d'abord dans un ancien
couvent de leur ordre, occupé, comme ce-
lui de Witebsk, pir des czernice tout aussi
grossières et désordonnées dans leurs paro-
les et dans leur conduite que les tilles de
Witebsk, et beaucoup plus nombreuses, ce
qui donn lit à chacune des Basiliennes pri-
sonnières dix tyrans au lieu d'un. Transfé-
rées h Spas avec tout le personnel du cou-
vent, peu de jours après leur arrivée, elles
s'y rencontrèrent avec dix sœurs, amenées
dé Wilna, et qui ayant, comme l^'s Basi-
liennes de Witebsk, perdu leur abbesse, se
{)lacèront aussi sous la direction de Mieczys-
awska. L'esprit de deux d'entre elles avait
succombé sous la rude discipline des lilles-
noires : ces deux pauvres et saintes folles se
nommaient Elisabeth Felihauzer et Thérèse
Bieniecka. La première mourut bieniùt;
Thérèse vécut encore six mois. PAle, dv'char-
née, les yeux brillant d'un feu extraordi-
naire, elle s'occupait, dans un silence exact,
de tous les travaux dont on la chargeait,
jusqu'à ce que, tombant dans une espèce
d'extase, elle lirait de son sein un petit cru-
cilix que ses persécuteurs n'avaient pu lui
enlever, et chantait les louantes du Seigneur
f)resque toujours dans la poésie la plus tou-
chante, bien qu'avant sa folie elle n'( ùt ja-
mais fait de vers. Les filles-noiri'S , qui no-
saicnt s'approcher d'elle pendant ses accès
de folie, sirrilaifiil des ailures de liberté
qu'elle prenait alors, et un jour que ses
suMirs renlriient h la prison après le travail
de la journ e. elle fut trouvée en»an,i;lanlt''0
et morte, comme si sa y'v se fût éteinte dans
un dernier acte de violence où l'on se ser.iit
porté r.onlre elle.
On voulut constiuiro f» Spas un palais
pour Siemaszko; Miec/yslawska etses cinn-
pagn<»s y furent employées comme manuMi-
vres. Leur inexj)érience de ces sortes de tra-
\!\\\\ coûta la vie h bon nombre d'entre elles.
Dans un éboulement des terres qu'elles ne
surent ni prévoir ni arrêter ,1), cinq sœurs
furent ensevelies vivantes, sans qu'on per-
mît à celles (jui avaient été témoins de cet
horrible événement de travailler à les déli-
vrer.
Les noms de ces .saintes victimes, que des
considérations qui n'étaient point sans va-
leur nous avaient engagés à taire dans les
éditions précédentes, oniété publiés h Rome :
nous croyons devoir les publier à notre tour,
surtout en face des impudents démentis jetés
par le gouvernement russe au monde catho-
lique. Ce sont les sœurs Eufthémie Gur-
zynska , Clémentine Zebrowska , Cathe-
rine Rorycka , Elisabeth Tysenhauz , Irène
Krainlo.
La construction du palais continua h éclair-
cir les rangs des sœurs. Neuf furent écrasées
par un pan de mur qui s'écroula ; une
dixième fut tuée par une machine à monter
les pierres qu'elle ne sut pas diriger; ce
sont : Rosalie, princesse Meduniecka ; Ge-
neviève Kulesza; Oiiuphre Sielawa; Josa-
phate Grotkowska; Calixte Babianska; José-
phine Gurzynska; Casimire Baniewirz; Clo-
tilde Tarnowska; Cléophe Krysztalewicz.
L( s habitants de Polock vinrent enlever pen-
dant la nuit 1( s coips de ces nouvelles mar-
tyres; et, quoi qu'aient fait les autorités
russes pour découvrir où ils ont été déposés,
les corps des saintes sont restés en sûieté.
Des gentilshommes du voisinage, émus de
compassion, ne [lurent dissimuler complète-
ment ce i[u"ils ressentaient. L'un d'eux s'ou-
blia, dit-on, jusqu'à s'écrier sur le passage
des sœur; : « Saintes créatures l soulfrirez-
vous encore longtemps?» Vingt-quatre heu-
res s'étaient à peine écoulées que leurs fe-
milles et leurs amis pleuraient en silence
leur disparition.
Ouel(|ues religieux de l'ordre de Saint-
Basile furent vers ce temps amenés à Spas :
hérOKpies débris dune armée de martyrs, ils
portaient tous sur leurs personnes saintes
les maniues de leurs glorieux travaux.
Mieczyslawska etses compagnes, si fortes
contre leurs propres maux, succombaient à
la douleur que leur causaient les outrages
dont on accablait ces di,.;nes serviteurs de
Dieu. Chaipi? jour amenait pour eux un
traitement plus cruel ou plus avilissant que
celui de la veille. Si du moins leurs compa-
(1) Il s'ajtit de terrnsse qu'on leur Taisait faire,
pour asseoir sans/loulc le p.il.iis «le Siomas/Wo. (".est
co qn'oii a toujours cnleniiu ol dil ; mais le goinor-
lUMiienl rnsso, i)iii a riialiilmie ironleiulre une fouie
do choses aulronu-nl ipio lonl lo monde, ol «pu a soâ
misons pour cela, pn'lemlqu'on a rtli qu ollos avaient
été ««tn lamnees an Iravail «le.; mines ; cl il aflirme
quil u evisto pas une soulo mine il.ms les provinces
(H^ci lenl.des do I empire. Malfjr.- le peu «io on-anoe
que nous ttonmuis ponr l'ordMiaire a ses assorlions,
n»)us Ion croyons sur parole, sachant bien que nul
ne |MMit coiinaitre miens que lui le chemin de ses
mines ; altendii le noinhre d iiilortunes quil y envoie
vivre ol mourir, m.\is complo-l-il que cela «>lal)lira
la prouve que les pauvres roligienses n'ont p.is été
employées .i faire de> terrassements, et que plusieurs
dentre elles n onl pas trouve la morl dans e«» tra-
vail ?
137
MIK
Mit:
l^H
^ncs ilo .smilVuiiiiM' (ivnuMil pu lo» niiprorhor,
.'Iles nuniHMil Irouvô pciil - (Mic <|ii<'li|iit)
iioyoM d'adoucir leur ini.siM'o; iiuiis rlU'S
'iirciil tonjoiirs inlli'xililt'inciil pri\('<(-s do
oiilo (•(•iiiiinmiciilioii aviM- eux. icmoiiisi
)l)lim^s lies (lrfiii«<rs ncli;s du iiuiilym dr n>s
wiiiils, t'iltts vii'ciit (iii.dii' d'diilrti ciu, vii'il-
ard.s plus (|IIm stiplii.ijAf""" (vs, pl.icrs suc-
'ossivuinciit sous uiK) poiiipn donl l'i^aii
lu'oii l/^clia siirmix, se ((Hi^cl.'iiil an c.on-
,((•1 do r.'iir, les onvcloppa bioiilnl coiimid
l'un nwinlOHU do ^laco s(»us Icipiel ils trou-
.'("«l'iMil la iiioit. I.t's noms de ces m'iiriM^ut
•oïdVsst'urs .sont Zawcrki , Huc/.ynski, Zi-
owicz ol Komar, tous (iiwilre, comiiit' pros-
|U(' Ions les hasilii'iis, d'une naissanco iclr-
(to et supi^riiMirs de coinnuinanlés. l'n cin-
init^nu* BasiliiMi . aussi l'orl Ay;é, l'nbbo l.nu-
lanski, (pi'on iMoplosail choz les fillrs-noirp»
uix liavaux les pins rndos, suc('OMd)ant un
our sous uno cIuuko do bois, lut, ou pri'i-
ioneo d(\s su'urs, i"ra[)|>t^ si violennneiit h In
(Ho par un diacre, que son n»url} re eu lui
îonsoninié.
De t(>!s faits no soraiont pas croyables, si
'on no connaissait les mœurs demi-buibares
les Russes ot liguorance, la grossièreté, le
analisme do ce clcrt:;^ schismaliipio (|ui se
■ecrulo on grande partie de serfs allVancliis
)ar l'empereur, sui- la déclaration qu'ils font
le vouloir entrer dans les oi'tlres. Miséra-
bles, vivant eux-mêmes assujettis à nue dis-
?ipline do fer, sous le pouvoir despotique de
,eurs évoques et île leurs abbés, condamnés,
ioar les fautes les f)ius légères contre To-
aéissance , à des punitions atroces, el qui
seraient les plus à plaindre des hommes s'ils
l'en étaient en mèuK! temps les plus mé-
^hants et les plus corrompus.
Dans un de ces jours si nombreux oij popes
3t fiUes-Tioires s'enivrent de compagnie,
les plus jeunes d'entre les prêtres basiliens
qui restau^nt encore parvinrent à s'échapper.
Ce que devinrent les autres, Dieu seul le
sait, comme il sait le sort de tant d'autres
victimes de la politique oppressive et bar-
bare du gouvernement russe. Et il se trouve
des Fiançais, c'est-à-dire des hommes te-
nant h honneur probablement d'appartenir à
une nation qui estime par-dessus tout la vie
de l'intelligence et la possession de la liberté,
sans laquelle la vie de rintelligence dépérit
et s'éteint; il se trouve des Français qui se
font les défenseurs du tyran moscovite ! qui
accueillent avec une faveur marquée tous ses
démentis, et qui l'aident autant qu'ils peu-
vent à écraser les victimes de sa brutale op-
pression ! Que Dieu ail pitié d'eux ! mais ils
se déshonorent, ces hommes, et ils déshono-
reraient leur patrie si elle pouvait l'être par
l'opprobre que s'effoicent d'attacher à leurs
noms quelques-uns de ses plus obscurs en-
fants !
Sur la nouvelle déjà fuite des prêtres ba-
siliens, Sieraaszko annonça qu'il se rendrait
incessamment à Spas. Ce fut un signal pour
le protopope Jwan Wicrowkin, à qui avait
été conliée la garde des sœurs , de redoubler
de rigueurs envers elles. Il s'avisa de ne plus
liMn' l'aire dotuior punr toute nourriture qijo
du liareii;^ sidi'.eii leur relnsant impUos (iltlu-
inenl ^1 luiiru; ot , dè.s qu'ollen «uppiiaiunl
(pi'on hîin- inrndt de |ir<!udin on peu d'eau,
la eondilmn de p/i.sser an .schisme était auh-
siliM posée, Kiles »o prép/nôrcnl h mourir
de celte nouvelle lorlnie, (pu |(.|ir |iarut la
plus dillicde de toutes l\ sn|ipiMlei' ; niais oU
rahandoiMia pour s'arrûler au purli du nu lui
nourrir (pie de deux jours l'un avec un |)cu
de pain (il d'eau. Klles reinorcièreiil Diou do
ce changement; cependant, couuuo on lue
obligeait, en même temps (ju'on hiur nfu
sait lonli! nonrrilni(!, h d«! lies-riides ouvra-
gtvs, elles souHraiont (piehpiel'ois si cruello-
ment de la faim, (pi'elles mangèrent A la dé-
robét! des orties hachées, el pai lagércnt la
nourriluro do8 animaux duoiesliquus dont
elles avaient le soin.
Sieiuaszko arriva. Il s'en prit au prolo-
popo , «uxcxeinice, il s'en i>rit à tout le
monde du [leii de succès ipravaient euju.s-
tju'alors , malgré leui- ciuaulit, le.s moyens
dont on s'était servi. L'ange do ténèbres qui
possédait cet homme lui inspira une si in-
fime posée, qui! le courage nous manque-
rait pour en leiracor l'exécution, s'il ne nous
semblait (pio Dieu nous fait un devoir de dire
tout ce que nous savons et des victimes et
des bourreaux. Il lit enivrer dos diacres et
des paysans russes, puis il leur jeta les
saintes en leur disant qu'ils étaient maîtres
d'en faire ce qu'ils voulaient. Dieu, qui veiU
lait sur elles, les préserva de tout outrage;
mais il permit, pour couronner plus vite
quelques-unes d'entre elles, que ces hom-
mes, dans la fureur qui s'empara d'eux, se
portassent à des excès inouïs de cruauté.
Ce fut bientijt une scène de sang et de
larmes dont nous ne pouvons parler qu'a-
près avoir demandé à Dieu de nous en don-
ner la force. Les blasphèmes des bourreaux
se mêlaient à la prière fervente des victimes.
Franpées, mordues, déchirées, foulées aux
pieds, elles ne présentèrent bientôt plus que
des niasses informes toutes souillées de sang
et de boue. Quand ces hommes furent las de
frapper, et que Mieczyslawska et quelques
autres, moins maltraitées, purent parcourir ce
nouveau champ de bataille, elles eurent à
otl'rir à Dieu un douloureux sacrilice. Deux
sœurs n'étaient plus : l'une avait eu la tête
écrasée sous le fer d'une botte, l'autre était
si déligurée qu'on ne put reconnaître quel
coup avait dû lerminer sa vie. Huit autres
respiraient encore, mais les unes avaient les
yeux arrachés, les autres les jambes brisées
en ditrérents endroits. Micczyslawska supplia
qu'on lui permît de donner quelques soins à
ses sœurs; on ne craignit pas d'en faire une
condition d'apostasie, et, sur son refus, on
l'éloigna de ses compagnes mutilées et mou-
rantes.
Cependant Polock ne pouvait plus pren-
dre son parti d'assister en silence à de telles
horreurs; l'agitation y croissait chaque jour.
Les autorités russes montraient vainement
quels moyens elles savaient employer pour
faire rentrer dans le silence ceux qui s'avi-
859
MIE
Mlh:
240
sa4enl il'cn ^orlir : un gentilhomme, ayant
osi^ ordonner un service funèbre pour les
soeurs ipH avnioîit succombé dans cette hor-
rible scène, avait été pris chez lui, sans au-
tre forme de procès, garrotté et envoyé en
Sibérie [\). Tncouvent do Dominicain-^ qu'on
avait encore laissé subsister dans la con-
trée, accusé d'avoir dit des prières pour les
sœurs martyrisées, avait été immédiatement
dispersé. Polock n'en {)araissait pas plus in-
timidé : on n'osa pas aiïronter plus long-
temps son émotion, et l'on décida que les
sœurs prendraient la roule de Miadzioly ,
petite ville entourée de lacs dans la province
de Minsk, et où se trouve un couvent do
fillrs-tioires. Elles durent partir de nuit. On
tit marcher à pied, comme les autres, celles
qui étaient devenues aveugles , et dont les
blessures , rendues plus affreuses encore
par l'absence de tout soin, défiguraient com-
plètement le visage. Quant aux sœurs qui
avaient perdu l'usage des jambes, des Cosa-
ques les transportèrent dans des chariots dé-
couverts. A Miadzioly. on les partagea en-
core, comme on l'avait fait à Witebsk, en
quatre troupes, qui furent chacune soumise
à des persécuteurs différents.
Quand on se rendait à leurs cachots, on
ne manquait pas de leur annoncer la nou-
velle menteuse du renoncement de quel-
ques-unes de leurs compagnes, on leur ci-
tait des paroles qu'elles avaient dites pour
les engager à suivre leur exemple ; mais
comme ce grossier subterfuge ne réussit pas,
qu'elles ne témoignèrent pas même la crainte
qu'on eût dit vrai jiour aucune d'entre elles,
on imagina une nouvelle torture, dont la
firoiimité des eau\ du lac avait dû donner
'idée. On les faisait entrer dans des sacs
qu'on leur liait autour du cou; des diacres
montaient en bateau, et, tirant après eux ces
malheureuses filles, les j)longeaient dans le
lac, en ayant soin de leur tenir la tête hors
de l'eau. Puis commençait une atroce pro-
menade que, |)i'ndaiif deu\ ou trois h(Mjres,
on n'interrompait que ["our leur demander
si elles persistaient dans leur résistance, ou
pour ramener au sentiment de leurs maux
celles à ([ui la rigueur de la torture faisait
perdre connaissance. Notre main tremble
en traçant ces lignes , nous é[trou\ons le
même frémissement dliorieur et d'elfioi (jue
lorsque nous lisions, dans notre jeunesse, le
récit des persécutions ordonnées par les
empereurs romains. Qu'ont fait de [)lus (pie
ce Romanotf, Néron et Dioclétien, dont la
mémoire nous est parvenue chargée de l'exé-
crât iun de tant de siècles?
Trois sœurs moururent de cette torture ;
on les enterra sur le bord du lac. .Mais la
piété des habitants dt» Miad/ioly les porta,
comme ceux do Polock, h dérober les corps
pour leur donner une plus digne sépul-
ture.
Après deux ans de séjour f\ Miatlzioly. il
ne restait plus que ipiatoi /i« sd-iirs des trente-
quatre s»Burs de Minsk, .uixquelles avaient
(I) Ce genlilhommc rsi M. W.ilonkiiiiowici.
été jointes les quatorze de Witebsk et les dix
de Polock. Nous connaissons l'état de huit
d'entre elles. Les six autres n'étaient pas
mutilées, mais elles étaient si fatiguées par
leurs longues souffrances, qu'elles pouvaient
h peine se soutenir. Mieczyslawska était en
proie à d'horribles douleurs, des suites d'un
coup de bâton qu'elle avait reçu à la tête.
Des os s'étaient cariés, elle les avait ex-
traits comme elle avait pu; mais la plaie
toujours béante avait engendré des vers, et
la présence de ces vers occasionnait des
douleurs si vives et si permanentes, cpio
Mieczyslawska craignait quelquefois d en
perdre la raison.
.Malg^é l'état pitoyable des quatorze vic-
times, on décida qu'elles finiraient en Sibé-
rie cette vie qu'on n'était point parvenu à
leur ravir entièrement, et qu'on profilerait,
pour les faire partir, du passage à Mia Izioly
d'un convoi de frères basiliens, qu'on expé-
diait aussi pour la Sibérie. Mais Dieu, qui
avait décidé qu'il resterait quelques-unes tie
ces saintes héroïnes pour témoigner, h la
face de l'Europe catholique, de la politique
oppressive et barbare de l'empereur de Rus-
sie, Dieu favorisa l'évasion de Mieczyslawska
et de trois de ses compagnes. Il {lermit d'a-
bord qu'elle fût délivrée du mal qui l'obsé-
dait par un paysan, qui l'approcha au péril de
sa vie, parce qu'il croyait en avoir reçu l'or-
dre de Dieu même. Dès que la plaie fut
fermée , Mieczyslawska retrouva le libre
exercice de son esprit, et Dieu disposa cet
esprit à une prompte fuite.
La fête du protopope fut l'occasion , au
couvent des filles-tioires, d'une orgie plus
grande encore que toutes celles dont les
sœurs avaient pu être témoins. Popes, filles-
noirrs, gardes, tout s'enivra. Dans la soirt'o
l'ivresse monta h son comble, et chacun s'en-
dormit h la place où il se trouvait. Mieczys-
lawska, après une prière ardente h Dieu, se
mit en devoir de profiler pour s'enfuir du
sommeil pesant qui tenait tous ceux qui de-
vaient veiller sur elle. .Mais il lui en coûtait
de partir seule : elle se hasarda à se mettre
h larecherche de ses comnagnes, et fut assez
heureuse pour réussir h découvrir les sieurs
Wawrzecka, Pomernacka et Konarska, h qui
elle fit part de son dessein. Elles s'y asso-
cièrent aussitôt, et la suivirent dans une des
cours du couvent qui est plantée de gtands
arbres avoisinant le mur d'enceinte. Lh ,
•Miec/yslawska et ses suMirs, après s'être re-
comm;ui(iées h Dieu , gravirent ces arbres
jusipi'.'i la hauteur du mur, sur lequel elles
iia>sèrent ensuite. L'élévation en était ef-
rrayante j\ mesurer de l'œil , et les com|)a-
gnes de .Mieczyslawska crurent ciuec'étiiit la
mort, au lieu île la liberté, quelles allaient
trouver de l'autre côté de la muraille. Mais
depuis (pichpies jours Dieu n'av.ul cessé
d'envoyer une neige si abondante que la
terre en était couverie à une hauteur de plus
de deux pieds, n Courage 1 mes sieurs, dit
Mieczy,slawska: vous voyez bien que Dieu
a étendu des matelas an pied de ces murs :
laissons-no'js tomber. » Etourdie"^ de leur
•241
IMIL
MIK
lit
claito, flics iosl('>i'(wil iiii nioiiictil ciisevcliivs
sons la licite. M«i^, i|iiaii(l elles se rolrou-
v«Nreiil loiiles (|ii(ili'e sans aiiciiiie ('(iiiliisioii,
traiisnoilt'es de recoiiiiHissaiice, elles s'a^i;-
iiumlh^reiil dJUis celle licite dunt Dieu s'é-
(ail servi |i(MI1' les inéserver d(^ loiil mal, et
(liaiil^icril mi 7V Dntiiwn aclioiis de jj,iAces.
l'illcs ('()in|>iin'iil la nécessité de se s/'iiarer,
si elles voulaient éclia|>|)(M' aux nîclieiclies,
et après s'(Mi'o doinn'' icnde/.-vniis dans uwt:
villt» voisine des IVontiéres, elles s'einhrassè-
rerit l(Midreiiient et paitireid cliacuno par
une route (lillV'renli'.
Nous suivrons Mioc/yslawska dans son
voyage, vo.va};;e diilicilo t^l péiilleu\ (pi'elle
n'eiU pu accomplir si un auj;;e du Seigneur
n'ei\l veillé invisihUî ji ses cAlés. Le lemle-
main méuuî de sa l'nile, c()n\uu; elle marchait
avec peine dan> un cluMuin de traverse, (>lltj
rencontra des p;\\ sans (pfon avait uns à la
recherche des i'ui^itives. Dieu [termit (pi'elhî
échapp.U ^ toul soupçon ; mais, co |>renuer
dang(Mla l'endanl plus timide, elle s'enlonca
dans los bois où, |)endant (piaire jours, elîo
no vécut (juo do l'eau des sources cju'elle
rcMiconlrail. Le cinquième jour, comuu! ses
lbrc(>s l'abandonnaient, elle prit sur elle tic
se diriger vers une cabane do bitclieron,
après s'être assurée qu'une femme seule
était dans l'intéiieur. Elle demanda un peu
de pain, que celte l'enuue lui doiuiade bonne
grâce. Knhardie, Mieczyslawska lui dit où
elle voulait se rendre , en lui demandant le
chennn qu'elle devait suivre pour y arriver.
La fenuue du biU'heron sourit, en lui disant
que c'était nno entiei)rise folle qu'un si long
voyage, mais (jue du reste elle était sur la
route qui conduisait à la ville dont elle par-
lait. Vous voyez, nous disait Mieczyslawska,
comme Dieu avait pitié de moi; sachant
mon ignorance, il s'était fait lui même mon
guide, et m'avait mise sur le chemin do...»
Elle ne tarda pas à soulfrir de nouveau les
angoisses de la faim ; et les nuits passées
sur la terre, par un temps froid ou pluvieux,
lui causaient des douleurs dans les membres
qui retardaient sa marche. Heureusement,
dit-elle, je rencontrai un troupeau de mou-
tons ; à rinsu du berger, je me glissai sous
quelques moutons, et j'y passai une nuit si
bonne, j'y eus si chaud, que cela me rétablit
presque entièrement.
Mais il survint, dans le cours de ce labo-
rieux voyage, un temps si froid, si dur, que
Mieczyslawska en fut abattue. Arrivée dans
un endroit assez considérable qu'elle ne
voulait que traverser, ses forces la trahirent ;
elle sentit l'impossibilité d'aller plus loin.
Mon Dieu, dit-elle, si vous avez décidé que
j'arriverai au terme de mon voyage, la dé-
marche que je vais tenter ne m'en empêchera
pas; sinon , que votre sainte volonté soit
faite ! Et, pour la première fois depuis qu'elle
était en route , elle alla frapper à la porte
d'une habitation de boinie apparence. Elle y
trouva une femme seule. « Je vais succom-
ber au froid et à la faim, lui dit-elle, si vous
n'avez pitié de moi. » Cette femme lui fit
une place auprès du feu. « Qui êtes-vous? »
lui deman<la-l-(dle. << Je suis uim' des quutro
rclinieiises dn Sainl-lt/tsde qui sont [jjwvo-
nues à s'évader du couveiil «n hismatique d(î
Miad/.ioly. () mon Dieiil s'écria celle
feniiue, comment ai-j(! iiiérilé ipie Dieu dai-
gne m'adresser une de ces sainles inarlyies ! »
et ell(! lui ir-iiioi^na aussilùl un si profond
respect, (pio l'humiliti! de Miec/.ysl.nvska oïl
fut (dUle l|-oul)lée. Miec/.ysla\ssk;i passa près
d'une semaine chez cello digne Iciiiine; et,
(piand (dl(> la (luitla, elle était munir; d'iinn
bonne iiianh!, elle avait un havre-sac chargé
d(î i)rovisioiis , cpichpuîs koj)ecks dans sa
|>oclie et un sur itinéraire delà roule (pi'ello
devait suivre, avec le nom de qu(d(pii's per-
sonnes chez les<|U(dles rWv. nouvait en touto
sécurité demanuer riiospitalilé.
Les noms d(> ces persorni(!S, (jui ont en (d-
fet exercé envers elle la plus touchante;
liospilalilé, le nom de cette femme (pii a fait
auprès d'elhi l'oflice d'un bon aiigi;, Mieczys-
lawska les a prononcés devant nous dans l'é-
lan de sa rccotniaissanc(!; mais il ne nous
est point pernns de les répéter; on punirait
ceux ([ui les portent connue d'un crime do
haute trahison de n'avoir pas livré aux
agents de l'empereur une pauvre fcmuic de
soixante ans , brisée i)ar sept années de
soutfrances et de misères.
Arrivée cMa ville où Mieczyslawska avait
donné rendez-vous à ses sœurs, elle n'y
rencontra que sa-ur Wawrzecka, mais elle
sut plus tard (pie les deux autres sœurs
avaient gagné la Gallicie. Elle passa huit
jours dans cette ville , que nous n'osons
désigner, parce qu'elle y reçut les marques
d'un si vif intérêt, que nous craindrions de
désigner en môme temps aux autorités rus-
ses de nouvelles victimes à frapper.
On profita, pour lui faire traverser la fron-
tière, du passage de nombreux troupeaux.
Mêlée aux bergers dont elle avait revêtu l'ha-
bit, elle échappa à la vigilance des employés
russes et atteignit enfin Posen , après un
voyage si long, qu'elle ne peut môme en
fixer la durée. Elle alla se loger chez les Fil-
les de la Charité, et là, remerciant Dieu de
la manière miraculeuse dont il l'avait tirée
de la persécution, heureuse d'avoir eu sa
croix à porter comme son divin Maître, elle
ne pensait plus qu'à le servir dans une vie
humble et cachée, quand elle fut mandée
par l'archevêque de Posen, qui lui ordonna
de faire un récit circonstancié de tout ce
qui s'était passé pendant le long martyre
des fdles de son ordre. Elle obéit, et à me-
sure qu'elle parlait, un secrétaire de l'ar-
chevêque inscrivait ses paroles. On lui lut
ensuite ce qu'on avait écrit, on lui demanda
si elle reconnaissait s'être expliquée d'une
manière conforme à ce qu'elle entendait, et
sur sa réponse affirmative, après lui avoir
fait jurer sur les saints Evangiles qu'elle
n'avait dit que la vérité, on lui fit signer sa
déposition écrite. L'archevêque signa en-
suite, ainsi que les quelques personnes qui
avaient assisté au récit de Mieczyslawska',
et cette déposition, scellée des armes de
l'archevêque, a été envoyée à Sa Sainteté.
uz
MIL
MIL
2Vl
Ou a cru auc les ileu\ preiuières villes de
l'Europe ofltnolique, Paris el Rome, devaient
roir .Mit'czyslawska, devaient entendre de
ses lèvres saintes la relation de son martyre
et de celui de sa coniinutiauté; el Mirczis-
lawska a t't»^ envoyée à Paris. On a eu rai-
son,car In persécution religieuse, poursuivie
depuis dix ans par l'empereur, oITre des
traits d'une barbarie si sauvaj^e, que nous
autres esprits doux et polis du dix-neuvième
siècle, nous étions portés à les révoquer en
dont', à taxer au moins d'exagération ceux
qui les rapportaient. Mais en Tace de Miec-
zyslaw ska. tout doute s'évanouit ; la martyre
est \h, [lorlant sur sa personne sainte les
traces inellaçables des traitements auxquels
on l'a soumise; elle est là, et son vi^n^'e,
qui se revêt d'une mélancolie si profonde
quand elle parle de ses sœurs, sa parole si
douce et si calme, son humilité si j)arraile,
sont encore autant de témoignages qui dé-
posent de la vérité.
MIC.DOINE (saint), fut martyrisé h Nico-
médie avec saint Mardoine, (luranl la per-
sécution de Dioilétien. Le premier fut lirùlé,
le second mourut dans une fusse où on l'a-
vait jeté. Ce fut aussi en ce lemps-lh tiu'un
diacre de saint Anlhyme, évéque de Sico-
raédie, portant des lettres aux martyrs, fut
arrêté par les païens (pii le lapidèrent et lui
ouvrirent ainsi le séjour du npos éternel.
L'Ei^lise les honore collectivement le 23 dé-
cembre.
.MlKl (saint Paul), l'un des vingt-six mar-
tyrs du Japon eu 1597, était (ils d'un sei-
gneur de la cour de Nol)ununga. Pendant
plusieurs années il se fit remar(|uer par ses
excellentes prédications ; Dieu les couron-
nait de fruits abondants. Ce saint martyr
était membre de la compagnie de Jésus.
Quand il fut crucifié sur la colline de Nan-
gazaqui, il nrécha de dessus la croix avec
une divine éloquence, et mourut en priant
|)our ses bourreaux. L'Eglise fait sa fête
le 5 février. {Voy. Japon.)
MILAN [MrAliolnuum, lat.; Milano, ital.;
Meiland, allem.), villf d'Italie , maintenant
capitale du royaume Lombard-VéniluMi,na-
vait pas eu (ie martyrs avant sanit Cervais
et saint Protais. (>e fut sous l'empire de Né-
ron que ce preuiier feu de la persécution s'y
alluma; bientôt après, rX sous le même
prince. Milan vit encore le inaityre de saint
Nazaire et do saint Celse. Sous le règne de
renq)ereur Dim jctien , en l'an de Jésus-
Christ 30», saint Nnbor el saint Félix lu-
rent martyrisés dans celte vdle : leurs reli-
(pies, d'abord déjuisees hors de la ville, y fu-
rent depuis rapportées. On biilil une église
«ur l'emiilacemcnl où elles lurent mises :
celle église, où elles sont encore, norle ac-
lui'llemenl le non» (J'église Sainl-Frnn(;ois.
MILET. aujourd'Imi Palatcha, la plus il-
lustre parnu le> eoloiies ionieinies, est une
vdle de l'Asie .Mineure. Elle eut jusqu'à
reiil vaisseaux de ^m^rre , cl fonda trois
cents colonies ; elle fulpeniiant les temps de
I' r<ra ideur de la Grèce, une des villes les
plut commerçantes et les plus riches. 11 n'y
avait que Tyr et Carlhage avant elle. De
tout cela, qu'est-il resté? Rien. Saint Acace
ysoulTrl un glorieux martyre sous Licinius.
MILLES (saint), évoque de Suse el martyr,
mouiut pour notre religion sainte en l*an
de Jésus-Christ 3U, sous ie règne de Sapor
et durant l'atfreuse persécution <|ue ce ty-
ran suscita contre l'Egl se. Nous donnons
entièrement ici ses Actes , qui renferment
aussi le martyre des saints Abrosime , prôlre,
et Sinas, diacre. Leur fêle a lieu le 10 no-
vembre.
Martyre dr saint Milhs, évéque de Suse, de
saint A
diacre.
saint Abrosime, prêtre
, évén
, et rf(
e saint Sinas,
Quoique rien ne soit pour moi plus cha-
grinant que de ne pouvoir parler dignement
ue ceux dont la vertu fournit un si vaste su-
jet ; quoiqu'il soil pour moi très-pénible de
ne j.ouvoir faire un récit égal aux mérites
de ceux qui, par leurs belles actions, ont
mérité île si grandes louanges ; quoique je
me sente au-dessous de celte tckhe, et dé-
nué de ce qu'il faut de facdilé à éciire, j'ai
résolu de raconter, de dire en détail, avec la
faible éloquence dont je suis capable, les
choses qui les concernent : tant je me sens
poussé à prendre la plume, par les prodiges
admirables accomplis par des hommes si il-
lustres et si courageux; tant la majesté si
vraie, la urAce si sincère de leur visa.e, me
séduit; tant les travaux si nobles, si hono-
rables, qu'ils ont entrepris et achevés, m'en-
couragent. Quand je pense à leur amour si
grand pour Dieu, i» leur amour si agissant,
à leur foi victorieuse, à leur patience invin-
cible; qu ind je vois leur mort atroce, leurs
su[)plices inouïs et les traces encore fuman-
tes de leur sang, soudain l'espérance me
vient au cœiir, et j'ai foi que leur interces-
sion ellacera par un oubli éternel la mémoire
des fautes que j'ai commises. Eux-mêmes,
ces invincibles athlètes, (}ue la vertu divine
a foililiés, (jue la nature a fa»;oimés pour les
actions courageuses, enllamment mon esprit
et nm |)Oussent, maltirent, f>u plutùl m'eu-
trainenl pre-que à raconter dignement leurs
exploiis; eux-mêmes me fournissent l'élo-
quence nécessaire poiu- raconter dignement
leurs trionqdies; eux-mêmes me conseillent
et, de tout leur pouvoir, m'ordonnent do
montrer la roule (pi'a |)arcourue leur vertu,
et de raconter conviuiablemeut les travaux
(ju'ils ont accomplis.
Je sens donc que la source de l'éloquence
céleste est divinement indiquée à nion es-
prit, éloipu'Mce telle quejamais n'atteindront
les accents de ma faible voix. C'est l'ouniuoi
ma plinne hésitante s'arrête en tremblant
(piand les choses qu'elle écrit lui paraissi ni
si an-dessous do la grandeur des faits à ra-
conter, qu'elles semblent en quelque sorte
ramper à terre. Les f udhs elle-mêmessur
iesquelh sj'écris mo disent, par leur silence,
(pie l'humdité de mon stvie ne saurait éga-
ler le sujet duquel il traite.
Cepeiulanl. qu'aux lecteurs ou auditeurs
de cette histoire il suit tenu pour certain que
S48
Mil.
Mil.
240
Ri, cluv/, iKMis, I'«it dp rncoiitiT est nii-dos-
so\is (lu Mijct. lions \\'n\ s cciiciKl'int jn-
jiuiis iiwiiKiiK' h l« vi'-iilt'-; "'t tju'rii imi(iiiImiiI
les Inils SI glorieux <!(' nos s;iiiils marlyrs,
lions /(VOUS (lil iivcc iii-i'iiuili' ri iiilrgnlé
Vi' (|ni siillil 'l'ix liomnics stinliciix di» ces
sortes (le( lios(>s : car les inorls de nos. saints
in.irhrs .•illci:^Meiil, |);ir iiii(> sorte de p.irenliS
Ifi iiioil sonll'crle |i;ir le Clirisl, an iiiiliiMi do
tournioiils si ernels, (|n'ils dépassenl ce d(tnl
es! eapalde la nahiie linm.iiiie. Ces eoiira-
j;enx atliliHes handeiil coniint! un arc leur
esprit aballu et (^inu par l'ellVoi d'une mort
terriltle, el Ions, eoinme obéissant .^ un si;;;ri(!
donné, dirii;ent leurs touriueuls coninu! uik;
flèche, et no dierehant point pour eux les
louantes vaines et futiles des lioiiunes, mais
bien la gloire d(> Jésus-CbrisI, l'aulcMir du
salut, en (pii ils mettent toute leur cspi^ranco,
do (pii vient tonle vertu, et (pi'ils se sont
proposé pour modiMo de leur vie, ils se sou-
mettent aux supplices les plus cruels et aux
travaux les plus laborieux. C.ar, par l(> trait
( lie lui-niôme a lancé, il a forlilié les mains
des soldats qu'il avait prédestinés à suivre la
( isci|)line de sa milice et à cndji'asser ses
enseignements : en oll'et, comme son amour
et sa volonté élevèrent le Christ en croix, de
m(^me son amour et sa libre volonté attachè-
rent le saitit martyr à la sioniu>. Do môme
que, dans cetie arène, quiconque a conformé
sa vie aux règles (1(> la piété et aux divins
commandements trouve la victoire et la cou-
ronne ; de môme que celui qui a adopté li-
brement la doctrine chréliemie ot y a con-
formé ses mœurs est comblé des biens cé-
lestes; de môme aussi, dans cette arène, le
déshonneur et l'infamie attendent ceux qui,
par une déplorable légèreté, par paresse et
)ar inertie, s'éloignent du but et de la dou-
eur, et les malheurs sont réservés aux in-
sensés qui ont avec orgueil méprisé Taver-
tissement. Voyez dans cette arène préparée
et dressée lacroix elle-même, ce sommet
des douleurs qui les domine et les surpasse
toutes ; voyez, suintant d'elle, le sang du roi
des martyrs : là le pardon est préparé pour
le pécheur, et la vie naît de la mort; là le
coupable reçoit, renouvelé par le sang de
Jésus-Christ, son prc.ire sang qu'avait cor-
rompu le péché ; là le juste, ennoblissant sa
propre mort par celle de Jésus-Christ, re-
çoit la récompense de tous ses travaux. Ah!
combien voudraient imiter la mort de leur
Seigneur, et répandre leur sang dans ce com-
bat, quand ils voient la croix arrosée du sang
de leur Rédempteur 1 Car la mort, soufferte
de cette manière , ne les sépare point des
erabrassements du Christ, et les souffrances
de la mort commune avec lui les font entrer
avec lui dans le partage de la vie éternelle,
récompense qu'ils ambitionnent. O âmes il-
lustres, qui avez scellé de votre sang votre
amour pour Jésus-Christ! combien il désire,
lui qui est déjà ressuscité, vous ressusciter
aussi, vous, à la vie éternelle ! O courageux
athlètes, qui avez prouvé par votre mort
voire amour pour la croix, avec quel triom-
phe il vous recevra passant de cette vie dans
son royaume! /ivfc (pn-lIc joie il virinvoli"-
salul eï volid félicité 1 car ce que vous nvu-z
reçu de Jésiis-Chi isl, vous le lui nve/. retidii,
pour (pic lui, de iiouvenu vous i <*com(tetis,it
suivant ses promesses : Crltti qui tnr confn-
mrit drvitnt im ttinnmrn, moi itunai jr le ron-
f'issrriii (Ivvdul iiuiii l't^rrriui ni aux citux tt
diraiit srs (ttKjrs {Mnlth. x,'.\l).
'l'clle fut la source de l'élection du bien-
heureux .Milles. Saint Milles n.Kpiil dims lo
pa)s (lis H.i/.ichites. Jeune, il lié<pitfil.T la
cour du roi, juscpi'h ce (pie, trjiirhé de la
gr.ice (l(! Dieu, qui ikî soulfrit [)/is (pie ee
vase d (''hMlion restAt dans le festin imiiKmde
des hommes, il entra, comme l'un des ci-
toyens du royaume céleste, d/ins la milice
i\n lloi des cieux. Honouvelé par l'eau sainte
du ba))tôme, jiar h; soullh; et i)ar rinsf)ira-
tion (lu Sainl-Ksprit, alin de ne contracte i
aucune souillure coi[)orelle, de se conservei
intégr(> et chaste, et decoiiPniir dans le devoir
sa chair par les ieCinos fré(pients elles veil-
les, et pour mo(leler son esfiiit su:' la divine
sagesse, il s'appliqua avec soin h suivie les
traces de Jésus-Christ.
Pendant donc que le bienheureux Milles
mesurait le cours de cette vie, la providence
de Dieu voulut que l'occasion de faire de
grandes choses se présenta t et s'ouvrit de-
vant lui : car, comme il était plein de l'a-
mour du Saint-Esprit qui le consumait, et
qu'il ne pouvait contenir dans son (;œur les
ardeurs du feu intérieur qui lui parcourait
la moelle des os, il s'éloigna du lieu où il
avait fait ses étu les, et résolut de répondre
à la voix de Dieu qui l'appelait à travailler
au salut du prochain. Ayant pris cette réso-
lution, il partit de la ville de Lapeta, et se
retira à Ilam, qui est proche du château de
Susc. Dans ce lieu, lant(jt dans des confé-
rences particulières, tantôt par des prédica-
tions publiques, il s'efforça (le diriger vers la
vertu l'esprit des habitants et de les détour-
ner des vices. Dans ceite œuvre il eut à ac-
complir d'incroyables travaux, et à souffrir
des chagrins intolérables. Sur ces entrefaites,
comprenant les services qu'il pouvait rendre
à TEglise, il consentit à se laisser ordonner
évoque par Gadiabe, évoque de Lapeta, qui
lui impo.'^a les mains après lui avoir succes-
sivement conféré les différents ordres. Après
trois ans passés dans d'immenses travaux et
de grandes fatigues, n'ayant pu faire, autant
qu'il aurait été dans ses vœux, de conquêtes
pour le Seigneur, souvent pris et maltraité
par les infidèles dans les chemins et dans les
carrefours, il fut enfin jeté, presque sans vie,
hors de la ville, et traité avec la dernière
barbarie. Quoique ce saint homme suppor-
tât avec un cœur courageux ces atroces
cruautés, il ne put se refuser à voir que ces
hommes étaient trop attachés au culte des
idoles et aux superstitions des mages, pour
qu'il pût les amener à embrasser les doctri-
nes de la sagesse. II résoJul donc de quitter
ce lieu et d'aller s'établir ailleurs.
On raconte qu'en s'éloignant de cette ville,
le saint évoque lui pronostiqua, en ces ter-
mes, les vengeances divines : « O la plus in-
«47 MIL
lorliint'o di^s villes, puisque, dans ta folie ex-
Irùine, lu as rejet»'* roccasion qui l'(''tait of-
ferte par la grAce toiite particulière de Dieu,
de ri'parer ta fortune et de parvenir au coni-
ble (le la prospéritt^ , voilà (jue bicntol un
rruel ennemi va fondre inopin(''menl sur toi
et te dtMruire : dans ce désastre suprt^^le, tes
superbes édifices seront renversés, et les ci-
toyens orgueilleux, fuyant de tous côlés,
erreront à la recherche d'incertaines de-
meures. »
Trois mois s'étaient h peine écoulés depuis
son départ, (pie le roi, rroyanl que les prin-
ci|iaux habilanls d'Ilain avaient conspiré
contre la majesté royale, envoya sur les lieux
un corps de troupes avec trois cents élé-
plianis. Les édilices furent renversés, les ha-
bitants massacrés, toute la cité dévastée:
plus tard on fit, du lieu qu'occupait la ville,
des champs où la charrue passe, où les mois-
sons mûrissent. Pendant ce temps-là, saint
Milles, n'ayant jiour foute fortune que le li-
vre sacré des Evangiles, se rendait à Jérusa-
lem ; (le là il vint à Alexandrie, désirant voir
saint Ammone, disciple de saint Antoine,
fondateur de l'ordre des Pleureurs ; il y resta
deux ans, pour visiter les moines et les mo- ..
nastères qu'ils avaient fondés dans les dé-
serts. Aprt^'S cet espace de temps, il revint
dans sa patrie : chemin faisant, il s'arrêta f
chez un moine qui passait sa vie dans une
caverne. Un jour,^ comme ils faisaient tous
deux les prières du matin, un horrible dra-
gon se montra tout à coup, de ceux qu'on
nomme uosrplmm (nous laissons l'expression
latine) : il était d'un aspect dégoûtant et ter-
rible, et d'une grandeur extraordinaire. Il
avait au-dessus de trente-deux coudées. 11
entrait dans la caverne, suivant sa coutume,
pour s'v coucher. A l'aspect du monstre,
saint Milles fut frap|>é de terreur; mais bien-
tôt, la craiiUe faisant place à l'indignation,
il lendit la m;iin d'une fa(;on menai^anfe con- .
trc le serpent, et dit d'une voix tonnante :
.< O mon>tre détestable, ennemi des hom-
mes ! voilà donc ce que tu os.'.-, nous pré-
sents? 11 faut ([ue nous (piitlions ce lieu,
i)Our que tu Ihabiles pai>il)lemenl? Qu'à
l'instant le glaive du Seigneur te pourfende
(!'un bout à l'autre, afin (|ue tous admirent
la destruction 1 » A l'instant le serpent se
gontl iiit, fut coupé, déchiré en deux delà
UHv à la (jueue, et frappé de mort. Comme le
moine disait ([ue celte biMe était apprivoisée
et inoffensive, et habitait depuis longfi inps
avec lui, il fut ré|)riniandé par saint .Mdles,
(pii lui dit rpi'il ne pouvait approuver cela,
surtout après cpie la sentence de Dieu avait
dédart! la guerre })erp(''tuelle entre l'honniu»
et le serpent; qu'il t'tait défendu par le ju-
gement (Je Dieu de se ( onfier à un ennemi
ainsi proscrit, et d'habiter avec lui. Il i'ut
cause que le moine se choisit une autre de-
meure.
Le bienheureux Milles ayant dit adieu au
moine, vint dans la \ille de Nisibe, où il
trouva saint Jac(|iies occupé à construire son
église; il y resta (|uel(jue t(>mps(lans l'admi-
ration du génie et de l'excellence du saint,
MIL
248
et aussi de la majesté et de la grandeur du
monument (piil construisait. Quand, après
cela, il fut venu dans l'Assyrie, il envoya à
saint Jacques, en cadeau, une grande quan-
tité de soie, pour lui alléger la dépense qu'il
faisait pour son église.
Peu de temps après, il parfit pour aller
chez les Araméens, et trouva l'église de Cté-
siphon et de Séleucie déchirée cruellement
par le schisme. On tient rnie Papas était la
principale cause de cette allligeante discorde.
Il éfaithls d'Agh<Re et évoque de cette église:
homme d'une insolence outrée, d'une arro-
gance si grande, que les évoques qui de dif-
férents lieux s'étaient assemblés en synode
pour juger sa cause, étaient traités par lui
avec orgueil et cruel méfiris. et qu'il tyranni-
sait d'une façon vraiment impitoyable les prê-
tres et les diacres de son église.'^Milles répri-
manda de cette sorte et publiquement cet
homme haï de Dieu et ennemi de ses conci-
toyens. '( Quel crime ont donc commis vos frè-
res, pour que vous osiez les traiter ainsi, mé-
prisant orgueilleusement votre prochain et le
tyrannisant sans cause par votre haine im-
placable; comme si vous pensiez être dans
l'intimité de Dieu et converser avec lui? Est-
ce qu'il n'est pas écrit : Que celui qui voudra
être le premier d'entre vous soit votre servi-
teur » {Matth. XX, 27) ? Papas lui répondit :
« Vous venez, homme inei)te, me aire ces
choses, comme si je ne les savais pas. »
Alors Milles prit dans sa poche le livre saint
des Evangiles, le porta au milieu de l'assem-
blée, ef, 1 ayant mis sur un coussin, se tourna
vers Papas : « Si vous rougissez d'apprendre
ces choses de moi, (jui suis un simple mor-
tel, n'ayez pas honte au moins d'attendre le
jugement de l'Evangile du Seigneur que vous
avez devant les yeux ; à moins pourtant (pie
l'œil de votre conscience ne soit fermé pour
ses commandements. » Sur ce. Papas, poussé
par une fureur diaboli(|ue, et froissant d'une
main sacrilège le livre des Evangiles : a Par-
le donc. Evangile, dit-il, parle donc! » Lu
biiMiheureux Milles, viv(>ment ému par ces
})ar()les. se précipita, embrassa de ses deux
mains l'Evangile, le couvrit de baisers et
l'approcha de ses yeux. Ensuite , devant
foute l'assemblée, s'adressant, à haute voix,
à Papas : a Orgueilleux, lui dit-il, parce que
vous avez forfait envers les paroles «le la vie
de Notre-Seigneur, voici venir son ange, (lui,
à la terreur de tous, va frapper de d<\ssécn(>-
iiient la moitié de votre cor[)s. Vous n'en
mourrez cejïendant pas, la vie vous sera lais-
sée longtemps, pour que vous restiez comme
exemiile et connue objet d'épouvante. « Au
même momtMil Papas, frappi' du ciel, fut
desséché de la moitié du corps, et tomba sur
le ctMé oppos(''. Il y r(>sla pendant douze ans,
au bout desquels il mourut, dans cette af-
freuse position et en proie aux souffrances.
Cet év(''nement frappa tout le peuple d'une
grande terreur.
Ensuite saint- Milles alla dans le pays de
Maisan, où il s'arrêta chez un moine ermite.
Le seigneur de ce lieu, inii depuis deux ans
était en proie à une maladie grave, envoya
S49
Mil.
MIL
•iM)
un s(Mvil(»iir pri»'!- !<» hifiilMMin^ix (^vA(|ii(( do
V(Miir Ir voir. I.<' ■'^"i"' Ikhiuiic lui dil : " K<'-
loiiiiK»/, t't, |>i-('*s (lu lil tl(! volic ju.iitic, (iilcs
il li.MiUi voix : '< Millt''> vous ofdoniif, lui nom
(Ir JtVstis (1(1 Na/.)iit'lli, (le mn-rir, (l(! vous U'.-
\ov («( (le niaiclici-. » Lo scrvilcin- olx'iil, l'I
soudain It' malade! lui ^U(^ri, v.l ses lorros s6-
lant n'l(>v(''('s, il vint vers lo sain! (''V(\|u<',
avec les liahilanls du lieu, poin- rcndni à Du-u
do solruucilcs actions do m'Accs. IMnsicin-s
dt>s liahilanls, lonclu's |tar vv miracle, tnn-
hivissi^rcid la rclii.;ion cinolicniu'.
Au uK^nu' li(Mi ('lai! un Jeune liomiur lu-
nali(|no ol deimis son enlance tominenlé
par l'esprit malin. Il le ^\wv\\. par ses |)ri(>-
res, el en le sii;nanl au nom de Ji-sus-CInisl.
l'ourla plus ^rand(> gloire de J(\sus-(',hrisl,
saint Milles lit dans le mômu lieu lui Irès-
grantl nombre d(> miracles.
l*eu apri^'s il vinl dans lo pays d(>s Uazi-
clntes, oCi il s'arriMa. Dans nn cliAlean, nno
iemme nohle, depuis neulanson proie h une
maladie cruelle, avait ;\ pmi i)r('s perdu l'u-
safio do ses membres. Quand elle apprit l'ar-
rivcH^ du bieidienreux c'vi^puN elle se lit |)or-
ler h son logis par ses servitenrs.La voY<uit
et romar(]nant (prello osait h ])eine deman-
der (|u'on la guérit, croyant la chose im-
imssible, il lui parla ainsi : « Croyez-vous
en un senl Dieu , et voulez - vous espé-
rer de lui votre guérison ? » Elle ré[)on(iit :
« Certes, seigneur, je confesse lui seul et
uni(]ue Dieu. » Alors le bienheureux Milles,
aprC-s avoir un instant prit5, prenant la main
droite de cette femme : « Au nom de Dieu
en tpii vous croyez, lui dit-il, levez-vous et
uiairhez. Félicitez-vous de ce (]ue la santé
vous est entièrement rendue par la grAcc de
ce Dieu. » Ainsi parla Milles. Elle sentit peu
à peu dans son corps malade revenir son an-
cienne force, et commença à se servir de
ses membres engourdis ; bientôt elle put
marcher et regagner son logis. Ce miracle
fut vu par tous les habitants avec admii-ation
et grande joie.
Dans le môme château eut lieu un pro-
dige bien étonnant. Deux hommes vinrent
trouver saint Milles ; l'un deux soupçoimait
l'autre de vol, et demandait qu'il se purgeât
de ce soupçon par serment. L'autre ayant
accepté cette condition, saint Milles l'aver-
tissait en lui disant : « Songez, mon fils, à
ne pas prendre Dieu à témoin d'un men-
songe, et à ne pas tromper ainsi votre frère.»
Mais ce méchant et impie, ne faisant aucun
cas des avertissements du saint, ne craignit
pas de prononcer les paroles du serment.
Alors le bienheureux Milles, regardant cet
homme avec des yeux fixes : « Si vous
ayez, lui dit-il, engagé votre foi pour la vé-
rité, en prenant Dieu à témoin, vous rega-
gnerez sain et sauf votre maison; si, au
contraire, vous avez fait un serment faux,
que la lèpre, qui jadis frappa Giézi, vous
saisisse, de sorte que vous ne puissiez par-
tir d'ici que couvert d'ignominie et de dés-
honneur. Aussitôt ce parjure fut couvert
d'un horrible éléphantiasïs , de sorte que
tous les habitants en furent saisis de ter-
reur ; pldsicins abandoiUM^renf le culte dr-A
idoles (»t deuiauilèrcnl il se i'aiif inslrniro
d.uis li's |ii<'r(pt(!s du c.hrislianisme.
I'ail;uii di' la, il .sn r(>ridail vers un autre
lii'U. Deux niiiMii's du méuie endroit sejoi-
gnncut il lui, coinmo compa^llons de voy/i-
!.;(;. (]()nnne ils étai(>iit en chemin, ils arrivé-
ii'iil à un cours d'eau te'lemenl grossi, tpi'il
n'(''lait pas possible de le |t,isser a mié. Elaiil
r(!sré jusipTau haiil du jour h c,(!l endroit,
atteiiilaiit vaiiiemeiil ipii; {c. lorreut écoulât
ses eaux, pour ensuite |)ouviiir passer h Kiié,
saintMilles conseillasses compagnons de so
retirer, el, apiès hvs en avoir |;i-iés, leur riil
adi(Mi. Mais (mix, ayant feint de s'en aller,
observaient parepiel nu)yen saintMilles sui-
mouterait l'obstacle et poui'iait traverseï le
lleiive. Alors le bienheureux év(i(pie, s'élant
mis h prier qnehpie temps, (!nlra tout cliaiis-
s(' dans le torrent, et, marchant intiépide-
iiieiit sur les l'aux, p.u'vint à l'autre bord
sain el sauf.
Do là, étant |)ai'venu à un bourg voisin, il
y trouva un certain diacre (pi'on accusait
du crime d'in(;este. Il entra dans l'église et
l'exhorta en ces termes : « Mon fils, si par
hasard vous êtes coupable de ce crime ,
avouez-le et étudiez-vous à apaiser Dieu par
votre pénitence ; car il est miséricordieux
t't vous pardonnera. Si vous êtes coui)a-
ble , tremblez d'officier en sa présence ,
de {)eur que sa justice ne vous punisse im-
médiatement. » -Mais lui, lui dit en con-
fidence : « No me parlez pas ainsi , sei-
gneur; ne m'accusez pas d'un si grand
crime; car j'en suis absolument innocent.
Ce crime, j'en ai été accusé par la calomnie
et le plus impudent des mensonges. «Ayant
ainsi {)arlé, il prit audacieusement le livre
de David, et, montant sans crainte sur sa
stalle, il se mit h chanter les psaumes. Mais
une main apparut brillante, sortant du sanc-
tuaire, et vint frapper ce diacre impur sur
le visage. Frappé de mort par ce coup, le
diacre tomba. Ce prodige si grand frappa de
terreur tous les habitants du lieu.
Dans le môme endroit, un jeune homme
fut présenté à saint Milles. Depuis ses plus
tendres années il était misérablement af-
fecté d'une distorsion des jambes et des
pieds, telle que, marchant sur les genoux,
il était forcé de ramper à terre. Le bienheu-
reux évoque, le prenant par la main, le gué-
rit par ces paroles : « Au nom de Jésus-
Christ de Nazareth, levez-vous et marchez.»
Aussitôt les pieds et les jambes de ce jeune
homme prirent leur forme naturelle. 11 était
âgé de vingt ans.
Au reste, les cures insignes et les mira-
cles minifestes que saint Milles accomplis-
sait, avec l'aide de Dieu, nous ne pouvons
pas les rapporter tous ici, et nous avons dû
raconter sommairement ceux desquels nous
avons parlé, pour arriver prompteraent à la
narration de ce miracle, qui fit la plus grande
gloire du saint , miracle qu'il accomplit en
versant son sang, en donnant sa vie pour ren-
dre à Jésus-Christ un glorieux témoignage et
pour donner aux siens un glorieux triomphe.
251 MIL
Pendant que saint Milles accomplissait ces
ch'">st»s, Hortnisda Guphrizius, qui gouver-
nnit 1,1 province avoc une suprAme nulorilé,
honuue d'un orgueil incroynblo, d'un faste
inlolcrablt', supportant dilTicilemcnt que le
bienheureux évoque cornnien(;.U h avoir des
disciples, connue la renommée le lui avait
npnri?. (lonna l'ordre de l'arn^ler et de le
conduire h Maheidagdar, ca^ulale dcN Razi-
chites. Deuï de ses disciples, le prêtre Abro-
sine et le diacre Sina furent arrêtés avec
saint Wilk'S. Ils furent tous enchiinés, souf-
frirent deux fois de cruelles fla;i;elIations. On
voulait les contraindre de sacrilitT au so-
leil. Mais eux. se mo |uèrenl du tyran, nié-
f irisèrent s s ordres, se rirent de ses inso-
ences, et louant Dieu nerpéluellcmput, ren-
daient hommage, par leur invincible cons-
tance, h la véritable religion. Pendant qu'ils
étaient dans la prison publique, attendant le
dernier supplice. Hormisda, qui voulait cé-
lébrer le commencement de l'année, an-
nonça une granile chasse (fui devait avoir lieu
dans les montagnes voisines. Foi t j)ré(iccupé
de l'appareil qu'il devait lui donner, il lit ame-
ner le^ saints martyrs encliaîiU'S pour être
interrogés. Dès (|u'ils furent ariivés en lace
du tynn, celui-ci commença à interroger
saint .Milles sous cette forme ironique : « Dis-
nous qui tu es, un Deu ou un homme?
quelle est ta religion, quels sont les dogmes
qui te plaisent? Dis-nous donc ce que ta sa-
gesse t'nispirt'ra pour (jue, sachant bien (pii
tu es, nous devenions les disciples ; mais si
tu persistes à cacher quelle est ta secte, tu
seras mis à mort sans pilié, de même que
ces bêles féroces.
Le bunheureux évêqne, comprenant quel
était l'esprit de ces paroles, rt'po-idit ainsi :
a Je suis un homme et non un Dieu; quant
à ce qui est du reste, j'ai résolu de ne point
mêler les ch ses saintes de la religion à vos
plaisanteries indécentes, et de ne point faire
entendre ces myNtères si p\ns h des oreilli's
qui sont loin de 1 être. Cependant je veux
vous dire en toute vérité ceci : .Malheur k
vous, tyran impie ft criminel ! malheur à
vous et à vos semblables, qui êtes les enne-
mis de Dieu et do la religion ICar il arrivera
que Dieu, vous jiigeant dans l'élornité. [)ré-
parant ses feux <'t vous plongeant dans les
ténèbres, condamnera votre orgueil aux lar-
mes éleri elles, aux ('ternels grincements de
dents, parce que vous jouissez insolemment
des biens et des richesses que vous tenez de
lui, sans vous en montrer aucunement re-
connaissant. »
A co langage de saint Milles, cet hommo
coupable entra dans une telle fureur, «jue,
devant tous les a'^sistanls, il sanla de son
sii'ge, et, tirant l'épée qu'il portait pendue h
son cAté, il se pré<ni'ila sur le bienheureux
évôgue. et lui traversa l'épaule de son f 'r.
Le Irère de ce tyran, qui ^e tioinmait N'ar-
sès, entrant dans une fureur pareille, lira
son glaive et Iransperen le i ùlé du saint.
pendant <|ue l'illustre martyr de Jé^us-
Chnst rendait l'Ame et recevait, par ret af-
freus suppliée la mort qu'il désirait, il jeta
ML
28i
en ces termes aux deux frères cette affreuse
t. rédiction : « Votre amour fraternel vous a
lien mal inspiré, en vous poussant tous deux
à commettre cet horrible (rime, à réftandre
le sang d'un homme juste et innocent. De-
main, à celte même heure, dans ce même
lieu, votre sang sera versé de vos propres
mains dans un meurtre réci|)ropre ; les
chiens lécheront votre sang, les oiseaux se
nourriront de votre chair; dans un seul jour
votre mère pleureia ses deux enfants, et vos
épouses seront veuves. «.^yanl dit, il mourut.
Peid;int qu'on sévit ainsi contre le bien-
heureux Milles, Abrosirao et Sina sont con-
duits sur deux collines ; filacés l'un vis-.'i-vis
de l'autre, ils furent lapidés parler satellites
envoyés parle tyran, qui les écrasèrent sous
une grêle de jiierres et de cailloux.
Ciuphri/ius passa cette nuit dans ce lieu,
et comme le matin du jour suivant on avait
signalé un grand nombre de biHos, il se leva
pour aller attendre celte proie. Ne se sou-
venant plus des menaces du bienheureux
Milles, il commença h poursuivre les bêtes
avec ardeur et entrainemenl. \ l'heure pré-
cise h laipielle le bien'ienreux Milles avait
été tué le jour précédent, la peine marquée
]>ar Dieu envers ces deux frères, excellents
guerriers, excellents chasseurs, habiles h ti-
rer de l'arc, habiles à verser le sang avec le
fer, vint les frapper. Un cerf, ayant brisé les
rets dans lesipiels on l'avait enfirmé, s'é-
cha[ipail emporté par une course rapide. Les
deux fi ères, lançant leurs chevaux, le pour-
suivent; tous deux vont être frappés de
mort iiiO|nnée, pour avoir tué un homme
par un jugement inique. Tous deuï se pla-
cent chacun d'un côté d'un sentier, vis-ci-
vis l'un de l'autre. A l'instant où le cerf
passe, tous les deux bandent leur arc pour
le frapper, et. comme si chacun d'eux eiU
visé l'autre, (luplirizius perce Narsès dans
le ventre ; Narsès perce Guphrizius dans la
poitrine. Tou'< lieux moururent donc dans
le lieu même où h^ bienheureux Milles avait
été tué. Cet événement frappa d'élonnement
Ceux qui en furent témoins, et ne causa pas
un médiocre ellroi h ceux h qui on le ra-
conta dans la province ; nnis tous laissèrent
les deux corps pour servir de pAture aux
bêtes féroces et aux oiseaux de proie ; car
la coutume des Perses est de laisser les ca-
davres sans sépulture», jusipi'h ce que les
chairs étant détruites, les os soient complète-
ment dénudés. On n'enterre que ces der-
niers.
Dans la même nuit, les corps des trois
martyrs furent enlevés cl déposés dans un
ch.lteau nommé Marleau, où les habitants
du lieu les mirenl dans un tombeau (ju'ils
leur iivaient préparé. Les Arabes sabéeis
avaient coutume de désoler ce pays par leurs
incursions. De, mis, ils ne mi ent jamais le
pied sur les terres du ch.'ileau que nous ve-
nons de noiumer. et ne les pillèrenl jamais.
Les habitants du lieu virent en cela une
protection toute pariirulière due à la pré-
sence des relii|ues des saints qui étaient dé-
posées dans un des angles du chAteau.
tM
MIN
MOD
tu
Suint Milles <»t «HM cniiiiwi^iKtDs r(i(;iir(Mil
lu coiiroiiiu* (lu iiuirtvic l(i ln'i/.ièmc jour ilo
In luiiii ilo novoiiil>i-t>.
(l'idilurdon lU' l'untenr.)
MII.I'l.\ni''S, n|i()lt);;i.sl(', |iii''S(Mii(i il M.iic-
AiinMp, voi's l'ail I !(''(* 177,iiii(' A|M»|(i;;i(( on fa-
veur (li'S cluM'IJciis. Ndiis nvoiis perdu co
Iraviiil, el l'Iiisloire ne nous a ('(lusi'rvé au-
cun (Idcnnieiil s(^rieux (jui puisso nous per-
iTiolIre (le rien dire (l(> ce personna.;!».
MINAiMI ( le hie'iheurenx ^v.^.<s ), uinnrut
nour la loi chriHionno au Japon, en l(iO-2.
il lial)ilailleroyanine(li> Kin:^(). 1-e l'oi, (pii
avait emhnissi'' h* (•liri.sli;nii.sni(\ v\;\\\V mort,
sou royauinii échut il ui\ l'oi i(lol;Ur(!. (lo
prince ordnnna ?» tousses suj(>ls d'adorer les
ni(>mes (li(Mi\ ([in^ lui. Ne pouvant pas les y
contraindre, il prit la n''solulion de t'airo
mourir l(>s principaux d'eulK^ eux. I,es deux
preuiiers l'iu'enl Jeai Minanii ol Simon Ta-
cuenda. Lus pcrsoiuies qui connaissaient ces
deux seii;uetu's llrent tout leur possihio pour
les eugai.5(n" A l'aire au moins semhlaul d'o-
béir au roi. Les deux lemiues de ces deux
seigneurs, loin d'imiter un par(nl exem|)Io,
taisaient tous leurs elVorls pour engager
leurs maris à demeurer fermes dans la pro-
fession de la religion chrtMienuc. Le roi en
ayant éU'. inl'ornié, conuuanda ([ue les deux
chrétiens rebelles à ses ordres fussent con-
duits dans une bourgade (pt'on nouunait Cu-
namoto, pour y avoir la lt''le tranchée. Leurs
femmes furent condamnées au supplice de la
croix au m(>mo lieu. Quand IMinan\i oui con-
naissance do cet ordre, il se rend t sponta-
nément chez le gouverneur de Cunamoto,
qui était son ami. Celui-ci lit tout ce qui
était en lui pour l'ébranler, mais inutile-
ment, et s'en montra fort allligé. Minami dina
avec lui ; après ce repas, le gouverneur le
prit h paît, et lui lit voirsDU aricH de cou-
daranaîion à morl, signé de la main du roi.
« 11 vous est encore loisible, lui dit-il, d'é-
loigner de vous ce malheur; mais il n'y a
pas de temps à perdre. » « J'aurais souhaité,
dit Minami, que le roi mil ma tidélité à une
autre épreuve que celle-là ; en pareille ma-
tière, je ne puis lui obéir; je me dois au roi
du ciel avant d'être au roi de la terre. Du
reste, je regarde comme le plus grand bon-
heur qui puisse m'arriver, celui de répan-
dre mon sang pour Jésus-Christ. » Le gou-
verneur, comprenant enlin que toutes ses
instances étaient vaines, lit conduire Mina-
mi dans une chambie voisine, où il lui lit
couper la tôle. Cette mort arriva le 8 décem-
bre 1602, Minami n'avait encore que trente-
cinq ans.
MINCETTV. (Alexis), religieuse du Saint-
Sacrement a Bolène, fut guillotinée à Orange
le 13 ju.dct 17%, avec Anastasie de Rocard,
supérieure dos Ursulines de Bolène, Marie-
Anne Lambert, converse au même couvent,
la sœur Sainte-Francoise, converse chez les
Ursulines, à Carpeniras, Elisabeth Verchiè-
re et Henriette Leforge, religieuses du Saint-
Sacrement de Bt)lène.
MLNDON,ville des Etats prussiens (West-
phaliej, chef-lieu de régence, sur le Weser,
est célèbre i)ûr lo nirtrtyro de i'év^(|UM saint
l''élici(>ti.
MINI'.UK (maint), martyr, «oullVil lo mar-
tyre h Ly(m, avec Nuinl Klé(i/..iruui (il leurs
huit lils. Les Acll>^ des ni.u tyiH ne nous oui
lais.<ié n unui délnil siu' cex deux sainlM.
L'l';j;lis() fait leur s.'uiil(! céri'mouie li; %\
ar)i1i.
MIM'-UVIEN (saint], martyr, ost inscrit
au Martn'ologe romain le .'M <léci'uibr(s el
honoré cdmim; m iilyr p.ii llsrilise, jivec les
.saints Pftnlion, Kli(nuie, Aitide, Fabien, Cor-
neille, Sevie, Flonis, Oiiinti(!n (.-l Simjili-
ci(!ii, (pii l'iireiit les coiiipagiions de; S(Mi ui.ir-
lyie. On ig»ior(! le lieu, la (lal(! el les circons-
tances de leurs comb.its.
MINFlIUS(les ciii(| Iréres), marlyrs,étnif'nt
disciples do sain! l''ram;ois d'Assise, et se
nommaient Béiard, Pierre, Actnirse, Ajut et
Olhon. Ils avaient été ch irgés par leur fon-
dateur dalIcT prêcher l'Evangile aux inaho-
mélaus (l(! rOc(id(nil, et ils commoncèrenl
leurs travaux aposiolicpies par les Maures de
Séville. Les habitants de ce pays les en ayant
chassés, ils partirent pour le royaume de
ALaroc, d'où ils furent encore exilés. Etant
revenus une seconde fois, ils furent fouettés
cl différentes reprises et si cruellemiml, que
leurs côtes étaient à découvert, a[>rès (paoi
on versa sur leurs plaies de l'huile bouil-
lante et du vinaigre, et on les traîna sur des
morceaux de pois cassés. Le roi les ayant
fait amener on sa présence, leur fendit la
tête d'un coup d(! cimeterre, le 16 janvier
1220. Leurs reliques furent rachetées par les
chrétiens et transférées h Coïmbre, où on les
y voit encore aujourd'hui. Leurs noms sont
inscrits au Martyrologe romain le 16 jan-
vier.
MINIAT (saint), soldat et martyr, n'ayant
pas voulu sacrilier aux idoles sous le règne de
l'empereur Dèce, fut martyrisé dans la ville
de Florence. L'Eglise célèbre sa fête le 2o
octobre.
IMIROCLÈS (saint), évèque el confesseur,
souffrit h Milan en l'honneur de la foi. Saint
Ambroise l'oit quelquefois mention de lui.
Son nom se trouve au Martyrol ;ge romain
le 3 décembre.
MIRON (saint), prêtre et martyr, fut déca-
pité à Cyzique en Achaie, ajfrès avoir souf-
fert plusieurs tourments sous l'empereur
Dèce et le président Antipater. L'Eglise
célèbre sa glorieuse et sainte mémoire le
17 août.
MITRE (saint), ou Merre, patron d'Aix en
Provence, soulfril dans cette ville de cruelles
tortures, et enfln la mort pour Jésus-Christ,
au temps de la persécution de Dioclétien,
sans qu'on puisse préciser exactement à
quelle date. Il est honoré par l'Eglise le 13
novembre : tous les martyrologes le j;ortent
à ce jour. Saint Grégoire de Tours (L. de.
Gloria confessorum, c. 71) dit que la puis-
sance divine opéra un grand nombre de mi-
racles sur le tombeau de ce saint.
MODESTE (saint), martyr, mari de sainte
Cresoence, nourrice de saint Vit. Quand ce
saint fut ILvié par son père aux mains de
S55
MOD
MON
25G
^'al('n(>^, gonvernour de Sicile, ft ((iie ce
nini^islrat eut «^puist^ sur lui nue partie «les
cniautt^ qxio la rasîe des persécuteurs inven-
tait contre les chrétiens. Modeste et sa femme
parvinrent ,h l'enlever et à se sauver avec
lui en Italie. La persécution de Diodétien
était dans toute sa force, et lestrois fugitifs
furent arrcMés en Lucanie, et mis à mort
près de la rivière de Silara. (Voy. Chescence,
\'iT.) L'Eujlise honore leur mémoire collecti-
vement le 15 juin.
MODESTE "(saint), martyr, fut arrêté au
commencement du iV siérie, sous l'empire
et durant la persécution de Dioclélien. Il fut
mis en prison avec saint Tibère, et endura
avec lui d'atroces sui)plices. La constance
des deu\ saints n'en avant pas été ébranlée,
tous deux furent condanuiés h être décapi-
tés, et la sentence fut exécutée h Cesseron
ou Cessarion, près d'Agde, à douze kilomè-
tres de Béziers. A la lin du viii' siècle, on
fonda dans ce lieu, et sous leur invocation,
une abbaye régulière de Bénédiciins. Une
femme nommée Florence, qui se convertit
à la vue de leurs courageux combats, parta-
gea leur triomphe. L'Eglise fait la fèlt« de ces
trois saints le 10 novembre. (Voy. Calel.,
Uist. du Languedoc ; Baillet, 10 novembre;
Asscmani, Cairnd uitiv. ad 1 Febr., t. VI,
p. 112; Usuard, Adon.)
MODESTE (saint), est inscrit au Martyro-
loge romain le 12 février, avec saint Julien.
Nous n'avons aucun détail sur l'époque et
les diverses circonstances de leur martyre.
On sait seulement (pi'ils souHrirenl à Car-
thage.
MODESTE (siiinl\ évéïpie ci confesseur,
soullrit pour la foi dans la ville de Trêves.
Les détails nous manquent sur son compte.
L'Eglise l'honore comme confesseur le 24 fé-
vrier.
MODESTE (saint), reçut la couronne glo-
rieuse du maityr»> en Afri(nie. Il eut |»our
compagnons de son trionqme les sainl.> Zo-
tique, Kogat, Castule et quarante soldats.
L'EgIi^e vf'nère leur mémoire le 12 janvier.
AlODESTE, préfet du prétoire sous ^'a-
lens, était avec ce prince h Nicomédie. en
370, comme il se rendait à Antioche, pour y
surveiller la guerre contre les Perses. Dans
cette ville arrivèrent quatre-vingts envoyés
ecclésiasli(jues de la |)art des rallioliques de
Constantitiople, pour se plaindre au souve-
rain de la |)ersécution (jue les ariens leur
faisaient soulfrir. Valeiis fut très -irrité de
leurs plaintes, mais il dissimula et chargea
secrètement .Modeste de faire périr tous ces
envoyés. Modeste, sous prétexte de les dé-
porter dans un lieu d'exil, les lit embanpier
sur un bAtiment où ils devaient trouver la
mort. En mer, les matriofs y mirent le feu et
sesauvèrriit sur une chaloiqje. Le b.lliment,
poussé par le vent qui soufllait de l'est, s'en
vint tinir de brOler dans le li.Wre de i)aci-
dizc, où tous trouvèrent la mort. (l'o»/. Vk-
LK'is et Urbain.) Ce fut encore ce pré-fet du
prétoire cpii fut chargé, h Edesse, d'em|)è-
cher violemment les assemblées (jue tenaient
les tidèles hors de la ville, pour ne pas com-
muîiiquer avec l'évéque arien que Valens
leur avait donné à la place de saint Barsès.
Quand l'empereur apprit l'exi.'çlence de ces
asstMiiblées, il entra clans une telle colère,
(ju'il alla jusqu'à frapper de la main Modeste,
qui ne les avait pas empêchées. Cet oITicier
se |)répara donc à exécuter les ordres qu'il
recevait; mais, (juoiqu'arien, il n'était pas
méchant, ou bien il craignait que ses ordres,
exécutas dans toute leur rigueur, fissent une
trop grosse affaire. Il prévint les catholiques
pour qu'ils eussent à ne pas venir le lende-
main au lieu des assemblées; mais ils y vin-
rent et se montrèrent tout disposés h endu-
rer le martyre. Pour différents motifs qu'on
peut voir h l'article Valens, cet empereur
ordonna d'épargner le peuple, mais de ban-
nir, aux extrémités de l'empire, les prêtres
et les diacres. .Modeste en lit venir (pintre-
vingts, à l'égard desquels il remplit les or-
dres de l'empereur. (Foy. Valens.) Quelque
temps après. Modeste fut employé par Va-
lens j)0ur engager saint Basile à se rendre à
la communion des ariens ; mais il n'en put
rien obtenir. Dans cette occasion, Mode>te
dit à l'empereur que, n'ayant rien obtenu par
la douceur, il ne voyait plus qu'un moyen,
c'était d'employer la' violence pour vaincre
Basile. Quelque temps après, .Modeste étant
tombé malade, se convertit : il til venir saint
Basile, et, quand il fut guéri, il reçut par-
faitement les instructions du saint, et resta
toujours depuis lié d'une grande amitié avec
lui.
MODESTE (sainte), reçut la glorieuse cou-
ronne du martyre à Nicomédie, avec Macé-
done son père, et Patrice sa mère. Nous igîio-
rons complètement .\ quelle épo([ue et dans
(juelles circonstances leur martyre eut lieu.
IN sont inscrits au Martyrologe romain le
l-"{ mars.
MOGMOtf, île située dans l'archipel des
r..iroline.s fut le lieu du martyre du P. Can-
tova, missionnaire de la compagnie de Jésus.
{Voy. (]\NT0VA.)
>IOISE (saint, ermite de Raifhe. fut mar-
tyris('' en l'an 3T.J. par les Blemmyens, peu-
ple sauvage de lElniopie, avec la plupart de
ses compagnons de solitude. Il était très-élo-
quent et possédait le don des miracles. H
avait converti les habitants de Pharan, qui
étaient Ismaélites. [Voy. Martyrs de Uaïthe
ET DE SiNAi.) La fête de ces saints t>st inscrite
au Martyrologe à la date du IV janvier.
MOÏSE ^saillt', martyr, eueillit la palme du
mari} re avec les saints Cynoii, prêtre, Bas-
sien,'lecteur, Agathon, exorciste. Ils soutfri-
r(>nt le suj>plice du feu. L'Eglise fait leur
fête le r» lévrier.
MON.VCHE (sainte l'un des gardes de la
prisonde saint Censorin ou Censorinus, sous
Claude II le (îothique, fut converti à la foi
chrt'lieiuie par le jirêtre saint Maxime, avec
les autres ganles de la prison, lesquels
étaient Ft'lix. Maxime, F.Mistin, Herculan,
Numère, Storacinus, Mène, Commode, Maur,
Eusèbe , Husncjue, .Vmaiulinus, Monaere,
Olympe, Cyprien et Tht'odore. ( Pour voir
leur .listoirc, cecourei à l'article Martyrs
ÎS7
MON
MON
f»S
k'Ohtik.I C.os sairïls uo soiil |i;is nomim's
chiii^ 11' IVI.n'Ivrolon'' n'iii;iiii.
MOINAI.DO l)'AM<".<>M^ (!<• Iticiilit'iinMix),
flVoi" M's th'iix cnmiiMi^iKiiis l-'iMiirnis l'ilriolo
(>| Anloiiii' (li^ Mil.'iii, lui iii.'ii'lyi'isr> pour la
foi (îlirtUii'inio on l'im do Jù.sus-C.lirisl \-lHH.
(les sjiiiils missioiiiiaii'os clKiisissaiciil «lo
pri-rc^rciict^ le vciidifdi, jour (•(iiisaciM'- ;i Dieu
chc/. !(>s musulniaiis, poiir loiiriuiiioiicrr l'K-
vaii^ilo. Ils se livraKMil i^ la pii'dicalidri,
nii^iiu' en prr.sciicc du cadi d'lù/.iiii;aiii. (Ici
ollicicr, voyant (pio lo peuple élail ébranlé
par les discours des saints pri-dicaleurs, crut
ne pouvoir mieux l'anc que de les nietlrt? en
nrésonco d'un des prin(i|iau\ docteuis de sa
foi. pour (pi'ils fussent vaincus puhliquo-
menl dans la discussion; mais son espoir
fut. sinj.:;idiéremenl trompé. C.o fui au con-
traire» I(> docteur nialionu'tan (pii fut vaincu
par les disciples de Jésus-Christ. Les nnisul-
inans en énrouvérenl une grando fureur ;
néanmoins le cadi laissa les saints prédica-
teurs se retirer; mais le conseil des princi-
paux d'outre les nnisulmans s'étant assemblé,
il fut décidé (pi'on contranidrait les |)ré(lica-
lonrs chréliens h désavouer publiijuement
leur doclriue. Ils furent tlonc Ions les trois
pris et conduits tlovanl le conseil. Au lieu
d',v désavouer Jésus-Christ, ilsevallèrent sou
divin nom, et montrèrent que Mahomet n'é-
tait qu'un imposteur. 11 y avait un aveugle
dans l'assemblée : le cadi dit aux saints con-
tesseurs : « Vous aHirmez que la foi que vous
M'échez a été prouvée [)ar des miracles, eh
ien! ordonne/ que cet aveugle voie : s'il
recouvre la lumière, nous croirons à vos
enseignements. Dieu a la toute- puissance,
dirent les confesseurs; s'il lui plaît que ce
miracle s'accomplisse, il s'accomplira. » Ils
firent le signe de la croix sur les yeux de
l'aveugle, il en sortit de l'eau et du sang, et
ils s'ouvrirent ci la lumière. Ce miracle ne
réussit pas h vaincre l'aveuglement des ma-
hométans. On tit sortir l'aveugle guéri ; les
Franciscains furent unanimement condam-
nés à mort. Les trois religieux marchèrent
gaîment au supplice, se félicitant mutuel-
lement de voir la réalisation de ce qu'ils
avaient tant désiré. Arrivés au lieu de 1 exé-
cution, ils levèrent les yeux au ciel, éten-
dirent les bras en forme de croix, quand ils
virent les mahométans armés d'épées se ruer
sur eux. Un mahométan, pris de pitié pour
les saints martyrs, ayant adressé quelques
mots de reproche aux bourreaux, fut immé-
diatement mis à mort par ses coreligionnai-
res. Elîrayés de la rage des mahométans, les
chrétiens, de la ville s'étaient enfuis dans la
campagne. Ce fut un vendredi, à midi, que
les trois Franciscains moururent. On coupa
leurs corps en quatre, et on attacha les mor-
ceaux aux portes de la ville. Des gardes fu-
rent placés auprès pour empêcher les chré-
tiens de les enlever. Un prêtre arménien,
qui avait donné ostensiblement son appro-
bation aux Franciscains dans la discussion
qu'ils avaient soutenue, fut saisi par les ma-
hométans ; on lui attacha au cou la tète d'un
des martyrs, avec une de ces cordes qui
î
servenl de ceinliu'o aux FrèpcM Mineurs, et
on le promena tn |r fustiKcanl jiar tonte la
ville. l)(s (pi il eut recouvré sn liberté, il en
prolita pour recueillir reliKieusemcnt le.s
restes des saillis miirlyrs. (J'ot/. 1rs r/j/on/-
ffiifs (1rs /'■/•( /r.s Mmniis, I. Il, |i. IVO.j
MONAN (saint j, cpii li*l martyrisé en
i'icosse, avait été' formé h la vertu par les
leçons de sainl .\drien, évè(pie dv. Sninl-
André. Quand notre saint eut éb" promu au
sacerdoce, sainl yVdrien I'ciivon a dans l'Ilo
de May, sitm-e h rembouchiire du l'nrl/. ,
pour y répandre la jiiinière de riivaii^ilu,
A|irès y avoir élal)li le règne (](• la pn'-h'' f;t
y avoir déraciné la snperslilion, Moiian jtassa
dans la province, de; Fifo, où une lr(>upe flo
barbares le massacrèrcMit, on 87'i-, avec six
mille autres ipiil avait convertis h la foi. Ses
reliipu's lurent longtemps en grande véné-
ralioii à liiii(?rny, où il avait été martyi'isé
et où elles devinrent célèbres par les miracles
([ui s'y ()[)érèrent. L'Kglisi! fait sa fêle le
1" mars.
MONrrKUK (saint), évêque et confesseur,
souffrit à Orléans j)our la défense de sa foi.
Nous ignorons la date et les diverses circons-
tances de son coml)at. L'Eglise fait sa fête le
10 novembre.
MOMNEL (le bienheureux Bernard), con-
fesseur, accompagné des Pères Ignace Ber-
nède, Bernard Mègc et du frère Joseph Cas-
tel, parcourut les villes de Mequinez, de
Salé, de Tétouan, dans le Maroc, délivrant
les esclaves })ar des prières et de nombreux
sacrifices. A Tétouan, ils furent em|)risonnés
et n'obtinrent leur liberté (pi'au moyen d'une
forte rançon. Le 20 mai 1G81, ils arrivèrent
à Marseille, avec unefoule de chréliens qu'ils
avaient rendus à la liberté, et, après avoir
rassemblé de nouvelles aumônes, ils repar-
tirent de nouveau.
MONON (saint), anachorète, martyr, na-
quit en Ecosse. Désirant quitter sa patrie,
afin de se perfectionner davantage dans la
vertu, il se retira dans la forêt des Ardennes,
dans le courant du vir siècle, et y mena la
sainte vie d'anochorète. Des voleurs l'ayant
massacré dans sa cellule, il fut enterré dans
le village de Nassaw, situé aujourd'hui sur
les terres de l'abbaye de Saint-Hubert. Di-
vers miracles arrivés après sa mort confir-
mèrent la. sainteté de Monon. On lui dédia,
près de la ville de Saint-André en Ecosse,
une église qui subsiste encore aujourd'hui
sous le nom de Monon's Kirk. L'Eglise ho-
nore sa glorieuse et sainte mémoire le 18 oc-
tobre.
MONT (SÉBASTIEN du), Dominicain, tra-
vaillait à la conversion des Tépéguans avec
Jean de Valle et Louis de Alabes, tous deux
jésuites. Le dernier lui annonça qu'il serait
bientôt martyrisé avec eux, et.'le 18 novem-
bre 1616, ils furent massacrés par les Tépé-
guans.
MONT DE L'ERMITAGE ( aujourd'hui
Saint-Gobain), était un lieu désert à deux
lieues des bords de l'Oise, entre la Fère et
Prémontré. Saint-Gobain s'y retira et y fut
martyrisé par les barbares venus d'Alloma-
ÎS9
MON
MON
266
gne, et qui ravagoaiont le pays. T.e roi Clo-
laire III lui nvoit donné m Pin[)lacpmoMt sur
lequel, avec l'aide des habilanis, il hAtil une
églisp qui fui (Inbord |)laréo sous l'invoca-
tion do saint Pierre, et (|ui est maintenant
sous celle de son saint fondateur, du pul
elle possède le cliof v(''n(^r(^. D'ahnrd il n"y
eut sur celle montagne qu'une cellulf; bien-
tôt après l't^glise de laquelle nous venons de
parler; aujourd'hui il y a à l'entour un bourg
opulent, lin vasie eliAleau, situr sur cette
montagne, et qui jadis appartint au fameux
siie de Coiicy. est ornqié maintenant par
une manufaêl\ire de glaces, la première de
l'Europe. C'est ainsi que par toute la terre
la religion rhr(^fienne a créi^ des bourgs et
des villes. Quoique pieux anachorète je-
tait les fondements d'une cellule où il mou-
rait saintement dans la prière, ou bien en
martyr; la piété des fidèles y appelait de
nombreux pèlerinages, et la première pierre
de la cellule se trouvait avoir été celle d'une
cité.
- MONTAN fsainl), reçut la couronnedu mar-
tyre sous l'empire et diiranf la persécution
d'Adrien. Il mourut à Tei racine; nf)us igno-
rons la date précise, ainsi que la nature de
sou supiilire. Le Martyrologe romain met sa
fêle au 17 juin.
MONTAN (saint), martyr, souffrit à Car-
thage, .sous le règne de Valérien, rn 259,
avec les saints martyrs Lune, Flavien, Ju-
lien, Victoric, Primole, Rénus et Donatif n.
Depuis deux ans déjh, la persécution d(î Va-
léru-n, dans toute la force de sa violence,
avait ravagé le trou|)eau du Seigneur. Saint
Cyprien venait de verser son sang i)our la
foi. (jalère Maxime, gouverneur, qui avait
fait mourir le saint évè(|ue, venait lui-même
d'être cité devant le juge supr(Mnc; il é'ait
mort (lei'uis |)cu de jours. En allend.uit qu'un
nouveau gouverneur arrivAl, Solon (]ui en
remplissait provisoirement les fonctions ,
persécuta violemment les chrétiens. Ce gou-
verneur intérimaire déplaisait aux habitants
de Carthage, qui se révoltèrent contie lui. Il
y eut un grand tumulte, on en vint aux
mains, et plusieurs personnes fiu-ent tuées
dans le (•ond)at. Au lieu fie rechercher les
coupables, Solon, pour niaire à la |)Opulace,
(il retomber sur les chrétiens l'odieux de ce
qui s'était passé. Il fit arrêter les saints que
n<ius venons de nommer, et les lil mourir au
milieu des tourments. Ici nous (piitltms la
plume ; ils sont les narrateurs de leurs [)ro-
pres rombats: nous transcrivons leurs Actes.
« Le jour (pii suivit cet etlroyable tumulte
(pie la fineur du gouverneiu" d'Africpu' avait
excilé dans Carlhage ( outre les chrélicns,
nous fftmes arrêtés par son ordre et con-
«luils en luison. le peuple n'étant pas encore
salisfnii du sang qui avait été rt'pandu. Do-
natien, qui n'était (pie rnléi humènc, mourut
en prison (pie|<pie>< heures après avoir éli»
baiilisé, recevant presque eu même teuips la
robe 'iu baptême et la couronne du martyre.
Primolus était mort non de jours aui)ara-
vatil. Les sol'Ials ipn nous gardan-nt nous
vinrent dire un jour que non* avions été
condamnés, par sentence du gouverneur, à
êlr»' brilles tout vifs, et qiu; l'exécution s'en
devait faire le lendemain. Mais Dieu, qui
peut, (]uand il lui [laît, délivrer ses servi-
teurs flu milieu des flammes toutes prêtes à
les réduire en cendres, et qui tient en sa
main le cœur cl la langue des rois et des
juges, détourna par sa bonté toute-puissante
de dessus nos têtes ce lourbdion de feu qui
était sur le point de nous envelopper, et il
accorda celle faveur h nos prières ferventes
et redoublées. Le bûcher qui avait été allumé
j^our nous fut aussitôt éteint; Dieu versa
dessus une rosée miraculeuse qui en amortit
toute l'ardeur; el la même main qui retira
autrefois de la fournaise de Babylone les
trois jeunes Israélites nous préserva de celle
de Carthage.
« Le gouverneur ayant donc changé de
résolution et révoqué sa sentence, par un
mouvement qui lui était inconnu, mais qui
lui était envoyé de la part de Dieu, notre
puissant protecteur, nous fûmes remis en pri-
son. Ce lieu n'eut pour nous rien d'affreux.
Son obscurité fit en un instant place h une
lumière toute céleste ; un rayon du Sainl-
Esj rit perça cette noire d incure, en chassa
la nuit, et fit naître lejour et la clarté du sein
des ténèbres. Or, notre frère Rénus , qui
avait été arrêté avec nous , vit durant
son sommeil jibisieurs d'entre les prison-
niers qui semblaient prendre le chemin du
ciel, à la faveur d'un flambeau qu'on portait
devant chacun d'eux; mais il y en avait d'au-
tres ([ui demeuraient, faute de flambeau. Il
nous reconnut tous cinq dans celte vision, el
lions assura que nous étions du nombre de
ceux qui marchaient avec des flambeaux.
Cela nous réjouit beaucoup, el nous Gt com-
jirendrc que nous marcliions avec Jésus-
Christ, le flambeau qui éclaire nos pas. Nous
ne |)ensions donc qu'à passer joyeusement
lejour cpii succéda à cette nuii, lorsque, sur
le soir, nous fûmes inopinément enlevés par
les soldais de l'intendant de la province, qui
exerçait par commission la charge de pro-
consul, dalèie Maxime. (|ui l'était, étant
mort depuis peu, et nous fûmes conduits au
palais pour être interrogés. O jour heureux!
oh ! (|ue les chaînes dont on nous chargea
nous parurent honorables, el mille fois plus
précieuses que l'or et les pierreries?
1 « Cependanl les soldats, iiieeriains du lieu
où le président devait nous entendre, nons
Irainaienl de salle en salle et d'appartement
en appartement, jusi^u'àce cpie ilin on nous
fit rester dans la pelile chambre d'audience
de l'inlendant. Il s'y rendit au bout de quel-
que temps: il nous lit plusieurs quolions
qu'il entremêla de menaces el de promesses.
Nos répons(>s furent modestes, mais fermes,
géïK-reuses el chrétiennes. Kniin nous sor-
tîmes de \h triomphants el vainqueurs du
démon, qui se relit a avec ses artifices, con-
fus el couvert de houle. On nous renvoya
en prison, où nous nous préparâmes à de
nouveaux combats. Le plus rude que nous
eûmes à essuyer fut contre la taim el la soif,
(pli pensèrent nous faire périr, parla dureté
m MON MON m
im|.il()\«l)l(ulii (rrtsoricr Snloii, (|iii nous ro- (inlos; vous en n-rcyn;/ dans pou mi<r Ik-i-
lusail un iKHi (Tt!;!!! M|trcs mu'om mous avnil mcuic, il a (lis|iani. »
l'ail liavaill-r Inul lo jour. Miws Dieu voulut « Voilh ce que nous r«p|>orl/i Quarlilosi»;.
nous cûiisolcr lui-UK^uui dans rvAU^ cxliï^uin l.i' icidi-niain, romiu<- nous allfidions rpie
uns(Niô oCi la cruaiiir d'un lioiuuuî nous avait rini|.iloyalil(' SuImu nous Ii( doiin.T non de
r.'duils' car il envoya •l'Ilc vision au |»i-Mio <Jiioi njiniscr cnlnTciiUMit nolrw Aoif (•! notre
>iclor VuM des |tns(.nni(!rs, t'I (jui soullVit laim, mais simM.-uiciI d.- rpud nous ompA-
lo uwntvro puu du jours uiuùs l'uvoirciu'. <Iht d.- niomir, car d.- l..ul I.- jour luï-cé-
•' ... dt'iil nou.s II avions ni bu ni tnan^i^, I» H»3i-
« J'aivu cotlc nui!,nousdit-il.unjrunn(Mi- g,,,.,,,, se souvint de nous, cl nous envoya
faut, Ix'nu coiuiiit' \c jour, ('nlr(;r dans la J],. ,^,,,^1 salislaiic nos hcsoiiis les [dus prc«>-
prison. Il est venu à moi, t'I m'invilant avec. 5,,mjj q^ „os j,|,,g ardonts dt^sirs :j»; vnux
un air rhnnuaut h le suivri\ il m'a mcnô ?i dii(. du pain, do Tf-aii et lo marl\r(;. Ce fut
toulos les itoilcs, couiiuc s'il oui voulu iiio par le iiii')islùro d'IlcnMinianus, sous-diacrf,
nn'ttro on lihorK^, mais elles se sont trou- ,.| ,|„ cnii^chuniùno Januarins, quo le chari-
V(''es toutes l'ennées, ee (pii a ohli};;»^ eu divin (.,|,|,, i^,|,.i,.,,, notre frère, nous (il tenir rpiel-
enl'aiil ;\ uuulire : Ne vous impalieiitoz pcuiil, ,j,„.j^ larraicliissemcnts; et c'est ru (pii nous
vtuis aurez encore (piehpies jours îi soullrir; .^y.^^ (>^(. .signilié par ces doux llacon.s. Cola
mais avez rontianee ou mon potivou-, je no i,,,,,^; ,.,.init un peu; nos mnlados se réln-
vous a\)andoimerai point, je serai (oujours i,|i,cnt; nous oubliAmos biontAt nos fati;^ues
avec vous. Allez, assurez-en de ma part vos passées, et nous nous mimes h ollrir des
compagnons; diles-leurces paroles : l. esprit Jo,, anges, des actions do giAces ef mille can-
seprt^parehserejoindre^souDieu, et l'Ame, ii,pif.s de bénédictions h celui qui nous avait
dégagée dans peu des liens de son corps, na regardcsen pitié du haut de sa gloire.
bientcU prendre sa place dans le paradis. « Il faut maintenant, mes très-cbors frères,
J'ai pris la liberté, poursuivit Victor, de bu que je vous fasse le récit de quelques parti-
demander en quel endroit du monde le pa- hilarités qui vous feront coiinaJlre h quel
radis était placé; et il m'a répondu : Il est j,„i,,t „„„., ,,^^5 aimons les uns les autres,
hors du mon>lo. — Failes-moi la laveur de j^. ,n. piéiends pas par là vous donner une
rae le montrer, ai-je cotituiué. Mais cet ado- instruction, ni m'ériger en maitredes mœurs ;
rablo enfant m'a répondu en souriant: ht jq ^e veux que vous faire un simple récit,
où serait lo mérita? delà toi? Et comme je ^t j^ ^e suis qu'bisloi ion. Nous n'avons
le priais de me donner un signe qui obligeât fjonc tous qu'un même esprit qui nous unit,
mes compa,4nons h croire ii mes paroles ^.^ ja„s la prière, et dans les entretiens, et
lorsque je leur parlerais de sa part : Je vous ja^s la conduite de la vie. Vous le savez,
donne, m'a-t-il dit, le signe de Jacob. n^cs très-chers frères, rien iVest si beau que
o Victor nous ayant donc rapporté ce cette union produite par la ch rité; rien de
songe mystérieux, nous ne pensâmes plus plus doux que ces liens dont l'amour lie et
qu'à nous réjouir et à mettre toute notre enchaîne ensemble les cœurs. Ce sont ces
espérance en celui qui a dïl : Invoqncz-moi ait^ables liens dont la seule vue met le dé-
aujour de votre af/Iiction, et je vous délivre- nioii en fuite; ces liens si agréables à Dieu,
rai, et vous me glorifierez. Co secours ne se que tous ceux qui sont assez heureux pour
fit pas longtemps attendre, et dès la nuit les porter obtiennent de lui tout ce qu'ils
môme nous en eûmes une nouvelle assu- lui demandent, suivant celte parole si cou-
rance par une vision qui fut envoyée à notre solante de Jésus-Christ : Sî deux personnes
sœur Quartilosie, qui était prisonnière avec s'unissent sur la terre pour demander quel-
nous. 11 n'y avait que trois jours que son que chose à mon Père, elles l'obtiendront in fail
mari et sou fils avaient soufi'ert la mort pour liblement de sa bonté. Et peut-on, après tout,
Jésus-Christ, et elle-même les suivit peu de prétendre au royaume du ciel, si l'on n'en-
jours après. Elle nous vint donc faire le récit tretient la paix avec ses frères? Bienheureux
de ce quelle avait vu durant son sommeil : sont les pacifiques, car ils seront appelés les
« J'ai vu, nous dit-elle, arriver ici mon lils, enfants de Dieu, dit Notre-Seigneur Jésus-
celui que vous avez eu parmi vous, et qui a Christ, et après lui, son apôtre, expliquant
eu le bonheur de mourir pour la foi. Il s'est ces paroles, ajoute : Si nous sommes les en-
assis sur le bord du puits qui est au milieu fants de Dieu, nous sommes par conséquent
du préau, et il m'a dit : Dieu, qui a vu vos ses héritiers et les cohéritiers de Jésus-Christ,
souil'rances, en a eu compassion. Là-dessus mais à condition que nous aurons une com-
tst arrivé un jeune homme parfaitement bien passion mutuelle les uns des autres. Suivons
fait, qui tenait en ses mains deux flacons, ce raisonnement. Pour être héritier, il faut
l'un d'eau et l'autre de lait. Il nous en a être fils; mais pour être fils, il faut être pa-
donué à boire à tous, sans que pour cela les cifique; on ne peut donc prétendre à l'héii-
flacons parussent moins pleins. Cependant tage du Pèro céleste, si l'on ne conserve
la lenètre de la chambre où nous somuies avec ses frères la paix et l'union que le Père
vint tout à coup à s'ouvrir, et nous laissa céleste a établie entre ses enfants. Kepre-
voir le ciel tout à notre aise. Ensuite le beau nons maintenant notre récit.
jeune homme a mis sur les rebords de cette « Montan ayant eu quelques paroles avec
fenêtre les deux flacons; et après nous avoir Julien, à l'occasion d'une cei laine femme
dit : Votre soif est maintenant apaisée, et il c[ui n'étant pas de notre communion, s'était,
reste encore du lait et de l'eau dans les je ne sais comment, mê'lée parmi nous, et
26!^
M0>
MON
264
Julien ayant ctô un peu poussé par Mon-
lan , ils gardaient l'un pour l'autre un
froid (pii ét.iit romnie une semence de dis-
corde. Le ciel eut pilié de tous les deux; et
pour les obliger à se réunir, il envoya ce
songe à Montiin, qui nous le raconta en ces
termes : >< Il m'a semblé qu'un cenlenier et
des soldats s'étaient jetés sur nous, et nous
traînaient en prison; et qu'après nous avoir
fait passer le long d'une grande rue, ils nous
ont conduits dans un champ où nous avons
rtMirontré (^yprien et Lucins. Nous nous
sommes ensuite trouvés dans un lieu dont
les murailles, la voilte et le pavé, étaient
d'albiUre, nos habits sont devenus plus
blancs que la neige; et ce qui nous a semblé
de plus merveilleux, c'est que notre poitrine
était si transparente, que les yeux pouvaient
facilement voir au travers ce qu'd y avait de
plus caché dans le cœur. J'ai été effrayé, je
vous l'avoue, continua Montan, en voyant
dans le mien un grand amas (("ordures, et
l'émotion que cette vue m'a causée m'a ré-
veillé en cet endroit de mon songe. Rempli
des idées qu'il avait fortement nn[)ri niées
dans mon imagination, j'ai rencontré Lucien
auquel j'en ai fait part; et après y avoir fait
tous deux une sérieuse réllexion, je suis de-
meuré persuadé que ces ordures, (|ue.j'ai
aperçues dans mon co^ur, ne sont autre
ciiose que ce froid et cette inditférenre que
le petit différend que j'ai eu avec Julien y a
fait naître, et dont j'ai négligé jusqu'ici d'ar-
rôler le cours, en me raccommodant sincè-
rement avec lui. Voilà ce que nous raconta
Montan. C'est pourquoi, mes très-chers
frères, conservons soigneusement la paix,
l'union, la concorde; soyons ici-bas ce que
nous devons être éternellement là-haut, un
même cieur, un mènje esprit, une même vo-
lonté. Je vous la souhaite, cette bienheu-
reuse paix, et la gloire «jui en est la récom-
pense. »
Ce qui suit a été ajouté par un chrétien,
témoin oculaire des faits qu'il va rapporter.
« C'est ainsi (pie linit la relation (pie Fla-
vien écrivit dans la prison, en son nom et au
nom de ses compagnons. Mais comme leur
extrême modestie leur a fait supitrimer plu-
sieurs particularités (|ui ne sont pas moins
j édifiantes pour les tidèles que glorieuses .^
' Jésus-Ului>l. et (pie d'ailleurs cette relation
serait im[»artaite si la mort précieuse de ces
saints martyrs ne s'y trouvait pas, nous avons
cru devoir ajouter <(• (pii iiianquail à ce ré-
cil, et ce qui peut le remJre complet, et nous
l'avons entrepris d'autant nlus volontiers,
(lu'en satislaisaiit à noire dévotion et à celle
des lecteurs, nous accomnlissons les der-
nières volontés d'un ami, d'un illustre mar-
tyr de Jésus-Christ, de Klavien luéine. (pii,
avant de mourir, nous chargea de ce soin. Il
y avait dt-jà pluMcurs mois (pi'on les tenait
|>risomiiers ; et la faim et la soit, jointes aux
incommodités de la luison, les avaient n''-
duits au plus déplorable étal (pi'on puisse
.s'imaginer, lors(pie le [(résident les lit ci ter tout
de nouveau devant son tribunal. Tous dé-
rlarèreiil hautement qu'ils persistaient dans
leur preraièreconlcssion;Flavienajouta qu'il
était diacre; mais ses amis, écoutant pi utiM
la voix de la chair et du sang que celle de
l'esjirit et de la foi, soutinrent qu'il ne l'était
pas, quoique lui-même protestAf au contraire
(pi'ilavain'honneur de 1 être. Sur quoi le pré-
sident rendit une sentence par laquelle Mon-
tan, Lucius, Julien et Victorin, étaient con-
damnés à mourir. Flavien se désespérait de
n'y être pas compris, et il ne pouvait le par-
donner à ses infidèles amis. Toutefois, comme
il avait une piété sage et éclairée, il se sou-
mil humblement h la volonté de Dieu, étant
fortement persuadé que rien n'arrive que
par ses ordres, et (jue les hommes n'agissent
que conformément à ses décrets adorables,
« Mais nous laisserons là Flavien pour
quehjue temps, et nous retournerons à ses
compagnons. On les conduisit cependant au
lieu où ils devaient être immolés; il s'y lit
un concours prodigieux de peuple. Les gen-
tils et les tidèles y accouraient à l'envi. Ceux-
ci, quoique toujours empressés à rendre aux
martyrs, dans ces derniers moments, tous
les devoirs de la charité chrétienne, sem-
blaient toutefois, en cette occasion, avoir re-
doublé leur zèle et leurs bons ollices envers
ces saints confesseurs, (lui de leur cùié mar-
quaient la joie qui était répandue sur leur
visage, et qui brillait dans leurs yeux, qu'ils
étaient sûrs d'arriver dans peu à un honneur
éternel.. Mais ils ne se contentèrent pas de
donner ces témoignages muets du con-
tentement qu'ils ressentaient d'aller mou-
rir pour Jésus-Christ; ils y joignirent la pa-
role, et ils faisaient au peuple, en marchant,
de l'ortes et de pathéti(jues exhortations. Lu-
cius, l'un des martyrs, était un jeune homme
d'une nio lestie et d'une douceur charmante :
le long séjour de la prison l'avait extrême-
ment atfaibli; et comme il craignait d'être
éloulfé p.ir la foule qui l'environnait et qui le
iressait extraordinairement, et d'être privé
)ar là de la gloire de verser son sang pour
a foi, il avait [iris les devants avec un petit
nombre de frères. Il leur disait les choses
du monde les plus touchantes; et comme ils
le conjuraient de se souvenir d'eux lorsqu'il
serait avec Jésus-Christ : « C'est moi, leur
dit-il, mes chers frères, qui ai besoin de vos
prières ; ne me les r(>fusez pas. » Quelle liu-
niililé pour un martyr (jui, tlans le moment
même (pi'il donne sa vie pour les inlérêts do
son Dieu, n'ose promettre son intercession au-
près de ce même Dieu [lour la gloire duquel
il se laisse immoler! D'autre part, Julien
et Victorin recommandaient sur toutes cho-
ses aux lières de conserver la paix entre
eux, et d'avoir un soin particulier des clercs
(pii avaient souffert dans la prison la faim,
la soit et cette longue suite de misères
dont on a parle.
« Montan , d'un tempérament fort el ro-
buste, et d'un es]>ril i(>rme et solide, avait
toujours fait profession , même avant son
martyre, de dire la vérité en toutes rencon-
tres, sans avoir d'égards ni au rang, ni à la
dignité : mais alors , son zèle croissant à
mesure qu'il approchait de la mort, il éleva
«os MON
sa voix, ot d'un ton |ii<)|ili('li(|ii(' , il all.iit
' (lisaiil au poupht <\ui rciilniit ni : « Toiil
liiiiiiiiKi (Mil sacriliiTa aux Taux (Ikmix .s(>rn
ji exlcniiiiui ; c'rsl iiiH' im|iit'l('' lionihlc d'a-
' ))aMtlniiii(>i' lo nilh> (lu vrai Dieu |iiiur celui
* tics (Icmoiis. ») Il rcdisail. sans rvsso les uiA-
l mes paroles. Il alla(|uail aussi l'oifAucil (i|»i-
'• niAlrc (l«vs h('M(''li(|U(\s : «. Oiivic/. hvs .yeux,
leur criail-il, et [••'U- (('Ile iiiulliludc d(^ iiiai-
tyrs quo )'Mj;;lis(' (•a!li(»li(|u<' cidaMlc cliainic
jour, rocnnnaiss(i/. (pi'cllo est la vcïrilalilc :
(jiiUlc/. donc l(! scliisinc ol l'crrour, cl rc-
lourncz j\ clic. » Ivisuilc il reprenait le trof)
grand einpresscinciil (]U(* U'inoij^'iaic'it ceux
«pii (MaicMl toiulx's [loiir renlrcr dans la coiu-
inutiion des lidcles, d'où leiircliule les avait
S(^pai('s. Il (>M rcinellait iiK^iue (pii-lipies-u'is
nu ju^cineni d(> Jt-sus-CdiiisI, ci il ohlimiait
du nuMUs les autres h accomplir la pénileiico
oiili(''rc (jui leur était prt'sc.iile par Uîs lois
<li; rK^lisc. A l'c^i^ard de ceux (jui avait'ut
toujours j)ers(W(''ri'' dans la vraie loi, il les
rxllorlail a deinourer liilO-les, et il eonscryor
soigneusoiuetil ce priM-ieiix (h^piM. « Soyez l'er-
iiies, mes IVt'res, ilans noire sainte relij^ion,
leur disait-il ; (|ue rexemplc do ceux qui
ont (Mé assez malheureux pour l'abandonner
ait sur vous moins de t'orco |)Our vous per-
vertir , que le nôtre pour vous fortitier. »
11 s'adressait aussi aux vierges consacrées
^ Dieu, et en leur rcfu'ésentant la sainteté
de leur état, il leur en faisait comprendre
la fragilité. « Qu'il faut peu de chose, ajou-
tait-il, pour en ternir la beauté et le lustre 1 »
Eiitui, il recommandait aux laïques la sou-
mission aux lois do l'Eglise et le respect
envers les supérieurs ecclésiastiques ; et il
conjurait en môme temps ces derniers de
n'agir que par un môme esprit, de suivre la
même règle, d'avoir une conduite uniforme.
Il les assurait que rien n'était plus agréable
au Seigneur qu une parfaite concorde entre
les minislres do ses autels.
« Comme le bourreau était sur le point de
lui séparer la tôte du corps , et que le cou-
telas était déjà lové, le saint martyr, portant
les yeux et les mains vers le ciel, fit enten-
dre celte prière, qu'il prononça (l'une voix
forte et claire, et non-seulement les frères
qui étaient proches de lui, mais aussi plu-
sieurs païens qui en étaient éloignés l'enten-
dirent distinctement : « Seigneur, faites que
Flavien, qui seul de nous reste ici-bas, par
une faveur qu'il n'a pas recherchée, se rejoi-
gne à nous dans trois jours. » Et pour faire
connaître en même temps qu'il était sûr que
sa prière lui avait été accordée, il déchira
en deux le linge dont il avait les yeux ban-
dés ; il en garda un morceau pour lui, et il
ordonna qu'on réservât l'autre pour Flavien.
11 voulut aussi que, dans l'endroit oii ils de-
vaient être enterrés , on laissât au milieu
d'eux une place vide pour y mettre Flavien,
afin qu'ils ne fussent pas môme séparés après
leur mort. La chose arriva ainsi ; car le troi-
sième jour après que Montan et ses compa-
gtions eurent enduré le martyre, Flavien
en reçut la couronne de ia manière que nous
Talions rapporter.
DiCTioNN. DES Persécutions. II.
MON IM
« Apr(''s «(lie, par ccll<! |)uis<îanlc Interccf»-
sioii du pellp|e^a^llc par les /iiiiisdi- M.ivion
iiiéiuc, iii.di^ré l-'lavieii , on lui J'iit fait re-
prendre le ( lieiiun de ^a prison, il n'en fui
ni HUMUS feruie d.uis sa foi , ni moins résidu
h mourir. Sa grandi' ^m{> ne se Ncnlit point
air.iiblii* parce rifl.n-ilemeiit ; et (pioiipi'il vil
(pie riieiircux luoiiienl de son martyre .sem-
blât s'cloi^inr de lui lnutes les j'ois qu'il
s'en ero\ail le plus proche, sa coiista'ici; in-
vincible lui faisait regarder tous ccsubstacleft
iiassagers, (pii pouvaient bien relarder son
l)oiilieur, mais n>in I'imi priver pour ton-
jouis. Sa liK-re était h sou C(Mé ; (die l'avait
aceoui|tagMé do la nrison au pilais, et cIIcî
le conduisait du palais à la prisoi • feiiiiiKj
vraiment digne d'Abraham, (pii, bien (ju'i Ihi
sentît son i;(i'ur (b'cniré par le douloureux
saciilice (pi'elh! faisait à Dieu de ce cher lils,
ne laissait pas de h; lui faire avec uik! vo-
lonté pleine et une parfait' résignation. ()
mère vraiment cluétiennc î mèr(; digne do
l'admiralion de tous les siècles ! mère com-
jiarable à celle des Machabées 1 si vous n'a-
vez pas sept lils h ull'rir à Dieu, comme fMitto
ancienne héroïne, vous réunisse/ en un seul
tout l'amour (|u'elle partag ait en sept. Ce
cher fils, de so'i coté, donnait mille louanges
à celte grandeur de courage. « Vous le sa-
vez, ma mère, lui disait-il, tout ce que j'ai
fait pour obtenir la gloire du martyre : com-
bien do fois me suis-je vu chargé de fers,
prêt h ôtre conduit h la mort, ot combien de
lois ai-jo eu le dé[)laisir do la voir tromper
mon attonle 1 Si donc ce que je souhaite de-
puis si longtemps avec tant d'ardeur arrive
ontin selon mes souhaits, ô ma mère.' (luelle
joie pour moi, quelle g oiro pour vous ! »
Lorsqu'on fut arrivé à la porte de la jirison,
on attendit longtemps qu'e lo fût ouverte,
soit quo les guichetiers fussent occupés
ailleurs, soit qu'on ne pût trouver les clefs,
ou plutôt que quelque ange empêchât qu'on,
ne l'ouvrit, indigné de voir un sa^nt, qui
devait dans peu ôtre reçu en la compagnie
des esprits bienheureux , être confondu
avec des scélérats et dos hommes infâmes,
et que celui-lèi fût contraint de demeurer
dans un cachot, à qui la Providence prépa-
rait un riche palais dans le ciel ! quelles fu-
rent, durant les deux jours suivants, les
pensées du saint martyr ! quelle espérance
flatteuse ne charmait point ses peines!
« La prière que Montan avait faite pour
lui en mourant, et le désir ardent qu'il res-
sentait de rejoindre cet ami, lui faisnit atten-
dre le troisième jour avec quelque sorte
d'impatience. 11 parut enfin ce jour fortuné,
et Flavien le regarda non comme celui où
il devait perdre la vie, mais plutôt comme
lejour de sa résurrection et de son triomphe.
Les ge-itils, qui avaient entendu les der-
nières paroles de AJontan, étaient, de leur
côié, dans une attente inquiète de ce qu'elles
devaient produire. Lorsqu'on sut qu'il y
avait ordre du g luverneur de le mener au
pelais, on y accourut de toutes parts, chré-
tiens, juifs, païens. Cependant le sa'nt quit-
tait la prison pour n'y plus retourner. i4
Îfi7
MON
MON
96g
joie étnit univorspllo parmi les fid(>les ; mnis
ijui pourri exj)rimt'r colle que ressentait
Flavici) ? 11 ne ilDUtait plus que celt(^ fois-là
le pr<^sident ne ren lit cnlin une sentmce
telle qu'il la souhaitait. La prière (pie son
ami avait faite en sa faveur lui en n'^fjondait
en queltjue sorte , et il comptait beaucoup
sur sa foi et sur sa ronstaaro , ce qui no
man'Hierait pas d'irriter le juge, et de lui
arracher malgré lui cette condamnation.
C'est ce qu'il ne faisait aucune dilliculli^ de
promettre aux frères qui arrivaient à tout
monienl auprès de lui, ou qui se trouvaient
sur son chemin. O confiance surprenante !
O foi inconcevable ! Il entra au palais
dans ces sentiments, et il se reposa quelque
temps dans la salle des pardes du gouver-
neur, en attendant (pi'on li-Uroduisèt. Nous
nous tenions le plus près de lui que nous
pouvions, lui rendant tout llionueur qui est
dû h un martyr de Jésus-Christ, et tous les
services que la charité pouvait exiger de
nous.
« Parmi ses disciples, il s'en trouva qiel-
ques-uns qui , par un amour aveugle pour
leur maître, et qui était bien plus selon la
chair que selon res[)rit , lui conseillaient
de sacrifier. Us lui représe-itaieni qu'il ne
devait pas se laisser si fort entêter do la vie
future, qu'il né^li^eâl de conserver la vie
présente; que la mort qu'il avat devant les
yeni était certaine , et que celte seconde
mort qu'il apjiréhendait n'avait peut-être
pas le même d>/gré de certitude ; en tous
ras , qu'après avoir sacritié , il en userait
comme il jugerait h pro[M>s, et qu'il lui se-
rait toujours libre de confesser Jésus-Christ
tt de satisfaire le désir qu'il avait de mourir
pour lui. Les amis qu'il avait paruii les
païens entraient fort dans cesc.onsidéialions,
et ils apfiolaienl fureur et dése.sf)oir de mé-
Sriser la vie et do ne pas craindre la mort,
lais le martyr, après avoir rtunercié ces
dan^ereui amis, dont il voulut bien excuser
le pernicieux Lonseil , par le motif qui le
leur faisait donner, crut qu'il devait aussi
en même temps publier ses sentiments tou-
chiuil la divinité vi la vraie relii;ioii. Il dit
donc, avec sa force ordinaire , «pi'il fallait
nio irir mille, fois plutôt que (raiioier des
lierres; (ju'il n'y avait ipi'iin Dieu qui avait
'ait toutes choses , et qui devait seul étro
adoré ; que nous vivion»; encore après noire
mort ; que ràmo n'y est (loint sujette; (jue
la mort est la victoire de l'homme , et non
M «lélaite , et qu'enfin il n'y a ipio la reli-
{p<in c.hrétie.iine ipii piiis^^it rondiiin* à la
connaissance de la vérité.
Ces personnes, voyant ipie leurs conseils
avaient eu un >uceè> si peu conforme h leur
intention, et que le .saint, bien loin de s'ètro
Inlssé persuader, leur av.dt donné des coii-
seilsi^i eux-iiièines, eurent recours fi nu moyen
bien cruel, mais qu'ils crurent devoir pro-
duire son elfel : ce fui de deinand T (pi'on
Iv tourmenlfit, dans la peii-ée que les tour-
ments Auraient plus de pouvoir sur lui que
1 ors raisons. I,e jiiL'e, l'iiyml dmie fful mef-
t! m le chevalet, lui reprocha encore qu'il
l
était on imp0.«tpur, qu'il se disait diacre
quoiipi'il ne le fût pas. Et sur ce que Fla-
vien assurait qu'il l'était, un centenier pré-
senta au p ésident un papier qu'il disait lui
avoir été mis entre les mains. C'étafl une dé-
claration signée de plusieurs citoyens, qui
déposaient ipie Flavien n'avait jamais été
diacre. A la lecture qu'on en lil, le peuple
s'écria : « Flavien est un fourbe ! » Cequi obli-
gea le président de le presser sur cet article.
« Avouez maintenant la vérité, lui dit-il ,
vous avez dit un mensonge lorsque vous
avez voulu passer pour diacre. » Flavien
réjiondit : « Qu'est-ce qu'un mensonge? ■
A celle réponse, le peuple, perdint patience,
demanda qu'on redoublât la torture ; mais
Dieu ne le permit pas : il épargna ce supplice
à son serviteur, et le juge se contenta de le
condamner à la mort, sans le faire passer
par les tourments.
« Flavien, ayant par cette sentence une
assurance si [lositive de sa mort, no pouvait
plus contenir sa joie; elle se répandait dans
toutes ses paroles, et sa conversation ne fut
jamais plus ag éable ni plus vive. Ce fut
pour lors ipiil me chargea du soin d'écrire
toutes les particularités de son martyre, et
il voulut même que j'y ajoutasse quelques
vi>ions dont le ciel l'avait favorisé, et qu'il
me laconla en ces termes : « Le bienheureux
Cyprien, notre évoque, me dit-il, venait de
donner sa vie pour 1 1 foi, lorsque je fus
trans()orlé en esprit dans un lieu où je le
trouvai. Je lui demandai si l'on souffrait
beaucoup à avoir la tète tranchée. Je m'in-
formai de cela , parce que je me disposais
aussi au martyre. Il me répondit : « Quand
l'unie est tout occupée des c'.oses du ciel ,
le corps ne so ilfre rien : c'est comme si l'on
avait un corps emprunté. » O paroles admi-
rables d'un martyr qui encourage à la mort
un autre mari. ri « En.suite, cotilinua Fla-
vien, on amena plusieurs de mes confrères
qui soulfrirent tous la mort après notre
bienheureux évêqiie. Cependant, comme je
voyais que la nuit s'approchait , je m'allli-
gens be;ucoup de ce que je ne recevais [las
la même grâce qu'eux. J'étais occupé de
cotte pensée, qui faisait même couler (]uel-
ques far. lies de mes }eux, lorsqu'un homme
dont r.iboi'd [ lein de douceur et de majesté
consolait tout ensemble, et inspirait le res-
pect, s'etant approché de moi, me demanda
le sujet de ma tristesse. Lui ayant l'ait con-
fidem e de ma peine : « Cessez de vous allli-
ger, me dit-il, vous êtes déjà confesseur pour
la s<-condi' fois; vous serc/C enfin martyr pour
la Iro sièine. »
« J'ai encore une autre vision nu'il faut
que je vous découvre, poursuivit Flavien. Il
n'y avait pas long-temps que l'evêquc Suc-
cesse et Paul avaiiMil ciuluré le marlvre,
lorsque je vis un jour Siiccesse entrer dans
ma chambre. J'eus d'abord quehpie peine à
le reconnaitre. tant la gloire dont il était en-
vironné avait ré'pantiu de lumière et d't^clat
dans mes yeux. Il me dit : <« Mon frète
Flavien, je suis envo\.- ici pour vous aver-
tir que vous devez daiii pou soulTrir pour
îrt9
MON
MON
Î70
.It'sus-r.hrisl ; » npn'^s (pioi il disprirul, (il
(liMix soldats nfrivriciil (Inus lo mninnit,
(|>ii nv.'iiciil iM-dri* dn in(> co iiliiiro dov/iiil lo
^(invciiH'iir. Vous s.'ivi'Z le r'(i;-ili'. »>
n Mii'ii ii(« t'iil plus potiipiMix (pio la luarcho
du s linl depuis \<' palais jiim|ii',ui lieu d(i
IVxcciilioii ; jamais iii.uIni' \h> icnil plus
d"lionn<njr; jnuiais on or vit laid do pr<)tr('s
du Scigufur accoumai^iicr un diac-rcî, doul
' lutMuo lis laisaiciil ;:,l(tiri' d ' se dii'o lus dis-
ciples. Cola ri'sscruhlail plulAt au trioniplio
d'un ('ori(ph''i'a'it (pi':) la comluilo d'un
iiouiiiii' coiidaïu'tr h mourir : romiim si l'on
crti di\jh ivspoclé CM lui la dii^iiilù do roi dont
il allait dans m'inMr(> rcvi'^iu dans lo ciel, où
Jôsiis-tiluist I allfiidail pour l'associor à son
royauino. Lo ci(d lui-ui(>ino so joii^nit à l;i
Iciro pour rondrt! i-ottc manhi' plus solcn-
iiollo : il cnvo.)a une |.luu! duicc, (pii loin-
bail en manit'>ro do rf)sée sur ci u\ qui l'or-
inaionf co dôvol (•orl(\-;o, mais ([ui soivil à
plus d'il 10 lin : car ollo tVarta los païens
(pi'uiio uialigno curiosilii avait rnôlés parmi
los fidèles. Kllc donna lieu <i cenv-ci de
s'entic-donner le baiser de [laix, loin île ces
témoins importuns et profanes; et elle ren-
dit en q.ielquo sorte le ma tyre du sai it sem-
blable i\ la passion du Sauveur, où l'on vit
lo sang adorable de cette divine vicliiucmôJé
avec l'eau (jui sortit de son côté.
« Le martyr étant enlin arrivé à l'endroit
oii il devait recevoir la couronne, monta sur
une |)oti>e émiiunice, d'où, après avoir im-
posé silence de la main, il paiia aux fières
en ces termes : « Vous aurez, mes chers
frères, la paiv avec nous tant que vous la
conserverez entre vous, et que vous iiren-
drez soin de la conserver dans l'Eglise. Et
ne pensez pas que ce soit peu de chose,
puisque ce l'ut la seule et la dernière que
J sus-Christ Notre-Seigncur, prêta consom-
mer son sacriiice sur la cioix, recommanda
à ses disciples. Ainicz-vous, leur dil-il, les
uns les autres, comme je vous ai aimés. Voilà
le dernier précepte ijoe je vous do:ine ; voilà
le derniei" ordre que vous recevrez de moi. »
Ens.iite le saint martyr ayant désigné Lucien,
prêtre d'un mérite singulier, pour succéder
à saint Cyprien, et ayant conjuré les frères
de l'élire pour leur évoque, il descendit de
ce lieu élevé, et s'élant fait bandn" les yeux
avec le linge que .Moiilan lui avait laissé en
mourant p;)ur cet usage, il pria quelque
temps. Eniin il reçut le coup qui termina sa
prière et sa vie. ^>
L'Eglise fait la fôte de tous ces saints le
2'<- février.
MONTAN (saint), prêtre et martyr, fut
noyé à Sirmicli pour la défense de la religioa
chrétienne avec sainte Maxime. L'Eglise ho-
nore leur glorieuse mémoire le 26 mars.
RIONTMAUTKE, village du département
de la Seine, et contigu à Paris, b;\ii sur l'é-
minence vulgairemeat nommée Butte Mont-
martre. Ce village a des traditions de deux
sortes, suivant que ses habitants aiment ou
n'aiment pas la reUgion chrétienne. Ils di-
sent, ou bien que le nom de leur village,
qu'ils nomment du reste une ville, vient de
Mon» Martin, niorila^iip do Mnr», parcoqu'an-
cionnoino-it riMlioii y avail un Irnuplo ; ou
birri do MiiiiH Mttrfi/i uni , nioula^ni- dos ,\lar-
l_)r.s, p/irn; tpu! sjiiiil Dfiii.'., di'Tnlilh, ùvê-
qui) di l»ari;>, et .ses (;oui|wi^non.s, y ont Mé
martyrisés. La tradilioo cln élicniif! u l'ait
donner d'-s noms a un bouliv.iid ot h uno
rue do Montmartre, Boulevard et rue de»
Marti/rs.
(^).iand o'i ne V(nit s'en rufiporlcr ipj'aux
linnivos, et no prondro pour b.so (pu> d(...s hjg.
tori(,'ns sérieux , on est obli^^é d'admcitro
ipro.i no >ait pas avec certitude où s.iuit
Denis fut marta-isu. Si l'on croyait llilduin,
abbé de Sainl-Deniî» , on croirait cpio ce lut
à Mo ilmartie, et que de la h; saint s'en alla
jusqu'au l.eu appelé aujourd'hui Saint-De-
nis, [lorlant sa lêto 1 ans s s mains, et
accompagné d'une troupe d'anges chantant
les uns (jlorid tibi, Domine, les autres Allé-
luia. Après avoir ex.iminé séric'iisomiînt la
(piestiuii, nous avouons n'oser pas nous pro-
noncer entre -Wontmarlre, Saint-Donis, et le
lieu dcParis nommé Saint Denis de laChAt:o.
Il y a |)Our chacun do ces lieux des raisons
considérables, mais aucune ne peut entraî-
ner co iviclion, surtout quand elle est mise
au;<rès de celles ({ui la combattent. Le doute
est ici le refuge iies sages.
MONTMASSON (Micuel), de Savoie, était
vicaire ai)osloli([ue à A ger. Le 2G juin 1G88,
lorsque le marécbal d'Estrées parut devant
celte ville, noire bienheureux fut arrêté avec
tous les autres Frangais. Après avoir été
couvert d'opprobres et avoir subi mille
mauvais traiteme^its, il fut enlin attaché à la
bouche d'un canon, le 5 juillet, avec un
frère de la Mission, nommé François Fran-
cillon, et qui avait passé quarante années de
son existence à servir les esclaves en Bar-
barie.
MONTESQUIEU (Charles de Secondât,
baron de), naquit à Brède, auprès de Bor-
deaux, en 16^9. Il devint président au tribu-
n il de cette ville en 1716. Cinq ans après, il
publia ses Lettres persanes (1 vol. in-12j, es-
pèce de roman dans lequel des Persans font
la critique de no-) mœurs et we nos usages.
Cet ouvrage r> nf rme des principes perni-
cieux, tels que l'apologie du suicide et du di-
voi-ce, l'indiiférence eu matière de leligion ,
des plaisante! ies i décentes ou impies sur
des points essentiels du christianisme. L'au-
teur garda prudemment 1 anonyme en fai-
sant cette publication, et avait même peur
d être connu. Cependant il ne tarda pas à
l'être, éprouva des désagréments et désavoua
celles de ces lettres où se trouvait ce qu il
y avait de plus répréhensible dans son li-
vre. (Bouvier, Hist. de la philosophie, t. il,
p. 235.)
Ains! Montesquieu , auteur recoraraanda-
ble , philosophe profond et très-judicieux ,
paya son tribut au philosophisme moderne. Il
voulut participer à la construction de la nou-
velle Babel. 11 eut la regrettable faiblesse de-^
jeter sa pierre aussi, lui , à la religion chré- ';
tienne, qu'il aimait pourtant, qu'il révérait :
car dans les ouvrages qu'il publia depuis, il
271
RfOR
MOB
272
lui rend ips (onioignaî^ps Ips plus t'rlatanfs :
« r.hosf fldmirabl»' , dit-il , l,i reli}^if»ii chré-
tienne, qui ne semble nvoir pour objet que
la iVdirité de l'autre vie , fait encore noire
bnnlit'ur en celle-ci. J ai toujours respecté la
relision, dit-il ailleurs. La morale de l'Evan-
gilo est le plus beau présent que Dieu piU
faire au\ Iioiuines. »
La mort de Montesquieu fut trés-édifiantc:
Le P. Uoudi, (|ui le confessa , nous a laissé
lh-d('ssus des déiails intéressants, que de
faux sages, dit Feller, ont voulu révoquer
en doute, roinnie si um rninisfic du Seigneur
pouait avoir ipielipie uitéièl .'i en iujposer
sur cel objet, ou si, témoin d'un fait, il n'é-
tait pas plus croyable que des absents fjui
s'avisent de le contester. Ce fut M. le curé
de Saiiit-Sulpice qui, sur la demande du ma-
lade, lui adiiti'iistra les sacrements. « Le pré-
si'icnt de Montesquieu, dit l'abbé Routli, les
reçut avec un air de coraponciion et de dé-
votion bien édifiant , et eti répond.uit , les
mains jointes sur sa poitrine, aux pi ières de
l'Eglise. » Il rétracta en outre, d;ins les mains
de son confesseur, les erreurs et les princi-
pes hasard''S émis par lui dans ses ouvrages.
( Raison du christianisme , vol. IV, p. 359.)
MOK.VNTA (Jérôme ok^ de la Compagnie'
de Jésus , naquit en 1575, à Majorque. Il
vint prêcher la foi au Mexique , animé par
la promesse du vé lérable frère coadjuteur
Allonse Kodriguez, (jui lui prédisait le mar-
jlyre. Il vint donc en 1605 retrouver lu bien-
lieureux Jean de Fonte, (pii évangélisait les
Tépéguans. J(.'an avait déjà préparé les peu-
ples depuis seize années qu'il était au mdieu
d'e\i\; aussi, réui)Ss;Mit leurs etloi'ts, ils tirent
une récolte encore plus aboiidaile et ga.;nè-
ront beaucoup d'indigènes à la foi de Jésus-
Christ. Nous avons vu aux articles Didxce
DK Orosco , Bernard i>e Cisnkros , Ferdi-
nand DE CiJi.iACA.v, etc., que les Tépéguans
avaient résolu le massaci'e de leurs mission-
naires ; ils comptaient protiter d'une proces-
sion so ennelle que les Pères préparaient
riour le 21 novembre IfilG, au bourg de Saint-
gnace. Nos deux religieux s'avan(,aienl donc
vers ce bourg, alin d'assis er à cette proces-
.sion , quand les indigènes les ixn'cèrent h
coups (le Ile hes , à une lieue environ de la
colonie. ( Tanner , Societns Jrsn nsqnr ad
sn))f]iiitii:i ri ritir prnfiisiotirni niililnns, p. V7.'}.)
MOlU'S ^ TiioM vs j , naquit à l.onilres en
1 V80. Son père était juge ei le poussa dans la
même caiiièri'. Il se distingua d abord dans
le barreau , et dune façon telknuent bril-
lante, que dès qud eut atteint l'Age voulu ,
il fut nommé meuiltre du parlement. Le car-
<linal de NVolsey le lit connaître h Henri > III,
qui bientôt lui accord*» la plus r^rande la-
v»nir. Le roi commenra par lui donner une
place dans le couse 1 privé, et ensuite, après
la disgrâce de son protecteur, le cardinal de
Wolsey. il le nouuiia ?i sa piaffe grand chan-
celier, (ielle charge, (pi'il exerça dcnix ans,
le mt h mémo de montrer les vertus émi-
nentesipii l'ont fait accepter |)ar les houunes
de tous les partis, connue un modèle din-
li^grité, de loyauté, de justice. Quand Hen-
ri VIII, se laissant égarer parla passion qu'il
éjtrouvait pour Anne de Boulen, sépara l'E-
glise d'Angleterre de Home, et voulut faire
approuver et son divorce et cette séparation
jiar le riergé et par les fonctionnaires de ses
Etats, Morus fut un de ceux cpii résistèrent
le plus courageusement. Il doinia sa démis-
sion de chancelier, quand il vit la tournure
que prenaient les choses. On le cita devant le
conseil royal que présidait Crounvell. Vai-
nement on le pressa de faire le serment dit
de succession. Ce serment portait h la fois sur
la succession au trône, sur le divorce et sur
la su ■rématie du roi comme clief de l'Eglise
d'.Vngleterre, deux choses qu'il fallait recon-
naitre. Il oll'rit le serment pour la succes-
sion , mais non pas pour les autres points.
On lui dit que s'il ne donnait les motifs de
son refus, on l'attribuerait à l'obstination.
— Monts : Ce n'est i)oint par obstination ,
mais dans la crainte (je blesser. Donnez-moi
une suinsante garantie que le roi ne s'en of-
fensera pas, et j expliquerai mes raisons. —
Cromicell : La garantie du roi ne vous sau-
vera pas des peines établies par le statut. —
Morus : En ce cas , je me contierai à l'hon-
neur de Sa Maji slé : mais cependant il me
semble que si je ne puis pas déduire mes
motifs s.ins péril, ce n'est pas une obsiina-
tion que de les taire. — Cranmer : Vous di-
tes que vous ne blAmez personne de faire In
serment. Il est alois éviilent (pie vous n'êtes
pas convaincu qu'il Sfjit blâmable de le faire;
mais vous devez élre convaincu qu'il est dt;
voire devoir d'obéir au roi. En refusant
néanmoins de le faire, vous préférez ce qui
est incertain i\ ce qui est certain. — Morus:
Je ne blAine personne de faire le serment,
parce que je ne connais ni leurs raisons, ni
leurs motifs ; mais je me blâmerais moi-
même, parce ([ue je sais (pie j'agirais contre
ma conscience : Et vraiment, celle façon de
raisonner nous aplanirait toute dilliculté :
toutes les fois que les «iocleurs ne seraient
pas d'accord, on n'aurait (lo'à obtenir le coni-
mandtMuent du roi pour l'un ou l'autre côté
de la (luestioii , et cela serait toujours bien.
— L'ahhé de Westminster : Ma s vous devez
croire (pie votre conscience est erronée ,
(juand vous avez ((uitre vous tout 1(> conseil
(le la nation. — Morus : Je le croirais , si je
n'avais pour moi un plus grand conseil en-
core, tout le (■ons(Ml (le la cinélienlé. Jlorh-
bacher, vol. XXHI, pag. 38().)
Ces réponses de .Morus, surtout cette der-
nière, rappellent la fermeté, la sagesse que
l(j Saint-Esprit mettait dans la bouche des
martyrs. On renferma dan-^ la Tour de Lon-
dres, (piand ou v;l (pie lien ne pouvait vain-
cre son refus de prêter serment. On le priva
de tous les adouciss(nntnits (pie d'oiflinaire la
tyrannie la plus dure laisse aux pnsoiinier.>;
on lui ôla ses livres, qui faisaient sa conso-
lation, et on eut la cruauté de laisser sa fa-
mille, (|ui était nombr- use, tomber, par l'ab-
sence de son chef, dans la plus coraplèto
misère. Morus fut obligé de f,(ir(^ vendre son
mobilier ptnir vtnur au secours de ses en-
fants. Pendant sa caj'livité , on employa tous
HT"
MOU
MOI)
274
les nioviMis possibles |»(iur W* Hiroor h prêter
scnnciil. MciiMcrs. pnmicsscs, prirrcs, oll'rcis
(le Idiilcs sorics, loiil lui mis en .iv.iiil; iii.iis
(nul rcliotia (Irvn-it la u;(''ii('Trusc cotislanco
(lu s.iiiil cuiirt'ssciir. Vw jour (pu* sa IcmiiK)
lt> sdilicilail avc^ iiista-icc d'itl» ii aiiv no-
lonlés (lu roi et de ciiaiii;;!'!' ilo religion .-
« (lonihieii do temps cinvcz-voiis (pic j'aie
encore il vivre ? » lui n'-poodil Moriis. >( l'iiis
(le vinj;! ans, » dil-olle. « Kl vous voudiie/.,
rejiril Morus , (pie i'(H'liaiit;easso r(''leniil(^
(•()iilr(> vi'igl ans ? »
il tVrivil de sa prison la leltre suivaiile .\
UoMVoisi de l,uc(pies , le plus cIkm' de ses
amis : comme il n'avail pas d'encr(!, il l'iîcri-
vil avec du cliarbon.
« Au plus clirr de nies amis. r,oium(> le
ccinir me dit (laussement peul-tMre, mais
cependant il nie le dit) (lue l)ienl(M je n'aurai
plus la lih('rt(^ de vous (vrire, j'ai pens('î d(ï-
voir [)roliler de la possibilité (pii m'en reste
encore, pour vous ti^moigner combien la
constaïKîe de votre amiti('' console puissam-
ment mon malheur. Il m'est impossible main-
lena'U de roconnaitre vos bous ofTices , et
vous me les eonlinuez, et vous y ajoutez
cluupiejour I N'otre amitié me vient donner,
dans le malheur dune captivité accablante,
des soins (\uo des amis ordinaires négligent
nuMue vis-h-vis de leurs amis au sein de la
prospérité , dans la Ihuir de leur fortune.
Tout ce (pie je puis l'aire, hélas 1 pour vous,
luo'i clvr ami, c'est de [)rier Dieu d'acquitter
envers vous des dettes qu'il m'est devenu
impossible d'acquitter moi - nuime , et de
vous combler aussi par sa bonté des mô-
mes bienfaits dont vous venez de me com-
bler moi-même. Je le prie encore de nous
retirer des tem[)(}tes du siècle et de nous
placer dans le repos de sa gloire. Là , on
s'entend sans lettres , les murailles ne sé-
parent pas , les ge(jliers n'empêchent point
de se parler; c'est la paix qui dure tou-
jours auprès du Dieu éternel, auprès de
son fils Notre-Seigneur Jésus - Christ , au-
près du Saint-Esprit procédant de l'un et
de l'autre. Puissions-nous, vous et moi et
tous les hommes, en vue d'un si grand bien,
oublier, mépriser les richesses, mépriser
aussi la gloire d'un monde qui périt 1 Adieu,
il y a longtemps que je vous appelle la pru-
nelle de mes yeux , vous êtes le plus cher
entre ceux que j'aime. Veuille notre Sauveur
conserver en paix votre famille qui, je ne l'i-
gnore pas, me porte presque autant d'amour
qu'à vous. — Thomas Morus. »
P. S. « Je n'ajoute point que je suis tout à
vous, c'est inutile ; d'ailleurs, je suis main-
tenant si peu de chose, qu'il ne vaut guère la
peine de me soucier d appartenir plut(')tà une
personne qu'à une autre. » {Raison du chris-
tianisme, par iM. de Gcnoude, t. IV, p. 205.)
Il écoula avec un calme extraordinaire son
arrêt de mort. 11 renouvela alors sa profes-
sion de foi sur la suprématie de l'Eglise ro-
maine, suprématie que le roi, à son avène-
ment , avait juré de reconnaître et de main-
tenir, et qui était garantie par la grande
Charte d'Angleterre.
Monis aimait Iciidremenl sa filb.' MarguM-
ril(<. I'!lle é .'lit h la port(^ de la salhr (jÙ on
venait dt» le condaurK r ii mort ; elb; se i(!la
h son cou , sangloi.iiii cl s'écrianl : « Ah 1
nKjii p(''i(', vous aile/, donc mourir inri0(eiitl
— Ma ( h("'re lillc, lui répondii d , voudrais-
tu donc (pie je moulusse coupable?» Il
l'embiavsa avec elliision cl la b'nil. il lui
écrivit la veillede son sup liceuiH- Ifltre fait»
avec du charbon coiiiuk! celhMpi'il avait écrilo
hsonaiiii. Il iiiontacoiiragi nsemcnlsiir l'éclia-
faud.ei ayant lait sa |>ii(''re et chanté le psau-
me Misrrrrr, il prit à témoin le peuple (ju'il
mourait catholi(pie, aposloliipic et romain.
Le bouiriîan n'osait le frapper. Il le. (niait dtj
lui pardonner sa mort. « Tu nie rends au-
jourd'hui , lui dit iMorus, le i)lus grand des
services (lu'un homme puisse i-endrc à ua
autre , miisipie tu me fais monter au ciel. »
Puis il l'embrassa. Sa constance , son calni»
et son courage ne se dénu'ntirent pas un seul
instant. Il re('ul le cou|) morl(>l comme jadis
le recevaient les martyrs de la |)iimilive
Lglise. Sa tête resta (piatorze jours exposée-
sur le |)ont de Londres ; sa fille Marguerite-
la lit prendre et lui tit donner une sépulture-
honorable. Sa mort arriva le 6 juillet t.'i35.
Thomas Morus a écrit plusieurs ouvrages,
les uns en anglais , les autres en latui. Le
j)lus généralemeil connu est son Utopie in-
titulée : De optimo rei publicœ statu , deque
nova insuln Utopia, Louvain , 1516. C'est ua
ouvrage dans le goût de la République (}&:
Platon : on y trouve des choses bien singur-
lières relativement au partage des biens, au
suicide, etc. J'ai traité ailleurs cet ouvrage
avec la sévérité qu'il mérite. J'avais à appré-
cier alors le moraliste , l'inventeur de sys-
tème ; mais ici ma tAche est achevée quawf.
"ai montré le saint duquel je parle étend^^nt
e voile du martyre sur les erreurs du phi-
losophe , et couronnant la vie d'un hounéte
homme par la mort d'un héros chrétien. '
MOSÉE (saint), martyr, originaire du Pt)nt»
fut d'abord condamné aux mines avec un a utre
soldat de ses compagnons appelé Ammône.
Ils furent ensuite brûlés. On ignore à quelle
époque. L'Eglise les honore le 18 janvier.
MOUCHE (saint), prêtre de Halpage, souï-
frit le martyre sous le règne d'Hazguerd ,
roi de Perse , qui voulait forcer les Armé«
niens dont notre saint et ses compagnons
faisaient partie , à embrasser la loi de Zo-
roastre. Les compagnons du martyre da
Mouche furent : Sahag, évêque de Richdou-
nik; Joseph, patriarche de Vaiotz-tzor et du;
village Holotzmanz; Léonce, archiprêtre de-
Vanaut, du village d'Itcavank ; Arcnen, prê- l
tre de Pukrévant , du village l'Eléheg ; Kat- ?
chat(^h, diacre du pays de llichdounilh ; et le^
bienheureux chef M.ige , de la ville de Nin-
chabouh. Excité par les mages et par son:
premier ministre nommé Mihir-Nerséh, Ha.£-
guerd envoya Tenehabouh pour faire moit-
rir ces saints prêtres qui étaient renfermés
dans la ville forte de Ninchabouh , sous la
garde du chef des mages , en même temps
gouverneur civil du pays d'Abar. Ce mage,
voyant nos saints demeurer fermes dans leur
\
275
MO Y
M0\
276
toi, les maltraita beaucoup ot les fit enfer-
mer dans un noir et humi(ie cachot, où deux
gatn»Mlos de soupe épaisse et une cruche
d'eau composaient tous leurs aliments. Etoirit^
de les roir joveux et bien portants malgré
leur raptivitéet la mauvaise nourriture ifu'il
le\ir faisait donner, ce niago gouviToeurvint
une nuit rAder autour du cachot , sounçon-
nnnt (jue ((uoliirui df Nfs serviteurs portait
des alime its aux [1ri^on•licrs. Il s'a[)[)rocha
du soupirail de la prison et fut témoin d'un
prodige étrange : chacun des prisonniers
Drillail d'un éclat merveilleux au milieu de
l'obscuriié de la nuit. Il fut si épouvanté de
ee pro(li.;e , que bientôt il renonça aux er-
reurs dfj maijisme et se fit insiruire par ses
prisonniers dans la religion des chrétiens.
Quand Tt-iichabouh arriva pour exécuter
les ordres sanguinaires d'HazgiU'rd, il ne fut
pas peu élo'iné de trouver le mags; assis au
piilieu dos prisonniers , écoutant leurs dis-
cours et les excitant lui-même à brav-r la
mort dont on les menaçait. Il avertit le roi
de ce qui se passait; celui-ci lui défendit de
punir publiquement ce mage, h cause du tort
qui en résulterait pour la religion de Zo-
roastre, nmisil lui ordonnait de l'envoyer en
exil dans un pays lointain, au nord de Kho-
rassan , où il reçut la palme du martyre.
Après avoir terni né cette affaire, le ministre
des cruautés d'Hazjuerd lit, la même nuit ,
transporter les prêtres ariuéuiens dans un
endroit écarté du désert. Arrivés au lieu de
l'exécution, on leur lia les pieds et hîs mains,
et ils furent traînés d'abord sur un sol ro-
cailleux et re!n|)li d'aspérités. Knsuile, Ten-
chabouh ayant vainomeul essayé de les faire
renoncer h leur foi , ils furent décapités le
80 juillet 45V , dans le grand ih'sert du pays
d'vVbar, ;;u département do la ville royale de
Ninchabouh.
MOUCHÉCiE, prince arménien de la fa-
mille Mamigoiiiank , fut l'un de c(nix (pii
soulfrirent volontairfMUCut la ca|)tivil('« pour
courage, et triomphèrent des persécuteurs
en terrassant leur ennemi par leur inébran-
lable constance. Ce fut de leur prison, et
n'ayant pas encore soulfi-rt d'autres peines,
qu'ils écrivirent à saint Cyjirien vers le mi-
lieu de l'été 250. Biei des fois on les avait
priés, suppliés de sortir de prison en sacri-
fiant, el toujours ils avaient refusé. C'est
pourquoi saint Cyprien d t qu'ils avaient con-
fessé le nom de Jésus-Christ au tant de l'ois
qu'ils avaioit refusé de sortir. Bicnlùt de nou-
veaux tourm nts vinrent mettre leur foi et
l«'ur courage à lépreuve ; saint Cyprien leur
écrivit, vers la fin d > l'année 2;»0, sa seconde
lettre. Il y avait déjà près d'un an qu'ils
étaient en prison. Ils y restèrent, jusqu'au
conuuencemeni du schisme de Noviiien, c'est-
à-dire jus([u'en juin de l'annt'-e 251.
C'est à cette époque que s'agitait la grande
aiï.iire des Tombés dans les persécutiois.
Les niartyrs et les confesseurs d'Afrique et
de Cailliage s'étaient arrogé le droit d'aecor-
der de l.-ur [deine autorité la rentrée dans
l'Eglise \\ ceux de ces coupables qui la leur
demandaient. Par une douceur exagérée, ils
ruinaient la discipline ccclésiaslii^ue. Les
bienheureux confesseurs de Rime, Moyse,
Maxime v\ leurs comf)agnons, écrivirent à
ceux de Cartilage une let re énergique, dans
laquelle ils rétablissaient sévèn-menl les
vr.\is principes et la sa. ne discipline. Saint
Cy{)rien les en remercie dans sa 2.5' épitre.
Us lui répondirent par celle que Pamélius a
Jésus -Christ, sous le règne
;ij)iivne p(
d'Ha/-:uei
d.
deuxième du nom, roi de Perse, et ([ui ne
furent remis on lib rlé et renvoyés en leur
pays que huit ans après la mort de ce prince,
sous le règne de son (Ils Bérose. (Pour plus
de détails, roy. I'uincks vnuÉNiKNS.j
MOYSE (saint), martyr, fut arrête à Homo
au commcnremeiit de la persécution de Dèc',
avec saint Maxime, i»rêlre comum lui, el Ni-
costrale, diacre ou archidiacre de Rome. Les
crimes qu'av.ut commis ce dernier et ceux
Su'il commit depuis, le reutlaietil indigne
'être en c.om[)agnie de tant de saints. Ùu-
fln, diacre, et CcK-ri i, lecteur, l'un «les plus
beaux onieunnits de celte é:)oque, furent ar-
rêté? avec eux, ainsi que Micaire, Sidoine
et Urtniu, I uis un noiunié Augcide. Dans
une lettre de Lucien écrivant d'Afrique h
Boine, nous trouvons de plus Calphurnc et
les <;aiites fetniies dont les noms suivent :
Cornélie, Emcnte. sœ ir do Macaire, Marie,
Spésinc, Sabine, Janvière, Duliveel Donnlrt
{Ci/priiin., rp. 21). Saint (\vpri. n (/;/). 25) <lit
qu'' s.Tinl M 'yse et les aiiires ro, Csseurs
c«;mbatlireut jiour la foi avec uu aduiuablo
mise la 2ti' dans celles de ce saint docteur.
U'ie lettre du clergé de Rome, signée de la
plupari des confesseurs, le remercie aussi de
cette lettre 25.
Vers le mois de décembre, saint Céléria
vint à Cartha.;e, et dit h saint Cyprien, de la
part d^'s (onfisseurs, les sentiments qu'ils
avaient pour lui. Saint (Cyprien leur écrivit
à ce sujet une lettre dont nous citons un
fr.igme'U dans l'article C/:lkri.> ; nous enga-
geons le lecteur à y recourir.
Ce fut en 251 que ces co ifesseurs furent
mis hors de prison , mais malheureus '-
m nt pi isieurs d'entr» eux to libèrent dans
le schisme de Novalien. Ce fui un nommé
Novat (]Ui les entraîna dans ce malheur ;
ceux qui d vinrent ainsi scliismalicpies fu-
rent Maxime, Nicostrate, Urbain, Sidoine et
Maiaire. Ai^ende demeura ferme da is la
foi. Saint Moyse fit plu>;. il se déclara ouver-
tement conlro les erreurs de Novaticni, le
Sf'nian «le sa ■ ■lunion, avec cinq prêtres
qui riaient .itiques comme lut.
Sain Moyse ajouta, quehîue temps «près,
le titre de martyr à c» lui de confesseur. N'ers
la tin de lanné ■ 251, il donna sa vie pour la
foi, en soull'ranl à Ro ne un glorieux martyre.
Saint Corneille léc ■ - ifu.> sa constance
fut admirable. LI'. ut sa fêle le 25 no-
vembre ; peul-élre celle date est-elle celle
de l'annivtMs lire de - '< ^rt.
Les coid'e^-eiirs ^ i tiques qiii avaient
suivi Novat ne se co it. ntèrenl pas de per-
sister dans leur err iir. mais ils allèreit jus-
ipi'i'» écrire des h tires srhismatiques , sur
1 autorité desquelles Novalitm se prodatna
S77
MOY
MOY
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rtv(V[nn (lo Rnino ; «'(i lUt im Knuid sc/ind.ilo
v\ Mil Kiiiiid Iniiihli' (l/iiis l'hlKliso. S.iiiil 1)0-
iiis cl si\\\\l C.yi»"'''" '''"'■ <''<'iivii('iil. l'.nlin
^l»v^ll (MîiMl [i.Vrli (li> Uoiuc, IMimi |M'iiiiih|iin
les ((iiircsscMii'.s, i|iii nviiiciit t'ii In iiiiiIIk'iii'
(le 1(1 ,suivr(i (l.iii.s sddôlcslfjili' oriTtir, rovin-
s(Mit h In \6v'\l^'. Miixiiiir, l!il)(Uii, Sidui'u» cl
Mac.iirc, rcrdnVciil d^iis le sein de l'Isi^lisc,
t|iii les rend nvor une ^ninde jitie. M;i\ime
l'id réintègre dims son iniiiisl^re do |if(HrL' ;
NietislDdc seul pcisisla d;ns scvs (M'i'ciirs.
MOYSI": (sailli), rt|t(Mrc cl cvc^nic (\vs Snr-
rrtMiis, ('Inil liii-m(^mc SaiT.isiii de naissn'ico.
Il a V(''(ii liiii^lemus dans un dcsorl sitnii
ordre l'i'lijçyiile et la Paleslinc, el en sorlit
dans les ciicoiistnniM^s snivanlos: Sons le i^-
j<iic de JnlioM el de ('(inslanliii, les Uitmains
(Maieiil alliés avec les Sarrasins, qni roinpi-
reni violeninient celle aliianc(> h la n\oi-( do
leur roi, cl ayanl la reine Mauvii! j\ leur UMo,
S(> nnreiU h ravager los provinces romaines
depuis ri'lgyplc jus(prh la Syrie. Les Ko-
niaiiis, enibarrasscVs dans d'aulrcs guerres,
envoyèrent des ambassadeurs pour deman-
der la paix. iMauvi(\ qui venait d'embrasser
la religion chrcHiciuie, y consentit, mais à
eondilion qu'on lui enverrait l'illustre Moyse
qui taisait tant de miracl. s, voulant le nom-
mer évoque de son [)a , s. L'empereur lil donc
venirnotre saint .^ Alexandrie alin d'ùtre sacré
cWéque par le taux iialriarclie Lucas. Moyse
refusa, à la gramic humiliation de cet inti'us,
et ct)mme le salut do l'empire dépendait do
l'ex tradition de notre saint, l'empereur, quoi-
que arien, lut forcé de le l'aii'c sacrei' |)ar los
évéques catlioliques. Il {)artit ensuite pour
le lu'u où il était mandé el convertit un grand
nombre d'nilidélcs. Cependant nous n'avons
aucun document authentique sur les heu-
reux effets do son gi and zèle, ni sur les mira-
cles par lesquels Dieu conlirma sa mission
apostolique. L'Eglise fait sa fête le 7 fé-
viier.
MOYSE (saint), abbé, prêtre et martyr,
était né en Ethiopie. 11 était de race nègre
et fort grand. Sa première condition fut l'es-
clavage ; il appartenait h un bourgeois, qui
le chassa de chez lui, parce qu'il le volait
et était très-méchant. On prétend qu'il était
allé, jusqu'à commettre des meurtres. Parti
de chez son maître, il se mit à la tête d'une
bande de voleurs. Lnjour, un berger avec
ses chiens l'ayaiit empêché d'exécuter un
mauvais dessein, il résolut de s'en venger.
Il le chercha partout pour lo tuer. Ayant ap-
pris que ce berger était de l'autre côté tiu Nil
alors débordé et fur. lai ge, il mit ses habits
sur sa tôle, prit son éfiée entre ses dents, et
passa à la nage. Le berger l'.tyant vu venir
s'alla cacher dans une caverne. Moyse ne
pouvant faire ce qu'il avait résolu, tua qua-
tre des plus grands béliers du troupeau, les
attacha avec une corde, et repassa !e Nil, en
les tirant après lui. Il les vendit ensuite
pour s'enivrer. La grandeur des crimes de
Moyse ne sert qu'à faire admirer davantage
la vertu que lui procura sa pénitence. On
ne sait counnent il l'ut touché par la grâce,
mais il embiiissa immédiatement la vie soli-
tair(\ 5'il laul en croire» l'aphimce de Scélé,
il •^^^ retira dans un mMnn'«'cn« pour éviter Ift
cli.'UiiiicrM qui r/iltcndinl pour un h'xiuridc.
Il avait environ tienle ans (pi/ind il se cori-
veilil.dar il nimirul vci> ;j'.).'i, Ak^ de Vîi /iin.
Il se relira d'nburd a Sc('lé, on saint Macairo
dl!;;\pl<i gouvernail les soliinireh. Apiè<y
avoir passé ipielipie leinps, il vini h(> pl/nn-
dre h ce <aiiil abbé de ce qii(« les trcrpieiilcs
visites de se fièrfîs rempérliaieiil de vivriî
(l/ins uno s(dilnd<' aussi complète (pi M le dé-
sirait. Saii I Macaire, voyant (pj'ii ('•i;iil d lui
naturel trop facile ol trop faibles |)our IcMiner
.sa noi le à ceux (pii le venaient voir, lui ( oii-
seitla d(î s'en aller dans un lieu plus rclin':
du désert d(» Scété, nommé iN-tia. (y'csi de là
(pi'il esl (pieNpicfois noiinné Moyse de Fé-
Ira. Il trouva en ce hou h; i'0|ios (jifil cher-
chait, au point d(! vue (pio nous venons d(î
divo ; mais le dénïon lui livra les assauts les
plus lerribles pour le faire nuiilicr dans le
jtcclié d'impudicilé auquel il s'élail arici(;n-
ncinenl abandonné sans réserve. Il fut l'ail
prêtre (leScété par rarcl!ov0(pie d'AUnandrio
(probablement rhéo|)hile, qui futélevé à l'épis-
copal en l'an 385]. L'évê(]ue, voulant éprou-
ver son huinilit(>, oi'do'Uia aux ecclésiasii-
ques de le chasser quand il so présenterait
à l'autel. Lors donc qu'il arriva, ils le ren-
voyèient en lui disant : « Sortez de là, Eihio-
pien 1 » Il sortit, et on l'eitendait qui se di-
sait à lui-même : « Tuas ce que tu mérites ;
tu n'es pas un homme, |)0ar(|U0i as-tu élu
assez hardi do le mêler parmi les hommes? »
Le gouverneur de la province ayant entendu
liai 1er do lui vint le voir pour recevoir sa
îîénédiction; le saint l'ayant su, prit la fuite.
En chemin, lo gouverneur l'ayant rencontré,
lui demanda où était la cellule de Moyse ;
celui-ci lui dit : « Eh ! pourquoi le cherchez-
vous ? c'est un fou et un possédé. » Le gou-
verneur, entrant à l'église, parla aux ecclé-
siastiques, et leur raconta ce qui était ar-
rivé. Alors eux, très-fàchés, lui demandè-
rent qui lui avait dit cela, et comment était
fait l'homme qui lui avait parlé. « C'est un
vieillard, dit le gouverneur, qui est grand et
fort noir ; il a des habits très-vieux. » Ils lui
dirent alors : « C'est l'abbé Moyse qui vous
a parlé ainsi, parce qu'il ne voulait pas que
vous l'allassiez voir. »
Saint Moyse vécut dans son désert avec
une très grande-perfection. Il avait le don
des miracles. Tous ses religieux le chéris-
saient. Il était plein de chariié pour eux. En-
fin Dieu lui accorda la couronne du martyre.
Un jour, sept solitaires se trouvaient avec lui ;
il leur dit : « Les barbares viendront aujour-
d'hui en Scété ; allez et fuyez. — Et vous,
mon père, lui dirent-ils, ne fuyez-vous pa«
aussi ? » 11 leur répondit par cette admira-
ble parole : «11 y a bien longtemps que j'at-
tends ce jour-ci pour vérifier ce qu'a dit Jé-
sus-Christ : Tous ceux qui prendront l'épée
périront par Vépée.n Les autres frères lui di-
rent : « Nous ne fuirons pas non plus et nous
mourrons avec vous. — Je n'en suis pas
cause, répondit le saint ; c'est à chacun do
., vous à voir ce qu'J a à faire. » En causan!;
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ainsi, ils virontlrs barbnros quiapprorhaiont;
ils ontn'rtMit d.ins In ( olliile o' les mironl h
mort. 11 n'y en eut (pi'un (^iii érhappa, en se
c<n h-mt drVrière des nallos do palmier.
T.Ki^li'^e c(^lM>r(' la fiMe dt* saint Mo\ se le28
aoOl.ionr aiimu-l Baronius l'a inscrit.
MCCE (saint), prôtre et martyr, soutTrit d'a-
bord sous le proronsnl Laodice et l'empe-
reur D oclétien pour la défense <!e la religion
chrétienne, dans la ville d'.Vmphipolis, d'où
ayant tHé mt-né h Byzance : il eut la t(^te
tranchée. L'Eglise honore sa mémoire le 13
mai.
MITIEN ,'saint\ fut honoré .le la palme du
martyre avec saint Marc. Ils furent tous deux
décapités. Un jeune enfant le« avertissait tout
haut et en jiresence d"s bourreaux denejjas
sacrifier aux idoles ; il fut fouetté d'abord,
mais comme il persistait toujours à confes-
ser Jésus-Christ, on le massacra avec un au-
tre chrétien nommé Paul, qui exhortait éga-
lement les martyrs. L'Eglise fait leu^* fête le
3juillel.
MTCiUS fsaint), diacre et martyr, fut mar-
tyrisé en Perse en l'honneur de Jésus-Christ.
Il eut pour compagnons de son martyre le
diacre Luc et les trois prêtres Parmène, Hé-
liménas et Chrysotèle. Les Actes des saints
Abdon et Sennen décrivent le martyre de
notre saint et du diacre Luc. L'Eglise fait
collectivement leur fête le 22 avrd.
•MUSON (sAint), recueillit la palme glo-
rieuse du martyre h Néoc'sarée, avec les
saints .Mardoine, Eugène et Métellas. Ils fu-
rent brûlés vifs et leurs cendres jetées ilans
la rivière. L'Eglise honore leur sainte mé-
moire le 2'» janvier.
ML'STIOLE fsainte), habitait Chiousi en
Toscani'. C'est dans cette ville qu'elle eut la
gloire de donner sa vie pour la foi chré-
tienne. L'empereur Aurélien, ayant envoyé
ïurcius [)Our rechercher et faire mourir les
chrétiens de Sutri et des autres vdies du
pays, cet ollicier, venant de Sutri, s'arrêta à
Chiousi, OÙ il lit mettre en prison, avec
beaucoup de chrétiens de cette dernière
ville, le saint diacre Irén'O, qu'il avait fait
arrêter à Sutri, parce qu'd avait enterré le
corps du saint prêtre Félix. Ces saints con-
fésicurs attendaient en prison le jour où
Turcii'S les ferait comparaître, manquant
absolument de tout. Musliole, qui était ex-
trêm!.inent riche et d'une des premières fa-
r.'v'iies du ()ays (elle était cousituî de l'empe-
reur Claude), allait visiter les saints confes-
seurs dans leur prisnn : elle leur portait,
avec les choses nécessaires h leurs besoins,
le secours des exhortations, des consolations
que sa charitr- lui ins|)irail. Turcius l'ayant
Sii, la tii aiiMMier nar ses gens. La beauté
très-remarquable aela sainte lui fit uno pio-
fonde inq»ressir>ii, et il la fit lecnnduire chez
elle avi.'c grand hoiuieur. Il alla la visiter, es-
pérant la décider h l'épouser ; il s'informa
avi'C grand soin de sa nol)Iesse; mais elle
lui dit qu'elle ne connaissait (pi'une noblesse
en ce monde, crl'e qui consistait en h sainte
humilité des clirétiens. El cnnime il uisislaif
beaucoup pour la décider à renoncer au
christianisme, elle traita ses propositions de
folie et de blasphèii\e. ^'ioIemment irrité,
Turcius donna l'ordre de décapiter immé-
diatement tous les confesseurs, k l'exception
de saint Irénée, qu'il fit amener devant Mus-
tiole, étendre sur le chevalet, tléchirer avec
les ongles de fer et brûler avec les torches
et les lames ardentes, jusqu'à ce qu'il en
mourut. Musliole lui reprocha avec énergie
son horrible cruauté; alors, Turcius dicta
une sentence ([ui la condamna k être battue,
avec des fuuels armés de plomb, jus(pi'c\ ce
qu'elle expirât : cette sentence fut mise à
exécution. La sainte mourut le 3juillet, pro-
bablement le même jour que le saint diacre
Irénée. Ce fut un chrétien nommé Marc qui
prit soin de son cor[)S. et qui l'enterra près
de Chiousi. L'Eglise honore la mémoire de
sainte Musliole le 3 juillet.
Ml'SlLMANS iPerséci Tio\s des) d'Espa-
gne ;i Cordoue. Celte persécution, célèbre
dans les fastes de l'Eglise, commença dès
les premi(TS temps du règne d'Abdérame H
(et non pas 111, conmie le dit Fleury), fils
d'AI-Hakem et quatrième calife onlmiade
d'Espagne. Ce prince régna de 821 h 8.52.
Adolplie et Jean, tous deux frères, furent
martyrisés, et leurs Actes furent écrits par
Spéraïndes. abbé de Cutéclar. L'Eglise fait
leur fêle le 27 septembre. Deux vierges chré-
tiennes, Nunilo et Alodia, furent martyrisées
à Najara en Navarre, en 8V0. L'Eglise les
hoioi e le 22 octobre. La translation de leurs
reliques à l'église Saint-Sauveur de Leyre,
nommée alors Légerense, eut lieu en 8V2.
Ce furent en quelque sorte là les préludes
de la persécution ipii commença en 8o0. Le
nrêlre Parfait, né ii Cordoue, et élevé dans
le monastère de Saint-Acisde, où il avait
passé presque entièrement sa jeunesse, était
fort bien instruit de la science ecch'siasti-
que, et connu des musulmans, parce qu'il
possédait parfaitement la langue aral)e ;
mais il avait autrefois renié la foi devant le
cadi, ou juge des musulmans, par la crainte
de la mort. Saint Aciscle,(pieje viensde nom-
mer, est un martyr fameux qui souffrit h Cor-
doue, sous Dioelétien, avec sa S(eur Victoire»
et l'Eglise les honore le 17 novembre.
l'n jour, comme le prêtre Parfait pa'^.sait
par la ville pour ses alfaires parliculières,
quehpies musulmans lui firent des qut'stions
sur la religion et lui demandèrent son senti-
ment louchant Jésus-Christ et Mahouiet.
« Jésus-Christ, dit-il, est Dieu au-dessus dQ
tout, béni dans tous les siècles; pour votre
prophète, je n'ose vous lire ce que les chré-
tiens en pensent, vous en seriez trop oflTen-
sés ; mais, si vous me donnez parole de no
vous point fâcher, je vi»us le dirai. » Ils lui
promirent, et il continua, leur parlant arabe:
a Nous croyons cpie c'est un de ces faux
proplu^-tes prédits dans l'Evangile, qui en a
s(''duil plusieurs et les a entraînés avec lui
au feu éternel. » 11 ajouta plusieurs cho«es.
touillant les impuiett's que leur religion
autorise.
Ils dissiniulèreiii pnur lors leur indigna^
lion ; mais, peu de temps après, saint Parfait,
281
MlîS
MIS
m
ay.iiil ciicdic l'tr (iltli^;('i df snriir poiii- (|m'I-
qut' .illaii'c, les iiiciiics miiMiliiuiii^ le viioiil
vcuii- (lo loin , l'I *lin'iil (iii\ ns.sislaiil.s :
(( \(»ici ii'i lioiiiim- i|iii (li'iiiirn'im'iil jmo-
ui- l>i II lu'iiissr,
(' vous ne (Kiur-
I' |l|IIT|ll cl l'cti-
hoik;.'! coiilii! II! |»i()|ilicli', 1
(l(\s itl.'isiili^iiKVs (|ii'aiinin (
rail s(MiHVir. » Aus.MhM ils
IcVl^TCnl MVt'C l.llll (11- viU's^iC, (IW à |ll'lll(' SCS
pieds loucliaiinil h tcno, lu prcsciih'^niiU au
raili (>l liii'cnl : « (Ici lioininc a inaiidil ni)lr(>
jtroplirlc. cl r.iil des rcpiiKlics à cciiv (|iii
l'hoiiorcil ; vous sav(!/, (}ucllo pciu»' uiciilc
U'i It'l criiiic. » l.c l'.uli lo lil uu'lli'c en prison,
cliai'^c lit) l'ers lics-pesa'ds, pour le l'aire
mourir )\ la l'tMi' (pii leur lienl lieu de 1»,\-
(pies. Sain! Partait s'appliipia d ins la prison
aux veilles, auv jeilnes cl à la pri(!ire, pour
se l'orlilior dans la foi ((u'il avait aulrel'ois
niée. ('e[)endanl il prédit la mort de l'cn'iu-
(pie Na/ar lla;^el), ou uiailre lie (chambre,
(|ui était le principal ol'licier du sultan, et
(pii i;ouv(>rnail toutes les alVaires d'Ivspa^ne.
Sainl l'arl'ail dit, en parlant do lui : >< Cet
liomnu», aujourd'hui si puissant, no verra
pas la lin do l'année aprùs ([u'il m'aura l'ait
mourir. »
Saint Parfait douioura quelques mois en
prison: et enlin, lo jeAni^ solennel du n)ois
ramadan étant |)assé, vint la félo qu'ils célè-
brent le premier jour du mois chaoiial, et
qu'ils accoinpaj^nent do ij;ran(los réjouissan-
ces. Le martyr tut tiré do |)rison, et uu)né
au delà du ileuvo Bétis, dans une grande
plaine, au midi do la vill(> do Cordoue, pour
V être evécuté. Le pou|)lo accourut en foule
a ce spectacle : saint Parfait répéta les ma-
lédictions qu'il avait données h Mahomet et
à ses sectateurs, et eut la tête tranchée le
vendre. li 18 avril 850, jour auquel l'Eglise
honore sa mémoire. L'eunuque N zar mou-
rut dans l'an, comme il avait [)rédit.
Un marchand, nommé Jean, fut accusé
dans le môme temps d'avoir mal parlé de
Mahomet, et d'exciter ceux (|ui vouaient
acheter à lui à quitter sa secte. Le cadi,
ne trouvant pas suffisant le témoignage de
ceux qui l'accusaient pour le condamner à
mort, le fit fouetter cruellement, pour l'o-
bliger de renoncer à Jésus-Christ. Mais Jean
confessa ce qu'on lui reprochait, et prote>ta
qu'il conserverait jusqu'à la mort la religion
du crucifié. Le cadi lui- fit tionner plus de
cinq cents coups de fouet ; puis, demi-mort,
il le fit mettre sur un âne, à rebours, et pro-
mener par toute la ville, avec un crieur qui
disait : « On traite ainsi quiconque blas-
phème contre le prophète et se moque de la
religion. » On le mit ensuite en prison,
chargé de fers très-pesants; et saint Euloge,
qui a écrit cette histoire, l'y trouva quand
il y fut mis lui-même. Ces deux martyrs,
Pitffait et Jean, furent les premiers dont
l'exemple excita les autres. (Fleury, vol. III,
p. 33V.)
A Cordoue , la persécution continuait
toujours. Aussitôt qu'ils eurent appris le
nuirtyre de saint Parfait, plusieurs inoines
vinrent publiquement, quittant leurs solitu-
des, parler contre le faux prophète, si bien
que les Muisulmans en cproiivèretit mm
Kraiido é|iiiuvante. Ils (Ml VMuenl pi.S(ju'ù
prier les clirélioMs du nd cotitctiir : ils crai-
Hiiaicnl une révolle. Les ijr)uiiiiali'urs nou-
ve.iux vivaiinit au nulieii d'une population
conipiiso, il est vrai, mais noml)reu^(^(;omImJ
on le voit par les églises cl p.n- jcs iiionas-
lèros dont il est. parlé dans cclhî persécu-
tion. Or, cett(! hisloire écrite par saint Ku-
ln;^c, aiileur coiileiiipor.U'i, esl ,'i r.ibri de
tout soupçon. Les l'ispagiiols et les Aiabes
formaienl (i(>ux nations (Mitiéremcnt dis-
tinctos, comme aujourd'hui les <irec.s et les
Turcs.
Le premier moitu! , dit Flourv, qui souf-
frit le martyre cm cette p(n•^ecutioll, fui
Isaac. Il étail né à Cordoue, do paronls no-
bles et riches; cl, comme il savait bimi
l'ai/ibe, il faisait la charge de greflioi' pu-
blic, étant encore dans la lleur do sa jeu-
nesse, quand tout d'un <:oup il la quitta
pour embrasser la vie monasliipn! ,'i Tabano,
monastoro situé à sept mille de (iordoue ,
dans le fort des bois , sur les plus âju-cs
montagnes, et qui était double d'hoinmos et
do femmes. Il y avait été ff)ndé [)ar Jérémio,
cousin d'Isaacj homme fort riche , qui s'y
était retiré avec sa femme Elisabeth, leurs
enfants et pros((ue toute leur famille. Mar-
tin, frère d'Elisabeth, en était abbé, et Isaac
y d(Mueura trois ans sous sa conduite.
Ensuite il vint à Cordoue, dans la place
publiipio, s'adressa au cadi, cl lui dit :
« J'embrassei-ais volontiers votre religion si
vous vouliez bien m'en instruire. » Le cadi
lui dit qu'il fallait croire ce que Mahomet
avait enseigné, suivant les révélations de
l'ange Gabriel, et commença à lui exj)liquer
sa doctrine. ^ Il a menti, reprit Isaac, par-
lant arabe, il est maudit de Dieu pour avoir
attiré en enfer avec lui tant d'ûmes qu'il a
séduites. Vous autres, qui êtes savants,
comment ne sortez-vous pas de cet aveugle-
ment , ot n'erabrassez-vous pas la lumière
du christianisme?» Il dit beaucoup de choses
semblables, dont le juge, surpris et hors de
lui, le fra[)pa au visage ; mais il en fut repris
par ses conseillers, qui lui représentèrent
qu'il oubliait sa gravité, et que leur loi dé-
fendait de maltraiter les crim nels. Alors le
cadi, se tournat\t vers Isaac, lui dit : « Peut-
être es-tu ivre ou frénétique, et tu ne sais
ce que tu fais. » Is ac lui répondit : « Ce
n'est ni vin ni maladie qui me fait parler,
c'est le zèle de la justice et de la vérité, pour
laquelle je ne refuse pas, s'il en est besoin,
de soulfrir la mort. »
Le cadi l'envoya en prison , et en fit aus-
sitôt son rapport au roi, qui le condamna à
mort, pour avoir ainsi parlé du prophète. On
lui cou])a donc la tête , puis on pendit le
corps par les pieds au delà du tlouvc, pour
être en s:)ectacle à toute la ville. C'était l'ère
d'Espagne 8h9, c'est-à-dire l'an 831, lo mer-
credi 3 juin, jour au({uel l'Eglise honore la
mMnoire de ce saint martvr. Ouelquesjours
afirès, son corps fut brrllé avec ceux des
martyrs qui l'avaient suivi, et les cendres
jetées dans le fleuve.
885
MUS
MUS
284
Le vondn^di 5 dn môme mois de juin , fut
aussi d<^tvipit<* Snnrhe, jeune homme Inique,
natif d'Alhi, d'où il av.TJt 6[r ,intrefoi>< amené
captif. eJ depuis mis en liberté , cl re(;u au
nombre des gardes du roi et h ses gaines. î.e
dimanche 7 juin , furent martyrisi's six antres
chrétiens, savoir : Pierre, V'alahonse, Sahi-
nien, Vislrémond, Habrntius et Jérémie.
Pierre était prêtre, natif d"Astigi, •! avait
étudiée Cordoue. Valaboise était hatifd'Elé-
ple: son père avait épousé une femme arabe,
et l'avait convertie h la foi chrétienne, re qui
l'obligea de quitter son pays et do fuir en
divers lieux, jusqu'h ee qu'il arrivât h Fro-
nien, petite ville dans la montai^ne, à quatre
lieues de Cordoue. Sa femme y mourut , le
laissant chargé de deux enfants, Val.dionsc
et Marie. Il mit son fils dans le moiastèrede
Saint-Félix de Fronien, sous la ronduile de
l'abbé Sauveur, et consacra à Dieu sa fi le
dans le monastère de Sainte-NFarie de Cuté-
clar. Après la mort de l'abbé Sauvcui , Vala-
bonse ri'vint auprès de son nère, et fut en-
suite ordonné diacre. Il fui cliarjjé , av.'C le
prêtre Pierre, de la conduite du monastère
de femmes de Sainte-Marie de Cutéclar , près
de Cordoue, sous la dircciion de l'dbbé Fru-
gelle, qui demeurait proche avec sa coramu-
naulé de moines. Sabinien et Vistrémond
ëîaienl du moiuistère de Saint-Zoïle li'Arnii-
lat, ainsi nouuué de la rivière sur laquelle
il était situé, dans un aiïreux désert , à dix
lieuf'S de Cordoue au septentrion. Haitenlius
était de Cordoue, et y avait embrassé la vie
monastique à Saint-Clirisfoflc, situé vis-à-
vis de la ville, sur le Jleuve Bétis, où il vi-
vait reclus, ne se niontrant (|ue [)ar une fe-
nêtre, portant des lann-sde fer sur la chair.
Jérémie était le vieillard qui avait fondé le
monastère de Tabane.
Ces six vinrent ensemble se présenter au
cadi, et crièrent tout d'une voix : « Nous
sommes dans les mêmes sentiments que nos
frères ls.'iac et Sanclie ; contlamnez-Mous de
même. Nous co!ifesi.ons que Jésus-Christ est
Dieu, nous reconnaissons votre prophète
pour précurseur do r.inlechrist, et nous dé-
[dorons votre aveuglement. » Aussilùt ils
furent cond.nn'n'-.s h perdre la têli; : toute-
fois le vifillard Jéi'(''mie, pour quelcpie chose
qu'd avait dit de plus loi l que les autres,
lut auparavant riidt ment fouetté j .squ'»^ ne
jxtuvoir se .soutenir. Quaml ils fuicil arri-
vés au lieu du supplice, ils s'y excitaient les
uns les autres. IMene et Vafabonse furent
exécutés les premiers ; tous les corps fu-
rent attach s h des pieux, et (|uelipies jours
aprcs bn^lés dai s un grand feu , et les cen-
dres jetées dans le lleuv.-. L'Eglise fait la
mémoire de ces six martyrs le jour do leur
mort.
Un diacre, nommé Sisénand , se présenta
aussi «umart\re, invité-, connue d disait,
par Pi»Trc et ^aabo">f' depuis qu'ils furent
au ciel. Il était nald'.lr II .i.ijo^; » tavaiU été
amené de Cordoue nom «tndier, il i'ut élevé
dans le monastère Je S.uil-A< isrlc. On crut
qu il avait apj»ris par lévé-latiun rhmre de
son supplice; car, étant daus la pnson et
faisant réponse h un ami, après avoir écrit
trf»is ou qu«lre lignes, il se leva tout d'un
cnn|» rempli de Joie, et donna sa réjtonse
commencée au valet qui ralle: dail, en di-
sant : «f Retire-toi, mon enfant, de peur «)ue
les soldats ne tp prennent. » ,\iissit<)l ils ar-
rivèrent en criant et l'emmenèrent, en lui
doîinant des soufflets et des conps de poing.
II fut jirésenté au cadi ; et , ayant persisté
dans .sa confession, on l'exécuta h mort dans
la fleur de sa j'Minesse, le jeudi 10 juillet,
la même année 851. Le corps fut laissé sans
séfiulture it la porte du palais. Mais long-
temps après des femmes ayant trouvé ses os
dans les pierres que la rivière en rainait, on
les enterra à Saint-Aciscle. L'Eglise fait mé-
mo re de ce martyr le jour de sa mort.
Le diacre Paul, natif de Ordone, et él vé
da'^s le monastère deSainl-Zoile, servait les
prisonniers avec une grande charité. Saint
Zode est un martyr qui soufT'il à Cordoue,
avec dix-neuf autres, sous Diotlétien, et e-t
honoré le 27 juin. L'exemple et les discours
de saint Sisénand excitèrent Paul à se pré-
senti r au cadi et à lui reprocher la fausseté
de sa religion. Comme il était en prison, Ti-
bérin, jtiêtre de Bad.ijoz, arrêté depuis vingt
ans |)o«r quelque plainte que l'on avait por-
tée au roi eontre lui, le [>ria d'obtenir sa dé-
livrance (jnand il serait devant Dieu, pt Paul
11- lui promit. Il souH'rit le maris re le lundi
20 juillet, et peu de jours après le prêtre Ti-
b rin sortit de prison et retourna ch' z lui.
Le samedi suivant, 2.5 juillet, fut martyrisé
'Ihéodémir, jeune moine de Carmone, et en-
ft rré avec Paul dans l'église de Saint-Zoïle.
L'Eglise les honore l'un et l'autre le jour de
leur martyre.
Il y eut aussi des femmes qui soutTrirent
en ci.'ite persi'cution. La première fut Flore,
née en un lieu nommé AusiMien,k huit
milles de Cordoue, d'une mère chrétienne el
d'un père musulman , qui étaient veinis de
Séville. Il mourut, et sa veuve éleva Flore
dans la piété, où elle fit un tel progrès, que
dès lenfance elle jeûnait le carême et don-
nait secrètement aux pauvres ce rni'elle re-
cevait d>* sa mère pour son dtner. Le carême
était bien avancé q land on s'en aperçut, et
sa juère, ([ui cnignail que lejet^nc ne lui
nuisit en un ,1g' si tendre, eut bien de la
peine «^ l'empêcher d'aehever. Au comraen-
ceie.ent, elle n'osait assister souvent aux as-
semblées des chrétiens, h cavise de son frère
([ui était musulman, el (|ui l'observait; mais
depuis, mieux instruite de la nécessité do
confesser la foi , elle quitta la maison h
l'insu de sa mère, el se retua secrète-
meni, avec sa sœur, chez des religieuses,
où elles étaient en sûrelé. Le frère s'en
vengiM contre les chrétiens , lit mettre en
prison quelques clercs, el persécuta les re-
jigieus. s; mais Flore, ne voulant pas que
I ï';.;lise souffrit pour elle, revint publique-
nir ilii la mai.Non, el dit : « Me voilà, puis-
que vous me chenh."/, je suis chrétienne et
prête à tout souîfrir pour Jésus-lihrist. »
,\lors >on frère, aiirès avoir en vain essayé
de la ])erverlif par loà caresses, les menaces
SRK
MUS
MIS
186
(tl l(vs (-()ii|is, la iiiDiui (IrvMMl lo caili, ol dit :
« Ma j(Mino >«rni'(|m< voici (il)S(M'vail comnin
nioi ii(>li(< rnlif^iMii , in.us lis clin'licns IVi'il
si'tluih*. » l.(^ cndi (l<Miui'i(l,'i ?i NIorn rv ijuil
Cl (Mail, et oll(^ n^|ioi)(lil ([n'cllo avail 1(mi-
jdiirs 6\*S clinMiciiiic; In ]U'^(\ iifilr, Im (Il
Iiri-ndl'i' piii' iliMix snlildls (|ui rt'-liMidiii'iil eu
ni ton.'itit les iiiniiis, et om lui donna t.inUht
«•(tiips i\o IVmcl, in<''m(^ sur la li'^l*', <|in' If
ciAiit» fui dri-oiivcil. Le cadi la iciidil h son
IrArc h demi nioilc, le char^îcant de la fairo
)),ifisor, rinstniirc le l;i loi et la lui imiiic-
]\vv. I,n IVric ravanl latiid'uV' dans sa mai-
son, la mit entre les mains do rjuel(|iji.'.s
feiiimcs pour la panser (M la pervcriir, ayant
soin d(i la lo'iir Wwn enlVrinùc. 'l'onlcfois ,
quelques jours apii^s, Flore, so sentant gué-
rie, trouva moyen u'i(> mid de passer par-
dessus la muiailie, l>ien cpie fort liaulc, sur
une pelito nuiison voisine, d'où elle k"o''«
la rue, et se relira dans l{>s lénèhrcs chez
uu(^ personne lidèle, puis elle sortit de Cor-
doue, et alla h Ossaria , bourgade près do
Tucci, oCi cll(> dcnKMwa <'aclu'e avec sa so'ur.
Knlin 1(> tiésir du uiailyi'e l'en (il sortir. I]lle
vint h Cordoue , et, cumnio elle priait datis
r(\u;lise de Saint-Aciscli> et se r(uvjnun.Hnlait
aux saints uiartyrs, une aulre vicrj^e , iiom-
tm^e Marie, y entra aussi pour prier.
Celait la sceur du diaci-o Valahonse, mar-
tyrisé peu auyraravaiiî. Comme MiU'io était
son aînée, il avait eu pour elle un amour et
un respect (ilial, et elle, de son côté, l'ai-
mait lendi'ement. Klle jivait vécu jusque-là
dans le monastère de Catéc'ar, où son père
l'avait mise, sous la conduite d'une sainte
femme noumiée Artémie, dont les deux (ils,
Adolphe et Jean, avaicmt souiJert le martyre
au commencemenl du règne d'Abdérame.
Marie, désirant ardemment de suivre son
frère, sorlit du monastère et vint à Cordoce
chercher le martyre. Elle ciitra dans l'église
de Saint-Aciscle, et, y ayant trouvé Flore,
elles se communiquèrent l'une l'autre leur
dessein, s'embrassèrent et se promirent de
ne se jamais séparer. Ainsi, dans la chaleur
de leur zèle, elles allèrent se présenter au
cadi, et Flcjre dit : « Je suis celle que vous
avez fait autrefois déchirer de coups, parce
qu'étant de race de musulmans, j'ai em-
brassé la religion chrétienne. J'ai eu la fai-
bKsse de me c.icher jusqu'à présent ; mais
aujourd'hui, me contiant en la puissance de
mon Dieu, je vous déclare que je reconnais
Jésus-Christ poi.i" Dieu, et que je déteste
votre faux prouhcte. » Marie ajouta : « Et
moi, qui ai un irère entre ceux qui O'^it con-
fe^^sé Jésus-Christ, je vous d clare aussi que
je le crois Dieu, et votre religion une ni-
vention des démons. » Le cadi leur lit de
lt.'rribles menaces et les envoya en prison
dans la compagiiie des femmes prostituées :
les deux vierges s'y appliquaient au jeûne
el à la prière.
Le prêtre Euloge, qui de son côté était
alors en prison, connaissait ces saintes filles,
et, ayant appris que des chrétiens mêmes
travaillaient à les ébranler, et que leur fer-
meté était en péril, il composa une iustruc-
lion (^u'il Icjur envoya, l-luloge élail né h
Cordout", (11) race df s(^rinleurH, et fui «'•h'Vij
dans II I li-r^^é de IV'nlise do Sainl-Zode, où
il su disluiKUii par sa vertu cl par .sa floc-
Iriiie. Mais, non content des instninlions
(pi'il y r<'cevai( , il rln-rchait partout b's
plus habiles miltr»'s, ci fui ilivciple, ««nlro
autres, de l'abbé Spéraindeo, fanuMU dan.s
loiite la province. Euloge, ('•tant verni en
rtgc, fut or(i<>uné diacre, et, peu de tcm(is
apiès, il fut piMro ot mis au rang des doc-
teurs, car l'église de Cordoue ét.iii une école
ci'lèbre. Dès lors il mena une vie plus aus-
tère, joignant les veilles et les jeûnes h
l'élude (il! l'Ecriture sainte. 11 visitait sou-
vent les monastères pour s'instruire de plus
en plus dans la vertu, et, après avoir |)roiit6
de ceux (pii élaienlau voisinage d' Cordoiir»,
il se servit de l'occ ision d'un voyage (pj'il
fut obligé do faire en Francr;, Tan S^k, pour
visiter ceux du voisinage de P/nupeluric. Il
aji[iorla de ce pays plusieurs livr(!S négligés
alors et j)eu connus, entro nulles la Cité de
Dieu de saint Augustin, l'Enéiile de; Virgile,
les salin.'s il'lloiace et de Juvénal, el plu-
sieurs hymnes chréliennes. 11 avail résolu
d(î faire le voyage de Rome en eS[)rit de
pénitence, pour expiei- les péchés de sa jeu-
nesse; mais ses amis le retinrent.
La persécution étant émue, un évèquc,
noiujjîy ReccalVèJe, se d 6c 'ai'a contre ley mai-
tyrs, et à sa sollicitation, on mil en prison
révoque de Cordoue et quidques autres, et
])lnsieurs prêtres, du nombre desquels fut
Euloge, comme celui qui encourageait les
martyrs par ses instructions. Ce fut donc
alors qu'il écrivit l'exhortation au martyre,
adressée aux vierges Flore et Marie. 11 leur
dit entre autres choses : « On vous menace
do vous vendre publiquement et de vous
prostituer; mais sachez que l'on ne peut
nuire à la pureté de votre <'ime, quel|ue in-
faujie que l'on vous fasse souDrir. » Ensuite
il décrit ainsi la persécution : « Le fond de
la prison est rempli de clercs qui y chantent
les' louanges de Diuu, tandis que les églises
sont en silence, désertes et pleines d'arai-
gi:ées. On n'y offre plus d'encens, on n'y
fait aucun service. » Ensuite : « Ceux qui
veulent vous ébranler vous représentent
ceite soliïude des églises et la cessation du
saint sacritice. » C'est qu'on leur proitosait
de céder pour un temps, afin de recouvrer le
libifi exercice de la religion. « Mais, dit saint
Euloge, le sacrifice le rJus agré.ible à Dieu
est la contrition du cœur, et vous ne pouvez
plus reculer ni renoncer à la vérité que
vous avez coiifessée. »
De cette môme prison, saint Euloge écri-
vit à ViJlesind, évèque de Pampelune, une
"grande lettre, où il le remercie de la charité
avec laquelle il l'avait reçu chez lui lorsqu'il
fut obligé d'aller en France. Il nomme les
monastères qu'il visita en ce voyage • pre-
mièrement celui de Saint-Zacharie, au pied
des Pyrénées, près la rivière d'Arge, célèbre
pai' tout rOccident pour sa régubinlé. Il était
d'environ cent moines, sous la conduite de
3'abbé Odoaire, iiomme excellent eu vertu
tt7
MIS
MIS
588
et on scionre. Ils travaillaient tons, oxorçnnt
(Jiv(>rs im-tieTS, gardaient nti silence et nne
obéi'îsnncc parfaite. Eiilo^e demeura plii-
sioiirs jours an monastère de Leire, fondé
par Ig'11^^0 Arista
et gouverné alors
qui il st> refoniMiaK
)remier roi de Navarre,
lar l'abbé Fortunius, à
e h la II 1 d'^ sa letire, et
a (jualre autres abbés, dont on a peine à re-
connaître les mo laslères.
Kn rclte même lettre, E"loge nomma plu-
sieurs évèques chez lesquels il avait passé,
savoir : Senior de Sara^osse, Sisemond de
Sigenra. Vénérins d»' Com[)lut, Vistrémir de
Tdlède, vieillard vénérable, qu'il nomme la
lumière d'Espagne, ce qui montre comme la
religion se conservait, même sous la domi-
nation des musulmans. Euloge envoi ■ h Vil
lesind des reliiues de saint Zoïle, qu'il lui
avait pronnses, et y en ajoute de saint Acis-
cle. Il lui dépeint la persécutiovi deCoidoue,
et lui marque tous les martyrs qui avaient
souffert jus(]ae-!?i , commençant au prêtre
Parfait ei linissant au moine Théoilore : la
date est du 17 des calendes de décembre,
ère 88), c'est-à-dire du lo novembre 851.
Cependant le cadi de Cordoue, poussé par
le frère de Flore, la fit amt'uer, le frère pré-
sent, et lui demanda si elle le connaissait.
«Oui, dit-elle, c'est mon frère selon la
chair. » Le cadi reprit : -( D'oi^i vient ([u'il est
fidèle h notre religion, et que tu es chré-
tienne?» Flore répond. t : « Il y a huit ans
que je suivais comme lui l'erreur de nos pè-
res ; mais Dieu m'ayant éclairée, j'ai em-
brassé la foi chrétienne, pour laquelle j'ai
résolu de combattre jusqu'à la mort. » Le
cadi reprit : « VA quel est aujourd'hui ton
sentimcîil sur ce que tu m'as dit il y a (piel-
que temps? » Flore crut qu'il voulait parler
(les raal''dict'ons qu'elle avait prononcées
contre iVlahomet, et lui déclara qu'elle était
prête à en dire encore plus. Le cadi la fit
remener en prison. Aussitôt Euloge, qui
était dans la même jirison, la vint trouver,
et apprit d'elle comment cet interrogatoire
s'était passé. Dix ou douze jours après,
c'est-à-dire le 2'» novembre, on imma Flore
cl Marie au lieu du supplice. Elles firent le
signe de la croi\ sur leurs visages, et on I
leur rou()a la lêle, |>remièrement à Flore,
ensuite à .M;\rie. On laissa leurs corps sur
la place, exp'tst-saux chiens pt aux oiseaux,
et le len lemain on les jela dans le fieuve.
Le corps de Marie fut retrouvé et porté* au
inonaslère de Cutédar, d'où elle était sortie
|»r)ur viniir au martyre. On ne trouva point
le corps lie Flore ; mais les deux têles furent
mises à Saint-Aciscle do Conloue ; l'Eglise
honoie res saintes le jour de Imr martvre.
Euloge f>f |(>s antr.'s chiéliens prisonniers
l'ayant aopris. pfi rendirent aussifiM gr.ice à
Dieu, à i'oilire de none. it < (intinuèrent de
célébrer en leur honneur les vêpres, h s ma-
tines et la messe, en se recommandant à
leurs prières. Six jours après, rosi-ii-dire le
iiî) novembre, ils furent délivrés d.. prison,
suivaMl la promessf» de res snJMles; rir elles
avannil dit à quehpies-unes di> Iimus amies,
que sitôt qu'elles seraient devant Ji-^us-
Chrisl elles le prieraient pour la liberté de
leurs frères.
Peu de temps après , Gumesind et Ser-
vusdéi soiilTrircnt aussi le martyre. Gume-
sin I, né à Tolède, était venu à Cordoue en-
core enfant, avec son père et sa mère, qui
l'oirrirenl à Dieu ; et il fut élevé dans le
clergé des trois martyrs. Fauste, Janvier et
Martial, nue l'Eglise honore le 1.3 octobre.
Gumesind fut ordonné diacre, et enfin prê-
tre, [)oiir gouverner une église de la campa-
gne, quoiciu'il fût encore jeune. Il vint à la
vile, et se présenta aux juges, avec Ser-
vusdéi, jeune moine reclus ; et tous deux
furent martyrisés comme les autres, le 13
janvier, ère' 890. (|ui est l'an 8.52. L'Ei^lise
en fait m 'moire le jour de leur mort. (Fleu-
ry, vol. III. p. 3:]9.')
En l'an 8.")2, Conlouevit de nouveaux mar-
tyrs. Auiélius, noble et riche, issuil'un mu-
sulman et d'une chrétienne, orphelin dès
leiifance, fut élevé j)ar ses tuteurs dans la
religion do Jésus-Chri>t. On lui fit étudier
aussi avec beaucoup de soin les livres ara-
bes, ce qui ne servit qu'à le mettre à même
de mieux apprécier la fausseté de la religion
qu'avait suivie son père. Ne pouvant pas
fiiire profession publique de christianisme,
partout où il rencontrait des prêtres, il se
recommandait à leurs prières. Quand il fut
en Age de se maiier, il pria Dieu de diriger
son choix : il trouva nne fille nommée Sabi-
golho, née de musulmans, mais qui avait
perdu son père en bas Age, et dont la mère
remariée à un chrétien caché avait été con-
vertie par lui. Sabigothc avait été baptisée.
Quoiqu'en publi<' ( elle famille se mêlAt parmi
les inusuhnans, elle était animée des senti-
ments les plus chrétiens. Aurélius fut marié
par un prêtre chrétien à Sabigothe. Lo nou-
vel époux et sa femme étaient unis d'étroite
amitii', avec un nommé Félix, (pii avait eu
le malheur de renoncer à la ft)i, mais ipii
déplorait amèrement sa faute, et qui vivait
aussi très-chréti(ninement, quoiqu'en secret,
avec sa femme Liliose.
Aurélius, étant un jour sorti pour aller à
la Ville, vil le martyr Jean le Man hand, tiue
on proiiKMiait ignominieusement après l'a-
voir fustigé. Profondcment tou' hé de ce
spectacle, Aurélius crut qu'il devait ambi-
tionner le même sort : rentrant chez lui, il
dit à sa femme : « Il y a l)ien longtemps ipio
vous m'exhortez à mépriser le monde et (pie
vo)is me proposez l'exemple «le la vie nio-
naslique. Je croîs l'heure venue d'aspirer
à une perfection plus grande. Désormais
soyons comme frère et sirur; prions et |»ré-
parons-nous au martyre. Sabigothe fut ravie
de cette pro|)osition, et crut (pTelle venait
du ciel, pour tromper le public, ils avaient
un lit magriiti(pie. qu'on vo.ail en venant
chez eux ; mais ils couchaient se, ares, sur
des ciliées, praiiquant le jeune, priant sans
ci'sse, médîiant les p^aumi's o[ secourant
abondamment les pauvres. Souvent ils fai-
saierii des visites aux confess(Mirsqiii étaient
prisonniers. C'est ainsi qu'ils avaient fré-
quemment visité Jean, Isaac, Flore et Marie.
'2H9
MUS
AunMiiis lil nlors ronnai.s.sMMO(w»vo(! lo prMro
lùilo^c, cl lin (Ifiii.iiitl.i conseil jimclwiiit en
(ju'il ii(^v,iil r.iirc (le >(>ii liicii cl i\{' i\r[^\ cil
l«nls(iiic Dieu lui Mvaildoimcs. ICsi-il pi^nnis,
(lis;iil-il, (le les l)iiss(M' en si lias A^^e exposés
à (Mi'c (Mcvés dans la l'aiissc icli};;i(inVl.iissciai-
jc mon liion, sims ou disposer, pour (Mrn
aussil(U e(i;i!is(pi(''? lùdo^^c, npn\s l'avoir
exIuirU^ eu |:,('iicial à loul (piillcr pour 1) eu,
lui conseilla (renvoyer ses enlanls eu lieu de
sOrct(^(iù ils l'usscnl ('!eV(Vs cliit'lie'uicnicul,
vl de vcndic sou hieu pour le disliihuci' «nix.
pauvros, h la réservi^ d'une partie pour la
.std»sistau('(> (les enliuits. l'eu de lenips apu'S
IcMiiaii} l'c d(^ riorc cl de Marie, Sahi;j,oliic
les vil en songe, v(Hues do blanc et portant
d(vs |)ou(piets de l1(Mirs, aeeonipagnées dcî
plusi(>urs saiuls. (Jue dois-je espérer, leur
dit-elle, do la prii'^re (pui je vous ai laite
dans voire prison? Scrai-je ass(>z heureuse!
pour vous suivre |»ar le martyre? « \dus y
êtes destinée, dirent-elles; vousTaeconiplire/
dans peu, et nous vous donnons [xiur signe
un moine (pie nous vous enverrons, et (pii
soiillriraavec vous.» Ayant raeonlé ce songe
<i son mari, ils ne songèrent plus qu'h. se
Préparer au martyre, vendirent tous leurs
biens, gardiMcnl une partie du prix pour
leurs enraniscl doniu"^rent le reste aux pau-
vres. Ils visitaient les monastères [)our y
recevoir (les instruclio'is, principalement ce-
lui de Tabane, où ils mirent leurs enfants
sous la co'uluite des religieuses, car c'étaient
deux filles, 1 u'ie de neuf ans, l'autre de ciiKi.
Aurélius alla consulter entre autres Alvar
(pi'lùiloge reconnaissait pour son maître et
(lui passait pour le [)lus giand docteur do
son tcm|)s. Alvar l'exhorta à bien s'éprou-
ver, si après avoir résisté aux premiers tour-
uieiits, il persévérerait jus(ju'à la ti:i, et s'il
cherch<iit plus le mérite du martyre devant
Dieu que la gloire qui lui en reviendrait de-
vant les hommes, li arriva cependant à Cor-
doue un moine de Palestine, noriiiué George,
qui, étant né près de Bethléem, avait passé
vingt-sept ans dans le monastère de Sanit-
Sahbas, à huit milles de Jérusalem, au midi,
où vivaient alors cinq cents moines sous la
conduite de l'abbé David. George était dia-
cre et savait trois langues, le grec, le latin
et l'arabe ; son abbé lavait envoyé en Afri-
que chercher des aumijnes pour le monas-
tère. 11 y trouva l'Eglise opprimée sous la
servitude des musulmans, et les gens du
pays lui conseillèrent de passer en Espagne ;
mais y trouvant aussi la persécution grande,
il délibéra s'il retournerait à son monastère,
ou s'il passerait aux royaumes des chrétiens,
c'est-à-dire en France; car on la nommait
alors ainsi, parce qu'en effet presque tous
les chrétiens d'Occident étaient sous la do-
mination des rois français.
George était dans cette incertitude, quand
il alla de Cordoue à Tabane, pour recomman-
der son voyage aux prières des moines et des
rehg euses. Alors l'abbé Martin et sa sœur
Elisabeth lui dirent : « Venez recevou- la bé-
nédiction de la servante de Dieu, Sabigothe. »
Sitôt qu'elle l'eut regardé, elle dit : « C'est
MIIM
<•(' mo.ne (pii ik)Us est promis pour cornpn-
"nnon de noire combat. » (icor^e ayant iijtpriH
«pu elle ('-lait, s(! jcla j'i ses pM-(|s et se rr*-
(•oiiimaiida i\ ses prières. !.•• Iciid'euiiiin ils
vinrinit tous dciiv ii Cdrdnuc, chez son mari
Aun'-lius, devant Icipid (ic()i^(! .■sr ptosleriia
de même, dciiiaiidant (pn;, jmr xes prière.»»,
il fùl associé à l(;ur marl\ re. Aurélius y
consenlit. (îcorge se trouva dès lois aninif')
d'un noi^veau zèle et ne les ipiiiia plus. Il
vit chez (nix l'élix (!t sa feinmi! I.ilidse, fpii
avaient aussi vendu leurs biens et se pn'-pa-
l'aient au mailyre. (ieorge se li.ila de i.inii-
ner les allaires (lui lui rcstaiinil, cl, (pi;iiid il
en fut délivre, ils consul èiciit lous (niscni-
h\v comment ils accompliraient leur dessein.
Ils résolurent (pie les deux fcinines iraient
il l'église à visage découvert, poiu- voir si on
en prendrait occasion de les arrêter ; ce (jui
arriva, (lar, comme ellc-s revenaient, un of-
licier demanda à hnirs maris ce (pielles al-
laient faire aux églises des chrcliens ?...
C'est, répondirent-ils, la contiiUK! (his lidèles,
de visite!' les églises o,l les diMiieures des
martyrs, et nous somiiKis chrétiens Aiis-
silôi le (tadi en fut averti, et Aurélius alla dire
adieu à ses lilles , leur donnant le baiser de
paix. Le lendemain, avant le jour, il jirit
congé du prêtre Euloge el de ceux ((ui étaient
avec lui, qm lui baisèrent les mains, le re-
gn-dant d(''jà comme martyr, et se n^com-
mandèrent à ses prières. Aurélius étant re-
venu chez lui, où les autres étaient assem-
blés, le cadi y envoya des soldats qui criè-
rent h la porte : Sortez , misérables, venez à
la mort, |)uis(iue vous vous ennuyez de vi-
vre. Les deux maris et les deux femmes sor-
tirent pleins de joie, comme s'ils allaient à
un festin. Le moine George, voyant que les
soldats ne le prei aient point, leur dit :
Pouniuoi voulez-vous obliger les hdèles à
embiasser votre fausse religion? Ne pouvez-
vous aller sans nous en enfer, avec votre
prophète? Alors les soldats, le jetant par
terre, lui donnèrent quantité de coups de
])ieds et de poings. Sab-gothe lui dit : Le-
vez-vous, mon frère, marchons. Il répondit,
comme s'il n'eût rien soutîert : u Ma sœur,
c'est autant de gagné. » On le releva demi-
mort et on le mena devant le cadi avec les
autres.
D'abord, le cadi leur demanda doucement
pourquoi ils quittaient leur religion et cou-
raient à la mort, leur faisant de belles pro-
messes ; mais comme ils déclarèrent leur atta-
chement à la religion chrétienne et leur
mépris pour celle de Mohomet, il les envoya
en prison chargés de chaînes, et ils} demeu-
rèrent cinq jours , qui leur parurent fort
longs, ))ar l'impatience de mourir pour Jé-
sus-Christ. Comme on les en tira pour les
mener devant les juges, Sabigothe encou-
rageait son mari. Après le second in erro-
gatoire, on les condamna à mort, excepté le
moine George, à qui l'on permit de se re-
tirer, parce que les juges ne lui avaient rien
ouï dire contre leur prophète. Alors, crai-
gnant d'être séparé des martyrs, il déclara
qu'il tenait Mahomet pour disciple de Satan,
MUS
niini^tir de l'nnfcnrist et rau<;e de la '
(l.im'i.uion lit' sf'*^ secijitpurs. Il fut '!oic con-
daniii" avec W's mitres. F('-li\ fut ei(''ciitt; le
premier, puis Geor,«e , Liliose, Aiiri-liiis
et Sflhii^Mtl>*>, sinid le 27 juillet, ^ro 890, <f!ii
est lan lie grAro 852. L'K^iise romaiu> ho-
nore leur mémoire le mAine jour. Les chré-
tiens enlevèrent leurs corps )\ \:\ dérobée et
les entt'rrèr.'nt en divers lient : tieorj^e et
Aurétms au moTast^^re de Pillemélnr, Féliï
?»»Sninf-rhrisi(»nf>. au delh du lleove Bétis,
5^abiçr<>the à réalise des troi« sai Ms Fauste,
JanTier et Miu-tial, et Liliose à Saint-Genès,
Le 20 aoiU suivant, deux jiMines moines,
Chrvstolle et Lévigilde, soutinrent aussi ic
niartvre. Chri-^totl*^ était de Oordoue, disci-
ple tjn prêtre Eulo»<e, moine (!•' Saint- Vîartin
de Woian, «lans la montagne. Lévigilde é-'ait
d'Elvire, moine de Seint-Just et Saint-Pas-
teur, dans la même mont igne de Cordouc. Us
vinrent l'u'i après l'autre se prés'3^le^ au
cadi et faire leur profession de foi ; mais i's
furent exécutés ensemWe, et on enterra h
Saint-Zoïle les restes <le leurs corps brilles.
Peu de temps après souffrir nt deux jeunes
hommes d'une famille illustre de Cordoue,
nonmiés Hémila et Jèn-mie, (pii enseignai'-nt
les lettres dans l'église de Saint-Cvprien ; Tua
était diacre, l'autre laïque. Comme ils sa-
vaient tort bien rarai)e, Emda paila si for-
tement contre Wahomet et lui dit tant d'in-
jures, quf> tout ce (pie les autres martyrs
avaient dit n'était rien en comparaison.
Ils furent exécutés le 15 septembre.
Le lendemain furent martyrisés doux moi-
nes, tous deux eunuques, l'un fort Agé, nom-
mé Rogel, natif d'E. vire, l'autre jeune, nom-
mé Servioiléo, (jui était venu d'Orient de-
puis quelques années. lis se joignirent en-
semble, avec promesse de ne se point quitter
qu'ils n'eussent obtenu le martyre. Ils en-
trèrent donc dans la mosquée de Cordoue,
au milieu du peuple qui y était assemblé,
e( commencèrent h prêcher l'Evangile et
exhorter les uïusulma ts h se convtrtir.
Aussitôt il s'éleva un grand bruit ; on com-
mencT h les frapper de tous cotés, et on les
aurait mis en pièces, si le cadi, qui était
présent, ne les ertt arrachés h la fureur de
ce peuple. Car les rnusulrnnns regardent
comme un grand crime qu'un homme, qui
n'e^t pas de leur religion, entre (tans leur
mosijuée. Les detix moines furent cha''.;és
de chaînes cl mis en prison, où ils conti-
nuèrent de prêcher hardiment et pré-
di'ent la mort prochaine du roi. Pour les
punir d'être entrés dans la mosquée et d'y
avoir prêché lEvangile, on le» condanma à
avoir b;s jiieds et lis tnains coupés, et fU-
suite la tête. Ils soutfrirent ce supplice si
constamment , que les intidèles mêmes en
furent tourhés. L'Eglise honore CCS six mar-
tyrs le jour de leur mort.
" Les musulmans, étonnés de voir taiîl de
(hrélinns courir au marl_\re, craignirent une
r' voMp. Le roi .Vbdéiame tuif con^'il, et il fui
r- )lu d'emfiri>onner les chrétiens .t de faire
mourir sur-le-champ (|uicnn'|ue parlerait
du prophète avec mépris. Alors les chrétien^
Mrs
202
se cachèrent, et plusieurs s'enfuirent la nuit
el déguisés, changecnl souvei.t de retraite.
PlusHurs aussi, ne vouhnt ni s'enfuir, ni
se cacher, renoncèrent h Jésus-Christ et ea
pervertir(n)t d'au'res. Plusieurs, tant prêtres
(fue lairiui's, q\\\ louaient aiqiaravant la cons-
tance (les martyrs, changèrent d'avis et les
traitèrent d'indiscrets, alléguant même des
autorités de l'Ecriture pour soutenir leur
sentiment. Ceux qui, dès le commencement,
désa(>prouvaient la conduite des martyrs, se
Iilaignaie-it alors hautement d'Eu'ogf et des
autres prêtres qui , en les encoungeant ,
avaient attiré la persécution. Le roi fit
assembler, à Cordoue, les métropolitains
de diverses provinces, et on tint un concile
pour chercher les moyens d'apaiser les fi-
dèles. Là, en prés nce des évoques, vin gref-
fier ou cateb, qui profcîssail la religion chré-
tienne, mais qui, étant très-riche, craignait
de pi'rdre sa charge, attaqua un jour le prê-
tre Eu oge et s'emporta fort contre lui. 11
avait toujours blâmé ces martyrs et pressait
les évêqiies de prononcer analhème contre
ceux qui Tondraient les imiter. Enfin, le
concile lit undécrel quidéfenda t, à l'avenir,
de s'offrir au martyre, mais en termes allé-
goriques et ambigus, suivant le style du
temps, en sorte qu'il y avait de quoi con-
tenter le roi et le peuple des musulmans,
sans toutefois blâmer les martyrs, quand on
pénétrait le sens des paioles. Euloge n'ap-
prouvait pas cette dissimulation.
La persécution durait encore, et l'évêque
de Cordoue était pour la seconde fois en
j)r son, quand le roi Abdérame, étant monté
sur une terrasse de sou palais et voyant des
corps des martyrs encore attachés à des
pieux , commanda de les brûler. Aussitôt il
perdit la parole, el, étant porté sur un lit, il
mourut la nuit suivante, ayant régné trente-
un ans : c'étiit la même année 8o2, de l'hé-
gire 238. Mahomet, son fils aîné, lui suc-
céda et régna trenle-cinq ans. Il n'élail pas
moins eiineiui des chrétiens, et, dès le pre-
mier jour de son règne, il chassa tout ce
qu'il y en avait au palais, el les priva de
huus charges.
Nous l'avons déj.\ dit plusieurs ibis, c'est
ime chose en dehors des règles onii
naires qutî de s'olfiir soi-même au mart.re.
On ne j>eut pas approuver d'une fai^on
générale telle manièio do conquérir la cou-
ronne glorieuse de l'imiuorlalilé. A propos
de celte persécution des musulmans u'Espa-
gne, nous devons ajouter à ce ipie nous
avons dit. Dans les nremiers siècles de lE-
ji^lise, on vit queUpietois, rarement, «les saints
s'olfrir d'eux-mêmes au martyre, courir aux
supplices; mais c'rlaifiit là des f.uLs isolés, se
produisant de loio en lom .seulement ; puis
ils arrivaimil au milimi de pmséi niions di-
rectes, violentes, contre les » luêiieus. Ici ce
n'est plus la mAmc chose. Les mu.sulu)ans
sont maîtres de l'Espagne ; ils tolortnit le
culte de la population vaincue et ne font
aucune persécution. Evid»numeut on ne
pouvait rien dem.nider de. plus aux vain-
quvniis. Qu'arrivc-l-il .' Dos clirelicus tour-
ÎM MUS
iiont i>ii (It'Misiou If tiilt(» il«> Mnliomcl et al-
l<((Jilrii( (fin liis lHis^() «'Il i('|i()s, Ihics d'cxur-
ccM Ifiir cullo. l'ividcmniuni il y a là impni-
ct:ii:n. faiih* iiii^iiit', h iii'tiii.s i\n"\\ n'y ait
in.sfiir-.'ilKHi |tr(iviiltiilii'll(', (U's.scm do lUcu.
Les imiMjiiiiiiiiN maris riscnl couv (pii so prû-
soiilciil un mai lyre, mais ils ne Iniil pas du
ro( luTolics pour dôroiivrii les clin'liciis. Di-s
!Ui)iMt'S,d(îs priMros,d('s Iriiuuos.dtis laiipn-s,
sans mi'ou lus impiiôlr, sans (|u'uii N's rc-
cliorclm, se prosoniciit an martyro en iiisiii-
tant lo nûU' do hniis douiiiialonis, ICvidcin-
nicnl il, y a I?» lUic irit'i;nlaiil6 (pio le coiicilu
ilu Cojilono lit bien de coiidannirr. li'ovis-
liMico uK^ne do w concilo dans la villu do
(i'nniouo, t'ii prtVsyncc irAbdriamo, pronvo
bien que la persécution nClail pas doc rt'lét",
ol qu'on laissait une libellé assez f^rando
aux chrcUieiis. Lo coiieile condaunia cello
ardeur cjui poussait les lidèles au niarlyit',
eu des lonnes un peu ambigus, allégori-
ques : il voulait (pu» sa déeision lût une du-
lonso aux ein-éliens de courir an inarlyro
sans y ùlre forcés, maiscpj'ello ne irtt pas un
blibne pour ceu\ tpii avaieid. déjà reçu la ;^lo-
rieuse couronne. Kesto toujours cette véri.'é,
2U0 nid, saus y ùtre eu Uraint, n'a le droit
0 disposer de sa vie, do s'exposer à la nioi't.
Sur ces euLret'ailes, Abdéranio étant mort,
Mahomet lui succéda. Le nouveau roi coili-
nuait la persécution. Dés lo premier jour de
son règne, il chassa du palais tous les chré-
tiens qui étaient au service de son père, et
peu de teuii)S après il leur imposa lo tribut
et ùta la paye à ceux qui servaient dans ses
troupes. 11 établit des oiiiciers aussi ennemis
des chrétiens que lui ; en sorto que non-
seuleiuent ils ne sontl'raient pas qu'aucu'i
parhlt coutre leur prophète, mais ils en obli-
geaient plusieurs, par la crainte, à embras-
ser leur religion. Entre ces apostats on re-
marque le cateb ou écrivain qui , l'année
précédente, s'était déclaré contre les mar-
tyrs. C'était le seul de tous les chrétiens
qui fût demeuré dans le palais, à cause; qu'il
parlait arabe très-élégamment ; mais quel-
ques mois après il fut chassé comme les au-
tres et privé de sa charge. Ne pouvant souf-
frir la perte de sa fortune, il se fit musulman
et commença k fréquenter la mosquée bien
plus assidûment qu'il n'allùl à l'église étant
chrétien. Alors on lui rendit sa charge et
son logement au palais, pour servir d'exem-
ple à en pervertir d'autres.
Cependant le roi commanda d'abattre tou-
tes les églises bâties de nouveau, et tout ce
que l'on avait ajouté aux anciennes depuis
la domination des Arabes. Il voulait chasser
de son royaume tous les chrétiens et les
juifs, et n'y souffrir d'autre religion que la
sienne ; mais les révoltes qui s'élevèrent au
commencement de son règne Tempêchèreat
d'exécuter ce dessein, et il eut au contraire
la douleur de voir plusieurs musulmans se
faire chrétiens et mépriser la mort, sa.us
compter ceux que la crainte tenait cachés.
Comme la révolte avait diminué ses reve-
nus, il surchargeait les chrétiens jjour y
suppléer ; et de faux frères eiitreprenaieut
Ml'S
Hé
lo recouvrement do tes exactions. Les nria-
(npaux des iiin •uliiians, vnyiinl ly.^ «:lir/liiTi$
aii.Miaballus,leui disaient: •(Jiio sont devenus
voiio cduiiigc ol voire ardeur p«»iir lo coiu-
bal? Ceux qui s'empressaient l/U)l àat'aqin-r
notre proplièl»' oiU éié puni.<i lomine ils nié-
rilaieiit; rpiiis y viennent inanitenunt, si
c'est D.en ipii les pmiss... ,. Ahirs u(i jouno
moine, nommé l'andila, uimable ol par sa
bonne mine et par sa vortu, so prénenla
l«î premi(!r au martyre, il éiail de lu villo
d'Acci , aujourd'hui (iuadix; c-t, étant ve-
nu éliidier à Cordoije, il embrassa In vio
monaslitjuo et s(! retua à Tabane, sons la
conduite do l'abbé Martin. Après qu'il y
eut vi'mu (pielque temps, les moines de l'e -
gnii-.Mellar le di niandèront à son abbé, et
malgré lui le liiont ordonru.'r[)rèlr( poui gon
vernor la double ( onimunauté d'hoinmos et
do femmes de ce licMi la. Ltanl abijé, il re-
doubla SCS jeûnes, ^es veilles et ses fjrières.
Un jour done il vint à Cordoue si; préstMiter
hardiment au cadi, lui |)rècher riivangile et
lui re|^)rocher les impuretés do sa .'.ecie. Lo
cadi, 1 ayant mis en prison et chargé do chaî-
nes, en rendit aussitôt compte; au roi (pii
entra en grande colère, admirant cette har-
diesse et ce nié|)iis de sa puissance. 11 or-
donna d'arrêter lévèque de Cordoue, mais il
s'était sauvé parla fuite. Lo roi ava.t aussi
donné lui ordre général do faire périr tous
les chrétiens et vendre leurs femmes pour
les disperser; mais les grands lui lirent ré-
voquer cet ordre, lui reppésenlaut quU
n'était pas juste de perdre tant de peuple
pour la témérité d'un seul, à laquelle aucun
des plus sages et des plus considérables
n'avait pris part. 11 se contenta donc de faire
couper la tète à Fandila et exposer son corps
au delà du fleuve, le 13 juin 853. L'Eglise
en fait mémoire le môme jour.
Le lendemain Auastase, aussi prêtre et
moine, souiri it le martyre. 11 fut instruit dès
l'tnfance à Saint-Aciscle de Cordoue; étant
diacre, il en quitta les fonctions pour em-
brasser la vie monastique, et fut enfin or-
donné prêtre. S'étant donc présenté aux ju-
ges et ayant parlé contre leur prophète, il
fut aussitôt exécuté, et avec lui Félix, moine
natif de Complut, mais Africain d'origine.
Ils eurent l'un et l'autre la tête tranchée. Le
même jour, vers l'heure de none, une reli-
gieuse nommée l>igne, du monastère de Ta-
bane, que gouvernait Elisabeth» se présenta
au maityre. Peu de temps auparavant, elle
erut voir en songe sainte Agathe qui, tenant
des lis et des roses, lu; en donnait une et
l'appelait à la suivre. Depuis ce jour, elle
désirait ardemment le martyre , si bien
qu'ayant appris celui d'Anastase et de Félix,
elle ne put attendre davantage; mais ouvrant
secrètement sa clôture, elle^'se rendit en di-
ligence à Cordoue et demanda hardiment au
cadi pourquoi il avait fait mourir ses frères
qui ne soutenaient que la vérité. Elle ajouta
sa profession de foi et des imdédictions
contre la fausse religion ; et le cadi lui fit
aussitôt couper la tète et pendre le corps par
les pieds avec les deux autres. Ces trois mar-
«95
MUS
MIS
296
tvrs soiifTHmnl donc le mC'mo ionr, .0 IV
juin. «'MO .S!>1. qui o^t l'.'.n 853; lt> Ifiult-main
JUMiiMt\ ItMumt' nvancOe m .'Ige et d'une
grande p.tMé, souffrit le môme martyre, et
l'Kulise honore ces (jnalie saints 1»> jour de
leur mort. Leurs cori>s fureid bn^li's ([uel-
(pies jours après et jetés dans le tleuvc.
Colombe, sœur de l'ahlx^ Martin et de l'ab-
besse Elisabeth, mais beaucoui> plus jeune,
charmée de la vertu de sa sœur et de Jéré-
mie, son bt>au-frèrc. était Irès-souvenl chez
eux, et conçut un gra-id désir de se consa-
crer J> Dieu.* Sa mère, qui la voulait marier,
le trouvait fort mauvais et s'en prenait î» sa
fille aînée et h son gendre. Colombe refusa
plusieurs partis ; et enlin, se trouvant libre
par la mort de sa mère, elle se retira avec sa
sœur au mo astère de ïabane, sous la con-
duite de Martin, son frère. Elleyfut l'exem-
ple de toutes les religieuses, et, pour vaquer
plus librement à l'oraison, elle obtint de
s'enfermer seule dans une cellule. Mais les
musulmans avant dissipé la communauté de
Tabane, les religieuses furent obligées de se
retirer à Cordoue, lians une maison qu'elles
avaient près de l'église de Saint-Cyprien. La
ferveur de Colombe y croissait de jour en
en jour ; et poussée par de fré(iuentes révé-
lations, elle sortit secrètement du monas-
tère, demanda le logis du cadi, se présenta
devant lui, lui déclara sa foi, et l'exhorta
doucement h se convertir. Le cadi, sinpns
de sa beauté et de ses discours, la mena au
palais et la présenta au conseil, où elle con-
tinua de parler si fortement, que n'espérant
pas de la faire changer, on la tit exécuter
aussitôt devant la porte du palais. Elle lit
un présent au bourreau qui devait lui cou-
per la tôle, et son corps ne fut i)oiMt exposé
comme les autres; mais on le mit dans un
panier, revètii comme il était d"habits de lin,
et oM le jeta dan> le lleuve. C'était le 17
septeml)re 853, ère 891. Six jours après, son
corps l'ut tiouvé entier, par les soins de (juel-
ques moines, et apporté au mètre Eulnge,
qui l'enterra honorablement dans l'église de
Sainte-Kulalie.
Pompose, religieuse de Pégna-Mellar, sui-
vit lexemplede Colombe. Ce monastère était
délié .^ >anit Sauveur et situé au |)ied d'une
roche où des abeilles s'étai'MU logées, ce qui
lui tlonna ce nom , qui signilie roche de
miel. Pompose s'y était relire.- avec son j>ère
et sa mère et toute sa famdie, et était par-
venue à une grande perfection. Elle a|)[uit
le jour même le martyre de Colombe; et,
comme elle soupirail depuis longtemps après
celte grâce, el;e sortit du monastère la nuit
suivante, vint h Cordoiio. s(f présenta le ma-
tin au cadi, et eut la tète tranchée le 19 M'p-
lembre. Son corps, jeté dans le tleuve, fut
retiré et enterré h S.iinte-Kulalie avec celui
de sainte C.olombe. I>Eglise honore ces deux
saintes chacune h sou jour. (Fleury, vol. 111,
p. Hrt-l.)
En 8.V» , le prêtre Abondius, curé «j'uno
paroisse située dans une montagne voisine
de tiordoue, fut engagé au m;irlyre, ilit Eu-
loge, par larlilice des Mu>ulmaus. En pré-
sente du cadi, il fit courageusement profes-
sion de sa foi, et parla contre Mahomet et
ses sectateurs. .Vussitùt ce magistrat lui fit
couper la tète et exposer le cori)S aux chiens.
Cette sente-ice fut exécutée le 11 du mois de
juillet. L année d'aiirès, 855, ce fut le tour
de trois autres martyrs, qui moururent en-
semble pour la foi chrétienne. <".e fut Ama-
tor, jeune prêtre qui étudiait à Cordoue,
puiS Pierre et Louis, frères du saint diacre
Paul, <\u\ avait soutferi le martyre en 851.
Tous trois ayant publicpiement fait profes-
sion d»' christianisme, furent mis à mort.
On jeta leurs corps dans le tleuve. D ux en
furent retirés, celui de Pierre, ijue l'on en-
terra il Pegna-Mellar; celui de Louis, qui fut
enierré à Palme, au diocèse d'Italique en
Andalousie. A cette même époque, un apos-
tat, nommé Vitesin, fort avancé en <îge,
étant exhorié par les Musulman^ h pratiquer
la religion qu'il venait d'embrasser, refusa
courageusement et fut immédiatement dé-
c q)ité. L'année suivante, 856, un vieux prê-
tre de la Lusitanie, nommé Llie, fut mis à
mort avec deux jeunes moines nommés Paul
et Isidore. Leur sacrifice eut lieu le 17 avril.
Le 28 juin suivant, Argimire, qui, ayant
été privé d'une charge considérable qu'il
exerçait h Cordoue, s'était retiré dans un
monastère, fut accusé devant le cadi de s'être
mo(iué du prophèt''. Le magistrat, oubliant
pour cette lois les formes expéditives de la
justice et des supplices arabes, le fit mettre
sur le chevalet, et ensuite percer d'une épi»e.
Le corj)s du saint martyr lut enterré près de
celui de saint Parfait, dans l'église de Saint-
Acisde.
Le monastère de Saitite-Marie deCntéclnr
fournit aussi, bientôt après, son tribut à la
persécution. Aure, sœur d'Adolphe et de
Jean, tous les deux martyrs au commence-
ment du règne d'Abdérame, habitait df-puis
trente années cette sainte maison. Sa famille,
qui habitait les environs de Séville, était
arabe et lune des premières parmi les fa-
milles nobles du pays. Plusieurs de ses pa-
rents vinrent la voir dans sa sainte retraite.
La voyant non-seulement chrétienne, mais
encore religieuse, ils en avertiient le cadi
qui était aussi lui de sa famille. Ce magistrat
la fil venir et lui reprocha d'abord douce-
ment son changement de religion, lui disant
(jue c'était une honte et un opprobre pour
tous ses parents. Voyant qu'elle était iné-
branlable, il lui dit (pie si les motifs qu'il
venait de faire valoir ne la touchaient pas,
il lui ferait subir de cruels tourments, et
même la ferait mourir. .\ure se laissa vain-
cre. et promit de faire ce «pi'il exigeait
d't'lle ; alors il la laissa aller cm liberté. Elle
retourna îi sa maison et continua de faire
profession de la foi chrétienne, pleurant
amèr(nnent la faute uu'elle avait commise.
Desir»'Uso de réparer le >candale que sa fai-
blesse avait causé, elle allait ouvprti ment
aux églises des clinMiens ; les Musulmans
l'accusèrent devant le cadi,(pii la fit compa-
raître (ii> nouveau et lin demanda s'il était
vrai (piolle n'eût pas accompli sa promesse.
107
MHS
MDS
NI
« Non, n^n(>n(Iil-('II(\ jo tu^ Ifli pas romplio.
J'en i'(Mi(|s nr.'^ci's h Jt'siis-dhiisl, iloiil l'n-
innui- mil l(iii('li('(',(<t (|iii i[ vuiilii pi'iiiiolli'i^
(pio je no ino ,s«^pnrnssn pns de Im, iiuilKrt''
(•olt«> pi'om(\ss(> iiis(M)s(^(» (pic je viiiis avais
t'nilc. ') l-t< catli ciilia dans uiif f<iaiitl(» l'ii-
rour, ot 1» lit m('tlr(» m prison «linrurc (Im
rh.'(tno>. II envoya (piriir Irs onlics ihi roi,
(«I (l('»s l(> hMidt'niain la sainte l'nl liri'e de
nrison ponr avoif la hMe conpéti ; son eoips
nd jeli^ dans le llenve. Celle nioit enl lieu
le i«>juillel H:\{\.
L'histoire de Ions cps saints martyrs n été
0(Mite par Mnlo^e, niailyr Ini-niAnie. (a;
saint les a dérendus eonire les reproelios (|n(5
leur faisaient un j^rand nombre do clircHions
ipn ne voulaient pa^ hvs reconnaître eonniu;
martyrs. Ces ehriHiens rel'nsaieMl de les ad-
motlre, parce que, disaient-ils, ils ne faisaient
pas de miracles comme les anciens martyrs,
ne st>ntlVaieni pas diverses sortes de tour-
ments, et n'cUaicnt pas mis à mort })ar des
idolâtres. Kulojic n'(Mit pas de peine à mettre
i\ nt^ant ces objections ; quant a la première,
il était facile de n^pondre (pie les mira-
cles ne sont pas (.^galeiiKMil utiles dans tons
les temps, et que d'ailleurs ce ne sont j)as
des marques infaillibles de sainteté; quant
h la seconde, il dit (lue l'on ne doit point
avoir égard au nombre des combats, à leur
durée, au genre de mort subi ; que pour
qu'il y ait martyre, il suflit (pi'il y ail eu vic-
toire, c'est-à-dn-e mort et persévérance jus-
qu'à la lin. Quant h la troisième , il eût dû
répondre que peu importait qu'un {)ersécu-
teur ador<\t ou non le même Dieu que ses
victimes, pour que celles-ci méritassent le
titre de martyrs ; qu'il suftisait qu'il y eût
mort pour la doctrine, pour un seul point de
foi. 11 aurait fallu, dans le cas contraire, dire
que les hérétiques, les ariens notamment ,
n'avaient pas fait de martyrs, rejeter du Mar-
tyrologe cette glorieuse cohorte de saints
que les Vandales avaient fait mourir.
« On faisait un autre reproche à ces mar-
tyrs d'Espagne : qu'ils s'offraient d'eux-
mêmes au martyre ; qu'ils attiraient la per-
sécution, et que les Musulmans leur laissant
le libre exercice de la religion chrétienne,
ils avaient tort de les irriter en disant des
injures à Mahomet. Les réponses d'Euloge
à cette objection sont faibles, et ce qu'elles
contiennent de plus considérable est la des-
cription du triste état des chrétiens sous la
domination des Musulmans. « Aucun de
nous, dit-il, n'est en sûreté parmi eux :
quand quelque affaire nous oblige à paraître
en public, sitcjt qu'ils voient en nous les
marcjues (Je notre ordre, c'est-à-dire de l'état
ecclésiastique, ils font des huées sur nous
comme sur des insensés ; et les enfants, non
contents des injures et des moqueries, nous
poursuivent à coups de pierres. Sit(jt qu'ils
entendent le son de nos cloches, ils se ré-
pandent en malédictions contre notre sainte
religion. » On voit ici que les Musulmans
soutiraient alors aux chrétiens leurs clo-
ches, qu'ils leur ont ôtées depuis. Euloge
continue : « Plusieurs d'entre eux ne nous
Dictioun. des Persécutions. II.
permettent |ins de le» npprncliei,el croi-
raient t^ire soiiilJéH si nous avions louché
leurs vi'^li'iiu'iiis. ..
« Mais (pioi (pi'd en dise, il faut avoucT
(pie la conduile de ces ni/ulvrs de Cordoii"
ii'i'tait pas coiiioriiie a rancienne disciplilU'.
L'Lglise de Smyrne, dans la relation du mar-
tyre de saint Polycarpe , dit ; .< Noiis no
louons point ceux qui .s(! pr('seiilenl (l'eux-
im'^mes ; car ce n'est pas (;e «pie l'Evangibi
nous enseigiK!. » Saint (ly|irien dis.ut de-
vant le proconsul : « NoIk; discijdine dé-
fend que personne s'olfre de lui-même. »
El, dans sa derni('re lettre, il disait au\ liih'--
les : «On <uicnn de vous ik; se présente aux
païens : il sufiil (pi'il parle lorsqu'il S(!ra
pris.» L(! concKe d'Klviie défend de mettre
au nombre des luailyrs celui (pji est tué sur
la place pour av(jir Ijrisé des idoles. Toute-
fois, l'autorité de l'Iv^Iise, (pii a re(;u tous
(;cs martyrs de Cordoue, et Jùiloge k'ur dé-
fenseur, au nombre des saints, doit arrêter
notre jugement, et nous faire croire, comme
dit saint Augustin en j)areil cas, qu'elhi a eu
de i)uissanles raisons pour les excepter de
ces règles.
« Saint Euloge traite cette (juestion en
deux ouvrages, l'un intitulé Mémorial des
martj/rs, et divisé en trois livres, dont le
premier ne contient guère que la défense
des martyrs; les deux suivants sont leur his-
toire : l'autre ouvrage est intitulé Apolof/ie,
et ne laisse pas de contenir h la fin l'hisloire
de deux martyrs (jui avaient souffert depuis
qu'il eut fait cet écrit. » (Fleury, loc. cit.,
p. 3G6.)
En l'an de Jésus-Christ 858, Vistrémir,
archevêque de Tolède, étant mort, Euloge
de Cordoue, l'auteur duquel nouS venons
de parler, fut élu pour lui succéder par les
évêques tlu voisinage et de toute la province.
Un obstacle que nous ne connaissoiis pas,
peut-être un refus de sa paît, lit qu'on ne le
sacra pas. On élut même un autre patriarche
de son vivant, quoiqu'il ne survécût que
deux mois à son élection. Il cueillit cette
palme glorieuse du martyre, qu'il avait tant
encouragé les autres à c(3nquérir. Une jeune
musulmane, nommée Léocritie, avait dès son
enfance été instruite dans la religion chré-
tienne par une de ses parentes qui l'avait
fait baptiser. Son père et sa mère l'ayant su
la tourmentaient cruellement, la fouettant
jour et nuit pour la forcer de renoncer à sa
foi (jour et nuit est de Fleury, traduisant
Euloge). Elle fit connaitre sa malheureuse
position à Euloge, et au prêtre Amulone.
leur témoignant le désir qu'elle avait de se
réfugier dans un lieu où elle pût en liuerté
pratiquer sa religion. Euloge lui [irocura les
moyens de sortir de chez ses parents, qu'elle
trompa au point môuie qu'elle parlait mai
en leur présence de la religion chrétienne.
Elle se revêtit de ses plus beaux habits, par-
tit sous prétexte d'aller à une noce, et se ré-
fugia chez Euloge et sa sœur, qui la cachè-
rent pendant quelque temps, et la placèrent
chez une personne de leurs amis. Les pa-
rents au désespoir tirent des recherches
10
899
NAB
NAN
500
inouips piuir la retrouver, et obtinrent du
raili ilo fairf arriMor et l'ouetter des chrétiens
rniMue des relii^ieiises et des prôtres sur les-
quels ils av.iient îles soupçons. Euloge ne se
trouvait éniu de rien, faisait souvent c an-
jçer de retraite à Léorritie, et passait les nuits
en prières pour elle, tandis qu'ell'', de son
calé, priait, jeûnait et couchait sur un ci-
lice.
Une nuit, ôlanl venue voir Euloge et sa
sœur, elle ne put retourner, p/»rce que la per-
sonne qui devait l'accompagner vint trop
tard, et qn'il était déjh jour. Le cadi, en
étant averti, envoya des soldats e tourer la
maison, d'où ils tirèrent Léocritie avec Eu-
loge, et les amenèrent en sa présence. 11 de-
manda à Euloge pourquoi il tenait cette tille
chez lui ; et Euloge répondit que les prêtres
ne pouvaient refuser l'instruction h ceux qui
la dem mdaient.Lc cadi le menaça de le faire
mourir h coups de verges; mais Euloge ré-
pondit que le glaive étnt un moyen plus sûr,
et commença à par'er hautement contre leur
prophète et leur religion. On le mena aus-
sitôt au palais devant le conseil. Un des con-
seillers, qui le connaissait pariiculièrement,
ui dit : « Si des ignorants se précipitent
malheureusement h la mort, un homme sa-
vant et vertueux comme toi ne doit pas imi-
ter leur folie. Crois-moi, je te prie, dis seu-
lement un mot h présent, puisqu'il le faut ;
tu reprendras ensuite ta religion, et nous
f)romettons de ne te point rechercher. » Eu-
oge lui répondit en souriant : « Ah I si tu
pouvais connaître les récompenses qui at-
tendent ceux (jui conservent notre foi, tu
renoncerais ;\ ta dignité temporelle. « Il com-
mença alors à leur proposer hardiment les
vérités de l'Evangile; mais pour ne le pas
écouter, ils le condamnèrent aussitôt à perdre
la tète.
Comme on le menait au supplice, un des
eunuques du roi lui donna un soufilct. 11
tondit l'autre joue, et en souffrit nalitumient
un set.-ond. Quand il fut arrivé au lieu de
l'exécution, il pria à genoux, étendit les
inairrs au ciel, tit le signe de la croix sur
tout son corps, et présenta sa tète, qui fut
proraptement coupée. C'était à l'heure de
riotie, ou trois heures après midi, le samedi
11 mars 8.'j9. Il fut enterré à Saiiit-Zoile. Léo-
critie fut aussi décollée quatre jours après,
et jetée dans le fleuve Bétis; mais elle en fut
tirée et enterrée ."i Sainl-<ienès de Tertios.
L'Eglise honore l'un et l'autre le jour de leur
martyre. La Vie de saint Euloge a été écrite
par Alvar, son ami ; et depuis il nous reste
peu de monuments de l'Eglise d'Espagne,
sous la domination des Musulmans. (Fleury,
vol. III, p. 370.)
Ici finit l'histoire de celte persécution :
non (pie la persécution eût manqué, mais par-
ce que l'historien lui a fait défaut. Personne
n'a continué l'œuvre d'Euloge. Du reste, ce
(lue nous disons ici n'est qu'une supiiosiiion ;
il est possible que la mort du saint historien
des martyrs de Cordoue, ait clos la persécu-
tion (pie les Musulmans firent alors endurer
aux chrétiens; mais rien ne le prouve.
Une chose digne de remarque, à propos
de cette persécution, c'est <]u'elle n'eut ja-
mais ce caractère inquisitorial qu'on remar-
que dans la plupart des autres. Ce n'étaient
pas les Musulmans qui recherchaient les
chrétiens, c'étaient ces derniers qui béné-
volement se livraient aux sup|>lices, en bra-
vant le culte ou les lois des vainqueurs.
MYRE, ville de Lyine, est célèbre par le
martyre de saint Crescent, qui témoigna de
sa foi en y soutirant le martyre du feu pour
la foi chrétienne.
MYUOl'E saillie) mourut pour la foi chré-
tienne, dans l'ile de Chio, sous l'emperour
Dèce, et sous le président Numérien. Elle
fut assommée à coups de levier. L'Egliso
célèbre sa fùte le 13 juillet.
N
NAROR, (saint), souffrit h Milan pour Jé-
sus-Christ, ave(" saint Félix; en l'an '.ï()\ de
l'ère chrétienne. Leurs reli(pies , déposées
d'nbi»rd hors de la ville, y furent depuis
rap;)oriées. La piété des li lèles éleva une
église sur le lieu oCi elles furent déposées.
Les restes de s.iiut Nabor et de saint Félix
sont encore dans la même église, «pii a au-
jourd'hui le nom d'église de Saint-Fran-
çois.
NAHOU (saintj , soldat dans l'armée de
Maxence, fut martyrisé .\ Romo en l'an de
Jésus-t^hrisl ."JnO, sous le préfet Aurele.
.Vpres avoir subi diverses tortures, il fut dé-
capité. On l'enterra sur la v(ue Aurélienne.
Sa fèti! a lieu le 11 juin. (*'oy. Paul Diacre,
Kabflii-Mnur, Nolker.)
NABOU sainll recueillit la eouroMiio des
rr; t ' -'s j(. Ift foi en Afrique. Il eut pour
.1 de son triouiphe sauit Mann.
Ils sont inscrits au Martvroloïçe romain lo
10 juillet.
SaMPILVMON (saint), fut martyrisé à
Madame v\\ Afrique, avec ses compagnons,
iju'il encouragea au combat et qu'il ( on-
(luisit au triomphe. Nous n'avons pas do
détails authentiques. LE^lise honore leur
immorlell(> nii'nuoire li> \ jiidlet.
NANtiAZ.VOl L ville du Japon, près de la-
(pielle, .sous rem[iereur Taicosauia , vingt-
six t liretiett^, la plupart missionnaires jé-
suites ou franciscains, furent cruciliés sur
une colline. J'ny. Jtpo>.)
N.\MI-;S, Cotuiiniinim ou Namnetn, éi.iH
une des prim ipale^ villes armoricaines. Elle
est aujourd'hui chef-lieu du dépaitement de
la Loire-lnferjeure. Sous l'» nipire de Dio-
clélien et de MavimJen, un gouverneur que
I histoire ne nomme pas, mais (} ii est trè.s-
piobablemenl le liop celèbr. Hiolius Varus,
soi NAU
Y lU niKiii'ir poiii' la foi clircMifMmc los deux
fr^n's sailli Ddii.ilifM clsiiiiil Kn(^jiti()ii. (Te//.
DONAIIKN. )
NAI'OLI'ION (sailli), luailyr, versa son
san^ |Miiii' la loi h AlcxainliKi, avec saiiil
SiUirnin, diiranl la iKMsrculion di* Dioclrt-
tidu et (le Maviinii'n. On ik^ sait pas pii^ci-
sc^nuMil h {|iH'lU' tlalo : coiiundaiil on com-
vitMit t|U(' ce (lui (^Irtî V(M*s la fin. D'abora ils
l'iiiiMit oxposrs h (les (orhinvs cxInMiuMucnt
cruclics. lis li's su(i|nirlrr('nt avec |)(miI(ou()
do courage, cl l'urcnil rnsiiiln mis dans un
cacliot dciui-morts. Ils y iiMidirciil rAïuc an
btxil do (|iiol(iuo lonips l/l\i:,liso l'ail Iciii' l'tHc
lo l.'i noiU.
NAUCISSK (sainl), marlyr, ciitMllit la
pnliuo du luarlvri' h lloiiic, ayanl itoiir coiu-
pagnon do stuilVrancivs sainl Croscenlion. Les
dc^lails inaïujiuMil coniiiUMoiiionl sur eux.
L'Kgliso t'ai! li'iir l'iMo Ir 17 scpleuiliro.
NAIIM, villo do l'Etat ooclésiasli(|uo, a ot6
lériioin du mail\ ro tic rovèi|m' l'roculo.
NAKStli (sainl), esl inscril au Marlyru-
loge romain le lo juillet. Il l'ut couronné h
Aloxandrio, avci; les saints Philippe, Zé ion
et dix autres tlont les noms sont ignorés.
Les détails nous inantiuenl sur leur compte.
NAUSÈS (saint), mailyr, eut la u;loire de
mourir pour Jésus-Christ, en l'erse, sous 1(>,
roi Sapor, vers rannée 327. (Koj/., pour plus
de détails, les Actes de sainl Jonas et de
saint Hahaciuse, à leurs articles.)
NAUSÈS (saint), martyr, cl ses compa-
gnons, moururent en Perse pour la foi, sous
Sapor. Voici leurs Actes, (pie j'ai traduits
d'Etienne Assemani, Mart. Orient. :
L'année d'ai)rès, en 3W, la quatrième an-
née de la grande iierséculion de Sapor 11,
Narsès , évoque de la ville de Sciaharcadat,
etJose[)h, son discijile, furent arrêtés, com-
me le roi était en cette ville , et amenés en
sa présence. En les voyant, Sapor, s'adres-
sant à Narsès, lui parla en ces termes : «Que
veut dire cela? Je me sens touché de votre
air vénérable et de vos cheveux blancs,
ainsi que de la belle jeunesse de votre dis-
ciple. Et vraiment je me sens tout ému
i[uand je songe (jue bientôt celle grâce de
votre visage , celle noble majesté de votre
front vonl dis[)aiaitre lacérées par le bour-
reau, et que vous-même, cruellement rais
à mort , allez descendre aux enfers. C'est
pourquoi, prenant vos intérêts et voulant
vous servir, je vous prie de prendre souci
de vous-même, et de vous sauver ci adorant
le soleil. Pour peu que vous y meitiez de la
bonna volonté, je vous comblerai de récom-
penses; car, je vous le répèle, je suis au
dernier point touché de l'air de votre visage
et de la grâce parfaite de toute votre ptr-
sonne. »
Narsès répondit au roi : « Vos paroles si
'laiteuses et si douces ne peuvent que nous
aftliger et nous pénétrer de douleur; car, par
ce langage insidieux et dissimulé , vous
cherchez à nous séduire et à nous précipiter
du point glorieux et honorable oix notre ré-
sisUnce à vos ordres nous a placés , dans
l'amour et dans les pièges de ce monde
NAU
r,(ii
liuiiipi'iir, ou hicnliM v(Mis allez n.s.sayer dfl
iiniis jt'icr (Ml ciiiplny/inl la iuici'. El voii-^,
(lui ave/. |)ln<!i^ en ce iiiotidf votre \t,\(iirf'.,
don! vous (Mes si lier, (•onim(' .s'il vous a[»-
pailiwiail tout ctitici' en |iropre, et pour eu
jouir selon vôtres bon plaisir, vous ne codi-
[)rnnez donc jias rpTil viendra un jour où il
s'envolera de. vous (•oiiinie un son^e elinant
lo sommeil ; (pi'il dispurattra (Omine lo ro-
siM! du malin sous les IViix du jour? Oiiant
h moi (pie iirinijtoile ? Je suis vieux, plus
(procidgénairo ; p(!ndant loul(! ma vie, et
sans nlAche, j'ai sei'vi mon Dieu avec fer-
veur; cl niainteiianl j(! i»ii(} sans cesse lo
ciel pour (pi'il délouriK! (li; moi ce malheur
de nie départir do celte piété, pour 'puijo
ne trahisse pas m i loi, (pie je liens de mon
Dieu, et (|uo je n'aille [las ensuite «dorer lo
soleil, uiK! chose créée jiar lui, et que je lui
jtréférei'ais. »
Alors le roi : «Vous me paraissez, dit-il,
être venu bien malhourousement devant
moi. Si vous no faites pas ce que je vous
commande au plus vite, j'ordonnerai qu'on
vous traîne au supplice. » Narsès lui dit :
«Quand bien même, ô roi! lorsque vous
nous aurez enlevé la vie une fois , vous
pourriez nous ariacher du tombeau fiour
nous ramener en ce monde, el que sept fois
vous auriez ainsi de suite le [louvoir de nous
tuer, vous ne nous feriez point renoncer à
notre Dieu; vous ne nous verriez point vous
obéir.»
Après colle réponse, los deux saints, sur-
le-cham|) condamnés à la [)eine capitale , re-
çurent l'ordre de marcher au lieu du sup-
plice. Pendant ce temps-là, le roi était dans
une demeure royale nommée Septa. Quand
on les eut emmenés pour les traincr au sup-
plice, hors l'enceinte de la demeure royale,
une grande multitude de peuple les suivait
pour être témoin de leur mort. Déjà ils
étaient arrivés au lien du sufiplice, el Nar-
sès regardait avec des yeux attentifs cette
mullitude répandue tout à l'entour, quand
son disciple Joseph interpella ainsi le bien-
heureux évoque : « Vénérable vieillard, vous
regardez de tous côtés celle multitiide ; voyez
comme arrêtée ici elle a les yeux fixés sur
vous. Ils attendent vraiment, comme à la
coutume, que vous leur accordiez la liberté
de s'en aller, pendant que vous irez à votre
maison. »
Alfors, le saint vieillard regardant Joseph
avec des yeux éclatants de joie, et le tenant
embrassé avec extase : « Que tu es heureux,
mon cher Joseph, d'avoir si noblement évité
les pièges que te préparait le monde ! Voilà
que lu vas maintenant, le front éclatant de
joie , franchir la porte étroite du royaume
des cieux. » Joseph immédiatement of-
frit sa tête au bourreau. Bientôt le saint
vieillard le suivit aussi. Tous deux mouru-
rent le dix-septième jour de la lune de uo-
verabre.
Jean, évêque de la ville de Beth-Séleucie,
eut le même sort : il fut tué dans le chttt'eau
de Belh-Hascita, par l'ordre d'un prince nom-
mé Ardascirus, ou du président Hadiabe.
505
NAR
NAZ
304
Sapor, (''viViiioirunc corlaine ville de Bclh-
Sélpinio, nioHnit dins In ()rison, par suite
des louiments ((irmi lui fit soutTrir et du la
saleté (lu lieu. (Juaud eet événeniont eut été
annoncé au même président par les jinrdieus
do la prison, eelui-ei, craignant une fraude,
ordonna (]u'on cou|>At la tt^e au mort cl quon
la lui apporlAt , ce rpron <it à liDsIanl.
Isaac, encore evèque dune ville de Betli-
Séleucie, fut lapiilé dans un cliAleau qu'on
appelle Nicatore. Les nobles de lîeth-Séleu-
cie , (]ui n'étaient chrétiens ({ue de nom ,
vinrent, sur lordre de Hadiabe, pour lui in-
lliger eux-mêmes ce cruel sup[»lice.
Isaac, prêtre d'Hulsar (c'est le nom dun
tourj;), périlpar le même supplice, hors des
murs de Beth-Séleucie, par l'ordre du pré-
sident Adargusnasaphe.
Paf)as, prêtre d'un certain chAteau qu'on
appelle H(dmine, fut lue dans le chAteau de
(lalal , par Toifire du président Hadiabe.
Uhanam, jeune clerc, laitidé par des fem-
mes, reçut la couronne du marlvre. l'our lui
faire subir ce su|>i)lice crueî, l'impie Hadiabe
avait f;dt venir de Beth-Séleucie les dames
nobles , chrétiennes seulement de nom. Le
jeune martyr était originaire do la même
ville.
(iuhscialazades, eunuque à la cour d'Ha-
diabe, vice-roi (le Beth-Séleucie, augmenta
le nombre de ces bienheureux raartyis. Lu
certain Varlrancs, qu'on disait prêtre du chA-
teau de Salucana , était présent; celui-ci,
tourmenté par les satellites du roi, pour
cause de christianisme, avait eu la scéléra-
tesse d'abjurer ; ce fut à ce sacrilège déser-
teur de la religion que le tyran ordonna de
^uer Guhscialazades, parce que le saint eu-
nuque délestait 1 édit du roi et le culte du
soleil. A l'instant où Vartranes s'a[»prêlait à
obéir aux ordres du président, et qu'il s'ap-
prochait de (iidiscialazado, il trend)lah son
aspect : « Oserais-tu n)c fra|)|)er, t(M (jui es
un prêtre ? dit celui-ci ; mais aussit<jt, se re-
prenant , il ajouta , en ra|»pelant prêtre :
Courage! fais ce (|ue tu as résolu de faire,
malheureux, qui ne sais pas conduire ton
saint ministère h bonne lin, pas plus (]ue Ju-
das son a|)ostolal. Il est bien évident ipu; le
diable s'est emparé de ton Ame pour le faire
comuiettre les choses (|u"il devrait faire lui-
même. T. Ce fut anisi ((ue ce j rêlre impie
el prévaricateur tua do sa main le bienheu-
reux (ivdisciatazades.
Les autres lai(|ues furent Sasanes, Mares,
Tiiunë et Zaron, de la petite ville de Lasciu-
ma. qui furent conluils, cliargés (h* chain«'s,
dan> la province des Huzilcs, par l'oidre du
loi Sapor. Ils scellèrent courageusement par
le dernier Minplice le lémoignagc ([u'ils de-
vaient h la religion chrétieinie.
Pour la môme cause, Baliuthe, femme no-
ble et ((Mitcnairo, (h- l.i ville de Belh-Si'hMi-
cie, fut tuée loin de son pays par le (irési-
dent y\darguruasa|ilie.
Thècle et DaMacte , vierges de la même
vdle de Beth-Séleucie , suivirent Balinlhe,
sous le même président; eu outre Tatone ,
Mnma, Mazachio el Anne, vierges ili> nt>th-
Séleucie, furent tuées par les ordres du gou-
verneur hors les murs d'un chAteau nommé
Burgalha ou Hévara.
Safior fit massacrer trois autres vierges de
la [irovince de Beth-tiermar. savoir : Abia-
fha, Hatès et Mamiac'na.
NAKSÈS (saint), fut martyrisé en Perse,
«ious le roi Sapor, avec les saints Zanilas ,
Lazare, Marolas, el cinq autres dont nous
ignorons les noms. Ils furent massacrés.
L'Eglise fait leur nuMUoire le 27 mars.
NAKSkS (TAM-S.\roHi, gouverneur persan
qui, sous Sa[)or, ht martyriser saint .Jacques,
prêtre, et sa S(T'ur .Marie, puis, peu de temps
après, sainte Thècle et ses compagnes. {Yoy
les articles de ces dilférents saints.)
NARZAL isaint\ l'un des martyrs scilli-
tains , fut mis à mort h Carthage, en 200,
sous le règne de Sévère. (Pour jdus de dé-
tails, voy. Spérat). La fête de ce saint tombe
au 17 juillet.
NATALIE (sainte), martyre, était femme
de saint Adrien , qui mourut pour la foi.
Longtemps , sous le règne de Dioclétien ,
elle s'enq)Ioya à servir les saints martyrs
qui étaient dans les prisons de la ville de
Nicomédie. S'étant retirée à Constantinople,
après qu'ils eurent terminé leurs combats ,
elle y mourut en paix. L'Eglise fait sa mé-
moire le 1" décembre.
NATHALIE (Sainte), versa son sang pour
la foi à Cordoue, en Espagne , avec sainte
Liliose et les saints (leorges , Félix et Au-
lèle, durant la persécution que les Arabes
firent soutfrir aux chrétiens. L'Eglise fait
leur fête le 27 juillet.
NAVAL (saini) , martyr, fut mis h mort
pour la défense de la foi, à Kavcnne, avec
saint Valentin , qui y était maitre de la mi-
lice, saint Concorde, tils de ce dernier, et
saint Agricole. Leur mort eut lieu sous l'em-
pire de Maximien. L'Eglise honore leur mé-
moire le 1() décembre.
NA^ AKIU) (le bienheureux), jésuile , pé-
rit sur le bùclier à Ximabara , avec trois
chrétiens japonais, le 1' novembre 1G22.
ISAZAIUE (saint), issu d'une famille illus-
tre et considérable, eut pour mère sainte
Perpétue, et pour père un païen qui portait
les armes. Nazaire, encore enfant, refusa de
suivre son père el dans son métier et dans
sa doctrine. 11 re(;ul le baolême , et se lit
prédicateur de l'Evangile. Il parcouru! plu-
sieurs proxioces, y prêchant la foi el y fai-
sant beaucouj) de miracles. S'il faut en croire
la tradition , plusieurs fois il fui éprouvé
dans les supplices , une fois appliqué f» la
(juestion, précipité, par ordre deSéron, (ians
les Ilots, d'où un miracle le retira. Arrivé à
•Milan, il y trouva le terme et la récompense
de sa glorieuse carrière : il eut la tête traii-
ehée sous le règne de Néron- Un jeune en-
fant iioimiK' Ce.se, iiu'il avait pris av(>c lui,
pour l'iiislruire , partagea sa condamnaiion
et le bonheur de sa mort. Tous deux furent
(Miterr('s dans un j.inlii, hors de la vill(> de
Milan. Ce fut là ipie leurs corps lurent trou-
vés par saint Ambroise, après la mort de
Théodose I". en.T.K'i ou ;{%. Saint Nazaire se
5(»6 NKM
ri')V»''l(i lui-inAiiit» h Miinl Ainhroisi'. ( V»//.
Cr.i.sr.. ) l.a l'iMc» di' ci's driiv s.iiiils csl cùlt'-
hn'c |"ir ^l'^^lis(' roiiiamc* U) '2H juillcl.
NA/AIUM (s(iitil), soldat dans rarnitMi do
Maxciicc, fui mailyrisr à Hoiik; en l'an d(!
j.-C. ;i()*J, sotîs le \n-M\'l Aniric. Apivs .'ivoir
.sid)i diverses Inrlnres , il l'iil di'-t a|til(''. On
l'etilerra sin- la voie AniM'IieiiMe. Sa liMe a
litMi l(< 11 .jnin. (>(>(/. Paul Diacre;, llalian-
iMaiir, Nolki-r.)
NlsLSON (lo hienluMireux), |ii<Hre , a>anl
nit^ la siim-i^niaiie i-eli^ieuse de la l'eine l'.li-
sabolh d AnghMeire, inllraiiié sur In claie ,
pondu et ciHipé en ([nailiers, le .'i février
157S, avec un laKiiu' nonnné Slierwood.
NfiVI^.SK (saitU), l'un dos sept lilsde saint
CiiMaloet de saint(» Synipliorose, donna sa vie
pour la foi sous le r(''J,ne d'Adrien. Il fut
condaniui^ par co priuco h 6tr« allaclu! à un
pieu ; il eut le euîur p(M'C(^ d'un coup do
lance. Sa fOlu arrivo le 17juillot. [Voy. Sym-
l'iionosK.)
NÈlVlf<^SI<] (saint) , diacre et martyr , fut
martyrisé à llonu^ avec^ sa sunu' sainte Lu-
cile. Ces saints martyrs n'ayant i)u ùlve
ébranlés dans leur foi , furent (lé(a[)ités ])ar
oidrc do l'emixM-eur Valérien, le 25 aotll.
l.ours corps, que lo pa[)c saint Etienne avait
fait enterrer, et h cpii saint Xysie avait donné
(Ml cojour une sépulture i)lus h(uu)ial)le sur
la voie Appienne , furent depuis transférés
par Grégoire V dans l'égliso d(ï Sainte-Ma-
rie-la-Neuve, titre d'un cardinal-diacre, avec
les saints Symphrone, 01ym|)e tribun, Exu-
périe sa femme , et 'l'Iiéodule leur fils ,
qui s'élanl tous convertis par les soins de
Sympluone , et ayant reçu le baptême des
mains de saint Etienne , obtinrent la cou-
ronne du martyre. Dans la suite des siècles,
Grégoire XllI les ayant trouvés en ce lieu ,
les fit mettre plus honorablement, le 8 dé-
cembre , sous l'aulel de la même église. Ils
sont inscrits au Martyrologe romain le 31
octobre.
NÉMÈSE (saint) reçut la couronne du
martyre dans l'île de Chypre. U eut pour
compagnon de son martyre saint Potame.
L'époque et les circonstances de leur com-
bat sont inconnues. L'Eglise vénère leur
sainte mémoire le 20 février.
NÉ.MÈSE (saint) , confesseur , souffrit au
territoire de Liévin pour la défense de sa
foi. Nous n'avons pas d'autres détails sur
son compte. Il est inscrit au Martyrologe ro-
main le 1" août.
NÉMÉSIEN (saint), évêque et nualifié
martyr au Martyrologe romain, à la date
du 10 septembre, jour auquel l'Eglise célèbre
sa fôte, élait l'un des neuf évoques enfermés
dans les mines, et h qui saint Gvprien écri-
vit sa soixante-seizième lettre. 11 avait été
déporté, immédiatement après sa première
confession, aussitôt après avoir été cruelle-
ment frappé h cou|»s de bâton. Cet évoque
avait assisté au grand concile de Carthage.
Ici nous prenons dans notre IP volume de
I Histoire générale des persécutions (p. 237),
tout ce qui est relatif à ces neuf évêques ;
on y verra la lettre que saint Cyprien leur
NEM
'.00
éciivit, une dos dijux (pi ils lui répondirenl,
cl (pielques rélle\ions de notre [tui t sur il'*
saints confesseurs el martyrs.
Neuf (''vé(jiies ipii avaiiMit tous nssislé au
^rand concile (|(> Caillia;.i;e , et beau» oup
(('autres saints cord'fssfiiis furent enfermés
dans les mines. Saint Cypiien leur écrivit
de Curube la lellri' suivante, pour les féli-
(;iler, les consoler (;t les enc,oiua;.^er : u Cy-
prien h Némi''sieii, ii l''ilix, h Lncius, h l'au-
tre l''éli\, à Litlée, à Pollen, ii Victor, ii Jn-
dère, à Dativus, ses collègm'S dans l'épisco-
pat, et aux martyrs, |)rélres cA diacres, en-
fermés dans les mines, inarlyis de Dieu, |c
Pèrcî tout-puissant, et de Jésus-Christ, noire
Seigneur, notre; Dieu, noire; Sauveur, salut
éteriK'l. — Votre illustration, bienfieureux
et allectioiuiés frèics, in"imposei;iil h; de-
voir de vous visiter et de vejler dans vos
bras, si je; n'é'ais moi-même relégué loin
lie; vous et détenu pour le nom (b; Jésus-
Christ. Mais je nu; rends présenl au milieni
de vous, autant (pi'il est eu mon pouvoir. A
défaut de c<; corps que l'on enchaiue, jt; m'y
transporte de cœur et d'esprit, et cette lellro
vous ex()rimera toute la joie cpie m'ont ins-
piiée votre gloire et vos vertus, toute la
part que j'y prétends, sinon par la commu-
nauté des souirrances, au moins par l'union
de notre charité. Pouvais-jc; contenir les
élans de mon allégresse et me condamner
au silence, lorsepi'il me revenait des nou-
velles si honorables à des amis que je porte
au fond de mon âme, et que Dieu a couron-
nés de grâces si précieuses ? Quelques-uns
de vous, je le sais, ayant d;^ja consommé
leur martyre, ont pris les devants pour re-
cevoir des mains du Seigneur la palme due
à leurs mérites; d'autres, encore dans les
fers, au fond des cachots ou des raines, at-
tendent l'heure d'un sacrifice qui n'est
ajourné que pour fortifier le courage de nos
frères, en leur mettant sous les yeux de no-
bles exemples de persévérance.' La prolon-
gation de leurs tortures ajoute à leurs ti-
tres, et chaque jour consumé dans la dou-
leur grossit au ciel le trésor de la récom-
pense. Que Dieu ait daigné vous élever au
folle de toutes les gloires, il n'y a là rien
qui m'étonne : votre piété d'hier, magnani-
mes confesseurs, m'explique votre illustra-
tion d'aujourd'hui. Ne vous ai-je pas vus
jusqu'ici 'inébranlables dans la foi, inviola-
blement soumis aux commandements sa-
crés, innocents avec simplicité, membres
pacifiques de l'Eglise, ornés d'humilité et
de modestie, zélés dans l'administration des
choses saintes, volant avec empressement
au secours des malheureux, réchautfant les
pauvres dans votre sein, défendant les droits
de la vérité avec une rare constance, gar-
dant lo discipline avec une fermeté inflexi-
ble?
« Et maintenant, pour que rien ne man-
que à vos vertus, l'héroïsme de votre con-
fession et les tortures qui vous éprouvent
sont autant de provocations et de guides qui
conduisent nos frères au martyre, afin que
le troupeau, en marchant à la suite des pas-
5(17
NEM
NEM
508
leurs, et répétant lours illustres dévoue-
ments, rivalise avec eux de mérite et s'é-
lève aux mômes récompenses. Vous avez
commc'icé à proclamer voin» foi sous les
Yerges qui mettaient votre corps ci lam-
beaux ; mais ces glorieux préludes n'ont
rit"i dont il faille rougir. Le chrélipii ne re-
doute pas les b.Uons levés pour d(^hirer sa
chair; son espérance est tout entière dans
le bois : le disciple du Christ y dé( ouvre le
gage mystérieux du salut. Jadis insirument
de sa rétlemption, aujourd'hui instrument
de sa victoire, ce bois qui le meurtrit va le
porter à la vie éternelle. Quelle merveille
que des vases d'or et d'argent aient été en-
voyés aux lieux où se forment l'or et l'ar-
gent, si ce n'est que peut-être les mines,
changeant sous nos yeux de nature et de
fonctions, au lieu de nous fournir les mé-
taux précieux, les reçoivent de nous à leur
tour? Ou a chargé vos pieds d'indignes en-
traves; des litns honteux enchaînent vos
COr|)S, membres fortunés de Jésus-Christ,
sanctuaires augustes du Dieu vivant ; mais
vos ennemis ont-Us garrotté votre Ame? Le
contact du fer a-t-il souillé votre or? A
des hommes consacrés au Seigneur, et qui
attestent leur fidélité par un généreux dé-
vouement, CCS chaînes sont des joyaux.
Loin d'ici les entraves qui déshonorent 1 les
vôtres sont la matière précieuse dont se
forme votre couronne. 0 pieds glorieuse-
ment comprimés 1 ce n'est pas une main
mortelle, mais la main divine, qui brisera
vos liens ? O pieds glorieusement compri-
més, qui ne laissez pas néanmoins de mar-
cher dans les voies du salut 1 Pieds enchaî-
nés pour le temps, alin <le rester libres pour
l'tteruité ! Pieds relardés un moment par de
jaloux obstacles, mais (jui vous élancerez
bientôt d'une course glorieuse vers Jésus-
Christ 1 Qu une cruauté envieuse ou mal-
veillante vous nu'lle à la gène ici -bas;
quelle vous charge dn fers, autant qu'elle
voudra ; encore quelques jours, mes frères
bieu-aimés, et, aUraiichis de ce lien de dou-
leurs, vous prendrez votre essor vers les cé-
lestes royaiimes !
•< Je le sais, dans ces obscurs snulerrains,
votre corps ne reposa ni sur un lit, ni sur le
duvet ; uiais vous avez les rafraichissements
et les cnnsolalions de Jt'-sus-Christ. Une
terre nur reçoit vos mend)ics harassés par
le travail ; mais une couche semblable h relie
de voirc divin maître n'rsl ithis im supplice.
L^, pus de ï)iu\i pour purdier une chau- ipie
souille une poussière noire et inunonde;
mais v<»tr»« ûme se lave dans c.i's souillures
extérieures. Le pain n'y est point alxMHlant :
L'homme ne vit pas seulement de pain, mais
de la parole dr Diru. Poi it de vêtements h
opposer au fioid qui vous glaec ; mai^ on
est sullisaiument couvert, f)n est richement
paré, quand o-i ,i levèl'i Jésus-Chrisl. On a
pLicé ri^iomune sur vt^tn' lèic h moitié ra-
.•«(•e ; mais, puisque Jésus-Christ est la tèle de
l'houuue.quel ijUf "Oit cet (lUtrage. tout sit>d
bleu à une lèle ennoblie par la nml'ession tlu
iivm de chrétien. Par quelles immurtelles
splendeurs vont être compensées t(5utes ces
diiïormjtésqui.pourles infidèles.sont des ob-
jets d'horreur! Comme ces souffrances d'un
moment vont se convertir en éternels hon-
neurs, au jour où. selon le témoignage de
l'Apôtre : Lr Srifjnnir Iraufforwern ce corp%
d'nhjprtion et de ni'atit nit corps de sa sp/rn-
rff»r.' Quoique l'on refuse aux prêtres (jui
sont parmi vous li liberté ou les moyens de
célébrer les saiiils mystères, votre foi, votre
piété n'en sont pas même compromises : Je
me tr »mpe, vous offrez ?i Pieu un sacrifice
(l'un grand prix, glorieux au Seigneur, utile
à vous-mêmes, f.e sacrifice que Dini de-
mande, suivant l'Ecriture, c'est un esprit que
la douleur a brise'. Le Seigneur ne rejette pas
un cœur contrit et humilié. Voilà le sacrifice
rion interromim que vous renouvelez en
l'honneur de lEternel le jour et la nuif,
vous immolant vous-mêmes comme des
hosties pures et sans tache, ainsi que l'A-
pôlre nous y invite : Je vous conjure donc,
mes frères, par in miséricorde de Dieu, de lui
offrir vos corps comme une hostie virante,
sainte et aqréable à ses yeux. Et ne vous con-
formez point au siècle présent, mais qu'il se
fasse en vous une transformation par te re-
nouvellement de votre esprit, afin que vous
reconnaissiez quelle est la volonté de Dieu,
cl ce qui est bon, agréable et parfait. Voilà
ce qui plaît, avant tout, au Seigneur, ce qui
nous attire ses complaisances, ce qui nous
mérite ses faveurs ; voilh l'unique recon-
naissance que les dévouements et la sou-
mission de notre foi puissent lui payer en
échange de ses dons, suivant le témoignage
de 1 Esprit-Saiut dans les Psaumes : Que
rendrai-je au .Seigneur pour les biens dont il
m'a comblé? Je prendrai le calice du salut et
j'invoquerai le nom du Seiqnrur. La mort
des justes est précieuse devant lui.
« Qui ne prendrait avec joie le calice du
salut? Qui ne volerait avec transport au-
devant des moyens qui lui sont offerts pour
s'acquitter envers le Très-Haut? Qui ne re-
cevrait avec une confiance inaliéralde une
mort précieuse devant lui ? Qui ne se met-
trait en devoir de [>laire h ce Dieu qui con-
fiMuple du haut du ciel la lutte que nous
souîenons, a[>(irouve et seconde notre ar-
deur, couronne nos victoires, récompense
avec la bonté d'un père des vertus qui Uii
appai tieiuienl, et honore ses propres (T>u-
vrt's? Qu'il soit le principe de nos Iriom-
phi^s : ipi'il nous aide h terrasser notre ad-
versaire et à moissonner les palmes après
un illustre combat : il nous le dé lare lui-
même tians son Evangile : Lorsqu'ils vous
feront comparnilre, ne vous inquiétez pas
comment vous parlerez. Ce que vous devez
dire vous s<'r(i donné à l'hrure mf<ne : car ce
n'est pus vous qui parlez alors, c'est l'e.^prit
de votre Père réleste qui parle en vous. V.i
ai leurs : Mettez donc dans vos cceurs de ne
point préméditer comment vous répondrez ;
car je mus donnerai moi-même des paroles et
une sn(ii'ssr à Inquelle vos ennemis ne pour-
ront r< sisler. Oracle bien rassurant nour le
«hrélien fidèle; mais oracle bien fouuroyant
m^
NFM
NFM
ilO
pour rnposfnl <pii n'a foi ni dnns rnssistnrK-c
|)nimis(* aux conrosscurs, ni dniis lus cliûli-
imuils (Hcnit'ls i|('.slii)('!s h la Iraliisoii. ^
« N alimi'iMix nouiballanls dr JébUîi-lIlirisl,
(>ii ronlii niaiil par vos oxoinpltis vos pr(^c6-
(hîiili's pnVli( 'liions, vous avr/. iiispin^ vos
vt'i'lns h nos l'iùivs. Hno i^iamli" j^loiii! vous
alli-iid dans l(; royainnc (les cinux, a\r c'est
h vous (pi'a t''l»'' adr(">s(''c celle promesse : Cc-
hti (/i(i fini il nisriiiiirra, celui-là scni njipi'W
(jriinil iiinisir rofjititnir (1rs ricii.r, Uno grande
partie tin |>eupi(* a inarclK' dii^nerneiit sur
vos traces, el a nu''rilé de s'associer à la
in^ujo coni'onne, en s'associanl h lu ni^^ino
cijid'essioii, un e par les liens iiidissohddes
(le la charUt^ cl ne vonlaid s(! séparer de ses
(•hoCs, ni dans les mines, ni dans les fers.
Dansée nomi)re hrillenl jus(pr.-\ des vierges,
(pu, a,jnulaid un iiumeuse liésor à un trésor
déjh hien riche, se sont (Mevées à la céleslo
cou^'omie par une douhie gloire. Mais (pie
dis-je 1 les enf;\Mls eux-mêmes ont déployé
une fermeté d'Ame au-dessus do leurs an-
nées, alin (pn> voirez sainte milice complAt
des martyrs de tout sexe el de tout Age.
« Qui poui-rait (>\prinu'r l'énergie^ d'une
conscience victorieuse, l'élévation de votre
couraj^o, les transports dt> votre allégresse,
les joies de voti-e triomphe, tous les senli-
timenls eniin cpii doivent inonder votre An-ie
en ce monuMitl Quelle félicité pour vous de
penser que vous alh»/ recevoir des mains
divines la récompense qui vous est (iestinée ;
que vous n'avez rien h redouter dujugenient
suprême, (lue vous portez au fond de ces
souterrains, dans un corps ca[)tif, une Ame
souveraine ! Quelle consolation do savoir
que Jésus-Christ, présent au milieu de vous,
se plaît il contempler la patience et l'intrépi-
dité de ses serviteurs, (lui marchent à la con-
quête des royaumes éternels par le même
chemin que lui ! Vous soui)ircz tous les jours
après le fortuné moment de votre rappel, et,
prêts h secouer tes chaînes de ce monde,
vous prenez votre essor vers les récompenses
des martyrs, vers les tabernacles divins, bien
siirs qu'arrachés aux ténèbres du siècle,
vous allez ouvrir les yeux à une lumière
éblouissante, et renieillir des splendeurs
qui, selon le témoignage de l'Apotre, n'ont
aucune proportion avec vos tribulations et
vos angoisses. Les souffrances de la vie pré-
sente, dit-il, n'ont aucune proportion avec la
gloire qui doit éclater dans nous.
« Aujourd'hui que vos prières ont acijuis
plus d'ellicacité, [)U!S(îue l'oraison n'est ja-
mais plus puissante que quand elle s'élève
du fond de la tribulation, priez, conjurez
instamment la divine miséricorde do nous
aider tous à consommer notre sacrifice; de-
mandez-lui qu'elle m'enlève moi-même, fidèle
et glorieux, aux ombres et aux pièges de ce
monde, afin que des cœurs unis ici-bas par
les liens de la charité, après avoir lutté en-
semble contre la violence de l'hérésie et
contre la persécution du paganisme, se ré-
jouissent ensemble dans le royaume des
deux.
« Je souhaite, bienheureux et très-afifec-
tioiuu's frêrcM, qin- votre santé «oit louiour»
Ilori^ibaïUo (t|i Nutre-Suigheur Jésiis-i^liriiit.
Souv(MM'/-vous de moi toujours et partout
où vous serez. » [Littrr lxxwi.)
Cette admirable lettre lut remise aux
saiids coidfssi in s, p;n' lli'renniatnis, sous-
diacre, el les acolytes Lucien , .Maxime et
Amanco, ainsi ipu; les idiondantes auinAiies
<ph' saint (!\ piieu envoy.iil , |;iiit en son
propre nom (pi'en t:el ii de Quoiinis. l.n lut-
Ire du saint évêi^ue ne fait pas mention de
cet e'ivoi. La main qui donnt; ob il, en se
ca( haut, au précepti- évangélMpn;; mai» celle
(jui rc(;oil obéit h la reconnaissance, et nous
verronsdans la réponse dessaintsconfesseur.s
avec (pu'lle gr-ilitU'Ie ils remercient saint
Cyprien des dons de sa charité. La lettre
qu'on vi(!nl âo. lire retrace les incoiinnodi-
tés, les privations, les tourments aux(pels
étaient soumis les chrétiens dans les inincs;
c'est un des plus précieux monuments de
celte belle é;iO(jue. Nous ne citerons ici des
ré[)onses que tirent les confesseurs à saint
Cyprien, que la pi'emière, faite au nom de
quatre évêques, Némésien, Dativus, l'élixel
Victor.
« Salut éternel en Notre-Seigneur. — Vos
lettres, dont la lecture assidue redresse l'éga-
rement et inspire la vertu, bien-aimé Cyprien,
renferment toujours un langage élevé et des
sentiments approi)riés h la circonstance. En
continuant de dévoiler ainsi, dans vos lu-
mineux traités, la vertu cachée des mystèies,
vous accroissez notre foi et vous décidez les
hommes du siècle à l'embrasser; car, dans
toutes les vertus que nous recommandent
vos nombreux écrits, c'est vous-mêmes que
Vous avez retracé sans le savoir. En'ellet,
éclairé dans la discussion, éloquent dans la
chaire, prudent au conseil, sim])le dans la
})atience, abondant en œuvres de miséricorde,
modèle de désintéressement, d'humilité et
de soumission, chaste dans vos mœurs, par-
tout vous avez la palme. Vous le savez, no-
tre vœu le plus cher est de voir un docteur
qui nous affectionne si tendrement, parvenir
à la couronne ai^rès une éclatante confes-
sion. N'étiez-vous pas, dans toute la vérité de
l'expression, notre docteur, quand vous pro-
nonciez au tribunal du proconsul de coura-
geuses paroles que nous, vos disciples, nous
devions répéter devant lui ? Votre voix alors
a été comme une trompette retentissante qui
appela sur le cham|) de bataille les défen-
seurs de Jésus-Christ, et leur mit aux mains
les armes célestes. En combattant vous-même
à la tête de la sainte milice, vous avez im-
molé le démon avec le glaive spirituel; vous
avez jeté çà et là des bataillons de chrétiens
pour tendre des embûches à l'ennemi public,
le harceler de tous côtés, et fouler aux pieds
son cadavre mutilé.
« Vous pouvez nous en croire, votre âme
pure et vertueuse n'a pas rendu moins de
cent pour un, lorsque, brisant la fureur d'un
monde déchaîné, elle n'a pas refusé de par-
tir pour l'exil, d'abandonner une ville chérie,
et de se confiner dans une retraite solitaire;
lorsque enfin, donnant à tous un généreux
VJ
Mtiia
NEO
513
oxoniple, elle a ouvert la carrière du niar-
lypo. C'est elle qui a encouragé tant d'allilè-
tes h ro'Tsoinint'r leur snrrifirc. Assorit^eà la
j;loir(" des soldats couronnés (jui ont déjà
quitté la terre, elle s'unit aussi dune céleste
amitié avec les martyrs futurs. Les rondani-
ués se joijjnent donc à nous, et tous cnsiun-
hle nous vous décernons de solennelles ac-
tions de fzrAces, bien-aimé Cyprien, pour
avoir ranimé |)ar votre lettre nos for.es lan-
guissantes. Vous avez versé le haume salu-
lairo sur nos nionihrcs di^clnrés |)ar les ver-
sées, brisé les entraves (pii enchaînaient nos
pieds, recouvert de leur première chevelure
nos fronts?! demi rasés, éclairé les ténèbres
de nos cachots, abaissé au niveau lie la i)lai'ie
ces nioutagnos métalliques; enfin vous avez
subsfiiué à l'odeur d'une fumée infecte les
parfums des tleurs les plus suaves. Dislri-
Duleurs de vos dons, le sous-diacre Héren-
nianiis et les acolytes Lucien, Mixime et
Amantius, nous ont remis de votre [)ait et
de celle de notre bien-aimé Quirinus, tout
ce qui manquait à nos besoins. Prions donc
les uns I ourles autres; aidons nous mutuel-
lement comme vous l'avez recommandé, afin
que Dieu, Jésu'^-Christ et les anges nous
soutiennent dans toutes nos actions.
« Nous vous souhaitons, seigneur frère,
une santé toujours florissante. D.iignez vous
souvenir de nous et saluer tous ceux cpii
sont avec vous. Tous les nôtres vous aiment,
vous saluent, et sou})irent après votre pré-
sence. » {Lettre lxxvii.)
Une deuxième réponse est écrite au nom
de l'évôfjue Lucius , une troisième au nom
des évèques Félix (on sait qu'il y en avait
deux de ce nom), Jadère et Polien. Cette cir-
constance proil^f(>. à notre sens, ([ne les saints
confesseurs de la foi n'avaient pas le bon-
heur d'être ensemble, de | orter en conunun
le poids des tourmeUs et de la persécution,
mais qu'ils étaieiil sépai-és dans des mines
différentes. Ils étaient cependant dans le
même pays, car on voit par leurs lettres que
ce sont les mêmes envoyés de saint Cyprieu
i[ui leur remettent sa lettre et ses anmAnes.
Saint Cyprien éeriviiit à neuf évèques : huit
seulement lui répondent : il est probable que
l'évêfpie Littée , do'it le nom ne se trouve
pas joint à celui de ses collègues en tète de
leurs réponses, était déjh mort (piand ils
écrivirent, ou qu'il avait été envoyé ailleurs.
Les Actes d'un concile de Carthage quali-
fient saint Jadère coidesseur et martyr : vos
deux <pialiliealions indi(pient (piil versa son
sang iK»ur la foi. Quant aux autres évè(pies
dont il est ici question, on ne sait rien d'ab-
solument certain à leur égard : suivant tou-
tes les jirobabddés , ils eurent le sort de
saint Jadèie. Le >LTityrologe romain les ho-
nore tous ensfnd)le, le 10 septembre.
Baronius prétend qu'ils sont regardes |).ir
l'Kglise comme des martyrs ; i ela ne sullirait
fias pour établir ipi'ds moururent soit dans
fs mines, sous le poids des tourments, soit
d'une fH«;on s.inglante dans les supplices ;
car tout ce cfuds endurèrent, comme le té-
moigne la lettre de saint Cyprien, sulfit bien
f)our que l'Eglise les regarde et les honore
comme des martyrs. Du reste , nous avons
vu déjà plusieurs fois cette qualification don-
née à des saints qui avaient simplement
s<»ullert pour la foi , sans verser leur sang
fiour elle. Nous citerons, entre autres, sainte
Thècie et saint Jean l Evangéliste.
NÉMÉSION (siint), martyr, était d'Egypte,
mais mm pas d'Alexandrie. Ecoutons saint
Denys raconter ce qui le concerne : « On
avait [nis Némésion et on l'accusait fausse-
ment d'être d'une bande de voleurs, qu'on
avait aussi arrêtés. Il n'eut pas de peine h
se purger d'un crime dont on n'aurait pas
même dû le soupçonner, et il se justifia fort
bien auprès du centurion. Mais, quelque
tenqis après, ayant été déféré comme chré-
tien, il fut amené devant le préfet ; et ce juge
ini(jue le fit fouetter bien plus cnielleuieut
(ju'il n'avait fait les vf)leurs, et il le con-
ilamna ensuite à être brûlé avec ces scélé-
rats : heureux d'avoir fini sa vie comme Jé-
sus-Christ son maître. » L'Eglise fait sa fête
le 19 décembre.
Nf-:OCÉSAUÉE. ville du Pont, dans l'Asie
Mineure (aujouririuii Niksar). Cette ville est
la patrie de saint Grégoire Thaumaturge,
l'un des plus célèbres disciples du f.imeux
Origène. Ce fut dans cette cité que, sous le
règne de l'empereur Dèce, un ieune homme
nommé Traude, appartenant h lune des p'C-
inières familles, donna sa vie pour la foi ,
après avoir soullert do nombreux tour-
ments.
NÉON (sainte était greffier, ercepior, tlu
juge qui condamna sauil Speusippe et sps
frères à mort, sous l'empire de Marc-Aurèle,
dans la ville de Langres. H écrivait le [iro-
cès-verbal de ce qui se passait devant les
juges, quand tout h coup, donnant le papier
à Tarl»on, son collègue, il courut h la statue
do Némésis ijui était près «lu tribunal, et la
renversant, la mit en pièces, ainsi que plu-
sieurs autres idoles. Puis il confessa haute-
ment qu'il était chrétien. Il fut |)ris })ar les
gardes du temple, battu et tellement lapidé,
(pi'il en mourut.
NÉON ^sainl . fut martyrisé h Rome, sous
lempire de Valérien , avec les saints Hip-
polyte , Eusèbe, Marcel, Adrias. Maxinn» et
les saintes Pauline et Marie. L'Eglise fait sa
fête le 2 décembre. (Pour nlus amples dé-
tails, voy. les Actes de saint Hippoi.yte, à son
article.^
NÉON (saint), frère des saints Claude et
.\stire, fut «•'.rrêlé avec eux et avec les saintes
J)ommin»> et riiéonille, h Kgée en Cilicie,
en '2S.S. s(»us le règne de l'empereur Dioclé-
tlen. 11 fut condamiK' par le président Lv-
sias, proconsul île la province, à des suppli-
res atroces, avant de l'aire à Dieu le sacrifice
de sa vie. La fête de ce saint et de ses rom-
lagnons arrive le '2.'? août. ^ Loy. Ci.ai de ;
1 son article, nous donnons les Actes au-
thentiques de tous ces saints.)
Nl'ON saint\ martyr, versa son sang pour
la défense de la foi à Antioche de Pisidie ,
avec saint Marc, berger, et ses compagnons.
ï
31(J NER NIR Bli
I.'Iv^Iist» |(>s lioiiorncoiIcctivcMm'iil l(> 27 s('I^ princiiics muh St'-n^'iuc cl nnrtlms rtv;iiftil
l,.iiilii-)>. |>ii lui in('iil(|ii(M-, NiM'oii <'iiti7i |)nis(|ij<-iji('iit
N^lOIMIITK ('"'•'^O' '"' •'•'•ilyrisi'' h Nirc'o riniis \i\ voie riiniiiK'lli', ml.huc, /itiocc, (jiii
I),'ill\i (1(1 V(>rn('s.,i"'l<'' <'•>"'< iiiK' IdiirtiaisM /ir- Il ciiiiioisoniiii Krilaiiniciis, <|u'jl rctlout.iil
(jciilc ri i>x|i<)v(^ ,'iti\ l)('^l(<s ; injiis ((miiiik* il ('(Hiiiiic |i<)uv.'iiitliii ciilcvir rciiipiro. N'/iytilit
n'en roi;iil mictin iii.il cl i|n'il |)('is(''\(''r.'i avec |mi noyer sn hk'-ii-, il |,i m |iiii;;iiiii(|cr; il di'-
pliis (i(>'i'()!isl«m(' ^ (•(•nrcsscr la lui de J(!- ciina lo si-iial pai des pr(is( riplKuiv, cl, iioii
.siis-('lirisl, on le lil ciilin p(''rir pnr l(^ ^laivo. ootilcnt d'/'lrc nii ri.Mnsln; de cruauli''. il vou-
II csf li()M()r(^ dans ri'f^lise le 1*0 janviei-. lui <Mrc un pliiMioiiuMic d'inuiKifaliP', do
N^'^OPOM"' (sainll, niai'lyi', sonllVil la nioit scandaleuse déhauclM', d(ï d(''nradalirin dans
?( Honi(> avec saints Saturnin, (iennain et ('.('•- tous \v.s ^iMires. Il se (it liisliion, cliantcjir,
Icstiti. On ignore h (picllc ('poipu». Apr('vs conK'dn'n. Mais il fallail à ce t'inicux, .*i n:
avoir hoancoup soiUVcrl, ils riii'enl.icl(''s dans iiionstr»' de crnanW', (pn-lipic chose- (pii (!(•-
inie prison v{ y nionrur(>nl. C.'csl ainsi (ju'ils passAt les proportions ordinaires du crimo,
reni|)orl(^rcnt la co\ironne du martyre. L'K- (pu'hpie chose d'inouï et (pie tudle perver-
f^lise l'ail leur r(Me le '2 mai. sit('' n'eût encore accompli. Uevenant de
N^-.O'r^llK (sainO, martyr, souIVril pour la chauler sur le théâtre de Naples, et (Maiit
religion h Ale\andri(>„ avec les saints TIk'o- i-eparti dv. Home pour allei" eu l'aire autant
phile, Aimuon (>t vin^l autres, quo\{' Marty- eu Achau', il s'arnHa <^ H(''n(''vent et revint
rolo.ne romain ne nonuue pas. L'lvj;lise ce- dans sa ca|»ilale, [>arc(! fpi''iyant accrodu'! en
lM)re leur sainte UK'moire le 8 septembre. passant son habit (juehpio |)art, il eut une
NKPI , Nrprfum, fait partie de l'Klat ecclé- telle frayeur (pi'il en lut malade et n'osa
siasliijue. SainI IMolomi'-e, son piemi(^'ie év6- continuer sa route.
(pie, aisciple de saint Pierre, et envoya par Ce fut h la suite d'un festin, où se passe-
lui pour porter en Toscane la lumi(\'0 do rent des horreurs telles qu'il nous répugne-
rKva'iu,ile, y fut martyrisé. Saint Romain, rait de les écrire, que le tyran lil motire le
aussi évôi]ub de la même ville , et disciple feu aux quatre coins de Rome : de quatorze
do saint Ptolom(''(>, fut comme lui misa mort (juartiers dont était composée la ville, trois
po\u' la foi dans cett(> ville. furent entièrement consumés, sept autres
NKUCHAHOUH, prince arménien de la fa- n'otî'raient plus que des ruines. Le temple
mill(^ d'.\rd/.ournnnik, fut l'un de ceux qui de Vesta, les Pénates et les plus bf^lles an-
soulfrirent volontairement la captivité pour ticpiités de Rome, périrent dans ce vaste em-
Jésus-Christ, sous le règne d'Hazguerd , brasement. L'incendie commenf;a le 19 juil-
deuxième du nom, roi dePerse, et qui nefu- let et dura neuf jours. Néron avait donné
rent remis en liberté et renvoyés en leur l'ordi-c à ses olliciers d'empèclier (ju'on (Hei-
pays que huitaus après la mort île ce prince, gnît le feu. Ainsi on vit les soldats, ordinai-
sous le règne de son fils Bérose. (Pour plus rement préposés pour arrêter ces désastres,
de détails, voy. Princes arméniens.) jeter dans les flammes tout ce qui pouvait en
NÉRÉE (saint) , était serviteur de sainte augmenter l'intensité. Néron, qui était à
Domitille (Flavio), la nièce, et non pas la Antium, revint à Rome, et, contemplant cette
femme de Clément, consul et martyr. 11 fut mer de feu du sommet d'une haute tour, il
décapité à Terracine, par ordre de Dorai- chanta, en s'accompagnant d'une lyre, des
lien. L'Eglise fait la fête de saint Nérée le 12 vers qu'il avait composés sur l'embrasement
mai. de Troie. Dion, Suétone, Tacite, saint Au-
NÉRÉE (saint) , eut le glorieux ])rivilége gustin affirment qu'il fut l'auteur de l'in-
de donner sa vie pour la défense de la reli- cendie; Tacite le prouve par les faits qu'il
gion chrétienne avec saint Saturnin et trois raconte, sans oser le dire formellement.
cent cinquante autres, dont nous ignorons Toujours est-il qu'on ne se trompa pas de
les noms. Ils sont inscrits au Martyrologe coupable : tout l'empire attribua le crime k
romain le i6 octobre. qui de droit, au tyran ; Néron en accusa les
NERFS ou Nervi. Des. nerfs d'animaux, chrétiens. Ordinairement, ceux qui suivent
principalement de bœufs, composaient ces une religion nouvelle sont hais, et la calom-
instruments qui , d'autres fois, étaient faits nie contre eux est bien reçue. Néron choisit
de petites lanières tressées ensemble. On donc les chrétiens pour leur imputer ce qu'il
s'en servait pour frapper les martyrs. avait commis. L'otnnion publique ne s'y
NÉRON {Liicius Domitius Clauâius Ncro), trompa point. Ecoutons Tacite:
empereur romain, fils de Caius Domitius «Néron voulut substituer en sa place des
.(îînobardus et d'Agrippine, fil'e de (iermani- victimes de l'indignation publique, et il
eus, fut adopté par l'empereur Claude, l'an soumit, en les accusant de l'incendie, au^.
50 de Jésus-Christ et lui succéda l'an oi. Le tourments les plus rigoureux, une secte
commencement de son règne ressembla à la d'hommes déjà détestés pour leurs crimes,
fin de celui d'Auguste : il semblait que les que le vulgaire appelait chrétiens. L'auteur
Romains dussent voir pendant longtemps de cette secte est un nommé Christ, qui, sous
des jours de bonheur et de prospérité se le- l'empire de Tibère, avait été puni du der-
vcr pour la patrie. Néron était jeune : après nier supplice par Ponce-Pilate, gouverneur
quelque temps d'un règne commencé de la de Judée. CeUe su|)erstition damnable, ré-
façon la plus heureuse, d'un règne dirigé primée pour un temps, avait repris de nou~
par la justice, la sagesse et tous les bons . velles forces, et s'était répandue nou-seule-
r.i5
NER
NER
316
ment dans la Jmlf^e. otlle mal était n(*, mais
dans Rouie m<>nit'. 'ini est la senline où se
rassemble loiU ce iiu'il y a <lo virieux et
(rinr.m ', einnit'l(|iio liinnjue ce puisse èire.
]] y en eut donr d'abord (juelques-uns dar-
r»^t<^s: ils s'avonrrent rlirétii'us. et, sur leur
dcnonriiiiioii, on en jirit une grande uiiill -
tude, q ril ne fut pas si ais(^ de convainrre
du crime de l'inrendit» quo d'un»' haine opi-
niAtro contre le genre huinai'i. » [Annnl. \v.)
Certes, pour que l'écrivain qui parlait des
chrétiens d'une f.içon si brutale el si i^'no-
rante, les (Usculpàl du crime qu'on leur im-
putait et en accusîl le véritable auteur, il
fallait qu'ils en fussent bien évidemment in-
nocents, et le lyrai, bien évidi niment cou-
pable. Tout sera t h relever dans ce passage,
(lu il est à regretter qu'un Tacite ait écrit.
Tout y est envenimé dig'iornnee profonde et
de préjugé en ce qui touche les chrétiens;
mais il s'y trouve une accusation dont nous
avons fait justice déjà dans notre Histoire
générale des persécutions (vol. I", p. 121 :
nous devons en reparler ici.
Tacite accuse les chrétiens d'avoir été dé-
nonciateurs de leurs frères. Quiconque a lu
l'histoire du christianisme, (piiconque a pu
suivre les athlètes de la foi dans ce.s luttes
mémorables où les chrétiens triomphaient
des bourreaux jtar la grandeur du courage,
sait combien pèse celte odieuse accusation.
A part les trésors de grAce divine qui des-
cendaient du ciel sur ces valeureux combat-
tants de la foi, il y avait aussi, pour les s u-
tenir et pour les conserver dignes d'eux-mô-
mes, un sentiment d'héroïsme que nous re-
trouvons chez tous les persécutés. L'homme
ne s'avilit que quand il s'assoc-e pour le
crime; alors les nobles instincts du cceur
disparaissent et lu solidarité du criuu*, loin
d'être un abri pour ceux qui s'en sont cou-
verts, devie'11 un danger : Les criminels se
dénoncent. .Mais, dans tout ce (pii lient à la
foi polilKpie ou rtdigieuse, l'homme en gé-
néral reste à la hauteur du sentiment (pii
l'inspire : il sait sa( rilier son individualité
pour eu couvrir ses frères. La persécution
grandit les houmies ; il n'y a que les coups
mérités de l.i justice (jui les al»atte et les dé-
grade. L'infamie est da is le crime, elle n'est
jamais dans la peinte C'est le (rime (pii fait
des dénonciaieur>; la foi fait des malheu-
reux, à moins aue parfois, se lrom|)ant de
cœur, elle soit allée s'égarera celui d'un M-
che et d'un traître. Mais les traîtres, tous
ceux qui le devicrinent , n'a|tpartiennt iit
vraiment ni aux partis ni aux religireis.
Néron , non content d'avou' accusé les
chrétiens, suscita co'ilre eux une violenli'
persernlum. Lue grande umllitude de chré-
lu'us pénienl alors. On les arrêtait connno
incendiaires, dit Tacite, et on les condam-
nait comme eniunnis du genre humain et
comme sectateurs d'uiu; siipersliliou dam-
nalde. Ecoulons-le raconter leurs supplices :
■ Dans leurs supplu t-s uuMne, ds furent
traités avec insulte : on couvr.ul les uns de
p'.aux do bôles pour les faire dévorer par des
chiens; qq eu attachait d'autres à des croix ;
plusieurs étaient révolus de tuniques endui-
tes dé poix et de soufre, et on les fai«;ait
l)rOIer en manière de llombeaux pour édai-
la nuit. Ces siinplires élaien' un spectacle
qui s'exécutait dans les jardins de Temi e-
rour. Pendant ce tomps, il «lounait an peuple
le divertissement des courses, des chariots,
se mêlant parmi la foule en habit décocher,
ou monté sur le siège d'un char et tenant les
rênes. De \h naiss.iit la comm sération pour
des linmmes véritablement coupables et di-
gnes de toutes sortes de supplices, mais qui
sembla enl immolés au plaisir inhumain
d'un seul, et n»)n h l'utilité pub'ique. » Sé-
nèque Ep. \!v.\ Juvènal [Sat. 1), viennent
conlirmer les même»; f'.ils.
Dans celte première persécution contre
les cliréliens, il y eut un temps d'arrêt; car
les faits f^ue nous venons de raconter, se pas-
sant en 6i de Jésus-Christ, comment admet-
tre, si la persécution n'eilt pas été calmée,
(pie saint Pierre et1t \m prêcher dans la capi-
tale de l'empire, et cela en toute liberté,
pendant l'annie 6.t? comment eût-il pu ve-
nir devant tout le peuple combattre Simon
le Magicien?
Ce fu* f)lus lard, comme nous l'avons ra-
conté (Voy. Pau.. Pikbbe). que Néron, irrité
d'avoir vu la défaite de Simon le Magicien,
au(iu 1 il s'intéressait, lit arrêter saint Pierre;
Ce fut plus tard aussi (pi'il lit arrêter conmie
vagabond saint Paul, qui avait converti un de
ses échansons el une concubine à laquelle il
tenait beaucou[>. Ce fut par l'ordre de ce
prince que les deux saints furent martyri-
sés.
Néron était-il à Rome, ou bien était-il en
Achaïe, quand les deux saints apolres souf-
frirent le martyre? Fleurv «lit sans hésita-
tion (ju'il étail en Achaie. Rien n'est pour-
tant moins certain; il n'y a dans les auteurs
du leiuj'S aucune raison qui puisse faire ab-
solument pencher la balance de l'un ou de
l'autre côté. Ce t|u'il y a de positif, c'est aue
ce jM'ince était en Achaïe (]uanfl ("lestius lui
annonça son l'cliec devant Jérusalem. Arrivé
le 8 novembre GG ^Josèplie, Bell. Jud., \. n,
c. 2't\ il y étail encore après le 8 septembre
()7, [uiisque Vespasien lui envoya six mille
Juifs pris au siège de Josaphat, pour être em-
ployt'S h couper l'isthme tie C.orinthe. entre-
prise h laquelle Ninon étail p-mr lors oc-,
cupé. D'après Philoslrate {Apollon, iv ), les
travaux ne durèrent (pie soixant."'-quinze
jours, au bout des piels Néron, inquiet des
troubles cpii avaient lieu en Italie, donna
l'ordre de les suspendre. Sm-loue Nrron.
\xin)dil «pie. sur les instances d'Ht'dius, son
all'ranch'. il |>arlil presque immédiatement
pour l'Italie. D'après Dion ' L. ixiii ! il no
dut rester «pi'une année en firèce. il [laraîl
donc Irès-prob ible, sinon positivemetit sûr.
(ju'enjuin (Wi. il éla teneore h Rome, ettiu'il
put assister à la mort îles saints aiiùlres. \'a\
faveur de cette opinion milite le IcmoignftiCe
de Prudence Dr Coron. martyr., xii\quifait
donner Ji Nénei un onlre exprès pour la
mort (le saint Paul, onlre qui fut immédia-
luenl exécuté. Saint Aslère dit que ce fut
^\^
NIIl
M. Il
SIH
lui (|iii lit cxt^ciitcr Ifs ilriix sjiiiits, d il csi
tlillii'ilo d'i'iileudro Miitidiuciil les imiolos ilo
simiKlIirvsoMoiiio [In Hoin., Iioiii. Il, p. 25),
(Iiio nous li7i(iiiisinis Miiisi : <( l'iii' ht lyriiii
lui-iiK^iiiu. » CU^int'iit, dans son i^pilro atix
Coriidliioiis, iippiiic* laim^mn opinion.
dos misons, (jnoiipn' l'orlcs, ne soni pAs
(l(''tniiniianli's; (('pd'itiaul elles ont assez, do
poids |n»nr (ju'on no (loiv(> pas (^ciiro d'nno
t'ai'on aussi ncltc (juc l'a l'ail ri(MM\v, tjuc N(V
lo'i (''lail en Aciuue (piand les saiids apAlres
fnront niarlyrisés, (Helouino, llist. des pvr-
sà:, 1" vol., |>. i:n.)
l\MidanireniprisonneiU(M!l do saint Pierre
et do saint Paul, Ni-ron icndil d'vs l(ti>el édils
fort sévères eoidro les cluiMii>ns, pouc pi^'-ser-
ver la religion de l'onipTO de la ruiiut tolalo
dont la inenaeait I'oun aliisseupMit du eluislia-
ni-MUO. La porséeuti(»n l'ut génôialo; elle eut
lieu dans tout reu\|>iro: or on n(> poinait pas
[loursuivi'opai'loul les ehrélienscon nue incen-
diaires. Il existe dos |)reuvos irr(M'iaj;al)li's do
co qno iu)usavani;ons ici.Tertullien parle do
coslûisunsièilea[)i(>s,tlansson Apologie n" 5.
Paul Oroso, Sulpico Sévère conlirniont le
niéuio fait.
Après donc que la persécution eut cessé
[)ondant (|nolque touips, dix-huit mois envi-
ron, elle reprit avec une nouvelle intensité ;
et les gouverneurs de province durent met-
tre h exécution les lois faites contre les chré-
tiens.
Dodwel prétend que Néron ne fit mouiir
des chrétiens qu'à Rome, et ({u'U n'a fait ni
lois ni édits contre eux. Comment expliquer
la mort de Processe, de Martinieii et de qua-
rante-sept gardes de la prison des saints
apôtres, mis à mort peu après eux? Est-ce
que le fait d'avoir reçu le bapfC'me pouvait
rendre tous ces gens-là incendiaires? Pou-
vait-on les poursuivre pour ce crime? Com-
ment expliquer la persécution en Toscane,
à Milan, à Aquilée , à Saragosse? Comment
expliquer cette inscription trouvée en Es-
pag"!c : .1 Claude Néron, Ccsar, Augu.-te, sou-
verain pontife, pour avoir purgé la province
de voleurs et de ceux qui chargeaient le genre
humain d'une superstition nouvelle? Il y a
dans l'allirmation de Dodwel plus de mau-
vaise foi que (J'ignorance.
La persécution dura jusqu'à la mort de
Néron, qui fut une punition de tous les cri-
mes qu'il avait comiuis contre Dieu et contre
les honnues. Il était détesté dans l'empire ;
Deux révoltes éclatèrent contre lui en même
temps : en Gaule, celle de Vindex, qui fut
battu : en Espagne, celle de Galba, qui fut
plus heureux, et qui, s'étant fait proclami'T
empereur, vit bientôt tout l'empire le recoii-
naitre.
A cette nouvelle, Néron se vit perdu ; il
entra dans un état de fureur incrovable et
renversa d'un coup de pie 1 la table qui /filait
devant lui; mais bientôt i-1 eut un accès de
défaillance et t;mba comme mort pe>iidant
quelques instants. On raconte que Dientôt
les plus horribles projets vinrent à sa pen-
si'i'. Il voulait faire poi^tuuder tous les kmu-
vurntruri de province ui toun Ihn {«'èiiéraux
d'arnir><>s, e\lrnnUM-r tout ce qu'il y avait
dans Uomi< de tannlles d'origiiio t^auloise,
ompoisonnitr le sénat enlior, bn^lor la villu
et fane IAcImm- en niAiiic tcnips «riiilre le peu-
ple toutes 1rs, hi'lrs féroces (ju'on K'irdail
pour h^s jeux puhhcs. Lncriiinlit spuIo l'om-
péeha d'oxécul<'r ces atiouMnaltlfs pr<jetH.
Après les événemt'nts (juc no is venons <le
raconter, tous c(mx (]ui avaient dans l'uin-
pire (piei(pie eonunandement iiU|ioi'l,'inl s'é-
tint successivenMîi.l révollt!><, Néron se vit
abandonné de toutes parts. Il v(»ulut se. réfu-
gier en Ivgypte, et litdtMnander aux tribuns
et aux centurions des cohortes préloricnines
s'ils voidaient l'accompagner. Tous refusè-
rent; l'un d'eux lui dit nu'^me : « Kst-cedonc
un si grand malheur que d'être obligé de
cesser do vivre? » Hienlôt Nym|)hidius Sa-
biims détacha de lui les piiHoriens, et Néron,
s'eveillant au miluMi delà nuit , se trouva
sans garile : tous s'étaient retirés. Alors il
envoya chez ses amis pour les assend)ler en
conseil et délibérer avec eux : aucun ne
répondit. Il alla lui-mèine chez eux avec
((ueUpios alfranchis, toutes les [>ortes restè-
rent fei'mées. Lu rentiaut, il fut au déses-
l)0ir : les olliciers de sa maison l'avaient
abandonné, après avoir pillé ce qui lui appar-
tenai;. Il envoya chercher un gladiateur
pour le tuer, aucun ne voulut lui rendre ce
funeste etch'rnier service. Alors sortit de sa
bouche celte parole amôre : «Je n'ai donc
plus ni amis ni ennemis. » 11 songea à s'al-
ler noyer dans le Tibre, la |)ein' l'en empê-
cha. Un de ses alfranchis, nommé Phaon, lui
proposa une maison de cam()agne qu'il avait
près de Home, Néron accepta et vint s'y ca-
cher. Là il se jeta sur un mauvais grabat et
voulut prendre un peu de repos; mais on
vint lui annoncer que le sénat l'avait dé-
claré ennemi public, avait ordonnné qu'il
serait puni avec toute la rigueur des ancien-
nes lois, et avait à sa place proclamé Galba
empereur. Le tyran enten lait le tumulte de
la ville et les cris de joie du peuple, qui fê-
tait sa dé.hJ'ance. Ceux qui étaient près de
lui l'exhortaient à terminer volontairement
ses jours, pour prévenir les supplices et les
outriiges qui lui étaient réservés. Néron
pleurait et gémissait, en disant : « Quel sort
pour un si grand musicien! » (Suétone, iVe-
roM., Lix.) Il demanda, en lisant l'arrêt du sé-
nat qu'un esclave de Phaon lui remit, ce que
c'était que d'être puni selon la rigueur des an-
ciennes lois? Quand on lui eut dit que ce
supplice consistait en ce que le coupable, la
tête assujettie entre les deux branches dune
fourche , était battu de verges jusqu'à ce
qu'il expirât , il saisit deux poignards qu'il
avait apportés; mais après en avoir exa-
miné la pointe, il les remit dans le fourreau.
Le lâche priait instamment que quelqu'un
se tuât devant lui pour l'encourager par son
exemple. Mais on le cherchait, et bientôt le
bruit que faisaient les chevaux des cavaliers
envoyés pour le prendre , parvint à son
oreille. Alors il voulut se percer la gorge
M9
NES
NES
SiO
il'uM coup de poignaro, mais sa main trem-
blait , ot Epaphrndito , son serr«^tairo, fut
obligt' de pousser l'armo pour la fjire outrer.
Lp tyran expirait, ({uand le centurion en-
voyé pour l'arrêter entra dans sa chambre.
Ainsi mourut ce monstre d'iniquit»'*, dans
toutes les angoisses du dt'vsespoir et de la
peur; sa mort fut horrii)le : à ceux (pii ne
voient que les rhosos de la terre, ell<* olTre
une terrible leron : h ceux qui regardent au
dc]l\ , die n'est rien en com]iaraison dos
peines éternelles réservées à col bomme in-
fâme. La ïuémoiro de Néron est demeurée
en exécration h tous les siècles, et Diorreur
qu'il inspira aux premiers chrétiens fut telle,
( it Lactance. (pie quelques personnes cré-
t ulos pensèrent qu'il renaîtrait jiour être
l'Antéchrist ou son précurseur.
NEHSÉH, prince arménien de la famille
Gamsaragank, fut l'un de ceux qui souffri-
rent volonlniremont la captivité pour Jésus-
Christ, sous le règne d'Haz^:;uerd, d(Mixième
du nom. roi de Perse, et qui ne furent remis
en liberté, et renvoyés en leur pays, que
huit ans après la mort de ce prinro, sous le
règne de son fils Bérose. (Pour plus de dé-
tails , vnjf. Princks akmkmens.)
NKin A ' Marcus Corrcifis). nnq[i\t hNarni,
environ l'an -25 de Jésus-Christ. Proclamé
empereur en 9(î, aorès la mort de Domitien,
il ré,.;na jusqu'en 1)8. Son rogne, parla mo-
dération, par la justice qui en furent les
(ju.ilifés distinclives, co-itrasto avoi- celui do
Domitien. Craignant les révoltes dos préto-
riens, il adopta Trajan. qui lui succéda. Un
des premiers ados do son adniinisirafion
fut un édit qu'il porta pour (pu* tous les
exilés pussent retourner dans leur patrie.
Ce fut à la suite do cot édit que saint Jean
l'Evangr-lisfe , que Domitien avait exilé à
Pathnios. put retourner h Ejihès'^.
\KRVl S, morceau do bois fait de deux
pièces, destiné .^j tenir sorré les pieds ot
(|uel(]uefois le cou et les mains des prison-
niers. Il y nvait h cette maclnno plnsiours
trous, placés de distance en distance, ot
voilà pourquoi on lit dans les Actes des
martyrs, (pi'on leur tenait les jambo> érnr-
lées jusqu'au quatriônie et au cinquième
trou. Plusieurs d'entre eux restèrent long-
temps dans cotto doulonrenso altitude, au
miliou lies cachots les plus infects et les plus
obscurs
NKSTARLE (saint\ niarlvr. habitait Cn/i.
avec SOS frères saint Kusèbo et saint /(''uoii.
Sous Julien l'Apostat, il fut mis h mort pour
la foi, au sein d'u'ie éninlion populaire.
( Vn}/. EistnE.) I/E,4lise célèbre sa fêle, avec
celle do SCS frores, lo 8 septembre.
NESTOK saint), évèqui- *\r Sido eu Pam-
i>h}Iio et marivr, <tait natif do Perge dans
la même controo. Il na<piit de parents rhré-
tiens, (pii lui apprijcil los sciences humai-
nes orï même temps rpic l.i srience des Ki ri-
lures. Fait évêipie de Side. «nnune LeO"ien
l'a prouvé, et non pas d"' Magydo, coiumt*
le disent Bollandus et Tillomont, il montra,
rians l'aoromplissemenl de son minisière ,
taiit de vertus, de douceur et de boulé, (ju'il
gagna l'amitié même des païens, dont il con-
vertit un très-grand nombre. Qucind la per-
sécution de Dèce s'alluma contre l'Eglise,
le saint, suivant rexem[)le de saint Grégoire
Thauinalurgo, engagea «on peuple h se reti-
rer ; il priait instamment Dieu d'é[iargner
son troupeau. Quant h lui . quoique les
païens le chtrchassent et vnulussonl abattre
l'Eglise de Sido eri la décapitant dans la per-
sonne de son ch>f. il ne sortit juis de chez
lui : il y restait cfinslamment on piières pour
son peuple. L'irénarque et le conseil de la
ville l't'nvovèrent prendre : ils le traiteront
avec beaucoup d'égards. Nous avons déjà
dit que le saint était aimé d'^ tout le monde :
ils lui dirent que lo conseil le demandait.
Le saint, a[)rès avoir fait le signe de la
croix, ks suivit. Arrivé sur la place publi-
que, il y trouva tout le conseil réuni. Tous
so Icvêreni | onr le saluer : on lui fit appor-
ter un siège fort beau, en l'invitant h s'y as-
seoir. Il s'en excusa, et demanda pour quelle
raison on l'avait envoyé chercher. L'irénar-
que lui dit (pi'ii obéissait h un ordre de l'em-
pereur, el qu'il devait s'y conformer, de peur
de voir la justice obligée do sévir h son
égard, connne à l'égard des autres. Nestor
réi)ondit qu'il était forcé d'obéir h l'empereur
du ciel, avant d'obt'ir h lomporeur de la
terre ; qu'il se faisait fort, du reste, de prou-
ver et par les raisonnemenls et par les mi-
racles (pi'il ferait en chassant les démons,
la vérité dos iloctrines pour lesquelles il
eoinbaltait. L'irénaciuo le mena(;a des tour-
ments ; mais le saint demeura constamment
inébranlable. « Je crains, dit-il, les tour-
monts dont Dieu me menace, mais nullement
ceux dont les hommes clierchenl h m'ef-
fravor. » Alors, l'irénarque mit saint Nestor
entre les mains de doux archers, «jui lo con-
duisirent à Perge. où était le proconsul Pol-
lion. On remit h ce proconsul une lettre du
conseil, qui déclarait co(pii. s'était passé à Side,
le refus formel de Nestor d'obéir aux ordres
di> r(>mporeur et do sacrifier aux itioles.
Le sajnt arriva h Pergo le morcreili "27 f»»-
vrior 250. Ce fui rirénariju(> (pii accompagna
le saint, pour expliquer lalVaire au gouvtT-
neur. l'résonti' au magistrat lo lendemain,
il fut immédialoment interrogé. Le magis-
trat lui deinand.nif son nom. le saint lui ré-
pondit, avant toute autre chose : « Je suis
chrétien. » Pollion l'exhorta h sacrifier, et à
jurer par les dieux, sat'S attendre qu'on bi *
loiirmonl;ii ; mais le saint , lovant vers le
eiel un regard end)raséde résignation el il'a-
inonr divin : n Quand vous déchireriez ma
chair, dit-il. par toutes sortes de supplices,
(juand vous vous serviriez contre moi des
bêles, dos feux et des épées. tant cpi'il me
restera un souffle île vie. jamais je ne re-
noncerai le nom de Jésus-Christ mon Sei-
gniMir. » Le juge. exas|i(''ré. le fil étendre
,Mir lo chevalet ot horrddemont tourmenler
nveo les ongles de fer (les Cirecs disent aussi
bvs foue|<;).V.almo et résigné, Nestor bénis-
sait Dieu de ses souHrnuos. Le juge, stupé-
fait en voyant cette patience et ce courage
vraiment surhtimains, lui demanda s'il rie
821
nh:
NIC
9ti
se snikiil pas lii)tit(< (1(3 iiiclli'c sa idiiliaiico
011 un lidiiimc, l'I (!ii(!(ir(i ("ti un lioiiunc sup-
|ilici(''. Il dclh» lionlr, ('csl uni f;;luirc, lui n'î-
ponilit le Miiul (U(\|ut', cl (•'osl (cllc aussi
(i(< (diis (MMiv (|ui uK'Uciil loiir ('(>iilian('(t (mi
J(Vsus-(llirisl. • Nous aiiiic/, doue iiiicuv ,
nJDula Polliuii, (Mic :\\rc v(ilr«j (lliiisl (|u'a-
vCc nous? ---J'ai loujoiirs M(i iwin: iiioii
Clirist, (lit Ncsinr ; j'y suis, l'I j'y sciai à ja-
mais. » Le peuple crlail (pi'oii le l'il luniiiir.
Lejii|.;e, (Nnivaiiicii (pi'il nOblieiHlrail lieu,
prononça la seiilciit'c. >< l'uisipie vous (Mes,
lui (lil-lil, si allaclu'^ à .h'-siis, eh hioii 1 vous
aurez le inique soil ! (loiuinc lui vous pi'-ri-
iTZ on croix. » La scmUciicc i'ul iiuiu(''(liale-
luonl (nt'cuh'C. Sur rinsliuiiienl de son sup-
plice, Ui saiul evèipie lie C(>ssa d'exliorler les
ein étions présonls à espi-rcr en Jésus-dhriNl,
et à pors(''V('rer dans leur foi, lual^rt'i tous
les tounucMils. Il iiiourul sur les ncui" heu-
res du malin. l/I-lglisc ci'k'lue la t'Otu do co
sailli niarlvr le 'J(> IV'vricM-.
NKSI'Oli (saillie liahilail (laza on Palos-
tine, du temps de roin|icreiir Julien l'Apos-
tat, avec saint lùisi'bo cl les deux tV("'ros tlo
celui-ci. (^>uand ces trois Irùres lurent mar-
tyrisés par la populace ameutée, Nestor l'ut
pris avi>c eux et partagea (juehpie toui^js les
mauvais trailemenis ([u'ils endurèrent avant
d être mis h mort. Pendant 'lu'on les Iraîîiail
par les rues vl (pi'ou les l'iappait inn)iloya-
Jilement à couits de b;\ton, quel([ues [laïons,
touchés de pitié en voyant l'extrême jeu-
nesse et la beauté de Nestor, l'arrachèrent
des mains des bourreaux et le conduisirent
en lieu si^r pour y être soigné ; mais le saint
martyr miuirut île ses blessures trois jours
après. L'Eglise célèbre la l'ète do saint Nes-
tor, conjointement avec celle de saint Eu-
sèbe et de ses deux frères, le 8 se|itembre.
NESTOR (saint), martyr, était évêque en
Chersonèse. 11 y cueillit la palme du martyre
avec les évoques Hasile , Eugène, Agallio-
dore, Elpide, Ethère, Capiton, Epln\ ni et
Arcade, mais à une époque que l'on ignore
complètement. L'Eglise fait leur fête le 4
mai.
NESTOR (saint), fut martyrisé à Thcssa-
lonique h une époque et dans des circons-
tances qui nous sont complètement incon-
nues. L'Eglise fait sa fête le 8 octobre.
NICAISE , évêque de Reims et mart}-!',
mourut pour la foi chrétienne, en l'an de
Jésus-Christ 4-07. A celte époque, les barba-
res ayant fait irruption dans les Gaules, s'em-
parèrent de la ville de Reims et la saccagè-
rent. Saint Nicaise avait annoncé ce malheur
à son peuple. Lorsqu'il vit que ce qu'il avait
prédit était arrivé, oui)liant sa propre sû-
reté, il ne songea plus qu'au saluï du peu-
ple contié à ses soins : il allait sans cesse
î)ar la ville, entrant dans les maisons, et
(exhortant les habitants à avoir du courage.
Ce fut au milieu de ces soins étùscopaux et
paternels qu'il trouva la mort. Ayant voulu
soustraire quelques-uns de ses enfants spi-
rituels à la fureur des barbares, il fut saisi
par eux et eut la tête tranchée. Ils épargnaient
sa sœur, sainte Eutropie, vierge de vertu
considérable; mais elle, voyaiil inoiiiii '.(iii
frère, et comprctiant bioii pour quel iisago
on la réseï vnil, s'écria qir(dl(! aimail mi(.'UX
inourir (iiie de p(!r(lr(< son honneur. Aiissi-
tiM les iiarbares se jetèrent sur elle cl la
mass/icrèrenl. Saint Niraisc cl s/iirilo Entro-
pie furent ensevelis dans le i imetière inij
louchait l'égliso de Saint-A^iicolc. L'Eyhscj
vénère la HM'iiioire de s/iint Nic/iisj», ol celle
do sa siiMir Entropie le l'^ di-ccmhrc.
NICAISE (sainl), martyr, fut, s'il faut on
croire ( crlains aut(nirs, preiiii(!r évê(pic de
Koiien. Tsuard, le pr(!iiiier d(! tous ceux (pii
en ionl menlion, ne le fait ce|)endaiit ipit;
sim|ile prêlro. Il raconte (pi'il fut marlyrisii
dans le \(.>\in. Il lui donne pour (Compa-
gnons (|(^ son martyre saint nmrin el sainli}
Piancie ; le Marlyrohige romain ajuiile saint
Scubicule, diacre. S'il faut (mi croire les Ac-
tes assez p(ni anlhentiipu's de saint Nicaise,
il fut (Miterré avec s(!S compagnons h (îauj,
sur les bords de la rivière de J'Epti; en Nor-
mandie. Aujourd'hui, h^ c(jrps de saint Ni-
caise est dads l'ilo de Meulan. L'Eglise célè-
bre sa fêle ,avec celle do ses compagnons,
le 11 ochjbre.
NICANDRE (saint), souiïrit le martyre
pour la foi chrétienne avec saint Marcien,
en l'an de Jésus-Christ 303, sous le règne de
l'empereur Dioclétien. Ses Actes lui sont
communs avec saint Marc.ien. {Voy. ce
nom.)
NICANDRE (saint), était connu en Egypte
])Our y rechercher avec soin les re'iques
des saints martyrs; lui-même inéiita bientcjl
d'être martyrisé sous Dioclétien. Il est ho-
noré dans 1 Eglise le 15 mars.
NICANDRE (saint], évê([ue, reçut la palme
du martyre à Myre, en Lycie, sous le pré-
sident Libanius." 11 eut pour compagnon de
ses souifrances le prêtre Hermas. Tous deux
sont honorés collectivement dans l'Eglise le
k novembre.
NiCANOR (saint), martyr, versa son sang
pour la foi en Egypte durant la persécution
de Galère-Maximien. Il eut pour compagnons
de son martyre les saints Marcien, Apullone
et quelques autres que le Martyrologe ro
main ne nomme pas. L'Eglise célèbre leur
glorieuse mémoire le 5 juin.
NICE [IMcœa, lat. Nis.i.a, it-^1.), ville des
États sardes, peu éloigné.^ de l'embouchure
du Var [ï kilomètres), eut l'honneur d'avoir
pour évêque saint Ras ou Basse, qui, durant
la persécution de Dèce, fut arrêté et marty-
risé pour la foi par ordie du président Pe-
rennius , qui le ht horriblement tourmen-
ter.
NICÉAS (saint), remporta la couronne du
martyre à Antioche de Syrie, avec saint
Paul. Nous manquons de détails authenti-
ques sur leur compte. L'Eglise fait leur fête
le 29 août.
NICÉE, ville de Bithynie, sur le lac As-
canius , est surtout célèbre par le concile
œcuménique qui s'y tint en 3-26 Cette ville
vit, sous 1 empire de Dèce et sous le gouver-
neur Aquilin , le martyre des saints Tryphou
et Respice. Aquilin les fît tourmenter avec
52S
NIC
NIC
32^
une férocité vraiment inouïe. (Voy. Trt-
PHO>./
Mi.hPHORt! (saint , martyr, conTossa g/'-
nôrenscmiMit la foi chrétienne h Corintlif en
l'année -iiO, sous le règne et durant la per-
sécution de l'empereur Dèce, avec les saints
Viclorin, Victor, r.lauiiien , Dioscore, Séra-
pion et Papias. Avec eux , il se retira libre-
ment ou fut banni en Egypte, oi^ nous le re-
trouvons à Diospolis en Théhaide , en 28V,
sous le règne de l'empereur Nomérien, don-
nant, avec ses compai;nons, sa vie pour Jé-
sus-Christ. Les saints Viclorin et Victor, par
ordre du juge Sabin, venaient d'être broyés
dans un mortier; Nicéphore, n'écoutant ijuo
son courage , prévint 1"S bourreaux et se
jeta de lui-même dans l'horrible instrument
de supplice. Sabin , au dernier point irrité
de son courage, ordonna h plusieurs bour-
reaux (le le frapper à la fois. Il mourut dans
ce supplice. L'Eglise célèbre la fête de saint
Nicéphore et de ses compagnons le 23 fé-
vrier.
NICfiPHOKE (saint), martyr, eut le bon-
heur de donner s.i vie pour Jésus-Christ à
Anlioche , sous le règne et durant la persé-
cution de Valérien. L'histoire do son mar-
tyre est trop belle pour que nous ne la don-
nions |)as ici en entier, prise de Uuinart. Si
Nicéphore fut martyr de la foi, il le fut aussi
de l'amitié . ce sentiment que Jésus-Christ
rendit si saint parmi les hommes, en l'agran-
dissant d'une façon divine et en l'appelant
charité. Ces Actes sont tellement complets
sous le double rapport du récit et des rt'-
llexions qui les accompagnent , que nous
craindrions de les déparer en y ajoutant
quelque chose. Saint Nicéphure est honoré
le 9 février dans l'Eglise grecque et dans
l'Eglise latine.
Il y avait h Antioche, dit doni Ruinarl, un
nrètre nommé Saprice; il y avait aussi dans
la môme ville un laique apiielé Nicéphore.
lis étaient unis par une amitié é[)rouvée et
de plusieurs années, en sorte qu'elle était
passée en proverbe : deux frères s'aiment
moins que Saprice et Nicéphure ne s'ai-
maient. Ils avaient passé toute leur vie dans
celle douce union , lor'^ipie l'ennemi des
hon)mes \int la tioubler. Une haine si forle
et si envenimée succéda h celte belle ami-
tié , cpi'iU se fuyaient l'un l'autre avec un
sitin extrême, et évitaient même de se ren-
contrer ensemble dans les assemblées [ni-
bliques et dans ijes lieux iiidiirinents.
Ce « dura (juelcpic temps; mais enfin Ni-
cé[ihorc, revenant à lui, et fais.inl retlexion
que toute haine est l'ouvrage du démon,
résolut de se raccommoder avec Saprice.
pour cet Plfet , il pria de leurs amis com-
muns «l'aller le trouver de sa p.Tit , de lui
olIVir toute sorte de salisfactiiuis . les char-
geant expressément de l'assurer de la gran-
deur de son repentir et du désir sincère
qu'il av;ut de se réconi ilier avt«c lui. Ces
amis s'ai quittèrent de leur commission;
mus ils trouvi rent un homtiie extrêmement
aigi I, ri qui iPur narut déterminé à ne |M)int
pardotuier. Nicépuore, auquel ils iiient leur
rapport , en renvoya d'autres , qui tirent de
nouveaux efforts sur ce cœur endurci; Sa-
\)v\re ne voulut pas seulement les écouter.
Nicéphore ne se rebuta point du mauvais
succès de ces deux négoci.-» lions, et il dépê-
cha vers cet ennemi inllexible, qu'il voulait
regagner à quelque prix que ce tiU, de nou-
veaux négociateurs ; mais celte troisième
tentative ne réussit pas mieux que les deux
précédentes. Saprice ferma l'oieille , non-
seulement aux sollicitations de ces olficieux
entiemetteurs, mais à la voix même du Sau-
veur qui lui criait : Pardonnez, et l'on tous
pardonnera Mntth. xviii ; 51 tous ne remet-
tez à votre frère l'o/ffnse quil vous a faite,
votre Père céleste ne vous remettra pas celles
que vous aurez commises contre lui. Enfin, le
bon Nicéphoie voyant qu'il n'avait rien pu
obtenir de sa dureté par l'enlreinise d'au-
trui, crut que s'il allait lui-même le trouver,
il le loucherait infciilliblement par celte
démarche , et par une marque si extraordi-
naire d'humilité et de conûaiice. Il court
donc au logis de Saprice, et, se jetant d'abord
à ses pieds , il lui dit , fondant en larmes :
«Pardonnez-moi, mon père, au nom de
Notre-Seigncur. » Mais cet homme implaca-
ble , demeurant endurci dans cette horrible
aversion qu il avait conçue de son ami , ne
se rendit ni à ses prières , ni à ses larmes,
ni à cette posture de suppliant; lui qui.
comme prêtre de Jésus-Chi ist, comme chré-
tien, devait le prévenir, et, par une prompte
réfonciliation , faire voir qu'il était l'imita-
teur de celui dont il avail l'honueur d'être
le ministre.
Cependant la persécution s'allume tout à
coup. Saprice est .irrêté et conduit devant le
gouverneur, qui d'abord lui demanda son
nom. «Je m'appelle Saprice , répondil-il. —
De cpiello profession êtes-vous, poursuivit
le gouvtrneur? — Je suis chrétien, répliqua
Saprice. Le gouverneur : Eie>-vous ecclé-
siastique ? Saprice : J'ai l'Iionneur dêlre
])rètre. Le gouverneur • Nos augustes mai-
lles, les empereurs Valérien et (iallien, ont
ordonné que tous ceux qui se disent chié-
tiens aient à saciilier aux dieux immortels,
et que, sur le moindri" refus qu'ils en feront,
ils sonni tl'abord appliqués a la torture, et,
s'ils persistent , qu'ils soient f)unis du der-
nier supplice. Saprice : Nous autres chré-
tiens , nous ivconnaissoiis pi.ur notre Sei-
gneur et pour notre maiire, Jésus-Christ,
(|ui e^t Dieu, et le seul et vénitable Dieu ipii
a crée le t lel el la terre. A l'égard des dieux
des nations, ce ne sont que de mauvais dé-
mons. Piiissenl-ils périr aux yviix de l'uni-
ver^ , eux qui n'ont ni le pouvoir «h* j)rolé-
ger ceux «|ui lesntlorent. ni la force de nuire
h ceux (pli les iiiéprisi lit. o
Le président , choqué de celle réponse ,
commanda (ju m le mil dans une machine
faite en forme de vis de j)ressoir, que les
tyr.Mis avaiinl invenlee pour tourmenlcr lis
fidèles. L'excessive douleur que cnusail celle
alfreuse macliine ne lit rien perdre à Saprice
de sa eonstane<>; il disait an jage : « Mon
corps est en votre puissance, mais vous n'eu
5if>
NIC
ftvc?. «iKMitio sur iiiDii niiic. Il un n (|iim Jrt-
siis (Ihnsl, iiKiM S(>iKiiMir, (|ni en soil le iiinl-
ll'(>. 11 1-0 prf^siili'lll vov.ilit cctlc loii^Aiic ir-
sisifiiicc, ol ipit' i'i(Mi ii(> iioiiv/iil (''liiiiiilcr lu
iiinrlyr, piotionra cdiiliT lui ccllt' .sniloiicn :
Il S,i|>ri('0, |ir<Mr(' des clii-rlii-iis , cl iidiciilc-
l'iH'iil (>iiliM<^ (Ir rcspriviiico lie rcsMiscilcr,
|MMir avoir l'd'iisrt iwov iiK^piis (rohi'ir h l'r-
ilil (les cinpcrtMii's cl de s.ici'ilicr niix dieux,
sera livr»' h rc\(Siilciir de ju.sticc pour av(»ir
la l(Me coiipi^c. »
|)(^s tpi(> Sapricc ouf cidciidu pi'niioiicor
ccllo S(MUcU((', il si^ li;Ua de se reudre au lieu
dix elle (l(>vail s'ox(^r'ulor, dans rospéiaiiro
d'y recevoir uue counnuK' do la niaiii d(^
Dieu nii^uK». Nicéphitre l'ayaul su couiul au-
dovaiit d(^ lui, cl viul s(^ jeler h s»'s pieds eu
lui disant : » Mai Ivr de JtVsiis-Cliiis! , par-
dounez-moi , parce» (^ue j'ai péché coiiii'o
vous. » Saprice ne lui répoiidil rieti. Nicé-
phore se rolevani, ^;at;iia imo vno par où S ;-
priée devait passer el alla l'y alleiulic. Lors-
qu'il le vil ap()roeher, il fendit la pit'sso, et,
se jetant une seconde l'ois h ses |>iods , il In
(iria encore de lui pardonner la i'auto (pi'il
avait commise contre lui, plutiil par fragilité
(lue par un dessein foriiu'> de l'olfenser. « Je
vous en conjui-e , lui disait-il , par celle glo-
rieuse confession que vous venez do faire de
la divinité de .'ésus-('hrist. v Saprice, dont lo
(>œur s'endurcissait de plus en plus, ne vou-
lut pas seulement le regarder. Les soldats
qui le conduisaient, lassés d'entendre répé-
ter toujours la uième chose à Nicéphore, lui
dirent : « Nous n'avons jamais vu un plus sol
honnuc que toi; il va mourir et tu lui de-
mandes pardon ? » Mais Nicéphorc leur ré-
pondit : « Vous ne savez pas ce que je de-
mande au saint confesseur; il me suilil que
Dit u le sache. » Enlin, lorsqu'on fut arrivé
au lieu du supplice , Nicéphore rédoubla
cette même prière avec encore plus d'em-
pressement et d'ardeur , et l'inflexible Sa-
price, ainsi qu'un aspic qui n'écoute pas la
voix de l'enchanteur, bouchait ses oreilles et
fermait son cœur aux humbles el pressantes
supplications de son ami.
il faut avouer que si Dieu est Adèle et in-
liniment libéral dans l'accomplissement de
ses promesses, il n'est pas moins rigoureux
ni moins exact dans l'exécution de ses me-
naces. Si vous ne pardonnez, dit le Sauveur
[Malth. vviii), on ne vous pardonnera pas.
Cette vérité ne parut que troj) dans le sort
du malheureux Sa|)rice; car, comme Dieu
vil qu'il demeurait inexorable envers son
prochain , il devint à son tour inexorable
envers lui. Il lui ôta d'abord le secours de
sa grûce, et ensuite il le priva pour toujours
de sa gloire , et Dieu ne se souvint plus de
ce que Saprice venait d'endurer pour son
nom , parce que Sa|)rice ne voulut pas ou-
blier l'injure ([ue son ami lui avait faite. Les
bourreaux dirent donc à Saprice : « Mets-toi
à genoux, qu'on te coupe la tête. » Saprice
leur dit : « Et [tourquoi me couper la tôle? »
Les bourreaux lui répondirent : «Hél c'est
parce que tu ne veux pas sacrifier aux dieux
et que tu refuses d'obéir aux ordres de l'em-
MC
poreiir. pour l'aïunur do rot honriino qu'on
appello le Chrihl. » L'irifMrluMrt Saprue dit
aux bourre/iiix : « Arn'le/. . mes «mis, et no
me I'miIcs pas uioiiiii; )e l'eini lonl ce qu'on
\U)udra : jo saii ilienii , uj ««(Tillerai. » Vojlà
.'i (pi(d excès d'inlidéhié <.( d'HveuKlemeMt lo
porta l'nveisiou (ju'il ;ivait coMcue (outre
son ancien ami; voil/i dans (piel abîme do
malheurs elle le précipita.
Nui'-plioie, (pii élail r<'sté auprès d(f Hn-
prico , dans res[)éranc(Miue sa |ier«évérfliice
et sa soumission amolliraient enfin relt»
étrange durelé de so'i ami, fut seiisibleineul
allligé do renUiiidre iiarler de la sorio. « {Jna
faites-vous , lui dit-il , mon frère? Ah ! gar-
dez-vous bien de renoncer Jésus-(;iiiist ,
notre bon uialtrci, Quiilez , (piitlez cetti)
pensée, et n:^ vous laissez pas anncher, par
une hlche déscTlion , la couronne que vous
venez de gagner par une confession géné-
i-euse el |)ar tant d'horribles tourments. Kilo
vous coilK' assez cher i>our ne p.is la perdre
si aisément. » Saprice le regarda de travers,
et , courant avenglénu>nl à sa perte , il mé-
j)risa également el les avis salutaires de son
ami , et méuîe ces divines maximes de lE-
vangilo , sorties de la bouclu; du Tils de
Dieu : Si , lorsque vous présentez votre don à
t\tutel , dit cet adorable Sauveur en un en-
droit (J/a^f /t. v), vous vous souvrnez r/ue votre
fh're a quelque chose contre vous , laissez là
votre don devant l'autel , et allez vous récon-
cilier auparavant avec votre frère, et puis
vous reviendrez offrir votre don. Kl ailleurs
[Matth. xviii) , ré[)ondant à saini Pierre qui
lui demandait : Seigneur, combien de fois
pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il aura pé-
ché contre moi ; sera-ce jusquà sept fois ? il
lui dit : Je ne vous dis pas jusqu'à sept fois,
mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. Et le
malheureux Saprice ne put se résoudre à
l^ardonner une seule fois à son frère, et à un
frère qu'il voyait à ses pieds , priant , pleu-
rant , repentant , et le conjurant de la ma-
nière du monde la plus touchante, de lui re-
mettre sa faute.
Vous voyez , mes chers frères , comme
noire Seigneur et notre Dieu, négligeant en
quelque sorte ses propres intérêts et sa pro-
pre gloire, veut qu'on interrompe le sacrifice
qu'on lui otfro , refuse mêm/, ou du moins
diffère de l'accepter, jusqu'à ce que celui
qui le lui olfre se soil réconcilié. Ttint il est
vrai que c'est une chose qui fui est bien
plus agréable que tous les aons et que tous
les sacrifices. Quelle horreur n'eul-il do'ic
pas de celui que le misérable Saprice lui of-
frait de sa vie, lorsqu'il le vil déterminé à
ne point accorier le pardon à celui qui le
lui demandai avec tant d'humilité; qu'il vit
son cœur entièrement fermé pour son frère?
Ce fut pour lors qu'il lui ferma aussi le sien,
que le Saint-Esprit se retira de lui , et qu'il
perdit toute la part qu'il avait au royaume
du ciel. Exemple terrible, mes chers frères,
qui nous ap|)rend à éviter avec uii soin
extrême ce piège dangereux que lé diable
nous tend. Ne nous laissons donc point aller
à la haine; ne donnons point entrée dan$
:>i7
NIC
NIC
3Î8
îlotrc cœur h cette funeste passion; accou-
tiunnns-noiis h onhlior de bonne heure 1 in-
jure qu'on nous mua Inile : rien n'est plus
h craindre que d'en conserver le ressouve-
nir. Si nous ne pardonnons h nos frères , de
quel front pourro'is-uous dire à noire Père
céleste : Pardonnez-nous nos offenses comme
nous pardonnons <) ceux qui nous ont offen-
sés ? Matlh. VI, 1-2. j
Cependant le bienheureux Moéphorc pleu-
rant amèrement la chute de Saprice, dit aux
bourreaux : « Je suis chrétien, et je crois en
Jésus-Christ que ce malheureux vient de re-
noncer. Me vodh prêt à mourir h sa place;
fra[ipez hardiment. » Cette déclaration si
peu attendue surprit tout le monde ; mais
les l)ourreaux n'osèrent passer outre sans
un ordre du t^ouverncur. Ui d'entre eux cou-
rut au palais et lui raconta la chose. « Sei-
gneur, je viens vous dire que Saprice pro-
met de sacrifier aux dieux : mais il y a un
autre homme qui veut mourir à toute force
pour un certain Christ (ju'il appelle son
Dieu et son Seigneur. Il ne cesse de dire
(ju'il est chrétien, qu'on ne l'obligera jamais
à sacrilier h des idoles, et qu'il n'obéira point
aux édits des empereurs, » Le gouverneur
avant oui ce rapport, rendit ce jugement :
«Si l'on ne peut l'aire résoudre cet honnne à
sacrifier aux dieux innuortels, quil meure
par le glaive. » Le licteur étant de retour,
montra l'ordre dont il était porteur; et sur
le refus de Nicéphore, o;i lui trancha la
tète.
Ainsi mourut le bienheureux Nicé|)l!ore,
qui reçut de la main de Jésus-Christ, avec
la palme du martyre, trois couronnes immor-
telles; la couronne de la foi, celle de l'hu-
milité et c-lle de !a charité.
NICnPHOKK (saint), martyr, eut la gloire
de donner sa vie pour notre religion sainte,
dans la ville de Kome, avec >aiMl Abondance,
saint Léon , saint Donat et neuf autres. Ils
sont inscrits au Martyrologe romain sous
la date du 1" mars.
NICÉPHOIIE (Saiiit), patrian^lic de Cons-
tantinople, confesseur, était fils de Théo-
dore , secrétaire de l'empereur Constantin
Copronyme, qui fut banni sous ce prince
pour raltacliement inviolable (ju'il montra
pour les saintes images. Avant d'aller en
exil, saint Théodore avait eu à souffrir plu-
sieurs tourments fort cruels. Hap|)i lé et de
nouveau é|)rouvé par les touimeiils, i\ avait
été relégué h Nicée, où il était mort. Le
saint de «pii tiniis ("crivons la vie était né
vers l'année T.'iH. lùidocic, sa mère, restée,
seule pour i)reudre soin de son lils, avait
cultivé les heureuses dis[)osilioi\s ([u'elle
avait vues en lui : elle lavait eleve pour
Dieu d'abord, vu lui inspirant la [)lus \>vo-
fonde piél)'-; pour le monde («usiiite, en lui
faisant étudie, toutes les sciences nécessai-
res à un homme ipii doit y tenir un ran^
élevé. I.e mérite du jeune Nici-phore devint
si reman[ualde, cpie I impératrice Irène et
lenipereur Constantin, son lils, lui ilonnè-
reni. avec leur conliance entière, l'emploi
que son père avait eu sous Constantin Co-
pronyme. 11 remplit sa charge avec tonte la
distinction , avec toutes les vertus qu'on
était en droit d'attendre de lui. Non content
do cela, il travaillait avec ardeur à l'extinc-
tion de l'hérésie des icoiiorlastes. Au concile
de Nicée, sejitième géntral, où il assista en
qualité de commissaire imp»''rial, il se ût ad-
mirer de tous les Pères qui sié,j;eaicnl. Sous
le règne de Nicéphore successeur d'Irène,
qu'il avait détrôné, le patriarche Taraise
«•tant mort, l'an 809, consuitt sur le choix
du successeur les [)iiis considérables d'entre
les évoques, les moines et le sénat, entre
autres saint Plaion vt saint Théodore Stu-
dile. Saml Platon donna son suifiage par
écrit, et rompit même sa retraite et son état
de reclus, pour aller trouver de nuit un
moine, parent de l'empereur; mais son avis
ne fut pas suivi. Nous avons la réponse de
saint Théodore, où il s'excuse de nommer
aucun sujet particulier; mais il exhorte
l'empereur à choisir non-seulement entre
les évèques et les abbés, mais encore entre
les stylites et les reclus. Ce qui montre que
l'observance des stylites continuait trois
ce'it cinquante ans après saint Siméon, leur
auteur. L'em[)eieur se détermina sur Nicé-
})hore, qui avait été secrétaire de ses préd '•-
cessours, et il fut élu d'un commun consen-
tement du clergé et du peuple ; mais Platon
et Théodore Studile s'y opposèrent forte-
ment, soutenant tpi'il ne lallait pas élever
tout d'un coup un laïque à l'épiscopat. Ils
craignaient sans doute que cet exemple, en
suite de celui de Taraise, ne fût d'une dan-
gereuse conséquence. L'empereur en fut
tellement irrité, qu'il lit enlever Platon, et le
tint vingt-quatre iours dans une étroite pri-
son, après quoi il lui permit de retournera
son monastère. Il fit emprisonner quelques-
uns des moines, il en lit meltr» à la ques-
tion; et il voulait les chasser de Conslan-
tinople , mais on l'en détourna, en lui
repn'-seiitant (pie l'entrer de Nicé[»hore dans
le siège palriaical serait odieuse >i, îi son
occasion, on détruisait une communauté de
sept cents moines qui vivaient sous la con-
tluile de Théoilor(\ Nicé[diore fut donc or-
donné patriarche le jour de IWques, l'?, avril
806. HKIeiiry, vol. III, {>. 2l)7.)
Le jour do son sacre, il montra combien
était pur et vrai son zèle |)our la vraie foi.
Durant tonte la cérémonie il tint h la main
un écrit qu il avait rédigé |)0ur la dél'enso
(les saintes images; il le mit en dépl^t der-
rière l'autel, pour (]u'il y restât comme un
temoignaiic de la fermeîé avec laqielle il
était d cillé à d.'fendre au besoin la foi con-
tre l'hérésie, la traiiili<in de i'Kglisfs contre
les innovations des iconoclastes. A peine sur
le trône patriaical, il entreiirit de léformer
les moMirs de son diocèse, cl il y réussit,
aillant eu prêchant d'e\em[)le (|Uo de parole.
(Juand Léon l'Arménien lut nommé empe-
reur, il n'solut de faiie partout abattre les
salîtes images et de [lersécuter les calludi-
(pies, s'ils résislaier.t il ses desseins ; mais
il espérait venir h bout il'eux en gagnant hs
principaux d'entre les évoques. Il comprit
521) NIC
(|U('llo iitilitt^ il poiirniil roliror d'tMn» l)i(Mi
avec l(» pulri.'in^hd Nicridioir, ni il lit loul co
(juil (Mil |Miiii- rniiii'iirr à lui. Il nMiiiiii'ii(;ii
|i;ii' piDCi'iii'r iwvv (loiirciir en lui disiuil :
X Lo iiuiiulo usl scaiiilalisr à caitsit des ima-
ges : il (lil (|iii' nous taisons mal de les ailii-
viw, vl tiuc ('t'sl la causo |mmii(|U()i nous
souiiiics Hirrricurs aux inliJchvs. Ayez, un
|ii«ii (le (•oiiilcsicndanci^ , rt laissons >-a's
tlioscs hassrs ; ou hioii nionli(V-iiioi pour-
cjuoi vous hvs adore/, puisipiiî rKciilurc n'ni
((il pas un uiol. » l.o palriarclK; i'('>|')oudit :
<« Nous MO p(Uivons louclici' auv anciennes
traditions. Nous adorons les images coiunin
la eroiv et l'I-lvanj^ile, (pioiipi'il n'y en ait
rien d'écrit.» (lar les iconoclaslos ('on\e-
nait'iit d'adorer la croix et riivaugilo. Cepen-
danl le palriarclie, apprtMiant (prAntoine du
SyK'o l'avorisail l'eiilreprisi; de reiii[»t'reur,
l'eMvoya (piérir, (>t lui (>n doiuaiida la véril(^.
Anioine le nia, et lui donna '.uni décla.aliou
souscrite de sa main avec la croiv el scellée',
par K'Kiuollo il l'aisail profession d'iioiioror
les ima,4es, avec aiiidliùine ('oiilrc! couv (pii
croyaient le contraire. 11 donna ci.'llc décla-
ration en présence dos métropolitains qui se
rencontrèrent, et l'emiiereur lui en ayant
l'ail des re|)roclies, il lui dit : « Je nie suis
moqué d'eux |)our vous donner plus de com-
nunîité d'exéculcr votre dessein. » Après
cette première tentative auprès du patriar-
che, l'empereur crut avoir bcsoui de [)lus
grands préparatifs, el manda la |)lupait des
évè(|ues de son obéissance, esjiéranl qu'ils
favoriseraient son opinion. Mais, avant qu'ils
abordassent h Constantinople, il les lit arrê-
ter de peur qu'ils n'allassent, suivant la cou-
tume , descendre chez le patriarche. On
laissait en liberté ceux qui paraissaient dis-
posés à faire la volonté de l'empereur; mais
ceux qui résistaient étaient mis dans des
cachots, où on leur faisait soutf.ir la faim.
Le patriarche Nicéphore, voyant celte con-
duite, redoublait ses prières vers Dieu, et
exhortait les catholiques à demeurer termes.
11 assembla chez lui ce qu'il put de moines
el d'évôques : ils passèrent la nuit en priè-
res dans la grande église ; et ce fut peut-être
en cette occasion (lue le patriarche, montant
sur l'ambon, prononça analhème contre An-
toine de Sylée, comme prévaricateur. L'em-
pereur , étant averti de cette assemblée ,
craignit qu'on n'y prit quelque résolution
contre lui ; et vers le chant du coq il envoya
au patriarche, s'en plaignaiit comme d'un
commencement de sédition, avec ordre de
venir tous au palais quand il serait jour.
Ils n'en furent que plus animés à soutenir
la vérité, et les [)rières finies, le patriarche
les exhorta encore par un discours fer.^
vent.
Ensuite ils marchèrent tous aU palais.
L empereur ne tendit point la main au pa-
triarche, el ne l'embrassa point à l'ordinaire;
mais, le regardant de travers, il s'assit, le fit
asseoir, et lui parla d'abord seul à seul,
croyant le gagner plus facilement. «Nous
ne cherchons, dit-il, qu'à connaître la vé-
rité et rétablir la paix. Ne savez-vous pas
DiCTIOX.N. DES PliRSÉCUTIONS. li.
NIC
S80
ipielln e.sl hi miillitude de ceux (pii .sotit
choqué.s «le.s iiiwiKi's"/ On iir peut les rame-
ner qu'en répoiuj/uil aux passages di- l'Iùri-
luio (iii'ils allcmii'iil. Je \t'UX donc (pie,
.sans dillén-r, vcjus entriez en ctnifércnco
av(M-eiix : si vous le mlusc/., on verra r-jai-
l'ement la laiblcssc de voir.- <aiise. « L«; pu-
IriarclK! répondit : « Nous n'avons eu dessein
d'exciter aucun Iroiildc conlit- volic laiis-
sance, nous avons sciihuiient prié pour vous,
oommo l'Kcrilure l'ordonne. Personne n'aime
la paix plus (pu; nous : c'est vous qui la
Iroiibli!/, car toutcis les liglises sont d'ac-
cord. Home consenl-elle h l'abolition des
images? ou Alexandrie, ou Antiodur, ou
Jérusalem? Ne prèle/, pas la main, seigneur,
à une hérési(î abattue el condamnée. Ôue si
«piehpi'un a ébranlé votre foi, nous voiibnis
bien vous satisfaire, el nous le devons:
mais nous ne pouvons disputer avec des
héréti.pies déjà convaincus et aiialliémali-
sés. » Knsuile il entra en matière el traita
à fond avec l'empereur la (pieslion des ima-
ges. (Fleury, vol. 111, p. !2a'J.)
Léon, furieux de la résistance de Nicé-
piiore, usa de ruse pour arriver à son bul :
il engagea (luehjues soldats à traîner avec
mépris une image de Jésus-Christ, qui était
sur une grande croix au-dessus d'uni; des
l)ortes de la v.lle. Les soldats l'ayant l'ail, il
défendit qu'on en mît une autre, s us pré-
texte d'cmpôcher une seconde profanation.
Ni(é[)hore ne fut pas dufie de son indigne
sliMlagème : il redoubla Ja l'ervenr de ses
prières, invita les catholiques à rester ler iiies
et courageux, et demeura préparé à tout ce
que pouvait tenter la mauvaise volonté de
l'empereur. Alors Léon assembla quelques
évèqiies iconoclastes dans son palais, el in-
vita Nicéphore à y venir avec ceux de son
parti. Comme on peut le voir à l'article Ico-
noclastes, les évoques catholiques exhor-
tèrent l'empereur à ne se mêler que des af-
faires de l'Etat, et à rester complètement en
dehors de celles de l'Eglise. Ils défendirent
avec énergie le culte des saintes images.
Saint Théodore Sludite, parlant après les
évêques, dit à l'empereur : « Seigneur, ne
troublez point l'ordre de l'Eglise. Dieu y a
mis des apôtres , des prophètes, des pas-
teurs el des docteurs, mais il n'a point
parlé des empereurs. Le gouvernement de
l'Etat vous est conlié, comme celui de l'E-
glise l'est aux pasteurs. » Le prince, exas-
péré de fureur, chassa les évoques de sa
présence, et leur défendit d'y reparaître.
C'était contre Nicéphore surtout qu'il était
irrité ; il ne songea plus qu'au moyen de se
venger de lui, et ce moyen ne tarda pas à so
présenter. Les évoques iconoclastes s'étant
réunis dans le palais impérial, y tinrent un
prétendu concile auquel ils citèrent Nicé-
phore, qui refusa d'y assister, la citation
n'étant pas canonique. 11 dit seulement à
ceux qui la lui présentaient : « Qui est-ce
qui vous a donné cette autorite ? Est-ce le
pape, on bien les autres patriarches? Vous
n'avez aucune autorité dans mon diocèse. »
Il lut ensuite le canon qui porte excommu-
11
331
MC
NIC
.V'.ï
nicition contre ceux qui s'allribuent une
juri'liili'^n dais le diocèse d'un évènuo. et
leur o. dom.i de se retirer. ï,es ('vèques iro-
norlasles ne tinrent coin;>le df cria et c<»iili-
nuèrentieur concile. Le.ii|)eri ui le |>icss.iut
encore d'y venir, il dit qu'il y vieinli.iil uik
conilitions suivantes : il d»'mai dail qu'nu
lui ren it aii;.>a avant le gouviMuein nt libio
de son l ou|»cnu, une l'on d livrât de prison
les évoques callioiiques, que Ion rappelât
ceux qui éiaicnl exi es; que d'ailleurs on
éloignât ceux do il les ondulations étaient
irréjulières , et qu'on ne s'.tsseniblàt que
dans réalise.
Mais les iconoclistes, qui prétendaient re-
présenter b» concile d^ la cour, nommé sy-
nodos en démo usa y persuadèrent i» lempeieur
de rejeter ces conditions: et disant qu'ils
avaient déjà apiicl^ trois fois le pafriniclie,
ils soutinrent ({u'ils étaient en droit de le
condamner p:^r contumace. Ils lui envovè-
re^t donc uuf monilion par érril. poitant
cornmandem«'nt île com!>,irallie devant c i\,
et en diiiraèrenl do; évoques et di'S eler .s
accompa;^nés d'une tioupede gens r;nnassés.
Le palriarrhe ne l-s vonlait pont voir; mais
le patrice Thomas lui persuada de ne les pis
renvoyer sanf< leur parler « I.e concile, di-
rent-ifs, ayant r^çu des lib 'Iles contre vous,
vous mande de venir '^ous d -fendre; mais si
vous voulez éviter la déposition, vous n'avez
qu'?i consentir avec le concile et l'empereur
h l'abolition des imag^^s. >. Le patrinrch' ré-
pond t : « Kt qui e^t cel 'i qui sed inne l'au-
torité de recevoir des libelles contre nous?
Est-ce le pape ou quelqu'un i\os autres
palriarches? Et si je suis eoupable, connue
vous dites, de crimes qui méritent déposi-
tion, sudirail-il de me rendre h la volonté
de l'empereur, touchant les images, pour
m^ justifier et me rétablir le même jou'r?
Me croye/.-vous si peu inslruit des lois de
l'Eg'ise? Quand môme le siège de Constan-
tinople serait vacant, aninm év^qin^ étranger
n'auiait le droit «l'y exercer juiidirtion ,
beaucoup moins, puisqu'il est encore rem-
pli. M Puis, ayant lu le canon, il les d 'clara
excommuniés, et leur ordonna de sortir de
l'enceinte du lieu saint. Ils se retirèrent en
prononeant des anathèmes contie lui et con-
tre Ta rai se.
Désespérant donc de le tléchir, ils voulu-
rent le faire mourir secrètement; mais il en
fut averti par un r\orc. calholupie, et se tint
sur ses gardis. Ses ennemi-, ayant mampié
ce coup, déiendirenl sous peine d'excommu-
niiation de le reromiailnî pour patrarche et
de le nounner à la inev>e. On était alors en
carèuie, et il écrivit à roni|>ereur en ces
termes : «Jusqu'ici j',u combat u pniirli
vérité, selon mon pouvoir, et j'ai souilert
toute sorte de mauvais traileme-ils. les af-
frotils, la prisf>n, la i- euiscaiion. la p -i le do
mes doinesliq les. Ilnlin des gens q ii pa ais-
saionl évè pies sont venus m insulter avec
une populace armée d'ept'es et de bt(uis,
dans l'extriunité de ma mal.\die: ensuilej'ai
appris que les ennemie de !a vérité vouljiout
ou me déposer ou m'ôfer la vie. Pour éviter
d'iuc (juelque malheur, dont le péché re-
tomberail sur votre mijst'", je cède malgré
inoi à la nécess lé de ouilier mon siège, et
je recevrai avec action de grâce ce que Dieu
permettra qu'il m'arrive. »
F^'empennir. ayant ret u ci tte lettre avec
un souris malin, commanda au [lUrice Tho-
mas de prendre une troupe de soldats et de
faire enh'vcr le patriarche au milieu de la
nuit. L'h nire venue, comme les soldats en-
traient, le patriarche demmda do la lumière,
se leva i\i' son lit. et, se faisant soutenir, il
jirit ?i SI main un once isoir, et éi'lairé ie deux
ilimbeanx, il entra dans l'église. L-i, pros-
ti rné h lorre. il recommanda h Dieu ce saint
lie I pour n'être point profuK', et prit congé
de son siège et d • Constntinople; ensuite
il se mit dans une < h.iise et ot l'emporta h la
citadelle, où. l'ayant mis dans une bTrcpie,
on le fit passer à rhrvsopolis, et on l'envoya
au nionDstèr,' d'Agà'hus , c'osl-àdJrc ll\i
Bon, qui! avait fait bUir. Mais, peu après»
on le 'ransféra plus loin, au monastère de
Saint-Théodore , qu'il avait aussi fondé.
(Fleury, vol. III, p. 2V1.)
Après l'empereur Léon, ce fut Michel le
Bègue qui monta sur le trùne, en 820. Il ut,
comme ses pi édécesseur-, ardent iconoclaste
et persi'cuteur des catholiipies. Nicéphore
demeura dans son exil et y mourut le 2 juin
828. L'Eglise fait sa fête le 13 mars.
NICETAS (saint), martyr, mourut pour la
foi chrétienne en l'an de Jésus-Chnst 372.
Athanaiic, roi des tiotlis, avait, en 370. porté
un élit sanglant contre les cliréiiens. Il tai-
sait traîner sur nu char une idole dans tfuis
les lieux où il supposa t qu'il y avait des
chrétiens, » t tous ceux qui refesaient de sa^
crilier devaient immédiatement être mis à
mori. Le sup; lice que le plus ordinairement
on employait contre les chrétie is était de
les bii'iler dan-, les lieux où ilss'assembl d nt
])our prier, ou même d lis leurs domiciles
piivés. Ce fut ce joi arriva à saint Nicétas.
L'I-lglise Voiiore sa mémoire le ISseplnubre.
{Voy. Surins. Socrate,Sozoinène,Siilling, t.V
Sept., |i. ,18.1
MCfifAS, patriarche de Constanlinojde,
sous lemperenr Constantin Copronvme. fu-
rieux ieonoclaste, eut la l'clieté d'obéir h ce
prince, t<uich.uit la destiurii..n d s .s^ii;ve.-i
iiiiao"^. qn il lit etfacer tant en mosaïque
(ju'eii peinture. (»t sur boi». da"is le palais
palcaical et dans h» monasièie d'Abialuin.
NICETTK (sainte), martyre, mon ut pour
la foi liu Chr'St en Lycle. après avoir él»'»
convertie avec sainte Aquiline par sa nt
Chrvstophe, martyr. E les funnil décapitées.
() 1 i^U'ie à quelle époque. L'Eglise les léle
le 2i jiii let.
NICi»Df:ME, disciple de Jéstis-Chnst. sé-
nateur, juif de In se-te des Pharisiens, ueveu
de liamaliel, fut un le ceux nui rendirent
les derniers devoirs h Jésus-t'nrist. Après
ipiil «Mil reçu le bTpiême, les Juifs le depo-
sèienl de sa dijil • de sénateur et l'excom-
muniyrout. Ce fui à la considération de Ga-
sss
Nin
Sic.
Z7,i
iuali(»l(l), iproii Mf lo lit p.'is innniir; ninis
on lo l);iilil de vt'incs, on In (•jinssn (1(« Jrrii-
s.iJt'Mi, cl OU ;ili;in(lonnii m's Iiicis fni pili;);;!'.
Il ilcincnr.'i jiiM|n'i\ s;i nioil clir/ (i.nu.ilicl,
.|iii lo lit cnti'rit'f t'I If |>l;\(;;i nniin-sdc sai-il
l'Ilicn'M». Son t'or|t'- l'iil li'oiivi'' en '•!.">, avoc
c-hii (In sainl (liacir, par le |iitMic Lncicn. h
(|ni (i.'nnaiicl lil connailio ofl sonj^o Ir lien
(iTi il r(>|»nsail.
Ici vieni nn(> rcllcximi qni mms est susci-
h'c |>rtr la cnndnilo dillcrcnlc dos doux por-
sonna;-;os doni il est (pu'slion dans cet ar-(i-
(lo. Nicodcnio, docloiM' de la loi coninn; son
()iicl(> (Janudicl, ost comme lui discinle de
Jésus-(]hrisl ; mais lui avono sa loi, la pio-
clamo, ol ost persôculéji cause d'(>llo. (lama-
liol, au conliaire, (■hic''lien on socrot, gnrdn
l'amilitS ralVeclion ih'S Juifs, h ce point qu'il
|>eal proléger conlie on\ d'abord les aiiA-
Iros, ensuite NicodC'mo lui-nuMnc. La tradi-
tion, les IVres, rKi:;lise, vendront coinino
saillis ces deux pcr>onna{^es.('ei';os,i\ moins
(pu^ la })rndenco de (lamaliel ne lui ail élo
connnan(l(!e, inspirée par Dion, (pii voulait
pout-ètro la l'aire loni'uer au bien do ses sor-
vit'eurs,il nous semble qu'on pouriait, sinon
la blAmor posilivonuMit, «lu moins la sij:,n;der
comme moins mérilaulo (pie la foi avouée
de Nic.odémo.
NICOLAS \A\ PÈLEUIN (sainP, confesseur,
soull'ril à Trani dans la Pouille, [loui* la dé-
fense de la religion cbréli, une. Ses miracles
o'il été raf)porlés ilans un coicilo tenu h
Komo sous Urbain li. L'K^^lisc honore sanié-
moire le '2 juin.
NICOLAS 1)K MONTECOUVINO ( le bien-
heureux ), élail frère dans un couvent do
Francisc.iius^ Jérusalem. Un chevalier hon-
grois, uonnué Thomas, qui avait embrassé la
loi de Mahomet alin de seconoilior la faveurdn
sultan d'Kgypfe, vint, poussé i)ar un mouve-
nienl secret de la grâce, visiter les sanctuai-
res de Jérusalem pendant la senuiino sainte.
Etant entré par hasard dans le couvent dont
notre saint faisait partie, celui-ci lui repro-
cha si fortement son apostasie, qu'il le ra-
Hiena h Dieu el se résolut ù l'accompagner
au Caire, pour le soutenir dans 'a rétracta-
tion publique qu'ill'avait déterminé à faire.
Ils partirent donc accompagnés des frères
Er inçois et Pierre. Ce fut lo dimanche de
Pàijues 1358, qu'ils furent admis en présence
du sultan. Ils lui parlèrent avec une si gé-
néreuse liberté, que ce prince, rempli do fu-
reur, les livra au Cadi : celui-ci l;s condaania
h être coupés par luorceaux, puis consumés
(1) G.misliel était en position d'obtenir facilement
qu'on «épargnât son neveu Mcod(:Mîie ; lu persécu-
tion (pii sévissait alors, était colle qni suivit ininié-
(lialement la mort de saint Etienne ; or sainl Paul
était .1 cette époque le pl;is anJent persécuteur de
1 Kglise : cotait liù qui était fàme de la persécoiion
l.ainaliel avait été son maître ; Al.ibas, fih de Ga-
maliei, et iNicod(hne,son neveu, avaiontélé ses amis
SCS compagnons d en(;mce. il se contenta donc (!«î
fane battre «le verges Nicodème et de le Caire chas-
soi- de Jcnisalem. Pour que Paul allât même jusque-
là, .1 fallau que sa fureur et sa ra^te ucrsccutricc lus-
sent bien grandes.
par lo fou, lo '» nvril 1.1."SM. Notro «niul péril
ainsi virlimo do son dévinjoinont héro/uuo
(NVaddin^'. an. LTl'i. ti '.).)
MCcU.AS IM:MoN(ilUE (lo hnnheiiioijxL
Enncisinin, sonifril )<« marlvr^ dans In capi-
tale dos II I .,'aros, nvo- (pi.Mi). /,,iiri's bion-
liour.'iiv (h'son ordre, Moininô<i l.ndisj.'i» do
Hongrie, l'Iiorrins do l'oliRno, (iié-oiro i/o
'rraii en Dalmalio, ot Antoine dcSixc. Hn.'*-
saralji, priiKt' schism/itifpu', (pii ré^j/iji au
del.1 du Danube, surprit la ville où étaionl
nos saints, aiih'- par les scli sniatiipics (pii
l'habilaii'iil. L'iui do cOft. martvrs fut massa-
cré dans le jiri'niicr Ininnile, et les quai ro
antres fin-onl d-'iapilés sur le bord du llouvo
le \1 ('('•vricr l'MW). L'endctut du rivage où
gjsaiont les corps des marlyrs fut illumini'î
d'iino clarli'' snlendido. On y ontondit une
musique (pii semblait j>rovonir des <h(j;urs
célestes. Qnand nn raconta oôs p odiges h
llnssaralh, il se rendit innnédialcmont sur
les li(Mix ; mais, rpioi (pi'il pAi faire, son che-
val n'obéissant ni aux coups ni h l'éperon,
refusa d'approcher du corps dos saints ; alors
descenda 't (h- chev.d, il voulut s'en appro-
cher, mais une terrible ap|tarition lui en dé-
fe ulif le chemin. Il fut obli;;6 do se retirer
l'épouvante dans le. c«rur. Los moines du
rite grec, qui craignaient qu'on rep.dît les
honneurs accoutumés parmi les catholiques
au\ reli(]ues des saints, ame lèrent dos chiens
pour les dévorer. Quand ces animaux vou-
lurent accomplir cette hoi'rible curée, la main
de celui. lui commande h toutes choses ici-
bas, les frappant d'une fn(;on invisible pour
les spectateurs, les foiv;a do fuir en jetant
des hurlements épouvantables. L'un d'aux,
ayant mordu un do ces corps sacrés, parut
immédiatement l.i guv-ule en feu aux veux:
dos st)ectateurs remplis d'épouvante. Ce fut
alors que Dieu, mettant le comble à ces ; ro-
diges, ht sortir le fleuve de son lit; ses va-
gues vinrent soulever sur la rive les corp-s
que tant de miracles avaient glorifiés et les
jdacèrent dans des cercueils qu'apfiortèrent
des anges. Quand cet ensevelissernent mira-
culeux fut termné, lo lleuvo s'ouvrit [lour
dormer aux marlyrs une sépulture non moins
miraculeuse au sein de ses flots. Les vo'ié
râbles reliques n'ont pas été retrouvées.
Voilà ce que raconte Wadding, et, d'après
lui, Honrion. Nous aimons à crone que des
faits de cette nature ont été étayés de preu-
ves suiTisantos pour que des auteurs recom-
mandabies en aient accepté la responsabi-
lité.
NICOLAS DE TAULICIS (le bienheureux),
était né à Sebcnico en Dalmatie. 11 par.it <\
la tôle de trois autres Franciscanis nommés
Donat, Pierre de Narbonne et Etienne de
Lanich, p..)ur évangéliser les infidèles. Arri-
vés à Jérusalem, ils irsolureni de se ren-
dre, un jour do solennité, dans la mosquée
du temple, afin d'y jirêcher Jésus-Chr st. Les
Mahomélans, furieux de celte hardiesse, les
battirent cruellement et les jetèrenl à demi
morts dans un noir cachot, où ils restèrent
trois jours sans manger. Au boutde ce tenu's,
ayant courageusementrel'usé de rétracter ^'u-
355
rsic
MC
336
l)Ii(inoniont leurs parolos insuUantos contre
le iMopln'-to, ils furt'iil inassa(r<^s à rnups de
harhe et (l»^péo le II novembre 1391. Deux
fois Ii's intîil^li's voulurent hrOier lo< relifiucs
de nos L)UMihtMircu\, dt'u\ fois ils fmeni obli-
gés d'y renonrer. Ils les enlerrèrenl seciè-
temont. alin que les rhri^tiens ne pussent les
enlever. ( (hroniqurs des l'n'rrs Mineurs,
t. 111, P. 16; Wa(Mi'is, an. 1391, n" 1.)
NICOLAS DU UOSÀIIU-: i^le bienlieureux\
de Coimbre. profèsdu couvent de Lisl)onne,
vint prtH-her l'Evangile au Mononcalapa.
Ayant éUS saisi aux environs de Séna, il fut
lié à un arbre et tué à coups de llèches. Les
meurtriers tirent cuire ensuite son corps et
le dévoieront, en lo9'2. {Foniana, Monumcnla
Dominicnna. )
NICOMAQUE, apostat dont il est question
dans les Actes de saint Pierre de Lan)ps i-
que. Nous donnons ici le morceau qui le
concerne. La chute de cet homme est un
terrible exemple ; elle prouve que l'orgueil
et la présoui(»tion n'attirent |tasla grAce<l'en
haut, et sont peu souvent compagnons de la
vertu véritable.
« Dans le même temps, le proconsul étant
allé à Troade avec un grand cortège, on lui
présenta trois chrétiens, André, Paul et Ni-
comaque. 11 leur demanda d'où ils étaient
et de quelle religion. Nicomacjue, prenant
la parole avec précipitation, se liAia de ré-
pondre d'un ton de voix assuré qu'il était
chrétien. Le proconsul, s'adressanl ensuite
aux deux autres, leur dit : « Et vous ? » Ils ré-
pondirent niodolenienl : « Nous soinnu^s
chrétiens. » Le proconsul, revenant h Nico-
maque, lui dit : « Sacritifz aux dieux, .linsi
que 'C porte l'oidoinance dn prince. » Nico-
ma(jue répondit : « Vous savez bien qu'il
n'e>l pas permis h un chrétien de sacrifier
aux démons. » Sur celte réponse, le juge le
fil mettre à la (|uestion; mais Nicomatiue
n'en pouvant presipie plus, el réduit ;iux
abois, s'écria : « Qu ou arrête, je ne fus ja-
mais chrétien, je suis prêt h sacritier aux
dieux. » Aussitôt le proconsul le lit relâcher;
mais il peine eut-il ï«a(rilié, tpiele démon se
saisit de lui, et l'agitant par de cruelles se-
cousses, le jeta rudement p.ar terre : lîi, ce
malheureux expira, après s'être coui)é la
langue avec les dents el l'avoir mangée, r
M(:()Mf-:DE (saint >. était prêtre à Uome.
On l'arrêta durant la persécution de Doiiii-
lien, à cause de sa grande assiduité auprès
des confes'^eurs et de son /.èle «^ enlrnin' les
martyrs. Sur son lel'us de sacrilier, il tut as-
somiué à coups de b;\ton, l'an IK). L'I%;lise
nonoro sa sainte mémoire le 15 septem-
bre.
MCOMKDIK, auiourdluii huikmid, ville
d'Asie Miueuri" en Bit!i\nie, eut la gloire de
voir mourir dans ses murs, sous l'empiie île
Dèce, les célèbres martyrs Lucien, Marcien,
Tite, Flore lierai le et un autre Flore, rpie
le proconsul SabinuMondamna au feu. Sous
rem[)ire de Dioclétien, coiiune on j)eul le
voir h l'article Dioc.i.ktihn et à l'aiticle Pr.n-
5fcr.LTio>s, cette ville fut le tlioàtre de nom-
breuses exécutions. Anlhime, sou évêque,y
fut mis h mort avec la plus grande partie de
son troupeau : il fut décapité. De ses diocé-
sains beaucoup partagèrent son sort, d'au-
tres furent b. l'ilés ; un grand nombre furent
nus dans des barques et noyés dans la mer.
Les noyades ne sont pas d'invention répu-
blicaine.
Dans la persécution de Dioclétien, saint
Pantaléon fut mis i\ mort, h Nicomédie, en
303. avec les saints Hermolaiis, Hermippe
et Hermocrate. Quelques lignes plus haut,
nous avons omis de dire que cette persécu-
tion de 303 frappa comme première victime
un cliré;ien nommé Jean, (jui avait arraché
et mis en pièces l'édit que le tyran avait fait
allicher. Quand Galère eut mis le feu au pa-
lais de Nicomédie, il accusa les chrétiens de
ce crime ; Dioclét en en lit arrêter et mettre
à mort un grand nombre. Dorothée, son nre-
mier chambellan, Gorgone, sous-chambellan,
furent étranglés, après avoir subi divers sup-
plices. Pierre, aussi sous-chambellan, fut dé-
chiré à coups de fouet ])Our aller enfin ex-
pirersur un gril.
Dioclétien étant dans cette ville, en l'an-
née de Jé-«us-Christ 30i, on y amena, ou
plutôt le gouverneur de Phénicie y envoya
sainte Justine et saint Cy[>rien (iit le Magi-
cien. L'innnereur, sur le simple vu de la let-
tre qui les lui déférait, les condamna immé-
diatement h être décapités. La sentence fut
exécutée sur les bords du fleuve Gallus.
En l'année 306, cette ville vit le martyre
de saint Adrien, onicier dans les troupes
impériales, d'abord persécuteur des chré-
tiens, et qui s'était converti en vovant leur
courage extraordinaire au milieu des souf-
frances.
NiCON ( saint ), martyr, eut la gloire de
niouiir [mur Jésus-Christ sous le règne de
l'empereur Dèce ; les uns disent en Sic.le,
les autres, et Baronius est de cet avis,
puis(pi'il a écrit son <^[)inion au Martyrologe
romain, les auti es, disons-nous, le mettent
h Césaréeen Palestine, avecquatre-vingi-dix-
neuf autres. Jl y a des nombre< qui, malgré
la me Meure volonté de la [)arl du lecteur, le
portent h douter : ainsi 7, 9, ces chitlres sa-
cramentels, (piisont comme >téréot_vpés [tour
tous les [)réjugés et j)our tous les menson-
ges. ) Nous croyons peu à ce nombre de
saints martyrisés avec saint Nicon. On sait
(jue son holoiic n'est rien moins qu'autluni-
li([ue. Kollandiis lui-même a fini par avoir
regret d'avoir donné ses .Vctes comme bons,
avouant (jue c'est une |nèce sur laciuelle on
ne [>eut rien niipuver, et tlont toutes les cir-
con^lallces sont fabuleuses. L'Eglise fait s.'»
fête le 23 mars.
NICON (sai.it), martyr, fut mis à mort
[lour la foi chrétienne, avecs.nint Marc, ber-
ger, et ses com()agniins, à Anlioche de Pisi-
die. L'Eglise fait leur fête le '27 septembre.
MCOSl ItAFE, dunre ou archidiaire de
lloiii(<, lut arrêté, mis en [m'isou et tourmente
pour la foi sous le règne de Dèce en lan'UMî
2.'i0. Il resta dix-huit mois emjirisonné. Ses
crimes antérieurs le rendaient indigne do
partager tant d'buuucur. Après sa sortie do
7,M
NIC
JSOC
r.iîft
|iiisi)i). il fut (>ii(niîiiô par Nov;il d/ins lo
schisiiM' tld Nt)v;ili('ii, Jivcc s.iiiil M.ixiinc cl
pliisiiMirs (uilrcs, (|iii ciiiciil le himliiMir (l(i
icvciiir f") \i\ V(M'il<''.'i|H(''s (111(1 Ndv.'il (Mil (iiiillt'i
Uojiit'. Oii.'iiil à lui. il iH-rsisIa iI;ims s,i (((''.iIo-
ral)l(< erreur, lui di'imli'' en Arri(|iie par No-
v,iliei), et ordo'iiié (^V(^(|ii(> par lui. I,e resUi
(le la vie (le ce scliisinaliipie lie nous ;iiip,ij'-
tie-il pas. Nous avons parh'' de ses crimes
nuK^iieiirs îi sa conlessioi. Il laul pr(''ciser. Il
nvail voli^ le di'pcM de rivalise de H(mie,(!'esl-
j\-dire rar|.;(>iil, le liésor des pauvres, des
malades, d(vs orphelins, les Tonds d(! la clia-
rih' des clii('iiens.
NI(:(>SniA'rK( sainl), gn>lli(M- en cliel'de
la piél'eclurc» de Home, re(;.ul en partie et
dans sa maison, les s.iints Marc cl Marc(;l-
lien, pour les(piels Traïupiillin, leur jx^-r»»,
avait ohlenu de C.liromace, piidel de la ville,
un di'dai d(^ lroMt(> jours. SumI StMiasIio-i vo-
nail Itvs voir et op(^rail beaucoup (l(> miracles.
Zo(S teiiime do Nicostrate, l'iK par lui t;uo.io
d'une nia'adie ipii di>|)uis six ans la privait
do l'usaj^e de la parole, Nicosli-ale, voyant la
j;u(M'iso!i de sa femme, s'accusa d'avoir re-
tenu prisonniers les saints ([u'on avait cnn-
(u''S à sa garde, les débarrassa de leurs cliai-
nos, les priant de s'en aller où ils le vou-
tlraient, leur déclarant (]u'il serait heureux
de payer de son sang leur liberté et le crime
(pi'il avait commis en les détenant ainsi.
Marc et Marcellien louèrent une piété si
parfaite , mais ne voulurent pas abandonner
le combat [)our l'y laisser exposé. Saint Sé-
bastien l'ayant engagée faire venir chez lui
tous les jirisonniers qu'il avait en garde,
afin i]ue ceux (jui n'étaient pas encore mem-
bres de la grande famill(> chrétienne fussent
catéchisés et baptisés. Nicostrate alla trou-
ver le geôlier de la prison, nouuiié Claude,
et lui dit d'amener chez lui tous les prison-
niers, parce qu'il les voulait tenir prêts à
coni|iara{lre à la première audience. Saint
Sébastien les ayant exhortés, le prêtre saint
Polycarpe t|u'if avait fait venir leur témoi-
gna toute la satisfaction ciu'il éprouvait de
leur conversion ; mais en ce moment Claude
vint dire h Nicostrate que le préfet de Rome
était très-mécontent de voir qu'il eût fait
venir les prisonniers chez lui et qu'il le man-
dait à cette occasion. Nicostrate alla trouver
le préfet et lui dit (ju'il avait fait venir les
chrétiens chez lui pour les épouvanter en
li'ur parlant des supplices qu'avaient endu-
rés les autres. Ce mensonge est condamna-
ble, mais on ne peut pas le trouver bien
mauvais chez un nouveau converti, qui man-
quait encore de l'instruction nécessaire aux
chrétiens. De retour, Nicostrate racoula à
Claude ce qui lui était arrivé, et particuliè-
rement la guérison de sa femme. Claude en
fut touché et se convertit avec ses enfants.
Le prêtre Polycarpe baptisa ensuite Nicos-
trate et sa femme Zoé, avec une très-grande
quantité d'autres. Quand sainte Zoé et saint
Tranquillin eurent été martyrisés, Nicostrate,
Claude, Castore, Victorin etSymphorien, fu-
rent pris en cherchant les corps des martyrs
et conduits au nouveau préfet, nommé Fa-
bien, (pii pondant dix jours employa loij»
les iiinyciis im.r-;injdiles pour les vaincre,
sans |ioMViiir y réussir. lùilin, ce iiia^islrat
eu ayant pailé aux (Miipennirs, f|ui élai(Mit
|ioui' lors Didilt'iien cl .M.iximien, ces prin-
ces lireiil applKiuer trois fois les sai'ils à la
torture. Iviliii, no pouvant abatirc leur cou-
ra-;e, l-'.iliien les lit Ions ieler h la mer, le 17
juillel. Cepiniilaiil le .Nl.irlyrolo^e lornniri
m.iiipie leiu' fêl(î le 7 juillel. ( Pour plus d(!
détails, roi/., les Actes do saint S^;iiASTiKN,à
son article. )
NICOSIIIATK (s'ijnl), martyr, était scuip-
l(nir à Home, en 'M)ï, sous I (niipen-nr Dio-
clélion ; il refusa d(! faii(! des idoles et fut
mis îi morl h (-ause de cela. D'aiiord il fut
mis (Ml |)rison, (Misuite déchiré avec des
f(HU'ts garnis d(ï pointes de f(>r, puis préci-
j)ité dans la rivière. Sa fête a li(Mi le 8 no-
V(Mnbre.
NICOSTRATE (saint), martyr, était tribun
h Césarée de Philippe. 11 y fui martyrisé pour
la loi avec Antiochus, autre tribun, et (juel-
(pies-uns de ses soldats dont les noms sont
inconnus. L'Eglise honore leur mémoire lo
21 mai.
NIL ( saint ), prêtre égyptien, arrêté avec
saint Pelée et ses compagnons, fut avec eux
condamné aux mines de la Palestine. Dans
celte atVreuse situation, les saints confesseurs
n'oublièrent pas ce qu'ils devaient h leur
Dieu ; ils se construisirent des oratoires, où
ils se réunissaient pour chanter ses louanges;
c'était dans leur misère une consolation qui
leur était douce. L'(Mn[)ereur (lalère en ayant
été averti, commanda qu'on les fît partir,
les uns pour les mines de Chypre, les autres
pour celles du mont Liban. Dans ce dernier
endroit, rolficier qui commandait condamna
quatre d'entre eux à être brûlés vifs. Ce fu-
rent Nil et Pelée, prêtres égyptiens ; Elle,
aussi revêtu du môme caractère, et Pater-
mathe, laïque égyptien, éminemment pieux
et instruit. La condamnation fut exécutée ;
tous quatre moururent pour la foi. On ignore
la date précise de leur triomphe, ce fut du-
rant la persécution de Dioclétien. L'Eglise
les honore colle('livement le 19 septembre.
NIL (saint), prêtre égyptien et martyr, pé-
rit pour la foi au milieu des flammes, dans
la ville de Césarée de Palestine. Sa mort ar-
riva en 310, durant la persécution si terri-
ble que Dioclétien et ses collègues firent en-
durer à l'Eglise de Jésus-Christ. La fête de
ce saint est au Martyrologe romain à la date
du 20 février.
NINGE ( sainte ), fut martyrisée à Augs-
bourg avec les saints Quiriaque, Largion,
Crescentien, Julienne et vingt autres dont les
glorieux noms ne sont point parvenus jus-
qu'à la postérité. Le même jour et dans la
même ville, sainte Hilaiie, mère de sainte
Afre, martyre, qui veillait au tombeau de sa
fille, fut pour la foi de Jésus-Christ brûlée
au même lieu par les persécuteurs, avec Di-
gne, Euprépie et Eunomie, ses servantes.
L'Eglise fait leur sainte mémoire le 12
août.
NOCÉRA, Nuceria Camellaria. Nocéra d«
533
MM
NI" M
540
Cft5liglioiio, NocÉBA ^fPrr^rt/i^sont Ips noms
«Je Irois villes situées, la première dans les
Elals romains, la sernucle, dans la Calabre
t'itérieure, la troisième, da'is la Principauté
rilérieure (les deux dernières, rovaunie de
Naples). C'est dans lune de ces trois villes
que furent martyrisés, sous Nér<Mi, saint Fé-
lix et sainte Constance : il nous e.sl impos-
sible de dire précisément dans la(|uelle. Les
Marlyro oges, qui nonmient ces saints mar-
tyrs, désignent Nocéia corume lieu de leur
su[>plice, mais sans aucune désignation spé-
ciale.
NOI Pail), néophyte tonquinois, fut mis
à nioit pour la foi en n22, au Toutiuin. avec
Je P. lUicliarelli, jésuite, Luc Mai, Tliadée
Tho, Philippe Mi, LucThu.Iinnnanncl Dien,
Pierre Frieii, Uao Aidi roise et Fran(.ois Kam,
uéoph>tes, qui mêlèrent leur saug à celui du
saint missionnaire.
NOLE, ville d'italie en Campanie, fut célè-
bre sous Valérien par le mart>re, car on peut
appeler ainsi la glorieuse confession de saint
Félix. Quelque temps auparavant, sous Dèce,
son évè(|ue, saint .Maxnue, s'était enfui pour
éviter la persécution. [Voy., h ce sujet, l'ar-
ticle FÉLIX.)
NO.MINANDE (sainte), soulfrit le martyre
à Rome, avec les saintes femmes Donate,
Paulin' , Rustique, Pérotine, Hilarie et «l'au-
tres encore do it les noms ne sont point par-
venus jusqu'à la postérité. L'Eglise fait la
fête de ces sai'Ui.'s le 31 décembre.
NOVARE, ville des Etats Sardes, est célè-
bre dans les annales des martyrs par les
souffrances qu'y endurèrent le |)rètpe Lau-
rent et les entants dont d dirigeait l'éduca-
tion. La môme ville fut aussi témoin de la
confession généreuse d(.' l'évèipie Gaudens,
qui y soulfrit courageusement de grands lour-
nienls pour la foi chrétienne.
M'tiNÈS ( le bienheureux Pikrre ), Espa-
gnol, de la Compagnie de Jésus, faisait par-
tie des soixante-neuf missionnaires que le
P. Azevedo était venu recrutera Rome pour
le Rrésil. ( Voy. Azkveuo. ) Le .r navue fut
pris le 15 juillet l.'>7l, par des corsaires cal-
vinistes qui les massacrèrent nu lesj(îtèrenl
dans les tlols. Tel fut le mariyre 'd<' noire
bienheureux. (Du Jar rie, Uislolir des rhostif
plux wiUvnrnblcs, t. II, p. 278. I aimer, Socir-
tas Jfsn nxijHc ad siinr/uiuis et liiœ profu.tio-
nem mililnns, \^. 166 et 170.)
NL'MÎiRE saint], l'un des gardes de la pri-
son de s lint (^ensorin ou Censori lus, sous
Claude 11 le Cothiqu(>, fut converti <) la foi
chrétienne |)ar un saint |>rt'^lre, avec les au-
tres ganles de la prison, lesipiels étaient Fé-
lix, .Maxime, Faustin, Herculan, Sloracinus,
Mène, (-onunode, Maur, Kusèbe, Rusli(pie.
Amandnus. Monaere , Olympe, t^ypnen ,
Théodore. Pour voir leur histoire, recourez
à larlicle Martyrs d'Ostik. ) Ces saints no
sont p.ts nouMiiés au Mart\rologe romain.
NUMfcRIE, fenunu roniamc, qvù eut. au
commencrnieiil du règne de Dere, le mal-
hf'iir de tomber dans la persi'culion, do
même qu'une autre femun- noinnu'i* C.andide.
Klles avaient toutes les deux jiris un soin
extrêmement pieux et charitable des confes-
seurs de ('arlhage (pii élaienl V( nus à Rome.
S,iini Célérin é- rivit pour elles au confesseur
Lucien, alin de les faire rentrer dans la paix
de l'Eglise. On ne sait laquelle îles doux était
sa s(eur. Il est certain ijue c'était l'une d'el-
les. Ce qui établit celte confusion, c'est que
le saint, dans sa lettre, leur donne à toutes
deux celte dt'nomination fraternelle : on sait
qu'en dehors des liens de la parenté, c'était
le langagt; dont se servaient les chré^tiens.
Lucien écrivit à saint Céh'rin pour lui dire
3ue les martyrs .tvaienl accordé la i aix à ces
eux femmes, à la condition qu'après la per-
sécution hnie, elles iraient se présenter à
l'évècpie. et feraient l'exomologèse.
NUMÊRIEN, général d'armée, est connu
dans les annales des martyrs i)Our avoir fait
trancher la tète à saint Isidor.-, dans la ville
d'Alexandrie, durant le règne de l'empereur
Dèce.
M'MÉRIEN , qualiûé président dans le
Martyrologe romain h propos du triomphe de
sainte Myrope tlans l'Ile de Chio, til assom-
mer cette sainte à coups de levier. On ne
parle plus de lui dans celte persécution de
Dèce.
Nl'MIDIQUE (saint) , célèbre confesseur,
qualitié martyr dans la plupart des Marty-
rologes, eut la gloire de souH'rir pour la foi
chrétienne sous l'empire de Dèce, en l'an-
née 250, dans la ville de Cartilage. Ce saint
et courageux soldat du Christ avait envoyé
au ciel une foule de martyrs que ses exhor-
tations avaient animés au combat. 11 avait
vu, avec la joie chrétienne que la foi seule
peut doniifr, brûler sa femme auprès de lui.
Certainement il soutirai! dans son âme en
vo. ant les tortures de celle qui lui était si
chère; mais en songeant au but de ses souf-
frances, h la récompense (|ui devait leur être
donnée au ciel, il remerciait Dieu de la fa-
v<>ur ((u'il daignait lui accorder. N'élail-ce
pas une sainte qui bientôt allait le protéger
des voiUes célestes? Celte femme, la chair
de >a cnair, l'Ame de son àme, n'éiait-ce nas
en qii> li|ue sorte son propre triomphe à lui-
nn^me ipi'elle consommait ainsi? Le monde
ne compriiid pas ces choses, les vertus hn-
m.iines ne sont point au niveau de ces sii-
b'iiiiilés de la foi ; mais les chrélii iis les
compriMuient et les a .mirent. Saint Niimidi-
que avait été coiitlamné au même sunpiico
(lie sa femme; il demeura sur la place à
t eiiii brûle et accablé s uis I s pierres ipie
les bourreaux, aidés de la populacefurieuse,
lui avaient jetées. Mus Dieu voulait (pTil
vécilt pour èire l'édilicalion des fidèles et
riionneiir de l'Eglise de Cartilage. Le clergé
de ( («Ite ville avait été déc mé ; une partie
dt> ses membres avait reçu la couronne du
martyre; l'autre avait, hélas I succombé dans
la lutte. Pour combler les vides (juo fai-
saient dans cette milice sa<Tée la gloire dos
uns, la honie des autres. Dieu suscitait parmi
le> siiii|iles lidèles <les saints dignes de don-
ner rexem|)le h tous dans l'avenir , après
avoir pavé courageus(>ment par leurs souf-
frances fa rançon do leurs frères dont la fai-
541
OCJ
(II)O
84i
Jjlosst* (wnil siir( Iiô. Nmiii(lii|ii(( fui iiii
U(> fcs rliis. Il iiN.iil mit' jt'iinc lillc, iiiii
vint sur la |»litc<' |iiiltli(|iit* |imiii' iimiiIio Ids
dci'iiicrs (li'Vi'ii's nii\ icsics de s.i iiH*ifi ot
tio sou ni''it«. Qiii'l <Jiaiiii' siil»l'i"'l Alil nos
ftislivs rlin'aiciissonl iiiic iiiiuo do In^sorsoTi
î'o 1 |i(Miiiait pnisi-r ^ riulliii,|>i»iir y (H'ciKlro
«li'S scùllivs liilJii's, pieuses ou sulilinies, (|(!
tdiKos les vcilus («Il aclinu.
Sa-is (loille (•(> fui la MUil, seule |i('ul-(Mre,
queft*lliM''iiiU' lillc vumiI ai-couiplir ce iiiiMK
Cl trislc (j'evoir. Sans doule elle y vient l'Anio
rcMiplic d'une foi sainte (pii l'ail laire les re-
{^rel.s, aula-'l (|U(' raniour lili I jteul le pcc-
luellrc; niais la rilsi;nali()!i ijui lui vu'iit
d"c 1 liant n'a [toi'U tari la source des lar-
mes. Kllc vient do'ic, en Uéuissail Dieu, la
Srti'ite lillc, et en pleura'U.la pauvre oiplio-
linc! l/lioireur d«> la nuit, l'atlVcux spect :-
fie de le lieu où la;U do uiaityrs ont étt^
i^j;;or^és, la crainte d (Mre vue peùi-ètro, tout
co Mrihue?! au,;iiie'iler sou an;-;oisse. Avance,
[)aiivrc e-it'ant, marche à travius les oébiis
des bik'hors; ils sont < ncore l'uinaiils, pcut-
Ctie vas-tu luMirler des restes humains, bien
des l'ois, avant do trouver ce (pio tu cher-
ches. l\nche-toi, |)auvre jeune lillo; attache
ton roi^ard avide sur ces membres éjjars, sur
ces ossements noircis, à demi co isuiu s. Tes
yeux ne savent pas reconnaître quels ils
sont, mais aux butements de ton cieur tu
les reconnaîtras. El pinson t'aura dit la place
où l'alVreux et saint saerilict; a été eonsouuué.
l-llli" a reconnu les restes (ie sa rn^r ', elle
a trouvé ces chères et saintes reliques. A
genoux et pleurant, elle a gémi, elle a prié.
Son cœur a mêlé les actions de gr.k-es et les
larmes. Cherc e encore, sainte jeu le fille ;
le bûcher do ton père touchait celui de ta
mère. O miracle! en touch<inî ce corps mu-
tilé, à demi consumé, elle a senti battre le
cœur; un gémissement s'est fait entendre.
Di^u l'envoyait pour sauver son père, ou
plutôt il devait cette récompense à sa piété
liliale. Et la jeune fille emporte son double
trésor. Que les poêles antiques chantent
Kiiee eiuporlanl raulinii- de ses jours, An-
cliise,.'i II iivei", les débris fuiiianlH de la vndln
Troie, <(sl-c,() un lablcnu coinp/inilde h c«v-
lui-ci? Voyez, (die piiiio lllle emporlnMl
son douille ranluaii, son père ipu* Dieu lui
rend, et les relies de vn mère.
I.a sainle jeune lille soigna saint Nuinidi-
que el le guérit. l'Iiis lard, snid r.ypijen jo
ht prèlro de son église ; il «lit dnn.s sn lellro
.'J.')* que ce fui par un ordre (.'Xprès de Dimi.
Il en ('•( rivil h loiile l'Eglise <-oiiime d'uncj
grAce cmisidérablo que je Seigrifnir lui avait
faite. 1) irani son absence, saint (Ivpiien Té-
tablil son vicaire, avec saint Uogallen et deux
évèques. {Vdijrz l'anicde Ho(;atii:n.) l/his-
toire ne nous dit plus rien de saint Niniii-
(li(pi(s l/Egli^e ci'lebre sa fêle le !) noCil.
Le Mirlyrologo le marque h tort .sous Vaté-
riini, c'est bien sons Dèce qu'il a soulfert :
c'est inc niestable.
M'MLON (sainle), martyre, versa son
sang pour la dél'tnise lie 1 1 foi avec sa S(eur
sainte Alodie. l-dles fuient condamnées j)ar
les Sarrasins h avoa- la tôle tranchée. Le Mar-
tyrologe r main ne mjirane point en quelhî
année. L'Eglise honore leur mémoii'c' le !22
octobre.
NYm'PIIODOUE (.sainte), fut martyrisée
en Hithyiiie, sous le règne de l'empertnir
Maximièn et pr«' l'ordre du président Iron-
ton. Elle eut i ot compagnes di' son glorieux
coinbal ses deux sœurs Ménadoie el Méiio-
dore. Elles sont inscrites au Martyrologe
romain le 10 s ptembre.
NYMi'ilODOkfi (sainle), martyre, -'onna
sa vie pour la confession de sa foi à Nicée.
avec les s:iints Th nisotas et Ho,-ie/, sf)n fils,
Marc, el los saintes Arabie et Théodora. On
ignore Ji ([uelle éj)oquo eut lieu leur mar-
tyre. Ils furent îous livrés i.ux flammes.
L'Eglise honoic leur mémoire lo 13 mars.
rsYON, Ville située sur le lac de Genève,
célèbre lans les annab s des mariyrs i)ar les
sovdfrances et la mort qu'y endurèrent les
saints Valérien,Maigjfiaet Gordien. Onignore
à quelle éqoque.
O
OCÉAN (saint), fut martyrisé sous l'empe-
reur Maximien, avec les saints Théoiore,
Ammien et Julien. Après avoir eu les pieds
couj.és, ils furent jeîés dans le fouet accom-
plire 11 ainsi leur triompho. L'Eglise les ho-
nore comme martyrs le V septembre.
OCTAVE (sa ni), martvr, était simple sol-
dat dans la légion Thébéenne. Ou sait que
Maximien eut la cr^iauté de faire massacrer
le corps de celle légion, qui avait refusé
d'assister h des cérémonies païennes, dans
un endroit des Alpes, appelé aujourd'hui
Saint-Maurice. Plusieurs légionnaires, dont
iiolre saint faisait partie, se trouvaient à
Turin, soit comme en détachements, soit
comme retardataires. Ce fui là qu'il souffrit
le martyre en défendant sa foi, ainsi que
deux autres de ses compagnons, saint Solu-
teur et saint Adventeur. L'Eglise honore
leur mémoire le 20 novembre.
OCTOBRE (saint), lun des quarante-huit
martyrs de Lyon, sous h.' règne de Marc-
Aurèle, en l'an 177, fut déca[)ité. 11 dut à sa
qualité de citoyen romain de ne pas être
exposé aux bêtes, comme le furent plusieurs
de ces saints martyrs. L'Eglise fait leur fête
à tous le 2 juin.
ODORICO , Franciscain espagnol , mis-
sionnaire en Cochinchine, s'élanl livré lui-
même, après la promulgation d'un édit (6
janvier 1833), qui ordonnait de rechercher
s^urtoutles prêtres elles catéchistes, fut con-
duit à la ville capitale. On le condamna à
être étranglé; mais sa peine ayant été com-
543
OLY
ONG
51 i
luuéo on une d«Montion perp<^t»iellc, il mou-
rut le 25 nui 183'», dans la province du Laos,
où il suhi-sait •^on oxil.
OI.Al'S on OLAF (saint), roi deNorw(''ge,
roartvr, était fils de Hôrald Grensriiis, prince
do Westfold en Norwége. Il s'embarqua en
1013 pour l'Angleterre, oTi il rendit do grands
services au roi Fthelred , qui faisait' la
guerre aux Danois. Notre saint lit ensuite la
guorre h Olaiis Scot-Konung, roi de Suède;
niais avant fait un traité de paix avec lui, il
épousa sa fillo. Olaùs était plein de religion
et de vertus : il lit venir d'Angleterre des ec-
clésiastiques et des moines d'une science et
d'une piété remarquables. 11 lit des lois sa-
ges, abolit celles qui étaient contraires h l'E-
vangile, non-seulement en Norwége, mais
dans les iles d'Orkney et dans l'Islande.
L'ayant vu renverser plusieurs temples d'ido-
les, les païens se révoltèrent, soutenus par Ca-
nut, roi d'Angleterre, qui leur avait envoyé
des secours, et le chassèrent de ses Etats. Il
se retira en Russie d'où il revint bionlùt h la
tète d'une forte armée. Il combattit les re-
belles, mais fut vaincu et tué dans la ba-
taille de Slichotadt, qui se livra le 29 juillet
1030, dans la province de Dronthcim. Son
règne avait duré sei/.e ans. Notre saint fut
enterré à Drontheim et honoré l'année sui-
vante comme martyr dans l'église de 1'»'-
vèque Grimkèle. Il s'opéra plusieurs mira-
cles à sa châsse, et de tous les royaumes du
Nord on venait le visiter. On montrait à
l'abbaye de Saint-Victor, à Paris, une che-
mise de notre saint. L'Eglise honore sa mé-
moire le 20 juillot,
OLYBRE [Olybrius), juge, qui est indiqué
au Martyrologe romain à la date du li
décembre, comme ayant condamné au feu,
sous l'empereur Numérien, les saints Just
et Abonde ou Abondance. Le feu n'ayant
fait aucun mal aux deux saints, Olybre les
fit d6ca|)iter. C'est le Bri'viaire de Tolède
qui rap|)urte ces faits, mais sans dire où ils
se sont accom[)lis. En 251 , un juge du même
nom fit mourir, sousreu\|)ire (le l)èce, sainte
Reine, h Alizé, ville qui, maintenant ruinée,
n'est pins qu'un petit villige.
OLYMPE (sain"], l'un des gardes de la
prison de saint Censorin ou Censorinus ,
sous Cla\ide 11 le Gothique, fut converti h
la foi chrétienne par le prêtre saint Maxime,
avec les atitres gardes de la prison lesquels
étaient Félix, Maxime, Faustin, Hercnlan,
Numéro, Sloracuuis, Mène, Commode, Maur,
Eusèbe, Rusti(|ue , Amandinus, Monacre ,
Olympr, Cyprien et Théodore. (Pourvoir
leur histoiic, recourez à l'article Mabtvrs
b'OsTiE.) Ces saints ne sont pas nommés
dans |f Sfarfyrologo romain.
OLYMPE (Sainte , appartient h cette foule
de saints martyrs qui vorsèrent leur sang
pour Jésus-r,ln':>t pendant la persécution do
Trajan. Son martyre eut lieu a Rome en
m<>me temps que celui des saints Symphro-
niiis et Théodule, ef rlf> sainte Exupérie.
Nous ignorons les «létails do sa mort et de
celle de ses rompai^noDS. L'Eglise honore sa
mémoire le 2(1 juillet.
OLYMPIADE (saint), souffrit le martyre
en Perse avec saint Maxime. Ce fut sous le
règne de l'empereur Dèce , qu'ayant été
meurtris de cou|>s de b;1tons et de fouets
garnis de plomb, on les frapjia ensuite sur
la tète avec des leviers jusqu'h ce qu'Us
eussent rendu l'esprit. L'Eglise fait leur fête
le 15 avril.
OMAR , était calife en Orient. Soliman
étant mort l'an de l'hégire 99, de Jésus-Christ
717, Omar, son cousin, lui succéda. Ce prince
persécuta les chrétiens. L'année 718, il y
eut un grand tremblement de terre en Syrie;
Omar en prit occasion pour défendre l'usage
du vin aux chrétiens qui habitaient les villes
de son gouvernement. Il exemptait de tributs
les a|)ostats, et faisait mourir ceux qui de-
meuraient fermes; ainsi il y eut plusieurs
martyrs. Il défendit de recevoir le témoi-
gnage d'un chrétien contre un musulman, et
écrivit à l'empereur Léon une lettre dogma-
titpie, croyant lui persuader d'embrasser sa
religion. Aussi passait-il pour fort dévot
musulman. Il abolit la malédiction que ses
prédécesseurs prononçaient contre Ali, et
après sa mort on trouva dans une chambre
où il s'enfermait, une corde suspendue où il
s'appuyait (piand il était fatigué dans la
prière. Les chrétiens de Damrs se plaigni-
rent h Omar que Valid , son prédécesseur,
leur avait ùté l'église ds Saint-Jean en bâtis-
sant la grande mosquée, et lui rapportèrent
les lettres de Chaled qui avait conquis Damas
pour les raus'diuans, par lesquelles il pro-
mettait que leurs églises ne seraient ni dé-
truites ni fermées. Omar leur promit la
même somme de (juaranto mille dinars, que
Valid leur avait ollerte, mais ils la refusèrent
et obtinrent que tout ce qui était de l'église
leur fût rendu, car la mosquée était plus
grande. Les musulmans le trouvèrent mau-
vais, et un d'eux représenta qu'> le traité de
Chaled n'était (jue pour la partie de Damas
qui s'était rendue à composition; mais que
dans l'autre partie qui avait été prise de
force , toutes les églises appartenaient aux
musulmans. Après bien des disputes, on
convint quo l'église de Saint-Jean demeu-
rerait aux musulmans et qu'ils abandon-
neraient leurs prétentions sur toutes les
autres. Omar leur en donna ses lettres nui
coni()renaienl aussi les monastères et les
églises des environs. 11 ne régna que deux
ans cinq mois, et mourut l'an de l'hégire
101, et 720 de Jésus-Christ. (Fleury, t. III,
passim.)
ONEsIPHORE 'saint\ martvr. était dis-
ciph^ des apôtres. Il habitait l'Hellespont, il
y fut martyrisé sous le règne de reinpereur
Domilien. On manipio absolument de docu-
menis histori(pies sur sa mort. L'Eglise fait
sa fête le 6 septembre.
ONGLES DE FEIt. instrument de supplice
dont lt>s païens se servaient lrès-frr'(|ueniment
pour tourmenter les chrétiens. Peu de mar-
Ivrs do la primitive Eglise échappèrent h ce
supplice. Les serres des ()iseaux de proie
avaient donné l'idée d'une des formes d'on-
gles de fer qu'on employait. Cet instrument
34«
OI'I
oni
846
(immit iiiK^ sorto dr Icn.iilh^ «Imil clinquo
hivinclio (Mail ((iiisIiIikm' pur dnix ou liois
«Iciils .limii's (Ml Inriiic (If KiillVs , l('S(|iiclli'.s
.s't'ii};;i('iiiii('nl, pniir «iiisi (lire, les iiiii's diiiis
les autres, (|iiiiii(l on IVnii.'iil lit Iniailli'. I.a
fcMiailIc ciifoiicéf dans la cliaii-, le houficaii
rarracliail ciil'aisanl d(^|>rot'oiid('s di''(lniiir('s.
Sotivdiil d(>s l'iiidicaiix d(< chair rlaiciil anic-
ikVs altaclu^s aux dciils de rinslruniiiiil.
Couniic ou lo voit, li's oncles de ïvv en le-
iiailNï aKissaicnl h la laroii do la scrn^ de
l'aigle. Il élail uu(> aiilic lornii' d'oncles d(î
for, iiiiilaul les grilles d'iui li^rc^ ou d'uu
lion. Kornu^ d'une stMile hranclio, vol ins-
trnni(>Mt riail l(>rniiné par |)lusi(nn-s ^i-ill'e.s
(jui s'ent'oncaieiil dans la cliair «'1, la déciii-
rniont en laisaiit do longues oi j)rolondes
trnînc^es. Lo nreniior l'aisail des hhvssures
ciroonseritos a res|)ace (\no vSes deux bran-
ches i)ouvaient embrasser; lo second on fai-
sait (l'une longuiMir in(l(Merniin(''0, puis(pi'il
«'(Hait dirig(^ (|ue par la volonli'; du bourreau.
Los ongles de fer h une seule branche dillé-
raionl du poigiK» do fer on ro (jue ses grilles
étaient rocourl)(^(!S. Ils se rappro(^liaient du
croc par la forme de chacune de ses grilfes.
Ce terrible instrument (Hait d'ordinaire em-
ploy(5 par les bourreaux pour (k'cliiror les
flancs des victimes; souvent ils mettaient les
côtes h découvert, souvent les entrailles et
les organes thoraciciues. Il n'était pas'rare do
voir dos saints qu'on laissait re[)0ser après ce
supplice , et qui lo subissaient de nouveau
doiix ou un plus grand nombre de fois, quand
leurs blessures étaient un peu reform('!os.
D'ordinaire les persécuteurs ne manquaient
pas d'em[)lo,ver ce supplice quand ils avaient
affaire h dos femmes, à de jeunes filles. Ils
se faisaient un jeu barbare de déchirer ainsi
les seins dos vierges, sachant bien que ces
parties, douées d'une sensibilité exquise,
étaient de celles dont les déchirures occa-
sionnaient le plus de douleur. La peau est
de tous les organes celui qui a le plus de
sensibilité; dans toutes les opérations, c'est
la déchirure ou l'incision de la peau qui
détermine le plus de douleur. Les persécu-
teurs mettaient à profit ce que l'expérience
et mémo le savoir de ce temps-là leur avaient
appris. Les ongles de fer furent, surtout dans
les persécutions faites aux chrétiens de
l'Eglise primitive, un des instruments les
plus célèbres.
OPTAT (saint), fut martyrisé à Saragosse
en Espagne, par les ordres'de Dacien, qui en
était gouverneur, en l'an de Jésus-Christ
304 , durant la persécution de Dioclétien.
Dix-sept autres furent martyrisés avec lui :
on trouvera leur nom à l'article Dacien. Les
dix-huit martyrs de Saragosse sont très-
honorés en Espagne : c'est Prudence qui
rapporte ce qu'on sait d'eux. Ils sont inscrits
au Martyrologe romain sous la date du IG
avril. {Voy. Prudence, de Cor., hym. k;
ïillemont, vol. V, pag. 229; Vasseus, Belga.)
OPTIMUS, proconsul romain, qui fit mouj
rir à Lampsaque, du temps de l'empereur
Dèce, en l'an de Jésus-Christ 250, les saints
martyrs Pierre, Paul,;André et sainte Denise.
Il eut la funoslo gloire d(» faim npOSlflsi.H,
par la violeuc(( des loiirnionls, un (•hréli(!ri
Moiiiuié Nuoiuaipu'. Il nionira tiru; (n''S-
grande cruauli'' h l'égard des .saints riinrlyrs
Pierre, Paid et André. A l'égnrd de saiut(>
l)euis(S il lit voir (piehpic clirtse de plus
odieux (\no la cruauté : H la lit exposer aux
oulrages et aux violeric(>s di; deux j(Minos
débauchés. Los Ai'lcs d(! la sainte disent (pi(î
Di(Mi prit soin do la j(!une hérouie, en la
préservant iniracideuseiM(!iit. Cel Opiimi)
avait siM;cé(lé depuis (pielqiie temps ii Ouin-
lilien, (pii avait condauUH: saint Pione.froy.
DicîNisi:, Ni(:()MA(,)i K et Am)ii<^:.)
OIU'INCE (saint), martyr. Il était soldai (tt
soull'rit lo marlyi-(! à Salales en Aiinénio,
av(>cs(>s six fr('ros, soldats connue lui,H<';ros,
Phariiace, l-'irmin. Firme, Cyria(pH!el l.ongiu.
L'(Mupereur iMa\iuii(Mi hmr lit olor le bau-
drier, parce (pi'ils étaient chrétiens. Séf)arés
ensuite les uns des autr(!S et reiderinés en
divers lieux, ils y moururent accablés do
douleurs et de misères. L'Eglise fait leur
féto ]o 2'i-juin.
OHENS (saint), fut martyrisé h Huesca en
Espagne, avec saint Patience. Nousman([uons
de (l(ilails sur leur compte. Ils sont honorés
dans l'Eglise lo 1*' mai.
ORESTE (saint), martyr, fut immolé pour
la foi chrétienne en Arménie. 11 ont pour
conmagnon do son martyre saint Eustrate.
Ce lut le président Agricolaijs, qui le fît
cruellement tourmenter avec saint Eustrate
et qui, ayant fait jeter ce dernier dans uno
fournaise, le fit mourir lui-même sur un lit
de fer tmbrasé. L'Eglise honore la mémoire
de tous ces saints martyrs lo 13 décembre.
ORICLE (saint), fut martyrisé pour la foi
catholique durant la persécution des Van-
dales. II eut plusieurs compagnons , dont
les noms malheureusement sont ignorés.
L'Eglise fait sa mémoire et celle de ses com-
pagnons le 18 novembre.
ORKiÈNE, fut l'un des plus puissants gé-
nies qui aient paru dans le sein de l'Eglise
et dans le monde. L'érainence de son mérite
devait arriver à une double conquête, à celle
d'une admiration enthousiaste et à celle
d'une haine forcenée. Telle est ici-bas la
double couronne du génie : plus est grande
la hauteur à laquelle il monte, plus est pro-
fond l'abîme que l'envie creuse à ses pieds.
Origène s'est vu déposé du sacerdoce, ex-
communié par les deux premières Eglises
et par la plupart des autres, tandis que cer-
taines Eglises tenaient à honneur de rester
en communion avec lui, tandis que de grands
saints prenaient en main sa défense, et que
lui-même faisait entrer dans le sein de lE-
glise des saints et des docteurs qui, après
tant de siècles maintenant écoulés, sont en-
core au nombre de ses plus beaux orne-
ments.
Après sa mort, sa mémoire a été soumise
aux mômes vicissitudes. Des martyrs font
défendu dans leurs écrits;- des martyrs l'ont
attaqué. Deux conciles l'ont anathématisé.
Depuis, des papes et un grand nombre de
docteurs ont protesté contre cet anathèrae.
5*7
ORI
ORT
ôiS
r 'ix qui lo soiitieniKMit. iirétondonf, non
}'..3 iju'' sfs écrits no coiiliLiiiient piis (rer-
rours, mais ([ue ces erreurs y ont été irilro-
fluil -s jinnles fnlxilicali'urs.comine liii-mrnio
.sou plaint f()i'molloiuc:il; ou bioii (prollts
sont (le ces opiniois porsoniiellos qu'il n'a-
vait point la volonté do faire piôv.ilnir cu'ilrc
J'onsoif^nciucnt ot contre lautorilé do lE-
gliso, onseijj;uemonl el autor té devant les-
quels il t'tail toujours prùt à s'i'iolinor liuni-
bkMuent. Pour nous, qui allons donner ici
un abrégé de la vie de ce grand docteur,
nous n'avons point la prôlention do juger
dans une question si dillii ilo, ni d'cniror
dans une discussion. Il nous suffît de dire
les faits : si mourir dans le sein do la reli-
gion callioli{|ue; si présenter ses opininns
particulières, comme sa pensée individuelle,
en les distinguant delà foi de l'Kgliso; si
se montrer humble el soumis envers cette
Ultime Eglise, rempli de respect pour ses dé-
cisions, atlacho h son unité, uio iéré envers
ses propres ennemis dans le se n do la plus
violente persécution qu'un homme puifsc
souirrir;si tricuniiher dans les prisons des
bourreaux et de fours tortures, pour rester
attaché h Jésus-Cl^risl; si ramener h la foi
dos évoques qui son écartent, conquérir au
catholicisme dos saints et de> docteurs émi-
nents; si tout cela fait par Origo ne ne sulVit
pas [)our ([u'ou lo regarde ciuume un saint,
cela sullit du moins [uînr f|u'on ne parle de
lui qu'avec honneur et profond res[)cct.
Ecoutons saint J 'rùme {Ep. (io, c. 3, p.
lo2) : « Ça été, dit-il, un gcind homme dès
son enfaiieo, et le vrai lils d'un marijr; il a
gouverné l'école ecclésiasli(jue d'Alexandrie;
il a on lie l'horreur pour les plaisirs; il a
foulé aux pieds l'avarice; d a su les Iv ritures
par cœur et a cuipl>yé les jours et les nuits
a les expliquer avec un extrême travail; il
nous a do 'né plus do mille discours qu'il
avait prononcés dans l'Eglise, outre une in-
(initi- d'aiitres commentaires. Qui de nous
peut lue autant d'ouvrages (|u d on a écut,
el qui peu! ne |)as admirer cet ardent amour
qu'd avait pour l'Ecriture? Que si linéique
Judas envieux de sa gloire vient nous ob-
jecter ses erreurs, qu'il sache que les plus
gr.inds hommes font des fautes. Divers au-
ti es Gieis et Lalui.^ ont eu des erreurs contre
la foi. Ne l'iniilons pas dans ses défauts;
mais recoriiiais^ons aussi ipic nous no som-
nie.-ï pas ca|iables do l'iiuiler dans ses verîus.»
Origène apfiartient à notre cadre, parce
qu'il a et»' l'un des |)liis glorieux confesseurs
de 1,1 foi. D.1 is les prisoris, dnvs les su[)-
p ices, il n f i,t preuve d'un grand el saint
Cfuirage. Si Dieu, «pii l'avait mené jus(ju'au
souil du m irfvre. r>*a pas permis qu il le
fr.mi hit, c'est qu'il le réserva juscjua la lui
Iiour les co iquètes de l'Eglise el pour les
ulles inlelle» tuolles qu'elle avait h soutenir.
Origèuo uatjuit en l'an 1H:). la sixième
année du rèj,no do Couiiuode, puis pi'il n'a-
vait que dix-se|)l ans iiuand son père fui
martyrisé, l'an 10 iU' Sejilime-Si'vèro . do
Jésus-Dhrisf 202. Son père, qui se uiuumait
I-i'onilo, habitait l'Egypte. Siiid.is est lo seul
auteur nui prétiMido que saint Léonide fui
honoré du caractère é()iscopal. Cotte opinion
n'est aucunement vraisemblablo. L'hi«loire
no nous .a pas conservé le uotii de sa mère.
Porphyre affirme qu'il se convertit du [>aga-
nisme ?» la religion chrélioiuie : la suite de
notre récit fora voir clairement combien est
fausse celte assertion. Il fut élevé à .Mexan-
drie; il n'est guère probahie, malgré l'auto-
rité de saint Epiphae, qu'il ait étuilié à
Athènes. vSon fière le gardait près de lui,
prenant soin d'une façon to ito spéciale de
son éducation. La science qu'il lui enseignait
de préférence à toute autre, c'était l'Eci iture,
voulant que son jeune élève en apprit el en
récitiU chaque jour quelques passages. Ori-
gène y devint extrêmement habile : ne se
contentant pas du texte littéral, il cherchait
souvent le sens profond et caché d._' ce q .il
lisait. Son père l'en reprenait parfois, mais
au fond il était très-contt>nt do voir les jmo-
grès de son fils ol la science profonde qu'il
acquérait de iour en jour. Ainsi, comme le
dit saint Jérôme, Origène, encore enfint,
était un s.ivanl de premier ordre. Parfois
son père, quand il dormait, découvrait sa
poitrine pour l'emlirassor. disant que c'était
le temple du Saint-Esprit. Saint Clément
était alors h la tôte de l'i-cole des instructions
chrétiennes h Alexandrie. Ocgèno suivait
avec assi hiité ses leçons. C'est là ou'il eut
pour camarade • l [ our condisciple saint
Alexa'idre de Jérusalem, qui depuis fut le
plus ardent et le|ilus {jorsévi-rant de si s dé-
lenseurs. Ammone donnait à celle époque
des legons .'l Alexandrie. Il tâchait d'unir,
autant que lo dogme lo pouvait compoi fer,
la philosophie platonicienne h la doctrine
évangébque. Origène dit qu'il an rit bi au-
coup do lui, non-seulement quant h la con-
naissance des choses, mais encore quant à
la maniée do les bien ex[u-it:ier. .\mmono
était fort éloquent : Origène n'avait besoiii
que de voir indiqu/e la route que son génio
devait suivre. Il devint aussi frès-éloipiont ;
mais il faut admeltre que ce fut plutôt dans
ses discours qu' dans ses écrits, qui témoi-
gnent qu'il ne sap|>li quait pas beaucoup h
châtier ot h orner son style.
Il apprit l'hébreu. « Il ne faut pas taire,
dit saint Jérôme, h la louange de ce génio
admirable, qu'il s.» rendit encore habile flans
la dialectique, la géomé rie, l'arithmétique,
la musique, la rhé-tor que cl toutes les sec-
tes philosophiques.
En l'anni'e 202, dixième de .««on ^i}.',•^v.
rem|)ereur Sévère, ayant rendu un édil cru 1
conlre les chr^t'ens.' vint ,^ Alexandrie. Dé-
mèlro en était évéiu", I.aM'us en était gou-
verneur. La persécution .s'a'luma avec une
violence excessive, l'u g a id nombre do
chri'liens do lEgynle et do la l'hi''l>aide per-
dirent la vie pour Jésus-t^hrist ; le père d'O-
rigène fut de ce nombre : il oui la lie Ira-^-
ciii'C î\ Alexandrie. Orige u< avai» alors dix-
sept ans. Il avait six frères plus jeunes que
lui. Son père, en mourant, làissaij sa famille
rlnns K^di'nOiiienl le phis absolu. Ses biens
510
OUI
om
&&0
asaicil (Mr i(>iitisi|ii(Vs. (;(mi7i.;(« ! joiino
lioiii , l(js hic'is lie ce muMil(! \ .ilciil-ils un
sailli ('Xtiu|tli' t>l rin'i-il ino (rnii saii^ (((n-
.sacir |iar l<' iiiailvir, nii [k'-ic au cifl l'nur
lirolcclcur au|>i('s de Du'U, cl sa liIout |Miur
l'urluuf siu" la li'irc?
(Miami arriva ce ^^laiid (''vriicinciiU (riuriic
Vdùlail ac '(nuiia^iicr so'i nrri' cl se |irt-Miiicr
au\ |icrs(Siilcurs. Ni les larmes, ni livs |)ri(''-
res, ni les raisons (l(> sa mère ne |>()uvanl h;
riMeiiir, elle le l'oira il rester, t'U cai lia'il ses
Iiahi s. Ne nouvanl aller voir son pèrt», il lui
(Suivit en I exliorta-u puissamnii nt au mar-
tyre. « Prenez. i;aiiie à vous, mou père, lui
(iisait-il, ol (luo noire coMsitléralion ne vous
lass(^ pas clian;j;er celle généreuse consiaiii-e
(]iie vous avez monir»''0 jus(prici. "Sun pèru
mort, il resta clo'ic dans' la plus grande p,iu-
vreU^, avec sa mère et ses six frères. Une
dame (l'.Mexandrie le retira chez elle. Klle
avail adoplè pour lils un nonnué Paul, ori-
f^iuaire dWiilioclie, et (pii clail liéréli(pie.
0(>t houune, par la facilité (1(> sa parole et le
cliarm(> de son discours, altiiail beaucoup
d'audileurs. même des callioliipies. Origèiie
se lin! vis-l^-vis do lui dans une saj^^e réserve,
de sorte que celle cnumiunaulé d'exislenco
fut pour lui sans danger. Du reste, il (juitta
bientiM le loit généreux qui l'avait accueilli.
Son père l'avail forUMuent poussé dans la
connaissance des lettres; après sa mort, il
s'y livra davanlage encore, et se mil à
donni>r des le(;o'is dont le produit put sub-
venir à ses besoins. Pendant «prit enseignait
les lettres humaines à Alexandrie, la cliaire
des catéchèses cl des instructions chrétien-
nes y devint vacante. La |)ersécutio'i avait
éloigné élèves et professeurs. Quelques
païens, qui désiraient être instruits, s'adres-
sèrent àOrigèuequi se chargea de \es sal s-
faire, et qui joignit ainsi l'enseignement re-
ligieux à l'enseignement des belles-lettres.
Les premiers élèves qu'il eut ainsi furent
saint Plutarque, qui peu après cueillit la
palme du martyre, et sai-it Héracle, soi frère,
qui depuis fut évèquo d'Alexandrie. Le nom-
bre des élèves d'Origène s'accroissant de plus
en plus, l'évèque Démètre lui donna la di-
rection de l'école des catéchèses. Saint Clé-
ment était le dernier professeur de cette
célèbre école ; Origèie avait pour lors dix-
huit ans. Au bout de quelque temps, voulant
se consacrer entièrement à la haute et sainte
mission qui lui était confiée, il quitta l'en-
seignement des lettres humànes, et comme
il ne voulait être à la charge di^ personne [iOiU'
vivre, tous les beaux livres qu'il possédait,
et qui re^ai'daient les sciences profanes, il
les vendit, à la condition que l'acquéreur
lui donnerait quatre oboles par jour. C'était
avec cette pauvre somme qu'il vivait. Quel
temps I et quels hommes! La crosse pasto-
rale, c'était un bâton de voyage, la fortune
des docteurs élait un |)eu de ce pain quoti-
dien que la Providence leur émiettait chaque
jour. Saint Paul travaillait pour vivre, Ori-
gèue vivait avec quatre oboles. En admettant
que l'argent eût six fois plus de valeur à celte
époque qu'aujourd'hui, c'était moins de 45
( iiihnif s (pif ( i-i^r/uid hoinino rfcovail pour
sui-MsIer • li/npie jour.
L'i'xIrénK' pauvreté ilaipiellc iUerédui.HJl
Jns(jirii la lin de sa vie , c'est-h-(lire dmaiil
plus di- (piaianle ans, éveillait ( h'*/ HfS amis
el ( hez Ions (rij\ qi|| le C(>Uliai.>(<4ai(*nt, uu
si'iilimenl d'.uliiui'.ilioo mèh'-e do profonde
pilie. Maigri' l'inioi uiili- du travail auquol il
se livrait , on ne put jamais oblr>nir do lui
(pi'il KMioiiç.U a sa paiivrett-. ni qu'il retrnn-
cliiU riuii d(î ses austérités. Cependant il n'é-
tait [)as (Micore co'U(!nl de ce qu'il prali(|uail
sur ce poini ; car ayant parlé des prêtres nlo-
liUrcs à (jui les rois dl'lgypte a\aieiil do-uié
dos terres : « Le Seigneur, dit-il, no donno
point de partagi' sur la l(!ri(! ;i sfs piètics,
p.irce (pi'il veut lui-mOme èlre leur partage :
et c'est la dilléienccî ([u'il y a entre les uns
et les aulres. Ilemanpiez b'wn ceci, vous
tous (pii exercez le sacer loce : jirenez garde
si vous n'élcs point plutùt prêtres (h; Pha-
raon (pie du Seigneur. Pharaon vinil cpieses
nrêtres aient des terres, qu'ils aient soin do
la terre, et non do la loi de Dicni. Et qu'est-
ce ({lie Jésus-Christ ordoiuKî aux sitnis? Qui
ne renonce pas, dit-il, à tout ce quit pos-
sède, ne peut être mon disciple. Je tremble
en proférant ces paroles : car c'est moi, c'est
moi-même ipie j'accuse le premier: c'est ma
propre condamnation que je prononce. A
(pi:»i pensons-nous 1 Comment avons-nous
la hardiesse de lire ces vérités, et de les
l)rêclii'r au peuj)le, nous (|ui non-seulement
ne renom^'ons pas à ce que nous possédons,
mais qui voulons encore acquérir ce que
nous ne possédons pas avant (|ue de nous
rendre disciples de Jésus -Christ. Mais si
notre conscience nous condamne, pouvons-
nous cacher ce qui est écrit! Je ne veux pas
me rendre coupable d'un double crime. Oui ,
je l'avoue, et je l'avoue en présence de tout
le peuple; voilà ce que po:te l'Evangile, et
ce que je ne puis pas dire avoir encore ac-
compli. iMais au moins, puisque nous savons
noti'e devor, h;\toiis-nous dès ce moment
d'y satisfaire; hatons-nous de cesser d'être
les prêtres de Pharaon , pour devenir les
prêtres du St'igneur, comme Paul , comme
Pierre, comme Jean, qui n'avaient ni argent ni
or, mai s qui possédaient des richt-sses que tous
les biens de la terre ne peuvent donner. »
Tant de vertu unie à une si grande ins-
truction rendit O.igène célèbre même chez
les païens. On accourait en foule à ses le-
çons, et la grâce d'en haut fécondait la se-
mence qu'il jetait dans les âmes. Les princi-
pes qu'il i cuh^ua t à ses disciples étaieiit
de ceux qui ne transigent jamais, qui res-
tent debout en face du da iger , et qui font
des niai tyrs aux jours de la persécution. Il
eut le bonheur de voir bientôt sept de ses
disciples, la plu[)art convertis par lui , ver-
ser leur sang [lour Jésus-Christ, au pied
même de cette chaire d'où la vérité était des-
cendue dans leur âme. Aquila , gouverneur
d'Alexandrie, voulant étoufl'er les progrès du
christianisme, suscita, d'après les ordres de
l'empereur Sévère, une vi(de!ite])ersécution.
Saint Plutarque , saint Sérène, saint Héra-
551
ORI
om
5o2
rliflo. <;ainl Hf'ron , un anfro sniiU S/'rènc,
UMo ft'miiio nommt^c !I(V.^ï•l(^ un soldnt du
nom (lo Bosiliilo, doiuièrent généreusement
leur vie jiour Ici foi.
Origéne ne se cimtcntA r^^ d'avoir ensei-
gné à ses disciples la foi qui les faisait mar-
cher au marf vre , il venait les encourager
dans les prisons, il les accompagnait au sup-
plice, exposant lui-même sa vie h la rage et
au\ fureurs (]cs persécuteurs. Quand il ac-
compagna saint Pliilanine, il tut horrible-
ment maltraité par les parents de ce saint,
qui rejetaient sur lui ce qu'ils nommaient
leur malheur. Plusieurs fois il fut en danger
d'êlr»' lapidé. Pemlant longtemps il fut obligé
à Alexandrie , de changer chaque .jour de
maison pour éviter la fureur de ses enne-
mis.
Ce fut pendant que cet homme étonnant
était h la léte de l'école des catéchèses, qu'il
commit une action digne à la fois de la plus
grande admiration et du blAme le plus sévère;
obligé de donner journellement ses instruc-
tions aux femmes comme auxhommes, il crai-
gnit la calomnie, et pour la foire taire d'une
manière péremptoire, il se lit eunmpie. L"E-
glise n'avait pas encore formellement con-
damné cet acte d'une piété exagérée, et on
ne peut s'empèclier, avef' saint Jérôme, d'ad-
mirer l'intention qui guida Origène, tout en
condamnant un acte que la raison, la loi ci-
vile et la loi religieuse sainement interpré-
tée réprouvaient également. Origène tacha
le cacher h tous ce (pi'il avait fait, mais l'é-
vêipie Démètre l'ayant su , le réprimanda,
!out en admirant son zèle. Il ne voulut pas
le punir et l'exhorta même <v continuer comme
uar le passé à faire ses leçons pnbliiiues à
l'école des catéchèses. Plus tard Origène se
condamna lui-même avec sévérité.
Son élévation au sacerdoce fut une occa-
sion de troubles dans l'Eglise, comme nous
le verrons plus tard. On doit attribuer cela ?i
ce que, quoi(pie la mutilation n'y eût pas
encore été expressément condamnée, elle y
était copendant reganh-e comm(> une faute
extièmement grave. Quand on considère les
services rendus par Origène, léminence de
sa vertu, les grands travaux (pi'il a exécu-
tés, les saints (piil ,i coniiuis i\ Dieu, ou est
tenté de se demander si la rançon do sa
faute n'était pas assez payée |)onr que l'on
se monlr.it jtius doux envers lui.
Kn 217, Origène lit le voyage de Rome; à
son retour il reprit sa chiire à .Mexandrie.
Ce fut un peu après qu'il couiposa ses lléxa-
plrn et ses Tf'lrnples. Do plus , il étudia î»
fond la philosophie, alin de' pouvoir mettre
les sciences profanes au service de rensei-
gnement chrétien. Quand, parmi ses disci-
pl"s, il sereTwontrait quelqueesprit éminent ,
il l'instruisait non-seulemeiit des «'hoses re-
ligieuses, mais le poussait, autant (pie pos-
sible, dans les sciences du sièch^ jdin d'en
faire wa alldètc (pii ne recvilAi dans aucun
combat, et qui prtt toujours parler partout
nn langage .'i la Jiaulenr de son rôle, .\insi
fil-d pour saint tirégoire Thauiualurge. qui
fut l*' [)lus br«l ornement de son école. Il Ht
une étude toute spéciale des diverses hén'-
sies, jiour pouvoir réfuter victorieusement
les hérétiques dans ses leçons orales et dans
ses écrits. Avant eu occasion d'aller en Ara-
bie, puis en Palestine, il fut prié parThéoc-
tiste , é- éque de Césarée, et par plusieurs
autres évèques, de faire en leur présence
des instructions au |)eup'e , et n'expliquer
les Ecritures. Origène avait trente-trois ans
alors, et était sim|)le lai(pie. Saint .\le.x»n-
tlre, son ancien condiscq)le, et depuis peu
évoque de Jérusalem, le fit aussi [)réclier.
Démèlre, évoque d'Alexandrie, sefirmalia
de cela, «lisant que c'était une chose inouïe,
un scandale; et il en écrivit aux évoques de
Palestine. Saint Alexandre lui répondit en
motivant sa conduite sur des antécédents
respectables , et en l'appuyant d'ailleurs
d'excellentes raisons. Mais Démètre , qui
craignait (pi'on ne lui enlevAt cebii qu'il con-
sidérait comme l'honneur de son Eglise, écri-
vit à Origène de revenir, et même envoya
des diacres pour le chercher. Ori.,ène rev nt
à Alexandrie et y reprit ses occupations or-
dinaires. Plus tard, vers l'an 218 , limjiéra-
trice Mamée voulut voir l'homme dont la ré-
putati'in remplissait le monde. Elle était à
Anlioche avec son lils Héliogabale. Elle en-
voya chercher Origène. Le grand docteur
fut reçu comme il méritait de l'être. Après
avoir Instruit cette princesse des vérités de
notre religion, il retourna h ses travaux. Si,
comme tout le fait supposer, Mamée a été
chrétienne, c'est h lui qu'on le doit, et ■'i lui
par conséquent (pie l'Eglise fut redevable
des années de paix dont elle jouit sous le
règne d'Alexandre , cet excellent tils de Ma-
rnée.
Ce fut .^ cette époque que le savant doc-
teur composa ses ouvrages sur rEcrifure. Il
le lit pour céder aux sollicitations de ses
amis, et notamment d'Ambroise. Ambroise
était riche, il ne put jamais fiire rien accep-
ter h Origène pour lui ; mais il le lit consentir
à accepter des secrétaires pour écrire sous
sa dictée, et tout ce qui était nécessaire à
son travail. (^.ha(iuejour il réclamait quelque
nouveau travail h son ami; de sor;e que
c'est h lui et à ses libéralités que nous de-
vons une grande partie des œuvres de ce
grand homme.
Vers l'année 228 environ. Origène dut fairo
un voyage en .Vchaie où l'appt^laient les be-
soins de l'Eglise déchirée [tar plusieurs hé-
résies. Il partit d'.Vlexandrie avec une l ttro
tle recouiiuanilalioiide Démètre, son évê(jue.
En se rendant en Achaie, il passa par la Pa-
lestine. A Césarée, les évê(pies de la pro-
vince rélevèrent h la prêtrise. Parmi ces
évêquos étaient Théocliste «le Césarée et
saint Alexandre d(» Jérusalem. Dt'uiètre fut
fort otfensé de l'ordination d'Oiigène : il en-
tra contre lui dans un tel accès de fureur et
lie folie, ([u'// m écrivit, dit saint Jén'uue, à
loutr lit Inir. Il écrivit .'l tous les évêqiies
pour bnir dire la faute (prOrigène avait com-
mise en se niulil.uit. Eusèbe et saint Ji'nNme
marquent que la jalousie était le mobde ca-
ché qui faisait agir lévêqiio d'Alexandrie,
7>ti^ OUI OKI 7M
l('(ni(tl (•(mi|ii('iiiiil (Iniis son (iccusalioii jus- ceux do Syrio cl i|r l'/ilcsimc prircnl sa dc^-
«111 aux iHiMi'cs (|iii avaiciil iunci'-ili'' ;i l'urdi- IViisr cl se ri riisi'icnl a satirtioiiiirT la scri-
lialioii (r(>ii|;(''iic. Alexandre rc(M»iidil vic.ld- teiire porh-e coiilre lin. (ii; ccMicjle proliln,
ri(Mi.seuieid h Démclrc. l'en à pen le (cnips iinni' cnndaMiner ses donniez, do Iclin-îJ pro-
caliiia l'anicrlinnc de eelledispnle , el, ruMiiim ItaldenieMl lalsil'n'es, rniiniie liii-iii(*Mne h'en
Mdiis le vcridiis iiar la suite, Orii^ène revnil planil. l/nne d'idlcs, end e aiiljcs, allrilmwJi
i> Aloxandiio , on il reprit sos nccnpalions OriKciic l'opinion (pic le dial>le doit Alnî
ordinaires. Il est prohaide ini"^nM^ (pie Di-nn''- sanvé un jour. Saint I-lpipliaue pn'-lend (pi'il
tre consentit h le recevoir connue pnMic d(! l'ut (dili;:,('' ije sorlii' d'Alexandrie prjur avoir
son ("ylise. oll'crt de r(!iic(!ns aux idoles: on no |ienl, t-n
(lo Ait en se rciidanl en Ac1iai(> (pi'il eut lace d'nrn' seiiililahie nll(''[.^alion, dont i„ijt
une conr(''r(Mico C(''lèbii' ave(Mlassus, et ([u'il d('niotilre la rHnsset('; , coinju-cndH; ipi'nn
«Vrivit h Africain, ponr di'd'eiulic l'hisloire d(! saint aussi ('^minent ail pu pr(^ndreau s^nimix
Sn/.ann(>. Ainl)roise, son ami, racc()in|ta}^uail. cl sonhMiir nii(! accnsalion .s('nd)l/d)Ie. L(;
Knlin il arriva en Acliaie : il s') attira Tes- j)reniicr coiicih! assendjh'; par D('nictri; n'a-
linie ol l'aireclion dos éviHpies ; il y oui les vait |ias voulu d('!pos;'r Orig(''no du .sacerdoce:
nuMnos sncc(\s (pie dans les antres provinces, cet l'viVpic n'en fut pas satislail. Il i(''niiit
An bout de ipielipie temps , s'(''tant rendu à (pieUpies l'VtMpies (pi il savait (Mrede son
Alhi'nos, il y rc(jnl une lettre de ses amis de isenliment, e( iUsdi-posèrcnt ()rig(me. S'il faut
l'alesliius li'S(piels ravertissaient (pie Hassiis, en (r(Hre saint Jer(Miie , rexcoinninnicatioii
avant re(;u d'un copiste la coniï'rence (pi'ils l'ut jointe à celle sentence d(! d(''position. Los
aVaient eue onsemhle, l'avait ialsdi(^e,el(piil lettres de ces deux conciios envoyées dan.s
lui |)riMait des opinions tri's-lansses pour tonte l'I-'^lise y rnrenl re(;nes comme ('nia-
avoir occasion de le di}crier. Origè'ue envoya na'il d'un tribunal juste et (j(|uilable : (jh
la copie aullienticpie de la conlc'rence h ses s'associa jjresiiuc jiartoul à la condamnalion
amis. Plus lard, avant rencontri; col li(5réli(pie, d'Origè'ie. On ne pouvait faire anlremeiil,
il lui lit des reproclies sév(^'res de sa mau- dit saint Augustin. Ceux (jui n'(''(aient pas au
vaise l'oi. Kn passant à Anlioclie, à son re- courant do cette ad'aire devaient s'en rap-
tonr d'Achaïe, il y couvrit do confusion un porter à rautoiili'î d'un c(jncil(; faisant ce
autre imposteur qui publiait une prtilendue ([u'il avait le droit d(! faire, et ailirmant d'un
confi.^r(>nce qu'ils n'avaient jamais eue, puis- homme des choses fort croyables de la part
qu'ils ne s'iHaient pas même irM-K'. Ocelle dnn homme. Onant aux évi''(pies (jui con-
clue soit la grossièreté des moyens emi)loyés naissaient i'alfaire , et qui savaient poui
par les ennemis d'Origène, ils n'en eurent quelles causes Origène avait été persécuté,
pas moins une conséquence extrêmement ceux de Palestine , de Phénicie, d'Arabie et
lAcheuse pour lui, exploités par l'ignorance d'Achaïe, ils refusèrent constamment de
et par la mauvaise foi. De retour à Alexan- s'associer à la sentence des conciles d'Egyjjte,
drie, il y composa son (Commentaire sur aaint el restèrent en communion avec lui.
Jean, malgré la tempête qui commençait à 11 faut aussi ajouter la Cappadoce au nom-
grondcr contre lui. il adresse ce Conimcn- bre des pays dont les évoques se refusèrent
taire à son ami Ambroise, duquel , depuis à la con(iamnat on d'Origène, puisque plus
queUiue temps, il avait été obligé de se se- tard il se retira auprès de saint Fnrûihen,
parer. évôipie de Césarée de CappaJoce. Il faut
Ses ennemis s'acharnaient de plus en plus écouter saint Jér(jme, cité par Untin, quand
contre lui. Lande Jésus-Christ 231, la dixiè- il parle de la condamnation dOrigène, dans
me du règne d'Alexandre, il fut obligé de sa lettre à sainte Paule. Après y avoir dit
quitter Alexandrie, pour se retirer à Césarée qu'Origènc avait écrit plus de livVes que les
en Palestine. 11 abandonna ses disciples, con- autres n'en pouvaient lire, il ajoute : « Quelle
fiant sa chaire des catéchèses à Héracle, le récompense a-t-il reçue de tant detiavaux
plus ancien de ses disciples, à qui, vingt ans et de sueurs ? il est condamné par l'évèque
auparavant, il avait déjà contié le soin de Démètre; et, excepté les prélats de la Pales-
ceux qui commençaient. Cette faculté qu'il line, de l'Arabie, de la Phénicie etderAchaïe,
eut de disposer de sa chaire en quittant l'E- il est condamné par le consentement de toute
gypte prouve qu'il n'en était pas venu encore la terre. Rome môme assemble contre lui
avec Démètre aux dernières extrémités d'une son sénat, non cru'il enseignât de nouveaux
rupture. Lui-môrae confirme cette opinion, dogmes, non qu il eût des sentiments héré-
quand il dit que ce ne fut qu'après sou dé- tiques, ce que ceux qui aboyaient ajirès lui
part que ses ennemis le poursuivirent avec comme des chiens furieux veulent nousper-
toute la violence et toute l'aigreur possibles; suader ; mais parce que l'on ne pouvait sup-
qu'on l'attaqua par de nouvelles lettres qui porter l'éclat de son éloquence et de sa
combatlaient évidemment l'Evangile, et ciu'on science, et que, lorsqu'il parlait, il semblait
déchaîna contre lui tous les vents et toutes que tous les autres lussent muets. »
les tempêtes de l'Egypte. Pendant que Démètre assemblait des con-
Au bout de quelque temps. Démètre assem- elles pour condamner Origène, le savant (ioc-
bla un concile dans lequel Origène fut con- leur s'était retiré à Césarée en Palestine, où.
damné à sortir d'Alexandrie, à n'y pouvoir saint.Alexandre et Théoctiste ne pouvaient
plus résider, à plus forte raison à n'y pouvoir se résoudre à le quitter. Ils lui avaient con-
plus enseigner. Il n'y eut que les évêques fié l'inslruction des tidèles et i'inierprétation
d'Egypte à prendre part^à ce concile, puisque des Ecritures, de sorte qu'il reprit dans cett«
5SS
ORI
ORl
556
ville SOS leçons comme î» Alo\andrio. Do Cô-
soi'i'e il écrivit à quolquos-iins de ses omis
d'Ali'xinJi'io, pour se plaiiulre do Démèlro,
ot pour démoulror Ki luillilé de In soiilonoo
fuluiinée conlro lui. On lui a reproché de la
violencodaiis colle lott:o,d<»iil Huli'i rapporte
u 1 passage et saint JérùuK! un autre. Est-ce
parce qu'il déclare qu'il abandonne ses ca-
loinniilours au jui^emcnl (l(^ Dii'u.so croyant
plus ol)lig»5 vis-h-vis d'eux h la j)iiié qu*<\ la
haine? Il prie Dieu de leur fair^- mis/ricor.le
et ne leur souhaite aucun mal, parce <[ue,
dit-il, nous som nos nés pour ré aidre des
béiïédirlions nlutôl que pour maudire.
Un coMciK? (l'Alexandrie, parlant de lui, dit
qu'il est lomb • du ciel en terre comme uii
écl iir, ainsi (pi'il est nil du diable son i)èro;
il ajoute (jue, retiré à Césarée, et ne respirant
que feu et que colère contre la vérité, il vo-
mit au deiiors et répandit sur h- papier le
pois n noir et ténébreux doit il s'était nourri
avec tant de joie el de |)laisir. De quel coté
est la modéraliitn? De quel cùlé est la justice?
Poiirq .oi l'accuser de> écrits faits h Césarée,
écrits (jui no co ilienncnt |)iesque pas d'er-
reurs, tandis ([u'o'i n'avait rien dit de ce qu'il
avait publié à Alexandrie, et notamment de
son livre Des principrs, qm est bien celui qui
a fiiit le plus do tort à sa répntalio i ? Une
preuve que la haine personnelle de Démèire
était p lur beaucoui) dnns touio celte alfaire,
c'est qu'après sa moit, ([ui arriva on 231, on
mil à sa place Héracio, h qui Ori;j;ène avait
lé^ué en partant sa chaire de catéchèses, el
que cotte chaire elle-nn-'me fut do niée au
grand saint Denys, l'un des |)lus fameux dis-
ciples du même do.teur. Plus tard saint De-
nys suc"éda à Héraide.
La paix ayant donc été rendue h Origèno,
il 01 profila pour terminer son graiiil travail
sur riivangdf de saiil Jean. U continua aussi
alors à travaillera ses Hoxaples.Le reste de sa
vie, qui fut environ de vin,Jil-deux ans , se
passa il Césarée. Il s'en nbseilail assez fré-
quemment, mais il y revenait toujours. Saint
Epiphaîie nous a[ipron 1 ipie, il.uis cello dor-
riièie partie de sa vie, il vécut d'uie manière
très-snii|)le et Irès-eiemplaire. Nous avo?is
vu qu'il n'avait pas fait autre chose durant
toute la premi re. Dieu même sembla vou-
loir pre idre la défense d'Origène, en le ren-
dant rinslnniniil ili'sagr,\co (vivors de grands
piiuls. TandiMpio ses ennemis le chassaient
d'Alexandrie , (pi'un concile lui interdisait
l'eus; i.; lemont, tpjo son évé pie le déposait
<l ' -I «rdoce, ot (pi'uno iiçrando parvie des
1 lui refusait la communion , le ciel
siiiibla .saivlilier son ens( li^nomenl, en lui
fnvoyi'Ule-^ doux plus célèbres disi i[)les (fu'il
ait.inmais l'iis, saint Cirégoiio Ihaumalur^o
et saint Alhi-oo loro so i fiero, (pii, instruits
par lui, cmbrassi-renl la religion chiéliorne.
P.-nda'ii que ceci se passa. t h Césarée, et
fîii'! le ..^raïKl dot leur faisait pour li r«di^ion
(' 'IX des |.lus bello- contpiétcs dnnl les siè-
i\> n iiiqufs puissenl se glorilior, Maximin
t :•< r rrexcollenl cmpor'Mn Mexan-
(i - uliil violoiniiieit IK^Iise. Am-
.. ami MdOvuuc d'Oiigeiic , lut uu
nombre de ceux qui confessèrent Jésus-
Christ avec le plus de courage. Fidèle aux
saints devoirs de l'amiii-, comme h conxquo
la cliarité comma'ide,Ori.èno lui écrivitpour
l'cxhoiler au martyre. Nous avons vu c s
choses on «Jéiail (juand nous avons parlé
(I'Ambroise. ^Toi/.co nom.)
Depuis lors jnscpi'à la mort de Maximin,
en 2.t8, Origène , suivant les uns , resta la
plupart du temps à Césarée de Palestine;
suivant d'autres, il fut pei.da it doux ans ca-
cliéà Césarée de Ca|t|)adoco, chez une vitrgfj
nommée Julienne, qui subvenait h tous ses
besoins. Dans celle retraite, saint Firmilien
venait souvent le visiter. Hors le temps de
la persécution, ce saint évè que attirail sou-
vent Origène en Cappadoce, pour que les
églises de celle province prolitassent de ses
instructions.
Après la mort de Maximin, le savant pro-
fesseur retourna à sa chaire de Césarée en
Palestine. Ses deux disciples, saint Grégoire
Thaumaturge et Alhénodore furent bientôt
élevés à l'épiscopal, malgré leur extrême
jcu!iesse.
Il \ avait vers ce temps-là, en .Vrabie, dans
la ville di" Rostres, un évèque nommé Dé-
ryllo, qui tomba dans une hérésie gravv^'. Il
niait lexistence de Jésus-Christ avant son
inc; rnation, prête ulant qu'il n'avait été Dieu
qu'en naissant de la Vierge, el que môme il
ne l'était ({ne i)arcc i[ue Dieu le Père était en
lui comme dans les pro[)hèles. Celle erreur
consistait, comme on voit, purement et sim-
plement à nier la divinité de Jésus-Chiist.
Ce fut Origèno qui fut choisi afin d'aller vers
lui pour le faire revenir de son erreur, en
qu'il accomplit heurousementh la plusgr.indo
gloire de Dieu; car Bérylle était un desécri-
vaiîis les plus éminonts île celle grande épo-
que.
Ce fut seulement à l'âge de soixante ans
qu'Ori.-;èiie |)erinil (ju'on écrivit ses sonnons
et SOS homélies, lanl élail grande son humi-
lité. Ce fut à peu près à cette épO(jue qu'il
écrivit ses huit livres conlro Celse, ol (pi'il
coml)allit, assez viclorieusemenl pour lo-ra-
raeiier à la vt'Mité,ce.iX qui en Arabie préton-
daie'il que lésâmes mouraient avec lescor(>s.
•Vprès la mort df Pinlippe, Dèce élant
moulé sur le trône, l'Eglise eut à souffrir
une dos |)lus violentes perséculiiuis dont elle
eiU été éprouvét'. C)rigèno fut l'un des plus
valeureux combattants de l'armée de J sus-
Clirisl. S'il no cutnllil pas la palme du mar-
tyre, c'est (|ue les païens, ipii idniprenaieiil
parfaitement limporlance qu'aurail eue son
apostasie, voulaiiiil, non pas le faire mourir,
mais le vaincr.'. Du reste, lel élail le carac-
tère de la porsécuiion de Déco en général :
on cherchait moins h faire dos martyrs que
des renégats. (>iigène tut mis on prison, on
le chargea de chai ns; il testa fort longtemps
avec un carcan de fer au cou el des enlra>es
aux pieds. Il eut à rmlurtr de nombreux
lonriiients, fut |>lusieuis fois menacé du feu.
Sorti de prison épuise ue fatij;ue et de souf-
fianco, .Icut à supporter les deux deniiors
inariyr^.s de l'cxislcucu huuuino, une vieil-
587 <>'«>
lossd ninliidivc cl iim- («\lr(>iiir mîs^rr. lIiuJo
SCS iiIms (ikIciiIs (li'lcii-^ciiis, siiii l Alc\.'iinli'<)
de JthMi.siilciii. cl.iil iiiorf iiLirlyr «liii.iiit 1.1
porsi^niliiiii <lc Dec»?. AihIjimisc, /lussi soti
lUiii, (''l.'iil iiKîil cl ii'/ivait l'iil aiicii I \r-s h
Oii Ai"»!)!', vicii\ cl liiisi' |);ir les Inm me ils.
S.'iiiil J(^r(^iiic tlil (|ii'(tii l'en lil;)iii.i: ipit dimc-
piiil se pcriiK'llrc d(! smidcr jiiiiM les s cirls
d'une aiiiilic i)uc nous avitiis vue si di-voiic'c?
Aci'ii.ser Ainhioise de Ja |iéi uiii' d'()riK;ùMO
ûnws ses dciiiicrs juins, c'est poi 1er imm;
accusatio'i j^rave cl odieuse. (Juanl à nous,
nous /.inion.s mieux croire (|ue cet aun ukui-
raiit .se caitiielail (|tn> jamais ()ri;j,cru' n'a\ail
rien voidu recevoir pour ses besoins per-
sotmels. lVul-(Mre m(>mc (piune recoumian-
dalion e^prcssiî d'()ri;;è ic cmptV'lia Andiro',s(>
de mnnlr-cr u'te gùnéitjsilé qui eiU »;lc si bien
du'is l(>s liabiludes de sou ((inir.
C.o fui après ces soull'ranccs (pie l'ilhislre
persccutù re.;ul iinéciil ipiidiil i-lrebie icher
h son C(«ur. Le f;rand saiiil Uenys, «niieinie-
nio'il SOI (bsciple. m.iinleiiani r'V(\pie d'A-
lexandrie, lui écrivi",sur le martyre, une
loltre dans la(iuelle il l(> l'élieilail el l'exhor-
tait. Ainsi le picinier pasteur de celte liglise
qui l'avait proscril venait r(VHlic hommage h
sa foi, «i so'i courage ; ainsi l'aicicn dise. pic
se souvenant du vieux maitre banni, lui
envoyait de loin des consolalions, où j)arlait
la reconnaissance, où |)ai'lait ce scilimcnt
lihal (pli liait de la parenlcî de lespiit, aussi
vit' (pie do elle du corps. La rt'paiation par-
tait du lieu où l'outrage avait étc^ endure'', où
l'injustice avait été commise. N'était-ce pas,
pour le jiauvre vieillard si longlcnifis jjcrsé-
cuté, connue une de ces ressouvenances de
la vie pas>ée qui rajeunissent le cœur"? Celte
vuix de saint Denys qui venait vers Origèno
des livages d'Egypte, c'était une brise qui
soulevait ses cîieveux blancs pour apporter
à son oreille les bénédictions de son père,
iii.irtyr, enteiré sur ce rivage, les dernici s
souvenirs de sa famille éteinte pendant l'exil,
et jieut-èlre aussi comme un écho hjinîain
de sa gloire d'autrefois, vivante encore sous
les po, tiques de son école.
Pauvre et miné de souffrance , Origône
ïnoirut Agé de soiza-ito-nei:f ans, en l'an de
Jésus-Chiist -253. Le lieu de sa mort fut Tyr,
l'ancenne reine des mers, débris des g oires
passées isolé dans une ile. Ce fut l'a'.re que
le vieil aigle se choisit pour mourir. Sur sa
tombe, les hommes ont continué à sa mé-
moire les persécutions dont sa vie fut abieu-
vée. Le doute en est le gardien , l'éternité
le secret, et Dieu seul le maître. Respect au
génie et silence aux clameurs du monde.
OKION, l'un des trente-sept martyrs égyp-
tiens (jui donnèrent leur sang pour la foi en
Egypte et desquels Ruinart a laissé les Acles
authentiques. [Voy. les trente-sept Martyrs
égyi'tiens.)
ORLÉANS, chef-lieu du d'''partement du
Loiret, a été témoin des soulîrances qu'y en-
dura l'évêque Moniteur en confessant sa foi
et son amour pour la religion chrétienne.
ORONTii (saint) , reçut la glorieuse cou-
ronne du martyre, à Girone, en Espagne,
Oflô
•tàS
en 201, avec «on l'rhc saint Vincent. Tous
dinix, dis(..|l leiii-, A b-s, et.iient js.sus do
saiij;; n.y/il. Ils n'avaiciil pa» ilé élevé* dans
le sein du cliiisii/iniHiiio ; mnis ils s'étni nt
coiiMriis à une époipii- (pi'.m iH! pfui pas
préi is( r. Itulin, Kou\crricur du pa^j* où so
Irnuvaieiil les (i(nu frères, mil tout i-n (iMjvro
pour conlraindre les clir.lieiis h sncrilier;
mais, (pii'ile (pie liit la Moleiice do la per-
sécution (pi'ii suscila, il ne piii vaincre la
g('iiérosil(' des ser\iii'iiis de Dii ii : r Iia(pi(5
jour le sang clnéiien coulait à llol'-,; cli.upjo
jour de nouvelles victimes étaient iiumohWîs,
sans ipie la i-n,-^e des perséi ul.urs nil assou-
vie, i,e fui dan.s de tell(;s (•irconstances qinj
MiK e II ( t ()roiil(! an ivèrcnl à Roia , iielite
vdl(! lrès-p(!ii dislatile de (iirofie. Ils furent
l'Cinis par Victor h; Lévite, qui leur donna
riiiispilaliié dans sa mai.sou. Un jour les deux
fièiesse reidirenl sur une montagne voi-
sine, tiiil pour éviter la |)ers(culi(jiide Rulin
(pie jiour se foriiliin- da is la prière. Après
leur d('j arl , Rutiii se présimla chez \ iclor,
et lui repiocha, dans un langage (pii i( spi-
rail la fureur li plus grande, noa-seulement
de nsivler aux ord es des einpe. eurs, en ne
Sàcriliant pas aux dieux, m -is encoie de ca-
cher ceux (pli, coiiime Vint ent cl Oionte,
séJuisaicnt le p(niple. Il le menaf;a des p:us
cruels châtiments. Vi( tor lui réi;ondil avec
un grand courage, en Iuiui>anl: « Ceux que
vous traitez de séducleurs sont loin (j'ètre
ce que vous dites : ce sont des scrviteuis de
Dieu que vous ne contrai i.drez pas h adorer
vos idoles. « Le gouverneur, au combie de
la colère, gravit la montagne avec les espions
qui l'accomi-agnaieiit , et ayant trouvé les
deux frères, il voulut les coniraindre à sa-
crilier. N'ayant pu y parvenir, il les lit con-
duiï-e (la,is la plaine, où ils furent décapiti's.
Ce fut Victor qui ensevelit leurs corps ; [tour
cela, comme on peut le voir à son ailiclc, il
reçut lui-même la couronne du martyre
avec sa mère et son (tèie. La fête de tous ces
saints est inscrite au Martyrologe romain
le 22 janvier.
OROSCO (DiDACE de), de la compagnie de
Jésus, naquit à Placencia en Esj)a-ne. 11
entra cliez les Jésuites en 1602, à l'âge de
quinze ans , et lit sa philosophie k Mexico
avec le bienheureux B rnard de Cisneros et
Jérôme de Moranta. Quand ses études furent
achevées, il alla en mission chez b-s Tepe-
guans avec son compagnon Bernaid de Cis-
neros. Los naturels du pays, comme ■ ons
l'avons dit à l'article FEriDiNAxn deClliacaiV,
avaient résolu de massacrer leurs mission-
naires le 21 no.embre IGIG. Bernard et
Didace , ayant remarqué une surexcitr-
tion extraordinaire chez les indigènes, lire U
entrer dans l'église les fidèles et les Espa-
gnols qu'ils rencontrèrent sur leur cheimn.
Ajjrès avoir donné trois assauts au bâtiment
on étaient renfermés les chrétiens, les natu-
rels feignirent de dé[i0ser les armes et vin-
rint au-dev<.nt de nos bienheureux qui por-
taient le saint sacrement. Tout à coup ils se
précipitent sur eux , foulent aux pieds le
sai::l ciboire , et le P. Didace qui le port-iit
559
OSI
6St
360
reçoit un violent coup do javelot -en pleine
poitrine. Un des bourreaux , armé d'une
hariie, le ronpe ensuite en deux depuis la
tiM»^ jusqu'aux pieds. Bernard fut massacré
en même temps (fue son saint rompagnon ,
avee tous ceux ipii s'étaient réfugiés dans
l'église, le 18 novembre KHO. (Tanner, So-
cictas JrsHS usque ad sanquinis et vita- profn-
sioiuw wilifan!!, pag. iTO.)
OKVIÈTE, ville de l'État ecclésiastif^ue,
où le prêtre saint Sévère souffrit en conles-
sanl la religion chrétienne.
OSITHE (sainte), fut martyrisée en Angle-
terre, vers l'an 870. Elle était née à Quaren-
don, et tille de Fréwald, roi de Mercie. Elle
fut élevée dans la prati(juc de la piété par sa
tanle Edithe, à qui appartenaient le manoir et
la ville d'Ailesbury. Quand l'clge de la ma-
rier fut arrivé, elle épousa un prince (pii
gouvernait la nation des Est-Angles. Mais
celui-ci, dès le jour même de leur mariage,
conseniit à la prière qu'elle lui faisait de
vivre dans la virginité. Il lui donna de j)lus
le chAteau de Chick où elle lit élever un mo-
nastère (lu'elle gouverna en qualité d'abbesse
pendant [)lusieurs années. Les Danois, avant
lait une irru|»lion dans ce pays, lui tianehè-
reiit la tète, en haine de la reîig oudu Christ,
vers l'année 870. On bAtit à Chick et sous
son invocation, une abbaye de chanoines
réguliers, et un grand nombre de miracles
s'y opérèrent. Cette abbaye fut détruite
quand les monastères furent r»«nversés dans
tout le royaume d'Angleterre. Son nom est
maniué au .Martyrologe romain le 7 octobre.
OSIUS, évèciue de Cordoue et confesseur,
était d'Espagne, peut-être de Cordon*^ mèint>
dont il fut fait ensuite évèipie. Il naquit vers
l'an 236 et fut élevé sur \o siég(> de Cordoue
vers lan 290. Une des premières actions de
son épiscopat fut d'assister au concile d'EI-
vire, (jue l'on avait assemblé dans le but de
maintenir la discipline de l'Eglise. liientôt
après, vers l'année 303, il confessa sa foi sous
Maximit'ii-Herculc, c'est ce «pii lit ([uo le
grand Constantin avait une estime toute j>ar-
ticulière |)Our lui. On croit ([ue ce fut Osius
(jui conseilla h ce prince d'assembler, en Mli,
le concile de Nicée, et saint Athanasedil as-
sez nettement (jue ce fut lui (jui dressa h;
fameux symbole de Nicée. Quoi (pi'il en soil,
il fut toujours l'ennemi irréconiiliabl»> des
ariens, et il di-clarait parlout cpion devait les
traiter d'héréiitpK's.
L'emporcur Coiislanfc, ayant entrepris de
faire comlamner saint Athanase, ordonna ;\
notre saint de le venir trouvera Milan où il
faisait sa résidence. Il employa les prières,
les nu iiaccs et les exhortations alin «le l'en-
gager h signer la condauuiation d'.\thana>e,
et A commiunquer avec les sectaires d'.Vrius.
Notre saint reprit CounLiiuo avec force, et
l'ayant eiitin persuadé, il en obtint la permis-
.siou de s'en retourner en son pays et en son
Eglise, (-epeiidant ce prince, excité par les
ariens, lui écrivit encore plusieurs fois, tan-
tôt le tl.ittant. tantôt le inenarant, alin (le le
persuader de signer (onlio .\th.ina><(\ Osius,
au heudc i'cUrayer, lui Ocrivil uuelcUrc, la
seule que nous ayons de lui, mais qui certes
est digne de sa haute réputation : « J'ai con-
fessé Jésus-Christ, dit-il, dans la f)er."écution
que .Maximien, votre aïeul, excita contre l'E-
glise. Si vous voulez la reno; vêler, vous me
trouverez disposé h tout souffrir plutôt que
de trahir la vérité et de répandre le sang de
l'innocent, en consentant h sa condamnation.
Je ne suis ébranlé ni par vos lettres ni par
vos menaces ; il est inutile de les continuer.
Il vous sera plus avantageux de renoncer aux
sentiments d'Arius, de ne i)oint écouter les
Orientaux, de ne point ajouter foi à Ursace
ni à Valons. Ils n'ont pas tant en vi:e dans
ce qu'ils disent d'attaquer Ath nase que
d'établir leur hérésie. Mon âge doit me don-
ner de la croyance dans votre esprit : crovez-
moi donc, je vous supplie. Dans le concile
de Sardique, assemblé par votre ordre et [lar
celui du bienheureux Constant, votre frère,
je sommai moi-même les ennemisd'Athanase,
lorsqu'ils vinrent dans l'église où j'étais, de
produire ce qu'ils avaient à dire contre ce
prélat. Je leur déclarai qu'ils le pouvaient
laire en toute assurance; je leur promis
qu'on leur rendrait justice dans toutes cho-
ses, c'est ce que je leur témoignai d uxditfé-
rentes fois : j'ajoutai que s'ils ne voulaient
pas faire examiner leurs accusations en plein
concile, ils pouvaient agir avec moi en par-
ticulier. Je leur protestai que si Athanase se
trouvait coupable, nous l'abandonnerions et
le rejetterions enlièrement. Je leur dis même
que s'il se justiliait et les convainquait eux-
mêmes d'être des calomniateurs, je lui per-
suader.'.is de venir avec moi en Espagne;
Athanase accepta ces con lions sans dilticul-
té : eux au contraire, n'osant hasarder leur
mauvaise cause, se retirèrent. Athana.-c alla
ensuite, suivant vos ordres, vous trouver à
Anlioche. Il vous pria d'orilonner que tous
ou quelques-uns de ses ennemis qui étaient
alors dans cette ville, comparussent devant
vous j)Our soutenir leurs accusations et le
convaincre îles crimes (ju'ils lui re[)rochaient,
comme ils le pouvaient aisément, s'il était
coupable ; ou d'être déclarés ties calomnia-
teurs indignes d'être écoulés, s'ils voulaieU
encore parler contre lui en son absence.
Vous rejetâtes bien fort cette proposition,
et pour eux ils n'eurent garde de l'accepter.
Pounpioi écoulez-vous donc encore ces ca-
lomniaieurs '.'CiMument soulfrez-vous encore
Valons et Ursace, après qu'ils ont protesté
par éeril que toutes leurs accusations n'é-
taient que des calomnies dont ils se r(>pen-
taient? On ne leur a point extorqué celte ré-
tractation par force, comme ils le veulent
faire croire. On na jtoint employé la violence
des soldats pour les y contraindr»». Ils la
liront même îi l'insu de l'emporeur ConslanI,
votre frère, et on n'a jamais vu dans les Etats
de ce prince les violences ipion exerce au-
'ourd'hui. Ils allèrent d'eux-mêmes h Rome
et écrivirent leur rétractati(»n en présence de
l'évêtpie et des prêtres, après avoir écrit à
Athanase une lettre d'amitié et de paix. S'ils
se iilaigiienl qu'on leur ait fait violrii(M>, s'ils
rccouuaisscnl que c'csl un luul, ii vous le
36 1
OSI
OSl
Sflt
d('i>;a|)|ii(»nvi'/., arr/^lcz vuus-iiu^mcs vos vio-
icmi s; ii'(Miivc/, plus (le Icllrcx, n'ciivd} (?/,
|»lus (locoiiilos ; ni|)|»('lt /. Ii's cxi.i's, «le pour
(pic, lorscpid vous vous pliii^'M;/. dn ers vio-
liiiiics pi(''l("ii(iiio>, vos miiii.slrcs n'nii lasMiil
»Mix-llli^lil(\s tilt iV'clIrs cl (le plus ^laiiilc.s.
Qd'i'sl-cinpio (loM'I.'i'ila l'.iil tic scimIj aliln
?l(()(pic nous vov'iiis ? (JucI cv(\pM; a-l-il
i)juiiii ? A ipicls jii,;;ciiiciils cccU''sias.i(pics a-
t-il viMilii pi'csi.icr liii-iiu"'mc ? Ses ulliticrs
oiil-iisjaiiiais coiiliainl de sIj^ikm' la coiidaiii-
naliou de per.soine, poiii- ipic \aleii.s et les
siens puisse 't avett ipielipio viaisenihlaiieti
ava'icor ce cpi'ils di.>rul ? Ne vous engH,^e/
pas dava'Ua;-çc, je vous en coijurc. Souvenez-
vous (|ue vous (Hes un lionnne niorld, ctvii-
guez le jour du jn;^enicnl. D.spose/.-vous ;\
aj)paiailre nur cl inépréluMisihie. Ne vo .s
ingère/, poml dans les allaires ecclésiasli-
(luos. Ni' nous prescM'ivcz rien là-ilessus. Ap-
j)rcnez plulùt de nous (;e ipie vous en devez
croin». I)i(>u vous a do-rié le gouverneuient
(le Tenipire ol ;\ nous celui de rilglisii. Qui-
conipie ose atlenler i^ votre autoi'il.' s'oppose
à l'onlre de Dieu, l'rencz garde de mcnie de
vous rendre coupable d un .;rand ciinie en
usurpant l'auloiilé de iMiglise. Il nous est
ordonné de rcndrti à César ce (jui appartient
à Césai', et à Dieu ce qui aiparlient à Dieu.
11 ne nous est |)as permis de nous attribuer
l'autorité impérial.'. Vous n'avez aussi au-
cun pouvoir dans le ministère des choses
saintes. Voilh ce que j'ai cru devoir vous
écrire dans le désir que j'ai de votre salut ;
c'est toute la réponse que j'ai <i l'aiie à vos
lettres. Je ne (H)mmu'ii(juerai point avi c les
ariens ;au contraire, j'aiatlicmatise leur hé-
résie. Je ne sousciirai i)oint à la condamna-
tion d'Athanase dont nous avons reconnu
rinnocence avec l'iiglise de Rome et avec
tout un concile. Vous l'avez reconnu vous-
même, loisque vous l'avez rappelé et que
vous lui avez permis de s't n rciourncr avec
bon leur en >o\ pays et de rentrer dans le
gouvernement de son Eglise. D'où vient donc
ce changement ? Qu'e.st-il arrivé de nouveau?
Les accusateurs qui paraissent aujourd'hui
contre lui sont les mêmes qui l'aiiaquiient
en ce temps-là. Les calomnies secrètes, (car
ils n'osent pas parler en sa présence) les ca-
lomn.es, dis-je, qu'ds ci»nlinuent à répandre
contre lui sont les mème> qu'ds publiaient
avant que vous le rapj)elassicz, les mêmes
(ju'ils objectaient contre lui à Sardique, et
(lont ils ne purent donner aucune preuve
quand je leur en demandai. S'ils en avaient
eu, ils ne se seraient p s retirés si honteuse-
sement. Avez-vous oublié ce que vous dîtes
et ce que vous écrivîtes alors ? l*ensi'z à vous,
je vous en conjure ; ne vous laissez pos aller
aux vohmtés de ces hoannes perdus dhon-
neur et de religion. En voulant les ooliger
pour vois les rendre amis , vous vous ren-
drez coupable. Vous rendrez compte tout
seul au jour du jugement de ce que vous
faites t n leur l'av ur. Ils e.npioieiit votre
autorité pour accabler celui (lu'ils haïssent.
Ils veulent vous rendre l'insirumenl et le
ministre de leurs desseins criininels, ils
DiCTiONN. DES Persécltions. IL
clicrclii-nl h nilrodinrc l'Iiérésie dans l'Eglise
par voire inoyt n. Il n'y » p'is de prudc'ici- h
M' jeter dans de si grands périls pxiir !H(!rvir
la[ia>sinnd(vs aniies.ilessi z donc, princp,c(fs-
se/, cl nren< royez.C.'e.sl lelangagcqiH.jrMJuis
vous tenir ci vous ne cve/ pas le mépriser. »
II le lettre si adiniralilc n'enipéiha pas
(îoiistant-e de cotiluiii<-r i le me la 'cr et h
chercher |Ucl(piepr(''lexlec()iitic lui puiirpou-
voiidii le conir.iindre par lorccî de Im obf-ir,
ou avoir sujet de h; bannir. Mais la sanilelé
de sa conduile était lrop<onniieet liop hors
d'alleinle pour y troinnn- sfniletneni fpi 1^11(3
appa inicede crime, si ce n'est da is l'.i Imhim
evlième (pi'il avait pour l'h'résiu. Ce lut
donc le seul |)oiiil (pu put scn'vir de malic^'ie
aux accusat(Mirs de ce prélat, et pour en aug-
nienler le poids, ils lire U (;nt(nidreh l'empe-
r(nir (pj'il y avait encore d'autres évé(jues
(pii emhrassaMMil ses S(!ntim(nils, (^oiislanco
tenta prinnièiemeiU ceux-ci; mais ne les
ayant \m obliger h .souscrire, il manda 0 fin
Osius et le retint un an eiiti(n- à Sinnich
(domine en exil. Cette peine qu'Osius sonf-
iVait depuis un an ne p rui pas er'cor.' assez
grande aux ariens, pour un homme Agé de
cent ans et plus. Constance l'accabla encore
d'adlictions, d'injures et de menaces, s'ima-
gin.nt que ce; serait un grand témoignage
pour la vérité de SI foi, s'il la faisait embras-
ser à cet évê(iue, de gré ou do force. On per-
sécuta à cause de lui tous ses |)arents, on
en vint même jusqu'à une violence ouverte;
on lui lit endurer une infinité de coups, de
gêni's el de contorsions très-douloureuses, de
sorte que la faiblesse de son corps céda en-
hn à celle tyrannie, et il consentit enlia à
communiquer avec Ursace et Valens.
On peut juger quei fut 1 élonnement géné-
ral : Ic'S ariens en lirent des trophées jusqu'en
Frai. ce, mais les évèques catholiques ne s'en
ébranlèrent i;oint, quehiue affligés qu'ils fus-
sent. On a p-ulé en bien de dive.ses manières
sur la chute de ce grand évèque : saint Hiiaiie
attribue sa faute à l'amour bien naturel à un
vieillard, de mourir dans sa pa'rie, et les
prêtres lucifériens , M.ircellin et Faustin
disent qu'il céda aux menaces de Constance,
parce qu'étant vieux et riche, il craignait
d'être banni ou dépou lié de ses biens. Après
qu'il eut signé, on le reivoya en Espagne
gouverner son Eglise de Cordoue. Les mêmes
luciféiiensrapjiortentde lui une histoire bien
remarquable, qui arriva, dirent-ils, peu de
temps après son retour en Espagne.
Osius, à son retour, ava t encore plus
d'autOiité qu'auparavant, il était porteur
d'un ordre de Constance pour faire bannir
tous ceux (jui refuseraient de communiquer
avec lui. Grégoire, évt^que d'Elvire, rctusa
absolument sa communion. Osius en colère
l'atant fait appeler à Cor .oue devant C;é-
mentin, g )uverneurde la province, et quan-
tité de personnes s'était asse nblées pour
voir quelle se ait l'issue de cette atlaire, ils
disputèrent longtemps l'un contre l'autre :
eiuii Osius somma Clémentin d'envoyer
Grégoire en exil conformément à l'ordre du
prince. Clémentin, soit par le respect qu'il
12
Z6'
OST
OSW
364
portait à l'épiscopat, quoiqu'il U\l pnïen,
so l qu'il t oi;v,\l qu • Gr;^^o:re avait nusoti,
dit à O^ii'is qu'il ii'o<;ail pns bannir un /'vô-
nuc, rmis quo quaml il l'aurait il 'pnsi'\ il le
binnirait aussitôt. «irr-;oiro, v )yant qu'Osius
se piottait sur cela on «^iat do lo (léi)03er. in-
voqua Diou Jï son secours, et lorsprO^ius
voilut proioncer la se iton;-,.;, si téio of sa
b vichr» so tournôrenl ; il tomba Je son sii^j^e
h iprrc ?t fvit f^mnort '• o;i iit )rt on muet, et le
ju^e, rrai^^r.ant (r<^pro\iver an'^si l'etf-lde la
justice (le Dieu, se jeta aux pie»ls de ffré-
goire et lui d *manita pardon. Saint Atha-
nase assure divers^'S fois qu'il ne né^li^^ea
poi it la fauto q /il avait t'ait), mais qu'«^lanl
près lie mourir, il pro esta, conini; par son
tc^tain'MU, l'e la vio euci; qu'il avait soufîirfe;
il anal'i '«matisa llioWésic dos ariens et exhor-
ta tout îe inonde à la rcj':tt'r. Saint Au^îus-
tin. d • s ui CiMl', nous assure que par l'aveu
mt^ue des donatistes, qui voulaient noircir
sa rép;itation, il était mort <hns la comimiu-
nion d-s éviV]ucs d'H^pa^ae : m qui n^fute-
rait fortem ut l'histoire de Marcellin et de
Fau-lin. Les Tirées l'honoreut mèi.)e pu!)li-
qucMie:it le '21 aoiU ro-Tiiiie coM'esseur. Ouoi
qu'il en soit, il est b eu fùchoux que iiOus
soyons réduits 5 dire que Diou a pe d-ètre
faii inisiTicorde à Osius par la pénitenre II
ne nois reste Je ui que soi excelleiitc lettre
à Con-^tance On lui attribue encore un livre
sur la louan'jn de la virginité, adressé à sa
sj?ur, ctf )it bien é- rit.
Oà-Mii). petite ville d»^ la Marche d' Ane ')no.
Pinion, proconsul d'Asie, revenu depuis
quelque temps eu Italie, avait envoya'; djns
UQC ie"re qu'il possi^dait en ce l'eu , les
sii'ds Diocl "tien, Florent et Sisinne, dia.Te,
qu'il avait anioués av îcluide so i couve; ne-
nieut. Il avait été forcé de ne p-as les garder
dans sa maison, de cra ntede la lerséout'Oîi.
Tous trois fur-'nt martyrisés par le> habit;.nts
du |iav^, qui les lapidèrent. Il y avaità Osme
un démon célèbre, au-juel tous les trois ans
ou olfrail un sacrifice solonn I. Ce démon
ayajil décaré qui! i:e rendrait plus d'oracles,
à ni''ins qiic les trois saints ne sacr.rtasseiit,
la populace s'om[)ara d'eux e», sur leur refus
d'oifrir des sacriùcesaux taux dieux , les tua en
Ips nr4;at>l ant d>- pi rres. Les rhréuens ayant
retiré leurs corps de dessous cr^s pierres, les
enterrtVeut avec liomieur près du lieu où
leiii- manyre avait éié consommé. {Voi/. Si-
SIXNK, DiOCLKTIEN, Fl.ORIOT.)
OSORM (le bienheureux Gaspabd', fut
mis à ni.jrl pour la foi le 1" avril 16'1?>. Il
eut pour rompa;-;non (ie son martyre 1 > l'-
Antoine Hipario. Los Cliirij^ua les (dans le
Tucuraan) leur do uièro it la mort aûii de
les uiii()é(her de piéetier leur foi.
05St:N.\, en Espig 10, ost célèbre par le
inart.To pj'y euduèri-nt les sainis (lermain
et Servant, du.a'it la piMSi-eution ilc Diodé-
lion, wus VialO'ir, un de ses lieutenants.
()!^riK, 0<tin, maint' liant t»ourg de IK'at
de I E^li-e, a lembo .cluno du Tibre, autre-
f is villi' et port cousid.'rabif. SoU!* l'empe-
re.if A fxandr.', lîlpieo. pii'>',(f rlu prétoire,
y m lueltio a uiOil les sjiuli (juuiace, évo-
que, Maxime, pr/^tre, et Arrhelniis, diacre,
avec [)liJsiours autres chrétiens. Il y fit aussi
mourir saint Astère, )>rèire, duquel il est
parlé daos les Actes de saint ("lalliste, pape
el martyr.
Claude II le fiothique norséoutant violem-
mi'Ut les ehri'tiops, Ro;nulus 'U'pius), vicaire
du préfet d • Kome, lit mourir tlans la vi lo
d'Ostif- un très-^rand nonibrc de saints mar-
tyrs. (Voi/. Martyrs d'Ostif.)
Sons l- règ '0 oi durant la persécution de
Dio-létion, cette ville fut témoin du ^dorioux
iiiart .ro qu'y sonffrirent fiou; la foi les saints
Cl Mide, Fiéi)é ligne, sa femme, .Mexan Ire et
Cuthias, SOS tils, et son frère Maxime. Diocté-
tien lui-même avait commaid.'^ leur airesta-
tion. Comme ils appartenaient h une famille
des plus illustres etdes plus recommandables,
il niftiitra d'abord '.o er eux une douceur qui
n'était pas dans les habilu les do son carac-
tère féroce et barbare. Il les condamna sim-
plement h l'ex I. M<u> bientôt, revenant à sa
rage accoutumée, il décida qu'ils périraient
tous au milieu des flammes. La sentence re-
çut sonexé."etion,et l'on vit toute cette sainte
tamille sur le bilclier où s'acco.npiissait son
sacriiice, offrir h Dieu ses souffrances .ivec
un courage que la foi seule peut mettre dans
le cœur des hommes. Los païens, (lui ne
voulaient pas que les fidèles recueillissent
les r< stes des saints martyrs, pour leur ren-
dre les devoirs qui leur étaient dus, les je-
tèrent dans le Tibre ; mai<, malgré celte pré-
caution, les chré iens purent en retrouver la
plus grande partie. Ils enterrèrent ces saintes
reiicpies près de la ville.
OS riE.N (saint), prêtre et confes.scur, souf-
frit de gra ides tortures pour la défense de
la religion chrétienne, en Vivarais. Nous
ignorons les circonstances et l'époque de
son combat. L'Eglise l'hoûorc comme con-
fcssnur le TO juin.
OSWALD (s.iint), roi et martyr en Angle-
terre, mourut en combattant pour la défense
du christianisme, ou l'an 6V2. Il était fils
d'Ethelfrid, qui avait été tué par Redwald,
roi des Est-Angles, et après la mort de son
père il s'était rét^igié elie : les Scotii, avec
SOS frères LanfVi.l et Oswi. Ils fure it instruits
d ' la religion chrrfiotine d ns c«'l exil, et y
rerureut le baptême. Ëdwin, bis U'Alla,
régnait sur les Northumbres. Ce prince,
après dix-sopl a-vs do règne, fut tué en
combattant IN^ ida, roi de Wercio, el Cadwal-
loi, roi des Bretons et des Gallois. Après
cet évéiienienl, les nis d'Klhelfri I revinrent
et furent rem s en p()sse sioii de leurs Etals.
Lanfrid lalné eut lo royaume de Déire, Osw i
celui de B>'riiicie. Ces deux princes aliju-
rèront la religion elirétieunc pour plane à
Cadwallon, «jui cep^idanl les tii bioniùt
mourir. 0>wi lut tué par lui da 's ui'e bataille.
Lanfiid fut a^sasiiui'. 0s«ald, leur freie,
recueillit leur succession. .\u lieu d'ab;urer
comme ses frères, il lit tout ce qu'il put pour
r»:tuer i.cs sujcis de r.idoration des idoles
et po ir les amener 5 la connaissance du vrai
DifMi. Cadwallon , que certains nomment
CaUwalla, viul au5.^l l'attaquer avec des
505 OTA
Jorcos snpt^iii^tiros. Osw/ild m(vi;\ sps «oldats
ail ("'iiiliiit s.i 'S niiii|tl •!• W's ciiUMii s, ol so
liBMl c'i 1) ou ; il p'aiil'i iiik' K'" '"J'' i'">ix «lu
|>()i<, cl invita tous I s sdIiuiIs qiii coiiino-
saii'iil SCS lioiijics h piifi' le Dii'ii ilc> cliic-
licii!» |Miur «voir la vit loirc. l'on'' se pros-
fciii<''i'i'iil. l't ciisiiiic iiinrcimiil .1 rciiin'iiii,
iL> Kii lirciit ('piouvci- uni' cl'.titi' couiplclr.
t:«;h\«ll(»n }■ lui lue. Lu croix (jui fui i n^^cc
(Ml < clic ciii'oiisl; iii'C f.it le |)ri'inicr iii'iiai-
nii'iit cluélicii liais 1.' royaume des H, riii-
Cieiis. OsNNalil lil vtuiii' Scinii Aula 1 pour
jiiô; hcr sou peuj) e. Coiniiie dans les coin-
uiou' cnienls ce sai il piéou' tleiir ne savait
pas la langue du pays, i 0 fui le roi lui-uiCiuo
qui lui servit iriiiieipiMt). Le zèle cpic ce loi
mou la u • Se denieiiiil pas : il coiivrit son
pays d'ùglises et de mouaslùres. Après Iniit
ans diui it',:;ue lieuieiix, ce inincv' i'ul atta-
qué par Petida, le luotiiliiei de taiil du r >is,
le môuie ijui ava;l lue sai;U EJwiii. Oswald
l'avait vaincu au coinnicncoinent de sou
l'èfic-; mais | ou ;\ pt^u, s'elaut iclevc du ses
perles, le pruicc l)ar;>art! revint à 1> icio
d'une ann e p.uissauto, el allaipn OswakI ;
celui-; i iiKuclia a la reiiconli e oc renneini ;
mais coui, \éU nienl inférieur on l'orces, d fut
dcfa'.l el perd.l la vie dans le con bit. Celle
affaire eul lieu le 5 aoù. Gl'J, da s u 1 ii< u
nommé MaserlielJ. Pendu lui lit cou,ier les
bras el la lèle, cl ies lii atl.\cher h des pieux ;
mais lu fièiC du sai'il c^ail r les ayant
eidevé» l'année suivai. le, po ta le chef à Lii-
disfaïue, el eni[)oiia les hr.is dans son palais.
Le chei' lut conservé da i> la chlsse .e sai'U
Culliherl, élira. st'éié plus tardif Durham.
Le bras dioil clad anc iu Micmcnl conservé
à Baiv^bar^h. Le le-te uu cor|»s fut donné
au mouaslère ne Bard'iey, dan.^ le comté de
LuiC-lu^ Uue parliu de cos saiiitos re i ]uos
fut poilée, en 1221, dans l'abbaye de Berg-
Saiiil-Vuioc en l-.andre. Les calvinistes les
y brillèrent. L'K-;lisu célèbr»> la fête de ce
saint rui le 5 ajùl, jour anniversaire de sa
mort.
OTA (Julie), était une jeune Coréenne,
née au >eiu d'une famille illustre et puis-
sante. Liie ét.iit lrès-remar,,a.tble par les
qualités que la nature et l'éducatiou avaient
mises lU ei!c. Oi. ne savait, quand on la
voyait, ce qnon devait admirer le ^ lus ou de
la 'beauté de son visage ou de la grâce de
soii esprit. Elle avait rôjni ces deux trésors
quon trouve si rarement cîiez la femme,
qu'on dirait que la uosses^ioii de l'ur» est
exclusive de celle de l'autre. On ignore
quelles ciiconslances l'anienère U a la cour
du ■ ubo-Sama. Ce que l'on sait, c'est quil
lui portail un inmiense iilérèt et qu'il avait
mis uie espèce d'-iinour-piopre à en faire le
plus brillant parti de sa cour. En l'an 1613,
quand cet empereur décréta la [>ersécutiou
Contre les chréliens, cette jeuue illle, pour
attirer sur elij ies grâces Ju Seigneur, ûl, à
])arl r de ce •moment, un vœu de c'.iasteté
j>erpéluelle. L'emper>mr lut cxt èmement
ir.ué de celte déter.nin>'ti»n, prise par une
ieunefrle qu'il avait coinbléu de bie is eldiî
Jat^ueiJe il était passioaii.^mcut é^;n^. ^i)rijs
OIT,
7M
avoir fail auprès d'elle, mais innlilemeni,
l'Uil ce ((h'iI put leniiT |io.ir lu vaiii<:re, il
la r mil entre les mains de .^old•lU qui la
iiidiiienè;enl d lie en ijr, avec doux jeune»
lilles ses cnnqwig'ii .s, Lui !•' cl Clara. II9
lini>c II [lar la laiss r dans une 'lu ces llus où
il n'y avait pas u'u>.lrcs lu.l)ila ils (pie de
pauvres |ièclicurs. Ils j'y i\U,i 'drtnnèiviil
S(ni|e (;l ba >s re.5>,nurces. l'en janl M) uns
qu l'Ibî y ri'sta, ce fut a p(nn(? si elb? put jr
liouver u 1 4;bri pour s'y meUic ,'i eoiivi ri.
lC;evée dans le ji.xe el dans les di lirai (.'Jises
(j li so U ici-bis l'apa 'a.^ • des ri' In s ( l des
piiivsa Us, iu; (lui I asv(j. son exisicficedans
celle ileoù tout inan piail ù ses ncsoins. Nui
secours, l'ullc' consolation, ne l'y menaient
trouver de la part do lioinmes Uicn seul la
secouiail.il lui envoya, durant ce long exil,
Imites les gnlces qui l'ont licjuv.r r.-xislcice
bo me el dou' e au mi ieu des onUr.inccs
qu'un eiid. ire pour lui. Dans les (ommence-
nii"its elle éprouva b"ani0'i|» de ( fiagrin dfî
n'avoir pas été .:n,:,ée dig'e de lecevoir la
couronm; du nioil.\re ; mus un jésuilo, le
1*. l'asio, à (pii elle écri\il h cet t^gard, lui
ayant lépijiidu (pie ri''gl;se recouna ssait
comme malyis bea.icoup de saints qui n'a-
vaient soulleri (pie le birnis-cmenl, elle
fut consolée cl lerm na su vie dans la paix
du Seigneur.
OTHON (sain'), martyr, é'.ait religieux
dans l'ordre de ïsainl-Fiançuis. 11 cueillit I4
palme du martyre A Méroé en AlViciue. Ou
ignore en qm lie année. Il eul j-oir compa-r
gnons do ses combats les saints l'ierrc,
Bé.ard, Accurse tt Ajut. L'Eglise fait leur
l'clc le 1() ja iv.rr.
OL'iL (sa.nl). Voy. Atoile.
OUHS ('«a. Ml), fut martyrisé à Soleur(»,
ville de Suisse, avej saint Victor, son com-
pagnon. Ces deux soldats, qu' faisaient
])art.e de la légion Tliébéenne, sm ffrirent
d'abord de ciu.ls snj'plices soijs l'empe eur
Maxmiien ; mais une I miièfe céiestu brillant
sur eux, les exécuteurs tombè/en' fiar tei-re
et ils furent dé iviés. Jetés ensuite dans le
feu et n'en aya.^t reçu aucun mal, ils péri-
rent enfin p-îr le g aivi-. L'Eglise lait leur
mémoire le 30 septembre.
01 RS (.-aintj,évêque ei confesseur, souffrit
pour la défense de la foi dans la ville de
Ravenne. Les circonstances qui il.ustrèrent
8")^ combat nous son inconnu s. U est
honoré dans l'Eglise comme confesseur le
13 avril.
OURS (saint), évoque et confesseur, eut le
glorieux [)rivilége de ^oulrl■ir pour la défjnse
de sa foi, à Auxerro. Nous ignorons les
circo-^slai.ces cl l'époque de son combat.
L'E.-,lise fait sa fête le 30 juiilet.
OU-CUE-SAN , mandarin mantchoux, qui
siégeait au tribunal des crimes de Pékin en
1737, fut chargé de l'affaire de Lieou-Eul,ca-
lécliist.' dos Pères po tugais,pris iuranl qu'il
baptisait à rn:,pital des Faa\\\ ts-Trouvés.'
11 montra une extrèmr'joieJaiscct'e circons-
tance, (>a.ce que, déle taol la ieli";ion chré-
ti-niie, il dJsiiail b.'aucoup. c^.i-j que'que
ûiîaire la coaccrnaat lui toaiîjjlt e.iire les
387
l'Ai)
PAC
368
inaiMS. Il essaya d'abord do surprendre le
saint cak'cliislo en lui adressant u ie f>ulc
de (|ue>tions raptieuses ; mais n'ayant pu y
r(^iis>ii". il I 'i lit d »'Vit'r la que^llon, [irtVei-
danl lui faire avouer (pie les ch éliens
ronverlissaie'^t les Chinois (>n leur doinant
de 1 argent. Celte grossière errtnir ne put
^tre ar aeh e à Licou-Eul, tpii fut remis au
président mantchoux du tribunal, (jui se
nonnnait Nasi-liloa. Ce p'tSi lent étant parti
deux jours après pour Nankin, en qualité de
gouv-TUf-ur g Ml rai, l'air lir-i revi it à Oi-C'ic-
Sa iq iivoula ty metti-e une exiréuie rigueur.
L'opposition que lui lit un collègue lorça d'en
référer A Sonkia, président chinois du mémo
tribunal, le piel l>IAma l'excessive sévérité
d'Ou-Che-San. Qu'aurait-ello été ? Le mis-
sionnaire auquel nous empruntons ces
détails nous le laisse à doviiu-r, en trouvant
fort nr)dérée relie que le président prononça.
Lieou-Eul ne fut condamné qu',^ [)oiter la
cangue un mois duraiit, et!^ recevoir une [>re-
mièie fois cent coups de bâton, une seconde
fo s quarante.
OV.VNDO (le bienheureux Ferdinand),
dominicain, faisait partie du couv nt que
cet ordre possédait à Villarica , dans le
Chili. Les haoiiants indigènes, evcités par
les nrètre.^ des idoles, immolèrent n tre
bit^nheu eux, Paul de Buslamenle, supérieur
du couvent, un novice convers et quatre
autres missionnaires. [Monumenta domini-
canoy an. 1606.)
PABAfi, prince arménien de la fami'le
Aravélé a^k, fut l'un de ceux qui soulfi ircnt
volontaire 11 nt la ca[)! vite pour Jésus-
Christ, sous le règne d'Ha guerd. deuxième
du nom, roi de Pers.', et tjui ne fuient
remis en libs té et renvoyés en leur pays
que huit ans après la oiorl de « e prince, sous
le règne de sou tils B rose. (Pour plus de
détails, voy. Pbivces aruémens.)
PACHKCO ( le bienheureux Alphonse),
prêtre. de la Compagnie de Jésus, fut associé
au martyre duB. A ]uaviva,rr(;t >ur du roll 'ge
que les jésuites a aien' dans l'île de Salcelte,
a\ec les B. Antoine François, Pierre Bema,
prêtres, et le frère roadjuleur François
Aragua. (Tanner, Socirtns Jpsu usque ad snn-
?<uini.s et vitœ profusionem militnns, p. 2^7;
e P. d'Outreman, /îcctieil des lioinmfs illus-
tres de In Compagnie de JésuSy p. io"; Du
Jarric, Histoire des choses plus mémorables,
etc., t. l, p. 332.)
PACHEt^O (le bienheureux Emmanuel),
Portugais, de la compagni • de Jésus, faisait
partie des soixa ile-neuf missiiMinaires que
le P. Azevedo était allé recruter ii Bome
pour le B.i'sil. (J 0//. r.irlirle .V/i;vi.do.) Leur
navi c fut priS le 15 juillet loTl, | ar des
corsaiies c^il inisles ipii les massacière itou
I''sjelcfenl au mdieu ue> Ilots où ils [m'-i iient.
ïi'\ fut le glo irux iiiirl.re di- nolr<' bieii-
lieureux. Du Jarr.c, Histoire des choses plus
memorahles, rli.,l. H, p. 2.8. T.wmrr, Sonrtas
Jrxu usqur ad sanguints et vitiP profusionem
mililans, p. lOO et 170.)
PACOvIE (saint), martyr, versa son sang
[lo.ii la foi h Alexandrie, durant l.i per>é-
culion qu"' reiiipt'reui tialere-.Maximien lit
soulfrir aux dis iples du Christ. 11 cul |)our
compagnon de sa ^loirt- Its saints Fausie,
prêtre, Didio et Aiuiiione. Phi.éas, nésK^ue,
Théodore, évêque égyptien, tl six cent
soixante au'resi;ot;t nou> ignorons les noms.
LE3I1S0 honore leur mémoir.' le 26 no-
vembre.
VMAJUZ, ville dTtolio, où samto Justine
fut martvrisi''c pour la foi chrétienne, en Tan
de Jésus-Christ 30'i.
PAEZ (le bienheureux Gasp.4bd), martyr,
mourut pour la foi calholiq le en .\byssinie,
le 25 avril 1635. Il était du nombre des six
jésuiti'S qui avaient été désignés pour rester
en .\b. ssi lie, quand la persécution duNégous
Basilides fo ça le patriarche Meiide/. et ses
compagnons de quitter ce pays, où les avait
fait venir Mélec Segued. Pris par .Melca-
Christos , vice-roi du Tigré, avec les PP.
Bruno de Sainte-Croix et Jean Pereira, il
fut conduit avec eux au camp du vice-roi,
fpii les fit tous les trois percer devant lui h
coups d'épée. Paez mourut sur-le-champ do
ses blessures.
P.VGNON, de la compagnie de Jésus, cul à
soutenir de violentes pcrst'cutions à Alep,
avec le P. Sauvage, vers l'année 1692 envi-
ron. S'étaiit Occupé à faire réparer une mai-
son qui lui avait été donnée [>ar M. Lemaire,
coiiNul d'Alep. il fui accusé par s- s ennemis
d'avoir voulu faire bâtir une chapelle pu-
bliipie. Des soldats vinrent le prendre cl le
conduisirent au cadi qui lui tit iiieltrt* nu
carcan et l'envoya en prison. Heureusement
poui lui, M. Lt-niaire interposa son autorité
cl le tira des mains de ses ennemis.
PACiOlB, prince arménien, de la famille
de Suiiik, fut l'un de ceux qui soulfrirent
volontairement la capt.vité pour Jésus-Christ,
sous le règne dHaigiierd, deuxième du nom,
et (pii ne furent rems en liberté et renvoyés
en leur pays que huit ans après la mon de
(T prince, su .s le règne de son lils B'-rose.
(Pour plus de détads, voy. Princes Armé-
nien .)
P.\(iL'.\, île de la Sonde, voislnr* de Solor,
martyrisa, en 1602, le P. JérAme Mascaren-
has. (]ui y annonçait la fui. En l'an 1621, le
20 janvier, les baibarcs habiianls d cette
île , ayaiit reconnu pour dominicai-^s les
PP. Simo 1 de la Mère de Dieu, et Jean-
B,;ptis.e de la Foi tezi^a, 51» saisirent deux,
leur ticherent de grands clous dans la tête,
le'ur coupèrent les bras et les jambes, et leur
5«tf
l'AL
l'\L
370
flVftMl armclH^ \o avuv, In maiiKi'^ronl nniMVs
ravoir lail Kiillt'i-. On racotili' (|uo cns (Iciix
mi'^sioMMMin's ii|iitanin"ii vivants, pon <lc
jours a|>|•{^s leur inailyn", aii\ yciu de cciix-
l<\ iiK^iiKt.s (|iii les avai(Mil si (rticlh'iiiciil mis
h niiwl.
TAIS (le hioiilwMircnx Ai.iMiONSK-AiNhuf:),
(l(> la ('(tnipa^^nit^ ilo J(^>ius, Porlui^ais, faisait
|ni-li(Ml(f la li'oiipo (le inissii'iiiiair*<s (|tic In
1». Miaz coMiliiisail an Hii'sil ;i la snilr <lii I*.
Azovodo. Ihi mois apr«)< le di-pail dii Saitit-
Jticiliics, i\\\'\ poiiait ce d rn vv, Diaz cl ses
«•omi'''>n''<n>si|nill(''ifnl MatU^rr, ali idc pour-
suiviM^ia ronl(> vers Ui IJiHvsil avec le r(vsi(' de
la llollc. \.;\ lcmp(M(> ava'tl dispcrsi.^ les iia-
viit's d(' rcscadi»', celui (pi(î monlaicnl noire
bio ihciM'env ri ses compai/iMons dévia vers
l'île de ('nl>a, el, ?i San-lai;o, on dnl ahandoii-
iier le vaissean (pii l'aisa'l eau de lonles
parts. Les voyaj^ieurs liouvérenl nie l)at(|uo
(pii les (•ondni>>il an port o'Aliana, d où
un navire tpi ds y iVélèicnl les lia-isporta
aux Ayoros, le mois iTaoùl 1571. Ils y Irou-
V(>iOMl le commandant de la llolle, Louis do
Vascoucellos, avec le l*. Dia/ el cinti anlios
jésuites ([ui les y avaient préiédés. L'annral,
voya'itson mo-ulesi réiiuil,neconserva (pi'uii
navire et ils.so rtMnl)ar([ui>i(MU l;' 0 se[)lem-
bre 1571. BieuliM ils reucontrùreiit cin(i vais-
seaux de liaul bord, conunandés par leBéar-
na s Capdeville, ealviuisie, ([ui avait assisté
à rabordau;o du Sainl-Jacnues. LecùUïbal no
fut |)as louj;, el les c'dvinisles s'emnarèrent
du vaisseau catholi;pie. L(^ bienlioureux
Diaz fui massacré, puis jeté h la mer (le 13
sopiembre). Franijois de Castro (onfessait le
pi ote au momeul où les calvinistes mon-
taient h l'abordage; il fut iiia>sacré. (laspard
Goes subit le même soit; le P. Micliel qui
avait été renfermé avec d'autres durant la
nuit dans la cab ne do Louis d>' Vascoucel-
los, ayant jeté un soupir que lui arrachait
la blessure de son bras, au moment où on
les lui liait derrière le dos, les calvinis-
tes se saisirent de lui cl le jetèrent à la mer
avec le B. Fiançois Paul. Pierre Fernand
fut précipité ég.dement dans les tl!)ts, et fut
noyé presque aussitôt avec Jean Alvaro, ne
sach <nt na^ijer ni l'un ni l'autre. Alphonse
Ferna-idez, après s'être soutenu sur It^s Ilots
pendant plusieurs heures, s'enfonça enfin
vers minuit, en récitant leMisei'ercmci, Deus.
Alphonse André Pais se noya é. paiement
en prononçant le saint nom de Jésus. Les
autres compagnons de leur martyre furent
un antre Pierre Diaz, Portugais \ Jai ques
Carvalho, Portugais, et Feiiian I Aivares,
aussi Portugais. (Du Jarric,/i/sfo«re des choses
plus mémorables, eic, t. IL p- 295. Tanner,
Societas Jesu usque ad sanguinis et vitœ pro~
fusionem thililans, p. 17i et 177.)
PALLADE (sainte), fut martyrisée avec
Suzan-ie et Marciemie. Ces trois saintes, qui
étaient les épouses de soldats martyrs, fu-
rent mises en nièces avec leurs peiils en-
îaùts. Elles sont honorées collectivement par
l'Eglise le 2V mai.
PALLADE (saint), évoque d'Hélénopolis,
en Bithynie, et confesseur, naquit, à ce que
I on croit, en (ialalie A l'^K^ ''<' vin^l i\uh,
il se relira dans Ioh cnveruoH des Ainor-
iliéfiis, vers JéncliM, sui' un<* moiila^ç le a|>-
iM'ii'i' Lnciis, fl \ passa qm-lquc IcuipH avec
i'ahlK- I'",l|ii(|M, d(H' ipnado' e, qui y inenoil
une vil' lorl aiisli'rc. Il vint poiic la picmièra
fois h Ali'xandric schis Ir diuxiciin- cou ulat
de Tbéodo.se, e'est-ii-dirc >\\ .'ISH. H y Ht
roMiiais ance du rélcb e Isidore, prêtre r-l
liospilalicr de relie église, et s'iidressa à lui
pour le pi ier d(> le conduire dans la vie soli-
taire cl rrli.;i use. Ce s dut le letiijl nnx
mains d'iri solit.iire nommé Duroiliée, (|ui
depuis soixanle ans deiiieinaii d/ris une ca-
verne, h deux lieues de l.i Ville, sur le■^ boicJs
de la iiiei'. Il lui onloiiiie de séjourner l<i
Iro'saMs et de venir ensuite le revoir. P;dlndo
ayant élé atlei-il d'une violente m.dadie no
put y rester h's trois ans, et fut cou raiiil de
se retirer. Il vécut alors pendant trois an-
ni-es dans dvers auli'es monaslères autour
d'Alexan Irie. Il 'assa ensiiiu; une an-iéeiui-
tièro dans la montagne do Nilrie, où i) pro-
lila beaucoup par la conversation des saints
(pii y vivaient. De Nilii' il alla dans la soli-
tude ii'térieure des cellules, où il demeura
neuf ans, jus(pren .lO!). Pendant son séjour
dans cet endioil, il fil un voyage h Scélé,
pour un sujet que sa grande humilité lui
lait rapporter : « Il arriva, dit-il, que, me
trouvant si tourmenté par des pensées d'im-
pureié et par des .songes, que peu s'en faUut
que la xiolcnce du trouble (pie cette sensa-
tion niM doniait ne me fil quitter la soli-
tude; je n'en parlai point à ceux auprès
de qui j'étais, ni à Evagrc mémo, mon su-
périeur. Mais, sans faire semblant de rien,
je m'en allai dans le fond du désert, où je
passai quinze jours avec les Pères qui
avaient vieilli dans la solitude de Soété. J'y
rencontrai entre les autres ui nommé Pacon,
âgé d'environ soixante-dix ans, et l'ayant
reconnu i)our une personne fort simple et
en même temps fort ( xercéedans les travaux
de ta vie s|)irituelle, je pris la hardiesse de>
lui découvrir ce que j'avais dans l'espi'it ;
sur quoi, ce saint homme me dit : « Ne vous
étonnez point de cela, mon fds, puisipie cette
peine n'a pour cause, ni les délices, ni l'oisi-
veté, ni la négligence, ainsi qu'il parait par
le lieu et par la pauvreté dans laquelle vous
vivez, el [)arce que vous n'avez nul com-
merce avec les femmes, et qu'ainsi cela pro-
cède plutôt du démon, qui ne peut souffrir
le désir que vous ave/ de vivre dans la
vertu. » Il passa ainsi plusieuis années dans
la solitude.
Vers l'an 399, il .«^e trouva attaqué d'un
mal de rate et d'estomac, qui fcusait craindre
qu'il ne devint hydropique. Les solitaires
qui vivaient avec lui le déterminèrent à se
rendre à Al. 'xandr.e pour s'y faire soigner.
Les médecins auxquels il s'adressa lui con-
seillèrent de passer en Palestine, dont l'air
pur relèverait son tempéraiuent fatigué. De
Palestine, il passa ensuite en Bithynie. Ce
fui dans celle contrée qu'il lu nonnné évo-
que, vers l'an iOO. Ce saint soulfi it beaucoup
pour la cause de saiut Ghrysostome. Il fut
371
PAL
PAL
i71
il'Hbord enferme avec pi .sieurs autres 6vè~
qnos diins îe châloan rlAthvro, puis relégué
h Sv^ne, .'iir les confi'S de BloinmjfS ( l des
Elhiojiions. Les troubles oArilésil.iiis lE.^Iise
rnr 1.1 liépo-iioii do snii.l Chrysnstnni'^ liiii-
pnt, comme nous crovons,\n Tan ilT,
Inrsqu'AlJ'quo , qui occufail le sitv^o di
Conslanl'i o Ir, obt n' la \h\x ri la ronimii-
nion Je \'E lise romaine Un des | ri Mi[)au\
articles tlo celte pai\ fui sans doute !e réta-
blissement de Pallndo ri des autres, qui
nvaienl .lé ch.usés au sujet de s-jint Cbr,-
sostome. Socrat;' éciil (pi'd fut l ans éré de
l'évéché dH.'-léno oiis à celui d'Astune ou
d"A>pnrie, nans Kl première «i latie : et, .^n
effet, il y a plusieurs manuscrits (pji lequali-
lieiit évéque d'Asponc; néa'inininson l'a;)-
polle plus communément PalladedHélénop')-
lis, parce (pi'il no p«r.u"t dans lliistoire que
sous ce titre. Le nom de Pallade est célèbr^^
dans riii.Sioire de lE^^lis", au rommencemeit
du 'v'sièclf\| ard uiéer itsqnecesaintévéquo
composa. L'un est \'fli.otoire des solitaires,
appt-l -.' Vnisttire Lausiiqnp, cl l'autre est
le Dialogur qui cnntio'it la vie tt la persé-
cuton de saii.l Ciiryso.>.lo ne.
PALAT'.i ,s int;, soiillVif le martyre à
Antioche avec saint Svqu'. Nous m; fM.ssd-
duns f>as de détads auihenti.juos r<^!alifs h
ces HUMls couib..ltaji»?i de l\ foi. L'Eg'i^o ho-
nore leur niéuioire 1»^ 30 mai.
PALES'IâiNL ou Judéî:, fut, comme on
peut |e v<;ir pai' toute la .Mi'ie de Ibisloire
de 1 Ej^l.sc, lelbé.Mre des plus^iands événe-
ments de uoire saintii nligon. Berctau du
c!irislia M> .lo, terre (Onsnc-rée par le «a'iT
du Dieu fait oumie, elh' lut .lussi l'u 'te des
contrées le< plus célèbres par leur? mnrlvrs.
Sous Di.»cléi-en sihtout, la Judée fut cxcessi-
vemenl é.»io:iv e. Euséno de César e n< us
a lat>&ô Histoire écrite «c la pe.séoution
qu'elle eut à »-ndurer ; n .us avons donné les
laits en pariiculie.-, checun à son litre;
mais comme a,>pré i.ilion çém^rale, nous ne
cioyons |»as pouvoir faire mieux qau de
c-it' r i-n en;ier ce précieux dorument.
1. L'an 11) du règne de Dioi-létien (de
Jésus-Christ 3 ).3) , au mois Xanliijue. (pie
les Romains apnellent avril . et (pKîhiues
jours ava U la rôle de P.lques, (»:i publia
dflns toute l.i Palestine, par l'ordiv de Fla-
vien (\u\ ei éiail i^oiivrrDrur. le même édit
c^inlre les cbrélii'ns qui avait été publié; à
Nicométlie h» inoi< prcn-dcnt.
2. Kn vertu d,- cet éd I, on arrêta P ocope,
?oi fut tomme les prémices di-s martyrs ue la
.destine. On l.- nima droit au gouverneur,
qui lui oi donna de s.imlier aux dieux ; mais
il lui répondit qu'ii n't-n roiinaissnit qu'un,
au piel il v.icriti.iit, en la m.inièreet a^c les
c«'r> uioitie.s (pie lui-iiiémo ;)vait [trcsc.-les.
Et lor»«pron lo pressnii de don ler de l'^n-
( ' fil Mix quatre enipf-reurs (f)iocléiien, M.ixi-
imen, CoKst«i;iius ri Calf^i iu^^), il repartit
]mr un v»r^ d'Homère, en fais.int .ill 'siun à
rn :,'raiid ri'»ml»rrt de malli. s (pi'jiv.iit «lors
1 «iMpire : Il n» si pn» .iv.uitagoux aux p« ii-
pl s d avoir tant di- niailn s, ni seul s.. Hit.
Celte réiwuso lui coûta la vie, ijUil do.uia
pour Jésus-Christ, le mercreai huitième du
mois Décius, on, >eIon le «rdendrier des Ro-
mains, le huitième des ides de juin (le 6
juin).
3. La mort de Procope fut comme le si-
gMl df la fpieire qu'on dt-d.ira aux évèques,
au\ prêtres el .*! Il /US l».s aul'C"» ministres des
a tels, au\\^nels on en voulait parti» ulière-
meiil, et qu'on tourment < e i mil!e manières.
On e-iqilo.a sur e>i\ les fouets, les o igb-s do
1er, le feu, les lam. s «rdrnles ; ou leur dis-
loquait l'S .loiniuies. on b-ur btilhit les
nerfs, on b ur crevait un leil d on leur cou-
p.iil un j.irnt ; et en cet étal on les envoyait
travailler aux mines.
k. Mais comme !<'S tyrans leur env aient
la couron-^e du martyre après laquelle ces
saints coiif-'sseurs soùpira'eul, il n'y en eut
d'abord qiie deux (pji robliiirent, Alphée et
Zachée, lesquels, après avoir es«-uyé toutes
les in,;ommo ii es diino affreuse prison,
chargés de c'iJnes, déchirés de coups de
fo 'et. h demi écr)rché-i [)«r la violence des
P'M^ines de fer; après avoir passé vingt-
qualre heures dans »elte ho-ribie marhiie,
où leurs 'amb s écartées jusqu'au quatrième
point faisaient soutfrir à tout le corps des
diuleurs inconcevables, c»:ume ils prrs'vé-
raieiit à confesser un Dieu et un J 'sus-
C irist, Roi et Seigneur du monde, ils eu-
rent eiitin l.i tète co q)ée, le dix-septième
jourdu moi* Dius; c'est, suivant I ^calendrier
ro.nai\ le quinze Jes calendes de décembre
(17 nov II bn ).
5. .Vliiis ce qui se pa«sa à Antiorhe le
mémo jour, au martyre <U' Roiuain, nu-rite
bii'O d'.ivo-r ici pi lee par.ui tant d'autres il-
lustres événements que nous allois racon-
t.r. Romai i é.ait de Palestine, diiicr»' et
exorciste de 'Kj;lis.' de Cé-iarée (I). Le hasard
lo conduisit ri Ànlioche d»<ns \c le.nps qu'ea
vertu de Té it on abi'lait les églis .s des
chrétiens. Il aperçai d'autre part le peuple
courir en fou.e aux temnies aes idoles pour
y sicrifier : ho!uiiii\s, fi-mmes. enfants, tous
s'empress.iie it à d niuT des marques de b-ur
soumission aux ordres des eni 'Crturs. Cette
vue e\i ita le zèle de notre saint diacre ; il
élève sa voix, rt se met h reproi her h tout
ce |>eupl • son impiété. On se saisit aussitôt
de lui, et, s:»ns autre formalité, il est » o i-
damnc au feu. La joie éi lata sur son vidage;
il n'attend pas qii on le conduise au brt her,
il y (ourf. il y vob*. Oi le lie h un pofeaii,
on l'eiivironuo d'une pile de fagots, tout est
préparé pcir le biil cr to il v.f. Les bour-
reaux tf'i '^nd int (birérant ii'y meltrc le feu,
jiarce qu ils attendaient les derniers ordres
de (lalériiis (César, a^socié h l'empire), qui
était présent .^ celle eséeution, c«- génèrent
diaere dem m la : Où est donc le feu ? D'oà
Tient ce r.tardem'nt ? L'ciO -ereur (c'est-à-
dire le César G.dérliis), piqué de ^elte de-
mande qu'il prenait pour une insulte, le Ût
(I) Dans Im premiers Ir'mps de rE|,'li<v . !»• p^-
tit noiiiliro tIfS cIitc!» f.iisul (iiiin seul oxercail
soii\ciii ikux el quciquciotd Uoa (onclioiiS ilillu-
rc.iici.
8T8
r.vr,
l>AL
7,7*
(lôlnclicr |M»iii' lui coiiiici' l,i l/iinoic. Uonuiin
la lire tl«' s/i l)()iictn' ri la doiiiu' à i iMi|i(>r
«ii\ l)(iiirr«Mii\. O'i lu jcl.'i iMtMjii.' (hiiis iiii
ciicliol, MÙ il soullVil riiillo iiinimiiiuijilt's,
iiiS(''|)(iM'il)U)S (If (lOl allVciiv sôjour. Kiilii», \i{
viii);li(''iiK' «'MM^imIii rùgMc de Uinclrlifii, les
prisons «yatil <''t('' (Mivcrics h Unis U'.s (riiiii-
ri'ls, le M'iil Koiimiii lui cxtu'iil»' Jo «'f par-
don H('n(^r)d ; cl pcidiiiil ipn* U'.s volcuis,
les lioiiiicidcs, les iiii (Midiiiiics, voiciil roin-
jiro Itnirs cli.'d'KiS, on nmloico ocllrs d'un
tiuiiiiiic (itii n'ii |)(»ii;l d'aiilic criini- (pic d'c^-
ti(\ cliii'lu'ii. On lo liiijsa la-ifîjnir longtemps
tJH'is li'S ceps, Ids jand)i's rinih'ics ius(praii
(piatrif iM(> lion, apri s (pioi on loi tiaiiclia la
liUc. l'."t'st ai'isi que se passa la pieniirid
niin(.''e do la pcrstV uiion, pcndanl laipiclU; il
pont hoanronp |)lus d'cvc'^ipcs cl de prcMrcs
(jue d'auli'os lui'.iisU'c.s intV'i-iours cl d(! laï-
ques.
0. Au cominciit'cnicnl do la socondo nii-
mSv (de Jons-Clirisl 3o/i^), l'rbaiii, conimaii-
danl dans la l'alo-lino, reçut les Icltccs do
l'cnipcrcur adn^ssécs ;\ tous les gi.uvnncurs
do (noviiuc, par Icsquollcs il élait ordoniio
à tous les sujets de l'cniiiirode s.icrilier aux
dieux. Les premiers chrcli-ns qui sigiuUè-
reut eu celle rencontre leur lui et leur cons-
lauce l'iu'cut liniolhée, Agajjius, et une
vierge nounuée Tlicele, non moins illustre
par sou courage et sa lidélitji que l'ancienne
cl l"au»t use 'ri.ùi'ic, si ceii'lne dans les ouvrages
des Pères grecs cl lalius, et (jui < ut pariui les
peisonnes de son sexe ic uithue ava U«-,e que
saint Kiieruie eut i,)ar i.i les hoiiunes. ds trois
saiiMs soudiiicnt le mailyrt^ h (Uue, ville ao
Palesti. e : le premier tut brûlé à petit l'eu,
et les deux autres lurent exposés aux bû-
tes.
7. Owplquf" temps après il y eut àCésarée
une grande solennité. On y vit des courses
de ch.iriols, des jeux, des comb.its, et tous
ces ditrérenis spectat;les que l'ancieme su-
perstition avait conacrés. Le bruit courut
qu'outre les glad.aieuis ordinaires on ferait
combUlce coiitrcj les botes les clirétiens qui
avaient depuis peu été coudanuiés à mort.
Ce bruit, vrai ou taux, était venu aux
oreilles de six jeunes chrétiens qui se trou-
vaient pour lors à Césarée, ils se rendirent
promptement à l'amphitliéàtre, dans le mo-
ment que le gouverneur Urbain y entrait
jour y prendre sa place ; et, lui moi.trant
eurs mains chargées de chaînes (car pour
ui marquer qu'ils étaient pieis ii endurer
toutes choses pour la foi, ils s'étaieul eux-
mêmes fait enchaîner) , ils lui déclarèrent
qu'ds étaient chrétiens, et qu en cette qua-
lité ils demandaie )t d'être exposés aux
bêtes, dont ils ne redoutaient ni le nombre
ni la fureur, les adorateurs du vrai Dieu ne
craignant rien en lOU) battant sous las aus-
pices et pour la gloire d'un si puissant pro-
tecteur. Il est juste, ava it de passer oitre,
de laisser à la postérité les noms de ces six
illuslres athlètes. Le premier étiit de l'an-
cien royaume de Pont, rédiiit en province
par les Romains ; il se nommait Timolaiis.
Le second élait natif de Tripoli en Phénicie,
v[ avait nom DoiiyN. Lo trolNiôiuv, qui éiuit
sous-diacre de i'KKli"»»! de l)ii»'.p<)li'>, n qific-
laii hoiniilii* Le qn.ilrièmc* <'l le riiiquienie
élaienl i^H^v plions, iiouunc^ Pau.sis o: Alu&uii-
(Ire. l'A eniin le sixièmi) cl deriiior était uu
nulle Ale^a"dre de la ville de (i/i/.e. ('ne
douuiude do ci-llo naliu'o no .surprit pah p*Mi
lo t^ouvoriierr ol ceux dos spoctaieurs ipii
tiurciil reiileudic ; mais elle util on lurcur
h'ba.n, ipii les lil h riiisiant jeicp daim une
pi'ison obscure, loni eM( lialiicj (pi'ils étaient.
(,)uelpies jours après on ci nirèta d. ux
aiilr(!S, iKjiuiiK's Ag.i,>ius ol Oenys ; le pro-
iiiier avait di'-ji» souil'eil pcuir la foi, el lo
dernier tut pris coiiune il poit.iil (|ue!';iie.s
ral'iai.liisseiiHUils aux martyrs. Ils fuicut
toiil huit décapités on un luêuie jour, qui
fut le vmgt-ipiali- ème du mois I>ister, ou
le neuf des calendes d'avril (le 'Àï mars).
8. Ce fut eu co tetu|)s-l;i (iiie des (juatre
ciupi i-eurs rpii ^ouvo naieiil alors le monde,
K's deux premiers (DiocliHieii cl iMaximieii)
(|uiitèieit la pourf)ie et se réduisirenl ii une
vie [irivée ; ce qui causa di; grands troubles
dans lempire, (pii, déchiré misérablement
par une gu rre civile et intestine, se vil sur
le bortl de si ruine, el près d'être lonvcr.-é
par les propres mains de ceux qui devaient
le .M)ulenir. Au reste, ces divisions ne
cessèrent |)oint (juon n'eût rendu la paix
à ri\glise. Car coinine un rayon de sou il,
V(^naut <i percer un nuage éju'iis (pii répan-
dait dans les camp.ignes la nuit et l'horreur,
semble i-etlo nier à la terre une nouvelle f<.ce
et de nouveaux agréments ; de même, cette
jiaiv venant à p;u'âii.ie après les ravages que
la guerre avait causés [)armi les Itomai.iS,
la ré[>ublique commença h reprendre sa pre-
mière beauté ; la ooucoi'dede retour en ban-
nit les dissensions et les querelles ; et l'em-
pire, ébranlé par de si furieuses secousses,
se ralfermit s^^r ses propres fondements.
Mais ces événements trouvt ront mieux leur
place eu un autie endroit, où nous en fiar-
leroiis plus amplement. Nous reprendrons
cependant la suite de notre récit.
9. iMaximin César (Galère, l'an de Jésus-
Christ 305), ayani été élevé h l'empire, t:ou-
bla bientôt celle paix qui avait été donnée
à l'Eglise ; on eût dit que ce prince impie
en voulait à Dieu même, tant il s'appliqua
à persécuter lestidèles : ce qu'il lit a\ec une
cruauté si peu commune; et un si pro ii-;
gieux acharnement, que les empereurs qui
l'avaient précédé i)araissaient auprès de lui
pleins de modération et de douceur. Ceia
mit d'abord l'alarme [laimi les fidèles ; tout
est dans le trouble et dans la crainte, le
troupeau se disperse, les ouailles fuient de
tous côtés, et vont cherchant quelque re».
traite qui les mette à l'abri de cet o âge. Il y
en eut quelques-uns, à la vér:té, sur qui la
peur lie fit aucun elltt. L'innocent Apphien
fut de ce nombre : il avait à j.eine vingt-.
deux ans, et toutefois dans un âge si peu
avancé et si peu projire aux grandej ver-
tus, il donna des marques d'une foi forte et
vigoureuse, et d'une piété ten.Ire et atfec-
tueusc envers Dieu. Il élait d'une maison
tn
PAL
rirho ot opnlontf». Sos pnronfs IVnvn vivront
n Bôrvto {V pour y apftrcvJre les bellos-lol-
tres et les autres sciences hiimnines. Il y fit
un assez lonj^ s(''jonr, mais il s'y coniporla
avec tant de sagesse et cl ■ retenue, que mé-
prisant ces vains divertisseni'nts et ces dan-
gert>u\ plaisirs dans les(piels une aveugle
jeunesse se précipite incon>idérr'ment, il ne
se laissa jamais corroinpie [)ar les mauvais
exemples de ses raniarades, ni surmonter
par les désirs im[>élueu\ de h chair, ni sé-
duire par les a |)as tromp urs do la vo-
lu[^té ; mais il conserva toujours, sous un
e\téri(nir modt\ste, un corps chast •, des
mœurs pures, im c(pnr soumis à la raison et
aui règles de lEvangiie. On sera peut-être
bien aise de savoir d où était originaire cet
admirahlejeune homme, et il n'est pns juste
d'ùler au lieu de sa naissance la uloire ju'il
doit tenir de la lui avoir donnée. Ce fut la
ville de Pagas (2), une d<s plus considérables
de Lycie , (pii eut cet honneur. Apphien ,
y étant retourné après s'être perfeclionné
dans les sciences et dans la vertu, ne [)ut se
résoudre ^ denuni er chez son père, (juoi-
qu'il fût des premiers de sa ville, ni avec
aucun (le ses parents, parce (pi'ils ne vou-
laient point quitter les folles erreurs du i)a-
ganisme pour suivre 1 s saintes maximes
de notre religion. Mais ohéissanl à l'esprit
de Dieu, qui le poussait à embrasser une
vie pa f;iite, sidoii les piéceptes de la vé-
ritable [)!iilosophie, c'est-;\-iiire de la sa-
gesse clu'étien ne, il abandonna la maison
paternelle, foulant aux pieds la gloire du
siècle, et renonçmt aux délices empoison-
nées que le monde et sa naissance lui of-
fraient. Enfui le même esp it le conduisit à
Césarée pour y reccvoii la couronne .u mar-
tyre. Il denunira qutîUpic jeiiips avec nous,
fortifiant son corps chaque jour par U!ie
abstinence très-austère, et le disposant h
soiiH'rir par divers exercices d'une rigou-
reu->e pénitence, et s"appli((uanl outre cela
avec une assidiii é mervcideusc h la lecture
des livres saints ; il linit de bonne heure sa
carrière, en donnant des mai(|ues glorieuses
d'une constance inébranlable, d'une lid<'lilé
h tcjute éfutuve, d'une liberté toute chré-
tienne, et surtout d'une sainte hardiesse et
dufi zèie viaiment ht-roique.
10. Car la guerre sé'l.ini rallumée contrt;
les chrétiens la trx»isièinc année de la persé-
cution de Dioch'lic-), par lis sanglarils édils
que .Maximin lit publier dans toutes les pro-
vinces, p.ir lesrpiels il était enjoint h tous
gouverneurs, proconsuls, piésidt-ntseï autres
magistrats, de conlr.iindre tous les liab>lants
, des villes, bourgs et villages, et géuéiale-
ment tous |(>> sujcls de l'empire romain, de
.sacrdier publiquement aux uieux , le gou-
verneur de la Palestine fut des premiers et
des plus ardents .'i faire exéiniter ces édits
dans loulc 1 étemlue d(> sou gouvernement.
!1) Cnlplirr pour son érolc Ho «Irnil.
3) Oii Arpag.iH, ou Ar p.i^is, on Arngns : Inns
nncnH inroiiiiMs aux sa>.TiiK. Pcil-clrt' rsl-rc .Vr.i-
xas , i|iii I loil en o(T<<l uni; ville rpisrup.ilo de
Ljci*.
PAL "70
Césarée fut donc en un instant remplie de
crieurs publics, qui les allaient publiant de
place en place et de rue en rue, les dénon-
çant particulièrement aux chefs de famille.
D'ailleurs on voyait des offiriers de guerre
faire les fonctions de sergents et d'huissiers,
et ayant le rôle des h bitants «h la main, les
assigner à com[)arailre incessamment en
personne aux tempes des idoles, pour y of-
frir des -acrifices. Dans cette consternation
générale, Ap|)hien, saisi d'un mouvement
soudain, mais ((iii ne pouvait veiir que
d'en haut , sans avoir communiqué son
dessein h. personne, pas même ?» nous au-
tres, qui demeurions dans le même logis,
entre hardinu nt dans un des temples de la
ville, où le proconsul Url)ain sacriliail, se
coule parmi ses gardes, s'approche de lui,
lui prend la main dont il faisait les libations,
l'arrête tout court et interrompt ainsi le sa-
critice. Puis prenant un air majestueux, qui
étonna d'anord le |)roconsul, il lui dit d'un
ton grave qu'il n'y avait pas moins de folio
que d'impiété à rendre à des idoles muettes
et insen>ibles un culte qui n'était dû qu'à
Dieu seul.
11. Mais Urbain, revenu un moment après
de sa surprise, lit sig'»e <i ses gardes de se
saisir de cet intré[)ide jeune homm *. Ils se
jettent sur lui avec une im[)étuosité de bf'^tes
féroces, lui donnent cent ( oups de U hampe
de leurs pertu sanes, et le jettent tout cou-
vert de sang et de plaies dans une allreuso
prison, où il passa dans les ce[)S un jour
et une nuit. Il com[)arut le jour suivant
devant le iirocoiisiil, cpii, le pressant de sa-
crifier aux dieux, ne put jamais 1'» faire
consentir ni surmonter son invincible fer-
meti', fpioiqu'il em|)loyàl pour cela Ks on-
gbs de fer et les [iloiube uix, (pii mirent le
martyr en un état si pitoyable, que l'on na
re('o inaissait |) us en lui ni traits, ni linéa-
ments, ni forme humaine, t.uil c(>s lioirit)les
instrumeiiLs l'avaient défiguré : les ongles
de f r lui ayant creusé toute la chair en
longs sillons, f.l les plombeaux, par leurs
C'iups redoublés et par une intinité de con-
tusions, lui .lyHiit t'ait enllor la tète, ([ui n'é-
tait plus qu'une masse informe. Cepend.ml,
comme le gouverneur vit qu'il ne se ren-
dait pas, malgré les exces>-ives douleurs
ipi'il rissenlait, il lui lit envelopper les [uc is
(l'un ling(> trempé dans de Ihuile, où on mit
le ftni. (ji'i P*nit exprimer ce (pie cel affreux
tourment taisait (nidurer au saint jcnino
boiuine? On le peut du moins conjecturer
par ce tpie j(> vais dire : on voyait dist lier
ses pieds goutte à goutte, l'aideur du feu
les taisant fondre comme de la cire. Le ty-
ran, v.iincu par celle prodigieuse constance,
le lit remener en prison, d eu l'ayant relire
trois jours aniès, et le trouvant toujours
aussi inébranlable, il ordonna qu'cin lejetit
dans la intn' , tpioi.pi'il n'eût plus <)u'un
souille de vie.
12. L I |>nsirriléaiira sans doute de la peine
h croire un événement iiuraculeiix qui sui-
vit immi'dialement la mort d'Appluen ; je ne
puis toutefois ra'empêcher de le rapporter.
S77
PAI,
l'\l-
S7H
Tous l(vs Iial)itftn(s dn Crsniro, i|iii liin'iil
ItMiKMiis i\o ri) \)Viu\\'^i\ sonml iiirs ^dnirils
(Hivers les' siiNflcs h venir. Apres dniir >|ne
U\ eorps (In iii)irl,> r eiil (Ht' jcir- (huis lu mer,
il s'rlevji (mil i^i e(Hi|i du Iniid des e.iii\ ii'i
hniit si li(trril>le. et les v.i^iii's vniai l à
s'enlre-elin(|iier d'une Mifiiiicre e\lrii(»rdi-
ii,'iir(* l'onl un l'r.iens si «''pouv nliilile, <|iie
l'air en rel(>Mlil, la l(M'r(« en esl t'unie, C.t'sa-
rée (Ml esl ('hiMiili-e ins(|Me dans ses [nnde-
iiienls. Alois, parmi ets ('clals, e.- hniil,
ces ellVoyaMes s(Nousses des trtiis (''l(''menls,
on voit an ivor le eoriis d'AppInci ; les llo's,
paisibles autour de lui, le sonlioiineiii, le
portent et le poiis-onl douciMuenl jusqu'aux
pieds des murs de la ville. Cela ariiva nu
vendredi, le second Jour du mois \aidi(puî,
ou le (lualrit^'ino des noues d'avril.
i;j. I*res(pie dans l.> iiuMue leiu/s, un au-
tre jeune lioinme nommt' l'Ipien, convaiicu
(le ehrislianisme, ava il ('Ui' arrcMé u Tyr, l'ut
(^ousu (la is in s,ie(l(> cuir, avec un eliieii
et un aspic, puis pi-écipilé dans la mer ( 1) .
l'i.. Il 110 S(^ passa [las l)eaui.()U|) de lemps
sans (]u'lMl(''sius, IVùre d'.Vpphie-i, re(;ùl une
couronne semblahh» h celle (pie .so » r'rc^re
venait do remporter. M us co nr t'iil (iu"apr()'s
avoir cont\'ss{' .h^sus-Chiist plus d une l'ois
da'is 1rs lourmenls, apr('s avoir demeuré
plusieurs années dans les lers, dans les hor-
reurs d une p ison obscure, dans les mines;
ai)r(>s avoir passci prestiue toute sa vie ave(î
le manteau de philosophe et dans les exei-
cices coidiiuuds u'uik; philosophie toute
chi'ét e-iiic el toute sainte. Car ("taid venu à
Ali'X.iudrie, il fut îémoin des em|)ortements
du gouverneur, (^ue la haine (]u"il avait con-
çue contre les ciircticns faisait tomber dans
des excès indij;nes nou-s uiemont d'un ju^e,
mais aussi d'un honnête homme, (^ar on
voyait ce furieux tantijt tare mille outrages
et mille alfronts sanglants à des hommes
d'une gravité et d'une vertu qui leur atti-
ra ent le respect de tous ceux ({ui n'étaie it
oas coninie lui aveuglés de [)assion, tantôt
livrer des femmes de con lition à la brutalité
des plu- fameux d 'bauchés de la ville, et
abandonner dos vierges consaiM'ées à Dieu à
l'avarice de ces hommes infâmes qui meltei.t
à prix la b auté, la jeunesse el la pudeur,
et qui font un honteux iratic de l'impudicilé
pubiivjuc. Edésius v>iit tout cela, et e i ayant
horreur, il reproche hardiment au procon-
sul so(i extravagance el sa fureur. La h mte
et la colère se tirent voir aussitôt sur le
visage de ce juge, mais la colère, prenant le
dessus, lui lit sur l'heure prononcer une sen-
tence de mort contre celui qui venait de le
couvrir de confusion.
15. La quatrième année de la persécution
( l'an de Jésus-Christ 306), un vendredi
vingtième du mois Dius, c'est-à-dire, selon
le style des Romains, le douzièniL! des ca-
lendes de décembre (le 20 novembre),
on fit mourir dans la même ville de Césarée
un martyr dont la mort a des circonstances
(I) Le 5 avril. La jurisprudence des tyrans pu-
nissant du iiMÎnie supplice les clircliciis el les par-
ricides.
assez reinniquables pdur méiiter la curiosil»^
des licteurs. Le lym i Mixiiiiiil, se lioiivant
à C('sarée, voulut gralili<-r le pciiph; d'uiK;
f(Me superbe et digne d(! Celui ipii l/i don-
nait, l'oiir cet elle!, les inleiidanls di;s jeill
iMireiil ordre de ne rien épargiMM' pour In
KUidre coinpl(''le. On y vit des coiiibiils dij
toutes SMCles dt; b(Mes (pi'on avail l'ait venir
h grands Irais des Indes et de l'Afrupie.
IMusiiMirs {((tiipes ire\c(dl();,ls gladialeiiis y
ijionlrèrent tout ce ipn; leur art a d(! plus
adin rallie et de plus diviM-tissan' . M.n.s lo
spectacle le plus ma^iiillipie, celui (|ui diiina
le plus de plai il- au peu, le, sans leipiel tous
l(!s autres u auraient rien (mi de pi(piaid, en
un mol celui (| 'on réseivait 'I ordinaire
pour reiiip(n-eur lorM|u'il honorait l'amphi-
the;^ Ire de sa présence, fut la morld'un cliré-
lien. Il se nomm.iit Agapius.
H). Celui-ci, ayant i té d(''j?i lire [lar Iroi.s
fois (l(> |)riso>i, (.>[ traduit en public autant
d(î fois, avec des mali'aiteurs condamnés pour
leurs cr.nies, avait toujours été renvo\é,
soit (pie les juges fussent louciiés (h; coin-
jiassion, soit (pi'ils espérassimt (pie le t(niips
el les incommodités de I • prison pouiTai(nit
le faire changer de sentimonls. Ivilin il lut
pour la d(M-iii(ne fois amené dans l'amphi-
llié;Ure, l'empereur y étant, (^oiiime si la
Provi(lenc(U'eùt réservé pour accom[)lircetto
parole de Jésus-Cdirisl h ses disciples : Vous
serez conduits devant 1rs 7'ois et (es princes
de la terre, pour c())ifesscr mon nom en leur
présence {Maltk. \ j. Il [)arul donc attaché
avec un criminel (pi'on disait avoir assassiné
son inaîire. Ce meurtrier, ayant été exnosé
aux botes, oi)tinl aussit(jt sa grâce de 1 em-
pereur, <i |)eu i)i'ès de la môme manière que
Barabbas la reçut de Pilale. Cet acte de cié-
meii(;e attira à rem[)preur, de tout ramj)hi-
Ihéàlre, des acclamations el des louantes,
les spectateurs s'elforçant à l'envi de l'éle-
ver jusqu'au ciel. Donner ainsi avec tant de
bonté la vie à un scélérat tout couvert du
sang de son maître, lui rendre la liberté, le
combler d'honneurs, rien, disaient-ils, n'est
plus digne d'un grand prince; jauiais action
ne mérita mieux, à leur gré, des applaudis-
sements et des éloges. Mais pour Agapius,
ayant |)aru devant Maximin, qui lui promit
de le faire élai g r pourvu qu'il voulût aban-
donner sa religion, ce généreux chrétien
s'écria qu'il n'était pas là pour avoir commis
aucun crime, mais seulement parce qu'il
adorait un seul Dieu, et qu'il endurerait avec
jt»ie pour une si bonne cause tous les sup-
plices imaginables. Il joignit les etfels aux
I)arol'^s ; et ayant aperçu une ourse qu'on
venait de lâcher contre lui, il alla gaiment
à sa rencontre, et s'éta,.t volontairement
abandonné sur elle, il en fut déchiié, au
grand contentement de l'empereur et (lu
peuple. Cependant, comme on s'aj)erçut qu'il
respirait encore, on lui attacha deux grosses
pierres aux pieds, et on le précipita dans
la mer.
17. Il y avait déjà cinq ans (an de Jésus-
Christ 307 j que la persécution durait, el elle
enlevait chaque jour à Césarée plusieurs
379 PAL
cbrf^tions. lor^quf* It^ proi re jour do PAqno*?,
qui rotlt» Himi^e-I?! lo'nbnit le soi ond 'lu mois
XaMli.(iio. r't'sl-^-(l ro I»' quritri(^ino (1rs iionps
d.ivfil I Ip -2 \ nno jeune vior^j'e rie la vill»' (]r>
Tvr. 0001111(^0 TliivciMsin, f(ui nvail h pelU''
altiMul l'Aîio do (ii\-huit iuis, mais d'un esj>rit
nii1r et solid"*. d'un maintiei ç.Tavo et ino-
doste, et surtout fidèle h J.'S'is-Chr si, fut
arrc^tt^o [vir les garde* du gouvornour, pour
s'Alre approohôo do qu» 1 pies saints martyrs
qu'olle aperçut onclinin(^s \ la norto du |»;i-
Jais, soit qu'elle ne voulût quo les s duer,
S'iit, 00 qui est a<s?^z vr.iiseinhlable. qu'elle
eût do«scin do se rrooniinm l(Th lours •iri('>-
res. Quoi qu'il en soit, roînmo si eilo eût
ronimis le plus u;ra-^d de tous les crimes, rc
juge i..sjns(<, trinsiorlé d'uiio fureur aveu-
gle, et que 11 nature no permet pas aux IxMes
môme les plus f(^roces, lui lit d(';(hi er les
cùt.'S et les mauiidles aveo des ong es d « for,
co quelle (ridur.i avec une galt('* qui redou-
blait la ra^^ du tvran; oo furieux h )muie,
TOsant qu'il lui ros'ait enooro quelipie s luf'lo
de vie. la lit jiter d.uis la mer. Aprosquoi,
e:\n6 d'uno si liontousael si cruelle victoire,
il rotourna aux auti'es conf sseurs, qu'il
condamna aix minos de cuivre, qui sont à
Ph(^num, dans la Palestine.
18. Le cinq lième jour du mois Diu*^,
c'est, solon la imniôre de co;npîer des Ro-
mains, le jour dos noies do novembre (le 5*,
dans la mi^mo vil'e de C(''^ar(3.N Silvain, (pii
pour lors n'étnit (fue pri^tre, et qui pou de
tt>mps aprè^ fut hono.é do l,i di;5'iit(^ d'évô-
(lue et (le la oonrome de nmt.vr, Silvain,
dis-je, et quelques autres avec lui, furonl
aussi condamnés aux m(^mes mines do cui-
vres par ce mt^me gouvornour, qui, avant (pie
de les y envoyer, les voulut rendre boiteux
en leur faisant appliquer un for chaud h la
joiidure dos piods.
10. Dan'^ le nif^me temps, ce gonvernenr
barbnro fit brûler tout vif un porsoMiatTo
d'un nu'rite sin.;idi(T, apjiolt^ Donuiivs,
connu et es'imi^ dans touto la Palestine pour
re\tr(^me fa •ilit(5 fpi il avait h s'i^nnnoor ol
h parlor en lorinos pro; ros sur toutes sortes
de sujets , mais bien [dus estimable pour
avoM- g('MiiVousement confessé Jésus-Christ
]du.siours fois.
20. Le m,'-me juge, qui (''tait un grand ar-
tisan d ' nu^'hanoolés, ot qui avait un g(^ lie
tout parlioulior poiu' en invontor, ioi nait
encore à ce rare talent celui d'emjifoyep la
ruse, l'artifice of !a frau lo, pour [,\ hoc, par
ce doul»|,' movon d • (h'truiro, s'il eût pu, la
religion de Jésus-Christ. Il s'était appliqué
*i heureusem'nl à i iveiit m* de nouveaux
supplie»»:, qij il en trouva mi elTel dineonnus
aux siècles passée et aux peuples les plus
l>aibar.'s. II vo>dul eoufr. i.id,'e trois chri<-
tions (pii ('•laif-nt tombés entre ses mains
de (omba.tre ave." leçn 'tejct ; il exposa aux
Ix'tos un V(' éiibl'^ vtoiliird nomm' Auxeu-
tiiis. Il envoya aux mines une troupe de
jeunes liointues, ap ùs en avoir fait des eu-
inupios. Il y eti eut ondu (jui furent jetôs
diiis des (Mrhols affreux, aiir^*; avoir enduré
tous les suppJkcj imajjinablws. Du nombre
PAL
380
de oos dernier*! fut l'illustre martyr Pam-
p!ii!e. le plus eiier o' le plus intime de mes
amis 1), et qui acquit alors une gloire im-
nnrtelle, sYtant si nab'; prr une cons-
tiiK e, un eourago ot une géïK'TOsité qui lui
ont donn(S sans contr- dif. b» [»romi('ie place
parmi les marlvrs <lo' notre temns. Le [)r -
consul (OU lo gouvor ipur) , q-ii avait ouï
parler de s^n éoiuence et de sa profonde
érudition, voulut l'enlen Ire parlor, et étant
convaincu v\r sa propre expénenec de si
grande habileté, il eût souhaité de le f ou-
voir gag'ier à sos dieux. Il lui proposa donc
de leui *<aerifier : mais le s.nnt ho nmo, ajMés
avoir refu-é tout net de se souiller par cette
abominatio"», nnrqna tant de ménris pour
ces divinités, que le prooonsui. changeait
tout d'un coup son es'ime en fureur, le fit
tourmenter de la manière du monde la p!us
horrit)Ie. E^'ln, après (]u'il lui eut fa t dé-
chirer b>s cô^'s avec des peignes de fer, sa
ra.:e n'étant pas encore rassasiée du sang
qu'il vouait de tirer de tout le corps d-* ce
grand homme, il le fit traîner tout sangl int
en prison , avec plusieurs autres confes-
seurs.
21. Au reste, l'on peut conjecturer, par la
fin honteuse et tra.;ique de ce défeslable
juge He proconsul Urbain), ce qti'il doit at-
tendre d'un Dieu justement irrité de tant
d'ox(^ès, et (pii i)e manquera pas de venger
sur ce méchant homme le sang do ses fid>-
los serviteurs répmdn par ses ordres
cruels. Il venait îi pei ^e de (ondimner Pam-
p!iib\ lar«;]uo Dieu le livra aux exécuteurs
de sa jus ice sur la terre. Cet honnne (pion
voyait encore hier a<sis sur un iribnnal. en-
viionno deg;Tdos,f (iredo \h trembler lontola
Palestine; qui tenait le premi-r rang entre les
favorisdo l'oinporour, si créature, son homme
d':* conïiance; qui entrait dans tous ses se-
crets comme aans tons ses plaisirs; cet
îiornine, (li*>-je. se voit en une nuit tiépouillé
do tout ; une seule nuit bii enlève ri» bes-(^s,
gran bnirs, puissance, et l'honneur et li vie.
Il (>st pi-écipiti' dans uu abimo île mal! eurs. il
meuif couvert(rigiioniinieettropprobres,nux
yeux de ceux qu'il avait vus, rampant devant
lui. briguer son criVIit ot implorer si proteo-
tion. Ce misérable, |>o;issant des cr^s «'ï la
muiièredes femmes, se jette bassement aux
pidls d'un peu:de qu'il vo. ail aux siens il
n'y a (pi'un mfmionl. Knlii re no^me Maxi-
min, sur ta faveur duquel il b.ltissait sa for-
tune, et ((u'il (TO\aii avoir si bien méritée
jiar son ac''U'nMiie .1 rt lournvnler les c!ré-
tions, ce .Maximin devient pour lui un juge
in^'xortble. un iinplaiable ennemi, soi
bourreau. Car a' rè> que cet euqiorour. en
piésonco duipiel il fut oonvain. u do crimes
é lor.nes. l'eut aecab'é de mille injures, il
lo ciidimna à perdre la vie. Mais nous
ne fais(ms nue toticher on passant cet
événement. Nniis pourrons drus la snito
d(ouier une roldli"n plus étendue do la fin
malheureuse do ceux qui ont persécuté les
(\) F/isott" .iviif ai'vii.i .1 son nom celui de Pain-
philc. Lutebiuê i'amyhi.n.
381
l'Ai,
cl)"'(Hi('iis, cl jtarliniliAroiiKMil do .Mii\im'U
Ot (lo )|iiil(jii(>s iiiiiii^lro' (l«) SH ci'iKiult'.
tii. (,>uii(|iril V l'ill (I ),i |iirs (!(' six (IMS
(l'aM (ic Jtvsiis-'.lirisl .'l>)^j i|iiii la ppis '■intioii
clrtit alhimi^c, rWv n'en T'iiil i'Hs ukmus *ir-
ik'iilr. I.»)» (livscrls iiH^m»' le-; plus icnilrs ih;
p n»nl ^nniiilir les lui» l.-s ilc l.i Tint ur di-s
ptMStSuimii'S. Leurs »''iiii>saii<!H ptVièUi ni
pi.s(|U(* iiaiis (M'Iiii (le la T) ('■haMic, <ni iiiin
luiiliilinlc iim(>!iil>ri\hli' io cMiir-sscurà s'r-
(;til n'tir<'(i < oiiiiii dans un asile ; c; ils
tirèryol ) un iioii noiiiicn IN), pliirilc , à
(aiiso de plusiciiis canièics de uiiubicî
iju'on > a oiiviTlcs , (|ii<ili('-vi iKl-dix-Si'pl
(hM-(\s . ,'inls, avoi; ipiaiiliu'i de IcinnK.is et
d'cnlnnl , (pi'ils (•(riduisiitrU au nouveau
youviMMii'ur do la Pal.'sline. Kl couun,' loiilo
cctUi sailli*' IrouMt* cnidVssail avec uni) ;<('-
n<'rcu.'-v' formed'UM Dieu et \v\ J.'sms-C.ImisI,
l'iiiuilii u (e'étail ce nouveau ,,()uVi iiieur,
(lui n'.'.dlpas luoii-s sucei^lc^ . la rninulé
uTVba. I qu'a sa e.liar.v-) leur lil couper ji
tous, ii">e un rasoir ioiii,i au feu, les ncils
(lu jan.i f^auclio ; et après leur avoir aussi
lait eieuM l'u'il droit avoe un poi'iyon, i. le
leur tu eoruer tout h l'cinloui' jus-ju'i'» la ra-
cine, oCi il li applifpior lo l'eu a\oc la pioire
causiiquo ; il 1» s reléj^ua eiisu t>î (i.uis les
mi "OS de la provin e, pour achever de les
y laire périr de iaiiu et lie misère. On y
envoya lareillt'uieiit ces jeunes lijiufnos
dont nous avons parh>, q.ii avaioU été eon-
damn.'S à condrdtre dans l'amp'ntliéiUre
avec le j^nitelet (le (•ond)at du puylatl, cl
qui ne voulaie'H ni recevoir ce (lue leiuie-
reur faisait distribuer chaque jour aux
athlètes poiu' leur nourriture, m s"e.vercer à
ces cundjats inhumains.
23. Cependant on se saisit dans la ville
de Gaze (!e plusieurs lidèles , lors [u'ils
étaient asseiii!>lés [lour entendre la loctu'e
de l'Ecrilore sainte. On coupa aux uns le
jarret gauche, et nu 'eur arrai ha l'œil droit,
et on déchirait les côtés aux autres avec des
peignes de fer. Parmi ces dernii rs , une
femme se signala jar une action qui aurait
pu faire lionne;-:r même à un homme de
courage. On avait pris une jeune v.erge qm,
se sentant outrée dn ce que le tyran xMaxi-
min la menaçait de la fai-e conduii'e dans
UJI lieu de prostitution, lui reprochait sou
extième cri auté (jui lui faisait livrer Ls
piovinces de son empire h des gouverneurs
inhumains, répandant ainsi en cent li.-ux à
la fois, par les mains de ses ministres, le
San,' qu'il ne i)oiivait lui seul répandre. Le
tyr«n, [ùqué de ce reproc'.ie, lit mettre cette
g'niéreuse hlle sur le chevalet, où les bour-
F'jaux lui déci)iraii'nt les épaules el les
b;a3. Ils s'appliquaient avec une mervfd-
'* use ardeur à obéir aux ordres de ce juge
b'*4)are, lorsqu'une autre tihe, qui comme
1^^ i'ximière avait voué sa virgimté à D eu,
cl 'jui'SQjs un extérieur vil et misérable
PO. lait tq cœur grand, inré;tide, et plus
f.^^A ""'"^ ^^'^ ^^ l'estime et des loûan-
r^f in^ ^^^^ifimes que ces fameux Gte.s
I A "'^'^^''*^''^^'cienne nous vante si fort la
jôuéreuse liberté j caie vierge, dis-je, coa-
u elle ((fo-
ie ne sacri-
dr; l'aui I :
(lidénnit les touri.ienis horribles au'on iai-
sail suidlrir- /i Ka rouip/i^ne, ho mit aciierdu
nolieu (Il la {'(Mlle ou elle »n trouvait ciik'i-
K«'e, en s'adre.ss/ii.l au j'i^e ; Juhipi'a «piaud ,
hourreaii iiihnnwiin , r»'ra.s--lu Miullnr ma
Nu'ur? (!• II»! p,ir«i|.« ayant tulj» h* gouver-
neur en furie, il lii sur riimne ainïder o |lo
tpii l'avait dite, ei l'ayant fait venir devant
lui il s'e'Vor(;a d'abord de la Ka^mr par des
pa.oles liall(!i.ses. Il voulut lui peisuafîor
de sacrilier aux dieux ; mais elle, h'nrmafil
de rau;.;u>le noui fl i Sauvi'iir < ' "
nnn';a, ré ondii hardiimid qu'e
hei.'.ii [loinl. On la traîna au |)ie(
mais étant lou'ouis la même, el sans se dé-
m(Mi ir de sa p.o,nièi(! g'-néro-Mlé, e le len-
ve.x.i d'un cou;) de pied l'autel el h; feu sa-
cré (pli élai; de sus, el mit < ndeyordre el lo
i-arriiiee el les sac ili. ateurs. Alois le ;j;'»u-
V ruiur, ne se possédant plus et s'abindon-
iiaiil à toute la viideiiee di- sa colère, la lit
(it'chnei' si lofi^lernps avo;: des ongles de fer,
e. les lui lit e doni.ei dans la ch.ur si avant,
que ce ju„e altéré du sang dt s niaJy;s
|)ut (^ son aise se rassasier de celui do cette
uuiocentu li le. Après quoi , il coniminida
qu'on hc'd ces deux vierges ensemble, et
qu'on les jetAi dans un bra>i;r ardent. La pre-
mière était de la ville de (iaze (i) , la se on-
de, n.mmée ValentiiiO, était de Césarée (2).
2V. Mais où trouver des termes pour ex-
pniiier d'u'>e mamère qui réponde à la di-
gnité du su,j(.l le marl,^re du bienheun ux
Piiul, (|ui suivit immédialemeni celui de C( s
deux vierges? Il avait et.' condami é à n.ort
en même tOiiips ([u'e les et par la inôiio
scnt(.iice; u s'était uéjà nus h ge oux pour
la recevoir, lo,s((u'il [»iia le bourreau i e
surseoir pour un moment h Tcxéc ition. Ce
qu'ayant obtenu, il éleva sa voix, el pria
premier menl pour les chrétiens, deman-
dant à Divu qu'il 1 i plût de donner l.i paix
et la sûreté à son Kglise; il pria ensuite
l,our les juifs c^ demanda pour eux la con-
naissance de Jésus-Clirist. Il ht la môme
prière pour les Sapuunlains, puis pour 1. s
gentils, demandant à Dieu qu'il dissi,)ât h s
ténèbres d..nt ils sont envtlo;»pés, qu' I leur
fit connaître la vérité esseidie le, qui n'e^t
autre chose que lui-même, ahn que rei-on-
çant à leurs anciennes erreurs, lis marchas-
sent h l'avenir dans la lumière de la vérita-
ble religion. Aprè^ ii leva les mams au ciel
j)our tous les assistants, les nommant tous
l'un après l'autre. EiiUn il pria pour le juge
qui l'ava l co;;damué, pour le b ^urrc-au qui
devait le faire mouri, , pour les empereurs
qui persécutaient ies lidèles avec une fureur
si opiniâtre, conjurant la divine bonté de
ne po.nt redemander son sang à ceux qui
Icllaient répandre. Un discours si touchfiul,
qui marquait un si grand l'onds de douceur
et de chatité dans c dui qui le faisait, tira
l,^s Lirm. s des yea-s. le lOa e l'a semblée,
qui u'dijleurs était persuadée qu'il était iii-
(') Les Grecs la nornm'^nt Ttiéa.
Ci} Li's L:ui:is foiu la leie de ces deux vierges le
25 de Juillet, el les Grecs le 18,
V<7> r\L PAL 384
noronf. Pour lui. aynnl pr('<pntt' lo roii \ (l;in^ lour fort , ils Ips [tr(''vinrent ot os("^ront
r»»M'f iitcnr , il fut lionoré .lu mnrt.vro lo Ifui- rcprorlu-r leur impiélé et leurs supersti
25 «lu mois Pnm'Muus, c'ost-îi-dire le 25 lions sac<il(^ges.
jiiillt't. 27. Car t'ois de ro«: g/TK^reux hommes,
•2o. Peu (lo jours npr^s la mort de rot nd- animés d'un mt^me zèlo. roururont au teui-
niir.iMo P.tuI, on voit arriver h C'^sarôe cont pie où It- gouverneur sarriliail; et l,*!. lui re-
tren'o roi fesseurs , qui, ayant ('té miililés prorhnnf |iuiil (juomont sou idoPtliie, ils lui
en Egvpte d"où ils venaient, furent envoyés, soutinrent qu'il n'y avait point d'autre Dieu
par l'ordre de rem[>ereur Maximii, |)ar'ie que relui qui a fait le ciel et la terre. Le
aux mies de la Palestine, partie à celles gouverneur, étonné de eeflo hardiesse, et
de Cilirie. P»ni accoutumé à recevoir do pareilles re-
26. Au reste, lorsque la persécution com- nionfrances, voulut savoir qui ils étaient,
nionç.iit à s'i'li-irdre pou à peu par tant de >I;iis eux. sans attendre qu'on les y contrai-
sangversé; ipie tant de belles et d'é clata nies giu't, ni (jue d'autres ré|)ondissent po .r eux,
actions do ces illustres mart rs de Jésus- ayant répondu hautement qu'ils étaient chré-
Christ vdiaiont pnr tout le monde, et por- lions, le gouverneur, h cet aveu, entra en
taient même d.ins 1 Ame des intidèles l'admi- une si fur euse colère, que, sans autre for-
ration et le respect ; lorsqu'il semblait que maillé, il les condamna sur-le-champ à la
nous duss o vs respirer a irès tant do traver- mort. Le premier de ces trois braves gens
ses, et jouir (l'un air plus pur et plus serein était pr<''tre et ^^e nommait Antonin; lo se-
aprés de si giands orages, fiarticulièrement cond éta t Z binas, de la ville d'Eleuthéro-
depu'S que h's conffSSour«^ de Ttiébaïde, (jui pie (1i; et le Iroisiémo avait nom (lormain.
avaient e'é condamnés aux mines, en avaient Cela arriva le jour des ides de novembre
été r'pp'^h's par d- ux fois; lors, dis-je, que (1«^ 13).
ce feu que l'enfrr avait soufllé sur ia terre 28. On leur donna le mémo jour, nour a^so-
para ssait être prosfiue amor.i, il se ralluma ci(''e dans leur martyre et dans leur triom ho,
tout h coup avec plus de violence que ja- une tille de la vi le de Scylhonle (2). nommée
mais. I»e nouveaux édits de ronq>oreui' pa- Ennathas, qui portait la cojtruro de vierge,
rurent ino[)inément dans toutes les provin- Un certain .Maxys, ofiicior dans une légion,
ces. Le préfet du prétoiie écrivit en même brave de sa personne et d'une force d'athlète,
tomi^s aux gouverneurs et aux int^nd i »ts, du resie le plus scélérat et le |>lus méchant
aux svndcs des villes, et généralement à de tous les hommes, violent, em;io té et haï
tous les magistrats, de tenir la main à l'exé- généralement de tous ceux qui le connais-
cution de cet édit, qui en'ro autres choses saient; ce Max.s, dis-jo, qui (lemeurait dans
portait ((ue les temples d;'s dieux, qui par le voisinage d'Euir-thas, eut l'auilace d'enle-
feur ancienneté étaient tombés en ruine, se- ver cette sainte vierge de chez elle, de sa
raient incessamm( ni (établis et mis en état; propie autorité, et sa is permi-^sion du ma-
que tous les sujets de l'enqtire, lionnnes, gistrat ; et, a()rès l'avoir ilepouillée de tous
femmes, e»>fants, enclaves, sans excephon, ses hai)its, il la conduisit par toutes les rues
seraient contraints par to!;tos sortes de voies de Césarée . lui ayant attach»' au cou une
de sacritier aux dieux Mumortels; q Ton les corde dont il la traînait, la frappant sans dis-
obligerail de manger des viandes inunolées; continuer à grands coups d'éiiivière. et se
que celles (pii se vendaient h la boucheiie , faisan! un jilaisir brutal trètre lui-même son
et les autres denrées qui s'exposaient dans b nurreau. Le fut en cet état (pi il la mena au
les march'''S, seraient consacrées aux dieux, gouverneur, qui, applaudissant à cette inhu-
avec les aspersions (>t libations ord naires, manifé, la jusiitia haufiMnent. en condamnant
et (|u'il y aurait de leurs prùlres, cachés et encore au feu la bienheureuse Ennathas.
déguisés dans les bains pid)lics, qui pron- 2!). Cet h(tmme de sang, pou.ssant la barha-
draient soin de puritier , sans (pi'ils s'en rie jus(pi'(>ù elle [xnit aller, et donna'it ;Ha
aperf;u<sent , tous ceux qui y e itrerai(>nt rag ■ (pi il avait contjue contre les auoralurs
pour s'y laver. CiOpendant ces nouveaux or- du vrai Dieu toute l'étendue (ju'elle pouvait
(Ires cansèr(>nt bien du Irouhle. L(vs n("ilres avoir, ne craignit point, pour la saiisfaro, do
en étaient accahh's de douleur, et les pa:ens violer toutes les lois tlo la nature, on refu-
ne pouvaient approuver une rigueur si fort .saut la .sépulture aux corps des saints mar-
h contre-temps. 01 (pii n'était pas moins cm- tyrs. Il les tif gard r jour et nuit, après les
barras«»anle pour eux (prinjusti! h l'egml des avoir fait jeter a la voirie, atin que les bètes
chrétiens, toutes ces [)rati([U(\s et ces céré- pussent s'en rass.isier à leur aise. Vous eus-
nwtnies n'étant propres qu'à troubler le coin- siez vu une tniiltitiide de peuple se repaître
moire de la vu: cvile et à incommoder les de cet horrible spectacle, et veiller assidû-
honnéles gens. Mais comme cet orage. aj)rès ment auprès de ces tri-les dépouilles, pour
tout, no nuMiatjaii que les li lèles. et (pi'ils le empèi lier les chrétiens de les (>nlovor.comm<»
regardaient coiinne prêt h fondre sur mix.ils si la ( hose tn^t ete de la dernière importa'fo
eurent lecouis h la prolectiuu lou'e-puissante pour le sahit de cha(pie citoyen et la 00'**'^-
de Jésus-Ch isl , qui releva de telle sorte lo vatioii de la v Ile. r.epeudant les clii^'*'« '^^
poiirage de ceux (j i eiiieiil coiiliance eu .si oiseaux de proie et les autres bote» caruas-
bonlé et m son pouvoir. (|u'ils u'nilendironl
ftas (|ue leurs ennemis vinssent à eux; mais (|^ Ville i'pisrop:iI.' (Lins I.i pr.Mnl-'''' '^•i''''^''"*'-
aisani eux-mêmes plus de la moitié du cho- (2) Mi-iropoie d»- j.» s.tou lo r.Hcs-in'N ilonilesieip
ILin, que dis-je? les allant relancer juscjue fui «•n>.iiiU' iransfcrc à iNa/aroib
S8U
V\L
PAL
8i^^^^s (lis|»ors«ir>nt rh «d là ces sacrt^s incin-
hnvs, MjinVs s'en r^ln» Kni^iVs. On ne v(i\jiil
imlro ciidso, (latis 1rs rues cl niiluiii- di- (IiVsm-
r«''(', (|ii(> lies «iiliiiilU's, (les (»s et des rt'shvs
de l'orps liiiin.'iui.s. (<i'la laisail li'iiii'iii- n tout
l(^ 111' iKJc, vt iiK^iiir h nos |i|iis f^iiinds cnnc-
iiiis, rlijicnn t^liinl toitriK'' non (h* l.i Mnsrio
de cos coriis [iriviVs de scnliincnl, ni/ns dn
rinjtit-o (|u'nii iais.'iil h la n.'ilini' Ininiainc; el
î) ('lia(|in' lionniK* (>') itaitiiidici'.
.■{(>. rcpcidanl Dieu voninl l'aiic voir [lar
nn miivii le cond)!)'!! rrl cxcc^'s d'inhninaMiln
Ini d('|)laisail. (^ii-, (|uo (Imc l(t lici [\\[ aluivs
rxlicMncnicnl serein, (|n il n(( pariU pas jo
moindre nna^i^ ni la moindre vapenr daMs
l'air, (|n'ii ne tï ni rosr>(> ni hronillard, l'on
s'apereiil (pie la phipar dos colornies (jui
sonte'wneid les édilici-s publics siiaienl ot lo-
laieid connne d(^ ^.osses la. mes, et (jiie les
rues et les places puhliciues éiaieiil mouil-
li^es. Kn sorte ipu» l'o'i (lisait loiil liaiil (pie
la terre, par un prodige inouï, pleurait l'ou-
trage l'ail j\ iWs corps saints, dont les mem-
bres indignement (^|) rs restaieii sans s(^|)ul-
lure; (>t (pie les |)ierr('s ot le bronze, devoi.us
sensibles, re|)roc'iaienl aux hommes leur
barbare durel(S par ces mai(iues mueltes do
leur douleur. l*eul-(Mre (pie la posl(!'rité peu
cri^dule fera (|uel(iue(lillieult(.Spar uniî fausse
diMiealesse, d'ajouter foi h ce miracle, e que
les es[)iils forts des siècles à venir traiteiont
Qioii Ti cit de conte fait à plaisir ou du moins
de pieuse liclion ; ma s je ne crois as qu'il
en soit de mcMiie de ceux qui vivent en co
temps, et (|ui, ou ayant é\é témoi is de la
chose, ne f)euvent dénuMilir leurs yeux, ou
qui, l'ayant a[)prise de })ersonMes de piobilé,
ne peuvent sans leur faire injure démentir
de pareils témoins.
31. Le l'i- du mois suivant, que nous appe-
lons Appelée, c'est-h-dire le 19 des calentJes
de jauv er (le H décembre), les gardes qu'on
avait mis aux portes pour examiner tous
ceux qui e-^reraienl ou qui so tiraient arrê-
tèrent quelques chrélie is d'Egyi)te , qui
étaient partis exprès de leur pa.>s pour aller
assister les confesseurs relégués dans les
mines de Cilicie.O i les y envoya, 5 la vérité,
mais ce fut après leur avoir crevé un œil et
coupé un jarret, ce qui fut la lécompense de
leur charité. Mais il y en eut trois , enlie
autres, qui, ayant été mis dans les pri-ons
d'Ascalon, montrèrent un courage héroïque.
Le pr'îmier, nommé Ares, fut brûlé vif; les
deux autres, Promus et Elie, eurent la tète
tranchée.
32. Le onzième du mois Audynée (l'an de
Jésus-Christ 3U9), c'est-à-dire, selon les Ro-
mains, le 3 des ides de janvier (le llj, Pierre
le solitaire (1) surnommé Absél ime, origi-
naire d'Anéas, petite bourgade daus le terri-
toire d'Eleuthérople, fut éprouvé par le feu
et rendu en or très-pur, a, rès avoir donné
à Jésus-Chiisl un témoignage éclatant ue la
(1) Aiiuemenl Ascète. On appelait alors de
ce nom ceux qui, renonçant à toul , menaient une
vie solitaire et cvaiigciiqiie au milieu mémo des
villes, te nom a depuis passé aux nioiues.
ZH(\
)ureté de sa foi, cl avoir confemé .son nom a
a vue de lonic la ville de Ces/née. Le ^^ou-
vcriicni. ipii l'/ivait fut v. mr devanl lui, et
t(Mls ceux (pu ;iss|s|;iiciit au lil>^e|iie>i(, cii-
nnit beau lui rciné.scnîer (|u cla. l d/iri.s lit
Heur de son Age il tic dcv it | i\s, par un frd
enliVinncnl , se relia ubcr lait de beaux
jours (pie les dieux et la nature lui promet-
taient ; en vain i s Icî co 'jurai, id ,\'nvi>\v pitié
de lui-même, il n'éi^nuta ni KniionliMuces, ni
conseils, ni prières; mais, imMIant en |)i|.,i
loule sa coniiance, il pi il i/i Nagi mcni I rs-
néiance des bie is futurs, mais vcriMibles, ."i
la (ios-es<ioii (les fiux biens, ipio. (pie pn'--
scnils; il la préh'-ra à sa piopK! \\v,. Il fni donc;
conduit sur un bûdcr dressé pour lui cl
pour un cer:ain Asclépius, (|ui se disait éviV
(pie de 1.1 secte d( s marcioniles, et ipii s'iHait
venu pinv-ienler (h; son propre moiiviniient,
par un zèb; immodéré et pay 1 ■ mouvement
d'une dévotion p(ni éclairée, de c(-lle cpii,
n Ciaiit pas selon la science, est rép/ouvée
par rAp(Mio. Ainsi les cendr-'s du catliol (pio
furent confondues avec celb s de l'he éiiipi.;;
mais les an^is sauront bi- n en faire la dill'é-
retue au jour qu'ils sépareront les élus
d'avec les réprouvés.
3;{. il faut mainl(nuint que j'étale aux yeux
de la postérité un spectacle digne de son
attention : c'est celui du triomphe de o ize
martyrs, (pii .-oulfriieut la mort avec l'illus-
tre Païuphde, cet ami dont le souvenir m est
iiiliniment cher. Leur nombre répondait à
celui des jirophètes (l),oii plul(jt à celui des
apôtres; mais les grâces dont leur âme était
ornée étaient certainement des grâ( es d'aiiô-
tres et de prophètes. Pamphile était à leur
tète, et ils lui cédaient tous sans envie la
première place, tant à cause de la dignité de
prêtre dont il était revêtu, qu'il cause du
mérite extraordinaire qui était en toute sa
personne. C'était en ellet un homme en qui
toutes les vertes se trouvaient heureusement
rassemblées : l'amour de la retraite, la fuite
du monde, une opposition comme naur. Ile
à toutes ses maximes; le mépris dos hon-
neurs, auxquels il aurait pu légitimement
aspirer; une charité qui le dépouillait de
toul en faveur d. s pauvres; une vie frugale,
laborieuse et qu'il passait dans les exercices
de la plus ausière phi]oso|)hie ; suriout une
louable et innocente attache à l'étude de
l'Ecriture sainte; une assiduité au travail,
qui ne se lassait jamais; une persévérance
dans les choses qu'il entrepre-^ait , qui ne
savait ce que c'était que de se relâcher; une
application infatigable à la lecture; une dili-
gence sans précipitation et sans em,)resse-
ment; une humeur prévenante, accessible,
toujours prêie à faire du bien. Nous ne di-
rons rien de ses autres vertus, ni d'une infi-
nité d'actions dignes tout ensemble et d'imi-
tation et de louange, qu'il a faites, mais qui
demandent un plus long discours. Si quel-
qu'un a la curiosité de les savoir, il les trou-
vera dans un ouvrage séparé que nous avons
composé de sa vie, en trois livres
(i) Les douze petits prophètes.
387 V\L
av. Le secmd, après Pamphilo, qui se si-
pn.ila «lans ce couibrtl, f l Vale*^», dia^e de
I"«'vl'»«-' t* Klia l'I^. rrrt.iit ii 1 virill.tnl ro5;,er-
tabif |>ir sc> ch.'Vi ux bUncs. el donl !»• seul
aspecl inipjira lii de la vénération. Il pos^é-
d.Tit nnr a t^Mneit la sa'iiic K^riturc; il l;( sui-
vait lotile pnr cœir : on sorJo que céia l p<»ur
lui une uj^mo chose, ou de la l:re ditns le
livr • inémr, ou d'cîi rrcili r do uiémoiro des
n»j;os oHièiX's. Le lio.sièino, ijui »"itra dans
le champ di- bilailL' se no -un il Paul, per-
soîina^c d'u^.esf.rit vif, loiil do fou, ploin
de zcde et de iervour, cl tjU', avant (ju il eût
reniporlé l.i c-uronne de n.dClyr, avait méèité
celle do rnnfo.ssfUr.
S6. Jl y a\a:t déjà deux ans qu'ils élAient
prisi nnio:s. lors(|uo lo rolour des olnéi'ons
d'Kçvpte ava-^ça lo lenn>s do i( ur aicU(yiP,
doi.l ces dtrnieis pait;ig. roi i aveo tuv la
gloire, a.ant lous enseuinle téjianuu lour
san^d.DS lo même lieu d par Ir ^léir.e nia n.
Ces rhai taliH'S Lgyp ions ava enl acco..ipa-
gné par Lonneurj squcn Cilicio k> o-nius-
seurs qu on y avait rolo^'ués p ury IraVf-ilior
au\ mines. Kl comme ils s'on let-urnaiont
eu iour pays, leur «hemin élan» de ^*a^.H'^
par Césaroo, ils y furent arrètJ-s j ai les ^ar-
dts des |M:)rt'^s, qui, Oinmio nou.^ avons re-
marqué , avaitnl ordn* cl exammer toi^i'ou-
semeul tous les étrangers qui se pié-soi.-
taJeni ])0ur ontroi . Coux-«:i a.anl élé d"; bt'rd
intoiroi;évS par ces gaules, q .1 ils étaient et
d'où ils venaient, répondirent, san> biioser
et sans «.heirbei de dt'"l(»uis, qu'ils élaii'Ot
chr lions ol qu il> vena enl de coi. (brre I urs
fières aux mines de Cdicie. Il non fallut pas
davantage pour les rendre crmiiiuls; on se
sai'^il deux comme d'u'O ba ik' de voLurs
pris sur le fait, lis élaioul ci iq. On les con-
duisit sur-le-cbamp au :,ouveinf'ur, (jui, -^e
pouvant S')ullrir la ^t'-néieuse lib rté avec la-
quelle ils lu» ('arlau ni, les envoy.i en j risoi.
Lf londomain, 16 du mois Péritîu», ou, selon
les KoMiai-is, le I4 ..es (^lernJi-s de niars ( le
Id févriei^, il vint m orde au i^ouvcriieup
do leur laiie lour procès, au>si bu n fju a
Pfimpliili' ei h ses trois eoM;pa/non.>. 11 com-
mença [«ar les Egyptiens, et il Uîcha de las-
ser loui' conslance [lai testes sorti s do lour-
ments , ayain luème i-ivculé <lo mou > elles
luachiies pour cela; mais ollu fut h l'éprouve
de lO'.it. Ai. Ces avmr Ir v.'.illi' inutilemont a
vaintre la formol'^ ini'br.u.lable de ces aiiui-
rabb s chrétiens, il «'avisa de leur denioiu^er
leur i.oiii. Il s'.ulro.s.sii d'idu)id <'i celui qui
était lo |>ius aj pôronl de l.i troupe. (Jolui-ci
dil un nom do piopbèio; c^r ils en avaient
tous [iris oli.icun un, a}. ml ipiiKe oeux (pi on
leur n\ail donnes en ;>ais>u il. qui app.u-tiii-
monl éiaie il des noui". didolos. Vous eussiez
donc cr I (^tro cmoro iniini ces yi.unis liom-
uies arei loiiuds Uiou communiquait m fa-
miiièreiuent.li y ci avait un ipii se iiummait
Flio, Uii i.utre Jit mio, lo IroiMoii.e Isaie, les
deux derniers L«.O.bicl cl Diimel. Mais les
(I) Jêrn"!alcni; mai» elle n'.'l.iii pIu'» ronniic sous
rcur» cui Cliqua.
PAL
388
noms de ce? fameux Israélites n'avaient 1 ieu
pcr.iu de leur i jstre et de leur sainleié dans
la pcr^onno de 1 os ilhislros Egyptiens, ijui
11'- les bnuoraieU pas moins iiar la puielé
de leurs mœurs cl la femiele de leur foi,
qu'ils on élaio îl ou\-mè ■ es boRor s.
•iU, I e saint iua:l.>r aya U df-nc dil le nom
du piopbèle qu'il avait cho si (c'était celui
d'Eiic), Fiiniilien l'ii demanda son jiays , et
Elic, réj»oidaiil loiijouis en cor.foimdé,
nomma Jorusftl m Ij.enieid.nl la Joiusaleiii
cén.sto, relie cilo sainte dont parle lApôlre
aux liidales en ces termes : La Jérusalem
d'en haiU est vraiment libre, el c'est elle qui
rit notre maropoh Galat. iv). Et aux 11» -
bieux : Vous vous êtes approches de la mon-
lafjnr de Sion, ut la ville du Uim vivant, de la
Jérusalem eélente (Uebr. xn). Ma s le gouver-
neur, (lui n'avail p^-s des vues si élevées,
sintormal sous quel climat étdt située c» lie
y llo, dns quf; lo proviu e, et quci peuple
riiabitaii. La rojMinse du martyr ne !e con-
Un'a :l pas , il se servit des t(.urments
co.nme u'un moyen qu'il crut f>lus HDcai^e
pour ooliger le sdnl ;. lui dire ia v.' ilé. On
lui tourna les bras ( errière le dos. on lui
déboîta its pieds avec une do ces iii.'iive les
ii^acimios de rii'ventiun de Firniili n. Tout
cela PC lui fît jamais dire autre c.iose : il
assurait tui'jours quil n'avançait rien que
dj V'r:lablo; que Jérusalt m én.it «a pairie;
(ju'il uy avait que les adorateurs du vrai
ùicii (jui eussent le piivilége d'habiter cette
V llo ei d'en obl(îni le droit do boui»'eoisie;
(}u'.iu teste tllo étnit située à Te •ienl , et
dans une conîréo qui avait L' bonhejr d'ôlie
éclairée do* }»rem;ors rayons du s.d il. Toi -
les Ces expressions éiaienl vuiies, selon le
s«ns mystique que le nicriyr leur donnail.
Le gouviTPCur, qui était bien éloigné d'y
e drer, el qui prenait tout ii la lettre, s'ima-
ginait bonnement que bs < hrélien.s IWIlis-
saiont une viilo en auel(|ue coin de la te? 10,
JOUI leur M'rviT de place de sOieté conlre
los poursuites que l'on fa sait contre eux;
que Cf serait uii lieu de retraite pour tous
1 s nié(<mtents de i empire, ipii y a< Cour-
raient de lous côb^s pour y tormo'r quelque
parti, et poul-<^.re pour s'y foriiiier 1 01. ire
i aufoiiii' du souverain. Loia lo niellait '^x-
InMnemenl en p'ine; il se (vp-uada l qu'il
était de >on (levf».r ûf^ découvrir cotte firé-
teiidue buteiesse dos cbrétiens. M iros*»ail
(Him; fiveuioHi le martyr d<» lui déclwer
remlmil de l'Orient où (ette Jénis.bm ('lait
phu ''0; ei tin. n'en pouv.uit lirei i'iiiro chose,
il le condamna A ruort. El ce lut là le dénoû-
moiil (pie lo i. ran donna ^ celtp pièce tragi-
(pi.'. A l'o^aru des ipia'ro aniros, aj rès avoir
exer«v sur eux raille rruantés. il les condui-
sit, tomme par autant do dill'éivi.tes scènes
sanglnnlos, a une s'n.bla:>le cata'^lrophe.
61. Las enfin de voir toujours du sang,
n) Le nom de Jcrns.ilrni rl.iit inconnu à Fir-
niili(*ii , pntte i|iii: t of).ii-> roiii|ioreur A'Iritn, qui
s'. p^cl.ài .'ttius A(lri,iiiiis , ^ i \\\.'\ uvaii i.bali J.rii-
.salt-iii ilclritilc par 1 i>u.^, celle ville ne iA ttoinni.ul
\\\\\3 (lu'l'.li.i, iiu liOiii l'tMoliii qui 1 .tv^l rcl.tblic.
C e;il ce qui uit ici 1 ctjuivoquc.
580
IVM,
PAL
sfia
dos rorps (lt'{'liir(^s nu bn^hVs, drs nifnihn's
(lisl(ii|U(''s on roiiipiis, ol sn fureur, l'assa.sii'i)
(le loni'i (fiil'^ cl •!(' supplices, (•(miini'MÇ ml h
SI' rali-ntir, il "c loufi.i vers l'.iMipluK' cl ses
couipnKHOiis; el «oiuiiic il iocommuI, b u 'Q
(•(M'Uiiiic g.iilc (pii t'clalail siu- leur visage,
(lu'ii (MuploiciMil eu vain la violeucc pour
leur laii'o ^•llaUr^cr do .scnliuuMits , il se cori-
ieul.» de leur dcniaMder siniplcmcul s'ds ne
voulaieul do'ic (^as eilii oh.'ir a\n ordics do
l'oinpt'reur. Mais eux ayant réptuidu eouuiio
de LÇi^iiércuv ((lulesseurs i\o Ji-sus-Cdirist ,
qui eroii^'il (jue ce (pi'i's voit dire iloil iMre
la dernièr(> uian|uc (piils lui douMe omI «lo
Itixw allaclicuicul cl de leur lideldi', il les
coudaïuiia au im^'uie supplice ^uc les eini]
li^vpliens.
i\^. Alors lui jcu'ie lioiiuuc, doMîosliipic d»;
Pauipliilc, oJcvcS sous k-s yeux de ce graud
nersouuage, el [)ar lui Ibnué aux scienci'S et
a la vcru, ayaul eulrudu pronoiuicr la seii-
louco de niuVl coulrc s,,u ui;iilre, s tMr a ilu
milieu do la foule : « Du uioius (ju'ou ne
rol'uso |)as la sépulhwe aux iiioris. » Mais le
gouvern. ur, (jui nicrilat bien uioius le uoiu
d'homme que celui de bute laroucho, ou de
ce ([u'il i)Oiivail > avoir sur la terre d;^ moins
huniari ciu'iuie b.He larouc lie, n'a aul aucuu
éganl ni ;\ rA;^e de ce jeune homn)e, m h la
généreuse atleclion qu'il léniui;j,uail pour
sou moilre, sur la déoUualiou (luil lit (ju M
était cluétien, le livra sur l'heure à toute la
cruauté i\o ses Ijoiu-ieaux aux(iucls il re-
commanda l'o.t de ne le poini éparj^ncr. Ils
f.ireul Udèlcs, h leur ordinaire, t» exécuter
cet ordre; et ponda'U qu'ils re|)rcnaicnl ha-
leine, Firiiiilien lui or. o;ria de sacrdicr;
mais le lidéle jeune h-nime relusunl de le
faire, ce juj^e inique teco:r,me'^ça à faire
frapper sur lui, coraoïe si sou corps eût é é
un rocher ou une enclume. Mais comme le
martyr, quoi )u'il fût t mt brisé, conservait
au milieu des toinuenls une trc.nq illiié qui
désespérait ci^ barbare, celui-ci, ne pouvant
compren re comment il était possible qu'il
ne lui échappAt m plainte ni le molnure
sounir, le condamna a être jeté dans un
grand fou qui n'était pas éloigné de ià. Ainsi
celui qu: n'était entré dans la cariière que
le dernier remporta le \ rix le [)remier. \'ous
eussiez donc vu Porphiie, car c'est ainsi que
se nommait cet admirable jeune homme,
ainsi qu'un illustre aiiilete qui soi t victo-
riejx (il coml)ai, le corps à la vé'ité couvcit
de sang et de poussière, ma s avec un air de
conquérant et cette noble joie que tlonne la
victoire, peinte sur le visa^^e, uiarcher vers
le bûcher comme vers un char de triomphe.
Vous l'eussici vu s'entretenant avec ses
nrrxs, et leur expliquant s.;s deridèi-es volon-
ih- el ses dernieis seuliments avec une pa-
faile liberté et une présence d'espi.t mer-
veilleuse, que lui donnait celle de l'Esprit
divin , dont il éuiit rempli. Lors même qu'il
fat attiché au piteau, il ne perdit poii.t cette
aimable sérénité qui bnllait dans ses yeux.
Et parce que le bûcher a\i nnlieu duquel il
était pl.icé semblait éloigner de lai ses llim-
mes, il les allirait avec son haleine. Eiiiin,
«prés avoir appelé h sim secoure Jésu.s, Filf
de Dieu, el aprc.s nvoir pour la dernier*.' fois
prononcé re nom adorable, il ne voulut plus
riiii duc, >^;udii •( par ri.v^pecl ly sileni (; ju.i-
(ju'mu d(M-nii r soupir.
:i*). iie f.l donc anisi que eomb.illil et ipu)
1 iomp''a IVMj)hirn : 1 1 rou. un nommé
Séleu. us, ([iii avait autrefoi); poiU' les nnncs,
él.iil allé I l'ompfi ment e-^i |W) 1er l<i eouvcdle
à l'ainphil ', (ui lui en lit un ciiinr. Ou l'ai-
réla sur-le-champ, dans h; nu)menl (ju'il
d'sail le dernier adieu îi un des n).iii\(s, ce
(pii le K ndil ("uoïc plus t riunnel ; ei || lut
coMdml au ;:,< nveiiieiir. Il le condamna h
perdr(; la vie, coinn.e s'il n'iïit pas voulu
I,i>ser sortir de ce monde l'orphiie s'ins lui
donner compagnie dans le voyage qu'il allait
euln'i rendre, ('e Sé'encus élail (iajipMdo-
cie'i; il avait ac(iuis beaiicoui) de répuialion
dans le service, où il était e'itré assez jeune ;
il suipas>ail Ions ses c.imarndes cm f» rce et
en bonne mine, et il s'ac(juiltait avec une
grArc merveilleuse de Ions les exercices uii-
hl'iires, de soite quM passait iioiir l'Iionime
du monde le mieux fait, le plus robusle et
le plus adroit de toute l'arm. e , ayant outre
ccl.i u '0 la lie ava'U.igeuse, une cerlaitie
be;;uté m de, qui attirait les re.^.'ids et l'ad-
niiiaùon de tout. le monde. Dès le comme i-
cemeul de la perséculio > , il s'était signalé
par une généreuse co'il'cssion du nom de
Jé■^us-Chrlst, la.|uelle lui avait valu plu-
sit urs cou[)S de fouet. A va U renoncé ensude
au mél'erdela guérie, il se mil dans la hùule
piété, prenant soin des v.'uves et des orphe-
lins, se déclarant leur proiectcur, et se fai^
sant comme leur père, assis<aiit les p <uvres
elles ma'ades. Ce fut cette excellente vertu,
la com; assion des misérables, qui lui mérita
la couronne du iiiarlyre, que iui donna celui
(jui prend b en plus de plaisir aux œuvres
de miséricorde qu'on lui otfre qu'au sang et
à l'odfur des victimes qu'on lui immole. U
fut au reste 'e di.iième qui endura la mort le
même jour que le bienheureux Pamphiie,
qui entra dans la gloire avec onze compa-
gnons ue son supplice.
40. Le onzième l'ut Théodule, un vieillard
vénérable de la maison du gouverneur, aimé
et considéré de son maîtie, soit à cause de
ses cheveux blancs et de ce qu'une nom-
breuse poslérité Sortie de lui le i-econnaissait
})0:irpère, [)Our aïeui el pour bisaïeul ; soit
à cause de sa fidé.ité et de l'attachement
qu'il avait toujours eu pour sa personne.
Cei)endant ce gé-^éreux et saint vieillaid,
ayant marqué quelque empressement pour
Famphile, et donné peut-être quelques lar-
mes à l'étal oi^i l le voyait, fut, aussi bien que
Séleucus, déféré au gouveiueu: , qui, [ erdant
tout d'un coup le souvenir des services que
ce lidèle domestique lui avait n ndus, el de
la bienveillance dont lui-môme l'avait ho-
noré, le fit at;acher à une croix, lui procu-
rant toutefois parce genre de sup}.lice le
plus grand honneur qu il pouvait espérer,
en le faisant mourir comme le Sauveur du
mo-^de était mort.
ki, 11 n'en manquait plus qu'un poui
391
PAL
PAL
59Î
arhovor le nombro do (itMizc; Julien se prr-
sciila tout n propos pour cflii. Il ne faisait
que d'airiver de la canipa.;ne ; et comme il
all.'ut entrer chez lui, il nppril ipi'oi verinit
de faire mourir onze dirétiens, et que leurs
corps (étaient encore tous étendus sur la
j>Iace. Il y aeroiirt et ph-j-i d'un saut res-
jiect il les bai-e. il les embrasse, il n'en peut
retirer ni ses yeux ni sa bouche. C'en était
plus qu'il n'en fallait pour le rendre cou-
pable du plus grand de tous les crimes. On
ne man(|ua donc pas de s'assurer de lui et
de le conduire h Firniilien, qui, ne sedt'me'i-
tant point et >outen;!nt jus(|u'à l.\ fln le
caractère alTreux du plus cruel de tous les
lionimes, le cond-unna à ùlrc bri'^lé. Julien,
tres.-aillani d'alléc^res.'C, et rendant à Dieu
mille ai lions de grAces de l'honneur qu'il lui
fait de l'associer à C'tte sainte troiqie de
martyrs, entre gaîment dans le feu, (jui en
peu de temps eu fait un holocauste. 11 était
originaire deCappadoce, honuiie sincère, in-
trépide dans le péril, vaill ml dans l'occasion ,
mais surtout animé et plein de l'esprit de
Dieu, de la bonté duquel il avait r eu une
foi pure, des nue irs réglées et des seniimenls
très-hauts et très-subbmos de notre re.igion,
k'2. Au reste, les corps de ces douze mar-
tyrs demeurèrent e\po>és aux chiens et aux
oiseaux durant quatre jours ct(piatre nuits,
y ayant d» s gardes postés aux environs pour
empêcher les chrétiens de les enle\er. .>lais
comme on vit que ces sacrées dépouilles
étaient devenues resfiectables aux animaux
même les plus carnassiers, on lit retirer les
gardes, et 1 on permit aux lidèles de les em-
porter et de les ensevelir; ce (ju'ils tirent avec
toute la pompe et de la manière la plus ho-
norable qu'il h'ur fut possible dans l'état où
ils se trouvaient.
4.'J. Sur ces entrefaites, Eubulus et Adrien
arrivèrent h Césarée; ils venaient de Man-
gane, d'où ils étaient partis dans l'innque
dessein de venir rendie leurs devoirs aux
saints co d'.sseurs. Ils furent cnmnu; les
autresarrèlés aux portes delà ville;tt ayant
avoué ingénument le sujet de leur vo.)age,
ils l'un nt conduits h Firmilien, (pii ne Tes
laissa pas languir longtemps lians lat ente
(le leur bnniKur; car les ayant d'abord,
selon sa lou.îble coutume, fait déchirer avei-
des on-,les <ie fer, il les condamna aux bêles.
Ainsi, deux jours après, c'est-à-dire le o du
mois Dister, ou le trois «les nones de mais Jo
5j, cpie toute la vdie de <^é>arée c('lél)rait avec
de grandes réjouissances en l'honneur du
C'iéine public, Adrien fut donné a un lion,
et ensuite ('gorgé. Puiii Kubulns, l'envie (|u •
le goiiveinour avait de le sauver lui lit dif-
férer sa mo.t de deux jours pentlant les-
quels il le conjura plus d'une fois de vouloir
s aider lui-mêii,e en sa* ritiant aux dieux, lui
promettant en te cas la liheité et la vie.
Mais Eubulus, qui f lisait pcni d'estime de ces
dtnix t loses, rclusa le don qu'ori lui en vou-
lait faire, et leur préfinvi une mort glorieuse,
qu'il trouva comme son ami Adrien, dans
1 amphithéÂtro, où il fut mis on pièces par
les bêles (le 7 mars), sans qu'il fût besoin
de l'achever par un coup d"e,téc.
'»'». Il ne sera pas hors de pronos d'aji-
prendre en passant aux lecteurs de quelle
manière la ju-tice divine vengea le sr»ng de
tant de mai t. rs sur ces impies, qui l'aviienl
ri''pandu avec tant deciuaué. Ih périrent
tous avec les tyrans, fl'nne mort fun^•.^fe et
lia;ique, et lebaibare Fumili.n finit misé-
rablement ses jours par la main d'un bour-
reau.
4o. La septième année do la persécution
penchait vers sa tin, elles allaircs d.? la reli-
gion se rétabli>saieiit |mu à peu, jusque-là
que l'on soiJtfrait que les chrétiens nié-
gués dans les mines oe la Palestine, auxquels
on laissait une liberté entière, lelevassent
les églises abattues et en éditiassent de nou-
velles; lorsqu'un nouveau gouverneur ayant
passé par ces qiiartitn-s, en visitant les places
de son gouvernement, et s'étant faii infor-
mer <le la manière de vivre de ces saints con-
fesseurs, soit (pi'on la lui ei1t rapportée en
des termes odieux, soit qu'il eût en effet
lAme méchan-e, il en érnvit h l'empereur,
se servant d'expressions si désavantageuses
aux chrétiens, mêlant dans ce rapjiort inti-
dèle tant de noires calomnies, que quelques
jours après l'intendant des mines arriva
avec un ordre vrai ou supposé de c>:* prince,
qui portait (pi'on s 'parâi en diverses troupes
les confesseurs qui travaillaient aux métaux ;
C[u'on en envoyât une partie dans l'île de
Chypre, et une partie dans le mont Liban ;
et (pi'h l'égar i de ceux ipii étaient dispersés
dans les dilférents cantons de la province,
on recommaiulAt aux inspecteurs des ou-
vrages publics de les accaliler de travaux et
d ' mauvais traitements. Ensuite cet inten-
dant en choisit (pia re des mieux faits, qu'il
envoya à l'ot'.it ier géi éral (pii commanaait
h s troupes romaines dans la Palestine.
iG. De ces (piatre, deux étaient évêqiies,
Nil et Pelée (le 19 septembre) ; le trois eme,
nommé Elle, était prêtre; et Paterimrhius,
le ijuatiièiiit', personnage aimé et honoré
d'un chacun pour ses manières honnêtes et
son humeur oblige. inte. Lorstpi'ils furent
devant cel oUicier, il leur de:n mia s'ils ne
voulaient pas abando mer leur religion ;
mais leur réjtonse ne l'ayant nullement sa-
tisfait, il les lit brùK-r tout vifs.
47. Parmi les confes-eurs que l'intendant
ties minesavaiidistriiMiése i diversipiartiers,
il s'en lrouv;iit plusieurs ipie la vieillesse ou
les inlirmites rendaient incapables de tra-
vaill. r. () I mit ctnix-là dans un * anioo sé-
par»'«, qu'on leur do .na à cultiver. Ils avaient
à li'ur lête le sai il vieillard Silvain ilan de
Jésus-Chi ist .110), originairo et évêque de
(iaze. ('/était un modèle achevé de toutes les
Vertus; tons les lidèles le resjiectaient avec
une espè.e dj véiiération religieuse. Dès
les piiMUières années de la persécution, il
comiiKMiça à donner des manjues éclatantes
de la fermeté de sa foi ; il les avait souvent
retiouveh'es dans les diverses repiises de la
la persécution, cl il mciila d'cnèlrc comme
80^
PAL
PAI.
r/»i
In sfcaii, pnis(|u'<'II(' rcssa «•iilit'^rnmonl pnii
(In ltHii|)s a|ii(''.s sa moil.
VH. Il y avail aussi là pliisinirs K^'vplifiis,
(Mitre li'S(|ti(>ls (Ml voyait i'(U .Kliiiiialih*
JciM, si (('lui)!»' |>(Mir sa iiicMiioirc. (Jikikiu'iI
iùl avcii^li', (Ml ne laissa pas dans la p(MS('î-
ciitioii (l(! lui arraclici les nciix coiiiiih' aux
autres, cl di» lui ( inih-iiscr j'cMidroit, apiès
lui avoir dH'i"! (' le iKM-Cdu pied gauche avec
un ('(M- roii,:i;(', laiil la ciimuIi'î des huimcaux
(Mait iiioiilcc au diMuitM- Ao\:;vé de IV'rocilc',
inconnue iiu^uie aux libres et aux paMlluM'os.
Au roslo, je ne dirai rieii d(î la piireli'- de ses
iiKiMU's, de sa iiiani("M(» de vivre r(''gl('!e |iar
les iiiaxiiiies d'une piiilosopliie lrès-ausl('re;
(luoiipn' sa vertu le reiulil l'orl recoiiiiiian-
(îalde, elle eaiisail toulefois moins (r.idiniia-
li(Mi ([U(! cette prodij;ieus(> iiRniioiro (ju'il
avait re(;ue d(> ta unliire. Car (Milin il iioss(':-
dail loulo riM-rilure sainte; non (ju'il l'eiU
t;iav(W' sur des lal)les de pierre, coiiinu! dit
le divin ApAtre, ni peiiit(i sur du vélin, ni
tracée sur du pafiier ([ue les vers rouirent cl
que li^ teiiips ((Misuine;. mais il l'avait écrite
sur des tables de chair, dans son cœur, dans
son esprit éclairé des lumières les [dus pures,
dans sou ;\me [)lus blandie (jue la neige; eu
un mot, il l'avait toute appnso par coHir. En
sorte cpie toutes les lo s (ju'il le voulait , il
récitait avec u'ie iacililé surprenaiit(^ des
livres entiers do Moïse, ceux dos [)ropliôlcs,
de grands traits de riiisloirc sicré^', une par-
lie de TKvangile, les Kpitres des apôtres; et
il lirait tout cela de sa mémoire, comme d'un
magasin do littérature. Pour moi, j'avoue
que la premièie l'ois (jue je le vis, au milieu
lie rassemblée des liaèles, réciter tout do
suite [ilusiours pages des livres sacrés avec
cette merveilleuse facilité, je demeurai dans
une surprise que je ne puis exprimer; car
j'avais toujours cru, lorscpie je l'entendais
sans lo voir, ({u'il lisait dans ie livre même,
comme le lecteur a coutume de faire. Mais
entin m'étant éclaiici de la chose en m'ap-
prochant de lui, et le voyant sans yeu\ rendre
des oracles à la manière des prophètes, je
louais et bénissais Dieu de cette merveille,
et j'en concluais que ce qui fait véritablement
l'homme n'est ni le corps, ni la figure exté-
rieure, ni tout ce qui paraît au dehors , mais
la connaissance, la pensée, l'inlelligence, qui
est renfermée au dedans.
4-9. Mais tandis que ces saints vieillards
dont on vient de parler , retirés dans ce
canton qu'on leur avait assigné [)our le cul-
tiver, passaient les jours et les nuits dans les
jeûnes, l'oraiso-i et les autres exercices labo-
rieux de la pénitence, Dieu Lur pré|iarait
dans le moment même des couionnes aux-
quelles ils ne s'attendaient pas. Car Mavi-
min, cet ennemi déclaré des gens de bien,
ne pouvait souifrir (|ue ceux-ci se tinssent
toujours prêts à combattre, et fussent tou-
jours pour ainsi dire sous les armes, par
ces prières continuelles qu'ils offraient à
Dieu, résolut de les ôter du monde, comme
lui étant à charge. Dieu lui permit ue faire
ce qu'il voulut, aiin que ses servit urs rem-
portassent le prix de tant de travaux qu'ils
Diction, des Persécutions. II,
rv.'ii(Mif endurée pour s/i gloire. Ainsi trent»-
neuf i-iirenl la KMe trancliée par l'ordK; d<- eu
prince iinpio (jo /» mai).
lill. Voilii (picis l'urenl les m/irlyr» de la
PalcsiiiH) diiraiil les huit .innées qm- la p(M-
s('cnlioii y l'iil allniiiée; dli' conuiieiM;a par
la dt'iiKtlilio'i des enlises; iiijis, passant aux
évê(pies el au clergé , elle s'élei/dil (M. lin
sur tous les lid(''les. Cr ne fut pas, au reste,
dans l/i seule P.ile-tiiH! (pi'elle (il lant do
jirogr('s; elle r(Miiplit di; sang el do iiuMirlios
la I.iby(s rKgypte, la Syrie, et loulcs les
pnivinces de l'Orient jii'^qu'à l'illvrie. Car
jMMir celles (pii sont par delà, coMiine l'Ilalio,
la Sicile, les (laiiles, ll-lspagiie, la Maunta-
nie et l'Afriipie, elles ne ressentii'ent le feu
de la persécution (jue les deux |Meiiii('r(;s
années, Dieu, par sa bonté l'ayant bient(H
éteinte dans toutes ces provinces occiden-
tai(;s, peut (Mre touché de la grandeur de la
foi et de la simplicité d(! ces i)enples.
Il arriva alors une chosiMpi on n'avait point
encore; vue depuis l'étal ilisseiinvit dt; reiu|)iro
romain ; car ce fut durant h; cours de celto
persécution (pi'il l'id divisé en deux. Le pre-
mier coidenait les provinces de l'Orie'it, et lo
second (X'Iles de l'Occident. Dans celui-là les
chrétiens eurent une inlinilé de combats à
soutenir contre les tyrans; et dans celui-ci
ils jouirent prescpie toujours d'une paix pro-
fo ide. Mais enlin le ciel ne fit plus luire que
de beaux jours, des jours calmes et sereins:
les maid'es de la terre, changés tout à coup,
révoquèrent les anciens édits, et, par cle
nouvelles ordonnances , où leur clémence
n'éclata pas moins que leur j)iété, ils rendi-
rent la tranquillité à l'un et à l'autre empire,
la liberté à l'Eglise et les honneurs divins à
Jésus-Christ.
PALMACE (saint), consul et martyr, mou-
rut à Home sous l'empire de .\laxiinin et dans
la persécution de ce prince. 11 fut décaj)ité
avec sa femme et ses enfants, et quarante-
deux personnes de sa maison. Voilà ce que
nous trouvons dans le Martyrologe romain.
L'Eglise fait la fête de tous ces saints le
10 mai. Deux observations nous ont profon-
dément fra()pé à propos de ce fait. Paimace
est qualifié consul : or, la mort violente d'un
consul, celle de sa femme, de ses enfants et
do quarante-deux personnes de sa maison
par ordre d'un empereur, c'est un fait grave,
un véi'itable événement politique, dont l'his-
toire devrait garder mémoire. L'histoire n'en
dit rien. Maintenant prétendra-t-on que la
qualification de consul signifie non pas que
Paimace lo fût actuellement, mais qu'il l'a-
vait été"? Nous avons parcouru les fastes
consulaires, et nous ne trouvons personne
de ce nom parmi les consuls. Ce q^e nous
disons ici n'a pour but que de chercher à
faire de bonne et saine critique. Nous ne
voulons rien nier, nous exposons.
PALMACE, l'un des trois magistrats qui,
en l'an 180, sous l'empire de Marc-Aurèle,
fi.ent mourir à Langres les saints Speusippe,
Eleusippo et Méleusippe. {Voy. Speusippe.)
PALME (La , nom d'un lieu situé près de
Ravenne, où le juge Paulin fit enterrer vivant
13
89S PAM
saiiif Vital, après lui avoir f.iit appliquer la
torttirt' (lij chpvfllet. [Voij. Vital.)
PALMVUK fil Syrie, uiint les ruines seu-
les exisleit aujourd'hui sous le noiu de Tad-
nior, esl célèb c par les snutrraiices quy
t'iiilurèrcnt les saintes Libye et Léoiiide,
sœurs, avec Eutropie, jeune lille de douze
an.N. On ignore à quelle époque arriva leur
niart\ro.
PAMBON (saint), prêtre, abbé et conies-
seur, naquit peut - (Mre vers l'a i 317, ou
nu^me environ vingt ans plus tùl. Il était
jeune encore et ne savait |>as bre, lorsqu'un
jour il s'advessa à un solitaire pour ap-
prendre de lui quelque psaume. Ce saint
loiuiue lui ayant dit le premier verset du
psaume xxxviii : J'ai (Ut en moi-même : Je
teillrrai sur moi en toutes chosrs jtour ne
point pécher par ma tangue , il ne voulu!
«)oint atte uire lu second verset, et s'e-i alla,
dis.uit (|ue le |)remier lui suilisait, et qu'il se
eonteiilera l de tâcher de l'ajtprendre par la
Tiralique. Six mois après, le même solitaire
lui faisait des r prorlies de ce (ju'il ne l'a-
Y.til point vu tout ce temps, il re[»undit qu'il
ii'av>iit enc ire pu ap,)rendre à pratiquer le
ver>el qu'il lui avait dit, et beau( ou,» il au-
ne s après, un de ses amis lui d'iuandaiit
s'il l'avait enlin apfuis, il lui ré[)ondit (|u"à
peine eu avail-il pu v air à bout en d.\-neuf
ans. Aussi sou exactitude dans ses paroles
et la perfection avec la |uelle il s'y condui-
sait étaient extraordinaires, et le tiienl sur-
oasser même saiLl Anloi'ie, son mailre, dans
fa perfection Ayant quitté ce dernier, il
passa quelque temps dans le désiTt tic Ni-
trie, où il travaillait h faire des nattes. S.iuil
Alhaîiase, qui comiaissail soi mérite, le pria
de quitter son dé>eit pour venir à Alexaii-
diie, et confondre les ariens en reinl.int té-
moignage a la divinité de Jésus-Christ. Pam-
bon étant dans cette \ille, et voyait une cu-
médieu'ie qui se préparait à monter sur la
scène, se mit à pleurer amèiemeul. Ciux
qui étaient |»résents lui en ayant demandé la
raison, il b-iir rc[>o'idit : Je [«leure en vo.«ant
(elleieuime (pii ptrdsouàme et prr ni plus
tic soin de plaire aux hommes qu'à Dieu.
Mélanit' vint de Kome ci K.j;y|ite v. rs l'an-
née 3tl0, et ayant appri-. du bieiilifureux
fiiètre Isidore quel e était la vertu île Pam-
)on, elle vint aussitôt le voir sur la iiionla-
gne de Nitrie. Kde lui oU'i it ti ois cents livn-s
pesant d'argent; sur quoi le saint, qui ttail
assis et travaill li^ à f.iire des nalles, ne lit
autre chose ipii* de lui dire, comme [)oui- la
bénir: « Dieu réconip«iisera votre charité, »
et se loiiiiiiuit vers xiii discqtle iioiiiuk'' Dii-
j5ène, il lui dit : Pr.nez ceci et le disinbuez
a tous les frères tpii sont dans la Libye et
dans les ib-s. dont les monaslères sont les
plus pauvres ib- tou>, mais n'eu donnez rien
a ce i\ d'Kgypte, parce (|ue celle [irovni e
esl plus richf et plus ;d>oiida'>ii'. j(> me te-
nais toujours devant In. dit Me| mie, en at-
tentlant qu il me don 1. 1 sa benédi. t. on, uu
qu il me dil au moins une parole pour té-
moigner l'eslime ipi il faisait d'un |>ri'seiit
si considérable. Mais, ne voyant rundetoiit
TAN
396
cela, je lui dis : « Mon père, je ne sais si
vous savez qu'il y a trois cents livres d'ar-
gt|nt? Sur quoi, sans me faire le moindre
clin d'œil ni jeter seulement les yeux sur le
cotl'rt où était cet argent , il me répondit :
Ma lille, c» lui h (|ui vt)usavez fait ce présent
n'a pas besoin (jue vous lui disie combien
il pèse, nuisque, pesant même les monta-
gnes et les forêts dans ses divines balance.*;,
il ne saurait ignoier quel esl le poids de vo-
tre argent. Que si vous me l'aviez donné à
moi, vous auriez raison de me dire (piel en
est le poids. Mais si vous lavez otlerl à
Dieu, qui n'a {)as dédaigné de r cevoir deux
oboles des mains ilc la veuve, et les a même
estimées |>lus (pie les grands présents des
riches, n'en parlez pas davantage.
Notre saint mouiut âgé de soixante-dix
ans, au moment où il (inissail une corbeille.
Mêla lie, dont nous venons de parler, pr.t
Soin de ses funérailles et garda cette cor-
beille jusq l'a sa mort. Pamb )n vivait encore
à la Un de l'année 3S5, et nous oensons for-
tement qu'il ne vécut pas lo >gt mps après.
L'LgIise fait sa fête le Ci s pleiiibre.
PA.MPMVLE isaini , martyr, reçut la glo-
rieuse couronne en l'an de j sus-Christ 309,
sous le gouverneur Firmdien, a Césaréo de
Palestine. Il comparut devant ce gouverne ir
avec saint Klie et ses compagnons. Depuis
deux ans déjà il était en jirison avec [liusieurs
autres chrétiens. Qwa d Painphyle eut été
condamné à moil, Porphyre, son ilomesti-
(pie, eiitemian'. 1 arrêt, vint demander qu'on
lui accordât la faveir de rendre a ix martyrs
les hoiMieurs île la sépulture. Outré d'une
telle hardiesse, l'ii mille i 1 • lit arrêter, et,
avant su par ses rêptrises qu'il était chré-
tiiMi, il le livra aux itourreaux, qui le tirent
soull'rir avec une cruauté inouïe. Les ongles
de fer mirent à nu ses os et ses entrailles. Il
n'avait plus que le souftle quand Firmilien
le lit jeter dans uu brasier, où il aeromplit
son saerilice. (^oy. Eusèbe, Des tnartyrs de
Palestine. L'Eglise honore la méiuoiro do
saint Pamph\le et de saint Porphyre le
I ' juin. Ce saint était né à Héryie, duno
famille noble et riche, mais païenne. A peine
converti, il uevint extrêmement jueux, et
Consacra t(»us ses soins à l'étude de l'Ecri-
ture sainte. Il fut élève tle Piérius. qui avait
sucrédé à Oiigène, à I éc- le il'Alexandiie.
II vint plus tard s.' fixer à Ct'vs.rée de Pales-
tine, où il avait amassé une bibliothèque
coiisidéialile. Il lit une exceibnite édilion de
la liible. Nous av(uis eiieore le premier li\ro
de son Apologie d'Or gène, qu'il composa
étinl en prison avei- Eu-èlie. Pamph\|e fut
mis en prison en l'a niée 307, par l'ordro
d'I'rbain , gouverneur de Palestine. Nous
avo <s vu. .lU ( ommencomeiit de cet article,
comment il mourut.
PA.NCIIAIKK (saint', était Romain. Il fut
martyrise i\ Nicomedie pour la défense de la
foi, et eut la tê 0 tranchée. L'Eglise honore
sa m moire glori.'uso le 19 mai.
PANCKACE (sain ), •.iiourut ^ Home pour
Jé.^us-Chrisl e i lan i|e l'ère chrétienne 30V.
Il n'étut à^é (]ue de quatorze ans. La per^
.W TAN
S(^ciilioii (l(* DidcUHicn ir(''|iar|^iiait rien do c»
(|ii(< lus liiMiitiK's n^;;;Mi-(l(<iil oïdiiiairciixtiil
nimmc sncnK ni rciifa'icf, ni la vicilh-ssc,
ces (liMix |m'w'I('(I(vs (I(^ la vii^ liiiiiiaiiK^ i|ii()
DiiMi a Miisrs sous la sauvegarde dr raiiiotii'
(>l du i'<>S|HM'l, |i(Mii' apiM'ciidi'c h riioinnic (Mu;
l'avilir f'I le liasse s(»nl hors de, sou do-
luaini». Ct^ jcnue riuu-iyr lui ciddcfr daus lo
(•iint'li('*i'(' •!<> ('.al('|>oduis, (|U(' plus lard ou
noiiuna cinu'ti^ro Sainl-IVuicracc. On y hiUil
u'M» (^fAlisc sous rinvocalion du sai'iU (lù sus
rclicjucs rcslèrcul loul culièrcs jus(|u'('U ()')."),
(^potjuc h laquelle le |iap(« N'ilalieu eu donua
uu(^ partie i\ Oswi, roi (rAii:,lt!lerre. I/lCi;,lise
(ail la i'(M(Mle saint l'a-u-race le 12 mai. {Voij.
\U\\v, llist., I. MI, c. 2!).)
l'ANDAI AUIK, rnu/o/Zc/fc, lu'lilo île de
la nior 'rvrrlié'iienne, loul près el vis-h-vis
lo cap (Mrci^. Sainte Doiuilille, l'eiiiiu(> do
saint (lli^iiieiil, ('(MisuI et cousin de Domi-
tien, y fut exiitW^ après \o martyre do son
mari. Ce lieu avait déjà vu d'illustres exilés ;
i-'était lo lifui où les empereurs envoyaient
Cil oxil les f>rincess(>s. Julie , lille d'Au-
guste, l'anciciiie Agrippine, Oclavie, (ille de
(llaudc, y subirent l'exil el y moururent.
PANSÏUS, l'un des trente-sept martyrs
égyptiens (pii donnèrent Knu' sani? pour la
1"(U on Egyptf, et descpiels Uuinarl a donné
les Aetes auflienliciues. Voy. iMautyhs ( les
trenle-S(>pt) égyptiens.
PANSOPHE (sainn, martyr, eité dans les
Mentes des (Irees comme ayant soulï'ert sous
Déee, h Alexandrie. Ils en l'ont la iôle le
i5 janvier. Ses Aetes, l'orl étranges, ne nous
paraissent aucuiuniicnl de nature à devoir
fixer rat'ention des liommes séiieux el ama-
teurs de la vérité religieuse el historic|ue.
PANTAGAPPE (saint), martyr,' ïit la gloire
d'être com()té parmi les défenseurs de la foi
du Christ, avec les saints Diomède, Julien,
Philippe, Eutychien, Hésique, Léonide,Phil-
adcdphe et Ménalipjte. Les uns mournrtMit
par le feu, les autres par le glaive ou sm- la
croix. Nous n'avons pas d'autres détails sur
eux. L'Eglise fait leur fête le 2 sei)tembre.
PANTALÉMON (saint), fut une de ces
nombreuses victimes que l'empereur Trajan
lit moner aux cieux. Il cueillit la palme du
martyre en Pou ille, avec saint Maur. Pas de
do uments sur ce saint martyr, dont la fête
a lieu le il juillet.
PANTALÉi)N (saint), était médecin de Ga-
lère Maximien. Il avait été, dès son bas âge,
élevé dans la religion chrétienne; mais peu
à peu, l'amour du monde, le goût des jouis-
sances et des grandeurs, les mille séductions
qu'il rencontrait à la cour le perdirent. Il
renonça à la foi chrétii^nne. Un chriHien
nommé Hermolaiis, homme d'une grande
])iété, en fut très-vivement alfect'', et résolut
de ramener au bercail cette breb s égarée. 11
lui parla avec tant de force, qu'il réussit à
le ramener dans le chemin qu'il avait si mal-
heureusement quitté. Panlaléon rtnitra dans
le sein de l'Eglise; puis, comme il ne sou-
pirail qu'après le bonheur de verser son sang
pour la foi, il voulut se détacher entièrement
des biens de la terre ; quand Dioclétien ou-
PAP
•fI^B
vrit sa grande persécution h Niconiédio, Pan-
lalfon dislriliua tous ses hietis nux pauvr s.
Pt'U de leuijis après il l'ut arrêté dans sa mai-
son avec lliniiiolau-», llermi(ip(! il Hiniiio-
crale. Tous trois furent soumis h divers su[»-
plices.el l'ure'il fiisnid- déc/ipilés. Une église
l'ut bâtie à Consinili'i .pic sous l'i iv(»caiioM
de saint Panlaléon ; ((uuid (d <• l'ut |(unl)ér>
en ruiiii's, l'emptneur Jusliiien l.i lil relever.
Saint l)(niis, près Paris, possède aujourd'hui
une partit! d(!S ieli(ju(!sdu saint; elles y fu-
rtnd, aiiportt'es de Conslatilinople. S(Ui chef
est à Lyon. L'Kglise ho lortî la mémoire de
.saint Panlaléon le 27 juillet.
PANrilf':iU':, l'un des trenlo-se|)t marlyrs
égyptiens (pii donnèrtnit ItMir sang pour la
foi en Egypte, et destpiels lluinart a l.iissé
les Actes aulhentitpies. Voy. MAUTVns(les
trente-sepi) ('•gvpliens.
^ PANTIGOSO (le bi-nheureux Mi(:m:i.), de
l'ordrt^ (hî Saint-Domiuitpie , fut martyrisé
dans l'année 1725, avec ses deux compagnf)ns
Nicolas Gonzalès et Jean Davda. Ltnu- mai-
tyre glorieux arriva dans la mission de Co-
chabamba, dont les habitants avaitnd. la ré-
putation d'être didiciles h convertir.
PAPA (saint), martyr, l'rêtre d'IIelmine,
fut mis à mort par ordre dArdacirus, vice-
roi d'Abiadène, dans le chAteau de tialial.
{Voy. l'article Nausès.) L'Eglise célèbre sa
fête le 30 novembre.
PAPAS (saint), fut martyrisé en Lycaonie.
Api ôs avoir été flagellé pour la foi el déchiré
avec des ongles de fer, il fut forcé de mar-
cher avec des souliers garnis de clous, la
pointe e dedans, puis lié à un a' bre où il
ex|)ira. De stérile qu'il étail auparavant, cet
arbre oevint très-fertile. L'Eglise fait sa fêt)
le J() mars.
PAPHNUCE (siint), fut martyrisé h Jéru-
salem. Oi ignore à quelle époque et dans
quelles circonstances. L'Eglise honore sa
mémoire h- 19 avi'il.
PAPIAS (saint), était habitant de Corinthe
sous le règne de Dèce, en 2'i-9. 11 combauit
vaillamment pour la foi, à celte époque, avec
les saints Victorin, Victor, Nicé|ihore, C'au-
'iien, Dioscore et Sérapion, tous comme lui
habitants d la même ville. Après cett ■ gé-
néreuse confession, ils se retirèrent volon-
tairement en Egypte, ou, suivant une autre
version, y furent bannis. En 284-, sous le rè-
gne de Numérien, à Diospolis en Thébaïdo,
nous les retrouvons donnant leur vie [iour
Jésus-Chiist, sous le gouverneur Sabin. Ce
juge féroce avait déjà fait broyer dans un
mortier trois des saints martyrs, Viciorin,
Victor el Nicéphore ; voyant que cet atroie
supplice n'avait pas éliranlé ceux qui res-
taient, il fit couper Claudien par morceaux,
el lit jeter ces morceaux tout pal[)itants de-
vant Ihs saints Sérapion, Dioscore et Papias.
11 les leur montrait en disant : « Si vous le
voulez, vous pouvez éviter ce cruel sup-
plice. Je ne vous f rce point à mourir. —
Que vou> nous connaissez mal, lui dirent les
saints; si vous avez des supplices plus
grands, vous pouvez nous les faire subir,
car jamais nous ne renierons notre foi ; ja-
599
PAC
PAU
400
mais nous ne serons pnrjuros a Jt-sus-Clirist,
notre Sauveur. » Snhin, nu comble de In fu-
reur, lit briller Dioscore, (l(5rai)iler Nic»'-
phore et nover Pnpins. Ce supplice fut iu-
lliiîé à notre snint le 25 février, jour au'fnel
sa fiHe est inscrite au Martyrologe romain.
(Voy. ViCTORIN.)
PAPIAS (sTint), martyr, souffrit pour In
foi en Pamphylie. sous ieiupire de Dècc et
sous le gouvernement de Pollion, vers Ton
250. Ses Actes so'it perdus. L'Eglise honore
sa mémoire le 20 tV'vrier
PAPIAS, lun (les trcile-sept martyrs égyp-
tiens qui donnèrent leur sang i)0ui' la foi en
Egypte, el desquels Ruinart a laissé les Ac-
tes authentiques. Voi/. Martyrs (les trente-
sept) égy|)(iens.
P.VPJAS, un des Irente-sepl martyrs égyp-
tiens (jui fuient martyrisés pour la foi en
Egy{)te, et desquels Uuiiiart a laissé les Ac-
tes authenli(]ues. l'oij. Martyrs (^Ics trente-
sept) égypiiens.
PAPlÀS saint), soldat et martyr, fut cou-
ronné h Home, sur la voie de Nomente, avec
un autre soldat nommé Manr. Ayant con-
fessé Jésus-Christ sons le régne ile Dioclé-
tien, on leur cassa les m;khoires avec des
cadloux, par l'ordre de Laodice, préfet de la
\'ille. En cet état, il les lit enfermer dans un
cachot, puis meurtrir à coups de b.ilons, et
enfin dé( hirer avec des fouets garnis de
plomb jusipi'h ce qu'ils expirassent. Ils sont
inscrits au Martyrologe romain le 29 janvier.
PAPIAS (sairit) , fut martyr se durant la
persécution de Dioclélien. Après avoir été
llagellé,jeté dans une chaudière pleine d'huile
et de graisse bouillante, et soulfei t d'aufrcs
supplices aussi all'ii'iix, il fui enlin décapiti".
L'Eglise fait sa mémoire le 28 juin.
PAPIAS isainl), reçut la couronnt> du mar-
tyre en Afrqu", h une époque et dans des
circonstances qui nous sont complètement
inconnues. Il eut pour (ompagnois de son
triomp e les s.dnts l'ublins, \ icior ot Hcr-
juès. L'Eglise fait leur mémoire le 2 no-
veinbie.
PAPlCiE, |)rince arménien de la famille
Hérapsoniank, fut l'ini de ceux (jui sf)uirii-
rcnl volontairement la c.iptivjic' pour Ji'vsus-
Chiist sous le règne d'Ha/guerd , deuxième
du nom, roi de Perse, et qui ne furent remis
en liberté que huit nus a, m es In mort de ce
j)riii(e, sous Ir règne de so!i lils Hé. 0"<e. J'uur
]>lus de détails, roy. Princes vrmkmens.)
P.VPirS ,s,iml\ «Mit la gloire de dnnner son
sang pour la loi clirt-iicniie, durai, t la lon-
gue perséculion île l'rajan. La ville de Dii-
ra//<>. en Albanie, vit dans ses murs le Iriom-
plie de s.unt P.q»nis et de ses compagnons
snint Pérégrin, saint Pom|>(5e, saint Hésy-
<iiius, saint Saliirnius. saint Cerinain et saint
Lucien. Ces nobii > soldats du Christ ne nous
ont Itiissé que leurs noms ni In ccrtilude de
leur mort héioiqiie ; ils ont manqué iriiisln-
rieiis pour la terre ; nous saurons toute leur
gloire h ce jour suprême ofi , les tombeaux
.s'oiivraut, s'ouvriront aussi 1rs portes éler-
iiclle.s, montrant aux jeux de tous , i\ côté
«les splendeurs de Dieu, la vie, les mérites ,
les combats de tous les saints ignorés par la
terre el assis autour di' son trône. Saint Pa-
pius est honoré par l'Eglise le 7 juillet.
PAPOUL (saint), prêtre et martyr, parta-
gea les travaux évaitgf'liinies de saint Satur-
nin de Toulouse. Il prèi lia la loi chrélienne
aux peuples du midi de la FraiK e. ^'ers les
commencinuenls du règne de Dioclétien , il
reçut la n'-compeuse de son zèle et de ses
travaux. Il eut le bonheur de donner sa vie
pour la foi qu'il |)rèchait. Son saciitice s'ac-
complil dans le Lauragais, petit territoire du
Linguedoc. Longtemps ses reliques, enfer-
mées dans une châsse richement ornée, fu-
rent gnrdées dans l'église de Saint-Ccrnin de
Toulouse. La mémoire de saint Papoul est
honorée par l'Eglise le 3 novembre.
PAPVLE, diacre el martyr sous Dèce, en
251, fut arrêté à Tyatires, avec son évèque
saint Carpe, Agathonitpie et Agathodore, et
conduit devant le proconsul Valère. Après
avoir conl'essé trois fois généreusement la
foi clirélienne. il fut brAlé vif avec lui. Au-
paravant, il avait enduré une foule de lour-
meiils : on en [leut voir le détail à l'article de
saint Carpk. L'Eglise fait la fête do ce saint
diacre et de ses (ompagnons le 13 avril.
PAHAGUUS (saint , martyrisé h Samosale
en 297 , répandit son sang sous Dioclétien,
par ordre de Galère, avec les saints Habide ,
Romain, Jacques et Lollien. Il eut encore
jiour compagnons de ses soutfrances saint
Hippar((ue et saint Philothée. On trouvera
à l'article Hipparqie (saint) les circonstances
du maityre de ces saints confesseurs.
PAUA.MO.N saint), martyr sous Déco, sans
indication de lieu, fut mis à mort avec trois
cent soixante-quinze chiélitnis, par ordre du
prc'sident Atpiilin. Nous trouvons leur féto
au M.iriyrologe le 29 novembre.
PAllASCÈN E sainte^ martyre, eutla gloire
de donner sa vie pour la foi clirélienne. Elle
reçut la palme du martyre avec sainte Plio-
tiiie, et ses entants sants Victor et Joseph ,
les saints Sébastien, oflicier de l'armée, Ana-
tol(\ Pliolius, Pholide , et sainte Cyri.upie,
sa sieur. On ignore à quelle épixpie ce mar-
tyre eut lieu ; le Martyrologe romain n'en
parle pas. L'Eglise honore la mémoire de ces
saillis martyrs le 20 mai.
P.VUASCJ-]\E (sainte), martyre, est célèbre
parmi l(\s Crées ipii l'Iionorent le 26 juillet,
l'ne seule chose est certaine sur son ( om.ple.
c'est qu'elle mourut sous l'empereur Marc-
Aillèle.
PAlUJiOUirs (saint) , martyr, honoré par
l'Eglise le 18 février, «vec saint Léon , fui
cdiironiié nitiir la foi à Pal ire en l.ycie. Saint
Léon, (pu fui lémoin de son martyre, mi fut
si |>rof(tndémeiil louché, que dès lors il brOla
demoiiiircoiiimelui ; bientôt ses vo'uxfureiil
evanct's. et il reioignit aux cicux snn aiiii.
(Voy. L^;o>.)
PAHION. ville de rilellcsponl, dépendait
du proconsulal d'.Vsie. Dès le commencemei.l
de la persécution de Dèce, saint Menigiie .
profession de ioulon, y (Mit
Les (irecs racoiilenl dC lui
des choses extraordinaires, et qui nous pa-
ipii y exerçait la profession
la tèle tranchée. Les Crées racoiileni de lui
401
PAS
PAS
4<)3
rnissciil vniiiiu'iil (Irmn-cs (l(< foiKlciiicnl.
PAUI-'AIT (sniiil), priMr»! cl iiuiilu-, i).i(|imI
h Cm iloiic, cl l'cçiil mi(> c(luc«lii)n Iniilc clirc-
ticiiiic p.irmi les cc(lcsi.isli(|iics (|iii (lc.s.s(«r-
v.iiciil I IskHsc (I«^ Saint-Acisclc. Sa ^ivindo
vcilii cl s» science da'Js les Kcriliiics cl dans
la lifU'ralui'c iirolaïc le liiciit iMcvcr au sa-
rcrddcc, dans IcmiucI il lil lK'auc((ii|) de hini
aux lid(''lcs. Il les coMsoL.il de la scrviliidc
où ils nihiiissaiciil sinis la doiiiinalio'i des
nialioiiMWaiis. Noire sai'il s'cla-il un ioiii- (!X-
])li(]uc lilircniciU sur Maliomct, ses (lisci|»l(îs
résolurent de le venger, cl s'étanl cnipari-s
do sa personne, le conduisirent devant lu
jU'^o comnuî un blasiihcnialcur. On U' ré-
serva atiii de l'innuoler en lliouncur du lau\
propliélo II' jour de P;\(iucs. Le jour venu, il
luaii ha ^ réclialauil plein de couraj^e cl de
teruielé. Il fut uiarlvrisé le 18 avril 8(10, jour
«uiiuel nous ti'ouvous sa l'èlo iuar(iuéu dans
le iMartvrolou;e romain.
PAUMKNAS (sainl), diacre et martyr, est
Tmii des st>|)t premicis diacres: s'élanl livré
h la gr.\ee divuio pour ne i^itiirc (pic sa con-
duite, il s"ap|tli(pia avec une entière fidélité
an mi'iislér*' de la ])rédiialio'i i\ue les apô-
tres lui avaient conlié, cl parvint sous 'rraian
à la gloire du martyre dans la ville do Phi-
lippes en Macédoine. U est lionoié dans TE-
gli>e le *23 janvier.
PAU.MÈNE (saint), eut le glorieux privi-
lé,.;e de donner sa vie pour la déiensc de la
religion chrétienne en Perse. U eut pour com-
p.tguons de son martyre deux autres prèti'cs
noauués Héliméiias et Chysotèlc, et les
deuv diacres Luc et jMucius, dont le martyre
est décrit dans los Actes îles saints Abdoii et
Sovien. L'Eglise fait leur mémoire le 22
avril.
PAKTHÈNE (saint), martyr, répandit son
sang [)our la défense de la religion à Rome
sur la voie Ap()ie'ine. Ce saint était priuii-
cier d'une chai'ge à la cour de Dèce. Il eut
30ur com|)agnon de son u)artyre saint Ca-
ocer, chef des camériers de la femme de
'empereur. Ils furent mis à mort pour n'a-
voir pas voulu sacritier aux idoles. L'Eglise
célèbre leur mémoire le 19 mai.
PARZMAN, prince arménien, de la famille
Manlagounik , fut l'un de ceux qui souiïri-
reil volontairement la captivité pour Jésus-
Christ, sous le règne d'Hazguerd, deuxième
du nom, nà de Perse, et qui ne fur nt remis
en liberté el renvoyés en leur pays, que huit
ans a[)ics la mort de ce prince , sous le rè-
gne de son tiis B rose. (Pour plus de détails,
voy. Princiîs akmémens )
PASCASE (sainl), martyr, mourut pour sa
foi avec hs saints Arcade , Probe et Eutv-
chicn. [Voy. l'article Arcade pour plus de
détails.)
PASCHAL (saint Pierre), religieux de la
Merci, puis évèque de Jaën, martyr, naquit
u > alence en Espagne. Ses parents, qui
comptaient cinq martyrs parmi leurs aïeux ,
étaient d'une probité et d'une charité remar-
quables. U eut pour précepteur un prêtre de
Narbonne, docteur de la faculté de théologie
de Pans, que ses parents avaient racheté
• chez les iti(idè|(?s. Il vint avec lui h l'.iris ,
y t ludia la llii'fdoKU! el reçut le boiuiol do
doctciH'. l'ianl n-veiiii h Vnluiicc, il eritr/i
dans l'ordre (II! I.i Merci eu f-i.")! . Jacipies I",
roi dWragoii, (pu i omiai-^sail sou mérile el
ses vurlu>, le prit pour précepteur de son (IIh
ipii iiiourul en 12*7.") des blessons (pTd avnil
reçues eu volant au set ours du iroupeau
ipTil dirigeait eu (pialilé d'évèipu!. Nolro
suint revint donc ;i son couvenl où il se li-
vra aux plus grandes «ustérites. Il londa
plusieurs maisons do son ordre h Tolède, h
iJaeça, à Xi'rès et à Jai-ii cri Castille. Hien-
tôt,'il Cul eiillaimné d'un vit' désir de (loiuier
sa vie pour .lésus-Christ. Ayant été fait évè-
ipie de Jacn en 12'.I0, il allait souvent à (iio^
iiaile malgré les perds (pi'il pouvait y coiirik^
L,^ d lachetait les captifs, prêchait l'Evan-
gile et gagnait les renégats <'i la foi. Li's Mau-
res, furieux du /èlc qu'il montrait pour leur
convi'r.^ion, se saisirent de lui, le jetèrent
d;nis un noir cachot et le massacrère-nt un
jour ipi'il faisait son action de grAces après
avoir célébré les saints mystères. Ils lui cou-
l)èrent ensuite la tète (6 décembre l.'iOO). Il
avait alors 72 ans. Les chrétiens renterrèrenl
secrètement dans une grotte, d'où son corps
fut bientôt après transporté à Baoca où on
1(! va visiter encore. Son nom est inscrit au
Maityrologe romain le 6 décembre et le 23
octobre.
PASCHASE (sainl), diacre et confesseur,
soulfrit à Rome jjour la confession de sa foi.
Le pape saint (Irégoire a fait mention de lui.
Il est lionoré dans l'Eglise le 31 mai.
PASCHASE, gouverneur h Syracuse, en
304, du temps de l'empereur Dioctétien , fit
mourir pour la foi sainte Luce (jui apparte-
nait à une des i)remières familles de la ville.
Cet homme, aussi ignoble que féroce, avait
condamné la jeune vierge k être exposée
dans un lieu de i)rostitution. Dieu veilla
sur elle, et nul n'osa attenter à sa pudeur.
{Voy. Luge.)
PASICUATE (saint), reçut la palme du
martyre à Dorostore en Mysie, avec Valen-
tien et deux autres qui sont inconnus. Ils
sont incrits au Martyrologe romain le 25
mai.
PASTANA (le bienheureux Axtoine), do-
minicain, servait à Goa dans la milice sécu-
lière, lorsqu'il entra dans la milice ecclésias-
tique en prenant l'habit desFières Prêcheurs.
Ayant entendu parler des nombreux mar-
tyres qui avaient eu lieu à Solor, dans l'ar-
chipel SumbaAva-Timor, il obtint de ses su-
périeurs la permission de s'y rendre, et s'y
livra aux travaux apostoliques. Ayant été
l)ris par les idolâtres, il fut accablé de coups,
mutilé, enfin massacré le 29 janvier lo6o.
(Fontana, Monumenta Dominicana, an. 1565.)
PASTEUR (sainl), martyr, frère de saint
Just, fut mis à mort avec lui pour la foi, en
l'an de Jésus-Christ 30i, par Dacien, pro-
consul d'Espagne, et l'un des plus acharnés
parmi les persécuteurs de l'Eglise, sous le
règne de Dioclétien. (Pour connaître les dé-
tails de ses combats et sa mort , voy. Just,
Dacien, Co.mplute.) Sa fête arrive le 6 août.
40'
PAT
PAT
404
PASTEÏ'R (saint], fut m.irtyrisé h >'iro-
médic avec Virlorin et d'nnires qni nous
soMl inconnus. C'est le 29 mars ipie l'Eglise
célèl)rt' leur siinte i"n(''moire.
PATAlUi. villt' (le L.vrie , où saint Part^-
gorius fut martyrisé flans le m' sièrle. î^ninl
Léon, son ami, y cueillit, peu li-^ temps
après lui, une palme glorieuse semb'able à
la sienne.
PATERMUTIÎK (saint), avait 6té con-
ilamné a ix mines de Palestine, avec saint
Ptdée et ses compagnons. Dans ces mi-
nes, les saint"^ confesseurs avaient hAii de
letites cliap lies , où ils accom:'lissaient
eurs devoirs religieux. Galère, layanr su,
es lit partir, les uns pn\ir les mmes 1<> C ly-
pre, les autres pour celles du monl Ld)an.
Dans celte dernière résidence , un ofrtcier
qui commandait condamna cpintre d'entre
eux à être l)rùlés vifs : ce furent Pi'lée et Nil,
prêtres ('gyptiens, Elie, prôtre aussi, et Pa-
leriu' the, laïque égyptien, liomme d'un
gra ni savoir et d'uu'- éminente piété. Ils su-
birent leur suj)pliie durant la persécution
de Diodélien, sans (]u'<tn puisse dire préci-
sément a quelle époque. L'Eglise célèbre
leur fête le 19 septembre. (Vo//. Pelée.)
P.VTEHNK isnini), fut martyrisé h Fondi ,
sous la permet ution de Néron. On fait sa fête
le -20 août. Il n'existe par rapport à lui au-
cun (lo( liment sérieux.
PATEKNK, nom du j)roconsul ([ui fit mou-
rir la sainte [)atronne (le Fera j)rès d'Astorga ;
elle se noiumail Muthe, et avait consacré à
Dieu sa virginité. Paterne, ii'avant pu 1 1 ( on-
traindre d'abjurer, la fit mourir en 25V, sous
l'empire de Dèce. On ignore le genre de son
supplice.
l'ATKRNE (saint), moine de Saint-Pierre-
le-Vif, el martyr, naquit dans les environs
de Coutances. Des sa jeu lesse il montra une
grau le ardeur pour la pratique des virtus
chrétiennes. Désireux de quitter entièrement
le monde, il s"éloi,;nadu monastère de Saint-
Pair d'Avrancbes où d'abord il s'était retiré. Il
allaiians le couvent de Sainl-Pierre d'Yonne,
puis ensuite dans celui de Sainl-Pi(nre-le-
Vil'. Bienlùl il s'y fit tellement remaicpier par
sa vertu , que lé séjour de celle maison lui
sembla un danger pour sa modestie. Il vou-
lu' n.v lir au iiionaslère d'Yonne, espérant
qu il y itourrait ètie moins exposé aux ten-
tations de l'orgueil ; mais, chemin faisant, il
fut ma»acré dans la forêt de Sergines, par
des volfurs (ju'il exhortait à renoncer .^ l'in-
famie fie Itnir profession et aux désordres q^iii
en éiaienl le complément nécessaire Co lut
pn l'flii 720 qu'arriva cet événement. L'Eglise
hiuiuere s;u.ntcr)mmeii>arlyrlel2novembre.
PA fÉ-:KNE isainl). évêqùe et martyr, fut
couru >iié dans le diocèse de Coutances. Nous
ignorons lépoque où son ciimbat eut lieu.
L Eglise fait si mémoire le -iH s- pt(nnl)re.
PATHMOS, h itrése'il Patmn ou Palmnsn,
Ile de lArelupel, fait parti" des S.orades,
dont elle e.si 1,\ \}\\i^ sf|.ientno(iale. Elle élail
un lieu d exil chez fis Romains, comme
P UI/.1 et P.Midatarie. Sami Jean v fui banni
par Douuiicn. (ic lut là qu il ctrivii ou Apo-
calypse. Il quilla Pathmos quand Ncrvn, suc-
cesseur de Domitien, eut rendu un édit qui
rappelait les bannis, .\insi. il n'y resta que
fort pou de lem, s (un an ou dix-huit mois
au plus).
PATIENCE (saint), eut le glorieux privi-
lège de d(mner sa vie pour .lésus-Clirist k
Huesca e'i Espagne. Saint Oreiis fut son f om-
pagnon de soutfrances. Ils sont inscrits tous
deux au Martvrologe romain le 1" mai.
PATRAS, ^•Iro'', \m\s Palrrr, ville d'.\chaïe
en Grèce- Ce fut dans cette ville que saint
André, a Aire, fut mi»; en croix par ordre
d'Kgée; e'e-t aussi dans celte ville qu'il fut
enterré. Son corps y resta jusqu'en 337. é, o-
que h laquelle il fut transféré, avec celui de
saint Lue, à Constantinople.
PATRICE (saint), martvr, souffrit h Pruse
en Bitliynie, dans le m' siècle, pour la reli-
gion chrétienne. S"s .Sctes sincères, don'xés
par D. Ruinait, sont ici reproduits en en-
tier. « Julius. r)roconsul de Rithynie, et fort
en'êté de la fuisse religion, étant à Pruse,
entra un jour dans les thermes (1) pour v
prendre le bain, et pour offrir un sacrilice a
Esculape et à la déesse de' la santé 2).
Après que la cérémonie fut finie, et (ju'il fut
sorti du bain, il se trouva frais, l'esprit ex-
trêmement gai et le corps dans une grande
vigueur. Il cnit être redevable h Esculape
d'une si agréable disposition, et pour lui en
marquer sa reron-iaissance il entreprit de le
faire adorer h Patrice, l'évèque des chrétiens
de cette ville ; il fit donc dresser son tribu-
nal, et ordonna qu'on lui amcnAl l'évêque.
Dès que le saint parut, le proconsul lui dit :
Vous qui vous attachez sottement h 1 1 nou-
veauté, et qui, ajoutant foi h des t'ables, in-
vo(piez un je ne sais quel Chn-^t. venez et
admirez avec moi le |)ouvoir de nos dieux,
consiil rez leur bonté et les soins qu'ils
prennent de nous : voyez ces liains ; de
combien de maladies ne guérissent-ils pas?
Ce sont nos dieux qui leur ont donn • cette
vertu, mais nous en avons surtout l'obliga-
tion h Es( ulape, notre bon [lère. Ecoulez, si
vous voulez vous girantir de la prison el
m6mt> des supplices, et que je vous laisse vivre
doucement parmi les vôtres, il faut que vous
adoriez un ditni si bienfaisant, et tjue tout
h l'heure vous lui offriez vos prières en ma
|)résence. Que dt^ blasphèmes, seigneur, en
peu de piroles, répondit Patrice. F' (piels
l)lasplièmes osez-vous me re|)rocher, misé-
rable, dit le proconsul ; ne sonl-ro pas des
clioses sensibles que les guérisons qui s'o-
pèrent tons les jours h ces bains ? Vos yeux
n'iMi sont-ils pas témoins? Pouvez-vous n'en
pas convenir ? Faites-moi rtiunneur de m'é-
coutin- seulement un quart d heure. ré|iliqua
Patrice , et je vous promets, seigneur, do
vous ixpliquer l'origine et la n.iture de ces
eaux. Je le veux, repartit le proconsul, je
( I) Biiins piiMirs.
(ii Tile-Iiivp rniiporle, au rinqtiiénie livre «lo son
llislniro. qu'il y iiN.til :i llonie un liMiiple «lodii- à l.i
S;(iiti>, l>;'»n par le rciisciir Jiiiiiii> lîiihiilnis. Ce lempl''
(II) n 1 le n">iti i» iiH'- i!" - porlos de Reme, appelée la
Porte Haluluirc on de la Santé.
405
vous (loMiionii imo pnisIMoniidii'ncc, (iiioi- et n^n^nhlc Mais piY'Vo.a»! l'ii iii^nio 1(mii|i»
(MIC jt' tloivc m'dlUMHlro h (|iii'li|iii' iionvcllci (pin cos lioiiiiiii's ollVii.Horaicil leur Dn'ii ft
r'iltlr. Nnii, scii^iHMir, Iio'i, je IH' |iivlt«'J(l.s Iriir ni'afriir. rt (|il(', lut rrlusaiit riiuiilH'iir
iinlU'iiiciil 'vous «It'IiiliM- ici (l(!s r.ililcs, iT- (ju'ils lui iloivciii, 1 1 S II- liTi II >| M irlf'mioMl .lllï
itDUtlil l*a(ri<M'. Kl »|iir l'ouvcz v(Mis uuMlii'o iilult-s, il |iiv,.nrn ilnix diili^n" iln« (I.mihmi-
aulrt' clioM» sur en cliaiiilir, i('|>iil In pro- res. Il icmiilil lutir lic «Icux sorlcs d.- hicus,
'noisul? Si'iK'KMir. ri''|ilii|ua Palntc , je suis il cii lit |i- sn'-;^»» de sa nloin-, \r sf'jour d<' In
(hrolion, «'l i|ui(M»U(iiM' «-ou wiil il adon! IV-lu-ih^. c^l il > civa une lumn''io ijiii iH; s'i^-
niiiiuK^ moi lt> PifU vriilaltli', cl le seul '|ui touidr.i jniiiflis. Il plaça hiii ic dans dc^ tf'î-
doil ^lio adoïc dans l'imiNcrs, reçoit d'en iichrcs pcrin'-liicllcs ; il v ail ma un jeu ipii
iinul uon-sculciuciil la ((iiuaissaucc des di- hnllcra toiijiMirs, ni (pu duil ("'In; l'iiislru-
viiis iiiysli^rcs, lunis ciu on» celle des secrets iiieiii dont il so servirn pour i)inir. Dans In
les plus cacîlu'S de lanaliiic. Kl quel csl prciiiicre de ces deiiieui'cs il 1»'^ ra cii.x «(iii
rhomme, dil le proeo-isul, «sse/, liardi, ou se so-il cllorcés de lui pla nMlurn-il lour vie,
pltitiM assez, pri^sonipliu'ux , pour oser stî et (|ui oui ohéi à ses eoimiiaii lein -ids, ali'i
vanlor d'eu savoir plus (luu les pliiloso|thi-s ? (piils y jotiisseiil d un hou'teur ('leriud au
La sa^osse d(M'e luondo, ri^plicjua Patrice, uulicu do (;elto liiiui^'re qi.i n^jouira élericl-
cst uuo folio (!eva-il Dieu. Car il est écrit : leiuciil leurs yeu\. Mn s pour ceux «pli, vi-
Dieii surprend Ica sages (lotis Intr fausse pin- vaul au j;i é de leurs cuiiidités, so bout al-
deiice [I Cor. u\). Kt Jésus-Clirisl , rond. ml tin'' sa liaiiio et son ixli^nalion, il los onfer-
grAcos h sou Pèro.dil : Je rons rnuh ffrdees, niera dans la seconde (leinouro ou ■ y (Mr(î
mon /Vri', de ce 7«c vous avez cavhé ces eho- touriuciili's élernelloiuo 't , ol ))ar l'hoiTeiir
A(\s- aux suffis et aux sitvants, et de ce que vous d'uno nuit qui no son jamais suivie du our,
les avez ren'li'es aux simples et aux })rlils et |)ar l'ai'deur insupportaole du fou. Au
{Matth. \i,-i5). Kl oiiliu legr nd apôlre, par- reste, lorsipio daiS la or nl:oii du iiio 'dit
lant des [ihiiosoplios , assuro (pi'j/s nont Diou se nra le fou do l'oau, et la luiuièrc
point connu la rerite ; cm\ ajoule-t-il,' s''/.s- dos i(''n(''hros, il leu • a-si na à chacun en
l'eussent connue, ils n eussent j(tniais crudlit' pa liculier le lie.i (juMs devaient Oîouper
le roi de gloire I Cor. \i). Voilà, uil lo pr - dais l'univers. Ainsi il va des oa \ au-dos-
oousul, dos choses bien liautes et bien relo- sus du linnaniLMit et du fou d;uis les outrail-
réos, mais p(>u claires et peu intoUigibles. les di' la terre. Mais outre les eaux (jui l'oii-
Venons au fait ce[>eiulaut, ol aiipreno/.-moi, vironn 'ut, ot qu'on )uimiue la ruer. cKo on
fomme vous vousy iMesent^ago, qui est l'au- renferme encore d'autres dans son sein,
teur de toutes les me, voilies (pii se voie it cpi'on appelle abîmes ou goullres, d'où sor-
ici : d'oCi sortent oes oauv ? d'où vient cotte tenl sans cesse, pour l'usage et le service
etfervesconco ? quel agent cachéla produit? dos hnmmos, par une intiiùl(^ de canaux,
qui peut causer ce bouillonnoinent ciu'on y toutes les oauv qui so répa-idont et qui cou-
remarque ? Pour moi, sans vouloir rocher- le. il sur sa surface. C'est de ces goull'r.s et
cher trop cui-iousomeut les causes de tant de ces réservoirs souterrains que vionncit
d'eti'ets surprenants, je me contente de les les eaux (|ui remplissent ces bains, et dont
i'api)ortor à la proviclonce des dieux, qui ont les unes sont chaudes pour ôtrc voisines de
pourvu par 1;\ à la santé des hommes. Av<mt ces feux dont je viens de parler ; et les au-
(pio je commence mon discours, répondit très, pour on être éloignées, sont froides, et
Patrice, commandez, soigneur, qu'on ouvre servent à nous humecter ot ànous rafraîchir.
la barrière, alin (|ue tout ce peuple qui est Et c'est ainsi que Dieu, par une bonté plus
là dehors puisse entendre ce que j'ai à dire que paternelle, dispense le froid et le chaud,
sur un sujet si curieux et si important. Le le feu et l'eau, selon les divers besoins
proconsul Ut ouvrir la barrière, et une mul- des hommes. 11 y a raèine des lieux où les
litude inconcevable de peuple se répandant eaux no sont que tièdes, le plus où le moins
dans le lieu où parlait Patrice, se pressant de chaleU!- qu'elles ont provenant de la
autour de lui, et l'environnant de tous côtés, proximité où ie léloignement du feu.
il commeni;a à i>arler d • l.i sorte. Patrice fut intenompu en cet endroit par
Dieu, qui est éternel et tout-i)uissant , et le proconsul, qui lui dit : Vous prétemiez
le même qui, par son Fils unique, lit de rien donc que c'est (Christ qui a fait ces eaux,
le ciel et la terre, créa en mCnne tem|)s l'eau et qui leur a donné toutes les propretés
et le feu. De ce dernier il tira la lujuièro, qu'elles o::t ? Oui, sans doute, c'est lui, ré-
le soleil et les astres qu'il donna à la nuit i)li lua Patrice; ot n'est-il pas écrit dans les
pour l'éclairer, réservant le soleil pour fùre livres sacrés : Toutes choses ont été faites par
Je jour ; car sa puissance n'a |io.int d'auîres lui {Joan. i) ; et encoie : Les dieux des na-
boi-nes que celles qu'y met si volonté. Les tions ne sont que des démons, mais c'est le
eaux lui fournirent la matière ()0uv former Seigneur qui a fait les deux {Psnl. xcv). Le
les cieux, et il a(f rinit la terre sur les mè- proconsul reprit : Vous dites que c'est le
mes eaux. De plus, il mit en elles par une Christ qui a fait les cieui ? Je le dis, répon-
prescience, et tout ensemble par une provi- dit Patrice, et il est vrai. Je contemplerai les
dence qui mérite toute notre reconnais- deux, dv un prophète, qui sont les ouvrages
sance et toute notre admiration, les cho- de vos mains, la lune et les étoiles que vous
ses qu'il connut devoir être nécessaires avez formées {Psal. vin). Mais, dil le procoa-
un jour aux h.nnmes, soil pour enirete- sul. si je voas fais jeter aans ces eaux, pour
Oir leur vie, soit (lour la rendre commode vous punir de ce que vous méprisez les
407
r\T
PAU
iOS
tliou\, ne croycz-vons pas que Christ , qtii
spli>n vnns les n rnV'os, no souffrira jamais
que vous y périssiez? Vonlez-vo\is(|U(' nous
réprouvions? Jonc méprise point vos dieux,
répliqua Patrice ; peut-on avoir du mi'pris
]iour ce ipii n"est l'as ? Pour ce (pii roncerne
Jésus-Clu'ist, sachez que, comme il peut me
conserver la vie au md eu de ces eaux bouil-
lantes, il peulaussi me l'ôler par ces mêmes
eaux. Sachez encore que tout ce qui doit
m'arriver est pn'vsent devant ses veux' ; rpie
bien qu'il soit charité du gouvernement de
l'univers, il ne tombe pas un cheveu de la
f^le de quelque hounne que ce soit, sans sa
volonté et sans son ordre ; sachez entin que
des peines éternelles sont préparées dans
le Tartare pour tous ceux qui comme vous
adorent les idoles. Ces dernières paroles
mirent le proconsul dans une si grande co-
lère, qu'il conunanda sur-le-champ (pion
(lépouillAt le saint (■vè.[ue, et (|u'on le jetAt
dans l'eau bouillante. Pendant qu'on se met-
tait en devoir d'exécuter cet ordre, il s'a-
dressa à Jésus-Christ, et lui dit: Seigneur,
venez au secours de votre serviteur; et en
même tenqis l'eau sortit avec violence des
cuves oij elle est reçue, et se ré[ian(lant ;ui
dehors, se lançait sur les soldats, |)énétrail
leurs habits, et leur causait une douleur in-
concevable. Et cette même eau, perdant sa
chaleur naturelle, devient pour le saint un
bain tempéré et agréable ; cela dura même
si longtemps , qui' le proconsul irrité l'en
fit sortir et le condamna à perdre la lêle. Le
saint, levant les yeux au ciel, lit cette prière:
« Dieu tout-puissant, qui par votr(> propre
verlu conservez tous les êtres visibles et in-
visibles ; vous qui ne rejetâtes jamais les
vœux de ceux qui vous invoquent dans la
sincérité deleurcieur ; vous eniin qui, pour
la gloire de votre nom et la consolation de
vos serviteurs, avez bien voulu que ces
eaux, par une merveille de volie toute-puis-
sance, devinssent pour les justes un doux
rafraîchissement et un feu pour les impies,
recevez mon àu)e au moment ipn* la mort
va la séparer de mon corj)s pour la défense
delafoi.nivi Unissant celle pr;èr(>, il se mit
h genoux et on lui trancha la lêle. Les lidê-
les prir ntson corps, et l'enterrèrent proche
le grand rhemiii. Son martyre arriva le 10
mai. » L'Eglise honore ce s,.inl martyr le 28
avrd.
PATHICE fsainle), reçut la palme glorit'use
des ( ombaltanls de la loi, à S'iroin. ilie. avec
Macédon-, son époux, et leur libe Modeste.
L'K^li'-e !ion'<ie leur mémoire le 13 mars.
I'.\ 1 HCX^LE (sainl). martyr h Troyes en
Cham a:j;ne, sous renq)ire et durant la per-
sécution de Vah'rien, fut mis ;i mort par.Vu-
rélien, gi>uvern<nir îles (laub s, et non | as
par Auiéj.en empereur, connue beaucoup
l'fuit prétendu et cumme îlaronius l'a écrit
au .Martyrologe romain. La difiii-ulté de sa-
voir nu juste Tépocpie du martyre de ce saint
n'avait point été résolue. Etait-ce sous \;\-
lé'ien , Aurélion étant gouverneur de la
Gaule, ou soiis l'enqiire d'.Vurelien ? Hien
ne l'indiquait. Les Actes donnés par BolUui-
dus qualifient Aurélien gouverneur; ceux
donnés par Surius le qualifient empereur:
mais tous s'accordent à dire que saint Palro-
cle fut décapité le 21 janvier, un vendredi.
Or jamais, sous le règne d'.Vurélien, le 21
janvier ne tomba un veni:redi. Cette qnes-r
tion vidée |)ar celle sinq)le observation, pas-
sons à l'histoire du sain!
Saint Palro(;le était un honnne de haute
condition ; il habitait Troyes en Champagne,
et vivait r(>tiré dans une maison qu'il avait
près de la ville, priant et jei'inant tous les
jours : il ne prenait de nourriture (pie le
soir. Sa verlu éclatait par divers miracles
qu'il opérait. Aurélien , étant gouverneur
des Caules. vint de Sens h Troyes. Saint Pa-
trocle lui fut dénoncé comme chrétien : il le
lit arrêter, et après plusieurs interrogatoi-
res, battre h coiqis (le bcUons ; il lui til en-
suite mettre les fers aux pieds, et aux mains
des chahies rougies au feu. Dans cet état, il
le lit jeter dans un cachot. Trois jours a[)rès,
il le lit de nouveau conq)aiaitre, et n'ayant
pu vaincre sa fermeté , il le condamna à
avoir la têle tranchée. Les Actes de saint
Patrocle racontent (|ue, sur le point d'être
décapité, le saint, (pii se trouvait sur le bord
de 1 1 Seine, demanda à Dieu (piel(jue mira-
cle pour confondie les gentils. 11 s'échappa
des mains de ses gardes , et traversa, sans
mêmfî y enfoncer jus(pratix genoux, la ri-
vièn^ qui pour lors était fort gonllée. Nous
souhaiieri(»ns (pi'un pareil fait fi"il appuyé
sur des .Vctes jilus aullienli([ues. Ses gardes,
ajoutent ces Actes, fort en peine de ce qu'il
était devenu, ayant appris ipi'il é;ait en priè-
res sur une montagne de I autre celé ue la
Seine, y allèrent et lui tranchèrent la tête.
Son corps, enl vé par deux pauvres vieil-
lards, fut enterré par un archiprêtre nommé
Eiisèbe et par un diacre nommé Libère.
\gv^ l'an î)(»0, l'emperiHir Othon le (irand
étant venu en France, et ayant rétabli l'évê-
((ue de Troyes Anségise sur son siège, ob-
tint lie lui lès reliipies de saint Patrocle. El-
les furent transportées à Cologne, et depuis
elles l'ont été à Soest, en Westphalie, où el-
li'S sont encore l'objet d'une grande vénéra-
lion, (juoitjue la plupart des habitants soient
livrés à l'hérésie. L'Eglise fait la fôlo de
saint Patrocle le 21 janvier.
PAl'L (sainl.^ nommé d'abord dans l'Ecri-
ture Saul ou Saul, naquit «'i Tarse, ville de
(^.ilicie, h laipielle Auguslt> avait donné, tni-
Ire autres privilèges, le ilroit de cohuiie li-
bre et de bourgeoisie romaine. Son |)èro
appartenait à la tribu de Benjamin et ,^ la
secte des pharisiens, la plus rigoriste, la
plus sévère de Ifuiles, cl la plus ennemie do
la (loi trin^ de Jésus-Christ. Il fut, suivant la
coulume juive, circoiu is le huitième jour
après sa naissance.
Les hab lants dt> Tarse, amis des sciences
et (les lettres, avaient lliabilude d'envoyer
leurs enfants étudier ailleius : c'est ainsi ((ue
le jinine Paul fut envoyi» J» Jérusaem par
ses parents. Il fut, < omine il le dit lui-même
[Art. XXII, 3), élevé aux pieds de Camnliel,
dans l'auiour et la parfaite observance de la
40î>
l'Ai]
PAU
410
lui lie Muïso. n.nniiiiis iriii;iii|U(< (lu'il l't/lit
lrri|U(Mii,(lii«/. Ii's Juirs,(|m' les jciiiirs unis
(|ui ôUi(liaioiill('sl(!Unvs/i|»jiriss.'iil en iii('*iiu«
t('iii|is iiii iiit'lit'i-, so'U .'iliii i|ii'ils |iiis.sciil
lioiiivoir h liMirs ho.sttins, sdil nlin (|ii'ils ihi
.s'addiiiiassml pas h l'oisivj'lt''. Pcul-iMic saint
l'aiil a|>|»iil-il alors \v mi'-lirr de laisiMir do
Iciilcs, (|ii'il cxt'ira |tliis lard ; mais pciil-
Mro aussi in< l'appiil-il i\\ui (piand il se lut
(•()iisafr<^ ?i l'aposlolal, aliii de ii'(Hr(«, cuiuiik!
il le dil, .^ l'Iiarj:.!' î\ pcrsuiiiii'.
l'aiil avail un /.Mo oxcossil' pour la loi cl
pour les prali(pu's judaïques, (le lui l'cxcrs
(lo fc /('le t'MlliousiaNlo cl peu rollcilii ipii lo
rendil hlasplu-uialcur cl pcrscculour do l'E-
gliso. Il est hors de douh» ipi'il clail un de
cos Ciliciens dont parlent les Acles (^cliap.
VI, V. 0) (pii s'clcvùrcnl (•t)nlro saint Khcinic,
(pu disputèrent contre lui cl s\''rir;crcnl en
lau\ témoins pour le l'aire condannu'i' à mort.
11 tut présent an suppliée du saint diacre; il
gardait les liahils de ceux ([ui le lapidaient,
l.a Iradilion ajoute même (pi'il l'ut un des
principaux auteui'sde sa mort.
Mais Tceil de Dieu était ouvert sur lui. A
celte é|)0(iue de lutte et de combats, il fallait
des miiacles ostensibles pour l'aire triompher
le christianisme. Dieu voulut (jue le persé-
cuteur acharné de SCS disciples devînt le plus
ardent pro|)agateur de son Evangile, la lu-
mière des gentils, ra|)ùtre infatigable et cou-
rageux, ijui semAl partout sa doctrine, af-
l'ronlanl les péi'ils de toute sorte, bravant
les [leisécutions les plus violentes, et cou-
ronnant [)ar le martyre la vie la |)lus belle et
la mieux remplie dont les fastes de l'Eglise
aient gardé souvenir. Oui, Paul, soyez blas-
phémateur et faux témoin, lai)idez le diacre
du Seigneur, dé|)lo_yez votre rage contre
l'Eglise; le saint martyr qui tombe sous les
coups de vctre fureur a prié pour vous, et
le Di.m toul-puissant a entendu sa voix. La
rosée de son sang vous confère le baptême
de la grâce. Encore quelque temps, vous
êtes l'élu du Seigneur; allez à Damas pour
persécuter les chrétiens : Jésus-Christ vous
attend sur la route. Allez, vous serez aussi
utile à l'Eglise par le miracle de votre con-
version que par l'éclat de vos prédica-
tions.
Après la mort de saint Etienne, il s'éleva
contre l'Eglise de Jérusalem une grande
persécution, qui couronna beaucoup de ti-
aèles et à laquelle Paul j)rit une part extrê-
mement active. Son faux zèle n'avait d'égal
que sa fureur et sa cruauté. 11 entrait dans les
maisons, en tirailles hommes et les femmes,
les chargeait de chaînes, les traînait en pri-
son, et contribuait avec joie de son suifrage
à ics faire mettre à mort. 11 avait reçu des
pontifes les pouvoirs les plus étendus pour
exercer ses persécutions : il entrait dans
les synagogues, où il faisait battre de verges
ceux qui croyaient en Jésus-Christ, les for-
çant, autant qu'il le pouvait, et par les inci-
tations de sa parole, et par la violence des
supplices, à blasphémer le nom de Jésus-
Christ. Le bruit de sa cruauté et des maux
qu'il faisait à l'Eglise se répandit en tous
lieux dans la Judée, et son nom y devint {'«rf.
Iroi de luus ceux qui cro\aii'nt en Jc^uh-
Chrisi.
A mesure que P. ml cxen ,iit sa r.iK'' envers
les chrelu'ns, il niesui e elle .nigmenlait dans
.son cipur. Li'sang appelle li> .sari^, et l'hom-
nu', connue la |i(^te li'roce, s'altère r-n le bu-
vant, l.e clunnp de Jérus/ileni, qu'd avail
rempli de; deuil et jonché du désolation ,
n'i'l.iil plus assez vaste potn' son zèle persé-
cuiein' : les mains rongies du sang de saint
Elieiuic ot de tant d'autres (pi'il avail fait
mourir, il vint deniandei- an gr.nid prèirc
Caiplie, aux pontifes et h tout h; conseil des
anciens, des lettres adressées aux princi-
paux juifs de Damas et aux chefs des syna-
gogues. Il oblint, av(!c ces lettres, le jionvoir
de prendre tous les chrétiens (pi'il rencontre-
lait, et de les annnier tons, honnnes et fem-
mes, il Jérusalem, pour les y faire tourmen-
ter avec plus de liberté.
\o\\h donc à t\\\v\ point de fui'eur Paul en
él.iit arrivé conlre lEglise, (luand Di(;u, fjui
l'avait choisi pour faire éclater en lui la
grandeur de sa miséricorde et de sa puis-
sance, opéra sa conversion. Il ne voulut pas
attenclie (jue sa rage fût attiédie; il le prit
dans tout l'excès de sa passion, alin de mim-
trer à tous les elfets de sa grâce.
Saint Paul est [)Our l'Eglise la preuve de
la puissance de la grâce ; il est la consola-
tion des ])éclieurs, qui a!.'i)rennent par lui à
ne point désespérer des miséricordes iVen
haut. Lors donc ([u'il allait à Damas i)our
mettre à exécution les ordres qu'il avait
reçus, accompagné de ceux qui devaient
l'aider à s'emparer des chrétiens et à les
amener à Jérusalem, il fut tout à coup,
comme il approchait de la ville, environné
avec son escorte d'une lumière venant du
ciel et plus vive que le soleil. Tous furent
jetés par terre, comme foudroyés. Dieu vou-
lait ttrrasser l'orgueil de cet homme su-
perbe, atin de le rendre entièrement docile
à sa parole. Paul trembla sous la main puis-
sante qui le renversait : tel un lion, terrible
et lier de sa force, se courbe et ramjjc, do-
cile et faible, quand il sent l'œil et la main de
l'homme puissant qui l'a dompté. Puis du
milieu de cette lumière, une voix, s'adres-
sant à Paul, lui dit en hébreu ? Saul, Saul,
pourquoi me persécutez-vous? Jésus-Chrisl,
tète de l'Eglise, se jdaignait des douleurs
que le persécuteur faisait soull'rir à ses
membres. Paul répondit : Qui êies-vous, Sei-
gneur? Et le Seigneur : Je suis Je'sus de IVa-
zarcth, que vous pcrsccutez.il vous est dur de
regimber contre l'aiguillon. Tremblant et ef-
frayé, il dit : Seigneur que voulez-vous que
je fasse? Et le Seigneur : Lève-toi et entre dans
la ville ; on te dira là ce qu'il faut que tu
fasses. Ov, ceux qui l'accompagnaient s'arrê-
taient tout étonnés, entendant une voix ,
mais ne voyant personne. Et Saul se leva,
et ouvrant les yeux, il ne voyait point. Ses
compagnons le prirent par la main et le con-
duisirent à Damas ; il y fut trois jours sans
voir, sans boire et sans manger. Or, il y
avait à Damas un disciple nommé Ananie,
411
PAU
PAU
iiî
^ qui le Soi^noiir ilit il ris une vision : Ana-
nie. Kl il n^pondit : ^fr rniri, Srignmr. El le
St>ii;nr'ir lui Mil : Vn tinvs In rnr npprir'r \n
rue Droite, et chrrcfir d ms la ma'sou ilr Jndc
vu twmtn(f Sont (le Tnrsr ; car il est m
prière. Dans ce nu^mc nioniont Saul voyait
un honuuc apix'lé Ananie, qui entrait ot lui
inipo^ail les luains, afin (|u'il rernuvrAt la
vue; A'ianie r(''|>ondit : Seiijnrur.j'di nppris
(le plusieurs combien de wnux cet hoDime a
f'iits <) vos .<iaints dnva .lérnsnlnn. Kt il n
lu^ine reçu den princes des pri'Ires le pniirotr
de ehartjer de fers tous eux qui invoquent
votre nom. VX le Sei.;neur lui d t : Va, car
cet homme est un vase (lyiection, pour porter
mon nom devant hs gentils, devant les rois
et devtint les enfants (ihmël. Et je lui mon-
trerai combien il faut qu'il souffre poitr mon
rjo//i. Et Ananie s'ei alla et entr.tdans la mai-
son , et lui im. osant les mains, dit: Saul,
mon frère, leSeiqneur Jr'sus, qui s'est fait voir
à toi dans le chemin par où tu venais, m'a
envoyé, afin que tu voies et que tu sois rem-
pli (te l'Esprit saint. Et aussitôt il tomba de
ses yeux comme des écailles, et il recouvra
la vue, et, se levant, il fut baptisé. l'A lors-
qu'il eut |)ris(le la nourriture, il fut fctrtitié.
El i demeura durant queUiucs jours avec
lis disciples (]ui étai nt h Damas; et aussi-
loi il prOcha dans les synagogues que Jésus
était le Fils de Dieu. Or tous ceux (jui l'écou-
taient étaient dans 1 étonnemeH et d saient :
N'est-ce pas là celui qui persécutait dans Jé-
rusalem ceux qui invoquaii^nt ce nom, et qui
est venu ici, les conduisant charijés de frs
aux princes des prêtres? [Act. ix, 5-21.)
Saint Paul s(> foi tiliail de plus en {il\is dans
la foi, et ses prédications, ainsi (pie l'exem-
ple de sa conversion, amenaient tous les
jours de nouveaux convertis dans le sein île
l'Ej^lise. Il resta longtemps à Damas et dans
les environs, annon(;anl la parole du Sei-
gneur. Les Juifs, irrités et du succès de ses
prédications, et surtnut de voir «pie li' chan-
gement qui s'était opéré en lui produisait
tant de conversif)ns h Jésus-Christ, résolu-
rent de le mettre à mort, sans même le dé-
férer aux juges. Ils port^rent le gouverneur
de Damas à taire garder les portes pour qu'il
ne piU (piitlci la vilie ; eux-mêmes y tai-
saient boniu! garde pour être plus ce la ns
rpi'il ne leur échapperait pas Saint Paul fnt
instruit de lur dessoui, et, cédanl aux dé-
sirs des disci[)les qu'il avait déj?» en grand
nombre autour de lui, il cotisontil h ce qu'ils
le descendissent par-ilessus les uiuiadles,
dans une corbeille. On ne peut pas accuser
le saint apôtre d'avoir profité des moyens
que la prudence huinauie lui otfrail pour si»
soustraire nu ilangcr. Ce n'était certes pa.s
l.lcheté de sa part, puisqu'au lieu de fuir et
d'aller dans un lieu ou on ne raiiratt pas
inquiété, il se rendit h Jérusalem, où la pers»'-
cution était la plus ardento, où il l'avait lui-
même exercée, où eiiliu s.i convtnsion, ipn
blessait 1rs nulres perséctilours, devait lui
allirer des ennemis iinplai ili!e>.
A Jérusalem, saint R iri.Tbe. ancim con-
disciple de sainl Paul, fut obligé de le pré-
senter h saint Pierre, h sa'nt Jacques le Mi-
neur et aux disciples, parce que tous le
fiiyaienf. se sonven.mt fies maux qu'il avait
faits?! rFv.;lise, et ne pouvant oas croire à
la réalité de sa conversion.
Ces fiils se passaient en l'année 37, du
moins l'évasitm de saint P ul de Dam s ; car
entre sa co-^ersion et sa fuite il s'écoula
un temps assez c<>nsi 'érable.
Après être resté queUpic temps h Jérusa-
lem, saint Paul se rendit h Césarée. puis à
Tarse, où il continua de prêcher la fin. En
raiiné(> V3, saint R.irnabé vint le chercher à
Tarse pour l'emmener ?\ .\iitioche. Eu iV,
ces deux saints vinrent à Jérusalem apporter
aux fidèles de cette ville qui avaient été
victimes de la persécmion les aumônes de
ceux d'.\nlioche. Revenus dans cette ville,
ils en partirent jiour aller dans l'ile de Chy-
jire, puis h Paphos, où ils convertirent le
proconsul Sergius Paulns. De celte île ils
vinrent h Antioche de Pisidie, en l'année
45. Ils allèrent tous deux, le jour du sabbat,
«tans la synagogue. Après la lecture de la loi
et {U's |)ro[)hètes, les chefs de la synagogue,
leur faisant politesse, leur envoyèrent dire
que, s'ils avaient quelques exhortations à
faire au peuple, ils pouvaient prendre la pa-
role. Sainl Paul se leva et prononça le dis-
cours s livanl : « Israélites, et vous qui crai-
gnez Dieu, écoutez 1 Le Dieu du peujde d'Is-
raël choisit nos pères «t glorifia ce peuple
|)endant qu'il demeurait en Egypte, d'où il
le tira par la force de son l)ras, et durant
«pia ante ans il suiipoila leurs r 'voltes dans
le désert. Puis, ay.uit détruit sept nations
dans le pays de (-hanaan, il en partagea les
terres au sort, environ (luatre cent cinquante
ans après ; et ensuite il leir donna des ju-
ges, jusqu'au prophète Samuel. Kt ils de-
mandèrent un roi : et Dieu leur ilon laSaul,
tils de Cis, de la tribu de Benjannn, qui ré-
gna quarante ans. Ayant r-ejefé Saul, il leur
donna David pour roi, h qui i) rendit téruoi-
fna^e, disant : J'ai trouNé David, tils de
essé, homme selon mon cinir, ipii accoin-
plir'a toutes mes vitlontés. Dieu, selon sa
promesse, a fait sortir de sa race Jésus, le
Sauveur d'Israël. .\v,inl lui, Jean prêcha le
baptême de la pénitence h tout le peuple
d'Israël. Et lorsque Jean achevait sa course,
il disait : Je ne suis pas celui que vous pen-
sez ; mais vorl,^ qu'il vient après moi, celui
dont je ne suis pas dig'ic dt> ilélier la cha is-
suie. Mes frères, enfants de la race d'Abra
ham , c'est h vous el à deux d'entre vous
qui craignent Dieu,(pi'est envoyée cette pa-
roh» (l(» salut ; car les habil.ints r|o Jérusa-
lem et leurs chefs, n'ayant point connu Jé-
siis, ni entendu les piro'es des |>rophèles
(pi'on lit tous les jours du sablMt. les ont
accomplies en le jugeant, el. ne trouvant en
lui aucune cause (le tnort, ils deuvindèrenl
à Pilale (pi'il le fit mourir. El après qu'ils
ciirtMit accompli tout c(> qui aN ait été écrit
de lui, ils le descen-lirenl (le la croix et le
tuir ni dans le tombenu. Mais Dieu l'a res-
siis ite le troisième jour, «'t il a i té vu du-
rant plusieurs jour^ par ceux qui l'avaient
«
413 l'Aï' l'A" *ll
suivi (1(> (înllro h J(M'iisnl(Mii , cl crMix-lh, iiiAmcs irilirniitôs i|ncii\, ri i\\to, bien loin
jiisipi'à iT moi^HMil, it'iiili'Mi l(-iiiui;^iwiK(' (lo di' voiiloii iMcf addirs, ils vinjInioMl h'nr ;i|)-
^iii ."111 poupli'. I'!l iiniis vous aiiiioiirDiiN (|ii(' |it('ii(lrc h rTniJorcT <|iir |i; seul l)ieii V('ri-
In l>i(Min>ss(> <!"' "*''•''"''"' ''^ ""•'* !"'''"''''• '*"'" t'ililo , J(''sus (le Na/nrclh , (|U0 les Juifs
Vn iiccni)i|tlic pDiir i os (Miranls i-ii icssiisci- .•ivnicnl f.iil mourir.
tant .Ii^Mts. srioli <!*• ' '"^^ «''cril (iaiis le se- Ils .himoim crcnl (joiic, h Lyslrc la parolo di-
co'kI psaiinn' : Vous /'tes viou fils, je mus viini en mV'sciicc «lan liliMirs patfailfiiiftnl
ni vntifodii' (iuj(uirii'hui , cl p.'irci- ipi'il l'a dispo.si's a les ('cutdcr f.ivorablciiifnl ; mai»
rcssuscilc d'('iili'(> It's inorls, il a dil : J'uc- ils ne lardrrriil pas <'» voir condiifii lalVoc-
coniiilirni fidiUrmnil 1rs pronirssrs (/ne j'<ii tioii cl les hoiiiliia^cs do la iindliliidr rlniont
fitifrs () Ihivid. VA il dil (Mico'o aillfiirs : cliosf; fra^iU; cl de iicu ilc dm ('•<•. (,)iicl(|iie!j
Vous ut' prniirtlrrz jKis (lurvotrv saint ('prouve Juifs claiil venus tl'lcoiii! cl d'AiiUotlM' à
!a corniption. Car David, npr^s avoir servi Lyslre, cliaii^^rcMd Icllcmcnl Ifs dispositions
(Ml son Icinpsaiix desseins do Dieu, s'csl en- du pciiplr à i'f'Kaid des apôlrcs, (pi'il soiif-
(lonni ; il a (U(^ mis avec ses pères, el il a l'ril (int; les JniCs lapidassent sainl Paul, pres-
(^pronv(^ la eorruplion. Mais cehii (jiie Dieu (luc a le liicr. Après (qu'ils l'eurent Ia|iid6,
n ressuscité n'a point éprouvé la eorru|ilion. ils h; (rainèrent hors du lu ville cl l'abandoii-
Sacliez done, mes frères, (pu; c'est par lui lièrent tout mutile.
(pie la n'Muission des péchés vous est an- Nous l'avons déjà dit dans noire Histoire
iioncée, et que ()viicon(pic croil en lui est des persc'ciitions, (\o\. l", pay. VV), quand,
justilié d(^ toul(>s les choses dont vous n'a- d'un côlé, on considère la grandcMir des mé-
vez |)u étrt> justiti('S |iar la loi de Moïse, rites de l'apAlrc des {gentils, et, de l'autre,
Prenez do'ic garde (jue ce qui est dil dans la punition (|ui lui fut inlligét! dans cctto
les proi)hèies ne vieniio sur vous. Voyez, circonstance, ainsi (jue l'ont pensé plusieurs
contempteurs , et admirez et tremblez; car Pères, pour avoir contrihué à la niorl de
je ferai une œuvre en vos jours, une œuvre, saint Klienne, ou se sent |)ris d'cllroi devant
que vous ne croirez point quand on vous ta les rij^^ucurs de la justice divine.
racontera. » [Act. \in, Ki-Vl.) Ces événements se i)assuient au commen-
ce discours eut un eli'et remarquable sur cément de 46. Saint Paul rentra dans la ville
l'auditoire de saint Paul; on le pria même dès ce jour même; mais il en partit dès le
de reve-iir et de re] reulre la parole au sab- lendemain [)Our ne pas irtiler davantage ses
bat suivant. Le samedi suivant, ralllueuce persécuteu s, et s'en alla avec sainl Baiiuibé
fut immense. Les chefs de la synagogue, ir- a Derb ', où il (Oniinua à prêcher rEvaUj^iile.
rilés du double succès (lu'avail obtenu saint Jusqu'en rannée 52 Paul accomiilil de
Paul, voulurent discuter avec lui; mais, nombreux travaux sans ôlre de nouveau
vaincus dans cette lutte, ils en vinrent aux persécuté; mais à ci tte époque étant venu
injures cl aux blasphèmes. Alors saint Paul avec Silas en Macédoine, dans la ville de
leur dit avec l'énergie qui le caractérisait : Philippes, y ayant converti une femme noni-
II était convenable que vous fussiez les pre- mée Lydie, ainsi que toute sa famille, et y
viiers instruits des vérités que nous annon- avant guéri une (111e possédée d'un esprit de
çons; mais, suivant le précepte de celui qui pythonisse, il fut pour ces faits encore vic-
nous envoie, nous les porterons aux nations, time de la persécution. Cette fille possédée
Les chefs de la synas'>gue tirent tout leur était esclave; les bénélices qu'elle procurait
possible pour forcer les apôtres à sortir de à ses maîtres en rendant les oracles que lui
la ville. Us excitèrent contre eux les dévo- dictait son démon familier étaient fort
tes et les principaux habitants de la ville, grands. Quand saint Paul l'eut guérie, ces
11 en résulta que les apôtres furent forcés bénéfices se trouvèrent nécessairemeit an-
de quitter Antioche. nulés. Furieux de cela, ses maîtres s'empa-
Us se rendirent à Icône, dans la Lycaonie, rèrent de Paul et de Silas et les conduisirent
oi^ ils convertirent bon nombre de Juifs et devant' les magistrats, les accusant de prê-
de gentils. Us y firent différents mi''aclesety cher une doctrine qu'il était interdit à ceux
demeurèrent quelque temps, malgré ro()po- de Philippes, ville romaine, d'entendre et de
sition des principaux d'entre les Juifs. Mais, suivre. Le peuple se souleva c nlre eux
h la fin, ces derniers étant parvenus à ir- avec grande rumeur, et les magistrats étant
riter conlre eux les gentils, et les apôtres se accourus firent, sans leur permettre de se
voyant sur le point d'être lapidés par le peu- défendre, sans voir s'ils étaient coupab'es,
plé qu'encourageaient même ses magis- déchirer leurs vêtements, les firent publi-
trals, se décidèrent à partir. Us se rendirent quement battre de verges et les envoyèrent
à Lystre. Ce fut dans cette ville que saint en prison, en ordonnant au geôlier de les gar-
Paul guérit, devant tout le peuple, un homme der sûrement. Le geôlier les mit donc dans un
])erclus de ses deux jambes. A cette occa- cachot, leurplaçalescepsauxpiedspourqu'ils
sion les assistants, transportés d'admiration, ne pussent pas marcher ; de sorte qu- les deux
environnère:.t Paul et Barnabe, disant qu'ils prisonniers furent obligés de rester couchés
étaient des dieux descendus sur terre sous sur le dos, ne pouvant pas se tenir debout,
forme humaine. Us nommaient Barnabe Ju- Tant de maux et d'ignominies, loin d'a-
]"iter, et Paul Mercure. Mais les deux servi- battre leur courage, leur donnèrent une ai-
teurs de Dieu, s'avançant au milieu delà deur nouvelle. Au milieu de la nuit, ils
foule, déchirèrent leurs vêtements , criant adressèrent à Dieu une fervente prière que
qu'ils n'étaient que des hommes sujets aux les autres prisonniers entendaient. Au mémo
415
PAli
PAU
41b
instant il sr fit un grand trrmblonient de
terre: In prison m fut rbro'ili'o ; toutfs les
portes s'ouvrirent, et les liens de Imis les
prisonniers furent rompus. Le {gardien, s"é-
vi'illnnt et trouvant Irs portes de la |)rison
ouvertes, crut (|ue les prisonniers s'étaient
sauvés. Comme il répondait d'eux sur sa
vie, il prit son l'pée pour sr tuer. S liiil Paul,
le Yo.va'it, lui eria lU ne se faire aucun mal,
et que pas un de ses prisonniers n'était sorti.
Le liardicn, déih forleniont tuiclu'' par le mi-
racle, le fut plus fortement encore par la
bon é de saint Paul ; il se convertit avec les
siens, et. ayant été i-islru-t, il reçut le bap-
tême. Il lit soi tir Paul et S;las de leur cachot,
et, les ayant pris chez lui, eut pour eux
toutes sortes de prévenances, les comblant de
bons traitements.
Les magistrats, instruits de ce qui s'était
passé, envoyèrent dire au geôlier de laisser
aller Paul et Silas; mais Paul, qui.)usque-!à
ne s'était pas plaint quand on l'avait fouetté
et mis en prison, dit (ju'il était bien étrange
qu'on eût ain.si traité, sans connaissance de
cause, des citoyens romains, et qu'ensuite on
prétendit les faire sortir de prison en secret
et sans aucune réparation. Non, dt-il, cela
ne se passera pas ainsi : il faut ipi'ils vien-
nent eux-mêmes. Lés magistrats eurent peur,
ayant h se re|)rocher d'avoir agi comme ils
l'avaient fait à l'égad de citoyens romains.
Ils vinrent à la prison et prièrent los deux
saints de vouloir bien en sortir; ensuite ils
les prièrent aussi de quitter la ville. N'ayant
plus rien à faire à Philippcs, ils y consen-
tirent.
Cette conduite de saint Paul montre aux
ministres de l'Kvangile que, s'ils doivent élre
prêts à tout endurer pour leiu" l)i(>u, pour
l'Eglise et pour la foi, ils doivent savoir au
besoin détendre leur propre dignité outragée
et faire respecter leurs droits de citoyens.
P 'ul et Silas se rendirent h Thessalonicpie.
Pendant trois semaines, Pavd y prèeha dans
la synagogue le jour du sabbat. (Juehpu's
Juifs et beaucoup de gentils se convertirent;
les autres Juifs, irrités, vinrent atta(iuer la
maison d'un chrétien nommé Jason, chez
lequel l'aul et Silas étaient logés ; n'ayant
pas pu les prendre, ils s'(Muparèrent de Ja-
sonet de quehju es autres eh riHiens, et lest ral-
lièrent devant les niagislrals, en les accusant
d'avoir donné asde h des gens qui troublaient
toute la terre et se ré\oltaienl conîre ('('sar,
proclamant ((u'ils avaient un antre prince
f[ue lui,nonnné Jésus. Les magistrats furent
assez justes pour l.ussrr aller tous ces hom-
mes sur la caution (pie donna Jason de rtq)ré-
sent< r .saint Paul, si on réussissait i^ prou-
ver quelipie chose contre lui. Ainsi Jason,
par une genero^ilé bien digne d'être admirée,
exposait sa vie pour sauver les aptMres.
Ensuite saint Paul se rendit à Bérée. h
Athènes et dans ditlV'renls lie»i\ sans y souf-
frir de persécution; mais dans le courant «le
Tannée 53, r\n\\l venu .N ("orinth»'. où il lit \m
grand noud^re de conversions, il y fut l'objet
de la haine acharnée des Juif>^. Théodoret
prétend qti'd y fut violenuuent persécuté,
ainsi que beaucoup d'entre les chrétiens. Les
Juifs le conduisirent devant le proconsul
(iollion, l'accusant d'empêcher qu'on adorât
Dieu suivant leur loi. Ce proconsul ne laissa
pas même parler saint Paul ; mais il déclara
inunédiatement aux Juifs (jnil n'avait point
à se mêler de leur religion ni de leur doc-
trine. Sosthène, qui était chef de la syna-
gogue, fut alors battu devant le tribunal du
proconsul , probablement parce qu'il était
chrétien.
Dans la ville d'Ephèse, où saint Paul resta
ensuite trois ans, il fut exposé aux bêles,
sans que nous sachions sur cet événement
rien de positif en fait de détails. Dieu le dé-
livra miraculeusement. Dans la même ville,
un ouvrier nommé Déméttius, orfévr»? de
son état, voyant que son commerc»; de ven-
deur de statuettes de Diane diminuait nota-
blement par le fait des prédications du saint
apôtre, suscita une sédition contre lui parmi
les ouvriers; bientôt le? habitants s'en mê-
lèrent. Os furieux, n'ayant pas pu se saisir
de saint Paul, prirent ("lams et Aristarque,
tous deux ses disciples. Ce fut un grellier
d'E|)hèse qui fit entendre raison à ce peu-
ple en fureur : « Conunentl dit-il, vous tous
ici assemblés, vous vous portez à de telles
violences, h cause d'un dommage dont se
plaint Démétrius ! Vous faites vos atfaires
de ses affaires personnelles ? S'il est dans
son droit, (pi'il s'adresse aux tribunaux;
(ju'il vienne au proconsul. »
Ces ft\itsse passaient dans l'année 57. Au
connnencement de l'année 58, saint Paul
f[nitta Ephè<e et se mit en chemin pour J(''-
rusalein. Malgré les sup|>lications des disci-
I>les qui, à Tyr, où s'arrête sou vaisseau,
voient par inspiration le sort qui lui est ré-
servé ; malgré la [)rédiction lormelle du [»ro-
phèle .Xgatius, ijui , à Césarée , lui dit
(pi'à Jérusalem les Juifs le lieront et le livre-
ront aux giMitils, saint Paul|)oursuit sa roule.
11 faut (pie les desseins de Dieu s'accom-
plissent: il faut que le grand prédicateur des
nations donne son sang pour les vérités (pi'il
leur a an?u)ncées ; ilfauttiu'il témoigne ainsi
en faveur île sa foi. Paul (>ntra dans la ville
sainte.
L'arrivée de Paul dans Jérusalem lit une
profonde sensation. Ce grand apôlre, (pii
avait porte d uis tant de lieux la parole du
Seigneur, qui avait |»arlé avec tant d'éclat
devant tan! d'assemblées, de synagogues, qui
s'était lait ('couler de l'Aréopage, était depuis
longtemps regardé comme une des plus puis-
santes colonnes de l'Eglise. Les < hréiiens
ratlemlaient avec aujour et bonheur; les
Jud's avec haine et fureur. Paul, ayant as-
sembli' les piêlres de l'Eglise de Jérusalem,
lem- raconta les travaux de son aposlnlal,
les miracles de conversions (pie Dieu, par
sou minisière, avait op(''rés chez les genhls.
Ce fut (l.uis le ttnuple. à la lin du seplièmo
jour d'une cérémonie de la purilicalion, rpio
les Juifs d'Asie, l'ayant ap(*r(;u, sou!evèr( lit
tout le peu|)l(> et se saisirent d(» lui, criant
qu'il avait profané l.> lieu saint ; nu'ils le
connaissaient, fpie c'étaii lui qui allait par
417 PAU PAU 418
los villes cl pnr les pmvinrcs (loji^ni/ili.'^nul Aii/niic, liomiiu' (Idclc h In loi, s<'lon ]>> té-
coiilii' 1,1 loi. A CCS mois, le pciiiilc, riinciu, iiioi^ili^c di- imis les Juifs i|iii (jciiiciiniienl
se pi'e(i|iila sur lui, cl, r.iy.iul saisi, vdiiliil (l.iiis la riK^ine ville II vuil vers moi et rim
!«' Iniiner hors do la ville. dit : Moi finr Smil , rif/ardr. Kl an iim^ihc
NOilà (•(» ipic l(>s.luirs appelaienl juKcr iMi inslaiil jo le pf-aril/ii ; et il ni<-d.l : l.r ttint
linnuiic scldu leur loi Les Arles des api'ilres dr nos pars f'ti int'ilrstiin' jiimr rounnllif hu
r.u'oiilciil CCS l'ails avec taul (l(< détails, (pi'il minuit', pour vi)ir Irjustr it pour mlrudre
nous send>l(Moiiveual»le (le les laiss( r parler. 1rs /xirolrs dr sa Ixiiirlir : cnr lu srrns li'moin
u (loinnie ils voulaient le tuer, ou auimuca (Inniit toits les lioiiiiius de n- (/m- lu hh tu rt
au Irihilu (l(>lacoliorle cpu' .h'rusaleui «'lail eu cutnidii. I:'l iiKiiiilnnint, (/u'iillnids-lu 7 l.èrr-
conlusiou. (lelui-ci, pi'euaut avi'C lui des sol- toi, reçois le haptrinr ri puriju-toi ilc im pé-
(lalsel (les(('Ulurious,courulà ces st'dilieux, clirs m iiinx/iiiiiil le S'it/nrur. \\\ il arriva ipic,
tpii, voyant Ici riliuii et ses soldais, cessèrent d<.' retour à Jcrusaleiu, (oiiiiiu; j(! juiais dans
(le frapper Paul. Alors le Irihun s'a|)pro(liaiit le leiunle , j'eus un ravissement d'esiiril , et
l'arriMa, et le lit lier de deu\ cliaiiies , cl il je vis le Sci^;;iieur, (pii me dit : Jliitr-ioi it.
demanda qui il élnil et ce (pi"il avait fait, sors proinplniicnt de Jérusainn; car ils ne.
Mais tous criaient div(M"scmeiil. Ne pouvant rrcrrront pas ton t('nioi(/ii(itp' sur moi. Kt moi
donc rien ap|>iendi(' de cerlaiu, à cause du je; dis : Sri(/urur, ils sarnU (pic. je uictlais m
îumullc.il commandaipi'on lo comliiisil daiKs prison et faisais jJiupUer dans tes si/nufp)-
la forleress(> ; cl lors(pu> Paul arriva sur les (jiies ceux (jui croipueut eu ruas; (pie jetais
(kvrés, il fallul (pie les soldais le portasscnl, présent lorstpi'oii répuuduit le saur/ de votre
h cause do la violence du [leuple ; car uno martyr h'tienne : (pie je consentais à sa mort,
grande niullilude le suivait, criant : Tuez- et (pte je (/ardais les habits de ses meurtriers.
Je. Comme Paul allait cnlrer dans la Ibrie- I^t il uie dit : Va, car je t'enverrai au loin
rcs.se, il dit au lriliu!i : M'est-il permis de vers les gentils. »
vous dire un mol ? Le Irihun lui dit : Sais-lii « Or les Juifs l'avaient écouli' jus([ue-là ;
parler grec ? N'es-tu pas cet Kg} pli n (pii , mais alors ils ('-levé, eut la voix disant :
ces jours derniers , a excité une sédition et Olez du monde cet homme, car il ne con-
conduit dans le ilésertipialre mille liriga-uls? rimt pas (/u'il rire. El comme ils criaient,
Paul lui dit : J(> vousassuio que je suis Juif, jetant leurs vêlements et lançant de la pous-
do Tarse enCilicie.et citoyen de cette ville, sière en l'air, le tribun le fil conduire dans
qui n'est poinl inconnue. Mais p(M'mellc/.- la forteress" , et commanda qu'il filt loiir-
nioi , je vous prie , de [larler au peuple. Le nienté, llagellé , alin de savoir [lotirquoi ils
tribun le lui permit ; et Paul , se tenant de- criaient contre lui. Mais quand on l'eut lié, il
bout sur lt>s degrés , (il signe de la main au di' à u'i centui'ionfpii était pré>ent: Vous est-
peuple. Aussil()t il se lit un giand silence; il permis de /lagctter un citoyen romain et
et il leur parla en langue liél)iaïque, disant : qui na point été condamné? Le centurion ,
« Mes frères et mes jières , écoutez ce qu(^ enlcndaiit cette parole, s'approcha du tribun
j'ai h dire pour ma défense. » Quand ils len- et lui dit : Qu'allez-vous faire? cet Itomme-là
tendirent parler hébreu, ils lirent encore plus est citoyen romain. Aussitcjt le tribun vint à
de silence. Kl il dit: «Je suis Juif, né à Paul, et lui fit cette demande : Dites-moi ,
Tarse en Cilicie : j'ai été élevé en cette ville, étes-vous citoyen romain? Paul lui dit : Je le
instruit aux pieds de Gamaliel , dans la suis. Et le tribun lui répondit : J'ai acheté
vérité de la loi de nos pères, zélé pour la loi ce droit-là fort cher.^Et moi, répliqua Paul,
comme vous l'êtes tous aujourd'hui; j'ai i)er- je l'ai par ma naissance. Aussit(jl ceux qui
sécuté jusqu'à la mort ceux de cette religion devaient lui donner la question se retirè-
(celle de Jésus-Chrisl), les enchaînant et les rent, et le tribun craignit quand il eut ap-
niettant en prison, hommes et femmes ; le pris qu'il était citoyen romain, parce qu'il
grand prêtre et tous les sénateurs en sont l'avait fait lier.
témoins ; et même ayant reçu d'eux des let- « Le lendemain , voulant savoir pourquoi
très pour nos frères de Damas, j'y allais pour les Juifs l'accusaient, il lui fit (jter ses chât-
ies amener prisonniers à Jérusalem , afin nés ; et ayant ordonné aux princes des prê-
qu'ils fussent punis. Or il arriva, comme j"é- très et à tout le conseil de s'assembler, il fit
tais en chemin et que j'approchais de Damas, venir Paul , et le plaça au milieu d'eux. Paul,
à midi, qu'une grande lunnère vint loulà coup ayant jeté les yeux sur l'assemblée, dit : Mes
du ciel ; et tombant |)ar terre, j'entendis une frères, jusqu'à ce jour j'ai marché devant Dieu,
voix qui me disait : Saul , Saul , pourquoi dans toute la droiture de ma conscience. Le
wie persécutes- tu? Je répondis : Qui êtes- grand prêtre Ananie prescrivit à ceux qui
vous, Seigneur? Kt celui qui me [larlait me étaient près de lui de frapper Paul au vi-
dit : Je suis Jésus de Nazareth que tu perse- sage. Alors Paul lui dit : Dieu te frappera
eûtes. Et ceux qui étaient avec moi virent toi-même, tnuraille blanchie, l'u es assis pour
bien la lumière, mais ils n'entendirent point méjuger selon la loi, et cependant , contre la
la voix qui me i)arlait. Je dis : Seigneur, que loi, tu commandes qu'on me frappe? El ceux
ferai-je? —Lève-toi, me dit le "^Seigneur, qui étaient présents lui dirent: Quoi! tu
va à Damas, et l'on te dira tout ce qu'il faut maudis le grand prêtre de Dieu ? Paul répon-
due tu fasses. Et comme je ne voyais plus à dit : Je ne savais pas, mes frères, que ce fût le
cause ue l'éclat de cette lumière, mes coin- grand prêtre , car il est écrit : Vous ne mau-
pagnons me conduisirent par la main jus- direz point le chef de votre peuple. Or Paul ,
qu'à Damas. Il y avait là un homme appelé sachant qu'entre ceux qui étaient là, les uns
4ft
FAt)
étaient sadducëens et les autres pharisiens , ■
dit tout houl dans rassemblée : Mes frères ,
je suis phnrisien et (ils de pharisien, rt c'est à
muse de notre espérance et de In résurrection
des morts que l'on veut me condaminr. Paul
ayant dit cela , il s'éleva i.ue cunleslation
entre les pliarisiens et les sadducéens , et
l'assemblée fut divisée : car les sadducéens
diseut i]uil n'y a ni n'-surrection , ni an^je ,
ni esprit : les pharisiens , au contraire, re-
connaissent l'un et l'autre. Un grand bruit
s'entendit, el quelques-uns des pharisiens ,
se levant, disputaient vivement, et disaient:
Nous ne trouvons point cet homme-là coupa-
ble. Que savons-nous si un esprit ou un ange
ne lui aurait point parlr? Et comme le tu-
mu'le s'accroissait , le Iribun , (jui craignait
que Paul iii- fùl mis en pièces, til descendre
des soldais pour l'enlever et le conduire dans
la forteresse. Or, la nuit suivante, le Seigneur
ap|>arut à Pau' , et lui dit : Sois ferme , car
tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem,
et il faut que tu le rendes aussi à Rome.
« Le jour venu , (iueU[ues Juifs s'assem-
blèrent el tirent vteu, avec des imprécations
contre eux-mêmes , de ne boire ni manger
qu'ils n'eussmil tué Paul. Ils étaient plus de
quarante qui étaient entrés dans cette con-
juration. Us vinrent donc vers les princes
liiîs prêtres et les sénateurs , et dirent :
Nous avons fait serment avec imprécation de
ne prendre auruncnourriture que nous n'ayons
tué Paul. Faites connaître maintenant au tri-
bun, de la part du conseil, qu'il ait à amener
Paul devant vous, comme pour connaître plus
sûrement cette affaire. i\ous , de notre côté ,
nous sommes préisà le tuer avant qu'il arrive.
Le lils de la sœur de Paul ayant appris cette
cnnspiratiDii, entra dans la torteresse el l'an-
nonça à Paul. Paul, ap[)('lan tua des centurions,
dit {Conduisez ccjeunehontmeau tribun, car
il a quelque chose à lui dire. Le centurion
emmena le jeune homme avec lui, el le con-
duisit au Iribun, à (jui il dit : Le prisonnier
Paul m'a demandé de vous amener ce jeune
homme qui a quelque chose à vous dire. Le
tribun, le prentnt |)ar la main, le tira à l'é-
cart, el lui dit: Qu'avez -vous à médire?
r.elui-ci dit : Les Juifs ont résolu de vous
prier demain d'envoyer Paul dans le conseil,
comme s'ils voulaient mieux connaître son
affaire : mais ne 1rs rroyrz pas , car plus de
quarante il entre eux doivent lui dresser des
tmhùches , et ils ont fait serment at'-r impré-
cation de ne boire ni manger qu'ils ne l'aient
tué; et maintenant ils sont prêts, attendant
votrt réponse. Le Iribun tloiic renvoya le
jeune homme, lui déf.ud.ml de dire îi per-
sonne qu'il lui 0 it parlé ; et, ayant fait ve-
nir deux centurions, il leur dil : Préparez,
dès lii troisième heure de la nuit, deux cents
snldatM , soixante et dix cavali,rs et deux
rrnis lances, pour aller jasqu A (ésarée. l't
préparei des chevaux pour Paul , afin de le
conduire au gouverneur Félix : car le tribun
crai-^nail que les Juifs ne l'enlevassent el ne
le tuassent, et qu'après cela on ne 1 accusAl
d'avoir regu de I argent pour le livrer. Il
écrivit en luôme loinps une lettre en ces ter-
mes : « dinde Lysias, au très-illustre gou-
« verneur Fi-lix, salut. Les Juif^s'élaH sai-
« sis de cet ho. mue, et él ni sur le point de
n le tuer, j'arrivai avec des soldais, je le ti-
« rai lie leurs mains (juand j'eus a[)piisquil
« était citoy.n romain. Hl vo ilail savoir de
a quel crime ils l'accusaient, je le conduisis
« dans leur conseil. Je trouvai qu'il était
« accusé sur des questions qui re.;ardeiit
« leur loi, mais (pi'il n'était coupable d'au-
« cun crime qui mérilAl la mort ou la pri-
« son. Kl comme j'ai été averti d'une en-
« trcprise que les Juifs avaient formée eon-
« Ire sa vie, je vous l'ai envoyé , el j'ai dé-
« claré h ses accusateurs qu'ils eussent à
« s'expliquer devant vous. Adieu.»
« Les sol.iais donc, ayant pris Paul selon
l'ordre iju'ih en avaient, le conduisirent la
nuit à Anti|)atride ; et le jour suivant, lais-
sant des cavaliers pour aller a-vec lui, ils re-
tournèrent à la forteresse. Les cava.iers
étant arrivés à Césarée remirent la lettre
au gouverneur, et lui présentèrent Paul. Le
gouverneur, a{)rès avoir lu la lettre, de-
manda de (|uelle province était Paul , et a|>-
prenant qu il était de Ciiirie, il lui dil : Je
vous entendrai quand vos accusateurs seront
venus. El il commanda qu'on le gardât uans
le palais d'Hérode.
« Après cin([ jours, le grand [)rèlre Ananie
vint avec ([uelques sénateurs el un ceriain
orateur nommé Terlulle, el ils se présenlè-
rent devant le gouverneur contre Paul. Et
Paul ayant été appelé, Tertulle commença
à l'accuser en ces termes : < Comme c'est
<( par vous, très-illustre Félix, que nous
« viviuis d MIS une grande paix, el (pie plu-
« sieurs désordres ont été prévenus par vo-
« tre prévoyance, nous le reconnaissons
« toujours el en tout lieu, et nous vous ren-
te dons grûces. Mais pour ne | as vous rele-
« nir plus longUnnps, je vous prie de nous
« écouler un moment avec toute votre
« bonté. Nous avons trouvé que cel homme,
« véritable peste publique, excite le tiouhie
n parmi les Juifs repaiulus dans le monde,
« el qu'il esi chel d«- la secte séditieuse des
« Nazart'ens ; il a môme tenté de [irotaner le
« teiiqile. L'ayant susi, nous avons voulu
« le juger selon notre loi ; mais le tribun
« Lysias survenant l'a arraché vioh» nmeiit
« de nos mains, ordonnant (pie ses accusa-
« leurs vinssent devant vous. Vous pourrez
« vous-même l'exam.ner el reconnail e la
« vérité de toutes les choses doni nous l'ac-
« cusons. » Les Juifs ajoutèrent que cela
était ainsi.
« Paul, après que le gouverneur lui eut
fait si^ue de [)arler, répondit : « Je sais cjuo
« depuis quelques années vous r.ndez jus-
« lice il celte province : je parlerai avec
« contiancc pour ma iustiiication, r^r vous
« [)o vez savoir (pi'il n'y a pas plus de
n douze jours ijue je sms venu a Jéru>alem
a pour adorer L>ieu. Ils ne m'ont pas trouvé
« dans le temple uisputant, i.i ra.ssembl.Mit
« le peuple dans les s>nigogues ou da li la
« vdie, et d.s ne peuvent lien prouver d'au-
« cune de leurs accusations contre moi. Ja
m PAU
« coiinvsso (levanl vous i|ii(», siiivniU In n-li-
« gi«)ii ((ii'ils H|i|M'lltMii scclc, jo sers mon
« IN>i(^ l'I iiiu'i l>i''ll, (-('ov;iiil loiil en <|iii ivsl
« rcril dans la loi cl les |ii()|>lirl(»s, ayant en
<( Dieu l'csix^raniMi (jn'ils ont (>iix-ini^n)ns :
« la rc.sinrcclion liihiK^ des Intns cl des nii^-
« clian's. (l'est [lonninoi je nrcU'orce d'a-
« V'ir loujoiirs ma conscience sans repfocdK»
« d 'vaiil l)icn ol d.'vani les lionnn(>s. Or,
« fl|)i'cs |»lusiein's années, je snis venu
« l'aii't^ des a m<Hios h ma nation, ot h I) eu
« dos ollVandcs et {\o< vieiiv ; cl c'cvst alors
« qiio (|\icli|ncs JimI's d'Asio inniil Irouvi'
« |)uriti('' tians le tem|tle, sans loue cl sans
« tnnf.llc. Kl ce sonl <'(>s Jn ts d'Asie» (|ni
« devraienl |>arailr(» d vaut vous, cl m'ac-
« ciiscr s'ils avaient (|iiel(juc chose contre
« moi. Mais (|no cen\-ii (le larcnl s'ils o il
« ti'onvi^ en moi (|uel(|U(» ini(Miilù, pnisijue
« me voici devant rass{>ml)l('0, h moins
« (lu'on no m'accns(> de celle [inrolo,' (jne
« j ai dit(> hanlcmenl (>'i leur prcso'ioe :
« C'est à cause de la résurrection (1rs morts que
« je suis ju(jé aujourd'hui par l'ous. »
« Félix , ((ui (îounaissail trcs-bicn ('clto
doctrine, dillcra le jugement cl leur dit:
Lorsque le tribun Lysias sera venu, je vo\is
entendrai. VA il ordonna h uii centurion de
goder Paul, mais en lui donnanl plus de
liberlé, et sans empêcher aucun dos siens de
le servir. Ouelnues jours après, Félix étant
reveiui h Cé.snrét^ avec Drusdle, sa femme,
qui était juive, lit aftpeler Paul , et écouta
ce (7u'il lui dit de la loi de Jésus-Christ.
Mais Paul parlant de justice, de chasteté et
du jugement à venir, Félix, etï'rayé, lui dit:
C'est assez maintenant^ allez, jevous appellerai
quand il en sera temps. l\[ parce qu il espérait
que Paul lui donnerait de l'argent, il I a[)-
pelait souvent et s'entretenait avec lui.
« Deux ans accom[)lis, Félix eut pour suc-
cesseur Porcins F'estus; et voulani plaire aux
inil's, Félix laissa Paul en prison. Festus
étanl donc arrivé dans la province, trois jnurs
après, monta de Césarée à Jérusalem. L(?s
princes des p. êtres et les premiei's d'entre
les Juifs vinrent vers lui po .r accuser Paul,
et (iemandèront eu grâce qu'il le fil amener
h Jérusalem, préparant des embûches sur le
chemin pour l'assassiner. Mais Festus leur
répondit que Paul était gardé à Césarée, où
lui-môme irai bientôt. Que les principaux
d'entre vous, dit-il, viennent avec moi, et s'il
y a quelque crime en cet homme, qu'ils l'accu-
sent, il s'assit sur son tribunal et commanda
qu'on ameuAt Paul ; quand on l'eut amené,
les Juifs qui étaient descendus de Jérusa-
leiii l'entourèreut, l'accusant de plusieurs
grands crimes qu'ils ne pouvaient prouver.
Kl Paul se défendait, disant : Je nai péché
en rien contre la loi des Juifs, contre le tem-
ple, ni contre César. Festus, qui voulait
plaire aux Juifs, demanda à Paul : Voulez-
vous aller à Jérusalem et y être jugé devant
moi sur toutes ces accusations? Mais Paul
dit : Je suis devant le tribunal de César: c'est
là qu'il faut que je sois jugé. Je n'ai nui en
rien aux Juifs, comme vous le savez vous-
même : car si j'ai nui à quelqu'un ou si j'ai
I'A(!
m
fnit quelque chose qui mihntc la muri, jr m;
rejuHe pas de mourir', vinin »il n'y a rien de
venlidilr diiiiH leurs anusalinui, fnrnoune tie
peut uie lirnr aux Juifs. J mappellrà t énar.
AliM's Festus, awinl ili-blM-rénvec le (uui-.ed,
n''(M)ndit : Vous ni air: appelé à Cénur, roua
irez rcrs César.
u Quohpnts jdurs apn>s, le roi AKripnn et
nr-riniicc .i()se(' dirent h Ci'vsa i-e pour saluer
l'Cslns , (t cunniK! ils y demein i^n mit plu-
sieiMS joiu-s, F<>sius parla dr [r\[i\ au rui,
disant : « Il s a un hoiunuMpie Ft'-lix a laissé
« prisunnier, ipu- les jirinces des prêtres et
« les sénateurs d. s Juifs, pendant «put j'élars
« à Ji'rusalem, accusèrent devant moi, d(!-
« manJanl sa londanni duni. Jeleurrépondis:
« Ce n'est point la coutume des Humains de
« condamner un homme avant que l'aecusé ait
« ses accusateurs jtrésints, et qu'on lui ait
« donné ta liberté de se défendre pour sej.is-
« ti/ier des accusatio)is. ,\pies donc (ju'ds
« furent arrivés ici, sans aui un délai, h; jour
« suivant, assis sur le tribu, lal, j'ordou )ai
« qu'on ameuAl cel hounne. Ses accusateurs
« ayant |)aru ne lui rej)ro(hèrent aucun des
« crimes doiil je le soupçonnais. Ils l'accu-
« saieul seulement de quelques débats sur
« leur superstition, et sur un certain Jésus
« mort, (pie Paul assurait être vivant. Fi ne
<( sachant comment juger dite affaire, j<- lui
« demandai s'il voulait ai er h Jérusabnu et
<( y être jugé. Mais Paul \ ou la il que sa cause
« fiU réservée à la counatssa Jce d Auguste,
« j'ai ordonné qu'on le garuAl jusqu'à ce (jue
«je l'envoyasse à César. >
« Agrqipa dit à Fest.s . Je voudrais moi-
(( même entendre cet homme. — Vous l'entcn-
« drcz demain, dit Festus. Or le lendemain
Agrippa et Bé;é lice vinrent eu grandi- pom-
pe , et ayant été introduits dans la salle des
audiences avec les tribuns et les princqia ix
de la vdle, Paul fui am^iié par ordre de Fes-
tus. Et Festus dit : « roi Agrippa, et vous
« tous qui èies ici présents, vous voyez col
« homme con re qui toute la nation juive ma
(( sollic té à Jérusalem, demandant et criant
« qu'd ne fullail pas le laisser vivre [)liis
« longtemps. Et je ne l'ai trouvé coui)al)le
« d'aucun crime qui méritât la mort. Cepen-
« dant, comme il en a lui-même appelé a
« Auguste, j'ai résolu de l'y envoyer Je n'ai
« rien de certain à écrire sur lui à l'empi^-
(( reur. C'est pourquoi je l'ai ftiit venir en
« votre présence, et principalement devant
« vous, roi Agrifipa, afin qu'après l'interro-
« gatoire je puisse écrire à l'empereur: car
« il ne me paraît pas raisonnable d'envover
« un prisonnier, et de ne pas faire connaître
(( de quel crime on l'accuse. » Agrippa dit à
Paul : // t'est permis déparier pour ta défense.
Aussitôt Paul, étendant la main, commença
sa justification : « Je m'estime heureux, roi
« Agrippa, de me d fendre aujouidh.ii do-
te vaut vous des accusations des Juifs, parce
« que vous êtes pleinement instruit de toutes
« ctioses et des coutumes des Juifs, et des
« questions qui se sont élevées parmi eux.
« C'est pourquoi je vous supplie de ÇQ'écou-
« ter avec patience.
<2S PAU
i Tous les Juifs ont su roninient, dès ma
« ieuTiossc, j'ai \éru dans Jérusalt-Mu au nii-
« lieu dénia nation. Ils savent, s'ils veuU'ut
« rendit* léniois;nnt!ieà la viî'riltS que j'ai vécu
« pliarision, selon la serto la plus ap[)rouv(''e
« de notre religion. Et néanmoins je parais
n aujourd'hui rn ju;4enienl i)arce que j'espère
« eu la promesse (pie Dieu a l'aitt' à nus pères,
« promesse qu'attendent nos douze tribus
« (]\ii servent Dieu iiuil et jour. C'est celte
« espérance, ô roi 1 dont les Juifs m'accusent.
« Vous parait-il donc incroyable que Dieu
« ressuscite les morts? Et moi j'avais cru
« d'abord que je devais m'o|)poser avec force
« au nom de Jésus de Nazareth ; et c'est ce
« (pie j'ai fait dans Jérusalem, J'ai mis en
« prison plusieurs des saints, sehjn le pou-
« voir que j'en avais reçu des princes des
« prêtres ; et lorsqu'on les a fait mourir, j'y
(( ai donné mon consentement. Et souvent,
« allant dans toutes les synagogues, je les
« tourmenlais, je les contraignais de blas-
« phémer, cl, irrité de plus en i)lus contre
« eux, je les persécutais jusque dans les villes
« élrangèies. Mais un jour (|ue j'allais à Da-
« mas avec le |)ouvoir et la permission des
« princes des prêtres, en chemin, ô roi 1 à
'I midi, je vis (lans le ciel une lumière plus
« éclalante (jue le soleil, et (jui bri la autour
« de moi et de ceux qui m'accompagnaient.
« Et, tous étant tond)é> par terre, j'entenilis
« une voix qui me uiïait on langue héhrui-
« que : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-
« tu ? Il l'csl dur (le regimber contre l'aiffuil-
« Ion. Alors je dis -.Qui ètes-vous, Seigneur?
« et le Seigninir ré|)()n(lit : Je suis Jésus que
« tu prrsécutes. Muis Inc-toi, et tiens-toi de-
« bout, car je l'ai apparu afin de l'établir le
« minisire cl le témoin des choses que lu as
« rues et dr celles quelu verras lorsquejr t'ap-
« paraîtrai de nouveau. Je le délivrerai des
« mains de ce peuple, et de et lies des gentils
« vers lesquels je l'envoie mainlrnant, pour
« leur ouvrir les geux, afin qu'ils passent des
« ténèbres à la lumière, et de la puissance de
« Satan à Dieu, et que, par la foi qu'ils au-
« ront en moi, ils reçoivent la rémission de
« leurs péchés, et aient part à l'héritage des
« saints. Je ne résistai donc point, roi À,-;ri()-
« pa, à cette vision céleste, ci j'ai annonct;
« d nl)ord h ceux de Damas, de Jéiusalem,
« et dans Idule la Ju lée, et ensuite au\
« gentils, ipi'd lissent pénitence, et se con-
« vertissent au Seigneur, faisant d(! dignes
«r (f'uvres de i>('nilen("(». Vodà [louripioi les
« Juifs, m'ayanl >aisi Inrsqui* j'(''lais dans le
« temple, voulaient me Un. r. >lais, aidé du
■ secOiirsd • Dieu, j'ai rendu témoignage jus-
«» qu'h ce jour aii\ i)elils et au\ grands , ru;
« di>ant ([lie ce (jue Moïse et les prophètes
« ont prédit : Que le Chri>t soutlnrait, (pi'il
« serait le priniiicr «|ui ressusciterait aprèssa
« mort, elipi'il anie>ni:erait la liunièrci à ce
« peuple el aux gentils, d
t Comme il [tarlait ainsi j)our sa défense,
Fesliis dit h haiile V(uv : l'aul, vous êtes rn
délire ; votre grand tavoir vous fuit perdre le
trns. Et Paul : Je ne suis pas nnns le délire,
frès-illuslrr Frstus ; mais ce que je dis est
PAU
tu
plein de vérité et de sen<i. El le roi sait ces
choses, et j'en parle devant lui avec d'autant
plus d'assurance, que je crois qu'il n'en ignore
aucune ; car rien de tottt cela ne s'est passéen
secret. Roi Agrippa, crogrz-vous aux pro-
phètes ? je sais qur vous g croyez. Agrippa dit
à Paul : Peu s'm faut que vous ne me persua-
diez de me faire chrétien. Et Paul : Plût à
Diruque non-seulemenl il s'en fallût peu, mais
encore que vous et tous ren.r qui mécontent
devinssipz aujourd'hiù tels que je suis, à la
réserve de ces chaînes !
« Alors le roi, le gouverneur et Bér(''nice,
et ceux qui étaient assis avec eux, se levè-
rent, el s'étant retirés h l'écart, ils disai-nt
entre eux -.Cri homme là n'a rien fait qui mérite
la mort ou la prison. Et Agrippa dit a Feslus :
Oh pourrait le renvoyer, s'il n'en avait appelé
à César. Or, quand il fut résolu que Paul irait
en Italie, et (ju'on le mettrait avec les autres
prisonniers enlre les mains d'un nommé
Jules, centurion dans la cohorte appelée
Auguste, nous monlAmes sur un vaisseau
d'Adrumète, nous levâmes l'ancre, et nous
commeni.-Ames à ctMoyer l'Asie, avant tou-
jours avec nous Aristarque, Macédonien de
Thessalonique. Le jour suivant nous vînmes
à Sidon : et Jules, (pii traitait Paul avec liu-
manilé, lui permit d'aller voir ses amis et do
pourvoira ses besoins. » {Act. \xi-xxvii.)
Saint Paul entra dans Rome après nn
voyage long et fertile en catastrophes. Le
préfet du prétoire, à qui les prisonniers fu-
rent remis par Jules, était Afranius Burrhus,
capitaine des gardes de Néron. On ne sait
pas ce que devinrent les autres prisonniers ;
(piant à saint Paul, comme sa grande réputa-
tion lavait |)réi'édé, et iju'il était admiré
même des païens, on lui permit de demeurer
seul chez lui avec un garde, autanl pour le
protéger conlr»3 la mauvaise volonté des
Juifs que pour l'empêcher de s'enfuir. Il
loua nn logis oij il demeura deux ans en-
tiers, vivant du (>ro luit du travail de ses
mains, recevant en toute liberté ceux qui
venaitnit le visiter elles instruisant des vé-
rités chrétiennes.
Il resta ainsi deux ans sans pouvoir être
jugé devant le tribunal im|)érial. Néron était
plus xmcieux de ses plaisirs, de ses honteu-
ses débauches, (pie des atVaires j)ubli(pies;
maisentin, au bout de ce temps, étant |)ar-
venu à se faire enlendre, il se justiiia enliè-
rement el fui dès lors mis en pleine libinlé.
Ce fut durant sa eantivib' qu'il écrivit sa
belle h'.piire aux Philippiens. Dans cette épi-
tre, il dilfpiecetpi'il asoulfert aser>iau\ pro-
grès de la fui ; tpieses chaincs sont devenues
célèbresdans Home et dans beaucoup d'autres
lieux ; que rexemjde (ju il a donné aux . hn'*-
lieiis les a fortiliés, encourages dans In foi.
Depuis celle éj>oque, c'esi-h-dire ini l'aii-
néi.' ti2, il relourna en Asie el dans la plu-
part des églises (pi'il avait (ondées ou visi-
tées auparavant. On peut croire «luo ep fui
en (•(> ttnnps de ces voyages, en 65. tpi il
soulfrit à Anlioche ce dont il parle dans sa
sectjudo t'pitrr A Timothée fchap. ii.v.*)).
11 revint à Home dans celle même année 65,
4SB
l'AU
PAU
4i«
avoc sniiit Piorrf», ro.iiini' s.iiiil Dniis <l(i('(i-
riiilln< si'iiilili' rallir'iiicr (I), cl scmihI iiiiiiK'-
tli.ilriiK'iil /ï iiislniiic Ii'h [^(Hilils, îi |ii(\;li('r
(huis Itvs syiuij^D^ims. Il |»;irviiil , dil s.iiiil
Cliivso.sl iiic. ?» coiivcrlir tiii imIimusdii <Iii
palais iiii|)(^iial cl une ioiicnliinc de rcinjic-
rciir, co uni lui alliia la colcio de ce prmcn
dissolu. Il le (il arriMcr coiiuiic corrupteur cl
va,Mliond, cl lo lil niclli'c en prison. Il csl
prohalile, (l'api (""S la lin de la seconde l\})Urr
() Tiiitotlit'r, (pic sainl l'aiil conipanil alors
une prcini(''rc l'ois devaiil N('roM. Il se plaint
(lan.s celle Kpîlr(> d'avoir ('U'' ahando-nu' île
Ions. L(t prnnirrc fois (/ne j'ai dcfriulu nui
cnuxc, prrsoniir iir iii\t srcoitni, et Ions vt ont
alxinilounc. Je soidinifc qiir Dieu uc le leur iin-
putr ;)f».s- ((-liai). '^'' ^- ^^)- ^•^' crime ne londic
ap;>ari uiuicnt ipu' sur ceux (pu, ayant ipn-l-
quiu'iiHlil par Iciu' position dans )e palais,
eurent la lAcheP* ins ^ne de n'en pas user
dans rinl(^r(M du sainl apùlrc; il no saurait
s'a|)pli(pier à sai'it Lu(; , par ox(Mnplc, et
aux aidnvs disciples , (pii n'avaient aucune
iniluence, et ([ui,aux yeux des persécutcui's,
Cïissent paru coupables des mûmes crimes
(juo sainl Paul, sans |)onvoir lui cMro d'au-
cun secours.
Si l'Apôtre fut abandonné des hommes, il
fut secouru par Dieu (pii ne voulait pas en-
core rabandonn(>r à ses ennemis, et ipii le
réservait pour pr(;'cl)"r soi! Evangile même
aux persécuteiu's. O'i ne sait s'il resta pri-
sonnier jus((u'h sa mort ; ou bien si, connue
le pensi> saint Chrysostome, il l'ut mis en li-
berté. Cefutti peu piés dans ce temps qu'il
écrivit sa seconde Epilrr ù Timotlivc.
Le grand désir (]u'uvait saint Paul de ver-
s:t son sang pour la foi fut enlin rempli le
29 juin do l'année ()G; il lut martyrisé au
lieu dit des eaux Salvicnnes : il eut la tète
tranchée. Ivi qualité de citoyen romain, il ne
fui pas mis en croix. Saint ("llémcil, |ia[)e,
prétend que Néron assistait à son supplice.
Anisi li lit celui des apijlres qui , apiès
avoir persécuté l'Eglise, api es avoir fait ÙQ'à
martyrs, lut un des plus zélés propagateurs
de la foi et donna lui-uième sou sang pour
les vérités qu'il avait prèehées.
PAUL (saint), premier ermite, était né dans
la basse ïhébaide en Egy[)te. A l'âge de
quinze ans, il perdit son père et sa mère.
Déjà il était fort versé dans les lettres grec-
ques et égyptiennes. En SoO, quand reu>.pe-
reur Dèce suscita une violente persécution
contre l'Eglise, Paul, pour l'éviter, alla se ca-
cher chez son beau-frère; mais au bout de
quelque temps, ayant su que celui-ci voulait
le dénoncer, pour, après sa mon, entrer par
héritage en possession des. s biens, il s'en alla
dans le désert. Là, ayant trouvé une caverne
anciennement habitée par de fa ix nion-
naypurs, du temps de la reine Cléopâtre, il
s'y in.stalla : elle lui servit de dem.-ure. Une
fontaine était auprès, qui lui fournissait sa
boisson quotidienne; un palmier, pendant
quarante ans, lui fournit ses fruits pour
(1) Saint Astère prétend qu'il le trouva dans celte
ville, et (pi'il se joiguii à lui.
DicTiONN. DES Persécutio>s. II.
nourriture, et .sph feuilles pour v^leiijeiii.
PendanI les ciuipiniile dernu-rcs nnnées du
^a vie, \\ l'ut nourri nnracideus"(nent par la
Providence : UM corbeau lui ap|ioilail cha-
îne join' la nioiiii* d'un pam. Il resl.i donc
iialr(svingl-di\ ans dans son di-seri, ij;noré
u monde et se contcnlanl di« pi ier pour lui.
(le l'ut au bout de ce temps ipi(j l)ieu lui
envoya sainl Antoine, datis les dernières
heures d(! sa vie, pour prendre soin do
sa s(''pullure cl pour garder au moud • l'Iiis-
toii(î merveilleuse di.' ce s/nnt anacliirele.
PAUL (sainl), martyr \\ l.ainpsaipie, ca
l'anni'e -250, sons le règne (h; l'empereur
Dère, fut le compagnon de la gloir(-: 'l des
combats di; saint André, ('ounne lui, il fut
co'idaiinéà mort par le proconsul Oplimus.
Une |»r« inière fois, amené d(!vaiil c(! magis-
trat, avec sainl André et Nicoinaque, il eut lo
l»o ih(ïnrdeconfesser gi-nérenseiuent la foi do
Jesus-Chrisl. [Voy. S'icom vyi i;. ) L'; lendi;-
main, un<.' émoi ion popu la ir(? ayant éclaté dans
la ville, lepiMiplcdemandanl la morldessaints,
Paul confessa encore sa loi devant le pro-
consul, résista h tous les tourments, et fut
enlin lapidé avec saint André'. [Vofi. X\in\i.)
L'Eglise fait la fête des saints uiartyrs de
Lainpsa(iue, Pierre, André, Paul et Denise,
le 15 du mois de mai.
PAUL (sainl), eut le bonheur de donner
sa vie poui' Jésus-(]hrist,à Carlhage, en l'an-
née -250, sous l'emoire de Dèce. Il mourut
au sorlirde la q'K'stion. L'Eglise fail sa fie,
avec celle de sainl Mappalique, le 17 avril.
PAUL (sainl), fut martyrisé à Corinthe,
durant la p. rséculion de Dèce, sous le | ré-
side U Jason, avej les saints Codrat, Denys,
Cyprien, Anect et Cresccnl. L'Eglise fait leur
fét(! le 10 mars.
PAUL (saint), iflartyr, soulfrit avec les
saints Denis, Eauste, Ca.us, Pierre, et ciuatrc
a itie^, sous l'empereur Dèce. Depuis, sous
A'alérien, ayant enduré de longs lourmcnts
par ordre du président Eniilien, ils rempor-
tèrent la paliui du martvre (Extrait du Mar-
tyrologe romain). L'Eglise fait la fête de tous
ces saints le 3 octobio.
PAUL (saint), souffrit le marlyne pour la
foi en Afrique, sous le règne (i^e Valérien,
l'an 259, avec les saints (jéronee. Janvier,
Saturnin, Successi.', Jules, Cal, et les saintes
Pie, TertuUe et Germuine. On manque de
détails authentiques sur leur martyre. L'E-
glise fait leur fête le 19 janvier
PAUL (saint), lecteur, fut martvrisé avec
sainte Julienne, sa sœur, dans une ville de
Piolémaïde , les uns disent sous Valérien
(.Martvrologe romain), les autres sous Auré-
lien (tîaronius). Ce dernier auteur dit que ce
fut à Ptolémaide en Isaurie (où il n'y a
pas de ville de ce nom). Le Maityrologe ro-
main dit que ce fut à Piolémaïde en Pales-
tine. L'Eglise fait la fê ede saint Paul et de
sainte Julienne, sa sœur, le 17 août.
PAUL ^saint], prêtre et martyr, fut compa-
gnon du sacriiice de saint Hévérien,évèque,
à Aulun, sous l'empire d'Aurélien. L'Eglise
honore sa mémoire le 1" juin; malheureu-
417
t>Ali
PAU
i^
si'iiienl st's .Vclf>s ne sonl pas de nature à
ins|urt'i- grande contiance. On donne à ces
de\i\ saints martyrs dix coni[)a}înons de
leuP"^ glorieux combats, mais lo Martyrologe
nn pas inscrit leurs noms.
PAUL, l'un des trente-sept martyrs ^gy|)-
tiens qui donnf'>rent leur sang pour la foi
en Ksiypte, et desijuels Ruiiiarl a donné les
Actes authentiipies, Voy. Martyrs (les
trente-se|)ti éfi^yptiens.
PAUL (saint), martyr, scellsk de son sang
la loi chrétienne en l'an de Jésus-Christ
30S. 11 était un des confesseurs les plus il-
lustres delà Palestine. Quand le gouverneur
) Firmilieu l'eut condamné h mort, et comme
■ on allait l'exécuter, il demanda ([uelques
instants de répit. Celte faveur lui ayant été
accordée, il pria pour ses bourreaux, [lour
les Juifs, pour les Samaritains, pour les as-
sistants et pour le prince. Il su[)[)lia le Sei-
gneur de prendre en pitié les maux de son
Eglise. Après cette prière, il [trésenta le cou
au bourreau, qui lui abattit la létc. [Voy. Eu-
sèbe, de Mart. Pnlesl.) L'Eglise célèbre la
fét<» de ce saint le 23 juillet.
PAUL (saint , al»bé des ermites de Raïlhe,
fut massacré avec la plupart de ses disciples,
en 373, par les Blenunyens, peuple sauvage
de rKthio[iie. (Voy. Martyrs de Uaithe et de
SiNAÏ.) L'Eglise fait la fête de tous ces saints
martyrs le IV janvier.
PAUL, prêtre a[)Oslat sous Sapor, roi de
Perse, ne se contenta pas de commettre le
crime atfreux de l'apostasie; il devint lui-
même le bourreaude sainte Thècle et de ses
compagnes. {Voy. l'article de cette sainte.)
PAUL (saint), évêqne de Constantinople
et mart.v r, était originaire de Thessaloni([ue.
Il était isncore assez jeune, lorsqu'il succéda
dans le siège de Constantinople à Alexandre
qui l'avait fait prêtre, ou seulement diacre,
comme le veulent les Grecs. Néanmoins il
avait di'jà toute la prudence des personnes
les plus Agées. Il était fort capable d'instruire
le peuple, propre pour le conduire h Dieu et
estimé detoul le monde pour ta s.iinteté de sa
vie. Les ariens même, ennemis de saint Paul,
avouaient (juc saint Alexandre avait parlé
de lui avantageusement |)our l'éloipience et
la capacité (l.«n> les alfaires. Saint Alexandre,
dont l'autorité avait comme accablé ceux
ipii suivaient les dogmes d'Arius, étant mort
en 336, ces liérelupies reprirent cienr, et se
mirent en état de tenir tète aux cathnlicjues,
a|ipiiyé> ipiils élaicnit du crédit d'Kusèbedo
Nicomédie. De sorte que i'Egliae de Cons-
tantinople se trouva toute en division et en
trouble sur l'i-lection de son successeur. Les
catholiques voulai<-nt saint Paul, et lesariuns,
Macédo!)o, plus Agé que le premier , mais
(pii n'avait iia> la même vtntu. Le parti des
orthodoxes 1 emporta pour cette lois sur les
ariens et saint Paul fut sacré dans l'égli.se de
la Paix, par les évêques qui se trouvèrent
dans la ville.
Ce fut sous Con^lmlin et sans doute dès
|p commencoraent <le 1 tinscopat de saint
Paul, qu'arriva ce (jue ramxMie «.uni Atlia-
nasp, qiip M«cé<lone avait ioruié quoique ac-
cu«;ation contre ce saint. La fausseté en fut
bien aisée à reconnaître, dit saint Athanase,
puisque Macédone, qui l'avait formée, l'a-
bandonna lui-même , et communiqua avec
saint Paul, servant sous lui en qualité de
prêtre. Cette accusation de Macéclone était
une intrigue des eusébiens. Aussi, quelque
fausse qu'elle fût, ils ne la négligèrent pas.
L'ambition avait déjà porté Eusèbe du siège
de Béryte sur celui de Nicoraédie, et il avait
encore jeté les yeux de sa concupiscence sur
le trône de la nouvelle Rome. Il fit donc sub-
sister l'accusation de Macédone, la poursuivit
lui et ses partisans, et lit tant enfin tpie Cons-
tantin relégua saint Paul dans le Pont, d'oii
il y a apparence qu'il ne revint qu'après la
mort de ce prince. Quoii|ue le dessein d'Eu-
sèbe, en faisant bannir saint Paul,filt de
s'emparer de son siège, on croit néanmoins
fiue Dieu ne permit pas qn'il réussit d'abord
dans son ambition. Il y a apparence en etfet
que Constantin, qui n'aimait [>as à voir pas-
ser les f'vêques d'un siège à l'autre, ne mit
point d'évêque à la place de notre saint.
Quoi (lu'il en soit, il fut rétabli sur son
siège, a[iparemment en 338, lorsuue tous les
évèques bannis par Constantin lurent réta-
blis par ses enfants. Constance passa bientôt
après à Constantinople , et excité par l'an-
cienne accusation que Macédone avait in-
justement dirigée contre Paul , rem|)ereur
témoigna qiid était indigné de voir l Eglise
de cette villt> entre les mains d'un homme
indigne de Tt-piscopat. Il lit donc assembler
un concile de prélats infectés del'arianisme,
qui déposèrent ce saint évèque et mirent
Eusèi)e à sa pl.ico. Celui-ci étant mort en
3H, le peuple de Constantinople, ïélé pour
la foi, rétablit notre saint sur son siège. Mais
à peine y était-il revenu, que les ariens lui
ayant oi)posé Macédone, il séleva une guerre
civile dans la ville. Le général Hermogèue
avant voulu chasser Paul, fut tu<' par le peu-
)le. Constance arriva, quoit^u'on fôt au mi-
ieu de l'hiver, déchargea sa colère sur notre
saint, (pii fut encore obligé de s'enfuir. Ce-
ptudant le peuple de Constantinople , qui
l'aimait beaucoup , le lit revenir dans la
même année et le n-tablit snrson trône épis-
co|>al. Constance qui se trouvait alors à Aii-
tioche, ayant appris cet événcnuent , entra
en glande fureur, et envoya à Philippe,
préfet d'Orient, l'ordre de chasser Paul, rlii-
lippe,qui était arien, s'empressa d'obéir avec
joie à l'iniqiereur. Mais crai-rnant une sédi-
tion, il lit venir notre saint, lui montra l'or-
dre de tA)nslance,et le Qt embarquer sur un
vaisseau que l'on tenait f)rèt pr. che d'une
f«'nêlre du palais. Macédone fut mis en pos-
session du siège de Constantinople, et notre
saint reléguée Sini^are, d'où il fut ensuite
transféré à Eincse. Néanmoins il fut rétabli
sur son siège on 3i8, par (vtiistant, (|ui força
son frère Constance de lui accordtn- la liberté
de Paul et d'Alhanase. il gouverna iloncson
église en paix, peud.int environ deux ans;
mais Constant étant vemi à mourir en 3.50,
Constance onlonna de le mener en exil. No-
tre saint s'étant enfui, il tomba entre lc3
I
m
PAIi
l'Ai
42Û
m.'iiiis (lu ceux qui lo poiirsiiiviiiiMil. On U»
«Miiiliiisil il Cuciisn, silm'tf tJniis los ilrst-i'ls
(lu iiioiil 'riMirus. Les «iiciifi, non coiilnils
il»> r.ivoir fdil n'l('^ui'r dd'i.s ccl rmlruil iii-
liJkhiliV l'y ciiruriiii'itiil (l.iiLs un Immi «-lioil
«l obscur, où ils 11' laissc'Tciil sans iiournUut»
|)««ii(l,iiil SIX jours. A|»r(''s «o lriii|>s, rjiv.uit
IrouvtS i(«s()inuil ciiidi-c , ils l"(''lr.iiiKlrrfiil
(;j^() ou :K)1). Voilà coiiuMO fo iMJUViiiu l'aui
i('iii|iorl.»(»ntiii la coiiionii»', iiprt-s avoir lon;:,-
Iciiijis (■oinhallu selon les lois ilc Jésus-
Chrisl par laul do laliiJiUcs o\ dcvii (pio les
arii'iis lui avaicnl l'ail ("tdiircr coiiiiiic à un
déiciisciir i'ilrcpidcdcs (lo^iui'sa|)osl<»lii|Ufs.
Cttr riiisloiro lui nîud ce lùuioit^iua^i! (|uu
de Ions li's i'^vt\|urs de l'Orinil, ceuv (|ui
éUieiil U' [)lus ullatliés à la docliiuc du
concile de Nicoe tHaient saint Paul t'I saint
Alhanasc. FMnli|i|)c, (|ui avait encore élé en
celle occasion le peiséciUeur el le bourreau
de sainl Paul, éprouva bienlAl lajtisie von-
geancedne à ses crimes. (Inr moins d'un au
»prèsS lo iuarl.vrc iki sainl, il fui dépouillé
hunleusenient'do sa dij;'iil(5 ot dennuira ox-
jK)î>é au\ insultes de loul le monde, en at-
tendant (|u'on vint lui ùler la vie. Il mourut
enlin hors de sou pays el de la coiiiiw#iie de
ses |)rocIies.
Longtemps après, le grand Théodose ayant
ap|)ris (|uelles avaient élé la vie et la mort de
saint Paid, lit raiv|)ortor àConslanliiiQplvson
cor[)s, d'Aiic,\ro, où on l'avait Iransféié .le
Gueuse. Il le re<j'ul avec beaucoup d'honne.r
et de respect. Nectaire, ipii venait d'èlreiait
é.vèque de Conslanliiio.de, et tous les pré-
lijt.!j qui se trouvaient eu cette ville, allèrent
au-devani du corps, le reçurent avec le chant
des psaumes, le portèrent i>ar le milieu de
la ville et le mirent dans l'aiicieune église
de la Paix, oii ce saint avait tenu quelque
temps son siège. L'Eglise honore l'immor-
telle iném(,)ire de notre saint le 7 juin.
PAUL (saint), martyr à Rome avec saint
Jean, sous Julien l'Apostat, avait été i)rimi-
cier de la princesse Constance, tille de l'em-
pereur Constantin. Ayant pris ensuite du
service dans les armées, il devint ofU.cier
sous Julien, il bit condamné à nioit en 362
par Apronieu, préft-t do Rome, dont la haine
aciuu'née coi i ire les chrétiens valut à plu-
sieurs la couronne du martyre. Le nom de
saini Paul se lit au Canon de la messe avec
celui de saint Jean, le compagnon de son
martyre, et il y ava;t ancienneme'it ii Rome,
près de la basilitjue des A[.'ôties, une église
qui po' tait leur nom. ( Voy. Rondininus, de
SS. Joanne et Puulo eoramq^ue basilica vêlera
monumentn, Romae, ITftT, iji-'i.". loy. aussi
Florus, diacre de Lyo?i„ Hymne sur saint Jean
et saint Paul.)
PAUL (saint), martyr, soulfrit le martyre
en Syrie avec Cyrille, Eugène et (piatre au-
tres dont les noms sont inconnus.. On n'a i>as
de détails sur eux. L'Eglise fait leur fête le
20 mars.
PAUL (saint), diacre et martvr, souffrit à
Cordoue pour la défense de la religion chré-
tienne. Ayant repris l'impiété et la cruauté
ée nuelaues Drincesmahoraétans, et nrèchant
conslaunuenl Jésus-(dirisl, d lut udniuiaine-
nieiii uj,(s-,acré \>i\v leur onhe, et alla rece-
voir dans h; < iel la récompeine qui lui était
|iréipaiéi'. Li' ikmii do cet illustre martyr c.st
iiisci'il an .Mari) lolo^i- romani le 2l) juill l.
l'.VlJL (le bieulHMireijx), frère couvers de
l'oidio de Sainl-Dominiqiie, exhortant plu-
sieurs Portugais a subu' la iiKjrt pour le nom
de Jé'siis-Cluist, recul avec eux h; cOUp
mortel de la main des id<d.'Ures, en l!i<)H, duDS
le royaume d'Arialian, dont I s luUjil.ints su
noiiuuaieiil .\rrakauis ou Moj^lis. ( F<intana,
MonuninUa Dantinicnna.)
PAI;L lie biiiilirureux), chiif des mission-
naires dominicains en Arménie, fut massa-
cré [)ar les Turcs vers l'année KiOV, avee
une glande partie de ses redigieux et un
grand nombre de chrétiens.
l'AUL (II' bienluMireuxj, fut niarlvri.sé au
Ja|ion en U>l;i, dans le royaume d'Aiim.i,
avec son père Léon Tacuendomi Cuniémon,
Eainxida Lnguyémou (Léon), sa femme
nommée Marihe , AdricMi Tacafalimuido »
Jeanne, sa femme, sa tille Marie Madeleine,
vierge, Agée de dix-neuf ms , el vouée au
Seigneur, Jacques, son lils. Agé de douze
ans. Tous fuient condamnés au supplice du
feu. On peut voir les détails de leur martyre
au titre Faiuxida Llguykmon [Léon).
PAUL (le [irince), dixième lils de Sounoii,
Peylé (régulo du troisième degré) à la C(jur
du céleste em[)ire, s'oUrit, en l'année 1711),
pour accompagner le quatorzième lils de
l'empereur Kang-hi dans la guerre qu'il al-
lait soutenir pour son père contre Tse-Vam-
Raptan, roi des Eleuths. Paul était pour lors
Agé d'environ vingt-sept ans. Grand, bien
fait, renommé comme oUicier, il fut accepté.
Déjà dei)uis longtemps il suivait lout;.'S les
prescriptions de la loi chrétienne. Souvent
il avait pressé le P. Suarès de lui donner le
baptême; mais celui-ci, pour l'éprouver, avait
toujours ditféré. Près de {)artir pour un
voyage de six cents lieues, il renouvela ses
instances. Le Père accéda à son désir, et ce
fut alors qu'il reçut le nom que nous lui
donnons en tète de cet article. Quand il eut
rejoint l'armée, il écrivit à son père, à sa
mère, à sa femme, d'embrasser comme lui le
christianisme. Sa femme seule tint compte
de ses exhortations, et se fil baptiser sous le
nom de Marie. Non-seulement Paul instrui-
sait sa famille et ses domestiques des vérités
chrétiennes , m-iiis encore, dans les confé-
rences qu'il avait avec les seigneurs de l'ar-
mée, il leur donnait une si haute idée du
christianisme que i)lusieurs en devinrent de
zélés défenseurs. Ayant appris qu'il y avait
dans les troupes quelques soldats chrétiens,
il les lit venir, et leur montra toute la bien-
veilbuce imaginable. Au bout de deux ans,
1 empereur rappela son iils, qui revint avec
le |»rince Paul, après avoir chassé du Thibet
les troupes de Tse-Vam-Raptan. Le témoi-
gnage qu'on rendit de Paul à l'empereur fut
cause qu'il reç.t de nouveaux honneurs et
une augmentation d'appointements, iiais
Paul ne désirait plus servir que Jésus-Chiisl ;
il DFésenta au tri-liunal des princes un mé-
451
FAlî
PAU
431
\
moire où il disait <|u'un(' inconiinofliK^, (jui
lui était venue nu ^o:iou. Tcnip^chait de
inonlorà cheval ; ({ue, ne pouvant plus servir,
il ne croyait pas pouvoir garder ses appoin-
tements,"et qu'il priait l'empereur de vouloir
bien agréer sa (lémission. Le président du
tribunal, qui était ami de Paid, lit son ra|i-
port de telle sorte que l'enipereur agréa la
demande, et laissa à Paul un titre honori-
fique (}ui ne l'engageait à aucune fonction.
Libre enfin, il se voua tout entier aux œuvres
de piété, se faisant apiMre au milieu de ses
amis et de ses connaissances. Il veillr.it avec
un soin extrême h ce que les petits enfants
des princes, ses amis, ne mourussent [)as
sans baptême. Il co-iférail tous les jours
avec ses frères Jean et François sur les
n^;.vens qui convenaient le mieux pouréten-
tlre l'Eglise du Seigneur. Leur père les avait
ch.issés de sa présence; ils ne furent admis
auprès de lui ([uc lors(|ue l'empereur, Tayaut
mandé au palais, le bannit, parce ((uc |)lu-
sieurs de ses enfants s'étaiml faits chrélicns.
On peut voir à l'article Soinou comment ce
vieillard, croyant apaiser la colère de l'em-
pereur, prit la résolution de lui livrer enchaî-
nés Paul, Jean et François. Quand on voidut
mettre les chaînes à Paul, il repoussa vive-
ment l'ofticier qui s'approchait de lui. « Je
n'ai offensé, dit-il, ni le ciel, ni la terre, ni
l'empereur, ni ses ancêtres ; je veux qu'on
me dise pour (luel motif on me traite ainsi 1 »
« Ne voyez-vous pas, lui dit son frère Jean,
que c'est parce que nous sommes chrétiens. »
<( Si c'est pour cela, reprit Paul, je reçois vo-
lontiers ces chaînes, et je serai glorieux de
les porter. » Quand on vint pour les lui ôter,
la démarche de son père au palais n'ayant
pas réussi, il témoigna son chagrin de les
quitter. Le 13 iuillet 172i , deux jours
avant le départ, il vint avec son frère Jean,
son tils Michel, enteniire la messe à l'église
des Jésuites portugais; puis le 15, il partit
avec toute sa famille pour se rendr(> au lieu
de l'exil que l'empereur avait désigné. C'était
un lieu nommé Yeou-Oué, où l'empereur
entretenait un corps de troupes assez consi-
dérables, puis(iu'il y avait des soldats des
huit bannières de la Chine. Yeou-Oué est
situé dans la Tartarie, un peu au del?t de la
grande muraille, à (luatre-vingt-tlix lieues
de Pékin. On peut voir h l'article Soinou
rpi'en 17-23, tous les princes, ses (ils et |)e-
lits-tils, en état de porter les armes, furent
incorporés «oinme simples cavaliers dans ces
dilTérents corps. Le même article fera voir
Zuelles furent la suite et la tin de cet exil,
e prince Paul avait été, connue nous l'avons
dit, l'un (les plus ardctils |)ropa,.^ateurs de la
foi chréti-iuie <^ Pékin; ilans linlérieur de
son [lalais, il avait fait construire une cha-
p» lie. Son immt'iist! fortuut' lui avait permis
d'y déployer un»- telle magrmicenci' (\\u\ s'il
faut en croire le récit des missionnaires,
celte chapelle ne h* ct'dait eu lien à celles
de nos palais royaux d Kurnpe.
PAUL ^sauit), marivr, était un jeune
liioinf» de la Lusitanie. lll fut martyrisé l'an
85C, durant la persécution d'Alxliilrame IL
a>ec un autre jeune moine, nommé Isidore,
et un vieux prêtre, nommé Elie. L'Eglise
fait leur fête le 17 avril.
PAIX fsainl), fut martyrisé à Rome avec
les saints Lucius et Cyriaque. Les dét i!s
nous manquent sur leur compte. L'Eglise
fait leur fête le 8 féviier.
PAUL (saint), pape et confesseur, souffrit
cl Rome pour la (iéfense de la foi. Nous n'a-
vons aucun détail authentique sur lui. L'E-
glise fait sa fête le 28 juin.
PAUL (saint), eut le glorieux avantage de
verser son sang pour la foi h Antioche de
Syrie. 11 eut |)Our compagnon de son triom-
phe saint Nicéas. Tous deux sont collective-
ment honorés dans lE^lise le 29 aoilt.
PAUL isaint), soufbit le martyre en l'hon-
neur de Jésiis-Christ, avec les saints Lucien,
Métrope, Zénobe, Théotimc et Drusus. Leur
martyre eut lieu dans la ville de Tripoli.
L'Eglise célèbre leur sainte mémoire le 2i
décembre.
PAUL (saint), reçut la palme du martyre à
Damas, avec Tatte, son épouse, Sabi ueri,
Maxime, Ruf et Eugène, leurs enfants. Ayant
élé accusés de faire profession de la religion
chrétienne, ils furent char'.'és de cou[>s, et
endurèrent d'autres supplices dont nous ne
conn.iissons pas les ditferent«s circonstances,
et dans lesquels ils rendirent leur âme à
Dieu. L'Eglise fait collectivement leur fête
le 25 se{)teml)ie.
PAUL (saint], martyr, souffrit à Constan-
tinople pour la foi avec Lucillien, ancien
prêtre d'idoles, et trois autres enfants de son
i\ge, Denis, Claude et Hypace. {Voy. Llcil-
i,ii;n, pour pins de détails.)
PAUL (saint), martyr, eut la gloire de ver-
ser son sang pour la défense de la religion
h Tomes, dans la (irovince du Poni. Saint
Cyria(|uc soulfiit avec fui. L'Eglise honore
leur mémoire le 20 juin.
PAUL (saint), martyr, est inscrit au Mar-
tyrologe romain le 8 février. Il soutfiil le
marlyie à Rome avec les saints Lucius et
Cyria(|ue. L'Eglise fait leur fête le 8 février.
P.VUL f saint', martyr, eut la gloire de
cueillir la palme ilu martyre avec les saints
Crescent, Dioscoride et Hellade. On ig 'ore
le lieu, la date et les circonstances de leur
martyre. L'Eglise fait leur fête le 2H mai.
PAUL (saint), martyr, recueillit la palme
du martyre à >o\on. Il eut pourcompa,.,'no is
«le sa gloire les saints Heracle, .\qiiilin et
deux autres (jue l'on ne connaît pas. Le
Martyrolo-,'e romain ne do'ine loini de dé-
tails 5ur leur mart_\re. et »>e dit point non
plus h (pielle épo j ic il arriva. L Eglise cé-
lèbre leur saille mémoire le 17 mai.
PAUL i^sainl), f'^t uiflKyi ivé ;^ Porto, avec
les saints Héraclius, Second il le et Janvière.
Nous n'avfins aucui i et.ul sur l'éporpie et
les circonsl.irues de leurs rombat>. L'Eglise
fait collectiveii ont leur îete le 2 mars.
P.VUL (saint, mart .i, eut lo glor eux avan-
tage de mourir pot la dérMise de Jésus-
Christ, à Nicée. Il eut pw,ir compagnons ilo
ses glorieux combats les saints Darius, Zo-
zimc et Second. On ignore comolétemeut les
4!(5
PAU
RI
484
circoiislnnco» qui lllii.sin''iont leur glorieux
nuiilvrc. L'K^lisc les Ikiikmc le l'j (li'ci'iiibrc.
l'ArLI'". (sailili'), viciée cl iiiariMc, sniiirrit
h Cdiislaiitmoplo. KHe fut |tii.s(! par les pcr-
.s(^(ui(>(irs dans lo Irmps (lu'cllo ramassiiil le
saiiK (le |>lii>inii'S niailyis. On la halltl de
V('i};('s, puis on la jda dans le li'ii. Mais cii
ayant (Mé délivrée, ('ll(> eul le bonheur d'(Mro
dV'capilét» au même lieu oTi sain! I.iirilicn
nvail elé erucilié. Sou nom esl insciil au
]yiarlvrol()j;e romain le <'t juin.
PAri-i; (sainli'i, mail \ re,vei-sa son san^eii
l'honneur di> Ji'sns-CJn isl, ;\ Malati;a,en Ivspa-
{;iu>. l'Ile eul pour compai^non de son inarlyre
saint Cyriaipu». Ils momurenl sous les pier-
res doiil on les accabla. L"K;;lise lail leur
sainte nuMuoire \o 18 juin.
PAl'l.K (saini). mari\ r.est inscril au Mai'ty-
roltig'^ romain le "20 juillet 11 le soulVril avec
los saints marlyrs Sahin, Julien, Maeroho,
Cnssio el dix autres don! los nom> sont igno-
rés. l/Iv^liso les honoi'e collecli veulent.
PAULK (sainte), martyre, mourut pour la
foi .'i Cartilage, avec les saintes Hass(> et Ag.i-
thoniqiie. On n'a {)as do détails anthoidi(]ue8
sur la tialo et les circonstances do leur mar-
tyre. L'Kglise honore leur mémoire le 10
aoi'it.
PAULILLK (saint), martyr, eut la gloire de
verser son sang [lour la foi chrétienne. Il
sontlVit le martyre avec les saints Cyriaijue,
Second, Anasta.so, Syndimo et (i"aulres com-
pagnons que le Àlarlyroio^e romain ne
nomme point. L"Eglise lioiiore la méraoire
do ces saints hommes le 19 décembre.
PAULIN, juge de Havonne, lit mourir saint
Ursiciu et saint A'ital, durant la j)ersécution
de Néi'on. Il lit décapiter Ursicin, et enterrer
vivant Vital, dont il était lami intime, parce
que ce dernier, chrétien seciôtement, avait
exhorté Ursiciu, sur le point de renoncer
sa foi, à soullVir le martyre, et avait pris soin
de sa sépulture.
PAULIN (saint), évoque et patron de Lac-
ques, fut martyrisé à Pise, sous l'empire de
Néron, avec plusieurs de ses compagnons.
Avant de consonuuer son sacritice, il avait eu
la gloire de c-mbattre pour la foi : il avait
couragousimeut confessé le nom de Jésus-
Cluisi. Il avait été fait évoque de Lucqucs par
sain Pierre. L"Lglise honore sa mémoire le
12 juillet.
PAULIN, gouverneur de Palestine, sous
Dioclétien, fit arrêter, en l'an 303 de Jésus-
Christ, .-aint P ocope, qui était lecteur et
exorciste daus l'église de Bethsau ou Scytho-
polis, et le lit amener à Césarée, siège de son
gouvernement. L^i, n'ayant pu iamener à
sacrifier ni aux faux dieux, ni aux empe-
reurs, il le conda.u'ia à être décapité. {Voy.
Procope. Voij. aussi Assemani [SlepU.], t. II,
p. 1G6.)
PAULIN (saint) , évoque de Trêves , fut,
durant la persécution des ariens, exilé pour
la défe ise de la foi par l'empereur Constance,
et fatigué jusiju'à la mort par de fréquents
changements d'exil, dans les contrées oii le
nom de Jésus-Christ n'était pas même connu.
Enfin, étant mort en Phrygie, il reçut du Sei-
gneur la couronm- <|u'il s'était acqui.se pnr
80.S «oiilVrances. l.'KKii.se fuit h» féti; \i- 31
aorti,
PAULIN (Hniul), rct.ul hnr)uronhe du mar-
tyre h Todi, on confessant Jésus-Christ. Il
eut pour comparions de son glorieux Iriorri-
plie les saillis lli-iiicliiis el I''i'licissiiiie. L'I>
glise fait hnir sainte mémoire le 'i(i mai.
PAULIN (saint), reçut le glorieux ptivilégo
du m irl> re à Cologne, On i-nrtri- lépoquo
el les dilléroiiles (Mrconstnnees de son com-
bat. Il (!sl inscrit au Marlyvolo.;e romain le
V mai.
PAULINK (sainte), fut martyrisé(! h Homo,
sous l'empirer de Valérien, avec les saints
Ilippolyli!, liusèbe, Marcisl, Adrias, Maxime,
Néon et sainte Marie. L'Kglisiî fait .sa fête le
2 déciMîdjre. (Pour plus aiiq'les détails, voi/.
los Actes de saint IIii'poi.vti;, à son article.)
PAULINE (sainte), ma-rtyre, mourut pour
la foi (^ Home, av(>c son pèr(î saint Artème, et
sa niére sainte Candide. [Voy. |)onr plus do
détails, l'article Aiiti'î>ik.)
PAULINK (saint(î), souffrit le martyre h
Home, avec les sa ailes Donate, Kustique,
Nominande, Sérotine, Hilarie et plusieurs
autres, dont l<>s noms sont ignorés. L'Eglise
fait leur fête le 31 décembre.
PAUSIDE (saint), martyr, eut la gloire de
veiser son sang pour la co:ifossion de la foi.
Son martyre eut lieu h Césarée on Palestine,
sous l(î président Urbain, dans la persécution
de DJoclétiei. Il mit [lonr compagnons de
son martyre saint Tiinolaùs, saint Romule,
les deux saints Alexandre, saint Agape, les
deux saints Denys. L'Eglise honore leur
mémoire le 2'i- mars.
PAUSI LIPPE (saint) , soutfiit le martyre
sous le règne de l'empereur Adrien. Il eut
pour compagnon de^ son glorieux combat
saint Théodore. L'Eglise fait leur fête le 15
avril.
PAYIE, ville d'Italie, dans le royaume
Lombard-Vénitien, est célèbie dans les an-
nales des martyrs de l'Eglise par les souf-
frances qu'y endura son évoque saint Cris-
pin, en confessant la foi.
PAXENT (saint), était probablement un
des disciples de saint Denis. Suivant une
ancienne tradition de plusieurs éj^lises de
France, il fut martyrisé dans les premiers
temps du christianisme. Pendant quelque
temps les bénédictins de Saint-Martin-des-
Champs, à Paris, possédèrent ses reliques.
Son culte est devenu cher à cette ville depuis
le XIV" siècle, que ses ossements furent ren-
fermés dans une chasse d'argent avec ceux
de la vierge sainte Albine. Actuellement ses
reliques sont perdues. Il est honoré dans
l'Eglise le 23 septembre.
PÉGASE (saint), martyr, souffrit pour la
foi, en Perse, avec les' saints Acyndine,
Aphtone, Elpidéphore, Anempodiste et plu-
sieurs auires que le Martyrologe romain ne
nomme pas. On ignore à quelle époque eut
lieu leur martyre. L'Eglise célèbre leur mé-
moire le 2 novembre.
PEIGNE DE FER (pecten), instrument de
supplice fort usité pour tourmenter les chrér-
135
IML
TEL
436
tu'fis, dit'/. Ic^ liouncrtux île la primitivw
r^li>e. Pniir avoir idre dp rot instrunionf, il
faut sf lii;tirt'r en petit un râteau de. lanlinagf*
à (leiifs (Jroilcs et roiirtes et fort aiguës.
Ainsi un inorrean de bois long de six à dix
centiru^'lres, ayant de huit h dix dents sur
une de ses arfii-s. et nercë sur une do ses
faces, au milieu, ponrl introdrliou du man-
che, tel était le p ignc de fer. 1-^olémeut
chaque dent ne faisait (|u"une blessure moins
dangereuse et moins doulaireuse que celle
du croc, par exen>ple ; mais huit ou dix dé-
chirures, faites en nuMue temps et très-rap-
1)rochées, étaient qiielque chor-e d'atroce.
*uis, quand on promenait rinstrum<'nt sur
les plaies déjî^ faites et qu'on déchirait les
parties dé;h déchirées, on faisait d'aiïrenses
blessures. Quand un martyr avail ét<'- torturé
ainsi , souvent on voyait à découvert les
cAtes, les entrailles, les organes thoraciq\ies.
On jetait en prison les malheureux qui
avaient subi ce supplice, puis, au bo\il de
quelques jours, on le leur infligeait de nou-
veau. On rouvrait les jilaies.on déchirait les
adhérences nouvellement faites, on rame-
nait la douleur plus vive dans ces foyers oii
l'intlammation faisait ses ravages, on décu-
plait les soutfrances. Souvent il arrivait que
ceux quon torturait ainsi ne pouvaient pas
résister; les forces vitales s'épuisaient, et
ils mouraient au milieu des tourments, ou
bien en prison, des suites des blessures
qu'on leur avait faites. Les bourreaux em-
ployaient le peigne de fer, comme les crocs
et l'es onglfS de fer, pour déchirer les lianes,
la poilrine, le ventre, les seins. On a re-
trouvé une grande ipianlité de ces inslru-
ntienls; il en existe encore beaucoiq) aujoui-
d'hui. A quelques-uns les dinls étaient
plates et en forme de petits fers de lances.
Les blessures que faisaient ces instruments
devaient être d horribles déchirures.
PÉÏ.AriF: (saint), évéque del.aodicée, con-
fesseur, fut banni pour l'ortho loxit», sous
l'empereur Valens, en l'an de Jésus-Chiist
:î76. Le li<ni de son exil fut l'Arabie. Saint
Pelage était marié ; mais le pnnnirr jour de
ses nOces il avait persuadé h son épouse
de garder la conlinrnce. Peu dr temps après,
il avait été élu évèque. Il gouvernait depuis
«luelciues années l'Eglise de Laodicée, quaiid
Valens prononei innir'' lui la |>eine du ban-
nissement. (' ey. > \i.K>s.) L'Eglise riionore
le 2.5 mars.
PEf.AfiE fsaini), était tout jeunn enfuit
encore lors(]u'il confessa la foi de Jcmis-
Christ, h Cordoue en Espagne. Abdé'rame,
roi des Sarrasin»*, le fit déThiqui-fei- et cou-
f»f'r en plusieurs moieeaux avi'C des ciseaux.
)'cst ainsi que notre saint acheva glorieuse-
ment «on cruel marivrf. Notis le Innivon-;
ninrqué nu Martyrologe romain le -2'» juin.
PÉLAGIE f)<«inte>, martvre, naquit ?ï An-
tioche. En l'an de Jésiis-r.lirist :\\\, elle fut
mise h mort pour la foi. Elle avait alors
qnin/e ans. Lorsqtie les soldats se présep-
tèrint pour la roniluire au gonver-ieiir. sa-
rhanl la conduite que tenaient le-; persém-
iwrs h Téganl d«>«i vierge» chn>liennes. «-Ile
pensa que sa [ludinir aurait probRbletnent à
souffrir beaucoup en leur présence. Elle de-
manda aux soldats quelques minutes pour
se préparer, puis montant à la fenMre de sa
chambre, elle se précipita et se tua sur le
coui. Saint Chrysostome, qui parle de cet
événement, l'altiibue i\ une inspiration ve-
nant de l'Esprit-Saint. L'Eglise fit la fête de
sainte Pélai^ie le Oiuin. To»/. s.iint Chrysos-
tome, hnm. ilc sanr(a Pclnf/ia. t. IL)
PELACiIE (sainte), soullril le martyre &
Niropoiis avee saint Janvier. F'endanI (jmtre
jours ils lurent tourmentt>s cruellement sur
le chevalet, des pointes de fer, des fAts de
pots casses. Nous manquons de détails plus
explicites sur leur eompte. Ils sont honorés
dans l'Eglise le U juillet.
PÉL.VtilE 'sainte), vierce et martyre, reçut
la glorieuse palme de combattant de la foi, h
Antioche avec saint Béroniqie et ((uaranle-
neufautres saints dont les noms ne sont mal-
heuieusement[)as parvenus jiis<pi'à nous. Le
Martyrologe romain ne dit pas à quelle épo-
(fuenidans quelles circonstances. L'Eglisecé-
lèbre leur immortelle mémoire le 19 octobre.
PÉLAGIE (saint»'), martyre, ciieilit la
[)alme glorieuse du martyre avec sainte Théo-
dosie et les saints Domice, Aquilas et Epar-
que. LeMartyrologe romain ne nousdd }K)int
en quel lieu ni à ipielle épO(pie. L'Eglise ho-
nore leur mémoire le 23 mars.
PELA Y saint), reçut la palme du ra^rtvre
à Constance en Suisse, sous l'empereT Do-
mitien et le juge Evilase. Nous ignorons les
circonstances qui ont illustré son martyre.
L'Eglise fait sa mémoire le 28 aoTit.
PELÉE (saint', [.relie égyptien et martyr,
(érit pour la foi au milieu des tlammes, d?ins
a ville de Césarée de Palestine. S* mort ar-
riva en 310, durant la persécution si terrible
que Diorlelien et «es collègues firent endurer
k l'Eglise de Jésas-Chiisl. La fMe de ce
saint est au Martyrologe romain k la date
du 20 février.
PELEE (saint), fut condamné aux mines de
la Palestine dans la perséeution de Oioilétien.
avec un nombre considi-rable d'autres «-on-
fesseurs. Datis ces raines ils se bAtirent des
chapelles où ils se réunissaient pour accom-
plir leurs ilevoirs de chréliens. Galère l'ayant
ap[)ris, les lit disperser: plusieurs des saints
eonfesstnirs furent inivoyt's dans les mines
de (',li\pre. d'autres dans celles du mOMi Li-
ban. l*n oïlicier tpii se (roiivnit sur l»*s liont
t»n (omlamna quatre à élre brûles vifs. Pélé«
et Nil, ton- deux prêtres ég\ptiens, Elie ««l
Palermuthe. le premier, prèli-e nu5si, lèse»
c(»nd, homme dune grande Mience, périrent
donc dans cet atfreux suj>pliie. Nous igno-
rons l'époque précise de leur mort. L'Eglise
fait leui' l'èle le 19 septembiy.
PKI.EVSIIiU l'.i.isvBi rii , religietise du
Sainl-Sacrement de Bolèiie, péril sur l'ér.ha-
faud le S juillet 179V. avec Rosalie Bè.«. Ma-
ri»' Blani . du ménuî ordn>, •>! Marguerite
Bavasre. ursuline au Poni-Saint-Espr l.
PELIN (saint», évèque . e Brindcs. souffrit
le mnriNre )\ Penlina, dans lAbru/.ze, en
l'honneur du nom de JésUs-Lhrist. Ce saint
\M
wn
PI l\
i'A
«yant fait tonil)i>r |inr nos nriorcs 1(^ Icitijiir
(l'(> Mars, sdiis U^ r^K'»'' ''•' l'eiii|M-r(Mir Jnlicii
l'A|M>slal, lo55 pOiiliTcs 1(1 iMiiHiailriciil si
crnrllcmcnt , .pi'apnVs avoir icrn mialrn-
viii^;l-(iii(i MfSMiics, il icm|Hiila la kIo-
riousti l'ainu' dn marlMc. I/M^lisc lioiioN-
son inmiiir1(>no mi^innirc le î> di^ciubrc.
l'MI.INdOl Tl (11- liicMliiMucuv r.oi'is), Ila-
Jion, (lo la compaKiiic» «le Jrsiis, pr^^cliant cm
1(il(» dans In jK^lilc île ('an-divc, l'ut \u('i à
("iiips i\o I,ni((> jiar les iiidi;j;<''M''S, avec le P.
J(^«ii MtMclla. {Socirtas Jrsu imjupaïf s^inijni-
/(/.« rt vitir )>rofiisionnii viilitniis, p. 277.)
PKMISM tsaiiil), fui rmi Ars (piaraiilc-lmil
mnrlyrs mis h mort nv(M'. saini Satiiniin ("i
Afri(iut\ sous \o procoi.snl Anuliii, en l'an
do .It'.Mis-CliiisI :Wly, sous 1(> iv^iic ol duraiil
la porscHulion atroco (pi(> riiifAnm Dioclt'licii
susiMta rontio l'Iv^liso du S('i;.;n(Mir. (Voif.
Sau UMN.) l/KL!,liso iail la r(Mo de tous i-os
saints màrivrs lo 11 lôvrior,
rftrrSK"(sainl). pi(Mro d martyr, roçut In
couronno du niail^io ^ Aloxaiulrio. Nous
n'avons aucun d(''lail sur sos ('oud)ats. L'K-
gli^o honnro sa gioriousn uK^moiro lo 7 avrd.
PKLMî;, piôiro liabiluodo la paroisse de la
Trinité de Laval, fut jiiiillotiné dans C(>lte
ville le i21 janvier HDV, avec treize autres
prcHres. Au Iribuiial r(^volutionnaire, ce saint
ahbé, qui avait un caractère un peu brusque,
ri'^pondit aux i\iges , qui le pressaient de
questions : « Vous m'ennuyez, avec votre
serment; je ne loferai pas, je ne le ferai
' ■ " la ii;ui"
\\v
aux assistants qui entoun
pas. « Arrivt^ au ])ied de
les
lillotine avec
compagnons de son mai'tyrc, M. Pelle dit
uraient l'échafaud :
« Nous vous avons a|>pris h vivre, apprenez
de nous à mourir. » (j'i^^'^ii^^'s instants après,
sa tôte tombait sous le couteau fatal. (Tii-é
des M<^moii-cs ecclésiastiqars, etc., par M.
Isidore Boullier, curé de la Trinité de Laval,
1846.)
rÉUÊr.RIN (saint), vint prêcher l'Evangile
en (îaules au ni"" siècle. 11 partit de Rome
envoyt^' par le pape Sixte II, avec saint Cor-
codème, diacre, saint Marse, ])rètre, saint
Jovien, sous-diacre, et saint Jovinien, lec-
teur. 11 lit dans l'AuxerroiS un très-grand
nombre de conversions. Son martyre eut
lieu en l'an de Jésus-Christ 30V, so.is le rè-
gne de Dioclétien. On l'enterra à Baugi, lieu
où il reçut la couronne iunnortelle. Ses re-
liques sont actuellement c> Saiiit-Denis près
Paris. L'Kglise fait sa fête le 16 mai.
PENTINA, ville du royaume de Naples,
bAtie avec les ruines de l'ancienne Corfinixim
et dans ses environs, a été témoin du martyre
de saint Pehn, évoque de Brindes. Son mar-
tyre arriva sous le règne de l'empereur Ju-
lien l'Apostat. On ignore en quelle année.
PÉON (saint\ fut martyrisé à Rome, avec
saint Justin, et les autres chrétiens que le
préfet Rusticus avait fait arrêter. C'était sous
le règne de l'empereur Marc-Aurèle. Rusti-
cus condamna tous ces saints h être fouettés,
nuis décapités. L'Eglise célèbre leur fête col-
lei fivement le 13 avril. [Yoy. saint Justin.)
PEHBOYRE (le bienheureux Jean -Ga-
briel), missionnaire en Chine, y souffrit un
KJotii u\ marl^nli' \\ svu\{\\\\mv IH'iU, ainHJ
(pron [H'ut If voir avec drtiails A la fin dr l'/ir-
(irlc (jiiM .
Pi:UL(;UIN fsainlj, cunilit In pninii' du
martyre sf)U.s l'oinpirc* doTrajan, \\ Dura/.zo,
ville d'Albanie, et eut pour i-urnpnKnrins i\^
son mart> n-saint Lucien, saint Ponipée, s/ijnt
Hésycluus, saint Pnniu«, saint Saiurnius et
saint (lei'niain. Pas de dncmncnls sur cettc!
glorieuse cdliurto d(! martyis. L'Eglise fnit
leur fêle le 7 juillet,
PÉIlf;(;itlN"(sainl), reeiit la palme du «lo-
l'ienx cond)atlant de In foi de J(''sus-('.hrisl h
Itonie, avec li'S saints Ponlieii, Eusèbe et
N'inccnf. Ce fut sous l'onmerenr Commode
(pi'ils endurèrent sm^cessivenu'iit les lour-
nu'nls du elievaUît, des entraves, d«*s coups
de b;^lon : ensuite, après avoir eu les cAlés
brilliVs, comme ils m* cessaient pr)inl de chan-
ter les louanges (h; Jésus-Christ, on les frappa
avec dos foncits garnis de plomb, jns(iu'h ce
(pi'ils rendissent l'Ame. L Eglise fait la fôte
Je i-vs saints le 2ÎS aoiH.
PÈRf^CiRIN (.saint), eut la gloire do donner
sa vie |)Our l'honneui' et la défense de la re-
ligion chrétiiMHie dans la ville de Thessalo-
ni(}ue. Les compagnons de son martyre fu-
rent les saints Irénée et Irène. Ils expirèrent
dans les llainnu'S. L'Eglis(> célèbre leui' im-
mortelle mémoire lo 5 mai.
PÉRÉCiRlN (saint), reçut la glorieuse palme
du martyre à Apollonieeii Maci-doine. !l eut
pour com|)agnonsde son triomjihe les saints
Isaurc, Jérémie, Félix, Innocent, Athéniens.
Ces courageux condjatlants de la foi furent
livrés à diverses tortures, puis décapités. On
ignore la date et les difïérentes circoiistances
de leur martyre. L'Eglise fait collectivement
leur fête le 17 mai.
PÉRÉtJRlN (saint), évêque et martyr, fut
martyrisé pour la foi dans l'Abruzze cité-
rieure. Les Lomb irds le précipitèrent dans
la rivière d'Aterne, en haine de la foi catho-
lique. L'Eglise fait sa fôte le 13 juin
PEREiRA (le bienheureux), jésuite portu-
gais, partit en 1625 avec Mondez, nommé
patriarche d'Abyssinie, et le saint François
Machado, afin de prêcher la foi catholique
dans cette contrée, qui, depuis le temps de
saint Athanase, était en proie aux erreurs
que les fréquentes hérésies des premiers
siècles de l'Eglise y avaient répandues.
C'était à la prière de Mélec-Segued, Négous
d'Abyssinie, que le pape avait nommé le
saint patriarche qui partit avec notre saint
et sept autres religieux du même ordre. En
écrivant à Mondez, Mélec-Segued avait dic-
té qu'on eût à prendre par le Dankali pour
pénétrer dans ses Etats. Le secrétaire avait
écrit Zeila au lieu de Dankali. Ce fut cette
erreur de sa part qui coûta la vie au P. Pe-
reira et au P. Aiachado son compagnon. Mon-
dez prévoyant les immenses dillicultés qu'il
y avait à pénétrer dans l'Abyssinie, divisa
sa troupe en deux bandes. Une, formée de
quatre jésuites, alla par mer et parvint assez
heureusement, après avoir essuyé quelques
dangers ; l'autre formée du môme nombre
prit par terre ; le P. Pereira en faisait partie.
459
PER
PER
410
Ces qtinlro religieux i}j;noraient jusqu'aux
noms dos peuples chez lesquel'^ ils devaient
passer pour se rendre en Ahyssinie. Ils se
sé|)ar(^rent : deux prirent l.i route <le Zeila,
deux relie de M»Minge. Le roi de Zeila lit ar-
nMer les deux premiers, le P. Macliado et
lo P. Pcrein,et les lit jeter dans m cacliot
où ils languirent longtemps. Ce fui inutil' —
ment (pio le Négous fit pour les ra. heler
toutes les oiïres po-sibles ; le roi Ijaibire,
sans rien écouler, leur lit couper la lùle à
tou< deux.
PEKKNMS, personnage qui, sous l'empire
(le Commode, fut préfet du prétoire, dcjmis
Tannée 18i jusqu'en 183, époque h la.'iuelle
ce prince le lit niettre à mort. Ce fut devant
lui que, vers l'an 183, un esclave nommé
S-hère vint accuser saint Apollonius, séna-
tt'ur, de rhristianismc. Pcrennis appliqua à
l'esclave la jurisprudence établie par le res-
crit do Marc-Aurèle. Il lit mettre à mort
l'accusaleur, qui fut roué h coups de birres
de fer. Quant h saint Apollonius, Perenins
le renvoya devant ses pairs, devant le sénat,
qui le condamna à avoir la tète tranchée.
Plusieurs auteurs regardent la mort vinlente
de Percnnis comme une juste punition de
sa conduite dans cette allai re. Ce magistrat
fit ce qu'il devait faire, et aucun reproche
ne saurait lui être adressé. Punir l'accusa-
teur et renvoyer l'accusé devant le sénat,
c'était la conduite la plus digue et la plus
sage qu'il pCit tenir.
PEIŒNMUS, gouverneur, qui sous l'cm-
peroiir Déce, lit arrêter et martyriser pour
la foi saint Has ou Basse, évéquo de Nice,
sur le Vnr. 11 le ht horriblement unn-meuter.
(Voi/. B\.s.)
PKIIENMUS, était président à Icône. Il
y lit marly isi-r saint Marcien.
PEKENNICS [Dionysiiis], gouverneur de
Phrygie sous Probus, si' trouvait à Synnade,
ville iJe son gouvernement, (| land Héliodore,
son vicaire, lui envoya d'Antioclie de Pisi-
die saint Tiopliime. pére uiius lit cruelle-
ment lourineiter le sanit et ensuite le jeta
en prison. DoryméJon, s '-nateur de la ville
et chrétien, étant allé visiter le serviteur do
Dieu, Pérennius le fit arrêter, et, après
avoir fait crever les yeux à Troj)hime, or-
donna d". xposer les deux saints aux bêtes :
moins cruelles que lui, e'ies ne vouluient
pas lui f lire de mal. Voyant cela, il ordonna
de décapiter les deux martyrs, ce (^ui eut
lieu le 10 septembc.
PEUEZ CiODOY (le bienheureux Fnv>-
çois'. Espagnol de Torijos, de la ci)m|>agnie
de Jésus, était du nombre des soixante-neuf
missiomiaires i\yir If P. A/.evedo vint rci;ru-
ter A Hoinr [loinla unssion ilu Rré»;il. i > «y.
l'arlicle AzF.VKOo.^ Leur navire fut pris le lo
juilbt l.'j71 par dfs corsaires ealvinislos, (jui
les jelèrt.'nt a la mer ou les inassain'éreut.
(Du Jarric, llisinire ilr.t rhosrs plus nir'mora-
olen, etc. t. II. p. 278; Tamier. Sorirlns Jfstt
utqur (ui .<tnv(/iiinis et iidr prnfHsionein mili-
tant, p. IGli t'I 170.)
IMIUEZ Jn bienheureux Jacqles), Porlu-
g.li$. de la cfuupagnie de Jésus, faisait par-
tie des soixante-neuf missionnaires que le
P. Azevedo était allé recruter à Rome pour
le Brésil. (Voy. .Azfvf.po.) Leur navire fut
pris le 13 juiPet 1371 par des corsaires cal-
vinistes , qui les massacrèrent ou les jetè-
nnit d .ns les flots. ,' Du Jarric, Histoire <le$
choses plus mémorables , etc. , t. Il , p. 278.
Tanner, Socielns Jrsa \is(fiir arl snnquiuis et
vitœ profusiourm militans. p. 106 v{ 170.)
PI.UtiAME, Peryamus, /ierfjamo, v.lle de
Mysie, à l'e'dioil où le Cituis se confond
avec le Cai(}ue. Saint .\ntipas y fut m rtv-
risé sous Domitien. Du temps de l'empereur
Dèce, sous le j)roconsul Valère, successeur
de Quintilien, Saint Carpe, évê(^u de Thya-
tires, saint Pupyle son diacre, lurent horri-
blement tourmentés et ensuite jet^s dans un
bûcher. Le proconsul les avait fait amener
de Thyalirt'S, d'aboi d J» Sardes, et ensuite à
Pergame. Sainte .Vgathonicjue, en voant le
supplice de son lière saint Carpe, se jeta
dans le bûcher, et y fut consumée avec lui.
PEKCE, ville de Pamphylie, aujourd'hui
Karahissar, 6laH autretbis célèbre par son
temple de Diane. Ce fut dans cette ville que,
sous le règne de Dèce. le 27 février 230, le
saint évèque de Side, Nestor, fut martyrisé
par ordre du gouverneur Pollion, nonimé
aussi Piiblius par le> Crées.
PEUijEN'riN (saint;, et saint Laurentin,
son frère, qui n'étaient ip.e déjeunes enfants,
après avoir souffert de cruels supplices, et
fait de grands miracles, duiai>t la persécution
de Dèce, sous le président Tiburce, péri -
rent par le glaive. {Extrait du Martyrologe
romain.) L'Eglise les honore le 3 juin. Leur
ma. lyre eut lieu à Arezzo, ville de Tos-
cane.
PEUOUSE, Perugia ifnl. , Perusia lat.
Saiiu Constance, évèque de cette ville, fut
martyrisé sous l'empire de Marc-Aurèle. On
n'a sur cet évèque martyr aucun document
parfaitement authentique. Sous le règne et
durant la persécuton si cruelle de l'empe-
reur Dèce, la ville de Perouse vit le marlyrc
des saints Florence, Cj'riaque , Fauste, .Mar-
cellin (l Julien, qui eurent la tète tranchée.
PERPÉTUE (saiiite , î'itio Perpétua, mar-
tyre .\ Cartilage. Les Actes de cette sainte et
de ses compagnons sont tellement beaux que,
malgré leur longueur, nous les donnerons
intégralement , sans les couper, comme il
nous arrive quelquefois de le faire, afin de
restituer h chatpie personnage dont il est
(juestion dans les Actes la paît de récit qui
le concerne.
« Le septième jour de mars, on arrêta à Car-
tilage, pai l'ordre de l'empereur Sévère, quel-
ques jeunes catéchumènes : Révocal et Fé-
licité, tous deux de condition servile ; Satur-
nin et Secondulo et > ivia Perpétue, d'une
famille consiuérable dans la ville, et mariée
h un homme de condition. Elle avait son
père et sa mère, deux frères, l'un (lesquels
était aussi cttéchuniène, et un enfant à la
mam lie. (pi'eile nourrissait de son jiropre
lait. Elle é. rivit eiie-uu^me l'hisioire tle sou
martyre telle «lue nous la'.lons donner :
« Nous étions encore avec nos persérulfluri
4it
RVI
pi:n
III
lors(|ii(' mon pt^'i-c viiil lairo de iiouvo/mx
elVoils poiii- iii'rinviiilcr cl pour me lairo
clniiiKcr (It^ rrsdltilioii. Mon p(''r(', hii dis-jc,
V(»V(>/.-V()iis ce vaisseau df terre (pu- voilii. —
oui, nie dil-il, jo lo vois. — Peid-oii, eoMli-
niiai-je, lui dniiiier un autr(^ tiuni (pie relui
(pi'il a ? Ndii, iiu) r(''p(iudd-il. De iiu^inc,
lui réplinnai-jc, j(^ ne puis <^lr(^ aulr(f (pie ei^
(pi(>je SUIS, (^'esl-fVdire clirélieiiue. A ce iiKtl
luiiii \)f'iv se jela sur moi pour lu'arraelier les
\eu\, mais il se eoiilenla seulemcnl de me
m.illrailiM- ; el il se relira courus de n'avoir
pu vaincre ma n'solul ion, avec duis les arli-
lices du démon donl il s'élail servi pour iikî
séduin». Je rcMidis j:;rAces .^ Dieu d(> ce (pm j(?
fus ipielipies jours sans revoir mon p(''re, el
son ahsence me laissa goOUM' un pou de re-
pos, (le fui durant ce pelil iilcrvalle (pu;
nous t'i"lnu\s baptisés. I^(> Saini-lvsprit, au sor-
tir de TiMu, m'in. pira de ne demander au-
tre chose cjue la patience dans les tourments.
Pou de temps après, on nous coiidnisii en
[)rison : riiorreiir (>t l'obscurité du lieu me
saisiri>nt d'abord ; car je ne savais ce (|ue c'é-
tait que ces sortes de lieux. Oh ! cpic co
jour-là me durai quelle h()rril)le chaleur !
On y étoulVait, tant, on y était pressé, outre
qu'il nous fallait h tout niomenl e-suyer l'iii-
solence îles soldats (pii nous [^.ardaient. Er-
fin, ce qui me causait une peine extrême,
c'est que je n'avais })as mon enfant. Mais
Terlius et Pompone, ihnix charitables dia-
cres, obtinrent, h force d'argent, i^^uc l'on
îious mil dans un lii u où nous tasions
})h)s au large, et où en elfi't nous commen-
CiUiies un peu à rcsjiirer. Chacun songeait k
ce (|ui le regardait; pour moi je me mis à
donner il tcter h mon enfaiit, qu'on m'avait
apporté, et qui était àîjh tout languissant,
pour avoir été longtemps sans prendre la
mamelle. Toute mon inquiétude était pour
lui. Je ne laissais pas toutefois de consoler
ma mûre et mon frère, mais suiioul je les
conjurais d'avoir soin de mon enfant. Il est
vrai que j'étais sensiblement touchée de les
voir eux-mêmes si fort allligés pour l'amour
de moi. Je ressentis ces ; eines là durant
plusieurs jours ; mais ayant obtenu qu'on
me laisserait mon enfant, je commençai bien-
tôt à ne les plus ressentir ; je me trouvai
toute consolée, et la prison me devint un
séjour agréable ; j'uimais autant y demeurer
qu'ailleurs.
« Un jour mon frère me dit : Ma sœur, je
suis persuadé que vous avez beaucoup de
pouvoir auprès de Dieu; demandez-lui donc,
je vous prie, qu'il vous fasse connaître dans
une vision, ou de quelqu'autie manière, si
vous devez soulfrir la moit, ou si vous se-
rez renvoyée. Moi qui savais bien que j'a-
vais quelquefois riionneur de m'entrctenir
familièrement avec Dieu, et que je recevais
de lui chaque jour mille marc^ues de bonté,
je répondis pleine de contiance à mon frère:
demain vous saurez ce qu'il en sera. Je de-
mandai donc à mon Dieu qu'il m'envoyât
une vision, et voici celle que j'eus. J'aperçus
une échelle toute d'or, d'uuc prodigieuse
liflnteur, qui touchait de la terre au ciel,
rrwiissi élroile(pj'on u'v iioiivailmonlerqu'uti
h iitJ. Les deux cAtés de réchellc étaient tout
boidés d'epées tranchantes, de pieux, de ja-
V<<lols, de faux, de poignards, (h; larj^es fers
di! lances ; en sorte «pie (pij y serait monlr'î
iiégligeiiimrul, et sjins avoir toui'iiirs la vue
touillée vers h; haut, ne pouviiil évilerd'Alro
déchiré par tous ces instrumeuls, et d'y lais-
ser unegra-Kh; partie de sa chair. Au pied
<le réchelle il y avail un ellioyahh; dragon
(|ui |)araissail loujoiir-. prêt h sii lancer sur
ceux ipii se pr(''se'ilaiiiit pour monl'i-. Sa-
ture toutefois l'entreprit ; il monta le pre-
mier. (Il s'était venu re-idrc; prisonnier de
son bon gré, voul ni courir notre même for-
trrui , car il n'était jias avec nous cpiuid
nmis fûmes arrêtés.) Ktaiil henreiisement ar-
rivé au haut de l'éM-ludle, il se tourna vers
moi et iiKî dit : Perpétue, je vous attends,
miis prenez garde <pie le dragon ne vous
monh;. Je lui répfindis : Je ne le crains pas,
et je vais mouler au nom de Noire-Seigieur
Jésus-Christ. Alors le dragon, comme crai-
gnant lui-même,détourna doucement la tête;
el moi, ayant levé le pied pour monter, elle
me servit de premier échelon. Etant parve-
nue au haui de l'échelle, je me trouvai dans
un jard n spacieux, au milieu duqut 1 je vis
un homme de bonne mine, vêtu en berger ;
ses cheveux étaient blancs comme de la neige.
Il avait là un troupeau de brebis dont il li-
rait le lait, et il élait environné d'une niul-
litude innombrable de personnes habillées
de blanc. Il m'aperçut, et m'appelant par
mon nom, il me dit : Ma fille, so.ez la bien-
venue; et il me donna du lait qu'il lirait ;
ce lait était fort é()ais, et comme une espèce
de caillé. Je le reçus enjoignant les mains,
et je le mangeai. Tous ceux qui étaient là
présents répondirent Amen. Je me réveillai
à ce bruit, et je trouvai en eifet que j'avais
dans la bouche je ne sais quoi de fort doux
que je mangeais. Dès que je vis mon frère,
je lui racontai mon songe, et nous en con-
clûmes tous que nous devions bientôt endu-
rer le martyre. Nous commençâmes donc à
nous détacher des choses de la terre , et à
tourner toutes nos pensées vers l'éternité.
«Au bout de quelques jours, le bruit ayant
couru que nous allions être interrogés, je
vis arriver mon père ; la douleur élait peinte
sur son visage ; un chagrin mortel le consu-
mait. Il vint à moi : Ma fille, me dit-il, ayez
pitié de la vieillesse de votre père, si du
moins je mérile d'être appelé votre père.
S'il vous reste encore quelque souvenir des
soins tendres et si particuliers que j'ai pris
de votre éducation ; s'il est vrai que l'extrême
amour que j'ai eu pou? vous m'a fait vous
préférer à tous vos frères, ne soyez pas cause
que je devienne l'opprobre de toute une
ville. Que la vue de vos frères vous louche;
jetez les yeux sur votre mère, sur la mère
de votre mari, sur votre enfant, qui ne pourra
vivre si vous mourez ; rabattez quelque
chose de ce courage fier; rendez-vous un
peu plus trailable, et ne nous exposez pas
tous à une honte inévitable. Qui de nous
osera paraître, si vous finissez vos jours par
uz
PER
PF.R
iU
la main d'un bourreau? S.nivez-vous pour
110 \.)i\s nous perdre tous. En disant coin, il
rao baisait les mains ; puis, so jotant h nios
J)iods tout en larmos, il in'a[)[>olait madame.
''avni'.o que j'étais pém^lrée d'uno vivo dou-
leur, lorsque je considérais quo mon père
serait le seul qui ne tirerait aucun avantage
do ma mori ; je t;khai donc de le « nusolcr
le. mieux que je pus. Moii père, lui dis-jo,
ne vous aliligez point tant ; il n arrivera de
tout ceci que ce qu'il plaira h Dieu ; nous no
dépendons pas de nous-mêmes, mais de sa
volonté. Mon (tère se retira avec une tris-
tesse et dans un abattement inconcevables,
n Un jour, comme nous diinons, on nous
vint tout d'un C(Mjp enlever pour subir l'in-
terrogatoire. Le bruit seu étant répa-idu aus-
sitût par foide la ville, la s die de l'audience
fut en u'i instant remplie de peuple. On nous
flt monter sur une espèce de ihéAtre, où le
juse avait son tribunal. Tous ceux qiii ré-
pondirent avant mni confesseront hautement
Jésus-Christ. Quand ce fut à mon (our, et
comme je me préparais à répondre , yoWk
mon père qui [larait dans le niomimt, fais.mt
porter mon enfant par un domesliipio. Il ui'é-
Joigna u'i peu du pied du tribunal, et met-
tant en usage les conjurations les plus pres-
santes : Serez-vous, me disait-il, insensible
aux malheurs qui menacent cette innocente
créature ?i qui vous avez donm'' la vie ? Alors
le président, nommé Hilarien, ({ui avait suc-
cédé au [iroconsnl Minuce-Timénieii, mort
depuis peu de teui[)s , se joignant à nvu
père : Quoi! me dit-il, les cheveux blancs
d'un père que vous allez reidre malheureux,
et l'imocence de cet enfant (jiii va devenir
orphelin par votre mort, ne sont pas capa-
bles de vous toucher? Saciilii'/. senhMneiit
Îour la santé des empereurs. Jl> répon^iis :
e ne sacrifierai point. Hilarien reprit: Vous
êtes donc chrétienne ? — Oui, je le suis, ré-
pondis-] e.
« Ce|)endant mon père, qui, esp ranl tou-
jours du me gagner, était resté lA, reçut un
coup de baguette d'un liUK^sier, à <pii Hi-
larien avait ordonné de le faire retirer.
Le cou[) me fut seisible : je suuiiirais de
voir mon père traité si indignement a mon
occa.sion , et je plaignis sa malheureuse
vieil!e^se. En mémo lemi>s le juge pronom;a
la sentence, par lacpielle nous étions tous
condamnés aux bètes. Après en avoir oui la
lecture, nous descendîmes du tribunal, et
nous reprimes gaimeiil le < hemi i de la jtri-
son. Dès tjue j'v fus rcnlrt-e, j'envoyai le
diacre l'nnipone (feniander mon enfant à mon
père, (|Ui ne voulut iMjinl me le rendre ; et
Di'U pcruiil que rciifiiil ne demandât plus
à teler, et que je n»' fusse |>oinl iiu-omnio(léo
de mon Init. Ainsi je me trouvai Tt-sprit
entièrement libre et sans aucune in(pué-
tudo.
«Comme nous étions tons un certain jour
en oraison, je itroMoïK^ai par h.isard le nom
de hinocrate. J'adu'ir.ii comme uiu' chose
extraordinaire, que, n'aviril poi U pen.sé à
lui tiepuis su mort, je mon souvinsse alors
d'une luaaière si siu^ulière. Je douiiai quel-
ques larmes au triste acridcnt qui noti<ï l'a-
vait ravi. (>t jp connus que je serais exaucée
si je priiis pour lui. Je commençai donc à
offrir des prières et à gémir beaucoup on la
prt'Sfnrc de Dieu. \j\ nuit suivante il mo
sembla voir sortir Dinoenle d'un lieu obs-
cur; il était tout rouvert île sueur; so<; |èvre<»
sècht-s et brûlées et sa bonrhe entrouverte
marquaient qu'il en Jurait une soif extrême.
Son visage était pAlo, couvert de crasse, et
on y voyait oMcoro la plai.' qu'il v avait lors-
qu'il mourut : c'était un horrible cancer \\ la
joue. Ce Dinocrate était mon frère, mort à
l'Age de sept ans. C'était donc pour ce p.iu-
vre enfant ([uo j'avais prié avec tant l'ar-
deur. Au reste, il me semblait qu'il y avait
un fort grand espace entre lui et moi ; en sorte
qu'il m'était impossil)le d'aller à lui. Lh était
un léservoir plein d'eau, mais dont le bord,
plus haut que Dinocrate, ne lui permettait
pas de puiser de quoi étancher sa soif. Il
faisait divers idforts pour y atteindre, mais
c'était toujours on vain. Je me réveillai dans
l'agitation et l'inquiétude que me causait la
peine où je voyiiis mon frère ; mais j'eus
une ferme espérance que mes prières ne lui
seraient pas inutiles ftour la faire cesser; je
ne cessais donc point de prier jour et nuit
jiour ce cher frère, mêlant è mes prières mes
soupirs et mes larmes.
« L'on nous transféra alors dans la prison
du camp; car nous étions destinés pour
servir aux spectacles qui se doivent donner
dans 11! camp le jour de la naissance detiéta
C('sar. Nous filmes tous mis à la chaîne,
jusqu'au jour que nous devions êire exposés
aux bètci. Ce fut durant ce jtetit inlervale
(juc le ciel me favori.sa eiicon' de celte vision.
Ce lieu obscur d'où j'avais vu sortir Dino-
crali^ me parut fort éclairé, et Dinocrate lui-
même, proj) e, bien vêtu, le visage frais, où
l'on n'aperco\ait plu>< qu'une légère cicatrice
à l'endioit où avait été cette plaie mortelle.
Je vis aussi que les bords du réservoir
('•taient baissés, et ne venaient plus <pi'h la
ceinture di' l'enfant, tpii tirait de l'eau fx^f'n
une «'xtrême facilité : il y en avait môme là
un tlacoii tout pli>iii, dont il buvait sans (jue
l'eau du llacon diiinnuAt. .Vurès ipi'il eut bu,
il c lurut jouer comme fiuit les enfants ; et
je mo réveillai dans le moment. Alors je com-
pris (pi'il avait été délivré des ueines qu'il
endurait.
« (Juehpies jours s'éfant écoulés, celui qui
comniiuidail les gardes de la prison, s'aper-
covauî cpie Dieu nous favorisait de plusieurs
dons. ( oiii^ul une si gran.ie islime pour nous
(|u'il lais>ait entrer libreuionl h's frères (pii
nous venaient voir, soit pour nous consoler,
soit pour recevoir eux-inème-s de la conso-
lation. Mais peu de jours avant lus specta-
cles, je vis entrer mon* père dans le lieu où
nous étions, dans un acrablenuMil ijn'on ne
peut exprimer, il >'arracliail la barbe, il s©
jetait contre terre et y demeurait couché
sur le vi'-a-.e, poussant des cris t.'t donnant
mille malédictions an jour qui lav/iit vu naî-
tre. 11 regicl?ail d'avoir trop vécu, il appelait
sa viuilleïsâ infortunée; «^u uu mot, il disait
448
pfM l'KW i4''
ilos ( lioscs si Iristcif et se sorvail «le «mues j(* m nvnnrni vers riiid'iulHnl (l«<>i jfltix, vi r»
si (iMicli.ints, (iii'il lir«il dos l.iniK's l'I lui- ni Ikiiiiihc /kJhiiihIiIi' (|iii av/iil t'-lt- !•• U'iiioin
s;iil IciiiliP iV rwwv 'i<* oomp.issinn S Ions <|r iu;i virloiic, |Miiir lui »*ti <J«'m«ii<Ji'C I»*
('(Mi\ (lui rt^ciMilnioiil. .Il' iiiiimMis (le (lou- prix, ri ji' rcriis |i- rniiic/ni «iix poiiiriu'h
IcMif en II' vnyniil (Imiis ce |»ili>\nlilt' <Hnl. d'cir. Imi iiir le ilnuiuiiil, il me I).ms« <!l iiio
(« Kniiii, il» vi'lllc ilrs Hp(MM;irl(«^, j'fns iilic dit : M;i lilN", \n pnix soi! lonjoiirs hvci- viniK.
(l(>rniVro vision. Il nw scnilil.i (|m' le di.ici-c Jd sorlis dn r;iiiipliilln''.'Wn' p.ir '« poiln i|ui
rdiiiinvu» ('t'iit V(Min h l;< puiU' de notre rcgnrdc cclif' <pi'oii iidiniin' Simii ivni lu. I./i
pri.sdii, (in'il V rr.\pi>.iil ^ ;;i"»iids rouis, olipn» mon .son^i^ liiiil cl je iiii> rc'-vcdlai, pcnsanl
I V (^lai's nrcouruc pour la lui ouvrir. Il dail en nud-iin'^mi' (pn- j'aiirnis h (Mnnhallrc, non
MMu d'imi' rolir idniulir (I'hiip ('tolln i'orl les liAlcs de rnniphillK'.Hrc, tiinis ic.sdriiions.
riclio et (Mii t'I.'iil hordi-i' diim^ iUinih- tl'- (lo cpii me co'isfdn, (•'«•.si ipif l/i visM»ii(pii
p(«litos yrciuidi-s d'or. Il me dit : l'crpt'luc, ino prédisait le coinltal m'a-ssuniil (mi iu(>ni(«
lions vons afirndons; ne vonlc/.-vons ) as Iciiips dr la vicloirr. »
venir? Kn iiKMnc Irnips il nu« préscnla On csU-onvcMui, depuis des si(^cl<!S, d'oxnl-
la main, el unis nous nuines Ions iWnx 1er lu ronra^o des SciWola, des l^'•^nlll^ ; on
h niarclier ])ar nn chtMiiin rahMJcnv cl élroil ; <'lève la jeunesses dp nos écoles dans Indinj-
cntin, npr(''s avoir l'ail plusieurs tours cl d(''- ralion de ces dévouenuînls anliijues, de cos
tours', nous arrivAmos h rauiphilh(^\lre j^rcs- j;lr)ircs du pa-^anisinc, qui c.orlcs sont di}.çnes
nwvi hors d'haleiie. Ponipone nie c(tn(1iiisil d'iMoi^cs, mais (pii sont, h cAl(' dp co «pie iifins
insqu'au iniliiui de la place, cl il me di' : No raccuilons ici, <;()nniie les choses «le la lerrc;
crai'MiPZ rien, je suis à vous dans un nio- sonl h cAté do celles du ciel. <;ha(pie pa^?<!
ment, cl io vietis coinhalire avof. voiis. Il de nos iastos catholicpies conli<-nl dos ]ié-
parl en disant cela ot nie laisse, ('.onnnfî je roïsmes el des subliinilt'-s anfirùs dosutiels
savais que je devais (Hre exposée aux luHes, l'antiquité n'a rien h mettre. Tout est a re-
ie ne comprenais pas poiu'tpioi on dillerail i'aii'o isous ce rapfiort dans renseignenienl.
tant ,\ les lArher contre mot. Alors il parut Nous i)renons acte de cette pensée, pane
un Egyptien extrêmement laid, qui s'avança que nous ne voulons pas la laisser à l'état
vers liioi avec plusieurs a\itr(>s aussi dill'or- de conception vaiiie et stérile. Si les forces
mes que lui, et il meiirésentalecombat ; mais ne tious manquent pas, un jour nous exé-
en mt^mo temps de jeunes hommes parlai- enterons le dessein qu'elle nous suggère;
tement bien laits se déclarèrent pour moi. (piel sublime récit que celui ([ue rions vp-
Cos jeunes ^ens, qui s'étaient rangés de mon no'is d'entendre I Quel spectacle divin (]un
côté , me t'rottérent d'huile, c(mniie on a celui de cette jeune femme qui triomphe
accoutumé d'en frotter ceux (jui entre nt au i)Our son Dieu, de tous les SPitimenls, de
combat d'' la lutte. .Mais connue nous élons toutes les douleurs el de toutes les terreurs
sur le point d'en venir aux mains, un homme qui puissent assiéger une femme, une fi le
d'une mine haute et d'un port mi^joslueux: et une mèrel Cène sera jioint assez qu'elle
s'approcha de nous. 11 avait une i-Obe de triomj)he, dans l'amphithéfllre, des bétes fé-
pourpre traînante et formant plusieurs plis; roces et des bourreaux, qu'elle brave les tau-
ele était rattachée avec une agrafe de dia- reaux furieux, la dent des lions, et qu'elle
niant. Il tenait une baguette semblable à et Ue soit forcée d'indiquer h l'épée du bourreau
que tiennent les intendants de jeux, el il l'endroit où frapper; non, ces su[)plicesatro-
portait un i-ameau vert d'où pendaient des ces, qui feraient trcnnblerdeshéros vulgaires,
pommes d'or. Ayant fait faire silence, il dit: ne sont point assez pour elle : le sentiment
Si l'Egyptien reni|)orte la victoire sur la pour lequel elle combat doit vaincre aussi
femme, il lui sera permis de la tuer; mais si toutes les douleurs de l'Ame, tous les déchi-
la femme demeure victorieuse de l'Egyp- rements du cœur. A la fleur de l'âge, nou-
tien, elle aura ce rameau et ces pommes vellement mariée, mère d'un enfant qu'elle
d'or. Ayant ainsi parlé, il alla prendre sa allaite et sur la tête duquel elle a épanché
place. toutes ces illusions, toutes ces douces espé-
« Nous nous joignîmes, l'Egyptien et moi, rances de mère, qui font l'avenir si splen-
et nous commençâmes un rude combaU II dide et si heureux, il faut qu'elle meure,
faisait tous ses etlorts pour me saisir le pied, qu'el'le renonce à tout, qu'elle brise ses
atin de me renverser, ce que j'évitais soi- beaux rêves. Est-ce que le combat de son
gneusement en lui en ])ortant plusieurs coups cœur n'est pas assez grand, mon Dieu?
dans le vsage. Je uje sentis même comme Est-ce que ce petit enfant qui lui tend les
élevée en l'air, d'où je frappais mon ennemi bras comme pour la retenir à la vie n'a pas
avec avantage. Enfin, voyant que le combat des supplications assez vives? Ange de son
tirait trop en longueur, je joignis mes deux berceau mis près de lui par Dieu pour le
mains ensemble , en sorte que les doigts couvrir de son amour, elle va l'abandonner,
étaient entrelacés les uns dans les autres, et le laisser sur la terre sans mère et sans sa-
les laissant tomber h plomb sur la tète de voir ce qu'il y devietidra. Tout cela lui dé-
l'Egyptien, je le renversai sur le sable, lui chire le cœur. Rien que cette pensée est
mettant en même temps le pied sur la tête plus cruelle que tous les supplices. Eh bien !
comme jiour la lui écraser. Le peuple se mit ce glaive de douleur, on va le lui retourner
à battre des mains, et mes généreux défen- dans l'àme de la façon la plus cruelle. C'est
seurs joignirent la douceur d.' leurs chants son père qui vient fui donner le spectacle de
aux applaudissements du peuple. Pour moi sa douleur, son père qui pleure et qui gé-
w
PER
PER
Hi
mil, qui la siipplio nu nom do sa vieillisse,
de ses ctiovpux blancs, do cr)nsenlir h vivre,
et qui. voyant tout cela inutile, lui montre
son enfant, la ronjuranl de ne pas I" l.iisst>r
orphelin. Kt la sainl<^ v(>ut mourir. Mais elle
aime son enfant, elle veut au moins protiter
des derniers instants qui lui restent pour
l'embrasser, pour lui pnnl iruor ses cares-
ses; car si elle n'.iiunit [)as Dieu, cet enfant
serait son amour supri^m^^; elle demande
qu'on le lui apporte d:ns sa prison, on le lui
refuse. Et ces (''preuves et ces douleurs, ne
sont-elles pas plus grandes en quehiue sorte
que In naturo?
Non. jamais, pour rien, ni pour la patrie,
ni pour la gloire, ni pour a'irune chose de
ce monde, on ne montrera de tels dévoue-
monts. Otez Dieu à l'âme dais de telles
circonstances, et vous la verrez descendre
tout h coup des sublimités où la foi l'élève
au niveau dr> ce que vousnommezintrépidilJ',
grandeur d'àme, courage. Vous nous luon-
trerez l'homme, nous vous montrons le
chrétien. Nous ne quitterons pas ce beau
récit de sainte Perpétue, sans faire remar-
quer un }iassa.;e m ignitiipieoùelleaexprimé,
comme on ne la jamais lait, la douleur et le
désespoir d'un père. Ecoutez ce vieillard :
« Q.ii de nous osen paraître, si vous liiiissez
vo> jours [)ar la main du bourreau? Sauv.^z-
vous, pour ne pas nous perdre tous. » En
(lisant cela, ajoute la sainte martyre, il me
baisait les mains; puis, se jetant à mivs
pieds, tout en larmes, il m'appelait madame.
Ce passade est h mettre à côté de nos [dus
beaux mouvements d'élo(uence, et le tnot
qui le termine est u le de ces expressions
sul)limes. comme il en jaillit parfois du .;*''-
nie des Bossuet et des Chàfoaubriand. ^^Bo-
jouino, Hist. gén. des pers. de l'Eglise, vol. II,
p. i7.f
Nous n'avons pu nous empêcher de citer
ces quelques lignes écrites par nous dans un
autre ouvrage , h |)rnpos de cette partie des
Actes de sainte Perpétue. Mainlenaut nous
allons ref)rend(e ces Actes où nous les avons
laissés, en roj;rettanl a?u(''i-(>iMent (pio les
bourreaux n'aient pas permis à la mc^iue main
d'en continuer le récit.
Sature out aussi une vision, qu'il étnivit
lui-m.-me tri ces termes : « 11 y avait déjà
quel(j le temps (jue nous étions prisonniers,
lors(pi;\ (ont à (OUI), (piatre ailles ik^us en-
levt-rent de la prison ; ils nous portaient sans
nous loucher. Nous allions vers j'orienl. Au
reste, nous ne montions pas tont droit et
per})cndi.ulairemen( , mais comme si nous
eussions suivi la pente douce et pres(pie in-
.«tonsiltlf d'uiH' a,.,'rt''abli" coll. ne. Lors |ue
nous f.uues un piii éloigm-s de la li-rre ,
nous nous trouv.lmes onvnoniés d'une
pramlo luinit^re. J.» dis alors h Perpétue,
ijui était pr (clio ilo moi : M,i steur, voun co
(jue le Seigneur nous avait promis, nous
commençons h voir cetie promesse a rom-
ftlie. .\piés avoir fait encore quelque chi^-
Diin, nous nous IrouvAmes dans un jardin
rempli de toutes sortes de Heurs : on y voyait
des rosiers hauts comme des cyprès, dont
les roses blancnes et rouges, agitées par un
doux zéphyr, tombaient inces-amment par
gros flocons, et formaient comme une neige
odorifé anle et de diverses couleurs. Quatre
anges, plus brillan!s encore que ceux qui
nous avaient apportés dans ce jardin . nous
vinrent ab.»rder et nous tirent mille civilités.
Ils disaient h nos conduete.us, avec un cer-
tain geste d'admiration : Les voilà donc ar-
rivés 1 Alo s les q latr • premiers anges pri-
rent con^'é de nous, et nous commençûiues
à nous promener h pied dans ces vastes et
délicieux [larterres. Nous y rencontulmes
Jorond. Saturnin et Artaxè, qui tous trois
avaient éi • brûlés vifs pour la foi , et Qui i-
tus. qui était mort en prison pour la même
cause. Kt comme nous nous informions où
étaient les autres martyrs de notre connais-
sance, les anges prirent la parole cl dirent :
Entrons, et venez saluer le maître de ci' b.-au
jardin. On nous lit donc entrer dans un
app irtement, le plus superbe qu'on pût voir :
les ta;iiss 'ries qui en couvraient les mu ailles
semblaient être faites avec des rayons de lu-
mière, et les muraillss mêmes b.iliaient
comme si elles eussent été bâties de dia-
mants. Nous trouvâmes dans le vestibule
quatre anges ipii nous tirent prendre à cha-
cun une robe blanche. La chambre où nous
fiimes introduits é ait in .omiJarablem -nt
plus riche et plus éclatante que toutes celles
que nous avions travers>'es. Des voix, les
plus chu-man es du mond -, y faisaient enten-
dre cette seule parole : Saint, saint , saint ,
qu'elles répétaient sans cesse, toujours avec
(le nouveaux agiénents. \"ers le milieu de
la chambre nous vimes un homme u'une ex-
cellente beaut ', si toutefois ce n'était qu'un
homme ; il avait de longs cheveux de la cou-
leur d'un cygne, q li lui tombaient sur les
épaules à grosses boucles. Nous ne |iOm s
voir ses pieds ; il «vait à sa droite et à sa
gauche vingt-quatre vieillards assis sur des
sièges d'or, et derrière lui plusieurs person-
nes d('I)out. Les (pialre anges nous lirtnit
appro'lier du ln>ne ; et, nous soulevant dou-
cement, ils nous f icililère il l'accès auiuès
de la personne de cet admirable jeune hom-
me, qui nous lit l'honneur de nous embrast
ser. Les viidllards nous dirent d'abord de
demeurer ; ce (pie nous finies. Ensuite ils
nous dirent que nous pouvions aller où boq
nous semblerait , et nous div.rlir à mille
sortes de jeux (jui se pratiquent dans cette
agréable demeure.
« Alors, me touinint vers Perpétue, je lui
dis : Eh bien I ma sœur, vous voilà contente 1
— Oui, me répondit-elle, grAce au Seigneur.
Vous savez, eonli lua-t-elie, (pie jélais na-
lur llemenl gaie , et d'une liumeur assez
enjouéi> lorsipje j'étais au monde ; mais
c'est touie autre chose maiiilenanl, et j(> me
sens un fonds de joie que je ne puis vous
exprimer.
» Couime nous sortions, nous trouvAmes
rt-vèpiC Optai, et Aspase , prêtre et théo-
logal de notre Eglise , mais fort trislcs et
éloignés lun de l autre de (juelques pas.
Dès qu'ils nous aperçurent , ils .su vinrent
449
i>i:ii
l'EH
4^o
jclrr à nos |iicils, en nous ilisiinl : Df ^;iAit,
iiicllt/ iKiiis (l')i(i<iitl. Nous l(Miii(''|M)'i(|jin('s,
Idiil nldiiiirs : Mil n"(M(*.s-v()ii.s pas, vous
noire (^vi^(|iH', cl vous un picMic du S<'i-
gin'iu" ? (.'onuncnl donc |iouriious-noiis vous
soullVir «iiisi h nos pieds? C'osl h nous lïr.
nous pi'osleiner aux vAlrcs, (il en nn^ino
(enips nous n(»us \ j(l.\nies, el nous les eni-
brassAnios Ions deiiv avec l)cuucuii|> de res-
pocl el de hMidi'esse.
« IN'i'pélue s(> mil ensuite h s'iMilrolenir
avoc (Mix , el nous les nienjhnos dans le jai'-
(li'i, oi^i nous nous ;\n(M;hues sous ini rosier;
inai> il vi'it d(>s an;j,es ipii dwent àOplal el à
As|)as(!: Laisse/.-lcs se réjouir en liberté ; ils
n'ont (pie faire de vos divisions. Si vous
avez (jueicpu' dillerend ensemble, vous pou-
vez le vider seuls. >()us, évé(pio , corrigez
vos diocésains ; ce sont des co'itestalions
couli'Uh'lles enire eux, et l'on dirait (pi'ils
sortent toujours du ciripu', tant ils parais-
sent animés les uns (oiiire les autres. Les
anyes, leui' avant ainsi pai lé assez rudemeni,
firent niino do vouloir encore fermer sur
eux la por((> du jardin. Pour nous, nous
passions doucement le temps d.ins cet heu-
reux séjour, ne vivant que de parfums, ce
qui est une nourriture exquise. Voilà quel
fut mon son;^e. »
K'i ce temps-là Dieu appela h lui Secon-
dule, lorstpi'il était ( ncore en prison. Ce fut
une faveur du ciel, t|ui voului bien lui faire
gn\ce du combat des bé:es. Si son Ame fut
peu sensible à (elle grâce, som cor|)S du.
moins ou [)iolita. Mais parlons njaintona'it
de Félicité. Elle était grosse de huit mois,
e( iejour (les speclai les approchant, elle était
inco. solable, prév(jyanl (juc sa grossesse fe-
rait dilVérer .-on martyre, et qu'ensuite on la
fei-ait mourir avec des scélérats, ('/était là ce
qu'elle ap|)réliendait le plus, et que son sang
pur et innocent ne fût confondu avec le sang
impur et cruninel de quelciue homicide ;
mais elle n'était pas la setde qui s'allligeât
de ce retardement, les autres martyrs n'en
étaient [as moins aftligés qu'elle. Ils ne pou-
vaient se résoudre à laisser exposée aux dan-
gers de la vie présente une si aimalile com-
pagne de leurs peines. Ils se joignirent donc
pour obienir de la bonté de Dieu que Féli-
cité pi\t se délivrer avant Iejour du combat.
Ils furent exaucés, car à jieine avaient -ils
fini leur |)rière, qu'elle commença à ressen-
tir les douleurs de l'enfanteme'U. Et parce
que, n'étant que (ians son huitièu)e mois,
raccouchemeut éta'.t beaucouj) j)lus dillicile,
cite soulfrail beaucoup, et la violence du
m.i lui faisait jeter des cris de temj)s en
temps. Sur quoi un guichetier lui uit : Si
vous vous plaignez à présent, que sera-ce
quand vous serez déchirée i)ar les bêtes ? Il
eût donc bien mieux valu sacriiier aux dieux.
A quoi cette généreuse femme lit cette belle
léponse: MauilenaiiC c'est moi qui soutire,
mais il y en aura là un autre qui sera avec
nirji, et qui soullVira pour moi, parce que je
souffrirai pour lui. Au reste, puisque c'est
la \olonté du Saint-Esprit, qu'on laisse à la
postérité uu monument éternel de la gloire
(pn- Per|(i'lue vi ses (•otnpa^non.s /i((pnrenl
en cnniballant (onire les liéles ; (pielijue in-
di;:,ii(^ d'/idleurs (|uo jo sois d'un emploi si
relevé, el (pniKpm j(; sois persuadé (pie je
manijue de ce ipii est nécess-dre poiu ui'r.n
Mcipiiiier comme il laut, je ne laisserni pas
de l'enlreprendre, pour obén* aux derniers
ordres de la Irès-sainle marlyri; l'eipélue,
ou I lul(')l poin- exé( nier ceux de la foi mô-
me, (pii siniible ( xig(n' de moi ce récil. (pie
je vais ( omiiKniiMn' par une action généreuso
et pleiin- de fernu'té, par la(pielle iN-rpélue
signala sa constance (t son courag(i dans
l'occasion ipn suit.
Le Irdjun (pii avait les saints ni/irlyrs vi\ sa
gaidi! h s traitait avec une exlr('niie rigueur,
l>ar(:e (pie îles g(nis ou mal i lUnitionnés, ou
sottement crédules, lui faisaient ap[irélien(ler
([u'on les tiri'.l de prison par hi moyen de la
inagit' , dont les chrétiens en c(î temps-là
étaient communément soup(;onnés. IN.npé-
lu(; liii dit li.'.rdiuKMit : Osez-vous l)i(ni trai-
ter avec celle dureté des personnes de con-
sidération, (lui appartiennent à César , et
(pu doivent honorer par leui's combats le
jour de si naissance? Pourquoi empéchez-
vous qu'ils jouissent de ce peu de soulage-
ment (pli leur est accordé jusqu'à ce jour?
Le tr bun à ce reproche rougit et demeu a
confus ; et voulant faire oublier à ses pri-
sonniers le mauvais traitement (|u'ils avaient
reçu de lui, il donna de nouveaux ordres,
l)ortant qu'ils seraient traités [ilus liumainc-
meiit, que les frères auraient la liberté de
les visite.', et (ju'il seiail permis à toutes sor-
tes de perso.ines de leur porter des rafraî-
chissements. Le geôli(M' Pudeiis , (}ui venait
de se faire chrétien, leur rendait sous main
tous les bons offices qu'il pouvait.
Or, le soir (jui |:réjède immédiatement le
jour des spectacles, la coutume est de faire
à ceux qui sont condamnés aux bôles un
souper , qu'on nomme le souper libre; nos
saints martyrs changèrent, autant qu'il leur
fut possible, ce dernier souper en un repas
de charité, l>a salle où ils mangeaient était
pleine (ie peuple. Les martyrs lui adressaient
la parole de temps en temps : tantôt ils lui
parlaient avec une force merveilleuse, le
menaçant de la colère de Dieu; tant(jt ils lui
déclaraient que Dieu lui redemanderait le
sang innocent qu'il allait bientôt répanure;
quelquefois ils lui reprochaient d'un ton iro
niquesa curiosité brutale. Lejour de demain
ne vous sulfira-t-il pas, disait Salure à ce
peui)le inhumain, pour nous contempler à
votre aise , et pour assouvir la haine que
vous nous porte/? Vous faites semblant d'è»
lie touchés de notre destinée , et demain
vous battrez des mains à notre mort; vous
e|)plaudiiez à nos meurtriers. Remarquez
bien nos visages, afin que vous nous recon-
naissiez à ce jour lenible où tous les hom-
mes seront jugés.
Ces paroles, prononcées avec toute l'assu-
rance et toute la fermeté que donne l'inno-
cence, jetèrent la frayeur et l'étOTiuement
dans l'âme de la plupart; les uns se retirè-
rent saisis de crainte que le premier objet
m
PER
PER
4ôi
dissipa; mais plusit>urs reslèreul pour se
fairn l'istruiie, et eruroiil eu Jésus-tl)rj>l.
Kiiti'i le jour qui «levait vclaiier le Irioui-
pbc lie nos tftMiéroux allilèlt;'s pariil. Ou les
til sortir ile la pjison ^M)ur les conduire à
rani()lull»éàlrt\ l-ajo>e était peinle sur l»»urs
visaiies, olie bnllail daijj leurs yt'ux, vlU" [w*-
rais^ail lia »s leurs gestes, elle étlalait dans
leurs paroles. Perj-viue uiar* hait la dernière ;
la tia'U|uiilU<'' de son àiuo se taisait vou' sur
son vjsa-ie et daus sa dénwro le. Klle tenait
les >eu\ baissés , de peur fjue leur graid
brdlant ne lis contre sa volonté, ces etîels
surprenniiis ipron sait «pie des_)eax sout ca-
pables do lane. Four t'chcité, elle ne pou-
vait exprimer la joie «pi't'lli' ressentait de ce
que sou heureux aciouilieuient lui perniet-
tait de coiubattre aussi bien que les autres,
pensant eu elle-Mième quelle allait se puri-
tier tlaus >on >an^ des souillures de>«es cou-
ches. Quand ils lurent arrivés à la porte de
raui|)hilhéàtre ou voulut leur faire preudr..'
des babils consacrés par les paieus à leurs
céremo'iies sacrilèges, aux liounnes la robe
des prôlres de Saturne, et aux l'ciuiues cdie
que portent les prêtresses de téres. Mais
ees généreux soldats du vrai Dieu, toujours
fermes et inébranlablfs dans la lidélilé qu'ils
lui avaient jurée, dirent : «Nous .souiiucs ve-
nus ici de notre bon gi é, sur la parole qu'on
nous a donnée de ne nous point forcer à rieu
faire conlrece que nous devons à nolrr Dieu.»
Cette fois-là l'injustice reconnut le bon droit
et le conserva. Le tribun oonscntil([u'ils pa-
russent dans raiiipliitbéàlro avec U'urs ba-
bils oniinaires. Perpétue chantait, jL>ensantà
rï;,4vptien dont la dc'faitt' lui avait été pré-
dite. Révocat, Saturnin et Salure lueiiai.aieut
le peuple du geste et de la voix.
Lors(ju'ils furent vis-à-vis lebalcoiid'Hil.i-
rien, ils lui crièifiit : « Nous nous ju^ez eu
ce inonde , mais Dieu vous jugera ei l'an-
Ire. V Lp peuple, irrité «le cette i^éuéreuse
hardiesse, «-l désirant faire sa cour au j)ro-
eoiisul, demanda qu'on les fil passer par les
foin ts, et nos .viims sn réjouirent détre tr li-
léscomiin- l'avait été JcsiiS-CuriM, leui- Dieu
et leur mailre. .\iais celui ({iii a dit : kkman-
dez, H V9HS recevrez l'rfj'ftitr vos ilnuaiulcs,
acroida --i iio-> martyrs ci' ipi iis lui avaient
demandé: car, s*» nlretenant un jour des di-
verse-* so< les dt« Mi|»|»lic('s que l'on f.ÙNait
endurer aux chridims, les uns .si>uliailai*'iit
de mourir d'un gciiiv de mort et bs autres
d'un autrtv Salurnin lémoij;na qu'il ib-Nirail
d<- tout $011 ronir avoir ii (-omtMtîri; contre
toutes les bétrs ikî raiu[»hltli Atre, et il ol>-
Hi)l en |wrlie co qu il dt'Miait; car lui cl Ke-
*o«;al, apriN avoir été longtemps aux |>rises
•ft*f un léo|>flrd, bireiit eiiiMi»- vivement at-
taqué'* |>ar un bilieux ours, qui les harcela
jusqu\«iipre> du Ibé.'itr»»; où il les 1 iiss;i
touf dét hirés. Sature ne ciai>;uail lien tant
que d'être exposé à un «nu » ; et il aurait sou-
haité qu'un léopani lui p»1l Aie la fiedu pre-
n»»*»r eoup de dent, rif-peiiiiaiil voilii qu'on
lArhft sur lui un sanglif'r; mais dans le ino
ment nu^ni»», la ht'U' se retouinaiit contre le
piqueur qui la K^n*i\xi^^\\, elle lu» ouvrit l«
ventre avec ses «léfenses; puis revenant à
Salure, elle se contenta de le traîner quel-
ques pas sur U sable, et comme on l'eut en-
suite mené assez prés d'un grand ours, on
ue put jamais l'obliger à sortir de sa loge.
Ainsi Sature entraau combat et en sortit sans
avoir reçu aucune blessure. D'ailleurs le dé-
mon, outré de dépit de voir tjue le sexe le
plus faible se dispo.sait à renq)orler sur lui
une victoire signalée, avait fait en sorte que,
contre la coutume, on avait desliiié une va-
che sauvage et furieuse pour combattre con-
tre Per(>éliie et félicité. Ou leur ota donc
leurs babils, et on les enferma dans un rets.
Mais le peuple, à ce spectacle . fut touché
d'hoireui- el de pitié tout ensemble, consi-
dérant d'une part une jeune personne déli-
cate el de naissance, et de l'autre une femme
nouvellement accouchée, el dont les ma-
melles étaient toutes dégoutlanles de lait. On
les ramena donc à la barrièie, et ou leur per-
mit de reprendre leurs habits. Peii>élue s'a-
vance ; aussitôt la vache la prend, l'enlève,
et la laisse retomber sur les reins. La jeune
mari vre, revenue à elle et s' apercevant que
sa robo était déchirée le long de la cuiise, la
rejoignit proprement, moins occupée des
douleurs ipi elle ressentait que de l'hon-
nêteté ([ui pouvait être blessée; s'éiaût (éle-
vée eu mêm ' temps > elle renoua ses che-
veux qui s'étaient détachés (car du'élait pas
de la bieuséance qut' les martyrs, eu un jour
de victoire, eussent le visage couvert, comme
les personnes atiligées se le couvrent en un
jour de deuil). Ayant ensuite aj)er(.u félicité,
que celte vacoo furieuse avaU fort maltraitée,
étendue sur le sable, elle courut à elle, et
lui duunanl la main, elle lui ada à se rele-
ver. El elles se pr.seataient pour soutenir
une nouvelle atlacpie ; mais le peuple , se
lassant d'être cruel, ne voulut plus (pion les
exposât. Elles tournérenl ver> la porte »iMa-
vivaria , où Per,iélue l'ut reconnue d'un ca-
léchuinèîie nomme Uusiiq :e, qui avait tou-
jours eu uu grand ailatrlieuient pour elle.
r,elle a.imirab « leni lUl comme ré-
veillée d ilfi proioud s il , ma s pluiot
sortant d'une longue exlase>d<iU4inda quand
on les livre«'ait à leile vaclH' fu.ieuse, et
lorsi|u'on lui raconta «e (|ui lui élait ariivé.
elle u'eii voulut rien croire, jusiju'à ce qu* en-
tin, vtniant à rec>»nnaîlre ce catéchuiiièu*-, et
à jeter les yeux sur ses habits décluri's en
plusit urs endroits, et sur quelques Dieur-
Irissures (fu'oii lui lit remarquer, ede com-
menta à y ajouter foi. .Vlors, f.usa il appro-
cher son l'nr»> et le caléchuniè'ie , elle leur
dit : Persévérez «lans li h>i, anne/.-yo.is les
uns les autres, et uu soyez, po.ni scandalisés
de mes soulfrances. D'autre part , Satuns
qui s'était retiré sous un d: s porlnpies de
I am[)h.lhéAlr«' , disait à Puilens : Ne vous
I avais-je pas prédit, «pie les bêles ne me
fer»)eni ptuiit de mal? Ainsi mes souhaits
sont accomplis, à la reN»»rve dur» : c'est que
vous croyiei; de tout votre cieur en relui en
qui je crois. Voilà que je retourne dans l'am-
philhéAtre p -iir v recevoir la mort; un in' -
|v»isl, d'un jMf^'uiit'r coupilw (i¥nl, m»» la d'.it
^ti^
t'KR
(loiiiii r. I''.ii t'lV(M, sur In lin «les .sportnclos,
nu Iropanl .s'«^/uil jot(\ sur lui, d'un (m)U|i do
(Inil (|u'ii lui (Inuii.'i, il lui lil u'u- si ^riiU'ii'
hlcssuit', t|U(' II" sn\\\ï, CM soilil à Ki-.UKJs Unis ;
en sorlr (|U)< l<« |it>U|)ln ,s'(>('ritt : l.o voilà hap-
tis(^ |)(iur uuo scciuKh» lois. Alors, luui ii.iul
SOS (l('ilii«'rs rcK.utis sur l'uilciis : Adieu,
riior «mi, lui dil-il ; soiivono/.-vfuis do ma
foi et imiio/. I.i ; ipic ma niori :io vous (luu-
lilr point, mais au ronlrairo (pirllc vous
('nr(MUVi;j;o h soullVir. lùisuilo, liranl de sou
(loi^t (MIC iia^ui', il la licnipa dans son sanj,,
ol la donnaul à l'udcns : U(co>t'/-la, lui dil-
jl, ronuno un ^oiu,» de nolir auutié ; porU^^-
la pour l'anioui' d(> moi, ol (pu» le san;; dont
clic est rouf^io vous J'assc rt'ssouv(Miir do ct--
lui (pu» je n^pands aujourtrhui pour Jésus-
C.lu'isf. Apiès (pioi il lui li'ansporlé au lini
où l'ou aclifvail ceux (jui n'élaicnl pas niorls
do leurs blessures, l'.l conuuo le peuple d(î-
niandail (pu> les autres marl\ rs, cpii u'elaient
que l>lessés, l'usseul anieiit's au milieu do
I« place pour y iMie égorgés, ils si; levèrent
tous d'eux-mêmes; el s'i'tant endjiassés
potu' sceller leur marlyre |)ar le saint baiser
de [)aix, ils se trainèr(>i»t où le [leuole les de
mandait. Ils y re(;urent tous la mort sans i'iiie
le moindre mouvement, el sans laisser échap-
per la moindre plai!ile,pas nuMU(> un soupir.
Satui'o, suivant la vision qu'avait eue Per-
pétue, qui Tavail vu arriver \e ])ri'mier au
haut de cette échelle mystérieuse, l'ut aussi
le premier qui expira. Per|)étui' le suivit : elle
était maliieureusement tombée^ entre les
mains d'un glatliateur maladroit, dont la
main tremblante et peu assurée la taisait
l«iiguir, en ne lui faisant que de légères
blessures. Elle fut donc conliainle de con-
duire oUe-mème h sa gorge l'épéo de cet
apprenti, lui marquant l'endroit où il devait
la plonger, ce qu'il lit. Peut-è>re qu u^je
femme si merveilleuse ne pouvait mourir
autrement, et que le démon, qui la craignait,
n'aurait jamais osé atlenter à sa vie si'^elle-
mômc n'y eût consenti.
C'est le 7 m«rs que l'Eglise honore la mé-
moire de sainte Perpétue et de ses compng ions.
PERSÉCUTIONS. La vérité est J'éternel
martyr d'ici-bas; la sagesse et l'expérience
des nations le savent. Quiconque a dans sa
pensée une idée féconde pour le bonheur de
ses semblables poi te avec lui un brevet de
persécution. Les Juifs de tous les temps lui
melliont à la main un sceptre de ros» au, au
front une couronne d'épines; ils le cloueront
à la croix du mépris; ils lui cracheiont au
visage. Et les sages panni les hommes, et
ceux qui sont prophètes de sciences, apôtres
d'améliorations, créateurs de systèmes, se
l)laignenl du sort qui leur est fait 1 Ames fai-
bles, homnies de peu de foi, levez les yeux
et voyez. C'est un Dieu qui n'a pas voulu
s'all'ranchir de la loi comuunie; sur le som-
met du (lolgotba expire, sur le bois des
suppliciés, celui qui apporte au monde la
vérité, la vérité suprême, le code des croyan-
ces, la source de tout progrès, le salut et la
luQjière des siècles et des nations, en un
lïH)t l'Evangile. Oui, ce supplicié, c'est le
(LU 414
Eils de riiomme el du Irès-Haul, c'est Jésuj»-
Cbrihl, c'i'i»! uu Dieu. Auvhi lu» uiurts buc-
teul de leurs loudie/iu\, la terri; iKiubU) et
s'eiilr'ou. re , le Ifuinerro éclalc tlaiii loj*
tuào. loul est «ousounué; c'est lu sa;n{d'uu
l)ie(j ipii ouvre .(!il('Voie de per^<'culiUU«
dans h. pu;de nou.s alluuj» pus a pa^ suivre
son Eglise: car coux qui vont poiler nu
lilniide les Ventés ipi'ds (jMl re^u(;.> ije lui
\onl élit! traités par lu mouilo couiiiu; il I'a
été lui-même. A eux los croiv, Icji gluives,
les ( hevalels; à eu\ les bêles féroce:» et luS
bi»urr»au\ ilu Icjules les nations. La vciilé
est le martyr éternel (J'ici-bas; a tous ce»
mailvrs, l'euqtirc du UKiiid . Siiivoiis-le:) un
supplice, suivons-U's ù la Iraco de leui' iaiij^
gloru'Ui depuis le (iolgollia, où meurt lo
Cnrist, jus , n'a nos jours; suivonj>-les, ils
vont a lu (oiKpiêlc de 1 univers.
Aussitôt la mort du Christ, lo sang qu'il
avait vcisé, rusée féconde, n'était {tas en-
cure ell'acé des mains de ses bouireaux que
dc-jà ses apùlres payaient à la vériié leur
tribut de suuifraiice el leur tribut (J.- >aug.
A Dieu les mystères de sa jiruvideiice et Je
ses desseins; h nuus i'admiralion du ses
leuvres; à nuus de nuus incliner devant la
fagun miiaculeuse uo.it ses ouvriers travail-
leut et lécoiideal la vigne qu'il leur a cun-
liée. Suivuiis donc l'Eglise dans celte vuic
glurieuse uù chaque murt est un triomphe,
uù chaque goutte de sang est une semence
pour la iiioision de l'élernilé que Dieu l'ail par-
mi lésâmes. Suivons les saints et les sauUesqui
voutcumbattrc pour la loi. Compton.s-les, si
nous le pouvons; ils sont nombi eux cumiue les
grains dans les sillons: nous ne lo pouvons
pas. Lnjour, dans iegrenier deceluiqui lie
les gerbes cl les ramasse jiour son éter.iité,
nousies venons, nousiesconnailrons, elDieu
nous dira au jour de son grand jugement :
Tenez, mes hls et mes martyrs, regardez et
voyez : c'est moi qui suis la venté. La vérité,
l'élernel martyr de la terre, est votre cou-
ronne et votre récomisense aux cieux.
DaMS cet ariicle, qui ist bien certainement
le plus général de noire Dictionnaire, le lec-
teur ne trouvera pas de détails. Le sens qu'il
a des choses doit le lui avoir indiqué avant
que nous ne ie lui ayons dit. Nous ne pou-
vons parler des persécutions qu'à un point
de vue très-général. Cet article seia un ca-
dre, un canevas, uie synopso, si l'on veut ;
mais nous esquisserons à grands traits. Nous
devons pr.;ceuer ici par l'ensemble et parles
masses, puisque dans le reste de notre tra-
vail nous avons procédé par les détails. Il y
a entre un dictio înaire et entre un ouvra "^e
sui—' ^" " * -■ •■ • .... o
séci
a Cuuc un eaïuce qu on eiuUie, qi
nioiceau per morceau, pierre à pierre, pour
ainsi une : c'est ie dictionnaire ; et entre un
édihce qu'on étudie, qu'on voit en masse et
dans l'ensemble : c'est l'histoire.
Dans cet article nous ne suivrons point
les divisions données par les auteurs tou-
chant les persécutions. Nous ne vovons pas
que ce qui a été fait oblige et lie qui veut
1 eiure un Uictio înaire et entre un ouvra "^e
5iiivi, comme notre Histoire générale desper-
iécutions, par exemple, la difl'érence qu'il y
i entre un édiiice qu on étudie, qu'on voit
*Si
PER
PER
456
faire. D'nillcars ces divisions sont vicieuses.
F.Tlro t^^llo et telle fierst^cntion, classées
toutes (leu\ snus tels et tels numéros d'ordre
qui se suivent unilairoini>'il. nous ei trou-
verons peut-tMre ((ui n'auront pas étt; nien-
tio'inées. Dans les volumes déjh [)ul)liés de
notre Histoire, n'avons-nous pas fait ainsi à
l'aille de JocunKMifs nouvenvix?
Il no 'S sera indispensable de répéter son-
vi'nl ici ce qui aura été dit dans les articles
particuliers, h cliaquc mnrlvr, à chatpie per-
sécuteur, à chaque lieu. C'est un inconvé-
nient commun k tous les ouvrages du môme
genre que le nAtre, où l'auteur doit éviter la
trno grande fréquence (\ s renvois, sous
peine de hacher son style et la lecture, de
lati^uer l'attention du lecteur, et de l'ame-
ner h fermer le livre par dégoût de la forme.
Nous ne pourrons pas ce tendant, parce que
nous ne le devons pas, fiire dans cet article
une histoirt-; non, nous verrons les persé-
cutions d'en haut d'une façf»n j^énérale, sur-
tout duis leurs causes, dans leurs ell'ets gé-
néraux. Nous nous elforcerons <le bien faire;
que le lecteur ail pour nos omissions ou nos
finîtes l'ind dgeice nécessaire à ([ui [)rend si
lourde t.khe.
Par le mot pcrsêrtitinn, nous entendons,
dans cet article , déï.i_j:n!'r la' tion violente
el illicite et plus ou moins étendue des pou-
voi;S des peuples ou d'une certaine por-
tion de la société contre la religion chré-
tienne, dans le but de la détruire, el contre
ceux qui suivent ses doctrines.
PERSÉCUTION DES JUIFS, 61) 3V.
La première des persécutions contre les
chrétiens eut pour auteurs les Juif-.; elle
éclala peu de temps après la morl du Sau-
veur, en l'année .'JV. Lfs nlus ardents pc"sé-
culeurs étaient les |)harisiens el les saddu-
céens. Mais |)armi tous ci-ux ipii y prirent
pari, le p!us achainé fut Said dep"uis s.;\jiit
Paul). Lui-même l'avoue {.ici. vvvi, 10, Il :
J'ai mis en prison plusieurs des saints, selon
le pouvoir f/ue j'rn (liais reçu tirs princes dis
prrlrrs; rt lorstpïnn les faisait mourir, j'at
donné mon consentement. Et souvent, allant
dans toutrs Irs sj/tuv/of/Kes, je 1rs tourmentais,
je les conlruiijiKiis de ùlaspheaicr, et, irrité de
])lus en plus contre eux, je les persécutais
jusffue dans lis villes étram/ères.
Saul l'Ulrail ilans les maisons des chré-
tiens, en arrachait violpinmenl les hommes
et les f.'innies. les ch.Hgr.iif de chai les et les
tramait en prisnii. (.)ii voii dans les Actes
des apôlres comment il prit part à la mort de
.«•ainl KiieiM-'. ;.;;udanl lui-même les habits
de («'ux (pu le la|)idaienl. On sait aussi
comment Dieu convertit sur la roule de Da-
mas ce viujciii neiséiiili'ur de son Eglise, et
comment il en hl un des piliers les itius so-
lides de l'édilice qnil avait pris à tAche de
renverser.
On ne sait pas combien au juste dura cette
Rerséculion, ni c(»mbien elle lit de victimes.
DUS sommes siks, par le passnge ipie nous
nu»ns cité des Actes de^ apôtres, ipi'il v eut
un certain nombre de chrtJiieus conduiunés
à mort. Beaucoup furent emprisonnés et
torturés de diirérentes manières.
Si celte première persécution contre l'E-
glise ne fut pas aussi violente qu'elle aurait
pu l'être, il faut en attribuer la C'iuse non
pas h la bonne volonté des Juifs, mais à la
défense qui leur était faite jiar le gouverne-
ment rnmain d'» ne condamner personne à
morl. Quand ils f.iisaient moi.'rir quehiuc
(chrétien, le [»lus ordinaireiijent c'était en
violant cette déi'ense. Ainsi, (juan 1 Ananie
fit mourir saint .lacquc- le .Mineur, il outre-
passa le droit (pi'avaient les Souverains pnn-
liies d'assemblt-r le sanhédrin, sans en pré-
venir le proconsul, et de coiulamner quel-
qu'un à la peine de m^rt. Aussi fut-il d •-
posé pour avoir agi comme il le lit dans
celte circonstance. Quel'juefois, cependant,
les gouverneurs romains leur aband >nn lient
les accusés, en leur perm tlaiit de les juger
suivant leurs lois. Alors la rage de ce pou-
[)le cruel et persécuteur ne faisait aucune
gr.ke. Ce fut en voyant l'abus que faisaient
les Juifs de cette [)eriuission parfois oclr.>yée,
que les proconsuls ne l'accordèrent que très-
rarement. Le plus souvent ils s'emparaient
directement des causes (pie les JuiiS vou-
laient retenir et leur enlevaient les accusés.
Ce fut la coud lito que tinrent les Romains à
l'égard de saint P.iul, en l'arrachant des
inauis des Juifs qui voulaient le tuer, cl en
rtiivoyant au proconsul.
Quand il ne leur était pas permis de punir
de mort, ils usaient largement et avec féro-
cité de la faculté (pion leur ai.cordail din-
lliger des su|)plices à ceux qu'ils voulaient
j»unir; c'est ainsi (pi'ils fjisaient battre do
vei\.;('S, (piil-. lapidaient; c'est ainsi qu'ils
allaient dans les synagogues, s'emparanl des
femmes des chr.'liens pour les outrager el les
louetier publiquement.
Ils t îchaienl par toutes les manières possi-
bles de tourmenter les chrétiens ; ils les ban-
ni.s>aiinl de leuis villes el leur donnaient des
malédiclions dans leurs synagogues; ils les
maudissaient trois fois par jour en les a;)|ie-
lanl nazaréens : c'est le nom iiue les Juifs de
ce lem()s-là donnaient aux disciples de Jé-
sus-Christ. D.ins tous les endroits où il était
(picsliun oc les pcisécuter, ils so montraient
toujours les premiers el les plus arde:its.
Non cunttMits de [lerséciilm- les chrétiens
eux-mêmes, les Jiiifs voulurent se rendre en
queli^ue sorte leurs persécuteurs en tout 11 nips
et en tous li(ni\, en les rendant odieux à 1^
lerre entière. Ils choisirent, au rajipoil de
sarnl Jusiin, ilesémissaiicstpiilsenvoyèreiil
dans toule> h s villes imporl.uiti's de l'empire,
pour pi.blier qu'il s'elail élevé une s. de
nouvelle, dont les adepics |trenaieiil le noiu
(le chrétiens; (|ue celte s«H'le provlamait l'a-
Ihéiiiue el atlaijuail toutes les lois. Ils di-
saient ([ue son auteur élail un certain iiu-
po>teur <.e tlalih'e, nommé Jésus, (pi'ils
avaient fait mourir en croix pour ses crimes.
Ils ajoulaient (pie ses disciples, étant venus
la nuit enlever son C(U'ps, avaient publié
qu'il était ressusi itt' et mont» aux cieuv- Ils
d'pci^uaiunl la doctrine de Jésu>-Clirisl suus
î,
4.-i7 vm
di^s cniiliuis lollos (juc ceux qui ne la rou-
ii.ussaiciit i»;ts (l('V)ii('iil m'crssrtircinctil la
»|i'l(«slt>r cl 1 avoir i'M lion cm-, sur Ir noiliait
<|u'il.s Unir on Ihisaicit. 'roules les calniu'iirs
r(''|ianilu(vs i>l diMiilôrs (l(«|mi.s suf le (i)iiip((i
«1rs clircHifiis oui luis leur soiirn' dans n-s
(tdoimiics dos Juiis, l,a iiiauvaisc iin|)rrs-
sioii proiiiiili' parées émissairesn'c'l.iil pas, dit
<)rii;«Mi(', eneoie ell'acée deux eeiils all•^ apri^s.
On préleilii tpu^ les Jinl's pitssédeiil ciieofe à
>V((niis une des lellres ipii l'iii-enl alors v^\-
vo\ ées parloiil l'ontre Jésiis-dluisl (-l ses dis-
ciples.
Les aeeusalions coudre los chifMie'is ayant
iris levir source daus les ral(iuud(>s des
iiil's, nous allons cv|)«ser ici en al)r(''gé relies
(jn'on iant;ail le plus smiN'cnl conli-c cu\.
On les aeciisail parl'ois d'(Mrc alliées, nar-
it)is d'atlorcr lu soleil, ou la UHo d un Ane,
ou des chos(>s infAines, ou hicM («nootc la
i'roix ellc-niéiuc. On disait d'eux cju'ils rni-
naiiMit 11* lihro arltilrc de riioiuuio on fai-
sant dépendre ses ael'io'is dv. Dieu: d'autres
l'ois, (pi'ils clai(Mil des paresseux inutiles au
genre Iniiuain. P.n-ee (ju'ils ne rciidaie il pas
«u\ princes les honneurs divins ipie leuire-
îi^iou connuand(> d(> ne rcidie (ju'à Dieu
seul, on les accusait du crime de lèse-ma-
jesté; on les disait oiincniis publi(;s, et so'i-
geanl h renverser les pouvoii-s établis pour
ionder u!ie uionanhie nouvelle. Arrivait-il
queU[uc malheur public, qiielquo grand dé-
sastre, queUiuo calamité, c'étaient les chré-
tiens qui en étaient chargé^;. On disait que
dans leurs mystères ils mangeaient en com-
mun la chair d'un onl'ant ([u'ils immolaient
sur l'autel. On supposait que dans leurs réu-
nions ils se livraient à tontes sortes de dé-
bauches cl (\Xi tur|)iludes. D'un autre côté,
on ne pouvait souH'rir (ju'ils vécussent sépa-
r('s lies hommes qui n'élaieid pas de leur re-
ligion, chose que h^s nécessdés de ce temps-
là rendaient inévitables. On les appelait une
troisième espèce d'homme:-, disant qu'ils
n'étaient ni Juifs, ni Romains. Leurs enne-
mis allait lit même jusqu'à leur rendre (sous
prétexte de les accuser, et sans s'apercevoir
combien ils manquaient leur but] le plus bel
hommage possible, en disant qu'ils étaient
des imprudents, voulant conquérir le monde
à leur doctrine, eux qui n'étaient que des
hommes ignorants et de basse extraction,
capables tout au plus de s'attirer le menu
leuple en l'intimidant par des menaces, en
e rendant victime de la magie.
Telles furent les calomnies, tels furent les
mensonges que les Juifs, impuissants h tuer
tous les disciples du Christ, répandirent
dans le monde pour les avilir et les discré-
diter. Eh bien ! ces contes absurdes, mille
fois réfutés, produisirent un effet inimagina-
ble contre les chrétiens. Nous les verrons
exercer encore leur influence après plusieurs
siècles écoulés. Le blé pousse moins vite
que les mauvaises herbes ; l'erreur est plus
Vile acceptée que la vérité; on modèle plus
vite en plAtre qu'on ne taille en marbre.
L'histoire de cette persécution portj avec
elle de grands enseignements. Ce fut la [)re-
DlCTIONN. DK8 PkksÉC.I TIONS. IL
ri:i\
VA
\
mière dirinée rontm ^l■'.^li^e de Dieu ; il fid-
li\il qu'elle résniuAt, pour ainsi dire, toutes
les .iiiiecs, alin de niordrer- aux apôlrcs et ft
li'urs sM('c<'-.M'Mrs coMinient Ms dmaicnl souf-
frir, j>ar l'Ame cl par le » oips, conime avait
l'ail jésns-ChrisI, igiiiMiiinii'Use(Meid dailt')
pai' 1rs Juifs cl ensnile nos eu croix. Il fal-
lait (]ue les siddals «le l'I-^liNc .sussenl bicil
(pn- la voii; dans laipielle ds .ill.ijcnt coiu-
ballre était noti-seuleminit san,L;l.uile, niaiM
encoïc ignominieuse aux yeux du moudf*.
Il ('tait important (jue dès )(• comnKniccnKnil
loides les armes fussent innployées, les ar-
mes ipii tuetU, connue le glaive, cl celhvs (pii
lendenl à avilir, connue le mensonge et la
calomiûe. VA de l'ail, l'Mglise, (le|)iiis Njis
jus(pi'à nos jours, a vu cetlt; perséculi(jn,
type ou propli('li(;, Comme oti voudra, s(! ré
péter sa<is cesse. Souvent à la fois la persé-
cution sanglante cl la persécution morale
l'ont atta(piée; puis ensuite, lanUH l'une,
(nnliH l'aidre. De n()lr(* temps les persécu-
tions sanglantes soid rares ; à pari \)'i, qui
ne voulait lieii avoir h envier aux épo(pji;s
les plus révoltantes de l'anli.iniié païenne' ;
à part ces jours de deuil où les Néron, les
Caligula, les Tibère, furent distancés en in-
famie et en atrocit('' par nos révolutionnaires,
aucune époipie, depuis longues années, ne
nous montre la persécution sanglante contre
l'Kglise; mais la persécution morale a con-
tinué. Le monde est en deux (-ampsice no
sont [)lusles Juifs dans l'un, et des chrétiens
dans l'autre: ce sont des chrétiens dans l'un
et dans l'autre. Quand nous serons arrivés à par
lerdenotreépoque, nous aurons à dire pour-
quoi et comment il se fait (jue la moitié d'une
sociéléchrétienne persécute l'autre moitié. De
nosjoursla persécution morale est incessante.
La ])ersécution de laquelle nous parlons
cessa par le fait de la défense que fit Tibère
de persécuter les chrétiens. Nous avons déjà
dit qu'on ignore combien de temps elle dura
précisément. La mort de saint Etienne l'ou-
vrit ou à peu près; il est probable que la
conversion de Saul ou saint Paul en dimi-
nua la violence.
PERSÉCUTION d'aGRIPPA.
Tibère venait de mourir; il avait plu à ce
tigre d'empêcher qu'on continuât de persé-
cuter les chrétiens. La clémence et la ius-
tice dans une pareille âme 1 C'est le fait de la
providence de Dieu, qui seul a le secret de
ses desseins éternels. Caligula venait de
monter sur le trône : il rendit à Agrippa II
la couronne de son père. Agrippa arriva
donc en Judée. Un de ses premiers soins fut
de chercher à se concilier l'affection des
Juifs. Les rois de celle famille ont eu un triste
destin. Ces Hérodes {voy. Agrippa) étaient
bien serviles : le premier, celui qu'on est
convenu d'appeler le Grand, consent à don-
ner la tète de saint Jean-Baptiste pour s'atti-
rer les bonnes grAces d'une jeune tille, Hé-
rodiade, dont la danse l'a charmé. Il lui
avait promis ce qu'elle demanderait. La
jeune tille, quel cadeau veut-elle"? des tleurs,
des bijoux, une parure, voire môme de l'oi?
15
459
rv.n
PF.R
4 GO
Non. uuo (Aie >nii2;1n île dans un hnssin ; il
la hii f.i'it. là. Mevaiil cik", ollo veut qu on In
ini préscnto. Et rollo l«Mo, le roi la «lonrn'.
rlle a si hiiMi <lniis<'' HiTodiarlc ! Le socotid
HtVodo. lui. veut s'jiHirrr les honnos gr.Urs
dcsJuifs; nnlleur d'un ppujdo, il va satistiuro
comme le promior, non plus des caprices
sanguinaires entés sur des vengeances de
femmes, mais des fureius inijOacahles. Lo
peuple i|ui hait est utie bêle fi-rocc Les Juifs
voulaient le san;j; des chrétiens. Agrippa leur
en donn(\ il persécute les chrétiens. 11 fait
mourir saint Jacques le Majeur, et avec lui
celui qui Ta dénoncé parce qu'il se dit chn''-
tien, touché (piil est des sublimités du cou-
rage de saint Jacques. H n'éjiari^ne pas les
victimes h ce peuple qui demande le san^^
chrétien comme les Uomains demandaient
les gladiateurs, les bètcs féroces et toutes
les atrocités du cirque; mais il ne s'arrête
pas h frapper ces chrétiens inconnus : il a
lait mourir saint Jacipies le Majeur, il lui
faut quehpic autre colonne de l'Eglise. Il
fait, dans la môme année, en iV, emprison-
ner saint Pierre; il le destine au supplice.
Mais Dieu ne ])crmet pas que tous les des-
seins des hommes s'accom[)lissent ; il faut
qu'ils soi<Mit d'accord avet^ les si<>ns. Un
ange vint délivrer saint Pierre. La persécu-
tion d'Agrippa ne dura qu'un an ; elle (init
en 45. Tout porte h croire qu'elle ne fut pas
aussi violente que celle (jui sévit du temps
do saint Etienne, avant que Tibère eût rendu
un édit ordoiHianl de cesser de poursuivre
cl de condam-ier les chrétiens. Ce qui est
certain, c'est qu'elle fut beaucoup moins
longue. Faut-il l'attribuer h la volonté d'A-
grippa? No\is ne le croyons pas. Il est |)roba-
hle (jue les Uomains, jaloux de leurs privi-
lèges de suzeraineté, n'auront pas voulu
(pj'u'i roi leur vassal, qu'un roi qui était
soumis à l'autorité d'un [)roconsul, |)rit sur
lui de rendre des arrêts de mort. Ils auront
signifié à Agrippa d'avoir à cesser de persé-
cuter les chrétiens. A cette épo(pio, la reli-
gion chrétienne n'avait pas encore pénétié
Iden loin dans l'empire. Home ne la connais-
sait pas, ou du moins fort peu. Les Uouïains
ro'ifoidaieul les chré-tiens avec les Jiiifs.
Pour eux, la doctrine nouvelle n'était qu'une
forme, qu'une dissidence de la religion
juive. Pour eux, les [lersécutions (pi'fxc"!'-
(;aient les Juils contre 1rs chrétiens consli-
luaienl sim[)lemeiil des troubles qu'ils n'ai-
maient pas h voir exister entre les sujets de
l'empire.
Ces deux perséc\itions, exercées par les
juifs contre les chrétiens, eureii! pour résul-
tat de propager l'Evangile. Ceux (|ui fuie il
bannis des villes, ceux rpii s'exilèrent volon-
taireiueiit. allèrent porter par toute la terre
la semenee évangèlupie. .Viii.si ferait un
homme qui, pour le détiuire, jetterait au
veiildubli" dan>le.s silIoii>labi!iirés. L'houuiie
préparerait la ruini', it Dieu l.r.iit uemu'r
cl grandir la moisson.
pr.ns^;c,jTloN pf. >Kno\.
Tibère nvait ordoimé qu'en Judée on ces-
sai de persécuter les chrétiens. Sous Cnli-
gula , on ne voit pas <\nr rien ait été fait
contre eux : au contraire , il est |>robal)le
rpie ce prince ou ses lieutenants intimèrent
cl Agrippa de cesser la persécution qu'il
avait commencée en ïï. Des empereurs ro-
mai'is NiTon f'it le premier rpii persécuta
l'Eglise. Il en était parfaiteine-it digne. Que
poinail laisser intact dans l'empire la cruauté
de ce monstre? On sait pounpioi Néron dé-
testa les chrétiens. Saint Paul et saint Pierre
avaient converti grand nombre de personnes
dans son projtre palais. Une concubine qui
lui était chère et un échanson avaient été
touchés par la parole sainte : Néron résolut
la vengeance.
La doctrine nouvelle était pure autant que
la religion paienne l'était peu, autant que
l'enij-xM-eur lui-même était inf;\me. Il voyait
ses scandales , ses désordres , ses vices d(!
toute espèce stigmatisés par la sublime pu-
reté des chrétiens. Leur religion prêchait
toutes les vertus; il était un assemblage do
tous les vices. Quand les prédications des
a|)ôtres vinrent s'attaquer à ses passions en
leur enlevant un des objets destinés ji les sa-
tisfaire, il ne se contint plus. La persécution
était décidée au fond du ca>ur du tyran.
Peut être alors vinrent les prétextes. Quelle
était cette religion nouvelle qui envahissait
l'empire, qui menaçait de renverser de leu.-s
autels tous les dieux du paganisme et de re-
nouveler la face du monde? Quels étaient
ces novateurs audacieux venant refaire I'umi-
vre des siècles ? Qu'allaient devenir les ba-
ses sociales, lois et coutumes ? Fallait-il (pic
l'empereur vit d'un umI inditrérent des choses
si graves? La passion avait dicté la conduite
h tenir. Néron se prononça peut-être en ap-
parence d'après le conseil des prétextes : il
commença à emprisonner, à persécuter lt>s
chrétiens; mais sa fureur criminelle gran-
dissait tous les jours. Dans un de ses accès,
il eml)rasa Home; la sublime horreur do
l'incendie réjouissait son cœur. L'empire
tout entier (it entendre un cri de malédiction
c<tntre l'empereur incendiaire , contre le
destructeur des monumeîits de la patrie, con-
tre l'assassin de ses sujets. Néron voulut se-
couer riiorreur d'inu; pareille action. Les
chrétiens étaient généralement détestés : ou
les regardait , ainsi que Tacite et Suétone
en témoigiuMit , coii.'iue capables de tous les
crimes. Néron voulait se venger de la con-
version de sa concubine : il les accusa d'a-
voir brOlé Uome : personne n'y crut. Qu'im-
porte? nul n'osait le dire au tyran; neut-
êl!-e |iul-il penser qu'il avait fait prenure le
change. Quest-ce (lonc , grand Pieu ! que la
vertu , et (piel est donc son ascendant ? Un
homme comme Néron n'ose pas luer les saints
pour lui avoir ei;li>\é sa concubine; il les ac-
cuse d'incendie.
Il appartenait bien h ce j>liénomèno do
cruault' de f.ure ce que jamais tyran n'avait
encore imagine conin» des hommes. Néron
lit prendre une mullilUile de chrétiens et les
lit mourir dans des divertissinnents (pi'il
donnait au peuple. On revêtait les uns «le
UA Vi.W VI \\ u;i
(X'iuix ili' IhMcs, poMi' li's l'.iiif (li-( hiirr par (jn'il se fui cniivril de («MIS les criiiU'.H irnn-
«Ics fil ICI is; (III en iiiclUiil d ,111 Ires eu i ruix, ;; 11 1,1 h le s, (|ii'il se lut «vili [i.'ir (nus les vicos,
ll(viii('oii|) fiirciil iMidiiils (|i> rlif, de |mii\ ot il mit le iiiiiildr .'1 |,i iih>siii'(> en faisntil drs
iraulifs iiiali(''irs (•(imlMislihlcs , (l plarivs luis (il des ('-dils ciiiuls contic ri'l^lisf , dn/l
dans les janlms de N(''i()ii. l'ii puMi pdiiilii, roilrincnl ('lalilic d/ms Imis les pavs (lu
aïKpifl ils ('•(aii'iil allaclK's, liMir arrivait .-.(ms Mioiidr. (!lii)s(! (iliaii^c ! loiii icviciil toujours
l«> iiifiiloii, pour (pi'il leur 101 iinpossijdc do h Dii'ii, li> hicii coiiiiiir l<- mal : inysli'-rc do
su liaisscr. Puis, le soir venu , on les alla- s/dul et de d.iiiinalioii. I.'Iiomiiiic ipii f.iit lo
mail pour sers ir de loniics. Ils tclaiiaicnl iiicii vient huijours et i-n dn nier lieu par
Uis iiifaiiiics du l^yraii , (pii daiisail nu avec (Jc^'ih's jus(|u'à Dieu, (lu'il pi(!iid pour hui d(î
des rciiiDics, ou l»i(Mi jouait (Je la lli^le, ou ses arlions : c'est rii(lointioii. I. 'lioiiMiie (nij
lM(«n (Micore coiicourail ji l'eX(''Culioii de jeu\ l'ail le mal vient aussi , en rrancliissanl les
tels (pTon les donnait au cinpie. Sik'-Ioikî (Scindons du crime, jus(pj'à |)i(!u, «pi'il prend
npjiroiive ( es alroiil('s; Tacite lui-m("'iue dit pour hul de ses altarpies (d, dr ses insultes :
<iue les dirélieiis ne mérilaicnl pas un tel c'est le sacriN'-^e. Dieu, (orme ol)lij;;('! de tous
sort comme iiicendiair(>s, mais bien comme nos actes, l)ul de tout ce «pii est, vous <^les
ou'iemis du ^eiire liumain. la voie droite ou Ineii l'ahîme; vous (^te.s le
Le iMart\ r(doi;e romain iail , lo 'l't juin, ciel ou reiil'er. J)omilien, pouss(' par le (h--
une menlioii g('néiale de tous ces sainis mon et par sa propr(! fur(!ur, publia en 95,
m;ir(_vrs. On sait (]ue la Heur de ci'lte perse- c'est-à-dire la pi'iuillièiiH! aiiiK'M! d(! son rv;^iie,
culion l'ut 1(> maitM'e de saint Pierre et d(» des lois et des ("dits cruels contre les clirc!-
saiiit Paul h Uome, (jui firent marlyrisés un tiens : ils furent pronndmn's dans (oui l'cm-
peu p'us tard ijik; ceux des({uels nous par- pire. La [i(>rs(''culion dtn'int {^('lu'îrale, cl l'I']-
loiis ici. j^lise eut à Sdutciiii- un des plus ardents
N(M'on ne se conlenla pas de faire ])6r\\\ combats qui l'aient illustr(^c.
dans un a(H'ès d'alrore férocité , une nuiiti- Le livre du Pasteur {Pasl. \. i, c.2,^2,'.i,
lude de chiétiens h Uome. Non , il organisa p. «H), écrit j'i colle éjiofjue à peu jirès , ra-
Un persiH'ulion. Il la lit faire j^(>néralo dans conte que Dieu avait averti l'Eglise de la
toutes les provinces de l'empire. II lit des grande tribulalion (pi'olle allait avoir à souf-
iois ol lies édils qui durent servir do rt'gle frir, alin (]ue les clir(f'tiens s'y préparassent
de conduite contre les clmHi'.Mis , aux pro- par la |)ureté du coMir et par"^la prati(fue d(i
c:tjsu!s, liêulourr'ils de rempereui-, aux juj;o-s t-outes les vorlus. Dieu poat-Otre avait tles-
el autres may;islrals. Nous verrons plus lard sein , en mémo temps (juc de glorifier son
que ces lois et ces édils restèrent on activité Eglise, de la puri^er en quelque sorte de
sous ses succosseur>; n'avaiit pas élé abro- certains membres indignes (jui (mi faisaient
gés , ils pouvaient toujours servir, et on l'a partie. Déjh (piolquos-uns , dit l'écrit (luo
vu souvent, au ca[)rico, au mauvais vouloir, nous venons de citer, s'acquittaient mal (Jes
?i la cruauté dos gouverneurs de province et saintes fonctions du ministère, i)illant le bien
des luagislrals. des pauvres et détournant à leur propre
La persécution de Néron fut donc gêné- usage ce que la piété dos fidèles leur avait
raie : toutes les j)rovincos de l'empire furent destiné. Il y avait aussi dans l'Eglise quel-
iUTosées du sang dos chrétiens. On peut quos divisions intestines , quelques antago-
voir dans les Martyrologes les noms des nismes. La persécution eut pour eiret de
martyrs que l'Iiistoire nous a transmis, et faire cesser ce scandale en rapprochant ceux
ceux, des lieux oi'i ils ont souÛort. qui étaient divisés, en éteignant les haines.
Cette i)orsécution dura très-probablement L'heure et le danger du combat doivent réu-
jus(pi'à la mort de Néron. Il n'était pas dans nir les solJats. C'est l'union qui fait la
sa nature do revenir sur ses ados, si ce n'est force.
sur les bons. La mort du tyran fut une juste La religion chrétienne était déjà univer-
punition do ses crimes do toute soite. (Voi/. sellement répandue. Les historiens païens,
son article.) Lactanco dit qu'elle arriva aussi Dion, Suétone, etc., en font foi. Les pre-
Hialheureuse à cause dos maux qu'il faisait mières et les principales victime» de la per-
endurcr au peuple de Dieu. sécution que suscita Domition , furent saint
PERsÉciTiox DE DGMiTiEx. Clémeutconsul, soucousiu. Sainte Domitillo,
_, . . , femme de Clément , et sainte Domitille, sa
Domition mardia sur les traces de Néro^, nièce. Le premier fut mis à mort; les doux
comme s il eût pris h tâche do se ûiire son princesses furent exilées. Quand on voit ce
iimlateur, surtout par sa cruauté et par la tyran traiter ainsi sa propre famille, on n'est
haine qu il iiorta aux diréticns. 11 obligeait, plus surpris de sa conduite envers les au-
dil&uétoue(Suet.,verb.Do.MiT.,c. 12,p.802), très chrétiens. C'est probablement à cette
ceux qui avaient embrassé à Rome la vie persécution qu'il faut rapporter ce qui est
des Juits, de payer les impôts que l'on exi- dit dans l'Apocalypse {Apoc. ii , 13), à la
geait avec grande rigueur de ceux de celle louange des anges des églises de Pergame et
nation, comme s'ils se fussent dédarés Juifs, de Philadelphie , qu'ils n'avaient point re-
Il est clair qu on doit rapporter ce que dit nonce la foi, qu'ils avaient gardé la parole de
buetono aux chrétiens : le style et les habi- Dieu et la patience qu'elle nous commande,
ludes dos auteurs de ce lemps-K\ le démon- Saint Clément, pape, dans son Epître aux
Iront. Sur la fin d un règne assez long pour Corinthiens, nous dit que cette persécution
quil eût lait le malheur de l'empire, après fa paraître le courage et la généreuse ai-
4r.5
PKR
(leur 'l'un Irrs-gr.inil noinbn^ do chr(''tiens.
>'oii-s(Mil('mnit Tos lionimos, mais iiK^tne les
ff'inmos eiiro'U à soulfrir de rudes épreuves
et d'intfreux toiinnetils.
Sni'il Atitipns h IVr^'ainc, saint Marr d'A-
tin, et uuo fiMil»» d'autres saints souH'rircnt
pour la foi. Saint Jean l'KvaniîHlistc, raj)ôtro
cIumI du Sauveur, fut plongé h Uonie , à la
porto Latine . dans une chaudière pleine
dhuile houillanlo. Préservé miraculeuse-
Tuonl. il fut exilé dans Tile de Pathinos.
Doniilien ronlinua-l-il jusipi'à la lin de sa
vie h persécuter les chrétiens ? Oui, s'il faut
en croire Lactance Dp wortr i)rr.<rru(. , m,
p. i) : cet auteur attribue la lin de la [)ersé-
ciition h la mort de ce prince. Non , s'il faut
en croire Hégésippe, cité par Eusébe (flisl.
eccl. , I. III, c. 20, p. 90, et Tcrtullien
(Apol. V, p. 6). Ces deux derniers auteurs
prétendent rpie Domilicn , avant de mourir,
avait .irrété la p -rsécution contre les chré-
tiens; ils disent que ce prince , qui avait
voulu détruire non-seulement tous les chré-
tiens, mais encore tous ceux qui étaient de
la race de David, parce que, comme Hérode,
il craignait l'avènement du Messie, fut coui-
plétement rassuré après avoir interrogé les
petits-tlls de l'apôtre saint Jude. 11 vit, di-
sent-ils, à leurs réponses, à l'étaf de pau-
vreté dans lequf'l ils vivaient , qu'il n'avait
rien à redouter d'eux; et il rendit alors la
paix à l'Eglise et rappela les exilés. S'il l'a
fait, ce ne peut étrecpie tout h fait à la lin de
sa vie; et cela paraît même fort douteux, car
l'apôtre saint Jean ne put (juitlerson exil de
Pathmos (ju'en vertu de l'édit de l'empereur
Nerva, qui permettait aux bannis de revenir
dans leur patrie.
Domitien périt assassiné, et Lactance n'hé-
site pas h atlribu'er sa mort aux crimes do it
il se rendit coupable en faisant endurer tant
de maux aux chrétiens.
PKnSKCiTiON ni: thajan.
Trajan était un grand prince et un génie
éminent. Certes , si l'on ne considère les
choses qu'au pfùiit de vue humain, ce fui un
des pliis rcmaripiid)les empereuis qu'aient
eus les Romains. Après tous ces souverains,
qui, à part Ve><pasie'i, Titus et Nerva, avaient
avili le trône et la dignité iuipériale, et poussé
l'empire dans cell(? voie de décadence poliii-
cpie et moridi' où il ne cessa de marcher dt>-
puis la chute de la rt''publi(pu> , Trajan avait
A remplir un grand rôle. Il voulut être le
réparateur du passé»; il voulut rendre .'i l'inn-
pire , ,iver li- vieil éclat roui, tin , Tanuiur de
tout ce qui jailis avait contribué à sa gran-
di'in\ Aussi nul plus (pie lui ue chercha il
rétablir l'oi»servanc(? des anciennes coutu-
mes, h rendre aux vieilles lois leur for( e et
ii la religion paunine sa sj>lt'ndtMir. Il niel-
lait sa t^kure l\ celte restauration du |)asst'.
Le passé mourait et h> monde entrait dans
une voie nouvelh» : Trajan ne le voyait pas.
C'est (pic les révolutions S(M;iides .s'opèrent
par la main de Dieu , ttonobslant l'aiile ou
ropp(>sifi(ui (In rh(»inin»'. Traja i ne voyait
I»a^ (pic la vieille soriélé •lait à l'agonie; que
PER lf.i
riiumanité entrait dans un nouvel ordre d'i-
dt'es et de faits où la religion païenne n'a-
vait aucune solution h donner. Au iJeu do
comprendre qu'il y avait dans ce mouve-
ment général (pii s'opérait dans le monde
en faveur du christianisme , quelque chose
de prophéli(pic, quelque chr^se au moins à
étudier, h examiner avec soin , Trajan n'y
vit qu'une tendance coupable h comprimer.
Il i-artagcail les idées gniéralement répan-
dues contre les chrétiens Nous avons vu
sous (juelles couleurs les Juifs les avaient
représentés aux nations. Il les croyait capa-
bles et [K'ul-étre coupables de tous les cri-
mes. Il voyait en eux des novateurs cnn(i-
nii^s de ce qui existait, de cette religion de
l'Etat qui était celle du vieux monde . qui
divinisait les empereurs morts et vivants
quand ils le voulaient. Les em[>er.>urs étaient
pontifes et grands prêtres en même temps
qu'ils étaient dieux; pouvoir S[)irituel, pou-
voir temporel , tout était dans la main sou-
veraine. Trajan et les autres em[iercurs ro-
miins ne voulunnit pas soulfrir l'établisse-
ment d'une religion qui prêchait un seul
Dieu maître de toutes choses, l'égalité de
tous les hommes devant lui; d'une religion
qui disait (pie la lôte couronnée devait s'a-
baisser devant son Dieu comme la tête de
l'esclave. Ils ne voulaient pas permettre l'a-
vénement d'une religion (pii ne leur laissait
plus ((lie l'autorité des choses temporelles.
Puis, d'un autre côté et sans qu'ils s'en ren-
dissent compte peut-être, ou du moins sans
(pTils consenlissent à l'avouer, ils répu-
gnaient h voir régner dans le monde et le
gouverner, une doctrine dont la pureté con-
damnait toutes les passions et tous les vices
(pii leur étaient chers. Le rigorisme chré-
tien contrastait trop avec la dissolution
|)aienne.
Du reste, [)our un esprit logique, dans ce
tem[>s-là du moins, il n'y avait pas de rai-
lieu : il fallait, ou bien se convertir au chris-
tianism ', ou bieti le nersé(.'uler. Trajan fut
perséciileur, il le fut durant tout son règne.
Mais Trajan n'était pas poussé h la persé-
cution par la cruauté. Naturellement bon et
généreux, il répugnait h la lAche qu'avaient
accomplie Néioiicl DiMuilien.Piiis il avait
trop d orgueil et trop d'aiiKuirdesa propre
gloire pour noyer sa réputation de bon et
grand princ(> lîans les Ilots du sang de ses
sujets. Trajan employa toute sa vi(> ,^ faiie
un piédestal h sa mémoire. Il voulut donc
concilier la compression (pi'il e\er(;a envers
le ( !iri.>lianisme avec la répuialion de bont,*,
de clémence (luil tenait v^ conserver. De là
loiiio sa conduite; de l.\ l(>s instructions
données par lui «N Pline et probablement aux
autres gouverneurs de province. « Ne re-
(herche/. pas les chréti(nis, mais punisse/
c(Mix ({ui d'inix-mêmcs, ostensiblement, s'a-
voueront chrétiens. »
Tiajan voulait su|iprimer le christianisme
par raison d'Etal ; mais il aurait voulu lu
faire sans violence, [lar intérêt pour sa gloire.
Ce l'ut pour satisf.njc h ces deux exigences
,^ la foi- (pi'il ne [lorla ui I(>is ni édils m, a-
4 un
i'hil
l'i.ll
^Ul^
i
vi'mix ('(nilro les iliiôlit'ii.s; il si» rdiili'iil.i d.-
f.iiu^ l'M'ctilcM' à rocciision ceux iiu'avaiuiit
iails SCS |ii('il<'(»vss(Miis.
Ilcaiicmii» (rauli'iMS oui iiir (Hic ce pi iiicc
ail |MTS(''CUli^ rMjilisc. Il l'aiil , puiir raiiiiiis-
licr ainsi , (•(uisi'iiiir à IVinifr les yciix sur
riiisldirc loul ciiliric. Ont' radmiialioii (iiic
nous |((»il()iis aux j^raiiils Iiommucs rcslo une
sai;i' l'I jusli- a|iiii(''tiali<»n ; (lu'clli' n'aille pas
jus(|u'à nous i'au'c rciiiuT lis, yeux sur leurs
vices, sur leurs ciinu-s. Quo ilcvicnniînt donc
les (locuuicnts les plus anllieuliques '.' I,a
lellie (Je IMii.i^ à 'i lajan ne si^nilit; dune plus
rien? {Voy. Pi.imc i.V: Ji:iNi:.j Celle de Tra-
jan h Pline n'a ddiu- pas de si|;nilicali<»n non
[)lus ? l'n lii'ulcuanl, un ^^tiuverueui de piD-
viiu'e écril h l'eiupereur ipiil ignore (jiu'lle
conduite tenir à l'é.^ard des cluéliens, mais
que, par provisiov, il les envoi»' au supplici;.
Lt rouiporeur (jui répond : Vous avez l'ait
connue vous dévie/, nuui cher riin<', n"esl
las un persécuteur? Le jjrince cpii plus lard,
iii-inéiue, à Anlioche, coiulauiue à Oilrc dé-
voré par les bétes lei-occs le vénérable saint
Ignace, évéijue do celle ville, n'est pas un
persécuteur? Celui qui fait mourir Honudo,
grand maître de; son palais , parce (|u'il est
chiélien, n'a pas i)ersécuté l'Mglise?
Depuis la nu)rl de saint Siméon, évôquo do
Jérusalem , jusqu'h celle de saint Barsimée,
évùciuc d'Edesse, le sang chrétien coula dans
toutes les provinces de reiu4>ire : on peut
voir au Martyrologe los noms des saints
martyrs dont i'Iiistoirc nous a gardé les noms.
On si» convaincra facilement de l'erreur dans
laquelle sont tombés les |)anégyristes absolus
de Ti'ajan. L'Eglise fut peiséculée jusqu'à la
fin de son règne.
Faut-il tenir compte à Trajan de n'avoir
ras été aussi cruel envers les chrétiens que
l'avaient été Néron et Domitien? Lequel est
le plus coupable, de l'homme de génie qui,
pour des motifs spécieux qu'il appelle raison
d'Etat, tue par centaines des innocents, ou
bien du prince féroce qui , obéissant à ses
instincts sanguinaires , en fait mourir par
milliers et sans compter ses victimes? Quelle
est la persécution la plus dangereuse? quelle
est la plus diabolique ? Evidemment ce n'est
pas celle qui verse le plus de sang; c'est
celle qui pousse les chrétiens à croire qu'en
dissimulant un peu , en sauvant les ai)pa-
rences, ils pourront éviter des peines qui ne
s'appliquent pas aux tièdes. La première
enlrelient l'ardeur et le courage de l'Eglise
par le combat où l'intrépidité triomphe; la
seconde favorise la tiédeur et la dissimula-
tion , en poussant à la prudence qui all'ai-
biit.
Mieux vaut, on l'a dit cent fois , la persé-
cution sanglante que la persécution morale.
Trajan est , à nos yeux , un des princes les
plus coupables parmi les persécuteurs. Il
avait tant de qualités éminentes , que , pour
le juger, on doit être infiniment plus sévère
qu'envers un Domitien ou un Néron , par
exemple.
On peut voir dans l'article qui le concerne
fomment Dieu lo p;;nit ici-bas. Cet homme,
(jui .s'('-t.iil rassasié du \i(l<)iros, vil, h la bn
(l(t ses pujrs, lombiT une h un»; les couronnes
ijtie Dicii bu avait permis de mettre ii '^on
Iront. Sr-s coïKpiétos lui échappèrent; l'édi-
liii' ipi il avait con-.lruil h si gr/iiide ruine '-l
avec 1,'uil de l.d)eur, N'écroula , et il fut té-
moin de ce di'saslie. Il ne lui r(!sla rien qu<t
d'amers regrets, le seiitimonl de rinaïuKj
des choses (l'ici-bas , et une mort doidou-
reuse loin des lieux <»ù ses adiiiir.ileui s lui
préparaient le triomphe. (Jui le vidrrint ad
((' iiiilitKihiiiilur , lnjiir pntsjtiixi}ii .• Snu-
ijuid Islr rs( vif nui coulurhut il Icrium, tjnt
vuncussit ri(jna (isai. xiv, 1(») 7
l'KUSKClJTION u'aDMIKN.
La plupart des écrivains n'ont pas compté
.\drieii parmi les |)ersécul(;urs ; et ceux qui
(.ml lait une (•(tli't/orir nuiiicroléc des peisé-
cnticuis, n'en ont pas mis sous son règne.
Cet empereur n'a pas plus t|ue Trajan fait
de lois (;t dédits contre les chréliens ; mais
il les a persécutés et fait f)erséculer en vertu
des lois et édils di; Néron, (i'est un l'ail in-
dubitable, établi par les documents les plus
aulhenti([ues, les Actes des mailyrs les plus
célèbres et le l('moignage des écrivains les
])lus i(;c()nnnantlables, Eusèbe, saint Jérôme,
i)ar exemple Les martyrologes sont pleins
des saints que la persécution d'Adrien a cou-
ronnés. Rome, sous ce règne, fut baignée du
sang des martyrs. Si la persécution n'eût pas
existé, pourquoi donc alors les apologies de
saint Quadral et de saint Aristide? Fcui'-.fuùi
donc ces saints défenseurs de la religion chré-
tienne auraient-ils prié Adrien d'éteindre la
guei'requ'il avait allumée?Nous n'insisterons
pas davantage : il n'y a que la mauvaise foi
ou l'ignorance qui puisse contester qu'il y
ait eu persécution sous le règne d'Adrien.
Les causes de cette persécution, à part la
haine qu'on portait aux chrétiens, furent
l'amour superstitieux qu'avait Adrien pour
la religion, pour les pratiques du paganisme.
Désireux de rétablir le culte dévot des ido-
les , il voulut punir ceux qui le mettaient à
néant en prècliant une doctrine régénéra-
trice. Il fut aidé dans sa tâche par ses gou-
verneurs, par les magistrats de l'empire qui,
pour lui plaire, envoyèrent à la mort de nom-
breux chrétiens. La persécution fut ardente,
imj)lacable, depuis l'avènement d'Adrien jus-
qu'à l'année 126. A cette époque, Adrien, qui
avait reçu les apologies de saint Quadral et
de saint AristicJe , rendit le fameux rescrit
adressé à Minucius Fondanus , lequel res-
crit fit cesser la persécution par tout l'eui-
pire.
En même temps qu'Adrien recevait les
deux apologies dont nous venons de parler,
il recevait aussi une lettre de Sérénius Gra-
nianus, proconsul d'Asie, qui lui représentait
la suprême injustice qu'il y avait à condam-
ner les chrétiens sur les cris des peuples
sans les juger suivant les formes légales, et
sans qu'ils fussent convaincus d'aucun crime.
Pour bien se rendre compte de ces mots ,
sur tes cris des peuples, il faut se reporter à
la haine que dans ces temps-là les chrétiens
4()7 PKR l'KR 4C8
inspiraioiit. On sait les raloninios fine los n'|iriint^ la rt'volio (les juifs sons Barrnrlié-
Juifs avaient répamluos sur eux; ou sait l» :<. il rebâtit Jérus.ilrni sous le noui clMllia.
aussi qu'on les accusait géuc^raleuient des ('«y. Afirie^i.) Le prince qui faisait un sem-
al»nmiualit)ns dont les carpocratieus se reu- MaMi: usage de sa puissance, l'avilissant
liaient coupables. H faut se reporter aux jusqu'à attaquer la religion chrétienne par
mœurs et aux divertissements de l'époque, l'injure en môme temps que par la profana-
Lcs gouvenuMirs, dans les provinces, citn'iine tinn, devait «'tre assez porté h recommencer
les empereurs à Rome, donnaient i\Q^ jeux cnn re eux ce qu'il avait fait avec tant de
jniblics au peuple. Eh bien I le peuple proli- persévérance durant tout le conuuencement
tait souvent de ces jeux |)nur demander h; de son régne.
supplice des chrétiens. U'iniinenses acclama- La persécution d'Adrien a couronné' un
tionss'élevaientdumilieudecettenndiilude; nombre considérable de chrétiens; elle a
les cris : les chr^lirux aux linns ! retentis- laissé des traces, des monuments nombreux,
saient dans les ciripies , et la plupart du Un coup d'œil sur les martyrologes suilit pour
temps les gouverneurs des provinces , les montrer que ceux qui ont amnistié Adrier»
magistrats des villes obtempéraient à la vo- de sang chrétien répand\i ont jiéché plutôt
lonté sanguinaire du peu[>lc. D'autres fois par mauvaise foi que par ignorance,
c'était devant les tribunaux mêmes des pro-
consuls que de véritables émeutes populaires persecltio^ sous antomn.
avaient lieu contre les chrétiens. Le |)euple, Il est nécessaire de rappeler ici ce que nous
accusateur, juge et bourreau, clamait sesfu- avons déjà dit à propos de la manière dont
reurs , allait saisir les chrétiens, les égor- les chrétiens étaient jiersérutés, fort souvent
jgeait ou les faisait mourir sur des bikhers même, sous les princes qui n'av.-^ient fait
improvisés. La unillitudc de chrétiens morts aucun é lit contre eux, même sous les meil-
ainsi dans ces émotions populaires est in- leurs. Quand il plaisait aux gouverneuis ,
calculable. aux magistrats d'appliqiuT les lois et ordo n-
D'autres gouverneurs écrivirent dans le iiances des princes persécuteurs , lois ( t or-
méme sens que Sérénius firanionus à Adrien, donnances qui n'avaient pas éié abrogées.
Ce gouverneur étant mort, ou ayant été rem- ils en étaient parfaitement les maîtres. La
placé, ce qui est moins probable, Adrien ré- jiaix dont l'Eglise jouissait sous certains em-
pondit en ces termes à Minucius Fundanus, jx-reurs n'existait point |)our elle en vertu
proconsul d'Asie : « J'ai reçu la lettre que le d un droit légal ([u elle possédAt , mais sim-
très-illustrc Sérénius Granianus , votre pré- plement en V(>rtu delà tolérance dont on
décesseur, m'avait écrite. Celle alfAire ne me usait à son égard. Le glaive des lois non
semble nullement à négliger. Quand ce ne abrogées était continuellement suspendu sur
serait que pour empocher les troubles ([ui sa léte , aux mains de l'arbitraire et du ca-
cn peuvent naître, et pour ùter aux calom- priée, au gré des instincts l)ons ou mauvais
niateins l'occasion d'exercer leur malice. Si des empereurs l't de leurs subonlonnés.
donc les peu[)les de votre gouvernement ont Aussi, à celle épo(pie, comme dans tous les
quelque chose à dire contre les chrétiens , temps, eilt-il mieux valu pour l'I'giise subir
cl ipiils le puissent prouvir clairement et les rigueurs d(>s lois sévèrement a|)pliqué(>s,
lu soutenir à la face de la justice , qu'ils se nue le caprii e et les incertitudes poignantes
servent contre eux de cette voie, et qu'ils ne de l'arbitraire.
se contentent pas de les jjoursuivre par des Sous Antonin , sans contredit le meilleur
cris et des demandes l>nnultuaires. C'est à des [)r,nces (pu aient illustré le trône des
vous à connaître de ces accusations, et non Césars, les chrétiens furent persécult'S. Sans
jKiint à une assemblée de j^euplc. Si donc aucun doule cène fut pis de l'aveu du prince,
quelqu'un se rend accusateur des chrétiens, nar suite d'ordres émaïu'^s de lui ; co bit par
et qu il fass'e voir (pi'ils agissent en (piehpic le fait des gouveriu'urs arnu's des lois an-
chose contre les lois, punissez-les selon la ciennes elles ap|>li(iuant suivant les ins[u-
qualité de la faute ; mais aussi si (pieliprun rations de leur fanatismt* ou di^ hnir cruauté,
se joue à les accuser par calomnie, entre- La persécuiion sous Ant<Miin a été nié-c :
prenez-lo vigoureusement , et ne manifuez elle est incontestable; nous n'en voulons
point de le diAtier comme sa malice le mé- comme preuve (pie le martyre île saint Teles-
rite. » phore, les allirmations nrécises de saint Jns-
II est probable que l'attention d'Adrien , tin dans sa grande Apolnriir, et entin les ler-
sollieitée sur les abus (]ui se coinmeltaient mes mèmesdu célèbre rexTitdiuine par An-
dans un gouvernement, s'étendit à ce qui so tonin en faveur des chroliens persécvilés.
passait dans les autres. Toujours est-i4 que \.r martvrc de saint Télosphorc est incon-
la persécution cessa com|»letement en ("elle testable. (1(1//. Tki ksphobk.) I^es expressions
année 12G. Elle re[»rit ipielque lemns après: do it se sert saint Justin, les voici : « Quoi !
car nous voyons par les Actes do sainte lorsqu'il s'agit des chrétiens, si purs dans
Symphorose ipie , quelque temps après la leur conduite , si respectueux envtTs la Di-
niort de cette sainte, la persécution cessa vinit(\ vous no voulez plus rien examiner,
durant dix-huit mois. Quant à ceux (pii nré- vous n'écoutez plus f|ue la haine , vous n'o-
lendraient que les bonnes dispositions d' A- bénssez nlus qu'à rim|tulsi(ui la plus fu-
drien pour les rhréln-ns durèrent jusqu'à la ncsie, celle du démon, et vous allez jusqu'à
fin de son règne, nous n'aurions ipià oppo- sévir, sans avoir connaissance des faits! lu
ser ce que lit ce prince quand , après avoir homme accusé d'être chrétien fait-il haute-
4ti<.)
i'i:ii
l'i II
470
iiiciil |trnlVssi(iii Je IcMic, Mii-lc i li.iiii|i vuiis
|(> ( uikI.'iiiiikv.. Il
l.i) rivscril d'Aiiloiiiii iki |M>i'iiirl |i;is lo
inoiiullt' <l(tnli'. Aviiiil de le citrr lc\liic|l(i-
iiii'iil , (lisdiiN CI peu (l() tiiols dans i|iit<llcs
('ircDiisliiiicds il lui iliiiiin''. S.iiiil Jiislin, l'un
«les lioiniucs les |ilii> ('iiiiiiivils de cctlc (''pd-
(pic Miiis It* i"\pp(ii-l du .s;iv(ur,s'ii)di^;ii,iil de
voir SCS l'it^Tivs pcisrciilt's, (*l ri\L;Iis(« du Sid-
l^uciir d(''(iiii('(! pai- le ^I;MV(' (pin Ni-run cl
Doiiiilicn avaiiMil 1c;j;iiô ji leurs siiccoss(mii"s.
Anime d'un ^i-ium'ciix cnuia,L;i' , il ('crivil à
r«Mnp(MTur Aiilouiu sa laineuse aixdo^io en
soixanli'-iinit cli.ipilfi>s , pleine de faits, de
raisouneineiils et d'apeii'iis (pii nous simu-
l)loul |)cul-(Mre aujonnrinii un pdu liors-
d'cruvie, mais (pii àcellt! c^jKXjne élaionl né-
cessaires, surliiul ailr<'ssés a des [laiens. An-
tonin, (|ui élait un esprit droit , cl (pii avait
le ('(l'ur Iton.pril coniiaissaMce do ce rcmnr-
(pial)le écrit , cl bientôt , sa raison cclniiant
tia justice, il rendit le rescril suivant en la-
venr des persécutés :
a Tins .Klins Adrien Anto-iiu, au;-;nst(M'l
i)icux omperenr, liibun poui' lu (piinziènie
ois, consul j)onr la troisième , père do la
[lati-io, an\ villes d'Asie, salut.
« Je pensais (|ue vous laisseriez aux dieux
mêmes le soin do découvrir les hommes
ilonl vous vous i)laii:;ne7,. ('/est iv ces dieux ,
bien plus ipi'à vous, cju'il appailiont, si ce-
pendant ils le peuvent , de punir ceux qui
refusent de les adort>r. \'ous les |)erséeutez,
vous les accusez d'atluisme et d'autres cri-
mes que vous ne pourriez prouver : eh 1 ne
voyez-vous pas (|ue tout ce cju'ils ambition-
nent, c'est de mourir ])our la cause ilonl o;i
leur fait un crime ; que cette mort même est
une victoire sur vous, ])uisi]u'ils prélùrent
la souffrir plutôt que de se soumettre à ce
que vous exigez d'eux.
« Quant aux troniblements de terre qui
.sont arrivés et qui arrivent encore , il ne
nous convient pas d'en parler; comparez vo-
tre conduite avec celle qu'ils tiennent dans
ces circonstances. Perdent-ils courage comme
vous le faites? Nesl-ce pas pour eux, au con-
traire , une occasion de redoubler do con-
tiance envers leurs dieux? Et vous , il sem-
ble que vous oubliez qu'il existe des dieux ;
vous désertez leurs temples, vous ne savez
l)lusquel culte rendre à la Divinité. De là
votre envie contre les chrétiens qui l'ado-
roMt ; de là cette guerre à mort que vous leur
faites.
« Quelques gouverneurs de province écri-
virent autrefois à montrés-auguste père, au
sujet de ces mômes hommes. 11 leur tit ré-
ponse qu'il ne fallait pas les inquiéter s'il
n'était prouvé qu'ils eussent agi contre la
sûreté de l'Etat. Plusieurs m'ont écrit à moi-
même, et je leur ai répondu dans le môme
sens que mon père : si quelqu'un se porte
pour accusateur contre un chrétien sans
lui imputer d'autre crime que sa religion ,
j'ordonne que l'accusé , bien que convaincu
d'être chrétien, soit absous, et que le déla-
teur au contraire soit puni. »
On voit par ce rcscrit que c'était surtout
ru A^ie que la persécution M'vis.sail loin de
l'action dn'ecte du pouvoir cotilral, loin de
I u'il vij^ibnil du piince. A Hotiie cl t\i\iis les
provinces cenirairs, la jiersiM ulioM fnl peii
Miteuse. Si (pndqites auteiirs, loinbant dutis
l'excès opposi'' a ceux (pli pléleildeul ipie
sous Auto lin riv.;lise ne fut pas persécutée,
disent qu'elle le fut Irès-viveiuenl, cela lient
à une le>;èi('lé d'examen viMinieul impardon-
nable. Les martyrologes ipii donnent les do-
cuineiils tels (pi'ils les ont reçus, (pii ^ar-
de'il lidèleiui'nl l'expression pour saiive-
gardei- l'autlieMlicilé, portent hvs ikjius dt;
iKuubreux saints dont h; martyre est mis
sous Anlonin. Il siifiisait, pour im- pas rectm-
naitre deiieur, de ne point s'arrèt(;rau nom,
mais (1(5 r(M()urir aux dates et aux circons-
tances (pii accoiiipai^iiaieiit les évéïn-mcits.
() 1 sait en ell'et (pu; plusieurs empr'reui.s
s'appelèrent h.'s Antonins, comiinî (l'autres
s'(''l,iient app(!lés les Césars. Ainsi Mari-,\n-
rèle était appelé Aulonin, et nous tr<JUVons
ijiKî la plupart des martyrs attribués par les
iiiailyrologes à Antoniu doivent être re|)f)r-
tés à Antonin JMarc-Aurèle. Ainsi, dans h»
Martyrologe romain, sainte (ilvcère, saint
Simiii-e, saint Hermias, saint Calimcr et une
multitude d'autres.
Après le célèbre rescrit que nous avons
cité, l'Eglise jouit d'une paix profonde sous
le règne d'Antoiiin. Saint Justin put aller vi-
siter les églises d'Asie, et porter les lumières
de sa [)rofonde érudition aux lidèles (|ue sa
parole éloquente avait déliviés des fureurs
de la persécution. Saint Hégésippe et saint
Polycarpe purent venir à Home et y faire
hautement profession de christianisme et
œuvre d'apostolat. Le rescritd'AntOiiin avait
une sanction que n'avait pas eue celui d'A-
drien. Adrien ne voulait pas qu'on punit les
chrétiens ; Antonin voulait qu'on punit leurs
accusateurs.
Sous le règne de ce bon prince, l'Eglise se
reposa dans la paix que Dieu lui donnait.
C'était le sommeil entre les deux jouinées,
celle qui vient de Unir et celle qui va com-
mencer. Ainsi le guerrier qui se repose
après de glorieux combats, se clispose à com-
battre encore et à triompher avec l'aide do
Dieu. Marc-Aurôle gardait do terribles épreu-
ves aux disciples de Jésus-Christ.
PERSÉCUTIONS SOIS MARC-ALRèLE
Sous cet empereur, la persécution fut plus
violente qu'elle ne l'avait été depuis long-
temps,'même sous Trajan. On sait qu'à la
mort des enipereurs, leurs édits particuliers,
ceux qu'on nommait rescrits, cessaient d'a-
voir force de loi quand ils n'avaient pas été
promulgués par le sénat. C'est ce qui arriva
à pro[)OS des rescrits d'Adrien et d'Antonin
le Pieux en faveur des chrétiens. Marc-Au-
rèle arrivait au trône avec tous les préjugés
de la philosophie, avec toute l'intolérance du
fanatisme païen. Fervent adorateur des ido-
les, disciple assidu des philosophes, il por-
tait aux chrétiens une haine très-grande. S'il
ne ht pas lui-même de lois et d'édits contre
eux, ce fut probablement pour ne laisser
471
PLR
l'tR
473
dans lo<5 moniinients judiciaires de son it^gne
niiruiit' tr.Ko <Ii' rruaiilé h \ni\yuA\o son nom
foi direclement altaclié. 11 s'estima hpiiretix
do trouver dt's lois toutes faites contre ceux
(juil voulait persi'culer, et il les lit mettre à
exécution avec une rage et une perst''V{''rance
inouïes. Les philosophes, en rpii Marc-Au-
rMcavait entière confiance, accusaient à cette
«époque les chrétiens de toutes sortes de cri-
mes. Comme nous l'avons dit <\i''jiï\, on leur
attribuait les horreurs, les infamies des car-
pocratiens, desadaniiles.Lai alonjiiie trouvait
laveur chez les païens, chez les magistrats,
chez les gouverneurs de provinces. H est
rare qu'on descende jusqu'h sonder la source
d'une calomnie, quand elle attaque des gens
contre lesquels on est prévenu depuis long-
temps et (ju'oM déteste d'avance. Les fonc-
tionnaires de rem|)ire s'imaginaien' faire la
cour aux empereurs en persécutaMt leschré-
tiens, elles empereurs laissaient faire, lors
même qu'ils n'avaient pas donné d'ordres.
Cresçrnt, philosophe c\ni([uc pensionné
par Marc-Aurèle, et qui avait grande répu-
tation dans Rome; Junius Rusticus, que ce
prince avait fait préfet de la ville, furent des
plus ardents à dénoncer les c'irétiens, h les
poursuivre de leurs calomnies et h déchaî-
ner contre eux la persécution. Le premier fut
le dénonciateur de saint Justin, le second
fut sonjuge. La cause principale de la hai'ie
qu'avait Crescent contre hvs chréliens venait
de ce que saint Justin, qui, à cette époque,
était la plus ferme colonne de l'Eglise, avait
élevé dans Rome une chaire publique de
christianisme, et l'avait toujours vaincu, lui
Crescent, dans les discussions ([u'ils avaient
.soutenues devant les auditeurs (pie leur n^-
putation attirait h ces luttes. Saint Justin avait
pour disciple le fameux Tatien , le même
(jui plus tard tomba dans l'erreur des gnos-
tiques. Il ne sera pas hors de propos de ci-
ter les passages suivants du discours de Ta-
tien contre les (Irecs. On y verra comment
les chréliens traitaient les philosophes.
« Quelles sont donc les grandes et les ad-
mirabl 'S actions de vos philosoplies ? lis né-
gligent de couvrir l'une de leurs épaules,
laissent peii'Ire une longue chevelure, en-
lèvent letir barbe, et portent des ongles de
bétes fauves. Ils disent bien qu'ils n'ont be-
soin de rien, cepcndar.l, nouveaux Protécs,
ils recourent au tanneur pour faire leur be-
sace, au tisserand pour leurs habits, au tour-
neur pour leur bAton, au riche et au ( uisi-
nier pour satisfaire bur gourmandise. O
homme ! semblable au chien, tu ne connais
fioint Dieu r-t tu imites les bétes! Tu cries
en public, plein de contiance dans la géné-
rosité du riche, et si lu no reçois point ce
que tu attends, lu te venL:es tfii-méme en l'ac-
rflblant d'injures 1 Ain^i la phil(»soplue est
pour toi un art d»' faire fortune. Suis-tu la
doctrine de îMaton? Dès lors, l'épicurien te
fat ouvertement la guerre. r>-tu partisan
tl'Arislole? Tu es en proio aux injures d'un
disciple de Démorriie. Pylhagore prétend
qu'il fut autrefois eu|thorbe et t\n'\\ n hérité
nf la doftrhe de Phéréride. Aristotn attaque
rim»v>plalilé de l'Ame, et vous fous qui pas-
se/ d'une doctrine à une antre, sans vous
entendre, vous coiubaltez ceux qui s'enlen-
dent. »
Dans un autre passage : « Je ris encore,
dit-il, dos fables puériles de Pb<''iécide, de
Pytliagore, héritier de sadfwtrine, et (le Pla-
ton, qui fut son imitateur, bien que quel-
ques-uns le contestent. Qui pourrait approu-
ver les monstrueuses cl publiques débau-
ches de Cratès, ou i)lulùt quel homme ne
mépriserait l'arrogante folie de ce jibiloso-
phe et (le tous ses semblables, pour s'appli-
qiUT à la recherch».^ dece(pii est vrai et utile?
Cartiez-vous donc de vous laisser imposer
par b; grand concours do ces philosophes,
qui ne sont rien moins que philosophes, do
Crs hommes touj-^urs eu contradiction avec
eux-mêmes. avan(;ant au hasard tout ce qui
leur vient à l'esprit. Voyez toutes les rivali-
tés qui existent parmi eux; ils se haïssent
les uns les autres, ils combattent récipro-
(|uemenl h uis systèmes, et, dans leur or-
gueil, ils se jilacent toujours au-dessus de
leurs rivaux. Certes, au lieu d'aller olfrir leur
encens aux l'ouvoirsetde tVilter les princes,
ils auraient bien mieux fait d'attendre quo
les grai^^Js vinssent h eux. »
La haine des philosophes contre les chré-
tiens était implacable: c*^. fut donc une des
causes principales de la persécution. Vno
autre cause qui, sous cerègne.agil aussi très-
puissamment contre les chrétiens, ce fiil ki
croyance d ms laquelle étaient les Romains,
que toutes les calamités publiques n'étaient
qu'un etl'el de la colère des dieux irrités con-
tre les chrétiens. Or, sous le règne de Marc-
Aurèl.'', l'empire romain fut frappé par la
Providence des lléaux les plus redoutables^
Les [)estes, la famine, les inondations, les
invasions de barbares, mirent le tiùne im-
périal h deux doigts de sa perle. Les chré-
litMis furent universellement accusés île ces
désastres. On s'imagina (pi'en les persécu-
tant on apaiserait la colère des dieux et (]u'on
les rendrait favorables h l'empire. ,\insi les
fléaux mêmes dont Dieu se servait pour pu-
nir les persécuteurs, é<aient tournés par ces
C(eurs aveugles en instruments (b^ haine et
de persécution contre les ilisci[>les de Jésus-
Christ.
Piien n'échappait h la rage des persécu-
teurs ; tout devenait prétexte entre leurs
mains. On évo(]uail contre les chréliens les
lois b>s plus vexatoires. Trajan avait défendu
les réunions cl b^s associalums ( (n se croi-
rait en pbune républiipie française en l'an
de grAce IH.'iP. Or, dès «pn^ les chrétiens ><>
réunissaitMil pour célébrer les mystères do
leur religion, ils lombaient sous le coup do
la loi et devenaienl la proie de leurs enne-
mis. Quand oi ne les aliaquail pas comme
chrétiens, on les appréhendait comme vitv
laleurs d(>s lois de rempire. La haine que les
|>aiens avaient (><»ur les (breliens faisait sou-
vent de ces explosions soudaines (pii déchaî-
nent la populace conime une bête féroce
hurlant dans les villes tK-s menaces de mort
et massacrant les innocentes victimes de ses
1
475 vrn lin 474
fiirciirs cl (le SCS liaiiics. Oui, rciiiciitc, dans trouve tiaiis snii im-mv le |iiiint (jiii viluc «ni
CCS ti'iniis ((iiiiiiic iiiijdiii'ti'hiti, s(t laisail sou- iioin ilc ju.s(ii;<! cl (riiiinuiiiiic. I.n seconde,
vciain(\ se sidi-^tihiail :\\\\ li»is, aii\ niai;is- lu i^enice h M/iic-Aiii èle, aiiia-l elle un aussi
Irais, cl Muand la canaille ninianicavail crit': non tr'sidlatV l.cs in,> slcresdc Dieu sonl liu-
lis ciiK'linis iiii.r lions ! les chri'tinis au fnt I iténéliahlcs. ('iCllo ApoinKic fut In »imi«l
il lallail, scandale Iikhii, (|Uc les nui^islials (|u'alleiidaieiil la Imitie des |>liilos()|i|ies cl la
olxMsscnl. Ainsi ce lui le |)cii|ilc qui lil cun- haine du |iiiiice lui-ni(^iue. I,a |ici séculion
«luire saini l'nlycai'|>c an niarl\rc. l'ouicili'r .s«Ml(''cliaina |tliis ardente et plus furieuse,
lies lails pareils, nous iraniions cpic rem- Vu vain saint Mi'-lilon et saint Apollinaire
liarras du cluiiv. (Juchpiclois la [lopulacc unissent leurs cU'orts à ceux desainl Justin ;
.s'irrilait des l(Miteurs d'un s(Mnhlant de pro- le disciple des sloïciiîns et «les c) tiiipies n'a
ccdurc. I.n (piasi-jusiicc avec ln(piell(! on point 'd'oicilles niiséiicordieiises | our les
pruciHlail ^ r('i;ard des cliréliens était uim; déreuscurs des chrétiens. I.a persécution suit
difçuo (pii irritait ce lorronl populaire. Sa son cours. LY-vôquo Sapris h Laodicée,
l'i»u^n(> renvi'rsail tout. Alors il se faisait ae- sous \o gouverneur Servilins l'anlns, noni-
cusalour, Jn^;e cl hoiu'rcan. il arrachait les brc^ de chri''tien.s à Hy/ance sous Ca-ciliiis
Kaints de Icvirs nuiisons, les déchirait sur la ('.n|iella, versent leur sang pour la foi. Saint
voie puhliqne, et jtoui' les briller dévastait \'iclor, saint(î Couroniu' en Théhaide, saint
loul ce ipii était sous sa main. On improvi- Publie, évétpu" (l'Alhènes, saint (ionc(M(le,
sait des bûchers, coiinne chez nous des bar- saint Pontien h Spolète, suivent de jtrès ces
ricadivs. ('es anciMvesdcs sepiciiibriseurs vio- ^énér(Mix soldats du C-hrisl. Puis arrivent les
laiciil l'asile des jiiisons, cl assassinaient les martyrs des (laules, saint l'olhin, évc(pjo d(î
saints. (Vêtait le peuple roi. Hideux souve- Lyon, av(>o tous les martyrs d(; Lyon, de
rai'i. toujours pareil à lui-ni<^m(i et (jni lU! Vienne, d'Aufun, d(ï Saulieu ; une multiludf*
promène jamais sa hideuse; majesté (lu'au de saints et de saintes, l'olycarpe, (pu- nous
détriment de rho!in(>nr de riinmanitc, et avons vu mourir, Polycarpe, le (lisciple d(;s
qui ne renverse, pour se vautrer sur les i\é- apôtres, raiiii de saint Jean l'Evani^élisto,
bris, que ce (|u'il y a de saint et de consa- l'évéque sacré par le disciple bien-aimé de
cré par le resnecl des Ages I Peuple-roi nui Jésus-Christ, a envoyé dans les Gaules une
tire son nom île la tonte-puissance de ses lu- cofiofte do saints piédicateurs , saint Ando-
reurs. Il y a bien une bêle féroce qu'on che, saint Tyise, etc. La moisson (jull a
iiouune tigre royal : c'est la royauté du car- semée sera coupée bientôt. 11 retrouvera au
nage; l'un et l'autre se font de la pouri)re ciel ses enfants et ses discii)les.
avec du sai)g. L'Eglise des Gaules vient d'ouvrir sa mar-
Alors comme à présent, rémeute avait ses che triomphale. Egbse de France, salut à
fIafl(Mirs et ses courtisans. Ouekpio basse et toi; salut aux majestés de ton berceau. Que
ignoble que soit une puissance, qu'elle belle et grande est ta destinée ! Au conmien-
vienne d'en haut ou d'en bas, du trône ou de cément, les martyrs de Lyon dans les am-
la taverne, il y a toujours qucl(|ue lAcholé phithéAires; à la tin, tes prêtres et tes évè-
plus basse encore qui rauq)e à ses pieds. N'a- ques sous la hache de 93 1 .Marc'ie, noble et
vez-vous pas vu les plus grands noms de nos sainte Eglise, tille aînée de l'Eglise romaine,
fastes parlementaires se traîner honteuse- ta mère. Bientôt, c'est de ton sein que sorti-
ment à deux genoux devant la majesté de ront les martyrs, les docteurs et les mission-
l'émeute'? Ils passaient sous les fourches naires. Tu seras comme la fleur de l'arbre
caudinesde ces Samnites qu'ils enchaînaient dont la racine est h Ptome. Pas un coin du
)lus tard. Sous Marc-Aurèle, nous trouvons monda n'échap^xn^a h tes missionnaires,
I
a même chose. Les magistrats, au lieu de comme pas un peuple ti ta civilisation. Quel
])unir ces révoltes, ces soulèvements de la est le rocher où une nef française n'ait porté
populace, se faisaient ses ilatleurs. Ainsi les la croix avec sa bannière ? Quelle est l'œuvre
magistrats de Lyon rendaient des édits cou- civilisatrice que ses missionnaires n'aient
tre les chrétiens sous l'intimatioivde la po- pas accomplie? Marche, noble Eglise, lu-
pulace avide de sang. miôie, espoir et soutien de la chrétienté. Tu
Les premières victimes de la persécution donneras au monde des fils qui s'appelleront
sous Niarc-Aurèle furent sainte Glycéne et Grégoire de Tours, saint Louis, Vincent de
sainte Félicité, une mère et ses sept fils : fa- Paul, Bossuet et Fénelon ; puis d'autres qui
mille qui aurait pu consacrer sur son sang s'appelleront Charlemagne et Bonaparte,
tons les jioints culminants de la ville éter- deux noms dont le bruit ébranle le monde.
man-
vi-
ide
et de ses compagnons. Marc-Aurèle est un d'un peuple voudra dépouiller de cette au-
nrince sage, juste, il le prouve dans toutes mône héréditaire le père des fidèles , le se-
les affaires ordinaires. Est-ce que le rescnt cond dira : La France l'a donnée, et le pos-
d'Aiitoiiin est abrogé? Est-ce que le nouveau sesseur est sous sa garde. Fille de TEglise,
prince va sortir des voies de justice de son défends ta mère et la maison que tu lui as
prédécesseur pour inarcliersur les traces de donnée. Marche, noble Eglise; ton nom veut
Néron? Saint Justin prend la plume et écrit dire gloire et civilisation sur la terre; au
à l'empereur sa seconde Apologie. La pre- ciel il a celui des gloires célestes. Salut à toi,
mière avait ouvert les yeux d'Antonin,et mère des saints ! A toutes les époques tu ver-
lous les jioinis culminants ue la viiie eter- deux noms cioni le nruit enranio le mond
nelle. Figurez-vous la mère au Ca.nitole, et Le premier déchirera un coin de son ma
les sept fils immolés sur les sept collines, teau de pourpre pour abriter la tête du \
Bientôt arrive le martyre de saint Ptolémée caire de Jésus-Christ, et quand l'ingratitui
475
PEU
l'ER
476
ras qucliiuc nom glorieux porter en Ion nom,
dans sa m.ùii, la palme ou le llarabenu. Hon-
neur à rK^lisc qui ouvre ainsi ses fastes et
qui les ferme connue tu viens de le faire!
Le bronze tonne dans Paris, les partis dé-
cliaînés se di'chircMit, toute parole <le pai\
est impuissante, huit gém'raux t<»mlient;il
coule du sang connue dans vingt batailles.
Ah ! Dieu est absent de ces luttes fratricides.
Trois jours de combats sacrilé.^es n'o'it |tonit
assouvi la fureur des combattants. Un homme
de Dieu parait la palme h la main, symboli-
que pruuhi'tie : c'e-^t iarclievèipie ! apôtre
aes concifiations; il a dans les veines le sang
( 'un martvr, et ce sa-ig ('-teindra la lutte.
Après le pasteur mort, silence! le bronze se
tait. Qui donc oserait recommencer le combat
quand Iholocauste est olfert, et la rançon ao-
ceplée par Dieu? La dernière victime est un
martvr, et la lin du combat est un miracle.
Ainsi l'Eglise étend l'exjiiation sur ce vaste
sacrilège.
Poursuivons. Le sang coulait h (lofs dans
l'empire ; Atiiénagore, philosophe athénien,
adressa 5 ^Ïarr-Aurèle une Apologie en fa-
veur des chrétiens. Celte Apologie est l'œu-
vre d'un grand courage et d'une belle et no-
ble inlelligence. ( Voyez-la, Ilist. générale
des pers., vol. L] Milliadc; lit la même chose,
vains efforts : bientôt saint Polycar|)e est
mis à mort à Smyrne. Saint Justin, ù Home,
tombe victime dé la haine de Cresceut et de
Junius Kusticus.
Pendant quelque temps la persécution
avait cessé, ou du moins s'était considéra-
blement ralentie. Marc-Aurèle, grAce aux
clirètiens, avait été tiré des mains des Quades
qui le tenaient enfernié avec son arnit'c. Vn
si grand miracle, (|u'il n'avait pu nier, l'avait
engagé à rendre en leur faveur un édit qui
portait que si (juelqu'un les accusait, laccu-
?ateur et l'accusé seraient tous deux juinis
de mort. Singulière et étrange justice 1 Nous
sommes habitués h trouver de |)areils capri-
ces des empereurs, mis à la place de ré(]ui-
lé. Quant aux détails de ce miracle, nous
laisserons parler Dion, historien contempo-
rain ou à peu près.
« .Mari-Aurèle, dit-il, remporta sur les
Quades une victoire nuîrveilleuse dans ces
rircftnslanrcs, ou plutôt elle lui fut donnée
(le Dieu; car les Uouiains couraient un ex-
Irèuie danger, et la Divinité; les en tira par
une merveille ébuuianle. Les Quades les
avaient enveloppés dans un endroit on ils
avaient tout lavanlage. ('.e[)endant les Uo-
niains, ayant formé' di- leurs boucliers une
loilue, se préparaient h les bien recevoir.
Mais les barbares voidurent vaincre sans ti-
rer l'épée, espérant faire |»érir toute l'aruM'O
jtar l'excès du chaud et par la soif, et comum
lis l'emitortaieiit binucoup p tur le nombre,
ils enfermèrent tellement les Itiunains, (piils
leur ôlaient l(»ut moNcn d'avoir de l'eau,
(/('■tait a|)rès un combat ipu> les Humains
se trouvaient dans mie position si fAcJieuse ;
en sorte ipu* la fatigue, les blessures rpu»
plusieurs avaient rei;ues, l'ardeur du sideil,
se réunissaient pour les accabler; et il ne
leur restait pas inèine la ressource de mou-
rir en braves gens, l'épée à la main, parce
(pie les barbares, o(cupant des postes uiac-
cessibles, s'y tenaient trampiilies et refu-
saient de combattre. Tout h coup les nuées
se rassemblent, elles s*é|»aissisent et il en
tombe, non sans une |>rntection particulière
de Dieu, une [)luie abondante : ce bienfait
du ciel rendit la vie aux Romains. D'abord
ils lèvent en haut la tète et \o, visage, et veu-
leiU rticevoir l'eau dans leurs bouches; en-
suite ils firennent leurs casques, les présen-
tent h la pluie, et lors(ju'ils les en ont rem-
plis, ils boivent avidement et donnent à boire
à leurs chevaux. Les barbarescrurent ce mo-
ment favorable pour les altaipier; et pendant
(ju'il les voient occupés du soin de désalté-
rer une soif longtemps soulferte, ils se pré-
j)arent à fondre sur eux. Mais le ciel, armé
contre les ennemis des Romains, lance sur
les Quades une grosse grêle et des tonnerres
qui les dissipent, qui les brOlent, pendant
(|ue les troupes de Marc-Aurèle étaient ar-
rosées d'une pluie douée et salutaire, (lo
double prodigt; rendit les Romains vain-
queurs. Les barbares jetèrent leurs armes
et vinrent chercher un asile au mil eu de
leurs ennemis, pour se mettre à l'abri des
foudres dont ils étaient écrasés. Marc-Aurèle
y consentit, accorda la vie sauve aux Quades,
et fut proclamé par les soldats imprrator,
ou général victorieux pour la se|>tièmefois. »
Ce miracle avait eu lieu en 17i. Ce fut en
177 h peu près (jue, par suite des soulèv(>-
inents |)opuiaires, les chrétiens cessèrent
dtMouir du peu de réjiit que leur avait don-
né le resci it de Marc-Aurèle. Tertullien |)arle
decerescritoudecetteleltredeniaiiièreàfaire
penser (|u"d l'a vue. Ce (pi'il y a de certain, c'est
qu'elle a existé, puisque lès dispositions en
lurent appli(juées plus lard, comme on peut
le voir en lisant ce (pii est relatif .'i saint
Apollone. A Rome, on hésita davantage h en
trinsgresser les dispositions; mais dans les
provinces il n'en fut pas de même. Pour s'en
convaincre, il sufiit de lire ce (pie fut la per-
sécution de L\on. La persécution durajus-
cju'à la lin du règne de NLirc-Aurèle; elle no
s éteignit pas même h sa mort. Pour plus He
rensingnemenls. il faut lire l'article Marc-
AiRKiK. Sa vie et sa punition sont on (piel-
(jue sorte le complément de cet article.
PKRStXlTION sots SÉvfcnE.
De;>uis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à
l'empereur S.''vère, l'Kglise de Jesus-t'hnst
ne fut pas | er.sé( ulee. Qu'on trouve dans ce
laps de temps quel(;U(>s faits isolés, comme
le martyre du siniateur saint Apoilone, par
e\em|>lè, ce n'est jtas une raison pour ne
point admettre que l'Kglise fut en paix. Cette
tranipnllit(''. que Dieu avait doiiii(''e à ses dis-
cimI'-s sous le règne de Commode, dura pen-
dant les premières années du règne do Sé-
vè.e. Ce prince était trop préoccupé par les
embairas polili(p«es, par les nécessités de la
guerre (jne lui lirenl successivement trois
CfMUpetileurs piiissaiiis, pour songer h s'oc-
(U[»er do choses' religieuses. On prétend
477 im:u
nu^mc qu'il ('l;ill iilois r.ivonilni' ;iii\ clin'-
lU'iis. Icihillicii I'' <lil «liili.s sji li'llii' à Sr«-
iiulii. I.'im d'eux, noiiiiiin l'rnciili' Toi'iMridtl,
i'.ivail .uilicri'is KiH'ii (l.iiis im c-is m'iivc /ivcc
une limita (|inil»alili'iii(Mil iiiiiMciilciisc), ri il
ii'.ivail |i;is(iiil»li<^ «'O hinil'ail. Devenu eiiipe-
reiir. il avait l'ail clieitlicr ProciiN», (|iii vécut
(lais sdii palais jus(|u'à la lin (l(* ses Jdui's.
l'Kihalileiiieiil (|iie ei' |ieis(Hiliat:;e |)n»léj^eail
les cliiclieiis pnVs de Sévère. Ou iw. iuan|ue
jias railiiée Av sa iiioil ; peul-éln! (lue ce loi
ai)nVs i'vl évéïieiiieut (|U(^ i'eiiipeicur passa à
d aulrivs seiiliiueiils ?» ré}.;;ard des coceli^ioii-
ijttii'cs de s(»ii pi(iléi;('>. Sév("'i(' lém(ti,L:;ii.'iil sa
Siilislacliou de (;e (lu'il n'nvait frduvé aucun
ciirt'lien avaul piis pail active dans l(>s ré-
voltes d'Àlliin el de Ni;j,ei-. Il se tnimpait
(•(Mlaineineiil sur lo niotif (|ui lis t'aisail
s'iibslenir. Dans c(\s temps primitifs de \'K-
^lise, la [lei'séculion sans cesse acIiariuM» (iii
sa-is cosse niena(;anle, reiillKMisiasme pour
n u^ do.lriiUMpii c*liaii;j;eail la lace du luondo
e, qui couceiilrait (onlcs les Ibices vives de;
ses aiJeples ]i()ur les tourner veis la pr()|)a-
t;ande, toul cela sulVisail pour (jue les chré-
iieiis restasseul eu dehors de la lourmeiito
p()liti(pi(>. Les clioses (pii les préoccupaient
étaient plus i^iandes cpjc colles de la lorre.
81 Sévère vùl pu voir clair, tels sont les ino-
tils (pi'il aurait trouvés. A une é|)oqm' où le
droit du plus fort était le chemin du Irùno,
où la fortune ou le crimo mettait um usur-
pateur ,\ la plai'e d'un autre, les chrétiens
n'avaient aucun motif do préférer Sévère à
^'ii;er, h Albin, qui évidemment avaient des
di'oits de touts points pareils aux siens, ot
(pii coimno hommes valaient inli'iimciU
uiio!i\.
On comprend très-bien ce que nous vou-
lons dire par ces mots, part aclirc dans les
rc'rollcs. Ces mots ne si^'iitient pas qu'il n'y
eût pas de chrétiens dans les armées; beau-
coup, au contraire, suivaient lo métier des
armes ; ils en vivaient comme d'autres vi-
Yaie:U de métiers ilill'éronts ; mais dans les
armées lidèlesà leur devoir de soldats et aux
serments (ju'ils avaient prêtés, ils restaient
inditféronts aux agitations politiques, aux
menées, aux intrigues qui se [)assaient dans
les hautes régions. C'est dans ce sens qu'au-
cun chrétien ne fut trouvé i)ar Sévère au
iiombrede ceux qu'il nommait des révoltés;
aucun d'entre eux n'était parmi les meneuis,
les chefs de parti, les hommes plus ou moins
éuiinents qui fomentent les troubles et diri-
gent les mouvements révolutionnaires. Com-
ment voudrait-on qu'il n'y eût pas eu de
chrétiens dans deux vastes contrées de l'em-
pire? Conuuent se serait-il fait qu'il n'y en
eût pas dans des armées considérables ? Ter-
lullien, dans son A^jologie, disait à l'ompe-
Tcxir que si les chrétiens voulaient se ret.rer
de son empire, ils le changeraient en soli-
tude. « Nous remplissons, disait-il, les villes,
les campagnes, les armées et jusqu'au palais
des empereurs. » La paix dont l'Eglise ve-
nait de jouir pendant tout le règne de Com-
mode avait permis au christianisme de s'é-
tendre on tous lieux, de tout envahir. La
ri.K
478
vertu émilielilc des cliiéliens, |is inil.K len
Mu'ils op('i aient, étaient de puissants moyens
(le coiiversi(Mi. Si le clinstiiuiisme urandissail
aiiiNi d'une manière Maimeiit miracujeusu,
l'espiii d(* ténèbres luttait ( outre lui en en-
nemi acliariié : les ennemis des clirétierii
répandaient contre eux les infAmcs c/iloin-
nies (pi(>de|iuis. si longtemps nous avons vues
r(''pandues par les Juifs d aboi'il et adoptées
par le^ païens. 'r(ms les crimes iiiiaginiire.s
(pi'on leur reprochait c('daienl encore di'va'il
ce reproche : « C(? sont des (Minemis publics. »
On sait (pndle piiissanc(! avait celtes acciisa-
ti(Ui elle/ le peuple romain; car si le culte
de la patrif! était mort clie/ ce peuple (piaiid
la Ivraiinie l'avait eiicliainé, les vieilUts for-
mules (pii la divinisaient étaient i-estées tra-
diiionnellemenl dans le respect d(! t(ms les
It mains, l'it comment les chi étiens étaient-
ils des ennemis publics, des ennemis de la
patrie? parce (pi'ils refusaient <le remlreaux
empereurs lo culte sacrih'gc (pu; ces derniers
exigeaient d(' tous les habilanls di; l'empi'O.
Oiiaiid Sévère eut vaincu Alidii, il (il dans
Komo U!)o entrée Iriomphale : les (;hrétiens
furent les seuls (pii refusèrenl do décorer
leurs maisons de llaiiibeaux et d(! couronnes
de lauriers et de dilféronts autres ornements.
C(>rtes, ces décorations en elles-mêmes n'é-
taient (pu' chose très-permise, mais comme
hvs pau'iis y joignaio'it des pratiques sacri-
lég(>s, telles (pie l'adoration de l'empereur et
l'otfrande de sacritlc(\s, les chrétiens ne vou-
lurent rien faire qui donnât lion de supposer
(pi'ils se fussent associés aux prali(pies sa-
crilèges des païens. Sévère, devant ([ui O'i en
accusa i)lusieurs, voulut faire de la gr.inde'.ir
et de la générosité. Il prit leiu" défense : dé-
cemment il no [louvait guère faire autre
chose. Mais derrière l'attitude ollicielle du
prince il y avait sa volonté, son méconten-
tement réel ; et les llatleurs puissants qui
l'entouraient savaient très-bien lui faire leur
cour en persécutant les chrétiens : ils n'y
manquèrent pas.
Ce fut en 197, à cette occasion, que com-
mença la persécution, sans aucun nouvel
édit "contre eux de la part do l'empereur.
Nous avons vu déjà qu'il existait une loi qui
défendait toute religion ([ue le séiat n'eût
pas autorisée, et une autre de Trajan, qui
ordonnait de punir tous les chrétiens qui
auraient été mis en justice. Cela sullîsait
pour autoriser contre eux toute espèce de
rigueurs. A Rome, le peu{)le était très-irrité
contre les chrétiens. Depuis les pestes et les
grandes calamités qui avaient désolé l'em-
])ire, les habitants de cette capitale avaient
gardé la conviction que c'était à eux qu'il
fallait attribuer ces fléaux du ciel. Sous ce
règne, connue sons celui de Marc-Aurèle, la
populace se portait parfois aux plus extrê-
mes violences contre les chrétiens, les pour-
suivant dans les rues à coups de pierres, do
bâtons, les jetant au feu et demandant sans
cesse qu'on les lui accordât comme victimes
dans ses féroces amusements du Cir([ue. Les
niagistrats qui poursuivaient les chrétiens
leur demandaient seulement s'ils étaient
47a
TER
rLI\
4S0
cîirt^lifins; et c'ëtail sur l'aveu de ce tiom
qu'iN les condaninnient à mort. Ils ne se sou-
ciaiotit aucuMeniiMit qu'il y fiM ou non d'au-
tres charges contre eux : le nom de chrélirii
était un crinif; suftisant h ceux qui le por-
taient : le glaive nu les botes féroces, a[)rès
les plus cruels tourments.
• Ce fut donc à Rome que commença la per-
s«^culion po\ir les causes (pu- nf)us vêtions
de dire. Elle y fut ardente et y couro'ina do
nombreux et illustres martyrs. De Rome
elle passa en Africpie vers l'an '200. Klle y
fut dune violence extrême. Sainte Perpétue,
sainte Félicité, les martyrs Scdlitains et une
multitude d*autres versèrent leur sang pour
la foi. Ce fut Vigellius Saturninus qui, le
premier, commença à persécuter les disci-
ples de Jésus-Christ. L'n grand nombre fu-
rent emprisonnés et horriblement tourmen-
tés ; on voulait les amener h l'apostasie. Co
fut h cette époque que TerluUien écrivit son
Exhorlalion aux marli/rs, duis laquelle il
les encourage en peu de paroles, mais vives
et parfaitement senties, h souiïrir courageu-
sement et h mourir pour Jésus-Christ. Déjc\
ce savant docteur avait écrit sa fameuse Apn-
Inqétiqup, ouvrage dans lequel il prend la
défense des chrétiens avec une vigueur, une
science et un courage extraordinaires. Il l'a-
dressa au sénat après la défaite de Niger et
d'.Mbin, quand la [)ersécutio i commenr i «
Rome. Au premier sang versé, à la première
rumeur qui en arriva jusqu'à lui, il saisit le
glaive d'éloquence (pic Dieu lui avait doruié,
et écrivit ce fameux ouvrage, l'un des plus
beaux monuments de ces premiers tem[)S
de l'Eglise. Nous ne donnerons ici que le
début de cette magnilicpie Apolnnie, cpi'oi
peut lire en entier dans toutes les collec-
tions des Pères et dans notre deuxième vo-
lume de l'Histoire générale des persécutions
de iKijlise.
« S'il ne vous est pas libre, souverains
magistrats de l'emnire romain, (pii dis[)en-
sez pul)li(juement la justice dans le lieu le
plus éminent de cett" ville, so\is les yeux de
la multitude, d'instruire et d'examiner notre
cause; si, pour cette seule alfaire, votre au-
torité- craint ou rougit de rechercher pul)li-
(pie!iient la justice; si entin la haine du nom
chré-tien, trop portée, comme nous l'avons
déj-^i vu, aux délations domestiques, s'op|>ose
h notre défense devant les tribunaux, cpi'il
soit permis au moins à la vérité de parvenir
à vos oreilles par la voie secrète de nos mo-
destes réclamations. Elle ne demande point
de gnke, parce que la persécution ne l'é-
lonru* pas. Elr;uigèrc ici-bas, elle n'ignore
pas que parmi des étrangers il se rencontre
fanicineiit îles ennemis. \-.\W a tuic autre
origine, une autre dtMiieure, d'autres espé-
rnnccs, d'autres faveurs, une autre dignité.
Tout ce qu'elle demande, c'est de ne pas être
rondamné-e sans qu'on lait entendue. Qu'a-
ve/.-vous J» redr)uter pour les lois de cet em-
pire, si elle est écoutée? Leur pouvoir ne
5era-t-il pas plus respecté ipiand elles ne
condamneront la vérité ipTaprès l'avoir en-
tendue? (.>uc si vous la condamne/ sans l'a-
voir écoutée, outre la haine qui s'attache à
une pareille iniquité, vous donnez lieu de
croire que vous avez menti à votre con-
science, parce <pie vous ne pourriez plus la
condamner si vous l'aviez entendue.
« Tel est donc notre premier grief. Fin-
justice de votre liain«' pour le nom chn-lien.
Votre ignorance même, qui semblerait au
premier coup d'œil excuser cette injustice,
la prouve et l'aggrave. Quoi de |>lus injuste
que de haïr ce fine l'on ne connaît pas ?
Quand même l'objet serait digne de haine,
elle n'est encourue qu'autant (ju'elle est re-
connue méritée ; et comment la justifier,
tant que l'objet demeure inconnu? C'est par
les (pjalilés et non par les impressions ipie
la haine se juslilie. Puisque vous haïssez par
la raison que vous ne connaissez pas, pour-
quoi ne vous arriverait-il pas de haïr ce que
vous ne devriez pas haïr? De L\, double con-
clusion : vous ne nous connaissez pas tant
ijue vous nous persécutez : vous nous per-
sécutez injustement tant que vous ne nous
connaissez pas. La [ireuve que l'on ne no s
connaît pas (et celte ignorance dont on se
prévaut est une injustice coupable) , c'est
qlie (juiconque nous haïssait autrefois, faute
de savoir qui nous sommes, cesse de nous
haïr en apprenant à nous mieux connaître»
Voilà ce qui les rend chrétiens. Avec la lu-
mière arrive la conviction; ils commencent
h détester ce qu'ils étaient, à reconnaître co
qu'ils détestaient. Leur nombre est aujour-
d'hui incalculable. On crie à l'envahisse-
ment de la ville : dans les campagnes, dans
les iles, dans les chiUeaiix, partout des chré-
tiens! On se plaint douloureusement, comme
d'une perte pour l'empire, que le sexe, l'Age,
la condition, la dignité courent en foule à
leurs autels. Et vous n'en concluez pas (pio
cetio doctrine renfi'rme en elle-même quel-
(|ue bien (pii vous écha|)pe ; vous ne voiilez
pas renoncer h el'mjustes soupçons, vous ne
voulez par examiner de plus près! Dans
celte occasion seule la curiosité publique
sesl endormie. Celte vérité, que d'autres
sont ravis de connaître, on l'ignore |>ar choix,
et on prt'tend la juger! Oh ! que ces hom-
mes méritent bien mieux la censure d'Ann-
cliarsis ijuc ceux qui jugeaient des musi-
ciens sans l'être eux-mêmes! Ili aiment
mieux ne pas savoir, parce que déjà ils
haïssent ; tellement ils i)ressenlenl que ce
cpiils ignorent ils no pourraient le haïr s'ils
le connaissaient. Cf'pendant, en approfon-
dissant la vérité, vous trouverez que celle
haine n'a |>oiiit de motif> ; en ce cas sans
doute, il faut renoncera une haine, elle n'en
sera (juc plus durable par la sanction de la
justiee.
« Mais entin, dira-l-on, le christianisme est-
il bon pareel.i ({u'il attire ii lui la multitude?
Combien dhounues se tournent vers le mal!
Que de transfuges de la vertu I — Qui le con-
teste ? .Mais cependant, parmi ceux que lo
vice [)ré( ipite, il n'en est pas un (pii ose lo
donner pour la vertu. La nature a répandu
sur toute espèce de mal la crainte ou la
honlo. Lo méchaul i hercho les lonèbres; d<:-
481
n.ii
l'i II
IM
(•(Miviil, il liciiiltli' ; ncciisi', il nie; 5;r)ijs 1rs
iiisiniiiiciils i|iii li> t;ti(iii'(*iil , il iraviiiic ni
fai ilrini'iil ni (tMiJoiirs ; roiitlaiiiniS il s'at-
tiislc, il se tdiir'K! coiilrt' hli-iiK^iiic ; les cni-
poih'UKMils (U Irs (''^aiciiH'iils di^s passions,
il les iiii|iiilc à la falaliU'', à son <''tiiil<>, |iai-(-(>
(Mi'il li(^ veut point acccpicr coiiiiim' vmianl
(lt> lui l(> mal (pi'il rcconnail. A-l-nn jamais
rien vu de sciulilalilr panni les cliicliciis?
l'as un (pii i(>u;j,issc, pas un ipii se icpivilc,
sinon (le n'avoir pas loujours rli'- clnrlicn.
Di^Moiicr', il s'en lail filoiic ; acciisr, il ne sr
(Icrt'Hil })as ; iiil(MTii^;(', il coiircssii liaiilnncnl ;
condamiir, il reml giAccvs. l'Ilraui^c csp^iM!
(le mal (pii n'a autun des caïai Irrcs du mal,
ni ciainli», ni lioiic, ni d(''l(Hiis, ni ri'^Mcl,
ni rcptniir; sini^ulicr triiu.', doiillo prôtoidii
conpalilo se rf)(Miil, dont raccusalion est
l'olycl do SOS Vd'ux, li> cliAtinii'nl son l)on-
lM>ur. \ou.s no sauric/. Appeler dénionco co
que vous (Mes convaincus il'i;4norcr. »
l.'ApoUxjir de Tcriullicn n'cul \n\s l'olTct
(prcll(> mcritail d'avoir. Sévère, qui d'abord
avait protégé les chrétiens, n'en fut |>oint
l(uiclié. S(jii or-çuoil avait été froissé do co
quo les chrétiens lui avaient, à son entrée
triompliaU» h Uoine. refusé les méim^s lion-
neurs (pie h'sjjaicns lui rendaient. Il n'était
point decaraclére <\ oublier : il lo fit bientôt
voir. Obligé d'aller on Judée |Our y répri-
mer certains soulèvouienls des .luifs, il lit
un édil qui défendait, sous de grandes pei-
nes, de se faire ni juif ni chrétien. On sait
que beaucoup dans rcmpire confondaient
alors les chrétiens avec les juifs. Cet édit,
tel (pie nous le donm^ Sparlien, ne concer-
nait (jue ceux, qui, h l'avenir, se feraient
chrétiens. Si on l'avait suivi à la lettre, la
persécution aurait été inliniiuent moins vio-
lente qu'elle ne lo fut. Mais (luelles que
soient les réticences d'un chef do gouverne-
ment, quand il fait dés édils ou des lois, il a
toujours sullisammont d'habiletés serviles
autour de lui pour les interpréter et les ap-
pliquer selon son bon plaisir et son désir
se('ret. Sévère ne manqua point de ces hom-
mes de race de parquet, qui savent élargir
les ternies d'une loi pour les a|)pliquerà qui
bon leur semble. Quand un fait est défen iu
comme crime, tous ceux qui en ont aidé la
perpétration doivent être considérés comme
complices. C'est de la justice élémentaire.
Aussi, s'il était défendu de se faire chré-
tien, il devenait très-facile de poursuivre et
de condamner ceux qui avaient aidé, con-
verti, baptisé, accueilli le nouveau i)rosélyte.
Q .e de complicités possibles que nous n'é-
numérons pas ! D'un autre côté, quand on
considère que la persécution dura dix ans,
il est tout naturel qu'on admette ((ue peut-
être les termes de l'édit étale il plus expli-
cites que ne le rapporte S[)arlien , et que
Sévère en ail élargi les applications par des
dispositions rapportées.
S'il fallait en croire Dodwel, la persécution
suscitée par les édits de Sévère aurait été
Irès-modérée. On sait la confiance qu'il faut
donner aux affirmations de cet auteur. Il est
deces hommes qui, de parti i)ri<,ont toujours
des ra.'sons ?i donner en faveur de cf (jui ni-
la(pie la reli^,çioii, des excuses (((Mir ses en-
nemis, d)>H iiieiison^es pour N'H défeiidrri
comme des calomines pour les vernior. Dire
(pie cet «iiteiir a pé( lié par ignorance, co
siMViit C()miiieltre soi imniie h- péché (pTori
lui ri<pi'oclierail. Il faut nommer les choses
par leur nom. Dodwel est in imposteur
(pii, maUré raiitoril('- d'I-iiisebc (;t tous les
monuiiKnits de l'I'.glise.a meiili. menti scicin-
niinil |iour arracher (pichpies ilenrons de la
couronne du Marlyrologi;, (pi'lipies nivons
(II! raur('ol(> de gloire (pie la i)ers('iulion (j(j
Sévère a mis au front àc. l'Mglise de Dieu.
P;cs(pie pas de martyrs! L.-s tombeaux
d'Alexandrie, (h^ rivg^pt(! entièic! et do la
'riiébaide ont des voix (pii démentent cel in-
solent mensonge. Depuis saint l.éonile, lo
père d'OiigèiK!, mort en '20.') p(mr la foi dans
la ville d'.Mexandne ; depuis les ((mrageiil
disiipli s du savant |irolesseur (|uo noiis ve-
nons de nommer, jus(pi'h saint Uiilile, le
dernier martvr d'.Xfricpie sons Sévère, ave/-
vous C()mpt(; les saints et les saintes '|U0
celte persécution a fait mourir? Et Lvon et
Carlhage n'ouvrenl-ils pas leurs fastes noa
j)lus pour vous écraser.' Nous devrions dé-
daigner de telles attacjues ; nous le ferons à
l'avenir.
A Lyon, la persécution fut aiïr(nisc. D'a-
près saint (Irégoire do Tours, le nombre des
martyrs qui dans celle ville versèrent leur
satig avec saitil Irénée, leur évètpie, monte
h plusieurs milliers. A Carlhage aussi ello
fut violente et couronna de nombreux mar-
tyrs. Ku Cappadoce, lo gouverneur Hermi-
nien tit périr dans les tourments une giande
quantité de chrétiens. Cet état de choses
dura jus({n'à la fin du règne de Sévère, car
nous trouvons des martyrs jiour l'année 210.
Un des caractères reuiarcjuables de la per-
sécution (ie Sévère, c'est (]u'elie fut dirigée
principalement contre ceux qui embras-
saient la religion chrétienne, aux termes de
l'édit qu'il avait rendu, et que Sparlien rap-
porte. Aussi voyons-nous une multitude cle
martyrs qui n'étaient que catéchumènes.
C'est peut-être parce qu'on respectait les
dispositions de cet édit, qu'Origène fut, sans
être traduit devant les magistrats, accompa-
gner au sui){)lice ses diSviples nouvellement
convertis. Cependant son père Léonide avait
été martyrisé dans le même lieu, peut-être
sous les mêmes magistrats, bien qu'il fût
chrétien depuis longtemps.
En Afrique, durant cette persécution, beau-
coup de chrétiens prirent la fuite, beaucoup
se raclielèrenl à [trix d'argent. Les monla-
nistes et Tertullien lui-même, qui avait fini
par embrasser leurs erreurs, prétendirent
que ces moyens étaient contraires au véri-
table esprit" chrétien, et que ceux qui les
employaient le faisaient par lâcheté. Ils ou-
bliaient cette recommandation faite par l'E-
vangile aux faibles d'éviter le danger, recom-
mandation qui permettait une fuite prudente
à tous les chrétiens, hors les cas exception-
nels ; car tous les chrétiens, quels qu'ils
soient, doivent se considérer comme faibles.
483
PF.K
PFR
■581
Qnnnl on r.icliot i]o In vio par nrc^ont, nous
irions prcsiiuo jn-^ilii';! iliro que {ÏH (pio les
pprsénUours no mcltnifnl pas (l'nnîrc ron-
dilion à la paix qii'ils laissaient au\ rhrr-
ticns, il était du devoir de ces derniers de
racheter ainsi leur vie. Dans tf»us les ras,
Tar^^enl vaut moins que la vie. Au pf)int de
vue humain, eeu\ qui se la ronscrvaiciil en
payant faisaient un acte sage; au point de
vue religieux, ils obéissaient h celle rè;:;le
(pii Veut (pie l'honune use de tous les moyens
permis pour se conserver la vie, de laquelle
il n"a pas le droit de di poser, parce qu'il en
doit conq>te h Dieu qui la lui a donnée. Les
monlani^les triomphaient en voyant les chré-
tiens d'-VlVique em|>loyer la fuite et l'argent
pour se soustraire à la persécvition. Ils les
insultaient incessamment pour cela. Dieu
permit cpTun de ces chrétiens, (pii plusieurs
fois sétait soustrait i)ar la fuite à la violence
de la persécution, et même racitelé fiar ar-
gent, fût arrèti'. Sa conduite glorieuse donna
le plus éclatant démenti aux calomnies des
nionlanistes. ('onune on peut le voir h son
tiln>. d soullrit le martyre avec un courage
hérOKjue.
La persécution de Sévère ne s'éteignit
qu'à la mort de ce prince, lafpielle arriva à
York dans la (irande-IJrelagne, en l'an '211.
{Voy. son article.) Caracalla son tils lui suc-
céda.
PERSlklTIONS sous MAXIMIN l".
Depuis la mort do Sévère, l'Eglise de Dieu
n'eut h soulfrir que des faits isolés de per-
sécution , comme nous en trouvons tou-
jours mèmesouslesmeilleursem[)ercurs : car
la pai\ pour elle, c'était le ralentissement du
combat plutôt qu'un armistice complet.
Ainsi la |)remière année de Claracalla ne
fut pis e\enq)te de persécution ; mais bien-
tôt ce prince se montra favorable ;\\\x
clirélicns. Ses successeurs, Macrin , Hélio-
gabale. ne furent pas non plus persécu-
liuis. Les cruautés commises sous Alexan-
dre Sévère, le meilleur des princes quaiinit
eus les Romains, ne doivent pas ^trc atli i-
biiées ;i ( et empertnir, maisbiinih l'IpieiKpré-
fetduprt'loire. yVoij. son article.] Apiès i'as-
.sassinat d'Alexandre par Ma\iunn,ce prince
baibare prit à lAche dehair ((Mpi'avait ainu-
Alexandre, de persécuter ce (ju'd avait pro-
tégé. Il se montra excessivenunit cruel en-
v(n's les chrélieiis que cet exeellenl prince
avait constamment favorisés. C-e fut i-i l'une
«les causes principales de la haine cpiil mon-
tra contie eux. In motif de vanité peoon-
m lie froissiM" vint aussi augmenter sa colère.
Un soldat avait refusé de mettre sur sa tèlc
la courofuie qu'y avaient ( ouluiue de !nellr(^
les solilats quand les empereins, h leur avc-
nenienl, leur faisaient des largesses. Il pré-
tendait que sa reliai"!! le lui défendait, ("".elle
exagérilioii il'un /ele mal érlairt' fut la caust»
d'une violente colère de Maximin contre les
rhréliens, il se vengea en lais.Til mourir le
.soldat et en laneanl des édils eruels c'jt.lie
tous ceux qui partageaient ses croyances
religieuses. .>îa\iinin, méchant lui-môme ,
homme parti de bas lieu et rempli d'in-
stincts bas et féroces, devait naturellement se
faire le llatleur des gens du peuple, de ces
hommes qui, dans tontes les nations, consti-
tuent celte minorilé turbulente et factieuse
qui impose h la population tranquille ses
volontés perverses et slupides, ({uand le
pouvoir est ass3z faible ou assez mauvais
pour le souffrir.
La populace détestait les chrétiens , en
Orient surtout, où Dieu avait envoyé ses
fliaux, des famines, des tremblements de
terre qui avaient englouti des villes ; elle
les attiibuait aux chrétiens. Maximin, pour
tlatter les basses passions des gens intéres-
sés k le soutenir comme leur semblable et
leur représentant, s'associa h ces haines et
lança des édits contre les chrétiens. Il y
était commandé aux magistrats et gouver-
neurs de provinces de proscrire sans pitié,
de mettre h mort les prêtres, les diacres et
même les clercs qui s'occvqiaient de l'ensei-
gnement chrétien. On se tromperait fort si l'on
pensait que ces édils ne furent appliqués
qu'aux gens d'Kglisi' : ils devinrent un pré-
texte |)Our évoquer les dispositions des lois
et des édits faits par les précéilents enqie-
reurs, et i)our les appliquer dans tout l'em-
pire avec une cruauté sans égale. On jiré-
tend (jue Maximin, (pii avait litngtemps él6
en Asie, et qui connaissait la grande répu-
tation d'Origônc et les immenses services
qu'il rendait à l'Eglise, avait en vue. dans ses
édits, de renverser cette puissante connue de
l'Eglise. Origène évita la piMsécution, Maxi-
min sevengea en persé;'utant c; uellemenl Am-
broise, l'ami du grand docteur, qui ne dut
de n'être pas mis à mort qu'aux événe-
ments poliliipies (pli absorbèrent rallention
de Maximin et l'empêchèrent d'accomidir
ses projets sanguinaires h son égard.
La persé( utioii fut atroce en .Vsie Mineure
sous St'rennien, gouverneur de la Cappadoce.
(Voy. Sérenmf.n et CArPADOCE.) A Rome, le
jtape Ponlitni fut exilé et alla mourir en
Sardaigne. Son successeur, saint .Vntère, fut
niis à mort anrès un mois et sept jours de
pontilicat. S'il faut en croire le Martyrologe
romain, un con>ul, nommé Palmacc, avec sa
femme, ses enfants et beaucoup de person-
nes dt> sa maison ; un sénateur nommé Sim-
)liceavec sa femme, ses enfants et soixanle-
iiiit personnes de sa faniille ; plus un nom-
mé Félix (>t Rlande. sa fenuue, funml marty-
risés h Rome et leurs lèies exposées sur les
murailles pour épouvanter les clirélicns.
Nous avons dit. en parlant dt< saint Palmace,
h's dillicull(''s (pie nous trouvions à ce récit.
Le lecteur fera bi. n de recourir h cet article.
r(M)danl dtnix ans. h partir de l'an HX'y,
épo(pie de l'avènement de Maximin, la persé-
cution fut terrible. Dans la dernière de son
règne, l(>s luttes (pi'il (Mit h soutenir contre
les empereurs élus par le si'niat pour le dé-
trôner, absorbèrent son attention cl le dé-
tournèr(Mil de ses cruaMt('s. On prétend, avec
asso/ de raison, (jue lAfrKpie tut exempte
des persécutions qui allligèrenl les autres
contrées de l'empire. L'Afrique obéit près-
48»
l'Kll
Il U
4M
«).S
(jtio rnnslaimiH'iil aux (iordiciis sniis !.• n'
Hii(« (le M.iMiiim. t'I (''S ••\<(«llfiils |ii'iii<-<
110 ronimiifiit poiiil tic rvs cni.iiih's (|iii dcs-
ii()ii(ir(''ii'iil laiil (rfiiipcifiiis. Cl! lui sons lo
rr^^iir lin Maximiii i|iii< li'S |ii'rsi''rul()iir<
n>iiiim'iiri>ii'iit à biOIri-, à iliHniiir h-s (\;^li-
si's ih's rliirlii'iis. Jiis(|iraii rr^^iii" irAloxaii-
«Irr. ils n'i'ii avaii'iil pas (mi, <)ii du moins
«•xiM'ssivciiii'iil |t('U. I.i's liislnricns ia|in(ii-
li«lit qui' fo lui s(iu.% II' rr;;tn' dr ici rxirllcnl
|iiiii(r i|irils cnininonri'it'ul h eu hAlir : lii'ii-
iTUst-mnil iioiir l'l''.^;lis(Mli! Dini (]iii' !Ha\i-
min vinl paver à l)i(Mi ot aux lionnucs la
jx'inc Irncsti-iî de si'S crimes devant la ville
d'Aipiilée ipi'il assii^cail. Il v tut assassiné
>ar ses suidais, apfès Irois ans el ipiel(|ues
ours do r^^ne, nverson lils, exeellont jeiino
loinnio , aussi distingué, aussi bon ipie son
père l'élail pen, el (jni, nu »iire de lous les
anloiu-s eonleniporams, élnil il tous égards
digne d'un nieilioin- sort.
IMCHSKCniONS sors IMIILIPPIC.
(roj/.Ai.i:xAM)uiii. )
pi:nstiUTiONS sous dùce. •
Lorsque l'emiierenr D^ce monta sur le
ti'one, depuis longtemps l'Eglise jouissait
d'une asst'Z grande paix. Cotte jiaix avait
conuuoneé h la moit de Sévère, ot n'avait
vAé troul)lé(> cpie passagèrement. Maximin
avait surtout attaqué le clergé, ne faisant
pas poursuivre les simples tidèles, si eo
n'est exeeplionnellement. Kncore les événe-
ments l'avaient tellement détourné de ses
mauvais desseins, que, dans la dernière
année de so!i règne, il n'avait pas pu les
exécuter contre la])lupart de ceux qu'il vou-
lait faire mourir. Ambroise, l'ami d'Origè-
ne, dut à cela de n'être pas mis à niort. Sous
Philippe, les chrétiens n'avaient été persé-
cutés qu'isolément et par suile d'émotions
populanes, connue cela eut lieu à Alexan-
drie. Du reste, dans ces temps de la primi-
tive Eglise, on nommait paix ce qui mainte-
nant nous semtjlerait une guerre. (Juand la
tempête avait passé, on ne s'occupait plus
des bourrasques. Pendant toute cette période
le christianisme avait l'ait considérablement
de conquêtes. Dans beaucoup de provin-
ces, les chrétiens bAtissaientdes églises'; il en
était même quelques-unes où ils commen-
çaient à abattre les temples et les idoles des
païens. L'arbre duGolgotlia étenda.t do pro-
che en proche son ombrage salutaire. Les
conversions étaient fréquentes et incessan-
tes ; l'Eglise était florissante, et com[)tait
dans son sein une foule d'iiommes remar-
quables par leurs vertus et par leur science.
En première ligne dans le haut clergé ve-
naient saint Denys d'Alexandrie, saint Gré-
goire Thaumaturge et saint Alexandre de
Jérusalem. Venaient ensuite le pape saint
Fabien, saint Babylas d'Antioche, saint Fir-
niilien de Césarée^ en Cappadoce. Dans les
rangs du clergé inférieur, on voyait Origène,
ce géant de savoir, cet homme universel,
qui était au-dessus de toutes les gloires que
nous venons de nommer, et qui les éclip-
.s.iil ronuni' II) soiril illare la liimii-re des
éliiili's. .Auriiudans l'Eglisoni) pouvait donc
nuirrlier /i iiMé d'Ongène, si ce n'osl .Haiiit
C.yprieu, qui Kouveriiait nlnrs l'Eglise do
(larllinge. i.'l-'.>;liM' élail donr cxlrèiiiemciit
lloiissanle. Mais ri-lto vivt- liimnir avait m»
ombri's. La disriphne .se ri-h'trliail, la cupi-
dité, le désir d'amasser «les richesses, ri'iii-
plaraienl la ilianir' ehri-tiiiini*. Au Ik-ii deloiit
tnellri! en (omiiiiin, dit saint (iypiien, cha-
cun ne .s'oc<upait qu'h grossir son avoir. Ln
piélé de la religion, ajouti'-t-il, l'iail mniii*
dans Ifs prêtres, l'iiité^nlé clir/ h-s nu us-
Ires. lui lisant h; tableau qu'il fait de soti
épo(pie,on voit ipii' li'srlu éliiiis, n'riant plus
.stimulés par la persi-rution, pi-nrhaii'nt du
c<^té des vices et du relAclKunent de.s mu'urs.
Des évêipii'S mêmes, aiiuant le luxe el l'oi-
siveté, ne s'ocrupaienl j lus de leurs églises,
voyageaient |)our leur plaisir, se niêlaient
de négoce, [trètaienl à usure, en un mot allli-
geaienl les vrais ebiéliens par des scandu-
ïes de toutes sortes.
Ce fut dans de telles conditions ipie
l'Eglise eut à supporter la |)ers('cution qu'al-
luma contre elle l'empereur Dèce el (jui fut
extessivement violenti*. On considéra que
Dieu voulait par lii pu:iir les coupables, lé-
chaulVer les tièdes et éprouver ceux qui
élaient vraiment dignes ih; lui. Dèce ayant
donc vaincu Philimje à Vérone, le lit mou-
rir et monta sur le trône à sa place, h la tin
de l'an 2V9. Philippe avait aimé les chrétiens.
Celui une raison pour (juc DèL-c les détestât.
D'un autre côté, il voyait avec peine que
les progrès do la l'cligion de Jésus-Christ lis-
sent abandonner ihuis tout l'empire le culte
des idoles. Dès qu'd se vit empereur, il per-
sécuta l'Eglise. Ce fut une des [)iemièrcs
choses qu'il sembla iirendre à tàclie. Dèce
s'attaquait principalement aux évoques et
aux iirêtres. Avant (lue cette furieuse tem-
pête commençât, Dieu l'avait révélée à saint
Cvprien, qui le dit foraiellemeut dans sa 52'
lèltre.
La persécution de Dèce ne commença pas,
comme la plupart des autres, par des émo-
tions, par des soulèvements populaires : elle
fut ordonnée j^ar dos édits envoyés aux gou-
verneurs, aux magistrats, et aflichés publi-
quement dans toutes les provinces.
« On a iini)rimé de[)uis quelques années
un édit contre les chrétiens, qui porte le nom
des deux Dèce (le père et le tils), l'un au-
guste et l'autre césar, autorisé par un arrêt
du sénat, et adressé a tous les gouverneurs,
proconsuls et autres magistrats de l'empire.
Les doux princes y déclarent qu'ils avaient
résolu de donner la paix à l'empire, el de
traiter leurs sujets avec toute sorte de clé-
mence ; que la seule secte des chrétiens était
capable de s'opposer à leurs desseins, parce
qu'en se déclarant les ennemis de leurs
dieux, ils attiraient toutes sortes de mal-
heurs sur l'empire ; qu'il fallait donc , avant
toute chose, apaiser les dieux irrités ; et
qu'ainsi ils faisaient cette ordonnance irré-
vocable, que tout chrétien, sans distinction
de qualité, de dignité, do sexe ou d'âge, se-
iSJ
TER
PER
488
Ttiil oblirît' <1<^ snrrifior; (juc coui qui lo ro-
fiiscrnitMil soraieiit d'abord cnfernu'S dans le
fond des cachots ; (ju'ensuile on leur ferait
éprouver les moindres snpplires ; pour tA-
rlier ilo les vaincre peu à peu), et rpie si
quel'ju'un, revenant h soi, renonçait k ce
nouveau culte, il serait honoré et récom-
pensé niai^'niliquemcit ; que tous les autres
seraient, ou précipités au tond de la mer, ou
jetés tout vils dans les tiainmes, ou e\po«és
en proie aux hétes farouches, ou suspendus
à des arbres pour èlre la pâture des oiseaux,
ou déchirés en mille manières par tous les
plus cruels supplices. » (Cet édil aune assez
grande coiiformitéavec l'idée que les anciens
nous doiment de celui de Dèr(^, et avec la
manière dont il fut exécuté, mais il s'y ren-
contre d'autre [^art diverses dillicultés, qui
font que nous n'osons pas nous assurer que
ce soit cet édit même.)
« Ceux tpii rapportent l'édil dont nous ve-
noiis de parler ajoutent (lu'on en lit publi-
quement la lecture (Jans le camp des [)réio-
riens, et qu'on ralficha duis le Cafiilole, de
sorte que le bruit s'en étant aussitôt répandu
dans Rome, toute la ville se trouva pleine
de tumulte et île frayeur, et datis le même
troui)le où (Ile s'était vue du temps que les
triumvirs faisaient de si cruelles proscrip-
tions. On travailla aussitôt à en faire des co-
pies, et à dé[)ècher des courriers pour les
envoyer de tous côtés par terre et par mer.
Il eslcertain, en etlet, (jue ledit de Dève fut
envoyé à tous les gouverneurs de province,
à qui on faisait de grandes menaces s'ils ne
contraignaient les chrétiens, par la tern^ur
et [)ar toutes sortes de sup[)lices, à abando i-
ner le culte de Jésus-Christ pour retourner
h la religion de leurs pères. » (Tillemont,
t. m, pag. 31)9, .310.)
D'un autre côié, saint Grégoire de N^sso
rapporle que le gouverneur (lu Po'K (it afii-
cher, par ordre de l'empereur, un édit terri-
ble, déclarant qu'il fallait que chacun re-
non(;;U au cbnslianisme , sous peine des
lourmenis les plus rigoureux et de la mort
la pbis cruelle. Aussitôt, dit le saint, les
magistrats, les juges, les gouverneurs d(>
provinces, (piitièrent toute autre ntfaire
pour ne s'oc(Mij)er fine des poursuites h
exercer ccmtre les chréliens. Les sui>pli('es
les plus cruels étaient employés |)our les
vaincre. La trahison, la délation, faisaient
sans cesse trembler les malheureux (pie la
persécution mena(;ait. Les voisins, les pa-
rents, les amis, se dé'ioin;;aient. Chacun ne
vovail autour de soi (pie des sus|)(>cls. Quel-
ques-uns des dénonciateurs allaient direc-
tement aux ma:.;isirats leur nommer les
chrétiens; d'autres les ind:(piaieiU aux
fljçenls de l'autoritt', dans les rues et autres
lieux publics, en les montrant au duigl. On
vil des pères (b'fioncer leurs eiil'iiil"' ; des
fils dt-noncer leurs pères. Dans un tel étal
de rhose.s la fuite parut le seul moyen de
salut, les villes devinrent disertes, les mai-
sons vides d'habitants ; les prisons re^or-
ge.iinnt de prisonniers. Dans les assemblées
pnbli'pies , la gaieté ne se inontroil nulle
part, la défiance partout. L'entretien de tout
le motule roulait sur les personnes arrêtées,
traînées devant les tribunaux, livrées aux
supplices. Rien n'était respecté par les pi^-
sécuteurs; ni l'enfance ni la vieillesse, ces
deux ilges consacrés par la faiblesse; ni le
sexe, que deux sentiments, l'amour maternel
et l'amour, ont fait respeiter dans tous les
temps et chez tous les peuples. En Egvpte,
on débuta par persécuter les chrétiens (î'une
manière violente, et en leur faisant souffrir
les tourments et môme la mort ; ailleurs,
on procédait dilféremment. En .\frique. [)ar
exem|)le, comme on le voit par les lettres
de saint Cyprien, on débuta par les tenir
en prison très-longtemps, espérant vaincre
leur constance. Mais bientôt on en vint à
faire s(nitfrir aux confesseurs les tourments
de la (pieslion, et on les lit même mourir.
On voit (]ue saint .Mappalique et plusieurs
autres furent martyrisés le 17 avril.
Ce qui fut le plus dangereux pour les
chrétiens durant la persécut on de Dèce ,
c'est (ju'on s'e(Ton;ait de les vaincre par les
t(;)urments, qu'on mettait un art inlini à va-
rier et à prolonger. Le but qu'on se propo-
sait c'était de les faire abjurer. C'était telle-
ment bien le but des païens, (]ue quand des
chrétiens consentaient h donner un billet
constatant qu'ils avaient sacrifié, on ne les
contraign lit pas à le faire réellement. On se
Cf)ntentait de recevoir d'eux une somme
d'argent. On nommait ces chrétiens qui se
sauvaient ainsi, libcllatiqnes, ou porteurs de
billots. Les persécuteurs adoptèrent dans ce
temps-là une coutumo infAme. Ils menaçaient
les femmes des chrélieiis de les prostituer
dans les lieux publics si elb^s refusaient de
sacrilier. Ils mettaient à exéinilion ces af-
freuses menaces ; mais la plupart du tem[)s.
Dieu faisait des miracles pour sauver la
chasteté de ces saintes femmes qui mettaient
en lui leur confiance.
■• La p(;rsécution de Dèce fut déplorable pour
l'Eglise, en ce sens (pi'elle occasionna la
chute d'une foule de chrétiens. « Le plus
grand nombre de nos frères, dit saint Cy-
prieti. a trahi sa foi aux premières menaces
de l'ennemi, et n'a point été abattu par la
violence de la persécution, mais s'est abattu
lui-même par une chute volontaire ; quoi-
qu'un chiélien ne doive pas être surpris do
voir arriver les persécutions que Jésus-Christ
a [irédiles... ils n'ont pas même attendu
(ju'on les interrogeAt {)our r^nioncer à leur
foi, ni (ju'on se saisit de leurs personnes
pdur bn'iler de l'enctnis sur les autels. Plu-
sieurs ont été vaincus avant le « oinbal, et
ont élé terrassés avant le choc, n'ayant pas
tni le soin de f ire paraître (pi'ils avaient sa-
crifié aux idoles maigri" eux. ils couraient
d'eux-mêmes h la place publiipie ; ils se hâ-
tai(Mit d'alhîr à la mort, comme s'ils eussent
désiré longlem|)S auparavant de faire celte
adion, comme s'ils eussent élé ravis de joie
d'avoir r«>n( outré l'occasion qu'ils avaient
toujours souhaitée. Oiie dirai-je do ceux (jue
les magistrats remetiaienl au lendemain k
couse (pi'il était tro|i lard, et rpii les sup-
i8i)
ri:it
l'F.n
490
|ili.'ii(>iit (Ir ne |>ns lillV-icr (lavanlngn leur
|i(mI(' cl Iriir niiiKi ?»
„ Il II,, l'aiil |Hiiiil (lissiiiuilcr la vcrih",
ooiitimio saint «Ivpii ii, ni couvrir par \r si-
It'iirc le siiji'l l'I la cuise (l(< iKi.s man\. IMn-
.sMMns se sonl perdns par ranioiir aveiiKle
(le leurs l)i(MVs, el ne se sonl pas trouvés en
•Mat (le so refn'cr, à cause (pi'ils ('laienl ai'-
r«M(Vs par Icius iichess(!s, ((mune par des
chatu(\s. Ç'ont 6l>S \h les liens (pii les ont
eiupiVIu^s (le fuir, (jni ont ahallu leur cou-
lage, (''loullé leur loi, (••icliaîiK' Iciu' esprit
et rendu Itiii- Aine captive. Avant v\é alla-
clu'S h (les passions lerreslres, ils sonl deve-
nus la proie du serpent (pii (h'vore la terre,
connue Dieu l'a dit lui-niOiue. » (Saint Cy-
prien, </(• l.upsis )
Les uu^'un^s uialheuis arrivc^'rent h Alexan-
drie el pres(iue partout. A Carlliii^ie, la plus
(j;ran(le partie du jxMipie, du cl(>r^('i nu^tne,
ahinra la toi. lîeaucoup (r(''V(\puïs uu^uies
tonibî^renl ilans ce malheur. Ueposlo 'Je Sa-
turtu\ en AlViipu' ; Joviu et j>ia\iiue, ('"Vè-
(lues dans la nu^nie province; l'orturiatien
(l'Assur ; Basilide, (^vc^iue de Kéou en Espa-
^j^UG ; Martial, évtVpie (l(> Mér'ula ; lùidt^mon,
év(Viut> de Suiyrnc, furent de ce nombre.
Ce (lernier (ivùqiic devint môme un des per-
séculcui's de ceux dont naguère il était le
\)èvv sj)irituel.
La (iouleur de l'Lglise ne fut pas bornée
à ces désastreuses apostasies. Beaucouf) de
chrétiens qui étaient tombés demandaient à
rentrer dans le sein de l'Eglise. Cette cir-
constance pro luisit deux schismes, celui de
Féiiciisim ' à Cartilage, celui de Novatien à
Rome. Félicissime voulait qu'on re(;ût les
tombés avec une facilité qui ruinait la dis-
cipline e(.clé.Nia>liq.io et qui était contraire
aux vrais intérêts de la foi et des tombés
eux-mêmes. Novatien voulait ([u'on leur re-
fusât toute os[)èce de réconciliation. Telles
furent les plaies dont l'Eglise eut à pleurer
et à sonUrir. Maintenant parlons de ses
triomphes.
Si biîaucoup de chrétiens tombèrent dans
la persécution, il y en eut un grand nombre
qui soutinrent généreusement le combnt,
qui moururent après avoir enduré les plus
cruels tourments. Beaucoup, sans aller jus-
que-là, triomphèrent, comme Origène, des
persécuteurs , en supportant les supplices
les plus horribles. Dans celte cruelle tem-
pe l(\ la fuite fut le refuge d'un Irès-grand
nombre de chrétiens. Les évoques eux-mê-
mes leur donnèrent l'exemple : saint Cy-
prien, saint Denys d'Alexaidrie, saint Cré-
goire Tnaumaturge dans le Pont, parvinrent
ainsi à se soustrau'e à la rage des persécu-
teurs. Q.iand, d'un C(jlé, o;i voyait les {)ius
fermes colonnes de l'iiglise tomber sous la
peisécutiuu, le pape Paint Fabien à Rome,
saint B:'i)ylas d'Aiil:(jche, sai-'.t Alexrndre
de Jérusalem, on comprend que ceux qui
restaient dussent sonj,er à se sauver de la
nioit, pour que l'Eglise ne [.«erdît pas à la
fois tous ses chefs, les fidèles tous leurs dé-
fenseurs. Le but de Dèce était d'abattre
toutes les sommités du clergé. 11 avait rêvé
DitiTiojiN. DES Peusécutio>s. IL
l'intermination du chiislianisme. Après la
mort de sanit l'abu-n il (■nqiê( ha, Jusrprà la
tin de son règ le, ipi'oi lui t>oMiiii;U un suc-
ci'SM'ur. L'Eglise n'(Mil un ( hef lUprème rpie
ipiatid cet empereur fui forcé de (piittcr
Itome pfuir aller comlrittre les (ioths i;t |i;h
Carptvs. Tandis (|u'on t'aisail mourir leH.<inints
(pie nous venons de nommer, on cliercliait
aclivcmcnl saint Cypricii, saini lieiiys ol
saint (iiM'goire 'riwiiiiiialiirgi;. Oiigcue était
dans les f(,'rs. Ouanl à lui, on ne voulait pas
le faire mourir, on voulait son abjuration ;
on voulait ipn; rexcinple , tombaiU de si
haut, enIraiu.'U un grand nombre! d'iii'ita-
leurs. Mais Origène supporta toutes les tor-
tures avec un admirai»!» ronrng»!. M fut,
dans 1rs fers et d^ns les tourments, aussi
grand (pie par la science.
Nous nous sommes expli(|ué sévèrement
à |>"0| os d(> certains prêtres d'Alexandiii!
<lifi avaient fui durant la persi'-eiition. Il ih;
faut pas croire qu'il y ait contradiction dans
notre manière de vo r et de juger. Oui, (;n
général, un prêtie do t rester à son \>t)s[<:
dans les temps do persécution ; mais il y a
des exceptions h tout(3 règle. Les saints évê-
ques dont nous avons ra()|)orté la fuilo
obéissaient à l'ordre de Dieu et h l'intérêt
de l'Eglise, qui, comme nous l'avons dit,
exigeait (jue (luclques-uns des prélats émi-
nents qui la gouvernaient lui lussent con-
servés. Ce qui prouve ce que nous avançons
ici, c'est que saint Cypricn blAina fortement
et soumit même à des punitions des prêtres
de son diocèse qui avaient fui devant la
[lerséculion. rrobableinent que ces [)rêtr. s
avaie it des fonctions oMigatoirc s h remplir
auprès des tidèl's; sans cela, il leur eût été
parfaitement loisible de se retirer.
Ce fut cette cruelle persécution qui causa
la fuite de saint Paul, ermite. On sa.l que ce
saint, s'étant retiré dans une cavcinc de la
haute Eg\pte, résolut d'y finir ses jours dans
la pénitence et dans la contemph.tion, et
qu'il y vécut plus de quatre-vingt-dix ans,
jusqu'à ce q le Dieu lui envoyât saint An-
toine, la veille de sa moil, pour qiie son
corps ne fût pas privé de sér-ullure, et pour
que les chrétiens fussent inlormés de l'exis-
tence , des vertus et de la r;ue perfection
de ce premier des ermites. Outre les ban-
nissements volontaires que s'imposèrent
beaucoup de fidèles, il y en eut un grand
nombre de prononcés par les magistrats.
Tous ceux qui partaient de bon gré ou par
suite dv.' cona.tinaatio i perdaieht leurs biens,
confisqués par le trésor public, souvent au
profit des dénonciateurs. L'ne multitude de
ceux qui prirent la fuite jmur éviter la nge
des persécuteurs moururent de faim et de
misère dous les contré 's sauvages où ils se
r.^fiigièienl; d'autres furent massacrés par
les hordes barbares cluz lesquelles ils
avaient cru trouver l'hospitalité. Aiiisi saint
Quérémon, évêque de Nilopolis , s'er'fuit
avec sa femme dans les montagnes d'Arabie.
Beaucoup imitèrent son exemple. Ils y mou-
rurent de misère, ou furent égorgés pa^ les
Sarrasins. Parfois on se contentait de chas-
i6
491
PER
PER
492
ser les rhr«<tiens de leur patrie, snns leur
assigner aucun lieu précis do bannisse-
me-il : c'est ce qui lit quo soixante-cinq con-
ffssours de f.aitli.i,'»' purent se reu re à
Rome et y résider. (^S. L.vprien. lettre -21.)
En Afrique, la persÔLUtion do Dèce ne
dura qu"u\ an avec grande Yif)le-ice. Les
lettres 36, 40, 71, et autres de saint Cvpricn,
écrites dt'-s avant PAijues 251, ou niôiiie h la
fin de 200, le lénini-^'ient. L'Ej^lise coniinon-
çait dès celte époque à jouir dun peu de
calme et de paix. Saint Cyprien se proposait
de sortir do sa rotraito après PâqU' s. il est
probable qui! le ût. Dans le reste de l'année,
il tint plusieurs conciles: cette circonstance
tend à pr >uvcr que la paix était devenue
plus protonde. A quoi attribuer ce calme
dans rE^lise d'Afriipie? nous ne lo savons
pas. On a sup[)nsé des incursions de barba-
res, qui auraient distrait les persécuteurs;
mais ce n'est pas prouvé. 11 est plus proba-
ble que ce furent les troubles survenus du
coté do l'Ulyrie qui produisirent ce résultat :
car. bien que lEj^lise d'Afri(pie paraisse avoir
joui de plus de calme que les autres, il n'en
est pas moins vrai qu'ailleurs il y eut aussi
nioJér.ilion dans la persécution. Mixime et
les autres confess urs de Rome furent ni'S
hors de prison dès le viva it de Dèce. Dans le
mois d juin 2ol, probabloment le i, on put
élire un pape et no.nmer saint Corneille. Ce
saint, coiume saint Denys, put tenir aussi
divers conciles. Sans doule l'absence de Dèce
y co itribua, car tant qu'il avait été à U.)iiie,
il avait emjiôché qu'o i nommût à la vacance
du siège de Rome. 11 disait (ju'il aimait au-
tant voir un coinpétile ir à lem(ure, (pi'un
évoque ù Home. Les révolles de L. Priscus
et de Julius Valens, qui avaient pris le titn;
d'em()ereurs , le premier eu .Vlacétloine , le
second en lllyrie ou à Rome môme, exigè-
rent la [jfésence de Dèce, et fure it proi)a-
blement cause de la paix ou [)lut(.»t du calmo
dont i»rotila l Eglise. On serait même tenté
de croire, en lisant les Actes de saint .Vcace,
qu'il y eut un peu de modér.ition daii; l'es-
prit do Dèce lui-nième. Cependant il ne,
hiudrail pas coin lu, e dune ta(;on générale.
L'esprit des bomincs est si singulier et si
changeant, qu'on peut très-bieii attribuer h
yn caprice la modéralion que Dèce montra
à l'égard de saint Acace.
O i trouve dans beaucoup d'Actes, dans
qu'lques auteurs, et même dans des Marty-
rologes, une confusion singulière onlro la
per^o* ution de Dèce et celle do Valéiimi. On
y voit boaui oup de sauits désignes romino
ayant soulFert sous la persécution de (es
deux empereurs. C'est une grave erreur, que
nous avons grande \n'\■^G à concevoir, puis-
qu'il V a eu entre les règnes <le Dèce et do
Valôrien, c«lui de (li lus ei celui d'Emilien.
Certains auteurs ont voulu donner d»- cela
des ('\pliralion> : ils ont dit qno ceux qui
fvaie it misées doux perséeutions ensemble
Tavaient fait, parce cpi «'lies étaient seinba-
ble>. parce que, dans lEeriluro, elles étaient
liguitfs par remblèine d'une inèuio bi-te.
Ces raisuns suot insignitiantes : il jr a là er-
reur complète. Ni Eiisèbe, ni saint Augus-
tin, ni Sulpice-Sévère, ni Orose, n'ont jugé
1\ propos de faire celte confusion. Ils ont
très-bien séparé ces deux persécnilions. Ba-
ronius, pour excuser celte confusion, dit que
V'alérien, ayant été nommé censeur sous
Dèce, eut par là même l'autorité de faire des
lois. Il préfend que ce peut-être là l'expli-
cation de la circonstance qui nous occupe.
Cette raison n'est pas sérieuse. Valérien ne
fut nommé à la censure qu'à la fin de l'année
2ol, c'est-à-diro fort peu de temps avant la
mort de Dèce. Il est même douteux qu'il ait
accepté cette dignité. Or, on sait que la per-
sécution fut violente , surtout en 250, et
qu'à la fin de 251 elle commençait h s'apaiser
beaucoup. Valérien aurait-il été préfet de
Rome sous Dèce? c'est très-possible, quoi-
que Baronius l'ait affirmé sans prouves;
mais ce ne serait pas une raison pour qu'on
mil le nom de Valérien avec celui de Dèce
quand on parle de la persécution. Jamais
jusque-là, jamais plus tard, on ne s'est avisé
de désig 1er une persécuion par le nom de
l'empereur nui la commandait, et d'y join-
dre le nom cl'aucun préfet de Rome.
La persécution de Dèce sévit dans toutes
les parties de l'empire A Rome, elle débuta
par le martyre de saint Fabien et par l'em-
prisonnement de plusieurs membres du
clergé de son église, entre autres de saint Ma-
xime, d • saint Moyse et du diacre Nicostrate.
Les saints Abdon, Sennen, les saintes Vic-
toire et Analolie, y fuient aussi martyrisées,
Les lieux premiers étaient deux Persans mii
étaient venus à Rome pour en admirer tes
merveilles. En Toseane, il y eut plusieurs
martyrs, notamment les saints Secondien,
Véi ieii et Marc Ilin. De 1 autre c«Mé de Rome
l'Italie eut aussi ses martyrs; saint Magnus
et sainte Secoiidine moururent à Anagni.
Saint Félicien, évêque de Foligni, y fut mar-
tyrisé, ainsi que sainte Messaline.'Ravenne
fut honoiée par la mort de sainte Fusque et
de s.ii;.te Maure, sa gouvernante. Saint Ama-
rand et saint Basse sont les pri-.cipaux mar-
tyrs de Sicile. En Orient , nous trouvons
beaucoup de martyrs, et |>rincipaleraeiit saint
Lucien, saint Mercure et saint Mircien, ainsi
que saint Trv|)hon, saint Respice et sainte
Nviiqiho à Nîcée. On marque encore en Bi-
tliynie les saints Leuce, lliyrse, Maxime et
Callinique. A Pergame, saint Carpe, saint
Papyle ri saint Agathonice. finirent glorieu-
sement Il ur vit! par le inari,\re. Nous trou-
vons à Eplièso les sept Dormants, dont l'his-
toire lili(''ial() a bisoin de commentaires;
saint Nestor oy Pamphylie est un des nlus
glorieux, combattants de celte époque. Chio
s'Iionon» ilu martyre de saint Conon jardi-
nier, et de saint Isidore. La Crète tit mourir
samt Cyrille, évèque de (iortyne, et dix au-
tres martyrs. Corintlie eut aussi les siens, ipii
soni saint Codrat , saint Denys, sont Cy-
pnen et leurs com[>agnons. Ici nous ne fai-
sons q j'uii sommorc , indication nécessai-
rement fort incomplète : cardans un article
de dic.ionnairc, ou ( haque détail est traité h.
part, nous ne pouvons pas faire une histoire
495 T*f'"
(J(*s porsi'cnliniis. T,n corifcssirm <lo sninl
Acncti Tiil |>r(»l>.il)l''Mi<"il un (1rs (Iciiiit-rs
(liiimcs i\v rrlUf |u'r.s(''(Mi(i(>ii, (|ui, bio») i\u'i\-
nioiiidrit», ii«> M complilcuiciil rlniilc ipio
pjir la mori d»' l>«^<''- '^'"'^' M'"' """^ I avnns
(lit drii», t'll<^ l'i'l <'»'^ P'"'' violoiiUis, el sur-
tout des plus (l.ui^'t'i(Mis(>s , *>ii (-(^ (prcilo
«ll.'KUUi surl'iul 1»"^ sniiuiiiUVs <»('cl('si,is(i(pn-s,
|(vs colonicsdc l'K^liso. M«in(^n avec ump lia-
hili'té salaiii<p><'. ''1''' 1"'' ^^ '''^'■'"' *'*' '""'.'
nhjurcr pInlAl (pm il»' lairc mourir : .tussi
produisil-cll»' de grands cU^a.slrcs dans llv
gliso. (lopcnd.uil clli» cul aussi h lui lour-iir
do nombreux t-l <b^ glorieux lri()m|)li<'s.
Ceux (pil .sorlironl victoricnix (hi condjal so
O(nivriroiil d'aulaot phis do i^o'wo, (pm la
lutto lut plus acliaruôo, ri la ra^o dos porsi^-
cuteurs plus violoulo ot plus cruellemcnl ha-
bile.
PEBSfeciJTlON SOUS OALLUS.
Ap^^s la mort do D(\'o, f.allus, son suc-
cesseur, dut s'occuper d'assurer la paix on
Tiermanio ; il le til au prix do son honneur,
puis(iu'au lieu do la coiupiérir il l'acheta.
Ta-it que durèrent les négociations, tant
que dura la marche de l'armée (pii mit plu-
sieurs mois h revenir des conti-ées lointai-
nes où elle se trouvait engagée, l'Eglise jouit
d'une paix assez profonde. Mais dès que le
nouvel empereur fut entré dans sa capitale,
il persécuta violenuucnl les chrétiens. Saint
Denys d'Alexandrie dit positivement, dans
une lettre à Hermanniion : « Gallus ne re-
connut pas la l'auto de Dèce, et ne s'aperçut
pas de ce qui avait été cause de sa ruine. 11
se heurta à une pierre (pii élait devant ses
yeux. Au milieu de la plus grande {)rospé-
rité de ses aiïaires, et [)endant que tout lui
réussissait suivant ses désirs, il perséc^ ta
les saints qui priaient Dieu pour sa santé
et pour sa glowe, et se t>riva du fru t de
leurs prières, en les chassant hors de son
empire. »
Nous voyons par cette citation que non-
seulement Gallus persécuta rE,:,liseà l'exem-
ple des empereurs qui l'avaient précédé,
mais qa'e'icore il rendit des édits pour ban-
nir les chrétiens. Deux papes soutl'rirent le
martyre sous son règne , qui pourtant ne
dura que bien peu de It'nips. Dèce, son pré-
décesseur, mourut à la fin de l'année 251, et
Emilien, qui lui suciéda, niontasur le trône
eu 253, et môme, suivant quelques-uns, à la
fin de 252. Cette mort de deux papes en si
peu de temps est un signe de persécution
violente. S'il en fallait un autre témoignage,
on le trouverait dans le langage que saint
Cyprien lient h Déraétrianus, qui gouvernait
l'Afrique du temps de cet empereur. Une
peste violente sévissait dans l'empire; les
païens, qui croyaient ou qui feignaient de
croire que c'était une manifestation de la co-
lère des dieux contre les chrétiens , se li-
vraient contre ces derniers h. des déclama-
tions furibondes. Dans les rues, sur les pla-
ces publiques, on les insultait, on se portait
sans ceSïB contre eux à des actes de violen-
ce qui jamais n'étaient réprimés par les gou-
vernrnrs. T/irrilalinn élait nu (ornliie. (wd-
lus s"v jiss()( iH. Il (iidonu'i il/dmrfl (pie p/ir-
liMii d/iMs son empira' o»i (tllïll des «■ncriilce»
piiur .ipflisi r l/i ((tlère des dieux. (!•• iiV-t/iil
pas iissc/,. 1,1's dévots d'entre les pnieri.s,
nidés d« ces hoMUiies (|i> tronhio qui sont
toujours disposés à frapper ceux (pi'on nr-
cnse, prolilirent de ( cla pour all.Kjuer plus
vi(tl(nnment encore hs chréliens. Il.srefom-
nieni èreni ( (trilr(! eux la piiséculion rpie In
niorl de Dèce avait irderionipue. Ct; lut h
KoriK^ (pi(^ s'alluma tout h coup ce noiivr'l in-
cendie. Si Dè((! élail rriori, 1 es|iii( infctnal
<pii avait diiigé ses al a(pies ro-dre les ( hré-
tiens no l'était pas. On procéda comme il
l'avait fait. Ce fut le pnfie saint Corneille qui
le premier fut arrêté. On s'attend il à
tiiom[iher aisément, comme cela avait pu
lieu d(''j?», d'un grand iir)mbre de chiétiens ;
mais c(>ite fois les prévisions des [)ersécu-
t(njrs furent noblement trompées jiar les
chrétiens. Les fidèles do Home se levèrent
comme un smil homm(! et vinrent se [)ré-
senter connue défenseurs de la foi menacée
dans la personne du chef de l'Eglise. Pres-
que tous (;eux qui firécédemment étaient
tombés saisirent avi ement cette occasion
qui leur était offerte de se réhabiliter j)ar le
combat. Ecoulons saint Cypiien, écrivant à
celle occasion au [ ape sainl Corneille.
(( Cyprien à Corneille, son Irère, salut.
Nous avons appris, frère bien aimé, les glo-
rieux témoigea^es de votre foi et la feimeté
de votre confession. La .joie que nois en
avons ressentie semble nous associer h votre
victoire. Attachés que nous sommes [!ar de»
liens i'nlissolubles, ceux de I Eg! se, de la
concorde et de lairection, ouest l'évéque
qui n'api)laudirait au bonheur d'un autre
évoque, comme s'd lui appartenait en pro-
pre ? Où est le frère qui ne mô eiail sa joie
aux joies de ses frères? Les paroles me
manquent pour vous exprimer les tran.>- ports
d'allégresse (jui ont éclaté ici quand la nou-
velle de votre courage y est i ?rvenue, quand,
nous avons su que vous aviez marche à la
lète de nos frères pour confesser le nom de
Jésus-Christ, et que leur illustration avait
encore ajouté à l'illustration de leur chef?
Prédécess:'ur de leur gloire, vous vous êtes
créé de nombreux compagnons de gloire;
en confessant Dieu le premier, h la face du
grand peuple, vous avez fait naître un peu-
ple de confesseurs, si bien que nous ne sa-
vons lequel célébrer davantage, ou l'ardeur
et la fermeté de voire foi, ou l'amoui- qui
enchaînait les fidèles à vos nobles exemples.
L'évoque a montré son héroïsme en s'elan-
çant le premier aux combats ; le troupeau a
Drouvé sa tendre et inviolable charité en vo-
ant sur les traces du pasteur. Grâce à cette
touchante unanimité de cœurs et de voix,
l'Eglise romaine s'est levée tout entière
pour confesser Jésus-Chiist. Par là s'est ma^
nifeslée dans sa gloire cette foi à laquelle Iç
bienheureux Ap(jtre rendaiijadis témoignage.
Oui, sa pensée prophétique assistait dès^
lors à vos triomphes ; il louait l'avenir dans
le présent, et en célébrant la vertu des pères.
l
405
PER
PER
496
il enfînmmnit l'émul-Uion de .eurs descen-
dants. Votre union, votre «harité, votre vi-
gueur, smt devenues un fiant enseigDement
i)oiir tous lo^ t'ulèlos. Vous leur avez appris
h craindn^ Dieu et à s'attacher étroitement à
Jésus-Christ; vous avez appris au pruple à
se [iresser dans le péril autour de son i-vê-
quft ; au\ frères à ne [)as se dét tchcr do leurs
frères |)e'idant la tempête, |)arc(' que l'union
rend invincible et que le Dieu de la paix
accorde aux cœurs pacifiques ce qu'ils de-
mamlent en commun.
« L'ennemi était venu fondre sur le camp
de Jésus-Christ, aans l'espoir d'y semer le
tlésordre et l'épouvante. II se trompait : l'é-
nergif de la défense a surpassé la violence
de l'attaque; toute la terreur qu'il ap,)orlait,
la h.irdiesse et la résolution la lui ont ren-
voyée. Il comptait supplanter de nouveau
les" serviteurs de Dieu, et se promettait une
victoire facile, semblab e à cel e qu'd rem-
jiorte sur de jeunes recrues mal disciplinées,
sans expérience, et surprises. Il avait d'a-
bord essayé isolément un de ces soldais, à
Eeu près comme le loup ravisseur sépare la
rebis du Iroupeau, ou comme l'éj-ervier
détache habilement la colomb ^ du b.daillon
ailé de ses compagnes. Il connaît sou im-
puissance contre l'armée réunie; alors il
cerne et isole l'inilividu; mais repoussé vi-
goureusement par les elforts de la sainte
milice, oii tous les rangs étaient sénés, il a
compris enfin que I 's dt'-fenseurs du Chrisi,
del) «ul et s »as les armes, s.' t.ennent tou-
jours |)rôls à combattre; qu'on peut les é^or
ger ; mais l>>s aiucre, Jaindis; et que c'est le
nié-ris do la mort qui les rond uivMi.iul.\s.
Ils ne se révoltent point contre leurs pljs
violents agresseurs , parce qu'il n'est pas
permise linnoceice d'arnchor la vio au
crime lui-même; mais ils sonl toujours dis-
pcfôs h do vier leur saii.; pour sécha, ^per
plus p.oMiptemeni Tun monde où la indice
el la cruauté niarchenl la tète haute. Spec-
taiîe ravissant p )ur les ye ix du Scgneur!
j ùe ini'om,>aral)l î (lour l'Kglisc de Jésus-
Christ! Qu'elle était belle h voir, la tribu li-
dèlc, s'élan«:uit toit e itière pour r-pojs-
str l'ennemi ! Oui, toiteUiè.e, nous pou-
vons le dire. Pas un soldit n'eAl fui la ba-
taille si la trompette saorée cdl retenii à ses
oreilles, puis pio pas in do ceux ([ui l'ont
enteiiue n'a manqué à rap,;el. Pa-ini ceux
qui avaient tléciii , combien se sont relevés
ei ce jOur par une co 'fession généreuse 1
on les a vus depuis, fermes et unmobiles,
reliiurner au comiial ."ven une vi.^uenr nou-
voll»', animés qu'ils étaient i^iar la doid(»ur
<*c la pénitence. Ils avaient été surpris la
preinièi-e fois; on le reconnaît bien aujour-
d'hu : 'a nouveuiléue I .i!ta q c <»vaitéio nié
leur coura-,e; mais dans celle le iconlre, ils
SOI t redevenus ou\-nièines. la cra nie do
Pifu a retrempé I urs fur, os el lésa nus à
1 épreuve do la souifrance, en sorte qu'au-
jourd'hui il nf s'agit plus (le par.iieih méri-
tpr, mais de unîmes J« recueil! r. » (Helouino,
ffhinire qénérnlr rfr.< prri-i'culiotis df l'K<jli$t
entitolique, vol. II, p. 18ù.)
On sait comment saint Corneille, exilé
d'abord h Civi a-Ve chii, fut ramené h Rome
pour y être décnpité, s'il faut en croire Adon.
Saint Lucius, son successeur, fut banni aussi
et martyrisé |»eu de temps après sa rentrée à
Rome. Avec saint (".orneille furent marlyri-
st'os un grand nombre de personnes , no-
tamment [tlusieurs des gardes qui l'avaient
amené de (^iviii-Vecchia. Le Martvrologe
fait meniion de l'un d'eux, nommé Céréal,
qui fut dé ajiité, ainsi que sa femmt Salustie.
Peu (.'e teni|)s après arriva la mort de saint
Hippolyte it de dix-neuf personnes de sa
maison : le Martyrologe ne les nomme pas ;
il fait seulement mention de sainte Concorde,
nourrice île ce saint prêtre. Si la persécution
était cruelle h Rome, elle ne l'était pas
moins dans les autres [)rovinces. En Afrique
elle était exirémement violente. Il n'en faut
pour preuve, comme nous l'avons dit, que
l'écrit remarquable adressé par saint Cy-
prien à Démélnanus. {Voy. Cyprien.)
Nous ne pouvons pas en dire davantage
à propos de cette f)ersécution, qui fut courte,
mais cruelle. Le règne si peu long de Crdliis.
se irouve tellement resserré entre ceux des
deux plus violents persécuteurs de l'Eglise
(nous ne comptons pas Emilien, qui régna
trois mois), Dèce et Valérien, que probable-
ment beaucoup de faits qui se sont passés
sous s(m règne ont été attribués par erreur
soit il Dèce soit à Valérien. Nous ne dirons
rien d'Emilien, ne trouvant rien d'aut-cnti-
que sous son lègne. Passons h Valérien.
PERSÉCLTiOJf DE VALÉRIEN.
Encore un prince à propos duquel nous
ne pouvons partager l'opinion universilîe-
nieiit adoptée II ne mo.ita^ui- le trône qu'V-;é
de plus ue soixanio ans. Ses cheveux blan-
chiient, dit-on, dans la probité, llionneur
et la pr.iti pie du toutes les vertus. Etrange
vertu ipie cello (pii ^.it ilans l'incapacité ,
dans l'insut'iis.ince les plus absolues, dans
des (jualil -s négaiives. qui cach.'iit, ro»umn
on peu! le voireri lisan. larliele ^ %LEHii:>,
Il l.iclieto la jilus grande que laiil quité nous
montre. Valérie, i fui d'abor.l extièmeineiit
lavorab e aux chréiiens, plus mùme qu'.ui-
cun de ses prédécosscuis ne l'avait elé. Il
avait tant de cliréti.nis dans son [lalais, dit
un i-onleinporain, ipi'on aurait pu le piei-
dre pour u ie église. Ce fut Micrien «pii fut
causo du ( hangemenl qui s'opéia dans les
dispositions lu j>.ince. .Maci ion rêvait di'jà
l'einpire et dressi il les plus ((ui devaient
l'y laiearr ver. Adonni' h la magi«. il per-
suada an débile empereur de s'y adonner
aussi. Ce vertueux vii'ill ird, ami de toute
jiistirr , de mœurs irri'prochnhles ,nous co-
pions', sacrili.i des »i)f.inis po'ir étudier
l'av nir et s. s destins ; tt pour éire plus
aiiré.ible aux dieux, il fallait i hoisir pour
es iiorr blés sacrilicos (\t'!i chrétiens : il est
probable qu'il le til. Toujours est-il qa à
p.uMir de cette époipie, connnenoement do
•257, il se montra excessivemonl eruel env( rs
Il s chrétiens, et les persécuta avec une fu-
reur tjui n'eut d'égale quo rexlrOuie faveur
407
I»KU
l'KH
('J8
(ju'il l('urnvftil(»'inoiti;n('onn oominonrrtnlsnn
r^giK*. Sa pcrsi'-ciilioii diirii <|in\i'.iiilf -deux
wuù^, cimiiiio II' It'iiioi^Me saint Dr'iys d'A-
lex.iiidi i»Ml'a|ii(Vs sain I .li'an,(|iii dil dcliii : y/
//(/' fut doiiiit' low liDiiihf (fiii se f/litriliail insu-
lnn>iitiilr((/Hil)l(isi>h('miiit,(liliiri(tiii)oui()ir
tir liiirr la (/Kcnr (liiiniil (/iKiranlr-drur mois
[Apoc. VIII, .')). N'aléiicn fui pi is par les Per-
ses an inilien (l(> l'année -i(iO. Ponr vv. (pii
pont (Mrc arrivé ?i Uonie dès lo (•(tnimeiico-
iiieiit de la perséenlioii, nons renvoyons à
rarlicl(' IvriiCNNi;. Nmis arrivons anv laits au-
ihenlitpii's el parriileineiil iri-écnsahlis.
Les Aclos de saint ('yprieii ikmis appren-
nent (fuo les eiuperiuirs Valérien el (lallieii
écrivirent, en 21)7 , h Aspasins Paierons,
proconsnl d'Afriipie, (pi'ii eût à l'aire obser-
ver les cérémonies romaines h Ions ceux
qui ne snivaient. pas la reiii:,ion des Uomains.
l)éstecommencement,on ne contraij,Mail pas
encore de renoncrr à Jésiis-Christ ; cai'on \oil
par les Actes de saint l)en\ s d'Alexandrie,
que le t;ouvcrneur Kmilien pei-mellait hco
saint de continuer ;\ [)r.ili(in(M' la religio'i
chrétienne , |)Ourvu (in'en même temps il
consentit .^ faire des sacrifices aux dieux.
Mais les mai^islrals, gouverneurs, procon-
suls, etc., avaient reçu l'onlrc» d'empêcher h's
chrétiens de s'assend)ler dans les cimetières
et dans les églises, ('es édil^ non-seulement
interdisaient aux chrétiens l'entrée descime-
lièros, mais encore il leur on oïdevaient
la possession ; car Cîallien, après la prise do
Valérie!!, restitua aux chréticis, pourTexor-
cice de loin" culte, les lieux qui leur avaient
été otés. On voit aussi tjue dès lors la per-
sécution n'était pas arrivée à la violence
cprelle acquit plus tard, puis |uc les édits
l)Oitaienl qu'on bannit (>t qu'oi dépouillât
de leurs biens ceux qui récuseraient de sa-
criller. Ainsi, sai it Denys et saint Cypricn
ayant été pr s, furent simplement envoyés
en exil. Les instructions que reçut Paterne
portaient qu'on s'adres^^At principalement
aux évoques et aux prêtres, atin d'abattre
plus fcicilemont l'éditice en jetant ses colon-
nes {)ar terre. Cependant, soit que les gou-
vei"'^ours eussent reçu presque immédiate-
ment des ordres plus précis, soit qu'ils eus-
sent pris sur eux d'appliquer les lois et les
édits anciens, on trouve que presque tout
de suite, après Tarrestatiou desaintCyprien,
il veut en Afrique beaucou|) de personnes,
non-seulement des piètres, mais enooio des
laïques, desfemmes et môme des enfants, q;ii
fuient bannis, envoyés aux mines ou mis à
mort. Dès le 20 janvier, oi troiveà Rome la
mort de saint Maxime, prêtre, ce qui p' ouve
que la persécution y était très-violente.
Beaucoup d'aut^'urs assurent que saint
Et enne fut martyrisé le 2 août de cette
même année. Saint Marcel, j)rêtre, saint
Adrias et me foule d'autres y souffrirent
dans les demi rs mois de l'année. Sainte
Ruiine, saiite Seconde, souifrirent aussi
dans Rome en Tanné ; 257. Pour le commen-
cement de l'année 2o8, nous trouvons très-
pou de chose relativement à la persécution;
mais au milieu de l'an 238, Valérien envoya
au sénat un rescril dans jerpici il donnait
ordre (pj'on fil mourir sans délai los évft-
ipies, les préires, les diacres. Il ordonnait
que les sénateurs, les personnes (pialnii'e.s,
les clievaliers romains, fussent d'abord pri-
vés de leiiis dignités, dépossédfVs de leiiri
bicuis, et (pi'ensiiile, s'ils icJusaieMt de sa-
crili(îr aux dieux , (pi'ils fussent <|écapilé.s,
('.(«t édil p. rtail encore! (pu; ceux des césn-
rieiis, c'est-.'i-diri! les esclaves ou allr.uifîliii»
ipii s rv.'iient rempereiir en ipialili' de; do-
mesliipies, (pu avaient confessé Ji'vsiis-C.liri.sl
ou (pu le l'eiai ni plus tard, seraient acipiin
au domaine impérial , envoyés encliainés
dans les terres b.i appartenant, et ipTon le»
inscrirait au ihjIc! des esclaves obligés do les
cultiver.
(]et édil seMd)lerail ('tablir (\\\(': le connnun
d(;s cluéliens aurait été à l'abri de la per-
sé( utiiiu. dépendant on trouve d;ins les Ac-
tes de saint .laeipies et de saint Mariini qu*à
(jrliie on roclKncliail indistinctcnnent tous,
ceux (pii faisaient profession (h; la religitm
chrétie me. Il est à croiri! ou bien (jue des
dispositions particulières furent ajoutées à.
crs édits, ou b en mémo (ju'un édit plus gé-
néral que celui dmpiel nous parlons fut ch-
voyé en 259, par Valéri(ni ; ou bien encore,
que les gouverneurs, magistrats et procon-
suls, agissaient un peu h leur guise dans-
l'application, non-seuhmicnt des édits nou-
veaux, ma'S encore des anciens et des an-
ciennes lois. Il y a encore une supposition
h faire relativement à cet édit de 2o8. Pro-
bablcmt nt que ces édi,s signifiaient que les.
évoques, lo> prêtres et les diacres seraient
exécutés immédiatement, sa ^s sursis, el:
sans (pi'on leur fit grâce, même dans le cas;
où ils votidraieiit abjurer; tandis qu'on s'en
tiendrait A la conduite qu'on avait cou'ume
de tenir ;\ l'égard du commun des lidèl 's,.
c'est-à-dire qu'on les recevrait à rabjuration
s'ils le demand ient. Ce qui tendrait à ap-
puyer cette 0[)inion, c't st ce q Ton voit par
les Actes de saint Cyprien : le proconsul.
Maxime le pressa fort peu de sacr fier, el le:
cnniamna presque immédiatement à 6!??»
(léia[)ité. Il en fut de même de saint Fruc-
tueux de Tarragor.e, de ses deux diacres et
de saint Luce et ses compagno'^s. Saijot Fla-
vien , l'un d'eux , fui envoyé en prison,
l>arce que ceux qui avaient entrepris de le
sauver soutinrent qu'il n'était pas dacre;,
puis deux jours plus tard, la populace ayant
demandé qu'il filt appliqué à la question,
le gouver eur n'en tint compte et le con-
damna i)urenKmt et simplement à mort. Ce-
qui vient encore à Tafipui de ce que nous
soutenons ici, c'est que saint Jacques ayant
dit qu'il était diacre, et saint Marien qu'il
ne Tétait pas, mais simple lecteur, ce uer-
nier seulement fut appliqué à la ques-
tion.
Dodwel a prétendu que le nombre des
martyrs avait été très-petit durant la persé-
cu ion de Valérien. iNous renvoyons à noire-
Histoire générale des persécutions, au nou.s
avons, en plusieurs endroits, et notamment
relativement ^ la persécution dQ Valériçu.
A99
PER
PER
5U0
ijil ce qup nous ponson> di^ cet nutenr et Ho
s»»«! alVirnialions Dodwel nt'tait pns tm v^rn-
r.»nt, nn i e pont dnnr pas lui ponlonrc^r (l'n-
vi)ir élt' trompé par une science iiisiif,is,inte.
Il a eu toute l'impudeice du raensonge
sriomm >nt el in-M-hininu^nt f^it
Entrons in.iuiti-nant dns le détiil des faits
de celle persérulion. l'une des plus cruelles
que l'F.'Iise ail oiips à suppor'i^r. t^t tpii rut,
fli isi rpif nous l'avons dit ()('•]«, lou-^ Ips ra-
ractères de celle de linO^me Dèce. quant h
rhTbil"l<^ pervppse qui en ins>irail li>s arles
à Valérien et aux ministres de sa rruauti^.
En euToyant ses é.iits à Rome , Valérien
«vait envoyé nu sénat le modèle des lettres
qui! fallait écrire aux gouverneurs de pro-
vince, pour qu'ils eussent à les exécuter.
Pendant longtemps les préfets de la villo et
du pr toire n'eurent pas d'antre occupation
aue de persécuter les chrétiens de Rome ou
'envoyer dans les provinces les i-^stiuctions
néeessairespourqu'onlesypersécutAtViOlcni-
raent. Aussitôt les édits reçus à Rome, on se
hAta de les mettre h exécution. Saint Sixte,
pape, fut inuuédiatement arrêté et mis à
mort. Son archidiacre Laurent le suivit de
près. S.nnt Hyacinthe, prêtre, fui martyrisé
ï Ostie, le 13 aoilt 2o8, en condamnant les
erreurs de Novatien, dont il avait iusq le-lk
été partisan. Le préfet qui condamna ce
saint à la mort était, dit Piudence, sur son
tribun d, entouré de bourreaux et d'instru-
ments de supplice. Devant ce tribunal étaient
de nombreux chrétiens. La misère, la saleté
qu'on remarquait en eux attestaient qu'on
les avait longtemps laissés croupir tn prison,
(c'est l'expression de Prudence ou du moins
l'équivalent). Ce préfet, ne pouvant com-
traindre ces martyrs <\ sacrifier, les con-
damna tous h mort. Les uns furent déca[)i-
tés, les autres percés avec des épées ; il y
en eut de mis en croix, beaucoup furent
brûlés. Puis on en plaça beaucoup ilans un
bnteau trop vieux }>our tenir la mer, et qui
défonça sous sa charge. Nos modernes bour-
reaux, eux aussi, ont fait dos noyades, mais
plus en grand et avec plus d'apparat. Les ba-
Ir-aux h soupape de leur invention faisaient
durer plus longtemps leurs jouissances do
bourreaux, et le snppi ce des martyrs. Dé-
cidéincnt les Carrier et les autres bourreaux
de 'j;j étaient en proLçrès sur ceux des mons-
tres qui sal ssaient le trône des Césars. I)m!u
fiissft (pip relie horribh» race de tigres liu-
ujains s'éteigne pour l'honneur de riiuiiia-
nilé, et nuisseni les races futures douter un
jour de leur existence 1
L'Ks[)agiievii le marlyrede saint Fructueux
cl de ses diacres lui oge el Augur<^ F/Atri-
qu'', après avfnr vu le martyre de saint Cy-
pri»«n, vil relui des snuts .Monlan, Lucp,
Flavien et leiu-s comjtajjnons. Ava-ii lui.s.uiit
Succpsse, évèipie. el ses cttnuiagno'Ks avaient
soiilfert jmur In foi. La vinleuie de la per-
sécution h Cnrlhage fut ti Te qu" ri ne i>ut
doTner île successeur k sai u Cyprien que
plus de huit mois après sa mort ; mais (juel-
3 ne violente (pi'elle y fiU, elle si-vil encore
avaula^o en >uiuiiiio : ou y poursuivait
non - seulement les ecclésiastiques ; niais
fous les fidèles, quels qu'ils fussent. A Lara-
b"sse, 'lès le commencement de mai 2.'i9 ou
tIGO, on exécutait publi([ueinent de grandes
troupes dechrétiens; on ««épnrait 5deesein les
I.Vi pies des clercs. pei'^Tnt ipie r-ar ce moyen
leslaïques céderaient plus facilement aux me-
naces ou h la violence des touruienls. Tous
C'Mix di'S chrétiens qui avaient, par un pre-
mier jugement, été envoyés en exil, étaient
i m médialement condamnés?! mort s'ils étaent
déférés une seconde fois. En Orient, un des
principaux martyrs fut saint Nicéphore ; en
Palestine, les saints Pnsque, Maie et Alexan-
dre fure"it dévorés |)ar les bètcs.
Quand Valérien eut été fail |)risonnier en
Perse, il y eut immédiatement une réaction
prononcée en faveur des chrétiens. Gallien,
3ui resta seul maître de l'empire, publia
es édits pour faire cesser partout la persé-
cution. Il permit aux prélats de rejoindre
leurs sièges, ordonna aux gouverneurs de
rendre aux chrétiens les lieux où ils s'as-
semblaient pour la célébration de leur culte.
Ainsi, les cimetières, les églises, tout leur
fut rendu. Si c'est à celte époque qu'il faut
rapporter l'histoire de saint Félix de Noie,
il faut dire que Gallien ordonna aussi qu'on
rendît aux chrétiens les biens qui leur
avaient été enlevés par les confiscations. Ce
2ui le prouve, c'est qu'il est dit aux Actes
e la confession de saint Félix qu'il ne vou-
lut pas demander ses biens, qu'on lui eiU
rendus comme aux autres, el qu'il préféra
sa pauvreté.
La p rsécution de Valérien, comme nous
venons de le voir, fut l'une des plus cruel-
les que l'Eglise eilt soulfertes; la punition
que Dieu iidligea à ce prince prévaricateur
lut aussi l'une des plus épouvantables dont
l'histo.re eût gardé le souvenir. (Voy. Valé-
RiLN.) Sous le règne de Ciali.ikn (Voy. ce
nom), Macrien ayant usuri é lempire en
Orient, s'y maintint durant une année, et
pendant ce temps les provinces qui étaient
sous son obéissance ne jouirent pas da bé-
nélice de la paix que Gallien avail accordée
h l'Eglise. On a beaucoup de preuves de ce
fait, entre autres la mon de saint Manu, sol-
dat, et celle de saint Aslère, sénateur ro-
main, i» Césarée de Palestine, en -260 ou 201.
PERSÉCUTION DE CLAUDE II I.E GOTHIQrE.
Claude II fut un grand prince, prescpie ac-
compli, au point de vue «les vertus humai-
nes. L'historien qui cherche dans un souve-
rain la gloire et l'halulelé, la science du gou-
vernemetit, les qualités qui foui les hommes
illustres, p ut prendre le règne de Claude,
quoi(pie bien court, comme lui présentant
tout cela réuni. Mais nous, dont te rôle iri
esi lout spécial, (jui avons h juger bien i lus
sevoremerU que les historiens ordinaires,
nous voyons dans Claude un gr nd coupa-
ble, car il fut un violent persécuteur de l'E-
glise.
Pendant longtemps la question de savoir
s'il y avail eu des martyrs sou^ le règne do
cet empereur a partagé les savuûls. Le P.
«I
Wl nu |.i.;u rm
Vii'^i niïinuo mi'il n'y oui pas dd in.irîyrs pivs, nux ronhnncs i-t nnx fYT<^n«(,iii.'s (!< .I.i
sous CInuilo. Tillcinoiil rcsic tl;iiis le ili.iilo. icliKJd-i |>/ii. nui'. Il < o" .,,li..it N-h (,(«. ..-.,
B(\lo, llsiKtnl, Adoii, nfiiuiiiiis, hdllainlus l.s sil(\ Mrs, mir l/i nuMluilc i|i|"il dov/iil te-
narmi les jiiici«i'is, cj p.iniii lis mudcr us un. Il l'Hiil si rtivftit /i A|.(»IIimi, «iui-, |.iir
|{i'raiit-n(MTasl('), cld'auln'^ (|iin nous |»()iir- dri isiou, o-i lui doimail 1.- nom de ««î ditni.
ridis cilor, iTdmI pas ninnln^ la inuiiidio Av(m; («'s li-ndaiin-s ri ce i anirti''rc. il /imait
li(''silnlioii h ranj^cr Claudo au vi\,'^ des ('li- dlMicili- qu'il mi rav<»ial.lf aux (•luï-ii. in.
pcrscculcurs. Nous «vou(His »)oln« (•loriiic- (,)iii|(pH« chose (l.l'oil oïdinioïc «lie/ l»s «mm-
nu"il cxInMnc pour la l(^;.;èicli' av(M; laipudli! pon-urs rouialtis, c'était do voiiloii l.iire «u-
OM a mi nier ou mcltir ru .louli' la pcisiMU- lirnictM ipii- I(mu-s pr('(l '(('ssciirs : Hus^i^llrl
tioii (le Claudn. Les M:iil> rolom-s anciens, d'eux sélail-il lail voie ravoraldf aun chié-
(pii conlio'iuoul tous les n s des sainis liens ; on pouvait OIih srtr qiu; celui cpii vo-
mis h mort sous Claude, sont uiui picuivo nail apicVs, les persrcnlerail. (lallien s'éiail
incuiiles(al)le. l/l'-i^lise honore In mémo ro l'ail ddesier, el, nous en convo-iois a ju-.t»}
do cos sainis inarl.vrs domiis un grand nom- titre; Claude voulut a«ir compl lenicul h
bre de sièolos; 'Ih esl la plus irréi u.siMo re-uîitntre de ce ipi'il avait l'ail : il eût dû so
des traditions. Ceux qui oui écnl ces Mar- borncu h ne pas imiter ses vices,
tvroloi^es, l'K-liso (jui en consacrait la vôra- Claude vinlj^ Home danslos d('rni<'rs tomps
cilé on les adoptant, dovaioni savoir co ijui de l'anMi'e iiOS; il y resta un peu plus d'un
s'élail i)asso; les siécU's no los séparaionl au. J.es principauxiuartyrs (pio n. us trou-
pas alors, comino ils nous séparoul aujour- vions sous son règne sout saiul «laslo, iri-
d'hui, (les événomonls. 11 y a des choses bun, et deux ce-U soixa-ile soldais, (pi'il fit
qu'il faut admettre sur la toi des dovanciers. tuer ii coups do llèche..,dat)s ramphilhéàlredo
I.e témoignage succo-ssif qu'apportent aux. Rome, le 1" mars 209; le 2ï de ce môme
pieds d'une vérité les géuérations est lo mois, il Ht (1,'capiler saint Onirin, dans sa pri-
nlus considérable qu'on [)uisse demander, son. Ou retrouve ensuite\'n Toscane qua-
l)u reste, nc-i que 1 examen attentil du rante-deux martvrs, au nombre desquels
Martyrologe romain ou de celui dt! saint Je- sont saint Graciiien et sainte Félicissime,
rôme sulht pour ne pas laisser l'ombre du saiU Piolémée et !-ainl Romain, avec trente-
doute. Nous démo-itrorons ici posnivement huit autres; cent soixante-six chrétiens,
que Claude a persécuté violemment l'Eglise, parmi lesquels quarante-six soldats; saint
Doù vient donc qu'il .existe si peu de docu- Césaire, diacre; sainl Julien, prêtre, avec
nients aultientuiues touchant celle pei sécu- quinze autres ; e-Iin sainte Sévère, dont nous
tion'?Cela lieiuliaii-il a ci> ([ue les historiens transcrivons l'épilai)he :
n'ont pas osé ou n'ont [)as voulu dire toute
la vérité à l'égard d'un prince qui compte COSULI-: CI.UDIO
parmi les aïeux les plus proches de Conslan- ED. PATEHNO. NOMS
tin? Nous n'osons rien alHrmer : mais ne , J!lP.yEMBï^ïBUS. DIE, VENERES. LUNA XXllI
peut-on supposer que ce i)rince lui-même ^^'^^'^^p^.'î'^l^^S!?,^^^!"'^,^^^^
ou ses tlatleurs aient supprimé la p upart des ^" TiJ A \NM ORIJM - i
documents? 11 était en tous cas impossible EDÏMESSORoW. XI. DELRON X.
ju ils supprimassent les Martyrologes, les
êtes des saints et les dates de leur mort. Le mot effacé h la sixième ligne est-il mor-
Cela seul sutlirait au besoin de la cause que fuo, comme quelques-uns l'ont préteridu?
nous soutenons ici; mais aujouruhui nous Pourquoi ce mot sur un tombeau? A quoi
avons iui(>ux que ces preuves tradilionnel- sert d'écrire ce que letombeau dit lui-même?
les. On a découvert, à la lin du siècle der- Pourquoi ce pléonasme d'idées? Les anciens
nier, dans la bibliothèque de Turin, le texte appel tient les morts (/or»(/en^ps; sur kurs épi-
grec d'Actes authentiques et fort importants taphes, ils écrivaient /f/c j«ce^ comme nous
du martyre d'un grand nombre de saints, sous Ci aît. Le mot effacé est Martoura.
Claude. La traduction en avait été faite en 11 y a encore bien d'autres saints martyrs
latin, et publiée par les so ns de la bibliothè- que nous pourrions nommer : sainte Prisque
que de la Propagande à Rime, pendant le et quatre nobles Persans; les martyrs de
temps que sévissait en France notre prt;- Terni, etc.
niière révolution. A cette éjioque hideuse, Voici les dates sons lesquelles le Marty-
On pensait peu aux livres, surtout aux livres rologe romain inscrit les saints que nous ve-
du genre de celui-ci; 1. s bibliothèqies de nous de nommer et {;lusieurs aulres; cette
France ne l'avaient pas, du moins nous n'a- citaîion est importante. Janvier, iS; février,
vons pu nous l'y procurer; nous avons dû li; mars, 1", 2i: octobre, Si, 23. — Ces
nous le procurer autrement. Nous avons dates du Martvrologe .<^ont en concordance
traduit ces Actes en français, en recou- parfaite avec l'histoire de C'aude.
ran! au texte grec; et bien 'nous eu a pris, Ainsi on voit que ce prince a fait des
car les premiers traducteurs s'étaient donné martyrs dans les mois de janvier, de févri.-r
bien des licences. Ces Actes prouvent, et de mars; ma'S on n'en trouve aucun dans
d'une façon irrécusable, ce que nous con- ceux.d"avrd,demâi,dejuin,dejuiilet. Le Mar-
sidéruns, nous, comme prouvé de reste sans tyrologe n'en indique pas non [dus dans les
eux, que Claude fut persécuteur. (Koy. Mar- mois d'août et do setembie; i.ojs verrons
TYRs d'Ostie.) qu'il y en eut cependant dans le mois d'août.
Claude était très-attaché aux anciens usa- È'abien, nous prétendons que la chronologie
fé
505 PFK r'ER 504
(lu Marf>Tologo romain est pnrfaito, el d'un mourut de In peste h Sirmich, vers le mois
autro rtVt«^. roiitrairenu-nt h tous les autours d'avril do cette m(!'mo .innf^'o. Ain^i que nous
qui ont admis la pprS'"ulion de Claude, lavons dit, Clau le persécuta les clir(Hiens à
nous prétendons qu'elle a commencé en la lin de 268 el au commencement de 269;
ao'it 2i»8. et lini en mars 269; d»' plus, (pie mais cciix (pii placent plus fard les martyrs
Claude n'a poi it persécuté les cliréticis api es (jui ont soiillV-rt >oiis lui. tt n(»lammf'nt ceux
sa grande victoire sur les (toths. E-i eifel, d'Ostie, ne tiennent pas compte des laits his-
Claude fut proi lamé empereur du 21 au 2V toriques.
mars 2i)8. Avant de s'en vi'uir à Itoni", il « Une chose remarquable encore, c'est
vainquit Auréole, qui, étant assiégé dans ciue le Martyrologe romain n'indique que
Mila 1. avait domand • h se suuuietlre en ap- «les martyrs qui ont souiïerl ?» Rome ou dans
pre uTit son avènement à l'ompire, mais s'.- l'Italie; cette circoistanue milite encore en
tait révolté peu de temps après. Il vain'juit faveur de l'opinion que nous soutenons;
aussi, comm»^ nous l'avons dit, les Aile- Claude n'était pas maître des Gaules qui
mands près du lac de Gard.'. Tous ces faits ohéissaitrit, ainsi (pi'une partie de r.Vllt'-
s'étant passés en Italie ne durent pas rete- magne, à Tetricus. Zénobic avait l'Orient et
nir Claude plus de (pielqut'S mois, et il n'est rEj;y[)te sous sa domi lation. To des ces
point éto niant (^u'il pul être à Rome dès le pr(jvinces écIiap|)aiout donc h la persécution
mois d'août. de Claud'^. » (B.douino, Hist. des perséc. de
« L s Golhs, qui avaient empovf'- toute l'Egl. cath., t. II, p. .'JV6.)
l'année 268 h faire d'énormes préparatifs de Nous ne pouvons rien dire de plus de la
guerre, s'embarquèrent à l'embouchure du persécution de Claude, sinon que nous ren-
Niester, au commencement de la belle sai- voyons, comme nous l'avons déjfi fait au
son, en 269, eurent le leiups d'assié,.;er counnenceinent, h l'histoire des .Mahtyrs
Tomes, dans la petite Scythie ; dans la Mésie, d'Ostie, Nous invitons a issi le lecteur à re-
>far. iano[)lp, sous les muis do laquelle ils courir à l'article Claude II.
livrer Mit plusieurs combats; ^^^j^^V^^J'l^^ rERSKCiTio> p acrémen.
Il ?ment Bvzance et Cyzique, de venir par
l'HelIcspont et la iner'Eiîée jusqu'au mont L'ompmeur Aurélien commen(;a à régner
Alhos, où ils raccommodèreiit leurs vais- en 2T0. On dit ([u'il se montra dans les pre-
seaux, dont les courants du Bosphore avaient miers tcmjis, sinon favoral)le aux ciirétiens,
dtUruit un trran I noud)re, et tortement on- du moins équitanlo à leur égard. On allègue
domuiagf'* les autres. Cette opération djt iiô- pour preuve l'ordre (|u'il donna à Paul de
cessairement leur demander beaucoup de Samosates de ((uittcr son siège, comme les
tomps. Ils vinrent ensuite mettre le siège évô([ues d'Orient, réunis en concile, le lui
vievantTliessaloni((ueelCassandrée, et ayant avaient commandé, et de le céder à celui
appris que Claude s'avançait contie eux, ils qu'ils avaient nommé à sa place, et dont re-
vinrent à sa rencontre ins(|u'à Naisse, dans V('-<iue do Rome avait approuvé la nomina-
.VWI.iute M -sie. Ce fut laque Claude le. r ti«i. Ce fait ii(> prouve (pi'une chose : (pi'Au-
livra bataille, et leur tua cinquante mille rélion ne voulait pas se créer d'embarras en
hommes. Il est évident que ce grand év(''iie- persécutant les ch.étiens, quand il avait à
lufciit ne dut avoir lieu (]ue dans les derniers combattre une muliitude d'e uiemis sur tous
mois de la belle saison, en 269, puis<pie, les points de l'empire. Pounpioi, ne voulant
poursuivis incessamment p.ir Claudi-, ils se pas alors persécuter les chrétiens, n'auiait-il
rérigièr.-nt sur le m 'iil Hémus, poury pren- pas (té é piitable h leur é^ard? Leur refuser
dre leur quartier u'hiver. justice, c'eût été d(''j;^ un commencomenl de
« Claude ne revint point à Rome après sa persécution. Or, il voulait ne sévir contre
première victoire sur les Goths; certes, ses eux (lu'à son heure, (pi'au lumnont ([u'il
affaires ne lui permettaient pas de prendre jugerait convenable. Il avait déj.^ montié,
du repos dans sa capitale. Zénobie lui faisait étant gouverneur des Gaules, en faisant
la guerre en Orient, ei, .iprès d -s chances mourir à Troyes saint Patrocle, ce (pi'on pou-
diverses, ayant entièrement défait l'rolms, vait attendre" de lui comme tolérance reli-
restait malt e>so de toute l'Kgyptf. C'aude gieuse. Ce prince était exlrèmome-t supers-
f . l luème obligé de f.ure la |i;iî\ avec elle, titieux. Sa mère, dit-on. était prêtresse d'un
pour achever la guerre contre les Goths. Il tem|)le, du coté de Sirmich, probalilemenl
n'eilt pas été occupé de ce c/>té, que les al- d'un teni.)le du roleil. Kilo av.ut la préten-
taires d'Occidi'nt eussent impéneus'-mont tion de piV'dire lavenir, et elle avait tou-
réclamé su présence. Tetricus, «jui avait |)ris jours di* A son lils qu'il arriverait h l'empire,
la pourpre, poursuivait dnns les Gaules le Aussi Aurélien, peut-être i\ cause d' cette
cours de ses sucé-, cl la vihe d'Autun. (pii pr»''dielion.piil voyait réalisée, avait toujours
s'était (h'îclarée pour Claude, dont elle ré- ou nno grande dévotion au r ilte du Soleil,
rliuiait il ' lit le .seroui s. suceomhait Ouant ii la prédiction en elle-même, il n'y
oiiiportéo '. - il il la lin de 269, après un faut pas faire graid fond. A cette épotpie,
siège de sept moi -i. où tous les généraux de l'empire nuiiaiu
« Il est évident, par tous ees fnts, tpie prenaient la pourpio, où le litre d'Auguste
Claude ne put pas venir h Rome h la lin de était en (pi Itpie sorte le g-ade suprême au-
269. D'ini autre côté, nous le trouvons dtgà quel chaque ollicier tondait à monter, il n'é-
ati mont Héuius, finiss.uit d'o\tormini'r les tait pas didicile de pr.'-voir qu'un militaire
Ooths, dès les premiers niois d-* 270. Il aussi recummandable (|u'Aurelien monterai*
KOB
nu
l'KH
50«
au nin^:;ori laiil (raiitrcs moins (lignes ('(«iiMil
nioiilô^. l.a in(V(» (rAiirrlicn, le s itliaiil su-
pcisliticiiv, navail-rlli' pas Tiil sa pinliclion
pour l'illiiciicfi- I avenir tic son lih, jour lu
pK'pai'cr, flans un Iml iranilnlm i mater-
ne IN»? Il csl li^s-ptM mis (le II- pcnsi'i'. Du
rcslo, la prétliflKui atconijilic, le nuiivel cm-
ptM'cui' (lut rostci- cl resta l'ervoit au «lieu
ipii avail inspiré sa mère. Dès lois il rêva la
s,iioniii ur (lu vieux ( ulle de remjMre. Uele-
ver le paj^çamsnu^ Tut lo but (pi'il se proposa
(l'ait iudre, /iprès (pi'il aurait iclevi' la pois-
sa ire (le l'empre. el remlii au nom idinaiii,
si abaiSvSÙ sous ses pr(Mli'!(;('Sseurs, l'éelat et
le presli-e (pi'il avait auparavant aiiv yeux
(le l'univers. Dieu lui livra l'eiiiiiire de ce
inonilo, el permit h sou gdiie d o|ii^ror les
tç.'aides choses (pi'il amhiliomiait. Q[u\n\ h
l'e.Ujjirc de la loi, dès (prAur(''li(>"i .y Noiilut
touclier, Dieu lui lilsonlirquoluiseulcnétait
le maître, el cpie les plus i;rands guerriers
el les plus grands !j,('iiit'S sont devant lui
coiiitno s'ils n'iUaicnl pas.
Aurt'dioi l'ut l'rappi'i d(^ mort pres([uo aussi-
tôt tju'il eut signe ses édils sanguinaires.
Voici comment cet ("n'énemcnl so passa.
Après ipio co coïKiiiéraiit eut réuni en un
soûl Tiisceau looies les proviiicos (jue suc-
cessivnmenl la révolte avait détachées de
l'empire, après (ju'il oui assis sa puissance
sur les ruines de loules les i)uissaiic. s ri-
vales, il songea ^ exécuter son j^j^^-nd projet
de desfi\Klio'i (Ju ciirii^tia'iiniYe. Comme il
allait sig'K'r les (nlits de persécution, Dieu
l'arrêta. La foudre, tomhant aui)rès de lui,
l'avertit (pi'il coiiimellait un sacrilège. Cette
voix d'en haut venait lui dire que les choses
du ciel n'étaient pas de son domaine. Auré-
lien fut épouvanté, il dilféra l'exécution do
son projet; mais uienliH il le reprit, et langa
contre l'Eglise des édils plus cruels et plus
sanguinaires que n'avaient (iicore fait ses
prédécesseurs. Celle fois la peine ne se lit
pas attendre ; Aurélien tomba sous le fer des
conspirateurs, avant même ([ue ses édits eus-
sent pu arriver jusqu'aux extrémités de l'em-
pire. Fau,-il en conclure qu'ils furent sans
etVet, comme certains écrivains l'ont pré-
tendu? Faul-il, contre loule évidence, s'as-
socier au jugement de ces hommes qui ont
toujours [)rcté une main audacieuse el sa-
crilège ([uand il laut arracher quelque j)aline
au faisceau des gloires de l'Eglise? Pour ces
hommes, qui sont aussi des [)ersécuteurs et
desquels noiis parlons, tout est bon, (piand
il s'agit d'attaquer, d'amoindrir, de détruire,
s'il était possible, nos monuments et nos
fa:.îes. Le mensonge el la calomnie sont leurs
instruments de supplice pour la vérité qu'ils
font mari. re. S'agit-il de jeter une insulte
aux choses saintes? Ils sont là toujours
prôls. L'oidure qu'ils lancent contre I Eglise
n'arrive jamais au bui, elle retombe sans
cesse sur eux-uKimes ; n'importe, ils la ra-
massent incessamment, sans autre résultat
que de se sa'.ir au\ yeux des hommes et
d'attirer d'en ha it la vengeance divine.
La persécution causée par Aurélien fut
violente. Qu'on ouvre les fastes des mar-
1} rs; à cliJKpie pa^e le liom do ce [((Mvsé-
euleur t'sl écrit en lettres rounoM, en leltrcH
d(! sang. M/illiciir, cent f(»is mallieiif U
riiiimiiie qui pèche par un acte de parole,
ou d'éiiii, ou d'aiitorilc'*, qui reste après lui !
C'est une posléiiié dn mali'diclion ipi'il
l;nss(!; il ( i(''e .liiisi uni' géii.'Tainiii d»; ( rimes
(pio sa volonh' ne p(nit [iliis arrêter. Il a
beau so repentir, il a beau moiiiir, ses cri-
nit's restent vivants et (nigtïndi cnl des cj'imcs,
et sans (tesse devant Dieu la charKc «b* son
l\n\t' devient plus grande. Ainsi (il Aiir(Mi(!n :
les ('dits qu'il avait sigmVs suivé( urenl (piaml
il fut iiiorl; ils furent exécutés par l(!s gou-
V(M'n(nirs des provinces pendant tout l'inlii-
règie (pii suivit sa mort, et même plus tard.
Mainlenaiil la i)Crséciition d'Anrélien lu;
( omiii(ni(;a-t-elle (pi'avec ses édits? Non, évi-
(hnniiKnil, tous les nionnmenis le piouvenl.
Ainélien no voulait pas lancer d'édits coniro
hvs chrétiens avant d'avoir accompli sca
grands projets; mais il souhaitait très-volon-
tiers (pie les gonvi'rneurs des provinces ap-
pliquassent les aïKn'eiit.es lois, b.'S anciens
édils. Pour se re'idre coupabh; des actes dci
ses subordonnés, un prince n'a [)as besoin de
cominandiM'. La S(n'vilité a le llair si délicat
l)0ur découvrir ce cpii [)laît au cienr du maî-
tre! Aurélien détestait les chrétiens, on le
savait; qu'avail-il besoin de h? dire? Les
bourreaux d;' Valéiien et des autres peisé-
cuteurs, les magistrats, les gouverneurs qui
avaient fait inouiir tant de saints marlyrs,
étaient encore U\; ils avaient la main prèle
à signer les proscrijitions. La hache altérée
de sang n'était pas encore rouilh'-e. Les joies
féroces qu'éprouvent les assassins aux cris,
aux tortures des victimes, demandaient à
renaîtie. Aurélien ha'issait les chrétiens, (pie
fa lait-il de ])b;s? La persécution re[)rit avei;
son règne, il ne l'empêcha pas; plus tard il
se réservait de l'ordonner, il le fit.
Les pr ncipales victimes de la persécution
sous Aurélien sont saint Félix, pape, saint
Dell '.s de Paris et ses com[)agnons, saint Sa-
binien de Troyes, saint Révériei; d'Antun,
saint Prisque d'Auxerre. Pour la PalcisUie,
nous liouvons saint Agapet ; en Italie, sainte
lleslilute, de Sore. iNcmis voyons en Toscane
le j.iartyre de eaint Félix, prêtre, de saint
Iréniie, diacre, et de sainte Mustiole, cousine
de l'empereur Claude. Les Actes de ces irois
derniers saints portent qu'Aurélien envoya en
Toscane Turcius, avec charge expresse ti'y
rechercher les chrétiens, et de les faire
mourir. Saint Conon et son fils illustrèrent
la ville d'Icône par le glorieux martyre qu'ils
3 subirent pour la foi. Césaréede Cappadoce
vit le martyre de saint Mamus, vulgaire-
menî noiume Marnes. Nous ne faisons qu'in-
diquer ici sommairement les principaux
d'entre les martyrs sous ce règne. Cette énu-
mération suilit pour faire voir que non-seu-
lement il y eut j.ersécution sous Aurélien,
mais encore qu'elle fut violente.
PERSÉCUTION DE DIOCI.ÉTIEX.
Les historiens ont pris l'habitude de nom-
mer persécution de Dioçlétien la grande per--
507
PER
PER
908
st^rution qui fut oiivorle par les ëdits de ce
EriMce r.oiilre 1 E;;lise, et qui durii dix ans,
jeu au'elle eût éié exercée autant et pent-
élii' plus par ses roll^^nes et par ses succes-
seurs que par lui-nièuie. Om compr nd géué-
ralemcnl aussi sous celte dû-iouiinalioi les
perstH'ulions i»aitielli's qui furent soulevées
contre les cnréiiei.s sous le rèj;ne de ce
prince, avant même la [iromulgntio i de ses
édils, surtout en Occident, où coniniandait
Maximien Hercule. Nous ne nous éloigne-
rons pas des usages reçus, et nous lérons
comme les historiens nos prédécesseurs.
Ainsi, par persécution de Dioiléiien, nous
entendrons spécialement celle q li tut faite à
l'Eglise de Dieu, en vertu des édits lances par
ce prince à Nicomédie, en l'an de Jésus-
Christ 303, et, d'une façon extensive, celles
qu'tnireiit à endurer les chrétiens, sous les
commencements de son règne, en vertu îles
anciennes lois et des anciens édits qu'on
leur appliquai'.
Beaucoup d'écrivains, Tillemont en parti-
culier, disent que l'Eglise fut en paix depu's
Valérien jusqu'à la persécution de Oio lé-
tien. Nous avons fait justice de cette aliir-
mation, en établissant d'une manière irré-
fragai)le, par les faits, que sous Claude l'E-
glise avait été violemment persécutée, et
que sous Aurelien elle l'avait été encore. Ce
n'est qu'après la moi t de ce |)rince qu'elle
jouit véritablement de cette paix profonde
dont Eusèbe fait le récit dans son livre viii,
cil. i, p. 25o. Tacite, Prohus, Carus, et ses
Ois Carin et Numérien, laissèrent lEglise en
repos. Sous leurs règnes, les chrétiens ne
furent persécutés qu'accidentellement, et en-
core ne peut-on le dire d'une manière un
peu certaine que du règne de Carin, qui tit
a Rome «pielques martyrs en l'an iS'i.
Dioclélien étant monté sur le trùnc en l'an
de Jésus-Christ 28'*, se trouva par la mort
de Carin, arrivée rannée suivante, maître
de tout l'em )ire. En 286, il s'associa Maxi-
mien Henu e, son coirpa.;non d'armes et
son ami, et ui donna tout l'Occident à gou-
verm-r. Durant les commencements de son
règne, les chiétiens JDuuent «le la tranquil-
lité qu'ils avaient eue sous ceux de ses pié-
déccsseurs que nous venons de niuniiier.
« Le démon, dit Eusebe, cpii avait reçu la
puissance de perséi uter les saints, sembliii
s'être endormi d'un summeil proîond. Le
nom de Jésus-Cliiist et il partout estimé et
vénéré. Aux assemblées des lidèles, l'af-
fluence éla.l si grande cpi'on était partout
obligé d'ab.'itlr'' h sé.^Iisespniir eni'onstruire
de plus graiidi'.s. En Oru^nt, presque tous les
homiiit's avaient (juitlé le culte d s idoles
pour embrasser la religion chrétienne. Les
jjouveiiieurs de province, les magistrats, ai-
iiiaient et vé léraient les évi^ques et les au-
tres ministres du < ulte. L s seigneuis, les
empereurs cux-mOines nioiilratcnt de l'.if-
fection pour les chréliens; ils laissaiei.l
leurs femmes, Ifurseiilints. leurs serviteurs,
t>ratiquer sous leurs y.A\ le « lu isiiariisiiie.
•lusieurs d'entre les chrétiens f.reii nom-
luéi aux Ciuj'luib ol au (^ouvcrnouicut dos
provinces. On les exemptait de l'obligation
d'i'lVi ir des sacrilircs. »
Ce portrait qu'Eusèbe trace de l'état de
l'Eglise est applicable, dit-il, aux dix-huit
premières années du règne de Diodétien.
Pour trouver qu'Eusèbe dit vrai, il faut se
transporterauxlieux où il écrivait, en Orient,
où la persécution ne commença uue lors des
édits en 303, et ccraprendre (ju'il n'a voulu
parler que de la partie de l'empire directe-
ment soumise à Diodétien Si Ion considère
1 Occident, qu'y voit-on? Aussitôt son avè-
nement à rem[iire, le cruel Maximien com-
mence à persi'cuter les chrétiens. Dès les
commencements, en 286, en venant dans les
Gaules, le 22 septembre, il fit massacrer la
fameuse légion lin béenne, avec son chef,
saint Maurice. Aussitôt après, il envoya
Rictius Varus, son [)réfet du prétoire, connu
dans les Mart. rologes sous le nom de Ric-
tiovare, chercher et exterminer les malheu-
reux restes île cette héroïque légion. Le
ministre fut digne du maitre : il exécuta ses
ordres avec une barbarie qui ne dut rien
laisse:' 5 désirer à l'atroce Maximien. BAle
vil des noyades. Trêves des massacres, Co-
logne, Reims, Soissons , Finies, Amiens et
une foule d'autres lieux dans les (iaules
eurent de nombreux martyrs. ( Voy. Rictius
Varls. ) Après la ninrt de ce préfet du pré-
toiie, arrivée en 288. un nonuné Julien lui
succéda, et sut continuer sa t;\che, suivant
le cœur et les intentions de Maximien. Il
fit mourir saint "\'o 1 à Ch<istre, dans la Lyon-
naise, saint Lucien à Beauvais, en Belgique.
Eutyque et Astère, qu'on trouve avoir eu
paît au martyre de saint Victor à Marsei'le,
étaient probablement les collègues ou les
successeurs de Julien. En même temps que
ces ( hoses se jiassai ni, Sisinnius Fescen-
ninus, qui gouvernait la Lyonnaise ( la se-
conde), martyrisait saint Denys à Pans, saint
Nicaise dans le Vexin. l'n certain Dacien
condamna et lit mourir saint Ca[)raisà .Vgen.
Ce Dacien seiaii-il le même, que celui qui
se rendit si o lieusement célèbre en Espagne,
au cours de la grande perséculiou de Diodé-
tien? Nantes avait aussi ses martyrs, les
deux frères Donalitni et Rogalien.' On ne
dit pas qui les lit mourir. Quoi qu'il en soit,
on voit par ce qui nous reste de documents,
que, dès les conmiencemeiits de ce règne,
la persécution fut excessivement violente en
G.iule. Il y a tout lieu ne croire ipie .Ma\i-
micn, en décliainanl sa fureur contre celle
province, ne faisait pas d'e\ceplion pour les
autres, et ipie [>arloul il agissaii de même.
Dicrlétieii lui-même, quoi ipTen dise Eusèl)e,
lit quelques marhfs au commeneemnt do
sou iè;i.e. Dès Van 28'i, alors ipi il était
encore s ul maître de lempire, les saints
C aude, Astère, Néon, hs s.iinles Domnine
et Theonille, soulfrirent h Eges en Cilicie,
sous le (troconsul l.\ sias. Le martyre de saint
Celles lui est aussi imputable.
Il faut uiie ici, pour être dans le vrai, que
Maximien ordonnait de piuirsuivre les chié-
tiens, et que Diodétien laissait faire. Il to-
lérait que les gouverneurs, que les inagii-
A09
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WIK
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tf.ils p(»inNiiivisst'Ml ics rlir(^li('n^, siiivnnt
leur Ikim plaisir cl leur r.ipnrc, ci vnlii dt-s
juicicnnos lois. r(Mif-(Mn' aussi Cnit-il «d-
iii(»lln> ipn», l)i<*M i|u7i ccllo (''iMKnic il v l'Al (»ii
lolôraiicc, l'il vo scli'^ (|ii(' r.niloiiM' ne l'.iis.iil
ni recherches ni |M'p]iiisili(>nsJesrnM^islrals,
comme lui (eiii|'s de Trajan, éiaii-dt oldi^'s
)iar la lui de ponisiiivie (piaiid il y avaii d('-
iKineiatiiMi ; el. l'on snil (jiie iiialheiireusc-
iiK^il In race des déiioiuialeiirs ne iiiampio
jamais. Les liai'»es parliciilières, uiie i'oiile
de pnss'ons ignobles el lAclu's sont les poiii-
V()yeus(>s i\o celle ahoiiiinalid'i du (-(eiir Ini-
iiiain. C/est ainsi (pie saint Claude el ses
fri^ros avaioMt éU^ diMV-rc^s par leur helle-
ni(''i'o, h la snile (rniu! discnssiiei (pii deva l
rest(T dans le seerel de la demeure privée
el do la lamillo.
Franchissanl (pndipies années, nous voyons
encore des martyrs ji Kouie, en 21)5; les
Actes do s«i'ilo Su/anno en sont la preuve.
Si l'on s'en ra|)porlail aux Actes de sai'it
Sébastien, uns h inoi-l h Homo en 28.'>, il
faudrait adunUtro qu'h celte é|)oquo il y eut
\ni(> persécuiio'i si i;ra'ule, que nul ne pou-
vait a(;lioler (luoiqiiece lût, puiser do l'eau
aux fontaines publiques, sans sacrifier à do
petites i(lol(>s mises partout h cet en'ot. C(>s
Actes n'étant pas oii:Ai'iau\, on peut dire
que l'auteur a tait co dnsio-i, et (ju'il a altri-
bué aux commeiicenionls do Dioclélion ce
qui ne doit être dit ipio d(^ la suite do son
ré^Aue el do la grande persécution qu' 1 fit
soull'rir ^ I'Ivj;] se, en pi'onuil,.;,nant ses édits
en l'an 303. 11 faut de toute nécessité admet-
tre ce que nous avons dit d'une façon abso-
lue, savoir qu'FAisèbc, en vantant la paix
dont jouissait l'Eglise, n'a |)ailé que de l'O-
rient. Tillemont "bataille pour établir que,
quoiqu'on dise cet auteur, il y eut quei(iues
persécutions à Rome en 285 ci en 286, persé-
cutions qu'il put ignorer «i cause do leur peu
d'impoitance relative, et do la distance à
laquelle il se trouvait du théâtre des événe-
ments. Il vaut mieux dire ce que n. us sou-
tenons : Eusèbo n'a pailé que de l'Orii nt.
En elfet, quelles que fusso'it les dilîicultés
do communication qui oyistassont dans ces
temps-là d'une partie de l'empire à l'autre,
est-il possible que des événements de l'im-
portance de ceux qui s'accompli^^saient en
Gaule passassent inaperçus ? Voudrait-on
soutenir que fout l'empire ne fut pas instruit
de ce grand massacre d'une léj;ion tout en-
tière, fait parles ordres de Maximien ? Et si
quelqu'un pouvait l'ignorer, était-ce un évo-
que placé, comme l'était Eusèbe, à l'un des
premiers échelons de la hiérarchie é.àsco-
pale? Croit-on que dans l'Orioni on pouvait
ignorer la façon dont go.ivernait Maximion?
Il n'y a qu'une concession à faire ici, c'est
celle-ci. Quelque grande que fût la paix uo
l'Ei^lise sous les princes païens, elle n'était
jamais assez considérable, assez, complète,
pour qu'il n'y eût pas de temps en temps çà
et là quelques persécutions isolées. Nous
aivons vu la vérité de cette allirmation môme
sous les meilleurs empereurs, sous ceux qui
se montraieût le plus favorables au chris-
tianisme. D/ins ions h-s cas, il faut adrn'ItrM
(Jiii' Cl- ipii SI- passa dans ces coiiiinenrciiieiil««
riail r(f»nvi(' de Maximioii et non de Dioclrt-
licii. Ce der:ii< T priiirr élail favorable aux
clirctif'is. Vjdériesji lilli-ii sa ranime l'nsc/i,
(^lanl chiélieiines, n'avaieiil pai peu conlri-
biié ,'i ramener Ji CCS scrilimcni*. Il ne faut
pas, comme qu Ipies {uiiiiirs l'ont lait, pré-
ti ihIk» (pi'elle-i étaient amies «b-s cfirélicriS
sus être clirclicnnes e'Ics-mémcs : elles
élaiciil ii'-cllemciit cliréliciincs, pnis(pi'en
ramier .'K)3, il fallul leur faire violetice pour
les (ddigcr A se* souiller (mi sacrilianl aux
idoles. Iti-aiicoiip des principaux cmiiloyés
du palais de Dioclélien étaient chrétiens.
(Véiail alors sinloiit (pic 'l'ciinllicn aurai! [hi
dire : l\()us rcmpllssotis i-os rillrs, vos rtiin-
ptit/nrs, ros palais; si vous le roulions, rn
al)(ui(l(niri(int votre rinpirr, nous frrions au-
tour lie vous la solitude. IMus:eni'S de ces
employés supérieurs eurent le courage et
riionnenr do pré^n'cr h; martyre h l'apos-
lasi(,' : témoins hîs saints Dorolliée, Pierre Pt
(ioigone. Lucien, grand chambellan, était
clirétien, et nous lisons dans une iristnicliou
faite pour lui par I évéïpio 'Miéonas (évoque
d'Alexandrie, de 28S h 300), qu'il y eut d'a-
bord (piel(]nes persécutions isolées sons
Dioclélien, du f;.it des gouverneurs et des
magistrats des provinces; mais que ce prince
devint lrès-favor;ble aux chréti(;ns, et que
sa bonté accorda la paix aux l-lglises. Ce mot
no signi(ie-t-il pas que Dioclélien défendit
expressément de poursuivre les chrétiens?
S'il ne le dit pas, il semble étrangement le
vouloir dire. Ce Lucien, qui jouissait d'une
fort grande considération h la cour, con-
vertit la plupart des othciers du palais. Dio-
clélien, loin de se défier des chrétiens, sem-
blait avoir plus de confiance en eux qu'en
d'autres: il les laissait volontiers, avec satis-
faction même, dans les piincipaux emplois,
et leur confiait même le soin et la garde de
sa personne.
Ainsi qu'on le voit par tous ces détails, il
est évident ([ue tout ce qui précéda la grande
persécution de laquelle nous allons parier,
doit être attribué à Max'mien. Si Dioc et en
n'avait suivi que ses tendances [)ersonnelles
et la pente do son cœur, il n'aurait jamais
persécuté l'Eglise. Peut-être mômcfûi-il de-
venu chrétien. Un père, un époux, se laisse
facilement entraîner aix exem[)les qui lui
viennent d'une lilie, d'une femme. Rien n'est
entraînant comme ces leçons qui pailent au
cœur. On prend si vite les habitudes, les
idées, les croyances de coix qu'on aime !
En;ouré de chrétiens, Dioclélien eût fini
par le devenir lui-môme. Cette conversion
n'était i)Os dans les desseins de la Providence :
Dieu réservait à Constantin la gloire de ren-
dre la I aix à l'Eglise e: de mettre la croix
aupiès de la pourpre impériale. Dioclél en,
lui, (ievait devcn.r persécuteur de ceux qu'il
avait favorisés d'abord. Le démon dont
parle Ei.sèbo, ce démon de la persécution,
qui s'était endormi, "o leveil a, et, voyant
h; prince si l'av. ral)le a se» ei.nemis, la paix
dans laquelle était l'Eglise, l'état lloriisant
511 PFR
du rlirist'ani>mo . ce démon rappela h lui
sa haint^ un instant assoupie, ot pour tenter
un supri^nie et dernier etFort.il suscita fialère.
(Galère, un uionslro de cruaulé, ui d ■ ces
hommes comme on en rencontre dans l'iiis-
toiri» pour la lio-ilo de riiumaiiit/', mélange
do bassesse, île i;klieté, dliypocrysic, cou-
ronné par une férocité de liyén-, i'ul adopté
par Diocli'tien. «pii lui dmia en m;iria-,'e sa
lil!e Valérie. P.Ure, [)uis soldat, t"ial*'re s'était
élevé par les ditrérenls grad sjus(|u'au géné-
ralat. Il fut créé césar ci 292, et eut riiiyrie
pour dé[)artemeiit. Aussitôt (pi'il se vil in-
vesti dune puissance (pii était la puissance
suprême, moins le titre, il en prolita i)our
persécuti r les chrétiens. Lhs autres [>rinces,
si ce n"est Ma\imien Hercule, n'y prenaient
poi it de part. Ce moiislre avait utie mère,
(pli, loin de montrer la douceur et l'huma-
nité qui conviennent aux T rnmes, ne rtu^it
pas d'exciter >on fils, (p'and elle le vit au
pouvoir, à persécul'cr et à faire moinnr h^s
chrétiens. Elle était sanguinaire et suiu-rsti-
tieuse. Tous les jours elle sacrifiait d -s vic-
times h ses dieux. Elle avait habitué son
fils aux mêmes pratiques. Véritable religion
de bouchers, qm fa sait entrer la férocité
dans l'Ame p.ir Ihabitu le du meurtre. Voyez
quels furent les bourr.'aux dans notre révo-
lution française, à cette épotpie ignoble de
93, où la multitude des victimes réclamait
la nniltitudi? des égorgeurs. On les recru-
tait parmi les hommes do hunne volonté ;
ces hommes de bonne volonté étaient pres-
que tous des garçons l)0Uihers emi)lo\és aux
tueries, ou bien des garçons d'ampriithéAlre.
L'homme s'habitue au sang, an cai'iage ,
quind des notions moral s, ithilosophi'pies,
religieuses, ne vien-ient pr.s faire contre-
poids dans son Ame. El -ignez le peiij le,
éloigne/ l'enfance des spect des sanglants,
vous aurez créé des mœurs douces et des
cœurs compatissants. Pr-oscrivez les brutali-
tés qu'on exerce en |)ubli.-. sur les hommes,
et même sur les animaux, et vous aun-z
emf)éché que des hommes, vauriens et mau-
vais sujets d'abord, fr.<n(lii''S(Mit la distance
qu'il y a du voyou llAn.int aux scandales des
ru;s, h l'égorgcur qui rir ane horrili'.eiiu'nt
aux assjissinats politiques et aux tétis rjui
tombent da;,s le panier patriotique !
Les vérités qno nous di-ons ici se m.ini-
fcslent ( lairemml aux regards de l'observa-
teur qui examine les professions diver'sos
dans la société. Voyez la ditr-rinice énorme
rpi'il y a, au mural, entre les paysans, les
jardiniers, par exinuple, et les bouchers et
les g.irrons d'arn|ihilliéAtri'. Passuns.
(ialèie n'avait nas d'in>truL'lion. Il n'avait
que dos habituiles, et commn il les avait
prises î\ sani;iiin,iire éeulc. sucées pour ainsi
dire avec le lail d'une fi-mme cruelle, ri fui
ce que ces haluludes le firent, un hoinmn
sanguinaire et lAchemeiil inhurn.iin. Ce fut
dans "«on gouvet nenienl d'IMyrre rpr'il fil
soulfrir aux .soldats un»; cruelle | ersécuiinn,
en l'an 20H, après sa viduire sur les Perses,
viitoire qui le rendit exlrèmeii\frit orgueil-
leux et allier. Le général (j[ui fut préj)osépac
PER
51 i
Galère pour expurger l'armée des soldats
chrétiens leur proposait le choix e'^tre la
perte de leurs grades ou dignités cl l'abju-
ration, beaucoup eurent le malheur de suc-
comber; mais il y en eut un grand nombre
qui résista courageusement et qui mourut
pour la foi en versant son snng. Beaucoup
furent privés de leurs em[)lois. Ce général,
dont il est fpiestion dans Ensèbe, est proba-
blement ce ni que saint Jérôme appelle Ve-
turius. Eusèl)e dit (pi'il y eut |)eu de martyrs
dans cette persécution des soldats par CfalèVe.
Cependant, s'il faut en croire les .\ctes de
saint Andi'é, iis furent assez nombreux.
Pendant que l'Illyrie était en [iroie h la
persécution , l'Orient jouissait d'un repos
qui devenait fatal à l'Eglise. Les haines, les
jalousies, les disputes, y semaient le scandale
et y entretenaient un esprit compN'tement
0">posé au christianisme. Dieu permit que
l'Eglise îùt à la fois punie et régénérée par
la persécuiirm génér rie, et ce fut (îalère oui
excita, qui détermina Dioclétien h lancer ues
édits de p-rséculion. On prétend que Dio-
clétien fut disposé h faire ce que lui deman-
dait Galère, par l'aveu que tirent ses dieux
de la puissance qu'avaient sur eux les ch.é-
tiens, et de l'infériorité que devant eux et
leurs prières ils resscn'aient. Au commen-
ment de l'an 303, Galèie vint passer l'hiver à
Nicomédie ave ; Diocl '-tren , p.our l'engager à
lancerces édits contre |f^" chrétiens. Ceprince,
qui était un gr-and j)oliti.jup, hésitait et refu-
sait de ren lr(î des é lits gén^iaux, prévoyant
bien le froiible universel «nie cela 111311 occa-
sionner. Il voulait se borner à i;iterdire la re-
ligion chiétienne aux odiciers. aiixemplo. es
du pdais et aux soldats; ninis G.dère ne se
rendit pas h ses raisons, ei lit tant (jue Dio-
clétien se décida h porter l'alTaire en conseil,
afin de se décharger de la responsabilité mo-
rale qu'elle entraînerait pour lui. Les gens
du conseil, qui voyaiei t déjà baisser l'astre
de Diodélicn et monter c lui de Galère,
se firent ses complaisants et opinèrent sui-
vait ses désirs. Hiéroclès fut un des plus
ardfMits h conseiller et à demander- la persé-
cution. Dioclétien ne se rendit pas encore, il
vu .lut de nouveau consulter ses dieux. Il en-
voya il .Mil l deminder le sentiment d'.Vpol-
lon. Il est bien évident que l'oracle, ou plutôt
ceux qui lui servaient de truchement, étaient
troj) infi-ressés h être de l'avis du conseil,
pour en iliuiner un dill'érenl. L'avis raj)-
pnrté de Mi let conclut donc h la persécu-
tion g'irérale. Dioclétien n'hésita plus, et
signa les édils. Stnilement il demandait qu'on
épargnAl le sans,', tandrs (pie Galère voulait
que tous ceux iiui refuseraient de sa( rilier
fussent broies vits.
Ce tut le 23 fi'vrier rpie li j^ersécution
comiiKMicn, le jorrr de la t'êie pan-nne des
Termes. Veut-être avait-on voulu jou^r sur
( e mol et donner h corn rerrdre que cette
per>é ution ser'ait le terme ou la lin (ie la
relif^ion cliréticnne. On se trompa éharige-
iie ni, car jamais l'Eglise ne trioui|)ha avec
)>liis de magnilicence. Dix ans durant, de-
bout sur tous les chauiii^ de bataille oi^
«ir-
vm
i'i;u
.14
J*ji|)|>rl,i la liirciir iln |iiip,aiiiMiic, elle IiiUm
corps h corps «vcc les pii'ssa.'U'cs du sirclc;
t()li()ilis (Iclxilll, clld Inmva dans ses l)l«vs-
stiiivs .sans ccssii d(> noiivcllcs lorccs. Lo
sang (pii coiilail dr ses plaies élail pour cllo
çci (pi (vsl pour l'arhn' idli'fr la roséi; des
cirux. l'illc s'y drsallriail cl y puisait sans
ccsso uno iiouvcllu ardeur. Dans ces luîtes
giga'ilesipies (pie soutint ri'-j^lise, ce (pi'il y
uvail do reniaitpiablo, c'esl (pio, |)our itvs
païens eux-iiu^iiies, lu vi(!loiro consistait h
()l)l(>nir rahjuiation, et non pas ;i l'aire mou-
rir. CJiatpie mort au co'Uiaire éliiil nu
triomphe cl les persi'-cuteiirs le savaient
bien, puis(pie souvent, ainsi (pi'on |ieut lo
voir en |iareoiiranl les fastes des martyrs, i's
voulaient co'diaiiulre les ("lirétiens à paraitio
sacrilier. l*eu leur importait lo coiisenlemeit
du cd'ur, poui\ Il (pie la main eiU l'air d'a-
voir oM'\. Ils les irainr.ie'U h l'autel, et 1.^,
sur leur main (MiMidue au-drssus du brasi r,
ils nietlaient de l'encons ou de la cli lir. Ou
en vit ipii so laissiironl hri\ler la main dans
collo douloureuse position, plut(^t ipie de
ri(Mi laisser tomber. D(*s le malin de ce jour
mémorable, le préfet du |)r('toire, acciujipa-
gné (!(> généraux, vint in(5pinémeut à réj,lise
de Nicomédic. Cette église était située près
du palais, et exhaussée su-r une sorte de
piédestal. Il en lit enfoncer les portes, et y
chercha (mais inutilement) (juehiues ligures
du Dieu des chrétiens. On y saisit les livres
des Ecritures saintes et on les brûla : les
deux souverains étaient aux fenêtres du
j^alais, considérani ce ([ui se passait. (^lalôro
voulait (ju'oii mit le feu à l'église i DiocléliiMi
ne le voulut pas, parce (]u'ello (';!ail conliguë
à de gr. luis éiiitices cl lro|) voisine du j)a-
].(is. Les prétoriens y furent e ivoyés pour la
démolir : ils y vinr( nt en ordre de b;i;ai!le
et reliront b cnlot n>nversée. Dès le lende-
mai'i 24, les édits furent promulgués. Le
])r(>mier, qui est le plus célèbre, i rdo'inait
qn'on privai tous L's chréiiens de leurs char-
ges, d.; leurs honneurs; disposait qu'aucun
ran.; ne pourrait les mettre à l'abri de la
»luestion; que les juges eussent à ai.'corder
lOc.lei) les demandes qui seraient intentées
co-ilre eux, et qu'eux, au contraire, ne se-
raient reçus à nea demaiuler en justice, ni
po-r violence, ni pour adullère , ni pour
quoi que ce pût être. Ce même édit ordon-
nait de démolir les églises, de brûler sur les
places publi([ues les livres des saintes Ecri-
tures, il fut défendu aux chrétiens de tenir
aucune assemblée. Tous les lieux consacrés
à leur culte, h leurs réunions, à leurs sépul-
tures, durent être saisis et confis({ués. De ces
bi. ns beaucoup lestèrent au ti>c; quelques-
uns furent vendus, d'autres donnés. On sai-
sit jusqu'aux biens qui ne servaient pas à ces
usages, maiscjui avaient été mis en commun,
soit par les nouveaux convertis, soii par des
person-ies pieuses qui faisaient des dons
pour ;/Ourvoir aux besoins de leurs frères.
Bien que ce premier édit de Dioclétien ne
p( riAt pas la i)eine de mort pour cause de
chrisliaiii^me, il fil néanmoins [jliisieurs mar-
tyrs parmi ceux qui rel'usèreul ue livrer les
saintes Ecritures, et ipii pour colle r;aus(! /ji
retii (;o iihimiK's h mort. A |ioini) cet édit
l'iil-il afliclK- d/nis la ville, (pTuM lioiiime con-
sidérable, nomme Jean, se .>niita il .saisi d'iiiio
sainte indignation, le lacéra et le foula aiii
pieds. Celle aclion, compl.-lciiKVil en dehors
dos règles ordinaires, s'.\| Inpic, comme uni;
inlinilé d'autres ipie l'I-lgliso a a|iproiiveos,
en adiii 'liant une inspiration parln iiliere do
Dieu, (à- cliretieii lut saisi et immédiato-
iiunit mis à moii. Il périt par h; U'u, après
avoir eiidiirc' d'airoc.s toitnr(;s.
(À'ile liaiiliessevxaspéia au derniiîr point
h! vieil empereur, (ialère triompliait ; mais
son tiiomphi! ne lui paraissait lias siiHis.uil.
Comme on vient de le voir, l'odil de peisé-
cution prodiiisait bien (pielqiies inarlyrs,
mais à c.'t liommi; fi'roce, c'ét.iit h; sang d(!
tous les chrétiens (juil fallait. Pour contraiii-
dro Dioclétien à faire ce ipi'il voulait, à dé-
cn'ltn- le carnage et la mort, il résolu! de
l'irriter contre les chrétiens au point de h;
forcer <^ décréter contre eux les dernières ri-
gueurs. Il lit par ses g(nis mettre lo fou au
j)alais do Nicomé.lio. Oii"'hliies-uns préton-
dent (ju'il lit entretenir celui que lo tonnerre
avait allumé. Calère [)ublia (|ue c'étaient les
chrétiens (jui étaient les auteurs de cet em-
brasement, et le vieil empereur le crut.
Exalté par la fureur, il lit mettre h la ques-
tion tous ses ofticiers; il la leur lit donner
sous ses yeux, n'ayant pas honte de désho-
norer la majesté impériale dans sa personne,
en assistant comme un bourreau h ce spec-
lacie. Galère était présent, entretenant la
colère do I empoi eui-. On ne découvrit rien,
pan'e qu'on ne songi a pas même à inff)rmt'r
coiilre les gens de (jaiè.e. Au bout dequin/e
jours, il y eut un nouvel incendie. L'au-
teur en était encore Galère. TwUios les re-
cherches naboulirent à rien. Dio.lét en
quitta Nicomeuie, en disant qu'il s'enfuyait,
de peur d'ère brûlé par les .;hréliens.
A partir de ce moment la colère ei. la fureur
devinrent son état liaoïluel. li contraignit sa
femme Prisca et sa hlio Valérie h sacrilier
aux dieux. Les eunuquts saint Pierre, saint
Gorgone et saint Doioihée fur.nt mi- à
mort pour la loi. Bientôt la persécution
s'éiendit à toute l'Eglise de Nicomédio.
Saint Aiithirae, évê-iue de cette ville, eut la
tète tranchoe, avec un grand nombre d'autres
saints martyrs. On biùla une UiUltitude de
prêtres et ue fidèies. On les réunissait par
troupes; on j'iac; àt chacune u'elles dans un
bûcher et on y metlait le feu. Les esclaves
étaient jetés dans la mer avec une pierie au
cou. Beau( oap de chrétiens furent tués à
cou, s d'épée, beaucoup mis sur des barques
et noyés au loin d.us la mer. Dans tous les
temples il y avaitdes juges pour contrai idre
tout le monde à sacrifier. Quiconqtie se pré-
seniait à un tr bun.d pour demand-r justice
était forcé de sacriuer à un autel érige dans
son enceinte même. La quandlé de chré-
tiens qui soulirirent à Nicomédie est très-
considérable.
Dioclétien donna avis de Fédit qu'il ve-
nait de porter à Maximien Hercule son
515
FER
PER
S16
rollf''gue, et h Constnnre, afin qu'ils en cxé-
culas»ont de lour cùlé les dispositions. Le '
[Tcmipr, Irouvant ce qu'avait f;nt Dioi lética
conlonne à ses id6t>s et h son naturel féiofc,
se hiUa d'appliquer l'éflii en Italie et eu
Afrique. L'édit ipii ordonnait la di^molititju
des t^g,lises fui pr()Muil^.^ué en Egypte et en
Palestine vers la fête de PAques. En quel-
ques lieux on Texf^ruta le 10 avril, jour
mùme de la Passion de Notre-Seij^neur Jé-
sus-Christ, notanuiient à Antioche et h T,\r.
En Afrique, l'édit fut afliché partout, et
signitié a\u juges et aux magistrats. A Cirlhe
en Nuniidie, il s'exécutait le 19 mai. A Thi-
bare dans la Proionsulaire, il ne fut affiché
que le 5 juin. 11 y allait de la vie des magis-
trits qui auraient Ia;ssé un chrétien sans lui
orlonuer de livrer les saintes Ecritures.
No'i-seulement on brûlait les églises en
Afrique, comme cela se fit à Zama et à
Furnes, mais encore il était prescrit d'eu ti-
rer les chaires et les Ec.itures saintes pour
les brûler publiquement. Les magistiats,
les juges, étaient tenus de se transporter
chez les évé jues et autres ecclésiastiques
pour y saisir les richesses des églises; ar-
gent, vases sacrés, ornements de toutes sor-
tes. On menaçait de mort et on fa sait
mourir ceux qui cachaient toutes es choses.
Beaucoup d'entre les ecclésiastiques et
d'entre les fidèles commirent l'allreuse im-
piété de livrer les saintes Ecritures et les
biens des églises, pour se soustraire à la
persécution. On les nomma traditcitrs ,
comme ayant trahi et livré les sa ntes Ecri-
tures. Fundauus, évéque d'Abitme, dans la
Proconsulaire, Paul, évèquede Cir'he, furent
au nombre de ceux qui eurent le malheur
de commettre ce crime. Un grand nombre
ne suivirent pas ces tristes exemples, et doii-
nèrent avec courage leur vie pour ne pis
obéir aux injonctions im[)ics des magistrats :
aiiisi Ftlix île Tliibare. il y eut l)eauc.)up ilo.
chrétiens dont le courage, s'exallant jusqu'à
reuthousiasiu", les poita î» se pri^scnler eux-
mômes devant les nngistrats, pour déclarer
qu'ils possédaient les saintes Ecritures, mois
qu'ils ne les livreraient pas. L'évùque Men-
sarius, qni gouvernai, alors l'Eglise de Car-
thage, s'élève avec raison contre cette ardeur
exagérée. Il condamne ceux qui s'exposent
d'eux-mAines à la perse, ulio i : Qui atnat
pericnlinn pcribil in illo. Nul n'a le droit de
chercher h; danger el de .-^'y exposer. C'est
en quelque sorte tenter Dieu. .Meusurius
avait raison dune i'a»;ou géDéraln; cepen-
dant il faut dire (juo dans ces temps où tant
de chutes venaient atUiger l'Eglise, il f .liait
de ces choses extraordinaires et frappantes
qui uiaintinssenl renlhou>iasme des liilèles.
Il fallait de ces sublimités de courage <iui
fussent \\ h.iul-'ur d'exeincle pour lous, et
oui d innass ni à rEgli->t' allligee par tant de
(Jé^erlions honteuses les consolations qui lui
étaient n^ces.saires.
Une ( hose triste A d re, c'est ipi'au milit.Mi
do ce drame où se déi>altaieiil hs intérêts
de la vie d'ici-bas et de la vie éternelle, do
mesquins intérôts, d'atrreu;ics jnu^leiies
trouvaient aussi leur place. Quelques-uns
s'ex[)osaienl à la persécution, parce qu'ils
étaient lassés de vivre et qu'ils trouvaient
ainsi moyen de se défiire d'une vie à
chargf^. Dauttes , débiteurs du fisc ou
di'S particuliers, s'imaginaient ôlre quittes
ainsi. Qu'-lques-uns, dans leur foi sans rai-
son, pensaient qu'en faisant quelques mois
de prison, ils se purgeraient des crimes qu'ils
avaient commis. D'autres encore étaient
bien aises d'être en prison, pour y recevoir
les largesses et les soin> que venait leur pro-
diguer la charité des fidèles. Toutes choses
tristes, irréfiéchies ou ignobles. Mensurius,
qui blâme avec raison tout cela, fit lui-mêmo
avec des intentions louables une chose en
soi coupable et qu'on eut raison de lui re-
procher. Il raconte qu'il cacha les Ecritures,
ipTil laissa h la place tous les mauvais écrits
des hér. tinues, tous les livres condamnés,
quil ava.tdans sa no-session. Ces livres fu-
rent saisis et brûles. Evidemment. Mensu-
rius eut tort d'agir ainsi, car les païens pu-
rent croire qu'il avait obéi à leurs comman-
dements; d'un autre côté, ceux des fidèles
qui n'étaient pas plus que les païens dans le
secret de cette tromperie, durent être scan-
dalisés de voir agir un évêque ainsi. Somme
tout • , ce ne sont pas les Ecritures qui
siiuifrent d'être brûlées; en fait, peu importe,
quant à elles-mêmes, le traitement qu'on
leur fasse. Tout le mal est dans la mam sa-
crilège, qui le commet, dans la volonté qui
permet qu'on le fasse. Quand cetie volonté
semble pour tous l'avoir permi'^, et cela par
sa fauie, le scandale est ie môme. Quelipie
temps après, le proconsul .Vnulin fut averti
de cette supercherie, mais, quoiqu'on l'in-
vitilt, il ne voulut pas aller chez l'évêipio
pour saisir les véntaliles Ecritures, les livres
(ju'on avait su soustraire à ses premières re-
ciierchcs.
Dans les autres provinces on abattit les
églises, on brûla les livres saints. Dans les
(iaules elles-mêmes, où Constance ne vou-
lut pas taire exéruter les i-dils dans leur ri-
gueur contre les personnes, un certain nom-
bre d'é.,liscs furent fermées. Dans la Thrace,
à Uériclée, l'église resta ouverte jus |u"à la
fin de l'année, épo .ue à laquelle elle fut en-
tièrement démolie, et enfin brûlée avec les
saintes Ecritures. Dans la (jrdatie, quoique
le gouverneur Théocti'ie fût eiuiemi acharné
dt s chrétiens, (jnelipies églises se .leuient
furent fe niées ; 1 s autres restèrent ouver-
tes et à la disposition des lidèles. Voilà à peu
près, en somme*, ce (pii regarde l'exécutioi
de l'édit du 2V février. Mais cet édil ne suf-
fisait pas à (lal re, (^ui obtint, comme nous
lavons dil, de Diocleiien, d'autres édils plus
tr lels. (Ko»/. QnoMt.J Quelque lemps a, rès
l'édit (pii reg.irdail la destruction des égli-
ses et tles Kcriluies, une révolte eut lieu
dans la Mélitène ou petite .Vrménie ; on en
chargea les chrétiens, et un second édit pa-
rut contre eux. Il oidonnait l'arrestation de
l(jus les évêques el ecclésia.stiques. Les pri-
sons furent tellement remplies, qu'il n'y
■ resta plus de place pour mettre les crmiinels.
B17
PFR
nu
niR
Prosquc imiii('Mlia(omonl «pr^sro spoond ('dit,
il (VI |)iinil in li-iiisiAiiii*, ijiii onloi'wtil do
ri'IAclicr Idijs n'U\ i|iii i-laicil en ihi^dii, h
l'oiidilioii ([u'ils .si\crili(M'»i()iil;dMiiMl(uascoii-
Iraini, d(^ li's loiinnciiliT par (dus les siip-
jdiros iniii^iii.ililt'N. jusiiu'à ciuiiriU ((j'iMn-
lissoiil h Ir l';iii°(). IM;iliuMinni.si>iMi>Ml l)('/iiiciiii|)
oU/'irciil. C.lii'/. lin ^raiid iioinhru, les piiva-
tioiis, lo si'joiii' dans la prisKii, les loiliiios
uvaicwit Hll'ailili rriicr^io iiioralo ol |ili\.si(|iio,
(Vosl ici II' lion do citrroo (|ii'ImisM)ii dil
do colli^ poi'sôciilion. (lotlo I(»iil;iio cilalioii
oocflsioiiiiora pciil-cNlrodos rodilcs. Nous pas-
soroijs pai-dossiis cet iiicoiivôiiiiMil, dans l'a-
iijoui' (1110 nous avons pour les rôcils ori^;;!-
nanx. Coiix ipii voulont iiiio liisloiro cons-
cionoiousts M"' ooniprou'ioMl co ipio doit
êiro une hisloiro dos poisiH'Ulions, no trou-
voronl pas collo cilalion liop ôlonduo. Los
piùcos aulhiMiliipios sont los tn'sois dos liis"
torions ; pour riiislorii'ii dosc!ios s sainlos,
co doit l'aire ([iiolipio oliose do sncn^.
Jlistoitr de la persc^cution de Dioclélien et de
JUa.rimien, écrite par Eusèbe (llisi. écoles.
]ib. viiij.
1. L'an de Jésus-Christ 303, et le dix-neu-
vième du régie do Dioolôtion, au mois de
mars, ot (|uok|ues jours avaui le diiiiaiche
de la Passion, on publia dans tout l'empiro
un édil qui portait que los ôglises des chié-
tiens soraicnt abattues et rasées jusqu'aux
fouibjnciUs ; quil serait fait une porcjuisi-
tion exacte dos livres sacrés, pour ôtro bril-
les, et qu'à l'éj^ard des chrétiens qui refu-
seraient do renoncer au christianisme, les
Derso'inos de co idilion seraient notéos d'in-
: amie ot le peuple fa t esclave. N.ius fûmes
es premiers contre qui l'édit fut exécuté.
Vlais peu de tem[>s après il arriva de nou-
veaux ordres, qui portaient qsie tous les
évoques seraient mis aux fers, et qu'ensuite
ils seraient contraints par toutes sortes de
moyens de sacrilior aux dieux.
2. Alors on v.t un très-grand nombre de
saints prélats souffrir avec joie les supplices
les plus alfreux, combatire vaillamment à la
vuii des hommes et des anges , et donner
d'illustres marques de leur constance ei de
leur lldélité envers Dieu. 11 est vrai qu'il y
en eut aussi plusieurs qui, vaincus par la
crainte et à demi déTai s t)ar le sr [)ro|)re fai-
blesse, se rendirent lAche.nentà la piemiè.e
atlaque. Mais enfin la plus grande t ariie
soutinrent avec uue fermeté merveilleuse les
tourments (ju'on exerça sur eux en cent ma-
nières diverses. L'on déchirait les uns à
cou;)S de fouet, on découvrait les entrailles
aux autres avec des ongles de fer ; plusieurs
perdirent la vie par ces deux genres de sup-
plices. D'au res combattirent d'une autre
manière : on enlevait celui-ci et on le faisait
entrer malgré lui dans 1 î lieu ou l'on sacri-
liait aux idoles ; et, quoiqu'il eût toujours.,
refusé de sacritier, on ne laissait pas de pu-
blier qu'il avait sacrilié. Celu;-îà, (luoicm'il
n'eût pas même approché de lau.el, était
accusé par des gens a()ostés d'avoir donné
de l'encens aux dieux; et, soutirant en si-/
lence cette calomnie, il se relirait conten'
d'avoir Di(Mi fiour lénioin de «on innoronce.
Il V on avait qii'r)!! arrachait dot toiiniicnis
à di'iiii morts , pour les porlcr au pied de
l'aiilcl, où on h^sjelailrudniionl .sur le |)avé.
Il y on av«U .raiilics cpn so couch.iK.Mit par
trrni, i«i résidant dn hjiili) Irur lorce, s»
I. lissaient tinhior pur los pK-d.s un long es-
pace de clKniiiii jusipiaii l<Miiplc. L'un pro-
lolail haulinnoiit (pi il ii'.ivaii januiis sacri-
lié, et (pj'il no sa( riTHMviit janiais. Je .suis
clnélicii, s'écriait l'autre, et je lai.s gloire
dru |)ort(n'le nom et d'en confesser lu sainte
foi ; mais ces gé léroiix confesseurs élinni
aussil("it eiivironiK-s [lar une troupe de salel-
iites, qui h; liappai(!iil sm la IjoucIk;, leur
ca.ssaient los dents, et leur numiUissaienl hj
vi.sage avec lo poing, qu'ils rotiiaie it t()iil
ensanglaiiié. Tous (;es en lomis do notre re-
ligion croyaient avoir remporti! un grand
avanlage, s'il paraissait ipio les chrétiens
eu.ssont fait co qu'ils souhaitaient avec tant
d'ardeur ipi'ils lisscuit. .Mais tous ces artilices
leur servi, ont do ()eu, et ci; ne fut (pi'.'i leur
honte (pi'ils les omployèi-ent contre ces saints
martyrs, dont les glorieux exploits sont en
si grand nombr •, (ju'il faudrait plusieurs
volumes pour les pouvoir rapporter tous
dai.s un détail exact.
3. Mais ce ne fut pas seulement depuis
que la guerre eut été déclarée h l'Eglise que
ces hommes a Imirables (iront paraître ce
zèle ardent (jui les consumait pour la gloire
de Dieu ; ils l'avaient déjà fait éclater durant
la |iaix. Cardes ce temps-là le démon, que
le monde reconnaît pour son prince, sortant
comme d'un long sommeil, et voyant que
l'Eglise, après la persécution de Decius et
do Valérien , jouissait d'un assez grand
calme, il entreprit de le troubler. Pour cet
eilet il se mit à tendre en seciei des pièges
à quelques chrétiens, n'osant pas les atta-
quer tous à la fois et ouvertement. Il com-
mença par ceux qui servaient dans les ar-
mées, essayant sur eux sa foice et leur por-
tant ses premiers cou.js, ne doutant point
au reste (pi'il ne vînt facilement à bout Jes
autres , s'il pouvait se rendre maître de
ceux-ci. En etfet, on vo.ya.t alors nn tiès-
grand nombre de soldats chrétiens quitter le
service et embrasser une vie retirée, pour
n'être pas contraints d.' renoncer à leur reli-
g ou Car un des généianx de l'armée ro-
mauie (Veturius), s'éta H mis e i tète de per-
sécuter les chrétiens qui servaient sous lui,
il commença à en faire une exacte recherche.
A la vérité, il 1 ur laissa le choix ou d'obéir
aux ordres de rempereur, c'est-à dire de re-
noncer au christianisme, ou d'être dégiadés.
Ce fut le paiti que prirent presque tous ces
seiviieiirs de Jesus-Chnsl. Ils ne balancè-
rent pas un morne it à piéférer l'honneur de
coniessor son nom à celui qu'ils avaient ac-
quis en portant les armes et aux récompen-
ses que leurs belles actions leur pouvaient
faire espérer dans la suite. Il y en eut peu
qui pour une si bonne cause ne fussent prêts
non-seulement à quitter leur dignité et à re-
,noncer à toutes les espérances du siècle,
'mais aussi à perdre la vie et à répandrejus-
SI9
PER
PER
520
qii'h Kl dornièro goutte do lour sanp;. Il n'y
en put pas toutefois l)oauco;u> do K'paii lu
dans res coiumencemeils. par-e que celui
qui avait juré la ruiiif i! rÉ^lise, ciriayéde
la multitiido des tidoles , et n'osanl pour
ainsi diro attaquer tant de bravos j^fiis dont
il redoutait le nombr»^ et la valeur, les o|)ar-
gnaii ; mais e ilin, dès qu'il ne ^arda plus do
mesures et qu'il leur cul déclaré une guerre
ouverte, on no saurait dire ccuibien de mar-
tyrs il sacrifia à sa haino, et (}uels ruisseaux
de san^^ on vil couler dans lojles les villes
de l'empire.
k. Car redit contre les é^çlises n'eut pas été
plus 1<M p iblié à Nic< médie, qu'un homme
distiui^ué par «a naissance et par un rang
considérable qu'il tenait dms la province (1),
animé d'un gra'id zèle et poussé par un dé-
sir ardent de signaler sa loi, alla en plein
jour arracher cet édit, qu'on avait aRiché à
l'ondroit de la ville le plus apparent, et le
déchira comme étant impie et injurieux à la
souveraine majesté de Dieu, quoiiju'il y eût
alors à Nicomédie deux e:ni»oreurs, le pre-
mier et le quatrième (Diocléiion et (ialère).
Cette action, qu'on traita de crime de lèse-
majesté et de sacrilège, ayant fait un grand
éclat, celui qui en était l'autour fut prisaus-
silùt et soullrit tous les tourments auxquels
il s'attendait sans doute, après un attentat de
cette sorte, et il les soullVit avec une joie et
une tranquillité qu'il conserva jusqu'au der-
nier soupir.
5. Mais de tant do martyrs qui, parmi les
Grecs ou parmi les bi'.rbares, don lèront d'il-
lustres marques d'un courage invinciijie et
d'une fermeté Inébranlable, s'il en futjamais
qui méritassoit touie m)tre admirali'»n, ce
lurent sans doule ceux que la (;ersécu;ion
que je décris enleva à l'Eglise : un Dorothée
et ses généreux compagnons, tous olliciors
de la chambro des emi»ereu.s. Ces hommes
iiicompaiablos, malgré les giV.ces continuol-
le> (Jonl los empcrours les «-omblaiont, mal-
gré les i)rérogatives que la f;iV"iir où ils
étaient au|)rès d'eux avait atljchéos à leurs
charges, iiialgié la bioi.veillance ipie leur
portaient ces mailros du m •ndo, jUMju'à los
IraittT êoanne s'ils eussent eu l'iionnour
d'être de lour sang, distinclio i si glorieuse
et>i |»ropre h séduire des sujets; ces fioinmos,
d s-je, osèrent résister à quatre emoercurs,
et, loulaiit aux pieds gloirr, plaisirs, faveurs,
ils profèrent avec joie, à tous ces avant.tges
de 11 fortune, h'S alfionls, les opprojjres,
l'exil ème misère, los diverses sortes delour-
lue Us pio la fureur dos tyrans invenUi contre
eix, la mort même, et la j>lus crunie de
loulo.-. et tout cela |>our la iiéfons<i (i<^ la rc-
(l) Ailon. tsiLinl el les aulros r.ii>ouis ilo Mariy-
n)litj;es l.'iu iii«!iiioire de rc marlyr le 7 ^.■^tlollll)ro,
MHS If iio.ii (If Ji'.iii. IIi'.iv li.iiiiis rroil (]iu' o'cst It;
C'lt;t>io iii'T'jr s.r.iit (ifi(ri,'c ; in,ii> li> soaiil Bit -
liue . «laiis .vs in)l<'> Mir l.u l.iiicc . roj- tO" 1 imr
cl r^iilr»' opinion. l'.erl:»iiit'in.'ni l'aut.'urilf la Chio-
ni'nu" pas* .lie in«'l winl Georgf s.nis \ c iipire »i«
(,.iru^ »n tic iNuiui'riPn. Au resti' , Lariancr l<>iu'
non I aaioii m- <f n«'iitTeii\ < hntii-ii , mai» v)n
xel«> «t uilc uoblc ardeur qui la lui lit culrc-
preutire.
ligion qu'ils profes«aionl. Je ne rapporterai
it I (jne le martyre d'un soûl de ces excel-
lents nommes , alin que le lecteur puisse
juger, par le ré» il des tourments que celui-ci
endura, qu ds furent les lourmenls qu'on fit
soulTrir aux autres. Ce fut donc à Nicomédie
(pi'on pro iui>il ce chrétien, on f)résenic <ies
empereurs et d'une fouh- de peuple qui était
accouru à c; spectacle. On lui ordonna de
sacrifier aux dit'ux, et, sur le refus qu'il en
lit, on ledé()iiuilla de ses habits, on l'éleva
fort haut, 1 1 on le laissa ensuite retomber
sur le [)avé, où, quoiqu'il fût déjh tout brisé
de celle chute, on ne laissa pas de lui dé-
charger une infinité de coups de b'ion, rpii
lui entamèrent la chair en plusieurs en-
droits. Mais lui, demeurant toujours ferme et
constai.t dans son premier refus, on ver-a
du sol et du vinaigre dans ce nombre prodi-
gieux de plaies, qui laissaient voir les os
à nu. Les horribles douleurs que cela lui
causa ne rébranlèront seulomeul pas, ce qui
fit (pi'on apporta du ;eu et un gril, sur lequel
on mit le reste de ses chairs, de la même
manière qu'on fait cuire de la viande; on ob-
serva seulement de n'y mettre qu'une partie
du corps à la fois, qu'on ùtait, puis on la re-
mettait, pour faire durer plus longtemps
cet etfroyable supplice, cl do peur qu'une
mort trop prompte ne le fit trop ttit cesser.
Mais tout cola fut inutile; le martyr, victo-
rieux du feu, de 1 1 douleur et dos tyrans,
expira sur ce ht atfroux, sans avoir fait pa-
raître la moindie faiblesse. Ainsi finit la vie
de l'illustre Pierre, ollicier de la chambre des
enipereu'S, digne, cortos, du n'»m iju'il por-
tail (1). Nous ne dirons rien des tourments
qu'on fit endurer aux auties, (Quoiqu'ils ne
soient on aucune maïuère inf'rieurs à ceux
((uo lit) s venons de représtniler. Nous nous
coniei;te;ons d'ajouter que Dorothée, Gor-
goiiius et les aulros olliciors du pa:ais, après
avoir coiubattu généreusement, fin enl étran-
gles, el fournirent ainsi leur carrièrt'.
tj. Anihime, èvèipie de Nicoméii.e, eut
en ce même temps la lêlo coupée au milieu
do sa vi K- épiscopale, [)our avoir conf. ssé
J.^>us-Chri^l y'2). Pre>que tout son troupeau
e ulura la mort avec lui ; car le feu ayant
pris au palais impérial par je ne sais tpiol
arc. dent (3), le bruit se répandit in un in«*lanl
tpi" los ciirélions élaiLUi les a tours do cet
incendie: et tjuoitjue la seuie ha no tj.ron
leur portait oui faii naître un soup<;on si in-
juste, los empereurs voulurent que loul ce
(I) l.'KjJîliso lalini' Cfli'brp la r-tf lit- te niarhile
M mars, fl fflle de ^ullll Uorullicc cl de ^ailll Gor-
goni ts ie9 si'piemlire.
(.) I.e'i.") uM-ildaas l'Eglise bline, elle 3 septembre
clii/. lesGreis.
[7t) Katiame liit q'ie le feu ftit mis au palais par
l\ir«lre exprriitle Ma\iniion, tini li: «mi meii.c leaips
courir le Itriiii (|ue les rliretietis eUiienl les aulears
tie eet euibr.tMMtniit. alin '.irntei- conire eux Utv
tlflien, tpii vmlii.tit se relaiher beaiir;)iip :> leur
egartl, i:e ijui ne pi.iisail iiiilli ment an eiiiel Maxi-
mien. Oenièine priiuf, i|iiin/.e jours apr.'see preniier
iiicenlie, en ext ila enct>re un seeonti, dtuil il <ii pa-
ri iMom.Mii.om'H-r 1- boiij)t;oasur Ics clirciicuâ ; puiîjil
âorlil de iNicouiodic.
KSI M'.rt
qui se trouvorait «liiiis la ville d'adorahMirs
<Iii vrai Dieu |H'i'ff |>.ir le Ter cl |t.ii' lo l'eu.
l'A ((Ule oiddiiiiiincc ciivclumiail dans la
iiuMno pci'K! dos lamillcs cnliiMcs, sans dis-
liîiclion dV s('\(> ni (rA;:,c. On ne pcnt ('\|iii-
iiici- av(!C (Hi('ll<> joie, avec (jnci cnipn'sso-
inciil des tfonpcs enli^res d iionnucs (it (1(5
IVinnics /diaicnl |»i'('s(>nlcr leur («Me h IN^pée
des iMun-it'.iuv, et leurs rocps ;ni\ tl nnines.
On los voyait, agiU^s d'une sainte fureur, s'il
(si permis de |tai'ler ainsi, (|iii .ivait (puîl(|iie
(•li()S(Mle divin, se piéeipilcr dans les IxU'luîrs
ardents (lu'on avait allumés dans toutes les
rues d(> Niconiédie. Outre ceux-liV il y en
eut un Irt^^s-ij^i-aud nondtnî (pi'on encliaina
doux h deux, et dont on cliargcN» dc^s barques
enli('*r(>s, (pi'on lit (-(udei- h fond (I), après les
avou' CfUiduiles en pieuii' nier.
7. Quelipui teuips apri^s ce furieux ora^o
(]ui dépeupla ri"'t;lise de Nii'Oiu<Sli(\ deux
«>lliei(Ms de l'aruK^'e so rtWolli'rent et vou-
lurent s'emparer do l'oinpire, l'un h Méli-
(("-iie en Arménie», et l'autre ^^ SéhMieie, ville
de Syrie, (lela donna oeeasion h la publica-
tion d'un nouvel (5 lit, par le(|uel il était en-
joint aux magistrats de so saisir des évé(]uos
ot des autres nunistres de l'Kgliso, partout
où on en pourrait découvrir, ut de les mettre
prisonniers, Kt connue on en arrêtait tous
les jours un très-j^rand nombre, les pi'isons,
qui jusqu'alors n'étaient que pour les homi-
cides et les sacrilèges, se trouvèrent en peu
de l 'Uips remplies d'évô(jues, de pr(}trcs, do
diacres, de lecteurs et d acolytes ; e;i sorte
qu'il n'y avait |)lus de place pour ceux qui
étaient convaincus de véritables crimes.
Cependant ce premier édit ayant été bientôt
suivi d'un second , qui ordonnait que les
prisonniers fussent élargis en cas qu'ils vou-
ussont sacrifier, mais que s'ils en faisaient
a moindre didiculté, ifs fussent à l'instant
même appliqués à la torture , on ne peut
dire combien de saints endurèrent le mar-
tyre dans toutes les provinces, mais parti-
culièrement dans l'Afrique, dans la Mauri-
tanie, dans la Thébaide et dans l'Egypte.
M y en eut même plusieurs de cette dernière
province qui, en étant sortis, allèrent dans
d'autres contrées signaler leur constance et
leur foi, et recevoir la couronne du martyre.
8. Nous avons été nous-mêmes assez heu-
reux pour en voir quelques-uns dans la Pa-
lestine et dans la ville do Tyr, qui don-
naient tout ensemble de l'admirai ion et de
la piélé, lorsque l'on remarquait sur leurs
corps livides et boulfis ce nombre prodigieux
de tlétrissures et de contusions que les fouets
y avaient iuq)rimées, lorsqu'on les voyait
entrer au combat avec des lions et des tigres
accoutumés à boire le sang humain, avec
des ours et des léopards, des sangliers et
des taureaux, qu'on rendait encore plus
furieux et plus cruels en les piquant avec
des dards rougis au feu. Nous avons été té-
nioins de leurs combats et de leurs victoires ;
mais il nous a été facile d'y reconnaître la
puissance divine de notre Sauveur Jésus-
Ci) Transivimus per ignem et aquam {Psal. lxv).
Dictions, des Persécltions. II.
l'EB
5M
r.lirisl , (|ui éclfdait visiblement dans In
(•(Misl.incc e\tr/iordi'i;iire cl le courap^c plus
(lu'InMii.iin de ces iii|ilèl(!-> dn rlirislianisine.
(,ar il arrivait .souvent (|U(( les bêles (ju'on
Irteliail sur cuv s')nrêl;iient tout court cl
siwubl/iiciil r(!spc(ler Icnrs s/nré-s corpN .Sou-
vent même elles so jclaicMil sur les bourreaux
ot sur les p;iiens-, (pi'cllcs snvaicnl bien dis-
tinguer des ebré'liens. M.us ponr les sai'its
martyrs, (pioiepTils fussent nus, désarmés,
et (pi'ils les piovoipiassent, selon b; eom-
mandement (pi'on I(mm- en fais.iil, i;l|es so
retiraient sans los toucher; elles fuyaient
connue si une main invisible les oill Cli.is-
scos, ou (pTuno vertu seciète ot divine l(;.s
eût empêchées d'approcher. Ce qui durait
(piehpiefois si longtemps, (fiio les s()ecl,'i-
tenrs (Ml étaient dans un élonnom(;iit (]u'ils
pouvaient h peine (îxprinuîr; on sorte que
voyant (pie la première! bête n'avait rendu
aucun (îombal, on on lAcliait une seconde
et une troisième. C'était pour lors qu'il y
avait plaisir «^ contempler rinfrépidilc? d'un
martyr, sa fermeté, son iiidillérence pour
la vie. C'est ainsi qu'un certain jeune homme
qui fut amené dans ramphilhéÀlre so signala
O'itio les autres. A neine avait-il vingt ans ;
on le voyait au milieu de la place, debout,
sans être enchaîné, les bras étendus en
fonne de croix, uniquement attentif à sa
prière, sans songer seulement à s'éloigner
d'un pas de l'endroit où il priait, quoiqu'un
lé0()ard et un ours, qui semblaient ne respi-
rer que le carnage et la mort, vinssent h lui
ot le touchassent presque. Il est vrai qu'en
même temps ces lurieux animaux, baissant
la tête, et refermant leur gueule béante et
altérée de sang, so retirèrent fort vite à l'au-
tre bout de ram()hitliéâtre. Ce jeune martyr
avait quatre compagnons, en faveur desquels
la Providence se dé.dara aussi d'une manière
qui ne parut ni moins sensible ni moins sur-
prenante : car, ayant été exposés à un tau-
reau sauvage et etfarouché, ils n'en reçurent
pas la moindre atteinte. Cet animal, qui jetait
le feu par les yeux et par les naseaux, ayant
d'abord pris sa course vers quohiuos païens,
qui ne purent assez tôt mettre une barrière
entre eux et lui, les avait saisis avec ses
cornes, et les ayant élevés en l'air, ils étaient
retombés à demi morts sur le sable. Puis
tournant ensuite du côté des saints martyrs,
on le vit aller à eux d'une démarche mena-
çante et qui fît pâlir une partie dos specta-
teurs ; mais on le vit en même temps s'arrê-
ter, reculer et bondir en arrière, et quoi-
quon lui pressât le tlanc avec un aiguillon
rougi au feu, on ne put jamais le faire avan-
cer; mais poussai) td'horri-bles mugissements,
frappant la terre du pied, et faisant voler le
sable à droite et à gauche, inspirant de la
frayeur aux plus hardis, il s'arrêtait tout
court à une certaine distance, sans qu'il fût
au pouvoir de celui qui le gouvernait de la
lui faire franchir. Enfin, ce jeune martyr et
ses quatre compagnons étant demeurés maî-
tres du champ de bataille et vainqueurs de
toutes los bêtes qu'on avait lancées contre
eux, on fut contraint de les égorger tous
17
firS
TER
PER
îiU
«Miq, et Ton donna h leurs corps In mor pour
sépulMire.
9. Tt'ls furent les combats que soutinrent
on niAme t-mps da-is In ville de Tvr Cf's g(^-
nt'ieux et liJMes Kgyptieiis, qui, nu'-nris.Tit
une vio tenipon'll.' et passagère, souHiiieiit
avec leurs feuiiues et leurs enfants divers
genres de mort pniu- la défense de lEvnnpile
de Notro-Sinj^neur Jésus-Chrisf. Le- uns fu-
rent eonsiimés par les tlanimes, après avoir
vu leurs corps d»Vhirés par des ongles de
fer, 1 urs UKnnbres brisés sur le chevalet,
leur peau découpée par les f)uets; les autres
furent pri'cipités dans la mer; ceux-ci cou-
r.iient avec une joie empressée donner bnu-
lôte aux boiirrt-àux; c nix-là expiraient clans
les to irnients. Il y en eut (pii f)érirent par
Ja faim ; plusieurs fure'it attachés à des croix,
les uns de la manière ordinaire (ju'on y at-
tache les criminels, et les autres, la tète en
bas, et les pieds et les mains cramponnés
avec des clous, y languissaient deux ou trois
jours dans des douleurs incroyables.
10. Mais il n'y a point de paroles pour
exprimer ce quesoulfrirent les martyrs dans
la Tliébaide. On se servait «le morciMUX de
pots iio terre cassés, dont on faisait entrer
les pointi's dans toutes les parties de leur
corj)s qui en était misérablement déchiré.
On suspendait les feuniies toutes nues par
un pied à un poteau fort élev '•, après les y
avoir guindées avec des pouli(>s: spectacle
houleux et inhumain! O-n pliait deux bran-
ches d'arbres cxti-èmcment fortes et d'une
gri'sseui' considérable, et on les fusait apjjro-
cher l'une de l'autre à force de bras, et |)ar
le moyen d'une machine; puis on liait les
deux cuisses du martyr i\ l'une et à l'autre de
ces branches, qu o-i laissait e isuile retour-
ner dans leur situation propre et naturelle,
alin (jue, par l'elforl «pi'rllcs f.tisaienf en re-
prenant leurplace, elles séparassent en dtnix,
avec une horrible violence, le corps qui y
était attaché.
11. Qu'on ne croie pis, au reste, que ces
sanglantes exécutions aient été fort rares, et
qu'elles aient bienlùl cessé ; elles ont été
très-fréipienles, et elles oui duré plusimus
années dans la même force. Tantôt celaient
tlix martyrs, fpnl.(uefi>is vi igl, une autre
fois trente, s(»i\ante, (juatre-viugls; on en a
fait nioiuiren un jour jusqu'à cent, hommes,
femmes et (ndanls ; tmil passait indiir-rem-
menl nar les lonruu-nls. \ku-mèwie qui écris
ceci, dans le lemps que je demeurais en ces
quartit'rs-là.j'fii ai vu en un sculjoiu" périr
par le 1er et par le feu lui si grand iioud)'e,
qu'on CD romplait plusieurs monceaux. Le
Iranchanl des coutelas. i''mous>,é pa. tant de
lèles qu'il av<iii abilHu's, refusait découper,
et les bourreaux lasses élan.^nt conlraints de
se relayer souvent l'un l'autre pour repl'en-
dre lial\;ine. Avec quelle hardmn-, cependant,
ces fervents chrétiens ne couraieul-ils pas
au martyre! A peine le ju.;t> avait-il pro-
noncé Id .sentence de mort c o lire «piel pies-
uns, que d'autres prcnanvU nussilôt la place,
el assiégeaient lelmbunalen s'tTiianl : Nous
Auuimes aosM chrétiens. Tout cet a|ipareil
de supplices no les étonnait point; ils regar-
daient sans émotion ees ell'royables machinas
(fiie la rage des tyran^ avait inventées pour
tourmenter ceux «pii confesseraient Jésus-
Christ. Uien n'était plus doux h leurs oreilles
«pi'un arrêt (pii les condamnait à mourir
)our le ir Sauveur; la joie éclatait alors sur
eur visage, et leur bouche s'ouvrait aux
lymnes et aux cantiipies d'actions de grâces,
qu'ils ne cessaient de faire entendre jusqu'à
leur dernier soupir.
12. Mais quelle profusion de louanges,
quelle foule d'iiloges ne niéritent pas ceux
qui , pouvant faire dans le monde une ti-
guie considérable, soit par leur naissance
ou par leurs richesses, soit par la beauté de
leur esprit ou par les charmes de leur élo-
quence, soit enlin par leur vaste et profonde
érudition, fovdèrent aux pieds tous ces
avantages de la n iturcelde la fortune, pour
s'attacher uniquement à Jésus-Christ et lui
gard'r une lidélité inviolable. De ce nom-
bre fut Phdoromus, intendant des finances
en E-'yple ; de ce nombie fut Philéas, évècpie
de Tlmuiis, un excellent philosophe, et qui
avait passé par toutes les charges honorables
de sa province, avec une estime générale
des peuples. Quoique les amis et les parents
de l'un et de l'autre, tous gens de distinc-
tion , les conjurassent de la manière du
monde la plus pressante de sauver leur vie,
qnoi(|ue le juge lui-même les exhortât d'a-
voir pitié d'eux, de leurs enfanls et de leurs
femmes, qui pa. leur mort allaient demeurer
sans père et sans é, oux, exposés peut-être à
)erdre encore le jour; ni les prières de leurs
iroches, ni les menaces du juge, ni ses ei-
lortations, ni enlin la vue de ce (pi'ils avaient
• le plus cher, rien, dis-je, de tout cela ne
put jamais les ébranler, ni les tenter le
moins du monde de consm-ver leur vie, leurs
charges, hnir famille, aux dépens de ce qu'ils
devaient à Jésus-Christ : mais persévérant
jus(|u'à la lin dans leur généreuse résohi-
lio:i, soutenus par la force el la vigueur de
leur esprit, ou plutôt forliîiés par la grftce,
ils résistèrent j\ tous les etforts que purent
faire contre mix 1(> monde, la nature et
l'honneur , et ex[)irèrenl heureusement
sous les coups de hache qu'un bourreau
leur donna.
l.'J. Mais écoutons Philéas lui-même, dan.s
une lettre (pTil écrivit il son penpie de
ilimuis, où il fait le récil de In iikmI de plu-
sieurs martyrs dont il fui le témoin durant
le séjour (pi il lit fi .\le\andrie. Voici eomme
parle ce saint évê«pie, et lout enstnnble ce
glorieux martyr.... « Ces exnin|)les si lou-
chanls, l'es miracles si certains, ces maximes
si saintes quoi trouve à cliaipu' pas dans
l'Kcrilure, et dont ncs bi«>nheureux martyrs
s'étaient rempli l'esprit el le c«eur dans la
lecture assidue qu'ils faisaient des livres sa-
crés , les avaient facilement déterminés à
embrasser avecjoie la niorl qui se [trésenlait
à eux. Ils savaient (pie Noire-Seigneur Jé-
sus-Christ ne s'était tait hoiiime que pour
exterminer le pi-clié de dessus la terre, el
j>our faciliter aux hommes les moyens d'ar-
f»K
vv.n
viVtT nu ciol, v\\ iiiarcliaiil \o pK^iiiit'i- tlaiis
ii> rliniiiii nidont (lilli<-ili< <|iii y rondiiit. Kii
clVrl, (Hi(ii(|ii(< J(''Mi.s-(!lins( ii'dit fias rrit qur
ce /'(}/ pour lui utir usurixitioii d'rli r t'ijdl à
Ihru, il s'fsl loiiIflMs iiiK'itiili lui mCitw, /;/•<•-
uuut ht forinr ri Ut iidluir tir srnilrur ru sr
rrutiuut sruililuhir iiii.r Itoniiurs ; /'/ s'rst lU-
litiissc', sr rruiliiiil ohi'issuut jusnu't) lu mort,
vt Jus(/u'ù lu uiorf tir Iticroi.v. {rhiUj). ii.)
« (l'ost (•(•Ile (•(Hisiili'ralioii (|iii a l'ail (pio
ws saillis inarlyrs, porlaiil leurs jx-nsécs («l
Itnirs désirs vj>rs ce (pi'il y a (W. plus parl'ail
cl (l(> plus ('\((dltMil dans l(> cliriHlianisiiii',
oiilsupporli' paliriuiiu'Ul los di vers louriuci ils
<pio la rruaulr d(>s lyraiis a pu invciilcr. VA,
quoiipic d(>s soldais, di^iu's ininislres de ces
liomait's harhiu'i's, S(> Mticnl ollorcés di' les
iuliiuid(M- par dc^s UKMiaccs (M parloulcs suites
de mauvais liaiteiueiils, ils ii'oid paru loule-
l'ois ui moins fermes ni uioi'is eourai^eiix,
parce cpie la parrail(Mliarilécliassail la craiMlo
de l(Mir oo'ur. Oi"''^ lermes assez pi'iS'is
jxuirraieul représeuliM" la force, riulr(''pidité
et Ja coiisiauce de cos g(Wiér(Mi\ soUlals de
J(Vsus-Clirisl? car, comme il élail permis h
chacun de les insullcr, cl (pie les païens, ou
par une lAche complaisance |)Our le gouver-
neur, ou par UM faux zèle pour leurs dieux,
ou pour salisfaire la haine implacable qu'ils
nous portent, se faisaient un mcWite de les
maltraiter, c'ëlait h qui les frapperait, soit
avec d(>s verges, des cnrdes el de larges
courroies, ou niômie avec de gros b<Uons
noueux dont on leur rompait les r(>ins. C'é-
tait une scène qui, (pioi([ue toujours remplie
de sang el d'horreur, changeait toutefois se-
lon les dilfèrents visages (pie prenait la fureur
des tyrans. Car tantôt on voyait un martyr
lié à un [)oteau, ayant aux pieds et aux mains
des cordes c^ui, étant tirées avec violence
par le moyen de quatre roues (ju'on tournait
avec rapidité, l'écarlelaient misérahlement.
Tantôt on déchirait à un autre le ventre, les
côtés, les bras, lesioues avec des peignes de
fer; on pendait celui-ci par un bras seul à
une porte. C'est un des i)lus cruels supplices
qu'on puisse soulfrir; car tout le poids du
corps tendant en bas, déboîte les jointures
de l'épaule, du bras et des doigts, fait bander
les nerfs, allonge les muscles, rompt les vei-
nes et brise les teiuhms. L'on attachait enlin
ceux-là à un pilier, en sorte néanmoins que
leurs ()ieds ne touchaient point à terre, atin
que les cordes, serrées par la pesanteur du
corps, entrassent bien avant dans la chair.
Ces tourments, au reste, duraient quekjue-
fois tout un jour. Car, pendant que le juge
était occupé à en interroger quelques-uns,
les bourreaux avaient ordre de continuer à
tourmenter les autres jusqu'à ce qu'on vit
qu'ils étaient près d'expirer; car alors on les
détachait et on les jetait dans un coin où ils
rendHient l'âme. 11 disait ordinairement qu'on
ne devait avoir aucune pitié de nous, et qu'il
ne fallait pas nous regarder comme des
hommes. On en mettait plusieurs dans des
ceps, les pieds écartés jusqu'au quatrième
trou; mais la plupart étaient obligés de de-
meurer couché sur le dos, ne /cuvant se te-
vvAK m
nii debout à ('au«<e d'une inliiiilé «h- <-on(ii-
.sions (!l de iiieiirtrissurtiH iiairoN o( liviili;»
dont toiH lenr eorpH ('(ait couvert. <!'éljiil jti
^peet.'iele bien triste el bien louchant (pu; en
grand iiomhre de martyrM étendu» Kur Ift
p>iv('>, n'avjuil plus qu ini reslc de vie, endu-
lanl loulehus encore d'exUèiues doulcur^,
cl fdisnni voir pai- la div(!r.Hilédc li!iir.s pinius
de (•(Hubi(Wi de sortes d'iiisliiniietiisli'i cruaiilé
des lyraiis s'(''lait servie pour les louriilcu-
Ici". i*lusi(!urs expiraient entre les mains d(<s
lutni'reaiix; d'antres, .lyaiit été reconduits en
|)iison à demi morts, y achevaient leur vie
peu de jours après parmi des douleurs in-
croyables. Il y en eut ce|)eud/nil (pichpu-s-
uns (pii, élaiil échappés par le soin (ju'on
avait pris <le lems blessures, sont allés en-
suite de leur bon gré à la iiir)rt, hM'Sfpi'on
les a voulu contraindre de sacrilier aux ido-
les. »
\h. Voilà ce (pi'un saint, un évèque, un
martvr, un philosophe écrit aux lidèles du
son i'LgIise, toucliant les divers sujiplices
(lu'on faisait soulfrir aux chrétiens, et dont
il avait été témoin avant <j\ie de l(;s éprouver
lui-même, sa lettre étant datée d(! la [)ris(;n,
où il resta qu(.'hpu> temps avant que d'être
condamné à mort. M lis sans nous arrêter
davantage à rajijjorter en détail cetl<; suite
d'exécutions sanglantes, qui fuient faites
dans les |)rovinces, nous en allons raconter
inie (pii envelopj)a en unjonr tous les liabi-
ta'its d'une ville, que les païens as.siégèrent
dans les formes, comme une ville ennemio,
et qu'ils ruinèrent ensuite de fond en coiu-
ble, sans y laisser autre chose que les ruines
mêmes.
15. Cette ville était en Phrygie, et n'était
habitée que par des chrétiens. Des soldats
envoyés par l'empereur se répandirent au-
tour des murailles et l'environnèrent de tons
côtés : ils y jetèrent quantité de torches al-
lumées et de feux d'artifice, qui en moins
de rien la réduisirent en cendres, avec tous
ceux qui y étaient renfermés , hommes ,
femmes et enfants, lesquels périrent tous
en invoquant le nom de Jésus-Christ, et pu-
bliant hautement la Divinité du milieu des
flannues.
16. Comment pourrai-je maintenant comp-
ter ce nombre prodigieux de martyrs qui ré-
pandirent leur sang dans les autres provin-
ces?comment les marquer tous en particulier
par leur nom? comment, enfin, exposer aux
yeux de mes lecteurs les différentes sortes
de tourments qui les firent périr? Par exem-
ple, il y en eut plusieurs auxquels on tran-
cha la tête, comme dans l'Arabie ; d'autres
qui furent roués tout vifs, ainsi qu'il arriva
dans la Cappadoce ; d'autres, qui ayant été
susi)endus la tète en bas sur un feu lent, et
fait d'un bois vert et humide, furent étouffés
par la fumée ; c'est ce qu'on vit dans la Mé-
sopotamie ; et d'autres enfin à qui on coupa
les pieds, les mains, le nez et les oreilles,
et qu'on laissa ensuite mourir de la pourri-
ture qui se forma dans leurs plaies; c'est de
cette cruelle manière que finirent leurs jours
plusieurs martyrs d'Alexandrie.
5i7
PER
PER
n28
17. Pnrlorons-nous do ro qui so passa
alors à Aiilioclio. cl no dovons-nons point
rrninilre de remplir l'esprit dos locleurs de
Irop (rinin;4<vs fu'ioslos. et do les ffîli;^uor par
10 récit d'' tant di' «ruautt'S? On ('to'id.nt 1 s
uns sur des grils de 1er, et on les y laissait
cxp ror pcn à pou. ot on retard 'il leur mort
le plus (pion pouvait, pour fairtMlnrcr plus
longtemps leur supplioc. On en vit d autres
nit'ttio leurs ni'iins (l.ins les brasiers ardents
pour ne les jia^ souiller par laltouiheniont
sacriléj;c des victimes olfertes aux idoles. 11
y on eut ontin qui, voyait approcher dos sol-
dats envovés pour se saisir d'on\, se préci-
pitèrent du haut de leur logis, aimant mieux
se jotor entre los hras de la mort que de
toiobor outre les mains do ces ministres de
rim:.iété(I).
18. Mais qui pourra, sans frémir d'horrour,
ouïr raconter les lourme'i(sotrroyahlos(|u'on
exerçait sur les chrétiens dans la province
de Pont ! On enfonçait aux uns dos éclats do
roseaux sors dans îos oncles; on arrosait do
ilomb fondu les corps des autres ; on ouvrait
e ventre (-t los côtés J\ ceux-ci, ot on portait
0 for ot lo fou jusque dans leurs ontraillos.
11 y avait parmi ces juj^os équitables et hu-
mains luie noble et généreuse énuilation k
qui inventerait dos sup|)lices [ilus excjuis et
plus recherchés ; et comme s'd y eût eu un
prix pour celui qui aurait mieux réussi dans
cotte rocliorcho, ils s'otforçaient tous, ainsi
que font les athlètes au combat de la lutte ou
de la course, h se surpasser los uns los au-
tres on inhumanité. Au reste, ces horribles
cruautés ne finirent qu'après que les juges,
désespérant d'y on | ouvoir ajouter do nou-
velles, et so trouvant d'ailleurs las ot fati-
gués de tant de meurtres, le sang des mar-
tyrs dont ils s'étaient rassasiés leur sortant
pour ainsi dire par les yeux et par les na-
rines, ils voulurent se délasser dans de moin-
dres supplices : ce cpi'ils eurent grand soin
de faire valoir, connue un etfet d'une indul-
gence extraordinaire. On avait, disaient-ils,
assez répandu le sang dos citoyens, ils on
voulaient arrêter lo cours, ot ne plus souiller
les villes par ces sanglantes exécutions ; qu'd
f.'rilait pourvoir h l'honneur et à la repu ta-
lion des omjiorours, qui , iiuoique los [dus
doux et les plus cléments do tous los prin-
ces, passeraient [lour dos tyrans dans les siè-
cles à venir; qu'il était juste que cbacun se
ressentit do la douceur et do la modt'ration
du règne présent; qu'ainsi l'on ne forait
plus mourir aucun chré'tien, la [)einodudcr-
iiior supplice étant onlièromont abolio et
abrogée par l'extrCrao bonté des très-clé-
ruMits onqtoreurs.
19. On commença <lonc à traiter los lidèles
avec beaui oiip dliumanité. On ne leur arra-
chait que l'uni droit, et on no leur coupait
(pie lu jarret gauche. Il est vrai ipie cette
grâce s'étendit à tant do chrétiens, (|u'il est
imf>ossible de savoir le nombre do ceux (pii.
après celte double opération, furent envovés
(l) Eiisobo tonrhc ici en p.issiuit l'histoire de
s.iinit» I)nn)ninc cl (le 9<*» lillrs. ( Votj. larlirlc
aux mines, moins pour y travailler que
pour être exposés aux yeux do toute la
terre comme des modèles d'un courage in-
vincible, d'une patience inalti'Tat)le, d'une
foi vive ot d'un amour très-our; lesquelles
vertus ne pouvaient être que les effets admi-
rables do la puissante protection du Sauveur
sur ses fidèles serviteurs.
20. Parmi los évèques et les prêtres cjui
endurèrent pour Jésus-Chri>t le martyre
da'is les villes les plus considérables do l'em-
pire, outre Aiithime, évoque de Nicomédie,
dont nous avons déjà parlé 'num. fi , l'on
trouve Lucien, prêtre d'Antioche. Ce saint
ot savant homme, après avoir annoncé le
royaume do Jésus-('hrist p^r ses paroles, et
l'avoir défendu par une éloquente apologie
qu'il présenta à l'empereur, en confuma en-
core la vérité par sa mort. L'on compte en-
suite i>armi les martyrs do Phénicie, Tyran-
nion, évéque de Tyr, Zénobius, prêtre de
Sidon, et Silvain, évêipio d'Emèse (le 20
février : ce dernier fut exposé aux bêtes dans
sa ville épiscopale, et les deux premiers
rendirent un illustre témoignage à la foi
chrétienne dans Antioche : Tyrannion fut
jeié dans la mer, et Zénobius, le(juel à la
science de la religion joignait colle do la mé-
decine, expira au milieu des tourments.
Dans la Palestine, un autre Silvain (le 6 fé-
vrier), évoque iledaze, suivi de trente-nouf
autres, perdit la tête pour la cause de Jésus-
Christ. La même province fut encore hono-
rée du martyre de Pelée et de Nilus (le 20
février), prêtres égyptiens , et de quelques
autres (Ju même pays, qu'on lit brù or à Cé-
sarée. L'Egypte eut aussi ses martyrs :
Pierre, évêque d'Alexandrie, personnage émi-
nent en sainteté et en doctrine ; Faustus,
Dius ot Ammonius, prêtres do la mémo
église ; Pliiléas, Esychius, Pachumius et
Théodore, qui remplissaient divers sièges ;
et une nuillitudo presque innombrable d'au-
tres lidèles, dignes d'une mémoire éleriiolle,
qui répaniliront leur sang dans toutes les
villes do l'Egypte ot de la Thébaido. Nous
laissons h ceux qui ont été los témoins dos
combats et des victoires de tant do généreux
athlètes, lo soin de les décrire et d'en laisser
une fidèle peinture h la |)Oslérilé.
L'Es|»agiio. comme la Palestine, vit mourir
un grand iKunbre ûc ses évêquos et de ses
prêtres. Ce fut le gouvi^nour Dacien qui fut
dans celte })arlie «le l'empire lo ministre im-
pitoyable des lurours des empereurs. ,\u
nouibre dos plus illustres vie imos (]u'il en-
voya au ("iel, nous trouvons .saint Vincent,
diacre de S.uagossc. L'évê(iuo saint Valero
avait seulement été banni. Nous voyons par
les .\ctes de saint Thoodote d'Ancyre ce qui
se passait en Calatic. Novis iiouvons en con-
jecturer ce (pu so passait ailleurs. Legouver-
umr Théoctène, (pii s'était vanté h Diodétion
d'arriver avant ixmi h forcer tous les chrétiens
Ji >acrifier, employa, pour tenir sa prorae so,
los arlilicos les plus (liaboli(|uos, los cruautés
les plus inouïes. (Ko//. Thkodotf.)
C ost h celle épotpio que commença conlio
l'Eglise la persécution morale ou philosopln-
519 |'i:h mu ri50
<jm>, 0)1 (Ml muiiis (|ir(ill(> so inninfcsl/i pnr ll.iM.uil Inirs pnssions h <l<*s (|i^nit(''s plus
«Mvs (irlcs, p;ir (les ('«riils. \a> (('Irluc |iliil(is()- ('•iiiiiiciilcs. H y t'ii Jiv/iil ipii s<< lull/iiciit iln
pllii l'()i|ili,vnH'nivil coiiliT la religion cliiô- limis Atn- la vif, coiiiiik; ci'Iiii «pu lil un
liciiiio trois livres «irslimls h \n rciiv<'i'S(!r iiciiplc ciilicr di' nwirlyrs dniiH l.j IMirvi^ie.
par 11' raisoiiiKMiiciil ; mais cet ('"crit ('lail si iNIais pniir rciix-la, plus leur iiilmiiiafiilé /'iail
pauvre ol si l'aihlt', (pi'il attira à son auteur fraude, plus elle nous éljut lavoraldc. Les
Uvs iut)(pi(M-ios iiK^iMî (le SCS pnrIisaMs. Il fut plus redoiilahles ('•tnieiit (mmix ipii se llaltaicnt
tin'i par le ridicul(< (pi'il poil/iJt avcic lui- d'une l'aiiss»! apparence de Itonti'-. l.e hour-
iiu>ui(>. <.)ii('l(pi(>s aut(MU\s, en opposition avec, reau I9 plus dangereux et le plus terrible
Haronius, nient (pio eel écrit soit (''nianc de était <;r'|ui <|ui ne voul/iil tuer persoiuie, rpii
l^)l•pllyr(^ N'iid ensnile lliér-oclès, (pii lut voulait pouvoir se ^loiilier di; n'nvoir (*)lé la
d'ahord vic.iire des prélels, et ensuite ^ou- vie à aucun iiuiocent : car j'en ai entendu
vtM'neiu'de Hitliynic. l'Jus lard, il devint ^ou- nioi-niéni(i dcj cetto sorte, (pu l'aisnif.'.'il vanitô
veriU'ur d'lvj,yple, où il exerça d(! jurandes de n'avoir point lépandii d(; san^ dans la pio-
cruautés contro les chrétiens. Il avait été vince (pi'ils ^onvernaicint. LiMir vaifx; ^^loiro
appelé nu conseil 1(mui par DioclélicMi, et était encore jointe; h une véritable envie. Ils
dans le sein (bupu 1 la iiersécution avait ('-té ne pouvaient sonlFrii' (pie les martyrs eussent
décidée. Ainsi ipu; nous l'avons dit, il s'était l'honneur de les avon- vaincus, et d'avoir
montré l'un des plus acharnés ^ la l'aire dé- imnporté sur eux la coui'onno d'une con-
créter. Il écrivit deux livres (pi'd intitula : stance invincible.
Lf.v «»ia/('i</\s- (/(' /(Mv'V<7<'', et (pi'il adressa au \ « On ne saurait dire cond)ien ces sortes
chrétiens eux-mêmes. Il y prenait dillérenls de magistrats ont inv(Mité de tourments [lour
|)nssages ili's lù'ritures pour l(>s opposer les venir à bout de leurs desseins par les voies
uns aux autres, atin de les l'aire paraîti-c cou- les plus cruelles. Car ils s'y appliipiaient
traires, et pour jeter du discrédit sur nos connue à une chose où il fallait (ju'ils lussent
livres saints. Cet ouvi-nge était rempli de victorieux ou vaincus, sachant fort bien que
basphémes contre saivil IMerre, saint Paul et c'était un vrai combat (ju'ils avaicut à soû-
les autres apôtres ou disciples de Jésus- tenir contro les chrétiens. J'ai vu dans la
Christ. Quant h Jésus-Christ lui-môme, il le Bithynie un de ces gouverneurs dans une
ctuuparail h Apollonius de Thyanes. Il cher- ell'usion de joie, et aussi glorieux que s'il
chuii. h démontrer ipie tous deux étaient deux avait subjugué une nation de baibares, et
im[)osteurs, ou du moins (jue Notre-Seigiieur cela, parce tju'un chrétien, qui avait résisté
Jésus-Christ ressemblait h Apollonius. {Voy. durant deux ans avec un fort grand courage,
Hiiiiu)<:i,KS.) Eusébe de Césarée réfuta ce avait enlin paru s'aiiattre.
livre dans un ouvrage que cite Photius et « I s font donc toutes sortes d'efforts
que nous avons encore. Il démontre (ju'Ori- comme on une chose où il y va de leur
gène avait par avance réfuté cet écrit d'Hié- honneur, et tourmentent les corps par les
roclès, qui du reste en avait pillé les prin- douleurs les plus violentes, en évitant néan-
cipaux passages et môme le style. Cette moins surtout de les laisser mourir dans ces
dernière phrase semblerait iaipliquer con- douleurs. Est-ce donc qu'ils s'imaginent que
tradiction entre ce qu'elle énonce et ce que la mort seule nous rende heureux? Les tour-
nous avons dit plus haut. En effet, si Hiéro- monts ne servissent-ils pas à nous acquérir
clés pilla d'autres auteurs, prit leurs pensées la gloire d'une constance généreuse, et une
et leur style pour faire son livre, d'autres gloire d'autant plus illustre que les teur-
avantlui avaient donc écrit contre la religion, ments ont été plus grands? Cependant, dans
Sans aucun doute; seulement la plupart de l'aveuglement où les met leur opiniâtreté, ils
leurs ouvrages se sont perdus, et ne sont pas recommandent qu'on prenne grand soin de
arrivés jusqu'à nous. ceux à qui ils ont fait donner la question,
L'édit qui condamna tous les chrétiens à mais c'est pour la leur donner une autrefois,
la mort, et qui produisit dans tout l'empire Ils veulent qu'on répare leurs membres et
un carnage épouvantable, ne fut porté qu'en qu'on rétablisse leurs forces, mais c'est afin
30i , la deuxième année do la persécution qu'ils puissent souffrir de nouveaux tour-
générale. On a vu les détails de tout ceci ments? Peut-on rien voir de plus doux, rien
dans le morceau d'Eusèbe que nous avons de plus charitable, rien de plus humain? Ils
cité. Ici nous devons en citer un autre do n'en feraient pas tant pour leurs amis. Voilà
Laclance. Il est imi)Ossible, dit-il, de repré- ce qu'on apprend sous les dieux ; voilà la
senter en particulier ce qui s'est passé dans bonté qu'inspire le culte des idoles,
toutes les parties du monde romain. Car, « Certes, je ne trouve rien de si misérable
combien faudrait-il de volumes pour des que ces magistrats obligés de devenir les
cruautés si barbares et si diverses? Chaque ministres de la fureur d'un autre, et les exé-
gouverneur s'est servi selon son humeur de cuteursdes commandements impies de leurs
la puissance qu'il avait reçue. Les timides, princes, et que cette malheureuse nécessité
qui craignaient qu'on ne feur reprochât de a trouvés ou rendus cruels. L'autorité qu'oii
n'avoir pas fait tout ce qui leur avait été or- leur a donnée n'a point été une dignité ni
donné, ont été les plus hardis à aller môme un honneur qui les ait relevés ; c'est un triste
au delà. D'autres les ont imités, ou parce arrêt par lequel le prince les a condamnés à
qu'ils étaient naturellement cruels, ou paji- devenir des bourreaux, et Dieu à souffrir des
leur haine particulière pour tous les justes, peines sans lin. »
ou pour plaire aux souverains, et s'élever en Au milieu de cette tempête effroyable qui
881
PER
PER
552
Loulovorsflit l'Ei^lisc, iino df.s provinces de
l'empire jouissait d'une paix profonde : c'é-
taient les (innlt'S. Constince, qui y romman-
daif, tétait ndurellrment doux et ami de la
justice : on dit nièiue qu'il était bien disposé
à l'éi^ard (jes clirrtiens. Le fait est qu'.^ partir
du moment où il eut le gouvoinomt'ut de
rette province, les tidèles cessèrent d'y être
persécutés, du moins personnellement. On
ierma bien, il est vrai, quelques églises, pour
avoir l'air d'obéir aux édits; mais tout se
borna l<i. Aucune mtMne ne fut abattue. On
voit que quand la persécution ftit tinie, Con-
stantin donna l'ordre de les rouvrir toutes.
Constance ne se bor-ia pas 1^, il protégea ef-
fica<ement les chrétiens, faisant en sorte
qu'ils fussent inquiétés le moins possible ,
et qu'ils pus'-ent librement, et jusque d^ins
so'i 1 alais, prati([uer leur religion, et se li-
vrer aux exercices de son culte. Par hasard,
quelquefois, et malgré S(^s onircs, quel(jues
go;,verneurs se livrèrent à des actes soles
de persécution, mais cela fut très-rare. Con-
stance n'était encore que césar, on craig'i.ut
moins de lui déplaire que s'il eiit eu l'auto-
rité suprême. Cela se fit princi|>alement |)Our
l'Espagne, moins éloignée du regard de Ma-
Timien, et (fui avait des gouverneurs qui lui
étaient entièrement dévoués. La persécution
fut mémo assez violentt» dans ce })ays; Da-
cie;i, qui y commandait, coulamna notam-
ment saint Vincent, sainte Léocadie, sainte
Eulalie, saint Cucufas, saint Just et saint
P.isteur , et une foule d'autres que nous
pourrions nommer. Viateur, successeur de
I)acien , fit aussi un certain nombre de
martyrs.
Quand Dioclétien et Mnximien eurent ab-
di'pié en 305, la persécution devint beau-
coup plus violente dans les PUals (pii restè-
rent sous la dépendance de Galère et des
deux césars qu'il nomma. Sévère et Maxi-
min : mais elle diminua entièrement, elle
s'éteignit dans les provinces qui étaient ou
quip.'»s«^èrent sousladominafiondeConstatice
qui devint .Vuguste connue Cr dère.
En Orient la persécution fut terril)le. Co
qu'on sait du caractère de tlalère suOitr'^ faire
rouiprendre (omnient ce |)ririce devaittraiter
leschrèljf ns. Il inventa une nouvellemaruèro
de les briller : il les faisait attacher?» utifio-
leau ; au-dessoiis d'eux on allumait un petit
feu qui les brillait petit ^ petit et faisait
gouHer la peau jusrpi'j^ ce (pTelle se fendit.
Petit à petit les chairs étai nt consumées et
hienlAl Ips os étaiint h découvert. Ensuite
f»n alliin'Hil des loiches, et après rpi'on les
avait ('-t.'intes, qu'il ne restait plus (jue des
rh.trbons fumants, on les leur appliquait suc-
ressiveinrul sur tous |»«s pfiiuts «lu corps.
En même temps om Iimm- faisait avaler de
l'eau fraîche, on leur en jetait sur le visage
de pour que la sonlfranco ei la chaleur ne les
fi'«s»'nl nx'Urir avant que toutes leurs chairs
eus.«»ent été brfilées. Sfnivpnt on trouvait
nioy*»n tic fairediifer cesupplic'^ l»resqu»; une
journé»' entière. Quand ils ('-laient ni. «ris. on
tïu^sait de briller leurs chairs »>| leurs os-
sements, on piilvérisflit ce qui restait en-
suite, afin de le jeter dans l'eau, tant on
craignait que les chrétiens ne rendissent les
derniers devoirs h leurs martyrs. .Maximin
suivait Ic^ traces elles exemples de son on-
cle : il était aussi , lui, extrêmement sangui-
naire. D'après saint (irégoire de Nazianze et
saint JérOme , il faut admettre qu'il a
persécuté l'Eglise plus violemment que n'a-
vaient fait Dioclétien et Galère lui-même. Ce
fut ce tyran qui donna l'ordre h tous ses su-
jets, hommes, femmes et enfants, de s'assem-
bler dans les temples pour y sacrifier. Des
hérauts parcouraient les rues , publiant ses
ordres. Les tribuns, avant des listes de tous
les habitants, les appelaient chacun par sou
nom. Ce monstre dilférenciait les supplices
d'une infAme manière. Aux hommes le fer,
le feu, les tortures de toutes sortes; aux
femmes, les maisons publiques et toutes les
impiidicités que la tyrannie la plus ignoble
pouva t inventer. Nous l'avons déjà dit. Dieu
protégeait les saintes el les mettait à couvert
miraculeusement.
Pendant (pie Maximin redoublait ainsi la
persécution. Galère, de son lùlé, faisait la
même chose dans l'Asie Mineure, la Thrace
et l'illyrie. Il publia des édits (pii ordon-
naient à tout le monde de dénoncer les chré-
tiens qui se cachaient, sans même en excep-
ter ni maris ni femmes, ni pères ni mères,
ni enfants.
Ceci se passait en l'an .305de Jésus-Christ.
Ce fut r» cette éfKxpie qu'arriva l'alfreuse
persécution de Palestine dont Eusèbe nous
a donné l'histo re, et dans laipielle le jeune
Ap()ien montra un si grand coiuvige , en al-
lant publii^iuement trouver le gouverneur
Urbain, etVariêlerau milieu du sacrifice
impie (pi'il offrait aux idoles. (K07. C^sv-
RÉK. On peut voir, en 1 sant l'article Dioclé-
tien, comment ce prince et son collègue, le
vieux .Maximien, avaient été amenés ?i abdi-
quer. Leurs successeurs, comme nous venons
de le voir, à l'exception «ie Constance ,
avaient persécuté les chn-tiens avec une
violence épouvantable. La mort de Cons-
tance, en 30t>, amena à 1'» mpire son fils Cons-
tanlin,(]ui, comme son père, se montra très-
favorable aux chrétiens. La j>remière loi
qu'il publia fut tout entière en leur faveur;
il permettait de rouvrir les églises, d'onlon-
n(M' des évtMpies, et faisait rendre aux églises
et aux chrétiens fout ce (ju'on leur avait en-
levé. Frois mois après réIévation«ler,onstaii-
tm, .Maxenc(> prit la pourpre h Rome. J>ans
lesconuuencemenls, il se montra aussi fivo-
rable aux chi(>tiens, «'t ordorma (pion cessAt
la persécution contre eux. Un peu plus tard,
il laissa les choses man her suivant les cou-
tiimes établies, de sorte (pie les magistrats et
la populace recominen«èrenl h faire des
martyrs, comme cela arrivait souvent dans
ces temps-liï. C'est en l'année 307 ipi'on voit
les persécuteurs chatiger de conduite envers
les chrétiens en Palesjjfte; au lieu de les
condamner h mort, comme ils le faisaient,
ils les envoyaient aux mines et hnir cre-
vaient un (cil. A un grand nombrt\ Maximin
fit couper les pieds, len main?», le nez, les
fJ33
VIA\
l'Kll
!,:.i
orcilI<>s.(',('lyr;>ii fois'iil soiivnil .i|i|ili(|iicrmK
vlirclit'iis, im.su|)|tlHf(|tii IcAiilfiiiiiil ('iii|inr-
tail riiiriimif. Oi leur «nvirhail \\vi\ droit,
on v iiK'It.iil le l'iMi, cl ciisiiilr un l nr luiV.'iil
If jariTl ^.'niclM! iww nii Icrr cliaud, de .surlu
«lu'ds ii('|»nuv«it'nl plus s'en stirvir. Los cln'é-
lUMis, dil Imix'Ih', ('Liicit cnvovrs |i;ir Iroii-
jcs Iravadli'C n\\\ nnncs. (1(5 lui dans h»
in(^nio ((Mnps (|n'ai-riva, connnH on pcMit lu
voir?) son arliclc, la [inMilion d'f'i-hai'i, i-çoii-
wcrnoui" do Paloslino, vl rolôvalioi de Li-
4'iniiis an (^(^n(> ini|M'>i'ial. Maxiniin , (|ni
n'(Mail tonjonrs (|n('(!ôsar , on fut Iros-vivo-
nionl aU'eclô , et piit nn^nc lo litre d'An-
lui Tan .'U)8, la porsôcnlion conlinnail ox-
»M>ssivonionl violonlo on l'ahvslino ; dans los
jiromiors mois, on la vit s'apaisor nn pou
j)onr roconnnonoiM- hicnlAl avoc nno nouvollo
î'uronr, ol onsuilo s'iMoindro lonl à lait, après
Ho mari yro do saint l'aniplnlo, do saint Adrioa
<'l do leurs oompa.:;nons. Kn .'îlO, la persécu-
tion se ralluma onooro. Saint Sylvain do
iu\7.a sonllVit avec ses Ironlo-nout' compa-
gnons. Co. Ail celle sainte cohorte de mar-
tyrs qui scella et linil |)our ainsi dire par sa
mort lt> rarnai;e (lu'on avait l'ait des sninls
en Palestine, (ie fut en celle année (pie Ga-
lère étant tombé malade, et sentant la main
<lv' Dieu (lui le frappait, |)nblia un édil pour
faire cesser la porséontion. Voy. colle pièce
iomar(piat)le h l'arlicle (1ai.i\ui:. M lis la jus-
tice do Dieu ne fut })oinl arrêtée par ce l'o-
penlir tardif et (jui ne venait (^ue de la
crainle. Gal(>re mourut dans los plus atroces
douleurs et dans los convulsioiis les plus
navrantes du désespoir. L'édit de Galère fut
oublié partout. Ce prince l'envoya à ses col-
lègues. Un seul d"entre eux uo voulait pas
obtempérer aux injonctions qu'd contenait.
Ce fut Maximin qui clierclia à l'éloulfer, en
le retenant sans le publier. 11 se contenta
d'en faire de vive voix con laitre les dispo-
sitions à ceux qui l'enlouraient. Cependant ,
tons les gouverneurs des provinces s"om})re,s-
sèrent de cesser la persécution et de mettre
en liberté les tidèles qui étaient encore dé-
tenus dans les prisons. On les voyait s'en
aller par bandes dans leur pays, louant Dieu
et faisant à haute voix leurs remerciements
à sa providence. Ce fut au milieu de cette
paix qne Galère mouiut. Maxiinin accourut
en Asie et s'empara de ses Etals. Cela fut
sur le point d'occasionner une guerre entre
Licinius et Maximin ; mais enfin ils s'accor-
dèrent , et la paix fut conclue. Chacun resta
en possession de ce qu'il occupait. Cette pais
devint le signal du renouvellement de la per-
sécution en Asie. Licinius n'étant plus à
craindre pour lui , Maximin lit dans toute
l'Asie ce qu'il avait fait auparavant dans les
provinces qui étaient sous sa dépendance.
Les chrétiens ne jouirent pas tout à fait six
mois du bénéfice de la paix que leur avait
accordée l'édit de Galère et ([ue Maximin lui-
môme avait signé. [Voy. .Mvxi.niN.)
Ce fut en l'année 319 qu'arrivèrent l'af-
freuse peste et la famine non moins affreuse
cjui désolèrent l'cinpire. La guerre vint y
/ijoidoi' sHs liitrroui-s. Diiu putiiss:«il ainsi la
( riiaidi- de MaxMni'i cl cidio dos pan-ns runt-
plioos du SOS cniftulés.
Diou oalicidil pas lonnloiiips h pn-ndro
on main la dcdcMisi- (J(! ses .si-rvilourH. Il vm-
lut néaiUMoiiis comuionoor par raballre l'or
giiril do srs on'iomis. Maxirinn S(^ nlorillait
i'iso|omm(.'nt d(! la prospi-rUc' do son rè^n^»
( t s'en servait nour bIas|.héni(T contro celui
mémo tpii la lui doniad. Mais des Ihivur
suivant, sa vanité se; trouva confonduo par
une sécheresse extraordinaire ipii causa la
l'ami 10, et (! isuilo la p(>sl(ï , acconica^néo
d'nno maladi(! (pi'on appelait le charlxm, la-
(pu'llo attaquait particulioromiMit los y(Mix ,
ol lit poidie la vuiiànne inlinih'' d'iionuncîs,
de foinmes et d'oid'ants , comme si Diou ciU
V(mlu v(!ngor ce grand noiidjre (h; chréli(;ns
à (pii Maxnnin avait fait crever un («il-
l.a famine était si grande, (pi'uno mosnro
do blé valait neuf ccMit cinquante; livio. Plu-
sieurs furent contraints do vendre aux ri-
ches leurs enfanis pour prolonger un peu
leur vie. Les autres vendaient peu à pi-u
leurs terres et se trouvaient ainsi rédiiils
dans uneoxirémepauvroté. D'autres, ueliou-
vant rion (jue des heibes cpii no los noui-
rissaient pas, ou miime vénéneuses , tom-
baient dans une langueur (jui les faisait
enlin mourir. Dos dames de condition furent
obligées, |)ar la nécessité, o demander l'au-
mcj'Uî dans les rues avec une reîcnui' et une
pudeur qui faisaient connaître , ainsi que
leurs habits , la noblesse de leur extraction
et rextrémité de leur misère. D'autr .s pa-
raissaient si secs et si décharnés , qu'on les
pouvait prendre pour des sjiectres et pour
des fantijuios. N'ayant pas la force do se sou-
tenir, ils allaient en chaicelant et tombaient
enti'i au milieu des places , où tout étendus
nar terre et prêts h rendre l'clnie, ils forçaient
leur faiblesse pour demander un morceau de
pain. Les plus riches , après avoir assisté
(Quelque temps les pauvres , se lassaient en-
tin, étonnés de leur grand nombre, et s'en-
durcissaient à la vue de leur misère, aopré-
hendant de tomber eux-mêmes da'is l'indi-
gence. Ainsi les rues et les places publiques
se trouvaient couvertes de corps morts qui
y demeuraient tout nus durant plusieurs
jours , sans que personne leur donnât la ^é-
pulture. Les chiens en déchirèrent quelques-
uns, ce qui obligea à les tuer, de peur qu'ils
ne s'accoutumassent à la chair humaine et
ne devinssent enragés.
La peste , de son C(jté , ne faisait pas de
moindres ravages, et elle attaquait principa-
lement ceux que leurs richesses avaient mis
à couvert de la famine. Les gouverneurs des
provinces, les principaux de chaque ville et
les autres personnes riches étaient enlevés
par une mort prompte accompagnée de vio-
lentes douleurs. On n'entendait que dos gé-
missements et des cris dans les places publi-
ques. Toutes les villes retentissaient de
chants lugubres et du son de ces tristes ins-
truments dont les païens avaient accoutumé
de se servir dans leurs funérailles.
Voilà quelle fut la récompense de l'orgueil
hyi
l'ER
PER
5Ô6
de Maximin et des décrets que les villes
avaient rendus ronlreles rlirt^tions. La mort,
arint'e de la pesto et do la lamine comme de
traits empoisonnés , faisait un si épouvanta-
ble carnage, qu'elle enlevait en peu de temps
des familles entières, et l'on voyait (piel-
qucfois emporter deux ou trois corps de
la même maison en un seul convoi. Lp nom-
bre dos morts était inlini dans les villes et
encore plus grand dans la campagne qui en
fut jiresquo entièrement (li>[HMipléo , et ces
longs catalogues de contribuables dont Ma\i-
min faisait sa gloire et ses richesses, fut ré-
duit à un petit nombr-' de personnes.
(-es malheurs ne furent favorables qu'aux
chrétiens qui y donnèrent à tous les peu-
ples dos marques sensiblos de leur piété en-
vers Dieu et île leur ciiarité envers tous les
hommes. Eux seuls, parmi tant de misères,
tirent paraître de la compassion et de l'hu-
manité. On les voyait occupés tous lesjours,
les uns à ensevelir et à enterrer ce nom-
bre infini de morts , dont personne ne pre-
nait aucun soin; les autres à rassembler tous
les pauvres de leurs villes et h leur distiibuer
du pain. Cela leur acipiit une merveilleuse
réputation, leurs adversaires mêmes étant
obligés de gloritier le Dieu des chrétiens et
avenant qu'eux seuls avaient de la piété et
de la religion.
Dieu voulut punir en raème temps les per-
sécuteurs de ses saints par tous les fléaux de
sa justice, et pendant que les sujets de Maxi-
min étaient emportés par la famine et par la
peste, Maximin sonlfrat aussi boaucoiq) avec
son armée dans la guerre qu'il avait entre-
prise contre les Arméniens. Cette guerre
mémo était encore un effet do son faux zèle
pour l'idolâtrie. Car les Arméniens avaient
toujours été alliés de rem{)ire, dont les rois
avaient coutume de recevoir leur diadème.
Mais connue ils étaient chrétiens et fort zé-
lés nour la vraie religion, Maximin les avait
voulu obligor de sacrifier aux démons, et
par là les avait contraints de prendre les ar-
mes.
Nous voudrions ponvoir éclairer davan-
tagf! l'histoire de cette guerre, qui est la pre-
mière entreprise et soutenue pour la reli-
gion. Mais il faut nous contenter de ce pou
qu'Eusèbe en «lit. Pour la conversion de
I Arménie , Sozomène dit seulement «prolle
avait embrassé le ohrislianismo longtenq)S
avant Constantin. Tiridale, roi de colto na-
tion, touché par quehjuo miracle oxtraor-
«linairo arrivt; dans sa maison, s'é'tait con-
verti et avait on même tenq>s [tublié dos édits
pour ol)lig»'r tous sos sujets à se faire aussi
chrélioris.
l'otidant t\n'i'U Orient Maximin s'elToroait
de ruiner le «hristianisnK!, et voyait, en i)U'
nition de ses un-faits, les Iléaux du ciel s ap-
jiesanlir^tir lui, Constantin défaisait Maxence
et <lovenait uiailre de tout l'Orcident. Aussi-
tôt r|ue ce prince fut entré h Home, il lit, de
roiirerl avec Lirinius . un édit par lecpiel il
|ierniettait h tous les chrétiens de Miivre leur
religion, de tenir leurs assembh'es et tlo bA-
lir des églises. Cet édit fut envoyé à Maxi-
min par les deux princes qui joignirent à cet
envoi le récit des merveilles que Dieu avait
opérées en leur faveur , et la façon miracu-
leuse dont il leur avait donné la victoire.
Toutes ces choses no pouvaient pas être
fort agréables à Maximin , qui , peu aupara-
vant , avait fait une alliance secrète avec
Maxence contre les deux autres. Et il était
alors h la veille d'augmenter encore la per-
sécution qu'il faisait contre les chrétiens.
N'osant pas désobéir h ceux f|ui lui com-
mandaient, selon les termes d'Eusèbe, et no
voulant pas non plus aussi faire paraître
3u'il cédait à leur autorité , il fut contraint
e faire de lui-même un édit en faveur d(;s
chrétiens, ce qu'il n'avait point encore fait.
Car l'édit de l'année précédente ne portait
point son nom, mais celui de Sabin , préfet
du prétoire. Celui-ci est adressé au même
Sabin. Il y mêle, dit Eusèbe, des choses tout
à fait fausses. Et l'on doit mettre sans douto
en ce rang ce qu'il dit qu'il avait toujours dé-
fondu aux juges d'user d'aucune cruauté;
qu'on n'avait jamais banni ni outragé aucun
chrétien que contre ses ordres, et «{u'il avait
recommandé la même modération h Sabin et
par lettres et par les ordres de sa commis-
sion. Il y parle de son entrée à Nicomédie
et de oe qui avait suivi , et il dit (juo cela
s'était fait l'année précédente. Ainsi cet édit
est de cette année 312 , et non de l'an 313
au(|uel Baronius l'a mis.
Enfin , pour conclusion , il ordonne que
l'on laissera les chrétiens en leur liberté,
sans leur faire aucune {)eine sur leur reli-
gion ; mais il ne parle point ni de tenir les
assemblées, ni do rétablir les églises, quoique
Constantin et Licinius lui en eussent écrit
précisément. C'est pourquoi les chrétiens
n'osaient se ha-^arder à le faire ; et môme
comme ils connaissaient sa duplicité, ils n'o-
saient encore paraître publi(iuement. Nous
verrons en ellet que sa haine contre les chré-
tiens continuait tmijours, et quoique les let-
tres de Consta-itin et de Licinius l'obli-
geassent de la dissimuler, il ne laissait pas
de faire eticore jeter dans la mer divers
chrétiens (piand il le pouvait faire secrète-
ment. Cela n'empêche pas qu'Eusèbe ne
compte cette dixième année pour la der-
nière d{> la persécutio'i, parce qu'elle ne re-
commenoa [)lus depuis jusqu'à Licinius, et,
<|uau co itrairo, la paix de l'Eglise augmenta
toujours dt> plus en plus.
Nous ajouterons néanmoins une année à
ce récit, pour représoîiier la dertnore ré-
tractation des persécuttMirs , leur punition
et l'iMitière consommation de la paix.
(j)nstanlin no demeura pas longtemps à
Rome après sa victoire. Il en sortit vers lo
crimiuencement do l'an ;il3,et étant allé h
Milan , il y lit venir aussi Lirinius à qui il
donna sa s«eur Constance en mariage vers lo
mois de mars. Ces doux princes se trouvant
donc ensemble à Milan, ils tirent un nouvel
édit louchant les i hrc'tions à cause de quel
(|Ues dillieultés et de qnobpios fautes qui s'é-
taieit glissées dans le premier. Comme nous
n'avons [las ce premier édit, et que le style
i>M
MOR
MU
.".38
(hi second osl obscur et cmhnn'.issfS , il osl
(lilliciln (II- l)i(ni jnK(M(l('C(M|iic l'on icprcnail
dans If |ti(Mnifr. ^l. N'.ildis croihincron avail
élti choiinc'' (hi (ui (|iir la r('lij;,i(t'i clnrlijMMid
y avail ('lélcIliMiicnl rolcvrc, (pi'il s('nd)l/iit
liuo loiitt's les anlics y ciisscnl t'-U'': drlcn-
duos, cl oncîorc de va\ (|nc hvs divcrsi's s((c,-
tcs sorties des clnc(i(^ns y élai(Mit (jualiliées
(In nom odieux d'Iu^iésics. Je \u\ sais si celle
expliealioM (vsl (oui à l'ail rcMUivahle , mais
nous n'en voyons pas d» meilleuro.
(le (jni esl e(Mlain, e.'esi (|ue lo second
(^dil do'ino un(^ entiO>ie lil»(>rl(''! de cons(^ienco
h loules soi'ies de pcM'so'unvs , perniellanl 'i
chacun d'honorer lelle diviiiilé tpi'il voudra
et on la maniùro (pi'il lui plaira , co qui n'est
j)as (Hrani:,e en un nouvel empereur, peu ins-
îruil el peu al)solu, el (|ui av.iil à conlenler
Licinius et ses sujets. La lin ilo cet édil est
consithWahle. Il ordomie que tous ecn\ qui
avaie'U achelé du lise, ou re»;u en <lon îles
lieux destinés aux assemblées des chrétiens,
ou (pii apparliMiaienl en ([uelijuc aufi-e ma-
nièi'e ii l'I^^lise ou au corps des chi'éliens ,
les restiluent incessanunent et s'adres-
sent au lise |)0ur leur dédonnnayement, sans
rien demander aux chrélicns. Cet édil l'ut
adressé au môme préfet du prétoire que le
premier.
Nous avons parlé ci-dessus de la mort do
Maximien Hercule en 310, et de celle de
Maximien Galère en 311; Diodélien finit
aussi sa vie en ce temps-ci même , par une
mort qui ne fut pas moins misérable et moins
funeste (]ue celle des deux autres, connue
on l'a vu dans l'histoire de sa vie. Ainsi, de
tous les persécuteurs dos chrétiens, il ne
restait plus à |)uiiir que Maximin , qui avait
été plus cruel que tous les autres. Et son
clu\tnnent suivit de près la mort de Maxence.
11 se jeta lui-môme dans le j)récipice où il
périt en rompant la paix avecLicinius, dans
la fausse espérance que ses démons, son
argent, ses grandes troupes et son extrême
téméiité lui donnaient de remporter une
victoire signalée. En effet, ayant fait avan-
cer son armée dans la Bithynie malgré les
rigueurs de l'hiver , et élant ensuite en-
tré dans la Thrace , il força d'abord By-
zance et Héraclée, ce qui obligea Licinius
de se mettre en campagne avec une armée
incomparablement plus faible que la sienne.
La bataille se donna près d'Andrinople le
trentième jour d'avril, après que Maximin
eut voué à ses démons la ruine entière des
chrétiens, ctqneLiciniuseut invoqué le Dieu
souverain qui fit paraître en cette rencontre
qu'il est le Dieu des batailles, et Maximin
enlièromcnt défait fut réduit à s'enfuir à
Nicomédic et de là en Cappadoce, oii il tacha
de réparer un peu ses forces.
Cependant Licinius étant arrivé à Nico-
médie y rendit grâces au Dieu qui l'avait
fait vaincre et y fit aflicher l'édit donné à
Milan pour les chrétiens. Cela se fil le 13
juin de cette année, dix ans et près de qua-
tre mois depuis que l'on y avait afiiché le
premier éditde la persécution (le 2'i. février
de l'an 303). Licinius, en môme temps, ex-
horta les ( hrétiens h rebiitir leurs église»,
et d ne inan(pia pas d'cMic obéi. Ainsi, l'on
commença à s'assurer qur Dieu avait exnucrt
les pru'res (pu) lo.s sniMls coidesseur.^ lui
av/ueni adr-essées on le conjurant sans cess»
de riîudre la paix h l'I-lglise : cl le |em[)l(! do
Dieu (pie les inijiies avaient renvcîrsé d'a-
bord en cette vdie pour lui faire injure,
conunen(;a, par la miséricorde du Seigmiir,
h s>\ r(!l(!ver plus grand et plus niagmlifpio
(pi'il n'avait jamais été Les chrétiens s'oc-
cup(''r(!nt alors h célébrer avec j(jie le triom-
phe de hnn- libérateur, h relever sa vicloiro
p/U' leurs louanges et h lui demander jour et
iniil par leurs prièr(;s (pi'il all'eiinil poiu' ja-
mais la paix (pi'il hiur avait rendue après
une gneire de dix années.
Licinius s(! i('mil(^n canqiagne pour pour-
suivre Maximin, qui n'(!Ut pas pluttM ro
pris ses esprits (pu;, plein de, honte et do
iiueur, il lit mourir lui-nn^rm» la plupart (hi
ses prôtres et de ses prophètes, les accu-
sant d'ôti'c cause de son malheiu', et puis il
fit un second édit [)oui' les chrétiens, bien
j)lus ample que le premier, puis(pril leur
aiîcorde clairement le pouvoir de bAtir des
églises avec la restitution des maisons et
des terres qui leur avaient ai)paitenu et
tiue l'on avait confis(jnées. Il i)rcnd prétexte
(le faire un nouvel éiiit sur ce que (juelquos
juges n'ayant pas , drt-il, bien compris ses
intentions exprimées i)ar le |)re?nier, avaient
donné sujet aux autres d'en douter et de n'o-
ser embrasser la religion qu'ils voulaient.
Cette pénitence forcée ne fut pas capable
d'apaiser la colère de Dieu. Il ne lui donna
aucun répit et lui (jta aussitôt la vie par une
maladie éj)0uvantableque nous avons rappor-
tée en un autre endroit, et dont l'acciient le
plus mémorable fut que les veux lui sortaient
de la tôle ; Dieu l'ayant voulu punir du môme
supplice qu'il avait fait souffrira tant d'in-
nocents. Il était déjà dans cette furieuse
maladie lorsqu'il fit son dernier édit pour les
chrétiens. Il mourut vers le mois d'août à
Tarse en Cilicie, où il s'était retiré pour
fuir Licinius, et il prévint au moins par sa
prompte mort les maux dont il allait être
accablé par ses ennemis, mais ce ne fut que
pour aller éprouver les rigueurs de la justice
divine, ennemie terrible de tous les pécheurs
impénitents.
Après sa mort, il fut déclaré ennemi pu-
blic ; ses images et celles de ses enfants dé-
chirées ou effacées, ses statues brisées. Ses
enfants et ses parents furent punis du der-
nier supplice, après avoir souffert toutes
sortes d'ignominies. Sa femme fut jetée dans
l'Oronte où elle avait fait jeter plusieurs
femmes chastes. Tous ceux qu'il avait éle-
vés dans les charges, et qui pour le flatter
s'étaient rendus les principaux ministres de
la persécution, furent enveloppés dans sa
ruine. On le marque particulièrement de
Calcien, qui avait répandu dans l'Egypte le
sang d'une multitude de chrétiens ; de Fir-
milien qui s'était signalé de la même ma-
nière dans la Palestine ; et de Théotecne
dont le supplice a été marqué par avance.
539
PKR
PER
5;o
Licinius lit encore tranchor la tôto à Cancli-
die'i. tils (le >f.i\iinio'i (i.il^ro ot iiK^nic aux
(It'tix impératrices, Pi i.S(nie, veuve de Dio-
(l(^ti»>i. cl Vah^rie, sa lilte, veuve de (iaU'ie
Dieu elfaça ainsi de dessus la terre Ips im-
pies et toute leur race. Ces noms ma:^nili-
ques et insolents de Jnre et d//rrr>//r, ([uc
Dioclétien et Maximien s'étaient attrd)ués et
avaient fait passer à leurs successi'ur>^, fu-
rent abolis. Ef Ton vit viTillcr ci>tte [>arole
de TEtTilure : JV»/ »*« l'impir f'hrc rommr 1rs
cèdres du Liban : j'ai passe' rt il n'était plus.
loi nous linirons nr)fre article général
PERsÉcrTio>s. Il ('tait imfiossible de ne pas
faire un taid-'au d'enstMuhle sur les persécu-
tions de l'E.^lise dans les temps ([ni sécnu-
lèrent dopais la mort de Jésus-Christ jus-
qu'à l'avènement de Constantin. C'est une
suite non interrompue de combats et de lut-
tes de la part des chrétiens, de rage et de
fureur de la part de leurs ennemis. Hors de
ces temps mémorables, les [persécutions de-
viennent [)lus isolées. Elles n'ont |)lus ce ca-
ractère d(? guerre générale qui leur est [par-
ticulier durant les trois [>remiers siècles.
Toutes les pers/'culions qui suivent seront
racontées sous les noms des persécuteurs,
ou bien sous ceux que lliistoire leur a géné-
ralement attribués.
PERSÉGUTKTX DES VANDALES.
En V29, pressés p tr les Visigoths et les
Suèves, les Vandales quittèrent l'Espagne
où ils s'étaient étab is et [tassèrent en Afri-
que sous la conduite de Genséric, leur roi.
D'abord ils s'emparèrent de la Mauritanie.
Los Romains lire it la |)aix avec eux en VYô,
en leur accordant la partie de rAfri((ue où
ils s' 'taiint installés. .Mais deux ans a[)rès,
dit Fleurv, en VM, leur roi Censéric, vou-
lant établir larianisme et ruiner 1« religion
ca'holif[ue dans b-s terres de son obéissance,
persécuta [ilusieurs évèques dont les [>lus
illustres étaient Posidius, Novat et Séverin.
Il leur ùta les églises, et les i-hassa même
des villes parce qu'ds résistaient à ses me-
naces avec une constance invincible. Il vou-
lut aussi |»ervertir quatre Espagnols qui
étaient en grand boiuieur auprès de lui, et
que leur capacité et leur lîdélilé lui avaient
rendus fort chers; leurs noms étaient Ar-
cade, Prolius, Paschase et Eut\cbien. Il leur
ordonna d'embrasser l'arianisine, ils le refu-
sèreul frès-(7>nsiniumenl. et (lenséTic, fu-
rieusement urilé, les jiroscrivil. [)uis les en-
voya eu exil; ensuite il leur lit soiMfrir de
très-cruels loiM-mt-nls. enlin \\ les lit moinir
diversiMuenl el ainsi ils rem[)i»rtèrenl lacmi-
rotuie du martyre. Eutychion et Paschase
avaiedf nu j-n ie frère' nommé P.inhlliis ,
qui était furl ngn',d>le au roi, à cause de sa
beauté et de son esprit. N'ayant [)n le dé-
touiner de la religion ciiliMli(iiie |mr au-
cu le uienace, il le lit battre l(»nglen)[is à
coups de b.)ton, el le norjdamna à la s«'rvi-
tud«* la [)lus bnsse, ne vfnilaul [)as, î> ce que
1 ou rrul.le foncMnourir île |»eur de paraître
vninni |)flr la constance d'un enfant.
M ««! m plusieurs écrits pour soutenir los
(atboli([ues pendant cette persécution. Nous
avons une lettre d'Antonin Honorai, évèque
de Coistantine, à Arcade, un de ces quatre
martyrs, [)our le consoler et l'encour.tger
[cndant son exil. Il l'exhorte à mépriser
ses richesses et h ne se point laisser tenter
j)ar l'amitié du roi, ni attendrir [)ar l'amour
d(.' sa femme. Victor, évèque de Cartenne
eu Mauritanie, conq)osa un granfl livre con-
tre les ariens, qu'il lit |)r«''senter h Genséric
même. On trouve un nbrégé de la foi contre
les ariens, écrit vers ce temps-là, par un
auteur (jui n'est pas connu, une explication
des passages touchant la Trinité, contre
Varimade, fliacre arien, <lont lauteur était à
]Sa|)les. Céréalis , évéfjue de Castelle eu
Mauritanie; Vasconius, évèque de Caslel-
lane dans la même province ; et un autre
évèque africain nommé Asclépius, écrivirent
contre les ariens.
Geiséric, voyant les Romains occupés
ailleurs, et particulièrement Aétius, le |)rin-
cipal de leurs chefs, a[)pli([ué aux affaires
des Gaules, sur[»rit Carthage a»i milieu do
la paix qui em[)èihait de se délier de lui,
et y entra le quatorzième des calendes de
novembre, sous le dix-se[)tième consulat do
Théodore, c'est-à-dire le 19 octobre W9. Il
en pilla toutes les richesses, faisant souffrir
plusieurs tourments aux citoyens pour les
découvrir. Il dépouilla les églises et y logea
ses gens après eu avoir chassé les prêtres el
enlevé les vases sacrés. Il traita cruelle-
ment tout le peujtle ; mais il se déclara ()rin-
cipalement ennemi de la noldesse el des
ecclésiastiques, ei V(uilant introduire l'aria-
nisine [)ar toute rAfriijue, il chassa les évo-
ques de leurs églises el fit [)hisieurs martyrs.
Genséric ayant doue |>ris Carthage, parta-
gea ainsi les provinces d'.M'rique. Il se ré-
serva la Byzacène, l'Abaritaine, la Gélulie
et une [larlie de la Numidie: et disliibua h.
son armée la Zeugilane et la Procmisulaire.
L'tnnpereur Valentinien défendait encore les
autres |)rovinces , mais toutes désolées.
Genséric manda aux \andales de chasser
lie leurs églises les évèques, après les avoir
d(''|)OuiIlés de tout ; ou s'ils refusaient do
sortir, de les réduire en servitude [>erpé-
tuelle : ce qui fut exécuté h l'égard de plu-
sieurs évèques et de [>lusieurs laitiues no-
bles et considérables par leurs dignités.
Quodvultdeus, évèijue de Carthage, et un
grand nombre de clercs, furent aussi chassés
et euil)ar([U(''s sur des vaisseaux rompus, et
toutefois ils arrivèrent heureusement à Na-
|)les. (iaudiose, évèipie d'Abiline. cpii était
du nombre, fonda un m(Uia>tèro où il mou-
rut aussi l)ieii que (Juodvullileus ; on con-
serve eiicori» \\ Sa[)les les ridiques de l'un
et de l'autre dans ce monasièro. qui est à
r)résenl occu[M^ par des religieuses. L'Eglise
lonore saint Oui»dvulldeus le \i\ octobre et
saint Gaiiiliose le 2.S. On com, te encore onze
autres évè({ues ou clercs, dont les plus fa
meux sont Priscus et (.astrensis, qui, a[)rès
avoir soidVerl <livers loiirinents eu Atrique,
furent embarqués sur un vieux b.^limcnl,
soit dans le môme voyage ou dans un autre,
r;n
ri'iR
PFR
Bit
ol )il)onl(^ponl fil fl/iin|);iiii(i oi'i il'; ^aiiivoriK''-
r(Mil (livfi'scs (''^liscs : on (Mi l'ait iiM'iiKiin' lo
1" Sf|ll('llllll('.
(îdii.mVic, nynnl cluissi^ r(''v<^i|iic «h» T.jir-
lli.T-ço «vcc son rl<'i'fA('', donn.i h vi'[\\ (|<> su ri>-
li^ion, r'csl ii-(liin i\u\ nv'wws, i'r^li.so non»-
llK^' l\('sli(iil(\ où les (''Vieilles (IcnicniaicMt
toujours, cl <Mii f'uix c.illioliipuïs loulcs celles
(|iii (Paient dans rcM(-cinlC(lcs umiaillesavec.
l(MM\s richesses. Il s'euipara aussi hors la ville
<le toutes les c;;;lis(\s ({u'il voulut cl pritici|ta-
lonienl, de deux ;Ar<'iiid<'s et Mia;;nili(|iics (l(>
saitU Cv'pri(Mi ; l'uno au liou où il répandit
son sani;, l'aidre au li(Mi où som corps était
enseveli , nonniié Mappalia. Il connuanda
aux catholi(iuos d'enterrej' l(>urs morts on si-
leuee, sans chanter î\ l'ordinaire, et (>nvoya
on (>x 1 la partie des clercs (|ui étaient restés.
Los <^v(^(|ues»Pt les autres persoiuiaj^os
oonsidérahlcs qui étaient deuieurés dans les
j)roviuces parta;j,ées entre les Vandales vin-
ronl tronvor (ienséric, comnio il se prome-
nait sur 1(^ hord de la nu;r près d(i Maxulc,
dans la province proconsulaire, et le sup-
nlièronl ([u'aprés avoir piMxlu 1(mu-s églises et
leurs biens, d leur l'ùt au moins permis do
demeurer, nourla consolation du peuple do
Dieu, dans le pays dont les Vandales étaient
déjh les maîtres. 11 leur lit diio : J'ai résolu
de uo laiss(>r personm; de votre nom et do
votre nation, et vous osez me faire de toiles
demandes? Il voulait sur-le-champ les faire
jeter dans la mer, si les siens ue l'en eussent
empoché ;> force de prières. Ces pauvres ca-
tholiques se retirèrent pénétrés de douhuu',
et, n'ayant |)lus d'églises, commencèrent à
célébrer les saints mystères comme ils pou-
vaient.
Le comte Sébastien, gendre du comte Bo-
niface, maltraité comme lui par les Romains,
s'était enliu réfugié en Afrique. Genséi'ic
ne pouvait se i^asser de ses conseils, et tou-
tefois il le craignait; en sorte que, voulant
le faire mourir, il en cherchait un prétexte
dans la religion. 11 lui dit donc un jour en
présence de ses évêquesel de ses domesti-
ques : « Je sais que vous avez juré de vous
attacher fidèlement à moi, et vos travaux
font voir la sincérité de votre serment; mais
afin que votre amitié soit perpétuelle, je veux
que vous ombrassiez ma religion. » Sébas-
tien, trouvant une invention convenable
pour le frapper, demanda que l'on apportAt
un pain blanc, puis le prenant entre ses
mains, il dit : « Pour rendre ce pain digne
de la table du roi, on a premièrement séparé
le son de la farine, et la pAte a passé par
l'eau et par le feu. Ainsi dans l'Egïise catho-
lique, j'ai passé par la meule et uar le crible,
j'ai été arrosé de l'eau du baptô'meet perfec-
tionné par le feu du Sain t-Esi)rii. Qu'on rompe
ce p.un, qu'on le trempe daîis l'eau, (m'on le
repétrisso et (ju'on le remette au four, s'il en
devient meilleur, je ferai ce que vous vou-
lez. » Il voulait, par cette parabole, mon-
trer l'inutilité d'un second baptême. Gensé-
ric l'entendit bien et ne sut qu'y répondre;
c'est pourquoi il chercha ensuite un autre
})rétexte pour faire mourir le comte Sébas-
ti(ni, et il se trouve en quehjuos mnrfyrolo-
Kes honoré coinine mart} r.
Geiisénr, étant mort dès lo comoiomo-
nient de laïuiée V77, llunéric, son liis «lue,
lui avait sucré'di'. Il se montra d'abord assez
niodér('', principalement eiivers lu.-» calholi-
(pies, en soil(« (pi'ils ree.,inmeiu'èn!Ml h n'as»
,^enlbler dans le.s lieux où (ieuséiic l'avait
(h'I'e'idu. liiinéric rechercha soi^'ieusement
les iiiauiclK'e'i.s; il (mi lit IiiùIcm- pliisiours et
<'n envoya plusieurs par mer hors de l'AI'ri-
(pie; et coiimu! il trouva (pio picsqiie tf>ii.s,
priiicipalemeit leurs prêtres (;t leurs dia-
cres, t(''iaie'it l'héiésio arienne comme lui,
la honte (pi'il en oui ranima (Miconi plus
(•(Milre eux. Un do ces manichéens, nommé
(Ih-menlion (d moine; do profession .avait en
éci it sur .sa cuisse : Manès, discijjlo do Jésus-
Christ.
L'Iiglise {\o Cartilage était sans évèqiK; do
puis viiigt-((uati(' ans; mais enliii,à la prière
do l'empereur Zenon oldela princesse IMaci-
dio,do!rt liuiiéric avait épousé la soiur, il per-
mit aux calholi(pies d'y ordonner un évèijuc.
Pour assister (^ l'élection , Hunéric envoya h
l'église Alexandre, ambassadeur de l'empe-
reiir Zenon, et avocluiundosesnolairos nom-
mé Vitarit, portant un édit qu'il fit lire publi-
quement en ces termes : « Notre maîtn;, à la
prière do l'emporeur Zenon et de la très-no-
ble Placidio, vous accorde d'ordonner un évo-
que tel (pi'il vous plaira, à condition que les
évèqu^'s de noire religion, qui sont k Cons-
tajiîijiople et dans les autres provinces d'O-
rient, aient la liberté do prêcher dans leurs
églises en toile langue qu'ils voudront, et
d'exercer la religion chrétienne , comme
vous avez la 1 berié ici et dans vos autres
éj^lisos d'Afrique, do célébrer les messes, de
1 rocher eîd'exercer votre religion. Car si cela
n'est pas observé, l'évèque qui sera ordonné
ici et les autres évoques d'Afrique , avec
leur clergé, seront envoyés chez les Mau-
res. » Col édit ayant été lu dans l'église de
Carthago, le dix-huitième do juin , quatre
cent quatre-vingt-un, les évoques catholi-
ques qui étaient présents en gémirent ,
voyant l'artifice avec lequel on préparait la
persécution. Ils dirent au commissaire du
roi : « A des conditions si dangereuses, cette
église aime mieux n'avoir point d'évèque ;
Jésus-Christ la gouvernera comme il a fait
jusqu'ici. » Mais le commissaire ne voulut
point recevoir cette protestation, quoique le
peuple le demandât par des cris qu'on ne
pouvait apaiser.
Eugène fut donc ordonné évêque de Car-
thage, avec une joie incroyable du peuple,
car il y avait ungrandnombre déjeunes gens
qui n'avaient jamais vud'évèques assis dans
la chaire de celte église. Il s'attira bientôt,
par ses vertus, le respect et l'aflection, non-
seulement des catholiques, mais de tout le
monde; car il était humble, charitable, plein
de compassion, et faisait des aumônes iu-
croyables. 11 est vrai que les barbares possé-
daient tous les biens de l'Eglise ; mais on ap-
portait tous les jours de grandes sommes au
saint évôijuc, etildisiriiuiail tout fidèlement,
545
PER
PER
SU
sans en rien réserver que ponr les besoins
de chaque jour; rar il ne ganinit jamais d'nr-
g(>'ir au lendemain, à moins ((u'on ne le lui
pO( apport»'» trop lard pour le do'inor avant la
nuit. Sa réputation lui attira l)ientO)t Tcnvio
des ('■ vAques ariens et principalement do Cy-
rille, le plus puissant de tous. Ils représen-
tèrent au roi qu'il était dangereux de souf-
frir qu'Eugène eontinuAt de prôchor. Ils vou-
Iniriit qu'Eugène lui-même empècliAt que
personne, ni homirie ni femme, ne parût
dans l'église en habit de biroarf, mais il ré-
pondit que la maison de Dieu était ouverte à
tout le monde : ce qu'il disait principalement
à cause des catholiques qui, servant dans la
maison du roi. étaient obligés de porter l'ha-
bit des Vandales.
Après celte réponse de Tévèque, Hunéric
fil mettre à la porte de l'église des bourreaux,
qui, voyant un homme ou une femme y en-
trer avec l'habit de leur nation, leur jetaient
sur la lèle de petits bâtons dentelés, dont ils
leur entortillaient les yeux, et les tirant
avec force, arrachaient la chevelure avec la
peau de la léle. Quelques-uns nerdirent les
yeux, d'autres moururent do douleur; plu-
sieurs survécurent longtemps. On menait
par la ville des femmes avec leur tète ainsi
écorchée, précédées d'un crieur pour les
montrer h tout le i)euple; mais cette cruauté
ne lit quitter à personne la vraie religion.
Alors Hunéric s'avisa d'ôter les pensions
aux catholiques qui étaient à sa cour, et de
les envoyer travailler à la campagne. Ainsi
des hommes, nés bbres et délicats, furent
conduits dans les plaines d'Utique, pour cou-
ler les blés h la i)lus grande ardeur du so-
eil. Un d'eux avait la main sèche depuis
ongfemps et comme on le forçait h travail-
er, nonobstant une excuse si légitime, il
"ut guéri par les prières de tous les autres.
Tel fut le commencement de la persécu-
tion d'Hunéric. Il était cruel mOune envers
les siens; car, pour assurer le royauuie à ses
enfants, il lit mourir ses autres parents les
plus [>roc,hes. il lit brûler un évè(iue arien
nommé Joeondus, (|u'ils appelaient leur pa-
triarche, et plusieurs de leurs prêtres et do
leurs diacios.
Environ deux ans avant la persécution gé-
nérale plusieurs personnes eurent des vi-
sions qui furent jtrises pour des averlisse-
ineiits du ciel. L'un vit l'église de Fau.ste,
alors la [)rini;ipale de Carthage, ornée M'or-
dinaire, tapissée et éclairée (l'un grand nom-
bre de cierges el de lunpes, mais comme il
s'en réjouissait, tout d'un coupées lumières
furent éteintes, et suivies di^ ténèbres et de
Kuanleur, et une nndtitudede gens velus de
lanc, rpii étaient ilans l'église, en fut chas-
st'e par des Ethiopiens, (UUui (jui avait eu
c Ile vision la raconta k l'évèque l'ugène,
en présence de Vidor, t'-vèipu' de Vite, qui a
écrit celte histoire. In autre vil \\n granil
monceau de blé mêlé avec sa padle, dont un
f;rand vent d'orage euiporla toute la paille et
aissa If» grain; ensuite vint un grand iiomme,
d'un visage et d'un habit éclatants, (jni rom-
niença h nettovor lo grai >, rejetant tout ce
qui était maigre et mal nourri ; en sorte qu'il
le réduisit l\ un petit monceau. L'évèque
Quinlien crut èlre sur une montagne, d où
il voyait un troupeau innombrable de bre-
bis, et au milieu deux chaudières bouillan-
tes, avec des bouchers qui tuaient ces bre-
bis et les jetaient dans ces • haudières, en
sorte que toul le troupeau fut consumé.
Quelques autres eurent des visions sem-
blables.
Hunéric ordonna d'abord que personne
ne servît dans son palais, ou n'exerçAl de
fonctions publiques, qu'il ne fût arien. Il y
en eut un grand nombre qui renoncèrent
h leurs charges pour conserver la foi. Il les
chassa ensuite de leurs maisons , les dé-
j)Ouilla de tous leurs biens el les relégua en
Sicile et en Sardaigne. Il ordonna aussi que les
biens des évoques catholiiiues appartien-
draient au fisc après leur mort, et (ju'onne
pourrait ordonner le successeur qu'il n'eût
{)ayéau lise cinq cents sous d'or. Mais ses do-
mestiques lui représentèrent que l'on traite-
rait de môme et plus rigoureusement les évo-
ques ariens en Tnrace et'ailleurs,ce qui l'obli-
gea à révoquer cette ordonnance. Il fit en-
suite assembler les vierges sacrées, les fil vi-
siter honteusement par des matrones de sa
nation, el les fit lourmenler pour les obli-
ger à déposer contre les évô([ues. On les
suspendait avec de grands poids aux pieds,
on leur appliquait des lames de fer rouge
sur le dos, sur le venire, sur le sein, les
côlés, les pressant de dire que les évô-
oues et les clercs catholiijues abusaient
d'elles. Plusieurs moururent de ces tour-
ments, d'autres en demeurèrent courbées ;
mais elles ne donnèrent aucun prétexte de
calomnier l'Eglise.
Ensuite Hunénic envoya en exil, dans le
désert, des évèques, des prêtres, diacres et
d'autres calholi(]ues au nombre de qu dro
mille neuf cent soixante-seize, entre les-
quels il y avait plusieurs goutteux, plusieurs
h qui leur grand âge avait fait perdre la vue.
Félix U'Abbirile, évè(|ue depuis (piaraule-
(pialre ans, était paralvlupie, en sorte qu'il
avait perdu tout sentiment el même la pa-
role. Les évèipies catholiques, ne sachant
comment l'emmener, firent demander au roi
qu'on le laissAl h Carihage où il mourrait
bientôt. Le roi réjuindil : « S'il ne peut se
tenir à cheval, qu'on l'atlacho avec des cor-
des .^ des buMifs in(io[n[)tés pour le mener
où i'ai ordonné. » Il lailul le [«orler sur un
mulet, lié en travers comme une pièce de
bois. On assembla tous C(>s eonfesseursdans
les deux villes dt' Sicca et de Larée où lt>s
Maures devaient les venir prendre pour les
mener tians li> dt'sen. (^n les enferma pre-
mièrement dans une prison, où leurs con-
frères avaient permission d'euirer, de |)rê-
cher el de c(''l(-brer les divins mystères. Il y
avait av(>c eux iilusieurs jeunes enfants, dont
quel({ues-uns étaient tinilés par leurs mères
qui, l'oiir les tirer de ce péril, voulaient les
laire rebaptiser; mais aucun ne se laissa sé-
duire. Les confesseurs furent ensuiie resser-
rés dans une prison }>lus étroite • on ne per-
84.'
vv.w
rKi\
!>iO
niitiilns (1(1 lus visit(M", cl les gni(l('5 rm(^nt
cluUiiVs iMiilfiin-nt. I.fvs prisiMimcrs clMiciit
Onlii.sstVs l'un MIC raiilr'-, sans avoir aucun
e.s|wi(M» pour s'ôcarlcn'ii salM'.usaul aux uô-
(•(>ssil(''s iialiiit'Ili'S. <■•' (jui pioiluisil l)i('iit(M
lUU' uili'cliou et iiur liunriu- plus liisuppoi-
tabl(is(pu! lous les louruicnls. I.ours «MMirir-
rcs, (>l oi\\vo autres Viclor riiisioiicn, awiul
liouvt^ nioycu tl'v ciilrcr srcicltMurul, s'cii-
lou(.^rciit dans ('onluro ju.>j(ju'a\i\ genoux,
l'jiliu les I\laur(>s Icui- oj-doniu^'icnl i^i friand
biuil (lo se [tiépnri'r .\ uian hci-. Ils soiluciil
donc undiuiaucho, snl(,>s couuno ils élaicul,
nnu-.S(Hil(Muonl par leurs liahils, mais par la
ttMoet le visat|,o ; el loutelbis ils chaiilau'Ul :
tellooslla gloire ilo tous les saiuls. Cyprien,
(WiVpu' (rihii/.iho, les cousolail el leur donna
luul ce cpi'il avait, di'siraul ("^ire eiuniencî
avec eux. Il soullVil beaucoup dans la suite,
«M l'ul envoyé en e\il apr('>s une rude prisoii.
Le peuple à(''courail de tous côtés pour voir
les saints conlessours; les eheniius étaient
trop étroits, et les licUMos couvraient les val-
lées et les montagnes, portant dos cierg(îs à
leurs mains, cl, jetant leurs enfants aux
pieds des saints, ils leurs criaient: « A qui
nous laissez -vous , en courant au mar-
tyre? Qui baptisera ces enfants? Qui nous
donnera la pénitence et la réconciliation?
Qui nous enterrera après la mort? Qui of-
frira le divin sacritice avec les cérémonies
ordinaires? Que ne nous est-il permis d'aller
avec vous! »
On remarqua une femme qui portail un
sac et tenait un enfant par la main, lui di-
sant : « Cours, mon petit maître, vois-lu tous
ces saints, comme ils se pressent d'aller re-
cevoir la couronne? » Ceux qui accompa-
gnaient les confesseurs la reprirent de ce
qu'elle voulait aller avec tant d'iiommes :
elle leur dit : « Priez pour moi et pour cet
enfant. Je suis lille du défunt évèque de Zu-
rite; j'emmène cet enfant, de peur que l'en-
nemi ne le trouve seul el ne Tentraîne à la
mort. » Les évoques lui répondirent, bai-
gnés de larmes : « La volonté de Dieu soit
faite. » Ils marchaient de nuit plus que do
jour, à cause de l'ardeur du soleil, et logeaient
avec grande incommodité, dans des caves
qui leur étaient préparées. Pendant la mar-
che, quand les vieillards ou les jeunes gens
les plus faibles n'en pouvaient plus, on les
piquait avec des dards, ou on leur jetait des
pierres pour les presser. Ensuite, on com-
manda aux Maures de lier par les pieds ceux
qui ne pouvaient marcher, et de les traîne.'"
comme des botes mortes par des lieux rudes
el pierreux, oii d'abord leurs habits furent
déchirés et ensuite leurs membres. L'un
avait la tête cassée, l'autre le C(jté fendu;
Flusieurs moururent, que l'on enterra comme
on put le long des grands chemins. Les au-
tres arrivèrent dans le désert où on les me-
nait, et on leur donna pour nourriture de
l'orge comme à des chevaux; encore la leur
ôla-t-on ensuite. Ce lieu était plein de scor-
pions et d'autres bêtes venimeuses, qui ne
îirenl toutefois mourir aucun des serviteurs
de Dieu.
Le jour do rAsceiision VK.'l, en préseric»)
de Héuiiiiis, audtiissadeur de reumcrciir '/.i'-
non, lluu('Tir envoya .'l l'evéquc Kii^ene UU
édil poiM' l(j l'airi) lire dniis TK^lise, et il
l'envoya aussi par des courriers dans toute
l'Atrique. 11 pai lait ainsi : « lluiiéric, roi des
\aiid/il(!S et des Alaiiis, h tous je» évi^ipies
hoiiioousiens. il nous n été souvent (|i'd'(ïn(lu
de tenir des assciiibh'es dans h; paila;;(,' des
Vandales, do peur (pie vous ik; séduisiez les
Ames clirélieniies. ()ii a trouvé (pic plusieurs
y ont célébré des messes, a\i iiH'piis de cetio
défense, soutenant (pi'ils conservent linlé-
grité de la foi clir('ti(îniie. (^cst poiinpioi,
no voulant point soutlrir d(î scandale dans
les [irovinces ((ue Dieu nous a données, nous
avons ordoniu' , du consiinteiueiit de nos
sai'its évé(pies, (pie vous veiiie/. tous ,'i (bai-
lliage le jour des calendes de février pro-
chain, [)()ur disputer de la foi avec nos év6-
(pies, et prouver par les écriluics la créa'ice
des homoousiens (jue vous soutenez. Donné
le treizième des caleîides de juin, la sep-
l èiiie année du règne d'ilunéric (c'esl-h-diie
le '20 mai 483). » Les évôcjues (jui se trou-
vèrent présents furent étrangement cons-
ternés h la lecture de cet édil; il leur parut
être le signal de la persécution, {jarticuliô-
rcment ces paroles : Ne voulant pas souf-
frir de scandale dans nos provinces, comme
s'il disait : nous n'y voulons point souilrir
de catholiques. Après avoir délibéré, ils no
trouvèrent ()oint d'autre remède (jue de ten-
ter d'amollir ce cœur barbare en lui faisant
présenter une remontrance par l'évoque Eu-
gène.
Elle contenait en substance que, s'agis-
sanl de la cause commune, il fallait aussi
appeler les évoques d"oulre-mer. La réponse
ciu roi fut : « Soumettez toute la terre à ma
puissance, et je ferai ce que vous dites. » Eu-
gène r6^)liqua : « il ne faut pas demander
l'impossiole; j'ai dit que si le roi veut connaî-
tre notre foi, il |)eut envoyer h ses amis,
c'est-a-dire aux princes catholiques ; j'écri-
rai aussi à mes confrères, afin qu'ils vien-
nent pour vous montrer avec nous notre foi
commune, et principalement l'Eglise ro-
maine, qui est le chef de toutes les Eglises. »
Eugène parlait ainsi, non que l'Afrique man-
quât de personnes capables de réfuter les
objections de leurs adversaires, mais pour
faire venir des évoques qui, n'étant point su-
jets des Vandales, leur parlassent avec plus
de liberté, et qui pussent témoigner à toute
la terre l'oppression que souffraient les ca-
tholiques. Hunéric n'eut point d'égard à celte
remontrance, mais il chercha divers pré-
textes pour persécuter les évoques qu'il ap-
prenait être les plus savants. Il envoya une
seconde fois en exil l'évêque Donatien, après
lui avoir fait donner cent cinquante coups de
bâton, il bannit de même Présidius de Saf-
félule. 11 fit battre Mansuétus, Germain, Fus-
culus et plusieurs autres. Cependant il dé-
fendit qu'aucun des siens ne mangeât avec
les cat.holiques, qui se réjouirent de cette
défense.
Le 1" février, jour maraué pour la confé-
.^V7
^I.R
t>ER
Ui
ronce, triant prnrlio , los évoques vinrent
nnn-spul«Mnpiit de tonte 1 AlVi(|u -, mais des
Iles sujettes aux Vandales. Ils étaietit acca-
blés de douleur. On garda le silence pendant
])lu-îieurs jours, jusqu'h ce fiu'Hunérir eilt
sépart^ les plus hahiles pour les faire mou-
rir sur des calomnies. Il lit bii^ler un des
plus savants nommé Létus, a|)rès l'avoir
tenu lonc;temi>s en prison, pensant intimider
les autres par son exemple. Enlin on vint h
la conférence dans le lieu manpié pai- les
flriens; les cath.»li<jups clioisireiil dixd'eiil'e
eux, qui devaient répondre pour tous, a(in
d'ùtcr aux ariens le prétexte de dire rpi'ils
les avaient accablés par leur multitude. Cy-
rille était assis avec les siens, en un li«'U
élevé, sur un trône ma^niTnpie, au lieu que
les catholiques étaient debout. Ils diieit :
«On doit garder l'égalité dans une confé-
rence, et il doit y avoir des commissaires
pour examiner la vérité. Qui fera ici cette
fonction ? » Un notaire du roi répondit : « Le
patriarche Cyrille a dit » Les catholiipies
l'interrompirent et demandèrent par quelle
autorité Cyrille prenait ce titre. Alors les
ariens commencèrent h faire du bruit et h
calomnier les calholiqii(>s; et parce qu'ils
avaient demandé que s'il n'y avait point de
commiss.'iires, du moins les plus sages du
peuple fussent spectateurs, on ordonna de
donner cent coups de bAton <i tous les ca-
tholiques qui étaient iiréseiifs. Alors lévé-
que Eugène s'écria : « Que Dieu voie la vio-
lence qu'on nous fait et la persécution que
nous souffrons. » Les évoques catholiques di-
rent h Cyrille : « Faites voire proposition. »
Il répondit : « Je ne sais pas le latin. » Son
prétexte était que les Vandales, comme les
autres barbare-!, parlaimit la langue tudes-
qiie. Les évèques calholicpies répondirent :
«Nous savons certainement ((ue vous avez
toujours parlé lafiii; ainsi vous ne devez pas
apjiorler cette excuse , vu princi()al(Mnent
?|ue c'est vous qui avez allumé ce feu. »
'omme il vit les évèques catholiques mieux
préparés au combat (|u'il ne jxnisait, il em-
ploya diverses chicanes, voulant absolument
éviter la conférence. Les catholiques l'a-
vaient bien prf'vn, et avai'nl écril une pro-
fessi()n de foi qu'ils tirent lire publiquement.
Il est fort ample et contient d'abord lex-
})lication de runilf' de s distance en Dieu
avec la trinité de personnes, la nécessité
d'em|)loycr le mot grec hnmnouains. Tvi*iuit(^
oi prouve par l'Ecrilure (pie le Fils est (1(>
mt^nie snhsiance que le Père , qu'ils sont
égaux, qu'ily a deti\ natures eii.I(''siis-(^,hri<l.
CMiuineiil sa gtuiéialifMi esi inexplicable,
comment le l'ère non engendré et le Fils en-
gendré sont de même subsiance, conimenl
la substnnci' de Dieu est indivisible, que le
Saint-Esprit e^l ronsubstnntiel nu Père et an
Fils, et (pie '>ons le seul nom de Dieu les
trois personnes sont comprimes. Les évèques
s'étendent particulièrement sur la divinité
du Saint-Esprit, et cdnclneni on ces mot- :
T'dle e^t notre foi appuyée sur l'autorité 'les
évangélistes et des apôtres, et fondée .«wir la
société de toutes les Rglises catholiques du
monde, dans laquelle, |)ar la grAce de Dieu
toiit-|)uissant, nous ««spérons persévérerjus-
qn à la lin de celte vie. Ce mémoire a été
envoyé le douzième des calendes de mai
par Janvier de Zallare et '\'illalique de Cases-
iMoy(nines, évè(jues de Nuiiudie, liouiface de
Foratiane et Boniface de Gratiane, évèques
de la province de Byzacèue. La date répond
au 20 avril i8V.
A la lecture de cette confession de foi, les
ari«nis s'écrièrent, se plaignant que leurs
adversaires prissent le nom de catholiques,
et aussitijt ils rapportèrent au roi qu'ils
avaient fait du bruit pour éviter la confé-
rence. Alors il envoya secrètement, par tou-
tes les provinces, un décret qu'il tenait tout
[irèt, en verUi dnrjiKd, tandis que les évè-
([ut;s étaient à Carthage, il lit fermer en un
jour toutes les églises d Afrique et donna h
ses évèifues tons les biens des églises et des
évè(iues catholiques, appliquant aux catho-
liques les peines portées contre les héréti-
ques par les lois des empereurs. Dans cet
édil, Hunéric dit que les évèques homoou-
siens étant arrivés à Carthage pour la confé-
rence,aprèsy avoirdemeuréun pendetemps,
ont encore obtenu un délai de quelques
jours. Quand ils ont dit, ajoute-t-il, qu'ils
étaient prêts au combat, nos évèques leur
ont propnséqu'ils prouvassent par l'Ecriture
Yhntnoousion, ou «lu moins qu'ils condam-
nassent ce que plus de mille évèques, as-
semblés aux conciles de Rimi'ii et de Séleu-
cie, ont condamné ; ils n'en ont rien voulu
faire, tournant tout en sédilion par le moyen
du peuple iju'ils avaient excité, en sorte
qu'on n'a [)u en venir en la dispute. Ensuite
il leur donne un délai pour mériter le par-
don. jiis(iu'au 1" juin de la même année,
linilième de son règne, c'est-à-dire i>8i ; l'é-
dil est dalé du -io février.
Aptes avoir envové cet édil. Hunéric com-
manda de chasser hors de Carthage tous les
év(Vpies ([111 y étaient assemblés, sans leur
laisser ni cheval, ni esclave, ni habit h chan-
ger, mais les dépouillant de tout après leur
avoir pris ce qu'ils avaient chez eux. Il y
avait même défense de les loger, ni de leur
fournir des vivres, sous peine, aux conlrc-
venants, d'être brilles avec toute leur mai-
son. Les évè(|ncs, ainsi chassés, résolurent
de ne point s'éloigner, de peunpi'on ne dit
qu'ils avaient fui la conférence; aussi bien,
n'avaienf-ils plus ni églises ni maisons.
Comme ils élaieiil ainsi g('Mnissants et expo-
sés h l'air autour des murailles de la ville,
le roi sortit par hasard, et ils vinrent tous à
lin (Ui disant : « Quel mal avon>-nous fait
pour être traités ainsi? Si nous sommes as-
seinl>l('«s pour une conférence, poun^uoi nous
dépouiller, nous chasser, nous faire mourir
de faim et de soif?» Le roi, les regardant
de travers, avant (pi<> d'avoir ouï leurs ro-
inonlrances, lit (Mjurir sur «ni\ des cavaliers
(pii eu blessèrent plusieurs, principalement
des pins vieux et (ie> plus foibles.
On leur donna ordre de se trouver en un
lieu nommé le Temple de Mémoire. Là, on
leur montra un papier roulé et ou leur dit ;
r;iO M'R
« 1,(' roi, (|ii(ii(lii(' iirilr do volid di'sohi^s-
Sincc , veuf Uiuldnis vfiiis hii") Iniilcr m
vous jurez ili' l'iii'' <■'* <|"' *"^' <''"ili"ni (Iriis
(•(* |)«l>i('r; il vous n'iivcrrn h vos c.^lisi's cl ii
vos iiiiiiso'is. )) Tous les (''V(^(jii('s rriioruli-
riMil : « Nous disons cl iimis dirons (onjoiirs
(MIC nous soMMUcs clMH'liciis cl (■•vi''(|iics. Nous
Icnons \i\ loi a|)ostolii|nc seule cl v<''ril;dde; »
(«t connue ou les |>rcss;ul de l'iiirc ce scr-
nieul, llorinlau d riorculic'i dirciil ;ui nom
de liiiis : « SouuiU'S-iious des IxMcs, pour Ju-
rei- au hasard, sans savoir ce (|nc conlictd ( (•
))ai>ier? » Les émissaires du roi leur diicul :
«Jure/. (|u'a|trcs la mort du roi vous d(''sire/,
qu(> so'i lils llildi'ric Ini succède, on qn'aM-
iMni de vons n'enverra des lellies oiilre-mer.
Si vous |tr(Me/. vo sorn\enl, il vous rendra
vos Kf^liscs. » Plusieurs erni'rul par simpli-
cilé (pj'ils povivaieid t'air(> ce sermenl, d(!
penr ([ue le pen|>le ne Iciu- repro(;liAl qu'il
u'.ivnil tcuu ipi'à ou\ (pi'on ne rendît les
(^i;;lises. I,es autres, conuaissaul la fraude,
110 voulurent point jurer et dirent : « (Jn'il
osl détendu dans ITlvan^i^ile, par ces paroles
d(» Nolr(>-StMgneur : Vous ne jurerez point du
tout: que ceux (pii veulenl jurer S(> retirent
d'iui côté, » et connue ils se séparèrent, les
notaires écrivai(>nt ce que chacun disait et
do ([ui'lle vill(> il était ; tout de mémo de ceux
qui ne voulaiiMit noint jurer, et aussitôt l;'s
lins et Itvs autres lurent mis en prison. Puis
les Vandales dirent à c(hix qui ollVirent do
jurer : « Parce que vous «ivez voulu jurer
contre le précepte de l'Kvangile, le roi or-
donne que vous ne voyiez jamais vos villes
ni vos e^^lises ; mais vous serez relégués, et
on vous donnera des ferres h cultiver comme
serfs, à la charge, toutefois que vous no
chanterez ni ne prierez, ni ne porterez point
à la main de livre pour lire, que vous n'ad-
ministrerez ni les ordres, ni le baiitème, ni
la pénitence. On dit aussi à ceux qui refu-
saient de jurer : « Vous n'avez pas voulu ju-
rer, parce que vous ne souhaitez pas le rè-
gne du fils de notre roi. C'est pourquoi vous
serez relégués dans File de Corse, et occu-
pés à couper du bois pour la construction
des vaisseaux. »
Saint Eugène de Carthage, voyant qu'on
l'eunnenait en exil sans lui donner le temps
d'exhorter son troupeau, écrivit une lettre
où il les conjure, j^ar la majesté do Dieu et
l'avènement de Jésus-Christ, do demeurer
fermes dans la foi de la Trinité et d'un seul
baptême, sans souliVir d'être rebaptisés. 11
proteste qu'il sei-a innocent du sang do ceux
qui périront et que cette lettre sera lue con-
tre eux devant le tribunal de Jésus-Christ;
il leur recommande la prière, le jeûne et
l'aumône, et de ne point craindre ceux qui
ne peuvent tuer que le corps. Avec lui,
étaient Vindémial, évêque de Capse, dans la
province Byzacène, et Longin de Bamare
dans la Mauritanie Césarienne. Nous avons
le catalogue des évèques de toutes les pro-
vinces d'Afrique qui étaient venus h la con-
férence et qui furent envoyés enexil, savoir:
cinquante-quatre do la province proconsu-
lairo, cent vingt-cinq de Numidio, cent sept
l'Kfl
m
de 1,1 puniiicc Byzacène, cent vil)^l dr la
Maiirilaiiie cés/irieruie , (|U/iraii(<'-(piatre de
celle de Sililj, cinq de Tripoli, liiill de Snr-
dal^;'lc cl (IcN lies voiîiuies : en tout, quatre
cent soi\ant(!-Nix ('ivê(juf«, doiil il iiiotiriil
qiialrc-viiiKl-hiiif. Il y en cnt ipianinle-six
rch'gués en Corse; trois cent deux ail|ellr^:
vingt-huit s'enfiiircnl. l'Iiisienr.s «'•vèqiies l'ii-
re'il reh''^ui's près de lini' |iays, ce qu'Hii-
îK-ric l'aisail par malice, «lin de les leiiU-r
plus violeirimi'iit de renoncer l\ la foi.
Avaiil (pie les évè(pies fiissenl coiiduilscn
exil, llnncricciivoya des bomreanx p;ir loulo
rAlri([iie, pour n'épaignei- fiorsonni;, ni Age,
ni sexe, Tii ceux ipii résisieraieiil h su vo-
lonté. On faisait mourir hvs uns a cfjiips dcj
b.Uoii, on pendait ou on brôldil les autres;
on dépouillail les feinni(;s, principaleiiKMil
les nobles, pour les toiinneiler pidjli(|ue-
nienl. Une nommée Denyse, plus hardie et
|»iiis belle (pie les antres, lui dit : « 'J'our-
juenloz-moi comme il vous plaira, épargnez-
moi seulement la honte de la nudité ; mais
ils relevèrent plus haut pour la donner en
spectacle, 'i'andis qu'on la battait do verges
et (juo les ruisseaux de sang ('onlaiontde son
corps, elle disait : « Minislix's du démon, ce
que vous faites pour ma confusion est ma
gloire, » et comme elle était savante dans les
Ecritures elle exhortait les autres au mar-
tyre. Elle avait un lils encore jeune et déli-
cat nommé Majoric, et voyant (lu'il craignait
les tourments, elle jetait sur lui des œilla-
des sévères et lui faisait ûcs re[)roches avec
son autorité mateinolle, lui disant : « Sou-
viens-toi, mon fils, que nous avons été bap-
tisés au nom de la Trinité dans l'Eglise ca-
tholique, notre mère. Ne perdons pas le vê-
tement do notre salut, de peur que le maître
du fystin, ne nous trouvant pas la robe nui)-
tialo, ne dise à ses serviteurs : Jetez-les dans
les ténèbres extérieures. «Le jeune h(jmme,
fortifié par ses discours, souffrit constam-
ment le martyre, et sa mère, l'embrassant,
rendit grâce à Dieu à haute voix, et l'enseve-
lit dans sa maison pour prier sur son tom-
beau. Plusieurs autres dans la même ville
souffrirent le martyre par ses exhortations,
savoir : sa sœur Dative et le médecin Ense-
lius son parent, Léoncia, fils de l'évêque Ger-
main, Terlius et Boniface; ils souffrirent
tous de grands tourments.
Un honune noble de Suburge, nommé Ser-
Yus, après un grand nombre de coups de
bâton, fut élevé avec des poulies et souvent
lâché pour tomber de tout son poids sur le
pavé des rues. On le traîna plusieurs fois et
ou le déchira avec des pierres tranchantes,
en sorte que la peau lui pendait des côtes,
du dos et du ventre. A Cucuse, il y eut une
multitude innombrable de martvrs et de
confesseurs, entre autres, une femme nom-
mée Victoire ; comme on la brûlait suspen-
due en l'air, son mari lui disait ce qu'il pou-
vait de plus touchant, l'exhortant à avoir au
moins pitié de ses enfants; mais elle n'en fut
point ébranlée. Lorsqu'on vit qu'elle avait les
épaules démises et qu'elle ne respirait plus,
on la dépendit. Elle raconta depuis qu'une
851
PER
PER
5.^)2
viergo lui avait apparu, qui la toucha par
tout le corps, et qu'anssiuM elle fut guérie.
Victorir'n,ril,iyon crAdrumùte, était alors pro-
consul (le Cartilage, c'est-h-tlire gouverneur
pour lo roi. C'était l'homme d'Afrique le plus
riehe, et le roi qui avait en lui une très-
grande confiance, lui manda que s'il ohéis-
sait h ses ordres, il le tiendrait pour le plus
cher de ses domestiques. Victorien ré[ion-
dit : « Dites au roi au'il m'expose au feu ou
aux bètes, qu'il me rasse soutfrir toutes sor-
tes de tourments; si je me rends, c'est en
vain (jue je suis baptisé dans l'Eglise catho-
lique; car quand il n'y aurait que celte ville,
je ne voudrais pas pour un peu de gloire tem-
porelle èlre ingrat au Créateur qui m'a fait la
grâce de croire en lui. » Le roi, irrité de cette
réponse, lui fit souffrir de grands tourments
et pendant longtemps ; ainsi il consomma
heureusement son martyre.
A Tambaie, deux frères prièrent les bour-
reaux de leur faire souffrir le même supplice.
On les tint suspendus tout le jour avec de
grosses pierres aux pieds. Un d'eux den)anda
quartier et pria qu'on le descendit; mais son
frère, encore suspemlu, lui criait : « Non,
non, mon frère, ce n'est pas là ce que nous
avons juré h Jésus-Christ ; je t'accuserai,
quand nous serons devant son trône redou-
table, que nous avons juré sur son corps
et son sang de souffrir ensemble pour lui. »
Par ces discours el plusieurs autres, il en-
couragea si bien son frère, qu'il s'écria :
« Faites-moi souffrir tous les tourments que
vous voudrez; je ferai comme mon frère. »
On leur appliqua tant de lames ardentes et
on les dérliira tant avec les ongles de fer,
que les bourreaux, rebutés, les chassèrent
en disant : « Tout le peuple les imite et per-
soiHie ne se convertit à notre religion. » Ce
qu'ils disaient princi))alemenl parce qu'on no
voyait en eux ni meurtrissures, ni aucune
trace de tourments.
A Typage, dans la Mauritanie césarienne,
les ariens ordonnèrent un évèquc ([ui avait
été secrétaire de Cyrille; ce que voyant, les
habitants s'embarquèrent tous pour passer
en Kspagne dontiU ('-taicnt pioches, exrejité
un très-petit nombre (jui ne trouvèrent point
h s'»!mbar(pu:'r. I.'évèipie arien s'ellor.;a de
les perveitn-, j)renuèrement par caresses et
puis par nu'naces ; mais ils ^e moquèrent de
Jui et s'assemblèrent dans une niaison où
ils célébrèrent pul)li(iueuu'nl les n)ystères.
L'évéïjue l'ayant api'ris, envoya secrètement
h Cartilage une relation contre eux ; surquoi,
le roi irrité envoya un eacute aviM' ordi(> de
leur couper h tous la langue el la main droite,
dans la plar e publique, en présence de toute
la province. C» la fut e\i'culé:mais quoiqu'on
leur eût rouné la langue jusqu'à la racine,
ils ne laissèrent |)nN de |)ailt>r aussi bien
(pi'auparavant. « Kt *<i quelqu'un ne le veut
rs croire, ajoute Victor do Vite, (ju'il aille
Constnntinople, et il trouvera un s(»us-
dincre d'entre eux, nommé Ut-pai al, (jui parle
nettement, sans aucune i>eiiie, et qui par
cette raison est singulièrement lionoré"dans
f
le palais de l'empereur Zenon, principale-
ment par rimpératricp.
Victor n'est pas le seul témoin de ce mira-
cle. Enée de Gaze, philosophe platonicien,
qui était alors à Constantinople , en parle
ainsi à la fin de son dialogue sur la ré->urrec-
tion : « Je les ai vus moi-ihéme, je les ai ouis
parler, et j'ai admiré que leur voix pût être
si bien articulée. Je cherchais l'instrument
de la parole, et ne croyant pas h mes oreil-
les, j'ai voulu en juger par mes yeux, et leur
ayant fait ouvrir la bouche, j'ai vu toute la
langue arrachée jusqu'à la racuie, et me suis
étonné non de ce qu'ils parlaient, mais de
ce qu'ils vivaient encore. » L'historien Pro-
cope, parlant de cette persécution d'Hunéric,
dit : « Il fil couper la langue à plusieurs,
qui de mon temps se promenaient à Constan-
tinople, parlant librement sans se sentir de
ce supplice. Mais il y en a eu deux qui,
ayant péché avec des femmes abandonnées,
cessèrent de parler. Le comte Marcellin dans
sa chronique dit : Le roi Hunéric fit couper
la langue à un jeune homme catholi(iue,
muet de naissance ; mais sitôt qu'il eut la
langue coupée, il parla et commença par
donner gloire à Dieu. J'ai vu quelques-uns
de celte troufie de fidèles, à Constanlinople,
qui avaient la langue el la main coupées et
parlaient parfaitement. L'empereur Justinien
témoigne aussi l'avoir vu dans une constitu-
tion faite depuis pour l'Afrique. »
Hunéric n épargna pas même les Vandales
catholiques, et n'eut aucun égard à l'inter-
cession d'Uranius, ambassadeur de Zenon.
Au contraire, pour montrer le mépris qu'il
faisait de lempereur et des Romains, il fit
mettre le plus de bourreaux et les plus cruels
dans les rues el les places où rambas>adeur
devait passer pour venir au palais. On vit
longtemps les marques des cruautés exer-
cées dans celte persécution : les uns étaient
sans mains ou sans pieds, d'autres sansyeui,
sans nez ou sdns oreilles; d'autres, à force
d'avoir été suspendus, avaient les épaules
démises et élevées au-dessus de la tète ; car
étant attachés au haut des mais(uis, on les
poussait avec les mains pour les jeter en
l'air : ipielquefois la corde se rompait, cl ils
se cassaient la tète ou les jambes.
Dagila, femme d'un échanson du roi, qui
avait déjfi C(Uifessé plusieurs fois sous Gen-
séric, (pioique noble el délicate, après avoir
soulVert |)lusi(Mirs coups de fouet et de bAlun,
fut envoyée en exil <iaiis un lieu .«ec el dé-
sert, où elle ne pouvait recevoir consolation
de personne, laissant avec joie sa maison,
son mari t>l ses entants. On lui offrit ensuile
de la transférer à une solitude moins rude,
mais elle refusa.
Sej)l moines souffrirent aussi le martyre,
savoir : Libérât, abbé, Boniface, diacre, Ser-
vus et Rusliipie,sous-ili,\cres.Rogat.Se()tiiiuî
el Maxime, simphvs inouïes. Ils étaient du
territoire de Capse, mais on les attira àC(ir-
thage et on les tenta d'abord par des promes-
ses flatteuses, loui proposant une grande for-
tune et mènii' la faveur du roi. Comme ilsde-
meurèreiil fermes dans la foi de la Trinité
r.;;8
«M
l'Kll
ri-.u
f.rti
cl il'im .seul l);i|il<^iiii", on les mil diai'^i^ de
cliiiincs (l/itis iiiH) obscuid prison. Mais le
|MMi|iln li(l(M(>. ayiml i^aKiir les i^anlcs |tai- pn'!-
scMls, los visitait jour cl iiiiil pimi- recevoir
l(Mirs iiislnietioiis ol s'oiicouraKi r un iiuir-
lyr(». F-i^ roi l'ayai»! appris, les lil charner lo
fi'rs plus pcvsaiiLs cl soiilVrir des loiiniieiils
inoms jiiscpralors. Puis il coiiiiiiaïKJa d'eiu-
plir nii vaisst>aii de meiui hois sec, de les y
allaclicr, et aprt^'s les avoir nieiiés en mer, y
nicUro le l'eu. On les tira do la prison, suivis
d'uni' iiiiillilude depeiipie (pi'ils exliorlaienl
au iuarl\ re. Oh lil ili-s cllorls [larliculiers
pour séduire Ma\inu; ({ui était encore fort
leunc, mais il prolesla liardinieiil (pi'il n(!
voulait point se séparer de son père Libéral
et de ses frères. KtanI menés dans le vais-
seau, ils furent attachés sur le bois ; mais
-luand on y eut nus le feu, il s'étoit|,nit aus-
sitôt, ot quoitpron essayAt plusieurs fois do
lo rallumer, on ne put jamais y réussir. Le;
roi,ciinlus et irrité, leur lit casser la télo à
coups d'aviron ; on jeta leurs corps dans la
moniuiles rendit aussitôt contre l'ordinaire;
et 1(> peuple (jui était présent les ensevelit
honorablement, conduit par le clergé de l'E-
l^lise de Carthage, entre autres l'archidiacre
Salularis et le second diairi; Muritta qui
avaient déjà confessé la foi |)ar trois fois et
((ui portèrent les reli(iuos. Kilos furent en-
terrées avec le chanl solennel au monastère
de Bigua, près la hasili([ue de Célérine.
L'évètiue Eugène étant déjà en exil, on
bannit aussi tout le clergé de llarthage, com-
posé do plus de cinc} cents ^lersonnes, après
leur avou' fait soutfiir la laim et les tour-
ments. Le diacre iMuritla se signala entre les
autres. L'otlicier le plus ardent à faire tour-
menter les catholiques était un apostat nom-
mé Elpidifore qui avait été baptisé par les
calholiciues dans l'église de Fauste et levé
des fonts par le diacre Muritta. Comme on
appelait par ordre tout lo clergé pour être
exposé aux tourments, après les prêtres
vint l'archidiacre Salutaris, puis le second
diacre Muritta, qui était un vieillard vénéra-
ble. Quand on commença à l'étendre avant
qu'il fiU dépouillé, on lira tout d'un coup les
linges dont il avait couvert Elpidifore au sor-
tir des fonts et qu'il avait cachés sous ses ha-
bits, et les ayant étendus devant tout le
monde, il dit à Elpidifoi'e, qui était assis
comme son juge : « Voilà les linges qui t'ac-
cuseront (juand le grand juge viendra, et qui
te précipiteront dans le puits de soufre, parce
que tu t'es revêtu de malédiction en perdant
le sacrement du vrai baptême et de la foi.» Il
lui lit plusieurs autres reproches semblables,
et Elpidifore confus n'osa rien répondre.
Après avoir fouetté et tourmenté ces con-
fesseurs, on les envoya en exil, et pendant
le chemin, àla persuasion des évoques ariens,
on lâcha après eux des gens impitoyables
pour leur ôter ce que les tidèles leur avaient
donné par compassion pour leur subsistance.
Deux Vandales qui avaient souvent confessé
sous Genséric, accompagnés de leui- mère,
abandonnèrent tous leurs biens et suivirent
les clercs de Carthage dans leur exil. Un
Diction N. des Persécctioxs. IL
aposial, iiomnu'! TluMirarius, qui avait ('•ii''
lecteur (>l avait nu sous sa conduite de jeu-
nes eiir,ilits qui Jippienaietit le chaut, con-
seilla d'en rappeler duu/.e (piil connaissfUt
[jour avoir les plus i)cllr's voix. Ou envoya
en diligence pniii- les ramener ; ils ne v(»u
laieiil point (pnller les saints confesseuis et
s'attachaient h leurs hcikjux «mi phiuranl ;
mais les lié-n'-liques les (;n séparéri-iit l'i-pi'-o
à la main et les ramenèrent h (larlhage. On
essaya d'abord de les Kamier par raresses,
ensuite on les loiirmenla à pliisiims repri-
ses et on les chari^ea à coiins de h.Uon, iiiai.s
ils demeurèrent inébranlables. La persécu-
tion étant passé'e, la ville de (larlhagr' les
respectait cfjmnu! dou/.o a|)otres; ils demeu-
raient ensemble, mangeaient ensembh; et
chaulaient ensemble les louanges de Dieu.
Les evèquos et les clercs ariens persécu-
taient |)lus cruellement les caiholi(pies que
le roi et les autres Vandales. Ces évêcpies
marchaient partout, l'épéeau côté,av(!c leurs
clercs; et lo plus cruel de tous était Antoine,
voisin lin désert do Tripoli; il détermina le
roi Hunéric (jui le connaissait, à envoyer
dans ce désert Eugène, évéque de Carthage;
et Antoine ayant oi'dre de le gai-der, le mit
dans une si étroite [)rison qu'il ne le laissait
voir à personne ; il chercha même plusieui-s
inventions j)0ur le faire périr. Saint Eugène,
touché des aiUictions de son Eglise, portait
un cilicect couchait sur la terre couverte seu-
lement d'un sac. Celte austérité, jointe à sa
vieillesse, lui attira une paralysie qui lui
embarrassait môme Ja langue." Antoine fit
chercher du vinaigre très-fort et lui en lit
boire malgré lui, croyant qu'il en perdrait la
vie. Son mal augmenta en elfet, mais il ne
laissa pas d'en guérir.
Un autre saint évéque, nommé Habetdéum
était aussi relégué à Tamalluine, où Antoine
était. Ne pouvant l'obliger à se faire arien,
il le lit lier pieds et mains, et lui fit fermer
la bouche de peur qu'il ne criât ; puis il lui
versa de l'eau sur le corps pour le rebapti-
ser; ensuite il le fit délier et lui dit avec
joie : Mon frère, vous voilà maintenant chré-
tien comme nous, que pourrez-vous faire
désormais, sinond'obéir à la volonté du roi?
Lo saint évéque répondit : J'ai toujours con-
servé la même foi, et tandis que vous me fer-
miez la bouche, je faisais dans mon cœur
une protestation que les anges écrivaient
l)0ur la présenter à Dieu. Cette violence
était générale. On avait envoyé partout des
Vandales pour prendre ceux qui passaient
sur les chemins et les amener aux évoques
ariens qui les rebaptisaient et leur en don-
naient des certificats par écrit, de peur qu'on
ne leur fit ailleurs la même violence. On ne
laissait passer ni les marchands, ni les au-
tres particuliers sans ces certificats. Les évo-
ques et les prêtres ariens allaient même la
nuit, avec des troupes de gens armés, parles
villes et les bourgades, enfonçaient les por-
tes et entraient dans les maisons, portant de
l'eau dont ils arrosaient jusqu'à ceux qu'ils
trouvaient dormant dans leurs lits , puis
. criaient qu'ils les avaient faits chrétiens. Les
18
PER
mieux instruits ne s'en nielt.iienl pas en
peiiie; le» plus sinij)les, so croyant souillés,
)»'tniiMit jMissitOt (le l.i cendre surleur tètf, se
couvraii-nt de cUices ou se frottaient de
boue, d«^*chiraient leslinges dont on les avait
couverts et les jetaient dans les cloaques.
A (larlhage, on enleva ainsi, par ordre de
Cyrilla, le (ils d'un homme noble, Agé seu-
lement de sept ans, tjui criait : « Je suis
chrétien ! » Et sa mère, les cheveux épar.s,
le suivait en courant tonte la ville. Ils for-
mèrent la bouche h cet enfant et le plongè-
rent dans leurs fonts. Ils traitèrent de même
les enfants du médecin Libérât, qui avait été
condamné ou bannissement |)ar sa famille.
Les ariens s'avisèrent de séparer les enfants;
et comme Libérât les regrettait, sa femme
arrêta ses larmes en disant : « Quoi I per-
drez-vous votre ànie pour vos enfants?
Comptez qu'ils ne sont pas nés; Jésus-Christ
les réclamera. Ne les entendez- vous i)as
crier : « Nous sommes chrétiens ! » Comme
on avait rais Libérât et sa femme dans des
prisons sé|)arées, O'i dit à la femme que son
mari avait obéi au roi. « Que je le voie, dit-
elle, et je ferai ce qu'il plaira à Dieu. On la
tira de prison : elle vil son mari dt'vant le
tribunal, enchaîné avec une grande multitude;
et le prenant à la gorge, elle lui dit : « Mi-
sérable 1 indigne de la grAce de Dieu, jiour-
quoi veux-tu périr éternellement pour une
gloire passagère ? A quoi te serviront l'or et
l'argent ? Te délivreront-ils du feu de l'en-
fer ? » Son mari lui répondit : « Qu'avez-
vous, ma femiue ? Que vous a-t-on dit de
moi ? Je suis toujours catholique, jjar la grAco
de Jésus-Christ, et ne perdrai jamais la foi. »
Plusieurs, tant hommes que femmes, crai-
gnant la violence de cette persécution , se
retirèrent dans les déserts et y moururent do
faim ou de froid ; ainsi Cresconius, prêtre
do la ville de Myzente, fut trouvé mort dans
une caverne du mont do Zi(|ue. 11 y eut on
ce tem|)S-là une sécheresse extrême |)ar
toute l'Afrique, qui causa uîie grande fiunmo
et ensuite u!ie peste , et ces Iléaux furent
regardés comme une punition divine de la
persécution. On regarda de mèn)e la mort
d'Hunéric; car a|)rès avoir ré,.;né sept ans et
dix mois, il mourut en 48V dune maladie
de corru|)lion, fouruiillanl de vers et tom-
bant par pièces. Il eut pour successeui (ïon-
taniond, (ils de son Iri re (îenton.
Kn 'iSV, la persécution avait reconnnencé
en AlVifpie. Le roi (lo'Uamo'id, awnil sn(3-
cédé h Munéric, rendit la paix à l'K-lise
et rappela les calholi(iues exilés. La troi-
sième année de son règne, il rendit ii ceux
de Carth.ij;e le cimetière de Sainl-Agilt-e,
ayant déj'i rappelé d'exil révé(pie lùigène.
La di\H"'nifl année, en 49'», il ouvrit toutes
les églises, après (pTelles eurent été fermées
dix ans, six nK)is et r\\u\ jours, depuis le 7
lévrier de la huitième année d Hunéric, jus-
âu'au dernier jour d'aoOi do cette année.
ontamond rappela aussi Ions les autres
Hvèques, h la prière île saint lùigène; mais
il mourut d u\ ans après, et sou Irère Tiasa-
liiond lui sucrt^da le ^ sepleml>re V'.Hi. Il
PER
5â()
persécuta les catholiques, non nar violence
comme ses prédécesseurs, mais leur promet-
tant des rharges, des digniti's, de l'argent ou
rinq)unilé des crimes, il défendit d'ordonner
des évoques aux églises qui en manquaient,
mais ceux qui restaient résolurent, de con-
cert, de ne point obéir à cet ordre. Ils pen-
sèrent que la colère du roi s'apaiserait, ou
que si la persécution s'excitait, les nouveaux
evèques consoleraient les peu['les et gagne-
raient la couronne du niart>re. On croit que
cette résolution fut prise l'an 507, et deux
ans auparavant , Kugèue de Carthage était
mort à Albi. dans les (iaules, où sa mémoire
est e'icore célèbre et honorée, comme dans
toute l'Eglise , le treizième de juillet. Il
pouvait y avoir été envoyé par Trasamond,
ami d'Alaric, roi desVisigoths et arien com-
me lui. Saint Eugène mourut sous le consu-
lat de Théodore, qui est l'an 503.
Suiv.mt la résolution prise par les évo-
ques, on élut promptement plusieurs prêtres
et plusieurs diacres que l'on enlevait aussi-
tôt, et on les consacrait évêques ; chaque
ville s'em[)ressait pour n'être pas la dernière
à remplir son siège. La province Byzacène
fut bientôt pleine d'évèques, et le roi irrité
avait déjà ré.>oiu de les envoyer tous en exil,
et premièrement le primai Victor, qui les
avait ordonnés. Il fut pris et mené à Car-
thage, en sorte que la ioie des nouvelles
ordinations fut suivie d une plus grande
tristesse. Alors saint Fulgence fut ordonné
évèque de Kupse, ville célèbre de la même
province; et il devint lui-même si illustre
que l'histoire e<'ciésiastique fait de lui une
me:ition toute s()éci(de. ( Fleury, fhéoiluret.
Tillemonl, passim. )
PEBSÉCLTIONS DE LA RÉVOLUTIO'* FBANÇAISE.
Depuis longtemps les jansénistes, révolu-
tionnaires théologiques , avaient semé dans
l'Eglise de France les germes du schisme,
les éléments de la discorde. Ils avaient pour
but de détacher la France de la souche uni-
taire, de briser les liens (|ui rattachaient h
l'Eglise romaine. Le venin île leurs doctrines
avait pénétré partout : les livres, les cloîtres,
les pailements, tout e-i était imprégné. La
tendance du siècle était h l'hérésie. Le jan-
S('' lisme avait , dans la philosophie voitai-
rieiiiK' qui dominait, un auxiliaire (]ui de-
maiidiiit ilavantage : il voulait rhi'M'ésie, la
i)tnloM)|)hie voulait l'irréliw^ion ; il di>ail : .1
liti.s Ir jxipe ! elle disait : Fcrasovs iinfdmr !
Quand les évéueinents politiques [irovoquè-
rent la n union de l'Assemblée nationale, il
s»' trouva que le jansénisme et le voliairia-
nisiiie V eurent de très- nombreux représen-
tante. Il n'entre pas tians notre plan de don-
ner le détail des travaux de celle assemblée
mèinoi aille; nous dirons seulement qu'un
des aili( les île la Conslilulion nouvelh dé-
clara que (uns les cultes étaient libres désor-
mais. Il était tout simple de croire, après
cette déclaration, que le catholicisme serait
au moins aussi libre que les autres : il n'en
lut rien , comme on le verra par la suite do
cet article. Ceux qui se préparent à être in-
HK7 l'iu
(olrrnuts romiiKMicfiil par rrclaincr la loli'î-
riiiin» , (l(^ iii<^iur <|iii> la lyraimio (•oriiiiinnco
toujours par parler <lo lilicrlt^. C'csl lalal.
(Ida s'appcllo doror les cliaiiics : ("csl la ri)-
cclld (le loHS les oppresseurs. << On i;oin-
liu»nc«, (lil M. Uolirliarliei', par (It-pniiilier lo
cler^t^ (lo la (Itmi^ (pii lui élail payée do
temps iiiiiiiéinorial. Mais Tappélil vient vu
niatijAoaol; on pensa donc à ronlisquer les
|)i()iis dont il élail pro|)riélaire. N'ayant pas
d'argent, on avait t'.iil des assi^n Is ou du
pa|)ior-ni()iniaie; il y fallait uiio ^arardie; il
V avait plus d'adrcvsse h la trouver dans lo
bien d'autrui (pn^ da-is le sien |)ro[ire.()n no
inaïKjuail pas de raisons pour ueh. Les anii-
mwiistfs (lis(>Mt di> nos jours : « l,n naturo
l'ait tous li's liomnies ('-^aux : il est dnno
contro nature ipie les uns aient tout et lus
outres rie'i. Si donc (pielipws-uns ont plus,
ce n'est i\\\'h eo'iditioii de part.iuicr avec les
autres et de rétablir ré^;alil('! naturelle.
Connue ils ne le l'ord pas, nous allons, do
pur la nature, le l'aire h leur place. » Ainsi
raisonnent les eoninuinisles do nos jours
contre les bouri:;eois; ainsi raisonnaient les
bourj^eois de 178'.) contre le clergi- de leur
temps. Les biens du clergé, disaient-ils,
n'ont d'anlr(> destination ([ue de subvenir
aa\ dépenses du culte, à la nourriture do
ses ministres et aux besoins des pauvres :
or nous nous ehari^eoiis de ces (I6()enses,
donc ces biins-là sont h nous. E i consé-
quence , dans la séance du 10 octobre 1789,
I évêtpie d'Autun , Tall'yrand , soumit à
l'examen de l'Assembh-e Conslitua'ile une
proposition tendant à ordonner que les bie is
du clergé seraient déclarés propriétc's natio-
nales, et, il ce titre, réunis au dùmoine pu-
blic. Le 2 novembre, après de longs et vio-
lents débals, une majorité non.breuse rejeta
la proiiosilion : un décréta seulement, ce ([ui
revenait au môme, que tes biens du clergé se-
raient mis à la ilispositioji de la nation, à la
charge par celle-ci de ])ourvoir d'une ma-
nière convenable aux frais du culte, à l'en-
tretien de ses ministres et au soulaijement des
pauvres. Le même décret fixe au cliitfie de
douze cents livres, non compris lo logement
et 1 jardin, le minimum de la dotation des
curés. Ce[)endant ce n'était qu'une atteinte
portée au temporel; et un député, M. de
Montlosier, avait fort bien dit: « Si vous ôtez
aux évè(pies leur croix d'or, ils piendronl
une croix de bois, et c'est une croix lie bois
qui a «^auvé le monde. » Uohrb., Hist. univ.
delKgl., t. XX VIL P- ^'9.)
Après avoir cité cet auteur, il sera curieux
d'en citer un autre sur le môme sujet.
M. Thiers , cet liouune qui a occupé et qui
occupe encore une si large place dans le
monde politique, M. Thiers a écrit une His-
toire de la Révolution française; il a mis
dans celte œuvre, comme dans tout ce qu'il
produit , le talent incontesiablc qu'on lui
connaît. 11 est h regretter qu'il n'y ait pas
mis autre chose que du talent, quaiid il traite
certaines questions, et notamment celle qui
nous occupe. M. Thiers esl trop habile pour
commettre sans s'en apercevoir des fautes
i'i.K
f(r>8
( (MMUie (elles ipu' nous ivofis ii .signaler. Il
a trop d'i-rudiliiin pour p(-> lier (lar iKnoriiiice;
il est trop prol'o'i(| pidilique pour ne |,;is
coiiipreiidl (• les (pieslioiis soiis leur véritable
jour. Or, nous h- constatons avec iieiiie , In
v('ril('' pour lui esl sfuiycnl sur le .secoinl
jilan : on dirait (lu'il s'oecu,'e plul<M inouïs
de la fairi! connailre h son jeeleiii' (|iii^ de le
(•(Uivertir à ses id/'cs, h si\ m.iriière de voir.
(Ju'à la tribune on se inontii- nlus ou moins
ami ou ittiiKMni des lilnirtés de ri'';lsc, (pTon
juge à propos (ratlaclun" son nom à la su[)-
pression ini France d'uni! si»ei(''lé reli;-'ieuso
recommandablc! , c'est dillértnil : (tii lutte,
jiour ainsi dire, dans une arène où tout a(J-
V(nsaii'e |i(nit relev(3r la provocation et ac-
cepter le combat. Nous concevons cela; mai»
ce (pie nous n'adinefioiis [las , c'est rpi'on
écrive l'histoire comme l'a fait .M. Tliier.s, en
donnant aux faits la pliysionoinie rjiii va aux
id(''es pers()imelles(prf)npeut avoir. La vérité
histori(pie(loil (■^trc ciiose serrée, même pr)ur
un liomuK! comme M. Thiers. A profios dci la
question (jui nous occupe, voici ceiju'il dit :
« Les travaux constitutionnels se fioursui-
vaienl avec activité. On avait aboli la féoda-
lité; mais il restait encore h |)rendrc une
dernière mesure pour détruire ces grands
corps, qui avaient été des ennemis consti-
tués dans l'Ktal contre l'Etat. Le clergé pos-
sédait d'immenses pi'0[niétés; il les avait
reloues des princes, h titre de gratifications
féodales, ou des fidèles, h titre de legs. Si
les jiropriétés des individus, fruit et but du
travail, devaient être respectées, celles qui
avaient été données à des corps pour un
certain objet pouvaient recevoir de la loi
une autre (iestination. C'était pour le service
de la religion qu'elles avaient été données,
ou du moins sous ce prétexte; or, la reli-
gion étant un service public, la loi pouvait
régler le moyen d'y subvenir d'une manière
toute difTérenle. L'abl)é Maury déploya ici
sa faconde imperturbable; il sonna l'alarme
chez les propriétaires, les menaça d'un en-
vahissement prochain, et prétendit qu'on sa-
crifiait les i)rovinces aux agioteurs (Je la ca-
pitale. Sun sophisme est assez singulier pour
être rapporté. C'était pour payer la dette
qu'on disposait des biens du clergé ; les
créaix-iers de cette dette étaient les grands
capitalistes de Paris; les biens qu'on leur
sacrifiait se trouvaient dans les provinces.
De lii l'intrépide raisonneur concluait que
c'était immoler la |)rovince h la (,apitale ;
comme si la province ne gagnait pas , au
contrairt^ à une nouvelle division de ces im-
menses t'rres, réservées jusqu'alors au luxe
de (juelques ecclésiastiques oisifs. Tous ses
etl'orts furent inutiles. L'évêque d'Autun,
auteur de la proposition, et le député Thou-
ret détruisirent ces vains sophismes. Déjà
on allait décréter que les biens du clergé
appartenaient à l'Etat; néanmoins les oppo-
s nts insistaient encore sur la question des
propriétés. On leur répondait que, fussent-
ils propriétaires, on pouvait se servir de
leurs biens , puisque souvent ces biens
avaient été employés, dans les cas urgents,
5,S!> I'i:i\ PER 560
au sorvicf <lo IKlat. Ils ne If niaient point. (|ues, dit Rohrbacher, ce n'est que pour les
Profitant alors de leur aveu. Mirabeau |)ro- elîets civils; S9n pouvoir ne s'étenti pas au
posa de changer rc mot, appar tiennent, eu delà, et ne saurait dt.\i;ager les conscietices.
ce? .Mitres : sont à la disposition de l'Etal, et Les vœux ont été laits non pas à la natiou
la discussion fut terminée sur-le-clianip ;i française, mais à Dieu. Il y a plus : comme,
U!io grande majorité loi du 2 novenibrr). d'a|)rès la Constitution uiéme, tous les cultes
L'Assemblée détruisit ainsi la re^loul iblo sont libres, tous les Français égaux devant
puissance du clergé, le luxe des grands do la loi, et la propriété inviolable, il sera tou-
l'ordre,et se ménagea ces immenses res- jours constitutionnellement libre à tous
sources linancières qui tirent si longtemps Français de faire *\os Vivnx, de les garder, et
subsister la révolution; en même temps, elle de demeurer ensemble dans une maison à
assurait l'existence des curés, en décrétant eux appartenante: |iréfendre les en empê-
que leurs appointenu-nts ne pourraient pas cher, c'est violer la Constitution et donner
être moindres de 1*200 francs, et elle y ajou- droit aux communistes de la violer de leur
tait en outre la jouissance d'une maison eu- côté, en abolissant tout à la fois la propriété
riale et d'un jardin. Klle déclarait ne plus et la famille, potn- ne faire de tous les Fran-
reconnaitre les vœux religieux, et rendait la çais qu'un troupeau de bétail,
liberté à tous les cloîtrés, en laissant (ouïe- « Dès lors on vit commencer la grande
fois h ceux qui le voudraient la faculté de purification de l'Eglise de France, la sépara-
conlinuer la vie monasticjue; et comme leurs tion du bon grain d'avec la paille. Des moi-
biens étaient supprimés, elle y suppléait par nés, déjà séduits par les attraits du monde,
des pensions. Poussant même la prévoyance se jetèrent avec ardeur hors de leurs cloî-
plus loin encore, elle établissait une dille- très, pour servir d'instruments au schisme,
rence entre les ordres riches et les ordres quelques-uns même au régicide. Il en resta
mendiants, et {)roporlionnait le traitement cependant un grand nombre qui demeurê-
des uns et des autres à leur ancien état. Elle rent fidèles à leur vocation et qui ne se cru-
lit de môme pour les pensions; et lors(pie le rent pas détachés de leurs vœux parc»- ([ut>
janséniste Camus, voulant revenir à la sim- des ordonnances séculières n'en voulaient
plicité évangélique, proposa de réduire tou- plus reconnaître. Ils continuèrent d'observer
tes les pensions à un même taux infiniment leur règle tant qu'ils purent, et se réunirent
modique, l'Assembléf^ sur l'avis de Mira- ù cet elfet dans les maisons qui furent mo-
beau, les réduisit proportionnellement à leur mentanément conservées. Les religieuses
valeur actuelle, et convenablement h l'ancien surtout olfrirent l'exemple d'un attachement
état des pensionnaires. On ne pouvait donc siucère à leur état ; et ces Qlles pieuses, dont
pousser plus loin le ménagement des habi- les écrivains irréligieux ou frivoles avaient
tudes, et c'est en cela que consiste le lérila- alfeclé de dé(>lorer le sort , (ju'ils avaient
ble respect de la propriété. De môme, quand peintes comme victimes des préjugés, comme
les protestants, expatriés depuis la révoca- gémissant sous la tvrannie la plus dure, don-
tion de l'édit de Nantes, réclamèrent leurs nêrent le df'inenti le plus formel à leurs dé-
biens, l'Assemblée ne leur rendit que ceux tracteurs. Elles convauKpiirent de calomnie,
qui n'étaient pas vendus. » (Thiers, Hist. de et de la manière la plus solennelle, ces fables
la Révol. franc., t. \", p. 185.) débitées sur leur compte par la malignité, et
Comme on le voit, Thiers trouve tout ce ces lictions théAtrales où on les livrait à une
qu'on lit dans ces circonstances parfaitement pitiéinsultanteouàunridiculeinjusteetamer.
juste. A coté de paradoxes ([u'oii ne saurait Très-peu, parmi elles, prolilèrent des nou-
justitier, il émet ([uehiues vérités. Certes, ou veaux décrets. Les autres persévérèrent dans
ne pourrait justilier entièrement la posses- leur sainlevocalion.et.parleurgénéreusefer-
sion constante, par le clergé, des biens iin- meté, rendirent à la religion un témoignage
menses qu'il avait acpiis; (l'ailleurs, il ne (pii l'honorait ainsi([u'elles. Nous en verrons
nous convient pas d'tMiIrer dans une discus- plusieurs riMuporter la couronne du martyre,
sion (jui tfude à exprimer un regret h ce « II semblait que l'Assemblée nationale
sujet. Le clergé lit alors, nous aimons à le eût dil au moins faire une exception en fa-
croire, (!•' bon cieur, le sacritice de ses biens, veur de queUpies monastères qui ne présen-
Les saints de la [trimitivf Eglise avaient un faient ni de grandes richesses h l'avarice, ni
simple morceau (le bois pour bAton pastoral; l'oubli ilt\s règles h la malignité; de monas-
la bure était leur vêtement, l'auinône était tères que les vertus de leurs fondateurs et
leur richesse. A Dieu ne plaise (pie le clergé l'austérité de leurs religieux avaient rendus
fie nos jours ne soit pas heureux de se mo- célèbres, et t]ui , situes dans des retraites
deler sur les apAtres et sur leurs [iremiers profondes, ne ilemandaient (pi'h être oubliés
successeurs I du nmnde, qui y était oublié' lui-même. La
Quant à la suppression des onlres reli- Trappe et Sepl-Fonts étaient , depuis plus
gieux, dt»nt narle Ihiers, et (pii eut lieu par d'un siècle, 1 asile de ceux (pii, fatigues du
un décret ilu l-l février 17'.H) , c'est autre moinh» ou dégoûtés de IiMirs erreurs, cher-
chose : l'Assemblée, tout en ne brisant les chaient tlans la soliludi^ un abri pour leur
vœux monasiiipies (jui* rivilement , outre- faiblesse, et dans la pratiipie des austérités
lassait son droit. Elle dfvail simplcMuent se et de la pénitence une expiation de leurs fau-
lorner h ne rien statuer, ayant decrctt- la tes. Ces maisons furt-nt supprimées comme
iberté des cultes. « Lorsquf l'Assemblée toutes les autres. cl leurs rtMigieux dispersés.
Cnn^litunnto supprime les vu n\ monasti- La Providcicc prociwa ce4)endanf un a>il" à
BQt
PFR
l'KH
W%
(iiit'l(|U(>s'rraii|)i.st('si|iii di-siraiciil |)i'rsr'v(''n'r
(liilis leur vooilinii. Ils soiliii'iil de iMaiicc,
(>t SI* r('lii'('*i'i*iil •') la N'als.'iintc, nii (.'iiitoii do
FrihfMii'i;; en Suisse. Ils s'y icritniièifnl en
comimiiimitr, cl riircnl joi'nls par un ^;nui(l
iKjndMc de religieux (|U(i les dr-saslifs di)
rM;;lis<i cl leur vocal ion a|i|iclaii'iil dans rcUo
rcMrailo ausU'^rc. lis s'y MUilli|ilici cnl au poinl
d'cHi'c ol)li|;cs (l'cMivoycr ailleurs des rolonics.
Ils on lUahlirenl en l'icuionl.cn lvs|)a^;ne, en
Italie, en Weslplialie, en AnjJ,lclerr(! uu'^uk!,
ot jus(|u'(Mi Auu''ii(|U(>. (V(Mail uiui siMucnco
do ix^ucdiflioii (|ue la Providence jclail vers
l(>s (juaircî vcnis de Tiniivers; aujourd'hui,
U(uis en voyons gernuT cl en Al^;éru> el près
de ("lonslaniinople. » (Uolubaclier, ///,s7. univ.
ilv riùjlisr. I. WVII, p. ^i80.)
I/Ass(Mul)lce , après avoir r6i;lcnicnt6 les
atVaires île la, justice, de raruu''e, de; l'adnii-
nislration, voulut, dit encore Tliiers, « rcf^u-
lariser le s(>rvice ûi) la l'oligion, et le consti-
luer connut» tous les autres. Ainsi, quand on
avait établi un tribunal d'appel et uik» adnii-
nisl ration supérieure dans chaciuo dèparlc-
inonl , il (Hait naturel d'y placer aussi un
évôché. Conuiient, en cU'et, soulîrir que cer-
tains évèchés embrassassent quinze cents
lioups carrées, tandis que d'autres n'en em-
brassaient'que vingt? que certaines cures
eussent di\ lieues de circonférence, el (lue
d'autres comptassent <i peine quinze feux?
(jue beaucoup de curés eussent au plus 700
livres, tandis que près d'eux il existait des
bénéliciers qui com|)taient 10 el 15,000 livres
de revenus? L'Assemblée, en réformant les
abus, n'empiétait pas sur les doctrines ecclé-
siastiques ni sur l'autorité papale, puisque
les circonscriptions avaient toujours appar-
tenu au pouvoir temporel. Elle voulait donc
former une nouvelle division , soumettre
comme jadis les curés et les évoques à l'élec-
tion populaire; et, en cela encore, elle n'em-
piétait que sur le pouvoir temporel, puisque
les dignitaires ecclésiastiques étaient choisis
par le roi et institués par le pape. Ce projet,
qui fut nommé Constitution civile du clergé,
et qui fit calomnier l'Assemblée plus que
tout ce qu'elle avait fait, était pourtant l'ou-
vrage des députés les plus pieux. C'était Ca-
nuis et autres jansénistes, qui, voulant raf-
fermir la religion dans l'Etat, cherchaient à
la mettre en harmonie avec les lois nouvel-
les. 11 est certain que, la justice étant réta-
blie partout, il était étrange qu'elle ne le fdt
as dans l'administration ecclésiastique aussi
ien qu'ailleurs. Sans Camus et quelques
autres, les membres de l'Assemblée élevés à
l'école des philosophes auraient traité le
christianisme comme toutes les autres reli-
gions admises dans l'Etat, et ne s'en seraient
pas occupés. Ils se prêtèrent à des senti-
ments que, dans nos mœurs nouvelles, il est
d'usage de ne pas combattre, môme quand
on ne les partage pas. Ils soutinrent donc le
projet religieux et sincèrement chrétien de
Camus. Le clergé se souleva, prétendit qu'on
empiétait sur l'autorité spirituelle du pape,
et en appela à Rome. Les principales bases
du projet furent néanmoins adoptées et aus-
î
sili\l |ircseulces au roi , qui demaiid.i ilii
temps pour i-M référer jui grand piiiilil'e. Le
loi, dont la religion éclniréf* r(!C(>iiruuss/iil l.i
sai^essede ce plan, écii vit au papeavec ledésir
sincère d'avoir sou coiiseuleiiicnt et do ren-
verser par lii toutes les objections du clergé. «
( Tliiers, ///.s7.^/r/r, l(rn,l. franc. ,i.\" , u. 228.)
Ivst-il possibli! de pousser jibis loin l'iiii[iu-
{|ence?(( L'AsscuiibN'-e, dit'riiicis,ireui|»ictail
pas sur l'/iutorité papale puisque les circon-
scriptions avaiiMil ioiijoiiis appartenu nu
iioiivoir liuuporel. » Nous nMiiaioiierous seu-
lement en passant ipi'il ne s'agissait pas do
délermiiicr les circonscriplions des évécbés
existants, canornipicnient instiliiés, lecon-
nus par le saiut-siég(;, seul jug(î en pareille
matièi'e; mais bien de siippriuiei-cenl li'cnte-
ciiKi cvècliés pour hiur cm substituer qua-
Ire-viii-it-trois. Ainsi l'Assembléi; s'ari'ogr;ait
le droit de priver des évétpies de buirs siè-
ges, de leui' retirer leurs jiouvoirs, de h.'ur
enlever leur troupeau. M. Thiers appelle cela
régler l(!s circonscriplions: nous admirons la
souplesse du mot rirconscriplious. Il ajoute
que ce projet fut l'cjouvro des déjiutés les
l)lus pieux de l'Assemblée. '< C'était Camus
el autres jansénistes (pii, voulant radermir
la religion dans l'Etat, cherchaient à la met-
tre en harmonie avec les lois nouvelles. Des
jansénistes! voilà ceux qu'il nouime les i)lus
pieux, dans une Assemblée où siégeait l'é-
lite du clergé français. Il sait bien que beau-
coup qui liront celle phrase abominal)le ne
sauront pas ce que signiiie le moi janséniste.
C'est ce qu'il lui faut, le coup est porté. C'est
de l'habileté h la Voltaire dans le Diction-
naire philosophique. Quant à lui, il ne pèche
pas par ignorance, soyez-en sûr; mais il a
le courage de l'impudence. Il signe une pa-
reille phrase! Est-ce tout? Non, il ajoute :
« Sans Camus et quelques autres, les mem-
bres de l'Assemblée, élevés à l'école des
philosophes, auraient traité le christianisme
comme toutes les autres religions admises
dans l'Etat, et ne s'en seraient pas occupés.»
Ainsi il a l'audace de vouloir qu'on sache gréa
ces jansénistes, de ce qui fil justement la déso-
lation de l'Eglise. Nous en sommes vraiment
à regretter de n'avoir pas lu plutôt ce passage ;
peut-être eussions-nous pu caser le saint Ca-
mus de M. Thiers à sa lettre, dans quelque petit
coin de ce Dictionnaire. Mais ce que deman-
dait l'Eglise, c'élaitjuslement qu'on ne s'occu-
pât pas d'elle plus que des autres, qu'on lui
laissât faire ses affaires elle-même , de même
qu'on laissait les j uifs, les protestants faire les
leurs. La Constitution avait déclaré la liberté
des cultes, il était juste qu'on laissât le culte
catholique aussi libre que les autres. Un au-
tre point que nous ne pouvons laisser pas-
ser, c'est celui-ci. M. Thiers dit encore : L'As-
semblée « voulait donc soumettre comme
jadis les curés et les évêques à l'élection po-
pulaire.» Ah 1 monSfieurThiers, coirnnejadis...
Quelqu'un qui ne vous connaîtrait pas ver-
rait un mensonge dans ces deux mots ; or,
vous êtes incapable de mentir, Dieu nous
garde de le penser et surtout de le dire. Jadis
les curés, les évêques étaient élus par le peuple
ZKi
PER
calholujue. fl sieuleiuent pai le peuple catfio-
Ii7ue, ot la nniivollc ("lonstitulio'i rivilp iju
ch'rg(^ voulailtpiilslcl'usso'it dorénavant par
les électeurs civils, c'esl-h-dire par des hom-
mes, les tins juifs. I(>s aiitros proloslanf'*, los
autres compItMemeut allKVs.Ce n'iHait (lonc
pas comme jadis. Cef^deux petits mots hypocri-
tos,(jniso donnoiif prosqtio l"sairsd"ôttOfMilrc
parciitliùses, se sont certainement glissés Ih
à l'insu de M. Tliiers , dans un de ces mo-
ments nCi la plume, par habitiid", fait la
phrase toute seule avec des chi.'villcs, avec
du remplissage^. Malheureusement leur phy-
sionomie, insiiiçtiiliantn d'ordinairn, jure b la
j)lace qu'ils ont prise : ils donnent h cette
phrase une tournure que d'autres moinshon-
n^ies nommeraient mensongère. Puis, par
malheur, ils sont tombés dans une page où
déjà cinq ou six fois rauteur a ])ar mé;,'arde
heurté rulement la vérité. >f. Rohrbacher
s'exprime ainsi sur le même sujt't:
a D'abord le litre seul Constitution civUe
du clrrgt^ e^l une rontradiclion et un men-
songe. Constitution civile du clergé, de la
roagi-^trature, de l'armée, qu'est-ce que cela
veut dire? N'est-ce pas constitulion idalive
aux clercs, aux magistrats, aux militaires,
en tant qu'ils sont citoyens ? Mais, comme
citoyens français, les ecilésiasliipjes, les
magistrats , les militaires n'ont d'autre
constitution que celle de tous les citoyens,
le code civil. Constitution civile du clrrrjév^l
donc un non sens et un mi^isonge, car cela
voudrait dire : constitution ecclésiastique im-
posée an clerqé de France par rautorité ci-
vile. Mais alors (pie devient l'article de la
Constitulion qui dé(^lare que tous les cultes
sont libres ?L'.\ssemblée Constituante n'est-
elle pa- la première h violer sa constitution
et h lui sub'^lituer l'anarchie et la tyrannie
par son exera[)le? Vous déclarez que tons
les cultes sont libres, et votre premier
acte est d'asservir et de tyranniser le culte
catholique! A ce langage menteiir et hypo-
crite, on reconnaît la S(^cte jansénienne qui
admet de la part de Dieu une grAce sulli-
sante, mais qui ne suffit pas, et dans
l'homme une volonté libre, mais d'une liber-
té esclave. ,\ussi les jansénistes dominaient-
ils dans le comité chargé de rédiger celte
constitution prétemlue civile , mais elfec-
livement schismatiqu' pour le clergé de
France.
« Celte Constitution anti-rorislifulionnelle
et jansénienne s'arrogni doue de supprimer
des év^chés cl d'en ériger d'autres; de reti-
rer la juridiction aux anciens pasteurs et de
la traisuieltre aux nouveaux. A ( ela elle
avait autant de droit et do pouvoir (pie les
rcsciiis i|i> Néro-i. de Diorlélien et du Cr.Mid-
Turc 1*1 réc'ler ta juridiction de« a|tAires etde
leurs successeurs. Mie supprima donc civi-
Irmrnt les ccnl Ircntc-cinq évéché's exista it
en Frani e et en créa civUrmrnt un tout neuf
dans chacun des nouveaux départcnit»nts; co
qui faisait quatre-vingt-trois t«vèchés civils.
Elle statua de plus, civilnnrnt, (pie les
nouveaux évôtj^ues serniiml nommés non
plus par le roi, suivant le concordai de
Pt:i\ 864
Léon X, non plus par le chapitre de la ca-
th(Vlrale, comme en beaucoup d'églises ; non
plus par le clergé, assisté du peuple fidèle,
comme autrefois en bien des pays: aux-
(piels cas les élus étaient toujours confirmés
par le pape, soit immédiatement par lui-
même, soil médialement par le m(?tropoli-
tain ou le concile, avec recours au s lint-siége
en cas de doute ou de contestation : non; la
constitution civile du clergé statua que ces
éyi^ques dvils seraient élus parles électeurs
civils, juifs, protestants, anabaptistes et
môme catholiques, quani il s'en trouvait;
les civilement élus demanderaient l'iiiStiliî-
tion can/r/nni^ canonique au métropolitain
ou au plus ancien évêque de la province,
mais non au pape, h qui c';acun écri ait seu-
lement une lettre de civilité, comme les jan-
sénistes de Hollande. Les curés seraient
nommés de même par les électeurs civils.
Du r( ste, on .-«bolis^ait civilement les cha[)i-
tres des cathédrales, ainsi (pic tous les au-
tres cliaoiires et bénéliccs. Les évéques et
les cur(»s civilement élus étaient tenus de
prêter serment d'élre fidèles à celte constitu-
tiondécréféeparl'Asspmltlée. Telle fut en sub-
stance laConstiiulion civile du clergé, ou plu
tôt laConstiiulion du clergé civil de France.
« Lorsque cet ensembled'innovationssacri-
légesful présenté cala sanction du roi, sa con-
science en fut épouvantée, et les catholiques
espérèrent que Louis XVI refuserait de s'as-
socier à une loi impie. De toutes parts, le
clergé et les fidèles s'émurent. Beaucoup de
l)iétres, que le siècle avait entraînés, rentrè-
rent en eux-mêmes, et comprirent ce que
Dieu attendait de son peuple et de ses lévi-
tes. On vit le curé de Saint-Etienne-du-Mont,
qui s'était signalé dans les derniers événe-
ments ré\ (.dut lonnaires, passer quarante jours
aux [ueds des autels, et couvert d'un cilice,
prier le ciel de détourner les coups dirii'és
contre l'F>glise. Des mouvements consid.^-
rables eureut lieu da'is qiiehpies provinces.
D • tous c(jtés, dans tous les temples, on ou-
vrit des neuvaines, on mêla aux jeûnes et
aux prières de la semaine sainte et des jours
consacrés i\ la péii.lence, des jeûnes, des
prières, des (vuvres d'expiation, en vue du
salut, de la foi et de l'Eglise de France.
« Cèpe loant Louis X> I avait secrètement
référé à Home de la constitution cirile du
clergé, qu'on le pressait de sanctionner par
sa signature. En faisant connaitre au souve-
rain pontife les dangers (pii allaient écliler
sur lEglise de Fram e, en las d<' refus, il l'a-
vait respeetuiMisement adjuré d'examiner si
des concessions M'étaient pas possibles ou
opportunes. Pie VI lui lépondil :
« .\ notre très-chcr tils en Jésus-CIirist, saiul
e( béiicdiciion apostolique.
« Quoi(fuc nous soyons loin de douter do
n la ferme et [tiofo?ideri'solutioii où vous êtes
<T de resli'r attaché à la rel^^ion calliolique,
« apostoliipie et romaine, a i sai il-siéjje.cen-
n IriMlerniuté, ?» notre personne, à la foi d,»\ os
n glorieux ancêtres, nous n'en devons pas
<» moinsappréheiiderque.lcs artifices adroits
« et un captieux langage surprenant votre
BC5
PEU
prn
rM
« amour pour vos |)(mi|iI(vs, ou ut> vicimo fi
« abuser du désir «niciii (|uo vous ave/, do
« lucllri' l'ordro dans volru ro.yaiunc^ ««l d'y
« rauiciicr la paix cl la tiaii(|inllil('. Nous,
« (]ni i-c|>ri's('Jiltms Jt^iis-Cliiisl sur la liirns
« nous, à(|ui il a conlii' le d(''|iAl do In loi,
« nous sonuucs sprcialfiuciil cliariJ,!^ du do-
« voir, iioM plus (1(1 vous rappeler vos ohli-
« galions envers Dieu et e'iveis vos peuples,
« car nous ne croyons pas ipui vous soyez
«jamais itilidMe A voire conscicMue. ni ijue
« V(Misadopli(>/. les fausses vues d'un»! vauu)
« ('()lili(pH) ; mais, ('(VlaiU à udlre amour pa-
rt leiiii I, de vous (lé( lai'cr eldc; vous dinion-
« cer delà mani(''re la plus expresse (pu' si
« vous appiouve/ les décrels relatifs au
« cler^('>, vous (Mdraîne/. par cela nu'^um vo-
« Ire nalio:i entière dans l'erriMM-, le royaume
« dans lescliism(\ el peul-Oti'e vous allumez
« la llauniie dévoranle d'une i;uern> de reli-
« gion. Nous avons Itien emplo.yi'i jus(|u'ici
« loules les piécautions i)oin' c'vitin- (pTon
« ne nous nccus.ll d'avoii- excKc^ aucun mou-
« vcnu'ul do celle nalure, n'opposanl ((uo
M les armes innocenles de nos prières auprès
« de Dieu ; mais si les dangers do la religion
« conlinuenl, le chef de l'blglise fora entendre
« sa voix; elle ('^datera, mais sans coinpro-
« mctlre jamais les devoirs de la charité.
« Votre Majesté a, dans son conseil, deux
« archevêques dont l'un, pendant tout le
«cours de son éjjiscopat, a défendu la leli-
« gion contre les attatjues de l'incrédulité;
« l'autre possède une connaissance approfon-
« die des matières de dogme et do disci-^
« pliue. Consultez-les, prenez avis de ceux
« de vos prélats en grand nombre, et des doc-
«teursde votre royaume, distinguéstant par
« leur piété que (nw leur savoir ; vous avez
« fait de grands sacrilices au bien de votre
« peuple; mais s'il était en yo!re disposition
« de renoncer mémo à dos droits inhérents à
« la prérogative royale, vous n'avez pas le
« droit d'aliéner en rien ni d'abandonner ce
« qui est dû à Dieu et à l'Eglise, dont vous
« êtes le fils aîné.
« Prenons confiance dans la Providence
« divine, et, par un attachement inviolable
« àla foi de nos pères, méritons d'en obtenir
« le secours dont nous avons besoin. Quant
« à nos dispositions |)articulièrcs, nous ne
« pouvons désormais être sans inquiétude et
« sans douleur, à moins de savoir la tran-
« quillité et le bonheur de Votre Majesté as-
« sures. C'est dans ce sentiment d'une alfec-
« lion toute paternelle que nous vous dou-
ée nous, du fond de notre cœur, à Votre Ma-
« jesté, ainsi qu'à votre auguste famille, no-
« tre bénédiction apostolique Donné à
« Rome, à Sainte-Murio-Majeure,le 10 juillet
( 1790 , la seizième année de notre pontifi-
« cal. » ( Uohrb., Histoire univ. de VEqL,
t. XXVII, p. 485.)
Les deux prélats auxquels le pape ren-
voyait Louis XVI eurent la faiblesse insigne
de lui conseiller de sanctionner la Constitu-
tion civile du clergé. L'archevêque de Vienne,
M. de Pompignan, en mourut, dit-on, de re-
gret. M. de Circé, archevêque de Bordeaux,.
•idili.'i plus tard inw rélraelallon n'Iebre.
.oiiis \\'| sigtwi la Constiluiii'ii civile .lu
rh'rgé le '2V aoi^l 1700. Cepetid«nl h cons-
cience du rcii ti'éi/iii p;is Itnnquille; il énivit
au pa|ie pour lui denuuiUu'do eoiilirmer cette
Constitution. Le sainl-p^ic , nynfit nsscuiiblé
les cardinaux , di-eida (pi'on prendniil Yn\\%
des évè(pU'S(l(; iMatice. Le MO neldlue, ir<uito
évèipu'S sigrièr(U)t la faminise l-lxodsiliotides
piine|pe<; sur la Coiistitutiou ririlv <Ui clirqé.
Ce l'iil M. de Hois;;elin , arclievêfpn; d'Aix,
(jui en lut le rédactcnn-.
« ].^l''..vpnsiti()n r(''clMniai( la juri iietion es-
sentielle ,*i ri':^|ise, le di-oil de Ww.v la disci-
pliiKS do fairiMJes règl(Muen(s , d'instituer
d(>s évècpu'S et d(ï leur doiuier une mission,
droit (pic les nouveaux décrets lui ravissau'iit
(Ml entier. Klle n'oubliait |»as de se plaindre
de l.'i suppression d(î tant de monastères, do
ces décrets qui fermaient des retraites en-
core souvent consacrées à la piété, tpji ()ré-
tendaient anéantir des promesses faites à
Dieu , qui apprenaient h parjurer ses ser-
ments , et ({ui s'olforçaient de renverser des
barrières nue la main" de l'homme n'a point
[losées. Les évêques demandaient en finis-
sant (pi'on admît le concours do la puissance
ccclésiasti(|ue pour légitimer tous les chan-
gements qui en étaient susceptibles, qu'on
s'adressât au pape, sans lequ'-l il no se doit
traiter rien d'important dans l'Eglise; qu'on
autorisûl la convocation d'un concile natio-
nal ou de conciles provinciaux; qu'on ne
r<;{)oussAt pas toutes les propositions du
clergé; enfin qu'on ne crût pas qu'il en était
de la discipline de l'Eglise comme de la po-
lice des Etats , et que l'édifice do Dieu était
de nature à être changé par l'homme. Cent
dix évoques français ou ayant des extensions
de leurs diocèses en France , se joignirent
aux trente évêques de l'assemblée, et VExpo-
sition des principes devint un jugement de
toute l'Eglise gallicane. Beaucoup d'évêques
publièrent en outre des instructions pasto-
rales. Des ecclésiastiques instruits les secon-
dèrent par des ouvrages utiles et solides.
Des laïques môme entrèrent dais la lice, et
l'on fut surtout étonné de voir diS jansé-
nistes repousser la doctrine de leur parti et
attaquer le rédacteur de la Constitution, l'a-
vocat janséniste Camus , par ses propres
armes.
« L'Assemblée Constituante ayant la sanc-
tion du roi pour s-ju œuvre , dckréta , le 27
novembre 1790, que tous les évêques et cu-
rés qui n'auraient pas fait, sous huit jours,
le serment de fidélité à la Constitution ci-
vile du clergé, seraient censés avoir renoncé
à leurs fonctions. Il fut dit aussi que, sur le
refus du métropolitain ou de l'évoque le
plus ancien de consacrer les évêques élus,
cette consécration serait faite par quelque
évêqueque ce fût, et que, quant à la contir-
mation et institution canonique , l'adminis-
tration civile indi(|uerait à l'élu un évêque
quelconque auqu'l il s'adresserait. Ces énor-
iuités étaient capables d'ouvrir les yeux aux
plus aveugles.
« Dès lors ce fut comme un jugement de
567
PER
PER
S68
Dieu; dès lors rommoiiga la séparation des
uns d"avef les autres; dès lors coinmenga
IVpuralion du clergé français et la régéné-
ralion de In France ratliolique. Le 27 dé-
cembre 1790, Henri Grégoire, ciiréd'Euiber-
ménii , connu par l'exaltation de ses princi-
pes révolutionnaires, donna l'exemple de la
défection. Il monta Ji la tribune, prêta le ser-
ment du schisme , et prononça un disconrs
pour justifier son scandale. Comme un autre
ange apostat , il fut suivi de soixante de ses
confrères qui siégeaient au côté gauche.
Tiente-six ecclésiastiques se ioignirent de-
puis c^ lui, et deux évéques, 1 évéfjue d'Au-
tun , Talleyrand , et celui de Lydda , Gobel,
siiil'ragant de BAle pour la partie française
du diocèse.
« Le 4 janvier 1791 avait été fixé aux ec-
clésiastiques de l'Assemblée nationale pour
la prestation du serment de défection et de
schisme. Autrefois , sous Néron et Dioclé-
tien, le peuple païen , assemblé au tliéâtre,
s'écriait : Les chrétiens aux lions ! aux lions
les chrétiens! Le i janvier 1791, au moment
que le président de l'Assemblée allait faire
l'ajinel nominal des ecclésiastiques jusque-lài
fidèles , un groupe de misérables s'écria : A
la lanterne ! à la lanterne les évéques et les
prêtres qui ne feront pas le serment ! ^C'est
qu'on pendait aux crochets des lanternes pu-
bliques ceux qu'on ne prenait pas le temps
de réserver à la guillotine.) Quelcjues laufues
de l'Assemblée demandèrent qu on mît lin à
ces clameurs sanguinaires, afin ([uc le clergé
piU répondre au moins avec une apparence de
liberté. « Non, messieurs, dirent les ecclésias-
« tiques fidèles , ne vous occupe/ pas de ces
« clameurs d'un peuph; qu'on abuse. Son er-
« reur et ses cris ne diiigeront pas notre
« conscience....» Le président appelle d'a-
bord M. de Bonnac, évoque d'Agon : » Mes-
« sieurs , dit le prélat au milieu du plus
« profond silence, les sacrifices de la fortune
« me coûtent peu; mais il en est un (jue je
« ne saurais faire, celui de votre estime et
« de ma foi; je serais trop si'ir de i»erdre
« l'une et l'autre si je prêtais le serment
« (pi'on exige de moi. » Celte réponse ca|>-
tive un insf.int l'admiration. Le président
appelle M. Fournet, curé du même diocèse :
« Messieurs, dit à son tour ce digne piètre,
'< vous avez itrétendu nous rappeler aux |)re-
« miers siècles du christianisme; eh bien!
« avec toute la simpliciti' de cet ;lge heureux
H de l'Eglise, je vous dirai (jue jt^ me fais
« gloire de suivre rexenqile (pie mon ('vè([ue
1 vient de me donner. Jt; marcherai sur ses
a traces , comme le diacre Laurent minha
« sur celles de Sixte, son évèque; je le sui-
<t vrai jus(ju'au martyre. » Ces paroles si
belles provofpièreni des grincements de dents
l»armi le ciMé gauche. .Ni. I^eelerc, cur»' du
diocèse de Séez , se lève à l'ajtptd du prési-
dent : « Je suis né catholique, apostolique et
n romain , je veux mourir dans cette loi; je
« ne le pourrais pas en jnèlant le serment
« que vous me demandez. » A ces mots , la
gauche éclate de fureur et demande (ju'on
mette tin à co soiniuations iiulividuellcs.
.M. deSainf-Aulaire, évèque de Poitiers, crai-
gnant de manquer une si belle occasion do
témoigner sa foi , s'avance vers la tribune
malgré son grand Age , et dit : « Messieurs,
« j'ai soixante-dix ans, j'en ai passé trente-
« trois dans l'épiscopat; je ne souillerai pas
« mes cheveux blancs par le serment de vos
« décrets , je ne jurerai pas. » A ces mots,
tout ie clergé de la droite se lève, api)laudit
et annonce qu'il est tout entier dans les mê-
mes sentiments.
« L'Assemblée , qui avait vu le roi plier
sous ses décrets , est étonnée de cette fer-
meté (les évêques et des prêtres. Les dépu-
tés quittent leurs sièges, se réunissent en
groupes, s(> dispersent de nouveau, ne savent
à quel parti s'arrêter. Au dehors retentissent
les cris : .4 la lanterne tous les évéques et tous
les prêtres qui ne jureront pas ! Ceux-ci, tran-
quilles et sereins, demandent que l'on con-
tinue l'appel nominal. Enfin le jureur Gré-
goire monte h la tribune, et s'efforce de per-
suader au clergé de la droite que l'intention
de l'Assemblée n'a jamais été de toucher h
la religion, à l'autorité spirituelle; (ju'en
faisant le serment , on ne s'engage à rien de
ce qui serait contraire à la "foi catholique.
« Nous demandons, répondent les évêques
« et les prêtres de la droite, que cette expli-
« cation soit d'abord convertie en décret. »
L'Assemblée s'y refuse et ordonne qu'au
lieu d'interpellations individuelles, on leur
fasse une sommation générale. Le président
dit alors : « Que ceux des ecclésiastiques qui
« n'ont j)as encore prêté leur serment se lè-
« vent et s'avancent pour le prêter. » Pas un
seul ne s'avance . [)as un seul ne se lève....
Honneur au clergé de France 1 il n'y a rien
de plus beau dans l'histoire de l'Eglise.
(( L'Assemblée fit un pas [ilus avant dans
la voie de la persécution; elle décréta que
le roi ferait élire de nouveaux curés à la
place de ceux (jui n'avaient pas nrêté le ser-
ment du schisme. Le clergé fiiJèlo , contro,
(jui l'on formait ce décret, eut alors une con-
solation inattendu(>. Plus de vingt ecclésias-
ti(pies (pii avaient cru pouvoir prêter le ser-
ment avec des explications, voyant la noble
résistance de l(Mirs confrères, frappés surtout
du refus (ju'av.iit fait l'Assemblée d'admeltro
ces explications nécessaires , rétractèrent
hautement leur serment, les uns h la tribune,
les autres en déjtosant sur le bureau leurr('-
I lactation écrite, d'autres par la voie de l'im-
pression; car on linit par les re|»ouss(M' des
bureaux et de la tribune. Tous ces lidèles
imitateurs des a|)(*>tr(>s , évê(pies et prêtres,
sortirent de l'Assemtjlée à travers les ou-
trages et h^s cris , se réjouissatit d'avoir été
trouvés dignes de souffrir ces insultes pour
le nom di> Jésus-Christ. Leurs (MUiemis eux-
mêmes n(< pouvaient s'empêcher d'en témoi-
gner lie l'admiration. < Nous avons leur ar-
n genl , disait Mirab(\Tu , jnais ils ont cou-
rt serve leur hoiuieur. «
<< l'inahMiient , sur environ trois cents ec-
( lésiasti(pies qui étaient de l'Assemblée na-
ti(»nnle. il n'y en eut qu'environ soixante-dix
(jui adlierèronl h la (Constitution scbisiuati-
K(I9
PFR
l'I II
r,70
qwo (lu rlur^'i''. To <liiiiam-li(< suivant, Ojnii-
vi(>r 1701 , t''l«il m«r(i(i(' pour Uî sciiiii'iil du
clrr^i'' (Ids |»an)iss(i,s i]i' l'.uis. N'inul immiI" ru-
r(^s lo rc^l'usc'Tciil, ("ulrc iiulics ceux de Saint-
Sul|»ic(i <»t (1(1 Sainl-Uocli à la hHc (Ni pitVs
(!(» (Oiil |»r<Mr(vs (I(ï leurs (•()niiiniiiaut('S , cl
l'on nssiin^ (|Uo, sur huit cciils ccch'siasli-
((ucs (Miiployi^s au iniiiisl(''r(Mlaus ccUc ^rando
cilô, plus de six (('Mis se iM(mlr(''r('Ml plusat-
taclu^s h leurs devoirs i\nh leurs places. Siu*
((narautc pr(Mres (pii desservaieni Saiul-Sul-
j>icc, pas un scid ne jura; il en Tu! de nuMuo
dans diverses nulros paroisses , telles ([uo
Saint-Jean-dc-(îr(''vo et Sainl-llippol.vlc. A
Sainl-llocli, sur ([uaranic-six, (piaranle turent
l'ernu'S. Los (Wô(pics dispersc^s dans les pro-
vinces suivirent rexenipU^ de leurs coll(>-
u;ues rcWniis h Paris , et , d(^ cent trenUvciiui
évoques fran(;ais , (piatri^ soulenient s'enrA-
li^ronl sous les étendards du schisme. Ce fu-
rent le cardinal do Briennt» , arcliev(V(ue (h;
Sens, et les évôcjues do Viviers, d'Orléans et
d'Autun. La conduilo sul)séqu(Mite do ces
préhts no parut gu('M'e propi'c à jusiilior leur
démarche en cette occasion. De Brienne,
(pi'on avait déjh su apprécier, renvoya ce
même chapeau'do cardinal ((u'il avait brigué
peu auparavant , fut déclaré déchu de sa di-
{Auité par lo pape, et mourut misérablement
eii ITOV. Les évcVpios d'Orléans et d'Autun,
Jaronte et ïalleyrand , malheureusement
lancés dans une "^carriére i)0ur laquelle ils
étaient bien pou faits , renoncèrent à leur
état, prirent des fonctions civiles et contrac-
tèrent mémo des mariages. Quant îi M. de
Savinos, évéciue do Viviers, qui donna sa
démission et lut élu do nouveau, il Ut dans
la suite des démarches si extravagantes,
qu'on ne sait pas si sa prévarication no fut
nas un elfet ae la folie. Parmi les curés et
es vicaires des provinces , la grande majo-
rité, au moins cinquante mille sur soixante,
refusèrent tout serment à a Constitution
prétendue civile du clergé. Parmi ceux qui
restaient , le grand nombre ne jura qu'avec
des restrictions pour tout ce qui était con-
traire il la religion catholique. Une faible
minorité jura sans précaution, d'une manière
absolue. Enfin la pres([ue totalité de l'éois-
copat français, la très-grande majorité du
clergé séculier se montraient fidèles au jour
de l'épreuve. » (Rohrbacher, Hist. univ. de
rEglise, t. XXVII, p. 489, citant Barruel,
Hist. du clergé pendant la révol. franc. , Pi-
cot, Mémoires, an. 179L)
Malgré le désappointement qu'éprouva
l'Assemblée, en voyant le refus formel de la
grande majorité du clergé, elle n'en procéda
pas moins à la nomination de ses évoques
constitutionnels. Les électeurs choisirent
donc leurs nouveaux prélats. Mais ce n'était
pas tout, il fallait les faire instituer. Go fut
un nommé Expilly, qui venait d'être nommé
évèque du Finistère, qui commença. Il s'a-
dressa à M. de Girac, évêque de Rennes. La
nouvelle circonscription attribuait Quimpor
au métropolitain de Rennes. M. de Girac
répondit, en montrant au postulant la nul-
lité de son élection, et en refusant de se
1
»r(Mei' il von sacre, l'.xpilly eut alors recours
i r('vèque d'Autini, M. de 1 alleyrand, lequel
n'avait uns le droit de sacrer un év('^(pic en
dehors (le sou ressort iii('lropolit/iiii. Oela m;
l'empêcha pas de procéder au s/icre des cu-
lés l'ixpilly et Maiollcs, conuiie évfi(pM'S du
Filiislère et de l'Aisne;. Gobel d«î Lydda, et
IVIirondol d(; itabylone l'assistaient, l'ividerii-
iiieiil l'évêiMie d'Autun coiiiiiiuni(|ua aui
nouveaux élus le caractère épiscopal, (;'(^st
indiiliilable; mais ci; (pi'il m; put leur com-
miiMiipier, c'est l'autorité et la juridiction
sur hîiirs diocèses; aulorit(' et juiidiction
(pi'il n'avait pas lui-même. Nemo dut (jnnd
non hnhvt. (les d(Mix évê(pirïs n'avaient donc
aucun pouvoir sur les Ames rpie l'Assomblée
prétoïKlait leur confier. Anci(!nnem(Mil In
discipliiu; ecclésiasli(pi(! attribuait le droit
de conlirmation aux métropolitains, et aux
métropolitains seulement.
L'évê(|uo (iobid de Lydda, pour prix de sa
lAcho complaisance, eut la |)(!rmission d'op-
ter entre trois départements. Kn homme qui
sait choisir, il prit le déparliMuenl de la
Seine. Plus tard il se rétracta, écrivit secrè-
tement au pape, mais n'eut pas la force de
suivre les conseils qu'il reçut. Cet homme
était un caractère faible et sans consistance,
triste mélange de bien et de mal, n'arrivant
à une décision que sous l'influence de la
peur. Ces liommes-1'^ voudraient tout ména-
ger. Ils sont comme eeux qui, craignant
Dieu et le diable, se font cette maxime : « il
est bon d'avoir des amis partout. » Henri
Grégoire, curé d'Emberménil, fut nommé
évêque de Loir-et-Cher.
« En 1789, sur une population de dix mille
Ames, Laval renfermait plus de quatre-vingts
prêtres tant séculiers que réguliers, pres-
que tous nés dans la ville môme et y ayant
leurs familles. A Laval, il y avait peu de no-
blesse, mais beaucoup d'anciennes familles
bourgeoises; ces deux classes s'alliaient en-
tre elles, vivaient sur le pied d'une égalité
parfaite, et formaient une sorte d'aristocra-
tie qui n'avait rien d'oppressif pour les "fa-
milles des rangs inférieurs. Enfin, Laval pré-
sentait une espèce de petite républi(iue ré-
glée par une bonhomie patriarcale , par un
grand fonds de religion et par un profond
respect pour les anciens usages. Lorsque pa-
rut la constitution civile du clergé, tous les
ecclésiastiques de Laval et des environs se
prononcèrent fortement contre. Laval était
une des six villes de France dans lesquelles
on devait établir un évôché. En décem!)re
1790, les électeurs du département choisi-
rent pour évêque un prêtre recommandable,
M. Desvaupons, grantl-vicaire de Dol. Il re-
fusa de son propre mouvement ; mais le jour
suivant, l'évèque de Dol, M. de Hercé, lui
persuada d'accepter. Le bon évoque pen-
sait que, les esprits venant à se calmer, le
clergé de France, uni au souverain pontife,
et même l'évèque du Mans, consentiraient à
l'érection d'un nouveau siège à Laval et
qu'ils y donneraient les formes canoniques.
Cependant, le 26 décembre, M. Desvaupons
écrivit au pape, lui fit l'exposé des faits et
K7I
PER
PER
5T1
démailla quel parti il devait prendre. Ce ne
fut que depuis cojour qu'on o\ijîea le ser-
nio'it h la ("onstitvilioti civile du clergé. Sur
le grand nombre de [)rAlres de Lnval el d»^s
quarante-sept fiaroissps du distrirt, il n'y
eut que dix individus qui le prtMf'rent. S.iiis
altondro ladtS-isim du pape, M. Desvaupnris
envoya sa dc'-mission le '22 ft-vrirr 171)1.
Trois jours après, il reçut un Itrel" de Roim»,
où le pape lui recommandait t)rcciséme'it ce
qu'il venait de faire, savoir, de refuser. Les
élerfeu s du dt^partomeut. ne voyant aucun
ecclésiastique m peu marquant du pays qui
voulût accepter l't'pisc >pat li^ leur ma n,
choisirent un étranger du Midi, le P. Viilar,
principal du collège de La Flèche, où les
religeux doctrinaires avaient remplacé les
jésuites.
• Peu après cette élection , on eut con-
naissance desdoux brefs du pape, du 10 mars
et du 13 avril 1701, le premier aux évô(pies
de l'Assemblée Constituante, le second à lout
le clergé et aux fidèles de France. Pie VI y
déve oi>[)ait tous les vices de la Constitution
civile uu clergé ; il déclarait les électiois des
nouveaux évé(pies illégitimes, sacrilèges el
contraires aux canons, ainsi que l'érectiou
des nouveaux sièges, dont celui de Laval
faisait partie. Il ordonnait h tous les ecclé-
siastiques qui avaient lait le serment, de le
rétracter dans quarante jours, sous peine
d'être suspens de l'exercice de tous ordres
et soumis à l'irrégularité, s'ils en faisaient
les fonctions. Malgré ces décrets du succes-
seur de saint Pierre, du vicaire de Jésus-
Christ, le sehismatique Villar se fit sacrer à
Paris le 22 mai 1790. Ce ne fut que plus
d'un an après, en date du 4 juillet 1791,
qu'il publia sa première lettre; pastorale,
avec ce début commun à tous les évéques
civils, conslitutiounels , mais non callioli-
(jues ; « Noél-Gabriel-Luce Villar, [)ar la
« miséricorde de Dieu el dans la conimu-
« nion du saint-siége apostolirpie, évèque du
« département de la Mayenne. » Dans ce
peu de mots, le citoyen V'illar dit d'abord
un mensonge ; il assure être dans la commu-
nion du saint-sii'ge, el le saint-siége le nie.
Ensuite il ne dit [)as au nom de qui il vient
comme évèque; reste à concluie rju'il ne
vient au nom do per-*oniie. Les évèques lé-
gitimes sonl les successeurs (les jqxMres,
envoyés de Jésus-l^hiisi ; et Ji'sus-Christ a
établi H sa place un vicaire, un lieutenant,
pour pattre et gouverner tniit le troupeau,
toute l'Kglise, et les agneaux el Ifs brebis,
et les petits et les mères, et les fidèles el les
tiasteurs, el surtout pour signaler aux bre-
MS el aux agneaux (piels smil les pasteurs
véritables et (piels sout les loups vêtus en
bergers. Les évèipies légdimes melteiil en
tète de leurs lettres pastorales par In ijrâcr
df Dieu et l'autorité du snint-sii'fje, évèque
de telle cilé : le ciio\en Vill.ir, comme le
loup de In fable, eùl l)it'n voulu éi-rire cela
sur son < haueau, mais il n'osn, ot sa voix
seule trahit I imposture.
■ Le cb'rgé <iu pays n'écouta [loiut |j\ voix
du mercenaire. Sur eent quatre-vingt-neuf
prêtres séculiers que renfermait le district
de Laval, on n'en compte que dix-neuf qui
aient adhéré au schisme : ciiu} sur soixante-
onze chanoines, chapelains. j)rêtres habitués;
quatorze sur eent cinq curés et vicaires de
paroisses rurales; pas insnr les treize rniés
et viraires de la ville. Quant au clergé ré.,'U-
lior, dnns les six communau'és d'h<mimes
que renfeimait le mêiue d stiict , on ne
trouve que sept religieux qui participèrent
au schisme; la p'iqi.irt étant éliangers. re-
tournèrent (laus leurs familles en lii91, sans
qu'on sache le sort du plus grand nombre.
Lévêque intrus eut donc bien de la pei'to h
composer son clergé : il ne put pas même
compléter le nombre de seize vicaires épis-
copaux qu'il devait avoir ; celui d'entre eux,
nonuné (iiiilbert, rpi'd fit supérieur du sémi-
naire, apostasia dès la fin du 1793 et devint
le j)lus impie et le plus féroce des révolu-
tionnaires de Laval. Sur quarante-cinq pa-
roisses de la campagne, il y en a six pour
lesquelles on ne nouima pas même d'intrus ;
huit pour lesquelles on en nomma h |rlu-
sieurs reprises, mais les uns ne s'y présen-
tèrent pas, li'S autres n'v restèrent pr.s plus
de vingt-quatre heures; biiit où les intru-^ ne
restèrent pas un an. En résumé, l'intrusion
ne prit vraiment racine que dans dix pa-
roisses rurales, encore n'avait-elle qu'une
faible fraction des habitants. » fRohrbacher,
J/ist. univ. dp l'Eglise, t. WVII. p. V9V. ci-
tant les Mémoires cccl('sKnstifiHrs concernant
ta. ville de Laval et de ses environs, pendant In
révolution de 1789 à 1802, par M. Boullier;
Laval, 18VG.)
Dans une multitude d'autres pavs on vit la
même chose : il eflt été impossible de trou-
ver des prêtres constitutionnels, si l'on n'a-
vait pas choisi parmi la lie rejetée des cou-
vents. Partfuit la séparatinn des catholiques
et des intrus se tit spontanément. L'Flglise
des anciens prêtres se nommait VEgtise ca-
thnliiiue : ou nommait celle des nouveaux
VEgtise constitutionnelle. Quand les évêques
de c"s dernières écrivaient au pape, ils pre-
naii'iii d'tMix-même»; e(> titre qui man|uait la
réprobati'in pour les fidèles ; ils se (juali-
liaient évoques constitutionnels. Presque par-
tout les intrus n'étaient suivis que de fort
peu de monde; leurs églises étaient prt^sque
partout désertes. Les prêtres constitutionnels
el les impi(>s qui leur prêtaient leur apj'ui
voyaient lout cela avec une rage qu'ils ne
cachaient pas. Les fidèles de rerlniiies pa-
roisses faisaient souvent plusieurs lieues
pour aller trouver un (>rêtre catholique, el
recevoir de lui les sacrements. L'impie
Condorcet, celui (pii, ayant été fait prison-
nier, s'empoiMinna depuis à Ilourg-la-Reine,
donna aux intrus le coi;seil d'en agir ji l'é-
gard des catholiques par les mênit'S moyens
de coercition ipTon avait employés contre
les chrétiens de la primitive Eglise. Dans
certaiii*' lieux on fra|>pait à coups de bAton
les catliolitpies qui >e rendaient aux églises
de leurs prêtres. Les temmes les plus ver-
tueuses, les plus reroinmandables , fun ni
victimes de ces indignes traitements. Dans
B78
l'iJi
PI R
574
In jmroisso de S«inln-Mnru!n(>ril(\ h INiris, Irois
r(Mi|;;i(Mi.S(»s , sirMirs de Cluirih'', inoiinirciif
des ('(Miiis (|ir('llo.s aviiicnl ainsi reçus. Ilcjui-
(•mip J(> |)i(»viii('t's viii'iil do scmItlahNH [mu-
si^Milions. I>/ms 1»' Midi, en l»i';iii(uii|> do
localih's, l(>s pioli'slaiils se jdi^^iiiiciil aux
iiilins. pour ('ii|>(''(licr l('scalli(»li(|(ii's d'cxci'-
(M'i lilw'ciucnl leur ('(die. I.à on se inil. .'i los
IVnppci' h coups (il' iiciis de hind'.
(le l'iifenl ris liorreiirs el ces violences (\(^
tonlo sorl(>, ce l'in-enl li^s enliaves mises à la
liliei'lt^ du colle, (pii occasiitnnèreni l(^ son-
jèvenieul de la N'eiidi'e. Les N'endée-is avai(!iil
;u'i'(>plé avec lia'upiillili'* les eliaMfTeine'ils
poh!iipii>s ipi(> la lévohilion a|)porlail, dans
l'ancien élal do choses. Ce (pn les exaspéra,
c(> fut de voir qu'on leur rel'usail la liberté
du cullo si so'ivent promise. l/.\ssenddéo
r.(»ns|iiuante ayaul envoyé dans l'Ouest
deux commissaires pour y étudier la (pies-
lion i'(>li,i;ieuse , ces doux comnussaires
adressèrent un i-appori oi^i on trouve des
passages trés-dignes d'cMi-e placés ici. « L'é-
potiuè do la prestation du serment ecclé-
siastique, y disent-ils, a été, pour le dépar-
tement de la Vendée, la première épocfue de
ses troubles; jus(pralors, le peu|)lo y avait
joui de lapins grande tran([uillité ; éloigné
du centre commun de toutes les actions et
de toutes les résistances, disposé jvir son
caractère natuiel à l'amour de la paix, au
sentiment de l'ordre, au respect de la loi, il
recueillait les bieid'aits de la révolution sans
en éprouver les orages Sa religion, c'est-
à-dire la religion telle qu'il la conçoit, est
deve'Mie pour lui la |)lus forte et rour ainsi
dTre l'uMiquo habitude de sa vie La
constance du peuple de ce dépai-tement dans
l'exercice de ses actions religieuses et la con-
tia'ice illimitée dont y jouissent les jn-èli'es
auxquels il est habitué, sont un des princi-
paux éléments des troubh^sqai l'ont agité et
qui peuvent l'agiter encore »
Le raj^port taisait ensuite mention de la
lettre pastorale do révô(]ne de Lucon aux
prêtres lidèles de son diocèse, pour leur
tracer la conduite qu'ils avaient à tenir en
face des événements. Elle leur ordonnait
de cesser la célébration des cérémonies du
culte dans les églises dont les intrus se se-
raient emparés. Klle leur prescrivait de cher-
cher un lifui où les lidèles pourraient tenir
leurs assemblées. « Sans douie, il sera dif-
ficUe de trouver un local convenable, de se
procurer des vases sacrés el des oi'uements :
alors, une simple grange, un autel portatif,
une chasuble d'indienne ou de quelque autre
élotle comnurie, des vases d'étain suffiront
dans le cas de nécessité pour célébrer les
saints mystères et l'oilice divin. Celte sim-
plicité, celte pauvieté, en nous rappelant les
piemiers siècles de l'Eglise et le berceau de
notre sainte religion, peut ètie un [)uissant
moyen pour exciter le zèle des ministies et
la ferveur des Cdèles. Les premiers chré-
tiens n'avaient d'autres temples qvic leurs
maisons; c'est là que se réunissaient les pas-
teurs et le troupeau pour célébrer les saints
mjslères, entendre la parole de Dieu et
( h/uitfM- les lou«riK(»H du Hei^nour. Dani Ioh
pecsi'culioMs dont rK^;li«!r) fut allli^ée, forcéi
d'/diandoruier leurs basilirpu^s, on <'ri vit s«
l'elirer dauH les cavernes (d jusque datis jeîj
tombeaux, el ces temps d'é-preuvc» furent
pour les vrais lidèles, l'éptipic de la pblfl
griulde ferveur »
l'Ius loin, le rfi|ipf)rl disait (pie ri'% r(*^
coiiima'idalioTs de r(''vè(pie de Lu ci mi nvairnt
porté h'Ui's fruits. Il disait comiiii-iil la ré-
sislaiic(! passive, calme et résigné(! df» In po-
pulation et du clerg('' (wdlioli(| II' avait empA-
ché l'inslallatiou dans le déparUiiiient de l'é-
vè(pi(» coiistitulioinel Itodrigue/.. « Hien
n'est |ilus commun (pu; di; voir, dans les
paroisses de ciu | .'i six cerils personnes, dit
ou douze seulement aller l'i la messe du prft-
fre nsseriiKMdé; la proportion est la même
dans tous les lieux du départcîuus'it. Les
jours de dimanche et de fête, O'i voit d(;.s
villages et de.s bourgs entiers dont les habi-
tants déseilenl leurs foyers, pour aller fi une
et (]uel(piefois deux lieues entendre la messe
d'un prêtre non assermenté Malheur(îU-
senient , cette division religieuse a produit
une séparation i)oliti(iue entre les citoyens...
Le très petit nombre des personnes (pii vont
dans l'église des prêtres assermentés, s'ap-
l)ellent et sont appelés patriotes; ceux qui
vont dans l'église des prêtres non assermen-
tés, sont a})f)elés et s'ai)pell(Mit aristocrates.
Ainsi, pour ces pauvres habitants des cam-
pagnes, l'amour el la haine de leur patrie
consiste aujourd'hui non point à obéir aux
lois, à respecter les autorités , mais à aller
ou ne pas aller à la messe du prêtre asser-
menté. »
« 11 est un autre point, disent les deux
commissaires, sur le(|uel tous les habitants
des camttagues se réunissaient : c'est la li-
berté des opinions religieuses qu'on leur
avait, disaient-ils, accordée, et dont ils dési-
raient jouir Les campagnes voisines nous
envoyèrent de nombreuses députations de
leurs habitants pour nous réitérer la môme
prière. Nous ne sollicitons d'autre gr^ce,
nous disaient-ils unanimement, que d'avoir
des prêtres en qui nous ayons confiance.
Plusieurs d'ep.tre eux attachaient môme un
si grand prix à celte faveur , qu'ils nous as-
suraient qu'ils paieraient volontiers, pour
l'obtenir, le double de leur imposition. »
11 n'entre i)as dans notre plan de faire
l'histoire des guerres soutenues par les Ven-
déens ])Our la déf use du culte. Du reste,
nous ne croyons pas, comme quehjues au-
teurs, que ce fut là le seul motif qui les por-
ta à prendre les armes. Certes, il y avait
quelque chose de politique aussi dans les
causes qui déterminèrent cette guerre (le
géants, sous les elfoits de laquelle la républi-
que fut sur le point de disparaître. Nous ne
ferons pas non plus l'histoire des événe-
ments qui eurent lieu dans 'e sein de l'As-
semblée qui gouvernait la France ; nous ar-
rivons immédiatement aux massacres des
rètres dans les prisons. Nous citerons Rohr-
acher , qui donne un excellent précis de
tous ces faits.
l
57r, PER
« L'Assemblée Lt'gislntive, ayant mis au
m^anl l<* rrto royal, promulfjcua les lois(|u'»'lle
avait rendues contre les prOtres. Un délai de
quinze jours fut donné h ceux qui avaient
refusé ou réiracti' le serment ; passé ce
terme, ils étaient tenus de sortir du royau-
me, et, faute par eux de s'exiler, ils devaient
être arrêtés et dé|)ortés h ii Guyane fran-
(,aise. Ceux d'entre eux (jui seraient restés
en France après avoir obtenu un passeport
et annoncé leiu" dép.nrt, encouraient la |)eine
de la détention pendant dix ans. Tous les
ecclésiastiques non assermentés, séculiers
ou réguliers, prêtres, simples clercs ou frè-
res lais, quoique ces derniers ne fussent pas
assujettis au serment , devaient être ainsi
frappés de la détention, du bannissement ou
même de la déportation, lorsque leur éloigne-
ment serait réclamé [)ar six individusdomici-
liés et jouissant des droits de citoyens.
« La Clonmiune de Paris ne voulut pas
rester en arrière : elle proscrivit d'abord le
costume ecclésiasli<(uo , encoi'e porté par
plusieurs prêtres ; peu de jours après, elle
ordonna que les bronzes des églises , sans
en excepter les crucilix, seraient saisis, pour
être fondus et convertis en canons ; eulin
par un arrêté du 20 août, elle autorisa les
connnissaires fies sections h enlever l'ar-
genterie des paroisses, même les chande-
liers ; et elle décréta que toutes les cloches
seraient descendues et cassées, à l'exception
de deux par paroisse. L'exécution de cette
dernière mesure souleva dans le peuple une
vive irritation : des altrou|)ements se l'orinè-
/ent, il y eut des réunions tumultueuses
ilans les églises et môme h Notre-Dame, et
la Commune fut ol)ligée de di'ployer la force
armée pour comprimer ceux des cito\ens
que révoltaient ces spoliations sacrik^ges.
Ces résistances, trop souvent mi"^es en oubli,
observe Amédé-c Gabourd, indiquent assez
qu'il y avait alors à Paris plusiein\s peuples,
et non pas seulement une muililuile di-^ci-
piinée de Jacobins :mais la |)eur glaçait tou-
tes les âmes j)arili([ues ; la révolution, exaltée
[•ar sa pro|)re audace», mi'prisait les obsta-
cles et luul lit aux pieds (juiioncpie osait un
moment la retarder en chemin (Gabourd,
Assrmhl. Irrjishil., p. 3.'j'.)j.
« \'ers la lin du mois d'août, on apprit
que les Prussiens s'étaient emparés de Long-
\\i, qu'ils assiégeaient Thionville, et mar-
chaient sur N'erdun. I.ongw i s'i-iait rendu
parla lAcheté des habitants. A celle nouvelle,
la n)unici[)alit('' n'-volulKinnaire de Pans, où
dominaient Uf»bes[)ierre et Marat, entra en
fincur, ainsi ipu' tous les Jacol)ins dirigés
par Danton. Ils ri'-sobnent de pousser le peu-
ple de Pans si avant dauN le crime, qu'il n'o-
SiU plusespéier d'aminstie de la part de l'é-
tranger. Les [)ri<ons regorgeaient de malheu-
reux suspects; poiM- faire [tlace à ceux ipi'on
y traînait h chaque heure du jour et de la
nuit, ou rendit la liberté aux prisfuniiers
pour dettes et h tous les criminels vulgaires.
Dans les cachots et dans les cellules demeu-
rées vides, on entassa les prêtres, les royalis-
tes, les nobles et aiitres persotnies suspectes.
PER
576
« Il y avait des prêtres enfermés dans le
couvent des Carmes, rue de ^■augirar(l. dans
le séminaire de Sainl-Firnn'n, dans l'abbaye
de Saint-Germain, dans la prison dite la Force
et ailleurs. Aux Carmes, il y avait environ
deux cent vingt ecclésiastiipies. Les princi-
paux étaient l'archevêque d'Arles, les évo-
ques de Saintes et de Beanvais. Jean-Marie
Dulau, archevêque d'Arles, narpiit le 30 oc-
tobre 1738, dans le Périgord, dune très-an-
cienne famille. Son enfance fut prévenue de
grAces extraordinaires. Sa pieuse mère ne
l'appelait que le trésor de sa maison. En-
voyé fort jeune à Paris pour v achever ses
étu(ies, il les lit avec tant de dislinctio?i,
que ses maîtres prédirent qu'il ferait un jour
la glon-e de sa patrie. Conlié d'abord a\ix
soins d'un de ses oncles, curé de Saint-Sul-
pice, il préféra les pénibles fonctions de l'é-
tat ecclésiastique aux douceurs que sa nais-
sance lui eût promises dans le monde. Il
n'eut pas moins de succès dans la théologie
que dans les études littéraires. Elevé au
collège de Navarre, il fut le premier de sa
licence en Sorbonne. Successivement cha-
noine"de Pamiers, grand-vicairede Bordeaux,
})rieur commendataire dans le diocèse de
Périgueux, il dépensait ses revenus en sain-
tes libéralités. Avant l'âge de trente-deux
ans. il fut tiésigné par la province ecclé-
siastique de Vienne pour être agent général
du clergé. Il fut nonuné archevêque d'Arles
en 1775. Persuadé que l'ordre conduit à
Dieu, il en mettait dans la moindre de ses
ai lions ; chaque heure avait son occupation
l)arlicurière : ses moments étaient partagés
entre la prière, l'étude et les soins qu'il d^
vait à son peu[tle ; Ittut dans son palais
était réglé comme dans un séminaire, et le
seul délassement qu'il se permit était celui
de la promenade, qu'une vie sédentaire ren-
dait iK'Cessaire à sa santé ; mais s'il faisait
journellement de grandes courses, il choi-
sissait de |)référence les lieux les plus soli-
taires jiour avoir l'occasion de discuter en
liberté <pielque point de morale ou de con-
troverse. Un de ses secrétaires blâmait un
jour celle austère manière de vivre, et l'en-
gageait d'en adoucir les rigueurs par les
agréments de la société : « Je sais, lui ré-
pondit-il avec bonté, (|u'en suivant le conseil
que vous me donnez, je mènerais une vie
plus agréable, et j'aimerais autant qu'un au-
tre ces douceurs de la socnUé dont vous mo
parlez ; mais ce n'est point pour en jouir
(pie la Providence m'a elevi' au rang (pie
j'occupe; c'est pour lra\ailler au salut et
pourvoir aux besoins du peuple qu'elle m'a
conlié. et je dois préférer mon devoir à ma
satisfaction. »
« Il prit fort à cœur de ranimer les études
et la piet(' dans le coTh-ge d'Arles, d»^ les
perfectionner dans le séminaire, et d't'van-
géliser tout son diocèse par des missions,
il entrej)rit, en 1777. la visite de toutes les
paroisses. .Mlabh> envers tout le monde, il
l'était surtout envers ses prêtres. Le dernier
lévite (le la maison sainte n'en était pas
moins bien accui illi que toute personno
S77 MOR l'KIi 57«
(li.sliiimirr |».ir sa (jiialilr. Hii viiaiiMï n'allait (IcUîihis, il \ i ('(oiinall ses «Inix Kiari<ls vicni-
jaiiiais lui iciidro sa visiter ipril iki l'ad- ros, MM. di* 'riioraiiMt ol ilti Foiic/iwlt. A
mil j\ sa lalilii ; fin'il uo l'y scivil avec nrinc lianslV-ii'' dans lY^i^lisr! des (larmes,
nno allciilivo cordialiln ; (lu'il ne lui adicvs- laiclicvi^im' rcroil la visitfi d'uti liorlo^cr
s;\l i\o ces parolos ohli^caiites (|iii oncoiiia- noimiii'' (.antcj ;' il nvnil di'j/i .s/unY; (pialrc
^('iit l(^ mériti' cl (|iii en sont coiiiiiic le ni'(>- |ir<Hi('s, il oHir au iiir'dat des iiioyjMis l'a-
I
i
iiiicr salaire. Daus cliaiiue |iai(»isse (|u'il vi- eihts d'évasiou « Nion elin-, lui n'-poiid-il,
sitail, il lixail un jour pour examiner coni- je vous reiiier(;i(^ de volri; hotiiu' volontf* :
nienl on iiisiruisad la jeunesse. I„'i. ce lion je suis innoccul; si je fuyais, on pourrait me
pasieur inlerr()}.:;eail av(M' uiuî Icndic; allée- croire coupahlc;. Qm- la volontt- du Sci^ncMir
lion les onlanls sur les principales vcrili's .s'accomplisse; en tout I »>
de la loi; l(irs(pn' par Kmus ri'ponsc^s ils s(; « Les |irisonniers passèrent deux joins et
nionlraienl instruits, il leur donnait des deux nuits sans autre lit (pi'iuK; chaise. Plu-
l)rix ; et l'ospoir d'une r(''com|ionse d'autant siuurs étaient accablés (1(! vieillesse ou d'in-
plus lionoral)le (pTelle était décei-née après rn'niiti's ; plusicins étaient réduits h une in-
nn sévùre examen, »>\cilail leur émulation, (licence (pii m; leur laissait pas même do
(loninui il no pouvait s'adresser h toute la quoi pourvoir à leur nouriitiire. Un des ré-
jeunesse , plusieurs se voyaient tristement voliilionnaires (pii avaient montré le plus de
privés du prix ([u'ils avaient auihilioniM'. La i'ureur pour leur incarcéiation, lut touché
lille d'un bert^er, près d'Arles, ainsi Trustrée, de huirs souirranccs. Il lit dooner aux gai-
résolul d'aller trouver l'archevècpie |)onr le des la |)Crmission de; laisser entrer ce qu'on
iirier dejujAcr, |)ar les réponses (pi'elle ferait apporterait aux captifs, en s'assurant seule-
a SOS questions, si (die était indij^nt; de la nu-nt (pi'il n'y avait |)oint d'armes. Il invita
palme décernée à plusi(Mn's do ses compa- iiième les «imes charitahlos des environs h
i^nvs. A peine A^éedo onze ans, la petite té- secourir les pauvres prêtres. ConinK; on ne
niéraire arrive à rarchevôché et demande à leur laissait pas la consolation de célébrer
•arler h Monseigneur. Le suisse répond d'à- les saints mystères, ils y suppléaient en re-
cord que son maître ne donne |)as d'au- pétant les prières de la messe et en s'unis-
dicuco h des lilles aussi jeunes ; celle-ci fait sant h celle que célébrait h Rome le vicaire
1rs plus vives instances, et l'autre, y cédant do Jésus-Christ. Le médecin obtint toutefois
cnlin, va déclarer à M. Dulau (ju'une fort qu'ils pouriviient se i)romener dans le jardin,
'eune enfant souhaite lui parler : « Faites- au fond du(j[uel il y avait un oratoire où se
a venir, dit le bon pasteur, jo me dois aux trouvait une image de la sainte Vierge. Ces
petits ainsi qu'aux, grands. » Kilo expose promenades étaient encore une occupation
dans son langage naif l'objet de sa visite; sainte. Les uns se rendaient par manière
rarchevéque, charmé de sa candeur et de sa de pèlerinage au petit oratoire, les autres
fermeté, l'inferrogc ; l'enfant répond avec lisaient les saintes Ecritures ou disaient leur
beaucoup de justesse, et reçoit un prix plus bréviaire, plusieurs s'entretenaient pieuse-
précieux que tous ceux qui ont été distri- ment de choses religieuses : tous rentraient
bues cl la paroisse. Elle est si transportée de ensuite gaiement dans leur prison, qui était
joie, qu'en retournant à l'hundjle demeure l'église même, parvis du ciel,
de son père, elle s'écrie le long des rues de « L'archevêque d'Arles, dont les infirmités
la ville : « J'ai un prix de Monseigneur ! J'ai augmentaient chaque jour davantage, fut en-
un prix de Monseigneur ! » core sollicité plusieurs fois d'employer des
« L'archevêque d'Arles fut l'oracle des as- moyens pour obtenir d'être transporté chez
semblées du clergé de France. Longtemps lui. Il répondit toujours : « Je suis trop bien
avant la révolution, ill'avait annoncée comme ici, et en trop bonne compagnie. » Cepen-
inévitable, si les disciples du sanctuaire ne dant, la troisième nuit de sa prison, il n'a-
s'imposaient eux-mêmes une salutaire ré- vait pas encore de lit ; il fut impossible de
forme. Dans le désastreux hiver de 1788, il lui en faire accepter un, parce qu'il avait
trouva moyeu, avec les magistrats d'Arles, compté les matelas et qu'il en manquait un
de prévenir, par d'abondantes aumônes, la pour un nouveau prisonnier. Ses discours
révolte du peuple affamé. Député aux deux fortifiaient les autres; sa piété, sa patience,
assemblées des notables et aux Etats-Géné- les pénétraient d'admiration. Précisément
raux, son extrême modestie et sa grande parce qu'ils l'avaient vu le plus éminent en
tinndité l'empêchèrent de se faire entendre dignité, des gardes sans entrailles se plai-
à la tribune. Sa science et sa parole ne res- saient à l'outrager de toutes manières. Les
tèreut cependant pas inutiles. 11 fut l'àme du malheureux n'atteignaient pas son âme. Con-
comité épiscopal qui rédigea VExposition centré en Jésus-Christ, il se taisait, et s'es-
dc ses principes. Il instruisait son diocèse timait le plus heureux, parce qu'il avait le
par d'excellents écrits, qui en préservèrent plus à souffrir. Il prenait l'air dans le jar-
la plus grande partie du schisme. C'est lui din, escorté de deux fusiliers : un militaire,
(pii, sur le décret de déportation contre les dont la mise semblait commander la décence,
j)rôtres fidèles, prépara une adresse d'une gesticule d'une manière ironique derrière
sensibilité si parfaite, que Louis XVI, ému M. Dulau, puis, passant devant le pontife, il
jusqu'aux larmes, promit dès lors de refu- met un genou en terre, tire son épée, la pose
ser sa sanction à ce décret d'iniquité. en forme de croix sur la poitrine du pontife,
« L'archevêque d'Arles est arrêté le 11 et lui dit : « C'est ainsi que demain je te sa-
août 1792 ; en entrant dans l'enceinte des crerai moi-même. » L'offensé se détourne
579
PER
PER
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sans flirn un mot. Un s^onilarnie brutal fait
spécialomnnl de lui lohjot dp jeux atroces ;
assis h ses côtJ^s, il lui dit tout ce que la
plus vile populace peut inventer de sarcas-
mes gro5si>'rs, de bnsses railleries, le félicite
sur ce qu'il représeutora noblemeil sous la
guillotine, ensuite se lève, lui doiuic par
dérisio'i tous les titres de noblesse (juc
l'Assemblce vient d'almlir: et le riisciple du
Dieu coiirinné no répond rieo. L'homme fé-
roce, s'asseyaTit de nouveau prè> de lui, al-
lume sa pipe et lui en souflle la fumée sur
le visage ; l'archovtVpie se lait toujours, et
I^rès de se trouver mal par la ft'tidilé de la
"umée, se contente de changer de place. Son
pe sécuteur le suit encoie. jiisqu'h ce qu'il
voie sa cruelle obstination vaincue par une
patience i'iallérable... Au milieu de la luiit,
un des prisojiniers , troublé par quehjue
bruit qu'il avait cru entendre, réveilla l'.ir-
chevô(iue en sursaut pour lui dire : Monsei-
gneur, voili\ les assassins ! — Eli bien 1 ré-
Eondit avec douceur le saint homme, si le
on Dieu demande noire vie, le sacrifice doit
être tout fait. » Et sur ces paroles, il se ren-
dort paisiblement. (B.irruel, Hisl. du clergé
pendant In ri'volution. Carron, Confesseurs de
la foi, t. I".)
« Les évêques de Saintes et de Beauvais
étaient deux frères, François-Joseph et
Pierre-Louis do Larochefoucauld. Ils furent
arrêtés tous deux dans leur appaitement.
Les révolutionnaires en voulaient spéciale-
ment à ré\é(|ue de Beauvais et laissaient la
liberté à celui de Saintes. Mais il leur dit :
« Messieurs , J'ai toujours été uni à mon
frère de la jifus fendre amitié ; je le suis
encore plus par mon atlachement à la mémo
cau<c. Puis(|ue son amour [)our la religion
et son horreur pour le parjure font tout son
crime, je vous supplie de l'roire que je ne
suis pas moins coupible. Il me serait d'ail-
leurs impo-isd)le de voir mon frère conduit
en pri on et de ne pas aller lui tenir com|ta-
gnie. Je demande à y ètri' emmené avec
lui et h parta.L^er son sort. » Cet aimable et
héroïque piélal conserva dans sa prison
volontaire toute sa gaieté naturelle. Tou-
jours riant, loujonrs prévenant, \\ se plaisait,
surtout avec son tièie, à accu illir les nou-
veaux prisonniers avec une bonté, avec des
attentions qui bientôt faisaient oublier à
ceux-<n toiitt's leurs peines.
« François- Louis Hébert , supérieur des
Eudistes et confesseur de Louis WI, était
d'une bieiiveilhnice expansive (pi'on dirait
pre^que sans exemple. Personne ne sortait
de chez lui ipTavec un sefilinienf profond
d'édification et qu'avec cet esprit de pielé,
d'amour de Dieu et du |)roch.nn, (|u'on avait
reriieilli de son cfpur et de ses lèvres. Il
n'existait pas do ciracière plus heureux,
d'humeur plus riante et plus douce; il \ws-
sédait son Ame dans |,i paix, d ms la joie, et
répandait l'onction avec les con>,uliilions les
plus vives dans le sein des afiligés ou dans
celui des rhrJ^tiens trop portés au trouble et
il la irainle.
• Mais d« lout«$ les vertus qui distin-
guaient l'homme de Dieu, il n'en fut jtas
une (pii le signalât autant au respect et à
l'admiration des peuples (jue son inépuisa-
ble et inconcevable charité. Non, disait un
j)ieux (idèie, qui avait passé dans son cora-
nierce intime trente-trois ans de sa vie, non,
jamais je n'ai connu d'homme plus égal et
jilus aimable dans son humeur, plus f rvent
dans sa piété, plus tendre dans sa charité,
dont les actcîs continuels étaient aussi sim-
ples, je dirais presnue aussi naturels, qu'ils
so monlraient sublimes ; chaque nouveau
jour de sa vie rappelait le précédent, annon-
çait le suivant, et tous se ressemblaient pour
sa miséricorde envers les êtres souffrants.
Il allait visiter les prisonniers, les exhortait,
les prêchait, concourait ellicaceraent h la dé-
livrance de plusieurs d'entre eux; n'étant
étranger à aucune branche de son saint mi-
nistère, confessant considérablement, atti-
rant tous les cœurs par sa simplicité par-
faite, ses manières engageantes. 11 aimait
surtout les enfants, qui le bénissaient et le
révéraient tendrement : il plaçait les uns en
niélier, i)oussait aux éludes ceux qui mani-
festaient d'heureuses dispositions ; ftrocu-
rait des places aux servantes exposées au
danger de perdre leurs nareurs ; ouvrait des
asiles religieux aux vierj^es heureusement
dégoillées du monde; ne conservait que les
habits qui le couvraient ; dans les temps de
disette, allait au-dcvanl des prières, pré-
venant les besoins des uns, devinant ceux
des autr s que la confusion rerélait ; avait
comme des émissaires et de fidèles messa-
gers pour leur porter tous lessecoursqui leur
devenaient néce^sai es. Pendant son séjour
à C>aen, ayant reçu le don d'une mo iire d'or
d'un grand prix , h 1 instant même il la
vendit pour les pauvres, et dans le reste de
son angélique carrière on ne peut plus
compter le nombre de ses sacrifices.
« En 179-2, dernière année de sa vie, il eut
occasion de rt> idre service h un illustre in-
fortuné. Au commencement ilu mois d'aoOl,
Louis XVI lui écrivait : « Je n'attends plus
rien des hommes ; apportez-moi les cons»-
lations célestes. » Louis XVI avait choisi
pour son cnifesseiir cet ami des pauvres. Le
10 aoiM, M. Hébert dit h un pieu\ fidèle : « Le
roi est dans les meilleurs sentiments et ré-
signé [laifaiteinent h ce qu'il [ilaira d'ordon-
ner ati Seigneur. » Le mèiiiejour, ,M. Helteit
fut arrêt é et enfermé aux Car mes. ^t'-arron, t. I.l
(I Le 'Ht aoill. l'AvsiMnblee Législative ppo-
iiiulgiia le de» ret de déiiorlalio 1 cimire les
irèlres fidèles. Manuel, pro> ureur-syndic de
la Commune de Paris, assembla le conseil
secret des muiihnpauv. .\vee Marat, le i>ou-
cher Legentlr© et un nrôlre jureur, il déli-
béra sur C(! déiret et le trouva trop doux.
Au heu de la déportation, on prononça la
mort. Danton, nnnistre de la justice, se
chargea de l'exéculioM. Manuel «.e rendit le
même jour h léglise des Carmes. IJn des
prisonniers, l'abbé Salins, chanoine de Con-
serans, lui demanda s'il connaissail (pielqne
terme h leur captivité ef ((uel était le crime
qu'elle punissait. Manuel répondit : « Vous
I
À
é
181
Ï'RB
^Mos \o\\% t)r<<vonns do propon.... Il y n im
jury (Miil)li pour vous jïiKfr; iiinls on n
r()inm(Mi(('- |nir h'S [iliis ^r.iiuls ciimiiicls,
vous viciidrc/. ft votif ionr. On ne vous cfoU
pas tous (^u;nlt'iii(Mit coupalilc.»!, cl on rclA-
clicia les iimoct'îits. » l/alilx'' Salins lui
iiKMiliviill lo' vi(Mi\ solitaires de Saiiill''raii-
rois do Sah^s, lui «lit : << Si vous nous ac(Mi-
S(v. de coiispiralio'i, voyez, cxaniinc/.
Iles p(>rsoni)af^ts-là n'onl-ih pas l'air de n^-
doulables ooMJurcVs ? n Manuel «joula sini-
plcniciil : « Voire di'porlalion esl résoliu'.
On s'occupe de l'exécution ; les se\a},'i''iiai-
ros Cl los iullrnu's doivent Olrc eulerniés
dans une niaisoii connuniie. Je venais m'iii-
t'ormor si vous en connaiiriez une plus pro-
pre h cet objet (lue celle de INnl-lloyal.
Quand (>llo si'ra pleine, nous feruu>roiis la
(H)rlt> cl nous y uietlrons pour ecrileau :
C'^-^jU le ci-devant cler(j(' de Frtnwe. Quant
aux autres, ceux ipii Seront riM'onnus iuno-
ceuts \mv le jury, ils auront le temps de va-
quer h leurs ullair(>s pendant le temps qu'ac-
corde la loi. Il faut prendre des mesures
pour leur assurer une jiensioii, car il serait
mluimaiu d'expatrier quelqu'un et do l'en-
voyer à la charge d'un autre royaume, sans
lui accorder quelque secours pour vivre
dans sa retraite. »
« C'est ainsi que les victimes s'entrete-
naient conlidemment avec l'homme (jui avait
prononcé leui" mort et qui prenait des me-
sures nour rexécution. Par une sorte dhu-
manite philosophique, 1 s [)risonni"rs eurent
une nourriture plus dcMicate et [)lus abon-
danie ; il leur accorda même la promenade
du jardin qu'on leur avait interdite depuis
plusieurs jours. Ils y étaient le mercredi 29
août, lorsque Manuel vint encore les com|)-
ter, regardant ga et là du milieu du jardin.
Divers |)rélres s'a|»proc lérent encore de lui
avec la môme sim|ilicité et co:i(iance. Il leur
dit que l'arrêté de la municipalité, relatif à
leur déportation était terminé ; qu'il leur
serait signilié le lendemain. Il ajouta : « Vous
avez à évacuer le département dans l'espace
prescrit par la loi. A'ous y gagnerez et nous
aussi. Vous jouirez de la tranquillité de
votre culte et nous ce'-scrons de le ciaindre;
car, si nous vous lai>sions en France, vous
feriez comme Moïse , vous élèveriez les
mains au ciel tandis (|ue nous combattrions. »
Quelques-uns des prisonniers demanJèrent
s'il leur s. rait permis d'emi)orter quelques
etl'els dans leur exil. Manuel réponuit :
« Ne vous en mettez })oint en peine ; vous
serez toujours plus riches que Jésus-Christ
qui n'avait pas où reposer sa tète. »
« Cependant , le vendredi 31 août, l'ar-
rêté de la municipalité n"avait pas encore
été envoyé aux Carmes. Plusieurs des pri-
sonniers commencèrent à soupçonner quel-
que chose. Dans la journée, on vint enlever
de l'église tout ce qui tenait au service di-
vin ; ou brisa même une croix qu'on ne put
détacher de la muraille. Les prêtres captifs
retrouvèrent cependant une croix de bois
qu'ils se hâtèrent de placer sur le maitre-
autel, comme l'étendard de leur chef et de
leur modAlf». Fnlln, nur les onze heuros du
soir, le m/tiro l'élhioii ol lo procureur .Ma-
nuel leur envovèrent siniulior lo décret
d'ex|iortaiion. Dans (et instant-lh rnêiiiu f
(Ml criMn/ut leur loAHe dans lo eiinctière.
'< l.e same(li 1" septembre se pns.HA, da
la pari des captil's, dans h'.s «;ïer< ico» ordi-
naires de leur piété et dnris ritlteiite dftt
ordres (pie le uiairt» Pélhion dcv<iil donn«!r
jioiir leur déliviaoce. Le dimaiiclie , mômo
sécurité; cependant, In promenade du matin
fut i-elardée ; (pielques - uns s'apei(,ui eut
nu'ils étaient plus surveillés, l'ji rentrant,
ils trouvèrent leurs gardes clwuiKés [ilus lAt
(|u'^ l'ordinaire. Un de ces nouveaux leur
(lit : « Ne craigfU'z rien , messieurs, si cjn
vient vous ntla(pH'r, nous sommes forts
pour vous dél'endre. »
« Ce que les |)rêlres c/iptil's ne savaient
pas, c'est que la plus grande consternation
l'égnait h l*aris depuis la |»rise do L(jng\\i
et la nouvelle du siège de N'erdiin par l'ar-
mée prussienne. Les chefs révolutionnaires
avaient délibi-ré s'il ne sciait pas temps de
fuir la ca[)ilale. Danton, ministre de la jus-
tice, avait conçu d'autres moyens j)onr re-
l)Ousser les Prussiens et les Autrichiens. Il
voulait (jue la France se levût toute entière,
mais quelle commençât par se défaire do
tous ceux (|ui étaient entassés dans les pri-
sons, comme prêtres, comme royalistes, ou
autrement suspects. Le jour assigné pour
cette exécution fut le dimanche 2 septem-
bre. En ce jour, le bruit se répandit i»armi
le peuple que Verdun s'était rendu et que
les Prussiens marchaient sur Paris. Les
municipaux annoncèrent à l'Assemblée Lé-
gislative qu'ils allaient inviter les Paiisiens
à former une armée de C0,000 honuues ;
qu'à midi, on tirerait le canon d'alarme,
pour convoquer au Chainp-de-Mars les ci-
toyens disposés à marcher, et que le tocsin
sonnerait h la même heure. Ce canon et ce
tocsin tenaient une {)artiede Paris dans la ter-
reur, l'autre dans la rage. Les municipaux, au
lieu de presser la Ciaivocation au Cham|)-de-
Mars, d s[)eisaient et plaçaient leurs bour-
reaux, leur donnaient leurs dernières in-
structions.
« Ce fut pendant tous ces préparatifs,
qu'on servit le dîner aux prêtres détenus
dans l'église des Carmes. Un officier de garde
leur dit en ce moment : « Lorsque vous
sortirez , on vous rendra à chacun ce qui
lui aj»| arlient : » Les prêtres dînèrent tran-
quillement et même avec plus de gaieté qu'à
l'ordinaire. Les bourreaux étaient déjà 'ca-
chés dans les corr dors de la maison.
« La promenade fut différée : les prêtres
croyaient qu'il n'y en aurait pas ce jour-là;
non-seulement on la permit vers les quatre
heures , mais , contre l'usage , on força les
vieillards, les inflrmes, et tous ceux qui
continuaient leurs prières dans l'église à
passer au jardin. Us y étaient au nombre
d'environ 200 , commençant à sW livrer à
leurs exercices ordinaires, lorsqu'on en-
tendit un bruit soudain dans la rue voi-
sine : c'était une troupe de bourreauii
888
PER
qui se rendaient h l'ahbave Sdint-ilerniain
ftour y conimf ncer le massacre. A re bruit,
PS bourreaux cacht^s dans les corridors des
Carmes, tendent leurs baïonnettes et leurs
sabres à travers les barreaux des fenêtres,
en criant aux prisonniers : « Scélérats I voici
donc cnlin l'instant de vous punir ! » A cet
aspect , les prêtres se retirent au fond du
jardin, se mettant h genoux, font h Dieu
le sacrilice de leur vie et se doiuient mu-
tuellement la dernière bénédiction.
« L'archevêque d'Arles était auprès de
l'oratoire avec l'abbé de la Pannonie, clia-
noine de Cahors, qui lui dit : « Pour le coup,
monseigneur, je crois qu'ils vont venir nous
assassiner. — Eh l)ieu! mon cher, répondit
l'évoque, si c'est le moment de notre sacri-
fice, soumettons-nous, et remercions Dieu
d'avoir à lui offrir notre sang pour une si
belle cause. » Au moment où il disait ces pa-
roles, les brigands avaient déjà enfoncé la
porte du jardin, ils n'étaient pas encore plus
de vingt et ne furent jamais plus de trente.
Les premiers se divi.sent et s'avancent en
poussant des hurlements affreux, les uns
vers le groupe où se trouvait l'archevêque
d'Arles, les autres par l'allée du milieu. Le
iremier prêtre que rencontrent ceux-ci, est le
*ère Gérault, directeur des dames de Sainte-
^^lisabeth; il récitait son bréviaire auprès du
bassin, il ne s'était point laissé déranger par
les cris des bourreaux. Un coup de sabre le
renversa, connue il priait encore : deux bri-
gands se liAtenl de le percer de leurs piques.
L'abbé Salins,cclui-là môme à qui Manuel avait
tant parlé des précautions îi prendre, des pen-
sionsàtixerpourlesi_»rêtres, avantlcurdépor-
tation, l'abbé Salins lut la seconde victime. Il
s'avanrait |>ovu' |iarler aux satellites, uncoup
de fusil le renversa mort.
« Ceux des assassins qui avaient pris l'al-
lée de la petite chapelle s'avanraient en
t;riant : « Où (!sl l'archevêque d'Arles? » Il
les attendait à la même place, sans la moin-
dre émotion. Arrivés près du grou[)e, en
avant duquel il était avec l'abbé de la Pan-
nonie, ils demandent à celui-ci : Est-ce toi
(jui es l'archevêque d'Arles? L'abbé de la
Pannonie joint les mains, baisse les yeux
cl ne fait |)as d'autre réponse. — C'est donc
toi, scélérat, ([ui es rarchcvè([ue d'Arles?
dirent-ils, se tournant vers M. Dulau. — Oui,
messieurs, c'est moi (lui le suis. — Ah ! scé-
lérat, c'est donc toi (jui as fait ver»er !e sang
de tant do [)alriotes dans la ville d'Arles! —
Messieurs, je ne sache pas avoir jamais fait
de mal h prrsonne. — En bien ! ji' vas t'en
faire, moi, » répond un des brigands; et en
disant ces mots, il lui déi liaige un coup de
sal)re sur la tète. L'archcvêiiue, immobil(> et
tourné vers l'assassin, reroil le premier coup
sur le front, sans pronoricer une parole. Vn
nouveau brigand ilecharge sur lui son cime-
terre et lui f»'nd pres(pie tout le visage. Le
prélat, toujours muet et debout, porte sim-
plfineiit ses deux mains sur sa lile>suie. Il
était encore debout, sans avoir fait un pas
Ml -en avant ni en arrière; frappi- d'un troi-
sième coup sur la tète, il tombe en appuyant
PER 584
un bras sur la terre, comme pour empêcher
la violence de sa chute. Alors un des meur-
triers, armé d'une pique, l'enfonce dans le
sein du prélat avec tant de violence, que le
fer ne peut en être arraché. Le meurtrier
pose le pied sur le cadavre de l'archevêque,
prend sa montre, et l'enlève en la faisant voir
auxautres, comme le prix de son triomphe.
« Au moment où la porte du jardin fut en-
foncée, une vingtaine de prèires des plus
jeunes s'étaient sauvés par dessus les murs
dans les maisons voisines. Plusieurs revin-
rent sur leurs pas, de i)eur que leur fuite ne
rendît les brigands encore plus furieux con-
tre leurs frères. Un grand nombre de })rêtres
s'étaient réfugiés dans la petite chapelle. Là,
attendant la mort dans un profond silence,
ils offraient à Dieu leur dernier sacrifice. Les
brigands déchargèrent sur eux leurs fusils et
leurs pistolets à travers les barreaux. Les
victimes tombaient les unes sur les autres ;
les vivants étaient arrosés du sang de leurs
frères mourants. L'évêque de Beauvais eut la
jambe fracassée d une balle, et tomba comme
mort. Une foule d'autres victimes tombèrent
sur lui sans proférer une parolede plainte.
« Les autres meurtriers poursuivaient les
prêtres épars dans le jardin, les chassaient
devant eux, abattant les uns à coups de sa-
bre, enfonçant leurs piques dans les entrail-
les des autres, faisant feu de leurs fusils et
de leurs pistolets, sans distinction, sur les
jeuni's, les vieux, les infirmes : « Scélérats,
s'éciiaient-ils, enfin vous ne tromperez [)lus
le peuple avec vos messes et votre petit mor-
ceau de pain sur les autels: allez, allez-vous-
en joindre ce pape, cet antechrist, que vous
avez tant soutenu. En ce moment , qu'il
vienne et (ju'il vous défende de nos mains ! »
Cii nom d'antechrist, donné au pape, décèle
évidemment des disci|^)les de Luther ou de
Calvin; d'autres vocitérations , en termes
plus élégants, dénotaient des meurtriers qui
n'étaient pas de la populace, et semblaient
copiées d'un recueil de Noitaire.
« Ce|)endanl arrivaient d'autres assassins,
et avec eux un commissaire de la section,
appelé Violet. On entendit crier : « Arrêtez,
arrêtez, c'est trop tôt, ce n'est pas ainsi ipi'il
faut s'y prendre. » Il y avait, en effet, pour
ces massacres, un ordre désigné par les
chefs et (pi'on suivait ailleurs, pour s'assu-
rer du nombre des victimes, et pour n'en
échapper aucune. Les mêmes voix, surtout
celle du commissaire, a[)peiaienl les prêtres
dans l'église, en leur promettant qu'ils y se-
raient en sûreté. Les prêtres essa\ aient fl'o-
béir. Une partie des l)rigands cessaient de
massacrer; sourds à toutes les voix, mémo
à celle de leur ca|>ilaine, d'autres parais-
saient redoubler de rage, craime décliapper
leurs victimes.
a A l'extrémité du jardin surtout, le mas-
sacre ne cessait pas encore. On vvit ce[)en-
dant un trait d'humanité. L'abbé Dutillol.
avec cpielques autres prêtres, se trouvait
resserré contre un mur, et restait immobile.
In des assassins le coucha en joue jusqu'à
trois fois, vsans (pie l'arme prît feu. Daus son
8Uf>
rrn
l'ER
r,8«
<^lontirm(>nl : « VoWh un |ii(Mro iiiviiIn(''i;ililo,
.s'i'ciiM II' lirif^n'ul; <''7""'/"'//. .ijniila i \\, jr
ii'fsxdi/ndi i/nn utt t/nnlrit'ntr coup. Je scioi
moins tl('li('.'it, <lil un second lur^.nid, jr vais
le Incr. — Non, rcpiil le iticnner, je h»
nrcMids sous mn proicclion ; il m l'air d'un
lionni^lo li')nnn(>; » cl on di^^anl ces mois il
Ir couvre de son corps.
« Dnns j'i^Kliso, hu-cnnuiissain; taisait des
oiïorls poin- en lernier l'enln'e aux hri^^ands,
qui riigissaieid anionr tonnno iWs li;^res
alh^ri^s do rarna{^(». 'l'oul h conj) il se t'<jil un
jiilonce inatl(M)dn. (l'élaif l'évi^ine de ll(^aii-
v,iis, lajanil)e (Vacass(''e d'nne balle, ([ue ses
propres assassins apportaient avec uno os-
pt'ci» de compassion et de respect; ils le <lé-
posèicMt dans réu,lise sur des matelas ,
oomuio s'ils eussent voulu le guérir de ses
blessures. Sou di;.;ne frère, l'év(\pie dt>
Sainles, ij:;uoi'ail encore son soit. iMitiaril
dans le clueur, il ava't dit : « Qu'est deveiui
mon frèr(>? Mon Dieu, je vous en pri(>, ne
uu> séparez pas de mon frère I » Averti par
un di'S prôlres, qui avait entendu ces pa-
roles, il courut h son frèi'e et l'embrassa
tendreuieiit. Les victimes étaient eneorc au
nombre de cent. Le conuuissaire obtint ({u"yn
n<:' l(>s égorj^erait poi-it dans réglise. Il éta-
blit son bureau [)rès il'une des sorties. Pour
toute preuve que chacun devait être mis à
nujrt, les brigands deuiandèrent : « Avez-vous
fait le serment? — Nom, répondirent les prê-
tres. » Un d'entre eux ajouta: « 11 en est
)arnii nous |)Iusieurs à (pii la loi même ne
e demandait pas, nai-ce qu'ils n'étaient jjoint
'onclionnaires publics. — C'est égal, reprirent
les l)i'igan(ls; ou le S"rment, ou vous mour-
rez tous. » Les victimes dédiaient devant le
bureau du commissaire, ([ui prônait leurs
noms. Les prêtres étaient en jx-ière dans
l'é^i'se. A mesure qu'ils élaie;it appelés, ils
se levaient, et allaient tranquillement à la
mort, les uns en disant leni- brévian-e, les
autres en lisant l'Ecriiure sainte, d'autres
entin répétaient ces [)aroles du Sauveur cru-
ciilé : Seigneur, pardonnez-leur, car ils ne
savent pas ce qu'ils font. Par.ui les dernières
victimes furent les deux frères de Laro clie-
foucaull, évêt[ues de Saintes et de Beau vais;
le second, ayant la jambe fracassé^ pria les
meurtriers de l'aider à se rendre au lieu oii
ils l'app.'laieiit; ce qu'ils lui accordèrent, en
le soulevant par It s bras, avec un reste d'hu-
manité, de respect mjme.
« Il y eut encore d'autres traits d'huma-
nité au milieu de cet horrible massacre.
L'abbé de l'Epine, l'un des plus vénérables
vieillards de Sainl-François-de-Sales, mar-
chait à la mort, lors([ue lo garde qui l'y con-
duisait l'arrête, lui arrache sa soutane, le
couvre d'un habit laïque, et le met en lieu
sûr. L'dbbé de la Paniionic traversait la
chapelle de la sainte Vierge pour aller au
lieu du supplice, lorsqii'un garde national
s'approc'nc et lui dit: « Sauvez-vous, mon
ami, sauvez-vous. » Le prêtre enfile un cor-
ridor où il rencontre une forêt de baïonnet-
tes qui le blessent plus ou moins griève-
ment. \jn autre garde national Vient à son se-
DlCTIONN. DES PeRSÉCLTIOS. II.
cours, je met dnns une embrasure de portrj,
s'y établit seiilnielle, et dit aux /is-^aillanls,
(>n (troisanl les «rme.s : x On ne i»n.sse pas. »
Te [)rêlr(! émerveillé, bii demamie s'il espère
le sauv(n-. >< Si je ne resjȎrais pas, dit ce
digui! lioMuue, je no vieridrais pas Ii un pa-
reil speitacle; il tiK' fait trop d'Iiorr'nir, »
Le prêtre lui oIIim» en reconnaissance loiilco
(pi'il a sur lui d'assignats; lo gardi- national
les refuse absoinmeiil et dit : « Jr verai trfip
bitni p.iyé' si je suis assez Ikmiicmu pour vous
sauver la vie. » (Harruel, Ilist. tlu rlmjé.)
« On voit même (piidijue reste d'liumanil<i
dans les bourreaux an moimnit on ils se mon-
trai<nit W. plus b-roces. \ la lin du niassaf rc,
ils étaient ù boire et l\ chanter dans l'ôglise,
h l'entin'M! de la nuit et à la lueur de qiiol-
(lues llambe.iux sinistres, lorsque tout à cou()
ils (nilendent du bruit vers une es|)èce de
niche on d'annfnr*! ménagée dans la mu-
raille. Ils voient paraître un homiiii! couvert
de sang, posant les pieds sur le haut d'une
échelh;. C'était l'abbé de Losîaïuh; éc|i.,ppé
au premier carnage du jardin, et qui, blessé
de plusieurs couiis de sabre, s'était réfugié
dans cet asile. A son aspect, les bourreaux
accourent en criant : « C'est encore un des
})rêtres, massacrons-Ie comme les autres. »
En disant ces mots, ils avaient repris leurs
sabres et montaient vers lui. Du haut de son
échollo il leur dit d'une voix mourante:
« Messieurs, ma vie est entre vos mains; je
sais tout ce que j'ai à redouter de vous ,
mais uno lièvre ardente, une cruelle soif,
l'elfet de mes blessures, me tourmentent
bien plus que la crainte de vos glaives. Je
no jmis résister à cette soif: ou donnez-moi
un verre d'eau, ou ()t"z-moi ce reste J'un3
vie mille fois plus insupportable que la
mort. » Les bourreaux eux-mêmes sem-
blaient s'adoucir à ces paroles, q.iarid une
voix s'écrie : « En voici encoie un. » Celui-
ci était l'abbé Dubraj, prêtre de Saint-Sul-
pice, caché, mais étoulfant entre deux mate-
las ; il avait fait un mouvement [)our respi-
rer. Le bourreau qui l'entend rerausr'le
saisit, le traîne vers l'autel, lui fend la tète
d'un coup de sabre et les piques l'achèvent.
Témoin de ce s[)eolacle , du haut de son
échelle, labbé de Loslande n'attendait pas un
autre sort. Il se traîne en descendant, arrive
auprès de ces bourre lux, leur demande ei-
core un verre d'eau ou ia mort, et toinbi éva-
noui entre leurs bras. Ils se sentent éiuas de
compassion, et lui donnent un verre d'eau;
ils le transportent même à la section, y
plaident sa cause et de là le mènent à l'hô-
pital.
« Au milieu même du mrssacrs, le com-
missaire Viol.3t sauva plusieurs victimes en
les faisant rester à cOté de lui au moment
oij ils allaient à la mort. Deux jo :rs après, il
leur d.sait avec un ejtiiousiasme involon-
taire : « Je me perds, je m'anime a'éto.me-
inent, je n'y conçois ricn, et tous ceux qui
auraient pu le voir n'en seraient pas moins
surpris que moi. Vos prêtres allaient à la
mort avec la môme joie et ia même allégresse
19
.*;«7
PER
PER
588
qiio s'ils fussent all(^s aux noces. » (Barruel,
Uifl.dn clergé.)
« Enlin, on compte en tout deux cent
qunrail»' 'lunlre |>or>onnos iniissat'rf'es aux
Cainits, (loiif cent (inalrt*-vingt-(li\->*o|)l e*-
clésiastiques, rinij laïques et nuaranlo-leux
incoinus, Trentc-quaiie «^cIkih] (toiI ou
furent sauvés, sur losqueU viiir;l-(;inq ecclé-
siastiques, ((iabourd, Ànxcmhl. téqisL, p. iG7
etsiiiv.) I.c massarro avait cr)iuin('ncé à
l'ahbaye de Saiiil-lirrniaii); seize prètri's se
rendaient au lieu de leur exportation avec
des passe[)orls en rè.^Io; ils turent arrêtés
a»ix barrières de la capital -, amenés de la
commune h l'abbaye, égorgés dans la cour
avec (lix-liuit autres. Un seul érlia^pa par le
dévouemeTit d'un horloger aj)pelé Monod ; ce
fut Tabbé Sicard, i-^sliiuteur des soiu-ds et
niu''ts. Dans rinlérieiu de Tabbaye, il y
avait beaucoup de piisontners pour cause
politique, avec deux prêtres, l'abbé de Has-
lignac, giand-vicaiic d'Arles, et r<ib:>é Len-
fanl , ancien jésuite, célèbie prédicateur,
connu de tout le monde. « A dix heures, le
lundi 3 se[)tend)re, raconte un des prison-
niers é'.happé du massacre, l'abbé Reniant
et l'abbé de IVastignac parurent dans la tri-
bune de la clia|)elle (jui nous servait de pri-
SOM. Ils nous annoncèrent que notre der-
nière heure arrivait et nous invitèrent ilc
nous recueillir pour recevoir leur bénédic-
tion. Un mouvement électrique (p:'on no peut
délinir, nous précipita tous à genoux, et,
les mains jointes, nous la reçûmes. » L'abbé
Lenla it a.sant été appelé <^ l.i mort , |»;uiit
avec autant de calme que quand il moulait
en chaire. Ue i»cuple, en vo\ant piu-aitie sofi
apAlrc, demanda à li mtc "voix iju'il vécût.
Les bourreauv le l.lclièrcnt. Le peuple lo
pou->sait, lui criait : 5«uipr-ro».":, et il était
déjà hors de la loule. ï^on cœur tendre et
sensible ne lui permettait pas de fuir sans
avoir remercié ce [H-uph'. Il sélait retourné
et lui ex[)riniail sa reconn.nssance. (Ji.alro
brigands ont regretté leur proie, ils iu;cou-
renl, le saisisseiU. L'abbé Lenl";uit lève les
mains au ciel : « .Mon Dieu, je vuus remer-
cie de j:iouvoir vous olVrir ma vie, connue
vous avez nd'ert la votre pour moi. » (le
fui eut ses d" mières
poux et expira sous
L'abbé de ltn>lign,i<
)arules. 11 se mil à ge
es cou|)S des brigands,
ut immolé un instant
après (Hariucl et Carron.)
Le seul prêtre co.nnu pour avoir échappé
à c.'lte bouch' rie lut un religieux de Clu-
gny. Il était un des seize arrêtés aux bar-
t-ières. En arrivant à rabî)aye, il renuinjua
parmi les tonunissaires un honune avec
qui \\ s'était trouve diverses fois chez un ami
eomnnui; c( lann, croyant le roligu'ux assuré
de rexpoitilioii, lui avait rniitii- une somme
de t| larante m. Ile livres, |,p relijfieux vou-
lait ass\)ier c- dépôt; il remet son jiorte-
feuillfi au connniss.ure, et lui en coniie la
restitution. Le rouuinssair , reco Jn.dssanl
Ier»li.tii u\.inia;-çuie, pourlesjiuvi i .de li-con-
diiiro inns le bureau même (u'j .■ /ciivains
étaief l orcujiés A dresser le tMbal
du ma.^.^acre. Sans avoir trop le :..^|S de lui
expliquer ce qu'il doit faire, il le place Ji
une des tables du bureau et lui dit : Krrinz.
Le religieux attend qu'on lui dicte ce qu'il
doit écrire. Le eoniiuis>aire s'aperçoit de son
embarras, AU'ectint un ton brusque, il
ajoute : « Lcrivez donc ce que je vous ai
dit, et que tout soit prêt à moi retour. » Le
religieux entend ce langage et se met à
écrire ou à faire semblant. Les bourreaux
allaient, venaient et revenaient dans ce bu-
reau, ra( ontanl leurs massacres, deiuandan*
des listes et se livrant à toute leur féroce
joie sur les victimes (ju'ils av.iienl égorgées.
11 leur en manciuail une sur les seize prê-
tres; c'était ce religieux mêmecju'ils voyaient
dans le bureau, et qu'ils prenaient [K)ur un
connnis. C'était devant lui t|u"ils deman-
daient le prêtre «ju'on leur avait dérobé. Lui,
conlinuait à écrire sans se déloinner et
comme un homme fort occupé des ordres
qu'il avait à remplir. Le commissau'e, au
moment iavorable, reparut, exauii'ia ce que
le religieux avait écrit, lui lit prendre ses
papiers sous le bras et l'emmena chez lui
cfMiiMie son secrétaire. (Harrucl.)
Tandis qu'on massacrait leurs frères aux
Carmes, les quuire-vingl-ilix prêtres enfer-
més au séminaire de ^ililll-^■i^nun s'allen-
daienl h voir s'ouvrir les porks de leur pri-
son, eu conséquence du décret d'exporl.iliou
qui leur avait été eommuniqué. C'élaii le
2 septembre. Tout à coup un garçim îmîu-
cher siulioduil dans le séminaire, di-mandc
^ parler au piocuieur, l'abbé Huulangier, et
lui dit seci élément : « Sauvez-vou>, .Mon-
sieur, ce soir vdus allez être tous égorgés. *
L'abbé Itntd.Migier ne peut pas y croire, aver-
tit le supérieur, laltUé Kraii»;ois, el ils en-
voicrU un ilouieslique [trendrc des iidorma-
lioii> ; mais ils allendeiil \aiurmrni la ré-
ponse. Sut vienni lit diu\ auliesjtunes gms
avec le g.ueon bouc In-r; ils |>ies>eiil laiiiié
BiMdan;-"ier v\ remiuènrnl à liavirs les ban-
dits qui arrivaient sur SdUil-Firujin puur s'as-
surer lies portes.
0 Le 3 st ptembre, h cinq heures du milin,
les biiurreau\ élaiciil (ou> arrivés. La popu-
lace était déjà accourue. Klle commeni,a par
demander la vie de «pielques -ui.s de ceut
(prcllc cunnaissait plus spécialement. r«>i-
soiez votre suint ! .>'écria-t-eHe en parlant
du bon abl.'é LlKunniuJ , professeur éinérito
du ciid(''ge du (animal Lemuine , el auleiir
d une (il nmnmire fninçiiisi bon coiimie dans
les collegr-s et les séminaires. Ce saint
prêtre el Intis autres furent mis sous la sauve-
garde de la loi. Les adiiunistraieurs de la
serli(»n auraient r.ussi voulu (oiiserver la vio
à l'abbv" François, supirieur du séminaire;
niai> n's brigands se roidirent nmire la sec-
tion nu''me, et le lui arr..chèienl pour l'égor-
ger avec les autres. Ils par» ounnenl d'abord
le séunriaire d en liniil descendre les prê-
tres dans la rue. Le peuple, frémissant d'un si
grand nninbredc vii liines, ne voulut pas souf-
lrir(| l'elles fussent imim-leessoisses yeux.
Les Ijourreaux retUrereiU avec elles dajis la
^lai^^n. Là ils les ê_orgèretit les unes après
les aulreâ ou les précipitèrent par les fenêtres,
K80
pi:k
v\i\
Mo
Kiilil»^ llîiUy» s'Wniil iiii'n'iîilo^^islo , milniir
d'iri Ir.iilr dr ctillc sc.iiMicc , niiisi (|ii(' d'iino
phvsii|H», «v/iil <M<^ cnrciiiK'' h S.iiiii l'iriniii
nviM'si'S conlVi'^t'cs du s/iccutlocc; iii.iis i|ii('l-
(|iirsj(iurs ;\viml li> iiiiissnc.ro , il (Hi lui linS
par los sollii'il.'ilioiis (l(> racadôiuio, doiil il
«\|aif itHMuhii'. (Uarnicl.^
« Les iiiassj .nvs (•(iiiiimi(>roMl les jours sui-
v«Mts dans los aiilros prisons iW, la capilali* :
ft la l'V)rr(> , à la Coiicicr^crid , au (".li.Ucli'l ,
aux HtM'iaidiiis , à iticcMrc^ , à la Salix-lrirrc.
Uno t'ois allViaiidiVs par lo san^ dos pr(Mros ,
los assassins (\;or^(''roid, Ions les p' isoir)i(>rs
sans dislinolion : les voUmm's (4 les accusas
vulgairos , h la Coiic.iorj^orio (d au C.liAlchU ;
los ^ali^rions, au\ lloi-nanlins ; los fous ol au-
tros dôloniis sond)lal)tos , h IticcMrt;; los
founnos oo'idanuuVvs pour délits oonuuuns,
h la Salpi^rit^'H'. A la Knrco, aviM-, un o(Mtain
iionihro rlo pr(Mri'S, (Ml (^gorgoa honiiconp do
prisoMinors poliliiptos. I.a plus illusiro vio-
tinio Ttil la (irinoivsso do L.'unhallo, nc^o prin-
cosso d(' .^avoio ol aniio intnno do la reino
Marie-Antoinolto. On lui coupa la tiHo , on
lui arracha lo oœnr; ou mil la U\lo au bout
d'une piipio , le cœur dans un bassin , cl on
Ips présenta ainsi aux fonùlres du Temple oii
éta eut prisoMuiiM's lo roi et la reine. Pou s'en
fallut (pie los brigands n'en cuiongassent los
port s et ne terminassent la joinni''e {)ar le
ré-j,io (le. Un conseiller municipal los haran-
gua pour los diHourner do ce dessein ; ce ne
hil (pi'après une heure de résistance qu'il
parvHil <i los éloiiiiior.
« Le 9 soptombro eut lieu , à Versailles ,
malj^ré les etl'orts du maire de la ville, le
massacre d'un grand nombre do prisotniiers
de dislinclio'i qu'on Iranslerait (i'Oi'Ioans à
Sauinur. Dans le nombre fut M. de Castol-
lano, évèqiie de iMcnde. D(\ià Irappé à mort,
il se releva pour absoudre les mourants ; un
coup de s.'bre mutila sa main au moment oCl
il [iron.inçait l'absolution.
Les ma-sacres de Paris furent imités dans
quoKpies départements. Danton, ministre de
la justic, leur en adressa à tous l'inviatioa
formelle au nom de la municipalité pari-
siome, qui exerçait alors le souverain pou-
voir en Fraico. IJn des sf^nataires était Ma-
rat, membre du Comité de salut public, éta-
bli [)ar la commu le. A Reims , on massacra
donc huit |)iisonniers, tant prêtres que laï-
ques ; à Alcaux , une bande (l'éner^umènes ,
qu'o'i suppose venue de Paris, égorgea qua-
torze personnes , parmi 1 squelles tiguraient
sept prêtres ; à Lyon , les prisons étaient
menacées , mais la garde nationale prit les
armes, et par son intervention , le nombre
des victimes, qui allait s'élover à deux cents,
fut restreint à onze personnes, dont huit of-
ficiers et trois prêtres. A Orléans, trois in-
dividus furent massacrés; à (iisors , dans le
département de l'Euro , lo duc de la Roche-
Guyon, arrêté par ordre de la commune, sur
la recommandation du philosophe marquis
de Condonet, fut tué d'un coup de pavé qui
lui fui la-icé par un brigand.
« Pjirmi les victimes do Reims on distin-
gue le doyen des curés, Etienne-Charles Pac-
;f
(piot, curé do Raint-Jonn. Il domnndait h Dieu
(Morminor «la Ioiikui* (•ntri<''ro pnr lo mnr-
tyr(*. Les bouricaut lo Irouvoni d/uis «fin
oialoire lorniiiiail les prières (!■ h n;^o'ii<<Mri(^.
Il los MUil on récitant lran(piillonionl dos
psauiuos, ius(|ii'/iii .s(!Uil dn la maison cOlii-
iiiinio où d d'tit rcccviiu' l<> coup do In mort.
Lo mairo croit avoir lrouvi'> un moyon d(' lo
saiivoi- : t Ou'allcz-vfois faire? crio-l-il aux
iM'igands, cv. vieillard n'osl pas di^no do vo-
tre col('fr«(. Ti'ost un bonhoiiiiiu' (pn ont fou ,
(pii a perdu la lAl(», .'i cpii lo fanalism(f ron-*'
verso los idées. — Non , monsieur, répond
10 vénérable doyen , jo no suis lu fou ni
fanati(pio, je vous piic de croire (]ue j^-
ina s je n'ai eu l.i lêle plus libr(^ (U l'esprit
jilus présont. (îes me^sn urs me domai(lont
un 8(>rin(^iif décrélé par l'Assembléo natio-
nale ; jo connais ce sermont : il est impie,
subversif (je la religion, (.os messieurs mè
|)ropo>cnt le choix entre ce sonnent ot la
mort ; jo déleste ce sormonl, et je choisis la
mort. Il uK^ sembhî , monsieur, (juo c'est \k
vou!5 avoir assez démontré (jue j'ai l'es-^
prit présent ot (pie je sais ce <pio je fa s. »
Lo magi^lrat, proS(|ue confus do sa faussé
pitié, l'abandonne aux assassins. M. Pacquot
leui' fait s giie de la main, et dit h haute voix :
« Quel est Cidui 'le vous qui me donnera le
coup de la moit? — (]'est moi , réfiond l'un
d'eux. — Ah ! rej^rend le vieux curé, per-
mettez que je vous ombrasse, (pie je vous té"
moigne ma reconnaissance pour lo bonheur
que vous allez me [irocurer. » Il l'ombrasse
en oti'et, et ajoute : « Permettez, k présent ,
que je me mette dans la posture convenable
pour otfrir à Dieu mon sacrifice. » Il se met
à genoux, demande hautement pardon à D ea
pour lui-même et pour ses bourreaux, puis
il reçoit le premier coup de l'homme (^uil
vient d'embrasser ; les autres achèvent.
(Br.rruel.)
« Le même jour, dans la matinée, un mal-
heureux était allé trouver un prêtre octogé-
naire réfug é à Reims, l'abbé Suny, curé de
Riliy-la-Mo itagno , pour lui demander l'au-
nmne. Le vieux prêtre lui donna une che-
mise avec quelques assignats. Pou d'heures
après, il fui t.auié à IHàlel-de-Ville , où ce
mendiant l'avaitdénoncé. « M. le cui é, lui di-
rent les municipaux, votre sort est entre vos
mains. Prêtez le serment , si vous vouiez
conserver les jours qui vous restent à pas-
ser ici-bas. — Ah ! messit urs , répondit-il ,
j'avais eu le malheur de prêter ce serment
criminel ; le Seigneur ma fait la grâce de le
rétcacter ; je l'en ai mille fois remercié, mais
combien à présent je m'estime heureux de
pouvoir donner ma vie pour réparer mon
scandale 1 je lui en demande encore très-
humb ement pardon! Ah ! messieurs, je sens
qu'il me for-titie, je me sens disposé à mou-'
rir plutôt que de retomber dans ce crime. »
11 marcha elfectivement à la mort avec «â
air mêlé de componction , d'humilité et #»
sainte joie. Son sang cou/a dans le mêm%
ruisseau que celui du saint pasteur qui Fà-
vait précédé Le lendemain, 5 septembre,
la populace de Reims, apprenant que le vieux
501
TER
PER
592
curé de Rilly nvflil élô dénoncé par cclui-lh
intMiip ;: (|iii d avait fnit ^<^^lln(^ne, entra dans
une Celle fiiroiir. ([u'elle amena ce miséra-
ble sur le cliami) des massacres, l'accusa d'en
V^lre le principal auteur, le jugea et le briila
tout vif. » iRarruel.)
Une multitude d'autres prêtres furent mas-
sacrés isolément dans ces temps de révolu-
tion où il send)lait que la société di1t s'abi-
juer. La race des bourreaux n'épargnait rien,
pas même la majesté des tond)eaux. Il sem-
ble q\ie lorsque Dieu a mis le sceau de l'é-
ternité sur un homme, (pi'il soit esclave ou
bien roi , nul n'a le droit de le soulever. Les
Jiordes révolntioiuiaires se rcidirent h Saint-
Denis, arrachèrent de leurs tombeaux les res-
tes des morts glorieux qui y reposaient; ils
jetèrent pèle-mèle les restes des renies, des
rois et des grands hommes. 11 y avait près
de ces relirjues royales, qui appartenaient à
]a patrie, d autres reliques (|ui appartenaient
à la chrétienté , c'étaient celles des saints :
les révolutionnaires ne les respectèrent pas
davantage. Partout oij on en put trouver ,
elles furent traitées comme celles qui se ren-
contrèrent à Saint-Denis. La rage des des-
tructions ne s'arrêta pas là ; pour effacer jus-
qu'à la dernière trace de religion dans le
pays, on s'en prit jusqu'aux di''nominations
qui consacraient les jours au culte des saints.
Le calendrier fut changé. Les noms des mois,
ceux des jours disparurent. La semaine qui
coiisacre je souvenir iie li créalion, et (jui
rend un soienufl hommage, par le lepos du
dimanche, au Dieu (]ui créa l'univers en six
jours, et qui se reposa le septième, fut rem-
placée par la décade. A chai|ue jour du nou-
veau calendiier é'.ail adapté non plus le nom
d'un sai it ou d'une saine, m. us un nom d'a-
niîual, de plante ou d'outil. So iveiit les of-
ficiers municipaux exigeaient qu'on donnAt
aux enfants (ju'on faisait en:-egistrer à l'état
civd , le nom accol.' au jour où le ha>ard les
avait fait naitre, (irAce à ce calendrier, lau-
tC'ir a eu poir cnnqiagnon d'élu 1 s un nom-
mé Navet, et i! a ])o ir |)arente une peisonne
qui se nomme Charme , nom ([ui contracte
singulièremeiit avec la persoine. On c i vint
j'isq l'a ( c |»oiiit de folie. UobLSjii rre lui-
uièuij ne donnait pas dans ces absurdités.
Il cro ail en Dieu. Sur la pf)rle de certains
ciraelièr.'s, on avait lait é> rire des niaxnues
counup celle-ci : « La mort est un sommeil
éternel... Impiété iiid)éiih>, i isiilt oil à tout
ce qu'.l y a de plus e «raciié dans le C'juur
humain. Nrm, rexisl'3ne,o ne s'éteint point à
la iomhf. Il y a au de. à des espoirs et des
souve'iirs ([ui sont pour les hommes le l)ut
de l'existeice ici-bas. Au delà du tombeau
il y a un D eu qui nous ap>pelte et des anus
qui nous attendent. Il y »'ut b 'aucoup de
prêtres intrus (pii, soit h^cheté, soit impieté
p.-rsonnello , serondèiivil les maxim'..s abo-
minables d« vvUv unp'été révolutionnaire.
<iobel, lévêjue assermenlé de Paris, se pré-
.senta le 7 novembre 17'.».l. h In barre de la
Lonvenlioi, avec treize df ses vu aires épis-
roi nu\, et y abjura solennellement son sa-
cerdoce. Daus les séances suivantes, plu-
sieurs autres apostasièrent comme lui. Il y
eut cnviro'i 'JO évêcpies intrus (pii commirent
de semblables aboMunations. Neuf se mariè-
rent, un grand nombre de prêtres tirent la
mêmechose. On institua uncfêteau lOnovem-
bre pour célébrer la mémoire de cette apos-
tasie des intrus. Cette fête eut lieu à Notre-
Dame, qu'on nomma temple de In Raison, l.a
déesse lut une prostituée ipi'on mit nue sur
Je grand autel ; la municipalité , la Conven-
tion détilèrent en l'adorant. Robespierre n'y
parut pas. Des abominations de même na-
ture eurent lieu dans plusieurs déparle-
ments, notamment dans la Nièvre. On abat-
tit les croix , on ferma les églises , même
celles des constitutionnels. La désolation
était au comble ; la France courbait la tête
sous l'horrible tyrannie qui |H'sait sur elle.
Une seule contrée avait entrepris la résis-
tance , et après l'avoir faite héroique , elle
succombait : c'était la Vendée , dont les ha-
bitants tombaient par milliers sous le glaive
des révolutionnaires. Dans les temps de l'E-
glise primitive, on aurait a[)pelé tous les
Vendéens des martyrs ; la France d'alors ,
ou plutôt ses tyrans, les nommèrent des bri-
gands , et de nos jours encore , au nom d(î
je ne sais quel principe de prétendu patrio-
tisme, quelques historiens prétendent qu'ils
n'avaient pas le droit de prendre les armes
contre les scélérats (}ui, violcUit le pacte na-
tional , voulaient détruire leur cuite. La ré-
sistance béroKjue de la N'endée aux tyrans
qui dominaient la France constitue une d«!S
])lus belles périodes de notre histoire Dans
lesj')urs de tyrannie, su(lit-il que le grand
noiiiiue soit du eùlé des tyrans , r.e fi:t-ce
que par peur, pour que le dioit soit avec eux?
R en souvent la vérité, les (.rincipes, fuient
du cùté des mi loiilés. N.>us ne préicndons
pas dire que dans ce cas les minorités aient
le droit de \inlenter les major tés , mais ce
([ue nous soutenons, c'est (luelles ont ce ui
de résistance, si on les violente elles-mêmes
dans ce (pii constitue ress."ice de la liberté
hiuiai le. Les m jtjiités et les mi::o; des ^e
peiiv.'^'l vivre que par un syslène de tolé-
rance mutuelle, Udssant .. chacufu» la somme
(h' li teité nécessa re pour que le uroit et le
devoir puisse il se concilier.
Les tigres (jui étaient à la fêle du gonver-
neiiieiit s'enivrèrent de sang et île carnage,
et leur iviesse leur donna île plus en plus la
rage de tuer. Toul ce qui était noble, grand,
saint, savant, tout ce qui manpiait dune
ma'iière quelcoiuj ledan la société, tombait
sous le niveau levoluiiomaire. Nobfs, ri-
ches, prêtres, généiaux, députes tout fut
mis h mort. Enlin quand ceux que la Fra';ce
av., il. il faut bien le dire, la Lh heté d'ar-
cepter pour maîtres, eurent tué tout ce qui
les euioiirait, ils s'égorgèrent les uns les
autr 'S. Les (iirondii s furent guibotiiiés en
musse le 31 octobic i79.'î: c'étaie it les hom-
mes vertueux de l'Assemblée. Au seuil de
réiernité, jirès de h^ franchir, ces hommes,
au lieu de méditer sur la mort qui les mena-
çait, de s'y préparer par le repentir ou la
prière, se réunirent pour faire une orgie.
593 PEU II H 50^
Av;nif, (If innrclKT ^ la iiwirt.ils so p;orfç(*»i'()iit ciiii. 1 ïvrvr di's (•(•<»|cs cliii'lir-uncs. Dix siir-
(Ic vin cl tliï viiimlc, (•! ils cliaiil^rciil iiiio vt-ciirt'iii un rn.iilvic ili- l/i <l('!|iuil«lioii, iir*-
('S|»(''f(^ (It^ cli/iiisoii (rallK'isiiic, (liclr<' |i;ir Imiiiiim'iM MM. MicIh-I cl Massoti, (jiti mit cl6
rtvsprit |iliil(is(»|ilii(|ii(ï «le r(''|M)i|ii(^ l,c llicA- siicrcssivcmciil .su|ici iciir^ du mniid si'iiii-
lr<', taiî, ilit -on, |t{)iir coifiUiCr les iiKciiis, il, iiaiic de Naicy, cl suni iiuirls, le priMiiicr
(1(1 nos jours, mis en s(ène celle or^io des cimm'' de la (•atli(''(lralc, le second clianoine do
(lirondins. I.c piildicadiiiii'c et bal des mains, la iiK^me ('^lise. I.e premier, (pii n^'lail (jiim
Nous n'oserions pas nous-iiK^me caraclociser diaci(^;i celle l'poipie, a lai^x'- un joiiinal du
ces homiiics pr('-liidant ainsi it la mort par la Icnr d('>porlalion, (|iii a ('•l(- impnmi'-. ils p/ir-
bonno cli(>rci et ror,u;ic. Uohrhaclier dit (pi'ils lirenl de Nancy, sur des cliarrelles, l(! V' d'a-
so (lispos(>rent ,^ la mort comme on y dis- vril, pir une pliii(; hallanlc, en pr('seric(! do
pose les linnils ot Uvs porcs. Un mois apr(''s, leins amis cl jiaKMils, à (pii on ik; permit ;.ns
il.tilly, anci(>n maire de Paris, lui };;nillolin('' ; de les (îmhiasser pour la dernif're l'ois. Avant
puis vinriMit lli'iierl, (llools, l(> l'ameiiK d(''- leur (h'-oart, on eut soin (!(• les loniller et dii
j)nl('' du |:;enre humain, Proly, |>uis Danloii. leur enli'ver tout l'or et l'argent (pi'on put
Tout |)liait sous lo (lomilé do salut pnlilic, d('convrir sur (mix ; on no Jour laissa (pio los
investi de la diclaturo; c'est ce gouverno- assijj;ials.
uioiil (pi'ou a nomme'' la Teneur. « An |)ont do Toul, sur la .Moselle, il.sou-
« Los gouvcrneiuenls r('volulio'inairos cpii r(!nt un é(liaiitilU)n do ce cpii los attendait lo
so succédaient en France lu'oclamaienl tous lon;^ do la roule : la (xiimlace-" les accueillit
la lihorlé des cultes, mais aucun ne la res- av(,'c des luK'es, criant (jii'on les jelAl h l'eau :
poclait dans los catlioli(]iios. .Viiisi, lo 5 mai on les d(''p()sa dans un greciier h [laille, avoo
1703, l'assomlilée h'^j^islalivo ordonne la ri'ui- des sentinollos poui- empocher do leui- par-
nioii dos prcHres tidèles da'is les chol's-lioux lor; ils viro'it néanmoins plusieurs porson-
de district, sous la surveillance dos uiu'iici- nos charitables loui' apporter (juoUiue chose,
palités. Lo 27 mai, décret do (lé|)orlali()n A (londrecourl, comme Us étaient endormi.s
contre les prêtres H(lèles ; tout préti'e accusé la nuit dans une espèce de prison, lo com-
par vingt oitoyens sera déporté. (]o décret mandant vint faire la visite avec un de ses
n'ayant |)as été sanctionné par Louis XVL ofllciers et le geôlier; tout d'un coup, l'au-
n'eut pas force de loi. Louis XVI ayant été tour mémo du journal, qui était soninaui-
suspc'ulu de ses fonctions lo 10 août, l'As- bule, so lève tout endormi, saisit le com-
semblée décrète détinilivement la déporta- mandant h la goi-go et lo serre contre la mu-
tio'i (Jos prêtres calhoii(]U:'S. Le 8 février raille. Aussitôt l'oflicier tire son épée; mais
1793, nouveau décret (Je déportation contre heureusement il s'a[)erçoit (jue le prisonnier
les prêtres c^ui ik; veulent point adhérer au dort, et il lo fait reconduire h sa place. Si 1»
schisme. A Na-K^y, on incarcéra aux Carmé- commant.'ant n'avait pas été un hoiume dour
lites, aux Tiercelins, au Refuge, à la Con- et paisiule, cet accident aurait pu coûter la
ciorgerie, plusieurs centaines de prêtres [)ris vie à plus d'un captif. A Joinvillo, ils eurent
sur divers points du département de la Meur- (juelque temps pour sentinelle un bénédic-
(he. Il y en eut plus de cent dans lo seul tin apostat; le curé intrus vint les voir avec
couvent des Carmélites, qui primitivement son ocharpc de maire ; mais le peuple s'em-
n'étail destiné qu'à loger vingt religieuses, pressa de leur apporter des matelas , des
Le jour même de l'Annonciation, 25 mars couvertures et des draps, et leur donna en-
l'9V, un g(nHiarmc vint leur signitier l'ordre core quatre-vingts francs en assignats. A.
de partir pour la Guyane française, d'après Doulevent et à Brienne, le peuple leur té-
une lettre du ministie, dans UÛ[uelle il or- inoigna la même charité. 11 n'en fut pas de
donnait, pour purger la France du fanatisme môme à Troyes : à leur entiée et à leur sor-
religicux, de les conduire sans délai, de bri- lie, ils furent assaillis dé cris de mort, A
gado en brigade, dans l'un des deux ports Villeneuve-I'Archevêque, ce fut toute autre
do Uochofori ou de Bordeaux. Cependant, chose ; on battit la caisse avant leur arrivée,
sur le grand nombre de détenus, il n'y en pour défendre è qui que ce fût de les insul-
out que quarante-huit de désign(Js pour la ter. A Sens, les nijures recommencèrent,
déportation. On vit de la tristesse, mais Au delà de Montereau, un des voituriers ne
parmi ceux qui ne devaient point partir : un, cessait de traiter les prêtres captifs de la raa-
onlre autres, jeune encore, était inconsola- nière la plus outrageante, lorsqu'un d'eux,
ble, voyant qu'il était excepté, et que son qui était sur sa voiture, pressé par un besoin,
frère, plus âgé, était du nombre des par- lui demanda la permissioi de descendre. Le
tants; il voulait partir à sa place, et ce ne fut jeune emporté lui répond : « Tu ne descen-
que parce que tous ses confrères lui firent dras pas, scélérat de brigand, sinon je te fends
voir l'inutilité de sa d 'marclie, qu'il ne pré- la figure en deux d\incoup de fouet ! » Il par-
senta pas pour cela de pétition. Des qua- lait encore, quand son cheval lui lance un
ranle-huit déportés, trente-huit moururent coup de pied à la tête, le renverse sans con-
de maladie et de misère dans la rade de Ro- naissance avec la mâchoire toute fracassée,
chefort, savoir : 7 cordeliers, k capucins, Les gardes et les autres voituriers, sans le
k tiercelins, 3 chartreux, 3 trappistes, 3 car- plaindre, dirent tout de suite que le châti-
mes, 2 bénédictins, 2 prébendes, 2 chanoi- ment suivait de bien près la faute. A Blois,
nés réguliers, 2 chanoines de cathédrale, la populace se montre furieuse ; une femme
1 secrétaire de l'évêché de Nancy, 1 vicaire s'élance sur une des voitures, un couteau à
de paroisse, 1 récollet, 1 minime, 1 domiui- la main, pour commencer le massacre; elle
595
PFR
PER
896
en esl pninôclu'^p par un gendarme. Le lende-
main, on l»s cmh.ircjuc sur la Lciro, pen lanl
que la inulliliide criait : « A l'eau, ces hri-
(janfis-là ! » Ils s'aMendiieit efrfctiveînenl à
une (les faniousts nnyndcs, surfont lurv|ue
les barcjuts s'rtrrt}t»'MeMl un (jnait de l.cue
}ihis Iciui. Cependant re n'éiait pas Ci-la,
mai»; un banr de sable où elles s'clriieiit eii-
grav«''es. A Cliatelleranll, le peuple se nn»n-
tra sensible et roiii|talissanl. A.triv(''s h Poi-
tiers le 22 avril, on les laissa pendant deux
heures sur leurs voilures, au nnlieu de la
rue; ils remanjuèrent avec plaisir (pie le
peuple était loin lié de l'état où il les vov«it ;
on voulait même apporter du vm à l'un dVux,
qui demandait un verre d'eau. Les nninici-
jmiix les menèrent enlin dans une drs plus
belles auberges ; leur tirent servir un magni-
fique souper, avec de bons lits pour se ( ou-
cher, sans qu'on fit, comme à l'ordinaire,
l'appel nominal. Le lendemain, de grand ma-
tin, trois de ces messieurs, dont un prêtre,
vinrent les prier poliment de descendre
dans le jardin pour qu'on y fit l'appel omis
la veille. De là on les fait passer l'un après
l'autre dans une chambre écailcc; on les y
déshabille tout nus, pour leur [irendre tout
ce qui avait qucl(}uc valeur; d'autres bri-
gands faisaient la mémo opération sur leurs
porte-manteaux dans les chambres à cou-
cher, » (Kohrb., Uist. univ. de l'Eyl,^
t. XX Vn, p. 575.)
« En entrant à Niort, dit M. Michel, nous
traversâmes une grande place où la guillo-
tine était en permanence; nous trouvâmes
cette [)lacc remplie de monde, qui, en nous
voyant, se nnt à crier : « Voici tes prêtres de
ta Vendée ! » Les .'•(•Idats, (jui étaient en gr-md
nombre dans cptle vdie, se joignent bien-
tôt à la foule, entourent nos voilures, les ar-
rêtent ; il se fait un cri ellVoyable. ( ù l'on i,e
<lislingue i)!us que le mol de (juillofinr.
Les hussards qui nous escr)rtaient parvien-
nent entin à étaiter la foule, nos voilures
marchent, et nous entrons plus avant dans
la ville. Un factionnaire q\ii était à la porte
nous accablait d'injures, l()rs(prun accident
imprévu lui inqiosa silence el à tous ceux
qui en furent témoins. Une voiture, en tour-
nant, le serra <o'itr(> la porte, et il allait être
froissé, h»rsqiio st'S tris avertirent le viutu-
rier d'arrêter ; on fut obligé de descendre et
«le poiter la voilure pour débarrasser cet
homme rpii s'evlima fort lieureiix den être
quitlp pfdir quelques meurtrissures. On nous
(iép sa erisii le d.ms les prisons, où plus de
trois cents Vendéens venaient de périr, et
on Ton ne pouvait resj)irer qu'un air conta-
gieux el pt'sIdfMilii I. F,n sortant le lende-
main, |ier>onne ne nous insulta, a[)parem-
jm-nt pane qu'on était ins ruit que nous
n'éiions j as (.« (jrron mms avait cru d'abord.
^ous «llAmrs iimic assez. trampiillemeMl h
î>ur;êre5, bour-? à «piatre ovi cinq lii ues de
Itru heforl. Les huss.inis ipn -lous escortaient
MfHis donnèrent une grainle preuve de 1 'ur
liumanilé; ils ne permirent pus qu'on nous
lit passer la nml dans une rbamb.e qu'on
tivoit destinée pour cela, cl dans laipiello
nous aurions pn h pêne rester font debout;
lis forcèrent même \i; maire h nous lai>ser
eoucherdons les auberges, disant qu'ils ré-
pondaient de nous, et que personne ne vou-
liit s'ét;ha;.per. Ces hu sards éiaienl si per-
suadés que nous n'avions aui une idée de
nous sauver, que, sur la route, é aU las
d'elle à eheval, ils « n descendait nt pmir y
faire monter ceux de nous (jni le voulaient,
el les laissHient aller [ibis du'>e demi-lieue
en avant. Us nous conduisirent jusqu'à Uo-
cheforl, où nous lermiM,-\mes notre voyage
parterre, le 28 avril \',\)\. » {Journal de ta
déportation des ecclésiastiques du départe-
ment de la Mcurthe, etc. ; par l'un des dé[ior-
tés ; deuxième édition, Naiiey, 18i0.)
« On les embarqua aussitôt sur un vieux
vaisseau de ligne appelé le Bonhomme-Ki-
chard, qui, restant toujours ancré dans la
rivière de Charente, servait d'hôpital pour
les galeux. Les prêtres défiortés furent jetés
à fond de cale, mais ils n'y restèrent que
trois ou quatre jours. Le 2 et le 3 mai, on
les fransléia dans une autre prison flottante,
mais après leur avoir pris tout ce qui pou-
vait leur rester encore. Outre le vieux vais-
seau de ligne, il y avait dans la rade de Ro-
chefort trois autres bAtimenis qui servaient
de prisons aux prêtres : les Deux-Associés^
le Washimjtnn et \ Indien, tous trois destinés
à la II aile des nègres. Les prêtres de la
Meurihe furent incarcérés sur le premier,
où il y en eut habituellement quatre cent
neuf de ditférentes provinces. Le jour même
de leur arrivée. 3 mai, fête de l'Invention
de la i^ainte-Croix, comme ils remontaient
sur le pont [)our prendre l'air, ils y trouvè-
rent tout l'éipiinage et toute la garnison
sous les armes, les canons braqués contre
eux. On fusilla en leur présence un cha-
noine de Limoges, nommé Roulhac, pour
avoir dit tpie, si les matelots n'étaienl ipie
cent cinquante, nous pourrions nous ren-
dr-e maîtres d'eux fort ai>émenl. L'aecusé nia
d'avoir tenu un tel propos. U n'en lut pas
moins condamné el exécuté à l'in^lanl même.
Ses dernières par(»les fiiren-t de prier pour
ceux tpii le faisaient mourir injustement.
Quelques jours après un des déportés, tour-
menté tle la lièvre, tomba dans le délire et
se mil à crier tju'il voulait sortir de cet en-
fer. Sur ces cris, et sans ^ilus ample infor-
mation, les oflic;ers, m i absence" du capi-
taine, comluent a les fusiller tous, cinquante
par cinriuante. Ils a laie'it exécuter leur sen-
tence . |ors(iU(» survient le capit>iine, ipii
trouv,« (jue la chose ferait trop d'éclat, el
qu'il fai.t en informer I • coinmandanl de la
rade : relui-ci, iii* voyant am une preuve de
complot, commande de ditlérer jusqu'à ren-
seignements plus sûrs, l n aiitrt- jour, la dé-
cision élait portée; on flevait em;oisonner
tons les piisonniers. C'est le chiiur,,iei-
major lui-;uônie <pii cul la bo ihoiuiede leur
raconter ces deux faits.
Au reste, la maiiiere seule dont ils étaient
enla^ses dans rentrejinnl était une torture
continuelle. Un navin. peut ôtr.î comi».ué
à une maison : la cale en est la cave ; l'en
«97
pl:i\
liopoMt lo rc/.-df-cli.'iiisst'd ; los passjivoiils
Cl sdiit \o niciiicr, cl le poiil h; dessus du
((•il. |/('llli't'|)uil iUis Vcus- /UsiHtt's /ivjiil
citKj |ii(Mls de li/iiil : iiti tllUllVlli^ |)l.'i iclicr lu
|»;iiliij;('.iil en deux rla^cs, cImiciiii île deux
pieds cl (|uel(pi('S poiieos. C'osl sur cci pi |i|-
tlier cl «ii-d('ss()iis (pic les pris(»iiiieis de
Jésus- Cliiisl ('laiçMl ("liasses ccMe h ciUc.
« Nous (Jlidiis lidlciuciil seii'ùs, dil l'auleur
(In y(>»/H(//, (pie lions ne ponvid'is nous coii-
clier sur le dos, il l'allail l()ii|our-> no.is (eiiir
sur lo cùlé; beaucoup avaiciil sur eux les
pieds el les jaiulies (le ciiKj ou six autres
qui ne loucliaienl au plancliei- (piu par lo
milieu du corps. Pour ne point laisser d'in-
tervalle vide, nous étions entrelacés de uia-
nièrc ipio l'un avait les pieds dans le sons
que rautie avait la tôle. Tout le pUuiclier
claJl ainsi couviM't de corps (pii eu reuiplis-
Saionl evactciuent Uks plus petits espaces. »
C'est dans cette espèce de loiubcau (pie les
prisonniers et lienl contraints de s'enterrer,
pendant l'été niéiue, treize ou (juatorze heu-
res do suite, de[)uis six h sept heures du
soir jusqu'à se[)t h huit heures du malin,
suivant le caprice de l'oftlcier de garde. La
chaleur y était telle, qu'un jour une barique
âe goudron sec, placée au-dessus du plan-
cher de l'entrepoMl, vint h Ibudro. Joignez-y
la puanteur occasionnée par tant de cor()S
malailes et mourants , par les baquets ou
bailles, où l'on était réduit à faire ses né-
cessités naturelles. Il y avait chaque jour
un si grand nombre de morts, que le bruit
se répandit dans la ville que la poste était
dans le navire. Un olïicier de santé fût en-
voyé : il essaya vainement de descendre dans
l'entrepont. A peine a-t-il fait quelques pas,
que la chaleur et la puanteur l'arrêtent et
1 empêchent d'aller plus avant. Craignant
d'être sullbqué, il s'empresse de remonter
bien vite, en disant que si Von eût mis qua-
tre cents chiens dans cet endroit, ils seraient
tous crei'és dès le lendemain, ou ils seraient
tous devenus enragés. » (Rohrb., Hist. univ.
de VEijl., t. XXVII, p. 580, passim.) «La
mort, en diminuant notre nombre, ajoute
l'auteur du Journal, aurait aussi diminué la
chaleur qui nous tourmentait; mais ce sou-
lagement, tout triste qu'il était, nous fut im-
pitoyablement refusé ; on avait la ci uauté de
nous refuser la place que nos confrères nous
laissaient en mourant, afin de nous tenir
toujours également entassés. A mesure qu'il
en mourait, on envoyait, pour les rempla-
cer, d'autres déportés qu'on retenait dans
une espèce de dépôt à Rochefort. Mais la
visite de cet officier mit fin à ces remplace-
ments, qu'on avait continués pendant qua-
tre mois. »
« Dans ces longues heures de souffrances,
les {)risonniers ne pouvaient se donner au-
cune distraction, ni lire, ni écrire ; on leur
avait tout (jlé, papier, plume, encre, livre,
bréviaire. Plus malheureux que les captifs
de Babylone qui pouvaient au moins cha*iter
leur infortune sur les bords de l'Kuphrate, il
ne leur était pas permis de réciter , oui haut
Une prière ; le seul mouvement des lèvres
pour on dire, provoipinil d'horribles bl. -
lilieiiio> (1,1 is tout l'i-quip i|^(.t. L/j |;i .ilide dis-
iiacliou pour les plus validci» ôluil d'outot'-
icr les inoiis dans une petite Ihi, ou do soi-
{;n(:i les iu.il.'i<le>. d.iiis irie b.ii pie ou douK.
iiKï occupation coiuiiiunu à tous, ijunnd ilf
étai(ml sur lu ii'^iil, c'ét.iii de lu-r l/i ver-
mine (pii les devoMiit. (lepe id.iiil, sur la lin
de I71)y, l'on coiiniieii(;a do lus Ir.iilor iiioiii»
mal. L'opinion pnblKpie dovonail iiioilleuro.
Lo capitaine des iJ'ux-Associes v.w lit levpé-
rionc(!. Lntranl un jour dans lu société po(»u-
laire de Uoilielort, il n'est pas plunM apir(;ij,
(pi'un cri g(''nural s'élève: Urliurs le tur.urde
prêtres! Croyant pouvoir on imposer, il veut
monter h la tribune pour (intreprondie sa
juslilicalion ; il ne peut y parvmiir, on crio
plus fort : A bas te tueur de prêtres 1 On lui
conseilla alors do se retir(îr , car on était
sur 1(! point d'en vcnr à des actes do vio-
lence sur sa propri! personne. H revint ù son
bord, bien triste el bien chagrin, et rêvant
aux moyens de conserver sa place (|u"il so
voyait [irès de perdre hontousomont. Celui
qui lui sembla lo meilleur lut d'ohleriir do
ses victimes uncerlifical d'huiiianilé. On le
vit donc lâchement s'agenouiller devant ceui
auo juNqu'à ce moment il n'avait traités que
ae brigands el de scélérats, et cela pour les
supi)lier de ne pas lui refuser une grâce qui
lui était devenue si nécessaire. La pluiiart
des déportés crurent pouvoir lui donner un
certificat vague et général. Alors tous les of-
ficiers, les simples matelots môme, sollicitè-
rent des témoignages semblables. Au mois
de décembre arrivèrent sur trois bAtiinents,
les prêtres déportés à Bordeaux ; ils y avaient
été près de mille; plus do deux ce Us y
étaient morts, on avait laissé les malades à
terre, les autres venaient à Rocliefort, à rai-
son du défaut de suosistances. Enfin le 7 fé-
vrier i79o, nos vénérables confesseurs de la
foi furent tirés de leurs prisons tloltantes et
mis à terre. Le plus grand nomnre était
hors d'état de faire un pas. Une quinzaine
de charrettes les conduisirent à leur premier
gîte qui était un village sur la roule de Sain-
tes. Ils y furent assez mal reçus ; à peine
obtinrent-ils de pouvoir se loger dans les
greniers et les écuries.
« Le lendemain, arrivant à la porte de Sain-
tes, un peu après midi, ils aperçoivent une
grande muUitude de peuple rassemblé de-
vant la maison oii on devait les descendre
et qui était un ancien couvent de religieu-
ses. Ce rassemblement leur rappelle lu ma-
nière barbare dont ils étaient accuellis l'an-
née précédente à l'entrée des villes ; ils s'at-
tendent à quoique chose de semblable. Mais
à mesure qu'ils approchent, toute cette mul-
titude se présente pour les aider à descen-
dre de leurs charrettes, les conduire ou les
porter dans la paaison ; plusieurs sollicitent
la permission d'en amener quelques-uns
chez eux, el, au comble de la joie de l'avoir
obtenue, ils s'empressent d'en user sur les
premiers qu'ils renco itre;it. » (Rohrb icher,
Hist. univ. del'Egl., t. XXVIl, p. 580.)
« Les expressions me manquent, dit l'an-
m
PF.R
PEU
600
teur du Journal, pour dùpoindro 1p sporta-
cle loucliaiit dont nous S'uiimos finppés à
notrp enlr^o dans lo couvont. I) était rem-
pli do toulos sortes de personnes qui ve-
naicni truies, s< Ion leurs nu yens, rontri-
biier à nous soulager <lans notre misère. Les
uns apportaient drs habits, des du mises
et d'autres ellets, po.ir rem|>Iacer nos mé-
chants vtMements tout rouverts de vermine ;
d'autres prévoyant l'extrême besoin oili nous
étions de mander, distribuaient du j)ain, du
vin, delà viande, des légumes, etc.; plusieurs
élaii-nt avec desebarn-llées de bois, et cual-
lun.ant du feu dans toutes les cliand)res,
ils nous rendaient cet élément si nécessaire
à nos corps privés pour ainsi dire de toute
leur chaleur. On voyait les porsoiuics même
les plus distinguées accourir, portant des
draps. desmalela>-,des couvertures, qu'elles
laissaient ensuite dans chaque chand)rée;
les médecins les chirurgiens, se liAtaient de
donner les secuurs de leur art h tous ceux
qui en avaient besoin ; les perruquiers ve-
naient otl'rir leurs services pour nous déltar-
rasser d'une baibe qui, sur plusieurs, ser-
vait de retraite à des milliers dinsectes
rongeurs ; des blanchisseuses demandaient
ce qui, dans nos guenilles, pouvait encore
nous servir, et cela pour le laver, après l'avoir
mis préalablement dans le four pour exter-
miner tout ce qui s'y trouvait d'étranger ;
tout le monde enfin témoignait le i)lu3 vif
empressement à nous otfrir des secours de
toutes es[ièces-, la générosité des habilauts
de Saintes ne leur laissa rien oublier, elle
su.monta la répugnance naturelle ([vie no-
tre aspect seul devait leur inspirer, et la mal-
propreté dégoûtante ({ui devait les faire fuir
«le nous ne (it (pie redoubler leur courage et
leur chanté. Quant à nous, nous étions tel-
lement frappés dun changement si subit
dans notre condition, que nous restions tout
interdits, sans pouvoir dire un mol ; tout co
que nous voyions nous semblait un songe,
el nous ne pouvions croire à ce que nos yeux
nous rapportaient.
« L'un de nous, ajoute M. Miclif^l. un de
nous, ([ui était descendu dans le cloître, lit
rencontre d'une femme tiui demaud.ut s'il
n'y avait pas de Lorrains et où ils étaient.
S'étant fait connaître h elle pour être de ce
pays, il ramena dans notre chambre. lUh^
nous dit que nous n'avions pas besoin de nous
inquiéter , quelle pourvoirait îv nos be-
soin-i les plus urgents et ipie le soir elle nous
apporterait à souper. C'était une pauvre mar-
clnndc de verre, nommée Mark, native d'un
village h quelque distance de NeufchAlean,
el c'est à elle que n(»us sommes redevables
(h? presquf! tous les se»ours cpio nous avons
re(,'U-s h Saintes. Si ses moyens ne pouvaient
répondre à >a charilt-, elle ne négligeait rien
pour intéresser jmi notr(> faveur les gens ai-
sé.s, el nous apportait ce tpi'ils voulaient bien
nous doimer. Klle nous lit faire counaissaiu a
a\er une autre Lorraine, originaire de I-u-
néville, qui nous h servi de mère pendant
lout lo temps que nous avons été dans le
pays. Cette dernière avait épousé un nommé
Luraxe, aubLTgiste h Saintes. »
Sur les DexiT-Associés, le Washington elle
Bonhomme- Richarfl , il y avait deux cent
Irente-sept prêtres. Quant h ceux qui avaient
été déportés à Bordeaux, mais qui étaient res-
tés h Rochefort, ils ("laient entre six et sept
cents. Un très-grand nombre fut délivré par
un citoyen de Paris, qui était secrétaire d'un
représentant ih) r-euple. On lui écrivit dans
cette Ibrme : « l'n prêtre catho ique, apos-
tolique el romain, inviolablemenl atlacné à
ses princi[ies religieux, ami de la paix et du
bon ordre, détenu et dénorté pour avoir re-
fusé toute espèce de serment, réclame votre
protection, pour obtenir sa liberté ; il n'ou-
nliera jamais ce bienfait. » Les prêtres lor-
rains se déterminèrent à écrire comme fai-
saient les autres. Le dimanche 12 du mois
d'avril 1795, on vint les mettre en liberté. Ja-
mais ils n'ont pu parvenir à savoir quel était
leur bienfaiteur. Dans beaucoup de diocè-
ses on mit ces saints confesseurs «i la tète
des séminaires.
Si nous consultons les Mémoires ecclésias •
tiques concernant la ville de Laval et ses en-
virons, de l'année 1799 à 1802, nous y trou-
vons de très-précieux documents sur la per-
sécution. En 1792, le 20 du mois dejuin, on
mil en prison dans deux couvents de Laval
quatre cents prêtres. L'Evêque de Dol, M. de
Hercé, était parmi eux. Beaucoup, la plupart
d'entre eux furent déportés h Jersey, ooù
ils passèrtnit en Anglet(irre. Ceux de laSar-
thc el de Maine-et-Loire furent conduits par
bandes comme des c iminels. On les dirigea
sur Nantes, pour de ]h Ivs envoyer en Espa-
gne. Dans ce dernier pays, l'évêciue d'Orenze,
IMerre de Quevedo, les reçut à bras ouverts,
et en logea une partie dans son séminaire,
dans son palais, d ms sa maison de campa-
gne. Il en eut ainsi h sa charge environ
deux cetits. En 1793, le 12 du mois d'avril,
on déporta encore ipiator/e prêtres de La-
val h Bordeaux. Le 22 octobre de la mémo
aniK'i', l'année vendéenne approchant, on
cîi ht partir qiiatre-vingl-huit qu'on dirigea
sur Uambouiflet. On fil demeurer en prison
quinze autres (pii étaient malades ou inlir-
mes et hors d'état d'être transportés. L'un
de ces derniers mourut en prison. Les qua-
torze aulies furent martvrisés au mois de
janvier suivant, le 21. Un {ril)uual révolu-
tionnaire s'était organisé à Laval; il condamna
à mort (piatre cent soixante-deux personnes
dont cent trois femmes.
fl Le 21 janvier, à huit heures du matin,
il se lit amener les quatorze prêtres, si ma-
lailes et si inliniies. (pion les avait jugés ab-
solument incapables d'être Iranspor es hors
de Laval, au moment oii l'on faisait partir
pour Uaiiibouillel cinq octogénaires, un
aveugle el plusieurs malades. C.inix des pia-
lor/e (pii roiwaieul encor(> marcher étaient
.^ pied; il y eu eut (pialre (pi'on fut con-
trainl decoii luireen charrette, entres autres
M. (i.iilot. < hapelniii des religieuses béné-
dàclines, qui, (f.ioifine le plus jeune, était
((01
HEH
l'iK
eoî
loiil |»(>i(liis (If SOS ninnlin's |i)ii- smlii tic la
Hdiillt'. Pour /irrivfi' mi liihim.il, ils |t;iss«>-
roiil im|ii('{l(lo l'rf'i.ir.HKl (|iii ('•l.iit t-ii pcniia-
iiciicc. I,a salle (randiciicc st; r('iii|ilil (riiiio
l'itiilt" coiisidi-iMblt'. <'tii iiiilii'ii (le la(|ii('ll() so
^liss('>rtiiil (|m"l<|ii('s lions calliolKiiics , par
(|iij (III a |»ii a|i|»i('ii(li() lonl vv. ipii s'était
passé. Après K'S (picslioiis (rusa^çc, les pj^os
(Icmainlùri'iil (\ (•liaciiii des (pjal(iiv.(! accuses :
I" As-lu lail le siMiiieiil tie I7i)l , proscijl
par la coiistitutioii civile du cler|;;é ? -i" As-lu
l'ail le scM'ineul de liherlé-é^alilé? .'{" Veux-lu
prcMor ces sennenis ? V" \'eu\-tu jurenl'tMrc
li(li>lo îi la ré|»ul)li(pie, d'observer ses lois,
et ou cousocpu'uco ilo ue professer aiu-uiu!
l'olij^idu el uotaminonl In ielii;iou callioli-
(jue?... Tous répoudii'eul ué;-;alivemonl el
nvoc fi>rnu'lé ; cou\ (jui n'él/iieiil pas curés
liront, pdiu' la iilupart, oliservor (ju'aucuno
loi ne leur avail jamais ordoiuié do l'airoics
sornicnls dont ou leur parlait.
« Aux (luoslions ciMunninos h tous les prê-
tres, les nuMuhros do la conuuissiou du tri-
bunal on ajou aioMl do pariic'ulières à plu-
sieurs d'outre eux. L; président deuiarida
au curé do la Trinité de Laval, M. Turpin
du Cormier : « N'est-ce [)as toi (jui as empê-
ché tes prélros do l'aire le seruuml ? — Quand
on nous le demanda, répondit-il, nous nous
assombl;\iues poin- en délibérer et nous re-
couni'imes que noire conscience ne nous
ponuoltait [>as de le prêter. « Lh-d ssus, le
grol'tier, prélre intrus el apostat dil : « Il n'est
pas méchant, c'est son vicaire Douais qui l'a
perdu. » Quand on proposa <\ M. Gallot de
jurer d'être lidèle h la république et de ne
plus ()rol'esser sa religion : <( Je serai toujours
calholi(jue, répondil-il. — PublicpuMue'U, lui
dit-on. — Oui, publiquement ; n'importe où,
je me dirai toujours catholique; je ne rou-
girai jamais de Jésus-Christ. » 11 mit tant
d'énergie dans ses réponses, que des pa-
triotes, présents à l'audience, s'écrièrent :
«Qu'il est eirronlé ! » Alors le secrétaire lui
dit : « Sois sûr ([ue lu vas être guillotiné. —
Ce sera bientôt fait, reprit tranquillement
M. tiallol. » Le troisième, M. Pollé, prêtre
liabiiué de la même paroisse de la Trinité,
avait (les manières assez brusques et uni)eu
populaires. On voulut le presser de ques-
tions : « Vous m'ennuyez avec votre ser-
ment, répondil-il, je ne le ferai pas, je ne le
ferai pas. »
« M. Ambroise, prêtre habitué de la môme
paroisse, passait pour attaché au parti jan-
séniste. «J'espère, lui dit le président, que
lu ne ref ;seras pas ce qu'on te demande ; car
tu ne partages pas les opinions de tes confrè-
res. — Je veux bien, répondit M. Ambioise,
obéir au gouvernement; mais je ne v.'ux pas
renoncer à ma religion.— N'es-iu pas jansé-
niste, reprit le juge? — Je conviens, répon-
dit-il, que j'ai eu le malheur d'adopter des
opinions qui n'étaient pas conformes à la
saine doctrine, mais Dieu m'a fait la grâce
de reconnaître mes erreurs; je lésai abjurées
devant mes confrères, qui m'ont réconcilié
avec rEglise. » Un témoin déclare même
(pi'il ajoiil/i : « Je suis coiiletil de laver mn
faute dans mon sari^. »
" Dès qu'on deiiwitidn nu !*• Tri«|ueri«',
fiaiiciscaiii et rliapelaiii d<;s reli^^ieuses, s'il
voulait renoncer à la ndif^iou < atliolKiiie ;
« Ah I viviimenl non, citoyen, s'écrin-l-il ; jo
serai lidi'-lo à Jésus-Clin'st jusipTaii dernier
soupir. ») Il pronoïKja celle bclji- iirolession
do foi avec un loi accent de ferveur et do
cotnieiion, (pi'iin témoin de cciii; scène
loiiclwuite, dans uint relation (pi'il m'alaissét;
par écrit, dit (pjo ces paroles allèrent jiis-
(Mi'au fond de son c(i!ur, el (pi'il criil enlon-
(ii(! un iiiarl\ r dos preiiiKMS siècles. Ce inèmo
bon religieux eut occasion de dire; «pi'à lépo-
ipie où on domandait It! soiiiienl, il était
malade. L'accusaleur public, (pii était un
prêtre apostat, lui dil alors : « (](« n'était pas
là une cnuso (lui em|)êcliait do le prêl(;r :
J'étais alors malade aussi; jo me lis apporter
le registre oi jo signai mon sermonl dnn.s
mon lit. — Knfant (le saint l'ran(;ois, reprit
le l*. rri(piei'ie, j'étais mort au nujnde, je ne
m'occupais |)oinl de ses atlaires; je me bor-
nais dans ma solitude, h prier pour ma pa-
trie. » Alors, un dos membres de la com-
mission lui coupa la parole par ces mois :
« Ne viens pas ici pour nous prêcher. » A la
tin de son interrogatoire, le P. Tii(iueri(! se
trouva mal. Le président dit qu'il fallait cher-
cher un verre de vin à lui donner. Une
femme s'avan(;a et dit : « Citoyen, j'ai du
vin dans ma poche, je puis en donner.» Les
juges se dirent alors entre eux : « 11 faut que
cette fonune ail dos intelligencos avec les
accusés, » et ils la firent conduire en prison
où elle resta quelques jours. M. Philippot,
curé d'une paroisse Je campagne , était
sourd; il ne donnait aucune réponse aux
questions des juges. Voyant SLulement qu'on
s'adiessait à lui, il disait : Quoi, quoi?
et il cherchait à s'avancer pour entendre. Le
président engagea ses confrères à lui dire ce
dont il s'agissa.l. Silijt qu'ils lui eurent ex-
pliqué les serments qu'on lui demandait, il
s'écria : « Non, non, aidé de la grûce de
Dieu, je ne salirai pas ma vi illesse. » 11
avail soixante-dix-sept ans. M. Thomas ,
ancien aumôniot de rh(j[)ital de Châtoau-
GoTilhier , était paralytique; ses facultés
étaient très-atfaiblies, au point que sa lête
s'égarait quelquefois complètement. Dieu lui
rendit la plénitude de sa raison en un jour
si solenn '1 ; il répondit avec beaucoup de
présence d'esprit , quoique très-laconique-
mer.t, à toutes les questions qui lui furent
adressées.
« L'interrogatoire terminé , l'accusateur
public, prêtre apostat, donnna ses conclu-
sijns qui furent très-courtes. Après avoir
requis la peine de mort contre tous les ac-
cusés, il ajouta : « Quant à Turf-in du Cor-
mier, curé de cette commune, c'est lui qui a
fanatisé son clergé, je demande qu'il soit
exécuté le dernier. » Puis, se tournant vers
l'auditoire, il finit par ces paroles : « Le
l)remier qui va bronclier ou p-leurer, va mar-
cher après eux. » Apiès ini moment de déli-
bération, le président prononça le jugement.
603
PER
PER
604
coiulanioant à mort les quatorze prêtres. On
les fit retirer dans une salle du greffe pour
lf\^ pn^parations de rt'\t'\Mili()ii ; ils nvslt'r» nt
quel'.jue temps seuls (il on dit qu'ils purent
se confesser les mis les autres. Q\iand ils
sortirent du palais pour aller à l'éi-lida id,
M. Turjiindu t>oruner était en lélo; ven;iienl
ensuite ceux qui pouvaient niaroher seuls,
puis trois d'entre eux (pie l'on soutenait [><'ir-
dessous lt!s bras, eniin M. Galloi j)orté dans
une chaise. Au pied de la giillotuic, M. du
Cormier l'ut repoussé par d-'iriôre pour élre
exécuté le dernier. M. Pelle adressa aux as-
sistants ces paroles remaiqual)les : « Nous
vous avons appris à vivre, apprenez de nous
à mourir. » A une t'euolre voisini^ do l'écha-
faud, on voyait quatre raenib; es du tribunal
révolutionnaire, le verre en main ; ils le vi-
daient en saluant le peu()le, h cha<iue tèfo
qui tombait. Le greiïier du tribunal, prèti e
apostat, voyant un curé vénérable, nonmié
André, monter l'escalier de la guiiiotinc, lui
montra un verre de vin rouge en lui disant:
« A ta santé!, je vais boire comme si c'était
ton san^. » Le martyr répondit : « Kl moi, je
vais prier pour vous. » M. Turpin du Cor-
mier monta le dernier à l'écli 'fand, après
avoir récité le Te Deum. Avant q l'on le hàt
sur la planche couverte du sang de ses con-
frères, il la ba sa avec respect. » (Rohrba-
cher, t. XXN II, p. o-^V el suiv.)
« Nous ne savons, d t l'auteur des Mémoi-
res ecclésiastiques de Laval, si, parmi les
nombreuses victimes (jue la révolution a
faites dans toute la France, il en est qui
réunissent aussi complètement ([ue ces -cr-
viteursdeDieu, toutes les conditions (pie l'K-
glise considère comme constituant propre-
ment le martyre. Si d'abord on pèse les
termes du jugement, qui est un acte authen-
tique et faisant foi en justice, il en résulte
qu'ils furent condamnés pour avoir r.fnst'!
de prêter : 1' le seriïKint de lTi)t, que le
saint-siège avait condamné; 2° le serment
de liberté-égalité (pii na été condamné . ar
aucun acte de l'Eglise, mais ipii était géné-
ralement considéré, surtout dans nos pays,
comme opposé à la droiture de la foi, eu ce
qu'il renfermait une aducMon formelle à un
ordre de choses subver>if de la religion. Si
ensuite on examim.' les témoignantes des
jiursonnes |)résenies k l'audience, il en ré-
sulte que ces vénérables [uôtres ont encore
été coiidamiK'S pour avoir publiipiennnit
refusé dn renoncera la |».ofession de la re-
ligion catholique. On ne leur r ■orocliail ab-
solument rien que Ir ii-tiis des s'eriiienls ; et
on ne pouvait ellci-,li>eiiieit alléguer autre
chose contre des v.eiilaids el des intirmes,
exemples de la dépo talion par les lois (>n-
core en vigueur et lei.nus en prison depuis
dix-huit mois. On leur [trojiosa de nouveau
h l'audit'nic de [)réi r les senuenls : le juge-
ment en fait foi. Leur soumi-^sion entraînait
leur arquiltemeiit; la mort était au eonlrairo
la ronséipieiico nécessaire de leur résistance,
et ils ne pouvnnnil ri,;norer, nix ù «pu on lo
répéta plusieurs foiS à rnudieiuc. eux (|ui
venaient de passer au pied de l'échafaud
couvert de sang, placé en ce lieu comme un
avertissement form.dable. Ils furent libres
d'opter : ils firent leur clioix en parfaite
connai.ssance de cause; ils embrassèrent vo-
loniairement la mort pour rester fidèles à
Jésus-Christ. Est-il donc étonnant ipie l'opi-
nion unannne des calholi(pies de notre pays
ait vu en eux do vrais martyrs? Aussi est-ce
le titre qu'ils leur ont toujours donné. Dès
le jour même de leur mort on envoya des
cnfanls tremper des mouchoirs dans leur
sang, el ces linges furent distribués comme
d,! précieuses r» liquos. Bien des personnes
avaient l'usage tJ'invoquer en particulier les
quntorze martyrs, et |)lusieurs ont été [ter-
suadés quelles avaient éprouvé d'heureux
etfels de leur intercession. On faisait des
pèÎLi-inages à leur tomb -au, pendant la ré-
volution môme; et celui qui écrit ceci se
rappelle y avoir été conduit à l'âge de sept
ou ihiit ans, à lépoque du gouvernement
dire, lorial, par suite d'un vœu qn'avaienl fait
ses parents, pour obtenir la guérison d'une
mala lie dont il était atteint.
«Le 9 août 1816, les corps des quatorze
martyrs furent exhumés et transportés à
Avénières : deux jours après , ils furent
trjus érés dans l'église, et on y a élevé, au-
dessus du lieu où ils sont déposés, un mo-
nument sur lequel sont inscrits leurs noms
ft la (-anse glorieuse de leur mo t. Le jour
de l'exhumation, il se passa quelque chose
de semblable h ce que l'îiisloire ecclésiasti-
que raconte h l'occasion de la translation de
certains bienlieureux. Le peuple se porta
en foule sur les lieux, en donnant des té-
moignages de la plus profonde vénération.
Chacun voulait avoir quelque portion des
ossements des martyrs; il en fut distribué
une gr.rnde quantité, et ces fragments, divi-
S(^s de nouveau pour satisfaire h la dévotion
d'un pins grand iKuiibre de personnes, se ré-
]>andire 11 dans tout 'e pays.
« Par une ordonnance du 13 avril 18.'Î9.
Mgr révé(pi'^ du Mans a ordonné qu'il fût
f.i l, selo \ les tonnes canoniques, une en-
quête pour constater authentiquemenl les
circonstances du jugement et de la mort de
et s vénérables prêtres. Si cette opération no
sert pas à introilnire une cause de c noni-
silion, du moins les documents recueillis au
cours d.> I inforuiation resteront aux archives
de V> vé. hé comme un monument glorieux
j)our le diocèse. .\u mois île scpttnnbrelSiO,
on a placé dans l'église de la ■rniiité, avec
l'autorisation de Mgr l'évéque, une placiue
de cuivre tappelajn brièvement la nioitdes
((iiatorze pièncs, el contenant la li>te de
leurs noms. » [Mémoires ecclésiastiques, etc.,
par .M. Isidore Boullier, curé de la Irinilé
de Laval. 18VG.)
N JUS pourrions citer encore beaucoup de
prèlres uioits iKUir la foi ua is les différentes
provinces de Fiance, mais uialheureusemenl
ou n'a pas retueilli d acles authentiques, et
les doiumenls nous ma'U|uenl ai)solument.
Cep» ndant nous ne pouvi.ns nous empêcher
de par er des ouïe religieuses de Vaieiicien-
ncs , qui lureot marlyrisées le 'i3 octobre
OM
VVM
W
6M
17<ri. On poiil voir nii-^si niu iiilii les pnrti-
nlli••l•^ l(vs rcliKiniscs d'Oniiih'c iii.'U'Iyri.si'cs.
« (".'(«M lo V jiiillcl <|in" II' IiiImiii.iI < om-
jnc'ica à (l(''ciil(;r du Mtil de rcs (|ii(iniid()-
dciu' n>liKi<'"i'^<'>- <•" ''"< i'i|crro;^<'a iiiir h
iiiic. 1,11 sd'iir l)i'-^fi;;i\ rrli4;i(Misc liciii.'iidiiic,
rend l;i |)n'iniri(> l;i |i.'diii(' du iii.ii(,> ir. I.a
su'ur Siis.'iiint', rclii^ioiiscdii S;iiiil-S;icn'iiicid,
lui ciiiid.iiiiiit't' le ji'iidriii.iiii. I,;i su'iir I^nliif,
iii(MiJi((W) d'(^in' liadiiilu /ui\ piisons d'O-
raii^o, iiicoilaiiu^ ilu jwirli (lu'clli! (h-v.iil
|>i(i)drc, coiisirtc son p^rc, vicill.nd oclo^;;!''-
nairo, d'une gr'indt! |)M''lr, <|iii n'avail ([uo
C('tU> lillc ponr \o. servir h la (in de sa ear-
ric^re. Telle l'id la n^po'ise de ce p(>r(> reli-
gieux : « Il me sérail larih» di; vous cael'er,
cli^re o'danl, et do vous déroher aux ptuir-
suitos des persi^eulours; mais examinez bieii
devant Dii'U si, (>n fu\an(, vous no vous
(^carloz pas des desseins cpj'il u sur vous.
reul-(Mre vont il votre niorl, connue col o
d'une victime ipii doit apaiser sa colC-re. Jo
vous dirai conuiu» M irdoclK'o ;\ Ivstlier, (pio
vous n'existez |)as |tour vous, luais pour son
peuple. » Un conseil aussi g'n(!'reux lit sur
l'Ame de lajeuno vieri^e tout retl'et (jue |)ro-
duisit auliei'ois sur Estlier le discours do son
vi^ni^rable |)ai"ent. Elle no balan(;a pas sur lo
parti qu'elle devait suivi'e; elle se moMîra,
coiiuiic à rordiuaire, dans les oratoires
qu'elle avait ciniluinc de Iréijuo iter. Elle y
fut prise, ainsi que l'avaient élc^ déjh ({uel-
(jnes-unes de ses couipagnes, et conduite en
]n'ison. Elle y l'ut coîublée degrAces extraor-
dinaires. Dieu lui lit connaître le jour de son
sacrifice. La veille de sa mort, elle demanda
pardon h toutes ses compagnes dos scandal<\s
qu'elle avait pu leur doimer, se recommanda
h leurs prières, en les assurant qu'e le au-
rait le b'iuheur d'ôtre condamnée le lende-
maui. Elle le fut en elfet; et, lorsque sa sen-
tence fut prononcée, elle en remercia ses
juges couune d'un bienfait.
« Le 7 juillet, Agnès Roussillon et Ger-
trude de Lausier, ursulines île Bolène, fuient
condamnées et exécutées. Elles allèrent à la
mort avec une joie si giande, ({u'elles baisè-
rent l'instrument de leur supplice, et remer-
cièrent aussi leurs juges et leurs bourreaux.
Cie trude, dite eu religion sœur Sophie, s'é-
tait réveill '0 dans la nuit, pleine de l'idée
d'un bonheur ijui lui avait fait répandre des
larmes : « Je suis, disait-elle, dans une sorte
d'extase, et comme hors de moi-même ; je
suis cei'taine que demain je motn-rai, et je
voirai mon Dieu. » Eisuiie elle craignit que
ce ne fût ià une tentation et un mouvement
d'orgued, et elle eut besoin dètre rassurée
sur le principe qui la faisait agir.
« Le 8 juillet, le tribunal condamna à mort
Elisabeth Peloysicr, Rosalie Bès, Marie Blanc,
religieuses du Samt-Sacrement de Bolène,
et Marguer te Bavasre, ursuline au Pont-
Saiiit-Es[)rit. A l'instant mêui;' où leur juge-
nif-ut fut prononcé, Rosalie Bès, dite sœur
Pélagie, tira de sa poche une boite remplie
de dragées, qu'elle distribua à ses compagnes.
« r,c sont-là, d-il-olle, les dragées quej"avais
réservées pour le jour de mes noces. » Le
«.»juill<l, lurent juKéoï et exécutée»» Mnilu-
!• ine 'l'ailleu. Mjum- dti (iniiès-Chûnsolb*, ro-
I ;ieuses du Saint -Sinr'iiieid , h Bo'ène ;
l.oiiisf Eluse, converse au menu; cijuvent,
<■! i léonori! de Jusianioti , reli>;iuus(} do
Sainle-C.allieiine d'Avignon. Du •.) au 13 du
même mois, on siusil au iug»nuent «les au-
tics, alin d'en cundauinor u lu foi!> un i^raiid
n<imbi'<-.
Il Le L'i, six rui'(vd condannu'es : Ariasto&io
de Hocrd, supérieure des Ur.suliriesj do
BolèîU'; Marie-Anne Land)ei(, conver.si! nu
même couvent; la su.'ur sainli; Erançoiso,
converso chez les IJrsulines, b Curpenirus;
et trois religieuses du Sainl-Sacreiui-ni, à
BolèiH! , Elisabeth N'incliière , sceuis Alexis
Mincetle et llenrielle Leforge. La su.'ur saiulo
Eranijoist! disait aux autrc.'s su'urs, la veille
de hnir condamuatiou : « Ahl uk-s chères
.so'urs, (|uel joinipn; celui (jui se prépaie!...
Demain, les pr)rles du ciel s'ouvrent |)our
nous , nous allons jouir de la félicité dos
saitits. »
« Le 16 juillet vit périr sept auires reli-
gieuses (jui monlrèiinil le même caluu; et io
nu'^me courage. Sœur Juslaïuon , ursuline
converse h Perne ; sœurs (iardon et Mario
Decqui, religieuses du S inl-Sacromenl à
Bolène; Marie Lage, ursuline h Bolène. La
veille de sa mort, celle-ci toudja dans une
gra; de tristesse, craignant (jue Di(;u ne la
jugeAt pas digne delà couronne du martyre ;
mais sur l'autel de son sacrifice elle montra
plus de force qu'elle n'avait montré, la veille,
d'abaltemenl et do tristesse. On vit une autre
ursuline de Bolène, Jeanne Roussillon, qui
avait témoigné un grand désir do mourir un
des jours consacrés à quelque fête de la sainte
Vierge , consommer son sacrifice avec la
sœui- Madeleine-Dorothée de Justamon, qui
avait demandé la même grâce. Celle-ci, mon-
tée sur le char de mort, dit à ses gardes :
« Nous avons plus d'obligations à nos juges
qu à nos pères et à nos mères; ceux-ci nous
ont donné une vie temporelle et périssalde,
nos juges nous procurent une vie éternelle. »
Un de ses gardes fut touclié de ces paroles
jusqu'aux larmes, et un paysan voulut lui
toucher la main par le môme principe de foi
qui faisait dire à la f nnue de l'Evangile, à
la vue de Jésus-Christ : « Qu'il me soit seu-
lement donné de toucher le pan de sa robe. »
« Le 26 juillet, cinq autres religieuses su-
bire!it le môme sort. « Qui es -tu? » demanda
le président du tribunal ù la première qui fut
traduite devant lui : c'était la supérieure des
Ursulines de Sisteron, Thérèse Consolon :
« Je suis fille de l'Eglise catholique, » répon-
dit-elle. Claire Duuac répontlit à la même
question : « Qu'elle était religieuse, et qu'elle
le serait jusqu'à la mort, de cœur et d' une. »
Les compagnes de lei;r sacrifice furent Anne
Cartier, ursuline au Pont-Samt-Esprit ; Mar-
guerite Bonnet, religieuse du Saini-Sacre-
nieut, et Madeleine-Catherine de Justamon,
quatiièrae ma.rtvre du môme nom et de la
même famille. (L'abbé Carron, Confesseurs
de la foi, t. IL)
« La tète de Louis X"M était tombée sur
eo7
PER
PER
608
Pio VI mit pouvoir porior le
mC'nio ju^eis/nal dp cptle mort, que relui qui
avait «H(^ porto il»' colle de Marie Stuart. Il
s'était érr\é en p)ci'i consistoire, en appre-
nant ce fatal événement : « Ojour de triom-
phe pour Louis, h (jui le ciel a donné la pa-
tience dans les plus rudes épreuves , et lait
trouver la victoire dans (."s bras do la m^rt !
Oui, nous en avons la conliance, il n'a laissé
celte couronne périssat)le et ces lis sitôt
flétris que pour en recevoir une immortelle
tissue de la main des anges. » Pie VI dit
qu'il n'entendait exprimer ainsi que son sen-
timent partifuHcr, sans vouloir rien ét*iblir
comme doctrine touchant le martyre de
Louis XVI.
Ce fut près de ce saint pape qu'un nom-
Dre considérable de préIres français trouvè-
rent asile. Il donna l'hospi alité dans ses
Etats à plus de quar.uite mille d'entre eux.
Loin de se contenter de prodiguer ses propres
ressources, il fit encore un appel h la cha-
rité dos pays lointains, afin de j)ouvoir sub-
venir aux besoins des nombreuses victimes
qui otaieit venues s'abriter sous sa protec-
tion. Il adressa un bref aux prélats, abbés et
ecclésiastiques d'Allemagne, les exhortant à
suivre l'exemple do la nation anglaise, qui se
montrait si g<'néreuso envers les proscrits.
L'illustre pontife ne se doutait pas que bien-
t(M il allait partager lui-même les vicissitudes
qu'il savait si bien soulager. Ce fut [)eu de
temps avant d'avoir à soulfrir lui-même la
persécution pour la foi quo Pie ^'I pul)Iia sa
bulle Auctorem fidei. Ce fut le 28 août 179'i..
Il y condamnait quatre-vingt-cinq assertions
extraites des actes et décrois du Synode
janséniste de Pistoie. Dix y sont condamnées
comme hérétiques. Cette t)ulle fut re(;ue par
l'Eglise comme la règl(> do la foi à cet égard.
Le philoso;»hismc tiiomphait ddus la ré-
volution française; le clergé de France était
persécuté h caust; de son atlachemoiil au
)ape, les révolutionnaires voiduronl détruire
a ; a[»auté elle-même. Les conjonctures pa-
raissaient très- favorables. Le paie n'avait
aucune puissance sur laquidlo il pût compter
en Europe. La Tunpiio mahométanc, r.Vlle-
ma,,'ne et l'.Vngleierre protestantes, l'Kspa-
gne forcée de faire la paix avec la France,
tout lui manque du côté de ces diverses na-
tions. L'Autriclie et Nafiles ne demanderont
I)as mieux aussi de traiter avec la Hôpublique
victorieuse, pourvu cpi'on leur ab.ind.)ime
quobpies parties (h^ l'Ilalio. fôl-ce même des
É:ats - llomains. Ln ITDl» , Bmaparte fut
nommé général en chef de l'armée d'Italie.
On sait les prodiges (pi'd accomplit dans celle
première campapiie, avec uiu» armée qu'il
trouva m il nourrie, mal vêtue et sans argent;
iléciasasuccessjvenionl quatre armées, et fil la
conquête do rii;die presque fnlière Le pape,
apprenant les pro^^çrès ne larmée f.ançaise
en Piémont et en Lombard ie, assembla son
consod. Il \ fut déride qu on resterait neutre,
et qu'on'.uile, si les circonsianccs |(> dom.ui-
d?iionl, on entamerait «les négociations pour
om[iêrherr(>nvahissomentdesEl.(ts-Homains.
<^uand les Français étaient entrés en Italie,
on prétend que le roi d'Espagne, qui venait
défaire sa paix avec !a Hé[)ublique française,
el que le roi de Naples, qui se disposait à la
faire aussi, s'étaient entendus avec la France
pour le |>arlage des Etats de l'Eglise. Cette
dernière puissance devait |)rendre les trois
légations, le roi d'Espagne Kome et les con-
trées environnantes pour le duc fie Parme,
mari de sa fille. Quant au roi de Naples, on
lui donnait Bénévent, Ponte-Corvo , avec
quelques autres petits bouts de provinces.
Bonaparte entra ino|)inément dans les Etats-
Romains, el , sans déclaration de guerre,
s'empara de Bologne, de Ferrare et de Ra-
venne. Le pape s'adressa à lambassadeur
d'Espagne i)Our obtenir un armistice ; Bo-
naparte l'accorda en considération, y était-il
dit, du roi d'Espagne. Le fait est qu'il l'ac-
cordait simplement parce qu'il avait b op peu
de troupes disponibles pour exécuter simul-
tanément tous ses plans, et parce que dans
cette saison chaque marche lui valait \ peu
près deux cents malades par Jour. Ce sur
quoi devait seulement porter la reconnais-
sance du pa[)e envers l'Iispaçne, fut une
conlribulion de guerre que lambassadeur
conseilla à Bonaparte d'exiger, en accordant
l'armistii^e, alorsqu'il n'y songeaitnullement.
Vingt millions de francs, une infinité d'ob-
jets d'art, tableaux, manuscrits, l'artillerie
(pie le pane avait à Ancône, voilà ce (jue
lambassacleur es|)agnol Azara conseilla à
Bonaparte de prendre pour indemniser la
Fran(;e des frais d'une guerre que le pane
ne lui avait pas faite. Pour première condi-
tion. Pie \\ dut envoyer un plénipotentiaire
h Paris flii i d'y obtenir h paix du Directtiire,
et d'odrir toutes les réparations demandées
louchant le meurtre de Basscville. Pour sa-
voir (0 ([n'était ce Basseville, il faut remon-
ter jusqu en 1792.
Il y aviiit h Rome deux Français, le scul-
pteur Ratcl et rarchiterle Chinard, qui fu-
rent arrêtés par la police romaine, parce
(pi'ils étaient accusés de troubler la tranquil-
lit('' pul)li(pio. Ces dignes précurseurs de nos
républicains propagandistes modernes cher-
chaient en elfet à répandre dans celte ville
les idées fatales, les doctrines subversives
(lui dominaient en France, et surtout à Paris.
Ln nommé Makau, consul de France J» Na-
ples, insista fortement pour (lu'on rendit la
liberté à ses compatriotes; il lut immédiale-
nient fait droit à ses instances. Il dépêcha
son sccrt'tairo Basseville pour témoigner sa
reconnaissance au gouvernement pontifical.
Sa mission accomplie. Basseville resta quel-
ipie l(>mps h Rome }»our ses affaires privées,
et sans aucun caractère public. Le ministre
des atl'airos étrangères en Fran("e, ne sachant
>as «pie les deux agilaleurs avaieiit été re-
.0( liés, ("crivit au nape une lettre insultante.
D'un autre côté, le ministre de la marine
fiançaise donna ordre à ses consuls dans les
Eials-Romains de mettre sur leurs demeures
le (Ira eau républicain, et ii burs < ha|>eaux
la cocarde nationale. Le {»ape dit (ju'il y con-
sentirait, pourvu (ju'on ropar.U les outrages
(]uo lui-mêuio avait 2>ubis. A PariSj un a\ail
brrt.(^ (Ml public .'cniKif ilu s/iint-pt^Tc, on lui
nvail ('iil('V(^ violiMiiiiit'iil Avimioii (>l lt« Vo-
nnissiii: à M.'ii'si<illt', ses itiiics onlrvrcs dd
in iiiaisdii (lu cousul, avau'Ml r\r pcniliH's h
la laulcnic (tl liviri". aux insullcs do la po-
pulaco. lui prt^sriu'ii tics ju-vlcs dcniamlcs du
pap(>, le , oiisuMVanrnis d-- Nanlcs l'iivnya uu
«•(•riaiu Flolli' joi'idic llavsrvillo pour drc.la-
rcr au cardiial /l'iada ipi'uu IViait m s(»il(i
i\v no pas laissiM- picn c sur pici-rc dans Uduir,
si sous vin;,l-(pialr(« heures il n'y avait pas
une r('>|>onse l'avorahle. « Je vous i'crai, dit
ZtMada, fonuaîlre le l'i la vidonté du saint-
p(^r(>, autpiel j(> vais laue un rapport, aliii d'a-
voir ses ordres prt''eis. »
l>(>puis (pM'h'pie lonips l(»s Français r(^si-
dant a Uoiue s'attiraient ranimadversion du
peuph» par des déuionstralions prélenducvs
1)atrioli(|uos; ils se réunissaient pour des
)antpn'(s auxcpiels assistait tout ce (|uo la
ville oonteuail d'Iioinnu'S décriés et dt! i'oin-
mcs perdues, ('es baïupuMs avaient lieu dans
le palais de l'acadéniie de France. On y avait
installé le buste de Hrutus, entouré de guir-
landes; on y avait abattu ceux des rois, des
papes et des cardinaux. De ce foyer anar-
chiste parlaient sans cesse d'insolentes pro-
vocations, des forfanteries insultantes connue
s'en permettent encore de nos jours les
lioninies de la même espèce. On avait publié
dans la ville pontiticale les lettres du consul
de France résiliant h Naples au gouverue-
luent romain; puis une autre oii le môme
consul conseillait de réunir tous lej Français
qui se Irouraient â Home pour empêcher qu'au-
cune main sacerdotale ne profanât par son
opposition l'exercice de la liberté, qui devait
s't/fectuer par l'installation des emblèmes ré-
publicains. Le gouvernoment papal invita
Irés-doucement Flotte et Basseville à tenir
ui'o conduite moins irrilaiiie : mais eux an-
noiii-èrent qix'ils [)renilraient les emblèmes
réMublicains, arboreiaient les insignes de la
liberté dans la soirée du 13. C'était un di-
manche. A 5 heur, s de l'après-midi, ils sor-
tiront du palais do l'académie de France, se
diri,,eaU vers la place Colonne dans une voi-
ture. Eux, le cocher, les valets, étaient ba-
no es de cocardes tricolores et d'autres insi-
gnes, et de l'intérieur de leur véhicule ils
agitaient un drapeau républicain. Le peuple
Si; crut insulîé. On lança des [)ierres c ntre
eux. Obligés de fuir, ils se réfugièrert chez
un nommé Lamoutte, ban luier français. Le
peuple y pénétra, Basseville y fut trouvé ar-
me dim stylet et voulut se défendre, mais
il tomba frappé mortellement d'un coup de
coute^iu dans le ventre. A ce moment arri-
vait l.i garde pontificale qui prit le blessé et
son compagnon sous sa protection. Pie VI
envoya près de Bassevil'e des médecins et
des prêtres ; il se confe.^sa et mourut en don-
n ,nt d-s signes d'un sincère repentir. Le
pupe lui fil faire l\ ses frais des funérailles
tH)nveiialjles, fournit à Flotte et à sa famille
l'argent qui leur était nécessaire et une es-
corte ;)Our les accompagner jusqu'aux fron-
tières. Tels sont les faits pour lesquels, abu-
sant Uu droit du plus fort, la France républi-
I'l,l»
(510
cninndenmndnit réparation h PieVI. Flvi lem-
iiient, en iHUitn- juhlice, c'était lui rpn nv/ut
driMi de se pl.'iiidr ', loul en déplorant un
fatal /!(•( ndenl. .Mais d e.sl une «•.hose (pii sem-
t)le de droit inconlistable /nu républir airii
de celle sdi le, c'est relui de se livrer toujours
et parloul à Imirs exceiiininli'-.s sans tenir
coiii|»ie ni du droit des gi-nj;, ni du sens
coiiiiiiiin. Ils ont t<»us les droits, depuis re-
lui de lévoliitioiiiier à leur façori les nations
étrangères jusqu'il celui de iaire cliez eux
de l'égalih'' ré|»ublicaine en ( oupani les télés
et hîs cordons dis bourses de ceux (nji no
pensent pas comme <'ux , c'esl-h-dire (pji
possèdi lit (juclque chose, (luand eux ne pos-
sèdent ii(!ii.
« Pie VI fut obligé d'accepter les conditions
ipi'on lui iiii[(osa,l. Il écrivit aux chrétiens
(l(î France des letlres ipii pnrtaiinil : « ipi'il
était de foi calholi(pi(; ipie les {luis.sances
sont ordonnées et établies par la sagesse do
J)ieu, alin ipie les peuples m\ soient pas li-
viés au désordre et agités comme une mer
en furie; que saint Paul avait onseigiK! que
tout pouvoir vient de Dieu, et (jue résister
au pouvoir, c'est résister à l'ordre de Dieu
même; qu'il ne fallait donc pas se faire il-
lusion, et, sous apparence de piété, fournir
aux auteurs des nouvelles institutions une
occasion et un prétexte de blâmer la religion
catholique; que les fidèles enfants de rF:gIise
devaient obéir avec joie et j)romj)tilude à
ceux qui commandent, parce qu'ils remplis-
saient ainsi une de leurs obligations et que
les dépositaires de l'autorité venant à con-
naître que la vraie religion ne veut pas le
renversement des lois civiîes, se trouveraient
engagés h la favoriser et 5 la prot'''ger; ({u'un
ne devait point éouuter ceux qui avance-
raient une doctrine contraire et préten-
draient l'aitribuer au siège apostoliqu •. »
« Le Directoiie exigeait avant tout l'arti-
cle suivant : « Le pape désa|)prouvera, ré-
voquera, annulera toutes les bulles, tous
les brefs, mon:toires, rescriis et décrets a])0s-
toliques émanés du saint-siége, concernant
les alfai.es de France depuis 1789 jusqu'à ce
jour. » Depuis longtemps, la constituiion ci-
vi e dn clergé, condamnée jjar les brefs de
Pie VI, n'était ^ lus en vigueur; elle avait
cessé de faire partie des lois de l'Etat. Le Di-
rectoire n^' se .souciait pas pl.js de cette cons-
titution que de l'aucienne discipline de l'E-
glise gall cane; mais il voulait avoir un pré-
texte pourL.iie 1t guerre au sain;-siége, il
voulait surtout l'avilir avant de consommer
sa ruine. Les négociations, rompues à Paris,
ayant été re-iouéi s à Florence, le Directoire
reproduisit ie même article avec plus d'ex-
tension. II voulait que le pape non-seule-
ment se condamna !ui-n.eme, en révoquant
tout ce qu'il avait fait contre le schisme de
Fiance, mais qu'il annulât encore tout ce
que les évêques catholiques de France
avaient publié à cette occasion. Pie VI ré-
pondit avec beaucoup de calme et de digni-
té, que nt la religion ni la bonne foi ne lui
permettaient d'accepter de pareils articles, et
y-- qu'il était obligé, eu conscience, de soutenir
^11
TEil
PER
%\i
rr rrfint nu p^ril mfmr dp sn r»V. » Les rom-
niis^Jiiifs it^iMiMirniiis fiirofit surpris (l(^ crtte
répon*o. Dms le fait cvHf^ r(''|)Oiise f it une
TJr'nirp, ot flnrrs les pf^UDri.ïtio'is subséquen-
tes on ne lui (l»Mn,iniler,i plus de ré oipicr
ce ffu'il a fait tourhnut les nlfaires ecclésins-
fi.pM's rie France; eo qui pour le pajie et
pour lE^lise était li» point r.ipital.
Dans ces négociatiois, le bon pape avait
encore employé la médiation de JEspngm',
dont il ij^norail les convenlions scrrélesavcc
la Hépuî>liquc française pour le dépouilItT
de son domaine lemporel. N'ayant plus d'au-
tre ressotirce. Pie \l demanda au roi de Na-
nles de former entre eu\ une alliance dé-
ien>iive (pii se conclut en eiïet ; le l)on pape
ignorait que dans ce momeni-là même le l'oi
rie Naples signait une a.l ance avec la Hé[>u-
bliqne fran«:aise pour le dépouiller des prin-
cipautés de Bénéveiit cl de Ponte-Corvo. Ce-
pendant Napoléon Bonipnrte désirait beau-
coup rompre l'alliance qui utus>ail Flomo et
Naples: il chargea le sieur Cacault, ministre
franyais h Naples, et qui s'appelle lui-même
un rrvnhifinnrtnire currir/e, de mettre tout
en œuvre pour engager le pape à faire
sé|)arément sa paix à des conditions modé-
rées. Cet agent républicain s'acquitta de sa
commission av^c beaucoup de zèle. 11 pio-
luit au gouvernement romain des condi-
tions bien (lilférejites de celles qui avaient
été oiïertes Jl Florence, des cond lions rjui
ne blesseraient aucunement la conscience
du saint-pére et qui sernient de nature î'ï sa-
tisfaire tous les eS[»rits par leur é(iuité ; mais
toutes ses instances n'obtinrent (pie des lé-
ponses évasives. Napoléon, pour obtenir cette
paix qu'il soulia tait vivement, eut recours
au chevalier Azara ; mais le gouveruemetil
pontillcal ne crut pas non plus ilevoii- s'ar-
rêter au\ représenlalions de ce minisire. Uiui
autre tentative de Nafioléon pom- avoir la
Kaix avec I\ome fut (\'y envoyt.'r en toute
Ate le cardinal .Maltei, archevèipie dt* F't r-
raiv, auquel d en écrivit le 21 0( t'bre ITth».
Le 28 du même mois, Bonaparte | rcssait
encore l'aj^ent Cacanlt dans le même but. Il
lui écrivait de faire savo r au | npe, que « par
la modération du Directoire, le général fran-
çais était aulorist' h leriuiner le diirtitnd
avec Home ou par les armes nu par un nou-
veau traité. Il lui dis.iit de récommencer les
né^'ociafifmS on dir»'ct«'meni î^vec h.' secr<'-
taire d'Kiat, ou par rmtermédiaire du cai'di-
nal Mnitoi: el, si l'on auiiérait ^ Ses oll'ies,
dp se rend e A C,rémoni> avec le niMiistre
choisi par le go\ivenicmer l pontdi^al. Il dé-
sirait i>rouver au pape combien il avait k
ru'ur de mettre lin h d»* si longs dt'-hals et aux
mnut que la ,=;ueiTe appoite h l'iiumainié ; il
Iniolfrdt df)nc le moyen de mettre son hon-
neur h cou MM t et de salis'aire h ses obliga-
tiom comme (hef d'- \<\ \v\\^.on. Caraull ile-
vaii, (fe plus, assurer de vive roix à ?a Sain-
t«té, que le *'énéral B^naj aiie aval toujours
été '■oiiiraue au traiti' pi(»posé anir-ruu e-
ment, el surtout au nmde de né,;»» iation
qn'o-1 nv.iit suivi ; qu'à sa sollii ilAfion \r Hi-
re tloiix' consentait qu'on ouvrit de nouvel-
les négociations, et que lui, Bonaparte,
aimait t)ien mieux être le sauveur (pie le
destructeur du sairit-»iége. » (Rohrbacher,
t. XXV II, p. 603, cit..nt Baldassari.)
« Le sacré colh'-ge se réunit; plusieurs
pensaient qu'il fallait traiter arec le général
naiçais aux conditions qu'il proposait; les
autres en plus grand riombi-e, estimèrent
que le contraire valait mieux. On com|)tait
sur l'appui du roi de Naples, il l'avait pro-
mis. >Iais on apprii presque aussit(M (ju'il
venait de traiter avec la République française
et que la paix avait été sij;née le 10 octobre.
Cependant l'ambassadeur napolitain trom*-
pait toujours le pape et protestait (|ue cette
nouvele était fausse. Il le soutint jusqu'à
ce que les journaux de Paris |»nblias,sent le
texte même du traité. Pie VI, se voyant ainsi
trompé, s'adressa h l'emjtereur d'Aidiiche
qui lui envoya deux de ses généraux jiour
commander ses troupes. Ils fur( nt battus à
Atk ène jtar Bonaparte qui écrivit au cardinal
MrJtei : « (Juoi tjuil puisse arriver, je vous
prie, monsieur le cardinal, d assurer Sa Sain-
teté (pi'elle peut demeurer h Rome sans
aucune in(juiétu(le. Le pape, |iremier muiis-
tre de la religion, peut espérer, h ce titre,
protection pour lui et pour l'Fglise. Pro-
mettez même à tous les habitants de Rome
qu'ils trouveront dans l'armée française des
amis qui ne se réjouiront de la v ctoire qu'au-
tant qu'elle pourra servir à améliorer le sort du
peuple etdélivrei l'italiedujougdesétrangers.
Je veillerai surtout <\ ce (pi'il ru'se fasse aucun
changement dans la religion de nos pères. »
Malgré ces promesses de Napoléon, la plu-
part des cardinaux conseillèrent à Pie \l de
quitter Rome et de se réfugier dans le
royaume de Naples. Le départ fut fixé au 12
février. Dans la Sf)irée du 11, Pie M pretiait
les derniers arrangements pom- le bien de
Rome en son nbseiue, lorsquarrive inopiné-
nifMit le P. Fumé, supi^rieur général des
Camaldules avec cette • ommission : a Vous
dir»z h Pie VI que Ronapnle n'pst pas un
Attila, et que (juand il en serait un, le pai e
devrait se >oiiveiiir «ni'il est successeur de
Léon. » Telles sont les ]^aroles que le P.
F'uiué rapportait lui avoireté adressées, pro-
noncées par Bonaparte. Ce rdigeux était
exprf ss(''menl chargé d'engager le pape h ne
las s'élf)ign(T de Rome, mais h envoyer ses
•lénipotentiaiies pour traiter de la paix avec
a Frauee. .Vprè? avoir entetulu ces nouvelles
assurance^ de Napoléon, Pie N I rontremnnda
sou dépait et envoya (jiiatre plénipoienti. iies
h Tolentino of\ se conclut la paix avec la
France. Le | a|>e perdait h s trois légations
e: devait payei en outie.'M) millions de francs;
mais on ue lui parla | lus de révo(pier ce
qu'il avait fait contre le schisme de France,
et sa •>ouvei-ftine é ^pirinielle demeura tout
etitier'e. ^R<du l»a( her. Hist. utiiv. de I t'gl- m-
f/i'»/. . t. XXMI.,.. 6011. (ila t Baldassari.c.2.)
« Au mois d'norti Jo'>e,ih Bo -aparté arriva
connue aiubassadi.'iir à Itome; il a|»j>o:|ait le
traite de Toleiilino ratifié ar le DircLloire.
Pie \\ fiif pr s d'une rièvre'maligne; sa mort
i^arut imuimcute. Ce lut alors (]ue Napoléon
I
M
•F.I\
Honapoiio ('cri vil I» nom fn^rd de incllic \*>\\l
vu *iMivi'(i si l(^ |wi|M> iiKiiirail, poin (>iii|ir^('li(M-
(IM'nn en l'Il un aiilif ol (imif rxcilcr iiim
rt'-vdliiliiin. Il «'\(uiilail en ci l.i les (tnlics dit
l)ir(M;toiro, Icinicl (^ciivail du siiii lAid an
n(Am(* josopli : « N'oiis ;\V(>/. d(îii\ choses h
l'airo : 1" ('iii,i<Vli»M' In roi de Naplcs dt> vonir
li Uomo; 2" aider, bon Ion do lolciir, les
Ixtiiiics dispositions di' ceux (pii pcnscijiiciil
qu'il es! Iciups (pu' le ic^'j^nc des piipcs liiusse;
on n'i mot, oncouraj^cr l'tMan (pu» io pcu^ilo
(le IloMU' pju'.iil prendre vers la lil)crl(''. » hur
Çi'<, enlreiaile^, la paix fui si;j,née entité l'Au-
trioho et la France, ol hienlùl Io connnan-
(lanl Trançais d'AneAiu» déclare» (clic ville
ré[Mil)liipu' indépendante. I,e général Dupliol
vint îi Homo pour on fairo «ulanl. Il lOjjoa
cho/ rauiha.Nsadeur. Le jour de son anivéc,
on voulut soulevei- le peu|i|.', mais il rulso:ir(l
^ toutiî provocation. Om lomit alors l'oxécu-
iion du complot au -11 dé» euduo. ('ejonr-là
la patrouille dissi|)a les séditieux, l.v U'ude-
lïiuni malin 28, le secrélairo d'Etal alla
trouver l'auihassadeur fi-aucais, pour lui la-
corUor ce (|u'il savait des nianœuvies révolu-
tionnaires, et pour lui dire qu'on était ré-
solu do s'y opposiM- par la t'orC(\ Jo eph
Bonaparte dit qu'il était bien loin d'ètro
favorable h de telles entreprises et qu'on
devait s'opposer h tout acte do révolte do
Suelque j)art cpi'ils vinssent. A (quatre h uros
e l'aprùs-midi, une tioupe de jeunes gens
vint ;ui palais de l'ambassatle, d'où soi tirent
plusieurs conjurés. Quelques avocats se mi-
rent à parler en faveur de la république,
mais tout le peuple s'éloigna d'eux. Jose[»ti
Bo'iaparte regard iit fairo du haut de son
balcon; Duj)hot était h la tète des factieux
criant : « Vive la liberté! vive régalilé! vivo
la lépublique française I vivo la république
romamc ! » Joseph, voyant la troupe de
Du[)hotdlminuei'au lieudegross'r, descendit
dans la rue pour lui consoider de ne pas
pousser })lus loin cette entreprise. AJais
Dupliol, meilant le sabioh la main, continua
à marcher. A la porte Soplimo était un poste
commandé par un caporal nommé .Marinelii,
lequel, faisant sortir son monde, onionna au
rassemblement do se disi>crsor. Mais Duphot
avançait toujours, tenant son sabre et disant :
« Deux mots et la paix! — Halte et à bas les
armes ! » cria le caporal; et coumie oiiavau-
Îait toujours, il commanda le feu. Le uéiiéral
>upl]Ot qui avait une cuirasse en colle de
mailles fut atteint d'une balle à la gorge et
tomba mort. Les autres prirent la fuite vers
le palais de l'ambassade.
« Pour venger la mortde Duphot, les Fran-
çais s'emparèrent de Rome ; mais cette liioit
lut si bien un prétexte, que quand ils fure it
les maîtres de la ville, ils ne lireiit aucune
enquête pour découvrir les auteurs du meur-
tre. Et en etl'et, pour les punir dans ce cas,
il aurait fallu violer les lois de la plus s.in-
ple justice. Les hommes do garde à la porte
Soptime n'avaient fait que leur devoir. Ce fut
le général Alexandre Berthier qui entra dans
Rome, au mois de février 179rt, pour y éta-
blir la république. 11 écrivait à Bonaparte,
l'I.U Oii
(pli était aiors eu France : « .Mon ^énér/il ,
je suis arrivé depui.s ce nuiliri ii Home ; m
n'ju vu da-is ce pays «nio la plus iiroloruïn
co'isteiii.ili.iii. Oininl ii l'rspi il do liberté ,
je n'en ai point iroiivi* In moindio ti/ne. On
in'/i préseiiii- un palnolo ipil m'a olfcrt de
mellro en liberté deux iiiillo calerions. Jn
vous laisse h penser crHiiiiioni j'ai accuolli
niio pareille proposition. » Cependant, h;
cr'iu''ral devait exi'i iilor ses ordres. |,o 15
février, oti planta un arbre de la libr'ité, prés
ilnquel on lit le discours de circoiistaïu'o.
On n'iligoa un acte de souvoraiiKîlé du jkmi-
plc : on nomma 7 coisnis. Pitoyable inascft-
rad(> do république, laite justement dans h»
lieu où la vieille ié|)id)liipie romaiiio, qui
domi'uiit le monde, iiouvait iju'ollo avait bien
assez de •! consuls ! Après l'crlosion du nou-
veau régime, liin de ceux i|ui avaient couvé
Tceuf rqmblicain , le général Scrvoni vint
annoncer an j'ape qu'il avait cessé de récrier.
L'o|»ératio;i s'était fuile sans grand bruit,
car le pape faisait, après midi, sa sieste ac-
coutumée ; il dormait, Scrvoni s'embarras-
sait on commençint sou discours. « \ous
n'avez que faire d'oxoide, M. le général, lui
dit l(! I apo ; dites simplement votre commis-
sion, nous sommes préparé à tout. » Alors
le général dit à Pie VI que son autorité
spirituelle resterait pleine et intègre. Il [)a-
raissail vouloir entrer dans plus de détails :
« Mo!isieur, lui dit le pape, en l'interrom-
panl, cette autorité nous a été donnée de
Dieu, nulle puissance humaine ne j)eut nous
rotor poursuive/.. » On uonna an pape
une garde do cimi cents hommes ; mais, dès
le 1G, elle lui fut ôlée, et il demeura pri-
sonnier dans son palais. Le 17 on lui ht en-
tendre qu'il (levait se retirer en Toscane, et
(|uc s'il lefusait, o i l'y conduirait de force,
lise soumit et choisit Florence.
« Berihier fut bientôt remplacé par Mas-
séna. A côté des gloires Sfilendides qui dé-
corent ce nom célèbre, il y a des taches bien
honteuses. Wasséîia convenait étrangement
aux vues du gouvernement français, qui pil-
lait les églises et les maisons particulières.
Sous son commandement, à Home, les scan-
dalesdevinrent si grands, (|ue, le '2ï février,
les ohiciors français, assemblés dans l'église
de Sai:)te-3Iarie delà Tu. tonde, se virent for-
cés de lui adresser la lettre suivante, accom-
pagnée de trois pages de signatures.
« Les ofliciers de l'armée de Kome, au gé-
« néra) en chef. Cito> en général... la marche
« rapide de l'armée d'ila.'ie vers Kome, pour
« venger l'assassinat commis sur le général
« Dupliol, est une preuve certaine de lem-
« pressemtnt de tous les Français à se sa-
« critier pour la liberté et le bonheur de la
« pat: le. Mais ce qui se passe sous nos yeux
« est bien fait pour nous étonner. Des hom-
« mes revêtus de fonctions publiques , se
« rendent dans les maisons les plus riches,
« et, sans autre formalité, enlèvent tout ce
« qu'ils trouvent. De pareils faits ne sau-
ce raient rester impunis; ils ciiont vengeance
« et déshonorent le nom français, qui main-
« tenant, plus que jamais, est lait pour être
6i5
PER
PER
616
« rosporti^ de tout l"univor5. Oui, nnn<? le
« jurots (lo><iil rnt'iiii'l, dans le li'inple
« où nous sommes réunis, nous désaMprou-
K vo-^s tout vnl fait h Rouir, ou en d autres
« lieux do ri'lat eccl<'si.i>rKiuo ; ivtus di''tos-
« tons et m(^prisous les hommes vils qui
« s'en rondeiu coupables; nousjurons "ii ou-
« Ire, qu'à dater de cejnur désormais nous ne
«t sero'is plus les instruments des scélérats
«r qui abusent de noire valeur el de noire
« courage Nous demandons que l'odicier
« et le soldat ne demeurent pas plus long-
« temps sans solde et privés de tout, tandis
« que les caisses sont reni|>lies d'argent, et
« qu'une partie de cet argent suftiraith payer
« tout ce qui leur est dû. Nous demandons,
« de plus, que les objets enlevés sous divers
« prétextes dans les maisons particulières,
« et dans les églises apparletiant h des na-
« lions avec lesquelles nous sommes en paix,
« soient restitués au plusiôl, et que ces édi-
« fices soient remis dans l'état où ils étaient
« avant notre entrée dans Home. Enfin, nous
« persistons à exiger vengeance des brigan-
« dagesconnnis dans cette ville par des fonr-
« tionnaires prévaricateurs et des atlministra-
« lions dévastatrices et corrompues, plon-
« gées, jour et nuit, dans le luxe et la dé-
« bauche. Citoyen général , vous avez en
« main l'autorité ; vous pouvez ch;Uier les
« auteurs de tous ces excès. Nous vous dé-
« clarons franchement que, si vous n'y met-
« lez un frein, nous rejetons sur vous tout
« le déshonneur d'une |)areille cop.qilicité.
« Nous vouons cependant croire (fue votre
« conduite ne mérite pas de reproches ; les
« mesures que vo;is ail z prendre pour l'a-
« venir nous en donneront la preuve. Connue
« on pourrait dénaturer les principes que
« nous professons dans cette proclama-
« liim, nous vous avertissons que nous en
« adresserons une copie au Dirert«>ir(\ cpie
w I ous la ferons insérer dans tous les jour-
« naux de la République, et afticlier h Rome
« dans les deux langues, aiin que le peu|)le
« romain voie notre innocence à l'égard i\v>
« délits commis; et si vous avez à cœiw ,
« citoyen général , d'ol)tenir notre estime,
« vous nous rendrez la plus prompte et la
« plus complète lustice.... Salut et re><|>ect. »
( Rohrb.i.her, t.XXVII , p. 010, citant B,il-
das^ari , i" partie, ci)
<t Après celte lettre, Masséna fut obligé de
donner sa démission ei partit.
Pie VI, qui était dans sa quatre-vingt-
nn ème aimée, mariqnant de tout, vivait (1>'S
seeo rs (pii* la pit'te des lidèles et des évè-
ques lui fai>*ait parvenir. L'archevêque do
Si'ville, celui de V.detK e, tirent passer au
saint-père presque Ifiiis leurs revenus. Ce fut
d'Ksjtagne surtout qu'il reçut ce qui était né-
cessaire pour son enlrelieri et pour celui de
.sa suite. Un des plu-; grm Is ninuv produits
iiar In révolution fut renvahisseinent des
hiens et des revi'nus df> la Prn|)agdion de la
loi, institution destinée cniiim.' on h» sait au
soutien el h In propagation do la vraie reli-
giori. Si larharité privée ne fût pas venue au
secours de celle œuvre si éminemment rlirc-
tienncJes missions étrangères, les collèges
de rv^ missiotis eussent été obligés de tom-
ber. Un particulier d'Espagne, lequel n'a ja-
mais donné son nom. pourvut (l(> ses deniers,
tant qu'il fui nécessaire, h la dépense que
faisait la congrégation de la Propagande cha-
que année, pour entretenir ses missions et
ses collèges. A la soiliritr.tion du pape, le
roi protestant de Suède Gustave IV fournit
les secours nécessaires à l'entretien du col-
lège ca'h<ili(pie en Suède.
En Italie, les affaires des Français avaient
changé de face depuis que Bonaparte en
était |)arli. Schezer, qui les commandait, se
faisait battre parles Autrichiens et les Rus-
ses (pie commandait Souvarow . Le Directoire
ne voulant pas que le pape liinbAl entre les
mains des Autrichiens el des Russes, or-
donna de le transporter en Sardaigne. Mais
comme il demeurait évi<lent que ce voyage
dans l'état de santé où il était Veut exposé à
mourir, on se contenta de le faire paitir de
Florence pour Parme le 28 mars 1799. On
avait beaucoup de mal, vu ses infirmités, à
le mettre en voiture el à l'en faire sortir. Son
voyage fut très-pénible pour lui : il était
obligé de suivre les mouvements de l'armée
française qui battait en retraite, par une pluie
torrentielle. Arrivé h Parme, sa santé s'amé-
liora. Mais retombé malade vers le 11 avril,
il fut obligé de partir pour Turin où il arriva
dans la nuit ilu 2V au 25. Il était si malade
quo plusiiHirs fois on le crut mort. Ce fut
dans colle circonstance qu'un Piémontais,
jiatri'ile. ancien avocat et major de la place,
se présenta devant lir et lui |>arla en ces
termes : « Citoyen pape, je nrestime heureux
de pouvoir vous offrir l'assurance de la cun-
sid( ration et du respect qu'a pour votre
personne le général Crouchy, commandant h
Turin. Toutefois, il vous invite par mon or-
gane, h partir flemain avant le jour pour
Crenoble. Ainsi fa dt-crélé le Directoire de
la Ri'-publique française.» Le pauvre vieillard
n'eiilendit ptnit-ètie uas. tant il étai» mala le.
On le mit en route (fans la nuit du 25 au 2').
A Suze, le commandant qui avait reçu con-
tre-ordre, dirigea le pajie sur Biiancon, |daco
forte siluéeau milieu des .Mp^s. Il fallait pas-
ser par le mont Cenis. On vo ageait h dos do
mulet h cause des neiges; on rortaii le pape
dans une chaise II fulaceu-nlli avec respect
par la population de Ri iançon, et les ofliciers
français (pii y commandaient se conduisir.ntt
envers le pape et sa suite aussi bien cpiil
était permis de l'attendre d'eux, il fui logé
chez le coinuian lant, dont \n femme fort
pieuse, descendait cha(iiie malin dans Inj)-
partiMiKMit du saint-père pour v entendre la
messe. .Vu bout de quehpie to'',ps. ona|M>rit
que les troupes Ausiro-Russ.-; venaient de
s (Miiparer île Suze el (|ue le gé* léral en r\\of
Souvarow avait ordre <le tout fiire pour dt'-
livrer le pape ; alors Tordre a.Viv.i de lo faire
I>artir pour (îrenoble. On fil d'abord partir
ceux de sa suite qui irt-taienl |vas nécessaires
poîirsonservicepersoniiel.L'niibéRaldassari,
qui (Mail parti des [ireiiiiers, fait la narration
suivante :
(117
I»EU
l'Kll
41H
« Nous pnssAmcs, (lil-il, l.i pn-ini^ri» nuit
h iMiibniii où nous (It'Miîiiiliiiic.sa l'aubciKO.
Lo lniiil .s'tUaiil rriLMidu (|ii(* des (M-cli^sinsti-
<|UOs (!(' la suite ilii pape iH/iii'iil arrivés, il
nrcourut (M» un instant inii' l'nnld de peuple
empressée de nous voir. Mais les olliciors ml-
reni lU's soldais h la porle de l'anher^e ponr
en dérondre l'enhée. L'nuberf^isto nous
aeeneillit d'un air alVahlo el s'enlrelinl
(pM'hpn^ temps avec nous. An monuMit où
nous allions nous lever de laide, on nous au-
iîon(;a (pui le conseil numieipal vcMiail nous
com|dimenl(>r. Nous le rerùnuvs aussilAl, et
celui ipii en était le clief, après l)e;\ueoup
do choses polies et ol)liri;(îanles, nous dit (|ne
la munici[)alilé avait cléei<ié que nous lo;;;»;-
rions (liez les lamilles les plus aisées de la
ville. Monseigneur Spina, areliovét|ue de Co-
rinlhe, ré|)ondant pour nous tous, rt'inereia
la ninnieipaiilé de ses attentions hicîuveil-
lanles; mais il lui lit entendre que, pour
n'être |)as h chart^e auv citoyens, nous dési-
rions rester dans l'auberge où nous étions
réunis; d'aulanl plus (juc l'iiùte, qui s'était
monlié fort civil, avait été averti de préparer
les chambres nécessaires, et s'en occupait
peut-être en ce mnnicnl môme : « Vous ne
me reconnaissez donc pas? dit alors roflicier
municipal, lequel était l'aubergiste lui-môme
qui avait déposé ses habits ordinaires pour
revêtir les insignes de sa dignité. Il ajouta
qu'il prél'érail notre counnodité à son intérêt,
et que nous devions nous conformer aux
mesures arrêtées, parce (pie les familles qui
devaient nous recevoir avaient été prévenues.
Chacun de nous fut donc conduit h la mai-
son qui lui avait été assignée. Nous fûmes
accueillis avec des témoignages de joie et
de respect qui nous étonnèrent. Nous vîmes
avec consolation combien la foi s'était con-
servée vive et [)ure, surtout parmi les dames.
Ces religieuses fiimilles appartenaient à l'an-
rienne noblesse. Elles avaient employé les
sollicitations et même les présents, pour ob-
tenir l'honneur, ainsi qu'elles s'exprimaient,
de loger quelqu'un des ecclésiastiques enle-
vés au pape. Le lendemain, plusieurs dames,
amies ou parentes de la maîtresse de la mai-
son, se trouvèrent au repas qui nous fut
offert avant notre départ; et quand nous
prîmes congé de la compagnie, ces vertueuses
dames se mirent toutes à genoux pour rece-
voir notre bénédiction, en nous suppliant
de nous souvenir d'elles et de la France dans
nos prières. En vain nous leur représentions
que nous ne méritions pas ces marques de
vénération ; elles nous répondaient que
Thonneui d'apitartenir au vicaire de Jésus-
Christ persécuté et de partager ses épreuves
uous rendait dignes des plus grands respects.
« Nous arrivâmes le 9 à Gap, chef-lieu du
département desHautes-Alpes, et nous y trou-
vâmes la môme hospitalité et les mêmes pré-
venances qu'à Embrun. Le 11 nous attei-
gnîmes Vizille dont le château était alors
tenu en loyer par des Genevois, et renfer-
mait une manufacture de toiles peintes, qui
occupait la plus grande partie des habitants
de Vizille. Il n'y avait dans tout l'endroit
DvGTioNN. DES Persécutions. IL
(pi'nne pelilo aubcrue, où h peine nous fù-
iiiiis ivitrés, (pu; It's (i('"ievois Vinrent rioii">
prier do voulon- bien prolil(?r do leur vnsto
liabilalion; et hnirs iiisian((<s fnrc'il si pr<vs-
sanlos (pu' les jii('dals jii^^i'iicnt h propos d'y
envoyer l'abbo Marotli, le I». Jeafi Pie do
Plaisance el moi. On r(-|i()iidil donc (pi'n-
près le souper, une parln; d'entre nous so
transportcM'ait au cliAloau. Nous onssions été
aillant de cardinaux, (pi'on n'antait pu oons
accueillir d'une nianièri; plus honorable.
Deux hommes avec des llaml)(!aux vinrent
nous chercher à l'auberge. Au pied de Vcs-
calier du ch.Ueau étaient deux cîslaliers
avec des torches, et dans In salle, la inaJ-
Iresse (h; la maison ol sa fille nous atten-
daient t(>nanl chacune deux chandeliers
d'argent. Ces (îénovois.tout protestants(pi'ils
étaient, ne iiouvaieiit s'empêcher de blâmer
hautement les procédés odieux du gouver-
nement fran(;ais envers le pape et les per-
sonnes (jui lui a[)paitenaient. »
« A Grenoble, rempresscment du pon-
ple était le même; mais les agents républi-
cains faisaient tout ce (ju'ils jiouvaient (lour
en empêcher la manifestation. Les ecclésias-
tiques romains furent consignés dans leur
auberge, comme dans une [irison, sans |)0u-
voir sortir un seul instant ni recevoir per-
sonne du dehors; ils craignaient môme de
s'approcher des fenêtres, de peur d'attirer
les regards des personnes qui se réunis-
saient dans la rue et dans les maisons voi-
sines pour les voir, et de s'exposer peut-
être h quelques nouvelles rigueurs de la
part des républicains. Ce qui les étonnait
surtout, c'était la politesse des servantes de
l'auberge: « Nous admirions leur maintien
modeste, et remarquant que les figures chan-
geaient d'un jour à l'autre, nous ne pouvions
comprendre comment il se trouvait, dans
une si petite auberge, tant de personnes dont
les manières étaient si distinguées. Mais le
mystère ne tarda point à s'éclaircir. Un jour
une de ces femmes de service se tenait im-
mobile à un bout de la table, une serviette
et un plat à la main ; tantôt elle levait les
yeux vers le ciel, tantôt les tournait vers nous
et tantôt les abaissait vers la terre. Un des
officiers préposés à notre garde, qui s'en
aperçut, lui demanda si elle était préoccu-
pée de quelque grande atfaire. « Comme je
révère dans le pape, répondit-elle avec viva-
cité, le vicaire de .Tesus-Christ , je regarde
ces messieurs comme les successeurs des
disciples du môme Jésus-Christ notre Sau
veur.» Puis, élevant la voix: «Jusques à quand,
ajouta-t-elle, sera-t-il au pouvoir des impies
d'opprimer la justice et l'innocence? Qu'on
cesse donc d'appeler notre siècle le siècle
des lumières, et de vanter notre pays comme
celui où les droits de l'homme sont le mieux
garantis, puisqu'on ne cesse d'y fouler si
manifestement aux pieds les droits sacrés
delà nature et de l'humanité. »
« L'ofiicier fut un peu éiourdide cette ré-
ponse de la servante ; mais comme elle con-
tinuait sur le môme ton, il lui répondit que ce
n'était point à elle à juger de ces clioses, et lui
20
Cig
i>£il
t'EIl
WO
ordonna de soiiir de la chambre. Quand il
eut rppris sa bonne liuineur, il«fut assez
franc pour nous dirt? tjuo les paroles de
cette personne, quoiipie très-inipruilenles,
n't'Iaicnt pas tout 5 fait dénuées de lomic-
ment. Or cette servante d'.iuberj^e était u'ic
noble dame, d'une des premières t'amillesdu
Dau{>hiné, et ancienne religieuse. On sut
alors que les principales dames de Grenoble,
pour parvenir jusqu'aux ecclésiastiques ro-
mains, malj^ré la consigne, se déguisaient,
et que, se tlurgcant de légumes, de fruits et
autres choses semblables, elles s'introdui-
saient adroitement dans l'auberge, où non-
spulemenl elles faisaient caileau à l'auber-
giste de toutes leurs u)arthaniiises , mais
donnaient encore de l'argent pour assister
au\ repas des prétr«'s captifs, comme femmes
de service. ToiiS les jours, trois ou quatre de
ces dames remnlissaient cet ofïice avec toutes
les attentions d'une politesse |)cu commune.
« Sur ces entrefaites, par les soins du che-
valier de Labradur , en\oy6 d'Espagne, le-
quel se lit un honneur inlini par sa généreuse
contluile en ces ciiconstances, on envoya de
Grenoble des voitures, avec un médecin ex-
périmenté et religieux , nommé Duohadoz,
pour amener le pape de Hiiangon , si cela
était possible. Ils le rencontrèrent à Gap : le
commissaire républicain de Briançon avait
exigé qu'il partit le 27 juin, mort ou vif. -V
quoi le commissiure de Briançon et celui de
Gap veillaient le |)lus, c'était à empêcher Ijjs
populations des villes et des campagnes de
témoigner leur vénération pour le vicaire de
Jésus-Christ. Quelle fut cette dévotion po-
pulaire? on en , eut juger par deu'^ témo -
gnages. On lisait dans le Courrier universel
du 30 thermidor, an VII, sur le voyage du
Pajie : « L'esprit de religion qui ^ubsibte en
« France, s'eslnioniré&vccéjluldanslos litux
« où est passé le souverain poulife. Dcjuiis
« tirenoi)le jusqu'à Briançon, tous les liabi-
« taiits des campagnes et ceux mêmes (les
« villes accourau-nl en foule sur son pas-
a s.-.ge. Il est vrai qu'une partie était pous-
« sée |»ar la curiosité ipi pourtant >c chan-
« gcail bientôt eu véuérali m». .Mais le plus
« gi a.id nomi>rc venaii par un sentiment de
« religion. A la vue du [>apc, tous se tenaient
0 en silence : .silmice majestueux, qui cédait
« de lem()s en temps à des expressions dd
<< reqiecl et d"enlhou*:iasme. Les poi^o mes
« pieusos ne pouvaient s'emjtùclier de tle-
« mander au pontife sa bénédiction. Celte
« louL* religieuse a entouré Pie VI et a suivi
.1 sa voiltue jusqu'à «ireioblo. » A i(uoi l'abbé
Daldassari ajoute : « Nous pouvons afiirmer,
d après le lomoignag.! do ceuxq li aocoaipa-
gtiere 11 l'ie VI depuis le 27 juin jusqu'au
ti juillet, que ce journal n'a rieii exagért* :
ces nouvelles ut? nous suiprireiU |M)\nt,
nous qui avions été sur 1 1 même route loh-
jel do tant de iltMiion«»lralions respectueu-
ses ; nous qui avions vu des mères faire
toucher le l'roîil de burs ei.fants h no-
tre voilure , lorsque l'inioleranco de nos
içardiens ne nous periuettait pas de les bé-
nir. Si l'honneur seul d'ajipartenir au saint-
pèie inspirait pour nous à ces bons (idèlos
de tels seniimenîs de vénérali n, quelle foi
vive et (piels élans de ferveur le devait pas
exciter en eux la vue même du vicaire do
Jésus-Christ! »
« Il y avait alors à Grenoble une noble et
vertueuse dame nommée la marquise de
Vaux. EU ' occupait un très-bel hMel où elle
désirait ardemment recevuir le souverain
pontife. E le lit tant de démarches, et sollicita
si bien , {Qu'elle vit enfin ses vœux exaucés.
Elle n'épargna ni soins ni déf>enses, pour
api/rêter lappartement qu'elln destinait à
Pie Vl. Le G juillet, dès le malin, le com-
mandant de place nosia bon nombre de sol-
dats h la porte de rhôlel pour empêcher le
peuple d'y entrer. Mais la multitude «e porta
hors (Je la ville au-devant du pape. Elle l'ac-
cueillit avec toutes les marques d'un res-
pect sincère, et plusieurs demandèrent h
haute voix la béiiédidion aposloliiiue .
Quelques administrateurs du département
étaient aussi sortis de la ville pour obser-
ver comment les choses s • passaient- Lors-
qu'ils virent le pape suivi de celle toule im-
mense, i!s en fuient a armés ; ils revinrent
dans la ville, restèrent près de la porte, et
aussitôt que le pape et sa suite furent en-
trés, ils ordonnèrent île la fermer. .Mais s'ils
ariêlèrent la multitude réunie hors de la
ville , ils ne purent em|)êcher celle non
moins nombreus,'(|UJ remplit en un moment
les rues jiar où passait le s;uiil-père. Lors-
que les voilures entrèrent dans la cour du
|ialais, un grand nombre de personnes s'y
précipiièie 11 malgré la résistance des gar-
des; et le commissaire du département crut
ne i)OUvoir contenir ce torrenl (pi'en fusa it
fermer les portes de l'hôlel. .Madame de
Vaux, tjui étail on haut de l'es'alier pour ac-
cuiillir le sainl-pèie, fut .«•aisie d'une (nno-
tio i exlraonimaire loisqu elle le vit si près ;
elle disait : « iNon, je ne suis (>as digne de
recevoir dans ma maison le vicaire de .le-
su -Christ. Que |iourrai-je faire pour rccon-
naUre l'ineslimabl • faveur que Dieu daigne
in'accordtn! » Pie VI, e;it nidant es pétroles
si j)leines de foi, regard i avec bonté celte
quiv, naitde les prononcer; maisceliedamo,
coiiime accablée par la vivaeiié de ses senti-
ments, s'évanouit. Quand on eut placé lo
.sainl-père tlaiis Sv^n fauteuil, ajoute l'abbé
BaKIassai i, nous nous j rosternàmes tous à
ses pieds. I)an> tout le cours do notre voyage
en Franco cl en Italie, nous no l'avions ja-
mais vu au>si bifMi porlant que le jour do
son arrivée ù Grenobl". Il dmnanda (jue le
était cette diUne qu'il avait trouvée sur ies-
ealier: et comme on lui lepondil (|ue c'était
la luailresse de la m.iiso n el qu'elle était lrè>-
recommandable par sa vertu et par sa piélé,
il dit (pi'il 11 verrait avec plaisir. Madame
lie Vaux, qui ilait revenue à elle, fui intro-
duite, ets'eianl prnsiernée, ell»> baisait allec-
tueuseiueni les pieds du pontife. Elle vou-
lut [larler, mais sa voix était èloullée par
ses sanglots ol par dos pleurs aboiuiani*.
I
Pio VI r(^|i()ii(li( h ce lan^M^() par (Ici paroles
idciMcs (In roiioinniss.'iiicc.
Ail (Inliors, la rniiii- .s'i'-lail piolii^icuiso-
inciit accnic. ï.('s l'cMMros, hts halro'is, ks
toits (li'H iii'iiso is voisi'ics, cl les nies (pii
coii(iiiisni(^'i( h rinUcI de Vaux ('■l.iii'iil r(.-ii)'
plies tloiiioiiilc. A (M)tli> vid;, lit (■rMiiiiiiss.iin)
(lu (|i^pnrt(>iii(>iil (IfiiiiMiiM sliip('r.')il (>l il so
mit à l'ci'iiKM' les riilraiiK (I.iii.h loiilcs les
clMMiilircs. Cr{li> iiicsmc ridiciih» n(f servit
qxi'h m(W-()iil('iil('rl('pt'ii|)'(',(| li se mil de son
('Al(^ .^ ("lier: .4 bas le cinninissain' I Noun
roiihnx voir le pdjir! Cos paroles, pr'iféri''es
d'nhortl par (iiiel,pies individus , (l>'vi'ireitt
l)it'nl(M mie (-lameiir jj;<'Mi(''i'ale. Des person-
nes pi-iidenles ipii se Iroiivaieiil dans l'Iiô-
lel< «M-ai;^iiaiil pour la IrampiiMilt'' pidiliipie,
Conseill(''i(>U au eoanuissaiit' d(> s.ilislair(i
le dt''sir du peuple, ei permella il (jue lo
pnpe l'ill inonlrL' (pieNpuîs instants ii un bal-
CO'i. I,e eoiumissaire. api^s avoir (h'-clamé
contre le tauatisiue el les ineurables pn'-Ju-
g'S du peuple, se rendit ù ce conseil, (îl
Pie VI, dans .«io i eostunie do voya:;:e, c'esl-
ft-diro ei siinarre hla iclie et en ma iloau
rouse, fut porl(^ h un hideon.Le counniss:iir(î,
le eliapenu sur la tiMcse tenait h côté de lui,
AussilcM (pie le pipe parut, tout le monde
se d(k'ouYril et cria : Vive le saint-père! vive
le s'nnt-)urc! Cen\ qui, trop press(îs , ne
pouvaient se m(>ttre h [j;enoux , indinaienl
profoud(5menl la tète et (Je tous ctMés on diî-
mnndait la l)i^n<^di(Mion. On criait aussi :
A hns le chapeau! A bas le commissaire! Les
a[)|)laudissements, les cris, les soupirs qui
se laisaieit eiifen Ire sur tous les points oc-
cup(^s par cette multitude avaient véritable-
ment quelque chose d'imposant.
« Le pape fut transféri^ de Grenoble à Va-
lence. On lo mit eu route le 10 judlet. Eu
sortant de la première de ces villes, il s'ar-
r.Ha p'ès d'une prison et donna trois fois sa
béiuSlieliou aux détenus : c'était un grand
nombre d'ecclési.istiques fidèles, emprison-
nés pour leur attachement à l'Eglise romaine.
Il y avait beaucoup de monde dans les rues
de (irenoble pour voir le départ du pape ;
mais la foule était sur la route, hors les jior-
tes de la ville. Aussi Pic \l, h mesure qu'il
avança, recueillit-il des marques n aubreu-
ses de vénération. A Tulliiis, îles dames o j-
tinrent, en donnant de rar_,ent aux gardes,
d'orner de tleurs l'intérieur de la voituie
du saint-père, et suspendirent au-dessus de
sa liie une couronne de roses, ave^^ une co-
lombe au milieu. Lorsque Pic. Yl vit ces
Heurs, il Ht signe de les ôter. Le p niple
alors accourut et se pressa autour de la voi-
ture pour recueillir ces fleurs, et ceux qui
purent on avoir les einporlaient précieuse-
ment et les baisaienl avec dévotion. Les ha-
bitants de Sainl-.VIarcellinne ni nntrèrent pas
moins de zèle pour honorer le père commun
des fi lèles. En ap|):o;;h;mt de Romans, on se
trouva ent)uré dune si grande multituds.
M'en égard h la population , il n^ s'était
En-èlre rien vu de pareil en Italie ni en
^,'^^'pe. Tout ce peuple paraissait animé
" '^-aint enthousiasme. De toutes parts on
l'Ili
nu
dinujiTidail nu Nniiit-père sa béiiédiclioti apos-
l'i|i(pii' cl cliacuii s'cHoirail de voir cl do
i:oul(iiiplrr de .siiii mieux cell"' li^iiro »j aii-
Kuslc cl si vcucnibb'. I'k'-h de In villn où la
foule all.iit louinuis croiMsnnlc, se Iroiivè-
nnil (|uel(piis miniilires de l'admiiiislraiion
iiiiinieipalc. Dans la ville uiI^iim.', les balcons
cl les fciièircs clai(nii r(Miiplis d(j moudi! ba-
billé coiiimc aux jours di> léics; cl en avant
d(! la voilure du pape, on voyait une li(jupcdi)
j(Mines lillcs, V(Miies de blanc, [lorLuit d(! jolis
pani(MS [)leins ij(; Heurs doit (diesjoncli.ne it
le chemin jusipi il la maison oTi descendit Sa
Sainteté, (.(die maison, une des plus bdhi.s
et des plus commodes de la vdb;, api^arte-
nail à un ricin.' bourgeois, bomum all.ildi.' el
poli, mais ipii passait |)our n'avoir point do
r(digion. Il s'odVit lui-iii(^ine à recevoir lo
pajie, pour évifir, disait-il, les inconvénients
(pii élai(? il à criindre s'il lo:eait che/ qiicl-
(pie fanal i(/ •II'. Il p nniiil ce;icndaiit à une v(,t-
luinis(î d.une d'arrangcn' les a|ipartcments
d'une manière convenable. Il alla au-dev-ant
de Pie VI pai- politesse. Il fut présent h la
longue et i)éiiil)le opération nécessaire pour
le tirer h.»rs de la voilure; il le vil languis-
sant entre les bras de ses serviteurs qui lo
lrans|iorlaient dans la mai>,on ; il consi iéra ce
visage auguste, en admira le calme el la sé-
r.'milé. 11 n'en fallut pas davantagiï pour lo
changer du tout au tout. 11 fut non-seulmneut
louché, ému, maiSj reconnaissant dans celui
qu'il ri^cevait h.) vicaire même de Jésus-Christ,
il tomba tout h couj) à gimoux, lui baisa les
pieds, implora hUndjlernent sa bénédiction,
fit ensuite sa confession à un prêtre catholi-
que et mena désormais une vie chrétienne.
11 y eut beaucoup d'autres convcrsion.3 sem-
blables, mèrîié parmi les prêtres jureurs. Les
habitants de Valence ."«or.irenl au-devan' du
pape et ce fut la seule fois qu'il leur fut donné
de le voir, durant les quarante jours qu'il
demeura au milieu tl'eux. Il fut, en arrivant,
conduit au palais qui lui était destiné; les
portes en furent aussitôt ferniées , de ma-
nière que personne ne put y pénétrer. C'é-
tait le U juillet ITOÎ).
Le 22 du même mois, un prêtre apostat,
président du Directoire, le ci-devant aljbé
Siéyès, décréta que Pie VI, qu'il appelait le
ci-cicvant pape, fût transféré de ^'a]ence à
Dijon. Mais la chose fut reconnue im[)ossi-
We. Et de fait, le vénérable pontife moiiiut à
Talpnce, de la mort des justes, le 29 août
1799, dans la (juatre-vingt-unièmo année de
son âge, et après vingt-quatre ans six mois
et ({uatorze jours de pontificat. Son corps fut
embaumé el m's dans un cercueil de [>lonib.
^'ers le commencement d'octobre, les ec-
clésiastiques de la suite du pape se prome-
naient le long des murs dj la citadelle de
Valence, hune petite distance de la route
de Lyon. Passiit une beiline à deux places;
le piincifial voyageur leur envoya dire que,
s'ils voulaient prendre la peine de se rappro-
cher de la route, il les verrait avec plaisir.
En même temps, il fit arrêter sa voiture, et
lorsque nous nous présentâmes, dit l'abbé
Baldassari, il nous reçut d'un àir gracieux et
r.23
PER
PER
6U
rinni et nous domanda aussitôt des nouvel-
les du pape. Apprciinnt f|u'il élail mort lo
20 noùt, « J'en suis fi\clié , dit-il. » Puis il
ajouta : « El vous, que pensez-vous faire ? »
Nous lui r(^pondîiiH's que nous désirions
oeaucoup retourner en Italie, mais (pie,uiol-
pré toutes nos instances, nous n'avions pu
obtenir de passe-ports. « Il est juste, repril-
il, il est juste que vous retourniez d.ms les
lieux où votre religion s'exerce en liberté.
Mais le corps du pajie, que voulez-vous en
l'aire? » Nous lui dîmes (pie nous avions jun-
qu'alors inutilement soUu ité du Directoire la
permission de le transporter en Italie, pour
l'inliumer suivant les intentions quavait
manifestées lefeu pane. Le voyageur répondit
qu'il ne voyait h cela aucune dilllculté. Il
voulut savoir nos noms à tous, et demanda
des nouvelles du cardinal Mattei, du duc
Braschi et de monseigneur Caleppi. Il lui
fut répondu que nous étions sans aucun
renseignement sur ces personnages, qu'il ne
nous avait pas môme été accordé de corres-
pondre avec nos familles. « Cela est trop
lort, dit alors le voyageur. » Voyant qu'il se
montrait si humain et si poli, on le pria de
vouloir bien, lorsqu'il serait à Paris, aider
de son crédit les demandes qu'on y avait
adressées. 11 promit de le faire et continua
sa route. » R'dirbacher, Uist. univ. del'Erfl.
cath., t. XXVII, p. 618, citant Baldassari,
II' partie, ch. 6, p. 497, 563.)
Ce voyageur dont parle Baldassari n'était
autre que Napoléon Bonaparte, lequel reve-
nait d'kgypîe, pour reconstituer sa patrie et
pour changer la f.ice du monde.
Pendant que les événements que nous ve-
nons de raconter s'étaient accom[)lis, la per-
sécution avait continué en France contre
l'Eglise catholique. Enjanvier 1796, le Direc-
toire semonlrail extrêmement hoslileàla reli-
gion et auclergé, nommant mauvais prétrrsles
ecclésiastiques lidèlcs, et donnant l'ordre à
tous ses agents de les persécuter par tous les
moyens possibles. H écrivait « que la loi
qui comprime, qui frappe, qui déporte les
réfractaircs , reçoive une entière exécu-
tion. Désole/- leur i)atience ; environnez-les
do votre surveillance. Qu'elle les in(juiète
le jour, qu'elle les tioul)le la nuit ; ne leur
donnez pas un moment de rclAche. » Les
prêtres catholiques furent de nouveau tour-
mentés, emprisonnés, déportés: on en en-
voya ju^(pi'^ »lnuz«; cents dans l'île de Hhé.
Plusieurs mitres furent envoyés h Cayenne.
On proscri\ail le repos du dimaiiclie, on exi-
geait l'observance du décadi. Toutes les
vieilles sottises du culle païen étaient remi-
ses eu honneur. Il y av.iit la fêle «le la Jeu-
nesse (Hébé) ; celle' de l'.AgricuIture (Ccrès) ;
celle des Epou\ ^Hvménée) ; celle de la
Vieilesse (Saiurne). Il y aviiit des niais qui
prenaient cela nu sénoux. La masse s en
moquait et poursuivnit toutes ces bêtises
de ses quolibets et de son mépris.
Au milieu de tout cela, il y avait au Di-
rectoire un homme innnm'' Larévejllère-Le-
peaui, qui avait imaginé un nouveau cullo.
Il avait fait un mot pour le nommer, tiré des
racines grecques. Sa religion se nommait la
J'hcophilanthropie. Il en était le grand prêtre.
C'est pour cela qu'il visait h détruire la pa-
pauté. Il était le pape burlesque des Théophi-
lanthropes, et moulait en chaire pour y pro-
noncer des discours en l'honneur de l'/tHipur de
lannture. Le peuple riait de ces exhibitions
|>rodigieuses de bêtises, et dans son bon sens
il nommait les Théophilanthropes les fitous
en troupe. L'auteur a souvenir d'avoir vu
quelque part des descendants collatéraux de
ce grand pontife installés dans un jjureau de
tabac. La nation et l'Etre suprême ne de-
vaient [)as moins h sa mémoire.
En 1797, quand on renvoya aux assem-
blées qui se renouvelaient par tieis de î.ou-
veaux députés, quelques-uns y appoitèrciit
courageusement l'expressioa des désirs et
des sentiments religieux si longtemps com-
primés. La société était en décadence. La
France avait besoin de se donner à un maî-
tre qui la dirigeât. L'homme providentiel
ménagé pour la sauver était Napoléon Bo-
naparte. Dès son début en Italie, le Direc-
toire avait voulu se servir do lui pour ren-
verser le pape ; alors il avait otlert sa dé-
mission qu'on n'avait pas acceptée.
« En 1797, le Directoire bii reprochait ses
ménagements envers le pape et le clergé.
« Vous êtes lr0[> habitué à réfléchir, citoyen
« général, lui écrivait-il, pour n'avoir pas
« senti aussi biei (|ue nous que la religion
« romaine sera toujours l'ennemie irrévora-
« ble de la républi(iue Le Directoire
« exécutif vous invite donc à faire tout ce
« qui vous sera possible pour détruire lau-
« torité (lu pape , et rendre méprisable et
« odieux le gouvernement des prêtres. Agis-
« sez de manière que le pape et le sacré
« collège ne puissent concevoir res|)oir de
« jamais siégera Rome, et aillent chercher
« un asile dans quelque lieu que ce soit, ou
« au moins (pi'il n'y ait plus de puissance tem-
porelle. »> Celui ([ui écrivait ainsi à Napo-
léon était cemême Laréveillèrc, pontife poli-
chinelle de la Théophilanthropie, cherchant à
supi)lanter le pontife romain. Napoléon ,
au contraire, mandait au citoyen Cacault,
chargé d'atfaires de la République : « J'at-
« tache bien plus d'importanceau titre de con-
« servateur du saint-siége qu'î» celui de son
« destructeur. Vous savez bien vous-même
« combien mes senlimenls ont toujours été
« roiformes aux vôtres h ce sujet. «EntÏT, au
traité de Toleniino, Niipoléon stipula que les
prêtres fiam.ais, vt)loii(,nreme!it ciilés, ou
proscrits à la suite «le la révolution, seraient
recueillis, nourii> cl secourus dans les cuu-
vents dusaiiit-sieii;e.Lesloi> de la République
ordonnaient «le[)oursuivre et de chasser ces
inf Mlunés. Boiapaiteeut rtMoursàu i singu-
lier argumcnlpoiir sefaiiepaidonnersa com-
passion. Il écrivit au Directoire: « Il vaut
mieux tpie ces prêtres soient en Italie qu'on
France ; ils nous y seront utiles. Ils sor
moins fanatiques que les prêtres ilalicr»
ils éclaireront le peuiile qu'on excite ro''^
e Peuple q
. ils pleure
nous. D'ailleurs, ils picui eut en nous vo
nlr
62K
vv.n
IF.U
eif
comiiii'nl n'avoir p.'i-. |"ilit' (If leur infor-
tune ? " ^ (Ijiltiiuiti , Diirctiiiif , liv. II.)
Or, on 17'.M), »|n»M(l Uonjiparlo drh.nwpwi h
rr('jns , s)i viMUif lui r(>^;>i'(l('(' cninnu- le sa-
in! (le la iMancc.^'.fl'iil pt'ii (li> l('iii|is .ipi-rs, un
mois onviroi! , (|n'iMil lien la grandi» (ra'islor-
nialion (|ui sauva le |>!i\ s. Tuul le luoudf sait
ce (lue lui II' IK HruMiairc, cl (|uclli' lui la por-
t(''i' muni Mso dcfo coup d'I'llal. Honaparli; <!(;-
vint le rlict' du ^ouvt'rni'iiu'nl , disons nu(Mix ,
il di'vini 11' gouvn iit'Mit'iU de la l'"ranc<'.
(Jui'l(iucs ujois plus lard, un nouveau papn
fui (Mn. I.cs clioix du sacré cnilc^c londx'»-
ronl siu' l(« carduial C.liiar.nuouli, tpii prit 1(^
nom do i*io VII, en lnélnoirt^ tie l*i(5 VI, sou
pr(MiW'(>sseiU'. nienlôl après il enlia à Home,
que les Na|)olilains évacnèrenl. Ils avaient,
nssislés dt) (pndipKvs .\nj;;lais, ro|)ris celte
villi» sur les Traneais ipii , ilans l'esparo
d'nno anm-e, avaienl perdu l'Italie. La hn-
laille de Marenj^o snllil |)Our forcer les Au-
trii^liiens h ahandonner auv Français, com-
mandés par Ho'iaparle en personne, tout ce
que l'absence de ce général leur avait fait
ner.lre. La France reçut triomphalement lo
li;''ros qui ramonait la victoire sous ses dra-
peaux, et, conlianto, s'abandonna à sa direc-
tion. Le génie de lU)naparte sut s'appliquer
h tout. Après avoir refondu les administra-
tions, les lois, rendu au gouvernement sa
force, îi l'autorité son pi'ostigcil lit, de con-
cert avec Pic VII, lo fameux Concordai qui
rétablit en France lareligion que les révolu-
tionnaires avaic U voulu proscrire. Nous ne
devons pas nous occuper ici des diilerentes
phases de ce grand pacte conclu entre Bona-
parte cl le successeur do saint Pierre; notre
tiche cesse où la persécution liait.
PERSÉCUTION NAPOLÉONIENNE.
Napoléon Bonaparte, devenu maître de la
France, avait mesuré d'un coup d'oeil la pro-
fondeur de l'abime dans lequel la révolu-
tion l'avait jetée. Avec l'audace de son gé-
nie, il avait comblé cet abîme, et rendu à la
France sa grandeur et son honneur surtout,
que les sicaires avaient traîné , prostitué
dans l'orgie révolutionnaire, dans le sang de
tout ce qui était noble et vénérable. Le plus
beau titre de Napoléon était d'avoir rendu le
pays catholique à l'unité, de laquelle on
l'avait violemment distrait. L'œuvre du Con-
cordat est un des plus grands services que
Napoléon ait rendus. On a beau dire que,
malgré lui, s'il eût prétendu maintenir ce
que les révolutionnaires avaient fait, le bien
so serait opéré; que les tendances de la
France étaient entièrement catholiques; on
ne parviendra pas à faire prendre le change
aux hommes qui raisonnent et qui étudient
les faits par l'histoire du passé. Qu'on songe
h ce qu'était l'Angleterre quand Henri VIII,
d infâme mémoire , la sépara de la souche
apostolique. On pourra, cet exemple de-
vant les yeux, se rendre compte du'service
que Napoléon a rendu à la France, a rendu
à l'Eglise tout entière. Lors de son consu-
lat , Pitt l'avait vainement sollicité de se
faire chef religieux de la France , comme il
en était chef leuiporel. L'li/d)ililé du minis-
tre auji^lais, ses iusisl/iiicei suis cesse renou-
velées, lout avait échoué dovnnl In fernietô
du ^é'iio nat)o|)'<iiii(>'i. Il en fut de mf^iiie,
lors des confi-reiices de 1 ilsill, par rapport 'i
remperour Alexandre. Ce prince (Il 1(mjI «on
possible auprès de Napfdcnii priiir l'en;zn^or
a s(> retidre indi'-pi'tidanl du |iap<-, cl ]\ r,iir<! do
la FratKte une ICgIise siOusmatiqiKs cr)mme In
llussie, comme l'Angleterre. Napoléon résista
tniijoius au\ insistances d'Aloxaudrc , cl ne
voulut pas se séparer de rKglisoromai'ie. Mal-
gré cela l'empereur des l''raiif;ais désirait do-
miner le pape, coiiuiie il dominait Utiit lo
reste des souverains d'I-'uropc; : il crut arri-
ver h ses fins par la ruse ; plus lard son am-
bition et la colère do voir ses plans man-
(|ués, lo portèrent h recourir à la violence :
nous allons lo suivre dans celte double ])er-
séculion.
Immédiatement après la publication du
Concortlat , Napoléon fit publier une série
d'articles organi()ues, dont il n'avait nullo-
lement été (pieslion dans la discussion du
Concordat, et (|ui avaient pour eflot de pla-
cer entièrement le clergé sous la dépondani;e
dii gouvernement. Ce fut le conseiller d'E-
tat Portails (]ui lut devant le Cor[)S législa-
tif et ie Concordai et les articles organiqiies.
Le tout fut adopté le 5 avril 1802, et eut dès
lors force de loi. A l'aide de ces articles or-
ganiques, Napoléon jiensait, sinon dominer,
du moins entraver h son gré la puissance et
l'autorité du pape , qui réclama vainement
contre cette addition aux conventions faites
avec le saint-siége.
Le cardinal Caprara , qui vint à Paris
comme légat a latcre, ne montra pas dans
cette affaire toute la fermeté qu'on était en
droit d'attendre de lui. Peu à peu, l'usage
lit adopter quelques-uns des articles organi-
ques, comme il en fit tomber d'autres en
désuétude.
Pendant longtemps , la bonne harmonie
se maintint entre le prince temporel et le
successeur de saint Pierre. Napoléon ren-
dit à Pie VII Bénévent et Ponte-Corvo, que
le roi de Naples voulait garder. Il lui fit ca-
deau de deux bricks armés en guerre, pour
protéger le commerce de ses Etats. En juil-
let 1803, le cardinal Fesch vint à Rome pour
y négocier la venue de Pie VII en France,
afm de sacrer Napoléon empereur des Fran-
çais. Ce monarque écrivit en cette circons-
tance au pape une lettre fort remarquable.
« Très-saint-père, lui dit-il, l'heureux effet
qu'éprouvent la morale et le caractère de
mon peuple par le rétablissement de la reli
gion chétienne, me porte à prier Votre Sain-
teté de me donner une nouvelle preuve de
lintérôt qu'elle prend à ma destinée et à
celle de cette grande nation , dans une des
circonstances les plus importantes qu'offrent
les annales du monde. Je la prie de venir
donner, au plus éminent degré, le caractère
de la religion à la cérémonie du sacre et du
couronnement du premier empereur des
Français. Cette cérémonie acquerra un nou-
veau lustre, lorsqu'elle sera faite par Votre
9sn
PER
PER
m
Sainteté elle-même. Klle attirera sur nous et
sur nos peuples la bénédiction de Dieu, dont
les d'^crots rèjjlent à sa volonté le sort des
empires et des tamilles. Votre Sainteté con-
n.ift les sentiments alleclueux que je lui
porte depuis lo igiinnps, et par là flli' peut
ju.;^er du plaisir (pie m'ollrira cotte circons-
tance, do lui en donner dti nouvelles pnni-
ves. Sur ce , nous prions Duni (juil vous
conserve, très-saint-pèrc, longues années au
régime et gouvernemfnt de notre mère la
sainte E..^lise. Voire dévol (ils NAPOi.Éo:<f. —
Ecrit à Cologne, le li septi.-nihre ISOi..»
On sait rhislnire de la venue de Pie VII on
France et du couro iniMue it do Napoléon. Le
pape demeura plusieurs mois à Paris après
cette cérémonie : on commençait môme à
craindieqiriln'vf.Hpaslibre. M. Artaud, t. Il,
c. Il), nous pirle ainsi do celle circonstance :
« Le pape conli luail de visiter les églises,
de bônir ceux q li s'a^enouilliient devant
lui, et ceux qui croyaient devoir lui refuser
cet hommage ; il vo.ailh ses pieds, du iiiOme
œ 1 de bonté, l'astronome Lalaido, quo Ton
n'entendait pi. s se glorilierdu nom d athée,
et ces matrones pieuses qui avaient se-ouru
la religion et ses ministres dans les malheurs
de l'Eglise. En mémo temps, une semaine
ne succédait pas h une «ulre qu'il ne sollici-
tât la faculté do retournera Rome. Cette per-
mission ne devait lui être acordée que lors-
qu'il aui ait encore résisté .Ma demande la plus
amère, sans doule, qu'il pil ton tendre do la Dou-
che d'u 1 Franoais. Lo [)a|)e n'a jam.us voulu
dire quel fut lé grand ollicior (pii lui parla
un jour d'habiter Avignon , d'ac;"epter un
palais [lapal h rarchovéché do Paris et fie
îai.sser établir un (piarlier [)rivilégié, comme
à Co isla Uinopje, où le corps (ii|ilomaliquo
accrédité près raut;»rilù ponliticalo aurait le
droit exclusif de ré>idor.. Les nromiors m tts,
insinués plùtùlq-i'adressé^dirécteincnl , puis
répétés h iJes aie ilour.*:, ?» dos contVb.'nls, î»
des Français amis du .«-aint-siégo, donnèrent
à Mipposorqut! l'on voulait retenir le |»apo
à Paris. Cos mots funestes n'élaie it pas jiro-
fioncés par Napoléon; mais il avait à Pans
une lelle puissance sur la pensée et sur la
parole, ipi'il n'était pas possible qu'on les
eût hasardés sans sa pornussion. Le corps
diplomatique à Home s'en cnirelcnail. J'a-
vais rifinocence de n'v pas croire : cepon-
d inl, on lus répéta lave." une telle assurance
que lo pape crut devoir fairo une réponse de-
vant le nu^mo grand («tlii ier. « On a ri'pandu
« qu'on pourrait bion nous retenir ♦■n France.
« hh bien 1 (pi'on nou> enlève la liberté : tout
« est prévu. .Vvanl lit^ partir do Rome , nous
« avmis signe une abiiiralion régulière, va-
« Inblesi 'ums soiumes H>lé en prison; l'ncl'
« est hors de la pm-ti-e du pouvoir dos Fran-
« çais ; lecirtlinalPig laltlhen esldéposilaire
« ûPalorine, clcpiandon aura siguiliéles|)ro-
« jcis qu'un médite il ne vous ro,«lora jdus
• «^•lUro les mains (piun mono misérable,
« qui s'appellera Rnrnarbé tJii ir imonli. »
Le jour même Napoléon signa les ordres
de •iojiart du pape, qui arriva a Rome le (6
mai IHO.i. Pou de temps après, Napoléon
ayant demandé à Pie Vil de vouloir bien
casser le mariage de Jérôme, son jeune
frère, avec une jeune protestante (pi'il avait
épousée en Amérique, lo saint-père lui ré-
pondit par une lettre fort belle contenant les
doctrines de l'Eglise h l'égard <h\ mariage, et
refusant alisolument de se pieler h ce que
demandait Napoléon. Le monirque en de-
meura fort irrité. Lo cardinal Fe'j'i tenta,
mais inutilement, de faire revorur le pape
sur sa décision. O cardinal, dans toutes les
affaires entre la France et le s.iinf-siégc, agit
beaucoup plus coniine oncle de lempercur
que comme prôlrc de la sa ntc Eglise ro-
maine. Déjii les desseins secrets do Bona-
parte se montrèrent d.ms les opérations du
cabinet do Milan. On porta plusieurs décrets
oui chngrinèrent vivement le i)ape, lequel
écrivit il remi)erour pour lui remontrer que
ces décrets étaient en opposition formelle
avec le Concerdat fritalie. L'empereur ré-
pondit qu'il était plein do bonnes iiitentions
et de res()ect à l'c'gard du souverain pontife,
et n'en continua pa-^ niO'ns à pousser son
plan pour la réalisation de ses j)ri jets.
La première atteinte portée uirectenienl à
la puissance papale par Bonaparte, fui l'oc-
cupation d'Ancùne. Le conquérant venait
de forcer les Autrichiens, qu'il avait enfer-
més dans Ulm, h capituler. Eu so mettant eu
chemin jiour marcher sur la capitale de Itur
empire, il donna l'ordre d'occuper .Xncùne.
Le souverain pontife fut tiès-airoL'lé do cel
événement, et il écrivit h l'ompcrour : « Nous
dirons frauihement h Votre .Mnji sté, avec
toute l'ingénui é de notre caraitèrc, que
l'ordre qu'elle a donné au général Saint-Lvr
d'oL'cupor Ancniie avec les troupes fr.in-
çaises, et de la fairo appruvismunor, nous a
causé non moins ilo suri)riso quo de douleur,
tant pour la chose en olle-mè.iie, (juo peur
la manière dont elle a été exécutée : > otre
>Lijosté no nous a ant en aujune façon pré-
venu. Vé itablemont, nous no pouvons dis-
simuler ipie c'est avec une vive scnsilnliié
que nous nous voyons traité d'une manière,
qu'à aucun titre nous ne c oyons avoir méri-
tée. Notre neutralité, reconnue par Votre
Majesté, comme par toutes les autres puis-
sances, et ploineinont res[)ectée par elles,
nous donnait un molf particulier de croire
quo les sonlimenls d'amitié (pi'elle piofi-ssail
à notre é^;i\rd, nous auraient préservé de cel
amer dépl.rsir : nous nous apercevons quo
nous nou-i sommes trompé. Nous le dirons
fran( lu nient, île l'épocpio de notre retour de
Paris, nous n'avons épiouvéïprameiturae et
déplai>;irs, ijuand au «-onlraue, la connais-
sance porsonnolle ipie nous avons faite de
Votre Majesté, ei notre conduite invariable,
nous prometlnient toute aulie chose. En un
mot, nous ne trouvons pas dans Votre Ma-
jesté la correspondance de sentiiutnils i|ue
nous étions en droit d'en attendre : nous lo
s lUons Vivement, et ii l'égard île l'invasion
jM'ésente, nous disons avec sincérilo que eo
que nous nous devons à nous-mémo, el les
oblig.iliuns (jue nous avons contractées en-
vers nos sujets, nous forcent de demander è
I
D29
PKTl
PFH
rt',0
Votre Mi]josf(^ lYvuninlinti (rAiici^nc, nti re-
fus (lo Ii>i|iii'll(3 tidiis ne VL-rriuMs p.is corn-
iii{>!il |Hiiirrnil so concilinr In cntilnmalioii
(les rnpporls nvoc \o iniiiislrn di* Ndirr M.v
jcslf^ h Ruiiit', <•<■« npporis ti;ml cm oppo-'i-
tion n\0{' lo (niiliMiifiit qno nous coiitinue-
rions b recevoir di' \'nlrc Miijc*>lc daii-; Aii-
i'C\\\o. (,)ii(i Voli'c M-ijc^lc^ se persuade (pie
celle leilro est mu péîiihle devoir pour iiolro
cieur, niiiis ipie nous ue pouvoMs dissiuiulcr
1,1 v(JriltS Ml Ml iMipier eu oulre aiiv (iL>lij,a-
tuMis qu(> nous avons conlractc^es. Nfuis voii-
Imis doue es;i(^rer (pTan iuili(Mi de foules les
aiueiluiues (pii mous a( cahle-il, Voire Ma-
jesli^ voudra l)ien nous dcMivrerdu poids du
eelle-ei. (pi'il dc^peiid do sa seule» volonté
de lions éparg-'or. »
Celle lettre, fort convenable quant au fond,
juste dans loules ses parties, nous paraît
trop Ionique pour la eirconslance; elle sent
un peu h()[) le souverain qui roniiatl sa t'ii-
blesso et la puissance de soi) rival. IVnt-
C^tvc le to'i doit elle est einpreinlc tout en-
tière tient-il h la vive alVeclion que Pie VII
avait persoMMelIoiueiit pour Napok^on. Da-is
tons les cas, le pape (levait (•c.v'in) dans co
sens à Napolc-on, d'abord, pour protester
conire un',.- agression souverainement in-
juste, ensuite, jiour couvrir sa responsa-
bilité connne souverain, aux youx des an-
tres puissances qui auraient pu croire (ju'il
consentait h roccup>ilion d'Aneùne, dais le
bnl de se prôler aux projets du con((uérant.
Il explicpi.i lui-m(''iiie au canliMal l^'esidi, que
son intention n'était i)as de rompre les r.ip-
j)orts eo'itidentiels avec la Fraice, mais qu'il
devait h lui et au reste de TEuropc, de bri-
ser les ra,..ports oflieicls et ostensibles comme
protestation. La réponse de Napoléon se lit
aticndre fort longtemps. Le pape ne la re(;ut
que le 7 janvier 180G. « L'occu; ation d"An-
ctjne, y est-il dit, est une suite nécessaire
de la mauvaise organisation militaire du
sa nt-siége. Votre Sainteté avait intérêt à
voir cette forteresse plutôt dans mes mains
que dans celles des Anglais ou des 'J'urcs...
Je me suis considéré comme le protecteur
du sainl-siége, et à ce titre j'ai occupé An-
C(5ne. Je me suis considéré, comme mes pré-
décesseurs de la deuxième et de la troisième
i-ace, comme fils aîné de l'Eglise, comme
ayant seul Tépée pour la protéger et la met-
tre à l'abri d'êtie souillée par les Grecs et les
Musulmans. »
Il est triste d'être obligé d'en convenir,
cette leUi e manque de franchise ; elle n'est
qu'une invocation cie prétextes au lieu de
raisons. Elle cherche à voiler les desseins
ambitieux, ell- les laisse voir complétemo t
à^ découvert. O i a dit qu'elle et iit écrite
d'une {i\ço'^ dérisoire et dans un ton de mo-
({uerie. Cela n'i^st pas. On sent très-bien
qu'elle part d'un homme qui cherche vaine-
ment de bonnes raisons à une mauv-nse ac-
tion. Evidemment, si les puissances étran-
gères , a ors en guerre avec Napoléon ,
avaient songé k occuper Aiicone, elles ne
l'eussent pas fait, nous aimons à le croire,
comme il le ût lui-môme, sans déclaration
de guerre. î.a neutralilé (lu ji.qKj, ( (imine lu
dit Pic N'IIdaiis fja lcllr»\ ('(i'il n.MOMiiuc jinr
tout le inonde, e( nul n'^Ynll sung<^ «érieu-
scmciit h violer cett(! nçulialilé. l.n n'ponso
(pic lit le sduvcraiii ponlile est pleine do
modération el respire ('omplélfineril l'e^iprit
cvin;;éli(pie (pii cunvicMt au siicccsseur do
saint Pierre, au vicaire de J('sus-Cliiii>l. Elle
so termine ainsi : '( Si nous devions nous
voir ravir une chose i>i précieuse pourrions,
ramilic et la bieiivei laii(;e(|(; N'otre Majesté,
le prêtre do J/sus-Clirist, ipii a la vérité
dans je (;inir et sur les lèvri-s, suppoilera
tout avec résignai ion el sans crainte. De la
tiibulalion elle-mèiue, il recevra le récon-
fort de sa consl:iiicc. Il espère (pu; la récom-
pense que pe lui oll'rt; pas le moud»! lui est
réservée plus solide, éternelle dans le ciel,
el ne cessant pas de juier I)i(Mi pour la lon-
gue et pros|)e|'e conservation di; Votre Ma-
jesté imi>érialect royale, nous lui accordons
de tout cœur la paternelle bériédicliqîi apos-
t(di(|ue. »
Na|)uléon se montra fort irrjlé do la let-
tre du pajie : quinze jours amès, il répon-
dit. Aveuglé par ses succès, il montre dans
cette lettre qu'il a le vertige déjà qui perd
les ambitieux en leur ôtaiit ce sens droit, ce
bon sens si nécessaire, même h. ceux que
Dieu a 'ails si grands. Il en vint jusqu'à dire
au pane, qu'il était jilus sage, plus pieux
(pie lui, que s'il avait encore plus de [luis-
sance, il se déclarerait pontife suprême, et
ne laisserait pas, lui, [lérir les Ames. Pie VII,
après rvoir consulté ses cardinaux, réjion-
dit à Napoléon. Sa lettre, de laquelle nous
ik; citons qu'une partie, fait justice des pré-
tentions et des accusations de l'empereur.
« Voire Majesté veut que nous chassions
de nos Etats ions les Russes, Anglais et Sué-
dois, et tout agent du roi (le Sardaigne, et
que nous fermions nos ports aux bâtiments
des trois puissances susdites ; elle veut que
nous abandonnions notre état pacifique, et
que nous eni rions avec ces puissances dans
un état ouvert de guerre et d'hostilité. Que
Voire Majesté nous permette de lui répon-
dre avec une netteté précise, non pas à
cause de nos intérêts temporels , mais à
cause des devoirs essentiels inséparables de
notre caractère : nous nous trouvons dans
l'impossibilité d'adhérer à cette demande.
Veuillez bien la considérer sous tous les ra()-
po; ts (]ui nous regardent , et jugez vous-
même s'il est de voire religion , de votre
grandeur, de votre humanité, de nous con-
traindre à des pas de cette nature. Nous,
vicaire de ce Verbe éternel, qui n'est pas le
Dieu de la dissension, mais le Dieu de la con-
corde, qui est venu au monde pour en chas-
ser les inimitiés et pour évangéliser la paix,
tant à ceux qui sont éloignés qu'à ceux qui
sont voisins, ce sont les expressions de l'A-
pôtre, en quelle manière pouvons-nous dé-
vier (Je l'enseignement de notre divin insti-
tuteur? Comment contredire la mission à
laquelle nous avons été destiné? Ce n'est
l)as notre volonté, c'est celle de Dieu, dont
nous occupons la place sur la terre, qui nous
Câl
PER
PER
65Î
proscrit le devoir do la paix envers tous,
snns distiiirtion de ratholiques et d'h(?réti-
ques, do voisins ou d'éloig'iés, de ceux dont
nous attendons le bien, et de ceux dont nous
altondons le mal. Il ne nous est pas permis
do trahir roffîce commis par le Tout-Puis-
sant, et nous le trahirions, si, pour les mo-
tifs dt^duits par Voire Majesté, c'est-h-dirc
lorsqu'il s'agit de puissances hérétiques ,
qui ne peuvent nous faire que du mal (c'est
ainsi que parle Votre Majesté), nous accé-
dions à dos dematîdes qui nous porteraient
à prendre part contre eilos dans la guerre.
Si nous ne devons pas. comme dit Votre
Majesté, entrer dans le dédale de la politi-
que, dont nous nous sommes tenu et dont
nous nous tiendrons toujours éloigné, nous
ilevoîis d'autant plus nous abstenir de pren-
dre part dans les mesures d'une guerre qui
a des objets politiques, d'une guerre dans
laquelle on n'attaque pas la religion, d'une
guerre dans laquelle d'ailleurs se trouve
mêlée une puissance catholique. La néces-
sité seule de repousser une agression hos-
tile, ou de défendre la religion mise en pé-
ril, a pu donner h nos prédécesseurs un
juste motif de sortir de leur état nacilique.
Si quelqu'un d'eux, par faiblesse numaine,
s'est écarté de ces maximes, sa conduite,
nous le dirons franchement, ne pourrait ja-
mais servir d'exemple à la nôtre. Ce pacifi-
que maintien, que nous devons garder à
cause du caractère sacré dont Dieu nous a
investi, nous le devons également garder
dans les intérêts de la religion, qu'il nous a
confiés, dans les intérêts du troupeau qu'il ^
remisa notre ministère pastoral. Chasser les
sujets des puissances en guerre avec Voire
Majesté, leur fermer les ports , serait le
même que s'attirer la sûre conséquence
de la rupture de toute communication en-
tre nous et les catholiques qui vivent
dans leurs domaines. Pouvons-nous laisser
dans l'abandon tant d'ihnes de fidèles, tan-
ilis que l'Evangile nous défend de négliger
la recherche même d'une seule? Pouvons-
nous être indifférent aux maux infinis que
le catholicisme .souffrirait dans ces pays, s'il
v restait privé de toute communication avec
le centre de l'unité, (|ui est le fondement et
la base de la religion catholique? Si une ir-
résistible forci» dos événements hiunains
nous privait de cotte libre communication,
nous gémirions profondément sur une telle
calamité ; mais nous ne soull'ririons pas le
continuel remords d'en être nous-même la
cause. Au contraire, si nous intimions aux
sujets de ces souverains de sortir de nos
Etats, do ne pas approcher de nos ports, no
*.t'rail-oe [)as uno infurliuic irréparable, et
[)ar un fait qui serait absolument notre, ipie
toute communication resicrail inlerrompuo
entre nous et los cal!inliquos ipii vivent
dans ces contrées. Comment pourrions-nous
résister à la voix intérieure do notre con-
science, qui nous reprorherail continuelle-
ment les luuesies ronséquenees de ce fait ?
Conunonl pourrions-nou"? raeher à nous-
mênio notre faute? Loi catholiques qui
existent dans ces domaines ne sont pas en
petit nombre. Il y en a des millions dans
l'empire russe. Il y en a des millions et des
niillions dans les pays soumis au royaume
d'Angleterre; ils jouissent du libre exercice
do leur culte, ils sont protégés. Nous ne
pouvons prévoir ce qui arriverait, si les sou-
verains de rc?. Etats se voyaient provoqués
l)ar nous et par un acte'dhoslilité si dé-
cidé, tel que serait l'expulsion de leurs su-
jets et la fermeture de nos ports. Le ressen-
timent contre nous serait d'autant plus fort,
qu'il serait en apparence plus juste, puisque
nous n'aurions reçu d'eux aucune injure.
Si cette indignation ne se ruait pas contre
les personnes des catholiques, nous pour-
rions craindre à bon droit ciu'on ne ruinAt
l'exercice de la religion catholique permis
avec tant de liberté dans ces domaines.
Quand cela n'arriverait pas, il arriverait cer-
tainement que l'on prononcerait l'interdic-
tion de toute communication directe et in-
directe entre les catholiques et nous, l'em-
pêchement des missions, l'interruption de
toutes les affaires spirituelles, et cela serait
un mal incalculable pour la religion et le ca-
tholicisme, mal dont n ms devrions nous ac-
cuser nous-même et dont il faudrait rendre
le compte le plus sévère devant le tribunal
de Dieu Nous terminons ici les réponses
aux premières demandes de Votre Majesté,
avec la confiance, qu'après des réflexions
d'un si grand poids, elle abandonnera ses
demandes, et qu'elle nous délivrera de la
désolation dans laquelle elle nous a plongé.
Mais les principes sur lesquels Votre Ma-
jesté les aap[)uyées, ne nous permettent pas
do nous taire... Sire, levons le voile ! Vous
dites que vous ne toucherez pas à l'indépen-
dance de l'Eglise; vous dites que nous som-
mes le souverain de Home ; vous dites dans
le même moment, que toute l'Italie sera
soumise à votre loi. Vous nous aimoncez
que si nous faisons ce que vous vouiez ,
vous ne changerez pas les apparences. Mais
si vous entendez que Rome, comme faisant
partie do l'Italie, soit sous votre loi, si vous
ne voulez conserver que les apparences, le
doifiaino temporel de l'Eglise sera réduit à
uno condition absnlunuMit lige et sorvile, la
souveraineté et ViiuU'pendaticc du sainl-siége
seront détruites. Votre Majesté établit en
principe qu'elle est empereur de Rome. Nous
répondons, avec la franchise apostolique,
que le souverain pontife, qui est tel do[)uis
un si grand nombre de siècles, qu'aucun
prince n'-gnant no compte une ancienneté
scmblabl(> .^ la sienne, le pontife, devenu
encore souverain de Rome, ne recoimait et
n'a jamais reconnu dans ses Etats une
puissance supérieure à la sienne ; qu'aucun
empereur n'a aucun droit sur Rome. Vous
êtes iuHuensément grand ; mais vous ave/,
été élu, sacré, couronné, reconnu oujpereur
des Français, et non de Rouu\ Il n'existe
pas d'empereur do Rome ; il non peut pas
exister, si l'on ne dépouille le souverain
pontife du domain" absolu et de l'empire
ipi'il e\erce so\il ^ Rome. Il existe bien un
tMiiporoiiP dos nnninins, iiiHis vi^ titrn c»,! rc-
,.,,111111 pur loiiIrriùiioïKM'l |))irN'(>ln'M(ij<'sl(}
(<lli'-m(Miio, il'iiis l"('iii|»"'n'iir (rMIniui^ilc
Co n'ost ipi'iiM titro de (liiAiiilr cl d'iini iir,
liMiiK'l ne (ImiiiuK^ en rien riiKir'itciuliiiico
r(''(>ll(« cl a|t|mrciilc du saint-sic^f^c... Volro
M)ijc.s|(\ dit : « Oi'" "<"* rclalioiis avec cllo
.sont les mr»iucs (iu(> crlhis de ruis prcdcccs-
sciirs iw'cc (".liai Iciiiat^'U!. >• Chailciiiai^nc a
troiivi^ Homo dans les mains des papes, il a
recoiiim, il a conlinm^ sans réserve lenrs
domaines, il les a aut:;m(Milés ave»; de nou-
velles donations, il n'a préicndn ancun dioil
(l(> domaine ni de snpériorilé sin- les poiili-
l'es considérés comme sonverains temporels,
il n'a prétendu d'euv ni dépendance, ni sujé-
lion. Nons ne pouvons admelticî la proposi-
tion suivante : ipu' nous devons avoir pour
Votre Majesté dans le temporel les ménu'S
égards (pi'elle a [tour nous dans le spn-itnel.
Cette pro|)osilion a une extension (pii dé-
truit et altère les notions de nos deux puis-
sances. Un souverain catlioli(iue n'est tel
que parce qu'il profess(î reconnaître les dé-
tinilions du chef visible de riiglise , et le
regarde comme le maître de la vérité et le
seul vicaire de Jésus-Christ sur la terre : il
n'y a donc pas d'identité, ni d'égalité entre
les relations spirituelles d'un souverain ca-
tholique avec le su[)rùme hiérarque, et les
relations temporelles d'un souverain avec
un autre souverain.... Vous dites encore, que
« Vos ennemis doivent être les nôtres. »
Cela répugne au caractère de notre divine
mission , qui ne connaît pas d'iniiîiitiés ,
même avec ceux qui sont éloignés du cen-
tre de notre union. Ainsi donc, toutes les
fois que Votre Majesté serait en guerre avec
une puissance catholique, nous devrions
nous trouver en guerre avec cette puis-
sance? Charleniagne , et tous les princes
avoués ou défenseurs de l'Eglise, ont fait
profession de la défendre de la guerre et non
de l'entraîner à la guerre. Cette proposition
tend ù faire du souverain pontifical un feu-
dataire,un vassal lige de l'empire français.»
Celte lettre si éminemment remarquable se
terminait ainsi : « Si nous étions assez mal-
heuri'ux pour que le cœur de Votre Majesté
ne fût pas ému par nos paroles, nous souf-
fririons avec une résignation évabgélique
tous les désastres, nous nous soumettrions
à toutes les douleurs en les recevant de la
main du Seigneur. Oui, la vérité triomphera
toujours sur nos lèvres ; la constance à
maintenir intacts les droits de notre siège
régnera dans notre cœur; nous allroniero.ns
toutes les adversités de cette vie, plutôt que
de nous rendre indigne de notre ministère :
et vous, vous ne vous éloignerez pas de cet
esprit de sagesse et de prévoyance qui vous
distingue ; il vous a fait connaître que la
prospérité des gouvernements et la tran-
quillité des peuples sont itiséparablement
attachées au bien de la religion.... Vous
n'oublierez pas enfin que nous nous trou-
vons à Rome exposé à tant de tribulations,
et qu'il y a à peine une année que nous
sommes parti de Paris. »
VVA\
Na[ioléon était souv(!rainoment irrité du
trouver une |Miissatice |ilus faraude (pie la
sienn(>, (>t (pi'il ne pouvait l)iiser. Il disait
à M. de l-'oiilanes : « Ce prêtre est plus puis-
sant (pi(^ moi, car il rè^^nr; sur les «sprils;
moi j(î ni^ régne ipie sur la matière. Il Kardo
l'Ame et nu; jelle le catl.ivre. » Après nvoir
reçu celle lellre du pape, il lappela son oncio
le cardinal l-'esch de son aiiibavsade h Homo,
et le reinpiaç.i [)ar un prolcsiaiil noinirié Al-
(Hjier, leipiel juscpTalors av.ui été ambassa-
deur à Naples. Imi parlant, l(( cardinal se pré-
senta au paj)e, pour lui demander ses com-
missions. «Nous n'cMi avons pas, ditIMe \'II,
nous vous chargeons seulement de dire h
l'empereur (|ue , (pioi(pril nous malliailo
beaucoup , nous lui sommes très-nltaché
ainsi (pi'à la nation fran(;aise : répétez-lui
(pie n(Mis ne voulons entrer dans aucune
considération; que nous voulons être indé-
pendanl, parce ([ue nous sommes souverain ;
(pi(\ s'il nous lait violeiu;(!, nous jiroleste-
rons h lu face de l'Kurope, et (|ue nous ferons
usag(! des moyens temporels et spirituels
que Dieu a mis dans nos mains. — Votre
Sainteté, reprit le cardinal, devrait se ra|)pe-
1er qu'elle n'a pas le droit de faire usage de
l'antoiité spirituelle dans les affaires pré-
s(;nles de la France avec Rome. » Le pape
demanda d'un ton très-élevé au cardinal où
il prenait cette opinion. » (Artaud, lom. II,
ch. 29.)
Ce fut peu de temps après que Napoléon
fit son frère Joseph roi de Nai)les. Le nou-
veau roi demanda h son frère l'autorisation
de s'emparer de Rénévent et de Ponte-Corvo,
parce que ces deux principautés étaient en-
clavées dans ses Etats. L'empereur, sous
prétexte de mettre fin aux contestations que
Bénévent et Ponte-Corvo occasionnaient in-
cessamment entre Rome et Naples, donna
Bénévent àTalleyrand,avecle titre de prince,
et Ponte-Corvo à Bernadotte. Bientôt après,
il donna l'ordre au général Lemarrois d'oc-
cuper Pesarofano, Sinigaglia, tout le littoral
de l'Adriatique dans les Etats du pape. 11 fut
en outre décidé que ce serai taux dé|)ens du tré-
sor du saint-père que cette occupation serait
soldée. Des soldaîsfrançais, partis du royaume
de Naples. s'emparèrent de Civita-Vecchia
dont le général Duchesne fît arrêter le gou-
verneur. Ce fut dans ces circonstances que
le pape dit à l'ambassadeur Alquier : « Tous
les points importants de nos Etats sont oc-
cupés par les t-roupes françaises, que nous
ne pouvons plus faire subsister, même en
mettant de nouveaux impôts. Si l'on veut
s'emparer de Rome, nous refuserons l'entrée
du château Saint-Ange : nous ne ferons au-
cune résistance, mais vos soldats devront
briser les portes à coup de canon. L'Europe
verra comme on nous traite ; et nous aurons
du moins prouvé que nous avons agi con-
forniément à notre honneur et à notre cons-
cience. Si l'on nous ôte la vie, la tombe
nous honorera, et nous serons justifié aux
yeux de Dieu et dans la mémoire des hom-
mes. » Les desseins secrets de Napoléon ne
tardèrent pas à se montrer plus ouverte-
635
PER
PER
636
ment : M. Alqiiier notifia à Pie VU quo s'il
voulait conserver ses Etats, il devait d^rla-
rer, 1° que fous les ports do lEtflt pon-
litical seraient form(''S h TAnsflelerre, tou-
tes les fois qtie eetto puissance serait en
guerre avec la France ; 2" que toutes Ie>^ fo--
teresses de l'Etat romain seraient occup»^es
par des troupes franraise'^, toutes Ifs fois
q'i'une ariiK^e de ferre aurait dt''b'^r.(u»''.ounii-
r.iitmenacéded(^l)arquer sur un des points do
l'Ilnlif. I.e saint-nère r(''pondi( : « Sa Maji'slf^
ji'Mit, quand elle le voudra, exécuter ses me-
naces et nous enlever ce que nous possé-
dons. Nous snnunes r -signé h tout, et pr^t,
si elle veuf, à nous retirer dans un couvent,
ou dans les catacombes de Home à rexein-
ple des premiers tidèles. » Alquier écrivit à
Talleyrand : « Votre Altesse no peut avoir
oublié ce que j'ai dit constamment do la ré-
sistance opiniiUrc du pape, et do l'impossi-
bilité que je trouvais h la vaincre. On s'est
ëtrangeme it trom[)é sur le caractère de ce
souverain, si l'on a pensé que sa flcTibililé
apparente cé<lait?> tous les mf)uvements qu'on
voidait lui imprimer ; cette manière de le
juj;er n'est vraie (jue sur les objets d'admi-
nisliation et de détails do gouvernement, où
le pape s'en remet à la volonté tie ceux qui
en sont chargés; mais dans tout ce qui tient
à l'autorité du clief de l'E^l se, il ne s'en
rapporte qu'à lui seul... Le pape a un ca-
ractère doux, mais trè-;-irri!able, et suscep-
tible do déployer gne fermeté ù toute épreuve.
C'est un fait constant, qu'il ne verra pas
sans une satisfaction tr^s-vivo que sa résis-
tance produise des changements politi(pies
qu'il appellera persécution... Comme tous
les ullramontains, il pense que les malheurs
de l'Eglise, suivaiit leur expression, doivent
amener des temps plus prospères et des
jou s lie triomphe; et déjà ils (lisent baute-
nii.Tit : Si l'emponMii- nous renverse, son suc-
cesseur nous relèvera. (Artaud.)
Pendant qtie Napoléon conmiençait h per-
sécuter le pape, il rendait des dé-iTi-ts i'.ivo-
rables au clergé de ses Etats. 11 autorisait
les évéques à faire des visites pastorales
dans les maisons d'i'-ducation, et accordait
des bourses aux séminaires : il leur donna
des maisons, et accorda rexem[)fion de la
conscri[»tio;i. U accorda en "utre des secours
de toutes sortes aux sœurs hospitalières. Il
établit hs frères des Ei-oles chn'tieruies pour
l'instruction gratuite des enfuits des pau-
▼res. Peut-être (|ue cette bienveillance do
Napoli'oii h j'ég ird du c|er.,n' de Kr.ince, rlit
M. Holirbacher, était destinée <i servir de
manteau h ses mauvais desseins h l'égard
du souverain [>ontifo. Non, cela n'est [vis
admissible : Nai)ol' on sentait trop bien le
besoin de la religion en Franco, pour
faire, des mesures qu'il prenait, quelque
chose qui ne fi^t pas sérieux, (^cs njosures
<îta ont trop éminemuv lit niibs (>onr qu'on
pui<>e maintenant dire qnVlIrs étaient des-
tinées h Voiler les mauvais desseins dt> l'em-
pereur a l'égard da pap»'. Tout ce que Na-
poléon faisait pour le elergé i|e France et
pour les institutions religieuses, unirait dans
le vaste plan de réoi :::anisation sociale que
cet homme providentiel accomplissait.
Ce fut h cette époque décembre 1806) que
Mgr Arozzo, archevéq'e de Séleucie , infor-
ma le f)ape que Napoléon, extrêmement ir-
rité do voir (fu'il ne voulait pas faire cause
commune avec lui contre ses ennemis, me-
naçait de lo priver de ses Etats et de faire
un roi de Koni". De son c»*>té Eugène Boau-
harn.iisv beau-iils de Napoléon "cl vice-roi
d'Italie, inqinéinil .sans cesse Pie VII au su-
jet du Cniirordal italien. Il alla jusiui'a lui
envoyer copie de la lettre suivante do Napo-
léon. « /)rf<r/^, 22 ;iu7/f/ 1807. Mon tils,j'ai
vu dans la lettre que Sa Sainteté vous a
adressée, et quo certainement elle n'a pas
écrite, j'ai vu (lu'elle me menace. Croirait-
elle que les droits du trône sont moins sa-
crés aux yeux de Dieu que ceux de la liare?
Il y avait des rois avant qu'il y eût des pa-
pes. Ils veulent, disent-ils, publier tout le
niai que j'ai fait à la religion : les insensés I
ils no savent pas qu'il n'y a i as un coin du
mon<le en .Vliemagne, en Italie, en Pologne,
où je n'aie fait encore plus de bien à la reli-
gion, (jue lo papo n'y a fait do mal, non par
de mauvaises mteniions, mais par les con-
seils irascibles do quelques hommes tjornés
qui l'entourent. Ils veulent me dénoncer à
la chrétienté: cette rnlicule pensée ne peut
appartenir qu'à une prolonde ignorance du
siècle où nous sommes. U y a une erreur
de mille ans de date. Le pape qui se porte-
rait à uno tflle d^nnarche cesserait d'être
pape à mes yeux ; je ne le considérerais que
comme l'antechrist envoyé pour boulover-
s T le monde et faire du mal aux hommes,
et je remercierai.:; Dieu de son impuissance.
Si cela était ainsi, je sé[iarerais mes peuples
do toute commu icalionavec Ilom\ elj'éla-
bl rais une leUe | olice, qu'on no verrait plus
circuler ces pièces myslcrieu^e.s, ni |)rovo-
(juer ces réunions souterraines qui ont allli-
gé quelques partiivs de l'Italie et rpii n'avaient
été imaginées <iuc pour alarmer les âmes
timorées... (Jue vent faire Pie VII en me
dénonçant h la chrétienté? .Mettre mon trùne
en interdit, m'excommunier? Pense-t-il alors
(fue les armes tomberont des mains de mes
solilats? Pense-l-il mettre le poignard aux
mains de mes [)euples pour m égitrger? U ne
lui resterait nlus alors qu'à essayer de me
faire eouper les cîieveux et do m'tMifermer
dans un monastère. Le pape actuel s■e^l
donné la peine do yenir à mon coupo uie-
int lit à Paris. J'ai reconnu à celte démandie
un sninl prélat; mais il voulait que je lui cé-
dasse les Légations; je n'ai pu ni n'ai voulu
le l'.sire. Lo papeai tuel est Iroj) puissant; les
prêtres no soui pas fait.s pour gouverner.
Pourquoi le pape no vout-il pas rendre à Cé-
sar ce qui est à Ci'sir? Fst-il sur la terre
l»lus ipit! J(''Mis-Clnist ? Peut-être le temps
n'est pas loin, si Ion veut coulinuer à trou-
bler 1 s airùres de mes El.ils, où jo ne re-
connaîtrai le pape (pie comme évùiiue de
Home, (^ommeégal el au même, rang que les
évèqnes de mes Hiats. Jo no craindrai pas do
réunir les Eglises galhcaue-ildUiÉnn»*, hIIu-
C37
l'KR
inamlo-p'ilnniiisc, ilnns un coiicilo . pour
l'iiin» u)is /ilVaii't'S sniis |)(»|)<'. Onns If ftiil, co
qui piMit sniivor dans tiii pays pciil sauver
dans un autre : les tlnuls de la tiare ne smil
au l'oiid (jue des devoirs : .s'Innuilii'r el prier.
.Ii> liens nia eonrnnMe de Dieu et ch' nies
peuples. J(^ serai loujours C.liarliMiiaf^ le pour
la cour de Home, el jamais l.oiiis le |)(M»oii-
nain». Jésus-I'.hrist n'a pas insiilné un pèle-
l'i'iagi^?» IlonuM'onime Malioniel ?i In M.-cijue.
Tels so 'I nies se ilimeiils, ino'i Ijls. Jo II au-
toriso plus (lu'uMc seiil(^ lellre de; vous h Sa
S.iinteti', pour lui faire eoiriailic qnej.; ne
puis eonsenlir h ee (pi(> les évèipies ilalie'is
nilienl cliereher leurs i'islilutions à Uoiiu'. »
(Paica, lom. I, pa,;-. îiO et suiv.| F-vi.lemiuent
cellt> UMIre n'est pas de Na|)ol(W»n : elle est
do sn colore, ell(» est (^crife jiar sa |)assion.
O'i n'y roconnait ni la s:'i;(>sse, ni la proton-
deur tie vues (pTon trouve ordi-iaiicmeiit
dans ce ipie lait cet hoiiiine extraordinaire.
Aussi Pie \'\\ ne voulut-il pas la communi-
quer an sacré (•oIlé^;e.
Ainsi que nous l'avons vu, Napoléon avait
demandé h Pie Vil un cardinal ayor. [doins
pouvoirs pour t(>rminer les ntl'aires eUro
lui et Uome; mais, dosa part, ce n'étail (pfuii
piégo. Aussi, le pape ayant proposé le car-
d'U.d Litta, liommo capable otdonl on avait
parlé, Napoli'on le refusa, et dcmaiiiia le car-
dinal Razaiio, liouMuo d'une grande faiblesse
ol entièrement sourd. Pie VII, voyant (ju'ori
avait riiilenlio;i d'abnserde sa complais uice,
mit lin h cette légation, en disant qu'il en
appelait aujugement de Dieu.
Le bruit s'étaiit répa'tdu que Na[)oléon de-
vait se rendre en Italie et aller h Home,
Pie VII envoya l'inviter à descendre dans
son ji.dais du "Vatican, ne voulant, disait-il,
céder cl personne l'honneur de recevoir un
hôte si illustre. Nonobstant cette invitation
touchante, 1 \ guerre d'argumentation conti-
nuait h Paris, et l'ambassadeur Alqnier en-
voyait au cardin.il Casoni, conlie la puissance
temporelle di>s [lapes, les [ilnidoyers de M. de
Champagny, nouveau ministre des affaires
étrangères\le France. Le ^28 janvier 18j8, le
Cardinal répondit par ce passage de Bossuet:
« Dieu voulut que cette Eglise, la mère com-
mune de tous les royaumes, ne fiU dépen-
dante d'aucun royaume dans le temporel, et
que le siège où tous les lidèles devaient gar-
der l'unité de la foi, fût mis au-dessus des
partiaiilés que les divers intérêts et le> jalou-
sies d Etat pourraient causer. L'Eglise, indé-
pendante dans son chef de toutes les puis-
sance s temporelles, se voit en état d'exercer
plus librement, pour le bien commun et sous
la protection des rois chrétiens, cette puis-
sance céleste de régir les âmes, et tenant en
main la balance droite au milieu de tant
d'empires souvent ennemis, elle entretient
1 unité dans tuut le cor|)S, tantôt par d'in-
flexibles décrets et ta ntol [^ar de sages tem-
péraments. » On no pouvait pas exprimer,
ajoute lecardinal, ni plus solidement, ni plus
clairement, la nécessité oij se trouve l'Eglise
roniaine de conserver sa neutralité et l'indé-
l'FH Hf
iientbtuee de non domainu tempopoi. ( Horh<
bâcher, vol. XXMII, p. 7.1. )
l'en de JMurs apr«^s, le ^én<^^d MioMis
frère de léveque di- DUric, «nnoMçj» (pj'jl .tI-
lait pas.ser avec un cor|»H ih; troupes, pour sy
leiiille d Uis |(! royaume «le Naplen. |)/UIM la
même journée ori sut ipie les l'"ran»;aiH mar-
chaient sur Uome, annonçant ipi'ils nvriient
ordre de s'en emparer. L«' pape a''S(>mbla lo
sacré collège, et r('digea In piotfs'^lalion sui-
vante, (pi'il lit alliclier dans Uonie, h l'eritréo
de rariiii'e frrieaise, laqu'lli- eut lieu le len-
demain au matin, 2 février IHOH.
« Sa sainteli'* noire seigneurie p.ipe Pii; VM,
n'ayant pu airK'iin'à tontes lesdiniiaude^ ijui
lui ont été faites (h; la pai l du gonveriU'iiKnit
français, [)ai'C(i (pie la voix de sn conscienno
et ses devoirs sacrés h> lui déf(Midaieit,a cru
(l('V(»ir subir les désastreuses consécpiences
do il on l'avail menacé [lar suite d(! sou re-
fus, el mèiiKî l'occiipalion militaire de la ca-
pitale on il siégo. Hésigné dans Ihumililé
lie son (;œur devant les impénétrables juge-
ine-ils du ciel, il rtnnet sa cause aux main.«,
de Di(ni ; mais, ne voulant pas d'ailleurs man-
quer h l'essentielle obligation de garantir les
droits (lésa souvm'aineté, il nous a ordonné
de protester, comme il jiroteste formelle-
ment en son nom, en celui de ses succes-
seurs, coniie toute usurpation de ses domai-
nes, sa volonté étant que les droits du saint-
siége soient et demeurent (oui à fait in-
tacts.
'< Vicaire sur la terre de ce Dieu de paix
qui nous a enseigné par son exemple la dou-
ceur et la patience, il ne doute point (|U0
ses sujtns bicn-aimés, qui lui ont toujours
do lié tant de preuves d'obéissance et d'at-
lachem nt, ne mettent Ions leurs soins <i con-
server la tranquillité privée et [lubli pie. Sa
Sainteté les y exhorte et le leur ordonne ex-
piessément; elle espère que, loin de faire
aucun tort, aucune offense hq.d que ce suit,
ils respecteront môme les individus d'une
nation dont elle a reçu tant de témaignages
de respect et d'affection dans son voyage en
France, on son séjour à Paris. » Cette pro-
testation était signée du cardinal Casoni, se-
crétaire d'Etat.
Suivant l'avis du sacré collège, Pie VII
avait donné l'ordre que les portes de la ville
fussent ouvertes à l'heure ordinaire; que les
gardes pontificales, au lieu de faire aucune
résistance, restassent immobiles dans leurs
quarliers, et laissassent les Français entrer
librement dans Uome. Le 2 février, vers les
huit heures du matin, l'armée française en-
tra dans Rome, désarma la garde pontificale,
occuoa le château Saint-Ange, et, tandis que
le pafie et le sacré collège célébraient dans la
chapelle du Quirinal l'olTice solennel de la
fête de la Purification, un gros corps de ca-
valerie el d'infanterie fut porté sur la grande
place du palais pontifical, et dix pièces d'ar-
tillerie furent braquées en face des fenêtres
de l'aiiparlement du pape. Les ofiiciers fran-
çais et quelques sujets rebelles avaient es-
péré qu'a la vue de cet appareil terrible, le
pape et le sacré collège, effrayés, auraient
03»
TER
fini par accepter les conditions do l'empe-
reur. Lf'ur (''lonnement fui grand de voir la
cérémonie continuer «vec la plus grande
tranquillité, et les cardinaux se retirer en-
suitpsans montrer auruu signe d'altération.
(Pacca, Mémnirrs<t sur Pie Vil. )
Le lendemain 3 février, le pape déclara
au général Miollis et h l'amliassadour Al-
quier qu'il se considérerait con)rae Jprison-
iiier, tant qu'il y aurait à Homo une armée
d'orcupation. Le général avait f»rdre de n'o-
jiérer de changements dans le gouvernement
(]uo Ipntonient et sans serousso ; mais avant
même la tin du mois, il dut, daitrés l'ordre
formel de son gouvernement entrer dans la
voie dos mesuros violontos et arbitraires. Les
cardinaux Caralfa, Trajetto, Pignatelli, Sa-
luzzo, Caracciolo et Rulfo Scilla, tous Napo-
litains, reçurent l'ordre do partir immédia-
tement pour Naples. Ils répondirent, (prê-
tant attachés au sacré collège, ils ne pou-
vaient quitter Rome sans lordie formel du
saint-père. On les lit partir de force. Le mois
suivant, le même ordre fut donné h tous les
cardinaux italiens dépendant des Etats an-
nexés à l'empire français. Pie VII leur adressa
h chacun une lettre qui leur défendait d'o-
béir. « Dans le cas oîi la force, y étail-il dit,
après avoir indignement arraché Votre Emi-
nence du sein du chef de l'Eglise, vous lais-
serait libre à quehpu; distance de Rome, la
volonté de Sa ïSainteté est que vous ne pour-
suiviez pas le voyage, afin qu'il soit bien
constaté que la violence seule a pu vous
éloigner du saint-siége. » Le cardinal Do-
ria, ((ui avait été mis à la place du cardinal
("asoni, comme prosecrélaire d'Etat, fut en-
levé de Rome par la force et se réfugia à
Génos. Le cardinal (iabrielli lui succéda dans
ses fonctions. On lit enb^ver de Rome |)ar un
piiiuet de soldats français, et renfermer dans
lalorleresse de Fénestrelle, MgrCavalctiini,
gouverneur de la capit'de du monde cbré-
lien. En partant, il publia la lettre suivante,
qu'il écrivait au pape : « Il n'y a jamais eu de
moment de ma vie où mon Ame ail é|»rouvé
autant de consolation et de paix que le mo-
mcul où j'adresse à Votre Sainteté cette let-
tre respectueuse. Heureuse lettre ;i (pii il
sera permis au moins d'ap|)rocber du trône,
si l'on refuse cette permission h celui qui l'a
écrite! Lettre témoni éternel des sentiments
avec lesquels, aujoind'liui arraché par la vio-
lence, je me sépare de mon souverain et de
mon [tèro ! Serein d'.lino. Iran(piille d'esprit,
avec une conscience (jui ne me reprocha ;\u-
cun délit, je vais quitter Rome. Votre fer-
meté invincible, très-saint-pèro, et l'exoin-
ple illustre de tant de personnages l'minents
révolus de la pourpre, et qui soulfrcnit la
mémo injuste Inltulaiion.m'aiiiuient et m'en-
couragent. Honorabl(> osl mon délit, et jeu
dois être orgueilleux devant toute adversité
et tout siip[)iice ; mon délit est de vous avoir
conservé um> lidélité connue je le devais. Et
oui, J» mon exemple, ne conservera pas la ti-
déjité \\ un héros de patience h la fois et de
force, tel "lue vous vous montre/., très-saiiit-
père, et tel que vou.s Aies; au chef de lE-
PER eio
lise, au successeur de saint Pierre? J'ai
ri'iiii pour votre auguste personne aux pro-
positions qui m'ont été faites de grandeurs,
de richesses et d'homiours, si je m'étais dé-
claré rebelle h votre tiùnc et à vous ; j'en ai
frémi, j'en frémis encore en y pensant. De
telles récompenses auraient été semblables
h ces monnaies (pie reçut le disciple traître
h Jésus-Clirisl. J'aurais cru accepter un sa-
laire d'iniquité, et le vil [)rix du sang et de
l'impiété. .Menacé, je no me suis pas senti
abattu ; gardé à vue maintenant, je ne me
laisse jias abattre; arraché de Rome, je serai
le môme. Et (piel minisire, fidèle à vous,
pourrait s'humilier? Que ce soil là le plus
amer reproche qu'auront h se faire vos en-
nemis et les miens! Je serai privé de tout,
mais rien ne m'enlèvera la belle joie d'une
conscience pure (pii souffre, sans l'avoir mé-
rité, et de son dévouement au saint-siége, et
de son amour pour votre personne sacrée.
On me refuse la faculté de retourner h ma
maison paternelle, et l'on me prescrit le mi-
sérable séjour d'une forteresse éloignée (Fé-
nestrelle) ; mais en contemplant les murailles
étroites qui m'environneront, les liens et les
chaînes dont je serai peut-être chargé, rien
ne m'empêchera de penser continuellement
à vos conseils et à vos exemples, qui furent
pour moi les commandements les plus légiti-
mes. L'emploi que, pendant peu d'années,
j'ai eu l'honneur d'exercer dans ^a capitale
auprès de votre Sainteté, avec tous les sen-
timents de lidéliié et de justice que j'ai pu y
apporter, je demande (pi'il me soit permis
de n'y pas renoncer, quoiriue j'en sois éloi
gné. Ce souvenir me sera (l'une quotidienne
consolation dans les traverses de mon dou-
loureux exil. Dieu prendra soin de la justice
de ma cause, et j'en suis st!lr, car elle mir-^
che du même {las que la v(jtre. Voilà le.s
sentiments aveclesquelsje pars, ô très-saint-
père : et avec les plus fervents sentiments de
religion et de tendresse liliale, j'implore,
pour ,^ présent el pour toujours, la paler-
nelle bénédiction apostolique. Cavalcuim,
(joiivcrncur dr liowe. »
Au mois d'aoi"il suivant, on vint dire au
pape (pi'une fr(''gale anglaise était depuis
queUnies jours à la hauteur de Fiumicino ;
qu'elle avait ordre de recevoir Sa Sainteté
et de la conduire en Sicile. Le pape relusa,
en disant : " Je ne rpiitterai le saint-siége
(|ue lors(jue la force viendra m'en arracher. »
Le 0 septembre 1808, uii major du nom de
.Mun/.io se présenta au cardinal Pacca, pour
lui signifier un ordre de départ, disant qu'il
avait (Miblié une notificalio-i du papo capa-
l)le de mettre obstacle aux etuôlements cpie
faisaient les Français. Le pape, prévenu par
un billet, vint lui-même trouver son m nis-
tre, et le prcniiit par la main, le conduisit
dans ses appartements , et déclara que si on
voulait venir l'y prendre, il faudrait qu'on
bris'it les portes. « Je suis las, dil-il à l'ofli-
cier, de soull'rir tant d'outrages el d'insultes
de la part d'un iKunme (pii >e dit encore ca-
tholique ; on vont m't'itcr un à un tous mes
ministres, afin do m'empôcher d'accomplir
641 m:u peu in
iiiiiii (Icviiir aposhilifiim ri [tour* ontnivor nolcn voloiilrt a mis vu piviticiiKt, cl du Inis-
r(<\('i(i("(' (les (lioils tlo ma soiivcraiiKUrt .sci- dniis le repos cclli! vcr^c i|iii nous .1 r'-lr')
ilrvn «llnhiién il'Uis la immnoiiih) du ijH'iilieiliciix
l'iorro, priiicn des npAlres, avttc la ^nrdo du
l(Mn|ii)i-cll(\ je IK' veux pas ipi on m ciiKiv
le cardinal. » Co lui on mai IHO'J, <|ut) Nap<
liMUi mil lo coiiddc à (('tic pi'is('(iiliuii, ru (la- liv)iip('au universel du Seimir'ur, pour la
laiil d(! N ii'inu'.où d veiiail d'euirer, uudi'crel coiicMlinu cl la punilioii des liiejjis éj^arécs
(|ui iiicornoraii délinilivcmcnl les lilals lo- e( (il).sliM(''('.s dans leur cf^aifMiutril, cl pour
uiains h I empire l'ianrais. I,e 10 juin, l'ailil- l'exempio et la Icrreur sidutaire des nulros 1
Ici'ic du cliAlcau Saiul-Auj;;c }i;i(»uda pour Mais hî lenips de la douceur r-sl nn.ssô
annoncer la (-liule du j^ouveriuMueul pou- Si non.-» \u) voidnns pas oncuuiir le rcpro-
(ilical. Le draneau IVauçais fut mis à la clm de né>;li|j,eucc, de lAchelé, (pu; nous
pKuu! de celui du papu. I>(> décrel d'iucorpo- rcslc-lil, sinon de mépriser loule raison 1er-
roliou lui publié h sou de Irompo dans tous reslre, do repousser toulo prudence do la
I(>s (piai'liers de la ville. J)és le 11 au malin, chair, ol (rexé('ider ce préeejile évanj^îlirpjr- :
la bulle suivante lut trouvée allichée îi très- Si i/uch/u'un n'ecoulc /xm irlijlisc, (ju'il noiiit
grand nondiro d'exemplaires sur les murs do soif, comme un païen et un publlcain. Q{i'i\H
lii villt» papale, sans (pie la police IVam.aise, n|)pr(MUK'nt une fois , eoMuu(; dit (lié-
qui était Irès-aclive, pût savoir par ([ui elle j^oire (b; Na/ianze, (pi'ils sont soumis par
avait élé placardée. I-^llo commence par ces la loi du Chrisl à notre empire ot à nolro
mois: Qduin nicnionniilit illit (/(V,... Lo pape tri')!!!*, (^ir nous aussi nous exerf;ons un
énuuu're les empiétements succossils du (onnuandcnK-nl, el mémo une j»uissanco su-
^ouvernemonl l'rancais sur le saint-siége, périeure, à moins (ju'il ne soiljusle quo
il en signal(> Kvs lendances, ot se; |)lainl amé- l'esprit le cède à la chair, cl les choses du
remeiil (l'avoir <i souUVir (lo telles violences ciel à celles de la terre. Autrefois tant do
do la pari d'un souverain el d'un peuple souverains pontifes, recomraandables par
auxcpiels il a témoigné tant d'aU'ection : leur doctrine et leur sainteté, en sont venus
« Nous nous souvenions, avec saint Am- à ces extrémités contre des rois et des f)rin-
broisc, que le saint homme Nabolli, posses- ces endurcis, parce que la cause de l'Eglise
seur d'une vigne, interpellé par une do- l'exigeait ainsi pour l'un ou pour l'autre de
ma'ule royale de donner sa vigno, où le roi, ces crimes que les saints canons frappent
après avoir fait arracher les ceps, ordonne- d'analhème ; craindrons-nous de suivre en-
rait de planter des légumes, avait répondu : lin leur exemple , après tant d'attentats si
Dieu me garde de livrer riiérilage de mes méchants, si atroces, si sacrilèges, si connus
pères ! De ]h nous avons jugé qu'il nous et si manifestes h tous ?...
était bien moins permis de livrer notre hé- « A ces causes, par l'autorité du Dieu tout-
ritage antique el sacré, ou de consenlir faci- puissant, par celle des saints apijtres Pierre
lemont .^ ce quequi que ce fût s'emparût de la et Paul, et par la nôtre, nous déclarons que
capitale du montle catholi(iuo, pour y trou- tous ceux qui, af)rès l'invasion de celle il-
bler et délruirc la forme du régime; sacré qui lustre ville el du territoire ecclésiastique,
a été laissée par Jésus-Christ à sa sainte Eglise, après la violation sacrilège du patrimoine de
et réglée par les canons sacrés ([n'a établis saint Pierre, prince des apôtres, entreprise
lEspril de Dieu ; pour substituer à sa place et consommée par les troupes françaises,
un code non-seulement contraire aux saints ont commis dans Rome et dans les posses-
canons, mais encore incom})atible avec les sions de l'Eglise, contre l'immunité ecclé-
précoples évangéliques, et pour introduire siaslique, contre les droits temporels de l'E-
enliii, comme il est d'ordinaire, un autre or- glise et du saint-siège, les excès ou quel-
dre de choses qui tend inanifeitement à as- ques-uns des excès que nous avons dénoncés
socier et à confondre les sectes el toutes les dans les deux allocutions consisloriales sus-
superstitions avec l'Eglise catholique. Na- dites (16 mars et 11 juillet 1808), et dans
bolli défendit sa vigne, môme au prix de son plusieurs protestations et réclamations pu-
sang, remarque saint Ambroise. Alors pou- bliées par notre ordre ; tous leurs commet-
vions-nous, quelque événement qui dût ar- tants, fauteurs, conseillers ou adhérents, tous
river, ne pas défendre nos droits et les pos- ceux enfin qui ont facilité l'exécution de ces
sessions de la sainte Eglise romaine, que violences,ou les ont exécutées par eux-mêmes,
nous nous sommes engagé, par la religion ont encouru l'excommunication majeure et
d'un serment solennel , à conserver autant autrescensuresel peines ecclésiastiques por-
qu'il est en nous ? Pouvions-nous ne pas re- tées par les saints canons et constitutions
vendiquer la liberté du siège apostolique, apostoliques, par les décrets des conciles gè-
si étroitement unie à la liberté et aux inté- néraux, el notamment du saint concile de
rets de l'Eglise universelle? Trente; et au besoin, nous les excommunions
K Plût à Dieu que nous pussions, à quel- et anathémalisons de nouveau
que prix que celui, et même au prix de no- « Mais, dans la nécessité où nous nous
trc vie, détourner la perdition éternelle, as- trouvons d'employer le glaive de la sévérité
surer le salut de nos persécuteurs que nous que l'Eglise nous' a remis, nous ne pouvons
avons toujours aimés, et que nous ne ces- néanmoms oublier que nous tenons sur la
sons pas d'aimer de cœur 1 Plût à Dieu qu'il terre, malgré noire indignité, la place de
nous fût permis de ne jamais nous départir celui qui, en exerçant sa justice, ne cesse
de celle charité, de cet esprit de mansué- pas d'èire le Dieu des miséricordes. C'est
tude q^ue la nature nous a donné, el que pourquoi nous défendons expressément, en
am
PER
PEA
644
vertu ()p II sninte obc^issmiro. h tous les peii-
ples chriUions, et siirloul h nus sujets, de
causer, à l'occasion île ces présentes lettre^,
ou sovis quelque prétexte i|ue ce soil, In
moindre tort, le moindre préjudice, le moin-
dre dommage h ceu\ que rei^anlont les pré-
senlis censures, soit dans leurs hie is, soit
dans leurs droits ou prérogatives. Car, en
leur inni,;îeant le genre de punition q«ie
Dieu a mis en notre pouvoir, en vcupeanl
ainsi les nombreux et san.^l.mts outrajjes
faits à Dieu el à srm Eglise siinle , notre
unique but est de ramener h nous ceux qui
nous afiligent aujourd'hui , aùn qu'ils par-
tagent nos afilictujns, si Dieu leur accorde
peut-è re la grâce de la péniten e pour con-
naître la vérité. Ainsi donr. levant nos mains
vers le ciel, dans l'humililé de notre cœur,
nous reconunandons h Dieu la juste cause
pnur laquelle nous rombatlons, ()ui5'iu'«llo
est la sienne plutôt que la nôtre ; iiou-* pro-
testons do nouveau que, par le secours de
sa grAce , nous sommes prêt h boire jusciu'à
la lie, pour le bu n do son Eglise, ce calice
que lui-môme avcnihi boire le prtnnicr pour
elle j en mémo temps nous le prions, nous
le conjurons par les entrailles do sa miséri-
coi^de, de ne pas mépi'iser I s oraisons el les
prières tjue nous adressons jour e; nuit pour
leur repentir et leur salut. Ceilainomo it, il
ne brillera pas pour nous de jour plus for-
tuné et plus conso'ant que celui ou nous
verrons la miséricorde divine nous exaucer,
et nos lils, ipii nous envoient aujourd'hui
tant de tiibulalions et de laus's de douleur,
se réiugier dans notre sein paternel et s'em-
pre'>9er de nnilrer da is I.* Ixneail du Sei-
gneur. » Dans la nuit du 5 au 0 juillet 1809,
ou amassa tout ce (ju'on put parmi les mé-
coiitenis d;î la |)opulac.' romaine et ou se
dis|)osa h donner I a<s;mt au palais du pa[)e.
Le princip.d denlrc ceux di'S Humains (pii
prirent part h celle maiifeslalion, fut un |)or-
lelVux nonuué lîns^ola, le(piel avait t'téciiassé
pour toi (lu palais papal. Ce fut lui qui ser-
vit de guide aux autres. S'il fnut vu croire
les éciivains Pacra, l'icol et Artaud, ce fut à
la tête d'une troupe île galériens, do sbires,
et d'un certain nouibre de gendarmes, (jue
le général de gendarmerie Hadei envahit, le
6 au uiaïui, le palais du pape. 11 lui notifii,
de la part de rem|)er(Mir, l'ordre de renon-
cer h sa souveraineté |. luporclle. « I.c do-
maine tHUjporel appartient à l'Eglise, répon-
dit V\" Vli, nous n'en souunes ip» > l'adini-
nistmlriM'. E'euqx'reur pourra nous nuMlre
en pièi>'s, mais il n'obtimdra jamais cela do
nous. Après tout ce que nous avions fut
pour lui, nous no nous attendions pas {( ce
Irailttiiieiit. »
Le gfiM'ral ayant rlit nu pape qu'après ce
refus il do'.ait |p cou biiif au général Mlol-
lis, et qu»', Hil lo voulut, il pouvait etniuf-
scr son ministre, le cardinal l*ai'ca« b> |iapi>
Ht le lardinal partirent. A l.i porte du palais,
un les lit inoriter (lan> une voiture ipi'un
gendarme ferma h clef ; uiai^ nu lieu de se
r» ' <>rs In général Minllin, le cortège
!•' la vdl»" \n\r la (ifirte Salara, d'où.
par un oireuit, on vint h la porte del Popolo,
uù se trouvaient des rej.iis qu'on avait com-
mandés.
Le pa[ie et le eardieal. qui ne saltenlnipnt
pas à èiro ainsi enle es , so t'emai.dèrent
mutuellement s'ils avaient firis do quoi suIh»
venir aux frais du vnyagp. î.e pape avait
dans sa bourse vingt-deux sous de France.
Le cardinal en avait environ seize. Ils par-
tirent de Home h «piotre heures du matin,
nour gagner la Toscane. Aux prem ers re-
lais, dans la Campagne-de-Kome, dit le car-
dinal Paeea , nous i>ôiiies rnuarqui-r, sur la
ligure (lu pf^u de personnes que nous ren-
contrions, la tristesse, la stupeur que leur*
causait ce Sjiectacle. A Monlernsi, plusieurs
femmes, sur les ()orles dos maisons, rei on-
nurent le saint-pôre, que les gendarmes es-
cortaient le salire iiil , comme un c.iminel,
et nous les vîmes, imitant la tendre com-
})assion des femmes do Jérusalem , se frap-
I) r la [loitiine, pleurer, «rier, en tendant hs
bras c(uilie l.i voilure : « Ils nous enlèvent lo
saint-père 1» Nous fûmes profondément émus à
ce speclaelequi.du reste, nous co('da cl(er;car
lUidet, cr.iign.int (pie li vue du pape en'evt'de
cette façon n'exci à t quelque tumulte, quelque
sou'èTiMuent dans les lieux poptibux, pria
Sa Samielé de faire baisser les «tores de la
voiture. Lu saint-père y consentit avec beau-
coup de résignation , et nous contInuAmes
ainsi le voya^^e , renfermés dans la voiture,
nres([ue sans air, dans les heures les plus
niillanlcs de la journée, sous le soleil d'Ita-
lie, au mois iJe juillet; vers mitli , le pape
témoigna le dé-iir de preniire quoique nour-
riture, el Hadet (it f.iire halte ."i la maison
de poste, dans un lieu près pi • désert» sur la
montagne de Vilerbe. LJi, dans nnccliambre
sale, espèce de bou ,o, où se trouvait à peine
une chais- disjointe, la seule peul-ôlre qui
fût dans la maison, le pa «e s'assit h une t ible
recouverte «lu le nappe dégoùlante, r man-
gea un œuf et une tranche de jambon. Sur-
le-champ on se remit en roule : la chaleur
était excessive, sull'oeante; vers le soir le
pape eut s if, « t, comme on ne voyait am une
maison près de la route , un maréclia!-des-
1 ) , s de gend'irmes re» ueillil dans une bou-
teiiie de I eau de source qui coulait sur le
chemin , (M la présenta au saint-père , (|ui la
but avec plaisir. // but aitifi de I kih du tor-
rent sur Ir chemin , comme il est dit dans le
psaume. Nulle part, depuis .Monterosi, on no
put voir (piel était le prisonnier enfermé
dans la voiture, ce qui donna lieu a une
aneedote i urieuse. Tandis qu'on relayait h
llolo>;ena, un Père fr.ineiscain, (pii était loin
de croire (pie le pape alhol l(uit entuidre,
aeco>ta Uadel près de In V(Ulure et lui dé-
clara >on nom , en lui rappelant cpi'il avait
été avec lui ini rorrespondaiii e épislolaire,
et (pi'il lui avait r'MdUMiiandé un certain
«vocal (le Rome. Hndet se trouva fort em-
barrassé pour lui ré| (uidre, et le pape, so
tournant vers le cardinal , lui d l : « Oh I
quel Cfxpiin de moine ! » .Vprès dix-neuf heu-
res ddne marche forcée, m faligante pour le
saiol-péto, h c^use d Une cruelle infu'mité à
6«tt
rin
IjkiiicIIo l'I/iit conlniiri' loiilc csiK^rr do foti-
H,liu, l'I Mirluill ct'llo 'lu voulue , iKUi.s (IITI-
vAiiics, Vers niio liciiit'/iv/iiil iiiiiinil, h IWidi-
colfiâii , |)r«'iiii«il' »'ii(ln)il »U) lu IdsciiiKt, (il
nous (Ii'scciiiHiih'mIjiiis sii ini'.s(|iiiii() aiih r^c,
où rit'M n't'l.iil |ti('v>irr. N'.iv.uil |i(is (i'Ii.iliil
pour uIkiiikui'* >I ihhis lalliil ^(ll'(l(M' rt'iu (|ii<)
li()iis avions, Iniit l),'ii|.;tir.s do li'Mhs|Mi'jili(ill,
Cl h l'nii iVoid (|iii dnimno l;i, iik^iiii* au ciPiir
(lo l'iUé, ils se ht'cliriciil soi' nous. Ou iiims
.'issif;iia, au saiu'i-pri'c cl h niiii, {\vu\ pcliics
cliambri s coiilif^iUi-s, cl des ;^t'iid.iiiiics luicnl
)la('és aux poilos dn dcvaiil. D.uis tnnii lia-
jil de cnidiiial , j'aidai la scrvaulc fi l'au'e le
il du pa|ic cl ;i |»ic, arcr la lablc pour l(^ sou-
per. Lo l'cpas lui c\liOiin inenl i'iuj,;d. l'ni-
daiil loul ce Iciups je lAill.ii de souhiiir Tcs-
piil du .-ai'il- ère. (]e jour-là UK^iue, oïlave
de sainl Pierre, louU-s les prières de ri';-;liso
flnuofiÇciieid »o doul nous élions léiM(tins,
tl i(»iilcs élaiiMii r.iilcs pour inspirer la eon-
fiance el le courage. Oi lisail dans l'Kva'igiio
que la nacelh" (pii poilail les apôlies sur lo
lac de (iéni'Saro 11 itd a.ssaillie d'une violeiilo
lemjxHe et tourmciiléo parles llols , parce
que le vcnl iHail eoiilrairfs mais (pin h'enlot
Jé.>-us-Cl)risl a|)|arul sur les ondes alliées et
fil laire la lenipèle. Dans l'ollice, on rôeilait
au st>cond uoeiuine les belles ( t éloquentes
leçons do sain! Clir\sosloiiie,dans lesquelles
il l'élicile les apùlres Pierre el Paul do leurs
travaux, et se réjouit des sou|lr;oiees (pi'ils
ont endurées [)Our nous, eu s'éerianl : « Que
dirai-je maintenant ? que puis-je dire désor-
Diais en coiisitlérant ces souirraiices ? Oue do
prisons n'aveic-vous pas saneliliées ! qw, de
chaînes n'avez-vous pas honorées 1 que de
tournienls n'ave/-vous p-is illustrés ! Ré-
jouissez-vous, o Pierre ! Divin Paul, réjouis-
sez-vous 1 » A cette consolalio'î que l'K^lise
oirrail en ce jour aux (idèles s'en joignait
une parliculitre i)Our moi: c'est que ie pape,
loin de donner aucun signe, de proférer au-
cune parole qui indiquât un repenvir des pas-
courageux faits contre jNa[)oIéon , dévelop-
pait au contraire une énergie , une force
d'àme, qui m'émerveillaient.
il parlait toujours à Radet avec une di-
gnité de souverain, quelquefois mCMuesur un
to:i d'nidignaliun si dur et si sévère, que je
dus le prier niodestement de se calmer el de
reprendre son caractère de maîisuétude et
de douceur. Après avoir élé rejoints par
les serviteurs du pape, nous pariîmes de
Kadici fani, vers les sept heures du soir, le
7 juillet ; et nous trouvAmes à quelque dis-
tance une foule r.ombreuse que i'oîi avait
rei oussée ii l'auberge. Radel lit arrêter la
voilure et permit à tous de s'approciier {tour
leoevoii la bénéuicliondu >aint-père,et (|uel-
ques-uns mèm.- lui baisèrent la main. Il se-
rait dillieile de peindre la ferveur, la niélé de
ce bon peuple el de toutes les populations
delà Toscane. Nous voyageâmes toute la
nuit, et le 8 juillet, vers la pointe du jour,
nous arrrivàmes aux portes de Sienne.
Des chevaux de poste et une forte es-
corte de gendarmerie nous attendaient hors
(ie la ville. Radet ne dissimula pas au
pnpo qu'il avait prin Ionien cnf f>réc>iiitionii
dans l.i craiiilu qiiu lu jutupln itifniioin nu
MO hOiilcvAl il sou pa»snKe; et il lui dil (pni
peu de JOUIS auparavant on avait leiiiBrqij'j
(pielipie lermuMlalioi danN cellii villo i\ \'t\r-
rivé.' du vice-gérant de Rouie, IVJKr l-eiiuift,
patriarche de (ionstaiiinoplc, i|ui était loi-
iiiéiiio conduit par des Kcudai nies, hiidet
voulut nous faire reposer a P(ig;ibo izi pen-
dant les heures les plus biOlantes <!.■ la jour-
née. AriiNcs à l'auberge , l(} pape el nioi
nous reslAmes plus ^i^• vingt ini'oiles sann
|iouvoir d( siendre , parce que r(diirier do
gendarmerie, porteur de la clefde la voiture,
éliul reslé derrièro avec l'iMpiipage. Uadel
permit à ipielques peisoiries d'entier dans
ranberge pour >ejeler aux pieds du soiiV(-
rai:i ponlile. .\prés (piehpies heures de re-
jios, nous reprimes la roule do Florence, nu
milieu d'un peuple inmiens(; (pii drMiiandail,
<'ive(; des signes exlraordi-iaii es de h-iveur,
la béiiédiclion nposujlique; nniis à quelque
d stanc(î de l'auberge, les postillons, cpii
nous menaient très-vite , n'apernjrent pas
une petite élévation sur laquelle se porta
une desrouts: la voiture versa avec vio-
lence, l'essieu cassa, la caisse roula au mi-
lieu du chemin, le pape engagi'- dessous, et
moi sur lui. Le peuple qui pleurait et criail :
.S'fojfo y^<t//-c/ saint-père! rc'eva en un ins-
tant la caisse; un genilarrae ouvrit la por-
tière, (jui était toujours fermée à clef, la-i-
dLs (jue ses camarades, pAles et déligurés,
s'etl'oi^aient d'éloigner le peuple, qui de-
venu furieux, leur criait :Canj. 't'ont. 'Chiens 1
chiens! Cepeudant le sainl-père descendit,
porté sur les bras du peuple qui se pressa t
aussitôt autour de lui ; les uns se pros er-
naient la face contre terre , les autres lui
baisaient les pieds, d'autres touchaienl res-
peclueuseme:it ses habits comme s'ils eus-
sent élé des reliques et tous lui demandaient
avec empressement s'il n'avait point souf-
fert dans sa chute. Le saint-père, le sourire
sur les lèvres, les remerciait de Isur inté-
rêt, et ne leur répondait qu'en plaisantant
sur cette chute. Pour moi qui craignais que
celte multitude en fureur n'en vînt aux
mains avec les gendarmes et ne se portât à
quelque excès dont elle aurait été la victime,
je mélançais au milieu d'elle en criant que
le ciel nous avait préservés de tout mal, et
que je les conjuiais de se calmer el de se
tranquilliser. Après cette scène qui avait
fait trembler Radet et ses gendarmes, le s lint-
jière monta avec le cardinal dans la voilure
de Mgr Doria, et ils repartirent. C'éiait un
spectacle attendrissant devoir surtout notre
passage ces bons Toscans demander la bé-
nédiction du saint-père, el, malgré les me-
naces (les gendarmes, s'approch m- de la voi-
ture pour lui baiser la main el lui témoigner
toute leur douleur de le voir dans cette
cruelle position. « V'ers une heure de nuitj
continue le cardinal Pacca, nous arrirâmes
à la Chartreuse de Florence. Le saint-pèrè
fut reçu sur la porte par un colonel de gen-
darmerie et par un commissaire de police.
Le prieur seul eut la permission d'approcher
047
PER
PER
618
et do complimenter le saint-père ; toutes les
autres personnes furent ropoussécs, même
Ips religieux du couvent qui en furent pro-
fondcî'ment aftligf^s : nous noiis trouvions e-i-
vironnés de gendarmes et d'oHiciers de po-
lice, qui, sous prtMexte de nous être utiles,
ne nous perdaient pas de vue. On conduisit
le sainl-pèredans I apparlement où, liix ans
auparavant, l'immortel Pio VI avait été re-
feini en otage. Lorsque Pie Vil y arriva en
1809, la Toscane était gouvernée par une
sœur de Napoléon, Catherine , mais alors
lilisa Bonaparte, sous le nom dp grande-du-
chesse. Eilo envoya complimenter Pie VII à
la Chartreuse et lin faire les oITres d'usage.
Mais à peine le pape et le cardinal étaient-
ils couchés depuis deux heures , qu'on
les fil lever par ordre de la princesse
Elisa, et partir sur-le-champ, le pape pour
Alexan irie, le cardinal pour Bologne. Le
saiiU-père eut à peine le teuips do deman-
<ler un bréviaire au prieur de la Char-
treuse 1 »
Tout le voyage du pape jusqu'en France
ftit une sorte de triomphe ; les populations
se pres^ieut pour le voir; ceux (jui pou-
vaient lui rendre quelqu'un de ces petits
services dont les voyageurs ont besoin, s'es-
timaientforl heureux. S'il l'eùl voulu. Pie VII
aurait vu les paysans le délivrer des mains
(les sotdats qui le conduisaient. A Grenoble,
toute la garnison de Saragosse , qui était
prisonnière de guerre, vint au-ikvant de
lui, lui demander sa bénédiction. Le clergé
de la ville, qui avait demandé la mémtî fa-
veur, se la vit refuser. De iirenobie, le pape
artit pour Valence. De (irenoble on awiit
ait {)artir le cardinal Pacra |)Our la forteresse
do Feneslrelle. Les sonliuients tle la plus
vive piété éclatèrent dans tous les lieux de
la Provence qne traversa le pape. A Savone,
le cardinal Doria, qui passait ()Our se ren-
«Ire h Paris, ne put obtenir de voir le pape.
Ce fut (laus celle ville quu!i chambellan do
l'ciufiereur olfrit au sainl-pèro cent mille
francs par mois, lui forma une maison, lui
acheta une vaisselle, une livrée, et rengagea
à acrepler tout ce ipii convenait à la re[)ré-
sentalion qu'il était obligé de tenir. Pie Vil
refusa tout, et se tint renfermé dans ses ap-
parlemeits. Il avait des surveillants, qui ne
permettaient pas qu'il parUlt, ni qu'il écri-
vit, si ce n'e.>t en leur présenc(\ Napoléon
jKTsécula aussi tous les cardinaux, en les fai-
sant venir tous h Paris, afin d'y (Mre mieux
maître d'eux, et de n'avoir pas à les redou-
ter en cas «l'une vacance du saint-siége. Le
cardinal Anionelli mourut dans son exil h
Siniu;aglia. où on lavait transféré de Spo-
lèle. Le cardinal Caso-ii n'oblinl de rester à
RoDie, que parce (|u'il était malade. l>arafa,
inlirme, eut la permissjn:) «le demeurer à
Tolenlino. Lecanlmal B iiM hioblinlde rester
à Césène, parce qu il était fort mninde do la
goutte. Le cardinal Crivelli eut Milan pour
heu d'exil; le cardinal (^or.mdim, Midèiie.
Le carrlinal Délia Porta venait «m France,
quanri il iriuiba malaile h Turin et y niDUiul.
A l'exception do ces caidiu^ux, et do deux
F
fa
autres qui étaient napolitains et qui échap-
jtèrcnt à l'exil, Caracciolo, parce qu'il était
malade, et Firrao, parce qu'il accepta une
place d aumônier du nouveau roi de N qiles,
tous les autres furent amenés en France. Il
en est un autre, le cardinal Locatelli, qu'il
ne faut pas compter. Il demeura tranquille à
Spolète, en achetant son repos par des com-
plaisances qui ne trouvent d'excuse que dans
l'état de maladie qui avait considérablement
affaibli ses facultés.
Après la paix de Vienne, conséquence de
la bataille de Wagram, Napoléon revint à
Fontainebleau le 26 octobre 1809. Là, il eut
avec l'abbé Emery une conférence dans la-
quelle il manifesta son intention de faire
venir le pape h Fontainebleau, disant que
s'il causait seulement un quart-d'heure avec
lui, il trouverait moyen d'arranger les diiï'-
rends qui étaient entre eux. Le moyen, c'était
de laisser toutes choses ecclésiastiques re-
prendre leur C'urs naturel, et de cesser de
tourmenter le pape et les cardinaux par des
l)rélentions impossibles; c'était de rendre
chacun d'eux à sa position, à ses fonctions;
de faire cesser la persécution persévérante
depuis plusieurs années. Napoléon n'avait
pas pour but de détruire l'Eglise catholique.
Il voulait l'asservir à ses volontés, et laire
du pape un instrument de sa politique. Sur
ces entrefaites, le pape refusant toujours de
donner des bulles aux évoques institués en
France, l'empereur nomma une commission
ecclésiastique composée des cardinaux Fesch
et Maury, de Louis-Mathias de Barrai, arche-
vêque de Tours, des évoques Canaveri do
Verceil , Bourlier d'Evreux , Mannay de
Trêves , Duvoisin de Nantes, du P. Fon-
tana, général des Barnab tes, et de l'abbé
Emery. 11 voulait que cette commission
pourvût aux besoins des Eglises, en se pas-
sant du pape pour l'inslilution desévéques.
L'évéque Duvoisin surtout, homme fort
adroit, confident de Napoléon, était le plus
apte h amener par ruse, par obsession, par
fatigue, le saint-père aux concessions qu on
désirait obtenir de lui. Plusieurs cardinaux
se prêtaient au même rôle. Caprara peut
être cité comme étant de ce nomîire. On en
peut juger par la réponse que lui fit le pape,
de Savone, en aoill 1809.
« Nous avons reçu ici , lo 19 août, vo-
tre lettre datée du 20 juillet, par laquelle,
comme archevéciue de Milan, vous nous dites
que Sa M.yeslé l'empereur des Français dé-
sire (]ue nous accordions l'instituliim cano-
nique aux évècjues désignés pour rem[)lir
les sièges vacaiiis dans ses Etals. Vous ajou-
te/, que Sa Majestt> consent à ce que dans
nos bulles nous ne fassions aucune mention
de sa iiuminalion, pourvu que de notre part
nous supprimions la clause proprio mntu,
ou toute autre éipiivalenlt". Pour peu, mon-
sieur le carilinal. (|uo vous rélléchissiez sur
cette proposition, il est impossible que vous
ne voyiez pas (|ue nous ne pouvons y ar-
(piiescer sans reconnaître le droit de nomi-
ii.ilion ?» l'empereur et la faculté de l'exer-
cer. Vous dites que nos bulles seront accor-
Ci!)
VEW
l'Kll
OAO
(l(^('s, non h SOS insinncos, m.iis ^ ci'IIos du
rniiscil cl ilii niinislro des ciillcs. U'alionl
ri'.Jist» (villioliiiiii' !!(< rccoii .ail |Ms (le mi-
iiisiio ilos ctilti's (litiil raiilonti') tl('«riv()
ilt> l.'i |)iiis.s.'iii('t' l.uijiiir, cl |iiii.s, oi nui-
scil , {•(( iniiii'^lci' ne sunl-ils pas l'ciii-
|M>i(iir Iiii-iiK^mc? S(uil-ils aiilic clinso
(|ti(< l'ori^anc (le SCS ordios cl l'iiislni-
iiic'it (J(> SCS vnlonlt''s .' Or .'i|(r(''s laiil d iicio-
v.ilioiis fiiMostos^ la religion t|ii(î rciii|ici'ciir
s'c>t |icri\iiscscl coiilrc Ic><i|iicllcsii(Hisavitiis
si simvcnl et si imililcuicnl rcclaiiiô, apics
les voxnlions cxorcéos oontro tant d'occlé-
si,'isli(|iics d(> nos Mials; apiiVs la dc|i()rlalioii
lie taiil d'cY(\|ucs cl delà inajciir(> parlic de
nos cardinaux; anrùs ronuirisonncnicnl du
cardinal Pacca h V'(Micslr(dl(\ aprcs l'usur-
palion du patrimoine de Saii\l-l*icirc; aprcs
nous (Mro vu nous-uu>ino assailli à main ar-
mée dans noire palais, traîné de ville en
ville, ^ardé si étroitement, t\\u'. U'S évéïpics
tle plusieurs diocésis que nous avons Ira-
veiscs n'avaient pas la liberté (U> nous ap-
procher et ne |iouvaienl nous {)arler sans té-
moins; après tous ces atientats sacrilèges el
une inlindé d'aulres qu'il serait trop long
di- rap|)orter, cl que les conciles généraux
et les constitutions apostoliques ont franpés
d'analhéme, avons-nous fait autre ciiose
qu'obéir à ces conciles et h ces mêmes cons-
titutions, ainsi que l'exigeait nçtre devoir?
Connnent donc aujouririun pourrions-nous
reconnaître, dans l'auteur de toutes ces vio-
lences, le droit en question, et consentn- à ce
(pi'il l'exert^At? Le j)Ourrions-nous, sans nous
rendre coupable de prévarication, sans nous
mettre en contradiction avec nous-méme, et
sans donner lieu de croire, au grand scandale
des tidèles, que, abattu par les maux que
nous avons souH'erls, et par la crainte de
plus grands encore, nous sommes assez Jd-
clie pour trahir notre conscience et approu-
ver ce qu'elle nous force de proscrire? Pesez
ces raisons, monsieur le cardinal, non au
poids de la sagesse humaine, mais à celui du
sanciuaire, et vous en sentirez la force.
Malgré un tel état de choses. Dieu sait si
nous désirons ardemment donner des pas-
teurs aux sièges vacants de cette Eglise de
France que nous avons toujours chérie de
prédilection, et si nous désirons trouver un
expédient pour le taire d'une manière cou-
ve labie aux circonstances, à notre minis-
tère et à notre devoir! Mais devons-nous
agir, dans une atlaire de si haute importance,
sans consulter nos co'isedlers-nés? Or", com-
ment pourrions-nous les consulter, quand,
séparé d'eux par la vio.ence, on nous a ù é
toute communication avec eux, et, en ouire,
tous les moyens nécessaires pour l'expédi-
tion de pareilles aflaires, n'a. ant pu même
jusqu'à présent obtenir d'à voir auprès de nous
un seul de nos secrétaires? Mais si l'empereur
aime véritablement lapaixdeJ'EJiseLalhoii-
que, qu'il commence par se réconcilier avec
so 1 Chef; quil re ionce à ses lu estes inno-
valions irri ligieuses, contre lesquelles nous
n'avons cessé de réclamer; quil nous rende
la liberté, notre siège et nos olliciers ; qu'il
DiCTioNN. DES Persécutions. II,
\
restitue les |>niprièlés rnii formnicnt, non
notre p ilrniioine, inais celui de Sidnl-l'ieire;
qu'il re.laci- sur l/i cliane dr «,/iiiil l'iein»
son ( hd' siiprèinn, dont ello «'.si vouvn duptiis
sacapliviir-; ipi'il nimèni' auprès de nous
(piaraiile caniinaiu que ses ordres en otit
arrachés; (pi'il rende (\ leurs diocèses Umn
les évèiples e\ilés, cl siu-le-rlianip l'Iiarmo-
lii(* sera r(-tabhe. Au niiheu de loiiles no.s
tribulations, nous nu cessons d'/idi essor les
•lus fcrvenles prières au Dieu ipii iji.ni tons
es cieurs en sa main, et ilo l'invoquer p(»ur
l'auteur do tous ces maux : ru)us crfiirifins
nos pcintvs abondainiiMnil récompensées, s'il
j)laisait au 'rout-l*uissanl de le ramener ^i
d»i meilleurs sontimonls; mais si, par un se-
cret jugement (l(f Di(Mi, il en (;st aulrcîment,
nous génnrons au fond de noire cœur sur les
maux déplorables qui pourront arriver, et
l'on ne pourra, sans injustice, nous les impu-
ter. Nous ne négligerons rien de ce (pii sera
en notre pouvoir pour les détourner, el nou.'*
y a|tporteroiis toute raltenlion et tous les
ménagements possibles. Quant au bruit
qu'on adocte de répandre, que nous com-
promeltons les choses s[)irituelles pour des
uitérèts [)uremenl temporels, c'est une ca-
lomnie qu'il vous Oit aisé de confondre,
Monsieur le cardinal, vous qui, jour par
jour, avez su toul ce (jui s'est passé. D'ail-
eurs, vous savez très-bien que, quand il ne
serait question que de l'usurpation du pa-
trimoine de Saint-Pierre, nous ne pourrions
en abandonner la défense sans manquer à
un devoir essentiel et sans nous rendre par-
jure. A votre httie en était joinle une de
M. le cardinal Maury, et on m'en a remis en
même temps une troisième de Mgr l'évêque
de Casai, toutes trois pour le môme objet.
Nous accusons à ce dernier réception de sa
lettre, et l'engageons à so faire communi-
quer cette réi)onse. Nous nous réservons
d'écrire plus amplement à M. le cardinal
Maury, dès que nous en aurons le loisir;
en attendant, communiquez-lui nos senti-
ments, el recevez notre bénédiction pater-
nelle et apostolique. »
La commission fut chargée de s'occuper du
gouvernement de l'Eglise en général, du
Concordat , des églises d'Allemagne et d'I-
talie, de la bulle d'excommunication. Fon-
ta la refusa de siéger, et l'abbé Emery refusa
de signer les réponses de la commission
aux liuestions qui lui avaient été soumises.
Les prélats ju-titièrent l'empereur de toutes
ses agressions, agissant en cela plutôt en
courtisans q.i'en ministres de l'Eglise. Puis
elle renvoya devant lollic, alité primaliale de
Lyo 1 l'atlaire du divorce de Napoiéon avec
Joséphine. Là encore on voulait se passer
du pape. A la suite des décisions qui inter-
vinrent, Napoléon, le 2 avril 1810, épousa
l'archiduchesse Marie-Louise. Les cardinaux
assistèrent au mariage civil à Sainl-Cloud,
mais il n'en l'ut pas de même de la cérémo-
nie religieuse, où treize d'entre eux refu-
sère..t d assister. L'empereur en fut si irrité
qu'il défendit à ces tr> ize prélats de s'ha-
fciller en rouge. Ils furent exilés, Mattei et
21
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PFR
PER
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PigintMli ?i Rhetol, la Soni.iglia et Srolti i\
M^zi«''ro^. Saliiz/o et rinlodi h Sedan, puis h
Charlpville, Binncndom et Coiisalvi h UL'im>,
Loui*: Riiiïo ot Liltn h S;(i'it-Quentin , Ji Pie-
fio, O i/oniii et (labriflli h Saiimiir. On prit
riiabilude de noiiiiner ces treize cnnliiiaux
persécutés, les cardinaux noirs, en opposi-
tion avec ceu\ qui avaient encore la permis-
sion de s"hab lier e) inii^e. En 1800, Na()0-
léon supprime toute espèce de mission en
Fraiire, et fait transporter h Paris toutes les
arciiives po'ititicalns. Il ohtieit du sénat, ou
plutôt lui dicte un décret ordonnint que
tout nouveau pape, lors de son élection, ju-
rera de respecter la Déclaration dt' l'Eglise
gallicane de 1682, en statuant que cette Dé-
claration deviendra counimne à toutes les
églises do l'emiùre. A ce propos, le cardinal
Lilla écrivit plusieurs lettres dont voici la
[ilus remarquable : « Vous me demandez
ce([ueje pense de la fameuse Déclaration du
clergé de France de 1082; je ne crois pas (]ue
vous attendiez ue moi une discussion théolo-
gique, ijui-jne vous savez que je ne suis pas
professeur de cette faculté; et quand même
je le serais, j'aiujcrais mieux vous répondre
avec la simi)licité de la loi qu'avec toute l'é-
rudition et la subtilité d'un théologien.
L'objet de votre demande, comme celui do
ma réponse, n'est pas de rassembler tout ce
?[u'on peut dire pour blimer ou pour dé-
endre cette fameuse Déclaration, mais seule-
ment de voir si l'on [)eut ) a.lhérer. Sous ce
j)oint de vue, il faut (jue je commence par
vous diic quelle est ma manière de penser
et '.l'agir {)ar rapport aux ditréientes ques-
tions qui peuvent intéresser la religion. Si
jt> trouve sur ces questions une décision de
l'Kglise, je m'y tiens strictement attaché, et
alors je n'enirepren Is p.is un examen qni
me devient inutile. Si au contraire je ne
trouve pas de semblable ilécision, et (jne je
voie deux opinions tolérées [);ir ri'^gli>e,je
ne me presse pas de me déclarer ni pour
l'une ni pour 1 autre. Mais s'il arrive (luel-
(jucfuis que le devoir de la conscience m'o-
blige cl sortir de cette espèce de neutralité;
|»ar exemple, si je vois (pi "on fait beaucoup
d'ellorts pour étendre une des deux oi)inions,
Si je prévois bien des maux qui |)euvent en
résulter pom* l'Eglise, et (|ue d'ailleur> lo-
tinion contiairc me parai>se plus |)ieiise,
>lus sûre dans la prati(jue, plus favorable à
a religion et même plus conforme aux véii-
tés révélées, alors le zèle (jue je duis avon-
iH>ur l'Kglise m'oblige à soiiir de la neutra-
lité. Voin le cas i>ù je n)e trouve à présent.
Si l'on me demandait mon adhésion ii la
doctrine soutenue, dans la Dédaraliou de
l'assemblée de 1(')82, je ne croirais pas, dans
l'étal actuel des choNes, satisfaire à mes obli-
f;ations par un .simple refus, eu réclamant la
d)erlé de me tenir ntnilre, mais je regarde-
rais (ftmme un devoir pour moi d avouer
francliemenl (jue j'ai les motifs les |)lus forts
qui m'oiiligent à ce refus. El comme vous
nu; demandez mon opuiion, je me crois de
même ohligé de vous écrire ce que j'en
pense. Je vous dirai donc que je n'approuve
pas cette Déclaration, et cpje je tic pourrais
lui donner mon adhésion. Je suis bien aiso
(lue voire demande m'engage à entrer dans
1 examen que je vais faire avec vous, tant de
la Déclaration en général cjne de chacun des
articles qu'elle contient; ce sera la meilleura
manière de vous rendre raison de mon sen-
timent; c'e^t ce que je me proj)Ose de faire
avec ({ue^pies détails dans Jes lettres que jo
vous écrirai successivement. »
Cependant Napol/'on, après les réponses
de la commission d'évèques, ne se détermi-
nait à rien. Les évoques de France, au nom-
bre de ilix-neuf, écrivirent au pape en mars
18.0, pour le prier instammenl de leur ac-
corder des pouvoirs extraordinaires, tou-
chant les dispenses de mariage, et de vou-
loir bien accorder les bulies d'inslallalioii
aux évèques nommés, atin de ne pas forcer
l'Eglise de France à ()Ourvoir à sa [)ropro
conservation. Pie Vil accorda les pouvoirs
extraordinaires et refusa les bulles.
Napoléon, voulant éluder les prescriptions
si précisas du quatrième canon du deux.èmo
concile œcuménique de Lyon, lequel défend
aux évoques élus de s'ingérer, sous quel-
que couleur que ce soit, dans ladministratioii
de la dignité ecclésiastique avant que leur
élection fCit continuée, ordonna, en 1810, quo
conformément au concile ne Trente, les clia-
pitres nommeraient les grands vicaires pen-
dant la vacance. Les cbajutres choisirent
pour grands vicaires les évèques nommés.
Maury, qui avait suggéré cette idée, fut
nommé aro'.ievèque de Paris ; mais le pape
publia trois brefs adressés, l'un au cardinal
Mauiy, le second h l'archidiacre de l'Eglise
de Florence, le troisième à .M. d'Astros, vi-
caire ca[)itulaire de la métrofiolo de Pans. Il
y déclarait la marche ([u'ou avait suivie con-
traire aux lois ecclésiasti<iues et h la disci-
filine reçue par elle. A la suite de ces brefs,
os chaintres des cathédrales refusèrent de
reconnaitre et de recevoir les ecclésiastiques
nommés par le gouvernement. La lettre du
pape au cardinal .Maury était ainsi conçue :
« Vénérable frère, salut et bénédiciion apos-
toli((ue. il y a cinq jmirs ((ne nous avons
reçu la lettre par laijuelle vous nous appre-
nez votre nomination à l'archevêché de Pa-
ris, et votre lusiallalion dans le gouverne-
ment de ce diocèse. Cette nouvelle a mis le
comble à nos aitliclions, et nous pénètre d'un
senliriKMit «le doiibnir (pie nous avons peino
à contenir et (ju'il est imjH>ssil)le de vous (>\-
primer. Vous étiez partaitement instruit de
notre lettre an (ardiiial Ca(>rara. pour lors
archevècpie do Alil.in, dans hupielle nous
avons exposé les motifs puissants (|ui nous
faisaient un devoir, dans l'etal présent des
choses, de refuser l'institution canoiiKjue
aux évèques nommés par l'empereur. Vous
n'ignoriez pas (pie non-seulem»nit les cir-
constances siuit les mêmes, mais qu'elles
sont devenues et deviennent de jour en jour
plus alarmantes, par le souverain nn^pris
quon atlecli^poui I autorité de l'Eglise, puis-
qu' n Italie on a porté l'audace et la témé-
nlé justiu'ti Uéiruire géuéialemenl toutes les
r(iininiinmil(''s roli^^ieiiscs (!»> l'ini cl iln l'nii-
li'o .si'\(', sii(t|iiiiii('r (les paroisses, dis ('•¥<>-
clirs, l(»s n'-iiiiir, li's ftiii;\l,!j;)inioi', Iciii- ddiirinr
lin iKtiivcllcs (N^m.'ircatioiis, smiis (Uccnlfr Ich
sii^j^cs siil)ui'l>ic.'Hi'('S; cl loul cclii s (!sl l'jiit
en voitu lie l;i seule .lulorih^ imp rialc cl ci-
vile. C.'ir no\is 11(1 parlons pas de ce (ju'a
éprouvé lo «'Ici'^^é de rKi^lise i-oinaiiie, In
mère cl la niailresse des antres M^liscs, ni
do lanl d'antres atletilals. N'ons eoiniaisse/,
dans lo pins j^rand diHail Ions ces éviMK!-
nioMls; cl d'après cela, nous n'aurions ja-
mais cru (jne vous eussiez pu recevoir di;
j'eniperenr la noniinalion don! nous avons
parlé, cl cpu' votre» joio, c^'i nous l'aMuon-
(;aut, l'ul telle (pu» si c'était la clios(> la plus
«!;réablo p(»ur vous et la plus eonrorini! h nos
vceuv.
« Ksl-ce doue ainsi, (pi'après avoir si cou-
rai;(Misenit>nl cl si élo([uennnenf plaidé la
cau.so do rMglisi', dans les temps les [)lus
oragoux do la révolution françaiso , vous
aliandoiuiez eotto menu» Kj;lise, aujourd'hui
que vous êtes comL>lo do ses tli;j,inlés et do
SOS bienfaits , et lié si étroilomenl à ollo par
la religion du sornuMit? Nous no roa;j;issoz
pas do prcndio parti contre nous dans un
procès que nous no soutenons que pour dé-
fendre la dignité do l'Eglise? Est-ce ainsi
que vous l'aites si peu de cas de notre au-
torité, pour oser en quelque sorte, par acte
public, prononcer sentence contre nous, à
qui vous deviez obéissance et fidélité? Mais
ce qui nous aitlige encore davantage, c'est de
voir (pi'après avoir mendié i)rès d'un chapi-
tre l'administration d'un archovoclié, vous
vous soyez, de votre propre autorité, et sans
nous consulter , chargé du gouvernement
d'une autre église, bien loin d'imiter le bel
exemple du cardinal Joseph Fescii, arche-
vèijue de Lyon, lociuel, ayant été nommé
avant vous au même archevêché de Paris, a
cru si sagement devoir s'interdire toute ad-
njinistration spirituelle de cette église, mal-
gré rnivitation du cl'apitre.
« Nous ne rappelons pas qu'il est inouï,
dans les annales ecclésiastiques, qu'un prêtre
nommé à un évêclié quelconque ait été en-
gagé par les vœux du chapitre h prendre le
gouvernement du diocèse avant d'avoir reçu
l'institution canonique. Nous n'examinerons
pas (et personne ne sait mieux que vous ce
qu'il en est), si le vicaire capitulaireadonné
librement et de plein gré la démission de ses
fonctions, et s'il n'a pas cédé aux promesses,
à la crainte ou aux menaces, et par consé-
quent si votre élection a été libre, unanime
et régulière. Nous ne voulons pas non plus
nous informer s'il y avait dans le sein du
chapitre quelqu'un en état de remplir des
fonctions si importantes; car enfln, où veut-
on en venir ? On veut introduire dans l'E-
glise un usage aussi nouveau que dangereux,
au moyen duquel la puissance civile par-
viendrait insensiblement à n'établir, pour
l'administration des sièges vacants, que des
personnes qui lui seraient entièrement ven-
dues. Oui ne voit évideiument que c'est
non-seulement nuire à la liberté de l'Eglise,
r'F.n
(^4
mais vricore ouvru' la porlt; au m'IiImuc i;(
aiiv éleclioHN invalides? M. ils d'aillelU'K, ipii
voii.s n rté^ii^é du ce lion (|ui vous unit <'i
ri';>;lise de MoiilcII/ihCMiie? ijiii esl-cu qui
vous a donné tUs dispenses pour <^liu e|tj
par un chapitre, el vous chflrKor (Je l'afiiiii-
iiislr'ilion d'un antre dioccse'.' OniHo/ donc
MU-lc-ch,imp c<;tle adiiiiiiislialioti. Non-.seu-
lemeiil nou.s vous l'ordonn "Um, ninis nous
vous (Il prions, nous vous en conjiu'nns,
pressé par la charité perhonnelie (pi« ri(jn!i
avons pour vous, aliu ([ue nons n- .soyons
lias fiM'cé lU' prOc('!d(!r, iiudgii- rions et aveu
!(.' plus gland nigret, conforiiiéineni aux si;i_
liits des saints canons; <!l personne n'ignoiu
les peines (pi'ils prononceiil conlroceux cpii,
préposés î» une église, piw^nnenl (n iiiain lo
gouvernement d'une auli (; éyli.so avant d'ètro
dégagés des premiers liens. Nous espérons
(jue vous vous lendrez volonliiîis à nos
VdHix, si vous faites bi(Mi attention au tort
qu'un tel exoniph; do votre part lérait ,'i l'E-
glise et h la dignité dont vous êtes re\èlij.
Nous vous écrivons avec lout(; la libeii(j
qu'exige notre ministère; et, si vous recevez
notre loltre avec les mêmes sentimenls qui
l'ont dictée, v(nis verrez ([u'elle est un témoi-
gnage éclatant de notre tendriisse pour vous.
(( En attendant , nous ne cesserons d'a-
dresser au Dieu bon, au Dieu toul-puissanl,
de ferventes prières, pour qu'il daigne apai-
ser, [)ar une seule parole, les vents et les
tempêtes déchaînés avec fureur contre la
baïquo de Pierre, et qu'il nous conduise
entin à ce port si désiré, où nous pourions
libcoment exercer les fonctions do notre mi-
nistère. Nous vous donnons de tout notre
cieur notre bénédiction apostol que. —
Donné à Padoue, le 5 novembre 1810 , la
onzième année de notre ponliiicat. »
Napol on, de plus en plus irrité, et soup-
çonnant les cardinaux (Jabrielli, di Pietro,
et O[)izzoni d'avoir pris part à la rédaction
des brefs du pape, les lit enfermer au don-
jon de Vincennes, ainsi que le prélat de Gre-
gorio, et le général des Barnabites, le P.
Fontana. Le [)rélat Doria fut exilé à Naples.
On redoubla de sévérité à l'égard du pape;
on en vint jusqu'à faire chez lui une visite
donncilière, et à lui enlever ses bréviaires.
Le comte de Chabrol, préfet du département,
lui écrivit la lettre suivante, qui est aussi
ridicule qu'elle est outrageante, a Le sous-
signé, d'après les ordres émanés de son
souverain, empereur des Français, roi d'Ita-
lie, protecteur de la confédération du Rhin,
médiateur de la Suisse, est chargé de notitier
au pape Pie VII, que défense lui est faite de
comuiuniquer avec aucune église de l'em-
pire, ni aucun sujet de l'empereur, sous
jeine de désobéissance de sa part et de la
eur; qu'il cesse d'être l'organe de l'Eglise
catholique, celui qui prêche la rébellion, et
dont l'âme est toute de fiel ; que puisque
rien ne peut le rendre sage, il verra que Sa
Majesté est assez puissante pour faire ce
qu'ont fait ses prédécesseurs, et déposer un
pape. » Le pape ne répondit»pas à une pa-
reille lettre. Il garda le silence en présence
65S
PFR
PER
G^ifi
fie ces injnros c. oo res grossi^rotés rommo
il tcnnia la résignation et la patirnre la plus
craMli\ on pir^sonre dos pcrsérulions dont
il était inffssainm lit roltjol.
L'omp renr manitosli sa rolrro nm-seu-
lemont h IV'^inl du saint-|)ôrn, mai«^oici>re
à léganl îles eorh'vsiastiijuos ([m refusaient
do rocovdir los vioairos gf'Miéraux nommes
parles rh.ipitres. M. d'A'^tros, depui^^arehc-
vt^qne de Toulouse, fut mis h V'inoennes.
Dans les jours qui suivirent, le clia litro de
Paris onvova à Napoléon une adresse rédi-
gée par Maury, dans lacpielle il était avancé
deux erreurs grossières. Il y était dit nue
depuis le commencement de l'Eglise galli-
cane, cette Eglise avait coutume (le conf<''rer
les pouvoirs capifulaires aux évéïpies nom-
més, et fpie c'était en voriu d'un avis domié
par Bossuet, que, sous Louis XIV', les évé-
quos nommés avaient ainsi pris l'administra-
tion de leurs diocèses. Napoléon envoya
partout celle adresse, et bientôt les jour-
naux furent remplis des adhésions qu'y
donnèrent un grand nombre d'évôques et de
chapitres dllalie.
En janvier 1811. l'empereur assembla de
nouveau sa commission ecclésiastique, dans
laquelle il lit entrer deux nouveaux meudjres,
le cardinal Cisselli, évéque de Parme, et
l'archevêque de Malines, M. de Pradt. Doux
questions lui furent soumises : 1° Toute
communication entre lo pape et les sujets de
l'empereur étant interrompue, (juant à pré-
sent, à qui faut-il s'adresser pour obtenir les
dispenses qu'accordait le saint-siégo ? -2" Quel
serait lo moyen h'gitim"' de donner l'institu-
tion canonique, si le pape refusait persévé-
rammont d'.iccorder des bulles aux évé([ues
nommés par lempereur pour reuqilir les
sièges vacants? La commission, sans reculer
(lovant une assertion mensongère, réfioidit
que le pa|ie refusait les bulles sans alli'guor
aucune raison canoni(pie. Puis elle proposa:
1° d'envoyer vers lui, pour l'instruire de
l'état réel des choses; de convoquer un
concile général, ou une assemblée nom-
breuse d'évéquos , puiscpie l'Eglise de
France était obligée de pourvoir à sa propre
conservation. Elle conseilla de n'amener de
changements rpie petit h petit, d'y (in'-parer
doucement les esprits, pour ne pas rencon-
trer dans les populations uneop|)Osilion trop
vive. Napoléon voulul passer outre et fairo
adopter des résolulKMis cpii ronvorsaienl
complètement l'autorité papale, mais on lui
représenta, notamment le cardinal Fesch ,
qu'il allait se rendre contraires tous les évù-
t(ues, qu'il entrait dans la voie des persécu-
tions, el qu'il allait faire (hvs martyrs. Alors
il s'arrêta et parut disposé à inoutrer plus
do doucoiir. Cette bonne piMisée ne tint pas
(lovant los encouragements que lui dniine-
reiit los llatteurs pour l'engagera passer oui e.
Dans une matinée du la lin de mars 1811.
non-seulement tous les membres du coniti'
ecclésia>lii[no, mais encore les consoilleiN et
les grands dignitaires de 1 empire, furent
ino[)inémont (onvo(jués à une .iiidieiice im-
périale. L'empereur se lit allendro pendant
doux heures. Il disnit que les hommes qui
avaient attendu étaient plus hébétés. Il pa-
rut dans un appareil extraordinaire, regarda
si tout le monde était arrivé, et ouvrit la
séance par un discours très-long et très-
véliément contre le pa|)e : il l'accablait d'ac-
cusaiions pi)ur sa réNi^taiico obstinée, et
montrait une disposition à jirendre les réso-
lutions les plus extrêmes. Ce discours était
un tissu de principes erronés, de faits ab-
solument faux, et arrachés sans judiciaire à
tous les siècles, de calomnies atroces ot de
maximes très-opposées h celles de l'Eglise;
cependant aucun des cardinaux ni des évê-
ques présents ne parut chercher à faire va-
loir la vérité contre la force et la puissance.
Heurousomont il s'y trouva un prêtre.
Après avoir parlé avec la violence do la
colère. Napoléon regarda tous les assistants,
puis il dit à l'abbé Emery : « Monsieur, ([ue
pensez-vous de l'autorité du pape? » L'abbé
Emery, directement interpellé, jeta les yeux
avec déférence sur les évêquos, comme pour
demander une permission d'opiner le pre-
mier, et il répondit : « Sire, je ne puis avoir
d'autre sentiment sur ce point que celui qui
est contenu dans le catéchisme enseigné par
vos ordres dans toutes les églises; et à la
demande : Qu'est-ce que le pape? on ré-
pond (pi'il est le chef de l'Eglise, le vicaire
de Jésus-Christ , h qui tous les chrétiens
doivent l'obéissance; or, un corps peut-il se
passer de son chef, de celui h <iui de droit
divin il doit l'obéissance?» Napoléon fut
surfiris de cette réponse, il p.iraissait at-
tendre encore tpie l'abbé Emery coiitinuAt
de parler. Le prêtre octogénaire no redou-
tait rien, et il reprit : « On nous oblige, en
Franco, de soutenir les quatre articles do la
Déclaration du clergé : mais il faut en rece-
voir la iloctrine dans son entier; or, il est
dil aussi, dans lo préambule do cette Décla-
ration, ([ue le pape est le chef de l'Eglise, ci
qui tous les chri'litMis doivent l'obéissance,
el do plus ou ajoute que ces quatre articles
décrétés par l'assemblée ne le sont \\as tant
pour limiter la |)uissaiice du pape que pour
empêcher ({u'on ne lui accorde pas ce (jui
est essentiel. » Ici l'abbé Emery entra dans
un assez long (lévolo|)pemeiit des ([uatre ar-
liclcs, montrant que, «pioiqu'ils [)arussent
limiter la puissance du pape en quehpies
points, cependant ils lui reconnaissaient une
autorité si grande el si universelle qu'on ne
pouvait pas s'en passer dans l'Eglise. L'abbt'
Emery di-clara eiisiiile (pie si, connue on le
disait, on assemtilait un concile, il n'aurait
aucune valeur, s'il était disjoint du pape.
Napoh''on, vaincu sur ce point, murmura le
mol cale(hism(>, el reprit : « Eh bien ! j(» ne
vous conteste pas la puissance s(»irituello du
papt«, puisipi'il l'a rvrno de J(''sus-Chrisi ;
mais Jesus-Clirist, je lai déjà dit, ne lui a
j)as donné la puiss.mce tomporelle; c'est
Cliarlomagms qui 1 1 lui a donnée, ol moi,
succes>eur de Cli.irlomage, je veux la lui
ôtor, I arce iiu'il ne >a l pas en user, el qu'elle
rempê( ho (roxerccr ses fonctions sj)irituel-
Ici. «(Artaud, II, si de Pic VU, t. III, c. I.)
057
PICR
l'hfl
O.'K)
Lo2f> avril IHIl, unr lollrodi' riMiipcrcur,
onvoyôo mix t^v(N(|U('.s du stus Kliils, amioiu;»!
l'ouvi'itui'»' tl'iiii concile ii.ilidMul. Il cmi-
^oll(il h vo (juc les cv(\nics a.sscinlilc's en-
voyassent vers 1(1 |ia|)u une (l('i|)nlati(in, (|iii
fnl cnninosi'e (l(> rai(licv(^(|n(î de l'oins, de
Harral, (le révt^iinc de Nantes, Dnvoisin, cl
de l'i'iviViue do 'l'rùves, Manuay. Ils se rendi-
rent à Savone cl remitlirenl vis-à-vis du
pape un rAlc vraiment indigne il(! leur ca-
raelùre. lis en viiuiMit jusipi'îi s'ox|)rinicr
sur son eoni|>le en (ernics assez irrévéren-
cieux, le dépei;-:,nant connue un vieillard l'ai-
ble et scru|)uleu\, eueliu à des opinions
exaf:;érées, et (pi'on pourra néanmoins anuî-
iH'r jxir lassilKilc l\ l'aire ce (pu' l'on voudra.
Ils devai(>ul anuMU'r le saiul-p^ie h lairi; un
traité dont les hases élaient : I" ipie le papi!
accorderait les bulles d'inslilulion aux évé-
ques nouuués aux sièges vacants; '•2" (]uh l'a-
venir, le mélropolilain donnerait crofliec^ l'in-
sliluliou au suirrayant nommé, si le f)a|)e no
l'avait pas fait daus undélai de irois mois; 3"
(pi'il sérail libre de retourner hUoine conuiU!
évétpus s'il prêtait le serment im|)osé aux
(WiVlues par le concordat , ou de résider h
Avignon, avec une pension de deux millions
do francs, s'il voulait jurer do ne rien faire
contre les quatre arliclos du clergé de France.
Les députés devaient notiller au saint-pére,
que jamais sa puissance temporelle no lui
serait rendue.
Quand donc les trois évoques furent arrivés
h Savone, le f)r('fot les présenta au pape qui,
pendant longtemps et lors des premières en-
trevues qu'il eut avec eux, rejeta avec éner-
gie et dignité tout accommodement qui pût
ôtre un amoindrissement des droits du saint-
siége. Ce ne fut qu'à la lin, et quand ils fu-
rent proches de leur départ, qu'eifrayé par
eux dos conséquences que pouvait avoir
son refus pour le bien de la religion, il con-
sentit à laisser écrire sous ses yeux la note
suivante, à laquelle il donna son approba-
tion , bien qu'il n'y mit pas sa signature.
« Sa Sainteté, prenant en considération les
besoins et les vœux des Eglises de France et
d'Italie, (pii lui ont été représentés par l'ar-
chevoque de Tours, et par les évèques de
Trêves, do Nantes et de Fai'uza, et voulant
donner à ces Eglises une nouvelle preuve
de sa paternelle affection, a déclaré à l'arche-
vêque et aux évoques susdits ce qui suit :
1° Sa Sainteté accordera l'institution canoni-
que aux évèques nommés par Sa Majesté im-
périale et royale, dans les formes convenues
par les concordats de France et d'Italie; 2"
Sa Sainteté conseiltira à étendre les mômes
dis])ositions aux Eglises de Toscane, de Parme
et de Plaisance, au moyen d'un nouveau con-
cordat ; 3" Sa Sainteté consent qu'il soit in-
séré dans les Concordats une clause portant
qu'elle donnera les bulles de contîrmation
dans un temps déterminé, terme que Sa
Sainteté juge devoir être de six mois au
moins ; et dans le cas où elle ne les donne-
rait pas dans ce délai, pour d'autres causes
que l'indignité des sujets, elle investirait du
pouvoir de les conférer le métropolitain ou
le pins ancic'U év^rpin do In province occlé-
siaslicpns '♦"Sa Sainifîlé ne «'«'.sldéterminéo
à ces co'icessjons ipn" dans l'espétanc»! ipicj
lin ont fait coneev((ir les évècjiics dépijl('s,
qu'elles préparaient les voies h des nccom-
inodemenls ipii n'Iablir.iienl l'ordre; et l/i
paix d.nis l'I-'-glise, <;l(pii rendaient au saint-
siége la liberté, l'indépendance et la dignit*')
(!onvenab|es. Savone, 1'.) mai IMl 1 .„ Aus-
sitôt (|ue les députés lurent parti», I'k; Vil sen-
tit sa faute, il en versa d'abondafites larmes.
Le concile de Paris se l'éiinit le 17jiiin. Il
était composé de (piatr(!-viMgl-(piinze prélats.
Napoléon y avait mandé nominativement
tous ceux ipii lui élaient favoiMbb's ; (pianl
à ceux (pi'il savait mal disposés pour lui, il
(Kî leur permit pas d'y venir. Il en tenait
UH^mo plusieurs, comme on sait, en prison.
Ce concile, convo(pié sans l'assentiment du
pape, était frappé d(î nullité dès son début.
La pi'ennèr(> assemblée pré|)aiatf>ii(' eut lien
chez le cardinal Fesch, (pii fut nonuiié pn';-
sident. Le premier jour d(^ la session , tous
les prélals se rendirent à la cathédrale, où
le cardinal Fescb ollicia, et oii M. de Boulo-
gne, évoque do Troyes , j)rononca un dis-
cours, dans leciuel on remarquait îo passage
suivant, ([u'on ne saurait tro|) admirer pour
son courage. « Mais quelle que soit l'issue do
vos délibérations, quel (pie soit le jjarti que
la sagesse et l'intérêt (le nos Eglises pour-
ront nous suggérer, jamais nous n'abandon-
nerons ces principes immuables qui nous at-
tachent h l'unité, à cette pierre angulaire, à
cette clef de la voûte sans laquelle tout l'édi-
lico s'écroulerait sur lui-même : jamais nous
ne nous détacherons de ce premier anneau
sans le(iuel tous les autres se dérouleraient
et ne laisseraient plus vinr que confusion,
anarchie et ruine : jamais nous n'oublierons
tout ce que nous devons de respect et d'a-
mour à cette Eglise romaine qui nous a en-
gendrés à Jésus-Christ, et qui nous a nour-
ris du lait de la doctrine ; à cette chaire au-
guste que les Pères appellent la citadelle de
la vérité, et à ce chef suprême de l'épisco-
pat, sans lequel tout l'épiscopat se détruirait
lui-mêuie et ne ferait plus que languir comme
une branche détachée du tronc, ou s'agiter
au gré des flots comme un vaisseau sans
gouvernail et sans pilote. Oui, quelques vi-
cissitudes qu'éprouve le siège de Pierre,
quels que soient l'état et la condition de son
augusie successeur, toujours nous tiendrons
à lui par les liens du respect et de la révé-
rence tiliale. Ce siège pourra être déplacé, iJ
ne pourra pas être détruit; on pourra M
ôter do sa splendeur, on no pourra pas lui
ôter de sa force ; partout oii ce siège sera, là
tous les autres se réuniront ; partout où ce
siège se transportera, là tous les catholiques
le suivront , parce que partout où il se
tixera, partout sera la tige de la succession,
le ceîitre du gouvernement et le dépôt sacré
dos traditions apostoliques. Tels sont nos
sentiments invariables, que nous procla-
mons ^uijourd'hui à la face de l'univers, à la
face de toutes nos Eglises dont nous i)ortons
en ce moment les vœux, et dont nous attes-
65y
PER
tons la foi ; h la face- des saints nulels, ol au
milieu de celte basilique où nos pères assem-
blés vinrent |tlus d'une fois cimenter la paix
de l'Eglise, et apaiser pir leur sagesse des
troubles el des dillVrcnds, h(^las ! trop res-
seiuiilants hceux qui nous occupent anjour-
dliui. Il me semble en ce moment les en-
tendre, il me semble voir leins ombres vé-
nérables apparaîtr«;au milie; de nous, comme
pour nous dire de ne rien faire qui ne soit
digne d'eux, qui ne soit digne de nous, et de
ne jamais dévier de rdiilique chemin (ju'oil
tenu nos ancêtres. »
On lut dans le concile un manifeste de
Napoléon contre le pape, aussi injuste dans
le fond, qu'il était aigre et injurieux dans la
forme. On lit une adres*;e à rem()ereiir : ce
fut au milieu do la discussion de cette
adresse, que l'évoque de Chambéry, d'Es-
soles, proposa au concile d'aller en masse au
)ieddu trùne demander la mise eu liberté du
3ape. L'influence du cardind Fesch, qui pro-
posa de ne pa> employer de mosens si pu-
jlics et si ostensibles, j>roduisit son ellet.
Ce ne fut que le .3 juillet (jue l'on cora-
inença h s'occuper delà compélenre du con-
cile pur rapport à la (jueslion des bulles. Le
5, la congrégation déclara, « qu'il fallait,
avant de [)rononcersur les questions lui lui
étaient soumises, que le concile, suivant en
cela les règles canoni<jues, sollicitât la per-
mission d'envoyer au i)ape des députés, qui
lui exposassent l'état déplorable des Eglises,
et qui conférassent avec lui sur les moyens
d'y remédier. » Les (>rélats, qui portèrent
celte réponse à l'empereur, tlirent ijuils l'a-
vaient trouvé frjrtirrité, el qu'ils n'avaient pu
rn[)aiser, qn'en rédigeant avec lui le projet
de décret suivant : « i' Lesévèchés ne peu-
vent rester vacants plus d'un an pour tout
délai, el ilans cet espace de temps, la nomi-
naiion, l'institution et la consécration doi-
vent avoir lieu ; 2' l'empereur nommera h
tous les sièges vacants, conforminuenl aux
Conconlats; 3" six mois a[)rès la nominalion
faite par l'empereur, pour tout délai, le pape
d(»nnera l'institution canonique; Vies six
mois ex[)irés, le métropolitain se trouvera
investi, par la concession laite même par le
pape, et devra proeéder à l'institution catio-
iii([ue et à la consécrati<in ; 5' le (»n'sent dé-
cret sera sounus h l'approbation de l'empe-
reur ; 6" Sa -Majesté sera suppliée par le
concile, de permellri^ h luie défiutation d'é-
vAqiies, de se rendre auprès du j)ape , pour
Je reruercier d'avoir, par ces concessions, mis
un terme aux maux de l'Efrlisc. » Le 7 juil-
let, la (;ongn',-;atioii accepta le projet. Il n y
eut à le repousser que l'archevêque de Bor-
deinx et I «'vèque de «land; mais le lende-
nïoin, six autres pn-lats rétractèrent leur
n|iprobalion, ol le pron-l no l'ut plus soutenu
(|ue par une minorité de quatre membres.
Le soir mèuie, Naptileoii rendu un décret
pour dissoudre le roncile. MM. de broj^lie,
^vf'que (Je (land, Birn, «vèipir i|«> Toiirnay.
Bo\iiog<ie. evèque de ^^oye^, lurent arrêtes
el r<>riferniés au doi\)oo de Vincennes.
L'honneur du concile ninsi fermé violom-
PF.R 060
ment était sauf. Sa résistance était constatée
par l'emprisonnement de II ois de «PS n)embres.
Jusque-là tout était tionc h rh<mneiir de
la religion , h Ihonneur «lu concile. Napo-
léon, qui voulait absolument arriver k ses
tins, chargea les ministres des cidtes de
France et d'Italie, de faiie venir chacun sé-
parément dans leur c b net les évêques do
ces deux j^ays, »t de les forcer, soit par me-
naces, soit par promesses, à accepter le dé-
cret qui établis>ait une clause additionnelle
au Concordat. Ce moyen réussit : tous les
évêipies, h l'exception de quatorze ou quinze,
donnèrent leur adhésion. Les ministres leur
montraient d'un côté la colère de l'empereur
et les dangers qu'il y avait k la provoquer;
d'un antre , l'acffuiescenif'nt que Pie Vil
avait lionne , à Savone, aux arrangements
proposés. Puis, on leur disait que c'était le
moyen de i amener la paix dans l'Eglise.
Bien certain d'avoir cette fois la majorité
dans le concile, Napoléon le réunit. Sur le
rapport île l'archevêque de Tours, ce concile
rendit le décret suivant. 1" Conformément
à l'esprit des canons , les archevêchés et
évêchés ne pourront rester vacants plus d'un
an |)Our tout délai ; dans cet espace de temps,
la nominatioTi , l'institution et la consécra-
tion devront être effectuées. 2" L'emperetu-
sera supplié de contnuer à nomnïèr aux
sièges vacants , conformément aux Concor-
dats, et les nommés par remjiereur s'a res-
seront à notre saint-père le pajïc pour l'ins-
titution canonique. 3^ Dans les six mois oui
suivront la notitication faite au pape, i)ar les
voies d'usage, delà dite nomination, le pnp«'
donnera l'institution canonique conformé-
ment aux Concordats. V" Les six mois expi-
rés Srfus iiue le pape ait accordé l'instiiutujn,
le métro|)olitain, ou, à son iléfaut, le plus
ancien évêque de la prov nce ecclésiastique,
procédera à l'inst tutionde l'évêque uoiiuné;
et s'il s'agissait d'in^tituer le métropolitain,
le |)lus ancien évê(pu^ de la province confé-
rerait l'institution. 5" Le présent tiécrel sera
soumis à l'approbation de noire saint-père le
pape, et, à cet etïet. Sa Majesté sera suppliées
de permettre qu'une députation de six évê-
ques se rende auprès de Sa Sainteté pour la
prier de conlirmer un décret oui seul peut
mettre un terme aux maux des Eulises de
France et d'Italie. ^Iltdubacher, Ilisl. de
IKt/lise, tome XXVIIL pagelil.) Une com-
mission Ait envoyée par b' concib» à Savone
près du |wpe, avec une lettre si^né-e de tous
les évèques ; et comme on craignait que le
pape n'accue llit pas la demande (pie lui fe-
rait cette commission d'accejtior les déci-
dions prises sans le conseil des cardinaux,
on lui en ilépêcha cinq qu'on savait disposi'"^
à le taire tomber dans le piège. Il y avait
parmi eux Roverella, qui joua lo principal
rôle, el qui rédigt^a le fameux brt>f par lequel
Pi- \1I, non-seulement approuvait les ades
du concile, mais encore donnait les pbi^
mands ('lou'es h ceux (pii y avaient siégé. Il
o>t au moins étrange de voir Pie \II, (pii a
résisté si longteuins avec courage et énergie
flux prétentions oe l'empereur de c^ cùlé,
I
001
i'CIt
l'Kll
064
U(!'r,liiicr dans sttu broj" que lo roucilo est on-
tr6 iMiiailriiiciil dims ses iiilrjilidiis, h lui,
(>ii riiisaiil liiomi'licr les inrlniliniis dr Na-
jioU'uii. Ii'i, (jn'uii |M'iiiit'lli' à raiiliiii- tir ,si-
j;iialor uim imrasc dniiloralijc, rmaiii-c d'iiii
rciivaiii ardciil drlriisriir du |ia|H' cl do
ruIliMiiioiilaiiismc. M. Km lihacln c (|iij mar-
«|iio loujoiirs la |)Iiijî ^^raiidn vc')ii(''ialio!i pour
INc \'II,' lanl (Hi(> ce itapi' est, suivant lui,
<laiis la v<)i(^ (jiii coiivit'iil à un vicaire de
JtVsiis-(-hri.st, no craint pas de le ll,i-ellcr
«lans celte ciiconslance de li façon su vanle.
<( Oi't'll*^' dill'érencc! entj'c i(! Lui'i' absurde cl
la letlfo si hollo, si (^neri;i(iuo, (pu; Piu VU,
livn^ h sa pi'opre sagesse, éciiv t an caidinal
Caprara, le -20 aoiU 1809 (Vol. XX MU, pa;,'.
ihh). » Ce lani':a.u;e est au moins fort irrevù-
rtMuieux. On doit parler avec plus d'é^ai'ds
du chef (le ^l'^^list^ nii^nuMjuaud on signale
en lui des faiblesses. Un concilo avait lout
Milior, h tort nous ]o crovons, ad()|ité 1(!S
ïuesiM-es (pio Pie \'1I consacrait j)ar un biof
rejAretlable. 11 faut (Hre bien grand |)our
<)S(>r (pialilier d'absurde ce qui (5ujane des
<5v(Vpies réunis ot du pape.
On s'attendait à co que NapoU^on occeplc-
rait i;o bref avec- satisfaction : il lo refusa.
Va\ l'acceptant il aurait dû rendro, suivant
les proni(>sses des députés , la liberté au
}>apo; or il voulait en faire un citoyen fran-
^•ais; il préféra continuer son système d'op-
pression vis-h-vis do lui. Cependant, occupé
do la guerre do Russie, il laissa (luehjuc
temps lo saint-pére [)aisiblo dans son exil.
]\Iais, rendu à Dresde, il donna l'ordre do
l'aire venir le pa[)e en France. Le saint-père,
iU'i'ivé au luont Cenis, tomba très-malade.
Les olliciers qui le conduisaient crurent
d.voir suspendre la marche , et informer la
cour do Turin. On leur répondit de faire
suivant les ordres qu'ils avaieit précédem-
inent reçus : en route, on fut obligé d'aimi-
iiiïtrer Je viatique au saint-père. Néanmoins
il put arriver à Fontainebleau lo 20 juin. Le
concierge du palais ne voulut pas lui en ou-
vrir les appartements , [)réiextant qu'il n'a-
vait pas reçu d'ordres de Paris. 11 le condui-
sit dans son propre logis. Peu de temps après
arrivèrent de Paris les ordres nécessaires
pour qu'on fit entrer le saint vieillard dans
le palais.
Jîiwitôt les cardinaux rouges, et ceux des
ëvè(iuos français qui étaient dévoués à Na-
poléon, vinrent visiter le saint-père, et lui
représentant l'état déplorable de la religion
en France, employèrent tous leurs eilorts à
le disposer à faire de nouvelles concessions.
Bien que Pie Vil ne cédât pas encore, il était
très-impressionné de ces discours. La bonté
de son cœur, son ardente charité, ne conce-
vaient pas qu'il i)ût être trompé par des car-
dinaux et des évêques. Il était, depuis bien-
tôt six mois, à Fontainebleau, quand Napo-
léon revint de sa fatale expédition de Russie.
Ce prince, avec la promptitude de génie qui
lo caractérisait, s'occupa à réparer les désas-
^ très do la France, et sentit que sa réconci-
liation avec lo pape pouvait ôtre d'un ex-
cellent effet. 11 envoya un de ses chambellans
h Fonl.nnebienu, complimenter PioVIF et lui
d( mander dos nouvellos de sa «orité. l'n
écliatiMc de piilitrss(>, le pniio envoya h pnris
le cardin.'d horia lemercier l'inipereur. il
lut décidé (luc loti négoeiation« «< nucnt ro-
l'iises. Le |i;ipi' noninui, pour l<s suivre, les
(W'A
nui, iiour l's suivre, les
t dija trompé .'i Savone.
eveipu's (pn I avaU'U
Napoléon choisit l'évéïjue Duvoisin. Celui-
ci. prulilanl de la faiblesse cl dr l'élal ma-
l/idil'dii pape, arrêta les pr(''limin.dre.s sui-
vants: I" Le jtape et les futurs potitifes ,
avant d'élrc élevés au tionliMcal, devront
promcllio de ne rien ornonner, de ne ri'-n
exécuter cpii soit contraire aux rjiiatie pro-
positions i^allicanes. 2" Le pap(! et ses suc-
cesseurs n'auront, îi l'avenir, que liMiiirs
des nominations du sacré collège. ï.a nonnna-
tion (ii'H deux autres tiei's ajipartiendra aux
jtritu'os cathoIi(pies. 3" Lo pa))e, par un
bref public, désaopronvera et (condamnera
la conduite des cardinaux (pii n'ont pas voulu
as'^istor à la fonction saciée du mariage do
Napoléon avec rim|)ératrice Maiie-Louise.
J)ans ce cas , l'eiiiperour leur rendra ses
bonnes grAces, et leur [)einu'l(ra do se réu-
nir au saint-j)ère, pourvu (pi'ils acceptent et
qu'ds signent ledit bref pontifical. Finale-
nuMit, sei'ont exclus do ce pardon les cardi-
naux di Piolro et Pacca, aux(]ueis il ne sera
jamais permis de se rapiirochcr du jiape.
Quand tout fut préparé au gré des évo-
ques, suivant les vumix de Napoléon, il vint
lui-même à Fontainebleau, avec l'impératrice
Mario-Louise. Il prit le pape dans ses bras,
l'embrassa, et lui lit mille protestations d'a-
mitié. Lo saint vieillard, qui aimait l'empe-
reur, fut très-sensible à tout s ces disposi-
tions extérieures. 11 racontait à ceux qui
l'entouraient, avec une satisfaction marquée,
comment s'éla t passée cette première en-
trevue. Ou raconte que dans une de celles
qui suivirent, l'omperour prit le saint-[)ère
par les cheveux et l'injuria d'une façon gros-
sière. Voici la réponse de Pie Vil h cette
accusatio 1 : « Non , il ne s'est pas porté à
une telle indignité , et Dieu permet qu'à
cette occasion nous n'ayons pas à prof 'rer
un mensonge. » Nous nous en rapportons
entièrement à cette déclaration loyale du
saint-père. Que Napoléon ait commis de
grandes fautes dans toutes ses relations avec
le saint-siége ; qu'il ail même été jusqu à se
livrer à certains mouvements de colère ré-
gi ettables, nous ne le nierons pas ; mais il
y a loin de là à l'indignité dont on l'accuse.
Cette grossière calomnie s'explique très-bien
par l'acharnement avec lequel les ennemis
de ce grand homme outragèrent sa gloire
tombée. Les gens de cour et les vieux mar-
quis, qui léchaient ses bottes quand il était
empereur, et qui l'appelaient avec mépris
Buonaparle quand il fut précipité du trône,
pouvaient bien lui prêter cette brutalité
monstrueuse.
Finalement le pape, obsédé par les cardi-
naux dévoués à l'empereur, signa avec lui,
le 25 janvier , un concordat dont voici le
texte : « Sa Majesté l'empereur et roi et Sa
Sai)iteté, voulant mettre un terme aux dilTé-
6(>S
PER
PER
GG4
rends qui se sont (jIcvc^vs entre eux, et pour-
voir aux (litlirultt^ survenues sur plusieurs
alloires de l'Eglise, sont convenus des arti-
cles suiviuils, comme dev nt servir de bnse
h un orran^emeiit définitif: 1" Sa Sainteté
exercera le pontificat en France et dans le
l-ovaume d'Italie de la mt^me manière et
avec les m<^mes formes que ses prédéces-
seurs, û" Les ambassadeurs, ministres,
chargésd'affairesdes puissances [irés le saint-
père , et les ambassadeurs, ministres, char-
gés d'alTaires cpic le pape pourrait avoir près
<1os puissances étrangères, jouiront des im-
munités et privilèges dont jouissent les mem-
bres du corps diplomatique; 3° Les domaines
Cjue le saint-père possédait, et qui ne sont
pas aliénés, seront exempts de toute espèce
d'impôts. Ils seront administrés par des
Agents ou chargés d'affaires. Ceux qui seront
aliénés seront remplacés jus(ju'à la concur-
rence de deui millions de f ancs de revenu.
K" Dans les six mois qui suivront la notifica-
tion d'usage do la nomination par l'empe-
reur aux archevêchés et évèchés de l'empire
et du royaume d'Italie, le pape donnera l'ins-
titution canonique, conformément aux con-
cordats en vertu du présent induit. L'in-
formation préalable sera faite par le métro-
)0litain. Les six mois expirés sans (jue le
lape ait accordé l'institution, le métropo-
litain , et, à son défaut, ou s'il s'agit dw
métropolitain, l'évèque le plus ancien de la
province procéderai l'institution de l'évèque
nommé, df manière qu'un siège ne soit ja-
mais vacant i)lus dune année, o" Le pape
nommera, soiten France, soit dansle ro.vaumo
dllalie, h des évêchés qui seront ultérieure-
ment désignés de concert. G" Les six évèchés
suburbicaires seront rétablis. Us seront h la
nomination du pape. Les l)iens actuellement
existants seront restitués, et il sera pris des
n)e>ures |»our les biens vmdus. A la mort
des évèqiies d'Anagni et de Uieli. leurs dio-
cèses seront réunis auxdits évèchés, < onfor-
mémenl au concert qui aura lieu entre Sa
Majesté et le sain -père. 7" \ l'égard des
évèfjues des Ltats - Romains absents de leur
diocèse par les circonstances, le saint-père
jiourra exercer en leur faveur son droit
de donner des évèchés in pitrtibns. Il leur
sera fait une pension égale aux revenus dont
ils jouissaient, et ils pourront èlr(> replacés
aux sicg s vacants, soit de Tenqure, soit du
royaume. d'Italie. 8' Sa iMnjesté et Sa Sain-
teté se ronci rteroiit, en temps opportun, sur
la réduction h taire, s'il y a lieu, aux évèclu-s
de la Toscane et du pays de liènes , ainsi
que jiour les évèchés h établir en Hollande
Cl (la s les dt'partcinenls an>éatjques. 5)' La
Pr-pagande, la Pénilencerie, les archives,
seront rélabl es dans le lieu du séjour du
sai'it-père. 10' Sa .Majesté rend ses bonnes
f;rAces aux cardniaux . évèques , prêtres,
aicpns, (pii f)Ml encouru sa disgr.ke par suite
des évéticiiients actut^ls. Il" Le sainl-père
se porte aux dispositions ci-ilesstis par consi-
dération de létal actuel de ILglise et dans
la C')Mliance (lue lui a m'^pin-e Sa .Majesté,
ou'eik'occoruera sa uuiss^jnte oroleclion aux
nesoins si nombreux qu'a la religion dans
les temps où nous vivons. » i'Hohrl)acher,
Histoire de l'Ff/lise, tome XXVIII, p. 161.)
On voit que le pape renonrait h la sou-
veraineté de Rome . et (pi'il restreignait
étrangement son droit d'instituer les évè-
ques. Ce Concordat devait être tenu secret :
Napoléon le rendit public, el fit chanter un
Te Deum dans toutes les églises. Beaucoup
de prélats vinrent voir le pape et le com[)li-
menter; mais après le départ de Nahoh-on
de Fontainebleau, il était tombé dans la plus
profonde tristesse : son cœur regrettait amè-
rement ce qu'on avait forcé sa main de si-
gner. Le cardinal Pacca raconte ainsi son
arrivée h Fontainebl^^au et ses premières
entrevues avec le pape : « Je m'étais figuré
qu'un château impérial, habité quelquefois
par des ministres de Napoléon, et alors par
des évôfjues, des cardinaux, et par le souve-
rain pontife, avec lequel on pouvait commu-
niquer pour la première fois depuis cinq
ans, m'offrirait le spectacle d'un grand mou-
vement. Je ne rencontrai ipie quelques per-
sonnes vulgaires : une d'entre elle» courut
ap])eler le [lortier, qui vint aussitôt ouvrir la
grdle, et j'entrai dans une vaste cour, termi-
née par un escalier découvert. Toutes les
portes et toutes les fenèl-res étaient fermées.
Une sentinelle se [iromenait silencieusement
au haut de l'escalier. Je doutai un instant si
j'«'ntrais dans un palais impérial ou dans une
nouvelle prison d'Etat. Ne trouvant personne
^ (jui je pusse m'adresser pour demander
au .ieiK e, j'envoyai mon camérier, qui, quel-
ques minutes après, revint accompagné tJHi-
laire Palmieii, un des domestitpies italiens
restés au service du pape. Palnneri me dit
que je pouvais venir tel que j'étais, et en ha-
bit de voyag(>, et (pie le pape me recevrait
sur-le-champ. Dans l'antichambre, le cardi-
nal Dorid vint au- devant de moi , m'eni-
biassa ei pleurant, et me témoigna de la ma-r
nierelaplu.s a]lVclueu>e la joie «pic lui causait
ma délivj Alice. Dans les autres salles, je ren-
contrai (luehpies prélats fraïK'ais , et comme
j'ei trais dans rappartement du pa[>e, je trou-
vai le saint-père debout , faisaiU même «piel-
(pielqiies pas pour venir au-devant de moi.
Ouellefiitmunalllictiondelevoircourbé,pAie,
amaigri, lesyeux enfoncés, pres(iue éteints et
imiiiol)iles! Il m'emhrassa et médit ave»;
beaucouj) de froideur : «Je ne vinis alteiulais
pas sitôt. » Je lui répondis quej'avais pressé
mon arrivée, j»our avoir la considation de
me jeler 'i ses pieds et de lui témoigner mon
admiration pour le courage héronjue avec
leipiel il axait souffert une si longue el si dure
capliMlé. Il me répondit avec l'accent de la
|>lus vivo douleur : « Et cependant nous
avons Uni par nous rouler dans la fange
Ces cardinaux nous oui i raines devant la ta-
ble et nous ont fait signer! » Et alors me
prenant par la main, il me lit asseoir h son
côté, el, après avoir lait (piehpies questions
sur mon voyage, il nie dit : « Vous nouvez
cl |)r('sent vous retirer, parce (jne c'est l'heurt!
où je rei,ois les évèques fiançais; on a pré-
paré pour vous un logement au j'olais. »
CM
rnn
vm
CM
« OiicIi|M(» lomps .'i|»n'*s, M^r \\r\'\!\rT.,n{,
MUlll(^lmt|• (1(1 Sa Saintittr, viiil iirii.s.siircr (|U()
Jo ])H\H> nvnit voulu s(i (l(M)aira.s.s(M* dci l'au-
(lit'MC(> (les ('v<^(nu)s IVaiirais, cl ijn'il in'al-
Iciidait avant diiicr. Il nio i-econniiatida eu
iu(>ino li'iii|)s dd pailor HV(>i; ri'Sttrvf! (il |»iii-
donco dcvaiil les ikm'soiuics de la maison du
pape, l'I je toinpiis surir-clianip à (pii il
VDulail t'airo allusion, ic rclouinai donc aii-
pn\s du sainl-p^rc cl je le trouvai dans ini
(Mat viaiuicnl (h^ploraiilc cl iu(piic(anl pour
ses jours. Los cardinaux di l'iclro, (lahridJi
cl Lilla, les premiers ariivés h Koulainc-
bleau, lui avaient lait sentir la ^M-avité de la
l'auto dans j.ujuclh» on l'avait cniiaîm'' par
siu'priso ; il ou avait contju une Jusic hor-
reur, et il un pouvait nu^surer la hauteur d(i
la gloire d'oCï ou l'avait précipité par (le
mauvais conseils sa-is lomlicr dans la plus
l)roroudc mélancolie. Dans l'épaïu-hcnuMit
de son excessive douleur, il nio dit : « Qu'il
ne f)Ouvait chasser do son esprit cette pen-
sée cruelle; cju'il passait les nuits sans dor-
nur; (pie le join-, il prenait h j)eine la nour-
riture pour no pas défaillir, et (ju'il était ob-
sédé de la erainto de devenir l'ou et de linir
coinmo Clément XIV. » Je lis tous mes el"
forts pour le consoler : jo le conjurai de se
calmer, (ronvisajj;er que, do tous les maux
(lui pouvaient aiUiger l'Kglise, le plus fu-
neste serait do perdre son chef supr(}mo.
J'ajoutai ciue bi(Mit(!>t il se verrait entouré de
tous les cardinaux (uii étaient on France,
dont (iuel(iuos-uns lui avaient donné des
prouves non é(iuivoquos do leur zèle pour
les intérêts du saint-siége et do leur dé-
vouement pour sa personne sacrée; qu'il
pouvait mettre en eux toute sa confiance, et,
(pi'aidé de leurs conseils il pourrait remé-
dier au mal qui avait été fait. A ces mots, il
jiarut reprendre ses sons; sa ))hysionomie
s'anima un peu, et m'intorrom[)an\ : « Vous
croyez, me dit-il, qu'on puisse y remédier?
— Oui, tros-saint-[)èro, lui dis-jo, à tous
les maux, lorsiiu'ou le veut bien, on trouve
quokiue remode. » Vers les quatre ou cinq
heures après midi, je retournai auprès du
pape, ijui, dans la conversation, revenait
toujours sur le mémo sujet, sans qu'il me fût
possible do l'en détourner. Pendant cet on-
tieiien, le saint-père, pour diminuer peut-
être l'horreur que devait m'inspirer les con-
cossioiis anticanoniqucs de Fontainebleau,
me parla d'autres articles encore pius dé-
testables que lui avait fait présenter l'empe-
reur et qu'il avait rcjolés ; il ouvrit on morne
temps son secrétaire , qu'il tenait fermé
sous clef, et me présenta un papier à lire.
C'étaient les quatre propositions de l'évèquo
de Nantes. Jurer do no rien faire contre le
gallicanisme, livrer les deux tiers du sacré
collège aux princes séculiers, condamner la
conduite des cardinaux les plus fidèles , etc.
« A la lecture de cet écrit, continue le cardi-
nal Pacca, mon âme était comme suspendue
entre la commisération et l'indignation la
plus profonde. Qui n'aurait pas compati au
sort d'un pontife insulté, outragé d'une ma-
nière si brutale? Qui n'aurait pas frémi d'in-
di^nalion en songeant h celui qui avait e(i
l'impudeiicj! de .servir de iiéKocirtlcur dans
celle allaire, et aux conseillers iiubéiihis
(In saint - p(''r(' , (pii ne Im avaient pns
l'ait rompre sur-le-champ loulc né^ociatior»
ave(' un souverain dont le but manifeslc
était d'avilir les |iapes, de leur iuiposer \<y
joug de la plus honteuse servitude, de ren-
verser, boiihiverser tout ordr(! de liiéianhie,
et de lernir enfin l'/'clal delà i(''pulalu>n qu(î
J'ie \'II avait si justement acquis(! par tant
<le souH'rances et de sacrifices personii'ds
Mais j(! nw. gardai bien de faii'o sentir au
pape combien (Hait oulragiiusi; poui' sa iiei-
soiuie la seule' proposition de ces articles ;
l'aflliction dans laipielle il était plongé mu
faisait au contraire un devoir de calmer sou
es|"(rit et de relrv(!i smi courage abattu, (i'acca,
Mémoires sur Pic Vil, i\' jxtrde, c. t.)
Le IS ft'viior, le cauJinal Consaivi arriva
à Fontainebleau; le pjipe l'avait clir>isi pour
faire un nouveau traité avec le gouverne-
ment de l'emiiereur. Peu après ( ette arri-
vée, les cardinaux furen' tous convoqués, et
durent domier leur avis au f)a[>(! sur le
Concordat qu'il venait do signer. Beaucoup
no montrèrent nas le courage et la science
qu'on était en droit d'attendre de membres
du sacré collège. Ce furent surtout l*acca et
Consaivi qui firent comprendre au pape la
nécessité qu'il y avait do faire parvenir k
l'em[)erour une rétractation formelle. Ce
fut le colonel Lagorse, commis à la garde dt?
Pie VII, qui |)orla à Paris la lettre suivante :
ft Quelque pénible (pie soit à notre cœur l'a-
veu que nous allons faire à Votre Majestér
quelque peine que cet aveu puisse lui cau-
ser h elle-même, la crainte des jugements
de Dieu, dont notre grand âge et le dépéris-
sement do notre santé nous rapi)rocheDt
tous les jours davantage, doit nous rendre su-
l)érieur à toute considération humaine et
nous faire mépriser les terribles angoisses
auxiiuelles nous sommes en proie dans ce
moment. Commandé par nos devoirs, avec
cette sincérité, cette franchise qui convient à
notre dignité et à notie caractère, nous dé-
clarons à Votre Majesté que, depuis levingt-
cincj janvier, jour où nous apposâmes notre
signature aux articles qui devaient servir de
base au traité définitif dont il y est fait men-
tion, les plus grands remords et le plus vif
repentir n'ont cessé de déchirer notre âme
qui ne peut plus trouver ni paix ni repos.
Nous reconnûmes aussitôt, et une conti-
nuelle et profonde méditation nous fait sentir
chaque jour davantage l'erreurdans laquelle
nous nous sommes laissé entraîner, soit par
l'espérance de terminer les différends surve-
nus dans les affaires de l'Eglise, soit aussi
par le désir de com{)laire à Votre Majesté.
« Une seule pensée modérait un peu notre
aftliction, c'était l'espoir de reméaier, par
l'acte de l'accommodement définitif, au mal
que nous venions de fai-re à l'Eglise on sous-
crivant ces articles. Mais quelle ne fut pas no-
tre profonde douleur, lorsque, à notre grande
surprise et malgré ce dont nous étions coh-
vonu avec Votre Majesté, nous vimespubher,
0
I>67
PER
PER
668
S(>us le liiro de Concordat, cos nnjraos arti-
cles qui n'étaient (juc la base d'un arrani^'c-
ment futur! Gt^niissant anièromcnl ot du
l(vid (le notre cœur sur l'onasion do scan-
dde donnée h l'Eglise par la piddicalion
desdits arliclt's; ploinenienl convaincu de la
nécessité dt; le réparer, si nous pûmes nous
abstenir pour le moment de manifester nos
s« titiments « t de faire entendre nos réclama-
tions, ce ne fut unitpicmenf (^ue par pru-
dence, pour éviter toute précipitation dajis
une affaire aussi capitale.
« Sachant que, sous peu de jours, nous
aurio'is la consolation de voir le sacré col-
lège, notre conseil naturel, réuni auprès de
nous, nous voulûmes l'attendre j)Our nous
aider de ses lumières , et prendre ensuite une
détermination, !io i sur ce que nous nous re-
connaissons obligé de faire en réparation de
ce que nous avions fait, car Dieu nous est té-
moin de la n-soluiion (|ue nous avions prise
dès le premier moment, mais bi(*n sur le
choix du meilleur mode à adopter pour
l'exécution de cette même résolution. Nous
n'avons pas cru e.ouvoir en trouver un plus
conciliable avec le respect que nous portons
à Votre .Majesté que celui de nous adresser à
Votre Majesté elle-même et de lui écrire cette
lettre.
« C'est en présence de Dieu, auquei nous
serons bientôt obligé de rendre compte de
l'usage delapiiissanceà nous conliée, comme
vicaire de Jésus-Christ, pour le gouverne-
ment de l'Eglise, (pie nous déclarons, dans
toute la sincéiité apostolique, (jue notre cons-
cience s'opppse invinciblement à l'exécu-
tion de divers aiticles contenus dans l'écrit
du vingt-cin(^ janvier. Nous reconnaissons
avec douleur et confusion que ce ne serait pas
pour ^difïrr, mais pour (hUrtiire, «pie nous fe-
rions usage de notre autorité, si nous avions
le malheur d'exécuter ce que nous avons im-
jtrudeimnent promis, non par au( une mau-
vaise intention, coiume Dieu nous en est té-
itioin, mais par pure faiblessy et comme cen-
dre ft I ou>sière. Nous adresserons à Votre
Majc>te, par rapport à cet écrit signé de notre
mam, les mômes paroles que notre nrédé-
cevsenr Pascal II adiessa, lans un bref, h
Jlenri-V, en faveur duquel il avait fait aussi
une concession qui excitait à juste titre les
reinonJs dç sa conscitMire ; nous vou> diioiis
nvee'hii :« Nntre cnnsrience reiovnuissdtit
notre ^crit mauvais, nous Ir coufrssons mau-
l'iis, ri, arrr l aide du Sritjnrur, nous dt'si-
rnnt qu il suit cuasc tout à fait, afin qu'il
fi'rn résulte auruu dommage pour lEijlise ni
fnirini ftrrjiidirr jtour notre (ime. >• (liolirb i-
cher, Ilist. de l'iu/lise, l. XXVIII, />. 1G«.I
Napoléon fut très-irrilé de cette lettre. Il
ri'^'ilnt de In tenir pour secret»? et non ave-
nue. Maurv vint trouver Pu* VII, cl, enlermo
fort |)eu mesurés, l'engagea ii retirer sa ré-
liaetnlion. Le [)apt; lui en exprima tout s(ui
meeontenliMnent. Les mesures violentes con-
tre le .saint-père furent iepris(!s. Los évoques
fr;iiirais reriirtMit l'ordre de ipiilter le clul-
tean. Les h.ilniants et les étrangères n'eurent
plus rautoris.-'tion fie vuyir entendre la messe
du pape. Le cardinal di Pietro fut exilé 5
Anxonne, conduit par un officier de police.
Puis le colonel Lagorse dit au cardinal Paera
et à Consalvique l'empereur était fort irrité
contre eux, qu'ils eussent h ne plus causer
d'affaires avec le pape, auquel ils ne devaient
faire que des visites de pure politesse , les
avertissant que, dans le cas contraire, ils
compromettraient leur liberté. Deux (jécrets
annoncèrent l)ient(jt a|)rès, que le Concordat
de Fonta nebleau était une loi do l'Etat, el
qu'il était obligatoire pour tous les prélats et
chapitres de l'empire et du royaume d'Italie.
Pic VII, dans une allocution au sacré collège,
protesta vivement contre ces deux décrets,
et chacun des cardinaux prit copie de sn i
allocution pour en établir formellement l'au-
thenticité. Puisle saint-père rédigea une bulle
qui réglementait le futur conclave, au casoij
sa mort en aurait nécessité la réunion. Cette
bulle devint inutile par suite des événements
suprêmes ([ui s'accomplirent. Après les vic-
toires de Lutzen et de Baufzen, on apprit à
Fontainebleau qu'un armistice était conclu,
et que rein[)ereur d'Autriche se portait mé-
diateur pour un traité de paix générale dont
les conditions devaient être réglées à Prague.
Le pape lui écrivit pour lui rappeler que les
droits du souverain pontife et de l'Etat do
l'Eglise ne devaient pas être oubliés dans
ce congrès. Alors la cour de France envoya
vers le pape plusieurs négociateurs pour en-
tamer de nouvelles relations. Le premier fut
une dame (lui fut poliment éconduite. C'était
une dame (ihonneur de l'impératrice, choi-
sie pour cette mission par Talleyrand. Le
second fut Mgr Fallol de Banmoni. •'
de Plaisance, où Napoléon lavait fait ; .
en l'ôtant du siège de Cand. Plus tard lom-
pereurle nomma l'i l'arehevèché de Bourges.
« N nivelle preuve, dit Itorhbacher, du /èlo
de quelques [)rélals fran(,ais pour l'auciennc
disci|)line de l'Eglise, ((ui regarile l'abandon
d'une Eglis(> pour une autre comme un
adultère s[)irituel. « Cette dureté va aussi à
l'adresse de beaucoup de prélats recomman-
dables, qui connaissent la discipline de l'E-
glise et oui savent que dans tous les temps
ni vertu d'obéissance a connnandé à <les v\ù-
((ues de (piitler une Eglise pour une autre,
quand le bien de l'Eglise l'a exigé. Les gou-
vernements parfois, les premiers pasteurs et
le |iaj)e, toujours sont juges de cette oppor-
tunité. L'archevêque actuel de Paris, Mgr lle-
gnier. l'éminent archevèi|ne de Cambrai, -^e
trouveraient juste sous le coup de ceii ■
phrase. Htnireusement pour eux «lu'il v a
i\r^ docleins plus intolérants (]U(^ rEglise,
plus catludicpies cpie le pape, comme il y
avait, disait-on, des gens plus royalistes que
le C'ii. Le> règles «le la foi sont tracées par
l'Eglise. Sa disi ipline est dans les mains de
ceux aux(iuels Jésus-Christ a n^uis les clefs.
Mgr Failot «le Banmi>nt «>lVrit au pape, en
ISIV, lt>I8juin, Rome et l« s provinces ju.s-
qu'fi Pérousc. Or les NajMditains occupaient
celle ville el ces contrées. Le j>ape répondit
0 La restitution de mes Etats étant unecllu^.
de justice no peut servir de base à un traité.»
CliU
PKT
l'Ili
t:(k
M;i|Hil('()n oblij^oa Irs (•v<^(|ii('s dn fiMiid, de
'roiiiiMi.v ri de l'i'(".v<'.s, (|iii (Haictit (Ml prison,
à donner leurs dénnss 0!is. I,e ji.iiic les re-
l'usa, donc elles reslèrelil ludles; ce ^m
n'()iii|)(^elia |)^ rfni|»ereiir de nonnnet- ?» ces
.siéi^os (,|iii, en droil, n'élait-nt pas vacants.
(Ida doinia lieu à des tro\d>lt's l'oil r('|;;iell.i-
bli'ii, siuloul à Tournay, où l'ahlx'* île la
Urue, titulaire nonniié, ayant ('Ir iiouuui'
vicaire ca|tilulairc \m\v ihV-ision du eliaiiilre,
fut repouss(' par pres(jiie loul le cler|.;é. Le
supérieur du MMuinaire, (lui refusait de le
roconnaitre, fut envoyé à Vinceniu's; et les
séiuiuai'isles furent, pour le mcMue tnotif,
enrôlés dans les troupes. La plupart furent
conduits h Wesel, ofi prés de (piaranle niou-
jurent victimes il'uue maladie conta^çieuse.
Sept curés fiu-enl interdits par li' vicaire
ca|)itulair(> pcun- avoir refusé de cnmiinini-
(\i\cv avec lui, eu lo suivant h une proces-
sion. Cet état do choses dura juscpi'^ la lin
de janvier. Les Français ayant abandoinié la
ville, les vicaires géiéiaux reprircil leuis
fonctions, et tout rentra dans Tordre.
Les événenu'uts se précipitaieid : Napoléon
ouvrait cette maj:,nili(iue campagne de Trance
qui devait jûlre la dei'uièie de son prem or
régne, connue Waterloo la dernière du se-
co'kI. Il so!igea h renvoyer le pape en Italie,
quand il vit (|uo la fortune l'abandonnait. Le
ii2janvier 181V, au matin, sans qu'on eût
lien fait dire au saint-père, deux voitures
entrèrent dans la cour du palais, et le colonel
I.agorse annonça le départ pour le lende-
main matin. Le voyage du pape à travei's la
Fiance et jusque dans ses Etats fut vraiment
lrionq)lial. Le reste n'appartient plus ,^ co
Dictionnaire. Pie VII partant do Fontaine-
bleau pour remonter sur le trône de saint
rierre, et Napoléon partant quchiues jours
après, du mCnne lieu, pour sa prison do l'Ile
d'Elbe, sont du domaine de riiistoire et non
du nôtre.
PÉTÉCIUS, l'un des trente-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur sang pour )a foi
en Egypte, et desquels Ruinart a laissé les
Actes authentiques. T'oy. Martyrs (les trente-
sept) égyptiens.
PÉÏRA SANTA (le bienheureux], capucin,
mourut en Abyssinie pour la foi, en 1612 ou
1643. Après que la persécution allumée par
BasiJides eut chassé de ce pays ou exterminé
tous les jésuites qui l'avaient évangélisé, on
sait que les capucins d'Egypte entreprirent
d'y ranimer la foi ; mais la plupart de ceux
qui y entrèrent y trouvèrent la couronne du
martyre. Le P. Petra Santa, et le P. Antoine
de Virgoleta restèrent à Massaouah sous la
protection du bâcha de Souakim, et furent
as*>z heureux pour voir leurs etforts cou-
ronnés d'un plein succès. Le P. Virgoleta
étant mort au commencement de 16V2, le P.
Petra Santa den)anda d'autres collègues. Les
PP. Félix de Saint-Séverin et Joseph Tor-
tulani d'Allino vinrent le rejoindre. L'arrivée
de ces missionnaires causa une grande émo-
tion en Abyssinie. Basilides députa vers le
baciia de Souakim; on venait de le changer.
Co n'éiait plus ce généreux protecteur qui
avait 8i bi^p aei uedii le» niissioQnairnit ; c'v-
l/dt uTi botnmc < i uel cl cupide. Il re^ul do
bi p(u t in^t'i^didns cent cinqu.uilc ornes
d'or et I inqiuuiie est laves, a la condition
<nrd lui livreruil les nii^sioiinaircs, ou les
Icr.'iit moinir lui-uièiiK*. Il lit amener devant
lui et (b'iapilcr, séontc le anlc, les PP.
Félix d(' Saint-Sévei in v.\. Jo.stiph 'l'orlulani.
(.tuant au P. Petra Santa, i omme il ir c<)n-
nais>ai(, il sa borna à deuiandcr ipi'on lui
apporlAl sa (été, w «jui fut exécuté.
Pl'iTHONK (saint), ('•vèque et c()nlesseur,
versa son sang poui' la loi a Nérone. Les dé-
tails nous luafMpK'iit sur lui. L'Egli.-)e fait sa
fétc le 6 septrinbre.
PFZOA (le bii'idieureux I'ii:i»hkj , était
prieur du couvent de la ville de \'aldivia eu
Chili. Kn l'année 1605, les indigènes a^ant
])ris les armes pour siî venger des atrocités
que commi'tlaieiil b's l'spagnols , ils Sacca-
gèrent plusieurs villes et quelques ccjuveuts.
Celui de Pierre Pezoa fut du nomhie: co
saitil religieux, adressant des reproches aux
barbares ipii voulaient violer une vierge, fut
liaché en mon inuix pnr eux. Son courage re-
leva celui <le la jeune lille, (lui sut résister
jusiprf» la mort. (Fontana , Monumenla do~
vunicana, an KiOo.)
PHAKNACE (saint), était soldat. Il souffrit
le martyre sous l'empeieur Maximien avec
ses six'frères, soldats comme, lui , nommés
Orance, Héros, Firniin, Firme, Cyiiaquo, et
Longin. Ayant été séparés les uns des au-
tres, ils fuient renfermés en divers lieux, et
y mourure-it accablés de douleur et de mi-
sère. L'Eglise célèbre leurmémoirele2Vjuin.
PHILADKLPHE (saint), mourut en confes-
sanl 5.a loi. 11 eut pour compagnons de son
triomphe les saints Diomède, Julien, Philipiie,
I^itycliien , Hésique, Léonide, Ménalippe et
Pantagaj)he. Us moururent les uns par le
feu, les autres par le glaive ou sur la croix.
L'Eglise célèbre leur fêle le 2 septembre.
PHILAPPIKN (saint), reçut la |.alme du
martyre en Afrique, avec saint Félicien et
cent vingt-quatre autres dont nous ne con-
naissons [)as les noms. Nous ne possédons
pas d'autres détails sur leur compte. L'Eglise
fait leur fêle le 30 janvier.
PHILBERÏ (saint), fut martyrisé en Espa-
gne avec saint Fabricien. Nous n'avons aucun
détail sur le lieu précis , la date et les cir-
constances de leur martyre. L'Eglise fait leur
fête glori(>use b' 22 août.
PHILÉAS (saintj, évêque de Thmuis en
Egypte, et martyr était issu d'une f..mille no-
ble et riche. Il était fort instruit et très-élo-
quent. S'étant fait chrétien , il fut nommé
évoque de sa ville natale. Il fut arrêté, con-
duit dans les prisons d'Alexandrie, et mar-
tyrisé pour la foientre 30oei 312, sans qu'on
sache préciséuient la date. Ce fut le gouver-
neur Calcienqui l'iiiteirogea et prononça con-
tre lui la sentence capitale. Vainement sa
femme et ses proches avaient été amenés
pour abattre son (^.ourage : rien n'avait pu
l'ébranler. Il fut décapité avec saint Philo-
rome , trésorier général de l'empec^etir à
Alexandrie. Cet homme n'avait pu voir sans
671
PHI
Plil
672
V \ Atrc indtpii' r.Trhnrnomcnt qi
rulpnrs niontraionl rontro Vh\U
leur avait roprorlu''. Saint Pliih''^
«onnior h Alcxaridrio, (^crivii à
une lettre trop impoilaiite pour (jneMiou*
onieltioiis ici ce qui nous en reste.
<f Ces exemples si tourhants, di(-il,
ces miracles si certains, ces maximes si sain-
tes qu'on trouve à chaque pa!?(ians l'Ecri-
ture, et dont nos bienheureux martyrs s'('-
taient remplis l'esprit et le cœur , dans la
lecture assidue qu'ils fai^^aient des livres sn-
crés, les avaient facilement déterminés à
embrasser av^c joie la mort qui se présen-
tait k eux. Ils savaient (pie Notre-Seigneur
JfSçiis-Christ ne s'éla t fait homme (pie pour
rxlerminf^r le péch(^ de dessus la terre, et
pour faciliter aux hommes les moyens d'ar-
river au ciel, en marchant le premier dans
le chemin rude et dinicile qui y conduit
( f'hilipp. II \ En elfel. ([uoi pi(> Jésus-Christ
rail |)as cru que ce fût pour lui une usur-
pation d'être é^al <i Dieu , il s'est toutefois
anéanti lni-m(^me , prenant la forme et la
nature de serviteur, en se rendant semblable
ftiix hommes ; il s'est rabaissé, se rendant
obéissant jusqu'à la mort, ctjusqu'à la mort
de la croix.
« C'est cette considération qui a fait que
ces saints martyrs , portant leurs pensées et
leurs désirs vers ce qu'il y a de plus par-
fait et de i)lus excellent (Jans le christia-
nisme, ont supporté j)atiemment les divers
tourments que la cruauté des tyrans a pu
inventer. Et quoiipiedes soldats, di;j;ncs mi-
ni«;tres de ces hommes barbares , se soient
efforcés de les intimider par des menaces et
par toute sorte de mauvais traitements , ils
n'ont paru toutefois ni moins fermes , ni
moins courageux, parce (pie la parfaite cha-
ril('' chassait lu crainte de leur C(eur. Quels
termes assez précis pourraient représenter
]a force, lintri^pidité et la constance de ces
^(•iiéreux soldais de Jésus-Chri>l ? Car,
comme il était permis h un chacun de leur
insulter, et (pie les païens, ou par une lAclie
complaisance pour le gouverneur, ou par
1111 faux /('](> [)0ur leurs dieux, ou pour satis-
faire la haine im|)lacabl(> (pi'ils nous por-
taient, se faisaieiil un méi ile de les maltrai-
ter, c'était à qui les frapperait, soilavec des
verges, des cordes et de larges courroies ,
ou iiM^iiK! avec de gros bâtons n(tueu\. dont
on leur rompait les reins. C'était une scène
qui, quoi(pie toujours rcniplie de sang et
(l'horreur, changeait t(Milefois selon les dif-
férents visages (pie prenait la fureur des
tyrans. Car, tanl(M on voyait un martyr lié
h un poteau, a>antaii\ i»ieds cl aux mains
des cordes (pii, étant lir»H^savec violence et
par le inoven d(^ (piaire loues (pi'on tournait
avec rapidib', r(''cartelaient misiMablement ;
tant(M on déchirait h un autre le ventre, les
r('»lés, les bras, les joues. n\rr des peiglKVS
de fer : on pendait cehii-ii par un bras seul,
à une porte. C'est un des plus cruels suppli-
ces (pTon |njis'»e souffrir; car. tout le poids
du corps tendant en bas, déboite les loinlures
de l'épaule, du bras et des doigts, fait tendre
les ijerfsjji^llonge les muscles, rompt les vei-
nes d brièe les tendons : l'on attachait enfin
ctu\-l.i à un pilier, en sorte néanmoins quo
le^ pie<is ne touchaient point h terre, afin
quîWes^'ordes, serrées par la pesanteur du
corps, entrassent bien avant rllns la chair.
Ces touniienls, au reste, duraient quelque-
lois tout un jour. Car, |)endant (lue le juge
était occu|)é à en interroger qucl(pi(>s-uns ,
les bourreaux avaient orJre de continuer à
tourmenter les autres , jusqu'à ce qu'on vit
qu'ils étaient prêts d'expirer ; car alors on les
détachait et on les jetait dans un coin, où ils
rendaient l'dine. Ils disaient ordinairement
qu'on 11 -devait avoir aucune pitié de nous,
et qu'il ne fallait pas nous regarder comme
des hommes. Oneiimettaitplusieursdans des
ceps, les pieds écartés jus(pi'aii quatrième
trou ; mais la plupart étaient obligés de de-
meurer couchés sur le dos, ne pouvant se
tenir deb >ut, à cause d'une infinité de con-
tusions et de meurtrissures noires et livides,
dont tout leur corps était couvert. C'était un
speclac e bien triste et bien touchant, (jue ce
grand nombre dem-irlyrs étendus sur le pavé,
n'ayant plus qu'un reste de vie, endurant
toutefois encore d'extrêmes douleurs, et fai-
sant voir, par la diversité de leurs plaies, do
combien de sortes dinslrumenls la cruauté
des tyrans s'était servie pour les tourmen-
ter. Plusieurs expiraient entre les mains
des bourreaux ; d'autres, ayant été reconduits
en }trison à demi morts, y achevaient leur
vie peu de jours après, parmi des douleurs
incroyables. Il y en a eu cependant quel-
(jucs-uns ({iii , étant r(H"happés par le soin
(lu'on avait pris de leurs blessures, sont al-
lés ensuite de leur bon gré à la mort, lors-
(|u'on a voulu les contraindre de sacritieraux
idoles. »
Voici maintenant les actes authenti-
ques de saint Philéas et de son comiiagnou
saint Pinlorome.
Philéas ayant été conduit sur la tribune \t],
Culeien, gouverneur d'Alexandrie, lui dit :
Croyez-vous pouvoir enfin (lev«»nir sage?
Philéas lui répondit : Je crois l'avoir tou-
jours été. — Culeien : Sacrifiez donc aux
dieux. — Philéas : Je ne leur sacrifierai point.
— Culeien : La raison ? — C'est que lEcri-
ture saillie me le défend. Quiconque, dit-
elle, sacrifie à d'autres dieux (pi'au seul et
véritable, sera exterminé. — Culeien : Eh
bien '? sacrifiez donc h ce seul et véritable
Dieu. — Phil» as : Je ne lui sacrifierai pas non
plus ; car il est encore écrit : (Ju'ai-jr (ifjmrr
tir tous vos sarri/icrs, dit le Seigneur (tsoii.
xxii, "iO ? celle mullilude dn victimes ne
me saurait plaire ; je suis plein : je ne veux
ni de vos holocaustes, ni de la graisse de vos
agneaux, ni du sang de vos boucs, ni même
de la fleur de froment, «piand vous m'en '»f-
fririez, — Culeien : Quels sont donc les sa-
crifices qui sont agr('ables à voire Dieu? —
Phih'Ms : Ceux où on lui offre un ctvur pur,
un amour sincère, des paroles de vérité. —
(!) C'i'lail .tpparrniini'nt un licii clcvii , où l'oa
fais^ail nionlcr les criimnols pour élre interroges.
C73 IMII
rnloion : Sarrillcz, votis dis-jr». — Pliib^as;
Je ne s.'tcnlicriii poiiil. Ciilricii : Taiil irj||
lil [>as s»crili<'»? PliiliN'is : Non, sans doulcii
l'ill
(;7i
Ciilcii'ii
lît Moisc? - IMiil
II, sans iloiiio*
t'';is : (!{'I;i <''l*lU
'iiiciil dans jA
— CiiN icM : Avoiir-z l;i vi'--
)i(Mi cotivaiiicii (|iic (ilirisl
ni
des
,h
Juifs, mais sciilciiicni da;. .
III. Ainsi l()i-s(|ii'ils (illVoiil iiiaiiiti'tia^l*
rnlicos ('M d'.yilres lieux, n'en iloiili!/
iiii)i't(dl(<iiiciil. ('.iilcicii, :
im servent de riiMi ; ve-
inoMl le poison.
lih'- : Alcs-vuiis
('•lail Dii'ii? — IMiiliWis : Tr«^s-ronvairiru. —
('iilcicii : l''.t (|ii(dles preuves si eonvaiiiê/iii.
(es en ;i\ e/,-v(»iis ?
i^ves ?
IMiiléas
point, ils pèelii'iil I
Tous flfsdisconis
nous au lail.
ne prcleiids
il l'aiit sacrifier. - IMiili'as : .h>
point souiller iiioii Ame, ni ne.
la veux point perdre. — Cnicien : Kst-oo ipio
nous voulons perdr(> la iiAlro? — Pliiléas :
Oui, vous la [lerde/, et vous [lerde/, aussj
votVe corps. — Culcion : Ouoi 1 co corps-ci?
— IMiik'^as : Co corps-lh im'^me. — Ciilcieii :
Croye/.-vous en honiie loi ipie celle chair
ressuscite ini jour? — Pliiléas : Je n'en douto
inilleiiient. — (hilcien : Parlons d'autres
choses : Paul n'a-l-il pas renoncé celui «luo
vous apj>ohv, \v Christ? — Pliiléas : Non. —
Culcien : Oserie/.-vous liieii en jurer? —
Pliiléas : Il nous est défendu de jurer; on
nous permet seuleiuiMil di^ dire : Cela est ;
cela n'est pas. — Culcion : Paul n'a pas été
toute sa vie un [lorsécniteur? — Pliiléas :
Non. — Culcien : Co n'était pas un grand
génie. Il était Syrien et il parlait un mau-
vais syriaque. ~ Pliiléas : ^'ous vous trom-
pez, il était Hébreu, ot il parlait ordinairc-
nieut grec : du reste, il était Irés-savant. —
Culcien : Ne direz-vous pas ([u'i! Tétait plus
que Platon? — Pliiléas : Non-soulomt-nt plus
que Platon, mais [)lus (pu^ tous les philoso-
phes du monde. Et cela est si vrai qu'il en
a converti un grand nombre. Voulez-vous
que je vous dise quelqu'une de ses maxi-
mes ? — Culcien : Sacriliez. — Philéas : Je
vous l'ai dit, je ne sacrifierai point. — Cul-
cien : Craignez-vous les reproches de votre
conscience? — Philéas : Oui. — Culcien :
Kt vous ne craignez pas qu'elle vous repro-
che la dureté que vous avez pour vos en-
fants et pour votre femme? — Philéas :
C'est que l'intérêt de Dieu est préférable k
tout autre, car l'Ecriture dit : Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu qui t'a fait. — Culcien?:
Quel Dieu? — Philéas, levant le? yeux au
ciel, dit : Le Dieu qui a fait le ciel et Jà
terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent;
le Créateur des choses visibles et invisi-
bles, qui est incompréhensible, qu'on ne
peutnidéfinirnireprésenter,quiseul est, sub-
siste et demeure dans tous les siècles. Amen.
Les autres juges interrompaient souvent
Philéas et lui disaient : Pourquoi résistez-
vous au gouverneur ? Philéas leur répli-
quait : Je ne fais que répondre à ce qu'il me
demande. Laissez-là tous ces vains discours,
reprit Culcien, et sacriliez. Je ne sacrifierai
point, repondit Philéas, et je ne ferai point ce
tort-là à mon âme. Mais croyez-vous, après
tout, qu'il n'y ait que les chrétiens qui en
aient un si grand soin; vos païens ont-ils
moins appréhendé de la rendre malheu-
reuse? Voyez Socrate, on le mène à la mort,
la vue de sa femme et de ses enfants lui fait-
elle changer de sentiment? lui fait-elle de-
mander grùce ? Point du tout ; il avale gaie-
Oiielles preil-
J'cii ai mille. |,a vue rendue i\ des
aveuj,les et l'oiiie à des sourds; de., lépreux
giK'iis et des moris ressiissilrVs; des ririels
(pli parlent, et une inlinité (h; malades qui
recouvrent la saule. Oiioi encore? l'ne fem-
me est guérie en louchant seiih ment la
frange de .sa robe. Qui pourrait dire le nom-
lin! des miracles (pTil a fails? — Culcien :
l"]t cependant , tout Dieu mi'il (;st, il a été
fcrucilié. — Philéas : Oui, il l'a été pour no-
ire sailli , mais il savait bien (pi'il de\ait
\^ l'être, el c'est volontaireinenl et de son bon
^*\^v6 (lu'il a soulVert pour nous. Au rfiste,
tous his livres saiiils avaient prédit toiil(;s
ces choses; hvs Juifs croient en avoir l'in-
Uelligence, mais il est certain riu'ils ne l'ont
'point. Il n'y a cependant rien de plus clair;
si (piehpi'un en
yt qu-'il lise
doute , ipi I
Culciei
ouvre le nvni
qu'on a
pouvais
Songfiz
OUI
,u'il
évi piîiir vous do grands égards. Je
vftus^ déshonorer dans votre propre ville, h
la vu*c de vos [larents. — Philéas : J'en ai
toute la reconnaissance que vous pouvez
souhaiter; mais ajoutez une nouvelle fa-
veur h collo-là. — Culcien : Eh bien! quelle?
— PliihT^»* : C'est d'user do votre pouvoir.
Faites doTfk;^ce qui vous est ordonné. —
Culcien : Vous^ulez donc mourir, et sans
en avoir aucun sujet? — Philéas : Oui, je
veux mourir pour mon Dieu et [loiir la vé-
rité. — Culcien : Apprenez-moi uniî clwse :
Paul était-il aussi un dieu? — Philéas : Il no
le fut jamais. — Culcien : Qu'était-il donc?
— Philéas : Un homme comme nous. Mais
l'esprit de Dieu était en lui et opérait par
lui tous les miracles qu'on lui attribue. —
Culcien : Ecoutez, je veux bien vous laisser
vivre h la considération de votre frère. —
Philéas : Oserai-je vous prier do faire aussi
quelque chose à la mienne ; c'est de vous
servir contre moi du pouvoir qui vous a été
donné. — Culcien : Encore si vous étiez
réduit à la dernière misère, et que pour
vous en délivrer vous me demandassiez à
mourir, je ne ferais aucune difticultéde vous
l'accorder. Mais vous êtes à votre aise; que
dis-je? de vos seuls revenus vous pourriez
faire subsister presque toute une province,
et vous voulez quitter la vie ? Je ne saurais
me résoudre à vous l'ôter ; vivez donc, mais
vivez pour sacrifier aux dieux. — Philéas : Je
ne sacrifie point, et en cela je regarde mon
intérêt, et je me fais grâce à moi-même. Les
juges dirent au gouverneur : Il a déjà sacri-
fié dans le Phrontisthère. — Philéas : lî n'en
est rien. — Culcien : Vous allez rendrr*. une
femme malheureuse. — Philéas : Jésus-Christ
mon Seigneur est le Sauveur de toutes les
âmes ; il m'appelle au partage de son royaume
et de sa gloire, il peut aussi, s'il le veut, y
appeler ma femme. Les juges dirent au gou-
verneur : Philéas demande un délai. Culcien,
se tournant vers Philéas, lui dit : Eh bien !
je vous l'accorde, pensez à vous. — Philéas-
67 s
Mit
MU
CTO
Mon parti esl pris ; c'est de soufTrir pour J6-
sus-CJirist. Aldrs les juges, le piocuioiir de
J'i'inpereur, ol tous les autres olliciers de U\
justice, s'étanl joints aux parents et aux aiuis
(le Pliiléas, se mirent à embrasser ses ge-#
noux, le conjurant d'avoir pitié d'une la- *
raille désolée, et île ne pas abandonner ses
enfants ilans un Age ou sa présence leur
était si nécessaire. Mai-^ lui, semblable à un
rocher qui demeure immobile sans céder
jamais à la violence des vagues, rejetaitavoc
mépris leurs prières , et élevant son cœur à
Dieu, il protestait qu'il ne reconnaissait pour
ses parents que le» ainMres et les martyrs.
Parmi les assistants il se trouva un tril»un
de l'armée d'Egypte, nommé Philoromc. Cet
oiïicier, voyant qu" Philéas résistait avec
une fermeté inébranlable aux prières et aux
larmes de ses proches, et qu'd se démêlait î
avec beaucouu de sage&se et de présence
d'esprit des ilcmandes captieu'^cs du gou-
verneur, sans paraître ni attendri ni embar-
rassé, s'écria avec (pu'ltpie sorte d'indigna-
tion : Pourquoi vous opiuiAtrer ainsi h vou-
loir vaincre la généreuse résistance do ce
brave homme? Que vous servira de le ren-
dre inlidèle à son Dieu ? Pourquoi vouloir
qu'il le renonce par pure complaisance? Ne
voyez- vous pas que ses yeux sont fermés h
vos larmes, et que ses oreilles soûl sourdes
h vos paroles? Croyez-moi, on n'est guère
touché de quelques nleurs, -quand on envi-
sage la gloire du ciel. La colère et le dépit
quecesjusteset vifs reproches excitèrentdans
les espritsdes juges hAtèrentIa condamnation
dePhiléaSjdanslafiuellelegénéreuxPliiloromo
fut compris. Ils furent condamnés tous deux
à perdre la tète. Comme on les conduisait au
.supplice, le frère de Philéas,(iui était du nom-
bre ileâ juges, dit : Philéas demande qu'on
lui accorde sa grAce. Cela obligea Culcien de
le ra|)peler, et de lui dire : Vous demandez
votre grAce ? A quoi Philéas répondit : Moi ?
i\ Dieu ne plaise ; n'écoutez pas ce malheu-
reux. Bien loin de souhaiter qu'on révoipn;
l'arrêt qui me condamne h mourir, je n'ai au
contraire que de très-humbles remercimmits
h faire aux empereurs, et h vous, seigneur,
de ce que j'entre aujourd'hui en possession
d'un royaume que Jésus-<'.hrist veut bien
partager avec moi. Kn disant cela, il sortit
du palais. Lorsqu'il fut arrivé au lieu où il
devait être exécuté, il étendit les mains vers
l'Orient, et élevant la voix, il dit : « Mes pe-
tits enfants, mes bien-aiiui's, vous (jui cher-
che/. Dieu sincèrement, écoulez-moi. Veille/.
sur vf)lre cœur , parce que l'ennemi rode
sans cesse autour de vous , cherchant sa
proie elquelipie c(our?\ dévorer. Pour nous,
nous n'avons encore rien soutferl, mais nous
allons couwnencer h soutfrir; nous conuuen-
yuns }\ Cire di-^ciples de Jésus-Chrisl. Mes
rlior< frères, observez e\,ictement les com-
m-ndements de Notre-Sei^neur Jésus-Christ.
Joignez-vous h nous, mes chers frères, prions
ensemble cet Etre incompréhmrsibie , cet
Ktre pur, sans aucun mélange el sans au-
cune imperfection, qui est assis sur les ché-
rubins, (pli a fait toutes choses, c(ui est le
commencement et la fin de toutes choses,
6t auquel appartient la gloire dans tous les
èiècies. Ainm. » 11 Unit sa Hc avec '«e der-
pier mot, les bourreaux I i .mt ausiU» l
•battu la tète, aussi bien i| > a l'n ' mi < [i,i
ces deux Ames saintes, iiiMiidon ms
corps, s'allèrent joindre à Jé-i -Ciirist, (pii
vif et règne avec le Père et le ^aull»Esprit,
dans les siècles des siècles. Amni.
PHILÉAS (saint), martyr, eut le bonheur
de répandre son sang pour Jésus-Clirist
dans la ville d'.Vlexandrie. Ce fut sous le rè-
gne de Galère Maximien qu'il fut martyrisé
avec les saints Fausle, prèlre, Didie et .\ni-
nione, Hésique, Pacome, Théodore, évoque
égyptien, et six cent soixante autres. Les
circonstances de leur martyre nous sont in-
connues. L'Eglise fait la fête de ces glorieux
combattants le 26 novembre.
PHILÉ310N 's-iinll, fui couronné comme
martyr uais la ville de Colosse en Pbrygre.»
durant la persécution de Néron. 11 mourut
avec sainte Ap[)ia , comme lui discijile de
saint Paul. Sa fête a lieu le 22 novembre.
PHILÈMON (saint), célèbre joueur de IlOto
h Arlinoè en Lgvpte, était présent quand on
arrêta saint Apollone. Ce fut lui qui se dis-
tingua le plus, par sa Tireur à injurier le
saint au milieu de la populace que de pa-
reils spectacles attiraient toujours. .Mais le
saint ayant répondu à ses outrages, à ses in-
vectives, de la façon la plus douce et la plus
chrétienne, Philé'mon en fut si loucha, qu'im-
médiatement il renonça au paganisme el se
proclama chrétien. Conduit devant le juge
avec le saint anachorète, il eut le bonheur
de partager son martyre. {Voy. Apollone.)
L'Eglise l'Ait la fête de ces doux saints le
même Jour, le 8 mars.
PlllLtMON (saint), mourut pour la foi
avec saint Domnin. Les circonstances de
leur martyre ne sont point parveiuies jus-
qu'à nous. L'Eglise fait leur mémoire le 21
mars.
PlllLET (saint), martyr, fut mis h mort
ptiur avoir confessé Jésus-Christ. Ce séna-
teur soulfrit le mart\'re avec sainte Lydi(>sa
feuuue et leurs enfants, Macédo et Théopré-
pide, saint .Vmiihiloque, chef de milice, el
saint Ooniilas greiï er. Le Martyrologe ro-
main ne marque pas h (pielle époque ilssouf-
fru'ent. L'Eglise honore leur mémoire le 27
mars.
PHILIPPE ou Pniiiri'FS. Philinpi, d'abord
Diilns el Crruirtrs, aujoiud'hni Kifii)!', ville do
Macédoine 'jadis de Thrai les Edones.
Celte ville fut inie des pi. mn i. s ?\ embras-
ser le christianisuie. Saint Pa»il a adressé une
de ses Epitres aux habitants de Philippes
(ml Philippruxrs). Ce fut lA aus«i (]ue saint
Paul et sauilSilas, en l'année. Vi, furent fouet-
tés el emprisonnés, jiar ordre des magistrats,
sous prétexle (pi'ils avaient enseigné une
doctrine conlrairt> aux coutumes et aux doc-
trines (|uc pouvaient suivre et recevoir les
citoyens romains. Sous l'empire de Nérrm
pendant la persécution (pi'il suscita rrintre
l'I'.glisi-, Philippes vit le martyre de saint
Erasie, di3cij)lc do saint Paul.
an MU l'Ill «7B
1*11(1. III'K (sdinl), l'iiti )(os sept ON d<> c(Mli()r ()iii, sni/lwitil /i |)<o|)OS roDtJriMii main
MiMilc iM'Iicili'. •!"' ''"''"' iii.iilN lisi'-s à KoiiDf h ses ( In-v/mx, un In Ir'in luiijlo, los |iiiiishir
nviM* ('Mo sous le i("';;,m' tic Mait -Aiiiùlc, en on les rrlcnir, cnmlml ciiUii .loti (ii.u jni
l\inniWi !({'>. l-.<< |ir(''IV't l'i.hliiis riiyniil ïiùl IxmiI dn in lie»;, ni inniiiorln li- pris, le smiuI
«iiir'Ktr (IfV/inl lui, lui dit : " Nnlir invitiri- (''vc^tiiii! nuiivirn.iil sou |ii-(i|ilo «ver nue hn-
l)li' cmiitTciir, A'ilo'ijii Aiii^tisln, Vdiis or- (ir( ssc vi.iinnnl (')iis( ()|inlc. |ji jinisf-i iilioii
(lnii»i(Ml»« snciilicrnux (lieux liiut-|(iiissanls. » crtunnoni.nil ii so Idiif hi'ulir, vl riH'iUM;iul
IMiilinpi' r(''|tnii(lil : « C.imix ;i (|iii l'on vnil «If'jii :<n villn; ni.iis il la ic^nrd/i vciiir .snns
(lue jo saciilio ne sont ni iliiiix ni litui- riiioiiu'i ; il m- voulut point iji-l'i-rrr oux <on-
nnissanls; ce n(> sont (luc ilr vaincs rc|in'- scilsdo <;cux(|ui lui voulaiiMil iuMMUKJerd'ji-
scHilalions, des slalues [invces de scnlinu-'il Iwindoniier son lrou|ie.'iu, cl d(! luir, en lein-
ot (pii scrvcni de i-eirailcs aux mauvais de- |tcisu.idaiil ii cux-uicuics cpic Icxui.iux (pi'jls
nions; si je sacritiais i\ ces niisérahlos divi- afipiriH'ndait.nt (''laienl hcaucoup plus à dc-
nilcs, je liicrileiais d'cMrcM-oinnïe elles, pion- sncr ipi'à (l'aindre, (>l rju'il l'allad «pie \n vo-
gédansun élei-ncM inallienr. » Le prél'cl l(Hil l(»nl(' du ciel s'aecomitlil. Il dcnn uia donc
(Moij;;ner, cl adressa l\ Marc-Aurèle un rap- dans son é;:çliso, rassurant par sa piY'.sonco
port sur tout ce ipii s'était passé, l/enipe- et par ses discours ses IVèi es cHravés à la
reur renvoya les saints tlovant des ju^cs, vue de l'orale tpii s'approcluiil. H leur disait
(pii prononceront et tirent exécuter leur son- souvi ni : « Me.-» frères, les voici enlin arrivés,
tenco. iMiilippe fut tué ^ coups de h;\lon. ces leirnes prédits par Jésus-tJInist. La liti
L'lij;lise honore sa uiénioiro le 10 juillet, des siècles s'aporoclie, le prince du nujndo
(>>)//. h'i'.M.rciTK.) se rend for inicJanle, sa puissance auf^inenlt";
NIIMPIM-; (saint), d'HiM-aclée, martyr, don- mais ne ciaif;nez rien, mes ffèies, il vient
na sa vie pour la foi clnrtioniie, sons l'ern- moins (>our perdre les serviteur.s d(! Jésus-
piro et dur-anf la ])erséculion de Dioclétien, Christ (pie i)Oim- les éprouver; que la fêle Je
en l'an do Jésns-ChrisI 30'i-. Ses Actes soiit ri'>|)iphanie, (luc nous allons céléhrer dans
fort inlén^ssants, nous l(\s donnons ici dans pou de joui-s, rel(jv(î noire espérance : souve-
ieur entier d'après Uuinnrt. nez-vous qu'h un pareil jour nous avons élô
IMiilippe, ayant passé en i)eu do temps du ni)pelés h la gloire. Oue les menaces des ly-
riiaccinat .^ la prèlriso, parvint enlin au der- raiis, (pie les supplices ne vous épouvantent
nier de^ré du sr.cerdoco. Il fut fait évè(]ne pas : Jésus-Christ donne à ses athlète s un
Rvoc l'agrément universel de tout !;> peuple, courage invincible dans le comhat, et lui-
sans ([ne personne fill snr[)ris de son éleva- même j)Our prix après la victoire. »
tioM, parce (pi'il était digne du rang où on Un jour (pie le bienheui-eux Philippe fai-
l'élevait, et si(piel(pies-uns s'en étonnèrent, sait h son p uple de ces exhortations, Aris-
cofutde ce qu'on avait attendu si longtemps ténia(jue, oliicier de la garnison d'Héraciée,
ft l'y élever. En elfet, dès les premières entra dans l'église, en lit sortir Ions les
nniiées qu'il entra dans los ordr-es sacrés, il chrétiens, et, après en avoir fermé les portes,
lit pai'aîti'o un mérite peu comnmn ; il était y ajiposa le scellé. Philippe, le regardant
si désititéressé, (ju'il (Jonnait aux pauvres avec compassion :« Pauvre homme, lui dit-il,
tout ce (fu'il gagnait au service de l'autel, qui crois que le Dieu tout-puissant habite
cont{^nt des richesses de sa conscience et de sous un toit et entre des murailles! Ignores-
]'ac(piisition qu'rl avait faite d'un grand fonds tu que sa demeure la |)lus agréable est le
de vertu. Lorsqu'il fut évoque, il forma de cœur do l'homme? Sans doute tu n'as jamais
sa main deux illustres martyrs, Sévère et lu le proi)bète Isaie; tu y aurais vu que Dieu
Hermès, l'un prêtre et l'autre diacie. Il te- dit en un endroit : Le ciel est mon trône, et
nait souvent des conférences, où il leur dé- la terre en est le marche-pied ; quelle maison
couvrait les secrets de la science des saints, digne de moi pourrez-vous m'élever? Le len-
les faisait entrer dans la connaissance des demain, Aristémaque revint pour faire in-
divins mystères, et les confirmait surtout vcntaire dos vases sacrés et des autres meu-
dans la saine doctrine. En sorte qu'il leur blés de l'église, auxquels il mit le cachet du
communiqua ses lumières, son esprit et son gouverneur. Cela causa une désolation gé-
courage ; et après les avoir eus pour disciples nérale parmi les fi'ères : cejiendant Philippe,
dans l'école, il les eut pour compagnons sur accompagné de Sévère, d'Hermès, et de
le bûcher, où ils confessèrent avec lui la di- quelques autres ecclésiastiques, examinait
vinitô de Jésus-Christ. Ce saint vieillard, avec eux ce qu'il y avait à faire dans la con_-
iTiéditant sans cesse la loi de Dieu, et épris joncture présente; et assis à la porte de l'é-
de sa beauté, avait pour elle un amour ar- glise, il ne pouvait se résoudre à laisser à la
dent. Sa vie se passait tout entière dans les discrétion des infidèles la maison du Sei-
fonctions de sa charge, et le conduisait au gneur; il faisait même en sorte que les frères
dernier moment, non sans qu'il s'ollrit cha- ne s'en éloignassent point. Il pensait avec
que jour à Dieu comme une victime qui de- douleur à l'avenir, mais il ne laissait pas de
vait en effet lui être immolée à Andrinople. craindre le présent; ils savait que tous ceux
Semblable donc à un pilote expérimenté qu'il avait sous sa charge n'étaient pas éga-
qui, mettant quelquefois à la voile, et quel- lement forts; qu'il y en avait pai'mi eux
quefois se retirant dans le port, tantôt pre- d'infirmes et de faibles. Il crut qu'il devait
uant la haute mer, et tant(jt ne faisant que séparer les uns des autres, et les imparfaits
raser les côtes, conserve son vaisseau et le des fervents. Il agissait avec autorité envers
préserve du naufrage : ou comme un habile ceux-là pour les rendre meilleurs, et il n'em-
r>"0
vm
vm
680
plovait qtie la douce porsnnsion poilr rete-
nir rrux-ci dans lo parti do la piélr. Ainsi il
se servait de rein('>dps un [hmi forts pour gué-
rir les malades, et d'un simple régime pour
ceux (pii fêtaient en santt^.
Cependant \v dimanche suivant. les frè-
res s'assemblèrent devant le portail de lé-
glise. Bassus, gouverneur de llirare, eu
ayant eu avis, y vint dans le dessein de faire
le procès k tous ceux qui se trouveraient h
l'.T>seml)l(''e. Il lit nu^me dresser là son tribu-
nal. 11 se tit ensuite amener les chrétiens, et
leur demanda d'abord : « Où est celui que
vous appelez parmi vous le maître et le doc-
teur? )' Philif.pc, s'avanrant, répcmdit : « Je
suis celui que vous demamiez. » Bassus lui
dit : « Ne savez-vous pas qu'il y a une ordon-
nance de l'empereur, qui défend aux chré-
tiens de s'assembler, en quelque lieu et sous
qvit'lque prétexte que ce puisse être, son in-
tention étant d'abolir entièrement votre
secte ? Remettez-nous donc tout présente-
ment les vases d'or, d'argent, oudequehpie
autre métal que ce soit, avec les livres qui
contiennent votre doctrine, et que vous lisez
au peuple, afin (pion vous ùtant ces choses,
on vous ùte en même temps les moyens et
l'occasion de retomber dans votre supersti-
tion, en cas que Us tourments ne soient pas
capables de vous en guérir. » S'aint Philippe
fépondil : « Si cela vous fait tant de plaisir
de nous voir souffrir, vous pouvez vous sa-
tisfaire, nous voilà tout prêts h vous donner
ce contentement : coupez, taillez, déchirez ce
ojrps qui est en votre puissance; mais pour
l'àme, trouvez bon (lue je vous disi; (pi'il ne
vous est pas permis d'y toucher. A l'égard
des vasos que nous avons, vous les pouvez
prendre. Ce n'est pas avec do lor et de l'ar-
gent que Dieu veut être honoré; et l'orne-
ment du cœur plaît bien plus h Jésus-Christ
que celui des églises. Pour les Ecritures, il
ne vous est pas avantageux de les avoir,
et il nous est défendu do vous les donner. »
A ces mots, le gouverneur tit signe aux
J)Ourreaux d'appiocher, et l'on vit, non sans
frémir, eiitror un ctn-lain Mucapor, honmio
êanshumanité, sidu moins celait un homme:
il en avait toutefois la ligure, quoique ap-
firochant de celh^ d'un léopard. Cependant
e gouvornour faisait chercher i»arlout le
prêtre Sévère qui ne se trouvait point. Cela,
joint au refus cpic Philippe faisait de lui li-
vrer les livres .saints, lo nut de si niauv;use
humeur, «ju'il alla bi ulalement la décharger
sur le s.iint prélat. Le dia<re Hormôs, (pii
était présent, sensiblement touché île l'olat
où il voyait son évôcpie, dit haidiment au
gouvornour : 'i Ju>;o cruel, (pie vous stnl
de lairo traiter ainsi te saint vieillard ? Quand
vous seriez maître d(> nos livres, et (|ue
vous |ioHiiit>z môme ellaeor tous ceux (pii
sont ropaiidiis d.iiis |i> monde, en sorti* (pi il
n'en rest^U pas un seul sur la terre, vous
n'en serio' pas plus avinci'; car, dites-moi,
pourriez-vous les ellat cr dans le cœur (ies
chrétiens? Sachez que la tra lilion s"»'n con-
.serverait mal>;n'! vous jusipia la tin des siè-
cles, et qui! nos entants, venant sruleiuenl k
consulter leur mémoire, ou celle de leurs
pères, seraient en état de les rétablir et ilen
com|)Oser en bien plus grand nombre que
no seraient ceux que vous auriez ainsi fuit
périr, v Ce discours ailira au diacre mille
coups, qui lui furent doniK's par l'ordre du
gouverneur. Il se retira tout couvert de con-
tusions dans le lieu où l'on conservait les
livres saints et les vases qui servaient h l'au-
tel. Piiblius, qui était du conseil du gouver-
neur, l'y suivit. Cet homme mettait hardi-
ment la main sur tout ce (|ui excitait sa con-
voitise. Il succomba bient(')t à la tentation
de s'emparer de quelques vases du nombre
de ceux qui avaient hé inventoriés : il les
emportait malgré Hermès, ipii s'y opposa, et
que Publius frappa cruellement, jusqu'à lui
couvrir tout le visage de sang. Cela fit du
bruit, et vint aux oreilles de Bassus, qui
trouva cette action fort mauvaise, se mt
fort en colère contre Publius, et fit panser
Hermès de sa plaie. Mais en même temps il
se saisit des vases et des livres, et les fit por-
ter dans la grande place, où il fit conduire
par des soldats Philippe et les autres fidèles,
voulant gratifier le peuple d'un spectacle
qui lui était infiniment agréable, et intimi-
t er les autres chrétiens (jui feraient quelcpie
difficulté de livrer les Ecritures
Philippe et ceux qui avaient été arrêtés
avec lui marchaient donc entre deux rangs
de soldats, qui portaient les livres sacrés,
et s'avançaient vers la grande place, tandis
que Bassus, qui avait fortement résolu de ne
souffrir aucun chrétien dans toute l'étendue
de son gouvernement, songeait à en faire
di'molir toutes les églises. Il envoya sur
l'heure des gens à la cathélrale, avec' ordre
d'on i')ter la couverture, et de n'y laisser que
les murailles; et il avait cet ouvrage .^i fort
à conir, (pi'il faisait donner sur les travail-
leurs i\ grands coups de bAton, lors(iu'il s'a-
percevait qu'ils se relAchaient un peu. D'ail-
leurs, cette troupe de soldats (|ui condui-
saient les saints était arrivée à la grande
place. La confusion y était grande, on se
l)oiissait, on criait, ce. a avait l'image d'une
guerre domestique : les étrangers et les ci-
toyens y accouraient de toutes parts. Enfin
on fit un bù( lier de tous les livres sacrés ;
mais à peine y eut-on mis le feu, qu'il s'é-
leva une llamme avec tant de fracas, de vio-
lence et diM'apidité, (iu'ell(> jota une frayeur
excessive ilaiis l'Ame Je tous ceux qui elaient
présents. Saint-Philippe prit ce moment
pour parler à ceux (lui se trouvaient proche
deliii. « Citoyens d'Héraclée. leurdit-il, juifs,
pauMis, ou do queirpie autre religion, secte,
ou société (pie vous soyez, é( oiite/.-moi.
Tremble/,, peuples, tremblez, la colère de
Dieu commence h éclater; elle va bientôt se
faire sentir, elle menac(> riinpi('té, elle en
veut «^ l'injustice : cette juste colère mci.ace
Soiiome (1). Mais si So(i()me craint le juge-
monl, si elle renonce a son péclK' ; si, ipiit-
tanl ses dieux de pierre, elle cherc ;e sinciV
renient le Dieu vivant. Sodome n'a plus rien
(l) Soilomo, pour signifier H(Tariéc^
681
T'III
h riniiidro, cllo sera s.iiivrc. ('clin ILiiiiiiK^
(jiii vifil tic rivi|>|i<'r vos yeux |t.ir m»ii •-.nu-
fl«iii t''i'l;il, cl f;l.'iciM' vos ctciirs p/ir .son chiii-
cciiiciil |H()(lini('ii\, csl un si.^'ic de ('t<jugc-
iiu'iil (|ui vwi |t('ul-(Mi'c Iticnlùl (Mio iiroiioiict'
roulrc vous : nwiis ce u'csl pas sciilcnicul
ilans rOricul <'t ilaiis la rniiu; di? Soilunu!
t|nc la col»''!'»' tic l>itMi s'csl l'ail coniiailrc par
le l'iMi ; il n'y a pas lonulcuips (pm le ni^'uio
si^iic annonça à la SiriU* ol dans rOceidcnl
la v(Mi:;oanc(' prochaine de (•cjnm> rcdoula-
jije. lln(> llanune dcscendil du ciel sur celle,
ilo, ol rciluisit (>n ccmlrcs niio de ses villes
avec Ions ses liahilanls. Deux viei'^cs seules
se sanvèrenl de ecl liori ihlt; incendie. Mais
apprenez, (puMle fui la eanse do leur salul :
la piéU^ liliale. l-'-lles avaient un pf'vo. cassé
de vieillesse; elles (Milii'piennenl d(> le reli-
rer du nulieu desllanunes. I.eurs mains t'ai-
Mos cl dt'licales le cliari:;ent sur leurs épau-
les, (|ui pliciil sous le l'aix. l'.lles succoinlxMil
jM-escjne sous ce précieux Jardeau. Cepen-
dant iU's tourbillons d(; l'eu s'avancent, les
^agncMil, les environneni, leur l'cruient le
lassage, et leur ôtent toute espérance de
jouvoir mettre en sûreté et leur pèro et
eurs pro})ies persoiuu^s : voilh ce que leur
cliarité leur Cvjûte, leur piété leur va deve-
nir funeste, sans pouvoir être salutaire il
celui (jui leur ayant donné la vie sera bien-
tôt la cause innocente de leur mort. Pensez-
vous, citoyens d'Héraclée, que la chose ar-
riva ainsi'? Non, non, rassurez-vous : Jé-
sus-Christ, ce mémo Jésus-Christ que vous
ne regardez que connue un honuue, el qui
est le Dieu tout-puissanl, n'cit garile de
soullrir qu'une action si belle et si digne de
récompense devînt fatale à celles qui l'a-
vaient entreprise. 11 voulut même, pour leur
mariiuer la satisfaction qu'il eu recevait, les
favoriser de sa présence adorable. Il desce-i-
dit du ciel et couuuandaaux flammes de s'é-
cartir, et d'ouvrir aux vierges un passage.
Alors le feu, oubliant sa violence naturelle,
ne faisait que se jouer autour d'elles ; il sus-
pendait son ardeur et retenait, s'il m'est
l>ermis de parler ainsi, son haleine enflam-
luéo; et, se rangeant Ji droite et à gauche,
leur faisait un chemin (qui le croirait?)
couvert do fleur et de verdure. Eilia le mé-
rili> de ces vierges fut si edicace, et leur cha-
rité si agréable à Di' u, qu'en leur considé-
l'ation tou^ les endro'ts i)ar où elles passaient
pour se retirer furent respectés du feu, il
n'usa y toucher; et le lieu où elles s'arrêtè-
rent s'apj>elle depuis ce temps-là le lieu de
Piété: comme voulant en quelque sorie con-
server une reconnaissance éternelle de ce
bienfait, et faire aux enfants une leço.i pu-
bli(|ue et perpétuelle de piété. Tant il est
vnn que si les habitants de celte ville infor-
tunée furent consimiés par le feu, ce ne fut
pas que Dieu leur nnnquùt au besoin, mais
c'est qu'ils manquèrent eux-mêmes à Dieu.
Au reste, ce feu de la colère divine a laissé
depuis le commencement du monde, et en
divers endroits de la terre, plusieurs traces
de la juste punition que Dieu exerce sur les
pécheuis ; ce feu, en tombant du ciel sur la
DiGTIONN. DES PEKSÉGUTIGNS. Il,
l'Ill 6N
leric, brûle, déliiiil, coiisnin») lonl ce qu'il
h'ouve d'impur, (i'esl ce feu qui luûla llrr-
ciile siu' le mont (>l'",l,i, lorxpjc l'orlenient
iid'atu('- de la pe^^ée qu'un Dieu sortir lil do
sa cendre, il idliuna lui-même le bûcher «pii
le consuma. C'est ce mênn! l'eu, qui, H\aiil
réduit eu poudre mu- une autre monla^ne (do
Ciiiozincj le mt'decui l-l-culape, donna occa-
sion aux peuples cn-dules d'en fiure au.ssi un
(lieu, (pii il eut ponil d'autre consécration
(pi'uu coiq) do foudr(! (lue ses crimes avai<!nl
allin'' sur lui, el qui n aurait jamais été re-
connu pour dieu, s'il n'avait jamais été- puni
comme scélérat. (Test encore ce feu vengeur
des foi faits qui embrasa le Capilole, la de-
nu'ure du plus grand de tous les dicMix de
Home, et (pii n"(''pargiia pas non plus In
lempKî de St'rapis, le plus rc-nonniié de ccmix
d'J'^gyple, (pii y |i(;rit aussi. Pauvres dieux,
(pii brûlent comme de la paille ! Kl (piel se-
cours peut-on allcndrt; d«! pareilles divini-
tés, siellesiie peuvenlse sauveielles-mêmes?
Les plaisants dieux 1 mais commodes, après
tout, en ce (pie si le matin ils vieniK'iil à
brûler, un ouvrier habile en peut faire d'au-
tres pour le soir. Ainsi, [)Ourvu que la pierre
ou le bois nenuuKpnml [)oiiit, oi est sûr du
moins d'avoir des dieux en ([uantité. Le bon
père Bacchus laissa brûler son temple h
Athènes; et Miru'rve, la sage Minerv^., ne
put garantir le sien d'un pareil sort; elle-
même y f)érit malgré sou égide. La jjauvre
déesse eût bien mieux fait de ne pas (juitter
son premier métier de (lieuse. Mais que di-
rons-nous du grand Apollon, (]ui comme
devin ne put prévoir, ni comme clieu empê-
cher i'cunbrasement (le son temple de Del-
phos. Disons-nons que ce feu do la colère
divine nest pas allumé pour les justes, la
grâce les en metàcouvert; ousiquekrieiois
ils en sont fiapi)és. ce n'esl que pour les pu-
rifier, au lieu qu'il frappe les impies pour les
perdre : ainsi c'est moins un feu pour les
saints qu'u-!o lumière. »
Lors(iue Philippe haranguait ainsi le peu-
ple, l'on vit passer le giand prêtre Cata-
phronius, suivi des sacrificateurs chargés de
plats et de bassins où étaient les oilrandes
et les viandes qu'on devait mettre devant les
dit'ux. A cette vue, Hermès ne put s'empê-
cher de dire à ceux qui étaient proche de
lui : « Ah I mes frères, détournons nos re-
gards de dessus ces mets abomi: abhs ; ce
festin diabolique ne passe ici devant nous
que pour nous souiller. » Saint Philippe, se
tournant vciS son diacre, lui dit : « Que la
volonté du Seigneur s'ac>.ompiisse. » Comme
il disait cela, Hassus arriva, accom{)agué
d'une multitude prodigieuse de tout âge et
de tout sexe. Alors le peuple se mit à parler
confusérae i à son ordinaire sur ce q.ii ss
passait, chacun selon son génie ou sa |)as-
sion. Les uns plaigna ent les s^int» martyrs,
les autres s'emportaient f. rt ( ontre eux, et
s'échautt'ant dans leuis raisonnements poli-
tiques, soutenaient qu'on les devait con-
traindre par toutes sortes do moyens à sa-
crifier auxdieux. Les Jaifs surtout se signa-
lèrent en ceite rencontre, en criant plus fort
22
rni
que ]os p.iions mAmos. qu'il f.illait obliger Ips
cnrt^lien'^ ^ ^afrilior. in.uipiaiit assoz par là
lewr iiulinntioii n.ifiirrllt^ à TiilolAtrio; et vé-
rifiatit ce que le Sai-if-V^j^ril a dit psr un
< TO: hMo : Ih ont sncripé nnr dnnnnx. et
vnii â Pieu. Eulin If "40uvprnour lui-rm^mo
s'adrpssanl îi l'h'Iippe, lui dil :" Sarriiio/. aux
dieux. — Philifipe : Comment voult'Z-vous
nue, moi (|ui suis rhrt''lieii, j»:' puisse adorer
lies piepres? — Bassu<» : Fh bien I sacritifz
aux em[iereurs. — Philippe : Ma religion
m'enseigne h obf^ir aux [)rinres, et tio'i M
leur saerilier. — Bassiis : Sacrifie/r du utoins
h la Fortunf^ de la vill.»; vous ne sauriez vous
en dér-idr»' : qu'elle est belle? quelle douce
nifijesië ! voyez comme par des minières en-
gageantes elle vous invite h lui rendre hom-
ï,i,^%P 1 _ Philippe : Je consens que vous
i'adbriez. puisqu'elle vous plait si fort ; pour
moi, quelque linesse de l'art qu'on admire
en cette statue, ce n'est pour moi toujours
qu'une s'atue. — Bassus : Quoi 1 cet Her-
cule qui a la mine si fière. et qui par cet air
menaçant soriihle vous annoncer votre perle
si vous lui refusez les hoi.neurs divins, ne
crnignez-vous point quel jue coup fie sa
masque? — Philippe : Pauvres aveugles,
que je vous plains! le soleil de la vérité ne
se lève point [)our vous : marchant dans les
tè!iùhres, vous prenez la créature pour le
crf^ateur. cl un homme pour un dieu. Vors
n'auri"Z point de Dif-u -i vous ne les f.dsiez;
l'or, l'argent et le cuivre sont jetés dans un
moule après qu'on les a tirés des entrailles
de la terre ; on en fait une figure assez gros-
sière d'ahord, et (|ui a besoin d'être retou-
chée; l'ouvrier la [)rend donc, la lime, la
polit, et la Unit, et aussitôt la divinité s'y
tro ive h point nommé; voilà un dieu fait.
Mais combien de sacrilèges et de déicides ne
commettez-vous pas chaque jour; savez-
vous que lorsque vous mettez au fv.'U un
morceau de b >is |iour faire bouillir votre
mnrmite, c'est un bras, um^ jamli-, ou quel-
quefois le corps entier d'un dieu que v(»us
brft ez. Vous me direz peut-être, ce mor-
ceau de bois n'est pas un dieu; je vous ré-
poid> : Il le pourrait devenir; empêcher la
production d'un Dieu, ipiel crime ! de plus,
ne m'avouerez-vous pas qu'un Neptune fait
de m irbre est b en plus considérable (m'un
Neptune qui n'est quf» de bois; et que l'i-
voire, ipii est la mal ère de Jupiter e-'t hitni
d'un .mire prix que la [)ierre communt^ dont
cet autre est taillé. Vous voyez donc que
c'est la va'eurde la matière q li iiiel le piix
à vos dieux, et non la |.uissa ice. Kl en ef-
fet, un orfèvre vetdra bien plus cher une l'i-
gur»' de Pan, si vous voulez, ou de Priape,
qui ne sonl que des dieux du second ordre,
n\ elle est tj'or, qu'une ligure du j^rand Jupi-
ter ou lie la grande Dia it<, qui ne sera fpie
d'argent. Fa lerre, croyez-moi, nous four-
nil des méiaux pour nou<» en servir, et non
pour les adorer. A ce coiuple. la terre est
pour vous une pépinière abondante do
dieux. »
Ba^siM ne put s'emp'^cher d'admirep le
discours éloauenl et hardi do Philippe. Se
nii
684
srntant vaincu par ses raisons, mais di.ssi-
mulaiil, il se tourna vers Hermès, et lui dit
d'un Ion que la colère et le depil animaient:
« El loi, ne veux-lu pas sacrilier? «'Hermès
répondit avec autant de froideur que Bassus
avait marqué d'emportement : « Non , je ne
saciili rai point, je suis chrétien. — Bassus :
De quelle condition es-tu? — Hermès : Je
suis décurion. et je fais profession de suivre
en tout les sentiments do mon maître que
voilà. — Bassus : Si donc ce maîl.e sacri-
Qe , t'i sacrifieras aussi. — Hermès : Je ne
dis pas cela; mais jm suis siU qu'il ne sacri-
fiera pas. Je connais sa vertu el sa fermeté ,
et j'en réponds comme fie la mienne. —
Ba«sus : Je l'avertis que je te ferai brOler
tout vif, si tu persévères dans ta fohe. —
Hermès : Vous me menacez d'un feu qui est
presque aussitôt éteint qu'allumé; mais vous
ignorez quelle est l'ardeur et la violence de
ce feu éternel qui brûlera sans relâche les
disci[)les du dial)le. — Bassus : Sacrifie aux
très-religieux empereurs , et dis seulement
ces paroles : C'est pour la santé de nos prin-
ces que j'offre ce sacrifice. — Hermès : Cela
ne se peut ; h.Uons-nous d'arriver à la vie.
— Bas.sus : Si tu veux la trouver cette vie ,
il faut le ré>oudre à sacrifier; sinon des sup-
plices , la mort. —Hermès : Juge impie , il
n'ist pas en ton pouvoT de nous y fair • con-
sentir ; veux-tu savoir ce que tu gagneras
avec tes menaces.' elles ne serviront qu'à
fortifier noire foi, sans qu'elles augmenlent
notre crainte. » Bassus les envoya eu prison.
Couime on les y conduisait, le peuple inso-
lent faisait mille insultes à saint Philippe ,
on lui jetait des pierres, ou le [>oussait dans
la boue ( connue si Dieu o'eOi pas voulu
qu'il fiU un moment sans soulfrir, Min qu'il
ne fût pas un moment sans mériter). Le saint
se relevait paisiblement, et sans marquer
le moi iilre ressenliment d'un Iraitement si
oulrageux , il regardait en riant ceux (pii
le traitaient si injurieusement. Une si grande
mod -ration causait de la surprise lout en-
semble et de l'admiration à ces brutaux et à
tous ceux qui en élaitnit léiuoins. Cepen-
dant les inartyis, eu ehanlanl des hymnes
et des cantiques d'actions de grâces au Sei-
gneur pour le remercier de la force el du
courage (pi'il leur donnait , entrèrent dans
la prison. Y ayant demeuré quehpies jours ,
Dieu voulant accorder quelque soulagement
à ses se viieurs, inspira au gouverneur de
les changer de prison ; on les mit donc dans
le logis d(> Pancrpce, qui touchait aux pri-
son.s ordinaiies; ils y aN aient la I berlé d'y
rocevoir les frères, oui y accouraient en
foule pour entendre de la bouche de leur
pa-tenr la |)arele divine, et ère instruits
riar lui des luys ères el des préceptes de la
ni. Mais le diable, s'apenevaiil du tort (pio
c<da lui faisait , lit si bien par de mauvais
biuits (pi'il fit semer el venir aux oreilles de
Bassus, (j .'il y eut onlre de les remettre dans
I ur pri'iiiière pris«)n. Ils no laissèrent f)as
d'y faire encore les affires de h religion; le
lieu élail voisin du IhiAtre, et la chainbie
où ils étaient avait une secrète issue sur
(IRK
IMII
Mil
6M
lo tli(V'^fro inAmn. Ils y vouaionl dur/ml In
mi I , ("I \U V l'iMMivaii'il les l'ulrlcs , (|iii s'y
rcliiLuciil (1(1 liiiis ci^h'vs hwa: iiii sai'il cm-
prt'ssdiiH'Mt; toiiic 1.1 iiuil so pas ail h s'cn-
trolciiii- (le i>i(Mi cl des clinscs (l<i s \liil, cl h
se (limier (les (('iiioirf im^cs iiuiliirls d'iiiio
clianM) vi'.'iiinciil (■lii'('>li(Miiic. Ils (l(Mii(Mii-niciit
111(^1110 loiifAleiiiMs allaclK's aii\ |iic(|s dcsaiil
IMiilippe cil prciiaiil (•()'i;:;('« do lui , les lui
haisa'il avec res|»(»el, p(M'suad(Vs dii si ^çniiid(i
saiilcU^ cl du ciH'dit ([u'ollo lui douuail au-
j)r(is d(î Diou.
Sur cos eilrotaitos, on doinie un succes-
seur h Hassus. l'e l'iil Justin, Iioiuukî d'un
lr(''s-in.'\uvais caracli^re , et (pii n'avail [las
plus d(^ n>li:j;i()n (pie (rhiiniaMil('î. ('e (•hanj;e-
me'it l'ul ti-(\s-|ii'i\juilicial)Ie au\ (•hr(''lieiis ,
car Bassiis les traii.iil assez douceineiil; il se
reudail i\ la raison (piaiid o'i la lui faisait
cmnailre; outre (pici SI reiuiiu^, (pii s(!rvait
Dieu cil s(M'rel, contrihiail hoaiK^o ip .^ Te i-
trel(Miir dans colli» m idéralio'i. Aussil(^l (pie
Justin eut pris possession du son ^ouveriie-
UKMt, il coiunianda <i Z)ilo, nia,-:;islrat do la
ville d'il 'ivu'l(W% de prendre des sol lais , et
de lui amener sainl Fliilip[)o. Lorsi^ue le
saint fui au pied du Irihuiial, le gouver'ieiir
lui dit : « Elos-vous 1 évciipie des (^hrélions '?
— Philippe : Oui, je lo sus, et je ne pré-
tends |ionl le nier. — Justin : L(>s ein[)e-
reurs, les seigneurs et les luailres du nioiule,
nous ont failYhoîuieur d» nous commaii lop
d'e\^a^.;er par toulos sortes ûi". inoycis tous
ceux (|ui font pri)fession du clirislia iisme à
saiM-iliiM", et miiuie do les y contraindre à
force de toiirmonts, si de leur bon gré ils ne
ve lient pas s'aciiuilter de co devoir. Mettez-
vous donc en i^lat d'obéir, et lAciiez d'éviter
à votre Age des supplices que la jeinesse la
plus vigoureuse aurait peine à soutenir. —
Philip >e : Si vous croyez être tenu d'obéir
aux ordres (jue vous recevez do vos empe-
reurs, qui ne sont (]uo des hommes comme
vous, quoique la peine attachée à l'inexécu-
tion de ces ordres ne soit que temporelle,
avec quelle exactitude, avec quelle ponc-
tualité religieuse ne (iovo;is-nous pas, nous
autres, obéir aux comm mdements de Dieu ,
qui, en cas de désobéissance, nous menace
d'une peine éternelle? Quoi qu'il en soit, je
su's chrétien , je ne puis faire ce que vous
dites; au reste, vous avez ordre de punir, et
non pas de contraindre. —Justin : Vous ne
savez peut-être pas quels tourments vous
attendent ? — Philipjje : Il y a bien loin entre
tourmenter et vaincre : le premier peut vous
être permis, mais n'espéi-ezjamais le second.
— Justii : Je te vais faire tr.iîner par les
pieds le long des rues, et si tu en échappes,
je te ferai ramener en prison, pour t'ex,)Oser
à de nouveaux supjilices. — Philippe : Plût
à Dieu que vous en voulussiez venir promp-
tement aux elfetsl » Dans le moment Justin
lui tit attacher une corde aux pieds, et deux
hommes le traiuèrent si rudement , que les
pointes et les inégalités du pavé lui enta-
maient toute la chair; son corps en un ins-
tant ne fut plus que plaies, que contusions,
mciirlriMsuros livides »>t «niiKlnntn"!, Vu col
('l.il, on le iMiiporla d.ins la |iriH<in.
Mais peu do temps apri'-s, i ommc une in-
liniléde gens élaioni, par ordre du K'mvor-
iiciir, h 1,1 «pi/^le de SéviTc, dont ils tlP JiOU-
v. lient loiilelois déciuvnr la relrnlc, co g»^_
néroiix pr(>lre, par un mouvement du Sainl-
Ksprit , so iiiontia font h coup, <•( lojr
sauva la pinno do lo cIum'cIkm- oncoro loriK-
loiims, cl poul-<^tro inulilomcnl. I-U aurait-il
voulu (leiiii'u (!r caché , lorsqu'il se voyait
«pp(!l('! h la gloire du martyre'/ Il se pn'sciila
d(uic à Justin. iU> gouvernoiir, ravi i!o l'avoir
on sa puissance, lui dit : « L'oxcmplc de volro
(1 iclcur doit vous rendre sage; il s'est ()ar sa
pure fuite mis on l'étal oi^i vous lo verrez.
Prene/ un meilleur [larti , et obéissez aux
princes. Ponr.pioi liair la vie, c'est une
chose si aimable ; et (Kuinpioi rejeter les
biens de ce luo nie, ils ont , ce me semble ,
tant do charmes '/ No mérilont-ils pas bi(Mi ,
après tout, (]u'on les recherche? — Sévère :
j.es maximes (pi'on m'a af)prisos sont bien
d Iférentes des viMres, je ne puis m'en éloi-
gner. — Justin : Ji; vous donne du temps
pour b.ilanc-er dans votre esprit les unes et
les aiitr.s Pesez bien les raisons poiir et
contre. Cependant vous serez prisonnier. »
On produisit ensuite II 'rmès. Justin lui dit :
« Vous serez dans peu témoin de ce<pril en
coûte h ceux (}ui im'îprisent les ordonnances
des empereurs. Si vous m'en croyez , vous
vous tirerez pru lemment d'alfaire; ne vous
piquez point du ridicule honneur de faire
comme eux, et encoie moins de souffrir ce
qu'ils ont souffert : songez à vous, songez à
votre propre conservation , songez à votre
famille; en un mot , qui veut être mal eu-
reux le so;t, je ne vous conseille pas de le
devtmir par complaisance ou par émulation;
sacrifiez aux dieux. — Hermès : Vous aurez
de la peine à gagner cela sur moi ;jesui> né
dans la religion que je profosse, je l'ai sucée
avec le lait, j'y ai été nourri , et le saint
homme dont vous venez de parler m'y a
élevé. Comment pourrais-je maintenant y
renoncer? quel motif assez fort pourrais-je
avoir de l'abandonner? Ainsi, seigneur gou-
verneur, vous n'avez qu'à prendre vos me-
sures sur la déclaration que je vous fais. —
Justin : Je vois assez ce qui le donne cette
assurance ; tu ignores quels tourments je te
destine, mais sitôt que tu les auras un peu
goûtés, tu changeras bien de langage. —
Hermès : Quelque affreuse idée que vous
voudriez que je m'en fisse, je ne les crains
point ; Jésus-Christ, pour l'amour duquel je
suis [irôt à les endurer, enverra ses anges
pour en tera[)érer la rigueur. »
Justin le voyant si ferme à toutes ses at-
taques, l'envoya en prison avec les autres.
Ils n'y eurent pas été deux jours, que le,
gouverneur, s'a loucissant tout h coup, les fit
relAcher et conduire dans un logis bourgeois.
Mais celte humeur ne lui dura pas lon^
temps , et le diable lui fit bient(:»t reprendrtf^
son premier naturel; car il ordonra qu'où
les remit en prison , oii il les retint sept
r«7
PIM
rm
6518
mois rnlitTs. Klant ail»'' à Andiinople, il les
y lit venir. Lorsiprils sortirent M'HiT.icItV^.
tous les frères parurent incnnsolnhles , se
Toyanl sur le |>oinl de perdre |>our toujours
leur eher maître, leur s.nint pasteur. Ainsi
que des entants qu'on arrache h la mamelle
de leurs nourriees |)leure'it et crient , de
int'^me les clirt'tiens d Hérarl(^e, voyant (pi'on
leur enlevait relui ([ui leur rom[(ail le pain
rélesle, qui distribuait h chacun la nourri-
ture salutaire de la parole, poussent des cris
et répandent des larnu's. Les martyrs étant
nrrivés à Andrinople, on I s lit logor dans
une maison du faultourg . chez \hi nommé
Semnorius. jusqu'au retour liu gouverneur.
Dès le lendemain de son arrivée, il lit dres-
ser son Irihunal dans les bains publics, et
anu'ntT l'hilippe en sa présence. Il lui dit :
« Dans quels sentiments éles-vous mainte-
nant? Car, afin que vous le sachiez, jn ne
vous ai accoriié ce long délai que pour vous
donner le temps d'en changer et d'en p.rendre
de pins conformes h la raison et à vos pro-
jircs intérêts-, sacrifiez donc, si vous vouiez
obtenir votre liberté. — Philippe : La prison
n'a été' pournous qu'un triste séjour et (fu'un
continuel supplice , et vous nous faites va-
loir comme une grâce de nous y avoir fait
languir sept mois. Oh bien ! je vous déclare
que je n'ai tou.iours que la même chose à
vous dire : je suis chrétien, je ne sacrifierai
jxdnt h vos idoles; j'adore le Dieu éternel,
je ne sacrifie qu'à lui s»'ul. » Le gouv rneur,
irrité de cette réponse , le iil cruellement
fouet'er. La (Ons'ance avec laquelle le saint
endura ce sup|ilice ne causa pas moins de
frayeur à ceux qui en éiaierl les exécuteurs,
qi.é <radmir: lion l\ ceux (jui m'( n él.ient
que les simples spectateurs. Mais les uns et
les autr s furent également surpris el épou-
v.iulés d'une chose mira 'uleuse «nii arriva.
On avait commencé à le dépouiller, el o\
lui (Ma facilen)cnl sa robe et sa tunicjue ;
mai>; lorS'pr'on voubd lui ôter au-'Si sa che-
mise, r.uiiour de riioinièleié (pie Dieu re-
ci.nut dans son servUeirr l'obligea }\ faiie
un mira> h' en faveiu- de celle vertu ; car on
ne put jamais lui a^r.n lierde sa ch inisi' (pie
ce qui lui » ouvrait hs épaules, le re^te dc-
meuranl comme collé sur son dos. Justin en
lui même tbi aillé, m.ds il n'en fut pas .liang .•.
Il leivova le saml évé pie en priNO i, et lit
venir Kcrmè-*. (]e diace tionva les esprits
di.s|)Ohcs a son é^ard dune manière bien dif-
foreiite. Le gouverneur lui faisait de grandes
menaces. • I ne se souciail pas de le | cidre;
cl au co ilrair- • tous les «iilr es olllciei s. cpii le
vouhdcnl sauver, n'employaient (jue |)rié-
rcs, exhortations, f>ries pers a>ion,s poirr le
porter h t>Léir aux cm ereurs. Cv <pii les
enQa)$eail à avoir pour lui ces sentimenis,
élail ta reconnaissance. Il a» ait éli' autrefois
haus la m«tjislialure; ei (omm»' il était na-
îl'relli'iuent b.eiilnisanl, il avait obIiv<é tous
« fiux q.iil avait pu dans l'cxeicicc de sa
charge. C'e^l ce qoi inlérossail lanl de per-
sonnes Jl sa coiiSiTvatiou. Mais lui ne se sen-
Inrl pas plu-- innu par les menaces du gouver-
n. ur nu il ne ic trouvait sen."»il»lc à la crarnbî
de ses amis ; et conservant une froide indif-
f(''rence, il rentra dans la prison sans chan-
ger ni de sentiments ni de visage.
Ces lieux où la joie n'avait osé entrer
jusqu'alors s'en trouvaient tout rem[)lis. Nus
saints m-\rtyrs célébraient leur vicloire ,
ou plutôt celle de Jésus-Christ, et lui éle-
vaient de gloiieux trophées des dépouilles
de son enruMui vaincu. Ils sentaient à celle
vue renaiire en eux de nouvelles forces;
iusquc-U'i qu'il ne restait pas même au bien-
heureux l'Iiilippe, (pu avait toujours été
d'une com|ilexion assez délicate, le moindre
ressentiment de douleur de lanl de tour-
ments qu'il avait éprouvés.
Au bout de trois jours , Justin , séant en
son tribunal ordinaire, commanda qu'on lui
amenât les prisonniers. Lorsqu'ils furent
entrés, le gouverneur dit à Philippe: « Com-
ment avez-vous la témérité de refuser, môme
au péril de votre vie, de vous soumettre aux
ordres des empereurs? » Philippe répondit :
« Vous m'accusez à tort de témérité, un mou-
vement jtlus noble me fait agir, l'amour el
la crainte du Dieu qui a fait toutes choses,
el qui doit un jour juger tous les hommes.
Ce serait [tour lors que l'on devrait m'appe-
lerun téméraire, si j'entreprenais de con-
trevenir aux ordres de ce Roi tout-puissant.
A l'égard de vos empereurs, ils n'ont pas
dans tout leur empire un sujet plus obéis-
sant ni plus soumis que moi, lorsqu'ils n'or-
domicnt que des cho-es justes. C'est une des
maximes d ■ la religion dont je fais profes-
sion, ([u'il f;uit rendre à César ce qui appar-
tient à l-ésar, de la même manière (pi'il faut
rendre h Dieu ce qui «iipariient h Dicu. Je
n'ùi rien cà m<.' re[)rociier jusqu'ici tnuchant
ce CMmiiwindemeiit . j'y ai sati.^fail r.vec une
exacte tiuélilé; mais enfin il esl temps que
m'élevanl aii-dessus de tout ce (]ui est ter-
reslie, j'" porte toutes mes pensées vers le
ciel. Je vous répète donc encore ce que je
vous ai (h'.ià dit taMd ■ \''\s :je sui-^ chn'tien,
je ne puis sacrifier- h vos dieux. » Justin ne lui
répondit rien ; mas se Icunanl vers 11 rmès,
il lui dit : « Si la viiiiles>e a (Mé h celui-ci le
goiU des biem du iiionue , pour v»us qui
êtes eiic(»re dans la tleur de voire Ap'e. gar-
dez-vous d'y rei oncer, mais saciiliez rux
tlieiix, alin ipie toutes choses vou> devien-
neiil prospères. » H, 'rmès II. i répondit ainsi :
« Penne;le/-moi. seigneur, de vous exposer
»>n peu de paroles, il de faire comprendre h
tous ceux qui m'écoutcnl In vanité, le ridi-
cule ei lefad)ledi> votre religion. I>"iu'i vient
(pie l'erreur ne ( herclie (pi'i^ ol)>( urcir la vé-
rité, que In calomu.e s'ailache si fort h noir-
cir riruiocence. et que Ih nime met tout
son es; ril a détruire son sembl.iLde? D'où
pensez-vous, dis-j(», qu'un si grand dés(»rdre
s'est ri''|»andii da»s la natur'e? Comment
«;'est-il i:ilro'Juii dans le mo;de , sinon par
linsligalion du démon , par ses arlitices,
par sa malice ? Il a mis tou"* s(*<i soins h g.lter
et .^ corrorn|ire rouviage de Lieu, el à clian-
ger l'ordre qu'il avait établi. Il a substituée
la place du véritable Dieu les faux dieux que
\ouj adorez; Us sont tous de son invention.
689
nn
i'iil
600
Mais en vous |if(i|Misjifil ce en. le iiiipir , il
un ii(vss(Mii (|u(' (l(ï v<ius r(Mi(ii(« si-s csrlavtvs,
(le vous nssiijcllir h s(tii t'iii|iin(; cos s/icri-
lici's (jiH! vous ollVcz soiil aiihiiil (rciiK/iKc-
iiiciils (|un vous roulraclc/. avec lui, ce sonl
autant de iuai(|iu's d'unie lioiiicuso t'I |)(''ui-
l»lo scrvilutl»'. SniilVic/ i|iic je vous couii'an',
dans r»^;;ai('ni('ut d(|ilniiililf où jo vous vois,
à (les clicvauv fiiu^^urux i|ui, ajaul secoue'' lo
mors cl u'ol)('is>aul plus à la voix ni à la
uuiiu du cocluT, >(î vont jclrr dans um prc-
<ij)icc; c'csl ainsi tiiu' rcjclaul la paroU^ de
Diou , hxph'llo csl uu IVciu des passions;
qno nicpiisanl sa voix ol (jiK* ne rcconnais-
snul plus la main de ce sa^e conduclcur,
vous alhv. toudtani dcî précipice en précipice,
do criuu's eu crimes , de malheurs l'U mal-
hours. ('/est un arriM prononcé de la houcho
d(> Dieu nuMue , (|ue rnd';unie sera la peine
des méclianls et la i;loiie, la récompe ise dos
gens ilt> hien. Revenons h vos dieux. Tel h
(pii vous aile/- porter vos olliamhvs cl ollrir
vos vuMix n'est peul-élr(> (|ue le reste d'une
bùclie cpi'on a retirée du leu, un tison tioirci
par un de ses bouts, (pie lo scul|)teur a sauvé
des llannnes pour vous on l'aire un dieu. Lo
démon lui-même, (|u'osl-co aulic chose qu'un
tison (pii brille toujours sans pouvoir étro
consumé ? Quel est donc l'objet de vos aii-
mirations ? un morceau de bois tiré du feu,
un esprit qui brille coutinuiMleinent dans un
feu qui ne s'éteindra jamais. Craignez d'a-
voir un sort pareil à celui do vos dieux.
Lorsque je vous vois daui quelques-unes de
vos cérémonies avec dos habits sales et dé-
chirés , le corps couvert de crasse et d'or-
dure, les cheveux môiés et en désordre;
quand je vous considère , dis-je , en cet état
dans vos temi'l'S ^^ au[)rés dos tombeaux, je
m'écrie que vous exécutez par avance sur
vous-mômes la sentence que le souverain
juge prononcera au dernier jour co'itre votre
im|)iété. Honorez-vous vos dieux ou pleurez-
vous leur infortune ? Mais no sentez-vous
point la pesanteur de vos chaînes, et ne fai-
tes-vous point d'elfort pour recouvrer votre
liberté ? Votre aveuglement est-il si grand
qu'il ue vous laisse t)as du moins entrevoir
votre libérateur. Le chien , conduit par son
odorat, se met sur les voies de son maître et
le trouve : l'écuyer, que son cheval a jeté
hors des arçons , d'un coup de siillet le fait
revenir à lui du bout de la carrière oiî sa
fougue l'avait emporté : le bœuf retourne à
la crèche du laboureur qui le nourrit , et
l'Ane reconnaît l'étable de celui à qui il ap-
partient : n'y aurait-il que toi , ô Israël , qui
ne reconnaîtras jamais ton Seigneur et ton
Dieu? » A cette exclamation d'Hermès , Jus-
tin l'interrompit en s'éoriant : « Ne crois pas
m engager par tes beaux discours h me faire
chrétien, y^ Hermès répondit : « Plût à Dieu
que vous le fussiez , seigneur, vous et tous
ceux qui m'entendent; mais enfin n'espérez
pas que je sacrifu! jama s <à vos dieux. » Le
gouverneur, confus do s.; voir vaincu par la
longue et généreuse résistance des martyrs,
ayant pris l'avis de son conseil , prononça
cette senteuce ; « Nous coudamnous Philippe
et Hermès ?ièlre hrOlés tout vifs, pfiiir avoir
relus(' ij'obéir h l'édil de l'empiMi-ur. Kl,
pour cel elfei, nous les avons dé^radi's <le l/i
(|ualil('! de eiloyens l'omaiiis, lex décluranl
(Ii'tIius des prérogatives allaciiées h ( elhi
(pialit(''. l'.t nous voulons que chai un ap-
|)ie'Ui( , par cel acte de sévérité , de (piel
crime sont coupables ceux qui osent mépri-
ser I s ordres sacrés des empereurs « Les
s.iinls entendirent avec joie prononcer c ello
snitence , et ils marchèrent vis le bdclier
en rendant gr;1cos à l)it;u dercrpi'il les avait
choisis comme les prémices do son tnju-
peau, pour lui être olferts en sacrilice.
Cependanl lo l)ienheureux Sévère, rcslô
seul dans la prison , sr. ccuisidéi-ait commr>
un navire sans |)ilole, abandonné .'i la merci
des vents et des vagues, ou comme une bre-
bis sans pasteur exposée dans le dés(n't h la
fiiriMir dos loups, 'roulefois , paiini ces in-
(piii'tudes, il tic laissa pas de ressonlir une-
joie extraordinaire, lorsqu'il ap|trit (jue s(!.s
(bnix amis ail tio' t lecovoir la ouronne da
niartvre, pour la(pioll * il faisait des vc^ux si
ardeiil-s. Alors, se jetant h genoux, il se mit
h prier, entrecoupant sa [)rière de longs et
do profoids gémissements. «Soigneur, disait-
il, dont la bonté est un jjorl toujours ouvert
aux Ames surprises par l'orage ; vous qui êtes,
l'unique es|)érance des hommes, vous doiiL
les malados attendent la santé, et les mal-
heureux du soulagement dans leurs peines ;.
vous qui êtes la lumière dos aveugles, un:
doux rafraîchissement à ceux (]ui soutirent,,
et en qui ceux (pii sont fatigués trouvent uu
repos tranquille : grand Dieu ! qui avez af-
fermi la terre sur ses fondements ; qui assi-
gnez h chaque élémen. la place qu'il doit oc-
cuper dans ('univers, et (|ui d'une seule pa-
role avez achevé ces merveilleux ouvrages,
ces corps immenses qui roulent sur nos tètes;
vous (jui avez préservé Noé des eaux du
déluge ; qui avez substitué un bélier à la
place d'Isaac ; qui avez bien voulu que Ja-
cob éprouvât ses forces contre vous; qui
avez sauvé Loth des feux de Sodorae ; qai
avez conversé familièrement avec Moïse ;
qui avez fait de Jo^ué un chef également
sage et vaillant ; qui êtes descendu avec
Joseph dans la prison ; qui avez tiré votre
peuple de l'Egypte, pour le mettre en pos-
session de 1:1 terre que vous lui avi^z pro-
mise ; qui avez défendu aux flammes de la
fournaise de Babylone de toucher aux trois
jeu-nes Hébreux : qui avez fermé la boucha
aux lions prêts à dévorer Daniel ; qui avez
fait trouver à Jonas une retraite assurée-
dans le ventre d'une baleine; qui avez pris
la défense de l'innocente Susanne contre la
calomnie et l'injuste violence de deux mau-
vais juges ; qui avez fortiiié le bras do Ju-
dith ; qui avez récompoiisé la piété d'Esthei-
du premier trône du monde ; qui avez pré-
cipité le cruel Aman dans un abîme d'igno-
minie ; vous qui nous avez fait passer des
ténèbres à la lumière ; Père saint. Père mi-
séricordieux. Père de Notre-Seigneur Jésus-
Clirist, qui m'avez donné le signe de !a croix
comme un gage de mou salut i Seigneur,
aM
PHI
que je ne sois pas trouvé indigne devant
vos yeux de mourir pour vous; que je no
sois n.TS |)riv(^ du bo ilieur dont vont jouir
mes rrères; que je p.irtago avec eux les ré-
compenses que vous leur prennrez ; que je
sois uni aveo eu\ dons la gloire, npnis l'a-
voir été dans les supplices, et que je puisse
louer avec eux votre nom dans le ciel, après
l'avoir ave»' eux confessé s ir la terre. »
Dieu exau'.'a la prière de son st-rvileur.
Cependmt on portait Pli lippe au lieu où il
di'vaif être brillé, renlluro de ses pieds ne
lui periueltanl pis d;j l'aire ce chemin d'une
autre manière. Hermès le suivait de loin et
avec peine, ayant aussi bien qie lui l'.'S
pieds extrêmement entlés oar les divers tour-
mtmts qu'il avait endurés. Toute'ois ce gé-
néreux (liacre, s'élevaiit au-dessus de la dou-
leur, disait agréablement h PlMlip[)e : « Mon
cher maître, h;Uons-nous d'aller au Seigneur:
quand nous serons une fois arrivés .iu ciel,
nos pieds ne nous seront plus nécessair s.»
Se tournant ensuite vers ceux qui le sui-
vaient, il leur dit : « Mes frères, Dieu m'a-
▼aif dé.jh fait connaître, par une révélation
particulière , que je li drais ainsi ma vie.
Car m'étar)t endormi, il y a (|uel(pies jours ,
iJ me seudda voir voler autour de moi un pi-
geon d'une blancheur éblouissante ; il se
vint d'abord reposer sur u)a tète, puis pre-
nant doucement son vol il dcs,vn lit sur ma
main. Il avait dans son bec je ne sais quoi de
fort agréable au goût, qu'il n\e laissi pren-
dre; j'en goiltai, et je connus dès lors que
Dieu m'ap[)elait <^ l'honuimr du m utyre. »
Comme ilachnva'tde faire ce récit, on ar-
riva au lieu oi'i se devait faire lexéculion : on
creusa une fosse où l'on lit entrer le bien-
hf^ureux Philippe, et on la remplit ensuite
de terre jiisipi'aux genoux du saint. On lui
lia les mains derrière le dos, et on les atta-
cha c\ un pieu. On lit la même chose h Her-
mès. Connue il voulut descendre dans la
fosse, il lit plusieurs faux pas, quoicpi'il
s'appuyât sur un bAton, ce qui lui lit duc :
Tu n'as pas senU-ment le pouvoir de me
soutenir, traître de tiémon ; et aussitôt ou
lui couvrit les pieds de terre. Ce saint diacre
eut encore le l^mps. durant qu'on l't'nvirou-
nait de fagots, d'appeler un c'u* t en (]u'il
aperçut dans la foule. Il le chargea de re-
commander à Plulippe, son lis. de remetlrtî
avt;c une exacte tidelilé les dépôts qui lui
avaient été conliés entre les mains de ceux
à qui ds a{)parlenaient, et il ajouta : « .Ulc/,
mon cher N'elognis, di.e> ii mou tils : Voici
les dernière*. pn( oies de votre père mourant,
(ju'il vous laisse connue les plus précieuses
martpu'S de son alfeelion. Vous Oies jeuim,
évitez comme un écucil tout ce qui peut
amollir votre .liue ; surtout fuyez l'oisiveté ;
qu'un travail hounèle fournisse i» votre sub-
sistance, suivant en cela l'exemple de volro
père; conservez comme lui la paix avec
tout le monde. » Le feu, ipii dansée moment
prit d.; tous côtés, l'empèt hn di' (oulinuer.
On les ouil pendant quelque temps chan-
ter des caiili pie^, m.us le l'eu les gagnant
ciilièrcuieut, la dcruicro purulo qu ou ou-
PHI 692
tendit dicfinclemenl, ce fut le mot Amen.
C'e.^t ainsi que ces bienheureux martyrs
rendirent par leur mort téuïO'gnage h" la
vérité. Fidèles disciples de Jésus-<>hrist, qui
ayant coud)attu sous ses auspices, avez nié-
rité de vaincre et d'être cou'f^winc's de sa pro-
j)re mainl Philippe, étant expiré dans le fort
de sa prière, fut trouvé les bras étendus ;
son viînge piraissait aussi fiais el aussi beau
3U' ceui d'un jeune homme , et celui
Hermès semblait n'avoir pa>sé par le feu
que pf»ur en pr ndre l'éc'at et le vif colons.
Le diable n'était |jas fort coilenl de lout
cela : il inspira à Ju-tin de faire jeter dans
rilèbre (1) les reliipies sacrées de ces saints
martyrs. .Mais quelques personnes , animées
d'une piété généreuse, |)r parent des rèls ,
montenl une barque, et se rendent <n l'en-
droit où on les avait jetées. Ils demandent
au ciel son assislance, elle leur est accordée;
et Dieu, voulant réconij enser leur ardente
charité, lit pousser dans leur lilet les corps
des deux saints. Aussitôt ces heureux pê-
cheurs, plus satisfiils de leur pêche que s'ils
avaient trouvé de l'or et des perles, rega-
gnent le bord, et vont cacher leur capture à
douze milles de la ville, dans une ferme nom-
Biée Ogestiliron.
PHILIPPE (saint), reçut la palme du mar-
tyre Ji Alexandrie, avec les saints Zenon,
Narsée et dix autres dont malheureusement
les noms nous sont inconnus. Ils sonfins-
ciHls au Martyrologe romain le 15 juillet.
PHILIPPK (saint), martyr, recul la palme
du m.M'tyre avec les sainls Diomède, Julien,
Eutychien, Hésyque, Léonide, Philadelphe,
Ménalipfie et Panlagap|)e. Ils accomplirent
leur martyre, les uns par le feu, les autres
par le glaive ou sur la croix. L'Eglise fait
leur lête le 2 septembre.
PHILIPPK ^^ainlj , soutTrit le martyre à
Nicomédie, avec les saints Straion et Euty-
chien. Ayant été exposés aux bêles et n'en
ayanl reçu aut un mal, ds aceomplirent leur
martyre par le feu. L'Eglise célèbre leur
Diémoire le 17 août.
PHILII'PE (le bienheureux), franciscain,
issu de race royale, fui martyrisé avec un
antio religieux «le son ordre, aussi de sang
royal, et nommé ihai lavaret. ponr avoir
reproché aux rois de l'Inde les nneurs relA-
chées au milieu desipielles ils vivaient. Leur
martyre eut lieu eu LJ'fO. (t'ontana, Motiu-
mrnln hoininicana.)
PlIll.IPPK i-aint(>\ qnaliliée martyre dans
la jiluparl oes M ntyrologes el des Actes,
conf'.'s^a généreusemenl la foi chrétienne .\
Thexsalonique, en l'année 30i, devant lo
ju^ft Dulietius . avec les saintes Agape,
Irène el O"»'""»*- ^^'^ verra les détails de
cette cotd'ession diuis les Actes de sainte
Agape ne Thessaloniqu". (l'-y. l'article do
celte sainte.] Toutes ces saintes sont fêtées
par rEjli>e le 3 avril.
(I) Flnive rélcbr<' <1«* Thrnre qiii. aprè" nvoir ar-
roM' les murs île Pliilipi» '|">li''. «'fi Irajaiuiplo <l
tiAuJnuoplc, *c jelU! il.»ii> 1 Archipel.
fl05
Plll
i»i:i
tiDl
PinilIMM'. (sninlc), rcrnl le p/iliiiodii luar-
tyr-d II PiTKo en I'iMii|iliyli(', avec son llh
'hiiMMliirtv l.tMir m(irl\ i(> ;iiriv;i skiis Ii- ri''-
Hiicdc r(Mii|M»nMii- Aiiioiiiii. I/I'lj^lisc l.iil Icui'
i'(M(> le 2(J s('|il(iml)n',
l'Illl.iri'Or, niii'- (l'une |»;ifoiss(i {\i> c/im-
|)!inii(; Tiil miilluliiK' ;i I..'»vmI, II' 21 Jaivicr
nO'i, av«M! lroi/(* nulrcs |tr<Mr(vs. Cn saint
vrv 6s'\i\sl'ii\\h', (|ni riait sonnl, t)'ciitr'ii|.iil
jKiint li's i|iu*>'li(>ii.s (jiii lui ('hiicMl adirssc'cs
(linanl son iulen-o^aloirc. Quand les rorn-
jxifÇ'ions de son ni.wlyn' lui cnrcnl cxpli pn^
les scriiHMils qnc io (rijtunrd ('xi;;(Mil de loi :
« Non, non 1 sYcrin-l-il ; aidédcla gr;^c(> do
Dieu, jo w. salirai pas ma vieillesse. >, Il lut
condamné, el (piehpu's heures après l'éclia-
faud ruissidait de son sangi>l de tuduidi; ses
saints compaïAiions. Il avait sni\;inle-di\-
scpt ans. ('rire des Mi'inoirrs ccrlcsiaslit/ucs,
etc., par M. Isidort^ Houllier, curé de la
Trinité de I.aval, IH'iO.)
rHlL()Mf':NK (sainte), fut martyrisée h Hé-
raclée en Tlnaoe, avec les saints martyis
Clemenlin (>l. Tliéoilote. L'Eglise fait leur
nuMUoire le l'* novembre.
PHILOUOMK (saint), martyr, fut dérapitô
h Alexandrie ponr la toi. avc^' saint Philéas,
évéque de Tlnnuis, entre les années 3()G et
312. 11 élait trésorier général de l'empereur
dans cette ca[)itale de l'Kgyple. Indigné do
l'acharneuuMit que les persécuteurs mon-
traient contre Philéas, il s'écria : « Pouniuui
vous opiniAirer ainsi h vouloir vaincre la ré-
sistance de ce hrave liounne? Pourcjuoi cher-
cher à le rendre infidèle c^ sou Dieu par une
lAche complaisance? Ne voyez-vous pas qu'il
n'envisage (juc les choses du ciel, et qu'il
n'a que du mépris poui- toutes les choses do
la terre 1 » Ces paroles soulevèrent la colère
dos assistants. Philorome fut pris et con-
damné, avec Philéas, à avoir la tète tr.inchéc^
La sentence fut immédiatement exécutée.
La fête de ces deux saints arrive le 4 février.
'l'oij. Philéas.)
PHILOSOPHISME MODERNE. Jadis il y
avait dans le monde deux choses souverai-
nement respectées : la raiso'i et la foi. La
raison représentée scientitiquemont par la
philosophie, la foi par l'enseignement reli-
gieux. Ouand un homme émettait des idées
nouvelles à rencontre des idées reçues, des
croyances admises , c'était un événement
grave : on pesait cet homme dans la balance
séculaire du sens commun et de la foi. S'il
éta;t trouvé trop léger, il était jeté de côté,
et il ne se relevait de sa chute (jue par le
retour aux sentiments généralement reçus,
ïl^ arrivait parfois que la raison humaine,
d'un commun accord, s'niclinait devant une
"Vérité philosophique. C'était alors un beau
triomphe pour le penseur (jui enrichissait le
trésor des connaissances comumnes. Quant
à la foi, immuable comme Dieu, elle se con-
tentait de voir si les idées ém.ses lui étaient
conlormes. Le monde nommait des héréti-
2ues ceux qui se sé,iar;iient de la foi.
'homme alors inclinait devant le tém i-
g'iage sa raison et sa conscience ; il eu fai-
sait le olus noble usage, le plus rationnel.
I.e protestaidistne vint, (otnnie on p«-'ii Io
voir /i sr)n tilie, proi l/niict rinr^ilhhilité iri-
dividoelle. |,'or'.;n(Ml liuiu/iHiriil divinisa'';
la ronscichce devint la r<vje de l/i foi, (-t In
fnlii» luim/iine 1 1 reini' (Im en monde. Pr-ii h
pi'U la r.iiso 1, \t\ foi, s(ipé«'s, éltratdées dain
l'Ame des liounne^i, cèdeicnl l/i pl.ice nwx
passions égftïsles (pij oit produit Io philo-
Soplrsmc moderne. I.e pliilosopliisme, c est
la doeiri'iir du b m |i|/iisir m lividutd en l'ait
(le eroynncps, h la place d(! l'autorité uiviiio
el hnmaiie. ('e l'ut vers |;i tin du xvii' siè-
cle sui tout (pie Cette tendance devint tout h
fait apparent»!. «On inelt it un (crlnin hon-
neur à s'élever .ni-dessus des ducliines tra-
ditionnelles en fait de phd(»M)ph e, h |iens(;r
par soi-même, en dehors de la religion, h
l'ail (! abstr/iction de tonte révi-latioii. Pour
être regardé comme original et prolViud, pour
avoir le litre de philosophe, il fillait inven-
ter un sy«-lème nouveau, ou iii.)dili(M' un des
systèmes (pii avaient eu cours aupai avant.
La [)lupart, il est vrai, des auteurs renorn-
nuîs de cet é|)()(pie, se tirent un devoir de re-
connaîire les boi'ies de la raison el de res-
pecter les vérités ()ui sont l'objet de la foi :
on peut dire (piils fuwnt religieux et
nièuuî cliréliens, surtout les quatre grands
génies (jui dominèi'ent tous les autres par
leur su[,ériorité incontestable, savoir: Ba-
con, Descartes, Newton et Leib litz. tlepen-
daiit plusieurs, dont la réputation ne fut
pas sans éclat, ne voulant pour guide que
leur raison individmdle, portèrent une té-
méraire réforme dans la religion, dans la
morale et dans la politi(ine; ils enfantèrent
des doctrines chiméiicines et souvent mons-
trueuses. Nous avons vu ce que tirent llob-
bes en Angleterre, Spinosa en Uollai.de,
ïhoinasius el Wolf en Allemagne, Bayle en
France el dans lus Pays-Bas. Ce dernier ()eut
êlre regardé connue le [lère de la philosophie
du XYU!*" siècle. La prodigieuse iniluence
qu'il exerça sur les esprits, dans une grande
partie (Je l'Europe, détermina le ton scep-
ticjue et épigrammaliciue dont se piquèrent
bie itôt , en ce (pii est de la l'eligion , ceux
qui voulaient passer pour les beaux esprits
du temps, qui aspiraient à la qualité d'esprits
forts et au nom de philosophes ; car le
xvnr siècle a cela de particulier, qu'il s'est
qualitié lui-même de siècle des lumières, de
siècle de la philosophie : à l'ei. tendre, on
voyait l'aurore du plus beau jour qui eût
lui pour ie genre humain ; c'était le com-
mencement d'une ère de gloire et de bon-
heur comme il n'y en avait jamais eu sur la
terre. Les écrivains se vantaient eux-mê-
mes; ils se louaient réciproquement el tâ-
cliaieiit, à l'envl les uns des autres, de faire
passer ceux qu'ils prônaient pour des pen-
seurs profonds ou pour des génies du pre-
mier ordre. N'élant plus retenus pai' lauto-
rilé des traditions, par l'empire ues préjugés,
ils devciient renverser la sapersiition, dissi-
per les ténèbres, établ.r le règne de la rai-
son et opérer partout une régénération com-
plète. Au lieu d'atteiidie que la [)0siérit6
leur assignât le rang qu'ils devaient Iav.'.'.?
eas
IMU
dans riiisloir*^, ils s';\rrogo;iioiit snri'^ façon
la gloire (ju'ils croyaient iiiérilor. Ue^iardant
avpr un superbe lUViain rou\ ijui les avaient
pr(^<'('M|(5s et les rnnteinporains qui ne [larla-
geaieiit pas leur incrùdulilé, ils se [)laçaient
f.isiiieusenient au-dessus d'eux, et s'inntji-
nnient les é( lip^^er tous. Un tel dv'lire. en-
fanté par l'orgueil, devait trouver sa punition
dans ses propres exrès; c'est, en elTet, ce
cjui est arrivé. Ce siècle pr»''somiitueu\ est
déjà bien déchu des p élenlions qu'il mon-
trait ; il tombera encore davanla}j;e, h mesure
cjiie la saine raison |»révau(Ira. Après les fo-
lies incroyables qui ont manpw' ses derniè-
res années, il n'est ]iUis permis d'hésiter sur
le jugement (pi'oii iloit en porter et cpi'en
porteront immanquableujent ceux qui vien-
dront après noyis. » (Bouvier, Jlist. de la
philos., t. II. p. 180.)
Ce qu'il y eut surtout de remarquable
dans l'esprit préte'idu p!iilosoplii(juc, ce fut
sa tendance perpétuelle, incessante, à reîi-
verser le christ anisme, h l'attaquer par tous
les moyens. Tons les efforts *\cs philoso-
phes du xviir siècle en France, en .Angle-
terre et dans d'.-vutrcs contrées d'Europe,
n'eurent pus d'autre but. S'il était permis
d'em|)loycr dans ui tel sujet une conqiarai-
son païenne, nous ilirions qiie ces insensés
ressemblèrent aux Titans attaquant lescieux.
Comme etfets, le philosophisme moderne
a produit les hotrcurs de la révolution fran-
çaise, les massacres alireux fpii l'ont signa-
lée. Pour en faire l'histoire, il faut consulter
les articles suivants, disposés ou itiulot in-
diqués par séries nationales.
ANGLETERRE. FRANCE. PRUSSE.
Rerkolcv. Monlos(|uioii. Frédcrir II.
llniiK'. DaliMiiborl.
Codqiior. Volliiiv.
MinKloxilIc. Ronssean.
Roiiiiglirokc. DargtMis.
Hi'lvciiiis.
[) Ilolhacli.
Ititlnot.
Ravikal.
Coruloroot.
On sait ce (tn'a jtroduit l'esprit |ihiloso-
phiqne du siècle dernier : l'arbre a été jugé
à ses fruits. TouIcn les saines doctrines ont
été conlolée-», loules les bases sociales ont
été sapées, ébranl(!'es. H a fallu ili'S' miracles
jirovidf'nliels pour sauver l'Furope de la
Ijarbarie. Ces fiincsles doilrines nous ont
[)ro<luitunc génération maladive, qui ne sait
nlus rien crniri', rirti prali([uer, rien foiiuu-
1er. Les d .rnières consé(jueuccs de la philo-
sophie du «li.rnier siècle se sont manifestées
dans rexisicnce de ces rêveurs qui ont voulu
mettre à la phicc du chrislianisme, (ju'ils
prélendaicnl oiiranné, les doctriiu;s du jiro-
grès indi'lnii, ou du panthéisme nu)dertu'.
Notis passerons successiveiueul u revue les
principaux apôtres de cette religion nou-
velle.
Les saint-simonicns se sont hardiment
posés et ont a;inoncé In Iranst'oruïaliim do
l'univ.rs au dnnble p'tint de vm^ religieux
Cl social. Ils delinissaienl Dieu ainsi : Oiru
PIfl 696
eut tout ce qui rut ; tniti est m lui , tout est
par lui. — S'ul de nous n'est hors dr lui, mais
(tucun de nous n'est en lui. — Chacun de nous
rit dr sn tir, et tous nous rnmunininns en /ui,
car il est tout ce e/ui est. (Iftle détinition ap-
partient tout entière au panthéisme des In-
diens renouvelé par S|>inosa.
« Copiant le christianisme, les saint-si-
moniens voulaient un messie : Le monde at-
tendait un snurrur... Suint-Simon a paru. —
Moisr, Orjiht'r, y'uma, ont organisé 1rs tra-
vaux matériels ; Je'sus-Christ a organisé les
travaux spirituels ; Saint-Simon n organisé
les travaux religieux. Donc Saint-Simon a
résumé Moïse et Jésus-Christ.
(' Or qu'i'lait Saint-Simon? (ientilhomme de
vieille race, doué d'un esprit aventureux, il
fut d'abord militaire, puis commerçant ; sous
pi('te\led'étudi(>r le monde, il se maria sans
affection, dépensa sa fortune en orgies, es-
saya (t'échapper par le suicide h une misère
que méritait son inconduite, et mourut en-
lin entre les bras de cpielques disci[)les qui
croyaitnt ou feignaient de croire à sa mis-
sion. C'était un singulier messie que celui-
là. Publiciste ardent, il n'a rien laissé qui
mérite de tix t l'attention au point de vue
de la nouveauté des principes.
« O^i'^i qn'il en soit, la religion saint-si-
monicnne i)roclama quelques princi|ies et
annonça son but. Son but était l'amélioration
du sort moral, physique et intellectuel de la
classe la i>lus i)auvre et la plus nombreuse.
Son moyen de l'atteindre était de donner ri
chacun suivant sa capacité, à chaque capacité
suivant srs œuvres. Los hommes se rendaient
(lignes de la foi nouvelle en se sanctifiant
par le travail et par le plaisir. Ce dernier [iré-
ce|ite. formule de la réhabilitation de la ma-
tière et des sens, cadrait bien avec la détini-
tion du Dieu des saint-sinionicnis.
« Cette religion, insulte vivante à la mo-
rale et au bon sens des peuples, tendait .'i
précipiter l'homme des sublimités où le
christianisme l'avait amené, pour (M1 faire
le vil esclave du sensualisme». Quant t» des
dogmes, h des croyances nettement formu-
lées, les sainl-simoniens se lai>aient : ils
ne parlaient pas tles destinées futures de
riionnue ; [ta^ un mot sur r.hne. pas un mol
sur les vériti's morales. Plagiaires [tolitiques
cl religieux, ils se sont montrés au milieu
de nous, couverts de loules les vieilles dé-
froques du panthéisme, des théories de Pla-
ton, de Morus, des essais nralitpies des Es-
si'iiie ns (>t des Hernhules. Ils n'ont rien ob-
tenu {\ur la risée po[)ulaire, et leur coniiMlie
théopliilanlhropique esl venue se lerminer
piteusement sur les bancs d'une cour d'as-
sises.
« Une pareille docirine pouvait-elle se don-
ner connue rel gion, lorsqu'elle n'apportail
aucune i royanco religieuse, ain une solution
do notre deslinép future pas |ilus que de la
(juestion morale? Kt (prtsl-ceiiu'une rt ligion
sans la parlu» spiii uabste, (pii >eule peut
é[>urer le dogme et lui donner du relief en le
divinisant aux ytux de l'humanité'? Qu'esl-ce
qu'une religion sans l'idée de Dieu, juge du
007
fin
t'MÏ
«08
bien cl (lu mal, ;ij)|)i('ii;il('iir ('IcrncI, dans le
|)i'cs»'iil (U rav(!'iir, (l(! l'iis.'ij^i' ho'i on mau-
vais l'ail [lar riioiiiiiic de s.i jibcrli'? (Jiiosl-
(•0 ciiliu (|u'imc religion, sans la ciovaiK-c h
riininorlalih' Wo l'àuic, sans l'idi'-c d'uiic au-
tre vie? !•]( la Icnc iirtuiiisc selon Saiiil-Si-
uioi), ij*('Sl-('0 pas ('() monde nialcrirl, apiès
ltM|U('l il n'y a plus rien ?
« (loinmc so.'ial'sh's , Icvs soclaWMUs de
Saiiit-Siiuon n'oni pu l'aire prévaloif leiu*
llh'Oi'ralie, (onire l.upielle devait piolesicr
ntV'essaireineul rindi\ idualisuie ralionalislc.
I']| cnnuue piopliMcs, ils sont l()nilt(''s .m)iis
les railleries du peuple, (pii ne croit pas,
(pioi (pi'on lasse, à la venue possiMe d'une
l'OlijAion plus divine cpu' lo chrislianisnu;.
Ils ont cnliu disparu de la scène, coiuuie les
re[)r(''stMitanls oubliés de cultes (pii ne sont
plus, et dont riiistoiro sait i^ peine le nom,
laissant aux cmii'nx, d uis l'avenir, l(> soin
de classer la dénoniiualion des saint-sinio-
niens, avec les religionnaires sérieux ou ri-
diculcvs de toutes les épo{pi(\s. » (Alpli. Pé-
pin, ICiat (la c(t(/H)licisnic en l'r(i)ice).
Après les saint-simoniens ai)paratl Four-
rier : bien dos gens se sont occupés de son
système, beaucoup l'ont blâmé, beaucoup
l'ont défendu, en Texaminant ilans les pos-
sibilités de son application. Nous n'entrerons
point dans celte critique do détail, nous al-
lons le prendre par la base, et voir ainsi s'il
peut exister ; car s'il manque de point d'ap-
pui, il doit })érir dans le vide.
Fourrier admcl-il un Dieu? Oui, répon-
dent ses disciples. « Il y a trois principes,
dit-il, Dieu, princij)o actif et moteur ; la ma-
tière, principe pass;f et mû ; Va justice ou les
mathématiques, principe neut.e et arbitral. »
Il les dit éternels et indestructibles. Or cela
ne revient-il pas exactement à dire tout est
Dieu. C'est du panthéisme pur.
Quant h lu question de l'àmc humaine et
de ses destinées futures, il la tranche ainsi:
« Les Ames humaines se transfuscid toujours
dans d'autres corps humains, soit sur notre
globe, soit dans d'autres. » C'est là, si nous
ne nous trompons, quelque chose (jui res-
semble fort à la transmigration hindoue et à
la métemi)sycose des pythagoriciens.
Du reste, ces questions, ijui nous paraissent
à nous les questions vitales d'un système, le
point d'appui sans lequel il n'est qu'iui vain
assend)!ago de [)arolos sonores, de rêveries
sans es[)eranco de réalisation, {)araissent à
Fourrier de peu d'importance : « .Mais qu'im-
portent, dit-il, ces accessoires à l'airùre
principale, ({ui est l'art d'organiser l'indus-
trie combinée, d'où le(iuadruplo jM'otluit, les
bonnes mœurs ; l'accord des trois classes,
riche, moyenne et pauvre ; l'oubli des que-
relles de parti, la cessation des pestes, des
révolutions, la pénurie iiscale et l'unité uni-
verselle Etrange despotisme que de con-
dannier toutes les productions d'un auteur,
parce quequel(|ues-uaes sont défectueuses!..
En jugeant tout savant ou artiste, on sépare
le bon or du faux. Pourquoi suis-je le seul
avec ({ui la critifiuenc veuille pas suivre cette
rijjjle ? »
Pouitpioi ? Nous in> rtUM'evoiis pas «pTini
esprit aussi piofoiid (pic Foiniier m: l'.ul
p;is <'oiunris ; H n'/unait point dû laisser
lond)ei' de sji pjumo celle pl/iinle arnèro, co
reproche h s<!s «-rilicpies. Pourquoi '/le voici,
(l'est (pi(f vous n'êtes pas dans la calégoiie
des ailleurs (pii s'occupent de choses iudé-
peiidaiiles les ihh's des autres, et cpii, sn
troiiipaul sur l'une, peuvent diro la vérilt'i
sur l'autre. Nous ((Miiprenoiis pru-faitr-inenl
ipie Newio'i ait pu d(''iaisonner sur l'Apoca-
lypse, chercher folîemeul à prouver que le
pape ét;iit rAntecliiisl et dir(; ensuite des
vi'iités sur l'alli-aclion et sur la lumière; il
n'y a p linl di; rapport entre ces choses. Ea
vérité de l'uiKUie l'ait rien à celle de l'autre.
N'oiis, au contraii-e, vous |)arle/, d(! l'homme,
de sa vie, de sa destinée, et vr)us prétende/
(nu> ces ellets, (jui procèdent nécessairement
(le l'action divine, ne sont pruiit liés à la l)i-
vinile! \'oiis vouiez organiser la société in-
dépendamment de Dieu ; peu importe, dites-
vous, ce (pi'il esl, s'il (>xisle ! .Mais (;'esl de
la folie cela. CommiMit, la cause ne fait ri(,'n
A l'ellet ! Si vous ne savez rien sur Dieu,
vous saurez (piehjue chose sur les destinées
de rame 1 11 y a un législatom- suprême au
ciel, et vous modifierez à votre gré les cho-
ses Innnaines, sans qu'il y puisse intervenir!
A'olre système n'a ])oint de b is(! ; c'est un
ballon gonflé d'air qui va se perdre dans le
vide.
Nous ne sommes point de ceux qui pensent
qu'il faut accueillir toujours avec respect, avec
déi'érence, tontes les rêveries, toutes les bi- "^
zarreries, toutes les témérités de l'e-prit hu-
main parce ({u'elles procèdent peut-être de
la bonne foi et des croyances de leurs au-
teurs, l'our mériter toutes les sympathies
qu'elle réclame, toute doctrine doit se pré-
sent(M- avec des caractères de vérité, de bon
sens, de logique suftisants pour ne pas sus-
citer !c rire ou lo dégoût : et loin de savoir
gré de leurs efforts à tous ces réformateurs
sans principes, sans croyances, qui lancent
dans ie monde leurs visions et leurs rêves à
rencontre de toutes les i.lées reçues, nous
persous qu'ils commettent une imprudence
qiii frise de bien près une mauvaise ac'ion.
Il y a chez eux ignorance ou mensonge : le
mensonge-est un crime, l'ignorance ne donne
point le droit de parler ou d'écrire.
Fourrier ne taide point à nous montrer
les fruits de ses croyances religieuses ; d'a-
bord il se place à côté de Newton ; la décou-
verte de l'attraction matérielle si immorta'isé
Newton, celle de l'attraction passionnée, doit-
l'immortaliser, lui, Fourrier. Il enseigne
que les passions sont d'origine divine, natu-
relles, et bonnes dans leurs tendances ; qu'el-
les doivent exister dans le système humain,
comme les globes planétaires dans les cieux.
I! dit qu'.l faut les laisser toutes obéir à leurs
impulsions et ne pas les étouffer ni les com-
battre, sous peine défausser la destinée hu-
maine. Si dans l'état actuel de notre société
les liassions ne se dévelopi^ent pas libre-
ment, cela tient non pas aux vices des pas-
sions, mais à ceux de la société, et c'est
699
PRI
PHI
700
cette dernière qu'il faut reconstruire de fond
en nom. le.
CVst d'après ces donn/'fs (jiip ce novat»Mir
pose les bases de la s 'ciolé nuuvclle qu'il
n rêvée. Alors, arrivent dans son syslrmo,
l'orj^a 1 sation du liavail cl l'associ.ilioM ,
idées fécondes no vim s dans l'erre ir et para-
lysées par je vice fondamental du do^^me et
de la morale.
Nous aussi, nous croyons, nous espérons,
que l'avenir fécondera ces deux éléments de
prospérité et de l)icu-ôl e ; l'Iunninité, gui-
dée par la foi, i<ar la charité, suivant à la
lettre et dans riniiniilé de leurs tendances
les piéreplt'S évangi-licpies , constituera la
grande et fiateriielle assoc;alio!ï des chré-
tiens. C'est un fait qui nous paraît évident,
mais jamais un System»» qui matérialise la
Divinité, qui assujettit l'Ame humaine aux
brutalités de la ciiair, qui ne donne pour
peispeclive à ses niéiites qu'une autre cap-
tivité dans la matière, q\ii laisse sans ré-
ponse et sans espoir ItMiésir infini de bonlu'ur
qui la consume : non, jamais uu tel système
ne se réalis<!ra.
C'est au point de vue do l'idée religieuse
que nous voulions examiner les th'ori's de
Fourrier ; il n'entre point dans notre plan,
ainsi que nous l'avons oit en commentant,
de le faire connaître tout entier à nos lec-
teurs ; il nous sul'iit d'avoir trouvé le point
vulnérable et de l'avoir montré.
Il y a pourtant dans ce système des cho-
ses (pii ne touchent point à la morale et qui
sont bon les, [)arce qu'elles sont d'exécution
)urf'ment matérielle; elles peuvent être uli-
es au bien-être phvsifpie de la société. C'est
e bon côté du système d»? Fourrier. Un ju-
dicieux et malin critique a dit, et ce mot
renferme un grand .sens, (|no Fourrier avait
organisé la cuisine de l'avriiir. »
De l'autre c<)té du détroit, un homme dont
le monde reconnaît la haute probité, admire
la bionfaisancf». M.Hohert Owen, a fait grand
bruit en ressuscitant de vieilles ([u slioiis
enfouies sous les décombres de la scolasti-
qup. Il a émis ses ctoyanct^s avec une naï-
veté et une ferveur de conviction, (pii dé-
montrent la bf>nlé do son cœur et l'uisufli-
sancc de son jugement.
Si M. Robert Owen s'en f(1t tenu aux admi-
rables résultais pratiipu's (ju'il avait obtenus,
on l'ertl béni conuTUi un bienfaiteur de l'hu-
manité ; il a gMé son œuvre en voulant se
faire théoricien.
PUréi par les circonstances h la tète d'une
manuraciure où d»'iix mille ouvriers étaient
ass»nid)lés avec, les vices et les incii ntions
mauvaises si ordinaires chez les hommes de
relie classe ainsi agglomérés surtout, il par-
vitU en peu (h- temps l\ les ramener lous ,^
la pratique du bn-n, .i les corriger de leurs
peiichiuils au vol, au jeu. h l'ivrognerie.
Agissant nw îuilieu ^Vru\ c(tmme un père
painu sescnf.Mils, les insiruis.rU par de bons
conseils, par de salula res instructions, fai-
sant on sortp (pi'ils se s(rviss«Mil mutuelle-
ment do uiodélcs et d'emules, li lit do sa
manufacture une colonie vraiment digne de
fixer rattention du monde entier. Bientôt,
grâce h ses soin-, loiiles les améliorations
possibles furent introduites : dans une école
fondée exprès pour eux, les enfants reçu-
rent les biei faits d'une éducation soliife ;
les mahuie-J furent soignés daiisune intirme-
rn'.les vieillardset les infirmes trouvèrent des
ressources dans le-^ bienfaits lïc l'association.
Si M. Robert Owen eOt voulu s'en donner
la p^'ine , il eût su que les Jésuites avaient
accompli les mêmes choses dans ITraguay
sur une bien plus vaste échelle ; il eût trouvé
dans toutes nos villes catholiques des éta-
blissements, des couvents d'hommes d de
feunnes, où de send)lables résultats étaient
obtenus. En y regardaid de près, il eflt re-
maniué que chez lui, toutes les améliora-
li(j is étaient d'une nature matérielb' et
avaient trait au bien-être physique; qu'elles
ne reconnaissaifnit pour cause que l'ordre et
1 hoiuunu' ou ramour-i>ro[>rc de ses adeptes;
tandis (|ue dans les associations chrétiennes,
il eût trouvé, pour ressort principal et bien
plus puissant, le sentiment religieux ; en
un mot, la vertu fondée sur des croyances.
Mais il ne fit point ainsi : il s'arrêta à la
contem|»lation de son œuvre, et chercliant à
comprendre les raisons de son succès, il ar-
riva, dans la bonté candide de son cœur et
dans l'inanit ' do son jugement, à ces conclu-
sions : que Ihonnue est nécessairement la
proie des circonstances au milieu desquel-
1. s il est placé, qu'il est bon ou mauvais en
raison directe des inOuenccs extérieures. Il
ne voulut pas croire à la {)erversité du cœur,
et il proclama Virresponsahifite' humaine.
On est étonné de voir un homme doué des
plus éminentes(iualités, tomber dans d'aussi
dépl.irables faiblesses de raisftn ; ressusc'ter
contre la conscence nniversellu celle \ieille
querelle du Idjre arbitre, reproiluire des ar-
gnment>; salis sur tous les b uics des écoles,
et abandonnés maintenant aux inlelligences
de dernier ordre ijui se traînent sur les don-
nées voltaii iennes du >ièch> passé 1 Conmienl
se faii-il qu'avec un cceur au>si aimant, si
dévoué à l'humanité. M. Owen déshérite
ainsi l'Ame de toutes les hautes pensées
qui l'enlèvent à la terre et linnportenl aux
cieux sur les ailes de lespéraïue ! Quoi,
vous (pii savez si bien aimer, vous ne sen-
te/ pas un vid • dans votre cieur, quand vous
regarile/ la terre et que vous y placez votre
fin dernièi e ! Quoi, plus ri n ipie «les intérêts
malt'riels et pas-agers ! Il faudra ariêter
notre regard îi cd horizon borné des ( lioses
de la terre ; ne plus lui permettre de sonder
les cieux, dt> chercher dans les champs do
l'intini et du mystère, les éléments de son
bonheïU" et la satisfaction de ses tendances I
Quand un rayon céleste d'immortalité, de
po'sie li'en haut, d'amour divin, viendra
luire sur rms èhnes, il laudra croire que ce
n'est (ju'une illusion ! H Tie faudra dcuic |)lus
s'agenouilh r sur une tondte, pour y écouter
les secrets de la mort, les révélations de l'é-
ternit.' et les espérances de l'airci-tion qui
regrcllo ceux qui uo soûl plus ?
701
Mil
l'Ill
7<«
Ail I nous 1(( (Toyons. voii-^ nw/. l'.iil (rn|»
jIc Iiicii, Mccnmpll ll'n|iil(' (li'Vniiriiiciils, |i(iiir
que lt> iiii'iisoiigo soit ;iii rniul de volic coms-
cicncc. Non, (•('(|iic vous diics, vmis h- |icii-
sc/. itvcc lii naiv(.'l('' ilc cfs cnr.iiils (|iii vniis
iHiimiu'iit liMir |i('>i-i>. N'oiis '\o voiiilric/.
point (les co'isi'inicnccs (|ii';nir;iil volrr doc-
il i le, si t'll(' li'(''l;iil l'.is iiiii> d.' ces ;illa(|ii('S
inollriisivos (pii m" l'ciivciil pas nK^nic cl"-
llciiror l'i^pidcnnc so;i;d, (U «pii vicnncnl.
SI' hriscr conlic Itvs cfoyaMci'S r('li,-;i(Mi.>-(!>^,
oominc les llocons (rrciimc (jno (iDiii-lo un
llciivc conîre les Ium'icIics (pii hoi'donl s s li-
vt>s. V oiis lU' voiidritv. n;is aiilon^cr le ciinic,
pornu'ilrc h l'assassiM de pi-oclanifr son l'inu-
Ct'iKui sur le corps sani;laiil de sa vicliin(! ;
vous no voiiilric/. pas drc nrcr nos codtvs...
Mais, pardon, nous no devrions pas opjio-
S(M" de raisons ;\ ce (pii ni> co'ui|>orlo pas do
discussion.
AnUinl nous sonuiies s6v(^ro quand nous
ronconirons sur nolri' passaj;e q'ioI(pio no-
vateur audacieux, nn^ pai- I orgueil, arujé du
iuenson^:;e et do l'hypocrisie ; autant nous
ninu) is ;\ rencontrcM" un ami de riiun\a'iiiLS
dont le cietM'gént''reu\ a causcWoute l'erreur.
Le blAine s'arriHe siu- nos lèvres, nous ten-
dotis une main l'ralernelle et atto'idons avec;
conliance (in(> Dieu lasse luire sa lumière et
ajoute auv (j'udilés si belles dont il a tlo;6
lin noble cœur, la co maissanco intime do
S( s voies et les d lueeurs cle son amour. (Bé-
loui'io. Des Passioun, vol. Il, p. 79.)
Pierre Leroux, un ilos nuMubres les j)lus
distingués de Téenle saint-simonienne, (|u'il
(luilta do bonne heure, sans renoiicer à la
doctrine du progrès, a voulu avoir sou sys-
tème particulier : il en jeta les londemeots
dans une brochure inlitidéc : De la doctrine
du proijrh continu, et l'a développé dans un
autre ouvrage cfui a [)our titre : De l'huma-
nité, de son principe, et de son avenir, 2 vol.
in-8% puiiliésen 18'i-0, et dans plusieurs ar-
ticles de la lievne encyclope'dique et de VEn~
cyclopédie nouvelle.
Voici les pomts cardinaux de ce nouveau
système, autant (ju'il est possible de les sai-
sir, au milieu de b'asnhèmes de toute es-
pèce, et d'uii latras inintelligible : 1" L'hom-
me n'est ni une Ame, ni un animal, mais un
animal translbi-mé parla raison et uni à l'hu-
manité. 2" La destination de l'hom lie est d'ê-
tre en comtnunion avec ses semblables et
avec l'univers; les moyens de communica-
tion sont la famille, la patrie et la propriété.
3° Le mal qui tourmente l'homme, le véri-
table péché originel vient du despot.sme
dans la famille, dans la patrie, et dans la
pro, riélé.'i-''Le remède au mal est la charité,
ou une grande dillusion de la communion
avec ses semblables. 5" Le christianisme est
la plus grande religion du passé ; mai-^ il y a
quel({ue chose de plus grand que le christia-
nisme, l'humanité. Le mosaïsme développé
acessé d'être le mosaïsme, de même le chris-
tianisme, développé co.nme il doit l'êlie,
cesse d'être le christianisme : il a fait son
temps et est abandonné. G" Il n'y a ni para-
Uis, ni enfer, ni purgatoire hors de la v"e ;
on ne doit ponil admettre le dunlisriu; d'iui
ciel cl (| inif Icrii', conune ^'d y usait d<ii\
mondes. Il n'y t"\ a (pi'iiii, et l'erreur surco
poiiil-a cil'- fiiiie.slc. 7" Dieu n'est point hors
du iiio 'di>,' ni je mo idc hors d<- Dii-ii ; la
terre n'est |iuiiii un i plus hors du ciel, ni In
ciel hors de la ti rrr. i.c (pii est et no sv. voit
pas, e>l le rii;! ; ce qui est cl siî Voit, es! la
terre; le ciel ainsi inlendu est Dieu; la
terre et co ipii s'y passe ^onl les eri'atiire.s.
8' (lliaqui! homme est idrulilié iwrc l'Iiuma-
nil '• ; il n'existe pas par lui-même, mais par
riiiima lité ipii est en lui. Lhiiiiiaiité ne
minnl. point; elle no lait que subir des nio-
diiicaiions dans les individus : les individus
eux-mêmes ne font donc aussi que .subir <les
modilicalions ; ils (;ontinuent de vivn,' dans
l'humanité, et se petfoctionnenl (h.'wliisen
plus avec riiumaniti'. \) Le nom d'Auam est
un mythe, il m; repri-so ito poiil un i)re-
mior honnue individui^l, mais l'humanilc; ipii
est acluellemei:!, dans son essence, ci; qu'elh;
é ait il y a six mille ans, ce (Qu'elle a été
sans commencement et ce ([u'olle sera sans
lin.
I,"aut(!ur s'elforce dans de longs chapitres,
d'attirer à son sentiment les tradil onsjndaï-
qu(>s et chrélitvvies, les doctrines de Moise
et de .lésus-Christ.
Du reste, il alïïrme, il nie avec une in-
cro\ al)le audace, sans se mettre en neine do
prouver co (pi'il avance, et entasse les unes
sur les autres les impiétés l"s plus absurdes.
( Houvier, Hist. de la philos., t. H, |)ag.
kï± )
La révolution de Février a mis au jiinacle
M. Pierre Leroux et les auties faiseurs de
systèmes que la France avait encore le bon-
heur de posséder. On les a vus h l'œuvre.
Pierre Leroux a été nommé conunissaire de
son dé|)artement. Ce grand prêtre de la loi
nouvelle a fait à lui seul d.ais quelques
mois, plus de proclamations, pris plus d'ar-
rêtés, fait iuqirimer plus d'atiiches ([ue Na-
poléon durant son règne. Il allait faire en-
trer ses administrés dans la terre promise
que son système montre à l'humanité, quaiid
l'atfreuse réaction est venue le faire rentrer
dans la vie commune. Les suifrages de ses
adeptes en ont fait un représentant. La tri-
bune offrait à Pierre Leroux une magnifi-
que occasion de développer son système : il
n'y a pas manqué, il l'a fait tant qu'il a pu;
à propos de tout, à pru[)OS de rien, choisis-
sant pour prétexte n'importe quel incident,
Pierre Leroux exposait pendant cinq heures
sa religion nouvelle à l'Assembléiî. Il aurait
eu de magniliques succès de tribune, si les
représentants n'avaient pris la funeste habi-
tude do s'endormir aussitôt qu'il parlait.
Aussi, jamais Pierre Leroux n'a pu achever
un discours; toutes les fo s qu'il a pris la pa-
role, il a quitté la tribune après lavoir oc-
cupée qu.itre ou cnq heures duiant, et re-
gagné son banc en vociférant des impréca-
tions contre une assemblée qui nerécoutail
[sas. Pierre Le.oux et Proudlmn, auteurs de
deux systèmes différents, se sont attaqués et
combattus avec énergie : longtemps la vie-
703
PHO
MIO
TÔ4
toire osf restée iiulénse ; c'est le génie de
Proudhoii (jui a trioinpiir. 11 a caracl«''ris6
en quelques mois Pieire Leroux et tous les
fai-^eurs de systèmes do lépoque, et leur a
jelé à la friee cette inaj;iiifique apostrophe,
(jui les peijil d'un se\il trait d'une façon si
frappante : Vntt^ rfrx lous (1rs hlai/ururs !
PHILOTfcUK isaint . «>tait lils du procon-
sul Pacien. Il fut martyrisé à Nicomédie.
Après avoir beaucoup soull'ert sous l'enipo-
recr Dio(;lélien. il reçut enfin la couronne
du marlvre. L'Eglise fait sa f(Me le 19 mai
PHILOTHti:F/'saint), souffrit le martyre
sous l'empereur Maximin avec les saints
Domnin, Théotime, Silvaiu et leurs compa-
gnons dont t)ous ne connaissons pas les
noms. Notre mère, la sainte E^^lise, vénère
leur mémoire le 5 novembre.
PHILOTH^E i<aint\ nurtyr, eut la gloire
de mourir pour la foi chrétienne en l'an-
née :297. à Samosate, par Tordre de Galère,
avec les saints HipjiaKpie, Jacques, Para-
grus, Habido, Romain et Lollien. Son mar-
tyre e<[ un des plus glorieux dont l'histoire
ait gardé le récit. A l'article Hippvhqie, nous
avons donné tout ce que les .\ctes de ces
glorieux soldais du Christ nous rapportent
de plus intéressant. L'Eglise fait la fOte de
ce sant ei do tous ses compagnons le 9 dé-
cembre. (Voy. HiprvRQiK.)
PHlLL'.MlS'E (saint), l'un des quarante-huit
martyrs de Lyon, sous l'empire de Marc-Au-
rèle, en l'an i77. Il était citoyen rouiain, ce
qui fit qu'on le décapita au lieu de l'exposer
aux bêtes, comme 1:' furent plusieurs de ces
saiuis martyrs. L'Eglise fait leur fête à tous
le 2juin.
PHOI-AS (saint), évéque de Synope, mou-
rut victime de la persécuion de Traja i,s,ris
que l'histoire eût rien gardé qui nous dit
comment aniva sa mort et (luels en furent
les di-taiis. La fête de saint Pliocas a lieu le
IVjiiillet.
PHOC, AS (saint), était jardinier; il demeurait
àSynupe, vdle du Pont, s'occupant à cultiver
le jardin qui le faisait vivre, et lui permet-
laifmémede fiire aux pauvres d'abondantes
auuiùnes. Durant la persi'culion de Diorlé-
tieti, en 303, il eut la gloire de mourir pour
Jésus-Christ. L'Eu;lise fait sa fêle le 3 juil-
let. Saint Asière , évê([uc d'Amasée, a fait
son é oge, que voici eu entier.
« Entrant aujourd hui dans ce temple, que
la piété des fidèles a élevé au bienheur< uv
Phocas, je rappelle en ma m nuoire tout ce
que la tradition a conservé des actions de ce
saint martyr. Je me représente un hounuo
simple, sans artifice, né au village, et nourri
dans l'innocence de la campagne, l'n jardi-
nier qui des fruits d »Mt la terre piie libé-
ralement son travail, e-itrelient sa famille et
assiste les pau\res, exerçant l'hospitalité, et
redonnant à cette vmMu. si peu prati pn-e do
nosjoiirs, lo lustre qu'elle avait du temps des
patnar.:hes. Je le consiilère comme l'honneur
de ces rivages, l'ange tuii'-laire de la Médiler-
ran 'C ; comnu' un grand sauil. connue un
confesseur de Jésus-Christ, oserai-jc le dire,
comm:' un «les nlu^ ilbi^fres martyrs de l'E-
glise. Il est beau, sans doute, d'être jilacé
dans le catalogue de ces braves et généreux
martyrs qui ont donné leur vie pour celui
qui leur avait sacrifié la sieime, qui ont mêlé
leursangh celui de l'Agneau, et qui ont rendu
en quelque sorte au Sauveur ce qu'ils avaient
reçu do lui. Dansée sacré catalogue, il n'y a
point de place qui ne soit très-honorable ; je
sais même que la gloire dont ils jouissent
dans le ciel les met au-dessus des autres
ordres des saints ; maisje sais aussi (|u'elle
n'est pas également |»ariag('e entre eux; les
couronnes qu' on met sm- leurs têtes sont
f)lus ou moins brillantes ; et dansée cata-
ogue enfin, il y a un premier et un second.
Cette inégalité, s'il m'est permis de dire \h-
dessus ma |)ensée, vient de la grande éc[uité
du juge qui préside aux combats de tant
d'illustres athlètes. Ce juge intègre et inlini-
ment éclairé a toujours égard, dans la dis-
tribution des [)rix, et h la grandeur des
touiments, et à la constance de celui qui les
endure. Et qu'on ne s'étonne pas de voir
Dieu mettre ces diîférences entre ceux qui
combattent ( our lui, [)uisque môme les em-
pereurs et les magistrats qui président aux
combnts et auxjeu:v publics de l'amphi-
tiiéàtre et du clique en mettent parmi les
athlèies, et ont divers prix pour les divers
degrés de force, de valeur ou «l'adresse qu'ils
remarquent dans b-s conibattants. Ce prin-
cipe établi, mes frèn s, il me sera facile de
vous faire voir que de tous le< martyrs celui
qui nous asst.'mble aujourd'hui en ce lieu est
le [)lus digne de nos respects et (b:' notre vé-
nération. Car enfin, ou le nom des autres
est peu connu, ou leur vertu est restée dans
l'obcurité; mais quel est l'homme sur la
terre qui ignore le nom de P!i<. js ? Quels
yeux n'ont pas été fra|ipés de 1 éclat «le sa
gloire, et (pudles oreilles n'ont pas oui le
bruit de ses louanges? Partout où l'on con-
naît Jésus-Chiist, on connaît Phocas, son
fidèh> serviteur. Mais sans m'arrêter à ce
(pi'd a de counuun avec les autres saints, je
réduirai tout son éloge aux seules vertus
(pi'il a fait [larailre en (pialilé de martyr.
« L'an» ienne ville de Synope, notre voi-
sine, si féconde en grands honnues (1), fut U
patrie de saint Phocas. l'n [>t>tit jardin situé
à l'enlrée de l'isthme, et h mie des portes de
la ville, fut tout son patrimoine. Ce qu'il en
retirait lui seivailh nourrir les pauvres et à
>e nourrir lui-même. 11 en avait fait un hos-
pice (ju'il tetiait ouvert h tous ceux que la
Providence lui adressait ; comme il était sur
le giand chemin, plusieurs } venaient, et il
l(Mir fournissait avec une charité pleine de
joie tout ce ipii leur était n/M-essaire. (''••tait
un aulie Lolli. avec cetie différence (pie les
habitants de Synope étaient fiieu plus hon-
nêtes gens que ceux dtî Sodome; il ne fut pas
longtemps sans recevoir la récompense de
son hospitalité, et ce fut cette vertu même
(pii la lui procura, de la manière (pie nous
Talions rapporter, tni reprenant notre récit
d'un peu plus haut.
(\) Siraltoii. biogi'no le Cynique, ol Aqiiila, ce-
Icbrc inlorprclo do IKcrilurc.
1
70S
I>IIO
riio
■0»
<> l/l';v;m!:iil(M'(ail. amionci'', cl sti rrtiiui-
daiil |i.'ii' Idiilc In tcrro, il (-(iiinnrjirait h i'iiii'c
('t)iiiiiiiln' J(''siis-(;iiii.sl » I SCS iiiy.sl(''r('S, lors-
qno les iialions .s'assciiiiilcrcni en tiiiiinllo,
ot livs |)i'iii('(vs .s(» lij^iirrciit coiilrc sou Stii-
KtU'Ui' (!l coiilro son C.lirisl. Li> royaiiiui^ du
l'"ils (1(1 l)i(Mi (|ui .s'rlalilissail cxcilail lio
grands (roubles parmi l('s|i(>u|d(vs. Ou l'ai.sail
partout d'dxacli's rcclicrclics dcvs cluM'Ilcns ;
(Ml l(>$ pouiv.uivail couuuo niagicicus. (It'uv
dont on pouvail se saisir, «il (pii se trou-
vaient couiMKî sous la main des pcrsécu-
tourSjélaioiil jinnis sur-lc-cliamp, ol l'on lai-
snil (lier. lu r avP(r .soin <(Mi\ (pii rlaicnl
«Moij^nés. \a\ co-idiiion |mmi rcicvéi' cl la pro-
i(vssu)n de jardini r ni^ pmcnl dérober l'Iio-
cas ^^ la eonnaissanci» des di-laleurs ; il i'ul
dénoncé connue disciplo de J-sus-Cluist.
On envoie aussi UM des t^ens po;H- le faire
mourir, sans ar.lre i'oruialilé, cl .sur la simple
dénonciation, deux qui étaient chargés do
celle commission vinrenl chez lui ; et certes
le crime dont il était accusé élail de lelh; na-
ture, (pi'un liounne de cœur connue lui fai-
sait gloire de lo confesser liaulemenl, sans
qu'il fût besoin de l'interroger, cl d'instruire
son procès selon les formes ordinaires. Ces
hommes donc envoyés pour tuer le saint,
ceux-là mômes h qui nous avons l'obligation
de la fête que nous célébrons aujourd'hui,
demandèrent à loger chez lui ; ils y furent
très-bien reçus, sans qu'ils le connussent ou
qu'ils fussent connus de lui. Ils ne lui dirent
pas d'ai)ord le sujet (pii lesamenait h Synope.
Leur dessein était de s'infjru)er du peuple
de ce faubourg, sans marquer d'allectation ,
qi'el homme c'était que Phocas, et où il de-
meurait; et ils l'eussent sans doute surpris
dai\s son jardin, par la trahison de quelques
Judas, comme les Juifs se saisirent autrefois
du Sauveur dans le jardin des Oliviers, si 'a
chose n'était arrivée d'une autre sorte. Ce-
pendai't ils ignorent que cdui qu'ils vien-
nent chercher de bien loin est en leur pou-
voir; et qu'ils tiennent, sans le savoir, la
proiedans les iilets ; ainsi, un innocent agneau
se iroiivail au milieu d'une troupe de loups;
et une colombe sans liel et sans malice
parmi les vautours cruels et carnassiers ;
ou, connue dit Isaïe, le chevreau était cou-
ché au[)rès du léo[)ard, et le veau paissait
avec les lions. ïlnlin ceite liaison qui se forme
d'ordinaire à la table ayant fait naître la con-
fiance entre les soldats et leur hôte, le saint
leurdeman.Ja qui ils étaient, et ce qu'iis ve-
naient faire à Synope. Eux. (jui étaient char-
més de la manière honnête et pleine de bonté
avec laquelle Phocas les avait reçus, ne cru-
rent pas devoir Jui faire plus longtemps un
secret de leur commission. Ils lui dirent
«lonc, après qu' il leur eut promis qu'il ne
découvrirait à personne ce qu'ils allaient lui
contier, qu' ils cherchaient un certain Pho-
cas, et qu'ils avaient ordre de lui faire bonne
et briève justice aussitôt qu'ils le pourraient
rtnconirer; qu'ils le priaient donc d'ajouter
une n(,uvclle grâce à celle qu'il leur avait
faite en les traitant si bien, qui était de les
aider à di-convrir riiomiuc qu'ils ih' i-
< liaient.
« l.c servileiir de Dieu écoula tranquillo
meut une nouvelle <pii le loiii'liait de si pies,
l'ille uv lui causa pas la moindre émolioi; il
ne dit rien, il ne laissa rien voir qui pûl fajro
.soupçonner qu'il eiU jieur. Il ne soii^iea point
h se garantir par la luile d'un aussi grand
péril ; cl (pioiqui; rien m; lui fill plus tacih;,
puisipi'il n'était iioinl inicore d<;i'ouv<'rt,
cette facilité toulelois ni; le tenta jioint. Mais
répondant aux soldats du i air (pii n'avait
rien d'cMiibarrassé, sur la prière (pi'ils lui
avaient laite : J(! ferai votre alfaiie, leurd.t-
il, je ((tnnais le pcn'sonnage, et je me fais
fort de l(! dépis'er ; jo ne vous demande p(;ur
cela (pie. vingt-((iiati(! heures, et j(! vous
|)roiuels de vous en doiuicr des nouvelles
Cfn'taines avant (lu'il .soit d(nnain nuit. He| o-
se/.-vous cep(ni(lanl dans mon petit taudis.
Il employa le délai (pi' il avait pris à faire
d(M!\ choses : la pr(;mièrc, h régalm- ses
nuMirtricrs le mieux qu'il put, et la seconde,
h préparer ses funé/vailh^s. Lors donc (pi'il
eut creusé une fosse, et qu'il eut mis ordi e à
tout ce (jui était nécessaire pour sa sénul-
ture, il va trouver ses hôtes. Eh bien ! leur
dit-il en les abordant, la bête est dans les
toiles, je vous l'avais bien promis; j'ai fail
de si bonnes enquêtes que j'ai trouvé Pho-
cas, (ît il ne tiendra qu à vous de vous en
saisir tout présentement. Eux, tout joyeux
de ces bonnes nouvelles, lui dirent : Ou est-
il, montrez-le-nous, condu sez-nous oiî il
e^t. 11 n'est pas loin d'ici, leur répliqua-t-il,
il est devant vous, c'est inoi-mêmej exécu-
tez vos ordres ; que rien ne vous arrête , et
terminez promp^oment l'atfaiie qui vous a
fait entreprendre un si long voyage. Oui
pourrait exprimer l'étonnement où ces sol-
dats se trouvère. it à ces paroles? Ils demeu-
raient immobiles; ils ne pouvaient se résou-
dre à trem[)er leurs mains dans le saiigd'un
homme qui les avait si bien reçus, et qui
s'était montré envers eux un hute magniti-
que, môme dans sa pauvreté. Mais lui, les
voyant irrésolus, les encourageait : Ne crai-
gnez point, leur disait-il, de me faire mou-
rir, ce ne sera pas tant de vos m tins que je
recevrai le coup delà mort, que des mai. s
de ceux qui vous ont envoyés. Il parla, il
persuada, il oijtint ce qu'il demandait : on
lui coupa la tête, et il fut offert à Dieu
par les anges comme une hostie d'agréable
odeur.
« Depuis ce jour, l'Eglise le reconnaît
comme une des principales colonnes qui la
soutiennent ; elle le révère comme un mar-
tyr d'une très-grande distinciion. qui tient
un des premiers rangs entre les plus distin-
gués. Toutes les villes, toutes les provinces
envoient leurs habitants à son tombeau ; et
tous les chemins sont couverts de ceux qui
vont lui offrir leurs vœux. Aussi de tous les
temples qui lui sont dédiés, le plus supcibe
comme le plus fameux est celui qui possède
son sacré corps. Etes-vous dans l'aliliction.^
allez à Phocas, il vous consolera. Etes-vous
7(^7 nio
infirma, nrr.ihié do ninux? visitezlo tombeau
di' IMh'i.T^. vous y Iroiivortv, la santé. Ktos-
voiis famcMiquc ? coiiroz au lomplo de Pho-
ra«;. vous y trouverez une t dilc toujours ser-
vie pour los pauvre^. Phoras, tout nioitqu il
est, fournit au\ besoins de ceux ([ui ont re-
rours à lui avec bien pbis d'abondan-'O, et
d'une manière pbis graKb' et pbis royale,
que ne lit autrofois Jos!'[»h(birant sa vie ; ear
enli'1, si Joseph ouvrait les i^rci ers de l'E-
gypt ', s'il distribuait au\ priiples le blé qiio
sa prévoyance y avait amassé, personne n'y
étau reçu (pi'avee de l'argent, des bestiaux
ou des terres ; et Pliocas en donne libérale-
ment à tous ceux qui se présentent pour lui
en deman 1er i\\ Cet isihiue de Synope est
con)ine un magasin puitlic, toujours ouvert
au\ indigents, et un hospice toujours prêt à
recevoir ceux. (|ui n'ontaurune n-liaite.
« Mais ce n'est pas seulemenl le lieu oii
repose le corps du saint qui e>t l'objet de la
dévotion des filèles, et le terme de leurs
pieuses courses ; tous ceux <i qui il a bi^'U
voulu accorder quelque partie de ses reli-
ques, cl qui sont comme autant de colonies
saintes tirées de Syno[)e ; tous ces lieux, dis-
je, consacrés par ces précieuses particules,
ne sont pas moins révérés |)ar los chrétien-;.
Tel est le temple où je parK', qui est d -venu
une salle, si j'ose m'exprimer de la sorte, où
les pauvres sont tons les jours en festin. T •!
est encore dans la ville impé:iale, d.uis la
premièit', ville d'Italie et du monde enter;
tel est dans Home ce temple d'une sti urtuie
admirable, que les Romains ont bàli à noire
saint jardinier, pour qui ils ont une vénéra-
tion qui va j)resque de p lir avec colle (|u'ils
ont pour sanit Pierre et saint Paul. Us n'ont
épargné ni soi is ni dép.'Usos pour avoir son
chel'; en cela bien ditlV-renls de la dél stable
Héro.iiade, qui ne voulut avoir la tète de
saint Jean que pour 1 1 déslionorer, au lieu
que le peuple romain a cru ne pouvoir assez
acheter celle de saint Phojis, dans le des-
sein de lui rendre tou.-^ los honneurs dus à
un martyr d'une si grande ré[)ulalion (2).
Mais entre tous coux (|ui iDuoronl saint
Phocas, d n'y en a |)oinl qui lui s >ient plus
dévols que les gens de mei-, non-.'<eulement
ceux qui Ir.iverscnl le Pont-IJixin ,3), mais
encore eeuv (|ui naviguent sur la mm- Adria-
ticjuo i) ; ceux (jui cùl(»ienl les iles de la
luor Egéti ij); ceux qui voyagent sur l'Océan,
ceux riilin ijui parcoure il les divers golfes
de la mer du l.evanl ; tous oui pour relrain
de leurs t;ha isoiis uaulotmiéres. Phocas, Pho-
ia> ; les louanges du martyr en lonl le sujet
le plus ordinaire : ils oui il lous moiueiils
sf)u nom à la bouche, c'('^l leur cri dans tou-
tes les mameuvres qu'ib tout, et ils .issuicnl
(I) Pradigioiiscs niiinônrs, qui &c faisaient aux
tOiiiltiMiix tlf'. M.irhrs.
(i) P.Miciiole •'< rit nm* !'* coip-i do saint Plimas
est s iiM II" >{ran>l autel de Ic^liso ilc Sainl-Maixol
à Romo.
(.>) La mor Noiri»,
[\) Ir gullf 'le Venise.
(.")) L'Arcliipd. L'Occau occidonlal. I;\ incr dei
loues.
pno
708
qu'ils ont reçu do lui une infinité do marques
d'une prote(;tion parliiulicre. .Vussi ces bon-
nes gens, par uni' cs[)éoe de reconnaissance
h leur manière, ont routunie de ra[)pelerà
leurs pelils ro-ias : mais parce que les vian-
des qu'on y sert ne peuvent être à l'usage du
saint, qui est maintenant sans corps, vovez
ce que l'ingénioiise piété de ces mat fols
leur a fait i ivenler pour rendre on quelquo
sorte possible ce qui n* peut l'éire suivant
le cour> de la nature. Ils font donc cha(]ue
jour la part du martyr ; (juelqu'un de ceux
qui sont h tab el'acliéle. et consigne l'argent;
le lendemain un autre fait la même chose, et
un troisième en fait autant le Iroisième jour,
et juscpi'à la fin du voynge, chacun <à <on
tour achète celte |>art; entin au premier p<irt
où on débar([ue, on distribue cet argent aux
pauvres ; et ainsi la [lait de Phocas devient
la part des pauvres.
« Les rois mêmes et les grands de la lorro
viennent déposer leur fasie et r(U'gueil du
Irone aux pieds de ce villageois; et pleins
d'admiration pour sa généreuse fidélité en-
vers Dieu, ilsaiment h chargersonlombenudo
riches et de magniii [ik s otrramles. Au reste,
il y a parmi tant de Jévols pèlerins, qui ac-
courent de toutes les nro- inces de l'empire»
une sainte émulation îi qui donnera au mar-
tyr de plus fortes marques de respect
et de vénération; les jeunes gens ne le veu-
lent point céder aux vieillards, et les vieil-
lards le disputent aux jeunes gens. Maisdoil-
on s'étonner (pic des Koma ns, que des hom-
mes i isruils dans la piété, d(Uil la vie est
réglée [lar des lois toutes saintes, aient de la
dévotion pour un servileur de Jésus-Chiist ?
l.a merveille est de voir des barbares se
prosterner devant ses reliijues. Mais quels
birbares? Dos Scythes, ces peuples féroces
qui liabitenl luloiir des Palus-Méolides ^1),
sur les bords du Bosphore, le long du 'fa-
nais, et (pli boivent l'eau du l'hise. Us s'em-
pressent tous .\ riMiiIro leur culte à ce pau-
vre jardinier. El cpiinqu'ils soient enlièie-
luenl (liiréreiils de nous |)ar leurs coutumes,
leur génie ou leur langage, ils s'accordent
avec nous en cela se. il, qu ils honorent saint
Phocas. N'a vous- nous pas vu un de leurs
princes s'tMer de dessus la lète sa propre
couronne, tout élinc(.'lanle de pierreries, et
se dépouiller de ses armes d'une richesse ex-
traoïdinaiie, et mi faire un presenl h Dieu
sur le tombeau du marlyr, lui c<msacrant
ainsi, par les mains de son serviteur, les
maicpies do sa dignité et de son pouvoir. Il
envo, a coiiiiiK! roi sa couronne, pour témoi-
gner sa reconnaissa ice du royaume «|ui lui
(Mail «W'hu ; el il oïlril ses aunes jtour niar-
(|ner(pril tenait li'en haut la valeur t-l les au-
tres vol lus miliuuresqui éclataient en sa per-
sonne. Fin s>ons, en lendtnl h Jésus-Christ
milUr actions d(< ^lAces i.e ( c cpiil veut bien
accoi-der h ^es sorvileurs une si grande puis-
.sance, <|uo. quoi<|ue piiv.'s de vie , ils ne
laisseiil p.is de rendre l,i s uilé aux malades,
de donner en songe des avis salutaires k
(I) La incr de Zabaquc. Les pelils TarUres.
(09
MA
MK
710
cmix qui en uni hcsdiii, ni do rc'ijtomlro par-
tout l(*s liiciilails (le Dinii. u
PIIOCAS (s/iiiil),riil iiiiiilyris(^ à Aiilioi^ho.
A|>i'<^s jivoir |)'Viiic()ii|i SI) Il Ile il d (iiiliaii^f'H
|)(>iir li^ moiimIii Saii.vciii-dii iiioiidt*, il Irioiii-
|»lia ^;luii(Mi.sriiicill dt' railcicii .sti|i('iil ; ci!
(]ui se vnniii' |)<ii- un iniiaclr ((iiilinn I ; car
si (inuliju'nn a ctc innrdii d'un .soi'jiciit, il
li'osi |»,is |tlul(M arrive à la |tiirl(^ de l'i'f^li.so
de et* .saiiM in.ulvr, avec iiiK* lui vive, (|im' jo
voiiiu pordanl sa torco, il ust giu^ri h riiibUiiil
iiu^iiK». I/Kgli.sc riionorc le îi mars.
l'IiOTIDI'l (sailli), mar[\r, ('lait oi-i^inairo
(le Saiiiaric. Il roçul la cnuntn ic du luirlyro
■ avec saillie iMiolino ol ses cîifails, sa 'il Vic-
tor et sailli Josi'pli, les saints Sebastien, ol'-
ticior do rarinée, Anatolf, IMiolius, et Uis
Sflinlos Parasrèvo el t'yiiaiiue, sumu-s. On
ignore la dati' de leur mort : le Marlyrolo,;;o
romain dil pour tons détails cprils ondmô-
roul le martyre. I/I^dis" célèhre la mémoire
de tons ct>s saints martyrs le 20 mars.
.PHOTIN ( sailli ), martyr, triait l'i ère de
saint Anicel, (>l souilVil le martyre av -e lui
ol [jlusu'urs autres dont ou ignore le nom, <\
Nicomédio et sous le rè;;;ne de Dioi lélien.
L'Egl.so honore leur glorieuse mémoire le
12 août.
PUOTIN (saint), fui martyrisé jl Nicomé-
die avec le comte Anicol, son frère. Leur
martyre arriva sous le rogne de Fempereur
Diociétien. L'Eglise fuit la fêle de saint Pho-
tin le 12 août.
PHOriNE (sainte), martyre, souÛ'.it avec
saint PiioriuK ( Voi/. ce nom ).
PHOTIL'S ( saint ), martyr, soulTrit avec
saint Photide [Voy. ce nom)
PHOTIUS ( sainl ), martyr, donna sa vie
pour la foi avec les saints martyrs Archelaiis
et Cyrille. On ignore le lieu, la date, et les
circonstances de leurs co;nb.its. Le Martyro-
loge romain n'en dil rien. L'Eghse honore
leur mtlmoire le i mars.
PHHYlîIE, pays de l'Asie Mineure, qui vit
le martyre de sainte AriadiuS sous rem,;ire
et durant la persécution d'Adrien. La dite
exacte du sup[)lice qui termina les jours de
cette sainte reste ignorée.
PHUSIKIUS ( saint ), martyr de Perse en
l'an de Jésus-ChristSil, versa son sang pour
la cause du christianisme' durant la persécu-
tion si terrible que latyrann^e de Sapor sou-
leva conti-e JEglise. H est Tun des compa-
gnons du martyre de saint Siméon, évéque
de Clési[)hon et de Séleucie. ( Voy. l'article
de ce saint martyr. ) L Eglise honore la mé-
moire de saint Phusikius le 17 avril.
PIALE ( sainte j, martyre, sœur de saint
Fingar ou Guigner, fut niaityrisée avec lui
enio5, dans la Coiiouaille armoricaine, par
un prince breton nommé Thewdric. L'Eglise
honore sa mémoire le V* décembre. ( Voy.
Fingar, )
PIA'NCIE (sainte), martyre, est citée dans
llsuard et dans le xMar'tyro.oge romain,
comme ayant été martyrisée dans le Vexin
fra-içaisjsous le présidentFescenninus, avec
les sainls Nicaise, Quirin et Scubicule. U est
probable que, comme les sainls dont il est
ici (fucstion, .saiiitn Piancio lut enleriée h
(wini, sur les bords do l'KpIe en NrMiiwiiidie.
Le mari \ re de tous cj'.s sanls eul lieu vers
r.uiiii'e 2H(i, MiiiH le rù^ne de l'einnereur
iMocléiien. L'I'glise horioro la niéinoiro do
cette sainte le 1 i uctobif.
l'IA I (x.iiiiij iMi PuroN, était originnirn
d'Italie. On croil (pi'il luwpiii ji Hénévent. Il
vint de Koiiie avec saitil Denis de Piiris et
toute celle année de saints conipuManls (pii
vinrent dans les (iaulcs, [lour le» soiimellro
à Jésus-Christ. Il vint jusipic dans la (;;nilo
HelgKpie cl convertit les halntanls di; Tmir-
nay et des environs. Il fut martyrisé en 2H()
environ, sous rempire de Maxiinnii. On lo
per(;a dans plusieurs endroits avec<;es énor-
mes clous dont les Uoinains se servaient
pour relier h'S poutres ensemble. Sainl Eloi
découvrit son corps dans le vu' siècle, ainsi
que les clous dont on l'avait [»ercé. Il renfer-
ma toutes ces saintes reliipies dans une
chVsse. Ses reliijues sont encore dans l'an-
cienne ccdiégiale de son nom, au bourg do
Séidin. L'Eglise fait la lê.e de saint Pial le
1"^ octobre.
PIE ( siinte), soullVit le martyre pour la
foi en Ah'.ipie, sous le règne de Valérien,
ian 259, avec les sainls Paul, (iéronce. Jan-
vier, Saturnin, Successe, Jules, Cal, et les
saintes Germaine et 'i'ertnlle. On manijuede
détails authenliques sur l.mr martyre. L'E-
gisft fait liMir fête le 19 janvier.
PiEKUE (saihtj, apùlre et martyr, prince
des apôtres, lils de Jonas, (pii est parfois ap-
pel ' Jean dans le texte latin de l'Evangile
et dans quelques manuscrits grecs, se nom-
mail d'abord Simon ou S, méon. Le lieu de
sa naissance ou de sa demeure étail Ueth-
saide, bourg de la Galilée, sur le lac de Gé-
U'^sareth. Il étail frère de saint André, et
pécheur comme lui, quand il fut appelé jiar
Jésus-Christ à l'apostolat. Choisi par son
divin maître pour être le chef de l'Eglise,
la pierre fondanaenlale de l'éditice éternel
qu il venait construire pour le salut du
genre humain, Pierre fut de tous les apô-
livs celui qui lui mar([ua le plus de dévoue-
ment et d'amour. On sait la chute de saint
Pierre et les larmes amères qu'il répandit
pour expier le crime d'avoir renoncé Jésus-
Christ. Sans doute le repentir, le remords
avaient lavé son âme, mais l'immense dou-
leur d'une telle faute n'y était point apaisée.
Ce fut Jésus-Christ lui-même qui voulut
verser sur cette plaie cuisante de son disci-
ple, le baume salutaire qui guérit en con-
solant. Saint Pierre, tremolant au souvenir
de sa chute, et prévoyant les dangers, les
obstacles qu'il allait rencontrer dans son
apostolat, devait nature lemenl craindre de
tomber encore. La fatale expérience du
passé lui taisait redouter l'avenir. Tout est
magnifique dans les desseins de Dieu, tout
est sublime da is ces premiers événements
de l'histoire du christianisûje. Pour ensei-
gner aux hommes comoien sont grandes
leur faiblc'^se et sa miséricorde, combien le
rej)enlir est puissant devant lui, Jésus-Christ
avait permis que le premier de tous ses
711
PIE
PIE
714
disciple^ , lo prince dos oMAtros , lo chof
après lui de TE-^lise, fi^l immoiiS('Mnont cri-
minol. Ainsi, dt's los prtMiiitM's jours do l'E-
glise, dans la personne de saint l'ierrc,
coinme aux premiers jours du monde dans
coUo (TAd-iiu. 1 'S hoiu'no>5 eurent un e\om-
ple de la faillibilito huujaino. Dans lo repen-
tir de saint Pierre ils eurent l'indication do
la vilie tjui mène à la misiVicordo divine.
A{irès sa résurrection, Ji'siis-Chrisl n'oiddia
point celui c|ui, depuis qu'il aviit pécht',
traînait partout le poids de sa douleur et
de ses remords. Il vint ^i lui (Dieu vieîit
toujours vers le pé'heur). Ce ifut sur les
bords de la mer de Tihonade : Pierre était
h pécher avec plusieurs autres. Quand il re-
connut Jésus-Christ qui était au rivage, il
se jeta h 1 c.iu pour l'aller trouver. La paix
et la consolation l'attendaient dans le sein de
celui vers qui l'amour et le repentir le fai-
saient voler ainsi. Jésus-Christ lui prédit sa
mort et son martyre. Cette prédiction, qui
en eût affligé tant d'autres, fut pour saint
Pierre le signe du pardon, le baume qui
ferma ses plaies, l'armure qui le rendit fort
Kour marcher à l'accomplissement de la
aute mission qui lui était contiée. 11 mour-
rait pour son maître, sa faute était donc par-
donnée. Il n'aurait donc plus dans l'avenir
de faiblesses pareilles à celle qui l'avait fait
criminel. Il serait donc jusqu'au bout l'a-
thlète fort et courageux, le pdote intrépide
capable de diriger le vaisseau de l'Eglise
dans la voie périlleuse. Il était pardonné, et
plus que [lardonné. Il savait (ju'il aurait la
palme du martyre. En réritt^, en vérité, lui
avait dit son m.-iUre.jV vous dis , lorsque
vous étiez plus jeune, vous vous ceiqniez
vous-même, et vous alliez oi) vous vouliez ;
mais lorsque flans voire vieillesse, vous éten-
drez vos mains, un autre vous ceindra, et
vous mènera oit vous ne vouhz pas. Or
il dit relu marquant par q, telle mort il
devait glorifier Dieu. (S. Jean, cli. xxi, v.
18, 19.)
Ai>rès la mort de Jésus-Christ, les vérités
u'il avait annoncées au hkmi lo et siellées
3
e son sang devi rent l'héritage de son
Eglise, et ses disciples durent marcher dans
c«'tte voie glorieuse et sanglante (lui com-
mence au llolgolha et qui, jusqu'il la fin d?s
sièoles , sera jalonnée par h's gloires des
martyrs, et fécoudi'o par le sang des apôtres.
Saint Pierre eut le lionheur d'être lo pre-
mier do tous en b itte \\ la perséini'.on : il
était justf (pie h' chel de l'église oulrit lo
premier dans celle voie glorieuse, sur les
pas du Sauveur, à la léle d.-s légions des
conlesseuis et de>; n).irlyrs.
Le jour de la Pentecôte (24 mai 33), les
flfiHircs av'^nt reru I(> Sainl-K>j)rit. saint
Pierre avait converti par un disiour.-. trois
mille personnes. Tous les jours le nombre
des ronv. Trions .iiigmeutnit. « Or un jour
Pierre et Jean moulèrent au temple, à la
t»riéro de la neuvième heure. El un nonune
boiteux dè^ le sein de sa mère y était porté
thaquf jour, et on lo [tlarait à la porte du
temple appelée la Bcllt Purtt, pour dcman-
di-r l'aumùne à ceux (jui y entraient. Voyant
Pierre et Jean entrer au temple, il les pria
d»' lui donner l'auinniie Or Pierre dit :
Je n'ai ni or ni argent ; mais ee que j'ai, je te
le donne. Au nom de Jésus de Nazareth, lève-
toi et marche ; et l'ayant pris par la main
droite, il le souleva et aussitôt ses pieds
s'alfermirent, et il put marrher. » {Act. m,
passim.) A la vue de ce miraile, h la vue de
cet homme qui louait Dieu dans sa recon-
naissance, une grande foule de peuple s'as-
scndda autour des apôtres dans le portique
de S.domon (1)
Pierre, voyant tout ce peup.e assemblé,
prononça h; disrours suivant : « Hommes
d'Israël, pourcpioi vous émerveilloz-vous de
ceci? et pourquoi nous regtrdez- vous ,
comme si, par notre vertu et notre puis-
sance, nous avions fait marcher cet homme ?
Le Dieu d'Abraham, disaac, et de Jacob,
le dieu de nos pères, a glorilié son Fils Jé-
sus, que vous avez livré et renié devant Pi-
late, qiioicpie Pilate jugeât qu'il devait être
absous. Mais vous avez renié le Saint et lo
Juste , et vous avez demandé qu'il vous
donnât un meurtrier. Et vous avez tué l'au-
teur de la vie ; mais Dieu l'a ressuscité des
morts, et nous en sommes témoins. Et par
la foi en son nom, son nom a affermi celui-
ci, que vous voyez et connaissez ; et la foi
qui est par luia donné à cet homme une
entière guérison en présence de vous tous.
Et maintenant , mes frères, je sais que
vous l'avcîz fait par ignorance, comme vos
chefs. Mais Dieu vi.'nt (ractom,»lir ainsi ce
qu'il avait pri'dit par la bouihe de ses pro-
})liètc5, ([ue Jésus -Christ devait souffrir.
Faites donc pénitence, (;t vods conver'nssez,
afin que vos péchés soient elTacés. » ^Acl. m,
12 à 20.)
Le prince des apôtres continua en rappe-
lant au peuple les prophéties relatives à
J(''sus-C!irisî, et en le menaeaut des châti-
ments d'en haut, s'il no voilait j)as écoul<n'
la voix des envoyés de Dieu. Cukj mille
pers(nmos furent lonverties par ce discours.
Mais comme Pierre aclievail de [lailor au
)eu[)le, arrivèrent les (irinces des piètres,
os magistrats du temp e et les Saducéens.
Irrii(''s de ce que les apôtres pirlaie'it au
peuple, lis les arrêtèrent et les mrenl
en prison jusqu'au lendemain. L'Ecrilure
ajoute : Car c'était déjà h soir Act. iv. 3j.
Cotte phrase prouve une i iiose mipoita le :
c'i si qu'il éiaif procril chez I' s Juifs de
|)roe(''d(n' à riiilorrogatoire d'un prévenu
aussitôt son arieslalion. Beaucoup dans
notrr lomps. et sous l'empire dos lois prè-
tiMidues libérales qiii nous réj,'.>sent, seraient
heureux de se voir nppli(juer celte disposi-
tion d'une vi"ille loi faite po. r \\n j)eu(ile
(lUt' l)ien des écrivains nous anl dit avoir
clé soumis au ié)$iine de l'arbitraire cl de
l'absolutisme.
(h ('r p<>rli(jiir i>t;ul lù!i ni tlrhois du lompl«»,
du iiUt! (ie l'oritMU , Mir i;n prtc ;•.. ' i|Ut' Sjïloii.on
av.iil roiulili' , par un Iriivail si roiisiiieral»lc t;'io,
qu.iixl il toiiilta <■!) ruiiir> , lo jcunc Agrippa n'osa pas
cnuoprcudrc de le rrpan'r.
71S rii: PIE 714
Lo l(Mi(l(Miiniii, les niicions du pcuiilo, les «'nvaliissMiil dans le doiiuiiiic do In liliorli'î do
chefs ol les scrihos .s'/issendilèicnl à Jéiii.sa- conscience, voiildir niellie des horne.s ^i l'en-
loin, et tous ciMix (|ni él.nenl de la raci' sa- seinnenienl reli^n-ux, li.Uir des dimjos de-
cei'dolaie, nolannnenl ('..iiiihe, \w\t\ le ^rand vanl la véiilé, el entraver l'aposlolal des dis-
piuMiif, Jean et yM(!x;mdr(\ \'X laisaiil ccini- ciples du (liiiisl par (oiis les ni(i)(jris, denuis
paiaili(Hcs apAlres devant (Mix, ils les itiler- la l'usc;, la jieisi'cution latente, jusiiu'a la
l'dgi'rent :/*»'• 7i<r//c puissance on au nom persé( ution san^lant(!! Apôtres du (Ihiisl,
(le qui (ivez-roiis lait ceci? Alors Pierre, prenez modèle sur le prince des apAtres :
rempli dt^ l'Esprit-vSaiid, lonr dit : « Princes voyez avec^ (piidN; dignité, (jueljc ^raïKJenr,
du peuple, et vous an(!i<'ns, ('scoulez. I*uis- ol ou niAmo lem[)s (pielle revpeclur-usrî d/d'é-
que nous sommes aujoin-d'liui interrogés i-ence, saint l'ierre parle au trd)unal devant '
sur la lAuéiison d'ini inlirnKî et sur la ma- letjuel on l(^ lait comparaître; voyez comme
nit>re (iont il a Hé ^uévi, il faut ([ue vous il sait concilier c(; (pi'il doit .'i liieu, à son
tous ol loul le |)euple d'Israiil lo sachiez : ])i'0|»r(! ministère, avoc cm (juMI doit aux
c'est parle nom d(^ Jèsus-dhrisl de Naza- pouvoirs élahlis ; voyez aussi son courage,
roth, (pie vous avez crucilié et (pm Dieu a 11 ignore (pudles sont les dispositions do ses
rossuscité (les morts, (pie (;t4 honun(! est Ici juyos : poiil-ètrfj va-t-on lui lairo h; sort
guih-i (lovant vous, (-'est celle |>ierre (jui a (pi'on a l'ait ;i son maître. N'importe, il n'hé-
cAô rejeliU) nar vous (pii hAlissiez, el ellc! sil(! pas ii (|('>clarer (pi'il doit ol)('ir h Dion
est devonue la pierre do l'angUi. Kt il n'y a plutôt (pi'aux hommes, (^uels ensoigin-ments
point de saint par aucmi autre; car mil au- dans cette première itayc; dos annales chré-
tro nom sous le ciel n'a été donné aux lioiu- tiennes I l.o sanhédrin n(; i)out nier l'évi-
nies, par le(iuel nous devions ôtr(! sauvés, douce dos miracles 0|)6rés par los apôtres au
Or, voyant la constance d(^ Pierre el de Joan, nom de Jésus-Chrisl; il n'entrei)rond pas de
et sachant qu'ds élai(nil dos honnnes sans discuter avoc oux sur la vérité, sur la valeur
lettres et ignorants, les Juifs s'olonnaiont des doctrines qu'ils prûchent. Au contraire,
et se rappelaient que ces hommes avaient ses membres avouent que lo miracle do la
été ayoc Jésus. El voyant que celui qui avait guérison du boiteux est m.mifosle. Vont-ils
été guéri était debout avec eux, ils no pou- se rendre à l'évidence? Oh ! non pas. Comme
vaienl les contredire. Ils leur commando- les puissants de tous les siècles en présence
rent de sortir du conseil, el délibéraient d'une vérité, d'un système, d'un progrès, qui
enlre eux, disant : Que ferons-nous à ces viennent à l'enconlre des croyances reçues,
hommes-là? Car il est manifeste à tous les ha- des coutumes établies, des doctrines légales,
bitants de Jérusalem qu'un miracle éclatant ils vont entrer dans la voie de la résistance.
a été fait par eux ; cela est manifeste, et nous Ils défendent aux apôtres de continuer à
ne pouvons le nier. Mais afin qu'il ne se ré- prêcher au nom de Jésus-Christ. Evangélistes
pande pas parmi le peuple, défendons-leur de de tous hs siècles, réformateurs de tous les
parler désormais en ce nom à aucun des hom- pays, philosophes do toutes les écoles, vous
mes. Et les appelant, ils leur commandèrent tous qui portez la vérité dans votre bouche,
de ne parler ni enseigner jamais au nom de sachez-le bien, c'est comme un arrêt provi-
Jésus. Or Pierre et Jean, répondant, leur dentiel : il faut qu'elle arrive à traveis les
dirent : Jugez s'il est juste devant Dieu de obstacles, qu'oie triomphe par la patience
vous obéir plutôt qu'à Dieu. Nous ne pou- et la persécution. Depuis le Golgotha jus-
vonspas taire les choses que nous avons vues qu'aux jours o\i nous sommes, la vérité,
et entendues. Mais eux, les renvoyèrent avec celle manne dos nations, a été comme un
menaces, ne sachant comment les punir à poison pour ceux qui l'apportaient,
cause du peuple, parce que tous glori- Malgré les menaces du sanhédrin, Pierre
fiaient Dieu de ce qui avait été fait; car n'en continua pas moins ses prédications, cle
l'houniie sur qui avait été fait ce miracle de concert avec les autres disciples, prêchant
guérison avait plus de quarante ans. Les apô- journellement dans Jérusalem, guérissant
Ires délivrés vinrent vers les leurs, et leurra- les malades et les possédés qu'on amenait
contèrent tout coque lesprinces des prêtres et en foule de tous les lieux circonvoisins, et
les sénateurs leur avaient dit. A ces paroles, opérant de nombreuses conversions,
tousélevèrenlleurs voix vers Dieu, et diront: Une seconde fois, le prince des prêtres et
Seigneur, c'est vousquiavez fait le ciel, la terre, les Sadducéens , irrités de ce que les disci-
la mer et tout ce qui est, etc. » {Act. iv, 7 à £5.) pies n'obtempéraient pas à leurs injonctions,
C'est ainsi qu'au berceau du chrislianisme, les firent arrêter et mettre dans la prison
dès les premiers pas de celle doctrine qui va publique ; mais durant la nuit un ange en-
changer la face des nations, ceux qui l'an- voyé du Seigneur vint les délivrer, et leur
noncent sont en butte aux persécutions. Saint commanda de continuer d'annoncer la pa-
Pierre, le chef de ces armées d'apôtres, de rôle divine. Le lendemain malin, le prince
-;)rédicaleurs, de martyrs, qui vont féconder des prêtres et les Sadducéens, s'étant réunis,
a vigne du Seigneur, donne à tous, dans envoyèrent à la prison pour y chercher les
celle circonstance, l'exemple de la conduite apôtres; mais déjà ceux-ci, animés d'un
qu'ils doivent tenir devant les puissances de saint zèle, étaient au tem-ple, enseignant au
la terre. Ah 1 bien souvent les empereurs, les peuple assemblé la doctrine de leur divin
rois, les dépositaires de l'autorité, voudront maître. Les gardes en.voyé's pour chercher
arrêter le char évangélique ; trop souvent les prisonniers ayant ù leur retour raconté
nous les verrons, abusant de leur pouvoir, qu'ils avaient trouvé la prison vide, quoique
DiCTIONN. DES PEReÉCCTIONt. 1I« 23
l
715 ht
toutes les seiUinelIes fussent aux portes, les
membres du snnh(^iiri'i furent tr«''s-inf;ertai is
sur la conduite qu'ils devaient tenir. Mais
quelqu'un survenant leur dit que les apùlres
fêtaient au teuipl-^ , enseignant le peuple.
Alors le magistrat du peu, 'le alla avoc ses
gardes, et ils les amenèrent sans violence,
craignant d'(^lre lapidés ])ar le i)euple. El
lorsqu'ils les eurent amenés, ils les présen-
tèrent au conseil, et le prince des prêtres les
interrogeait, disant : Nous rou5 avons dé-
fendu d'enseigner en ce nom, et voilà qne vous
avez rempli Jérusalem de votre doctrine; et
vous voulez faire tomber sur nous le sany de
cet homme. Or, Pierre et les apùtres répon-
dirent : // faut obéir plutôt à Dieu qu'aux
hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité
Jésus, que vous avez mis à mort en rattachant
à une croix. C'est lui qne Dieu a élevé par sa
main, comme prince et Sauveur, pour appor-
ter le r/'pentir à Israël et la rémission des pé-
chés. Et nous sommes témoins de ce que nous
disons , nous et r/-'sprit-Saint que Dieu a
donné à ceux nui lui obéissent.
A ces paroi< s ils étaient transportés de
rage, et délibéraient de les mettre à mort. Or
un pharisien nommé Gnmaliel, docteur d." la
loi, honoré de tout le peuple, se levant dans
le conseil, ordonna (ju'on fil sortir les apù-
tres un moment; et il leur dit : « Hommes
d'Israël, soyez attentifs à ce que vous avez à
faire envers ces hommes; car il y a peu de
temps que Théodus se leva, se disant un
personnage, et environ ({uatre cents hommes
s'unirent à lui; et il a été tué, et tous ceux
3ui avaient cru en lui ont été dissipés et
étruits. Après lui , Judas Galiléen se leva,
aux jours du ilénomhrement, et il attira une
grande multitude après lui; et celui-là aussi
a péri, et tous ceux qui avaient cru en lui
ont été dispersés. Et maintenant donc je
vous dis : Eloignez-vous de ces hommes cl
laissez-les partir; car si cette entreprise ou
cette œuvre est des hommes, elle périra;
'mais ?5i elle est de Dieu, vous ne pouvez la
détruire sans vous ex(toser h combattre con-
tre Du;u. » Ils furent de son avis; et appe-
lant les apOlrcs, après les avoir fait battre de
verges, ils hnir commandèrent de ne point
Karler au nom de Jésus, et les mirent en li-
erté. Et ils s'en allèrent pleins de joie hors
du cons'-il, parce (iu'il> avaient été jugés di-
gnes de soutfrir cet outrai^o pour h; nom de
Jésus. Et tous les jours ils ne cessaiiiit, et
dans le temule et dans chaipie maison, d'en-
seigner et d'annoncer Jésus-Christ, {.ict. v,
25 îi V-2.)
Ainsi ces hommes, qui se rendaient à la
honte ties raisons alléguées par (lamalicl, ne
pouvaient |>as,sous l'i illucnce de la passion
«jui les dominait. s'empi"^tln'r do faire de la
violence. Tout est providentiel dans'Ies des-
seins (le Dieul Cru\ (pii soutlVireil ainsi un
chAtimenl immérité le soutfrirent avec joie,
et sentirent s'accroître leur enthousiasme ël
leur ardeur de pr ' mii»>. D'un autre cAlé,
le peuple, qui s'il. •' toujours aux vicli-
ttip» des persérulions, se s»>i,tii de plus en
plu» di.«pos<i à ^roul«V les prédiratioiis ile<
PIE
716
1-
apiMres. C'est ainsi que de tout lemp^ les
puuvoWs exaltent, en les persécutant, Ihs
dM(;iriues qu'ils veulent abattre. Laissez aux
thétories, aux doctrines, aux systèmes, l'en-
tière liberté de se produire, et, comme le
disait avec une si haute raison le Juit'liamv
liel , s'ils sont de Ifiomme ils périront; tan-
dis que s'ils sont de Dieu . quoi tpae fassent
les hommes et leur mauvais vouloir, ils se
feront jour et survivront à qui aura voulu
les écraser du pied. Que sert de comprimer
une idée? L'idée est comme la poudre et
comme la vapeur : tôt ou tard elle fait ex-
plosion. Lh ou il y a néant d'idée, que sert
de compiimer, que sert de vouloir étouller
ce qui ne })eut vivre, ce qui n'a en soi que
mort et que néant?
Depuis cette époque, nous ne retrouvons
plus saint Pitrre sur le terrain de la persé-
cution qu'en l'année i'», (juand ri fut mis en
prison, il avait, dans l'intervalle de ces deux
épociues, fondé l'Eglise d'Ant oche et celle
de Rome, et continué en diverses autres
contrées son œuvre apostokque. En l'an ii,
suivai.t l'autorité d'Eusèbe, de Josèphe et
des Actes (xii, 1), saint Pierre vint à Jéru-
salem. Cette ville et toute la Palestine obéis-
saient h Agrippa, nommé Hérode par saint
Luc, et qui était petit-tils d'Hérinle le Grand
(>ous qui Jésus-Christ est né]. Ce prince,
qui venait de faire mettre h mort saint Jac-
ques le Majeur pour complaire aux Juifs, se
rail h persécuter l'Eglise. V'oyant que la mort
de saint JacijUL'S le Majeur avait été bien re-
çue par le |)ouple, il voulut aussi faire mou-
rir saint Pierre : il le lit donc arrêter et met-
tre en prison; mais comme on était alors à
la f^He de Pâques, que les Juifs célébraient
le 2 avril, il décida que l'exécution serait
dilf'rée. Il lit mettre saint Pierre dans une
prison, chargé dune double chaîne et gardé
fiar seize soldats (uii se relevaient quatre par
quatre, po ir veiller sur lui; deux étaient
près de lui. Il est naturel de penser que,
selon la coutuni'' qu'avaient les Uomaïus,
Pierre était attaché a ces deux soldats p ur
plus grande sûreté; leS deux aulres étaient
devant la [iorte de la prison. Durant ce
temps, ainsi que le dit saint Chrvsoslome,
l'Eglise était en prières pour son chef, et la
voix des lidèles montait incessamment, pour
l'apôtre captif, aux pieds du irùue de celui
qui fait les miracles. Le temps n'était [>as
vc m où le prince des apôtres devait scefler
de sou sang la docliiiie «ju il anno u;a;l. Le
Seigneur écoula la voix de son Eglise, et
saint Pierre fut pour la deuxième fois mira-
culeusement dt'livré.
« La nuit avant le jour oii Hérode devait
le l'aire mourir, Pterre dormait entre deux
soldais El voiK*! qu'un auge du Sei ;,ncur
parut; cl la lumière nrilla dans la prison, et
I'ang(», frappant Pierre au côté, l'éveilla et
dit : Lève-toi promptrmcnt; et le^ chaînes
tombèrent de ses mains. Et l'ange lui dit :
Prends In ceinture, ri mets ta chaussure A tes
pieds. Il lit aiUNi ; el I ange lui dit : Prends
ton vêtement et suis-moi. El Pierre sortant le
suivait, ne sachant pas que ce qui s'était fait
I
17
MK
l'IK
7<ë
|))ir l'iiiini» l'i1l rM', tnv il croy/iit iput c'étuit
lilir vision. Or, ;i|in''s qu'ils ciniMil pnsM^ la
|»r('Mii(''rf cl 1(1 sccuihIc t;(ii(l<', ils viiiiciil it lu
]Mii-lr rl(> t'(>r, (]Hi coinliiil h Ih villi'.nl rlle
.s'oiivtil (j'cllc- m/^MW» (Ifva'il cnx ; cl sdilniil,
ils s'fivn'iccrciil Jusim'à rcxlicinil»' de la
nio, cl l'aiigc s"«''l()ij;;iia de hii » (.4(7. xii,
passini.)
(^c ftil h ce inonicnl que Pierre, .se Iroii-
vniil seul, reviiil h lui ot s'expli(|ua lo mira-
cle (|ue Dieu avail ()|M'rr en sa laveur. Il vint.
fr«|i|HM' à la Miaisoii de Marie, mèrt- (l<> Jean,
surnoniiiK'» M/irc. où d lui rnçu à la Krando
joie dos lidiî'Ics (jui y (Maienl asstMïibIcs pour
prier.
î.tt londoiHMin , A^rij)])'!, l'ayaiil oiivoyé
qiK^rir cl ayant eoiislalé son al)sciic<' de la
prison, lit incUre les soMals à la (pieslion,
puis a ir^s les envoya nu supplice.
iliisijn'cn l'anncc (5.%. saini Pierre poursui-
vil le cours de ses li-avaux apf)sloli<pics , et
écrivit la plupart des (îlioscs que nous pos-
s'doMs d(> lui. Ce l'ut ci c(Mle aMiiée que, vo-
venu à Home et y ayant vaincu vA dévoilé
-Simon le Magicien, qui jouissait d'une très-
jA'rnnde réputation, il fut de nouve lu, et cette
fois [)Our la dernière, rolijct de la liaiiu^ et
de la rage des persécuteurs. Saint Ambroise
raconte (jue, cédant aux |)rières des chré-
tiens, qui savaient que Néron voulait le faire
arrêter, saint Pierre se décida a quitter
Rome, et (jue, comme il sortait par la porto
de la ville, il vit Jésns-Clîrist qui y entrait.
Il lui demanda : Seigneur, où (ilicz-vous?
Jésus-Christ lui répondit : Je viens à Home
pour être crucifié de nouveau. Saint Pierre ,
comprenant le sens de cette vision, revint
immédiatement sur ses pas; il fut |)res'|ue
aussitôt arrêté et conduit on prison, où il
resta, suivant Baronius, Suiius et beaucoup
d'écrivains , huit ou neuf mois avant de
cueillir 'la palme du martyre. 11 eut pour
compagnon do captivité saint Paul, qui fut
aussi le com|)agnon de son martyre. Dans
leur prison, ces deux saints convertirent un
grand nombre de leurs gardiens, et notam-
ment Processe ot Marlinien, qui, dit-on,
cueillirent aussi la palme du martyre. La
r-iisou pour laquelle les deux saints furent
arrêtés est, s'il faut en croire saint Jean
Chrysoslome, que saint Paul avait converti,
dans le palais même de Néron, une concu-
bine que ce i)rince idolAtrait, ce qui avait
excité la colère du tyran dahord contre les
deux apôtres, et ensuite contre la religion
dont ils étaient les prédicateurs.
Ce fut le 29 juin de l'année 6G que saint
Pierre et saint Paul furent martyrisés à
Rome, au jour et à l'heure, dit Piiidencc,
que le Saint-Esprit leur avait fait connaître.
On fait voir encore, dans la capitale du
monde chrétien, les poteaux où 1 on iirétend
(pie les saints apôtres furent attacliés pour
être fouettés, avant ([ue de subir le dernier
supplice (Baronius, 1. xix, § 8). Comme nous
l'avons dit en parlant de saint Paul, ce sup-
plice préliminaire put bien être infligé à
saint Pierre; mais il est probable qu'il ne le
fut qu'à lui seul. Prudence {De Mart., xii,
p. '<V) prétend qu'ils i'urcnl niarlyriâiés jiorit
de la vdle, el londuils. par la p(M'(c d Oslin,
dans un champ vnisui d'uti uraiid luiwai^ .si-
tue le lonji; du 'I ibre. Saint Pierre fui, sur &a
demande, crucilii; la tête en bas. Sans douU.'
(pie ce sailli aptilre ne voulail p/i.s, s'en ju-
l^eanl iiidi.;ni;, mourir comme était mort son
divin mallre. Suivant (pielques Pèies, jj fut
allaclu' à sa cr(>i.\ avci- des clous; s'\\ faut en
croire 'J'erlullieii, ci; dut ft;re yvuc des cor-
des, il esl probable cl il es! rvilioniiel d'ad-
mcltre, pour cou ilier ces deux allirmalioris,
c|ue les deux moyens dont il est ici question
iiirinit employés.
J,es reliques de saint Pierre furent [dacécs
sur le chemin triomphal au Vatican. Baron us
cde uneépigiaminedu pape Damase, ipji teii-
diail à taire peiisin'quecesreliqnesfiije.nld'a-
l)ordd(''posées dans les Cat'icoml)es,,9Ù elles
seraient i(\sté(;s dix-huit mois : e'(ist une opi-
nion Irès-incerlaiiu!. Pour lépondie à Baro-
nius, citant le pa|)e J)amase fio.ur, établir que
les deux a|iôlres sainl Pierre el saint Paul
furent martyrisés séparémmil, nous avons
un texte précis de Prudence, qui dit qu;; la
même prairie fut arrosée du sang des deux
martyrs.
C'est ainsi que le prince dos apôtres, le
succe*-seur de Jésus-Christ, le chef de l'Eg'iso
catholique, linit sa glorieuse carrière, et ou-
vrit la voie si magnifique où sont entrés
après lui les pontifes qui se sont succédé
sur la chaire de Home.
PIERBli (saint), martyr à Lampsaque ,
donna sa vie pour la religion chrétienne, en
l'an de Jésus-Christ 250, sous le règne de
l'empereur Dèce. Nous donnerons ici le récit
de son martyre d'après ses Actes.
« La terre était toule rouge du sang des
martyrs que l'injuste fureur des tyrans ré-
p nidait dans toutes les provinces de l'empire,
lorsqu'on arrêta à Lamp aque un jeune
homme nonnné Pierre , parfaitement bien
lait, en qui la beauté de l'àme répondiit aux
a u'éments extérieurs du corps, mais surtout
(i'une fermeté el d'une coiisi.ance inébranla-
bles dans la foi. Il fut conduit devant le pro-
consul, (jui l'interrogea juiidiquement. Le
proconsul : Votre nom ? Pierre : Je m'a,!pelle
Pierre. Le proconsul : Failes-vous profession
du christianisme? Pierre : Oui, je suis chré-
tien. Le proconsul : Vous avt^z entendu la
publication (ju'on a faite des édits de nos in-
vincibles prin es, et vous n'ignorez pas ce
qu'i s contiennent. Sacrifie/ donc à la grande
Vénus. Pierre : Vous ne me persuaderez pas
aisément de donner de l'encens à une pros-
tituée , dont on ne sauiait , sans rougir, ra-
conter les aventures , toute sa vie n'étant
qu'une suite dimpudicités (iont l'histoire ne
s'est cliargée qu'avec peine. Si vou>-même
ne f lites point de difficidté de l'appeler une
femme perdue, une femme courtisane, com-
ment voulez-vous me contraindre de l'ado-
rer, de lui offrir des sacrifices ? 11 m'est plus
glorieux, sans doute, d'en offrir au Dieu vi-
vant, au véritable Dieu, à Jésus-Chrisi, roi
de tous les siècles ; de lui offrir, dis-je, un
sacrifice, des vœux, des louanges, un cœur
719
PIE
PIE
7irt
contrit et humilié. Lo proconsul, sans avoir
égnrd à la jeunesse et aux cxeellenles qua-
lités de ce généi-eiix confesseur, le fil éten-
dre sur une rono, entre des pièces de bois
qu'on lia en plusieurs endroits avec des
chaînes de fer, et ((ui, portant sur tout son
corps, devaient lui briser tous les os dans le
mouvement qu'm donnait à la roue. Mais
pins cet admirable jenne homme sontfrail,
plus il marquait de force et de courage: il
riait même au plus fort de celte torture, et
reprochait au tyran son inutile fureur ; puis,
levant les yeux au ciel : « Je vous rends
grâces. Seigneur, disait-il, du courage que
je ressens et que vous me donnez pour
vaincre le Ivran et les tourments. » Le pro-
consul lui "fit donner un coup d'épée qui
l'acheva. L'Eglise fait sa fùle le 15 mai.
PIEURE (saint), martyr, soutfrit avec les
saints Denis, Fauste, Caïus, Paul et quatre
autres, sous l'empereur Dèce; depuis, sous
Valérien, ayant enduré de longs tourments
par ordre du président Emilicn, ils rem|)or-
tèrent la palme du martyre [Extrait du Mnr-
tifrologe romain). L'Eglise fait la fùte de tous
ces saints le 3 octobre.
PIEKUE (saint), martyr, donna sa vie pour
la foi sous l'empire et durant la persécution
de Claude IL dit le Gothiciue, avec les saints
Théodose, Marc, Lucius , et quarante-six
autres soldats, que le tyran lit décapiter
aussitôt après que le pa|)é les eut baptisés.
Ils furent enterrés sur la voie Salaria, avec
plusieurs autres martyrs au nombre de plus
de cent vingt. L'Eglise honore leur mémoire
le 25 octobre.
PIEUHE (^aint), évèqued'Aleiandrie, mar-
tyr, a pour principal historien Eusèbe, qui
exalte beaucoup sa piété, son profond savoir
et sa grande connaissance des îlcriturcs. Les
éloges ne sont pas suspects dans la bouche
de cet historien, h l'égard d'un évèque qui
condamna les Méléciens, avec lesquels il
avait des relations assez intimes, et qui
chassa de l'Eglise Ai^ius. On sait qu'Eusèbe
avait embrassé les erreurs de cet hérésiarque.
A la mort de Théonas, en l'an 300, il fut
nommé évé({ue d'Alexandrie, et montra, du-
rant tout le temps ([lie dura la persécntioLi de
Diocléticn, la plus grande [irudence unie au
courage le plus persistant. A nu'sure que les
maux de l'Eglise augmentaient, à mesure il
redoublait de soins et de vigilance. Sa solli-
citude s étendait aux Eglises de Libye et de
Thébaide, (jui éiaifiil [(lacées sous sa juri-
diction. Durant celte atro^'e persécution ,
br'ancf>u|t de chrétiens d'.Mexandrie eurent
lo malheur de lomlicr et de dcx-rler la cause
de Jésus-Christ. Saint Pierre flistingna avec
soin, avant de les icii iir i\ l'Eghsi», la nature
des fautes ipiils avaient commises, et leur
imposa des pénitences pro|)ortionnées h leur
gravité. Il jugea convenable de convoipier un
concile pour y examiiuM- la cause de Siélèce,
évèque de Lycopolis, dais la Thébaido. Cet
homme, coupal)le do dilb'-renls crimes, avait
apostasie durant la persécution. Le concile
II- déposa. Au lieu de se soumettre, comme
il convient ;> riiumilité d'un chrétien qui ro-
connaîl sa faute, Mélèce protesta contre l'au-
torité de son métropolitain et contre celle
du concile. Il refusa de se soumettre, et se
tit 1: chef d'un schisme qui dura dans l'E-
glise environ cent cinf|iiante ans. Il accusa
saint Pierre de trop d'indulgence envers ceux
qui étaient tombés, disant qu'il les réunissait
à l'Eglise avec trop de facilité et de [)rompti-
tude. Un autre sujet de deuil pour le cœur
de saint Pierre fut la conduite d'.Vrius, mem-
bre du clergé d'Alexandrie. Il s'attacha au
parti de Mélèce, qui avait eu l'audace d'or-
donner des évè(]ues, et qui môme en avait
envoyéundesa façon au diocèsed'Alexandrie;
mais bientôt Arius, a^ant quitté le parti de
Mélèce, fut ordonné diacre par saint Pierre.
Sa conversion n'avait [)as été sincère. Aussi-
tôt qu'il fut pourvu do celle dignité, il re-
tourna aux schismatifjues. Saint Pierre l'ex-
communia, et ne voulut jamais de[)uis le re-
cevoir dans le sein de 1 Eglise. Saint Pierre
fut d'abord emprisonné pour la foi, sous le
règne de Diodélien ; mais bientôt après il fut
reblché. En l'année 311, Maximin Daïa, césar
en Orient, ayant renouvelé la persécution,
tit arrêter h Alexandrie le saint évèque, avec
plusieurs prêtres qui furent décapités avec
lui. Ce furent les saints Fauste, Dion et
Ammonius. L'Eglise fait la fête de saint
Pierre d'Alexandrie et de ses compagnons le
26 novembre.
PIERKE (saint , martyr, sous-chambellan
de rem()ereur Diodélien , fut arrêté avec
Dorothée, premier chambellan, h la suite de
l'incendie de Nicomédie, Galère ayant accusé
les chrétiens d'en être les auteurs. Après
qu'on l'eul interrogé et fait passer par diver-
ses tortures, on le suspendit tout nu en l'air;
à coups de fouet, on lui déchira les chairs,
jns(pi à ce que les os fussent à découvert.
Ensuite on le plaça sur un gril, où on le lit
rôtir à petit feu, jusqu'à ce que la mort vint
terminer les soulfrances (|u"il endurait avec
un courage inoui. Diodélien tit jeter à la
mer les corps des saints martyrs. L'Eglise
célèbre leur fête le 9 septembre. (LactT, de
Mortr pcrser. et div. Jnstit. 1. vi ; Eusèbe,
I. viii; Suysken, Act SS., t. lU, Sept. p. 3i3
et seq.)
Saint Pierre et ses compagnons sont indi-
qués par les .Martyrologes à des dates dille-
rentes, ce tiui fait (jue (pielques auteurs ont
cru qu'il s'agissait de plusieurs saints, et ont
fait double emploi. Ainsi a fait Bu lier : le
savant anglais a mis un saint IVerre le
0 septembre, et le même saint Pierre le
12 m.Ms. Saint Jérôme maripie saint Pierre
le 12 mars; les Martyrologes du ix' siècle le
manpienlavec saint Dorothée le 9 septembre.
Les (IriMs font l'ollict» îles saints dont nous
parlons le 28 du même mois, (^cttedili'érence
peut tenir {» ce que saint Pierre ne soullrit
pas le même jourque saint Dorothée et saint
Gorgone.
PIEKUE nALSAME (saint), martyr, donna
son sang pour Jésus-Chnsî, en l'an 311, sous
l'empire de (ialère et de Maximin. Voici ses
Actes :
«i Pierre Bajsamc, urismane des environs
711
PIIl
l'Ilr:
7«i
ti'l':it'iili^r()|)lo'(vilUMlo PnlostiiK"), nyuiû iH^^
m-vHi'^ (liiivml la pcrsi'culion dans la ville
(rAiii;iiir(cii Saiiuiiic), Tut pn-sciilé à Srv^n',
guuvciiu'iir (le la pioviinic. Si-vèic lui dit :
« CoiiimcuJt vous iioinmcz-vous ? l'inrci :
Jo nir tioiiiiiic n.'iN.'iiiic, (lu tioui dr uinn p(>n>,
vl j'ai r"" u au h.iph^nK! (('lui dr l'irii-c. —
Sf^ùrc : /»(Mpu^l pays, (hMpu'Ilc l.uuilhï ? —
PiciTO : Jn suis (îhri'l'cu. — Sévère : OuoI
t'nipN)iav('/.-v(nis? -Pirirc: l'iu |iui<--jca\ nir
un plus lioiioralilu (\no cv\\\'\ tpio jn viens
di« difc, cl (pio |t('Ut-oti taire de in(Mlleur
da'is lo uio'ide, <pM) d'cHrci cluétien? Sé-
vôro : Avez-vous encore votre père cl volro
nu^^rc» ? — PitM-re : Je n'ai ni ji^re ni tuc^'re.
— Sévère: Vous ne diles |)as la vérité ; car
io sais do bonne pari cpio vous avez l'un et
l'autre. — Pierre : l-'llvau^ile veut (pU) lors-
(jui! nous sonuues cités pour rendre raison
lie notre foi, nous renoncions à toutes cho-
ses. — Sévér(>: A vez-vous cou naissance de cer-
laine ordonnance des enuiereurs?— Pierre:
J'ai connaissanco des orclonnances de mon
Di(Mi, (pii est le véritable et le souverain
uionar(iue du monde. — Sévère : Vous sau-
rez donc qu'il y a un édit des très-cléments
empereurs qui porte que tous les chrétiens
sacrilieronl aux dieux, ou seront punis de
mort. — Pierre : Vous saurez donc aussi
qu'il y a un commandement du grand Roi
éternel, qui norle que si quel([u'un sacritie
au démon , il sera exterminé. Auquel me
conseillez-vous d'obéir, et le(|uel des deux
croyez-vous que je doivechoisir,ou demou-
rir de vo're main, ou de tomber entre celles
du grand Roi, du Dieu véritable, pour être
éternellement malheureux? — Sévère : Puis-
que vous me demandez mon conseil, je vous
dirai que vous devez obéir aux édits et sa-
critier aux dieux. — Pierre répondit : Je ne
puis mv résoudre à sacrifier à des dieux de
bois et de pierre, comme sont ceux que vous
adorez. — Sévère : Vous nous olfensez ; et
savez-vous que je puis venger cette injure
par votre mort ? — Pierre : Je n'ai point eu
intention de vous ofï'enser, je vous ois seu-
lement ce qui est écrit «lans la loi divine. Les
idoles des nations, dit-elle, ne sont que dcVor
et de l'argent, et Vouvrage de lamain des hom-
mes. Elles ont une bouche, des ycvx, un nez,
des mains et des pieds; et elles ne peuvent ni
parle)', ni voir, ni sentir, ni toucher, ni mar-
cher. Et il est dit ensuite que ceux qui font
de tels dieux leur deviennent semblables, aussi
bien que ceux qui y mettent leur confiance
[Psal. cxin). Si le Saint-Esprit fait dire cela
à son prophète, quelle injure vous fais-je en
disant que vous êtes sembl.ibles à des pier-
res et à du bois ; et ne serait-ce pas plutôt
moi qui devrais m'otTenser de ce que vous vou-
lez me rendre semblable à vous? — Sévère:
Ayez compassion de vous-même, et sacri-
fiez.— Pierre: Pour avoir une véritable com-
passion de moi-môme, il ne faut pas que je
sacrifie, ni que je m'écarte de la vérité. Mais
parce que vous n'êtes pas éclairé des lumiè-
res de la foi, que vous ne déférez ni à mes
paroles, ni à la foi divine qui défend de tels
sacrifices, faites ce qui vous est ordonné. —
Sévère : Je veux bien encore patienter ; je
vous diinne du tem|)H pour penser h vous,
«•'est- ii-dire pour p<!iiser h sauver votre vie.
-Pierre: (le di'Iai est iinilile, le tenips un
me fera pas <lianf,'er. l-'ailes donc mnirile-
iwiiil cv (pi'aussi bi(;M vous serez, obligé de
faire dans peu, «-l nchivez l'oiivniKf; que lo
diable votre père a si bien commencé ; cal-
je ne ferai jamais ce que v<ius voulez ino
persuader de l'aire; c(! (|ue Jésus-Christ moil
SeigfU'iir, ([ur. j'adore, ne veuille jins per-
mettre. »
«' Le gouverneur, l'ayant fait siisfiendre
on l'air, lui dit : « Que dites-vous mainlo-
nanl, Pierre? commencez-vous ?i (onnaltre
ce (pie c'est (pu! le chevaU-t ? Kh bien ! sacri-
fierez-vous ? — Pierre : Ajoutez encore les
ongles de fer, et ne me parlez plus de sncri-
lier à vos (iéiiions ; je vous l'jii tarit dit de
fois, que ie ne sacrifiais qu'à mon Dieu, pour
l'aiiiour (luipiel je soud're. » Ij; gouverneur
lilredoubleiles tourments. Le saint n(; poussa
pas le moindi-e gémissement. Il chantait seu-
lement ces paroles du pro|)hète : J\ii fait une
demande au Seigneur, et je la lui ferai tou-
jours, qui est d'habiter dans (a maison du Sei-
gneur tous les jours de ma vie [Psal. xxvi). Et
celles-ci : Que rendrai-je au Seigneur pour
tous l'es biens qu'il m'a faits? Je prendrai le
calice du salut, et j'invoquerai le nom du Sei-
gneur {Psal. cxv). Cette tranquille indifié-
rence que le saint témoignait pour les sup-
plices irrita le gouverneur; il fil avancer d'au-
tres bourreaux qui vinrent relever les pre-
mie.s. Ceux qui étaient présents , voyant
couler le sang sur le pavé, lui criaient : « Ren-
dez-vous, ne vous perdez pas ; sacrifiez et
délivrez-vous de ces horribles tourments. »
Le saint martyr leur répondit : « Appelez-
vous cela des tourments? Pour moi, je ne
sens aucune douleur. Mais je sais que si je
manque de fidélité à mon Dieu, je dois ra'at-
tendie {)Our lors à de véritables peines, à
destourments inconcevables.» Le gouverneur
lui dit: « Sacrifiez, Pierre Balsame, ou vous
vous en repentirez. — Pierre : Je ne sacrifierai
point, etje ne m'en repentirai point. — Sévère :
Je vais prononcer la sentence contre vous. —
Pieire : C'est ce que j'attends avec impa-
tience. » Sévère prononça donc ce jugement:
« Nous ordonnons que Pieire Balsame, pour
avoir refusé d'obéir aux édits des invinci-
bles empereurs, et avoir marqué un mépris
formel pour leurs ordres, et pour avoir dé-
fendu avec opiniâtreté la loi du crucifié, sera
lui-même attaché à une croix. » A.nsi ce
bienheureux alhlètede Jésus-Christ eut l'hon-
neur d'expirer dans le même supplice que
son Dieu et son maître, r
PIERRE (saint), exorciste de l'Eglise ro-
maine, fut martyrisé pour la religion chré-
tienne en l'an de Jésus-Christ 304-, avec saint
Marcellin, prêtre de la même Eglise. Leur
fête a lieu le 2 juin. (Pour plus amples dé-
tails, voy. saint Marcellix.)
PIERRE (saint), reçut la couronne du mar-
tyre à Rome, avec saint Julien et dix-huit
autres qui nous sont inconnus. L'Eglise fait
leur mémoire le 7 août.
7Î5
Pllk
PIE
't«
PIERRE ysaml . tut marlyrisé à Tomes
tians le Pont, avec s tint Marcellin et sainte
Mannée, son père et sa mère et ses deux frè-
res Jean et Sérapion. Ou les trouve inscrits
au Martvrologo romain le 21 aoilt.
PIKRRE(^sainl), martyr, «pii tHait solitaire,
donna sa vie pour la foi chrétienne à Cor-
doue, avec le prêtre Amateur et saint Louis.
Ou i^'nore l'iUinée et les circon>la'K"es do
leur martyre. L'Eglise honore leur mémoire
le ■■JO Hvril.
PIERRE , saint), martyr, cueillit la palme
du martyre en Afrique, avec les s tinls An-
dré, Joau et Antoine. L'Eglise célèbre leur
mémoire le 2i septembre
PIERRE (saint), martyr, mourut en Afri-
que pour la toi du CIiri4. On i,j;iioreà quelle
époque ' t dans quel. es circoustarices. Il eut
pour com{»agnons de son triomphe les saints
Succès, B\stie'i, Piimilif et vingt autres dont
nous ignorons les noms. L'Egiise célèbre
leur mémoire le 9 décembre.
PIERRE (Saint), martyr, soulfrit à Rome,
avec les saints Marcien , Jovin , Cassien ,
sainte Thètle et plusieurs autres qui nous
sont inroimus. On n'a pas de détails iiuthen-
tiqu«'S sur eus. L'Eglisefailieur tète le 2l> mars.
PIERRE i^s.tinl). Ci infesseur, soutfrii àTrebi
pour la défense de la religion cliréiienne. Ce
saint biilla par ses vert is et ses miracles. 11
mourut à Trebi et ;. est honoré avec beau-
coup de dévotion. L'Egiise fait sa mémoire
le 30 août.
PIERRE (^aint), fut martyrisé à Se ville.
On igHore com|^lélemenl la date et les dillé-
rent«s circonslances de son coiubat. L'Egiise
honore sa mémoire le 18 octobie.
PIERRE (samt), conl'ess«-ur, a soullert a
Babuco, ville située dans la Campagne de
Ron)e. Cç saint s'est illustré iwr l'éclat de
ses mirât les. L'Eghse fait sa fête le 11 ni'irs.
PIERRE (saintj, martyr, cueillit la palme
du martyre à Ph.ladeli.lne, en Arabie. On
ignore a quelle date. Le Martyrologe lo-
main nommu les compagnons de ses glo-
rieux cou bats, qui sont les saints Cyrille,
AqaiJrtS, Domitien, Ruf et Méiiandre. L'E-
glise célèbre leur martyre le 1" août.
PIERRE (sainlj, premier évèque de la
ville de lirague, aujourdhui Braga en Portu-
gal, y soufl'nt le martyre en 1 Honneur de
Jésus-i-^lirist. Les détails nous mantiuent
coukplétement sur lui. Son nom est inscrit
au Martyrologe romain le 'iO avril.
PlERliE ^><uiil^, diacre, marlu-, répandit
son sang pour la foi à Anlioche. Nous n a-
vons aucun docunit'nt aullitnti jue sur son
aaoïlvre. L'Eglise fait sa mémoire le 17 avril.
PIERRE (saiiiij, fut martyrisé on Arriijue
durant la persé'rution des Vandales. Il eut
pour coiiipagiiou de.Non uuirl^ re saint .Vp uo-
dise. L'Egliselnt leur fôtc Je li mars.
PIERRE , n>aiire des oïlires à t^onslaii-
tinople , sous Cousta ilin Copronyme , lut
un des plus anlcnts nnnislrcs de la cruauté
de e« |)rince, dans sa p' i^êcn ion crmtre les
r/iiholi mes en faveur de> icono. lasles.
PIERKE v"«ainl>, évoque et martyr, souf-
irii h Damas. Etant accusé devaol le roi des
Agaréniens d'enseigner la foi de Jésus-Christ,
il eut la langue, les mains et les pieds cou-
pés, puis fut attaché à une croix où il con-
somma son martyre. L'Eglise fait safôie lei
octobre.
PIERRE (saint), moine et martyr, honoré
par l'Egli'^e le 7 min, était n.Uif d'Asiigi. Il
avait fait ses éludes h Conhme. P,,)mu h la
prêtrise, ii fut chargé par labbé Erugelle de
diriger, avec le diacre Ynlabonze. le monas-
tère de Sain(e-M irie de Catécl.ir. En 870,
avec Valabon/.e, Sabinien, Vistremond, Ha-
bentius et Jérémie, il se présenta nu cndi à
Cohiouo, en disant : « Nous confessons Jé-
sus-Christ ; nous tenons votre proplièto pour
précurseur de l'Anlechrift, et déplorons vo-
tre aveuglement. » i c (ndi, siiivant h justice
expéditivedes Arabes, h s condamna à avoir
la tète tranchée. Piecre et Valabonze fu ent
exécutés les premiers; on attacha ensuite
leurs corps à des pieux, puis on les brAla et
on jeta leurs cendres dAus le (leuve. L'E-
glise fait la fête de ces six martyrs le 7 juin.
Voy. V\L4B0NZE, et Mcsllma.ns (Persécution
des).
PIERRE fsaiiit), de l'orire de S-iint-Domi-
ni(pie. martyr, naquit h Vévonoen \^')6. Ses
parents, persuadés qu'il ne s^îrail pas di!ti-
cile d'etfacer les premières impr.'S>ions que
leur tils pourrait recevoir contre la secte des
cathaes dont ils faisaient ^>artie , le mirent
chez un maitie caihohquc pour se livrer à
l'étude des belles-lettres. Ils l'envoyèrent
ensuite à l'université de Bologne où la ror-
luption des mœurs était elVroyable. Mais
Di(ni, qui avait su le préserver de l'hérésie,
le garantit également dos atteintes funestes
du vice. Il s'y induisit toujours d'une nM-
nièn^ exemplaire, et s'y atlermissait dejour
en jour dans la ]vr»tique de la vertu. îitfn-
têt il alla se présenter à saint Dominique,
qiioiqu'il n'eiU alors que quinze ,ins, H ce
sftint voyant en lui une voMlion bien arré*
tée, lui donna l'habit de son ordre. Il s'y
Iivia à la pratique des plus grandes austéri-
tés : il évitait loisivet»» avet: un soin tout
jvirtii ulier, visitait les malades et partageait
le reste de son temps entre la lecture et la
prière. Ayant été promu au sacenlce, ses
su|iérieHrs lui coTitièrent leso n exclusif de
prêcher ri'.^angile, et il lit un grand nombre
de conversions dans la Romagne, la Marche
d'AncAne. Ii Toscane, le Bolonais et le Mi-
lanais. Oicu votdiil sur ces entrefaites éprou-
viM- sa tidelilé p.»r ([uelqiies tribulations. Ses
propres frères l'accusèrent d'avoir introduit
des femmi ^ dans sa cellule. On le crut coupa-
ble; se«i su(i('«inenrs lui interlirent l'exermee
de In prédii/»t»on et le reléguèrent au cou-
vent n'lé>;i dans la Marche (i'\- '^"f. Il su|v
portn celte injustice avec r -- 'ii ; mais
l)U'nt<M ses supérieurs ayant reconnu sou in-
Tuieenee. lui lirenl snti-factwn et lui permi-
rent de reprendre ses premu* s travaux
( vang liq les. li ri'commença donc ses pré-
dicalioiis avr«c un imnxn se su -ces et ajouta
le don <l«^s mrac es a la ioice de ses dis-
cours; railloeice était si grantlc autour de
lui. qu'il faillit souvent d'éti-e étoutlé. t.e
7X5
Plt
l'iK
711
pano, (|ui coiuiuissnit srs vitIus ri iiont^rniut
niciitc. le lit iih|iii<it(Mir i^tidéral de l.i loi on
i".l\l. Il avait loiijniii's t'ii» l'i' iiiciiii iiii|i|/ica-
hlc (les maMicliùi'iis.riiii lu (JC'Uvslaifiil inor-
IcIlciiM'iil. Ils (liNsimiilt''r(Mil siiiis |(>ir^;iic 'In
(ii'iV'>"'i' '^; '"'"'' l'"""'«"'' IV ('l.iiii iiioiilù
Mir la cliairo do sai'il Pi(>rr(', ils nJ.sulun'iit
(le se venger t'I a|nislri'ciit driix assassins
iioiir le Uh'V t\ soi ii'loiir de (lôiiii" àMd.iii.
Il legiil deux coups de liHeh».' sur la lôle, et
les assassins, voyani (pTil vivait iMicnrc, Ini
<!() uiùri-nl niicou|Ml(' |»oi,^nn(l dans le coh".
Il inounil le (> avril l'i!)2, Aj,''' <'o (luaranUî-
six ans cl (|U('l(|nt's jours. Sa l(Me est i(Md'cr-
niéo dans ri'iJ,lise des Doniinieains à Milan,
dans un hoau relitiuaire d'or et de crislal.
Les miracles (|ni s'oix'rèrcnl sur son loni-
b{>an auuMiùrenl la conversion d'un yraiid
no.aibro de nianieii6(ins, cl son assassin lui-
niénio, nonuné Cari/., lit son altjnralio'i (!t
ex|)in son eriuu> ilic/. les Dominicains do
Forji, où il était entré on qualité de Irèro
cou vers. l/l'V'li'^e lait la niéuioiro de notre
saitit lo --*.) avril.
IMKHUK DK SASSO-FKUUATO (saint),
siuifile IVi'ro de Tordre fonde par François
d'Assise, l'iil envoyé en F.si)agno par ce saint
en 1219 ou 12-20, avec saint Jean de Pérousc,
iiour y coniMtir les Maures. Ils vinren! d'a-
bord h Tuerel, dans le royaume d'Aragon, et
y établirent un couvent, si Ton veut a[>pcler
'ainsi deux pauvi'cs cabales ou cellules (pi'ils
avaient bâties auprès d'une éi;lise. Bienlùt,
leurs prédications et la sainteté de leur vie
les rendirent lolijet dv la vénération do loiite
la contrée. Dans l'inlérét do la propagation
de la foi, et conformément aux ordres de
leur saint fondateur, is se rendirent à Va-
lence oi!i régnait' Azote ennemi acharné i^es
chrétiens. Ils prêchèrent aux Maures la vé-
rité de l'Evaiigilo et leur démontrèrent la
fausseté des croyances de Mahomet. Le roi
l'ayant appris les fit arrêter et jeter en pri-
son. Il mit tout en œuvie pour les amener
h renier leur foi, uuus ni les promesses, ni
les menaces , rien no put les gagner. Alors
il les condamna à avoir la lèto tranchée l'an
1230. On dit que de nombreux miracles s'ac-
complirent sur leur tombeau. L'Eglise l'ait
leur tête le 3 septembre.
PIERKE (saint), martyr, était religieux de
l'ordre de Saint-François. 11 versa son sang
pour la foi à Maroc en Afrique. 11 eut pour
compagnons de sm martyre les saints Bé-
rard, Accurse, AjutetOthon. On ignore l'é-
poque où eut lieu leur martyre. C'est le 16
janvier que les chrétiens honorent leur mé-
moire.
PIERRE (le bienheureux) , était frère dans
un couvent de Franciscains en Palestine. 11
sonlfrit le martyre à l'occasion de ce que
nous allons raconter : Un chevalier hongrois,
nommé Thomas, qui avait embrassé l'isla-
misme afin de se concilier la faveur du sul-
tan d'Egypte , vint , poussé par un secret
mouvement de la grâce, visiter les sanctuai-
res de Jérusalem, pendant la semaine sainte.
Etant entré par hasard dans un couvent de
Franciscains, un frère appelé Nicolas, de
Monte Corvino , lui reprocltu bi lortciiicnt
SMii a|i(is(,t!sic , (ju'il le ramena h Dieu , et lo
détei'iniiwi t\ .se n'-tractcr pnbliqijeincnl au
Caire où il ovnit rc'nié (ta loi. (Craignant
néanmoins qno le nouveau conv(!rli ne lût
p.is assez connigeiix, \\ .S(Més(dul i\ rac<:oiu-
pagUfM- Notre .saint j'ayanl 0|)i)ri.<< jos
suivit plein do joie avec iiii autre rrère de
la iM("ini' province, appelé l''i;iiiroi->. Ce fut
lo ilima icho de IMipics 1358 q'u'ds lurent
admis on présence du suHan. Ils lui parlè-
ro'it av<M; uni! si géiorouso lil)erlé, cpjc ce
prin-îe rempli de fureur les livra au cod».
Colni-(;i les condamna h être coupés [«ar
morceaux , puis consumés p.u' le len , le k
avril 13:>S. ( Wadding, an. 1358, n" ».)
PIFURK-TIIOMASf le bienheureux ), nui
illustrait l'ordre; des (i.iniies ,iu xiV biècle,
n.Kpiil en France, aux environs de Sarlat,
d'une fainillo pauvre et indigonlo. Son granil
talent le lit élever à i'é|iisco[)at, et le pape
remploya souvent comme légat. Se trouvant
à Jéinsalom, il ne craignit pas d'y exaller
})ubli(pnMnoiit le nom do Jésus-Clirisl, et se
déroba ()ar la fuite à la fureurdu sultan d'E-
gypte. On lui adonné lo litre de martyr, à
cause d'une blessure qu'il reçut lo 3 <jclo-
bre 13G5, à la prise d'Alexandrie, lorsqu'il
était |)atriarehe do Consfantiriople.
PIEUUE DE NARBONNE(lo bienheureux),
conq)agnon du bienheureux Paul, de la pro-
vince do Saint-Louis, jiartit avec trois au-
tres franciscains nommés Nicolas deTuulicis,
Donat et Etiennede Lanich, pourévangéliser
les infidèles. Arrivés à Jérusalem, ils réso-
lurent de se rendre un jour do grande so-
lennité dans la mosquée du temple afin d'y
M'êchor Jésus-Christ et d'anathématiser Ma-
iniiet. Les mahométans, furieux de cette
lardiosse, les battirent cruellement et les
jelèront à demi morts dans un noir cachot
où ils restèrent trois jours sans manger. Au
bout de ce temps, ayant refusé de rétracter
publiquement leurs paroles insultantes con-
ti(^ le jirophèto, ils furent massacrés à coups
de hache et d'épée le 11 novembre 1391.
Deux fois les infidèles voulurent brûler les
reliques de nos bienheureux, deux fois ils
furent obligés d'y renoncer. Ils les enterrè-
rent alors secrètement, afin que les chrétiens
ne pussent les enlever. [Chroniques des ïrê-
res Mineurs, t. 111, p. 16 ; Wadding, an,
1391, n" 1.)
PIERRE ( le bienheureux), fut martyrisé
en lG08,au Japon, dans le royaume de Fingo,
avec Jean Tingors, son père, Girozayémon
Joachim, Michel Faciémon et Thomas, fils
de ce dernier. On peut voir les détails de
leur martyre à l'article Giroza-yémon. Nôtres-
bienheureux, âgé seulement do sept ans, fut-
attendu inutilement par les autres confes-
seurs au moment du supplice, comme nous^
]'a\ons vu à l'article indiqué ci-dessus, et
ils furent décapités sans l.i. Ce jeune enfant
était chez son grand-père et dormait encore
:piand le soldat qui devait l'amener se pré-
senta. Sans témoigner aucune crainte, il
s'habilla, et prenant le soldat par la main,
vint avec lui au lieu du supplice. Un peuple
747
PIN
PIO
728
immense le suivait. Quand le petit martyr
fut arrivi-, il se mit h senou\ pi^s ilu corps
de s n père, et joignant ses mains, il pré-
senta sa tôte au bourreau. Comme celui-ci
levait le bras pour le frapper, il se lit une
immense clameur. Le peu[)le, i-idigné, ne
pouvait se contenir. Le bourreau déconcerté,
jeta son glaive et s'enfuit : successivement,
deux autres vinrent et en firent aulint. En-
fin un esclave coréen se chargea de l'eiécu-
tion; mais étant inhabile et fortement énui de
ce qui se passait autour de lui, il déchargea
plusieurs coups de sabre sur la tête et sur
les épaules de l'enfant avant de pouvoir lui
couper le cou. Le petit martyr se fit hacher
ainsi sans pousser un seul cri.
PIEKRE (le prince), second fils de Fran-
çois-Xavier et de la princesse Thérèse, par-
tagea avec toute sa famille l'exil auquel 1 em-
pereur Yong- Tcliing la condamna pour la
toi en 17'2îi.. On sait que toute cette famille
si nombreuse fut exilée à Yeou-Oué , poste
militaire en Tartarie, à plus de quatre-vingts
lieues de Pékin , au delà de la Grande Mu-
raille. La veille du départ pour l'exil , ce
prince communia avec ses parents et la prin-
cesse Agnès, leur belle-lille. (Pour les détails
de ce glorieux exil, voy. les articles Soinou
et CniNK.)
PINIEN, proconsul d'Asie sous les com-
mencements dn Dioclétien, persécuta violem-
ment les chrétiens. Il avait pour assesseur
un nommé Quérémon, qui se faisait remar-
qiier par son extrême cruauté à l'égard des
disciples de Jésus-Christ. Cet homme, avant
été frappé par la main de Dieu, périt d^une
façon terrible. Pinien en fit une maladie si
dangereuse causée par la frayeur, que les
médecins désesi)éraient de le sauver. Sa
femme Lucine tit venir saint Anlhime et
saint Sisinne, qui le guérirent miraculeuse-
ment. Pinien se convertit et mit en liberté
tous les chrétiens cpi'il détenait en prison.
En revenant d'Asie en Italie, il ramena chez
lui les saints confesseurs qui l'avaient con-
verti, avec beaucoup d'autres chrétiens; mais
cela ayant fait du l)ruil il les disnersa dans
ses terres qui étaient considérables , car il
était fort ruhe. Tous y reçurent bientôt la
couronne du martyre. (V'oj/. Lucine , An-
TiiiMK. Sisinne, Rvsse, etc.)
PINTO ^le bienheureux François) , de la
compagnie de Jésus , iiacpiit en l'an 1532.
11 alla évangéliser les Tapoyas qui hal)ilaient
une cùt(^ s'étendant (le[)uis Pernauibueo
jusqu'au lleuve des Amazones. Il fut mai Iv-
risé chez ces peuples le 1 1 janviei 1G08; sùn
compagnon Louis Kigueira parvint h séchap-
per. Notre saint eut la tète écrasée h. coups
de b.'llnn, la mâchoire Urisée et les yeux enle-
vés de leur orbite. Son cumpagnoii, ayant re-
cueilli ses relupies après h- départ desmeur-
triers, les inhuma au pied de la montagne
d'lbiga[»aba. ^Du Jarric llislnirr drs rhosrs
plus mf^mnrnhlrs, etc.. t. III. p. VHÎ). Tanner,
Socirtn^ Jrxit u$qur ad snmjuinis et vitœ pro-
ftifinnrin mililnns, p. iGfl.j
PINITIUS, iun des trente-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur sang pour la
foi en Egypte et desquels Ruinart a laissé
les Actes authentiques. Voy. Martyrs (les
trente-sept) égyptiens.
PIOMHINO, ville de Toscane , est célèbre
pnr le martyre de son évèipie, saint Cerbo-
néc, qui, au rapport de saint (irégoire, brilla
par ses miracles [lendanl sa vie et à sa mort.
PIONE (saint), Pionius, évéq\u^ de Smyrne,
fut martyrisé so;.s leiniiire de Dèce en l'an-
née 230. Nous donnons ici ses Actes com-
plets. L'E,.;Iise fait sa fôte le 1" février.
Le samedi 23 lévrier, comme Pionius, Sa-
bine et Asclépiade célébraient à Smyrne la
fête du bienheureux Polycarpe , ils furent
arrêtés. Pionius avait eu la veille une vision ;
carayant jeûné ce jour-là avec Sabine et As-
clépiade, il vit en songe qu'il devait être
pris le lendemain, et la vision était si clain;,
qu'il fit faire trois chaînes, pour lui, pour
Sabine et pour Asclépiade. Ils se les mirent
au cou, afin que, lorsque ceux qui avaient
ordre de les arrêter les trouveraient ainsi
enchaînés, ils reconnussent qu'on ne devait
point attendre d'eux (|u"ils eussent, comme
beaucoup d'autres, la complaisance de goû-
ter des viandes offertes aux idoles, et que
ces fers qu'ils avaient pris d'eux-mêmes
étaient une marque de la pureté de leur foi
et de la résolution où ils étaient de mourir
")lutôt que d'y renoncer. Ayant donc fait la
iriére solennelle, pris le pain sanctifié et de
'eau, ils virent arriver Polémon , un des
gardes d'un temple d'idoles , accompagné
d'une troupe darchers que le magistrat de
la ville lui avait donnés pour se saisir des
chrétiens. Il n'eut pas plutôt aperçu Pionius,
qu'il lui dit : « Save/.-vous qu'il y a un com-
mandement de l'empereur qui vous enjoint
de sacrifier aux dieux? — Nous n'ignorons
pas, répondit Pionius, qu'il y a un commaa-
dement, mais c'est celui qui nous ordonne
d'adortM- un seul Dieu. » Le garde réplitpia :
« Suivez-moi donc, et vous connaîtrez que
ce que je vous ai dit est vrai. » Sabine et
Asclépiade dir.'Ut aussi fort haut : « Nous
obéissons au seul et véritable Dieu. »
Coiumo on les conduisait à la place, le
peuple, voyant les chaînes qu'ils portaient,
lut fra|)pé de cette nouveauté; et comme il
est naturellement curieux et qu'il aime à
faire île toutes clios(>s un suiet d'amusement
et de spectacle, il se mit à les suivre, et la
foule grossissant toujours, ceux (|ui mar-
cliaient les premiers étaient poussés par
ceux qui venaient après, qui étaient poussés
à leur tour par hvs derniers : en sorte que,
lors([u'on fut arrivé à la place, il s'y trouva
une si prodigieuse multitude de monde,
qu'elle fui bientôt remplie, et jusqu'aux toits
(les logis et des temples qui l'environnaient,
tout fut couvert de ()eu|»le. Il y vint aussi
des troupes innombral)les île femmes, parce
qu'il était jour do sabbat, ipii faisait cesser
le travail des femmes juives. Chacun s'em-
pressait do voir, et ceux tpii t'taient Irop pe-
tits moulaient sur des bancs et sur des cof-
fres, tant ils craignaient de perdre la moin-
dre action de la pièi e tragupie qui s'allait
jouer. Les martyrs étaient au milieu de tout
72l> no flO 7S0
ce |)nii|)|(', cl 1»(»|('mi()ii, s'/idrcssaiil h dix, I'osimM, riiisluiic de leurs jiifto<;, aUf <l«)
leur dit : « Vous IViic/ Itini niii'iix, |iniir t'vi- li'iir-, idis, ri-iMuli' cl les aiilii-s livres liislo-
l«'r lo siipplico, (le vdiis soiimollni cfiiiimi; ii(|nc'.s (ht Icnr loi : co sont fiiilniit de mofiu-
les aiilrcs, i>| d'olx'ir- aux ordres du priiien.» iiieiits de leurs inlidi'lilés el de leurs iii^ra-
Alors Pioiiiiis, preiwiiil la parole el él(3'i- liliides; ro snnl aiilaid de t( riioiiis ipii dé-
d.'iiil l;i iii/iiii, r(^|u)ii(l.t nvco un visn^o (jjai : posent eciulre eux. Mais vous dlcs surprl»
« Cilovelis de Sinyrue, (pii vous ^loriiie/ <le (pie la plus ^raudt; partie des elMélieris cou-
la liauletM- de vos nuiradies cl de la lieaiitc'i icnt d'(Mix-niAiues oll'rir de l'encens à vos
do votre ville, et (pli louez ji grand honneur dioiix ; li^ure/.-vous uti(! airo remplie do ger-
d'avoir le poëte lloiiK^re pour volrr coiupa- hos, lesipiclles on vient de halire; d'un ((Wt
(riolo, (>t, s'il esl^ ici pni'nii vous (piehpies est le lAr (;t de l'anliM! la paille; diles-inoi,
juifs, écoiltez-moi : j'apiironds (pni vous vous seigneurs, (pud iiioiiceau vous parait le plu.<»
in(^(pi(>' des cliiélie'is (|ui void. de leur hou gros'/ ou hieii des |)(''c|ieurs ipii j(!ll(Mit leur
grt^ sacrifier à vos dicMiv, ou (|ui m; r(''sistent lilet dans la mer, tous les poissons (pi'ils
(lue faihlenuHit lorsqu'on les y vont conlrain- prennent sont -ils excellents'/ Non, sans
(Iro ; (pie vous accusez les uns do l('g('*ret(^ doute, el ceux (pi'ils rel)iil(!rtt soid h; plus
d'esprit, et les autres th? (hMaul do courage ; grand nomhre. \'oiI?i la ligure des cliiY-liens:
cependant vous devriez plutiH écouter votre les bons sont niOh''s avec les nu^'chants, et
maître et voli'(Mlocl(Mir lIom(''r(>, (lui ne V(Mil ceux-ci, par leur nomhre, l'euiportent sur
pas (pi'on insull(! h la mémoire nos morts, ceux-là; mais pour oeu (ju'on y V(;uilh' faire
ni qu'on ait rien à (h^nuMer avec ceux qui no altenlion, il (!st facile d'en fair(! le discerne-
sont [)lus sur la terre. Et vous, juifs, vous ment. A (piel titre voulez-vous donc nous
feriez bien mieux d'ohéir h Moïse, votre lé- faire soullrir l(;s tourments (pic vous nous
gislateur, qui vous dit : Si ta vois In bête de préparez? Si c'est comme à des méchants,
ton ennemi tombée sons sa cliarf/e, ne passe vous êtes vous-mêmes bien méchants et bien
pas sans l'aider à la relever , iit h SaUnnou, \q injustes de nous traiter avec tant de ri-
plus sage de vos rois, qui vous défend de gueur, sans savoir si nous méritons d'être
vous réjouir du malheur de votre ennemi, traités ainsi. Mais si c'est comme h des gens
Pour moi, j'aimerais mieux endurer toules de bien, quelle espérance vous resle-t-il «u-
sortes de tourments et mourir mille fois que près de celui qui se déclare hautement leur
de suivre d'aulres maximes quiî celles que protecteur'? Et puisque les hommes justes
j'ai jusqu'ici ou apprises ou enseignées. D oii ne peuvent se garantir de v(jtre cruauté,
viennent donc ces éclats de i ire et ces rail- comment, vous qui êtes des impies, pour-
leries cruelles des juifs, non-seulement con- riez-vous éviter la vengeance que le plus
tre ceu\ qui ont sacrifié, mais (3on(re nous? équitable de tous les juges est prêt à faire
Ils nous insultent, el disent qu'en ne nous a tomber sur vos têtes ; car entin il est sur le
que trop longtemps laissés respirer. Quand point d'éclater, ce jugement terrible : trem-
nous serions leurs ennemis, nous sommes blez, Juifs, c'est à vous que je parle. Votre
toujours des hommes; car enlin, quel tort pays vous en doit retracer l'image; je l'ai
leur avons-nous fait? Quel supplice leur vue celte terre qui fume encore des feux
avons-nous fait soutfrir : les avons-nous per- que la justice divine y alluma autrefois ; une
sécutés ? Les avons-nous contraints d'adorer partie n'est plus qu'un grand amas de cen-
les idoles? Pensent-ils n'être pas plus cou- dres; restes atfreux, infertiles ruines de cinq
pables que ceux que la crainte des hommes villes criminelles. J'ai vu ce lac dont les
fj\it maintenant tomber? Il y a bien de la eaux donnent la mort, cette mer que les
différence entre un péché volontaire et un poissons fuient comme elle fuit elle-même les
crime forcé : mais qui est-ce, je vous prie, hommes. Chose merveilleuse ! elle ne sau-
qui obligeait leurs pères à se faire initier rait soulfrir qu'aucun ia touchât ou s'appro-
aux mystères de Béelphégor, ou à assister chat d'elle; et. si le hasard en fait tomber
aux sacrifices impies et aux festins supers- quelqu'un dans son sein, elle le rejette aus-
litieux des défunts? Leur faisait-on violence sitôt sur ses bords ; tant elle semb'e crain-
lorsqu'ils se souillaient dans les infâmes em- dre que les hommes ou ne la souillent, ou
brassements des Madianites, et qu'ils recher- ne lui attirent de nouveaux châtiments. Mais
chaient une volupté criminelle? Quelqu'un pourquoi rappeler des événements si éloi-
leur tenait-il le poignard à la gorge pour gnés, et qu'est-il besoin de remonter si haut
leur faire brûler leurs propres enfants de- dans l'antiquité pour y trouver des exemples
vant l'idole de Moloch? Les contraignait-on de la colère de Dieu, lorsque nous la voyons
h parler mal en secret de Moïse, et à mur- s'expliquer d'une manière si etfrayante pour
murer tout haut de Dieu même? Enfin, a-t-on les impies? Seigneurs, jetez les yeux sur la
jamais exigé d'eux d'être des ingrats, des Lydie, vous y verrez dix villes qui fument
perfides, des adorateurs d'un veau d'or? Au toujours et dont l'embrasement n'est pas
reste, seigneurs citoyens, ne les écoutez pas encore éteint. Tournez votre vue sur la Si-
s'ils vous racontent les choses d'un autre; cile, et voyez-la toute couverte d'un déluge
croyez qu'ils ont dessein de vous surpren- de feu que le mont Etna vomit du fond de
dre. Four nous, qui sommes instruits à fond ses entrailles enflammées. Considérez la Ly-
de leurs atl'aires, il n'est pas en leur pouvoir cie, qui se dévore elle-même par des feux
de nous en imposer. Il n'y a qu'à ouvrir souterrains. Où. pensez-vous que ces feux
leurs livres pour être convaincu que je n'a- s'allument? Sachez que ces montagnes en-
vance que la vérité. Qu'ils vous lisent, s'ils flammées, ces roches brûlantes, ces incen-
"TM.
PIO
?.
dies, qui ne s'éteignent jamais, ces eaux
soufrées, ces sources liquides; sichoz.dis-je,
que ce sont autant de soupiraux par les-
quels l'eiifor pousse quelijues étincelles du
feu que Injustice de Dieu y entretient. Tout
ft'la n'est enfii». que quelques signes de co
jugement universel (jne nous vous annon-
ço is, et qui se fera de louS les hommes par
le Verbe de Dieu, Jésus-Christ, qui iloii ve-
nir juger le monde par le feu. Au reste,
nous n'ado ons point vos dieux ni vos sta-
tues d or, et nous n'en e>timons tout au
plus que la matière et l'art du statuaire ou
du fondeur. »
Il parla longtemps et fut écouté avec une
grande atientton. Enlin, comme il disait :
« Nous n'adArons point vos dieux ni vos
images d'or; on les tira d'une galerie où ils
étaient, et on les mena au milieu de la
place. Le peuple qui les entourait leur di-
sait avec Poléiuon : « Votre probité , Pio-
nius, fait que nous vous jugeons digne de
vivre. Crovez-nous, il est bon de respirer
et de voir 'la lumière. — Et moi aussi, re^
prit Pionius, je dis qu'il est bon de vivre et
de voir la lumière ; m'ais je le dis de celle
que nous désirons. Nous n'avons point de
mépris pour ces présents de Dieu ; mais ce
que nous leur préférons est beaucoup meil-
leu . Au reste, je vous loue de l'atlection
que vous me témoignez, mais j'y souj'çonno
de l'artifice; la liaim^ déHaréé" est moins
nuisible que dvs. caresses Iromponses. »
A lois un nommé Alexandre, homme malin,
lui dit : « Ecoutez-moi aussi. » Pionius lui
répondit : « Hcoutc-moi loi-mème ; car je
sais ce que lu sais, et tu ne sais pas <e que
je s is. » Alexandre lui dit en se mo(|unnt :
« Que veulent dirent ces clini-ies ? » Pioiu'us
répondit : >< De peur qu'en nous voyant pas-
ser par la ville ou ne b^oie que nous allons
sacrilier,* et atin que vous ne nous meniez
pas au temple comme les autres, et pour
vous montrer qu'il n'est pas besoin de nous
interroger, puisque nous allons d(3 nous-
luOmes fi la prison. »
Le peuitle continuait de le prier, et comme
Pionius demeurait ferme, et leur pillait des
choses futures avec force et véhéuKVKe,
AlexaiKlredit : « Qu'est-il besoin de tant de
discoui's, puisque vous ne sauriez vivre ni
V9iis empêcher de (lérir?» Le peu[)le vou-
lait aller au théAire pour entendre ftius com-
modi'in -nt les paroles du iu.irl\re: mais
quelques-uns s'afipro'hèrent de Polémon et
lui dirent que s'il permellait au martyr do
parler, il en pourrait naître du tumulte et
(|e la confusion. Polémon dit dom; h P o-
ûius : Si tu ne veux pas sacrilier, d»i moins
entre dans le temple. — Il n'est pas bon
pour les idoles, répondit Pionius, (pie nou.s
y errions. — Il est donc impossib'e. dit
Polémon, de le W. persuader? — PIrtt h Dion,
r'pliqua Pionius, que j«> puisse tOus per-
SU.1 1er do devenir cfirélienf ! » Quelqn<>s-iins
dirent CD s moquant : « (tarde-toi bien de
le fairel de jieiir que no*, s ne snyon* brO-
lés vifs. — C"e>i bitti pis. dit Pnuiius, dô-
Ire brûlé vif après la mort. » Pendant cette
ÇIO 7^
contestation, ils virent que Sabine riait : ils
dirent d'une voix menaçante : « Tu ris ! »
Elle repartit : « Jo ris, puisque Dieu le
veut ; car nous sommes chrétiens. — Tu
souffriras, lui dirent-ils. ce que tu ne vou-
drais pas; car on jette dans des lieux infA-
mes celles qui ne veulent pas sacrifier. —
Le Di» u saint y pourvoira, » dit-elle.
Polémon dit encore ;i Pionius : «Obéis-
nous. » Pionius répondit : « Si vous avez
ordre de peisu.ider ou de punir, vous devez
punir, puisque vous ne pou-ez persuader. »
Polémon. piqué de la sécheresse de ce dis-
cours, dit : «S.icrifiez. » Pionius répondit :
" Je n'en ferai rien. — Pourquoi non ? » re-
prit Polémon. « Parce que je suischrétie-i, »
répliqua Pionius. « Quel dieu adores-tu ? «
dit Polémon. Pionius répondit :« Le Dieu
tout-puissant ipii a fait le ciel et la terre, et
tout ce que le ciel et la terre contiennent ;
qui nous a fait tous, et qui nous donne abon-
uamm> nt toutes choses ; que nous connais-
sons par Jésus-Christ son Verbe. — Sai rifie
dumoinsà l'empereur. » dit Polémon. « Jone
sacritle point b un homme, » répondit Pio-
nius. Ensuite Polémon l'interrogea juridi-
quement, faisant écrire toutes ses réponses
par un notaire qui les gravait sur de lacire,
et lui demanda : « Comment fappelles-tu ?»
Pionius répondit : «Chrétien. — De quelle
Eglise?» dit Polémon. Pionius i^épondit :
«De la catholique.» Il laissa Pianius et
s'adressant à Sabine, il lui demanda son
nom. Or elle avait changé de nom par le
conseil de Pionius, de peur de retomber en-
tre les mains de sa mai'resse, qui était
naienne, et qui, sous l'empereur Gordien,
lui voulant faire abandonner la foi, l'avait
enchaînée et reléiçuée dans les montagnes,
où les fièies lavaienl nourrie secrètement.
Elle répondit dDnc qu'elle s'appelait Tliéo-
dot« et chrétienne. Polémon lui dit : « Si tu
es chrétienne, de quelle Eglise es-tu? —
De l'Eglise catholique, » dit-elie. «QuelDifu
ado.cs-iu?» lui oit Po'.éiuon. «Le Ditfu
totil-puissanl, ^ répondil-elle, « qui a fait le
ciel, la terre et la mer, et tout ce qu'ils con-
tienn(>nt; ipie nous connaissons par Jésus-
Christ son \'erbe. » Ensuite il inleno^ea
Asclépiade, qui n'était pfls loin, et lui tle-
manda son nom. il répondit : «Je ni'ai>pelle
chrétien. — De (|Uolle Eglise?» |)Oiirsuivit
Polémon. Asclépiade dit : a De l« ciflioli-
qiie. » Polémon lui demanda : « Quel Dieu
adores- u? — JésuS'C'inst, » dit Ast:lépiftUe.
n Quoi «loue ! est-ce un autre? » dit Polémon.
« Nr>n, dit Asclt'piado, c'est le mémo qu'ils
viennent de confesser. »
Api es cela on les mena en prison. La foulo
du peuple qui les suivait remplissait liuile
la (ilace. Quel(]ues-uns disaient do Pioniu.s :
« \dye cet lionuu"' qui était toujours pAlo
et défait, comme il est devenu rouge tout
d'un coup! » Sabine le tenait ytar son habit
pour se soutenir dans la presse : (juelqu un
tui-dit : V. Il semble que tu craigiu-s d'être
privée de son lait, » lu .uilre s'écria : «S'ils
ne veulent pas saciilier^ qu ils soient pu-
nis. 0 Polémou lui répondit : « Nous n'avons
73%
PIO
wia
7ii
1)11:4 vv |)(>iiV()ir; wtnia M'nvoiis ni l'aiscuaux ni
liiu'hcs. » Un (itilrr disnit on so ni()(|ii.'tnt
(l'As(l(^|)i,i(l(« : « (le pt'lit liMiiiiiic s'mii v;i sa-
crilici'. -- 'l'ii MK'Ms, (lil IMoniiis, il n't'ii loni
rion. » Un niilrn (lis.-int lonl h.iiil : «Cclui-iû
cl cclni-l^ sncrilifionf, » Pio'iiii»^ djl : <i Clm-
rnn h su voloiili'', jo iir.'ipiM'Ilc l'ioriiiis ; il no
nriinnnilt' ([ni qno vo snil (|ni sacriiio ; i|n'oii
(li.so lo nrtin do cclni (|iii r.nn'a t'ait. » lùili-n
(•(MIT (fiii pai'IaitMil de ('(Nh' cl d'anlr(>, il y en
cnl nn (|iii dit à Pionins : » 'l'id ^\\\\ (>s si
sftvnnl, |iiini'(|n(»i conrs-ln à l,i mort nvci;
tant d'ohsli'ialion ? — Ce (pic vons cfoyc/.
(Mrc tn;i pcitc, dit Pionins, m'ohli^c .^ tenir
plus ferme. Vous s«vn/. (piclln mort dite v.l
(pielle i'iuniiio vous ave/ soiillei te, sans les
aiiti'os inaiiK. — Mais, dit nn antr(>, tu as
niKSsi sonlVcrl la f'iim avec nons. — Oui, dit
Pionins, mflis avec rospéianco qno j'avais
on Dion. >;
l.n fonio iHaitsi graïuio, qu'à pidno les
gardos ]nnvU onlrer da-is la prison iionr y
mettre les martyrs. Us y Ironvùroiit un pr('i-
tre do riîgli-e catliolitpio, noiiimù Lemnus;
Ti'io femme du bonri^' do Car^no, nomiix^o
Macédonia, et nn ïiommo Kntyrliion de la
secte des Phrygiens ou Montanistos. On les
mit tous ensèinl)lo; et les gardes s'aperçu-
rent que Pionins, |)ai' une rt'solntion prise
avec les siens, ne recevait point ce que les
ruiclos lui olfraient; car il disait : «Quelque
besoin que j'aie eu, je n'ai jamais él6 h
charge a personne; qui peut m'obliger h
prendre maiiiienant ? » Los gaides, qui
avaient accoutuuu^ de recevoir des prc^scnis
de ceux qui venaient voir les chrétiens, ir-
rités de ce que ceux-ci ne leur attiraient
rien, les jetèrent dans le cachot pour les
tourmenter par l'obscurité et la puanteur.
Ils s'y laisseront niotlre eu louant Dieu, et
donnèrent aux gardes ce qu'on avait accou-
umé de donner. Le geôlier en fut étonné,
et les voulut remettre à la première place;
miis ils demeurèrent, disant : « Dieu soit
loue, nous nous en trouvons bien; nous
sommes en liberté de méditer cl de prier
jour et nuit. » Plusieurs païens les visitaient
dans la prison el s'efl'orçaient de persuader
Pionius; mais ils admiraient ses réponses.
Ceux qui avaient sacritié par force y en-
traient aussi , et excitaient de grands
pleurs, principalement ceux dont la vie avait
été sans reproche. Pionius disait en les
voyant : «Je souffre un nouveau supplice;
il me semble qu'on me met en pièces, quand
je vois les perles de l'Eglise foulées aux
pieds des pourceaux, les étoiles du ciel
tirées à terre [)ar la queue du dragon. Je
sens mes entrailles se déchirer lorsque je
jette les yeux sur cette vigne que Dieu avait
pris plaisir lui-même de planter, et que je
la vois ravagée par un atï'reux sanglier, ou
abandonnée à la discrétion des passants
qui la pillent. Mes enfants, ceux-là mê-
mes que jenfantais chaque jour jusqu'à ce
que Jésus-Christ soit formé en eux ; mes
cheis nounissons, élevés avec tant de déli-
catesse dans le sein de l'Eglise leur mère,
se sont engagés dans d«s chemins âpres et
labotçux. Su/,aijue «ni oncorv oppriijjo»; au-
jMurd'Ijui (i.ir les rni'cliarils ; dos vieill.wdji
eoiroiiipus lui t(,'iid<.'nl (Micgry u'i pi«go ; ol
dans l'cspiTance qu'ils oui de pouvoir salis-
l'airo leurs passiutis ciimi'iLdle.s, ils ne çr/ii-
gn<»nt piiiiil doiijellig toute rni^j celte chaslu
et innocnnle beauti- , el de faire lo(fd>er en-
suite sur si tête, pir une lioniblo calouujio,
l'iudi^n ilio'i dii peuple. Aiiiau a juré la pei to
do .M.ii(loci|('(' , il en tnninphe; mais lîstIr.T
en i^éinil, et tout le palais d'.VssiH'iu.s en (.«.si
tronbh''. l-] iliii la persécution , comme ua
(|ualriêun.' Il -an, por!(! partout la désol/ilioii
et l'elfroi. C'est maintenant, liélas ! (jue so
(hkîouvre le sens caché de cette paraboh; de
Jésus-Christ : Les vi(M'ges se sont laissées
surpre idre au sommeil, VA si h; Fils do
l'hoinme venait aujourd'hui sur la terre , en
<iuol lieu Irouveiail-il la foi ? J'entends dire
(le Ions (;()lés : C(! chrétien a trahi cd autre
chcétien; ce lidèle a dénoncé çot putre U-
doliî ; el je vois avec une douleur amère s'ac-
complir colle parole de i'Iivaugihî : Le frère li-
vrera son frère à la mort. iMais quoil parce que
Satan adeinandi'' à nous cribhu-, et paicequo
le Sbigneur a le van (snlre les mains pour
nettoyer son aire, s'imaginera-l-on que tout
le sel de l'Kgliso a perdu .sa pointe et sa sa-
veur, olcju'il n'eslplusbonqu à être foulé aux
pieds? Non, non, la miséricorde de Dieu
subsiste toujours ; elle n'a rien perdu de ses
bontés ordinaires. Ecoutez ce que dil le Sei-
gneur : Ma main ne se lasse point à vaus re-
lever de vos chutes , et mes oreilles ne sont
point fatiguées des cris de ceux qui tombent.
Si Dieu donc ne nous écoute pas toujours,
ce n'est pas qu'il ait pour nous de la dureté,
mais c'est parce ({ue nous l'y contraignons
par nos intidélités : car enfin , que n'avops-
nous pas fait contre lui? Nous l'avons hon-
teusement abandonné, nous avons méprisé
celui de ses commandements qui, pour ainsi
dire, lui tient le [dus au cœur, le grand pré-
cepte de la charité. Les chrétiens se sont
rendus les accusateurs les uns des autres ;
ils se sont trahis tour à tour, et ils se sont
porté mutuellement des c )ups mortels ,
quoique leur pieté et leur justice dût être
bien plus parfaite que la justice et la piété
des scribes et des pharisiens. On m'4 dit
môme que les juifs vous invitaient à aller
dans leurs synagogues : songez que vous ne
sauriez comm*ettre un plus grand péché , et
que c'est là proprement celui qui ne peut
être remis ni dans ce monde-ci, ni dans l'au-
tre ; c'est-à-dire le blasphème contre le Saint-
Esprit. Voulez-vous devenir comme des ci-
toyens de Sodouie, des princes dcGomorrhe?
et voulez-vous tremper avec eux vos mains
dans le sang des saints? Sont-ce les chrétiens
qui ont .répandu celui des prophètes, qui ont
condamné le Sauveur à une mort 1 ruelle?
Avez-vous sit(jt oublié ce que vous avez
vous-mêmes si souvent entendu dire aux
juifs ? Combien de fois, d'une bouche impie,
ont-ils publié que Jésus-Christ était mort
par force comme un autre homme ? Dite^ un
peu quel est l'homme mort par force, de qui
les disciples aient chassé les démons durant,
755
PIO
PIO
738
tant d'nnni^es? Quel est l'homme mort par
force, pour qui ses disciples et tant d'autres
aient souffert volontairement les supplices
et la mort ? Ils ont , outre cela , riinpic'té
d accuser Jésus-f.iu'ist d'avoir eu commerce
avec l'enfer, et d'avoir exercé la ma;j;ie ; ils
disent que ce n'est (|ue par le secours de cet
art détestable qu'il est ressuscité : que doit-
on penser de gens gui parlent ainsi? Ne
peut-on pas les appeler des imfiosteurs et
des scélérats? Je leur ai entendu dire cela
cent fois dans ma jeunesse ; mais rien n'est
plus facile (]ue de les convaincre de men-
songe et d'erreur ; car voici ce qui est écrit
dans les livres sacrés : Saiil, étant aile trou-
ver la pi/lfio))issc , /("' (lit : Fnitrs-moi appa-
raître Ir prophrtr Samuel ; et cette femme vit
un hommr qui sortait de dessous terre, revêtu
d'une robe de lin. Saiil prit ce fantôme pour
Sanniel , et il le consulta touchant les cho-
ses dont il était en peine. Diront-ils que cette
magicieime évoqua en etfet l'Ame du pro-
phète ? S'ils l'avouaient, il fuit qu'ils demeu-
rent en même temps d'accord que le crime
a plus de crédit auprès de Dieu que l'in-
nocence , et qu'il communique plus volon-
tiers son pouvoir aux méchants qu'aux gens
de bien. S'ils nient que cette femme ait eu
ce pouvoir, jiourquoi veulent-ils que Jésus-
Christ soit ressuscité par les efforts de la
magie? Qu'ils confessent donc que leur opi-
nion est ou injurieuse «i Dieu, ou pleine
d'imposture h l'égard de Jésus-Christ. Voici
au reste ce qu'on doit croire touchant celte
question. Qu'on ne s'imagine pas que le
démon de la pythoniss(ï ail [)u tirer du sein
d'Abraham, et du S(''jour paisibh; des limbes,
l'Ame du prophète Samuel. Cet esprit de té-
nèbres n'a jamais eu cette puisj-ance, et il
est contre lordriî el la nature des choses que
le plus faible l'emporte sur le plus fort. Le
prophète ne revit iioiiit alors la lumière ,
ainsi «(ue ([uelipies-uns le croient; mais ([\ie
dire de cftte apparition? Il faut ré[)ondre
que, de même que les bons anges accourent
à la voix des justes (pii les invoquent , de
même les dinnons obéissent aux invocations
sacrilèges des magiciens ; ils se rendent pré-
sents aux devins qui les appelleiil par des
enchantements ; et ces esprits de mensonge,
Ifur inspirant une espèce de fureur prophé-
tique, leur font l'.ronoticer de faux oracles,
c'est ce (jui a fait dire à l'Apôlre : Puisque
Satan même se transforme en anqe de lumi re,
doit-on s'étonner si ses ministres se transfor-
ment en minisires de la yrdrr? C'est aiîisi (]ue
l'anlechrisl voudra un jour se faire connaître
pour Jésus -Christ même, et c'est ainsi
que les démons représentèrent le person-
nage de Samuel devant Said et la pythonisse,
et que, se revêtant de sa ligure, ils tirent pa-
raître un fanlêune ?» liMirs yeux trompés. Ce
(pii suit dans le texte sacré conliruii' adiui-
rabh tuent ce siMilimenl ; car il y est maniué
(lue Samuel dit au roi ; Mans serons aujour-
n hui enannblr / Comment un prince sacrilège
•issaiil aux ordres de Dieu, et aban-
ti'-hiit; au culte des démons , pouvait-il se
prncunirer parmi les prophètes et les pa-
triarches? S'il doit donc passer pour cons-
tant ipie l'ûme de Samuel n'a jamais été ra|>
pelée des enfers, comment peut-on dire que
Jésus-Christ n'est sorti du tombeau que par
la l'orce des enchantements , après que ses
disciples Pont vu monter au ciel . et qu'ils
ont répandu leur sang pour soutenir celte
vérité? Que si tout ce que je viens de dire
ne vous persuade point (conclul Pionius, en
adressant particulièrement la parole à ceux
qui avaient eu la faiblesse de sacrifier) , si
vous n'en êtes point touchés, je consens que
vous vous adce-siez à ceux qui ont rejeté le
culte du vrai Dieu pour celui des idoles ,
et que vous apprenie^c d'eux le chemin de la
perfection. »
Ayant cessé de parler, il leur commanda
de sortir de la prison. Alors Polémon el Théo-
phile, maître de la cavalerie, survinrent avec
des gardes et une grande foule de peuple,
et dirent d'une voix terrible : « Voila Eudé-
mon, votre évêque . qui a sacrifié; obéissez
aussi» Lépide el Eudémon vous interroge-
ront dans le temple. » Pionius répondit :
« Ceux (jui sonl eu prison doivent attendre
la venue du proconsul ; pourquoi voulez-
vous faire sa charge? Après ce refus ils se
retirèrent ; mais ils revinrent avec une plus
grande tiou[)e, el le chef de la cavalerie leur
dit artiticieusement : « Le proconsul nous a
envoyés ici avec ordre de vous amener à
Ephèse. » Pionius dit : « Que celui qui est
chargé de l'ordre vienne, et nous sortons
sans délai. » Le chef de la cavalerie dit :
« Si tu refuses tl'obéir à l'ordre, tu sentiras
mon pouvoir. » Et à l'instant il lui mit une
corde au con, le pressant si fort qu'il pensa
l'étrangler. Il le mit donc entre les mains des
gardes, qui le menèrent à la place avec Sa-
bine el les autres. Ils criaient tous h haute
voix qu'ils étaient chrétiens, el se couchaient
h terre de peur d'entrer dans le temple des
idoles. Mais six soldats enlevèrent Piinius,
qui résistait si fort qu'ils eurent bien de la
peine à le pousser dedans, lui donnant des
coups de piiMls dans les côtés, sans ipi'il s'en
émût ; au conlr>iire . il se rendait plus pe-
sant; ils appelèrent donc du secours, et le
portant avec gr.uidejoie, ils le mirent h terre
devant raulel « omme une victime. Eudémon
V était encore debout après avoir sacrifié.
Lépide. (pii était un juge, dit d'une voix sé-
vère : « Pounpioi ne sacrifiez-vous pas, vous
autres? — Parce (pie nous somm- s chré-
tiens,» répondit Pionius. Lép de ajouta:
« Quel Dieu adorez-vous? » Pionius répoîi-
dit : « Celui (jui a fait le ciel et la terre (>t
toul ce tpi'ils contiennent. » Lépide dit :
« Parles-tu de celui (pii a élé irucilié? —
Celui, dit Pionius, ipie Dieu a envoyé pour
le salut du monde. » Les juges ilisaient en-
tr(> eux , mais en sorte (pie Pionius pouvait
rontendre : « Il faut les (-onfraindre de dire
ce (pie nous voulons. « El Pionius ré[)ondit :
(( Rougissez, adorateurs îles dieux; ayez
(piehpie égard à la justice ; obéissez à vos
lois; (>lles ne vous ordonnent pas de faire
violence ,h ceux (]ui résistent , mais de les
faire mourir. » Alors un nommé Rufin, qui
737
l>IO
MO
7S«
passait |Miiir ('I(m|ii('IiI, «lit : " Cesse, l'ioniiis,
(le cliei'cller la vaine f:,lnire. » l'iMiiiiis i(''|iou-
(lit : « l'isl-ce là ttiii él()i|iiciico? S(((:rale ii'a-
t-il pas él(^ ainsi liaih'^ par les Alliéiiieiis ?
on MO voil pins (pie des lioiniiies iiiipai laits,
lAelu's el pari'ssoiix. A Imi avis donc. So-
ciale, Aristide, AluwaKpie et leilis seinhla-
bies cliorcliaieiil la vaine ^hnre, parce (piils
s'appli(inaient ^ la sa^ossi' et à la vcrln? »
Riili'i 1 ayant oni parler ainsi, se lut ; nii an-
tre, (lui (''lait constiUu'^ en di^nih'' , lui dit
avt'C L(''pi(lo : « Nocrio pas si liant, lUonius.»
Il iH^pondit : » Ne nous laites point de vio-
k'iice ; mais allume/, un l'eu , et nous } ou-
trerons volontiers. Un nomuK' Térencu cria
dans la loule : « Sacliez (puï c'est celui-ci
qui soulicnl U\s autres par ses discours et
par sou aulorili^ et (pii los onipôche do s.i-
crilicr. » Alors on mil sur la h'^le de Pioiiius
dos couronnes (|u"il romoil : ol les pi(^'ccs do-
nu'urèronl devaul raulel.
Un sacrilicaleur ('lail venu avic des hroclics
où (Haiont dos entrailles do victimes encore.
chaudes, comme pour on donner h Pionius;
mais il n'osa les prc'scnter à pas un d'eux,
et so coutonta do los maug(j' lui-m(ime de-
vant tout le uiondo. Ils s'iîcrièront encore :
« Nous sonuues chi étions; » et los |)aioiis,
ne sachant (pie faire, los ramen(>rent en
prison. Le peuple se moquait d'eux et leur
donnait des sout'tlols. Il y en eut un cpii dit
à Sabine : « Ne pouvais-tu pas mourir on ton
pays ? » Elle rt^pondit : « Quel est mon pays ?
Je suis sœur de Pionius. » Térencc, qui avait
soin dos combats des bcHes, dit à Ascl(i[)iado :
« Je te demanderai comme condanmé pour
servir dans les combats des gladiateurs. »
Asclépiade répondit. « Tu ne m'épouvanteras
pas pour cela. » Ils arrivèrent ainsi à la
prison. En y entrant, un dos archers donna
à Pionius un grand coup sur la iùle, et le
blessa. Pionius le soull'rit patiemment; mais
l'archer eut aussitôt la main et le côté si
emllammés, qu'à peine pouvait-il respirer.
Etant entrés, ils louaient Dieu de la force
qu'il leur avait donnée particulièrement con-
tre le perfide Eudémon.
Peu de jours après, le proconsul Quinti-
lien revint à Smyrne selon la coutume, et
étant assis sur son tribunal, il fit amener
Pionius, et lui demanda son nom; il répon-
dit : « Pionus. >; Le proconsul riit : « De quelle
secte es-tu? » Pionius répondit : « De la ca-
tholique.— De quelle catholique?» dit le
proconsul. Pionius répondit : <<. Do l'Eglise
catholique, » Le proconsul dit : « Tu étais
leur docteur? — Je les instruisais, » répon-
dit-il. « Tu leur enseignais la folie? — Non,
la piété. — Quelle piété? — Celle qui regarde
Dieu qui a fait le ciel, la terre et la mer.
— Sacrifie donc, » dit le proconsul. « J'ai
appris, répondit Pionius, à adorer le Dieu
vivant. » Le proconsul dit : « Nous adorons
tous les dieu\, et le ciel et ceux qui y sont.
Pourquoi regardes-tu l'air? Sacritie. » Il ré-
pondit : « Ce n'est pas l'air que je regarde,
mais Dieu qui a fait l'air. » Le proconsul dit :
« Qui l'a fait ? » Pionius répondit : « Il n'est
pas à propos de le dire. » Le proconsul dit :
" Il fini (pie In dises (pi(< c'est Jupiter (pu
est dans le ciel, avec (jui .sont les autres
dieux et toutes les déesses; sncrillc-lui doiu;
h ce idi du (ici cl de tous les diciix. n CoiiiiiK!
Pionius .se lut, 1(1 |irocoiisul li; lit pretidre
pour lui ilituiier la (piestioti; et lorscpi'on
eut ( omiiieiicé à le loiirmeiiler, le pKKonsul
dit :« Saciilie; » il lépoiidil : -( INuiit du tout. »
Lu proconsul dit : « IMusieurs ont .«-acrilié et
ont é\ité les loiiiiiieiits. » Pionius répondit :
« Je iM! sa(iili(! point. » L(! itioconsul dit :
« Sacrilie. » Pionius dit : Non. » Le procon-
sul : <' INiinl du tout ? « Pionius : « Non. n
Le proconsul : « ()u^ Ile piés(jmptiou te fait
courir à la mort? fais ce que l'on l'ordonne. »
Pio lins dit : k Je ikî suis p(jint iirésomptueux,
mais je crains le Dieu (^(Mnel. » Le procon-
sul : « Que dis-tu ? sacrifie. » Pionius : « Vous
voue/ d'ouïr ipie je crains le I)i(!U vivant. »
Le proconsul : « Sacrilie aux dieux. » Pionius :
« J(! lU! nuis. » Le proconsul, le v(»yant si
foi me, (lélib(''ia quelque temps avec son
conseil ; puis, s'adressant h Pionius, il lui
dit : «Persistes-tu dans ta réso'ution? Ne
veux-tu [)as le repentir tôt ou taid? » 11 répon-
dit : « Non. » Le proconsul lui dit encore :
« Tu as la liberté de consulter et de délibérer
plus longtemps. » 11 répondit : « Non. » Le
proconsul : <( Puisque tu cours à la mort, tu
teras brillé vif. » Ensuite il fit lire la sen-
tence, écrite en latin sur une tablette, en ces
termes : « Pionius sacrilège s'étant avoué
chrétien, nous avons jugé qu'il doit être
brûlé vif, [)Our venger les dieux et donner
de la crainte aux hommes. »
Pionius se rendit gaiement et d'un pas ferme
au lieu du combat. Y étant arrivé, il n'atten-
dit pas que l'exécuteur lé lui dît, et se dé-
pouilla lui-même. Alors, pensant à la [)ureté
de son corps, il fut rempli d'une grande joie,
leva les yeux au ciel, et rendit grâces à Dieu,
qui l'avait ainsi conservé [)ur et sans souil-
lure. Il s'étendit sur le bois, et donna ses
pieds et ses mains à clouer. Après qu'il fut
attaché, l'exécuteur lui dit : «Reviens à loi
et change d'avis, et on ôtera les clous. » Il
répondit : « Je les ai bien sentis. » Et après
être demeuré quelque temps pensif, il dit :
» Je me presse, seigneur, pour me relever
plus tôt, » marquant la résurrection par ces
paroles. On l'éleva donc attaché au bois, avec
un nommé Métrodore, de la secte des mar-
cionites. Ils étaient tous deux tournés vers
l'orient, Pionius à droite et Métrodore à
gauche. On entassa tout autour une grande
quantité de bois, et comme Pionius fermait
les yeux, le peuple crut qu'il était mort;
mais il priait en secret, et ayant fini sa
prière, il ouvrit les yeux, regarda le feu d'un
air gai, dit Amen, "et expira par un léger
soupir, en disant : « Seigneur, recevez mon
âme. »
Après que le feu fut éteint, les fidèles qui
étaient présents trouvèrent son corps entier
et comme en pleine santé, les oreilles molles,
les cheveux tenant à la tète, la barbe belle,
tout le visage éclatant. Les chrétiens étaient
confirmés dans la foi; les infidèles se reti-
raient épouvantés, et agités des reproches de
m
IfOr conscience. Ceci se passa sous le pro-
consul Jules ProculoQiiinlilien, sous le troi-
si^aie consulat de l'empereur Dèce, et le
second de Gratus; selon les Romains, le
quatrième des ides de Miirs; selon l'usige
d'Asie, le douze du sixième mois mac(jdo:iieh,
nomm'' Xanl que, h dii heures. »
PÎPEUION ^ saint), marlvr, cueillit la
palme du martyre h AlexaiJrie, avec viiijjt
autres dont les noms ne nous sonl point
parvenus. On ignore l'éfioqie et les circons-
tances de leur martyre. L'E^^lise célèbre
leur mémoire le '1 mars.
PIRt;Z ,'le bienheureux fiRÉGOinF.), prôfre
portUj^ais, fut un des derniers prtHres ca-
tholiques qui restèrent en Abys>inic après
le dé, 'art ou la mort des missi jnnaircs, lors
de la cruelle persécution que Bjsilides, Né-
gous du pays , suscita contre les caiholi-
ques. ,'07. Melca-Chbistos.)
PIROMALLl (Paul), naquit, vers la fin du
xvr siècle, h Siderne, petit bourg de la Ca-
labre. Il prit l'habit de Sainl-Dominiiiue , et
se livra h l'étude des langues orientales,
poussé par son vif désir il'aller évangéliser
les infidèles. Voulant essayer ses for. es et
son courage avant d'aller en Orient , il prê-
cha la parole de Dieu avec succès dins le
royaume de Naples. Dans l' mnée IG2i) , il
fut mandé à Rome par le maître général , et
chargé de diriger l'éducation des novices au
couvent de la Minerve. E 1 1631 , les cardi-
naux de la congrégation de la Propagande
ayant demandé au procureur général de
l'oidre de Saint-Dominique de leur procu-
rer des missionn, lires pour la Grande-Ar-
ménie, notre bienheureux fut propi>sé un
des premiers. Il s'embarcpia j)Our Walte , et
débuta dans sa mission piu* la conversion de
deux uiahomélans de Bub.uie. De Ih il
s'eml)arqua sur un vaisseau de Mai'seille
avec des religieux de son ordre , (pii l'a-
vaient attendu h .Malte, et le -215 janvier l(>3i,
on aborda è Alexandrette , après avoir es-
suyé d< ux violentes tempêtes. Ils partirent
incontinent pour Alep. Ils avaient déjà fait
la moitié du voyage, quand ils lurent assail-
lis et dépouillés par des voleuis arabes. Ils
continuèrent néainnoins leur roule jusqu'à
Alep , où ils trouvèrent des secours auprès
des missionnaires , des consuls de ddfércn-
-les nations (pii s'y Irouv.iieni , et d* (pirl-
ques marchands euro[)éens. Le P. Piromalli
continua alors sa route i>ar la .Mésopotamie,
et travt'isa rKuphrale. il no t.uda pas à e 1-
Irer dans l'Arinénio, resta à Abaraner le
jour dt's Hameaux, el arriva enli 1 à N.ikchi-
van, vdic uu'>lro|Mi|ilai ne, au pied du mont
Araral, (u'i, pendant vingt-deux ans, il devait
avoir tant de Iribulatio.is , mais juissi re-
cuiillir dt's fruits ;ibn 1 ianls. \.r P. Pir;»-
malli ouvrit sa mis."»ion , le jour de PcUiues ,
l»af un sermon cpii fui éroiit«'' avec plai.>ir
|>ar lt!S Arméniens. La vie sainte «îu'il luti-
nait et les nombreux pouvoirs qu'il av^il re-
(;us (lo la cour de Kome, lui < rnnilièrent les
cœurs; bientôt il se maiule^t.i ,111 notable
cha:\|$ement dans tes oiœurs et dans la
croyance d'un grand nombre d'Arméniens ,
m
74fl
qui , ne reconnaissant qu'une senle nature
en Jésus-Chri^l, ajoutaient ?> cette hérésie le
schisme des Grecs. Non-seulement des par-
ticuliers , mais plusieurs peuples hésitaient
encore en voyant leur aich -vèque persister
dans le schisme. Notre saint missionnaire se
rendit anprès de lui ; mais celui-ci , n'osant
conférer sur la religion avec le P. Piromalli,
l'engagea à se rendre auprès de Cyriaque,
patriarche de la Giande-Arménie , qui rési-
dait au monastère d'Echmiat/.in, près Eri-
van. Cyriique , à qui la iéj)utation de notre
missionnaire portait ombrage , le renvoya à
rarihevèque , avec ordre de le charger de
fers et de le mettre au pain et à l'em. C'tte
odieuse mesure fut exécutée. Il fut retenu
caf»lif pendant vingt-deux mois et trois fois
battu de verges. Sa fermeté el son courage
furent si grands dans les mauvais traite-
ments qu'il eut à endurer, que le bourreau
lui-uième, chargé de le tourmenter de tem.is
en temps, fut forcé d'admirer sa douc>*ur.
Ses persécuteurs , touchés aussi de sa rési-
gnation, adoucirent quelque peu les rigueurs
de sa ca[)tivité, d il en protilapour compo-
ser quelques ouvrages.
Sur ces entrefaite>, Urbnin VIII ayant ré-
clamé fortement la délivrance de son minis-
tre, le p.ilriarche d'Arménie rendit la liberté
au P. Piromalli ; il le lit venir au monastère
d'Echmiatzin, l'y traita avec aflabililé, et lui
lit visiter la comnumauté qui se composait
d'environ trois cents religieux. Pendant long-
temps notre saint supplia Cyriaque de lui
accorder la permission d'entrer en confé-
rence av cdes Ihéologiensqu'il clio'sirait lui-
même , mais celui-ci résistait toujours. En-
lin, Dieu vainquit son obstination. Un jour ,
le P. Piromalli , s'étanl jeté h ses pieds , lui
dit : « \'ousou moi sommes dans l'erreur,
puis(|ue notre ofiinion est si ditférente sur
plusieurs dogmes ; je vous supplie de mo
raisseï ex[)li(pier pu.iliqiiement lua croyance;
et si je ne parviens pas h vous prouver que
ma foi est celle que vous a pré. liée saint
(irégoire, je m'offre à eiul rer les plus cruels
supjilices. » Cyriatjue, s.ins consentira la
dem.in.le, lui permit seulement de j>i6c!ier ,
et il assista lui-même à ses prédicalioins.
Après cpielqnes discours qui avaient attiré
SOI admiration, son cœur fut touché. Ce-
pendant , aviuit lie se prononcer publique-
monl, il chargea un de ses religieux qui pas-
sait [>our le plus savant docteur liu pays, de
co féier avec le missiouiiaiie. L'issue ne
fut nullement duileuse : le patriarche, le
docteur et h's autres religieux se tirent ca-
tholiques, et longtemps encore le mo Msièrc
d'Ecliiiiiat/in couserva la foi que le P. Pi-
roinalli y avait in roduite. Dès lors noire
mi>sioiinaire eut la permiss;on de prêcher
dans toute la Grande Arménie. Le patriar-
che lui conlia ^lll^ll•U( lion des enfants et
des jeunes gius qu'on devait en grand nom-
bre dans le monastère d'Echmiatzin , et le
pria aussi de corriger les livres de la secte
qu'il venait de quitter avec ses religieux.
Les raahométans écoulaient le P. Piro-
malli avec autant de plaisir que 1p« Armé-
711 MU
niens ; il niiivM inArnc t\w pliisiours schis-
lli;ili(iU(vs .'iva'il. voulu le Mi.illiiiilrr , des
Tuics le (jr'f<'U(lin"il, en (lis.inl .iiix .ii^ics-
scurs : « Alioz (''conlci' volif iHciluiih'ur, ol
lir riivc/. ims les iusliiiclious (ju'il vriil lijt'ii
vous (In MK»' sur «li'.s cliiisc»; (|un vous dr-
Vricz savoir. » Nr pouv uil siilurt' i\ux be-
soi'is (!'' sa mission, (|ui dcvcnaii lloris-
s«nlr, il t^lioisil d.s cMU'TliisU's panui ses
nioilloiirs (.Mùvcs, cl les cuvoyfl dii dillïTCiils
orttt'>s .'.ver des lusti iiclioiis ('•(•ri'cs. Il ciilia
bicnlAl lui-nu^nic en (léur^it; , où les t'lH;>i-
tins avaitMil nue tnis.sion. lu'.s roligicux l'iu-
vitèrcMl h pr(\-lu'r , cl dans un seul sermon
qu'il tu dans leur ('«i^liso le jcutli sainl , il
«l)olil une nncicMnc supcMslition qui r(\:;nail
dans le pays. Après «voir séjourné (piclipm
U'uips i;«ns la Minj^rélie , il se dirigea vers
In Perse, et fui présenlè au soly , ipii lui
pormil de prêcher dais ses Klals. Il ailail
nrolitcr de celle periiiission si avnnhu^cuso
a la religion , ipiand le pape Urliuin \ lil lui
ordonna de se rendre i\ la cour de l'olog'ic
en qualilé de nonce aposlolique. Lo désir
d'opérer quelques conversions lo lil passer
par Consla:dino|>lo, et il réussit dans son
espoir. Plusieurs comiru^rçanls arméniens qui
s'élaienl fixés dans celle ville pour leurs af-
faires , le prièrtMil de prêcher dans leur
église. 11 se rendit h leurs désirs, ol y prê-
cha pendant quinze jours au milieu d'une
nombreuse assisiatiec. Il re(,ut leur soumis-
sion au siège a[)0Sl()li(pu' , régla les atfaii-es
de leur église, l'I partit pour la Pologne, leur
laissant un de ses compagnons pour travail-
ler h leur instruction.
II y avait un grand nombre d'Arméniens
qui conniicrçaient daiis les Etats de Ladis-
las-Sigi-mond , et y excitaient des troubles
fiar suite de leurs dissensio:is religieuses ,
es uns étant schismaiiques, et les autres ca-
tholiques romains. Le P. Piromalli exerça
son zèle à eetlo occasion , piincipaknuent à
Luvou , Lembuurg ou Léopold , capitale de
la Kussie-Hougc , et où les troubles étaient
plus gi'auds que partout ailleurs. Noire saint
missionnaire ramena tous ces Arméniens
dans le giron de l'Eglise , au grand plaisir
du roi de Pologne, donl ces dissensions trou-
blaient les Etats. Les cardinaux de la Pro-
pagande , prolitant des bonnes dispositions
du prince à l'égard du nonce, engagèieat
celui-ci <i demander à Sigismond la j)errais-
sion d'établir à Léopold un nouveau collège
de douze jeunes Arméniens, qui, au sortir de
là, instruiraient et convertiraient leurs com-
patriotes. Dans l'aimée 1638, le P. Piromalli
partit pour l'Ilalie , afni d'y rendre compte
de sa mission en Arménie et en Pologne.
Ayant été pris en mer par des pirates mu-
sulmans , il fut conduit à Tunis et réduit
au plus dur esclavage. Sa rançon ayant été
acquittée par le maître général, il arriva en-
fin à Rome, où il reçut les louanges que ses
nombreux services méritaient. Bientôt, muni
de nouvelles instructions et de plusieurs let-
tres pour le patriarche et les évoques d'Ar-
ménie, il quitta une seconde fois l'Italie. Sur
les vives instances du roi de Pologne, il
Via
741
pissn par sch lîlnts , et n'arriva on Arniénu;
que dans l'année KiV'i.
I rei e ans après sorj retour en Arménie
(irili.ij , il fui élevrt au sjé^o de Nakchivan.
Malgré sa iiouvelli- dignité, il ne (tes.sa [)i\h
de se livrtn' aux unies Iravaiix de l'apOslO-
l«l ; (piauil il ne prèclwiit pns , il écrivai"! on
disputait. Il lit des ouvrages de lliérdogie et
de co'iiioveixe , (!m rédigea d'aulre.s prujr fa-
ciliter aux missionnaires le moyen d afiprcn-
dre la langiM" du pays. Lorsqiu' son grarid
Age l'empèclia de se livrer aux soins (pje né-
cessitait son nombrinjx troiqx'nu, il (il agréor
sa démission au pa. e Alexandre; A'II, (jui Ift
cliar.^ea alors du soiri dt; l'Eglise de ik'ssi-
gnano on Calabre; il en prit possession le 15
déceiiibre KiGV , et mourut quelques onnéefe
après, K' 2H déc(nubre IGGT.
PISE, Pisa el/'t.srt,'en latin, Pisa en italien,
ville d'Italie, dans h; grand duché de Tos-
cane. Durant la persécution de Néron, saint
Paulin, évé(pie do Lucques, saint Torpèto,
saint Romain, évèipie de Népi, saint Ptolé-
nié', y furent martyrisés.
PISTIS (saint), ou sainte Foi, fdlc de sainte
So[)hi(^ et sœur de sainte El|)is ou Espérance,
et de sainte Aga|té, ou Charité, fut martyri-
sée à Rome sous l'iimjjire d'Adrien, avecse"s
d(Mi.\ sœiu's, et trois jours avant sa raère.
L'Eglise fait sa fête le 1'" aoilt.
PISTOIE, ville do Toscane, a été illustrée
par les souffrances qu'y endura le saint prê-
tre l'élix, confesseur.
PIZARRE (le bienheureux Jean), de l'or-
dre de Saint-François, après avoir :pr6ché la
foi dans le Yutacan, et à Costa-Rica, fut
nommé gardien du couvent de Turialva
dans la province de Saint-Georges. Les in-
digènes s'étant enivrés et voulant détruire
le couvent, y entrèrent de vive force, et ayant
trouvé Pizarre priant dans sa cellule, ils le
traînèrent par toute la ville, à l'aide de la
corde qui lui servait de ceinture, et le frap-
pèrent violemment à coups de bàlon. Comme
il respirait encore, ils l'appuyèrent demi-
uiort contre le tronc d'un arbre et le massa-
crèrent ; ensuite de quoi ils mirent le feu à
l'église, et s'emparèrent des vases sacrés,
qu'ils profanèrent.
PLACIDE (saint), martyr, fils du patrice
Terlullus, fut contîé à l'âge de sept ans à
saint Benoit qui vivait alors à Sublac et dont
la réputation de sainteté s'était répandue ail
loin. Saint Grégoire raconte que le jeune
Placide étant allé un jour puiser de l'eau
dans le lac de Sublac, s'y laissa tomber.
Saint Benoit, renfi-rmé dans le monastère,
connut aussitôt cet accident. Il appelle Maur,
fils d'Equice, et qui, comme nolresaint, avait
été confié à ses leçons célèbres, et lui dit :
« Courez vite, mon frère; l'enfant est tombé
dans l'eau. «Maur lui demande sa béné-
diction et s'empresse d'obéir. II marche
sur l'eau jusqu'à l'endroif où était Placide,
puis, le prenant par les cheveux, il revient
au bord du lac. Ce ne fut qu'alors qu'il s'a-
perçut qu'il avait marché sur l'eau. Saint
Benoît attribua le miracle à l'obéissance de
son disciple, mais le disciple l'attribiia à U
743
PLA
PLI
744
bën(5i1irtinn de son bionheurcux maître.
PlaciJt" tit^'iila la dispute, en disant : « Lors-
que j'ai éié lire do l'eau, j'ai vu sur ma tôte
1,1 mrlotte de l'ahbc^ et lui-même qui me se-
courait. » On appelait mtloUe une peau de
brebis que les moines avaient coutume de
porter sur leurs épaules-. Depuis ce miracle,
notre jeune saint fusait chaiiue jour de nou-
veaux progrès dans la vertu, et saint Benoît,
son maître, lui garda toujours une tendresse
particulière. Placide, i\^6 d'environ vingt-six
ans, fui fait abbé d'un monastère fondé en
Sicile par saint Benoît, en l'année 5il, sur
des terres que Tertullus, i)ère de notre saint,
avait données à son maître en récompense
de ses bonnes leçons de vertu. Il établit une
règle fort stricte parmi ses moines, et s'y
livra h des morliiications extraordinaires.
Une flotte de pirates païens ayant abordé en
Sicile, ces barbares qui, haïssaient les chré-
tiens et surtout les moines, massacrèrent le
saint abbé avec ses religieux, et mirent le
feu au monastère vers l'an 5V6.
PLACIDE, gouverneur ou préfet de la
ville de Terni, sous Claude II le Gothique,
fit arrêter saint Valenlin, évèque, comme
chrétien, et après l'avoirfait meurtrir à coups
de bAtoti, le fit décapiter.
PLACIDE (saint), martyr, eut le bonheur
de cueillir la palme du martyre, avec les
saints Anastase, prêtre, Genès, et d'autres
compagnons. (\nQ le Martyrologe ne nomme
point. L'Eglise honore la mémoire de ces
martyrs le 11 octobre.
PLATON (saint) , naquit vers l'an 735, à
Constantinofile , de Sergius et d'Eu|)hémie,
qui étaient nobles et riches II perdit ses
parents dans une peste qui désola Constan-
tinople en 7iG; mais il fut élevé par un de
ses oncles qui était trésorier de l'empereur.
Dès lors il menait une vie régulière et chré-
tienne, et tout le monde l'estimait pour sa
piété. Enfin , ayant vendu tous ses biens,
dont il distribua la plus grande partie aux
pauvres, il se relira dans le monastère des
b_ymboles, au mont Olympe en Bilhynio,
sous la conduite de l'abbé Théoctiste. Il se
livra alors à la pratique des |)lus grandes
austérités, s'exerçait à l'obéissance et au
travail dos mains. Théoctiste étant mort,
; notre saint fut élu abbé des S.vmboles on
r70; il avait alors soixante-dix ans. Sa nour-
ritiu-e était du pain , des fèves , des herbes
sans huile , excepté les jours (pi'il mangeait
avec la communauté, savoir : les dimanches
et les fêtes. Il ne buvait rpie de l'eau , en-
core rnreuuMit , et passait (iiu'hpu^l'ois jus-
qu'à dix jours sans boire, il faisait dans la
prière do fré(]ut'ntes génuflovions; il ti-avail-
lail assidi^ment, et c'était une de t«os princi-
pales vertus, en sorte qu'il laissa h ses mo-
nastères un très-^rand nombre de livres
écrits de sa main, parliculicicmcnt les ex traits
des Pères.
11 fit un voyage .i C(>iKstantino|)lr dont il
tira un Irès-grand fruit. Il rémut des familles
divisées , abolit les jurements , procura de
grandes aumônes et fil beaucmip de conver-
sious. On le supplia de prendre le gouver-
nement d'un monastère à Constantinople; ;1
le refusa , ainsi que l'évêché de Nicomédie,
et il retourna h sa solitude. L'impératrice
Irène ayant rendu la liberté d'embrasser la
vie monastique , toute la famille de notre
saint se retira du monde et fonda un mo-
nastère dont Platon fut fait abbé en 782. Il
assista au second concile de Nicée en qualité
d'hégumène et d'archimandrite de Saccu-
dion. Biont(M après , étant tombé fortement
malade, ri se déchargea des soins qu'exigeait
le gouvernement du monastère sur son ne-
veu Théodore. Nous le voyons plus lard,
^gé de soixante-dix-neuf ans , n'ayant plus
la force de satisfaire sans le secours d'autrui
à aucun des besoins du corps. Il état tantôt
couché sur un lit, tantôt assis, récitant des
psaumes et consolant les frères qui le voyaient
mourir. Il tomba malade pendant le carême
de rahné<'81.3. Le p.itriarche Nicéphore vint
le visiter, accompagné de tout son clergé.
Ayant la poitrine oppressée, il remuait en-
core les lèvres et chantait un cantique de la
résurrection quand il rendit sa belle âme à
Dieu. Le p.•^tnarche fit ses funérailles avec
un grand luminaire et quantité de parfums.
A peine put-on mettre son corps dans la sé-
pulture, tant était grande la foule du peuple
qui voulait le voir encore une fuis. L'Eglise
fait sa sainte mémoire le 4 avril.
PLATON (saint) , reçut le martyre à An-
cyre en Galatie, par Tordre du lieutenant
Agripjtin. Il fut rudement fouetté , déchiré
avec des ongles de fer, et souffrit pluMCurs
autres tourments encore plus cruels. Enfin,
ayant eu la tôte tranchée , il se réunit h son
Créate.ir. Ses miiacles en faveur dos captifs
sont attestés par les Actes du second concile
de .Nicée.
PLATONIDE (saint) , souffrit le martyre
pour Jé>us-Christ à ,\scalon. Deux autres
saints, dont malheureusement nous ignorons
les noms , furent les compagnons de son
combat. L'Eglise fait collectivement leur
fêle le G avril.
PLAUTE ^saint), fut martyrisé en Thrace
avec les saints Eutyche et Héraclée. Les
Actes des martyrs ne nous disent point à
quelle époque et dans quelles circonstances
ces saints remportèrent la | aime. L'Eghse
vénère leur mémoire le 2y septembre.
PLÉSIUS, l'un des trente-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur sang pour la
foi en Egypte, et des(piels Kuinarl a laissé
les Actes authentiques. Voy. Martyrs (les
tro Il0-Sept) ÉC.YPTIENS.
PLINE LE JEUNE (f. Cofcilius Pllttius
Sfrondus), natif de Come, reçut les leçons de
Quinlilien, devint avo -al célèbre et écrivain
éiuinent. Consul sous Trajan, l'aTi lOl), il fut,
peu de temps après, nommé gouverneur do
Bylhinic. Ce fui de \h (]u'il écrivit à Trajan
sa fameuse lettre à propos des chrétiens.
Nous la diuuions loul entière ici pour pou-
voir la juger en parfaite connaissance de
cause.
Lettre de J'Iinr à Tmjan.
« C'est ma pratique constante, seigneur,
74K PU
do vous consiiltor sur lotis mes doiilcs;
car (|iii |triit iiiiiuix i|ii<> vniis, mi rrsou-
(\\'o mes tlilliciiUi's , un mi|ijiIi'it aii dr-
r.'Hil (1(1 \\u)s liiini(>n'S? Jo n'ai jamais c^lt') «p-
|M>I('> à riiistnii'lioii ni au iii;j;cni(-iil d'aiiciiii
iiroct^s pour cause de cluisliauisuic, cl ainsi
j'i^iior(3 co ((ni uu^'itc (['(Mi-c puni en ce
tj;(>ni(', cl jii^(pr(>ù l'on dnii |ini'lei' sdit la li-
i^iMMU" de la p(Mne, S(Ul revaclilude des re-
clionîlios. Je n'ai donc pas eli> peu cnd)ar-
rassi'^ h nu> d(''cider sur Itien des cliefs : s'il
Convienl. de l'aire inu' dilli-rencc outre les
Ajçes, ou si (unix (h^ l'Aide le plus tendre doi-
vcid ('^Ire IraiU'vs connue les peiscuiues (N'jà
t'oruu''cs; si \o re[(cnlu' peut. uH'iiler \i' par-
don, ou si (luicoiupio a ùh'i (dn-élicMi ne ga-
};nc rien ^ cesscM' de r(Mre; si c'est le. nom
seul (pi'il l'anl punir , (|^uand mùmo nul
crimo ne vitMidrail à sa sudo, ou les crimes
(pii accom|>aL;n(>nl le nom. A'oici laconduile
(pu>j'.»i lonu(> I) U' provision à l'égard de cenv
quo l'on m'a ucH'i^rés (;onuuo chr(!'liens. Sur
l(Mir aveu, j(> l(Mn- ai r(''il('M'('' une s(>c()nde et
une li'oisi(>me fois la nuMue (pu'slion, en les
nuMKK^ant de la mort. Quand ils ont persisté,
je les ai envo.v('s au supplice : car, sans exa-
unnor si cl* (ju'ils avouaient était ciiuuMf^', jo
n'ai poi'U doute (|u'au moins leur opiniAlrcté
et leur obslination iidlexihle no mérilass nt
putiilion. l'aruii ceux qà onl poussé la fré-
nésie jus;|u'i\ cot excès, il s'est trouvé (juel-
quos citoyens romains, que j'ai sé|)arés des
autres pour les envoyer à Rome. L'attention
à suivre cette nature d'alfaires en a mulli-
})lié le nombre, connue il arrive ordinaire-
ment, et m'a présenté do nouvelles espèces
à décider. On m'a donné un mémoire
anonyme contenant une grande liste de
noms; mais ceux qui m'étaient ainsi déférés
ont nié qu'ils fussent ou qu'ils eussent ja-
mais été chrétiens. Et en etfet, ils ont répété
après moi les formules des prières (jue nous
adressons à nos dieux : ils ont otfert de l'eu-
cens et du vin à votre image, (]ue j'avais
fait apporter exprès avec les statues des di-
vinités; enlinUs ont maudit celui qu'ils ap-
pellent Christ.
« Sur ces preuves, j'ai cru devoir les dé-
charger de l'accusation : car on assure que
l'on ne peut forcer à rien de semblable ceux
qui sont vraiment chrétiens. 11 s'en est
trouvé d'autres qui ont d'abord avoué qu'ils
étaient chrétiens, et ensuite l'ont nié; d'au-
tres encore, qui ont reconnu l'avoir été au-
trefois, mais qui ont déclaré ne l'être plus,
depuis trois ans, depuis un plus long espace,
quelques-uns depuis vingt ans. Tous ont
ador(!' voire image et les statues des dieux;
tous ont consenti à maudire Christ. Au
reste, ils protestaient que tout leur tort et
leur erreur n'avaient consisté qu'en ce qu'ils
s'assemblaient en un jour marqué avant le
lever du soleil, et là adoraient Christ comme
Dieu, chantaient des hymnes en son hon-
neur, et s'engageaient par serment, non à
aucun crime, mais h ne comm dtrc ni vols,
ni viole'ices,ni adultères; à ne jamais man-
âuer à la foi promise, à ne point retenir les
épôts qui leur auraient été confiés. Après
Dictions, pks Pkrskcutigns. H.
'Il
7it5
• pioi ils se retiniionl et se rnissombinif'nt ««n-
siule de nouvi-au pour preiidro eiis<'niMn
lUie nourriliMc conuuune il Minocenle. Ils
ajoulaieiii ipids »'('taienl inAme hI)s|(5|ius do
ces pralnpus (|e|iiiis |,i publication de r(''dil
par leipiel, ( (ildunueiiUMil a Vos ordres, j'jii
d fendu les assemblées. Pour nrnssiiror
pleiiieiiienl du l'ail, j'ai (»rdo'uii- ipn- l'on ap-
pliquAl à la (pieslion deux fciiimes esclaves;
et je n'ai découvert (rauti(! crinn; (iii'une su-
pers! ilion pleine d(! travers et de l(di('s.
« l*ar (;(!s considi'rations, j'ai siisperidu
mes recherch(!S, et j'ai pris Icî parti de vous
consulter, d'autant plus (pie le rKjmbre de
C(!ux (pii s(^ trouv(înt en danger h cette occa-
sion est très-grand, et embrasse des p(.'r-
sonnes de tout Age, de tout sexe, de toute
condition : car non-s(;uleiuent les villes, mais
les bourgades (!t les caïujtagnes sont infec-
tées de la contagion de cette supeislition.
Le mal n'est pourtant j)as sans i'einèd(j :
(léjji je vois les lemj)les, (pii étaient deve-
ims prescpio déserts, se rep(!upler; les sacri-
lices solennels longtemps intei rompus, le-
preiube leur célébrité. Il n(ï se trouvait plus
d'acheteurs pour les victimes ; aujoui dhui
il s'en vend beaucoup. De là il est aisé de
conclure (luelle nmllilude de persoinies on
peut ramener, si on leur ouvre la porte du
repentir. »
Cette lettre est un bien précieux docu-
ment. Elle est écrite par un des hommes les
j)lus éminents de son siècle. Certes, quoi
qu'en aient dit la plupart d"s auteurs qui
depuis en ont parlé, Pline, dans cette letbe,
est loin, comme nous allons le voir, de sui-
vre les voies de la sagesse et de la justice;
mais sa lettre renferme un é.oge raagnitique
des chrétiens. Elle constate qu'on ne peut
pas forcer à l'apostasie ceux qui sont vrai-
ment chrétiens. Elle reconnaît que les chré-
tiens font consister leur doctrine dans l'ado-
ration de Dieu, dans le serment qu'ils font,
{.hue commettre ni vols, ni violences, ni adul-
trres, de ne jamais manquer à la foi promise,
de ne point retenir les dépôts qui leur au-
raient été confiés. Elle constate que la reli-
gion chrétienne est déjà universellement
répandue. Non-seulement les villes, dit Pline,
mais îes bourgades et les campagnes sont in-
fectées de la contagion de cette superstition.
Comme nous le disons plus haut, beaucoup
d'auteurs, même de ceux ciui sont le plus
versés dans l'étude des choses saintes, o il
dii que Pline avait fait dans cette let re
preuve de justice et de modération. Ils ont
vu dans cet écrit presque une défense, un
panégyrique des chrétiens.
Non, Pline n'a rien examiné, rien pesé,
rien .apprécié comme un sage, comme un
philosophe aurait dû le faire, Connait-il la
doctrine des chrétie :s? Aucunement. £st-iJ
allé au fond des dogmes de celte religion
nouvelle qui envahit le monde? Il ne la con-
naît que par des rumeurs vagues, que par
les bruits populaires. Fait-il acte dexaiuen
sérieux? Non, il fait un acte politique. A
cette raison d'Etat qui est la suprema lex dq
•1\
74Ï rr.i) rot. 748
pros(|UP tous les gouvornanfs, il sacrifie la du supnlice. L'Egliso honore sa lin^moire,
rai<io'i. IV(|iiH''. la s<ig»^sse. nver relie do ses coiupngnons, lo 28 juin.
Kst-il possible (récrire nnc |»lu'ase comme Les plus cclèbres d'entre ces derniers furent
relle-ci : Je nf sais pas si c'est le nom .seul saint Sérénus, Héraclide, Hiéron, un autre
t/u il faut piniir, qnnnil mt'mr nul crime ne St'rénus, une jeune fille nommée Héraide.
rieniirnit àsa suite, on 1rs crimes qui nccoin- POlîE (Sainl), évèque et cunl'esscur, souf-
pnqnent le nom? Connnent? un s.ige, un phi- frit h Florence pour la religion chrétienne.
l(»sopli»> ,1 pu écrire de pareilles lignt's? Ah ! Les d^'lails nous manqucit complètement
sans doute, puisiju'il ignore ce cpiil faut pu- sur lui. L'lvj,liso fait sa fête le 28 mai.
nir, puisqu'il ne sait pas ([ue.le conduite te- POLÉ.VION, firétre des idoles, 1 1 magistrat
nir, il attendra pour aiçir la réponse derem- à Sn)»rne. Ce fut lui (|ui, durant la persécu-
pert'ur. tion de rempereur Dèce, fut un des plus ar-
Non, il va agir par provision contre iCS dents persécuteurs. Il lit à la fois contre les
chrétiens; c'est rex|>ressio'i dont il se sert, ma tyrs l'onice d'ar<'her et de magistrat.
Et (|ue fail-il par provision, cet homme ((ui (Loy. les Actes de >ainl Pione. 11 tourmenta
demande conseil, (jui ne sait pas coiumeat avec férocité saint Pione, s .int Astlépiade et
agir, ([ui ne sait pas si les chrcliens sont sainte Sabine. 11 fut cause de l'atijuratinii
coupables? 11 envoie au supplice ceux qui d'un grand nombre de chrétiens, et notara-
persislent à avouer qu'ils sont chrétiens, ne ment d'Eudémon, évoque de Sinjrne. Son
doutant pas que leur obstination ne méritât nom est devenu tristement célèbre dans les
punition. Quoi ! la mort, (piand vous doutez ? fast s de l'Eglise persécutée.
Vous attendez que l'empereur vous réponde, POLLION (saint), martyr à Cibale en
et vous décidez la question vous-même? Et Pannonie, mourut pour la foi chrétienne er»
vous la décil-z en envoyant au supplice y>ar l'an ..e Jésus-Christ 3 >V. Nous prenons ses
provision? Si ce n'était qu'dlogique, au Actes authentiques dans Ruinarf. Les voici
moins; mais c'est atroce. en entier:
Nous verrons ;> l'article Tr.\.îa>- (pie la ré- « Les empereurs Diodéticn et Maximien,
ponse que le grand em[)ereur lit à PI ne ayant résolu de renverser et d'abohr la reli-
n'était ni plus juste, ni plus logique que la gion chrétienne, l'attaquèrent tout k In fois
lettre de son délégué. (Vo//. Trajan.) par la force et jiar l'artifice. La force faisait
Nous ignorons les noms des saints niar- des martyrs, et l'artifice des apostats; et l'un
tyrs qui souffrirent en Bithynie. Il est cer- et l'autre, en diminuant le nombre des chré-
tain qu'ils furent nombreux ; la lettre de tiens, semblaient promettre bicnl('it la ruine
Pline le prouve. Cependant, après la t*éponse entière du christianisme. Probus, gouver-
«pie fit Trajan, dans ia(juelle il disait de ne neur de Pannonie, reçut à Sirmium, où il
pas rechercher les chrétiens, de se borner h filisait sa résidence ordinaire, loi'dre des
j)unir ceux qui d'eux-mêmes pro'laraeraient empereurs. 11 portait (pi'on persécufAt les
ai)par(enir à la religion chrétienne, il est chrétiens ^ toute outrance. Le gouverneur
certain que la persécution devint beaucoup crut (pi'il fallait conunencer par le clergé. 11
plus moilérée. lit d'abord massacrer Mo*iian, prêtre de lE-
II est fâcheux de voirie nom de Pline au glise de Syngidon (aujourd'hui Sigetinez).
nombre des persécuteurs de l'Eglise. Sm-- Il lit aussi mourir irénée. évê(pie de Sir-
tone et Tacite avai(>nl approuvé la persécu- ndum, après lui avoir fait endurer divers
lion cle Néron; Pline était l'instrument de tourments. Mais comme cette ville, capitale
ceHe de Trajan. Il fallait ce miracle à l'éta- de la Pannonie, ne lui paraissait pas un
blissement du ( hrislianisme, au Clirisl con- théâtre assez vaste pour déployer toute sa
quérantle monde: des pêcheurs sans inslruc- cruauté; il se mit ^ parcourir les autres vil-
tion pour apijlres, pour a Iversaires toutes les de son gouvernement, dans respéranc(>
les sommités scientiliqiies du monde. d'y t ouver de (j loi la satisfaire |)lus ample-
On ne s'accorde pas sur la date précise de me»U. Par un ordre de la Providence, lejour
la morl de Pline. même ipi'il arriva h la ville de«; Cibali>tes,
PLLTAIUJL'E [saint), l'un des disciples (ou Cibale), patrie de l'empereur Valent!-
formés par Origènc, dans la célèbre école nien, et qui venait de donner au ciel Tévê-
(|u'i! avait ouverte à .\le\andrie, en 20.'l, un que l-'usèbe, eiufiorfé par la dernière persé-
an a[irês la mort de son pèr(> s.unt Léonitle. ciition. on avait arrête Pollio), le i>remier
Saint Plutarque, (pii était uu desjiremiers des lecteurs de cette église, recommandablo
par une foi vive et ardente, (font il avait déjà
saint riuiarque, (pu eiaii uu ues iiremiers
. d'entre les citoyens d'Alexandrie, lut arrêté
^ avec beaucoup d'autres chrétiens. L'iiistOire
ip d'autres chrétiens. Liiisto.re donné des marques. On le présenta au gou-
ne dit pas précisément h (pielle époque. On rerneur comme il descendait de chariot; on
sait que celte pnrsiMnl ion dura d(>puis l'an- ne maixpia [vis d'abord de le prévenir contre
n(''e 2()*i jusqu'en 211. Quand saint Plular- cej(Miiie homme, et on lui lit entendre (pie
que fut dans la prison? Origène allait l'y c'était un chrétien de^s plus impies de toute
exhorter. Ce zèl" pour son disciple t';iillit de- la secte, d'une fierté insupportable, et (pii
ve lir fatal au maître; car la famille de >ainl n'avait de resp(>ct ni pour les dieux ni pour
IMiitanpie, qui était païenne, attribuait ?i les empereurs, parlant sans cesse des uns
Ori^èee \i) malheur (lui venait la frapptn-. Il et des autres en des Irrmes injurieux et of-
esl très-probable, (1 après les expresMons fensants.
desquelles se sert Eusèbe , que saint Plu- « Pr bus lui demanda son nom. Je m'ap-
tanpic fut décapité. Origine le suivit au lieu i>elle Pollion, répondit-il. — Probus : Vous
740 l'Ol, l'OL -.'.0
(Mrs (ilirrlicnV l'ullioii ; <>m, jf Ir suis. — nioiin'iil pciivcnl-ils Mit coinimrt'îs h <ltr<(
IMoImis : l)(' (|iiilli' prol'i'ssidii <Hu.s-V(M1s? Iiiciis (|iti m- possiMil jaiii/ii.s? Kt ohI-co <^lnj
l'ollioii : Jii suis IcclidCdcs Irrtoiii's. l'i'O- so;-;!', (iiic de |ii ('IV-icr lin hoiiliciir fijr/ilf h
luis: Dr (|ni'ls Icriciiis? INillioii : De ccilX ii'io IV'licili' |mi iii.iiiciilc'.' I'ii)Imis:A ipioi
(|iii liscMi au priijilc riùrUiiic siiiiilo. — «Imutil loiil nia? Il en l/mt t-iilin venir h
l'idhiis :(MiniI (lo CCS |,|ti;ilii|iiis (|ui nu l'cxcciilio') de l'cdil. INiIMo'm : (,Mi(! |«illc-
clicrchciil (|ii';i siii|»ici dit' rcs|iiil IjuIiIc ni l il cri ('•d;t? ridhu . : Oiic Vdiis sacrilif-
lt\f!;cr de (|ucl<|iic lillr, cl lui |»eisiiadcr, s'ils rc/. .'iiix dieux. — l'ollioii : Vous lere/, ce
lnMiveiil, de n.irdci- une cIkisIcIi' |Hr|)éiiiclle, (|ii'il Vdiis |il.'iira. mais moi je no s.Miilieiai
.sdiis |«i(''le\le d'une |)!us Ii;itile pci Iccliou ? |tiMUl,car il est l'Ciil : (icjui ijui -iiinlicra
— IVdIioti : Il ne liciidia (lu'.i vous d'éiirou- au\ ih-moiis, et non h Dieu, sera exleiininé.
ver aujouiiriuii i|mcIIc cn| iiolit> lé,j,èr. lé et — Piolius : Mli liieii ! il tant di ne voii> ré-
iiuliT iadilessc. l'iolms ; (lommnd cela? soiidre h |ierdi-e la vie. — l'ollion : J'y suis
— Pollioii : C'ost (juo ceux (|ui parmi nous tout résolu : laites co (jui vous nsi onjonni^.
sont Oiddes, vains el légers, anandoniicul Je dois suivie oi cela l'exemple de tinldo
aiseuieiil le (li'éaleui- pour les idoles; mais s liuls évé«pies, dtî jtriMres, el d'autres saints
roux cpii oui un {j;rand Tonds île rolit^ion iiiini.<li-es de TK^Iise, ronirnc je suis jour
dans le c(eur cl de rei'MKMc' dans r.'^me, ceux- doctrine el leurs ensftignenients. Prohiis le
l.^, dis-je, demeuroid l'oiieinenl attachés à la condamna à être Ijirdé' ; ce (|ui lut exécuté
loi du roi él(>rnel, cl accornplissont lidùle- aussitôt h un mille de la ville. »
ment s(\s connnandemenls, les mêmes (pie l'OLLION, proconsul ou gouverneur do
nous lisons au peuple, sans «pie les tour- Pampli^lie, résidai! à Perge sous le I■è^'le de
nients [missent ébranler leur constance. — l'emjiereur Dèce, en l'année 250. Cofut le 27
l'rohus : De (|uels commandemenls parle/- l'é'vrier de celte année que (■(^' juocomsuI [iro-
vous, et de quel roi? — Poliion : J(^ |)arle noiiça la sentence (pii condaiiiua àmori saint
des préceptes du roi Jésus-Christ. — Pro- Nestor, évè(iue de Side. Le saint évôcpie fut
bus : One iliseni ces préce[it('s, cl à cpioi mis en croix. Il avait élé amené de Side par
obligent-ils?— Poliion: Ils obligent à n'a- l'irénaripie de celle ville, devant le({iiel il
dorer qu'un seul Dieu, qui est celui qui l'ait avait d'abord comparu. Il fit mourir h Ma-
lOMuer dans le ciel; ils avertissent (]ue du gyde, de la façon la pluscruelle, saint Conon,
bois et dos pierres ne sauraienl être des jardinier, en lui faisant enfoncer des clous,
dieux; ils corrigent les mœurs; ils donnent dans li}s pieds,'et eu le forçant à courir de-
des moyens pour éviter le péché, ils forli- vaut son char, jusqu'à ce qu'il toinbAt
lient les justes dans la vertu, ils enseignent d'épuisement et de douleur. Il fit aussi mou-
aux vierges en quoi consiste la perfection de rir saint Papias, saint Diodore et saint Clau-
leur état, et aux personnes mariées à vivre dien, sous le règne de l'empereur Dèce , el
chastemeîit dans l'usage du mariage. Ils [lor- i)eul-ètre même avant saint Nestor. Plu-
tent les maîtres h trailer leurs esclaves avec sieurs auteurs partagent cette opinion,
douceur, en leur mettant devant les yeux POLYANE (saint), évoque et qualifié inar-
(pie tous les* hommes sont égaux dans leur tyr au Martyrologe romain, à la date du 10
origine, et n'ont tous qu'un même père; et septembre jour auquel l'Eglise célèbre sa
ils engagent les esclaves à servir leurs mai- fête, était l'un des neuf évoques enfermés
très [)lus par amour que par crainte; ils or- dans les mines, et à qui saint Cypricn écrivit
donnent aux sujets d'obéir aux puissances sa 76' lettre. Il avait été déporté iniiiiédiate-
uans les choses justes et raisonnables; en un ment, après sa première confession, aussitôt
mot, ils renferment toutes ces grandes maxi- après avoir été crue'lement frappé à coups
mes : honorer ses père et mère, servir ses ' de bâton. Cet évoque avait assisté au grand
amis, pardonner à ses ennemis, aimer ses concile de Cartilage. (To?/. Némésien.)
concitoyens, exercer l'hospitalité envers les POLYCAUPE (saint), évêque de Smyrne ,
étrangers, assister les pauvres, avoir de la disciple de saint Jean l'Evangéliste , prenait
charité pour tous h s hommes, ne faire de soin de toutes les Eglises d'Asie. Il se con-
mal à personne, soutfrir patienunent l'injus- vertil au christianisme environ l'an 80, sous
lice, n'avoir aucune attache an bien qu'on le règne de Titus. Il eut le bonheur de con-
possède, ne pas même désirer celui d'aulrui; verser avec beaucoup de personnes qui
croire enlin qu'une immortalité bienheu- avaient vu le Sauveur. 11 fut fait évêque do
reuse attend celui qui a assez de courage Smyrne par saint Jean l'Evangéliste. Saint
pour raé[)riser la mort que vous pouvez don- Ignace ayant élé condamné par Trajan à être
ner. Voila quels sont ces préceptes que vous conduit à Rome, pour y être dévoi '^ par les
vouliez savoir; maintenant que vous en êtes bêtes, passa à Smyrne et vint voir saint Poly-
iustruit, vous pouvez ou les rejeter, ou les carpe, qui baisa respectueusement ses chai-
suivre. nés. Le respect des fidèles pour saint Polv-
« Probus : De quelle félicité peut jouir un carpe élait extrême. Ve.s l'an 158 , il fit iin
homme qui est privé de la lumière et de tous voyagea Rome pour s'y concerter avec le
les biens de la vie? — Pcllion : De quelle papcAnicet, sur la ditrërente pratiq le des
félicité? il n'y a point de comparaison à faire églises touchait la célébraiion de la iête de
entre ce jour éternel qui luit aux bienheu- Pâques. Nous savons peu de chose de sa vie :
reux, et cette faible lueur qui éclaire ici-bas ses écrits sont perdus.
Icj hommes. Sont-ce des biens, que ceux de « La sixième année du règne de l'empe-
la vie présente? Des biens qui passent en un reur Maie-Aurèle, une violente persécutioa
.1
rot.
l'oL
7o2
séliuil .illiiiiK-o ou Asit\ lo peuple, ({ni vonait
de vu r mourir (iorinatiiciis et ses roiiipa-
gMoiis avec un grand courage, se mil h crier :
c. (>ir<)ii rlitMclic Polycarpe ! » Le proconsul
Quadralus donna l'ordre d'oMenipérer au\
volontés du peuple. Ce grand homme dont
la prude'ict> ne tli.ninuait rien de la généro-
sili', avant a|)pris qu'on le cliereliait , se dr-
roba à la poursuite de ses ennemis ; mais il
paraissait, par la tranquillité de son Ame,
(pril ne fuyait pas la mort par une lAclio
rrainte , mais qu'il en éloignait le moment
par une h'imble déliance de soi-même ; car,
quoi(iue les lidèles qui le recevaio'it dans sa
retraite le conjurassent de ne point perdre
do temps et de mettre promptement sa vie
en sûreté, il ne pouvait se rendre à leurs
pressantes sollicitations ; mais , marchant
lentement, et s'arrétant parlo .toù il passait,
il semblait ne s'éloigner qu'à regret du li^u
oii on avait résolu sa mort. Enlin il rabattit
tout court dans une métairie [^eu distante
de Sm) rne. Là, par de ferventes et conti-
nuelles prières, il priait le Dieu fort, le Dieu
des combats, de le fortifier pour celui quil
allait entreprendre pour sa gloire. lien fut
averti trois jours auparavant par un songe
que Dieu lui envoya. Il lui seudjiail que le
clievetde son l.t était tout en feu , et q iC sa
tète était toui environnée. Lorsque le saint
vieillai-d fui éveillé, et que son corps, appe-
santi par TAgc et le sommeil , eut (piitté sa
couche, il tlit à ceux qui se trouvèrent pré-
sents , qu'avant que ces trois jours fussent
acc)iuplis, il serait brillé tout vif. On no
laissa pas de lui faire changer de retraite ;
mais h peine était-il arrivé à celle qu'on lui
avait choisie , que ceux qui le cliereiiaient y
arrivèrent aussi. Ils furent longtemps sans
pouvoir découvrir l'endroitoTi il éldl caché ;
mais enlin s'élant saisis de deux jeunes en-
fants, ils en fouettèrent un si cruellement ,
(ju'ils tirèrent de sa bouche une vé'rilé que
la violence des coups lui arraclia mal,:,ré
lui. Cependant Hérode, qui était un juge
«riminel et intendant de police à Smyrne,
souhaitait passionnément do l'avoir en sa
)uissance, pour le produire au peuple dans
."ampliithéAlre : il commanda pour cet eilVl
une escouade d'ari'hers et do gens à cheval,
qui, sous la conduite do ce jeune nf.inl, pri-
rent le chemin de la mrlairit> où saint Poly-
car|)e s'elait retiré. On eût dit, à les voirmar-
cheravec un si grand appareil , qu'ils allaient
se saisir de quelque insigne volnir ; et ils ne
cherchaient ipi'un évè(iuc di-sarmé et un
serviteur de Jésus-Christ. Ils arrivèrent au
lieu de sa retraite un vendredi au soir, >ur
le point qu'il s'allait mettre à table, il lui au-
rait été facile de se s luver , mais il aima
mieux se livrer enlin liii-ménjo , disant k
Dnni : « Seigneur, que vittie volonté soit ac-
romplie; j'ai fui, vous le savez, tant ipie vous
m'avez ordonné de fuir; maintenant je cède
à mes ennemis, parce que vous le voul z
ainsi. Il se présenta dune h eux , et il leur
parla autant que la faiblesse de son Age le
lui |>ut permeitre : mais «e fut avec tant
d'onction <]u'il était facile de connaître quo
I
c'était le Saint-Esprit qui parlait par sa bou-
che. Us admiraient daii> un Age si avancé
une vivacité si grande, et un air si dispos
dans un corps usé par les travaux de la
pi'-nifence. Il les laissa dans leur étonne-
meiit, et il leur tit servir à manger , accom-
plissant à la lettre le précepte de notre divin
maître, qui nous ordomie par la bouche de
son apôtre, de fournir à nos ennemis avec
profusion les choses nécessaires à la vie ; il
les pria ensuite de lui accorder (jnehiue
temps poiu' s'acquitter envers Dieu des de-
voirs qu'il avait accoutumé de lui rendre à
certaines heures. On ne put le lui refuser ;
le saint, se tenant debout, pria les yeux le-
vés au ciel ; demandant àDeu la grâce de
pouvoir accom[)lir ses commandements jus-
qti'à la (in de sa vie. Sa prière dura près de
(leiix heures ; et il la faisait avec tant de fer-
veur, (jue tous les assistants , jusqu'à ses
propres ennemis, en étaient dans une admira-
tion qu'ils pouvaient à peine exprimer. Il
l'aelieva en faisant des vdeux pour toutes les
églises du monde.
Kniin le moment arriva qui devait lui
ouvrir cette pénible carrière qui conduit à
la gloire. Il fut mis sur une bêle de charge .
et on prit le chemin de la ville. On n'en était
pas fort éloigné, !ors({u'on aperçut un cha-
riot où était Hérode et son père Nicétas.
Ils engagèrent civiieuKnit Polycarpe à y
monter, es{)é.ant de pouvoir gagner [)ar leur
hoiniéteté et leurs caresses un homme qui
paraissait être à l'épreuve iles outrages et
des mauvais trailemenHs. Us tachèrent de
s'insinuer dans son esprit nar des pan des
douces, mais artificieuses; ils lui répétaient
même souvent celles-ci : « Quel mal y a-l-il
de dire. Seigneur César, pour, sacrilier, et
sauver sa vie? » Us le pressèrent si vive-
ment, etilsesentil si fort im[)ortuné îles pro-
f)Ositions impies qu'ils lui faisaient, qu'après
es avoir écouté- paisiblement, il rompit vn-
fin le silence, et il leur dit avec tonte la vé-
hémence que put lui inspirer son zèle :
« Non, rien ne sera jamais capable de me
faire changer de sentiment ; ni le fer ni le
feu, ni la prison ni l'exil, ni tous les maux
eiiMMnble ne me feront jamais consentir à
diuiner de l'enctnis à un homme, ou, ce (jui
est encore plus horrible, à des démons. »
Cette répons(> irrita de telle sorte ceux à qui
il la faisait , (lu'ils le poussènnd à grands
coups de pieds liors de leur chariot lorsqu'il
marchait avec le plus de vitesse. La chute
fut ruile, et le saint eut un os de la jambe
roiiqm ; ce ijui toutefois ne rem[)ècha pas,
dans la suite, de courir dans ram|>hil!ieAlre
avec une agilitésuriiriMiante. En y entrant, il
ouït une voix (pii lui criait du haut du ciel :
« Polyearp', ayez bon courage. » Ct>lle voix
fut eiilendiie des chréti<Mis, mais les païens
n'en entendirent rien.
« On conduisit le saint évéjpie au pied de
l'écliafaud du proconsul, où, étant arriv»', il
confessa Inutemenl Jésus-Christ, témoignant
d'être aussi pmi sensd)le aux menaces du
juge (pie peu tourlie île ses prières et de la
fauise pitié qu'il lui t.u>ail pviraitre. « Quittez
7rir.
IM)I,
vui
il
ci'lli' Ii.'iiiliMir, lui (lisiiil en iiui^islr.il ; ('|wii-
KiM'/ V()lrt< vit'ilh'ssi» ; (;i'<iy('/.-V(iii.s |i()iiv(iir
sonlciiir des loiiiiuciils doiil l.i vint soiilo
i«it IrciiiMci' lu jeunesse» la |ilus Iwwdie?
(,)(iellt) (lilliciillc^ lailes vous ilo jurer par la
l()rluiie (le l'oiniiereur ? Suive/, mou conseil ;
l'eiioneez h voire superstilion ; lui repentir
n'a rien de houleux lorsipui (lésar el les
dieux l'exii^eul. Diles do'ie hardinienl avec
tout ce peuph» : Qu'on cUr lis imiiirs, (ju'on
perde les impies. »
« Alors Poivearpe , porlanl ses i'e;j;ar(|s
de lous côlés, el les arrtMaul durant ipiel-
qiios MKMueuts sur*cette undiilude de peuple
qui riMuplissail Uîs bancs de rauiplulli('';Ure,
il les éleva enliu vers celui (pii rè;:; e dans
lo ciel ; luiis, d'une voix onirecoupée de sou-
pirs, il proféra ces paroles : Olez les impies,
perdez les impies! « Achevé/, lui ciia lo pro-
consul ; jurez par la fortune de reuipereur,
et dites des injures au Christ. - 11 y a ijua-
tro-vingt-six ans, reprit Polycarpo, (pu; je
le sors ; il ne m'a jamais fait do mal; il m'a
au contraire comliii' de bien, et vous voulez
que je lui dise des injures, (]ue j'ontiayo
mon Seigneur, mon maître, de ijui j'attends
mon bonlunn- , en (pii je mets tout(>, mon
espérance, (|ui lait toute ma gloire? Com-
ment pourrais-je otl'enser celui que je dois
uniquement anner, celui qui m(> [irotége ,
qui se déclare l'ennemi de ceux qui me haïs-
sent? » Et comme le proconsul insistait tou-
jours à le faire jurer par la fortune de l'em-
pereur : « Pour(iuoi, lui dit-il, me pressez-
vous de jurer par la fortune de César ? Igno-
rez-vous quelle est ma religion, et ne savez-
vous f)as que je suis chrétien ? Si vous dé-
sirez d'apprendre de moi quelle est cotte
doctrine, donnez-moi un jour, je suis prêt à
vous en instruire, dés que vous serez dis-
posé h m'entendre. — C'est le peuple, répli-
qua le proconsul, et non pas moi, qu'il faut
satisfaire; c'est à lui que vous devez rendre
compte de votre créance. — A lui 1 répaitit
Pol ycarpe , il en est indigne ; mais pour
vous, je dois cette déférence à votre dignité,
pourvu (lue vous n'en abusiez pas pour me
contraindre à faire (]uelque chose contre
mon devoir. C'est a nsi q\io la religion dont
je vous pane nous apprend à rendre aux
puissances de la terre l'honneur qui leur
est dû. — Ah! c'en est trop! reprit brus-
quement le juge ; sais-tu que j'ai des lions
et des ours tout prêts à ven^ior nos dieux?
— Qu'ils sortent, ces lions et ces ours, ré-
pondit Polycarpe ; qu'ils viennent assouvir
sur moi leur rage et votre fureur; mettez
en usage, pour m'arracher, sil se pouvait,
cent fois la vie, tout ce que la cruauté des
tyrans a pu inventer de supplices , je triom-
pherai dans les tourments, je verrai couler
mc)n sang avec joie, et la grandeur de mes
peines sera celle do ma gloire ; mon amo est
préparée à tout. Je ne crains ni la douleur
ni la honte.— Tu me braves 1 lui dit le pro-
consul, et une audace présomptueuse te fait
mépriser les morsures dos bètes ; nous ver-
rons si cette fermeté sera à l'épreuve du feu!
—Ce feudont vous me menacez, reiu-itPoly-
( arpe, passera bientôt ; une heure ou deui
auuu'tii'oiil son ardeiu-, niais relui (|uc l(j
s(uiverain juge a allumé pour brûler les
impies, el (pir vous ne conn.'iissez pas, no
s'éteindra jamais. Mais h quoi sert tout vu
discours? li;1le/-vous de faire; drj moi ce (juo
voire cruauté vous conseille; el s'il vous
vient dans la p(Misée (pudipie iioiivenii geiin;
de supplice, ne craigne/ point dr me h; faire
endurer. »
<( ('.(miiiie l(! saint martyr pronon(;ail i es
dernièi'es paroles, son visage parut éclalanl
«rniie lumièr(! ((''lesli! : h; |irocoiisul en fut
frap|ié ; mais im! laissa pas (h; faire; crier
par un lu-raut : « INtlycarpe persiste à (ton-
fcsser (pi il est c rélien. » Le pcMipb; n'eut
jias plut(')t entendu cette; déclaration (ju'il
eiilia (Ml fureur; et tout ci- epii se rencontra
alors à Siiiyrne, de; Juifs et de (lentils, n'e-ut
plus (priiiK! voix pour demander la mort elo
saint Polycarpe. On criait conf. sèment :
« C'est le père de.s chrétiens, c'est le do-leur
ele^ l'Asie , l'ennemi de nos dieux , le profa-
nateui- de leurs temples ; c'est cet homme
qui allait partout détruisant notre religion
et condamnant h; culte des dieux immoi-tels ;
qu'il meure, et qu'il t-ouve onlin ce (}u'il
cherche depuis si longtemps. » On s'adresse
cl Pliili[)pe l'asiarque ; on le veut obligei- à
lAch(;r un des lions ; il s'en défend sur ce
que l'heure des spectacles est passée. Enfin,
ces furieux s'accordent lous à demander
(ju'on brûle le saint vieillard, et donnent
ainsi lieu, sans y penser, à l'accomplisse-
ment de la prédiction qu'il avait faite. C'est
ce qu'il fit remarquer lui-môine aux chré-
tiens qui l'accompagnaient : car, interrom-
pant sa prière et se tournant vers eux avec
un visage [«lus majestueux qu'à l'ordinaire,
il leur (lit : « Reconnaissez maintenant, mes
frères, la vérité do mon songe. »
« Cependant , le peuple court aux bains
publics , enfonce les boutiques, et enlève
tout ce qui peut servir à construire un bû-
cher, les Juifs, selon leur coutume, se signa-
lèrent on cette occasion et se montrèrent 'es
çlus emportés de tous. Le bûcher ayant été
tonné de toutes ces m.itièros combustibles ,
on y mit le feu. Saint Polycarpe s'en appro-
cha ; il ota sa ceinture et sa |)remière robe,
et il se baissa pour ôter ses souliers , ce
qu'il n'avait pas accoutumé de faire ; car les
fidèles avaient pour sa vertu une si grande
vénération, epje chacun s'empressait à lui
rendre cet olfice pour pouvoir baiser ses
pieds sacrés. On se disposait à l'attacher au
bûcher avec des chaînes de fer, suivant ce
qui se pratiquait ordinairement en ces ren-
contres ; mais il pria qu'on le laissât ainsi
qu'il était. « Celui, ajouta-t-il, qui m'a donné
la volonté de souffrir pour lui, m'en donnera
la force ; il adoucira la violence du fou, et il
me fera la grâce d'en pouvoir supporter l'ar-
deur. » Ainsi on se contenta de lui lier les
mains derrière le dos avec des cordes ; et en
cet état il monta sur le bûcher comme sur
un autel, pour y être offert ?i Dieu comme
une victime choisie dans tout le troupeau,
et pour y être consum.é comme un holocaustn
<.»l>
POL
POL
756
d'agrôable odeur. Elevant Piisuite los yeux
aii ciol, il prononça ces paroles, qui furent
It>s dernières de sa vie: « Dieu des anges,
Dieu dos aretiani;es, grand Dieu, qui avez
déiruit le péché et (jui déti nirez un jour la
mort ; nionaniue souverain du ciel et de la
terre, protecteur des justes et de tous ceux
qui inarihi'nt en votre j)résenr(\ je vrtuslx'-
ni<, mon Dieu, moi (|ui suis le moindre de
vos serviteurs, et je vous rends grAees de ce
que vous nrav(v jugé digne de soulfrir pour
vous. Quelle gloire pour moi , Seigneur, de
recevoir de votre main la couronne du mar-
tyre ! Quel honneur de pouvoir approcher
ma bouche du calice où Jésus-Christ votre
Fils a bien voulu boire 1 Voilà, Seigneur,
voilà mon sacrifice presque achevé : avant
((ue le jour finisse, je verrai l'accomplis-
sement de vos promesses : soyez donc à
jamais béni. Seigneur ; ([ue votre nom ado-
rable soit glorifié dans tous les siècles |)ar
Jésus-Christ, poniife éternel et fout-puis-
sa"it, et que tout honneur vous soit rendu
avec lui el avec le Saint-Esftrit. »
« A peine avait-il lini cette prière, que la
flannue, sortant de tous cùtés du bûcher à
gros tourbillons, s'éleva jusqu'au ciel. Mais
Dieu, voulant honorer son serviteur devant
les hommes, fil un miracle qui par sa nou-
veauté surprit tous ceux que sa providence
avait choisis pour en être les témoins, et
fpii de\aienl le répandre ensuite j)ailoul ,
connue un monument éclatant de sa i)uis-
sance et de la gloire de son lidèle ministre :
car ces tourbillons de flimme, se couibant
en arc, et s'étemlanl à droite et à gauche,
réprésentaient une voile de navire enflée
par le vent. Cette voiite lie feu suspeniue
en l'air couvrait le cor.is du saint martyr,
sans que la nmindre étincelle osât , pour
ainsi dire, en approcher ni lonrher ses vê-
tements. Ce corps saf ré exhal.iit une odeur
pareille à celle d'un pain n(»uvelleuuMit cuit,
el sa couleur était semblable à celle d'un or
Y>ur qui sort de la f<Mirnaise, et (pii |»ar son
éclat réjouit la vue. Outre cela, l'on sentait
comme un agréable mélange de toutes sor-
tes de f)arfums (jui dissipait la mauvaise
senteur <pii sort pour l'ordinaire des cor|>s
que le feu consume.
" Cette merveille étonna les ennemis de
notre religion : ils étaient convaincus |»ar
leurs propies yeux que le corps d'un chré-
tien était deveini respectal)le au plus furieux
de tous les éh'nnents. On ordonna donc à un
de ceux qui avaient soin d'entr<'|(>iur le l)t^-
cher «le buis de s'en approcher et île recon-
naître de plus près la vérité du piodige. Cet
linnune ayant fait son rapport, on lui dit
d'aller enfom-er sof» poignard dans le corps
du saint. Il le lit, et, à I heure u)ème, il en
sortit tuie si grande abondance de sang que
le fpu en fut éteint. On vil ménu' une cu-
lf)mbe sorlu' du mdi«ni de ces Ilots de sang,
et [)rendre son essor vers le ciel. Cette f(»ule
de nuraclns ne causa pas moins de frayeur
à t'Mit ce penpie qui> d'etonucincttl. Il avouait
qu'il se trouvait un»' grande «lill'érence entre
la mort des chrélieiKs • l celle des autres
hommes; et plusieurs furent contraints de
reconnaître la sainteté et la grandeur de notre
religion, sans tontelois avoir la force de l'em-
brasser.
« C'est ainsi (jue Polycarpe, évèque et doc-
teur de la sainte Eglise de Sinyrne, con-
somma son sacrifice. Mais le dén)on, cet ir-
réconciliable ennemi des gens de bien, ayant
été témoin malgré lui de la gloire qui avait
accompagné le martyre de saint Polycarpe,
el conmient une vie illustre par un' grand
nombre de vertus avait été couronné-e par
une ruorl |)leine de merveilles, fit si bien par
ses suggestions, que les chrétiens ne j)urent
avoir le cor|)s de ce saint martyr, quoique
plusieurs souhaitassent de pouvoir enlever
ce trésor, el (pi'ils se fussent déjà mis eu
devoir de le relit er du milieu du bûcher.
Pour cet elTet, il se servit des juifs pour
mettre dans l'esprit de Nicétas, père d'Hé-
rode, et frère d'Alcée, la pensée d'aller
trouver le proconsul, et de le prier de refu-
ser ces précieux restes à quicon<iue les vieîi-
drait demander de la part des chiéliens, l'as-
surant qu'ils abandonneraient le culte du
crucifié pour mettre Polycarpe en sa place,
s'ils pouvaient avoir ses reliques; comme si
nous pouvions ne jjIus recouuaitre Jésus-
Christ |)our notre Seigneur, a|)rès ce qu'il a
soull'eit pour nous, et comme s'il nous était
permis d'offrir à un autre dieu qu'à lui nos
prières el nos vœux. Car, qnoi(jue nous ho-
norions les martyrs et les autres fidèles ser-
viteurs de Jésus-Christ; quoique nous nous
adressions à eux pour oblenir par leur entre-
mise de pouvoir un jour partager lagloire dont
ils jouissent, nous n'adorons tout» fois (|ue le
Fils uhi(pie de Ditni, et nous ue rendons
qu'à lui les honneurs divins.
« Mais, pi ur revenir à notre sujet, le cen-
turiftn. (pie le proconsul avait envoyé pour
apaiser le ditl'érend (jui s'était éuui entre les
Juifs et nous, touchant le corps du saint
martyr, ne trouva point d'autre moyini pour
le terminer (pie de brûler ses sacrées dé-
pouilles. Cependant nous ne laissâmes pas
d'en recueillir ijueKpu'S ossements que le feu
avait épargnés, et que nous conservons
connue autant de pierres précieuses. Notre
Eglise s'est assemblée pour ci'lébrer avec
une sainte allégresse le jour de lelte heu-
reuse naissancu», le Seigneur nous ayant sur
cela fait connaître sa vohuité.
« Ainsi finit la vie de sauil Polycarpe, qui
mè\a son sang avec celui de douze autres
marlyis de IMiiladelphie ; mais sa gli»ire,
égale à sou menti' el à .sa dignité, le met dans
un rang distingué, et toute l'Asie le nomme
Icmjours le mailre et le docteur. Aiin<ms à
élre ses disciples, connue d a aimé à èln^
disciph» de Jésus-Christ. Unisson.s-noiis aux
apôtres et à Iruis les justes de l'Eglise du ciel
et de celle de la terre; et bénissons tout
d'iMU' VOIX Dieu, Père t"»ut-puissanl; bénis-
sons Jesus-Chnsl, iNiiire-Seigneur, le Sau-
veur de nos Ames, le mailr»! ih' nos corps, le
pasteur de l'Eglise universelle; bénissons le
Saint-Esprit, par (|ui toutes choses nous sont
révélées.
557
Vol
l>0M
7r,s
« Vous lions nvcz l(^mnigii('» phis irniin
» lois soiiluiilcr ([ii'oii vous ('•crivil 1rs circoii-
.slfiiict's (lu iiwii'tyi'c (lu hiciiliciirciix l'olv-
('ai-|M^; lions nous sommes t'nil ii'i |il;iisii- de
.siilisl'.uro nno ciniosih' si jnslc ol si suint'',
i!l nous vons cnvo^ims \uiv nolio IVèid Mai-
f;i(Mi nnu rclalion sn('('in('l(;, mais exaiMc, «li;
loni (;o ()ni s'osl pa.ssù à cclli' mrci('ns('
nnu'l ; Jailcs-cii part aux anircs Iv^liscs, alin
«jno lo Scimicnr soil jx-iii en Ions lieux, el
que Ions l(!s lionimes iévèi'(Mil le choix une
sa 'fi,i\\vv. lail des eins. A lui la t;loire, lliou-
ueur, la pnissainuî, la giainhuir, |iar J(''sns-
r.hrisl, Notiu-Suigiienr, dans Ions lus sic'ieles
h venir.
« Salnoz tous les sainis, cenx (|ni s(inl ici
av(>c lions vons salnenl. Kvaiisli», (jui a écrit
l'oci, vons sainte [lareillemeiil, et lonto sa l'a-
luillo vons salno aussi.
« S.iiiil l'ol\ carpo a soull'ert a; marlyro lu
7 des caleiid(5s de mai , \c jour iln j^raiid
samedi, h la liuili('mo lunii'e; il a vW) pris
par Hi^rode, Philippe de Traies élanl pon-
tife ou asianfue, et Stalins Qnadralns (!'tant
proconsul, (jne mille actions de grAces
soient rendues h .I(5sus-(-hrisl , Notrc-So:-
gneur, ^ qui a[)[)artii ni la gloire et le sonv(!-
rain commandement dans lout(> rélornité.
€eci a été transcrit sur la copie d'irénée,
disciple de Polycari^e, par (laïns et moi, IMo-
iiius; je lai écrit sur le précédent ex(nnplaire,
après iineje l'eus dierché et que Polycarpe
me l'eut t'ait connaître par révélation. Qiw
Jésus-Christ me reçoive dans son royaume
avec ses élus. A lui soit la gloire, avec le
Père et le Saint-Ksorit, dans les siè'cics des
siècles. Àmeii. » (Kninart.)
POLYCARPE (saint), fut martyrisé à An-
tio(lie,on riionnenr de la religion chrfitienno.
11 eut pour com[)agnon de son martyre saint
Tliéodose. L'Eglise fait collectivement leur
fête le 7 déc(>mbre.
POLYCfcTE (saint). On prétend qu'il souf-
frit eu Espagne sons Néron, dans un lieu
voisin de Saragosse, nommé Caraves. liaro-
nius en dit plusieurs choses, mais qui ne
reposent sur rien qui mérite une attention
sérieuse. On fait la fête de saint Polycète le
15 février.
POLYÈNE (saint), souffrit le martyre à
Rome, durant la cruelle persécution que l'em-
pereur Dioclétien tit subir aux disciples du
Christ. 11 eut pour compagnons de son glo-
rieux combat les saints Hei nias et Séra[»ion.
Ces valeureux combattants delà foi ayant été
Iraiués par des lieux étroits, pleins de pier-
l'es et raboteux, expirèrent au milieu des
douleurs. L'Eglise fait leur mémoire le 18
août.
POLYÈNE (saint), sur l'indication des
martyrologes lati ts et grecs, a soutfort le
martyre avec saint Menandre et saint Acace,
en môme temps que saint Patrice, à Pruse
en Bithynie. Les détails manquent sur sou
martyre. Comme celle de saint Patrice, sa
fête est célébrée par l'Eglise le 28 avril. Son
mai'tyre eut lieu dans le m' siècle, sous le
règne de Dioclétien.
POLYEUCTE (saint), martyr, est inscrit
lin Martyrologe romain le vinul el nnièiim
Jdiir de mai. Les cnmp.i^imiis de son mar-
lyi(f sdiil \ icl(Mins .1 l)oi al. Leur coinbat
(•ni lii II i\ ('.'''M/irée on Capoad ce. L'ICgdHO
fait colleiliveimml la r(Mc (le ces trois (glo-
rieux mail VIS.
POLVKliCTI': (sailli), inarlvr.'i MélUène on
Mélililie, sons le lè-iie de l'empeiciir Dèce,
servait dans les Ironites romaines. Sa reiiimu
Panliie était tille (l'un nommé K('liK. Po-
lyeiKie ('•lait riche, el on dit qu'il avait des
«mis.Oncile,coiinn<! en élanl un Ires-dévoué,
Néanpie, ipii exer(;ail aussi le méli(;r des
armes. Ce Néanpie était chn'ticM ; (juaiit a
Pidyencte, il éla l l'eiv(!iil adoraliMir des ido-
les. 0 land arriva la persécution de Dèce,
N(''ar(pie prévoyant (pi'il pourrait bien se faire
(in'il doini.'^t sa vie pour la foi, mais désoli';
(le penser (pi'il allail (piilter un ami qu'il
aimait teiidreiiKMit, (d le quitter sans l'avoir
aiiKMié à la coiriaissance d(! la vérité, s'en
vint en pleurant lui dire (pi'il l'allailse résou-
dre à se (piitter, et à voir Unir leur amitié
pai- la mort ipi'il es|n''rail bieiiU'd subir
(•omine chrétii'ii. Mais Polycncte, qui avait
(h^jà en souvenl des (jntreticms sur la religion
avec son ami, lui dit (pi'il était bien plus près
(jn'il ne l(\ |)ensail d'embrasser la foi chré-
tienne. Il lui raconta qu'il avait eu une vision
dans la(iuell • il avait parfaitement vu Jésus-
Christ, ([ui le dépouillait (i'un(! robe fort salo
qu'il avait portée jusipi'alors , pour lui en
donner une nia;:,nilique. Cette vision était si-
gniticative : Polyeucie se convertit et en vint
à ce point de ferveur (ju'il désirait le mar-
tyre avec autant d'ardeur que Néarque lui-
même. Tons deux se promirent deux choses :
de n'oublier jamais leur mutuelle amitié, et
de ne jamais oubher non plus l'obéissance
qu'ils devaient à Dieu.
Polyeucie, à {)arlir de ce moment, déclara
j)ubli(^ueinent qu'il était chrétien, et lom-
mença même à se moquer de l'idolâtrie. On
le fit arrêter et tourmenter de la façon la
plus cruelle. Les bourreaux se lassèrent de;
le faire souffrir, sans pouvoir l'amener à re-
noncer à sa foi. Sa femme, accourue au heu
du supplice, fit tous ses efforts, par ses lar-
mes, par ses cris, par ses supi)lications, pour
le détourner de son dessein. Son beau-père
y vint aussi, tâchant de le [jiendre taiitôt par
ses raisonnements, tanlùt en lui enjoignant
d'obéir à l'autorité naturelle qu'il avait sur
lui. Rien ne put vaincre ce saint martyT. Il
fit même tout ce qui était en lui pour exciter
sa femme à suivre son exemple. Les juges
irrités le condamnèrent à mort, il y marcha
avec joie, encourageant les fidèles qui se
trouvaient présen'.s. Beaucoup d'iuiidèl. s se
convertirent , subjugués par son exerjple.
Ayant aperçu Néarque, il lui dit adieu,
l'exhorta à suivre son exemple, en se souve-
nant de la promesse qu'ils s'étai ut ftite.
Entin il fut mis à mort, il périt par le glaive.
Métaphraste afiirme qu'il n'y eut que quatiM;
jours entre sa conversion et sa mort. L'E-
glise vénère sa mémoire le 13 février.
POMPÉE (saint). Ce fut à Durazzo, ville
d'Albanie, maiulenani dans la Turquie
75*)
POM
PON
760
(rEuropoiRoumL'lie\que co saint oullo bnn-
lunir <1'' «loniior sa vie pour la foi. 11 fut
iuaiivris«5 sous l'tMiipiri' tic Trnjan, aver les
saints Lucien, Pt^réi^rin, Hésychius, Papias,
Saturnins et dermain. L'histoire est muette
sur ce qui concerne le df^tail des combats et
de la mort de tous ces saints, dont l'Eglise
lionorc la m<^moiro le 7 juillet.
POMPÉK saint , martyr, souffrit pour la
foi chrétienne en Afrique, sous le règne de
l'empereur Dèce et sous lo pouvornement
du proconsul Forlu'ialicn, en l'an de Jésus-
Christ 250. Il eut pour com[>agnons de so-i
martvre saint Africain, saint Térence, et
plusieurs autres que l'histoire ne noumie
pas. Les Actes de ces saints ne sont pas suf-
fisamment authentiques. Les Grecs et les
Russes les ont en profonde vénération. Ils
ftirent d'abord battus de verges, mis h la
torture, jMiis tourmentés de diverses autres
fa(;on5, et enfin décaitités. Le lecteur Théo-
dore, qui vivait au commencement du vr
siècle, rapporte (|ue leurs roliiiues fu|'ent
placées, jiar ordre de Tln'Odose le Cîrand,
dans l'église de Sainte-Luphémie, en un
quartier de Constantinople ap|)ellé la Pierre.
Ces saints sont inscrits au Martyrologe ro-
maia sous la date du 10 avril, ainsi qu'ils
le sont aux menées des Cirecs. Le Martyro-
loge de Grégoire XllI le met par erreur au
10 mars. (C'est une faute de copiste.)
PO.MPÉIAN, procureur de rem|)ereur k
Thébeste en Numidie, requit devant le pro-
consul Dion l'enrôlement de saint Maximi-
lien, ([ue les commissaires des guerres \'ic-
lor Fabius et A'alérien avaient amené (le-
vant son tribunal. Maximilien, se refusant à
èlre enrôlé parce que, disait-il, il élait chré-
tien, fut condamné à mort par Dion, et exé-
cuté. (Voy. les Actes de saint Mv\imii.ii;> à
son article.;
POMPÊIE (sainte), martyre, fut mise à
mort à Lyon en 177 sous le règne de l'em-
{)ereur Anfonin Marc-Aurèle. Les persécu-
teurs la condaunièrent à être décapitée au
Jieudt* l'exposeraux botes, parce (ju'elle était
citoyenne roniaine. L'Eglise fait la fètede tous
les saints martyrs de Lyon, compagnons de
saint Polhin, éYè([ue, morts en 177, le -2 juin.
P0Mp1^:1E sainte', e\it la gloire de tlon-
ner sa vie |»our la foi chrétieiuie en 177 dans
la ville de Lyon, sous le règne de l'empe-
reur .\ntot)in .Marc-.\urèle. (^mnne saint
polhin et beaucoup d'auties, elle n'eut pas
la force de suftporter jusfpi'à la fin les tour-
ments cpie lui tireiit endurer les païens. Elle
mourut en prison. Dieu voulant ménager .>a
faiblesse, et l'abritant dans le sein de son
éternité contre In rage des persécuteurs.
L'Eglise célèbre sa fêle et celle de tous ses
fomj»agnons le 2 juin.
POMI'f;! POLIS, ville de Cilicie, a été té-
moin (lu m.utvre de saint So/.ont, (pii fut
jeté flans ji's tlammes sous le règne de
l'empi rtiir Maximien.
POMPOME (sainte), fut au noiiibre des
quarante-huit martyrs avec sauil Silurnin
en Afrirpie, sous le proconsul Anulm, en
l'an Ue Jésus-Christ 30o, sous 1(> rèyne et
durant la persécution si terrible que lin-
filme Dioclétien suscita contre l'Eglise du
Seigneur. (Vojf. saint SAXiRxn.) L Eglise
fait la fête de tous ces saints le 11 féNrier.
POMPOSE (sainte\ martyre, était reli-
gieuse de Pégna-Mellar. Ce monastère était
dédié au Saint-Sauveur, et situé au pied d'une
roche où des abeilles s'étaient logées, ce
qui lui donna ce nom, (}ui signifie roche do
miel.Pompose s'y était retirée avec son père,
sa mère et toute sa funille, et était [parvenue
à une grande perfection. Ayant appris un
jour le martyre <le sainte Colombe, comme
elle soupirait depuis longtemps après cette
grAce, elle sortit du monastère la nuit sui-
vante, vint à Cordoue, se présenta le matin
au cadi et eut la tète trancnée le 19 septem-
bre. Son corps, jeté dans le fleuve, fut retiré
et enterré à Sainte-Eulalie avec celui de
sainte Colombe. L'Eglise honore ces deux
saint s c acune à leur jour, Pom[)Osc le
19 septembre, Colomb;» le 17 septembre.
PONCE (ile). Ponces ou Ponza, nom de
six îlots situes dans la mer T.virhénienne,
non loin du cap de Circé et près de Panda-
taiie. Comme cette dernière ile, les îles
Ponces étaient un lieu d'exil du temps des
Romains. Sainte (FJavie) Domitiile, nièce du
consul Clément, martvre, et que L'Eglise
honore aussi comme vierge, y fut exilée par
Domitien; elle y resta fort longtemps; peut-
être y mourut-elle. Trois cents ans après,
sainte Paule, se rendant h Jérusalem, y passa
et vit les i)etites cellules dans lesquilles
avait vécu la sainte. Il est probable que lo
lieu précis de l'exil de sainte Domitiile fut
Ponza, la principale d-es îles Ponces.
PONS ou Po>cE (saint), martyr, souffrit à
Ciinèle dans les Alpes, vers l'an 258, sous
l'empi e et durant la persécuiion de Valé-
rien. Depuis, cette ville fut détruite par les
Lond)ards, et aujourilliui il uo reste plus do
cette ville que la célèbre abba.ve de Saint-
Pons-tles-Cimiés. Ses reliques avaient été
tians[)ortées au cimetière de Tiunières en
Languedoc. Le pape Jean XXll y érigea un
siège épiscopal sous la oéu' minalion do
Saint-Pons dt> Tomières. L'Eglise célèbre (a
fête di> ce saint le IV mai.
PONTE-CORVO, ville de l'Etat crclésias
tique, est célèbre par les souffrances qu'y
endura le |irêlre Grimoald, en Ihonneur de
la religion chr^-tienne.
PON riCUS (saint), martyr, jeune enfant
de (piin/e ans, fut le compagnon de sainte
Rlaiiiline la dernière fois quelle parut û;\n>
l'amphilhé.'Ure, par ordre (lu gouverneur de
la province ipii comman ail h L\on. et <pii,
durant la persécution de l'empereur Marc-
Aurèle, lit périr tant de chrétiens dans celte
ville. Déjh cejeun<> ht''r(>s de l,i foi avait as-
.sisié aux combats .soutenus par les autres
martyrs. On espérait ainsi l'amener, par la
terrtMir .\ renier Jésus-Christ : mais il avait
été inébranlable. C'est ce qui lit entrer lo
peuple en une extrême fureur contre lui ;
ce ipii fit qu'on le lourmenta avec une fureur
inouïe. A chaque fois (pion lo faisait chau-
7<JI
l'<ii
i'OH
7Ci
(j,(M' ilr sii|i|)li('i>, on voiiliiil lornnli-aiii(lri> Ji
{il)itii-(>i'; iiiJiis Itlamliiid Ih suiilnuiil do sos
('(iiisrils. lùiliii l<> sditil («nrjnil iciidil son
!\\nr h Dirii nu milieu des loihiirs. Moiiiir
à (|iiin/.{> ans pour inoiilci' au ciel, c't'st s'en
alli'i-al)i'il(^i son lionlit'iM' sous l'ailodc Dieu,
sans r.ivoir comiiiniiiis ici-has; (^'csl ('-rlian-
i;or sa couronne d'innocenciMMfr/o^'V d'illu-
sions ronlre la couronne d(> l'élernilc".
l'ON'ril'-iN (saint!, Cul marlvrisé A Spolèle,
sous le rè^ne dis l'empereur Marc-Anrèle,
par ordre du gouverneur Toi-ipialtis. Il l'ut,
{li\'\s sa prison, \o. couipa;^non de caplivih'i
dcsaini riOnc.ordt». Ses Actes ne sont pas as-
sez bons p(UM' faire aniorité. Ses reli(pu's
S( ni, u->(> partie tians r('';j,lise de son nom,
dans l'un des l'auhoin-^s do Spolèle, le.
r(>slt> ?» lUreclil, où 1 ('•vtVpic Haudri les ap-
porta en l'an '.XIH. l/l<]L;lise l'ail la l'(Mo do
saint l'ont ion lo IV janvi(M-.
PONTII-IN fsaint), recul la palmt> dos glo-
rieux coud)attants de la foi à Home, avec les
saints Ivisùbo, Vincent ol l*(^r<''^rin. Ce l'ut
sous rempiM'enr Conunnd • (pi'ils endurèrent
siu'tH'SsivcMuent los tourments du chevalet,
dos entraves, dos coups do bAtoii : ensuite,
après avoir ou l(>s côtés bri'ilés, conuno ils
ni; ('ossaiont [loint do louer Jôsus-Cdirist, on
los frappa avec dos fouets garnis do plomb, jus-
(pi'h c(>(iu'ils rendissent l'osirit. L'Kglisofait
la loto de ces glorieux combalta'ilsle25 aoi1t.
PONTIEN (saint) pai)o et martyr, était
Romain d'origine, lilsd'un nonuné Calpurno.
11 succéda au pape Urbain on l'an 230, et
gouverna cinq ans deux mois et sent jours.
11 fut élu pape le 22 juillet, et saint Anière
lui succéda le 28 septembre 23o. L"om[)e-
reur Alexandre ayant été assassiné, elle bar-
bare Maximin s'ètant revêtu de la pourpre,
une violente persécution fut allumée contre
les chrétiens. Maximin, comme on le peut
voir cl son article, avait rendu un édit dans
lequel il ordonnait qu'on mît à mort tous les
prêtres. Une des premières et glorieuses vic-
times de cette persécution, fut saint Ponlien,
qui fut d'aboi'd relégué en Sardaigne avec
un prêtre nommé Hippolyte. Suivant cer-
tains auteurs, et notaunuont le Martyrologe
romain, saint Pontieu fut assommé dans
cette île à coups de bAton, après y avoir en-
duré beaucoup de misères. Suivant une au-
tre version, ce fut l'air extrêmement malsain
de celte île qui agit sur la sanjé déjà déla-
brée du saint vicaire de Jésus-Christ, et le
lit mourir dans l'année môme de son exil.
L'Eglis;- fait sa fête le 19 novembre, jour
auquel quelques-uns croient qu'il mourut.
PONTIEN (saint), martyr, répandit son
sang pour la foi avec les saints Etienne, At-
tide, Fabien, Corneille, Sexte, Florus, Quin-
tici!, Minervien et Simplicien. On ignore lo
lieu, la date et les circonstances de leur mar-
tyre. L'Eglise célèbre leur fête le 31 dé-
cembre.
POPULONIA, en Toscane, a été témoin du
martyre glorieux de saint Rieul, qui soulfrit
sous Totila.
POHCAIRE (saint), abbé de Lérins et ses
compagnons, martyrs, moururent pour la foi
vers l'ail 731. Noire s/iint /ivait niériii- par
.ses gr/uides vertus d'élrr; pronni au Koiiver-
riemeiil de \i\ l'anieu>-(; abbaye de Ui-rins. I.ei
Sarrasins asanl l'ail une niuplion, eu 7.'il,
dans l'ilc où le iiionaslère de Porcaire était
silui', celui-ci lit embarquer pour l'ilalie les
plus jeunes de ses religieux, au Jinndue d<;
lrenl(!-six, et excita le reste de m cunuiiii-
?iaul('" .'i soull'rir coinvigeusemenl la mort
pour Jésus-(;iirist. Ils furent loirs massacrés
en ellel, au ninubro de cinq cents. I.a fête do
sain! Porcaiiv! s(! célèbre à ij'rins le 12 ar)ùl.
1M)III'|||KE (saint), fut martyrisé à Kpbèsu
sous lo règiK! de l'ompcireur Aurélien. Son
nom <'st inscrit au Marlyndoge romain lo
•'i novembre.
P()UI'IIYUE(saint), mart.>r, fut mis <'i mort
en r.iii do .l(''sus-Clirist 3()'.>, sous lo gouver-
neur l''irmilien, à CesaiM-e (h; Palestine. Il
était domesti(pio de saint Pamphyle. Ivi en-
tendant prononcer la sotiteni e qui condaiii-
naitsoii m.iilro et |tlusieui's autres cliic'tioMS
h mort, il sortit do la foule, et vint avec (-ou-
i-age demander au gouverneur (pi'il lui fût
an moins pei'Uiis de rendre les derniers de-
voirs aux martyrs. Ce courage sembla à
Firmilien une audace coiq)ablo. Il lit arrê-
ter Poi'phyre, ([ui cuit ainsi l'occasion do
confesseï' Je clu'istianisme. Furieux, le gou-
verneur le livra aux bouri'oaux, qui épuisè-
rent sur lui la barbarie de leurs tortures lt;s
plus atroces. Ses os et ses entrailles furent
dénudés par les ongles de fer. Il respirait à
peine, (piand Firmilien, pour augmenter
encore l'horreur de sa mort, le lit jeter dans
un brasier anlenl, où il rendit l'Ame pour
Jésus-Christ. La mémoire de saint Porphyro
est honorée par l'F^glise le 1"' juin (Uoy.
Eusèbe, de Mart. Pairs t.).
POUPHYUE fsaint), martyr, était comé-
dien. Un jour, uans une pièce qu'il jouait
sur la scène, se faisant ba[)tiser |)ar dérision
en présence de Julien l'Apostat, il fut tout à
coup changé, par un miracle de la puissance
de Dieu, déclaia c^u'il était chrétien, et h
l'heure même, l'emooreur lui ayant fait cou-
per la tête, il fut ainsi honoré de la cou-
ronne du martyre. L'Eglise fait sa mémoire
le 15 septembre.
PORPHYRE (saint), évêque de Gaza et
confesseur, naquit à 'rhcssalonique vers l'an
352 ou 353, d'une famille considérable. A
l'Age le vingt-cinq ans, le désir de gagner
le ciel le porta à se retirer dans le célèbre
désert de Scété en Egypte. 4près y avoir
passé cinq ans, il se relira dans u-ie caverne
aux environs du Jourdain, où il passa encore
cinq autres années. La maladie l'ayant forcé
de se retirer à Jérusalem, il fut guéri mira-
culeusement, el alors partagea aux pauvres
la part de bien qui lui revenait, et qui
montait à 4,500 pièces d'or. Sa nourriture
consistait en du pain bis el quelques herbes,
avec un peu de vin, parce qu'il était fort in-
commodé des entrailles. Les jours de fête il
renaît de l'huile, du fromage et quelques
égumes. Ces jours-là, il mangeait à midi,
au lieu que dans les autres il attendait que
le soleil fût couché. Voilà la règle qu'il pra-
r.
If," POR
tiquait .ilors, et qu'il continua tout le reste
do sarif.
Si rf'piilntinii ne sainteté s'ét.int bientôt
n'panduo par toute la ville, Jean, (-vi^que de
Jérusalem, l'ordonna priMre malgré lui ; et,
après avoir exercé les saintes fonetions du
sacerdoce pendant trois ans, il fut mis sur le
siège de Gaza par Jean, archevtVjue de Cé-
sarée en Palestine. Il fut fait évéqui* au
mois de mars ou d'avril de l'année 3U5. .Mid-
gré les lois de Tliéodose, qui défendaient
tout exercice (\o l'iilolAtrir et ordounaicnf de
fermer ou d'abattre b's teniplus, les idolâ-
tres de (iaza avaient défendu les leurs et
pratiquaient toujours leurs su|)ersiitions
impies. Quand saint Por|)liyre fut élevé sur
le siège de cette ville, les idohUres y avaient
encore huit temple'^, un entre autres dédié à
leur grande idole Marnas. La même année,
une grande sécneresse atîligea le pv'jys. Les
paens, attribuant ce fléau à la venue de no-
tre saint [lanni eux, firent de grandes priè-
res h leur Manias (jui fut sourd .^ leurs sup-
j^lications. Porphyre, de son ciMi*. implorais
secours du ciel, et, accompai;né de deux cent
quatre-vingt fidèles, il sortit de la ville pour
aller prier dans l'église de Sainl-Timothée.
Les idolAtres, profitantdeleur M)rtie, fermè-
rent les portes de la ville; ceux-ci, ne per-
dant point courage, rcMloublentleui'ssuppîica-
tions, (pii bientôt sont exaucées, et tme nluie
aboiidante commence h tomber. Emerveillés à
cespectacle, les adorateurs de Marnas ouvri-
rent les j)ortes, suivirent les chrétiens à l'é-
glise pour remercier le ciel, et soixante-
seize se convertirent.
Cependant la conversion d'une partie des
habitants de daza endurcit l'autre encore
davantage dans ses superstitions. Notre
saint endura leurs injures avec une douceiu"
j)arfaile. Cei)rndant il crut devoir euïployer
l'aulorilé des princes pour faire cesser leurs
persécutions. Il dé|)uta Marc et Barocas, ses
deuxdisciples, à Consia ilino|)K'. Hient<'ii,im
olllcier nommé Hiiaire arriva avec main forte,
afin de faire fermer les temples de (Iaza,
après en avoir brisé les st;\tues. Néanmoins
ayant été gagné par une grande somme d'ar-
gent, il ne lit point i xécuter le princi[ial ar-
ticle, et laissa l'idole de Marnas sans la Iti i-
ser. Saint Por|)liyr(( eut la consolation de
voir encore soixante-(piatre id<dàtres secon-
vertir à la fui d»- Je>us-t'.hri>it, n\ais sa joie
fut tempérée par les persécutions (pu^ les
disciples de Marnas ne cessaient de susciter
aux chictiens. Il alla donc trouver son mé-
trfq)olilain, Jean de Césarée, afin qu'il le
déi liargeAt de soti épiscopal : mais relui-ci,
l'ayant consolr'* de sf>r» .ililielion, j>arlit avec
lui dans l'année SOO, afin d'aller a Constan-
linnpje demander la dt'-nudilion des templ 's
de (Iaza. Ils arrivèretU à Couslaulinople. et
protég's par l'Mnpératrice Kudoxie, h qui
.saint (".lirysostome I s avait recominatub's.
ils obtinrent d'Arcade tout ce qu'ils dési-
raient. Cynége, conseiller d'Ktal. choisi ex-
près romme un fiomm • île pieté 1 1 plein dn
zèle, avait (Ml la tomiinsMrjn «le venii' ilt'nuo-
lir les tf>m])les de Gaza et mémo de les brûler.
POR
lU
Il arriva dix jours après le saint, accompagné
du gouverneur, du général des troupes et de
beaucoup de soldats, l'n grand nombre de
païens, surtout des riches, s'étaient retirés,
et Cynége fit marquer leurs maisons proba-
blement pour les confisquer. Le lendemain,
il fil lire l'ordre de l'empereur et se mit en
devoir de l'oxécutor. On voulut commencer
par le temple de Marnas, mais (» n le trouva
si bien barricadé en dedans, (pi'il fallut lo
laisser là et aller aux autres où on mit le feu,
aftrès que les étrangers et les soldats les eu-
rent pillés, car aucun des chrétiens de la ville
n'y toucha, saint Porphyre lavant défendu
.sous peine d'.inathème, et il allait lui-
môme partout avec les plus pieux des ecclé-
siastiques et des laïques, afin d'empêcher
qu'on ne violAt cette défense.
Cette démolition des temples dura dix
jours, après ((uoi ondélibéra sur celui de Mar-
nas qui restait encore; et comme on dou-
tait s'il le fallait brûler ou le purifier pour
en faire une église, saint Porphyre ordonna
(\cs prières et unjeOne pour supplier Ditm
de faire connaître sa volonté. Lors donc (pi'a-
près avoir jeûné et prié on offrait le soir le
saint sacrilice, un enfant de sept ans s'écria,
au nom de Jésus-Christ, qu'il fallait brûler
le temple jusqu'aux fondements, à cause
dos crimes (pii s'y étaient commis et qu'on
y avait crucifié des hommes. Il marqua ce
qu'il fallait faire pour le brûler et ajouta
(ju'on bAtirait ensuite une église sur la mê-
me place. Le saint voulut savoir si c'était sa
mère qui l'avait fait parler de la sorte. Elle
[)rotesla avec serment que jamais elle n'en
avait eu la moindre j)ensée : et l'enfant,
comme on l'uiterrogeait sur la mémo chose,
répi'la en grec tout ce (pi'il avait dit aupara-
vant en syriaipn-, qiioiipie ni lui ni sa mère
ne sussent [tas du tout le grec. Dès le len-
demain, on fit ce «pie l'enfant avait dit et en
peu de temps le temple fut réduit en cendres.
V(MS l'année VOl. On songea aussitôt à bAtir
l'Eglise, «'t comme on délibérait de la forme
qu'on lui devait donner, on reçut une lettre
d lùnioxie (pii en envoyait un dessin faii
en forme de croix. On travailla à ôter les
cendres et les démolitions, et comme on y
trouva <lans un lieu secret des marbres que
les païens estimaient sacrés, saint Porph\re
en lit paver la place publique (]ui était devant
l'Eglise, ce. qui fut plus sensible aux ido-
lAtres (pie reml)rasement <le leur temple. ',o
lieu (''laiil nettoyé, le saint ordonna un jeûne,
et après la tîn des prières du matin, tout le
peuple «pii était assemblé dans ré'glise de
Sainle-Irène. avec" quantité dinsirumenis
pour creusrr la terre, en partit tni procession,
]>recédé par la croix «luo le diacre Baroeas
)V)rlait.(>l suivi de Porplivro (pli tenait le saint
Evangile, tnivironn»^ de tout son clergé. Les
soldats ((u'il avait retenus pour omj)ècher les
indolences despauMis. etai(nit rangés décote
et d'antre, et le peuple an milieu chantait le
Yrnite, exfullnnns ftominn. On arriva ainsi
h la place du l(>niple (|(> >Lirnas, où un archi-
tecte nommi' Hulin. homme deliien et habde,
tr«(;a les endroits mù les fondations devaient
*7fl:;
T'OH
l'OT
7.4
('[ro crciisi^os. On mil rin(| nus h l»;Uir ccllo
(''i4;li.S(i ol (Ml lui (liHiii/i Ip uoin iVlliidoxirtinr,
\uurv (|uo (-'(Mail riiii|>r'nilricn ijiii jivnil
Iniir-ii .^ l« (hV''""^^'-
l*('ii(l;»iil<|in> l'on h.Uissail celle é^liso, no-
ire siiinl oui h ('(Hiili.illre une uiaiiirlK-eiino
nniuint^e Jiili»'. Il la léliila ( um|ilci('iiieMl :
mais collo-ci noso rondanl pninl eucorcî h la
véiili', l'oiplivre lui diM Lira (|ue le Dieu
((u'elio blasplu^iuail allail lui IViumm' la hnu-
i-lio. An nuMno moinenl, elle se Iroiiva sans
parole, \v visat^e loul clian.^ié et pleine d'un
IroinhUMuenl ((uwulsir. Kilo ex|»iia en cet
(Hal an boni do (|neltiiu> lenips,niais le saint
vonlnl cependant ipi on l'entLMi'Al ; son snp-
i)lic(! convoilil plusieuis païens. C-ependaiil
ta ;;,loiro et raccroissenu-nl de l'K^liso irri-
taienl do [ilus on plus les inlidèles. Ils liiè-
rent sopl chrétiens dans unodis[iulo ol cou-
rurent ensuite h la maison épisco|)alo |)onr
y massacrer notre saint. l\)rpli_\re en ayant
été averti, se leliiadans une maison voisim',
jjendanl que l'on i^iillait la sienne. Le gou-
vernenr nommé (.larus, envoya arrêter les
)lus coupables, les lit amener à Césarét>, et
)lnsieurs furent battus avec des nerfs de
neuf. Saint Porphyre vécut encore (luehpu'S
aimées ilepuis la séililion dont nous venons
de parler, et continua h travailler à la sanc-
tilication de son église. Il mourut \v 20 fé-
vrier il9 ou ViO, jonr amiuel l'Ei^liso ho-
nore sa mémoire.
POUPllYHK ^saint),soniïrit le martyre en
Ombrie, i)rt)vince de rancienno Italie. Nous
n'avons point de détails authentiques sur
son compte. L'Eglise fait sa fèti> le Y mai.
POlvrO, ville de Toscane, où fut martyrisé
saint Hyacinthe, sous rem|)ire de- Trajan et
parles ordres de Léonce, homme consulaire
qui était probablement gouverîieur ou ma-
gistrat dans cette partie de Filai ie.
En l'année nH ou 27i, sous le règne d'Au-
rélien, la ville de Porto vil encore le mar-
tyre de saint Eutrope, et des saintes Bonose
et Zosirae, toutes deux sœurs. Les Actes qui
nous restent de ces saints ne sont nullemeni
authentiques.
POSSIDE (saint) , évêque de Calame en
Nuniidie et eonfessour, fut disciple de saint
Augustin dans la science de Dieu. On ignore
ce qu'il était dans le monde et le lieu de sa
naissance. 11 vécut avec lui dans une douce
familiarité et sans aucune dissension fâ-
cheuse durant près de quai'ante ans, c'est-
à-dire autant que saint Augustin a été pi être
et évêque, depuis 391 jus(iu'en k'SO. Notre
saint fut élevé sur le siège de Calame à la
mort de Mégale, évêque de cette ville et
primat de Numidie. Ce fut en 4-Oi qu'arriva
la grande alfaire qu'il eut avec Crispin, l'un
des plus anciens et des plus célèbres de ia
secte des donatisles, oii il acquit pour la
première fois le titre de confesseur. Il con-
vainquit cet évoque dans une conférence
jjublique à Cartilage ([ui dura trois jours.
11 fut même en danger d'être brûlé. 11 ac-
quit une seconde ibis le titre de confesseur
dans une sédition des païens de Calame, qui
brûlèrent l'église et cherchèrent l'éveqne
même pour le lucr, h cause du «.oin (pi d
avait eu, scloii le d('Voir do «n ( har^e, do
procilicr l'exiTiilidii (les lois (je l'eiripereiir.
Li'S \;iiid/d(s r-lml dépendus en AliKIin; (!ll
V-iH ol ayanl |)ris loules les vIMoh (l'Alri(pH',
Cal.une fui du noiiinre. Noire saint se réfunia
.') Ilippone (Ml il /issisia h la mort de saint
Augustin, le 2Kaoût V.'iO. Nous avons lion do
croire ipi'il ac(piil plus lard le litre de con-
l'i •^seu|• piiiir 1,1 Iroisièiiie lois, en (((iiiballanl
pour la divinité do Jésns-lîlirisl. En ellel,
la Chroniipn" de saint Piosper porte, dans
r(''dilM)n (lu P. Labbe, ipic Posside, Ndval et
Severin élai(Mil les plus illuslres d'entro
les évê(pies (pie (ieiiséiic chassa, eu V.'n. (I(J
leurs églises el de; leurs villes, parce ipiils
avaient trop de c.onslance p((ur céder h ses
menaces insoUvites (>| ipi'ils l'empêi haienl
i\o ruiner la foi (^atholi(pie (Uns s(i> lUals.
L'Eglise fait sa sainte inémoir(; le 17 mai.
POTAMII*' (sainte), mutyic, eut la gloire
de vciser son sang pour la foi ou 177, dans
la ville de Lyon, sous h; règne de l'empereur
Antonin Marc-Aurèle. Elh; dut l\ sa (lualité
d(î citoyenne lomaine de n'être pas con-
duite à l'amphithéAtre, pour y être (exposée
aux bêles, comme le furent plusieurs des
com|iagnons de ses combats. L'Eglise fait
la fête des saints martyrs de Lyon en 177,
le -2 juin.
POTAMIE (sainte), martyre, souffrit le
martyre pour la foi à Thagore en Afrique,
avec les saints Jules, Crispin, Félix, Grat
el sept autres, dont les noms ne sont point
parvenus jusqu'à nous. Nous ignorons les
circonstances de leur martyre. L'Eglise vé-
nère la mémoire de ces saints coninalianls
le o décembre.
POTAMiENNE (sainte), vierge et martyre,
mourut pour la foi à Alexandrie, sous l'em-
pire de Septime Sévère, vers l'an 210. Nous
donnerons pour l'histoire de cette sainte
deux morceaux, le premier d'Eusèbo, le se-
cond de Pallade, qui tous deux sont extrê-
mement précieux. Citons d'abord Eusèbe :
« On compte encore, dit-il, au nombre de
ses disciples (d'Origène), un soldat nommé
Basilide, celui-là même que l'illustre Pota-
mienne convertit, lorsqu'il la conduisait au
supplice. La réputation de celte admirable
vierge a été portée bien au delà de l'Egypte,
et les païens n'ont pas eu pour sa vertu
moins de respect que les chrétiens. Et cer-
tes, le désir qu'elle eut toujours de se con-
server pure l'obligea de donner et de
soutenir divers combats contre ceux qui
attaquaient sa virginité. Elle n'eut pas moins
à soutfrir pour la liéfense de sa foi que pour
celle de sa chasteté. Ainsi, doublement mar-
tyre, elle fut consumée par le feu avec sa
mère Marcelle, après avoir enlurédes tour-
ments qu'on ne peut rapporter sans frémir.
Comme on la menait au lieu où elle devait
être brûlée, un [)euple insolent la suivait, se
jetait sur elle et lui insultait, en lui disant
des paroles peu honnêtes, qui blessaient
l'incomparable pureté de cette vierge. Basi-
lide, qui était archer et qui la conduisait,
repoussait cette populace effrontée, e.t té-
la
TOT
POT
rt)8
nioig'init à la sainlo (luil l'-tait sensiblement
touché de l'état où il la voyait. Elle lui inar-
([ua df la rcronnai'^sanre de ses bons senti-
ments, et l'exliorfait à l)ien espérer de son
salut, l'assurant qu'elle obtiendrait grAce
pour lui auprès de Dieu aussitôt ([u'ejle sé-
rail arrivée au ciel, et ({n'il recevrait bientôt
la récompense des manières honnêtes et
clinriialtles ipi'il avait pour elle. A peine eut-
elle ai hev»' de parler, (lu'on lui versa de la
poix fondue sur tout le corps, et elle linit
ainsi sa vie par une mort lente et cruelle,
mais avec une coti>t.ince digne d'ime éter-
nelle mérjioire. Or il arriva, quehjues jours
après. que les compa,!:;nnns de Kasiiide l'ayant
voulu obliger de f;iire un serment , il leur
dit qu'il ne lui était pas permis, parce qu'il
était chrétien, et qu'il en faisait une décla-
ration publique ; ils crurent • d'abord «piil
raillait; mais lorsqu'ils lo virent [lersister
sérieusement dans sa confession de foi; ils
le menèrent devant le juge, qui, n'ayant pu
le faire changer de sentiments, le fil conduire
en [irison. Les fidèles le vinrent trouver aus-
sitôt, et lui demandèrent la cause d'un chan-
gement si prompt et si extraordinaire. Sur
quoi il leur raconta que trois jours après que
sainte Polamienne eut soulfert le martyre,
elle lui avait apparu durant la nuit, et cpie,
lui mettant une couronne sur la tète, elle lui
avait dit ([u'ellc avait prié son Seigneur pour
lui, et obtenu la grAce qu'elle avait deman-
dée, et ([u'il serait bientôt avec elb' au nom-
bre des l)ienheureux. 11 reçut ensuite par
K'ur moyen le sacré sceau du baptême, et il
eut <\i^ le lendemain la tète coupée, après
avoir glori(;uscmeni coid'essé Jésus-("-hrist.
Mais il ne fut pas le seul qui fut converti
d'une manière si surprenante, et Dieu fit la
même grâce h nombre de personnes de la
viHe d'Alexandrie, par l'entremise de sainte
Potamienne, qui hnir appaiaissait en songe,
et les exhortait d'embrasser la foi. »
Voici maintenant le passage de Pallade
sur sainte Poiamicniir : « Le bienheureux
Isidore, admini>lrateiirde l'hôpital d'Alexan-
drie, me fit le récit d'une histoire qui mé-
rite sans doiifc de passer ji.sipi'aux siècles
à venir. Il la tenait du grand saint Antoine,
qui la racontait à ceux qui le venaient voir.
Il y avait à Alexandrie une fort belle es( lave,
nommée P<»tamienne. Llleservaitun hoiiimc
fort débiuché, ([ui tenta inutilement tout(>s
sortes do voies pour la corrompre. Lorsipi'il
se vil rebut»' et hors desiiérance d"obt(niir
ce qu'il demarulail, il [lassa en un in^lant
d'un excès d'amour dans un excès de fnrinir,
et résolut de la perdre. 11 la livra pour ce
sujet entre les mains du gouv(M'iieur d'A-
lexandrie fipii était pour lors A(piila', l'ac-
cusant d'être chrétienne , et de faire plu-
sieurs imprécations contre le gouvernement
et coîilre la piTsonne des «nnoereurs, h cause
de la persécution (pi'tm faisait aux chrétiens.
Il promit en même temps une grosse somme
d'argent h ci^ gouverneur, poiii- le portera le
seconder dans sa passion, en quelque manière
que rp pût êlre, le priant (pie. ^il la pouvait
persuader deconsouliràsondésir, il ne lui fit
souffrir aucun mal; luais que si elle persé-
vérait dans sa dureté, il la fit punir du der-
nier sup|)licc, afin (|u'elle ne triomphât pas
jilus longtemps de son amour cl de son dé-
ses[)oir. Cette généreuse fille fut donc con-
duite devant le tribunal du gouverneur, et
l'on usa de tous les artiliccs imagii ables
pour la surprendre. On la tourmenta ensuite
en mille manières ditférentes. Mais ni tou-
tes les caresses trompeuses de son ennemi,
ni les plus horribles supplices ne purent
ébranler sa fermeté. Le juge, devenu plus fu-
rieux par la constance de la sainte , s'avisa
d'un supplice plus cruel encore que tous les
autres, qui fut de faire remplir de poix une
grande chaudière, sous laquelle i fit allumer
un très-grand feu; et quand celte poix fut
toute bouillante, il lui dit d'un ton fier et
impitoyable : « Va, obéis à la volonté de ton
niaitre, ou si tu refuses d'y obéir, sache que
je te ferai jeter dans celte chaudière ar-
dente. Potamienne lui répondit sanss'émou-
voir : « A Dieu ne plaise qu'd y ait jamais
un juge assez injuste pour me commander
de coîiseiilir à des désirs déréglés et inipu-
diques ! » Le gouverneur ne se possédant
plus, commanda sur le champ qu'on la ch'-
pouillAt et qu'on la jelàtdans lachaudière. La
sainte dit aujuge : « Si vous avez résolu de
me faire soutlrir ce tourment, je vous con-
jure, par la vie de l'empereur pour qui vous
avez de la crainte et du respect, de ne me
point faire dépouiller, mais de commander
|)lus tôt (|u'on me descende peu à peu dans
cette chaudière, afin que vous puissiez con-
naître (pielle csIlagrAcede la patience que
j'ai reçue de Jésus-Christ, qui est le Dieu
que vous ignorez. On la mil donc d'abord
par les pieds dans la poix bouillante, et on
l'y enfonça j)eu à peu, et comme insensible-
ment durant trois heures, jusqu'à ce qu'y
étant plongée juscpi'aii cou. elle expira. »
L'Kgli>e fait sa i'èle le 28 juin.
PO nilN ^^sainl), évoque de Lyon, fut mar-
tyrisé dans sa ville épiscopale (îurant la per-
sécution de Marc-Aurèle, en compagnie de
tous les .saints que mentionne la fameuse
lettre des chrélitnis de Lyon aux églises d'A-
sie. >'oici comment elle raconte son mar-
tyre : « ('ependanl le bienheureux Polhni.
qui gouv(M'nait pour lors IT.glise de L\on.
et ipii, à l'Age de près de 100 ans, et dans
un corps cassé de veillesse, faisait paraître
les sentiments d'une Ame jeune et vigon-
reuse, était porté [>ar des soldats et conduit
au pied ilu tribunal. La vue prochaine du
martyre avait pciul sur son visage unejoit»
vive. Ses membres exttMuiés par ce granil
nombre d'années et parles ellorls d'une ma-
ladie, ne relenaiinil |)lus son Am<^ que pour
faire tiioiu|>her Jésus-Chrisl par elle. Le
peuple et les magistrats le suivaient, le cou-
vraient d'opprobres, comme s'il eAl été lui-
même le Christ [>our (pu ils ont tant d'hor-
reur. Ce saint vieillard rendit alors un illus-
tre ti'nuoignagc h la diviniti- de son Mailie:
car le président lui ayan* dtMiiandé (juel était
le Dieu des chrétiens, il lui répondit :« Vous
le pourrez connaître si vous vous en rendez
909
Pi)V
ITIA
770
(limic. » M;ii.s?i |i('iii(« /nwiil il jiclicvr ilc pai'-
Icr, (|U<' lo |icii|il() se jt'l.i sur lui .•iv('<- luiil»
rimpr-liiosili^ (les aiiiiiiaiix les |i|iis Inroccs.
(l(Mi\ (|iii se Iroiivait'iil pniclir de lui ralla-
(|uai(!iil à cmiiisdo points et de iiicds, sans
aiii'iiii r(>s|)(>(;| |i<>iii' son i\y,<', (U cawix (|ui cm
rlaii'iil ('li)ij;ii(''s saisi.ssaiciii Idiilcc (|ui loiii-
liail sous leurs mains, cl le laiiraicil ton-
tro lui ; les uns cl l(>s aulrcs cntyanl ((un-
nicllrc MU criMU' s'ils cmsscmI j^ardi'^ i|mcI(|im'
iModcralioli en celle rcMcoulre, et se laisanl
au tonlraire um uicrile aupii^'s do hmrsdicux
d'iui cMipoilciiUMd si oppose à la l'aison cl à
Ja Maluii'. Kulin ce saint év(\pie, ayaiil di\]h
sou Auu' sur le bord des livres, fut jeté dans
iini> prison oCi il la rendit deux jours «prùs. »
(Huinarl.)
l'OTA MON (saint), év(\pie d'Ilcraclée en
E^vple, est honoré couuuc u\artvr par l'M-
l^lisc, ([ui tait sa iiMc le 18 mai, (pioicju'il
ne soit pas mort dans les tourments. Mn
l'an ;nO, durant la pci'séculion cpu' snscita
JMavimin Daia, il fut arrcHé et soullVit di-
vers supplices avec une constance admira-
ble. Il eut UM hmI crevé ; on lui coupa un
jarret counne ou était alors accoutumé de hî
faire ^ un grand noml)ro do chrétiens. Il fut
depuis un des l*èr(>s du concile de Nic('e, où
les glorieuses mar(pies des combats qu'il
avait livrés lui attirèi'ent le respect des évo-
ques de celte auguste assend)lée. Kn 33'), il
acconqiagna saint AthaMaso au concile de
Tvr, et se [msa énergi(piemont connue son
défenseur. Quanti Oiégoire se fut emparé
du siège d'Alexandrie, il occasionna une
persécution violente dans TEgyple , (|u'il
parcourait avec Philagrius , i)réfet , faisant
niellro à mort tous ceux qui n'embrassaient
pas son parti contre le véritable évoque.
Saint Potamon ne fut pas oublié. Il lit fraj)-
per ce saint homme à coups de bâton sur le
dos, justpi'h ce qu'on le crut mort. A force
di' remèdes il fut ramené à la vie, mais Dieu
l'appela à lui peu de temps après.
rOTAMON, l'un des trtMite-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur sang pour la
foi en Egypte et desquels lUiinart a laissé
les Actes authentiques. Voij. Martyrs (les
trente-sept) égyptiens.
POTHAME (saint), fut martyrisé dans
l'île de Chypre avec saint Némèse, dans des
circonstances et à une époque que nous
ignorons. Ils sont honorés dans l'Eglise
connue martyrs le 20 février.
POTITE (saint), fut martyrisé en Sardai-
gne, sous le règne de l'empereur Marc-Aurèle.
Les détails qui sont vennsjusqu'à nous sont
insudisants. L'Eglise fait sa fêle au 13janvier.
FOUILLE, ancienne Apulie, fait i)artic du
royaume de Napics. Ce fut dans ce pays, sans
que l'histoire dise positivement en quel lieu,
(pi'arriva le martyre des saints Pantalémon,
Maur et Serge. Ce fut dm-ant la persécution
de Trajan que ces trois saints donnèrent
leur sang pour Jésus-Christ.
POUZZOLES, ville du royaume de Naples,
dépendait anc.ennement du gouvernement
de Campanie. Sous Dioclétien , en Tannée
305, cette ville fut témoin du martyre de saint
Janvier, év(^(pic de Héiiévetil , dn s/iiit .Su-
SM!, diacr(! de Misenc , des • ainls Prcjcidij
diacre, Ac,in:e et Eiiticc, bourgeois de l'ou/-
/oles ; de s;iiiii l'Vsic et di! s/unl Didu r, h»
pri'uiier diacre, le second lecl(!ur de l'cnliscj
d(* ll(''n(Wonl. Lo gouverneur 'l'imolliée Je.H
(il lous (h'capilcr, vo\aul (pie 1rs béics /iiix-
(pielles il l(!s avait fait jclrr n'avaieiil voulu
leur faire; aucun mal. (Voi/- li s aiiiclcs di>
Ions c(>s s/iiuls.)
PUADO (J|.;a^ im:) , m/irtyi', iclii^iciu dé-
chaussé de Saint-Erauçois, narpiil h Movuo-
brose en Espagne, au sein d'une familh;
noble. 11 lit si!s élinles dans la célèbri; uni-
versité de Salaiiian(pje, et reçut l'habit do
Sailli- Erançois che/, les dé-chaussés de la
province! de Saint-dabiiel. Depuis long-
temps, il brOlait du désir d'aller prêcher
l'I'lvangile aux idol.Ures. L'obéissaucc! à ses
supérieursl'em pécha d'acciiMi pi ir immédiate-
ment ce pieux dessein, et longlemps il prêcha
la parole dv, Dieu en Ivspagiie. Il fut élu supé-
rieur de la j)rovinco de Saint-Didace. Ci; l'ut
lorscpi'il se préparait à |)artir pour la (iua-
deloupe, (prUrbain \lll, (pii appréciait au
plus haut degré ses talents et son énergie,
r(>nvoya en Afrique avec de très-grands
pouvou'S. Après beaucoup de traverses et de
diliicultés, il arriva à Maroc, où il commença
à prodiguer des secours et des consolations
aux chréliens cpji y étaient détenus. Le sou-
verain de ce pays s'en montra fort irrité, lit
charger de chaînes notre saint, et le fit
nuUlre dans un élroit cachot. Dans la ferveur
de son amour, et plein de reconnaissance
envers Dieu, qui le jug(;ait digne de souf-
frir pour lui , il s'écriait en baisant ses
fers : « C'est maintenant, ô mon Dieu! que
je vois que vous m'aimez, puisque vous me
cond)Ioz de vos bienfaits. » Tout ce qui
pouvait lui rendre sa captivité dure et in-
supportable était mis en usage. On le con-
damna à [)iler de la poudre à canon ; et ce-
lui qui lui faisait faire cette besogne la
rendait excessivement pénible en la lui me-
surant chaque jour dans une proportion qui
excédait ses forces. Enfin on le conduisit
devant le souverain , auquel il parla avec
tant de force et de conviction de la religion,
que ce prince ne put trouver aucune ré-
ponse à lui faire. Eurieux de se voir vaincu
eu discussion par un simple religieux, il
ordonna de le tourmenter. Jean de Prado
fut attaché à une colonne, où on le perça de
coups. Il reçut une blessure fort grave à la
tète. On li'iit par lejeler dans un brasier ar-
dent ; mais là encore il ne cessait de prêcher
la parole sainte. Il le fît, jusqu'à ce qu'il eût
reçu un coup de bûche sur la tête, coup qui
lui enfonça le crâne, et qui le fit mourir à
l'instant même, le 24 mai 1636. La vénéra-
tion pour ce saint martyr fut si grande, que
Benoît XIII permit aux franciscanis de don-
ner son nom à une de leurs provinces, de
célébrer son ofîice et d'en dire la messe.
PRAGMACE (saint), évêque et confesseur,
souffrit à Autun pour la défense de ia reli-
gion chrétienne. Les détails nous manquent
L'Eglise fait sa fête le 22 novembre.
771
PRE
PRT'NKSTK, anjourd'iiui Palcsliine, ville
silin'c i\ vin^l-i|iii»lro luillos do Uoine. Sniiit
Ai^apnl y fut iiuirivrisé suus k" rèi^ne et du-
rant la p''r><t''cuii">ii de rempcreui" Aurùlicii.
PRÉl'f':Ul<iNK (sainte), martyre, était
femme de saint Claude : elle fut arrêtée par
ordre de Dioclélieu, avec son mari, ses deux
enfants Alexandre et Cutias, et Maxime, son
beavi-frère. Ils appartenaient tous à une fa-
mille illustre. Le féroce emjjereur, t^ui per-
s(''cutait alors lEglise du Sei.^neur a>ef une
rage vraiment iujpitovable, les condamna
d'abord à lexil; mais bientôt, comme s'il se
fiU repei;li de s;\ douceur, il ordonna (ju'on
les jeLlt tous dans un bûcher. La sauile mèie
et ses deux lils montrèrent un courage sur-
humain ainsi rpie Claude et Maxime. Ils
moururent < n otVranl à Dieu le sacriliie de
leurs vies. Ce fut la ville d'Oslii^ qui fut
témoin lie leur miirl. Leur fête est inscrite
au Marlyroloj4e n»main le 18 février.
PUÉTIiXTAT , saint), martyr, évèque de
Rouen, fui élu en oW. On ne sait pas à
quelle épofpic ni en quel lieu il naquit. Il
ass'sia en 537 au troisième concile de Paris,
assemblé pour abolir les mariages inC'S-
lueux. lin 5(56, il vint au concile de Tours,
avec ulusieurs de ses prêtres. Le zèle ((uil
montra contre les cruautés et les infaïuies
que coumiettail Frédégonde lui attira la
liaine d<> celte reine. « Krédégonde demeu-
rait à Uouen, et souvent elle el le prélat
échangeaient des paroles pleines d'amer-
tume. !l viendrait un temps, disait la reine,
()\i recounnencera pour lui lexildans lequel
il aval déjh été envoyé. Mais lui répondait :
Dans l'exil el hors l'exil, j'ai toujours été
évèipie, je le suis encore el le seiai tou-
jours ; vous, au contraire , ne jouirez pas
toujours de la p\iissance royale. Pour nous,
nous serons tiré de cet exil par iueu pour
entrer dans son royaume ; ((uant à vous,
vou>* sortirez de ce royaume terrolre pour
être préeipilée dans labime. Il eiU été bien
mieux pour vous de devenir meilleure, de
quitter vos folies et voire méchanceté, de
renoncer h celte jactance (pii fait le fond de
votre catacléie ; vous eussiez pu élever jus-
(ju'à l'Age convenable le jeune enfant au-
(luel voiis avez doinK'; naissance. Ces paro-
les excil»>renl la colère de celle fenune vin-
dicative, elle s'en alla le liel dans l'Ame »
(Cirégoire de Tours), el réNolul de se ven-
ger. « Le dimanche suivant, il se rendit de
b(»nne heure à l'église pour rollice, el après
l'avoir counnencé d s'assit sur une forme.
Alors un esclave de Frédégonde s'approcha
de lui, et avant tiré- un (onteau de s,) cein-
ture, l'en fiappa sous lais^elle. Prétextai lit
un rrî pour appeler le clergé h son secours,
niais persoiMie ne branla. Il éieudil sur rail-
le! scH mains sanglant' s. el a|irès avoir fait
.«.1 prière, il fut poi-té dans sa chambre el
mis stir son lit. Fré-dt^gonde vint aussiiol le
voir, et dit : Nous n'avions pas besoin,
saint évèque, non.* , ni voire peuple, (jiie
cpI accident vous arrivAt ; mais ph"il h Dieu
qu'on découvrit le coupable 1 Kl qui a l'ait
ce coui», dil Preteilal, sinon la main (jui a
PRl :t-2
tué les rois et tant ré|)andu de sang inno-
cenl? Frédégonde lui olf.'it ses médecins;
mais il ré|)ondil : Dieu me veut retirer de ce
monde ; mais loi, cause de tant de maux, tu
seras maudite, et Dieu vengera mon sang.
Après (ju'elle se fut retirée, il disposa de
ses aiïaires el mourut.
« Uomacaire, évèipie de Coutances , vint
l'enterrer ; les citoyens de Uouen et parlicu-
lièriMuenl les seigneurs français furent sen-
siblement afiligé's de celle mnrt. Leudov.ildc
de Bayeux, comme le premier évèque de la
province, prenant soin de l'église tli; Rouen
i)end;uii la vacance du siège, écrivit h tous
les évècpies, et de leur avis, il Ht fermer les
églises de Rouen, atin que le peuple n'ass s-
lAt point au service divin ju><|u'à ce qu'on
eût trouvé laut ur de ce crime. U lit pren-
dre (pielques hommes, qui déclarèrenl dans
les lourmenis (|ue Frédégonde l'avait fait
faire. Le roi (jonlran l'ayant a[)pris, envoya
trois évêques. Ai témius de Sens, Véran de
Cavaillon el Agrécius de Troyes, pour infor-
mer de ce crime, avec ceux qui gouvernaiei t
le jeune Clolaire. Mais les seigneurs dirent
aux envoyés de Contran : Ces actions nous
déplaisent inlinimenl, et nous voulons abso-
lument en faire justice ; toutefois si quel-
qu'un se trouve coupable parmi nous, nous
ne pouvons permettre qu'on le mène de-
vant votre roi, puisque nous le pouvons
])unir par l'autorité du notre. Sachez donc,
reprirent les évêques, que si on ne montre
l'auteur de c« crime, notre roi viendra avec
une armée mettre tout ce pays t^ feu el à
sang, lisse retirèrent sans avoir d'autre ré-
ponse, protestant ([u'ils ne soulfriraient ja-
mais que Mélanius, (pii avait été mis l'j la
place de Prétextai pendant son exil, fit au-
cune fonction d'évê(iue.
« Cependant, comme le bruit courait par-
tout le pays que Frédégonde avait fait tuer
Prétextai, elle, voulant se justilier, fit pren-
dre l'esclave (pii avait fait le coup, le lit
battre cruellement, comme lui ayant par
malice attiré ce reproche, el le livra au ne-
veu du (h'funt, (j li l'ayant mis fi la question,
l'esclave déclara lout et dit : J'ai reyu cent
sous d'or de la reine Fréilégonde pour faire
celte action ; cinipianle de l'évèipie Méla-
nius et cinquante autres de l'archidiacre de
Rouen, et de [ilus on m'a i»romisdeme met-
tre en liberté avec ma femme. \ <es mots,
le neveu de Prétextai tira son épée et mil
en pièces le criminel, soit par le dioil des
Français, qui permettait aux parents de tuer
le numrlrier, soit connue un psclive coupa-
i)Ie el abamlonné' par sa mailresse. L'Kglise
hcuiore sailli Preiextal comme martyr , le
vingl-tpiatrième de février. A sa place,
Frédégonde réiablil Mélanius dans le siège
de Rouen. » Fleury.)
PRKl IL ^saintj, reçut la palme du mar-
Ivre à AuMin.daii' des circonstances et à
line époque que nous igiiorons. L'Eglise cé-
lèbre sa mémoire le k nov(>mbre.
PRIA M (saint), marlyr, donna sa vie pour
Jésus-Christ, avec les sainis Emile, Fé-lix et
Lucien. Leur martyre arriva en Sardaigne»
773
PHI
i'ia
;7i
On if;ii(>i"o (•(KiipItMcmcnl Iji iliilr <•! les cir-
(•tillsldilti's tic leur cdlillKlI. l/l'ljJ^lisd huiKM't)
Unir iiiriiioiro |i< '2H inni.
IMUI.IDAN (s.'iiiit), iiuii'Im- .'i Aiilioclic en
ii.'il), sous r(>iii|>irt' (le Dccc, ('Idil un (h'.s
(Môvos |llllll^l (pic tics (lisci|)l(>s (le s.iiiil Ha-
hvl.'is, (Wc^iiiic (le ( t'll(< ville : cic il (''l.iil ex-
il Aiiioniciil jciilic. Il lui misa iiKirl |i(iiii- 1,1
l'oi iwvv. le sniiil. (^(^(iiii'. Ses Actes racoiileiil
(|iril l'iil tl(''i'iipil(V II lui enlcrn^ dans l,i
iiM^iiK* loiiihe (pie saint |{al)\las. S(;s rclitiiies
ont par (•()iis(^(piont, ot corunio le dit d ail-
Iciiis 'rii(''()iloi'et , suivi celles de ce saint
dans liMiis diverses translalioiis. l/l-lglisc l'ail
s« l'(He l(» 'iV jaiivior.
IMIIMAI.DI (le l)ieidi(Mife(i\ Antoim:), vi-
vait à Olraiite vers raiiii(''e l'iSO. (ViMait un
simple Joiirnalior. A cette i^p()(|iie, Malioinet
II, empereur des Turcs (»i cdiiipuMaiil de
Co'islaiitiiiople, voulut s'emparer de file de
llliotles, mais il lut repoussé par les cheva-
liers de Saint-Jean de JiWusalem, ([ui la pos-
st.'daient. Malioiiiel, l'iirieux, résolul d(> s'en
venger Vêlé suivant par une descente sur les
r(Mes d'Italie, elle ooininandanl (I(> sa llolle,
Heduc-Aclimet, viiil mettre le si(^ge devant
Otraute, qui aima mieux résister en confes-
sant sa foi ([lie de lrail(>r avec les inrul(''!es
ennemis de son souverain, Aju-c-s Iroisjours
de siège, la ville fut prise et un grand nom-
bre d'Iiabilanls |>ass(''s an lil de l'épée. Le
pacha, ([ui connuantlalt l'armcie ennemie, or-
donna, ciueliines jours afirés , qu'on lui amc-
n;\t tousles hommes au-dessus de qnin/.eans
(jui se trouvaieil dans la ville. 11 s'en trou-
vait environ 800, au nombre desquels était
noire bienheureux. Apivs avoir tenté, mais
en vain, de les séduire par toutes sortes de
moyens, le barbare ordonna qu'ils fussent
massacrés sur la colline de la Minerve, de-
puis ai){)elée Mont des Martyrs. L'ordre fut
exécuté, et pendant treize mois les cadavres
restèrent exposés aux injures du temps, sans
néanmoins se corrompre. E'i 1V81, Alphonse,
duc de Calabre, lils du roi de Naples, ayant
repris la ville sur les intidèles, fit irans])or-
ter dans une brllc chapelle de l'église mé-
tro|iolitaine, les corps des saints martyrs.
Quatre ans plus tard, il en prit deux cent
(juarante, qui sont honorés maintenant à Na-
ples dans l'église de Sainte-Catherine. Le
I)ai)e Clément XIV approuva, le ii décembre
1771, le culte rendu au bienheureux Antoine
Prinialdi et à ses illustres compagnons.
PRLME (saint), soutfrit le martyre à No-
mente , vers l'an 286, avec saint Félic en.
Ces deux citoyens, c'est-à-dire, habitants de
IXome, furent, dit-on, déférés àDioclétien et
h Maximien Hercule, parce que leurs dieux
ne voulaient pas ren(ire d'oracles que ces
deux chrétiens n'eussent été punis, ou con-
traints de sacrifier. Ils furent pris et amenés
aux deux empereurs, devant qui ayant con-
fessé la foi et refusé de sacrifier, fis furent
déchirés à coups de fouets et puis remis,
dit-on, entre les mains de Proraote, juge de
Nomente, pour leur faire souffrir toutes sor-
tes de supi)lices, s'ils ne voulaient sacrifier.
Promote s'acquitta trop fidèlement de sa com-
mission, cl après nvdii tenu loni^ti'inps les
saillis en pii^dti, il leiii' lit sonllVir Im n d«'s
loiiiiiicnls et leur lil enlln IraMclicr la lOto
le '•> jnin, ainpiel leill l'i^le e«tl ni«r<|iién
iiarlout. Leurs Actes porP-nl ipie saiiil l-'t'--
licjen avait alors «iiiatr-vin^^ls an», dont il y
cil avait Ireiile (pi il avail ((iiitui la vérité et
(pi'il s'elad n'-xilu a ne plus penser ii loiisics
plai^irs du monde poiusurMi luiMpieiiienl
son Cr/'ateiir.
Nouspassoiisplu.sieurs autres ( lioscs (pi'oii
pourrait tirer d«; ces Actes ; c/ir (pionpiils
ne soieiii pas des plus mauv.'iis, il y a ik'mu-
moins divinscs choses (pii l'ont dit la jieiiie,
et ipii auraient besoin d'être corrigées ,
coiiiiiu' dit Itaronius. l'oiir la véiiéralioii des
saillis, elle est attesiée |>ar les Martyrologes
de saint Ji'K'iine, p ir Hèd(!, Admi (|ui cojiio
.|»res(pie leurs Acies, et plusieursautics. Leur
fête est mar(pu'-(! partout au *.) juin, iiièiiie
dans le Sacrameiilaire de saint (îii-goiie et
dans le calendrier du P. Froiito. Leurs .Vcles
jiortent ipiapiès (|ue la persécution fut ces-
sée, les chrétiens bAlireiit une église sur
leur tombeau jirès dr Nomeiite ou LameiiT
tana, (ominc on l'appelle aujourd'hui, à ciiK^
ou six lieues de Uonie, et il y avait en cet
endroit un cimetière de leur nom. Le pape
Théodore Iraiisporla de là leurs corps à Rome,
vers l'aiiGio, et les mit dans l'église de Saint-
Ktienne , sur le mont Cœlius, d'où vient
qu'Usuard en parle comme si c'était le lien
(le leur martyre. On met aussi un saint
Prime et saint Félicien martyrs à Agen. (Foy.
Tilleino!!!, tome IV, pag. 571.
PUIMF (saint), versa son sang pour la foi
dans l'Hi'llespont, avec les saints Cyrin et
Théogèiies. L'Eglise fait collectivement leur
mémoire le 3 janvier.
PRIME (saint), souffrit le martyre à An-
tioche, avec les saints Cyrille et Secondaire.
L'Eglise fait collectivement leur fête le 2 oc-
tobre.
PRIME (saint), reçut la palme du martyre
en Afrique, au château de Lémèlé, avec mi
autre diacre nommé Donat. Ils furent mis à
mort par les donalistes.dans une église dont
ils défendaient l'autel. L'Eglise fait collec-
tivement h ur mémoire le 9 féviier.
PRIME (saint), l'un des quarante-huit mar-
tyrs de Lyon, en l'année 177, sous le règne
de l'empereur Marc-Aurèle, fut mis à mort
dans cette ville. Sa qualité de citoyen ro-
main lui valut la faveur d'être décapité. L'E-
glise fait sa fête le 2 juin, avec celle de saint
Pothin.
PRIME (sainte), fut au nombre des qua-
rante-huit martyrs mis à mort avec saint
Saturnin en Afrique, sous le proconsul Am-
lin, en l'an de Jésus-Christ 305, sous le rè-
gne et durant la persécution que Dioclétien
suscita contre l'Eglise du Seigneur. [Voy.
Satlrmk.) L'Eglise fait la fête de tous ces
saints le 11 février.
PRIMIEN (saint), martyr, cueillit la palme
des combattants de la foi en Afrique avec
les saints Dominique, Victor, Lybose, Cres-
cent, Second et Honorât. On ne sait rien sur
77.S
PRI
TRI
?7C
la tiato et los circon^lances do leur martyre.
I/Kj:!'--'' t'.iil l"'iir tVte lo 29 décembre.
PIUMITIF ^sailli/, luii des sept fds de
£aint Ciélule et de sainte Symphorose, fut
mai tvris(^ par ordre d'Adrien, qui le lit atta-
cher h un pieu, puis frap|)er dun nmp de
lance dans l'estomac. La fête de saint Primi-
tif arrive le 17 juillet. (Voy. Symimiorosi:.)
rUl.MlTlF ,saint', fut luariyiisé h Sara-
gossc en Espagne, par les ordres de Dacien,
qui en était gouverneur, en l'an de Jésus-
Christ 30'», durant la iierséculion de Diocté-
tien. Dix-sept autres lurent martyrisés avec
lui. On trouvera leurs noms «^ l'article Da-
cien. Les dix-huit martyrs de Saragosse sont
très-honorés en Espagne. C'est Prudence
qui rapporte ce qu'on sait d'eux. Ils sont
inscrit-^ au Martyrologe romain sous la date
(|;i H) avril. [Voy. Piudrnce, de Cor., liym.
4: Tillemont, vol. V, p. 229; Vasseus, Brlya.)
PUIMITIF (saint). Son martyre est rapporté
dans les .Vctès de saint Cétule. Arrêté avec
ce saint, saint Céréal et saint Amatice, par
Licinius, il fut, comme ces saints, fouetté,
torturé d:^ dilférentes façons, enfermé vingt-
sept jours en priso'i, et entui décapité sur
les liords du 1 ibie, h cinq lieues de Home, le
10 du mois df juin, jour auquel on fait sa
fête. Le martyre de ce saint eut lieu sous le
règne d'.Vdricn.
PKIMiriE saint) , martyr , reçut la cou-
ronne du martyre en Afrique avec les saints
Pierre, Succès, Bassien et vingt autres, dont
les noms sont inconnus. Le Martyrologe ro-
main ne donne pas de détails sur ré{)oquc
et les circonstances de leur martyre. L'Eglise
honore h'ur nuMuoirc le 9 décembre.
PRLMITIF (saint), eut le glorieux privi-
lège de verser son sang pour la défense d(>
)a religion, avec saint Facond. Leur mar-
tyre eut lieu en (ialicc, sur la rivière de Céc,
sous If président Alti(iue. Nous n'avons point
de détails authentiques sur leur com[)le.
I.'Eg1i>'e fait leur mémoire le 27 novembre.
PllLMlTlVE ^sainte), vierge, martyre, mou-
rut h Home pour la défense de la religion
chrétienne. Elle est inscrite au Martyrologe
romain le 23 juillet.
PIUMIIIVE (sainte), donna sa vie pourla
di'fense de la religion chrétienne h Uoin(>.
Les di'tails nous manquent sin- son coud)al.
L'Eglis»' fait sa mémoirt; le 2'» février.
PKIMOLE (saint), martyr, fut mis h .mort
h (iailhag(< avec les saints Mitnt.ui, Leuce,
Flavien, Julien, Victoric,Primole,Kenus, Do-
natien; ce lut en 2.')0, sous l'empire d- Valé-
rien, et sous le gniivfrnrment nitt-nmairede
Solon. (Pour plus d»> détails, il faut lire les
Actes de siiint Montan à son article. | L'E^^Iiso
fait la fête de Iniis ces saints le 2» féviier.
PRINCES AUMf:MENS, (jui subirent vo-
lontairement la captivité pour l'amour df
Jésus-Christ à la coin- de Perse, sous Ila/.-
^ue^d, deuxième du nom : « De la famille de
Sunik. les deux frères P.ipkén et Pa-;onr :
de la famille (rArd/.ouroiii.k, Nerchaboidi,
Chavasb, Chiukin, Meroujan, Rarkev, Da-
gad; delà famille Maminonia'ik, Ilamazas-
iuan, llanja^asbe, Aidavvl, Mon, lie.;.' ; ,|(.
la famille Gamsaragank, Archavir, Tatoul,
>'ardz, Nerséli, Aclind ; de la tamille Ama-
dounik, Vahan, Aran/ar, Arnag;de la fa-
mille Kinunik, .\dnm ; de la famille Timah-
siank, Tatoul, Sadéau, avec deux autres
com|)agnons; de la famille Anzevadzik, Chi-
mavon, Zouarén, .\ravan; de la famille Ara-
veleiank. Pal)ag, N'arazkén, Tagli; de la fa-
mille Arzerounik , .Vbrsam; de la famille
Mantagounik, Sahag, Parzman; de la fannllo
Dachradzik, Vrén; de la fam.lle Uerapso-
niank. Papige et Houknan. »
Voilà, d'après Elisée Vartabed, les noms
de tous les princes arméniens nui soulfri-
rent sous Hazgiierd. Cet auteur leur donne
le nom de princes. C'é;aient, en etîet, pres-
que tous des chefs de principautés ou des
descendants des fauulles souveraines qui
avaient régné dans le pays. Mais sous le
gouvernement des Perses, ils étaient dans
leur pays ce que sont nos préfets dans nos
départements, ce qu'étaient les satrapes dans
le royaume des Perses. La persécution con-
tre les chrétiens, ainsi qu'on peut ie voir h
Varlicle .\rmkmk, durait depuis la quat ièuie
année du règ'ie d'Haz.;ucrd, (juand, en V60,
ce prince tU venir h sa co.ir tous les princes
des contrées caucasiques. Comme nous l'a-
vons raconté avec détail dans l'article cité
jIus haut, il les força, par ses menaces, d'a-
joslasier (ce qu'ils ne tirent du reste qu'ap-
laremment), et ensuite les renvoya dans
eur pays, comblés d'honneurs et chargés de
convertir tous les habitants au culte du so-
led. On sait comment éclata l'insurrection,
quelle conduite y tinrent les princes armé-
niens, et quelle fut l'issue de la grande ba-
taille qui fut livrée l'aniu'e suivante. Les
principaux mend)res du clergé d'Arménie
ayant été transportés en Perse, les princes
arméniens s'y rendirent volontairement pour
s'y porter accusateurs de Vassag, et pour y
démontrer leur innocence. Leurs juges étant
leurs ennemis, le résultat fut ce qu'il devait
naturellement être : ils furent mis en prison.
Quelques-uns, qui céilèrent aux exigences
(ÎHazgutnd, furent renvoyés dans leur pays,
coud)lés de privilèges, de titres et de tor-
tunc. (Juant à ceux qui étaient en prisim,
Ha/.guerd. marchant contre les Kouchuns,
les traîna à sa suite, ainsi (pie le clergé, et,
arrivé dans la province de Korassan, les tll
eid'ermer dans le chAteau fort de Niucha-
bouh. On sait que plusieurs mois après, fu-
rieux des revers (pi'il avait essuyés, il lit
martyriser les saints évè(|ues. Les princes
virent peu h peu leur captivité s'adou.ir. Ils
furent inùino Iransféré.s au pays de llarèvc,
pays plus s;iin, et sous les ord es d'un gou-
verneur plus humain. La sixième an ii'e de
leur capliviti'>, la dernière année do son rè-
gn •, Haz^Aucrd se relAcha de sa rigueur à
leur égaril; il les lit délivrer de leurs chai-
nes et leur accorda la liberté de sortir «lo
prisoM. leur promettant même de les ren-
>o\er(ni .Vriuéni •. Toutefois il les til mar-
cher contre les Kouchiins. Ce prince étant
mort, son lils Héiose, lit deux ans durant, l,\
guer..^ "' SI t..'.,- . ! fut eiitin reconnu seul
m
MU
M'.l
771
r<ii. Il fil im-llli' eu lil»ltr loiis 1rs pHnrcs
nniu'i.'ri'iis, ri les cmi'il;! d.iis InniK',' |ii|r-
sn\w. l)i'',jA, (irpiiis iiriil' ans ri (L-mi, ils
(^lai' lit i-nplirs. Ainsi (|ti'iMi |ti'iil le voir ^
r«ilitliî lit' s/ii'il Aiiuviiwi <li' N.uiliali >iili,
tous It's Jiiis <;i< vii tl I s visiUiil cl leur do i-
iiait It's sfcoiii'.s «ImmI ils avaicnl ln'soin.
Aiurs Irci/c a is tralt-^i'iici', <la ts la sixiriin'
«iin»^.' «lu i'i"^ '<' de Hi-iosi', ils \\\io il c lin
r(vi(li»s h lit liiHTlr cl rcnvotcs dans li-urs
jin>s cl dans Icins pri. (•i)tanl(''s
i'illSCIICN (sainli, uiari.\f. niuunil dnns
les InriniiV'; o. \ (M)idc-isanl le iio;n d(i Jcsiis-
(".hnst, avec s<'s deux IVi^'i-cs sai \l Cai'ixin cl
sailli lilvarisic. l-'lv;li.so cclcbro leur nn'--
in()ii(> le IV ocliibi'c.
IMUSC.IKN isainl], recul l,i palnu' des j^lo-
rieux c()nd)allanls do la foi j\ Rome, avec
sninl Kv,ijj;rc cl lenis i ()m|ia;:;n<Mis. dont nous
lie co'i'iaissons niailienri'usenie il p.is 1rs
noms. L'ci^lise l'ail coUociivumoiu Lur fiMo
le \i oeloUce.
IMIISCIIS (sainl), l'un des quaranlc mar-
tyrs de SiWiasle, .vous Lioinius. [Voy. Mar-
TYIIS !)»•: SlCllASTIf.)
PKISONMKUS roaiains marlyrs en Perse.
{Voy. DM'Sxs.)
IMUSQUK (sainl), fut martyrise'' h Ca[)Oiio,
sous la i)ersé,:ulio i de Néron. Sainl l'risque
avait été disoij.le de No re-Seigneur Jé>us-
Chrisl, 0 1 fête ce niarlyr io 1" sopleiiih.e;
on niancjue de doiuiiiienls sur son couiplu.
IMUSOIJK (sai'11), soull'rit le niartxre à Cé-
sarce de Palestine, sous le régne lie re;ii-
[((M'inu* >'alé. ien, avec les sai Us Malcli et
Alexandre. Tous trois vivaient à la campa-
gne près (le la ville, m'nanl une vie sainte
et elirée lu moiid.'. I.a persécution do Va-
lérion s'étant allumét; dans l'Eglise, ils s n-
geaienl sans cesse aux glorieux Irioiiiphes
des martyrs (|ue celle per.^éL■ut.on (;nvoyait
en foule au ciel. Ils se disaient ipi'ils étaent
vraiment sans cœur et hlchcs de rester d;ins
une retraite ignorée et 'ranqiiille, et d.' ne
pas suivre au com!)al leurs f.ères e i Jésus-
Chr si. «Quoi, se dsaient-ils l'un à l'auire,
diirérerois- nous toujours d'entrer par la
porte du ciel qui nous est ouverte!... Se-
rons-nous ass(!z Ulches que de refuser de
soatl'nr pour Jésus-Clnist, qui a sauvé nos
Allies en donnant son sang pour nous? Nos
frères nous invitent à marcher sur l.'urs
traces; nous entendons intérieurement la
voix de leur sang qui nous appelle au com-
bat, ou [ilulot à la victoire: il est temps de
nous lendre. » Hem[)lis d'une sainte ai'deur
et poussés ]!ar une in'^[)iration divine, les
trois .-aints vinrent à Césarée, et s'était pré-
sentés au gouv rneur, ils lui déclaièrcnt
qu'ils étaient chrétiens. Celte généreuse con-
duite lit entrer le juge dans une granJe fu-
reur. Il lit torturer cruellemen les trois
saints, et en>uite les condamna à cire livrés
aux hèfes. Ils subirent avec courage ce sup-
pli.'e atroce Tous trois monlèreit au ciel à
l'-.ipp 1 du D eu '|ui leur avait inspiré leur
courageuse résolution. L'Eglise les honore
le 28 mars. Comme nous l'avons dit déj;\, la
conduite des saints qui marciient u'eux-mé-
DiCTioxN. DES Persécctions. II.
me», ]i la mort, snn . y ''•Ire /tpnoïés et (u,i\-
liai ils, (pii voit an dev/inl d'elle ronime (i-
reiit criix dont iioii^ parlons, doil (^îH! ju^é»
non pas par les relies r-ommiines, ninis par
des refiles e\( ««pliiitiriolles. l'oiir In justifier,
il faut admettre rinlervenlion divine, lins-
piralio') d'e-i haut.
I*UIS(M'E sainl ', reuii la courojme du mnr-
lyre da 's Io diocèse d'Aiixorre, nu lieu
nomiiK' Toussi-mn-Vonoe. ( c fui sous le rè-
gne d(> l'euipereni- Aiii l'iien ipi'il aecoinpiit
srui sacrilice. Il l'ut décapité après avoir <n-
dun- plusieurs lonriiienls. Saint (iirm.iin
d'Aiixerre, ayant trouvé niiraciileusemenl h;
corps (le saint IMisipie, (luelques-uns disent
S( uleincMl le chef, lit \)!\l\v nric église sous
rinvocalion du saint, dans la(pjelle il déposa
les précieuses rcliipwîs. Dieu y opéra un
gia d noinhrt! de muacles, (■(> (pjj \;i rendit
lrès-cé!èi>re, et y attirait le co icours d'un
liès-g. and nomhre de lidèles, venant de tous
cAli's clierclier à se protnirer, en invoipiant
saint Prisque, la guérison de l'Ame ou du
corps, ou les autres gr;\' es qui leur éta-ent
nécessaires. Quand les j)aib,ires eurent dé-
truit celle église, xin seigneur cliréiieu ,
nommé Porcaire, la fit rebâtir. Ce qu'il y a
d(! remar(piah!e, c'est q le, dans l'Auxerrois,
on nomme saint Prisipie, Prix ou Pr l; or
il est très-probal)le qut^ Sainl-Piix, village à
environ deux lieues d'Auxeri'e et h peu près
h égale dislance de Toussi-sur-Yoïme, est
le lieu où celte église était b:Uie. Le couvent
de l'icpus, à Paris, a longtemjis (lossédé des
reliques de saint Prisquc. L'Eglise fait sa
fèto le 2(5 mai.
PUISQUE (saint), souiTrit les tourments et
la mort pour Jésus-Christ, avec les saints
Cresceiit et Evagre. Leur martyre eut lieu à
Tomes, dans la province du Pont. Le Martv-
rologe romain n en dit point davantage. L'E-
glise vénère leur mémoire le 1" octobre.
PUISQUE (saint), fut dé.'apilé pour la re-
ligion chiéti.nne, après avoir élé criblé do
coups de po gnard. L'Eglise fait sa fêle le
2.) septembre.
PUISQUE (sainte), vierge et martyre, souf-
frit h Rome sous l'einfiire et durant la per-
sécution de Claude II, dit le Gothique. Elle
fut décapitée après avoir enduré [dusieurs
tourments. Ses reliques sont à Rome, dans
une ancienn • église [liacée sous son invoca-
tion. Ses Actes sont peu authentiques. L'E-
glise fait la fête de celle sainte le îSjanvier.
11 paraît, si l'on s'en rapporte à la tradition
de Rouîe, que la maison qu'habitait sainte
P isque était primitivement la seule église
de Rome, et que saint Pierre y avait odicié
et y avait administré le sacrement de bap-
tême.
PRIVAT (saint), évêqus de Mende, dans
le GévauJan, vivait sous Valérien, suivant
certains auteurs, seulement dans le v' siè-
cle suivant certains autres. La première opi-
nion étant la plus probable, n-ais l'adopte-
rons. Saint Grégoire de Tours l'ap uie de sa
puissante autorité. L'Eglise de Mende ne
compte d'évèque, avant saitit Privai, quo
sainl Sévérien, disciple de saint Martial, et
23
773
rm
rno
TRO
v^Mpr(< le 2«) janvier pnr l'F^lisi^ Inlno. Il y
n lifii (le rroin* (|ui> s;iir)t Priv.il avait son
si<-''gc dans ranliijiic cilt' d'Aiidi'i ilf, nui do-
piiis, h cause du ixniplc appelé (idlxtli, a
j»ris le nom de (iahales. Saint Privai est
nommé évècpn^ de (iabales dans saint (iré-
goiro de Tours, et e"i 870 ses successeurs
avaient cnrore le même titre. Quoi qu'd en
soit (ce point reste obscur), on voit dans la
Vie de saint Privât nu"il se retirait dans une
grotte qu'il s'était iait arrang(>r sur le haut
d'une montagne voisine de Meude, et que
là, tant que ses fonrti(»ns é|)is(opales le lui
permettaient, il restait, faisant ses délices
du jeûne, de la jirière et des veilles. Pen-
dant qu'd s'occupait ainsi do sa sanclKica-
lion et de celle de son lrou|)eau, Clirocus,
roi des Allemands, passa le Uliin, et vint
ravager les ("laules. Quand il fut dans le (lé-
vdudan, les habitants du pays se réfugièrent
flans le chfitcau de (irè/.e, fpi'on voit encore
au pied de la montagne. Saint Piivat resta
dans sa grotte, priant pour son peu[)le. Il y
fut pris par les barbares, qui em|)loyèrent
toutes sortes do mauvais Iriitements, do
menaces, île supplices, sans pouvoir le dé-
terminer à tralur ses concitoyens. Ils ne pu-
rent rien obtenir davantage (piand ils vou-
lurent le faire sacrilier «^ leurs dieux. Alors
ils l'acrablèrent do cou[>s et le laissèrent
pour mort sur la place. Quelquesjours après
il mourut de ses blessures, martyr de Dieu
et de la patrie. L'Kgliso fait sa fête le 21 aoiU.
IMtlN A r (saint), martyr en Phrygie, avec
un saint Denys. Inscrits tous deu\ au Mar-
tyrologe romain h la date du 20 sc[)tembro.
On ne sait ni à quelle date ni sous quel l'è-
j;no ils furent mavlyrisi'S.
PRIVAT saint), martyr, avait été guéri de
plusieurs ulcères par le pape Calliste : il fut
a Rome, par ordre du préfet du pn'-loire l'I-
l»icn. f appé à coups de martinets garnis de
plomb, jusqu'à ce qu'il rendit l'àme. I/K-
t?li<e fait sa fèt(> le 2.S septembre. {Pris dans
le Mitrli/rnloiir romnin.)
PRIX (saint), évè [ue de Ch>rmont et mar-
tyr, est hf>noré i)ar l'Kglisc le 25 de janvier,
avec saint A marin, le compagnon de son
martyre. Il était originaire d'.Vuvergne. Saint
(lenès le forma au service de l'Kglise : il fut
d'al)onl in hiiliacre, pu's évéque d'.Xuvergoe.
Quand Félix, évé(pie d'Auvergne, fut moit,
11' peuple, avec la permissiu'i (je (^.hildéric II,
choisit ni»tre saint pour lui .sucréder. Il em-
jilova ses biens à lomler des n>onastères, à
.soiAjger \r< malheiir.'ux et les pauvres. Il
fonda pl'.isifurs lntpitaux. Il ne ^e conttm-
tailpas des uMivres de charité, il avait com-
pris tons les devoirs de l't'-piscopat, et au
prenùer iM >g, d plaçiit rcnsingneuKMil, l'ins-
truction qu d tlevaitau troupeau dont il était
le paslinir. Forcé d'aller à la cour pour les
alliures de son diocèse, il gin''rit, chenun lai-
.s«!Jl, un honune nomme Amarin, solitaire
dans les ^'osges. Amann suivit le siinl évé-
que. Ce fut dans ce tcinps-li^ qu,. (Ihildciic
lit mourir Hector, palr.ce di' ^larseille, le-
qiiel était coupable de rapt et de |ilusicurs
autres I rimi s. Si-s parliraus, ses amis, cro-
ient que cela était arrivé en raison des plain-
tes (pie saint Prix avait |)ort(''es contre lui.
Kn tout (\ns, ces plaintes auraient été justes,
puisque le coupable avait enlevé une des
diocésaines de saint Prix et ensuite avait in-
justement détenu les biens de son église.
La mort du saint évoque fut résolue. On ap-
j)rit qu'il devait passer par Volvic, en reve-
nant de la cour. Agricé, qui était le plus
acharné de ses ennemis, alla l'v attendre,
accompagné de vingt soldats. D'ahord les as-
sassins se trompèrent ; ils prirent Amarin
pour révè(|ue et le massacrèrent. Mais saint
Prix, voyant ce qu'ils voulaient, se [irésini a
à eux avec courage. Un Saxon le frafipa d'un
coup de poignard. « Seigneur, ne leur im[ni-
tez pas ce péché, dit-il, car ils ne savent
ce qu'ils font. » Aussit(jt un autre soldat
lui fendit la tète d'un coup de sabre. Ce
martyre arriva le 25 janvier GTV
PRIX (saint) , fut martyrisé avec saint
Thyrso dans un lieu, à une é|.oque et dans
des .circonstances qui nous sont inconnus,
L'Eglise fait leur fé;e le 2V janvier.
PRORL saint', fut martyrisé pour la foi
chrétienne, en l'an de Jésus-Christ .303, sous
le règne et durant la persécution de l'empe-
reur Diocléticn. Le juge (jui les condamna
se nommait Maxime. (Ko//. TxRxgt f..^
l'RORI-; saint;, martyr, fut mis à mort }iî\T
attachement jiour la vraie religion^ avec les
saints Arc.de, Pascase et Eutychien. {Voy.
l'article ARcvnr. pour plus de (létails.)
PRORE saint., srniffrit le martyre à Riéti.
Nous Yvî'Oiis dans le Martyrologe romain
quê les saints martyrs Juvéhal et Eleuthère
lui api>arurenl au moment de sa mort. L'E-
glisi^ honore sa mémoire le 15 mars.
PROIUS [Aitrclins Vahrius , natif de Sir-
mich en Pannonie, parvint aux grades les
plus élevés sous Auri'-lien et sous Tacite,
autpiel il succéda vu 27(i, quand les soldats
l'eurent assassin.'. Il gouverna sagement,
et fut lui-même assassiné h Sirmich par
ses soldais. On le regretta universellement.
Nous ne parlons nas des événements de son
règne, parce que l'histoire de ce prince n'est
|>as le moins lin monde importante pour no-
tre sujet. L'Eglise ne l'a pas mis au nombre
des perséi utcurs; p.ourlanl il y eut {\o!i mar-
tyrs sous son règni», notamment saint Tro-
phime, saint Sabbace et saint Dorgmédon.
En eirel, ce prince ne persécuta pas les
clir''liens. Ce fiireit les l'-dits dAurélien ipio
les gouverneurs des provinces tirent exécu-
ter, et (pii portèrent leurs fruits de sang
jusipie sous h? rè.,ne de cet «nupereur, au-
(piel on ne peut re|)rocher aucun acte do
( I uaulf*.
PROnrS, préfet sous l'empereur Valérien,
fit mourir à Rome sainte Anastasie, vierge,
dite l'ancii^nne. Il la til ch ugtM' de chaînes,
soufileter, tourment(M- par le fmi, frapper à
c(nips de b.Uon. Il lui lit déchirer lt>s ma-
melles, arraclierles ongles, casser les dinils,
couper les mains et les pieds, et cntin déca-
piter. Saint Cyrille, qui assistait à son mar-
tyre, lui ayant donné de IVau qu'elle lui
rivait deinnndi (\ fut pris par ordre de Pro-
7. SI
l'UO
l'I.I)
7HI
l)iis, rt recul aussi la ('(Hintiiiif ihi mnrtyro.
l'ilOlU'!^, }:,niiv('iii('iir de l'.iniioiiic siius
l'i'iii|tii(' (1(1 i)i(»(l(''li(Mi , lit m kMci-, en .'lOV,
h Sirminni, saiiil IiVmh^c, i|ui cm v{i\'d <^vA-
(llic, cl li'fivml jiii le <'<MiliMi;nli !• ;i s.iciilii'r
Jiux (li(Mi\, le coiiilamii.i à .ivoir la hMi- tiaii-
vMo. (,)ucl(|U«) Iciups apics , cl dans la
Iik'^iik* aiiiK'c, paicoiiiaiil la |ii(iviiiit' s(mi-
inis(> h son ciuiuiiaiiili'iiicnl , il lil iiioiii'ii- à
llil»al(vs sailli Pollioii, (hcf des lecleiirs do
ji-^iiso lie celle ville. (I'"//. l'oii.iov.)
i'IUX-KSSM (saint), l'un des |)rinci|iau\
gaides de saini Pierre cl (l(>sainl Paul, ('on-
vorli par Cl s sainis api'ilrcs, avec saiiil ^]:\^-
liliieii cl (jiiaraiile-sepl aiilres s(ildal> , il
soulVril le uiarlyro par ordr(î do N(''rnM, on
ramu'" ' ()l), coiiinie les deux ap(Mi('s Pierre
et Paul. Tous ses coiii|)a^n(ms, c'e.sl-à-dir(^
sainl Marliiuen o.l les (]uaianlo-sepl soldais,
l'urciil marl\ risi's en nu'^iiie leiiips. Surins
tloiine des Actes de sainl Piocesscel d(!
sainl Marlinieii : Haronius n'iK^silo pas h les
cro re lid(''lcs, mais ils sont évidcniiucnl siuis
auloiilé. il l'aul, par rapport <^ ces dcuv
.saints, se borner à co qu'en dil saint (\v6-
^oire i\).
PUOCIIOllE (sainl), Tun des sept pre-
miers diacres, rc(;ul la couronne du niartv re
apr('>s s'(''tr(^ rendu ('(MOdire par sa toi et ses
miracles. II esl inscrit au Martyrologe ro-
main le 0 avril.
PUOI'LK (sainl), mourut mnrlyr, sons
Tr.ijan, avec s.unl llilarion. L'hisluire ne
nous dil point ni le lieu de su mort, ni la
mani(Me donl elle arriva. Il l'ut un do ceux
que le grand em[)ereur lit mourir en si
grand nombre pour cause de clirislianisme.
Sa f(M(> arr!V(> le 1*2 juillet.
PKOCOPli (saint), natif de Jérusalem, vi-
vait relire!^ h Bethsan, nommée aussi Scyllio-
))olis. Là, il entra dans les ordres saints, cl
reyut les grades de lecteur et d'exorciste. 11
fui aussi professeur de langue grecque.
Chaste au {)lus haut degré, pieux autant
qu'il est possible de lèlrc, il était, au dire
de son historien, un homme divin. Souvent
il était des jours entiers sans boire ni man-
ger : de l'eau et du pain lui suffisaient. En
l'an de Jésus-Christ 303, quand arrivèrent
en Palestine les édils furieux de Diocléùen,
Procope fut la première victime de la persé-
cution. Arrêté à Bethsan, il fut conduit h Cé-
sarée, ainsi que plusieurs autres chrétiens.
Paulin était gouvt>rncur de la province. Il in-
tima au saint l'ordre de sacritier. Les répon-
ses fermes et nettes du saint ayant con-
vaincu Paulin de rinutilité de son insis-
(l) Dans noU'O Histoire des persécutions, nnc vir-
gule pl;ic,oe avant le mol Mamertine par le proie,
an lien de rolrc apiès, nous fait donner ce mot
comme le nom d'une sainte niailyiisée avec saint
Processe et sainiMarlinicii, lan.lis que c'est le nom
fie la prison où ces sainis cjaniaient les apôtres.
Voici la phrase vicieuse: « Proccsse cl iMarlinien,
gardes de la prison, Mamerline et quara:ile-S{>pt
autres. > Voici la phrase normale: « Piocesse et
Marluiicn, £;ardes de la prison Mamerlinc, el (jua-
ia!'l(vs(i»l aiilres. » (//,«/. des pcrséc., vol. I, pag.
i58.)
lance, il le (ondjimiui h {^\v»' (b'cniiili'. L'E-
^;live \('iierc sa nicinoirc le H iuillel. for/.
Sleph. Asseiiiani, I. H, ii. H'A\ ; lluiiiort ;
Henri de N alois; Iùim'-Ih! de (lésaréu.)
PIUM'.OPI-; is.iiMji, niail\r, moiinil h Cons-
laniiiioplr, .sons l'cmpereiii- Léon, avec saint
Kasile (pii, connue lui, coiiiballil avLM; (.'Oii-
ragc pour le ciille des s.iinles ima-es. L'E-
glise l'ail l(Mir l'clc l(! 27 lévrier.
PHOCllLK (saint), soiillril le mai I vre avc^c
saint llilarion, sous l'einju-i-eiir 'riaj.iu et la
pr(''sid('nt Maxime. L'l'!;^lisc f.iji coHetlive-
nienl I(Mir bMc le l'i juillet.
PMOCri.L (saint), recul la palme du mar-
tyre à llidogiie, sous le règne de l'empereur
Maximien, L'Eglise lio.nore sa mémoire le
1" juin.
PUOCrLl'] (saint), diar;re cl marlyr, mou-
rut pour Jésus-Chriil en l'année 305 de l'ère
cliiéli(Mine. C'('lail durant l'.ilroce persécu-
tion (pic Dioch'ticn faisait endurer à lEgliso
du Seigneur. I.o diacre saint Sosik (Loi/, .son
litre) était emprisonné à Pou/zoles où il
avait généceusemcnl confessé la foi pour
Jésus-(]hrist. Procule venait le voir dans sa
prison. Ce (in'ayani appris Draconce, il le
lil arrêter, cruellement loueîler cl mettre eu
prison aussi. Peu de temps après, Timolhée,
ayant succédé à Draconce, lit amener tous
les saints à ram])liitliéàlre, où il les lit j«;ler
aux bûtes. Aucune n'ayant voulu leur fairo
de mal, il les fil Ions d'écapilir. L'Eglise cé-
lèi)re la fèt(> de sainl Procule le 10 sej)lembre.
PKOCULE (saint) , martyr, répandit son
sang pour la foi avec les saints Ei)licbe et
Apolloiie. Ce fut le consulaire; Léonce qui
les lit arrêter au moment où ils priaient au-
l)rès du corjKs de sainl Valeidin. Ils jiérirent
par le glaive. L'Eglise hono;c leur mémoire
le ik février.
PUOCIJLE (saint), évèque, fut martyrisé
à Narni, ville de l'Etat ecclésiastique. Aftrès
un grand nombre d'œuvres éclatantes, il
fut décapité par l'ordre de Tolila, roi des
(ioths. L'Eglise honore sa mémoire le l"
décembre.
PUOCULE (sainl), fui martyrisé à Terni.
Ce sainl évêque souffrit la mort dans des
circonstances qui nous sont inconnues. L'E-
glise fait sa fête le li avril.
PROCULE, juge, qui, en Afrique, con-
damna sainte Uestitule à être brûlée vive
sur la mer, dans une barque où il la lil pla-
cer avec une gran(Je quantité de poix et d'é-
toupe, et à laquelle il lit mettre le feu.
PROMOTE, qualifié consulaire, dans les
Actes des saints Secondien, Marcellin et
Vérien, lit décapiter ces trois saints en Tos-
cane. 11 est très-probable qu'il était magis-
trat dans cette partie de l'Italie, el qu'if ne
fut pour rien dans Farrestalion des trois
saints, qui eut lieu à Rome, el dans les
tourments qu'on leur fit soufl'rir dans celle
ville avant de les envover en Toscane.
PROSDOCL (sainte), îilledesainteDomiiine
et S(jQur de sain te Bérénice, est honorée comme
miirlyre avec elles par l'Eglise, le k octobre.
(Pour i)]us de détails, voj/. les Aclcs <U;
ainte Dommnf, à son article.)
;w
PRO
PTO
784
PROTAÎS fs.iint), marlvr h Milnn sou?
Nrron. nvo" saint (iERVAis (Toy. ce nom^.
PUOTAIS fsiin!). eut ravnula^e glorieux
fl.'' iDOiirir ponr sa foi h Cologne. On i-'noie
dans i^uelles cir o-islances. LE^lisc fait sa
nH'rnoiro le V aortl.
PUOTK fsoi'it>. martyr, fit mis h mort
nvec sai'^l llyarinlhe. .«^ous le r^^ne de Va-
If^riin. «n '257. On I t dans los Acles do sainte
Eiig( nie, honorée [lar l'Ki^lise !.• 25 décrmhre
q'.îo Ions deux servaient «liez cette sainte
f II qualité dVunuijues. S'il faut en croire
leur éf-itaphe raj^porlée par h' papr: Dan).'ise,
tf'us deux élaiei.t {réres. I.curs reliijues sont
dépdsées à Rome, dans l'église de Saint-Jean-
lîaptisle. N"iis manquons de détails bi^m
circonstanciés sur leur martyre. L'Eglise
f.iit leur félc lo H septembre.
PROTE (saint), piètre et martyr, fut mar-
tyrisé à ïorre en Sar laigne avec le diacre
.iVinvier. .\yant été envoyés dans celte île
par le pape saint Gains, ils furent mis à
mort sous le président Barbare, du temps de
rtnipereiir Dioclétien. L'Er;lise honore col-
leitiv»'iiu'nt leur mémoire le '2'.') octobre.
PKOTÈK , l'un des trente-sc[)t martyrs
égyj. tiens qui donnèrent leur Seing pour la
foi ei Egypte, et desquels Ruinirl a lai>sé
les Actes* authentiques. Voy. Mahttrs (les
tenle-<:r>pt' kgyptiens.
PROTf^RE (saint), martyr, fut ordonné
prêtre par saint Cyrille, patriarche d.Mexan-
firie. Ou ignore complètement sa fam lie et
léducalioci (ju'il re(;ut. Dioscore, le succes-
seur de saint Cyrille, et qui était eutychien,
voulant attaciier notre saint h son parti, le
fil archi[)r;;lre-de l'église d'.Vlexandrie ; mais
PiOtère vit le piège et n'en resta que plus
alaché h sa foi. L»; conrilc de Chalcédoine
ayani déposé Dioscore, il fut élu h sa place
et ordonné en io2. Deux partis dés lors se
j)arlagèrent les esprits : ce ui de Dios(0:e,
re,ir 'seule par Tiiuolhée surnommé Elui e,
et par Pierre .Mongc, tous deux ecclésiasU-
ques, mais pleins de vices, el celui de Pro-
lerj. E urc aniinail la populace contre notre
saint et lui faisait soullrir mille incultes ; il
jiaivint même h force de cabales à se faire
j riicl.unLT seul évèque dAlexandiie. L'em-
j creur l'exila pour le punir, et cet exil
exH^ifiéra le-* eutychieiis (]ui s'en vengèrent
p.ir la mon du saint, ils le massacrèrent le
vendredi >ainl de l'année 457, dans le bap-
tistère attenant h l'église ue Saint-Qiiii in.
Ils le uiiient ensuite en pièces, le brOlèrenl,
et ses cendres furent jetées au vent. Son nom
est i ""Sf-rit au lideiidricn* grec le 28 féviier.
PROrot:i1:rE, confes.seur, éiail prêtre
d I éjli.«e tie Césaiée en Palo>tine. Il est
CJ 6 avec ho' nour parOrigène, par saint Jt'--
r^^;ne. toinme un homme d'une vertu émi-
nenle. Il fut orrète avec saint Ambroi.se, \K\r
l.-s |ierâécuteurs qui cherchaient Origène,
i l conduit avec co >ain( jus(ju'eu tiermanie,
oùélait Tempe eur Maximin. Co nrince fé-
I .ce avait rouluiue de ti aller ainsi les gia ids
(C.soiniag s qu'il voulaii fair*- soullrir, huiii;-
icrou lançonner. Ce tyran traii.a.t lessauils
confess tirs à sn «;ijil»' de vilie en ville, le»
I
nssnjettissant .^ toutes sortes d'incommodi-
tés, les abreuvant de mauvais traitements :
il les fit même tourmenter parfois cruelle-
ment. Probd)lemeiii (|ii'il les aurait fait
mourir, mais h s révdtes de ditférentes
parties de l'empire, el notamment de l'I-
talie, les di'crets du sénat (pii menaient le
tyran hors la loi, le forcèrent h quitter b us-
fjuemenl la Germanie, et h s'occuper d'au-
tre chose que de buirmei ter les (hréiicns.
Les deux saints confesseurs furent mis en
liberté. IVnif. Ambroise.) On ne voit plus
rien rIeProfoc'ète dans l'histoire.
PROTOGÈNK (saint), évèque de Carres et
confesseur, habitait Edesse, où il était jirè-
tre, avec saint Euloge, quand, en 373, Va-
lens, persécutant les catholicpies, le bannit
avec ce saint dans la ville d'Antinous en
Barbarie. Tous deux y restèrent, secondant
l'évèquo de cette ville dans ses travaux
aposlo!i(|ue5 , convertissant les jiaiens et
faisant beaucoup de miracles. A la mort de
Valens, son neveu Gratien ayant fail reve-
nir d exil les confesseurs, saii;t Prologène
et saint Euloge quittèrent Antinoiis pour
retourner en Mésopotamie. Protogène fut
fail évèque de Carres, où il mourut comblé
d'années et riche de vertus. L'Eglise ho-
nore sa mémoire avec celle de saint Euloge,
le 5 mai. 'Voy. Vai.ens.;
PR0T0LI(;L'E (saint), martyr, vivait k
Alexandrie. Ce fut là qu'il souffrit le martyre
avec ses comnagnons saint Bassus et saint
Antoine. On les jeta à la mer. L'Eglise ho-
nore leur mémoire le 1'» février.
PROIES (saint), martyr, précepteur des
sainls (^ant, Canlien, et de leur sœur Can-
tianille, les avait élevés dans les princi[)es
de la foi chrétienne. En l'an de Jésus-Christ
30V, durant la persécution de Dioclélien, il
fui mis à mort avec eux, dans le bourg d'.4-
quœ (irndntiT ^Snu-C:\nl\n')o]. (Eoj/.CANriF.v.)
l'RUDENCI'; (>aint), évè(|ue, confesseur,
soulfrit à Taïazona, ville d'Espagne, pour
la défense de la religion chrétienne. Nous
n'avons point de di'tails sur son combat.
L'Eglise fail sa fête le 28 avril.
PRISE, ville de Bilhynie, eut l'honneur
de voir, au m' siècle, sous les commence-
ments de Dioclélien, marl,\riser dans ses
murs les sainls. Pairie son évèque, Acace,
Ménandre et Polyène, tous trois i>iêlres do
stin église. Ce fut Ju ius,pioconsul de Biihy-
nie. qui les condamna ?i mort. ; Voy. Pitrick.)
PSEUDON, Ville siluée dan> le «lio.èse
d'Aulun, est célèbre parle martyre de saint
Hilaiie, vulgaireiniMil Hili r, et de saint
Eloieniin. C s deux sainls y vivaient dans
la pratique des plus saintes vertus, jeûnant
et piianl, lorsque les barban s.qui faisaiei t
de fié (Uentesiiivasionsila'srenii ireroma:n,
vinrent piller la ville do Pseudon. ils com-
mencèrent par enlever les bie is «les sa nls
iiiart\rs)l les iinril mourir e;isui(e dans
les torliires.
prOLÉMf:E (saint,, fut martyrisé .'i Ronu«.
sous reiii|»iM> de Maii-Auièle, par ordre du i
magistral nommé Erbicus. Saint Plolémée
n'esf pas porté dn 's h; Mart^vrolo^j;»» romain ;
TH3
l'TO
i»Ln
inQ
Cf'iuiiul/iiil sdii inarlyio in- lait pns iloiilc, puis-
1111(1 saïul Justin S(> [tlaiiil liaiilciixtnl «lu'oii
I «il l'ail iiioiiiir, (hiMS sn .s('(«)ii(|(' Aftoloi/ir
{i(li'(»ss('(' h rcm|H'ii'iM- cl au sciinl. Ilniiiarl
nous iliMUK' si's Acli's tjiic nous Iranscii vous -
« Un l'UK"» iriil»^ conlii! sa Irinmo ((iii
^tail clui'licinc, »'l (pif la pislicr <lu prince
av.nil piolrj^i'c cuiilic sa lurrur, luunia sa
liaiiir l'ontri! un cliriHicn noiniur I*IoI<'iih'm',
(pli avait (loTiiK^ A celle rciiiiuc la |ii('iui("'n'
tciiiluro (l(! notit> icli};,ion. H i'(''solul (h; It!
|)iM'(lro, cl dans vo, dcssoin il s'a(lr('ss(^ à un
C«'<iliifioii (le s(>s luiiis. lui in(li(|uc Plol<''nn''(>,
lui persuade de s'imi saisir, cl tU; n(î riidcr-
ro};(M- (pjie sur un seul ch' f, savoir s'il csl
cluvlicn. Ploh'iiiu^c, i\ (pii l'oinlire du incn-
soUf^c faisait peur, cl (ionl r.'^inc pleine de
candeur lu) pouvait soiillrir le inonidrc (h^-
f^uiseuicnl, r(''pondil sans lu'^silor (pi'il («lail
cliriMicn. (k'I aveu lit (pic li; ceiilurioii K;
traita ;»vc«^ une cxlriMuc durcl(S cl Ic! retint
longl(MU|)s da'is une obscure |)risoM, Knli'i,
a^juil ('ié conduit devant le pri'l'el IJrlii-
cius, ce jii;j;o ne lui demanda (pie celle seule
clios(> : s'il était chrélie!!. Lui (jui ('■lait per-
suadé 'lut* la doclrine de J(^sus-rdirisl est
une source fi'condo d(! toutes sortes de
Jjicns, (H (jue runi(pie moyen d'(Hrc lieureux
esldes'aitaclierhses maximes, ne l);\Ian(;a |)as
un uioinent, et il r('>p()'idil hardiment jxjur
la S(>coMde l'ois (|u'il était chrétien. Au reste,
(|uieon(|uedésavoue la r(d gion chiétienncne
le peut faire/iuc par deux motifs : ou parce (ju'il
lacroit indigiede lui. ou j)aree(pieses mœurs
le lendent i'idij,ne d'elle. Or ni luii ni l'autre
de ces motifs ne peuvent agir sur un vérita-
Ide chrétien.
« IMolémée, ayant ai'isi rendu témoignage
h la véj-ité et il la religion qu'il professait,
reijul sur-le-ohanip la récompense de &;i
généreuse sincérité. 11 fut condamné à la
mort. Comme on le conduisait au supplice,
Lucius, (^ui était chréti n comme lui et qui
n'avait pas TiiUie moins grande, fut touché
d'un jugement si ini([ue; il alla de ce [ms
tiouver Urbicius. « Quelle est donc cette
« justice, lui dit-il en l'abordant, qui vous
« fait condamner un homme î» pei-drela vie,
« parce qu'il porto un nom (}ui vous est
« odieux? Quoi! sans ôlre ni adultère, ni
«< homicide, ni ravisseur du bien dantrui,
« ni coupable d'aucun autre criiue, il sullit,
« pour mériter la moit au tribunal du pré-
fet Urbicius, de confesser (|u'on est cljré-
tien ! Croyez-moi, cette horrible injustice
ne convient point au temps où nous vi-
vons. Par' là vous déshonorez la piété de
nos empereurs, et vous faites injure à
l'équité du sénat. — N'es -tu pas aussi
chrétien? interrompit le préfet, toi qui
m'oses parler ainsi ? Du moins il me sem-
« ble que lu en as le langage et les maniè-
« res. » Lucius l'ayant confessé, le préfet
l'envoya au supplice sur les pas de Plolé-
inée. « Je te rends grâces, Urbicius, lui
« dit ce soldat de Jésus-Clirist en allant à
« la mort, de ce que tu m'(jles au plus mé-
« chaut de tous les maîtres, pour me donner
« au loeilleurde tous les pères. » Un Iroi-
MèiMo chrt'tiini ('t/iiit survenu, et nynnl f.ul
au juge h's iin'^mes icproches, p/uta^e.i nveo
les deut premiers et j'i^noiiiiiiie «ItJ bîUr
nmii et II ^luwe de leur Ir.oiiiphe. •
i'H)l.ii\H:i: (saint), évi^pie de l'cntapoIJl,
martyr. On croit (pi'il ceuillit la paluio du
iiiarh re h Pise. i.a fui diiranl la persécution
de N'en (II.
l'I'OLIvMJ';!': (saint), porté au Martyrolojço
romain comme solilal ei maris r, .'i la dat(! du
20 (h'cembre. (!'«*/. Ammon n'Ai.i: \ a-niihik.)
PTOI-I'-Mf;!-: (saint), sonlfrit le martyre à
Uoiiie vers \';]\\ H'iVi. {Voij . Lici:.)
I'I<)I,0M^:K (saint), évéïpie, discipi,, ,lo
saint Pierr(^ ('(il ajx'itre l'asanl envoyé an
Toscane pour y i»r('^cli(M- l'I^vangile, il ou
conlirma les vérités |)ar l'elfnsio-i de sou sang
h Népi. {f'\vlraiC du Marfyroloye romain, au
i>V aoi^l.)
PUULIK (saint), /V>/(»s, fui martyrisé à
Saragosse en Espagne |>ar les ordr(,'s de Da-
tion (lui en élail gouv(Mn(nir, en l'an de Jé-
sus-Christ 'M)\, (liirant la [(ersécuiion do
Dioclétien. Di\-sepl autres furent martvri--
ses avec lui : on trouvera hnirs noms à I ar-
ticle Dacikn. Les dix-huil martyrs de Sara-
goss(! sont In^s-honorés en ICspagne. C'est
Prudence qui rapporte ce (]u'on sait d'eux.
Ils sont inscrits au Martyrologe romain so;;s
la date du 10 avril. [Voij. Prudenc(% de Cor.
hym. k ; Tillemonl, vol. V, p. 229; V^asseus,
Behja.)
POULIE (saint), fut martyrisé en Afrique
avec les saints Victor, Hermès el Papias.
On ignore à quelle époque et dans quelles
circonstances. L'Eglise fait leur mémoire lo
2 novcml)r(!.
PUBLIUS, qualifié préfet dans les actes do
sainte Félicité, fut, en l'année lO'i-, chargé
par l'empereur IMarc- Aurèle d'interroger
sainte Félicité et ses sept fils, el de les ex-
horter à obéir aux ordonnan.^es qui prescri-
vaient de sacrilier aux dieux de l'emjiire.
Publius s'acquitta de sa mission avec plus
de modération (jue n'en meitaienl d'ordi-
naire, dans ces sortes d'alfaires, les magis-
trats de ce lemps-là. Il n'i ut point à jug>ir
ni à prononcer de sentence. Sur un rajiport
circonstancié qu'il adressa à rem[)ereur, ce-
lui-ci nomma des juges (lui condamné' ent
et firent mettre à luo.t sainte Félicité el ses
sept fils. [Voy. Félicité )
PUBLIUS (saint), évoque d'Athènes, fut
martyrisé dans sa ville épiscopde, sous ie
règne de Marc-Aurèle. La mort du saint évo-
que, heureuse pour lui, devint, funeste à
son troupeau ; car étant resté quelju • temps
sans pasteur, il perdit presque entière. neiit
la foi. Il y fut ramené par saint Quadrat, (jui
fut son premier évoque ainès saint Publius.
L'Eglise fait la fête de ce saint martyr le 21
janvier.
PUBLIUS (saint), évêque et martyr, donna
son sang pour Jésus-Christ en Asie. 11 eut
pour compagnon de son triomphe saint Au-
rèle. L'Eglise honore leur mémoire le 12
novembre.
PUBLIUS (saint), reçut la palme du mar-
tvre en Afrique, avec les saints Julien, Mar-
787
QLA
QUA
788
rcl t'I leurs compagnons, dont les uftius sont
ignorés. L'Eglisc lait leur fClc le 11) févrii-r.
PUNA, ville sifude dans la province de
Onilo (Mo\i(jno\ et dont livs hahitanls mi-
rent h mort le hienheuroux Vinrent de \ al-
verdo, qui voulait les convertir en l.")'»3, (jm'I-
ques années après que Pizarre était allé à la
conquùte du Pérou.
PUPULE (saint), martyr, souiïrit pour la fui
h Ale'tandrie, sons Numérion, aveo les saints
Céréal, Caïus et Séra|)ion. On ignore h qinMlo
époque et dans quelles < inonstanees. L'E-
glise vénère leur mémoire le 28 février.
PURCHASIE. yi. Jehan fde Saint-Clavien;
a imprimé dans un ouvraiîe de cliiniie ii-s li-
gnes suivantes , que M. Pignard me trans-
mettait conune renseignemeiit pendant (pi'on
imprimait les premirres feuilles do ce Dic-
tionnaire : « Emeric David a découvert un
monument h storique constatant que, vers
le milieu du XI' siècle, on conservait à Dijon
nn très-ancien vitrail peint , re[)résenlant le
Marti/ip de sninte Pnrchaxie, et provenant (U;
la vieille é;^lise restaurée par Charles le
Chauve (Saint-Denis.) » Je pensai qu'on avait
pu confoidrc avec sainte Pascasu* ou Pas-
chasie , dont il est fait nientiou h l'article
Bémoe de ce Dictionnaire. Mes recherches
et une lettre que je viens do recevoir d'un
vénérable chanoine do Dijon me conliiment
dans cette opinion. Une faute typogra[>hique
aura causé cette erreur. Quani <^ sainte Pas-
casie, je ne l'ai pas donnée connue niailyre,
j)arce que tous les Martyrologes avant M. du
S.iussay ne l'ont |)as donnée connue telle; le
Martyrologe romain ne lui accorde pas ce
titre; Bollandus non plus, 9 janv., p. 51)7.
Grégoire de 'l'ours {Dr (iloria marti/r., c. ."il,
n. 120; de (Horia confcssoriim, c. V2, j). M'-i)
la nonune seulement une fennne sainte et
religieuse. Suivant ceux qui la font martyre,
elle aurait, après avoir confessé la foi dans
les prisons et dans les supplices, été déca-
pitée par tes païens, sous .'irlarc-Aurèle, dans
un ;1ge fort avaiuM-.
PUY (le bienheureux Pnii.irn: m), était
encore dans le sein de sa mère, (piand saint
Antoine de Padoue prédit son martyre. II
passa son enfance et sa jeunesse dans une
innocence vraiment an,.;élique. Il se lit
frère mineur et se rendit en Terre sainte. Il
était h Azot ijuand la ville lomha, par trahi-
son, au pouvoir des musulmans, qui con-
damnèrent les chrétiens à la mort, au nom-
bre de deux mille. Philip|)e demanda à être
martyrisé le deiiiier. Les musulmans, esi)é-
rant ipi'il allait abjurer, y consentirent; mais
il jirolila de celte faveur pour exhorter les
chrétiens à mou. ir avec courage. Quand on
eut raconté au sultan la conduite de Piii-
lippe, il lui lit couper une h une les articula-
tions des dtvigis, en |)résence des chrétiens.
Malgré cela, le généreux martyr ne cessa
d'exhorter ses compagnons de souiïrances ù
supporter courageusement la mort pour re-
cevoir la couronne de gloire que Jésus-Christ
donne <i ceux (pii nwMirent pour lui. Le sul-
tan, voyan; la p(>rsi>tauce do ce généreux
soldat de Jésus-Christ, le Ut écorohor vif
jusqu'à la f)artio inl't'rieure du corps, el lui
lit ( ouper la langue. La manière dont il svii»-
portj ces tourments lit la jo.e des chrétiens
elenflimma de i)lus en plus la fureur des
nnisulmans. Connue sa langue mutilée ne
l)ermetlait plus qu'il pilt adresser la paroi)
aux conq'agnons de son martyie, il les en-
courageait eiH'oro du geste. Il fui emin dé-
capité av(.>c les autres, et son l\n\c s'envola
vers les (ioux sa réconq;ense. [Chr .nique des
Frères Minctim, 1. 1, p. 21."i bis ; t. Il, p. I «8.)
PYDNE, aujourd'hui Kitros, ville de Ma-
cédoine, en Piérie, sur le gofe Thermaupie,
vit le martyre (ie saint Alexandre, cjue V.;>-
lère lit mourir en 298. Cet Alexandre, nou-
velltniient converti, avait été ardent persé-
cuteur des chrétions. H.)llindus raconte sa
vie au li mars.
Q
Ql'ADRAT 'saint), l'apologiste, qu'il ne
faut i>as confondre avec lévèqne d'Athènes,
comme l'ont fait beaucoiq) d'auteurs, enire
autres Fleury et tout réciMiuuinil llouillet,
avait été (lisci|)le des apôtres, avait vu |>lu-
sieurs des persomies guc'-ries et ressuscitées
par Jésus-Cluisl. Il ne |>ouva t donc pas être
le même que saint Quadiat, nonnni'> («vèquo
d'Athènes en 170. du temps de saint Denis.
Eusèbe donne h saint Oiiadrat l'apologiste le
titre «l'évangélisie. Il appelle ainsi ces suc-
cesseurs des ajiôtrps, (pii, renon(;ant à tout
bien ici-bas, se faisaient en Ions lieux les
prédicateins et les propagatmirs de l'Evan-
gile : missionnaires rpn n'avaient point de
demeure li\e, et ipn allaient [lar liuiie U
terre, glanant pour Ji-siis-Christ les épis çh
ol Ih égaré'S.
Quadrat prt'senta, en l'amn'e Lit». ,^ l'em-
pereur Adrien, une Apologie qnil avait com-
posée en faveur des chrétiens, et dont il ne
nous resie plus ri(Mi, si ct* n'est quehpi s
fragments conservés par Eusèbe. Cet o;i-
vrag(>. abondant en raisonnements forts et
solides, plein d'érudition, île raisons lumi-
neuses, est appeir* par saint Jér^^n^e un ou-
rrat/e fort utile. .Adrien en fut touché, et, so
renilant aux raisonnmnenls que l'illustre
apologiste faisait valoir, il cessa (n pi-rsécu-
tion qu'il avait al lumi'e contre l'Eglise. Quel-
tpies auteurs veuli nt que saint (Juadrat l'a-
pologiste ait (Hé évè(pH' de Magnés e, et qu'il
y ait été» martyrisé. Rien h cet égard n'est
soldemi'iit éla!>li.
Ql'ADRAT, l'un des trois magistrats qui
liriMil inouiirà Langres les saints Ehnisipp»,
SpiMisippe et Melensippe, en l'an ISO, sous
l'empire de Marc-.\urèle. Ce fut lui (pii so
montra le plus acbaini'î cf»ntre les saints
mailyrs, et qui alla mèmojustpi'à frapper
7f.9 0''A 01 K 700
iwrc, le poiii;^' /m visa;^(i deux (rriili(^ v\\\, sur la voie; Iwiliiir, d/iiis Ii! Ii<'ii n|i|t(!|('5 I(?H
Kniiil l''.l('iisi|i|i(i ot sailli S|M'Usi)i|M'. [Voy., ('ni( Saths. Il ml notir ((imiiii^iioii do sirS
pour les d(''lails, l'ailiclf' Si'i;i sii'i'i..) NDiiirraiiccs sniiil (,)iiiiiliis. I.oiirs curjts liKi'iit
(,)r.\l)U.\r (sailli), soiilIVit le mai Ivre avec, tiaiis|i()rl(''s ii (laiioiic, cl l'I'l^^liM! l'ail cnllct-
Ics saillis riir-i)(l(is(«, l'iiiiiiiaiiiii'l cl ijnaiMMln livciiH'iil leur nM'iiiniri- le H) mai.
auln\s saints doni los noms glorieux im soiil (,>l'ArUI'; COHUONMiS ilcsi, l'r/^ri'H tnnr-
jioiiit |iaiv('niis Jiis(|ii'à nous. I,'l"',^lis(! l'ail (yis à llnmc (les (|iialir l'i-i'-rcs Cnirril air*^-
iMillt'tlivi'iiiciil Iciii- J'tMc le -iC» mars. liVs da'is l,-i iiorsrciilioii de Dhk li'licii pour
(,)I1AI)U.\ T (sailli), l'iil mailvri>('à NicoiiK')- .s'tMn.' diTlan's (;((iili(! k» ciilU' des idoles, ol
di(^ Apirs avoir v\r loiirmi-iilr à plusieurs riirciil l'oiicllrs avec, dirs cordes garnies fin
l'cpriscs, diiraiil la pcrsiMuilioii de Dècc, il ploiiih jusqu'à tu' qu'ils expirassenl sous le^
eut ciiliji la h'^lc Iraiichcc. Il osl iuscril au coups. Leurs noms iw. rurnil coiimis (pie
Rlarlyrolo^i^ romain le 7 mai. I(in^;lemps après leur iiiarlyr*; : c'est | om-
(JUADIIA TII'IN, piél'el inipéiial. ipii, au t'ela (pi'on les véiièi(! sous celui des (pi iiro
coinniencemeut du |•(\^M{Ml(; Julien IWposlal, couroinK'S. Ils se nommaient Si'vère, Sév(';-
lil ^irrcMer à Are/zo cl décai)iler les saints rien, (larpophore el Vicloiiii. (!(î fui sur l/i
Douai, év(^(iue do celle villo, cl llilarin, voie l.avicane (pi'eul lieu leur supiilin-. Us
moine. soiil lionorivs par l'I'li^lisc le K novemhie.
(jrADUAITS {Sidiiits), t;oiiverneur à Ol'KNII.N ( s'j ni ), inarivr, élail lils d'un
Sinyrne, lit luarlyiiser dans celle vill(! saint sén.ileiir roinain nommé Zi-non. L'ardeur do
Pol.vcar|u\ (pii en était évi^iue, sous lo règne sa foi, le zèlo (lu'il avail pour la propaj^alion
de l'emperenr Marc-,\urèl(!. de rMvaMj.;il(>, le poilèrcMil .-upiiller sa jjatric
QlJAirr (sailli), niarlyr, est (lési;.;iié par pour travailler à la conversion des inli(|id(!S :
saint (lyijrieii comme ayant (Vé compa;.:;noii il vint dans les (laules, accompaj^né d(; sainl
tlu martyre d(> sai'il Sivle 11 {/'.'p. (ulsuccrss. Lucien de Heanvais, do. saint Denis de Paris,
f/>/.s-c. 80 Im'IIo; 82 Pamelio). Alhin Huiler dil el do sainl l'Ialoii di; Toijrnay, s'il l'aut eu
quo lo mol (>(u//7(/.s- est une l'auto do copiste croire d'anciens Actes. Si cela est vrai, il
dans sainl Cyprion, lequel avail enlondii dé- faut admotirc! ipio saint Quentin vint dans
siguernon un ïainl , mais ([uatro diacres ou les (laulc's en l'annéiî 2'i5. Les Actes de ce
sous -diacres qu'Anaslase donne à sainl sainl portent qu'il vint avec sainl Luciori
Sixte comme compagnons do son martyre. jus(prà Amiens, où il s'arrêta p;)ur prOclior
Collo explicalion do l'auleur anglais est au l'I^vangilc, tandis ()ue sainl Lucien se diri-
doriiier point imporlinente, quand l'Kgliso a gca vers Beauvais. Saint Quoiitin faisait de
adof)lé la l'auto do copiste eu comptant saint nombreux miraclos, qui rendaient ses [)ré-
Quarl comme saint ol on nuitlanl sa fèlo au dications d'autant plus puissantes, d'autant
C août. On n'a pas do détails circonslancios plus odicaoos. Le préfet Uiclius Varus, vul-
sur son martyre ; on pense qu'il fut dooa- gairoment appelé Uicliovaro dans les Actes
pité. (l'un grand nombre de martyrs, entendit par-
QUAUT (sainl), martyr, eut le bonheur de lor de sainl Quentin ; il était dans les envi-
donner sa vie pour la défense du christia- rons de Reims ou de Soissons. 11 résolut la
nisme, durant les persécutions que les em- mort du saint, et lit diligence pour arriver à
perours romains liront soud'rir à l'Lglise. H Amiens. A'oyant les progrès que la foi chré-
vorsa son sang dans cotte terre d'Afrique si tienne faisait dans celte ville grûce au saint
rougie par le sang clirélien et si riche alors prédicateur, il le lit arrêter èl conduire en
do généreux et sublimes dévouements. L'é- ])rison. Le lendemain, saint Quentin, chargé
poque de son martyre est inconnue. On sait do chaîîios, comparut devant lui : menaces,
seulcmenl qu'il soull'rit avec les saints Ad- prières, tout fut employé pour ébranler le
juleur, Viclur, Victor et Victocin, et trente saint martyr, mais inutiiement. Alors Ric-
autros dont les Martyrologes n'ont point con- tins Varus lo lit baltre cruellement et ren-
servé les glorieux noms. C'est lo 18 décem- fermer dans un cachot obscur, où nul n'avait
bre que l'Eglise et les fidèles célèbrent la la permission de le voir ou de lui porter les
mémoire de ces saints martyrs. secours dont il avait besoin; mais la nuit
QUARTE (sainte), martyre, fut mise h mort suivante, disent ses Actes, un ange vint le
pour la foi dans la villo do Lyon on 177, tirer de prison et lui ordonna d'aller prêcher
sous le rogne de l'emporeur Anlonin Marc- au peuple. On dit qu'animé ])ar les soufl'ran-
Aurèle, avec saint Pothin et les glorieux ces qu'il venait d'endurer, le saint se sur-
compagnons du combat de ce saint évoque, passa et fit un discours qui convertit six cents
EUefutdécapitéo, parcequ'elleétailciloyenne ])ersonnos: les gardes mômes seconvertirent.
romaine. L'Eglise fait la fôle de ces saints Le préfet au dernier point furieux de ce
martyrs le 2 juin. qui venait de se passer, fit ramener le saint
QUARTILLOSIE (sainte), martyre en Afri- devant lui, et après avoir de nouveau essayé
que sous Valérien. vit martyriser avant elle de le vaincre par une feinte douceur, il le fit
son mari et son fils. Le dernier lui apparut étendre sur le chevalet et tirer avec des pou-
trois jours après pour lui assurer que Dieu lies presque jusqu'à le démembrer; ensuite
voyait ce que souil'raiont les confesseurs, et il le fit fuuetter avec dos chaînettes do fer, et
bientôt après elle reçut la môme couronne, lui fit verser sur le dos de l'huile, de la poix
Nous ne la trouvons pas inscrite au Marty- et de la graisse bouillantes. On lui biûla les
roîoge. _ ^^ ^ côtés avec dos torches ardentes ; on lui mit
QUARTUS (saint) , fut martyrisé à Rome dans la bouche de la chaux, du vinaigre ei
lui
QIE
Ql!
•Oi
dp la inoufarde. Voyant que rien ne pouvait
rah.illro, It.' pr(''fot le nieiaça do l'ciivcner à
Rome juix eniperiMirs; mais le saint lui dé-
clara que I). ou é ant partout, il serait?» Hotne
comme en tous lieux, sous sa pioieclion:
alors le préfet, (]ui se rendait dans le pays
des Vcromaiului, ordonna aux soldats d;
cliarj^rr de chaînes le saint et de marcher en
avant jus(}Uc« ce que lui-même les eiil re-
joints. Les soldats conduisirent «Kmc h' saint
jus(ju'à la ville appelée alo's Augusla Vero-
inanditorum, aujourd'hui sim[>l»'ment viila.^e
de \'ermand. Uiclius Varus y arriva lelciuJe-
iiiain ; de nouveau il tit tournjentcr le s int
de la fa(,-on la («lus cruelle : il le lit, disent ses
Actes, percer de|)uis le couju>(praux cuis-
ses avec deux barres de fer ; on lui enfonça
des cl us sous les ongles et dans plusieurs
autres parties du forps. Ses Actes ajoulent
qu'il ne mourut point de tous ces sup|):ices,
« l qu'on fu' obligé de le décapiter. Son exé-
cution eut lieu le -U octobre, jour auquel
l'Kglise latine célèbre sa fête. Son corps fut
longtemps gardé par h's bourreaux, [)arc'e
qu'on ne voulait pa- que les chréliens le
lissent enterrer. Le piéfel y ayant fait atta-
cher une grosse masse de ploinl), le lit jeter
durant la nuit dans la Somme, h dmix lieues
de Vermand, près d'un bac où l'on passait
cette rivière en allant d'Amiens h Laon. Cet
itinéraire, pour qui coiinait les lieux, est as-
sez didicile à justifier, car en irenant cette
route on allo'.ige beaucoup. Le corps de
saint Quentin était dans cet endroit depuis
cinquante-cinq ans, quand, sous l'empire do
Constance et de ses frères, une dame ro-
niaifie, nommée Eusébie, qui était aveugle,
reçut, dit-on, l'ordi^e d'un ange de venii- le
chercher : il lui avait été promis (jue, quand
elle l'aurait retrouvé, elle recouvrerait la
\ue. Faut-il croire ce qui est raconté dans
les Actes, savoir • (|u'Eusébie sét.int mise en
prière sur le bord de l'eau prè^ de l'endroit
où était le cor[)sdu saint, cet endroit se mit
h s'agil(>r, (pi'ou vit le corps monter petit <V
pelit du fond de l'eau et n.iger ju-qu'h ceux
qui étaient au bord? Les .\ctes disent (pie de
son côté la tète en lit autant. On ajoute
qu'Eiisébie voulait emporter le cor[is à Ver-
mand pour l'y enterrer honorablement, mais
que le corps devint si pesant (lu'on ne put
le changer de place, ce (jui lit comprembo
que le saint voulait rester où il était. Eus(>-
l)ic lui lit ii.Uir une chapelle, et aussitôt
nprès co devoir accoiiqdi, elle recouvra la
vuiî. Les reliques sont mainlenant ilans l'é-
glise paroissiale de Saint-Queiiliu. i Tille-
IJJOlit.)
Orfinf:MDN (sainte évéque de Nilopolis
en K-t\ple. J oy. CiitRbMu^. )
QrÉUfeMON, était assesseur ootnuen,
proconsul d'Asie, sous les commencemenls
lie Dioclétien ; il persécutait les chréliens
fl\ec nue violence inouïe. La main de Dieu
s'flpfiosantit sur lui. Il lut prt'eipilé de son
chariot devant tout le monde, et reçut d'hor-
ribles blessures. Il souirnt duranl quelques
l>«ures (j'airoce? douleur?», au milieu des-
qnelles il mourut en invoquant ceux qu'il
avait fait mourir.
Ql'INC'E (saint ), martyr, versa son sang
pour II foi a Ca()Oue,aV''c les sai-^ts Arco ce
et Donat. On ignore la date et les circo-^s-
taïu^es (le leur martyre, le .\fartyrolo;e ro-
main n'en dit rien. L'Eglise honore leur mé-
mo re le 5 septembre.
QL'INCT i' saint ), reçut la pnlme du mar-
tyre en Afii.'pie avec saint Smqtlice cl «piel-
qucs autres lionl les noms ne nous sont p(jjul
parvenos. Ils soulfrirenl durant la persécu-
tion des enifiereurs Dèce et Valérien. L'E-
glise h'inore la mémoire de es glorieux mar-
tjtps le 18 déc mbre.
OriNCTlLLE sainte), reçut le martyre h
Soire^lo. avec les saints Quinclns, Marc ei
neuf autres dont les noms so it ignoréo. LE-
glise fait leur fête le 19 mars.
QLINCTL'S (saint), Uiartyr, souffrit le mar-
tyre en Afrique avec les saints A<piiiin, Gé-
miné, Eugène, Marcicn, Théodote cl Tri-
[)lion. Le Mtrivrologe romain ne donne au-
cun détail sur leurs combats, et ne dit point
h qui lie époque ils soull'r'rent pour bnir foi.
L'Ilglisc célcl)re leur mémoire le '* jan-
vier.
Ql'INT fsaint', eut le glorieux privilège de
vciser son sang pour la défense deii r li-
gion chrétienne avec les saints Hyacinthe,
Félicien et Lucius. Leur martyre eut lieu en
Lucanie. L'Eglise vénère leur raéii.oire le 20
ootolire.
QL'IN TE (saini), marlyr h Carthage en 5o0,
sous le règne et duiaiit la persécution do
l'empereur Dèce, fut enfermé dans un cachot
avec une foule d'autres chréliens, où, par
ordre de l'empereur, on les laissa mourir (U
faim. L'Eglise fait la fête de tous ces saints
ma tyrs le 17 avi il. av^-c celL- de sai it Map-
palique. [Voy. \'ictorin.) ,
QUINTE ( sainte). Qiiinta^ martyre, mou-
rut h .Vh^xandrie, sous le lègne de !'• ijipe-
reur Philippe, au sein d'une ('nieiite | o u-
la re ipii eut lieu contre les chrétiens, \oivi
comment saint Denis, dans une lettre citée
par Eusèbe, raconte la conduit.' et le> lu-
reurs des Alexandrins à son égard : « Ils se
saisirent e isidt • d'une femme clir li mie,
appelée Quinte ; ils la me lèreiit au temple
d'une de leurs idoles, et voulurent la forcer
de l'adorer; mais elle, bii n loin de consen-
tir <\ cette impiéié, charg"a d • mille i ^jures
ceite diviiiiié exéciable : ce (pii rendit ctt
'Cil; le si furieux, (ju'il se mit l\ trahier parités
Mctlscette lidele se. vante de Jésus f.hi i;l,sur
• |»avé de la ville, (|ui n'e>l (jue de cailloux
ttrt |)ointus ; et après l'avcir cruelhniient
ouetlée et bii avoir meurlii tout le cor|ts
avec de gros (piarli«'rs de imnile, ils ; llèiei l
l'achever dans le même faubourg, où ils la
tirent ex[>irtM' sous un iiKui.cau de pierres. »
L'E,;lise célèbre la fêle de sainte Quinte le
îll janvier.
QIIM lEN, consulaire d*' Sicile du temps
d«' l'empereur Dèce, lit mourir sainte Aoalho
comm(> chi (tienne. Il «prouvait pfnir dbj
une passion (jui devin tellement insistante,
tpio la sainte jeune tille fut obligée de quil-
795 Ol'I
ter P.'iIcM'ino pour so n''rii;;;i('r h (liil/iiii'. Il la
lii anOilcrd/nscclln (l('r'ii(''n' ville, il si' poria
coMlro i<|l(t aux plus luirrililes in-àn di)
(MMiaiiU^. Api(>s l'avoir l'ail loiinii' ilcc h tli-
vors.'s r(» risos, il la lii icin uliiiMi i-ii pii-
sm, où elle mniin\l. (l'o»/. Acmiik.) (Mia là
lui, il (li'vi U l'itlijt'l (I • Il luslic' cl le la Vf»-
gi'aii(!i> <-('l('sl('. S'élanl ciiipai (^ d 's l> (« is du
sai'Wii AiArtllie, il se mil ci ii.ulc pi> ir all(!f
les vi^il('^. (Ininiiic il cl il i.aiis un nalcau
pour po'^scr la livit'Tc noinmcc Jaii'llc, un
de S"S cliovaux le prit h In ;^oi\^c, cl u t .s(>-
«•O'id le jcla d'iui coup de pie I dais la ri-
viùro ()n no put 'ii le sauver ni rolrouv r
sou cori)s. ( 11 esl iuiporlant de lim rarliclo
Agatuk.)
QlUN riKN. ju ;e h Uavc-ni \ so.is l'onpiro
cl duranl la pèr-écuiiou d I)(V,o. Co fui lui
(pii lii lournuMilPr et luellrc ?i niorl deuv
saillies le i;clt • vill , s.uulc 1mjs(|,io, .«(MiIo-
uienl AfÇée di» qui'zo nus, ul sa nour.ice
sa nie >Iauro. [Vot/. Kisyii:.)
on» riKN(sai-i ), uiarUr, ver<a son sa )g
pour la loi avec les -a nts Elieni', Pontien,
Attale, FaîWo \, Cornodlo. Scxl-, KIorns, Sli-
iiervien et SiinpIii-i'U, iiui furent les cunipa-
g»ons de son Ir ouiplie. Les circon^tancs, le
lieu et la date d • co tuaiU' c so il i co ^us.
L'Ë^lisu célèbre leur uiJ'inoiic le 31 décem-
bre.
OUINÏIEN ( aint), fa martyrisé ci Afri-
que avec les sai Us Luoin> > t Juiien. Ils rii-
çuront ainsi la couronne des combat a ds
pour ladél'ensede 1 1 r. 1 ^ o i tliiélii.'nne, d i-
ra-it la peis''culion des V'anda'es. Ils so.it
inscrits au Warl/rolo^c rom iule li mai.
Qri.NTlHN I ainij. rcç'it la couronn • dos
g1o.i-uv (ombaitan s de l;i foi eu ArméMc,
avec sai. il Irénée; les .\ctes des mariyrs ne
nous iiiarijue U oas ei (judle vdle, à 'pi Ile
époque et dans q telles circonsl.i ues. L'E-
gdse fait K'U i'ùte le 1*'' avnl.
QUINTILE (Saint ), 6vè [UJ et martyr, ré-
i;aiid.l Son san^" , oiir la foi à Nie une ho dai-;
des CTconstmcos et à une epo4 ^e qai nous
so-^t inconnues. L'Ej^lise l'ail sa mémo.ro K- 8
niai's.
QUlNTll.IEN [Julius Proculm Q'ùntilUi-
tJits), procuiisul romain qui coinina idaii à
Sn-iyrn . Il y arriv : [)endanl qii on y ; ersé-
cutait les clirétiens, so s remi.ire de Dèce,
en 250. S.inl Pioie et ses c mpa^-^ons
avaient déjà été tourmentés ; déjà ils ava'cnt
subi [)lu>ieur?; i nerro-ja oires : Quintilien
les lit amener devant son Ir buna', et après
les avoir lui-même interrogés, après les avùr
fait tourmenter cru llement, il prononça la
sentence qui les condamnait à iu rt. Nous ne
retrouvons plus rien touciiant Quintilien.
Les Grecs le nomment Proc e ou Proclus : <»n
sait que c'est le m-nne nom que Proculus
cht-z les Latins. Il ne faut doic jas commet-
tre la môme erreur que ceux qui ont dit qu'il
y avait deux [»roco isuls pour juger cl con-
damner saint Pioîie, Quintdica et ProJe.
{Voy. Pio\E.)
QUINTILIEN (saint), martyr, r xut la cou-
ronne du martyre duranl la persécution de
Dioclétien. II cul pour compagnons do sa
UM
M
gloire les saillis Maxime et Vudas L'E;^li.so
faii leur lé| • |c l.J avril.
QIIIMII.Î.IEN (sai II), fui m ■rlyri^<^ ]\ Sa-
ra;V)Sse en ivsp i^nc, par 1rs nid es dr Dacicti
(pli e 1 <'l Ht ^Çfiiivci -leur, en l'an de Jésiis-
(l'irisl .'ll)V, durnnl 1 1 persécution d(» Dio "là-
lii'ii. I)i\-s(vit aulrcs furciil tnarl yi isi'-s avoc
lii. On iroovi-ra leurs noms à l'arlicbr 1)*-
(:ii:n. I,o« dix-huit marlvrs de Sarni^osso s(»nt
trè> Iniiiori's e i l-lspa :;iii': c' si i'ni iciice qui
r.i 'poile c(f 'ju'oii sait d'eux. Ils sfuil inscjits
au .VIart»rolo ;(; romain smiis la diile du Hi
avril [ytni. I*ru b; 'ce de Cor. Iiym. V ; 'l'il-
b-moii vol. V, p. 2iî); Vasseus, llfh/a.)
QUINTIN fsainti, éiail né dan- un "elii vil-
laV'ili dioèsi; d(; Paris, iioiiiiiié ViUp-Ph-
risis. N'Mi^ ap,irt!ni)MS ilu Bréviaire <li: saril
Marti i d.' l'ours, et do C'iaslolaiii, (pie notre
sailli cxerciii iiu' cliar-,e co isidérable sous
(jo lira 1, .NI lint Miaol r'rsîoiro n • s'exiilnpio
pas : de so. tequeron '^e saurait dire si ce fut
sousCio ilî-an, r »id(î llo ir ;o^ii(> ei il'Oiléans,
ou sous (jo ilran Bo on, pÇ<'U(Tal d : Si.^e-
b.'rt T'. Ce (io 'Iran, ({rd (pi'il f.'^l, avait u le
m utr sse,(pii d vi il amoureuse de Quinlin.
Elle lit tout ce qu'elle [lut pour lailirer à
elle, mais il fut i isensible à ses séductions;
il repoussa ses pr positions, l]'^ honnne se
console d'avoir é lio lé en areil cas; une
fe .ira>i jam li : il se f lil dans son cœur une
blessure (pio rien ie peut guérir. La vanité,
l'auiour-p.o T" lnnnilié ne pardonnent ja-
mais .'he/. une f mme (jui s'est vue dédaij^ner.
Il faiitavoii ad'.iiie à des natures d'élite, pour
qu ' la Vi.M.gea ice ne vieme pas s'enter sur
colle cruell dé e|)l o;i. Toute femme à peu
près est une diviniié sus.e.itiole ot ja-
louse, qui voit avec .oulear qu'on ne b.ûle
pas d'e ice >à ses pieds, et qui éprouve des
souTrances ndic blés dans si vanit.;,si c'est
en val I q;i'ellc a S'illicU'; des ador.tc:urs. La
maiiresse de Gotlran devint f.irieuse, et
n'.iyant |)ii assouvir s\ passion, elle résolut
d'asso ivir au ma iis sa vei)j;eance. Elle fit
assassi er Q.ii-^tin comm il passait sur les
bnrds de l'Indre, rivière de Tnuraine. Saint
Q lintin est honoré comme martyr ave, juste
raison, q i li |u'il ne soit pas mort diiecte-
menl j;0:ir a cause du christianis.ne; mais il
mourut victime de la chasteté. LEi;lise lio-
lore sa mém >iro le '+ o;lobre. La cat'iédrale
dt! .>leaux garda longtemps une padie des
reliqi'es de ce nouveau Joseph.
QUiNTUS ou QtiNrE (saint], mou-ul en
prison pour la foi, sous le règne de l'empe-
reur Se, itiine Sévère, in Afrique, ainsi qu'en
fait f)i le récit de la visi n e saint Sature,
dans L'S A ,3lesde sainte Pekpétue. (Voij. l'ar-
ticle e cetlo sainte.) LEjjl se fait sa fête le
9 janyi t.
QUINTUS (saint), fut l'un d^s quarante-
huit martyrs rais à mort avec saint Saturnin
en Afri |Ut', sous le proconsul Anulii, en
l'an de J'''sus-Chrisl 3i)5. sous le règne et
durant la persécution que Diociétien suscita
co Ai-e l'Eglise du Seigneur. {Voy. Saturnin.)
L'Eglise célèbre la iète de tous ces saints
martyrs le 11 février.
QUINTUS, ap'islalr était de Phrygie ; il sô
795
Qll
Qfl
?96
trouvait à Sin> rno quani saint GL-niiniiicus
fut pxposi^ aux bètes, sous l'empire de M.irc-
Aur»''lo p( sousli' proronsulat de StaliiisQua-
ilraln5. Kulliousiasuié par l'exoniph» du saint
martyr, il se présenta au proconsul ; « mais
s"ap|Mivant trop sur ses propres forées , et
(^eoutaiit trop t'arik-nie-it un désir indiscret
de mourir pour la loi, il donna hienlôt lio
tristes manpn's de sa faiblesse : car à fieinc
eut-il a[>enMi les bêles, (pi'il sriitiiquc toute
sa résolution l'abandoiuiail ; il pAlil de fra veur
à cet aspect, il recula en arrière, il connnei-
ça h se repentir de son zèle, «et se remlant
sans combat au démon qui Tattaquait. il de-
manda honteusement la vie : il était venu
pour abattre les idoles, et il |)réta la ma;n
pour les soutenir, le proconsul ayant sans
peine obt-niu de lui cpi'il leur sacrilierait. Cet
exempli' tions apiirend h être extrêmement
retenus h louer ceux (p>i, par une présomp-
tion téméraire, préviennent la reihcrche des
iuj^es ; etqu'au contraireceu\-là sont dignes
de nos louanges et de la gloire du martyre,
qui, se d('liant d"eux-m;nnes, se tiennent ca-
chés, et qui, ne sortant de leur retraite que
par Tordre de Dieu, ne craignerd poiiit de
con)ballre, parce qu'ils sint silrsdo vaincre.
Aussi voyons-nous (jnc l'Kvangile prescrit
auxlidèlescetleconduite hundjle et prudente,
et (lue dans le même temps <pie riini)radent
Phrygien, pour l'avoir négligée, se rend,
cêdè et est vaincu, le sage Polycarpe, pour
l'avoir suivie, se soutient, résiste et triom-
phe. )' Jluinart.'
QriNTUS ( saint ), fut martyrisé h Rome,
sin- la voi(> Latine, dans le lieu appelé les
Crnt-Salles, avec son comiiagnon saiiil Quar-
tus, et leurs corps furent transportés à Ca-
poue. L'ivglise fait collectivement leur sainte
niénnoire 1 • 10 mai.
oriONiK (sainte), martyr.' h Thessaloni-
què, avec saude Agape et' sainte Irène, eut
le bonheur de mourir pour notre sainte re-
ligion, en l'année :JOV, durant la persécution
que Dioclétien lit soulfrir aux chréli-Mis. S.'S
Actes lui sont conuuuns avec ceux tl i sainte
Agape, de la même ville. Nous y renvoyons
le lecteur. I/Kglise fait la fêle de ces saintes
fennnes et de leurs compagnons lo 3 avril.
QU'IltlACK (saint), Quirincus, évêque, fut
martyrisé h Osfii», sous l'emjiereur Aievau-
dre.par l'ordre d ri|»ien, prélel du prétoirt\
avec saint Maxime, prêtre, saint Anhelaus,
diacre, et plusieurs autres chiétitMis. I/Kglise
fait leur fête le '21 aodl. ( l'iis dans le Mnr-
ti/rolof/r rninniil.)
(J[ i\\\\(J\ V. s.iinO, reçut la couronne du
n)arl\re à Augsbourg.avec les saints Kar-
gioM,' Cifsc.entien, Ningc, Julienne et vmgt
autres, dont les noms sont ignorés. Le même
jour et dans la même ville, sainte Hilarie,
mère de sainte Afre. martyic, (|ui veillait au
tombeau de sa lille. Int. pour la loi de Jésus-
Christ, bnllêe au même lieu par les persécu-
teurs, avec Digne. Iviprépio vl Kunomie.ses
servantes. L'Kglise fait collertiveunnil bnir
jui'iiKure le \i aoilt.
ni im<; (saint', le nu'^me «pie saint «Vv. lus
de'sainlo Ji i iitk. Voy. à ces deux noms. ^
OL'IUILN (sainl), soldat dans l'armée de
Maxence, fut martyrisé à Rome en l'an de
Jésus-Christ 300, sous le préfet Aurèle.
Après avoir subi diverses tortures, il fut
décapité. On l'enterra sur la voie Auré-
lienne. Sa fête a lieu le 11 juin. (Voy. Paul
Diacre, Rabaii Maur, Notker.)
QL'IUIN ( saint ), souîlVil la mort pour Jé-
siis-tlhrisl sous le règne d'Adrien. La seule
chose (|u'on sût de lui d'une manière po-
sitive, c'est qu'il était païen et qu'il se con-
vertit, ajirès (pie sa lille (sainte Halbine) eut
été guérie des écrouelles par saint .Mexan-
dre. L'Eglise honore sa mémoire le 30
mars.
Ql'llUN (saint), Quirinus, fut décapilédans
sa prison le 2V ou le 25 mars 2G9, sous
l'empire de Claude le (jOthi<jue. D'autres di-
sent (pi'il fut percé d'un coup d'épée. Tou-
jours est-il (jue Claude lit jeter, son corps
dans le Tibre. Quel était ce Quirinus? Quel-
ques-uns ont dit (ju'il était le second tils do
l'empereur Pliili|>pe : Or le tils aîné de Phi-
lippe n'avait que douze ans en 2V0, quand
les |)rélori(nis le tuèrent avec son père; et
quand Claude lit martyriser saint Quirinus,
ce saint devait avoir environ trente ans, s'il
était bien le tils de l'empereur Philippe. Cela
neseraitguère en rapporlavec le Martyrologe
d'Adon, (pii le nomme un adolescent, ni
avec les .\ctcs de saint .Maris, (pii le traitent
d'homme vénérable. Ainsi, adol'scent ou
vieillard, il était également éloigné de ci'l
àj:,Q de trente ans aïKiuel l'homme est déjî^
loin de l'adolescence et n'a pas encore ce
caractère (lu'iniligent les années et qui ren-
dent vénérable. On pourrait admettre ipie ce
Quirin était l'évêque auquel saint Cy|)rien
avait écrit aux mines, et (pii lui répondait,
tant en son nom iiu'en celui de ses compa-
gnons do ca|)livité. L'Eglise fait la fêle de
saint Quirin l,e 25 mars.
QITUIN (saint), évêque et martyr, ro(;ut
la couronne éternelle dans la persécution do
Dioclétien en l'an 30V de Jésus-Christ. Ses
Actes, (pie nous donnons ici tout enliers,
son! beaux et édilianls. L'Eglise fait la fêlo
de saint Quirin te V juin.
Martyre de saint Qwrin, évêque (!).
Le démon ayant (>xcité par toute la terre
\ino violtnile ttMiipêle contre l'Eglise, et se
servant pour perséc nier les saints des puis-
sances du siècle, (pii ne rougissaient point do
se rendre les ministres de sa fureur; le ilé-
iiion, dis-je, voyait avec plaisir ses desseins
pernicieux s'avancer chaipie jour, les empe-
reurs se décl.uer pour lui, et les premiers
de l'empire lui prêter hnu-s bras pour faire
la guerre au ptniple de Ditni. D'un C(Mé, Ma-
ximiii, par \\q^ lois sangianles. jetait le dés-
ordre et l'elVroi dans larniée du Seigneur; et
de l'autre. Dioclétien ravageait les Eglises de
rillvrie par des ordonnances sacrilèges,
ayaiil associé à sa tyrannie pluUM (ju'à l'em-
(I) L<^8 n-liqiios ilo oo s^int ni.irlyr onl été Inns-
porlers île l;> r.iiiiioiii»' .\ U'imc. cl (le llomc en Allo
niiigiic, dans le cclo'.nr ml>ll.«^l.■ro «le KuUc.
797
OU
01 I
79S
piro lo ciui'I (l.ili'iiiis. iU'K Irnis priiicc, im-
pies ciiviiyiiiciil leurs ('ilils (i.nis idnics les
provinces, el les nuiiveiiieiirs aviiieiil ordrci
(l(( roiilr.iiiitlie les elin'lie'is ii s.'ierilier aux
idoles, peiiilaiil (iii'on reniiait les (-^lises, el
(iiie les |ii(Mres de Jésiis-(!hiisl éliielit v6-
(Inils à celle élraie^e e\li(''iiMh'',oii de doiiiier
de l'(Miceiis aux liiiiv dieii\, ou de laisser la
vi«' dans les su|i|)lices.
|,(> Itienlieiireux (,)uiriu t'Iail pour loivs
«^■<\iue (]<' Siscia, daiis la liaule l'annonie.
Ma\MU<', lieulenanl du gouverneur, env(tva
des soldais se saisir de lui. I.e sainl, e;i ayant
(''h\averti, sorlil de la vdie, el connue il
chercliail (iuel(|ue lieu dereirad»', il lui pris
el ('(Muluil a Maxinu'. <( Où l'unez-vous, lui
(lit C(> Mia^i.slral, (|uand uws j^oiis vous o'il
flrr(M(^? — Je \\o l'uvaiv pas, répondil rév(>-
<iue ; j'ol)t^s,-.ai.s aux ordres de nion niailre.
l.ar il nou^i a élé dil : Si l'on rotis pnscculc
dans une rillr, rclircz-t'ous diins une autre. —
ISIaxiuK^ : (Juel esl ce uiaiiro à (|ui vous
(ilx'issez si bien 1 — Quirin : (<(; uiailre est
Jésus-Chiisi, el (|ui est aussi lo vérilahlc
Dieu. — Maxime : l"]l ne save/.-vous pas (pie
les ordres des empereurs s'élemlonl partout;
on vous aurait trouvé ou {[ueUpie liou (juo
vous (Missiez (''h'' caclu'' ; et celui (pie vous
iiouunez h^ véiil;d)le Dieu n'aurait jamais pu
vous enipiH'lier de tomber cnlro nos mains,
comme en elle! il n'a i)U vous o'i garantir. —
(Juiriu : Le Dieu (pu* nous adoions esl tou-
jours avec nous; cl en (juehiue lieu (|ue nous
nous trouvions, il peut nous secoui'ir; il
était avec moi quand j'ai élé ari(Mé, et à
riicure tpu^ je vous paile, il nu' forlilie, il me
rassure, et c'est lui ([ui vous ré,io'Kl par ma
■ bouche. — Maxime ; ^'ous ne cliercliez par
ces longs discours (pi'h vous dispenser (l'o-
béir, ou du moins à obéir plus lard; tenez,
lisez avec respect ces divins caiaclèr(!s, et
ne dill'érez plus h vous soumettre aux ordres
qu'ils conliennenl. — Quirin : Je n'en re-
çois point de oelle sorte, parce qu'ils sont
pleins d"im[)iété, et que, contre le comman-
dement exprès tle Dieu, ils obligent ses ser-
viteurs à sacritier à vos dieux ipii ne sont
ouo des diviniU^s imaginaires. Il n'en est-pas
do même de mon Dieu. 11 est au ciel, sur la
terre et dans la mer ; il est en tous lieiix, il
est au-dessus de toutes choses, parce qu'il
contient et renferme toutes choses. —
Maxime : Bonhomme, quelles fables nous
débitez-vous là? Allons, l'oîicenson- à In
main, venez, et apix'enez aujourd'hui (|u'il
y a des dieux que vous ne connaissez pas
encore. Vous ne vous re])enlirez pas d'avoir
obéi el cette soumission vous vaudra ]du-
sieurs degrés d'intelligence. Tâchez donc de
vous persuader vous-même de la nécessité
de colle soumission : et si vous n'êtes pas
encore convaincuderoxislencede nos dieux,
feignez du moins de l'êlrc. Sinon, vous pou-
vez vous attendre à toutes sortes de lour-
nienls, et eidiu à une mort horrible. — Qui-
rin : Ces lourmonls dont vous me menacez
Déferont qu'augmenter ma gloire, et celle
mort liorrible dont vous croyez m'épouvan-
ter ne sera qu'un [jassage à une vie éter-
nelle, si loiilel'uis j»! ne m'en rends pas m
digue; ptMir éviter cti nudlieur j'ai lé.sobi
de ne point obéir /i vos enqiei'eiir.s, iii/iis do
n'obéii- ipi'.i mon Dieu Je ne crois jifunt (pio
vos dieux so.enl des dieux, el je Me bl l'ili.'r/li
point d'oniM-ns sur l'aulel di s (h'inons. Jo
n'en (dînais point d'aiitic cpie ( ibii de mon
Dieu, el c'est mit cet aiiti î ipii; j'ai ollert plus
d'une l'ois dos sacrilices d'agréaljle odeur. —
Maxime : Ndire folie vous sera fiinesle, et
elle pouiiail bien vous i (uiduire a la m(*rl.
(Iroyoz-inoi, .sacriH(!za(ix dieux. <.)uirin :
Je ne saeiilie |ioi'il à des (h'-iiKcis. Car il est
écrit : i'ous 1rs dieux des nations nr sont (/ue
dis dnnuvs (Psal.xcy),» .\lors .Maxime lui lit
donner plusieurs coups de biltoii. Apres (pn;
Qu lin les eut i('(;iis, Maxime lui dil : Ou-
vrez les yeux enlin, et ro(;on naissez que; les
dieux de l'euipire sont t(»ul - puissants ; cet
avi'U vous vaudra uiïo place |iarmi les prê-
tres de Jupiter. Mais si vous persistez tou-
jours dans voire inciM'dulilé , je vous reiivc-r-
l'ai par-devanllegouveriieurdela |iroviM((! (1),
(jui no vous fera aucun (piailler, et vous ^e-
l'cz condamné à la iiiorl sans rémission. —
Ouii-in : (le sera pour loisiiueje s(!iai véii-
tablemont prêtre, (juoj'eii forai hvs f(jn( lions
sacrées en m'oll'rant moi-mêmc' à mon Dieu
en saci'ilice. Au reste, les cou[)S (|ue vous
m'avez fait donner ne m'ont point fait do
mal; je me liviorai volontiers à de plus
grands louiinents, alin (piO ceux (p.ii sont
sous ma couluito connaissent q\ui le cho-
nnn des soull'rances est le plus court et lo
j)lus aisé pour arriver au ciel. — Maxime :
Ou'on le mène on prison, d (pi'on le charge
de ('haines, nous veirons si ce trailemeut lo
rendra plus sage. — Quirin : La prison ne
nuifail point do pour; ce no fient être pour
moi (ju'iin s('jour agréable, puisque j'y serai
avec n;on Dieu qui est toujours avec ceux
qui l'adorent et qui l'aiment. »
Los.iinl évoque chargé d'une grosse chaîne
fut conduit on piison. En y entrant, il lit
cette prière h Dieu : « Je vous rends grûces.
Seigneur, do ce (jue vous voulez bien que
j'aie le bonheurde soulfiir pour vous. Je vous
prie, mon Dieu, que tous ceux qui sont ici
détenus sachent ( uo j'adore le vrai Dieu, et
qu'ils croient qu'i n'y en a point d'antre que
vous. » Sur le minuit, la prison parut éc ai-
rée d'une grande lumière; le concierge (2)
plein d'étonnement entre dans la chanibre
du saint; et se jetant à ses pie is il lui dit
en pleurant : « l'ricz lo Seigneur (ju'il me
fasse nnséricorde, car je crois qu'il n'y a pas
d autre Dieu que celui que vous servez. »
Le saint évêque l'exhoita de persévérer, et
le baptisa au nom de Noire-Seigneur Jésus-
Christ. Au bout de trois jours Maxime lit par-
tir Quirin pour la première Pannonie, pour
èlre jugé par Amantius, et être puni du der-
nier supplice, conformément à l'édil des em-
pereurs.
Lorsque le bienheureux martyr fut entré
(i) ÂmoiUins, gouverneur de la première Puu-
noiii(>.
[i] Il se nonunail Marcel.
799
Qll
Qll
8m)
dans la Pnnnoni»^, m le conduisit do ville
en ville l<nil pncliiî^é, et on le fil voir on
cet (Miit h toutes celli'S qui sont le lon^ du
D.TUi e. Enfin on le présenta l\ Ainanlins,
rotiune il retournait de Seorah intia (!'. Mais
il jtigea h propos de l'envoyer devant lui ?»
Sol)Trie ('2\ où il remit l'instruction de son
procès. Cependant plusieurs fiMuines chré-
tiennes se rendirent auprès du s.'un! vé pu>,
lui appo tant toutes socles de ralVaicInsse-
nients. Et il arriva que comme il voidut hé-
nir le pain et le \\n qu'on lui otl'rait, les
cliai les tombé ent d't'lles-nièin- s de ses
mains pour lui laisser la liberté de faire la
bénédiction. Après qu'd eut pris (|ueli|ue
chose, et que ces saintes f.iiunes se lurent
retirées, on lui lit prendie le chemin de Sa-
barie. Quelques jours après son arrivée en
celte ville, .\mantius se le lit amener en
plein théiUre. « Je veux que vous médisiez,
lui dit le gouverneur, si tjut ce<|ui «st [)oité
d;uis l'interro^aloi e que vous avez |)rèté
devant Maxime est vrai : vous y paraissez
fn-ieusement entier dans vos sentiments. »
(Juirin répondit : « J'ai confisse le vrai Dieu
à .-^iscia, je n'ai jamais adoré que lui ; il est
le seul et le véritable Dieu. — Amantnis :
J'ai de la peine à me résoudre h vous faire
tourmenter h r<ige où ,e vous vois; je veux
auparavant tenter la voie <ie 1 • «loueeur et
d=< la [icrsuasion; je souhait'^ du moins que
vous vous rendiez : l'as urance que je vous
donne de la vie n'a-t-elle rien .|ui vous tou-
che, ne pourrait-elle point vous faire ciian-
ger d'oi)i:.ion? Vous pouvez vous faire u ie
vieillesse heureuse, obéissez aux édits et
scivi'z les dieux. — Quirin : Que moi ;l-;e
ne vous arrête pas ; la foi que je conserve
h mon Dieu me p -ut r( ndre supérieur aux
tounne 'ts les plus all'reux. N'espé ez done
pas ipif'je me rétracte; ni les douceurs d'iuie
vie heureuse, ni les horreurs d'une m(»rt
cruede ne {)ourront jara;\is me faire cha ijjer
un seul article h ma créance. Mon âme est
inébianlable h toutes vosatta pies. — Aman-
lius : Qui vous fait ainsi coiwir à la mort,
pour ne \ouloir pas paraître avoir qu-hpie
déférence pour 1 s oidn-s de voire prince,
et (pielque respect pour la religion? Qm-llc
fureui ! Aimer mieux perdre la viefjuedela
sauver par un simple désaveu, lorsipiil n'y
a presipie point d lionuim h qui ilfa.lK> faire
viob-nce pour l'ohli^^er h désavouer ce cpi'il
n fait, s'il i)eut p.ir l:i sauver sa vie. Vivez,
vivez, rac elez vus jours par un pende soii-
irnssion, et ne maupiez plus u u* si grande
répimtianee h obéir à nos lois. — Qiiinn :
l'n ho. mil ■ rpii aimerait h vie, nu de qui
l'esprit serait alfad)li par r<1ge, pou rail se
rendre h vos dis. ours. Miis pour ntoi qui ai
nppns de mon Dieu qu'une vie «pii n'est
point sujette a la moit doit suivre iuiinédi i-
temenl celle-ci, je n'ai ^arde ;e prendre le
(•han,;e : j'arriverai lidcl,.- ,iu lei me. I.a con-
dition de ces per>o mes dont vous parliez,
(I) O«.lffnif)our^, s-'li»a (lliivcriiis • cl Sctltring,
tuiv.iHl Laziiis.
^i) Li n lie la naisianrr de sjiiil M irlin, cv»^quo
dt* f«Mir«.
présentement est bien dilTérente de la mienne;
car lo-squ'en renonçant leur Dieu ils pen-
sent h prolonger leur vie, ils meiir(nil en ef-
fet; et moi en coiifes'-ani mon Dieu, quoi-
que je semble mourir, je ne fais que m'nvan-
cer vers la vie éternelle; et si entinje n'obéis
fias h vos lois, c'est que je ne puis les accor-
der avt'C celles de Jésus-Christ. — Amanlius :
Puisque vous opposez toujours une ré^s-
tance opiniiUre à tout ce que nrtus avons
cru vous devoir drc pour vous obliger à
vous soumettre aux ordres des empereurs,
il faut (|ue vous si'rviez d'exemple à tous les
chrétiens, et que le genre «le voire mon re-
tienne dans le devoir ceux qui ne sont pas
comme vous las de vivre. »
Ajuèi donc que le gouverneur eut fait
endurer au saint évè(jue plusieurs sortes de
tourments, il lui lit entin attacher au cou
une meule de moulin, avec laquelle il fut
préci[)i(é dans la rivière qui passe à Sabarie.
On e vit longtemps porte sur l'eau, parlant
au ()euple qui bordait la rivière, et l'exhor-
tant h de.ueurer fidèle h Dieu, sans en être
délo .rné par la crainte d'un pareil supplice.
Mais enfin, ayant demandé à D eu d'élro
submergé , il coula aussitôt h fond. Son
corps fut trouvé un [)eu au-dessous de l'en-
droit où il avait été noyé. On le relira do
l'eau, et on bAiit une chapelle sur le b rJ.
A l'égard de son corps, il repose dans une
église proche une des [lorte, do la ville (1),
où il se fait chaque année un grand con-
cours d.) [)euple.
QUjIUN (saint), martyr et prêtre, fut un
des coiiipagnons du inarlyre de saint Nicai>e,
que beaucou[) regardent comme le premier
evéqiie de Hou n. Suivaid Usuard. il fut
marly.is.; avec lui et sninlo Pianci>\ dans le
V,\in frani;ais. Le .Mar yrologe roui lin lui
donne aussi p lur coin[)ag ion de son mar-
tyre un d.avTC ''omnié Scunicule. Saint Qui-
rin et ses co.iipignons lurent eUer.és d a-
bord h Gani, tout près de la rivière d'E,»lo
en Noriii.m de. .Aujourd'hui les reliques de
saint Quirm s nnt e icure dans l'aObaye de
Malmedie, diooèse de Liège, dans les Ar-
deniies. On prétend qu'elles y ont opéré
beaucoup do miracles. La fêle de ce saii.l,
ainsi (pie celle de ses compagnons, a heu le
1 1 octobre.
Ql lUDS ^Loris df.\ de la compagnie do
Jésus et Ses sept «ompa-iions. lurent mar-
tyrisés h \\aca le '» féviier 1571, conduils
par un noUir.l du [.ays qui avait é é bapliso
en Ils, agne. .V pein»' arrivés dans celle con-
trée, is fuie 11 délaissés par Louis, Kiir
ron lucleur, (pu retourna bientôt aux usages
b.nliars oe s^t nation. Nos inissi-'iinaiiCâ
ayant t nié en v.un do le ramener .'i eux,
resl ertnit (|uatrt' mois dans les angoisses de
la l'idiii et de la maladie. Alors le P. l>ouis
de Qiiiros aceoinp*giié de (iab;ii 1 de Solis
et de Jean Mendez, se r( ndiretU auprès du
nniégat. qui leur promit de revenir. A pêne
étai iit-ils pailis, (pie li* Iraitre fondit sur
eux aver une trou,'e d indigènes, et per(;a
lui-mèine Louis deQuiios auco.'ur. Ses deux
(I) I j p >rU» «l* Sc:«ra' a ti.i.
1
80i
n^r
n.\i
Rftl
cnm|in|;;iiOMs s iliiri'iit lo iii^inc snri ('♦ T'-
Viicr !!>7I). Oiii'l(|m's jours ;i|irrs, les riioiir-
Iricrs s.- inrsciilcnnl dcva'il !(«> autres mis-
siomiitii-cs i|ui rcslaiivu, |ti(''l('\la'U d'/ivoir
Ix'Noiii lie li.'iclics jKiiir nl)a(lr<> do arlircs. A
i(t«iii(> curt'iil ils (ii''.s,irm('' Irs inissio iii.iircîs
({Il ils les iiiassarrrrcnl. Ils s'fiiipairit'iil ilrs
v.iscs sairrs ol (•()iiiiiiirt"'i un ^;ra id n<Mui»r«^
(le |)rol.ina i(»ns. [Socirlas Jisu itsiiur ad
S(ttii/itiiiis et ritii' i)rofit.sioncin uiililtins ,
[). /»'•!>.)
OUrri'.UIl'. (sniiil(>), vicr^o, ni/ulN'ro, rô-
jinudil soM r.an,;; < n risjiac^nc |)()ur la dt-fi-iise
Uo hi rcli^^ioM chri'licirio. Nous imiorons IW
|)(i(,juo cl les circu'isla'cos (le sou iiuul . ro.
Sou uoui rsl iiisi ril au Mai Ij ruU)j;(! njuiam
le :^2 uini.
OrODVn/rrKrS (saint), évi^quo f t rm-
fpsscur, souli il ()(uu' la lui sous \o if'^iio tio
l'uiipio (îcnsciic. (io pri'icd s'i-ta U eu)|)ar6
<ie (iailliago, traita avoo beaucoup df cruauté
tous los liabitriils de cotlt! ville, niais parti-
cuiiùreuienl la noblesse ol les ecclésiasti-
ques. De sorie qu'il senil)lait vouloir iio-i-
sculement déclarer la bii^'"'e ûi^^ homiucs,
mais h Dieii rni^ine. CarllinR^ nvait pruir
év<^ipn! iiolie .saint, n un'' de DiiMi cl <1 ^
lioiiiines, peiit-/^li'i! celui iih'iim! qui étant
(liai re de (■iirllia,.;»! av it prié saint .\ll^lls||f|
d'écrire sur les hérésies vers l'an kÀ\t. Cru-
séiic, (lé.'i qu'il eut pris cette ville el awrit
la lin de l'aniii'>e MW), le fit uiettie, avec un
^raiid Miiuilire d'(;c(-li'vsiasli(| es nus et (Ji!-
pouillivs de joules clios(?s, sur des vaisscsinx
I) is('s, el le lit chasser en c<'t éial du p')rl
d(! (".arllia.;e. Mais la niisérii orde divine les
fil al)i nier lieureuseiiieiil i\ NapI s, où l'on
CIO l (|ue notre saint niourul gloiieux con-
fesseur. Il l'aiit (pi'iLs^ il iiif)il avaiiH'a'i 'liiV,
auipiel saiil Deof^iatias fut fait évé(pie do
(!ai Iliade, après que cette K^lise eut de-
nieuié loii^leinps abaiido'ii.ée. Adoi <;t
qiiehpies autres Martyrolo^" s inellenl saint
Qiiodvuiideus le 2.S novembre: avec diveis
autres saints martyrs ou e nfesseiirs de co
temps-lii. Le Marlyrologf; romain le marque
en pailculier le 20 octobre. .Mais le vrai
jour de sa mort est sans doute le 8 janvier,
anijucl son Ki;;lis(i ri:oiornil. On conscîrvc
ses reli(jues à Naples dans l'éjjl.se de Saint-
Gaudiose.
R
RABDE, juge qui fil arrêter h Andrinople,
du temps de l'empeieur L'cinius, h) saint
diacre Ammon et ^juaraite vierges qu'il ins-
truisait. Probablemeil ce juge agit ainsi en
exécution de rordoiinaiice du prince cpii dé-
l'endail que les hommes instniisisseiit les
femmes. Après leur avoir fait soutfrir (iivers
to:irmcnts, h Andriuople et à Bérée, il 1"S
envoya h Héraclée, h Licinius, qui les fil
m lurir par divers supplices. Qua U au saint
diacre, il fut condamné h ôlre décapité.
RACHILDE (sainte), desc ndait d'une fa-
mille noble et occupait elle-même un rang
distingué dans le monde. Ayant été atta(îuée
d'une maladie que les médecins avaient ju-
gée incurable, elle vint trouver une sainte
recluse ap[)elée duiboiat, qui s'était retirée
sur u'ie montog>3 vnis ne de 1' bha.^e de
Saint-Magie, en Suisse. Notre sainte obtint
par les |)rières de celle recluse une guéri-
son couqilète. Voulant profiter des sai( tes
inslrucliois qu'elle avait puisées aupièsde
sa mère sj)iriturlle, elle se relira également
dans une étrote cellule et y mena une vie
remplie par l'exercice de la contemplation
et par la prali(iue des plus grandes austé-
rités. Elle survécut de vingt et un ans à (iui-
borat, qui était morte en 925, dans une in-
vasion des Hongrois, après avor reçu trois
coups de hache sur la tète par ces b rbares,
irrités de n'avoir rien trouvé à piller chez
elle. Ces vingt et un ans que Rachilde sur-
vécut h Guiborat furei:t remplis par des
maladies continuelles, et elle mourut enfin
en odeur de sainteté. Ses reliques furent dé-
posées avec celles de Guiborat dans l'église
de Saint-Magne, et l'Eglise honore coliecti-
vc.Tient leur mémoire le 2 mai.
RAIMOND NONNAT (saint), confesseur,
religieux de la > erci, naquit h Porte!, dans
le diocèse d"Urgel en Catalogne, vers l'an-
née I20'i-. Il lit de gian Is progrès dans les
belles-letties, et manpia de bonne heure son
j-o.U [)Our l'élal ecclésiastique. Son i)ère,qui
s'en a[)erçut, l'envoya à la campagne |)Our
y faire valoir une ft.'fme nui lui a|)partenait ;
mais n Ire saint plein uhumiliié, se con-
sacra à la garde des trou[)eaux, préférant ce
genre d'occupation qui lui laissait le temps
de vaquer h ses pieux exercices. Bieiilùt
voulant se soustraire îux sollicilations de
ses amis, qui, connaissant ses talents, le
pressaient de se rendre à la cour d'Aragon,
où son mérite et les liens de parenté qui
l'unissaient avec les maisons de Foix el de
Cardone , devaient le faire arri er à une
gr. nde fortinie, il prit l'habit dans l'ordre
de Notre-Dame de la Merci, institué pour le
rachai des capiifs. Son pèr-', après quel juo
résistance, ne s'opposa plus à son di ssein,
et Raimond prononça ses vœux à Barcelone
entre les mains de saint Pierre Nolasque
môme, fondateur de l'ordre. Après quelques
années de profession, ses supérieurs, char-
més de sa grande piété et de ses vertus
éminentes, l'envoyèrent en Barbarie où il
racheta un grand nombre d'esclaves. Quand
sa bourse fut é|)uisée, il se constitua pii-
sonnier |)Our la rançon de quelques captifs
dont la foi était exposée. U eut à subir les
tourments les plus cruels, et serait même
mort entre les mains des bourreaux, si le
cadi n'eût craint de perdre le prix d > la
rançon. On le laissa libre alors d'aller où il
voudrait, el il en prolita pour porter des
consolations aux chrétiens aflligés, et bapti-
803
n.vs
R\S
80i
sor qti('l(|iirs musuimaiis. Lo gouverneur
en n;.uil ("lé inf )rm '•, rt^mlnnina Uniiiiond h
(\Jre oni|»nlé; ui.iis roux qui ospér.iienl lou-
rlior bienlùl la rançon obtinrent ([uo celle
r nidaninaliDi fill romniiiée en celle de la
bastonnade. Loin de (changer d<^ eoiidiiite
après ce cruel supplice, il rontinua di'xlior-
1er les cbri'lions et d'insfniire les i'ilidi''-
les. Alors le i^ouverneur plein d(> colère lit
saisir notre saint et b^i fil ft>ueller au coin de
toules les rues de la ville ; (>nsui(e il eut les
lèvres peri'ées avec un fer rouge sur la
place pul)li(|ue, cl la bouilie fermée avec un
cadenas qu"o:i ne lui ôtait (pie pour uiang r.
Il fut après cela chargé di^ cIim'mcs et jeté
dans un noir cachot. Il nen sortit rpie huit
mois ni'.rès, quand les Pères de la Merci vin-
rent payer sa rançon. A son ar, ivée en Ks|)a-
gne, Grégoire IX Te nouinia cardinal; uiais
sa manière de vivre n'en changea pas plus
pour cela. Le pape, persua lé que le nouveau
cardinal lui seraii iPun grand secours dans
le gouvernement de l'Eglise, lui ordonna de
se rendre k Home. Uaimond partit, vêtu
comme un pauvre reli.;ieux. A pt'ine était-il
arrivé h Cardone qu'il fut saisi par une fiè-
vre violente et mourut le .'JO aoiU 12V0, Agé
d'environ 37 ans. 11 fut enterré dans une
chapelle dédiée à saint Nu^olas et voisine de
la ferme où son père l'avait envoyé tians sa
jeunesse. Dans l'année l-2o3, Pierre Nolas-
que y fit bAtir un couvent, où l'on conserve
encore aujourd'luii les relupies de notre
bienheiircux. Plusieurs miracles, arrivés
après la mort de llaimond, conlinnèreiit la
sainteté du serviteur de Di«u.
RAIMEIV (saint) , confessa si foi à Pise en
Toscane. Nous ignorons les dtUails et lépo-
que de son combat. L'Kglise fait sa mé-
moire le 17 juin.
RAITHK, nom d'un lieu où, en 37.'?, plu-
sieurs solitaires, parmi lesquels saint l'aul
abbé, Moise et Psaès furent mai lyrisés par
les Hleumiyens, peuple sauvage qui habitait
l'Klhiopie.
IIANDOAI.D (saint), vulgairement saint
Bandant, luo iw, du convfMit de (iraid'el, alla,
avec s(Ui ablM- .sain! (ïerman, taire des le-
montrances h Bo.iiface, duc d'Alsace, ([ui
ravageait et pillait les terres de ses pauvres
Viissaux. Le duc feignit d'être louché d .s
remontrances et des prières (pu; lui adres-
saient ces de\i\ hoMUUes de Du'ii; mais après
leur dé'parl il envoya des soldats (pu les
tuèrent à cotqts de lance. L'Eglist» honore
saint Handoald le -il février. JO//- <iKKM\>'.)
UASAPIIi:, ville de Syri -, où >ai it Serge
et saint Uacque, ollicicrs de larmée impé-
riale, furent martyrisés sous l'empire de
Dioch'tien. Jii>tuiien, par respect [xmr cet
(^véneuu'ut, agrandit et l'orlilia cette ville, h
la(piidle d do ma le ikmu i|e Serg Opolis. Une
parlu" des n-lupies des deux saints y est
conservée. On atiirine (pic plu>ieurs miracles
s'accomplirent s ir leur toiubeau.
KASLLS J(' bitnilieme ix SKUAsriKN , ap-
partenait h la com|iagnie de Jés.ts. Il fut en-
vo\é comu)e missionnaire dans le Nouveau-
Monde, «ju d eut le b'jnhtnu' de recevoir la
couronne du martyre. Djmix lettres impor-
tantes (|ue nous trouvons de lui dans les Let-
tres édifiantes nous serviront h esquisser sï
vie et à raconter sa mort : « Ce fut le 23juil-
let. dit-il, de l'année IGSO, que jo m'embar-
((uai h la Hocbelle. Après liftis mois d'une
navigation assez heureuse, j'arrivai h Québec
le {■] oilobre de la même année. Je map[di-
quai d'abord à apprendre la langue de nos
sauvages. Cette langue est très-diflicilc, car
il ne suffit [)as d'en étudier les termes et leur
signification et de se faire une provision de
mois et de phrases , il faut encore savoir le
tour et l'arrangement (pie les sauvages leur
diuuient, ce qw l'on ne peut guère saisir
que par le commerce et la fréquentation de
ces peuples. J'allai demeurer dans un vil-
lage de la nation abiiakise, situé dans une
forêt (|ui n'est qu'à trois lieues de Québec ;
ce village et dt habité par deux cents sauva-
ges, presiiue tous chrétiens. Ce qui me ré-
volta le plus, lorsque je commençai h vivre
avec les sauvages, ce fut de me voir obligé
de prendre avec eux mes repas : rien de plus
dégoûtant. Après avoir rempli de viande
leur chaudière, ils la font boullir tout au
plus trois (juarts d'heure, après quoi ils la
retirent de dessus le feu, ils la servent dans
des écuelles d'écorcc et la partagent h tous
ceux (pii sont dans la cabane ; ctiacun mord
dans cette viande comme on ferait dans un
morceau de [lain. Ce spectacle ne me don-
nait pas beaucou[) d'appétit et ils s'aperçu-
rent bientôt de ma répugnance : « Pourquoi
ne inangcs-tu pas? » me dirent-ils : je leur
répondis (j.ieje n'étais point accoutumé à
manger ainsi la viande, sans y joindre un
jieu de pain. « 11 faut te vaincre, me répli-
ipièrent-ils; cela est-il si difficile à un patriar-
che ((ui sut prier parfaitement? Nous nous
surmontons bien nous autres, pour croire
ce ([uc nous ne voyous pas. » .\lors il n'y a
plus à délibérer, il faut bien se faire h leurs
manières et à leurs usages, afin de mériter
leur confiance et île les gagner .\ Jésus-Chri>l.
(Vest au milieu de ces peuples que je lis
l'appre itissag(> d(> missionnaire
« H y avait près de deux ans (]ue je de-
meiu'ais chez les Abnakis,lors(jueje fus rap-
pelé par mes siqx'rieurs. Ils me destinèrent
h la mission des Illinois <pii vtniaieut do jicr-
dre leur missionnaire. J'allai donc h Québd;
où, après avoir emplo\é irois mois h éludi(n'
la langue algonkine, je m'ernltar-(piai le \.i
août dans un canot pour me rendre chez les
Illinois ; leur pays e>t éloigné iW Qtiéb cd.'
plus d(^ SDO lieues, j'eus à traverser des la •>
d'une t'ier.due immense et où les tempêtes
sont aussi fré pieules (pie sur la mer ; il est
vrai (pi'on a l'avantage de mettie pied h terre
tous les soirs, mais l'on est h ureux lors-
• pi'on trouvt> (pii'lque roche |>lale où l'on
pni»^se passer la nud ; «juand il tombe de la
plue, l'unique moyen de s'en garantir est do
se mettre sous le canot remnn'sé. On court
enc(U'e de plus giautls dangers sur les riviè-
res , principalenitMil dans k« endidils où
ell(>s coulent av'C \i ^^' exil'ême rapidité ;
alors le canot v<jle couru ' un trait et s'il
80K
KAS
nss
Mil
vi(Mil h Idiidicr (iiu-Ii|in's-nM,s (irs rocficrs
i|ui s'y lioiivciil rii (|ii.ililili', i1 se hnsi- cil
nulle |ii(''C(vs : ce iii.illn'iir an iva ;i i|iif|ijii('.s-
uiis (Ir ceux i|"' iira('('oiii|)<i;;;ii/iiciit il;iii.s
(rimlri's (Viiiols ; t'I ••'est par irif pidlcclioti
.sili;;illi(''l'(> (le la hoiih- (li\ i-ic "|"'' J"' n'i'innii-
vni |>/is lo iiK^iiic soil, car mon catiol ddiiiia
pliisiciiis fuis cttiilrc ers idclnrs sans cii re-
cevoir le iiioiii(lre (|oiiiiiia,i;e. I''.iiriii, au r'i.si|iie
<lo soullVir ce (pie la faim a de plus cruel,
la longueur el la (lillii ull('> de ces sortes do
voyaK*'*^ '••' peiiuelleiil d'emporler avec soi
((u'iM) sac de hlé de Turipiie : on su|)pose
(pi<> la chasse l'oiirnira sur la roule de (|uoi
vivre; mais si lt> t;d)ier y mampu\ ou st;
IrnuYO c\pos(^ il plusieurs jours de jeilne.
Alors loule la ressource (pi'ou a est de cher-
clu>r une espèi'C de l'eudles (iiie les sauva;j;es
iionui'.onl li<'u<jii('ssnn<n'lt,v[ les Frani;ais ///-
pt's (le roches: on les prendrai! pour du crv-
ieuil, doni elles onl la li,u;iu-e, si elles n'c^-
tnicnl pas beaucoup plus larj:;es ; on les sert
ou honillies ou rùlies ; c(>lies-ci dont j"ai
mangé sont moins déj^oûlanles.
« Je n'eus |)as h soullVir beaucoup de la
faim jusqu'au lac (i(>s lluroîis, mais il n'en
l'ut pas d(> mènu> (1(> mes compai^nons de
voyage ; le mauvais tinnps a_\ant dispersa
leurs can(!ts, ils m» purent me joindre. J'ar-
rivai le prinnier h Missiliiiuikiudk , d'où je
leur cnvovai des vivres, sans quoi ils se-
raient morts de faim ; ils avaicnit passé sept
jours sans anlr(> nourriliu-e ((uo celle d'un
corbeau qu'ils avaient tué plutôt par hasard
nue par adresse, car ils n'avaient pas la force
(le se souleiiir. La saison ét;ii( trop avancée
[)our coidinuer ma roule jus(|u'aux Illinois,
d'où j'étais encori^ éloiiïné d'environ quatre
cents litnies ; ainsi il me fallut rester à Mis-
silimakinnk, où il y avait deux de nos mis-
sionnaires, l'un parmi les Hurons et l'autre
chez les Outaouaks. Ceux-ci sont fort su-
perstitieux et très-altachés aux jongleries de
leurs charlalans ; ils s'attribuent une origine
aussi insensée que ridicule ; ils prétendent
sortir de trois familles, et chaque famille
est composée de cin(] cents personnes
« Depuis plus de trente ans (dit-il à son
neveu dans une lettre écrite en 172-2) que je
vis au milieu des forêts avec les sauvages,
je suis si occupé à les instruire et à les for-
mer aux vertus chrétiennes , que je n'ai
guère le loisir d'écrire de fré(]uentes lettres
aux personnes mêmes qui me sont les plus
chères. Je ne puis cependant vous refuser le
petit détail que vous me demandez de mes
occupations ; je le dois par reconnaissance
de l'amilié qui vous intéresse à ce qui me
touche. Je suis dans un canton de cette vaste
étendue de terre qui est entre l'Acadie et
la Nouvelle-Anglelerre; deux autres mis-
sionnaires y sont occupés comme moi, au-
jirès des sauvages abnakis, mais nous som-
mes fort éloignés les uns des autres; les sau-
vages abnakis, outre les deux villages qu'ds
ont au mdieu de la col mie française, en ont
encore trois autres considérables situés sur
le bord d'une rivière. Le village où je de-
meure se nomme IVanrar.lsoualc : il est situé
sur le bord d'un fleuv <• <pii se »i»''cliar;,'e (Jnn.i
la mer à ii'cnlcï liein-s de là ; jy ai liAti unit
é;^lise (pn e«>l pro;ire el Irès-orrM'e. J'ai cru
ne devoir rien épargner m |)(nir nn décor/i-
liou ni |iour l/i beiiuti- des orneine-its <pii
ser\enl à nos si in l< -s céri-monies : prfri'nient"-,
chasid)les, chapes, vasos .snc-ré.s, tout y est
l>riinre et sérail es' imé dans nos églis-s d'Ku-
rope. Je me suis l'ail un pelit rlergf'- d'envnon
ipiaranle jeunes sauvages, ipii assistent nu
service divin en soutanes el (mi surplis : ils
onl chacun leurs fondions, tant pniw servir
au saint sacrilice d(> h messe (iiu' pour lo
cliani de l'ofiii'e divin, jiour la bi'nédiciion
du saini s.icrinueid et poin- les processions
(pii se font avei; un grand concours ch; sau-
vages, les(pic|s vieniieiil souv(Mit de fort lo n
pour s'y trouviM'. \'ous série/, édilii' du bel
ordre (|u'ils y gardent r-t de la jiiélé (ju'ils
font paraître. On a b.^li diniv chapelles à trois
cents p.is environ du village ; l'une qui est
déd é(> à la (rès-sainle Viergi! el où l'on voit
sa statue en relief, est au haut de la rivièie ;
l'autre , (pii est (h'-dit-e à l'ange gardien, est
au. bas de la même rivière : comme elles sont
l'une et l'aulre sur le chemin qui conduit ou
dans h' bois ou dans les campagnes, les sau-
vages n'y passent jamais qu'ils n'y fa.s-
sent leur pr:ère. Il y a une sainte émulation
entre les femmes du village à (pii ornera le
mieux la chapelle, dont elles ont soin, lors-
que la procession doit s'y rendre ; tout ce
qu'elles ont de bijoux, de pièces de soie ou
(l'indienne, ou d'autres choses de cette na-
ture, est employé h la parer. Le grand lumi-
naire ne contribue pas peu à la décoration
de l'église et des chapelles : je n'ai pas lieu
de ménager la cire, car ce pays-ci môme m'en
fournit ;djondainment.
« Tous mes néophytes ne manquent pas
de se rendre deux fois chaque jour h l'é-
glise dès le grand matin, pour y entendre
la messe, et le soir, pour assister' à la prière
(pie je fais au coucher du soleil. Comme il
est nécessaire de fixer l'imagination des sau-
vages, trop aisée à se distraire, j'ai composé
des prières propres à les faire entrer dans
l'esprit de l'auguste sacritice de nos autels ;
ils les chantent ou bien ils les récitent à
haute voix pendant la messe. Outre les pré-
dications que je leur fais les dimanches et
les fêtes, je ne passe guère de jour sans leur
faire une courte exhoi talion, pour leur ins-
lirer l'horreur des vices auxquels ils ont le
)lus de penchant, ou pour les ad'ermirdans
a pratique de quelque vertu. Après la
messe je fais le catéchisme aux enfants et
aux jeunes gens ; grand nombre de person-
nes àgécsy assis! eut et r épondent avec docilité
aux (piestions que je leur fais. Le reste de
la matinée jusqu'à midi est destiné à enten-
dre tous ceux (jui ont à me parler ; c'est
alors qu'ils viennent en foule me faire part
de leurs peines et de leurs inquiétudes, ou
me communiquer les sujets qu'ils onl de se
plaindre de leurs compatriotes, ou me con-
sulter sur leurs raariag<is et sur leurs autres
alfaires particulières. Il me faut instruire
les uns, consoler les autres, rétablir la paix
S07 nvS BAS 808
dfliis Its fnmires désvnios, colm-^r los rois- tigos qu'e'le fM relin-s do l'nlli.Tnrc dr-s An-
cienros troublées, ro ri;;or qm 1 [lu-s oiilros .sl.iis, S'-s voisins. Ces .iv.iiilagos so^t Irès-in-
par des ri'pri'iiandos môlces de d )U cur cl Iriessiinl^poiirnossiiivages; In facilité qu'ils
t\o rinrilf' ; onfii, aiilanl qu'il csl possibl,*, cnl de fiirt; In traiio avec les AUjîI.ts, dont
les roiivovcr tous conliMd-. L'aprè-^-niMli, je ils ne sont 6 oigni'-s qur d'une ou deux jf)ur-
vjsile les malades et je paiTours les c ibtn s nJes , la ennui >.lité dti chemin , le gia^tl
d.:> ceux qui ont h «soin df (piclpie in^lrur- march.^ qu'ils trouvent d.uis larliat des mar-
lion [tarlinilière. S'ils timnent in r^ns il, c!ia ul ses qui leur ronvienn<'Mt, rien n'était
ce qui ar ive souvent [)ariui les s;iuv.ig- s, ils plus ca, al»l.' île les attirer ; au beu (pi'cn al-
nnMl(''|tutenl un des priui aux de 1 asscm- lanl à Québ c, il leur faut | lus de quinze
blée pour me prier davsisicr au résullal do jours pour s'y r ndr •, qu'ds doivent se mu-
leurs déliliérations. Je me ron^ls aussitôt au nir de viv.es pour le vo âge, q\\'\ls oit dif-
lieu oij se tietil le conseil ; si je ju;:e (pi'ils férenlcs rivières h passer et de fréipients
prennent un sa^e parti, je l'^ppriuive ; si au portnqm a f,ii e (1). Ils sentent ces iuroin-
contraire je trouve à dire à leur dé-is on, je moiiilés el ils ne sont pf)inl indilférenls sur
leur d clare nmn sédiment, que j'ap|>uie (le les iiit -rùls, mais leur foi leur ist inlinimtnt
quelques raisons solides, et ds s'y coufor- plus cbère. et ils cougoivenl cjue s'ils se dé-
ment ; mon avi-< fixe toujours le irs résolu- ta- baient de noire nlhaiice, ils se irouve-
tions ; il n'y a pas jusqu'à leurs fesli is où je raient bientôi sa"s missionnaires, sa :s sa-
suis appi'lé. Les invités apportent cbncin un cremcnts, sans sacriti e, sans presqu'aucun
pia de bois ou d'écoice; je donne la béné- exercice de religion, et dans un dan„er ma-
diction aux viantles, on met dans chaque nifesie d'ôl e replon^-és dans leurs pn-mièi es
plat le morceau [tréparé : la distribution étant inii lélités. C'est là b,' lien (jui les unit aux
faite, je dis les grâces et chac m se relire, Français. On s'est efforcé vainement de le
car tel est l'ordre et l'usage de leurs festins. rom[)re, soit par des [)iéges qu'on a tendus
« Au ndlieu de ces conl nu lies occupa- à leur simplicité, soit ()ar des voies de fa t,
tiens, vous ne sauriez rroireavec (lUr-lle ra- qui ne peuvent manq.erd'initer une nation
pidilé les jours s'écoulent. Il a été un temps infiniment jalouse de ses droits el de sa li-
quà peine avais-je le loisir de réciter un of- berté. Ces commencements de mésinlelli-
fice et de prendre un pou de repos p ndiint gonce ne laissent pas de m'alarmer et de me
la nuit, car la discrétion n'ot pas la v rlu faire craindre ladisjorsion du liou()eaii que
des sauvages ; ma-s depuis qiiebpies années la Provide ice a confié à mes soins depuis
je me suis fait une loi de ne parler h per- tant d'atmées et pour lequel je sacrifierais
son "«e depuis la prière du soir jusipi'après la volontiers ce qui me reste de vie. Voici les
messe du lendemain, et je leur ai dé enJu divers art fi.;es auxquels on a recours pour
de m'iiiterrompre pondant ce temps-là, à les détacli.r de notre alliance,
moins que cène fut pour quelq le raison « Legouverneurgénér.iKicla Nouvelle-An-
importaute, comme, i)ar exemjjle, pour as- gleterreenvoya,ilya ipnl luesannées.au bas
sister un moribon I ou quebpie aut e alfa re de la rivière, le plus habdedes nnnistres.ie
qui ne pi^l passe dill'érer ; je jouis de ce Hoston, ali i d'y tenir une école, d'y inslruire
teuq>s-là pour vaquera la prière el m.' repo- bs enfants des sauvages el de les entrele-
ser des fatigues de la journé •. Quand les nir aux frais du gouvernenn-nt. Comuie la
sauvages voiil h la mer pour y [)is.>er quel- pension du minisbe devait ( roltre à propor-
ques mois à la chasse des caiiards, des ou- lion dunombredesesécoliers, il n'oublia rien
tardes et des autres o seaux (]ui s'y trouve it pour se les attirer ; il les faisait chercher, il
en fpnnlité, ils bAtisse il dans une ile une les car.\ssail, il 1,'ur faisait de petits présc ils,
église qu'ds couvrent d'écorce, auprès de il Ks pressait de venir le voir, enfin, il se
laquelle ils dr-'ssent une petite cabine [lour donna bien des uiouvemenls iiiuliles peii-
liia demeure ; j'ai so.n d'y transporter une dant deux mo s, sans pouvoir gagner un seul
partie des orn.-meiils, et le service s'y fait eniant. Le mépris qu'on lit de ses cares-es
aveô déce.ice el le méiiie concours de p u- et ne ses invitations ne b* reliuta po ni ; il
pie qu'a.i villa^^c. Voilà, mon ch(>r neveu, s'adressa aux sauvages mêmes, il leur lit
(plèbes sont nies occipalions. Pour ce cpii diverses ipieslions lou. liant le .r croyance,
me regarde perso inellement, je vo.s dirai et sur les réponses (pii lui étaient faites, il
que je ne vois, que je n'eut nds, que je ne tournait en risée les sacnements, le pur-
parle (pie sauvage ; mes aliuienls sont son- galoire. l'iiivoialion des .samts, le chaiielel,
j>lesellégers,jon'ai jamiispu mefaire legoai les croix et les images, le luminaire de nos
h la viande et au po sson boucané des sauva- églises et toutes les pratiipies de piété si
ges:manourriturereslqu debli-de ruicpiie, s.unleuirnl observées dans la reli.;ion calho-
qu'oii pile, 'l doiil je mêlais cil Kjueiour une liqne. Je crus devoir m'opposer à ces pre-
espèic le bouillie (pie je cuis avec (le l'enu ; miere> >emr'nces de séduction ; j'écrivis une
le seul adoucisse. ih-nt luej'y a|).()rie, c'est lettre honnête au ministre, où je lui mar-
d'v raCder un peu de sune pour en ( orriger . ,. .
la' fadeur ; on n'e i mau pie p.,.nl dans ces (' ^ '"'' ^'"'"'9' : r'^y «•'••^"^P^''^'' '»'>" ^^''^^ [\
c \, son I .ig.ïjîp (I u.ir riMiTC ;« une inilrc, avec l;i(iii<llft
lorcis... ... . I ,.• il nv .1 piiiil (te «oinnuniicali'i:!. (",os porlaKC :>(HU
« l.Mite la nation abnakise est ch élienne „,„.,;,,„.,.,, s de pluMours I.. ne^oi resi la piimip.ilo
et très-zélée pour co is. rver sa religion ; col r.,tso • (]iii p)rle l;s >ain;i(i s a so servir ..c cmots
alla •lieineiil à la foi cafiolupie lui a lait dnorce, lar ils so.il l:>ri l(>gers (>l aiics à lr.«ns-
prél'érer jusi^u'ici notre alli.uiiC aux av.ii- i>iiru>r.
«09
IIAS
UAV
ft1«9
•(jiuiis fiiin mes chri^Hcîis savuiciit croiid aux
v<''nl('s i|iir la loi callinliqm' rusfigiir, niais
qu'ils \H\ savaicnl pas ni »li,s|mltii' ; (|iic iiY-
taiil pas assez. Iiahilcs pour irsiuidic les (jif-
Ih'uli.^s ipi'il iiroposail, il avait apparfiiiiii<-iil
(lossoiii (pi'i'lM'S me fiisscril niiiiniiiiiiipii^os ;
<in(^ jo saisissais avec plaisir (:»>llc occasion
«pi'il iii'oUVail (l(» coiilV'ri'f avi'c Itii, ou dd
vive voix on nai- Icllics ; (pir jii loi envoyais
sur (•<'Ja nn ninnoiic cl ipicjcic suppliais do
lt> lire avec un<i allenlion séiieuse. I) ins va
iin(Mnoii'(>, (pii élail d'environ cent pa^es, je
j)rouvai:) par l'iMiiture, par la hadilion «H
Jiar (les raisonnenienls llK'olo^icpu's, les v«'-
riltVs (lu'il Hvail allacinées par (l'ass(>/. fades
iilaisanleries ; j»^ lui ajonLds, en Unissant ma
lettre, (pi(> s'il n'élalt |)as satisfait do mes
l)r(nives, j'attendais do lui une réfulation
j)ri^ciso «'l flppuy(^t' sur dea raisons tlu''olo-
j^iiiues, et \un\ pas sur di'S raisonnements
vaj<uos(jui uv prouveid rien, encore moins
*nr (l(>s réilexions injurieuses (pii ne C(tnvo-
Jiaienl ni à notre profession ni h l'impor-
lancodes matii'res dont il s'ayissait.
Deux jours aprùs avoii' ri^gu ma lettre, il
partit |»"our Boston, d'où il m'envoya une
courte réponse dont le style était très-obs-
cur et la laiinilé cxlraordiMaire ; je com-
pris, à force d'y révcr, qu'il se plaignait que
jo 1 attaquais sans r;)is«)n, qm le zèle seul
pour le salut des Auios l'avait porté a ensei-
gner les sauvages ; que du reste mes preu-
ves étaient ridicules et enfantines. Je lui en-
\oyA\ une seconde lettre : h ses exi)ressions
•dures , f)eu mesurées et pleines d'aigreur,
j'opposai la mod. 'ration d'un style de dou-
ceur, de charité et de paix »
Laissons maintenant parler Henrion (t. II,
p. 608) : « Sans l'antagonisme de l'Angleterre
et de la France, dit-il, les missions du Ca-
nada et de la Lousiane eussent rei;u les plus
beaux développements; mais la jalousie des
Anglais, ingénieux à ruiner la coloaic fran-
^Nuse, excitait incessamment contre elle les
indigènes, et surtout les Iroquois, dont la
politiciue consista , d'ailleurs , à maintenir
riudépendancede leurs cinqcantons entre les
deux monarchies rivales. Lorsque, dans le
traité d'Utreclu, Louis XIV eut cédé à la
reine d'Angleterre la baie d'Hudson, l'ile de
Terre-Neuve et l'Acadie, les Anglais, par une
extension abusive du mot Acadie, prétendi-
rent avoir acquis des droits sur la nation
iibnakise. Connue ils avaient trop souvent
éprouvé sa valeur pour être tentés de la
réduire par la force, ils cherchèrent à la dé-
tacher de la foi catholique, aiin de la plier
par le protestantisme à leur domination. Le
flus habile des ministres de Boston (nous
avons vu plus haut] fut envoyé à l'c^ntrée
du Kinibequi ; mais le P. Sébastien Rasles,
qui gouvernait cette chrétienté, étouifa les
premières semences de sé'iuction. Convain-
cus que le missionnaire serait un obstacle
invincible îi l'invasion progressive du pays
qui séparait la Nouvelle-Angleterre de TA-
cadie, parce que, en maintenant avec soin
ses néophytes dans leur attachement à la foi
catholique, il resserrait de plus en plus les
Dictions, des Perségutioiss. II.
liens fpii les unissair'nl aux Krancrtis, les An -
Klais mirent sa téir h prix, et Imlèieiil i lilin
de l'iMtlcver /) Nanraulsouak, au inois drjari-
vieil7-î2. Heuieii«.Miiiciil averti, le V. Hnsles
< onsomiu.i les linsiifs ronsacri'eH qui étaient
dnns sa ( liapelic, mil en lieu de .silrelé les
vases sacrés et les oriu-iiieiils, juiih nl'a r«v-
joindro ses néophytes, Miixijijels il avait fait
picndre les devants, dans la jorél. Les An-
Klais l'y poursuivirent le leiid< main, et ils se
lioiivaMMit h une |.orlée de fusi', loisrpio lo
Père, alors tout liabilh- pour dire l.i messe,
les aperçut. Hasies péiétra plus av.-nl dans
le bois; mais ne mar( liant pas ais('iiieiit,
parce cpi'il avait (ui une jambe et uiiecuisso
cassées, il se borna bieiilûi à se cach'-r d r-
rière un arbre. L'ennemi parcourut divers
Siîiitieis fiv'yés |)ar les sauvages, (,'t il n'était
jilus i\n'h huit pas de l'arbre <pii couvrait le
missio.niaii'e, (piainl il s'arrêta, comme re-
poussé par liiK! mairi iiivisibb;, et n-prit la
ro'it(! du village, où il pi'li l'église et la mai-
son du P.llasles. Ces violences ayant ;'llumé
la guerre entre la nation abiiakise et les Ai:-
gl'is, les habitants du Naniantsouak, indi-
qué comine rendez-vous des guerriers, pres-
sèrent le missionnaire de se retin . pour
quelcpie 'emf)s à Québec. Il h ur répondit
({u'il U'; craignait point i 'S menaces de ceux
qui no le haïssaient qu'k cause de son zèle
pour son troupeau.
« Ce que les Ahnakis prévoyaient arriva.
Le 2i août i72i, les Anglais surpr-rent
Nanranlsouak. Le P. Rasles, afin di fa\o-
risor la fuite de ses cliers uéoj.'iytes, cUa
sans crainte se présenter aux assaillants ,
dont il voulait concentrer l'attention sur
lui. A peine eut-il paru, que les Angiaisje-
tèrent un grand cri, suivi d'une décharge qui
renversa le missionnaire mort, auj)rès d'une
croix qu il avait plantée au milieu auvillage.
Ainsi périt, après trente-trois ans d'à; ostolat,
ce charitable pasteur, en dbnna't sa vie pour
ses ouailles. Quand les Abnakis revinrent,
ils le trouvèrent percé de mille coups , la
chevelure enlevée, le crâne br'sé à coups de
hache, la bouche et les yeux remplis de boue,
les os des jambes fracassés et tous les mem-
bres mutilés. Voilà de quelle manière fut
traité un prêtre, dans sa mission, au pied
d'une croix, non par des infidèles, mais par
des chrétiens. Le P. de La Chasse, supérieur
général des missions de la Nouvelle-France,
ayant demandé pour lui à l'abbé de Bell.-
mont, supérieur du séminaire de Montréal,
les suffrages de l'Eglise, en vertu de la com-
munication de prières qui existait entre les
sulpiciens et les jésuites, le respectable
vieillard ne lui répondit qu^ par ces paro-
les de saint Augustin : Cest faire injure à un
martyr que de prier pour lui! »
RASYPHE (saint) fut martyrisé à Rome
dans des circonstances et à une époque que
nous ignorons. Son nom est inscrit au Mar-
tyrologe romain le 23 juillet.
RAVASRE (Marguerite), ursuline au Pont-
Saint-Esprit, périt sur l'échafaud le 8 juil-
let 1794- , avec Elisabeth Peleysier, Rosalie
26
8tt
RAY
REG
»I2
Bès el Mario Blanc, religieuses du Saint-
Sarrrnirnl do Bnli^ne.
RAVENNK . Rnvpnnn , ville dos Etals-Ro-
mains, clit't-lieu de It'galion, sur la rivière
de Monlo'U'. Le premier martyr dont celte
ville slionore est saint l'rsicin, décapité du-
rant la persécution de Néron. Peu de temps
»près la mort de ce saint, quelipiei-uiis di-
sent le inéQïe jour, saint Vital v fut enterré
vivant, par or re du juge Pauhn, dans un
lieu appelé la Palme. Sous Ve.s[»asien , saint
Apollinaire fut martyrisé dans cette ville.
On man(}uo de détails sur ce saint person-
nage et sur sa mort. Sous l'empire de Dèce,
un juj;e nouimé (Juintien lit cruellement
tourmenter dans celle ville, et ensuite met-
tre à mort, s linte Fusque, jeune vierge âgée
seulcnic'U de quinze ans , et sa nourrice,
saillie Ursule , qu'elle avait eu le bonheur
de convertir h la foi.
R \YN\L ( GviLLAtME-TnOMAS-FBANÇOIS )
naquit à Sa nt-Gcniez, dans le Houergue, en
17i;J. Il til ses études chez les Jésuites , fut
reçu daus cette compagnie , et rei^ut la prê-
trise. Au bout de queltjue temps . il en fut
chassé , et vint h Paris en l'V". U se lit re-
cevoir dans le clergé de Saint-Sulpice ; mais
il commit des actes de simonie pour les-
quels on l'exclut. U voulut après cela so
faire prédicateur; l'accent méridional extrê-
mement prononcé, dont il n'avait iamais pu
se défaire , lui créa d'insurmontables obsta-
cles. Ne sachant comment faire pour vivre ,
il intrigua de tous côtés , et eniin se tit rece-
voir rédacteur du Mercure de France. Il
trouva mojen de vendre 5 très-grand nom-
bre de mauvais ouvrages qu'il publia. Il ne
tarda pas à être au-des.>us du besoin. Alors
il se mit à trafiquer sur les denrées colonia-
les, fil, assure-l-on, la traite des noirs, el au
bout de peu de temps eut une vf-ritable for-
tune. Cet ecclésiasliquc indigne devait con-
venir aux philosa[)hes de son lemps. Il fut
bientôt exlrèmemeul lié avec eux, et fré-
quenta particulièrement d'Holbach, Helvé-
tius et madame (leotfrin. Ce fut dans ces cir-
con>tances ((u'il connut et commença à met-
tre it exécution le plan de son llisloirc phi-
losophique rt politique du commerce cl des
étulilissemcnts des Luropc'rns daiitt les deux
Jndes. U obtint des renseignements et des
mémoires île la part «l'un très-grand nombre
de gens distingués <pii avaient voyagé dans
les deux Lides , ou «|ui mCnue y avaient
exercé des fonrtinns imporlauh'S. D'Hol-
bach, Dubuc, Pe.hiiieja , l'abbi* .M.irlin , Nai-
guoo, et .surtout Diderot, l'aidèrent beau-
conp dans la rédaetiun de cet ouvrage. Dide-
rot était parf »is épouvanté de la liardie>îie
avec l.iiiuellc il faisait parler son ami. Il lui
arrivait parfois do dire : t Qui osera signer
cela 2 — .Nb»i, disnu Knyn.d , moi, vous dis-
jc : allez toujours, n Plusieurs éditions de
r<'t ouvrage impie et séditieux furent publiées
sans nom d'antfur. Kniiii , en 17H0 , int> édi-
tion en dix volumos in-8' parut avec le nom
et ! ' 'i dt de R.iynnl.
ivrage, qm eut une vopnie extraor-
'Jiaair« , surtout après «lu'il eut été con-
damné par arrêt du parlement, en 1781 , est
un tissu de mensonges , do digressions con-
tinuelles , de décliimations furibondes con-
tre toutes les puissan( es de la terre et con-
tre la religion, une collection de peintures
lubriques qui afiligent les mœurs, un amas
de pièces décousues , comme cela devait
être, puisqu'il n'y avait pas eu unilé de
composition. Les philosophes eux-mêmes ,
tels (jue Voltaire, Griium, Turgot et plusieurs
autres, l'ont jugé fort sévèrement.
« Après la condamnation de son livre et
la sentence do jtriso de corps lancée contre
lui en 1781 , Uaynal quitta h France , alla à
Spa , où il trouva une brillante compagnie ;
puis il passa h la cour de Saxe-Gotha , oiî
on lui ht un grand accueil ; de là il se ren-
dit à Berlin, pour voir Frédéric, cl n'eut pas
beaucoup à s'en louer. Venu en Suisse, il
obtint sa renirée en France , en 1787 , sans
pouvoir néanmoins se montrer à Par. s; il se
retira à Saint-deniez , séjour triste et en-
nuyeux pour lui ; ensuite chez Malouct, in-
tendant de la marine à Toulon. Il trouva
dans cet homme un ami dévoué. Eu 1790 ,
la sentence de prise de corps et de conlisca-
tion de biens, prononcée contre lui, fut an-
nulée, h la demande de .Malouet , député de
Marseille aux États généraux ; alors Raynal
revint librement à Paris.
« Quand il vit la révolution se développer
et les excès auxquels elle conduisait , il re-
gretta d'y avoir contribué; il écrivit, le 31 oc-
tobre 1791, au président de l'Assemblée na-
tionale, une lettre fameuse, dans laquelle il
rétractait les principes de sou liiftoire phi-
losophique, et désapprouvait hautement les
aetes des nouveaux législateurs. Il mourut
à Passv en 1796, ^gé de quatre-vingt-trois
ans. » (Bouvier, JJisl. de ta philosophie, t. II,
p. 292.)
RÉATE (saint) est inscrit an Martyrologe
romain le 27 janvier. Il eut pour compa-
gnons de son combat saint Daee el dautres
dont nous igiooroiis les noms. Ils furent mar-
tyrisés durant la persécution des Vandales ,
en Afrique. L'Eglise fait leur fôle le 27 jan-
vier.
Rf^CABITF. C'est h seule désignation qui
soit allribaée h l'homme courageux qui pro-
testa contre les Juifs qui lapi(hient saint
Jacfiuos le Mineur, apiMro et premier évêipio
de iénisalcm. « Quoi ! leur ait-il, vous êtes
et assez Lâches pour tuer un
prie pour vous ! » Le saint en
elfef était açenoniilé pendant qu'on le lapi-
dait, et il priait pour ses bourreaux.
UECL'.MBt'S, l'un des trente-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur saug pour la
foi eu Egvplc, et desquels Ruinart a laissé les
Actes aulVientiquos. I oy. Martyrs ^les Ireale-
Sept) KGVrTlENS.
RECilOLA (sainte) fut au nombre desqua-
ranle-hnil martyrs mis k mort avec saint
Saturnin, en Afrique, sous le proconsul Anu-
lin, en laii de JeMi>-('lirist 305, sous le rc>-
gne et durant la [Mrsèeutibn que Dioclélien
suscita contre l'Eglise du Seigneur. {Voy. Si-
assez cruels
homme qui
8l7i
ItKP
HKV
Hi4
THHNiN.) l/^'.^liM• l'iiit lu iMii «lu lous irh
fii'lillls le I I l'i'M ICI'.
lU'J.MS, Hiiiii on J)>tr(H(>r(iirnin , ville du
l'iaucu (l.ms In IUjwiio , aicliuvc^uliA , callui-
(iinlu où l'on .sjii T'iil les lois, ('.elle ville .'i tiu
la nloirc de voir le iirciiiicr niail.>i- dt.'hdau-
Ics, sailli IsU), mourir da-is si's niurs, |M!U-
daiil la |M'r.S(''(iilio'i de Nt-roii. Milliciireiisc-
iiu'mI on iiiaiDiiu^ tli' diHail.s aulliciilHinc^ sur
Jo iiiarlyro de ru saiiil.
Dans lu m' siùclii, sous lus (>iii|tur«Mirs (ia-
lt"»ru ul Alaxiiiiiu , saiiil 1 iiiiollit'-u aya'il (!hi
«rrî'li^ ilans cullu villu , t'nl liviû aux. bour-
reaux (|ui l(* loilurèretil (■inclleiiieiit. Sou
courage au luiluMi dus soullVanuus iiupres-
si< iina s'\ viveuiuul .Apolliinin) , l'un d'uiitru
eux, (lu'il su eoMvurhl iiiunt-dialuniuiil ; l'I
ayant elt^ l)a|ilisû duraiil laiiuil, eu iirisoii,
avec [ilusieuis aulns [u-rsoiuius (|ui s élaiuiii
coiiverlius comme 1 i, il lui mai lyrisu, deux
I'ours ajirùs, aveu sainl Timolliee, lu 2.iaoiU.
AUJi's autrus compagnons avaiuni souH'url la
vuille, 2-2. La villu du Ueims prûlunil jiosst^-
der enuoru la |tlus i^raiulu pailio dus reli-
quus do uos ^>aillls.
lui VOT, sous le n'^gnu d'Arcaduis, lus bar-
bares ayaiil l'ail une invasion ilatis les Gau-
les , s'ouifiarôront du la ville ilo Reims , (jui
avait alors pour tivc^juu saini Nicaise. Ce
saint ayant voulu protûgor (luelques habi-
tants cuiilro la fureur des envaliissuurs, lut
massacré par eux, ainsi que sa sœur, sainte
liulrc)}tiu. Culte sainle avait c^)nsacrô sa vir-
giniu^ au Sei^^iieur. Les barbares voulaiont
lui laissor la vie; mais sachant biun dans
quel dessein, elle |irt^l'éra mourir, ils la tuè-
rent près du corps du son Irùre.
KKINK (sainluj, vierge et martyre , donna
sa vie pour la loi chrétienno durant la por-
séuutiou de Dùce, on l'année -loi. Le lieu de
son martyre est Alise, ville des Gaules, an-
cieiinemcnt puissanle, et dont César lit le
siège. Ceite ville rui^.ée est maintenant un
petit village du diocèse d'Autun. Ce l'ui un
juge nommé Olybrius qui la coiulam-ia et la
lit soutlVir. Après les rigueurs de la jirison ,
les tortures du cheva.et et des lampes ar-
dentes, e'ie fut décapitée. L'Eglise célèbre
sa l'ète le 7 septembre.
RENNES (chef-lieu du département d'Ille-
Pt-Vilaine.) Son territoire a été illustré par
les soutliaiices qu'y endura saint Emilien, en
confessant la foi de Jésus-Christ.
RENON (saint) reçut la ))alme da martyre
en Artois. Les Actes des martyrs nedonne:it
aucun détail sur son compte. L'Eglise fait sa
fête le 27 mai.
RENl'S (saint) , martyr , fut mis à mort à
Carthage , avec les Sdints Montan, Lence,
Flayien, Julien, Vicloric, Primole, Donatien.
Ce fut en 259, sous l'empire de Valériei et
sous le gouvernement intérimaire de Solon.
(Pour plus de détails , il faut lire les Actes
de MoNTAN, à son article.) L'Eglise fait la fête
de tous ces saints le 2 'i- février.
^REPARATE (sainte) , vierge et martyre,
n'ayant pas voulu sacrifier aux. idoles, du-
rant la persécution de Dèce, à Césarée de Pa-
lestine, endura divers tourments, après les-
ipiul» flh^ uul la iMe lranrln''tî. Lu Mnrlyro-
lo^e loiiiriiii dit qu'on vil son Ame s'envoler
df son ciups il monter au ciel, sous la lorm«
d'une ( oloiiibu. L'ICj^lr-je lail »a tète- le 8 oc,-
loble.
RlJ'O.Sri-;, év^juu du SuluiiHKii Afnqun,
oui lu iiialhuur d abjurer sa foi ut do .sacii-
liur aux iilolus, duiiinl la pt;rsé. iitioii dn
Dècu. i.'liibloirc! nu fait pus autremeui nicn-
tion du lui.
Ui'iSPICI': (saiid) , martyr à Nuéo mi lii_
Ihyiue avec saint Tryphoii, f»ous | frripire do
Dèce ul .sous lu Kouvorneinenl d'A<piilious
((iracrhus Claiidins.) Son liiNioiie csi .si inii-
meiiicnl liée à culli! de .saint Tryphoji, tpirj
nous n'avons pas voulu l'en sépaKM. N(jus
nnivoyoïis le h.'cleur h l'arlirle TimniON.
RLSriTUT (saint), fut iiiarlwisi" ,'i Romo
sur la voie Aiin liennu. Nous nianqwons do
détails aullieiiti(iues sur lui. LEgliso célè-
lii-u sa mémoire le 20 mai.
RESTITUT (sailli), fut martvrisé à Antio-
rhe. On ignore h (pielle époque et dan.s
quelles circonstances. Quoi (|u'il tni soit, on
sait qu'il eut pour compagnons de sa gloire
les saints Donat , Valérien , Fructuoso et
douze autres, dont les noms ne nous sont
point parvenus, L'Eglise fait leur fête le 23
août.
RESTITUTE (sainte) , vierge , fut marty-
risée à Sora, sous l'empereur Aurélien et "le
moconsul Agathius. Ayant entrepris de com-
battre pour la foi, elle surmonta les efforts
des démons, les caresses de ses [tarents et la
cruauté des bourreaux. Entin, ajant été dé-
capitée avec quelques autres chrétiens, elle
fut honorée de la gloire du martyre. L'Egliso
l'ail sa fête le 27 mai.
RES'llTL'TE (sainte) , fut au nombre des
quarante-huit maityrs avec saint Saturnin,
en Afrique, sous le proconsul Anulin , en
Tan de Jésus-Christ 305, sous le règne et du-
rant la persécution que Dioclétien suscita
contre l'Eglise du Seigneur. {Voy. Saturmn.)
L'Eglise célèbre la fête de tous ces saints le
Il février.
RESTITUTE (sainte), vierge et martyre,
ayant été tourmentéede diverses façons effort
cruel leme 11 en Afrique, par le juge Procule,
fut mise dans une barque avec une grande
quaulité de poix et d'éloupes, puis exposée
sur la mer pour être iirûlée vive, au milieu
dos eaux, par le feu qu'on avait mis à la bar-
que. Les Actes de sainte Res:itute portent
qu'elle mourut tranquillement. Dieu l'avant
miraculeusement appe ée à lui, sans que les
flammes qu'on avait allumées lui lissent au-
cun mal. Elles s'étaient au coniraire tour-
nées contre les bourreaux. Le corps de la
sainte fut porté dans la baniue à l'île d'Is-
chia, près de Na^.les, où les chrétiens le re-
çurent avec de grandes marques de vénéra-
lion. Constantin lit depuis bûlir une église à.
Naples en l'honneur de sainte Restitute.
L"Egl:.>^e fait la fête de cette sainte le 17 mai.
RÉVÉLllEN (saint), évèque, fut martyrisé,
à Autun, pour la foi chrétienne, sous l'em-
pire d'Aurélien, avec saint Paul, prêtre , et dii
autres qui ne sont pas nommés au Martyre-
815
RIC
RIC
816
loge. Saint RévtVirn 6{a\\ év^rjne. c'est indn-
bit.ihlf'. Klait-il «^vt^qiie dAutun? Cela est
fort ronleslé. et la Iradition •<< nible linlir-
roer. I.'Eglise fait sa f^le le 1" juin.
HÊVOCAT, saint), martyr, fut arn'lr h Car-
tna^e sons rem;iire de Sévère, en 20-2 on -203,
et reçut la maronne en ni^nje tciu s (jne
sainte Pcrp Inr, saintr F»^licil»^el ieursrom-
papnons, ( Ponr pins amples détails , il tant
lire les Aftes de saiaf» Per,»éluo à son ar'i-
cl '. L'E:.;lis" fait la fête de tous ces saints
martv rs le 7 mars.
Rfi^■OC.•^T ;sai-it), fut martyrisé h Smyme
avec les saints >'it<d t>t Fortnnat. Nous n'a-
vons aucun détail sur r'po(jue et les diffé-
ren es rirrons ances di* Uur m .rtyre. L'E-
gli**e fait leur mémoire le 9 janvier.
BhVOCATK (>ainle) , eut le «loi ien\ privi-
lège e verser son <;any pour la uéi'ensc de
la religion tlirétienne. Nous ignorons entiè-
rement le lieu, la date et les difîéientes cir-
constances de leur comi)al. L'Eglise fait col-
If ctivt ment leur fêle le 6 février.
KKZKAIXAH »Dems), archevêque d'Alep,
fut mis aux fors 't jd*'' d.Mis un noir cachot
avfc Ii;nace Pierro, patriarche de Syîie, qui,
ayr.nl été accusé de f ire f»iibliq'iercent pro-
fession de la religion catholique, avnit rec ii
au,)aravant qucMre-vingts cou; s de bAtôn
sous la plante des {)ieds. Le Grand Seigneur
ne les fit sortir de prison que nour leur faire
subir une détenîion perpétuelle dans le ch;\-
leau d'Adané , où notre saint archevêque
mourut en anivant, exténué des fatigues su-
bie> durant le voyage.
RHODANE (sainte), martyre, reçut la cou-
ronne de gloiic à Lyon, en 1T7, sous le rè-
gne de lemp reur Antonin Marc-Aurèle.
Elle fut décHjMtée, parce qu'elle était ci-
t<>y(Mine ronuiiue , au lieu d'être mise à la
torture ol d'être exposée aux bêles , comme
le furent plusieurs «le ses glorieux comj'a-
gnons. I, Eglise fitil la foie de tous ces mar-
tyrs le 2 juin.
HICHLl U ^le b eidieureux Hinrii. « na-
quit h Coslau , 1 an Kio-l, et se consacia au
service de Dieu dans la compagnie de Je us,
h l'Age de sei/.e ans , dit le 1». Kri!/. Tout le
temps ipi'il enseigna les belles-lettres , et
qu'il lit s >s études dans la [irovinc(> de Bo-
nôme, où il avnii été reçu, il sou, tira après
les missions des Lui 'S , au\(| 'elles il |)rit
dessein de se dévouer, dans l'espérance U ob-
tenir (lu Seigneur I « gr.ice o'v verser son
sang poui la l'oi. Ce fut eu H)8'» qu il arriva
flans celle laborieuse mission. Il essaya d'a-
bord son zèle parmi les peuples de los May-
nas. Il fut envoyt' e 'suite chez les nations
infi lèles t|ui habitent li> long du grand tleuve
l'cayal 11 , travailla pendant douze an^avec
tant de fruit, qu'on comiitail neuf peupiades
très-nond)reuses de tiJèles (^u'il av.sit for-
més au ( hris ianisme , ,>t qui vivaient dans
une grande puielé de nneurs. Il scnil dilli-
cilo de faire comprenjre ce (|u il eut de fa-
tigues à e>suycr, soil jiour a|»iirendic les
lu)gufcS barbares de ces peuples, soil pour
faire enlrer dans leur esprit < l dans murs
i«eurs les maximes de l'Evangile. Il m pei.-
danl ces douze années plus dp quarante ex-
(ursions le long du fleuve, dont la moindre
étail fie deux cents lieues, et dans cfs cour-
ses il lui f. liait pénétrer des forêts épaisses,
et traverser des rivières extrêmement rapi-
des. On a peii;e à concevoir qu'un seul mis-
sionnaire, chargé du soin de tat.t d'àmes, ait
pu tiouver le temps de parcourir des con-
trées si éloignées les unes fies autres , fisr
d( .> chemins si peu praticables, (pje souvent
c'est b. aucoiip avancer que de faire une de-
mi-'ieue par jour. Dans tous ses voyages, il
comptait uni(|uernent sur la Provulence pour
les besoins de la vie, et il ne voulut jamais
porter avec lui aucune provision. H mar< hait
pieds nus, dans des sentiers semés de ronces
et d'épines , exposé aux morsures d'une in-
fii ité de petits insectes venimeux , dont les
piqAres causent des u'cères qui niellent
quelqucfîois la vie en danger. Souvent il se
trouva si dénué des choses les nlus néces-
saires, que faute d'un morceau d étolî • pour
se couvrir, il était obligé d allerhdemi nu; ou
bien il se voyait réduit h siî faire lui-même
une robe d'écorce ei île branches de pal.uier;
c'était plutôt un rude cihce qu'un vêlement.
Cef enciant , non content de ces rigueurs at-
tachées à la vie aposfolif[ue qu'il men.iit , il
aftligeait son corps par de nouvelles macé-
rations, son jeûne étail conbnuel et Irès-
austere ; dans ses plus longs voyages, il ne
vivait que d'herbes champêtres el de racines
sauvages ; c'était un régal pour hii quand il
trouvait (juehpie [lelit poisson. Une vie si
pén.ble el si mortitiée devait finir par la plus
sainte mort : ce fut aussi la récom[)ense que
le Seigneur avait atl.ichée h ses travaux.
« On avait tenté [dusieurs fois la eonver-
sio:; des Xiberas , el toujours inutilemtnl.
C'est un peuple féroce et inhumain, qir ha-
bite des mon'agnes inaccessibles. L. s Espa-
gnols, d.ins la vue de les souiuelire îi la toi,
avaient b^Ui autrefois dans leur pays une
ville nommée Sogiona, mais ils ne purent
tenir contre h s rruaulés qu'exercaiei.t ces
il fidèles , et ds furent contraints ue la rui-
ner. Don Mathieu, comte de Léon, président
du (O'iseil royal de (Juilo, homme né pour
les gr.mdes enlie[trises, el j)lein de zèle [)our
la conversion des idolâtres, forma le desse n
d'envoyer encore une fois d:s missionnaires
îi vrs barbares : il en conft'ra avec l'év'^que
de Quito et le vice-roi du Pérou, qui promi-
rent dappuver de leur aulorilé une œuvre
si saii.le. ils demandèrenl aux supérieurs
des hommes capal)les d'exécuter une entre-
prise aussi pénible et aussi périlleuse qu'é-
tait celle-l,T, et pour ne pas les exposer té-
méraireiuenl , ils voulurent qu'un certan
nombre d'Indiens convt rtis h la foi les ac-
conqiag assenl et leur servissent comme
d'escorte. Ils partirent avec joie... Cinq an-
nées des plus grands travaux ne prod'iisi-
renl pres«]ue amnm fruit. Les Indiens .idè-
les, rpii accompagnaient les missionnaires,
députèrent secrètement quelques-uns d'en-
tre eux à Ouilo pour sup[>lier qu'on les rap-
pel/^t, ou du moins (ju'on leur envoy.'ll à la
place du P. Ru hier un autre missionnaire
817 nie V.IM ««H
loil il^;i' , H(> iv)iivmit , (lis.iifiil ils, n'-sislcr nilcii («nvovn pour laiio iiKHiiir los rcsh-H «le
nliis loii}j;l(«iii|is .'I hiiil (If liavaiu i|uc II' /.('le la h'-^ioii 1 lirlti-ciiiii- , rt''|i.iii<l(is «'ii (livcr.H
iiiralif:;al)li' du I' Iticlih-i- iiMir raisjnt soiillVir. fiidioils il<*.s (i/iulfs. A ItAlc, il lit iioyci |ilu-
l'iiiliii, voyant (iiT'in ikî se |»rcssail pas de les siciifs clirt'-iifiis. Ce lui la son pri'iiii<T cf-
Natislairo , ils pnrt'iil le dess in d'* se didi- ploil. I.c 'i (irlolMf il aiiivii /i Tirvi-s, où ini-
vrcr ('ii\-nu>ni(>s du niissiiinnaii'c , ri pont- nn-dialcnicnl illit munir noii-Kfn|<'iiHnt un
coloi'cr leur nWoll<' paiiindicii', ils inspir«V cciiain nondirc df .soid.ils di- h Ir^uiii T.ié-
l'cnl la haine scci^'lr tpi'ils Ini poilaicnl h JM-cinn!, niaiN cncon' un ,;i-and rionnur d'Iia-
(niclipics lins (|(>sp(>ii|)l('S(iiconvoisins, dont hilai'ls. Adolo^in-, iinini! iialnncnl après, il
ils pri'Icndiicnl so si-rvir poiii- se di'IaiiM de lil in mrir saiiil (ii''i( onci phisifiirs sairils ijun
riioiinnc apos|oIi(pi(«. Dieu pcrinil , pour l'Iv^lisc; lionoi'i'av(!i- lui. Tous ((î.siWincincils
an^iiu'iilcr la conronnc de son scivitonr, aiTivi^rcnl h peu pr«\s (mj '28<). A Utims , il
(pio le clirrdc ("eux ipii conjnièrcnl s,i p. -île lil aussi plusiciiis inarhis. A Finii-s, le 2 dfî
lilt «•(■Ini-lii nu'inc sur la lidrlilé diKi'.icl il in.iis, il lit n'oiiiir sainio .Macr.-; un i'< >i plus
d"vail lo [)'us «-oniplcr. Ileini ( c'csl son lo,n , sainl lUilin l'I saint VaIcMH! , fcUrs p;ir
unm) (Hai! un jiMino Indien (pic )r mission- l'Jl^l se le !'* juin. Kn Pi('ardi(!, il lil m-turir
iiaiic avait ('•l('V('^ d«''s sa ;lus U- idre ('nlaiHo; sainl <,)u('!ilin. Près d'Amiens, l(î H ocloljit-,
il l'avail l)aplis(^ vl lui avail doniii'^ son nom il lil marlynscip les saiu.s (iiMilieii, N'ictotic
de Ihari ; il lo rc^iirdai! l'.omuK» un cnlaiil cl iMis.icn. On lui allrihuc .lussi la iiiorl d(i
(■li(5n (ju'il avail cn^^cndri' en J(Vsus-(",luist sainl Kiniiiii, év(V[uc' d'Amiens, (H de saint
o( (|u'il avail roiniiinux vertus cluiHieanes; Just, enranl. Saiui Ciépiii et s uni (^l'.'jpi lieii
il le l(>iia;l loujours en sa coinpav;'»'^' «'• !•' l'urenl le.s d.'i iii('ii:s vu-limes de, la ciuinili'»
l'aisail mani;er avec lui; il l'employait nu^me de ce |»i('fel. La moil de (;e peisé(;utcur
dans les i'oiu'tions <iposloli(pies. Ce periide, acharne enl l'cu cm l'an 288.
oubliant tant de bienl'ails , se mit à l:\ li'^lo ItIKUL (sain ), fut iiiailyrist'> h Populonia,
d'une iioupe d'Indiens ciu'il avait stiduils par en Toscane, sous le vv'^m: do Tolila, <!(; saint
ses juliliccs , poiu- ôter la vie h son p(^re en arrivait d'Afrique. L K.;lise l'ail la l'(Me de ce
Jésus-Cluisl ei à sou maitr».;. Il prit \c liMups s.iint comhallanl de la l'(n le 1" se;)tembre.
que le Père allait liavailler h la conversion JUEri, Hcate ville d.; l'Etat ecclf^sia^sti-
des Piros, et l'ayaul joint dans le chemin, il (j.ue (dans l'Ombrie). Ce f'jt là (ju; saint 'lu-
liii donna le premier co\i(). Celait le signal lin, èvè(que des Marses , sainl Silou et Stiint
(p.i avertissait les Indiens de sa suite de se AK-\andre fa;eut d6cap;tès durant la persé-
icter sur le missionnaire et de lui arracher culiou de l'empen^ur Maximiu.
la vie. Ils massacrèrent en même temps deux RIMINI, ville murée de l'Klat ecolèsiasti-
Espagnols (jui accompagnaient le Père ; l'an que , est célèbre dans les annales des mar-
qui était de Quito, et l'autre qui était venu t>rs par le martyre de l'évè jue saint Gau-
de Lima. Ils entrèrent ensuite chez, les Chi- (lence. On ignore à quelle époque il arriva,
pès, où ils exercèrent le dernier acte de leur UIMINl (Persécution tolcuant l-v for-
cruaulé sur le vénérable doiu Joseph Vas- mile de). Durant les grandes q lerelles qui
quez, prêtre licencié, que son zèle et sa agitèrentrEglisesousCuiistance, entre ariens
venu avaient porté depuis plusieurs années et catho iques , plusieurs concile^ furent
5 se joindre aux missionnaires jésuites et à assembles. Celui de Nicée avait formulé le
travaiileraveceux.Maconversiondesgentils. symb(.le de la foi catholiijue, et avait iniro-
« Telle fut (en 1G95j !a tin glorieuse du P. duit dans ce symbole le mot i-onsiibstnntiel,
Richler, qui, ayant passé des climats glacés qui établissait parfaitement quelle idée les
du septentrion dans les te res brûlantes do citholiquesavaiertduFils.seconde personne
ITnde occidentale, a ouvert la porte du ciel à de la sainte Tnnité, et de l'identité de sa na-
plus de douze mille infidèles qu'il a conver- ture avec celle du Père. Celle forma!*- n'al-
tisà la foi. » (Heniion, t. il, p. 58').) lait pas aux ariens. Le mot consubstantid
RIBEIHO (le bienheureux Blaise], Portu- principalement les o;îusquait. 11 précisait
gais de Braga , de la compagnie de Jésus, trop. Us auraient voulu le reliancher, pour
faisait partie des soixante-neuf missionnaires qu'il restât du doute, du vague, et qu'on pût
que le P. Azevedo était venu recruter à discuter facilemont sur ce point de foi. A
Rome pour le Brésil. ( Voy Azeveuo.) Leur birmium où ils se trouvèrent en majorité, ils
navire fut pris le 15 juillet 1571 par des cor- avaient fait une autre formule accommodée
saires calvinistes , qui les massacrèrent ou à leurs désirs et prêtant par son ambiguïté,
les jetèrent à la mer. Notre bienheurejx fut par son él isiicit;', à toutes les iulerpréta-
saisi par les bourreaux au moment qu'il tions. Le concile de Sirmium avait eu lieu en
priait prosterné devant de saintes images. 359. Peu de temps api es, l'Eglise se réunit
Ceux-ci lui enfoncèrent le crâne à coups en concile à Kimini. Au nombre d'enviroo
du pommeau de leuis épées.Sa cervelle jail- quatre cents, les Pères du concile déclarè-
lit tout autour, et il tomba roide mort. (Du rent qu'ils ne voulaient p.is d'autre symbole
Jarric , Histoire des choses plus méinora- que celui de Nicée ; mais Ursace, Valens et
oies, etc., tu, p. 278. Tanner, Societas les autres chefs ariens prétendire it faire
Jesu usqucad sanguinis et vilœ profusionem jjrév.loir celui de Sirmiu.n. Ils se relire -
uir'^vir?^^r}t^^^^'''^■^ ^'*-'"t du concile avec leurs secla eurs, et
KlLllOVARE, Rictius Variis , préfet du bientôt, par l'ordre de l'empereur, on chassa
prétoire de Maximien Hercule, est célèbre les i,atholiques.Constancecommandai- qu'on
dans nos martyrologes. Ce lut lui que Max^- ôtàl du symbole le mot consuustantiel. A'm^
S(9
niM
BIP
giiO
fut rédiiîi^e la fameuse formule de Rimini.
rt Kn 3r)(), jps arioMs tinrent r»("onstanlinoplc
un concile ;\ la suite (luquel on envoya par
tout l'empire la formule souscrite à Himiiii,
avec ordre de l'empereur d'envoyer en exil
tous ceux qui n'y voudraient pas souscrire.
Acace et les autres cspdraient par là abolir la
mt^moirc du concile de Nic(''e. Ils ('(rivire'it
aussi aux Orientaux qui étaient dans leurs
sentiments, pour leurnonner avis de tout ce
qu'ils avaient fait , entre antres à Patrophile
de Scythonolis, qui de Séicucie était allé
droit chez lui. Ainsi finit ce concile de Cons-
tantinople.
« Les souscriptions que l'on exigea par-
tout en exécution de cet ordre causèrent
un grand trouble dans l'Eglisp. Ce fut une
espèce de |)ersécution, plus dangereuse que
celle des païens, en ce qu'elle venait du de-
dans. La souscription devint une disposi-
tion nécessaire pour entrer dans Tépisco-
pat, ou pour s'y conserver. Presque toi, s si-
gnèrent, môme sans ôtrc persuadés dp l'er-
reur : tns-pevi s'en exeni[)lèrent , ou parce
qu'ils eurent le courage de résister, ou parce
que leur obscurité les fit négliger. Mais
nous n'ei connaissons aucun eu Orient qui
soit demeuré ferme et en possession de son
siège, quoiqu'il soit certain qu'il y en eut ;
et dans toutes les [irovinces quelques-uns
furent chassés pour ce sujet. Tous les autres
cédèrent au temps ; les uns plus t(M, les au-
tres plus tard, soit par crainte, soit par in-
térêt, soit par ignorance. Le prétexte de la
paix et de la soumission à l'empereur fit en-
trer près jue tous les prélats dans la commu-
nion des ariens. Le vieil évèque de Nazianze,
Grégoire, eut la faiblesse de signer comme
les autres, (pioique sa fui fiM tiès-pure; il se
laissa surf. rendre par simplicili" nux |iaroles
artificieuses des héréli<|ues. Les moines (|ui
faisaient la partie la plus pure de son église,
ne crurent pas pouvoir di meurer afirès cela
dans sa coumiunion : ils s'en sé|)arèrent' et
attirèrent une grande partie du peuple. Gré-
goire le fils, qui était auprès de lui pour le
soulager dans sa vieillesse, lui demeura tou-
jours uni, sans ap[)rouver en aucune ma-
nière l'erreur de ceux h qui le père s'(tail
laissé séduire; et enfin il reconcilia avec lui
les moines et les autres qui s'en étaient sé-
parés sans aigreur, mais par un ptir zèle
)otir la \n\. Dijinée, évè(|ue de Césarée en
l;q)f)aflocc, l()nd)a dans la même faute, et
soiiserivit eoiniiio les autres h l.i foininle dt)
Conslnnlinople. S.unt Hasileenfut sensible-
ment al'lli^é, aussi l)ii'ii (jvk; nlnsi ur.saulies
personnes j»ieusesdu pa>s. Slais la douleur
do saint r.asilefut d'autant plus gra; de qu'il
avait été /'levi' dès s,\ len Ire leuiiesse dans
Un resp' I I e| une .iiri'ctiou particulière pour
cet év<^niie, dont il avait reçu le baptême et
Tordre de lerft-ur. et que Dianée était en lui-
même très-esliinable par sa Kiavité.sa dou-
ceur, sa noble simplicité. Il est vrai qu'il
P'eiit nas assez de fermeté h se déclarer
pour le liDii parti : il assista au comile
d'Antiochn noiir In dédicace en .'JW. Dans
celui de Sardiqiic il so joignit aux ariens,
l
mais il répara ces fautes avant la mort.
1 Eu Occident, saint Hilaire, retournant à
son église, trouva partout les mêmes désor-
dres. L'empereur avait donné un plein pou-
voir îi Urs-'ceot h Valens, envoyant la for-
mule de Rimini par toutes les vilks d Italie
avec ordre de chasser les évoques qui refu-
seraient dy souscrire, et d'en mettre d'au-
tres «à leur place : ainsi la persécution était
générale. Les évêques qui s'étaient laissé
surprendre à Rim ni, se conientaient de
gouverner leurs églises, sans communiipier
avec les autres évêcpies; quelques-uns écri-
vaient aux conf s^piirs bannis pour la cause
de sn i ni. M lia nase, déclarant leur foi et deman-
dant leur communion; d'autres demeuraient
dans la communion des ariens, bien qn'h
regret, n'espérant pas de changement ; quel-
ques-uns voulurent soulenirce qu'ils avaient
fait par surprise, comme fiit h dessein. Quel-
ques-uns toutefois demeurèrent fermes, en-
tre autres le pape Libère et Vincent de Ca-
poue. qui refusèrent constamment de sous-
crire la f îTinule de Rimini, et jtar là réparè-
rent la faute qu'ils avaieit faite qtu'bjues an-
nées auparavant. On dit même quelcfiape fut
obligé de sortir de Rome, et de se cacher
dans les cimetières près de la ville, où Da-
mase et d'autres de son clergé le venaient
trouver, et qu'il y demeura jusqu'à la mort
de Conslantiiis. En Espagne, Grégoire, évo-
que d'Elvii e. signala sa fermeté, en résistant
à la prévarication des autres. 11 en écri-
vit à saint Eusèbe de Verceil, qui lui fil ré-
ponse du lieu de son troisième exil, c'est-à-
dire de la Thébaide. le louant d'avoir ré-
sisté au scandale dOsius et d'avoir refusé
son consentement à ceux (pii étaient tombés
à Rimini et avaient comiuuniipié avec Ur-
sace, Valens et les autres, qu'ils avaient eux-
mêmes condamnés auparavant. Il l'exhorte à
conserver la foi de Nicée sans craindre la
puissance temporelle; il lui offre sa commu-
nion, et le prie de lui mander ceux qui
sont demeurés fermes, ou (|u'il a fait reve-
nir. Grégoire ne fut ni chassé ni exilé
comme les autres. iFleury, t. I, j). 587.)
UIPOLIS ( .\NTonE I)e), Florentin, avait
nris Ihabi! dans l'ordre de Saiiit-D.iminiipie,
a l'époque oCi saint Antonin était prieur du
couvent (le Florence. Noire bienheureux
avait un amour violent pour l'étude; ayant
obtenu de ses supérieurs la permission do
se livrer à ses goiits, il partit pour Païenne,
afin d'y suivre un cours de théologie. Du-
rant la traversée, il fut pris par des forbans
et conduit à Tunis, .\yant été réduit en uu
dur esclavage, il eut le malheur de renier Jé-
sus-Christ , et prit même une épouse. Un
jour, des marchands Florentins lui ayant ai>-
pris la mort de saint .Viiloiiie, celui qui lui
avait donné les premières I(>çnn5 de vci lu, il
fut ti>uché , et résolut de revenir à Dieu. Il
distribu.i ses biens aux pauvres , rendit sa
femme h ses parents , et vint protester au
chif des mahomé'tnns ipi'il anathémalisait h'
iiroj)hète, et qu" I était prêt à subir la mori.
I rut lapidé lo 10 avril ir.'»0. On tenta vai-
nement de le brûler cnauitc, et l'Eglise do
821
ItOI)
hou
BM
Tunis, (»ii sou corps élail iiiliiunô, lui tr-inoiii
«1(1 |)liisi(Hirs iniiiicliJS. (Im)IiI)iii;i, Monumcnla
Jh)iiiitii(<i, an. \M0.)
lUPSlMI'l ( sailli»' ). soullril lo luailyrc on
Anm-iiic avm; plii^ii-uis du siîs coiniiamics.
L(Mii' (H>iiil>at |i()iii' la drlciisi' de la Coi *!iit
lii'U soMs lo roi 'riidali'. L'M^liso l'ail k«ur
l'iMc l(* i\) sr|iti!ml)i('.
IlOlUIS'MliN (sailli), viTsa son saiij;, poin-
ta loi avec saiiil Man^ : on i^iiino en (pirl
lieu, h (jiu'llc (ipoipK! cl dans (picllcs cinoii.s-
taucos. L'K,-;lisc lionoro luur ^loiiuuso uié-
iuoire lo 31 aoiU.
. UO('AUI) ( A N \sT\siK in:), supiirituircdesUi--
sulincs do Bolt'no, lui mullolinco le 13 juil-
let 179'*, h ()ianii;o , avec, Maiic-Aiinc Lani-
borl , converse an inAïue couveul , la stenr
Saiiilo-l'raiigoisu , cohvimso choz l''s Ursuli-
nesh Carpcnlras, l'ilisahelli \'en'liièi'e, Alexis
AlincelU) , el llenrielle l.alorge, religieuses
du Saiiil-Sacreuienl h llolène.
U()Cni;U , jouiie leli^iense, ix^rit sur l'é-
cliaraiiil dnranl les liorreuis do la révolution
fian(,aiso. Après la ilis[)ersion doses compa-
gnes , coinino elle so montrait dans li^s ora-
toires, on la uuuiaij^'a do la traduire aux |)ri-
sons d'Orange : elleconsullo son [lùre, vieil-
lard octogénaire , d'une |)rofonde |)iété , et
qui n'avait ([ue celle lille |)our l'aider à linir
sa carrière. « 11 uie serait facile de vous ca-
cher, clière enlanl, lui tlii ce saint vieillard,
et do vous ilérober auv poursuites lies per-
sécuteurs. Mais oxaminez bien devant Dieu,
si , en fuyant , vous no vous écartez pas
des desseins ([uil a sur vous. Peut-être veut-
il votre mort , comme celle d'une victime
qui doit apaiser sa colère. Je vous dirai
comme Mardocliée à Esther, que vous n'exis-
tez pas pour vous, mais pour son peuple. »
La jeune tille ne balança plus dès lors, et fut
bientôt arrêtée. Sa mort suivit de près son
arrestation. (Tiré de l'abbé Carron, Confes-
seurs de la foi, t. 11.)
RODA, petite localité prèsGironne, en Es-
pagne. Ce fut là que , du temps de Dioclé-
tien , environ l'an 291, Ruiin, gouverneur du
pays, fit mourir pour la foi les saints Vin-
cent et Oronte , puis Victor avec sa mère
Aciuiline, el son père , qui n'est pas nommé
dans les Actes. ( Voy. Vincent , Oronte et
Victor.)
RODOLPHE (le bienheureux), jeune gar-
çon , martyrisé à Berne par les Juifs, vers
l'an 1287 , fut enlevé secrètement par les
Juifs sous le [mntificat d'Honorius IV. Ils
l'enfermèrent dans un souterrain et le tirent
mourir au milieu des plus atfreuses tortures,
en haine du nom de Jésus-Christ. On avait
des soupçons sur les meurtriers. Le sénat
ordonna une enquête, découvrit le cadavre,
et ht rouer les Juifs coupables de cet horri-
ble attentat. Le corps de Rodolphe fut in-
humé dans la cathédrale, près de l'autel qui
porta dès lors le nom d'autel de Rodolphe.
Son martyre arriva , comme nous avons dit
plus haut, en 1287. Le cercueil de notre saint
lut profané et mis en terre au xii' siècle ,
quand les erreurs de Calvin infectèrent la
?iUe de Beriw.
lUJDOl'IlON (saint) , martyr, ré|iaiidil sou
saii^ en riionneiii do Jésus-Christ ii Aphio-
disiade, eu Cjii io. Il eut pour compaKiioii do
»oii martyre sdini Diodore. Ce fui durant la
cruelle peisécnlion de Dioclélien que cfg
deux .saillis liiienl l«|)id('s \mv leur» cohoi-
toyeiis. !,'lv.;lise (ail leur fêle le .'J mai.
IIODUK;!'!-: jsaihl) , inèlre, lerul la glo-
jieiise |ialiM(! (lu martyre h Confoue , nv«'C
saint Salomon. Nous ignorons à ipielh* épo-
que et dans (polies cii con-.f inces Icm mar-
tyre eu! lieu. L'I'lglise lait leur fêle 11? l.'Jinars.
H()l)UI(;iIEZ (le bienheureux Ar(,isrn),
ii.'Kpiit à Nioitla , dans hïs eiiviiniis de S(;-
ville, 11 embrassa la ivgio si'raplhipK! dans
la province du Saint-Evangile. Il alla snc-
cessivomenl porter le llaiiibeaii de rEvan^iU)
chez les Zacalèques, chez les Cliichimè(|ues,
el s'avança ensniti! vers les couln-es siiplini-
Irioiiales , où nul missionnaires n'était en-
core allé. Dans celte sainte |)érégriiiation, il
était accompagné de Jean de Saiiile-.Mario ,
Catalan d'ongine , et do François Lopi-lio ,
qui appartenait à uno des grarides familles
df Séville. Ils firent environ ciii(| cents
milles dans le nord , avec une escorte do
douze soldats espagnols. Ils parvinrent jus-
que dans la conlrée (ju'ils nommèrent Nou-
vcau-Mexi(|ue. Cincjuanti; mille hommes en-
viron habitaient six mille maisons dans lo
lieu où ils s'arrêtèrent. Ils furetit cordiale-
ment reçus , et furent enchantés de cet ac-
cueil. Frère Jean de Sainte-Marie partit |)Our
retourner chercher de nouveaux mission-
naires ; mais les naturels l'ayant guetté au
passage d'une montagne, tirent rouler sur lui
un quartier de rocher qui l'écrasa. Les sol-
dats (jui l'escortaient regagnèrent Mexico.
Ce fut par eux qu'on apprit les découvertes
que les religieux venaient de faire. Les deux
autres missionnaires continuèrent leurs pré-
dications auNouveau-Mexique. Un jour qu'ils
prêchaient , François aperçut des naturels
qui se disputaient et allaient se battre. Il
courut à eux pour les réconcilier, mais ils
tournèrent leur fureur contre lui et le per-
cèrent de leurs flèches. Augustin, resté seul
après la mort de ses deux compagnons, n'en
continua pas moins à accomplir sa sainte
mission ; mais bient(jt il tomba aussi , lui ,
victime de son zèle. Il fut martyrisé par les
indigènes.
RODRIGUEZ (le bienheureux Emmanuel),
Portugais , de la compagnie de Jésus, était
du nombre des saints missionnaires que le
P. Azevedo vint recruter à Rome pour le
Brésil. [Voij. Azevedo.) Leur navire fut pris
le 15 juillet 1571 par des corsaires calvinis-
tes, qui les massacrèrent ou les jetèrent dans
les tlots. (Du Jarric, Histoire des choses plus
mémorables, etc., t. Il , p. 278. Tanner,
Societas Jesu usque ad sanguinis et vilœ pro-
fusionem militans, p. 166 et 170.)
RODRIGUEZ (le bienheureux François) ,
jésuite, fut martyrisé en 1638, au mois de
juin, en Abyssinie , par les moines héréti-
ques de ce [lays, avec le bienheureux Fran-
ceschi et le P. Apollinaire Almeida. ( Voy.
Franceschi.)
?
8«7ï
Ror,
ROG
iU
ROr, AT (snin»), nom do doux saints parmi
Ips qnannti^-huit niartvrs r^iio lr> [irO(onsul
Ari"liii fit mourir pour la fiM fii Afriquf, du
tpiui s do la pcrs(^("ulion do Dioclélion, avoc
le îxiiid pr(^tro Siturnii, en l'an do J»''sus-
Chrisl 305. {Voy. les Actes do saint Satir-
MN, h son artiolo.) L"Eglisc fôte tous ces
saints le 11 février.
ROCiAT (saint\ martyr, était sous-diacre
et habitait un monastère do la RviaotMO. Il
soutint le martyre par ordre do Hunérir. mi
des Vandales, vers l'an .^83. avec les sai.its
Lil) 'rat. Ro.dl'.ipo, Sorvus, Riistii us, Septiiiic
et Maxime. (Pour les détads, voy. l'article
Lib^:r vt.)
ROJiAT fsaint^, souffrit le martyre en
Afiitjuo avec saint Successe ot seiz,3 autres
compagnons. Nous ignorons le lieu précis,
l'épo<|Uc ot les diiïôrontos circonstances de
leur martyre. L'Egdse fait collectivonient
leur f'He le 28 mars.
ROtiAT (Sainf), fnt martyrisé en Af(i(pie
avec li's saints Zofiquo, Modeste, Castule et
quarante sol lats. Ils sont inscrits au Marty-
roloççe rom.iin le I ' janvier.
ROG AT (sain'), martyr, reçut la couronne
du marlyre ^^ Rome, avec les* saints Lucius,
Cassien et Candide. On n'a aucun renvoi ,-,no-
ment siu' eux. L'Eglise fait leur mémoire le
1" décombre.
RO("»AT (saint), martyr, mourut on Afri-
que en confessant sa foi, avec saiut Arose ot
quinze autros que le Martyrologe romain ne
nommo pas. L Eglise célèbre leur mémoire
le 10 juin.
ROtiATE (sainte), eut le bonheur do ver-
ser son sang pour la foi dans la vilii^ do
Lyon, en l'année 177, sous le règne de l'em-
peroui Antonin Marc-Airèlo. Elle était ci-
toyenne lOiiiaino; cf t'ut cotle qualité qui fit
quo.i la décapita, au lieu de 1 exposer aux
bètes , comme le furent plusievns autros
saints martyrs, s-^s compagnons de gloire.
L'Eglise fait leur fùte h tous le 2 juin.
ROCiATlEN (saint), qualifié martyr dans le
Martyrologe ri main, soulii:t en Afrique les
premiers efforts de la persécution de Dèce,
en l'année 250. Ce fut lui qui, comme \ni
cli^^f glorieux, précj'da les autres coinhat-
lanls de J.''sus-Clui.>t dans le chemin des
soutrrances, des intrépides combats et dos
lriom|thcs. Il était Agé. Saint (^y[)rirn l'ap-
pelle un glorieux vieillard, un confesseur
illustre par K-s marques ipTil avait reçues de
la faveur et de la grAce do Duni. C'est tou-
jours Sun nom «pi'il mot en tète quand il
écrit atix loidesseurs; il le leur pro|)oso sans
cesse comine un swint modèle (]u'ils peuvent
accepter en louies sories de choses. Il était
déj I sorti de prisou, h la tin d(! l'année 2.">0.
quand saint (^v|)iien lui adressa , ainsi
qu'aux autres confesseurs roinpaj;nons de
ses triomphes, sa leitre 7'. Le saint ové(pio
de r.Hrtlia^e lui envoya par deux fois de l'ar-
g-nl ei .•'ssez grande quanlil»', h distribuer
aux saints qui avaieiU soullert pour J/'su.s-
Christ, cl qui, |)ar suite de la confiscation
do leurs biens, se trouvaunif dans la pins
grande misère, anisi qu'uui pauvres lidèles
de l'Eglise. Saint Cvprion dit rpie lui et saint
Numidiquo fortiliaient incessaumient les au-
tres confesseurs par leurs exhortations, et
qu'ils lu' tomberont point dans les mémos fau-
tes (pie la plupart dos conTrsseurs de Carlha-
ge, qui, h l'exemple de Lucien, prodiguaient
aux tombi^s les billetsd'indnlgonce, et allaient
ainsi diro.temert h rencontre de l'autorité
épiscopalo et de la discipline ecdésiasiique.
Le saint évèipio do Carthago le fit son vicaire,
avec deux évèqucs et le prê're Numidique,
pendant ipi'il fnt obligé de s'absenter de son
siège. Ce furent ces sain's qui dénoncèrent
à saint Cyprien les erreurs et les insolences
de Félicissime. Ayani reçu du saint évèqne
l'ordre d'oTcommunie" l'hérétique et s. s er-
reurs, ds le liront, comme on peut le voir
par la lettre 39' au nombre de celles de saint
Cyy rien.
Adon, Usuard et d'anciens martyrologes
disent que sanit Rogatien ot saint Félicissime
(différent de celui dont nous venons do par-
ler) couronnèrent leur vie par un glorieux
martyre, sous Dèce et Valérien. On ne con-
çoit vraiment pas d*^ ()areiMes erreurs histo-
riques. Le Martyrologe romain a corrig'-, en
mettant sous V.dérien et Gallien. Cette faute
est aussi grave que l'autr'^. Ce (pi'on sait dos
soutlrancos de ces saints est pris d'une lettre
do saint Cyprien, la 81% écrite dans les pre-
miers mois de l'amiéo 250. par conséquent
sous Dèce. D'un autre côté, on est forcé de
reconnaître qut^ saint Rogatien vivait encore
en l'année 251. Le martvre de ce saint, ainsi
que ccliii de saint Félicissime, peuvent donc
parfaitement bien être révocpiés en doute.
Cette opinion ne va point contre l'autorité
de la croyance de l'Eglise. On sait que dans
les proiniers siècles, et cela très-fréquem-
ment, les (^onfesseurs étaient qualifiés mar-
tyrs : ainsi saint Jean lEvankréliste.Du resce,
il est ( erlaines confessions, celL's accompa-
gné, s de tourments, qui peuvent très-bien
passer pour de vériteLles uiarlyros. Sunt
Numidique, par exem(»le. qui soutint pour
Jés;is-CI)rist peu de temps après saini Roga-
tien, et ipii fut laissé pour mort par les bour-
reaux, |)eut à bon droit être aj)[>elé martyr.
Le danger de cette appellation est cependant
ré(d : elle tend à conférer r» des hommes un
titre qui (MU[)orte toujours l'idée dune mort
sainte en Jésus-Christ; tandis qu'd arrive
qiu'lquefois (pu; ceux (lui confessent glo-
noustnn.'nt le nom de Jésus-Chrisl, (pu se
nmuirent soldats vaillants h\i jour du combat,
toud)Otd . dans dos épreuves a[)paremment
moins lerribl(>s (]ui leur sont réservées plus
lard. Ainsi beaucoup des confesseurs do
Carthago, glorieusement sortis dtvs [)risons,
viiu-ont écliouer (jnelquo temps après, en
suivant le schisme de Novafion. Le titre de
conftvss»>ur, ne préjugeant rien, nous paraît
plu^ coiivon dile.
LafètodesaintRogalienalioule 2f)octobre.
ROdAriEN (saint), d,> Nantes, frère de
saint Donatien, eut le bonheur tie verser son
sang pour la foi chrétienne dans sa ville na-
lalo, avec son frère, sous l'empire de Dioclé-
tieu, cl très-probablement sous le gouver-
iW
noM
noM
ft%e
îKMir UicliiK A'rtnis. Cdiiimc sf»^ Ados sont
r<tmmmis;'i lui ol h sttM IVrii' ,s;iiiil Umialicil,
in l(Mit>iir tli'Vifi recourir h VnrWvUi (l<> co
(Iciiiicr. N(Mis les y Joiiiioms nilicis. I 'M^liso
f«;l la IVMc (lii sailli Koyali» ii ri de son iVcro
1(* 'iï mai.
HOC. .Vrn'IN (sMiiil) Il (le li'itis saints
i)aiiiii 1rs (|uai;uil( -Iniil niarlyrs (|iii liin-nl
mis h morl nv('(; sainl Saturnin, |»i<Mii', en
Arriiinc, sons le nroconsnl Ainilin. dniM"! la
|i('rs(viiti(>ii (le l)io( It'licn.cn l'ainu-d tic It^'ic
rhn^licnno .{05. {Voif. Satiîhinin.)
|{0<;A'MKN (saint), niarl.vr, I(m;iiI la kIo-
riiuiso |ia!nui du mailuo (mi Aliicini', avec
les saints Victor ri C.astor. J.cs (h'-tnils nuui-
qnc il Mir (os sainls martyrs. L'Iv^liso l'ait
IcMir ItMc k" "iN d(''((Miil)i'(!.
UOrii:il (sailli), lui narlyriso h Cordom'
ttvcc saii.t SiimUcu. lis curent d'al>ord les
mains cl les pitds roupés, cl l'ureiii (Miliu
décapih^s. IVÏ-li^lise lionoro leur sainte uié-
nitiiri» le Id si'i'lcmbrtv
KOMAiiS (sainl), l'^vi^iuo d(! la ville do
Nopi en Toseaue, ayanl ôÂé disciple de saint
PtoIoiiK'C, tut aussi son compaj^nctn dans sivs
sorllVances i-l dans sa morl. ( Urtrait du
Martyrolof/'' romain, au 2V aoi^l.) On no sait
pas |"irécis(^niei;l à quelle épo(iue fut con-
sommé son saoriliLO; quelques-uns l'ont mis
sous Néron, mais avec assez peu de l'onde-
mont. 11 existe dos Ailes do sainl Romain ; il
est c\ rOf^ieilei (ju'ils n'aionl pas une auto-
rité mieux ("tablio.
ROMAIN (sainl), martyr, était soldat à
Rome du loin j s de saint Laurent. 11 étail un
do ceux jiréposés à sa garde. Frappé d'admi-
ration ;>o:m' le grand el noble courage que
inonirait le sainl martyr au milieu des sup-
plices atroces (ju'on iui faisait endurer, il
vint le Iraiiver dans sa [)r:Son, le suppliant
.de l'instruire el de lui conloror le sacrement
(qui fait les chrétiens. Saint Laurent l'instrui-
£it donc des vérités de notre religion sainte,
el eiisuite le bapiisa dans sa prison. Quel ta-
bleau! quel spectacle! Un sainl qui va mou-
rir, qui dans quelques jours st-ra dans le
sein de Dieu, au milieu de ces phalanges
glorieuses de martyrs que l'Eglise vénère,
Bonnant le baptême à un des soldats qui le
gardent, et, prêt h aller porter son âme à
D.eu , fait jwur lui des conquêtes sur la
.torie ! Saint Romain, ayant déclaré qu'il était
chrétien, fut immédiatement arrêté el déca-
pité à Rome, la veille même du martyre de
saint Lauri.nl. Ce fut sur le chemin de Tibur
qu'on l'enterra. Depuis, ses reliques ont cié
transportées à Lucques, où elles sont placées
sous le grand autel de l'église qui porte son
nom. Sa fête a 1 eu le 9 août.
ROMAIN (sainlj, évêque, confesseur, souf-
frit pour la foi à Auxerre. Nous ignorons à
qui Ile époque et dans quelles circonstances.
L'Eglise l'honore comme confesseur le 6 oc-
tobre.
ROMAIN (saint), était exorciste dans un
village qui dépendait de l'autorité établie à
Césarée en Palestine. Quand le vent de la
persécution souilla sur l'I-glise, ce coura-
geux soldat de Jésus-Christ ne voulut pas
rester loin du dan^er : il vint h Antioclm
jiour y e\liortcr les rliréliens h cojdessor
cmintueusoinenl le nom de JéRuMilirisl.
l'itaot devant je trilional d'un jUKe nommf')
par IMiKicnre As( b'piade, il vit que qnchpjcH
|irisoniiiers chrétiens étaient ehamel.oils
(lois la loi : il |.-ui- tit iinnic liatement et h
hante voi\ h s e\hoi lalKMis nécessaires, Imir
iciiiciiioianl les promesses de Jésus-CInisl h
(•■•111 (pii pcrsévèi'ciit , et les menaces de In
reli;^ioi (outre les n lierais. As(h''puidc, vivo-
iiKMit inilc, le lit arréIcT, et, aiiriVs l'avoir
l'ail d(''(hii(r avec des h,>nets et (les ciocs dtj
fer, le coi'dainna h être biûlé vif. Dioclétien,
étant arrivé dans ces jours-l.'i h Arilioche, no
trouva pas (|ue le supplice du saint lût assez
rigoureux; il en lit suspciidn; l'exéculion, et
lit arracher la langue au martyr, (pii iioiir
cela ne ( essa point do pouvoir parler : Dieu
voulut (pie lo sainl conlinu.U miraculeuse-
ment a instruiro, à exhorler hvs lid(''les. Irril(i
de voir ipi'il avail ma'itiué son but , l'empe-
reur le KHivoya (iii nrison. Il fut placé dans
les entraves, inù on lui écarta les |).ods jus-
(ju'an cin(iui(''iiie trou. Il fut lai'sé dans celle
cruelle position pendant fort longtemps. Le
17 novembre, jour où saint Alpliéo et saint
Zachée furent décapités, saint Romain fut
étranglé dans sa prison. La f(';te de co saint
est célébrée par l'Iiglisc, avec colle dos doux
que nous venons do nommer, le 18 novem-
bre. (Eusobe donne un abrégé des Actes do
ce saint dans son histoire des martyrs de
Palestine.)
ROMAIN (saint), souffrit le martyre h An-
tioche, sous le rogne de l'empereur Galère.
Un jour, voyant le pn-fet Asdépiade entrer
tumultuaireinont dans l'église el s'etforcer
de la renverser de fond en comble, il exhorta
les chrétiens à s'opposer à ses dessoins.
Après des tourments effroyables, il eut la
langue coupée, sans laquelle néanmoins il
ne laissa pas de célébrer les louanges de
Dieu; enfin, ayant été étranglé dans la pri-
son, il fut honoré de la couronne du martyre.
On lit aussi mourir avant lui un petit enfant
nommé Barulas, (jui, interrogé par le saint
martyr lequel était le plus raisonnable ou
d'ad(jrer un seul Dieu, ou d'en reconnaître
plusieurs, ayant répondu qu'il fallait croire
en un seul Dieu, qui est celui des chrétiens,
fut foueUé el eut la tète tranchée. L'Eglise
fait collectivement leur glorieuse mémoire le
18 novembre. Ses Actes authentiques, que
nous donnons d'après Ruinarl, doivent trou-
ver ici leur place.
« L'Eglise d'Antio(-he était exposée à une
violente persécution, lorsque Romain, qui
voyageait en Asie, y arriva. Il fut sensible-
ment louché de l'état où il la vit. 11 trouva
que plusieurs chrétiens avaient déjà donné
de tristes marques de la faiblesse humaine,
et il ne put soutfrir que le démon triomphât
plus longtemps des serviteurs de Jésus-
Christ. 11 abi)rda hardiment le juge qui s'ap-
plaudissait de la victoire qu'il venait de rem-
porter. « Seigneur Aîtîépiade, lui dit-il (c'é-
tait le nom do co magistrat), votre victoire
n'est ,pas complète , Dieu a en(X»re de bra-
«i7
ROM
ROM
828
ves solJots qu'il no vous sera pas si facile de
yaiiuTo. » Asclt^piaile, (pii se voyail ravir jwir
un nouveau v<'iiu sa i^loirecpiil croyail avoir
luise en surette fut un [H'U ému de ce premier
début de Romain ; loutol'ois, jugeant , par le
peu de résistance qu'il venait déprouver
dans quelques-uns, (pie celui-ci n'aurait pas
plus de l'erujeté, il le lit approcher; el il n'é-
tait pas juste que Jésus-l-lirist se retirAt de
devant son emuMui sans avantage, il fallait
qu'd se trouvât quehpiun (jui comhatlit
pour lui, et qui vaimpuH en son nom. Le
juge méditait déjà en lui-même de f.iire
soulFrir à cet étranger tous les supplices (pi'il
avait destinés pour les autres, pour le punir
d'être venu troubler son triomphe. E i etlVt,
il le fit tournienler cruellement ; d'aboril il
se conientait d'animer ses bourreaux du
gesie et de la voix, mais comme ils ne h- ser-
vaient pas à son gré, et que leurs bras sem-
blaient se relâcher, il descendit de son tri-
bunal, el sans avoir é,j;ard à la honte qui en
rejaillissait sur sa dignité, il se mêla parmi
eux, et tAilia |)ar son exemple de ranimer
leur vigueur. Mais entii il t'allut que lui et
ses bourreaux se retirassent confus et é|)ni-
sés de forces, mais jtleins de rage, el (pi'ils
cédassent la victoire ;\ Homain : le fer même
fut bien contraint de la lui céder.
« Après quelques nouveaux elForts que fit
Asclépiade , mais toujours inutiles, pour
vaincre la constance du saint , le soldat de
iésus-Christ lui cria : « Cessez enfin de vou-
loir tenir contre celui ipii est tout-[)uissant.
Quoi! prétendez-vous résister à Jésus-Christ
qui est le véritable et le seul roi de tout l'u-
nivers? >' Le juge, l'entendant parler de la
sorte, et croyant (pi'on faisait injiire h l'em-
pereur d'appeler un autre (pie lui roi et maî-
tre du monde, condamna sur-le-chani|) le
saint à être brillé, /«joutant ainsi une troi-
sième couronne aux deux premières dont
sa cruauté venait de le couronner. Romain,
iilein de joie, tout couvert de son sang qui
inllait de toutes paris sur ses habits, et
portant sur ses épauhvs, sur ses cAtés et sur
son front le signe royal de la croix, e«.t con-
dint hors de la ville. Il y trouva le biVher
préparé pour servir d'autel. On apporta quan-
tité de sarmcmt el de roseaux secs, cpi'ou
mêla avec le bois, alin (pie le leu se commu-
niquât plus aisément el plus vite , et sur cet
amas de matières combiistihles on pla(;a la
victime qni devait y être consumée. Comme
co lieu n était pas'éloigné de la ville, plu-
sieurs Juifs y élaifiit aci ourus comme ?i un
spcilacle (|ui ne leur était pas moins agréa-
ble qu'aux païens. « Où est mainlenani leur
Jésus-Chi isl? (lisnient-ils : que no vit«nl-il ,
ce Dieu des chrétiens, délivrer celui-ci du
feu? Pour le niMre, on sait qu'il sauva les
trois enfants de note nation dn la four
nai>e do Bal)ylone; mais le Dieu des rhré-
ln^ns les laisse brOh-r. • Comme ils disaient
(el.i. rfi même Dieu, dont ils ne veulent pas
reciinall^e le pouvoir, commanda aux nua-
gesde se joindre; leciels'obsiiircil. les nuées
•"ouvrent, el une pluie mêlée de mêle (otnbo
«vcc tant Uoforco et d'abondance sur le bû-
cher, qu'elle arrête tout d'un coup le pro-
grès que la tlamme faisait déjà. Le peuple
eiïrayé s'enfuit; on vient dire à l'empereur,
qui i>our lors était à Aniioche, que le Ciel se
d('>clare pour Romain, ipiil a marqué sa co-
lère par cet orage si souda'n. L'emj)ereur
envoie dire à Asclépiade d'abandonner celte
affaire, qu'il ne veut rien avoir à démêler
avec ce Dieu du ciel qui lui défend de se
commettre davantage avec lui , et qu'il n'é-
tait pas sur de vouloir faire périr un homme
dont le Ciel prenait si hautement le parti.
Ainsi vo'.là notre Ananias délivré du feu ,
aussi bien que celui des Juifs. Mais Asclé-
i)iade, homme sans honneur comme sans
lumanité, el qui ne connaissait point d'au-
tre divinité ([ue l'empereur et sa fortune, fil
tant par ses basses tlalleries, el en suppo-
sant h Romain un nouveau crime, qu'il ob-
tint (le ce prince que la langue serait coupée
au saint martyr. Dès qu'il eut arraché cette
sentence, il courut la faire exécuter. Le ha-
sard voulut qn'il se trouvât \h un médecin,
qui, pai- faiblesse plubjl que par un propos
délibéré, venait malheureuNement de renon-
cer la foi. Cette chute causait beaucoup de
joie h Asclépiade; dans ce premier trans-
)ort, il ordonna à ce médecin de couper la
angue à Romain. Cet homme avait sur lui
es instruments de son art (I) nécessaires à
celle opération, et quelque-répugnance qu'il
eût el qu'il marquât môme , il eut encore
la faiblesse d'obéir, le cruel juge le pressant
avec menaces, el voulant être témoin lui-
même de cette sanglante exécution. Ainsi ce
pauvre médecin, déjà abattu de douleur pour
sa première faute, se vit exposé à une se-
conde tentation, à laquelh» il eut encore le
malheur de succomber. Tout ce qu'il crut
devoir faire dans cette cimjoncture, pour se
mettre en quelque sorte à couvert de la co-
lère de Dieu, ce fut de garder celte langue,
et de l'emporter chez lui, où il la serra, en-
veloppée proprement dans de la soie. C'est
ainsi tpi'en u>enl quelquefois ceux qui. ayant
eu le malheur de renoncer Jésus-Christ, quoi-
que de bouche seulement. v[ par lintirmité
de la chair plul(')t(pie par une conviclitm in-
térieure de l'esprit, ne laissent nas de con
S(M"ver dans h» ctvur la foi qu'ils ont eu la
faiblesse de Irahir. Ils lâchent d'avtur cpiel-
qiies reliques de martyrs, qu'ils honorent
partieulièrtnncnl . dans res[>érance (pi'ils
leur s)M\ iront dintercesscursauprèsde Dieu.
pour obtenir le pardon de leur péché.
«L'analomie nous apprend, et l'expérience
leconliime. (pi'un hominoàipii l'on a coupé
la langue ne saurait vivre (2) ; mais Jésus-
Christ asait résolu de délivrer une seconde
fois son martyr di^ la morl. Ainsi, si les Juifs
nous proposent un miracle à l'égard des
trois enfants de leur religion, nous leur op-
(1) Anoionnomonl les nu'tlccins onionnalrnl ri
roinpo^aiiMU les luiMlicamonls, r^i rais.tîent loiilrs 1rs
o|>''r.ilioiis ilo rliinirgi'. In ««Mil fiiisail ro quo irois
foiil iiiainl)'n.)iU. rtclait tinUnisotiil)li^ mciictin, chi-
rurj;ieit cl n|titlliic;«irc.
(i) Lorstiu'on l'a onupeo jn^tqu'à la rarino, ainsi
qnc le médecin l'avait coupée à saint Romain.
itOM
luisons trois inlracU's dans un sm\ hôiinnc
tlo la iiAlro. Nous eu iivons ^\\\\i\ doui, lo 1)0-
cIk>|- «''liuiil ol la vie rouscivôr jipirs l'iuei-
Siou ilo la laiiKUO ; voiti lt> Inusicuii! :
« A|>r»\s (|U(> ('('Mo iucisioM eut vU'> l'aih», nu
(■oiiduisil Koiiiaui (>u |)tis()M; l(< niiriia'il
Asck^fiiadt! avail cucoit" o\loi(|U('« nda du
iiiinro. On nous a lu |tlusu'ui's lois (|U(' lo
Saiul-I''spril drsc(«iidil en lanmh's d(! Icu siU'
IcsapAlrcs, ul (|u"ils n'ijurcnl do Un k' don de
parU'i' (('lies du lous les pcuph-s du monde.
Nous oroyuns co niiiaclc, parce ipu* 1 Ivri-
luro le rapporte. Ma s celui cpio j(< vais dire,
(piniqu'il n'ait pas e(> de|j;ré d(> certitude, ne
laisse pas d'avoir louli- cell(> (pi nu fait peut
avoir liumai'UMUonl, puisiiu'd a pour Icmimuii
une induite'! de piMsonnes (Uii vivent eiwore.
On dit donc (pie Uî bienlieurenv Uoniain,
tandis (|u'il n'avait (Qu'une languo do chair,
ol colle-lîl lUC^iiK^ (pi'o'i lui avail coupée,
halbuti iil, et, coinnu' Moïse, avail |)eruî ;\
s'oxpriiuer, et n'articulait ses mots (lu'avi'c
i|uel(pit> difli(iill(^. ('ependnnt coini (pii ave(^
nno lan^^ue elail L>ù^iu\ coinmeiu'a à parler
distinclenuMil dus (ju'il n'en eut [ilus.
« Kn ell'et, conuiu» il entrait dans la prison,
le ^('(Mier lui ayant demandé son nom, il ré-
poiulil avec celle laui:;ue miraculeuse et in-
visible (pi(> le Sainl-llsprit avait subsliliU'C
à la place de la sienne : (( Je m(> nomme Uo-
niain. » On alla dire le miracle à Asck^piadc,
uonune il était ave(^ l'emperenr. Aussitôt il
soupi^onna le médecin do lavoir trompé.
« Sans doute, dil-il, cet homme est encore
chrétien, et il n'a \m se résoudre de couper
la langue à son frère. » Cependant c'était
tout le contraire ; car le lAclie et aveugle mé-
decin, croyant bien l'aire d'épargner à Uomain
la douknir de survivre à sa langue, la lui
avait coupée bien plus avant qu'on n'a cou-
tume de l'aire, et d'une manière ([u'il ne pou-
vait pas en échapper sans un miracle. Le
médecin est donc arrêté et conduit au juge
pour rendre compte de son opération. On
lui demande d'oi^i vient (jue celui à qui il a
coupé la langue parle encore; car Romain
ne s'était pas tu après avoir parlé une fois ;
l)ien loin de cela, il publiait les grandeurs
de Dieu, les prodiges qu'il avait faits eu sa
faveur; il s'entretenait avec les prisonniers
de la mort et de la résurrection de Jésus-
Christ, de ses victoires, de la sainteté de sa
religion, et cela dura [liusieurs mois. Voilà
donc un miracle de l'Eglise qui en vaut bien
trois de la synagogue.
« Le juge niena(;a le médecin de le faire
mourir, pour n'avoir pas exécuté ce qu'il
lui avait ordonné ; le médecin savait bien le
contraire, et il lui était facile do se justiiier.
Il avait , comme nous avons dit, conservé
soigneusement la langue; il rép.)ndit donc
au juge, qui était dans une terrible colère :
« Seigneur, j'ai encore cliez moi la langue que
j'ai couf)ée à cet honuiie. Ordonnez qu'on
m'en donne un qui ne soit pas comme ce-
lui-ci sous une proUvtiou particulière de
l>ieu, permettez que je lui cou|)e la langue
jusqu'à l'endroit où ceile-ci a été coupée; s'il
n'en meurt pas, je consens qu'on me fasse
IU)M
8:^0
mourir moi-m/^me. » Là-dessus on fait venir
un konnue (;(Uid.'iiiitié à iiiorl ; cl le iin'dei m
i\\:\\d pris l.i mesurt! sur l/i laiiKUc de Uo-
inani, (oiqte ii la in^iin; dislnuce n'ile du
cruniui'l ; iii/iis h p(niie avait-il roliré mou
rasoir (Uie le criinuiel tombe inoil. Aiutii
le miracle l'ut avéré a la gloire du Dieu cl à
la coriNolallon des lideles. »
KO.MAIN (saint), luarlsr, répandit son
sang pour la kii ( liréli(MUie s(mis !'• iiqtiri- de
J)ioclélien et par ordii! de <ialère, avec lus
saints l'aragcas, llabide (;l Lfdlieii, nouvelle-
ment convertis à la foi cluélic.ue. Il eut
aussi pour compaginnis de son martyrt; snitit
llippar(pi(; et saini l'kibjlkée. Les circons-
tances des glorieux combats de tinis ces
saints martyrs sont consignées à l'arlk le
de sainl llii'i'Auyi ic, aui|uel nous renvoyons
le lecteur.
KO.MAIN , liiu des trente-sept martyrs
ég\ plieiis (jui d(»nuèr(!nt leur sang pour la
foi en Kgy|)le, cl descjucls Kuinart a laissé
les Actes anthentiipies. Voy. iMAuryns (les
Irenle-sepl) k(;vi'TIi;>s.
UO.MAI.N (saint), était un prince de Russie.
Il fol massacré, vers l'an 1010, avec saint
David, |)i inct" dans la même contrée, par l'u-
s:irpaleur Suatopelcli, à cause de leur atta-
chement pour la religion chrét'enne. Ils sont
honorés eu Moscovie le2ijuili(;l. Les Russes
catholiques de Lithuanie et de Pologne ne
fo 11 la fêle d'aucun autre sainl moscovite.
Leurs reliqu(?s ont été transférées en 1072
d ins une église bâtie sous leur invocation à
"N'islegOî'od.
ROMUAUD (saint), évéque, était fils d'un
roi d'Irlande et évèque de Dublin. 11 fut
martyrisé à Malines; on ignore à quelle
épo(iue et dans (pielles circonstances. Il est
inscrit au Martyrologe romain le 1" juillet.
ROME, capitale du monde ancien pour
l'empire, capitale du monde nouveau pour
la foi , est la ville par excellence, celle
qu'autrefois on nommait Urbs. Jadis tous
les peu^iles de la terre s'enorgueillissaient
d'être ses citoyens; aujourd'hui ils s'enor-
gueillissent d'être ses fils. Jadis elle faisait
des esclaves en soumettant les peuples;
aujourd'hui elle fait des hommes libres par-
tout où elle va planter le drapeau de ses
concpiêtes. Il fut un temps où Rome voyait
dans ses murs se succéder les triomphateurs
montant au Capitolepour y [)Oitcr et y oîfrir
aux dieux les dépouilles des peuples ; les
rois enchaînés suivaient les chars des vain-
queurs, et des troupeaux d'esclaves suivaient
leurs princes captifs.
Maintenant, plus de ces tumultes de la
gloire, plus de ces ovations qui désolent la
moili,'; de la terre pour faire l'orgueil d un
homme ou d'un peuple. Rome n'a plus qu'une
souveraineté,celledesvicairesduChrist;pour
triomphateurs, elle n'a plus que des saints et
des saintes qui n'ont pour tout le monde aux
lèvres qu'une parole : Pax vobis. L'aigle ro-
maine qui dév(U'aii les nations s'est envolée
du Capilolo, < t l'ange du Seigneur y veille
debout, lenant dans sa droite le signe du sa-
lut, la croix du Golgotha. La croix, lumière
r.l
noM
HOM
S52
du niond(\ astre Itiniinf^ux, qui, conimc un
soltMl, vorsc SOS bienfiits sur Tiiniv ts. Kt
riHiivors, autOiir do ce soleil, osl divisé en
zones, où rhiiraanité flouriJ, en raison de
la qnantitf'' <Io rnyons Ni.'nt'aisan's qu'ello ro-
çoit. Qao l'iiK rodiiiit»'^ no dise pas non. Home
est le centre du monde, le foyer des civilisa-
tions, le cœur d'où f'iirt la vi(> j)onr irr.idier
dans toutes les pai lies de la terro. Home, avec
ses papes, ses saints el sos martyrs ; Rome,
avec sa domination parifi que, ost nlus prnndo
que la Rome des comhals, que l;i reine du
monde ancien. Que d'autres parJiiul de tes
splendeurs, 6 ville élor'iollo! de tos niomi-
morits et de les palais; qtie d'autres, évo-
((uant la poussière, ressuscitent dans tes
ruines toutes l^s gloires, nous, nous voulons
entrer da-is tes calacondios, visiter tes mil-
liers de tombeaux, p«^nétrer sous les dalles
de tes temples. Nous voulons, nous, nous
agenouiller sur les tombes de tes martyrs.
Saint Pierre et saint Paul, deux apùlres,
1 un chef de l'église, institu'' par Jf'sus-
(-hrisl lui-même, l'autre suscité poiu- 1.» con-
version des gentils, voilh les deux premiers
nnr'yrs connis que nous rencontrons. Il
s.Mul)io que Rome repose sur cc^ saintes re-
liques. A'/ snprr hanc pctram œdificnho Ec-
rlesinm mram. Ces deux saints sont en eifet
Ie> premiers saints conmis que la persé^'u-
tiou ait fait mourir h Rome. On sait com-
ment arriva bnir martyre sous l'empire de
Néron. N )us feiions un article immense, si
nous voulions rentrer ici dans des détails
q l'on I eut retcouviu' daî's les articles spé-
ciaux de chaque marfy"; nous nous borne-
rons donc à une énumération rapide
Ce fi.t en (io (pie saint Pierre et saint Paul
furent victimes de la persécution sous Néron.
Déjà une grande quantité de ohrétiens étaient
moi Is mnrtyrs en l'année BV. Néron, qui avait
brûlé Rome, les en avait a; euscs, et sous ce
prétexte les avait fait moiuirdans les plus
aifreux tourments. Depuis reti" é|)oquo jus-
(ju'en Gli, la persécution s'f'lait lidentie, mais
n'avait pas cessé complètement. Peu après le
mnrlvro des deux apô'res arriva ceuii des
saints Proresse et Martinien. ([u'ils avaient
convertis en prison, où ils étaient gardés
p.-r oux.
Sous Doniitieu, Rome vit le martyre de
saint Clémenl, consul et cousin de cet era-
|)t>reur. A la porto I.ntiii'", sniiît Jt an rKvan-
géliste, sous le mènu} . uipereur, lut niongé
dans de l'huile bouillante, et préserve mira-
cubnisement. Sous Tnijan, le 10 décembre
107, le vérH'rable vieilla'd saint Ignace fut
dévoré par les lions dans l'auq)liillié;Urc.
Peu <lf toinp'. après, sous le uiémo empt'rcur,
furent ég.doiiitnl c »inon u's ii Homo los saints
♦»l saintes Svmf)hroMus, Ol; lup", Théo iule,
l'.xupérie. Sons Adrien, nous trouvons lo
mai lyre des saints Kustatlu^ , Agape et
Théopisie, ain.si que celui de sainte Sophie
et t\o <es trois lillos, sjiiiit -s Pislis, Klpis el
Agnpé. SaiiU KloiUlièro el sainte Aiitio sa
mère les y suivent de piès, «insi (pie saint
Sulpico et saint Serviliiui. On protend, et
nous mettons eu mol à desscni, que sous
Trajan aussi les saints Alexandre, Evence et
Thi'Oiiulo donnèrent à Rome leur vie pour
Jcsiis-Christ. Mais les plus célèbres de ette
persécution furentsainttiéfule, saint Amauce,
saint Céréal, saint Primitif el sainte Symplio-
ros", femme de saint tlélnb-, avec ses sept
enfants. Saint Herculan est aussi marqué
d.ins le Martyrologe comme ayant cueilli la
palme du n)nrfyre h Rome, sois Adrien.
Dans la preuiière année du règne d Anionin
h; Pieux, sai- t Télesphore, pape, fut marty-
risé .'i Rome. La première année d'Antonin
est la 1.39' de Jésus-Christ. Nous ne trou-
vons pbis aucun saint qui ait souffert dans
la capitale de l'empire, sous le règne d Aii-
tonin le Pieux, à moins qu'il ne faille ad-
mettre, avec le Mart.rologe romain, que ce
fut sous cet empereur, et non pas sous son
successeur Mirc-Aurèle, que saint Simitre,
prêtre, et vingt-deux autres eurent la gloire
de cueillir la pajme du martyre.
Sous Marc-Aurèlc la vibe de Rome fut le
thé;Ure de bien des persécutions co.ntrt les
chri'tiens. Crescent, pliilosophe cynicpie, y
poursuivit de sa haine le plus gïor eux de
tous les martyrs qui y aient à cette é[)0(|ue
versé leur sang. Nous voulons parler de
saint Justin. Ce docteur de l'Eglise avait
vaincu le cynique dans des luttes [uibliqncs.
L'orgued froissé ne lui pardonna pas : aussi,
dénoncé, sans cesse poursuivi par Crescent,
il fut mis.^ moità Rome par onire du préfet
de cette ville, Junius Rusticus, avec lessaiiils
Cariton, Evelpi-le, Hiérax, Péon, Libérien.
Nous anticipons un [teusur l'ordnî îles .'nups,
mais il convenait de placer ici, pour ainsi
dire, comme chef des martyrs de Rome à
cotte é[»o(pie, connue tète de colonne, celui
qui à tous les titres mérite le plus nolie ad-
miration et nos respects. Déjà sainte l'élicité
et ses sej)l enl'rints y avaient versé leur sang
pour la r(»i. Saint Alexandre y rei.ul aussi !a
couronne immortello. Saint Ptolémée avait
précédé saint Justin : sa mort avait donné
au saiiit a[iologiste r(»ccasion de prendre
pour la seconde fois la défense des cht^t'ons.
Antunin avait bi(vi reçu sa p.'omière Apolo-
gie ; la seconde fut [>eut-ètre ce qui deler-
mi la la mort de saint Justin. Saint Mai(> et
saint Timotlu'e sont les dernières viciir.ies
de colle persécution cpie nous trouvions pour
Rome : les documents à leur égard sont à
peu près nuls et sans aulorin''.
S(MJs révère, les chrétiens furent persécu-
tés à Rome avec une certaine vicilence, parce
(pie, lors de l'entrée Iriomph.d de ce prii^-e,
après la double défa te de Niger el d'.VIbu),
ils refusèrent d»? s'assocer aux honneurs (,ue
lui rendirent les paic-s. Le peuple de Rome
était ex. ossivement irrité contre les ( l;ré-
tiens : il leur attribuait toutes les cala'uilés
publiq les. les pestes. Jos moud, liions oi tous
1(S évé U'iucnls malheureux (po sont dan>le
cours des choses. Souv -ni, dans la vilie de
Rome, échlaiont de véritables (unt-ules con-
tre los chri'tiens; le peuple demandait (ju'on
les livr.1t aux lions, et souvent se chargeait
lui-mènu» de faire la besogne des bètes fé-
roces. Aiusi, durant la paix qui suivit lo
S53
IlOM
IlOM
87. i
r^KiK" ilo S('v(''rn, sous llrlidi^filxilc cl sous
Al<'\im(li(< , itliisicms disciplfs ilr J.'"iijs-
Clir-isl f.ircul mis/» iikm'. (;;ili|Mi,|r et Cillisir,
IiH|»(', priiitMil vicliiiH'.s d'/'iiiolioiis |H)|Mil«i-
ics soiis le n''.i;iit' tl<» «'«* Hcrnicr ciiiiMTciir,
(pK iiiii'il Ml cxliiMncuiciil r.ivorahlo aux
cIuiHkmis.
Sous l'ciniMM-onr Mnxiniiii, I» pcisiVutiou
fui violoiili' il.uis loul I ruipirc; à llmui^ cllii
le lui (If uiiMut', (:('|MMi(|;uil ou Mf li'OUV(! pas
pour ccllo vill(î uii ^ivuid uoiuIut dt* uiai-
|\rs doMi I In-s'oirc nous ail }-,aiil('' les noms.
Saiiilo MartiiK^ ri saiiilc Taiicuiic y ruriMit
nirti'lj rist'es ; on y Irouvc cucon' saud \\\\-
maco, (piaUCK^ consul, (pioiiju'ou lu; voin
aucun pc:soMnar:;o d(i ce non» dans les l'aslcs
ooiisulaiios. Sous ce iv^'giic, sninl Ponticu
otsaini Ili()iiolytc tui-(>nl cviUVs (mi Sardaii^Mic;
on Icouvo encore sainl Privai î» Uiune. Sous
l'lnlip[)e, la paix do l'K^hse lui assez pro-
fonde; Uouie n'enl pas de ni.irlyrs ou du
moins très-peu. Sous Dèce, au conlraire, lu
pei'i^iV-uliou fui lerru)l(>, el Home, couune
toutes les autres villes de l'empire, eid une
large rançon à payer aux lurenrs du lyian.
Sain! Habien, pape, coinnu* cli(>l' do rh'gliso,
l'u' celui (ini ouvrit la mai'che de ces glo-
rit uses coiiorles de martyrs (j^ue la perséi u-
tit>n de Dèce lit monter au ciel. Les saints
r.elt'rin, Maxime, Nicostraie, un autre C.élé-
rin, Kiilin, Urbain, Siiloineel une foule d'au-
tres furent, dès le commencement, confes-
seurs on martyrs. Les saints Abdon, Seunen,
les saintes >icloire el Analolie, se joigni-
rent à celle généreuse armée de Jésus-Christ.
Ouand Dèce cul fait place ^ (lall'is, deux
pajies do 'lièrent immédiateme'it leur vie
f)oui' Jésus-Christ : saint Corneille et saint
Lucius. Sous N'alérien, la paix fut donnée à
l'Eglise, pendant que.ques années que ce
prince se montra Irès-f.ivorable aux chré-
tiens; mais bientôt il les persécuta avec iiifi-
niine't de violence. Saint Sixte fut une des
l'romières victiiues; bientôt son archiiiacre
S: int Laurent lui succéda sur l'arène où
combattaient les soldats du Chiist. Saint
Pr< te et saint Hyacinthe , eunuques de
santeEugénie, donnèrent leur vie puurlaf «i;
elie-môme fut, peu de temps après, mise à
mort. Sainte Basille , sainte Agrippine ,
sainte Lucie, sainte Flore, les saints Eugène,
Antonin, Théodore; sur la voie Latine, saint
Tertuiin; plus tard saint Iréiiée et saint
Alioude donnèrent leur vie pour la foi chré-
tienne; sainte Digne et sainte Emérile ne tar-
dèrent pas à les suivre. Les saints Denis,
Fauste, Gains, Pierre et Paul, saint Maxime,
saint li'énée, les saints Antoine, Théodore et
Victor montèrent au ciel après eux. Nous
sommes forcé de faire un sommaire, pour ne
])as tomber dans des redites trop fréquentes.
La persécution de VaU-rien fut de la der-
nière violence, et la moisson de martyrs
quelle tit à Rome fut abondant^ pour le ciel.
Nous sommes forcé d'omettre bien des dé-
tail.-., nous ne pourrions suftire à citer. Pas-
soll^ à Dioclélien.
5 Sous ce prince, Rome vit le martyre de
sainte Zoé avec saint Tranquillin et saint Ti-
bune, en 2H{\. || f.uil aus»i i7i|iport(!r h celle
année le marlyr • qu'y soiiilnl saint (ieiès,
coMn-dien. E i 'IHl , nous y trouvons les sain s
Marc el .>Lmi cIIkmi, Prime cl Ft^licion. Le 20
janvier iiHH. Dio. léiim étant présent, saint
Sébasliei y hm^hI I/i p.ilnie du rnarlyre. Do
cette é. o(pie nous armons JU^qu'.t I au .'JO.'l,
où nous trouvons le su. .plie- i|et saints Sim-
plice et F.uisli'i, rpii sont décap.li-s el jolé.s
dans |(! Tibre. Se|)l mois après, liMir s<i.'ur
Béalrix est élrangh e dans sa prison. C<! fut
aussi I I iiièiiie année (pie saini Fi'lix el saint
Adaucle furent mailynsc's ; tous deux fiiii'llt
déca|)ilés. Félix était prêtre de rivalise ro-
maine. L'ainii'e d'api es lessi ulpteiirs Clau h«,
Nitosliale, Syiuphoiien, Casiorius el Sim-
plic«\ (pu avaient r(d'us('' de faire des idoles,
iure'd mis h mort sur la voie Eavicane. Au
même endr(ut, les (juaire couronnés furent
mis h mort. On nomme ainsi les (pi.dre
frèri s saints Sévère, Sévérien, (^'irpoi 'ifjif}
et N'iclorien, parce qu'au monuMit de leur
supplice on ignorait leurs noms. Eu yOV,
saint Pancrace re(;ut .'i P.oine la couronne du
martyre; il n'élr.it iigé (jue de li ans; la
perséculion pro'anait tout. Dans la mémo
année u 'c jeune lille, moins Ag'e en( oie, la
jeune Agnès, qui n'avait ipif douze ou treize
ans, fut mise h mort pour la foi. Elle avait
consacré à Di.u sa virginité, el le lilsdu pré-
fet Symphronius ayant voulu l'épouser, elle
refusa obstinément : ce fut la cause de son
martyre. ^Pour j)lus de détails, voy. Agnks.J
En l'an de Jésus-Christ 309, les quatre mar-
tyrs Basilide , Quuin, Nabor el Nazaire,
soldats de l'armée de Mayen je, furent mis à
mort pour la foi chrétienne dans la ville de
Rome. (Foy. les articles de ces difïérc'.ts
saints.) Saint Timotliée élait venu d'Anlio-
che dans la capitale du monde cnrétien ; il y
prêcha la foi durant un an, et y eut la lôte
tranchée par ordre du tyran Maxence, fils
de Maximien Hercule, en l'an de Jésus-
Christ 3U.
Dans le cours du règne de Julien l'Apos-
tat, la ville de Rome fui témoin du martyre
de saint Gordien et des deux saints Jean et
Paul, tous deux ofikiers dans les troupes
impériales; Apronien, préfet de Rome, les
fit décapiter. On leur avait élevé une église
près du lieu de leur martyre. [Voy. Ro' di-
ninus, de SS. Jounne et Paiilo eoriunque ba-
silica vêlera, momimenta, Romae. 1707, in-i°.)
ROMERO (le bienheureux Albert], de la
compagnie de Jésus, ayant été envové par
le Père Michel ae Yegros à la recherche ues
Zamucos, aiin d'établir une nouvelle réduc-
tion, eut la tôle fendue d'un coup de hache
par le cac.que, qui se retira ensuite au fond
des bois avec la oeuplade qu'il ctmmandait.
ROMULE (saint), évèque, fut marlyr.sé à
Fiésole avec piasieurs autres chrétiens. Les
historiens ne nous ont "malheureusement
rien laissé touchant le maityre de ce saint
évoque et de ses compagnons. L'Eglise l'ait
la fête de saint Romule le 6 juillet. Il ne
faut pas co'ifondre ce saint avec saint Ro-
mule, aussi martyr, qui mourut sous Trajan
et qui élait grand maître du palais.
W5
ROU
ROU
856
ROMITE, grand maître du palais sous
Trajan. <>s« fiiiro d»^s rt^présontalioiis à cel
oiu[>oreur, parce (\\i'\\ avait banni ou fail
mourir «n grand numhie de soldats [)oiir
cause ilochrisii.uiisnu'. Il s avoua mômo chré-
tien dans celte circonstance; l'eni|)tMour le
lit hatlio de verges et torturer, ol après cela
le lit décapiter. Haronius l'a mis le 5 sep-
tembre dans le Marlvrolo^^e rou»ain.
ROAIULK (sainte martyr, fut ilécapité h Cé-
sarée eu Palestine, sons le |>résidenl l'r-
bain, pendant la persécution de DioclétitMi.
11 "ut pour compagnons de son coura^joui
martvre les deux "sai-its Den.vs, les Ueui
saints Alexandre, saint ïimolaus, saint Pau-
side. C'est le 2'» jnars (]ue lE^lise honore
leur m(''inoire.
RO.MIJLUS [Ulpms,) vicaire du prf^fet de
Rome, tit mettre h mort, sous Claude le (io-
thique, les saints martyrs d'Oslie. (Ko//. >Uk-
rvRS d'Ostie.) Tillemont prétend qu'avant
Diocléticn il n'y avait pas de vicaires de
préfets do Rome; les Actes des martyrs
d'Ostie prouvent le contraire. Ou peut voir,
pour ! lus de détails sur celte, i outrovorse,
notre H' volume de Y Histoire (jénérule des
persécutions, p. 360.
HOMULK (saint), souffrit le martyre h Con-
cordia, avec les saints Donat, Secondicn. et
quatre-vingt-six autres qui sont inconnus.
L'E^'lise fait leur fête le 17 février.
ROSATO (Antoine de), était Milanais.
Ayant pris l'habit des Frères Mineurs, il se
rendit en Palestine et y travailla h convertir
les inlidèles. Les musulmans l'avant mis en-
tre deui ais, le scièrent [tarie milieu du
corps, à Jérusalem. [Chroniques des Frères
Mineurs, t. Il, p. 282.)
ROSULE (saint), souffrit le martyre en
Afriipie, en riionnoiir de sa foi et pour la
défense de la religion chrélienne. 11 eut pour
couipagnons de sonmart.\re les saints Cres-
centien, Victor et (lénéral : du reste, nous
manquons de détails sur l'époime précise et
les dilférentes circonstances de leur mar-
tyre. L'Eglise fail colleclivement leur fétu le
1» septembre.
ROI'FEL, vassal do Baudouin, comte do
Flandre, était un des meurtriers de saint
Foulques, archevêque de Reims. Il fut ex-
communié avec ses deux principaux compa-
gnons, Evrard el Vinemar, datis rassemblée
qui se ti it dix-huit jours après la luort du
1 illustre archevêque, et où Herné fui choisi
pour son successeur. [Voy. l'article Vine-
MVHD.j
ROLdE, missionnaire en Cochinchiue ,
succomba dans les montagnes où il s'était
réfugié jiour se soustraire à In persécution.
R01'?S1';AI' (Jev'N-J vcyiEs), naquit h tic-
nèvo en 1712 La lilté«rature fran(;aise le
regarde comme une de ses gloires, la reh-
t
le ses ne
Is : il (
es plus acharnés : il (
an^te lires de Voltaire dii
ion comme un de ses perséc uteurs moraiix
est communément
rangé près ue > oiiaire uans cet honneur el
dans lelte aniniadversion. Traçons rapidc-
menl ia vie, nous jug.rous après. Fils d'un
pauvre horlogir, if recul une éducation ex-
trèmumuul négligée. 11 lut une inlinité de
romans : la seule lecture convenable qu'il fit
d ins SOS jeunes années fut celle dys Hommes
illustres de Plutarque. Il entra comme clerc
chez un grcllier lie iitnève, qui le renvoya
comme incapable. Llumnèle groflier jugea à
jiropos de formuler son opinion sur le compte
du jeune homme d'une manière quasi-pro-
phétique. « Il no sera jamais (|u'ine[)te » dit-
il. Que devenir? Rousseau ne savait rien,
qu'un peu de latin qu'il avait appris chez un
vieux ministre [Toiestanl; un graveur voulut
bien le prendre comme apprenti. Rousseau
fut presipie abruti par cet nomme, qui l'ac-
cablait do mauvais traitements. Cet hoiume
était un ru-tre, un brutal, qui ne savait em-
ployer cpie la violence. Une telle éducation
porta ses fruits : le malheureux jeune homme
devint ce qu'on nomme un garnement, fai-
néant, menteur et voleur. A qui la faute?
Evidemment pas h lui. Que pouvail-il faire?
Ce (pi'il lit : il partit sans but, allant n'importe
où, devant lui. H était sur la route du déslion-r
neur, du bagne, peut-être. Un coup de la
Providence, un de ces hasards que Dieu sème
devant les pas du malh.nir, comme une plan-
che de salut, lui lit rencontrer à Annecy
madame de Warens. Cette dame était catho-
litjue. La charité d'abord lui lit jeter les yeux
sur le jeune vagabond pour le convertir; elle
l'envoya à Turin au collège des Catéchumè-
nes : il y fit abjuration du protestantisme.
Sorti de cette maison, il entra comme laijuais
au service de la comtesse de Vercellis. il
commit un vol et en accusa une pauvre ser-
vante. Il vint enseigner la musique à Lau-
sanne, puis à Paris en 173i. N'ayant eu au-
cun succès dans cette ville, il fut obligé de
revenu- près de la baronne de Warens, (jui
alors habitait Chambéry. Cette dame lui
donna de bons conseils, le lit travailler, et
ensuite le plaça lomme précepteur chez le
grand prévùt de Lyon, M. île Mably. Il n'y put
rester ((uun an, et revuit à Pans en 17» 1.
Il y arrivait avec sa méthode de noter la
musique en chiiVres, il venait de l'inventer,
et comptait là-dessus pour faire fortune;
malheureusement ses espérances fuieiil dé-
çues. Cependant il réussit à se fane quelques
protecteurs, et l'ainhassadeur de l-rance à
> enise, M. de Monlaigu, se l'attacha comm«
secrétaire. On prétend que ce fui plutôt en
qualité de domesiKuie «pie c< "Ur l'ein-
mena. Quoi «piil en soil. h -. lu se lit
bienh^l congédier, et revint îi Pans, pour en-
trer comme commis c h -z M. Dupin. fermier-
général. Ce lui h celte épo(|ue iju il lit con-
naissance de Thérèse Levnsseur , servante
d'auberge, (pi'il épousa depuis.
En 17V9, l'académie de Dijon avant proposé
pour sujet de prix ; Le proffrrx âes sciences et
(1rs nris a-t-il contribua d corrompre on à
épurrr les mœurs? Rousseau coiuourut et
remporta le prix : il pr.l parli conlie les
sciences el les arts. Ce fut dans celle circon-
stance (jue, voulant vivre iiidéf»ondaiil, il
ren(mça h sa place de commis, et se tit ro-
pist' de musique. En fort peu de temps il
donna plusieurs ouvrages de genres toiii ?»
fait différents : son Devin du niions, •' '
m
nou
nou
83»
qui nul hcauconp do sucrtV*; sn Lcflrr sur la
vmsiiinc française, hi<|in'llo pi'oduisit uiir vivo
ilii[)r('s.si(>'i (l.'iiis le |nil)lir, clc.
NCr.s ITIiU, il rclDUina h (Icin^vo, (ii"! un lui
iil Itou arcucil, t-l où il alijiini In icliKio-i ca-
llioihiui". Tioi^ <'i"'* '«lii'i's, il Hiviiil a l'aris,
où il >o lia Otroili'iiiciit avec madaiiu' do
'Isfauay, tiui Iil l>.Uir pour lui roiinilaKc da'i.s
a valli'O av Moiilniori'iicy. di lui là ipTil
composa la Souvcllc llr'lùisc, rouian i^pislo-
luire, o»i il liailo |)iTstpi(^ loulcs les (jucslio-is
(lo inoiaI(\ cl son lùnilr, oiivratj;t' pliilosoi.hi-
cnm sur l'iSlucalioii. Pour ce di'niicrouMa-c,
il fui coiuiaimié t\ lu l'ois t'M Kraiicn cl dans
sa iwiU'ic. l.o parleiUL'iil di; Paris (kV-réla
loiilro lui la [iri.sc do corps; h (icncWc, sou
livre l'iil biùli^ par lo bourreau. UtVIuit ;\
prendre la luilt;, il .^c icriii;ia à Molicis-
Travcrs, dans la priiicipautc de NeucliAud.
11 y vivait do la façon la plus oxlrava|;;aiite,
habill»^ en Ariuéiiicu cl l'aisanl du laccl i)Our
ga.^ucr sa vie
Co lui dans cotlo retraite i|u'il répondit au
ISlandeiuont de rarchevLNpie de Taris pour
dél'eiulre V Emile, cl qu'il écrivit ses lellres
dites de la MonUujnc , contre lo conseil de
Clmùve. Poursuivi par ses ennemis, il fut
obligé de tiuiller la Sui.sse, et vint in Am^Ic-
loiro près du pliilosophc Huiuc, qui lui otlVit
rhospilalité h Wuollon , dans le comté de
Derbv. Au bout de quelques mois, il se
brouilla avec son hôte , (ju il accu.sait de
conspirer avec ses euncaiis , et revint on
Franco, où on supporta sa présence. Le
prince do Conli lui oiïrit un asile près de Gi-
sors à Trye. 11 y resta quelque temps, puis
ensuite vint à Lyon, à Grenoble, et revint en
1770 h Paris, oil il fut l'objel de ratlention
générale. Sa santé dépérissait; il était atteint
d'une mélancolie extraordinaire, s'imaginant
sans cesse être l'objet des poursuites d'une
infinité d'ennemis acharnés à sa perte. Entin
en 1778, il accepta l'hospitalité que M. de
Girardin lui otl'ril à Ermenonville et y mou-
rut au bout de deux mois
Uousseau laissait en manuscrit plusieurs
ouvrages, notamment ses Confessions, qui
furent publiées après sa mort. On y trouve
dévoilés les mystères les plus intimes de cette
existence si bizarre, si accidentée. On y voit
l'énigme de ces contrastes incessants, qui ont
fait dire avec raison de cet homme étonnant
qu'il fut uu chaos d'incohérences et d'oppo-
sitions.
Comme on le voit par ce récit, Rousseau
fut dans ses jeunes années livré entièrement
à lui-même quant à son éducation; aussi
n'en reçut-il, à vrai dire, aucune dans le sens
accepté de ce mot. Que vouliez-vous que
devînt ce jeune homme, qu'on jette dans le
pioude k deux ou trois essais aventureux de
piéliers pour lesquels il n'a rien appris? La
première fois aux mains d'un prêtre calvi-
niste qui lui laisse, par défaut de surveil-
lance, contracter de pernicieuses habitudes;
la seconde aux mains d'un bureaucrate, assez
sol pour déclarer à jamais inepte l'auteur de
tant d'écrits si remarquables, pour ne pas
pressentir sous cette enveloppe grossière et
brute la piorro écl/it/uito qui dovftit jolr«r par
tint d(( facclli's une ni vive ImniiTc; la troi-
Mèriie, aux iii/iiiih d'un brutal ipii lo b.it, cl
ijui coiirbo Vers l'jibrutiNsi'iiieitl icllo tialuit)
laite priiir inoiiler si liant 7 Hoiis.<icau eut lo
.sort de lous (Ds iii:dlieuruil\ jeuiiOH «Olis (pin
In sociéU^ coupabb^ [tousse uu vice. Il doviiil,
par lo l'ail îles eirroiislaiices d'eiiloura^u, vi-
l'ieiix ;iu [)lusliaul|ioi(il, iaiiiéant, iiKiitrur et
voleur. Il eul, on un mol, les vues lavcirisdo
cotlo classe disliôriirie (pio noire é^l)lslne et
nolrt; inhuiiiaiiité Imil co(|u'elle est, |)our la
maiidicedabonl, et la |)roscrir(: (uisuilo. La so-
ciété |terniol ((iTo'! sèiiio lo crime daii'i les
fliiies (lo ces niallioureux, el, (Uiaiid cotte .S(i-
iiionoo maudilo a [iroduil ses Iruils naturels,
elle ouvre la [irisoii ou le bagne, et elle y
jiousso pêlo-méb.' ces tils do ses (iMivres : Jout
cola, [wirco (jui! l'Kvangilo, ([uiosldans louios
les bouches, n'a |ihs encore [)énélré dans les
cœurs, et quo la charilé (|u'il |)rêclie n'a
jias encore ^lélr(^né dans le monde les préju-
gés des loiiqts barbares.
Rousseau dovinl un vagabond; il se sauva
de sa patrie pour courir dans celle rouie
d'aventures où tant d'autres malheuioui
comme lui s'égarent ol se perdent à tout ja-
mais. Sans une fomine célèbre qu'il eut lebon-
houi de rencontrer sur son chemin, Rousseau
fût toujours resté un vagabond, fût peut-être
devenu un criminel. Arrivé à Annecy, il est
accueilli par madame de Warens, (jui le
traite comme une mère, le place dans le sé-
minaire des Catéchumènes h Turin, et le oé-
cido à abjurer le protestantisme pour se faire
catholique. Rousseau avait encore à lutter
contre l'espèce do destinée qui l'enlraînait
en bas : il sort du séminaire, entre comme
laquais chez une grande dame, y commet un
vol donl il accuse une pauvre domestique.
Enûn, après plusieurs autres accidents, il r&-
vient trouver sa protectrice, qui l'accueille
encore et le garde huit ans près d'elle. Ce
fut durant ce temps que Rousseau lit son
éducation. Madame de NVarens lui fournit
tout ce dont il avait besoin pour travaillep.
Voyant qu'il s'adonnait à de honteuses liai-
sons, elle se livra elle-même à lui. Certes, en
constatant un fait semblable, nous ne pouvons
que le tlélrir. Le sacritice que cette femme
lui fit de son honneur n'empêcha pas Rous-
seau de s'abandonner aux tendances aux-
quelles elle avait voulu le soustraire. Il se lia
avec une lilte d'auberge, sans esprit et sans
beauté, et, après avoir vécu vingt-six ans
avec elle, il 1 épousa.
C'est à dater de l'époque que nous venons
de dire que Rousseau entre dans la deuxième
période de son existence. Madame de Wa-
rens, en le forçant à s'instruire, avait déve-
loppé en lui l'intelligence et le génie qui
brillèrent d'un si vif éclat. Rousseau compte
parmi les philosophes qui ont le plus ctla-
qué la religion et la morale : il est un de ^eux
qui les ont le plus glorifiées et défendues ;
il n'est pas une question à propos de laquelle
il n'ait soutenu le pour et le contre avec une
éloquence vraiment admirable. Rousseau est
le père de cette littérature moderne qui.
839
ROIl
ROU
840
dans des genrrs opposés, nous a donni^ ChA-
tcniibri.uuj, Lanionnais." drorges Sani. Bri-
s.iiit avec la vioillo ccoir, il Mit doiiiKT au
style les formes onch.uitori'sses (|iii, «ians ses
érrils, nous t'iiv^uvonf, nous iinprossioniu'.-it
si vivemiMit. Uotisscau a dais son stylo une
magie, un entraînement irrésistible. Il plane
comme l'aigle, et comme lui il donne le ver-
tige à celui (]^ui regarde sou vol. Du reste,
il faut, en le lisant, faire ronune un homme
qui marcherait au miliiMi de pièges ou do
pr«^cipices. Chaque phrase recèle un para-
doxe, chaque benuté de slvle cache une er-
reur. Rous>cau est le père du paradoxe. Nous
ne croyons pas que sous ( e raj)port il ait eu
d'ég.il, si ce n'est peut-être George Sand.
Tout Rousseau peut se résuujer en ce< points
culiuinant.s : en religion, il professait prin-
cipalement le déisme; en morale, il a donné
les solutions les plus contradictoires dans
son livre de la Nouvelle Héloise ; dans VEmile,
il a fo-mulé un système d'éducation impos-
sible; dans le Contrat nocinl, il a émis des
théories politiques impossibles aussi ; il avait
devancé le socialisme.
Nftus manquerions notre but si nous exa-
minions Rousseau sous tous ses as()ects.
Nous nous bornerons à citer que!(^ues-unes
de s«>s oppositions, pour montrer (ju on a jugé
cet homme trop sévèrement. A notre gré, sur
certains points, Rousseau fut un monomane;
il y a>ait des sentiments |)rali([ues ([ui man-
quaient dans son cœur. Dans ses entraîne-
ments il était parfois sublime.
Rous.>^eau déiste écrivait : x Que la matière
soit éternelle ou créée, qu'il y ait un principe
passif ou qu'il n'y en ail point, toujours est-
il certain (pie le tout est un, et annonce une
intelligence uniqce. » ( ^'oilà presque du
Spinosa. ) [Pennées de Jean -Jacques ., Lon-
d.es, MDCCLxxwi, p. 13.) V'\vons comment
ce déiste, ce panthéiste, sans le savoir peut-
être, parle de religion : « De comt)ien de dou-
ceurs n'est pas privé celui à qui la religion
manque?... Quel prix peut-il attendre de sa
Yertu.' (Comment doil-il envisager la mort?»
(/'/., p. 25 et 26.) N'oilh donc la nécessité
dune religion; quelle seracellede Rousseau?
En qualité de déiste, les trouvera-t-il toutes
bonnes? Non, car il dit (Id., p. 29) : » I.a
maje.té des lùritures m'étonne, la sainteté
de l'Evangle narhî i"» mon c(Bur. Voyez les
livres des j»iiiIoso[>hes avec toute leur
pompe : qu'ils sont [)etits mes de celui-là I
be peut-il qu'un livre, à la lois si sublime et
si soge, soit l'ouvrage ties hommes ?>e j)eut-
il (pie ( elui dont il l'.iit l'histoire ne soit (pi'un
homme lui-même? Kst-ce \h le ton ilun en-
thousiaste ou d'un aiiiliitieux sectaire? Quelle
douceur, (pielle pureté dans ses iiKeuisl
quelle gnlce touchante dans ses instrin lions I
(jnelh! élévation dan>> ses maximes ! (pielhî
prolonde sagesse dans ses discours! (pielle
jirésence d'esprit , <pielle tinesse et quelle
justesse dans ses ri'poises! quel empre sur
SCS passions 1 Où e>t l'homme, où est b> sage
fpii sait agir, soutfnr et moiii ir sans laiblesse
et sans ostentation? Quand Pl.iion |)eint son
juste imaginaire, couvert du tout 1 oiiprobro
du crime et digne de tons les prix dp la vertu,
il fieint Irait |ioui' Irait Jésus-Christ : la res-
semblance est si fraj)pante que tous les Pères
l'ont sentie, H (\\\\\ n'est pas possille de s'y
tromper. Quels |ir(''jugé«. quel aveugh'merit
ne faut-il f)oint avoir pour oser comparer le
fils de Sophronis au fils de Marie? Quelle
dislance de l'un h l'autre ! Socrate mourant
sans douleur, sans ignominie, soutint aisé-
ment jusqu'au bout son [lersonnage, et si
celte facile mort n'ertt honoré sa vie, on dou-
terait si Socrate, avec tout son esprit, fut
* autre chose qu'un sophiste. Il inventa, dit- K
on, la morale : d'autres, avant lui, l'avaient
mise en pratique; il ne li' que dire ce qu'ils
avaient fait, il ne fit que mettre en le(;ons
leurs e\eiiq)lcs. Aris'iae avait été juste avnnt
que Socrate eût dit ceque c'était que justice ;
Léonidas était mort pour son pays avant que
Socrate eiM fait un ri voir d'aimer la patrie ;
Sparte était sobre avant que Si)crate eût loué
la sobriété. Avant qu'il eût loué la vertu,
la (irèce abondait en hommes vertueux.
Mais où Jésus avait-il pris chez les siens
cette morale élevée et pure dont lui seul a
donné les leçons et l'exemnle? Du se'n du
plus furieux fanatisme, la plus haute sagesse
se fil entendre, cl la simplicité dos plus hé-
roïques verlus honora le iilus vil des peuples.
La uio't de Socrate, philosophant iranqui'le-
menl avec ses amis, est la [dus douce (|u'on
unisse d'^sirer; celle de Jésus, expirant (ians
les tourments, injurié, raillé, maudit ne tout
un peuple, est la plus horrible qu'on puisse
ciaindre. Socrate. prenant la coupe em[ oi-
sonnée, bénit celui qui la lui présente et qui
[ileure; Jésus, au milieu d'un supplice af-
Ireux, i)rie nour les bourreaux acharnés. Oui,
SI Ut lie rt la mort de Socrate sont d'un saje,
la rie et la mort de Jésus sont d'un Dieu.
Dirons-nous (pie l'histoire de ri-'vangile
est inventée à plaisir? Ce n'est pas ainsi
ipi'on invente, et les faits de Socrate, demi
personne ne doute, sont moins attestés (jue
ceux de Jésus-Christ. Au f(_)nd, c'est re( uier
la diîhculté sans la détruire; il serait plus in-
concevaiile ((ue plusitnirs hommes d'accord
eussent fabriqué ce livre, tpi'il m l'est tprun
seul en ait fourni le sujt't. Jamais des auteurs
juifs n'eussent trouvé ni ce ion, ni cett(^ mo-
rale; et riivangile a des caradères de vérité
si grands, si frappants, si parfaitement inimi-
tables (pie l'inventeur en serait plus étonnant
que lo héros
n Je ne sais pourquoi l'on veul attri-
buer au progrès de la pliilo>o,»lue la l)ellc
morale de nos livres; celte morale, tirée de
l'Kvangile, était chrétienne avant d'être |»hi-
losophique. Les préceptes de Platon sont
souvent tres-sublimes, ma s comluen n'cire-
t-il pas (pielquefois, et jusqu'où ne vont pas
se> ernnirs? Quant h Cie.eron, pmil-on croire
(|ue sans Platon, ce rîiéleur eût trou.é ses
Offices? L'Evangile stnil est, (pianl !» la mo-
rale, toujours sur, lo lours vrai, toujours
uniipie et toujours st>inl)lab!!' à lui-même...»
On sait «pie Rousseau aUa. donna tous ses
(iifaiils, et les mit aux Enfants-Trouvés
avec toutes les précautions uécesiaires pour
841
lioli
noY
t4t
(lu'il iif PiU ni los f^ComialIrc ni eu i>tin \r.
roiiiiu. il (V-rivnil [Pcttst'cs, vol. Il, p. llȔi) :
« (Iclui (jui 11'* |><'"l l'"'' i»Miiplir les dcVijirs
d(^ piNid n'a p'is Ir (Iioii df l(! (Irvciiir. Il
li'v n ni piiuvrol(^. ni liav.iiu, ni nsiiccl hu-
main, <|ni 1(1 (li.s|H<n.scînl de nourrir ses oii-
lunls ri <l(' It'-^ «'lever lui-iiuMne 1 »
Il travailla pour los tliéAlres , ol (écrivit
conlre les IhéAires. Il dira : « Jamais l-ital ne
lui Ibiidé (pie la rcîligiou ne lui servit <lr
bflse. » lliiira : « Nos t:,uuveruenieiils moder-
nes doivent ineonlestahlemeni au eluislia-
nisme leur plus solide autorilé el leiu's vô-
volut ions moins Irétpienles ; il lésa rendus
eux - nu^nu's u\oiiis sanguinaires : v.vAn so
prouve par le t'ail, en les i-omparant auv
gouvorneuu'uls anciens. La reli^iiMi, mieux
connue, (H-arlanl le fanatisme, a doiuié plus
de doueeur aux nueurs ehrélienncs. Co
changement n'est j)oint l'ouvra-^e des let-
tres, ear partout où elles ont brillt', Ihu-
uianiU^ n en a pas 6l<5 plus rospoctéo ; les
cruautiVs des Alhéniens, des^ Kgypliens, des
empereurs de Home, des Chinois, en Ibnl
loi. (Jue d'œuvres do miséiicorde sont l'ou-
vrage de l'Evangile î «[ue de restitutions,
de réparations, la conl'ession ne fait-elle pas
faire chez les catholiques ! » Rousseau dira :
« Le christianisme est dans son principe
une religion universelle, (jui n'a rien d'ex-
clusif, rien de local, rien de propre à tel
pays plutôt qu'à tel autre. Son divin auteur,
embrassant également tous lesiiommes dans
sa charité sans bornes, est venu lever la
barrière qui séparait les naliotis et réunir tout
le genre humain dans un peuple de frères ;
car, en toute nation, celui qui le craint et qui
s'adonne à la justice lui est agréable. Tel est
le véritable esprit de l'Evangile. — Le par-
fait christianisme est l'institution sociale
universelle. — Le christianisme , rendant
les hommes justes, modérés, amis de la
paix, est très-avantageux à la société géné-
rale. » Voilà ce que dit Rousseau. Tout le
monde en conclura : Donc le christianisme
est la base nécessaire et commune de toutes
les sociéiés nationales ou politiques. Contrai-
rement à tout le monde, Rousseau conclura
que le parfait christianisme ne saurait être
la base d'une société politique, mais que
chaque nation doit se créer pour cela une
chose dont le nom même est une contradic-
tion, une religion civile. Voilà ce qu'il dit
et répète dans son Contrat social, notam-
ment dans le chapitre 8, De la religion ci-
vile : religion qui ne serait ni le protestan-
tisme, dont le principe est la souveraineté
individuelle; ni le catholicisme, dont le prin-
cipe est la tradition universelle et divine ;
mais une religion nationale que le seul
glaive du bourreau rendrait obligatoire. Et
comme on lui reprocha de taxer ainsi l'E-
vangile d'être pernicieux à la société, il se
iustitia par cette incroyable réponse : « Bien
loin de taxer le pur Evangile d'être perni-
cieux à la société, je le trouve, en quelque
sorte, trop sociable, embrassant trop tout le
genre humain pour une législation qui doit
être exclusive ; inspirant l'humanité plutôt
DiCTIONN. DES PeRSÉCUTIOS II.
• pie 1(* [lairiolistiie, ot l(Mid/iiit h iormnr d<'H
lioiliines plutôt que des (ilo)()tlS. » Finale-
ment, Uoiissejui ne veut pas du rliristianisMiM
tour base d'une société |iolitiipie, purco ipie
i> chrisliaiiisiiie est trop .«iOciaiile el (pi'il
inspire troii rtium/iiuté. » ( l(ohrl><ic)i(ir «
Jlist. de l'hqlisr ntilioliqitr, cilaiil Rousseau,
t. WNII. p. l'.M), etc.]
Nolri; sujet nedeiiiaiide p/is (jue imhis en-
trions dans un examen plus ap|irol(>ndi.
Rousseau nu nous a|iparliciit jias entière-
ment, |)Our ainsi dire : il n'entre dans ce
Dirllonnairt' ipje coiiiiik! persée.uleiw iiiorai
de la religion. Or, il laiit bien en corivenir, ja-
mais Rousseau ne fut roiirièreiiuîrit et volon-
tairement méchant, comiiii; le fut Voltaire.
Le premier se laissait eiilraltUM' aux exagéra-
tions de son cœur (ît de son imaginaiicjn ; le
second, aux suggestions de i'esj)ril de nié-
chanceté «lui dominait en lui : il mentait et
calomniait sciemment; Rousseau suljissait
l'enliaiiiement do son es|)rit paradoxal , il
en était la j)remière victime. Du reste,
comme nous l'avons déjà dit, pas un point
sur lequel il ait écrit, à propos duquel il
n'ait également soutenu le pour et le conlre :
de sorte que, pour le réfuter, il n'est aucu-
nement besoin de recourir à un autre auteur
qu'à lui-même. 11 a des passages qui ne se-
raient pas dé[)lacés à côté des plus beaux
morceaux des grands génies religieux de
l'époque de Louis XIV. Rousseau se ren-
dait-il bien compte de ce qu'il faisait en
écrivant ainsi d'une manière si contrastée !
nous n'oserions l'affirmer : il pensait, il
agissait, il écrivait par boutades. On trouve
dans ses ouvrages ce qu'on trouve dans sa
vie : rien de suivi, rien d'arrêté. C'est une
de ces intelligences de premier ordre dé-
voyées de leur route, et qui de temps à au-
tre, en y rentrant, ont de sublimes aperçus
de vérité et de grandeur. Puis il est une
dernière idée que nous soumettons à nos
lecteurs; libre à eux de s'y arrêter et d'en
penser ce qu'ils voudront : Rousseau était
peut-être un fou , un monomane. Quant à
nous, nous n'hésitons pas à nous prononcer
pour l'aftirmative. Le bourreau a brûlé ses
œuvres, le peuple a porté ses cendres au
Panthéon : il était digne de cette ignominie
et de cette apothéose.
ROUSSILLON (Agnès), ursuline de Bolène,
fut guillotinée le 7 juillet 1794, avec Ger-
trude de Lausier, du même ordre.
ROUSSILLON (Jeanne), ursuline de Bo-
lène, périt sur l'échafaud à Orange, le 16
juillet 179i, avec les sœurs Justamon, ursu-
line converse à Perne , Cardon et Marie
Decqui, religieuses du Saint-Sacrement à
Bolène, Marie Lage, ursuline à Bolène, et
Madeleine Dorothée, du même ordre.
ROYO (Joachim), né en 1690 dans l' Ara-
gon , diocèse de Teruel, vint, en 1713, en
Orient. Après avoir suivi quelque temps le
P. Guelda, il passa en Chine. (Le P. Guelda
évangélisait le Tong-Kiug.) En 1722, il vint
à Fo-Rien et-y resta vingt-quatre ans. Quand
la persécution força les missionnaires de se
retireràMacaoildemeuraoïi était iedanger et
27
»i.^
nuF
RLF
au
n'flhandonna pas son peuple. En 17W,le vice-
roi »lt* K(>-Kien ayant excité unepersérulion
ronlre les rlir^^tiens, le P. Rovo se livra lui-in(V
me aux soldats de l'oflirier Fan,q\ii lecher-
rhaicnt, sachant que l'év^^que de Mnuricnste
s'c'tail livrt^ lui-m(^me. Interrogé, il dit qu'il
était depuis trente ans dans l'euifiire pour y
pr(^('h(>r la foi. Le 10 Juillet, il fut av«c les
atitres missionnaires {Voy. l'art. Chi?(k) con-
duit enchaîné h Fou-Tcheou-Fou, caj)italo
de la province, à 27 lieues de Fou-Ngan. Ils
tirent la route au milieu des injures de la
lopulace. Aussitôt leur arrivée, le vice-roi
os inlerrogf'a. Au nombre des choses dont
es dénégations énergiques eurent h dé-
montrer l'indignité, furent les imputations
suivantes : les missionnaires étaient accusés
de tuer les i)etits enfants, de tirer de leurs
têtes des filtres qui séduisaient les femmes,
et de se servir ensuite de remèdes euro-
oéens pour soustraire les victimes de leur
lubricit»^ aui conséijuencesfAcheuses qu'elle
pouvait entraîner. De nouveaux juges vin-
rent bientAt prendre connaissance de l'af-
faire, et le P. Royo eut à souirrir la baston-
nade. La sentence de mort prononcée dans
le Fo-Kien, confirmée h Pékin par le tribu-
nal des crinîes , et signée par l'empereur
telle qu'on la peut voir à l'article Chine,
portait que le P. Uovo serait étranglé. Peu
après le martyre de l'évêque de Mauricasle,
on grava au fer ronge sur le visage du
P. Royo deui caractères chinois qui mar-
quaient le genre de supplice auquel il éiait
condamiié. Il fut mis dans une prison sé-
parée , oij il fut étranglé le 28 octobre 17V8.
RUF ; saint), martyr, soutfrit la mori pour
Jésus-Christ h (]apoue, avec saint Carpo-
phore. Leur martyre eut lieu sous les tnii-
pereurs Dioclétien et,Maximien. L'Eglise ho-
nore leur sainte mémoire le 27 août.
RUF (saint), fut martyrisé à Rome avec
toute sa famille par l'ordre du cruel et im-
pie Dioclétien. L Eglise fait sa fête le 28 no-
vembre.
RUF (saint), martyr, soutTrit pour Jésus-
Christ à Philadtîlphie en Arabie, avec les
saints Cyrille, Aquilas, Pierre, Domitien et
Ménandre. Le Martyrologe romain ne dit
point à (juellt! ('-pocpie eut lieu ce martyre.
L'Eglise vénère hur iiiémoi"e le i"août.
RUF (saint), soulfrit les tourment*» et la
mort pour la défense de .«^a foi avec Paul,
son père, Tatte, sa mère, et ses trois frères,
Maxime, Snbinieii et Eugène. .\y«nt été ac-
cusés de faire prof»!ssiun (Je la religion chré-
tienne, ils furent chargi'S de coups et endu-
rèrent d'autres supplices, dont les ditlVnen-
te» circonstances ne sont point parvenues
jusqu'à lions, et dans lesquels ils rendirent
r<'spiil. On Ignore la date et le lieu de leur
martyre. L'Eglise lait leur fêle le 25 septem-
bre.
RI F ''saint), «^véque, fut martyrisé h t'a-
t»Oue. Il ('lait de familli' p.i'iicienne et fut
ia{)tisé par saint A[)M||inaiip , disripl? de
saint Pierre. L'Eguse fait ?» tète le 27
août.
HUFK (Minl). fut martyrisé dursoi la }»pr-
sé( ution de Trajan. Il y a lieu de croire
qu'il fut compagnori du martyre de saint
Ignace d'Antioche ; mais ce qu'il y a de cer-
tain, c'est qu'il fut compagnon de ses liens.
On manque sur saint Rnfe de renseigne-
ments positifs. L'Eglise fait sa fôte le 18 dé-
ceiiiltre.
RUFIN, (saint) , évoque des Marses, fut
martyrisé à Riéti (dans l'Ombrii) avec les
saints Silon et Alexaodre, sous le règne de
l'empereur Maximin I". Son tils saint Cé-
side, prètie, probablement de son église,
fut martyrisé aussi sous le même règne : il
fut décapité. L'Eglise fait sa fêle le 11
aoilt.
RUFIN, homme qui passait pour éloquent
à Sniyrne du temps de l'empereur Dèce. Il
est signalé dans les Actes de saint Pionc
comme ayant voulu faire des objections et
donner des conseils aux siints martyrs du-
rant l'interrogatoire qu'ils subissaient de-
vant Lépide, iuge assesseur de Polémon,
prêtre des idoles et magistrat. Ruiin s'attira
une verte réplique de s.^int Pione, après la-
quelle il jugea prudent de se taire. (Voy.
PlOISK.)
RUFIN, confesseur, fut arrêté à Rome, en
250, sous le règne de l'empereur Dèce, avec
saint Moyse et ses comi)ai;nons. Il monlra un
grand courage et une admirable constance
dans les tourments, pendant dix-huit mois
de prison. Après sa sortie de prison, on no
sait pas ce qu'il devint : il est probable qu'il
ne tomba pas, comme tant datitres, tlans
les erreurs de Novatien, car il serait nommé
dans les lettres de sainl Cyprien, de saint
Corneille et de saint Denys d'Alexandrie,
avec les autres confesseurs tombés. (Foy.
pour plus de détails, saint Moyse.)
RUFIN, gouverneur de l'Espagne pour
Dioclétien, en l'année 291, tit mourir à Roda,
près de tiirone, les saints Vincent, Oronte,
Victor , ainsi que sainte Aquiline et son
époux. Voij. les articles de ces saints.
RUFIN ^saint) , était avec saint Valero
surintendant (Ju domaine impérial près de la
Vesie, au territoire lieSoissons. Tous deux
pratiquaient au plus haut degré les vertus
chrétiennes ; tous deux faisaient d'abondan-
tes aiimô les. Maximien Hercule, vairujueur
des Bagaudes dans les environs de Paris,
donna en partant à Rictius Vanis, préfet du
piéioire, 1 ordre de détruire partout dans le
jiays et la religion chrétienne et ceux qui la
pratiquaient. Rictius Varus commenta par
faire mourir tous les lidèles (ju'il put trou-
v«>r a Riniiis. puis il vint à N)issoii?, et fit
comparadre Rnlin et Valère. K l'approche
du préfet, ils s'étaient cachés dans un bois ;
ce tnt \h qu'ils furent pris : étendus sur le
chevalet, ils furent dé( hirés î» coups de fouets
plombés ; conduits ensuile sur le bord du
grarxJ chemin de Soi5son««, ils terminèrent
leur sicrilice par le glaive. Leur martyre
eut heu d.\n> le nf siècle, sou«; les commen-
cements de niocléiien. L'Eglise honore leur
mémoire le li juin.
RUFIN (sainl), fut marlvrisé h Assi.se en
<^nibne : on ignore à quelle éjK>que et dan.s
RJiti
III IF
III M
m
i|iull('s ciicoiislaixtcs. Il ost iiiS(Mi( au Mur-
l}rnl«):^'c KMiwiiii \r H(» jiiilltH.
lU'I'IN (sailli). soiilVril h Manloiic 'ipri'.s
avoir coiiIVssc^ ^(^rK^riMisciiKMil 1.1 loi de Jôsiis-
('lirisl. I.'l'lijiise riiononi comiuo fonlVssi'ur
lo l'.Kioill.
IHM''IN (sniiiO, (^vlNipun ( (infcssa sa foi h
Capoiio l\ mit' ('pi)i|ii(' et dans des circoiis-
taiicos ((uc nous ir;iioroiis. L'Kj^liso luit .sa
f(V|,' le Ht aoiU.
lUlKlN (sainO, fui inarlyris(^ pour la reli-
gion cliriMicuno. On i.^noïc en (pirl lieu, à
(juollo époipit» cl dans (publics ciii-onslan-
rcs I nous savons scmUmiiciiI (pi'il cul \u)i\v
compilation de son mailvc son IVric Uuli-
nion. l,'ICj^lis(> l'ail collccliveiiu'nl IcurfiMr K)
1) si'pl(Mnl)i'0.
UlU-'lN (siinl), ciirillil la |)aliiu' du niar-
\yvc dans uno ville d'.MViipic doiil nous rio
savons pas lo nom. 11 oui pour coiupagtons
do son martyre' livs saints l'IpiplLinc, évt^-
qiio, Unlin cl Irci/c antres (pii soîl ineoM-
nns. L'iîgliso honore leur mémoire le 7
avril.
lUlFlN (saint), rcgnt la |)almc des com-
battants do la foi en Afriipie avec les saiîils
Marc et Valèie. On i,:;norc les circonstances
de leurs combats ; le Martyrolo.^c romain no
marque cjuc leurs noms. L'Kj^iisc fait leur
m(^inoiic le 10 novembre.
lU'FlN (saint), fut martyrisé h Syracuse
avec sainte Marcie ; nous ignorons dans
quelles circonstances. L'KgHse fait leur fèlo
le "21 juin.
Hl'FlN (saint), soullVil le martyre h Home
avec les saints Macaire, Juste et Théophile.
Les détails authentiques nous manquent
complètement sur eux. L'Eglise les honore
comme combattants de la foi, le 28 février.
RUFIN (saint), martyr, (ils de WalOrc, roi
de Murcie, fut baptisé secrètement vers l'an
070, avec son frère saint Wulfhad, par saint
Chad , éyêque de Litchtield. Le roi l'ayant
su lit ma sacrer les deux jeunes princes
pendant qu'ils étaient en prière. A l'exem-
ple de son père Pcnda , cinel persécuteur
dos chrétiens , il favorisait étrangement l'i-
dolâlrie. La reine sa femme, nommée Em-
meli ide , et mère des deux jeunes prnces,
les lit enterrer dans un lieu (lui prit depuis
le nom de Stone, parce que, suivant la cou-
tume saxonne, on accumula sur leur tom-
beau une grande quantité de pierres. Ces
pierres servirent à bâtir une église, que la
reine Emmelinde ht construire et qui fut
placée sous l'invocalion des d.mx saints
martvrs. L'Eglise honore leur mémoire le
2.V juillet.
UUFINE (sainte), martyre, avait pour père
^iii nommé Astérius , ci\oyen romain de fa-
millo noble. Sa sœur Seconde et elle av.dent
été fiancées, l'une à Armentaire, l'autre à
Vérin , tous deux chrétiens , mais qui a los-
tasièrenl en 2o7 , sous l'empire et durant la
persécution de 'Valérien. Toutes deux refu-
sèrent généreusement de les imiter et s'en-
fuirent de Rome; mais bientôt, ayant été
arrêtées, elles furent amenées devant Junius
Donatus, préfet de Rome, qui les fil cruelle-
ment loiiriiientcr, ei inliii dérapil<;r. On b.l'it
sur leur toinlicau une chapelle h laquelle ht
pape Damasu subslilua une église. Leur?»
reliques sont nwiinli-nanl d/in.<> la basiliqiio
de Lalraii, luèsdu baplislèn- (|»; Donslantiri.
L'Eglise célèbr<! b ur IV-te le 11) piiliel.
III'FINE (saillie), liabilait Sévillo en Es-
lagne avec sainte Juste. Ces deux sninlei*
reiiiines étaient mai'ch.iiides ol vivaient du
fruit (h- leur coniinorce; loutce()u'elle, pou-
vaient gigner d(! surplus é|ail consacré aux
auiiK^nes. Dans leur hnmbli; posilioti , elles
étaiiuit les biinif lilrjres des pauvres, (d pra-
liqiiaii'nt au plus haut dc'gré les vertus éini-
nenles du christianisme. L(! ciel, (lui voyait
avec amour la conduite admiiabh! do ces
d(Mi\ sainios, les récoiiipensa par h- martyre.
Ayant rehisé d(! V(;ndre aux païens des idio-
sos (pi'ils voulaient employer dans leurs sa-
(n-ilires , elles virent ces furieux défoncer
hnir bouli(pie, s'emparer do leurs iiersonnos
et les liMÎnor devant lojuge. Dioclélien per-
sé(nilait vi(jlemmejit l'I-lglise : on élait alors
en l'année 304; partout le sang chrétien
coulaii à llols. Le juge, voyant que les doux
saintes étaient inébranlables dans la foi, les
lit étendio sur le chevalet et déchirer avec
les ongles de lor. Rien no put abattre leur
courage. Sainte Juste ayant oxniré au milieu
dos tortures, le juge ht étrangler sainte Ru-
lino : on brdla leurs cor[)S. L'Eglise célèbre
leur fête le 20 juillet. Leurs Actes sont don-
nés dans Maldonat, Usuard et Adon.
RUFINIEN (^aint), reçut la palme du mar-
tyre avec son frère Rufin. On ignore h quelle
éi)0(jue, en quel lieu et dans quelles cir-
constances. L'Eglise les honore le môme
jour, 9 septembre.
RUFUS ^saintj, martyr. {Voy. l'article Heu-
MOGÈNE pour plis do détails.)
RUISA (le bienheureux Christophe), do-
minicain , soulfrit le martyre au Chili. Les
féroces Araucanos étaient persuadés que
l'eau versée sur leur tète par les mission-
naires, afin de les baptiser, les f lisait mou-
rir. Un jour que notre bienheureux leur prê-
chait rEvangile , ils se précipitèrent sur lui
et le massacrèrent comme ennemi de leurs
dieux (1000).
RUIZ (le bienheureux François) , do l'or-
dre de la Merci , naquit à Rioxa , dans la
Vieille-Castille. 11 prêcha l'Evangile dans le
royaume du Tucuman, pays borné au nord-
est par la province do Sant.ï-Cruz de la Sierra;
au nord et au nord-ouest par celle de Los
Charcas; à l'ouest par celle de Cu>'0, qui
défiend du Chili , et' par les montagnes du
Pérou ; à l'est par le Chaco, vaste contrée au-
jourd'hui encoFofort mal connue et que rend
didi ile à explorer le peu de sociabilité de ses
nombreux peuples indigènes, désignés géné-
ralemoiit sous le nom de Guavcuros. Notre
bienheureux prêchait un jour à Santa-Cruz
de la Sierra , des naturels se précipitèrent
sur lui, le mirent en pièces et le dévorèrent.
(Histoire générale de l'Amérique, t. X, p. 129
et 330.)
RUMVOLD ou RUMOLD (saintj , évêquf
régionnaire, patron de Malines et martyr, s?
M
RUS
RUS
Rie
cnnsarra à Duni d^s sa jovinesse , et brilla
par la pratique des vprliis chrétiennes. Il
passa ensuite dans la Basse-Allemagne pour
y pnVIier l'Evangile aux idolâtres; de là il
Êénélra dans le Brabant (après avoir été à
ome, où il avait reçu sa mission du pape),
et convertit un grand nombre d'infulMos aux
environs de Malines, de Lierre et d'Anvers.
Ce saint évoque faisait construire une cha-
pelle en l'honneur de saint Etienne, et dia-
que jour il payait le solaire des ouvriers.
Deux scélérats , jugeant de le qu'il devait
avoir beaucoup dargenl, le tuèrent d'un
coup de pioche, un )()ur qu'il se promenait
en priant. Les assassins jetèrent son corps
dans la rivière, mais une lumière céleste le
fit, dit-on, découvrir, et le comte Adon, <\m
gouvernait alors le pays, le fit enterrer avec
de grands honneurs nans la chapelle même
que le saint faisait construire. Pendant les
troubles qui agitèrent les Pays-Bas en 1578,
on fondit la châsse précieuse où ses reliques
ava ent été renfermées le 3 avril J-lOO. En
182o, à l'occasion du jubilé semi-séculaire,
qui a été célébré à Malines, les fidèles ont
co-itribué par des dons volontaires aux frais
d'une nouvelle châsse d'argent. L'Eglise fait
sa fêle le 1" juillet.
RUSSIE. Cet em[)ire, le plus considérable
d'Europe , est borné au septentrion par la
mer (ilaciale ; à l'orient par la mer du Japon ;
au midi par la grande Tartarie , la mer Cas-
pienne et la Perse; au couchant par la petite
Tartarie , la Mingrélie , la Géorgie et la Po-
logne. Il a deux mille lieues de longueur
sur sept cents de large. Le christianisme ne
fut porté en Russie qu'à la fin du i\' siècle.
Il n'y a peut-être pas dans le monde de na-
tion qui se prétende civilisée , plus malheu-
reuse et plus dégradée que la nation russe.
Sur cinquante millions d'habitants, il y a au
moins quarante nullions d'esclaves; des
oukases émanés d'Alexandre, en 1818, et de
l'empereur actuel , en 1831 , défendent aux
propriétaires de ces esclaves de les alfran-
chir, même par testament. Cet étal de cho-
ses si abominable» n'a pas, en Russie, été
l'objet d'un blâme formulé par un seul écri-
vain : ce fait atteste à la fois et l'odieux
despotisme du pouvoir, et l'excessif abais-
se4)»ent de la nation. En France, on protes-
terait jusqu'au pied de l'échafaud. Hélas ! en
écrivant ceci , nous oublions nos hontes;
nous oublions comment notre patrie c(tur-
bait la léie sous les horreurs et les ignomi-
nies de 93 !
n Jusque vers la seconde moitié du \iv' siè-
cle , il n'y avait (ju'une métropole eu Rus-
sie , celle de Kiow. Alors elle fut transférée
à Moscou , puis démembrée en detix : Mos-
cou, capitale de la Moscovie, et Kiow, capi-
tale de la Litinianie. Le (îrec Photias , mé-
Iropolitain de Moscou, s'élant déclaré contre
l'union aver lEjfilise romaine, fut defiosé h
Kiow en IVIV, et remplacé par Grégoire
Zamblark, qui souscrivit, en l'»18, h l'union
faite par les Grecs au concile «le Constance,
50US le pape Martin V. (îeUe union fut sous-
cnto do nouveau l'an 1V39 , au concile de
Florence, par l'empereur et le iiatriarcho de
Constantinople, et [)ar Isidore, métropolitain
de toute la Russie , comme archevêque si-
multané de Moscou et de Kiow , et qui fut
même noumié cardinal par le pape Eu-
gène IV. Celte union fut bien reçue à Kiow.
mais repoussée h Mosrou. Kiow et les évê-
chés de sa dépendance , Bransk , Smolensk,
Premsvl , Turow , Wladimir et Volhynie,
Polocsli, Chelm et Halilz étaient sous la pro-
tection des rois de Pologne et des grands
ducs de Liihuanie. Ils persévérèrent tous
dans l'union avec l'Eglise romaine jusqu'en
1520, où il y eut (pielijues nuages, mais qui
se dissipèrent en 1595 par une ambassade de
deux évèques au pape Clément VllI.
« A Moscou, au contraire, le schisme s'en-
racinait de plus en plus. Les grands ducs de
Moscou avaient pris le nom de czar ou de
roi; le dernier de la race de Rurik avait pour
ministre un Tarfare , Boris Godunow, qui
aspirait à se mettre h sa place et qui y par-
vint par bien des meurtres et des empoison-
nements. En 1581 , Jérémie II , un des na-
triarches intérimaires de Conslantinople ,
ayant besoin d'argent, vendit à (iodunow la
dignité de patriarche pour le métropolitain
de Moscou. Godunow en donna lui-même
les insignes h une de ses créatures nommée
Job, qu'il avait fait élire. (Rohrbacher,
t. XX\ III, p. iOi, citant Vicissitudes de l'E-
glise catholique des deux rites en Pologne et
en Russie; Paris, 18i3, t. I", p. M et suiv.)
\n bout d'un siècle , ce patriarcat russe
fut aboli. Les czars de Russie craignaient
jusqu'à ce titre de patriarche, qui semblait
annoncer une sorte d'indépendance; voulant
confisquer la liberté religieuse au profit de
leur despotisme, ils ont complètement aboli
cette autorité collatérale. Pierre le Grand
fut celui qui abolit le patriarcal vers la tin
du xvii* siècle , et mit à la place du patriar-
che un synode composé de quatorze mem-
bres choisis parmi les évêques et les archi-
mandrites par le souverain , et obliijés de
faire serment de lui obéir en toutes cnoses.
Cet étrange comité , présidé par un délégué
de l'empereur, se nomme en Russie le Saint-
Synode. De nos jours , c'est un colonel de
hussards, nommé ProlasofT, qui est à la tête
de ce comité, conseil ou synode.
n Nicon . dernier patriarche de Moscou,
ayant montré q'ielque vellèiié d'indépei-
dance, le czar ne lui donna point de suci es-
seur et érigea son comité ecclésiastique,
soi-disant Saint-Synode. Ijîs évêques asanl
toulelois demandé le rétablissement (l'un
patriarc lie. Pierre leur répondit : « Je ne re-
connais d'autre légitime patriarche que l'é-
vê(]ue de. Rom»'. El, ajouta-t-il, en appuyant
une mn:n sur la poignée de son é[)ée et l'au-
tre sur un Evangile, puis(]ue vous ne voulez
pas lui ol)éir, vous n obéirez cjuà moi seul.
oilà votre patriarche. » Cependant , pour
donner à cet acte de despotisme une appa-
rence de légitimité aux yeux du clergé russe,
il nolilia au [)atriarch«> grec de ConslantincK
pie l'élablissemenl de son comité ecclésias-
tique . qu'il appelle un synode (fgai au pa-
Ç
810
mis
ltl!8
KM)
(hmrhf, vl lui insiiiiiii i\r l'opiiroiivcr ft
\\\(^\\\v (|p \v r(iinwi|i|MuiiV('r /iii\ imliiiiiclios
scliisiiuiliijiics (r.\l<'\aii(lri() , (rAiiliitclm ol
cit* J(''ni.siilt'iii. doux tlo (l(inslaiiliiin|»l(- cl
(l'Ai.lioclic liiiirciit par rccdtiiiailrc le svnoilo
russe coiiiiiH' It'iir prit; en palri.irtal. Or, co
syiiotlo t'i/dl '"« ixtlridrclir ii'ivsl (prune coin-
niission adniiiiislialivo coinpdst^e d'arche-
vcVnjcs, d't^vcVpM's cl d'cccU'isiaslKpics, mais
soumis t\ la cravaclic d'un (•(dmicl do hus-
sards, procurciM' suprc^uir ilu synode, |»(iur
iiolilitM- (M ('V(''culcr les voloiilés de l'empe-
reur cl pap(\ seule loi dans ri'',;j,lise cl dans
l'empire. Ainsi le cohniel l'rolasotl' dil, dans
sa rcl'ilioii synodale eu IS.'ll) : » l.(>s alVaircvs
« r(^gU''Os par ordre in\périal supn'^me l'onl élô
« sous mon inspediou spt'ciale. On les a mi-
« SOS on e\(H'ution dans le plus lirelMélai pos-
te sihie, parsuilo d'ordres particuliers adres-
w s(^ j\ tous les consisloires d'éparcliios (ou
« dioeùscs).» (Ilolirhaeiicr. l. \\Mll,p. hOS,
cilaul Vlù/lise scliis»i(iti(iiic rii.isr , d'aptes
les rclatiniis n'cciitcs du prc'lnidu Saint-Sy-
node ; Paris, 18'i(>, p. 5H.)
Pour los czars, la religion osl la dernière
des préot'ou[)ali()ns. Dans toute l'élendue ilo
leur vaste euiftiro, ils n'ont établi (]ue ([ua-
rante-S(>|)l diocèses, qualro métro[)oles, seize
archovOichés , vingt-six évècluVs. Quaul au
rang de chaque siège et au titre de celui
qui l'occupe, tout cela peut varier au gièilu
caprice du souverain : il transforme à sa
guise un simple èvèohè on archevôché ou en
métropole, et rèciprocpiemeut. Cela du reste
se conijoit : ayant institué un synode qui se
prétend égal, et même supérieur en autorité
au chef de l'Eglise , et ce synode étant per-
manent , le czar lui fait décider tout ce que
bon lui semble : c'est une conséquence di-
recte et rationnelle de l'établissement de ce
prétendu concile permanent. Quami le prin-
cifie est vicié , est faux , on conçoit ce c^ue
doit être tout ce qui en découle; c'est, au
fait, le directeur du synode, l'oflicier de
l'empereur qui dirige tout , qui mène tout,
d'ajirès la volonté absolue du maître. Le co-
lonel Protasotf est le vicaire général du pape,
qui est l'empereur. Le métropolitain de
Moscou ayant prêché en présence de la cour
en l8ii, en présence de l'empereur Alexan-
dre , choisit pour texte do son sermon ces
[)aroles de saint Matthieu : Le roi Hérode
ayant entendu ces choses se troubla, et tout
Jérusalem avec lui. Il eut le courage de faire
quelques allusions aux mœurs relâchées de
la cour, allusions si douces et si voilées que
personne ne put se sentir blessé. On prétend
môme que la généralité de l'auditoire fit en-
tendre des applaudissements; mais l'impé-
ratrice-mère ayant cru voir dans ce sermon
si bénin quelque chose d'ofl'ensant pour la
majesté impériale, défense fut immédiate-
ment faite de prêcher dorénavant devant la
cour. Qu'on juge par ce fait de la liberté re-
ligieuse en Russie !
Maintenant il faut parler de l'état épou-
vantable de dégradation où se trouve le
clergé russe. Les évêques et supérieurs ec-
clésiastiques doivent être célibataires ; les
simples prAtroH ou popes doivent nu coii-
Iraire être ni/irics iivflnt do rcnjvoir l'onli-
naliou : on voit où mène uiio semblable loi.
Jamais un pr<^lro iic peut ilevonir évêqiio :
à cause de cela , les piètres vivent dans un
état do dégradation et de nn-pris oxlrèmoH.
Un aulro motd'enc<)re de cotte dé^radatioll,
c'est l'excessive misère où ils sont réduit».
IN-ndanl deux conl.s ans, les 'l'arlares avaient
été maltros do la Uussio moscovite; il»
avaient respecté los biens dos églises et doK
moiia.slères. Moins sciupuloux (pn; los Tnr-
lares, les empereurs (.-1 iiiipératrii^os do Uus-
sio ont tout conlisipii'-, tout pris; ils ont pro-
mis une indemnité couvenabhî : or colle in-
(hMunité a été lixi'-c!, par la générosité impé-
riale, à (piarante francs par année prnir clia-
(juiî moim^ r(M'oniiu par le gouverneinoMt.
« Dans It! monde entier, il n'existe pas do
clergé aussi chétivement doté, aussi mal sul)-
vontio'nié cpie le clergé russe. Tout co (pi'il
l)o>sédait lui a été enlevé; on l'a [)rivé, de
[)lus, d(!s secours nécessaires pour mener
une vie tant soit |)en convonabli.' à son état,
lui un mot, le gouvernement l'a réduit h la
plus |)arfaite misère. El afin de convaincre
tout le monde de cette vérité, il sullil d'exa-
luiner les sources uniques des revenus ec-
clésiasticjues; co sont : 1° les olfrandes vo-
lontaires; 2" les quêtes faites dans les églises
pendant les ollices; 3' les rentes des biens-
fonds non séquestrés; la dernière de ces res-
sources est si peu de chose , qu'il est inu-
tile même de la mentionner. Plus abondan-
tes sont les deux autres , (jui , en résumé
toutefois, se réduisent à une seule, la bien-
veillance des fidèles, llien ne sort du trésor
pour la dotation des églises et l'entretien du
clergé. Voyons donc , d'après les résultats
obtenus , ce que les autres sources d'abon-
dance peuvent produire à chaque prêtre en
particulier.
« Le clergé russe , en 1837, comptait cent
six mille cent deux personnes en service ac-
tif : je veux dire trente-deux mille deux cent
deux protopopes et popes, quinze mille deux
cent deux diacres , et cinquante-huit mille
huit cent trente-six clercs inférieurs. Le
produit total des trois branches de revenus
s'élevait à une valeur de huit millions cent
soixante-quinze mille cinquante-deux francs,
laquelle somme , divisée par le nombre des
ecclésiastiques , donne 77 fr. par tête. Mais
le résultat do ce calcul est encore plus frap-
pant si nous entrons dans le détail particu-
lier des diocèses. Dans celui de Kaougla et
Woronesch, le revenu de chaque ecclésias-
tique était de 49 fr.; dans celui d'Orel, 48;
do Kasan, 31 ; de Kursk, 29 ; de Smolensk, 28;
de Novoscherkask, li ; et enfin de Catheri-
noslaw, de 11 fr. seulement. Et cependant
tous ces diocèses sont situés dans des con-
trées abondantes et fertiles. » {L'Eglise schis-
matique russe, d'après les relations récentes du
prétendu Saim-Synode , p. 12 et 121.)
Comment peut - on croire qu"un prêtre
puisse vivre, lui, sa femme et ses enfants,
avec une somme de cinquante francs ! « Sur
quarante millions d'habitants qui forment le
881
RlîS
Ses
sîJi
total (if i.i |»of)ulî\lioii .srhi.sinatique en Rus-
sie, près de trente-sept millions npparlifn-
nent à la l'Iasse des serfs ; on sait <!»• plus
qufi grâce aux chnri^es inipos»^(*s h cette masse
par les nuitres du sol et par la lrè>-pieuse
courome du maitrc des m.ittres, ces in.ilhfu-
it'Ut esclaves de la ^lM)e ont à peine do
<pi"i vivre pour eux. loin fie pouvoir donner
h d autres. La misérable (ondilion du prf'lre
russe nous fait < omprendn' comment nous
le voyous se m^ler ^ la plus intime classo
de la Société pour y chercher ses moyens
d'existence, comment parfois on le tr uve
souillé des plus énormes crimes, et ahnn-
doiuié aux plus honteuses habitudes de dé-
sordre. Sa vie matérielle est si souvent rem-
plie de privatiorjs f')rcéos, qu'il do t néi^es-
saircment y chercher une compensation
dans les circonstances de baptêmes, mariages,
bénédictions et entcrreuienls, qui lui per-
mettent au moins de satisfaire son voraco
appétit. Aussi l'y voit -on ordinairement
dema der sans honte et sans retenue, man-
ger et boire avec excès, et s'il reste encore
qu'-lque chose, l'i-mporter avec lui pour le
jeter en pAlure h toute une famille affamée.
On connaît également les excès que ces prê-
tres commettent dans ce quon a|>pelle les
sacrificfs en mémoire des môr/s , dans !■ s
repas du tem[)s pascdjOi'i le [leuple russe
mange, avec les prètr s, l'agneau et les œufs
bénits. Aussi, le vice de l'ivrognerie est-il
si commun parmi eux.nu'on n.y f.iit aucune
attention ; plus d'une rois le commandant
d'une flotte ou d'un régim ni est obligé do
mettre le pope aux arrêts le samedi, atin
qu'il ne soit pas ivre le dimanche, et qu'il
puisse dire la messe. L'état moral de ce
clergé, loin de s'améliorer, a toujours été
en em[)irant, comme les relations svnodales
en font foi. En 1837, la'iS el 1830,Ie nom-
bre des ecc'.ésiasiiipies cou anuiés par I(>
synode, ou |)ar l'autorité diocésaine, s'élève
h (f'iatre mille deux cent dejix, tjnatre mille
trois cent ijualorze , et (junlre mille neuf
cent lienle-(leuï. Si nous comparons le nom-
bre des conflamiiés au chilfre total du clergé,
nous trouvons qu'en 1837 il y a lui con-
damné sur viugl-qualr • individtis ; en 18.18.
un sur vingt-trois, rt en I8'V.1, un sur vuigt.
Si nous «oulnns ensuite cah ubr le nombre
total des condamnés dans le cours de quatre
annéfs , de 18.'JH h IS.'lî), nous en trouvons
L^,'»^.*}, cest-.Vdite h- 1/(5 des cent doux mille
auaire cent cimjuanle-six ecclésiastiques do
ii'i'îie. Mais si le nombre des con'lanuiés
ecclésiasli(pies. en llussic, est considéiable
comp.iraiivemenl }\ la somme totale du cler-
gé, il fîevicnl elTrnyanl si notis h- considé-
rons en particulier pour certains diocèses.
Ainsi , cnacmie des années 1837 , 1838 et
18.'t?ï présente, de mis en jugement dan.-> les
diocèses d'OrcI et d' Kan , un ecclésiastique
sur dix , el dans celui de Wiatka, un sur
neuf, et mis enjug-nucnt pour des fiule^
graves, el comme le dit !<• coloui 1 I'rotn>oir,
pour des crimes infamants. ■ ( Eglise schis-
malifjti^ rtt%sr. p. MV.'i \'M.\
A côté du dfcspotisme le plus épouvan-
liible , les empereurs de Russie affichent les
tendances progressives les plus remarqua-
bles, et cela pour tromper l'Europe, et ptmr
faiie croire Mcursidées vraiment libérales. De
temps en temps ils publient des onlonnances,
prescrivant (les fondations d'écoles, d'insti-
tutions, d'académies de toutes sortes, pour
linstrucfion du peup'e et du clergé. Ces
oukases ont du retentissement en Europe ;
c'est tout ce qu*^ demandent les czars. Pès
que les journaux étrangers ont eiireçistré
ces ordonnances dérisoires , on les laisse
dans les cartons, el rien de ce qui a été pres-
crit nest exécuté. On sait ce que Catherine
écrivait h ce sujet au gouverneur de .Nfos-
cou, qui avait été un de ses amants. « Mon
cher prince, ne vous aHligez pas si nos Russes
n'ont aucun désir do s'instruire, cl si l'ordre
d'ériger les écoles dans mon empire n'est
pas fait pour nous , mais pour l'Europe, et
|iour soutenir près des étrangers la bonne
opinion qu'on a de nous ; car dès le moment
où le peuple russe aura vraiment commencé
à s'instruire, je ne resterai pas impératrice,
et vous ne resterez pis gouverneur. » Est-il
possiblede dévoileravecplus d'impudence le
mystère de tant de belles proclamations, de
tant d'ordres donnés en faveur du progrès ?
Ri(ni que du charlatanisme gouvernemental.
Pour bien appr -cier la politique russe à
l'endroit religieux , il faut étudier ce (lue
celte puissance a commis envers la Pologne.
L'Angleterre a été atroce envers l'Irlande ;
la Russie a été pire (ncore; elle a uni l'atroce
à lignoble. .\v.inl 1768, la Pologne étail un
peuple absolument libre. Elle était Irès-peu-
})lée , et aujourd'hui encore les pays par-
tagés qui la repiéscntent ont une population
de vingt-un millions d'habitants. La relij^ion
dominante du pays était la catholique, le
roi était oliligé d en r^ire profession. Tous
les autres cultes jouis»<aient de la tcdôrance
établie jiar les lois foiidaïuenlales de la na-
tion. Luthériens, calvinistes, grecs, soci-
nieiis, anabaj>tisles, juifs, arméniens, Irini-
talres, tridéistes, il y avait presque de tout,
en fidt de sei-ti>s religieustvs, en Pologne.
Opcndanl les catholiques y étaient les plus
nombreux : h eux seuls ils formaient treize
millions : ils se nommaienl rulhétiiens unis.
Lva rullu'iiicns non réunis, ou di>sideuls,
tenant à la religion greccpie, formaient un
nombretle trois millioiisd'individus. lLsj(Uiis-
saicnl des mêmes droits et privili'ges que
ceux des autres cultes; ils avaient même,
sous ce rapport, plus de liberté que n'en
avaient en Russie les chrélieus delà même
communion qu'eux. Malgré cela, celle puis-
sance intervint dans les nifiires niérieures
de la Pol.igne, y suscita des troubkis , y
alluma la guerre civile, el en vint jusqu'à
biixM- sa conslilulion. En 177.1, en l'703,
en 1795 et en 1815, la Russie, la Prusse et
l'Autriche démcnnbrèrenl la Pologne, dont
la plus grande part fut attribuée à la Rus-
sie. A chaque partage, il fut stipulé quo
la Pologne jouirait de tous les droits rcli-
gp ux. LarlP le 3 du premier traité de i>ar-
tugc, fait on 1773, portait en toutes letlies :
tSK nus RDH iM
« Los rntli(>lii|ii('s rnniniiis joiiiriinl , (|)iii.s Jiiiiids «le Hiissir dn nunli-r rlwirun k-ur nie,
les provinces ('(Mt^cs ii;ir le |ii('si'iil liviit*^, sui( ^rcc, srtji htm, nvnr i\Mrn%i^ «lo |»nsicr
«1(1 toiitort lours j)ropri(M(Vs, <(ii;iril /m «-ivil ; «li- l'un A rniiln*. TnllHTirM 11 nvnil |»r«Mnii
«'l piif r.'ippoit h m r(>li;:,i(>ii, ih scivmt cnlii''- .snlcrinr-llciiu^ril de l;iis^«'r l«<« choftos imi I'i'-IjiI
n'iiicnl ooiistTVi^s in statu (juo, r'csi-rt-diro où ('ll<> Ii»h «iv/iii irmivi'M^s. (wilhoiin»* Il or-
«hiiis l«> m<^mo lil)it> (ixcrciro «Je leur ciillo donnn nux cfllliolifpni^ptissos ou rulhi'uii«!n»,
«'I discipliMO. MVC(! loiilcs cl li'Ilivs ('^j^liscs «-t du l'id' f^rcc d(^ passer nu rili< Inlin, ou lii«!n
ItKHis (U'cIiVsiasliipics (pi'ils possédaient nu d'eiiil»ni>ser le seliisin»-. Hmmi des rulhériieiis,
moment (le leur passade sous la domirialiori liahilués au ril»> Kr*"'- » priront co duniicjr
d(> Sa Majesté iiiipi'iiale t\u mois do septcm- parti. Un liomirie (pii devait prévenir «•-«ille
liro 1772; ol Sadile Majesié et ses succès- délecliftn > contribua par son ainbilion ul sa
spuis 110 su servirord poitd dos di'oits do «•oMniv((iico.
souverain au pr(']n(lico du statu qito de la « Sla nslas H(diusz Si«'s!rzenc«'wir/. , né
religion callioii(pu' romaiiu» dans les ()ays d'une l'annlle j)auvr«', mais noble, bit {-.Icyd
sns-mentionnés. » à KioniKsborjç, par dos paronls «;«lvinisl«'s,
Toutes ces promosses furent renonv<>lé'es dans rii(''r«''sie do (ien«^vo. Dans sa Jeunessiî,
dans les conventions conclues dir(>ctenient il servit <;oiiim«' Inissard, roçul une bl(;ssur«î
avec, lo sainl-siégo, on t78'i, 17<KS, 1MI5. dans un dufti ot perdit un doit^t do la niaiti
Plusieurs fois le saiid-siéy(Mil acte d'aido- gauche. Peu de temps apr«;s il lit la connais-
rité, en oxécution îles traités ipu' iious ci- sanco «lo Massalki, évc^ipio de Vilna, «jui lui
tons. Promottrcî pour la cour do Kussie, c'é- pf rsuada d'embrasser la foi catlioliquo. Ké-
tait aisé, f(Miir était anlri; ;draii(>. solu de suivre la profession cléricab;, il sut
« Oii'inii rim{)éralrico('atlierine,cot;aprttro si bien s«! meltro dans les bonnes grAcos d«3
couronné de la liberté reliyieuso, au dire son protecteur, que celui-ci l'ordonna prô-
des encyclopédistes , «nit ass(»z fomenté de tro, le lit clianoino de la cathédrale de Vilna,
troubles et de discordes on Poloj;ne pour ot enlin le choisit nour son successeur dans
amener la ruine de ce malheureux pays, on lo siège épiscopal. Bien que Polonais, il
la vit, aussitôt apr^s le* trois partages, cotte combattit toujours contre sa |)alrie , et
protectrice zélée des droits des dissidents dans ses intrigues avec le déplorable Po-
polonais, déclarer que les provinces qu'elle doski, primat de l'Eglise polonaise, il favo-
venait d'arracher h la Pologne devaient j)as- risa toujours les intérêts des Russes. Cathe-
scr ti l'Eglise russe, ordoinier la déportation rine l'en récompensa de toutes les manières,
des prôlres lldMos, et ne point reculer de- le nomma à l'évôché de Mohilow , qu'elle
vaut les plus odieux moyens pour hfttcr les venait de fonder dans la Russie-Blanche, fit
conversions. Poin- couvrir de quelques pré- de ce siège un archevô«;hé en sa faveur, et
textes ses pertldies et ses violences, elle lui confia enlin la dignité de métropolitaia
prétendait, conmio la fait aujourd'hui lo di- sur toutes les Eglises latines de ses Etats,
gne héritier de sa politique, que toules les Ce prélat avait une profonde répugnance pour
provinces qt^'ello venait d'arracher h la Po- le saint-siége, et le contrariait dans tous les
ogne avaient de tout temps ap|)artenu à efforts qu'il faisait en faveur des Eglises des
"empire ; que l'exercice de la religion gré- doux rites, à peine n'tablies dans la Russie-
co - russe n'y avait été qu'un moment in- Blanche. Catherine sut distinguer cet homme
terrompu par la violence des détenteurs, et et s'en servit dans ses projets contre l'Eglise
que la majorité des habitants ne demandait catholique. Ambitieux de pouvoir, il prenait
pas mieux que de revenir à la langue comme le titre de métropolitain as Eglises catho-
a la foi de la mère-pairie. L'histoire est Ih, liques des deux rites, et se faisait appeler
aujourd'hui comme alors, pour faire justice dans les actes publics légat a latere du
de ces grossiers mensonges. Elle dit que la saint-siége, et fit demander pour lui, par
Dw'ina du Sud et le Borysthènc coulaient Catherine ot Paul I", le chapeau de cardinal;
souslesloisdc la république bien avant (pi'on mais Pie VI et Pie VII se refusèrent à cette
songeât à un empire de toutes les Russies. prétention. Pour ce qui regardait l'Eglise
Elle dil aussi que jamais l'Eglise ruthé- ruthénienne-unie , il n'eut rien tant à cœur
nienne ne prit part au schisme de Photius que de favoriser les vues de l'impératrice,
et de Michel Cérulaire, et que ce fut môme II força les prêtres à embrasser le rite latin,
la crainte d'être confondue avec l'Eglise et il le fit de telle manière, que les latins
gréco-rcsse, tout entachée de schisme, qui s'en indignaient autant que les ruthéniens.
lui fit faire au[)rès du pape Clément VlII Le résultat fut que bien des populations ru-
Véclatanîe démonstration du 23 décembre théniennes-unies passèrent au schisme.
1595. « Pour augmenter encore la défection, Ca-
« L'histoire dit aussi , quand elle rend Iherine II organisa, l'an 1794, une bande de
compte du règne de Catherine , ce qu'elle popes et de soldats qui parcouraient les dio-
répétera quand elle devra s'occuper du règne cèses et convertissaient à coups de fouet et
de l'empereur Nicolas, que les moyens em- de knout. Un prêtre-uni refusait-il d'embras-
ployés pour ravir à l'Eglise-unie les pro- ser le schisme, on le chassait de sa paroisse
vinces conquises démontrent ce qu'on doit avec sa femme et ses enfants, ou bien en-
croire de leur prétendue disposition à faire core, dépouillé de ses biens, il croupissait
partie de l'Eglise de Russie. » ( Martyre de en prison. Quant aux simples fidèles, on les
sœur Irena-Macrina-Mteczyslaicsha, p. 5. ) déchirait de coups, on leur enlevait jusqu'à
« Le saint-siége avait ordonné aux catho- leurs troupeaux, qui faisaient toute leur
S5:
RUS
RUS
856
forlun»^ ; on -illa ni^me quelquefois jusqu'à
leur roujxT le nez et les oreilles, à leur
arracher, h leur briser les dents avec les
crosses de fusil. Le digne év^cjue de Knmi-
nier, Pierre Biclnwaski, adressa ses rérlama-
tioDS au gouvernement russe, des ni«^n)oires
au pape Pie VI, (]ui écrivit plusieurs lettres
h lempereur L("Opold II, pour le supplier
d'obtenir (]ue Catherine mît un terme à cette
cruelle persécution. Pour toute ré[)onse ,
Catherine II supprima tous les év^rhés ru-
théniens-unis ue ses Etats, ainsi ijue pres-
que tous les monastères basiliens. Voilà
comme cette autre Jézabel se mocpiait de
Dieu et de son Eglise, ainsi que des ser-
ments qu'elle leur avait jurés, quand elle
mourut en novembre 179(). » ( Rohrbacher,
t. XX^III, p. 'ik, citant Vicissitudes al Pré-
face, p. XIX et xxii. )
« Pendant que Catherine II et Frédéric II
travaillaient à révolutionner la Pologne, afin
de se la partager, vint h mourir le digne
primat du royaume, l'archevêque de Gnesen,
Ladislas Lubienski. Le roi de Pologne était
Stanislas Poniatowski, l'un de ces courtisans
auxquels Catherine II s'était prostituée.
D'après les insistances de Catherine et du
général russ<', il nomma au siège primatial
de Gnesen, Jean Podoski, homme d'une foi
douteuse et de mœurs dissolues. Les évoques
de Cracovie, de Kaminiec et de Kiow adres-
sèrent au saint-siége les re[)résentations les
plus énergiques contre l'indignité et les mal-
ni.'urs d'une pareille nomination. Malgré les
remontrancesdeslroisévôques, Clément XIII
écouta 1)1 us le roi et l'impératrice, et com-
mit la faute d'instituer, en 1767, l'indigne
Podoski arclicvè(|ue de Gnc^sen. C'était don-
ner le coup de mort à l'Eglise de Pologne;
car ce furent les intrigues rie ce malheureux
(|ui achevèrent la ruine de la nation au pro-
fit de la Russie et de la Prusse. Les trois
évè(}ues courageux et lidèles le furent jus-
qu'au bout; ils se nomtnaient Soltyk, Kra-
sinski et Zaluski. Le premier et le troisième
eurent la gloire de souiïrir l'exil et la pri-
son pour la cause de la religion et de la
patrie.
« L'Eglise ruihénienne-unie eut aussi ii
souffrir en Pologne [lar suite de l'inlluence
russe. Les |)rètr»s séculiers de ce rite dé-
ployèrent une hi-ioïque fermeté pour résis-
ter h In séduction étrangère et rtstcr tidèhvs
h l'Eglise romaine. Les moines do Saint-Ba-
sile ne se uiontrèrenl pas si bien. Les uns
embrassèrent le schisme pt)ur conserver
leurs monastères et leurs possessions; les
autres, demeurés ratholi(pies. accaparaient
volontiers les prininpales places des diocèses
et en excluaient les prêtres séculiers. Les
pruicipaux d'entre les Basiliens étauMit de
nobles Polonais qui, de latins, se faisaient
rulhéniens-unis, alin d'occuper les évéchés
et les pr('latures de ce rite ; ce qui en affai-
blit singulièrement l'union et la force, et le
livra comme sans défense î\ l'ennemi, lors-
que plusieurs de ses dioct'soins p.Tssèicnt
au pouvoir des Busses, (^'pendant (elle pau-
vre Eglise ne succomba pouit h l'épreuve.
I
Après le premier partage de la Pologne, le
métropolitain des rulhéniens-unis, Léon
Szeptycki, qui administrait en même temps
les diocèses de Léopol et la partie polonaise
du diocèse de Kaminiec, rendit les plus
grands services h la cause de l'Eglise. Comme
son digne |)rédécesseur et parent, Athanase
Sze|)tycki, il dirigea avec la plus grandie ha-
bileté les afl'aires de l'Eglisc-unie, veilla à la
pureté du rite, prit à tâche de répandre l'ins-
truction parmi le clergé, épura les mœurs
dans les monastères basiliens, fit plusieurs
tournées d'insnection dans sa métropole, et
s'efforça de guérir toutes les blessures faites
à l'Eglise-unie depuis 17GÎ). Il eut le mérite,
encore qu'il fiU basilien lui-même, de sa-
voir choisir parmi le clergé séculier des
hommes instruits , sortis des collèges de
Vilna et de Léopol, j)Our les élever, à l'égal
des basiliens, aux principales dignités de
son diocèse. Comme évèque de Léopol, il
demanda au pape Clément XIV, pour le saint
)rètre Alexis Piasecki, protonotaire aposto-
iijue, la faveur de porter la croix et une
chaîne d'or. Le pape y consentit par un bref
du 5 mai 1770. La persf'cution qui. depuis la
moitié de ce siècle, accablait l'Eglise-unie,
réveilla dans le clergé el dans le peuple un
nouveau zèle pour la religion; ils unirent
leurs forces pour résister avec plus d'avan-
tage. Tout le monde sentait la nécessité de
perfectionner l'éducation du clergé. Le pieux
évoque d-e Chelm, Maximilien Bylo, l'un
des hommes les plus distingués de l'Eglise,
fonda à ses frais un séminaire pour les jeu-
nes ecclésiastiques de son diocèse, lui assi-
gna de riches (lépoiidances et lui donna la
sonuiie do cent mille florins de Pologne. Il
en confia la direction aux basiliens, et choi-
sit h cet effet les hommes les plus instruits
de l'ordre dans la congrégation lithuanienne
de la Sainte-Trinité. Sur un décret de la con-
grégation de la propagande, le pape Pie VI
autorisa cet étatilissement par un bref du
11) janvier 1780. Une parente de cet évêque
fonda un monastère qui fut confirmé par
Clément XIV.
« Quant aux diocèses du rite latin enlevés
à la Pologne par le dernier partage, (^.athc-
rino II venait de les bouleverser de fo!id en
comble, quand elle mourut. Le pape Pie VI,
de concert avec l'empereur Paul, réorganisa
ces diocèses de la manièie suivante, par sa
bulle du 15 novembre 1798 : l'La métropoli»
de Mohilow. La juridiction de ce <liocèse,
juridiction partw» réelle et partie déléguée,
s étendait sur les gouvernements de Mohi-
Inw, de Wit(>psk en Bussie-BIanche. de
Kiow »m Ukraine, de Pétersbourg. do Mos-
cou, de Livonie, de Saratow et d'Astrakan,
et enfin sur celui de la Crinii'e; le sit'-ge avait
deux sutfragants et autant d(^ coail^uteurs
avec titre épiscopal i« partibus. 2' L évèché
de Samogiiie avait uu sulfra;j;anl et un coad-
juteur. 3' L'évêché de>'ilna tnubrassait pres-
que toute la Litiuianie, la Courlande et le
diocèse supprimé de Livonie. Cet évêché
avait (piatre évêqucs sutfragants , Vilna .
Brest, Troki et Courlande. v L'évêché de
à
887 RÏ'S
Luck et (lo Zvl(Miiir s'utciidail sur loiilo lu
\t>lliviii(* cl s'iw li«(li()cAs(> tin Kiow. l,'(''vA-
(IllO "«V«il (lt'll\ SIlIlVMKdllIs cl r|(.il\ vi\[M-
(livilcs, ccll(« (l(^ l.iick cl relie (le /sloiiiil',
l'iipil.'ilc dt» l/i \ ()lli\ nie. L'iWAchc i-cuiii do
Luck (U de Zytomii' fui, le K» dcccinhrc I7".>H,
donne au dif;nc piélal (It's.ir (Idjunnc, ci-de-
vaid (''V«\|nc i\<' Kiuw, mais c\|>id.sé de ccl
év(V'lit.'' par (lalliccinc II. Il In! aiipclé par ses
conleinponiins rorncnicnl tlc^ l't'piscopal ,
l'apAlrc cl IV'loile de rKi;liso de l^^l(^,^ne.
5" l/(^'(V;lié de Kaniinicc: sa jnridiclifin s'i'»-
Icnd sur loiili^ l.i Podolie, dont Uaunnietr «vsl
la capitale li'cv(\pie a un sullrnt^anl. (>" I/é-
viV'lié de Minsk, fondé par suile de la sépa-
ration du ^ouvcrnenienl ilo ce nom d'avec,
le diocèse de >'ilna. Le nombre des lidélcs
dos deux sexes ayant alleint loin- majorité,
dans la |)rovince ccclésiastitpie de Moliilow,
du rite lalin, s'élevait, en 180V, ^ un million
six cent trente-cin([ mille ijuatro cent ([ua-
tre-vingl-di\ Ames.
xLo malheur de ces Eglises fui d'avoir
pour métropolitain un [)roleslanl L)i(Mi ou
mal convi'ili, Stanislas lîcduisz, que déjà
nous avons appris Ji connaître i)ar le mal
ipi'il a fait aux ruthéiiiens-unis. Pour res-
Iroindri» ;\ son [)rulil le pouvoir dos évùquos
latins do sa province, il suggéra au gouver-
nonienl l'érection d'une commission ecclé-
siastique pour juger les allaires dos six dio-
cèses latins et dos trois do rutliéniens-unis,
sans aucun recours à Rome. Nommé prési-
dent ilo la commission, il la composa d'iiom-
mos sans conscience, sans religion et sans
mœurs, et en éloigna tous ceux qui témoi-
gnaient un véritable intérêt [)oar l'Eglise,
tels que son propre suffragant, le digne évo-
que de Gadora, Jean Benilawski, ancien jé-
suite, que Catherine 11 avait envoyé, en J783,
comme plénipotentiaire à Rome; le pieux
Joseph Byskowski, abbé mitre de Motiilow,
et Henri Szerniowski, chanoine de Luck,
qu'il éloigna sous le prétexte qu'ils étaient
en correspondance secrète avec Rome, et
cherchaient à éluder les lois de l'empereur.
A leur place il nomma deux moines de
mœurs dissolues, dont il voulait faire des
évoques sulfraganis, et dont l'un, pour se
venger du refus que Rome avait fait de l'é-
lever à cette dignité, abjura publiquement la
religion catholique, et se maria à Péters-
bouig, au grand scandale des (idèles de tou-
tes les confessions. Il ne craignit pas non
plus de nommer conseiller et secrétaire de
la commission ecclésiastique son propre
frère, quoique protestant et de réputation
équivoque. Les empiétements de ce prélat
sur toutes les branches de la discipline et de
l'a hiérarchie de l'Eglise étaient à peine croya-
bles Les abus les plus monstrueux furent
commis en matière de divorces ; il les accor-
dait sans cause légitime, sans avoir les pou-
voirs nécessaires, et pour de grosses som-
mes d'argent. Ennemi de toute iiistitution
monastique, il accordait la sécularisation à
tous ceux qui la demandaient, et surtout
aux hommes perdus, dont il comptait faire
paj- la suite des instruments de ses intri-
iii s
uns
gucs ; i\ réc()m|iens/iit leurs iMdij^nit<'"< p/ir
de i^ros hénéllces ; il pfiil.'iil toujours aiii
placi's cl /iii\ dignités eccléswislupies les plus
corrompus, il se déchua le proterleur de la
société bii)lique venue d'AfiKJi'terre, lit un
mandi'iiirrii i>n sa laveiii-, où il ne craignit
pas d'alt(''r(!r h; texte du concile d(i 'Iretilo
(.'td'un bref du pape Pie VI a l'arcliev/^rpie du
Klorciice. Pi(! VII lui mlenlii, p.n- une jet-
Iri! du •'{ septembre I8I(), toute |)arlicipalion
h la société bii)li()ue; lui r(!pro(!lin, en ter-
mes modérés mais fermes, les iiiiitilatioiis
arbitraires (lu'il s'était permises aux décrets
du concile (l(! Trente et au bref d<' Pie \'|,
lui ordonnant de désavouer sa lettre pasto-
rale par uiM! autre, dans laquelle seraient
exposées los doctrines d(! l'Eglise cntholifjue
et les constitutions d(;s papes concernant la
leclur(! des ICiritures saintes, et de fortilier
la foi des lidèles dans les deux sources de la
n'vélalion divine, savoir: les saintes Ecri-
tures et la tradition.» {Vicissitudes, t. I,
j). 2<JÎ) et suiv.)
En 1S15, Pie VU, de concert avec Alexan-
dre, érigea u'ie Jiouvolle organisation ecde-
siastirpie, qui fut confirmée par des bulles
en 1818. Gnosen, avec son siège |)rimatial,
l)assail, ainsi que le duché de Posen, sous la
puissance do la Prusse. Varsovie, qui jus-
qu'alors n'avait été ([u'une suffi-agance de
tîneson, devint un archevêché chef-lieu do
métropole, ayant pour sutfragants les sièges
(h; Cracovie, Kalisz, Plock, Augustow, San-
domir, Lublin et Podlachie. L'université de
Varsovie fut i-emise dans ses anciens droits
)ar un bref du :i octobre 1818. On croit que
oinporour Alexandre et sa feinmi; Elisabeth
moururent catholiques. L'abbé pi'ince de Ho-
honlolie l'afTirme. La mort de ce souverain
et de sa femme surprit extraordinaircmenl
l'Europe : peut-être fut-elle le résultat de la
religion qu'ils suivaient et de la crainte (m'a-
vaient les grands do les voir la favoriser aans
leurs Etats. C'était peut-être une leçon que
les seigneurs russes donnaient à leurs sou-
verains. Ce qu'il y a de positif, c'est qu'elle
a bien réussi, et Nicolas, le successeur d'A-
lexandre, n'a pas fait faute aux désirs de ses
courtisans : depuis qu'il est sur le trône, il
persécute la religion catholique avec plus
(l'acharnement encore que ne le fit Catherine.
Certes, on ne peut pas nier que l'empereur
Nicolas ne soit un grand homme, une des
têtes politiques lesinieux organisées d'Eu-
rope, mais ce qu'on ne peut malheureuse-
mont nier non plus, c'est que ce soit un ty-
rai persécuteur, digne de marcher à côté des
Néron et des Domitien.
« La persécution commence avec son rè-
gne : il fait exécuter plus sévèrement la dé-
fense faite aux évoques et aux fidèles catho-
liques de communiquer avec le saint-siége
pour les affaires spirituelles. Il entretient un
ambassadeur à Rome, mais n'en reçoit point
de Rome en Russie, afin de pouvoir mieux
tromper le chef de l'Eglise, et lui enlever
plus facilement ses ouailles. Dès le 9 fé-
vrier 1826, peu après son avènement au
trône, il défend à tous les marchands polo-
1
»Sf
RUS
nrs
8t$0
nais ou russes, appartenant h rFgli.<;o-tinie,
dp vpidro d.Tiis les foires on toiilps antres
réunions du peiip'e, dans la Pefilo-Riissie,
Ifl Russie-Blanrho on aillr>nrs. aucun liTrf A
rnsa;;e des fidr^Ios de relie E;^Iise, iniprimf^
par (les imprimeurs de cette religion et dans
la langue slave. I/Ei;li.se rnthéniennc-unio
et la n6igr(^gation des hisiliens avaient H6
orgfTilsi^cs canoniipieine'U [).u' Pie VI et
Pic VII, de concert avec les ennereurs Pinl
et Alexandre : le 22 avril et le 3 mai 1828,
Nicolas hoileverse dcspotiquemcnt tonte
cette organisation , snpjiriTue I'cv/^cIk^ de
Luck. iMahlitdcnx miMn^polcs au lien d'iuie,
soustrait les religieux ha-iliens h leurs su-
Pf'rieiirs. les soumet aux 6v6(mcs, mais tous
les (^v(Vpies ?i im comil('' s/'ant a Pétersbourg,
et docile instrument de toutes les volonfc^s
du czar. r/('fait font un système d'astuce et
de violence pour cniraîner cette pauvre
Eglise dans le schisme; mais c'était virder
aussi les conditions du traité de 1773 et au-
tres, les conditions auxquelles ces provinces
avaient passé au pouvoir de la Russie.
« L'Eglise catholi(iue du rite latin ne se
vil pas moins menacée et en Russie et en
Pologne. Dès le printemps 1828, Nicolas or-
donna que. pour entrer dans un ordre mo-
nastiiine. il fallait solliciter par l'intermé-
diaire du gouverneur gciiéral de la province,
et obtenir l'autorisation du ministre des
cultes, autorisation qui ne s'accordait que
très-dif(icilemenf. (hélait une première me-
sure pour parvenir h la destruction entière
de l'état religieux. Dès la même année 1828,
Nicolas ordonna fpie (piicoiique voudrait en-
trer dans un séminaire pour s'y faire prêtre,
devait présenter ses litres de noblesse, avoir
fait ses études dans une des universités do
l'einpire, être âgé de vingt -cinq ans au
rtioin'>, foui "lir w^ rem laça il pour le ser-
vice militair(\ obtenir la permi<;sif)n tlii mi-
nistre des cultes, CTilin verser une somme
de six cents fiaecs dans la caisse de I tir
province au prolil du clergé schismaliqne.
Un autre décret de 1829 ferma les novii-ials
dans Ions les monastères, el un antre limita
le nombre des séminaristes dans chaque dio-
cèse; dans la diète polonaise de 1830, la con-
naissance et le jugement des cnu<^es de uul-
lib' dans In mariage ecclé-^iasiiqueetdes chré-
tiens furent enle'vés aux tribimjiux de lE-
glise el attribués aux juges civiU. 1,'évèipie
de Podiarlue, (îulhowskî, Sk(Hkowski, évè-
(pie de Cracovie, s'étant ojiposés h cette usur-
pation di's droits de l'Eglise, reeurent ordre
de quitter Var«;ovi(> avant la cl'ôlnre de la
(iièlC. » [Vicissitudrs, t. I, n. 31(i-3lî).)
f \\\u\, en juillet 1830. Nicoln<; avait tout
préparé en Russir oi on Pologne pour ine
persécution générale contre l'Eglise calholi-
que de fin et l'anire rite. Mais ,^ la lin de
juiliel 1830 écl.Ue h Paris une révolution
qui expulse une dynastie et en élève une
autre. Peu après, et par ertnlre-i ou|) , éclate
dans les Pays-Ras une autre révolutiotj qui
enlève ?» (luillaume de Nassau jilus de Irt
innitJé de son toyannu- et ru fiil un rovautne
h part sous le nom de Belgique. Par contre-
coup de ces deux révolutions, une troisième
ériate le 29 novembre à Varsovie. Les Polo-
nais prennent les arnus pour maintenir leur
antique nationalité, dont ils voïpfit qu'on
veut leur arracher les derniers restes par la
destruction du catholieisme : ils prennent
les armes pour maintenir leur ancienne et
glorieuse nationalité contre les Russes ,
comme ils ont sauvé la liberté et lindépen-
dance de l'Europe contre les Turcs, ou plu-
tôt, c'est toujours la même cause qu'ils dé-
fendent. D'ab'ird. contre les Turcs, ensuite
contre les Russes, toujours ils défendent,
avec leur personnalité nationale el au prii
de leur sa'ig, ils défendent la liberié et lin-
dépendance de l'Europe chrétienne el catho-
lique, liberté et indépendance menacées de
nos jours par l'astucieux d'spolisme ecclé-
siastiipie et séculier du czar de Pétersbourg,
plus peut-être qu'elle ne l'était autrefois par
le despotisme simplement brutal du sultan
de Stamboul.
« Un journal français, les Débatf, disait
en octobre 18'*2: «C'est une papauté qui se
fonde en Russie, et c'est surtout de l'épée
de cette papauté qu'il sera juste de dire que
la pointe est partout et que. la poignée est à
Saint-Pétersbourg. Ce nouveau siège a par-
tout en Orient des agents et des satéHites
Partout dans l'Europe orientale, depuis la
Halticpie insqu'à l'embouchure du Damibe.
du j.olfe oe Venise, partout le plan se i>onr-
suit de substituer l'Eglise russe à l'Eglise
romaine, le czar au pape, ou plutôt, pour
dire les choses en langage de notre leniiis,
le despotisme du pouvoir temporel à l'indé-
pendance du pouvoir spirituel. La liberié de
l'esprit humain ne gagnera assurément pas
en passant du joug bénin de riiKpiisilion
romaine sous le joug sévère el ombrageux
de la police moscovite. » (Ami de la religion,
27 octobre I8'»2.)
n La Pologne nrit donc les armes contre
la Russie [tour la cause de l'Europe et dô
l'huiiianité entière. La lutte dura du 29 no-
vembre 1830 eu seplendjre 1831. La Pologne,
délaissée de l'Europe, succoinb.i pour le mo-
meni : sa noblesse n'était plus assez chré-
tienne ni son clergé assez exemplaire pour
mériter sitôt le triomphe. Il Un faudra d'au-
tres émeuves pour se purilier, connue lor
dans la fournaise. Celte lutte suspendit la
persécution d't il Nieolas avait jeté le plan
el les bases dès 182?». quatre nus auiiaravanl.
Il la reprit avec d'autant plus d'astuce et de
violence en 18.32. S>n sysii^nie fut deséduiie
dabord les évêipies dû rile-uni , de sehis-
matiser l'enseignement des séminaires et
des éroles eciMési,mtiques, de violenter plus
ou moins le simple peuple, d<^ lr(>mper le
pape surtout ce manège, d'obtenir même do
lui des con< essions ou des complaisances
qui pussent être présentées comme une ap-
probation de sa conduite, relie fut la tacti-
ipiedn c/arNicolasaveele papelirégoire XVI,
jusqu'au moment où ce|ui-ci crut devoir la
dévoiler ^ tout l'univers par son allocution
nu manil't'sfe du 22 juidel I8'i2. Juanifesln
(jui fut iiupriuié avec de* docuiiieuls au-
861
nrs
flL'S
SM
thriiliqiu's (pli ("Il iuslillfiit fous les points.
>. Li' ciiKpii^iiii' ilo CCS (lociiiMciils est iino
|(>llni (lu W jiii!i IH.I'i, a(iross(''(' p.nr lo |>nj»o,
sur la (loiiuiiidc dti »-/.;ir, iww ôvùty^i's (l(> Vn-
l();:;n(\ pour iiiiul(pi(M' la inaMiiic de ri\^iiso
(•allioli(pi(i louili.uil la soiiuiission au poii-
Noii-icniporcld mis l'ordrccivil. (Iri'i^oirc \ VI
V |);ii I(> colili'c l'cspril de r(M)(dlio'l (pli a^'i-
iail les peuples; il iapp(dl(î le précejiK' g(^-
nc'Tfll d ol)éir h l'atilorih'' li^^'ilinu! dans c(^
(pii u'<>sl pas contraire aux lois de l)i(Mi cl
(le riîi^iise ; il cile pour iiiod("'l(^ la c^juduiic
des prLMui(M'sclui'>licns. (lepciidanl, ou pour-
rail (Ire (pio cet cvcuipU; u'ôlail pas riu,ou-
reiiseuieiil applie blc au cas oi(''sent. Los
prciuicrs lid('les iMaieul des individus |)lus
ou moins nomUreux, mais sans loiiuo do
corps poliliipie, tandis (pie la PmIo^uo est
une nation ancienuo. ayant inio constitution
n'connue, dont le calli(ilicisine ost un article
fondamoulal, constiti.lion ot article (pu» le
czarajurt^ d'observer comme roi de Polo-
gne. Ce n'est pas pr(''cis(^ment le cas d'un
maître et d'un esclave, mais de deux parties
contraclantes, dont les cigagemeuls sont rt^-
ciproqucs. La lorce seule ne fait pas la jus-
liec. lin exemple plus i>ppiicai)le h la Polo-
gne, c'est celui dos Machal)c^es. Ceux-ci pren-
nent les armes pour (hMe'idre leur nationa-
lité et leur rcli^^ion contre les rois de Syrie,
qui voulaieiil exterminer l'une et l'autre, et
toujours les Machabées (jnt é\é pro[H)S(3s pour
modèles. Les [)remieisclirtMiens s'enfuyaient
Ou se laissaient (^'gorge? comme individus,
mais ils se d(''re'i(laient conim > nation. Nous
en avons vu un exeiude dès la tin du iir siè-
cle de l'ère ehrèlioune. La nation des Ar-
méniens avait, tout entière, embrassé le
christianisme; ses princes étaient habitués
à recevoir le diadème des empereurs ro-
mains; elle se trouvait ainsi à peu près dans
la même position que les Juifs à l'égard des
rois de Syrie, que les Polonais à l'égard des
czars de Russie. L'empereur ilaxirnin vou-
lut la forcer de revenir au paganisme; elle
prit les armes et le battit honteusement.
D'après le même droit, nous avons vu les
nations chrétiennes de l'Occident, dès que
nations chrétiennes il y a eu, rejeter les
pi'inces iiéréli(pies et apostats, et cela pen-
diuit plus de dix siècles et avec l'approbation
expresse des papes, des conciles et des au-
ti'es rois eux-mêmes. En 1831, la Pologne
se trouvait dans le même cas que la France
el la BeUique; la seule dilférence, c'est le
succès d'un côté, la défaite. de l'autre. Les
Machabées eux-mêmes n'ont pas toujours
été victorieux.
« Avec sa lettre aux évêques de Pologne,
le pape lit remettre à l'ambassadeur russe
un exposé des maux que souffrait l'Eglise
catholique en Russie, par suite des innova-
tions du gouvernement dans les matières
ecclésiastiques innovations qui étaient les
causes de cette décadenc.' de mœurs dont
parlait l'ambassadeur. C'était : 1° la défense
de communiquer librement avec le saint-
siége dans les matières spirituelles ; défense
faite aux évêques, aux ecclésiastiques, el
Kéiiéraictncnt h toiiH les c/ithollqtips mletl
de la Russie, sous les peines les plus si^vè-
rt'S cl cnpil/il.'s. Cetle di^fensc, (pu oonllnuo
h (Mre ruoureuseinefil m/iintcniic, iiu'l lefl
sujets callKdiipies dniis riinpossihilit*'' d'ej-
poser leurs besoins s(Mritue|s an perc rotn-
miin des lldèlcs, (|ni, de son cAlC, ne peut
l(Mir prêter aui un secours, ne peut tnêiinî
oxiMCfn* aucun ronliYdc <?ur r(fisci;çi!eincnt
d(! la sainte doctrinr', snr robservnnce dei
srtcrés canons, la disciplifi(3 de l'K/lise fit
la boniK; direct! ion des clioS(»s e«-( lési.jsli-
(pie.<!. 2" La trop graïKbr élcndui» des diocè-
ses empêche (]ue la surveillance pastorale
s'exerce sur tous les [loinls. ."i" La gêne im-
posée f)ar le gouvermnnent aux évêques
dans l'ex' rcic(; de leur juridiction cl l'ac-
complissennuit canoniipK! de leur ministère
pastoral. h° L'ap|»nuvriss(Mnent du clergé dé-
pouillé des bi(!iis a|)|)arlen;uil i\ l'I-Iglise, la
sup[)ression de tant de bénélicos des monas-
tèi'es. 5" L'enseignement du clergé séculier
et régulier est (Uilevé aux évô(pies et ;\ leurs
supéi-:eur-s respectifs; il est contié h une di-
reclion étrangère : cette direction est com-
jiosée fréqueiument de personnes d'un(' au-
tre communion, ignorantes en matière ecclés
siastique, imbues de princiiies ernmés, fai-
sant usage pour renseigiieuKnit d<' doctrines
et de livres condamnés, el cela dans les uni-
versités, les lycées, qui oIVrent aux sémina-
ristes, tant séculiers qno, réguliers, d'innom-
brables occasions de corruption, de séduc-
tion et de dissipation. Ce système est d'au-
tant plus funeste h la religion catholique,
que les sujets élevés de cette manière sont
destinés aux plus hauts emplois. 6° Le peu
de capacité et de zèle montré quel(Jueiois
|)ar les individus élevés à la dignité episco-
pale, mais surtout l'abus commis par plu-
sieurs d'entre eux des pouvoirs ordinaires
attachés à leur dignité, et plus souvent en-
core, l'abus des pouvoirs extraordinaires
qu'ils n'avaient point reçus on qui étaient
expirés, ou entin qui leur avaient été confé-
rés dans un but autre que celui pour lequel
ils les employaient. 7' Scandale des couvents
qu'on a soustraits aux supérieurs de leur
ordre, et bouleversés par des règlements
nouveaux. 8° Renversement de la discipline
ecclésiastique, surtout {)ar la facilité avec la-
quelle on autorise les divorces; ces innova-
tions étaient contraires aux traités en vertu
desquels les provinces polonaises et la Polo-
gne avaient passé sous la domination de la
Russie. Le saint-siége demandait un remède
à tant de maux; il demandait surtout la pré-
sence d'un nonce apostolique à Pétersbourg.
(( A^oici comment le czar Nicolas répondit
aux demandes du pape. La même année
1832, il ordonne d'élever dans le schisme
tous les enfants nés de mariages mixtes. Les
catholiques des deux rites, latin et grec-
uni, en cas d'urgence, assistaient au service
divin et recevaient les sacrements dans les
églises les uns des autres. En 1832, Nicolas
le défend sous les peines les plus sévères.
11 ferme toutes les écoles»religieuses et les
séminaires du rite-uni, même l'université de
805
RUS
RUS
864
Polook, et force les jeunes lévites d'aller
poursuivre leurs études dans une érnle
schismatique de Pétersbourg. Le conseil
ou comité du rite-uni est incorporé au co-
niité schismatitpip. présidé par le colonel
ProlasotT, et en fait une section. Lo prési-
dent de la section est un prélat ainhitieux,
Joseph Siomaszko , que le métrop litain
Bulhak de Lilhuanie est forcé d«' prendre
jiour suffrag.int. Le métropolitain, qui était
vieux , lui fait jurer qu'il demanderait à
Rome même son institution canonique. Sie-
maszko prête le serment etaussitùt le viole.
Vn provincial apostat de basiliens lui est
associé, avec (pielques autres, |)Our préparer la
défection de l'Kglise ruthénienne-unie. Des
évéchés , des paroisses catholifpies-unies
sont transformés en évéchés, en paroisses
sclusmaliques. Des missels, des eucologes
schismaticpics sont substitués aux livres ca-
tholiques. Trois évéques, vendus à la cour,
travaUlaient ainsi à l'aspostasie de leur clergé
et de leur peuple. Cependant le plus grand
nombre des fidèles et des préIres demeu-
raient dévoués au saint-siége. Ils sup[)liaient
avec courage et respect leurs j)rélats de ile-
meurer lidèles au culte de leurs ancêtres; ils
leur démontraient toute l'injustice des inno-
vations religieuses ((u'on voulait leur impo-
ser; ils soutenaient, avec justice, que ni les
évoques ni le gouvernement n'avaient le
droit de les forcer à reconnaître ces innova-
tions; les évéques, parce que de pareils pro-
cédés étaient incompatibles avec leur qua-
lité de pasteurs; le gouvernement , h cause
des serments solennels par lesiiuels les sou-
verains de Russie, depuis Callierine H, leur
avaient garanti le libre exercice de leur
culte. L'hoiuieur d'uiu^ si belle résistance
aj)partienl surtout aux [)rélres du district de
^OHOgrodek, qui, le 2 avrd 183V, au nombre
de cinquante-quatre, adressèrent à lévèaue
Sieuiaszko une prolestation feruie contre les
innovations schismatiques. Il en gagna par
ses menaces et ses violences; mais le grand
nombre avant persévéré, il les lit dé|)orteren
Sibérie.
'( Son conq)lice Lusinski, évéque de Po-
lock, enivra ses préIres avec des liqueurs
fortes, et leur lit signer dans cet état un acte
de schisme. Les [)réttes des districts de
Drisna et d»! Lepel ayant résisté courageuse-
ment, ils lurent chassés de vive force et leurs
églises livM'es aux schisuialiques. A la sug-
gestion de ses deux évècpies, le czar schis-
matise telle ou telle paroisse , ou même
telle ou tello famille, sous prétexte qu'elle
l'avait été deux siècles auparavant , avec
peine de mort contre ceux qui ne se confor-
maient point .h In déi laration du czar. Il y a
plus:depiMs (];\lhenne II, les paysans de
bien des villages pour sauver leiir culte,
avaient embrassé I». rite latin. En {HXi. Ni-
colas déclare que tous r.'ux-lfi sont censés
appartenir h s<»n culte impérial, (pi'il appelle
orthodoxe. Des popes et des siddats sonl en-
voyés pour exécult-r ledit du persécuteur.
Ceux (pu ne s'y conforment pas sonl dé-
pouillés de leurs biens et leurs prêtres chas-
sés de force. Les paysans des terres de
>Vilepsk avaient appartenu, jusqu'en 18.32,
aux missionnaires de Saint-Vincent-de-Paul.
Lu 1835, peu après PA pies, une commission
accompagnée d Une troupe de soldats s'em-
nare de l'église, convo(pie les habitants, et
leur annonce que, suivant la volonté suprême
de l'empereur, ils devaient eml)rasser sa re-
ligion, c'est-h-dire le schisme. Comme ils
résistent aux moyens de séduciion, les sol-
dats fondent sur eux et les maltraitent d'une
manière cruelle. Il y en eut qui exjurèrenl
sous les coups; un grand nombre prit la
fuite et se sauva sur un étang recouvert
d'une glace peu épaisse. Les soldats les
sommèrent de se rendre. Tous les paysans
s'écrièrent : « Nous aimons mieux mourir
que d'abandonner la religion de nos pères! »
Les soldais ayant rompu la glace auiour
d'eux, vingt-deux consommèrent leur mar-
tyre dans les eaux, un petit nombre se sauva
àlanage. Dans la commune de Jeziorkowice,
du gouvernement de Wiiepsk , plusieurs
[)aysans perdirent la vie pour n'avoir voulu
ni livrer leurs églises aux schismatiques, ni
embrasser la religion russe. A Starosiel, co-
lonie militaire du môme gouvernement, le
commandant rassemble un jour tous ses sol-
dats et leur déclare que la volonté immua-
ble de l'empereur est qu'ils reconnaissent le
môme Dieu que lui. Le plus grand nombre
résiste et déclare aimer mieux mourir que
de trahir sa religion. Aussitôt les soldats
schismatiques tombent sur eux à coups de
bAton et de sabre et en blessent beaucoup à
mort. La noblesse du même gouvernement
adresse à l'empereur, sur ces atrocités, un
mémoire signé par ceux mêmes qui n'étaient
pas catholiques. Toute la réponse fut que la
noblesse ne devait pas s'occuper d'allaires
religieuses.
'( Au mois d'août de l'an 1835, les habi-
tants de la paroisse d'Uszacz , vassaux du
comte Plater. envoyèrent une supplicjue ,iu
ministre des cultes à Pétersbourg, implorant
sa grAce et sa miséricorde, parce cpie, |)rivés
de leur église, ils se voyaient forcés de pro-
fesser une religion qu'ils n'avaient pas voulu
embrasser; mais ils ne rt'çurent aucune ré-
ponse. Seulement lévêipie Bulhak les pré-
vint (]ue bientôt arriverait une commission
avec lt> prêtre (pii leur était destiné. En etlel.
disent les habitants dans une seconde péti-
tion h l'emner» ur même, la conunission s'est
)résenlee le 2 dt'cembre, et ayant i-onvoipiô
e peuple, elle l'a invité à embrasser la reli-
gion grecque. Nous nous sommes tous écru's
d'une V()iv tpie ;ioii.< voulioiin mourir ihins
nntrr foi, qur jamais nous n'avons voulu ni
nr roulions d'autre religion. .Mors la com-
mission, laissant les paroles, en vint aux
faits, c'est-à-dire qu'on se mil à nous arra-
cher l"s ( heveux, A nous finpper les dents
jusipi'ii etïusion de saiig. ;i nous donner des
coups h la lête, mettre les uns en prison, el
Ir.uisporler les autres dans la ville d(> Lepel.
Enlin, la commission vovant que ce moyen
ne lui réussissait pas non plus, défendit à
lous les prêtres grecs-unis d'entendre nos
8flK
RUS
lUIH
RCfl
coiilnsslons, on (II» lions (idiiiiiiisinM- (|nrli(iic
nuire si'cmirs .s|iirilin'l. M^is nous avons dit :
■< Nous (IcnuMncrons s.ins |»r(Mrfs, nons IV-
rnns nos |»ii«M-«'s h ]i\ in»is(»n ; nous inonr-
roiis s/ins |ti(Mi'('s, nons conrcssanl hs mis
an\ /mires, mais mais n'cmlirasscroiis |ioint
volro loi. Ôn'on nons résorvt* plnlAl le sort
(In l>i(>nli(MirtMi\ .losn|»|i;ii : (^'csl (ui (pm nons
ilt'sn'ons! » M.iis la cominission s'en es! alliM»,
on s« inoijuanl de nos larmes cl du nus pliu-
res. FI nons sommes domcnrés <'omm(' des
lirchis erranlcs, cl nons n'av(ms pins d'a-
sile. »
Lo lOjnillrl 1S:1(>. les lialiilanls i\\\ village
ilo Lnbowic/. , ^onvcrncmcnl de Moliilow,
disaieni h l'empcronr dans mm p(''lili()ii
semblabU' : « Nos amuMri's, nés dans la loi
grtMipu'-nnie, lonjonrs liilMt-san IrAiicclàla
nalri»', ont passc^ paisihlomiMil Icnr vie ilans
lenr r(>lii;i(vi; cl nons, ncsdaiis la même foi,
nons la prol'essions librement ilepnis long-
temps Mais les [iriMrcs de la religion do-
minante, alléj^nant ponr prétexte (pie (jnel-
qnes-u')S d'entre nons, ce qni n'a point en
heu, ont été ilans la eommnnion de la reli-
gion grecqne-russe, nons loreent d'ahjnrer
notre loi , non par des juMues oorporelles,
mais par des moyens beaucoup i)lus atroces,
c"esl-à dire en nous privant de tous les se-
cours spirituels, en défendant à nos propres
prêtres de baptiser nos enfants, d'entendre
nos confessions et de bénir nos mariages.
C'est de cette manière qu'ils nous arrachent
h nos pasteurs. Dans une si cruelle persé-
cution, il ne nous reste île refuge que dans
la clémence do Votre Majesté Impériale ; mo-
narque, défendez ceux qui soutfrent pour la
foi. » [Vicissitudes, t. II, p. 303; ibid., p.
304..)
« A des prières si touchantes, Nicolas Ro-
manow ne répondit que par le mépris joint
à la violence. Défense fut faite aux paysans
d'en adresser de nouvelles à l'empereur ;
on leur ordonna de les remettre à leurs sei-
gneurs, qui avaient reçu l'ordre le plus sé-
vère de ne plus s'occuper d'alfaires reli-
gieuses. Les deux indignes prélats Sie-
maszko et Lusinski défendirent même à leur
clergé de recevoir désormais de ces pétitions.
Enfin, l'an 1837, dans les provinces de Rus-
sie-Blanche et de Lithuanie, on avait enlevé
jusqu'à 886 églises paroissiales aux catholi-
ques du rite-uni, pour les livrer au schisme.
Les traîtres Sieraaszko et Lusinski entrepri-
rent alors de faire signer à leur clergé un
acte d'apostasie sous le titre d'Acte d'union
avec l'Eglise russe; cet acte ayant été envoyé
dans la province de Mohilow, tous les prê-
tres s'y refusèrent. Plus de cent soixante
expièrent leur fidélité par des traitements
indignes et par la Sibérie, où le plus grand
nombre trouvala mort. Parmi les confesseurs
de la foi se trouva l'infortuné père de l'apos-
tat Siemaszko. L'indulgence et la générosité
de l'empereur et de l'évèque consistèrent à
ne pas le faire traîner en Sibérie, vu son
grand âge. Ces violences exercées sur les
prêtres valurent de grandes récompenses
aux deux évêques. L'empereur leur envoya
des déconilioiis accomp.i^néos do lettres
écrites de sa main, et dans lrs({iic||(vs il les
remercie du zèle (in'ils ont mis h rnfnericr
ri''.>^llse unie ,'iu scliisme.
« Lesdeiix Jmlas, s'iissociant alors un troi-
sième, Tévèipie de Hiesl, résolurc'iil de ron-
somiiier lenr traliisou. Ils s'assemblèrent h
Po'ockdans raulomne IH;iH,ponr signer déli-
niliveiiMînl et envoyer h l'empereur leur nrlo
d'adliésion .'i rivalise ru<>se, au schisme. Mais
l'allairt) allait échouer, si l'on n'y gagnait lo
vieux mi'-tropolilain Ihilhak. Pour le.séduiro,
reiii|»erenr lui envoie le cordon de Saint-
Aiidn'', décoralioii (pii ne se domu! (piaux
priiicesdn sang. Le traitniSiemaszko, son fu-
tur succ(!sseur, va anssitùl h; féliciter, et lui
fait entrevoir des favcmrs pins grandes dès
(ju'il aura signé , conum; les Irois autres,
I acl(î d'union avec l'Iv^lisi! russe : « Si vous
consentez, dit-il, il ne vous reste plus h de-
mander h rem|)creur que la métropole do
Sainl-Pétersbourg , c'est-à-dire la souverai-
neté sur toult; l'Eglise russe ; l'empereur est
prêt à vous l'accorder. » Le vieillard indigné
répondit au traître : « Sortez, vous outragez
Dieu et votre conscience. » Puis il rédigea
une [protestation solennelle contre l'acte im-
pie des évêques. Siemaszko rend compte h
l'empereur de la résistance du métropoli-
tain, et conseille la violence pour le forcer
à signer. Cette nuit-là même, le siem- Blou-
dow, ministre de l'intérieur, force le palais
du métropolitain à minuit, et lui ordonne, au
nom de l'empereur , de signer l'acte de
schisme. Le vénérable Bulliak lui répond
sans s'émouvoir : « Excellence, aucune force
humairie ne saura m'obliger à signer cet
acte; si d'autres évêques le signent et que
le gouvernement le publie, je publierai
aussi ma protestation solennelle. » Comme
le métropolitain était aimé et respecté de
tout le monde, on n'osa pas aller plus loin;
on aima mieux attendre sa mort qni arriva
sur la tin de l'année. L'empereur lui fit faire
des funérailles magnifiques, pour faire ac-
croire qu'il était entré dans ses vues.
« Dès le Si février 1839, les trois évêques
apostats publièrent leur acte de séparation
d'avec l'Eglise romaine et d'adhésion à l'E-
glise schisraatiquede Russie, l'adressèrent à
l'empereur qui daigna l'agréer et par lui-
même et par le comité ecclésiastique que
préside le colonel Protasofî. Dans toutes ces
pièces gouvernementales on dit et on répète
que les ruthéniens jusqu'alors unis à l'E-
glise romaine, ont passé à l'Eglise russe avec
une telle unanimité et un tel empressement,
clergé et peuple, qu'il n'est pas demeuré un
seul ecclésiastique en arrière. On connaît
combien le gouvernement russe sait mentir.
« L'année 1832 fut pour l'Eglise du rite
latin tout aussi fâcheuse que pour l'Eglise
ruthénienne-unie; on l'ébranla jusque dans
ses fondements. La suppression de tous les
instituts rehgieux , résolue en 1828, fut ac-
complie en 1832. L'évoque Paulowski, alors
président de la commission administrative
du culte latin , marchait sur les traces fu-
nestes de Stanislas Bohusz, qui, pendant
867
RUS
RIS
868
)lus d'un (iemi-siècle , avnit soandalist' les
idèles sur le siégo uuMnipolilain de Mohi-
0V-- Ce dernier y itail reiuplacé par un prù-
at recommandabJp. mais Irès-vieux, qui re-
usa tonte anprobation aux innovations
subversives. L adiiiiMi^iraleur du di'icèse de
Mohilow , rtWôquo Sz> t, ajanl nionlrù la
mémo oiiposition, fut enlevù scrrèleinent et
déport»^ aux extrémiti^sde l'cmpiro. Le iiége
métropolitain de Mohilow étant devenu va-
cant, le czar y nomma l'évoque Paulowski,
pour le récompenser de sa eoinplaisance à
souscrire et à imposer h son clergé de Ka-
minicc, dont il était sulFra^ant, l'ukase im-
périfll du 28 mars 183(), r|ui défendait aux
prêtres ralholicfues d'admettre aux sacre-
ments des iitièles d'un autre rite, d'une autre
paroisse, ou inconnus. En 18H, sur les ins-
tances du gouvernement russe, le pape Gré-
goire XVI eut la co'idescendarjce d'instituer
Cet évé(juo prévaricateur pour la métropole
de Molulow, sans avoir exigé une rétracta-
tion préalable. D'un autre coté, l'évèque de
Podiachie en Pologne , monseigneur Gu-
thowski, défendit courageusement la cause
de Dieu et de son Eglise; il fut arrêté, exilé,
emprisonné; le gouvornennuil l'accusa près
du saint-père, il fut reconnu innocent: et
toutefois, en 1841, sur les instances du gou-
vernement russe, et pf)ur lui complaire,
Grégoire XVI engagea le courageux athlète
à doiuier sa démission. C'est le pape lui-
raéme qui nous r*;vèle ces deux faits dans
sa fameuse allocution de 18V2. Si tout autre
nous en avait donné l'assurance, nous l'au-
rions sou|»çonné de cahjnniie.
Le pape eut bientôt la preuve que ses
condescendanct'S ne faisaientqu'enhardir les
ruses et les violences du czar. Si Gré-
goire XVI avait nianil'eslé un |ieji jilus de ce
COiirag»^ aj)Msloli.iui! de son pn'décesseur
saint Grégoire Vil, il uiU pr()l)al)lemc'U liiit
plus de bn;n et d honneur a l'Eglise; car les
prêtres et les hdèles du rito latin, en Russie
et en Pologne, combattaient pour la défense
de leur religion avec le même zèle que ceux
du rite-uni; ils e-iduraient les mêmes sonf-
franc«!S.On sait, par exempli', l'héroniue cou-
rage déployé par huit cents calholi(Hies de
Podoli<s lorsque, en I8J3'*, on voulut leur
fairr embrasser le srhisuu', sous le prétexte
que Jeurs ancêtres ava!«Mit été rnthéniens-
unis. Tous allèrent gaii ment on |)rison. ré-
sistèrent à toutes les cxhortalioiis ( itmme à
tojles lesmenaces, et déi larèreiil qu'ils pré-
férai nt mourir dans h>s fers plutôt que d'a-
bandoniifi leur religion. A]»iès phiNieurs
»eiiiaines, on fut obligé de les rendre h la li-
berté, [)ari'e qu'ds avaient obtenu une en-
(juête sur les mauvais Iraileinenis auxquels
lis étaient en bulle. [Yicisniludrs , t. I , n.
331.)
a En Pologne, tous les ruthéniens-unis de
l'évôché de Cheliu, l'évA.ni*» Szninborski î»
leur tête . dormèrent aussi un Id'I exemple.
Pour se soustraire au s( hi^nu-, ils résolu-
rent d'emt>ra<(8er en m».«iH*» le rite latin. L'é-
vèque fui inap.c«ssible i\ tontes Icx cares-
ses, \f.$ protueMs* »4 Ia» nienacrs. Le gou-
vernement russe, voyant cotte détermina-
tion du [tasleur et du troupeau, revint sur
ses pas. Il ht même écrire à l'évoque, par
le prince Paskewitch, le 21 mars 1838, que
le gouvernement russe ayant garanti aux
Polonais la liberté religieuse, il no pouvait
songer à l'entraver dans son diocèse. Grâce
à leur fermeté unanime, les ruthéniens-unis
de Chelm furent laissés libres et gardèrent
leur rite.
« Ce que le gouvernement avait le plus à
cœur, c'était de cacher à l'Europe les atroci-
tés (le sa persi'cution contre les catholiques;
pour cela il y mettait un peu moins de vio-
lence en Pologne. La Providence a su dé-
jouer celte politique, et dévoiler à tout l'u-
nivers la honte du gouvernement russe par
une pauvre religieuse. » (Ilohrbacher, vol.
XXVIll, p. 431.)
L'opinion des historiens est unanime sur
le compte du tyran moscovite. Voi-i com-
ment l'auteur du Mnrti/re de sœur Inna-
Macritia Mier zyslawska n'^sumo (p. 7-12) la
position aettielle du catholicisme en Russie
et en Pologne sous la tyrannie de Nicolas :
« Depuis dix ans, on torture, on exile, on
tue au nom de remjjereur dans les provinces
polonaises , et chaque jour de nouvi aux
oukises ajoutent aux rigueurs précédem-
ment ordonnées.
« La persécution s'étend partout : si l'on
procède avec moins de violence et d'audace
dans cotte petite partie de la Pologne h qui
le congrès de Vienne, en 1815, a vainement
garanti, avec le titre de royaume, les droits
et les libertés d'un état constitutionnel,
c'est (lu'elle excite un [leu plus que le reste
l'attenlion de l'Europe; mais la persécution,
pour suivre une marche tortueuse et cachée,
n'y rend pas la situation di>s catholiipies la-
tins moins dillii ile et périlleuse que celle
des grers-unis des pays polonais.
« Un évêché schismaiiquc a été érigé h
Varsovie: la direction des grands établisse-
ments d'éducation du royaume est contiée à
des schisinaticpies; dans toute et oie pnbli-
(iiie. i'i côl(' d'un professeur de religion ca-
tnolnitie, doit être entretenu un professeur
de religion russe : celui-ci a mission de tra-
vaill(T sans cesse et par tout nio\en à dé-
créditer le catholicisme; il est inteniit h ce-
lui-là , sous les peines les plus sévères, de
co:iibattre directement ou indirecttnnent les
acciis.Tijons calomnieuses tiu'il ( ntend por-
ter chaque jour contre l'Eglise latine.
n l>t> la chaire de vé. ilé mêm'^, les priMres
sont obligi's de se taire sur tout ce tpii se
dit et se publie de contraire i celte vérité
dont ils sont faits par Dieu non-smlement
les dépositaires, mais aussi les detenseurs.
- Après avoir altéré l'histoire, pour enle-
ver dans les pays conquis, aux :;énérations
qui s'élèvent, la vt'ritable connaissance du
passé de leurs pères, renineieur porte une
main sacrilège sur le catliolicisme dont l'in-
dépindaiice le gêne et l'oiVusque ; il ne se
contente pas de persécuter ceux (|ui le Dfo-
f'ssont. il en déhgure ci calomnie le.5 nog-
mes. et par son ordre les écrits les plus pio
ftrto
RtîS
nus
87«
pri's ?» r^^,'ir(M' l'esprit des }tcii|il(<'; f^nr «les vé-
ril(Vs In'idainciilalo.s, iinnidriif ]is pidvnn'.'S
r(irinui''P!<.
rt l,;iiss(Mis jtnrlcr swv l(> sv^lèiiK- de pi'r-
s(^rnlinn .'<nivi jiis(|iri(i dniis l(> i-ovniiinc,
r«id(>iir d'un livre ii dé rossa ni (1), <]iii a l'ail
uno j^randi' sonsalioii en Allemamie cl (|iii
Psi encoro trop peu cdiinn en Kranec « l.e
n mitnstro «i«' l'inléneni' n deniaiult^ ri^rcm-
« metd. y (>sl-il dit, s'il no sérail pas mieux
« (le subslilner loul h lail dans les écoles
« rpnsi'iiiçnemenl sehisinaliipn^ i\ l'ensoifiiu*-
n mont callioliipie. On a Ironvé (pi'il n'était
c ]>as encore temps, mais on a lowlcrois n'-
« di:it l'andilion de In mes.so selon lo Hlo
« lalin anx dimaMcluvs et aux jours de fête.
« Il n'est pas jusiiii'à l'enseii^inement privé
« qui ne subisse TudluiMico <iiroctedn gou-
« vernemenl. Les callioliipi 's di»iveiil de-
« mandiM' au ^ouvtMMemenl les ins[ii\iiours
« (le leurs oîd'ants ; ot il leur désigne les
« hommes les plus corrompus et les i)lus ir-
« religieux.
(( Le catéchisme (]uo l'on onsoigfio dans les
« écoles est revu et modilié par le gouver-
« nouient. Ou v parle sans cesse de l'empe-
« reur , c'est h peine si l'on met queUpie dif-
« férence entre lui et Dieu ; on y enseigne
« qu'il est maître absolu de l'Eglise comme
« de l'Etat.
<( Le gouvernement impose au clergé ea-
« iholicjue un recueil de sermons modifiés
« jiar lui comme le catéchisme. Les i)rétres
« ou cha|)elains (jui prononceraient d'aidres
« sermons que ceux (jui sont conteinis dans
« ce recueil , seraient h l'instant môuie in-
« terdits.
« 11 est défendu aux curés, non-seulement
« de demander aux fiancés la jiromesse d'é-
« lever leurs enfants dans la religion catho-
« lique, mais môme de leur donner le moin-
« dre avis à cet égard.
« Il est défendu d'expliquer, dans l'ensei-
« gnement théologique, la difl'érence gui sé-
« pare la religion russe de la religion catho-
« lique. Les prédicateurs ne peuvent parler
« au peuple de cette dilférence ni de la des-
« cente du Saint-Esprit, de la suprématie du
« pape, etc. »
« Le livre du digne oratorien nous mène-
rait trop loin, si nous voulions citer toutes
les di'^posilions iniques et opi)ressives qu'il
signale encore. Nous croyons en avoir dit
assez pour donner quelque idée du caractère
de la persécution dans le royaume de Polo-
gne. Dans les pays polonais,' qui forment les
gouvernements occidentaux de l'empire, oii
l'on sait que l'Europe porte peu les regards,
on procède avec moins de façon.
« Suppression de la plupart des paroisses;
dispersion violente des prêtres caiholiques;
défense, sous peine d'exil , aux cathol qvies
dont l'église a été fermée, d'aller chercher
ailleurs les secours spirituels dont ils sont
(1) Vicissitudes de C Eglise catholique des deux
rites en Pologne et en Russie, par ua prèUe de l'O-
raloire, ouvrage auquel nous avons emprunté la
plupart des (létails qui composent le présent ar-
ticle.
privés dans leur hx aliti^ ; et aux quelque»
jirétres (willKiliipios «pTon n'ii paK oruan' <!j|-
pul^és, d'administrer l«« Kecoiirn <it^ \n reli-
gion ho! s ilf leiits pHKiissc». ; landin fpi'iin
oïdwise dé( lare scliisiiuilKim» tout «i'if«iit né
d(( pnrents eatlioIi(pies, s'il n'o*) baptiNé ne-
liin leur rite, et nrrr 1,k nfréinovirn d uunge,
dans l(;s vingt-<pi«lre heures (pii suivent «fl
naissance.
« Hésid(Mice dans les villes, ordo'inée, son»
peine de cotiliscatioii, i\ tout graml prfftrié-
laire cnlholi(jue, pour prévenir l'iidliienre
ipi'il poin-rait exercer sur ses paysans; dbli-
galion rigoureuse (pii lui est faite d'entre-
tenir dans ses terres, pondant son éJov^un-
nient forcé , un sijrv(nllant schismalique
choisi |)ar la couronne.
« Enfants violemment arrachés à leurs fa-
milles calholiipies et traiisfiortés en Russie
pour y étreélevés dans les pensionnats schis-
matitpies.
« Kemise de la [loine méritée nonr un
crime (juelconipie envers un cntholiciue, si
le coupable déclare (ju'il passe à l'Eglise
russe (1).
« Tout cela n'est encore qu'une faible par-
tie des mesures en vigueur dans les pays
polonais pour forcer ces pays au schisme;
et néanmoins si nous ajoutons que les au-
torités civiles et militaires sont tenues par-
tout de se mettre ?i la disposition des conver-
tisseurs schismaticiues, on s'étonnera (]ue les
pays polonais ne soient pas tous aujourd'hui
sous la discipline gréco-russe, de[)u;s dix
ans qu'on emploie de tels moyens pour y
parvenir.
« Mais c'est que Dieu est plus puissant
que tous les puissants de ce monde; et il
veille sur ces peuples, qu'il veut bien puri-
fier par les souffrances des fautes de leur
passé, mais dont il ne veut laisser périr ni
la foi ni la civilisation, en attendant le jour
marqué dans sa sagesse, oiî il les fera re-
monter au rang des nations.
a II prête depuis dix ans, dans ces provin-
ces désolées, le courage et la force à ceux
mêmes dont l'âge ou la faiblesse en promet-
tent le moins.
« Une mère demandait grâce pour son
jeune enfant, qu'on battait cruellement sous
ses yeux dans le but de vaincre par ce
moyen sa résistance à passer au schisme ;
l'enfant, craignant que sa mère ne faiblît,
souleva sa tète mourante, pour lui crier:
Mère, ne change pas, Dieu le défend.
« Quand une apostasie, non point arra-
chée ou sur()rise, vient aflQiger les cœurs,
soudain Dieu suscite une troupe de martyrs
qui effacent dans leur sang la route qu'avait
voulu tracer l'apostat. »
Nous engageons le lecteur à voir, pour
complément de cette not ce sur les persécu-
tions en Russie, l'article Mieczyslawska.
Quand on vit à plusieurs centaines de lieues
(1) Un oukase clu 2 janvier 1859 accorde le par-
don à tout catholique qui, pour un meurtre, vol ou
autre crime, a été condamné au knout, aox mines, ou
aux galères, s'il se fait schismatiqa*.
87i
RUS
RUT
S73
l
de la Russie, et qu'on ne sait de ce 'pays
que fp que les jo\irnaux onl pour ainsi dire
1.1 permission de nous en dire, on croit (pi'il
est, comme le reste de l'Europe, entraîne^
dans le courant de la civilisation et du pro-
grès. Oui d'une certaine fa(;on : la polilupie
,• est hal>ile et grande en ce qui concerne
es relations extérieures et l'esprit du con-
duite (lu gouvernement ; oui, les Hu^sts no-
bles et riches ont ce vernis de civilisation
que la politique russe et l'amour du confor-
table leur commande d'avoir; mais ce qu'il
faut savoir, c'est ceci : le despote russe ne
laisse entrer et sortir aux frontières que ce
qu'il veut bien ; chaque Russe qui voyage
laisse une rançon dais les mains du tyran,
et celte rançon, fortune ''t sang, il sait qu'il
la payerait jusqu'au dernier écu et jusqu'à
la dernière goutte, contre une indiscrétion,
contre une parole imprudente , contre la
moindre révélation. Aussi tous ces seigneurs
russes que nous voyons en France et dans
le reste de l'Europe, n'ont que des paroles
élogieuses pour leur gouvernement. Com-
ment fiourrait-il en être autrement ? Ils ont
en perspective la perte de leur fortune, le
malheur de leur famille, l'exil pour eux et
pour les leurs, s'ils parlent cédant h un gé-
néreux sentiment. Maintenant ne sont-ils
pas du nombre de ces privilégiés, vivant cha-
cun en moyenne du sang et des sueurs, de
l'esclavage et de l'abrutissement de quarante
millions de malheun'ux serfs! Chacun d'eux
n'est-il pas directement intéressé dans ce sys-
tème d'oppression, d'abrutissement, qui fait,
comme disait Cath^Tine , que l'empereur
reste empereur et que les grands restent des
grands? Système atroce, qui produit toutes
les abominations que nous venons de lire,
et toutes celles qui se passent ignorées de
nous dans ces contrées où la police russe
agit comme Néron, tandis (ju'elleailiche aux
yeux de l'Europe la politique d'Auguste et
la douceur des meilleurs gouvernements.
La Pologne, assassinée par ce système in-
fâme, meurt en martyre depuis bientôt un
siècle ; elle qui fut si longtemps la sauve-
garde et le salut de l'Europe, se voit lAche-
ment abandonn('e. Dieu fera-t-U [)our elle
ce que fait l'ingratitude des gouvernements ?
Espérons que non; des jours nunlleurs vien-
dront, la liberté renaîtra, et peut-être (pie
cette nation aujourd'hui si malheureuse sera
le marteau providentiel (pii brisera le co-
losse de la tyrannie moscovite, rendra les
peuples asservis h la liberlt' et ;\ Dieu. Es-
pérons-le ; tandis qu'en dépit des tyrannies,
et, il f.uit bien en ( onvenir, d<\s folies (!u so-
cialisme, U's peuples s'émancipent, la Russie
ne restera pas l'antre impur et souillé de car-
nage des su( resseurs des Néron et dos (la-
lère. L«'.s grands n'assassint«ront |)as toujours
des Paul I" et dts Altx.uidre, pour avoir
ties Catheiifie et des Nicolas 1
RL'SSUCUR, ville de la Mauritanie Césa-
rienne , fut la patrie de sainte Marcienne,
qui, en l'an de Jésus-Christ M)'.], sous l'em-
pire et durant la persécution dr Diodétien,
versa son sàn^ pour la fui cbrélicnue.
RUSTICUS (saint , martyr, répandit son
sang pour Jésus-Christ , vers l'année h83,
dans la persécution que Hunéric, roi des Van-
dales, fit souffrir aux catholiques. Il était
sous-diacre. On trouvera des détails à l'ar-
ticle Libérât.
RUSTICUS (Junius) , célèbre philosophe
stoicien, sous lequel Marc-Aurèle étudia la
f)hilosophie. Nommé préfet de Rome sous
e règne de son impérial élève, il fit souffrir
le martyre à saint Justin et à ses compa-
gnons, il essaya d'abord de prendre les saints
martyrs par la douceur et par les raisonne-
ments: voyant qu'il n'en pouvait pas venir h
bout, il en vint aux menaces,. et ce dernier
moyen n'ayant pas mieux réussi que le pre-
mier, il fil d'abord fouetter cruellement, puis
déiapiter les saints martyrs.
RUSTIQUE (saint), prêtre et martyr, était
venu de Rome en Gaule avec saint Denysde
Paris. Après avoir été le compagnon de ses
glorieux travaux apostoliques, il fut aussi
celui de son martyre, en même temps que
saint Eleuthère diacre. {Voy. De>ys de Pa-
ris.) L'Eglise honore sa mémoire en même
temps que celle <lu saint évêque et patron
de Paris, le 9 octobre. Les reliques de saint
Rustique sont dans l'église de l'abbaye de
Saint-Denys, oià on les conserve dans une
ch/lsse de bronze doré.
RUSTIQUE (saint), l'un des gardes de la
prison de saint Censorin ou Censorinus,
sous Claude II le Cothique, fut converti h la
foi chrétienne par le prêtre saint Maxime,
avec les autres gardes de la prison, lesquels
étaient Félix, Maxime, Fauslin, Herculan,
Numère , Storacinus , Mène, Amandinus ,
Monacre, Olympe, Cyprien et Théodore. yPour
voir leurhistoire recourezh l'article Mirttrs
d'Ostie.) Ces saints Uf sont pas nommes
dans le Martyrologe romain.
RUSTIQUE (sainte), martyre, recueillit ta
palme des combattants de la foi, à Rome,
avec ses saintes compagnes Donaie, Pauline,
Nominande,Sérotine.tiilarie et d'autres aussi
dont nous ne connaissons pas les noms.
Nous n'avons point de détails authentiques
sur leurs combats. L'Eglise fait leur lué
moire le 31 décembre.
RUTILE (sainli, fut martyrisé en Afrique
vers l'aniK'e "iJ", sous l'empire de Septime-
Sévère. Mettant en pratique le conseil que
l'Eglise donne aux f nbles, il prit plusieurs
fois la fuite pour éviter la persécution, se
racheta même h prix d'argent; mais enfin
ayant été pris, et présenté aux juges, il souf-
frit de très-grands tourments avec un cou-
rage cpii ne "se démentit point, et fut enlin
brillé vif en bénissant Dieu doit la miséri-
corde lui donnait une force dont il s'était
cru incapable. L'Eglise fAil sa fête le 2aoiU.
Son martyre est rapporté par TerluUieu dans
son Trniir de ta fuite.
RUTILE (saint), fut martyrisé en Panno-
nie avec plusieurs autres saints dont les
noms sont ignorés. L'Eglise fait leur mé-
moire le ijuin
RUTULE (sainte, martyr, cueillit la palme
du martyre avec les saints Lucius, Silvaiu,
«•7$ S\il J^AI» «74
r.li»,ssi(iu(i , Sorondin ri rniclul.'. I/KkUso Sjiinti'-Trinili', et .pu lurcnl pfrs(^riil.'-»-s si
v^'ii^Ki l.i'iiH'iiioini (lo ci'.s (•(tm;i^ru\ iii.ir- violt'imnciil par !•• pn'-l/il ji|i(>sl;il Si(;iiia«/.kM,
hrs le IH IV-viit'r. "'^ '•' '''•"' Ni«;ulas, <laiis In coiii/iiit do l'«ii-
UVIMNSKA (SiizANNi:), l'mic. dcvs irliKiou- ik'-h IH.n. Klln pi'-ril sous los coup*. {Voy.
SOS fonimos sous Id nom de Filles de la l'ailicio Mii;(;/.ysi.a\v.ska.)
S
SAA (Bkunaiu) dk), do. la compai^iiio do Jé-
sus, oui la ^loiro de conresscr la loi do Jé-
sus-Chrisl dans le Madioé. On lui lit saiilei-
les dei\ls ^ lovips d(> bAloii. A la suile de co
Irailemenl, il l'iil exilé pour la loià (-aniieu-
NaeluMi-Patti. (Jiieltpie temps après, le P.
IMarlin l'ut l'y trouver, eommo on pout lu
voira l'arliefe ('auvalho.
SAHAUIK , aujonrd"lnii Sancnr, ville do
Pannome, tut témoin, on Tan do Jésns-C^hrisl
;U)V, du martyre do saint Quirin, ovûquo do
Siseia, que le gouvornour Maximo fit mottro
Jl mort.
SABAS (saint), martyr, reçut la couronne
du martyro on Perso, vers l'année 327, sous
Sapor. {Voy. les Actes de saint Jonas et do
saint liAUAOuisii à leur article, pour plus de
détails.)
SABAS (saint) , capitaine goth , avait été
converti dés son jeune Age à la religion chré-
tienne. Depuis ce moment il avait toujours
été un modèle accompli des vertus chrétien-
nes et des qualités qui font l'homme privé.
Il était aimé et vénéré tout à la fois do ceux
qui le connaissaient. Athanaric , roi des
Goths Thervingiens,ayantallumé une cruelle
persécution contre les chrétiens , en 370, les
magistrats et les principaux du royaume
entro^)rirent , conformément à ses ordres, do
détruire la religion chrétienne ; de tous cô-
tés ils commencèrent à vouloir obliger les
chrétiens à manger des viandes qui avaient
été offertes aux idoles. Quelques païens, qui
avaient des chrétiens dans leurs familles, ou
parmi leurs amis , voulurent les sauver en
conciliant le refus qu'ils faisaient de manger
do ces viandes avec les apparences qu'exi-
geaient d'eux les commandements du roi.
Us gagnèrent plusieurs des offlciers , qui , au
lieu de leur présenter des viandes offertes
en sacritice aux idoles leur en offraient qui
ne l'avaient pas été. Ainsi la matérialité du
crime n'aurait pas été commise par ceux
qui auraient mangé de ces viandes; mais les
apparences les auraient fait passer pour
avoir obéi aux ordres du roi. Le scandale
aurait été le même pour les fidèles , et le
triomphe le même aussi pour les païens. Saint
Sabas protesta avec une grande énergie con-
tre cette fraude bienveillante : il comprit
très-bien que l'apparence du crime, volontai-
rement , sciemment acceptée , équivaut au
crime même. Non-seulement il refusa de
manger des viandes qu'on lui offrait, mais en-
core il déclara qu'il ne regarderait plus
comme chrétiens ceux qui en auraient ac-
cepté. Plusieurs d'entre les fidèles , pré-
munis par sa fermeté, ne tombèrent pas dans
DiCTioNN. DES Persécutions. H
le crimc! qui les ortt sauvés; d'autres , trou-
vant Sabas trop rigide, lechassèrontdu bouri^
(pi'il habitait; peu de t(!mps apr»''s , mieux
inspirés, ils l'y rappelèrent. La persécution
s'étanl rallumé(! plus violente l'année d'a-
nrès, un envoyé du roi vint au bourg (pi'ha-
ijitait Sabas. l.es Actes de ce saint h; (luali-
fiont commissaire : c'est h; titre (ju'on uoruic
en général et dans tous les temps 5 ceux
({u'on charge do missions tyranniques, et
extra-légales.
Ce commissaire venait pour rechercher
ceux qui adoraient Jésus-Christ. Quelques
habitants, s'étant présentés devant ce délé-
gué du roi, se déclarèrent prêts à a/Iirmer
j)ar serment (ju'il n'y avait pas de chi'étiens
dans leur bourg. Mais Sabas vint courageu-
sement dire ({u'il était chrétien, et qu'il ne
voulait pas souffrir qu'on vînt en son nom
faire un faux serment. Toujours cet esprit
de rectitude qui ne veut que la voie droite
et qui s'indigne des faux-fuyants du men-
songe et des expédients de mauvais aloi, à
l'aide desquels la conscience prétend se
mettre à l'aise. Alors le commissaire modi-
fia la formule du serment, et les principaux
du bourg jurèrent qu'il n'y avait qu'un seul
chrétien dans la localité : ils avaient fait ca-
cher les autres. Ordre fut donné à Sabas de com-
paraître; mais le commissaire a3'ant demandé
s'il avaitde grands biens, le considéra comme
un homme vil et misérable , incapable , di-
sait-il, de nuire, quand il sut qu'il n'avait
d'autres biens que l'habit dont il était cou-
vert. Il le renvoya. Ici nous croyons devoir
rendre justice en passant à l'équité de ce
commissaire. Il voulait concilier son devoir
avec l'humanité de son cœur, et il le fit en
acceptant de la part des principaux habitants
le serment que nous venons de dire , et en
faisant semblant de mépriser le seul homme
que dans ce bourg il avait malgré lui été
obligé de regarder comme chrétien. Ce com-
missaire a droit aux éloges de l'histoire : as-
sez de monstres en déshonorent les fastes,
pour qu'on doive s'estimer heureux d'avoir
de temps en temps à citer des traits qui ho-
norent l'humanité.
Ceci se passait en 271. Dans l'année sui-
vante 272 , la persécution ayant repris une
intensité plus grande, et les chrétiens ne
pouvant que difficilement pratiquer leurs de-
voirs religieux, Sabas songeait comment il
pourrait célébrer la fête de Pâques. Il partit
de son bourg pour aller, dans ce but, trou-
ver un prêtre nommé Gatthica, demeurant
dans une ville à quelque distance. En che-
min , il fut miraculeusement averti de re-
28
S7S
S\B
SAB
876
tourner, ot do s'oii aHor ( él(.M)rer la fétc do
Pâquos avec un aulre prôtro nonmu' Sniisaln :
il se rendit à cet avertissement. Trois jours
a|)rès que la ftMede PA(pios fut |>assiV, Alha-
ride, tils de Tun des princes de la eoutrée,
vint avec une troupe de soldats, investit du-
rant la nuit le logis de Sansai;^, et avant
chargé de chaînes ce saint prèlre, il \o tit en
cet état jeter dans un chariot. Sabas fut arra-
ché de son lit : nn ne lui laissa pas même le
temps de prendi e ses vêtements ; les soldats,
le firent marcher tout nu à travers les ronces
et les épines, lui donnant, pour le faire mar-
cher plus vite, des coups de fouet et des
coups de bAton : il en devait avoir le corps
tont meurtri. Quand le jour fut venu, il dit h
ceux ({ui le conduisaient : « Ne m"avez-vous
pas traîné nu à travers les ronces et les épi-
nes? voyez si mes pieds ont seulement été
égratignés; vous m'avez frappé h coups de
four^t et de bAton, voyez s'il y a sur mon
corps une seule contusion résultant de vos
coups. » Quand les inlidèles virent qu'il di-
sait vrai, ils m devinrent extrêmement fu-
rieux : ils prin'ut un des essieux du cha-
riot , et , le lui attachant au cou , ils fixè-
rent ses mains chacune vers l'un des bouts :
ensuite ils lui attachèrent les pieds de la
même façon à Tantre essieu. Dorant le reste
du jour et une partie de la nuit suivante,
ils le tourmentèrent cruellement dans cette
atfreuse position. Quand ils se furent retirés,
une femme chrétienne vint détacher le saint
martyr, qui aurait facilcmenl pu s'évader,
mais qui ne le voulut pas. Il resta près de
cette femme, l'aidant h faire la cuisine pour
ses domestiques. Quand, au iour, Atharido
le vit libre, il ordonna qu'on lui attarhAt les
mains derrière le dos, et ({u'en cet état on le
suspendît à une des poutres de la maison.
Il lui fit après cela présenter, ainsi quau
prêtre Sansala, des viandes qui avaient été
otTertes aux idoles : tous deux refusèrent
d'en m,inger. « Ces viandes, dit S-d)as , sont
profanes et impures, comme celui qui nous les
errfoie. » Ces paroles irritèrent si vivement
l'un des esclaves d'Atharide, qu'il frappa vio-
lenunent Sabas en pleine poitrine, avec la
pointe de son javelot. Tous les assistants
pensèrent (pi'il devait être mort du coup.
(( Vous pensiez sans doute m'avoir tué, dit
Sabas à l'esclave? Je vous affirme n'avoir pas
senti plus de douleur (pie si vous m'eussiez
jeté un llocon de laine à la poitrine. « .Vtha-
ride ayant été informé de tous ces faits mi-
raculeux, ne manifesta point en être touché;
au contraire, il ordonna ([ue Sal»as ïùl mis
h mort : il rendit la liberté à Sansala. On
mena Sabas sur le hord du fleuve Musée
(aujourihui Mhssovo} pour l'y précii)iler.
Dans l'excès de sa joie, il remerciait Jésus-
Christ de l'avoir ju^'- di^n-' de «^oulTrir [)our
son nom divin. I>e> soldats (jui le condui-
saient so disaient les uns aux autres : «Cet
homme n'a rien fait di« rotipable, pourquoi
ne pas le laisser aller? Ath.inde n'en sera
pas instruit. » Sabas, qui les entendait, leur
dit : <» Pounpioi parlez-vous ainsi ' Kvécutez
sans tarder ce qui vous a été ordonné. Moi ,
je vois de l'autre bord du fleuve ce que vous
n'y voyez pas, ce que vous n'y sauriez voir :
j'y vois le saint cortège de ceux qui doivent
recevoir mon Ame pour la conduire au sé-
jour des bienheureux, au séjour de la gloire.
Ils attendent qu'elle ait quitté mon corps. »
Les soldats le jetèrent donc h l'eau et l'é-
toutTèrent avec l'essieu (piils lui avaient at-
taché au cou. Ce fut le 12 avril 372 qu'eut
Ireu son martyre. Les soldats tirèrent son
corps de l'eau et le laissèrent sur la rive;
mais les chrétiens ne permirent pas qu'il de-
vînt la proie des bêtes sauvages. JuniusSo-
ranus, due de Scythie et chrétien fervent, le
lit enlever et l'envoya eu Cappadoce , son
pays. Le corps du saint fut accompagné d une
lettre de l'Eglise de Gothie à celle de Cappa-
doce , lettre dans laquelle était raconté le
martyre du saint et ({ui nous a fourni la plu-
part des détails que nous venons de donner
sur les glorieux combats de cet illustre mar-
tyr. Saint Sabas est honoré par l'Eglise ro-
maine et par l'Eglise grecque; son nom est
inscrit au Martyrologe le 12 avril.
Une chose ({ui nous fra[)pe singulière-
ment en lisant ces Actes, c'est la différence
qu'il y a entre les persécuteurs de l'empire
romain et ceux que nous retrouvons ici.
On ne trouve de bons bourreaux et de bons
égorgeurs que chez les peuples qui se pré-
tendent libres et qni sont au faîte de la ci-
vilisation; sous les gouvernements monar-
chiques, les peuples sont meilleurs que sous
les républiques. Il n'y a pas de tvrans féro-
ces comme les peuples-rois; l'écume chez
eux remonte à la surface, tandis que chez les
autres elle reste au fond.
SABAS (saint ), massacré par les arabes
en 373, au mont Sinai, avec saint Isaie et
trente-lniit autres anachorètes. {Voy. Mar-
tyrs ne HuAiTE et de Sinai. ) L'Eglise honore
la mémoire de ces saints le li janvier.
SABAS , saint ), capitaine d'une compagnie
de soldats h Home, étant accusé do visiter
les chrétiens qu'on avait mis en prison, con-
fessa le nom de Jésus-Christ devant le juge,
((ui le lit bri'ilcr avec des torches ardentes,
nuis jeter dans une chaudière pleine de poix
bouillante, d'où il sortit sain et sauf. Pau co
grand miracle, il convertit soixante-dix per-
sonnes (jui, ayant persisté à confesser la foi
avec une constance inebranlabl(\ furent jias-
sées au lil de l'épée. Entin, on jeta le saint
dans la rivière, oi'i il acheva son martyre.
L'Eglise fait sa fêle le 2i avril.
SABBACE ( saint ), cul la gloire de recevoir
la couronne du martyre sous l'emitercur
l'robus. Il fut arrêté, avec saint Trophime,
h Antioehe de Pisidie, et déféré h Uéliodore,
vicaire du gouverneur daais cette provinct>.
Uéliodore les fit appli(iuer h la question et
tourmenter d'une façon horrible. Sabhact;
mourut au milieu des tourments. Pendant
(ju'il les soulTrait, la douleur le fil pleurer;
sur quoi, le juge se niil à insulter à ses lar-
mes. 0 Je sens, je l'avoue, lui dit le saint,
la violence des tourments, et les douleurs
que j'endure font qu<> je ne |)Uis retenir mes
larmes. Mais j'aime encore mieux tout souf'
877 SAIJ
riii(|n<Ml'jilniii(l()mi(M'J(Vsiis-(:iirisl. Une idoh
l.iriiirs vuMS l'iissciil <li>iic coiiiprciiiln» cuiii-
hicil jn rcslillIC, t'I .ivre <|iirllr aidriir jn
l'«in)(\ pllisipli* l«*S (loillciii.s les |illis Mciisi-
hlcs ((Slcnl (iiiisi h rjiinom- (|iir j'ai pour hii. »
Il r-ondil r.*\m(^ ,i|.n''s ces ^('•iutciiscs ikiioIos.
Il iiioiilifi (|ii(' l(» vcrildMr tniir.i^c ne ^il pa.s
dans la t'oicci ph.ysi<|i"'' '"'''*< ''''"'' ""''""' •'"
Vi\uw, et <IU(^ snv'Mr moiiiir fii siiccnnihanl.
i") SCS (loiiliuirs ol (Ml los avoiiaiil, ne lail
(jii'aUî^nuMilcr oiicoïc In ^raiidciir du sai ri-
(ic(<. N()lr(^-S(M{:;ii('ur .Icsus-Chiisl lui-iiitMii(;
n voulu nous nionlrcr (|n'il coiiiiifcnail la
laiblesso humaine, (|naiid il se nionlra si
Ibrt acrahU" au Jardin des Olives. I,'l<;u;lise
fait la t'(Mi' de sain! Salihace le li> septiMuhre.
Co saint est tiùs-eelèlirii chez les (Irecs, (|ui
le f(MiMd le nu'^nx^ .i'"i'"-
SAHKI. (saint), l'ut niarlyrist^ àdhalcédoinc
l'Oui' la défense dt\ la i'elii;ion chrclieinic,
avoc h's saints Mamwl el Isniael. Klatil vo-
mis vers Julien l'Aiioslat en (jualité d'ambas-
sadeurs (lu roi de l'eisc, alin de conclnre la
paix avec lui, cet empereur voulut les con-
Iraindro de vénércM' les idoles el sur le refus
géncr(>u\ (pi'ils en lircnl, ils péiirent p.ir le
{glaive. L'Kglise les honore comme martyrs
le 17 juin.
SAÙIN ( saint ), d'Assise, martyr, fut arrêté
avec plusieurs eccitisiastiipies de son église,
dès l'année 30.'}, innnédiatement ajirès la
jiuhlication des étlils des empei'curs Dioclé-
(ien et Maximien. Il y resta juscjuii l'arrivée
(le Vénusiien, gouverneiu' de la province (for-
mée d(i l'Ktrurie et île rOnd)rie). Ce juge lit
compaiAiire Srbin, et, sur son refus de sacri-
lier, I ui lit cou |)cr les deux mains. Ses deux dia-
cres, Marcel el Exuftérauce fureiii mis sur le
chevalet, horriblemivil battus, et lacérés avec
les ongles de fer; Uh\> deux mojrureîii au
milieu des tourments. Saint Sabin survécut,
et, ayant rendu la vue à uu aveugle, eut
l'occasion do guérir aussi Vénustien, (]ui
soulfrait beaucoup d'un mal d'yeux. Touché
de ce miracle, ce juge embrassa le christia-
nisme, pour lequel il fut depuis décapil('\
Lucius, ijui lui succéda, Ut amener le saint
évèque à Spolète, et ordonna qu'on le bat.it
jusi^u'à ce ([u'il expirât sous les coups. De-
])uis, les reliques du saint furent transférées
à Faënza. L'Eglise fait leur fête à tous lo 30
décembre.
SABIN (saint ), martyr, cueillit la couronne
du martyre à Damas, avec les saints Julien,
^îacrobe, Oassie, Paule et dix autres dont le
Martyrologe romain ne nous a pas conservé
les noms. Nous n'avons aucun détail sur
leurs sûutfrances. L'Eglise fait leur fête le
2-2 3^1161.
SABIN (saint), martyr, versa son sang pour
la foi durant la persécution que les empe-
reurs romains suscitèrent aux chrétiens. Il
eut pour compagnons de son martyre saint
Donat el saint Agabe. L'Eglise les honore le
25 janvier.
SABINE (sainte), nom d'une sainte qui
fut couronnée, sous rem|)ereur Adrien ; elle
mourut par le glaive sur le mont Aventin à
Rome. L'Eglise célèbre sa fùte le 21) août.
ftAB
H7»
SABINE (saiule)«')lail veuve, d'un r/in>; di»-
l\\\^^^[^'u ot avait une (grande fortuno. Ellii
lialiilail l'Oiiibiie. Ses Acl«!s disent (pj'rllu
avait (lie/, elle plusieurs jeuiKt.s lilles, etilru
autres sainti! SNbine, ori^iiiiiire d'AiitioclK} :
ce fui celte jeune tille qui la i:Mii\(Mlit. Peu
de temps après, l/i persécution s'etaril allu-
iiK'e sous Adrien, Béi-ylle, i^juver'ieur do
l'Oinliiie, (ïiivoya clie/. sainte Sabine pour
(ju'oii lui aiue'iAl les jeunes lill<;s (jiii deiiieu-
raieiil avec elle. ShIjiiic r(flusa ; mais Swra-
pie ayant insistr- pour aller devant le ju^ij,
elle l'y a(M;ompagna ; et au\ i-c|iroi lies (jutt
lui lit B(-ryll(; de ci; fpi'il no convenait jias
(piniie peisonne de son raii^ se joignit aux
clir(';tiens par les cons(!ils d'une misiM-abli;
magicienne, elle répondit : « Jt; souhaiterais
i]\U'. vous (''|)i()Uvassio/. vous-même les char-
mes d'un(i iiia|j,icieiiiie aussi sainte (pie celle-
ci, et que V(jus pussi»;/- «piitler vos idoles
pour adorer celui (pii promet la vie éter-
nelle aux bons, et (pii livrera les méchants
à des su(.'plices (pii ne liniront jamais. » Bé-
rylle laissa partir les saintes; mais trois
j(nn's après il envoya [)ren(ire sainte Sérapie
poui' rinterrog(îr publiquement. Sainte S/i-
bine vint avec elle, et ineiin(;a le juge do la
colère de Dieu.
Sainte Sérapie ayant été martyrisée, comme;
on peut le voir il son article, sainte Sabine
la lit enterrer dans un tombeau magnilique,
([u'elle avait fait construire j)our elle-même.
De|)uis lors elle se consacra exclusivement
an service des malad(!S, des pauvres, des pi-i-
sonni rs. Dieu lui ayant donné une giande
fortune, elle en usait pour faire de grandes
annnjnes. Sa charité lui mérita le martyie.
Uelpide (qualilié préfet) étant venu à Vin-
dennc, et Béiylle lui ayant raconté ce qui
s'était passé relaiivcuient aux d. tix saintes,
cet homme cruel l'envoya arrêter; il lui dit,
entre autres choses, qu'il tnmvait étonnant
qu'elle eût adopté la doctrine des chrétieus,
dont la vie était une mort. « Et moi, je rends
grâces h. mon Seigneur de ce que, no-iob-
stant mes péchés, il a bien voulu me délivrer
par Sérapie, sa sainte servante, des souil-
lures dans lesquelles j'étais plongée, et me
retirer de la puissance des démons que
j'adorais, par le même égarement où je vous
vois encore engagé. »
Holpidc l'ayant menacée de lui faire tran-
cher la tête si elle ne sacritVût, elle répon-
dit : « Je ne sacritie pas à vos démons, |)arce
que je suis chrétienne. » Le préfet la con-
danuia à être décapitée, et pro-ionça la con-
tiscation de ses biens. La sentence' fut exé-
cutée le 29 août, jour anniversaire de la mort
de sainte Sérapie; elle fut enterrée dans le
même tombeau par les chrétiens. Il est pro-
bable que le corps de sa4nte Sabine a été
transporté à Rome, et qu'il y est encore
dans une vieille église du mont Aventin, dé-
diée du temps du pape Célestin I" par un
prêtre nommé Pierre. La fête de sainte Sa-
bine a.lieu le 3 septembre.
SABINE (sainte), martyre, eut le bonheur
de donner sa vi(! pourla foi chrétienne, sous
l'empire de Dèce. Elle fut arrêtée avec saint
g*:»
S\B
SAD
880
Pidne ot saint Asrlf^piado clans la villo de
Smvrne. Elle donna l'oxomplo du plus noble
rour.i}i;t\ et d'une conli nce admirable en
Pit'ii. Quand les jierstVulciirs In menat^rent
de la faire conduire dans un lieu de prosti-
tution : n Je ne crains rien, dit-elle. Dieu y
pourvoira. » Il ne faut pas séparer -ion his-
toire de celle de saint Piotie, i\ laciut.'lie elle
est intimement liée. Nous engageons le lec-
teur à y recourir. Sainte Sabine est parmi
lis (|uinze martyrs que le Martyrologe ro-
main signale, sans les nonnner, comme
avant soutbTt avec saint Pione. L'Eglise fait
sa fête le même jour que celle de ce saint
niarlvr, le 1" février.
SABINE, nom d'une femme romaine qui,
sous le règne de l'empereur Dôce, en l'année
250, fut arrêtée h Rome pour cause de chris-
tianisme, avec sanit Moyse et une grande
quantité d'autres chrétiens. Elle resta dix-
huit mois en prison, su[)porla les tourments
avec beaucoup de courage, el eut la gloire
de vaincre les bourreaux par son inébranla-
ble constance. Il est fait mention d'elle dans
la lettre de Lucien, confesseur de Carthage,
aux confesseurs de Home, laquelle se trouve
parmi celles de saint Cyprien. (Pour i)lus de
détails, voy. Moyse, confesseur.)
SABINE (sainte), martyre, soulTrit à Avila
en Espagne avec saint Vincent et sainte
Christèle. (Voy. l'article Vincent, pour plus
de détails.)
SA BIMEN (saint), fut martyrisé dans le
territoire do Troyes, par l'ordre de l'enqie-
reur Aurélien. Il fut décapité. L'Eglise fait
sa mémoire (e -29 janvier.
SABINIEN (saint), intendant de sainte
Chr.se, fut martyrisé sous Claude II le Go-
tliiqne. (Pour j)lus de détails, voy. Mahtyrs
d'Ostie.)
SABINIEN I saint), martyr , moine de Saint-
Zoile dArmilat, habitait ce monastère avec
saint ^'istremond. Ce monastère, ainsi nom-
mé dt.' la rivière svn- laipielle il était s i tué, se
trouvait dans un désert all'reux, <i dix lieues
de Cordoue. Ces deux saints vinrent en 850,
T h Cordoue, se présenter au cadi avec Pierre
prêtre, Valabonse diacre, Habentius moine,
et Jérémie, moine aussi, ([ui avait fondé le
monastère de Tabane. Ils lui dirent : »« Nous
cord't'ssons Jésus-Christ ; nous tenons que
votre prophète Mahomet est précurseur de
r.VntechrisI, et sommes peines de l'avcn-
glemt'fil dans lequel vous êtes plongt's. »
Le cadi les condamna h ôtrc décapités : la
senttMin- fut eséciili'e ; li'uis corps, qui res-
tèrent ptMKianl quelque temps allarhosà des
pieux, furent enlin bn^lés , et les cendres
jetées dans le tleuvp. L'Eglise fait la mé-
moire d<! cc'i six martyrs le 7 juin. Voy. \ \-
LARONSE et Musulmans ( Prr.it'cution (1rs ).
SABINIEN (saint ), soull'nt les tourments
et la mort pour la défense de sa loi, avec
Paul son père , Tatte sa mè( e, el ses trois
frères Maxime , Buf et Eugène, .\yant été
accusés de faire profession de la religion
chrétienne , ils furent chargés de coups el
endurèrent d'autres supplices dont 1rs dif-
férent*» circonstances ne suul iioint parvc-
nups jusqu'il nous, et dans lesquels ils ex-
pirèrent. L'Eglise fait leur fêle le 26 sep-
tembre.
SABINUS, gouverneur d'Egypte , et rési-
dant îv Alexandrie, en 250, sous le règne de
l'empereur Dèce, fut dans ce pays un instru-
ment acharné de la persécution que suscita
ce prince. C'est par ses ordres que tous les
saints nommés dans la lettre de saint Denvs,
sur le martyre des saints d'Alexandrie, fu-
rent menés au supplice. Vis-à-vis de quel-
ques-uns, la cruauté des juges fut horrible :
ainsi saint Julien , vieillarfl goutteux , fut
horriblement traité avant d'être mis h mort
( Voy. son article ). Certes , ce reproche
d'horrible cruauté incombe h Sabinus ; car
sous les gouverneurs romains les juges
n'agissaient que nar délégation, et la plu-
part du temps c était devant les gouver-
neurs, au tribunal proconsulaire, que com-
paraissaient les chrétiens. Sabinus est le
même que Valérius, nommé dans les me-
nées des Grecs comme gouverneur d'Egypte
lors du martyre de saint Fauste, saint Bibe,
saint Macaire, et de leurs compagnons, sous
Dèce. Sabinus, ayant toujours été gouver-
neur sous Dècé, il faut bien dire que Valé-
rius était un de ses noms. {Voy. Alexandrie,
pour plus de détails.)
SABINUS, nom d'un proconsul oui, sous
l'empire de Dèce, fit mourir par le feu, h Ni-
comédie, les saints Marcien, Lucien, Flore ,
Tite, Héracle, et un autre Flore. Ne serait-
ce point le même que nous avons déj?i vu se
signaler à Alexandrie contre les chrétiens
de cette ville, soit (ju'il eût changé de gou-
vernement, soit qu'il eût, comme cela se
pratiquait quelquefois , reçu des pouvoirs
S[)éciaux de l'empereur pour exercer son
pouvoir ailleurs que dans son propre gou-
vernement ?
S.VBINUS, gouverneur de la Thrace , rési-
dait à Héraclée, sous le règne de Marc-Au-
rèle, vu l'année IGl ou 102. 11 tit martyriser
sainte (ilycérie.
SACEBDON (Saint), martyr, l'un des qua-
rante martyrs de Sébaste, sous Licinius.
{Voy. .MviiTYus DE Sébaste.)
SADÉAU , prince arménien de la famille
Timaksiank, fut l'un de ceuxcpii souffrirent
volontairement la captivité pour Jésus-Christ
sous le règn(^ d'HazguerJ , deuxième du
nom, roi de Perse, et qui no furent remis en
libi'ité et renvo.vésen leur pays que huit ans
après la mort de ce }>rince sous le règne de
son lils BcMose. (Pour plus de détails, roy.
PniNC.F.S AHMÉMENS )
SADOC (le bienlieureux) et ses compa-
gnons, martyrs, soutfrirent en l'honneur du
nom de Jesus-Christ, vers l'an 1200. Saint
Domini(]ue ayant résolu, dans le second cha-
pitre gt'iii'ral de son ordre, qu'il tint à Bolo-
gne en 1221, d'enviMcr niuMeurs de ses dis-
ciples prêcher l'Evangile dans les diverses
contrées de l'Europe , notre saint, jeune en-
core, fut choisi pour la mission de Hongrie,
avec plusieurs autres compagnons. Sadoc
prêcha pendant plus (Mirs années en Hongrie
el daiii les contrées voisines (jui lui avaient
88i
SAI)
SAH
Mî
ÔK^assiKiu^rs.SoM iiiln^iiidilt'ltii (nisailhravcr
ïoiislcs (»lislarl('s,(U«U('im |)(''iil m- le pouvait
fairo reculer. Il «lut s(! leiidie ensuite à Saii-
(iouiir en l'oloi^nc, alin d'y ^^oiiverner inio
nuuson (lo son ordre : il mi cessa point pour
cela (lo pr(^clier l'I'lvan^ile, el il eniiliniia i\
annoncer la parol(> de Dien el h (''lahln' uni;
discipline S(^vère parmi ceux (]nv les ordres
desonsnpérienrl'avanMd.mpeli'' ?\ ;.^onverner.
Sur ces enlrel'ailes, les 'larlares, ennemis
jurés de ri-lvanj;;ile, (ireiil niu) irinplion h
Sandomir el inassacr^reid noire saini, avec
(piaraide di> ses compa^;nons. l/liisloiro rap-
porte (jm^ la vcMlle d(! leur mort , un reli-
gieux (pii faisait au réfectoire la lecture du
Marlyroloi;e y lui ces mots : .1 Stnidomir ,
le >•»/)/)/((•(• (le (juarantc-nnif mdi'li/is. Tous
les frùres furent remplis d'éloniuMuent ; mais
Sadoo, voyant dans ces mots un averlissi;-
menl du ciel, les exhorta à se préparer au
n)artyre. Leur mort arriva en 1:200. L'Kglise
lait leur nuMuoire le "2 juin.
SADDI'M. Voy. Scivnusï.
SADUCÉKNS, sectaires juifs , disciples do
Sadoc , fameux docteur cpii vivait prés do
deux siècles avant Jésus-Christ. D'aj)rès ce
principe que leur maître avait reçu d'Anti-
gone, « qu'il fallait pratiijuer la vertu pour
elle-mônie el nullement dans le but d'en
ôtre récompensé , » ils arrivèrent à nier les
peines et les récom|)r'nses de la vie future,
el bientôt même l'innuortalité do l'Ame et
conséquenunent la résurrection. Quoiqu'ils
suivissent ostensiblement celte doctrine im-
pie, ils fuient élevés aux plus jijrands em-
plois, et môme t» la souveraine sacriticature.
Ils étaient fort nombreux parmi les Juifs.
L'histoire nous montre que , comme tous
les sectaires et tous les hérétiques , ils
étaient extrêmement intolérants ; ils furent
des premiers et des plus ardents persécu-
teurs des chrétiens, et sont nommément ci-
tés dans les Actes des apôtres (chap. iv, v. 1),
pai mi ceux qui arrêtèrent et mirent en pri-
son Pierre et Jean, le jour de la guérison du
boiteux. Ce furent encore eux qui tirent pour
la seconde lois mettre saint Pierre et les
apôtres en prison {Act. v, 17), parce qu'ils
prêchaient les Juifs et guérissaient les ma-
lades. Le prince des prêtres était de la
secte des Saducéens ; le texte des Actes est
j)récis : Or le prince des prâtrcs se leva , et
tous ceux qui étaient avec lui ( do la secte
des Saducéens ), et ils furent remplis de co-
lère.
Ce qu'il faut remarquer dans cette per-
sécution des apôtres par les Saducéens ,
c'est l'esprit de parti, l'intérêt de secte qui
dirigeait ces derniers. Les apôtres annon-
çaient la résurrection des morts, la vie éter-
nelle avec ses peines et ses récompenses; ils
prêchaient une doctrine complètement en
opposition avec les crovanccs des Saducéens;
aussi, disentles Actes (Chap. iv, v. 2), les Sadu-
céens survinrent ; affligés de ce que les disci-
ples enseignaient le peuple et annonçaient la
résurrection des morts au nom de Jésus, ils les
arrêtèrent.
Dieu voulut que les prédicateurs de la
reli-ion ( hrélienne fussent pernéculés de?»
lo (-oiininMicenuMit p'U' des lionnnes qui nlta-
(pniienl les vt'-rilés les jilus fondamentales,
les vérités (pii sont la base île loub-s les
croyances vraiment pliilosoplii<|ueH , nlin
ipi'il fôl birn di'moniré au mundt* de «pnd
côli'- élail la passion, dr (pnl ( iMi'- était l'er-
leur.
S.\F'M'!I),cli;1teau appartiiianl aux chr-i'liens
et(pii leiu' fut enlevf- par Hibars, sultan d'l>
gypl«S en 12()l>. Ce prince cruel lit décajtitor
six-cents el (piehpies martyrs ipii le del'fMi-
daienl : il leur lit din; ouils eussent à choi-
sir (Uitrc! la mort et rislamisino. Jac(pj(!S do
Podio el J(''iénne, Frères Mineurs, employè-
ri!iil toute la nuit à encouragei- W.s chrétiens
à préférer la couioinie |.;,lorieus(! du martyro
à l'odieux avantagfi de l'apostasie. Le leinb;-
main la garnison t(jul(î entière s(! présenta
courageusement au tii'pas. Tous les prison-
niers fure-it décapités. Hibars, pr)ur se ven-
ger des franciscains, (jui avaient élé caus(i
d'un si génér(Mjx dévouement, les lit écor-
chcr vils, ainsi qu'un templier, [)rieur de
l'ordre. Il l(!s lit accabler de coups de bûton,
après (pi'ils eurent enduré l'alfreux suf)-
plico que nous venons de dire; ensuite on
les mena au lieu oii les six cents martyrs
avaient eu la tête tranchée. Ils y moururent
de la même façon. 11 est bien clair qu'il ne
faut pas comprendre par ce récit, que nous
rendons à i)Ou i)rès dans les termes que
nous trouvons dans Wadding, an. 1265,
n" 9, (jue ces saints ont été entièrement écor-
chés. Nous pouvons, nous médecin, affirmer
qu'un pareil supplice n'est pas de nature à
laisser ceux qui l'ont souffert, capables de
ce qu'ont enduré nos saints plus tard.
SAGARIS (saint), évêque de Laodicée,
mourut martyr sous le règne de l'empereur
Marc-Aurèle. Usuard et Adon prétondent
qu'il était disciple de saint Paul. Quand on
considère qu'il y a plus de cent ans entre
la mort de saint Paul et le commencement
de Marc- Aurèle, on a besoin d'autorités im-
posantes pour admettre un tel fait. Il reçut
la couronne du martyre dans sa ville épisco-
pale, sous le proconsul Servilius Paulus.
Les Latins font la fête de saint Sagaris le
6 octobre.
SAHAG (saint), évêque de Richdounik,
souffrit le martyre sous le règne du cruel
Hazguerd, roi de Perse, qui voulait forcer
l'Arménie, dont notre saint et ses compa-
gnons étaient sujets, à embrasser la loi de
Zoroastre. Les compagnons du combat de
Sahag furent : Joseph, patriarche de Vaïotz-
tzor et du village Holotzmanz ; Léonce, ar-
cliiprêtre de Yanant, du village d'Itcavank ;
Mouche, prêtre de Halpage; Archen, prê-
tre de Pakrévanl, du village d'Eléheg; Kat-
chatch, diacre du jiays de Richdounik, et le
bienheureux chef mage de la ville de Niu-
chabouh. Excité par les mages et par son
premier ministre nommé Mihirnerseh, Haz-
guerd envoya Tenchabouh pour faire mourir
ces saints prêtres qui étaient renfermés
dans la ville forte de Niuchabouh, sous la
garde du chef des mages, en même teops
883
SAI
SAt
884
gouvornour civil du pnys d'Abiir. Ce ningr,
vdyniit nos sai Is diMiiearer fiTnics dans
leur foi, les rualtraila beaucoup el les fit ren-
fermer dans un noir et humide rarliot où
deux gamelles de soupe épaisse et une cru-
che d'eau composaient tous leurs aliments.
Etonné de les voir joyeux et bien portants,
malgré h'urs soulfrances et la mauvaise nour-
riture qu'il leur faisait donner, le mage-gou-
verneur vint une nuit roder autour du r;i-
chot, soui'çomaut quf quelqu'un de ses
serviteurs portail des aliments aux prêtres
chrétiens confii'S h sa gardf. II s'ai)prorha
du soupirail iela {)rison et fut témoin d'un
prodige étrange : chacun des prisonniers
irillait d'un éclat merveilleux au milieu de
'obscurité de la nuit. Il fut si épouvanté de
ce prodige que bientôt il renonça aux er-
reurs du magisrae, et se fit instruire par ses
prisonniers dans la religion des chrétiens.
Quand Tenchabouh arriva pour exécuter l'i-
nique sentence d'Hazguerd, il trouva le
mage au milieu des ]>risounicrs, écoutant
leurs discours et les excitant à braver la mort.
Il avertit le roi do ce qui se passait ; celui-ci
lui défendit de punir publiquement ce mage
h cause du tort qui en résulterait pour la re-
ligion de Zoroastre, mais lui ordonnait do
l'envoyer en exil dans un pays loint.iin, au
nord du Khorassan, où il reçut la iialme du
martyre. Apiès avoir termin ' cttealfau-e. le
ministre des (ruaulés d'Hazgucrdtitlamèino
luiit transporter les prêtres arméniens dans
un endroit écarté du désert. Arrivés au lieu
de Pexécution, on leur lia les pieds et les
mains et ils furent traînés d'abord sur un
sol rocailleux et rempli d'aspérités. Ensuite
Tenchabouh ayant vainonuMit essayé de les
faire renoncer h leur foi, notre saint lui tit
des réponses si injurieuses pour les dieux
de la Perse qu'il en reçut un grand coup de
sabre qui lui coupa l't'i) nie droite, une |)ar-
tiedudosetla main. Ile\piral)ienlôt, baigné
dans son sang et eiis'écriant : « .lésus, rece-
vez nos Ames, et placez-nous parmi (eux qui
vous ont aimé! » Lescinq autres furent aus-
sit«'tf décapités. Leur inartvre arriva le .'JO
juillet VS'*, dans le grami désert du pays
d'Abar, au département de la ville royale de
Niuchal>ouli. '
SAHAti. prince arménien de la famille
Manlagouiuk. fut l'un de ceux (pii souffrirent
volontair- rmnit la captivité j)ourJt'sus-Christ
sous le règiiedliazguerd, ilmixième du nom,
roi de Perse et rpii nefurent remisen liberté
«•t renvoyés en leur pays (pie huit ans après
la mort de ce prince, sous le régne de sou
fils Bérose. (Pour plus de dél.-iils, Voy.
PnfNCKs \nMrMr>s.)
S.VIN T-DOMMN, liiiifjns Sun liomnino,
bourg situé entre Parme et Plaisance, fut té-
moin, en .lO'i. du martyre do saint Domnin,
rhambellan(ler(Mnpereur Maximien Hercule.
Ce fut de cet événement ipie ce bourg prit
son nom.
SAINTE-MAUIE 'Jkanhk . de l'ordre sé-
mpliiqne, était Catalan d origine. Lui et un
nuire frère nommé François Lopelio accom-
jtagnèrenl le bienheureux Kodnguez Augus-
tin chez les Zacat(''qiies et les ChichinuVjues.
lis s'avancèrent ensuite vers les contrées
septentrionales où nul missionnaire n'é-
tait encore allé. Ils tirent environ oOO milles
dans le nord avec une escorte de douze sol-
dats espagnols. Ils parvinrent jusque dans la
contrée qu'ils nommèrent Nouveau-Mexi-
que. Cinquante mille hommes environ habi-
taient six mille iuaisori<î dans 'c lieu où ils
s'anèièrent. Ils y furent cordialement reçus
et furent enchantés de cet accueil. Frère
Jean de Sainte-Marie partit pour retourner
chercher de nouveaux mis-^ionnaires ; mais
les naturels l'ayant guetté au passage d'une
montagne, firent rouler sur lui un quartier
de roche qui l'écrasa. Les soldats qui l'es-
cotaient regagnèrent Mexico. Ce fut par eux
qu'on apprit les découvertes que les reli-
gieux venaient de faire. Les deux autres
missionnaires continuaient leurs prédica-
tions au Nouveau-Mexique. Un jour qu'ils
prêchaient. François aperçut des nalurels(pii
se dis[)Utaient et allaient se battre. Il courut
Ji eux jiour les réconcilier, mais ils tournîv
renl leur fureur contre lui et le percèrent de
leurs tlèches. Augustin, resté seul après la
mort de ses deux compagnons, n'en continua
pas moins h accomplir sa sainte mission ;
mais bientôt il tomba lui-même victime do
son zèle, et fut martyrisé par les indigènes.
SAINTES, Mcdiolntium, anciennement évè-
ché et capitale de la Saintonge, n'est plus
mai menant qu'un chef-lieud'arrondiss«Miient.
Son premier évoque fut saint Eulrope qui.
dans le m' siècle, probablement à la lin, fut
tué pour la foi par les païens, ipii lui fendi-
rent la tête d'un coup de hache. Saintes pos-
sédait les reli(]ues du saint. Les huguenots,
qui jiromenèrent l.^ leur fureur comme en
tant d'autres litnix, disfiersèrent ces reliques,
qui sont entièrement perdues. ( Voy. Et-
TRorr.)
SAINT-GRATIEN, en Picardie, est une
localité sans importance, mais qui est cé-
lèbre par le martyr(> du saint qui lui a donné
son nom. Ce fut à la lin du m* siècle, sous
rempir(> de Dioclétien et par ordrt» de Kic-
tius ^■arus, que saint Gratien fut marty-
risé.
SAINT-JEAN-DACRE , Plolcmms , ville
d'Asie, (élèbre dans les annales desiuarl.\rs
parla mort qu'y endurèrent les bicnhcurm-
srs (larisscs vu 1-291. le V mai. C(> jour-là,
le sultan des mameluks d'Egypte, nommé
Mélik Aschraf, ayant emporté' la forJeresse
de Saint-Jean-d'Acre, lioulevard de la puis-
sance rhrélienn<> en Palestine , plusieurs
dominicains et franciscains y furent immolés
dans l'exercice des fonctions *\o leur minis-
tère; mais ce (|ui illustra surtout celte ville,
ce fut le marivre des religieuses Clarisses
dont elle possédait un couvent. Leur supé-
ri(Mire ayant appris iiue les ennemis venaient
d'entrer dans la place , assembla ses re-
ligieuses et ItMir dit : < Nous sommes, mes
liiles, sur h^ point de païaître (hjvant notre
divin énoux. Le sacrifice que nous allons
accomplir lui sera d'autant })lus agréable,
que nous serons pures de corps aussi bien
Ul>
svr
SAI
Hf((]
(|iir (In OdUir; l'iiitt'S donc en (jiki vous allô/,
iiii' voit' l.'iirc I » AussilAl rllc se coiiii.i le ne/.,
ul son visa^^o lui iiniiicdiulciiii'iil coiivoil do
sniij^. Ia's rolJK'<'>isi's se iimlilrn.'iil à l'iiis-
lanl iiiOinr en se laill.idiuil Ir vis.i};,!) de iJil-
IV'n'ulcs sort(».s. Oiiaïul Uvs iiiii.suliiiaii.s oii-
tirrt'til, lraii,s()()i|,(''s de ruiiMir, ils li's v'^nv-
f;rri'iil. Ci' lui ainsi (|m' ws saillies rcimiios
saux^'ioid leur cliaslclo,
SAINT-MAUTIN (Ji:.\.s or.), l'orliij^ais des
lIJosras, dti la C'(tni|)aj;iii(; dr Jrsiiv;, l'aisail
i)arlio des soivanlc-iuuir iiiis.siomiaii'L's ijuo
11! I». Azcvcdo (Hail allô rcîcnilci" h Uoiiu;
jjourla luissioiidii IMôsil. [Vojj. l'aïUcI»' A/.i;-
'VKDo). Lournavii'o lui [)ris, lo 15 juilU'l 1571,
par dos corsaires (îalviuislcs (|ui les jclc-
rcni ilaiis les llols ou l(!s inassacri'ircul. (Du
Jarric, Ilisloiri' Uca choses plus /némora-
hlcs, Ole, I. Il, p. 278. Taniicr, Sociiids Jcsii
vsquc (1(1 sdiu/uiiiis et ride profiisioiiem ini-
lilnns, p. lOG'ol 170.)
SAINT-MAKTIN, ùvcVpio d(> Caradrc, coad-
julour do M. l'olioi-, i''vô(|u»' d'Agalliopolis,
avait él6 tMovô à cotte dignité lo t3juiu
ilSk. Son vicariat aj)Osloli(juo s'oxcnjail
dans lo Sutcluion, i|uaud parut uti odil do
ronii)orour (jui enjoignait d'oxauiinor s'il
n'y avait pas (U> j)rodi(alours do la religion
-clirolionno. A la nouvelle de ces oidoiuiau-
oes, la maison de Tcliinlou fut investie :
c'olail la ri^sidenco liabituello de révCM[uo
i\c Caradro. Les missionnaires avaient mis
en sûrotù les objets concernant le culte rc-
lijAioux, et n'avaient laissé dans la maison
qu'un seul catéchiste pour la garder. Ce
catéchiste l'ut pris avec plusieurs chrétiens
que l'envie de savoir des nouvelles y avait
amenés. Dans les environs, ils enchaînèrent
les chréliens qu'ils purent trouver, lis en
enunenéront en tout 22 au prétoire. Ai)rès
deux, mois d'eïamoii, les juges qui étaient
favorables à la religion chrétienne, les con-
damnèrent à des peines fort légères, des-
quelles mémo ils furent exeuq)tés plus tard.
La paix fut rendue pour quoique temps aux
chrétiens, mais ce répit ne fut pas de longue
durée. La maison de ïcliinlou fut visitée
une seconde, fois, et le catéchiste qui la gar-
dait fut encore arrêté avec un chrétien qui
demeurait dans le voisinage. Plusieurs fi-
dèles furent mis à la torture. L'un d'eux
déclara que l'évéque de Caradre était à
Tien-Tsuen à quatre journées de Tchintou.
11 y était en oti'et depuis 3 mois, pour visiter
les chrétiens qui y étaient nombreux. Il
apprit cette nouvelle fort tard. Etant incom-
modé d'une bronchite aiguë qui le faisait
horriblement soull'rir et lui donnait des ac-
cès de toux fréquents, il né put fuir comme
il l'aurait l'ait sans cela. Cependant il son-
geait à se retirer dans un autre endroit ;
mais les chrétiens s'y opposèrent de toutes
leurs forces et lui liront observer qu'en cas
de recherches trop actives, il aurait la res-
source de s'enfoncer dans les forêts qui cou-
vraient les montagnes voisines, forêts qui
sont fort étendues, tandis qu'en s'en allant
il ne gardait pas chance d'échapper à ceux
qui le cherchaient. S'aijandonnant à la Pro-
viili'iieu, il roiisiMilil il roAlor. Au boni dn
«piciqiies jonivs, il .six lieurt-s du Hoir ciivuon,
on vml lui dire que dos soldats nccoiiipa-
f, liant |iliisioiiis maiidaiifisnvaiiiil pnnidaiiK
e voi-sinaKe, cl (lu'ils priMiaicnl la dir(;<lioii
dos luoiilagiK!'. Il exhorta les cliiélicriH b
avilir bon c()uia^i,e. <:<'peiidaiil 1rs mandarine
arièlaieiit j)liisi«'iiis persoinies «jaiis les eii-
viiuns. M. de Sainl-Marliii ne l)alaiii;(i pltiH ii
gagner les mont'igiios avec (|iialrf un ciiui
liorsoniies. (]((s lorèts sont r(«uijiiics >n> ti-
gres. Il est iiialheiireuseiiienl des circon-
stances où ces bêles féroces sont neiins n—
doulables (pio les liomim'S. L'évèipie (W.
Caradre ayant h opter, se réfugia dans leurs
tanières pour éviter les porséciilions. A
peine pouvail-il se Irainer dans l'obscurité
do la nuit; une toux violente lui déchirait
la poitrine, et malgré cela il lui fallait grim-
per des roelKîfs ioil escarpés. No se sentant
plus do forc(5S, il fut obligé, après avoir fait
une demi-lieue, de s'arrêter. (3n resta auprès
d'un rucher. L'évêquo avait sur lui ce qu'il
fallait pour allumer du feu; cola lit qu'on
l)ut attendre le jour avec moins de souffran-
ces. Dès ({u'on vit clair à se diriger, on se
remit en roule pour s'enfoncer davantage
dans la forêt. L'évê(jue pouvait à peine
niaroher; sa toux devenait do plus en plus
violente. Les chrétiens ([ui l'accompagnaient
avaient emporté quelques pains do mais.
Après on avoir mangé quelques bouchées et
bu un peu do vin qui restait dans une bou-
teille, il sentit les forces lui revenir un peu
et essaya do marcher encore. On avait gravi
des montagnes fort élevées, on se trouvait
dans la neige jusqu'aux genoux. Il était fort
dilUcile de marcher sans route tracée; les
ratfales du vent qui soufflait avec force
ayant comblé les creux, on était à chaque
instant exposé à tomber dans des précipices.
Malgré des elforts inouïs, une journée de
marche ne conduisit qu'à une lieue environ
du point do départ. Le jour suivant fut en-
core plus pénible, on ne put faire qu'un
quart de lieue. Les forces manquaient au
courage, et les voyageurs comprenant l'inu-
tilité de cette lutte contre les obstacles qu'à
chaque pas la nature mettait devant eux
plus nombreux et plus grands, se résolurent
à demeurer où ils étaient. Que leur eût
servi d'aUleurs d'avancer davantage dans ces
solitudes où nul vestige humain que le
leur n'était marqué ? Chaque pas qu'ils fai-
saient tragait la route à suivre à ceux qui les
30ursuivaient. L'évéque détacha un homme
)0ur s'informer où en étaient les choses. Cet
lomme revint dire que beaucoup de manda-
rins militaires et civils, suivis d'un grand
nombre de soldats, occupaient le pays, et qu'à
toute force on voulait s'emparer des fugi-
tifs. Le lendemain 8 février 1785, on vint lui
annoncer au point du jour que sa retraite
était découverte, que des enfants et un chré-
tien mis à la question avaient indiqué la
route qu'il avait suivie. Ne prenant conseil
que de sa générosité, il commanda aux chré-
tiens qui l'accompagnaient de le quitter ;
mais eux ne le voulaient pas : « Allez, leur
887
SA1
SAI
8S8
disait-il : que servira qu'on vous prenne avec
moi? Vous vous exposez snns m'«Mro uti-
les. » Ils persistèrent. \]i\ nouveau catéctiu-
niène lui oiïrit de le conduire chez lui par
lin chemin fjue lui seul connaissait dans ces
déserts. Pour n'avoir rien k se reprocher,
l'i^vèque consentit; mais ti peine eut-il fait
quarante pas avec ce nouveau i;uide, fjue
les soldats arrivèrent en poussant des hur-
lements féroces. Ils se saisirent d'nn jeune
homme auquel ils arrachèrent de forci' l'in-
dication de la ronte qu'il commençait à
prendre. 11 leur dit qu'il avait des souliers
avec des pointes en fer. Les soldats ne tar-
dèrent pas h le joindre : il s'était arrêté
flu pied d'un arbre. « C'est moi que vous
cherchez, dit-il, vous n'avez qu'à me pren-
dre. » Ils l'enchaînèrent par le cou, prirent
sa boite aux saintes huiles, une Imitation,
un Diurnal, un chapelet. Dès qu'il fut dans
leurs mains, l'évoque se sentit une force
extraordinaire : Dieu venait au secours de
son serviteur; sa toux s'apaisa. Un peu de
pain de mais qu'il mangea lui permit de se
remettre en route. Ajirès avoir erré long-
temps dans ces solitudes où ils s'égarèrent,
ils rencontrèrent un chrétien, fugitif aussi,
qu'ils attachèrent au bout de la chaîne de
1 évoque. Cet homme les conduisit h deux
lieues de là dans une auberge de chrétiens.
Arrivés là, les soldats proposaient démettre
l'évêque à la torture pour lui faire avouer
ses complices et ses crimes ; ils disaient
entre eux qu'il avait l'air d'un coquin ; ce
qui les faisait parler ainsi, c'était de le voir
avec sa longue barbe, son vieux bonnet de
laine et les haillons boueux rpii le cou--
vraient. Mais quelques chefs subalternes qui
se trouvaient là, s'y opposèrent et lui don-
nèrent un verre de vin. On alla avertir les
mandarins qui étaient près de là, au nombre
de six, avec environ deux cents soldats. Ils
s'assirent et firent-mettre l'évêque à genoux
devant eux suivant l'usage : mais aussitôt
celui qui nrésidait lui dit de se relever, de
s'asseoir, lui fit servir à manger et déclara
qu'on devait le traiter non pas comme un
coquin, mais comme un honnête homme ;
que la religion chrétienne était bonne. Il dit
en outre (pi'on no l'arrêtait que parce (pi'il
était étranger, et que l'empereurvoidait (pToii
h' conduisit à Pékin. Il conunanda aussi qu'on
lui ôt;U sa chaîne. Mais le saint évêque no
voulant pas être traita dilïéremniiMd (juo les
autres chrétiens qui étaient prt'sents. déclara
que la cause pour laquelle on la lui avait
mise, faisait (pi il la |»ortait avec joie etcpi'il
la considérait comme un honneur. «Comme
vous voudrez, lui réjiondit le mandarin. »
Cet oflicier lui dit : « La religion t lirétieiine
étant bonne, pourquoi prenez-vous la fuite
au lieu de vous produire? — Je suis venu à
la Chine, dit l'évêque. pour l'y prêcher ; j'ai
fui parce que je savais |)ieii ipio, si on m'ar-
rêtait, je ne pourrais pas i onuiiuer mes pré-
dications. » Il se mil ensuite »n fort grande
colère contre coux qui avaient volé vo qui
nppnrteiinit à révê(|ue, mais ne j)iit faire
rendre qu'une très-petito partie des obj»'t5
qui constituaient sa chapelle portative. En-
suite, il lui fit donner un cheval et le condui-
sit avec beaucoup d'égards dans l'auberge
où lui-même était descendu, et là lui fit
donner les soins que réclamait sa posi-
tion. Dans cette maison, aux questions qu'on
lui adressa, l'évêque répondit que depuis
onze ans il parcourait lo Sulchuen, mais ne
voulut faire aucun aveu touchant les gens
qui l'avaient logé ou qui s'étaient convertis
à la religion chrétienne.
Bientôt on partit pour se rendre à Yal-
chcou , siège d'une sorte de tribunal de pre-
mière instance , à quatre journées «le là.
L'évêque y fut conduit en chaise à porteurs,
bien traité durant la roule, et mangeant à la
table des mandarins. C'était en carême. Ils
poussèrent l'obligeance jusqu'à le faire ser-
vir en maigre. Arrivé à Yatcheou , il fut
conduit au tribunal, et interrogé devant sept
mandarins. Le président , nui était Yentao
(intendant général du sel et tlu thé), était un
petit homme fort pédant, ayant toute la mor-
gue et toute la suffisance de ces nullités qui
se gourment d'autant plus qu'elles sont plus
absolues : il l'interrogea avec infiniment d'in-
solence. Il paraîtqu'enChine,commeailleurs,
rins(dence est dans les habitudes de ces mes-
sieurs. — D'où es-tu ? lui dit le juge. — D'Eu-
rope, répondit l'évêque. Depuis onze ans je
SUIS dans le Sulchuen pour y prêcher la reli-
gion chrétienne; j'y ai formé deux ou trois
mille prosélytes, tous, ainsi que moi, fidèles
à l'empereur, comme le commande nolrç loi.
— Tu mens , dit le mandarin, puisque tu te
dis fidèle à l'empereur qui défend de prêcher
ta loi. — Nous n'obéissons . dit l'évêcpie, à
l'empereur , que dans celles de ses lois qui
ne sont pas contraires à celles de Dieu, à
ipii nous devons obéissance avant de la lui
devoir. »
Pour la suite de cet interrogatoire , nous
laissons l'évêipie raconter lui-même. — Ils
insistèrent : « Est-ce Dieu qui t'a dit de venir
en Chine? L'as-tu vu? as-tu entendu ses
paroles? — Dieu. réiiondis-je, me l'a dit par
sa loi, qui commaïuie de l'aiiuer par-dessus
toute chose, et d'aimer les hommes comme
nous-mêmes : or c'est ce que j'ai fait en ve-
nant publier ici ses grandeurs et ses miséri-
cortles. el vous ouvrir le vrai chemin du
bonheur que je connais el que vous ne con-
naissez pas. — Mais n'est-ce pas plutôt le roi
de ton pays cpii t'envoie ici? — Non, assu-
rément non : le roi de mon pays gouverne
ses Etats, sans prétendre gouverner ceux des
autres souverains. — Ne sait-il pas du moins
(jue tu es ici? — Il ne me connaît point. —
Tu es donc sorti sans sa permission : tu es
coupable. — Ce n'est pas une conséquence :
j'ai obtenu du mandarin chargé de ces sortes
d'alTaires la permission de sortir du royaume;
ce mandarin savait bien que mon intention
était de prêcher la religion ; mais il ignorait
ainsi cpie moi le pays où je devais la |irê-
rher. — Mais pourquoi venir en Chine plu-
tôt qu'ailleurs ? — Par toute la terre . i| y a
fies missionnaires qui prêchent la religion ;
ayant vu la langue chinoise , je sentis plus
880
SAI
8AI
hîK)
{\o mxU («I (li> facilili'" pour l','i|i|»i(Miiln( ijiio
(l'aulrcs liiiimics ; en (•(iii,s('(|ii('iit <•, je; mo d»^-
tcniiiiijii .•( riilrcr vu <".liinr. l'A poiiiinioi
lilulAl «Il Siil(;liin'ii ([lie (l.iiis li's aiilics |iiu-
viiiccs? — pour deux raisons : les vivn-s
y soiil moins l'Iicrs ; cl les liistuiirs nraviiiil
;i|i|>ris (|U(' celle pi'oviiic(^ , il y a plus de
cent ans, lui dévaslée par les l*a-ta\-ouan^ cl
le pcuplo renouvel('' depuis , je ju};;eais (pi'il
il V avail moins d'abus el de malice, el par
cons(^pu'nl moins d'ohstachîs h la vérilé. —
(^u'y l'y a amené? — Des pan'us (pie je ne
connais pas ; j'enlendais ([ueNjue chose de la
lanjiçue, el moyiMmanl cenl-cnKpianle lacis,
ils ont cons(Mili h lonl. — (lommenl as-lu pu
appr(M\dre la langue? — Nous avons dans no-
tre i>ays des livres (|ui renseit;nenl , el j'en
ai vu un, fait par un nonnné FromonI, (pii a
l)i(Mi ciu(pianle ans de date. — Mais les li-
vr(\s n'apprennent [tas les Ions; il Tant une
voix pour les l'aire sonner. » Je lis (lucUpies
observations sur les no|(>s d(> nuisi(pio (pi'on
écrit sur 1(> papier, sans (pi'il soit besoui do
les arlicider ou sonner. Jtî dis que la seule
pensée suffisait pour les éerire, ot autres cho-
ses send)lables, où ils n'entendaient rien, ni
moi non plus. Un d'eux , ennuyé de ma dis-
sertation, m'interrompit en disant : « La ré-
ponse est toul(> simple ; vous avez dans vo-
tre pays des Chinois qui y sont allés pour y
apprendre vos livres, et qui rentrent ensuite
en Chine pour y prêcher voire religion : ce
sont précisément ceux-l<i qui vous ont appris
les tons. — 11 n'en est rien, répondis-je ; les
Chinois ne peuvent sortir de l'empire, et les
vaisseaux européens qui vont à Canton crain-
draieni ilo les recevoir; mais il est vrai que
dans mon pays il y a des commerçants euro-
péens qui viennent à Canton faire le com-
merce ; ils savent le chinois ; et j'en ai vu
))lusieurs avec qui je m'en suis entretenu. —
Comment vis-tu ici ? — A mes frais ; j'ai ap-
porté environ cinq cents taëls ; je n'en ai
plus que dix, el ils sont entre vos mains. —
Mais si tu n'avais pas été pris , n'ayant plus
d'argent , counnent aurais-tu vécu ? — Les
chrétiens ne s'embarrassent pas du lende-
main. Au reste , il était naturel de supposer
que des gens pour le salut desquels j'ai tout
sacrifié ne me laisseraient pas mourir de
faim. » {La. édif., vol. III, p. 167.)
Après cela, l'évèque fut mis aux fers, avec
des menottes : il était au milieu d'une troupe
do bandits. Le lendemain, le satellite qui le
gardait lui ôta les menottes. Le mandarin lui
envoya de ([uoi prendre ses repas, et le len-
demain le lit conduire en chaise à ïchintou.
En route , le saint évéque prêchait , il con-
fondit môme le bonze d'une pagode qui osa
disputer avec lui. Enfin , il arriva à Tchin-
tou. Le lieutenant criminel le fit mettre dans
la prison des mandarins. Dans tous les in-
terrogatoires qu'on lui fit subir, le saint fit
les mômes réponses à peu près que dans les
précédents. Il refusa de faire aucune décla-
ration qui fût de nature à compromettre au-
cun des chrétiens qu'il avait catéchisés , ou
qui lui avaient rendu service. Bientôt ce
mandarin le fit traiter avec beaucoup d'é-
gards et pourvut ^ tous soshnioins. Au bout
de p(Mi de h'inps, il .sid)il \u\ nouvol inlerro*
gatoire. On lui demanda s'il y nvail des Eu-
ropéens dans le i)ays. u Je* n'en connais pas,
dit-il. — Mais il y a Li-lo-lin (pii y est de-
puis huit ans. » I. 'évéque fut surpris d'en-
tendre; ce nom , (pii él.ul lelui do .M. Du-
l'resse. Il r('|»ondil (pi'il no devait plus ftlre au
Sulchuen , qin; la persécution l'on avait fait
sortir, el qiH'd(;puis cinq mois il n'(;n avait
pas entendu |)arl(;r. Ils siqtposèrent (pi'il de-
vait être au Cheiisi. Après cela , on lit sortir
révé(pie de l'audience. Dans une salle où il
attendait , il entend dire (pi'on avait donné
l'ordnî du S(! saisir do M. Dul'rossf! , \\ (piel-
(pu' prix (p)(; ce fût ; (juo , ([uand on l'aurait
pris, l'allaire des Kuro[)é(;ns finirait. Oai-
gnanl(|ut! les recherches iiue l'on ferait pour
le découvrir ne fussent lalales \\ beaucoup
d'autres missionnaires , il lui écrivit de so
présenter do lui-même. Au bout d(! douze
jours, M. I)ufress(; so présenta. Pondant cet
intervalle , un ordriî était venu d arrêter
M. Delpon. On avait déclaré qu'il était [lassé
au Sulchuen. Le lieutenant-criminel lit lire
à révê(pie les dépositions qui mettaient
sur la trace de ce missionnaire. L'évoque ,
dans son mémoire sur ces événements, dé-
clar(3 qu'il crut bien faire en lui écrivant de
se présenter aussi de lui-môme. Il dit en-
suite qu'il ne croyait pas qu'il y eût d'autres
Européens dans la partie orientale. Mais
bientôt des chrétiens arrêtés le prièrent d'é-
crire à M. Devaut , dont on voulait s'emparer,
de venir de lui-môme. Cédant aux sollicita-
tions, il le fit. Quand ces trois missionnaires
furent réunis, on les fit partir avec l'évoque
pour Pékin. Ils y arrivèrent le 28 avril, com-
parurent le lendemain au tribunal nommé
Hing-pou, chargés de chaînes , avec les' fers
aux pieds et aux mains. Dans la prison des
mandarins , où on les mit, ils furent exces-
sivement mal nourris, ne recevant pour toute
nourriture que de mauvais riz et du fromage
fait avec du lait de fèves , qui se coagule.
Dans cette prison, ils étaient rongés de ver-
mine. Enfin, le jugement fut prononcé. Les
Européens pris dans les provinces furent
condamnés à une prison perpétuelle ; pour
beaucoup cet arrêt équivalait à un arrêt de
mort , car ils ne pouvaient vivre avec la
mauvaise nourriture qu'on leur donnait. Sept
moururent , parmi lesquels MM. Devaut et
Delpon. L'évoque, qui était d'une faible san-
té , s'attendait d'un jour à l'autre à mourir.
Enfin, les missionnaires de Pékin purent ,
en gagnant des gardiens , leur faire passer
des vivres , de l'argent , des habits , en un
mot améliorer beaucoup leur sort. Contre
toute espérance , le 10 novembre 178a , un
édit de l'empereur les fit sortir de prison et
exiler à Macao. L'évoque attendit dans cette
ville le moment de pouvoir rentrer dans le
Sulchuen, et d'y reprendre ses travaux apos-
toliques. Il mourut le 15 novembre 1801.
Quand on réfléchit à toute la conduite de
révoque de Caradre , à côté du confesseur
qui souflFrit courageusement pour la foi , et
qui à ce titre mérite d'être compté parmi les
m
SàL
SAL
8fl2
sai»)t5 , il e.ol pornTis doxnminor Thommo.
Lo mémoir<> (ju'il a |'iil)li(^ , vi dont on [xuit
voir do nomhn'iix fragments dans l'article
Chine , est fad)l(MiH'nt éoril et p«'ii rnélho-
(liiiuo. Il s'y trouve des passai^es qui don-
nent imm<''diat»M]ieut la mesure d'un homuie.
Si réviV]ue de Caradre eût «''lé d'un i^rand
jugement «>f d'une haute |>orlée d'esprit ,
il n'aurait pas écrit la |)mase suivante ,
surtout après le récit d'événements aussi
graves que ceux qu'il venait de raconter :
n M. Dulresse et moi nous n'allions pas à
Macao pour y mander des ortolans, etc. » Si
nous le jugeons sévèrement ici, plus peut-
<^lre qu'il ne convient sur de tels laits, c'est
nour avoir le droit de trouver une excuse h
la légèreté avec laquelle il écrivit ;i trois
missionnaires, MM. Dufresse, Delpon et De-
vant , de se constituer eux-mêmes prison-
niers. Deux d'entre eux moururent en pri-
son. Dans ces temps de persécution , il im-
porte par-dessus tout de s'en remettre h la
Providence, (pii , mémo dans les circonstan-
ces qui semhleut les plus désespérées, a des
moyens à elle de mettre ceux qu'elle veut
proléger à l'abri de tout danger. L'évoque de
Caradre crut hien faire , c'est évident ; mais
il est très-probable ([u'un autre à sa place
côt mieux fait en faisant autrement. Jusqu'à
sa n)ort, du reste, il garda le regret d'avoir
agi ainsi. Sans cesse il avait présent devant
ses yeux le spectacle de ces deux mission-
naires, morts, disait-il, par sa faute. Mais il
espérait que Dieu lui pardonnerait de les
avoir conduits à la mort. Il y a tout lieu de
croire que ses regrets étaient justes , mais
çiue ses espérances étaient fondées. Dieu
juge les con>;cioneps avant déjuger les actes.
SAINT-SÉVKRIN (FÉi.iv di:), capucin, fut
appelé en Abyssinie dans l'année lGV-2 par le
P. Petra-Santa, d«»nl le conipagnon, le P. Vir-
golela venait de mourir. Félix île Saint-Sé-
verin vint donc rejoindre ce missionnaire
avec Joso|)h Tortulriiii d'Allino. religieux du
même ordre, l/arrivée de ces deux mission-
naires causa luie gran le émotion en Abys-
sinie. .Ius(pie-là, ces courageux prédicateurs
de la foi avaient été |)rotégés par lt> pacha
de Souakim; mais alors Hasilides ayant en-
voyé au pacha cent cimpiante onces d'or et
cin<iuaide esclaves , h la conditutn (\n'\\ lui
livrerait les missionnaires ou les feivnl périr
hii-môinc , cet honune ( ruel et cupide se
tu amtMier les deux luniveaux religieux,
et leur tit trancher la léfe innuédiate-
ment. On |)eut voir à l'article Pktra-Svntv
conmu'ut ci- saint périt aussi par les ordres
du persr>culein'.
SAINT-THOMAS Jkan pe). do la compa-
gnie lie J(''su>;. prêchait l'Kvangilo aux habi-
tants do Madagisi ir, (|ni rempoisoimèreiil i n
15M.'>. F'ont.uia, .yf'inumrnln Dominirnna.)
SAI.KM , gnuveinour de Syrie, était lils
d'Ali et frère d'Abilalla, par conséquent oticIo
du calife Aluiansor.Ce prince persémita les
chrétiens. Il envoya on exil, dans le pays des
M"abdes,Tliéf)dore.palriarcluMUe|chilèd'An-
tioche. .successeur de Théophylacto, qui avait
attiré l'envie des .\rabes, et qu'ils ncrusaiont
décrire souvent h l'empereur Tonstantin,
pour lui découvrir leurs atfaires. Il défendit
aussi de b.Uir de nouvelles églises, ni d'ex-
poser en public aucune croix, ou do dogma-
tiser avec les Arabes touchant la foi chré-
tienne. C'était l'an 7o(î, sei/.ièmo de l'empire
deConstantMi. L'année suivante, 757, Salem
étendit les tributs des chrétiens, en sorte que
tous les moines, les reclus et lesstylites eu
payaient. Il tit sceller les trésors des églises,
et tit venir les Juifs .pour le» vendre: mais
les atfranchis les achetèrent : j'entends les
affranchis des églises. Salem fit aussi mou-
rir, par ordre du calife, six des principaux
d'entre les Perses, de la secte des mages, qui
avaient séduit ipiehiues-uns de leur nation,
leur persuadant de vendre leurs biens et de
s ' jeter tout nus de ilessus les murailles de
leurs villes, dans la folle espérance de voler
au ciel ; mais ils se brisèrent en tombant.
Les Arabes défendirent encore aux chré-
tiens , par envie , de tenir les registres pu-
blics; mais ce fut pour peu de temps , et ils
furent Identôt contraints de les leur confier
de nouveau, ne sachant point écrire les chif-
fres; car ils étaient encore fort ignorants.
Abdalla, lils dAli, autre oncle du cable Al-
mansor, fil aussi btMucoup de mal aux chré-
tiens. Il leur défendit d'ap|>rendre leurs let-
tres, apparennnent les lettres grecques, ot
de s'assembler de nuit dans les églises, dont
il fil oler les croix. Nonobstant la persécu-
tion des Arabes, on ne laissa pas, sous le ré-
gne d'Almansor, de bâtir à Eraèse une église
magnifique on l'honneur do saint Jean-Ha(>-
tiste, el l'on y transféra son chef du monas-
tère de la Caverne, où il avait été trouvé
sous l'empereur .Marcien, l'an i53. Cette
translidion se fit la vingtième année de Cons-
tantin, 760 de Jésus-Christ, quatrième année
d'Almansor. (Fleury, tome III, paasim.)
SALINS, chanoine do Couserans, faisciit
l^artie des prisonniers renfermés aux Car-
mes, et (|ui furent innuolés le 2 se|»tend)rc
1792. Il s'avançait au-devant des meurtriers,
quand un coup do fusil le renversa mort.
SALMASTKF, ville de Perse, est célèbre
dans les annales dos martyrs par les souf-
frances qu'y endura saint Antoine, francis-
cain, sous le règne d'un prince monghol qui
persi'culait vivement les chrétiens, et sur-
tout les ministres de Jésus-C,hrist. Sa mort
arriva en 1287.
SALO.MON (^sainl\ évètpie . confesseur,
soulfril à Cènes pour la défense «le la reli-
gion chrétienne ; on ignore h quelle épo(pie
el <lnns (]u<||es circonstances. LKgliso lail
sa fête le 28 septembre.
SAI.OMON saint), fut martyrisé Jl Cordoue
avec le s.unt prélre Kodrigue On ignore la
(lato ot les dilVi'rcntes circonstances de leur
martyre. Ils sont inscrits au Martyrolo.^-;
romain h^ \'^ mars.
S.VLl'STIK sanifo' , martyre, fut mise à
mort sous l'empire do tiallus, avec son mari,
saint Or^vi. i^oif. ce nom.)
SALISTIKN (.sainl). confessa la foi de Jé-
sus-t;hrist en Sardaigne. Nous ignorons les
dilférenles circonstances qui illustrèrent son
8D5
8 AN
MM
h'ji
uloriiMix romlwil. Il <i.sl iiisciil an MoilyrO'
iu^(« l'oiiiitiii lo H juin.
SAIA'I'", (.saiiilK iii.irl\r, iiiinr |,i |(\((' dn-
(|lii>l .o.'iitil Aiuiisliii lil lin (lisruin.s nii pcii-
nli' (Ir (wii'tliMKo, t'iil iii.'irlynsc'' t'ii Aliniiut.
J/I'lj^^lisc lionnid sa iin'inoirt^ le il jaiiviiT.
SALZl'iJX) (l'"i:ui>i\.VM)), IVrrc de ['(tiilic
(lt> Saiul-l''nin<,'ois, lui mis ji niori (in lliK»,
cl (|('V(ir('' |»ar les <larailir.s de rAiii(''i'i(|U(' du
l\(ii(l, ainsi (inc Didacc Itolfllio cl un au ■
li'(> roli^icnx d\i ni(>in(' ordcc, doiil li> num
«'sl rcslô i};noi(''. [V{}\\\i\i\i\, Moinntu iifa Ihxiii-
uicnmt, an. i5l<>, cl \N'aihlini:,.an. liiUI, n' .VO.)
SAMONAS (saint), lui marlyrisc i^i Kdrsso
(Ml Syrie, iiv(>c saint (Iniir. i-cnr trioinplic
arriva sous rcmitcrcur Dioi Ictim cl lu |»in-
consnl Antonin. Los dclails nous nian(|uciit
c(»in|)l('ttMncnt sur lui. I/I';j.;lis(> lail collL'cli-
vouuMit l(Mn' niciixiirc le Ifi novembre.
SAiMOSA TK, aujourd'hui Saiiiisttl, caiiitalo
de la (',oma!;<Nne, vil. sous rempire de Dio-
elélion, en '21)7, le uiarl\ re (h\s saints lli|i|>ar-
nuo, Phiiotlu'c, Jacipies, l'ara^rus, Hahidc,
Homain cl Lollien. (îalère revenail de la
gueri'e contre les l'ersiis ([u'il av;ul vaincus;
en passant h Saniosate, il ordonna des ièlcs:
et des sacrilices publics ; tous les habitants
devaicMit se rendre au lem|)l(* de la Fortune.
Hippartiu(> et Philolhée, mai:;istrats do Sanio-
sat(>, relusùrent de sacrilier ; ils lurent cru-
citit^s par ordre de (îalère, avec les cinq au-
tres ({ue nous venons de nommer, et qui
étaient nouvellement convertis. {Voy. larti-
Cle HlPP.VRQlE.)
SAMUEL (saint), martyr, reçut la jialnic
du martyre à Césarée de Palestine, eu Tan
de Jésus-Christ 309 , sous le gouverneur
Firmilien, avec saint Elie, saint Daniel et
saint Isaie. Ils revenaient de Cilicie, oii ils
étaient allés voir des confesseurs condamnés
aux mines. En pass int par Césarée, ils fu-
rent arrêtés et conduits au gouverneur, qui
leur lit trancher la tète après les avoir fait
tourmenter cruellement. L'Eglise célèbre la
mémoire de ces saints martyrs le IG février
SAMUEL (saint), prêtre d'Ararad, du vil-
lage d'Aratz , reçut la palme du martyre
sous le règne du cruel Hazguerd, roi de
Perse ; il fut martyrisé dans Vartesse avec
le diacre Abraham. Us souffrirent {)Our n'a-
voir pas voulu renier leur foi et embrasser
la loi de Zoroastre.
SAN-CANTLVNO {Aquœ Gradatœ), bourg
de l'Abruz/e ultérieure, dans le royaume
de Naples, fut, en l'an 304 de Jésus-Christ,
témoin du martyre .des saints Cant et Can-
tien, de leur sœur Cantianilie, et de saint
Protus, leurprécepteur. Il se nommait alors
Aquœ Gradatœ ; c'est depuis qu'il a pris sou
nom moderne, en mémoire de cet événe-
ment. [Voy. Cantiem.)
SANCHE (saint), reçut la glorieuse palme
du martyre à Cordoue en Espagne. Ce tout
jeune garçon, quoique élevé à la cour, ne ba-
lança point à soutirir le martyre pour la foi
(la Jésus-Christ, durant la persécution des
Arabes. Il est honoré dans l'Eglise le o juin.
SANCHEZ (le bienheureux Hernand), Es-
pagnol, de la compagnie de Jésus, faisait
larlic de, courageux iiii.s.sioiaittires (|iic lo
'. A/ovedo éloil allé iccruler h UoiU(5 jKiiir
le IhV'sil 1 !'«//. l'aitiilc A/i:m.i»(>;. Leur ii/i-
vire l'ut pris, le lo j-nllii lo71, par des cor-
saires calvinislu.s, i|ui les ma.ssucrèrenl ou
lis jclcrcul à I (MU. (Du Jariic, lliiilohf des
ilio.srs plus inniiontlilrs, etc., t. \\, p. 27H.
TauMer, Sorirlun Jcnu ust/ur ad suiKiniiii» et
ritir piofiisionriii iiiilifuns. p. I(»(J et 170.)
SANCllEZ SA\ EI.LI'i de bienlicurcuvj, do
la coiupaguie(le Jt'siis, fut martyrisé à Axa(;a
le 8 IV'vrier l.")7l, avec les bi(!nheuieu,\ Jcan-
Jtaptisle Scguiii. (jabrici (ioiiicz et Christo-
phe KoIimkIo. Jls avaient pc'jiélié dans la
Floride conduils par un naturel du pa\8
nommé Louis, (jui avait ét(' baptisé en I^s-
|)agne. Nous avons vu h j'arlicb! Lolis ukQli-
Hos (pu; ce naliu'el rcuégat h; massacra avec
deux de SCS compagnons. Trois jours aj'rès,
Jc's meurtriers se présentèrent d(!vanl les au-
tres missionnaii(^s (jui if.'staient, ceux cpii
sont nommés plus haut, prétextant avoir
besoin de haches p(our abattre des arbres.
A peiiu' enreiû-ils désarmé hîs mi^si<jnnai-
jes (ju'ils les massacrèrent (8 février 1571j.
Us s'emparèrent des vases sacrés et commi-
riîjit un grand nombre de profanalio'.is. (So-
cictas Jcsu usque ad aa^iguinis cl vitœ profu-
sioncui mililans, p. iiO.)'
SANCTUS (saint), cueillit la couronne du
martyre sous le règne de remj)ereur Marc-
Aurèle, dans la ville de Lyon. Il était natif
de Vienne, et diacre de l'Eglise de Lyon.
La lettre des chrétiens de Lyon, qui raconte
le martyre de saint Pothi'n et des autres
compagnons de saint Sanctus, rapporte que
ce fut principalement contre notre saint que
s'exerça la rage du gouverneur, du peu[)le
et des soldats.
« Sanctus soutenait avec un courage élevé
au-dessus de la nature de l'homme tout ce
que l'inhumanité la plus raftinée lui faisait
endurer ; et (|uoit|ue ces impies espérassent
à tout moment que la violence de tant de
maux lui arrachei'ait entin quelque parole
indécente ou peu religieuse, il trompa si
bien leur attente, qu'ils ne purent savoir de
lui ni son nom ni de quelle province il était,
nilelieude sa naissance, ni s'il était libreou
esclave ; mais ne répondant à leurs interro-
gations que ces mots en langue romaine : Je
suis chrétien, il comprenait dans cette seule
expression son nom, son pays, sa race, sa
condition et généralement tout ce qu'il était.
Ce silence ne servit qu'à rendre la fureur du
président et de ses ministres encore plus
opiniâtre ; jusque-là qu'après avoir employé
en vain contre cet invincible martyr tous
les tourments dont ils purent s'aviser, ils
eurent enfin recours à des lames de cuivre
ardentes, qu'ils appliciuèrent aux parties de
son corps les plus délicates et les plus sen-
sibles. Le feu fit son effet, mais le martyr,
immobile dans sa foi , ne le fut pas moins
dans la situation ol'i il tint son corps. Jésus-
Christ, versant alors sur ses membre brûlés
l'eau divine de sa grâce, en tempérait l'ar-
deur morîelle. Entin ce n'était plus un corps
humain, ce n'était qu'un amas de chairs per-
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SAN
SAN
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céoSf (l«Vhir(5es, snn^l.infos, h donii ronsu-
ni 'es. A (XMiio y j)ouvait-nn apercevoir (|uel-
que figure ; tous les merubres en étaient ou
r(^lr(^cis ou mutilés, on n'ocnipaienl plus leur
plaro naturelle ; mais re cor|)s,tout (Jén;.^uré
qu'il était, ne laissait pas d'avoir Jésus-
Christ qui l'animait, et il y opérait des mer-
veiilt's dignes de sa toute-puissance. Il se
servait de ces restes informes de la cruauté
d'un tyran, pour confondre rennemi, pour
le vaincre et pour détruire son pouvoir. Il
s'en servait pour apprendre aux fidèles que
la charité du Père ne doit laisser aucune
crainte, et <jue la vue de la doire du Fils doit
ôler tout sentiment de douleur. Car ces
monstres altérés de sang ayant repris le saint
martyr pour le tourmenter de nouveau, ils
s'imaginèrent que s'ils remettaient le fer et
le feu dans ses plaies encore tontes bouffies
et tout enflammées, sa constance serait en-
fin vaincue par un tourment si effroyable,
nuisqu'cn cet état à peine peut-on souffrir
la main la plus douce et la plus légère ; ou
que rendant l'esprit parmi de si horribles
peines, il jetterait r(''[touvante dans celui des
autres. .Mais rien n'arriva de ce qu'ils pré-
tendaient ; car, contre l'attente de chacun,
son corps , parfaitement rétabli, se trouva
prêt à endurer de nouveaux supjdices ; en
sorte que cette seconde épreuve oi!i il fut rais
fut moins une nouvelle torture ([u'un appareil
et un remède à ses premières blessures.
« Ces divers tourments ayant été employés
sans effet , et Jésus-Christ, par la force de
sa grAcOr en ayant émons>é toute la pointe,
et rendu la constance des martyrs victorieuse,
le démon en inventa un des plus cruels. Il
fit en sorte qu'on les jelàt dans une [irison
incommode et obscure; et Ih, qu'on anpor-
l;U mit' machine de bois, dans la<pielle on
mettait leurs pieds, ((u'on écartait avec vio-
lence jusqu'au cinquième trou de la machine,
où on les arrêtait avec une corde. Kt eu cet
état, le plus horrible ([u'on se puisse imagi-
ner, les l)0urreaux, animés parle souffle du
démon, et crevant de di'pit de s'être vus si
souvent vaincus par des gens à demi morts,
ramassaient contre eux tout ce que l'art de
founnenter les hommes leur avait ap|)ris.
(]e dernier efforlfulsi terrible, (pn> plusiem-s
en moururent, Dieu le permettant ainsi pour
sa gloire. Pour les autres, ils n'attendaient
de mom(>nl en moment (pie la mort ; car les
supplices qu'ils avaient éprouvés avaient été
si violents qu'on ne croyait pastpi'ils y dus-
sent survivre, quand même on eiU pris soin
de leurs plaies. Cependant, quoique aban-
donnés d(>s hommes, ils ne le furent pas du
Dieu qu'ils venaitMit do confesser, il veillait
h leur conservation ; il rendit la santé h leurs
ror[)s et auginenli la force et la vigueur do
leur Ame. Leurs paroles mêmes et leurs excin-
jilos consolaient et ff)rtiliaient tout ensem-
ble ceux qui étaient avec eux. » (lluinart.)
Ouelipies jours s'ét.uit «'coulés, on songea
a terminer le martyre do nos saints conl'es-
.seurs par dilTt-renls genres dr> mort. On des-
tina dr»nc Mature, Sanctus, Illandin ■ et Al-
lalo pour raniphilhéàlre, et on choisit, en
leur considération, un jour extraordinaire,
pour donner un spectacle public de l'inhu-
manité païenne. « Sanctus et Mature repas-
sèrent tout de nouveau partons les tourments
(pi'ils avaient déjà essuyés , comme s'ils
n'eussent encore rien souffert , ou plutêt
comme d'invincil)les athlètes qui, après avoir
terrassé leur ennemi, ne combattent plus que
pour la gloire. Ils virent d'abord couler leur
sang par mille cicatrices h demi fermées qui
se rouvrirent sous la violence des fouets,
par les morsures des bêtes, et par tous les
autres supplices qu'un peuple insensé inven-
tait sur l'heure, et (|ui étaient aussitôt exé-
cutés par les bourreaux, attentifs aux moin-
dres signes des spectateurs. Enfin, on de-
manda qu'on donuAt aux martyrs la chaise
de fer rougie au feu, où leurs membres brû-
lés exhalaient dans tout l'amnhithéAtre une
odeur ((ui eill été insupportable h tout autre
qu'à un peuple cruel qui en faisait ses déli-
ces. Mais sa fureur ne fut pas encore satis-
faite, et la constance des martyrs ne fit en-
core que l'enfiammer davantage. Cependant
toute son activité ne put jamais tirer de la
bouche de Sanctus d'autre parole que celle
qu'il n'avait cessé de proférer dès le com-
mencement de son martyre : il le consomma
enfin par un coup d'épée dans la gorge. »
(Kuinart.)
La fête de saint Sanctus et de ses compa-
gnons se célèbre le 2 juin.
SANDALE (saint), fut martyrisé à Cordoue.
Nous n'avons pas d'autres détails sur son
compte. Il est inscrit au Martyrologe romain
le 3 septembre.
SANDOU (saint), évoque, confessa la re-
ligion de Jésus-Christ à Vienne, au milieu
des tortures. Nous ignorons l'époque où sou
combat eut lieu. Il est inscrit au Martyro-
loge romain le 10 décembre.
SAN - SEVEHINO, ville de la Marche d'An-
rùne, célèbre dans les annales des martyrs
par les souffrances qu'y endura saint Illumi-
nât, confesseur.
SANTAHEN (Fkrpinvnd pk), de la compa-
gnie de Jésus, naquit à Huela en Es[>agno
d'une famille très-illustre. Il entra chez les
jésuites dès l'Age de (piin/.e ans, et dès que sa
philosophie fut ferminée, il part il pour Mexico.
Pendant des années, il fut à Cinaloa le com-
pagnon du P. Cionzdve de Tapia. De \h il fut
appelé à évangéliser les peuples de lapi.i,
et y resta jus«iu';\ la \\n de sa vie. Il s'y livra
à des travaux aposlolitpies vraiment ef-
frayants, et forma à lui seul plus detjuarante
colonies , baptisa plus de cinquante mille
idolAtres. Il eut A résister h plusuMirs impos-
teurs qui voulaient soulever .s(>s indigènes
contre les Espagnols et contre la religion.
Il pt'rit de la main des Tt'péguans, comme
plusieurs autres Pères de la compagnie, il
arriva au bourg de Saint-Ignace, après les
massacres et les profanations des naturels.
Il se retirait, l'Ame brisée de douleur, «piand
les Tépégiians l'ayant apen;u, fondirent sur
lui , et lui brisèrent la tète d'un coup u •
massue : la cervelle jaillit h terre. Après l'a-
voir ainsi massacré, ils jetèrent son corps
807 SAN SAN 898
Tlaiis la rivii^ro. Noire lii<'i:liiMir(Mi\ l'I.iil niots rioiuili/im, il l'taltlil un sj^rnirinirc h Ak'/i;<iwi,
/^^r (le riii(|iiaiil('-iin ans. I.cs rciiinics des < licl' litii de la mission, s<iii>» le litre i|(; S/iinl-
1'e|i(''t;;uaiis, (| ni avaient en linii-enr des rniau- Jean de-l.alr.in.alind'v éluver' l.ijennessenidi-
U'>s de lenrs maris, lecneillirenl ses reli(|n(>.s, «''"<■• l""'''ii'"tri-:s|»aKne,(jni nvail pris les lleg
«'t Hin'Ia, sa ville natale, en possède nno Maiiamies suns sa liante pioteciion, dota ee
[larlie. ( lanner, Sixirfas Jcsk nsi/tir ad sait- sénnnaiiM! d une pension annnellc de trois
ijuiiiis et l'if IV i)rofiisi(ninii m il i t uns, p.i;^. 'iTtJ.) niilleiMiis, pris snr le Ir-i'-.sorro^aldn .Mexique.
SANI'l.\<i() lll';iUn'",IU> ^le hienlieincnx^ l'Iein d'ini zèN; inr.ili^alile, Sanvilores p/ir-
niissionnaiie du la comita^nie do Jésns, pe- lit hientùl pour Tnnan ; il venait d'appi(;n-
rit on nV(», dans une iiK iiisioiupn' les Al)i- dri,' (pie (lasanova et Médina, nialj^ré tous
jiones lireiil dans le l'iimman, on il pitVIiait hîurs ell'oits n'avaienl pu ealiiK.'r l'i/iimitié
la loi c.liit'lienne. ipii sé|)aiait Marpo et Sonliaiom, les deux
SAN\ rroiU'lS (Du'Uio-I.oris dk), mission- prineipalcs hour^adcîs de l'ilo. Il se porta on
naire de la compagnie do Jésus, élail issu médialiMir (uilrt! les deux camps; mais, au
irnno des plus nobles lamilles do l{ui>^os, lion d(! l'écouler, on lu*i lança des pierres
villo capilalode la Vieillo-C.aslille. Ayant été qui se réduisaient en poudro sitôt qu'elles
destiné h la mission (l(>s Pliilippines, il s'om- le touchaient, lui ou son crncilix. (](! mira-
barcpia le 15 mai KilU), et aiiiva dans ces de, joint à d'assez longues négociations, mit
îles le 10 juillet lOO'i. Au milieu des fruits eiilin un terme à la liaino (jui divisait les
aliondanls que sou zélé y produisait, il n'ou- deux huur^'ades el la paix fut ré-lablie. Le 9
bliait pas rarciiijxd tb's l-airons , qxw les juin KiTl, les PI*. Kiancois Solano, Alonzo
coiupu^rauts espagnols avaient dédaii^né jus- Lopez, Diej^o Noriega et François Ez<juerra
(]m>-l.^, à cause do sa pauvreté, il écrivit vini'cnt uriii- leur zèle h celui (b; SanvilfHcs,
l>ieutiM au jésiiile Nisard, conl'osseur do Ma- (]ui envoya le dernier dans lile do Ilota.
rie-Ainie d'Autriche, fenuiie de Philii)[)e 1\', Notre bienheureux avait enrôlé dans sa
roi d'Espagne, alin (ju'il ongag"e;\t cette |)rin- troupe apostolicpio un jeune catéchiste nom-
cesse h y envoyer des missionnaires. Le 2Ï nié Jiazan ([ni soull'rit bient(jt le martyre,
juin IGCo, lMiili|)pe IV ordonna au gouver- Ce saint jeune homme, rempli de douleur
neur des Philip|)inos , do fournir <à notre envoyant le chef Ki[)olia déshonorer son li-
bieuheuroux el h ses compagnons tous les tre cb; chiétien par la licence de ses nni^urs,
moyens de transport nécessaires, et au mois lui adressa de vives re[)résentations, et fut
do juin 1GG8, Sanvitores descendit ^ (ioua- assassiné le 31 mars 167i>. Nicolas do Figue-
ham, l'une dos dix-se|)t îles dont se corn- roa et Damion Bernai, autres catéchistes de
pose l'archipel des Larrons, (lu'il nomma îles Sanvitores, périrent de môme de la main des
Mariannos, on l'honneur de la roino d'Espa- indigènes.
gne. 11 était accompagné du P. Thomas Car- Sanvitores ne larda pas lui-môme à cueil-
denoso , pris aux Philippines , des Pères Hr la glorieuse palme du martyre. Le 2 avril
Louis de Médina, Pierre de Casanova, Louis 1672, étant allé au village do Tumham, ac-
de Morales et Laurent Kuslillos, choisis au compagne du catéchiste Pierre Calangsor ,
Mexique par notre saint. Les Pères de Mé- atin de baptiser la tille d'un chrétien apos-
dina et de Casanova descendirent les pre- tat, nommé Mata{)ang, il fut repoussé dure-
miers à terre, et ayant été bien accueillis ment par cet infidèle et se mil alors à prô-
par le chef Kipolia, ils plantèrent une grande cher la jeunesse du village. Matapang, fu-
croix sur le rivage. Bientôt Sanvitores corn- rieux du zèle de Sanvitores, s'éloigna atin
mença son apostolat par la célébration des de chercher un complice qui l'aidât à tuer
saints mystères ; dès sa première allocution le saint missionnaire ; mais celui-ci prolitant,
quinze cents indigènes se convertirent. Ki- do son absence, pénétra dans la maison de
poha donna cl Sanvitores un vaste em])lace- l'apostat et baptisa la jeune fille. Bientôt,
ment pour y bâtir une église el la maison Matapang étant arrivé, un de ses complices,
q;ii devait servir de demeure aux jésuites, nommé Hirao, tua Calangsor, et déchargea
Notre saint ayant gardé Médina avec lui, en- ensuite un grand coup sur la tète de Sanvi-
voya Casanova dans l'île de Rota, Cardenoso lores, pendant que l'apostat lui passait sa
et Morales dans celle de Tinian. Bientôt il lance à travers le corps. Le saint apôtre de
baptisa le chef Kipoha, dont l'exemple fut l'archipel des Larrons mourut ainsi, âgé de
suivi par un grand nombre, el habitua à se quarante-cinq ans, après avoir prêché et
couvrir ces hommes qui avaient toujours établi la foi dans treize îles, fondé huit égli-
marché nus. Ayant appris, sur ces entrefai- ses, organisé trois séminaires pour l'éduca-
les, i|ue le zèle des PP. Médina et Morales tion de la jeunesse des deux sexes et donné
était traversé par un Chinois idolâtre nommé le baptême à 50,000 indigènes. Son corps,
Choco, et qu'excités par cet infidèle, les ha- dépouillé par Matapang, fiit trouvé couvert
bitants du pays persécutaient ces deux mis- d'un cilice et d'une rucle ceinture de fer.
sionnaires, Sanvitores se rendit auprès de Ses meurtriers jetèrent ensuite les deux ca-
cel ennemi acharné de la foi, discuta avec lui dayres dans la mer...
enprésenced'unegrandemultilude,etrayant SANZ, évêque de Mauricaste, fils d'André
converti, l'amena enfin à demander le bap- Sanz et de Catherine Jorda, naquit à Asco,
tôine. Il visita ensuite les îles de Tinian et dans la Catalogne. Il fut élevé à Lerida par
de Saypan, pendant que Morales, sur son or- son oncle Michel Jorda. Il entra dans l'ordre
drc, allait évangéliser Anataxan, Sarjgnan, de Saint -•Dominique au couvent de cette
Alamagnan, Pagan et Grôgan. A son retour à ville et fit ses vœux, le 6 j uillet 1698. Il reçut
en pntrfliit en profo^sion lo nom de Pierro
Marfvr, oommo si l'on oi^t prosst^nti q\ie la
Pn^vuionre le dpslinnit .^ jnstitior (c nom
p«r lo fiit II roçut l'ordro do la prêtrise lo 20
soplomhro 170i. I.on'-tfemps il ju't^rha dans
la Catalogne of l'Arai^on. Enlin il fui choisi
pour allor porter la parole év,insj(''li((U(' aux
idolAfres. Il alla an Moxitpie on 17f2, avec
quolques roli^it^ix de son ordre et do là il
passa à Manille en traversant l'Oct'an Paciti-
que. En juin ITKi il so rendit en Chine
avec le P. Malhion. Il ahorda au port d'Hia-
men. Longtemps il prêcha dans le Fo-Rien,
il fut nomnn^ vi( aire-aposlolirpie dans ce
pays après M. Maigrot. Il fut fait évèqao de
Manricasto le 2'* février 1729. A la suite
dnno persécution, il se retira à Macao comme
les autres mii^sionnaires et y resta 6 ans. Il
écrivit dans cotte ville une apologie en fa-
veur du christianisme pour répondre aux ca-
lomnies et aux blasi)hèmes contenus dans
les placards que les mandarins faisaient
sans cesse aOicher contre la religion. En
mai 1738 il rentra dans lo Fo-Kien, où il
avait appelé à son aide les P. Uoyo el Per-
rano. Lo P. Al<ol)ert y était déjiv ; lui-même
y revint avec le P. Diaz. Depuis quehpie
temps il prêchait le christianisme dans
cette contrée, lorsque lo Fou-Yven ou vice-
roi de la province reçut un mémoire où
étaient groupées les accusations ([u'on avait
coutume de porter contre la religion chré-
tienne. Files étaient formulées sous sept
rhefs différents dont on peut voir le détail
à l'article Chine. Aussitôt que le vice-roi eut
reçu ee mémoire, il le fit |iassi>r h roîlicier
Fan à Fou-iig;u). Celui-ci lit partir ses sol-
datsen trois bandoset se porta sur les endroits
désignés conmio étant la reliailo des mis-
si'mn.'iiros ; vainement |)ln>ieurs chrétiens
arrêtés furent mis h la torture, aucun ne
voulut dire où était i'évêque. Fan faisait
ses recherches avec un«> si grande activité
qu'écha[>per devenait fort diflicilo. Pour ter-
rifier ceux (pii cachaient les missionnaires
il faisait mcttie à la lortiu-e tous ceux qui
étaient soupi;onnés. Le chrétien qui cachait
l'évêipu' eut peur et lui dit : « Vous nous
exposez, ni(»i et les niions, h do gratids dan-
gers : Ambroiso Ko mon voisina été torturé
quatre fois, ses hicns sont vendus, il est on
j>rison avec sa famillo.» — « Mon ann, lui dit
i'évê(pn\ nous sommes venus ici pour vos
intérêts plutôt que pour les nôtres ; occasion
innocente dos maux qui vous arrivent, nous
soiniiios prêts à les partager avec vous, mémo
à les prendre pour nous tout entiers, s'il est
jKjssiiilo. Mais soyez fraïupiille, je vais vous
satisfoiro. » il sortit do la maison et gagna
un jardin où il |)nssa la nuit. Les soldats
passèrent floux fois prés de lui sans lo voir.
Le lendemain. Ui chrétien (pii l'avait caché
refusant, ipnn qu'on \\\\[ faire, de lui rouvrir
sa mais<m, \\ se montra dans le village, fut
arrêté et enchaîné. Pou après, dans un in-
terrogatoire ((u'on lit sut)ir aux chrétiens,
l'oflii 1er Fan ayant demandé h l'évêfpio
d<'[tujs I omltiwn do toiniis il était dans l'em-
pire, ce prélat répuniiit qu'il y était vodu
SAN
PAO
sons le règne de Cang-Hi pour y prêcher la
vraie religion. Il en ex()0sa les principaux
points de manière à toucher tous les assis-
tants. Le 10 juillet tous les missionnaires
chargés de chaînes furent conduits à Fou-
Tcheou-Fou, capitale, à 27 lieues de Fou-
gan. Ils furent portés sur des charettes ; la
foule les injuriait sur la roule, les nommant
magiciens, impudiques, serinais, fils du dia-
ble. Le vice-roi les interrogea aussitôt leur
arrivée. Pour répondre aux «luostions du
vice-roi I'évêque dit (lue c'était le paj)o qui
l'avait envoyé prêcher la religion chrétieiuie
aux Chinois; cpio ce n'était point par argent
qu'il les engageait à le faire ; (|u'on lui en-
voyait d'Eurojio tout ce rpii était nécessaire
à son entretien et rien de plus. « Pour con-
vertir,dit-il, jetàchedeconvaincre ;jenel»;q>-
tise que ceux qui'le demandent instamment.
La Chine repousse le christianisme parce
([u'ellene le connaît pas; c'est la seule religion
(pli soit vraie, et (}ui explique d'une façon ra-
tionnelle les peines et les récompenses dans
l'autre monde. » Ce discours, lut payé de
vingt-cinq soulllets. On remit les prisonniers
dans leur cachot. Au bout de quelque
temps, de nouveaux juges durent connaître
de cette atfaire. Plusieurs interrogatoires
furent faits ; on voulait absolument trouver
les chrétiens magiciens, impudiques ou re-
belles. Tous furent torturés ; lévèquo reçut
quatre-vingt (juinze soutilets.
Pendant le jugement de cette affaire, vaine-
ment les missionnaires enqiloyés à la cour
de Pékin, usèrent de leur intluence en fa-
veur des accusés : une sentence de mort fut
prononcée dans le Fo-Kien contre révê(iue
Sanz, Royo, Alcoberl, Serrano, Diaz et un
de leurs cathéchisles. Le vice-roi de Fo-Kien
vint à Pékin, pour la faire maintenir par
l'empereur (|ui la déféra au tribunal dos cri-
mes. Le tribunal la conlirnia el la signa telle
cpi'on peu! la vi-irdans l'article Chink. In
prêtre chinois a|»pril à revêijuo de Manri-
casto cpiel était son sort. Cuinme il était velu
de haillons dans sou cachot, des chrétiens
lui liront parvenir des habits convenables
pour marcher au supplice. Ayant emiuassé
ses compagnons do captivité, ii prit (pielques
rafraichissemonts el parut devant le manda-
rin char,:;é de lui signifier la sentence, l-ille
lut lue dans la salle d audience. Aussitôt un
enchaîna I'évêque, les mains au dos, et on
lui mit sur les é|)aulos un écritoau c«>nte-
nant (lu'il était condamné à mori, pouravoir
travaillé à pervertir le peuple par une mau-
vaise doctrine. Il marclia h pied au lieu du
supplict>, le visage gai, et récitant îles priè-
res. Beaucoup de chrétiens suivaient. On
franchit la pitrte du Midi, puis un pont de
bois au bitul duquel est le lieu d'exécution.
Le bourreau arrêta I'évêque et lui dît : C'est
ici, mettez-vous h genoux. » L'évê(iuc obéit
el so tournant vers cet liumme, lui dit : « Mon
ami, je vais au ciel ; oh ! que je voudrais qu'
tu y vins.ses avec moi 1 » Le IxHirreau lui i e
pondit : « Do tout cieur, je désire y aller.
Puis lui ôlant son l)o met, il iui trancha l.i
têle d'un seul coup. Ce fiil le 2ti luii 1747.
î)oi s Al' SA»' {)(ri
f,cs ('liindis croionl iiiir I'.'^mk» des siip- (In- ils riiifut mis (1;ms l;i firisori piihllquc,
[ilin.'S sort.'inl (li»s ('Diiis, sn jt'llo sur l(»M ;»s- (iii leurs (((iiip/iKtiotis i'>tni<>iil drtjA (Ir'-lciiiin.
sishints cl li«!) riiaiidit. Aussi, ou voy/itil l.c l<>Milr>iii.iiii, Im roi iii/rrulrt )(•!< priricip/nix
l'nijiptM' les roiifl.imrM'S, ils se sniivciil nus- (!<• In tinhlcssc, pnur qu'ils vinsscrjf ifrttu-
silAt (Iniis ltiu((vs It's (lii(Mliniis. h.iiis cnllft liiiilrc* h's rui/.;u'(''<'iis S/ii»«ir cl h.mr. (',cu\-ri
circoiisliiiico, il n'oii lui pas de iiK^inc. l'cr- Jiyaiil dccLuV! ipiM ces lionirrics lonr «'•l/iii-nt
Sduuc n'cMit peur de l'Ame du salut. Tous coutnis, |(> roi, au dernier poiid irrifé, dotirio
vinrent le voir de prAs. lin paieu ii(iunn('i l'ordri» (pie les coupaliles lui sr)i('ril amcn«''S
<;iiij4;-Kul- Yv(Mi, |>ayc nour rnmassor son sur-le-cliaiuf». Alms on /um'^u»» SafK»r et Isnno
saui;', m» voulut jtas se laver l(>s mains en tous deu\ ('V(Vjues , ain^i «pic .>faliau(^s ,
reniratif elle/ lui. KrollanI la l(Me de ses Alii'aliam cl Simcun. Il leur <lil : » hM-cr-rpio
(-nlaMls avec so.>« mains ensauKlanl(kvs, il di- vous ne snvo/. pas qiio jo suis sorti du snnu
sait : (,)U(> I(^ san^du saint vous Ix^iiisse ! » des dieuv, et que rii'anmolii<. j'adore Ir soleil,
Les chrcUicns ensevclirenl Imnoraltlement le et i'( nds <|es honneurs divins au leu '.' Mais
oorps : mais les mandarins lir(»nl briser la vous, (pii <^los-vons, pour nVsisIcr h rnes
<'roi\ (le pierre niis(>sur l(> l(Mid)ea\i, et lir(>nl lois, pour oulrat;er le soleil, cl pour m(''pii-
lrai>$portcr U» cercueil au lieu où l'on a cou- ser W; feu'/ » Tous, d'une voix lui r<''pondi-
lunu' d'exposer les cadavres dos supplici(Vs. renl : <( Nous no reconnaissons (pi'un seul
SAPOU (saint), (^V(\pie d(» Helli-Nicloi' et Dieu, et ne servons (pié lui. » Alors le roi :
martyr, lut mis à moit avec les saints Isaac, « Ouel Dieu est njeilleui- (pie H(jismizdale,
év(V|ue do Caroha, Mahanc^s, Abraham et Si- ou oins à craindre qu'Ai amane irritf^'? Kl
nu^on, (Ml l'an de .l(''sus-(;hiist .'{.'{1, dui'ant (pu'l est celui (pii, s'il est sape, ne comprend
pas (pi'il doit adorer le soleil? » .Mais {'('■v*^-
la pers(Hnilion do Sapor. \ Oici leurs Actes,
quenousavons traduits textuellement (inOnie que Sapor lui répondit :<( Quant h nous,
remarque au point de vue do la citation (pie nous ne recounaisson;? aucun dieu, hormis
pour les Actes d(> sainl Jouas). L'Kglisu iail C(diii (|ui a cré('! le ciel el la terre, le s(»leil et
la l'ôte de ces saints le 30 novembre. la lune, lout ce que nos jeux peuvent voir,
. . j • . .. / .. ^ D w >T- tout ce (pu' notre intelli-'ence peut compren-
Aces des savits Sapor éreciue de Bcth-Nic- ,,,.,.^ ,., \ „. ,^^^,3 ^.^^^ ^^„^ ^;.^,i,. ,.ng,^ndr6
tor,ham' de lh(h-Si< mac n_eq^^^^ J('.sus-Cl.rist, que vous appelez le Naza-
f/nj, Miuumcf!, Abraham et Simcon, mis à j.^^,^ ^^ ^ ' ^
mort sous Sapor roi des Perses et dont les j^,; entendant C(>la, le roi ordonna qu'on
corps reposent dans a nouvelle eylisc des f, ,.^ j^ |,ie„i,e„roux (5vôque à coups de
martt/rs d hdesse, mira muros. j^^,,,,^^ ,„,. ,., bo.ieho. Cet ordre fut exc^'cuté
Dans la trentième anut^'o du règne de Sapor, avec tant de barbarie, que presque toutes les
roi (les Perses, les mages vinrent accuser en dents du saint en furent arrachées,
ces termes les nazaréens devant le roi: « Nous Sapor, s'adrcssant de nouveau au roi:
ne pouvons plus ador(M' ni le soleil, ni l'air, «Jésus-Christ, dit-il, m'a donné une force
qui nous donnent des jours sereins et clairs, inconnue h laquelle vous n'arriveriez jamais,
ni l'eau (pii nous purilie, ni la terre, qui — Pourquoi cela, dit le roi? — Parce que
nous sert d'expiation : car c'est là ([ue nous vous êtes un impie, » répondit Sapor. Ces
ont amené les nazaréens, qui outragent et paroles mirent le roi si fort en colère, qu'il
méprisent le soleil, ([ui méprisent le feu et envoya aussitôt chercher des verges, et fit
ne rendent aucun hommage à l'eau. » Le roi, frapper d'une manière airoce le saint évê-
en entendant cela, fui si fort irrité, qu'il re- que. Les bourreaux frap[)èrent jusqu'à ce
nonça à un voyage ([u'il allait faire dans la qu'ils eussent brisé les os. Alors le roi or-
ville d'Aspharèse, et rendit un édif ({ui or- donna qu'on emportât le martyr presque
donnait d'arrêter les nazaréens. (C'est ainsi inanimé, qu'on le chargeât de chaînes, et
qu'en Perse on désignait et on désigne en- qu'on le mît dans la prison publique,
core aujourd'hui les chrétiens). Mahanès, Isaacfut amené ensuite. Le roi lui ordonna
Abraham et Siméon furent immédiatement d'abord do quitterson manteau. <; Cette peste,
arrêtés par les satellites ([ue le roi envoya lui dit-il, t'a-t-elle donc infecté à ce point
de tous côtés. que je doive la noyer dans ton sang? » Isaac
Le lendemain, les mages revinrent devant répondit : « Ce que vous appelez peste est
le roi, et commencèrent à vociférer en ces suprême sagesse, de laquelle votre esprit est
termes : <( Sapor, évoque de Betli-Nictor, et bien loin. » Alors le roi, exaspéré : « Tu me
Isaac de Bcth-Séleucie, évoque de Carcha, semblés un babillard bien prompt à dire des
construisent des églises el des oratoires, et sottises : si j'ordonnais qu'on le coupât la
par des discours trompeurs circonviennent langue? «Mais Isaac : « Il est écrit : Je par-
le peuple, et l'induisent en erreur. » Le roi lerai selon la justice en présence des rois, et
répondit : <( J'ordonne qu'on cherche les je ne serai pas confondu. » (Ps. cxvin. )
coupables par tout mon royaume, et que Comment, dit le roi, as-tu osé bâtir des
quand on les aura découverts, on les inler- églises? — Parce que, dit le saint, il m'a été
roge sous Iroisjours. On chargea de cesoin les agréable d'en bâtir. »
chevaliers du roi, qui, craignant la colère du Le roi, vivement choqué de ces paroles, fit
monarque, coururent nuit et jour, à marches venir à la hâte les principaux de la ville, et
forcées, par toutes les provinces du royaume, leur parla en ces termes :« Je pense que
C'est ainsi qu'on parvint à trouver les na- vous savez que quand quel(|u'un a conspiré
zaréens, et à les amener au roi; sur son or- contre les jours du roi, et qu'il a été con-
305
SAP
SAP
904
Taincu de mensonge, il est coupable de crime
de lèse-majest«^ et nu^rite la mort. Mainte-
nant. comnitMit so fait-il que mes injures,
(jui sont aiissi les vôtres, vous aient inspiré
si peu d'horreur, que vous ayez pactisé avec
Isaac et passé dans son camp? Mais j'atteste
le soleil ot le feu inextinguible que si je ne
retenais mon indignation, je vous enverrais
tous m'attendre dans la tombe. » Alors tous
les grands, saisis de crainte à ce discours,
tombent la face contre terre; ensuite, ils
emmènent Isaac loin du lieu où était le roi,
dans un endroit ronvcnablc, et le font mou-
rir sous une grêle de pierres. Ainsi agirent
ces nobles, qui pourtant se disaient chré-
tiens, tant la crainte du roi les avait trans-
formés.
Quand Sapor, qui était en prison et en-
chaîné, eut appris cela, quand il sut que le
bienheureux Isaac avait été mis à mort par
les principaux delà ville, il en éprouva une
grande joie, et rendit à Dieu des actions de
grAces aussi ardentes que possible, parce que
son saint athlète avait reçu la couronne.
Pour lui, après deux jours, il mourut, acca-
blé sous la douleur que lui faisaient éprouver
les blessures qu'il avait reçues quand on l'a-
vait tlagellé; sous le poids'de ses chaînes, et
aussi infecté par la saleté de la prison. Quand
le roi l'eut appris, il lit couper la tôte du
mort et se la lit apporter : les bourreaux ac-
com[)lirent cet ordre. Le roi n'avait pas ajouté
foi au récit de ceux qui étaient venus lui ra-
conter sa mort.
Après donc qu'Isaac eut été lapidé, et que
Sapor fut mort en prison, le roi ordonna
qu on interrogeât Mahonès, Abraham et Si-
méon : il leur parla en ces termes : « Vous
résoudrez-vous enfin h adorer le soleil et à
rendre au feu les lionneurs divins ? » Mais
eux : « Que Dieu nous garde de ce crime 1
nous sommes déterminés à adorer Jésus-
Christ, et h ne confesser (pie lui. » Alors, sur
l'ordre du roi, Mahanès fut écorché depuis
le sommet de la tète jus(pi'h l'ombilic. Il
mourut dans ce supplice. Abraham eut les
yeux percés avec tles fers rouges : il mou-
rut deux jours après. Siméon, enterré dans
une fosse juscpi'à la poitrine, fut tué h coups
de flèches. Les chrétiens ayant enlevé en
secret les corps des martyrs, leur donnèrent
la sépulture. [Traduit ion de l'auteur.)
SAPOR II, surnonuné Longue-Vie, naquit
en 310 ou .'lll, et mourni en 380. Il fut pro-
clauié roi à la mort de son père, Horniis-
das II, et avant sa naissance. Ce prince eut
de gramls talents adnnnistralifs et militai-
res, et surtout \ine persévérance remarqua-
ble dans SOS desseins. Malgré des revers
nombreux, il lutta contre les Uomains, ius-
fpi'à ce que, les ayant cnlin vaituMis, il les
força de restituer à la Perse ses limites an-
ciemies. Ce (pie nous devons ici dire de lui,
c'e^t 'piil fut un des pbis violents parmi les
per>é( uteurs de l'Kglise. Tandis q\w. ses
prédécesseurs avaient avec joie ouvert les
portes de leur empire aux migrations chré-
tiennes fuvant la persécution (les enq)ereurs
romains, fui so montra l'ennemi acharné des
chrétiens. A part les vérités évangéliques,
semence de salut et decivilisation, qu'avaient
apportées dans ses Etats les disciples du
Christ, ils lui avaient apporté les sciences,
les arts, et tout ce qui illustrait l'empire
romain. Sapor n'agit donc pas seulement
avec impiété en les persécutant, mais il agit
encore impolitiquement. Il n'était pas écrit
dans les décrets providentiels que ces empi-
res et ces royaumes dussent se perpétuer et
arriver à rien de grand. Les maîtres des
nations sont souvent, dans la main du Tout-
Puissant, les instruments de sa justice. Le
génie lui-même n'est-il pas souvent un des
fléaux de Dieu? Quand la terre est livrée à
ses ambitions et à ses convoitises, les hom-
mes admirent, mais l'humanité gémit sous
le châtiment que la gloire lui fait subir. Les
desseins de Dieu sont impénétrables. Pour-
quoi l'Orient, cette terre si privilégiée, cette
terre, berceau de l'humanité, si fertile et si
magnifiquement douée, n'est-elle que la terre
de l'esclavage et de l'abrutissement humain?
Là oij la race humaine n'y est pas enchaînée,
elle y est presque dans l'enfance; tout y sta-
gne, tout y dort. La Chine si vantée ne peut se
débarrasser de ses langes ; l'Inde est pres-
que idiote, avec ses prétendus sages et ses
philosophes ; la Perse croupit dans sa dé-
chéance, et la Turquie dort enivrée dans le
campement qu'elle s'est fait au milieu des
splendeurs et des magnificences du vieux
monde. Combien de temps encore Constan-
tinople verra-l-elle le cheval du conquérant
attaché aux murailles de ses temples, et la
stupidité mahométane souiller les saints par-
vis de la primitive église ?Constantinople, la
ville assise comme une reine entre les mon-
des pour les dominer tous , qui donc te
remettra ta couronne au front V Quelle est
répée qui coupera ta chaîne d'esclavage ? Tes
destinées sont si belles et si grandes, que les
rois d'Europe te convoitent tous, mais tous
sesurveillent,de peurqu'aucunmeUe la main
sur la proie si splendide et si riche, sur la
seconde Rome, sur la plus belle des cités qui
baignent leurs pieds dans les mers et leurs
tôtes dans les cieux.
Nous semblons loin do notre sujet, peut-
être : non pourtant, car nous parlons de
l'atraissement, de l'avilissement de l'Orient
que la vengeance céleste a fait déchoir do
ses destinées superbes et tomber dans l'as-
sujellisseraent, dans le crétinisme politique
et moral. A quels événements faire remonter
ces terribles vengeances du Seigneur ? N'est-
ce point le sang des martyr.> cjui retombe
sur les empires persécuteurs? N'est-ce point
l'abus de tant de grAces dispensées nar Dieu
h celte terre d'Asi(>, (jui fait aujourd'hui qu'il
s'est détourné d'elle?
La persécution de Sapor fut excessivement
violente : les auteurs les plus modérés por-
tent I*» seizt! mille le nombre des martyrs quo
lit un seul édit porté par lui; un auteur per-
san porte le nombre des victimes tombées
sous sa tyrannie h dtMix ccîit mille. Pour
avoir unt< idé(î des Uiaux qu'il lit endurer
aux chrétiens, de la violence avec laquelle il
90»
SAI'
«AV
906
n^il conlro ont, il faiil lirn les AcKs des
mari \ l's t|ur nous iivoiis ilu'iiii''s (l.ni.s le ciiiirs
(lo tel oiivniiiÇf'. N'oici p.ir (l(\lc.s les iioi is dos
]»riiicij»/Mi\ s;ii'il.s, loiiil». s sons ce rcN^iic.
un. S.iinl Jim.is. sjii'M llMiacIiisr et l'i'ur.s
n>in|ia:.;(ioiis, — .Tl'J. Siitiil Sipur, ('\(\|iir lio
Jlrili-Niclor ; s.'iinl Isnnc, (W(Siim de ('.irclia;
los saillis Mahaii^s, Ahialiaiu cl SiMu''ii;i. —
nVI. Sailli A/.adr, «miihuhio, cl plusiciirs au-
Ircs martyrs; saint Milice, cv(\|iio do Siiso ;
.saint Ahrosimc, picMri'; saint Siiuis, diacre;
.saint Siiiicon, (^viVpic de Sôlcm io ol do Clô-
siphoii, cl SCS coniMa'-cnoMS, martyrs. — 'Ak-1.
Saint Harsaliias, aiilic ot ses compaj^iions,
martyrs on Perse; saint Sadolii, éviVpu! do
S(M(Ui(UO cl tle t'lcsi|)li(m cl ses co'il vinj^t-
liuil eoinpaf^iions. — 3'i4. Saint Di'iiol, prcV
tro, ot saintu Vonla, vierge; les cent viiij^t
martyrs de l'Aiiiadùne. — 3'i(J. Saint B.ir-
baseemin et ses compagnons, martyrs. — 3i8.
Saint Abrnam us, ov(>iiuo d Arhcllcs. — 350.
Saint Jac(jiics, éviVjuc de Nisibe. — 35V.
Saiiit Barhadliesciabas, diacre. — 3G2. Pri-
sonniers roinaiiis martyrises en Perse, etc.
Ce qu'il y a t!e remaiv[uablu tlaiis cetlo
horrible persi^ciniou, c'est la férocité des
supplices tpi'ou Ut etnlurcr au\ chrélioMs,
leur nouveauté : jamais nulle j)arl ou n'avait
porté si loin la barbarie. Le princifial carac-
tère de cette persécution fut d'être religieuse.
Eii Perse, la religion tenait intimement à l'E-
tat, au gouvernement, et les prêtres ou les
mages étaient tout ce qu'il y avait de plus
considéré. Ce l'ut par les mages que les
juifs, ces ennemis acharnés, (jà poui sui-
vaient partoutles chréiieiis, parvinrent à faire
lancer contre eux les édiis proscripleurs : ils
les accusèrent d'être amis des Romains, avec
qui Sapor était en guerre. Ce |)rince, qui, à
cette époi|ue, c'est-à-dire au commencement
de la f)ersécution, éprouvait des revers dans
sa lutte avec l'empire romain, crut facilement
ou feignit de cron-e à la trahison. C'était un
abri pour son amour-p. opre humilié par les
défaites. Sapor commença par charger les
chrciieTS d i:npôts épouva'Hables, esjiérait
qu'ils ne pourraient pas les payer, et qu'a-
lors il les obligerait iacilement de (juitter leur
religion. Bienlùt après il ordonna ([u'on tran-
chât la tète à tous les ministres de la religion,
qu'on s'emparât de leurs biens et de ceux
des églises au profit d.i trésor. Enlin, succes-
sivement, comme on [)eul le voir en lisant
les Actes dos saints que nous nommons plus
haut, il en vint à prendie les mesures les
plus atroces contre Its chrétiens en général.
Dieu, doi't les desseins sont souvent cachés
aux regards des faibles mortels, donna à ce
tyran un règne long et heureux, .surtout àla
fin. De gra ids succès et l'apparence de la
félicité couronnèrent ics dernières années
de sa longue domination. Mais pour 1 œil
qui sait :-re au delà l'es choses de ce monde,
qu'importe'il les succès éi»hémères d'ici-bas
et les félicités humaines? Dieu n'a-l-il pas
l'élernité pour sa justice? Et quand il a ré-
compensé le génie, même chez les coupa-
bles, qui sait ce qu'il garde à leurs crimes?
SAJrKICE, prêtre d'Antioche , confessa
PicTioNN. DES Persécutions. II.
ploriousnnu'nt le nom do Jésns-Chrjsl h An-
ti )clie, sons j'eiiipiro «le \a|crien. Il Ifiom-
plia des l)ourrejiiii ot dos Mippli(;os, ot il
iiiarchn iivec joie nu lioi: oTi il df^vnit nvoir
le iê!e Iranclh'c; mais Di.'U l'ait ni lil t\ une
nouvelle épi'eu\'c. (îolui qui inoui'ul pour
nous sur In bois dos siipi>liciés, ot qui uQ
moiiranl partloinail fi ses bouirisiux, voulut
(]U(! nous nous aimassions h s uns les uu-
lrt!s au ponil d'oublier los olliîiisos ot !(h ifi-
juros, comme Ini-mêm'î les avait ouhliéivs.
Il avait fail de la cliaiitt-, celle amitii'- de l.i
l'ainille spiriluolie qu'il l'iail venu l'ondor, la
vertu sii;.rèi;i(! (h s chrélii:ns. Sapri-c, prolie
dt^ la religion di; .lésus-(>.'irist, aur.iii t\ù so
rappelci- ces «dmirabl''S préci plos que Io
l>ieu fail homme avait h ('.aque iiista:il
l.Mssé lo.idjer de ses lèvres divines, h's ré-
pa-ulaiit comme la semence de la pei ro'-lion
qu'il vonK.it en.siignerà ses e;f;ints d idop-
lion. Dans la pi lère qu'il fit pour nous,
Jésus-Christ nous fait dire h no'.ie Père
.'• U[)i'ême: J'ardonncz-iious nos cfJ'msPSy comme
nous les pardonaons à ceux qui nous ont of-
fensés. .\ii:si nous-mêmes, en prononçant
ces paroles, nous faisons à Dieu les condi-
tions du parilon q le n(jus lui dcîinandons.
Il n'y en aura i)a:s pour nous, si nous ne
n.irdonnoas pas aux autres. Si nous ouvrons
les saintes Ecritur» s, à chaque pag'^ nous
trouvons le divin précepte. Si vous ne savez
pas pardonner. Vôtre Père qui est dans les deux
ncvous pardonnera point à vous-mêmes. [Mure.
\i, 2(3). Quand vous présentez votre don à
iautel, si vous vous rappelez que votre frire
a quelque reproclu à vous faire, laissez la vo-
tre don ; allez avant tout vous réconcilier avec
votre frère; et revenez ensuite offrir votre
hommage au Seigneur [Matth. v, 23, 24-).
Saprice, vous venez otfrn- un uon à Jésus-
Chiist, le plus grand (jue vous lui puissiez
faire, celui de la vie. Déjà vous avez triom-
phé des supplices', le giaive des bcurieaux
e.st susj)endu sur votre tête. Laissez là votre
don, Saprice; allez vous réconcilier avec
votre frère. Nicépliore, votre ancien ami, est
iui devant vous, s'humiliant et vous priant
de lui pardonner son oti'ense ; p.irdonnez-lui,
Saprice; ensuite vous irez offrir votre hom-
mage au Seigneur. Eh quoi 1 cet homme qui
s'est humilié devant vous, qui s'est pros-
terné à vos pieds, qui vous a demandé par-
don à vo s, prêtre, avto l'humilité que D. eu
vous recommande, à vous surtout; vous l'a-
vez repoussé. \'ous le voyiez, Dieu csi pa-
tient, lui ; vous avez refusé une fois, qua-i-e
fois le pardon; Dieu ne vous a cependart
pas repoussé ; il a accepté votre comnat glo-
rieux. Mais le teinps press j, Sapric , par-
uonnez voui-Uième, aûu qu'on reçoive votre
don.
Nicéphore se jetait aux i,ieds du confes-
seur, le su, pliant avec larmes et ôanglols;
mais il fut iiiîlexible : il iourna sur Nicéphore
des yeux où bnîlait la haine. La c':.arité ne
put briser la uoreté de sou ooeur. Alors Dieu
prononça la sentence de malédiction. « Les
bourreaux d'rcnt à Saprice : «Mets-toi à
genoux, qu'on te coupe la tète. » Sapric©
29
907
SAR
SAT
90S
leur dit : « Et pourquoi mfi couper la t^te?
— Parce t|iie tu rel'ust's de sai'rilier aux
ditHix, Pt que lu ne veux pas ob'ir aux or-
dres des euifiereurs. pour l'amour de cet
lionime qu'o'i appelle le Christ. » L'infoiti né
Sa,>rice ditau\ l>ourroiux : » Arrêtez, mes
amis, ne me faites pas mour r, je ferai tout
ce qu'on voudra ije sacrifierai, je sacriliorai.»
(Uuinarl, Actes île saint ^iiéphnre). (Juod si
vos non dimiseritis, ner Pal. r qui in coeli^ est,
diinittct robis prcrata vrt.lra. (V^nj., pour
plus amples diUails, l'àrli.le NicKPOonE.)
SAUA(i()SSK.t>'ipit. lodel'Ara-o ),n<)inmée
SalduOn nu Cœsarcva Augusta chez les Ko-
mauis, [laya largement à la perséruiion son
tril»ut de Vang et de mailyrs, sous le rèj^ne
de Dioclélien.F/1 l'année .'Î04, le gouverneur
Daoien, qui y counuaiidail, liouime d'une
férocité devenue célèbre, y tit m tire à mort
un noQibre eonsidirable de chiéticns. Dans
un même jour, loute une trou|)p de saints,
connus vul,,s;iremLnt ^ous le nom des dix-
huit niarli/rs de Sarnqosse, y ie<iu la couronne
iuuuorteile, en sce lanl île son sang les v ri-
tés évanpélii|ut'S : ce furent les sauits Optât,
Luperipie, Martial, Su cesse, Uruain, O'iin-
tiiii-n, Jules, Publie, Fflix,Cc;ilien,Eviitius,
Primit f, Apo lème, et quaire auire> du nom
de Saturnin. Les saints Caius et Crémence,
qui comuailiieut avei'eux, ne snccombèccnt
})as aux ti .iil<'ur-> de celt-' preuiièie attaqne;
plus fo tement constitués (|ue les au res, ils
vécurent pour moiu'ir quelipjes jours après
dans un nouvi>au ('0;nbal. il faut jouidrt*. ;\
cette coho te bienheureuse saint Kncratido
ou EUi^ratie, jeu ie vierge (pie Dacien lit
co-^duire dans une maison de [uoslilution,
où Dieu préserva iniia.;uleuse(nent son in-
nocence, et qui mourut plus tard d<'S suites
des bifssartîs «pie lai iii«'ul les iKiuire.uix.
L'Eglise a réuni duns une seule ^^erbe tous
ces épis de la ui lissou du Soigneur. EIIh
honore tous ces saints le mé ne ,our, le l(i
avril. Leurs rt;liqui s «mt été découverte-* à
Saiaj;ossi', ♦vi 138'.). Leur histoire est duunée
par l'ruileuce.
Hivc xnb nilari sita nrmpilerno
Lnpsil'iis noitlrii veniiim precalur
liirha
SltTiie te tfllam, fiennosn tunctis
(.11 Uas nircuin iniinilis: deimle
ilox rcsunjiiiUi i.iiimus cl uilus
lolu srtiuiris.
SARnf:M-: (saint), a soullcrt sous Trajan,
«Tce ^.lln( liarsimee et s.unle liai bée. Leurs
Actes, qu'on peut Inuiver dans B llandus
(ÛOjfonr., p. 02:Js portent (pTds l'urcm mar-
tyrls*«^ sous l.y.sias, lieuleiia.jt Ue Irajan.
D'après cela, c»s fails n'ont pu se passer
qu'u I l'/tnnée 1(0, (pi.ind K lessf' fui |)r,se et
bri^lée. 1> laiil bien se rcpo.ttr au temps où
Ly)>ias 8 U8l trouvé à Kdes8u. Ces faits prou-
vent que la ()t'i Miiiiitri continua Jusqu'à la
tîn du rèJiiie de I lajan. Nuui» ne ilonuons pas
!»•,> A«'t»'s do ce HaiiW : ils ne non» paraissent
p.1^ suf.i ;;t aiitlienli({ues. L'Kgl.sefait
s,i féic I. -.1 j...ivier.
SAKDAhi.Ml, Sardniin, Ile considérable
de lu Mcdiiuirunée, fait partie des Etals
Sirdes. Son premier martyr fut saint An-
tiope, (pii mourut pour la fôi sous Adrien,
dans l'Ile de Suici, aujourd'hui Sainl-An-
tiope. «elle petite ile C'^t telbnuent ia[)pio-
cliée de la Sardai^ne que quebpiefois on y
peut aller à pii;d sec ou à gu<'. Sous le rè-
gne de l'emoereur Maic-Aurèle, nou^ trou-
vons s;iiiif Pnlile, martvr d.ins celte île;
plus tard, enranuée ;:35, saint l'ontien, pa[ie,
fut exilé enSardair^ne, avec un prêtre nommé
Hippol b-, par l'empereur Maximin 1". Sui-
vant (pielqnes aiib-urs, il y fut assommé à
coups d • bAton, après y avoir ei duré une
Jurande misère : suivant d'autres, il y mou-
ri.t par suite de riniluence (jue lair inalsaia
de cette île exerça >ur sa sanlé.
SAUDES, ancienne cajiitale de la Lydie,
(aujnurd hui Sart). En 25i , le gouverneur
V; 1ère lit ;,m( ner de Thyatires dans celte
ville I évô(|ue sa ni Carpe, Papyleson diacre,
et Agathodore, domestique qui les servait.
li lit tourmenter cruellemenl les deux saints,
(pie plus lard il tilconduiie à Pcrgame, où
il les tit mourir. Quant h leur domestique
A4alliodoie, il le lit si cruellement batlie à
cou s de nerf de bœuf, qu'il expira sous les
coups. Il mourut donc à Sardes, où les li-
deles prirent soin de sa sépu lure ; ils l'eii-
sev(<li( ent et le (lépo^èl■e U dans une caverne.
Valère avait donné r«.rdre qu'on abandon-
nai son C(U- s aux chiens.
SARMATE (saint), di.sciple de saint An-
toine, fut massacré en Théhaï ic par les Sar-
rasins, à cause de sa c/m-tanco dans la reli-
gion chrétienne. L'Eglise honore sa mémoire
le I octobre.
SAHMAlini, l'un des trente-sept martyrs
égyfiliens qui donnèrent leur sang [»our la
foi en Egypte, etdtsqucis Uuinail a laissé
les A(t(s iuiilientupies. Voy. Mahtvbs (les
trente-s» fil) égvptiens.
SA rritr, s.iinti, fit martyri>é h Cartilage
en 2U:i iMi «Ml -l^li, Mius leiii ire de Sepiiiue-
8éère et S(»us le gouvernement d'Hilarien
avec sali le IVrpélue, sainte Félicité el leurs
compagnons, avec lesquels il avait été ar-
rêté. Pour |)lus amples rense gnemeii s, il
Sera bon de lue les Acies de sainte Pkrpé-
Ti K ; nous les doinions in crttnsn à son ar-
ticle. L'Eglise fait la fête de tous ces saints
martyrs le 7 mars.
SA 1 1 UE (s.r.Ml) , martyr, élait intendant
do la maison d'Hunénc , tils aine du roi des
Vandales. Ou (In relia h lui faire renier sa
religion, mais en vain. Sa femme même s'unit
aux Cunemis de so foi pour le séduire. On
lui lit ei durer plusi«nirs tournients. après
(pioi (Ui le chassa do la vil e avec délense
de paraître en public. On le déjiosséua de
t(»us ses b.ens et i mourut plein de verlus
et dans une |irolonde misère. \i(tor donne
(pieljues détails sur notre saint : M était,
Uii-il, inie ndani de la maison d'Hunéric , et
nianmoiiis un illustre m» mbre de l'Eglise
ralliolique. La cr.dnle de ce prince arien ne
reiiipécbail pasde| ar! i souvi ntt l vec force
ronlie sa secte, l'n duu renommé Macivade,
pour «pu Hunéric avait un respect tout par-
ticulier, ne put soulenir sa liberié et s'en
I
SAT BAT giO
>I/ii^'iiil. On ossnyii dii liii fli\r^^ omornssor iiiPijrnnt formes «Inns l/i f.»i f(iril« nv/iicni
'rtii« lismc, OM lui promil îles liornciirs ol nnUnisséi', l'iiKnl «l'alionl bdliM ot (Jûclii-
dt' KIMIhIi s riclicssos sil voiilail le r.iitcu ol rés |iisi|u'miix On .ivi-i; (|i<s li/lloris pIrMim (Jo
on le iiicijKH (li's plus cruels sii|)|ili(i's s'il nmiKis; iii/iis(MiMiiii'»|Mrs li-iir «voir lail cn-
lo lol'iis/iil. Kiiliii on lui tl('M|ju;M|nf s'il iTo- (liircr lon^itMiips !(• iii(\mo su plue, fin !«•■
bi'i.ssM t n lurdic du prinr , un allait co'i- Irouv/iil Ir l(>ndcru.iiii .ui.ssi ^/nns iiuc si on
lis(ju«)r tous s<>s hions, vendit! ses csc'jivt^s ni> Icin- cdl f.iil .iik un in.il, on les cnvov*
cl ^es oïdauts et ni.nior sa Ifunno en iwi \ué- ou exil. Là, «près «voir fonvcrli un faraud
S(."i('o h ini conduclfMir d(' cli.uucMUx. noinlir-c de h.irh/uTs et olil<-nii «lu souvciviin
S^i(ui»Minipli de i't'spiil do Dieu, les prrs- po ililc un piMMic cl (^in'lfpii'.s juitrc.s uii-ns-
s.iiid ox(^culer U'urs nit"i/\f,(vs. Miii.s sii l't'iinno iros d«« l'K.;lis« pour l<\s biipiisor, ils rutvrii
anus lui en licn dire, les fonjuia île dilIV'- onlin Mrs par les pieds derrière des chariol»
ror ; ol iustruiU; par lO serpent, elle vnil à (pialrc! rhevnux, ((u'om lit ccunir au Ir.iver»
|)()ur lo séduire en un lieu (tù il iHnil seul dos broussailles dans une IbnM pi ine (i'<^pi-
eii nrièrivs. Mllu se préscnUt ^ lui les babils nos, supplie»» dan> bMpiol ils |)erdir.nt la
décnirés, I s ebeveux épais, suivit! d(î ses vie. Pour la vi rge Maxime, apr. s plusieur»
(Mifanls et lenanl entre i'CS bras une petite combats dieil Dieu la Ml toiijou s so tir vie-
illie ., ni (Mail e'icore ^ la mamelle. Klle jetd toricnisc, elle fui supérieure de ndi^ieiises
eet entant aux pieds de son mari (pii iies'al- d.ns un moiiaslèro noinbrcnx où (ïlle irum-
tendaità rien moins. KHe s'.y iola elle-ménii', rut sainlemen'. Ils sont inscrits au Martyro*
lui emiuassa les >;enoux et lui tint co. I m- lo;^e romain le IG octobre,
ga^e du drai^on : « A>o/: pil é de moi, mon S.VTUK.MN (saint), fut brûlé vif à Car-
cb r époux, ayez p. lié de vous-iuômo, ayez tliage , sous l'empire de Seplime-!^évère,
pitié de nos ("liants ; tpie leur vue vous t'Mi- ainsi qu'en fait foi !e lécil de la vision de
cbe, et ne soullVe/ pas qn on réduise dans S dure, écrit par ce dernier saint dans les
l'esclavage ceux h qui vous avez donié une Actes de sai'ite Perpétue {Voy. ce nom),
naissance si illustre. Ne f)ermotlez pasipi'on L'E.;lise fait sa féie le 9 janvier,
nie dés'ionoro par un mariage si bonieux, SÀTUKNIN (saint), soulbit le martyre i
du vivait niéine de mon mari, moi qui me Carlhaj,e en 202 ou 203, sous rem))ire de
suis toujours glorilié parmi mes com|)aj,nes Seplime-Sévére , et sous le gouvernement
d'avo r Sature pour époux. Dieu cunnait d'Hilarien. li fut arrêté avecsdnle Plrfé-
bien que ce sera malgré vous que vous fe- TUE,a l'articlede la((uellei' faut recourir pour
rez ce (jue d'autres ont peut-être fait vulo:i- avoir de [)Ius amples détails. L'E^^lis ! fa t la
ta romeiit. » fôle de lous ces saints marty s le 7 mai'S.
Cette Eve ne trouva pas un Adam : « Vous SATURNIN , célèbre confesseur de Car-
parlez coaime une femme insen>ée, lui ré- tbagc, soulfrit pour Jésus-Cbrist, sous l'em-
pondit Satur\ avec le saint bomme Job. Je pire de Dece, en laimée 250. Il lut réelle-
tremblerais comme vous, s'il n'y avait pont ment martyr, puisqu'il fut mis k la questioo
d'autre félicité que l>.'s douceurs si anièi es el bfirriblement tourmenté. Dans la le tre
de celle vie. Mais vous vous rendez, ma classée la 23' parmi c lies de saint Cyf),ien,
chère épouse, l'instrument du diable ; et si on voit que les confesseurs de Home lui écri-
vons aimiez voîre mari, vous ne le [)réci';i- virent nommément, el à lui avant tous les
teiiez pas dans une mort éternelle. Q l'on auîres. Saint Cyprien le loue de n'avoir
m'arracbe mes enfants, qu'on me sépare de donné aucun billet d'indulgence, comm^' le
ma lemme, (ju'on m'enlève mes biens ; as- faisait Lucien. Anrès sa sortie de prison,
sure des promesses de mon Dieu, je demeu- Saturnin se rendii à Ro.iie, où il ne resta
rmai inséparalde iient attaché à ce (ju'il dit, que fort |)eu de temps, puisqu'on trouve une
que c lui qui n'abandonne pas sa femme, lettre des co. fesseurs de Home écrite ea
Ses enfants, ses terres, sa maison, ne peut juillet, adressée à lui et à Aurèle. Nous ne
être son disciple. » Sa femme, n'ayant donc savons rien de plus sur ce bienheureux con-
nen pu gagner, se retira avec ses enfants, fesseur et martyr.
et Sature sanima de plus en pbis h souibir SATURNIN (saint), martyr, eut la gloire
pour ne pas perdre sa couronne. Ou vint de soulfrir la mort pour Jésus-Christ en
exécuter sa sentence : on lui fait tendre Crète, dans la vile de Gortine, sous le règne
compte de son bien, on lui ùte jusqu'à ses de Dèce, durant la persécution si terrible
hai)its;on lui fait souifcir divers tourments ; que ce prince alluma contre l'Eglise. Il fut
entin on le renvoie sans biens et sans se- décapité après avoir souifert d'horribles tour-
cours comme un mendiant, on lui défend meiits. Sa fête se fait le 23 décembre. Saint
môme de parai re jamais en [)ublic. Les Mar- Saturnin est l'un des dix martvrs de Crète.
tyrologes le joignent, sur le 29 mars, à saint (Voy. Martyrs de Crète.)
Armo^aste et à saint Arquinim •. SATURNIN (saint), évêque de Toulouse et
SATURIEN fsaiiii), reçut la couronne du martyr, vulgairenjent nommé saint Sernin,
martyre en Afrique avec saint Martinien et fut envoyé de Rome, par le pape saint Fa-
deux de leurs frères. Ces courageux athlè- bien, pour prêcher la foi dans les Gaules,
tes, durant la pcrs'cution des Vandales, A()rès avoir prêché quelque temps à Arles
sous Ge iséric, roi arien, é.ant esclaves d'un el en did'érents autres lieux, il vint à Tou-
certain Vandale, furent convertis à la foi ca- 1 )use,où il bxa son siège épisoopal, en l'an-
tholique par la vierge sainte Maxime, qui née -ioO. Les Actes de saint firmin d'Amiens
sei-vait aussi ittjuèoie tOAiU'e, C€*S4iuts,uer- disent que le saint allait prèdier jusque
nll
SAT
S\T
9J2
flRiis la Nfivnrro, cJ f|ii .lyont fait un voyni^e
à Pampoluno il y convertit (juarnnte iniilc
jtnsoDni":. Son martyre, hirn (jiic Hffiné
p ir In Dlupa-» (\o< nnifurs f>niir rainiéo -i.ïO,
n'eut lieu qu'on 257, sous I empire de Vnlé-
rit'KVoiii ses Actes, que nous copions dans
llu)\i3rt :
« Deu\ sièclos et dtMni s'étaiont éroulés
<l:''puis 1.1 naissance de J.'sus-C.hiist, <•( ce
so'ed d<' justce qui s'étad élevé au milieu
d«'S lénèiires avait déjà commencé à répan-
dre la lu:n ère de la foi sut- les v;<^les el fer-
tiles cnnirées de l'Occid» ni. Déjà la (ruin-
pette ile l'Evangile s'ét.nl fait entendre aux
extrémités d; s Gaules, et déjà les pennies
qui babiient au pied des Py.én. es avaie it
reçu la doctrine des apôtres, lorsque, sous
ie eonsu'it de Décius et di' Gratus, Toulouse
recoinut Saturnin pour son preniiei évèiiue,
A la vérité les chrétie-is étaient encore en
petit nombre dan> ces belles provinces : lo
Dieu du eiel y avait peu de temples, pendant
quf l'on voyait dans toutes les villes fumer
les autels et couler le san^' des victimes à
l'honneur des faux dieux. Mais Saturnin
commença k détruire leur culte impie dans
sa ville e|)iscopale; il leur im[)Osa sile'^ce,
fit cess'n- b'urs oracles, dévoila les mystères
d'iniquité, et l'on vit en peu de temps la foi
des cliréiiens, sovilcnne par la paroi • de leur
saint pasteur et éclairée par sa piété, pren-
«Ire le dessus de l'infidélité, et la relis^i'on de
Jésus-Christ s'établir sur les ruines de celle
des idoles. Le saint év.'que élait obligé,
pour aller à une petite église qu'il avait i).\-
tie,de passer d.'va;^ le Capiiole. Lts ilemons
qui babi 'aient ce superbe l- inpie ne pu.ent
souffrir la présence d. l'Iioinme de Dieu; ils
fun rit contraints de reconnaître la puissance
de Jésus-Gbnst que Satuinui exer(;ait sur
eux; et leurs vains simulacres, reprenant
leur nature, ne reuiiirent [dus de réponse,
au grand élounement de ceux (pii bs con-
sullaitmt. Lalaune se met aussitôt parmi les
antres; cette nouveauté les co .fond. Us se
demandent les Ui.s aux autres d'où peut
itrovenir un sileiu"»' si peu Oidinaire à leurs
deux , qui peut leur avoir ainsi ferint" la
bnuriie? S<»nt-ils en colère ou al)sents? D'où
vient ([u'ins. n> blés aux [>i:èies (lu'on leur
ndrcsae, iN noc'. aient pas mô.ne la voix uo
?iOS m:nis*re«?On a be<ui leur inm.olei d.s
vi.l.uH s, en vain le 'j.ui^ des tameaux coule
à grands flols devant burs autels, rien n'est
capabif de leur rendre la paiole : ils sont
iourds et miie's.
« Quelques personnes peu alTecfionnées \
noir»' rt'li^ion vont trouver rrs préiit's; ils
k:ir rml enl'MMbe <^i.'il |»arall depuis (ju. I-
que temps je ne sais quelle secie qui fait
proression d'être l'i nnemie (b^s flimix im-
moile's; qu'elle a jure b'ur iu:ne, »'t (ju elle
n'a en vue que de substituer h leur place
un aulr.- D'eu qu'elle adoie ; (ju'nn ceitain
Saiurnin est le cb f de crtir serte a Tou-
louse; (;ue c -t homme passe souvent devant
b' Tapitole; et que sa vue, qui srnble insul-
ter aux «lieux qui y f"nt b-ur dcmiMif. b » a
ADiis doute irrités ; qu'il y a beaucoup d'a[>-
j)arenco que c'est là la lause de leur silence;
(pi'il n'y a (pi'un moyen pour les flfjaiser,
e'i'st de mettre à morl cet inipie. O aveUf;,le
folie! ô malbeureuse erreur! comment as-tu
pu persuader à des esprits raisonnables
qu'un lioinm'^ | uisse faire j eur à des dieux,
et (pie, cour éviter sa prés(nice, ces pauvres
divinités, tremblantes et éperdues, se ban-
nissent de leur teruple? Misé .blés .^ue vous
êtes! f)ourqui»i d ne cherchez-vous à tuer
cet hoaim*'? Allez plutôt l'ad'Ter; certes, il
méritr mieux vos liommaoes (pi- ces dieui
qui tremblent devant lui. Ne vo.\ez-vous !)as
qu'ils le reconnaissent pour leur maître ?
Du moins il b-s traite comme ses esclaves.
Quelle exlravagpnce de craindre ceux qui
craignent, et (bj ne pas craindre celui qui se
fait craindre !
« Ce[)endant les esprits sont agités de di-
vers mouvements : les uns sont surpris de
cet événement ; les autres |)laignent leur
malheur, et regiettent r< ioignement de leurs
dieux ou craignent leur colère. Le peuple
s'avance, curi^'ux de s.tvoir la cause de ce
I)iodige. L'on dispose toutes choses jiour un
sacrifice extraordinaue : un taureau ebt
choisi entre cent des plus beaux; c'e>t une
victime digne d'être offerte à Jupiter. 11 n'y
a personno qui n'espère qu'à ce coup les
dieux, charmes de la beauté de ce sacrifice,
relourncio it à leur ancienne demeure et
rompront enfin leur long et opiniAtre si-
lence. Tout et ut niét, et l'on allait commen-
cer, lorsque (jueliju'un de la troupe, ayant
aperiju S.i.urn.n ipji allait à sa petite église
pour l'ollice du jour ^c'eii était un sobninel),
sécria : » V'oici l'i niiemi de nos dieux qui
vient, le chef de la nouvelle religion; c'est
cet homme (pii prêche [>artout (pje nos dieux
ne so.t (jue ties démons, et q 'il fuit abattre
leurs temples; c'est lui qui est cause que les
oracles n«^ disent |> u> mol. et (]uc nous n'en
saurions tirer aucune réponse. Les dieux
nous le livrent tout à propos, et il ne tiendra
ip.i'a nous (le nous ve 'ger du torl (pi'il nous
là t et uo venger aussi nos dieux de l'injure
(ju'ils en r<'(;oivenl. Il faut ou (]u'il b ur
(îomie sa vie pour les rejouir, ou de l'enrens
pour le> apaiser. » Il dit. et en même temps
celle muliilude, éehauifée par ce disiours
st'uilieux, environie le saint évêipie; il se
voit nml <lun coup abandonné d'un prêtre
et de deux di.icres qui racc«impa-,naii'nt, cl
sur l'iieure mené au Gapilole; et comme on
b- pressait de sacrilier aux idoles, il éleva sa
VOIX et dit : « Je naOon' (pi'uii l)i.u,(jai est
le seul et le véritable Dieu, et je suis [«rêt à
lui imiiedt'r des vietnues de louanges. Pour
vos iJieiix, ce ne soit que des démons (|ui
prennent beaucoup plus de pliùsir au sacri-
liee de vos finies (pi'à ceux il.' vos taureaux.
.\u re^t(^ eommiMU voub'Z-vm.s que je les
cr.iigne'.' vous av. tuez vous-Diê4iies qu'ils
tremnlent devant moi. »
n Ges |)aroles , prononcées avec tout le
zêlo dun homme apostolique, achevèrent de
mettre ce peuple en tiireur; on |)rend le tau-
reau qui était drstiin' pour le sacrdi.c, et un
le fait servir ù uu luunsièrc do cruauté : on
on
ftAT
SAT
Wi
lui iKisso milniir des ll.incs jim» conli* dont
on l,iiss(- |»(' i(li(> un Imiil; ou y .iII.k lu; S.i-
tur-iiu \H\v les |)it'(ls, puis i\ ^rjunls coiiiis
cr-iiumilloM on presse raiiiin;il luneu\. Il su
pitViiiile (lu li.uil (lu ("..ipilole, (^l e iliilue
.HVt»(' lui \o saint (^vcVme. MrtisdcVs l.i preuiièto
se('ouss(> le cr.'hni S(>'dou('e, cl la ('«'rvclln
repau(lu(< ensau^lautc les preiuieis d(»,4C(''s
(lu perron; le corps esl uiis on pi^< es, et
r;^iiit< recouvre» sa lil)erl(''. Ji'siis-('luMsl la re-
(^'oil e( la (()ur(MUie de lauriers iuunorlels.
(l(>p(>n(l.'inl l(^ lain'(>au Iraiuail loujotirs U;
corps priv(^ de se itiiueul el ineapahh» d«)
doul(MU',jus(pr;'» ce (pie, la corde veninl à se
rompre, il demeura (''lendn sur le s.,l)lu, où
on lui donna une s(^pullure lell(> (pie la cou-
jonc. ure le 1 ouvnil piMuiellic : car le piMi de
chrtHii ns cpii (Maient pour lors à Toulouso
n'osaiil.h cause des pai'Mis, rendre ces der-
niers devoirs ;\ leur ('■vt'^ pu', deuv l'eunnes,
surmoutanl la l'aildosse de leur sexo et
Irioiuphanl do celui d(>s hommes, par une^bi
nleiue de Ibrce e( de gt' m éros ;(('•, m.'prisaul,
a l'exemple de leur saint paslour, les lour-
m{Mils au\(|uols elles s"ex|)osaient , deux
femmes, dis-jt;, onferuièrenl dans un cer-
cueil de bois le coros de ce bioniieuicux
martyr, et elles le ueseendirent dais une
fosse profonde, songeant bien luoins à lui
dresser un tombeau qu'h dérober ces pré-
cieuses dé|»ouilles h la haine sacrdt^ge des
liounues. Elles lienunM'i^reul du lemns in-
coiniues aux hommes, sous un simple ga-
zon, mais connues de Dieu et lionort^es des
<^'^qi''*» jus(iu';\ ce (jue saint Hilaire, qui tut
assis sur le siège d;' Toulouse plusietu's an-
nées apr(^s, avant lait creuser jusqu'au cer-
cueil, dé(;ouvrit ce trésor; mais, n'osant t >u-
cher à ces sacrées reliques, il se contenta de
les env.loi)per h la liàlo d'in.e voûte de bri-
ques , qu'il eut ioutetbis la ()récaution de
couvrir de terre, pour ne les pas exposer ci la
profa-ialion des infid(";Ies, et il éleva sur le
tout une petite chapelle le charf;eile. Mais
connue dans la suite plusieurs tiuèles eurent
la dévotion de se l'aire enterrer j)rojhe le
corps du saint martyr, ce lieu se remplit de
tombeaux : ce qui lit entreprenili'c à saint
Sihain, successeur de saint Hilaire, le des-
sein (l'une belle et spacieuse basilique, dans
la pensée d'y transférer les reli jues de
saint Saturnin. Il ( ommença l'ouvrage, m is
la mort l'empêcha de l'achever. Celle gloire
était réservée à saint Exupere, qui succéda
à saint Silvain. Ce pr('lat,que son m(''rite
extraordinaire et ses rares vertus égalaient
no-î-seulement à tous ses prédécesseurs et à
tous les autres prélats de son siècle, mais ne
rendaient pas même inférieur au grand Sa-
turnin, mit heureusement la dernière main
à ce superbe édiiice. Cependant, comme il
faisait quelque dilîicullé d'y transpoiter le
îorps du samt évoque, non qu'il manquât
de foi, mais par un motif de respect, il fut
averti en songe de ne pas dillerer plus long-
temps d'execuler son premier projet; qu'au
resle les àiuos des saints n'appiéheniaieat
point que leur bienhourc-.x re.-os fût i lîer-'
jumpu par la diminution qui pouvc^ii arriver
h leur"? cendres-, ou par (|nelqnn mouvement
(pu- pût recevoir h-ui' corps; 'pi'au coiilraire,
( (! (p.ii serait av/nit/jgeux pour In sarn liiiita-
lion des lidi'les ne pouvait ^tri> (jiK; Irc'^s-
);lorieu\ aux saints marlyrs. Colle vision
aya-il rassmé s/'i'il l'ixupère, il présenta
nussit(M uii'' rrwpiéle au Irès-religieux em|»e-
reiir, nonr avoir la pei mission de fiire cette
tra'islalion, ce (pi'il obtint saii.s pei'ie do In
pi('lé des princes; et la ci-iémonie s'en lit
avec une iiiagMiticenite proixti lioi:née h li|
gloire où élaii élevi'- saint Satiiirnn, cl digno
(le la pi('té de saint Kxupère. »
I/Kglise fait la léle de saint Saluiiiin lo
20 Movembre.
SATIIIIMN (saint), martvr, doiina sa vifl
pfiur confess(!r sa foi h Mome, sous le rèu'uo
de Valéiie 1. Ou voù dans le .Maityrologo
ronia n (pi'il cul pour C(unpa^'noiis de srs
combats l(\s saints Iréiiée, A > oi'ie , '|'(|('.,,-
dore, Victor, et dix-sept autres dout on.
ignorer les noms, f/i glise ce èbre 1^ sainte
UK-'iioire de ces marlyis le l.'i (]('•. embre.
SATURNIN (saint), soulfril le martyre pour
la foi en Afrique, so.is le r(''gne de Valérien^
l'a-i 2.")0, avec les >aiiils Paul, (léroiK e, Jan-
vier, Successe, Jules, Cat, et les sain;(;s Pie^
Tertulle el Cierinnine. Oi manqu" de détails,
auîheiiliques sur leur martyre. L"Egli-e fait:
leur f(He le 19,|anvier.
SATURNIN (saint), souiTrit le martyre avec
saint Naj/oléon , di:raiit la persécution de
Dioclétien et de iMaxinnen. La date n'est
pas précisément conjiu • ; néanmoins oa
pense que ce doit ("^tre vers la lin. A{>rès
avoir subi les plus crnelles torluics, ils fu-
rent jetés ^ dem; morts dans un noir cachot,
où ils moururent nientùl après. L'Eglise fait
leur fête le la août.
SATUHNLN (saints). Ces quatre saints
marlyrs sourfrireit pour Jésus-Cliiist à Sara-
gosse en Espagne, avec les sainîs Primitif,
Eve'ice, 0[)tat, Lupenpie, Successe, M;;rt!al,.
Jules, QuiutUien, Publius, Fronton, jtélix,
Urb.in, Cécilieu et Apodèrao. Ces sa nts fu-
rent cruelleme-U louruienlés tous ensemble^
cl mis il mort sous Dacien , gouvei neut
d'E>pagne (Voy. D..cir,\.) Le |L0ëte Prudence'
a decri. en vers leur glorieux ma Irre. L'E-
glise honore leur sainte mémoire le 16 aviiL
SATURNIN (saint!, martyr, mou. ut poi.r la
foi en ;:0o de l'ère chi étienn'-', sous renij ire-
et durant la persé-ufion de Dio(i!étien, avec;
(luaranle-huit aua-es n'.irtyis. L'Eglise ait:
leur fête le 11 février. Les Actes de saint
Saturnin, que nous donnons en entier, de-
vront servir à l'histoire de chacun de ceux
qui s'y trouvent iiommés.
« Ici commencent les A-tes des saints
martyrs Sat rnin, prêtre, Félix, Datif, Am-
péhus, et autres ([ui sont nommés p.us bûs,
lesquels répandirent leur sang en divers
temps et en ditréients lieux, pour a voie con-
fessé la divinité de .'ésuS-Christ et pour na-
voir pas voulu livrer aux infuiè.es les sain-
tes Ecritures, Anulin él ml a. ors pruccnsul
d'Afrique.
« Sous l'empire de Dio.-létien et de Maxi-
mien, le démon lit la gudre aux chrétiens
!HS
SAT
SAT
91«
d'une manière toutf» nouvelle. 11 mit dans
l'pspril de ceux qui gouvernaient la pen.«ée
de délrntre entièrement li- culte du vrii
Dirii: tt les ntoye\s qu'il su>;gér;i, ei (|u"i]
rrovail inf lilliblfs, furent de faire saisir fl
hi iTiltr Ions les livies de l'un fl l'aufre Tes-
Irtuienl, de dtMunhr les é;^lises el di- dt-fendre
les assenih'é 3 des lidèles. Larm(''e du Sei-
giietir )'ut horreur de ces desseuis s-icrd g"S,
et résolu! de u'obùn- jauiais à lU's o dMii.icui-
ces si injustes et si pleines d'inip.été. On
aime donc parmi les ch éiiens; on se pré-
})are à coudjaltie. non contre les hommes,
mais contre les démons; et quoiqu'il v en
eOl quf'l .nes-iins (jui furent assez n»al}ieu-
reux ou assez lAches pour remettre les livn s
sain s entre d s mains |)rofa es. il y en eut
incomparablement d;ivai>taj:e qui, pour les
«auvt'r de la fureur de^* idolàlros. s'y eT|>o-
Sèrent ( ux-mômes, et conservèrent ce dépôt
sacié aux déj^eiis de leur \ie. Il y en eut un
Irès-giand nombre qui, a imés de ce feu
divin qui f^il aimer tout ce (fui afipartie; t à
Dieu, foulèrent aux pieds le diable et ses
ministres, et, cha gés de palmes teintes de
leur sang, si^^nèrent de ce Dième sat»ji la
condannialioQ des iraditeurs et de h.urs
complices, et souscriviient à la >eutence qui
tes cb.xssait de l'Ej^lise , laquelle ne peut
renfermer dans un même sein drs martyrs
el des traîtres.
« On voyait donc arriver de tous côtés des
trou[iPS de confesseurs qni se rendaient au
cani[) des fidèles, pour avoir paît au péril et
à la victoire. On s'y fortiiiait contie l'en-
nemi, et on s'y préparait h le bien recevoir.
Abiline, ville d'Afrique, de la [)rovince I*ro-
consulaire, devint un d s principaux théA-
ties de celle guerre, el la maison irOctavius
Ft'lix fut un des quartiers d'a-senibbe. Au
firemier son de la trompette, tous les mar-
yrs y accoururent : un dimiincbe, comme
on y célébra. l les divins mystères, les ma-
gistrats en ayant eu avis , y vinrent avec
ni.iin-forle, et y ayant trouv.'> quaranle-i euf
chrélieis, ils les arrêtèrent el les remirent
mire les mains d'un oflicier de la t;arnison.
Voici les n<tms de ces quarante-neuf saints :
a Le prêtre Salurnin avec ses quatre en-
fants, savofr : le jeune Salurn n el Félix,
tous deux lecteurs; .Marie, lelij^jieuse , el
Itilarion, qui n'éiail e icore qu»* dans l'en-
fance ; le sénateur Dalif, Félix, un autre
Félix, Eméritus, Ampélius, Roj;ali(Mi, Qiiin-
tus, M.iximien, Tli» lica, un autre Ko^^aiicn,
Rogal, Janvier, (lassien, Victorien, Vin-
cent, Cécilien, Hestilu a, Eve, Prima, un
Iroisiènu' Ro^aiiin, Givalius. un aut e Ro-
gat. Poiiqmnie. Seconde, Janv ère. Satur-
nine, Martin. Dante, un troisième Félix,
Mar.^uenle, M.ijeur, HoMnala . Rei^iola .
Vi(l"rin, Pehi>c, Fausle, Dacien, M.itrune,
Céc le, Victoire, Hi-rectine, une autre Se-
cond le, une autre Malroue, une autre Jan-
vièie.
«I Dalif, rnrncmcnl du sénat d'Abdine, et
que son heureuse n.iissTnce (lesiinail ;^ être
un jour un des principaux sénateurs du ciel,
marchail à la lèle du ce sauc balaiiiou; Sa-
turnin, prêtre du Seigneur, était à côté de
lin. 11 était environné d'une illustre famille,
d"nl u"te partie d'vail être associée h la
{gloire de son ma tyre, et l'autre réservée
pour perpétuer dans l'Ei^lise son '^ora et sa
mémoiie. Tous les au i^s -uivaict en si-
lence. Cette troupe choisie, el que le Sei-
gneur re.;ardnit comiu" l'élite des siennes,
était ro'ive. te d'artn» s célestes, du bouclier
de la fui. de la cuirasse de la justice, du
Clique au alut, el chacun avait à la main
l'i'l ée > deux tranchants, la p.<role de Dieu.
Avec de si bonnes armes, si luisantes el si
fort» s, il? étaient coi.me sûrs de la vicloire.
On les conduisit d'abord h l'audience du
mai,nslral, ils y confessèrent J sns-Christ,
el méritèrent par celte sainte haidiesse que
leurs juges mêm«'S fissent leur éloôP- Il est
vr.ii (|u'ils \ trouvèrent les esprits en quel-
que sorte dis|)osés en leur faveur par un
événement qni tient du miracle, et par qui
le ciel Semblait avoir voulu marquer (juil
se ■ é. larail hautement pour les livres divins^
Car Fundanus, ancien évèfpie de cette ville,
les ayant livrés au ma^i-tral pour les briller,
eoumie il était pr^t de les meitie au feu, il
survint, l'air étant fort serein, une grosse
pluie qui rétei;.fiit, < l qui fui suivie d'une
grêle si horrible quelle ravagea toute la
campagne voisine, laissant partout ues mar-
ques de la colère de Dieu contre ces incen-
diaires sacrilèges.
« Ce[)endant les juges d'Abiline ne lais-
sèrent pas de fare mettre aux fers nos (|ua-
rante-neuf confesseurs et de les envoyer à
Carihage. ils parti ent pleins de joie et de
consohlion de se voir enchaînés pour Jésus-
Christ; ils lui en rendaient grâces par des
hvmnes el des cantiques qu'ils ne cessai nt
de chanter rturanl tout le ch min. Ils furent
en arrivant inlioduils à l'audience du pro-
consul Aniilin, où ils eurent de nouveaux
combats à soutenir contre le démon; mais Id
grAce (iu Seigneur comballanl pour eux. il
ne put remporter sur eux .an un avantage.
^ oyanl «lonc (]u'ils étaient invincibles tous
ensemble, il les attaqua séparéme^'l. Je rap-
porterai tons I es combats parliculi. rs. »t je
n'emploierai le , lus si uveni dans mon récit
que les propres paroles «le ces saints, alin
que dans la descriplitm qne je ferai des tour-
ments (pie le démon inventa contre eux, on
[MiissM coiuiaitre jusqu où peut aller sa rage
contre les homuu's, et qn'en même temps on
adore \i\ [)uissanee el l.i b -nié de notre Sei-
gneur Jésus-Chrisl. qi.i les soutient, les
fortifie, et les n tid victorietix et des tour-
ments et de l'ennemi même.
« Apiès donc qu'ils ei rent été pr«'ser.tés nu
proeo 'Mil par l'olliiier de la ga' tuson d'.\bi-
Ine. el qu Du lui eut fail enlmidre que c'é-
laieU de5 chrétiens accusés d'avoir w l.bré
letlnuan< he «'f l,i collecte J1. conlreles défen-
ses expi esses des empereur^ et des Césars.
Le nioconsul interrogea d .(bord Diilif; il
lui demiuida de quelle condition il était, et
(I) Pur le iliin;inrlir. ilsriiiciiiloionl !.« célchr.Uion
(1rs v.iiiits iny^icreâ; cl par U coUccic, loulcb M>rlc!i
d'a&âcuibkc».
917
8AT
SAT
m
s'il nv/iit nssis((S h In collfclc des cnri^ticns;
v\ coiiimt' il (Mil ri^iiondii qu'il l'I.iil clirriicn,
cl iiu'il «'t'Iiil liïMivr il Wl (•(tllt'cli', le [nd-
(oiisiil lui (lii <riii(li(|U(T celui <|iu y pn'si-
tl.iil,(U eh /. (|Mi cllf s'rlrtil l'iiilc; cl s/iris jit-
l<"i<li(< sa r('i)i'iiH>, il \{: lil (M(Mitli'(« sur J(^
(••irv.'iloi, cl (l(''(liii(»r mvcc des o i|j;los de 1er.
Mois (-(iniuic les houi i-enuv <'<MuuicrieM crd h
('X(^(iilor cet (»tr|i(» .ivcc cclti» I r<tiii[iltliidft
el celle )ill{';;;resse iiik» loiir u.'durcl IV'iocci
leur iiispitc, cl (|u'ils avaiciil. di^ji» eid'u icé
leurs onj^lcs de l'er daus l s vW'^ du nuu'lyr,
riMli(^|)i(le riiélicft |)('rce Im foule, s'avniice,
(>( s(* prfVsenlail aux hourioaux, il s't^crie :
Nous sonuues lous cIum'Iiciis, ef nous /ivoiis
tous assisté i» la collecle. Celle aeliou liardii^
el ini|Mévuo mil le trouhie d.ms TAum* du
l)roconsul ; il e-ilra (> i TiinMir, (>t l'aisn'U di-
version, il ahiuidoui a Dald" pour TliélKa.
Ou le hallil, O'i réliMidit sjir le clievalcl, ou
lui dérhira les cAlés; lo niarlyr ne disait
autre cliose (jue ces paroles : C'est pour vous,
Sej.;nour, c'est jiour vous, ù iôsus, Fils du
Dieu vivant ; venez au secotn-s de vos ser-
viteurs.
« Je veux, lui dit le proconsul, que tu me
iiouimes fout t>i't''S(>'ilenient celui cfiez cpii la
collecle s'est tenue. Il l'épondit d'u'ie voix
forte et distincte, quoique dans le uiouient
les boinreauK ne rép'X'p'ia^sout pas : Sa-
lurnii, mais nous y étions lous. L- [)ro-
consul lui dit : Montre-le moi. Le voilà, lui
dit-il, en monliaiit Saturnin. Qu'on ue pense
pas, au reste, ([ue Tliélica en u-At ainsi
pour livrer Saïuiui'i h la cruauté du pro-
consul ; il savait bien ipu^ ce sa;nt pitMro
brillait d'impaliein'O d'entrer au coml)at ;
mais il agissait encore par un autre motif.
11 voulait |)ar là faire connaître au ti;ouver-
neur que cette collecte avait eu tout ce cpii
la pouvait rendre comf)16te et solenielle,
et qu'on y avait célébré les sacrés mystères,
puisque le prélre y était présent. Des ruis-
seaux de sang coulaient cependant de ses
côtés jus(pie sur la teri'o. Alors, st; ressou-
venant du précepte de l'Evangile, il éleva sa
voix, et demamla grâce au ciel pour ceux
qui le tourmentaieit. Puis s'adie-sant à eux
et au proconsul même ; Malhrureux que
vous êtes, leur dit-il, hél.is ! que faites-vous?
Vous vous en prenez à Dieu. Dieu très-haut,
arrêtez leui" cruauté, et je sais. Seigneur,
que vous n'y consentez pas. Puis, un mo-
ment après, ]] reprenait: Vous otfensez Dieu,
misérables; c'est contre lui que se tourne
votre fureur; vous faites périr des innocents.
Sommes-nous des homicides, nous accuse-
t-oi d'avoir fait injustice à qu Iqu'un? Sei-
gneur, ayez pitié d'eux. Je vous rends grâ-
ces Seigneur, fortifiez-moi, accordez-moi
la patience dans les douhuirs qu^' j'endure.
Déli^ rez vos serviteurs, Seigneur, aÛ'ian-
chissez-les deia servitude du siècle. Je vous
rends grâces, Seigieur, mon Dieu, je no
saurais vous rendre assez d'actions de grâ-
ces. Et comuie dans ce moine it les bour-
reaux redounlaieut leurs etforls, et que son
sang continuait à couler ave.; abondance, le
proconsul lui dit : lu commences à ressen-
tir ce qu'd le faut (tudurer. Tliélica ajoiila
«ussilAl : Oui, uiaU c'est pour la globe in
re>(|s ^^irtics au iMeu des royaiKne*» ; j'e fre-
vois déjà le royaume du fiel; ce roy. uitirt
élinnel. ce lo^nunie qui ne «ef « jnrriflu d/j-
triiil; je |e vois, j'y louche déjA. Seii^lieiip
Jésus, nous somiries vos serviteu s. N'oijn
<^les loule notre es|)ér/in(;e, rfuis <^(es to ta
l'espi'iaiice des clnélieiis : |>icii In's-liaut,
Dieu tressailli, hum loui-nuiss/ifil. Ij' pro-
CoiiMul l'iiderrompil : Tu devais nussj oD-'lp
aux ordr(;^ des ein icreurs <l des (;ésar<.
Thi lica rr|)Oiidil d'un ton d(r V(»i\ ferme et
assuiM', (pioi(|ue son cu-ps épuisé de sang
eOl [ier(lu une fiartie df-ses forces : Je n'f)béis
fju'auv ordr s de mon Dieu, j(> ne connais
point d'autres lois (|ue la sieine; cc-tte loi
adorable pour bupieile il me s.n-ait doux do
mourir. I.oi de mnn Dieu, je tesaciilje vo-
lontiers ma vie. (a's parob's étaient autant
de Irails entlammés (pii ()orfaieni le fou et la
douleur dans l'.iiiied' Aniil ii.C'en est assez,
dit-il, (pr(jii le reniène eu [)ris(»ii.
« Ce endant Datif re: tre da s le c'iamp
de bataille. Il était toujours deimMiré éle-viii
sur le chevalet durant le combat de Thélica,
et de là comme d'un thé dr(! élevé, il avait
souvent appliudi à la généreuse résistance
de ce vaillant athlète; et Iodes les fois
mèiiie (pie Thélica disait (pi'il était chrélie.i,
Datif répé ail : Je suis clirélie i. Cela iinpa-
tie.ila Forlunatien, (jui était encore alors
étrangement prévenu contre la religion chré-
tienne, (pioi(jue d'ailleurs ce lût un liomme
d'uni! grande probité, et digne du rang i|u'il
te ta t dais le sénat di; (arlh.-.ge. Ce qui
l'aigrissait contre Dat f, c'est (|u"il croyait
que ce sénateur d'Abitine avait inspiré à sa
S(Bur d'embrasser le ( hristianiSme. Celait
l'illustre N'ictoiie, que l'on voyait là paiiui
les qua ante-neuf martyrs. Fortunatien donii
s'adressant au proconsul : Seign(nir, lui dit-
il, vo là un scé érat (|ui,dnrau l'absence do
mon père, s'éiant,je ne sais comment, insi-
nué chez nous, a séduit par ses beaux dis-
cours ma sœur Victoire; et, lui ayant |)er-
suadé de se faire chrétienne, l'a eiumenée à
Ai)itine avec Seconde et UiStituIa. Victoire
ne put soutfrir qu'un homme d'honneur, et
son compagnon de martyre, fût pour l'amour
d'elle exposé à la calomnie; et, sans consi-
dérer (jue son propre frère était le calomnia-
teur, elle prit la parole; elle dit au procon-
sul avec cette liberté chrétienne : Non, sei-
gneur, il n'est pas vrai que je sois sortie de
Cai Ihage à la persuasion de qui que ce soit,
et il lest encore moins que ce soit lui qui
m'ait emm^'iée à xVbitine; j'y suis allée de
mon bon gré ; je n'en veux point d'autre té-
moignage que celui des ! abitnts mêmes do
l'une et de l'autre vide. Et si j'ai assisté à la
collecle, si j'ai célébré avec les frères le saint
jour du dimanche, c'est qne je suis chré-
tienne . Forlunatien continuait à accu;er
Ditif ; Daiif, du haut du chevalet, se justi-
fiait ; mais le proconsul, sans le vouloir
écouler, le fut reprendre par les bouneai.x.
Ces hommes, nourris rie sang humain, vo-
lent au premier commandement qu'ils en
9i9
S\T
SAT
9-20
rrcoivonf. lonrs mnins rrnollos s'nrhnrnpnt
sur les i<M(''S (lu martyr; ils les lui oiiInru-MU,
la poaii en csi enlevée, los cnlraiilos coin-
uioncent h poroitre, et lt\s socrels ressorts
quQ h n.iUire a couverts de l:i poitrine
vont bientôt être exposés aux yeux des spcc-
taltMirs. Le courage (lu martyr ne saUjiblis-
saii [)oint. Ou le dtchire, on le perce, on le
dëconpe, et il demeure inf'hranlable. Tou-
tefois, ci-aitinant de faire ou dédire quelque
chose qni lui indigne de la lu.^niit' de séna-
teur et de chrétien, il répétait souvent tes
parules : Seigneur Jésus, q.ie .je ne soi> point
confondu! Il obtint sur-lo-ehamp letM de
cette courte prière.
'< Car le proco-isul se sentit troublé de je
ne sais (lueîle terreu -, et dans ce mouve-
ment il cria aux bourreaux : Arrêtez, et la
sullil. Cependant Poni,^éian, un intAine dé-
laieui', jiroduisil conire le saint une nou-
velle accusation, aussi peu fondée que la
pr' niière. Le sauit ne lémo'gna que du mé-
pri> pour cet homme, et repoussa seulement
sa calomnie par ces paroles : Mauvais dé-
mo i, (lue fais-iu ici? vie-is-tù encore em-
jiloyer les drilestfibleï. artdices contre les ser-
viteurs de Dieu?Sach»i (jue je ne crains ni
ta iTirlice ni l'injuste pnissince tjui te pro-
tège. Ln séi..ilt'ur, uo clnét.en triomphera
toujours de l'une et de l'autre. Mais (ommeii
lui éiail av.uitageux de soudVir p^.ur J sus-
CIirJ3l, et q- • dans un second interroga-
toire il por.^istail loujours à dire qu'il avait
assisté ?i la cjlltvie, le projonsul rcjMitsa
piv.niè'O fureur, et le*' bo.irre.;u\ leur pre-
mière lérocité. On lui enfonce tout de nou-
V L'au les «ngh'S n • fer da; s les côtés, et le
saint, recourant aussi a son unique et puis-
sa;il protecteur, redisait les mêmes |)aroles :
Soigneur, que je .le sois j/^niviis confondu I
Qu'a'-je fan? Sainnùn est .otr.- pijlre.
;( Mais tandi- que les bouriea''\ forment
sur sa ctiaii- de sanglants <ill"ns, le ]trétre
S.ituriiin se présente paiw combattie. Il
avait quelque hoale de n'.ivoir e icore rien
fait poar signaler soi zèle, lorsqu'il venait
à ,)"!n-er que ses comp.igiions avan- U d«\jd
donné de si éclatantes marques de leur
oiii.jur [>ou-- .lésu-'-Cliri'^t, et d(i la nol)l.' et
saiuli! ainuitio i qu'ils avaient de eoïKiu'rir
le royaume du ciel. 11 sentit donc une ex-
trême joie, iorsqu<' le |TOcon> 1 lui dit :
Vuu.>uvez eu la li.ud ess.^ d\issemblt'r (> ux-
ci dans voire logis, conire les défenses for-
mell. s des empci-'urs et des Cés^irs. Oui, je
l'ai fait, répondil-il, il est viai, mais re^;>i(t
de Dm'u me l'avait ordonné; et sous celle
puissante nroieruon nous avons célébié le
saint jour (lu inuanche. Le proconsul lui lit:
El que ne diirériez-vous?Salurinn répondit:
11 hf nou> esl p.is permis de (liir''ier ii tie
solennité. Le proco isul, irrité de la fermeté
de cette lépunse, commanda qu'on le mit
avec Datil. Cepriidant celui -li regai lait
son co;ps décliné, it ks lambeaux df sa
rbair peiidanb de tous c»'jlés; mais il con-
teiuplail ces i uines et n s débris de son corj s
ftvec toute I indilléremo d'un ho.mne que
cela ne louche pas. Son esprit, appliqué uiii-
miement à Dieu, détournait le sentiment
(1- la dc'ulenr. Cejenda'it on l'f-ntendait de
ttMnps en temps faire cette prière : Venez,
Seigneur, à mon secours ; co'"'servpz-mon
;iiiie pour vous ; (pie je ne sois jamais con-
fondu I mon Dieu, donnez-moi la force de
soutîrir avi'c patience, avec joie. Et comme
le proconsul lui disait : Etant ce que vous
êtes, ne devicz-vr»us pas donner aux ai.tres
l'exemple d'une parfaite soumission aux or-
dres des empereurs et des Césars, au lieu
de leur inspirer, comme vous avez fait, cet
esprit de révolte et d(,> désobéissance? Comme,
dis je, le proconsul lui faisait ce re[)rorh»',
il s'écriait d'un ton de voix encore plus écla-
tant : Je suis chrétien, je suis chrétien. Cette
}iirole, prononcée avec cette sainte auda. e
qui est propre aux saints, fut comme un coup
(le foudre (pii ach va d'altérer le démon, et
le jiroeonsnl, son fidèle ministre. Ce dernier
fut contraint de se rendre, et il cria à ses
bourreaux : C'en est assez pour <i présent,
(lu'on Vù\c de là; mais qu'une étroite prison
me ré[)onde de lui. Ainsi il le réserva à de
nouveaux tourments, mais qui devaient être
dign< sd':in tel n.arlyr.
« CepenJani le prêtre Saturnin était étendu
sur le chevalet. Le sang de Datif, mêlé avec
celui (le Tliélica, dont cet e machine fumait
encore , l'avertissait de persévérer comme
eux dans la foi, poar laquidle l'un et l'auire
venaient de verser le l.'ur. Le proconsul lui
demanda sil n'était fias celui chez (lui s'était
tenue la dernière assemblée des cnréli'^ns.
Celui que vous ch -rchez, s'écria Eméritus (1)
en fendant la presse et se jetant enlie le
proconsul et Saturnin , lo voici ; c esl moi-
méhiJ : oui, c'est mon logis qui a servi à cé-
lébrer la cullecle. Le pro,.onsul , qui avait été
déj.'i vaim u tant de f('is , frémit à la vue
u'Kinéritus. Il ne lit donc pas sciublant de le
voir ni d'avoir entendu ce qu'il avait dit;
mais cachant son trouble secret sous un exté-
rieur tran([uiile, il l'ontinna d'intei roger Sa-
turnin. D où vient, lui dit-il, que vous avez
fait (ette assemblée au pr(^jndice d»^ l'édit des
cmpeienis? C'est, iépon .it Saturnin, (pie la
so ennité dn dimanclie ne se remet point; le
comniandemeiit du Seigneur y est formel :
la loi d" I)i u l'ordonne. Nulle loi, répliqua
le proconsul , ne peut autoriser une déso-
béissance aussi iTiminelletpie la vcMre. Fades
votie devoir, dit-il en se tournant vers les
i»ourreajx. Ces hommes, animés au carna ;e
>ar la vue du s.uig cpie la rage des tyrans
eur faisait répandre tous lesj<Mirs, n'atte i-
direnl pas un second ordre; ils se jetèrent
avec toute la vivacili' des ois» aux de pi oie
sur l(! cor jts du saint vieillard ; ( e corps ne se
soutient b.ellt(^t plus, les meiniires tien ont
h peine I vs uns aux antres, les nerfs ip.i les
joignaient sont rompus; les os découverts
montre t .H nu leur superlicn- l)lan< lie mar-
(Iiié(> lie ronge. Celte vue fiii horreur. Le
iii;irl\r même (>n e>l ému. Il sadresse.^ Jt'sus-
Christ. Kxaurez-uioi , 6 Jé>us , bii dit-il;
Seigneur, je vous rends grÂces; commandez
(1) UcUiH locicur.
J
o^t
8AT
RAT
Oii
(pi'on mo coiipo In iHr : J(Vsim, ny^z |>ili<' ilo
moi; r'tls(l() Dicii , ncroiiiP/ .'i iikui snoiirs.
Le procoMSul, lu voyi'it (mi cdl rinl, lui ilil :
IViiii'iiiKii .'icssi u'avcz-vims pas olx'i ? \a)
priHir i'(''p(iii>li( : Lu l(*i l() (l('r(>ii(i;ii( ; l.i loi
(»i\l(( niait le coiilrairc^ () n'-ponsM aijimra-
blf I A pr(Mr(» (pinii iio peu! assez louer I
Saint (iocleiir (l(^ la plus sainte des lois ! ||
anii'iiice, il iMiltlie, il pK^elu; la loi /ni iiiilieti
dvs loiwmetils. A (•(> mot de loi, Aniilin p.'W
lit, se di'concei le, li'emhln, et nrriHe tout
conri les bourreaux. Il envoie le ort^tre eu
prison, résolu d'en faire un exemiile dans la
suite.
« Kméiitus est nus en sn phïcc. Ton In-^is,
lui dit le proeonsul , a doue servi l\ ces im-
jiies pour y eélehror leur colleele ? Oui,
n^po'idit lùnérilus, nous y avons t'ailla so-
loiuùté du saint dimaneiK». I.e proconsul lui
dit : l'ounpioi leur en peinuMIais-lu l'entrée,
ruis(]ue lu savais bien que cela était eoutro
ititention d(>s omnereurs? Kmérilus répli-
qua : Aloi, leur (lerividre l'eiiti-ée de mm
logis ? ils sont mes frères, jiouvais-jo no les
})as recevoir? I.e |)roco'isul poursuivit : Mais
tu le devais. Cela no se pouvait pas, réj)oii-
dil Emérifus; le diniau(;ho est parmi nous
d'une ob!ij^:ilion indispeMsal)l(>. Il l'ut aussi-
tôt étendu sur le chevalet, el dtvs bourreaux
tout frais se présentèrent pour le tourmen-
ter. Dans le plus fort de ses doideurs,il s'é-
criait : 0 Jésus ! venez î\ mon secours : mal-
heureux , vous vous rendez cou!)abl(>s d'un
grand péché. Le proconsul, rinlerroaqiant,
lui dit : Il ne fallait pas les recevoir chez
toi. Il répoi'dit : Je n'aui-ais [)as reçu mes
frères chez nioi ? Mais , dit le proconsiil , la
voionté des empeteurs devait prévaloir à
toutes CCS considérations. Ah ! que dites-
vous, repartit ie martyr, c'est celle de Dieu
qui doit prévaloir. Jésus, écoutez ma prière,
je vous loue. Seigneur; Seigneur Jésus,
do'mez-moi la patience. Le proconsul, l'in-
terroiuparit encore , lui dit : N'as-tu pas chez
toi de ces livres que vous autres chrétiens
ap;^elez ks Ecritures ? Kmérilus répondit :
Oui, j'e'T ai, mais je les conserve dans mon
cœur. Réponds-moi juste, reprit Je procon-
sul : ces Ecritures sont-elles ch^z toi, ou n'y
sont-elles pas? Je vous ai déjh dit, ré[i!iqua
le saint , que je Us ai dan:, mon cœur. Je
vous loue, o îésus, écoutez ma prière, exau-
cez-moi, ùélivrez-moi; je soullVe en votre
nom, je soutfre bien moins que je ne vou-
drais soufî'nr, je soidfre avcL" joie; Seigneur,
que je ne sois pas coiifondu ! 0 martyr in-
comi)arabIe, vous vous souveniez de ce que
rA|)otre disait de lui-mènie, lorsqu'il assurait
qu'il avc.it la loi du S- igncur gravée non
sur des tables de pierre, mais sur celies de
son cœur; noi avec une plume trempée
dans l'cicre , mais avec le doigt du Saint-
Esp'-it, en caractères de feu! G tidôle gardien
de la loi divine, ri'oireur que vous aviez des
traditeurs et la crai Ue de tomber dans un
pareil saciilégo, vous faisaient conserver
avec soin celte loi au fond de vôtres cœur 1
Le proconsul, ne pouvant tirer de lui autre
chose, dit : Eh bien 1 qu'on le détache et
qu'on récrive ses réponses nvoc relies des
autres, (lli/icun aura son tour, et ou aura
s(Mn (tue tous roçoiveni le prix (pii est dû h
leur (lésobéissauie el à leiii impi'''lé.
« l./i luieiir. rassassiée dr saiig,eomiiierienil
h se ralentir, lorsqu(> Im'Mx entra linns' lo
eliainp di' bataille el |,i retira de relie esuèeo
de l.iii-iieiir. Le tyran paraiss.nl abattu , sa
voix ])asse et enrou 'e inaniunit son abnlle-
ini ni, et .>on /^nie, rem; lie <le l'idée aifreuso
de tant de iourments, avait coinmiiiiiipK' au
corps sa lassitude et son dégoOt. Il parla
donc aux confesseurs d'tnie ni.iiiièic un pm
plus radoucie ipi'à I ordn aire. J'espèic, l.-iir
ilil-il, (pu' vous prendrez enlin le bon parti,
(•'est d(> cons(irver votre vie en obéissant dt;
bonne gi.'lie aux ordres des empereurs. .Mais
il fut interrompu |)ar un cri (jui s'élera du
milieu de (cs généreux hommes, qui s'éeriè-
retu tous à la fois : Nous sommes clirélie'is!
nous somnu'S chrétiens! nous ganlerons les
commandemenis de notre; Dieu au péril de
notre vie, et nous défendrons sa loi jusqu'il
la dernière goutte de notre sang! Ces paroles,
prononcées avec chaleur et d'une même
voix , réveillèKMif la fureur dans l'Ame du
tyran , car, s'adressant particulièrement à
télix, il lui dit d'un ton bien diiïérent de
celui dont il venait de parler : Je ne te de-
mande [tas si tu es chrétien , mais si lu as
assisté ^ la collecte et céh'bré le dimanche,
et si lu as chez loi des livres de t.'i religion ?
Oh! la [ilaisante demande! ô l'impertinent
encpu^teur ! 11 m'importe peu, dit ce juge, de
savoir si lu es chiéiien, dis-moi. seulem'-nt
si lu as été à la collecte, et si tu as célébré le
dimanche ? Comme si un chrétien pouvait
ne pas célébrer le dimanche , ou que le di-
manche se pût célébrer sans le chrétien.
A()prends , ô Sa'an , que le chrétien fait le
dimanche, comme le dimanche fait le chré-
tien, et que l'un ne peutsubsistei sans l'autre:
lorsque tu entendras prononcer ce mol chré-
tien , pense h l'assemblée des fidèles , songe
à la coliecte; et quand lu entendras celui de
collecte , conçois un chréUeu. C'est ce ({ue
le saint martyr le va faire comprendre par
sa réponse. Oui , répondil-il , nous l'avons
célébré, ce saint jour du dimanche, le plus
solennellement que nous avons pu , el nous
n'en avons laissé passer aucun sans nous
assembler pour ouï la lecture de l'Eciiture
sainte. Auulio ne ^e souvint })lus de sa l:s-
situde , cette réponse la lui fit oublier; il fit
battre d'un bàtun noueux si longtemps et si
cruellement ce saint lecteur, qu'il l'envoya
au ciel dans le moment même, ta autre Fé-
lix suivit immédiatement ce premier. Ayant
coniine lui confessé , il fut comme lui roué
de coups de bâton, il expira comme lui au
milieu do cet horrible supplice, et il entra
presque au même in>tant que lui en posses-
sion de la même gloire.
« Ampélius, garde des livres saints, et fi-
dèle conservateur ae la loi du Seigneur, pa-
rut sur les rangs; le pioconsul lui demanda
s'il avait été h la collecte, il répondit sans
héslt r : Oui, j'ai été avec mes frères à la col-
lecte, j'ai célébré le dimanche, et j'ai les li->
9Î3
SAT
SAT
924
rres sacr(?s qno vous demandez , mais c'est
dans le tunir qii«' jo les ai. J»''sns-Clirist,
mon Sei^'oeiir, je vous lour, je vous l)'>nisT
ex.lucez-riloi , 6 Jésus 1 Celle réjK>nsi» lui
coilla plusieurs coups sur la l«^(e, qn»» le
gouverneur Itii til donner parun soldat firme
dun gantelet de fer, et il fut ensuite conduit
en ftrison, où il entra comniedans une (cnle
rovale. Uoj;ntien vi-il a|)r«»s , il coifcssa le
nom de Jésus-Christ, et, sans (juon lui fit
autre chose, on le mit en prison avec les au-
tres. Quiulus coi'.fessa p;u'eillen)eiit, et ayant
reçu plusieurs cour»s de b;Uon , il suivit ses
compa^^no'is (ians la [irison. Après Qiiintus,
Maximien se [trt'senta; \\ conlt-ssa , il cou)-
l)nll t, il triompha comme ceux qui l'av.iient
)récédé. Le jeune Félix n'attendit pas qu'on
'inlerrogeàl , )l piévinl le juj;e et dit tout
laul : Le s.iint dimanche est l'espérance, le
salut et le bo iheur des chrétiens. C» l aviHi
lui valut comme aux autre- force co ips de
biiton. Pendant qu'on les I i donnait , il ne
cessiit de d.re : J'a; fait la collecte a ce mes
frères, parce que je suis chi-t'-tieu. J'ai célé-
bré le saint dimanche, je suis chrét en; j'ai
assisté h la cnljecte le [dus dévoleinent ipi il
m'a été pos>il)L' , je veux bien (pion le s i-
che. Celte généreuse confession lui mérita
d'être enchfiiné avec les au(re> chréliens.
« Le jeune Saturnin, digne du nom et de
la (p)alité de (ils du vieux Saturnin, ce saint
prêtre et ce lidèle martv r ^o Jésus-Christ , se
firessa «le remplir la place de Fél:x; il bril-
ait du désir d'égaler par quel(|ue acte héroi-
(jtie la vertu de ^on f)ère. Le proco isul lui
dematida, comme aux autres, s'il avait assisté
à la collecte. Saturnin ne répondit autre
chose, sinon : Je suis chrétien. Il n'est pas
question de cela, dit le gouverneur, mais si
vous avez célébré le dimanclie. Oui, repar-
tit Saturnin , je l'ai célébré pour hnuorer
Jésus-Christ, qui est le Sauveur des hom-
mes. A ce mot de Sauveur, .Vnulin entre en
fureur et fait piéparer pour le lils le lu'nno
chevnlelqui av.iits rvi à tourmenter le père.
Lorsque S.Uurnin y fut étendu , le ^ou^er-
neur lui dit : Hegarde où tu es et songe à
Die répondre juste. As-tu (jui'; pies-uns do
ces livre-» qtie vous appel, z, vous autri*s chré-
tiens, VFrriliire? Saturnin rt''pondit : Je suis
chrétien. Le gouverneur insista : Je te de-
mande si tu as élé a la collecte, si tu as do
ces livres? S.ilurn r> ré()ondit (mcnre : Je
s'iis chrétien; après le nom sacré de Jésns-
Christ , le plus s.iint est celui de chrétien.
Puis. pif» In ne veux pas fnire d'autre n'ponse,
dit le gouverruMir, ii faut voir si les four-
monts ne te feront point parler d'une ma-
nière plus raisonnable. Dis donc si lu as de
cis Ktritures? Kt «m luOme tem[)s il lii signe
aux b >urrpaux de f.ure leur devoir. Ces hom-
mes, (|('»ja l.is d'avoir touriuenté le père, ne
laissiMit pas de reprendie leurs instruments
tout rouges encore de s «n san^; , ({u'Us oui
bieu;iM mêlé avec celui du fils. Mais ce mé-
lange ne sert pi'à re nlie le tifs plus fort et
plus courag ni. Ce sa ig chéri dun père si
respectabb' esl cou)me uhe liqueur salutaire,
comme un baume précicui qui charme les
plaies du fils et en (Me tout sentiment de
douleur. En sorte q l'il s'écrie d'une voit
ferme et haute : Tya i. l'ai les Ecritures que
lu demandes, mais c'est dans le cœur; viens,
et arrache-les de ]}\ si tu peux. Seigneu Jé-
sus, donnez-moi la grlce «le souffrir patiem-
nu-nl : toute mon espérance est en vous.
Anulin lui dit : Pourqinii as-fn agi contre les
ordres des em()ere(irs ? Salurnin réj on lit :
Parce que je suis chrétien. Arrêtez, ihl le
proconsul aux bourreaux , qu'il aille dans la
p.i.son attendre sa destinée.
« CepeiKlanl le jour se précipitait insensi-
blement avec le soled el les heures dans le
sein de la nuii , et la cruauté des b luneaut
languissait faute d'avoir de nouveaux tour-
ments à mettre en œuvre qui la réveillassent.
L'armée du S.-igneur, au coniraire, l\ «pii
Ji'Siis-Christ fournissait sans cesse des armes
céle>les, animé • par la présence invisible de
son ch f, n'en était que plus disposée à
combattre el c» vaincre. C est pourquoi le
proco isul, déj<i vjiincu lui-même tant de fois,
abandon). é de la lum ère du jour el sur.) is
par la nuii, ne pouvant plus d'dlleurs faire
aucun fiid sur la vigueur de s s ministres,
(pli n était jiis moins émoussée (|ue leurs
instru nenls , n'osant plus se hasarder dans
des combats singuli rs qui lui avaient si mal
réussi , le proconsul , dis-je , ayant tant de
motifs de souhaiter du moins une trêve,
aim » mieux entre.- en une espèce de négo-
ciation avec cette trou >p invincible [li, (|ue
d ex[)0ser encore sa réputation et son hon-
neur, et il parla h fous les confesseurs qii
rc>'a!eiit en ces te. m s • Vous avez é é lé-
nvdns , le ir dit-il , des lourmenls que nous
avons fait soulfrir h c-ux qui ont ou la témé-
rité de nous résister, el vous [>ouvez jeter
les yeux sur les nouveaux supplices que
nous leur pri'parons en cas (]u i s persistent
luUjOuis d-ns leur impiété el leur désobéis-
sance. C'est à VOUS antres de voir si vous
voulez, courir la même fortune, ou si vous
n'aimez mieux avoir recours à notre clé-
mence. pou. vu louiefois que Plus de
(luarantc voix . (pli n'eu faisai(»nt (pi'une, in-
terroiupireul le proconsul en cet endroil de
sa harangue. Ces saints , pleins de joie et
d s pe vs.' s de l'élernilé. et plus animés en-
core par lim ulsion (>m Saini-E5,»rit que
p)ar les paroles du proconsul , s'écirèrenl r
Nous sommes chrétiens! C,e fut pour Amiîin"
un coup ie tonnerre ipii l'élourdil, l'an.Ulil
et ui ù a la |>arole. Il ne puld re autre clw^se;
mais plein de co if .sion et de ra,e. il les eii-
vo.a tous en prison, les destinant tous dès
ce moine 11 h la mort.
« i.e sexe dévot ne se signaU pas moins tni
cette rencontre que le sexe né } oui la guerre,
et lilluslre clKPur des vierges ne le voulut
pont ( é 1er en courage à la v.ii l.uife troupe
des confesseurs. Vicioi.e coiunallit , et la
gloire «pielle leinpor afut la gloire de loules
le-i femmes. Victoire, la tleiir des vierges,
(l'un sang noble, d'une piété exemplane,
! d'une pureté de mœurs incomparable; Vic-
^l) Us étaient encore pins de (luarante.
o^s
SAT
»AT
9M
loiro, (hxiui IcIVotiI, Iniiimirs ('•oiivoit d'iiiUi
lioiiii le |iii(lrij|', sciiilil.iil (Mn> le liAiir de lu
clinslcli' , ul dont I cxi'cllniln l>i>niil(^ du
(;<n'|i,s tr(''l.iil iiii'ii'i liviT (!'|iai(lii'iiici t. cl
(lu'll'l ('ifli.iiilil un de t(dl() de l'Aiin-. IhVs sa
plus ((Midrc jiMi lossd , ii'm cliaslc» snv rite
p.iiaiss.'iil lU^jA (l/r»s s' s «i;li(»ns , cl ct'iil en
»jiicl.|ii(! sorte It! |)r(Vsii;c du iiuirlyrc tiu'cllc
(levait Diiduror u i jour. Ivtli i , lorH(|u'cll('
l'ut paivcnuo h cet .'li^c <pic la nature a uiar-
(]U(\ p )iu' U' luaria^i- , eoniuu! ses partîiils
la V()idai»Mit cnnlraindre h s'y on.^aj^er, et
(pio l'cipouv (pj' Is lui avaient choisi la pr(«s-
sail do do uuM- s m ('O'isculemcut h leur
union, ('Mo aiuia ii\icux se jeter cilro U's
bras de la mort ipienir»* ecu\ ilu ) jeuiu;
auia U, car ollo se précipita d'uuti l'euiHrc eu
bas; mais les viuils, par Tordre de leur créa-
teur, la re(;ureut sur leurs ailes et la posè-
reni douccurui il teno. Ai »si ci;lle (pii dt;-
Viil innurir pour Jésu--Christ , le roi cl l'é-
poux d s vierges , eu lit eoiuuie uo e^sai en
s'ex()osauL h uu(^ uioi t pi-esipie certaine pour
co server sa virj;iuité. Elle se pri'parait dés
lors à cueillir lui joui- de nouveaux lauriers
ai'rusésde sou sa'ig. Ce|)eiidanl, so trouvait
sais b'essure, et se vo.vanl délivrée île .a fu-
mée incouimode du llaud)cau luiptial , et de
rempresseuient iui[)Oi tu i de s. s parents cl
d'ui uiari, elle courut h l'église, l'asile de la
pureté , \o. rei'ug;» des vier.^jes , le port où la
pudeur est ei sùnUé; et là, par u:i vœu de
chasteté i>erpétuelle , elle consacra à Dieu
la plus belle téle du monde (I). Se h;Uant
doMc maintena'it d'arriver <» la mort iiu'elle
souliail.iit avec passion , elle portait d'une
main la palme de la virginité, et teulait
l'autre pour recevoir celle du martyre. Car
le proconsid lui ay nt demandé (pielle était
sa religion : Je suis chrét enie, répondit-elle.
Le séualeur Fort ination, son frère, se pré-
senta, et s'otfrit de faire pr uve que sa sœur
avait l'esprit al éné; mais elle lit paraître
tau de sages-edans ses réponses, qu il n'en
fallut pas davantage pour détruire celte
vaine et injurieuse accusation. C'est ce qui
obligea le proconsul à lui demander si elle
voulait retourner avec son frère. Non , dit-
elle , parce que je suis chrétieniie, et que
ceux-là seuls sont mes frères , qui gardant
les coramandemeiils de Dieu. Entin le pro-
consul, se dé[»ouillant i our quflque teujps
de sa q jalité de juge, voulut bien descendre
jusqu'à celle de su,)pliant; il emploie donc
les prièies auprès de Victoire; mais cette
généreuse fille lui répondit avec une fer-
meté qu lui lit bientôt reprendre sa férocité
nalu elle : Vous vous abaissez en vain, lui
dit-elle, pour obtenir de moi une chose que
je n'ai point résolu de vous accorder. Je
vous l'ai déjà dit, je suis chrétienne, j'ai as-
sisté à a collecte et j'ai céléb.é le saint di-
man.die. Alors Anulin , se revêtant de sa
cruauté, qui lui seyait mieux que cette huma-
il) Les vierges de Carlhage, (iitalie el des Gaules,
e» se coMsacraiil à Dieu, ne coiip.iieiit pas leius che-
veux ; mais celles d'Egypte et de Syrie se faisaieut
raser
niti'- fciide cl forcée , envoya on prisOM U
siniUe martyre île Jésu.vChrist , pour y /it-
tendre .iver, les autres le jiiKemeiit de mort
(pi d prononça peu de jours après c(jntru
tous.
<< Il ne restait plus que le petit flilarion,
ipii , dans un iV;;e Irès-lcrdre , fiisail p ral-
tre une iiii'li' ipii n avait i ien «Je rcnfanci;.
Il élait l' dernier des lils du priMie Salui-
tiiii. Il avait vu son père et ses frères s(»rtir
viclorieiix d i comhit , et il a-^iurait a la
mè cie gloire. Il témoigna donc l)ioii moins
de crainte (pn' de mi''|iri.s [tour les menacer
du tyran. I"!t lorsipiil lui ihniianda s'il n'a-
vait pas suivi à 1 1 colleilc son fière et .ses
frères, on ontinidil une voix eniantine pu-
blier riinité d'un Dieu el la vér.li''(J(j sa reli-
gion. Je suis chrétien , d l-il; j'ai Hé, il est
vrai , à la colleile , mais (;'a été de mon gré,
et sans y èlrc forcé. Vous (Missiez iru ouir la
voix du pèr»! sort r de la bouche du lils, et
celhîsdcs d(Mix frères aînés (nnpninler l'or-
gane (h; leur calet, et se réunir toutes (pia-
tre en une seule pour confiîsser la divinité
(le Jésus-Christ; mais le proconsul, ne corn-
prtî anl as (iiie c'est Dieu lui-même (jui
combat d .ns les martyrs , et qui élevait
l'Ame d'un e d'à U au-dessus des faiblesses
de son Age, le m nai^a de ces petits suppli-
ces do u on a coutume de chAlier les en-
fants. Mais celui-ci ne lit qu'en r re. Je vous
ferai coup .r le 'h z et les oreilles , lui dit le
proconsul, et je vous renverrai fn cet état.
Le [letit martyr répondit à cela froidement :
Vous le pouvez, mais je suis chrétien. Le
proconsul , di simulant son dépit , l'envoya
en [trison. E y entrant, Hila ion dit d'un air
gai : Seigneur, je vous rends grAces. »
SATURNLN (saint), fils de saint Saturnin
prèire, fut l'un des quaranle-hui; martyrs
mis à mort eu Afrique spus le proconsu.
Anulin, en l'an de Jésus-Christ 305 , sous le
règne et durant la persécution que Dioclé-
tien suscita contre l'Eglise du S.igneur. {Voy.
l'article précédent.) L'Eglise célèbre la fête
de t us ces saints le 1 1 février.
SATUUN.N (sauit), versa son san'? pour la
foi à Adrumète en Af, ique , durant la [lersé-
cution des Vandales contre la religion ca-
tholique. Il eut pour compagnons de son
triomphe les saints Vérule, Secondin, Sirice,
Félix, Servule, Fortunat el seize autres dont
les noms sont ignorés. L'Eglise fait leur fête
le 21 février.
SATURNIN {Vîgellius Saturninus), procon-
sul d'Afrique sous Sévère en lan 200, est
cité dans la lettre de ïerlullien à Scapula,
comiue ayant le premier tiré le glaive con-
tre les chrétiens en Afrique. On voit, dans
les Actes des martyrs Scilliiains , la façon
dont il les interrogea; on y trouve aussi la
sentence qu'il prononça contre eux. Peu de
temps après , ce proconsul persécuteur fut
frappé par Dieu d'une cécité qui le tint jus-
qu'à la lin de sa vie. Ainsi, le [ilus souvent,
la vengeance du ciel s'accomplit avant même
que la mort ait amen'' les coupables devant
le grand tribunal de l'éternité.
SAXUKNIN, l'un des treûte-sept martyrs
9i7
SAT
(^^yptiVn? qui (lonnf>roiit liMir «^.ins pour l.i
f.)i 011 llgvpti' , pt (I >s«]iiols HuiMort a laissé
les Arlps anthpiili(pios Voy. Martyrs (les
tro'^to-sepl) Ér.YPTiKNS.
SATURNIN (sniiil), nrriyr. rocncillit la
glorieuse palme du niarlyre avec les saints
CasUile, Mayniis ( t Lucius. L'Eglise fait leur
nu^moire l- 15 février.
SATURNIN (saint), fut martyrisé h Alexan-
drie avec les saints Tliyrse et Victor; nous
ignorons à (pielle époque et dans quelles
rirro'KNtances. L'Eglise l'ait coUectiveiuent
leur fèlc le 31 janvier.
SATURNIN (sai-H), était un vieillard habi-
tant Rouie, et qui soulfiit le martyre sur la
voie Sninrid avec le diacre Sisinne. Après
avoir lauj;ni longlein[is en prison sous le
règne de l'empereur Àlaximien , ils furent,
jiar ordre du préfet d,> la vill.> , tourment s
sur 11- chevalet, tirés avec viol.^nce, accablés
de coups de bAtons et de fouets garn s de
pointes (le fer, brûlés en plusi^-urs parties du
corps; entin , ayant été descendus du che-
valet , ils eurent la léle tranchée. L'E;^lise
fait leur fête le -29 novembre.
SATURNIN (saint), évéque , confessa la
foi df Jésu^-Christ h Véro-ie; on ignore à
quelle époque. Il est inscrit au Martyrologe
roniain le V avril.
SATURNIN (saint) , fut martvrisé en A*'ri-
que avec neuf autres saints, (iont les noms
mallieureusemenl sont ignorés. Nous n'a-
vons |)as de détails authentiques Mir hîur
compte. L'Eglise fait collectivement leurmé-
more le 22 mars.
SATURNiN (saint), fut martyrisé avec saint
Nérée et trois cent cinquante-cinq autres
dont les noms sont ignorés. L Eglise faitcol-
leciivemnit leur fête le IG oclobie
SATURNIN (saint), r('(;ul la [)nlme immor-
telle du martyre avec saint Théophile et
saii.te Révf)cate. N.tus ig.iorons le lie\i , la
date et I s circon.Nlances d.' leur < ombrit.
L'Eglise fait collectivement la fùte de ces
saints martyrs le (i février.
SA'IURNIN (>ainl) , mariyr, reçut la cou-
ronne du martyre à AntiocheavLC les saints
Basilée et ,\ux!e. On n'a aucun détail sur
leur martyie. L'Eglisi' fut leur fcte le 27 no-
Tembre.
SATURNIN isiint) . martyr, soutTrit pour
la loi à Rome avec les sa nts Nr'o[>ole, iier-
main et Célestin. Anrés avoir beaucoup souf-
f. rt , ils furrnt j les dans mie prison , d où
ils pas.sèrcnt au repos élenul. L'Eglise fait
leur mi^moire ]>• 2 mai.
SA rURMN i'saifit), eut le glorieux privi-
lège de donner sa vie pour Ji'sus-Christ h
Poilo, nver les saints .Martial, Epictéie, Ma-
pnl, Félix et leurs compagnons, que nous
•le roiiMaissons pas. L'Eglise honore leur
JKMiioire le 22 aoOl.
SATURNINE [s:\\nio] , fut au nombre des
Quarante-huit martyrs ave. .s.iint Saturnin,
en.\fri(jue, sous le proconsul Anulin , en
l'an d" Jésus-«.hr ist .lO.'i , sous le règne et
durant la pi rséinilion ipie Tio li'-t.en susi'ila
contre l'Eglise du Seigneur. ^Uoy. S*tirm?i.j
SAT 928
L'Eglise fait la fête de tous ces saints le 11
février.
SATURNINE (sainte), vierge, fut martyri-
sée h Arras à une éfioque et dans d"s cir-
con-^tances que nous ignorons. Lie est
insi rite au Martyrologe romain !e '» juin.
SA rURNiUS^saint\ eut la gloire de r|oT;ner
son sang pour la foi cliri-tienne durant la
longue persécution de Trajan. La ville de
Duraz/.o en Albanie vit dans ses murs le
triomphe de saint Saturnins et de ses com-
pagnons saint Pérégrin, saint Lutien, samt
Pompée, saint Hésyrhius, saint Papius et
saint (iermain. Ces nobles soldats du Christ
ne nous ont laiss'- que leurs noms et la ( er-
titude de leur mort héroïque. Ils ont mi"!-
(pi • d'historiens pour la terre; nous saurons
toute leur gloire à ce jour suprême où les
tombeaux s'ouvrant , s'ouvriront aussi les
portes éternelles, montrant aux yeux de
tous , h côté des splendeurs '!e Dieii , la vie,
les mérites, les combats de tous les sai Ms
ignorés par la terre et assis autour de son
trône. Saint Saturnius est honoré par l'Eglise
le 7 ji.illet.
SATYRE saint), confesseur, était frère
de saint Ambioise : 1 ur père, nommé Am-
broise, était préfet du prétoire. Notre saint
lit admirer son éloquence dans le barreau
et parut dans l'auditoire de la préfeeture
avec un étlat et une estime extraordinaires.
Il eut le gouvernement d'une province et il
se lit tellem<nt aimer des peuples, qu'ils le
considéraient [)!utôt comme leur père que
comme leur juge. Il terminait comme un
arbitre commun les dilTérends des familles
à la satisfaction de tout le monde, et ren-
(iait la justice av"c une tidélil.' inébranla-
ble. Il ne recherchait pas les honneurs du
siècle (|ui lui étaient h charge. Quand saint
Ambroise fut ordonné évèque, ne voulant
pas avoir l'embarras des affaires mondâmes,
il en chargea Satyre, (pii peit-ètre même
avait (]uitté Rome pour venir demeuierà
Milan avec son frère. Satyre exeoUait en pu-
reté, m innocence, en mo<leslie et en smi-
I licite : en un mot, il semblait avoir toutes
les qualités d'un enfant, et néanmoins il
éiait fort agissant et fort versé dans les af-
l'iures. 11 était chas e de corps et encore
plus de cœur et d'esprit. Aussi, il n'avait
point d'incii lalion pour le mariage, Mi'.tn-
moins il n'y renonçait [>as aussi, cotnme s'il
eOt voulu éviter la vanité en ne fais-inl pas
une profession piibliipie de contint nce. il
(lit en mourant (piil n'avait pas voulu se
mari'T de OMir d'être contraint de se sépa-
rer de Ses frères. Il avait oe grands bi.Mis,
m is il en usait de telle sorte, (pi'ils ntt
l'empêchai eut point d'être véri tablée lent pau-
vre d'< sprit. Saint .\nibroise et Ini se es-
semblaient si fo,t de visage qu'on lespe-
nait souvent l'un pour l'autre. L'unittn de
leurs esprits était encore plus grande, «n ils
semblaient ne pouvoir vivie l'un sans l'au-
tre ; mais ils ne s'amiisai«>nt pas à j-c témoi-
gner leur airection par des caresses exté-
rieures. Ils n'avaient ]»o',iit fait de paitago
do leurs biens et tout était commun entre
92!»
8AT
SAT
OTiO
oii\, hormis lo st;crol (h* J^iirs ami.s. Satvro
(Inliiii'^Ai'.iit Amhrnis.' dd loiis les soins do-
ni«< :|ii|ii(vs. Si I(^s viih^ls avaient lait iiia>l.|iu)
inulc.r'iUail lui (iiii les |iiiiii.s.sail, mais «vrr
Ix'.iucniii» (1(1 (Idiicciir. Ayaiil ii-solu avec
.sailli Aiiilnoisc di; l'aire ((udijUi' |ire.s(!iil a
eeliii (jiii avait soi'i de Inur bien, il en
donna loiil If iiuM'ile h son lV('*ro. Saint Am-
hroise dit, (]iie ([iiaiid il avait (|iM:li|iie dilli-
cuU«5 avec sa sdinr pour savoir s'il lallail
une clioso pliih^t (|u'uiiO aiilic , ils s'en
rapporlaio 11 ,^ Sdyce, cl il ajAissr.il di; tello
inaMiôiT (lu'il les satisfaisait l'un et laulro.
Sailli Amnroi.so avait un tel respect pour
lui, (pie lors(|u'il parlait dans l'église-, il
craignait do dire queUiuu clioso qui lui dù-
pini.
Avant que saint AniUroisofût nommé évo-
que, un nonnuo l'rosper lui avait onlovo
quelque bien, el (pieUpies poursuites (pie
10 sai'il et son l'rèro oussonl l'aiUîS conlro
lui, ils n'avaionl pu en avoir raison. L'élé-
valion d'Aïubroiso h l'épiscopal, i|ui l'oiiipô-
cliail do poiisor à ces sortes d'allaires, lit
croire h Prosper ([ue rien ne le troublerait
plus dans son usnrpalion. Mais Salyro on-
tii>[)ril de lo uoursuivro et lit seul ce (]ue les
douv ensemble n'avaii-nl pu. H fallait qu'avant
do quitter la terre il rendit oiieoro h son
frère cotte preuve do son aUeclion, on fai-
sant voir à tout le monde jusqu'où allait
son habileté. 11 enlre[)rit donc d'aller en
Afrique, malgré les instances de saint Am-
broise qui, comme s'il eût prévu quelque
malheur, craignait beaucoup ce voyage et
ecrivr.it souvent à son frère pour le i)rier
d'y envoyer quoiqu'un au lieu de lui. Sa
crainte ne fut pas vaine ; car Satyre lit nau-
frage, et son vaisseau ayant échoué parmi
les écueils et des bancs de sables, il i'ut en-
tin ouvert par la violence dos llols. Il n'était
Doint encore baptisé, et s'il ne craignait i)as
la mo t, il craignait de mourir sans avoir
reçu les saints mystères. Mais la foi le déli-
vra dû ce danger ; car ayant demandé à ceux
qu'il savait être baptisés le divin sacre-
ment des tiJèles , qu'ils avaieiit apporté
rvec eux, pour en tirer le secours que sa
foi lui faisait espérer, et non pour pénétrer
}).ir curiosité dans ce secret de l'iiglise, il le
iil meiue di'ns un linge, noua ce linjo au-
tour de son cou et en cet état se jeta dans la
mer, sans chercher aucune planche du vais-
f.eau, croyant que sa foi suitisait pour le sau-
ver. Il ne fut pas trompé dans son espé-
rance ; iJ gagna la teire tout le premier et
aida ensu.te à sauver ses serviteurs. Ce fut
peul-èire en cetie rencontre qu'il lit des
vœux, à saint Laurent, pour obto'iir lo temps
de revenir de son voyage. Après que lui et
les aulres furent sauvés, il ne s'amusa point
h chercher les restes du naufrage, ni à re-
gretter ce qu'il avait perdu. Il de'uanda aus-
sitôt où élan l'église de Dieu pour lui ron-
uie grâces de sa déhvrance. 11 dit que la
plus grande de nos obligations était de re-
coiiiiailre les biens que nous avio.is reçus.
11 recherchait encore l'église pour y partici-
per aux mystères éteruuls dout U venait
<i'(''proii>'er la vertu et la piiis^tniire, c o«it-/i-
dire pour icecvoii' le baj»l(''iiM', la (onllrma-
tioii ei reiiili.ii'isl e.
JSlai.s son zèle, (pn-hpio nrdo'it qu'il UM,
no iiil pas iiidisi ni el léméraire : cnr, sn-
chaiil (pi'il n'y a point dt* vraie ^lAce van.n
la vraie foi, il lit venir l'évO iu(t du lieu el
lui demainia s'il était d'accoiu nvee les év(>-
{[xu'.s (•alli(tli(pies, e'esl-à-dire «vim; l'higliso
rnuiaino. (^elle prévoyance lui fut utile; car
il se liduva (pie eell(! église était dans le
schisme de Lucifer, ' t ainsi il y a ap|»areii(e
(jue ceci arriv i en Sardaigm; où c(; schisme
s était pri K ipdemeiil répandu. S.ilyre ( rai-
giiaiit beaiK ouji do se rc.'iiiettre en mer sans
avoir leconiiu (en locovant le b'ipii^ine el
l'oucharislio) la gnlce dont il était red(;va-
ble, mais néanmoins sachanl (pn; notr(; r(î-
connais.sanc(î envers Dieu dé|)erid de noire foi
el de notre charité, plus (pie des sacrtMiients
extérieurs, il aima mieux diiférerson b..['léine
jusqu'à ce (pi'il le pût recevoir sans dang(!r.
Lt en elloi,dès(pril eut trouvé une église ca-
tlioli(iuo. il ne manqua point de recevoir la
grâce qu'il souhaiiait d(;puis si longleuqis.
Il le reçut a|)paremment en Afrique où il
allait; car il laul que cela soit arrivé en y
allant, el non pas on revenant, puis(pi'apres
son naufrage, il traversa j)liisieuis lois les
mors el parcourut de grandes provinces. H
conserva sans lâche la grâce do son baptême
el vécut toujours depuis uans une entière pu-
reté de corps el d'esprit. Satyie noursuivil
Prosper avec tant de vigi eur, qu'il l'obligea
de [)ayer tout ce qu'il devait, et néanmoins
avec tant de modéralion et de douceur que
Prosper no pouvait lui en savoir mauvais
gré ni s'empêcher même de l'en Ion r.
Ainsi, il acheva entièrement cette grande
alfairo, pour laquelle il senible qu'il ail été
aussi en Sicile. Dura•^t qu'il était absent et
appareinnienl au commencement de celte
année, saint Ambroise fut extrêmement, ma-
lade, jusqu'à croiie qu'il en mourrait, ce
qu'il souhaiait beaucoup. 11 avait sa sœur
auprès de lui qui lui leiida.l tous les servi-
ces dont elle était capable. Mais parmi cette
consolation il s'afUigeait de ce que Satyre
n'y était pas, pour partager celle peine avec
elle, el pour lui fermer les yeux après sa
mort. L'atfairo que Salj re avait en Afrique
étant achevée, il eut tant de âte de s'en revenir
pour donner à son fièie el à sa sœur la joie
de le voir de retour, qu'il ne se donna {)as
le loisir de chercher un bon vaisseau et se
remit eu mer sur un vieux navire qui faisait
eau de tous côtés. Néanmoins il arriva
heureusement en Italie, lorsque l'on crai-
gnait la descente des barbares, c'est-à-dire,
comme nous croyou>, sur la tin de cotte
année, [>eu après la mort de Valens. U y a
apparence que pour venir à Milan, il passa
par Kome, où Symmaque son parent de-
meurait. Cet homme illustre s'elforça de re-
tenir notre saint et de l'empêcher daller à
Milan, parce que, disait-il, tout y était en
feu, et qu'il se mettait en (ianger de tomber
entre les mains des barbares. Mais Satvre
lui répondit que c'étdit cela même qui l'o-
9^1
BAT
SAT
9n
bli;5eaU d'y aller, pnrre qu'il ne voulait pas
laii>or son frère l >ul seul d.in-^ u i t nips si
prille IX II y vint eu elFel et il semble
m«}aic qu'il y sot venu en hiver, se s u-
ci.wit aussi peu nu troi i qu-' (ies dangers
qu'on lui avait f lit nppréliend t.
On peul ju^er de la joie qu'eut saint Am-
broiso de revoir SiUyre eu s.inl»', n\)ro< de si
g;and5 [)éiils. Le voyant revenu d'AIVifiue
sans des incoiiunolilés de la nier, ecliappf^
du naufrnge, il ne croyait pas qu'aucun ar-
cide U lïll capable -Je le lui ravir; c.ir il ne
coui}>tait pour rien le b en qu'il lui avait
fait rendre, et il voulait luèiue l'obliger h ac-
cepler pour lui ce qui lui avait coûté tant
de travaux, et fie d«t 'gi-rs. Mais la mort de
sou frèie trompa bi>nti>t ses espérances ;
elie suivit .si |)roinptonieut son retour, (ju'il
semblait que Dieu ne lui eùi conserv,' la vie
qu'atiu qu'il la linit entre les bias de sai it
Ambro se (|ui lui leriua les yeux. Satyre le
laissa héritier de son bien sans vouloir
faire de testaïue U, (pioiqu'il l'en pressât, de
peur, disa l-il, de blesser en i^u l,|ue chose
les inclinations de son f. ère. C'est pourquoi
il Se couleiita de lui lecouiiuander quelques
perso mes qu'il aiinaii, et de le prier de
donieraux pauvres ce ijuil trouverait juste
et raisonnable. C'était dire assez à saint
Auibroi>e : car il trouva ([u'il élail .juste de
donner aui pauvres tout ce (jue son frère
laissait de Pieu, s'en considérant non (;ouune
l'héritier, mais comme le siiiijtle dispensa-
teur, et donuant encore à son Irèie toute la
gloire d'un désintéressement si extra 'rdi-
iia;re. 11 ne [louvait s empèeher de pleurer
en le voyant luour r, et ïvityre tAcliait ue le
cousolei-, et lui disait qu'il ne s'aJili,-;eait pas
de mourir, mais de le laisser si tri.ste et si
abattu. 11 fut pleuré de tout le monde et
particulièrement (l s pauvres, dont les lar-
mes étaient l'expiulion de ses |>échés. Celte
douleur publique' 80u:aj5ea un peu celle de
Siiin Aiiibioi.se. Nnnob.stani la violence de
sa douleur, il eut a-sez «le force |)our po.ier
lui-mOme son corps au tombeau. 11 eut néan-
moins bien de la peine à luo érer sa dou-
leur dans l'éloge funèbre qu'il lit de lui à
so 1 Ciiterreiue it : « Nous avons, dil-.l, ac-
cordé quelque chose au regret d'avoir , erdu
un tel frère, de peur (pieu ap|)lnpirtiit h
une plaie .m Irai^h-' des rcuiédos li»p «'Ui-
l^a/jts, ils u'aigu.sseni le m-d pluiM <)Ue de
sl'vidoucir. Coiiiiue j'adressais soiive il la pa-
jrolj a mon frère que j'avais présent à rn«>s
'yeux, il w'a point été ln^rs de propos de
duuuer cours a«ix .scntiuien s de la nature.
La tendresse de l'amil.è croit dans les lar-
liic» ; elle trouve du soulagement dais les
jileurs ; elle s'enracine [>lu.s fortement dans
ta tristesse : car la piélu chrélieiinv > st ten-
dre cl se isible. I.ll<' n'alVi.'cle nen d'pMra-
oiiiinaire, de sauv.ij.<(j, de ilur et d'mipiloj.;»-
ble. C'est en supjioi tant .sa douleur et non
|>as en la coiuballant q.i on fait voir ({u'ou a
de la [laluiH 0. »
Il \ relève beaui ou|> les vertus rie son frère,
el l'K^ise n autorisé les louantes qu'il lui
le 17 de septembre . .luqtiel on a mis son
nom dans le .Martyrologe romain sur l'auto-
rité fie rE.;lise «l-* Milan, qui en fait ce jOur-
là loftice dei)uis plus de eiii(| cents ans. Que ,
si <;'esl ip jour de si mort , et qu'il soit re-
venu h Milan durant 1 hiver, comme nous
avons dit, il faut qu'il soit demeuré environ
six mois avec son frère; et (cla peut ôtre,
pnisqne ce tenvs pouvait ne par.iilre qu'uQ
jour A un amour aussi ardent qn'él;'il celui
de saint Ambroise. En ce cas , il faudra ap-
paremment ditf.Ter sa mort juscpi'à l'année
sui-rante. Divers mo iern-s niett.nl la mort •
de saint Satyre dans le temiis de 1 1 guerre
de Maxime, (|Uol pies-uns en .3H3, et d'au-
tres en 387. Leur raison est que l'on crai-
gnait al r> en Italie les ravages el les autres
maux de la guerre; mais on les cr.ii.;nHit
de la part des barbares, et de barbares
cru'-ls et impudi;]nes; ce qui se rappoite
fout à fait à l'an 378. puisque, outre les Al-
lemaïKls qu'on avait pu craindre eu Italie
au commencement de l'anné-STS, Aminiea
nous ai»prend qu'ajtiès li mort de "\'alens,
les (lOtns et les antres barbares , entre les-
quels éta eut les Taï aies , peuples extrême-
ment iniitudiques , ravagèrent sans auci.n
einpèeh.'inent timtes les [irovinces d»* l'il-
lyrie , juscpi'au pied des Alpes Julie-^nes.
Maxime et Eugène purent bien amener des
barbares en Italie, mais c'é aient Ls Ro-
mains qui étaient les chefs de la guerre; et
je ne sais si l'on eût eu h craindre d'eux le
violement des vierges , le massacre d s en-
fants et les autres violences qu'on appr*'»-
liendot lorsqiK," Satyre mourut. Que si Syni-
maque mandait h S tyre, un pen uvaiit qu'il
mouriit, (jue toute l'it.ilie était embr.sée du
feu (le la gii-rre, il exagéiait as^uiémeni les
choses, el (»renail la crai. te et les menaces
pour l'etrei; lar ilest vis ble, |)arrorauson fu-
nèl)re de Sat\ re , (pie les ennemis n'étaient
point encore entrés dans l'Italie. Nous nous
croyons ei.cori' obligé , par une autre rai-
son, de mettre celte mort da'^s lespiemières
années de l'épiscopal de saint Ambroise , à
cause de ces paroles que ce saint adresse à
.son fière : hcnufue eu (/uir ai/iho nn/uivern-
mns , solus ùnpicsti : ptnudcbnt sibi , u/ aa-
(iio . Prosprr , qnod sacrrdotii mri occnsione
redditurnm sr qua; abstadral tion putabut ;
scd vehemrnliurein luain uniii* rf/icariain tx-
spn'fun rsl (junm duonun. Le sens de cet t-n-
droil parai- être que ce Pros^ier , que nous
ne connaissons point d'autie part, avait
usurpé qiiel(pie bien qui apparU-nait à .saint
AmbiOLse avant son épiscopal ; (jue le saint
et s >n frère avaiiMil comme icé à le poursui-
vre , et (pie siint Anibnuse a ant été fait
évè(pie , et les obligations de sa charge lui
rtlani le moyen de tonl.nuer celle ))0uisuile,
Sat\re Te Mrepril loul seul el en vint a b(ml.
Celait donc au ( omuieneciiient de l'épiMO-
pat de sa ni Aiiibroise. Or. la suit*' fait voir,
ce me semltie. forl clai inneMl (jue ce lUl
pou. celte atla:re que ^afJlre ni le vo^a.,©
(I .Mriiiu , au retour duquel il uiouiul. Il re-
vint de ce voyage h MiUui dur.inl l'ii ver , et
donne, en l'iiouoiaul au oombru dus saints, mourut aussitôt après , comme saïul Àm-
or..".
8,\V
fiCft
084
1
liroisr lo (lil plusieurs fois ; C(* qui pnrntt
(lillirilr il /iccnrdcr nvi'c le jour tic sa lôlc. si
i (Ml vi'iil (|iii' ce so I niissi Ir jimii lir sa iiinil.
Mmi.s il n'i'sl [»•« '•x'I- iH\('(),s>Hir(' tlf lu tln'o;
ul iiriiiiiiioiiis il se |i(MiI t'nirc <|ii'('laiil revenu
Mil' lu lin (le riiiver, iiii ii,ni,N (l(( iiiiiis, il ail.
vi'cii eiu'oro environ si\ inois après, «•! ipn^
Ci'S six mois aieiil pain hieu eoiiils à un
amour «nssi aideiil (pi'él.iil celui (l(> saiiil
Aiiiliroise. S'il esi iikuI le 17 septemlire ,
il semble ipie l'o'i peiil dire Jisse/. iimIiIIV'-
feimiieiil ipie ea elt* en 'MH on en .'{7tl ; car
l'irruption des Alleinniils , du ciMi' de H.'lle,
<>n r(Wrier 'MH, ponvail l'aire trembler l'Il.i-
lio , l'I taire d re «i Ss mmaipie (Ui'elle etail
(M) l'ou.N ainnoinsceln e.onv.e'd encore beau-
coup niienx aii\ ravages olVcivables (pn^
l(?s liollis lirenl dans loule l'illviie el jus-
(pi'aux Alp(\s Juliennes, a la li'i deUTH, a|)rès
la mon de \a!ens ; el je pense cpTil v.iul
mieux so délermiier a ce sentimenl. en mel-
tanl 1.1 uiorl ne Satyre vers la tin do 378 , ou
;>eu a rès , on le 17 soplembro 379 , si
on s'arriMo ù sa l'cMo.
Don.;ale, autour du ix* sièelo, mar(|UO que
saint Àmbroise lit onleiri r so i l'iôie Sal» ro
t\ la gauclie de saint Victor , in;irlyr , ecMobie
à Milan , et til soi (^pila|)ho en qualro vers
qui [)oitent (pi'il ^a^ ail mis h la y;au. lie du
martyr, alin que ce saig sacré pénéiràl jns-
3u'h so'i lV(Sre et lavAt ses cendres. C'est
ans celle (''|)itapht' que Satyre est nommé
aussi Urane. ^ Tillemont, passiin.)
SA 'rVRK (saint), passant un jour dans l'A-
chau' devant un idole, el soul'llant dessus en
imprimant sui- son Iront lo signe de la croix,
Ja litaussiliH tomber par terre, et, à cause de
cola, fut déc.a[)ité [lai- l(!s paions. L'Eglise ho-
nore sa mémoire le 12 janvier.
SAULE (sainte) reçut la palme du martyre
à Cologne avec sainte Marthe H plusieurs
autres dont on ig lore compléteuie it les
noms. L'Eglise fait leur féli; le 20 octobre.
SAULIEU (5/</</rtc«>» ou SedelaucHin), ville
de l'a'iuion Anlunuis, qui faii maintenant
|w»r.tie de la Cùte-d'Or. Sous l'empire de
Marc-Aurèle ,{ sailli Andoche el sai il Tyrse
clanl Venus d'Aulnn dans c^'lle ville, y logè-
rent eliez un marchand nonuné Félix, lequel
était chi'élioM el prali(]uail la charité d'uie
admirable façon. Il donnait aux pauvres tous
les, bénéti.es ipiil faisait dans son négOi'e.
Comme les saints faisaient leurs instruclio.is
dans sa maison , ils fure'il dénoncés par un
Ol'licier du gouverneur, qui était venu pour
y loger. Ce gouverneur lil arrélei- saint An-
docue et sainl Tyrse , ainsi que Félix , qui
voulut élre le compagnon de leurs dangers
et de leurs Itiom hes. ils fureit tous les
trois martyrisés. (Pour les dé ails, voy. les
articles de ces ditl'é.enls saints.)
SAUVÉ (saint), évéque d'Aiigoulôme, .souf-
frit le martyre dans la ville d,'. Valencionnes,
avoc sainl Supéry. L'Eglise fait collective-
ment l.iur fôle le'iiG juin.
SAV'iN i^saiutj, maii.r, répandit son sang
pour la foi de Jésus-Chrisl à Bresse. Il eut
pour compagioa de son martyre saint Cy-
pnea. ISous mauuuons de détails sur leurs
rnmbnlfi. I/Egliso honorn jour mémoire le
1 . JUlllrl
SA\ l.\ll'",N f KninI ), (uil hi gloire de mou-
rir pi.ui lii loi MMis l'empircj d'Aiirél eu. Oo
prince t tant vi>nii dans Icsliaiilis cl passant
à '1 royes , y lit mai I \ riser Saviniiei , ipi'on
iioiinne aussi S.ibinion. Lck trois liiKtoircs
que nous avons de rr snirii nunivr ric v.ile-it
plis la peine d él.'c lues, lani c||i-> si.fit plei-
ni>K de (:ircon.<4t<wieos évidemmo'it l'abulei-
ses. Après avoir séjourné longleuips .'i Sainle-
Sire , iini pour lors se iioiiiiii.ul Sainl-S/ivi-
nieii , les reliqiMvs du sainl ont clé (ii)rlée.s
dans la (•rtihi''diale de; Troses. La i'èle de
sainl Sav illien est inscrite au Ma. tyiologe
romain sous la date du !2H janvier. Louk-
temps l'Lglise d(> 'l'royes a fait sa léte le 5v
du même mois : les (illférenls ^^■ll^y^ologes
la m.nqiienl ii des dates Irôs-dilléienles.
SAN INII'IN saint), premier évé(pie de Sens,
fut mail» lise dans le m' siècle , vers la (in ,
sous les ((tminenceiiMeiis de Dioclélien, avec
sailli Poleiilien et saint Altiii , ipii avaient
été envoyés dans le.-<(iaules avec lui pour y
inécli r l'Evangile. Arrivés h Sens, ils logè-
rent elle/ un nommé Victorin, (pi'ils eurent
le bonheur tie convertir h la religion chré-
tienne, ainsi (pie p'us eurs autres idoJAlres,
entre autres Eodald et Sérolin. Sainl Sérolin
ei sainl Poleiitien se rendirent h 'l'i-oyes pour
y prôclier l'Evangile; saint Altin et saint
Eodald, après avoir séjourné quelqiu! temps
i^ Orléans , vinreiil à Cliarires et ensuite à
Paris. Ils convertirent à Créteil , prc-s Pa-
l'is, saint Agoard cl saint Agiib.rt. Tous ces
saints (|ue nous venons de nommer revin-
rent à >ens tiouver saint Savinien, et tous .y
furent maityri>és avec qnel(|ues-uns de leurs
disciples. L'Eglise iionore leur mémoire coJ-
lectivemenl à li même date, quoiqu'on sa-
che (pi'ils n'ont pas tous été martyrisés le
même jour : c'est le 31 décembre qu'arrive
leur fête.
SAZANES (s-iint) , martyr, eut le bonheur
de mourir pour la foi chréti -nne en l'an 3V3
de Jésus-Chrisi, sous le règne de Sapor dit
Longue-Vie. Il élaii laïque, et habitait la
piovince des Huziles. Sa fête est inscrite au
Martyrologe romain le 30 novembre.
SCEMBAiSE(saiid), martyr eu Perse, mou-
rut en l'aînée 327, sous Sapor. {Voy. les A&-
tes de saint Jonas et de-saint Barachise , à
leur article.)
SCHALL (Adam), jésuite de Cologne, con-
tinua dans l'emiiiré cniiiois les travaux apos-
toliques du P. Ricci. L'en) ler.'ur Zonchi le
coMiut et l'estima |)articulièreinenl. Il pro-
tégeait ouve tement le sain miss.onnaiie et
ses compagnons ; mais il se donna lui-même
la mort, eiî 163G, pour ne pas tomber entre
les mains de deux r, belles î{ui s'étaient em-
parés de Pékin. Les Chinois appelèrent à
leur secours Zunté ou Xunte , roi dts Tar-
tares , qui vainquit les usurpateurs, reprit
Pékin , mais demanda l'empire j our prix de
sa victoire. Le P. Adam Schall était resté à
Pékin; levainqueur vi.ulut le voir, et il seprit
de beaucoup uestime el d'ad'ection pour lui.
Non-seulement il lui donna l'entrée libre dans
95ÎÎ
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93«
son palais ; mais il a.laU souvent le vo'r dans
1,1 iii.>i>on (l'i'il <)'-cu(iail, et passait [)lusi' urs
liciirt's avec lui. L<' missionnaire , p. u- son
raractère aimable el insinuait, disposait tel-
Ji'MH'nt \os sujets de ces entreliens , qu'il
passait des sciences mallu'maliiiiR's h des
noinlsde morale et de religion. Il réussi! à
inspirer du mo.ns h ce prin»-e une tell > es-
tinit' pour la religion chrétienne , •pi'd <mi
obtint pour les missionnaires Id liberté de la
prêcher el de la propa^jer dsns rein|)ire.
Aussi la mission évanf;''litjuc a-l-elle été
abonnante sous son règne. La haute consi-
dération que procurait au P. Sch.iil la di-
gnité de présidei.t «lu Inbui.d <ies mathéma-
tiques, tourna au proiU de la relijion. Chnn-
chi mourut h quatro-vuiyls ans; il eut {)our
sutees^eur le célèbre Caug-hi : il n'avait que
huit ans lorsqu'il monta sur le trône. Les
ré.,'onts de l'empire crurent qu'il devait être
de leur politique de servir la haine des bon-
zes contre le christianisme, et ilsdevinient
persécuteurs. Les mis.Nionnaires furent pres-
que tous chargés de chaînes, bannis el con-
duits à Canton. Adam Schall , déchu du sa
faveur, privé de ses digniiés , accablé d'o|)-
probres et de calomnies, fut jeté dan> les
prisons et condamné à mort |iour avoir prê-
ché la foi de Jésus-Christ. Dn-u lui avait
inspiré l'ardeur du martyre; il s estima plus
heureux de confesser le nom de Dieu dans
un cachot que de l'avoir annoncé avec hon-
neur dans Ui palais d'un grand monar(|ue.
La sentence ne fut pas exécutée; mais il
survécut p 'U de tem[)s à ses longues souf-
frances, et Dieu rompit ses liens terieslreb ,
[)Our le faire jouir de la liberté des enfants
de Dieu. [Choix des Lettres édifiantes, t. H,
p. 28.)
SCL\DUST ou Sadoth (saint) , évêque de
Séleucie et de Clésiphon , martyr, mourut
pour la foi chrélieiiiie en l'an d».' Jjsus-
Clirst 3V2, durant la persécution de Sapor.
Ses Actes, que nous avons traduits, donnent
son hisloire el celle de ses »;imipagn(ji.s. L'E-
glis(! honore leur mémoire à tous le 20 du
mois de février.
filnrti/rr de saint Scindunt, (^•fi<jiie de S'irurie
et de (téKiplwn, et de ses cent rinyt-hutt
compagnons.
Dans ce temps -là Sciadust succéda h
.sainl Siméon sur le si('»,-;e de Séleu(;it' et de
Clésiphon. <-e saint ht)mme eut en soUj^o
une admi.able vision. Peu lanl qu'il en était
dnn> la slupéfadion. il s'éveilla subi:enu ni
cl la racoiita h sci Liimliers, prêtres et dia-
cres, qu'il savait hobiiei» dans l'cxpli alion
des choses mvsléri uses. Il m'a semblé dans
mon somuK il, dil-il, voir des é(;helles d un
loflonitique ir.Tvail et liè»-grandco, t^ui mon-
laieU jusqu'au «nol. ,\u sommet de ces
éch r.es éiait {^uiiéon qui, de ( o l'aile, me
regardant avec, ^hs yeux remplis de douceur
et de joie, me p.Tlail en ce-, termes : « Cou-
ra-,e, Sciadust, monte ir-, que crains-tu?
Hier, c'était à nui d'y monter, aujourd'hui
c'est ton luur. » Pour moi. tue reveill.mt
i^Hi^ilùt, j'çq compris et Uic&ius persuadé,
comme chose arrêtée par la rolnnté divine,
que bientôt jr devùs rejoindre par le mar-
tyre CPt homme illustre : cr ce qu'il m'a
(lit : A moi hier, ù tôt 'lujourd'hui, signifie
(pi'il est mort l'an pas."- . el ijne le dois mou-
rir dans l'année iJ'ésenle. Il ajoutait, pour
exciter 1' 'smit des siens au martyre, ces
paroles de r.V|)ùtre qn" 1 leur ilonnait h mé-
diter : Fortifiez-voHs dons h S>'ijneur et dans
sa vert)i toute-puissnnte; rir^tez-vous di
toutts les armes de Dieu; et celles-ci : Fai-
sant cela, vous brilerez parmi les homn es
comme des astres portant en vous soignen-'
sèment la par(de de ii> [Eph'-s. vi, 10; Phi-
lip., Il, 15 I. U ajoutait dans ie même sens :
« Il est honteux de criindre la mort ((e.i
peut venir, ou d'éprouver à son asnect le
moindre trouble d'esprit; il est beau de
combattre courageusement quand on est
dans l'agitation de celle vie; quant à ceux
qui craignent la mort, ils doivent se tenir,
pour ne pas paraître tremlil.'r, hors de la
portée du trait. Souffrons tout pour le Christ
et pour notre religion vraie et certaine. C'est
[lourquoi, maifitenanl qu'on nous déi lare la
guerre, que nous avons sur la gorge la
pointe de l'épée, mettons nos soins à aug-
mei.ter notre courage et h réunir nos for-
ces, et pendant que le jour brille, accélé-
rons notre marche jusqu'à ce que viennent
les ténèbres de la nuit, afin de pouvoir arri-
ver dignes du royaume réleste en posses-
sion Je l'éternelle félicité. C'est pourquoi,
je vous prie et vous supplie de me recom-
mander à Dieu dans vos prières, pour l'évé-
nement su[)rôme qui se prépare, pour que
vous m'aidiez par vos supplications, afin
(pie ce qui m'a été promis uans ma vision
me soit lieuieusement accordé, v
Ah 1 comliien ceux que l'Esprit-Saint en-
fl.uninail recevaient la mort avec joie d'es-
prit el gaieté de cœur! .Vh ! combien, au con-
traire, elait grande la crainle de ceux qui
suivai«>nt le torrent de leurs liassions mon-
daines. Les premiers chercha enl avec ar-
deur la mort, et quand ils l'av. lent trouvée,
ils [) usaient avoir remporté une glorieuse
victoire; les lâches, au contraire, dans leur
in rlie, fuyaient sa présence avec horreur,
cheiehaie U à se cacher, sludi"nx h se con-
server une longue vie. Ceux qui étaient em-
brasés de la charité divine, s elforcaie U de
sortir le [>lus l(^t [)ossibli de la ténébreuse
prison de leur coips pour s'enrùli'r dans le
sein de Dieu ; ceux, au conliaire, qui étaient
retenus par l'amour insensé df cette vie,
cln-rchaieii' à u,aider leur iiIxTte et une exis-
tence la plus longue possibh». Le.s premiers
soufiiraient après les délires et h vie im-
moi telle, les seconds s'altachaijul aux inlir-
mitt's el h la mort t Ile-même.
Dans la seconde auné«; de la pfTséculion,
le roi étant venu dans la v. Ile de Séleucie,
Sciadust, homme d'une gravite et d'une aus-
téiité d" nururs remari,uab >s, fut arrêté, il
étail illustre par sa foi .i .s.i piété ; son nom,
bien traduit, signilie ami du roi : car il ai-
mail uniipieinenl « I du plus profond de son
cœur le IWi des cicu^. Coul viugl-imil prc-
<)7,7 m SCI Ml
liMvs, (U/MT(^s, dores ot viergos s/icnUis furent KiAtos, (lisniciil-ils, nous di'vons h Difii (|iji
aii<^l(^.s jivoc lui ri niis djuis la villr, les cliA- nous a|i|)<'llc ii ce (((iiilial, cl i|iii nous tjoiiiio
Icaux et lieux voisins. 'Ions liiicnt condnils la coiuotnio iinc nous (lésinons <|r.'|Miis .si
dans les pri.sons |uil)li(|iies,j()l(''s dans d'Iior- loiiKliMiips I (iloiro h .son (llirist (|iii, nous
lildcs cl saies eacliols, et fiirciil rcscivi's liraiil ilc la l'an^c ilr rr sicclc, nous allirn h
|tcndanl ciiKl mois poui le dcMiiicr sniiplice. lui, cl <|iii nous rend, lavés de nos soiuiju-
l'cndanl cet inleivallc do hunps, ils furent ros par notnî sjuik, dignes d<; s/i luV'.seneo I »
cctnduils de la prison an (rihiinal, cl coiiiiiie l.cs clianls ne ccsscrcnl t\i' se f'aiie entiMi-
ils refusaienl d'adorer hî soleil, ils lurent die (pic (puind le dcinior (l(!s martyrs cul
aecahlés de coups ; on les inourlril en les re(;u le (;ou|) nïorlel. (^etio illusln; (•oliorl(i
frappant avec; dos Ic'viers; on leur lit endn- de marlyrs sonlfril h; vin}.;lièiiie jour de In
rer tous les {j;(»nros do supplices les |)lus lune do février. Le hii^nlicurcnx Sei.idusl fut
cruels. Connue les ju{j;os, au nom du roi, conduit, cliargé de cliaJnes, dans In provinco
leur j)romellaienl leur lilicrU'; s'ils voulaient des Hn/.il(;s, dans la vdie de Lapeia : \h,
obéir, Sciadusl lit au nom d(î tous cetU^ gé- ayant livi'o sa télo au Ijourreau, il mourut
nércuso ré|tonso : « Allez dire h votre mai- conra;.;(;usomonl pour lo Christ et dans sn
tro co(;i do noire part : lanl (pie nous soin- hicnlieureusc esi)érancf. ( Traduction de
nws soutenus |)ar une même verlu, une l'auteur.)
m<>me verilé, une même volonté, nous avons SCIO , île d(! rArcln[)ol , .'incionnement
la mémo foi dans vm Dieu uniipio, et sachez r/jjo.v, est située prt's d(!S cAtes do l'Analolie.
3ue jamais nous no souillerons la sainlelé Sa i)opulalioii, (jui naguèr(! s'éhîvail h cent
0 notre religion pour obéir i\ votre volonté mille habilanls, est maintenant réduite au
en adorant le soleil, h^ fou, créatures (juo dixième : en 18'i2, les massacres dos 'l'urcs
notre Dieu a faites pour noire commodité (!t ont produit cet alfreux résultat. En 1G%,
notre usage. Cessez vos menaces ; aucune «luand les Vénitiens la compiironl, elle était
crainte ne nous arracluira ce ([ue vous nous encore plus peuplée qu'à répo(pie (|uo nous
demandez. Apprêtez lo for, apprêtez le venons do dire La population chrétienne y
glaive, voici nos ItMes ; augmonloz vos sup- éUit déjà do cent mille individus ; mais les
plices, prenez notre vie ; bien plus, nous Vénitiens l'abandonnèrent bientiH après et la
vous prions et vous supplions de nous l'ar- laissèrent exposée à la merci des Turcs (^ui
radier sans aucun retard. Un jour, une on y entrant y connoiront toutes les atroci-
heure, c'est trop long pour ceux ((ui veulent tés imaginables. Partout où Mahomet [)or-
mourir. Votre nésitalion, vos rotardoments tait ses coïKiuètes religieuses, le sabre avait
ne nous feront point abjurer; faites-nous h faire plus que moitié de la besogne. Avant
mourir bien vite. » Le roi répondit : « Si la conquête vénitienne, déjà la domination
vous ne déposez votre entêtement ot n'obéis- turque avait posé sur cette île malheureuse;
sez à mes ordres, sachez quel vous touchez déjà le sang des martyrs avait rougi son sol.
à votre dernière heure. » Les saints martyrs L'année 164-5 avait vu la fin. glorieuse du
répliquèrent dans un seul esprit : « Vous ne bienheureux Alexandre Baldrati. (Toy. son
comprenez donc pas que rien ne peut nous article.)
arracher la vie que nous avons en Dieu et Lorsque,aprèsla retraite des Vénitiens, les
en son Christ ? Car après notre mort, il nous Turcs rentrèrent dans l'ile, quelque chose
«appellera à une vie nouvelle, et de mortels pourtant surpassa l'horreur de leur conduite,
il nous rendra immortels. Dressez vos sup- ce fut celle des G^-ecsschismatiques. Ilsache-
plices, si bon vous semble, les plus cruels tèrent des Turcs à prix d'argent lo droit de
et les plus grands ; la mort que nous souf- persécuter les catholiques ; ils renversèrent
frons pour Jésus - Christ nous trouvera l'église et la maison dos jésuites, établisse-
joyeux et pleins de courage. Quant à ce qui ment dont ils étaient en possession depuis
est du reste, plusieurs fois nous vous l'avons plus de cent ans. Les jésuites ne purent se
dit, nous ne commettrons point le crime de résoudre à quitter cette île et à laisser sans
paraître adorer le soleil ou d'obéir à vos or- secours cinq mille catholiques qui n'avaient
dres , au grand scandale des esprits fai- qu'eux pour les soutenir dans des circons-
bles. » tances si fâcheuses. Obligés de quitter leur
Tous furent condamnés à la peine capi- habit religieux, ils prirent des habits laïques
taie, et ordre fut donné de les conduire au et se mirent à parcourir les maisons des ca-
supplice. Dès que les bienheureux martyrs tholiques pour administrer les secours delà
connurent la condamnation capitale que le religion et aflermir leur foi. Les schismati-
roi avait prononcée, ils se hâtèrent de se li- ques, pour répandre la terreur et décrier le
vrer aux exécuteurs. Entourés des licteurs rite latin, avaient oblenu à force d'argent la
qui les conduisaient à la mort, en signe de mort de quatre des plus qualifiés catholiques
joie ils chantaient d'une voix suave et har- dont deux étaient de la maison des Justi-
monieuse le psaume qui commence ainsi: niani. Le lendemain de leur mort, leurs épou-
Jtigez notre cause, 6 Seigneur, tirez ven- ses, malgré la délicatesse et la timidité de
geance pour nous d'un peuple inhumain et leur sexe, allèrent trouver le séraskier,
des hommes qui versent le sang, et arrachez- menant à la main leurs petits enfants : « Sei-
nous à ceux qui pratiquent la fraude {Psal. gneur, lui dirent-elles d'un ton assuré, vous
XLii). Quand ils furent arrivés au lieu du avez fait mourir hier nos maris, parce qu'ils
supplice, qui était hors de la ville, ils s'ex- étaient catholiques, faites-en autant de nous
hortaient mutuellement à la mort : «Que de et de ces petits innocents que vous voyez,
DicTio.N.v. DES Persécutions. II, 30
<)ôd
sd
SEB
940
car nous sommes tous do la raAme religion
que no> i'i><Hiï cl nous n'en changerons ja-
mais, x Le séraskier, frappé de ce S[)eclacle
déc'iiranU fil dislribi» r h cos dames dos mou-
choirs brodés d'or et It-ur dil : « Ne m'impu-
tez pas la mort de vos époui , ce n'est pas
moi, ce sont ces hommes cruels ( monlr tnt
les primais grecs ) que vous devez accuser
de celle barbarie. »
M. de Casiagnères, alors ambassadeur à la
Porte, informé de ces inj\isles vexations, or-
donna au consul de Smvrne d'envoyer un
vice-consul à Scio, d'y éla'.>lir une chapelle
qui serait à l'usage des calholiqU'S et d'y
nommer un missionnaire pour son chape-
lain. Le vice-consul exécuta ses ordres, et
Louis XIV contirma celte disp(Jsilion perdes
lollres-palentes expédiées en faveur des jé-
suites en 1006; c'est ce qui sauva la mission
de Scio. Les Latins virent avec une graiide
consolation la chapelle française suppléer à
la perle des érjlises qu'on leur avait enlevées.
Les schismatiques n'vn devinrent que plus
énnannnés <!e colère et de jalousie contre les
catholiques : taxes excessives, emprisonne-
ments, citations éternelles devant les juges,
accusations, calomnies atroces et quelquefois
ridicules, tout fut mis en œuvre |)Our rebu-
ter les catholiques de l'exercice de leur reli-
gion.
On sait assez qu en Turquie le nom de
pai>e est en horreur comme étant le premier
et le |>lus irréconcdiable ennemi de la reli-
gion de Mahomet. Les schismatiques n'eu-
rent pas houtt; de traduire les cathoUtpies
devant le cadi et de les accuser d'être ses
partisans et ses complices; les missionnaires
lurent cités à son tribunal. Avertis par des
Turcs de considération, du pii'ge qu'on leur
tendait, ils répondirent aux interrogatoires
qu'on leur fit subir, sans jamais prononcer
le nom du pape, et se relranchanl toujours
à dire qu'ils étaient les desservants de la
chapelle du roi de France ; qu'enlin, ils n'a-
vaiiiil que la même foi et la même religion
que ce grand monaniue.
L'interrogatoire avait duré plus d'une
heure. A la !in, un bey de galère, favorable-
ment disposé pour les missionnaires, et iati-
g\ié de ce m.nié.;e, dit en se levant: « Tout
ceci me eonliruje dans uion opunon ; je mu
lierai toujours plus à ceux qui croioul
comme les Fiançais, ipi'à ceux (pii o>ent
s'en rendre ie> accusateurs. » L'allaire eu
demeura là, il n'y eut point d'acte judiciaire
dre->sé et les Latins en furent quille pour
cent écus du dé|ieus. La persécution se ral-
luma encore de temps en temps, mais le
«•r<''ilil du roi d' France acheva «le l'aire ren-
dre ju>tice entière et la liberté de leur reli-
gion aux catljoli((ues de Scio. il est vrai qu'il
ne vient guère de nouveau |)aeha et de nou-
veau cadi fe Scio. qu ils ne lds^ellt mettre les
catholiques à couli ibiilicKi, sous divers pré-
texl'S i|ui nu manquiui jamais h la eupnlité
insatiable de ces oili'iei s. I.fs catholiques y
sont si fort ac«outuuje->, qu 'des (jue narais-
fenl(pielques » haï iL'xians ces olluiers,
ils se preparnul it . * ^ ^>*u 'H aux uvanics.
On compose alors et tout se remet dans l'or-
dre au moyen de quelques boiuses plus ou
moins fortes que Von oïlVe au pacha ou au
cadi. f Lrtt. e'dif., vol. V. |.. G9. )
S(^0KP10NS, scorpioms, ou fouets garnis
de pointes. On nonnuait ain>i des lt)uets
tressés de telle façon (|ue, tie dislance en
distance, il sortait de la corde ou tresse
l»rincipale de petites cordes auxquelles
étaient allai liées des pointes de fer. On don-
nait aussi ce nom aux branches garnies de
pointes dont on se servait pour frapper les
martyrs; souvent on prenait |»our cet usage
des branches d'acacias. En Perse, surtout,
ce dernier genre de supplice était fort usité.
Les seorpions faisaient endurer aux saints
d'horribles tourments; souvent, quand on
avait déchiré les victimes avec les branches
d'ai bies garnies de pointes, on en garnissait
leur prison et on les couchait tout nus sur ce
lit de nouvelle espèce.
SCUBICULL (saint), diacre et martyr,
donna sa vie pour la foi chrétienne, vers
l'an -286, sous 1 empire de Dioclétien. Il fut
martyrisé dans le Vexin, par ordre du pré-
sident Fescenninus, avec sainte Piancie et
les saints Nicaise et Quirin. Aujourd'hui ses
reliipies, ou du moins uii« partie, sont dans
l'église de Saint-Aignan à Orléans. L'Eglise
vénère tous ces saints martyrs le 11 octo-
bre.
St^YTHOPOLlS. aujourd'hui Bisan, ville
de Palestine en Samarie, doit, dit-on. sa fon-
dation aux Scytiies (pii envahirent la Syrie
et la Médie. Elle est célèbre parson évèque,
saint Sévérien, qui soutîrit le martyre eu
k'ô'î ou 453, par ordre de rimi)ie Théodose,
moine eutycnien, qui, se voyant protégé par
l'inqiératrice Eudoxie, veuve de Théo(K;)se le
Jeune, persécutait cruellement les chré-
tiens.
SÉBASTE, ville de la petite Arménie,
avait pour enqiereur Licinius, dans les an-
nées 31G, 318 et 320. Ce prince, oubliant les
services que le Dieu des chrétiens lui avait
rendus, devint leur persécuteuj'. Dans la ville
de Sébasie, Agricolaus lit mourir il'abord
saint Rlaise, évù({ue de cette ville, et ensuite
les (piarante soldats connus et honorés par
l'Eglise sous le nom dos quarante martyrs de
Sébaste. ^ Voy. Blaisk: , .>Lvrtyrs de Sk-
nvsrr. ^
SÉBASTIE i^saiute), reçulla palu\e di> glo-
rieux combat lants de la loi pour la delense
di' la religion ehiétienne, uan^ la ville de
Sirmich en Pannonio. Elle eut pour compa-
gnons de son martyre saint Innocent et
tienle autres dont inalheureu-eiuenl Ks
noms ne sont point nnrvenus jusiju à nous.
L'Eglise honore coUeclivemenl leur sainte
uieiiioiie le '^ juillet.
SÉiiVSllEN isauit . ofticier du palais du
l'empereur ('.arni et de li mpereur Dioclé-
tien, eut la gloire de niiturir pour Jésus-
Christ, comme il est iiit d.iis ses Actes, que
nous donneions ici entièrement : ces Actes
lui sont communs avec une grande quantité
de saints martyrs ; nous y renvoyons sou-
m
m:i\
6£B
n%
vciil (l;ins o cours ili' <'<'l ouvra;^?, ol, il (^sl
utile (]ii(i le Iccltmi- puis.se v rfiouiii'.
S.iiiil S(l);isli(Mi rl.'iil ril(iy«>n do N.iiIxtiiiHi,
el ruii V inonlic ciicoio lo lieu où rnii |iri''-
Iciid (|ii'il csl ii(^ L'on l'M a l'ail iiiir l'-^lisr iIm
.SOI) iJiiiii. Mais il l'iail oi'i;^iiuiii'r ilr Milan,
(>l il V lui ('■Icvi'. Il (|iiil(a ilc|)iiis crlU' villo
pour venir ^ Uouie chcichor la coiiitjnno
(in niai'!,)!'!', an moins dans le dessein <lo
Dien, .si ee n'élail \his la viu> ((n'il avail
alors. Il du élevé dans les cliarj^es militai-
ii>s , soil |iar (larin , (|ni ié;;;na de|tnis -iSi
jnst^n'on -iHii, soit |»ai- t|nel(|n'nii de S4'S |iit)-
décosj(>nrs; el dans cet emploi, il si lil ai-
iiUM' des sold.ils el de tout U; monde par sa
prndeufu, sa l)onlé, sa sineériU'' el plusieurs
antres j^r.indes tpialilés (pu' la piét('' el la
i^i;\ce doil son ànw était remplio , faisaient
parai ire au tieliors. Il avail résolu d'altord
de ni} poitd enlrer dans la prol'ession des
arnu's, el il conserva lonli> sa vie Ld'ancitnp
d'éinii^iiLMUenl poiu' ceKo couiJilion. Mais lo
désir di' servir ses frères dais Irs p(M'sécu-
lio'iS(pi'on leur suscitait, l'emporta sin- sou
inclination. Il ac(^epta doue cet (unploi , et
cacha sous nu lialiil inililairo l'esp^ it d'un
^éiérenx soldat de Jésus-!. luisl, àtiui ii of-
Irail lous les jours avec soin le sacrilice de
ses bonnes iLHivres, mais avec tout lo socrel
cpi'il [)ouvail, piiur empêcher (juc les euipe-
riUH's n'eu eussent connaissance, non (}u'il
crai.^nil de perdre les biens ou la vie poiir
Jésus-lihrist, mais [)arce que ce secret lui
donnait plus d' moyens d'encourager les
chrétieis (pii succoinhairut sous la violence
des louriuenls, et d'a-«surer à Dieu les âmes
que le démon s'ell'orçait de lui ivivir. Car
quoi(|ue l'Jv^i se jouil alors (h» la paix,
connue nous l'appr. i)f)ns tl'Eu^èhe, néan-
moins l'histoire de notre saint nous oblige
de dire qu'il y eut quel((ue [)ei'sécution à
Rome, vers l'an :28V, sous Carin , et dans les
premières années de Dioclétien, qui lui suc-
céda.
Les plus illustres de ceux que Dieu assista
par son moyen, furent saint Marc; et saint
Marcellien. C'étaient deux frères jumeaux,
d'une très-illustre famille, et il semble même,
par le titre iiui leur est donné, qu'ils fussent
sénateurs romains. Ils avaient aussi beau-
coup de biens, et même des femmes et des
enfants, c'est-à-dii-e bien des fardeaux ca-
j)ables de les empêcher de passer par la
porte étroite et de courir dans la voie do
Dieu. Leur père est nommé Tranquillin, et
leur mère Marcie, l'un et l'autre tout blancs
de vieillesse, mais encore païens. Et néan-
moins on assure que Marc el Marcellien
étaient chrétiens dès leur premier âge , ce
qui ne s'est pu faire que par quelque ordre
extraordinaire de la Providence. Les deux
frères ayant été arrêtés pour la foi, saint Sé-
bastien ne manquait point de les aller visi-
ter lous les jours pour les Ibrlifier, et il ren-
dait ce devoir tant à eux qu'à leurs servi-
teurs qui avaient été pris avec eux, et qui
pouvaient les avoir nourris et entretenus
dajns la foi.
Nous iMî sav<3fls pas ce qui arriva de ces
serviteurs. Pour les deu\ fièro», ayant wuif-
l'rrl avet; biMUcoup de persévérance, par \i-i
consolations céleslev dont ils élaicul rt-nipJis,
les l'oui'lsilonl on le<> avjil dé* liiréii, ils fu-
rent eiilin co'idamnés ù avoir la tOle Iraii-
chi're. Mais leui> pareuls o|ilitni*nt du prtj-
l'el de lt<»me, nomiiii' A^revUu.s (;iiroinidi4i.^,
iMi dé'Iai de dente jonr.s pour essayer, dil-
raidce temps, di* surmoulej- leur ('(jh^I^iicm,
Ils furent mis à la garde et i.-n la lumsitti du
OKUiiier grellicr du la prc'-fucttne, nooiiné
Siicostrale, où ils avaient le:» mains euchal-
lujytj. Ils y ('laieiit g^irdés par ordre du pré-
fet et (h; l'empejeui'.
Leur père, hiur mèrr,', leurs femiue.s aven
leurs entants encore (oui petits, t;t leurs
amis, tirent ce (pi'ils purent pour les lli-chir,
el Ituus larmes commenraicuit déjà ii péni'--
Irer el à amollir lesc(burs des martyrs, lors-
(pie S('baslieii, (jui, comme nous l'avons dil,
les venait visiter tous les jours, h.'ui' releva
le courage par uu discours aoijoil el persua-
sif (pii dura environ une heure. Il l'adressa
pi'es([ue tout entiei- ;\ ceux cpii voulaient
perdre les martyrs par uii amour chiM-iel et
terrestre ; et il lit aussi un merv(!illeux ein^t
sur leurs esprits, ilais Dieu cm augmenta
beaucoup la force par un grand luii-aclo ;
car, durant tout le temps (pie le saint parla,
il parut environné d'une luuiière tout ex-
traorilinaire : on vit aussi sept anges , di-
sent ses Actes, «pii le revêtirent d'iui liabit
blanc, et un je ne homme qui lui don «ait
la paix et lui promettait ([u'il serait toujours
avec lui. Ces miracles peuvent ne pas pa-
raître incroyables, puisijue nous allons voir
les grands effets de grâce auxquels on a heu
de croire (lu'ils contribuèrent.
Dès que saint Si'b.islien eut cessé de par-
ler, Zoé, femme de Nicostrate, se jeta à ses
pieds, tàch int de faire connaître par ses
gestes ce qu'elle souhaitait de lui. Car il v
avait six ans qu'une maladie lui avait fait
perdre la parole. Sébastien ayant appris sou
état, lit le signe de la croix sur sa bouche,
demandant tout haut à Jésus-Christ qu'il
lui plût de la guérir, si tout ce qu'il venait
de dire était véritable. L'elfet suivit la pa-
role, et Zoé commença à s'écrier pour louer
le saint el témoigner qu'elle croyait tout ce
qn il avait dit. Elle déclara aussi qu'elle
avait vu un ange descendu du ciel qui te-
nait un livre ouvert devant les yeux du
saint, où tout ce qu'il avait dit était écrit
mot à mot.
Nicostrate , voyant la guéri son de sa
femme, se jeta aussi aux pieds de Sébastien,
demanda pardon «.''avoir retenu des saisis
en prison, leur ôfa en même temps leurs
chaînes, et les pria de s'en aller où il leur
plairait, déclarant qu'il se tiendrait heureux
d'être lu. -même mis en prison pour leur
avoir donné la liberté , et d'éteindre par son
sang les feux éternels qu'il méritait. Marc et
Mai C(?llien louèrent sa foi si parfaite dès son
oi'iginc, mais ils neuient gaide d'abandon-
n; r le combat pour l'y exposer en leur
place.
La grâce ne s'arrêta pas à Nicostrate et à.
013
SEB
SEB
944
sa femme : elle se repandit sur tous ceui
qui étnienl présents. Marc et Marcellien fu-
rent airermis dans leur foi , vl ils eurent la
joie de voir ceux oui avaient fait tant d'ef-
forts pour les arrartier h Jt^sus-dhrist, deve-
nir eux-mêmes ses humbles disciples. Marc
leur fit un discours où, s'adressant particu-
lièrement à son père, à sa mère, h sa femme,
et à celle de son frère , il les exhorta h sou-
tenir généreusement la foi qu'ils témoi-
gnaient voulo r embrasser, h ne point crain-
dre tout ce que le démon pourrait faire
pour la leur ravir, à mépriser, pour obte-
nir une félicité sans tin et sans bornes , une
vie que mille accidents nous peuvent ra-
vir, et qui n'est qu'une source d'aillictions
et de crimes.
Tous ceux de l'assemblée ftwidaient en
larmes, mt'lai>t lt>s rej^fets de leur infidélité
passée avec les actions de grAces (ju'ils ren-
daient h Dieu de les en avoir délivrés. Ni-
costrate protesta qu'il ne boirait et ne man-
gerait point (|u'il n'eiU reçu le saint bap-
tême. Mais Sébastien lui dit (ju'il devait au-
§ ara vaut changer de dignité, devenir olficier
e Jésus-Christ, d'oflicier qu'il était du pré-
fet, et amener chez lui tous les prisonniers
qu'il avait en garde, afin qu'ils fussent caté-
cliisés. Car si le diable, ajouta-t-il, s'elforcu
de ravir ceux qui sont à Jésus-Christ, nous
devons au contraire tAcher de restituer à leur
créateur ceux que son ennemi a injustement
usurpés. Il l'assura que s'il olfrait ce présent
à Jésus-Christ au commencement de sa con-
version , il en serait bientôt récompensé par
le martyre.
Nicosirate s'en alla donc trouver le geôlier,
nommé Claude, pour lui dire d'amener chez
lui tous les prisonniers, sous prétexte qu'il
les voulait tenir [uèls pour comparaître à la
première séance. Saint Sébastien leur fit une
exhortation, en suite de lacpielle voyant (pi'ils
témoignaient le changement de leurs cœurs
par leurs larmes et par d'autr(>s marques ex-
térieures, il leur tit ôter leurs chaînes, et
f»uis s'en alla chercher un saint prêtre nommé
'olycarpe, qui était caché h cause de la per-
sécution, et l'amena chez Nicostrate. Poly-
carpt-, après avoir téuioigné à ces nouveaux
convertis la joie (ju'il avait de leur bonheur,
et leur avoir fait espérer le pardon de la mi-
séricorde divine, leur onlonna d(> jeilner jus-
qu'au soir, et de donner chacun leur nom,
ce qu'ils exécutèrent aussitôt avec grande
joie.
Sur ces entrefaites, Claude vint dire h Ni-
costrate (pie le préfet trouvait fort mauvais
qu'il t'ilt fait venir tous les prisonniers chez
lui, et (pi'il le mandait pour lui en venir
rendre raison. Il y fut aussitôt, et satisfit le
préfet en lui disant que c'était pour épou-
vanter davantage les chrétiens qu'il avait
che/. lui, par l'eXfiiipif de^ snp|»li( es des
autres, (i'est un iiifiisonge qu'il faut ( ondam-
ner, mais qu'il faut en même temps excuser
m une personne qui n'était pas encore ins-
truite.
Kn s'en revenant, il raconta ,\ Claude qui
l'accuuipagnait tout ce ({ui était arrivé chez
lui, particulièrement la guérison de sa fem-
me. Claude en fut touché, et il alla quérir
deux enfants au'il avait, dont l'un était hy-
dropique et 1 autre incommodé de divers
maux. Il les mit devant les saints, témoi-
gnant qu'il attendait deux la santé de ses
enfants, et que pour lui il croyait de tout
son cœur en Jésus-Christ. Lfs saints l'assu-
rèrent qu'eux et tous les autres qui étaient
présents seraient guéris de tous leurs maux
aussitôt qu'ils seraient chrétiens. Car la fer-
metf' de leur foi et la confiance nu'ils avaient
en Dieu leur faisait attendre de sa miséri-
corde ce fju'ils jugeraient être oécoësaire
pour le salut de ces i)ersnnnes; et celui qui
a luomis (^u'îl accordera tout ce qu'on lui
demandera avec une ferme espérance de
l'obtenir vérifiait en eux cette promesse.
On prit en même temps les noms de ceux
qui demandaient le baptême , qui étaient
Tranquillin, six de ses amis nommés Aris-
ton, Crescentien, Eutychien, Urbain, Vital et
Juste, puis Nicostrate, Castore, son frère,
Claude le geôlier avec ses deux enfants, Fé-
licissime et Félix; l'un desquels se nommait
aussi Symphorion; Marcie, femme de Tran-
quillin, avec les femmes et les enfants des
saints Marc et Marcellien; Symphorose, se-
conde femme de Claude, Zoé, femme de Ni-
costrate, [)uis toute la famille de Nicostrate,
au nombre de trente-trois personnes; et en-
fin les prisonniers convertis, qui étaient
seize, ce (jui faisait en tout soixante-huit
personnes. Dans la suite il est parlé de
Victoiin , frère de Claude : mais peut-être
qu'il fut converti en qiiel(|ue autre occa-
sion.
Ils furent tous baptisés par saint Poly-
car[)e. Sébastien servit de parrain aux hom-
mes; Béatrix, depuis martyre, et Lucine fu-
rent les marraines de celles de leur sexe. Les
deux enfants de Claude furent baptisés les
premiers, et sortirent des fonts aussi sains
qu'aucun des autres , n'ayant pas seule-
ment la moindre manpie d'aucune incom-
modité.
Tranquillin fut baptisé après eux. Il avait
la gouite depuis onze ans, et il en était tel-
lement tourmenté aux pieils et aux mains,
qu'il pouvait h peine soulfrir qu'on le por-
tAt. Il ne pouvait pas même porter sa main v\
sa bouche pour maii;j;er. et il endura de très-
grandes douleurs ipiand il le fallut déshabil-
hr pour le ba|>tiser. Saint Polycarpe lui de-
mandant s'il croyait de tout sou cœur i\\\o
Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, pouvait
lui rendre la santé et lui pardonner tous ses
péchés, il répondit tout haut qu'il recon-
naissait de tout son cœur que Jésus-Christ
était Fils de Dieu, et qu'il pouvait lui accor-
der le salut de l'Aine et du corps; mais qu'il
ne demandait (jue la rémission de ses pé-
clii's , et (pie (piand même il demeurerait
dans ses douleurs après la sanctification du
baptême, il ne pourrait pas douter de la foi
d(> JéMis-Christ. ("ett(^ parole tira des larmes m
de joie d(> tous les saints, et ils demandèrent 1
h Dieu qu'il lui accordAl l'effet d'une foi si
pure. Saint Poiycarpc l'ayant oint du chrême,
9-iK sf'U si:n »40
iwi (Icniaiidn imo socondo fois s'il croynil jui Innlivs «os idoles, rnssiirnnt (jii'il nn m;iii-
Pric, ail l'ijs cl «Il S;iiiil-lvs|tfit. Ml. i) ii'ciil i|in'i;iil p.is d'/^liT ^'iH-ri niissilùl. (■Jiroiiiaro
pas pliilAl rô|i(iiidiM|iit' nui, (Mil' sa poulie lut vunliil It- l'ain- Ijiiii! par ses ^ciis; lunis lo
f^m'iic l'ii un iiiotiiiMil, ri il (Icscciidit d<< lui- saint lui rcmrscnta (pu; lo (iiahic pourrait
iiK^iiic dans la Inniainc, sans <^ln' iiorlr iiar leur nuire a cause de leur inlidéliti'' et du
p«'is()Mne, eu s'ccriant : N'oiis (Mes le seul et leur nenliK(Mice, et cpie l'on dirait aussitôt
verilaMc l>i»Mi (pio ce niiscTahle monde ik» ijin! c'('lait en punition do ce (ju'ils nurnient
eonnait noinl. ahallii ces idoles. Saint Si'liaslicii y lut dono
Tous les autres l'urenl l)aplis('s ensuite, et lin-UK-nie avec saint l'olycarite, el après s'i^tro
diiraiil les dix jours (pii rivslaienl des treiihî mis en pri(''re , ils hrisi^-rent idus do deux
accordtVs |)ar le priMcl à 'l'ivuKpiiliin pour ses cenis stalues de Imites soiles d(; inaiKTfîs.
onlanls, ces nouveaux elir(''liens ne s'oecu- Us trouv('rent cependant .'i liMir icloiirqim
pi^'ieut qn'h louer I)i(>u et h se pn^pnrer au Cliromnee n'(''lail pas ^uéri. Ils lui dirent
eoiuhal, d(Vsiranl tous aideiinuenl h* mattyro, <|u'il restait assuiY'iiient (pntlfpie chose à hri-
jus(|u'au\ t'enuues et aux eiil'ants. ser, ou (pu; la loi n'(''lait pas eneorcî enli(''r<!,
(Jnand ces trente jours fuient expirés, lo et il leur avoua (lu'il avait un eahiiu.'t rcm-
pr(M"et ('hroinace envoya (pn'rir 'l'i-aïupiillin , nli de macliinos de» verre et de cristal pour
(|ui l(^ remercia extrêmement du di-iai (|u'il l'astroloi^'ie (pii avait extrômenuiiit coûté <i
lui avait accordé, parce (ju'il avait conservé ^on |)ère, nommé Tanpiin, et c^u'il était bien
les enlanls au pi'^re et rendu le père aux en- aise di; le conserver comme I ornemiMit d(;
fants. (^hromace ne comprenani pas ce (|u'il sa maison. Néanmoins les saints lui ayant
voulait dire, lui dil (]u'il l'allait donc (juo ses lait voir la vanité de l'astroloyie et de toutes
enlanls vinssent oiVrir de l'encens aux dieux ; les prédictions (jue l'on en tirait, il li'\ir pcr-
el alors Trampiillin s'expliipiant plus clai- niit 'd'en faire ce (ju'ils voudraicMit. 'l'ihurce,
renient, lui déclara (pi'il était chrétien, et lils de Chromace, ne put soullrir qu'on bri-
que c'était par ce moyen (pi'il était guéri sAt une pièce si |)récicuse et si rare; mais,
de la goutte dont il était travaillé aujiara- ne voulant pas aussi empocher la guérison
vaut. de son père, il lit allumer deux fourneaux,
Ceci toucha Chromace, qui avait le même protestant que si l'on brisait ce cabinet sans
mal. Mais ne voulant pas encore le témoi- que son père guérît, il y ferait jeter Sébastien
gner, à cause sans doute des autres i)erson- et Polvcarpe. Les saints acceptèrent volon-
nes qui l'écoutaienl, après divers discours tiers la condition, quoique Chromace s'y
qu'ils eurent ensemble, il lit arrêter Tran- oi)posAt.
quillin pour le mener en prison, disant (Tu'il Mais en môme temps qu'ils cassaient ces
I entendrait h la première séance. .Mais il se machines, un jeune homme apparut h Chro-
le fit amener secrètement dans la nuit, et mace, et lui dit qu'il éiait envoyé de Jésus-
lui promit beaucoup d'argent pour appren- Christ pour le guérir. Il fut guéri en effet à
dre le remède qui l'avait guéri de son mal. ce moment, et commença à courir après ce
Tranquillin se moqua de l'argent qu'il lui jeune homme pour lui baiser les pieds; mais
promettait, mais il 1 assura qu'il n'avait point il le lui défendit, parce qu'il n'était pas en-
trouvé d'autre remède que de croire en Je- core lavé et sanctifié par le baptême. Il se
sus-Christ, et que s'il voulait éprouver le jeta donc aux pieds de Sébastien, et ïiburce
môme remède, il en recevrait aussi le même en môme temps h ceux de saint Polycarpe.
soulagement. Chromace le laissa aller, en lui Saint Sébastien lui représenta ensuite que,
disant de lui amener celui qui l'avait fait dans la dignité où il était, d ne pouvait pas
chrétien, atin que si cet homme lui promet- s'exempter de se trouver aux spectacles, sans
tait aussi de le guérir, il pût embrasser la parler du jugement des procès, oii il est dif-
môme religion. licile qu'il ne se mêlât alors bien des choses
Tranquillin fut aussitôt trouver saint Po- contraires à la profession du christianisme,
lycarpe, et le mena secrètement chez le pré- et c'était même devant le préfet de Rome
fei, qui lui promit la moitié de son bien s'il qu'on poursuivait les chrétiens. C'est pour-
le pouvait guérir de sa goutte. Polycarpe lui quoi il lui conseilla de demander un succes-
répondit que ce trafic serait criminel i)Our seur, afin de se débarrasser de toutes les oc-
l'un et pour l'autre; mais que Jésus-Christ cupations du monde et ne songer qu'à son
pouvait éclairer ses ténèbres et le guérir de salut. Chromace exécuta ce conseil , et en-
ses maux s'il croyait en lui de tout son cœur, voya dès le jour même prier ses amis qui
II le catéchisa ensuite et lui ordonna un étaient en cour de l'assister de leur crédit
jeûne de trois jours, dont il s'acquitta lui- pour cet efiet.
même avec saint Sébastien. Le troisième Lorsqu'il fut prêt d'être baptisé, saint Po-
jour ils revinrent ensemble trouver Chro- lycarpe lui demandant, parmi les autres in-
mace , et prirent sujet des douleurs de sa terrogations, s'il renonçait à tous ses péchés,
goutte de lui parler des supplices éternels, il répondit qu'il était un peu tard de lui faire
Chromace donna aussitôt son nom et ce- cette demande, mais qu'il aimait mieux se
lui de Tiburce , son fils unique , pour être rhabiller et différer son baptême pour y sa-
faits chrétiens. Mais saint Sébastien l'avertit tisfaire. Qu'il voulait pardonner à tous ceux
de ne pas souhaiter le baptême par le désir contre qui il était en colère, remettre ce
d'être guéri plutôt que par une véritable foi, qu'on lui devait, rendre tout ce qu'il avait
et lui demanda que, pour marque d'une en- pris par violence; qu'il avait eu deux con-
ticre conversion, il leur permit d'aller briser cubines après la mort de sa femme, et qu'il
f>;7
SEB
SEB
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vi>n)ail leur donnpr nne plein© liborti'' avpc
leur inariaiio . ot liMir trouver des ninris ;
qtiaprès i ela li prniaeltrait de renoncer k
tous les p<*r.h«'«s et aux voluptés du monde.
Siint Polycarpe approuva son dessein, et lui
dit qwe c'était pour accomplir ce renouce-
nieiit que Ion ordonnait quarant»' jours à
ceux q>wi voulaient recevoir le hapfcHue ,
lorsque rien ne les pressait i\o le recevoir.
T»hurre renonça aussi au barreau , où il
était prés de s'engager , ayant déjà acquis
})eauroiqi d'érudition et d éloqiio ice. Il re-
çut dès lors le haptéme, et Chromace, ayant
renoncé iî toutes les affaires du monde, le re-
çut peu de jours après. On baptisa avec lui
i.400 [>ersonnes de sa famille J» qui il avait
dès auparavant donné la liberté, disant ([ue
ceux qui commençaient h avoir Dieu pf)ur
père ne devaient plus être esclaves d'un
liomme. Aussi saint Chrysostome remarque
qu'il n'est point dit qui» b'? prenders chré-
lie'Hs vendissent leurs esclaves pour en ajv
porter l'argent aux pieds des apAlres, parce
(pn^apparemmenf ilsl m donnaient lal berté.
pour le nombre de l.VOO, il n'e-t pas fort
étonnant, puisque saint*- Midanie la Jeune
en alfranihii 8,000, selon les trîdncteurs
de Palla«le, et il y en eut encore d'autres qui
ne voulurent pas recevoir la liberté.
Tout ce que nous avons dit jusqu'ici peut
s'être passé à la fin de l'année 28V , lorsipie
Carin régnait ?> Rome et Diodétien en
Orient, depuis le 1" scptcmljre de la même
année. En l'an 285, Carin alla combattre
Diodétien , qui s'avançait contre lui. La
guerre se lit dans l'Illyne; Tarin y fu! lue.
Dioclétien demeura maître de tout rem|)ire
et Je partagea avec. Maximien Hercule le
1" avnl 28(i. Ce grand cliangiMiient de l'em-
idre ne changea rien h l'égard de saint Si'-
Dastien ni des autres dirétiens de Rome. La
j>erséculio:! iproii leur avait fiite soust^irin
continua après sa mort et fut assez viole île
on l'an 280. Ll néanmoins, comme saint Sé-
bastien ne se dé.'larail point ouverteiuent
pour chrétien, Dinclélien étant veiui à Konn;
cri 285, non-seulement le conserva dans
l'eiuploi conmie les atitres ofticiers <le Carin,
mais nril même une alfcrlion particulière
pour lui , de sorte qu'il lui donna la charge
«le capitaine de la première compagnie des
gardes prétoriennes qu'il voulait laisser à
Rome ; et tant qu',1 demeura ilans celle ville,
il voulut loujouis avoir le saint auprès de
sa per^otine , ce que M.iximien, îi ipii il
laissa l'Orcident, faisait aussi.
Ce|»endant lomme la persécution était as-
sez grande à l'i'gird tjes autres chiétiens,
Chromaco, par l'avis du pape, »pii était alors
saint Caïus, les retira fous chez lui, c'est-?i-
dire to ir ceux qui avaient été cf»nverfis de-
'piiis peu, et il en eut un tid soin, qu'aucun
d'eux ne fut réduit ?» la nécessité de sacri-
fier. M.ii5 comme il était difficile (pie son
changement flemeur.lt longtemps caché, il
demanda h l'ciuL)çreur la perunssion de se
retirer dans la Cauipanie, ofi il avait de fort
belles terres, coDune pnur y rélablir sa sanlt'«.
Car on roil par riiistoire que les vsénateiirs
ne pouvaient s'exenqifer de résider à Rome
pour se trouver au sénat, s'ils n'en étaient
exemptés par leur âge ou par une grAce par-
ticulière. Il obtint cette permission, et offrit
de retirer avec lui dans ses ferres tous les
chrétiens qui voudraient le suivre. Comme
ces nouveaux fidèles avaient une confiance
pailiciilière en saint Polycarpe et en saint
Sébastien, il était h propos que l'un des deux
fût avec eux dans la Cainpanie. Cela était dif-
ficile à saint Sébastien à cause de sa charge,
outre qu il espérait, en demeurant à Rome,
trouver plas aisémeut l'oieasion du martyre.
Mais Polycarpe ne la cherchait pas moins.
Ainsi leur zèle causa vuio dispute entre ces
deux saints, l'un et l'autre voul mt demeurer
dans la ville afin d'y répandre son sang pour
Jésus-Christ. Cependant, comme ils ne le
j)<»uvaienl l'aire sans abandonner les m< m-
bre» de Jésus-Christ, le pape jugea que Po-
lycarpe, qui exerçait si dignement le sacer-
doce et i|ui était plein de la science de Dieu,
devait aller avec ceux qui se retiraient dms
la Cauqianie pour les fo tifiiT et les assister.
Saint .\ugustin souhaitait de voir une dis-
|»ute de celle nature entre les ministres de
lE .1,11 se, qui fit voir l'ardeur de leur charité
et qui pldt h la charité.
Le dimanche étant donc venu, le pape
célébra les saints mystères dans la maison
de Chromace, et puis a\aiit parlé de la grâce
de la confession et de celle du martyre, il
dit aux fidèles qu'ils pouvaient h leur choix
ou demeurer avec lui dans la ville, ou se
retirer avec Chromace et Tiburce. Mais Ti-
burce ob int de lui de deme rer dans la
ville, ce que son père lui avait sans doute
déjà ai'cordé, quoicpie l'histoire ne l'exprime
j>as. Il y demeura donc avec saint SébasIitMi,
les saints Maïc et Marcellien, Trancjuillin,
leur père, Nicostrate, Zoé. sa femnie, et
Ca>ti)r, sou frère: Claude .Symphorien , son
fils, et Viclorin , frère d- Cdaude. Tous les
autres se retii'èrent avec Chromace.
Le pape fil piètre Tranqnillin, et si\s en-
fants diacres. Les autres furent ordo!Uiés
sous-diacM'es, honnis Sébastien qui, servant
toujours h's tidèles smis l'habit de capi-
taine, fut fait, disent ses Actes, défenseur
de l'Rglise, par le pape. Ce litre manpiait
du lem,* de saint Crégoire le (irand, ccnix
(pie les j apes employaient [larlicnlièremeiu
au secours et h l'assistance tl€.s pauvres.
Saint Sébisfien est le pnnnier h qui il su
trouve attribué. L'un des premiers api^ès lui
est C.yriaque, l'un des disciples de Marcel
d'Ancyre, ipii signe en l'an Ml une profes-
sion de foi dans saint Kpiphaue. a|>rès divers
ecdé^iastiqnes. et est (pialili(' défiMiseur de
réglis(> d'Ancvre. Nous irouvons aussi un
rescrit de Valinitinien I*', en lan MH, qui
parle d'une reipiète que le défenseur de IK-
glise r«unaine et 1-* pape Damage lui avaie il
envoyée, pour demandtM- qu'on rendit h Da-
mase une église tenue parles partisans d'I'r-
sin atltipape.
Les saints qui étaient flemeuié« h Rome,
n'v trouvant pas de lieu pour y être en siW
reté, -«<» retirèr»«nl avec Jo paf>e, dans le pa-
*
î)ifl
sin
mu
î)r;o
lj\is inAiiio (lo r«Mi)|M>iciir, rhoz ini rioiiunrt
Cdstuh^ (|iii (Mail clnrlKMi .ivcc, (oiilo sji l'a-
niilN', ut daiil;!!!! plus |»ro|(n' |)niir los ci\-
rlirr, que, (Icnn'iinuil <liiiis In imlais, il n'i'-
Inil inillriDOiil siispccl. Il avait soin des
rliivrs (lu palais, mais son loj^oniciif l'tait
lotit C\f\ liant.
Les saillis dcnnMiraitMit donr avec (lastiiic,
occuixVs joui' cl iniit aii\ laiincs, aux jcilncs
cl h la prière, pour ohtiMiir «l(> l>i('ii In pcr-
s(''V(^raiic(' «M la i^ivlcc du niai'lvro. Ils y fai-
sait'Hl aussi hcaiiconp i\r nnrathvs ciivrrs les
chn'tit'ns cpii y voiiaieiil iinpIoriM- liMiriissis-
laiicP. TilMinv rlanl une fois sorti, rcncon-
Ifa iinjcnnc lionniKi tpii, ('«tant loinl>(''dr fort
haut, s*(''!ail tcllcnuMU brisé tous les inoiii-
Im'os , (pi'on ni» sonvicait plus qu'à l'cntri-
rcr. 'lilinric domamla ipi on le laissAl diro
(pu^lipics parolos sur lui, pourvoir s'il ne U;
muMiraif point. VA on clîVf, anssilùt (pi'll
ont |)r()nonf('' sur lui TOraisoii dominicale
et le Symbole, ce jeune lioiinne lut parfai-
lcincnl"t;n(''ri. Tibnrcc, prolilanl (h- la recon-
naissance que Jui Icinoignaicnl le père et la
mère de ce jeune homme, les lira h part,
liHir ikV'Ouviit la vertu du nom di' JtVsns-
Christ, et puis les amena au pape, qui les
baptisa eux et leur lils.
1/auteur de celte histoire lémoli^ne en-
suite qu'iltpassc beaucoup de choses de cette
nature , pour venir au martyre dont ces
saints furent couronn(^s l'un après l'autre.
Sainte Zoé, femme de Nicostrate, leur donna
l'exemple. Car, étant allée prier au tombeau
(!(> saint Pierre, le jour de la fête des apo-
Ires, elle y fut prise et menée au patron du
((iiarticr de la Naumaquie. C'était apparem-
ment quelque odicier de police établi au
delà du Tibre, où était le tombeau de saint
Pierre, et où il y avait aussi uue naumaqnin,
c'est-à-dire un lieu destiné à représenter
un combat naval.
Cet ollicier la voulut contraindre d'offrir
de rencens à Mars, ce qu'elle refusa en se
moijuant des païens et de leurs dieux, et en
témoignant i[u'elle mettait toute sa confiance
en Jésus-Christ. On la mit en prison le soir
de ce môme jour, et elle y demeura cinq
jours entiers sans boire ni manger, sans
voir aucune lumière, et sans entendre autre
chose que les menaces qu'on lui faisait de
J'y laisser mourir de faim, si elle ne pro-
nïettait de sacrifier. Six jours étant passés,
en comptant le jour de la prise, on en parla
au préfet, qui commanda qu'on la pendît
à uu arbre par le cou et par les cheveux, et
qu'on allumAt dessous du feu de fumier.
Elle rendit l'âme dès qu'elle fut en cet état.
On attacha son corps à une pierre, et on le
jeta dans le Tibre, de peur, disaient les
païens, que les chr 'tiens n'en hssent une
déesse. Usuard, Adon, Yandelbert, et divers
autres mettent sa fête le 5 juillet. Il faut ap-
paremment rapporter sa mort et celle des
autres dont nous allons parler, à l'an 286,
amjuel les Actes de saint Sébastien mar-
quent que fut la grande persécution. Les
Grecs ont eu à Constantinople dès les v' et
vr siècles une église de sainte Zoé. Mais
nn voit qiMi c'est d uiio niilro niftplyre , (pii
a soulforl /i Allialic i-n Asie, soiis Adrien.
Ccllo de Hoinc s'apparut /i s/mil Scba«!lien,
après son mariyrc, iinir Ini afiprctidre Ha
mort. Saint Schasticn l"/i\aMf racontée aux
autres , Tianqnillin sortit m firtlc, (hsnrit
qu'il était honteux (luc d(»N rcmincs les pré-
vinssent, et s'en alla prier au tonilieaii do
Maint P/uil, le jour de l'o, lave des a|i<^(res.
Il y fut pris (tomme il souhaitait, et tué par-
le |teuple h coups de pierres : son (()i|is fut
aussi jeté dans le Tibre. Klorus et les autres
ipie nous venons de citer marquent sa l/»le
le même jo r, c'est-à-dire le «1 juillet.
Nicostrate, <'.laude, Caslore', Viclniin (ri
Symphorien furent pris aussi en cln.'rchant
les corps des martyrs sainte Zoé et .saint
Tranquillin, et meiKvs an piéfel de la ville,
ui est nommé Fabien on cet endroit et
ans la snili-. Il |;1clia innti'ement, diiranl
i\ jours, lanlùl d'ép(uivaiiter les saint-, par
ses menaces, tantôt do les gagner par ses
caresses. Enlin il en |).irla aux emi). reurs.
Car Dioclélirn et .Maximien pouvaient êlrci
alors à Home, selon les Actes de saint .Mau-
rice : et cela est aisé à croire de Maximien.
C(>s nrinces ordo'inèrent d'appli<pier trois
fois les saints à la torture. Mais n'y ayait
point eu de tourment capable de les abattre,
Fabien les lit jeter dans la mer. Cela ne se
ritauplustotquelel7juillet. Néanmoins, leur
fête est marquée le 7 du même mois dans
Usuard, Adon, et le Martyrologe romain.
Florus la met, à cause de ([uelque transla-
tion, le 8 novembre, en cliangeant le nom
de Victorin en celui de Simplice : et une
môme personne peut les avoir eus tous
deux. Les Martyrologes de saint Jérôme,
Bède , Usuard , Adon et d'autres, raanjuent
aussi ces saints du 8 novembre, el quelques-
uns les répètent le 7, quoiqu'on en fasse
une histoire toute différente. Ils sont encor.^
marqués le 8 novembre dans le Sacramen-
taire de saint Grégoire, et dans le Missel
romain de Thomasius. Le Calendrier de Bu-
chérius marque le 9 du même mois les sai Us
Sempronien, Claude et Nicostrate, mais il y
joint un saint Clément, qui ne parait i)oint
avoir de ra[!porl à ceux dont nous parlons.
Un fourbe nommé Torquat, faisant sem-
blant d'être encore chrélien, quoiqu'il eût
renoncé à la foi, se joignit à la compagnie du
saint évoque Caïus ; mais il menait une vie
bien différente des autres. Tiburée ne pou-
vait soutfiir de le voir aju.ster proprement
ses cheveux sur son front, manger conti-
nuellement, boire avec excès, jouer durant
les repas, avoir.des gestes et une démarche
molle et efféminée, se faire voir trop libre-
ment aux femmes, se dispenser au contraire
des jeûnes et des prières, et dormir pendant
que les autres veillaient et passaient les
nuits à chanter les louanges de Dieu. Il le
reprenait sévèrement de ces choses ; et To.r
quat faisait semblant de prendre ses répri-
mandes en bonne part. 3Iais il trouva
moyen par ses artifices de le faire arrêter,
et pour mieux couvrir son jeu, il se laissa
arrêter avec lui et mener devant le préfet
è:H
SFB
SEB
93i
Fabien, où (^tant interroge'', il dit qn'\\ élait
chrôiien , ((ue Tibiirre était son maître, et
qu'il forait tout re qu'il lui verrait faire.
Tihurce ne put soutTrir cette feinte, et en-
treprit Torqnat d'une manière très-vive et
très-éloipionte. Que si les discours fju'on
!ui f.iit (lire en cette rencontre, pour repon-
dre tant h Torquat qu'à Fabien, ne sont pas
de lui, on peut dire au moins qu'ils en sont
dignes ; mais ils seraient trop longs h rap-
porter. La conclusion fut que Fabien lui
commanda de jeter de l'encens sur le feu,
ou d'y marcher à pieds nus. Il n'eut pas de
l>eine î» choisir, et ayant fait le signe de la
croiï, il marcha sur ces charbons sans en res-
sentir aucune douleur, après quoi il défia le
juge de mettre seulement la main dans de
l'eau bouillante au nom de son Jupiter.
Le juge, confus par ce miracle : Qui ne
sait, lui dit-il, que votre Christ vous a appris
la magie ? A ces mots la modestie du saint
céda à son zèle, et lui qui n'avait parlé jus-
qu'alors qu'avec beaucoup de respect, re-
poussa ce blasphème avec véhémence. Tai-
sez-vous, malheureui, dit-il au juge, et ne
me faites pas ce tort de prononcer devant moi
avec une bouche si impure et furieuse un
nom si sacré. Cet emportement si saint mit
le juge en colère. Il le condamna aussitôt à
perdre la tète, comme blasphémateur des
dieux, et coupable d'avoir proféré des inju-
res atroces. Tiburce fut conduit à une lieue
de la ville , où il fut exécuté et enterré par
un chrétien qui s'y trouva : et Dieu y avait
fait depuis beaucoup de miracles. Sa fôte est
marquée le oîizième jour d'août dans les
Martyrologes de saint Jérôme, dans Bède et
dans'ies autres Latins. Elle l'est encore dans
le Sacramentaire de saint Crégoire, dans le
Calendrier du père Fronto, et dans le Missel
romain de Thomasius.
Deux saintes femmes nommées Lucille et
Firmine, qui étaient parentes de saint Ti-
burce, ne voulurent point quitter son tom-
beau, et liront bAtir un logement tout au-
près pour y clemeurcr jour et nuit. Oii'>n<I
saint Marrellin et saint Pierre eurent souf-
fert pour Jésus-Christ, vers l'an 30V, saint
Tiburce s'apparut en leur compagnie à ces
dou\ femmes, h qui il commanda d'aller re-
tirer b's corps de ces martyrs, et de les en-
terrer dans une grotte proche de lui. Lors-
qu'on emporta en France, en l'an 826 , les
corps de ces deux martyrs, ils furent trou-
vés dans une grotte proche de l'église de
Saint-Tiburce, cpii était sur le rhemiii ap-
pelé Lnvicnn, h irois milles de Uomo. il y
avait i»lus de 500 ans qu'ils étaient dans ce
tombp.Tu. Le corps de saint Tiburce était
dans l'i'glis»' même, sous l'iuitel. On s'ef-
força d'ouvrir son tombeau pour em|ior-
ler aussi ses reliqiios (mi France, mais on
n'on put venir h bout, et ou se contenta de
quelnues cendres que l'on s'imagina pouvoir
f'tre «le son corps. Il y n /itij>arenre qu'elles
furent apportées l\ Saint-Mi'ilnnl doSfussons.
Tout ce récit ne se peut rapporter qu'à saint
Titiurco, romi^agîinn de saint Si'b.istjpn. Car
pour le mari ii>; sninfc Céi^ile, outre que c'est
une histoire assez suspecte, il avait été mis
dès l'an 821, non dans une église de son nom,
mais dans celle de saint Aniiré. L'an 862, le
pape Nicolas accorda aux moines de Saint-
Germain-d'Auxerre beaucoup de reliaues
de saint Urbain et do saint Tiburce, par les-
quelles Dieu opéra alors plusieurs miracles .
Torquat , dont nous venons de parler, fi •
encore prendre Castule, riiô<e des chrétiens •
Ce saint fut interrogé et tourmenté par trois
fois, et comme il persistait toujours, on le
mit dans une fosse, sur laquelle on jeta un
monceau de sable. Sa fôte est marquée le 2C
mars dans les Martyrologes de saint Jérôme,
dans Florus et dans oresquetous les Latins,
Ainsi, il semble qu'il soit mort l'année d'a-
près les autres, c'cst-h-dire en l'an 287. On
prétend qu'il fut enterré sur le chemin
nommé Lavican, en un cimetièrede son non\
Quelques-uns disent que son corps est à Pa-
vie, dans une église de saint Félix. Bollan-
dus nous en a donné des Actes tirés pres-
que mot à mot de ceux de saint Sébastien.
Que s'ils y ajoutent quelque chose , cela ne
nous a pas paru avoir assez d'autorité pour
nous en servir.
Après le martyre de saint Castule, les deux
frères Marc et Marcellien furent arrêtés et
liés à un poteau, les pieds percés avec des
clous. Mais au lieu de se plaindre de ce sup-
plice, ils témoignaient souhaiter de rester
toute leur vie en cet état, disant qu'ils n'a-
vaient jamais été à un meilleur festin , et
qu'ils commençaient enfin à être attachés
fixement à l'amour de Jésus-Christ. Ils pas-
sèrent un jour et une nuit dans ce supplice;
et enfin ils \ moururent percés de lances par
le commandement du iuge Fabien. Ils fu-
rent enterrés <i deux milles de Rome, en un
lieu appelé les Sables , sur le chemin d'Ap-
pius, flans un cimetière ()ui a porté leur nom,
et (jue l'on met tantôt sur le chemin d'Ap-
pius , tantôt sur celui d'Ardea. parce qu'il
était entre l'un et l'autre. Leur fête est mar-
quée le 18 juin dans les Martyrologes de
saint Jérôme, dans Bède et dans les autres
Latins. Elle l'est de même dans le Sacramen-
taire de saint Grégoire , dans le Calendrier
du P. Fronto , et dans le Missel romain de
Thomasius. On croit qu'on en a fait autrefois
quoique fêle le 7 octobre, à cause de la trans-
lation de leurs reliques dans la ville, dont
la mémoire était tout h fait perdue , lorsque
leurs corps (Virent trouvés avec celui de saint
Trancpiillin, leur père, sous Grégoire XIII,
dans l'Eglise do Saint Cosme et Saint-Da-
mion. Ils furent remis en terre dans la mémo
église. Nous avons toujours nommé saint
Marc le premier, comme c'est présentement
l'usage. Mais les Actes do saint Sébastien lo
nomment presque toujours le dernier; ce
(pi'on trouve aussi dans quelques anciens
M,irtyrolog(>s.
Après que saint Sébastien eut fortifié
boniicoup do martyrs contre la crainte dos
supplices, et (pi'il les eut animés }\ combat-
tre généreusement pour la couronne dn
gloire, il fil enfin conniîtro ]\ tout le monde
co (pi'il ét.iit lui-même , sa lumière n'ayant
î),«
SK»
sm
mi
pji.s i)u (Irincnrcr toujours cnclK'i' d/iiis les
triirmcs dont sa s;i}^'r piiKliuicc la couvrait.
Sa loi cl sa piiMi^ furent dcconvcrlos par (U'iix
(pii dressaient des (Mid)i^clies anx clu('tiens.
Mais .'j causo du ran^cpTU t(Miail dans la mi-
lice», le prf'tet du prétoires en parla h Dio-
(;létit>n UK^ncs <pii peul avoir éti' h Uoniean
ronnnen(M'ni(Mil de l'an ^iH8. \'e|serns dit
tpi'il a lu i\\u) l'on conserve au mont (bas-
sin uiu^ liistcMre assez longue de la coides-
sion ih saint Sébastien; el il cioil cpn^ c'vn
sont les Actes originaux tirés du {i;reHe :
mais le P. Mnbillon n'y en a pu rien ciécoii-
YPir.
C.(Mprontrouv(Mlans losAcl(>s du saint (pie
nous avons, so réduit h dire cme l)io(tlétn'n
le lit venir, cl lui reprocha (pi il reconnais-
sait l)ien mal les ohligalions cpj'il lui avait :
sur (]uoi le saint lui (lit (pio, voyant (pi'il y
a de la folie h demander des fav(un's h di'^
pierres, et h enatlendre du secours, il avait
eu recours nu Dieu (pii est dans le ciel, et h
Jésus-dhrist, el (pi'il n'avait jamais cessé do
lui adresser ses vceu\ pour le prince qui lui
témoii;nait tant de bonté, et pour la conser-
vation de tout rem[)ire. Une réoonse si sago
iw, saUslit jmint Diodélien, et il mit le saint
entre les mains non des prétoriens, mais
des archers orientaux ou maures , qui , par
son ordre, le couvrirent de tlèches de tous
côtés. 11 fut laissé pour mort sur la place :
mais Irène, veuve de saint Castule, étant ve-
nue pour l'enterrer, le trouva encore vivant
et l'emmena chez elle au palais de l'empe-
reur, où il recouvra en pou de tem[)S une
parfaite santé. Un Martyrologe njarquc la
fête de cette sainte veuve le 22 janvier. On
change son nom en plusieurs manières.
Les chrétiens qui vinrent chez elle en
grand nombre visiter saint Sébastien , l'ex-
hortaient h se retirer : mais après avoir in-
voqué Dieu pour prendre conseil de lui plu-
tôt que des hommes, il se mit sur un esca-
lier par où Dioclétien passait , et lui repré-
senta avec quelle injustice ses pontifes le
portaient à persécuter les chrétiens, et les
accusaient d'être les ennemis de l'Etat , eux
qui priaient continuellement pour l'empire
et pour la prospérité des armées : Dioclétien
fut surpris delà voir, le croyant mort suivant
l'ordre qu'il en avait donné : sur quoi le
saint lui dit que Jésus-Christ lui avait rendu
la vie , alin qu'il lui vint protester devant
tout le monde que c'était une injustice ex-
trême de persécuter les chrétiens.
Après avoir ainsi consommé l'œuvre que
Dieu lui avait donné à faire, il ne lui res-
tait plus que d'aller recevoir la couronne.
C'est pourcjuoi Dioclétien le fît mener aus-
sitôt dans le cirque du palais, où il fut as-
sommé à coups de bâtons. Mais de peur,
disent les Actes, que les chrétiens n'en fis-
sent un martyr, on jeta la nuit son corps
dans un cloaque, où il demeura pendu à un
croc. Le saint s'apparut à une dame nommée
Lucine, et lui marquant l'endroit où était
son corps, lui dit de l'aller enterrer aux Ca-
tacombes à l'entrée de la grotte des saints
apôtres, c'est-à-dire de celle où ils avaient
él(' :iiilrelois. Lm me exéc utn nvcr soin ce
( (inim/indenient. el passa lr<!nle jours enlH'rs
aumès du tondteau du saint. On prétend
>pj d app.'init encore depuis ,'i la même Lu-
cine, et lui lit iriodérer scvs anstéiilés. Selon
(pie la suite de S(!S Actes, (!t l'Iiisloiro de
l)ioc|<''li(!n nous en peiivcnl faire iiiKcr, il
soull'nl en l'/ni 2HH. Les Martyrologes do
saint Jérôme, RrHIe, vX tous les autres mo-
numents de ri'lglise latiiK;, depuis l'an li'ô't,
mar(pient sa lêt(! le 2W janvier. Son ollice e>t
mar(pu'; h; même jour dans h; Saciamenlairo
de saint (Jrégoire, où il y a une préf.ico
propre, dans \v. caleiidrirr du P. Fronlo, et
dans le Missel romain d(> Thomasius. Il vM
pres(pi(> toujours mis avant saint I''ai)ien ,
(pi'on fêle le inêuu^jour. J(^ pense (pi'ii n'y
a point (réglis(; dans l'Occident (pii n'en
fasse roflice, et plusieurs même le fêlent.
Les (Irecs l'honorent le 18 décembre avec
tous ceux dont le martyre est rapixjilé dans
ses Ac'tos, et ils en font même leur grand
office.
Nous ne savons pas ce que devinrent
Chromace et les autres saints marciués dans
son histoire, dont nous n'avons j)oint rap-
porté le martyre. Usuard, Adon, et le Mar-
tyrologe romain , en mettenl la plus grande
partie le 2 juillet, et disent qu'ils soutfrirent
le martyre dans la Campante. Ils nomment
Ariston et les six autres amis de saint Tran-
quillin, avec Marcie sa fenime, et Sym[»ho-
rose, femme de Claude. On y met aussi les
deux enfants de Claude, Félicissirne et Fé-
lix, quoique celui d'eux deux qui avait été
hydropique, et qui est aussi nommé Sym-
pliorien, ait été martyrisé à Rome avec son
père. Baronius parle de leur mort sur l'an
303. Le calendrier de liucherius met, le 13
décembre, un saint Ariston, honoré dans le
cimetière de Pontien, dont je ne trouve rien
dans les Martyrologes. Bollandus dit que les
six amis de îranquillin souffrirent à Sesse
dans la Campanie ou Terre de Labour.
Nous ne voyons rien du tout de la mort
de Chromace. Pour saint Polycarpe, sa fête
est marquée le 23février dans Usuard, et'dans
divers autres, avec le titre de confesseur
dont il est honoré dans les Actes de saint
Sébastien. Quelques-uns lui donnent celui
de martyr. On tient que son corps a été ap-
porté de Rome à l'abbaye d'Hautvillers au
doyenné d'Eperna}^ dans le diocèse de Reims.
Bollandus croit que ce fut peut-être le 2i
janvier 8i3. On prétend aussi avoir de ses
reliques à Boulogne en Italie. ( Traduit de
VActa sanctoru7n.)
SÉBASTIEN (saint), martyr, était officier
de l'armée. 11 souffrit le martyre avec sainte
Photine et ses deux enfants Joseph et Vic-
tor, les saints Anatole, Photius, Photide,
ainsi que les saintes Parascène et Cyiiaque
sœurs : on ignore à quelle époqu'e. L'Eglise
célèbre leur mémoire le 20 mars.
SÉBASTIEN (saint), martyr, eut le glo-
rieux privilège de donner sa vie pour la dé-
fense de la religion, avec ses deux compa-
gnons les saints Denis et Emilien. Ce fut
dans la Basse-Arménie qu'eut lieu leur mar-
95â
SEB
SF.B
%&
tvro. I/Ki^lisô honore leur saiate mémoire
le 8 février.
Sr:BASTIEN (saint), confesseur, était,
rointe. <iensérie ayant pris Carlliago on V.'JO,
entreprit de piller la Sicile dès l'ainiéo même
ou au moins dès iVO. 11 y fit de grands ra-
valées et y tint longtemps la ville df Palerrac
assiégée. Mais il f\it obligé de retourner
nroinplemeut h Carthage sur la nouvelle qno
le comte Sébastien venait d'Es|)agne. Car
c'est ce que nous trouvons dans une édition
du la chronique de saint Prosper, et ce qui
]inrait plus probable que ce que porte l'édi-
tioi de Scaliger, ipje (ienséric revint d'Es-
pagne en Afrique et retourna à Carthage.
Le comte Sébastien était gendre du célè-
bre comte Bonifiice. C'était un homme habile
pour le conseil et pour l'exécution, vaillant
dans la guerre, laborieux et vigilant. Néan-
moins saint Sidoine, en })arlant dun jioétede
Cahors qui l'avait suivi, l'appelle hasardeux,
prom[)l, téméraire et étourdi. Après la uiort
de Boinl'ace, il succéda à sa grandeur en VSi.
Mais Aèce l'en dépouilla bientôt et le chassa
de la cour de Valentinien : de sorte que se
vovant fugitif et banni de l'Occident, il se
relira par mer en Orient à la cour de Théo-
dose, en l'an Wi selon Idace. Le comte Mar-
celliu dit, sur l'an i3o, qu'il s'enfuit de la
ville royale. Je uesais si c'est Rome ou Cons-
lantinople. Mais il faui toujours (fue, soit en
h'.i'ô, soit depuis, il ait q ;illé Conslantinople
et se soit retiré en Espagne.
(ienséric ayant donc appris en Sicile qu'il
vénal en Afrique, et croyant cpie c'était pour
prendre Carlhage, il y revint promplemeiit
redoutant l'expérience de ce capitaine. Mais
Sébastien venait comme ami , et dans la
croyance de trouver chez les Vandales une
retraite assuré". Son esjiérance se trouva
aussi mal fondée (jne la crainte ([ne Genséric
avait eue de sa veuue, et il épnmva enlin la
cruauté de ceux (pi'il regardait connue ses
protecteurs. Mais cela n'arriva (pi'en V'»'J,
après divers événements. Car lorscjue Gen-
séric fit la paix avec l'empire en VV2, Sébas-
tien lit ap|»aremnienl aus-i la sienne et re-
tourna à Constantinople, nuisqu'Idace nous
fl|)prend (iu'il y > tait en vV.'lou V*\. Maison
l'accusa d'y former de mauvais desseijis, de
quoi ayant eu avis, il s'enfuit une seconde
fois de Constantinople et s'en vint trouver
dans les Gaules Théodoric roi des Visigolhs.
Jo ne sais s'il faudrait rapporter h ce que dit
Mace des mauvais desseins do'il il fut accusé
à Constantniople. ee qu'on trouve dans Sui-
das, (lue les partisans de Sébastien pillèrent
les côtes de la Propontide cl de l'Helles-
pont.
Idace «joute «pi'il trouva moyen de se sai-
sir d<! Barcelone sur les Romains et (ju'il y
eutia loinme eunenn. Il prcHindail peut-ùlro
s'y établir inie petite principa\ilé et se ren-
dre m. litre de en que 1rs Humains louaient
encore en Ivsftagne. MaiMl en lut chasse l'an-
née suivante f>[ se relira une seconde fois
cheï les Vamlales. Il f\it d'abord foil bien
re^u Uo Genséric. Il bu t'il sirment de, sal-
lachor à lui et confirma la sincérité de son
serment par sa vigilance et par ses travaux.
Mais Genséric qui reconnaissait d'une part
l'uiilité de ses conseils, le craignait trop de
l'autre pour le souffrir auprès (le lui. Il ré-
solut donc de s'en défaire, et de se servir
pour cela du prétexte de la religion : car Sé-
bastien était catholique.
Ainsi il lui dit un jour, en présence de
toute sa cour, que, quoiqu'il ne uoutât point
de sa fidélité, néanmoins poui- s'(hï assun-r
davantage, ses évèques jugeaient qu'il fallait
qu'il endirassAt la religion des Vandales. Sé-
bastien trouva sur-le-rhamp une répo-iso
tout à fait ingénieuse. Il demanda un pain
de la table du roi, et Genséric en ayant fait
a|)pûrlerun, Sébastien commença a compa-
rer les sacrements c|u'il avait reçus dans l'é-
glise, à tout ce qui est nécessaire pour faire
un pain, comme de le moudre, de le cribler,
de le pétrir et de le faire cuire dans le four,
et il ajouta ensuite : « Commandez, .'-ire,
qu'on rompe le pain en morceaux, qu'on le
trempe dans l'eau, qu'on le pétrisse de nou-
veau et qu'on le remette ensuite dans le four,
s'il en sort meilleur (|u'il n'est maintenant,
je ferai ce ipie Votre Majesté souhaite demoi.
La proposition de Sébastien embarrassa
tellement ( ienséric et tous les assistants,
qu'ils ne purent s'en démêler. Genséric ne
laissa pas de faire mourir depuis ce graml
ca|)ilaine sous il'aulres prétextes enl'aniii),
selon Idace. Baronins le qualifie confesseur,
et on l'a mis au 27 mai dans un Martyrologe
français imprin»é à Liège ; mais il n'est dans
aui un autre. Il est certain (ju'il a cxfiosé sa
fortune pour conserver sa foi, et Victor té-
moigne assez, qu'il est mort innocent ; ce (jui
a pu purilier les fautes où détail loujbé au-
])aravant. Saint Prosper ne le regardait pas
connue saint, lorsqu'il dit qu'il avait trouve
auprès de Genséric tout le contraire <le co
(jn d avait cru v trouver, et que sa confiance
en celle Ame barbare lui avait causé \nio
très-grande misère el une mort très-malheu-
reuse.
Quelques nouveaux auteurs disent que
Sébastien vint en Afrique en iiOpourv sou-
lever les catholiques contre les Vandales ;
que l'armt'e di* Théodose ne demeura long-
temi»s en Sicde l'an VVl, iju'en atleudant ce
soulèvement, el que Genséric ayant décou-
vert la trahison, ct> fut la véritable cause de
la mort dia comte. Tout cela ^e dit sans fon-
denu»nt, n'y on ayanl pas lui mot dans les an-
ciens, et cela suflu'ait pour n'y avoir aucun
égard. iTill.nionl, vol. \V1, p. 517.)
SÉBASTIEN DE SAINT-JOSEPH f le bien-
heureux ), naijuit l'U Espagne h .Médina del
(iampo, au sein d'une faunlle noble. Il eniM
dans l'ordre de Saint-François. Envoyé par
ses supérieurs ilans la provinre (jue les Fran-
ciscains évangélisaient aux Philippines, il
passa aux iles Mohuines el y convertit un
grand nombre d'inlidèleN : entre autres, il y
baptisa cinq des chefs Us plus unissants du
pays; mais ayant été uris par aes corsaire >
liollandais eh se rentfant par mer ailleurs
pour y continuer ses travaux apostoliques,
)l fut déposé par eux dans une île déserte.
m
me
Atr,
'j:»8
On rftcoiito (jii'il l'iil niiniciilciisiMiioiil livins-
poili'' tl.iii. iclli' ilr rn,-;<i|,iil(l() |»r(vs.|iicciilu')-
n'inciil |M>ii|il(^(' (le imisiiliii.ins. Ayatil »(llln«-
pris (le leur itrotiViT cniiiltirii l'Alcoi/i'i ('lait
.ibsiiidc, et la i'(>li^iu'i clMclii'iiiir siihlmn',
il lui (|('><7i|iil(^ par tMiv cl soti «Mirps rnIjrhS h
la mer le iH juin KHO. S'il t'iiil (mi cfono les
r-écifs (le ce ((Mii|is-|.'i, dr gi-aiHls |ti()(li};;t'S si-
^Malcrciil ce !J,l(>ii(Mi\ mail vi(>. i-c cadavre du
mami no |>iil jamais (^Iro (Milonc/i dans les
»)iid('S et on vil an lien oi\ il avait sunlVcii
a|»|>.nMilrt> niH» croix miracnicnsd. Lo procès
(l(> sa ranonisalion clant conniKMict^ à Home,
onyjnm'rrt de ranllicnlicil('' plus ou moins
grande de ces miracles.
S^MlASriKN DKCANTII (le hii'nlienrcnx ),
dominicain, nv en Porini^al, parlil de (ioa
avec le P. JérAme de la (li'oix pour pi'iK'Ircr
dans li> royannie do Siam. Ils liretU lanl do
l)ien dans celle mission, (pn' deux inlidèles,
irrth^s du snccc'^sde lenr prédicalion, ri'soln-
renf do s'en délairo. Ils t'oi,LÇiiirent de se ha(-
fre en duoi dpvani la maison do nos saints
religieux. Ceux-ci ('lanl accourus, Jérônu)
loinha percé d'un coup de lance au cœur;
Sébasiion r(>c.nl une hlessun» j^iravo <^ la tAle,
mais il en j^uéril. Ayant onsuile oitlenu des
auxiliaires du vicaire général de la congré-
gation oviental(> des Indes, il contiiuia avec
eux ses travaux apostoli(|ues. Lui el ses
coni[)agnons ne soull'rirent le martyre que le
11 l'évrier 15()9. [Mofiumentn Dominicana,
an. 1555, 1565).)
SÉBASTIEN, nom du juge qui fit décapi-
ter à Comane dans le Pont, saint Hermias
soldat, et le bourreau qui d'abord avait fait
endurer divers supplices au saint martyr.
[Voi/. Hermias.)
SÉBASTIENNE sainte), martyre, disci|)le
de l'apùtre saint Paul, fut martyrisée à Hé-
raclée de Thrace, sous le règiie de l'empe-
reur Domitien. On ne sait rien de plus tou-
chant cette sainte, que l'Eglise honore le 16
sei)tembre.
SECOND (saint), d'Ast, fut martyrisé dans
cette ville sous le règne de l'empereur Adrien
le 30 mars. Ses Actes n'ont aucune auto-
rité.
SECOND (saint), mis par les anciens Mar-
tyrologes, et notamment par le Martyrologe
romain, au nombre des saints martyrs qui,
en Afrique, sous le règne de Sévère, furent
brûlés vifs à Carthage, et dont il est fait men-
tion dans la vision de saint Sature, aux Ac-
tes de sainte Perpétue. {Voij. ce nom). L'E-
glise fait leur féto le 9 janvier.
SECOND (saint), l'un des compagnons du
saint martyr Cyriaque, diacre de l'église ro-
maine, mourut en 303, à Rome sur la voie
Salaria, oij il fut enterré. Ils furent vingt-six
dans le même jour mis à mort au môme en-
droit. L'Eglise célèbre leur fête collective le
jour de leur translation, qui eut lieu le 8
août. ( Voy. Cyriaque : voy. aussi l'abbé
Grandidier, Hist. de FEglise de St7-asbo\irg. )
SECOND (saint), fut martyrisé en Àlauriia-
nie avec son frère Romule. L'Eglise fait leur
fête le 2'i. mars.
SECOND (saint), prêtre, fut cruellement
tnis h inorl diirnnl leM ft'fes de In Pcrilecùf'',
soiisln ri'i^'ie de rciiipnr<MM- Co'islaiire, Il lui
inartyiiK'" à Alfx/ifidrn- par l'oidic d'* (jeor-
g(vs, év(~'ipi(' ;uirii. L■|■;^llse lionore sa nié-
moir(f 1(^ 21 iii.n.
SECOND (saint), lut jeté dans je ril)re /i
Amelia, sous le régm- d<? l'empereur Diocb--
tiun. Il est iusci'it au M/ulMolo^e romain le
1" juin.
SECOND ( saint ), persoiuiagc; de considé-
ralion el l'un des cliels de la b'-^iou Tlié-
l)é«nne, s(»uiriit l(î inartyr(! h Viniimillc, ville
des Klals Sardes ( Ligiirie ). Nou.s ignorons
les circonstances el I époque précise de son
martyre. L'lvj,lise lionore s.i mémoire le 26
août.
SECOND ( s;nnt ), reçut In couronne du
martyre en Afrique avfîc b^s saints Eideiitien
et Variipié. L'hlglise l'ail (olleclivemenl leur
l'été le 15 novembre.
SICCOND (saiiil;, martyr, répandit sot) snniiç
en Atri([ue pour la défense di; la foi. Il eut
poïu- compagnons de son martyre- les saints
Dominiijue, \ iclor, Primien, Lybose, Cres-
cent et Honorât. On ignore la date et les cir-
constances de leur martyre. L'Eglise fait
leur fêle le 29 décembre.
SECOND (saint>, martyr, souffrit à Synnade
dans la Phrygie Pacalienne. 1! eut pour com-
pagnons de son martyre, sur le([uel nous
n'avons pas de détails, les saints Denis et
Démocrite. L'Eglise fait leur fête le 31 juil-
let.
SECOND (saint), est inscrit au Martyro-
loge romain le 7 août. Il fut déca|)ité avec
les saints Carpophore, Exanthe Cassius Sé-
verin, et Licinius.On ignore h quelle é})oque
leur martyre arriva. L'Eglise célèbre leur
mémoire collectivement.
SECOND (saint), martyr, eut le bonheur
de donner sa vie pour Jésus-Christ avec les
saints Cyriaque, Paulille, Anastase, Syndime
et d'autres compagnons qui ne sont [)oint
nommés dans le Martyrologe romain. Oi
ignore la date de leur m'artyi e. L"Eglise fait
la fête de ces saints le 19 décembre.
SECONDAIRE (saint), souffrit pour la foi à
Antioche avec les saints Cyrille et Prime.
Leurs noms sont inscrits au Martyrologe ro-
main le 2 octobre.
SECONDE (sainte), eut le bonheur de mou-
rir à Carthage pour la foi, en l'année 200,
sous l'empire de Sévère. Elle était au nom-
bre des martyrs Scillitains. L'Eglise fait sa
fête le 17 juillet. (Pour plus amples détails,
voy. Spébat ; à cet article se trouvent les Ac-
tes proconsulaires des martyrs Scillitains. )
SECONDE (sainte) , martyre , avait pour
père un nommé Astérius, citoyen romain de
famille noble. Sa sœur Seconde et elle
avaient été tiancées, celle-là à Armantaire ,
l'autre à Vérin, tous deux cbrétiens , mais
qui apostasièrent en -2^7, sous l'empire et
durant la persécution de Valérien. Toutes
deux refusèrent généreusement de les imi-
ter et s'enfuirent de Rome; mais bientôt,
ayant été arrêtées, elles furent amenées de-
vant Junius Donatus, préfet de Rome, qui
les fit cruellement tourmenter et enfin déca-
9S»
S!=x:
pilpr. On l>Afit snr Ipur foniboan uno cha-
v.plle à la(|n«»llp lo pa|>e Damaso substitua
îuif^ Eg'is(\ Leurs r'^liiîiies sont maintenant
flans la basilique rie Latran, près du baptis-
tère de Cnn^latitin. L'KgUse célèbre leur
fête le 10 juillet.
SECONDE (sainte) , vierge et inartvrc.
Voi-M ce t|uh son sujet nous trouvons rlans
le Mart.vrologo romain : « A Tuburbc on
Afrique , b's saintes vierges cl martvres
Maxime, Donatille et Seconde. Les deux
premières, durant la persécution de Valé-
rien et Gallien, furent abreuvées de vinaigre
et de fiel , puis déchirées h coups de fouet,
étendues sur le chevalet, rôties sur un gril,
frottées avec de la chaux, enfin exposées
aux bètes avec Seconde, jounc vierge âgée
seulement de douze ans; mais , n'en ayant
reçu aucun mal , elles furent égorgées. »
L'Eglise fait la fête de ces trois saintes le 30
juillet.
SECONDE (sainte), nom de deux saintes
parmi les quarante-huit martyrs (jue le }iro-
consul Anulin fit mourir pour la foi en l'an
de Jésus-Christ 305. Voy. Sati rni>, prêtre :
c'est avec lui qu'ils furent tous marlyrisés ;
ses Actes leur sont communs. L'Eglise ho-
nore leur mémoire le 11 février.
SECONDIEN (saint), martyr, mourut pour
la foi chrétienne sous l'empire de Dôce, par
orilre du consulaire Promote. Les Actes
qu'on a de lui et de ses compagnons saint
Vérien et saint Marcellin ne sont rien moins
qu'authentiques. Arrêté dans la ville de
Kojne, il y subit divers supplices ; on l'en-
vova ensuite en Toscane, où il fut décapité.
L'Eglise fait sa fête le 9 août. Lui seul des
trois saints était soldat.
SECONDIEN (saint), martyr, souffrit pour
la défense de la religion h Concordia , avec
les saints martyrs Donat, Romule et (juatre-
vingt-six autres dont les noms nous sont in-
connus. C'est le 17 février que l'Eglise célè-
bre leur mémoire.
SECONDILLE (sainte), reçut la palme du
martyre à Porto avec les saints Paul, Héra-
clius et Janvière. L'Eglise honore^ leur mé-
moire le 2 mars; nous n'avons [las d'autres
détails.
SECONDIN (saint\ martyr, souffrit durant
la persécution de Valérien h Cirllic en Nu-
niidie, avec les saints .\gape, Emilien, sol-
dat, et les saintes Tertulle et Antoinette.
(Voy., pour les détails, les Actes de saint
Marif.n, h son article.)
SECONDIN (saint), eut le glorieux avan-
tage de réj)andrt' .sou sang pour la foi h
Atlrumète en .\frique. Les compagnons de
sa gloire furi'Ut les saints Secondin. Sirire,
Félix, S«'rvule. Saturnin, Fortunat et seize
nutn-s dont les noms malhe\ire>iscment ne
sont point arrivés jusqu'à tioiis. Leur mar-
tvre eut lieu duratit la perséciitiou des Van-
dales contre la religir)n ratholique. On ignore
la date i-t b's dilTérenli-s rirconslaners do
leurs combats. L'Eglise fait colloclivement
leur mémoirt" If 21 février.
SECONDIN (saint), souffrit le martyre h
Cordoue; on ignoro la ilalo précise et les
SEL 9C0
circonstances de son combat. L'Eglise fait sa
mémoire le 21 mai.
SECONDIN (saint), martyr, versa son sang
pour la foi h Sinuesse avec l'évêque saint
(]asie. Secondin était lui-même évoque. On
n'a pas de détails authentiques sur eux. L'E-
glise fait leur mémoire le 1" juillet.
SECONDIN (saint], martyr, mourut pour la
foi en Afrique avec les saints Lucius, Sil-
vain, Hutule, Classique, Fructule et Maxime.
On n'a aucun détail sur eux. L'Eglise fait
leur fêle le 18 février.
SECONDINE (sainte), martyre dans la
Campagne de Rome, souffrit et mourut pour
la foi sous le règne de Dèce. L'Eglise célè-
bre sa fùce le 15 janvier ; on manque de do-
cuments sur le martyre de celle sainte.
SECONDULE(saint\ l'un des compagnons
du martyre de sainte Perpétue, fut arrêté
avec elle h Carthage en 202 ou 203, sous le
règne de l'empereur Sévère. Ayant été tour-
menté de diverses façons, il" n'eut pas la
force de résister h la souffrance et à la lon-
gue détention que souffraient les saints. Il
mourut en prison. {Voy. Perpétue.) Sa fêle,
comme celle de tous ses compagnons, a lieu
le 7 mars.
SÉCUR (saint), fut martyrisé en Afriq^ue
avec les saints Sévère, Janvier et Victorin.
Nous n'avons point de documents relatifs à
leur martyre. L'Eglise fait leur fête le 2 dé-
cembre.
SÉDOPHE (sainte), reçut la palme des com-
battants de la foi à Tomes en Scythie. Les
compagnons de son triomphe iiurent les
saints .Slarin et Théodote; ils sont honorés
dans l'Eglise le Sjuillet.
SEGUKA (le bienheureux Jew-Raptiste),
de la compagnie de Jésus, fut maityrisé à
Axaca, le 8 février 1571, avec les bienheu-
reux Gabriel Gomez, Pierre de Linarez,
Sanchez Savelli , Christophe Rotundo. Ils
avaient pénétré dans la Floride, conduits par
un naturel du pays, nonmié Louis, qui avait
été baptisé en Espagne. Nous avons vu k l'ar-
ticle Loi is DE QriBos que ce naturel rené-
gat les massacra avec deux de ses compa-
gnons. Trois jours après, les meurtriers se
présentèrent devant les autres missionnaires
(pii restaient, ceux qui sont nommés plus
haut, prétextant avoir besoin de haches pour
abattre des arbres. A peine eurenl-ils dé-
sarmé les missionnaires (ju'ils les massa-
crèrent. Ils s'em|»arèrent des vases sacrés et
commirent un grand nombre de profanations.
{Snrirlns Jrsu tisqur ad sanguinis et vitcr pro-
fusionrm militnti.i, p. »i9.)
SELÏ':SE (saint), lut martyrisé h Alexan-
drie SMUs l'empereur Maximin. Il eut pour
compagnons de son trionq>he les saints Séra-
pion, Léonce, Hiéronidc, Valérien et Slra-
ton. Ils furent précipités dans les flots. L'E-
gli>e fait leur uiémoire le 12 septembre.
SELEUCUS (.saint), martyr, assistait h la
mort de saint Porphyre, h Césaréede Pales-
tine, en l'an de Jésus-Clirisl 309. Témoin
du courage Inouï qtie montrait le saint au
milieu des souffrances, il ne put s'empêcher
d'y applaudu" et de lencourager. Firmilien
I
oui
SMi
HKil
fm
lo lil (l(T;i|»il('i-. I/KkUsh rnl(M)rr s« iVtn lu
1" juin. Voif KiistMxJ, dr Mnrli/r. l'alrsl.)
^l'A.lViQVi: (sairil). (onlosa la loi m Sy-
rio. Nous n'avons aucun drlail aullirnli(|U(i
sur son coniiitc. Il «'^t uiscril au Marlyro-
lo^r l'oniain l<' 2't mars.
S^]NA r (If hienlicnicux), nii>.sionn/iiro do
In (lompa^nit) df JAsus, péril vi«;lini(' t\v. son
(ItU'oncincnt dans la mn'irc odirusc i|ui' les
Anglais avaiout cxcihM» dans la Lonisiano
eonlro tous les Français. Co saint jrsnitn
aima mieux s'(>\|)os(M' ?i i^li'c pris cl hiilli';
par les (Ihicachas, ipic de n(^ pas assister
jnsiiu'au dernior sou|)irles malheureux hlcs-
s(5s (pii no pouvaient fuir (lovant un cnneiui
supérieur en nombre. Il l'ut livré aux llam-
inos av(>o eux, ot prés dt^ mourir, il les
exhortait eiu-ore à faire lioiuicin- à la France
et h leur relij^ion par leur patience et leur
courage dans le supplice.
SFNNFN (saint), martyr, Peisan d'origine,
vint h Rome avec son compatriott' saint Ab-
don, et y fut pris sous lo régne de renipo-
reur Déce, en l'an iiiiO, pour cause do chris-
tianisme. Tous deuv furent reçus par les
chrétiens de Kome, non pas comme des
étrangers, mais comme de véritables frères,
dans toute l'acception chriHietnie de cette
expression. Après avoir été violemment tour-
mentés, ils linu'enl leur vie par le glaive. (!'o//
AuuoN.) On dit (lue les corps dcsdiiux saints
martyrs furent itéposés dans la maison d'un
sous-diacia rrominé Quiriji , et (ju'ils y res-
tèrent jus(iu'ii ce ((ue , sous Conslantin, les
deux saints s'étant eux-mêmes révélés, ils
furent transportés au cimetière de Pontien.
On .1 prétendu que, par ordre du pape Gré-
goire IV, ils avaient été transférés dans l'é-
glise de Saint-Marc ii Rome. Certains au-
teurs ont allirmé que, dès l'année 370 ou à
peu près, le pape saint Gélase les avait don-
nés à saint Zénobe de Florence; d'un autre
côté, l'église Saint-Médard de Soissons pré-
tend avoir gardé ces précieuses reliques,
jusqu'à ce que les huguenots les eussent
brûlées durant leurs guerres. L'Eglise fait la
fôte de ces deux saints le 30juillet.
SENS, ville de France qui eut j)0ur pre-
mière victime de la persécution sainte Co-
lombe en 258 sous Valérien, ou bien en
273 sous Aurélien. Elle y fut martyrisée sans
qu'on sache les détails de son martyre. Son
culte y est en grand honneur; ses reliques
qui y étaient conservées chez les Bénédic-
tins, furent dispersées par les huguenots.
SEPTIME (saint), martyr, recueillit la
palme du martyre vers l'année 483, dans la
persécution que Hunéric, roi des Vandales,
suscita aux catholiques dans la septième an-
née de son règne. On peut voir des détails
sur son martyre à l'article Libérât.
SÉRAPIE (sainte), était originaire d'An-
tioche et habitait l'Ombrie où elle eut le
bonheur de convertir sainte Sabine, chez
qui elle demeurait avec quelques autres
jeunes ûUes. Une persécution s'étant élevée
sous l'empereur Adrien, Bérylle, gouverneur
de l'Ombrie, envoya chez Sabine, qui était
une oersonne d'un rang considérable, pour
(pi'iin lui aniinwU les jeunes WWt's (pii étaient
cIh'/. elle. Sabine refusa, mais Sér/ipie l'ayant
sii|i|tli<'(« (le la laisser alhi parler nu ju^;f,
elle nu voulu! ponil consentir h la lais.ser
aller .seule, ellu s'y lit porter avec elle. Le
juge re(;ul Sahino avec horuieur et distinc-
tion ; n(''anmoins il lui lil des re|iroches, lui
(lisant (pi'une personne de sa (pialité et do
son rang ne dev/nt pas s'abaisser jusipi'/i so
joindic! aux chrétuMis, sur les instances et
par les conseils d'uiK! misérable magicienne.
Sabine lui répondit : « Je souhaileiais ipio
vous éprouvassiez. vous-méiiK! I(;s chaimes
d'uiK! magicienne aussi sainlii (pie celle-ci,
et (pie vous pussi(?/. (piitl(;r' vos idoles pour
adorer celui (jiii |(romel une vi(3 éternello
aux bons, et (pii livrera les méchants h des
supplices (pii ne linirorit jamais. » Le iugo
n'ayant pas insisti! davantage , les (Jeux
saillies purent se retirer et retourner chez
elles.
Trois jours apnXs, Bérylle lit prendre Sé-
rapie |)ar ses archers, voulant l'interroger
pul)li(piement. Il avait voulu laisser Sab.ne
en dehors de celte accusalion , espérant
p(3Ut-ôtre l'intimider par sa conduiU; envers
Sérapie : son espoir fut trompé ; Sabine sui
vit à pied son amie, et, arrivée devant le
juge, elle lui reprocha sévèrement sa con-
duite et lo mena(;a d(! la colère de Dieu s'il
osait maltraiter une vierge cpii lui était con-
sacrée. Bérylle interrogea Sérapie , et
l'exhorta à sacritier aux dieux. Elle répon-
dit : « Je ne -s-atu'ifie \)ns aux. iléinrais, |)arce
que je suis chrétienne. — Sacriliez donc au
moins h votre Christ, lui dit le juge. — Oui,
répondit la sainte, je lui otfre tous les jours
des sacrifices ; car je l'adore et le prie nuit et
jour. — Oii est le temple de votre Christ,
reprit le juge, et quel sacritice lui offrez-
vous '? » Elle répondit ; « C'est de me con-
server moi-môme pure par une vie chaste et
de porter les autres, par sa miséricorde, h la
profession que j'ai embrassée. — Est-ce donc
là, dit le juge, le temple d'un Dieu, et ce
que vous offrez à votre Christ? — Il n'y a
rien de plus grand, reprit-elle, que de con-
naître le vrai Dieu, et de le servir par une
vie sainte. » Le juge ajouta : « Selon ce que
vous dites, vous êtes vous-même le temple
de votre Dieu. — Oui, dit la sainte, si par sa
grâce je demeure pure : car l'Ecriture di-
vine nous dit : Vous êtes le temple du Dieu
vivant, et le Saint-Esprit habite dans vous.
— Si donc on vous viole, repartit le juge,
vous ne serez plus le temple de Dieu. »
Elle répondit : « L'Ecriture nous apprend
encore que si quelqu'un viole le temple de
Dieu, Dieu le perdra. »
Bérylle la fit en effet renfermer et envoya
deux Egyptiens, pour accomplir la menace
qu'il lui avait faite. Quand ces deux hommes
entrèrent dans la prison de la sainte, ils fu-
rent frappés de la vive lumière qui régnait
en ce lieu d'ordinaire fort obscur ; et ils vi-
rent un jeune homme éclatant de clarté, qui
leur défendit d'avancer. Ils tombèrent aussi-
tôt sans mouvement et sans parole, et res-
tèrent ainsi couchés. Bérylle, le lendemain,
Ô6S
SFrt
SER
OCi
ayant Qnvnyfi chorrhtT la snint<^, .^s archers
la troiivôrolit oii iirirres, et les deu\ K;j;v'p-
tirns dans l'élnt que nous avons dit. Bi-n Ile,
quand la sainte fut devant lui, voulut la
r.tiller et faire de i^ro^sières plaisanteries
sur ce qui sétait passi*^ ; mais elle hii n'-pon-
dil avec dignité , repoussant ses injures et
déclarant (pie Pieu l'avait prot(^-t«^r. Hérvlle
prétendit (ju*t>lle avait ùté la parole aux
fe,-:.vpticns par magie, et il la pressa de les
guérir. Elle n'y voulut constMitir([u'à la con-
dition qu'ils seraient apjiorlés devant le tri-
bunal, afin que chacun pût voir ce qui so
passerait; Iejuj;ce y ayant eonsenti, elle «^ten-
flit les uiains sur ces deux honuncs et leur
ordonna au nom de Jésus-Christ de se lever.
Ils se levèrent, et racontèrent tout ce qui s'é-
tait passé.
Loin que ce miracle convertît ou touchât
les assistants, on prétendit que la sainte
était ma:.^ieienne. B 'rylle lui promit sa li-
berté si elle voulait dire de ([uels charmes
elle se servait; puis, voyant qu'elle ne per-
dait rien ni de sa résolution ni de son cou-
rage, il la menava de lui faire couper la tète.
« Faites ce qae vous voudrez, dit la sainte,
je n'obéis qu à mon Dieu. » Le juge fit ap-
pliquer sur sa chair deux llambeaux , mais
ils s'éteignirent ; ensuite il la fit battre h
coups de bAtons, et enfin pronoiM;a la sen-
tence de mort, parce que, disait cette sen-
tence, Sérapie avait désobéi aux empereurs
et s'était rendue coufiable de plusieurs sor-
celleries. La sentence fut exécutée le 29
août. Sainte Sabine fit enterrer son amie
dans un toudjeau magnificpie tpi'elle s'était
fait faire pour elle-même. La fête de sainte
Sérapie arrive le 3 septembre.
SfiUAPION (saint), fut martyrisé en Ma-
cédoine , sous le règne de l'empereur Sep-
tiuie Sévère, et par ordre d'un juge nounné
Aquila. Nous trouvons ce saint dans les
viiMix Martyrologes et dans le Martyrologe
romain au 13juill(-'t
SLU.U'ION (saint), martyr, mourut h
Alexandrie en 2V0, sous le règne de remjie-
reur Phdippe , dans une émeute populaire
qui éclata contre les chrétiens. Nous appre-
nons d'une lettre de saini Denis, citée par
Eusèbe, (ju'après avoir étf- louimenté dans
sa maison pur les persécuti urs, saint Séra-
pion fut précipité du liant en bas et (ju'il ac-
tiuit ainsi l.i ronronne du martyre. A quelle
(laie mettre sa fête? nous n'en savons rien :
Tillemont la met le IV novend)re, il a tort,
r'csl celle de saint Sérapion, religieux de la
M'iii et martyr .\ Alger, (jue Tliglise célèbre
ce jour-là. Nous trouvons un Sirapion mar-
tyr à Alexandrie sans date au Martyrologe,
le 28 février, peut-être est-ce de notre saint
iju'il s'agit. Cependant nous inclinons forte-
ment h croire 'pie ^a l'èh> tombe au -M jan-
>it.T, jour auquel le Martyrologe romain
nomme un Sérapion martyr. Ce qui nous in-
cline vers celte dernière opinion, c'est fiue
l'Fvglisc fait h^ morue jour la fèie do saint
Mc'liuii. dont le martyre est ra[»porté dans la
lettre de »..tinl Denis sur la persécution d'A-
lexandrie, en môme temps que celui de saint
Siia;)ion
SÉKAPION (saint), martyr, habitai! Co-
rinthe, en 2i9, avec les saints Victorin, Vic-
tor, Nicéphoie , Claudien, Dioscore et Pa-
pias. 11 confessa Jésus-Christ avec eux à cette
époque, et fut avec eux exilé en Egyjtte. On
prétend qu'ils s'y r<.Midirent volontairement :
toujours est-il que nous retrouvons, en 28»,
Sérapion donnant avec eux tous sa vie pour
la foi rbrétienne, sous le règne de Numérien.
{Voy. \u:roHis.} Saint ^'ic^orin, saint N'ictor
et saint Nicéphore avaient été broyés dans
un mortier, par ordre du juge Sabin, sans
que les saints martyrs (^ui reslaieul, eussent
été ébranlés par la vue (Je ces atroces suppli-
C(>s. Sabin lit couper par morceaux saint
Claudien, et jeter devant ses compagnons
ses membres tout palpitants; les leur mon-
trant, il leur disait : « Vous pouvez, si vous
le voulez, éviter un pareil supplice. Je ne
vous force pas à mourir. Vous ne nous con-
naissez pas, dirent les saints ; si vous ave/
des supplices f)lus épouvantables, vous pou-
vez nous les infiiger, jamais nous ne manque-
rons h notre foi ; jamais nous ne renoncerons
Jésus-t>lirist notre Sauveur. » Le juge, irriti-
de ce généreux langage, condamna Sérapion
h Atre décapité ; ct^tte sentence fut exéi utee
le 25 février, jour auquel l'Eglise romaine
célèbre la fête de tous ces saints.
SÉRAPION saint), martyr, eut le glorieux
{irivilé^e de n'paniJre son sang \HMir la de-
tense de Jésus-Christ h Alexandrie, sous Nu-
mérien. Il eut |)our compagnons de son
martyre les saints Céréal, Pupule et Caïus.
L'Eglise célèbre leur sainte nu-moire le 28
février. On n'a aucun détail loinbantles cii-
coiisfan((\s de leur courageux martyre.
SERA PION (saint , soullrit le martyre à Homo
dmani la cruelle |>ersécuiion qiu' l'empereur
Diotiétien lit soulTrir aux clirétiens. Les
compagnons de son martyre fureni les saints
Ht rinas et Polyène. Ces sarnts comballanls
ayant élé lratn(^s par d(>s lieux étroits, pleins
de pierres et raboteux, ex[)irèrenl au miiitni
des souirranc(\s. LEglise fait collectivement
leur mt'inoire le 18 août.
SÉRAPION, lun des trente-sept martyrs
égypli»Mis (pii donnèrent leur sang pour la
foi en Egypte, et desquels Ruinait a laissé
les .\cles autheiitiipies. Voy. Mautyrs les
Irente-sepfi j^uyptib^is.
SÉRAPION (saint), martyr, était le. leur
dans une église de la Pentapole de Libye.
On n'a aucun détail sur .son oiarlyru. Le
Martyrologe romain dit seubnuenl qu'il eut
pour compag loriMb' sou marlvre l'heoilore,
évêfpn». Irénée, diacre, et Ammoue, lecteur.
T/FgliNC Ie«< honore le 2<» mars.
SÉRAPION isaint, reyut la palme du mar-
tyre h Alexandrie, soixs le règne de l'empe-
reur Miximin. Les Arles des martyrs nous
nppretnnnil qu'il eut pour compagnons do
son triomphe les sninis Hiéronide, Léoncr,
Selèse. Valérien et .Siraton. et (ju'ils fureni
jeti's dans la mer. où ils rendirent Unir ihu<'
h Dieu. L'Eglise honore leur mémoire le 12
septembre.
SfvUMMON (sjiiiil), nriii la conroiiin' ilii
innrlvnJ! h rouies daiis |i'l»uiil, iivccmH'i ]M^n•
ri, s/i'nièr(' MaiciOliii cl Mmiiik-c cl ses deux
IV<''fcs Pierre cl Jeun. I.'l\u,lis() iioiinre ('«jI-
ici'livciiiciil leur niéimiire h" ill !\n[\\.
SMUAIMON (saiiiU, iiiarlyr à Kplièse, est
['(Me par ri'l^lisc l(^ '21 |iiillel : il esl l'un des
sept l)<irm;uils don! saint llr(\:;uir() de 'roiii's
nous a ddinic une Insloire. T»//. ' Dohm \>is
(les sepi).
SI'HAIMON (saini), fui, r\\ l'an l'iVO, mar-
tyr de la l'iM cl d(> la cliarilé. Il ('lail un des
|ireiniers disciples desaiiil Pierre N()ias(|uc.
Hou amour pour ses semhlahles, éclairé par
les (Misei^n(MU(Mds évani;éliqiu's, le condui-
sit dcu\ l'ois vUo/. les miisuliiuris, pour y
raclictiM- des captifs clirélicns et poui' les
riMidre à la liberté. Dans son preniiervoyn^c^
il se rendit à Munie, et y accompli! Iieureii-
semenl h^hutd*» \n mission tpi il s'était don-
née ; peu après il [lartit pour Aij,or. Les
sommes cpi'il avait norlécs n'étai(;nt pas
snllisanfes pour lo racfial des pauvres Ci'ip-
fil's (pie sa cliarilé hrOlail de rendre ?i leurs
laiiiillcs et au monde clii(''licii. Il écrivit en
Anj^lelerre pour qu'on lui envoyAt ce «lui
lui mah((uait, et pendant c(> teiiij>s-lh, il resta
lui-même eu olai^^e jusipTà [layeinent inté-
gral des sommes dont on était convenu.
Pendant son séjour, il fut assez lieureux i)our
convertir et ba[>liser un cerlain nombre de
maliométans; mais ce zèle ardent pour la
pro()a!;ation d(> la doctrine évangélique lui
coilla la vie. 11 fut tué juir les musulmans.
L'KL'lise célèbre sa fête le 7 septembre.
SKUAPION (sainI), religieux de la Merci,
martyr àAlgei-, naquit en Angleterre vers la
fin du xir siècle, et suivit d'abord la profes-
sion des armes. 11 se mit plus tard au ser-
vice d'Alphonse IX, roi de tasiillc : un jour
ayant rencontré deux religieux de l'ordre de
là .Merci , nouvellement fondé par saint
Pierre Noiasque, il causa quelques instants
avec eux et prit la résolution d'entrer dans
leur ordre. Le saint fondateur l'envoya plu-
sieurs fois pour traiter de la rançon des cap-
tifs et il s'acquitta toujours de sa mission
avec un grand succès. U partit ensuite pour
l'Angleterre, où régnait alors Henri III, afin
d'y fonder son ordre. Pendant la traversée, il
fut jiris parles corsaires qui le dépouillèrent,
le battirent cruellement lorsqu'il voulut leur
prêcher Jésus-Christ et le jetèrent à la mer :
mais Dieu , qui l'assistait visiblement , le
fit aborder le rivage. Après être resté quel-
que temps en Angleterre, il passa en Irlande,
où se voyant traité avec trop de respect et
de vénération à cause de sa grande vertu, il
se rendit à la cour d'Ecosse, où sa liberté
évangélique déplut au roi Guillaume dit le
Lion, qui le força de retourner en Espagne.
Quelques jours 'après son retour, son supé-
rieur l'envoya en rédemption à Alger, avec
un autre religieux nommé Béranger. N'ayant
que fort peu d'argent, et n'ayant pu rache-
ter que quatre-vingt-sept esclaves, notre
saint resta pour consoler et encourager ceux
<jui restaient pendant que son compagnon
co iduisait les autres en Espagne. Son grand
sr.n
'M
d('vou(Miieiil a\aiil converti piiisieur.s inli^
dèles, le roi d'Al^e|, plein de fureur, je lit
b.'Uoniicr el p-ler dans un c/ichol <tii il m/nii-
fesl.i oiiverlement suri liorieiir pour In serU»
de Mali((iiie|. Le un ra\/inl su, le liviiu'i l/i
opulace, ipii lui lit subir mille oul^l^(*^. On
allai^ha à deux poteaux un peu l'ioigliés, lo
bras droit cl le pied ;:,aii( lira .'un, le bras g/iil-
clie et le piiMl dro.l à l'aulre, alin de lui don-
ner la foi'iiied'ntie croix. Il lut ensuile coupé
par iiKMceaux. S(hi marlyre airivn eu I2'i(>.
Plusieurs miracles obleiius par soi inliMies-
sion l'onl fait inscrire au Mari Molo.;e r-oinain
le I V noviMiibre.
SEIU)i EN (saint), reçut la ji/dme du mar-
lyre à (lordoiie, avec sailli Koger, son comi)a-
g'MMi. ils (Mirent d'abord les mains et les
|iie(ls coiipi's, puis furent décapités. L'Eglise
lail leur mémoire h Klseptemnre.
S^lUl'iNE (saii.t), l'un des disciples d'Oii-
gèiie, fut martyrisé à Alexandrie, sous ]'(>m-
pire de Sévère (d sous h; goiiv(Tnenr Leius,
sans (pi'on sache précisément en (|uelle an-
née ; mais ce dut être entre l'année 20.'{ et
l'année lili, Origène n'ayant ouvert sa célè-
bre école (pi'à la première de ces deux dates.
On voit dans Eiisèbe, qu(i saint Séi'ène fut
hrùlé vif. Il eut pour compagnons saint Plii-
tanjue et plusieurs autres dont on peut voir
les noms h l'article de ce saint martyr. L'E-
glise fait sa fêle le 28 juin.
SÉKÈNK (saint), comme le précédent, dis-
cijile d'Origène, fut martyrisé le même jour
et dans les mêmes circonstances que le |)ié-
cédent; seulement il eut la tête tranchée
aj)rès avoir souffert divers supplices. Sa fêle
a lieu aussi le 28 juin.
SÉHÈNE (saint), moine, fut martyrisé à
Sirmich. Ayant été pris par ordre de l'empe-
reur Maxiniien, et confessant qu'il était chré-
tien, il eut la tête tranchée. Son nom est
inscrit au Martyrologe romain le 23 février.
SERENNIEN {/Eliiis Serennianus), gouver-
neur de Cappadoce, sous Maximin 1", fut
un des plus ardents persécuteurs des chré-
tiens. (Voy. Maximi.n , pour la citation du
l)assage de saint Firmilien.) On croit que ce
gouverneur est le même que celui duquel
Lampride fait l'éloge, comme d'un des con-
seillers d'Alexandre les plus honnêtes et les
plus intègres.
SÉRÉNUS (saint), fut martyrisé en l'an
307 do Jésus-Christ, sous l'empire de Dio-
clétien. Voici ses Actes tirés d'un manuscrit
de la bibliothèque de Noailles, évêque de
Chàlons : « Sérénus était Grec ; il vint à Sir-
miuin et résolut d'y passer le reste de ses
jours : il acheta un jardin qu'il cultivait lui-
même, se nourrissant des fruits et des légu-
mes que la terre de ce jardin lui fournissait.
La persécution commençant à se faire sen-
tir, Sérénus se cacha; mais au bout de quel-
ques mois il revint, et reprit la cultuie de ses
arbres. Un jour qu'il était dans son jardin,
occupé à son travail ordinaire, une femme
qui marquait être quelque chose, accompa-
gnée de deux ieunes filles, s'y vint prome-
ner. Sérénus l'ayant aperçue, lui dit : Que
cherchez-vous, madame ? — Ce jardin, lui ré-
^7
SER
SER
968
pondit-ello , m'a naru fort agrôable , et si
vous lo trouvez bon, j'y ferai un tour ou
doux. Une femme de votre condition, répli-
(jua Sér(^nus, se pronitMUT h l'IieurtMiu'ilest 1
Madame, ajoula-l-il, l'heure est indue, il est
midi, et je comprends que quelque autre
motif que celui île la promenade vous amène
ici: je ne suis pas votre alfaire; croyez-moi,
sortez, sortez, et au plus tôt, et soyez à l'a-
venir plus régulière etftlus retenue.
«Cetlefemmesortitdujardin confuse et fré-
missant de rage, non de ce qu'on l'en avait
mise dehors, mais de ce qu'elle n'avait pu sa-
tisfaire l'infâme passion qui l'y avait conduite.
Elle résolut de se venger de celui dont elle
croyait avoir reçu un si grand alTront. Elle
écrit donc à son mari, qui était de lamai-
son de l'empereur Maximien (Galérius), et
se plaint îi lui d'une prétendue violence
qu'on lui a faite. Le mari, ayant reçu cette
lettre, va trouver l'empereur, et lui demande
justice pour son honneur outragé. Seigneur,
lui dit-il, pendant que nos jours s'usent, ((ue
notre vie se consume au service de Votre
Majesté, nos femmes se trouvent exposées à
l'insolence d'un corrupteur. L'empereur lui
donna un rescrit adressé au gouverneur de
la province, i)ar letpiel il lui était enjoint de
faire donnera ce mari otfensé toute sorte de
satisfaction. Le mari part de la cour avec
cet ordre, et se h;Ue d'aller venger sa femme
d'une injure qu'elle n'a pas reçue. Il arrive à
Sirmium, se rend au palais du gouverneur,
et lui met entre les mains le rescrit. J'ai été
outragé , lui dit-il , en la personne dcj ma
femme, et je demande une réparation pro-
portionnée h l'indignité de l'action. Et quel
est l'insolent, dit le gouverneur, qni a osé
perdre le respect envers une dame de cette
considération, dont le mari a rhonneurd'af)-
procher la [tersonne de rem[)ereur ? Nom-
mez-le-moi promptemenl, que j'en fasse jus-
tice. C'est, reprit le mari, un nommé Séré-
nus, un misérable jardinier. Le gouverneur
commanda qu'on le cherchAt, et (lu'on le lui
amenAt incessamment. Lorsfpi'il fut arrivé,
le gouverneur lui demanda son nom. Je
m'appelle Sérénus, répondit-il. — Lo gouver-
neur : de quelle vocation?— Sérénus : Jardi-
nier. — Le gouverneur: Conmjent avez-vous
eu l'insolence de faire insulte h la femme,
d'un seigneur de cette distinction? — Séré-
nus : Moi, je n'ai jamais fait d'insulte à au-
cune fenmie. — Le gouverneur: (Ju'on lui
donne la question, pour lui faire dire (juello
était cotte dame qu'il insulta l(>rs(iuelle vint
dans son jardin pour se promener. — Séré-
nus : Je me souviens bien (ju'une dame vint,
il y a quelque temps, dans mon jardin h une
heure indue, dans lo dessein, disait-elle, de
s'y promener. Il est vrai nue je pris la li-
berté de lui remontrer (|u'il était contre l'or-
dre et contre la bienséance ipiune personiu!
de son sexe el de sa qualité sortit h une
tollo heure de chez elle. Le mari demeura
confus à ce discours do Si-rénus. qui lui ou-
vrait tout à coup les yeux sur la conduite de
sa femme; et la honte l'einpèrh.iut de par-
ler, d se retira bans presser davantage le gou-
Terneurde le venger de l'innocent jardinier.
« Cependant le gouverneur, comprenant
lar cette réponse de Sérénus que c'était un
lomme de bien, et (pii, loin do profiter do
a faiblesse d'uîie femme, l'avait reprise avec
une généreuse liberté, le soupçonna d'être
chrétien. Cela l'obligea à l'interroger plus
particulièrement. Qui èfes-vous, lui dit-il, et
quelle est votre religion? Je suis chrétien,
repartit Sérénus sans hésiter un moment. Et
comment, reprit le gouverneur, nous avez-
vous échappé; oi!i vous ôtes-vous si bien ca-
ché'jus((u'ici,et comment avez-vous pu vous
dispenser de sacrifier aux dieux? La Provi-
dence, répliqua Sérénus, en a ainsi ordonné,
et elle m'a réservé jusqu'à présent. Il sem-
blait en effet (jue Dieu m'eût rejeté comme
une pierre peu propre à entrer dans son édi-
fice, mais il a la bonté de me reprendre au-
jourtl'hui pour m'y placer. Au reste, je suis
prêt à souffrir toutes choses pour son nom,
afin de pouvoir être reçu dans son royaume
au nombre des saints qui y sont déjà. Cet
aveu ne mit pas peu en colère le gouver-
neur. Eh bien! lui dit-il, puis([ue vous avez
voulu éluder par la fuite les édits de l'empe-
reur, que vous vous êtes caché pour n'y pas
déférer, et que vous n'avez pas voulu sacri-
fier aux dieux, pour réparation de tous ces
crimes vous perdrez la tête. A peine cette
sentence eut-elle été prononcée, que le saint
fut enlevé et conduit au lieu de son supplice,
où il eut la tête coupée le 8 des calendes de
mars, sous le règne éternel de Jésus-Christ,
auquel soit gloire et honneur dans tous les
siècles. Amen. »
SERF (saint), fut couronné à Tuhurbe en
Afriijue. Après avoir été longtemps maltraité
à coups de bAlon, durant la persécution des
^'andaleK, sous Hunéric, roi arien, il fut
élevé ensuite en l'air à plusieurs reprises
avec des |)0ulies,et lAché aussitôt de tout le
poids de son corps sur des cailloux et des
pierres pointues. Tout brisé par ce supplice
il obtint la palmedu marlyra. L'Eglise honore
sa mémoire le 7 décembre.
SERGE (^saint), eut le bonheur de recevoir
la couronne du martyre en Fouille, avec les
saints Pantalémon et Maur, durant la [)ersécu-
tionde Trajan. Les détails nous man(|uont sur
le genre de mort (pii couronna ces saints et sur
le lieu [)récis où se consomma leur sacrifice.
L'Eglise fait la fête de saint Serge Ie27 juillet.
SERGE (saint), l'un des conq>açnons du
saint martyr Cyriaque, diacre de l'hglise ro-
maine, mourut en 303, à Rome, sur la voie
Salaria, où il fut enterré. II furent vingt-six,
dans lo même jour, mis à mort au même en-
droit. L'Eglise i'élèbro leur fête collective le
jour do leur translation, qui eut lieu le 8
août. ^Toj/.ORiAyi K. Voy. aussi l'abbé Gran-
didior, Hixt. de l Eglise dr Slrnsbourg.)
SER(îE ^saint, avee saint Racipie, servait
dans les armées impériales, en qualité d'of-
ficier supérieur. Sous l'empire de Dioclé-
lieii, durant la cruelle persécution ijue ce
prince suscita contre l'Eglise, ces deux saints
furent mis h mort, après avoir subi de lon-
gues et cruelles tortures. Ce fut dans la >y-
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rie, nu dioo^so d'irit^raitln h Ua^^nplid, f[(i*ils
vn-s^rciil Iciii" saiiK pinir Jôsus - Cliri.sl.
Al(uniuln), tW(^(|iio, lit hAlir on k'M inio iiui-
gnil'KiiK' i^Klis(^ sims leur iiivocalioti. Jiisli-
iiicu Moiiitiia Uasa|ilio Scrj^i()|><)li.s cl lil cous-
Iriiiriî «M» riioniK'iu' des saints (lillV'iMjiilos
églises cil Oi-ii'ut. Pra-ii(\ Paris, .\ii^;;i'rs, |)0s-
sr(l(Mihii'sr('Iii|ii('S(l('i(',s liicMihcuciMix saints.
Cfllt' (Icniic^ni vilhi nolaniincnt n iiiio ('i.^liso
sous l'iii vocal ioii(l(> saiiil Scrj^c chltïSMÏnl Hac-
(]Ut>, la(|iioll('('sii'cniari|iial>lc'|)aisotiait;liitc( -
tuiM <!t par son a'Ui(|iiil(^. L'M^lisc tail la l'(Mo
(lo ces sainls lo 7 (vclolicc. D'apn^'s le, Mai'l\-
rolOf;;o romain, IKu'(|U(' e\|iira sous Uis coups
(le ntM't'de biMd"; cl Serge, ayant aux pieds
dos souliers garnis d(* clous en dedans, resta
Ion;j;teui|)seii cet élal,cl enlin eut la icMcIran-
chc(>.
SKU(iK (saint), re(;ul la palme du luarlvre
à Ci'vsarée en Cappadocc. On a ('*cril ses mcr-
voilleuses actions. I/lIglisc l'a inscril au
nombre de ses saints le 'i'i levriei'.
SKK(;i()l»()LIS. Voi/. lUsAiMiii.
SEKCilUS, moine du Monl-Anxence , qui
eut rinfamie do se laisser gagner h prix
d'or par Calisle, envoyé de (-onslantin Co-
pronyme [)0ur perdre saint Etienne , abbé
de son monaslèro. CiCt hommes abominal)le
sortit de son couvent, et se concertant avec
Aidicalame, rédigera un libelle dans le(piel le
saint abbé était accusé de plusiom-s crimes.
D'abord il disait h l'emperinn- : « Seignein-,
cet liomuic vous a analliémalisé ; il ne cesse
de proférer contre vous des injures révol-
tantes. » Ensuite il disait : « Il entretient
un commerce adultère avec une femme no-
ble nommée Anne , qu'il a séduite et qu'il
tient dans le monastère d'en bas (le couvent
de femmes). Cette Anne monte tous les soirs
dans sa cellule pour s'y livrer avec lui à
un cominen'c impur. » Ce fut en raison de
ces affreuses dénonciations que Constantin
Copronyme, à qui on remit le libelle pen-
dant qu'il était en Scythie , lit arrêter et
amener à son camp la sainte femme que
nous venons de nommer. {Voij. son article.)
Sergius ne rentra pas au moiaslèrc, ou du
moins s'il y rentra ce ne fut que sous le
couvert de l'hypocrisie et en cachant ses vé-
ritables intentions. Le seul fait certain (jue
nous sachions est celui-ci : quand, après la
destruction du monastère de Saint-Auxence,
saint Etienne eut été banni dans l'Ile de
Procoièse, tous les moines vinrent l'y trou-
ver et y érigèrent un nouveau couvent :
tous, hormis deux qui sont nommés dans
les Actes du saint ; Sergius est l'un de ces
deux.
SEROTINE (sainte), martyre, répandit son
sang à Rome avec les saintes Donate, Pau-
line, Rustique, Nominande, Hil.irie et d'au-
tres saintes femmes encore dont les noms
sont inconnus. Nous n'av.ms point de détails
authentiques sur elles. L'Eglise fait leur fête
le 31 décembre.
SERRADO ( le bienheureux Juan ), Frère-
Mineur, fut martyrisé en 1555 pour la foi
dans le Val de Guadiana, par les Chichiraè-
ques, avec Jean de Tapia , religieux du
DicTiOHN. DES Persécutions. IL
iiiAiiKi ordre, llciniard f'dsin, (pi'ils lircnl oé-
iir h coups de llcclics. (( hnmiifui'a '/'"• Irè-
rnt-Minntrn, t. IV, p, .'JO? cl .siliv.)
SEHUAN(>, Dnnniiicain.s , nfinongait l'IC-
vangilc dans h; l-'o-Kicn, aux environs de
Fou-ngan, sous la direction de Snnz, <^vô-
cpic de Maniicaste, quand le vice-roi de C(J
pays cx( ila un(> viojciilf! |M-rsé(;iilion contre
les chrétiens. L'odicicr Eau, nj)rès |)lusi(nirH
investigations, désespérait de premlfo le;»
missionnaires , (luaiid une s(;rvatil(; qu'il
avait fait mettre a la lortine se laissa valn-
vvr. et conduisit les soldats au lieu où N'S
PP. SiMiano et J)ia/, se tiMiaieiit cachés entre
deux [)lanchers. Fan fut très-joyeux d'avoir
f)ins CCS deux missionnaires : il leur deman-
da où était l'évéque. Sur liMir réponse néga-
tive, il lildomier dt!S soulilels au P. Serrano.
L(î 10 juillet 17V(), tous les missionnaires
furent conduits chargés <\o chairies h f'oxc-
icheoii-fou, capitale du Fo-Kien, <t vingt-sept
lieues du Fou-Ngan. La inultilude suivait
les charrcîttes sim" les(|uelles on les trans-
])orlait, faisant entendre ses mah-dictions et
ses injures. Ils furent inUn-rogés aussitôt
leur arrivée. A la suite de plusieui-s iidor-
rogatoircs, le P. Serrano fui condamné à
recevoir des souillets : il en eut la peau d(;s
joues enh'vée, et le visage tout ensanglanté.
Quand la sentence [)rononcée dans le Fo-
Kien, et condamnant les missionnaires, l'é-
vé({ue à être déca|)ités, les autres à ôtro
étranglés, eut été ratitiée à Pékin par le tri-
bunal des crimes et signée par l'enqiereur ,
on mit le P. Serrano dans uni; prison parti-
(nilière, et on lui grava sui' le visage avec
un 1er rouge deux caractères qui signitiaient
le genre de supplice qu'il devait subir.
Le P. Serrano était évéque de Tipasa. Voici
ce qu'il écrivait do sa prison au P. Archange
Mirai ta : « Ce que nous offrons à Jésus-
Christ notre Sauveur étant peu de chose et
mauvais, ne serait-ce pas pire si nous le lui
ollrions de mauvaise grûce ? Personne n'en
doute. Si votre révérence m'offrait une chose
précieuse et que ce no fût pas de bon cœur,
je vous assure que je ne la recevrais pas.
Que serait-ce donc si elle m'offrait une chose
mauvaise et encore avec peine ? Ainsi of-
ftant à Jésus-Christ celle mauvaise lête, je
dois au moins le faire avec plaisir. » H fut
étranglé dans sa prison le 28 octobre 1743.
SERVAND (saint), souffrit le martyre à Os-
suna en Es[)agne, durant la persécution de
l'impie Dioclétien et sous Viateur, un de ses
lieutenants. Il eut pour compagnon de ses
souffrances saint Geriuain. Après les fouets,
la prison, la faim, la soif et losfatigues d'un
très-long voyage qu'on leur fit faire chargés
de chaînes, ayant eu enfin la têie tranchée ,
ils achevèrent le cours de leur martyre.
Germain fut enterré à Mérida et Servant! h
Séville. L'Eglise célèbre collectivement leur
mémoire le 2 octobre.
SERVILE (saint), martyr, souffrit en l'hon-
neur de sa foi, avec les saints Zoël, Félix,
Silvain et Dioclès. Leur martyre, sur lequel
on n'a pas de détans, eut lieu en Istrie.
L'Eglise célèbre leur mémoire le 2i mai.
31
071
SO
SEV
97Î
SERVIMEN (saint), compagnon de la
gloire et du martyre de saint Sulpice, mou-
rut î> Rome pour la foi durant la j)ers(5cu-
tion que l'empereur Adrien avaitexcit(^e ron-
Irc rEgiisc. Sa l'èt»' est mar(ju(';e dans le Mar-
tyrologe romain au 20 avril. Nous manquons
fie détads sur l'f^poque précise du trioujphe
de ce saint martyr, ainsi que sur le genre du
supfilice qui termina ses jours.
SEHVILirS {Pnnlus), proconsul h Laodi-
rée, sous le règne de l'empereur Marc-Au-
rèle, fit mourir saint Sagaris , évoque de
celtf ville.
SERVULE (saint), souffrit pour la foi de
Jésus-Christ a Adrumète en Afrique. 11 eut
pour compagnons de sa gloire les saints
Vérule, Secondin, Siriee, Félix, Saturnin,
Fortunat et seize autres que nous ne con-
naissons pas. Ce fut durant la j)ersL'tulion
des Vandales contre les eallioli(iues (ju'ils
furent martyrisés. L'Eglise fait collective-
ment leur sainte mémoire le 21 février.
SERVES ( saint ) , martyr , cueillit la
)alme du martyre vers l'année 48i, durant
a persécution que Hunéric. roi des Vanda-
es, fit souffrir au\ cailioliques. Notre saint
;ut traîné sur des cailloux, en sorte que tout
son corjis fut nus en lambeaux et qu'on lui
voyait les côtes. L'Eglise honore sa mé-
moire le 6 décembre.
SERVES (saint , martyr, fut un de ceux
qui donnèrent leur san^' pour la foi dans la
persécution que Hunéric, roi des Vandales,
suscita aux cailioliques dans la septième an-
née de son règne. ( Voir les détails de ses
combats à l'article Libérât.)
SÉVÈRE (s;dnt), prêtre et martyr, appar-
tenait à l'Eglise d'Héraclée ; il fut arrêté
avec son évoque saint Piiilippe, etlo diacre
Hermès, et souffrit le martyre |)0ur la foi
chrétienne, en l'an de Jésus-Cliri>l .30'i., sous
le règne et durant la parsécution du tyran
Dioclélien. Il fut martyrisé troisjours aiirès
son évOque. ( Voy. les Actes de saint iMii-
lippe h son article.) LEglisc célt bre la fête
de cc^ saints martyrs h? 2^2 octobre.
SÉVtRE (saint)', martyr à Rome en 30V,
sous le règne et durant la persécution de
Dioclélien. {Voy. les Qi atri; Coiroxn^cs.)
SÉVflRE, nom du gouv. rneur qui con-
damna à mort saint l'ierre R.ilsame, sous
l'inupire de (iaière »'l de Maxiuiin, en l'an
311. dans la ville d'Aul.ine.
SÉVERE^saint), lut honoré de lacouronne
du martyre en Al'iiqin', avec les saints Sé-
riir. J.invier et Vidoiin. Les Actes des mar-
tyrs ne nous dmnent pas d'autres détails.
L Eglise fait collectivement leur fête le 2 dé-
cembre.
SÉN f.RE saint), martyr, reçut la palme du
martyre h Ale\anilrie , h inie é; oque (|ui
nous est incotunie. Il • ut pour compagnons
di .»a gloire les 5aint> M.insuel, Appien, Do-
uât, ll(tnorins et d'aiilres dont les noms ne
se trouvent pas dans le Martyrologe romain.
L'Eglise honore leur mémoire le 30 décem-
bre.
SfiVÈRE (saint), p^<^t^e. cnrifp'.seur, partit
desIndeR par 1p seul désir de prêcher l'K-
vangile. Aprèsunsi long et si pénible voyage,
il aniva enfin h Vienne en Dauphiné, où par
ses discours et ses miracles il convertit une
multitude innombrable do païens h la foi
de Jésus-Christ. L'Eglise l'honore comme
confesseur le 8 aortf.
SÉVÈRE (saint), prêtre, confesseur, souf-
frit à Orvièle pour la défense de la religion
chrétienne. LT-jIisefait sa fête le 1" octobre.
SÉ^ ÈRE (saint), évêqne, confesseur, en-
dura de grands sujiplices h Trêves en l'hon-
neur de Jésus-Chrisl. Les Actes des martyrs
ne nous donnent f>oint de détails sur lui. Il
est inscrit au Martyrologe romain le 15 oc-
tobre.
SÉVÉRIEN (saint), était soldat dans l'ar-
mée do l'empereur Licinius. Ce saint, allant
souvent dans la prison où étaient les qua-
rante martyrs de SébaNte , et leur rendant
de fréquentes visites, fut, par l'ordre du pré-
sident Lysias, suspendu avec une gro'^se
pierre aux pieds, puis fouetté et déchiré
sans reli'Éche et avec tant de cruauté qu'il
rendit l'esprit dans les tourments.
SÉVERIN (saint), évêqne. confessa la foi ?»
Trêves au milieu des tortures. L'Eglise fait
sa fête le 21 décembre.
SÈ\ ÈRE (saint), retint le martyre h Alexan-
drie avec les saints Pierre et Leuce. Nous
ignorons l'époque elles différentes circons-
tances de leur martyre. L'Eglise fait collec-
tivement leur fêle le 11 janvier.
SEVER (saint), évêqne, fut martyrisé h
Barcelone. Il eut la tête percée avec un gros
clo 1. L'Eglise l'honore comme martyr le 6
novembre.
SÉVÈRE (saint), fut martyrisé avec le cen-
turion Meiunon. On les jeta dans une four-
naise ardente, après qu'on leur eut coupé
les [)ieds et les mains. Us sont inscrits au
Martyrologe romain le 20 aoOt.
SÉ\ÈRE [Liicitis SrptimiusK naquit h
Leptis en Afii(]ue, d'inie famille illusire,
l'an de Jésus-Chrisl r»0. Ouesleur, tribun,
iroconsul et consul, il passa par toutes les
)rin(:ipales cliarges de Veinpire avant de
Kirvenir à la suprême puissance, (irnnl
lomme de guerre, il rendit aux armes ro-
maines réclat dont elles Avaient brillé aux
plus grandes et aux plus glorieuses épo-
ques. Doué d'un esprit vif «'t pénétrant, il
concevait rapidement et exécutait ce ipiil
avait conçu avec habileté, précision et har-
diesse. Pendant les premières années de
son règiic, qui commença en 1Î>"L l'ExIi^e
demeura en naix. Les guerres civdes qui
déchirèrent 1 empire conlribnèrenl h dé-
tourner enlièreinenl l'Htletition de l'empe-
reur ; p(nU-êlre aussi se inonlra-l-il favora-
ble aux chrétiens, en mémoire de ce qu'au-
trefois il avait élé guéri arec une certaine
hmle par wu tjirelien nommé Prociile
Tor|)acion. Quand 8évère fut empertMu-,
reccuinai^sant dri bienfait, il fit clierch^'r
Procule, et le garda tant (|u'il vécut dans
son palais. Sans doute ce personnage fut
pendarrt longtemps le prolecteur d^ ses co-
ndigionnaires ntiprè.s de l'empereur. Sévère
bit nusju favorabi' m^nt disposé pour Ie«
m
SEV
KKV
074
clinMifMis, |mnr ijii'il n'en trouva aiiciin mii
tiO l'iU nsxiiié mu it'vnltc.s d^ NiKcr cl d'Al
l)if| : fo (|iii 110 vont pas diru qu'il n'y en d'il
ji.is (l.iiis !("< jni.ys soiiiiiis l\ l'aiiluiili'! i\v. vm
deux coiiijjûlitciir.s de Si'Vt'Tc, inai.s (|iraiiri|it
J)(.» |ii il uio pari aciivo duiis jus livrinMijunts
p<)Idii|ii('S (|iii sij^iialrrcMl ces ^ncirt's. Il
vaimpjil siK^fc^sivoiiiciit DkIkt, Jidii'i), <|in,
anrùs la mort du l'urliiiax, b'clail l'ail pro-
claiiuM" (MuptM'fiir, cil iiu^nic lcm(i.s niic liii-
111(^1)11' l'avail cic proilaiiic par lis Icj^iuiis
<r|'Il.vrii.i où il coiiiiiiaiidail, (Misuilc Ni^cjcii
O/'iciil, cl ciiii'i Alliiii, (jui s'clail Ciil l'ccuii-
jiaîlro loiiimo ciMpi'ioiir dajis la (irand*!-
Mrolai^iiio. Il les lll inoiirir loiis les Iroii,
avoc; un i^r>>ud uoiubrt" d(,' leurs parlisans.
Ci; lui prcs i\<' l^yon ipi'il vaiuiiuil Albin.
ri passa cnsuilo en palcslinc el on Syrii.' j \h
il suscita une viidciite pcrscculion conlro
les cluélions, orilo'iiianl par un édil spi'i'iul
do pros'M'iro Ions coux (pii cinbiasscraiont
soit la reli;^i()n juive, soit la reli.^ion cluu-
lionne; iMi nnhuo Icinps il lit apj)li(picr avoc
intiuinjcnl de i-i^uour les lois existantes
contre les clirétions. La persùculion dura
jusiju'h la (in do st)n règne.
Kn l'année 208, les peuples de la Cirandc-
Bretagne s'étant do nouveau soulevés , il
passa dans leur ilo pour les soumet tro, ot là
comme toujours la victoire fut tidélo h ses
armes. 11 dompta tous ses ennemis ; niais un
autre cmemi invincible, envoyé par Dieu
pour le punir, vint l'abattre lui-même. Il fui
pris d'une cruelle maladie, ijui le lit beau-
coup souirrir pendant plus d'une année.
Accablé par la douleur, il dut faire de tristes
réllexio'is sur lu iorme linal de touio ambi-
tion ici-bas : il dut penser aux cruautés
inouïes cjuil avait commises, ii ses ennemis
qu'il avait fait mourir, à tous ces chrétiens
qu'il avait jadis protégés et que depuis lon-
gues années déjà il avait fait emprisonner,
prof-ire el égorger.
Ce n'était pas assez pour ce prince persé-
cuteur : il fut, à un degré plus épouvantable
eiccre, frappé de la punition qui avait
atteint Marc-Aurèle. Ce dernier prince
avait quitté la vie ci soupçonnant son lils
de l'avoir assassiné. Sévère eut la certitude
nue le si(Mi était parricide. Plusieurs fois on
1 avait informé que Caiacalla cons[)irait con-
tre ses jours. L'horreur de pénétrer dans ce
mystère de crime pour l'approfondir avait
arrêté le vieil empereur : on conçoit que
l'amour de la vie et de la conservation per-
sonnelle devienne insouciance de vivre chez
un homme, quand la mort qui le menace
vient de la main d'un lils. Sévèr.j endurait
une torture ([ue rien ne saurait rendre, mais
il se taisait. Un jour, dans une maiche,
étant éloigné de ses gardes et presque seul
avec son lils da-s un sentier étroit, il se
retourne au cri de ceux qui raccompa-
gnaienl el voit Caracalla, la main levée pour
le frapper. Une dit rien à ce monstre; mais,
rentré dans sa tente, il le fait venir el Jui
présentant une é()ée : « Frappez, lui dit-il,
maintenant que nous sommes seuls, per-
sonne ne vous verra. » Peu de temps après,
prolitanl d'un inoiiioni où lu f;oiillit lu
( Imiiiit sur son lll de diiiilciir, \^^s b'-f^io '%
proclainèn'ut son lils omncroiir, bévére (il
arrélerics clicfs de l;i rt-vollc, cl l(!.s (il d.'ca-
oilcr. Il Appn.'ii(j/, dil-l, a Caiacilla, que c'ol
la lèlo qui gouverne, cl non ji/js Ic^ |iiedN. »
l''igiire/-voii.s ce iiiallrc du monde, in
coiiquinaiit, ce! Idiijiuo ;uiibiticu <( , <|Ui) la
l'ortiiim avait loujoiirs etiivré du siiccA.s, qiio
la vicloireavait loujoiirs f.ivoi isc, vjcijx cl iii«'
lide dans les biuincs de l'Aii^lcIci re, com-
mandant h une urméi! qui conspire, et itc-
coinpii.mié d'un (ils (pii non sciileinont
allcnd sou héiitago en souhailani .son tré-
pas, en calculant les dornièros hiMjrrîs do sa
lent«^ ag(Mii(', mais qui encore veul l'assassi-
nei'. Pensez (jue cet homme fut cruel el
vindicatif; cpie, non conlont d'égorger Sf!S
compélileiirs , il faisait massacrer leurs
femmes et leurs enfants; souvenez-vous
que cet homme a rendu des édils sangui-
naires contro les chélieiis, dont il a versé
le sang duranl près de dix années, et vous
com|»r(nidrez la justice de Dieu jusque dans
cetl(> rigueur extrême.
Sévère mouiut h York en 211, désespéré,
s'alfaissant sous la douleur, et sous la mi-
sère ([ue le ciel lui envoyait. On raconte
même que, d(!maiidant vjinemenl du poi-
son pour mourir, il S" donna une indigeslion
en mangeant une grande (luantité de mets
indigestes. Qu'ajouter à ce lécit (|ui dé-
goûte ? Encore une fois. Dieu sait venger ses
martyrs, et les hommes les plus grands sont
bien petits sous sa main.
Sévère, s'il faut en croire Dodwel, ne fut
pas ou fut à peine persécuteur. Uuinart a
réfuté si victorieusement l'écrivain angla.is,
que nous croyons faire une chose avanta-
geuse au lecteur en citant ce qu'il a dit :
« Eusèb:; est si fort persuadé que sous lem-
pereur Sévère la persécution fut générale,
qu'il n'a point fait diliiculté d'avancer «que,
dans toutes les Eglises du monde, il y eut
des fidèles qui combattirent et donnèrent
leur vie pour la véritable religion. » Dodwel,
ne pouvant résister à la force de ces paroles,
en parait ébranlé jusqu'à avouer que « la
persécution, à la vérité, se répandit dans
toutes les provinces de l'empire ; » mais se
repentant aussitôt de cet aveu, et se mettant
peu en peine de ce qu'on pourra pen-er
d'une rétractation si soudaine et si mal co-
lorée, il écrit que tiès-peu de martyrs souf-
frirent alors, «ce qu'il est facile, dt-il, de
prouver par l'histoire môme d'Eusèbe, où
cet auteur, ni n'en rapporte un grand nom-
bre, ni ne dit point en avoir omis un grand
nombre. » Mais je ne comprends pas com-
ment on peut faire dire à Eusèbe tout le
contraire de ce qu'il dit en elfet, et ce qu'il
contirme par plus d'un endroit du vi' li-
vre, el particulièrement au chapitre second,
où, à l'occasion de la persécution qui s'excita
à Alexandrie, il se sert de ces mêmes ter-
mes : « Lorsque le feu de la persécution
était le plus allumé et qu'un nombre infini
de fidèles recevait tous les jours la cou-
ronne du maryre. » 11 est vrai qu'il ne.\
nS SEV StV 97«
nomnif que très-peu, parer que cela n'a exterminez-nous » Car le peuple et les
aurun rapport î» son (los>eiii, soit qu'il en magistrats étaient également aniiii(!'sà la perte
eiU donne une liste <!ans un ouvrage cxiuès, des chrétiens, ce (|ui fait dire h Tertullien :
soit qu'on cet endroit il ne parlo des mar- «Toutes les foisquevousvons déchaînez con-
tvrs qu'en [»assant, et qu'il n'ait en vue tro les chrétiens, vous le faites en partie de vo-
qii'Origéne, comme la suite le fait assez con- Ire propre mouvement, et en partie pour obéir
naitre. Mais il marque posilivemeiit , au aux lois ; mais il arrive souvent que le peu-
chapitre premier, qu'il en passe sous si- pie qui nous hait vous firévienl, et sans at-
lenre une inlinité; a car, a[)rès avoir dit (pi'il tendre vos arrêts, se jette sur nous de son
n'y a point d'endroit où il n'y aiteudemar- autorité privée, nous poursuit à coups de
tvrs illustres, il ajoute que c'est h Alexan- pierres et nous fait périr par le ffu. » Je
Hrie que la persécution a fait de plus grands prie le lecteur de remarquer en passant, que
ravages, où plusieurs généreux athlètes cela était fort ordinaire au peuple, de répan-
soulfrirent. » Il ne nomme ensuite que Léo- dre le sang des chrétiens, et de pousser sa
nide, père d'Oiigène 11 ne laisse pas fureur jusqu'à les ma-sacrer tumultuaire-
rependant dans la suite de ce récit, de faire ment et sans aucune forme de justice ; ce
mention d'autres martyrs que des disciples que Dodwel nie cependant plus d'une fois
d'Origène, lorsqu'il dit à la louange de ce dans sa dissertation. Au reste, il inqiorle
grand homme que les martyrs de Jésus- peu que cette apologie ait été écrite h Komc
Christ, soit qu'ils fussent connus d'Origène, ou à Carlhage , puisqu'étant adressée aux
soit quils lui fussent inconnus, « rece- premiers olliciers de 1 empire, il paiall as-
vaient de lui toute sorte d'assistances et de sez que la persécution dont elle parle n'é-
bons offices, et il les rendait t\ tous inditlé- tait pas renfermi'c dans un seul endroit ; et
remmeul , avec une |)romplitude merveil- Tertullien même s'y sert souvent du mut de
leuse, sans craindre le préfet Aquila, suc- président, qui était un terme atleclé aux
cesseur de Lélus. » Mais nous avons encore gouverneurs de province et (jui désignait
un témoin de cette persécution, dim très- leur rang et leur dignité. li ne parle pas de
graud poids; c'est Clément d'Alexandrie qui, cetie persécution dune manière plus favo-
au rapport d'Eu>èbe, écrivait ses Stromates, rable et d'un ton [)lus radouci, dans ses au-
ou Tapisseries, sous l'empire de S -vère. 11 1res ouvrages. Il dit dans son premier livre
parle ainsi au livre second : « Nous voyons aux nations : « que les chrétiens confessent
tous les jours comme de nouveaux débor- dès qu'ils sont interrogés, qu'ils font gloire
déments de martyrs; on 1( s tourmente à nos dètre condamnés et qu il faut employer la
yeux, on les brûle, on les égorge » Kt violence pour les contraindre à nier ce qu'ils
certes, la consternation était si grande jiarmi ont une l'ois confessé sans violence »
les chrétiens d'alors, qu'un auteur de ce Dans son exhortation aux martyrs , qu'il
temns-là, nommé Judc, écrit que la venue nomme des martyrs désignés et près de souf-
de l'antechrist, prédite de siècle en siècle, iVir, il les encourage .\ endurer généreuse-
n'étail j)as fort éloignée. luenl toutes sortes de supplices. Enlin il sé-
« Mais de tous les écrivains ecclésiastiques crie dans son Scorpiaque : « La canicule est
il n'y en a point qui ait lassé un tab:eau montée sur l'horizon ; le cinocéphalc vo-
plus ûdèle de celt(> persécution que Terlul- mit de tous cùlés le feu dosa rage ; la per-
lien, ni qui l'ail représentée avec des cou- sécution est allumée; ici le glaive, là les
leurs plus vives. Klle lui a donm- lieu de ilammes, là le cirque, tout est mis en usage
composer plusieurs ouvrages, d'où nous iiour tourmenter les diréliens. Les prisons
tirerons seulement quelques passages, pour sont rem|)lics de fidèles, qui, n'ayant éprouvé
servir de montre et d'échantillon, puisqu'au- (|ue les fouets et les ongles de fer, soupi-
Irement il faudrait copier ses livres entiers, rent après le martyre ([u'ils n'ont fait que
Voici le premier crayon qu'il en fait dans goûter en passant. Pour nous autres, qui ne
son ApoIogélKjue : « Vous attachez les eliié- nous trouvons |)as sous la main des persé-
tiens à des croix , vous les liez à des culeurs, nous sommes destinés à leur fournir
loteaux , vous leur arrachez les enlrail- b plaisir de la chasse, et nous attendons à
es avec des ongles de fer , on nous tous moments (pi'on lâche sur nous une
coupe la tète, on nous ex|>oseaux l)èles , meule de bourreaux notre nom seul
on nous hrùle tout vifs , on nous relègue nous ren.i l'abomination d.'S hommes
dans des iles dt-sertes Il se plaint (pion l'on nous jnoduil devant les puissances de
viole imj)unément les tombeaux des eliré- la terre, I on nous interroge, l'on nous met
tiens qu'on les ap(elle. |)ar une rail- à la (pu'stion. l'on nous égorge. » LOclme
lerie sanglante, des fagots de sarment.» do Minulius Félix ^ce célèbre avo(Vit de Home
parce que par une cruauté inouïe, on les ^écriv.utce ifialogue au même lenq>s (jue
attachait à des pieux revêtus de javelles de rerlullien publiait son Apoln-ciKjue; parle
.sarment, comme d'une robe, auxquelles on comme r.\i)ologéti(|ue de Tertullien :« L^t-il
1
mettait le feu eiisuile. Knfin il comlut do un spectacle plus digne de toute rattcnlion
cette sorte celle éloquente pièec : « Courage du ciel, (piun clirét en couiballant contre la
donc, messieurs 1 ne vous r«'1.1ehez point, l^ ilouleur? Il e.si iraïKjuille aux menaces des
équitables juges 1 mais plus équitables en- tyrans; les plus aùreiix supplices ne lui font
core au goût du peuple, .si. pour lui coin- pas faire le moindre mouveinenl irrégulier ;
plaire, vous vouliez iinmobr tous les chré- le bruit de la mort ne l'épouvante fias, et il
liens: perséculnz, louriuenl»'/.. enndamnez, foule am pieds toutes ses horreurs •
1)71
»Et
ftKY
tri
Kl VOulanl iiiDiiln-r 'lut' (oul<- lu v/ilcm drs
IkM'os (1(1 r/mciciMMi Uitiiif n'av.iil licii (|ui
|)(1I ('piller la nr/iiiil<'iii' du coiir.'i^;;!' des liôins
liii clinsliniilsiiu) : «(lonihicii, <lil il, ni ii-l-on
vn parmi ii()iis(|iii ii'inU |ms scuIciih'iiI mis
(111 luas dans un hiasicc anlriit, mmiim
ISldcidS S(;('îVola lit aiilrcrnis, mais i|iii s'\ sont
laiii(Vs lotit ciUiers, sans i'ain' cnlrndid l(J
nioindn* gt'inissciiii'iil ! I.(! soxc !<• pins l'ai-
l>|(i et l'Agi' lo pins U iiilii' s(! nuKpicnl des
!;il)i'ls Pi des lorluros, anV(Hit(!nl les htMcs
les pins faionclics , cl vont II ndiniciil à la
iiKirt, sons (pifl(|n.' (>lViavanl(' li^nrc (pTclIc
se [XH^enlo^ eux. » Kl l'on ne ptuil donitT
(inc la p('is(''('nli()n don! Miiintins l'ail ici la
description, ne li'il alois allnmcc dans Hcnnc,
et cellc-ll^ nu'^mc durant laqucl c Nalal, aitr(''s
avoir alijnii'' l'Iicrcsic des lln'oiloiiciis, cnl
les (''paules d('cliir(''es de coups d(î i'oncls,
jiour le nom de Jésus-Clirisl, et pour cclto
consid(^ration l'ul reçu !i la coininnnion do
l"l\i;lise, parle pape saint Zéplurin, aïKpicI il
inoiitra les tU'trissures et les plaies dont son
corps (Mail converl.
« Mais rerlnllien, dircz-vous, dans fou
Apolog(.Miqne, nouune Sévère parmi les em-
pereurs (jui n'ont rien entrepris co'ilre li^s
elirétiens. Je le veux ; (pioicinc d'autres ('édi-
tions, (]uoi(iue les manuscrits, (]uoi(|u'Ku-
S('^be nuMno tjui cite cet endroit aient l'enipo-
reur Vùre et non rem[)ereur Sévère; j'ac-
corvle à Dodwel que ce soit ce dernier dont
il soil fait partout mention ; ipi'en peut-il
inférer, sinon cpie ct lie pcrsi'culio'i fut trés-
sanglanle, sans (]uc Sévère l'eût autorisée
par son édit ? Cependant Sparlien d,t le con-
traire, et il en rapporte un de ce prince
contre les chrétiens. C'est en vain que Dod-
wel en rejette la cause sur rim|)ortunité du
euple, qui l'arracha ii l'empereur, fatigué
es clameurs du c-irque et du théâtre, et qu'il
prétend détourner par ]h de la personne de
Sévè: e le nom odieux de persécuteur ; et ce
n'est pas avec i)lus de succès qu'il entre-
prend de diminuer la violence et l'injustice
de C( l édit, en disant qu'il ne fut pas moins
décerné contre les juifs que contre les chré-
tiens. Ainsi Dodwel aura bien de la [)eine à
justiher Sévère du juste reproche que toute
la postérité peut lui faire d'avoir ensan-
glanté son règne par une cruel'e persécu-
tion ; d'autant plus qu'au rapport de Spar-
tien, il aimait à répandre le sang, et qu'il
avait répandu en elfet celui d'une infinité
de personnes. En sorte que le sénat, après sa
mort, porta ce jugement : qu'il devait, ou ja-
mais ne venir au monde, ou jamais n'en sor-
tir, parce qu'il avait été et trop cruel, et tout
ensemble trop nécessaire à la république.
Mais voyons maintenant si la durée de cette
persécution à répondu a sa violence.
« Dodw el la renferme toute dans l'espace
de deux ans et il la fait finir aux jeux sécu-
laires qui furent célébrés la douzième an-
née du règne de Sévère : « Ce prince, dit
Dodwel, ne voulant pas qu'une si grande so-
lemnité fiit souillée parle sang ou déshonorée
parles supplices. » Dodwel cependant ne se
souvient plus qu'il a dit ailleurs que ces
i
jfuv piililics ont souvent fflil iiaîlrn dei jn'i-
séciiiions, cl il im l'a dil qu'uprèsTcrlullien.
■< l-es cliréliciis, dit ce IN'-rc dari"» son Apo
lojjii'liqne, ne sont ic^ardcs comme entiu-
mis de l'empire, ipie p/irco qu'ils refusent
de rendre aii\ cinpereiii s un honneur ou
vain ou criminel. ...< )li ! (pi'on a rjiisori do
condamner notre (Conduite | Dr (pioi flu<isi
nous avisons-nous, d(; cunsuper par une vio
sainte les plaisirs des Ci'sais cl d'insulter h
leurs divertissements par uihî chaslclé ou-
liM'c et nue sobriété hors do saison? l'our-
(pioi, durant ces jours de r('jouissarice, (19
pas orner do festons et de couronnes de
lleurs les portes de nos logis? Kl pourmioi
ne laisons-nous pas pAlir le soleil en plein
midi par un grand nombre de- llambenux al-
Inniés? N'esl-c(^ pas, n[)rès tout, une chose
loiil à fait honiuMe lorsque la solemnilé
l'exige , de changer votre maison en un
agréable lieu de proslilntio'i, et poiivfîz-vous
mieux honorer le prince qui; d'en faire un
temple de Vénus ? » C'était cette con
duite sage et modeste qui rendait les chré
tiens odieux aux gentils; celtfî sainte tris-
tesse (pi'ils faisaient paKaîtr(; durant les so-
lemnités profanes , faisait croire qu'ils étaient
chagrins des prospérités de l'Ktat, et enne-
mis de la fortune des empereurs.
« An res e, il est certain que celle persécu-
tion dura j)lus de deux ans en Afri'jue, puis-
que pendant tout le temps qu'elle y fut al-
lumée, on y compte six gouverieurs outre
Minuce 'i'iminien, dont il est parlé dans les
Actes de sainte Perpétue. J'avoue que le feu
n'en fut pas toujours égal; tantôt plus âpre
et tantôt [tins nujdéré, selon que les gou-
verneurs étaient portés h la cruauté ou à la
douceur, La même persécution ne fut pas
non plus de moindre durée dans l'Egypte,
comme on peut facilement l'inférer de l'his-
toire d'Eusèbe. Car cet auteur nous afiprend
que la dixième année du règne de Sévère,
Léonide, père d'Origène, soutl'rit le nivirtyre;
que ce savant homme n'avait pour lors que
dix-sept ans ; que l'année suivante il fut
chargé du soin d'enseigner la doctrine chré-
tienne aux catéchumènes; que quelque temps
après il renonça à la profession de grammai-
rien pour se donner tout entier à l'étude de
l'Ecriture sainte ; qu'il vendit tous ses li-
vres moyennant seulement quatre oboles,
que celui qui les acheta devait lui fournir
chaque jour pour sa nourriture. Il vécut
ainsi plusieurs années, poursuit Eusèbe, en
vrai philosophe durant plusieurs an-
néesil marchanu-pieds durant plusieurs
années il s'abstint de boire du vin... » Enfin
Eusèbe, après avoir fait l'éloge de toutes
les vertus d'Origène, poursuit de cette sorte:
« Sa vie étant donc un modèle exposé aux
yeux des hommes : il y en eut plusieurs qui
devinrent les imitateurs de sa vertu; en sorte
que parmi les gentils mêmes il s'en
trouva qui, ayant été arrêtés, endurèrent gé-
néreusement le martyre. Plutarque fut le
premier de ces heureux disciples « C'est
ce qui nous a obligés de mettre leur mort
dans notre recueil, environ vers l'année 210,
:n9
SK\
SlA
980
parce (Jne «;•» ternu* <lf j)liHieur> Hiinées,
donl lids/'lie se sort twiit d^^ fois dans ce ré-
(^it.ne f't'iit <ie reslieindre ^ un moindre
nornbrt' quo d<' sept ou huit. An reste* celte
*ui>[>tilali'>n s'accorde avec celle que fait
Siili»ice Sévère qui met lrent»'-huit an<; ei-
tre la persi^cution de S 'vère et celle de l)è( c.
Or, Di^io notant nioni»^ sur le trrine qu'en
l'année '2\9, il faul néressaireiuent prolon-
ger la pers(Vulion de 8ét<'>re jiisfpi'en l'an-
née '211 qui lut la (Jernière de son règne. »
»f;A fiUK. esclave qui dt'^noni.a sal'U Apol-
lonius coinuR' clirétioM devant Perennius,
souï» l'empire do Conunnde. Conune le res-
ont de M.irc-Anrèle qui punissait égalcmeiit
et le dénonciateur et le dénoncé était encore
en vigueur , Perennuis lit rouer Sévère ;
Kour cela on 1 all.icha A un poteau, et on lui
risa les bras et les jambes <\ coups de bnr-
res de fer. Cet événement eut lieu en 185
ou 180.
SÈVÉRIEN, confesseur de Carfbage sons
l'empire de Dècc, en lan 250, vint h Komo
iiiunédiatetnenl après sa sortie de prison.
Sabit Célérin,(lans sa lettre aux confesseurs
et aux m,irt\rs de-Carlbage (la 21' parmi
celles de saint Cvprien), demande la paix au
nom de St'itis et"^ de Sévé. icn , pour deux
femnjes. Candide et Piumérie^ qui avaient
eu le malheur de sacriher aux idoles, et
dont l'une éîait sa sœur.
SÉVÉRIKN (saint) , martvr h Rome en 30i.
sous le règne et durant la persécution de
Dio lélien. Vny. les Qi^^tre Coi p.onnés.
SfeVÉRlEN (sainlj, mari, r, l'un des ([ua-
rante martvrs de Sébasio, sous Liciniiis.
YOTf. MuiTYHS DE SÉBVSTE.
bÊVHiUHN (sainlj, martyr, élnil évèque
de Scj-thopolis en Palestine. L'impie TfiéO-
dosc , moine qiu* [irnlé^eaif l'iuqiéralrice
Eudoxie. veuve de Théodore le J-une, abu-
sai! de cet((? protecliofi pour faire soulTrir
cruellemtnl les rhrétitns. Ce furieux, suivi
d'une troupe de soldats, rava,.s*'«T'l h'S envi-
rons d»' Jérusalem dont il ftVait usurpé le
siège ,iii détriment de Jiivénal. Il trouva des
cathfdi(pies qui lui résislèro it «ourageiHe-
menC, entre autres notre saint. II fut Saisi
:iar ces soldat^ iriq)ios, et iu;i«'sncré en l'an
*6'î oti V53. I/Kglise honore la mémoire' de
ce saint martvr le 21 février.
SKVÉRirS saii.t', marf.r, soutTrit ('oiir
sa loi II Césarée en .Mauritanie. Il l'ut livré
aux flammes avef^ sa femme Aquila. Ce fut
.linsi qu'ds reçurent la palme du mart\re.
On ignore en (piel e année eut lieu leur m ir-
t\re. L'Kglise fètr leur mémoire le 2.3 jan-
vier.
Hf:vf«:RIKN (sninl, martyr, vers.i son sang
tour la foi snu«i In cruelle' persécution qui»
.)ioc|éiien lit souffrir aux «lisriples de Jésus-
Clinst. Il eut pour compagnons de ses glo-
rieux cottibats ^amt Vii tor, saint Zoli«pie,
saint Zfuon, saint Césnir»-, s.iinl Chrvs')-
phore, sauit Tliéonns et saint Antonin. 1,'E-
glise honore la mémoir* de tnus ces glo-
rieux mnitvrs le H) avril.
SÉVKRIN ^saiDt \ fut ninrlyrisé ,n Vienne
cl) «iaule, nu temps de l'emp'reui Marc-.\u-
l'
1
rèle, avec saint Exiqtère et saint FéUcien.
On manque absolument de détails histori-
ques sur leur comftte. M. du Saussay est le
seul écrivainqui en donne urtp histoire : mi^ls
en présence dn silence de tous les auteurs
anciens, nous avtTiions éprouver quelques
doutes, eu égard aux sourc»'s auxquelles il
aurait puisé. Quelque lem; s après la mort
de ces siints, leuis curps avant é é trouvés
f>ar la révélation (ju'ils eu firent eut-mèmes,
l'évèque Pascase les enterra dai s l'église
de Saii;t-Rf)main. Cet évéque rivait vers le
milieu du iv siècle. L'E.;lise fait la fùle de
ces trois sninfs le 10 novembre.
SE VER IN s,i;ntj, martyr, eut le glorieux
privilège de mourir pour la foi , h Corne,
avecles saints Carptphore. f.xanihe, Cassius,
Second et Lici lius. Ils furent dérapit -s tous
ensemble pour avoir confessé le nom de
Jésus-Christ. L'Eglise célèbre Icnrmémoiro
le 7 aortf.
SÉVILEE. Jiilia Bowiiln,c^\ itale de l'An-
dalousie, fut, en SiVt de Jésus*Chrisl. durant
la persécution tie Diocléticn, illustrée [ ar
le martyre de sainte .Uisfe et de sainte Ru-
line. C.cfi deirx fmnmes y étaient marchan-
des. Les païens les trainèrcnt devant le juge,
après avoir défoncé leurs bouliqucs, parce
({u'ellos avaient refusé de leur vendre des
(ibjets qu'ils voulaient employer dans leurs
sacrifices,
SEXTE 'saint), martyr, e«t inscrit au Mar-
tyrologe romain le 31 décembre, et honoré
comme martyr par l'Eglise avec les saints
Etienne. Pontieii, Attale, Fabien, Corneille,
Florus, Quiritien, .Minervien et Simplicien,
qui furent les comp.ignons de son triomphe.
Le lieu, la date elles ciiconslances du mar-
tyre sont inconnus.
SHEUWOOI) (le bienheureux) , laïque ,
a\ant nié la suprématie religieuse de la reine
Elisabeth d'.Xngleterre , fut traîné sur la
claie, pendi! et coupé en quartiers te 3 fé-
vrier 1578 avec un prêtre iionuué Nelson.
9f.\>l, l'un des trois grands EtaCs de l'Indo-
Chine, est peufilé denviron 3,000,000 d'habi-
tants. La religion doiuin mie v est le boud-
dhisme; les mœurs à peu près les mêmes
(pi'en Chine. Longtemps la religion chré-
tienne vint llorissanle et prèchée librement.
En 1730. M. Texier de Kerlay, évéque dé
Ros.TJir', ét.int vicaire apostolique de Siain,
un prt'tre siamois a|ios.asia. l'n édit inter-
vini. Contraire h la pré iiralion évangélique.
Il fut défendu aux missionnaires d'éi rire au-
cun livre de religion dans les langues usi-
tée* dans le royaume, et de blAmer la reli
gion (pi'ou y professait. On |>lacfl cet édit
sur une pierre qui fut scellé«> h I entrée de
l'égliso. En 1730, M. de Lolière Pu\conial,
successeur de ^1. Te\ierdc Kevlay, aanl
empêché les chrétiens d'assistei h une pio-
c»':;sinn ido|,\lrlqiie, c»;tte pierre fut renouve-
lée. En K.'S.H, M. Sirou, cmiorté par un
excès de zèle, la bri.sa. Il sex posait beau-
coup, ainsi que les autres chrétiens, ciicom-
niefiint un tel acte : on ne ><ongea pas h l'en
pufi T. h cause des troubles que les nieiiafes
des Birmans occasionnaient dans lo royaume.
091
êfR
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VRl
('•l(^ |i(Hir Icsmls.sioiiiinir'psuM .^('■joiirdc caltiM^
cl (le |i/iix.
SlhM'OI.IS, ville de Sm le, rvsl (-«^IMin» pnr
lo iiKirlyr»' l'c sjiifilt> Frhffiiiic. <lri(c vicrf^o
(Midiif)) les iMdiiiiciils cl |,'i mort (Iiii7ir)l ]n
iicisi^ciiliiiii «le l)i()fl(''licii, sftiis le jiij^c l.ysi-
Min(|iic.
SIDOINF. coiircsscnr, fui ;iri(^lc h Hoirie
iwoc s/iiiil Miiysc et ses cnniiinniiMUs, sniis
le r^j,'iic (le li^cc, pour oiiisf* (le t'Iirisiin-
ni.<!ine. (lohiinc Ions les ;nili'<'S roiifcssciii-s,
il siMillVIl ;ivcc lin };;i;m(l coiir.'i^c les loiir-
inciits, la prison pcii(l;\iU dix-ltiiit mois. Il
cul le ni.'illieiir, comme plusieurs anires, iio-
tamnu'iii Macaiic, de loiidttT dans l'ct l'cin-
d(> Novalion, cnti'nîm'^ par Novnt ; mais quand
ce deriner lu! parti d(> Home, il revint à la
V(^rité. {yoi/., pour di'lails |iln.s circonslaii-
ci(Vs, l'atlicle >1oym:.)
SII)()>1, villede Plu'"iicic, o\\ fut martyrise''
lo saint [trcMre Zénohe, dans la rigueur de la
derni(''r(> f^crsticution.
SJDOTTl (lo hienheurenx) , missionnaire
sicilien, dchartpia, le 9 octobre 1709, au Ja-
pon. 11 fut aussitôt arrêté et conduit îi Nan-
gazaki, où il fut intorrogf'*. On lui diMuanda
s'il ('•tait vrai qu'il cùl prôi^hc la religion
chrétienne au peuple Japonais : « Oui, ré-
pondit-il, et j'ai entrepris mon voyage dans
ce but-là. )> Hienlôt il fut transféré à Yédo,
y passa plusieurs années en prison, et du-
rant ce temps de captivité baptisa |)lusiours
Japonais. Quand le gouvernement en fut
instruit, on le lit murer dans une fosse qni
avait quatre ou cinq pieds de profondeur;
on n'y laissa qu'une très-pclile ouverture
par laquelle on lui faisait passer ses ali-
mcnls. 11 mourut, au bout de quohme temps,
de l'infection qui se développa dans cette
espèce d'antre, et reçut ainsi, dans un sup-
plice des plus aft'rcux qu'on puisse imagi-
ner, la glorieuse couronne du martyre.
SlDROlN (saint), fut martyrisé dans le dio-
cèse de Sens. On ignore la date et les diti'é-
rentes circonstances de son martyre.
SIDRONIUS (saint), eut la gloire de don-
ner son sang pour Jésus-Christ, sous Auré-
lien, durant la persécution que ce prince,
dans les derniers temps de son règne, sus-
cita contre les chrétiens. Après la mort de
son époux Baudouin de Lille, IV du nom,
Adèle lit un voyage k Rome, où elle se con-
sacra à Dieu, et reçut le voile des mains du
pape Alexandre 11. Elle emporta de Rome à
Lille les reliques de saint Sidronius, dont
elle enrichit un couvent de Bénédictines
qu'elle avait fondé à Méessène, à deux lieues
dYpres. Plus tard, elle y vint finir ses jours.
Sainte Adèle était honorée dans ce monas-
tère le 8 janvier. Le nom de saint Sidronius
est inscrit au Martyrologe romain sous la
date du 8 septembre.
SIELAWVA, l'une des religieuses de Saint-
Basile, établies à Minsk en Lithuanie, et
connues sous le nom de Filles de la Sainte-
Trinité, qui furent expulsées de leur cou-
vent et livrées aux persécutions les [dus vio-
lentes dans le courant de l'année 1837, par
le i/.ni- Nicolas ei 1(1 préhit apos!/il Sic
mas/ku. l'ille subit une n/ig(dlation si cruelle,
(pTelle Ml moiii ut la nuit sulv.int(j, les yeut
Inès sur \o cruilllx cl l/i lélo iipjiuvéo sur
lesKcnouT de sa «flinte flfibes.so. [Voy. Mikc-
/YMf,\ WSK \.)
Sli:i,ANVA (O'Ni piinî'), l'une des relUinu-
.ses liasilieincs (|tii, dans le courant do l'ari-
néc 1H;I7, furent si violemment persé<uté(;«
p/ir le czar Nifolas et l'évéque apostat Sie-
mas/.ko. On les ( mfiloya h la construction
d'un palais pour ce prêtre scliismalifpie. Un
pan de i!iuraill(! étant venu .*i s'écrouler, Orui-
plire Sielawa et huit d ■ .ses compagnes fu-
rentécrasées. (Voy. l'article Mtr.c/.vst.AWsKA.)
SIK\1 ASZKO (Josicrrr), évéfpie russe, ajtos-
laf, ftit un des plus ardents perséciil(!urs de
riv,'lis(> en Russie. Aidé de deux autn^s firé-
lals (pii avaient aussi renié leiir foi, il se-
coida l'empereur Nicolas dans sa persécu-
tion violente cf)ntre les pofiulations e^ifioli-
(jiies et dans ses efforts pour amener b-ur
uéfection. C(5 prélat amtiitieux fut imposé
pour sulfragant au métropolitain Bulliak de
Lithuanie, et, malgré le serment qu'il lui
avait fait, refusa ensuite de demander h Rome
sfm institution canonique. II substitua des
missels et des eucologes schismaliques aux
livres catholiques, et persécuta vioTemrneni
ceux qui restaient (idèles à leur foi. 11 trouva
surtout de la résistance parmi les prêtres du
district de Nowogrodek, qui lui adressèrent
une protestation le il avril 183i. Il en gagna
quelques-uns par la violence, et fit déporter
les autres en Sibérie. A la simple suggestion
de Sieraaszko, le czar déclarait schismat'que
telle ou telle paroisse, telle ou telle famille
même, sous prétexte qu'elle l'avait été deux
siècles aupai-avant ; et ceux qui ne se con-
formaient point à cette déclaration du czar
subissaient la pekie de mort. Un grand nom-
bre, accablés de mauvais traitements, adres-
sèrent des pétitions à l'empereur, qui les
laissa sans réponse. Siemaszko défendit à son
clergé d'en recevoir aucune. Dans l'année
1837 on avait enlevé, dans les provinces de
Russie-Blanche et de Lithuanie, jusqu'à huit
cent quatre-vingt-six églises paroissiales aux
catholiques du rite-uni, pour les livrer à ceux
qui avaient embrassé le schisme. Ce fut
alors que l'apostat Siemaszko et son com-
plice Lusinski, évêque de Polock, résolu
rent de faire signer à leur clergé un acte
d'apostasie qu'ils appelaient acte d'union
avec VEglise russe. Tous les prêtres de la
province de Mohilow, h qui il avait été en-
voyé, refusèrent de le signer; plus de cent
soixante furent déportés en Sibérie, où pres-
(|ue tous périrent de misère et de mauvais
ti-aitements. Le père de Siemaszko lui-même
se trouvait parmi ces courageux confesseurs;
l'empereur et Siemaszko lui firent la grâce
de ue pas l'envoyer eu Sibérie, à cause de
son grand âge. Ces abominables violences
valurent aux deux traîtres de grandes ré-
compenses de la part du czar : il leur en-
voya des décorations accompagnées de let/
très autographes, où il les remercie de lem
zèle à ramener l'Eglise-Unie au schisme.
'1^3
SIR
SIE
084
Ils s'associèrent alors révôcjue de Brest,
afin de consommer leur trahison. Ils s'as-
semblt'reiit à Polock vers la (in de l'ann^-e
18;iS, atin de signer délinilivement leur acte
(ratihésion à l'Eglise russe et de l'envoyer
à l'empereur. Celui-ci, persuadi^ n(^anini)ins
([ue l'atlaire allait échouer, s'il ne gagnait
le vieux métropuliiain Bulhak, lui envoya
le cordon de Saint-AndrtS qui ne se donne
(ju'aux princes du sang. Sieinaszko alla le
voir bientôt, lui disant que l'empereur était
tout prêt h lui accorder la souveraineté sur
toute l'Eglise russe : « Sortez, lui répondit
le vieillard indigné, vous outragez Dieu et
votre conscience. » L'aposlat, furieux de la
résistance du saint prélat, suggéra h l'empe-
reur d'employer la violence. Cette nuit-là
même, le ministre de l'intérieur, M. Blon-
dow, forga le palais du métropolitain et lui
ordonna, au nom de l'empereur, de signer
l'acte de schisme. Mais ce saint homme,
sans s'émouvoir, lui réj)oadit : « Excellence,
rien ne pourra mobliger à signer cet acte ;
de plus, sachez que si d'autres prélats le si-
gnent, et f^ue si 1.; gouvernement le publie,
je publierai de mon côté une protestation so-
i-'nnelle!» Il était aimé et estimé: aussi,
on n'osa user de violence, et l'on attendit sa
mort, qui arriva un an ap.ès. Mais rem[)e-
renr voulant faire croire que le vénér.ible
Bulhak était entré dans S(>s vues, lui fil faire
de magnifiques funérailles.
Dès le 2'i. février 1839, les trois évo-
ques apostats adhérèrent publiquement au
schisme, et envoyèrent à l'empereur l'acte
(le leur séparation d'avec l'Eglise romaine.
Dès lors aussi Siemaszko ne garda plus au-
cune mesure; il fixa à l'empereur un délai
très-rapproché, dans lequel il lui promettait
de faire passer à l'Eglise russe toutes les
provinces qui dépendaient de sa juridiction.
L'empereur, v^/ulanl le récompenser, lui pr i-
digua les marques d'honneur et lui délivra
tout pouvoir d'agir contre ceux qui désobéi-
raient, comme Vinlérél de In rrli(/ion pour-
rail le réclamer. Siemaszko, ainsi rcvùtud'un
pouvoir ilhmilé , s'empressa de retourner
dans les provinces de sa juridiction, où ses
premiers regards s'arrêtèrent sur les reli-
gieuses de Saini-Basiie établies h Minsk, et
coiniues sous le nom de Filles de la Sainle-
Trmilé. Il essaya de les gagner au schisme
[)ar tous les moyens possibles; mais n'y pou-
vant réus>ir, il leur annonça, dms les [)re-
miers jours de juillet 1837, (|u'il lein- accor-
dait un délai d ' trois mois, après lequel elles
choisiraient entre le schisme et rex|iulsM)n
du couvent. Trois jours s'étaient à peine
écoulés, (pi'il revint à cinq heures du ma-
lin, et enir.i, suivi d'un dét uhement russe,
d»ns la chapelle où les religieuses étaient
réunies. « Ce délai (pie j'avais a. cordé, s'é-
cria-l-il, je le relire , c'e-^i aujourd'hui , ce
matin même tju'il faut (juitler celle maison,
à moins (|(ie vous ne vous décidiez h faire
entre mes mains la rétrai talion île vos cii-
minellrs erreurs. » Toutes !••> religieu<5es
s'écrièrent d'uiu; voix unanime : « Nuus par-
lons. » Cet indigne prélat, aussi a\ .iro qu'im-
pie, s'empara d'un crucitix qui contenait des
reliques de saint Basile : l'or et les pierre-
ries dont il était incrn^^lé avaient frappé ses
regards. La su[)érieure en [irenant un de bois,
tout sim[)le, lui demanda la permission de
l'emimiler. Il était bien juste qu'il accédât à
cette deinandis mais il refusa. Ce fut Usza-
kotf qui, touché de la douleur de l'abbesse,
le contraignit h cfMler. On [«enl voir à l'aiti-
cle MiEczYSi.AwsK.v les persécutions qu'eu-
rent à endurer les malheureuses victimes du
czar et de Siemaszko, jusqu'au jour où cet
apostat vint h S(>as, (iernier séjour où l'on
avait transféré les religieuses. Furieux de
voir que toutes les tortures auxquelles on
les avait soumises, pour les faire changer de
religion, étaient restées sans etTet, Siemaszko
s'en prenait à tout le monde, au protopope,
aux czernice, du peu de succès qu'avaient
eu, malgré leur barbarie, les moyens em-
ployés. Ce fut alors (pic s'inspirant des plus
abominables pensées des anciens persécu-
teurs de l'Eglise, il fit enivrer des diacres
et des paysans russes, leur jeta les saintes
en leur disant d'en faire ce qu'ils voudiaient.
On peut voir à l'article déjà cité comment
Dieu les préserva, mais comment les ex<''cu-
teurs des volontés de l'apostat transformè-
rent en scène de carnage et de meuitre le
supplice infâme qu'il avait voulu infliger à
ses victimes. Ici finissent b s documents
authentiques que nous possédons sur cet
homme. Il vit encore en Russie, digne aco-
lylbedu tyran (jui y règne. Deux puissances
lui ont afiposé sur la poitrine les décora-
tions dont il est digne. L'empereur de Rus-
sie l'a revêtu du grand cordon de ses ordres.
Quand il voulut s'en dépouiller pour l'olfrir
à l'abbesse Mieczyslawska, et payer ainsi la
défection qu'il lui demandait, cette géné-
reuse femme lui dit : c Gardez cet ord e, il
figurerait mal à cùté de ma modeste croix ;
et sur vous, il aidt.' à cacher la poitrine où
bat le cœur d'un apostat. » Sublime réponse
(pii caractérisait à la fois cl la valeur de
riiomme, et cellt» du cadeau impérial qui,
comme l'or donné à Judas, avait i)ayé la tra-
hison.
SIENNE (Pierre de), franciscain, partit
avec trois autres moines de son ordre nom-
més Thomas de Toleutino, Démét.rius de
Titlis et Jac<|ues de Paolone, pour aller prê-
cher l'Evangile dans lo Kathai, dirigés par
un zélé dominicain français nommé Jour-
ilaiu Catalini. Forcés par diverses circons-
tances d'aborder à Tana, capitale de l'Ile Sal-
selle, ils y versèient h>ur sang [>our la dé-
fense du nom de Jésus-Christ. [Voy. pour les
détails l'article Martyrs ok Tana.)
SIESTUZKNCEWICZ ^SrvMsus Bomz},
na juit il Ku'iiisberg tlune famille [)auvro
mais noble. (On sait (pi'outre-Rliin la noblesse
appartic m .\ prestpie tout ce ipii n'est pas ar-
tisan ou attaché à la glèbe j Ses parents
('•l.iient calvinistes. Les erreurs de Genève
birnit l'alinienldesajeiini iiilelligencc. Sen-
Innl ilu goût pour le ni'Mie.r des armes, il
s'engagea et fit partie d'un régiment de hus-
sards. Comme il avait la tête chaude et la
085
SIK
AU
OHfi
iiuiiii (ifoiiipli', il SI) lt;iUil (>ii «liicl cl lui
l>l('ss(''A lu main K/iiiclii'. Oïl lui olili^r de lui
.■iiii|.iilt'r nii (l(ti;;l. (li' l'ul |»('>i <li' Icnins apiM^^s
ci'l.i (|ii'il lil coMMaissaiirc de Mjissalki, (•v(>-
(|n(' (le \ iJM.'i, (|ui lui lil cmhrasscr la iflli-
;.;i()'i (alliiilii|Ui'. I.'auciiii hussai-il (|uilla !'('•-
|i('(' |)()ur la SKUlaiic, cl suivi! la |iiurc>siou
cléricale. Sun ju'oU'ilcur, tlans les hoinuvs
,i;r,lc('s (lu(|uel il sul se uu'lli-c cnlièrcun'iil,
lui ((Uiléia la |»r(Miisc, le nnuuna cnsiiilc
cIiaMoim) de la callu^drale do Viliia, cl culiii
le ('[-Kusil pour lui succ(''der à c<' sii'^f» après
sa inorl. HitMi (|ue Slanislas l'i^l P(di»uais, il
se montra toujours l'eiim'uii acliarné do sa
palrio. Ce lui lui (|ui, par ses iu!ri!;ues avec,
l'otloski, de déplorahle inéuioire, lavorisa les
projets lie la Uussio sur la Polo^^nn. Callio-
liiH) 11, pour l'en récompe'is(>r, le iiouuua
t''V(\|ue do .Molulow ; en sa l'avour ollo éri|;,ea
ce siégo (Ml aro.hevOc.iRS el du lail d(^ la vo-
lonli' impôriale, Slauislas doviid un-tropoli-
lain do loulos les éj^lisos latines des |-]|a!s
russes. Ce nouvel arcliev(\iue dél'jstait lo
sainl-si('>ge, et lendail sans cosse h s'en ren-
dre indépendant : il apportait toutes les en-
traves qu'il pouvait aux ellorls de l'Egliso
romaine en faveur des éj^lises-unies des deux
liles en llussie ; il prenait iniluemenl lo litre
de UK'tropolitain des deux rites en Uussie,
cl se disait lestai a Intcrr du saint-siége. Ca-
therine, ijui entrevosait tout le parti qu'elle
pouvait tirer do cet homme ambitieux, se
l'attacha par les faveurs ([u'elle lui prodigua ;
elle insista beaucoup près du pipe i)Our faire
obtenir le chapeau de cardinal h son pro-
tégé ; mais ce fut inutilement, le |iape refusa
avec une fermeté que rien ne |)ut ébranler-
Le pape avait cent fois raison d'en agir ainsi,
car cet évè(iue abominable se prêtait entiè-
rement aux vues de Catherine dans ses pro-
jets sur les Eglises rnthéniennes-unies. Il
forçait tout son clergé à embrasser le rite
latin : or beaucoup de populations, habi-
tuées au rite grec et no voulant pas le quit-
ter, passèrent pour cotte cause au schisme.
Ou sait par quels moyens Catherine aidait
l'archevêque de Mohilow : des bandes de
popes et de soldats parcouraient les provin-
ces, el convertissaient avec le fouet et le
knout; les prêtres étaient chassés de leurs
l)aroisses avec leurs femmes et leurs enfants,
ou bien jetés en prison où on les laissait
cioupir; on déchirait sous le fouet ou le
knout les peuples fidèles; on leur coupait le
nez, les oreilles, on leur arrachait, ou leur
brisait les dents à coups de crosses de fusil.
Si Stanislas avait senti un peu ce que l'a-
mour de la patrie met au cœur de la plupart
des hommes, il eût éprouvé une invincii)!e
horreur pour la femme qui assassinait la Po-
logne. Comme évèque catholique, il eût da-
vantage encore délesté cette môme femme
qui renouvelait les persécutions des Néron
et des Dioclétien. A côté des monstres tels
que ceux que nous venons de nommer, il y
a (juelque chose de plus horrible encore, ce
sont ces apostats qui, comme le malheureux
archevêque de Mohilow, sont traîtres à la
patrie et traîtres à la religion. Rien n'est
épouvantable connue |i> (Ils qui assH.xsino nn
ii\f>ri'. : or l'apostat politique ou rclinieux est
l'assassin de sa pairie, l'assassin de sn reli-
gion ; les siècles n'aui ofd jamais assez d'exé-
crations pour son «tdieuse ménioiro.
SKiISMOM) (saint), roi do Hoiirgojj;no ,
(jualilii* iiiarl>r par le Marlviologc romain et
par les auteurs, n'a pas réellement mérité
ce litre : il fut tué étant prisonnier de guerre
(l(\ Clodomii-, [larce (lue ci; piincc; fut irrité
do voir que le frèr(M]o son prisonnier faisait
des progrès eu Houi'gogue el battait ses trou-
pes. Il y a \h uiu> vengeance politique, une
cruauté féroce envers un roi [irisonnior;
mais rien dans tout cola uo. conslilin! un
martyr.
SILAIU), rivière de Lucanie. Aucommen-
c(;meiit du i\ ' siècle, sous h; règne el durant
la peis«''cution de J)iocl(''lieu, saint \'it et
sainte Cresconcc, sa nourrice, ainsi que Mo-
deste, mari de la sainte, furent mis à mort
sur les bords de cette rivière. {Voy. Vit et
Chksgence.)
SILAS ou Sii.vAi>, l'un des soixante-dix
disciples, fut choisi avec Judo pour aller A
Antiochc porter le décret du concile des
apôtres, sur l'observation des cérémonies
légales. Silas se joignit à saint Paul, le sui-
vit en Syrie, en Cilicie, puis enlin en Macé-
doine. Il fut battu de verges avec le saint
aj)ôlre par les magistrats de Philippes, de-
vant (jui on les avait accusés de vouloir in-
troduire des coutumes qu'il n'était pas per-
mis aux Ilomains de suivre. On célèbre la
fêle de saint Silas le 13 juin. Saint Jérôme
(épître li3) dit que saint Silas est le même
que saint Silvain, dont il est fait mention au
commencement de l'Epitre de saint Paul aux
Thessaloniciens ; mais les Grecs les distin-
guent l'un de l'autre. Dorothée et saint Hip-
polyte, martyr, disent que Silas a été évoque
de Corinlhe, et Silvain évêque de Thessalo-
nique.
SILON (saint), martyr, eut la tête tranchée
à Rieli (dans lOmbrie), avec saint Rufm et
saint Alexandre, sous le règne de l'empereur
Maximin. L'Eglise fait la fête de ces trois
saints le 11 août. Les Actes de ces saints
sont sans autorité.
SILVAIN (saint), souflYit le martyre avec
les saints Domnin, ïhéotime, Philothée et
leurs compagnons, dont les noms nous sont
inconnus. Leur martyre eut lieu durant la
perséciUioii que l'empereur Maximin fit souf-
frir aux chrétiens. L'Eglise fait leur mémoire
le '6 novembre.
SILVAIN (saint), évèque d'Emèse en Phé-
nicie, fut dénoncé au préfet de la province,
en Tan 313, sous l'empereur MaximmValère.
Son diacre Lucas, et Mucius son lecteur, fu-
rent arrêtés avec lui, et traduits devant le
gouverneur. Tout fut employé pour les en-
gager à l'apostasie, les menaces, les prières,
les tortures ; ils furent battus de verges avec
la dernière cruauté. Au bt>ut de quelques
jours, ils comparurent de nouveau ; les mê-
mes tentatives furent faites près deux sans
plus de résultat que la première fois. On les
battit de verges une deuxième fois ; puis ils
iÊfl
SIL
SIL
988
furent garnttlés étroitement et letés dans un
cnrhof.nfi on leur Ini^ssa souffrir les horreurs
de I.» fniin et de la <5oif ; enfin ils furent livrés
flux tiOtes. Apr^s qu'ils eiu'efil rcrii leur glo-
rieuse rouronr)e, leurs eor|)s furent a^dn-
(ionnés parle-s piM-séculeurs; mais les chré-
tiens les ensevelir "it avec honneur. la nuit
niAnie (Je leur uiarlyrc. LrurfiMe est inscrite
au >faftvrologe romain le 0 février. {Voy.
Hensrhénius, nd [] Fehr., |i. 777 )
SI!.^■.\IN 'saint), évéïjuc, confessa sa foi
en Campanie. On ignore h quell époque et
dans qu'elles eirroisfanees; son nom est ins-
crit au Nfarlyiolo^e runiain le 10 f''V(ier.
SILVAIN (sainti, fut martyrisé h Rome;
nous n'avDus aui un détail sur lui. L'E-jlisc
fait sa fêle le 5 uiai.
SILVAIN (saint), était un jeune enfant. Il
souffrit le marty e h Ancyrc en Tialalie, avec
d -ux aulres jeunes enfuits nouunés Hulin
et Vilali(pie. L'Eglise fait leur mémoire le 4
se(>(einlM-e.
S1!,\'AIN' (saint), confessa sa foi en Bcrri,
au milieu des tortures. Les ilétails nous man-
quent. L'Ej;lise fait sa mémoire le 22 sep-
temltre.
SILVAIN ;saiiit , martyr, versa son sang
nour la foi avec les saints Zoi'l. Servile, Fé-
lii et Diodes. Ce martyre, dont les circons-
tances nonssont inconnues, eut lieu enistrie.
L'E-lise célùbrt^ leur niémoii-e le 2V mai.
SILVAIN saint), martyr, habitait rAfri(|UC.
Il y .soulfrit le martyre avec les saints Ln-
(iùs, Rulule. Classique, Secondin, Frurtulc
et Maxime. Le Martyrologe romain ne donne
1)oiMt de dt'tails sur le martyre de ces saints.
/E.:lise honore leur mémoire le 18 février.
SILVAIN (saint', martyr, mtnirut pour la
foi en Pi'-idie, avec saint Riaroy. Après avoir
souifert de rruels stq>plires pour le saint
nom de Nofro-Seij^neur Jésiis-(,hrist, ils fu-
rent décapités et méritèrent ainsi de recevoir
la çourouie d<> gloire. Le MarlyrolOfi;e ro-
main ne dit point A ((uellc époque eu' l'Cu
ce martvre. L'Eglise célèbre leur mémoire
le lOjiirlIel.
SlLN'fcllE isn\utj,Silrrriits, pape (>t martyr,
succéda en o3G au pape Agapil. Il était tils
du pape Hormisdas, uni avait été marié avant
d'être élevé sur le sie.,'e pont fical. « I/impé'-
r.iti icc Théodora lit appeler Vi;j;ile, diacre de
rE^.^lise romaine, qui était ?\ Constantino(ile,
et lui fit promettre secrètement qu'il alioli-
rail le c nrile de Chalcédome, et écrirait h
Théodose d'Alexandrie, h Anthime et h Sé-
vère, appronv.uit leur foi, moyetmant (pioi
elle lui donnerai! sept cenis livres d'or et nu
ardre pour Rélisaire, cpii le ferait ordonner
pape. Vigile, en avant donné >; i [)romesso ,
vint h Rome, où i( trouva Sdvérius en pos-
session du saint-sié^e. Il alla donc h Ra-
venne trouver R-'-lisnire , ol lui montra l'oi-
(ire de l'impératrice, lui |)roinettant deux
cents livres d'or s'il le faisait ordoîmer à la
place de Silvérius. Rehs.ijre prit Rome le
10 décembre 536, et elle se rendit |irinci[»a-
lemcnt h la persuasion du pape Silvérius ;
mais l'a'inée suivante ViMgès. mi deslîolhs,
vint l'asSiéger. Pendant ce sie^jc , (jui fut
long, on remanpia le respect des (îoths pour
les églises de Saint-Pierre et de Saint-Paul,
toutes rieux hors île Rome. Loin d'y faire
aucun désordre, ils laissèrent toujours aux
ecclésiastiipies la liberti- d'exercer leurs fonc-
tions.
« Cependant on accusa le pafie Silvérius
d'avoir écrit aux Colhs pour les faire entrer
dans Rome par intelligence. Mais il passait
pour consta'it (pie c'était une cal ninie, et
qu'un avocat nommé Marc, et un garde pré-
torien , nommé Julien, avaient composé en
son nom de fausses lettres ndre'5<;»'es au ro:
des Cioths. Toutefois, B lisaire fit venir Sil
vérius au palais , où lui et sa femme Anto-
niMe, contidente de l'impératrice, s'efforcè-
rent de lui [)ersuader soci élément d'obéir t.
cette priicesse, de renoicer au concde de
Chaloédoinc ft d'approuver par écit le
créance des hérétiques. Le pape , au sortir
du palais , dit h ceux de son conseil ce qun
l'on voulait lui fiir^ faire, et se retira c'i l'é-
glise de Sainte-Marie-Sabine. Lh on lui en-
voya Pholiiis, tils d'Antonine du premier lit.
pour l'iiiviier à venir au pilais, lui promet-
tant si^relé avci" serment. Ceux qui accom-
pagnaient le pape Silvérius lui conseillaient
de ne se point fier aux serments des GreC'^.
Il sortit pourtant et vint au palais. On ne lui
fit rien ce jour-là, et on lui permit de re-
tourner à l'éc'lise oi^i il demeurait, à cause
du serment ([u'on lui avait fait.
« Bélisaire le manda une autre fois. Il
voyait bien qu'on viulait le surprendre :
toutefois, après s'être mis en prière, et avoir
recommandé ses affaires ?» Dieu, il sortit de
son église et vint au p.dais. On le lit entr r
seul et les siens ne le virent plus. Le lend -
main , Bélisaire assembla les prêtres , l s
diacres et tout le clergé de Rtune , et leur
ordonna d'élire un autre pape. Ils doutaient
lie ce qu'ils devaient ftir»', et quelques-uns
réfislaient ; ma-s en in. par Tanlorité de Bé-
lisaire, \ igile fut ordonné pape le 22 no-
vembre 537. .Mors Bélisaire [iressa Vigile de
lui payer ses deux cents livres d'or et d'ac-
com. Iir la promesse qu'il avait faite à l'im-
pératrice; mais Vigile avait peine à s'y résou-
dre, tant par la crainte des Romains que par
avaric(>.
Quant au pape Silvérius, il fut enYoyé en
exil h Patare en Lycic , dont l'évêqne alla
trouver Justinien et le menaça du jugement
de Dieu , nour avoir ainsi clias'^é de so i
siège le chef de toute l'Eglise. L'empereur,
(pu ne savait riiui des ordres ipie l'impéra-
Irice avait donnée, commanda que Silvérius
fi^l renvoyé h Rome, que l'on inforui.'il de la
vérité des lettres qn on l'accusait d'avoir
l'crites aux Cioihs : et que s'il dait prouvé
qu'elles fussent de lui, il demeurAt évéqiie
dans (pie1(pii» autre villf» ; et si elles étaient
trouvées fausses, il fiU réialili ilans son siège.
Le diacre Pelage, qu'.\gapit avait laissé «^^nn
légat h Consfantinopli«, étant gagné parriiii-
pératrice, et chargé d" ses ordres , courut
en diligence pour enqiècher (pie l'ordre do
l'eiupereur ne ft^l evé-, nié et que Silvérius ne
l'ctourniit à Home; tuais l'ordre de l'empe-
m
SI M
llM
MO
rmir ronnuirln. Vi|a;ilo, t^fHnivniilc» ihi rcloiir
i1(t Silvi'i 111"^ , et ciflifJifwml d'iMic clwisst'' ,
ninndn ft H(MI«;iiro : Donncz-inoi Silvriiiis ,
«iiIrciiH'tif je ne finis <'X('ciilcc ce (juc \nii?
me (Iciii.iikIJ'Z. SilVi'iiiis lui doiir li\ r(' .'i (N-iix
(It'rciisciirs ot h tl'iiiilirs scrvilciirs de Vi[j;ilo
(|iii le m(V'1^l•(•nl (l.'His l'Ile l';ilriiiiii.'i oTi j s l(*
f;.Mtl(''i("nl , cl il .V moiinil de r.iiiii li- 'iO iiiil-
\< ( (1;IH. fipr^s nvoir Iniii le saint-slt^godoiix
ans. » ((•'Iciirv, v(d. Il , p. (riO.)
f.'lv^lisc f;iil la ('(Me de saint Silvi'MO lo
'JOjiiiii.
SII.\'IK (sailli), l'uii des (|iiai'ant('-linil
marl^rs de l.^oii, S'His rcinpii'i' de Marc-Aii-
rMc, (Ml raiiii('«o I77,ftil (ircapilô dans (îoKo
ville. Comnio citoyen roniain, on ne l'exposa
pas anx In'^le^. l/l'li^lise célèhro sa P.e lo
2 juin, avec collo do .«saint Polliin.
SlLVIN ( saint) , luarlyc, (Mil la t^loire do
donner sa vie punr la foi. Ce fut h .Mexan-
drie (juil niourul en piison avec les saints
Aralor, Koctiinal, Félix et >'ilal. On i.;noio
h quelle époipio eut lieu It'Ui' coufat;eu\ niac-
tyi-e. L KgIisocélM)iolenrui(5nioiro Ie2l avril.
SIMÉON, év('^(piede JérusaI(Mn et nnutyr,
6\!x\[ lils d(! Cléo|)lias, ot de Mario , sœur do
la sainte Vierge. Il était par cons6(iucnt cou-
sin do Jésus-tdnist. 0"i^i"l saint Jacfpuvs le
Minoureut été massacré par lesJuil's, lesa[>A-
ties, d'un coniniun accord , et les disciples
choisirent Siméoa ronuno digne do lui suc-
céder sur lo siét^o ile Jérusaloni , en l'an-iéo
62. Ce fut sous ja conduite do saint Siiiiéon
que beaucoup de Juifs sortiront de Jérusa-
lem avant qu' elle fût assiéj^éo , et se retiré-
l'O'U à Pella. Après la ruine de Jérusalem, ce
saint évoque y ramena so!i troupeau; VK-
glise y devint' lloiissanlo , Dieu couronnait
chaque jour les efforts du pasteur par des
conversions nouvelles. Nous donnons ses Ac-
tes d'a|)rès Euséb\ C'c^t sans fondements
sulïisauts que Kuina; t et d'autres ont changé
la date dEusébe, 107, on celle de lOi, pour
la mort de saint Siméon. L'Eglise fait sa féto
le 18 février.
Actes de saint Siméon, évéque de Jérusalem
et martyr.
La persécution qui s'était allumée contre
les chrétiens sous l'empire do Domilion, sem-
blait être entièrement éteinte, lors(|u'elle se
ralluma tout ;\ cou|) sous celui de Trajan.Une
émotion populaire s'étant excitée conuno do
concertdansloutcslos villes contre les fidèles,
y porta les étince^es de ce feu : plusieurs
en furent consumés , et outre autres Siméon,
fils de Cléophas et de Mario, cousin ger-
main de Jésus-Christ et successeur do saint
Jacques à l'évôclié de Jérusalem. Dos héréti-
ques qui coiiimencoront de son temps à cor-
rompre la pureté de l'Eglise, qui jusqu'alors
était demeurée vierge , le dénoncèrent au
gouverneur do Syrie : ils l'accusèrent d'être
chiéiien, et du sang de David. Siméon, con-
vaincu de ce double crime, fut condamné à
êlro altac'ié à une croix ; cl il fut assez heu-
reux pour mourir du même supplice qui
avait ôté la vie à son maître; mais ce ne fut
qu'après avoir, à l'âge de cent vingt ans, lasâé
dnrafitplusifMirsJfuir»» |n< \m\\pfpn\iX <1fln< 1^^
divi-rs Inuniienis qu'ils lui llr>Mil endurfr, «*t
av(dr nltiré leur ndmirnlioii /iiMisi bien quo
cflle de son jiiKo. (Kusèbc, HiKt. ml., I. irt,
ch. :\'l )
S\y\i:()S ( .«îalntK nmrlyr de l'crsn , veMa
son sang pour noire s/ii'iie tfliilou eu Vnn
IV.V.t (\i> l'ère chn-tiiiitie, sdiis le lè^ueetdii-
rafif la violente por>é('iifioii de Sapor. Son
histoire se lioiive jointe ?i cille d" ses corri-
na,:.,'iions, liaiis les Actes de saint S/qior. (Voif.
l'arlich! de ce dernier saint.) L'Kglisi» horiorn
la niémoii'e do saint Siméon et de .ses coiii-
pa;:;iioiis le ;{() noveiiibi(!.
SIMf'lON (saint) , évê(|uo de Cfésipliofi et
de Séleiiciiî , est un des plus illustres uiar
lyrs de la l'erse. Il mourut [loiir Jésus-
Cfiri.sl en 3V1 , sous Snpor. Sf s Actes , (|ui
sont magriifi((U('s , doivent trouver ici leur
place. Nous les avons liadiiits avec un soin
particulier. La fêlc^ de saint Siméon an ive lo
17 avril.
Martijre des saints Siinér'n , évéque de Sélcu-
cie et de Ctésiplion , vc de ses compagnons
Abdhaula et llauanias, prêtres, de cent au-
tres chréliens de dilJV'rcnles conditions ;
ainsi que de rcunui/ue (tuhscialazades ,
nourricier du roi, de Pliusikius, intendant,
et de sa fille , vierge consacrée au Seigneur.
J'entre|irends d'exiio^ei- et do consigner
dans cet écrit le commencement de la servi-
tude de notre jiouplo, d'oi^ s'élevèrent les
calamités que la Providence nous a envoyées
pour notre correction et notre amendement.
Certainement, la cruelle teirifiêle qui dcfiuis
(juelque lem[)s a fondu sur nous égale les
rigueurs de celle qui fondit jadis sur les
Machabées ; puisque eux aussi ont passé par
ces jours qu'avaient prédits les prophètes
annonçant les vengeances divines. Car Ba-
laam avait parlé de ces événements mômes
dans ses prédictions : Qui vivra quand Dieu
accomplira ses projets ? Je vois des hommes
venir de ta terre italique en des vaisseaux: ih
ravageront Assur ( Nond)res xxiv, 23 , 2^). 11
désignait ainsi les Cir(;cs qui, |)lus tard, pous-
sés [lar leur fureur, se ruèrent sur les Ma-
chabées. Ezéchiel aussi annonce dans ses
oracles [Q.h. xxvni, v. 2 et suiv.) Gog et Ma-
gog, désignant par ces noms les luômes Grecs
que Daniel (Ch. vii, v. 8j a figurés par la petite
corne, qui dais le lieu où elle s'éleva fit dis-
paraître si promptoment tiois autres cornes
qui étaient près d'elle, et proféra des malé-
dictions contre le Très-Haut.
Ce fut Antiochus qui, dans la cent qua-
rante-troisième année de l'empire grec, dans
la sixième du sien , ayant pris Jérusalem ,
enleva la table d'or et les autres objets des-
tinés au culte saint , profana le temple , et
en ayant chassé les Juifs qui le desservaient,
y construisit des autels près desquels il
plaça des étrangers. Il exerça surtout sa fu-
reur contre les prêtres, et profana la religion
et les choses saintes. Non content d'avoir
commis de telles impiétés, il souilla du sang
des innocents les terres que les Juifs possé-
daient par droit héréditaire , et exposa les
99\
5IM
SIM
on
corps des saints pour qu'ils fussent mis vu
pièct'S pnr los bùles IVtocos et los oiseaux lie
proie. Plusieurs, vaincus par ces pors«^cu-
tions. prtMèienl iesnininsan roi, et .ilijur.inl
leur reli-^ion, se souillèrent par des saciili-
ces impies ; d'autres , hommes d'un noble
courage, femmes attachées f» leur Dieu,
ayant ouvertement confess('' leur foi , subi-
rent le dernier supplice : mille dans un seul
jour moururent pour la religion du sabbat
en protestant de leur innocence. « Nous
mourons, disaient-ils, dans la simplicité de
notre cœur ; cependant nous prenons en ce
jour le ciel et la terre à témoin que nous
sommes innocents et ne méritons pas la
mort que vous nous donnez. » Des fem-
mes furent tuées avec leurs enfants qu'on
égorgeait, et pareillement de petits enfants
furent tués cruellement h la mamelle de leurs
mères , leurs i)etits bras attachés à leur cou.
D'autres ayant, [)ar suite de leur attachement
constant à la règle du saint lestament , re-
fusé de se souiller en mangeant des viandes
prohibées, furent condamnés à la peine ca-
jtilnle. Et un grand deuil régna dans Israël,
et les prirïces des prêtres, les anciens, les
jeunes gens et les vierges poussèrent des
gémissements et furent consternés ; la beauté
des femmes fut flétrie ; l'épouse , assise sur
son lit nuplial , tomba par terre, et toute la
maison de Jacob lut dans la confusion. Ma-
tathias gémissait et disait : Malheur â nous ,
ù qui il a été réserve' de voir les wniheurs de
notre peuple, et la désolation de la ville sainte
et de son temple, lequel a été' livre' aux mains
des étrangers. Voilà donc anéantis notre gloire
et ce qui faisait notre honneur. Pourquoi ri-
rons-nous encore? Cependant, reprenant
bientôt son courage : Pensez, disait-il, de gé-
nération en génération, que tous ceux qui es-
pèrent dans le Seigneur ne seront point anéan-
tis. Et maintenant ne craignez riin des dis-
cours d un homme pécheur: parce que sa gloire
va devenir de la fange où les vers se mettront:
aujourd'hui il est élevé, demain vainement on
te cherchera. Déjà il est penché vers la terre
CfUi l'attend , et toutes ses pensées vont périr.
•M.itathias ayant vu un certain Juif son coui-
palnole qui, après avoir abjuré ouveitenient
sa religion, sacrifiait aux idoles, ce fervent
serviteur de la loi divine rougit de honte, et
ses entrailles s'émurent et tremblèrent. Plein
de zèle p<iur son Dit-u i|u'on ollVn>ait ,
comme il convenait à un vengeur de la loi
sflinle, il se précipita sur le coupable, et tua
(et honnne sur l'autel même où il ollrait son
abominal)le sacriticc , versant ce sang qui
s'était otrert aux idoles sur le corps de la
victime morte, nlin que celui qui avait souillé
la loi fût souille à >on tour par • «^ contact
impur. Puis abordant le délégué du roi, qui
contraignait le peuple j\ ces sairitii-es im-
pies, il lui trancha pareillement la lète.Oer-
les, il lit une n» lion méritoire, ce prêtre qui
éteignit sa suprèm»' indignation dans \v sang
d'une victim»' immondf. et (pji r. nJit l'i son
f>euple son Dieu apaisé et piopire.
Amsidoncdans cette époque de deuil etdo
douleur cruelle, dansceUe détresse univer-
selle si grande, dans cet affreux cliquetis des
armes, la joie et la gaieté des peuples firent
place au morne silence; la tranquillité, cet or-
nement delà paix, cet adjuvant de la guerre,
fut enlevée par la violence ; les richesses pu-
blicjues furent dilapidées, l'éclat national
obscurci, la vertu opprimé ', le royaume dé-
membré, la fortune privée et la fortune pu-
blique renversées et détruites par le crime
porté au comble et par la scélératesse. Par-
tout le glaive faisant en tous lieux la solitude
et le désert ; partout l'aspect de la mort
cruelle, voilà co qui frappait les regards df>s
malheureux débris de la nalion. L'enfer lui-
même s'était hAté d'ouvrir ses goulTres pour
engloutir ses victimes ; il ouvrait sa bouche
et sa gorge pour les dévorer; il attira dans
son goutlre les hommes vertueux et les scé-
lérats , et fit des pécheurs sa nourriture. 11
ensevelit dans son sein les corps des lustes,
et broya de ses dents les os des impies , di-
lacéra leurs chairs, les dévora et les englou-
tit dans ses ténébreux abîmes. Il tordit los
bourreaux de la vertu, et mit en pièces ceux
qui persécutaient ses projires adeptes , les
mettant tous dans la plus noire prison, et les
plongeant dans les profondeurs de son l:c ,
parce que Jacob a été noyé dans le péché et
Israël dans l'opprobre.
Depuis bien longtemps les trésors de la
miséricorde et de la bienfaisance célestes
étaie.it fermés pour nous ; la vengeance de
Dieu avait pendant ces temps redoutables
exercé sullisjinment sa colère et sa fureur;
le glaive s'était rassasié, la lame s'était eni-
vrée, les vexations et les crimes étaient au
comble ; les livres saints avaient été ouverts,
et les choses qu'ils contenaient divulguées ;
enlin la rosée de la miséricorde tomba de
nouveau, les sources de la gr;ke se rouvri-
rent,etsous leur heureuse intluence,lesactes ■
tl K'S écrits qui les avaient outragf'cs fur.nt ^
oubliés ; les fautes des coupables furent la-
vées et justifiées, pour que la justice venge-
resse m; poussAt pas leur chAliment jurqu'à
les perdre, pour qu'ils ne fus>ent pas punis
})ar les plus cruels supplices. Puis voilà que
tout à coup s'éleva un soleil éclatant , qui
fondit sous ses vives ardeurs les glaces de la
superstition paienno, ferma la sourie impure
de l'inliilélite , dessécha l'eau stagnante de
l'idolAlrie , celle boue immonde ; nettoya
celte sanie féti le . éteignit cette puant'ur
[tutride , et rétablit la p'urelé et la sainteté
partout. Il lava le lieu saint et le consacra ;
il mil sur lui le minteau de la piix ei le ré-
(haulfa. Il étendit sur lui le voile de la Iran-
(pullilé, et le rendit chaste et vénéré. Puis
il courut sus aux bêtes féroces et les exter-
mina. Judas, le fils du lion, agramiit la gloire
de son peuple, el releva la télo de son
Eglise. Courage 1 ce prêtre, ce guerrier est
touverl de 1 épliod, un >aiiit, pour se ren-
dre propice le Seigneur Dieu. Il a revêtu la
tunique terrible comme un géant (jui mart lie
au carnage ; il a ceint les armes de guerre
«■oinuie un brave ; il est nrOl pour la bataille.
Dans sa force il ressemble au lion, il se cou-
che sur les ruines des ualions pour dévorer
[n)h SIM HIM wn
loiil's priiicivs. Sa \uu:\ui rsl tiiivrrc [du sjmg
iiii'iil r.iiili'l; (oiis deux, M.'ir M AAiiilctf'! do
leurs iiKi'iirs, /ijDiilèiiMil /i l'i'iM.il d'un iiiinin-
dcs vicliiiK's, »)l sd'i Kl.tiv«> <vsl l/dimir d'à- leurs iiki-iiis, /iji
liallro les ItMcs de SCS emieiiiis. Dnis sa co- (eie vi'iiéiaMe; Ions diMJX liiieiil (.oiis/Ktf's
Ii'tc* il a piHirsuivi jum|ii'.ui\ deiiiieis de» iiar l'eau saiiiln ; Icjus deux liieiil aviic Joio
ln'M'IuMirs ; il a Klacc^ les ^;luiieu\ par la 1er- n^ sacrifice do leur saii;^; Ions deux surout
reur du son ik'Iii ; ceux i|ui élaieril grands (!t ennaniiner par leiusdi>,eours é|(Mpieiils leurs
élevés solil l{>nd)ôs do pour devanl lui. I.c iieuples pour la verlu; Ions dt;ux, icdouln-
salut a (Mé remis eu ses mains, cl il a l'ail lu olesau coud)al, appelèreul la morl avc.'c coii-
dé-iespoir d'uu ^raiid m»ud»re do rois. Il a liauce et courage ; f^i'-iiéreux el ardoiilH, ils
lue millo cniieuns siu' les moida^nos , il eu |irovo(pièreul leurs meurlritîf s, se; préci-
a lue sans nombre dans l<>s pjaiinvs. Jacob a |)ilatil vaillannnenl sur b'S lances et sur
tressailli de juio devanl ses o'uvi'es ; Isiaid les ('pées étincelanles , la lAbî en avant
s"L>>t enori^iUeilli do ses liants laits, l.a lerro comme des Iriomplialeurs. Tous deux erilin
s'est reposée sous sa |)rolecliou cl a secoué succombèrent ^iorieiiseiiKMil, bai;^nés dans
la servitude. Sa renommée est alléejnsipi'au leur sanu,. Ils ont accepté- le cali<;e avec joie,
bout du monde; mais lui est tombé vaillam- ils ont l'ait leurs présents avec; libéralité, et
ment pour son Dieu et pour la défense! d(! donné leurs coiironnis suivant leurs niéri-
son peu|tle ; et sa mémoire vivra dans la re- tes; ils onlaccoiu|)li avec amour et avec .soin
coimaissauco éU'rnclle des peuples. le mandat du Soi^nmir et se sont attachés à
Ce ipii se passa alors , est riniaj;;e, de no- a(;coiiiplir et l\ dércndie la loi sainte. L'un,
tre |)ersécutioti. Le pcniple commença à être comme un juge, accomplit l'ordre dt; Dieu,
pressuré d'impôts, les jxètres à élri^ l'objet faisant par la mort [)ayer Ame pour Ame, et
de lonti s sortes de vevidions. Saisissant cliercliant par sou |)ropre trc-pas le salut et
cette occasion, les hommes élevés et orgueil- hi conservation des siens; l'autre, (connue
loux témoignaient leur mépi-is pour ceux nn sei-vil(nir, accomplit le pré('i;pl(! évangé-
qui étaie.il dans une position plus modeste; Ii(pu' : Si (/uehjiiun te frappe sur la joue, etc.
les païens feulaient aux [lieds les iidèles ; (iî/«<</i. v, v. 39), en pn-senlanl sa tôle h cou-
la fraude et l'outrage commencèrent à op- per au glaive. L'un, (pii cliAliait les antres,
rimer la vérité et l'innocence. La malice et s'oll'iit lui-même; l'autre, (pii s'humiliait,
l
a mécliancelé des |)ercepleurs du lise ne fut écrasé; l'un par son ministère puriliait
négligeaient aucun moyen , prolltaient do ceux qui étaient morts et détenus dans les
tous les prétextes, tantôt iiarla violence, tan- abîmes souterrains; l'autre les rachetait du
tôt par la ruse, tantôt ouvertement, tantôt péché par sa mort. L'un mourut vainqueur
d'une façon détournée, pour arriver h chan- de ses ennemis dans une guerre étrangère ,
ger en une dure servitude la liberté que Dieu l'autre fut mis à mort dans un combat (jui
avait donnée à son Eglise , pour jeter peu à ne lit pas de bruit. 0 excellente et illustre
})ou le trcuble lians les pratiques de la loi mort des saints, surtout après le triomphe
divine, qu'elle se faisait gloire d'observer, que notre Sauveur accorda h notre héros
pour créer sans cesse des obstacles dans la dans cette lutte occulte 1 Judas, vainqueur,
voie droite de la vérité. s'est couché lui-même sur les monceaux de
L'année 117 du royaume des Perses, la ses ennemis vaincus afin de se lever aussi
trente-unième du règne du roi des rois Sa- lui-môme et pour consacrer son sacerdoce
por, ces calamités fondirent surnotre peuple, par son sang. Siméon, jeté par terre aussi, se
Quand celte tempête arriva, l'Eglise de Se- releva de lui-même et vainqueur porta haut
leucie et de Ctésiphon avait pour évoque Si- la tète qu'il allait bientôt baisser pour rece-
méon, surnommé Bflr-5«6oc, nom qui lui voiries eaux dans lesquelles le pontife allait
convenait i)rimitivement; car ses parents être sanctilié. Judas, tout en Dieu et aidé de
teignaient la pourpre qui servait à l'orne- l'esprit de Dieu, délivra son peuple des tri-
ment des rois; pour lui ce fut avec son sang buts qu'il payait aux rois de Syrie et de
qu'il teignit la pourpre qui devait lui servir au drècc. Siméon, par le secours de Jésus, Fils
ciel. Ce Siméon fut celui qui donna sponta- de Dieu, vainquit ses ennemis, et vengea
nément sa vie pour son Dieu et pour son son peuple que la tyrannie des rois de Perse
peU| le, et qui, pénétré d'horreur contre ce faisait gémir dans la plus dure oppression.
que le caprice tyrannique et l'injustice en- Tous deux sont de vrais pasteurs, de sages
treprenaienl contre l'Eglise, imila J>idasMa- conducteurs, qui, pour les brebis qui leur
chabée qui, dans des temps aussi cruels, étaient confiées, considérèrent leur propre vie
n'hésita |)as à donner librement sa vie. Quel comme le flocon qui vole, et qui la cionnè-
illustre couple de prêtres, que Judas et Si- rentpour les sauver. Eux-mêmes moururent
méon 1 L'un conquit pour son peuple la li- pour sauver leurs brebis de la mort, et pour
berté par les armes, l'autre par sa mort; que, ramenées aubercail, elles pussent cueil-
Tun, victorieux, fut couvert de louanges ; lir les fruits de la commune victoire. Pen-
Tautre, succombant accusé, triompha de ses danl qu'ils s'occupent du salut de leur trou-
ennemis; Judas en versant le sang de ses peau, ils souffrent l'affliction et la persécu-
ennemis, guida son peuple au faîte de la tion, de peur qu'il n'entre dans des pâtura-
gloire et de la puissance ; Siméon, en versant ges infectés par les pas des étrangers ; em-
le sien, éloigna le joug de la servitude de la brasés, remplis de l'amour de leurs brebis,
tète de son troupeau. Tous deux furent re- ils préférèrent tout souffrir plutôt que de
vêtus du suprême sacerdoce; tous deux por- les voir boire, mortel breuvage, les eaux
tèrent l'éphod; tous deux servirent sainte- troublées par les pieds des intidèJes. C'est
095 S|H
pourquoi Sim^on, cet illustre évèque, met-
tant S.1 f'Tce dans lo Seig-iour et se confiant
dons son Dieu, donna relit' r<''ponse à porter
au roi : « J(4sus-Clirist a racheté sou Eglise
par sa mort, et a conquis au prix de son
sang la lit)ertédo son peuple, et nous ayant
ôlé le joui? de la servitud-', nous a déchar-
g/^s des lirdeaux accablants que nous por-
tions. Il nous |)rom(t d'immenses récompen-
ses dans la vie future, il a élevé nos espé-
rances. Son empire est éternel et ne finira
jamais. Ainsi donc, tant que Jésus-Christ
sera le roi des rois, nous avons résolu do
ne point accepter le joug que vous voulez
nous imposer. Que Dieu ne permette pas
que nous commettions le crime de préférer
h la liherfé de laquelle il nous a fait don
la tyrannie des mortels. Le Seigneur, aii([uel
nous avons résolu d'obéir, est le [)rincipe et
le modérateur de votre puissance. Nous n'a-
vons point coutume de supporter l'empire
inique de ceux qui sont, coiumi' nous, ses
serviteurs. En outre, notre Dieu est l'auteur
et le créateur de celui (pie vous a lore/. 5 sa
place; et nous tenons pour intime et impie
d'égaler h Dieu de's choses qu'il a créées et
qui vous ressemblent. Par- lessus tout, vous
nous demandez de l'or, à nous qui n'avons
ni or ni richesses, à qui il est défendu par
Dieu d'avoir dans leurs bourses de l'or ou
de l'argent, et h qui Inpôtic a dit : Vous
avez été achetés d'un (jrand prix, ne mus fai-
tes pas les esclaves des hommes (/ Cor. vu,
23j. Siméona écrit ceci. »
Cette lettre, portée au roi, excita au plus
haut degré son indignation; il fit cette ré-
l»onse à Siméoii par le |iorleur qui la lui
avait apportée: « Es-tu doncasse^ fou pour
exposer ainsi par ton audace, no i-seulement
la vie, mais aussi celle de ton peuiile, et
d'appeler sur toi et sur les tiens le trépas ?
Ton orgueil et ton arrogance incroyablfs
t'ont porté à jiousser ton peuple à la dél c-
ti<'n. Il m'appartient d'employer mon auto-
rité h briser cette co ispiralion, Jt anéantir
cette peste, et à vous elfacer, \ous et votre
mémoire, du souvenir des honnnes. » Le cou-
rageux Siinéon ne fut nullement ému do
cela, et répondit" : Quand Jisus-Chrisl a souf-
fert spontanément la mort la plus ciuello
pour le salut du monde, et l'ii lacheté par
son trépa-, qui su s-je donc pour hésiltn* à
donner nia vie pour mon troupeau,' surtout
(pjand je me suis vol(;ntaiieinent ih.irgé du
soin lie son salut? Ainsi donc, tenez-vous
bien pour dit <pie j'ai résolu du vous livrer
ma tête plutôt que de vo is abuidonner mon
I)euple, pour quu vous ré.rasiezsous le poids
de vos exactions. Je ne puis désirer vivre,
si je ne j»uis vivre que criminel, l'our jouir
de la lumière du jour, je ne livrerai |)oin! à
la servilu le la plus dur ■ (eux que mon Dieu
a rendus libres. (Ju'ai-je bestun du repos et
des aises do la vie? A Dieu ne plaise que j'o-
rhète ma sécurité au pri\ du [»éril do ceux
( u'il a rendus libres l Que je veuille jouir
Je l'exislenne nu prix des rtines rachetées
de ^un saii^, ou bien que je cherche les dé-
lice» de mon corp» en livrant aux travaux
SIM
996
excessifs de l'esclavage les corps de ceux
que Jésus-Christ a rachetés par sa mon 1
Ma volonté ne manque pas à ce point d'éner-
gie, ni mon pied de force, que je ne puisse
marcher sur les traces de Jésus-Christ, entrer
dans ia voie de sa passion, ou craindre de
m'a^socier au sacrifice dans lequel, lui, le
pontife véritable, a été immolé. Je suis donc
décidé à vous donner ma tête pour mon
troupeau et h mourir : heureux si ma mort,
quoique de si peu de prix et d'importance,
est aioulée à celte inoit d'un si gr «nd prix
que le Seigneur a soutferle pour le salul de
ce troupeau. Quant à la ruine de laquelle
vous menacez mon église, elle devra être
imputée, ion à ma volonté, non à mon amour
pour Dieu et pour mon troupeau, mais à
votre impiété toute seule. El ce crime devra
être lavé non dans mon sang, mais dans le
votre. .Mon peuple et moi s«'rons purs de ce
crime ; quant au courage qu'il faut à ce peu-
ple |)Oiir son salut, il est grand, vous en au-
rez bientôt la preuve. »
Alors le roi, comme un lion qui, ayant
goûté au sang humain, s'anime au carnage et
court à sa proie, entra dans unefureur viol nie,
et sentit se répandre dans tous ses membres
la rage insensée qu'il avait conçue dans son
cœur. Il grinçait des dents, se crispai lie visage,
s agitait avec fureur et s'excilail h boir ■ le
sang innocent, à dévorer la chair des saints.
Il rugit (l'une manière horrible, fit trem-
bler la terre par d'épouv.inlables blas <héme$
et rendit un édit pour ([u'on fit sur-le-champ
mourir les prélres et les diacres; pourqu'oi
renversât les églises et qu'on fil servir les
vases sacrés à des usages profanes. «Quant
h ce Siinéon, dit le roi < nllé de colère et de
fureur, ipianl à co Siméon, le chei de ces ein-
|)oisi)nneurs, ce contem[)leur de ma m.ijeslé
royale, qui n'obéit qu'à César et qai n'adore
que le Dieu de César, qui se m't(]ue du mien
et le m 'prise, (pion l'amène d«'va il moi,
pour voir son audace soumise à la question,
et pour ipi'il soit jugé e \ ma pr-'s^nc'. »
Les Jiiiis, qui soiil toujours nos ennemis,
saisirent celte occasion, suivant leur cou-
tume, pour attirer encnre dav.inlage la co-
lère du roi sur nous el sur himéun, en noe.s
chargeant de < rimes imaginaires : car jamais
temps ne fut pour eux si favorable pour d«'-
ployer conlr(! notre religion et contre rïoiis
leur naine implacable, pour assouvir la rage
infernale qui les an me p;ir la c ilomnie « l
rim[iiélé. C est aiiiM que jadis par leurs ers
ils exciiaient IMIate à envoyer Jf^sus-Christ
h la mort. Dans cette circoiisance, porl.nil
au coini) c rniipuiem e, ils parlaient .linsi :
« Si vous, roi, «dre-isez à César les lettres
les plus sages el les plus mag ntiquement
écriles, SI vous lui envoyez, les présunls les
plus ili>liugués et les pliis h(»norable», il les
regard»^ comme peu de chose, n'y attache
pour ainsi dire aucun prix ; mais si, au con-
Iraire, il anive que Siméon lui écrive une
lellre ou iin^me un sinpie billet, il se lève
soudain, a lore les miséral»les feuillets, et,
les louant dans ses deux mains, donne l'or-
dr«» qu'on exécute «u plus tA| les rho«c?
007 m\ sni ON
dont il y osf pnrli^. » (loiiihioii cos (If'-lnlfMirs sniil rein vous s.'iiivon'/. rt vowi» fl ion vô-
(.i(^ SiiiK'^oii sont sonihbililcs h (-(is t'iitii Id- lr<>s. » Mais Siiiirnii : « Ju iio v<>U(Jr;iitr |Ui.s
nmiiis (|iii sr Icvrifiil coiiln' J(^siis son Sci- vous nilorcr voii.s-inr'riK!, <*• roi, «(ui noiirl/int
l^nctii 1 \iivsi les Jiiils(|iii (Vliisriciil l;i mort IVinitot tiv. lit; |)i'iM|i:oii|i bur iv su|i.'il ; j/ius-
do J<\siis-('liri.sl, (oinlxVs <lu l'utli» do ^l()il-l^ i|iiu voijn ^to.s doui^ d'<-s|Mi( o( dn «auettsc.
où ils (''|;ii(>iil, dans le (diis proloiid o|i|iro- Jit tut in;iii(|iii nii ii.is lic .sens /m jioinl (i'.ido
1
hrc, d.iiis la plus grande ioLiiiiic, soiil v.ij^M- n-r coUt? v;iiin! divnidô, «n'alini' iiiiiikdli
lioiids sur In terre, i'(>g;ird(Vs nnriodt coiiiiuo Konto, (|iii iioiih eoniiidl i\si>ui |i(Mi pour nu
des lioiniiides , d(»s e\il(''s, (les hamiis, des snvoir ni vous réronipenser, vous (|iii l'iido-
ln^ilil's. (]eii\ (|iii élevèrent eonlre Sinn-ori rj-r, ni me |ti|ini', mkm <|ui l'iu^idle. (Juaul
cos nll'rousos ( nlotnines, loinhiVs nu dernier nu snliil do mou |»eu|ili.', i|ue \u\ii, dilos <ju)'-
d(>î:;ri^ de ^i^n(Mninie, sont pourMiivis |iar lain si je vous oheis, n'en pn-ne/. .Sf<m:i, et
les malédictions ei les insnlles dn genri! .sachez ijiio nous, < luéljens, j) avons qn'uti
huiiuiin ; cnr eo for, (|ui loul J» coup lit mon- seul Seigneur, JésU8-(^hrii>l uioiton croij.
rir tant do inilliri-s d'Iionnnes, se roloiiina (Tesl po(iri|noi j ai résolu, moi so'i Irèj,-
contro les aulenis de lanl d(> maux, (|uaiid, Jiuuiblo 6ei vilenr, de luandier h la mort,
h la persuasion d'un iinposleur, ils so préri- iiour lui , pour moi, pour mon pouplo ; (Ju
liléi'ent à Ilots prossés pour aller reh.llir iiiir la iioiile, dv. m'armi;r du eouiagi; inviij-
érnsalein. eibli! de la vertu, de ropoub.ver l'oppiohro
Siaïi'oji, eliar|;é dt» eliatnos, l'ui conduit et liniamie, cl do rcrcliorciiej' l'Iionnour et
av(M' deu\ piéires de son lvi;liso, Abidianla la gloire. Je no suis point, moi, do ceux
ol Uananis, dans le pays des Hu/.il(!S. l'en- (pj'oii capte avec des hagalollet., comme on
dant (ju'il linv(>rsail sa ville, les gardes l'ait des enfants : commo il coMvioi.l à [u\
étant siM- lo |ioint d'enirer dans une lue où vieillard, j(j marelieiai sainloment ol avec
avait existé une église clicétionno, Siméon inlégrilo dans la voie do mon devoir ; je n'ai
les supplia de pri ndrc un autre chemin ; point h discuter do ceci avec vous, moi à
car depuis pou de jours cet édilice avait été <pii Dii'u a daigné accordoi- des iuniières
donné soif nu collège dos mages pour la ce- plus étendues, »
lébration de leurs rites, soit aux Juifs pour l>e roi lui dit : « Si lu adorais un Dieu vi-
en faire une synagogue. Siméon disait : vanl, j'excuserais lo folie ; tu convenais tout
« J'ai peur ([uo le cunir ne me fvisso défaut, à 1 heure tpie ton Dieu était njort «ittaché à
ou soil trop trouhié , h L'.ispect do cette un ignoble bois : ne me |;arlo plus d(; ces
église qu'on nous a arrachée ; i)Ouiiant bien choses, Siméon, et adore le soleil, par qui
dos persécutions cruelles mo sont réseï- tout l'univers subsiste. Si tu le iais, les l'i-
vét'S. » Ayaid fait on pou de jours beaneou|) chosses, les honneurs, autant que tu les
de chemin, pressé par ses gaides, saint Si- voudras grands, les dignités les plus magni-
niéon arriva à Lodan (l.edan est un nom de liques do mon royaume, je te promets tout
ville^^ Dès que le grand préfet roui appris, cela. >. Mais Siméon : « Quand Jésus-Christ,
il amion(;a au roi que lo chef des empoison- le créateur du soleil et des hommes, rendit
neurs était arrivé; Siméon fut introduit l'àme entre les mains de ses ennemis, le
sur-le-champ. 11 ne se prosterna pas diva t soleil, comme un esclave quand so i maitie
le roi : c'est pourquoi celui-ci, profondé- meurt, prit le deuil; mais le Seigneur mort
ment indigné : « Voilh donc, lui dit-il, (pie ressuscita le troisième jour et moula au ciel
je vois par mes yeux et (pic j'ai la |)reuve au mili u des cantiques des anges. Vaine-
do la vérité des accusations qu'on poriait ment vous vouiez tenter j.iar vos dons et
contre toi. Pourquoi donc, misérable et par vos {jiésents, p;n- l'espoir des dignités,
pauvre mortel, ayant coutume de te pros- des honneurs, u;i i oinme qui sait que des
lerner devant moi, changes-tu d'avis et honneurs et des dignités sublimes bien au-
ne veux-tu plus lo faire? » Siméon lui dessus des vôtres lui sont promis, et que
répondit : « (>'est que jo ne venais point dos trésors immenses, au-dessus de tout ce
devant vous enchaîné, et surtout n'y étant que vous pouvez concevoir, lui sont prépa-
jioint amené, commo je le suis aujourd'hui, rés et réservés dans cette religion, dans
pour abjurer mon Dieu. » cette foi dont il est serviteur. »
Or les mages, qui étaient là en grand Alors le roi : « Tu n'es pas sage, Siméon.
nombre, disaient au roi : « Cet homme a II ne peut être raisonnable ni d'un esprit
conjuré coitie vous et contre votre puis- sain d'admettre une opinion qui a fait mou-
sanco ; il doit être puni de mort, c'est l'avis rir tant de monde. Prends soin, je t'en prie,
de tout le monde, surtout quand on le voit de ton salut, du s.ing de cette multitude
refuser de payer les tributs. « Misérables, immense, envers laquelle je suis décidé à
et les plus impurs des hommes, s'écria Si- sévir aussi rigoureusement qu'envers toi. »
niéon, n'est-ce donc [)oint assez {)our vous Siméon lui répondit :« Si vous ver ez le
d'avoir abandonné Dieu , d'avoir perdu ce sang innocent des chrétiens, quand vous au-
royaume? Faut-il encore que vous cheichiez rez commis ce crime, vous en sentirez l'é-
h nous entraîner dans votre iniquité, à nous normité en ce jour où vos décrets contre
faire tomber dans la même calamité ? » Le nous seront soumis à l'appréciaîio i du
roi, prenant un visage plus doux, lui dit : monde, et où son opinion vous demandera
'( Laissez là cette dispute, Siméon, et ren- compte des actes de toute votre vie. Quant
dcv.-vous à mes conseds ; car je vous veux à moi, je sais que les ciiréiiens échangeront
du bien, adorez à l'avenir le soleil. En fai- avec usure cette vie présente contre le
W9
8iÉ
SIM
1000
royaumo éternel , et que leur mort sera
vengée sur votre tête. Ce qui m'importe h
moi, ce (]uej'ni le plus h rœur, c'est de ne
]Kis pousser [tlus loin cette vie que je remets
à Jésus-Clirist ; c'est «je vous donner bien
vile cette existence fragile et caduque que
je traîne sur la terre : elle est à votre dis-
position, en votre puissance; liAtez-vuus
donc, comme vous en avez dessein, de me
l'arrachiT hien vite. » Al »rs le roi : « Ton
insolence notoire pour tout le monde ici va
do'ic jusqu'à n'avoir pas pitié de toi-même?
Eh bien 1 moi, je ferai mes etlorts pour
sauvt'r tes sectateurs. J'espère que la vue
de ton supplice all'reux les guérira de leui-
folie. — Vous saurez par expérience, lui dit
Siméon, (|ue ce ne seront point des chré-
tiens (pii sacrifieront la vie qu'ils espèrent
en Dieu, pour vivre avec vous. Courage,
donc 1 éprouvez cet or aux flammes de vos
bûchers, vous verrez le courage invincible
des chrétiens pour la bonne cause, votre
cruauté ne les brisera pas : car tous ont la
vérité si profondément et si haut inculquée,
qu'ils soulîriront les ])lus cruels supplices
plutôt que d'obéir h vos ordres. Je veux que
vous le sachiez bien, ù roi, le nom sempi-
ternel et auguste que nous chrétiens avons
reçu de Jésus-Christ, notre Sauveur h tous,
nous ne l'échangerions jamais contre l'éclat
si g.and de votre couronne. » Alors le roi :
« E!i bien ! sache donc que si tu ne me
rends [)as devant toute ma cour les honneurs
accoutumés, et que si lu refuses de m'ado-
rer avec le soleil, le dieu de tout l'Orient,
dauN un jour tro|) prochain pour loi, je con-
toiidrai cruellement la beauté de ton visage;
la majesté si vénérable de tout ton corps, je
la déiigurerai, je me rassasierai de ton s.ing. »
Siméon répondit : « Vous dites h; soleil un
dieu, et vous l'égalez h vous qui êtes un
homme , car vous demandiez pour vous et
pour lui un culte pareil. Si vous éles sage,
vous devez vous savoir supérieur à lui ;
quant h vos menaces de (hHruirf la beauté
vraie ou non de cette chair, sachez qu'elle
a un réparateur qui la ressuscitera, et qui
pourra lui rendre avec usure la splendeur
d'une beauté que, (juant h moi, je n'estime
guère; car c'est lui qui l'a faite de rien et
. (jui lui a donné son érlat. »
-/ Alors le roi décréta, (pie Simi-on bit en-
choiné et, sous bonne garie, détenu justpi'au
lendemain , cs[)éraiU rpie , mieux ins[)iré
jus(|ue-là, il changcnait de sentiment.
A la porte grande ouverte de la demeure
royale, à l'instant où sortait Suiiéon, était
assis un vieil eunuque, nourricier (lu roi et
arzalinile (eu nom signilie grand clKunbel-
lan). l'un des houmies les plus considira-
bles, tenant à la jxeinière noblesse de la
Perse. Il se nommait iiuhscialazades. Par
crainte du roi qui perseeutait violemment
les t hrétiens, il avait depuis longt(>mps ab-
juré la religion chrélieiuie (pi'il nvmt pro-
fessée, et avait ouvcrlemtMil adoré le soleil.
En voyant Siméon vemr. il se |»n»sterna h
genoux et le salua ; maiS lo saint boiume. le
juj^eant indigne de ses regards, détourna les
yeux en frémissant d'indignation. L'eunu-
(pje, profondi'nnent ému de ce reproche ta-
cite, et se remémorant son crime, gémit et
jileura. « Si Siméon, disait-il, jadis mon ami
si attaché, me montre une si vive in ligna-
tion, (jue fera donc envers moi Dieu lui-
même dont j'ai trahi la foi ?» Le cœur
bourrelé de ces pensées, il courut à sa mai-
son, et là, dépouillant ses riches habiis, il
en prit de grossiers en signe de deuil et de
tristesse ; puis tout vêtu de noir , revint
s'asseoir aux portes du palais, à l'endroit
qu'il venait de quitter.
Cela ayant frap|»é d'étonnemenl tous ceux
qui le voyaient, le bruit en vint au roi, qui
envoya un homme pour s'informer en ces
termes auprès de l'eunuque de la cause d'une
contluite si extraordinaire : (( D'où vient
donc ta folie? Comment ! je suis sain et
sauf, ma couronne est atfermie sur ma tête,
et tu prends le deuil, et tu viens ici vêu de
noir? Ton tils est-il mort? Le corps de la
femme morte attend-il h ton logis la sépul-
ture ? Comme rien de sembl ^ble n'a pu l'arri-
ver, je suis surpris de te vbir dans ce deuil et
celte misère, comme si tu avais éprouvé ces
malheurs.» Ainsi parla l'envové.
Guhsciatazades lui dit de répondre au
roi en son nom : « Je suis un grand cou-
pable ; ainsi donc ordo nez (]u'on me mène
au dernier supplice ; je l'ai mérité. » Le roi,
ne nouvant deviner ni la cause ni le but d'un
tel langage, ordonna qu'on amenAt l'eunu-
que pour apprendre de lui-même la cause
d'un événement si inattendu. Quand il lut
venu, il lui parla ainsi : « Je te crois en proie
h ((uelque mauvais esprit qui l'agite, pour
tenir les étranges discours que tu liens
dans mon royaume. » Mais Guhsciatazades:
H Aucun mauvais démon ne m'inspire ; je
suis entièrement sain d'esprit, je rai*onne
et je sens comme il est naturel (pie raisonne
el sente un vieillard. — Pourquoi donc alors,
dit le roi, te présenter à nous vêtu de noir
comme un furieux ? Puis (juand je l'envoie
un messager, lu le déclares indigne de vi-
vre ? — C'est mon crime, dit Guhsci.ilazades,
mon crime de peiiidie envers Dieu el envers
vous-même (jui ma jeté dans ce deuil et
dans ce délaiss(niienl de ma personne : en-
vers Ditni. car j'ai Iralii envers lui la loi ju-
rée, et j'ai préféré votre bienveillance à la
vérité; envers vous, car (juand Vdus m'avez
ordonné d'adorer le soleil , je ne l'ai fol
([u'ai>[)aremment cl d'une fa(,on simulée. Il
s'en f illail de beaucoup que mon cœur fùl
co isenlant à celte action. » A ces mots le roi
(Millammé de colère: « Eh (juoi ! c'est donc
là. slupide vieillard, la cause de ta douleur?
Je vais avoir soin de l'en délivrer prompte-
meiit.si toutef(Usiupersislesdans ta croyance
im[)ie. » Alors (luhsciatazado : «Je |)rends,
dit-il, à témoin le Créateur du ciel el de la
terre (pii* j(> ne vous obéirai pas, el que je
ne ferai i)as de nouveau ce (juej'ai tant de
regret d avoir fait. Je suis chrétien, el je ne
prélérerai [ilus un homme perlidi- au vrai
Dieu. — J'ai pitié de ta vieillesse, dit le roi ;
puis il me fera peine do voir mourir si uii-
1001 SIM Sl.M MOi
si^rablciiKMit mi lioininc iiiii a si Mon siM'vi un ai^iiilloo, siii'luiil (luaml elles enien.
iiioii ii(>r(( ol moi. (l'est |)onn|iioi j»> t() siip- «Itaieiil les appeler le lo'^leiiiom de iiiorl de*
))lit' (le r(>'ii)iint|- h ('ell(^ ilnclriin- li'ciiipoisuii- hn-liis dn iii(^iii(< tinii|ir;iii.
iieiMs, pniir ne pas (Mr»^ nus à nmil avec I, "excellent vnillnd lui tnin h mort pour
*Mi\. Sfiyc/ siir, A roi, dit (liiliscialazades, Jésiis-diirisl lo Iri i/.i/>iiie jour de lalijrmd'a-
qno je n'nlx'ii'.'ii "i h vous, ni an\ rois vos vril, le ein(piièine jour de la semaine des
vassaux, ni aux jirands du royainne in pré- a/.\ nies (le jeudi sainl). O Sinn'-on, vous (^P-.h
seuls; (|uejo neelian^erai pas desenliinenl ; comparahie à Siimui Pierre;, Ir pi^eheur, car
oue je ne prcMiWcrai pas les crc-aliires au vous avez l'ail une pi^ilu; jioiu \r ( lel et p(Hir
r.réaltMir pour les adorer «n le niépris.ud. - le salut !
C'est donc. ^ dire, reprit l(< roi, lioiiuno (mui- (les choses aynnl ('"lé aiissil(')i rapporl(''0»
]Vd)le et inl^Uue, (lue j'adore (I(îs créatures ? h Siiu(''on, (pii était dans la prison, || en
Kncoro, dit (lulisiiata/.ades, si vous ado- éprouva une grande! joie : c'est pourtuioi ,
rioz dos (^tres vivants, des eréaluros inUdli- rempli d'.idmiralion et d'élomeiiMuit, il s'é-
j:^onlesl mais, clios(> lionl(Hise, vous adorez cria :() Jésus-fJirist. mon Sei.;neur ! ;^'iand<»,
des objets jturement matériels, choses faites est \otre chai/itéol iiK-puisahli; votre amour.
pour r\isa,-;o d(> l'homme. » Jésus, votre pouvoir esl iiumens»^ d voire
Alors le roi, furieux, ordonna «pi'on le ttiAl puissances admirable. () mon Sauveur, vous
suv-'.e-champ. (lomme les exéculoius se h;l- ressuscitez les morts des enrers, vr)'is rele-
Inionl pour le conduire promptemenl au liiMi vez ceux ijui tombent, vous convertissez his
<3n supplice, il leur dit: «Accordez-moi pécheurs et faites luire l'espérani e dans lo
quehp^ies instants pour (jue j(> fasse dire cer- ctnur des désespérés, ("elui (jui dans ma pen-
■taines choses au roi. Un euiuKjue s'élantap- sée était, le <|eruier, voil<i ([ue, selon ines
proches il le chargea diMlire au roi : « A'ous- vclmix, vous l'élevoz au prctniier rang ; c"lui
ïUi^me rendiez tout à l'heure hommage h la cpii s'était fait étranger h ma foi est devenu
fidélité et au parfait dévouement que j'ai tou- mou modèle à suivre ; celui qui s'était en-
joursmonlrésdansvos conseils ; ^ l'intégrité, foncé dans les ténèbres est deveiui l'un des
au\ soins avec les(iuels j'ai servi vous et vo- convives du céleste festin ; celui que sa vo-
tre père ; je viens vous demander uno seule lonté avait éloigne de moi voilà, que sa con-
grAoe en récompense do mes services : c'est f'-.-sion le ramène [très de moi ; il medevan-
que vous fassiez annoncer par vos hérauts ce, moi (]ui le précédais, il me laisse en ar-
que (iuhsciatazades est traîné au supplice, rière, moi qui voulais marcher devant. Il a
non pour avoir trahi les secrets d'Etat, non traversé les terribles anj^oisses de la mort,
jiour avoir trempé dans aucun crime ; mais et il m'a édifié, en mo montrant les sentiers
<|u'il meurt pour ce seul fait, qu'étant chré- de la vie ; il m'a pénétré dune incroyable
tien, il a refusé de trahir son Dieu. » Cet il- joie. Il est devenu la loi, la règle de mes
îustre vieillard se disait en lui-même: i)ieds dans la voie étroite; il a dirigé, il
« (lomme depuis longtein[)S il est do noto- a conduit mes pas dans le chemin de la
riété dans la ville que j'ai trahi la foi chré- tribulation. Pourquoi donc demeurerais-je
tienne, je crains que la lAcheié que j'ai corn- davantage? quoi donc me retiendrait eii-
mise ne brise le courage d'un grand nom- core? Il m'a laissé un gage en me d'sant :
bre : car s'ils apiirennent mon supplice et Courage, ne tar^ie plus ; il m'a proposé son
au'ils en ignorent la cause, ils manqueront exemple à imiter en disant : Siméon, viens
'un exemple de vertu chrélienne qui puisse ici promptement. Les regards les plus joyeux
les encourager à ne se laisser détourner par tournés vers moi, il me parle ainsi : « Si-
aucune violence de la pratique de leur foi. méon, il ne vous reste plus rien maintenant
Au contraire, j'ai l'espoir que, quand ils contre moi; à votre vue maintenant je ne
siuronl où m'a conduit le remords de mon devrai plus m'ailliger. Venez, joyeux et le
crime, que quand ils apprendront que je cœur gai, vous reposer dans cette maison
suis mort pour la foi de Jésus-Christ, je que vous m'aviez préparée et que vous aviez
laisserai aux chrétiens un encouragement cherchée pour moi. Désormais nous jouirons
perpétuel à la persistance dans la foi, par ensemble de la félicité éternelle et durable,
lequel ils comprendront que j'aurai donné comme nous avons possédé ensemble la lé-
ma vie pour Jésus-Christ, et qui les rendra licite fragile et passagère. » 11 faut doTc
eux-mêmes prêts à tout et courageux. » Ex- m'imputer tout ce qui s'opposerait à ce que
collent raisonnement que se tenait ainsi ce je me rendisse à son appel ; me reprocher
sage vieillard ! comme un crime de prolonger davantige ce
Le testament de cet homme magnanime glorieux combat, de ne pas briser tous les
fut comme le son de trompe qui avertit les obstacles. O bienheureux jour qui me con-
combaltants de se lever et de tenir prêtes duira au supplice ! qui me délivrera dos an-
le.irs armes pour la bataille de la justice, goisses qui me déchirent ! qui me délivrera
Le roi accorda ce que Guhsciatazades deman- des inquiétudes qui de tous côtés m'oppres-
dait, ot ordonna qu'un héraut répétât tex- sent 1 Puis il suppliait Diou en ces termes :
tuelleuient ce qu'il avait dicté. Il pensait que «Cette couronne tant désirée par moi de-
la multitude en serait terrifiée et poitée par puis longtemps, vous le savez, si véhémen-
là même à renoncer à la religion chrétienne, tement attendue, daignez me l'accorder, ô
Ce tyran insensé ne comprenait pas que ces mon Dieu 1 Et parce que je vous ai aimé de
brebis courraient à la mort poussées par le cœur durant tout le cours de ma vie, que je
courage de cette noble pénitence comme par vous ai chéri sans pai'tage du plus profond
DiCTioNN. DES Persécutio:<s. il 32
10O5
SIM
SIM
1004
(!e mes onlrailles, je ne vous (Icinande au-
jourd'hui qu'une seule chose , vous voir ,
jouir th' votre pr(^5onre, me reposer en vous ;
faites que je ne sois pas plus longtemps en-
chaîn*^ dans ce sièele u«uir y voir les cf^la-
niiti^s do mon peuple, la ruine de vos (égli-
ses, et p.tr-dessiis tout voire teslaïuciit luulrj
aux pi< ds des impics. Prenez-moi, pour que
je ne voie j^as les faibles se souiller de sa-
crilices profanes, les IAcli(>s abjurer la vérittS
votre troupeau, tremblant sous lelfroi de la
tyrannie, se ilisperser; pour que je n'aie
pas la douleur de voir de faux amis cachant
leur haine mortelle sous l'hypocrisie de leur
visa;^e ; de ces amis (pi'en tout temps on
voit s'esquiver quand souille l'adversité, en-
nemis irréconciliables du nom chrétien, in-
sulter inhumainement h noire peuple, et
tourner contre nous et tiotre religion leur
orgueil et leur cruauté. Pourtant, en atten-
dant, îS mon Dieu l je suis résolu de cœur ^
remplir tous les devoirs du nuuidat que j'ai
reçu, îi achever courageusement mon œu-
vre commencée, et h être , S-igneur, pour
votre peuple tjui habile l'Orient, un exem-
ple de courage. Faites que moi, qui étais le
premier assis h votre table, je tombe le pre-
mier dans le combat, pour que je ressus-
cite dans la société et dans le festin de ceux
qu'aucun soin n'agite, qu'aucune sollicitude
ne presse, (juaucune douleur ne toiture;
parmi lesquels nul n'est tyran, nul tyrannisé,
nul n'injurie, et personne ne soullre l'injure,
où personne n'étant moleslé ne peut non
l)Ius molester auirui ; où, ni les menaces
des rois, ni les visages cruels de leuis mi-
nistres, ne viendront point me troubler ; où
personne ne me tourmentera, ne me tortu-
rera ; où personne ne portant atleinle h mon
repos, je n'aurai personne k craindre. Vous
allez , ô Jésus-Christ I rendre h mes pieds
blessés aux asjn'rilés des chemins leur an-
cienne intégrité, <iélas>er mes membr.'S fati-
Çués par le travail du voyage ; car vous èles
h; l)aume de toutes nos blessures /textuel,
pour notre otictiou). Vous qui èles le calice
de notre salut, vous retirerez de moi toute
douleur, vous essuierez les larmes de mes
yeux , car vous êtes la source la plus douce
et le principe excellent de nos joies. » C'est
ainsi (|ue, les mains levées au ciel, priait le
bienheureux Siméon.
Pendant ce temps-là, les deux vieillards
qui, cuMiMie nous l'avons dit plus haut,
avaient été" pris avec lui et ielés dans la pri-
son, admiraient le saint, dont le visage, il-
luminé I ar la joie intérieure, ressemblait i\
la rose épanouie ou aux Heurs prinlanières
en leur saison. Dans la nuit qui précède le
qiiator/iéme jour de la passion de Nolre-
Sci^neur Jésus-Christ (la nuit du jeudi saint
au vendredi), le bienheureux Siméou, par-
Tutement éveillé et distrait de toute ) en>ée
vaine, se uni a prier en ces termes : « O mon
Jésus, quoi(|uej'eu^ois indigne et loin de lo
niciilei ,e\aucez-UMii, foies (pie dansée jour,
à l'heure devolie pas ion, je bnive monea-
lioe : car je désire que les siècles à venir
proclament que je suis mort le mCme jour
que mon Sauveur, et que les parents puis-
sent apprendre à leurs lils que Siméon, fi-
dèle h la voix de son maître, n été misa
mort comme son Dieu, le qnatorzièmejour,
la sixième férié.
Voilà (iu'5 la troisième luxure du même
iour, Siineon, sur l'ordre du roi, est saisi par
les satellites, entraîné et conduit devant les
juges. Cette fois encore il ne se prosterna
Eas devant le roi. Alors celui-ei : « Eh bien 1
onnne insensé, quelle résolution as-tu prise
après avoir rétléLlii durant la nuit ? Vas-tu,
prolilant de ma bienveillance, te soustraire
à la mort ; ou bien vas-tu, persistant dans
ta révolte contre nous, vas-tu être précipité
aux eifers? »
« Certes, lui dit Siméon, la pensée de
pourvoir à mon salut m'a tenu éveillé toute
la nuit dernière, et je suis demeuré con-
vaincu (|ue votre haine m'est beaucoup plus
avantageuse que votre amitié et votre bien-
veillance. » Alors le roi : « Adore le soleil
seulement une fois, jamais plus tu ne l'ado-
reras, et je te promets de t'abriler et de le ga-
rantir contre la luiine de tes ennemis, qui
depuis longtemps manœuvrent pour te per-
dre. » Mais Siméon : « Je ne commettrai
point ce crime pour (jue la renommée en ré-
pande le bruit chez toutes les nations, dans
tous les pays, comblant ainsi de joie ceux
qui me haïssaient innocent, et qui, prenant
de li\ l'occision de m'accabler, diraient dans
le public que Siméon, terriUé par la peur, a
préféré une vaine idole à son Dieu. » Le roi
rci>ril : « En souvenir de notre ancienne ami-
tié el de notre intimité, j'ai voulu d'abord
employer avec loi la douceur, l'aider de mes
conseils et chercher à le sauver ; mais, je le
vois, tous mes conseils de paix sont ihuinés
en vain : c'est à toi maintenant de pourvoir. »
Mais Siméon: « Cessez, dit-il, ce langage
nertide et inutile. Immolez-moi plulùl : Voilà
l'henro de mon fesiiii qui s'avance. Dispen-
scz-tnoi d'«;tendre, la table est drissée el on
me demandera la raison de mon absence. »
Alors le roi, en présence de Siméon, se
tournant vers les princes el les ofliciers qui
siégeaient a ilour de lui : .( Voyez, dil-il, en
montrant Siméon, la dignité magnilique de
ce visage, el l'habitude tout entière de ce
corps, comme elle est majestueuse. J'ai par-
couru depuis longtemps bien des contrées
éloignées, bien des pavs, sans compter le
notre ; et je ne me souviens pas d'avoir vu
nulle |>arl un visage aussi beau, une si bille
harmonie de tout le corps ; maintenant re-
marquez , je vous en prie, la folie de cet
homine, tpn préfère >on erreur à son salut. »
La répoii>e unanime à ce langagt» fut celle-
ci : « Nous no re<"tnnailrions plus, ô roi!
votre sag-'sse a>'coulumée, si la be.iulé cor-
porelle dont col homiiie est doué vous faisait
négliger Tel it des esprits de cette Uiultitude,
bien plus digne d'inlérèl , qu'il a séduite et
détournée de nos croyances pom' l'entraîner
da is sou erreur. »
Lnlin la sentence capitale fut prononcée
contre l'accusé; el aussitôt les exécuteurs le
conduisirent au supplice.
lOUfi
SIM
SIM
HMifi
Dans la luAiiio villn, sous In ^anlr «l.s
nK^nu's snlHIiU's, no troiiv.iicnl nul dirr-
liciis, demi li's lins (M/iiciil ('v(^(|ii('.s de ilijl't^-
iciilcs coliln^os, Ics.iiilics |ii(Mics, les niilros
tliac.ros, ou autres iut'nil)r<'.s iiiiV-ruMir» du
cl('r"iV Tiiiis fui'fiif, à I'' iiK^'ini* lii-iin', con-
(Iiiilsdc la piisoti.ui sii|)|>liic.Ou,i'i(l h^^raiid
l>i('>|('ur, s'adi'cssaiit à eux lous, leur iTudil
i ("il vos Iciincs l'rdil du ini : « Si (|UfIi|u'iUi
(le vous vcul (vilcr la ninil, (jn'il adiuc le
soli'il, lo dieu sn|ii(Mu(M) Tous d'une uu^uio
voix i'é|)(tuiiir(Mil ^ celle |)rii|in,sili(»u : « Noltii
J\(i eu Dieu regarde coiuuie rien lous vos
.suppliées; notre niuoiu* pour Jésns-Cduist
méprise la uiorl : ces ;:,laives (pu- vous lin'/;
coiilre uous S(UU sans inrce, [loiir hriser
Tespéranco quo nous avo'is do la résurroc-
liou. Niius souunes i/solus, saeliez-le liien,
h lU' jamais adorer le sided el à ne p;»s |>ro-
llter de vos conseils. Ainsi donc a;j;issc/, en-
nemis in\plaeal)Ies de noire r-eli^ion ; n'hési-
te/, plus à evécuter les ordres de voiru mai-
Iro.»
Le roi avait ordonm^ qm^lans eelh^ (roupc
do sainls on eiU parliculiùremenl l'd'il sur
Simenon, leur chef courageux, témoin de leur
supplie(\|)(Misanlqnc cespectaclelepc^uélri'nt
d'horreur, le brisant par la (;rainie, l'amène-
rait h obéir h ses ordres. Pondant qu'on
égorgeait cette troupe illustre de martyrs,
Sunéon pi'éscnl les exhortait en ces termes :
« Aircrniissez-vous on Dieu, mes Irôres, re-
poussez toute crainte ; car votre résurrection
sera dans la tombe avec vous; et (luand la
trompette sonnera pour vous appeier, elle
dormira avec vous pouv que sa voix vous
réveille aux premiers sons qui retentiront.
On a tué Notrc-Seigneur et il vit; pareille-
ment votre mort, c'est la vie dans son sein.»
lla,'pele^-viius ce tju'il disait : Ne craignez
point ceux qui tuent le corps, et ne peuvent
tuer rdine [Matth. \ , 28) : Quiconque aura
donné sa vie pour mon nom, la trouvera dans
la vie éternelle {Id., 39; : Le caractère de V ami-
tié véritable, c^est de donner sa vie pour son
ami {Job. w, 13, citation fausse indiquée [)ar
Et. Assemani ) : Quand t'ous aurez donné
votre vie comme des amis, comme des amis
aussi vous recevrez la récompense de votre
amour de la vérité. Ecoutez l'Apôtre disant :
Souvenez-vous que Jésus-Christ est ressuscité
des morts ; si nous mouj-ons avec lui, nous
vivrons avec lui. Et si nous persévérons à
supporter nos tourments, nous partagerons
son royaume avec lui. Et si nous sommes ici-
bas livrés à la mort pour Jésus-Christ, la vie
de Jésus-Christ se manifestera dans notre
corps mortel. Maintenant il semble qu'oïl
nous donne la mort; mais sachez-le, mes
chors frères, cette mort vivra de la vie éter-
nelle, et cette vie mourra de mort éternelle;
parce qut; celui qui nie Dieu sera frappé de
mort. Si dans cet instant nous avons à souf-
frir, cet instant nous fera héritiers d'une
gloire bien grande et d'un bonheur éternel ;
et si en nous l'homme extérieur est jeté à la
corruption, l'homme intérieur eu recevra un
.')ien plus vif éclat. Celui qui a ressuscité
Notrc-Seigneur Jésus-Christ d'entre les morts
nmis rossu.MciInrn iwt'c lui dam flou royauino.
Tant quo uouh restons (Inufl r.n Ni^rle, douh
soiiuues ciuume mortt dnris le Hi-ij^Metir }
niavs (pi.'uid nous en sxrlironM, nous ontm-
rons (l/uis la Klnire d«> DIimi. l/nnioiir PKt do
noire eiM(', le snliil est du sici ; nouH le ché-
risM»ns, il iKius m ri-eniiiiM-imc; nous Irn-
vnilloii.s, et il nous pnye; nous «ouifrons, il
nous ressuseiio ; nods versons noire «.nm^,
(>l il nous aijmrt dans son royaume, où il
nous (Joiuiera le roj)f)s, In joie, lu iranqnil-
li((' cl Idules les ifunssailces, en nous disant
il liaille voix : " Vmrz, hmis nrrritniin , i-ttlrrz
dans la joie de votre Seigneur : vaux avez bien
usé du lali'ul (pie jr vous avais confié, recevez
di.r Idicnis tv récampinne. »
(,)uaiid celK! troupe do cent martyrs ont
été décapili'e cl eut ainsi olileruj une er)U-
rou'ie gldi'iciisc ,'iu centuple, Sirm-on se pré-
smita de nouveau pour la [lortor h la sainte
Triiiil('',enri(iiie trois fois encore par la triphi
iiKM't des deux vieillarils, ses coinpagnon.s,
et do lui-mômo. Tous trois furent courormés
en dernier lieu.
Or il arriva (pie, pendant qu'on menait
au supplic(! l'un des coiufiagnons du bien-
heurinix Siméon , pendant (pio les bour-
reaux lo dé[)()uillaient de ses vêtements et
l'attachaient , il fut subitement pris d'un
tremblement général, quoiipio lo courage de
son ûme ne fi1t pas lo moins du monde
ébranlé. Un homme fort distingué, nommé
Phusikius, et qui était karugabar, c'est-à-
dire intendant des travaux du roi, honneur
et dignité qu il venait do recevoir du roi
depuis peu de jours, s'en étant nar hasard
aperçu, encouragea ainsi le vieillard trem-
blant : « Ne craignez rien, ô Hananie I fer-
mez un instant les yeux , vous allez les
rouvr.r à la lumière de Jésus-C'irist. » Ayant
ainsi parlé il fut sur-le-champ cunduit de-
vant le roi pour dire le motif du langage
qu'il venait de tenir. Le roi l'apostropha en
ces termes : « Homme criminel et digne du
dernier supplice, je ne suis donc rien pour
toi 1 Eh quoi ! depuis si peu de temps revêtu
de ta charge, quand je t'avais ordonné d'en
accomplir les devoirs, tu viens, spectateur
oisif, regarder le supplice de ces hommes.»
Alors Phusikius : « C'est ])av cettc^ oisiveté
quo je prétends ajouter à ma dignité; je
voudrais échanger ma vie contre leur mort.
Cette dignité que vous m'aviez confiée, si
riche en inquiétude et en soins, librement
je l'abdique; car je désire et je préfère
comme le plus gr-nJ bonheur jiour moi
cette mort qu ils ont «ouU'erte. — Ainsi, dit
le roi, tu préfères ta perte à ta dignité, et tu
veux, comme un insensé, jiartager leur
son? » Mais le courageux Phusikius : « Oui
certes, car je suis chrétien, avec l'espérance
que j'ai placée si grande et si certaine dans
le Dieu des chrétiens, je pré 'ère de beau-
coup leur supplice à vos dignités. » Alors le
roi, rouge de colère, et se tournant vers ceux
qui l'assistaient : « Il faut que cet homme
ne meure pas d'une mort ordinaire. Puisqu'il
a méprisé la dignité que je lui avais confé-
rée, et qu'il a audacieusement méconnu mon
^^^_ ;>.i«%*«-
1007
SIM
SIM
400B
aulorilt' rormiie inférieure î» la sionne, je
veux (ju'oii lui arracho sa langue coupable
jusqu'aux racines, en lui trouant la nucjue.
1/hiirreur saisit les spectateurs de cette af-
freuse exécution. Aussitôt (|u elle eut été
exéc\iti'*e avec férocité par les bourrea'ix,
Pliusikius tomba sans vie. 11 avait une lillo,
vierjje consacrée au Seigneur, (|ui, accusée
pTreilleuient pour cause de cbr-slianisrae,
fut mise à mort pour Jésus-Clirist , espoir
de s n salut. [Traduction de l'autpur.)
SIMÉON (saintj, élnil un jeui.e enfant. 11
fut cruellement massacré à Trente par les
Juifs, et opéra depuis de grands miracles. 11
est honoré dans lEi^lise le 2V mais.
SIMIESSE, ville de la Campanie, célèl»re
par le mari vre des saints Caste et Secondin.
On igiore' dans quelles circonstances ils
succo'nbèr» lit.
SIMII.IFN .saint), évéq-ie, confessa la foi
de Jé.^us-Chri.^l dans la vdie de Nantes, à
une époque et dans des circonstances qui
nous sont inconnues. LEglise honore sa
ménioire le 16 juin.
SIM'TRE saint), prêtre, souffrit à Rome
le ui.irtyre sous le règne de l'empereur An-
tonin, avec vingt-deux autres. Malgré l'au
elle tontes sortes de crimes. Après avoir
couru diverses provinces et s'être fuit admi-
rer d'un grand noml)re de personnes qu'il
trrtmpait par ses enchantements , il quitta
enfin TOrient. et s'en vint h Rome du temps
de Claude , c'esl-h-dire en l'an il , ou peu
aj^rès.Si nous en croyons les plus illustres et
les plus anciens auteurs de l'Eglise, il y fut
honore comme une diviniié f^ar le sénat
nième , et s'y vit dresser une s>atue dans
l'île du Tibre, avec les deux tilres 'qui lui
conve'iaieit le moins) de saint et de dieu.
11 en tit ériger non-sei;leme"t pour lui, mais
aussi pour son Hélène , la dépeignant sous
la figure de Minerve, et lui sous celle de Ju-
piter.
I/histoire de l'E.Tlise dit que ce fui parti-
culièrement pour dissiper les illusions de
Simon que saint Pi.'-rre vint à Rome fan k2\
11 ruina en peu de temps et la puissance et
la personne de cet imposteur, dit Eusèbe ,
selon lejnel il est difficile de ne nas mettre
la mort de Simon dès le temi'S de Claude.
Néa imoins , plusieurs auteurs du iV et du
V* sièce la mettent sous Néron; ce que
nous suivons , d'autant que cette opinion
saccorde plus aisément avec les diverses
toi iié du Mariyrolog»' romain, qui dit (juc ce circon>tances que l'on rapporte de cette mort
fui sou>i .\nfoiiiii le Pieux, nous inclinons k
croire que ce fut >ous Anlonin .Marc-Aurèle.
C'est le 20 mai que l'E.^lise honore la mé-
moire de saint Similre et de ses compa-
gnons.
SIMON (saint), apôtre, surnommé le Cha-
nanéen. Tout ce qui concerne la vie, les
travaux et la moit de cet apôtre, est resté
dans la plus profonde obscurité : on prétend
nue. s'étant rendu en Perse avec saint Jiide,
il y fut massacré avei; lui dans une sédition
qu'excitèrent les prêtres des idoles. On fait
sa fèt" le 28 o tobrc.
SI.MON LE MAtilClEN, hérésiarque , était
d'un b.iurg de Samaiie nommé (iitt 'ii , ({ue
saint Epipiiane dii avoir été autrefois une
ville. Il était magicien et abusait tellement
tout le pays de Samarie par des illusions,
qu il y était tenu universel!ement jtour la
grande vertu de Dieu , c'esl-h-due pour le
Pèie élevé au-dessus de toutes choses. Il ne
Iais>a pas d'cnubrasser le cluislianisme en
l'an 3Vde Jésus-Chrisl, et fut baptisé parsaint
Philippe, dincr-. 11 mérita aussitôt la malé-
diction de saint Pierre , en voulant ai heter
de lui le pouvoir de donner le Saiiu-l'-s|irit.
Au lieu Je recourir au remède de la péni-
tence, comme saint Pierre l'y avait exhorlt-,
il s'appi qua plus (pie jamais à la magie , tit
gloire <!e résister aux a|»ôtres, et infecta tous
ceux qu'il put des erreurs que nous niions
bientôt manpi'r. Il quitta pour cela la Sama-
rie et couiul div»TSi's provinces, chendiant
les pays où Jésus-Christ n'avait point été
prêché , pour y prt'v-iur les esfirits.
Etant à Tyr, en Phénicie , il y acheta une
femm'» publique nomme.' Hélène ou Selène,
sehtn (pielques Latins, et il l'-nheta, dit Ter-
tulli«»n. du mêm«* argent dont il avait voulu
acheter le Saint-Esprit. H la menait partout
où il allait , toinuicilant secrètement avec
Nous ne h'.> marquons point ici, parce qu'on
peut les voir sur Ihistoiri^ de saint Pierre; il
suffit de dire, en un mot, que, selon beau-
coup d'anciens, Simon ayant entrepris de
s'élever en l'air [lar le secours de ses dé-
nions, la puissance du ciel , implorée par
saint Pierre et par saint Paul, le fit tomber
h terre en présence de Néron. Il en raO'irut
peu de temps après et ap()aremment ranr«ée
d'avant le martyre de saint Pierre et de saint
Paul, c'est-à-dire en 65.
Pour ce qui est de ses erreurs, il souffrait,
comme nous avons dit, qu'on l'appeMt la
gr^uide vertu de Dieu; et il ()'>rlaif son ini-
ltiétéjus(/u'à enseigner qu'il était le Dieu sou-
verain. Il disait qu'il était descendu comme
Père à l'égard des Samaritains , comme FiLs
h l'égard des Juifs, et comme Saint-Esprit ^
l'égnrd de touti'S les autics nations; mais
(ju'il ne se souciait pas de quel nom I s
hommes l'appelassent. Saint Jérôme cite ces
blasphèmes d'un de ses livres : Jr suis h
parole de Dieu. — Je suis la beauté de Dieu.
— Je suis le Paraclel. — Je suis le Tout-Puis-
snnt. — Je suis tout ce t/ui est en Dieu. Il a
été l'inventeur des éons , devenus si célè-
bres dans l'hérésie des Valentiniens , et on
croil nue (-'était comme autant de [lersonnes
dont ils conipo>aient leur pi. nitude et leur
divinité fantasti(|ue. Simon en avait huit au
moins, et il m> ttail de le nombre une pro-
ton leur et un silence , dans lesquels lui et
ses sectateurs ont mérité de se perdre enlin.
On prétend qu't nire ces éons il plaçait le
Verbe au cin piieme degré, et qu'il a été
ainsi le pnnnier père de l'arianisme.
Il appelait son Hélène sa nremière intelli-
gence et la mère de toutes clioses ; il l'appe-
lait queUpiefois le Saint-Esprit, et lui donnait
aussi le nom de Prunique , co'mme (juehpies
autres hérésies l'ont nommée BarOcro ou
4009
RÎM
SIM
lOiO
Itnrhrio , r*('sl-ft-(lirf lilli! <I(î. IJ.uil. Pour lo
nom (le l'rutiù/uf, ou sail \wm ce «lu'il si^iii-
lic. Il r/ipiM'I.iil .•iiissi Miiirrrr, vmil.iiil (lu'uti
cnU tjirrlln l'iiul la Minerve des |io.(«'.s,
coninie lui leur .llipiler. (î'éliiil pai' relie pre-
inic'Te ii'lellii^ence , (lisait Simon, (|ii'il .iv.iil
tMi (l'aliord (lessdiii di; crét'r les an^Jis. Mais
plie, comiaiss ml eell(> vol(>iil('' de son p«''r(<,
el prévenant son dessein , t'iail deseendiie
pins bas, il avait engendre les an|;;es el les
antres pui^^sancos snirilneilesnii\(pielles elle
n'avait donne nnlle coiuiaissonei; do son
père. Ces anj:,es el ces puiss.inctîs avaienl
o-isuite l'ail le inonde el les hoinmes. Simon
donnait î» ces ani.?es divers noms hailiares
qu'il niveiilail, el, su|»|)0sanl (pi'il y avail
plusieurs cicux , il allnhuail cliaipie ciel h
<inel(]nes-uns des anges. Ces anges, disail-
il, no voulant pas (ju'on siU cpi'ds oussenl
été engendrés par un autre, avaienl relnm
I«Hir mère painii eux , et lui avaienl fail
toule sorto troutragos cl de violentes pour
renipéchor do remonter vers son p€>re ; ils
Tavaionl mOmo eniermée dans des corps de
t'omines , el entre autres dans celui d'Hé-
lène, femme de Ménélas, qui lui cause de la
guerre (le Troie; el il exf.liipiail celte guerre
d'une manière loute inysli(pie. 11 ajoutait
que son intelligence , passanl loujours d'ua
corps en un autre, était enlln venue <làns
celle Hélène de Tyr , (pi'il menait avec lui;
que c'était la brebis égarée; qu'il était des-
cendu des cioux |)Our la raclieter, ol qu'eu
passant ^)ar clia(|ue ciel il avail pris la lij^ure
de la puissance qui y dominait, de peur d'ê-
tre reconnu; de môme (lu'étant parmi les
hommes, il avail pris la (iguro d'un lioaime,
quoiq^u'il ne le fût point en elfet, el avait été
crucilié en apparence par les Juifs.
Il se prétendait ainsi être le Christ , et
mèhul dans ses ci'imes et dans ses enchan-
tements ce nom sacré, par le moyen duquel
il s'attirait plusieurs personnes. Aussi ses
disciples étaient compris par les païens sous
le titre de chrétiens. Mais il ne recotuiaissuit
point du tout ([ue Jésus fûi le fils de Dieu ;
au contraire , il so regardait comme son ri-
val, et s'efforçait de faire, au moins en appa-
rence, tout ce que le Sauveur a fail t? es-repl-
iement par sa puissance divine, pour s'ac-
quérir, i'il eût pu , la môme réputation que
lui et la môme autorité parmi les hommes.
11 disait qu'il était descendu du ciel, non-
seul-ment pour délivrer son Hélène , mais
encore pour rétablir l'univers troubli'; par
l'ambition des anges, dont chacun voulait
être le premier, et pour sauver les hommes,
en se faisant connailre à eux. 11 ne recon-
naissait néanmoins ni salut ni résurrection
pour la chair , mais seulement pour l'âme,
laquelle ne devait rien es|)érer que de sq
grA';e , sans s'arrêter aux bonnes œuvres,
toutes les actio is étant, disail-il, indifféren-
tes d'elles-mômos, et la distinction des bon-
nes et des mauvaises n'ayant été établie que
par les anges, pour s'assujeltir les hommes;
qu'ainsi ceux qui espéraient en lui et en son
Hélène étaient délivrés de cette superstition,
et t'iaienl libres pour l'ain- tout (•!• (pi'ilg
voulaient....
On voit les consécpiences (jiie le démon
pouvait lui taire lirin- de ce principe.
Iteg/irdanl les anges coinini; des ennemie
de Duni el roiiime des pnissaiires maii> ai-
ses, qui étannil hors de la plénitude, selon
.SOS termes, et do la participation de In <livi-
nib-, ol voulant d'ailleurs muMs eusseitt rié(')
le monde, il ne faut pas selonner s'il mépii-
sait el s'il rejetait la loi donnée à Mois(; par
le Créateur, s'il disait ipi'il était venu l'abo-
lir, el s'il n(! voulait point non |)lus (lu'o'i
craignit les menaces dvs j*ioplièlos, (lui n'a-
vaient, disa'l-il, été inspirés (pio pai- les an-
ges. Il alliibiiail de mrino tout l'Ancien
Testament h divers anges ; la loi ii l'un , les
psaumes A l'autre , et ainsi du reste. Non-
seulement il Ile rendait |)as h ces paroles di-
vines lo res|)ect ((ui leur est dû, mus il me-
naçait iiiAmc d(,' la mon el de la damnation
tous c(!ux (pii y défV-iaienl.
Les disciples de Simim profilèrent arlrnira-
blemenl de celle doclriiK! de leur maUre ;
car ils vivaient autant (pi'iis pouvai(!nl dans
toutes sortes de débordements (jui surpas-
saient de beaucoup tout ce que Ton pour-
rait s'imaginer, bien loin que ceux qui ont
quehiue pudeur osassent jamais les expri-
mer, soit par la |)arole, soit par écrit. Et ces
inisérables avouaient eux-mêmes dans leui-s
livres que ceux qui entendraient parler pour
la première fois de leurs mystères les [)lus
soltcIs seraient sur[)ris d'élonnement el d'ef-
froi, Oulre l'impudicité, ils s'adonnaient en-
core à toutes sortes de sorcelleries , et se
vantaient môme de pouvoir attirer des en-
fers les Ames des prophètes. Kl quoufu'ils
fissent semblant d'imiter îa divine philoFO-
phie des diréliens , néar.moins ils retom-
baient jusque dans l'.dolâlrie dont ils sem-
blaient s'être retirés ; car ils avaient des
images de Simon et d'Hélène , représentés
sous la ligure de Jupiter el de Minerve, ils
adoraient ces images , se prosternaient de-
vant elles, et leur offraient de l'encens , des
victimes et du vin ; ils regardaient même le
culte commun des idoles comme une ciiose
indifférente , et par ce moyen ils n'avaient
pas de peine à éviter toutes' les pec^éculions
que l'on faisait aux chrétiens. Saint Justin
t moigne aussi que les païens les laissaient
en repos, lorsque l'on persécutait le plus ou-
vertement les disciples de Jésus-Christ.
Quoique Simon se déclarât, par toute sa
doctrine , ennemi des anges, néanmoins il
leur lendail un culte idolâtre, prétendant
que l'on ne pouvait être sauvé sans offrir au
souverain Père des sacriiicos abominables,
par le moyen des principautés et des puis-
sances qu'il plaçait dans chaque ciel , non
pour obtenir d'elles quelque assistance, mai.<i
pour les adoucir et empêcher qu'elles ne sop-
posassent aux iiommes, soit durant leur vie,
soit après leur mort.
Cet imposteur fut adoré comme un dieu,
non-seulement durant sa vie , mais encore
après sa mort; et saint Justin remarque,
vers l'an 150, que presque tous les samari-
1011
SIM
biM
i0i2
tain«, et encore quelque peu d'autres en di-
vers pa>>. le rei'onnaissaictit pour le plus
grand d»' tous les dieux. La statue (ju'on lui
avait érig(^e h Rome était encore debout en
ce temj>s-Ih. Saint d'-nienl d'Alexandrie dit
que ses sectateurs l'adoraient encore de son
temps , et lAchaient de se rendre semblables
à lui , ce (jui ne leur était pas bien difticiie.
11 y en avait encore plusieurs vers l'an 2-20.
Ces hérétiques étaient connus sous le nom
de Simonifis , atin qu'on ne pOt ignorer di'.
qui venait leur doctrine im,ie. Ils s'étaient
eux-niônies donné ce nom. On les appelait
aussi Hélé'iiens , à cause d'Hé ène. Quelque
nombreuse que cette secte ait été dans son
commencement jusqu'f^ Tan 150, Origéne dit
que, lors juil écrivait son nremier livre con-
tre Celsc ;vers Tan 2V9), elle se trouvait ré-
duite à environ trente personnes au plus;
car il s'en trouvait encore alors quelques-
uns dans la Palestine. Dans le cniquiôme li-
vre du même ouvrage, il dit qu'on n'en trou-
vait pas un. Mais il y en avait sans doute
encore en d'autres endroits, soit qu'Origèno
ne le sût pas , soit (ju'ils eussent (juilté le
noi^ de Simoniens; car un auteur qui a écrit
SUT le bai)léme , contre saint Cyprien.et
ainsi vers l'an 256, dit rjue (juclques-uns des
hermétiques descendus de Simon faisaient pa-
raître du feu au-dessus do l'eau quind ils
donnaient le b q)tème , pour relever leurs
mystères et tromper les simples et les cu-
rieux , en leur faisant croire quiî Unir baj)-
tèmo était plus saint et plus véritable que
celui de l'Eglisecatlioli jue. Cet auteur doute
s'ils faisaient paraître ce feu par quelque il-
lusion et quelque adresse [»urement natu-
relle, ou si c'était par migie. Pour autoriser
ce baptêm ', ils avaient sup[)osé \\i\ livre in-
titulé : I.n Prédication de sitiiit Paul , (iltMii
de blasphèmes contre Jésus-Christ et de fau-
tes contre riiisloire , dont on en remarque
quelques-unes.
Il restait encore un assez grand nombre
de simoniens plus <le cinquante ans après
Oiigène et saint t>yprien ; mais ils ne for-
Diaienl plus de secte. Ils se mè aient parmi
les catholiques, et recevaient le baptèmedans
l'église, connue Snunn, pour lAcherde ri'pan-
dre parmi les autres la doctrine contagieuse
do')t ils fiaient iideclés, et ils tirent ;un>i un
grand tort à ijudijues personnes. Piu->i(Mirs
furent découverts dans lo commencement du
IV siècln et chassés de l't'.^lise, ( «luuuo saint
Pierre en avait chassé leur maitie.
11 y a bien des en iroits dans saint Paul et
<lans les auhes api'ilics (pn se peuvefit rap-
porter aux Simonie-is. Saint Cyrille de Jeru-
Mlem appliipiu à Simon ces paroles de la
première epiirede saint Jean : Ih ont quille
notre compaqnir ; mais ils n'etatent pas de
notre compagnie. Kt ainsi, selon ce Père,
ce sont les SnnoiU(>ns «pie saint Jean, dans
Je même etidroil, .-'[ipeile de» antei hrisis.
Saint Paul peut l)ien les marquer encore,
lorsqu'd avei lit Tun )thr'o de tuir les profa-
nes nouveautés de paroles, et tout ce (]u'on-
poNC une doitrine qui porte fausseinerU le
nom de science ; car Simon a été le père de
îl
tant d'hérétiques, qui, se vantant faussement
d'avoir une science et une lumière particu-
lières sur les choses intérieures et aivines,
prenaient le nom de (/nnstiques , qui signifie
saranls et illuminés , c'est-à-du'e de presque
tous ceux qui se sont élevés , les uns après
les autres, contre la doctrine de l'Eglise jus-
2u'après le milieu du ii* siècle. 11 a encore
té le père de ceux que l'on appelait docètes
ou apparents, parce qu'ils croynient que les
mystères (le l'hnmaniti'du Srtuveur n'avaient
été 0[>érés qu'en apparence, et c'était l'héré-
sie commune de tous les gnostiques.
Mais entre les diverses sectes des gnosti-
ues, assez ditférentes les unes des autres,
il y en a plusieurs qu'on marque avoir tiré
plus particulièiement leur origine de Si-
mon, en faiscint quelques changements peu
considérables dans les impiétés qu'elles
avaient a; prises de lui. Les eutyquites ou
les eutyquites sont les plus anciens que l'on
connaisse. Ilsosaient dire que les Ames nesont
envoyées dans les corps que pour y honorer
les anges , créateurs du monde, par loutes
sortes de crimes. Oiigène les met entre ceux
3 ni opi'osaienl le Dieu de l'Evangile à celui
e la loi e! des projihètes , voulant que Jé-
sus-Christ fût lils non de celui-ci, mais d'un
autre Dieu inconnu. Il paraît qu'ils subsis-
taient encore de son temps.
Aux eutyquètes Théodoret ajoute les cléo-
bains, les dosilhéens , les gorthéniens , les
niasl)othéens, les adrianistes et les cainistes,
dont les noms sont aussi inconnus (pie les
sentiments. Hégésippe parle des déobains
et des tr<iis autres suivants, qu'il fut venir,
non de Simon, mais d'anciennes sectes de
Juifs, C'est pourquoi M. Valois veut qu'ils
soient antérieurs h Simon, ce que le P. Nouri
ne lui ac( orile pas, au moins pour toutes les
quatre sectes. Il se |)OUt f.ure que d'ancien-
nes sectes di- Juifs .iieiil embrassé les er-
reurs de Simon et Hiient entrées au nombie
do ses disciples. Théodoret ne nous en a|v
|trend rien davantage , sinon (praf»rès avoir
eu fort peu <le ilutée , ils s'étaient entière-
ment éteints. Nous en }K)urrions dire quel-
que chose de plus, particulièrement sur Do-
sitliée, si cela en valait la peine, et sil no
fallait tirer une partie de ce qu'on eu [lour-
rait dire fl't'M'rils apoi-rv plies et supposés. Il
n'est poini m'i-essaire non plus du parler ici
des simoniaqurs , trop connus, ^ la honl)> et
au malheur de l'Eglise; car, tpioiqu'ils aient
nnriti! ce nom , parce «pi'ils iiuiteiil levem-
})le de ce prince des héiétiques, au nombre
desquels les canons hs mettent , et parce
qu'ils ont part à sa malédic tion, ils ne vien-
nent néanmoins de lui tiue par une suite in-
terrompue durant (pieîoiie^ siècles. Nous
avons vu (pie saint Jéiom»> i ite quelques
paroles d'un livre de Simon; laultur du li-
vre des noms divins dit «pie cet iiiinie avait
c<'mpos('> plusieurs discours contre la foi dt'
Jcsus-t^hrist, et »ni'il les avait intitulés Con-
Iradicloirr.i. LesConslilutions disent que Si-
mon et Cléobe, le com|-'agiioii di> ses erreurs,
avaient composé, sous le nom de Jésus-
Christ et de ses disciples, divers ouvrages cm-
I
101!^
SIM
SIM
KMi
))oisomi('s, (ni'ils nvnifiit n^pnndiis pdrtrmt, '
|)(iiii' IroiiiiMT cciix (|iM iiiin.iiriil li> noiit ilii
Siuiv(Mir. On |Wirli' «l'un •'•vnii^ilti inililii- (Wir
los (lisciiilcs (l« Simon, (in'ils ;i|i(iclai()iit lo
livre (1rs (luatrc coins du monde , puicr (ju'il
(H.'iil divise^ eu (|iialro parlics.
l/li(''r(Vsi.'(n|iH< Mt'n<ni(lrr , iiiii p/inil (1rs lo
vivHiil <l<'s a|iAlri'.s, ('lail ilisiiplo do Si-
mon le MiiKicicii. 11 c'diiil samaritain du racn,
iialil'd'iin villa!:;(i ap|M'l(' Coppondije on (",a-
|)iai, s(>lon 'llii'odoidl. Il i''>;ahul ou .snipas-
sail xwC'.ww dans lu sciomît» do la rna^çio Si-
mou lo Ma^iciiMi, son maiiro. Il lui aussi lo
snccossoin- di- son lirrésio, ol i'nd)iassa les
mOuu>s scMilinuMils ou plulAl los mt^nuis io-
lios (]U{' lui. Tout (0 que Simon s'i'lail attri-
but^, Mt'Miaudru so rallrihuail aussi. 11 ne
pnHoiulait pas nùanmoins (Hro la souvoruino
viM'lu , (pi'il sout(Miail (Mr»! oaflu'«o ol iucon-
iHio h loul lo montio ; mais il so vantail d'a-
voir cH6 onvoyé par col (Mro iuvisihlo , pour
sauver les liounuos. Il disait, conmu^ Simon,
(juo li's an^os avaient été engendrés nar l'iu-
telii^enct» divine, ([ue le monde et le corps
mémo do riionuno avaio'il été l'ails |)ar eux;
que , pour lui, il était veiui, (^w (pudilé de
sauveur, donner aux houunes, par sa uiagio,
la science et le moyen do vaincre les an^os
créateurs du monde ; (]u'ou ne les pouvait
vaincre (p.i'ei a[)pronanl sa magie et on re-
cevant le baptême (ju'il donnait en son pro-
pre nom; que ce baptême élalt une résur-
rection, et qu'après l'avoir reçu on devenait
immorlel et incorruptible , sans vieillir ja-
mais. Quoique ce baptême fût si commode
et si siir, selon cetpi'il en disait, néamnoins
il élait tenu fort secret, et élait fréquenté de
peu de personnes , y en ayant peu d'assez
fous pour se laisser [)rendre à ces chimères.
Le lieu où Ménandre s'attira plus de secta-
teurs fut Antioclie. Ils prenaient le nom de
chrétiens ; mais les autres les appelaient
mcnnndriens ou ménandrianistcs ; d'où quel-
ques-uns croient que sont venus , par cor-
ruption, les adrianistes , avec xVdrien, leur
chef, marqués parThéodoret entre les sectes
sorties de celle des Simonicns. Il y avait en-
core quelques ménandriens du temj)s de
saint Justin, assez stupides pour croire la
prétendue immortalité que leur maître leur
promettait.
Les plus célèbres disciples de Ménandre
ont élé Saturnin et Basilide ; les gnosti{pies
ont aussi tiré de lui leurs impiétés. ( ïiUe-
mont, t. II, p. 35.)
SIMON (saint), enfant massacré h Trente,
ar les Juifs, en haine de Jésus-Christ, souf-
•rit le martyre pendant la semaine sainte de
l'année ikll. Les Juifs, s'étant rassemblés à
cette époque, délibérèrent sur les prépara-
tifs de leur pâque. Ils résolurent d'immoler
un enfant chrétien. Un médecin de leur
secle se chargea de leur en amener un, et
pendont les ténèbres, ayant trouvé seul le
eune Simon âgé de deux ans, il l'amena à
i synagogue. H était alors minuit : après
avoir mis un mouchoir sur la bouche de
l'enfant, ils lui firent plusieurs incisions sur
^e corps; plusieurs lui tenaient les jambes,
l
i
d'autres les brns étuiidus on rroi\; p«-iidaiil
to temps on In porrail on dllIV-renls rndtoilK
avec des Hlùr»o.«» ol lios poinçons, Lorscju'il
fut expiré, ils chanlèreni aulour do lui :
\(iil(ï iiiiiiiiiriil itiiitM m oun Iroili' Jénim^ le
J)ini des vltrélivitn; /luinsaU lou» non runemts
Cl) (• (linsi confiiiidiiH t] jamais ! — Le corps
liit caelit' dans un grenier a foin, pui*( dans
un collior, <!l onllti jeté dans la rivièn;. 11
fui m' iinnoins découvert, et les menrlrior.s
fureiil nus il mort. Los icliipjos de oo saint
onlanl sont à Trente, dans l'é^^liso do Sninl-
Pierre, où s'opéi-èroni pliisiouis miraeles.
L'i'lgliso l'ail sa IV'le le -iV iii;irs.
SIMON DKMONTANIS (le bienlieuroux),
domiMicain , lerut la palme Kloiieiise du
martyre dans l'île do Sohjr pour avoir brisé
les idoles. Los prôlres du |)ays, furieux do
cotte action, It» |)erièronl d'un coup de lanco
j)ondanl 'tpi'il priait ;i lé^liso. Son martyre
arriva I an 1581. {Monumenta Dominicana ^
an. l.'iSl.j I
SIMON I)K LA PITlL (I.' bienliouroux) ,
domini(viin, fut massacré dans h; Malabar en
1507, avec W. P. Pn^rro Usiismaris.
SIMPLICK (saint), fut martyrisé avec ses
deux llls, Constance et Victorien, au pays
des Marses , sous le règne de l'empereur
Marc-Aurèle. L'Lglisc célèbre sa fête le 26
aoili.
SIMPLICE (saint), fut martyrisé en Afrique
avec saint Quinct et (juehpies autres quo
nous ne connaissons j)as. Ils subirent le
martyre sous le règne dos empereurs Dèce
et Valérien, et sont inscrits au Martyrologe
romain le 18 décembre.
SIMPLICE (saint), Simplicius, sénateur,
fut mis à mort à Home sous l'empire de
Maximin I", avec sa femme, ses enfants et
soixante-huit personnes de sa famille. Félix
et Blande sa femme furent aussi martyrisés
en même temps. On exposa les têtes do
tous ces martyrs sur diverses portes de la
ville, pour intimider les chrétiens. Voilà ce
que rapporte le Martyrologe romain. Nous
ferons ici les mêmes observations à peu
près qu'à propos de saint Palmace. Comment
so fait-il qu'un fait aussi grave, à propos
d'un homme considérable, ait eu lieu, sans
que l'histoire en fasse mention? Quant à ce
clîitlVe de soixante-huit personnes de la fa-
mille de saiiit Simplice, martyrisées avec lui,
il y a une explication importante à donner :
cela ne signifie pas que ce fussent de ses
parents , mais bien des personnes de sa
maison. Familia, chez les Romains, ou la
/oj/j/Z/e,' comprenait l'ensemble des personnes
habitant la maison du maître, ou attachées
à son service, soit comme serviteurs à gages
ou comme esclaves. L'Eglise fait la fête de
saint Simplice et de ses compagnons le
10 mai.
SIMPLICE (saint), et saint Faustin, son
frère, habitaient Rome au temps de la per-
sécution de Dioclétien. En 303, ils lurent
arrêtés pour la foi, cruellement tourmentés,
et enfin décapités. On jeta leurs corps dans
le Tibre. Béatrix, leur sœur, les en ayant
retirés, les enterra, puis elle passa le fleuve,
I0!5
sm
SIS
1016
et re.Ma «ppt mois rarhf^e rlipz nno fommo
nomiTK^o Lucino, avec laqnollp elle «''tait jour
pt nuit en nrièrt's. Au bout do co laps de
temps, un ne ses parents, (jui désirait s'ap-
proprier ses biens, la dénonça. Avant pro-
testé devant le juge «ine jamais efle n'ado-
rerait des idol 'S de bois et de pierre, elle
fut étranglée dans sa prison. L'Egliso honore
tous ces martyrs le 29 juillet. (Voy. les Bol-
lan.i>tf>s.)
Si.MPLICE 'saint), martyr, était sculpteur
,^ Rome en 30V, sous rem[)t'io>,r Dioclétien ;
il refusa de faire des idoles et fut mis à mort
pour cette cause. D"ahord il fut mi» en
prison , ensuite déchiré avec des fouets
garnis de pouites de fer, ]>uis précipité dans
la rivière. Sa iete a lieu le 8 novembre.
SIMPLICE saint', évè(pie, confessa la foi
de Jésus-Clirist à Vérone, au milieu des sup-
plices. Les détails nous monquent sur son
compte, il est inscrit au Martyrologe ro-
main 1" -20 novembre.
SIMPLICIKN l'saint), martyr, cueillit la
palme du martyre avec les saints Etieime,
Ponlien, Altale, Fabien, Corneille, Sexte,
Florus, Quintien et M-nervien, (fui fu.ent
les comjKignons de son triomphe. On ignore
le lieu, la date et les circouslauces de leur
martyre. L'Eglise honore leur mémoire le
31 décembre.
SINAI ou SiNA, montagne du pays d'A-
rabie dans une péninsul' de Ift mer Rouge,
e"tre Suez et Akaba. Dieu donna sa loi à
Moise sur cette montagne. Dès les premiers
siècles de l'Eglise, il y eut des anachorètes
sur cette montagne. Aujourd'hui sur un
plateau qui se trouve à peu près à mi-côte
du pic le plus élevé est un couvent foititié,
qui a le titre d'archevêché. En l'an 373, les
Arabes massacrèrent au Sinai quarante so-
litaires, pirmi les(piels saint Lsaie et saint
S(d)as. L'Eglise fait leur fête le lijanvier.
SINAS fsaint) ou Sina, diacre et martyr,
fut une des nombreuses viclmies que la per-
séculion dp Sapor lit en Perse, il moiuiit
pour la foi chrétienne en l'an 3Vl di' Jésus-
C'u-ist, avec saint Mille, évé(]ui\ et saint
Abrosime, prêtre. L'Eglise vénère leur mé-
moire le 10 novembre. {Voy. Mille. Leurs
Arles sont communs.)
SIKICE saint), mourut pour la foi h Adru-
mèle en Afrirpit*. Il eut pour compagnons de
son martyre les samis Vérule, Secondin,
Fél X, Servule, Saturnin, Forlunat et seize
.uitres. Ce fut durant la persécutii»n des
Vandales contre la foi caiholupie (pie leur
martyre arriva. LEgiise fait leur fête le 21
févriT.
SIRMirM, Sirmich, capitale de la Pan-
n.,nie, avait pour gouverneur Probus, en
l'an de Jésus-Christ 304, sous le règne et
durant la perseiijiion de Dio létieu. Ce gou-
verneur y lit mouru- pour l.i f(u saint Iréiiée.
qu' en était évèiue; il le lit décaj)irer et en-
suite jeter dans la vSave. *«». 1r^:^êf. et
pR»Bi s.; Cette vill(! vil encore le uiartyre de
sniul liuiocent, sainte Sébastie et trente au-
tres dont les noms sont malheureusement
ignorés.
SISFRANT), diacre et martyr, honoré par
l'Eglise le 10 judlet, était natif de Badajoz.
On l'amena jeune etuore pour étudier à î
Cordoue. 11 y fut élevé dans le monastère de '•
Saint-Aciscle. Comme la plup;Trt des martyrs
de ce temps-là, d se présenta de lui-même
au juge. (Voy. Paul, Diacre). Ses Actes, ou
plut(M 1 h'sloire de saint Euloge le men-
tionnent comme étant déjà en prison quand
il eut la révélation de sa mort prochaine. Il
écrivait une réj>o.ise h un de ses amis : il
en avait h peine écrit quatre lignes que tout
à coup il se leva, et dit au valet qui l'atten-
dait : n Allez-v(jus-en, mon ami, de peur
que les soldats ne vous prennent. » Eu
etfet, les soldats, entrant tout de suite après,
l'emmenèrent, en lui donnant des souftlets
et des coups de poings. On le présenta au
cadi, devant lequel il persista dans sa con-
fession. Alors ce magistrat h» lit mettre à
mort. Il é'ait encore dans toute la fleur de
la jeunesse quand il consomma son sacri-
fice. Sa mort eut lieu le Ifi juillet 831. Voy^
MLsrLM\>s {Persccnfions des).
SISINK, (saint), diacre, fut martyrisé àRomo
surla voieSalaria,avec le vieillard saintSi.lur-
nin. Après avoir langui huigtemps en prison,
sous le règne de l'empereur Maxiniien, ils
furent, par ordre du préfet de la villo, tour-
mentés sur le chevalet, tirés avec violence,
accablés de coups de bâton et de fouets gar-
nis de pointes de fer, brOlés en plusieurs
parties (iu corps ; enlin ayant été descendus
du chevalet, ils eurent la tête tranchée»
Ils sont inscrits au Martyrologe romain le
29 novembre.
SISINNE (saint), diacre et martyr, avait
contribué, avec saint Anthime, prêire (Foy.
Anthime, et Li(.i\E, femme de Pinien,\ à la
conversion miraculeuse de Pinien, gouver-
neur d'.Vsie. Il était venu avec ce même Pi-
nien, et beaucoup de confesseurs, habiter
Rome, quand ce gouverneur avait i|uilté
l'Asie. La présence de tant de chrétiens dans
le logis de Pinien ayant l'ait du bruit, ib fu-
rent tous obligés de se retirer dans ses ter-
res. Sisinne avec Dioclétien et Florent, >o
retirèrent à Osuie, dans la Marche d'.VnciNne.
¥ai l'an 290, ils furent martvrisés pour la foi
dans les circonstances suivantes. Tous les
trois ans, les gviis du pays faisaient des sa-
crifices à un démon qui décloia (ju'd ne pou-
vait plus rendre d'oracles, si Sisinne, Dio-
clclien et Florent ne sàcritiaient. Les trois
disciples de Jésus-Christ furent pris, el,
sur leur refus d'oîl'rir des sacrifices au\ ido-
les, ils furent lapidés par les infidèles. Les
chrétiens retirèrent leurs corps de des«<ous
les pierres, et les ent<'rrèrent près ilu lieu,
où ils avaient coisonnné leur sacrilii^e.
L'Eglise fait la fêle de ces saints le 11 mai,
SIsINNE saii.t*. après a\oir >outrerl d.es
tourments nuiltipliés à Cyzipi(\ dans T'iel-
lespont, duratit la nersécution de Dioclvtien,
|)érit enfin par le glaive. L'Eglistî l'ail sa mé-
moire le l'i no>eiubre.
SISINMIS (saint), diacre, fut m-rlyrisé
poiM- la foi clir("tienne en l'an de J-Ksus-
Chiist 397, dans les Alpes, dao s le canton
ion SIS
•«l'Anniino, jniioiinriiiii yiil (rAnnKiwi. pnr les
i naicMS, sons lo imN^jui (rArciidiiis, flv(»(; sjiiiil
J \lnrfviiiis (M sai'it Alcxjiiulrc : ces deux
(IfTiiicrs ('Iniriit Irt^'ics. 'Inus trois (Hiiii'iit
oi'i;finiuros tl(i (InpiiadniM» ; i's viiirfiit en
Il.'ilic sous l(< n^i^iK; dd 'l'hrodosi» l'AiiciiMi, l'I
»'iii(>til riiomicur de voir à Milan sainl Aiii-
l»rois(s <|ui 1rs liaila avec hcaiicoui» d'r^.inls
<U do dislinclioi). I.(MII- iiiliMilioii riait de se
vouer 1» la |tr(''dicali(in du chrisliauisnic r\\r/.
les j;('nlils. Saint N'i^ilc, (''Vt^iuc de 'rifMilc,
ordonna Sisinnius diacre, Marlyrins Iccirur,
cl AIexandi(> porlicr; puis il IciU' dit d'.dirr
iirôcbcr (tans los Alfics. Pr('S(|U(' tons les
Jinhilanis en étaient encore païens : le peu
do ((dation (pi'ils avaient avec le inonde
Jes avait enipcV'liiVs de recevnir les lumières
de la foi. Ce l'ut vers le canton d'Anaune ([lU!
les trios [irédicafeurs s.^ dirij^èrt-nl : ils y
furent acc;'l)lés dt» mauvais traitements; ils
se souvenaient des a|)ôtres, et leur /èlo,
Join de salti(^dir, ne faisait (|u'aui;menler
de ferveur. Leur cliaritt', leurs discours,
Jours exemples, gagnèrent c\ Jésus-Cdi.ist un
grand non)br(> de païens. Ils eurent tant de
succès ([u'au bout de ptni de teni|)s Sisinnius
put fairi' bAtir dans 1,' bourg de Médol une
<iglise où il réunissait les nouveaux ct)n-
"vertis , pour achever leur éducation reli-
gieuse. Les j)aiens étaient extr;>ordinaire-
nient irrités di' voir dinunuer le nond)re de
ucuxqui adoraient encore les idoles : ils; ro:i-
ièreiU d'une de leurs fêtes pour ei.tre|)ro'idro
■de forcer les nouveaux chrétiens îi se uiéler à
leurs céj".éinoiues et h abjurer leur foi. Si-
sinnius et *>es collaborateurs l'ayant su, em-
ployèrent tous leurs efforts pour empocher
■que cet infernal projet réussît; dès lors leurs
prédications eurent pour but de [irémunir
leur petit trou[)eau contre le danger qui le
menaçait. Furieux de voir ainsi leurs es[)é-
.rances déjouées, les païens tournèrent leur
rage contre les saints prédicateurs; ils s"em-
.parôrent de leurs personnes, dans l'église
.même où ils étaient occupés à chanter les
louanges du Seigneur; ils leur ordonnèrent
de sacritier aux idoles, et, sur leur refus
.énergique, ils 'es battirent avec tant de
cruauté, que les trois saints martyrs furent
laissés pour mort sur la place : Sisinnius ex-
pira quelques heures après. Les deux autres,
Martyrius et Alexandre, oubliant leurs bles-
sures et les douleurs qu'ils ressentaient, re-
ît, vinrent dès le jour suivant à leur église pour
j y chanter les louanges du Seigneur, Ils y
; Jurent instruits que les païens airivaient :
ixilors ils se retirèrent pour se soustraire à
ileurs mauvais traitements. Ceux-ci, ayant
.trouvé le corps du saint diacre Sisinnius, se
portèrent sur cette sainte dépouille aux ac-
tes de profanation les plus révoltants. Leur
xago n'evi fut point apaisée. La populace
comme l'iiène s'enivre au sang et au car-
nage. Ils cherchèrent les deux hommes de
Dieu qui venaient d'éch.ipper à leur fureur.
Martyrius fui trouvé dans un jardin : les
païens le renversèrent et le chargèrent tel-
lement de coups , qu'il baignait dans son
sang. Ils le hèrent ensuite par les jambes à
fine loig
un inorconu de bois, «t le Iratru'^reid ?i tra-
ver.H leN cailloux, jusquVi ro qu'il \ùl mort.
Anrès ce IV'iore exploit, ds nrrèlcrfiil
Alexandre, et l'/iwuil ami-ué devant les corps
de s(<s deux compagnons, ils les brrtiènnt
en sa [)réseiice, proférant contre lui les plus
allreuses nieiwiccN, m/us rien ne put éliraider
s((n courage. Alors les païens W- jetèrent
dans le biïihcr (pii co'isiimait h s drmx cftrp.H.
Il y fut eiilièreiiieiit bi lïh'. Sa morl cul lieu
le "-*!► mai .'lOT. L'Ivglise a gardé l'anni versair»
de CI tie mort pour y cé|('br<'r la l'ète de ces
trois saints. Les lidèl -s recueillirent ce (pi'ils
|)nrenl de leurs reiKjues : elles lïirenl por-
tées dans la ville de 'l'rente. Saint \ig:|e con-
sacra le lieu de leur mariyre par l'érection
d'une église. (J'o//. h's lettres d(; Vigile h
Simplicie'i et h Jean (^hrysostorm!.)
SISINMI'S, (sainl), martw', l'un des qua-
rante martyrs de Sébastcî s<mjs Liciruus.
{) oy. I\I.vKTVns ni': Skiiisti:.)
SISINMI'S, général d'armée, commandait
les iroiiiies h A(piilée, en l'an de Ji-siis-
('hrist 30V. Ouand la persécution do Dioclé-
lierï éclata, coiijointem.'nl avec Dulcidius,
gouverneur, il s'o(;(;upait de poursuivre et
d'arrèler les (idoles : les prisons en regor-
geaient. Ce fut lui qui poursuivit et rejoi-
gnil dans le bourg iVAfjuœ Gr(i(l(itœ]t'S saints
Cant, Cantien, .sainte (^antianille, leur soiur,
et sainl Protus, leur gouverneur, qui s'étaient
sauvés d'Aquilée [)our éc-happer aux fureurs
de la persécution. N'ayant pu, ni nar mena-
ces, ni par promesses, ni en employant les
tortures, les amener à abjurer leur foi, il les
lit tous décaniter. (l'or/. Canth:n.)
SiSTKRON , est située dans les Basses-
Alpes. Son diocèse a été illustré par les
miracles et les souifrances qu'y enduia le
saint prêtre Donat ; on ignore à quelle épo-
que.
SISTOLA (le bienheureux Thomas de),
confesseur, missionnaire capucin, eut la
gloire de soutfrir dans le Sogno, province
du Congo, en 1680. La cause des souifrances
qu'il eut à endurer fut lattaquo que les Por-
tugais avaient dirigée à cette époque contre
le Sogno; le prince du pays, irrité de cette
invasion, résolut de se défaire des capucins,
par la seule raison que ces religieux étaient
venus du Portugal. (Pour plus de détails,
voy. l'article Sogno.)
SIXTE II ( saint ), pape et martyr, était
Grec de naissance ; Athénien d'après les Ac-
tes de saint Etienne. Il succéda à ce saint
pape le 2i août 257. Anastase dit qu'il avait
été mis en prison avec son saint prédéces-.
seur, etqu'Etienne, six jours avant son mar-
tyre, lui avait remis en garde tous les vases
sacrés et tous les trésors de l'Eglise. Il faut,
pour admettre cela, admettre aussi que tous
deux purent sortir de prison. Etienne n'avait
pas les richesses de l'Eglise dans sa {"irison;
d'un autre côté il est dit dans ses Actes qu'il
fut décapité sur son siège épiscoiial. Saint
Sixte ne gouverna que pendant onze mois et
quelques jours, durant le feu de la persécu-
tion de \alérien. Sa prudence, sa douceur,
furent aussi utiles à l'Eglise que son courage.
1019
SMY
SOC
<M0
Imitant son i>nV16rt>ss(Mir, il suivit 1,t m(^w
couiluilo ilans la grande quorcllc des robap-
tisaols. ( Voy. saint Ktien-se. ) Saint Donys
d'Aleiaiidrio lui c rivil trois lettres, dans
lesquelles il rexhorlail h no pas porter de
peines contre eui ; saint Sixte suivit ce con-
seil, qui allait du reste parf lilonu-nt bien
aux dispositions de son ctrur. Il nio-itra sa
sagesse en choisissant saint Laurent pour
archidiacre de son Eglise. II envoya en
Gaule saint Pérégrin, qui l'ut niartyrisé à
Auxerre. Vah^ricn ayant érrit h ses ofticiers
et à ses magistrats de se hAter h faire mou-
rir les ministres des autels, saint Sixte lut
un des premiers arrêtés, et décapité dans le
cimetièro de Callixt •, le 6 août '2oH. Ou lait
es-t prouvé par le calendrier de Libère, qui
contredit ceux qui prétendent que saint Sixte
Diourut en croix. Connue on le enduisait
au supplice, saint Laurent, qui l'ac^-ompa-
gnait, lui témoignant sa douleur de ne pas
être appelé à combattre avec lui, saint Sixte
lui prédit que bientôt il le suivrait. L'Kglise
lail sa fête le 6 août. Saint Cyprien lui donne
pour couipagMon de soi martyre Oi'in'""";
d'autres, les saints Félicissime, Agapel, Jan-
vier, Vi icent, .^L^gnus <t Etienne.
SIXTE ( saint ; ou Xyste ( car beaucoup
l'écrivcut du l'une et l'autre manière), suc-
céda au pape saint Alexandre. 11 gouverna
dix f.ns, mais non entiers, étant mort dès
l'an 128, et peut-èlre le 2;j décembre, auquel
les plus anciens martyrolog 'S metlenl deux.
Sixte, martyrs à Rome. Sa fêle est néanmoins
manjuéc \rdv Florns et par (luehjues autres,
le troisième d'avril. Le Martyrologe roujain,
avec Usuard, Adon et la plupart des posté-
rieurs, la mettent le G du même mois. Tous
ces martyrologes lui donnent le titre de mar-
tyr, • t on ne le lui peut refuser, si c'est lui
que l'Eglise a mis dans lecano'i delà messe ;
mais cela n'est pas sans difliculté. 11 ne pa-
rait point que saint Irénée ni aucun ancien
ait su qu'il lût mort par le martyre. On dit
qu'il alla une fuis dans la terre Sabine pour
y catéchiser et y baptiser saint Céiéal, ipii,
peu après, reçut la palme du manyre. On
prétend que son c irps fut enterré au Vati-
can, auprès do celui de saiiii Pierre, et l'on
maruue que, vers l'an 1100, le pane Pas-
cal 11 le mit sous un autel de l'église du
Valitan, d'où il fut tiré par l'anli-paj^e .\na-
clel et tl■an^pol•té ^ Alati i dans la C.ampagiie
de Korae, le 11 janvier du l'an ll-'i2. Il fut
trouvé (laiii ^é^Ii^e cathédrale de celle ville
le 1-2 mais loH't. On puni voir tout cela dans
Boll indus. Le &uccess(>ur de notre saint fut
saint Télesphore. ^ Tiré do TiUeuionl, vol. Il,
p. 2'»0)
S.MAIlA(iI)E (saint), l'un des compagnons
du saint martyr (',yii.it|Ui', diacre de l'Eglise
romaine, mourut en M).], h Uome, sur la voie
Saliria, où d fut enterré, ils furent vingt-six
dans le mj^me jour ini.s ?i luort au même vu-
ilroil. L'Egliso eelèbie leur lèlu coUci tive le
jour de leur translation, qui eut lieu le 8
août. ( Voy. (IvBUyi k , >oy. aussi l'abbé
tjrandidier. Iltsl. de i't'.tjUsr df Sliasbourg.)
b.MYKNE, Smynin, S^mir des Tu
asuoura.)
rçs, >ille
de la Turquie d'Asie, vit le marfvre de sai?u
Polycarpe, son evèque, sous le règne de
l'empereur Marr-Aurèle et sous le gouverne-
ment de Statius Quadratus. Dans les derniè-
res années du régime de Marc-Aurèle, saint
Thraséas fut martyrisé dans la ville de
Sniyrne : on croit que ce '^aint martyr était
évêque d'Euménie. Sous l'empire de Dèce,
en l'année 250, cette ville fut le théAtre dune
persécut on extrêmement violente contre les
chrétiens ; saint Pione et «quinze autres y
donnèrent leur vie iiour la foi : saint Asclé-
piade et sainte Sabine sont an nombre de
ces saints martvrs. Ce fut le proconsul Ju-
lius Proculus Quinlilianus qui fut leurjuge.
Si ces bienheureux soldats de Jésus-Christ
eurent la gloire de triompher pour lui, il y
en eut malheureusement bien d'autiesqui
succombèrent. La ville de Smyrne eut le
ma heur de voir le chef de son Eglise, Eu-
démon, son évô pie, non-seulement renier
Jésus-Christ et sacrifier aux idoles, mais en-
core se faire persécuteur de ses compagnons
Plus courageux que lui. Les Actes de saint
io e disent positivement que cet évêque
renégat se joignit à Lé; ide, juge assesseur
de Polémon, pour interroger les saints.
Voyez : cet homme naguère otfrait le sacri-
fice divin dans le temple des chrétiens : il
est encore à l'autel, mais c'est dans un au-
tre temple ; il sacrifie aux idoles qu'on y
adore, et en leur nom il ordonne à Pione, a
un prêtre resté fidèle à sa foi, d'imiter sa lâ-
cheté. Dieu donna au prêt r(> la force de triom-
ph(M' de l'évêque apostat. {Voy. les Actes de
saint ProNE h son article.]
SOAN ou DE CiOTTo (sTint JE.A^i^est un des
vingt-six martyrs du Japon mie taicosamatit
crucifier, en 1597, sur la colline de Nangaza-
ki. Il était né vers 1578, dans le sein d'une
famille chrétienne, et demeurait chez les jé-
suites dOzaca quand on leur doimades gar-
des. Il n'avait ahirs aucun grade dans la
compagnie : il pouvait se retirer, mais il pré-
féra rester et partager les travaux et les dan-
gers lies saints missiininaires. Quand il eut
été conduit avec les autres au lieu du sup-
plice, il apercent son père qui s'y était rendu.
" Vous vo\e/., lui dit-il, mon père, qu'on
doit tout faire |)our son salut. —Oui, mon
fils, répondit le père du saint ; votre mère et
moi dt'sirons marcher sur vos traces et
j)riuns Dieu qu'il nous pcrnu^lle de subir un
jour pour lui le sn|)plice ijue vous allez souf-
frir. » Quand on eut attaché le saint martyr
;\ la croix, le père se tint dessous et reçut sur
lui le .sang de son fils. Aprt^s qu'il fut mort,
il s'éloigna, plus j(»y eux de voir son lils mar-
tyr, tpie s'il l'in'il vu parv»niir à la plus
liaul(> fortune. ()'oj/. Japon, j L'Eglise fait la
fête i\o ( e saint le 5 février.
SOBEL ( saint ). martyr, était Egyptien. Il
donna sa vie pour Jésus-Christ avec ses com-
})alrioles Canlide et Canlidien. On ne con-
naît rien de certain sur eux. L'Eglise fait
leur fête le 5 aoAl.
SOCRVTE ( saint \ martyr, reçut le mar-
tyr»» avec saint Denis; on ignore .h quelle
époque. Ils fiyenl percés h coups de lances.
1021 80(2
L'KkMwo hoiioro loiir in(''inoirn Ip i\) nviil.
SOCUA'I'K isniiil), M iiwirl yrisr en Aii«le-
tovvr |)(iiii' Jc'vsii.s-Clirisl. Il cul |HMir coiiiiia-
giioii (lt< sa f<l(iir<> s.'iiiil Isliciiiic : iiniis n'a-
vons aiicnn (l«\lail sur \'r\>i>i\ I U«s ciicons-
t.niccs (l(> loue ni.iityic. I,'lv:;lisi' (•('«Irlirc la
niôinoin* (l(* cos s;unl.s ciiiiihallaiits di- l.i lui
1(1 17 s('|ttenil)ii\
S()(iN(), |>iiiviiioo (lu ('()nf;o. l.o^ IVhIu-
H.us a>;uil voulu cuMiiuri i|- la pinvuK (; «le
So^no on KiSO, cotlu oxpcdilion, i|iiui(|U()
infructueuse, irrita si vivement le |»riiice(|ui
gouvernait ce pays. (|u'il l'é.solul de se il i lai ri-
des capucins, par la si>ule raison cpjo ces re-
ligieux et. tient venus du lN>rlu-;al. Il saisit
J'occasion de ipiiMipies niareli inds des Pays-
Bas qui relournaieiU daMs l(>ur patrie, pour
écrire à ri'iter'ionce de Hrnxelles cl Ini de-
mand(>r d'autres niissio'inaires. L'inloivKtnco
lui envoya doux [)rOU'es fra'iciscains, accoin-
pngnt''s d'un IV^re-lai, mais (pu avaient or-
dre d'(»l)tWr au supéi'iour des capucins, s'il
s'en trouvait encore sur les lieux. Ces trois
religieux Curent i-(>i,'us avec des caresses ex-
lraordin«iri's ei conduits aucouvenl des ca-
pucins d'où il s'agissait de chasser deux
ancitMis possesseurs dont Tinlertionce recon-
naissait les droits au lieu de prétendre les
inlirmer. A[)rès avoir cherché inutilement
des prétextes, ce prince ei.t recours au trai-
tement le plus barbare. Il ordonna t(ue les
deux capucins fussent traitiés hors de ses
terres pendant l'espaccMle deux uîilles, et cet
ordre odieux rei;ul son exéculi m littérale :
c'esl-h-dire que les deux confesseurs liés
de leurs [)ropres coiiions et le visage contre
terre furent tu'és |iar les |)ieds au travers des
sables du pays. On les laissa sur les contins
de la province de Sogno dans une petite île
du Zan-e. Le ciel y fut leur soutien pendant
deux ou trois jours. Le P. Thomas de Sis-
tola, qui était le moins blessé, prit quelques
oiseaux pour leur subsistance. Quelques pé-
cheurs idolâtres, devenus leurs libérateurs,
les conduisirent à Boniangoy, ca;àtale du
royaume d'Angoy. Là, un noir infidèle les re-
çut avec humanité, leur donna à souper et
les logea dans une maison oh il laissa trois
fennnes du pays pour les servir ; mais les
missionnaires, prenant pende confiance dans
les habitaîits, renvoyèrent les fennnes après
le souper, et Thomas, chargeant son compa-
gnon sur ses épaules, se nul en marche avec
son fardeau. Il ne lit pas beaucoup de che-
min sans être contraint de s'arrêter. 11 plaça
scn comi)agnon sous un grand arbre où les
religieux passèrent le reste d.' la nuit. A la
po'nte du jour, n'étant plus capables d'avan-
cer, et craignant d'èlre découverts, ils s'ef-
forcèrent de monter sur l'arbre do'it le feuil-
lage pouvait les cach'^r. Leur hôte, surpris
de ne point les retrouver dans sa case, mar-
cha sur leurs traces et arriva près de l'arbre,
ne doutant pas qu'ils ne reposassent à son
ombre. Comme ce pauvre noir ne les ajier-
cevait pas, il s'imagina que les voyageurs
avaient été enlevés par quelque esprit. Se
f)ar]ant à lui-même : « 11 aura voulu, s'écria
0 nègre, me priver de la récompense que je
soc;
Util
pouvais e.spér<'r de nien Bcryuou. » Ce» pa-
roles lirenl soiniit! h'.s «;apiicins auxquels
elles donnèrent une meilleure opinion de
leui- \\C\U\ Aussi, aviuiçaul la tèle hors du
feuillage : « Nous soninn/.s ici, liii direnl-ils
a\ec confiance; ne doute/ pas de notre re-
conrijiis.sance. » Le mur, cliarnié de les re-
voir, leiu' olVrit deux liamao, du'ik leMiuel.s
ils se tirent ccniduire au port de (^ilnn<le, h
deux journées de i(omango\ . L'ini ih-< deux
ni! tarda pas à motnir, et Thomas de Sislola
ne se ri'tablit (pi'apres de longur-^ douleurs.
D'un autre (;ôt('', l'ii'i des prêtres Ira icisiains
denu'urés gw |>os»ession du couvent de So-
g 10 rpiifta ce(l(! nrission porrr passer dans
cell(! d'Angola. L'autre, instrurl par' la bar-
barie du prince, lui représenta «pi'il était
obligé d(î chercher les malheureux capuci'ts,
ses fièr'es, pnnr leur- reidre les services de
la charité, et il se garda bien dt; re'ourner
à Sogno. L(.' frère-lai, ii son tour-, feignant
d'aller à la recherche des deux prêtres, s'é-
chappa de la province, en sorte (|ue le cou-
vent ne se trouva |i!us habile (pie \y,\r un
auli e fièie-lai, nommé Léonard, (jue le piine(i
enferma sous clef, dans la crainte (ju'il ne
sui\il cet exem[)le. Le peuple, désole du dé-
part des nnssionnair-es, se souleva c(jnlre le
peisécuteur, le chargea de fers, et, l'ayant
relégué dans um^ île du Zaïre, se choisit un
nouveau chiîf. Ensuite, ayant a[»pris que le
prince dépossédé sollicitait le secours de na-
tions voisines pour se létablir, il se saisit
encore uie fois de sa iiersonne, lui mit au
cou une j)ierie fort pesante, et le précipita
dans le Zaïre avec cotte imprécation : « Va,
monstre inhumain, va finn- les jours dans
le même lleuve que tu as fait traverser à des
prèti-es innocents.» Quelque temps aj)rès,
le ca()ucin Joseph Maria fut envoyé de
Loanda à Sogno pour reconnaître l'état de
la mission. En arrivant au ca[) Padron, à
l'embouchure du Zaïre, il fit avertir le nou-
veau prince de ses intentions. Une foule de
peurile s'empressa de courir au-devant du
missionnaire. Les uns lui raconlèreil la
triste mort du persécuteur; d'autres lui ré-
pondirent des dispositions (du nouveau chef;
tons jurèi-ent de défendi-e la religion et ses
ministres jusqu'à la dernière goutte de leur
sang , serment qui fut confirmé dans la suite
au [)ied des autels. On pressa beaucoup le
P. Joseph de s'établir dans le couvent. 11 dit
d'abord que sa commission se bornait à
prendre avec lui le frère Léonard et les or-
nements ecclésiastiques {lour retourner à
Loanda. Enfin, sur les instances du peuple
et du prince, non-seulement il consentit à
demeurer, m?is il engagea le P. Thomas de
Sistola à reprendie son emploi. Depuis cet
lîeureux jour, les capucins furent respectés.
Les peuples qui habitent cette c(jte depuis
le cap Lopez-Gonzalvo jusqu'au cap de
Bonne-Espéiance, sont idolâtres. Les Por-
tugais eux-mêmes, malgré l'avantage d'être
établis dans ce pays, n'ont guère réussi à y
pro[)ager le christianisme. En 1777, quatre
prêlVes italiens, qui s'étaient embarqués à
La Rochelle, se rendirent au Sogno, pleins
lOW
SOL
SOR
10)4
(It^zMoot mnni^tl»^ prt'*;ont^ qn'iU rrovaiont
propres h leur prôp.iror nu nitMlliMir acniiMl.
Le préf»'t de la mission prit le (lovant avt>r
nii (le ses ronip.Tç;nons, oi los deu^ autres
partire'U qufjcpi > ttMiips après. Degraiulpré,
marin fran(,ais, (^tant alors h CaUende. faci-
lita leur pas-^age : mais an b >ut de di\ jours
ils rev nrent, et apprirent à ce voyageur
qu'ils avaient trouvé leurs compagnons em-
poisoinés. morts et enlerrt'S. Ils s'attt-n-
d.ti(Mit à ^;ld)ir lo mt'^ine sori. et l'un deux,
dé}h tout résigné, ne songeait (in'h recevoir
les secours spirituels; mais 1 autre , plus
jeune, feignant d'atlnl)uer la mort do ses
compagnons ^ des causes naturelles, donna
<\ eiitendre aux noirs qu'il avait laissé der-
rière lui la [)Ius grande partie dfs présents
qui leur étaient destinés, et qui ne seraient
délivrés qu'aux missionnaires mômes; il
ajouta qu'éta it venus sur deux vaisseaux
(iilférents, il était indispensable que tous
deux repartissent jiour les obtenir. Celte
ruse trompa les noirs. Les missionnaires
s'eml)aM[uèrent peu de temfvs a[)rôs pour
Haïti. Henrion. vol. IV, p. 8V;î.)
SOISSONS, sur l'Aisne, chef-lieu d'arron-
dissement, était, au temps des Romains, une
ville foit puissa ite. Sous lescommoncem nits
de Dioclétien. à la lin du m' siècle, Riclius
V arus, qui avait reçu l'ordre de Maximien
Hercule, de détruire partout le nom chré-
tien, lit mourir près de cette villft l.'S saints
Ruiin et Valère, surintendants du domaine
impérial sur les bords de la Vesle. D'abDrd
il les avait fait horriblement déchirer sur le
chevalet : ce supplice n'ayant pu les abattre,
ils furent tous deux mis h mort (lar le glaive,
sur le bord du grand chemin de Reuus à
Soissons.
SOLANGE (sainte), vierge et martyre, fil
vœu dès son enfance de passer sa vie dans
la virginité. []n grand seigneur, (|ui habitait
la ville de Bourges, s'étant épris do notre
sainte, fut constimmenl rebuté dans s^^s dé-
sirs : alors, n'écoutant ([ue sa passion, il
l'erdeva et voulut lui faire violence ; mais
sainte Solange, fortifiée par le secours d'tm
haut, sortit victorieuse du danger imminent
où était sa chasteté, et fut massacrée par cet
homme inf.lme. On rtnil-rra dans uneéghse
bdtie près de l'endroit où elle devint mar-
lyrt» de 1.» ^ha^telé en 830, et son culte de-
vint célèbre par plusieurs miracles (pii fu-
rent obtenus par son inlercess'on. L Kglise
honore sa sdiite mémo.re le 10 mai.
SO»,Kl'RK, ville de la Suissi', chef heu du
canton de Soleure, a été témoin du martyre
des saints Vntor et Ours, faisant partie l.>ns
deux de la lé..;inn Théb'''»MJ le. Leur martyre
eut lieu sous l'empereur Maximien.
SOLOCANE (saint, éiait s »l iat. Il fui mar-
tyrisé à Clial(édoiin',>ous leiupertvir .Maxi-
mien, avec plusieurs de ses com[)agnons
d'irmes. Ils sont inscrits au Martyrologe
romain le 17 mai.
SOLO.N, gouverneur inté- imaire d'Afrique
en •i.'iH, sons l'eniier.' de Valéiion. après la
mort «le Maxime (ialère. C.r Soion était dé-
lesté du peuple do Carihage, ((ui se révolta
contre lui : dans cette émeute phi^ienrs per-
sonnes furent tuées. Au lieu de rechercher
les vrais coupables. vSolon (il arrêter, pour
plaire au p"uple, et mettre h mort saint
Mo ilan et ses com[)agnons. en tout huit,
tous disciples de saint Cyprien, et pour la
plupart membres du clergé do (^arlhage.
SOLOR, I une des îles de la Sonde, avait
depuis (jueli}ue temps re(;u la lumière de la
foi chrétieme, quand, en lo')8, plusieurs
des habitants, habitués à manger de la chair
humaine, et supportant tiès-dillicilement le
joug de la religion, tuèrent à coups de flè-
ches le P. Fram^ois Calassa, qui depuis huit
ans les évangélisait. L'année suivante, ds
immolèrent le P. Jean Travazos, le copv ts
Melchior, deux jeunes gens du couvent dos
Frères Prêcheurs qui, ayant refusé d'abju-
rer, eurent la langue coupée, les yeux ai ra-
diés et les bras sciés en morceaux. En l'an-
née 1601, le P. Paul de Mesquita, allant do
S )lor à Mdaca, fut pris par des pirates hol-
landais, q li, parce qu'il était catholique et
dominicain, le tirent cruellement mourir.
SOLl'TEUR (saint), martyr, faisait partie
de la légion Thébéenne, qui fut massaerée
par Maximien, dans un endroit des AlptS
ap(»elé aujourd hui Saint-Maurice, pour avoir
refusé d'assister à des cérémonies païennes.
Plusieurs légionnaires, dont Soluleur faisait
partie, se trouvaient alors à Tuîin , soit
comme retardataires, soit en détachemen.s.
Ctï fut là qu'il mourut en confessant sa foi
avec ses deux compa.;nons saint Octave et
saint Atlvonteur. LEaçlise honore la mémoire
de ces saints et courageux martyrs le 20 no-
vembre.
SOLUTEUR (saint), fut martyrisé à Ra-
venne, sous le règne de l'empereur Dio dé-
tien. Saint Valentin et saint Victor furent les
compagnons de son martyre. L'Eglise fait
colleclivemenl leur fête le 13 novembre.
SO.NSOROL ou Si»Roi.. une des îles Palaos
ou Ptlow, archipel <lii (Irunl-t^réan, h louent
des îles Cirolines, fut lé.uidn du marl\ ro Aes
PP. Duber.'on et Coitil. Ils furent égorgf'-s el
mmg''s. (Voy. Dlrrrro'n et Cortil.)
SOPHIE (sainte), mère de trois sain! ^s :
Pistis, Elpis et Agape, ou Foi, Espérance et
Charité, fut martyriséeainsi qu'elles à Rome,
sous r(Mn|tire d'.Vdrien. On n'a pas de doeu-
me;its positifs sur ces quatre martvres LE-
gl.se fait la fête de sainte Sophie le 30 .soo-
tenibre, sé|)arant ainsi celle de la mère (le
celle des trois tilles. parc(< que celle .sainte
femme fut martyrisée trois jours après ses
enfants.
S(>PIÏIE (.sainte), fut martyrisée pour la
défense de la religion avec sainte Irène. On
ignore en quel lieu, à quelle épo(pie et d.ins
ipielles circonstances. Elles so it ins-rites
au Martvrolo^p romain le 18 septembre.
SOPHIE , sainte), vierge, fut uiartyrisée à
Fermo, dans la Marche (l'.Vncô le. On ig'i'»re
h ipielle éjxxpie et dans cpielles circonslan-
,ces. L'EgI se fait sa fêle le 30 avril.
SORE. nom d'un lien voisin de Rome, où
l'on suppose (jue saint Julien fut mailyiisé,
sous le règne de l'empereur Marc-Aurcle,
i<>2r;
SOT
SOU
1(»Î6
Oiicl<nios-tin.s vouli'iit ((iio co soit ?» Aliii, ri
non h Sor»'.
SOIUU'.N TO, villt' «lu n»v;iiiiiic ilc N/iulfS,
a H'' li^moin du iiuiiiyro (les s/iiMls (,)iiiii('-
tn ., O""'""''"''. I^^'iic, «'l iiciir nulles dont on
ig'inir les noms.
SOSIK (sniiil), iliiicrc t'I innityr, ('•(«it «ll.'i-
rli(^ M l'ô^lisc <l<f Misc^no, prcNs de N.i;>lt's. Sa
r»'|»uUilioii rtail si ^lanili'.cnuulc loulcs pai Is
011 vonail lo coiisnllcr sur l«s inati(''r(vs n-li-
giciisos. Il t'tail lit' d^Mioilc amitié avec saint
Jauvior, rviVnii' d(^ |{t''nt^V(Mil. ijui vt-nait soli-
ve U piiisordans s«>s coiivi'rsalio'is iiiio noii-
vt'llo ardjMir notir la toi, vl di's lumières ixmr
la direction do son troupeau. Un jour saint
Janvier 1(* trouva eliantant l'Kvant^ilo d!]i\s
l't^glise. Des llammes environnaient lo elief
du saint diacre. Saint Janvier en conclut (|uo
bientôt il mourrait martyr. Cola ne tarda
f);is îi so Réaliser. Draconce, gouverneur de
a province, exci't^ ronlre lui, le lit arr(M(*r,
et vovant qu'il coidessail avec ardeur le nom
(1(> JcVsus-Cflirist, l(^ lit cruellement fouetter
ot ensuite mettre en [nison dans la ville de
Pouzzoles. Saint Janvier, l'rocule, diacre,
Kulioe et Acace, bourgeois de Pou/zoles,
vinrent le visiter. Draconce, averti de la clia-
ritô généreuse de ces saints personnages, lit
arrêter les trois derniers, et aprt^s qu'ils eu-
rent été cruellement fouettés, il les lit met-
tre en prison. Sur ces entrefaites, Diodétien
reiiiplaija Draconce par Timoiliéo. Ce nou-
veau gouverneur vint <i Noie, où, ayant ap-
puis les soins et les services que saint Jan-
vier rendait à Sosie, il le lit arrêter aussi.
Peu de temps après, il lit conduire tous les
}irisonniers à Pouzzoles, pour y être ex[)0-
sés aux bêtes; mais aucune ne voulut tou-
cher les saints. Alors Timotliée prononça
contre eux la peine capitale. Ils furent immé-
diatement exécutés. Les chrétiens de diffé-
rentes villes étant venus, enlevèrent leurs
corps : celui de saint Sosie fut em[)orté à
Misène. Sa fête est célébrée par l'Eglise le
23 ■^ept.-mbre. Le martyre de saint Sosie eut
lieu en l'an de Jésus-Christ 305.
SOSTHÈNE, chef de la synagogue de Co-
rinlhe, fut battu par les Juifs devant le tri^
bunal de Gallion, proconsul d'Acliaïe. 11 est
prob:d)lc qu'il fut battu en celte rencontre
(en l'année 53), ou parce qu'il était chrétien,
ou parce qu'il voulut prendre le i)arti de
saint Paul. L'Eglise ftiit la fête de saint Sos-
tiiène le 2S novembre. 11 y a deux Sosthène
qui vivaient dans le môme temps : Sosthène,
aisc;iple de saint Paul, et Sosthène, disciple
des apôtres.
SOSTUÈNE (saint), fut d'abord chargé de
chaînes avec saint Victor, et exposé aux
bè;es à Chalcédoine, durant la persécution de
Dioclélien. Ensuite ils furent condamnés par
Pi isque, proconsul d'Asie, à être brûlés vifs.
Alors, s étant donné le baiser de paix, ils se
mirent en prières et rendirent l'esprit. L'E-
gliï'i fait collectivement leur fête le 10 sep-
tembre.
SOTER (saint), pape, succéda à saint Ani-
cet et monta sur le trône pontifical en l'an
173. 11 assistait de tous ses moyens les pau-
vres el cctu (pii souiïraietit pour Jé^us-
Cliri^t. Il iiireilra un liès-^;i/iiid /<'le pour la
piiifli' (If jji foi, ni coiiihallanl les ciieiiis
des inoiitanislos, tl flfim iira a l;i tête t'o
ri'i^lise Jusini'e'i l'an 177. Il est ijualiri/!
iiiailyr au Mail vrolo^^c ronwiiii, où so {(^{q
ost manpiée le "ii avril. Les déi/nl.s (pie nous
donnons ici s mt tiré.s de l'Histoire cvclésias
(i(litr d'lvus(''|i(>.
SOrflIlK (sai'ite), vierge et marlyre, ho-
non'-e par l'Mglise le 10 fi-viicr, (''tail d'une
famille illu>tre (pii complait des consuls et
des préfels : satit Ambroise, d'aprt'-s .ses
écrits, semble fairi; eiiteiidre (jii'il ('l.iil son
|)etit-neveu. Elle était encore jeuiKî lors-
(pi'elle soullVit le martyre. Le juge, (lar un
rnHinement do barbarie, ordrtnna qu'elle fût
frappée au visage, parce (pi'elle reliisail do
sacrilier aux idoles. Son courages lui fil sur
monter C(> honteux sui)|ilic(î s.nis répandre
une larme, et l'éjiéiïdu bourreau termina sa
vie.
SOUKL (le bienheiiriMix). jésuite, mission-
naire aux Yasous, revenait un jour do ren-
dre visite h leur chef, lors(ju'en traversant
une rivière (jui se trouvait sur sa route, il
périt, atteint de plusitMirs coups de fusil.
Son martyre, qui arriva lo 1 1 dé( embre 1729,
fut la suite d'un com|)lot général formé par
les Anglais, de faire (Ji; la Louisiane le tom-
beau de tous les Fran(;ais, en excitant contre
eux l'animosité des naturels.
SOU-MA THl AS, (Chinois, hafitisé seulement
depuis un mois, fui arrêté pour avoir refusé
de contribuer <^ rebâtir un lemplo d'idoles
en 1778. Le 5 mars, le mandarin le fit com-
paraître devant son tribunal, et comme ce
magistrat revenait Sniis cesse aux lois de
l'empire et h la honte dont il ()rétendait que
des Chinois se couvraient en suivant nne
religion étrangère, Sou-Mathias lépondit si
à propos qu'il réduisit le juge au silence.
Furieux, celui-ci lui fit donner la qu-^stion,
mais en vain ; car, humilié de sa constance,
il le renvoya. Quelques jours après, il le lit
comparaître une seconde fois devant son
tribun .1. Sou-Maihias reçut la bastonnade et
un grand nombre de soufflets. Le mission-
naire qui a fait la relalioii des souffrances
qu'endura Sou-Mathias pour la foi de Jésus-
Clirist, ratîonte un fait singulier se rappor-
tant à la question à laquelle ce saint homme
fut soumis. Voici en quoi consiste ce sup-
plice : on met les pieds du patient entre
des planches qui sont étroitement liées
ensemble à une de leurs extrémités; à l'au-
tre il y a deux hommes puissants qui, avec
des cordes serrent ces planches et les rap-
prochent par secousses; à la première, les
nlus robustes tombent généralement en dé-
laillance. Or Sou-Mathias, aprèd avoir subi
ce violent supplice, se releva seul sans éprou-
ver aucune douleur, retourna en prison, où,
sitôt son arrivée, il prépara à manger aux
autres prisonniers. Les chrétiens qui avaient
été témoins de ce fait sinon miraculeux, du
moins fort singuliei , vinrent le raconter aui
missionnaires. Le P. Dolliers voulut en avoir
le cœur net. Se trouvant seul dans une
lOiT
SOU
sou
Ï028
chambre avec le gcl'rK^reuT confesseur, il lui
lit ùtcr st^s bas cl vit de ses \e\i\ aii-Hcssus
et aii-dcsso"is de la (''levillu du |)i('d do
grosses taches noires foriiK^es par un sang
exlravast^. Sou-M.Mhias les tVolla •«nus rrs-
solir aucune douleur Sou-.M.Uliias. Tit
constant dans sa foi, et on n'osa na^me pas
lui pr'-scntor h signer un billet aposlaliquo
coniine h [ilusieurs autres.
SOUNOU, nommé par quekpi'^s auteurs
Sourr'iani;^, d'aulres fois Sounou-Ptyl»'. était
un prince de la famille inï[>(Miale des l'artar.s
ra.intrli<)u\. En 172'*, h l'époque où la j^er-
séiulion atteignit sa famille, (pii tout cnlièro
s'éiait faite clir<''lienue , il était âgé do
soixanle-dix-sept ans. Il avait eu Ireiie (ils.
Onze vivaient encore : tous avaient des
enfants; seize tilles, presque toutes ma-
riées, avaient épousé des princes mon-
ghols ou des mandarins <le Pékin. (Une li)i
chinoise défend aux princesses dépouser
des princes du môme sang qu'elles.) Suc-
cessivement, ronnne on peut le voir à l'arti-
cle Chine, la plupart des enfants de ce vieux
prince qui avait le tirre de ré..;ulo avaient
embrassé la religion chrélienne. l/euipertnir
Young-Tchiug l'ayant appiis fit venir au
palais le vieux régulo. Un des ijuaire gou-
verneurs, frère aine de l'empereur Kang-hi
et président du tribunal des princes, lit met-
tre ce vieillard à genoux et lui lut la liste
des fautes qu'on prétendait qu'il avait per-
sonnellement commises. Cette énumération
était précédée de celle des délits qu'avaient
pu commettre ses ancêtres. Pour ces fautes
on le destituait de sa dignité, on le privait
de ses appointements, on lui ordonnait de
partir dans dix jours pour aller avec sa fa-
mille demeurer à Yeou-Oué, petite bourgade
h qnatre-vingt-dix lieues de Pékin, dans la
Tartarie, un peu au delà de la grande mu-
raille. Sounou pas plus que persomie ne piit
le change sur le motif véritable de cette
comlamiiation. Il c'ait bien cliir (pie ces
fautes n'en étaient pas le motif sérieux, car
depuis deux ans on l'avait élevé à un nou-
veau degré d honneur. 11 vit bien que la
religion embrassée [ku- sa famille était cause
de la persécution tju'on lui faisait endurer.
En rentrant chez lui il fut accueilli par ses
enfints «pii le prièrent do ne pas sallliger
outre mesure; l'aîné de tous prolita de la
circonstance pour lui ilcmander de vouloir
bien permettre à se.s lils (|u il avait l>annis
de .sa présence, pni(;e qu'ils s'étaient laits
chrétiens, d'v reparaître : « Appelez-les
vous-mèmn, lui dil-il. » 11 tiinoi^na de la
gaieté, plaisnnta nt dit : « 11 [tarait, mes
niifants, (pie nous nvons dans n<itii' fanullo
un pe(;li<'! originel; nous portons la pinue
des faute» de nos anciMres. » 11 alla se ro-
po-er. Le lendemain, il alla présenter une
apologie an pal.iis. Onand il la remit au
prétident du tnluinnl des princes, celui-ci
laissa voir par son Inie-CM/.- (\\u< lo vieux ré-
gulo avait devin»'" ju^-ii' : il lui lit dt's repro-
ches, avouant même (lu'ils venaient de la
part do l'cmporour. « l.e sixième, le dou-
zième do vos enTants. lui dit-il (les princ( s
Louis et Joseph), ont embra>séla religion
clirélienne, ont coîitribué de leur bourse
à bAtir une éj;Ii.se. D'autres encore ont
imité cet exemple. Pour.iuoi n'avez- vous
pas employé votc aulorité pour les m dé-
tourner? Ou s'ils la mi'prisaient, pourquoi
ne les avez-vous pas déférés à l'empereur ?
On saura les réduire à l'ob •issan(;e, puisque
vous êtes incapable de les gouverner. »
« C'est vrai, dit lo ré^julo. plusieurs de mes
enfants se sont faits chrétiens; quand je l'ai
su, je les ai chassés de ma présence. Trois
ans j'ai refusé de les voir. Si je ne lésai pas
dénoncés, c'est que je ne me crois pas la
capacité suinsantc* ptjur discerner si cette
religion est vraie ou fausse. » .Malgré ces
excuses, on lui tourna le dos et on le laissa
faire aiitichauibre jusqu'au soir. Au bout de
sept Jours il retourna au palais; toute la
journée se passa sans qu'il pût obtiniir au-
dience. « Partez, lui disait-on, corrigez-
vous, l'empereur vous fera grAce. » 11 ne
pouvait rien obtenir de plus précis (|ue ces
j)aioles vagues et générales. Au bout de
(juchpie temps , il apprit que l'eurjiereur
avait lu son mémoire et que malgré cela il
ne lui restait plus »ju'à partir. Alors ne pre-
nant conseil que (Je lui-même et croyant
pouvoir apaiser la colère du soaverain, le
vieux régulo rentra chez lui, envoya chercher
ses hls et ses olliciers. Il lit apporter dés chaî-
nes et d'un geste commanda qu on les mît au
prince Jean qui les regut sans mot dire. 11
tit la même chose à l'égard du prince Paul.
Celui-ci repoussa violemment les chaînes et
dit (pi'il voulait savoir pour quelle faute,
pour (luel crime on prétendait en user ainsi
avec lui. «. Ne voyez-vous («as, lui dit le
}iiini.e Jean, que tout notre crime est d'a-
voir embrassé la religion chrélienne? — A la
bonne heure, dit le prince Paul, pour celte
cause je les recevrai ; je les eusse repous-
sées pour d'autres! » Ayant dit, il aida à se
les mettre. On tit la inéme chose ensuite au
j)rin(e François. Après cela, le vieux régulo
se leva et retourna au palais pour y rendre
compte de et; (ju'il avail fait. En partant, il
ord(uina h un de ses olliciers ilaller dans les
luMels do tous ses entants et de commander
.'» leurs domestiques (Tu'ils eussent à détruire
immédialcuK'iil les cliapelles et les oravOi-
res, et à prendre les images, les croix, les
chapelets el autres ornemenis religieux pour
les reporter à léglise. Les trois princes en-
chaînés, restés dans la maison de leur père,
causaient entre eux, (piand un domesli(juo
envoyé par la princesse, feiiiin;' d' Kranç(us,
vint les avertir de l'ordre qu'aval donné
l(Mir père d'enlever les ii l autres < m-
bièmes de la juété clui Pendant ce
temps-lh, le vieux régulo était fort mal re(;u
au pillais. Connaissani la fermeté des trois
)nnce>. le président À qui il s'adressa vil
Hon «pion allait s'engager dans une affaire
de laquelle on ne sortirait pas avec honneur ;
p, \ii-èlre craigi.ait-d das>uiiier une trop
haute responsabilité en agissant au dehors
de la siMilence pronoiK t'.\ Il répondit à Sou-
iiou : 1 Tout est tiin. \ ous savez la seateiico :
M 29 SOU
(M)(''iss('/. cl (•orri^^'c/.-vnM'*, vou'^cl l(>s vAlics':
( HMS ce (Icitiicrcfis, vous scrc/. tous iivniirrs;
> i vous ne 1(1 l'jiilcs, v<Mis serez .sévèi-ciiicnt
IMinis. -- Maistic (|iioi l'.nil-il (pic iukis nous
corrigions? -- (Ihciclic/ le, fnl lonie lu ri'»-
nons«. » |)('scs|i('rc, il icvitif ;i son |ml.iis cl
lit ftlcr les cli,(hics ji ses enriiils s;ms niut
(lire. I,e pri'ice X.-ivicr, l'alrH' de Ions, |itil la
pnrolo et lui dil : « N'ons save/, mon {'(•t<',
qu'il n'esl pas dans IN-Ivi-t une seule rannlli*
(pii nd (^l(^ plus ravoris(''e (pu> \n \uM\o. par
l>iou : \o IraihMuenI (pi'on n(uis fait cpr(Hi-
\pv «ujourd'hui loin de vous sendilcM' inio
disj^r.'lce dev/ait vous [)ai'ailre un ell'el de la
ini<!(Vicor(te e(^lesto ([ui veut vous sauv(n' ci
vous faisant passer par la voie do la soul-
1'ran(;o. » I,e jui ico l*anl lui d \ : « Ksl-ce
(luo vous 110 reconnaissez pas \h riiij^Tatihnhî
(le ce monde, votr(î idole : voilh connue il
ri^coiuponse les pins lonj^çs cl les plus hono-
rables services. Il fait de l'injusticfî sans
motif. Ce qu'il donne n'est cpu' vanité. Dieu
seul est !j,rand, inaj^uii lue d ins ses pro-
messes, et (id(''l(N'i les exiî'cnter. Voulez-vous
tout d'u'i coup pinn(>r au-dessus de ces 6\r-
lU'mcnts , les (lominer? Atta(;liez-vous c\
Dieu, adorez-le, faites-vous chrétien. Lui
seul peut donn(M- cett(> ardeur (pie vous nous
voyez. A quoi vous servira-l-il d'iJtre lo
père de celte nombreuse famille que vous
aimez tant, si vous perdez votre Amo et si
vous tHes éternellement so[iaré de nous'?»
11 lie voulut rien répondre; Dieu n'avait j)as
encore décidé sa conversio'i. De toutes [)arts
on venait visiter les proscrits, car on les ai-
mait beaucoun. Le vieux réf;iilo fit (iuel{|ues
jours apiôs visifei* |)ar ui ollicier la maison
de la princesse Françoise, femme de Joseph.
Ou y prit tout ce qu'il y avait de croix, de
chapelets, d'images, et on le brilla au milieu
de la cour. Les autres enl'anis du vieux
prince se décidèrent alors à renvoyer à l'é-
glise tout ce (pi'ils avaient en fait d'objets
semblables, hormis ce qu'ils |)urent cacher
et emporter. Voyant qu'il fallait se résigner
à partir, le vieillard assembla ses enfants et
alla avec eux visiter la sépulture des ancê-
tres. Puis au bout de quelques jours, il par-
tit pour se rendre au lieu de son exil avec
ses enfants, ses petits-fils, arrière-petits-fils
au nombre de frente-se[)t, non compris les
princesses, femmes ou filles, qui portaient ce
nombre à peu près au double. Trois cents
domestiques environ les accompagnaient.
Le prince François Xavier mourut en arrivant
au lieu de l'exil. Sounou mourut peu de
temps après dans son exil, le 2 janvier 1725.
Young-Tching envo a en Tartaric deux
mandarins pour dégrader de la dignité de
princes du sang tous ses enfants, })uis les
fit incorporer comme simples cavaliers dans
les huit bannières de l'empire. Il y avait à
Veou-Oué des soldais de ces huit corps (tou-
tes les forces militaires de la Chine étaient
divisées en huit corps d'ils bannières, chacun
d'environ V0,000 hommes). On les logea eux
et leurs familles dans les caseiiies destinées
à ces soldats. On fit sous un prétexte politi-
que le procès du père; il fut condamné à être
sim:
ie'o
d('lcrr(', ses os ?i èjre brilles et je|('s fin vent.
IMiisieurN dn n(>s pitlils-lils /lU-iJussoiii do
(piiiizn ans dnro'il èlro mis h iiiorl 'l letf
auli'es dispersés d/iiis les proviiic4>s. Oii)-lquo
leirips Hfirès renitiercnr sf radount (!l donna
l'ordre de les réunir tfuis au Immi (it; b-ur
premier e\d. I'",m \l:H\, l/i pcivér-olioii »'»iH-
sunpil, cl les exilés lun ni i('diabilit('s. Los
lils et [iclils-flls de Souiioii revinrehl h 1*6-
kin : on leur aeiwirda iiii^iiu; la cointuro
rouge, conuiie fraiisitioM h \n «;■ inliii-' jauntj.
S()ir/A (le bieulienieiix Jiu^), do la c Hll-
pa;i;rne de .b'sns, re('ul la [taliiic du martyro
av(!c Pieri e (lorréa, du iiièine (»r(lrc, ( liez bîS
Carijos. Pierre avait a[»pris à coniiailre les
bonnes (pialités d(î ce peiinle dans nnr; mis-
sion qui lui avait été (uécétleinnuMit cmiliéij
et (pii (onsistait à tirer do leurs mains des
prisonniers fpi'ils d(»vaieiit manger ol d(!U\
espagnols desliMés au inèirH! sort. Dans la
seconde excursion q;ril faisait chez ce»
penphvs, il ne «levait rester avec son roriipa-
gnon (pie jnsipraux fêtes de PAcpies 1554.
L"(''[iO(pie tixée pour leur retour [lar leurs
supérieurs étant arrivée, ils (piiltèrerit le
pays guidés par un des Ksfiagnols (jue Pir-ne
avait délivré de 1» mort. (]o malheureux, ou-
bliant la reconnaissance ([u'il (bavait h son
saint bicnl'.iitein', persuada aux Oarijos (pie
nos deux saints s'entendaient avec une tribu
voisine pour les égorger. Ce {>euple crédule,
irrité de cette trahison prétendue, se mit en
embuscade sur le chemin que devaient sui-
vre nos missiOTinaires et les tuèrent h coups
de flèches. (Tanner, Socirlaa Jesu nsque ad
sdnguinis et vitœ profusioncm militans, p.
i.')8'.)
SOZONT (saint), fut martyrisé à Pompéi-
polis en Cilicie, durant le règne do l'empe-
jiereur Maximien. Il fut jeté dans les llam-
nèes. L'Eglise honore sa mémoire le 7 sep-
tembre.
^ SOZOPOLIS (Sizéboli), un des noms de
l'Apollonie de Thrace, a été témoin du mar-
tyre de saint Zozime, qui souffrit sous l'em-
pereur Trajau et sous le président Domitien.
Il eut la (ète coupée.
SPELLO (Pérouse), ville de l'Etat ecclé-
siasti({ue, est célèbre par le martyre qu'y
endura l'évèque saint FéUx sous l'empereur
Ma xi mi en.
SPERAT (saint), fut martyrisé à Carthage
en l'année 200, sous le règne de l'empereur
Sévère, avec J^es compagnons Narzal, Cittin,
Donate, Vestine et Seconde. Tous sont con-
nus sous le nom de martyrs Scillitains.
Nous allons donner ici entièrement leurs
Actes.
« Lo 14 des calendes d'août (le 19 juillet),
le second consulat de Claudius, à Carthage,
métropole d'Afrique, l'audience tenant, ont
été cités par-devant les magistrats et per-
sonnellement ajournés les nommés Spérat,
Narzal, Cit'in, et les nommées Donate, Ves-
tine et Seconde; lesquels ayant comparu, le
proconsul Saturnin a dit ': « Vou-j "pouvez
espérer de trouver grAce auprès de nos très-
augustes empereurs Sévère et Antonin, si
vous vous mettez sincèrement en état de
iOôl
SPE
SPE
1032
rendre à nos dioiuThonneur auc vous lour
derez. » Spf^ral a répondu : « Nous n'avons
point ronuuis (l'injustir,»', persome ne se
iH'ul plaindre de nous; nous uo faisons tort
a personne. Vos mauvais traitenionls n'onl
jamais pu tirer de notre houch;^ la moindre
plainte contre vous. Au co'itraire, nous ne
rendons que des bénédictions et des actions
de grAees pour tout le mal que vous nous
faites : c'est pourquoi nous vtus déclarons
que nous nadorons point d'autre dieu (|ue
le vrai Dieu, qui est le Seigneur et le maître
de tontes choses. » Le proconsnl Saturnin
a dit : a Nous voulons bien que vous sachiez
que nous avons une religion ({ui est toute
de douceur et (jui ronsislo dans une très-
grande simplicité. » Spérat a ré:)ondu : « Si
vous me laites l'honneur ih; m'écouter tran-
aniUeiiient, je vons découvrirai le mystère
e la douceur et de la snnplicité chrétienne
qui vous est inconnu. » Le proeonsul Sa-
turnin a dit : « Ne craignez rien, je veux
bien vous entendre; jurez seulement par le
génie de notre prince. » Spérat a répondu :
« Je ne connais ))oint le génie de l'empereur
de la terre, mais je sers mon Dieu, qui est
le Dieu du ciel, que nul homme n'a jamais
vu ni ne peut voir. Je ne suis coupai. le
d'aucun crime, je ne prends point le bien
d'autrui ; si j'achète quelque chose, j'en paye
les droits aux receveurs de l'empereur, parce
que je sais ((uc Dieu me l'a donné pour
maître ; mais je n'.';dore nue mon Sei^çneur,
qui est le Hoi des rois et le maître île toutes
les nations (lu monde. » Le proconsul Satur-
nin a dit : La ssez là tous ces vains discours,
etsansdiirérerdavant.igesacriliezauxdieux.»
i>pérataré|»ondu : Jenjcrains rien, je n'ai of-
fensé personn»'. » Le proconsul Saturnin, s'a-
dreisant aux autres, a dit : « Ne vous laissez
pas séduire par l'exemple de celui-ci, et ne
vous rendez f>as complices de sa fureur ; mais
craignez plutôt de déidaire à l'empejeur en
refusant d'obéir à ses ordres. » Ciltin a dit :
« Nous ne craignons de déplaire ([u'à Dieu,
notre unique Seigneur, (jui est dans l^ ciel. ».
Le proconsul Saturnin a dit : « Qu'on les
mène en prison et ([u'on les mette aux ceps
jus(prà demain. »
Le jour suivant, treizième des calendes
d'aortl, le proconsul Saturnin, siant sur son
tribunal, a ordonné cpie les prisonniers fus-
sent représentés, lesquels étant arrivés, le
]»rO(onsul a dit aux femmes : « Ne voulez-
vous [)as rendre h nos princes l'honneur
quo vous leur devez , et saeritier ii nos
dieux? » Donate n ré()f)ndu : '< Nous rendons
]i lempeieur riiohueur ipie nous lui devons
comme à linnpereur ; mais nous n'olfrons
qu'i» notre Dimi nos ;u\ )rations et nos [)riè-
res. » >'esline a tlit : « Je suis aussi chré-
tienne, moi. » Secon h- a dit pareilleiiKuit :
■ Kt moi je crois en mon Dieu, et je veux
toujouts demeurer ali.irhée h lui ; pour vos
dieux, nous ne les adorons [loint. » Le pro-
consul Saturnin, ayant oui ces r«>[)on.-,es, a
fait retirer ces femmes, et fais.wit approcher
les hommes, il a dit h S|»érat : « INrsisic/,-
vous toujours dans votre religion? » Spérat
a répondu : « Oui, j'y persiste. Ecoutez,
vous tous qui êtes ici présents : je déclare
que je suis chrétien. » Les autres prison-
niers ont tous dit de même : « Nous décla-
rons que nous sommes chrétiens. » Le pro-
consul a dit : « Vous ne voulez donc point
(ju'on vous accorde le délai nour prendre
une dernière résolution, ni qu on vous fasse
gfike ? » Spérat a réfiondn : « Nous n'en
voulons point, et Ion n'en doit point deman-
der dans une guerre juste. Faites ce (}ue
vous voudrez, nous mourrons avec joie
pour Jésus-Christ. » Le prof^onsul Saturnia i
a dit : « Qiels sont cc^ livres que vous ado-
rez ? n Sf)érat a répondu : « Ce sont les qua-
tre Evangiles de Nolre-Seignour Jésus-Christ ;
Les E|iîtres de ra|)'>lre s.ont Paul, et toute
l'Ecriture qui a été ins[)iréede Dieu. » Le pro-
consul Satuinin a dit : « Je vous donne trois
jours, afin (jue vous aye^ le temps de pini-
ser à ce que vous avez à faire, et de rentrer
en vous-mêmes. » Spérat a répondu : « Je
suis chrétien et tous ceux qui sont avec moi
le sont aussi : rien ne po.irra nous faire
changer ; nous n'abandonnerons jamais la
foi de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Faites
ce qu'il vous plaira. »
« Le proconsul, voyant leur fermeté iné-
branlable, rendit coifti c eux cette sentence,
qui fut enregistrée sur l'heure : « Nous or-
donnons (pie Spérat, Narzal, Cittin, Voi-
ture , Félix , .\cyliii , Létance, Janvière, (ié-
néreuse, Vcstine, Donate et Seconde , pour
avoir confessé (}u'i Is éta eut ehréiiens, et avoir
refiiséde rendre il l'empereur l'honneurqui lui
est dû, auront la tète tranchée. » Après que
la lecture leur eut été laite de celte sentence,
Spérat et les autres dirent : « Nous vous
rendons grAces, ù Dieu éternel, de ce que
vous daignez nous recevoir aujourd'nui
dans le ciel au nombre de vos martyrs. »
On les conduisit ensuite au lieu du sup-
plice, oCi s'élant mis h genoux, et après
avoir encore rendu leurs actions de grAces
«^ Jésus-Christ, ils euj-ent la lèie couj>ée.
L'Eglise fait L'ur fête le 17 juillet. » ^Kui-
nart.)
Nous jugeons convenable ici de faire sui-
vre ce (pie dit Tillemont. « Saint Spérat et
les autres martyrs Scillitains, (pii soiiirrirent
pour la foi de Jésus-Christ, sont les plus
anciens martyrs d'Africpie dont nous ayons
connaissance, et qui peuvent être elfecti-
vemeiil les premi(.'rs de tous. Ils sont ap|)e-
lés Scillitains, ()i ut-être parce ipi'ils étaient
de Scillite, ville de la province proconsu-
laire, (pii est celle de (^arthage. Ils souifri-
renl à (;artlia.;e durant le rèi^ne de Sévère
et d'Antonin-Caracalla, sous le second con-
sulat (.'e (daude en l'an 200, et ipii lut con-
sul avec Caïus, Ansidius, Viclorinus. Ils fu-
rent jugés par Sa-turnin, pr^onsul d'Afri-
(pie. Terlullien nous apprend du reste (jue
\ igellius-Saturninus fui le prtnnier en Airi-
rpie (pu V condamna le^ cliiétiens h mort.
n Ces Actes ne parhnit point de l'empri-
S(tiiiieiiient des saints ni de leur prinnier in-
terrogaloiie, où l'on avait accoutumé de de-
mander les uums et oualués de cuui ({ue
ioss SPK sim; lorii
l'on pri^stMilailiiiix jtij^i's. Ainsi ils poiivaitMil «l'iiixtitl (''Itintilcr lus Icinincs , coinrn<» l«>fl
nvdii' ilt^l^ |»as,s(^ |iliisiciiis imirs diiiis la |»ri- mIiis liiltli-s. Mais elles r»^(i(iri(liietit »|irelles
son, lui siiiie, (•(imiiie |Hii h'iil leurs Acies, le lioïKiiaieiil Cé^ar eoninie ou iluit honorer
proconsul étant assis sin- son tiil)uiial à r,ai- (iésar, el (pi'elU's honoraient Dieu coinine
ll)a,u,e, le |(> jiiilhtt, les magistrats de la \iN() Dien, et lui a«li l'ssaicil leius prières ; rpi'eljes
tirent aine'ier par leurs seri;,euls Spi-ral , rendaienl a Ji-sus-Ciluisl le nille dil au vrHi
Nar/alo, (^iltin cl les l'cunnes Donale, Sn- J)i(>u, (pTelles étaii'iil (^luéluMMies, rju'olle»
coude et Vivstiue. 1-e proconsul Saturnin voidaienl demeurer en Dieu, et <pi'ei|es un
loiM' promit le pardon du pissé (ce ipn mar ri'coiinaissaienl et n'adoraient point les dieux
(luo hion (ju'ils avaient déjà (U)nrcssé Jésus- des païens. « Mon cœur ol ma languo, dit
(wu'ist), s'ils voulaient revenir iv eux et ado- >'estiiic, seront toujours occupés ,'i protester
ror les dieux des Uoiiiains. Spi'rat, (pii <pie ji; suis cliréticnne. — Je le suis aussi, ■
parait partout coiiuno le chef des autres, ré- ajouta Seconde, et je le veux Atre sans <pi<>
pondit (pi'ils ii(> demandaient point ih» par- rien me puisse faire dire autre chose ipie cii
don puis(prils n'etaieiil eoupahles de rien; (pn^ ceux-ci vous ont dit. » Satiiriiin les lit
qu'ils n'avaient jamais fait do mal h personne; retirer pour faire approcluT les Iioiuiimîs, et
que (pielipies mauvais traitements (pi'ils s'adressant de nouveau à Spéral, il lui dc-
eusseul reçus des païens , ils avaient ton- manda s'il coiitinuail encore à ùtn; chrétien.
jours rendu des actions de grAces au lieu de II rc-poiidil : » Oui, je le suis (!ncore , et que
mah'iliclioMs.el i)rit'' pourl'iirs perst'ciileiiis, tout le monde l'enlendi; : Je suis chrétien,
selon la règh> ipi'ils avaient reçue du Sei- (l'est la i^^rAce (pu; j'ai reçue el (}ue j'(;spère
teneur qu'ils adoraient comme leur véritable conserver juscpi'au bout, non par mes pro-
roi. pi"<'s Ibi-ces, mais par la bonté de Dieu. Si
« Saturnin voulut aussi relever sa reli- donc vous voulez savoir lu résolulio-i lixe et
gion, sur quoi Spérat lui dit que s'il voulait absolue de mon cœur, je suis chrétien. »
l'écouler, d lui ex[)li(iuerail en peu de pa- Celle (irolesialion fut suivie de celle de tous
rôles ciî i(uo c'est (|ue le christianisme. Mais ceux (lui raccompai;5naienl. Satuinin leur
Saturnin luiditciu'il ne voulait point entendre demanda s'ils ne voulaient donc point être
parler contre ses dieux, et le |)ressa dejurer délivn's, ou au moins avoir quelque délai,
par le génie de l'empereur. Le sailli lui déclara « 11 ne faut [)oint d(3 délai; il n'y a point à
donc qu'il ne connaissait poinl ce génie de délibérer, dit Spéral, dans une chose si juste
l'emperiMU- de la lerre ; (pi'il servait le Dieu et si claire. Faites ce que vous vouiirez ;
du ciel ut le Koi des rois, que nul homme n'a |)our nous, nous mourrons avec joie pour
vu et ne peut voir; qu'il le servait par la Jésus-Christ. Du jour que nous avons été
foi , l'espérance et la charité ; qu'il re- renouvelés par la grAce du baptême, que
connaissait néanmoins l'empereur pour son nous avons renoncé au diable et que nous
seigneur, et qu'il lui rendait ce qui était dû, avons suivi les traces de Jésus-Christ, dès
en pavant le tribut de tout ce qu'il achetait ce jour-là nous avons pris notre parti, et
ou du tralic qu'il pouvait faire; qu'en un nous nous sommes résolus h ne quitter ja-
mot, n'ayant jamais hùl tort à personne, on mais le culte de ce Sauveur. » Saturnin de-
ne pouvait le punir sans injustice. Tout cela manda quels étaient ces livres qu'ils ado-
contirme ce que dit ïertullien, que les raient en les lisant. Spérat répondit que
chrétiens ne jin'ai(Mit jamais par les génies c'étaient les quatre Evangiles de Notre-Sei-
des Césars, parce que ces génies étaient des gneur Jésus-Christ, les Epîtres de l'apôtre
démons ; mais qu'ils payaient les tributs saint Paul et toute l'Ecriture inspirée de
avec une entière tldélilé. Satur-iin, voyant Dieu. Saturnin leur dit qu'il leur donnait
la fermeté de Spérat, se tourna vers les au- trois jours pour changer d'avis. A quoi Spé-
tres et leur dit : « Prenez garde de ne pas rat répondit : « Ni trois ni trente jours ne
imiter la folie de cet insensé, car ceux qui nous feront pas changer. Cest à vous à voir
seront les compagnons de son obstination si vous nous voulez donner ce terme pour
le seront aussi de son su[)plice. Craignez vous faire passer du culte honteux que vous
l'empereur et obéissez»! ses ordres, k Spérat rendez aux démons à l'amour de la religion
reprit la parole pour dire que c'est vérita- chrétienne. Que si vous n'êtes pas digne
blement une obstination digne d'être punie de cette grâce, laissez là tous les délais, et
de ne point céder aux lois d(! Dieu ou à i)rononcez. Je suis chrétien; ceux qui sont
celles des hommes qui contribuent au bien avec moi le sont tous aussi et tous résolus à
public; mais que quand on nous veut faire n'abandonner jamais notre foi. Voilà ce que
abandonner le culte que l'on doit à Dieu, nous sommes, et assurez-vous que nous le
nous ne saurions être trop fermes. Saturnin serons encore après tous vos délais. Faites
sans l'écouter persista à vouloir savoir le donc tout ce que vous voudrez. »
sentiment des autres saints, et alors Cittin « Le proconsul, voyant qu'ils étaient iné-
lui répondit : « N'espérez pas de tirer de branlables, dicta au greflier la sentence par
nous autre chose que ce que Spérat vous a laquelle il les condamnait à avoir la tête
réi)ondu, et soyez persuadé que nous ne tranchée, connue opiniâtres dans la religion
craignons et n'adorons que le Seigneur no- chrétienne et comme n'ayant pas rendu à
tre Dieu qui est dans les cieux. » Saturnin l'empereur l'honneur et le respect qu'ils lui
les envoya sur cela en prison et les lit met devaient. Il lut ensuite la sentence, après
tre dans les ceps de bois. laquelle les saints remercièrent Dieu de la
« Il les fit revenir le lendemain, et voulut grâce qu'il leur faisait de les recevoir ce
DiCTIONN. DES PeRSÉCL'TIONS. IL' 33
loJS
srr
SPE
1036
iour-lh flnns lo ciel ronime martyrs. Ils furent
menés an lifU «le ri'\éruliMn, où, ayant re-
nnnvoli^ leurs nrlions ilo j^rAces à uenoui.ils
eurent la KHf- ti aiichée le 17 .juilUît ; et ils
intercèdent pour nous auprès de Jôsus-
Cliiist. disent les rhrélious, qui ont eu soin
de tirer ( es Actes du -^reire puhlic. Saiurnin
condamna avec eux six autres chrétiens, q\ii
sont les saints Viture, Félix, Aipiilin, \..\r-
tan'^e, et le^ saintes Janvier cl (i.'uérense.
Ces six avaient apparemment été interrogés
auparavant et gardés en prison jusqu'à ce
jour, que Dieu avait desluié poin- Ws faire
triom[)h"r avec leurs frères. L'Eglise honore
ces douze mnrt.is le 19 juillet, sous le nom
de martyrs Sclllilains , comme on li; voit
dans Bède et dans les autres martyrologes,
même dans ceux qui portent lo nom de saint
Jérôme , «Toù nous jtouvons juger- qu'ils
étaient, comme on a dit, de la ville de Scil-
lite, dans la Proconsnlaire, marquée dans la
Conférence de Carthago et dans la Notice
«l'Alrique, et que le proconsul les avait fait
amener de là à Carihagc pour les y jnger.
Leurs corps y dem-urèrenf, comme nous al-
lons le voir par la translation de saintSpérat ;
et il y avait h Canhagiî, dans le v' siècle,
une église des Scillilains. Saint Auguslin y a
prononcé le sixième sermon sur les paroles
de l'Apôtre; et Posside nous apprend que ce
saint avait fait un sermon 'e jour de leur
fête, (pi'on croit n'avoir point encore été
imprimé. Les saints Scillitains sont aussi
marqués dans le calendrier des martyrs (|ue
l'Eglise de Carihage honorait au commence-
ment ilu vi* siècle.
<< Agoba.-d, ([ui était archevêque de Lyon
en 815. rapporte que, sous Charlemagne, des
Français se ren. outrant à Carihage enlevè-
rent le cor|)S de saint Cyprien, avec; les os
fie saint S|Ȏrat, martyr, et de saint Panta-
léon ; et que toutes ces relique^ étant arri-
vées en France, Leidrade, son prédecoseur,
obtint qu'elles fussent ap ortées à Lyon, où
il les plaça auprès de l'autel de saint Jean-
Baptiste, et les mit en terre, dit Adon, der-
rière l autel de l'église cathédrale, (pli por-
tait le nom du saint pr. curseur el de saint
Etienne. Elles furent aiputé ,s d'Afri(pie
par les ambassadein-s que Cliarlemng. e avait
envoyés à Aaron, roi des Perses, c'est-.Vuiie
par Isaac, qui, étant resté seul de ces ani-
bassadeur>, arriva en France en l'an H02,
cornine nous l'apprei-.ons d'Eginhard, quoi-
«pie Ad(»n. daii-> sa Chronique, le mette en
lan 8<>t). el que Ban>nius nit cru devoir le
suivre en cela. Le même Adon, tant dans sa
C!iro;iiqup que clans son Martyrologe, sur le
17 juillet, dii tpi'on apmiorta a Lyon les lo-
liqueH des martyrs seiliitains saint ijpérat et
ses compagnon,s; mais sur le 1'» sppteinhie
il se restreint à saiil Spinal, aussi bien que
AKobard M. du Snussay n*> dit point que les
reliipies de re sant ai ' ' ' uns éli> trans-
férées ailleurs. Les 1. luis de Sunl-
Coineille de Compiègnu rrouM t (|ue Charles
|o(;ii '.s lit apporter en leur monastère,
avec le saint Cvprieii; ni.ns 'Ui ne clil
jxunt qu ils en aient de» preuves, et le» Cé-
lestins de Mantes prétendent avoir le chef,
avec hcaiicou|i de r. licpies des martyrs scil-
litains, dans une châsse d'argeot , avec le
clief de saint Spéral, en particulier, dans un
buste, ils disent cpie tout cela vient de Lyiui.
Haronius, qui laisse saint Spérat à la Fr.ince,
dit que 1 s rehcjues de ses compagncuis sfint
à Bome, dans l'église de Saint-Jc an-el-Saint-
Paul, et cite pour cela les anciens monu-
mcMis ue cette église, avec ses |)eintur"S, 11
ne faut |tas oublier cjue le proconsul Vigel-
lius Saluriiinus, qui avait répandu le saeg
de ces mai lyrs, perdii la vue peu de temps
après, comme nous l'aiiprenons de Tertul-
lien. » (Tillemo it, vol. IIL pag. 131.)
SPESINE, nom d'une femme romaine i|ui
fut arrêtée avec saint .Moyse et ses coinj a-
gnons, à Bomo, sous le règne cie l'empereur
Dèce, en l'année ioO. Elle confessa coura-
geusement le nom de Jésus-Christ, et. pen-
dant uix-huit mois d'enijirisonnemen'.. elle
suppoita avec une inébruilaole constance
les |)rivatiotis et les tourments. Il est lait
mention d'elle dans une lettre de Lucien,
confesseur dt; Carihage, aux coiifesseuis de
Home, lettre qui est citée parmi celles do
saint Cyprien. (Pour plus de détails, voy.
MoYSE, conlesseur.)
SPEL'SlPt'E (saint), fut martyrisé à Lan-
gres, avec ses deux frères Eieiisinpe et >lé-
leusippe. Ils éai -nt tous trcjis juin am.
Leur martyre eut lieu sous le règne de l'em-
pereur >Lare-Anrè|p. leur niè.e était chré-
tienne; il e>l probable qu'ih la per .n\'nt
de bonne heure. Léonille, leur grand'mère,
chrétienne aussi , n'osa pas leur fiarler de
chii^tia lisme tant que vécut leur ,)ère, qui
les avait élevés dans la religictn païenne;
elle le tit dans la circonstance que nous al-
lons dire. Ces trois jeune-, gens aimaient
beaucoup h faire des excursions à cheval
dans la campagne, l'n jour, ils se rendirent
dans un lieu où était une statue de la déesse
Némésis; ils lui otfrirent des sacrifices, et
rappoi'ièrcMii h leur grauci'mère de> viandes
immolées. Lécunllc les repoussa avec hor-
reur, et in^^truisit ses petits-lils de la gnui-
de.ir de la religion chn'litnine, en mémo
temps cpi'elle leur démon'ra la vanité des
idoles. Becevant bien les leçons cle leur
aïeule, les trois frères l)risèrent avec hnirs
serviteurs la statue 'le Némésis et les autres
idoles cpiils avaient chez eux. Saint Bc'nigne,
vcuiu a 1 aigres h la prière de Fausio , leur
oncle, eut beaucoup de part h leur c(nivei-
sion. Cet événcMiicnt eut un grand reieiitisse-
menl, et irrita beaucoup l«> |Kniple et les ma-
gi>liats. On les arrêta . et ils com|wr rent
publiipiemcnit devant Qiiad at. P.dinaco et
Il rmogènc, qu'on nomme dais leurs Actes
les iroR présidents. La ré[ionse clés saints
nu\ cpi'e.slions qu'on leur tit, inita tellmnent
Quadral , cpi'il frappe du poing au visage
SpcMisippe el Eleiisippe, ipii avaiei t porte la
parole. .Méleus ppe du .ju'il regrettait de
n'avoir pas {tarticipe h recevoir cette pre-
mière violence. Alors on les menaça cics
plus horribles tourments, et pai liculèreiiie tl
de leur faire confier la langue ; mais ils no
1037
Ml'»
STA
lOTid
l'urnit. point (''hniiilrs : hicii au ronltaiio, ils
(trcssaiiMil li'Uis |tt'iM''iiilcui.s ilr \\à\rv Iciii'
8ll|)|*li<'*' <'l <'<* '''*"' *l*>l>'l*'>' <l<>l><> 1<I COllI'OIIIMi
(lirils «mhilioiinaicMl. Les liuis .jii^^cs, a>aiil
sHuvor st's (iiirnils, cm 1rs i'u^i\,^ aiil à n'-la-
l>lir (U ioiirs iilolos <'l Irin- nillc. Citllc sainh*
i'ouiiiK* |ii'<>inil (Ir Cure loitl son (lossililo
pour leur saliil. ICIIc alla U'S liiiiivrr, les
nnhivissa, ri les ayaiil (»\li(»tl('(s à la poisù-
vôranco, cllr so rt'lifa. l-c's jn^ivs, U-ii .'lyaiil
Iroiivés iiuM)iiUilalil s, (•()iiimi'iic.('i'(Mit à ll^s
lairo lourmiMitcr. On lenr plia les pii; Is et
les mains, et dans cet t'ilat on les |i(>n lit tons
trois à nn arl)r(', on, à tond de poulies, on
leur lii-n les membres avec nno viokM.eo
éponvanialile : on aurait dit (|un leurs mcm
lires allaienl s'arraclier. I.e visai^e baient' do
sueur, ils remiaient grikes ji Dieu. Quadiat
tour ayant demandé oCi élail Dieu, ils ré.non-
(iiretil : « Il est avec; nous, et gr;\ie a .son
secours, nous nous mo(|uons de vos tour-
nienls. » Les juges les ayant numacés de les
taire briller vils, ils on turonl euclianlés.
Pendant qu'on élevait le bikher, ils s'entre-
tenaient avec Léonille, se recommandant à
ses pri'^res. Quaiul » n les eut mis dans le
feu, il n'y eut, dit leur histoire, (jue leurs
liens de consumés : de sorte qu'ils se pro-
menaienl librement dans les llammes, l.s-
nuelles s'arrondissaient en voûte au-dessus
d'euv. Le bois étant consumé, le feu éteint,
les inlidèles s'appioclièrenl des saints, les-
3uels n'olfraient aucune trace de brûlure. Us
ircnt à la foule (ju'ayant de Diou le choix
do vivre ou de mourir, ils n'avaient plus
qu'à sortir du monde. Us s'agenouillèrent, et
rendirent l'Ame en priant. Il est probable
qu'ils furent martyrisés vers l'an 180. On les
honore le 17 janvier.
SPIRIDION (saint), évoque et confes-
seur, était berger, et vivait avec sa famille
dans la pratique des plus grandes ver-
tus chrétiennes. Sa sainteté lui ayant ac-
quis une grande réputation, il fut nommé
evèqne de Trimythonte, ville située sur les
b rus de la mer, aux environs de Salamino.
11 n'en continua pas moins son j)remier
genre de vie, et lui-même menait ses trou-
peaux aux pAturai^es. 11 avait un zèlo ardent
et généreux pour la religion, et distribuait
aux pauvres une partie ne son rcve;îu. H
confessa sa f*)i durant la persécuiion de
?.!aximien Galère, et Rntln semble dire qu'il
fit envoyé aux mines, af)rès avoir eu l'œil
crevé et le jarret gauche coui)é. Pendant
qu'il était au premier concile géiéral de
Nicée, sa (ille Irène, qui était restée vierge,
alia recevoir aupiiès de Dieu la récompense
de ses ve. tus. Quelque lenqis auparavant,
un dépôt fort consi .érnble lui ava t été con-
lié [)ar un ûp. leurs amis, et voulant le gar-
der plus sûrement, elle l'avait caché dans la
terre. Quand elle fut morte, celui qui lui
avait coniié ce déj)ot vint le demander à Spi-
ridion, qui n'avait rien su de cela. 11 le cher-
cha néanmoins par toute la maison, sans le
trouver. L'autre persistait toujours à rede-
mander son dépôt, le pressant avec de grands
«;ris do le lui rendre, et doiiuanl tous b' . ^i-
giu's d'un viohiit (lé.sespoir. Notre sa:nl,
louché de .son nllli( tion, .s'en va au Ké|iulcio
de s;i lille, l'/ippcllc par .son nom, M lui de-
mande où v.Wr avait mis ce dépôt. Llli* liii en
mar(pia l'ciidroil, l'assurant (ju'il ly Irriuvo-
rail ca( Ik- dans la lerKj. lui cHel, étant ro-
tourni' che/ lui, il trouva bi dépéil au li(!U
indi(|U(-, et le rtnidit aussilôt h C( lui qui te
n-claiiiait. L'LgIise honn-e la niéinoirc de col
illustie s.iint le l'i (b'ccniibie.
SPOLfn'K, Siiolrdim, lat.. Spoirto, ilal.,
ville d s l'ilats-Koinains, était anciennemont
une des villes les plus (îonsidéiabbvs de
rOiubrie. Sous l'empire de Marc-Aurèh» ,
Toi(|uatus on étant gonvernonr, saint (lon-
(orde, piètre, et saint Ponlimi y cueillirent
la palme gloi'i(nis(! du ma,tyre {Voy. (ioiv-
couDii, PoNTiicN, ToHgLVTLs.) Ku l'annéo de
Jésus-(;hiist .'JO'i-, le général Klaccus, envoyé
par Diociélimi ponr rechen lier et forcer
n'abjurer les chntiens, y lit mourir [lour la
foi saint fiiégoire, [irètre. Auj(uir.i'hui Spo-
Iclc fiossôdo les reli(iues de .-ainl (irégoire,
dans l'église placée sous son invocation. Eu
l'année 303 et au commencement de 30'i.,
Vénuslien était gouvi;rneur de la province
d'Ombrie et d'Eirurie, dans laquelle se trou-
vait Spolète. < e gouverneur, ap-ès av(»ir fait
mourir dans les supplices l(!s saints diacres
Marcel et Exupérance, après avoir fait cou-
per les deux poignets à l'évoque sa, ni Sabin,
avait été guéri par ce dernier d'une maladie
des yeux. 11 s'était, à la suite de cela, con-
verti au christianisme. Ce fut pour cette
cause, très- vraisemblablement, que Flaccus
fut envoyé avec des pouvoirs extraordinai-
res. Flaccus n'eut qu'une mission courir à
remplir : car dans cette année 30i nous
trouvons que Lucius, successeur de Vénus-
tien , ht amener saint Sabin à Spolète , e»
gu'il ordoima qu'on le battit cruellement,
jusqu'à ce qu'il expirât sous les coups.
STACTÉE (saint), reçut la [:alme du mar-
tyre à Kome ; on ignon; compiétement à
quelle époque et dans quelles circonstances,
L'Eglis;' l'ail sa iôte le 28 septembre.
SÏACTEUS (saint), l'un des sept fils de
saint Gétule et de sainte Svm|,horose, eut
l'honneur du martyre sous i'empiie et du-
r nt la persécution d'Ad ien. Ce prit. ce le
condamna à è i\) hxé à un pieu ; il iui ht
ouvrir les deux cotés. L'Eglise révère sa
m.'ino'rc le 17 juillet, (yoi/. Sv-iPuoiinsE.)
STAiNiSLAS (saintj, évoque d, Cracovie en
Pologne, aiarlyr, naquît à Sezepanow, dans
le di cèse de Cracovie, le 2o juillet 103J,
d'une famille illustre de Pologne. Sa mèic,
I>o-,na, était restée trente ans stérile, aussi
sa venue 'emplit-elle de joi.' ses paie ifs qui
désespéraient d'avoir jamais des enfaiits, el
qui, en reconnaissance, le consacrèreni à
D eu. Dès sa jeunesse, notre saint .-e montra
sob.e, tempérant et prodigue envers les
pauvres. Quand il fut arrivé à un certain
âge, il continua ses études à Gnesiie, puis
vint à Paris étudier la théologie et le droit
canonique. Il revinl ensuite eu Pologne, et
son retour fut bientôt suivi de la mort de
<039
STA
STR
1040
ses parents. H vendit alors ses biens et i-ii
donna le produit aux pauvres, sans s'en rien
résfTver pour lui-nit'inc, afin de se con<;n-
ort-r compitHement au service de Dieu. Lf-
vêque de Cracovie nommé Lampert Ziiln,
connaissant la vertu et la scienre df Sta-
nislas, l'ordonna [)rùtre et le lit chanoine do
sa cathédrale. 11 fut spécialement chargé de
la j)rédication. et eut un succès innnonse |>ar
1h bien qu'il produisit et les conversions
qu'il obtint. Lampert Zula, charmé de notre
saint, voulut souvent se démettre de son
siège en sa faveur, mais Stanislas refusa
toujours jusqu'à la mort de son évéque, où
il fut élu unntnniemt'nt. Le pape Alexandre II
fut obligé de le forcer à l'obéissance, parce
qu'd prétendait n'être pas digne de cet hon-
neur. 11 fut sacré en 1072. Dès lors il usa de
son pouvoir et de sa dignité pour réformer
les mœurs tant des laïques que des ecclé-
siastiques de -on diocèse, et pour soulager
les veuves, les orphelins, et généralement
tous ceux qui souffraient.
La Pologne était alors gouvernée par Bo-
leslas II, que ses cruautés et ses grands dé-
sordres firent surnommer dans l'histoire le
Cruel. Personne n'os,iit le reprendre-; notre
saint, conduit par son zèle, se chargea de le
faire. Ses répriuiandes paternelles furent
bien accueillies, et pendant quelque temps
Boleslas surveilla sn conduite. Mais bientôt,
suivant la pente naturelle de son caractère,
il revint à ses désordres, et se plaignit de la
hardiesse du saint à ses confidents qui, loin
de l'adoucir, ne cherchèrent qu'à l'exciter
davantage. Sur ces entrefaites, le roi ayant
vu la t'emm»' de Miécislas, gentilhomme du
Palatinat de Sirad, en devint épeidument
amoureux, la fit enlever, et en eut plusieurs
enfants. La noblesse, indignée de ce nouveau
scandale, [)ria l'archevêque de Gnesnc et les
autres évèqnes, qui allaient habituellement
h la cour, de marquer au roi l'indignation
générale que sa conduite inspirait. Aucun
d'»'Ui n'osa se charger de cette mission dif-
fit'iie. Stanislas, rem|)li d'un grand zèle pour
la religion, se rendit à la cour, lit de vives
r. montrances h Boleslas , et le menaça do
l'ex/.omnmni( ntion. A ces mots, le roi entra
en fureur, et jura de se venger, La conduite
de notre saint était irré[)rochable en tous
points, on eut recours à la cdonmie. Sta-
iiislasavaitacheté, d un gentilhonune nommé
Pierre, un terrain qu'il avait uni h son église,
après l'avdir payé en |irt>sence de |)|iisieurs
témoms. Biunlùl le ventieur mourut : les ne-
veux de ce gentilhomme furent engagés h
réclamer de nouveau le prix de I;» terre
comme n'ayant pas été payé; et (juand Sta-
nislas réclama le témoignage de ceux en
présence desipiels d avait solii('' le terrain,
reiix-lh n'osèrent rien dire, inlimidi's par
des agents secrets du [>rince. Néaiunoms
celte .(Ifaire s'assoupK jmur un temps, et le
roi parut se réconcilier avec notre saint. H
continua de »e livrer i« toute la fougue de
ses passions, et Stanislas l'ayanl repris en-
rorft. Boleslas le menaça de le laiie mourir.
Notre saint le retrancha de la commumon du
l'Eglise après une quatriènie visite, lit fer-
mer l'église de Cracovie, et se retira dans
nnecha[>elle de Saint-Miehel. située hors de
la ville. Boleslas, devenu furieux, vint l'y
trouver environné de ses gardes, et leur or-
donna de massacrer révépie. Ceux-ci en-
trèrent dans la chapelle; mais, frappés d'une
stupeur étrange, ils n'osèrent exécuter les
ordres de Bolesla-^. Deux autres troupes de
soldats en firent autant. Alors le roi, n'écou-
tant que sou indigne fureur, se .jeta sur lui,
et le tua de sa pro|)re miin. Enhardis par
cette action, les soldats coupèrent son corps
en morceaux et les jetèrent en pAture aux
oiseaux de proie. Les chanoines de sa ca-
thédrale les recueillirent et les enterrèrent
devant la porte de lachapelle de Saint-Michel.
Sa mort arrivi le 8 mai 1079. Bole-^las fut
excommunié par le pape Grégoire VIL et,
déchiré de remords, se relira eu Hongrie,
où plusieurs auteurs prétendent qu'il se
donna la mort.
STATIS, confesseur d'Afrique, qui souffrit
pour la foi à Carthage, sous l'empire de Dèce,
en l'an -ioO, vint h Rome peu de temps après
sa sortie de prison. Saint Célérin demande
la paix aux martyrs de Carthage au nom de
Statis et de Sévérii'n, pour sa sœur et pour
une autre femme qui avaient eu le malheur
de succomber dans la persécution et de sa-
crifier aux idoles. ( Lettre classée la 21'
parmi celles de saint Cvprien.)
STÉPHANIE (sainte). Voy. sainte Coi-
RONNE.
STORACINUS (saint), l'un des gardes de la
prison de saint Censorin ouCensorinus, sous
Claude H le Gothiipie, fut converti à la foi
chrétienne par le prêtre saint Maxime ,
avec les autres gardes de la prison, lesquels
étaient Félix, Maxime, Fausiin. Herculan, Nu-
mère, Mène, Commoiie. Herne, Maur, Eusèbe,
Rustii}ue , Amandinus , Monacre, Olymphe,
Cy|>rien et Théodore. ^Pour voir leur histoire,
recourez à l'article .Martyrs d'Ostik.) Ces
saints ne sont pas nommés au Martyrologe
romain.
STRATON fsaini), fut martyrisé dans la
ville d'Alexandrie, sous h» règne de Ma\i-
min. Nous savons seulement de lui (ju'il
tut précipité au milieu des tlots, avec ses
compagnons Hiénuiide , Léonce. Sérapion,
Séièse et Valérien, L'Eglise honore leur mé-
moire le 12 se[)leiiibre.
STRATON ^saint), soulfrit le martyre à Ni-
comédie, avec le> saints Philippt» et Euly-
chien. Ces courageux martyrs, ayant été ex-
posés aux bêtes et n'en ayant reçu aucun
mal, accomplirent leur inarlue par le sup-
plice du fi'u. L'Eglise les honore le 17 août.
STRATON (sai ni '.fut martyrisé pour Ji'sus-
Christ. Il fut attaché à deux arbres et dé-
membré. Il est inscrit au Martyrologe ro-
main le 9 septembre.
STRATONl^l'E (sainti. reçut la glorieuse
palme du martyre à Smgidon,dans la Haule-
.My>ie, avec saint Hermyle, Après avoir en-
duré de cruels lourmenis sous l'empire do
Licinius, ils furent submergés dans le Da-
lOil SI'C Sl'Z 1014
imiIh'. I,'I'',hIivc l.'iil liiii im'iiKtirc If l.'ljjiii- (|iic avrc saiiil Hk^'iI «"l .s«îi/«' Hiiln-s tloiit
vim". imiis rin s/ivoiis juis li's rioiiis. On i^iMire
Sr\'UI.\(,Hil'', (saint), iii;iilvr,V('rs)is()iis»nn li' lii'ii |»i«'cis, la dnto «'I les rircoti,st«iicf«
pour l.'i religion cInM'-liriiiMs sous le irunc t.'t ih- li'in cnniltjit. Ils soiil irisc;rils nii Marly-
(luiaiil la |)('r.s(^(Mili(»ii lic rcmpcrfiin' l.ici- loNt^! rtiiiiani In 28 mars,
niiis. Il lui mis à moil av(<c les saillis r,ar- STLCll, pclilc ilc (pu se troiivi' h l'cxlré-
Irn-, 'l'ohic, ImuIoxc fl A^apc. I,a l'iMc dn iiiiln de la Siiidainiic, aiijoiii»! Imi Sainl-An-
lous ws saints martyrs csl inscrilt» au Mar- liopc, du nom du saint, (irurrntM- infirl>r do
Ivrolo^c ^ la date du "i novcndjic. Sardai^in-, (pii y lui mis?i mort durant la per-
Sll.ANf'lS (sailli), ((tnlcssciu' , rtail ini sfculinn d'Adrien.
hoMuno ricJK^ (^l ^)uissanl (ilic/ les INmscs. SUM'KIK (sainlj, (Mit le bonheur d(! perdre
Il avait, dit l'Iiisloii'e, jnsipr^ mille esclaves. la vie pour .l('sus-(;ini.sl .'i Home;, dans la per-
Naranès, (pii monta sur le trône en V:i(), sécnlion allunuM! par rempereur Adru-n,
ayant voulu inuliUMuent \o contraindra à ah- avec saint Sorvilien. I.e Martyiolof^fj romain
jùr(M' la loi chnMienne, lui demanda (piel fait mention de lui le 20 avril. Les «lorii-
iMait lo plus uiécliaiil de tous ses esclaves. nieiMs nous nuuKiuonl pour en dire davan-
Sur la rc^ponse ipu" lui lit Suam^'s, le roi mit la^e.
r«>sclave à la place du niailre.donl il lui lit SrPf"]T\Y (sainte soullVit le mar'tvrc à Vn-
épouserla l'emuu',el lui donna souvei'aineau- leiicicmes avec saint Sauve, évètpH- d'Ari-
lorité sur tout (•(Miuiap[)art('nail!M'ailoraleur gouhMiio. L'E;^lisc lait leur fôle collective-
lid('>le d(> Jésus-Clu'ist. Ilien n(> put él)raid(>r ment Ieî2(>juin.
le courage de Suan('s; il mourut dans cet et- SI SANNÉ ^sainte], était d'une illustre fa-
froyablo esclavage que lui avait lait la bar- nulle romaine. Ou prétend qu'elle était
barie du roi. L'Kgliso honoiu sa mémoire le tiiéco du [)ap(! saint Canis. Ayant l'ait vo'U
8 aoiU. (Voy. \\n\^i^.s.) de consacrer sa vii-jiinité au Seigneur, elle
SUAKEZ (le bienheureux Antoine), Espa- refusa de se marier, comme on voulait l'exi-
gnol, de la Com|)agnie de Jésu>, faisait par- ger d'elle. On conclut de ce lefus qu'elle ajj-
tie des missioiniaires, au nombre de soi- parlenait à la religion chrétienne. Elle fut
xante-neuf, que le P. Azevedo était allé re- condauniée à souifrir d'horribles tortures
cruter à Rome pour les missions du Brésil, qu'elle endura av(.>c un grand courage. Elle
(Toy. l'article AzEVEDO.) Leur navire fui pris conquit la [)alme du niartyi'e dans sa ville
le 15 juillet 1571, par des corsaires caivinis- -•natale, environ l'an 295. L'Eglise célèbre sa
tes qui U>s précipitèrent dans les Ilots ou les fête le M aoiit.
massacrèrent. (Du Jarric, Histoire des cho- SUSANNE (sainte),futmartyriséeavecMar-
^•l^s• p/as j«<'mora6/cs, etc., t. Il, p. 278. Tan- cienne et Pallade. Ces trois saintes, qui
ner, Societas Jesu H$que ad sanguinis et vitœ étaient les épouses de soldats martyrs , lu-
profusionein mililans, \). IGli et 170.) rent mises en pièces avec leurs petits en-
SUAREZ (le bienheureux Piekre) , mis- fants. L'Eglise fait leur mémoire le 2i mai.
sionnaire delà Compagnie de Jésus, fut mas- SUSANNE, religieuse du Saint-Sacrement,
sacré en 1007, ùans le pays d'Abisiras, sur fut guillotinée le 5 juillet 17%, dans la ville
le tleuve des Amazones, par les intiuèles à d'O.ange.
qui il annonçait l'Evangile. SUTRI, Sutrium, ville de l'Etat ecclésias-
SUCCÈS (saint), martyr, cueillit la palme tique ( Viterbe ), eut la gloire de voir mar-
dumartyreen Afrique, avecles saints Pierre, tyriser dans ses murs le prèlre saint Félix,
Bassien, Primitif et vingt autres dont les sous l'empire d'Aurében. Ce prince, ayant
noms sont inconnus. Le Martyrologe romain appris qu'il y avait en Toscane un grand
ne donne point de détails touchant l'époque nombre de chrétiens, envoya un officier,
et les circonstances de leur martyre. L'Eglise nommé Turcius, pour les rechercher et les
célèbre leur mémoire le 9 décembre. faire mourir. Cet envoyé remplit fidèlement
SUCCESSE (saint), soulfrit le martyre les ordres de l'empereur : saint Félix ayant
pour la foi en Afrique, sous le règne de Va- été arrêté et n'ayant pas voulu se soumettre
lérien, l'an 259, avec les saints Paul , Gé- à ses représentations, il ordonna de le frap-
ronce. Janvier , Saturnin, Jules , Cat, et les per sur la bouche avec une pierre jusqu'à
saintes Pie, Tertulle et Germaine. On man- ce qu'il expirât. Le diacre saint Irénée ayant
que de détails authentiques sur leur mar- enterré les restes du saint martyr, Turcïus ,
tyre. L'Eglise fait leur fête le 19 janvier. qui s'en allait de Sutii à Chiousï, le fit char-
SUCCESSE (saint), fut martyrisé à Sara- ger de chaînes et le força de marcher nu-
gosse en Espagne, par les ordres de Dacieu, pieds devant son char, pour aller avec lui
(pii en était gouverneur, en l'an de Jésus- dans cette ville, oiî il le fit horriblement
Christ 30i, durant la persécution de Dioclé- tourmenter.
tien. Dix-sept autres furent martyrisés avec SUZANNE (sainte) , vierge et martyre eu
lui : on trouve leurs noms à l'article Dacien. Palestine, était fille d'un prêtre idolâtre, et
Les dix-huit martyrs de Saragosse sont très- nativû d'Eleuthéropolis. Après la. mort de
honorés en Espagne : c'est Prudence qui ses parents, elle reçut le baptême. Elle fit ce
rapporte ce qu'on saint d'eux. Ils sont ins- qui souvent se pratiquait alors , elle donna
crits au Martyrologe romain sous la date du tout son bien aux pauvres, et se retira dans
16 avril. {Voy. Prudence, de Cor., hym. 4 ; la solitude, pour y servir Dieu. Sous Julien
TiUemont, vol. V, p. 229; Vasseus, Belga.) l'Apostat, le gouverneur d'Eleuthéropolis ,
SUCCESSE (saint), fut martyrisé en Afri- en 362, la condamna à la peine de mort.
U45 SYL
parce qu uii i'aicu>a devaul lui d'.ivnii ren-
versé (Tes idoles. Sa fêle est inscrile au Mar-
lvr«>loge roiuain le 20 septembre. (*oy. le
P. Stiliing, l. VI Sept., p. loi.)
SYLVA (BuAiSE UE ), missionnaire de la
compagnie de JtVsus, fut tué pai les Pa.vn-
guas, avec trente iiéopliytes et le P. Jusepli
Maco, au moment où ils desc- ndaiont le
tltuveda Para^^uay. Leur martyre arriva en
1717.
SYLVAIN (saint), l'un des sept enfants de
sainte Félicité, lut martyrisé à Uome avec
sa mère et ses frères, le 10 juillel, sous le
rè^ie de l'empereur Mar( -Aurèle. Le préfet
Puhlius, l'ayant fait amener devant lui, lui
parla ainsi : « A ce que je vois, vous agissez
tons de concert avec la plus mécliante de
toutes les femmes, dais la résolution que
vous avez prise ensemble de désouéir à nos
princes. Une mère di'nalurée vous empoi-
sonne de ses conseils pernicieux; elle vous
inspire la révolte et l'nnpiélé; mais craignez
de tomber avec elle dans le même |)iéci-
pice. » Sylvain répondit au préfet : « Si nous
étions assez faibles ou assez imprudents
pour nous laisser ébranler par la crainte
d'une mort qui netlure qu'un moment, nous
d viendiinns la proie d'une mort qui ne
doit jamais tinir; mais la religion que nous
professons nous ap[)renanl qu'il y a dans le
ciel des récompenses pour les gens de bien,
et dans lenfer des supplices nour les mé-c
chants, nous n'avons garde aobéir à des
or ires qui nous proposent un cnme à com-
mettre; mais nous obéis?ous aux lois de
notre Dieu, qui ne nous inspirent que l'a-
lunur de la verlu. Quiconipie méprise vos
idoles, pour ne servir iju-j le vrai Dieu,
vivra éternellement avec lui; mais le culte
abominable des démons vous précipitera
dans des feux éternels avec vos dieux. » Le
préfet lit retirer Sylvain, et lit à reai[)ereur
un rapport de ce i^ui venait de se passer.
-Marc-Aurèle connuit h un juge spécial le
soiii de prononcer la sentence du saint, et
delà faire exécuter. S.\lvain fut noyé dans
le Tibre. L'Eglise honore sa ménume le 10
juillet.
SYLVAIN (saint). Vnw des compagnons du
saint martyr (".yriaque , diacre de l'Eglise
romaine, mourût en 303, à Uome sur la voie
Salaria, où il l'ut ent.-rn''. lis furent vingl-six,
dans le n»ému jour, mis h mort au même en-
droit. L'Eglist célèb «! leur fête collective le
jour de leur translation, tjui eut lien le 8
floùl. (loi/. r.YRUvti;. }oy. aussi l'abbé
(irandidier, Ilisl. de Ikifliae de Strashourtf.)
SYLV.MN (Naiul) , évé(|ue «le tia/a et
mart}r, reçut la palme en l'an de Jésus-
Chnst .110, diirani la [lersécution de Dio-
clétien. Il lut en premi»M lieu condaniné aux
carrières; ensuite il fut décapité avec trente-
neuf li lèles. Sa fête a lieu avec celle de saint
Tyian lion. le 20 février.
SYLN ElIt.V le bienheureux (ïonsalvf.) ,
ancien provincial de la couqM.^iut; do Ji'sus
dans rlndiï, fut charnu par S'»n successeur
d'alliT prè. lier la foi daf>s le^IoïKMuotapa.
N . Im-nheureux quitta tioa on latiO, avec
.^VM
lOU
tieux autres religieux de son ordre, et Us
arrivèrent bientôt jiis(|u'au royaume d'In-
hambane, et baptisèrent le roi, sa femme et
sa sceur. (ionsalve lais>a ses compagnons
continuer la comjuèle de cette nation, et
suivit du nord au midi la cote orientale d'A-
frique. Il arriva la veille de Noël à Chelu-
chin, et, après y avoir séjourné huit jours,
il enira dans la capitale du Mnnoniotapa et
lut présenté au roi, dont il ga.^na labié iveil-
lance par.son désinlér,'ssement. Quinze jours
après son airiv.T, il ba'ti a le roi et sa uirre,
ainsi que trois cents Calres des plus illus-
tres du pays, bientôt quatre niahoniétans
sureni persuader à ce prince que notre
bienheureux tait un espion envoyé par le
vice-roi de l'Inde, a!in de connaîtie les toi ces
du Monomotapa et d'. fomenter des Irou-
bl' s. Le roi résolut donc de le fair<^ périr.
Néanmoins Gonsalve en avait été instruit
par révélation ; il se disposa dnnc il la nmrt
qu'il attendit, revêtu de ses habits saceriio-
taux. Après avoir attendu vamem -nt une
partie de la nuit les nienrtiiers, il s'endor-
mi:. Aussitôt huit soldats qui le giu ttaient
se jettent sur lui, le renversent à terre, et
leur ch- f, nomujé Mocruma, ami du saint,
lui brise la poitrine avec le talon. Quatre
soldats, l'ayant pris par les pieds, le relevè-
rent, pendant que deux autres , lui ayant
mis une corde au cou, le tirèrent chacun en
sens contraire. Le sang jaillit en abondance
par le nez et par la bouche. Ce marlvre ar-
riva le 11 août 1561. iSncietas Jesu usque
ad snnguinis et vilœ profusionem tnilitims ,
p. lo6.i
SYMPHOHIEN (saintl, martyr à Autun,
sous Marc-Aurèl , fut bafitisé dans celte
ville |iar saint Bénigne et saint Andoche.
Après avoir relaté cette circonstance, la seule
à peu près oiidse dans ses A( tes, nous les
citons en entier d'après Uuinart.
« t.'omperi m- Marc-.\urèle ve laild'excUer
dans l'empire une incroyable leiuf été « onlro
l'Eglise, et se> édits foudroyants attaquaient
de tous côtés la reli;j,ion de Jésus-Christ,
lorsque S» mphorien vivait i» Autun, uans tmit
l'éclat <jue peuvent donner une haute nais-
san( e ( t une rare vertu, il était de famille
chrt'-tienne, et l'une iie" plu> considérables
de la ville; sou père se nommait Fausle, il-
lustre par le san.; tpi'il avait reçu de s. s
ancêtres, plus illustre encore i ar celui q e
son Uls avait reçu de lui. Ce jeune genld-
honime, dont les moMirs avait ni él'
cl polies parles belles-h'tlres, nava. , i
moins de soin de purilier les belles-letlres
par l'élude de la piété, en sorte tpie, u; us
un j'i^e, qui U'oidinaire ne dmiue que des
lleuis, son esprit iléja mOr avait produit des
fruits d'uMe saj^esse anlieipée, et dont les
vieillards les plus co isommé> «lans la pra-
tiijue des vertus auraient pu se faire hon-
neur. On l'avait vu passer de l'enlance à la
jeunesse; on le voyait entrer si heureuso-
nienl «lans l'i^ge viril, et donner des u.ai-
(pu's si sûres d'iiti mérite mc levé, que les
;e :s de bien les plu» r< Unes. Irapjies de
'édut de taiU de belles lualiies, avouaient
f
104R
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SVM
lUiG
i\\\()U iio |ioiivflit pas Alr'o si nccomiili sans
«voir comnicrn' iivcr les liilcllif^icnccs n'i-
l(>sl(>.s. |lii<t |ii'iHioiHiA iviïvo cl sdiis nrlilicri,
jointe à iiiM» «iin|ilicit(' \\iA)\r ol s.iiis Iwissossc,
l('m|i(''i'nil hmics ses iiilntiis, ut y iiitiniliii-
.snil ri^llc jiivlo iiK'ilidcrili^ (|iii est l'.'liiin dn
loiihvs lot vertus, lui un mol, il sY'i.til h\
liicii roiidii*!, l'I iiviM- l/iMt (|(> hoiilii'iir, h
iKivci's les ('«nicils tl(» la mer or/i;^i'iis(' du
niondo, qu'il «vnil (Wil('i d'\ fnire iiiudi(»;;c.
(( Autun, (lui vov'iil n>inord(M' hii'ii linut
dans r)iMiii(niic sa luddcss.» d son orij^inc,
.suivait hvs vi(>ill(>H eiTCurs d'un»! rclii^ion
s.icrili''^''. l'Vivii'oniu'M» de trinplcs pi'oliUK's
cl l'iMuplic d'idoles, elle sT-lail louli» livi'i'-c
,ui\ vaiiu>s supcrsiilions du [)Mganisui('; < t
son peuple, diVso('('Ui>i'' de louft< nntie alV.iiro,
|>assail les jours el les nuds dans l'exertMce
d'un culle ridicMilo. ('yb(^l(> , Apollon et
Diane y élai(>nl pai lindièrenienl r(^vérés. Un
jo\ir (|u'o » faisait une pro( cssifvn soloinelle
ei 1 horuienr de r,yl><^le, et '(lue la dévotion
iMmr la utr»rt> d 'S dieu\ y avait niliré toute
la Vîllo, Syuiphorien s(> reneonlra par ha-
sard en un endroit où la cc^cémouio pas.sa-t.
Vo. ani la di-esse qi'on portail sur un bi'an-
eard, il ne put s'einp(Vher de marquer le
mépri.s qu'il faisait de cette idole; el, bien
loin de la iorer, connue Oii l'y voulait cr)n-
traindre, il s'en moqua haulement. 11 fut
arr(M(^ sur-le-champ el présenté à iléraclius.
(-'était un maiiîislrat, persoimage consulaire,
(pii était pour lors h Autun avec une com-
mission de l'enqMM'eur pour la recherche
d(^s chrélietis. Héradius, s'étant assis sur
son tiibu'ial, dit ù Sympliorien : « Déclinez
voire nom et la condition dont vous êtes. »
Symphorien répondit : « Je sais chrétien,
je ni"api)ello Synrihorien. » Le juge dit :
« Vous êtes chVélien ; comment avez-vous
donc pu nous échap|)er, car on ne trouve
j)lus guère ici de ces sortes de gens? Ré-
jwndez-moi, pourquoi avez-vous refusé d'a-
dorer la déesse-mère? » S. mphorien ré-
pondit : « Je vous l'ai déjà dit, c'est que je
suis chrétien; je n'adore que le vrai Dieu
qui est dans le ciel. VA je suis si peu dsposé
h adorer ce vain simulacre du démon, que
si vous voulez me faire donner un marteau,
je vais de ce pas me'.tre votre déesse-mère
en pièces. » Le jug > dit : « Cet homme-ci
n'est p.!S seulement un sacrilège, il joint la
révolte h l'impiété. Est-il d'ici? » Un ollîcier
répondit : « Oui, seigneur, il est de cette
ville et d'une des premières familles. » Le
juge dit à Symphorien : -a C'est donc cela
qui vous rend si lier? Ignorez-vous quelles
sont les ordonnances de nos princes? Qu'on
les lise. » Le greliier lut : « L'empereur
Alarc-Aurèle, h tous gouverneurs, juges et
magistrats, présidents et autres ofliciers gê-
né aux de notre empire. Ayant appris que
certaines gens qui se disent chrétiens ne
font aucime difficulté de violer les lois les
plus saintes de la religion, nous voulons
qu'il s it procédé contre eux à toute ri-
gueur, «;t nous vous enjoignons de les punir
de divers supplices lors((u'ils tomberont
entre vos mains, à moins qu'ils ne veuillent
sacritier h nos dieut. l-!ti .•«orte (ouleloim ipio
la justice refiiniie la sévérité dails de jusleU
borru'fl, (d ipi'cn retranchant le crime on no
pinn?»tn [)a.s trop rigoun.'useinorit le» cri-
minels, n
« La lecture do j'édit de jerniterewr étant
faite, le ju>^(' dit : « Oue diles-voii» h cela,
Synqihorien? Croye/-vous qu'il soit en mon
pouvou" d'aller coidfr une déi laralion (Ui
prince si fornndle? Vous ne pouvez nier que
vous ne .soyez coupable de deux crimes :
de sacrilège envers les dieux, el de mari(|Uft
de riîspect h l'égard des lois. Ain.si, si vous
ne vous niellez en devoir de salisHiire h ce
(pii est porté par Tf'-dil qu'on vient dr lire,
j(! in^nuis ino dispenser de faire un exemple
de voirez personne; les lois outragées ei les
dieux (dfetisés demandent votre sang. » Syrn-
phoiien lépondit : « On ne me persuadera
jamais (pie celte image soit autre chose
(pi'un preslige du démon, do-it il se sert
|)our tromper les hommes et pour les en-
traîner avec lui dans un mallnnir éternel.
Sachez que tout chn'tien qui ne craint point
d'arrêter ses yeux sur ces objets profanes,
et ([ui s'engage imprudemment daris des
s(>ntiers qui coiidnisejit au crime, tombera
infaillibleuHMit dans l'abîme, et donnera dans
les («mbAches que l'ancien ennemi des
honuïies ne cesse de leur dresser. Car enfin
nous avons un Dieu qui n'est pas moins
sévère et rigoureux lors([i!'il [)iinit le péché,
qu'il est bon (ît Nbéral lorsqu'il récompense
le mérite. Il donne la vie h ceux qui crai-
gnent sa puissance, et la mort h ceux qui se
lévoltent contre elle. Tant que je demeu-
rerai ferme dans la protestation publique et
sincère que je fais de n'adorer que lui, je
suis sur d'ai liver au port tranquille d'une
bienheureuse éternité, sans craindre ni les
vents ni les Ilots, que la fureur du démon
peut soulever contre moi pour me faire
{)éiir. »
« Le juge, voyant donc qu'il n'y avait
aucune apparence que Symphorien se rendit,
le lit frapper par des licteurs et conduire en
j)rison. Les délais accordés par la loi étant
expirés, et le juge ayant ordonné qu'on le
lui amenât, on vit sortir (bi milieu des té-
nèbres cet enfant de la lumière, et du creux
du cachot obscur celui qui devait bientôt
être reçu dais le palais du roi de la gloire,
séjour d'une immortelle clarté. Les nœuds
que formaient ses liens s'étaient relâchés et
ne serraient que faiblement ses bras amaigris
e! exténués ; et les incommodités de sa prison
ayant consumé une partie de son sang dans
ses veines et dans tout son corps desséché,
le ciel lui en tenait compte, comme s'il l'eût
déjà répandu pour lui. Le juge lui dit :
« Considérez , Symphorien , ce que vou§
perdez et le tort que vous vous faites en re-
fusant d'adorer les dieux immortels; car,
outre la gloire que vous vous acquerriez en
servant l'empereur dans ses armées, vous
pourriez encore attendre de sa libéralité des
récompenses proportionnées à vos services.
Voulez-vous donc que je fasse dresser un
autel? Croyez-%ioi, otfrez aux dieux de l'en-
i(^4T
S\M
SYM
I0i8
cens , et par des sarrilices dignes de leur
majesté siipr^^me, rpndtv-les-vnus favora-
blt'S. » v^yrnphorien rcpoixlil : « Un juge qui
esl le dépositaire de l'autorité du prince et
des .'ilfairfs publiques ne doit pas perdre de
temps en des discours vains et frivoles. S'il
esl dangereux de ne pas travailler chntiue
jour h acquérir quelque vertu nouvelle ,
•'MUibien doit-on plus a[)prélirniicr, en s'é-
cartant de la droite route, d'aller inconsidé-
rément se briser ci mire lesécueilsdesvices?»
Le juge dit : « Du moins s:<crilie/, aux dieux,
pour jouir des honneurs qui vous attendent
«^ la cour. » Svm|)horien répondit : « Un jug<;
avilit sa dignité et eu ternit le lustre, lors-
qu'il se sert du pouvoir quelle lui donne
l'Our tendre des pièges h l'innocence. Il
cause à son Ame un donnuage irréparable,
et s'expose à voir son nom tlétri d'un op-
probr.' éternel. Au reste, je ne crains point
la mort, puisqu'elle et le temps nous doivent
toi ou lard (Mer la vie, et que c'est une
dette ([ue tout bonnne ne peut s'exempter
de payer à Dieu : prévenons ce moment
par le désir, et faisons-nous-en un mérite
auprès de lui, en la lui offrant de bfuine
grAce; changeons une dette en un présent.
A quoi me servirait le repentir inutile el
tardif d'avoir tremblé devant un juge ([ui
doit mourir comme moi? Vous m'ollrez dans
une coupe d'or un breuvage ({ui, sous quel-
(pie douceur apparente, cache une amertume
mortelle, et qui donne la mort à ceux qui
sont assez imprudents pour le recevoir. Je
refuse tous les avantages ipii me sont olTetts
par une antre main (]ue par la main adorable
de Jésus-Christ. Les richesses doiU il nous
comble, avec une profusion digne d'un Dieu,
sont incorrupiibles; on n'en craint ni la
perle, ni la diminution; mais votre cupidité
insatiable, en voulant tout posséder, ne pos-
sède rien en ell'et. La fragilité des biens de
ce monde ne nous atllige |)oint, parce que
nous n'y avons aucune attache; et la fortune
ne nous peut rien 0>ter, pari e que nous ne
tenons rien d'elle. Vo^ plaisirs et vos joies
sonl send)lables à une eau glacée qui se dis-
sout aux premiers rayons du soleil. Tout
ce qui fait Idbji't de vos dt'sirs tinit bicntùl,
est sujet au changement, et est enlin en-
trainé par le torrent rapide des années dans
le vaste sein de l'éternité. Il n'y a ipie notre
Dieu (pii puisse ilonner uiîe félicité durabl(\
L'autiqinté la plus reculée n'a point vu le
commencement de sa gloire, parce que sa
gloire est avant tous hvs temps; el lesderniers
siècles n'en verront pas la lin, parce qu'(>lle
sulisistera eui ore après lesderiners >iècles. »
« Le juge dit : « Vous lassez enhn ma pa-
tience, Symphorien; et il n'y a (pie trop
longtemps que je vous ('coule relever par
des lf)uanges outrées la [missance chiméri-
ipn' df^ jene sais quel r.hrisl. H n'y a qu'un
HMit ijui serve : ou saciilie/, tout présente-
ment A la déesse-mère, nu, après vous avoir
fait passer p.ir loule la rigueur de*; siippli-
ccn, je iiiellriu voire tète aux pieds de U.y-
bèle. « Synq)horien répon lit : « Je crains le
Dieu tout-puissant qm m'a donné l'Aire el la
vie, el je n'adore que lui. Mon corps est en
votre pouvoir, et ce pouvoir même ne sera
pas long; mais, pour mon Ame, elle est indé-
pendante de vous et de votre tribunal. Souf-
frez seulement (jue je vous représente com-
bien est monstrueux le culte que vous ren-
dez à vos idoles. Rougissez dune supersti-
tion si peu conforme hla ri.ilure et h la rai-
son. Etipii ne rougirait en vovant une trou[)H
de demi-hommes mêler dans les transports
d'une joie insensée la fureur a ver la bruta-
lité, et faire d'un crime détestable un acte
de religion? Qui ne rougirait en voyant vo-
tre Apollon chassé honteusement du ciel,
être réduit h garder les tioupeaux du roi
Admèle?Quel dieu adorez'vous? Quel exem-
ple adorez-vous en ce dieu qui , chantant
jour et nuit sur sa lyre ses infâmes amours,
aime à voir ses lauriers mêlés de myrtes et
de roses? Je ne parle point de ces voix que
les démons, sous le nom de cet Apollon,
font sortir du fond d'une grotte qui en mu-
git , et du mlieu d'un trépied qui en est
ébranlé, lesquels par mille détours viennent
elfrayer vos oreilles et abuser vos esprits.
Mais quel aveuglement vous fait adorer le
démon du midi sous l.i i'gure d'une Diane ?
Car c'est ce qu'une curieuse recherche a dé-
couvert à nos saints docteurs. Ce démon qui,
jiarcourant b s places et les carrefours des
villes, va semant dans les cœurs des miséra-
bles mortels la discorde et l'envie »
« S\m[)horien, en cet endroit, fut inter-
rompu par le juge qui. ne pouvant plus conte-
nir so'i dépit, pronom^-a, tout en désordre, celte
sentence: « Nous déclarons Sym[)horien(Ou-
pable du crime delèse-majcste divine et hu-
maine, soit |)Our avoir refusé de sacrifier
aux dieux, soil pour avoir parlé d'eux avec
peu de respect, soit enlin pour avoir fait ou-
trage à leurs sacrés autels; pour réparation
de (pioi nous le condamnons à mourir par le
glaive, vengeur des dieux et des lois.»
rt Comme on le conduisait au supplice, sa
mère, vénérable par son Age et par sa verlu,
l'exhortait, du haut des murs de la ville, à
mourir en vt'rilable soldat de Jésus-Christ,
et lui faisant «Milernlre une voix (|ui,fra|>-
|)ant son oreille. allait toucher son cieui-.elle
lui criait : « Mon lils, ne perdez point de vue
le Dieu pour quj vous mourez; a\ez-le ton
jours dans la [lenst'e; mon cher lils, ayez le
courage : la mort n'est pas îi craindre lors-
qu'elle ne fail ipie nous conduire l\ la vie;
regardez le ciel, ei que votre cuMir suive vo-^
yeux ; jetez-les sur celui qui règne. C'est
aujourd'hui (]ue vous chaii.^ez une vie su-
jette i^ la mort contre une vie immortelle;
ô mon \\\'>, l'heureux éthangeî »
Ce fut hor>» des murs de la ville que
ce bienheureux mart\rliTiil sa sainte car-
rière par la main d'un bourreau (pii lui
sé|)ara la tète du corps. Qnelipies personnes
de pii'té enlevèrent secrèlemenl ses sacrées
relicpies. Assez proche du lieu où saint Sym-
ph"»i len sôutl'iit le martyre, la terre donne
passage à une fontaine, sur le bord de la-
quelle on avait bAti une petite cellule. Ce fui
\h (lu'on mil le saint martyr; mais il n'y de-
IOt«)
SYM
SYM
lOfSO
iiMMiivi |i;is Idii^lriiip.s ciiclh', cl les iiiirarli'S
(|iir Dirii oix'i-fiil par lui l<' (Iituiivi ir(<iit
liM'iilAl. i. es païens iiii^ini's, sm-pris do tant
(le nicivcillns, n(* pnrciil lui ii-iuscr leur vt'f-
m'ialinu. » (ituiuail.)
(l'csl lo til .'Kll^l (pu- ri'l;J,li.si' llniioïc 1,1 Ml('!-
nioiro do saint Syniphoiicn.
SY,\iril()mi':N'(sainl), l'un des dcnx (ils d.»
saint (llandc, ^cAluM'.sc nonniiaitaussi l'V-liv
(»u iM'Iicissiiuc. I,('(pu>l? on ri;;;n()ir : il(* là,
conliision dans l(>s Ados do sanil S(''l»asli(Mi,
))ù il est dit (pi(> (u^ dornior saint l'ut luar-
Ivi'is»'^ h llciino avc'c son ix'^ro, ot onsiiilo
(pio saint V6\\\ ot saint I'(''li('issinu', dont
lin» (Mait ovidcnuiionl , d'apii^'s les Actes,
ce nu^nie saint Sclia.^lien, rurent niaitM'isi'.s
dans la Cainpanio. [Voij. les Aolcvs do saint
Si.iivsiu'N i\ son article.^, (Juoi (pi'il on soit,
oelni des dcu\ lils de saint ("daude (pii so
noniinail S(H)astion l'ut pris aveo sou pùro ol
les saints Nit-oslrato, ('astoi'(> ot >'icloi'iii, on
olioccliaut los corps do sainte Zoé cl de saint
Tianquilitn, (lui avaient été niartyi'isés par
les peiséciilours. (^mdnit devant le nouvoau
pi'cl'et, (pu se noiiuiiait l'"al»icii, il lut île sa
part, pendant dix jours, l'objet d'obsessions
do toutes sortes, (pii ne servirent (pi'à iniui-
trer combien sa loi était inc'branlahle. Sur
l'ordre des enifiereurs Dioclétion cl Maxi-
nii(MU tous ces saints i'uriMit mis trois lois à
la (pieslion,et ensuite piéci[)ilés(lans la mer.
Ce l'ut un 17 juillet. Le Martyrologe romain
l'ait la lete do saint Sébastien le 7 do ce
mémo n)ois. (Pour lesdétails, voy. Skuastien.)
SYMPHORIEN (saint), martyr, était scul()-
teur cl Kouu\ en 30V, sous l'empereur Dio-
clétion; il refusa de faire des idoles^ et fut
mis à mort à cause do cela. D'abord il fut
mis en |)rison, ensuite déchiré avec des
fouets garnis depoinles de fei", |)uis précipité
dans la rivière. Sa fête a lieu le 8 novembre.
SVAJPHOROSE (sainte), seconde femme de
Claude, geôlier préposé à la garde des chré-
tiens , que le ()réfet de Rome Chromace
avait fait arrétiu' en 28i, pentlant que Rome
était encore sous la domination de Carin, se
convertit avec son mari, eu entendant saint
Sébastien, et en voyant les miracles qu'il
opérait dans la prison. Lorsque Chromace
lui-même, miraculeusement guéri de la
goutte, se fut converti ot eut renoncé à sa
charge et aux honneurs, il offrit aux chré-
tiens un asile durant la persécution , dans
les domaines qu'il avait on Camiianie. Ce fut
laque plus tard, en 286 environ, sainte Sym-
phorose fut misi^ à mort par les [)ersécuteurs,
avec les saints Ariston, Crescentien, Euty-
chicn, Vital, Urbain, Juste, Félix, Félicis-
sime et sainte Marcie. Les Latins honore.it la
mémoire de tous ces saints martyrs le2juil-
let. {Voy. Sébastien.)
SYMPHOROSE (sainte), et ses sept m.
« L'empereur Adrien ayant fait élever à Ti-
bur un palais magnifique, il voulut le dédier
avec les cérémonies que les païens obser-
vaient en ces rencontres. 11 oÛ'iit des sacri-
ticos, il consulta ses dieux touchant la du-
rée de ce superbe édifice , et il attendait
quelque réponse favorable, lorsqu'il reçut
c((||e-ci : " Piiiice , nous ne pouvoijH «nlis-
■< faire votre curiosité «pio vous n'ayez fait
'< cesser l'insiilto (pu- nous l'ail une vciivo
« clirélieiitif m inxoipiaiil son Dieu en no-
•' Ire pré'seiKM'. Elle so noiiuuo Sympliorose,
« et ollo est nièri» ele sept lils; f/iiles (pTcllM
<< nous oll're de lencens, et nous répondroii»
Il h vos demandes. i<
« Adrien, sonsiblcmcnt IoiicIh'- de l'ou-
trage qu'on faisait à ses dieux, comiiianda
«lu'on so saisit do Sympliiuose f\ de. ses ori-
lanls. Il se los lit amener devant lui, cl, cn-
cliaiil son indignalion sous nue douceur ap-
laronlo, il n'employa d'aiiord (pjo dos paro-
(>s llatlouses pf)nr les porter à sacrilier aux
idoles. Mais .Sviii|i|iorose , nh.'iiio du Dieu
(pii la faisait parler, répomlit h roinp(;rour
en ces teriuos : « Soigneur, j'ai (ii pour mari
el jioiir beaii-frèie deux olliciers do vos ai-
iiKios; l'un el laiilro avaient l'hounour de
commander vos soldais : ils étaient tribuns.
ils ont doiiiK' leur vie pour .lésus-(^lnisl, et
ils ont mi(Mix aimé endurer milli! tourments
(pie de bri'llor un seul grain d'encons devant
les démons ipio vous adorez, ils sont morts,
enfin, après avoir vaincu ces mêmes démons ;
et si leur trépas a élé honteux devant les
homm(!s, il a été honorable dt.'vanl losanges.
Us sont maintenant couronnés d'un éclat im-
mortel ; ils vivent dans le ciel, et suivant
|>artout le grand Roi qui y règne, ils mar-
chent couverts de gloire, parmi les trophées
qu'ils se sont élevés en mourant pour lui. »
« Adrien , pit|u6 jusqu'au vif d'une ré-
ponse si généreuse, ne put se contraindre
davantage. « Ou sacrifie, lui dit-il, à l'ins-
tant aux dieux tout-puissants, ou moi-même
je te sacrifierai, avec tes enfants, à ces
dieux que tu méprises. — Et d'où me vient ce
bonheur, s'écria Symphorose, de pouvoir
être immolée huit fois à mon Dieu? — Je te
le dis encore, interrompit Adrien, je te sacri-
fierai à mes dieux. — Vos dieux, réjjliqua
cette admirable veuve, ne peuvent me rece-
voir en sacrifice : je ne suis pas une victime
pour eux; mais si vous ordonnez ([uo je sois
biûlée pour le nom de Jésus-Christ, mon
Seigneur, sachez que le feu qui me consu-
mera no fera qu'augmenter celui qui fait
leur sui)plice. — Choisis, te dis-je, reprit
brusquement l'empereur; ou sacrifie, ou
meurs. — Vous pensez sans doute m'épou-
vanler, repartit Symphorose ; non, non, vos
menaces ne rae feront point changer de sen-
timents; je ne serai jamais assez tôt réunie
à mon époux. Vous l'avez fait mourir pour
avoir confessé Jésus-Christ; qu'attendez-
vous? me voilù prête à mourir aussi ; j'adore
le môme Dieu.» Alors l'empereur commanda
qu'elle filt conduite devant le temple d'Her-
cule, qu'on lui meurtrît lo visage à coups
de poing , et qu'on la suspendit ensuite
par les cheveux. Mais, apprenant que ces
tourments ne servaient qu'à l'affermir da-
vantage dans la foi, il la fit jeter dans le
fleuve. Son frère Eugène, qui était un des
principaux du conseil de Tibur, la relira de
l'eau el l'enterra dans un faubourg de cette
ville.
4051
»T?<
SYR
4052
a Le leMil»'niam , Adrien unio ma qaon
amt^nAt on sa présence les sept tils de Syni-
phornse; et, voyant ipi-- ni Sfs incnacos, ni
SCS promesses, ni l'appareil «les plus allVeuA
supplices qu'il til étaler h leurs yeux, ne
pouvnit'nt éi)ra')lt>r li i-o'stancc de ces gt'-
nérf-ux t'rèros, ni les porter. i» sarrilicr aux
idolos. il tit planter sept pieux autour du
teinnie d'Hercule, où on les élcriilit avec di.s
poulies. Ce cruel prince prit plaisir à diver-
silier leurs tourin.'nls. (rescence, l'niné de
tous, l'ut perci' d'un coup d'épée dans la
gorg(!; le serond. nouuné Juiien, eut la poi-
Irino piipn'-ede plusieurs poi îles de fer qu'on
y enfonça: Néiuèse recul un coup dans le
cœur; Primitif fui frappé dans Teslomac; on
rompit les reins h Justin; on ouvrit les co-
tés h Strnctées: et Kii:;f>ne, le plus jeune, fut
fendu d' puis le liant jusqu'en bas. Li; jour
^iii suivit la raort de ces heureux frères,
Adrien , (Uanf venu au temple , coinnianda
qu'un enlevât leurs corps, el qu'on les jetât
dans une fosse profonde. Le pontife et les
sacriticateurs du templ d'Hercule nommè-
rent ce lieu les Sept-Biothanates, c'ot-à-dire
les sept suppliciés.
« Leur sang éteignit la persécution, qui
ne se rolluma que dix-huit mois aprè^. Les
chrétiens employèrent ce temps de i»ai\ à
rendre aux sacrées reliques des martyrs
l'honneur qui leur est drt, et on les enferma
dans de> tombeaux que la piété des fidèles
leur éleva en plusieiirs endroits du monde.
L<Mirs n(Hn"^ furent gravés sur ces monu-
D)enls; mais ils le sont dans le livre de vie,
avec des cirîctères de lumière que le temps
ne pourra jamais eU'acer. Le martyre de sainte
Sym horose et de ses sept tils est honoré
par l'Eglise le 18 juillet; leurs corps repo-
s»nit sur le ( hpinin de Tihur, ii huit milles
de H»-, Me. » Huinarl, I" vol.)
SY.MPHUONE (saint), eut le glorieux avan-
tage de r fiandre son sang en Afriiiue pour
la défense de la religion chri'-^ienne. Il eut
pour rnm agnons de ses soulTrances les
saints Félix, H ppolyb; et leiu's compagnons,
dont malheureusement les noms ne sont
jtoiiil parvenus jus([u'?> nous. Nous ne pos-
sédons point d'autres détails aulhenlirpies.
L'F.;lise fait collectivement leur fôle le '} fé-
vrier.
SYMPIIHONirS (saint), mourut martyr
daiiN la capitale iJu monde chrétien, dans
celte cité ilont les fondements éternels de-
vaient être arrosés par le sang de tant de
chrétiens. Ce fut durant la nerséculion de
l'cnupereur Trajan qu'il eut le bonheur de
verser son sang, avec saint Théodulc el les
saintes Olympe el Exupérie. Nous man-
q ions de document sur Ions ees saints.
L'Eglise fait leir fête le 2'> juillet.
SYNDIME (said). martyr, cul la ploin? de
verser son san*' h N coinédie, pour la dé-
fende di> la religion. Il ent pour compagnons
lie ses combits s;iiul Cyria pie , saint Pau-
lille, saiid Se-ond, saint At;astase, el d'au-
tr s saiuts doul les noms soûl inconnus.
L'Eglise honore leur mémoire le 19 dé-
cembre.
SVNÈSE fsainf\ martyr h Rome, ayant
été ordonné lecteur du temiis du pape saint
Xisle, convertit beaueoupd'iidldf'les. .\rcusé
devant l'empereur Aurf'lien , il fut frappé
d'un cou[) d'épée, et renit la couronne du
martyre. fTextu»'llenu}nt e\irnit iu Martyro-
loge romaiT.) Hermaruius (j-)n(ractns dit
qu'en l'an 8-30 o n appf)ria dans l'Ile d'Auge,
près Constance, les reliques de ce saint. Ce
sont les Citées qui les premiers ont honoré
saint Synèse; mais son histoire, dans les
menées, est excessivement mauvaise; U.;hil-
lus parait en avoir extrait, (tour son Méno-
loge, ce qui était soulenable et a Imissible.
L'Eglise romaine fait la fétc de ce saint le
12 décembre, comme l'Eglise grecque.
SYNÈSE (>aint), reçut la palme du mar-
tyre avec saint Thi'opompe : on ignore en
quel lieu, à qui Ile épo juc et dans quelles
circonsiances. L'Eglise fait collectivement
leur fête le 21 mars.
SYNNADE, ville de Phrygie. En l'ann-'^e
276 environ , sous l'empire de Probus. le
gouverneur Dionvsiiis P-n-eiiMius y avait fait
mettre en |>risou saint Troi liime , (lue son
vicaire Héliodoie lui avait envoyé liAntio-
che de Pisidie. Ayant ajijiris qu'un sénateur
de la ville, nommé Dorymédon , allait ren-
dre ViSite au saint dans sa prison, il Ht cre-
ver les yeux de saint Trofihime; ensuite il
exposa les deux saints aux bétes. Yoyanl
quelles ne voulaient pas leur faire de mal,
il ordonta que ces deux serviteurs de Dieu
fussent décapités, ce qui eut lieu le 1*J sep-
tembre.
SYNOPE, nom d'une petite ville de Syrie
q\ii , durant la persécution de Trajan, vit
mourir martyr son évoque, saint IMiocas,
sans que l'histoire nous dise comment ar-
riva sa mort et quelles en furent les cir-
constances. Un autre sii ;t Plirtcas mourut
dans celle ville pour la foi . au temps de
Dio( li'tien, ei l'année 303: il était jardinier.
{Voi/. Puocvs.)
SYOrH fsaint). souffrit de nombreux tour-
ments jioin- Jésus-llhrist h Anlioche. Saint
Palatin fut le compagnon de ses soulTrances.
L'Eglise fait leur fête le 3il mai.
SYHACrSi:, capitale de la Sicile, en 304,
du tmnps de la persécution de l'empereur
Dioclétien, avait pour goviverncur lui nouuné
Past^hase, homme ignoble et féroce, qui < on-
danma s.iintr» Luie h mort pour cause de
c!iristianis;ue. Avant de la faire touruu'n-
ter, il l'avait fait exposer dans un lieu de
prostitution; mais Dieu n'avait pas permis
qjie cette jeune vierge subit les outrages
que les pt^rs'cuteuis lui destinaient. Nul
n'osa s'approcher d'elle. Cetle condamnation
"e frappa que le scélérat qui lavait portée.
La cruauté, notis la concevons : elle est tille
de tous les fuialis iie> religieux ou politi-
ques ; la lAeheté d'un tel fait est au-dessous
i;e tous les autres crimes.
I0j5
lAC
TAC
iOS4
TAnAKATI MUNDO (In l)i(-iilioiinMiv
Aihiiicn), lïil iiiJ»rl,\ i'is<' aii J.ip<tn ci Mil.'l,
(i.iii.s lu ro|iiiiitii> (lAiiiiia, avec Jc.i-iih' sa
loiniuo, sa liJIc Ma^io-^^l(l('^oillo , vitT^o
voik'o /m Sfi,:i;ii(Mir, (>| .Inclines so i lils, Aj^ô
(In (l<)ii/(> a'us, LtMii 'l'aniicdoiiii (liiiiii'niO'i,
son lils l*an|, ,'\j;,(' (In vinj;l-8n|il «ns, Kaiiixiiia
Kii;!,ii .(''mon (M s.i rcniiiin Marllm. ils riiiciil
colldaiMiK-s loiis jiu sii|<|ilii-n du l'i'ii. ()|i jtniil
voir les dnlails dn Innr mailyro au lilm
1'"aiii\ii»\ l.n(;iiYi:MO'> (l-i'-oii).
TACiri'l (('. ('i>rii(litis Tni'ilus), l'criviiiii
et liisUti'it'ii i nl('>in' ' , iKuinil h llnraiiiiin nii
Oiuhi'in, vers laii dn .h'siis ('iiiisi ;i'i. Bnaii-
coiiji dn sns uiivi'af;('s sont pnidiis. Dans ses
Annales (xv), il apitroiivo la (>nr.snciilion dn
ISércxi coiilrn Ins ihri'liniis. On voit, à la \é-
gèi'lù ni il l'ignoraïuo avnn Inscjunllns il
parle d'<'iix , (jn'il uc s'ciiait pas (Jonné la
i)nMjn dn It's ( onnaîlrn. II laiinn couIim; eux
uiin acciK>al!On (|un riiislolKi tout nnliè're
rnpousse, c'est cnlln d'ùtrc dôlalnurs dn leurs
frères. Nous avons f ;il jnslii-e ailleurs de
celti^ cal ni lin. [Voif. INkuom.)
TACUliNUA (In binnlmurnux ), mourut
martyr «u Japon en IMYl. Il (Mail un des
triuLi[)aux snij^'itun-s du loyaunu; dn FiMgo.
n roi chrélinii dn en pays étant mort, et un
idolâtre lui ayant sui;cédi}, en deriiinr rnsolut
d'oblignr tous les chrnt ens de sns Elats à
adornr les inônies dieux que lui. Voyant
qu'ils rnt'usainnl, il résolut dn nomnicncer
{)ar ins plus éinvns nu dignité. Il choisit
d'abord Jean Minaaii el Sinioi Tacunnda.
Les aiuis des dnux sainis (ii-e U aujîrns d'eux
toul en que leir amitié mal entendue pou-
vait leur suggérer poui' les poilnr à obéir au
roi, à faire quniquo chose qui fût au moins
\ino mar(pie de soumission. Mais ces con-
seillers ayant vu que les épouses dos deux
confesseurs étaient les premières à les en-
gager <i (inrsislnr dans la foi , en référèrent
au roi, (.jui ordonna que Minami et Tactienda
fussent conduits à Guiiamoto pour y avoir
la tète tranchée, et leurs épouses pour y
èti'e crui ifiées. Au titre de .Mixami, on peut
voir comment ce généreux chrétien alla pour
ainsi dire au-devant des ordres du roi, et
comment , après avoir fait tout son possible
pour le vaincre, le gouverneur, qui était son
ami, le lit d ''caiiiter à la suite d'un repas,
daLis une chambre de son palais. Ce jour
mt'^me le gouverneur se rendit à Jateuxiro
l)oury trouver Tacunnda, à qui il avait d'a-
vane écrit sa venue, lui annonçant qu'il
était désireux d'avoir un entrelien avec lui
en présence de sa mère et d;' sa femme. En
eniranl chez lui, il comme iga à pleurer;
Tai:uenda lit de même Jeanne,* mère de ïa-
cuerda , étant venue, le gouverneur lui dit
qu'incnssammnnl il allaii. trouvnr ie roi pour
lui rendre rompt ■ de ce qui allait se passer,
et qu'il comptait sur sa sagesse i)our enga-
ger son lils à ne pas persister dans son obsti-
nation. « Soyez srtr, réponditello , qur» je
l'eiai poin- mon bis (•<! (pm j'aiiionr d'nno
bonne mnrn n\i.;n : jn s;ds nw rii n , ni les
biens de vv mon'ln, ni bi vie m(^mn no .sont
capables (|(> payer In b-irdnMr ('IciimI. — Sn-
cbezdcMic, loi dii l(( gonvernnur, (jnc de son
rnl'iis dépend su vie , el vous iwivf/. In doii-
lenr de le voir dérapiinr. V](ïl an nid, dii
JeaiUK!, qu(! je piiss(! verser mon sang avec
I.' sien. Si vous |iouve2 vous employer [lOin-
(pM' (C bo ihcin- nous arriv(( h Ions deux,
vons nous aurn/ rendu le ()lus grand service;
(pi'im puisse attendre i(;i-t)as d'nn mortel. »
l.e gouverneur, jeté dans !a slnpérnclion par
celle iépons(! coiragciuse , crut (pi'(ni sépa-
rant son ami de (relln vertueuse f( mme il
viendrait plus f,ieilem(M)t à bout de vaincre
sa ;ésolntioii : il l'ni.vo^a chez un païen de
leurs amis communs. Lh on fit toul ce qui
était humainnmenl possible do tenter pour
amenei- Tacuenda à d'autres sentiments :
tout fut imitile. Le soir étant venu , le gou-
vernein- envoya [)rès de lui un dn ses pa-
rents, avec mission dn faire dos tentatives
nouvelles pour le séduire ou bien do le dé-
ca[iitnr. Ln pamnl, n'ayant pas réussi dans la
])reu)ière partie de sa mission, dut accom-
plir la seconde. Avant de lui donner le coup
mortel, il lui accorda quehjuns instants pour
faim sa prière. Tacuenda en [irolita pour al-
ler (Jans l'appartement de sa mère et dans
celui de sa femme leur dire l'excellente nou-
velle qu'il venait d'a:i[)rei,drc. Los deux fem-
mes, qui élaient au lit, se levèrent et vinrent
préparer elles-mèm!>s tout ce qui était né-
cessaire poui' l'exécution. Leur visag •, pen-
dant tout ce tenjps-h\ ne laissa voir que l'é-
motion que leur causait leur joie. Comme
l'arrêt les coniJamnait à être témoins du sup-
plice, elles étaient dans l'obligation d'y as-
sister. Lorsque tous les préparatifs furent
terminés, Agnès, se jetant aux pieds do son
époux, lui témoigna le désir qu'il lui coupAt
les cheveux, disant que si on no la faisait
pas mourir api-ès lui, son inionfion était
d'entrer dans la vie religieuse el de renon-
cer au monde. D'abord Tacuenda sembla
épr(puver queUiue r. pugnance à le faire ; ce
fut à ce moment qu'un gentilhomme, nonuiié
Figida, qui avait eu le malheur de renoncer
au christianisme, ayant aj)pris la condamna-
tion de Tacuenda, entra chez lui. Il fut ex- '
cessivement surpris de la joie qui éclatait
sur tous les visages; car il ignorait la dou-
ceur qu'on éprouve à mourir pour Jésus-
Christ. Ce spectacle de femmes en prière, de
domestiques occupés à tous ces pré])aratifs
de mort, de chrétiens qui consoiaiem ceux
qui ne croyaient pas pouvoir en cette cir-
constance mourir pour J; sus-Christ, qui fé-
licitaient ceux qui, au contraire, allaient re-
cevoir la couronne du martyre, tout cela l'é-
mut profondément. Il se jeta au cuu de Ta-
cuenda et promit qu'il allait réparer le scan-
1055
TAN
TVR
lor,6
dalo nn'il nvnif doniK'', ot revenir ?» In reli- 'If^orgion de nnuon. [Voy. l'article Joi r-
nion tin rJirist. Tanieiida remercia Dieu do dvin. )
lui avoir donné cette d ornière consolation
avfliit sa mort, ot, ayant arliové ses prières,
einhrassè sa mère ot sa feinmo, c">ngôdiè ses
doniesti([nes , il présenta sa tête à loxécu-
tour, qui la lui abattit d'nn seul roiip , le
9 dèeeinhre. h doui heures du matin.
TAGASTE, ville ruinée de Numidie, est
célèbre dans les annales des martyrs par les
soutlVancos et la mort qu"y endura rovùque
saint Firme.
TACiH , |>rinre arménien de la famille
Aravéléiank, fut l'un de ceux qui souffrirent
volontairement la captivité pour Jésus-Christ
sons le règne d'Hazi^uord, deuxième du nom,
roi de Perse , ot qui ne furent remis on li-
berté et renvoyés en leur pays que huit ans
après la mort de ce prince, sous le règne de
son tils Bérose. (Pour plus de détails, voy.
Princes arméniens.)
TAICOSAMA , souverain séculier du Ja-
pon, avait été esclave ; bionlùt il devint fa-
vori et lieutenant d'un général qui s'était
emparé do plusieurs provinces. En I.'îSS, il
s'empara de toute l'autorité, no laissant au
dairi ({ue la puissance spirituelle. Ce fut sous
son règne qu'eut lieu la })remièro persécu-
tion sérieuse au Ja[)on, et voici dans quelles
circonstances. Un navire espagnol ayant
échoué sur les côtes, fut capturé, et, suivant
l'habitude du pays, conlisipié au protit de
rom[)orour. Le {)iloto, qui voulait éviter cela,
s'imagina qu'il y parviendrait en donnant
aux Japonais une grande idée de la puissance
du roi d'Espagne. Il prit donc une mappe-
monde et fit voir au ministre de l'ompireur
quelles inunenses contrées obéissaient, dans
les deux iién)is[>hères, h la puissance es[)a-
gnole. Celui-ci lui ayant demandé comment
son souverain faisait pour se rendre maitie
de tant de |)avs : « Kion do (dus facile, lui
dit le pilote : le roi envoie dos missiomiaires
qui convertissent h notre religion une paitie
des habitants du pays; après cola, il envoie
des soldats qui, se joignant aux missionnai-
res et aux habitants clirétiens, viennent aisé-
ment il biiut de soumettre les autres. )>()n
conçoit quelle impression dut faire sur l'em-
pereur une send)lable imprudence; cette
improsion fui (elle qu'il lit arrêter innné-
diatomenl plusieurs missionnaires, (|ui fu-
rent marlvrisos à Naoga/aqui on l.'iOT. Il ex-
pulsa prexpu; tous les aulics de ses Etats.
Ceux (pii restèrent ne le liront (pi'on se ca-
chant. Taicosama mourut l'année d'a[)rès.
(Voy. Japon.)
tAILLEU , MvpF.i.F.iNE ) , religieuse du
Saint-Sacrement ;i Itulèiio, i^érit sur l't cha-
faud le '.>juillel I7'.»'|,, avec Mario de Conès-
Chansollo, religieuse du niAme ordre, Louise
Eltiso, converse au mènu' couvent, et Eli'o-
nore do Justamon , religieuse de Saiuto-Ca-
thorine d'Avignon.
TANA, ca()ilal • do l'ilo Salsolte. dans l'Inde
inglaise, près de Uomb.iy , «•(•lèbre par le
martyre dos saints franciscains Thomas de
ToU'ntino, Jarqiies do Padniio . Pierre de
Sienne et lu trèro lat Démétrius de Titlis,
TANGEU, ville de la Mauritanie Tingi-
tane, sur le détroit lie Gibraltar, était la ré-
sidtMico, sous Dioclélion, on 298, du lieute-
nant du préfet du prétoire , nommé Aurèle
Agricolaii. Ce magistrat condamna à mort
saint Marcel, centurion, et saint Cassien,
gredior, qui furent tous deux exécutés dans
la ville. [Voy. Marcel, centurion; Cassie^j,
groflier.)
"TAPI A (Jean de), frère mineur, fut mar-
tyrisé on l.'Joo pour la foi, dans le val de
Guadiana, par les Chichimèquos , avec Ber-
nard Cosin, religieux du même ordre, Jean
Sorradn. cpi'ils lirent pi'rir à coups de tlè-
ches. Xhronif/urs des Frères Mineurs, t. IV,
}). .307 ot suivantes.)
TARAISE (saint , patriarche de Constan-
tii)o|)le, confesseur, naquit dans cotte ville, h
peu près au milieu du viii' siècle. Son père
se nommait George; sa mère Eucratie. "Tous
doux étaient do familles nob'es. Le iière de
noti 0 saint exerçait une charge des plus im-
portantes de la magistrature , ot jouissiit
d'une grande considération, à cause de l'at-
tachement inviolable (ju'il montrait pour la
juMice. Eucratie. femme plus remarquable
encore par sa haute piété que par l'éclat de
sa naissance, voulut olle-mémô faire l'édu-
cation religieuse de son fds : elle y réussit
à merveille. Sachant combien est dangereux
le poison du mauvais exemple, elle enga-
geait surtout le jeune Taraise à fuir les m.iu-
vaises compagnies. Le lils répondait admira-
blement aux intentions de sa sainte mère;
de bonne houie il laissait viir ce qu'il pour-
rait être un jour. Aussitôt qu'il entra dans
le monde, son savoir et ses vertus l'y firent
admirer. Bientôt il fut élevé à la dignité de
cotisul; |)ou do tonqis après il fut nommé
premier secrétaire d'Etat, sous Irène et son
lils Conslanlin. La connaissance qu'il avait
dn monde et de ses vanités lit qu'il ne se
laissa [»as éi>louir par son [>restigo. A la
cour, au milieu d\i faste et do la dissolution
général»', il vivait non-seulement comme un
chrétien, mais encore conuue un religieux.
A cette épo(pie. l'hérésie des iconoclaste> était
protégée successivement par Léon l'Isaurion,
('onslantin Copionyuu' ot Léon Chazaro.
L'impératrice Irène , femme de ce dernier
prince, avait toujours conservé , malgn» les
grands di-l'anls qu'»>llo avait , un profond
amour pour la foi ( alhnli(nn\ Après que son
mari fui mort, eu 780,* elle prit la régence,
gouvernant pour son tils Constantin, alors
.'Igé seulenuMit tie dix ans. « Ce fut bientôt
après (pir le patriarche Paul, étant tombé
malade, renonça ,^ sa diguib' le dernier jour
d'aortt 78'», indiction' septième, et se relira
dans h> uïonasièro de Florus. où il prit Iha-
jiit mouastniuo, ,^ l'insu de l'impératrice
Irène. (Juand elle l'eut appris, elle vint le
trouver tort allligéo , amenani l'empereur
C<»nstanlin, son lils, ot lui demanda pourquoi
il avait fait cette démarche. Il répondit, fon-
dant 011 larmes : « PIôi ^ Dieu (pieje ne fusse
-i jamais entré dans le siogo épiscopal i^oii-
tor>7
lAll
lAU
m.'.H
c( (I.Mil (|iii' cctlc K;;lis(" (''Lui t»|i|iiiiiii'u , .s('t-
« |>.'ir('M« (les aiilnvs cl nli.iIlK'iiiMlisro. „ L'illl-
lu'-nilrico lui envoya ciisiiilc les jiatriccs cl
les |)i'iiii'i|i.'iii\ <lii si'iiat. Il leur dil : •• Si on
« Ile tieiil un eoncilc ii>(-uniéni(|ue, cl si ou
«( neconiKe l'erreur (jui rè>;ue ici, il n'y a
(( point pour vous lïo salut. » Ils lui direnl :
(( l'oiuipioi donc à votre éleclion av(!/.-vous
u souscrit h la diMcnse d'adorci- It's iniaj^cs?
n — C'est, «lil-il, Cil tiu(! je dcplorci cl pour-
« (|U()i j'ai recours a la pt-nileiicc», pnanl
« Dieu (ju'il ne ukî punisse [)as comme évc'S-
« (pu' ptun- avon- gaid(^ le sdcMice jus(pr;i
« jirésent.el n'avoir pas pri^clié la vérité par
« la crainle de voire l'ureur. Car si la morl
« m'avait surpris rtMnpIissanl le siéi^e di;
(( celte ville, je si'rais cliaru,é de l'analluMue
« lie toute l'il^lise calli(»li(|uo, (pii jette dans
.( les ténèhres extiMMcures. » Après celte dé-
claration, le patriarclie Paul niourul cmi paix,
foil regretté do l'impératrice cl de tous les
gens de bien , car c'était ini lionnne vénéra-
lile, dont les aumônes étaient iunneiisi's et
en ipii la princesse avail une conllance sin-
guliùre.
« Alors elle assembla son conseil, où elle
appela des hommes versés dans les allaires
ecclésiastiipies, et, après avoir invoqué Jé-
sus-Christ, elle délibéra avec eux pour cher-
cher un sujet propre ii remplir le siège de
Constantino[)le. Ils nonnuèrent tout d'une
voix Tarai>e, secrétaire de rein|)ereur. L'im-
pératrice le lit a[)|ieler; mais il refusa et ex-
pliciua ses raisons. Enhn l'impératrice as-
sembla tout le peu[)le dans le palais nommé
Magnaure, et dil : « Vous savez, mes frères,
« ce qu'a fait le [latriarche Paul : s'il vivait
« encore, nous ne souUririons pas qu'il quit-
« lAt sa chaire, quoiqu'il eilt pris l'habit mo-
« nastique; mais, puisqu'il a plu à Dieu de
«le retirer de ce monde, cherchons un
« homme qui puibse être notre pasteur et
« forlilier I Eglise par ses instiuclions. » Ils
dirent tout d'une voix : « Il n'en faut point
« d'autre que le secrétaire Taraise. — Nous
«l'avons aussi choisi, dit l'impératrice,
« mais il le refuse ; qu'il dise pourquoi il ne
« reçoit pas notre suffrage et le vôtre. » Ta-
raise exposa publiquement ses excuses , et
dit : « Je crains de me rendre si facilement
« à votre choix. Car si saint Paul , instruit
« dans le ciel, après avoir porté le nom de
« Dieu devant les [)euples et les rois, crai-
« gnait encore d'être réprouvé, moi, quijus-
« qu'ici ai vécu dans le monde au nombre
« des laïques, et servant dans les charges
« du palais, comment puis-je ainsi sans pré-
« paration monter à la dignité sacerdotale?
« c'est une entreprise bien terrible; mais
« voici le principal sujet de ma crainte. Je
« vois l'Eglise divisée en Orient, nous par-
« Ions différemment les uns des autres, et
« plusieurs sont d'accord avec TOccident,
« qui nous anathématise tous les jours. C'est
« une terrible chose que l'anathème , qui
« chasse du royaume des cieux et mène dans
« les ténèbres extérieures. Rien n'est si
« agréable à Dieu que l'union , qui nous fait
« une seule Eglise catholique, comme nous
•< confessons dans le symbole. Je demanda
« «lonc , mes frères, ce que jo crois «pjo
" vous dé'siie/. aussi, sachant (|ue vous
« /ive/ loiis la crainte de Dieu : je demande
>< (pie remnereur et rimpi'iatnce assemblent
« un (toiicili! ii'cuménicpie, atiii rpie iioiin un
i< soyons (pi'un corps suus un seul chef, ipii
« est J('sus-Chiist. Si l'euqterenr et l'impé--
« ralrice m'accordent celle demande, jcs iiio
« souinels à leurs ordres et à voire sulfra^e;
« sinon il in'esl iiii|)ossible d'y con>«eiilir,
« pour ne me pas reiidrt; condamnable au
«jour du jug(!iiienl , dont ni empereur, ni
« évè([ue, ni magistrats, ni multilude d'houi-
« mes MO |)ourra me délivrer. Heiide/-
« moi, mes frères, telle ré|)onsc qu'il vous
« plaira. »
« Cl! discours de Taraise fut écouté do
tout l(i |)eiiple avec grand [)laisir, et tous
consenliK'iil au concile, exceiité (juel(|UO
neu de personnes déraisonnables «jui vou-
laient le ditl'érer. Taraise lïil donc <irdonné
palriaicht! de Conslanliuftple le jour de
Noél, 25 décembre, indiction huitième, la
même année 78V. » fFleury, vol, III, p. KiO.)
« Sitôt (pi'il fut patriarche, il envoya ses
lettres synodales et sa profession de foi au
j)ai)e Adrien, h cpii l'impératrice écrivit au
nom de son hls cl au sien. Ils déclarent la
résolution qu'ils avaient prise d'assembler
un concile universel, et f)rient le pajte d'y
venir pour conUrmer l'ancienne tradition
touchant les images, lui promettant de le
recevoir avec l'honneur convenable ot de le
renvoyer de môme; que s'il ne peut venir,
ils le prient d'envoyer des hommes vénéra-
bles et savants chargés de ses lettres, pour
représenter sa personne. Cette lettre est da-
tée du quatrième jour des calendes de sep-
tembre, indiction septième, c'est-à-dire du
29 d'août 78i, deux jours avant la mort du
patriarche Paul, avec qui apparemment elle
l\it^ concertée. On en chargea Constantin,
évêque de Léontine en Sicile, déjà connu du
pape, que l'on pria de le renvoyer prompte-
ment porter les nouvelles de sa venue, car
on supposait que le pape viendrait, et les or-
dres pour le recevoir étaient donnés au gou-
verneur de Sicile.
« Taraise écrivit aussi une lettre adressée
aux évèques et aux prêtres d'Antioche, d'A-
lexandrie et de Jérusalem, qui contient sa
profession de foi touchant la Trinité, l'in-
carnation et l'invocation des saints, la con-
damnation de tous les hérétiques, l'approba-
tion des six conciles œcuméniques, et la
condamnation du prétendu concile contre
les images. Enfin il les prie d'envoyer au
moins deux légats pour tenir leur place dans
le concile avec leurs lettres, pour concourir
à la réunion de l'Eglise. La lettre de Ta-
raise au pape était conforme à celle-ci.
« Le pape Adrien ne manqua pas de faire
réponse à l'empereur et au patriarche. Il dit
à l'empereur : « C'est votre bisaïeul qui,
« par le conseil dequelquesimpies, a ôté chez
« vous lesimages, au grand scandalede tout
« l'univers. De quoi les deux papes Grégoire,
« élant dans une grande affliction, lui écrivi-
1059
TAR
TAR
10G0
« ront plusieurs fois pour le prier de les nHa-
« blir; iivus il n'eut aucun ('"^ard h l 'urs
« [iriùres. Ensuite nos sainîs prédécesseurs
« Zachnrie, Ktienne, Paul et l'autre Etienne
« O'it fait 1,1 même prière lux empereurs votre
« aieulet votre père. Je voussuppliede même
« PMtoute humilité de faireobserveren (Vrèce
« ce que nous pntipiois en honorant les
rt imacjcç, suivant la tra lition do nos pères. »
El ensui'e : « Nous adcrons Dieu en esprit
a et en vénh*, et nous n'nvDnsgirdede fiire
« des divinités des images; ce n'est qu un
« monument de notre vénération. » Il traite
fort au lon^; la question et ajoute : « Nous
« avons pris soin de vous envoyer les pas-
f sages clés Pères, qui recommandent les
« saintes images, et je supplie voire clé-
ff menée du foiid du cœur, h genoux et pros-
ff lerné à vos pied'>-,cO(nme si j'étais présent :
« je vous conjure, dis-j»', devant Dieu, de
« fiire rétablir les images en leur ancien
« état, tant h Conslantinople que dans les
« autres partiras de la Tirée. Que s'il est
« imposs ble, 5 cause des héréti(jues, de les
« rétal)lir sans tenir un concile, il faut pre-
« niièremenl que le faux co iode tenu eonlre
« toutes les règles soit anathinnaliaé en pré-
« sence de nos légats. Ensuite, que vous
« nnus envoyiez, suivant la coutume, nnedé-
« claiation avec serment en votre nom, de
« l'impératrice vdtre mère, du patriarche de
« Conslantinople et de lotit le sénat, (pie
« vous laisserez dans le concile une entière
rt liberté et renverrez nos légals avec toute
« sorte dhumanilé, quand même on ne
« s'accorderait pas.
a Je vous supplie aussi de nous faire res-
« fituer en entier les patiimoines de Saint-
« Pierre donnés parles empereurs et les au-
K très fidèles, pour le lununaire de l'église
n et la nourrifun- des pauvres, et de faire res-
«r tituer h l'Eglise romaine les consécrations
« des archevêques et des évèques qui sont
« de nfttre juridiction, suivant la t adit on
« ancienne. » Il faut cnlendre les évêqu(>s
d'Illyric, qui avait été tout entière sons la
juiidiclion du pape, comme Sfuis h» pape
Boniface, l'an i21; et quant aux patrimoi-
nes, ee sont ceux de (Irèct,' et d'Orient.
« Le f»ape Adrien ajoine : « Nous avons
« élé fort siirprisde voir{piedans voirc It'ftrc
«on donne h Taraise le litre de pairiartlie
" universel. Lepilrinrche de Constantinoplo
t naiirait pa-* même le second rang sans le
« consentement de notre siège ; mais s'il
« est uiiivf^rsel, il a d inc aus.M la primauté
« sur noire Eglise, ce que tous les chrét ens
• voient bien être une |»r(''t ntinn ridicule.
« Taraisp lui-nième nous a envoyé sa lettre
« synodiqup ; sa ronfessinn de foi nous a
ff réjoui, mais nous avons été troublé de
« voir (pi'ila été lire d" l'élat laMpie cl du
<» sorviff «le remf)ereiir pour être élevé
♦ liMil d'un roup à la dignité de patiiarchft r
« ce qui est telletn< ni contre les règles, que
« nous n';uiririn-t point ninsciui n son ordi-
« nation, si nous n'espéno is (pi'il conrMurra
« li«lekinenl »u réfabiisseinent des images. >»
( F)«ury, ibid.)
Les trois patriarclies d'Orient, qui étaient
alors soumis auv î?nrra-ins, ne vinrent pas
à Conslantinople. Ces maîtres déliants leur
déiendaienl d'avoir aucune relation avec
l'empereur. Ils se bornèrent à envoyer des
déjtutés. Le concile s'ouvrit dans l'église des
Apôtres le 1" août 780 ; mais les violences
des ariens obligèrent les Pères du concile à
se sé()arer, et à remettre h plus lard leur
sainte réunion. Ce ne fut que l'année sui-
vante que les évèques s'assemblèrent à Ni-
cée en Bdhynie. On y condamna les erreurs
des iconoclastes, et 'on y déiinit qu'on de-
vait rendre aux saintes images un culte de
relation. En exécution des décrets du saint
concile, Taraise rétablit le culte des images
dans tout son diocèse. Il eut aussi à donner
ses soins à l'exlinclion de la simonie. La
sainteté de sa vie réj onda t aux actes de son
épisco[)al, et les fruits -e ses travaux étaient
abondants. H se recommandait surtout par
son extrême charité envers les pauvres. 11
donnait consdérab'ement, visitait les ii di-
gents et les malades. Ce tut qm Iqiie temps
après que leuii ereur C« nstanlin (en 793),
qui avait éfousé la Ilrince^se .Marie, la put
en aversion, et voulut rompre son luiriage
avec elle, quand il se vil le mailre. Sa mère
Irène, voulant le ren Ire odieux h tout le
monde pour reconquérir l'autoiilé, lui con-
seillait elle-même de rompre ces premiers
nœuds, Constantin, éperdum nlam ureuxdo
Ti éodote, nne des tilles de la chaiiibre de
l'impératrice, voulait lépouser : pour arri-
ver î» son but, il publia que Marie avait vou-
lu l'empoisonner; personne ne le crut. Il
fit ce qu'il put pour gagner le patriarche Ta-
raise, mais il ne nul en venir à bout : vai-
nement il voulut lui faire croire que Marie
aviut voulu l'empoisonner; le iiatrianhe lui
d.l : « Si vous avez des preuves, faites-la
condamner; mais vous n'en avez [>as. Je
sais votre amour pour Tliéodole, vous vou-
lez l'éjiouser : si vous le faites, je serai
obligé de vous interdire l'entrée du lieu
saint er de piononcer contre vous I excuiii-
niunicalion. » L'empereur, furieux, le lit
chasïer de sa prést nce. ainsi que le moine
Jian, que le saint patrianhe avait amené
avec lui ; puis, comme sa passion l'aveuglait
de plus (Ml plus, il obligea la princesse Ma-
rie a se retirer da is u i eouvei t, cl connue
le patriarche ne voulait ;d»,-«oluinent pas le
marier avec Tliéodole, il lit l'aiie l.t cérémo-
nie p.irJosep'i, économe de l"l^gll^e de Con -
tantino|de. Saint Platon «'t saini Théodore
S(! sép.uèreni de la communion di! l'empe-
reur; (juant à Taraise, il no>a p'sexéiuter
la menai e qu'il avait faite .> Cunslantin: il
crut (pi'ii était prudeni d'agir ainsi, et de ne
pas i» ousMT aux dernières extrémités cet
empereur, qui lU* nai;ait d(> passer complè-
tement du côlt' des ICO iO( la>les. Malgré
celle réserve eitrème, l'empeieur, duianl
loul le reste de son règne, persécuta le saint
latrianhe; il le ût consl immenl surveiller
■>ar des espions appelés svDcelles, qui ne
aissaient personne approcher de lui sans
une permission émanée d'eux. De plus, il
10(11
TAU
TAU
\t)C>1
l);iiiMi( sot; (IniiU'^liiHMJs ot jns(|ii'A sos pn
l«! Ils. Ce lui au iiiilii'ii (I ' CCS ('•vi^liciiiciits
(juo riiU|M'M'alri(;n In^'ii • ilciiwiMiua complcle-
mc'il M s |>alicrics : clli; avjiil tnil tout en
(prcllc l'oiiN.iil |t( Mil- ICI M Ire m m (ils imIkmix;
nial;;rc cela, I"' |i(mi|»Ii' ne l'aisait pis r(»
(pTclIc atliail (li''sir(«. Alors clic j;,a;:;iwi plu-
.sicuis ilfs oilicici's (le la cour (!l lit iiicllro
son llls dn'i.s u-mi prison, oi^ («Ile lui lil cre-
ver les }eu\. (".clic atroce o|>(^r.'itio'i lui v\v-
euléo avee laiit de liaili.irie, ipie le luallicu-
roux piiiii'f eu iiiiuu'nl. Aiirc^'s eellepsiien-
tioii ii^ue moula sui' le lrA'i(>, d. y resta
seule iliUit'M ci ni iins- Ou sait tpi'ou ho ;l «le
ce temjis Nu'j^plio e, l'.iyani (^(Hr(^née, l'exil.i.
dans Nie île l.i.-bos oi"! die imiurul. 'l'a-
raise, à (pii la iiioil de Conslailiii reiidil la
liluMlé, eu usa po ir déposer «U ehassor Jo-
se|)li. (a! l'iil cet a i\^ de jusie si'vc'Mité (pii le
reiiiil lm»l îv l'ail a^oe. sai il JMalon el saint
Tliéodore, ipii iravaieiU pas ei-u devoir res-
ter unis avec lui, h cansi; de sa liop grande
tondesceiidanee à l'égard de reinnereur. 11
vécut en paix sous le i-éj^nedo Nice|)liore, et
mourut le 2t féviierSOi). l.'J"lgli.>e hoiiore sa
mémoire le 'i.'i lévrier. Les peiséeutiois tloiit
il fui l'objet lui ilonuenl le litre de confes-
seur.
TAUA(^)Ulî (saiiU], UKu-lyr, niminit pour
Jésus-CUnsl on ;K)ô, sous l\iii()ire de Dio-
(•léljon, et sous le prés. dent Maxime. Ses
Actes, (]ue nous prenons dans Uumart, et
qui lui sont communs avec saint Probus et
saint Audronic, sont fort loigs, mais trop
importa us pour (pie nous les passions sous
silence, ouque nous les abrégiois.
Pamphile, Marcien, Lysias, Aj;alhocle, Fé-
lix, (iémellus, Aihénio.i, Taïaque el Oiose,
à nos ohers l'icres, liassus, Bérulle, Timo-
thée et Atinilns, l't à tous les lidèles d"I-
cône, qui sont sancliiiés par la foi, el unis
par l<i charité en Nolrc-Seigneur Jésus-
Clnist.
Nous avons eu soin de recueillir avec
toute l'exactitude possible (;e qui s'est passé
de jilus remar([uabl(! dans la Cificie h la mort
de quelques martyrs, dont nous soi.'haiterions
de [)Ouvoir porter les chaîoi'S, et nous vous
en envoyons les Actes, vous assurant en
niènie temps fine vous ne sauriez faire un
plus grand plaisir que de les i-endre publ es.
Au \e> f, nous les avons liés des registres
(iu greffe criminel de ïarse (en Cilicie), par
l'entre. uise de Sabasle, l'un des exécuteurs
do la haute justice de cette ville, qui nous
en a obtenu la communication, moyennant
la somme de deux cents deniers que nous
lui avons donn. e. V'ous y verrez le com-
mencement et la suite du martyre de ces
hommes admirables; leur fin glorieuse et
les prodiges (|u'il a plu à Dieu d'opérer par
eux pour sa propre glure et pour notre
éd d ation. Nous vous supplions d'en vou-
loir l'aire part aux lidèles de la Pisidie et de
la Pamphylic,alin que Noti-e-Seigneur Jésus-
Christ soit glorilié, et que checun de v us
trouve dans ce tidèle récit un nouveau mo-
tif de s'animer à comi>aUre, sous les aus-
pjc(>s du Saifil K' prit , le».- nnurmlB do In
\éi ité.
i>i«i:mii.u nri iiiioimioiiip..
Bons le nciivi^mo eon'-ulai de Diorlélion
(>l le hniliènm <le .Mnximien, In dnuzi/MMO
«les calendes dn juin (-il mnii, /, T/irsn, capi-
tale de (lilicic, l'Iav us (iaiiis Numiuicn
Maxime, yonvinncni- de la province, ( ■nnnt
rnudieruM» piibliqiH'. le c(niienicr Déiiiéinns
a dit : Seigneur, l'exempi Kuiolmius l'ai a-
diiis a aimnié d<> l'omjieioplc (rois liniiniius
de la secte impie dos cliiéliens, Icsipicis rtul
rcf'iisi' d'obi'ii aux édils des eni|ici ours ; litS
voila. I.e nou'vornmu Maxiine un a 'l'ain-
qiie : ('omiiKeil vous apoi liz-voiis ? car
ctaiil le plus vieux Oiîs trois, vous devez,
étro intnirogé le pnMiiiin-; répondez d(mc.
Tara pin a n-pondu : .le s os cliitHien. —
Maxime : Laissez là cell(^ inqtiété (pii no
vous lait pas grand honneur, et diles-nu.i
stnileiiKMit votre nom. — Taïaque : .le suis
cliiélieii. — Maxime : Hompe/.-lui les mA-
choiies, et dites-lui : Ni* réponds pas une
chos • jionr l'autre. — Taraqne. (l'est là in'in
vrai nom; si vous voidez savoir celui q .0
j'ai reçu do mon père, je m'appelle Taraque,
el à l'armée on me nommait \ictor. —
M.iviiiK! : De quelle protes.sion et de (juel
pa\s? — Taraqne : Je suis soldtt et Uo-'
mai!i, et Clandiople, ville d'Isaurie, e>t le
lieu de ma naissance; mais parce (jue je
suis chrétien, j'ai quitté le service. —
Maxime : Aussi bien ton impiété le dégrade
et te rnid indign(î do porter les amies; ce-
pendant je veux savoir connuenl tu as ob-
tenu ton congé. — Taraque : Je l'ai demandé
h Publion, mon capitaine, el il me la ac. ordé.
— Maxime :. Ecoute, j'ai pitié de ta vieil-
lesse, mais il faut que tu obéisses aux or-
dres des maîtres, et je te p. omets que si lu
le fais de bonne grâce, tu auras tout sujet
d'être content do moi. Allons, viens, sacritie
aux dieux; nos princes leur sacritienl par
toule la terre. — Taraque : Vos |)rinces sont
dans l'tn-reur. — Maxime : Qu'on le frap.ie
sur la bouche, pour avoir dit que les empe-
reurs sont dans l'erreur. — Taïaqu • : Oui,
je l'ai du, et je le dis encore, ils y sont. Eh
quoi î ne sont-ce pas des hommes ? —
Maxime : Sacritie à nos d;eux, et laisse là
tous ces détours. — Taraque : Je sers mon
Dieu, et chaque jour je lui sacritie, non le
sang lies victmies, mais un cœur pur: car
Dieu n'a que faire de c s sortes de sacrifices
saiglanls, — Maxime : Certainement j'ai
pitié de ta vieillesse ; renonce donc à toiite
cette vaine superstition, et .sacrifie à nos
d eux; je te parle en ami. — Taraque : Je ne
renonce pas comme cela à la loi de Dieu. —
Maxime : Approche, te dis-je, et sacrifie. —
Taraque^ : Je ne commettrai j.oint cette im-
piété; j'ai t[0[) do respect pour la loi de
Dieu. — Maxime : Avons-nous une antre
loi, nous autres, têle dure? — Taraque : Oui,
sans doute, et c'est colle qui vous ordonne
d'adorer du bois, des pierres, l'ouvrage de
v s mains. — Maxime : Frappez-le sur le
o:>u, et dites-lui : Quille ce vain entêtement
I0«3
TAR
TAR
1061
OÙ tu os. — Tnr.ique : Je ne quitterai point
un entêtement (|ui sauve mon Atne. — Maxi-
me : Je te le ferai hion quitter, et je te ren-
drai sage nialgrt'' toi. — Taraque : Vous pou-
vez taire ce quil vous plaira, mon c >rps est
en votre puissance. — Maxime : Otez-lui
ses habits, et frappez-le à coups de verges.
Taraque : Vous avez trouvé le secret de me
rendre un vrai sage ; je me trouve uuMue
foriitié par les plaies qu'on vient de me faire,
et je sens en moi croître de plus en plus la
coîifiance que j'ai en mon Dieu et eu Jésus-
Christ. — Maxi(ne : Mi'i'hant que tu es,
comment peux-tu dire (pi'd n'y a qu'un
Dieu ! en vodà deux (jue lu viens de nom-
mer. — Tara(jue : Moi, je confesse celui qui
est le vrai Dieu. — Maxime : Tu dis que tu
sers Dieu et Jésus-Christ. — Taraque : Fort
bien; c'est que Jésus-Christ est Fils de Dieu,
et un seul Dieu avec son Père, l'espérance
des chrétiens, poin- lequel nous soud'rons,
et par qui nous sommes sauvés. — Maxime:
Kncore une fois, cesse de tenir tous ces vains
discours; approche, et sacrifie. — Taraque :
Ce ne sont [loint là de vains discours, mais
la vérité pure. J'ai soixante-six ans, et j'ai
toujours vécu dans la connaissance et l'a-
mour de celte vérité; jamais je ne m'ensuis
éloigné. — Le cenlenier Démétrius : Pauvre
homme, aie compassion de toi-même, et sa-
critie; écoute-moi. — Taraque : Retire-toi,
con^.eiller de Satan. — Maxime : Nous per-
dons le tem|)s; qu'on le charge de chaînes,
et qu'on le mène en prison. Faites entrer
( elui qui suit.
Le centenier Démétrius a dit : Seigneur,
le voilci. — Maxime : Conunent vous a|)pe-
lez-vous? — Prohus : J'ai deux noms, le
iilus noble est chrélien, et celui (|uo les
nommes me donnent est Probus. — Maxime :
En bien ! Probus, votre famille, votre pays?
— Probus : .Mon père était originaire de
Thrace, et je suis né à Sida, dans la Pam-
phylie. Ma famille n'est |>as fort relevée, mais
je suis chrétien. — Maxime : Tu ne ia relè-
veras pas beaucoup avec ce nom, et il n'est
nullement |)ropr(> h faire fortune. Crois-moi,
sacrilie aux dieux, c'est un moyen bien plus
stir, car je te (iromets en ce' cas la faveiu-
des empereurs et mon amitié. — Probus :
J'ai peu d'ambition, je me passerai tortbii.'n
de la faveur des enq)ereurs, et je vous re-
mercie de voire amitié. Je pouvais fairt' dans
le monde une tigure assez considérable;
mais je lais si |)eu d'état des biens de la
terre, ipie j'ai renoncé h tout pour servir
mon Duu. — Maxime : Otez-lui ses babils,
et donnez-lui (eut coups de nerfdeixeuf.
— Le centetiier Di>métrius : Aide-toi, mon
ami, et w te laisse pas mettre auisi tout en
.sang. — Probus : J». vmus abandoutic mon
cor|»s, vos tourments me .sont un agrt-ahle
ralralf'hisseuient. — Maxime : .Misérable,
veu\-lu toujours demeun-i' dans ton endur-
cissement, et ta folie est-elle incuralile? —
Prot)Us : Je ne suis pas si ton que vous le
pensez, je croies uu^ne être |>lus sag.> (jue
TOUS, el c'e.st parce que je ne sacrilie pas
aux démorjs. ~ Maxnne : Tournez-le de
l'autre coté, et frai»pez-le sur le ventre. —
Probus : Seigneur Jésus, venez au secours
(h; voire serviteur. — Maxime : A chaque
coup dites-lui : Où est-il, ce Jésus que tu
appelles à ton secours? — Probus : Il m'a
exaucé, n'en doutez point; il est ici, je sens
qu'd me soutient, et une m irque de sa pro-
tection, c'est quêtons vos tourments n'ont pu
encore me faire condes(;endre à ce que vous
voulez. — Maxime : Regarde l'état oii tu
es, la terre est t(mte couverte de ton s ;ng.
— Probus : Sachez que plus mon corps
souffre, plus mon Ame se sent soulagée; et,
à mesure (ine l'un s'alfaiblit, l'autre reprend
de nouvelles forces. — Maxime : Mettez-lui
les fers aux pieds et aux mains, et qu'on ne
pernu.'tte h personne de le voir. Le troisième,
où est-il?
Le centenier Démétrius a dit : Seigneur, le
voilà. — Maxime : Diles votre nom ? —
Andronic : Si vous voulez savoir le vérita-
ble, je vous dirai que c'est chrétien. —
Maxime : Vos ancêtres ne portaient pas ce
nom-là; répondez donc juste. — Andronic :
Eh bien 1 pour vous satisfaire, je vous ap-
prends qut'je m'appelle Andronic. — Maxi-
me : Voire familli.-? — Andronic : Elle n'est
pas des moindres d'Ephèse, et mon père y
tient un des premiers rangs. — Maxime :
Aoulez-vous m'en croire, laissez là tous dis-
cours inutiles ; ne faites pas comme ceux
qui ont passé avant vous : ils ont fait les
fous, mais leur folie leur coûte cher. Pour
vous, si vous voulez suivre mon conseil, et
je vous parle comme à mon fds, adorez nos
dieux, rendez à nos princes l'homieur (jui
leur est dû, et ce sera en obéissant prompte-
ment à leurs ordonnances. Ils sont nos pères
aussi l)ien que nos maîtres. — Andionic :
Vous les appelez vos pères : c'est le démon
qui est votre père : vous êtes ^es enfants,
vous en faites les actions. — .Maxime : Jeune
homme, n'abusez pas des égards que j'ai
pour votre Age. J ai là des supplices tout
prêts. — Andronic : 11 est vrai, je suis jeune,
si vous com[)tez mes aimées, mais mon Ame
a déjà atteint l'Age viril, elle en a toule la
force et toute la maturité. — Maxime : Eh I
laissez là tout ce verbiage, et sacrifiez, si
vous voulez vous garantir des tourments
(ju'une plus longue résistance ne manquera
pas de vous attirer. — Andronic : Crou'Z-
vous que j'aie moins de cœur ou de bon
sens que les autres, et vous imaginez-vous
que je veuille leur ce 1er en courage où on
fidélité envers mon Dieu ? Je vous décl. ire
(pie me voilà prêt à soulfrir tout ce ipie vous
me voudrez faire tnidiirer. — Maxime : Met-
tez-le tout nu, et léieiidez sur le chevalet.
— Le centenier Dém"trius : .Avant que de
vous laisser déchirer ainsi misérablement,
écoutez siMilemenl un mot. — Andronic :
J'aime mieux [)erdre mon corps que mon
Ame. Faites ce que vous voudrez. — Maxi-
me : Sacrillez, Andronic, et ne m'obligez pas
à en venir à ces extrémités. — Andronic : Je
n'ai jamais sacrifié en ma vie, et je ne com-
mencerai pas aiyourdhui; voulez-vous (jue
je sacrilie à des démous ? — Maxime : Al-
l()(lf> TAU
loiis, il n'y il lion h lairo avoc lui: o\6(Milo3i
vos (tniros. — l.o KinMicr Alliaiiasn : l'ili !
faites Cl) (|ii() l(t i^ouvcnicur (l<-iii.'ui(U) do
vous; j'ai deux l'ois voliez .'^^r, c'csl ctMjui
nie l'ail |)i'('ii(lit"l.'t liht'itt' de vous duiuH'r co
coiiîJtMl. — Aiidroiiic : Pour un Ikmoiiu' (pii
si> croit saj^c et (|ui a deux l'ois nioii Age,
vous nu* donne/.. Ih un (onscil adnnraldc, iU\
sacrilicr j\ des pierres et iidu hois ; prcniî/.-lt!
pour vous, si vous voulez. — Maxime : Tu
ne sais pas encore ce (\uo c'est i\\w de souf-
frir le l'er et le leu; p(!Ut-('^lre ([u'aiirC^s l'avoir
(éprouvé lu renon(M'ras j\ des cliiuu''res (pii
ne te sauveront pas de nos mains. — An-
droriic : Heureuses i-liiuii^res ! (pii nous font
niottre en Dieu toute noire espéraïu-e. C'est
la sagesse du siècle cpii ilonno la uiorl. —
Maxiuu' : (Jui t'a appris toutes ces oxlra-
vagances? — Andronic : La parole (pii donne
la vie, (pii la conserve, et (pii nous assure
que nous ressusciterons un jour, suivant
la promesse (jue Dieu nous en a faite. —
Maviuio : Détais-loi de ces folles imagina-
tions, ou je te ferai tournu'nter sans miséri-
corde. — Andronie : Jesuis entre vos mains,
vous ôtes ici le niaîlre, faites ce qu'il vous
plaira. — Maxime : Ne l'épargnez donc pas.
— Andronic : Seigneur (jui êtes un Dieu
juste, voyez ce ([ue je soutfre injustement :
on me punit connue si j'étais un homicide ,
et jo n'ai rien fait. — Maxime : A{)pclles-tu
n'avoir rien fait que d'avoir foulé aux pieds
les ordonnances des empereurs, et m'avou*
bravé jusque sur mon tribunal? — Andro-
nic : Je crois en Dieu, je défends sa vérité,
j'espère en sa bonté, voilh tout mon crime;
c'est pour cela que l'on me fait souffrir. —
Maxime : Ne nous vante point tant ta piété
et ta religion; tu en aurais en effet si tu
adorais les dieux que les empereurs adorent.
— Andronic : C'est impiété, et non religion,
que d'abandonner le culte du vrai Dieu pour
adorer du bronze ou du marbre. — Maxime :
A ton compte, détestable que tu es, nos
princes sont donc des impies? Qu'on le re-
tourne, et qu'on lui enfonce des pointes de
fer dans les côtés. — Andronic : Je suis en
votre pouvoir, faites de moi ce que vous
voudrez. — Maxime : Prenez des morceaux
de tuile, et frottez-en ses plaies. — Andro-
nic : Vous venez de donner à mon corps
un grand soulagement. — Maxime : Je te
veux faire périr peu à peu. — Andronic :
Vos menaces ne me font point de peur.
L'esprit qui me conduit est meilleur que
celui qui vous fait agir. — Maxime : Met-
tez-lui au cou une grosse chaîne , et une
autre au pied , et qu'on le garde soigneuse-
ment.
SECOND INTERROGATOIRE.
A Mopsueste en Cilicie.
Flavius Caius Numérien Maxime , gou-
verneur de Cilicie, tenant l'audience, a dit
au centenier Démétrius : Qu'on fasse en-
trer les chrétiens, ces impies. — Le cente-
nier Démétrius : Us sont iei, seigneur. —
Maxime: Je sais quelavieillessedoitêtreres-
■ pectée, mais c'est lorsque le bon sens et la sa-
DlCTlONN. PES PerSÉGOTIONS. IL
TAR
lOM
^esseraccompannenl ;ain.si, Tarofjno, cointno
je veux croire (pi'iiyant eu le irdsir d<' fairedcs
réilexions, vous avez change de sentiiiienls,
et êtes dis|iosé h obéir h nos prince.s, et à
sacrilieraux dinix, jr veux hii-n aussi vous
assurer (pie je suis |ir(H ii rendre h votre rt^O
et h voire mérite tout l'Iiotnirur qui t-st dû à
l'un et à l'autre. 'i'aiJKpif : l'Iiil à Dieu, à
ce Dieu ([ui esl Ir si:ul et Icî vrai Dieu, quo
vos princes, et tous ceux (|ui, par cnnmlai-
sance ou par prévention, suivent les mêiiies
erreurs, pussent sortir de l'élrangt- aveugle-
ment où ils sont ; et (pi'éclairés par la loi, ils
pussent marchera la laveur de ses lumières
dans l'unitpu! chemin (jui mène à la vie. —
Maxime : Hiisez-lui les mAchoires avec uno
pierre, et dites- lui: Cesse d'être fou. —
Taraque : Cette folie (lue vous me reprochez
est une vraie sagesse, et votre prétendue sa-
gesse n'est (pi'une véritable folie. — Maxime:
Tu n'as plus de dénis, niisérabh,', et on vient
de te les nietlre en poudre, sauve du moins
le reste. — Taracjue-: Quand vous me feriez
hacher en mille pièces, je n'en serais que
plus fort, |)arc(! que toute ma force vient do
Dieu. — Maxime: N'importe, crois-moi, co
sera encore le meilleur pour toi de sacrilier.
— Taraque : Si je croyais que cela me fût
aussi avantageux que vous le dites, je n'en-
durerais pas de si grands tourments. —
Maxime : Frappez-le encore sur la bouche,
et dites-lui : Réponds. — Taraque : Vous
m'avez fait rompre toutes les dents, et vous
voulez que je réponde? — Maxime : Insensé,
après cela tu ne te rends pas encore ; appro-
che-toi donc enfin de l'autel, et sacritie. —
Taraque : Si vous m'avez 6té le moyen de
parler , du moins avec facilité, vous n'avez
pu môter la parole intérieure, et mon âme
n'en est que plus ferme et plus inébranlable.
— Maxime : Homme maudit des dieux, je
trouverai bien le secret de chasser ta folie ;
qu'on apporte un brasier avec du charbon
bien allumé, et tenez-lui les mains dedans
jusqu'à ce qu'elles soient brûlées. — Tara-
que : N'est-ce que cela? votre feu est peu de
chose, il en est un que je crains bien plus,
c'est le feu éternel. — Maxime : Voilà tes
mains toutes rôties, n'est-ii f)as temps que tu
deviennes sage ; viens donc sacrifier. — Ta-
raque : Vous me parlez comme si vous m'a-
viez déjà fait consentir à ce que vous vou-
lez de moi, et que votre cruauté m'eût ôté la
force de vous résister davantage : je n'en suis
pas encore là. Dieu merci, et vous n'avez
qu'à continuer, j'ai de quoi vous mener loin.
— Maxime : Suspendez-le par les pieds, la
tête en bas, et allumez dessous du feu qui
fasse beaucoup de fumée. — Taraque : Ton
feu n'a pu me faire peur, et tu prétends
m'intimider par ta fumée ? — Maxime : Sa-
critieras-tu à présent ? — Taraque : Gouver-
neur, tu peux sacrifier si tu veux ; pour moi,
ie ne le ferai pas. — Maxime: Apportez du
vinaigre et du sel, et jetez-lui-en dans les
narines. — Taraque : Ton vinaigre n'est pas
fort, et rien n'est plus fade que ton sel. —
Maxime : Mèlez-y de la moutarde, et frot-
tez-lui-en le nez. — Taraque : Je t'aveîtis
3i
lor,7
TAU
TAR
ior.s
quo tos bonrronux te Ircmpcnt , cl qu'ils
m'ont tlonné du raid pour de la moutarde.
— Ma\ime : Ta\ yoWh assez pour celle séance.
J'iuia^^iiierai cependant quelque nouveau
lounnent ; il ne sera pas dit que j'aie le dé-
menti de cette airaire-<i. il faudra bii'i que
tu quittes ta lolie. — Taraiiue : Soil, lu lue
trouveras toujours prôt à le répor.dre. —
Maxime : Ote/.-Ie de là, et remenez-lc en pri-
son. A U'i aulre.
Le cenlenier Démélrius a dit : Seigneur,
voiI.H Probus. — Maxime : Eh bien '. Probus,
ayez-vous pensé à vous, èles-vous guéri de
votre folie, et ne venez-vous pas dans le des-
sein de sacriûer aux dieux ? Nos princes,
vous le savez, leur sairiQenl lous les jours
pour le salut de leurs sujets. — Probus :
Tous me revoyez portant dans le comu- une
nouvelle audace ; les tourments que j'ai
soulîerls n'o'it fait que me rendre plus fort
et 1 lus vig ureux, n'ont servi qu'à endurcir
taon corps, et je me sens une fermelù à Vé-
breuve de tous ceux que vous pouvez me
faire endurer. Ni vous ni vos primes n'ob-
tiendrez jai.iais de moi que je sacrilie à des
dieux que je ne connais pas. J'ai mou Dieu
dans le ciel, je le sers, je l'adore ; aiais je ne
sers, je n'adore que lui. — Maxime : Quoi 1
misérable, les dieux que nous adorons ne
sont pas des dieux vivants aussi bien ([ue le
lien?— Probus: Quoi I des pierres, du
bois, l'ouvrage d'un statuaire, ce sont là des
dieux vivants ? Ciouverneur, vous ne savez
ce que vous faites, quand vous sacrifiez à
ces sortes de divinités. —Maxime : Mécliant
homme, lu as l'insolence de dire que je ne
sais ce que je fais quand j'adore les dieux
immortels? -- Probus : Que ces dieux im-
mortels qui n'ont fait ni le ciel ni la terre
périssent à jamais ! — Maxime : Ecoute, Pro-
bus, toutes ces tinesses ne te serviront île
rien ; sacrilie, si tu veux que je le sauve la
vie. — Probus : Je ne puis sacrilicr à plu-
sieurs dieux ; un seul Dieu esl le viai Dieu ;
je l'adore, je l'adorerai. — Maxime : Eh
bien ! viens, ne sarrilio qu'à Jupiter, le
^rand dieu, et je te dispense de sacnlier aux
autres. — Probus : J'ai un Dieu dans le ciel,
\G ne crains et n'adore ([ue lui. Je vous l'ai
déjà dit tant do fois; ceu\ (pie vous ajipelez
des dieux ne sont rien moins que des dé-
mou.N. — Maxinie: Kl nmi je le dis encore
UiJC fois, sacriiLt! à Jupiler, le dieu loal-
uuissant. — Probus : N'avez-vous point de
Qonle d'appeler dieu celui à qui les adnllé-
ros,lesincesti s.eld'aulres crimes encore |>lus
énormes ne coûtent rien ? — Maxime : Frap-
pez-lui la boucheavec une pierre, jiour avoir
blasphémé. — Probus : Pouripioi mtî fiap-
pe-t-ou pour cela ? Est-ce que j'avance une
chose ou nouvelle ou fausse ? Ceux qui sa-
critienl à Jupiter parlonl-ils autrement ?
Yous-môme, ne l'avez-vous jamais dit? —
M.txuu»' : Il faut que j arn>lf« ces saillies :
Qu'où fasse rougir une plaque de fer , et
quo 1 la lui uiette sous l,i pl,uit)> des pieds.
— Probus : Ce feu-là n'a ;Mini!ie chaleur, et
je ne le sens pas. — Maxime ; Lai>se/ la
plaque plus longtemps au feu, et ne len re-
tirez point qu'elle ne soit toute roUi^e. —
Probus : Elle commence à être un peu
échauffée. — Maxime : Qu'on l'attache donc
sur le chevalet, et (pi'oii le balle avec des
lanières de cuir cru jusipi'à ce que ses épau-
les soient toutes rouges de sang. — Probus :
Tout cela ne me fait rien, mais inventez
quelque chose de nouveau, et faites-en l'é-
preuve, vous reconnaîtrez la puissance du
Dieu (jui esl en luoi, et qui me fortifie. —
Maxime : Kasez-lui la tête, et mettez dessus
des charbons ardents. — Probus : Vous m'a-
vez fait brûler la tète et les pieds, et cela n'a
servi qu'à faire éclater le pouvoir et la bonté
du Dieu ([lie j'ad(jre, e; à vous convaincre
de votre impuis^ance. Je ser5 mon Dieu qui
me sauvera, et non vos dieux, qui ne peu-
vent (jne iierdr." ceux qui s'attachent à eux.
— Maxime : Est-ce que tous ceux qui sont
ici, et qui servent les dieux, srmt perdus ;
ils sont heureux, au contraire, ils sont ho-
norés des empereurs et aimés des dieux
mûmes, au lieu que par ta désobéissance tu
es en horreur à tout le monde. — Probus :
Tous ceux que vous dites périront infailli-
blement s'ils ne font [)énitence, purs<iue,
contre le témoignage dt? leur conscience, ils
ont abiiiulonné le Dieu vivant pour adorer
des idoles. — Maxime : Ai hevez de lui rom-
pre Ls mâchoires, alin qu'il ne dise j'ius un
Dieu, mais (les dieux. — Probus:. Méchant ju-;e,
juge inique, tu me fais casser les dents, eldé-
ligurer tout le visage, pareil qne je dis lavé-
riié. — -Maxime : Tu n'en seras pas quitte pour
les dents, je le ferai encore couper cette lan-
gue qui profère tant de blaspht'mes. — Pro-
bus : lu me feras couper In langue ; mais
pourras-lu môter celte parole intérieure et
immortelle (pie Dieu enlendia touj»HU's mal-
gré toi? — Alaxime : Reiiu>ttez-le en prison,
et que le Iroisiéine approche.
Le cenlenier Démétrius a dit : Seigneur,
le voilà. — Ceux (jui ont été interrogés avant
vous, Androuic, ont paru d'abor(l vouloir
persister ilans leur première opiniAtreté.
Mais (ju'ont-ils gagné à «-eia? des coups et
de la confusion ; et il a fallu, après avoir es-
suyé bien des tourments, quils se soient
entiii rendus ; et nous les avons, quoi(prà
grand'p(Mne , fait rt'soudre h se convertir.
Cependant ils ne lais>eront pas de recevoir
d'assez grandes récompenses, (pi'on t;\cliera
de leur procurer. C'est donc à vous à pren-
dre votre [tarli do bonne heure ; puiscju'il
faut l('"l ou tard en venir là, et (jue vous no
pouvez plus vous dispmiser d obi'ir aux t in-
pereurs, et de sacritier aux dieux, fait«>s-lo
de bonne gr.ice . vous y Inuiverez voire
avautag(\ Mais pour peu que vous t'assit z
de résistance, je jure par les dieux, et par
les invincibles empereurs, que vous ne sor-
tuez [>a> de mes maïus celle fois-ci, sans y
laisser la vie. — Androuic : Imposteur, pour-
quoi (MitrepriMids-tu (li> me tromper ? crois-
tu ine p(nivoir |)er-^ualer aisément que lu
as reçu du riel la puissance de tourner les
volonti's à 11 faiitaisie .' Tu mens impudem-
ment, (piand tu m'a^Nures que ceux doul tu
parles ont renoncé le vrai Dieu; je sai^
\m
TArt
(|u'ils n'oiil eu g.irdt' d»i (•«)iis(Mitir h tun iin-
pi(H(^ M/lis (|ii()n(l coin sniAit, miiis(>s-lu
liMii\(«r (»ii iiiiii l.i tiH^im' r;i(ilil('t ? No l'y jil-
It'Uils |iH.s. |j' Dieu (|iic j'iiiliifc m',! icvtMd
(les jiniios <|p la loi. Kl Jôsiis-Cln isi. iikiii
Smiivciii', iw'n f.'iil |>;iil do s.i iMiissfiiicc ; r'csl
ce (|iii i'nil ((lie jo iwiiais ici sans ci-aiiidi'o ni
Ion |i(i(iv()ji', ni coliiidi* li'S iiuil(r<>s, ni celui
do los dioiix. A|ii'ô> coli, o\|i()so a mes voux,
et ù|)n)nv^^ si tu voiu, sur irniu j-urps lous
los tourmoMls (|uo lu as pu irivonlor. — Ma-
viiiio : Allacho/.-lo à dou\ pioux, <'l IVaiipo/-
lo do loulo voli'o force il (•()U|)s douorl'do ho-ul'.
— Androtiicr : Il n'y li rioii \h de nouveau ni
d'oxiraordiiiairo ; co .supplico-là (>sl tios-
coiMiimn. — L(» j;(HMior Alhaiiaso : 'l'u as lo
corps tout en sau^, et tu comptes cola i)Our
rion. — Aiidroiiic : (lolui (pii croit ou bieu
ot (pii l'ainio, coiupto cola pour |»ou do cliose.
^ Maxiuït^ : Sorno/ du sc^l uioini sur loulos
SOS plaies. — Audrouic; : Ordniuio, jo to prio,
iprun ne rôjiarj^no pas, alin (pi'ôlant condl
au sol, jo puisse, sans luo corrotnpro, rcVsis-
t(M' |)lus lon,L;U>ni|)s ;\ la cruauté. — Maxiino :
Retouriioz-lo sur le ventre, et renouvelez ses
preuiiùros piflies (pii ne doivent pas encfiro
être ferni- es, tVap|)ez dessus. — Andronic :
Oui, frappez liardiuiont ; celui (jui m'a déjà
guéri me guérira encore. — Maxime, eu s'a-
dressant aux gardes de la |irison : Co(piins,
ne vous avais-je pas di''fendu de le laisser
voir à (jui que co soil, et de ptTmeltre (ju'on
lourhàt ;\ ses plaies? cepe'id.inl vous voyez.
— Pégase, l'un des guicfietiers : Je [Proteste
à votre excel oneo que jxMsonnc n'y a mis
d'appareil, (pii que ce soit même ne lui a
parlé ; on l'avait mis pour cela d^ns \i' ca-
chot le plus reculé ; je veux perdre la lètis
si je ne dis pa^^ la vérité à votre grandeur.
— Maxime : Mais i)ar quel enchantement ses
plaies se trouvent-el.es guéries? — Le
gu chetier : Je jure par votre haute nais-
sance que je n'en sais rien. — Andronic :
Le médecin qui y a mis la main n'est f)as
moins habile que charitable. Pauvres aveu-
gles que vous êtes , vous ne le coimaissez
pas ! Ce n'est pas avec dos herbes ou des
poudres qu'il guérit, mais avec une seule
parole. Il est au ciel, il est présent paitout.
— Maxime r Toutes ces vaines imaginations
que tu nous débites là ne te serviront pas
de grand'chose. Sacrifie plutôt aux dieux ou
tu es perdu sans ressource. — Andronic :
Kcoute, je ne suis pas à deux paroles ; ce
que j'ai une fois dit, je le dirai toujours :
suis-je un enfant, qu'un amuse ou qu'on inti-
mide comme on veut ? — Maxime :Necroispas
queje veuille te céder la victoire. — Andronic :
Ne i-ense pas que je te laisse prendre sur
moi le moindre avantage. — Maxime : Tu ne
mépriseras pas impunément mon pouvoir.
— Andronic : Tu ne triompheras pas de moi
aussi facilement que tu te l'imagines. —
Maxime : Il ne sera pas dit que mon tribu-
nal relève de toi. — Andronic : 11 ne sera
pas dit que Jésus-Christ relève de ton tri-
bunal. — Maxime : Qu'on me tienne prêts
pour la première séance de nouveaux sup-
plices.
TA II 4A70
liioisiijMic i^trEiiiiUfiATonti:.
.1 AïKizitrhr m (xUcic.
llaviusC/iius Nuim'srii'n Muiiuic, ^<iUYo^-
nour de Cilirio, luiiant l'audionco, a dit :
Qu'on f;isso oniror cos nnpios, |os chrolious.
L(! conlonior Df'-MM'IniM : SiUKnour, luit
voici. — Mfiiirno : Avouez |;i vérilô, Tiini-
(pio ; n'osl-il pas vrai (pi- los chaino.s, |«!s
fiiuois ot los autroN IoumulmiIs no vous pa-
raissent plus si digtio.s du mépris V Suivez
dftnc mon conseil, ion(»ncozà voli c iujpiété ,
doit vous n'avez /otiié aucune iiliiilé jus-
(pi'ici, ut sacrilioz aux dieux qui sont le»
maîtres (h; la naluio (;t flo l,i forliino. — Ta-
racpio : Nous ne un; persuaderez jamais que
le monde soit gouv(Miié par des dieux qui
scMit condanui'S à dos tournionts i-ternols.
•Moi, j'irais Imr sacrilier, pouiêtre élernelh;-
nioiit brûli! comme eux? — Maxnue: Ne
cesseras-tu point do blasphi'mor ? ô lo plus
ineclianl d<i tous les houunes l Ou, t'iinagino.s-
tu (|u'aprôs m'avoir poussé l\ bout juir los in-
solents discours, tu en soias (piitt > pour ptM'-
dre la tête? — Taraquo : Plûl à Di(!U ! je ne
languirais pas longtemps, et le combat serait
bienlùl tini. Cependant faites ce qu'il vous
plaira ; plus le condjat do la foi sera long et
pénible, plus la couionno de gloin' qui en
doii être le prix sera liche et éclatante, —
Maxime: C'est à quoi, suivant toutes les
lois, les scélérats comme toi doivent s'atten-
dre. — Taraque : Ce que vous dites là est
contre le bon sens et la raison : il est vrai
que les lois condaïunent à mourir ceux qui
ont commis ([uelque crime ; mais les chré-
tiens qui sont innocents, et qui S(jutl'r.'nt
uiH({uement [)our la cause de Dieu, bien
loin une les lois les jugent dignes de mort,
elles leur font espérer au conti-aire d- rece-
voir une récompense infiniment glorieuse.
— Maxime : Quelle récompense peuvent at-
tendre des imnics, qui meurent dans leur
im[)iélé et leur malice ? — Tara [ue : Ce n'est
pas à vous à vous informer de la maniêredout
Dieu récompense ses seivit u: s ans le ciel ;
cos choses passent votre inteliij,ence, (t
vous n'êtes pas digne d'en être instruit :
pour nous qui avons le bonheur de l'être,
nous souffrons avec joie tout ce que votre
rage emploie contre nous d'elforts. — Maxi-
me : Tu n'es qu'un misérable déserteur, ot
tu me parles comme si tu étais mon égal.
— Taraque : Il est vrai que je ne suis pas
votre égal, mais je suis de condition libre,
et je puis parler librement à toute la terre,
personne ne m'en peut empêcher ; car celui
qui me fait parler, c'est Dieu même. —
Maxime: Je t'en empêcherai bien, moi. —
Taraque : Je vous en défie, vous, et le diable
votre père. — Maxime : Finissons; choisis,
ou de sacrifier aux dieux, ou d'éprouver \^s
tourments les plus atfreux. — Taraque :
Dans le prerfiier et le second interrogatoire,
j'ai confessé que j'étais chrétien, et je pro-
teste encore la même chose. Croyez que si
je pouvais en consciente sacrifier, je le fe-
rais. — Maxime : Mais quel avantage tire-
ras-lu de ton obstinatiou ? Je vais te fairq
1071
TAR
TAU
«073
K
tounnenlor do la manif'ro l.i plus elTroyablo :
tu to repentiras alors de ta folie ; mais il
n'en sera [)lns temps. — Taraciue : Si j'avais
à me repentir, je n'attendrais pas h f)résent,
je l'aurais fait dès la première torture que
]'ai soutTerte, ou du moins à la seconde ;
mais j^nke h Dieu, je me sens assez fort
pour résister à la troisième. Faites donc ce
que vous voudrez ; je suis en votre puis-
sance. — Maxime : Liez-le, altai liez-le ; c'est
un fou, un furieux. — Taraque : Je le serais
en elTel, si je faisais ce que vous demandez
d-e moi. — Maxime : Te voilh étendu sur le
chevalet; obéis, et sacrifie, avant que je t'a-
bandonne aux bourreaux. — Taraque : Je
pourrais vous alléf,'uer mon privilège, et le
rescrit de Dioclétien (1], cjui défend h tous
juges de faire souffrir aux soldats toutes sor-
tes de peines. Mais de peur que vous ne soup-
çonniez en moi quelque allaiblissement, je
ne me servirai point de mon droit, et je ne
réclamerai point contre le violement que
vous faites des prérogatives de la milice. —
Maxime : Tout soldat qui refuse de sacritier
our le salut des cm[)ereurs perd son privi-
ége ; et comment oses-tu t'en prévaloir, h\-
che, après avoir déserté ? — Tara([ue : Pour-
quoi vous écliaulfez-vous si fort ? je vous dis
de faire ce (|ue vous voudrez. — Maxime :
Ne crois pas que je t'expédie en un moment,
je te veux faire mourir d'une mort lente ;
puis je ferai jeter ton corps aux chiens. —
Taraque : Que ne le faites-vous donc '? qui
vous retient ? Vous n'avez que des paroles. —
Maxime : Je vois ce qui te tlatte ; tu espères
que quelques dévotes viendront après ta
mort recueillir tes reli((ues et embaumer
ton corps ; j'y mettrai bon ordre. — Taracjue :
Fais ce (pie tu voudras de mon corps, je te
l'abandonne mort ou vif. — Maxime : Sacri-
tie aux dieux. — Taracfue : Je l'ai déjà dit
vingt fois que je ne saerilierai ni aux dieux
ni aux déesses. — Maxime : Fendez-lui les
lèvres, découpez-lui tout le visage. — Ta-
raque : Tu as rendu mon visage hideux ;
mais mon Ame n'en est (|ue plus belle. Je
suis prêt h recevoir tous les coups que lu
voudras me porter; je ne les crains pas, je
suis armé d'armes divines. — Maxime : Où
sont-elles, ces armes, houuiie maudit "? tu es
nu, tu es couvert de plaies, et lu dis que tu
es armé ? — Oui, je le suis, mais tu n'en
aperçois rien, j)arce que tu es aveugle. —
Maxime: Je te laisse tout dire ; tu fais tout
ce (|ue tu peux pour me nieltre en colère
afin que je le fasse mourir. — Taratpie :
Quoi ! je le veux metire en colère (larce que
j'ai dit que lu ne pouvais voir mes armes?
c'est (pie pour les voir il faut avoir le c(Eur
pur, el le lien est souillé, aussi liien ipietes
mains, du sang des serviteurs de Dieu. —
Maxime : Tu n'fs qu'un fourbe. — Taraque :
Ji' ne suis point un fourbe : car je n'adore
nas les dénions tiui sonl des Irotnpeurs, mais
te Dieu vivant, le Dieu de la vérilé, (pii miU
dans ma bouche toutes celles que je dis. —
Maxime : Des vérités ? Ce ne sont (pie des
(1) Ce rcscril est adresse au prcfcl S.illuslc.
illusions. Sacrifie, te dis-je, et délivre-toi par
ce moyen de l'effroyable misère où lu t'es
si imprudemment engagé. — Taraque : me
crois-tu si peu sensé, rpie je mette ma con-
fiance en un dieu qui n'a pas le pouvoir de
me rendre éternellement heureux ? Pour
toi, tu fais ton bonheur de conserver ton
cor[)S ; mais pour ton Ame, tu ne t'en mets
guère en peine. — Maxime : Qu'on fasse
chauffer des pierres [lointues, ci que tout
embrasées on les lui enfonce sous les ais-
selles.— Taraque : Tout cela ne me fera pas
changer; Taraque, le serviteur de Dieu,
n'adorera jamais les abominations qu'adore
Maxime. — Maxime : Qu'on lui coupe les
oreilles. — Taraque : Mon cœur n'en sera
pas moins attentif h la parole de Dieu. —
Maxime : Arrachez-lui la peau de la tête,
puis couvrez-la toute de charbons allumés.
— Taraque : Commande qu'on m'écorche
tout vif, et tu verras si j'en serai moins atta-
ché h mon Dieu. — Maxime : Enfoncez-lui
pour la seconde fois des pierres aiguës tou-
tes brûlantes sous les aisselles. — Taraque:
Dieu du ciel, jetez ici-bas les yeux, et jugez
ma cause. — Maxime : Quel Dieu appelles- lu
là h ton secours ? Taraque : Un Dieu que tu
ne connais pas. — Maxime : Qu'on le re-
mène en prison jusqu'au jourdes spectacles.
Qu'un autre se présente.
Le centenier Démétrius a dit : Seigneur,
le voici. — Maxime : Il s'agit ici, Probus, de
votre intérêt. N'allez point vous précipiter
inconsidérément dans des tourments dont
vous avez déjà éprouvé la rigueur. Que
l'exemple de ceux qui ont comparu avant
vous vous rende sage ; el n'achetez pas
comme eux un repentir si cher. Venez et sa-
crifiez aux dieux, et laissez-moi le soin du
reste; je vous engage ma parole que vous
aurez tout sujet de vous louer et des dieux
et de nous. — Prol)us : Gouverneur, sachez
que nous n'avons tous ({u'un même senti-
ment, parce que nous n'adorons tous qu'un
même Dieu, qui est le vérital)le ; n'es[)érez
donc pas de nous en voir changer , nous
vous (lirons toujours la même chose ; vous
avez cru que vos promesses pourraient nous
ébranler, elles n'ont produit aucun effet sur
nous ; et lorsque vous avez em[iloyé la vio-
lence, vos su[)plices ne vous ont pas mieux
réussi. Vous me voyez donc aujourd'hui
plus ferme dans ma première résolution, el
ni us inébranlable (lue jamais. — .Maxime :
Vous lave/ prise ue concert , cette résolu-
tion, et je vois bien (]ue vous vous accor-
dez tous trois à traiter nos dieux de divini-
tés de rien. — Probus : Vous ne vous trom-
pe/ pas, et nous sommes tous d'accord h te-
nir ferme noiir la vérilé. — Maxime : .Vvant
que je te tasse senlir les elTets de ma juste
colère, je veux bien encore l'avertir de pen-
ser h lui sérieusement; crois-moi, préviens-
les, ils s- ronl terribles. — Probus : Cro^yez
vous-même ce que je vais vous dire: c est
(pie ni vous, ni vos tlieux, ni ceux ([ui vous
ont donné tout pouvoir sur nous, ne pour-
re/ jamais, avec tous vos t^tforts, arracher de
nos cœuri le resi>cct el l'amour ([ue nous
ioiz
TAU
TAU
\(\li
avons pour J»Vsiis-('.lirisl iiotni Sci^iiciir cl
notro Dieu , dont iions «tonrcssons Iwniln-
in«M)t \o nom, ni nous l'aiiM» ni.'ui(|tn'r à In li-
(Irlilr (|n(t nous lui devons, r\ t\\\v. nous lui
nvons juréo. — Maxinu» : liio/.-lc, ol lo sus-
]M'nd(>/, |);u' !(vs pirds. — l'iohus : Tu no c.i's-
seras poiul. d'^Mrc (wuci pour plaire h tes dé-
mons, et tu t(< lais Iioiukmm' de leur rossoni-
hler. — Maxime : Aiuuvs-tu si l'orl h souf-
frir? Knvisa;;;!^ les maux (pu' tu to |iiépares,
elsongO(]uo lu as un (torps qui osl swnsilde.
— Prol)us : Fais ce que lu voudras ; ro (pui
j'ai déj.^ enduré m'a trop t'ait déplaisir, pour
no pas souhaiter d'iMi soulVrir encore davan-
tago. — Maxime : Faites cliaulVer des pier-
res qui soient Iraneliantes, et t'ailes-lui-(>n
des incisions dans lt»s cùlés ; cela lui fera
l)eul-<\|r(> passer sa lolii». - l'robus : l'iusje
le seud)le insensé, et plus je [)arais sa^e aux
yeux do Dieu. — Maxime : Ueniellez les
>iei"res dans le IVu, et (pi'on lui en fasse do
ongues taillades sur les épaules. — Prohus :
itfon corf)S est en ta puissance. Que lo Sei-
gneur du ciel ol de la terre daigne considé-
rer riuunililé de mon cœur et ma patience.
— Maxime : Ce Dieu que tu invoques, c'est
lui qui t'a livré Ji mon pouvoir. — Probus :
Le Dieu (pu> j'invo([ue aime les honmies et
ne veut point leur mort. — Maxime : Ou-
vrez-lui la bouche, et qu'on lui verse dedans
du vin des libations, et q^u'on lui fasse ava-
ler de la chair des victuues. — Probus :
Voyez, Seigneur, l'extrôme violence que je
soulfre , et jugez selon votre justice. —
Maxime : Eh bien ! tu as essuyé une induite
do tourments pour ne pas sacrifier, et tu
viens cependant de participer au sacrifice.
— Probus : Ne porte pas si haut ta prétendue
victoire, l'avantage n'est pas grand pour
toi, de m'avoir fait goûter, malgré moi, de
ces offrandes abominables. — Maxime :
Qu'importe? tu en as bu , tu en as mangé,
le plus fort est fait ; achève, afin que je te
mette en liberté. — Probus : A Dieu ne
plaise que tu puisses jamais vaincre ma ré-
sistance et souiller la pureté de ma foi I Mais
sache que quand tu ferais verser dans ma
bouche tout le vin des offrandes, cela ne se-
rait pas capable de donner la moindre al
teinte à l'intégrité de mon âme. Dieu voit
la violence qu'on me fait , et il sait que je
ne donne aucun consentement à ces abomi-
nations. — Maxime : Chauffez encore des
pierres pointues, et lorsqu'elles seront tou-
tes rouges, qu'on lui en cautérise les jam-
bes. — Probus : L'enfer et ses ministres
n'ont aucun pouvoir sur la liberté des ser-
viteurs de Dieu. — Maxime : Il n'y a pas un
endroit sur tout ton corps qui ne soit une
p'aie ; misérable, qu'espères-tu ?— Probus :
Je l'ai livré aux tourments, ce corps, pour
en garantir mon âme. — Maxime : Faites
rougir de gros clous, et qu'on lui en perce
les mains. — Probus : 0 mon Sauveur, je
vous rends grâces de ce que vous m'associez
à vos souffrances. — Maxime : Tant de tour-
ments te rendent vain. — Probus : Trop de
puissance t'aveugle.— Maxime : Insolent 1 est-
ce là le respect qui est dùà moi et aux dieux
Irès-s/iinls et Irès-biins dont je prends lo
parti ? — Proi»u.s : PliU h Dieu (pie Ion Ame
ne fût pas aveugle, et (pi'au milieu des ténè-
bres tu ne crusses pas être envunnné de lu-
mière I — Maxinn» : Oui, parce que jo l'ni
laissé tes yeux, lu oses m'impuler je ne sais
(pu'l aveugleiiieiit im.ii^iiiaire. — Probus :
Tu peux luv. leslair(! arracfuT, je n'en verrai
pas moins clair. — Maxime : Il faut lo satis-
faire. IN'obus : Il n(; lanl pas en deuieiirer
simpUunenl aux menaces, maison venir aux
elfi.'is ; ne crains rien, Je n'en serai pas plus
triste. — Maxime : Pi(piez-lui les >eijx avec
des aiguilUïs, ri (pie hîurs pointes lui Atout
peu à peu l'usage (l(; li lumière. — Probus:
Me voilà aveugle; lu m'as l'ail [icrdre les yeux
du coros, essaie si lu auras aussi le |)Ouvoir
de m'()ler ceux de l'Ame. — Maxime: Tu
l'aisonnes encore, et le voilh dans d'éter-
nelles ténèbres. — Probus : Si tu connais-
sais celles où ton Ame est plongée, lu lo
croirais bien plus malheureux (jue moi. —
Maxime : Tu n'as plus qu'un souille de vi(!,
et tu ne cesses de [)arlei'. — Probus : Tant
qu'un i)eu de chaleur animera ce reste de
corns (lue tu m'as laissé, je ne cesserai do
])arler de mon Dieu, de le louer, de lui ren-
dre grâces. — Maxime : Quoi ! tu espères
vivre après tous ces tourments? Ou l'es-tu
mis dans l'esprit (pie je te laisserai mourir
paisiblement ? — Probus : Moi, je n'attends
rien de toi qu'une mort cruelle, et je ne de-
mande rien à mon Dieu que la grâce de
persévérer juscju'à la fin dans la confession
de son saint nom. — Maxime : Je te laisse-
rai languir et miner à la douleur, ainsi qu'un
scélérat comme toi le mérite. — Probus :
Tu feras ce (lu'un tyran a coutume de faire
lorsqu'il a la puissance en main et qu'il
trouve des hommes aussi méchants que lui
pour lui obéir. — Maxime : Otez-le de là ,
et remenez-lo en prison ; qu'on prenne bien
garde surtout qu'aucun de leurs compa-
gnons ne leur parle et ne les vienne félici-
ter sur ce qu'ils appellent leur victoire. Je
les réserve |)Our les prochains spectacles.
Qu'on fasse entrer Andronic, c'est le plus
déterminé des trois.
Le centenier Démétrius a dit : Seigneur,
le voici. — Maxime : Il est temps de penser
à vos affaires, Andronic; vous êles-vous bien
consul. é, et d'un sens rassis avez-vous con-
sidéré qu'il est de la dernière conséquence
pour vous de reconnaître les dieux? Ou, ce
que je n'ose croire, seriez-vous encore assez
ennemi de vous-même pour persévérer tou-
jours dans votre première opiniâtreté , la-
quelle , après tout, ne peut vous être que
funeste ? Allons, rendez-vous, faites ce qu'on
souhaite de vous , sacrifiez aux dieux ; ils
vous rendront avec usure l'honneur qu'ils
recevront de vous. N'attendez pas, au reste,
que j'aie pour vous la moindre condescen-
dance, pour peu que vous marquiez encore
d'éloignement d'une chose si juste et si rai-
sonnable. Approchez donc de l'autel, sacri-
fiez, et votre vie est en sûreté. — Andronic :
Tyran , homme dévoué au mensonge , tu
montres bien ton naturel féroce et inhu-
107S
TAR
iii.Tin ; et jo l'onlrovois h trnvers toutes rcs
]>orole5 ai tilificusfS. >'e rrnis pns pouvoir
me surpreiiilrc, jo suis inéliranlnhl' dans la
confossirm que je fais d'un seul Dieu. JV»i>-
postrai à ta ( rnaulé une constance ii.vin-
rible, et à linjustice de tes pens(''es la force
Îue bii'U nie donnera pour les combat Ire.
e t'apprendrai que la venu est de tous les
âges, et que la prudence peut quelquefois
ôlrt- celle <le la jeunesse. — Maxime : Est-ce
accès de folie ou possession du démon q\n
tt' fait parler ainsi? — Andronic : Ni l'un ni
l'autre ; cela pourrait Cire si je consentais à
ce que tu me proposes. Mais toi-môme , si
l'on en juge par tes actions, qu'es-tu autre
chose qu'un démon détestable ? — Maxime :
Tes deux compagnons faisaient comme toi
les courageux avant la torture ; ce n'était
que bravades, que paroles lières et hautai-
nes; mais rien de plus souple, rien de plus
soumis après que je les eus mis h la laison
par le moyen des tourments. Ils n'ont ()lus
l'ait de difficulté de sacrifier aux dieux et aux
empereurs mômes. — Andronic : Voilà jus-
tement parler en franc adorateur du dieu
du mensonge, et je reconnais, h ce que tu
viens d'avancer avec une insigne fausseté,
que les hommes sont tels (|ue les dieux
qu'ils servent. Que Dieu te juge, ouvrier d'i-
niquité. — Maxime : Je consens de passer
pour tel, si je n'abaisse ton insolent orgueil.
— Andronic : Tu ne me fais point de peur.
Je t'attends de pied ferme ; et couvert du
nom du Seigneur, j'essuierai sans piUir tout
le feu de ta colère. — Maxime : Faites des
rouleaux de papier, mette/.-y le feu, et bvù-
lez-lui le ventre avec. — Andronic : Quand
tu me ferais jeter au milieu des llauuues, ta
victoire n'en serait pas plus assurée, pourvu
que je respirasse encore; ne vo.s-tu pas
que mon l)ieucoml)al pour moi?— Maxime:
Quoi 1 tu uie résisteras toujours ? — Andro-
nic : Oui, tant que jo vivrai. Fais-moi donc
mourir prom[ileiiient, si tu veux vaincre;
c'en est pour loi l'unique moyen. — Maxime:
Qu'on fasse rougir au feu des poinçons, et
qu'on les hii enfonce entré les doigts. —
Andronic : Ennemi déclaré de Dieu . ton
ûme livrée au démon en est toute possédée;
Ils j)eusées sont celles de ce malluniieux
esprit, tu n'agis que par le mouvement qu'il
le donne, et ses sentiments sont 3es tiens.
Tu crois peut-être (pie cela me causera qut'l-
(jue crainte ; point du tout: appreiuls quejt«
n'ai, au (contraire, pour loi que du mé^)ris,
et c'est Jésus-Chrirsl lui-mt'me qui me 1 ins-
f>ire. — Maxime : Ne parles-tu pas là de cet
Kunme que Ponce Pilale lit punir? — An-
(ironic : Tais-toi, esprit immoiulo, et (pie ta
|t''Ml)'< impure et sacrilège se garde bien
Il louuncer ce nom adorable. Il te l'au-
rait peut-être été permis, si tu ne t'en «'tais
rencJu indigne [>ur tant de cruautés (jue tu
exerce sur ses serviieurs; mais ne l'espère
plus, car lu ne les ras c(»ntiPlé de te perdre
toi seul par ces li(»rril»ks excès où lu lo
|w,,if.s ihi pie jour, tu en as encore voulu
; i| d'autres, qu" lu as rendus
i:"iui'UL<j3 u.; ius cames , quoi(pic souvent
T.\R iOTG
Maxime : Mais loi , quel
lie croire et d'espérer en
maigre eux. —
avantage tire>-lu
cet homme que tu nomuK'S Ch(i>t ? ~ An-
dronic Quel avantage? Ah ! très - grand ;
une récompense inlinie. Il ir.e tiendra compte
de tout ce que je soutire ma ntenint pour
lui. — Maxime: Ne t'attends pas au moins
h mourir du premier coup. Et je veux même
l'épargner jus(^u'au jour '.es spectacles, afin
que, moins aH'.ibli par les tourmei.ts, tu sois
plus sensible aux morsures des bêles: tu le
verras alors dévorer les membres l'un aitrès
l'autre p.irces cruels animaux, et j'en lais-
serai ton ."^me longtemps spectatrice, avant
de lui j)ermcttre daband(jnner ton corj)S. —
Andronic : A (piel excès de fureur et de rage
soulfies-tu que le démon porte la tienne?
Tu (S itlus inhuma n (|ue les tigres et ])lus
altéré ue sang (]ue les meurtriers les plus
déterminés. Tu n'as point d'horreur de faire
périr des hommes, tes semMables, que per-
sonne n'accuse, fpii sont innocents, qui ne
t'ont jamais fait de mal? — Maxime : Ou-
vrez-lui la bouche, et faites-lui prenire du
vin (jui a été oITert aux dieux. — Andronic :
Voyez, Seigneur, la violence qu'on me fait.
— Maxime : Que prétends -tu faire à pré-
sent? Tu n'a pas voulu sacrifier aux dieux,
et tu viens de goiller des oll'randes prises sur
leur autel; te voilà initié à leurs mystères.
— Andronic : Tj^ran , sache que l'âme n'est
point souillée lorS(|ue le corps est forcé de
l'aire une chose ([u'elle condamne. Dieu, qui
connaît les plus secrètes pensées du cœur,
sait (pie le mien n'a point consenti à cette
abomination. — Maxime : Jusqu'à quand
te laisseraS-tu infatuerde toutes ces vaines
imaginations? Elhs ne te sauveront pas de
mes mains. — Andronic : Quand Dieu le
voudra, il saura bien trouver le moyen de
m'en tirer. — Maxime : .\utre extravagance.
Je te ferai couper cette langue qui ih-bite
tant de sottises. Tu abuses de ma patience,
et ma modération , je le vois bien , ne S(>rl
qu'à entretenir ta vanité. — Andronic : Eh
bien ! je te demande par grAce de me faire
couper cette langue et C(>s lèvres , qui ont
été, à ce (jue tu crois, souillées du vin oîTert
aux idoles. — Maxime : Tu as beau dire, tu
as gortté du sacrilîce. — Andronic : Puisses-
tu être confondu, tyran détestable , toi et
tous ceux uni l'ont donné le pouvoir de faire
tant (le mal. si jamais on peut reprocher à
Andronic d'avoir coi^senli à tiui impiété : mais
loi, qu'il te souvienne de la violence (pie tu
fais aux serviteurs (le Dieu ; (juC ce Dieu tout-
[luissant ii(»us iuge. — Maxime : M(>chant ,
tu oses faire des imprécations contre nos
très-pieux et très-déments emper(Mirs. à (pii
nous devons la paix et 1."» Iiaiiquillité dotit
nous jouissons. — Andronic : Oui, je mau-
dis mille et mille fois (Cs l\rans altérés de
sang, qui s'en enivrent, et ijui en «uit inondt"
toute la terre. Que Dieu étende sur eux son
bras vengeur, (ju'il les éi rase, (ju'il les cou-
vre dcj> tlots de sa ( olère, qu'il les abîme,
afin qu'eux cl leurs semblabhvs apprennen.l
ce que c'est que «le s'allaijuer aux serviteurs
de ce Dieu fedouiable. — Maume : Qu'on
t;
1077 TAU
lui nrnuîholos tlcnts.ciiroi» luiroupc la lan-
Kiif jns(]ir;i la raiiiic, aliii iiu'il aii|ir(Miiio
iiii-iiu"^iii(> (0 i|iif iiK'iilf tfliii (|ui a l'.ni.lacn
i\y> lilasplu^tuiT c.oiiln' Ion sDUVcraiiih. <.>ii<'
iVs ilciils anarluH's cl (|ii(' (('lli' lai»i;ii(' cnii-
p(V> suidJil jctr-fs dans le tVu , t'I mi'aprrs
iIu'j'lUvs auront cHô n'uluilcs (\u c«Mulri'.s, on
Ifs s(''ino coiili'c le vciil, aTm ijvril n't'ii l'csti'
ririi (|ui |unssi' C-lvv recueilli par les rhsr-
ticris, ot (pii puisse nourrir lu supcrslilioii
<lo (pu'IipHvs l'cimiics, (pli ne niailipnTaienf
jiasilcli-'s pii'iuiie el do les conseiver ciuinne
do précieusos reliiiuos (1). Pour lui. (pi'ou
le reuïOiue en |)iis()n.iustprau juin- de la lelc,
)oiU' servir avec l(>s autres de pAliiie auv
.lôlos de l'auipIiilhéAlro.
MaxiiiK^ a\aiil mandé Tt'i'enlien , souve-
rain priHre (2) de la (".ilicie, il lui ordonna de
faire prépartM- les joux pour le lendemain.
Térenlieu obéit; et ayant tait savoii- rinleii-
tion ilu gouverneur à celui ipii avait linlen-
dancedes Sf>eclacles de l'auipliilhéAire, tout
fut nrcM au jour uiaïqué. Dès \c matin, une
prodii^ieuse' umllilude de [)euple, hommes
et iemnies , so rendirent h l'ampliithéAtre.
Ce lieu est éloigné de la ville d'environ un
nulle. Le gouve neur y arriva sur le midi.
D'abord on domu\ aux bcHes les corps do
]ilusioin\s glatlialeurs (pii s'étaimit entrc-lués.
Nous étions retirés dans un coin , où nous
observions toutes choses , attendant avec
crainte la tin de la journée, lorsque le gou-
verneur couunanda h tiuelques-uns de ses
gardes d'aller (juérir les chrétiens qui étaient
condamnés aux bétes. Les gardes coururent
»l la prison, d'où ayant tiré les saints mar-
tyrs , ils les chargèrent sur les épaules do
quelques porte-faix , (jui les portèrent jus-
«pi'au pied de l'échafaud du gouverneur; les
touriViCnts qu'on leur avait fait endurer les
avaient mis hors d'état non-seulement de
marcher, mais même de se remuer. Dès que
nous les eûmes aperçus , nous nous avan-
çAmes vers une petite éminence où nous
nous assîmes, nous couvrant à demi de quel-
ques pierres qui étaient là. L'état où nous
vîmes nos frères nous fit répandre bien des
larmes; plusieurs même des spectateurs ne
fmrent retenir les leurs; car dès que les
lommes qui portaient les martyrs les eurent
déchargés dans la place, il se fit un silence
presque général , causé par la vue d'un objet
si pitoyable ; mais le peuple ne pouvant plus
retenir son indignation , on commença à
murmurer tout haut contre le gouverneur.
"Voilh, disait-on, une injustice criante; cette
procédure ne se peut soutenir, il ne peut y
avoir qu'un méchant juge qui ait pu rendre
un pareil jugement; et là-dessus il y en eut
beaucoup qui quittèrent les spectacles et
s'en retournèrent à la ville. Le gouverneur,
qui s'en aperçut , mit des soldats aux ave-
nues de l'amphithéâtre , pour empêcher que
(1) Les reliques des martyrs en vénération du
commencement du iv siècle.
{i) Ou le ciliciarque: c'était le clief des prêtres
des idoles de toute la Cilicie, comme l'asiarque clait
le chef des prèlres de l'Asie. {Actes de suini Poh -
carpe.)
TAR
nr,A
personne ne sortit, et |>our remarfiuer ceux
qui s'y |M'éscntcraieiil, et les lui (lénOnc«r.
Il comiu.ind I en mêine temps (jw'on lAcliàt
lin j^rand nonibn' de bêtes; mai.s ces iini-
maiix , au sortir de leurs lo^es, s'arr/^lèreul
tout court , (il ne lirciil point de mal aux
saints martyrs. Maxime; tout furieux lit ap-
peler les gardiens des bêtes , (;t leur fil don-
ner cent coups de bAton , les voulant re'idro
r(!S|)0!isables de ce iiue des lions et des tit^res
étaient moins cniels (pie lui. Il les menaça
de l(;s fiiire tons mettre en croix, s'ils ne lui
fournissaient sur l'heure celle de tout(;s leurs
bêtes (pi'ils croient la plus fai-ouilie et la
plus carnassière. Ils lâchèrent un grand ours,
(pli ce jour-là mêm(! avait étranglé trois
hommes. Il s'approcha au petit pas du lieu
où étaient les martvrs,et se mit ii lécher bs
plaies de saint Amfronic. Co jeune homme,
(jui souhaitait passioiniément de mourir, aji-
jmya sa tête sur l'ours, taisant tous ses ell'orts
pour le mettre en colère, mais l'ours ne
l)ranla pas. Maxime , ne se possédant pins,
co.iimanda (ju'oii le tuAt; et il se laissa tuer
sans résistance aux pieds de saint Andronic.
Térentieîi, averti de l'elfroyable colère où
était le gouveriu'ur, et craignant le sort de
l'ours , lui envoya promptement une lionne
des plus furieuses, (|ui était venue des déserts
de la l.ybie , et dont le souverain sacrifica-
teur d'Anlioiîhe lui avait fait présent. Dès
qil'elle parut, tous les spectateurs pAlirenf.
Elle poussait d(!S rugissements qui porlaieU
la frayeur dans les Ames les moins suscejiti-
bles de crainte. Mais s'étant approchée des
saints, qui étaient étendus sur le s.ib'e, elle
se coucha aux pieds de saint Taraque, dans
une posture de supi)liantc, et comme si elle
l'eût adoré. Saint Taraijue , au contraire ,
faisait tout ce qu'il pouvait pour l'animer
contre lui, et pour lui rendre sa férocité na-
turelle qu'elle semblait avoir perdue ; mais
la lionne, comme une brebis innocente et
paisible , demeurait à ses pieds qu'elle bai-
sait. Maxime, écumant de rage, commanda
qu'on piquât la lionne avec un aiguillon.
Mais cette bête , reprenant alors sa fureur,
qu'elle n'avait oubliée que pour les s-iints
martyrs, et rugissant d'une manière effroya-
ble, mit en pièces un guichet de la porte de
l'amphithéâtre, et jeta une si grande épou-
vante parmi le peuple, qu'il criait : Nous al-
lons tous périr, qu'on ouvre la porte à la
lionne.
Alors Maxime ordonna qu'on fit entrer
des gladiateurs pour égorger les trois mar-
tyrs. Les gladiateurs vinrent, et les saints
consommèrent leur martvre par l'épée. Le
gouverneur, en sortant de l'amphithéâtre, y
laissa une escouade de soldats pour empê-
cher qu'on n'enlevât les corps; et, afin qu'on
ne pût les reconnaître, il commanda qu'on
les mît pêle-mêle avec ceux des gladiateurs
qui avaient péri dans les divers combats
qui s'étaient donnés durant les spectacles.
Pendant que les soldais étaient occupés à
cela, nous nous ava'içâmes un peu ; et, ayant
mis les genoux en terre, nous demandâmes
à Dieu qu'il nous montrât les reliques des
4079
TAU
T\T
1080
saints martyrs. Noire oraison finie , nous
iKMis approrliAmes onroro nn peu plus. \j's
soldais avaient alluuK^ du tVu , car la nuit
^tail survenue, et une nuit fort obscure, et
ih s'étaient mis h soiiper. Nous nous jrfAmPS
une seconde fois h genoux , implorant avec
une grande ferveur le secours du ciel, et
priant Dieu qu'il voulût favoriser notre en-
treprise, et nous faire démêler les corps des
martyrs d'avec ceux des gladiateurs. Nous
firmes exaucés, car il s'éleva dans le moment
un furieux orage , mêlé d'éclairs, de tonnerre
et de pluie , et accompagné d'un tremble-
ment de terre qui écarta les soldats. Lorsque
l'orage fut apaisé , nous nous mîmes en
prières; et nous étant enfin a|)prorhés fort
près des corps, nous IrouvAmesle feu éteint
et les soldats dispersés çà et là. Mais com-
ment , dans cet amas confus de corps, pou-
voir reconnaître ceux que nous cherchions ?
Nous eûmes recours à Dieu , nous levAmes
les mains au ciel, et il en tomba en même
temps un petit globe lumineux en forme
d'étoile, qui se posa tour à tour sur les corps
des saints martyrs. Nous les enlevAmes avec
une joie que nous ne saurions vous expri-
mer; et à la faveur de cette étoile miracu-
leuse, nous sortîmes de l'amphithéAtre. Nous
trouvant extrêmement fatigués, nous fûmes
obligés de nous reposer un peu, et l'étoile
s'arrêta aussi et ne nous quitta point. Nous
nous mîmes à penser où nous pourrions
mellrc h couvert notre pieux larcin; nous
nous adressAines h notre ordinaire h Dieu,
le priant d'achever ce qu'il avait si bi(ui
commencé. Ayant repris nos forces durant
cette pause , nous chargeAmes de nouveau
nos épaules de ce précieux fardeau, et nous
prîmes le chemin de la montagne voisine. Là
l'étoile disparut, et nous aperçûmtvs une ou-
verture dans le rocher, creusée en forme de
sépulcre. Nous y enfermAmes promi>tement
les corps de nos martyrs, et nous nous reti-
rAmes en diligence, nous doutant bien que
le gouverneur ne manquerait pas «l'en faire
une exacte perquisition. Etant retournés à
la ville, nous apprîmes ([ue les soldats, pour
avoir abandonné leur poste, avaient été sé-
vèrement cliAtiés par l'ordre de Maxime.
Nous rendîmes grAcesàDieu de ce qu'il s'é-
tait bien voulu servir de notre ministère
pour rem Ire h ses serviteurs ces derniers de-
voirs de piélé. .Marcion , Félix et ^'érus se
sont r<'iir('s dans le rocher qui est le déno-
sitaire de ces saintes reliques , dans le des-
sein d'y passer le reste de leurs jours, alin
que le même tombeau qui rent'eruu> ces os
sacrés couvre aussi un jour leurs corps.
Que notre Dieii soii béni h jamais. Nous
vous conjurons , au reste, nos cliers frères,
de recevoir avec votre charité ordinaire ceux
(jui vous rendront (elle lettre; ils inérilent
vos soins et votre e^lune , car ils uni l'hon-
neur d'être du nombre des ouvriers (pii tra-
vaillent sous les onlrcs de Jésus-Chnsl. au-
quel la gloire et la puissance a|)parliennent,
avec le Père et le Saint-Es[)nt, avant tous les
siècles , maintenant et toujours, et dans les
siècles à venir. Amrn.
TARAZON.V, ville murée d'Espagne, a été
témoin des souffrances (pi'y endura l'évêque
Prudence, en confessant sa foi ; on ignore à
([uelle époque.
TARNOWSKA (Clotitde), l'une des reli-
gieuses Basiliennes qui, dans le courant de
Tannée 1837, furent si violemment persécu-
tées par le czar Nicolas et Siemaszko, évoque
apostat. On les employa à la construction
d'un palais pour ce prêtre schismatique. Un
pan de muraille étant venu à s'écrouler,
(Motilde Tarnowska et quatre de ses compa-
gnes furent écrasées. (Voy. l'article Miec-
ZYSI.AWSKA.)
TARUAGONE, ville d'Espagne (Hispanio
citérieure). Son évoque, saint Fructueux, y
fut martyrisé avec ses diacres saint Augure
et saint Euloge. {Voy. Fructueux.)
TARSE, en Cilicie, est célèbre par lo
martyre des saints Castor et Dorothée.
TAtIEN (saint), diacre, souffrit le martyre
à Aquilée avec saint Hilairo, évêque, et les
saints Félix , Large et Denis. Leur sacrifiée
eut lieu sous l'empire de Numérien et sous
le président Béroine. On ne dit pas quel fut
au juste leur genre de mort : il est certain
qu'ils subirent la peine du chevalet et divers
autres tourments. L'Eglise fait leur fête lo
16 mars.
TATIEN (saint) , fut martyrisé à Méré en
Phrygie , avec les saints Macédone et Théo-
(lule. Le président Almaque , qui comman-
dait cette province durant le règne de Ju-
lien l'Apostat , leur ayant fait soulfrir diver-
s(>s tortures sans les amener à sacrifier aux
faux dieux , les fit étendre sur des grils
ardents, où ils expirèrent pleins de joie. Ils
sont inscrits au Martyrologe romain le 12
septembre.
TATIENNE (sainte), vierge et martyre,
est portée par le Martyrologe romain comme
ayant souffert h Rome sous l'empereur Maxi-
min avec sainte Martine. L'Eglise fait sa fêle
le 12 janvier. Ses Actes n'ont aucune espèce
d'autorité.
TATION (saint) , souffrit le martyre en
Isauric, durant la pf^rsécution de l'empereur
Dioclétien et sous le président Urbain. 11
périt par le glaive. L'Eglise fait sa mémoire
le i't août.
TATONA (sainte) , vierge , fut martyrisée
en l'an .'JW de Jésus-Christ, sous le règne de
Sapor dit Longue-Vie. Elle habitait Beth-
Séleucie. Sa fête est inscrite au .Martyrologe
romain le ;}0 novembre.
TATOl'L, prince arméni(>n de la famille
Timaksiank, fut l'un dt> ceux qui soutfrirent
volontairement la captivité pour Jésus-Christ
sous le règne dlla/guerd. deuxième du nom,
roi de Perse , et <pii ne furent remis eu li-
berté et renvoyés en leur pays (jue huit ans
a|»rès la mort de ce [^rince, sous le règne do
so!i tils Bérose. ^Pour plus de détails, voy.
PlU>C,rs IHMKMENS.)
TA roi'L , prince arménien , de la famille
Camsaragank , souffrit h captivité avec le
précédent et dans les mêmes circonstances.
TATTK (sainte\ martyre, soutTrit les tour-
ments cl la mort pour la défense de la reli-
1081
TKC
TEN
tOR2
^ioiinvocPnul son (<|»oiit, S,il)iiii('n, Maxiino,
lluf cl iMiKriic It'iir.s ciiliuils. \yiu\\ l'Ir n<;-
cusés dii Iniro profession do In religion rlirj^-
tiomic, ils l'iinMit rharm's de coiiits ri ciidil-
im'timiI d'aiilr-cs .sii|>|ilirr.s dont les circftiis-
lancos 110 sonl point pnrvcMUics josmi'h nous,
cl dans lesquels ils f\pir(''r(Mil. I/K^lisi» fait
leur HMe le 2Î) seplcudMe.
'KIIIA-SSK-HAI, mandarin chinois, nyanl
Ibiinult^ une accusation nouvelle C(»nlr(> les
chn^iens, et deinandanl , dans le niéuioin»
(ju'il nnVsouta h cet ellel , (juMI fiU délendu
aux (Jiinois (]ui servaient sous l(>s banniè-
res d'tMuhrasscr W cll^istianis^l(^ le sixi«MU<'
rt^guio so cliart^ca de reiuctlrc raccusnlion i\
remperour. Kn IT.'IC), il fui arrêté, au cours
du mois d'avril , (jue les commandants des
bannières on^ai^eraionl les nouveaux chré-
litMis h abjurer et les inuiiraient s'ils refu-
saient. Ce fut en conséquence de ce mé-
moire quo l'on décida qu'on conserverait
seulement (piehpies Kuropécns h Pékin, h
cause de leur habileté dans les sciences ; mais
que le tribunal des rites leur défendrait d'at-
tirer personne h leur religion. On peut voir
il l'article Chine quelles furent les consé-
quences de cet édit.
TCHOU (Adrien), prôtrc chinois, fut exilé
îi une époque qu'on ne précise pas , mais
qui doit être comprise entre 1760 et 1780,
dans la province de Chan-Tong. En 1785, il
fut banni h perpétuité dans un lieu nommé
Yli , et fut marqué au fer rouge sur le vi-
sage, pour avoir évangélisédans le Sutchuen.
Son premier exil avait été motivé par les
prédications qu'il avait faites dans la pro-
vince de Fo-Kien.
TECLA (Emmanuel) , vice-roi du Tigré
sous Basdides, Négous d'Abyssinie, fut mis
aux fers par ce prince pour la protection
qu'il accordait aux jésuites persécutés. II
avait caché trois de ces bienheureux pros-
crits : Bruno de Sainte-Croix, Gaspard de Paez
et Jean Pereira. Non-seulement il fut empri-
sonné , mais encore il fut dégradé et privé
de son commandement , qui fut remis à
Melca Christos , ennemi juré des catholi-
ques. Ces événements se passaient en 1635.
{Voy. Abyssinie.)
TEC LE (sainte), vierge, répandit son sang
our la foi en l'an 3i3 de Jésus-Christ, sous
e règne de Sapor dit Longue-Vie. Elle habi-
tait Beth-Séleucie. Sa fête est inscrite au
Martyrologe romain le 30 novembre.
TËCUSE (sainte), vierge et martyre, l'une
des sept que le gouverneur Théoctène lit
arrêter à Ancyre en même temps que saint
Théodote. Elle était, comme ses compagnes,
fort âgée , ce qui n'empêcha pas l'indigne
gouverneur d'envoyer près d'elles des hom-
mes pour outrager leur pudeur. Sainte Té-
cuse leur fit des remontrances pleines de
sagesse : ces hommes se retirèrent en mau-
dissant Théoctène. Les sept vierges furent
noyées dans un lac, chacune avec une pierre
au cou. Cet événement eut lieu en l'an de
Jésus-Christ 303 , sous le règne et durant la
persécution de Dioclétien. (Pour plus de dé-
tails, consulter les Actes si pleins d'intérêt
Fo
de s.iitit TiiAonoTi', h l'article do c.o dernier.)
L'I'lKlise l/iil \i\ fêle de ci-tte sainte cl de ses
compflKuos, avec celle de sninl Tliéodole, lu
18 mai.
1 f:i,KSIMI(>KK (sninl), .septiAino pnsttrur
de l'Eglise dn Home, fut innrtyri.sé In on-
zième année; d(> sim é|(is(0|iat, ce ipii revient
à la première année d'Aril<»Miii , par cf)nsé-
(|uenl In cent trenlo-neuvièmo de Jésus-
Clirisl. 1,0 martyre de ce saint pnpe est in-
contestable , seulement on marujue des dr)-
cumenls nécessaires pour en |)nrler d'une
fayoïi détaillée. Il esl à peu près cerlnin (pi'il
mourut le 5 janvier, jour au(iuel l'Eglise cé-
lèbre sa fête.
Tf':N^:i)()S, île de l'Archipel , aujr.urd'hui
Bokhtclia-Adassi, située près de l'entrée des
Dardanelles, était jadis une de ces îles déli-
cieusement do»iées , où la (irèce avait ses
ren'dez-vous de plaisir, oiJ l'imagination de
ses poi'tes avait placé h; berceau des dieux
et raccomplissemenl de tous les mystères
mylhologiipies. Ténédos était non loin des
rivages troyens el des côtes d'Europe : on
s'y rendait promptemenl; aussi ne pouvait-
elle manquer d'être célèbre. Les voyageurs
s'y arrêtaient, soit qu'ils allassent en Asie,
soit qu'ils (>n revinssent. El le était si tuée au mi-
lieu des mers, à l'entrée du détroit, comme
une halte naturelle; ses rivages étaient plan-
tés d'orangers vA de lauriers roses; de loin
elle semblait une corbeille de fleurs. Les
Grecs, après avoir laissé prendre le cheval
de bois par les Troyens, se cachèrent der-
rière Ténédos. De toute cette poésie, de tous
ces souvenirs qu'est-il resté? Le janissaire
abruti foule tout cela sous ses pieds; de tou-
tes ses splendeurs passées, Ténédos n'a plus
rien; seulement tous les ans, au 15 de juil-
let, quand ses arbres sont en pleine fleur,
quelques rares chrétiens, les seuls de ses ha-
bitants qui empruntent encore quelques sou-
venirs au passé pour les fêter, se réunissent
à l'église et vont en procession jusqu'au lieu
où un saint, nommé Abudème, versa son
sang pour la religion chrétienne : c'est la
seule chose qui soit restée. Parlez aux ha-
bitants, courbés sous le bâton des Turcs, des
flottes d'Agamemnon, des dieux et des dées-
ses qui visitèrent leur île : pour eux c'est let-
tre morte; parlez-leur de saint Abudème:
C'est là qu'il mourut, vous diront-ils; c'est
là que tous les ans nous venons le prier.
Puis là, vous verriez une croix, une simple
croix de bois, ce monument éternel plus fort
que les temps, plus fort que les hoiuuies,
qu'aucune tempête ne peut renverser, et qui
reste toujours debout entre la terre et le
ciel pour unir l'homme à Dieu. C'est de
même en toutes choses; les vanités tombent
et meurent; les vertus restent. Dans la vie
humaine, les joies, les plaisirs, les folles il-
lusions de la jeunesse, toutes ces magnifi-
cences du cœur qui font la vie si splendide,
s'évanouissent, el l'homme arrive au tom-
beau, heureux s'il a dans son passé quelque
bon souvenir de vertu, quelque mérite où
reposer son cœur,»où appuyer son âme pour
dire à Dieu: Seigneur, voilà ce que j'ai fait;
i(VS-
TER
TER
108-t
c'e-il la rnnt'on de mes erreui'S, c'est le ra-
chat lie mes fautes.
TKNSA CHRISTOS (le bienheureux), pnî-
Ire al)yssinien, fut mi des derniers pn'tres
calhnlicjues qui n-stènMit en Ahvssinic .Tprrs
le dt^port ou la morl des missionnaires, lors
de la persi'ention suseitc'C contre les cathuli-
qiies par Basduies, Négous du [)ays. [Voy.
y\E\.Ç \-ClUUSTOS.
TÉRENCE isaint\ niarlvr, soutTrit sous le
règne de l'empereur Dècc et sous le gouver-
nement du proconsul Forlunatien eu. Afri-
que, en Tau 250. Il donna sa vie pour Jésus-
Christ , avec saint Africain, sauit Pompée et
plusieurs autres, que les Grecs ont en grande
Téui'ration, ainsi que les Russes. Les Actes
que nous avo'is de ces saints n'oifi ent pas
les caractères sutlisants pour qu'on puisse
les c )'isidérer counn-- aulhenti(|uos. Le lec-
teur Th-'O Jore, qui vivait au conuiiencement
du vr siècle, rapporte ({ue les reliques do
ces saints fi!re"t placées, sous Th(''odose le
Grand, dans l'é^li^e île Saintc-Kuphémie,
dans un quartier de Con-tantinople appelé la
Pierre. Li-ur fête esi i iscrite au Martyrologe
romain le 10 avril, le mcme jour qtiaux
menées des Grecs.
Ti-^RENCE (saint), eut le glorieux avan-
tage de ver>er son sang pour la défense de
Jésus-Chrisf, avec saint Fidence. Leur mar-
tyre e :,t lieu à Todi et tlurvuil la persécution
«le l'empereur Diociélien. Nous n'avons pas
d'autres détails sur leur compte. L'Eglise
fait leur fête le 27 septembre.
TÉRi'^.N'JIEN (saint; , premier évô(|ue et
patron de Todi, dans l'Ombrie, eut la tète
tranchée du temps d'Adrien, après divers
supjdices que lui lit soulfrir le proconsul
Lélien. Mombritius en donne des At tes, mais
qui ne valent rien. Baron i us n'en fait pas
l'éloge et on le sait assez facilej. Le corps
de saint Térentien est actuellement à Ale-
xandri»', ville des Etats-Sardes. Sa fête ar-
iive II' 1'' septembre.
TERNATE. une des Moluffues, avait, en
Lo80 . un collège de j('suite> extrêmement
tloris.>ant. Le roi Bab-Llla parvint à chas-
ser les Portugais de si's Etals, et, h l'instiga-
tion des .\nginis et des Hollandais, il y per-
sécuta violen)me»it les catholiques. S'il faut
en croire Du Jarric (Hisl. des choses plus
Vi/mnmhles, t. L p. <>0t) . il y eut au moins
soixante mdic martyrs. Quelle belle cou-
ronne poiu' la prétendue reforme!
TKBM Ininnmfiti , vilh» de l'Elal ecclé-
siastique, dans uni He de la Néra, \ il le mar-
tyr<> de saint >'aletUin, évèquc, qui fui mis
h mort par l'ordre de IMaindc, pr<'d'et de la
ville, qui le ht meurtrir à coups de bAton.
pins dé'capilor.
TERRAHINE. in.riir. Triirhinn,Terrrtcinii,
ville des Elais-RDuiauis. (^e tut dans oeil»!
ville ipie saint Nérée »>| saint Aciullée, ser-
viteurs rie sainte Domildlo (Klnvie) furent
dér^Tpilés, sftus Domilieii. Le Martyrologe
romain donne aussi, comme ;i\ani été mar-
tyrisées dans cette ville h la même époque,
les deux vj'"- -'<- .->•.<• t'"'>)u'Osiiie et «mainte
ThéoJore. lUs Irajan sainte
Domitille elle-même y fut renfermée dans
nue c.iiiuubre h laciuelie on mit le feu; mais
celte dernière circonstance est loin d'être
jtrouvée. Saint Césaire, diacre, fut inarlyris(5
à Terracine, sous le règne du même empe-
reur, et condamné par Léonce, consulaire, et
Luxurius. Ces deux jug"s sont nommés dans
les Actes de ce saint martyr, ainsi que dans
ceux de saint Hyacinthe, qui mourut h t*orlo,
pour la foi, ti la même époque. Sous remniie
et durant la persécution d'Ailrien, saint Mon-
tan, dont le Martyrologe romain fait la fête
au 17 juin, y perdit la vie pour la ff)i ; on
ne sait ni la date précise ni la nature du Sup-
plice qui termina ses jours. Celte ville fut
encore illustrée, en 300, sous l'empire de
Dioclétien, par le martyre des saints Césaire.
diacre, et Lucien, prêtre. Une coutume hor-
rible existait dans celte ville: de temps mi
tcm])s, quand arrivait la fête d'Apollon, un
jeune homme de la ville devait se dévouer
et olfrir sa vie en sacrifice volontaire. Les
habitants le comblaient de prévenances et
d'homieurs; ilsI'habillaieMt magnifiquement,
et dans cet état il devait sacrifier à Apollon,
et ensuite se jeter dans les Ilots de la mer,
oij il consommait son sacrifice. Un jour que
cette alTreuse cérémonie venait d'avoir lieu,
Césaire, diacre, et Lucien, i)rêlre, qui étaient
présents, en témoignèrent hautement leur
indignation. Le prêtre d'A|)olIon les fil ar-
rêter et les envoya au gouverneur, qui les
condamna à être jetés dans la mer, liés tous
les deux dans un sac. {Voy. Césaire, dia-
cre.)
TKRTILLE, était président h Lenlini, ville
de Sicile, du temps de l'empereur Licinius.
Il donna la couronne du martyre à saint
Mercure et à ses compagnons, soldats, qu'il
lit pc'rir par le glaive.
TERTIUS (^aint;, martyr, cueillit la palme
du marlyre pendant la persécution que Hu-
néric, roi îles Vandales, lit subir aux catho-
liques vers l'an V8V. Il soulfrit des lour-
menls horribles sans renier sa foi. L'Eglise
honore sa mémoire le 6 décembre.
TER ILLLE (saint) , soulfrit le marlvre
lour la foi en Afrique, sous le règne de Va-
érien, l'an 230, avecli\< saints Paul, G é ronce,
Janvier, Saturnin, Successe, Jules, Cat, 1 1
les saintes Pie et Germain. On manque de
détails authentiques sur leur martyre. L'E-
glise fait leur fêle le 10 janvier.
TER IL'LLE, orateur, espèce d'avocat que
le grand [)rêlre .\iianie aiiunia avec lui à Ce-
saree, et »jui accusa saint Paul devant le goii-
veineur I-élix.
TERTULLE (sainte], martyre, souffrit du-
rant la ptMsé(Milion de Valérieu h Cirthe en
Numidie. avec les saints Agape, Secondin,
limiliei). suidai, et sainte .Vnloinetle.
TERTLLLIEN, naquit .^ Carlhage en l'an
ni'e ICiO environ. Son uère étiilcenttnierpro-
consulaire. Génie vil^, ardent, véhémenl et
sublil, il péchait peut-être ]»ar la solidilé du
iugeuu'nt. L'extrême conlianco qu'il avait en
lui-même le conduisit îi l'hérésie, de sor'*
iju'après ;'v..i. .'lé l'un de-< plus zélés défen-
seurs do ', il dc\int un de ses enoe-
\m
Ti;u
Tl II
um
m
V
ns los plus nHmrn(V<!. Sou .slyli» est riulc,
, ;\rl'ois haiii.irc; mais rrcl.iii- \)v\\\i' JHsipiO
("laiis SCS ol)s('Uiili''s, (>l ses laisoiiucmr'il.s
soiil (les coups dit fouili'o. Sa (lial(>cti(iiii< lait
violiMicc; s'il u'culi-ainc, il icnvcisc. lùisrln'
r(Muar-(nio (ju'il avait une j^rando couiiais-
sauco dos lois touiaiucs; il w'y n riou \h du
hiiMi ('louuaul, puis(pi(' sa piciiiirn' profes-
sion lui ('l'Ile il'aNocal. La vue du eourajAc el
de la poi'sévéïaïK'U des chrélioiis dans les
loiu'iueuls le pnrla «^ désirer eounaiire leur
doctriuis (piaud il la coiuuil il se couverlil.
Il avoui^ (juMI s'(!sl uio(pu'i dos doj^uuis rhr('-
ti(Mis, lorsipi'il les eoiuiai^sail ;i p'iue;(pril
a pris plaisir au\ hoireius do raui[)liillii''A-
tro; (pi'il a nUMuo ronuuis plusieurs ptVdiés
};rav(\s (pii, h e(>UeépO(pie,euip(\liaieut (pTou
l'oul'érAl la priMriso ù ceux (pii s'(mi étaient
rojidus eou|»al)los. Cola u'iMujK^i^lia pas (pi'il
no devint prélr(\ pai'ceipu>, s'olani converti,
il dut tHro baptisé, ot ipio la grAco du hapléuio
lavait do tous les péchés antériouriMuont
counuis. Il se maria lort jeuno, ot ('(.'rlaine-
monl avant sa conversion. 11 écrivit deux li-
vres h sa founne, le premier pour l'oxliorter
^ rester veuve, si Dieu l'appelait avant elle,
le second pour lui dire tpi(,> si elle voulait so
remarier, il fallait ([ue, d'après le pi-ocopte
de saint Paul, elle é}iousAt un chrétien. Evi-
dtMiimont, d'ai)rès cela, sa femme était chré-
tienne; mais nous no savons rien de plus
sur son com|)le. Il fut ordonné [urètre, sans
qu'on sache précisément à quelle époque, et
sans qu'on puisse dire précisément à la-
(luelle dos deu^c Kl^Usos de Ropie ou de Car-
tilage il lut d'ahord attaché.
Nous n'avons point ici h parler des nom-
breux ouvrages que cet écrivain a com-
posés pour la religion: nous ne devons si-
gnaler que ceux qui ont trait h lanaluredu
sujet que nous traitons. Le plus important
est son Apologétique, ouvrage dans le((uel il
prend la délense dos chrétiens, montrant Tin-
justice (les poursuites qu'on faisait contre
eux, ot démontrant la fausseté des crimes
qu'on leur imputait. Cette apologie fut
adressée au sénat romain, après le triomphe
de Sévère sur Niger et Albin; nous ne sa-
vons pas au juste en quelle année elle fut
liréseniée. De 197, é[)oque de la défaite
d'Albin, jusqu'à l'an 202, époque à laquelle
Sévère lança ses édils contre les chrétiens,
il s'est écoulé cinq ans, durant lesquels des
persécutions isolées eurent lieu. A propos
de ces persécutions, il put très-bien venir à
Tertullien l'idée de défondre ses coreligion-
naires. On sait que la persécution coaimença
à llome après le retour triomphant de Sé-
vère dans cette capitale, les chrétiens ayant
refusé de s'associer aux honneurs sacrilèges
que les païens lui rendaient. 11 est probable
que ce fut dans cette persécution que Ter-
tullien fit son apologie. Elle sulîit très-bien
h en montrer l'opportunité, sans qu'il soit
besoin de venir, comme Tillemont incline à
le faire, jusqu'à l'année 202, époque des
édits de Sévère. Ce travail est le plus remar-
([uable de tous ceux du môme genre qui exis-
tent (Jans lesfastesde l'Eglise. Rien n'est.fort,
puissnni, écra«*anl, comme la io^^iqiie di) Tcr-
lullie'i d MIS ( cl écrit, qui MUlllleurcUseihint
n'eut pas le sui'cès qu'il m<'ritail. La pcrs»'-(U-
lion devint violente, acharru'c.iiiichpielernpH
ajirès (pie celle apologie eiil f'Ie rciiiiso ail s<^-
iial, cl dura, coiiiiii(> on s.-ul, jusipi'/i la lin (jti
règne de Sévère, 'rorlullien coinposn /iiihsj,
SUl' le mémo sujet cpie son Apiihu/i'H/inr,
son livre (tn.r i\(iti(>iis. Moins bien écrit,
beaucoup moins nôrveiix , moins .savant
aussi, ce livre paraît Aire comme la s\ tu»-
[)se de V.\i)<>lo(/rli(jitr , le premier hiouillon
si l'on vont. L'auteur de VApoloi/cfifiin^ était
encore dans le sein de la i'eli;i;ioii catlinli-
qiie (piaiid il l'écrivit; un pou plus lard il
(Hit le malheur de se jeler dans l'héi-ésio des
luoiilanisles. Onelle^ furent les causes dosa
(liulo? on ne le sait pas trop, neaucoupl'at-
Iribucnl à l'amitié (pii le lia à un certain
l'roch», nionlaiiiste, ipii vivait à Hoiii" dans
les pi'iMuières années di; Sévère. Pro.'le alli-
chait une vertu sévère et un rigorisme (jui
sédiiisii'ont T(nlulli(ni. L'(;\agéralion des
montanislos, on fait de morale et do disci-
l)lino, convenait assez à son esprit naturelle-
nuMit dur ot sévère.
L'hérésie porta SOS fruits: bientôt Tertul-
lien n'écrivit jilus rien avec cette modestie
vraimonf catholique qu'on rencontre dans
S(!S premiers ouvrages; il prit un ton tran-
chant, un ton de maître, régentant l'Eglise
tout eiitière. Il proscrivit formidknnent les
secondes noces, quoique dans un livre à sa
femme il eiU prouvé qu'il en admettait la lé-
gitimité. Il prétondit (pio la fiile en temps
de persécution était défondue aux chrétiens.
Sous Sévère, Tertullien écrivit sa remarqua-
ble Lettre aux martyrs ; nous voudrions la
citer ici, on peut la voir dans notre II' vol.
de VHistoire générale des persécutions de VE-
glise. Sous Caracalla, il écrivit sa Lettre à
Scapula, que nous avons transcrite aussi dans
le môme volume.
On sait (pie Tertullien renonça avant sa
mort aux erreurs des montanistes. Heureux
s'il l'eût fait pour rentrer dans le sein de
l'Eglise I II se lit chef d'une secte qui dura
jusqu'à saint Augustin. Tertullien mourut
en 2^5.
Une chose qui nous a toujours singuliè-
rement frappé, c'est la ditférence énorme
qu'il y a, au point de vue même du talent,
entre les écrits de Teitullien catholique, et
les écrits du même auteur devenu la proie
de l'hércsie. D'oiî vient cette différence? Ah!
bien des exemples l'ont prouvé , quand
l'homme se sépare de Dieu pour s'isoler dans
son orgueil, il devient le jouet pitoyable de
sa faiblesse. La déchéance est tille de l'apos-
tasie. Le génie meurt en désertant la vérité,
comme le courage en désertant le drapeau.
Voyez le Tertullien de notre âge : quelle
splendeur et quel génie quand il écrivait
VEssai sur l'indifférence! L'Eglise était tière
de lui, l'irréligion ramjiait à ses pieds ; il
l'enchaînait comme un vainqueur enchaîne
un esclave. Aujourd'hui que l'orgueil l'a sé-
paré de l'Eglise sa mère, pour le jeter dans
l'erreur, quelle n'est pas sa déchéance ! Pau-
1087 THA
vre vieillard, déchu, tombé, il traîîip ses che-
veux blancs h tous les alTronIs que lui mé-
nai^ent ses alliances avec quicniKjue a de la
b ne à jeter h ce que lui vénérait jadis. 11
prête sa |)lunio aux fausses doctrines, aux
insulteurs du culte qui l'avait t'ait prêtre 1 Sa
plume débile n'est [)lus dans sa main sous
l'inspiration du génie. Vainement le triste
apostat veut évoquer sa puissance évanouie ;
écrasé sous son passé glorieux, il n'est |)lus
maintenant qu'un objet de pitié pour ceux
qui l'admiraient. En voyant ce vieillard qui
s'appelle Lamennais, servir de piédestal à ses
acolytes d'aiijourd'liui, on se rappelle mal-
gré soi Valérieii traînant dans la boue la
pourpre romaine pour servir de marchepied
a son brutal vaincjueur. De tels abaissements
sont de grands chAtimcnts et de grands exem-
ples. Quand les cèdres les plus élevés sont
ainsi précijHlés, les humbles sapins doivent
trembler. TertuUien mourut hérétique et
déshérité de son génie. Si l'homme encore
vivant qui traîne chez nous son front décou-
ronné de gloire n'a plus de son génie que
la cendre, prions que sous cette cendre vive
encore une étincelle de foi pour l'heure de
l'agonie, et qu'elle se rallume pour éclairer
son Ame à ce moment suprême.
TKKTI'LLIN (saint), martyr à Rome, sur
la voie Latine. Ce saint était [)rétre; cruelle-
ment meurtri sous l'empire de Valérien à
coups de bAlon, il eut ensuite les côtés
brûlés , les niAchoires brisées, fut étendu
sur le chevalet, ensuite déchiré à cou{)s de
nerf de bœuf, et enlin eut la tôtc tranchée.
L'Eglise fait sa fètc le V août.
THACLAVAUET (le bienheureux), Iran-
ciscain, issu de race royale, fut martyrisé
avec un autre religieux de son ordre, aussi
de sang royal, et nommé Philippe, pour avoir
re[)roché aux rois île l'Inde les mieurs relâ-
chées dans lesquelles ils vivaient. Leur mar-
tvre arriva en 13V0. ^^Kontana, Monumenta
Jjotninirann.)
THADEE-THO, néophyte tonquinois, fut
misa mort pour la foi en 1722, au Tonquin,
avec le P. Bucharelli , jésuite , Luc Mai,
Philippe Mi, Luc Thu , Emmanuel Dion,
Pit'rre Frien, Dao Ambroise, Paul Noi et
Fran(;ois Ram, néophytes, tpii mêlèrent leur
sang h celui du saint missionnaire.
THAGOHE, ville d'AfrKpie, célèbre par le
martyre des saints Jules, Potamie, Crispin,
Félix, Grat et sept autres dont les noms ne
nous sont point parvernis.
THALAI.EE saint , martyr, soulTrit pour
la foi chrt'lienne, h Edesse en Syrie, dit lo
.Martyrologe roiuain ; à Edesse en Cilicie,
disent les Grecs , avec les saints Astèrc,
Alexandre et leurs compagnons. Ce fut un
juge nommé Théodore, qui les lit mourir,
du temps de l'empereur Numérien. Saint
Thalalée n été marl\risé pmir la foi, cela est
incontestable; mais rhi>l<»in' de son com-
bat, qiic Bollandus nous donne comme au-
tlicnlique, est tin rérit (pii dépasse les bor-
nes de la vraisemblance. L'Eglise fait la
fêle de saint Thalalée le 20 mai, avec celle
de .saint Astèrc et saint Alexandre.
THA
1038
THALE (saint), versa son sang pour la foi
h Laodicée en Syrie, avec saint Trophime,
durant la perséciition du cruel Dioclétien.
Ils souffrirent de longs el cruels tourments.
Ils sont honorés dans l'Eglise le 11 mars.
THAMEL (saints fut martyrisé pour la foi
sous l'empereur Adrien avec plusieurs au-
tres compagnons dont les noms sont igno-
rés. Ce saint avait été prêtre des idoles. 11
est inscrit au Martyrologe romain le i
septembre.
THAHBE (sainte), soufTrit pour la foi
chrétienne en Perse, en l'an de Jésus-Christ
3il, sous le règne et durant la persécution
de Sapor. Ses Actes, que nous donnons ici
en entier, sont magniflques. C'est une des
pièces les plus parfumées que nous ayons
rencontrées. Nous souhaitons au lecteur le
môme bonheur en les lisant que celui que
nous avons eu h les traduire. (Traduit du
Chaldaique.) L'Eglise fait la fête de cette
sainte le 22 avril.
Martyre de sainte Tharhe, vierge, de sa sœur,
consacrée à Dieu, et de sa servante, vierge
aussi.
Il arriva malheureusement que la reine,
dans ce temps-là , fut prise de maladie.
Comme elle était imbue des opinions détes-
tables des Juifs, ces hommes coupables et
ennemis de la croix lui persuadèrent facile-
ment que sa maladie lui avait été donnée
par maléfices, par les sœurs de Siméon, qui
voulaient venger la mort de leur frère. Le
fait est aussitôt dénoncé au roi : on arrête
la vierge Tharbe, sa sœur, consacrée à Dieu,
et sa servante, vierge aussi , qui suivait
scrupuleusement la discipline chrétienne.
Ces trois femmes, amenées dans le vestibule
du gvnécée du roi, furent interrogées. Sié-
geaient dans cette cause lo grand préfet et
deux hommes de haut rang. La bienheu-
reuse Tharbe était si charmante de visage,
si resplendissante de grAoes, qu'elle passait
pour la plus belle des ieunes tilles. Aussi,
dès qu'elle {>arut en leur |)résence , elle
charma tellement les yeux et le cœur des
juges, les entlamma tellement, q^ue chacun
d'eux dans son cœur se demandait quel se-
rait le moyen de posséder cette jeune tille
et de satisfaire la passion qu'il éprouvait.
Cependant, composant hnir visage pour pa-
raître sévères, ils parlent ainsi h ces jeunes
tilles : « .Vssurément voiis méritez le der-
nier suf^plice, vous qui. par vos malélices
envers la reine, souveraine de tout l'Orient,
avez tenté de lui porter malheur. »
Mais l'illuslre Tharbe : « D'où viennent,
répondit-elle, ces choses ijui ne peuvent se
concilier avec la sainteté de notre profes-
sion? La religion si vraie, si claire des chré-
tiens est aussi éloignée que possible de cri-
mes semblables, et dans ce que vous dites
contre nous, rien ne peut nous être imputé
h crime. Du reste, si vous avez soif de no-
tre sang, qui vous défend tl'en étancher cette
soif? S'il vous est agréable de souiller, eu
déchirant nos corps, vos mains habituées
journellement au massacre des chrétiens,
(OKI)
TUA
TIIA
1000
nous soiimics clin'iliciiiKvs, nous mourrons
clurlicniics ; la loliKiou chn'lituuio, janiais
nous ne ccsscidiis dd la coiircsscr, (oiiiiiic il
(MUivi(Mil àculli's (|iM ne iloivi-nl ailoici (juiiu
snul l)i(>u et no jamais lui r^;al(M- les iuingos
vif choses cxislaiil aii\ cicux ou mm' la (friu.
(Juaul aux cncliaiilcurs, (|ucls ((u'ils scHcnt,
(|U{'I(|U(« pnil ([u'ou los trouv((, tout le \)on-
|)|(> (loil (le s(!s mains les Itaincr au su|i|ili(i',
suivant (|u'il est iircsciit. (Jui donc cioiia
quo nous piaticiuions maléliccs et enclianlc-
miMils, (juand col arl ((Hipaldc udus l'exé-
crons couniio un ci'inio (jui viole udlio reli-
gion divine ? »
Ainsi parla Tliaibe, cl tonles ensemble ,\
l'inslanl lurent condanniées il la peine capi-
tale. Mais collo senlenee, qui était d'accord
avec l'impiété de chacun kWs juges, bles-
sait chacun d'eux aussi dans les désirs de
sa concupiscence eiVrénéo, et i)endanl (lu'ils
admiraient la beauté ravissant»' de Tharbe,
et sa sagesse et sa prudence égales h sa
beauté, (•liacun d'eux es[)érait et croyait
(ju'il l'obliendrait pour épouse, ne jxMisant
pas ((u'elle piU refuser cet hymen, suitout
quand elle y trouverait un nioyen d'éviter
une mort certaine.
Le préfet reprit : « En vain vous invoquez
votre religion, comme s'il n'était pas cons-
tant que vous avez mi(ui\ aimé la violer que
de ne pas venger la mort de votre tVôre, en
employant des malétices jjour nuire i\ la
reine, quolcjuc votre rt>ligion l'interdît et le
déclarât coupable, ainsi cjue vous le préten-
dez. » La généreuse Tharbe répondit :
« Nous n'avions aucun motif de vouloir
venger la mort de notre frère, surtout (juand
on ne lui a rien fait à propos de quoi nous
veuillons nous plaindre et pécher si grave-
ment envers Dieu. Quoique ce soit par haine
et par méchanceté cjne vous l'ayez fait mourir,
il n'a nullement cessé de vivre ; il jouit de la
vie éternelle dans le royaume céleste, qui
engloutira votre empire," si puissant qu'il
soit, terrassera votre domination, et jettera
au vent votre gloire et votre renommée. »
Après cela on donna l'ordre que les vier-
ges fussent mises en prison et bien gardées.
Le lendemain, le préfet envoya un exprès à
la bienheureuse Tharbe pour lui demander
si elle voulait l'épouser : il promettait que
si elle consentait, il mettrait en liberté elle
et ses compagnes, se faisant fort d'obtenir le
pardon du roi. A cette proposition la noble
jeune fille fut saisie d'horreur, et s'écria :
« 0 homme inique et détestable à Dieu I Tais-
toi, et ne me dis pas davantage de telles
horreurs que je déteste, de peur que ton
discours impur ne souille des oreilles chas-
tes, et n'entre dans un cœur pudique et
consacré à Dieu. Je suis épouse de Jésus-
Christ; je veux lui conserver ma virginité
intacte, à lui que je reconnais comme l'au-
teur de la vérité \]t de la religion que je
professe. Je lui conlie ma vie, k lui qui
saura bien me sauver pure et sans tache de
vos mains et de votre passion honteuse. Je
ne crains pas la mort, je n'ai pas peur des
supplices : ils vont m'ouvrir la voie qui me
ronduirn vers Siméon, mon fr^ro hien-aimé,
qui m'arrai'her/i aux nerséi ulioiix, aux tour-
liicnls qiif vous me lailes s(jidIVir, pour inr-
laire joinr du repus cl de j.i li;iii<piillih' avec
lui. »
Alors les deux notables «pii siéneaient
dans celte cause? lirenl, chacun ,'i l'iiisu de
ses compagnons, des proposiiioiis de ma-
riage h la jeune vi(!rge. OUiniil l.i bicrriheil-
loiise Tharbe, indigm'-e, les eut ripous.sés
av(H; la mèuie diiictt'; do langage, tous,
comme! dans un même esprit, .se réunirent
|)OUi' perdre les saintes vierges ; ils iiroiioucè-
rent, par ini jugement ini(pie,(pi files élaient
coupables et convaincues do sortilège. Ce-
pcMidanl ils ne purent persuader an roi qiio
ces f(Mumes fussent cou|)ables des praliijiies
de cettii science néfaste, et il donna l'ordre
(pi'on leur fit gr<'\(;e si (^Ihis consentaicuit h
adoi'cr le s(deil. l'Jles refns«>r(,'nt en ces ter-
nuîs : « Nous avons fermement rés(jlu de no
jamais chaiigei- noire Dieu contre une créa-
tuie, et de ne point confondre dans un culte
commun dû à lui seul, le Créateur et les
choses créées. Kn vain vous emploierez les
supplices ; les menaces les ()lus cruelles ne
nous émeuvent pas, et ne nous sépareront
jamais de l'amour que nous devons à Jésus-
Christ notre Sauveur. »
Quand elles eurent parlé, les mages criè-
rent d'une seule voix : « Qu'elles périssent
de mille morts, ces femmes dont les maléti-
ces ont causé depuis longtemps la maladie
dont languit la reine. » Enfin le roi leur
donna pleins pouvoirs, pour qu'ils tissent souf-
frir aux saintes vierges le genre de mort
que déterminait le jugement qu'ils avaient
rendu. Ils voulurent se donner le plaisir de
les faire couper par morceaux : car les ma-
ges avaient prédit que la reine guérirait de
sa maladie, si elle passait au milieu de ces
morceaux de cadavres appendus çà et là.
Les saintes vierges étaient conduites au
lieu du supplice, quand le préfet fit de nou-
veau porter à sainte Tharbe, par un exprès,
des propositions de mariage, lui promettant
de la sauver. Alors la chaste vierge, ne pou-
vant modérer son indignation, stigmatisa en
ces termes l'insistance de cet homme débau-
ché : « Homme le plus impur et le plus in-
fâme, jusques à quand me feras-tu, sans
rougir, proposer avec tant de persistance
une chose à ce point déshonnête et hon-
teuse ? Sache que, pour moi , succomber
courageusement c'est vivre; et que je pré-
fère la mort à une existence partagée d'in-
famie. » Quand on fut arrivé au lieu du sup-
plice, on suspendit chacune d'elles à deux
pieux, comme des brebis qu'on va tondre,
puis on les coupa par le milieu avec des
scies. Bientôt le corps coupé en deux se sé-
pare : On met chaque morceau dans un pan-
nier, et ensuite on les suspend à despoteaux
bifurques. Ces poteaux avaient été disposés
sur le chemin de manière à ce que l'espace
intermédiaire figurât une croix. Ces pieux
portaient chacun la moitié d'un de ces corps,
comme autant de fruits suspendus à des
100!
TFIA
THF,
1003
ranipniii d'arbres, fruits cIp saveur agréable à
Divti. niai'^ anièro aux tvrari'^.
O speclaclr atroio , bien digne do j)ilié et
dp higubrcs plainl(>sl car jamais ass«ir<^-
inoiit, on ne vit chose |)liis dt-sulanto ft jiliis
h<»rrii)le. Que ceux qui aiment le deuil vien-
nent en ro lieu et se purilienl de pieuses
larmt'S : car la m(''nK)ire de ce jour fen-ible
fournira aux larmes une grande occasion de
coujfr, h la vue des corps do ces vierges
pudiques, d('>poiiill('s df leurs v(Memenls et
ex{M)sés appendus aux regards de la foule
sur la voie pid)li(]ue; de ces corps, dis-je,
qui, tant (pi'elles vécurent, furent toujours
cachés dans les profondeurs de l.i demeure
privée. C'est ainsi que ces nobles vierges
souffrirent librement cette profanation et
cette iîifamie. Vous, lecteur, n'ètes-vous pas
surpris du silence de la justice divine, en
Iirésence de celte perversiti'; si grande des
lonmies? Klle se tait et dissinuile, provo-
(juée par les crimes des mortels; parce que,
quandi elle leur infligera chAliment , elle
n'aura pas de miséricorde et néj)argnera pas.
Mais admirez en môme temps à uuel point
de cruauté inouïe l'orgueil et l'audace peu-
vent arriver quand ils s'entlanunent sous la
colère l Mais (juand ils auront été punis et
brisés, toute espt'rance de retrouver la di-
gn té perdue et de retourner au sali^l toui-
bt^ra et s'évanouira.
Quant à cette race d'honunes horriblement
cruels et sans aucun sentiment d'humanité,
qui coupèrent en morceaux les corps de ces
viergeo et les suspendirent h des pieux, je
Jes trouve semblables à ces loups voraces
dilacérant les cor[)S palpitants de leurs vic-
times; car ceux qui commirent ces atiocités
envers des hommes vivants sont ceux dont
ces paroles de l'Ecriture ont voulu parler.
« Quand les honunes s'élevaient pour notre
runie , ils nous auraient dévorés tout vi-
vants. » [Ps. cxxui, 2.) Qui donc a pu se ré-
jouir de ce spectacle lugubre? A qui celte
horrible exhibition a-l-elle pu plaire'.' Qui a
pu envisager ces atrocités d'un œil fixe et
immobile? Qui donc s'est fait un visage de
for pour le lr)urnerde ce côté? Celui-là, as-
surément, n'appartiendrait pas h notre na-
ture, et ne descendrait pas d'Adam, notre
jtère ?» tous. Ka reine, connue les mages l'a-
vaient prescrit . traversa ce lieu où étaient
rtf>pendus les corps mutilés des saintes vier-
ges. I,a foule la suivait : Ce jour-là, le roi
s'éhdgna de la ville. Ces illustres vierges
reçurent la couronne du martyre le o' jour
de la lune du mois de mai. {Tmditit dn
clinhlfiiqur.j
IIIAUSICK (sainlj, at ol\ te, fut martyrisé
h Home sur la voir A|>pien'u». .\yant éli'' ren-
conlré |)nr de*! païens, comme il portait In
saint sacrement du cor[t5 de Jésus-Christ, il
fnl fore/' (»ar fux de leur dire ce (pi'il por-
tail : mais lui, jugeant qm» t était une t hoso
Indigne de livrer les nerles h îles pourceaux,
fut frapp»'' h coups «le bAiou cl de pierres
jii-MltrA re ipi'il ei'Jt rendu r«'spril. Après sa
Il - sncrilegeî* le fourllèreni de t«ins
fvtci, •^(^11'^ ffotitvr oMiMine h'>'<»i»' ni dan»
ses mains, ni dans ses habits. Les chrétiens
enlevèrent le corps du saint martyr et l'en-
tcrrèrent avec honneur dans le cimetière de
Calliste. L'Eglise fait sa mémoire le 15aoiK.
THAUSir.E (saint), martyr, souffrit avec
les sai'its Zotique, Cyriaipie,et d'autres en-
core dont nous ignorons les noms. L'Eglise
fait leur fêle le .31 janvier.
THAURION (saint), martyr, mourut pour
la foi à Anqihipolis en Macédoine, avec saint
Aiirte et sainte Thessalonice. On n'a pas de
détails sur leur martyre. L'Eglise célèbre
leur mémoire le 7 novembre.
THÉBASTE, ville de l'Afrique proconsu-
laire, vit, en 'ÎO'», sous le règne de rerai)e-
reur Dioclétien, le martvre de sainte Cris-
piiie, mise à mort par Tordre du proconsul
Anulin. ('o//. Cuispi>e, Am lin.)
THÉBESTE, ville de Numidie, où saint
Maximilien, (pii refusait d'être enrôlé au
service de rem{)ereur Dioclétien, fut mar-
tyrisé en 206, par ordre du proconsul Dion.
THf-^l^LE (sauite). Nous ne pouvons nous
en rajtporter, pour parler de celte sainte, ni
h l'ancienne hitoire que nous avons d'elle,
et qui a été condamnée par saint Jean, ni à
celle i)lus récente qu'a composée, vers le mi-
lieu du y siècle, Basile, évoque de Séleucie.
Nous suivrons ce ipie nous trouvons ch et là
dans les Pères, ce (juc la tradition leur avait
ap[)orté à travers les années écoulées.
Vers l'an Vo, saint Paul étant à IcAne, al-
luma jiar ses discours l'amour de la virgi-
nité dans le cœur de Thècle. Elle était fian-
cée et accordée h un jeune homme puissant
et riche. Pour la faire renoncer à son des-
sein de rester consacrée à Dieu, ses [larents,
son fiancé, ses serviteurs employèrent v;ii-
nement les prières; les juges eurent vaine-
ment recours aux menaces. Elle quitta pa-
rents, amis, richesses, pour suivre les ins-
truclions de saint Paul. Son fiancé, furieux,
la i>onrsuivit et la fil ccuidamner h être ex-
posée aux bôles. Elle fut en efTtU amenée et
exposée nue, dans l'amphiihéAlre, à la fu-
reur des lions ; mais Dieu la préserva mira-
culeusenuMit : ces animaux féroces vinrent
S(> coucher devant la sainte en lui léchant les
pieds. Elle fut |>lus tard ex[»osée au feu et
encore miraculeusement préservée : on croit
que ce fut .'i Koine. 11 est nrobable t|u'ell')
mourut de sa mort naturelle. I-es Pères la
nomment martyre : dans ces premiers temps
de 1 Eglise, on donnait ce titre à ceux cpii
avaient seulement enduré des tourments.
Elle fut enterrée h Séleucie. On fait sa fèto
le 'l'.i septembre. St^s relitjues S(Mit aiijour-
d hui h .Milan, dans l'église de son nom.
'rHf-lCI.E •'.linle. mourut martyre .\ Afpii-
lée avec les saintes Dorothc(> et Kiqtliémie,
et saint Erasme, durant la perset ulion de
Néron. ^Pas de documents certaiiiN.) 1,'Eglise
célèbre sa fête le 3 septembre. Sainte Thèc le,
dont il est ici (piestton, n'est pas la même
que (elle ilont nous parlons à l'article pié-
cédeiil.
THECLE sainte), martyre, versa son sang
pour Jésus-Christ en Palestine, en l'année
«le l'ère chrétiouiie 30'», sous les empereur^
mz
TIII'J
TIIK
lO'J*
l)i(icl('ti«'n (il Maxiiiiii'ii. |i.ir nnlvo du goil-
Vi'i'iKMir Hrluiin, ijiii lu lil jclcr aux IxMcs
(l;ms l'iUii|>liillH^'Ur(i dd ('.(Vsnr/'c, nvi'c jiniiil
A^,i|M'. (",M doiiiier lit) rcriil |i;is l/i innrt ('<'
JMlir-lh, l>ii'ii lui i'(Vs(!rv(iil de ikhivcIIcs oci'Ji-
sioiis dt» iiioiilitn' son coiiim;;;!'. (,)iiiiiil à
saiiiht 'l'ht^'i^lo, <^ll)' lui iiiiMii'-ilinli'inciil iiiist;
«Ml pit'icPS ji«i" los jiniiii.iiix IV'niccs. Su l'cMc csl
n'l('|)i('-c (fans les Iv^lisrs ^icc(|iii> cl Liliiic,
Ir 10 aoiU, avec (•elles de saiiil 'riiiKilln'e cl
do sailli A^sipe. (>'«//. lMiS(''l)e, dr Mtirt. Pa-
Ivst., 0. .'{; S|(>|)licii Assciiiaiii, Actn siii-
erra mort. Ocriilnit ., L II, p. ISV. ) ((lerlai-
nos édilioiis du Mailyrolnj;;!! romain noilciil
.^ tori saillie A^ape, an lien de saiiil Ai^ape.)
rill'Xll.K (saillie), iiiailyi(>, enl la |j;l()ire
d<^ donner sa vie pour Jésus-C.lirisl h Adni-
niMe, ville (rArri(Hic, avec saiiil nonitacesou
époux, ('es deux saints enreiil doii/e enlanls,
(lui l'urenl niarlyris('!s pour la foi. On ii^noro
I ("^pocpie (>f les circouslanccs de leur mar-
tyre. lïl\L;lise lait leur l(He Ie30aoi1l.
' THfi](-LE (saillie), martyre do Perse, fui
mise j\ mort pour la foi chr(<liennc, dans la
scpti(^me année de la grande [)crsi^culion de
Sa()or, avec doux saintes Marie, IMarlhe et
Ama. Toutes étaient vierges consacrées t^
Dieu. Ces saintes ne sont [las au Martyro-
loge romain. Nous donnons ici leurs Actes
eu cnli(>r.
Martyre des saintes Thcclc, Marie, Marthe,
une antre Marie, etrAma, vierges consacrées
à Dieu.
A peu près dans le même temps (septième
année de la persécution de Sapor), un
certain Paul , homme impie , prêtre , mais
seulement de nom, de la petite ville de Cas-
ciaza, fut dénoncé à Narsès ïamsaiior. Ce
qxii fut la principale cause de cette accusa-
tion , ce furent les richesses de ce prêtre ,
que les délateurs disaient être très-grandes.
Aussitôt des satellites envoyés par le pré-
teur entourent la maison, pour ([ue personne
ne s'échappe , et ayant enchaîné le [)rètre ,
pillent son logis et om[)orlcnt une grande
quantité d'argent qu'ils avaient trouvé dans
un coilVe-lbrt.
Par la même occasion, les émissaires ar-
rêtèrent plusieurs jeunes filles de la môme
ville, consacrées à Dieu : c'étaient Thècle ,
Marie, Marthe , une autre Marie et Ama ;
toutes furent conduites enchaînées avec le
prêtre dans le même endroit; Paul, le pre-
mier, parut au tribunal de Tamsapor, ce
tyran si criminel. Tamsapor lui dit ; « Si tu
obéis au roi, si tu adores le soleil et man-
ges du sang, ton salut est certain, et tu re-
couvreras tout de suite l'argent qu'on t'a cn-
ievé.» Alléché par cette promesse, cet homme
criminel, ce fils de l'enfer, Paul, ne résista
aucunement au tyran, et dit qu'il promettait
de faire ce qu'il lui commandait, qu'il tien-
drait proptement cette promesse : tant ce mi-
sérable convoitait avidement cet argent qui
ne devait le conduire qu'aux feux éternels.
Mais Tamsapor, vivement peiné que Paul ,
par sa défection de la religion chrétienne ,
kiienhivât le prétexte de prononcer le juge-
iiieiil contre lui , rélléchil (ineWjues inslanli
et iiii/ij^ina d'ordonner h ce f»r/>trr5 d'éf^orf^er
de s/1 main les jeu lies (il les (pie nous viîlionsdu
lioiiimei, persuadé (jue, an été [lar In craiulr!
dud(''slionn(!ire| de niif/iinic il n'obéirnil pn«
hcAil ordre, ei lui fournira il ainsi uiii-nnuvtdlo
occasion de retenir avec (pielquc ajip.ireucc
de droit l'argent (pi'il lui avait fnil enlever.
Il lit doric venir les jeunes lilles, et les ro\i!\r-
danl avec un visage terrible et sari>;iiinaire ,
il leur parla ainsi : << Si vous n'obéis.so/ aux
édilsdii roi (pii vous ordonnent d'adorer lo
soleil et de consentir ;i vous marier , vous
n'échapperez point h la iieino capitale, aprè.s
avoir subi la (pieslion la plus cruelle. J'ai
résolu d'exécuter prompleuienl l(;s ordres
(pie j'ai rc(;us de sévir contre les récalci-
Iraiils : personne ne vous arrachera .'i mon
pouvoir. » Les vierges lui répondirenl d'une
voix élevée : « Vainement par ce discours
arlilicieux tu veux nous épouvanter ou nous
flatter, lyran insolent et superbe; (pi'hési-
tes-lu h accomplir les ordres (pii le sont
donnés ? Rien n est plus éloigné de notre
pensée (pie d'aL)jurer nolr(; Dieu, notre créa-
teur, et d'obéir en cette circonstance à les
ordres. »
Alors ce juge impie ordonna qu'on cmme-
nAl les vierges du lieu où il siégeait. Elles
furent cruellement battues de verges par les
licteurs; chaciuKî en regul ont coups avec
tant décourage, que dans celle boucherie
de tout leur corps , elles (riaient à haute
voix : (( Jamais nous ne préférerons le soleil
à Dieu; nous avons résolu de ne jamais par-
tager vos erreurs, hommes insensés qui pré-
férez les créatures au Créateur, et qui , le
méprisant, les jugez dignes de votre culte et
de votre religion. » A l'instant la sentence
capitale fut [)rononcée contre ces saintes
vierges, et le lyran en confia l'exécution k
l'infâme Paul en ces termes : <( Si tu consens
à tuer de ta main ces jeunes filles, je te pro-
mets que tout te sera rendu. »
Rien ne pouvait arrêter l'audace de cet
homme avare , possédé du démon, qui jadis
avait possédé Judas , saisi de la fureur qui
s"était emparée du cœur de cet apôtre qui
livra son maître. La couleur de l'or et de
l'argent avait tellement fasciné ses yeux ,
qu'il n'hésita pas à jeter son âme dans le
malheur éternel pour satisfaire sa cupidité.
Semblable au traître Judas, il eut bientôt un
sort pareil au sien , s'étant rendu coupable
du même crime : car pareillement il fut
pendu une corde passée au cou ; pareille-
ment aussi il creva par le milieu du corps ,
et ses entrailles se répandirent à terre. Peut-
être ce premier voleur avait transmis à l'au-
tre son héritage. Le premier tua Jésus-
Christ , le second tua pareillement Jésus-
Christ habitant en ces vierges; car il est
écrit : Quiconque a été baptisé en Jésus-Christ
a revêtu Jésus-Christ ( Galat. m , 27). Quelle
peine pensez-vous que l'un et l'autre se
soient attirée? quels supplices immenses
n'onl-ils pas mérités? Parce qu'ils ont com-
mis tous les deux le crime le plus impie et
le plus cruel , il est hors de doute que tou§
i«és
tHE
THE
1096
deux sont punis , par la justice |vengeresse
de Diru, cit'S supplices l<»s plus grands du-
rant l'éternité. Cet homme avide d'argent ,
aveuglé par cet or qu'il ne devait jamais pos-
séder, croyant, d'après les paroles trompeu-
ses du tyran , qu'on allait lui rendre son ar-
gent, se tit un cœur de fer, un front d'airain;
ayant tiré son glaive , il se préci|>ita sur les
jeunes tilles, qui, le voyant venir, Tapostro-
nlièrent en ces termes : « C'est donc ainsi ,
lâche pasteur, que tu te précipites sur ton
troupeau, et que tu veux massacrer les bre-
bis. Te voilà donc, homme rapace, à ce point
changé en loup cruel , que tu n'hésites pas
h te précipiter dans ta bergerie. Est-ce là le
sacrement qui rend Dieu propice, et que na-
guère nous recevions de tes mains ? Est-ce
là le sang qui donne la vie que tu donnais à
noire bouche , quoi(iue pourtant ce fer que
tu tires contre nous nous doive donner le
salut et la vie. Nous allons trouver Jésus,
qui est notre bien et notre héritage ; quant
à toi, un autre sort t'attend : cet argent,
ces richesses que tu veux recouvrer, sois
sûr que tu ne les auras jamais , que jamais
elles ne reviendront en ton pouvoir : car
avant toi nous allons 'paraître devant le
juge d'en haut ; il sera le nôtre : nous lui
déférerons notre cause, nous lui dirons tes
crimes envers nous. Tu ne crois j)as que
ce jugement puisse t'atteindre en ce jour,
mais bientôt le chMiment que tu mérites
va fondre sur toi ! Il ne peut pas se faire
que toi , qui nous fais mourir pour Dieu
et sa religion , sois laissé par lui au nom-
bre des vivants , homme chargé de cri-
mes : en outre , nous recevons volontaire-
ment la mort pour lui ; c'est pour lui qu'on
nous la donne , mais malheur à celui qui
nous la donnera l Courage ! homme sordide,
mets le comble à tes crimes par notre mort :
une peine égale à ton forfait menace ta tête.
Qu'attends-tu, lâche et misérable? Pourquoi
ne nous égorges-tu promplemeut? Qu'at-
tends-tu ? voudrais-tu nous donner le specta-
cle de ta mort prochaine, f[uand, pendu à une
poutre, tu lutteras vainement contre la corde,
et quand , désespéré de te voir mourir, tu
secoueras tes pieds et tes mains en l'air, avant
de tomber dans l'enfer ([ui t'attend l)ienlôt.»
Ainsi parlèrent les vierges ; mais cet homme
criminel, ce tils de perdition , (jui avait dé-
posé toute l'Udeur et toute honte , s'arrètanl
inunobile, brandissant son fer, instrument
du feu éternel pour lui , vise les tètes des vier-
ges et les abat avee l'habileté qu'v aurait mise
le bourreau le |)|ii.s exp(''riineiit«>.
La main de ret exécuteur impie ne uarut
point fatiguée , qiioi([u'eMe ïw tôt pas habi-
tué»^ au carnage ; le glaive de ce lAchc gla-
diateur ne [tarul point ('-njoussé. Mais peut-
^trctpicce malheureux bourreau avait aupa-
ravant aiguisé sou fer. dans raltmlo d'une
tellt> occasion, et l'amour de l'argent avait
atfermi sa main pour (pTille m» iriiublAt pas
en donnant le coup mortel. Il né[)roiiva au-
cune crainte, quoiqu'il n'eôt pas Ihabiludo
de verser le sang liumain ; d ne rougit pas ,
cet homme horrible, devant une multitude
qui l'avait en horreur, et qui le regardait
avec des yeux qui exprimaient l'exécration.
Celui qui le premier, poussantCam au meur-
tre, porta la mort dans le sein de l'humanité,
instruisit parfaitement ce bourreau inexpé-
rimenté, selon cette sentence de Dieu : Vous
êtes fils de celui nui fut homicide dès le prin-
cipe (Job. vin, \\).
C'est ainsi que ces saintes vierges reçurent
une mort glorieuse pour Jésus-Christ , con-
sommant un sacrifice d'agréable odeur pour
Dieu, vers le([uel elles montèrent chastes et
pures, pour recevoir la récompense de leurs
glorieux combats dans cette vie, et les fruits
de leur patience invincible au milieu des
plus alfreux supplices. Ces vierges coura-
geuses moururent et furent réunies au chœur
des martyrs, le sixième jour de la lune du
mois de juin.
Ce ne fut pas le même sort, mais un bien
différent qui fut la part du prêtre insensé,
qui sans doute n'avait pas lu ce que les sain-
tes Ecritures disent de certain riche qui ,
ayant amassé l'abondante moisson de son
enamp, s'en félicitait en ces termes : 0 mon
âme, mange, bois et livre-toi à la bonne chère.
Ayant ainsi parlé, il entendit une voix qui
lui dit : Insensé, cette nuit on rate redemander
ton dme, et pour qui seront les choses que tu
as amassées {Luc. xii, 19 )? C'est ce (}ui ar-
riva au meurtrier de ces vierges magnani-
mes; car quand il pensait (ju'on allait lui
rendre l'argent dû à son infâme action , et
qu'il allait le recouvrer, lui qui n'avait pas
hésité à perdre la vie de l'âme, fut enlevé de
ce monue cette nuit-là môme. Le juge,
craignant que cet homme, capable de tout par
amour de l'argent, ne s'adressât au roi pour
redemander son argent , tit venir ses satel-
lites et leur ordonna de tuer prom|)tement
Paul. Ceux-ci, entrant dans la prison durant
la nuit, étranglèrent cet homme avec une
corde, pour que sa mort ne laissât pas de
traces. Combien fut semblable la tin ue Paul
et de Judas, si semblables par leur avarice.
Judas est peut-ôtre moins coupable, car après
son crime il se repentit , et en eut tellement
horreur ([u'il se pendit lui-même. Celui-ci
n'eut pas honte de son crinne en le commet-
tant, pas de regret après l'avoir commis ; il
ne s'en punit pas , mais en fut puni malgré
lui par ceux qui l'étranglèrent. Fût-ce là
toute la peine tle cet homme qui versa avec
des yeux secs le sang innocent , c»'rtes , ce
supplice, comparé au crime, doit être trouvé
léger et inégal.
La terre, arrosée du sang de ces saintes
martyres , produisit un tiguier qui , dans les
années suivantes, fut le salut de beaucoup;
jusipi'à ce ([ue longtem[is après il fut arra-
ché par les impurs manichéens, qui ne pou-
vaient voir sans chagrin la gloire de ces
vierges. Vno peste mortelle fut la peine qui
suivit immédiatement ce crime. On l'appelle
le mal du Lion : il saisit d'une manière épou-
vantable plusitMirs indnidus de celte même
secte. Telle fut la force de ce miraclo et
son évidence, (jue les manichéens eu\-ni6-
mos avouèrent que cette maladie u'avail pas
Ï0ÎI7 THE
ou (l'nutro cnusn qno la vlnlnlion do ce lien
sncrn. , , ,
L(vs vicrgns Altinllios, N/illic IM.'imInclic, dd
1.1 |)rf)viii(T (1(1 |{((||i-(;,irm;n', ciMciil le iiKHiin
porl pour la loi tliirliciiiic : lo an S,i|)(ir
(^Ifl'it v(<nii par hasard dans ci" lieu, los |)iiiiil
du (llMIlitT .SU|>|>li<"<'.
Nous «vo'is t^cril avoc vt^rih^ les Actos do
cos saints inniiyr-!, ilapr^s dos documotils
hisl(>ri(iU('S. {Tinditrdini de rnKfrnr.)
Tliid'. (saillie), lut iiiisci h iiioil en Tal-vs-
tino, ou Tau do JfVsus-Ciu-isl ;iOS . dunnU l«
pors^cnitiou (|ii(' les succoss( urs d(î Dioclù-
tion conlinuai<!iit(u)iitn' l'K'-^liso. Lo j^ouvor-
iiour Kinuilioii rayant nio laccH) do la tairo
e\posor dans un lion do prostitution , ollo
lui roprooha avoc hf.uuoup i\o lorco sa oon-
duite et so!i iniiuoralitt'ï. Outrô du lanKa;^o
do la sainte, il la lit hallro criu'lloni.nl ,
(^tondre sur lo chovalot , ot lui lit dt'^chiror
ios oôlôs av(>o les OMi^los do for. Pondait
qu'on la traitait ainsi, umo autro cliroticnno,
nonuniV' Valontino, s'adrossanl au t^ouvor-
nour, hii cria du milieu do rassenibkV> :
« Pondant conibion d(> lonips fcroz-vous en-
core soullVir ainsi ma su ur? » lunnédiate-
nionl arrôtcV% Valontino refusa obstinément
de saorilior : on voulut l'y oontriindrc on 'a
menant do force à l'auteUinais elle se ilébat-
tit tellement (quelle le re ^versa. Firmilien
les fit attacher toutes doux ensemble et brû-
(er vives. Cette sonlence atroce re(:nt son
exécution le "25 juillet, jour auquel l'Eglise
célèbre leur fête. {Voy. Eusèbe, des Mart. de
la Palest.)
TUÉE (sainte), reçut la glorieuse palme
des combattants de la loi à Gaza en Pales-
tine. Elle eut sainte Mouris pour compa.^ne
de son triomphe. Elles sont inscrites au Mar-
tyrologe romain le 19 décembre.
' THELICA ('sainte), fntan nombre des qua-
rante-huit martyrs mis à mo;t avec saint Sa-
turnin en Afrique , sous le proconsul Anu-
lin , en l'an de Jésus-Christ 305, sous le rè-
gne et durant la persécution que Diodétien
suscita contre l'Eglise du Seigneur. ( Voy.
Sati'rmn.) L'Eglise fait la fête de tous ces
saints le 11 février.
ÏHÉMISTOCLE (saint), berger, martyr en
Lycie, élait né vers le milieu du m' siècle ,
dans le territoire de Myro, en Lycie, Un jour
des païens poursuivaient un chrétien qui
vint se réfugier auprès de notre saint. Ce-
lui-ci refusa de dire aux persécuteurs où était
le fugitif, leur déclarant qu'il était aussi chré-
tien. Ils se saisirent Je lui aussitôt et le con-
duisirent au gouverneur de Lycie, qui le fit
déchirer à coups de fouet et étendre sur le
chevalet. Ensuite on le traîna nu sur des cail-
loux et des pointes de fer. Il expira au rai-
lieu des tourments. Les Grecs et les Latins
font sa fête le 21 décembre.
THÉOCTÈNE, gouverneur de la ville d'An-
cyre , sous Dioclétien , en l'année 303 , était
un homme sans mœurs, sans humanité, sans
religion, d'un naturel inquiet, emporté, vio-
lent, malfaisant, aimant le sang et le répan-
dant avec une extrême facilité. Je ne sau-
rais , dit Nilus , historien du martyre do
PiGTiONN. DES Persécutions. II.
Tiii':
1008
saint Théodolo , h ipii nous rTuprunton» o-n
(h'-lails, dduncr une idée plus juste de toutes
SOS mauvaises ((iialilés, (pi'on dis.'int (luc son
nu'i'ito seul lui 'iv.iit oMenu colle pljwc II
avili promis i\ M.iMniicn de d truiro coniplé-
IcMKMiL II- christianisme dans \n vile d'Ari-
cyrc. Oiiaiid on smI ipii> rc ^oiivorriciir arri-
vait 'i Ancyro pour prendre possession de sn
charno, la consternai ion fut «'xlrêmo : on
([iiillail la ville on fon'o pour se r''fu^^i(!r
dans les uKuilagnos , da"s les cnvonos.
D'Ikmiic on h"ure arrivaient dos mess/jgers
lie la pailde Théoc|("'nr! , les premiers nri-
non(;ant ses dessoins fi.ncstos, les nuiros
appoilant dos ordonnances torriidos. Ordre
fut ainsi donné (pi'on (ùl à (h'-inolir immé-
diatcnnc'it toutes les églises, et (pi'on con-
duisit les prêtres de Jésus-Christ dans les
temples dos idoles, pour les contraindre h sa-
crilicr.llfaul lire,.*! l artichiTiiCîODOTK, !(,"= dé-
tails des persécutions que ce inéchanl homme
lit endurer aux cliiéliens . pour avf)ir une
'uste idée de la terreur (pi'il inspirait : nous
y renvoyons le lecteur. Il verra comment
Théoclè 10 voulut attenter <*i la virginité de
S(>pt vieilles femmes qu'il avait fait arr'^t'-r,
et comment il lit arrêter, persécuta et enfin
lit mourir saint Théoilote.
THÉOCTISTE ( saint ). martyr, fut mis ?»
mort à Nicomédie en l'an de Jé^us-Chtist
3',)'i., pour avoir pdilé h saint Cyorien, dit le
M'i'^icien , (|u'on coniuisait au suppl'ce. Il
fut immédiatement décatiité. [Voy. l'article
de saint Cyphien , dit le Magicien.) L'Eglise
fait la fête de ces saints le 20 septembre.
THÉODARD (saint), évê(iue ( t martyr, est
honoré parl'Egiise le 10 sept"mhre. D'abord
ce saint avait succédé h Remarie, abbé de
Malmedy et de Stavelo , dans le gouverne-
nivMit de ses deux abbayes ; bier»ti)t après il
avait été nommé an si'''^ge de Maestricht. En
669 , il forma le dessein de se rendre à la
cour de Childéric II , roi d'Austrasie , pour
obtenir de lui la restitution d( s hien-< de son
église que des seigneurs puissants dans le
pays avaient acca; ares et détenaient injuste-
ment. Mais ces usui^pateurs, ayant «u iebnt
de son voyage , placèrent daiïs la forêt de
Benalt des ge is qui l'assassinèrent .^ son pas-
sage. Le lieu de son martyre se voit auprès
de Némèse ou de Sp're. Saint Théodard alhit
accomplir une œuvre d»^ justice que lui com-
mandait son ministère : il fut tué dans cette
circonstance, et à cause d'elle il mérite par-
faitement le titre de martyr que l'Eglise lui
a décerné. {Voy. Laihbert.)
THÉODORA (sainte), martyre, eut la gloire
de donner sa vie pour Jésus-Christ, à Nicee,
avec les saints T.heusétas et Jïorrez son fils,
Marc , et les saintes N^mphodora ot Arabie.
Le Martyrologe romain ne dit {loint à quelle
époque eut lieu leur martyre. Ils furent fous
livrés aux flammes. L'Eglise célèCie leur il-
lustre mémoire le 13 mars.
THÉODORE (saint) , soulTrit la mort pour
la défense de la foi avec saint PausiJippe.
Leur martyre arriva sous Adrien. Nous n'en
savons pas davantage sur eux. Ils sent ins-
crits au Martyrologe romain le 15 avril.
35
1090
THE
TUE
«ido
THÉODORE («Jain»), fut martyrisé à Perse
en Parnp'i.vlie, avec sainte Pliil'ppe sa mère.
Loiir lu.irtvre .irriva sous le rôj;iie «Je lem-
pert'ur Anloniii : ils eiireit |)liisieurs coin-
na.;iions do it les noms sont ignorés. Ils sont
iiisrrils au MHrlvrolo.5e romain le 27 sep-
tenihi'P.
THfiODOHK( saint), fut martyrisé h An-
rlrinonln, sous le rt"'j;ne de l'enipereui' Mnxi-
mion,'avoc les sai'iis Maxiuie el Asclé[)io-
dole. Ils sont inscrits au Martyrologe romaia
le lo st'ptcinlM'e.
THÉODOlUi (saint), martyr, eut le bon-
heui- de répa >dre son sang pour la religion
chréfionne à Rome, durant la persécution de
Valérien. Il eut pour compagnons de ses
soulfrancps les saints Irénée. Antoine, Satur-
nin, Victor et dix-sent autres dont les noms
sont in -onnus. I/Kglise c •lel)re la mémoire
de ces saints martyrs le 15 décembre.
THÉODORK, (saint», fut martyrisé à Rome,
sous le commencement do Gallien, avec
sainte Flore, sainte Lucillo, et les saints Eu-
gène , An'onin , et leurs eo.npagions au
no'iibre de dix-huit. L'Eglise fait leur fèto lo
29iui let.
THÉODORE l'sainr), l'un des gardes de la
pris •;! de Saint-Cen*orin ou Censorinus,
sous Claude II le (iolhifpie, fut converti à
la foi chrétienne par le prêtre saint Maxiuie
avec les autres girdes de la prison, lesquels
étnient Félix, Maxime, Faustin , Herculan,
Nu.rnère,Storacinus,Mene,t^ommode,HL'r ne,
M»ur, Etisèbe, Rustiqu -, Anmuliiius, Mo-
nacre, Olym|)e, Cy()rien et Théodore. (Pour
voir leur histftire,' recoure* h l'article Mvr-
tYRs d'Ostik.) Ces saints ne sont pas nom-
més au Mnri . mloge romain.
THÉODORE fsaint), fut martyrisé sous
rem(»ereiir ^(a\imien avec les saints Océan,
Amunen et Julien. Après avoir eu ies pii^ds
coupés, ils furH'nt jetés dans le feu et ac-
complirent ainsi leur martyre. Ils sont ins-
ciits au Martyrologe roujain le V sepienubro.
THèODORE(s'\int),surnommé l'y ron, mar-
tyr, était évèipie d'An>asée. Nous donnons,
pour le faire connaître, le panégyriijue (jue
nous trouvonsdans saint (iré^oire de Ny^se.
Cefulei3,)t> (jue saint Théodore ret;ut la cou-
ronne du ma tj r«. Il est honoré par l'Eglise
le 0 novemt)re.
Discours de saint (iréijoire de Xijssc sur saitU
Ihéaiiore^ martijr. ,L'aii d«' J.-C. 30o^sou$
Icjj empereurs (ialéiius et Ma.MUiiu.)
S.Tcré troupeau (hiSeig'^eur, vous ([u'il a
ohoisi pour son peuple, racH royale honorée
du .sacerdoce. Imu^ics nombreuses de tidèi(>s,
qui H'îcourez e i ce lieu des villiis el de la
campagne, <|uel sujet v us y amène? (^ui
vous obligea ipiitte. vos loyers, et (|uel mo-
tif vous fait enlreprendre un voya^e si long
et SI pénible, dans une saison si rude, au
fort 'le Ihiver, dans le le ups des neiges el
d«;s fiim «s.' Toute la nature osl dans l'iiia.-
li' n, tout se ri'pose : le sul ial •|uille son arc
et se» llèch.!>, pour no les reprendre cjuau
pti it'ups; lt> pil()te désar..m son vaisseau,
cl le laboureur di'tullu sa ciiârrue. Ebl-cc quo
le sainl martyr dont nous célébrons aujour-.
dhui la mémoire a sonné de la trom(iette
pour vous attirer ici de toutes paris? A-t-il
iail de son tombeau un quartier d'assem-
blée, non pour marcher à 1 ennemi ou pour
livrer un combat, mais pour goûter en-
semble, dans une union saii te el toute
chrétienne, lesdtMJX fruits de la paix, de cette
))aix qu'il nous a lui-même procurée? Cap
enfin, mes frères, vous ne dout-ï plus que
c^ ne soit lui qui, j)ar ses prières , conjura
l'année dernière c<t orage prêt à Fondre sur
nos provinces , qui arrêta cotte inondalioa
de barbares, ce déluge de Scythes dont nos
champs allaient être couverts, s il n'eiU éld
au-devant d'f^ux, el n'eût répandu la lerrcup
dans leurs bataillons, en se montrant à leurs
yeux, armé, non d'un cas<{ue ombragé de
plumes ou hérissé de trois cjôtes, non d'une
épée dont le tranchant |:h»Ii et bien trempé
coupe le fer et l'aei p, mais de la croix de
Jésus-Christ, do celte croix devant qui les
maux les plus horribles [irennent la fuite;
celte croix fronde en mirarles; celle croix
ei lin h qui noire saint doit t<mle .sa gloire.
Sa grande i'iine, en quittant la terre, alla
prendre sa place dans le ciel; elle y jouit
avec les autres âmes bienheureuses d'un
bonheur iniini, tandis que son coi |)S repose
ici parmi nous dans un magniticjue tomb» au
(jui est l'objet de notre vénération et de
notre culle, el qu'il reyoil l'honneur qui est
dil à celui doul lexlréme pureté n'a jamais,
été souillée iLuranl que l'âme js a fcut sa uc-
meure. Ces sacrées reliques sonl cou»me i s
dé 'ùt précieux, ipie chaque siètlc conserve
soigneusement pour le représenter au jouj
de la résurret-tion générale, coiuuk; une t>or-
tift'i de matière rare el exquise, ornée de
mille excellentes qualités; un cor(>s bien
différent des autres conts, doul la mort a été
commune el vulgair*?. Car, ^ la vue de ceux-*
ci Tihiie est saisie d horreur. On n'aime point
c> visiUtr les sépulcres, el >i lu ha>v».d nous
en fait ren; outrer quoiqu'un d'ouvert, nos
tegards aussilôl s'en éloignent ; ces restes
échappés au louips el aux vers nous font fré-
mir, et nous fu\ons cet objet avec précipi-
tation, en géiuisvsant siu' la triste condition
de la iialufe humaine. 11 u'en est pas do
même des toiubeaux des .saints, de ces lieux
pannlsh celui où nous nous trouvons au-
jouid'hui assemblés, où le juste est honoré»
où SOS reliques deviennent l'olyol de la dé-
viition des peupi s. Los ve.ix sont d'abord
agiéablemenl arrêtés parla luagniliconee de
ce qui se presenlo à eux : un temple d'une
anhiieelure superbe, cl où 1 art a attaché
mille ornements. Ses uuus sont r)(;rusté9
(l'un maslic qui imite la polissure de I ar-
^ent bruni. In le sculpteur on a tiré des bas-
reliel's qui semtileiil animés. \.\ le peinliv %
mis dans ses l.ibleaux autant de traits li'iis
qu'il a «lonné de coups de pinceau. Ou y voit
ué, cuites les princi; aies a» lions du martyr;
riioneur qu'il a du >acritii'i' abominable
ipio 1 lui propo.«ie est exprimée sur son vi-
sage ; li'i on apei(;»>'t d vers ins rumenls de
supplices; ici une luufuai:>o qu ou allumo
1101
TIIK
VHR
410i
ixtiir y Jt'tiT lo s/iiiil ; lo poi'iliMi n'n uns ou-
lili('t (l(* lin-r jiii tuiliirrl l.i iiiiiic jiHVciiso et
nu"irt(;.)\'ilo (l'iiM Ivrnii <"i liin'iir; Jr-su-illirist
lui [n(Miii> V [>iinijl roiiiiiic Jti;;,i> dti coinbnl :
«'M un mol, \h tiiaiii s.iv.iiilc i|tii n litici^
tniltM.<i COS li^UIOS IKtUS lllrl (h^VIl'U les )i'U\
(N>rnin»> un ^rnnd livio on nous ponvoiis lut'
H,L;i(^iiltlt'in(' Il 1rs travaux, la vicldii-c. In
inoit liourcMiso ol I'imiIi-it ln(ini|ilin'iti' du
5ninJ ni.iilyr inns la i;l iro. Lu cliarinaMlt'
divcrsilt^ drs ((uilcnrs (|ni en lornicnl les ca-
rflrlYres donno h «'o lieu l'air cl ra^re'înn'nt
4i'iino prairie scnu^'- de ilfiirs. Kiilin rvltr.
|it'inlin(>, lonU; nuicllo (|n'('ll ■ rsl, a le s('( rct
dt< [urlt'r aux yt'U\, «ît dinslruirr ciigaidant
le sil(Mi(('. I,r |)av<'' itu^nu* dt» cet augusic ItMu-
plo »'sl un laMcau, où ra.ssiMuhLirJ,»' muim'c-
iianl d'un niillio'i d • [iclilcs picrri's de dit-
fi'rcnlcs coidcu-s ( 1) achève d'.riiirrudi i- an
[)-i(Mix voyai^cur riiislono du .sanil ([non y
révère.
Mais afiri^-s «pui ses youx surpris vl cliar-
mi''> se sonl sat sfails par la vue de tanl de
choses rares, il no po'ise plus (pi'"» satisfaire
sa ii'('v<i(ion en s'ap;'ro( lianl du lond)eau. Il
y (Moit li()nvt>r une source de bénédiclious,
sa sa'ielilioalion, des gnkcs, du secoilTs con-
tre les ennemis de son .-alnl. Quv si o'i lui
permet de prendre de la [)oussière (pii est
au pied du tomheau, il la rainasse avec res-
pec t, il remporte avec une exlrt^fue .-atisfae-
tion, il la s<'rre soigneusement, il croit pos-
sévier un trésor dans un peu de t rre. Car de
toutes les reliques mômes, c'est une laveur
signalée acetrdée à peu de personnes, diix
à (pii un semblable bonheur est arrivé savent
combien il letn- a fallu employer de [)iieres,
maripiei- d'empres^ement, suiliciter, presser
pour lobienir.
Alors ils embrassent le «acre corps comme
s'il élait vivant, ils le ba sent respectueuse-
ment, ils le cunlem|dent avvC avidité, ils en
porieiit ijuelcpie [wu lie à leurs yeux, à leur
bouche, à leurs oreilles, h tous leurs sens.
Ensuite ils s'cidressent à lui comme s'ils le
vo.> aient préseï t ; ils le prient, ils répandent
des laruii s pour le toucher, ils lui demanueîTt
son intercession, ils ie con,! rent de se ren-
dre auprès d Dieu, leur avocat et leur pro-
tecteur. Ctmcevez de là, mes cliers frèi'es,
de quelle gloire Dieu prei.d plaisir à com-
b.er ses saints, combien leur mort est |)ré-
cieuse devant lui. Quel est le roi, quel est le
nionar(|ue (|ui ait triomphé plus glorieuse-
ment durant sa vie, que les serviteurs de
Dieu après leur moitV Oh sont Ci s grainls,
ces (luissants de la terre? Qu'ils nous disent
si jamais de [lareils honneurs ont accom^ia-
gné leur sépulture? Qut-Is vœux les hommes
ont-ils portés à leurs tombeaux ? Qui de ces
pre'qeurs de vd.es, de ces dompteurs de
peuples, de ces fameux conqu ranls, a vu
sa mémoire célèl>re par tout le monde, chan-
tée par toutes les nations, son nom exalté,
annoncé, publié par un million de bouches,
comme le soni aujourd'hui le nom ei la mé-
moire d'un pauvre soldat que saint Paul a
(1) Ouyrajifi à k in9saiqu.e.
bien voulu armer d») sa main, mais qu»! Jé-
MJs-(]' risl n'a pah ilédaii^né de <:ou(oriner de
la su'iine.
Celle heureuse» région qui est ériniréf! do«
premiers rnyo ih <1u soleil vil najiro noln;
illusire sfdlal au eonmiem emeni du dernier
sièchî, comme elle avait vu nudrf! le saint
homme Job plusnnirs sièeles auj)ainv.i'ii.
J/iin ei laulre, animés d'un même esprit, Il
renl parailie dans buts moins la iiiCnii- pu-
reté el la même rei liliide. .Maiiil.na'il (jue
notre martyr habile une contrée soumise à
un souverain (pji l'est de toute la leric, on
peiil dire (pie tout h- iikchJ,. csi s,i paliie.
S'élaiil enrôlé dans les troupes romaines ,
il vinlavec sa légion passer l'hiverà Aman'o.
Ivi c(^ t(niips-l?i une guerre saii^lanle s'éleva
tout à coup dans lempire, non par l'incur-
sion i-'opiuéede barbares, mais par h s mo-
iié( s et le^ intrigues de' S.ilan. Il en (il pu-
blier la oéclaration dans un édil impie, oui
allaqujiit l)i(MJ d r. etemenl en obligeant las
clirét eus on à le Mmoneer, ou ;i perdre la
vie. A ors notre ri uveau soldat, nourri
dans la |)iét.>, rcniipli d(! Jésus-Christ, por-
tant sa confession de foi é( riie sur son fio-it,
l'heureuï Théodore, ouoicpie peu expéri-
imnité dans lait de la gi (nie, païut un
homme consommé dans la science do saints
et dans la pratique des verius. On ne 'e vit
point céder à la crainte, ni pâlir h la vue des
périls, ni se taire par lâcheté, ou, si l'on
v(ul, par u-ie molle prudence ou une timide
iiolitique. D'ailleurs, ainsi qu'Hérode et Pi-
lale s'ui.irent auliefois coniie Jésus-Christ ,
de même le gouverneur d'Aïuasée et le tri-
bun de la légion oij servait Théodore se
joignirent eiisimble pour lui fa re son pro-
cès. L'un et 1 autre, l'ayant fait ciler devant
eux, lui drent : D'où vous vient celle au-
dace, et qui vous rend si hardi et si témé-
raire q'.e doser refuser d'obé:r aux ordres
de l'empereur, vous qui les d.vriez recevoir
à genoux tt avec une tramle respectueuse?
Pourquoi n'adorez-vous pas les dieux qu'il
plaît auxemi ereurs (1) défaire adoierà leurs
sujets ? Théodore, sans changer de visage,
réi>ondit d'un ton de voix assuré : Je ne
connais point plusieurs dieux, et il n'y en
eut jamais (ju'un. Vous êtes dans l'erreur
]ois,,ue vous honorez du nom de Dieu les
démons, ces esprits fî)urbes et imposteurs.
Jé-us-Christ est mon Dieu, Je Fils unique
de Dieu. Quico ique donc voudra me con-
traindre à abandonner ma religion, s'il pré-
tend m'y forcer en me f isa:it maltraiter
à coups de fouet, il peut encore, s'il veut,
me faire déchirer avec des ongles de fer, j
joindre les br.isiers ardents ; et si mon dis-
cours l'ottense , voilà ma langue , qu'il la
fasse couper : mon corps sera trop heureux
de souffrir en tous ses membres pour son
Créateur. Ces paroles généreuses de notre -
soldattjrent tomber toute la tieitédes tyrans;
ils voyaient un jeune; homme soupirer après
le martyre, se réjouir à la vue des tour-
ments , et avaler , jjour ainsi dire , Ja mort
(i) Maximin et son CQllègi)e.
Am TiiE
comme un brpuvngo délic'eux. Ceppnd.inl,
nlffclnnt di* nornUrt? rk^im-nls, ot pio'iaiit un
air (le boiiit' ftint»', iIsUircnl tout haut : Il
faut tlonner h ri'^scnsf'' lo tomps de rev 'nir
de sa folie . ptMH-rtrc (jin* les lélloxious cpi'il
aura le temps de faire e rcnirunt plus sajÇi'.
C.'fSl ainsi (|u'ils appelaient folie et égarc-
tnenî d'osprit ro (pii élnil la jlus liaiite sa-
pesïse, et qu'ils voulaient f.iire |)asscr l'ac'c
ie pHis héioupie de la reliu;iou pour bas-
sesse d'^mi' et p liti.'sse de çÇénie. Ainsi dt's
jjens noyos dans la crapule appi-llenl ivro-
gne un pliilosophe sobre et tempérant.
Voyons luai'leiant (piel usage le saint
homme fit du délai (lu'o i lui (J '[Uiait.
Il y avait k Amisee un tempb' dédié h la
m^redes dieu\ (1) , (jue les anciens païens
lui avaient élevé sur le bord du lleuve qui
!,ive |t*s m >rs de cett • mé ropole. Théolore
se servit pour mettre le f.-u h ce temple de
h liberté qu'on lui laissait. Le vent tiiême
s.'conda son dessein, et en peu d'heures cet
^'litic ' fut réduit en eendre-^. Ce fut là la
réponse qu'il rendit hwx tyrans, qui leur fit
connaître ee ([u'ils devaient ait «ndre d»* lui.
Cependant la tlamme, qui s'élevait fort haut,
apprit la chose h t ute la ville. Théodo;e,
bie 1 loin de se tenir cach'*, ou du moins de
songer à détourner le soupçon de l'embra-
s niMii (pi'on aurait pu fnre tomber sur lui,
publiait haute eei.t (piil en était l'auteur.
H s'en vantait comme d'une ai-tion (jui le
devait rouvrirdune gl'.ire immortelle. Il se
moquait ouvertenuenl des païens, il tour-
nait ei ri lit ule les regrets qu'ils faisaient
sur la |)erie d" leur tenij»! 'et de leur déesse.
L-'S ra.'igistrats le fout citer : il comparait, il
parle avec une libei té surprenante et ()leine
d.' confiance, eomrae s'il n'av it rien a erain-
dre ; il st'ml)le moins être le criminel qui
suldt l'interrogatoire, que le juge (pii le fait
prêter. Il le prévient [»ai' -^es répo'iscs. Enfin
les magistrats, voyant (ju'il ne perdait rien
dt! sa fermeté, ((u'il ne paraissait |)oint ef-
frayé de la viH.'des supplice'^, et ipi'd ;>ailait
toujours avec la même assurance, eh.ingè-
n-nt eux-mêmes de langage ; et se radoueis-
sait à l't'girdde Théodore, ds entreprirent
de legrigutn' par des prones^es et d(>s 11 itt--
ries. Si vous voulez vous soumettre, lui di-
re t-ils, et laire ce «pi'on souhaite d(.' vous,
nous vo.is engageons notie pirole que dès
le Hicui nt même on vou> relirer.» de la
pou-isière, vous serez, anobli par le , rince,
et nous vous ot»tiendroiis la dignité de grand
prèire. A ce mot dt- grand prètic, Théoilore
se mil à lire ; puis prc lant un air [)lus sé-
rieux : En vinil.', dit-il. j'estime que la con-
diliou lies simples pr très de vos dieux est
une lies plus miséral)lfs qu'il y ait sur la
terre ; je ne les co vsuiere ipuî comme de vils
et d(^ chétils mimslrrs d'une vaine et ridi-
cule sujierstition ; que peut-on doue penser
du souveran sacnlicaifur ? Son état est
uioins digne de co.unass.ou quf d'horreur.
Ainsi, parmi les métUa.its, 1»; plus scélérat
tient le premier rang ; et entre les brigands
(l) Cylwlc, Berccynlhir, etc.
THE
il04
celui-là est chr»isi pour capitaine, qui s'est si-
giial''j>ar un j-lus grand uombrede meurtres.
Ainsi parmi de jeunes débauchés le plus es-
timé est celui qui mai(ju»'le f)lusd'empresse-
luontdans la débaudif. Ne vous donnez donc
plus la peine de me faire valoir vos otTres,
j'en connais le prix mieux que vous : vous
ne me sauriez rien promettre de plus détes-
table. Il est bien plus avantageux à quicon-
que veut vivre dans la piété et linnocence,
de passer ses jours inconnu et mé[>risi'' dans
la maison du Seigneur , que d'occuper une
place honftrable dans les palaisdes pécheurs.
Je vous assure (jue l'aveuglement de vos em-
jiereurs, dont vous faites sonner si haut les
lois et lepo ivoir, me fait pitié. Qui le croi-
rait, qu'élevés au-dessus des autres hommes
par l.i puissance souveraine dont ils sont re-
vêtus , ils s'imaginent donner un nouvel
éclat à leur diadème en prenant le nom de
souverains pontifes? ils ne voient [)as qu'ils
ternissent la beauté de la |»ourpre impé-
riale en la couvrant de l'habit lugubre de
sacrificateur, ils ne voient pas que les fonc-
tions de ce ministère les dég adent ; ils
deviennent cuisiniers , d'empereurs qu'ils
étaiem ; s'ocf upant d'une manière indigne
du trône à tuer des oiseaux et h les faire
cuire, h fouiller dans les entrailles des bêles
mortes; et ils s'attirent le mé| ris et l'indi-
gnaiion des peuples, en se m 'Utrant à eux
comme des bouchers, les mains et les habits
ensanglantés.
La fejiite douceur des juges s'évanouit à
ce discours du saint, elle ne put tenir contre
des paroles si fortes et si pres.santes. Us écla-
tèrent (l'abord en injurt s, ils l'appelèrent
impie, rebelle ; ils lui rejirochèrent son peu
de respect envers les «nnpereurset lesdieux ;
ei se taisant un devoir de venger les uns et
les autres, ils le firent étendre sur le cheva-
let. Ptnidant que les bourreaux attentifs à lo
tourmenter su dent à grosses gouttes, lui,
sans donner aucune marque de faiblesse ,
chantait ce verset des Psa.jines : J^ h/nirui
le Srijiffiir rn tout temps, ses louanges se-
ront toujours en ma bouche. Les bourreaux
étai(nil recrus, Th "o lore chantait comme si
un ;iutre eiU souif rt h sa place. Ou l'ôia ilu
chevalet et on le mit en prism ; il s'y fit aus-
sitôt plusieurs mira<les ; on y entendait
t(mtes les nuits des concerts, et une infinité
de naml)eaux éc'airaient ces lieux alfrinix ;
en sorte que le geôlier accourait à la cham-
bre des prisonniers, et était surpris de n'y
trouver (|ue le ma tyr qui reposait, el les
autres |)risonniers profondénunit endormis;
et partout enfin un grand silence et une
profomle obsmirité.
Cepeniant les juges voyant que tou.5 leurs
ell'orts ne servaient (pi'à rendre l'admirable
Tht'odore plus ferme et plus inébranlable
dans sa foi, il fallut en venir à la sentence
de mort, par laquelle il fut condamné à ôlro
brôle tout vif. Ce saint, mes frères , acheva
glorieusement sa course ; mais en mourant il
nous laissa sa vie pour nous servir d'exem-
ple, et sa niorl pou: être l'objet de notre vé-
ncialion. Il rassemble depuis uo sièclo les
4105 THF.
fiil(Mos nntour do son tomlHan : d» I^ il vu-
sci^iic rM^lisc, il iiicl «'H luitc 1rs (Irinoii';,
il ia|i|)fllc les jiiif^cs (le |nii\, il prie iM)iii-
nous, il (IciiUMKJc, il ohlirnl. Ci- loinlinui
sju-i-t" est, s'il m'est |MMiiiis de p.ii In fiinsi,
lo hihuratoiic iiiiiiiciiiciix où se coniiio-
scnt ik's r('iii^(l(is soiivcniiiis pom* toiilos
soilcs (le iii.tl.'iilies ; c'csl un poil li;inipiil!(«
(pii icM'oit dans son sein Ions ceux (pu sont
P' nss/s par les vcnisdcs /ilUitlions ; c'osl un
trésor in(''puis;d)lr où !a l*rovi(l(!"i((> piii^(!
s/ins (M'ssc [>(Mir i'ournir aux hi'soins dis
pauvres ; c'osl un hospice paisible el coni-
niodo pour lis voyageurs (pi(> la |)i(''tr\ y. con-
duit ; c'est cntin (■ouM\it' une hcunuso con-
ti'(^o où lajoii' cl les t'(Mcs sont continuel les,
où il se l'ail un concours (pii n'est jamais in-
terrompu ; car, (pioicjue nous (élébrions
avec une pompe oxlraoï-dinain; co jour
comme l'annivirsaire dn triomphe du sainl
martyr, les «iulresjonrs de l'amiée ne laissent
pas d'avoir leur solennih^ parliculiôre, la
dévotion s'y renouvelle cha(pu' jour, et y
am^no de nouveaux pèlerins. lina;j;ine/.-vous
un sentier couvert de fourmis, do'it les unes
moulent , les autres descendent, el vous
concevrez le chemin (jui conduit h ce tom-
beau célùl»re. Pour nous, cpii avons aujour-
d'hui le bonheur de st)lennis(>r ce jour (|uo
le cours du soleil ramène réyulièrenuMil tous
les ans, nous venons tous ensend)le, ô bien-
heureux martyr, renouveler la mémoire de
voire victoire, et adorerions vt)s auspices lo
Dieu loul-puissanl ([ui vous a l'ail vaincre.
Venez donc , 6 gra id sai"il 1 vesiez pré-
sider à la l'été, accourez de quelque endroit
du ciel que Dieu vous ail marqué pour votre
demeure; soit que vous vous trouviez dans
la plus haute région de l'air, o\isous le ciel de
quelque planèlo ; soit qut- vnus soyez placé
avec les anges, ou occupé à louer Dieu avec
les puissanc s el les vertus, quittez s'il se
peut pour un moment ce glorieux emi)loi, et
venez honorer de votre présence un peuple
3ui vous invoque. Ce n'est plus une troUt<e
'idoUltres qui prend plaisir à vous faire
souffrir, et qui se fait un spectacle agréable
de vos tourments ; c'est une assemblée de
fi'ièles serviteurs de Jésus-Christ , qui aime
h vous contempler par les yeux de la foi,
environné de la gloire dont vous jouissez
dans le ciel et à augmenter les hotmeurs
que les hommes vous défèrent sur la terre.
Nos besoins sont grands, et nous en avons
plusieurs : intercédez auprès du grand Roi
en faveur de votre patrie ; car la patrie d'un
martyr, c'est le lieu où il a reçu la mort ;
et ses citoyens, ses alliés et ses proches ,
sont ceux qui possèdent ses reliques , qui
les conservent el qui les révèrent. Divers
malheurs nous menacent, nous les voyons
s'approcher de jouren jour ; les Scythes s'a-
vanceiit vers nos frontières, et celle cruelle
nation se fait suivre par le désordre, l'hor-
reur et le c;irnage. Comme soldat , com-
battez vaillamment pour nous ; comme mar-
tyr, parlez hardiment pour nous. Quoique
votre Ame exempte de passion n'ait jamais
connu eu elle les faiblesses de l'humanité ,
TIIR
noG
elle le.s a du moins coiiriue.s dans les Autres;
elle n'igii()re p.is (puis sonl les beso.ris et
les iiéccssih's dr \n Vie , 1rs ciainles ( t les
rra\(iirs (jr lu nature h la vue d'un pénl
prix h.tin. l><Mii;indez bijaix, afin (pie noi>
saiiilis asscnildées ne soient poict inter-
rompues , ne .soient point troublées , no
soii'iii point il'ssipt'cs pjir j.i mjccic ; i\\iti lo
soldai id(»l,Uie ik; viiMuie pont d'ijn(! maiii
saciil/'ge nous arracher des autels el de votre
lombcaii. .Iu'(pi'i(i iiou.-> vous ri'i'OMM;»isson.s
|HMn- notre prolci leur ; el si les arnics des
barbares ont épar^'né celt(î |)rovince, si nou»
joui-sons (II- la !ibeilé et de la vie nous ("l
sommes rcMJevables à celte puissanU; prolec-
tio:i ; (pie le passé nous réponde pour l'a-
venii-. Oiir si vous croyez, grand saiil ( et il
n'y a (pie rhumililé (pli puisse voiis le faim
croire), (ju'd soit nécessaire d'ernj)loyer au-
près de Dieu une recommandati(Ji jdusCor e„
des prières plus ellicaces, un plus gra id
nombre d'nitercesseuis, voil.'i vos frères les
mailyrs (1) (pji >ejoin(iro'U à vous. Adez ,
troupe sacrée, pricîz pour une lroup(; de pé-
cheurs, la nnséii(;orde de Dieu ne pourrît
vous résister. Mêliez encore l'ierre dan.s nos.
intérêts, mcllez-y Paul ; faites-y entrer J,*ari
le théologien elle d'sciiile bien aimé; qu'ds
sollici'en!, qu'ils s'empressent i)Our la con-
servation des éf,lises (ju'ils oui tondées, pour:
les(piellesils ont do inéleur sang el leur vie.
Que les idoles ab'tllues ne puissent jam.iis
se relever. Que l'herésic, cette mauvase
plante, no croisse point dans la vigne uu
Seigneur ; que la zizanie n'étouffe pas le
bon grain ; que les pierres et la terre stéiile
et sa;^s humeur, qui ne peuvei.t donner da
nourriture lî la parole, soient jetées hors du
champ de l'Eglise ; mais que, par votre puis-
sante i:itei'cession et celle de vos compa-
gnons, la république chrétienne devienne
une contrée fertile ; qu'elle soit couverte de
riches moissons, qu'elle soit abondante en
fruits ; que tous les habitants y cueillent en
tout temps ci'ux de la vie ét(;rnelle.
THÉODORE ( -aint 1 , martyr, mourut en
confessant sa foi à Alexandrie , durant la
persécution de l'empereur Galère-Maximien.
Ce sainl évéque égyptien eut pour compa-
gnons de Svjn martyre les saints Fausle, prê-
tre , Didie et Ammone , Philéas , Uésyque,
Pacome et six cent-soixante auties doiit les
noms ne sont point consignés aux martyro-
loges. L'Eglise honore leur mémoire le 26
novembre.
THÉODORE STRATÉLATE (saint) , c'est-
h-(]ire Théodore It général, m.irtyr, comman-
dait les trou[)es de Licinius dans le pays des
MarianJins (partie delà Bilhynie, du P>.nt et
de la Paphiagonie). Il faisait sa résidence à
H>-racloe, qui i-our lors en était la capitale. Il
était chr.'tien. Licinius lui fit trancher la
tête en 319 , le 7 février, jour auqut-l l'E-
glise honore sa mémoire. Ses reliques sont
à Venise dans l'église Saint-Sauveur : elles
furent apportées dans cette ville , en liGO »
(1) Peut-être Eulrope, Léonic et Basilisc , que
les Grecs nomment les compagnons de saiol TUéor
dore.
!I07
TTTE
TTIE
if08
p.ir M.irr D.indolo. Les Actes gmcs de s,?int
ThAoïlnrr', qu'on attribue h un nommé Au-
g.iT'' . n'ont .lUfine osîhto d'autorilô. {Voy.
Folconius, iV')r. in tnhul. Jos pli Assemani,
in ralenrl. univ. nd K cl 17 febr. f-t 8 junii.
Lubi 1, ^nt. in mart. Rom., p. 2S3.)
THKOnOHK ^.lint), m.irlyr sous Valens ,
on 370, fut l'un des <[u.itre-viM^K diHiutés
qu'il lit mourir nar le mi 'istèrc du (tn''lVt'lu
pr<^foir.^ \fo(jo«;t('. (Vrty. rRB4lN pI Valens.)
THÉODOHE STIDITE ,s,iiil1, .'bbô à
Toista-iti lopio et co:if ssour. était fils do
Théorfiste , sœur de saint Platon, abbé de
Symboléon, sur le mont Olyinp'-, ci Billiy-
iiMî. S^int Platon s'é.ait depuis lo'iglemps
retiré du monde, et ses neveux eux-mêmes
avaient en quel luo sorte oublié son exis-
tenre , lorsqu'il f.it obli,j;é de venir h Cnus-
tanti-io[)le poura'Tare. Bientôt sa ver u l'y
fit lemarqu r, et l'v rend t e\tr:Miement c»'-
lèbre. A[)rt>s qu'il fut rarli pour reloin-ier à
sa solirud-' , i'iin[)ératrice Irè c ayant ac-
cordé la liberté h chacun d'embrasser T' tat
monastique, toute la fam Ile de Tbéocliste ,
sœur du saint , résolut de marcher sur ses
traces, et do se retirer aussi du monde en
se consacrant entièrement à Dieu. Cette
sainte femme fonda en 781 , près de Con-
slantino|)le, l'abbaye deSaccudion. Au nom-
bre do ceux qui s'y retirèrent fut Théo lore,
son fils, âgé de vingt-deux ans. Nul ne mon-
tra plus de ferveur q e ce jeune homme.
L'année d'après, saint P aron, quoiijuo avec
beaucoup de peine, se démit ilc son monas-
tère pour [)rendre la nirectinn de la nouvelle
abbaye. Sous la conduite de cet homme émi-
nent , Théodore fit de très-grands pro^'rès
dans la vertu et dans la science. En 7!)'*,
saint Platon , ayant voulu vivre en sim()le
religieux , abdiq la son titre d'abl)é. Saint
Théodore fut élu tout d'une voix pour le
renifdacer. 11 avait alors trente-cinq ans ; il
y /"vail par conséquent treize anui'es qu'il
avait embrassé la vie monastique. L'année
suivante, l'empereur Constantin VI ayant
renvoyé sa femme Marie, avec la pudle il vi-
vait depuis se[)t ans, épousa Théodote, nro-
che parente de saml Platon et de saint riiéo-
dore. Le patriarche Taraise admonesta sévè-
rement l'empereur; mais il ne voulut pas
l'excommunier, de peur (]u'ii se déclar.'it en
faveur di's icnnoclastes. Saint Platon crut
devoir témoigner ouvertement qu'il dés;ip-
prouvait If mariage de 1'» m,iereur Constan-
tin avec Théo-lole, jusqu'à se séi)aror de la
communion Mu patriarche Taraise. L'empe-
reur, irrité , le (jt mi>nacer d'exil . de fouet,
de nuitilalion d s mendir''s : on lui env^va
des moines ptuir le soll citer; on lui écrivit
des lettres, mais le tuut i ujtilein»nt. L'abbé
Théodore, son nfvtni, se déclara coum'- lui,
et ne .«se crut pas obligé au mflme ménage-
ment que h» patiiarihf Taraise; mais, après
yavou l»ien pensé, d excommunia j)ubli jue-
ment l'empereur , et le dénomma ,\ tous les
Mioines. L'etnnereiir ili*>simMla >o i nssenti-
uieia ; et, voulant gagner Ihéo lor •. il y em-
ploya s/i nouvelle é^MHiseThéfxfoje. qu était
parente du soiul abbé , ol qui s'eiror\,a de le
gigner par de grandes sommes d'argent et
de grands présents , et encore plus par la
considération de la parenté.
L'empereur , voyant ipi'elle n'avait rien
ga mé , alla lui-même au monastère de Sac-
cudion, sous pri''te\tR dune atriite iiressée;
mais ni 1 a!)b • Théodore, ri aucun ^es moi-
nes, ne se piésenta pour h* reievnir , el pas
un ne lui parla ni ne l'approi ha. Outré de
colère, il retourna au palais, el e'^Toya Bnr-
dane, domesliipie des ('-co'es, c'esi-à-dire
cai)itaine des compagnies, et Je.'n, comte de
l'obs q lium , pour maltraiter ù coups de
fouet l'abbé Théodore et ceux de ses moines
qu'il sa va t être les pins fermes dan< les mê-
mes sentime ils. On les déchira d*» coups, et
on fil couler de leurs corps ('es ruisseaux de
sang; [)uis on les envoya sur-le-ch.imp en
exil à Thcsfaloiique , suivant l'ordre de
l'empeieur. Ils étaient douze en fout, l'abbé
et onze moines : ils soulfraient ce traite-
ment d'un esprit tranquille ; et comme il y
avait un ordre de rem[)ereur pnrlant défense
à personne de les recevoir, les abbés mômes
n'osaient leur f ire l'hospitalité.
Les mêmes capitaines amenèrent Platci, à
Conslantinople , et l'em: ereur le fit venir
devant lui ; mais il lui resis a en face, et lui
soutint que son mariage était illicite, L'em-
pereur le fil enfermer dans u'ic cellule , oii
on lui donnait à manger par u". trou , avec
ordre de ne le laisser voir h jtersonne; et il
élait gardé dans le monastère de Saint-Mi-
chel, joint au palais, dont était ahbe le prê-
tre Jose[>h, (jui avait marié l'empereur avec
Théodote. L'empereur envoya dos évoques à
Pl.ttun pour lui persuade" cfe consentir seu-
lement de parole, afin de se délivrer de cette
prison. Il était attaqué par les railleries des
moines et des laiq les, de ses [»arents et des
étrangers; mais il ilennnira toujours ferme,
et soutint la perse iifion un an entier. Elle
ne fut pas sans etfet : les moin s et les ëvê-
ques de la Chersonèse , du Bosphore, dos
cô'es el des iles voisines, touchés île l'cxem-
t)lo de Platon et de Th^'odorc , déclarèrent
l'emoereur excomnumié , et ne se laissiTont
fléchir ni par les menaces ni par les présents.
Il les fit donc bannir; mais iis n'en devin-
rent ((ue [lus hardis à parler contre ce ma-
riage scandaleux, el rame^ère ni plusieurs do
c^ux qui s'étaient laissé entraîner à imiter
l'emiiereur. Irène, sa mère, voyant cou)»)ien
celle conduite lui nuisait auprès des gens de
bien, prenait le parti de ceu\ qu'il persécu-
t it, pour le rendie encore plus o«lieux.
Saint Thé »dore n'arriva h Thessal mi juo
cpie |(> samedi , jour de l'.Xnnonei.dion .
28 mars , par cons.-quenl l'an 7<.I7. De \h il
et îivd i\ saint P'almi ce i]ui s'était |>assé de-
puis leur S(Yaratinri, el tout le dei il de son
voyage. Il écrivit aussi au pape lout ce gui
éf.iit arrivé , et en reçut une ri^ponsr j l.ino
di' louanges de sa prudence i t de sa fininelé.
(Fleury. vol. Ill, n. VX\
Bientôt aorès , l'inupereur fut détrôné par
sa mère Irène , (pu aval gagné s(>s princi-
paux ofliciers, et (pli lui fil crever les yeux.
avec tant do barbarie , ([uc quelque temps
1109
TIIK
1 III .
IliO
apr^s il r-i iiioiniil. Jr^iic n'g'ia s(miI(» : cllo
fll nwc'iir los cxilrs; 'riii'oduic icviiil Ji S;ic-
cudinM, et y niiiiil sts iiKiincs. Mais coiiimu
il y (Mnil sans (M'Sso oxposi^ .iiix i'isiiltcs des
inusuliiuiiis, <|iii ^.'li'^ai^•Ml de rr(^|m"il('<; in-
ciirsiois jii,si|ii(' dans lo voisinage do ("!(»ii-
.slaMliiHMili'.il f<'M)Iiil<ln VO'iii'da-i.s rcicciiil*»
(](> la vide. I.f |ialiiai(lit' cl riinix'i'aliico
lui donii^roMl l(^ iiioMash'-rj' de Sliidc. Ce lui
de (•(« li<Mi (|iril |)iil son nom di» Sludilc. Il
S(> trouva l)i(")lùl avec plusdc nulle !•• i,;i(Mix
autour de Ini. l'ai HOi , Iiùno tul déliAMc^o
par Ni((^|»lior(>, son premier trésorier, (lui la
til o-ii'ermer dans un couvenl de l'ile /V/»i-
ccssr. Hi(>nlAl apr^s , onvov('M> dans celle do
L('sl)os, ell(^ y mourut en HO'l.
Cependant TK^lise de Coiistantinoplo élail
pn troidile. I.e palriarelie Taraise avait dé-
posé lo prêtre Jos(>pli, pour avoir, (.onlro les
saints canons, donné la liéiédii lion niipl'al(!
?\ remperoni- CoMstantin en son mariage illi-
cite avee. Tliéodole. Miis Joseph '^i\-^'\;\ les
boH'ies grAces de l'enipereur Nieépliore , en
se rendant n.é lial(>ur de 1', cconnnod(Mnent
entre lui et HardaiU! le Turc, (p;i avall pris
le titre d'empereur. Nieépliore se mit lionc
en télé de l'aire rétablir Joseph da-is ses fonc-
tions. Le i)atriaiehe Nicéjthore le refusait,
île t cuvant se résoudre à casser le décrei de
son prédér(>sseur ; mais l'cMiiperenr soute-
nait qu'il n'éla t |)as nouveau de lélablir ce-
lui qu'un autre avait d'^posé, et qu'il y avait
de la chririlé îï parih^nner. Enfin , il pressa
tanllepalriarche,(pi'il crutdevoircéder, crai-
gnant (jue sa fermeté ne portAl l'empereur à
quelque viidence coUre l'Eglise. Le patriar-
clieNicéphore assembla donc unconcile d'en-
viron quinze évoques , où , par co-idescen-
dance et par dispense , il rétablit le prôlre
Joseph dans ses lonctions. On croit que c'é-
tait Tan 806.
Saint Théodore SUidite, qui assistait à ce
concile, s'opposa à son décret, comme il s'é-
tait opposé au mariage de Constantin ; et le
lendemain il le déclaia au patriarche Nicé-
phore, {lar une lettre écrite en son nom et.
de saint Platon , oi^ ils disent : « Nous som-
mes orthodoxes en tout, nous r^ jetons tou-
tes les héiésies , et recevons tous les conci-
les généraux et particuliers approuvés , et
leurs canons ; nous recevons aussi les dis-
penses l gitimès, dont les saints ont usé se-
lon l'occasion. Celle lettre même , par la-
quelle nous vous saluons, fait voir que nous
usons de dispense. » lis veulent dire que, s'ils
agissaient à la rigueur, ils n'auraient aucun
commerce, même de lettres, avec le patriar-
che. Us conti'iuent : « C'est ainsi que nous
avons reçu le patriarche, votre prédécesseur,
au r> tour de noue exil, après la dissolution
du mariage illicite, et la déposition de 1 éco-
nome. Nous ne voulûmes poin* communi-
quer avec lui, tandis qu'il donnait la com-
munion au prince adultère , quoiqu'il dit
qu'il le faisait par cond.-sceidance, et qu'on
lui eût plutôt coupé les mains que de faire
la cérémonie de ce mariage. Ce fut à ces
conditions que nous communiquâmes avec
lui jusqu'à sa mort. Nous avons reçu aussi
voire Kuinlelé pour p/ilriaroiie , el riOiiK f/ii-
sons nn'moire d'i-llc tous Icj» jour» au saint
saerill»:e.
«I II n'v a donc entre nous mikimi dilFéKnid
(pi'au sujrl di' l'économe, dépose par les i;a-
no is (m plusieurs uianicres, cpii recom-
mence h cxerc(;v ses fondions «près neuf
ans d'inlci'diclioii. VA ce n'est pns en «'.a-
clietli'; on le |iouriviil soullVir, puiisqu ri/)UK
n'y aurions pas de part ; mais on veut ipi'il
exerce coniinufllciiieiil avec uri prélat do
V'»lre mérite , dans la source du sai cidoce
(l(î cette lvj,lis(' (c'esl-^-dire «ni'il 'issislail i
l'olVice solennel de In calhédralrj. Il était
donc juste, pour ne poinl scandaliser le pcii-
ple de Dieu, (irincipalement ceux de nfjlie
Oiilrc! (il entend les moines), de le pr v(!r du
sacerdoce, on du moins du ne rien faire con-
tre nous iriM'fiulièr' ineiit ; tuMJS ne li- di>;ons
pas par inainle, mais par compassion pour le
public. Car nous souffrirons tout moycni-
iiaiil la gr'c(! de Dieu ; mais nous vous dé-
c'arons , devant Jésus-<>hrist et les anges,
que vous faites un gr nid schisme dans notre
Eglise. Les liommes |)cuvent se servir de
leur |)uissance ; mais quand ils ne le vou-
draient pis, ils sont soumis à la j)uissance
des canons. »
Après celte protestation , Théodore se sé-
para de la communion du patriarche avec
tous ses moines ; ce qui en sépara une
grande partie du peuple, c'est-h-dire les plus
vertueux. Toutefois, la séparation de Théo-
dore ne fu' pas connue d'abord , et par dis-
crétion il la tint secrète autant qu'il put; ce
qui dura deux ans, considérant que, comme
il n'était pas évêque , il lui sunisail de se
conserver lui-même , et ne prendre point de
part h ce mal. Mais enfin le logolhèle du
drome, c'est-à-dire l'intendant des voitures
publiques , officier considérable à la cour,
dit à Joseph, archevêque de Thessaloniq e,
frère de Théodore : Pourquoi avez -vous
laissé passer tant de fêtes sans communiquer
avec nous et avec le patriarche? dites-ea
hardiment la raison. L'archevêque répondit :
Nous n'avons rien contre les empereurs ni
contre lo patriarche , mais seulement contre
l'économe déiiose par les canons. Les empe-
reurs étaient Nicépho e et son fils Staurace,
qu'il avait fait couronner au mois de décem-
bre 803. Le logolhèle répondit ; Les empe-
reurs n'ont pas besoin de vous , ni à Thes-
salonique ni ailleurs. Us n'en dirent pas da-
vantage alors; mais, la chose étant devenue
publique dans Constantinople, plusieurs pri-
rent le parti de Théodore , sans louteiois
oser se déclarer.
Saint Platon , ou plutôt saint Théodore
sous son nom, en écrivit au moine Siméon,
parent de l'empereur, qui était de leurs
ami>, et fort affligé de la déclaration de l'ar-
chevêque Joseph. Platon le prie d'apaiser
l'empereur, « f)Oiir lequel, dit-il. nous n'a-
vons que toute sorte de respect, loin de re-
jeter sa communion. Notre ditlérend n'est
que contre celui qui a fait ce mariage illi-
cite, et que Jésus-Christ lui-même a déposé
par deux canons entre les autres. Le premier
IHl
THE
THE
Wii
di^fend h un prôtro d'pssislor an Tr>5(in d'un
sernnd mariage, rar le canon n'a pas osé
parkr d'un adiillôre, el conQl)i''n anrail il
plus défendu d'v donner h l»''nédiclion nn-
pliftle? Le st^cond ranon porte que relui qui
a M dt^posé pour un crime n'est pas rpceva-
ble, aprf^snn a*"», h demander son rétablis«;e-
nient. Olui-ci a été déposé |.1ms de neuf
ans. VoilM, mon père, ce qui nous épou-
vante et nous ««erre le cœur. C'est pour ne
point communiquer avec lui et avec le dé-
lunt pr.triarche que nous avons été enfer-
més, moi au lieu où vous demeurez, notre
abbé et les autr(>s à Thess.TJoniijue; et après
noire retour nous ne serions pas reconciliés
au patriarche s il n'eût avoué que nous
avions bien fait. Si donc, pendant le règne
du piinte adultère, Dieu nous a fail la grAce
de ne nous pas relâcher; commeit aujour-
d'hui. sous un règne si pieux, (rahirons-nous
au péril de nos Anio*;? Nous souifrirons tout,
jusqu'?» la mort, pliitiM que de conmiuniquor
avec le coupable. Qu'il soit économe, a la
bonne heure; qu*est-il r-écessaire qu'il célè-
b'-e le sacrifice? Il n'est plus prêtre. Nous
n'avons rien dit jusq\i'ici, nous avons dissi-
mulé deux ans, dc| uis son rétablissement,
pour garder la paix. » Knsuite : « Si on ne
veut pas l'interdire, du moins qu'on lious
laisse en l'état où nous sommes depuis dix
ans. Quant à ceux qui communiquent avec
lui. évè jues, rirélres, abîiés, quand ils se-
raient dix mille, il ne faut pas s'en étonner.
Ils oïl bien communiqué avec l'adultère, et
pas un n'a dit un irtot. »
Dans une autre lettre au même Siméon. il
dit : « Jésus-Christ déclare coupable d'adul-
tère celui qui (piittc sa femme lépilime. et
ce crime, suivani le canon de saint Basile,
est é;al à l'homicide et aux crimes les plus
abomiiables : toutefois c^lui-ci, présentant
le prince adultère à l'autel, a osé diie devant
tout le peuple : Unissez, Seigneur, votre
seivilour et votre servante en une chair,
suivant votr»' bon pKiisir, et le reste de la
prière pour l.i bénédiction nuptiale, (fue nous
lisons encore dans l'eucoloi^o des drecs. »
Pui^ il ajoute : «Nest-ce pas une chose hor-
rible h penser quelle a été l'indi^riation du
Saint-Esprit sur un tri lilasphème.' Comment
la ti-rre n'a-t-elle pas englouti sur-le-cliump,
comme Dathan et Ahiron, celui qui le pro-
féi-ait. Et toutefois, an lieu de pleurer jus-
(Tu'à la mort, cl d"ètre en exécration pour
1 exemple de la postérité, il est rentré dans
TEglise, et a repris publiquement les fonc-
tions sacerdotales, comme > il avait fail une
belle action. El (luil ne se (rompe j>as, en co
<jue rndultèrc ••t.iit empereur : tous les
hommes sont soumis aux lois de Dieu. Il
prétend donc se montrer [>lus saint ipie saitU
Jean-Maptiste, et raccustr d'avoir repris Hé-
rodi; mal k propos, el d'être moi t pour luie
mauvaise cause. Que s'il veut s'excuser sur
l'ordre du patriarche Tanise. pourquoi 1a-
rnise ne les mariait-d pas lui-même? car
c'est au patriarche h marier les emf)orein3>
et non [»as h un prêtre, ci'la ne s'est j.urais
fait; iiuiis je ne crois point, non plus cpiâ
plusieurs antres, qu'il ait reçu une telle
conunission. Que s'il dit qu'il n'a [lO^nt été
interdit par le patriarche Taraise, pourquoi
donc a-t-il été neuf ans sans servir? pourquoi
prétend-il avoir élé absous par le comde?
Il ne faut point d'absolution à celui qui n'est
lié d'aucu!ie cens\ire. »
Cependant Théodore , prévoyant bien la
persécution qui le menaçait lui et les siens,
écrivit aux moines de Saccudion r-e qui s'é-
tait passé entre l'archevêque Joseph el le lo-
gothète; puis il ajoute : « Treize jours se
sont écoulés depuis sans qu'il y ait eu ni
réponse ni interrogation nouvelle, seule-
ment nous avons écrit au seigneur Siméon
les lettres incluses. L'alfaire est venue aux
oreilles du patriarche, et presque de toute la
ville : plusietirs compatissent à notre afflic-
tion et parlent comme nous; mais ce sont
des adorateurs nocturnes , qui n'osent se
montrer au jour. » 11 explique ensuite,
comme dans les 'Cttrcs à Siméon, les causes
de leur séj)aration, et exhorte ses moines à
la constance, et à i)rier pour l'empereur,
pour le patriarche el pour la paix de l'Eglise.
Comme quelqur-s-uns soutenaient nue
Théodore devait au moins tolérer le rela-
blisseme-^t de l'économe par condescen-
dance, il en écrivit une lettre à Théoctiste,
maître des oflices, où il explique jusqu'où
peut aller la condescendance en matière de
religion. « Nous avons, dit-il, gardé le silence
autant qu'il a été possible; encore à présent
nous disons : Que l'on éloigne du service
celui qui est dé^ osé, et aussiirt nous commu-
niquons avec le patriarche, sinon nous de-
meurons dans la même soustraction de com-
nuuiion où nous étions auparavant, laissant
h Dieu la vengeance de cet excès. Aller plus
loin ne serait plus condescendance, mais pré-
varication contie les cano.is. Car la règle de
l'économif', comme vous savez, est de ne
violer en aucune manière les lois établies,
et toutefois de relAchor qu'Mque chose selon
rocv.asion et la raison pour arriver h votre
lin : au lieu que vous perdriez le ca[)ital en
gardant une trop gran 'e rigueur. Nous l'a-
vons appris de saint Paul (juand il se puniia
et circoncit Timolliée, et de saint Basile
quand il reçut l'oiïrande de Valens, et ces->a
pour uïi t'^mps de nommer le Saint-Esprit
simplement Dieu ; mais ils ne continuèrent
ni l'un ni l'autre, au contraire, ils niontrè-
renl (pi'ils mourraient plutôt. On ne s'est ja-
mais trompé en suivani cette règle d'écono-
mie, el imitant le pilote, qui détourne un peu
le gou ernail pendant l'orage.
« Vous dites (pie saint Chrysostome se
dispensa du canon des apôtres contre les
ordinations simoidacjues, à l'égard des six
évêtjues qu'il déposa; mais il ne s'en écarta
point en elfel, car il les ii.terdit de toute
•onction s.icenlotale, el ne leur a'corda que
ib* commufiier dans le sanctuaire. Ici ce
n't'st pas de même : celui qui a marié l'adul-
tère sacrifie comme s'il n'avait rien fait, el
l>ubliquement, comme pour servir d'eiem-
pb- aux prêlres. Et (pi'avons-nous atTaire
de la bigamie païenne do Valenliuico? Quel»
lus
TIIK
TIIK
1114
(lu'iiii lui n t il (lonn<'> l.i brin'iliclinn nii|>li;ili»,
on (|iirl(|u'iiM tl(vs IN'^rcs ;i-l il rcril (|ii il iiil
l)i('ii r.iil? » 'rii('>()(lor(' .su|»|Ktso c<» l'ail mm- la
loi (l(^ riiisloiini Sociatc, ni.ns (|ii('li|iii's sa-
vaiils ni iloiilt ni. Il (iiiiliiiu(> : « Pliisii'iii'S
anirns, coiiijilaiit Itur volniiir pour loi, ont
l'ail (les ('lioscs s(Mulilalil('s; iii.iis l'Iv^'isr ni
>s('s lois n'on soiill'icnl [loiiil df [urjodirc.
Iwml-il donc, s'ôloimcr <lo c(i (juo viciincil do
laiio (Miviriin (|iiin/.<' ('v(^(|U('s; un coiicilo
n'es! pas snupUMiR'nl iiii'> assi-inhli''!^ d't'Vi^-
(pics ol do pi'ôlros, (pioicpio noinltronsc; il
l'aul <p>'ils s'asscmhlcnl au imuii du Sci^oi to',
vu paix ol poil!' l'ubsci-vation des ca'ioiis. Ils
n'ont pas lt> pouvoir do lier ot do drlicr ali-
sohuncnl; mais, selon roxacliludc? di s rcV
glt's, ils n'otil re(;u aiicuiU! puissance de li s
lrans|4rossor, ot jo no sais s'il y » (juelipio
<'hos(> (pii n'ait pas été ré^lo. Si on aivordo
aux i^vi^(pu>s ce pouvoir ail)ilraire, l'Kvan^ilo
est inutile, on vain il y a des canons : cha-
cun du U inps de son po'ililicat sera un nou-
vel (''van^i'lisU', un nouvel apolie, un nou-
veau k^gislateur; mais il n'en osf pas ainsi,
rAf)ôlrc nous défend do rien enseigner ou
ordonner au delà lic co que nous avons
reçu. »
Ce qui s'cHait jiassé b Constantinoplc fut
rapp(U-lé h Uom(> d'une maniùic qui lit hlû-
mer la conduite de Tliéodore, eu sorte (pie
Basile, abbé de Saint-Sabbas de Rome, et son
ami. lui en éciivil duremeTit. Théodore lui
répondit, se plaignant qu'il le condamnait
sans connaissance de cause, et se justiliant
de l'accusation du schisme par les mô.ucs
raisons que dans ses autres lettres. Il parle
du pape assez librement, comme en étaiit
mal satisfait, ot ajoute : « Quant à ce que
vous marquez que Von pourra dire que j ai
pris ce })réte\te pour satisfaire mon c'iagrin
d'avoir oianqué la dignité de patriarche, ne
vous en mettez pas en peine : Dieu connaît
toutes nos démarch(>s, e{ nous comparaîtrons
devant son tribunal terrible. » Il témoigne
ensuite soo estime et son respect pour le pa-
triarche, et Unit en remerciant Basile des
riches présents qu'il lui avait envoyés.
Les ennemis de Théodore disaient que,
quand môme il aurait interdit l'économe, il
attaquerait le patriarche, comme ayant com-
munique avec lui depuis sa déposition; et
qu'il n'épargnerait pas même la mémoire du
jiatriarche défunt. Pour s'en justifier, Théo-
dore écrivit ainsi au cartulaire Nicolas, qui
s'était souvent e.itiemisdel'accommodement:
« Que l'on interdise l'économe de ses fonc-
tions de prêtre, et nous officierons avec le,
patriarche, s'il l'ordonne, chacun selon notre'
on ire. Pour sûreté de ce que nous disons,
nous en faisons une ample déclaration par
écrit, consentant que si après l'interdiction
de l'économe nous ne rentrons pas aussitôt
dans la communio;i du patriarche, on pro-
nonce contre nous la condamnation qu'on
voudra, et qu'il ne nous soit plus permis de
parler sur ceJsujet. Il n'y a ni ange ni homme
qui nous y oblige : c'est Dieu morne qui nous
excite par votre moyen. » Dans celte lettre
il cMiiiple trois ans (|i|iiii>, h- ré'ablissetniiit
dr ré'conniiic, ce ipii iii.uipn- l'an H(M).
Il y avait une auriéo eiili^re que Platon et
Théodoie soiiili7ii<iil une rude persécution.
(^0 n'(''laienl ipie inenaces de rinii|iert'ur,
(|ui sctuvent les envoy.iit «punir pour los
pnîssin* de se rendre )i sa volunlé. Ivurm, il
onvoy/i uiU' compaj^nie de soldais <pii eiivi-
ronru''renl loul d'un coup le riiona.sl/;ro do
Slude, «m sorte que pinsonne n'iKail s»- iiiO!i-
tr(n'. li'évéquedi! Niiée et l'é'véipie «le (l'iry-
sopolis vinrent |)arl(n" h Platon el h Théfjdore,
noui' leur persuader de recevoir l'écoiiomo
.losepli, coiuiiie ayant fut [v mariage «m «pies-
liori par ordre du patriarche Taraisc. Car,
disaiciil-ils , (î'élait un saint coiiune saint
(llu) sostoine, vous devez recevoir sa dis-
ixnise.ll vint encore leur faire la niAim; propo-
sition .^ Saint-Serge, où on les avait (niferinés.
(lonuiie ils di meuraieïit inébranlables,
l'empereur lit assembler un concil»! au mois
(K'janvier, la s<n)liéme année do son règne,
indi' li(jii seconde, c'esl-h-diro l'an 809. Le
concile était nombreux. Il y avait plusieurs
ovè(iues, plusieurs abbés, ot trois des [)lus
grandes dignités de l'empire. Ce fui un triste
specla(;le d'y voir comparaître saint Platon,
si vénérable par sa viedlesso el [>ar sa vertu.
Car, connue il ne {)0uvail plus marcher, on
le |)ortailsur les épaules, ayant sa chaîne au
Ijied ; el ceux (pii 1<» [lortaient se le jetaient
l'un h l'autre avec dédain. Théodore aussi y
fut traite indignement, cl environné de gens
(jui lui disaient qu'il ne savait ce qu'il disait.
En co concil(! on déclara qu.,- le mariage de
Constantin avec Théodoie avait été légi-
time par dispense, et on prononça anathème
à ceux qui ne recevaient pas les dispenses
des saints.
L'empereur fit signifier ce décret à Platon,
à Théodore et à l'archevêque Joseph, comme
ils étaient au monastère d'Agathus, près de
Constanlino[)le. Il leur envoya pour cet ef-
fet quelques-uns de ses écuyers, qui leur dé-
clarèrent qu'ils étaient excommuniés el dé-
posés par le concile. Ensuite on les rail en
prison à Saint-Mamas, tous trois séparés ;
et les mêmes écuyers y vinrent, apportant le
décret de déposition et d'excommunication
qu'ils leur lurent, quoiqu'ils se bouchassent
les oreilles. Enfin ils furent tous trois relégués
dans des îles voisines de Constantinople, en
des prisons séparées.
Les moines de Slude furent tentés en ton-
tes manières pour abandonner leur abbé.
D'abord l'empereur les fit mettre tous dans
un bain gardé par des soldats. Il les fit venir
devant lui, et les interrogea lui-même, pre-
nant séparément les principaux el les plus
habiles, et employant les flatteries, les pro-
messes el les menaces. Enfin il les fil enfer-
mer en des châteaux <!U des monaslèri\«,dont
les abbés les traitaient encore plus mal qu'il
ne leur était ordonné. On faisait cependant
des proclamations par toute la ville de Con-
stantinople pour empêcher que quelqu'un de
ces moines ne se cachât. Il y en eut, en effet,
qui se retirèrent dans une caverne déguisés
eu séculiers, pour servir en secret leur abbé,
1115
THE
THE
1116
tandis qu'il était h Co'istanlino'ile; mais
quel(}iu>s-uns ayant él • trouvi^s , furcit
pinfirisonnés dans le piéloiic cl bannis de
la ville.
1 li(''odoro dan*; sa prison érrivit h fH's amis
pour It'ssoiilt nir coiilre la persécntion. rii-
Ire autres à Ku|>r(^picn cl à ceux (pii (Hnic it
avec lui. Dan-; celte lettre il trait»- de la dis-
pense, et accuse ses adversaiies de conibaf-
IrerAnciei et le Nouveau 'lest, nient; voici
ses paroles : « La loi dit : Tu ve commrllrns
point d'adultère. In ne pmidrns point Irnnni
de Dieu m vain. La inrnie loi sera r»onr le
juif et le prosélvlo. LLvanpile d('>lend de
regarder uiAuie une fcnnne pour la (h^sircr,
et condamne celtii cpii viole le moindre des
commandements. Cependa-U ceux-ci nom-
ment écoMoniie et ind Igenre salutaire à
l'Eglise l'adultère, la transgression du-; des
plus grands comuiandemenls, l'abus du nom
de Dit>u dans la c'-r-'Uionie d"un niarinj;o
criunnel , accompagnée de la romunnion
des saints mystères. Bouchons nos oreilles,
mes frères, pour n'être f)ns empoisonné- d'i n
tel blaspluMue. Et leur déleuse, c'es' (pTà l'é-
gard lies >ouverains d ne faut pas prendre
l'Evangile à la rigueur. Pourquoi doic est-
il écrit que h'«- grands serccU .ju^és jtlus sé-
vèremeiit, et que Dieu n'a point d'égard aux
perso'ines? L.- pii-ice a-t-il u'e auîre loi et
un autre lé.islalecrcpie ses suiets? Esl-il u"i
Dieu pour ne re |>oi l sujet à la loi? Si tous
D'y sont égaleme t soimiis, ce tie sera que
révolte ei anarchie. Le prince voudra s.ihan-
domer à la ultère et h l'hérésie, et il sera
défei du aux sujets de I imiter. »
El ensuite : « Le second article est r.'isez
clau' parle premier. Anaihémaliser ceux qui
n'appiouvenl pas ce ma-iage adultérin,
qu'est-ce autie (pie de condamner les saints?
Premièrement, saint Jean-Baptiste, el ce qui
est hoi lible à dire, le sei^'icur des sai 'ts,
qui a détendu d'avoir part avec les adultères,
sans distiiclion d'emfwîreur ou dp prince,
de grand ou de pelil. L'i-mixTiur est-il plus
qu'un angr^, à (pii saint P.iul dit a'atlième
s'il élu aide quel(|ue parfe de rKv.iMgile?
Ou ils croient (jiie nous résistons à l.i loi de
Dieu en n'approuvant pas leur prête i uo
économie, ou, s ils conviennent que nous
observons la loi, ils se condamnent enx-nié-
Hies. » Et encoie : « (Jue diions-nous du
troi>ièQie ait» le? (."-eux qui vont tète levée
contre l'Evaigile se metle'il-iis en peine des
canons, quoupi'ils aieit aussi été scellés
[mi le Saiiil-Li.,iiil, et ipie de leur mé|>r.s
s'en suive la ptTle de tout c • qui sert h no-
tre salut? car .sans les c.uions il 'l'y.» plus ni
sacerdoce, ni sa( rilirc, i<i itutre remède jioiir
les maladies des lUnes. Mjiis pouHpioi fais-
je diltéreiice entre les canons el I Kv;iii.;ile
de Jesus-t^hrisl? ('/est lui-méineipii i\ donné
les ciels a sai il Pieire, arec la pus.sa ic • do
lier et délier, et à tous h-s apôtres « elle de
remeilre et de lelenir les p chés; el consé-
qucininenl il a donné la inéine puissan e h
leurs suceess urs , pourvu ',u'il» marcheni
sur leurs pa->. ("- e>t pouiqiioi les ca lo 's de
s«iut Busilti vt dei auties saints uni été re-
çus comme ceux des apôtres, parce qu'ils les
O'H suivis sans rien innover. »
Da: s u'ie lettre à un abbé Théophile, il
dit : n Si voii- me demandez pourquoi nous
n vfMis avons pas dit ceci avant la persécu-
tion, et poirquoi nous fiisi tns encore alors
menti"'! dans nos [)ricres de ceux de Cm-
stantinople, considère/ que leco^cile n'avait
point encore été len», el qne l'oi n'avait en-
core prononcé ni le ma ivais décret ni l'a'ia-
thème. Avant cela, il n'était pas siV de se
se arer entièrement des coupables, ou môme
d'éviter ouvertement leur comniunion : il
fall .il les soutîrir avec la discrétion conve-
nabli'. »
Pour traitera fond la matière de la dis-
pense, Théo<lore en fil un écrit où il ne di-
sait rien de lui-même, mais c'était un tissu
des autorités de l'E rilure et des Pères. Il
l'envoya <i l'archevêque Joseph, son frère, le
priant de l'ex.iminer. Un évéque nommé
Athanase , a|) 'aremment disciple de Théo-
dore, puis(ju'il le nomme son fils, avant
lu ce traité, l'admira: mais ensuite il chan-
gea davis.ef é'rivit k Théodore |)ourprouver
que S(S adversaires ne devaient point être
traités d'hér«'tiqires puisqu'ils n'enseignaient
point (ja'il t'ùt |)ermis d;- conuneltVe des
ad'dtères el d'fbsoudre les sacrilèges. Théo-
dore lui lépoi dit : « 11 est vrai qu'ils ne l'en-
seigneU pas de paroles : les païens mêmes ne
disent pas que l'adultère soit inditfércnt.
Aussi ne disons-nous [)as qu'ds l'aient oit
ouvL'itemeiit, mais qu'ils ont autorisé m ma-
riage adultérin avec ses suites; qu'ils oit
qualiliécette condnited'ind Igence salut lire,
sons peine iJ'an .thème à ceux qui la désap-
prouvent, et qu'ils exécutent ce décret par
les exils et les prisons : car ils ont proncMicé
en ces termes : Analhème h ceux (|ui ne re-
çoivt nt |>i»s les dispenses des saints 1 II était
question de ce mariage; ils soutiennenl douc
qu'il est confoime aux dispe 'ses des saints;
ell s sont donc contre la loi : mais s'il est im-
ios>ible (|ue les sai 'ts aient agi i-ontie la
oi. ceux-ci sont analliémaiisés en ne vou-
a-U pas aband 'Uner celle conjonclion adul-
térine. »
Et ensuit!^ : « N'est-ce pas déclarer les
commandements de Dieu sujets au change-
ment, suivant les occasions et les circon-
stances? (Jui donnera la dispense? les évé-
(lues seuls, ou les piôtn\s? en concile, ou
chacun h part? Ne sera-t-elle que |^)ur les
empereurs el au sujet de l'adutère, ou do
toutes sortes de crimes? Je laisse aux nou-
veaux évangélistes h d cider ce" questions. »
Danse Ife même lettre il manpie ainsi ceux
(jiii avaient eu part à cette pcrsé( uiion :
n Comment peut-on dire qu'iU n'enseignent
pas ce qu'i s publient par leurs œuvres?
Pour pioi donc suis-ie enfci m' ici? Pour-
(|Uoi mon pè.e le reclus (c'est saint Platon)
at-d éé mallraiié. séparé de tous les autres,
puis jrlé MU lieu où il est maintenant? Pour-
(pioil'aiTlievè^meft-t-il clé déposé, comme ils
prête »deiil. entériné étroitement avec ordre
de ne lui donner h manger que par mesure,
el depuis [leu exilé en pays clrauger? Pour-
(jijoi vons-iu/^inc, «vit vos fr^ros, /^tos-vou» tiinrclio Nicf^plioro lui a.vnrit r6s\u\6,\'t'ini>e-
g.M'd»' h Tli('ssnli»iiii|ii('? r.'ililx' 'riKMjsnslo r<'iir lo |>i ivu iJ(' son .siruc, r-n l'iin R15. C< lui
cli.'is.st^ (In In nM^nif villi' «vi'c ses (lisci|i|('s, U'i i(;(,un( l.islc, uiuunir 'Mm'iuJoIc f!as,sil<'r<',
et ui MUlr(< j»l)l>i^ (lu iU(^iiU! li(Mi loiu'lh'; «vdO (lu'n'i mil h -i\ placo. S.iiiil 'l'iK-odou- Stutlilc,
vMi's'! P()ur'(juui NaiicriKM' cl Aisimk! sdiil-il» vniil.i il ;nil ml (|U(' possible répuriT (■(• «caM-
éli'oilcuKMil ^ai'ilt's, aussi bien (juc Ilasilc cl dalc, ordonna Ji tousses nioini-s do [ircnJcfl
(iK'.^oirc? Pour|ii()i F'^licnnc, < (« vcrlin'ux des innées cl de les poilcr ('■|i'V('-(;'« da'is
alilié, H-l il ('l('' (li.iss(' de son ni(in.isl("Me leurs mains /i l,i [iroccssioi (Ju jour des Un-
avcc (;iM(|uanlc (lis( iplcs? l'oiu'ipjoi le pieux iiicaux, oi eliu'iianl une livinuc (|ui ( nmrucn-
«I)l)('' A'Uoino esl-il priso-micr à AiiKuiuuj? cail : ^'t^lls adoi ans rot- r iiuK/i lirspuri-, en
PoiU'ilUoi Jùnili-'l cl les siens onl-ils OAô ilioiinrur de Jhua-Chrisl. Les iconor-.l.ishis
Poin-quoi Jùnili-u cl les siens onl-ils ùid Ihmnnur de JhuH-Clirisl. his icoiloelashts
ciume'iés par ordre de r('v(\pu.' de Nicouu'- «va'd assi'mhN' uu (•oneilc, sai"l Tlii'odf)ro
die. apr(*s a^oir (!'L^ l'oui-lU's ol Iraiu'-s indi- Sludile ('iriv l une Icllre au rujm de tous les
KiH'UKiul, cl leur uu)Masl(''re p ll(''? Pouninoi al)lj(''s de Con.slanlinopic , qui s'exciisnient
ri^v(\|ue la'on a-l-il (!'(('' persécuU'i à (^li r- de ec pas aller au eoiicile, parce que, disait
sonc,el l'ahi»!^ Anloi'X'cmpriMiruK^wce deux la Icllre, les sig-iataiics m- pouvanni [.nrc
aulrcs? l'ouiMpioi à I.i| ari, au delà de la Si- aucun acte ccek''siasli(jiu' >ans la periuissiou
cile, nos IVi'rcs snul-ils cm pris(jn? l'oin(pioi de leur ('vi^pic, IcipicI (''lail Nu;(''phorc. I.cs
à CJicrs()'u> l ('loius a-l-il ('le ai-nMc, puis c-i- deux nioincvsipii prr'scnh'ienl celle lellrc au
vo^(^ à rcm;»ercur, cl cmiTl'isonmj à Cou- co'iciie furc-il r(>nvoy(^s cliargùs de cjuus.
sla-Uinople? « Pin de lemps api(\s, l'empereur exila le saint
Jo.^cph ayanl cli^ dc^pos('', ou mil ii sa place abh:' 'rii('ii(lore au cliAhiau de M('lope, où il
U'i aulre ai-chcv(\|uc h Tlicssa oni(| e, (pii y le linl ro ifcrnié. Le sainl, imil^ié celte per-
fil arr(Hcr Anasiasc, ol cliassiT l'aiibc T,ii-o- stîculio-i, cnconr-a^cail les calii(diques, ci ne
sosie avec dix-scjil aulr-s, cl lil donucr cessait de les cxliorlcr par ses lellies. Il y
uiMiiiur iMU'jUL. Il im «Il :m iinm iiu'io iiiiu humuhm^ ii-i'uiu M' iiiai la^e auuiier'u Ul
église, où o 1 le laissa dcmi-morl : mais lui rcuinereur Cnnsla'ilin, puis sepl aulies ab-
hounne chariuibb', l'ayant couvert de la [)eaa bés, que Joseph avait Si^iduits; et il les dési-
d'un agneau fraMiement tm', lui sauva la g'ie p r les noms de leurs monastères. Il
vie. Th(''0 lorc t''cr.vil h raiclievèijue, sou écrit à Naucrace, son discijilc, qu'à celte
frùre, pour le coisoler de ces violences, triste nouvelle il a passé l nuit sans dormir;
(Fleury, vol. 111, p. 2!i.) et qu'il sVlo ne moins de la chute (ie ceux
Dans U'ie Icllie à son disci| le Naucrace, qui approu.vcnl le mariage adcllérin. Ils ont,
sainl Théodoie Sludile traite amplement des d4-i , encore une fois traité d'Jconomie l'a-
sccondes noces. Il écrivit cnsu te au pape baudon de la vérité.
Lécn 111, se plaignant des persé>utio is qu'il 11 était impossible que ce commerce delet-
a ( ues à suuUrir à Conslantino])le. Elanl sur très domeurûl caché à remj ereur. M envoya
le point de niiu-cher contre les Bulgares, en donc un nommé Nicétas, en qui il avait
811, remroreurNicé;hore voulut se rappro- grande conliance, avec <;rdre d'emmener
cher de Théodore : d lui envoya pour cela Théodore plus loin en Nalolie, à un lieu
des oiricicrs. Le sainl leur [)arla comme si nommé Bonite; cl de l'y resserrer tellement,
l'empereur eût été présent. (( Vous devez, qu'il ne vît ni ne parlât absolument à per-
dil-il, vous repentir et ne pas rendre mon sonne. Cet ordre étant déclaré h. Théodore,
mal incuiable. Vous n'êtes pas satisfait de il dit : Quant au changement de lieu, j'y
conduire les autres sur le bord du précipice, consens volontiers, je ne suis attaché à
vous les y jetez avec vous. Celui dont l'œil aucun ; mais quant à retenir ma langue,
voit toutes choses, vous déclare [)ar ma bou- vous ne m'y obligerez jamais, puisque c'est
che que vous ne reviendiez pas de cette ex- pour cela uième <|ue je me suis mis dans
pédilion. » Nicéi^hore fut tué en Bulgarie, cet état. L'empereur, encore averti de sa
uar Crunniiius, roi du pays. Deux mois api es fermeté, renvoya Nicétas avec ordre de le
la mort de Nicé|)hore, Aiichel Curopalale, fouetter cruellemi ni. Le saint homme ôla
surnommé Rangabe, qui avait épousé Proco- gaiement sa tunique, et se présenta aux
pie, lille de Nicéphore, fut nommé empereur, coups, disant : « C'est ce que je désiais il
Il fut exlrèmemeU favojable à l'Eglise, et y a longtemi s. » Mais Nicétas, voyant à nu
procura la réconciliation du [latriarche Ni- ce c(jrps m rtitié par les jeûnes, fut aussitijt
céphore avec saint Platon et saint Théo iore; attendri. Il dit qu'il voulait faire ceUe exé-
mais ayant élé bnltu par les Bulgares, il ré- cution seul «^ seul, pour la bienséance : puis
si'lut d'abdiquei- l'cmpiie. Léon l'Arménien il ajjjoila une peau de mouton qu'il mit
fut proclamé à sa place. sur les é':aules (Je Théodore, et sur laque le
Pinidant que tous ces troubles agitaient il déch:.rgea quantité de coups qu'on enten-
l'Elat, Théouore, renfcrmt' dans son monas- dait de do' oc^. Enfin il se piqu.A le bras,
tère, y vivait en paix, et progressait tous pour eusangianier le fouet qu'il montra en
les jours e.i vertu et en science. L'emper.ur sortant, et i^arul hors d'hale:ne des etï'oris
vint tioubler cette tranquiliilé, en seuécla- qu'il avait faits. ( Fieury, vol. III, p. 251. )
rant pour Ihérésie dys icuiiociai>les. Le pa- 11 écrivit ensuite aux patriarches et au
iiid
tîlE
YITB
1120
p.ipo Pascal dos lettres fort rom.Trfjunlilcs.
E'i toutes ces lettres saint Théodore dit sou-
vt'iit (|ue c'est aux (W(Mjnes h décider, et
qu'il uo donne que des conseils.
Ki'lin, croyant mourir dans cette per'^écu-
tion, il lit un testament en forme de lettres
à ses frères absctts, où il les prie d(> lui par-
donner les fautes de son gouvernement, et
leur demande leurs prières ; puis il déclare
qu'il pardonne en ce qui le touche à Léonce
et aux autres apostats, et charge ses frères
de leur dénoncer le jugement de Dieu, qui
les menace s'ils ne font pénitence. 11 com-
posa encore dans sa prison divers écrits,
pour nrotiter de son loisir, entre autres des
vies de ses frères en vers, et les envoya à
son disciple Naucrace. Une de ses lettres
catéchisiiques étant tombée entre les mains
de l'empereur, il envoya aussitôt au gouver-
neur d'Orient avec ordre de faire si bien
cliAtier Théodore, ((u'il n'y relournAt pas.
L'ollicier du gouverneur représenta la lettre
à Théodore qui la reconnut, et fit donner
plusieurs coups de fouet h Nicolas, son dis-
ciple, qui l'avait écrite, et cent cou s à lui-
même ; puis il revint à Nicolas, et, le trou-
vant i)lus ferme qut) dovani, il le fit encore
frapper en renouvelant les premières plaies;
et on le laissa ainsi étendu à l'air et au froid,
car c'était au mois de lévrier. L'abbé Théo-
dore était aussi étendu par terre hors d'ha-
leine, et fut longtemps sans pouvoir pren-
dre de nourriture ni de re|)0s. Son disciple,
le voyant en cet état, oublia ses pro[)res
douleurs, lui arrosa la langue d'un {)eu de
bouillon; et, a|)rès l'avoir fait revenir, s'ap-
pliqua à panser ses plaies, dont il fut obligé
de couper beaucoup de chair morte et cor-
rompue. Théodore eut une grosse fièvre, et
soullrit ])endant trois mois des douleurs
extrètues ; mais avant nu'il en fOt quitte,
l'empereur envoya un ouicier, dont le pre-
mier soin fut de chercher dans tous les
coins el les trous de la prison l'argent qu'il
sup,;(»sait que ceux qui venaient visiter le
saint ab.>é lui a|)[)ortaient : ne trouvant rien,
il ciiargea d'injures et de coups le maître et
le disciple, et I s lit transIVrer en diligence
à Smyrne. C'était vers le mois de juin 819.
Le jour on les pres^^ait de marcher, la nuit
on les mettait aux entraves : entin , étant
arrivés, on les nul entre les mains de l'ar-
chevêque d 'Smyrne, un des chefs des icono-
clastes, (pii lit mettre Théodore dans un ca-
chot obscur et souterrain, où il demeura
dix-huit mois, et y reçut pour la troisième
fois «"eit coups de foui't. Tliéodort> ne laissa
pas d'écrire de \l\ h s«'S disciples, et k Nau-
ctaco en parlicuher, leur témoignant sa joie
do ce (pje le |)a|)e avait écrit à (lonslanlino-
ple pour soulerur la bonne (anse. Enlin,
l'archevècpie <le Smyrne lui dit, en partant
pfjur Coustantinopli', qu'il pmeraii I empe-
reur d'envoyer un oiIk ler pour lui cou[)er
In tète, ou du moins la langue. ^Fleury, v. 111,
p. Ht'.».)
Kniin, la persécution linit avec la vie de
l'empereur Léon. Michel I" le détrAna el
prit sa place : il fll revenir les exilés, et en-
tre autres saint Théodore, qui depuis sept
ans était en [irison. Au bout de quelque
temps, ce nouvel empereur, s'étant aussi
déclaré contre les saintes images, saint
Théodore lui adressa des représentations ;
mais, voyant qu'elles demeuraient inutiles,
il se retira avec ses moines, dans la pénin-
sule de saint Try[>hon. 11 tomba grièvement
malade au commencement du mois de no-
vembre 826. Sur cette nouvelle un grand
nombre d'évéques, de moines et d'auti >s
Rersonnes pieuses, accoururent j)0(irle voir,
e pouvant plus parler haut, il dicta à un
secrétaire ce (}u'il leur voulait dire, puis il
se trouva l)eaucoup mieux, alla de sfui pied
à l'église, et y célébra le saint sacrifice, car
c'était le dimanche, quatrième jour du iiiois.
Il parla encore aux assistants, et, après leur
avoir donné la communion et avoir mangé
avec eux, il se remit au lit, fit appeler l'é-
conome, et lui donna les instructions qu'il
crut nécessaires. C'était Naucrace, son fi-
dèle disciple et son successeur. Le G du
mois, qui était la fête de saint Paul, év«Mpie
de Constantinople et confesseur sous Con-
stantius, Théodore alla encore à l'église, cé-
lébra la messe, et parla aux frères. Mai- la
nuit suivante son mal augmenta notable-
ment ; et, ayant beaucoup soullert pendant
deux jours, il connut une sa fin appro .;ait,
parla pour la dernière lois à ses moines, et
demeura ainsi encore deux jours, bénissant
ceux ((ui l'apfirochaient, et faisant sur eux
le signe de la croix.
Le dimanche 11 novembre, fête du mar-
tyr saint Menas, sentant qu'il n'irait | is
loin, il lit faire les prières ordinaires, reyut
l'exlrême-onction, puis communia en viati-
que, et fit allumer des cierges, et commen-
cer les ])rières des funérailles. Les frères
se mirent en n.nd autour de lui, et il reiulil
res{)rit comme ils chantaient le grand psr.u-
me cwiii, (pie les Grecs chantent encore
aux enterrements. Il vécut soixante-sept
ans, et mourut hors de Constantinople, dans
la péninsule de Saint-Tryphon. d'où il fut
prtMiiièreiiient transféré à l'île du Princ(\ et
dix-huit ans après dans son monastère do
Siude. Naucrace, son successeur, écrivit
une lettre circulaire h tous ceux que |a per-
sécution avait dispersés, où il raconte les
circonstances de sa mort, et sa vie fut écrite
quehpie temps après par Michel Studile,
son disciple. L'Eglise grecque honore sa
mémoire le même jour. 11 novembie, et
l'Eglise latine le lendemain. (Fleurv, v. III,
p. -272.)
TIlLODOHE (saint), surnommé Trichinas^
h cause du rude cilice dont il était revêtu,
confes-n sa foi au milieu des tourments.
Les miracles nombreux qui le rendirent cé-
lèbre éclatèrent surtout contre les démons;
il dt'coule de son corps un baume qui rend
la sanlt; aux malades. Il e^t inscrit au .Mar-
Ivrolniio romain le 20 avril.
" TH^IODOKE (.sailli , soulfrit le martyre
pour le nom de Jésus-CIrnsl, avec les saints
Druse et Zozimo. Les Actes des martyrs
ne nous ont conservé aucun document re-
1121
TIIR
TIIK
11«
Inlif h ces saints lunilyrs. l/Kf^lisc l'.iil li'iir
l't^lc le l'i (li'rcmhrc.
l'Il^lODOKI-; (siiiii), souiriit le iiiarl}n« à
Nic()iiu'<(li(MiviM; les s.'iinls Zriinn, Coiiroitli'
cl SCS cillants. \a) Marlyrolui^c rotiiain lit»
(loim(> aiiciiiMlcIail sur les cinoiislaiiccs do
leur iiwirijro. L'Kyliso l'ail lour incinouo le
2sc|»UMnl)rc.
1 II^IODOIIK (saint), martyr, (Uail év<^(ine.
Il cueillit la |>ahno <ln niarlyro dans la Pen-
ta|mlc de l..l>ie, avec les saints Irém-c, di'i-
(Tc, S(''ra|iion cl Ainmo'ic, lecteurs. L'I*!-
glis(« «'cl('*l)rc leur sainte incnioirt» le 'lÛ mars.
Tnif'lODOKK (saint), inscrit an Marlyro-
loKc romain sous la dali; du 17 mars, tut
martyrisé h Home avec sainl Alexandre ; on
igiioi(> A (incilc cpoiinc.
TlltODOUK, gouverneur, (pii, sous l'cm-
perenr Nun\érien, lit mettre à mort, dans la
ville (l'Kdessc, sainl Thalalciî et les saints
AsU'^re et Alexandre. {Voi/. Tuvi.alkk, ^
l'article duquel on Irouvtra tous les détails
nécessaires.]
THÉODOUE (sainte), fut martyrisée h
ïerracino «vec sainte Euphrosine , sous
r'Mnpercur Domitien ; on prétend (pie co
fut on même temps que les saints Nérée et
Achillée. (Pas de documents certains.) La
fête (\o sainte Théodore a lieu le 7 mai.
TIJÉODOUK (saillie), sœur do sainl llerme,
soulVril la mort pour Jésus-Chrisl peu de
temps ajirés son frère, sous le règne de
l'eiiipereur Adrien. Sa fêle est marquée
dans les martyrologes le 1" avril.
Tr.ÉODOlŒ (sainte), vierge el martyre,
habitait Alexandrie. Elle donni sa vie [)0ur
Jé*us-Christ, ainsi que nous l'apprennent
ses Actes, en l'an 30i de Jésus-Christ. L'E-
glise honore sa mémoire ainsi que celle de
saint Didyine le 28 avril. Ces Actes méri-
tent d'élcè cités. Les voici en entier.
« Euslasius préfet augustal d'Alexandrie,
séant en son tribunal, dit : Qu'on fasse en-
trer Ja vierge Th 'odore. Un huissier dit :
Seigneur, voilà Théodore. Le préfet lui dit :
De cuelle condition êles-vous ? Théodore
répondit : Je suis chrétienne. — Le préfet :
Eles-vous esclave ou de condition lib.e?
— Théodore : Je vous ai déjà dit que je suis
chrétienne. Au reste, Jésus-Christ, en ve-
nant au monde m'a atfranchie, el d'ailleurs
je suis née de parents libres. — Le préfet :
Qu'on avertisse le procureur de la ville.
Lorsque cet officier fut venu, il lui de-
manda s'il connaissait Théodore, el lui or-
donna de lui dire ce qu'il en savait. Le pro-
cureur de la ville (Lucius) dit : Par votre
illustre naissance, je la connais pour être
d'une très-bonne famille d'Alexandrie. D'où
vient donc, reprit le préfet, en s'adressant
à Théodore, qu'étant née de parents nobles,
vous n'êtes point mariée ? — Théodore :
C'est pour plaire à Jésus-Christ. En se fai-
sant homme il a sanctifié nos corps, et j'es-
père que, pourvu que je lui sois toujours
fidèle, il me préservera de toute corruption.
— Le préfet * Savez-vous qu'il y a une or-
donnance des empereurs qui porte que les
vierges qui refuseront de sacrifier aux dieux
seront exposées dans un lien «le prosliiu-
lion. I liéodoi'c : Je crois qui' vous n'i-
giiorc/. pas aussi que Dieu d/iiis chaque nr-
lioii rci^ardir It volonté; il connaît bien qm;
je l'ai loiil eiilière de conserver ma piirelé;
que si après c cla vous me laites fiiii c violence,
je n'eu paratirai pas moins pure l'i ses yeux.
— I.(^ préfet: l-'ant-il (pie tant de beautés
devieiiiMMil la proie de qiiclijnc débauché?
Je vous moleste (iu(! je suis sciiMiblement
louché (lu sort di^ploralile (pie vous vous
prépare/. ; mais je ne puis aussi m'empè. lier
de vous avertir (|ne cette compassion vous
sera iiiuhle, si vous méprisez l'avis (pu; j(i
vous donne. Oui, j'c'i jure par les dieux ; il
faut ou leur sacrilier, ou vous résoudre à
devenir l'opprobre de votre famille el le re-
but des lioiuiél"s gens. Je vous ai expli(pi<^
là-dessus riilenlion des empereurs. — Théo-
dore : Je vous ai (b'jà dit (pu; Dieu' n'a égard
qu'à la volont(''; il p' nètre dans le seciet
des ccjcurs, et il n'ignore aucune de nos
pensées. J(> ne croirai pas être (h'-shonorée,
si l'on emploie la force pour im; déshono-
rer. Si, par exemple, vous me vouliez faire
couper une m liu, ni bras, la tète, serait-ce
moi (pii serais coupable d'homicide. Non,
sans doute, ce serait celui qui commettrait
cellt! violence. En quel(iue étal que je sois, je
serai toujours à Dieu ; je serai toujours
vierge pour lui ; il a mis en moi ce précieux
trésor (1(> la virginité, il saura bien le con-
server. — Le [)réfet : Sauvez du moins votre
maison d'un affront si grand. Souvenez-
vous de qui vous êtes née. Suivant ce que
m'en a dit le procureur de la ville, votre
père y tient un des premiers rangs ; terni-
rez-vous en un jour l'honneur de votre race?
— Théodore : La source du vrai honneur,
c'est Jésus-Christ; c'est lui qui ennoblit les
âmes, et de qui la mienne a reçu le peu
d'éclat qu'elle a. Il empêchera bien que sa
colombe ne tombe au pouvoir de l'épervier.
— Le préfet : Hélas ! ma chère enfant, en
qui mettez-vous votre espérance ? En un
homme mort sur une croix ? Vous ima-
ginez-vous que lorsque je vous aurai fait
conduire dans un lieu infilme, il viendra
vous en arracher ? "\''ous vous ferez moquer
de vous, par une confiance si mal fondée.
— Théodore : Pas tout à fait si mal que vous
pensez. Je crois, oui, je crois fermement
que ce Jésus qui a soutïert sous Ponce Pilate
me délivrera des mains de ceux qui ont juré
ma perte, qu'il me conservera pure et sans
tache. Jugez après cela si je puis le renoncer.
K Le préfet : Avez-vous tout dit? 11 faut,
je l'avoue, (jue j'aie une grande patience
pour vous laisser ainsi déljiter toutes vos
visions, je devrais bien plutôt vous.... Mais
enfin, si vous continuez toujours dans celte
opiniâtreté, je n'aurai pas plus d'égard pour
vous que pour la dernière des esclaves ; et
je ferai exécuter sur vous Védit dans toute
sa rigueur, comme sur une fille du commun.
— Théodore : Tenez, je vous livre mon
corps, aussi bien en étes-vous le maître ;
mais pour mon âme, elle est au pouvoir de
Dieu seul. — Le préfet : Donnez-lui deux
1113
THE
THE
1124
soiifflpLs. etflites-liii : Voilî» ponp vous fi^ié-
rir *Je votre folie : ap rorhez-vons de lau-
t»»l pour sn Tilier aux d eii\. — Th«^Ofr»re :
0 le 11' Siî gnenr ne inTiiu'lte pas que j.i-
luflis je s.irnlîe aux dînons, ni que je les
a<lo e — I.c préfet : Faiil-il que vous in'.iyf'Z
oblijié h vous traiter de la sorte, et à f.iire
un alfront sensible à une (ilje de cond tio-i.
Il V a (Ji' la foli<» à e.-la. — Tli(^odore : r.cite
sainl'' folie qui nous fait confesser le Di 'u
vivant est la plus haute sagesse; et ce que
vous a;>pelez adront fera dans le eifl ma
)luf> gran 'e gloire. — Le préfrt : A la fm je
)erdrai patience, et je vais faire exécuter
'('dit. Tant que j'ai cru vo.is [)ouvoir rame-
ner de votre é^arcuie il, j'ai patienté ; mais
puisque votre ern'ur vous est plus cli^re
que Voire proj>re h>i'in«Mir, et (pie vous v(»<is
plaisez da-i.'* ri>t es[)rit de revote, je me ren-
drais moi-même cri m nel de désoîiéissance,
si je ditfi'rais plus lo ii^tcmps h pu lir h vo-
tre. — Théodore : Vous crai;^nez de dé;)lai e
è un homme, et vous vous reprochez votre
peu d'empressement Ji ext'cuter se> or lies;
et moi .je crains de déplaire à Dieu, et je
me hàle d'obéir h ce qu'il m'ordonne ; je
crains que le Hoi du ci d et de la terre ne
soit pas content de moi, et (fu'il m'accuse de
le mépriser. — Le préfet : Mais vous n<\\)~
f)réliendez pas de témoigner du mépris pour
es onlo mances des empereurs; et dans
votre àme, vous me traitez, moi, d'insensé.
Eh bien l je vous donne troi> jours pour
penser mûrement à ce que vous avez h
taire. Mais ce terme expiré, si je ne vous
trouve soumise et prèie 'i faire tout ceqn'^n
exigera de vous, par les dieux I je vous fe-
rai traîner dans un lieu oCi vous serviicz
d'exemp e, mais d'un < xem[»le ter ibli', qui
retienne toutes l.-s auti-«'S lommes dans le
devoir — Théo lore : Il n'est pas nécessaire
d'attendre ()0ur cela trois jours, et ce délai
ne me fera pas chan-çer de sédiment. Me
voilà prête à all-T partout où vous voudrez
me fane coniiuire ; et n'y a-t-il pas un Dieu
dans le momie qui ne m'abandonnen pas?
Vous pouvez donc (les aujcjurd'hui l'a re tout
ce qu'il vous plai a Si cej»endant vous avez
résolu de laisser pas-er trois jfHirs, la seule
giAi;e queje vous di-niiuiile, c.'e>i (pi on n'at-
tente ne i sur ma [Midicité, jus(prf» ce que
v<»us ave/ rciKiu votre pij;piuen . — f.epréti-t:
Cela esljuste. (^u on la f;nrde soigneuseiiii-nt
durant trois jours, d qu'on ne lui fasse an-
cune violt-iicf ; l'nitMhIs ipTon respecft* en
cll« la nobljssu du sang et la grandeur de
la naissance.
« Les trois jours étant passés, le pn-fet
commanda ipiou amen.U Théodore. Kh
bi'fi ! lui dit-il, avez-voiis pns une meil-
leure résolution ? Si rela est, sa- ritie/, et
relournez chez, votre père; mais si vous êtes
toujours celte tiLe ooiéK^e, et que rien no
peut persuader, je vous déclare (fuavant
(pi'il soil une heure, vous aurez perdu celte
virj<initf'' «.ont vous vous targuez si fort.
— rhéodorc : Je vo is .u di'-ja dit plus d'-ne
fois, et je vous le répèle encore, que le vomi
de U ciia&lelé que j'ai f«it, ju l'ai l'ait par
l'inspiration de Jésus-Christ mAme. Et il sait
le moyen d'empêcher qu" son épouse ne
perde la seule ciiose qui peut lui plaire en
elle. Il saura i)ien retirer sa brebis du milieu
des lou|»s. — Le préfet : Par les dieux, je
ne m'exposerai pas [)our l'amour de vous à
l'indignalion des emp'-reurs , je vais pro-
noncer la sentence. Pienez-vous-en à vous-
même ; que ne sarrili''Z-vous aux dieux?
Nous venons si voire Jésus-Clirisi aura u\\
si grand soin de sa brebis et de sa colonbe;
il le do l, pour peu iju'il ail l'/lme recon-
naissanie. — Théodore : Que cela ne vous
inquiêle («s. Ce Dieu, ^<n a été jusqu'ici
le gardien de ma pu.eié,s"en rendra le
t»rolecl ur contre la violerce de quel([ues
lom.nes perd s qui y v luirout atlonler.
« L I servante de Dieu fut donc conduite
dans un lieu de dé auche. En y ei tniiit,
elle leva les yeux au ciel, e elle cfit : « Dieu
« l iut-puis<anl, I*êre de Jésus-t'hrist moa
« Seigoeur, seçourez-moi, et relirez-moi de
« ce l.eu infime. Vous ipii d livrUes saint
n Pierre et qui I" retirâtes de la prison avant
« qu'il eiU souîlerl au ui alf.'ont, fai es que
«je puisse sortir d'ici >ans aucune souillure,
n atiu quelf)ut le monde reconnaisse que j'ai
« l'honneur d'être h vous. >» Cependau! une
foule de débauchés environnent le logis;
ils regardaient d'-jh cette innocente beauté
comme une proie qui ne pouvait leur échap-
per; mais Je>us-Clirisi veidail h la conser-
vai on de son épouse. L lui eivoya aussitôt
un de ses servile-rs pour Ja délivrer. Il y
avait i>armi les chrclens d Alexamlrie un
jeune ho, unie qui craignait Dieu, et qui
marchait avec b'aucoup da.deur d ms la
voie (pii (ondiiil au ciel. Une sainte jalousie
qu'il Conçut pour la pureté de I épouse de
son m.illre bii lit avoir recours h un inno-
cent slratagème, jv-uir la tirer de Kfionible
danger où elle éîait. Il prit un hatut de sol-
dat ; et se donnant toutes les manières .l'un
jeun • emporle, il eiit.e haidiuienl dans le
logis. Sainte TWcHlorf», !e voyant appro-
cher, se sentit glacer tout le sang dans les
veines. File fuit devant lui, t Ile parcourt
tous les coins de la c.iambrc, elle est déjà
hors d'hîileiiif^. Mais ce g»' uVe.ix incon.iu
s elf Tce de lui fane entei.dre qu il n'est pas
venu là dans le dessein de lui lare oulrage.
Kniin laya it jo ntc dans le moment cpieile
comuKMiçail a n'en pouvoir plus : Ne crai-
gnez rien, ma siriir, lui dil-il : je ne suis pas
ce que je vous pa a'S. Je su. s un des frères
]ui me suis travesti ansi pour vous arracher
Je ce lieu : je viens sauver l'épouse de mon
Seigneur, sa hrebis, sa colouifie : |;renei
me> h.ibils et donoez-moi les vôtres; et à la
faveur de ce deguiseme.it sauvez-vdis, et
ipie I p vêlc>ncnl, qui vous a d'abord causé
tant de f, aycur, serve à vous mettre en siV-
relé; ipie le Seigneur vous acccuupagiic.
Théodore reconnut alors que Dieu avait
eiivo_f é son ange pour ferme, la bouche aux
lion . Llie ( ha 'g*'a proiuplciuenl d'habit,
chose d aut ni plus facile que les liabds des
deux sexes no diffei aient guère, et non sa is
inquiétude pour son libérateur, elle lui laissa
;i
fllS
ïiii:
TIIR
«Hfl
1rs sinis. Il lui lii (jmIuik.iu' son rlin|»onu Jih-
(HK! Mil' les j (Mi\ (4 il lin irc.Mi II 111,1 ii(|.i M ut. ml
(io li>s baissor rti .Hort.'jiil, de ii'- itni'U s'mii'Ù-
l(ir, cl tir Mit imilcr l\ perso. un', iii.iis d .iH'i'c-
Icr ijiiti Cl» \lriiaiir<' hoiilciiM' cl ciiiliiinn^sut».
D(Vs (|ii(i lliiMxJiiro lui lioi'^i (11) la vin- ilo
ceux i|tii a iiMK'iil |>ii l,i i-cnHin.iiln', cllo
s'mTcMa ; i"l (i(',)l<)vuiU (Miiir ainsi uiro .ses
ail(>s, ()||(j prend so'i vol vcns lo ciijl, (inj
V(MMil de l'ùli'i' do la main du rancnn. <,c~
pondanl le jj,(Miei'eu\ i:i(:nn'ni t'iail le.siij
dans la cliaiidxi^ avoo la (;li;inlé (|iii lui le-
liait c<»iupa(:,iiii! ; il avail la liMe eonveil ■ nu
voile do liKJodoit,', ol il éiail roOludo su
rol)e, mais poiia'il de jilus une enurorwio
c|uo la eluuilé lui avail do niée. D'ailleurs,
quelqu'un i\ii ceux qui élaieiii à la porte du
lut^is. cioy.ml coiunu! les autres avoir vu
sortir le boldal qui le prtinief .y était entié,
(•)uvril liiusipieiiieiii la tliaiiibre, el i'ui (!\-
tréiueuieiil suip/'is de Irouvi r un lionniio au
liou d uni! belle fieiso me ipi'd eliere ail. Il
soit tîllVajié, et eno an prodige; mais celui
qui avait sau^é la vieryc;, ente ulanl ce; ipio
col lioniinu int.a I, bien loin do .•'O vouloir
tui bor nous un J'aux luiiuele, s'écrie : No i,
«on, il u'y a () >inl ici de prodi.^e, el le Sei-
gneur n a rien dn\u^é en moi, je Sui-s ce ipie
j'élais; le seul cbaiii^emeiit qui est arrivé,
c'est (jue j'ai une couronue ipie je n'avais
pt»s. t^onsule/-vons. Vous n'avez, plus à la vé-
rité celle que vo i* aviez, mais vous po ivez
avoir le plaisir de vous en venp,er sui- celui
qui YOviS rosle. Une double f)alint* m'est due.
Jo suis^eulré ici vier^^e, et jon sortirai vieii;5e
8liii:irt;, r, ol to. jours soldai de J^ésus-Cbrist.
. a On se saisil aussilùl do cet excellent
jeune homme, et< n lame a au pi-étet, Coiu-
menl vous appelle-l-on, lui dil ce magistral?
Oum'api'fc'lle Diilyme. répo+idiUi3 jeune chré-
tien. — Le préi'^'l : Qui vous a eii^a^é à faire
ce ([ue vous av^'zfau? — D_. dinie : Dieu lui-
méuiH me l'a commandé. ^ Le [irél'et : Avant
que je vous lasse lueltre ci la (jueslion, ué-
clai'e4 où est Théodore. — Djdimc : Je vous
iui'tv que je n'en sais riei. Tout ce quej.i
puis vous eu dire de certain, c'est que c st
une véritable servante de IXieu, et qu'il la
conservée pure el chaste pnur avoir to lies-
se sou Fils Jésus-Ciuist. (^'esl pourquoi je
ne prétend? point m'atlribuer le mérite de
celle action : toute la gloire eu est due à
Dieu seul. Car il a ou éj^ard à la grandeur
de la foi de celle admirable bile, ainsi q .e
vous-uiômes pourriez en rendre lemoign.ige,
si vous vouliez par.er sincèrement. — Le
préfet : De quelle condiiion éles-vous? —
Dydiuîe : Je suis chrétien, et alfranchi de
Jésus-Christ. — Le préfet : Qu'on lui don.ie
la question plus forte deux fois que l'ordi-
naire, à cause de celtt; belle action. — Di-
d^ me : Je vous prie u'êl^e ponctuels h exé-
cuter les ordres de voire maître, et de i:e
pas diiférer d'un moment. — Le [oréfet : Par
,es uuiux, tu peux t altendio à être loar-
muiiié de la 1)0 1 le manière, a moins que tti
nesacniies; c'est l'unique mo.)en d'être ren-
vo,)é absous de l'action té.uérau'e que lu as
osé entreprendre. — Dydime : C'est cette
iiiAiiie ;iclioii, qin» vous eondnninor, «|tii doit
*"us l,iii(; (onn.'iilre que je suis nn vmi
/ilhléte du Dieu vivant, qui iMinhal pour se»
iiili'nM-. el p.mr sa Kloire. Kl m /i cnn^o de
cela vous lolouble/ mes lotirm iils, vous no
faites (jii • réi:onipuMs<'r dniiblcim'iil dein
bomies /Il lions que l'.-ii Oiilcs, d'nvoir snuvé
une vierge de riilanne, cl d'avi.ir confessé
publi(( icine it le Dieu (pn* j'ador'*. Au rcsti;
n'espénv. pas que je s.icri'lie jmt d nions;
ipi.i id vous me fer.i!/ Iin^ler Ion! vif, je n'y
.sacriiit.'iais pa.s. — L« prrtfet : Un- i ^nind(î
aiidar^e ikï doit pas demeurer impunie; (>||e
te coulera la léte. Ml parce qm; lu rias pas
obéi fliix édils des emjiereiiis. ton corps
après la mort sera jeté dans le feu. — Di-
dviiK! : Dieu tout bon. Pèriide Fio(i(<Seigiioup
Jésn>-t;iirist, soyez béni h ja.nais. Vims n'a^
vez pas rejeté mes V(h« x, vous ave/.délivré vo-
lr(! servante, el vous couronne/ votre servi-
teur (i une doiibb; (oinoiiiie. On lui coupa,
la léte, el son corps fut brrtlé. » (Huinart.)
^ S.iiiil Ambroise r.iconle (pie quand sainlo
Tliéodoii; siil ipi'oii allait exi'-i nt'c Dydime»
elle vint au liini du supplice. Kl.e voulait
iiiour.r à sa pla .e. llna pieuse conleslation
sél.iblil entre eux. Les bourreaux la lermi-
nènnii en décapitant l'un et l'autre. Ce récit
complèle les Actes qu'on vi<Mit do lire.
1 ifiÉODOKLT (saiiilj, évéque d<' Cyr, doc-
teur de l'Eglise ol confesseur, était d'Antio-
che. Sa môio, mariée à l'Age de dix-sept ans,
vers 380, vécut jusqu'à vingt-trois ans dans le
luxect la coquetterie. Ayant été vers ce temps-
là gt.éiic d'un mal d'yeux «pii lui était sur-
venu, par lo sain) solita,re Pierre de Galalie,
elle revint à une vie sainte el pé litente. Cette
sainte femme, après plusiei/rs années de ma-
riage, aviit la douleur (iO se voir stérile. Kile
pria longtemps, mais en vain. Enlin saint
.»ia,:édone lui |)i0init un ûs, h condition
qu'elle le consacrerait au service de Dieu.
En etfet elle accoucha do Théodoret, treize
ansaprèssonmaii.ige; notresaint uaquildonc
en 39J. 11 fut él. vé ilans la pratique des
vertus et de la piété chrétienne et lUt fait
lecteur dans l'église d'Aiitioche, comme nous
le voyons oa:s le passage suivant de ses
écrits où il dit qa'il était allé visiter saint
Zoiion, solitaire qui domeucail sur une raoii-
lagiie rivoisi nant la ville d Antioche : « Je le
rencontrai, dit-il, qui portait deux cruches
d'eau en ses ueux maii.s et comme je lui dé-
nia idais où demeurait l'admirable Zenon,
lui, qui ne se reconnaissait point sous ce ti-
tre, me répondit, qu'il ne ^avait point de
solitaire qu on nommU ainsi. Celle ré{)0iise
si modeste m'ayant fait juger que c'était lui
même, je le suivis et entrai dan^ sa cellule où
je m'entretins avec lui de plusieurs discours
de piété, sur le sujet desquels je lui faisais
d.'S demandes el ii éclaircissail mes doutes.
Lorsque l'heure de m'en retournerfut venue,
JG le priai de me donner sa bénéd ction pour
ine servirde viatique à mon retour; cequ'il
refusa n disant que c'était ; lu ôt à lui à
me demanjer la mienne, pu squ il n'était
qu'un sim,«le particuliei' et que j'éiais du
nombre des soldats enrôlés dans la luilice
Wil
TRE
TnE
1128
K
de Jésus-Christ, car j'étais lecteur. Je lui rn-
résontai que j'élais encore si j(Mi;ie ijue l.i
_,Trl»o no fiisail que roiuuiencor h me venir :
et ayant fait sornienl de ne le plus voir s'il
me contrait^nsit d'en user ainsi, il se laissa
entln fléchir avec beaucoup de peine h ma
prière et offrit les siennes à Dieu, mais avec
de grandes eicuses et en lui |)r()t<'si.'nt ([ue
la seule charité et l'obéissance le lui faisaient
faire : ce que j'entendis parce que j'étais au-
près de lui. »
Après la mort de ses parents, notre saint
se retira dans un monastère où il resta jus-
qu'en li^23 où il fut élevé sur le siège épis-
co|inl de la ville de Cvr. Cette vdle était si-
tuée dans la province de Comagène en S.> rie,
appel eaussi Eupliraicsi.-nne parce que l'Ku-
phrale la bonlait du cùlé de l'oiienl, et la
séparait de la Mésopotamie. Comme il n'avait
quitté que malgré lui le silenoe et la soli-
tude du monastère, il en conserva toujours
l'amour dans son cœur, quo que ses enne-
mis prétendissent qu'il ne pouvait vivre sans
action. 11 n'aima pas moins la pauvreté (pie
la retraite. Après vingt-cincj ans dépisco[)at,
il n'avait pas acquis pour un sou de bien
et n'avait à lui que les 'habits très-pauvres
dont il était couvert. Il ne reçut jamais
de personne ni un habit, ni la moindre somme
d'argent. Jamais il ne demanda aucune fa-
veur pour lui ni k l'empereur nia ses minis-
tres; et quoiiiu'il eût beaucoup de personnes
dans son docèse qui y possédaient do grands
biens, jamais il ne leur fut h charge. Dans
sa persécution plusieurs évéques de ses amis
lui ayant envoyé divers secours, il s'excusa
de les accepter, non par aucun impris pour
eux, mais parce qu'il se oonteniait de rece-
voir ce qui lui était nécessaire de celui qui
nourrit avec tant d'abondance les corbeaux
eux-mêmes. Sa pauvreté était accompagnée
dune grande compassion pour les pauvres,
et assez richepour les soulager dansleurs be-
soins, soit des biens de son éolise, soit par ses
sollicitations à l'égard des autics. Il écrivit
une lettre courte au palrice Arcovinde pour
le porter à faire quelque remise aux fermiers
des teires qu'il aviit dans son diocèse. « Ce-
lui qui a fait toutes choses, dit-il, et qui les
gouverne par sa sagesse, distrilme diverse-
ment à chacun de nous la pauvreté et les ri-
chesses, mais par la même jusiice, atiii (jue
les riches trouvent dans les besoins des pau-
vres de quoi subvenir h leurs l)esoins spiri-
tUfls. Il fait de même sentir ses eliAtimenIs
aux hommes, non-seulement pour les punir
de leurs péchés, mais enc.ore alin que ceux
qui en ont h' moyen aient occasion de faire
voir leur compassion et leur bonté pour leurs
frères. Que la disette de celte année vous soit
donc un moyen d enrichir votre Ame : faites
une vendange abonilanle et attirez sur vous
la miséicorde de Dieu par celle que vous
exercerez envers les receveurs et les pay-
sans de vos terres. »
Il eut la consolation de convertir tous les
Ariens qui sp t-rouvaieni dans son diocèse ;
cepen lant il n'olfril h Dieu relie moisson si
féconde qu'après l'avoir semée avec beau-
coup de larmes, de peines et de travaux
et après l'avoir même arrosée souvent de
son sang. Il avait souvent été lapidé par
ceux dont il s'efl'orçnit d'amollir la dureté; et
pour leur procurer la vie de l'Ame il s'était
vu près de perdre celle du corps. Dans ses
ouvrages, Théodoret parle de la persécution
que l'Kglise de Perse soulfrit de son t^^mps.
Voulant servir les lidèlesde Perse d'une ma-
nièie digne d'un évoque, il écrivit deux let-
tres A Eulale et h. Eusèbe, évêcjues de la partie
de l'Arménie soumise aux Perses. La se-
conde de ces lettres est plus particulière
pour Eusèbe. Il l'y exhorte comme le se-
cond évèque de celte province h remplir les
devoirs et à faire les fonctions du premier,
qui était hors d'état de servir les fidèles, soit
qu'il fût mort, ou qu'il eût renoncé à la foi,
ou ((uelqu'autre mison que nous ignoron». Il
lui représente donc en peu de mots quels
sont les devoirs des pasteurs, par l'exemple
des soins et la vigilance avec laquelb Jacob
conduisait non des hommes rachetés d'i
sang de Jésus-Chri'-t et dont il faudra rendre
compte h Dieu, mais les troupeaux de son
beau-père. Il l'exhorte particulièrement, lui
et les autres évoques, h a voir beaucoup de com-
passion el de charilé pour ceux (pii étaient
tombés durant la persécution, à travailler
pour guérir leurs plaies et a les faire rentrer
dans le combat. La lettre ^ Eulale seml»le
être plus générale pour lesévêques du même
pays. Il y traite la môme matière que dans
l'autre, mais avec encore jilus de force. Il y
témoigne la part qu'il prenait à leurs souJ-
frances et particulièrement au danger que
couraient les faibles dans une si forte ten-
tation. Il les exhorte à témoigner dans cette
occasion le courage qu'on attendait d'eux.
« Un évêijue, dit-il, n'est pas évêque pour
recevoir les respects dos peuples durant la
paix, mais pour combattre à leur tête du-
rant la guerre. Les animaux même les plus
faibles et les plus farouches nous appren-
nent comment les pères doivent s'exposer
jKiur hnirs enf.mts. » Cependant, il délendit
Nestorius contre saint Cyrille et contre le
concile d'E|)hèseoù il accompagna Jean d'An-
tioc.ie. Il croyait que cet la-résiarque était
condamné injustement; mais eidin C»rillc
ayant élé reconnu orthod )xe dans sa foi,
iR)tr«^ saint lui rendit avec joie un témoi-
gnage publi(' en é. rivant à son métrojtoli-
tain qui y était eniièremont opposé, et ^
Nestorius lui-môme. Quand nous n'aurions
aucune autre preuve do la pureté de sa foi,
elle se justilierait assez [>ar la simplicité el
la joie même avec laquelle il reconnut sans
dillicullé. en 4."{-2 et 4.<3. les expositions que
sailli Cyril le fit de safoi,pourcerlainerienlca-
tholi(|!ies.jus(ju'hI''S détendre ha itemeni sur
ce point contre son propr' méiropolilain, en
même tem()s(pril les combtMaii s.ird'aulres.
Ensuite noire saint s'attira beaucoup d en-
nemis en comliatlfliil l'iiérésie d'Kulychès,
mais en particulier Dmscore d'Alexandrie.
Il composa des dinlogutvs contre cette fu-
neste h'M-és'e. Dans l> premic' il (trouve quo
la divinité est immuable, dans lu troisième
1120
TIIK
TilE
<I7,0
qu*ullO()^tIlll|H)^.^>ll)l^^^'t^l>'^'lslo^OCOIl(l.(^u■l•llu
a (Hù miii) i\ Jt''su.s-Clnisi avoc la iwilurc liu-
iiiaiîU', .sans (|u'il.v ail <'ii ;mmiiiih coiiiisidii
do ru!if dans l'aulrc. Il y cdinlial (.l'uv (|Ui
nu vonlautnl dithnei- i\ JtVsus-Olnisl (|u<< lu
liuni il ' Diuu, (jui vonlai'Mil (|U(! If NCil»!
(H[[ pUileU passu |iar la sainlc \ it'i't^c, t'I non
pas (|u il iùi iiû (I t'ili', cl (in'il l'iU plis
iinclijiio cliosu ilf sa snbslancc ; (lui ne
l.iisiiient qn'nno suuiu nainiu du I liiiina-
iiilé cl di' la divinilu, cl (pii alliibnaicnl
les soutlVancos de Jcsns-Cllnisl à sa iialmo
divine. Tliéodoicl (il ici (luvia^^o pour su
jusUiier hii-mOine ((Hilio cuuv (pii coiidaiii-
iiaiu.il sus su iliiiiunls aussi bien i[ue pour
l'airu voir la lausselù ilu la dorliiin^ du ses
«dvui'saiius. Il y riscoiinail eu cllVl ires-l'nr-
leuiout i'uiiile delà peisonnu u'iJesus-lilnisl,
el }■ uvpriuiu si neiieiiieiil la lui callKtii.pie,
qu il u'v avait [)lus aui un sujet r.iisonnablc
du douter ilu la [)UioU^ do sa doeirinc. (^e
n'est pas (pi'im luiuvel auteur, dit rillenionl,
(jui su ileilaie pailout so'i cnneini, ne pré-
tendu quu cet ouvraj^u n'usi |)rupro iju'a lu
faire eu-idauner; ipie sous préle.vtu d unsui-
gner la loi oallio upie il y uiiseii^ne ellucii-
vuiuent lu Nestoiufiisinu; qu'il ria»i:me
adroilemeiil ou lu [irouve mêiueh déoouv. rt.
Cepun.ia.it dauirus pui soi les, (|ui ne luaii-
quunl point du ces yuux savanis el curieux
(ju'il ouiuan le, souiiuu lent cpi'on la.t an
cela unu i^rande injustice a Théudorut ; que
la doctrine qu'il établit dans ses dialogues
est aussi orllio.lox>! ([ue celle ([u"il combat
est co'Uraire à la croyaicude liijilisu. H y
rejette néanmoins l'expression que Dieu a
souil'ert dans sacliair, comme une ex|)ressioii
Oljscuie et embari-assée qui pourrait faire
cron-e que Dieu avait souilV;rt même da:is sa
naiure divine, et qui n'était pas autorisée de
riicriture. Mais |>our le sens callioli>iue de
celte expression il l'avoue d'u.ie maiière
trés-cla.re ei très-i'orte. Il djineure d'accord
dais un endroit que l'un on des deux natu-
res reuu les noms eommu is. Les calomnies
qu'liutyclie et ses partisans répandaient con-
tre lliuodoretfure'.it por.é s jus.[u'à l'empe-
reur Tiuodose ll,tiui, sans l'avoiie'ilei.dujle
crut et le déclara coupable, non d'uérésie,
mais d exciter des Iroubljs dans la province
l>ar les asjemblées qu'il tenait à Antioclie.
11 écrivit donc à Zéiion, général des armées
romaines dans la S, rie, de l'aire en sr>: te que
iiotie saint demeurât à Cyr, el n'allai pas
dans u'auires vdles pour y assembler sans
cesse des synodes. Tliéodoret accepta cette
esi)èce d'exil avec joie, parce qu'il lui pro-
curait le repos et la solitude qu'il aimait taat.
Il resta sans sortii- de s'^n diocèsj jus[u'a-
pi es le faux concile d'Ephése,c"est-à-dii e jus-
que sur la lii de l'aniée 1*^**0, au grand dé-
sespoir d^ tous les liJèles d'Oiieut. 11 écri-
vit plusieurs lettres et une apologie pour se
juslilier des accusations lojustes que ses en-
nemis portaient coUre lui. Ci; fut inutile:
il eut la gloi.e d'être con ùimné [)Ar cette as-
semblée d'iniquité avec Domnus d'Antioche,
sai it Flavien el plusieurs autres. Le titre
d'iiérésiiirque qu'on leur donna, les anathè-
Diciiosn. DES Persécutions. II«
ni(*s (pi on pronoïK^a contre c(>ut qui lui riii-
draiu it les inoindrcN a.sNJ.slniicuK, ul Us ler-
lllc^ injuficux dont 'l'li<'-odosc parla de lui
pu après dans une loi, n'ctaie il <|ue dc>>
nianpK's illiistnvs do in vii^uiMir uxtraordi-
naïKt avec laipicllr il av.iil d('' cndii les vi'-ri-
tcs de l.i loi contre lc> ci ruurj) d'l'-Uty(;li(; et
d{> Dioscorc.
NolK! saint ('•crivil au pape iiiic i^iando
Ictirc. alin dcsi; jtistilier des aci ii.ialioiis jioiir
les(picil( s on lu déposait. Il lut rclé^u('' d.iiis
s(Ui mo lasicf près d'.Vpaiiii'i!, ipii ('-lait situé
à ciMipiantc lieues de (^yr. On l'av.iii privé
di'.s rcveiiis de son église; on avait dé cndu
h loulcs personnes de lui doriier ni reir.dte,
ni vivres, ni (pioi (pie ( e l'i1t. l'àiliii on avait
fiit tout ce (pi'on avait pu pour |e n'dnire h
niaïKpicr même d(; [lam el d'eau. Diveis
(■•vc(pies lui (î'ivoyôrenl de largent c-t tout co
(pii lui ('lail iKM'essaire. K ili i li; ((idcile de
Cnalcédoine, ipii se tint en V.'il, rétablit notre
saint sur son si(''ge. Il conliniia d(! vivre
comme par le passé, dans la pialnpie dc'S
plus grandes vertus et, après avoir fait diifé-
leiils ouvrages en l'Iioii leur de la religion,
il mourut enlii, vers l'année 4-37.
TllÉODOHLT isaintj , prêtre et martyr,
versa son sang po a- la foi, en l'an 36-i de
l'i'ie clnélienne, ;:(jus le lègne de Julien l'A-
l)Oslat. Ses Actes, qui sont fort beaux, doi-
vent trouver ici leur place. L'Lglise fait la
fête de ce saint le 23 octobre.
Martyre de suint Théodorct, prêtre.
Juliei s'étant, par sa mauvaise conduite,
brouillé avec soa cousin, l'empereur Cons-
tanliiis, se réfugia dans l'église de Niconié-
die, où il regut l'ordre de lecteur : il en
exeiça même quelque temps la fonction.
.Mais eilin, Constantius étant mort sans en-
fants, Julien lui ayant succédé à l'empire,
il lit une profession ouverle du pag.inisme,
releva les autels des idoks, el abattit ceux
du vrai Dieu. 11 est vrai (jue, pr. naut une
voie tout opposée à celle qu'avaient fenue
les autres tyrans, d n'employa que rarement
la fore/, les menaces et les tourments, pour
contraindre les chrétiens à suivre son exem-
l)le. 11 crut que his récompenses, les dignités
et les caresses seraient des moyens [dus
su s, plus honnêtes et moins odieux. Son
oncle, le comte Julien, qui pour récompense
de son apostasie avait eu le gouvernement
de l'Orient, y rétablit au.-sit(jt le cuite des
idoles. Ayant eu avis qu'il y avait beaucoup
d'or et d'argent dans le trésor de l'église
d'Antioche, il y vint, s'empara de l'église et
du trésor, après en avoir mis en fuite le
clergé. Chacun se sauva où il ,'Ut. Le seul
ThJodoret, l'un des prêtres de cette église,
r>'Solu de s ei.sevelir sous aes ruines, ne
voulut jamais l'abandonner; mais ramassant
les frères qui étaient à Antioche, il célébrait
avec eux la collecte (le dimanche). Ce qui
ayant été rapporté au comte Julien, il le fit
arrêter et ame ler devant lui. — N'ètes-vous
pas, lui dit-il, ce Théodoret qui, sous le
dernier lègne , renversiez les autels des
dieux , décriiez leur culte , bâtissiez des
36
1131
THE
THE
IlSt
é{;lise$ et dressiez des tnoiuimonlsanx morts?
— Oui, ré[)oinlit Th(^oili»rct, jf suis o^lui
qu»' vous dilt's; i'ai prururé, autant que jn
1 ai pu, qu'on (MliliAt dos temples au Dieu
vivant, et qu'on b;Uit des églises sur les tom-
beaux des martyrs : il est encore vrai que
j'ai df^truit plusieurs autelsdédiés aux idoles.
— Reconnaissez donc maintiMiant, en pn''-
sencedes dieux, répliqua le comte, ([uevous
avez fait toutes ces choses, et demandez-
leur-en pardon. — Moi, repii' Tlit'odnret, je
n'ai rien fait que par l'ordre de renq»ercur
Citnstantius. Mais j'admire (pie vous soyez
devenu en m moment le défenseur et l'a-
vocat des démons. Vous noinmerai-je un
prévaricateur? — Qu'on lui donne vingt
coups de bAton sur la plante des pieds, dit
le comte, pour avoir osé dire qu'il n'y a
pas de dieux. — Tliéodoret : Sachez, comte,
qu'en renongant à la foi, vous vous préci-
pitez dans une mort éternelle. — Le comte :
Qu on lui donne vin,j,t souillets, pour lui
apprendre à ne pas blasphémer. — Théo-
doret : Vous honorez (jui vous séduit, et
vous maltraite/ qui vous dit la vérité. — Le
comte : Vous voila déjà tout ému, pour quel-
ques coups que vous avez reçus. Vous ver-
rez bien autre chose, si vous ne })renez la
résolution de sacrilier aux dieux. — Théo-
doret : De gr.ice, n'anpele/. point dieux les
ouvrages do la main des liommes : souve-
nez-vous de ce que vous avez cru autrefois.
— Le comte : Vous n'avancerez rien auprès
de moi, avec tous vos disiours si reiherc es.
— Théf)dorel : Lorsque vous adoriez le vrai
Dieu, la vérité était sur vos lèvres et dans
votre cteur; vous l'aiuiiez, et vous aviez le
mensonge en horreur ; niais aujourd'hui
l'orgueil Vous ferme les yeux et vous eliange
le cœur; vous h iissez la vérité et vous ai-
mez le mensonge. — Le comte : Vous faites
l'orateur, et vous disrourez e't so|)liist(',
comme si vous ne faisiez que de soi tir des
écoles d'Athènes. — Tliéodoret : Ce n'est
point aux é oies d'Athènes (pie j'ai pris ce
que je vous dis, mais à eelle du S:unl-Ks-
prit. Puisse-t-il, seigneur Julien, vous inspi-
rer de meilleurs senhmeiits I
Le (Ointe, irrité do la résistance ef des ré-
parties do Tliéod' ij'et, le lit attacher h quatre
|»ienx f(»rt éloignés l(>s u isdes anlres; ipiaire
roues étaient [tlaciées lian.s la même distance,
j>ar le moyen des(pielles on allongeait les
tiras et les jamb(\s di saint avec une si grande
vi(tlence, (pi il paraissait av'ijr huit pieds de
longueur. Alois le comte lui dit : Lli bien,
riieitdoiet, cela fait-il mal? — Théod<>ret :
A'i-tu di'jà r)ul)lié ee (pie je viens de te dire,
que les ouvrages di» l.i main des hommes ne
pi.'uvenl être «les dieux? Hecoiinais piuhM
celui qui l'est en cMet, et J. sns-«lhrist son
Fil> qui a (;r»''é le ciel et ht terre, le sang dn-
qii'l t'avait ra( hetn. — L • comte : (Jiioi. cet
homme (pii n été rrurilié, ipii est mort et
(pii a été enseveli, tu dis qu'il n créé le ciel
et la terre? — Théodoret : Oui, cet homme
(pii a été rriK itié, (pii est mort, qui a été
enseveli pour notre salut; ajoute, ( t (pii est
r*>«<)*uscit<^ , je dis qu'il a créé toutes • hosAi;
je dis qu'il est le Verbe et la sagesse du
l'èie. Tu l'as ad iré, lorsque tu tes laissé
conduire à la raison et Ji 1 1 vérité, si toule-
foi.s tu les as j.iraiis écontées. — Le comte :
r.rains les dieux, et obéis h l'empereur; car
il est écrit : Le cœur du roi est en la main
de Dieu. — Théodore! : Oui, le c t-urdn roi
qui connaît Dieu, et non le (-<eur d'un tyran
qui adore le démon. — Le comte -. Insensé, tu
oses afipeler l'empcneuriin tyran. — Théod(j-
ret : S'il est tel. et s'il commande les chos s
que tu dis, on doit le rt»g«rder non-seulement
comme un tyran, mais (omme le plus misé-
rai »le de tous les hommes.
Le comte, frémissant de rage, ordonna
qu'on tourmentiU le martyr. El comme il
aperçut le sang (|ui commençât à couler de
ses plaies avec abondance, il lui dit : Sacri-
fie maintenant aux dieux. — Théodoret : Je
ne connais point des dieux qui sont faits de
la main des hommes ; je n'en connais qu'un
seul, qui a fait le ciel et la terre, et les liom-
nies même. — Le comte : Je vois bien que
tu ne sens pas encore assez les tourments.
— Théodoret : Je ne les sens pas, il est vrai,
parce (|ue Difui est avec moi. — Le comte :
On ma dit que tu étais redevable d u"»©
somme considérable au trésor pul)lic, et
que. te voyant insolvable, tu es bien aise de
mourir pour sortir d'atfaire. Tu pmix t'(m
tirer à mei leur marché, et sans le donner la
peine de mourir : tu n'as qu'à sacritier aux
dieux, et je te promets d(> i obtenir un acquit
général de tout ce (pie lu dois. — Théovioiel ;
Que ton or et ton argent périssent avec toi
et avec ton (>mpereur. Je ne dois rien à per-
sonne; je ne dois qu'à Dieu seul un amour
pur et une parfaite obéissance. Je le prie de
me faire recevoir bieiit^M l'elfel de ses pro-
messes. — Le comte : Quitte toutes ces
folles espérances, ol songe à conserver ton
ilme. — Théod(»ret : M.iis toi, (lense h n—
tourner à Dimi, d(i(|uel tu t'es si tort éloi-
gné, et regigno ton Ame que lu as si mal-
heureusement pt>rdue.
Le comte tii redoubler les tourments, et
lui dit : lu t'es intatué d'une vaine obéis-
sance h nu homme crucilié, au lieu de la
rtnidre h. l'emjiereur. — Théodoret : Sacfie,
impie, (pie cet homme crucilié peut, (piaïul
il vinidivi, t'«»nvoyer, toi et ton maître, au
feu de I enfer, el vous devez tousdcnix \ous
y altendrc , lorsijuo vous comparaîtrez de-
vant son tribunal, t. 'est une vc'-r.té (pie lu
ne dois pas ignorer. — Le comte : En alt»ni-
dant ce jour-lh. je vais tcmjours par pr< vi-
sion le faire l>ri^ler toit vif; et là-«lessu il
ordonna (pi'oii appliqiKU «bnix tlambca «x
allumés aux oMes du martyr, l'eiidanl quo
la tlammc agissait sur sa chair et la faisait
fo idre peu h peu. il éleva les yeux au ciel,
et dit : « Dieu loul-puissanl, créateur de
l'univers, .sauveur des hommes, daignez for-
litier, dans votre serviteur, l'esiiérance (jiio
vous lui ave/ permis de m(>ltre en vos |>ro-
messes; .soutenoz-le dans les tourments (pi'il
endure pour vous; faites sentir aux méchants
tout votre pouvoir ; (ju'ils connaissent que
comme vous n'avez que des grâces pour
liSS
THE
THK
1154
(l(tS MI|l|lll(-('.S |)(MII' ceux l|(li vous IIW(ll>|ll<'lll
«l(> lidiWilA : Soimii'iir, (|U(> votro iioiii .soil
Klr»rilit^ thiiis tous li-s siffles, u A ces niitls,
Ims Ixtitii'caiix l()iiil)(!iit av(M-|i>urs ll.iinhi.'Mii
l(^ vis;ii;;(» ((iiilrc icirc (1). Lour «^liiil» jola
(jHcllUM) IlOIlhlM iInIIS I CSplil (lu CUUlll', cl
(M!V(t\M st's g.iitlc.s ; il Ml itMuit tuulcfuis, et
ItMM" Coiuin^'ida «lit r(»l('Vor los hounvaux.
Uoiircnez vos n.imh'aux, dit-il à r«jux-('i,
lr>rs(|u'ils l'urcU rclfvt's, csl aj>|)r(>(li('/-l(«s
u'io socoiidt» fois des <'At(Vs do v(\l liotnuu»;
iK» craignez riou. — Scij^int'ui', lui répouHi-
i*("it-ils, ay(v. la honlt^ de doiuicr cet ordre h
d'autres; pour nous, il uous est iuipos^^ihlo
d(^ l'exéruliM"; vous mous voyo/ ♦>urf)r«» tout
<^pouvant(Vs d'une vision ipi» nous avoMs mn;
de (piatrc anues vtMusd(> blanc, (|ni s'cutre-
tenaiont avec lui, it c'est c(* (|ui nous a t'ait
fou)h(>r par tone. A cetl(> n^poiso, le conilo,
ne se possi''d;\nt plus, til jeter les bourreaux
dans la mer ('2). Connue on les conduisait a
la mort, Tlu^odorcl leur cria : Allez toujours
devant, mes Itères; je vous suivrai de près;
dans f)eu j'irai recevoir de la ni.tiu ilu Sei-
gneur la cuin-onie (pi'il d<'siino à tous ceux
qui ont remporté ici-bas la victoire. — Lo
comte : Où est rennemi ([ue tu as vaincu,
et quel est donc c( lui qui a tant de couron-
nes à donner? — Thèodoret : Le démon est
ce! ennemi, et In combats [H)ur lui. Kt Jésus-
Christ, le Sauveur du monde, est celui de
qui j'attends la couronms et c'est par lui et
pour lui que j'es(tère de vaincre — Le comte :
Pauvre abusé, de q.ii parles-tu \h1 do je ne
sais quel homme, dont [)ersonne n'ignore la
naissance ordinaire et la mort lionteusc, ar-
rivée il f)eut y avoir tiois cents ans : et tu
veux nous faire passer cet hounne-l i pour le
créateur de toutes choses ! et tu crois bonne-
înont qu'il a de grandes récompenses à
donner! — Théodoret : Quoique je sois per-
suadé que tu es indigne d'entendre la parole
de Dieu, toutefois, de peur que mon silence
ne scandalise les lldèles i|ui sont ici présents,
et qui j)ourraient peut-être penser que je n'ai
rien de solide h te ré|)ondre, je veu\ bien te
remettre devant les yeux des vérités que tu
as sans doute oubliées. Apprends donc que
Dieu, qui a créé tout s choses par son Verbe,
touché de l'état déplorable où l'idolâtrie
avait réduit les honunes, a bien voulu en-
voyer ce même Verbe sur la lerre, pour s'y
revêtir de leur nature da is le sein d'une
vierge. Car, la divinité ne pouvant tomber
sous les sens, elle s'est servie de ce ujoven
pour se rendre visible et en luèmc temps
sensible. Ains , ce Dieu plein de bonté ayant
soulfert volontairement pour nous, nous a
méi-ité par sa mort ce salut éternel que tu as
perdu par ton apostasie. —Le comte : Je
vois bien qu'aucun supplice ne peut vaincre
ton enlôtement; tu les méprises tous; peut-
être que la mort ne te paraîtra pas si mépri-
sable : sacrilie donc, ou songe à mourir. —
H) Ce miracle est rapporté par Adon, sur le 23
octobre.
(2) Ou piut44t danî 1 Orooie.
'l'hiMiduret : Moi, sacrMiep? Il y u trop li/u^-
teMij's qui'j'iu renom ('• «ii démon, loti pèi«.
Mats pour le qui est de mourir, (puj le Diou
(pii' l'adore iiitt fasse hi Kraco du n'en point
liim\er auprès du tyran ( Julien ).— Lu
comte : Dis tout ce que tu voudras, je tu
laiss(>rai vivre. -^ l'Iiéodorel : Kli bien, son.;©
doue a mouiir loi-inèi<i<;. Je le pr('<dis rpiu
eu sera parmi les douleurs les plus MiKiien
(pi(! lu rendras ton Ame. A ré;^ard du tyran
(pii osjiéri' vaincre (hjs l^;l•se^j, il sera lui-
même vaincu; um^ main inconuuo lui ôlo:a
la vie, et son corjis demeiireru sans sépulture
dans une lerre ««trangére.
Lo eoml(!, voulant arrêter le cours de seH
prédictiotis funesies, se hiUa de prononcer
sa senteiiK! contre le saint; il le condamna
t» mort. Théodoret, en la recevant dit : « Je
vous n nds gr.-lces, Seigmnir, do ce (pus vous
avez ainsi couronné ma peisévérance. <> (,'<;.
peîidant le comte, élant de retour chez lui,
passa une très-mauvaise nuit. Le lendemain
il alla au palais, où après avoir adoré l'inn-
pereur, suivant la coutume iiniiie des cour-
tisans de c(î prince, il lui dit : Votre Majesté
l)eut voir, par l'état que je lui présente, la
(|i|anlité d'or et d'argent qu(! j'ai tirée de l'é-
glise d'Anlioche^ et (jue je viens de faire
porter dans son épargne : mais j'ai fait plus,
seigneur, car j'ai fait exécuter à mort ce
inéchant prêtre Théodoret, que Vfjtre Ma-
jesté faisait chercher avec tant de sohi. Cela
ne plut pas à Julien, et il ne put s'empêcher
de le témoigner à son oncle. Vous ne m'avez
pas fait plaisir, lui dit-il, d'en user de la
sorte. Je travaille, à la vérité, à abolir la
secte des Nazaréens ; mais je ne me sers,
pour cela, que de bons arguments; je n'y
em()loie que le raisonnmnent et la persua-
sion, et on ne m'a point vu encore avoir
recours à la force et à l'a violence. Cependant,
par celle (pie vous avez exercée contre ce
prêtre, vous fournissez aux Galiléens un
beau prétexte de se déchaîner contre moi,
et do m'accabler d'écrits injurieux, comme
ils en ont si souvent publi*^ contre mes pré-
décesseurs, donnant imoudeuimeit le nom
de martyr à Jes scélérats que ces princes
avaient justement condamnés. N'en faites
donc plus mourir à l'avenir, et ordonnez la
même chose aux .juges de votre département.
Cette remoulrance de Julien, quelque modé-
rée qu'elle lut, ne laissa pas ne [)orter un
coup mortel d ms r<hne du couite; ses veux
se troublèrent, son visage pâl:t : l'empereur,
qui s'en aperçut, tâcha aussitôt de lui re-
mettre l'espr.t, en lui disant ; Allons, mon
oncle, allons au temple; j'espère que le sang
des vict mes qu'on jettera sur vous vous
rendra la santé et la joie. Le comte suivit
l'empereur au iemple; mais son cœur était
plongé dans une tristesse profonde. Les
prêtres h-ur portèrent des oiseaux qu'on
venait d'immoler aux idoles, et qu'on avait
fait cuire sur l'autel : Julien, après en avoir
mangé, en présenta à son oncle qui ne fit
qu'y toucher, soit que les prédictions de
Théodoret commençassent à leffrayer, soit
que la réprimande de l'empereur lui causât
il55
THt
THE
il5G
de riniiuiélude. Il se retira m^me en so'i
palais, (i^s que le sacrifice fut achevé, ayant
l'AniP (également agitée, et du remords df
son crime, et de la crainte d'être dis^rik;é.
Il ne voulut rien prendre. Le soir, il t u at-
taqué d'une douleur violente da-is l'es .)mac
et dans les intestins. C.g morceau funeste
qu'il avait avalé dans le temple lui avait mis
le foie en |)iéces, et il en jetait de temps en
temps des morceaux |iar la i»ouche. E uin, le
mal augmentant, il envoya supplier l'empe-
reur de faire ouvrir les églises. L'empereur
lui manda : Je ne les ai [)oint fait fermer 1),
et je ne les ferai point rouvrir. Le comte
renvoya h Julien lui dire : C'est à cause de
vous,' ù empereur! que je soutire, et c'est
pour avoir eu pour vous tiop de complai-
sance que je péris. Julien lui lit celte ré-
ponse : Ce sont les dieux qui vous punissent,
offensés du peu de foi que vous avez en
leur pouvoir. Enfin le mallieureux comte
expira, mangé des vers, a[)rès avoir enduré
des douleurs incroyables, suivant la prophé-
tie ilu saint martyr. Lnrs((u'on aniiontja celle
mort à Julien : il avait manqué de lidélite
aux dieux, dit-il; les dieux se sont vengés.
La prédiction du saint martyr s'accom-
plit pareillement à l'égard de ce prince apos-
tat; car, étant parti peu de temps après
pour la guerre de Perse, il y péril miséra-
blement. Le ciel même se déclara haute-
ment pour ses ennemis; et un jour qu'd
croyait avoir remporté sur eux quelque avan-
tage, il fut bien surpris de se voir sur les
bras de nouvelles troupes toutes composées
d'anges, il fait sonner la charge; mais il se
sont dans le moment frappé d'une llèche,
(pii par le milieu de l'air vint lui |)ercer le
tlanc. Alors , s'imagina it voir Jésus-Christ
dans un nuage, il remplit sa main du sang
qui coulait de sa blessure, et le jetant con-
tre le ciel, il s'écria : « Ouoi, (ialiléf i, tu me
poursuivras jusqu'au milieu de mon armée?
Tout blessé que je suis de la main, j'aurai
assez de force pour te rt nonctT encore en
iiiourant : rassasie-loi de mon sang, Christ,
et glorili -toi d'avoir vaincu Julien 1 » On
l'euqtorla da^s une bourgade voisine, où il
mourut quel(^ues heures aj)rès.
Nous , serviteurs de Dieu, (juoique pé-
cheurs, tivons émit avec une exacle hdélilé,
tout ce (pii s'est passt; h la mort du bienheu-
reux Theodoret , dont nous avons été té-
uiouis n( iiLiirt-s, élanl logés ^ Anlioche, dans
le palais de l'empereur, et r.t\anl suivi en
Perse Nous prions ceux (jui jellerorii les
y«'ux sur (elle relation, de se ^ouven r do
nous dans leurs piicres, et noui> ^ouhaitons
cpi'ils puissent un jour p.trtai^er avec le
saint martyr, la .;lo w dont il jtiuit dans le
ciel, avec i>olie-Stngieur Jé>us-Cluisl. (Tiré
de truis manuscrits et des Analecles dt; Ma-
bilion, tom IV.)
THKODOSE (sailli), martyr, donna sa vie
pour l.i foi sous r«niipirf rt durant la |>cr.sé-
culion de Claude 11 ilil h' tiollinpie, avicles
saints Pierr»-, Mar< , Luciu^ vt quarante-six
(i) Hors U |^;iii)lr cfUse dos .iri«'n>.
autres soldats, que le tyran fit décapiter aus-
sitôt après que le pape les eut bn|)tisés.
Ils furent enterrés sur la voie Salaria, avec
plusieurs autres martyrs, au nombre do plus
de cent vingt. L'Eglise honore leur mé-
moire le '2o octobre.
THÉODOSE, moine imi)ie et ignorant,
était eu ty chien. At)usant de la |)roteclion
(|ue lui acordait l'impératrice Eudoxie, veuve
de ThJodose le Jeune, il s'em()aia du siège
de Jérusalem au déiriment de Ju vénal, cl de
là faisait des excursions h main armée contre
les chrétiens. Il fit soiilfrir aux calhnliques
les plus cruelles persécutions, et lit mourir
en particulier saiit Sévérien , évèque de
Scytnopolis, en l'an i52 ou 453.
THÉODOSE (sainte), martyre, versa son
sang pour la foi à Ami le eh Pa;>hlagonie;
on ignore à quelle époque : on sait seule-
ment qu'elle soutfrit avec les saintes Alexan-
dra, Claude, Eujjhrasie, Mjtrone, Justine,
Euj)hémie, D^M•phule el sa sjeur. L Eglise
honore la mémoire de ces saintes femmes
le 20 niars.
THÉODOSE (saint), martyr, répandit son
sang po ir la défense de la religion avec les
saints Quadrat et Emmanuel. Nous ignorons
le lieu, la date et les circoiistances de leur
martyre. L'Eglise fait It'ur fête le 26 mars.
THÉODOSIE (sainte), jeune vierge de
Tyr, fut martyrisée en 308, à Césarée
de Palestine, par ordre d'Urbain, ce gou-
verneur barbare qui tit tant mourir de chré-
tiens durant la persécution d' Dioclélien.
Laissons parler Eusèbe, témoin oculaire de
ce q l'il raconte.
« 11 y avait déjà cinq ans que la persécu-
tion durait, el elle «nilevait chaque jour à
Césarée plusieurs chrétiens , lorsque , le
pro[)re jour de P.Upus, (jui celle a luée-là
tombait le second du mois xantique, c'est-
à-dire le (]ualriéiue des noues d'avril, une
jeune vierge de la ville de Tyr, nommée
Théodosie, qui avait à peine atteint l'.^ge de
dix-huit ans, mais d'un esprit mClr et >ol!dj,
d'un maintien grave el modeste, el suiiout
fidèle à Jésus-Christ, fiit arrêtée par les gar-
des du gouverneur pour s'être approchée de
quelques sainis martyrs (pi'elle apeivul en-
chaînés à la porte du palais, sOit qu elle no
vouliU (jue Il'S saluer, soit, ce ipii esl assi i
vraisemLilable, qu'elle eût desstnn de se re-
commander à leurs prièr.'S. Quoi qu'il en
siiit, comme si elle eût commis le plusgra id
des crimes, ce juge iiKseusé, Ir.mspoi lé ilune
fureur aveugle et «pie la nature ne permet
pas aux bêles même les plus féro,es, lui lit
déchirer les côtés cl les mamelles avec îles
ongles d • fer, ce «m'elie piidu.a avec u ie
gaieté ipii r. •doublait la rage du t,. ran; tel
homme furuniv vova ni <{u il lui restait <ni-
core <pitl(pie soufile de vie, la tîi jeter dans
la mer. Aiires quoi, eidh' u'uiic' si houleuse
el si cruelle victoire, il relourn.i aux autres
confesseuis, qu'il condamna aux mines de
cuivre (pii sont à Phé.ium dans la Pales-
tine. » L'Eglise célèbre la fêle de sainte
Théodosii! le 2 avril.
THÉODOSIE ,>ainte), martvre, cueillit la
4137
THE
THC
WiH
palinc (lu marivro nvnc s/rtil(< hMoHio ol les»
s.Mints Doiiiiro,' A(|iiilas, l'.|i(ir.jui'. I.c Mar-
lvn>l(>;^i« romain im (Idiiiic piis ih- drtails sur
les circonslaiiccs de leur conilial, ni iiuMiio
lt« Il »ù ces sainls l'iinMil mail yiisrs. I/IC-
j;li-c linnorc leur m<''m<tir(> le 'l'\ mars.
rill'.ODOrM, lui aii(M(' à IJv/aiic(», sous
\o («""gMo (l(> rniipcrciir Marr-Aiin'li'. avec un
i;raii(l iioinhrc (l(^ (liiM'Iid'is. Sciviliiis Ca-
pclla, (;oiivt'i'i(Mir ou |»rocoiisiil , les ayail
Ions l'ail appii(|U('r j^ la ipicslioii, 'I'IummIuP»
si'iil renia Jrsns-Chrisl. Ce piiMincr crime,
la ho'ile (pi'il (>n éprouva, le lireiil, (pi('l(pi<>
loMips api'és, lomlxM' dans l'iiérésio.
Tlll'X)l)(> Tl'' (sainl), caharelicr et martyr,
Ail mis à mori pour la loi soirs l'empire de
Dioi'lélion, en I anné(> .'lO'J, à Aiicyrc, par
ordre du j;ouv(>i"i(>nr 'riiéoelèiie. Nous don-
nons ii'i ses Aelis, (pioicprils soieiil tort
longs. Ecrils parINilus, témoin oculairo,
ils oonstilnent nno des plus bell(\s piéci'S
(pie possède l'Kglisc h propos des mar-
tyrs.
« Jo veux laisser h la postérité des mar-
ques éternelles de ma reconnaissance en-
vers le sai'it martyr Théodote, en lui lais-
sant le récit lidéle des p;lorieux combats do
ce généreuv alhléle de Jésus-Christ. Les
bons oltices que j'ai reçus de cet ami, dont
la nu'>moire mo sera toujours inlinimont
cbéro, demanderaient d(\ moi, non do sim-
ples paroles, mais quelque chose encore de
plus réel et de plus eUVctif; quoiciu'à dire
vrai, ni les ell'ets, quelque i;i;raiids qu'ils pa-
raissent, ne peuvi^nt riionorer autant (ju'il
le méiife, ni les paroles, quel([ue brillantes
quelles soient, le louer autant qu'il en est
digne. Mais e-itin si je ne brûle à son tom-
beau qu'un peu d'encens, j'otï're d;i moins
tout ce que j'ai, à l'exemple de la veuve de
l'Kvangile, qui ne mit que deux deniers
dans le trésor du temple. Je ferai donc con-
naître quelle a été l'i'uiocence de sa vie et
la gloire de sa mort : je décrirai de quelle
manière il sanctifia une profession qui n'est
pas moi is dangereuse qu'elle est peu ho-
norable (1) : en un mot, je le conduirai de-
puis sa jeunesse jusqu'au jour où il reçut la
courou'io du martyre. J'avoue toutefois que
celle entreprise commence àm'etfra, er, tant
elle me paraît au- essus de mes forces. Je
se:is bien que jo 'l'ai ni assez d'haleine, ni
assez de vigueur, pour fournir cette longue
carrière, u i gé lie peu éclairé, nulle poli-
tesse dans l'exprt ssion, rien d'heureux dans
le tour et dans ie choix des moiS, des con-
naissances très-bornées, une médiocre éru-
dition : avec si peu de talents, comment oser
traiter un sujet si relevé, et ne dois-je pas
appréhender d'obscurcir la victoire de mon
ami, eu l'exposant aux yeux des lecleurs
avec des couleurs si sombres? Un ouvrier
qui ignore la finesse de son art, ne fait que
gûter la matièro qu'il a enire les mains, bien
loin de l'embellir. Dautre part, on pouiTa
me diie que Tliéodote ayant mené une vie
commune dans le mariage, et dans un exer-
(1) Il était cabaretier, comme on l'a dit ci-dessus.
ciee peu nohle, el ipii semble exclure la
piéle el la pialirpie des vertus, il n'y a rien
en sa personne qui puisse attirer la curio-
sité ou la vénénition. Mais je réponds h cela
que la lin de la vie de ei* s/iiiil li'xnmeeti
a couvert h- rommencemenl d'ecl.il )-t du
luii.ièr(>, cl iMie la ba.sscssn <Je sa condition
se cache el (lisparait lieiirenseiiK ni dais bi
grandeur de sa dern ère action. I.oiii donc
loiit scrupule, ol sans plus é(Out''r, ni In
voix timide de iikmi incapacité-, ni les mur-
mures sourds de l'envie, ni les fausses rai-
srms des sages du monde, je rapporterai
ni^iiienl et avec sim|ili(il''' loni ce qiieje sais
de la vi(! (U (h; la mort de l'illustre Tliéodole.
Mais j(5 prot(;st(î en même temps ipje je ne
rapporterai rien dont je n'aie été i(; [(^iiuun
oculaire.
« Il se prépara iongleiufis par divers odes
de vertu au combat qu'il devait soutenir h
la (in de sa vie, ci coiiinn! un alhlete pru-
dent el (jui veut s'assurer de la victoire, il
s'exerça plusieurs années dans d'autres com-
bats (pi'il entreprit conln' lui-même. Il com-
mença par déi'Iarer la gueri'e à toutes ses
passions, el il s'appliqua avec tant de soin
et d(> persévérance à les dompter, qu'il s'en
rendit enlièreimnit le maitre. Parmi les ver-
tus qu'il prit pour ses seconds dans ces
combats, la tempérance fut celle qui lui
rendit de j)lus grands services. Il avait pour
maxime, (|ue l'homme chrétien doit faire
toul son |)laisir d'aflliger son corps, que toute
sa gloire consiste dans laLaissemenl, el que
ses richesses ne sont autre chose que la
pauvreté soulforlc avec une grandeur d';lme
el une généreuse trantiuillité. En etl'et, l'on
a souvent vu le héros se jeter sans crainte
au milieu des périls, et se laisser vaincre par
le faux brillant d'une gloire vaine et ima-
ginaire; le pliilos(»phe céder lâchement à un
mouvement de crainte, et l'homme modéré
sentir en un instant sa vertu s'j'.fl'aiblir à la
première vue d'un plaisir sensuel, il n'y a
que l'homme chrétien à qui toutes les j)as-
sions soient assujetties. Ainsi Théodote em-
ploya le jeûne pour combattre la volupté, la
tempérance pour se défendre des attaques
de la chair, et l'aumône pour oter aux ri
chesses le pouvoir de lui nuire. Mais nous
nous étendrons un peu plus, dans la suite,
sur toutes ces choses, et nous fei'ons voir
clairement qu'il est parvenu à la véritable
gloire par le chemin de l'ignominie, à une
haute fortun(î par la pauvreté, et à l'immor-
talité bienheureuse, par les souti'rances et la
mort. Il relira plusieurs pécheurs de leurs
désordres, en leur donnant des instructions
salutaires pour vivre plus chréliennement.
Il en guérit d'autres par sa seule prière, qui
dans un corps sain portaient une âme atta-
quée de dangereuses maladies. Enfin, par ses
puissantes exhortations il amena à l'Eglise
un grand nombre de juifs et de gentils. Son
mélicr de cabjretier, contre l'ordinaire de
cette profession, lui fournissait les moyens
d'exercer des fonctions tout épiscopales ; car
il déf ndait de tout son pouvoir ceux à qui
l'on faisait injustice; il prenait soin des ma-
1151
TBE
THE
1140
lades; li uinDif^niiit .i(i\ pi (^(iiiius aftlia;ées
une conipassinn qui aduucissait leurs pei-
np? : en un mot. rpuipli d'iinr charité al)on-
dnnlo, il ressentait !♦> maux de tous ceux
qui en enduraient, et les malheurs des au-
tres devenaient ses propres malheurs. Dieu
autorisait lui-même, par d<s miracles, une
conduite si ( luiril.dtie , et qui (tait plulH
celle d'un cvC-que (pie d'un simj le caharoti»T.
Car, quehpie incurable que fiU un mal. (jui I-
qiie profonde que lût une plaie, dès (juc
Théodole y avait porté la main, la plaie se
refermait, le mal se gm'nnssait, ce saint
homme ne se servai.t que de la prière puur
faire ces cures ailnurahles. Mais il s'.ip ti-
quait particulièrenu^nt à Ira ter les mal idi<s
(ie l'Ame : les plus débauchés di'venaicnt
chastes, en l'eiitendaU parlerdela chasteté;
les gf'ns de bonne chère et plongés dans la
crapule venaient à aimer la s bridé, <piand
il en faisait J'élo^e, et les avares (couraient
répandre leur or et leur .Tr^<*;^t dans le sein
des pauvres, dès qu'il |)arlaii des grands
avantages de la pauvreté volontaire. Com-
bien de saints sont sortis de c»>tte excel-
lente école 1
« Pendant que Théodole formait à la verlu
tant de bons sujets, le gouvernement d'An-
cyre fut donné à un certain Théolerne.
C'était un homme sans mœurs, sans huuia-
nilé, sans religion , d'un naturel in(piiet,
emporté, violent, malfaisant, aimant It* sang,
elle répandant avec une extrême facilité. Je
ne saurais entin donner une idée plus juste
de toutes ses mauvaises ipiidilos, qu'en di-
sant que son méiite seul lui avait obtenu ce
poste. Car voyant ([ue rem[»ereur iMaxi-
mien) so dis|»osait à faire utic guerre san-
glante à l'Eglise, il lui promit de détruire
entièrement le christianisme dans Aiicvre,
si on voulait lui en co Hier iegouvennement.
Cette promesse, qui Uattait >i agréablement
l'inclination de Ma\imien, lit avoir sur-le-
champ à Théote( ne ce cpi'il souhaitait avec
tant de passion. Dès qii on sutîi Ancvre (pi'il
approchait, la conslernalioi fut gént-rali»
parmi les liib'les; tout déserta, totd s enfuit
dans les montagnes : les antres et les creux
des rochers deviiiit>nt habités, et les solitu-
des se peU|)lèrenl di; chrétiens. Il prenait
soin lui-même de semer sur son passage
l'horreur et la crainte, et il envi>yait h ,\ii-
<>re, d'heure eu heure, de funestes messa-
gers, qui venaient déclarer de sa part les
desseins impics (pi'il avait foniu's cou! ce la
religion ; en sorte qu'à peine le premier et h»
second s'éiaient-ils accjuittés de leur com-
mission, (ju'un troisième et un (pialrième, s(»
succt^dant mmiéliatemcnt I lui ù l'autre,
arrivaient |)our si^niier encore ses (nuelles
intentions: et les d-Tiiiers entin, chariÇés
d'i'dits et d'ordotmances plus amples et |>lus
précises, piddiaieiil (pi'ini eiU f» tiémolir m-
cosamment toutes «'kIiscs; ipie lus prêtres
chréluns fuss»nit conduits dans les temples
des faux dieux pour y renutirer Jésus-
(ihrisl, et qiiencns de refus n d'opposition,
le.s biens des coupables fussent saisis et ctm-
Usqués au protU du prince, et qu'eux et
leurs enfants fussent mis aux fers en atten-
dant l'arrivée du gouverneur. Sans doute,
atin que les incommodités de la prison et la
pesanteur de leurs cliaines les rendissent
nlus soumis aux volonti-s de l'emiiereur, et
les disposassent à répteidre conformément
au désir que |(> gouverneur avait de les sé-
duire, pour s'acquitter de ce ipiil avait [)ro-
mis à .Maximien.
n Ces avant-coureurs du tyran remplirent
toute rrglise de confusion et d'i'jiouvante.
Elle était comme un navire surpris en pleine
mer par une soudaine tempête ; elle ne s'at-
teiidail plus (pi "à se voir abiim-e dans les
Ilots d'une cruelle et sanglante persécution.
G' pendant ses ennemis triomphaient; ils
pass.tienl les jours et les nuits en festins et
en réjouissances, où la ha. ne qui s nous
portent leur causant uie espèce d'ivresse
pins firle et plus diinginx'use (juo celle du
vin do it ils remplissaient leurs coupes, ils
s'.il)andonnaient à tous les excès que ces
de X fniieii>es passions peuve it inspirer.
En etl'L'l, sortant de ces bacchanales, ils se
répandaient dans les logis des chrétiens, oi»
ils commettaient mille insolences, renver-
sant, rompant, brisant tout ce qui se pré-
sentait à leurs yeux élincelants de cette dou-
ble fureur, sans (ju'on osât s'y opposer, de
crainte de passer pour séditieux et pour re-
Ix'lles. Les magistrats, bien loin d'apaiser
le tumulte, y donnaient lieu eux-mêmes, et
semb aient l'autoriser par leur exemple. Dès
(|ue les edits avaient paru, on a\ait ciiipri-
soiiné par leur ordre les plus considérables
d'entre les chrétiens, et la populace inso-
hniti' prenant C'ite procédure tvranniipie
pour une itermissio i tacite d'insuiior à tous
ceux qui faisaient profession du ihristia-
iiisine. nul cli:élion n'osait [dus se montrer
en public ; l'impunité diigmentait le désor-
dre : on forçait les maisons, on les pillait ;
des hommes perdus de débauches aira-
chaient les femmes de coud, lion d'entre les
bras de Icuis mar.s; les jeunes tilles étaient
enlevées h leurs mères, et les vierges cons.v
crées à Dieu étaient tir> es de leur retraite
pour être exposées h riiiqmdicité publnjun.
Les amis trahissaient leurs amis, et les li-
vraient h la haine d'un |)i U|ile furieux ; la
religion ("lait outragée, violée foulée aux
pieds. <>hargée de calom nés et d'.dlroiiis :
en un moi, l'Eglise soutirait des maux qu'on
a peine à s'imaginer, uiais qu'on peut en-
( oru moins décrue. C.eux qui croya eut
pouvoir par la fuite .*o mettro h l'iibri de
celU' horiible li nipêtv', ne trouvaient aucun
lieu de sûreté ; tous les asile» é aient fer-
més nour eux : b.s autels etaimit ab.i ndon-
lés, les prêtres dispersés, les biens dos tl-
dèles exposés à l'avarice, t\ l'injustice. ;> 1,1
violence. On les voyait errant» ei éparsdans
l(>s solitudes : les' uns se eoiilaie U d-ms
les fentes des rochers, les autres s'eiif m-
(.lient d.iiis un bois épais et toutru, ceux-ci-
grimeaieut sur le sommi>t ileS numlngiies,
ceux-là M> Cachaient païuii les halliers. Mais
b!(> il('ii la f.iiiii les ( oiiliaignait d'.ibaiii.on-
ner ces fune»los retraites. Flusiiurs s« le-
iUl
Il IF.
Tiii;
IHi
miroiil v()l(Mii«ir«»niPnt oiili-o li-s innins dt-!*
persf^dilours, sur iVspi^inhfo «sso/. inror-
Ifiim» d'y Irniivcr qucliiui» icsii» (riiiiiiiMMit/'.
D'iuili't'S l'cslt"*!'!'!!! (l;lll^ l(*s huis cl d.iiis les
nnli'cs, (IViù soi'tmil h la faviMir de In nuit,
ils fliorrli.iionl i|Mt'li|iu's racines |miui' sdu-
Icnir leur vie muurauli". i]>'{\\ (|ui sduMVi-
rcnl le mIiis fui-eul les ixM'sonncs d(^ mii-
|il(« , imi , noniriivs (Ii'IiciIi'iiicmI cl dans
l'ahonda'ifc de lonlcs cliosrs, ctaiiul con-
tn\ tilcs do vivro d'hiM'ht's sniivagivs cl de
cou'-lH'r Mw la Icrit» t\ue ml sur des Ibuilles
scclii'S.
« (iCpctulaiU lo hicnlieurciix martyr Tlu^o-
(l(il(' s'cvposail lui seul à divers pi'iils pour
.•>tH'(iUiir SCS l'n'^ics ; car ce n't'lail luillriueul
en vue dedt»veuir riclie (pi'il tenait cabarel;
rallpule d'un ^aÎM solide u'eul jaunis a\i!'Uil
pouvoir sur sou ;\\\u\ Il avail d s vu s bien
plus(Movi^eS :il pe-isait h faire d(> sou lo^is
un lieu di" si'lrt'fi^ pour lous les i^eus d(> hiiMi,
un porl toujours ouvert aux nialiieureux,
un asile ou la vertu persiW'utéo pdl (>lre à
e(»uverl eo'Ure les oll'orls d'uiu^ i'ijusto puis-
sauce. Mais Ses soins ne st> buriiaieul jias \h.
L'élc'idue dt; sa charité les lui faisait por-
ter partout oi^i il y avait dos inisérahlos. II
visitait les prisoùîiiers, il les consolait, il
les seeourait dans Imirs besoins; il recevait
chez lui ceux (lu'une fuite salutaireavait tlé-
robiVs ;\ la fuieur dos tyrans : et non content
d'assister les vivants, de veiller i\ l(>ur cou-
servation, de leur procurer du repos, do la
consolation cl de la joii», sa charité infatiga-
ble s'étendait jusqu'aux morts. Il recueillait
leurs co'uires, il couvrait l(Mirs corps do terre,
il rasstMublait leui's membres séparés par la
violence tics tourniouts; il les sauvait sou-
vent de cette triste destinée, qui les faisait la
proie (les corbeaux ou la curée des chiens.
Les peines rigoureuses do it on punissait
ceut qu'on surprenait en rendant ce pie;ix
olïïce ne pouvaient le détourner de \o ren-
dre aux martyrs que sa curieuse compassion
avait découverts. Qui aurait jamais cru len-
contrer tant do vertu, de religion, de gran-
deur d'àme, dans un cabaret? Cabaret illus-
tre, consacré îi la prière et non h la débau-
che, lieu digne de la vénération dos fidèles,
sancîuaii'o de la piété, que celui qui vous a
si heureusement fait changer de nature, et
qui vous a rendu saint, do iirofaiio que vous
étiez auparavant, est digne de nos louanges
et de la gloire dont il jouit maintenant ! Cet
homme adiuirable s'était fait tout (\ tous,
suivant le conseil de l'Apotre. Tanlùl il était
médecin, et il fournissait aux pauvres ma-
lades toutes sortes de médicameits; tantôt il
prenait soin des convalescents, leur [)rocu-
rant quelque nouri-iture agréable, ciui leur
fit ouulier le mauvais goût des remèdes. II
donnait du pain et du vin h ceux qui, pres-
sés de la faim, avaient recours à lui ; il as-,
sistait de ses conseils toujours sûrs, tou-
jours salutaires, les personnes qui en avaient
besoin pour leur conduite : il animait au
martyre, i)ar de véhémentL's exhortations,
ceux (ju'on conduisait aux supplices; il les
rassurait, il les soutenait, il les encourageait
h mourir pour Jé»us-Christ ; m sorte qu ou
peul l'appeler le |)Arc, |(< diroctinir, le luul-
Ire do tous les marlyrs de ee leuipH-Ui.
'• l/impie 't'li('>o|ecue avait l'ail une ordon-
nance liar larpielle tout (•<« (pii N'eX|)Osnit en
vente, le pan, le vin, les fruits, en lui mol,
lotit ce qui seil à la iiourritur ' d(t l'iKiUMn' ,
devait être oifert aux iiloles, avant qut* i)i'r-
sonne en pDl ailioii'r, alin que les ehréti«"is
ne pussent faiie.'i Dieu Ts oM.d ons ordi-
naires, toutes les denrées élniit souillées par
celte aliomin.jblo cérémonie. |'r)ur letiir In
main ?» cette orijonn.niec, le Louvenieur
avait rominis dos prêtres des faux dieux,
(pli pr(Miaieiil un grand soin qu'elle fûl exé-
cutée. Ouelle devait être la peine où su trou-
vaient les clu'étiens, (pii ne pouvaient plus
faire d'oirraiides? I,e saint niai*l\r Tlif'odole
les en tiia : le zèle (pj'il avail j)our sa reli-
gion el pour la gloire du Seigneur lui lil
Iro iver aussilùl un remède îi ce mal; il le-
vendail aux cluéliens, [)our les oblations,
00 qu'il avait Ini-méuu^ auparavant acheté
d'eux, el dont il élail sûr. Ainsi Ton vil, du-
ranl ces tcnups factieux, un cabaret être aux
chrétiens ce que l'arche de Noé fut, au
temps (\\\ déluge, h ceux (pu; Dieu voulut
sauver; car, comme alors les eaux cou-
vrant toute la face de la terre, tous les hom-
mes périren!, hors ceux (pii étaient renfer-
més dans l'arche: de niMiie, peiidant i^ue ce
déluge de maux inondait i'Kglise d'Ancyre,
aucun fidèle n'écliappi h la rage du t\ran,
que ceux qui se réfugièrent dans le logis de
Théodote. Ce fut |)our lors qu'une taverne
devint une église, un hospice, une maison
d'oraison, la demeure de la charité, la dépo-
sitaire» de la religion.
« On arrêta en ce tinnps-lh un nommé Vic-
tor, p-our qui Théodote avait une grande
considération. Des préires do Diane l'accu-
sèrent (lavoir [)arlé peu respectueusement
du grand Apollon; d'avoir dit, entre autres
choses, que ce dieu avait violé sa sœurDiane,
devant l'autel du terai)le d(: Délos, et que
les Grecs devaient rougir de honte d'adorer
une semblable divinité, qui avait commis un
crime que les hommes n oseiaient commet-
tre. Cette accusation alarma les amis de Vic-
tor, qui la plupjrt étaient jia'iens. Ils lui re-
prés nitère ni le danger où il s'était précipité
par son im;irudence; qu'il n'y avait qu'un
moyen pour sortir do ce mauvais pas, c'était
d'obéir sans réserve au gouverneur, qui ne
manquerait ras, pour s'assurer de la si'^cé-
rité de son retour, d'exiger do lui une sou-
mission entière aux édits. Vous pouvez, lui
disaient-ils, obtenir en un moment les bon-
nes grâces do quatre empereurs, et sans qu'il
vous en coûte autre chose qu'un simple
désaveu do votre superstition. La fortune ,
vous tend les bras, mon cher Victor; elle '
vous présente des honneurs, des richesses,
la faveur des maîtres du monde; serez-vous
assez ennemi de vou;-même pour refuser
des offres si avantageuses? Mais, d'un au-
tre côté, si vous persistez dans votre entête-
ment, comptez qu > vous êtes perdu sans
ressource; il vous faudra expirer dans les
114S
TIIE
THE
liU
fonrmrnts; votre famille sera clc^shonorée,
ruin(^e, arrahliî'e sons votre crime : quoi re-
gret pour vous d'en <^tre la eause? Vos biens
sei'onl ronlisqnf^s, v(»tre nom rendu inf.\mo;
▼ous-raôme n'aurez pour tombeau que le
ventie îles cliieis. Avez-vous l'ilme assez
forte pour soutenir seulement la pensée de
font de malheurs?
n Thi'odote, averti du péril que rouroit
son ami, p r ecs pernicieux conseils, lit en
sorte de lui parler, ayant pour cela gagnf^
le geôlier, qui l'in'roduisit la nuit dans la
chambre où on le gardait. Ttiéodote travailla
d'abord h détruire tous ces fa»ix raisonne-
ments dont on s'était servi pour l'ébranler.
Do grâce, lui disait-i!, mon cher Victor, fer-
mez l'oredle à ces discours empoisonnés,
que des homipes dévoués au démon ont tA-
ché de faire couler dans votre cieur. Quoi,
voulez-vous nous abandonner, pour les sui-
vre? Quels charmes si grands ont-ils pour
vous attirer dans leur |)arli.' Que vous of-
frent-ilsde si engageant? Quoi, préférez-vous
une vie voluptueuse et toute charnelle h la
vie touie s{)irituelle et toute i éleste que
vous avez menée jusqu'ici? La religion
qu'ils vous projiosent est-elle plus sainte
que la nôtre, et pensez-vous trouver plus
de i»urcté dans leur morale (|ue dans celle
que nous suivons? Non, Victor, non, et
vous avez trop d'esprit pour ne nas vous
apercevoir de l'avantage ifu.; la loi chré-
tienne a sur cette supeislit on monstrueuse
qu't)n veut vous fdiieembra.>ser. f)'liez-vo is
des promisses que vous font les impies;
]»liis elles sont llatteiises et agréables, |)his
elles sont vaines et frivoles, et plus le venin
qu'elles couvrent est subtil et mortel. Ce
fut ainsi que le malh(Mireux Judas se laissa
séduire par les Juifs. Que lui servit d'avoir
reçu les trente f)ièces d'argent qu'ils lui
donnèrent pour leur livrer son maître? il
n'en prolita ()as, et vous s ivez (pu^ ri i jirgent
fut employé à acheter un champ pour la sé-
pulture des étrangers. Que lui resta t-il donc
(lu prix de son infAme trahison? le cordeau
avec lequel il s'élrang'a. Croyez-iuoi, les
vrais l)iens ne sont pas en la ilis|)nsilion
des m'-chanls -.ils peuvent bien les [)roiuet-
tre, mais il n'est jias en leur pouvoir de les
donner. Dieu s. ul s'en est réservé le d >-
maine, et il n'en accorde la jouissance (pi'à
ceu\ ipii l'adorent et qui 1 aunent. Cv fut
par ces siges et pressantes remontrances
ipie Théodote lAcha de remi'ttre l'esj)ril de
Victor, et de le ralfm inir contre les dange-
reuses seco'isses que lui avaient domiées
ses taux amis. Il parut tomdié : en elfel, il
en lura d'abord avee beaucoup de constance
les tourmi-nls qu'on lui lit souiïrir.el il s'at-
tira l'aduuration de reux ipii en ftireni t('>-
moins; mais comme il lomhnit pre->(|ue au
bout de la carrière, où Jésus Christ 1 atten-
dait pfuir le couromuT, il se lai<sa lA' he-
nieiil arracher la victoire; il demarxla (luar-
tier, et il l'obtint ; les bourreaux cessèrent
de le frapper; on le reconduisit en prison,
où il mourut quelipies jours a[très. îles
niaies qu'il avait reçues, nous laissant dans
l'incertitude de son salut.
'< Reprenons la suite de la vin de notre
saint martyr, et [larlons dune aventure as-
sez surprenante, ijui lui arriva vers ceiemps-
Ih. Il y a un bourg .'i cinq milles d'Ancyre,
nommé Malus. Théodote vint proche de ce
lieu, par une disposition particulière de la
Provid(> ire. d.ins le mom'iit qu'on avait
jeté dans la rivière d'H.dis l'I), une partie
du corps de saint Valens, martyr, qui, après
avoir et''* lounnenlé fort longtemps, ava'l
entin été porté tout rouvert de sang sur un
bilcher, où il avait consommé son sacrifice.
Théodote fut assez heureux pour recueillir
ce précieux dépôt, <jue la rivière avait
poussé sur ses bords, et que Dieu lui con-
fiait. Ce saint h >mme. chargé de ces riches
dépouilles, au lieu d'entrer dans le bourg,
s'arrêta un peu au-dessous, cl il se relira
dans une caver'^e. d'où sort un des bas
d'Halis, et qni est distante du bourg d'envi-
ron deux cent cinquante pas. 11 y rencontra
quelques personnes de sa connaissance, que
la même Providence y avait conduiles. C'é-
taient des chrétiens qui depuis peu étaient
sortis de prison par so i moven, à force d'ar-
gent et de recom.nandations, cet homme
charitable au delà île ce qu'on peut s'imagi-
ner, ayant, pour les racheter, fourni du >-ien
une somme considérable. Dès qu'ils l'eu-
rent aperçu, ils allèrent h lui, pleins de joie
de l'avoir rencnn'ré. Ils no pouvaient se las-
ser de lui témoigner leur reconnaissance;
ils le regardaient comme un libérateur. F.t en
etfet, taiul'S (jue les plus proches parents de
ces ptMsonnes travaillaient h les perdre en
les livrant aux persécuteurs, et en les accu-
sant d'avoir renversé un autel de D ane,
Théodote avait travaillé h les sauver, ayant
employé pour cela son crédit, son bien, sa
peine, et exposé sa vie- Le saint, de son
côté, ne ressentit pas moins dejoiede trou-
ver là cette tnnipe de confesseurs; il les re-
tint à manger avec lui , atin (pi'ils pus-
sent ensuite plus gaiement continuer leur
voyage.
« Il les fit tous asseoir sur l'herbe, et il
f lUt avouer que l'endroit était tout h fait
propre h leur faire oublier leurs travaux
passés. Un gazon frais et mollet leur présen-
tait un lit (délicieux pour se délasser de la
f.digue du chtnuin, et une source qui sor-
tait à(juel(|ues pas do là <lu pied d'un rocher,
el (pii, par un«> route couronnée do fleurs,
venait se r(Mi Ire auprès d eux. leur olfrait
une eau claire el pure pour les désaltérer :
d(^s arbres fruitiers mêles d'arbres sauvages
loin- fournissaient de l'ombre et des fruits, el
une l)and»> de savants rossignols , que des
cigah>s relevaient de temf)s en temps, v for-
U) lient un concert qui n'inspirait h l'Ame
(|ue des pensées pleines d'amour el de re-
(I) Riviore (I ' l'Asie Miiumiio. qui, après avoir
passe par piiisinirs villes do la Galalie el île la Pa-
tlil.igoiiie. eiUre (l<nsle ^'olff li'.VmysC. Val.h'Iac.
. \. Argon., i-t Ovid.ï. iv. de l'onlo, ileg. 10.
r.
1145
Tiii;
iiii:
1140
cnnnnissniicr |wnir In Cn^ntcnr de i;mt i\'i\-
Kn^)\l)lt'S cliosos, ('tn'y r«is»i<'iit iuiitr<'(|ii(' (le.<
liioiivrim'Mls iiiiKiccils cl pcniiis. TIk'mmIoIh
('M};,;i^;cn (|iirl(|iics-iiiis de l;i (•niii|i;i.;iiir d /il-
Iri- jii.s(|ir;iii l>oin% |i(Mir prier il(« su pnrl In
|>r(Mn' (iiii ri (iv.iil soin de venir le Irouvi"-,
cl l'iiivilcr en nuMiic Innps ;iii icp.'is ( li.ini-
|MMrc (Miils nllaiciil r.iirt>. Il av.iil celle ((iii-
lunic (le ne se inelire J;\ni.iis à l.iltle (|ii'nM
pr;»lr" n'ciH l'.iil la h nediclinii des vi.i-ides.
il sonh.'iilail. oulre ccl.i, de l.i recevoir de sa
m.nii, avant (pu- de poursuivre sa roule.
Ceux (pii claicnl allés au hoiir^ renco-drè-
rent 1(> pr(Mre, (^iMume il sortait de lé.^lise,
npr^s l'oriice de sexie. Il vint à eux cl les
trouva t'oi't embarrassés h se déreiidrc des
chiens qui les avaient alta(pu''s. Aprùs «voir
chassé ces animaux, (pii violaient ci, (pn'l-
que manière les devoirs de l'Iiospilalile en-
vers ces étrangers, il les salua, cl ayant su
d"eux (pi'ils élaienl chrélic'is, ils les pria ci-
vilement de venir se reposer «i son logis.
Puis les ro^^ardant lixement et les parcourant
ensuite des yeux, il s'écria tout à coup : O!
Fronton, car (;'est ainsi ipi'il se nonuuait ,
Fronton , voilh raccomplissemcnt de ton
songe. Oui, continua-t-il cm s'adressant^ ces
étiangors, j'ii vu celle nuit en songe deux
liommes tels que je vous vois; ils avaient
voire air, votre taille, vos tra Is, Ils m'ont
dit qu'ilà avaient tiouvé un trésor, et qu'ils
me l'apportaient : puis(iue je ne puis |>lus
douter que vous ne soyc. ceux (juc mci
songe m'a fait voir, souli'rez que je vous de-
mande ce trésor que vous devez me remettre
entre les mains.
« Les deux députés do Théodote se mirent
à sourire et dirent au prêtre : Il est vrai
que nous avons trouvé un trésor; c'est l'ad-
mirable Théodote, Si vous voulez le voir, il
ne tiendra qu'à vous ; mais, mon père, faites-
nous la grâce de nous enseigner le prèlre de
ce bourg. Vous le voyez, leur dit-il, mes
chers frères; c'est moi qui le suis. Mais je
commence à être dans l'impatience de voir
cei excellent homme dont vous venez de me
f)arler ; allons, conduisez-moi où il est ; il
faut qu'il me fasse l'honneur d'être mon
hùte pour cette nuit ; je me reproche déjà de
laisser si longtcm[)S sous des arbres, à la
campagne, un homme de ce mérite.
« Il se mit aussitôt en chemin, et sous la
conduite de ses deux guides, i-1 arriva au
lieu où était ThéoJote avec le reste de sa
; compagnie. Fronton et lui s'embrassèrent
; avec de grandes démonstrations d estime et
' de tendresse, le prêtre faisait au saint toutes
les instances possibles pour l'engagera venir
chez lui, avec tous ceux qui étaient Ih ;
mais le saint s'en excusait, sur ce que ses
allaires l'obligeaient à retourner prompte-
ment à Ancyre. C'est là, mon père, lui di-
sait-il, qu'une glorieuse carrière est ouverte
aux chrétiens : [)0ur moi, qui n'ose me met-
tre au i-ang de ces généreux athlètes qui
combattent pour Jésus-Christ jusqu'au der-
nier soupir, je dois du moins être à la bar-
rière pour applaudir à leur victoire. Cepen-
dant cette pieuse troupe ayant pris un lé-
c«r repas (pn- 'l'Iiéodole avait fait servir sur
l'Iierbe, dont le vert naissant était reh'vé par
les nuances diverses (pie l'orinait le divers
coloris des lliMirs, le saint hoiiiiiie dit en
soiiriatit h l'runton : Ah ! que ce. lien .srdi-
laire me parait piopre ;i bAlir une cha| elle
pour y III ttic des relupics de mnitus :
«preii pcnse/.-vous, mon jière? Je «-iiis dn
voire senlimi'iil, répoi'dit le piètre, faites cri
sort(ï d'en recouvrer, et iepos(!/.-v(»iis sur
moi du soin di; bAlir la chapelle : mais il faut
coiinnencer par voir des re|i<pies avani que
d'eiilreprendit' l'ouvrage. C'est mo-i allaire,
léplitpia 'l'Iiéodole, ou plutôt celle de Dieu :
(pi(( la eliapelle soit prête seulement, cl nous
ne maïKpieroiis pas de reliques : certain
mouv(Mnent secret méfait vous parhn- ainsi :
ne pei'dcz point do temps, prépar z le lieu ,
l'ailes travailler iiicessaiinnenl a l'éililice, car
avant (pi'il soit peu vous aurez des rel «pies
pour v melire. Kn disant cela, il tira de son
doigt un anneau, et le donnant au prèin; :
Je prends Dieu à témoin, lui dit-il, de la
promesse (|iie je vous fais aujonid'hui do
voiis fournir des l'clicpies dans pmidc temps,
et cet anneiu vous servira d'un gage assuré
de ma parole. .Mors, après avoir dil adieu au
prêtre, il iei)ril le chemin d'Ancyre, où il
arriva sur le soir; mais il y trouva toutes
choses dans un(! etfroyable confusion.
« Il y avait en cette ville-là se|)t vierges,
qui s'étant consacrées à Dieu dès leurs pre-
mières années, avaient fait un grand pro-
grès en toutes sortes de vertus, awint tou-
jours gardé inviolablernentla tiiiélité qu'el'es
avaient jurée à leir divin époux, et conservé
avec un soin extrême leur corps dans une
pureté qui les rendait en quelque sorte di-
gnes d'être les épouses d'un Dieu. Le tyran
les lit an'êter; mais ayant emiiloyé itmtile-
raent les tourments pour les obliger à re-
noncer au christianisuie, dans la colère où
le mit la généreuse résistance de ces lilles,
il les abandonna aux emportements dune
jeunesse débauchée. Leur Age avancé et leur
visag' qui n'était plus que le tombeau de
leur beauté passée , semblaient devoir les
mettre à l'abri de la brutalité de ces jeunes
gens ; mais soit qu'ils se tissent un plaisir
bizarre de violer sent vierges chrétiennes,
soit qu'ils crussent par là déshonorer l'Eglise
et insulter même à Jésus-Christ, soit enfin
qu'ils voulussent faire leur cour au gouver-
neur; qnoi qu'il en soit, ils se disposaient à
leur faire violence , lorsqu'une des sept,
nommée Técuse, que le plus etfronté de la
troupe avait conduite dans un cabinet, se
jeta tout en pleurs aux jiieds de cet impu-
dent, et les loirant embrassés, elle s'etforçait
de lui faire changer de résolution : Mon fils,
lui disait-elle, qu'allez-vous faire, et (juel
cruel re[)entir vous préparez-vous? quelle
satisfaction espérez-vous tirer de l'action
honteuse où vous vous portez avec lant de
fureur? Ouvrez Ijs yeux, et arrête -les, si
vous le pouvez, sur ces corps décharnés,
que la vieillesse a flétris, que les austérités
ont desséi-hés , que les maladies consu-
ment et commencent à réduire en pourri-
it47
THK
THK
MU
ture: les croyez-vous encore j_»ropres h
lusflge do la volu(5lé?Cesyeux lUgi'Us, cette
chair à demi morte, ces rides pleines de
crasse, que soixauio et dix aînées ont creu-
si^es sur mon iVoni. ce visage (jui reprend la
nature el la couleur d.' la terre dont il a été
formé ; tout cela peut-il exciter en vous
qiK'lijUedé>ir ? V'oulnez-vims vous souill«T
avet-' un corps destiné h ôtre dans piu la
n'iurrituie des diiens et des vautours? Ali 1
(piiilez des pi-ns. es si indignes de vous :
Jésus-Christ vous en conjure par ma honclie,
il vous le demande comme une grà(;e, il
l'atlend de vous : si vous la lui accord;-/,
vous pouvez h votre tour atl-ndre tout de sa
reconnaissance, lùisui e déchirait le v ilo
qui lui couvrait la léte. et lui montrant s s
cheveux blancs : Moi (ils, conlinuait-elle,
avez pilié Ue ma vieillesse; ce sera.t vous
demander trop, peut-élre, (juc de vous d(^
nia'ider i our elle quelque respect. Mais si
vous avez une mère à cpii l'A;e ait blanchi
les cheveux, que ledeviemie auprès de vous
notre avocate, qu'elle plaide notre cause
dans voire cœur, l'uis-ic le juste ciel vous
roud)ler de ses bénédic lions, et écouler fa-
vorablenie'U les vœux ardents que raescom-
p.ign s et moi lui adressons toutes ensem-
ble pour vous et pour ces aim.dib'S jeunes
gens qui so it avec vous. Un discours si tou-
chant eut son eflei ; il éteignit tout le feu
impur et grftssier (|ue celte fode jeunesse
avait d'aliord fait paraître. Ces jeunes liber-
tin^. devenus tout h coii|) des hoiumi'S tai-
sonnables el susceptibles de sentimcnils de
compassion , raèlèient leurs larmes avec
celles de ces sr^pt vier.;es, et se relirèrent
en délestant l'inliumanilé de Tbéotecne.
« Cet homm -apprit avoc chagrin ((u^ ces
sainl'S lib-s avai'-nt été; pi-ései-vées de la
honte où il les avait brutal. -menl exposées,
et Qu'elles n'avaient trouvé que du respect
et de la rais'tn, où l'empor lement et l'ins-
tinct seul régnaient au; ara vaut. Toulel"oi> iJ
ne voulut pas qu'où les remit à une seconde
épreuve; il so co-ileuta d'ordon-MM (pi'tdles
fusse'U initiées aux myslèi-es de Dian»; et do
Minerve, et qu'elles en fussent faites pré-
tresses. La princqide fonclion de cette di-
gnié consistait à ail r to is les ans, en un
certain jour, laver en (cérémonie dans le lac
proi'haiii, les simulacres de c(-s d'-esses. Or,
comme le jour solennel était arrivé, l'on
chargea sur des chariots les imag<'S de la
grande Diane et de la sage Minerve, pour
les coiMuirt^ au bord du lac; mais on y lit
monter eu mémo temps les nouville> prê-
tresses, pour l-'s pmilier auss . Les sept
vierges paraissaient doni; toul debout auprès
des idoles; elles étaient nii-s el evposees
en cet étal i» la vue et aux risées d'iui peuple
insolent. Des joueurs d(> HiUes douces el do
liHul-bois }»rr-cédMt'ni les eh.iriois, el deux
< hu'ursde Mùiiiides (1) luarcliaienl aux deux
coté-s : leurs cheveux l'-t lii-ut epars, tout en
désordre, à d. ini liéiis^'--»; elles avaient lo
(I) Kniiiiifls qui célébraient los orKion on Iclcs de
flijrrse (1) h la main, et pleines du dieu (2j
qui les possédait, clbs faisaient cent pos-
tures extravagantes, chantaient, criaient,
hurlaient h la manière des bacrhantes.
Qu'on s'imagine l'eirel que produisait cette
çonfiisio'i de voix, d'instruments, d'acclama-
tions, de huées, le hurli-meiil des Ménades,
le son aigre d s cymb?>lL-s, le bruit des tam-
bours, le ballt-ment des mains, le choc de
tant de pers eines qui s'entre-poiissaient. les
cris de ceux qui tombaient, et qu'on fo .lait
aux pieds; en un mot, cetleetrroynble multi-
tude , (pii grossis-ail à tout moment par la
ridicule et barbare curiosité de voir les
vierges chrétiennes qui, dans le déplorable
état oij elles se trouvaient, étaient bien ; lus
proi)res h exciter de la compassion el do
i' orreuf, qu'une vaine et sotie joie, dont il
n'y a qu'une v.le populace qui soit cajinble.
Al ssi les honnêtes gens tpii se trouvaient
parmi les spectateurs ne pouvaient, qiioiipio
paiens, approuver une chose si conlrnire
aux bonnes mœurs et h Ihonnôtelé piildi-
que. Les uMs plaignaient la viedlesse infor-
tunée de CCS v,erge.s; les autres admiraient
leur constance; [dusieurs louaient leur mo-
destie : twus les voyant couvertes de plaies,
leur donnaient di-s larmes , en préseni^o
même d 1 détestable Théolccne, qui suivait
les chariots, el fermait avec ses gardes celle
procession impie.
« C - fut cei atTreux spectacle qui frappa
les yeux de Théoiole, lorsqu'il 'entra dans
Ancyre. 11 n'était pas sans inquiétude pour
ces saintes iilles; il appréhendait la faiblesse
du sexe; il ciaignit que (pndqu'une ne vint
à perdre courage dan> cet abîme de misères
et de confusion ttù ell -s se trouvaient. Il eut
recours h Dieu, et il le priait avi c lannoë
de fortilier ses servantes dans un combat si
ilangereux. Il s'était relire pour c "la dans
une petite maison proche une chapelle de
martyrs : ee logis appartenait h un pau-
vre homme nommé Téocarès. Théodote de-
iiKMirait luostorné en la présence de Dieu
avec le jeune Tiu-odole, son parent, Poly-
crone, neveu de Técuse, et quelques autres
chrétiens cpii l'avaient accompagné. Ils
avai(-nl demeuré en oraison depuis hr lever
du soleil jusqu',^ midi, lorsipie la femme de
Téocarès vint leur dire que les vierges
avaient (-té jetées dans le lac A celle nou-
\(-lle, le saiul, se relevant de Icrre et se te-
nant sur les genoux, tourna ses yeux baignés
de larmes viîis le l'iel, el parmi les divers
mouvements de joie, d'amour et di> recon-
naissance qu'il ressentait, il dit : Je vous
rends grA(-es, Seigneur, de ce <pie vous n'a-
vez pas rejeté 'a prier»' de vt)tre serviteur, ni
méi'risé' ses larmes et ses soupirs. Puis s'in-
Ibrin ml plus p irlii ulièremenl de lu feinii.e
de Téocarès, coininent la chose s'était piis-
séo, il apitril délie (|ue Tholecne , awanl
tail de nouveaux ellorts pour gajjner Técuse
et ses omipagnes, il n'avait pu v\i^^\ otilenii :
que les an» leiines prêliea.scs do Diane et «lo
(I) Vn li.'ilon oinironni' ilo feuilles de vîguc.
^i) Uj( (.Uiiï, uu |)luiul du dcmuu.
M4»
Trii:
IIIK
11M
Minerve, s'«Manl avancées pour inollrola rol)«
bl(i'H'[i(f iH lu coiiruniui , qui sont los niar-
tjui's (l(! Ii'ur «liK'iHt^ l'fi «ivjHcul fit' rcpous-
siM's .ivcH", injures; qu'cutin l(i ^unvi'iin'ur
cuut'us <'t plein (l(« nig<> , nyiwl conunnndû
(|u'oii leur ti(lMi'li/U ;i cluKU'ie uiu' pierre fiti
cou, on lei .'ivnil (Miidinlcs (Imiis u'i esipiil,
où lo lac oui Ut plus [irolond, el (pu* làu i \v$
av;\il novices; ipu» cfU endroil, nu r('sl(>, pou-
v/iil iMro c'loimi(^ (lu rjv.ii^e ironviron di u\
arfienls.
« Tliéodole, jipr^s avoir oui co réeil, do-
uieuia \h ju,s(pi')ui sow , di'lihi'ranl ;ivec
Polycro'io C! los autres chrélioiis, sur les
moyens de retirer les eoriis de l'o.ui. Au cou-
cher du soleil, un jeune li(uuuie, (pi'on av iiil
onvoyi^ftux nvis, rappurl.'i (|ue le gouverneur
avait mis des u;,inl(>s aux oivirons du lac,
j)our eiup(Vher les eliréliens (li« vo'ur, selon
lenr coulinn(>, dinvin! la nuit, enlever ces
corps, ('('la allli:-;ea i(^ saini lionuuo : il lui
paraissait pres{pn' iuipossihlo de venir <^
bout de son dessein, tant h cause de ces
soldais ([iii (hMeudaient les appro(;lies iln lac,
(ju'ù cause de l'evlrc'nie dilIicuIlcS (juM y au-
rait à tirer ces pierres du t'o'id de l'eau. La
iniil ('tant veiuieava'U (pi'on ei1l pris auciuie
résolution, il sortit seul, et voulant enlri>r
h une chapelle voisine, (]u'on uoniinait les
Patriarches, il fiouva i\\\{) la porte eu avail
tHébouchée par les inlidCdos ; il ne pui doiu-
faire outre chose que de se nu'ttre à ge'ioux
auprès du bassin de pierre (jni est à l'en-
tr(!'e,ori il demeura qiieKiuetenii>s en oraison.
De là il alla h u'ie autre chapelle appeK'e les
Pt^'res, et la trouvant l'i ruu^e de même que la
^iremière, \\ se contenta do faire aussi sa
M'iôre devant le ve'^libule. Connue' il était
à, il entendit derrière lui un fort grand
jruit, ce qui l'obligea h se retirer assez vite
chez Téocirès. 11 était fatigué de tant do
niouvemenis qu'il s'était donnés; il se jeta
sur un petit 'it, où il s'endormit. Durant son
sommeil, la bienheureuse Técuse lui appa-
rut : Eh (pioi, mon lils Théodote, lui tlil-elle,
vous d'jimez sans i)enser à nous et s.uis vous
mettre en peiie si nous sommes privées do
la séj)nlture. Ave/.-vous si tôt oublié les soins
que j'ai pris d'élever votre jeunesse et de
vous conduire dans le chemin de la vertu?
Vous aviez pour moi de si grands égards
lorsque j'étais au monde; vous me respec-
tiez, vous m'aimiez comme votre mère. I.a
mort, je le vois bien, en m'ôtant de devant
vos yeux, m'a encm^e etfacée de votre souve-
nir; et ne savez-vous pas qu'un (ils doit ren-
dre à sa mère les derniers devoirs? Nesoulfrez
pas, mon cher Théodote, que nos corps soient
mangés des poissons; vous n'avez poiit de
temps à perdre, car il faut vous préparer à
combattre à votre tour, dans deux jours.
Leve/.-vous donc, allez au lac; mais gaidez-
vous d'an traître. En disant cela elle dis-
parut.
« Alors Théodote s'étant éveillé raconta à
ceux qui étaient présents le songe qu'il
avait eu; ils s'otlrirent tons ii le suivre. Le
reste de la nuit se passa à implorer le se-
cours du ciel, pour obtenir un heureux suc-
cès. Dès que Iv jiMir parut, on envoya c«
MK^uio jeune homme pour roconruillro l'état
des chose» ; ori aV/iil quehpiu pOLSi-o qUH
les garde» p()Ui raient bien s t'élit' icliré«, h
cause (|ue ce jour-lh o'i célébrait In l'Mo do
Diane. (îlie('iius, c'i'tnil le nom du jeinio
lioiuiue, partit avec T('oi .'nès, et Inns lieiucs
aprùs, tous deux revinrent el liront inpoort
(pie les siddals n'avaieiil point (piiiti; leur
poste. Aiisi il r.ilhit laisser eue )re jnisser m
yniv-\h sans rien faire.
« SilAl (pii! 1,1 iiiiii (•(Mnmen(;a h jiaraitre,
ils sortireil tous .'i jeun, et* gardant un
profond silence, ils prirent le chemin du lac.
Ils avaient fait provision de faux bien tran-
clianles, pour ciMi|ier les cAbles (jui rete-
naient au fond de l'eau les corps qu'ils
voulaient enlever. Il faisait une de ces nuits
obscures, où le ciel sa'is liuie et sans étoiles
semb'o être voiléd'un cré|)e. l..orsqu'ils furent
airiV(''sA rcndroii où l'on porte les corps des
criminels (pi'ou a exéi-iiti s, (pii se liouvait
sur leur roule, ils se sent rent tout d'i n coup
saisis d'un(* eeitaitie horreur (ipii leur fil dr.s-
sei les c' eveiix. Pei-sonne, «prés le soleil
couché, n'oserait entrer dans ce funeste lieu ;
plusieurs cadavres i)endent tout autour,
attachés à des chevrons; au-dessous sont
des f)i(;ux iilaulés dans la terre, où l'on a
liché autant de tôles : d'autres tôles môle s
co d'usi'uieit avec, des bras et des jambes
noircies par le feu sont éparses çîi et là :
rien n'est plus capable de causer l'effroi.
Théodote et sa troupe, comme nous avons
dit, n'en furent pas exempts, el une voix
qu'ils entendirenl dans ce moment, qui di-
sait : Théodote, n'ayez jjoint peur, ne (it
que l'augmenter davantage. Ils (in nt le signe
de la croix (Ij, s'armant de ce signe sacré
contre les puissances des ténèbres. Mais en
môme temps une croix toute éclalanle de
lumière parut nans le ciel, vers l'ori nt, et
chassa par c» tte agréable et soudaine appa-
rition la crainte qui s'était emiiarée de leur
cœur. Ils se jetèrent promptoment à terre,
el adorèrent du coté que cette croix miracu-
leuse se montrait à eux.
« Encourag''s par cette vision, ils pour-
suivirent leur c lemin, avec une f(M'me es-
pi-rance que leur entreprise aurait une
heureuse issue. Cependant l'obscuiité était
si grande, qu'ils ne se voyaient pas l'un
l'autre. La pluie qui tombait rendait le ter-
rain si glissant, qu'ils tombaient à chaque
pas; le travail et la lassitude croissaient ; à
l)eine pouvaient-ils se soutenir. Ils eurent
encore recours à la prière, et ils furent exau-
cés. Un (lambeau parut, et leur montrait leur
route: une main invisible le portait devant
eux. Dans le même instant, deux vieillards
vénérables, dont les cheveux, la barbe et
l'babit étaient blancs comme de la neige, se
(1) Coulume ancienne aux chréliens , de faire le
signe de la croix , lorsqu'ils se trouvaient en quel-
que da,:ger. Laclante observe que ce signe avait
plusieurs fois n;is en fuite les dénions, et déconcerté
les cérémonies profanes des païens. (Liv. iv des
Insiit. , ehap. 27.)
ram)li.(iia h In quosiiiMi coniine les aiilrps,
«•t il la soutint d'ahird avec assez de coiis-
il5l THE THE U5î
présentèrent h eux. et adressant la parole h loj>;que le saint a[)prit relie nouvelle persé-
Théodote. ils lui dirent : Mon -frère, Notre- ( iilioi. Il voulait sur Iheure aller se livrer
Sei2;n('ur Jésus -Christ a fait ('crire votre nom liii-tnôme, mais les frères l'en empaillèrent,
parmi ceu\ des martyrs; c'est le pnx (piil Cependant Pol> croie s'éaU travesti en vil-
donne €^ votre foi, et surtout à ce soin clia- la.;t'ois, se mêla |)armi If peuple et qnelrpies
ntahlf que vous prenez de le irs relitpies. Il gens de la campagne cpii apportaient Ifurs
nous envoie exprès pour vous en doiner denrées au marché. |)o ir tiV'her de s'iid'or-
avis, et nous soum ;s ceux-là mêmes que mer |)lus particulièrement de c(> (pij sr pas-
vous nomm -z les Pères. Lors{[ue vous serez s.iit, et des divers jugements qu'on formait
arrivé sur le honi du lac, vous y trouverez sur cet t;n èvcment. Mais il fut b entùt re-
sai it Sosiandr^', armé de toulcs pièces : il connu et cond lit devant le gouve.neur. On
est là p'.ur favoriser votre entreprise; mais
vous ne deviez pas avoir amené un traitrc
avec vous. tance, sans rien avouer ; mais le tyran le
« Ils arrivèrent endn au lac. à la faveurde menriçant de le faire mourir, cl le biurreau
ce tlunbeau qui demeura toujouis allumé lui appuyant di'-jà le coutelas sur le cou, il
tant qu'ils en eu eut besoin. Cependint l'air periit courage, rt codant lâchement à la
parait tout eu feu; raille éclairs suivis do crainte de la in(»rt, il déclara toutes les par-
mille coups de tonnerre, jettent l'épo .vante ti( ularilésde cette alfaire. deq udle maniè.-e
parmi les soldais : les nuages se crèvent de Théodole avait eu ces reliques, et le lieu où
tous côli'S, et f )nt tomber s ir eux des tor- on les avait déposées. Les païens y couru-
renîs d'une pluie froide, luèléj d? grêle, rent, les tirèrent du tnmbi'au et les bri\!è-
qu'un vent impétueux leur pousse au visage rer.l. Alors nous reconnilmes que le mal-
avpc tant de v.olence, (juils en sont môme heur.nix Polycron • était ce traiire de qui la
av,nigl>5s. Mais ils n'ont pas seulement h bienheureuse Técuse et les deux vieillards
combattre les éléments; voici un combat avaient averti Théodole de se garder. Ce
bien plus tenib'e pour eux. Un homme se saint homme ne fut pas longtemps sans ap-
présente à eux, si toutefois c'est un homme Prendre la trahison de Polycro ne et le mal-
luorlel; il est d'une taille au-dessus delà lieur arrivé aux rtdifpies.
()lus haute : son bouclier, sa cuirasse et son « Il commenya dès ce moment à ne plus
casque lancent des rayons seml-lables h ceux penser qu'h la mort, qu'il comprit bien n'è-
du sol 'il ; les gardes n'en sauraient soutenir Ire pas fort éloignée. Il s'y disposa parla
l'éclat; ils prennent la fuite : mais ils le prière, et il voulut ijue les frère» demaudas-
sentent h leurs épaules, il les suit, il les sent pour lui ù Dieu la couronne du mar-
presse, il les joint avec une langue el forte tyre. Il pria longtemps en silence ; puis tout
lanc • ; il la leur porte dans les reins : les à coup élevant sa voix, il dit : Seigneur Jé-
soldots doublent le pas, et se sauvent tout sus, l'unique espérance de ceux qui n'en
en désordre et h demi morts de peur, dans ont plus, fiites-moi la gnlce de tour 'ir cou-
(pielques cabanes voisim^s. Ce vaillant guer- rageusement cette sanglante carrière qui
rier était le g'orieux martyr S isiandre , m'est ouverte; faites-moi combattre, Sei-
qui avait reçu de Dieu l'ordre d'écarter les gneur, alin que vous prissiez vaincre par
gardes, lanilis rpie Tlu-odole et ses compa- moi. Je vous offre mon s.ing; je brûle de I'
gnons travailleraient h tirer de l'eau les corps répandre pour votn» gloire et pour la con-
des se,it vierges. Mai> ce même v.mt, qui servalion de mes frères : que le tyran se
avait mis (MI fuite lessoldai-^, avail en mênn» conteuU' de verser le mien, mais qu'il épar-
lemps re|)Oussé les eaux du lac, et les avail gneleleur. Délivrez-les de ro|)pression, cal-
fait remo iter jusque su-- le rivage opposé, niez cet orage, rendez la paix à votre Eglise;
en sorte que le fond paraissait être à sec, el que ceux qui croient eu vous puissent enlin
laissait voir h découvert les corps des saintes respirer après tant de traverses, el chanter
martyres. Alors Théodole [tlein de joie >'en paisi'lemeit vns louang<>s sous la protec-
étani' Approché, et jiyant couité les cordes lion de voire fioin ador.ble. Il fut interrompu
qui les tenaient attachées aux quartiers de [lar les cris el les gémissements île ceux qui
piene fpii seivaieut de contre-poids poiir les étaient là. Ils se jet dent à soii cou, el le ser-
arrèler au fond du lac. il les mit sur un raiit entre leurs bris, le couvraient loul de
chariot , et la nuit continuant toujours îi le leurs larmes. Ils lui disaient : Lumièn' douoc
favoriser, il alla les ent"irer sei rèlemeiit el bitMil'nisanle (pii éclairiez. l'Kglise. vous
proche l'Kglise des Patriarches. Voici les aile', lionc vous éieindre pour elle, pour ai-
noms (le ces sept vierges : Técuse, Al -xan- 1er au ciel, éclairer parmi ces lumières im-
flra el Pli,\ïné; ces trois suivaient la règle mortelles qui brille it avec tant d'éclat ; vous
des He ion<;anls ou Apotarlies; les (pmire allez être placé pacnii les a iges el les aivhau-
nutres sont : Claudia, Kuphrasie, Matrone el ges. Puissent les divines .snlendeurs du Saint-
Jidil..'. Ksprit vous rendre une di>s plus éclatantes
« Dés (pi'il fut jour, le bruit se réjiandit lumières de ce bie. . heurt ux séjour. Puisse
en un instant que les reliques des sert vier- Noire-Seigneur Jésus-Christ, (pii esl assis h
ges avaiei.tété enlevées l;i iiiiil précédent!» : la droiie tin Père, et qui est le soleil de jus-
celte nouvelle mil toute la villi- en coiiibus- lice, n-pandre sur vo s les plus vifs rayons
lion; en .sorte (jue dès qu'un chrétien pa- de sa gloire! ma s pendant que vous portez
raissail, il était aussiUM arrêt.- ri mis à la la joie dans le rief, vons nou> laissez ici-
quesliou. On l'avait déjà donnée à plusieurs, bas le deuil, la douleur el les mortelles in-
1153
THE
iiii':
11&4
(liiirluilcs eu |wirln;^<». Lu saiiil les {>iiil)r;i.ssa
Ions, cl luMii M"' l/inii»''> »■«'<■ l»>^ li'iii's. Ki»-
SUlu il les avt'rlil (jiie le |ii(Hi(' Knnlo'ulu-
vail dans peu vfiir à Aii,>rc; (|ii'il Umii*
iiKHilri'iail son a'ncaii, (|iii rlail coiimi dr
l'IiisitMH's (l'o'ilro (MU ; (|iiM.s lie lis.sdiil |i(»i'il
(lo ililliniltt' (l(! lui iciiicllic ciilri' les mains
ce (in'ils poiii l'iiciil sauver <li' son corps.
Ayant ilil cclii, il lil If si^çnc du la croiv sur
lui, (>l sortit pour aller an (-ond).'it.
(( l.ors pi'il lui à (piel pies pas du lojj;is, il
roiicoMlra deux ih>s principaux citoycMi.-. (jui
lui lireiil dei;rand(!S mslances poin- ro|)lij,er
î» so rolircM' : S;»uvc/-vt>us, lui direnl-i >, el
ne vous oxposez pas h la fureur de; loul nu
pouplo élranj;enu'nl animé conlrc» vous ; car
sache/ ipiau nionieiil où nous vous parlitns,
les prtHresses de Minerve et do Diane Ibnl
prand bruit anp es du gouverneur; elles vous
accusent do dtMonriior le i>eu|)lo d'adorer
liurs déesses, auo vous pnnlioz n'être (|ue
dos pioiros ou un hois. INilycrono lui-uiènio
vous a dél'iM'é au présitlonl; il vous cii;u',J,o
de roulèvenio'it des reli(pies. l*uis([u il en
cstencori" louips, éloi^^Moz-vous; la prudence
ne veut [)as cpie vous vous exposiez ainsi,
et il sied mal h un homme aussi sa^|,e (|ue
vous d'aller sans nécessil'^ alfronler les tour-
monls de la m »it. Le uiartyr les asanl pai-
siblement écoutés, leur répnndil : Si vous
êtes toujours île mes amis, no faites point
d'inutiles ell'orts pour me détoursior de mou
dessein; allez pliitùt trouver le gouverneur,
et dites-lui : Tli.'odole, que les prêtresses
accusent d'uupiété, est là ipii demande au-
dience; et en disant cela il prit lui-niôme
Its devants, et t)arut ti l'iiuproviste en la pré-
se ice de ses accusateurs.
« Ni tout cet appareil de supplices qui
rompliss.it la salle, ni ce tribunal redouta-
ble, ni la vue du youverieur, un des [jIus
méciiants hommes ([u'il y eût alors sur la
terre, ne (iront point changer de visage à
'J héoilote : il regard lit tout cela avec un cer-
tain sourire tier et dédaigneux, mêlé de joie.
Mais si ce spectacle d'horrour ne put l'indi-
mider, les promesses flatteuses du tyran no
furent pas j)lus capables de l'émouvoir. Il
eui[)]oya, pour le gagner, tout ce que l'art
de persuadera d'aililicienx et de séduisant,
d'éblouissant et de captieux. Théodote, lui
dit-il, ces instruments de sui)plices que vous
voyez ici ne sont pas faits pour vous ; du
moins il ne tiendra qu'à vous de n'en pas
éprouver la rigueur; laissez- vous seidement
peisuader qu'il est d.; la dernière consé-
quence pour vous d'être sage et de sacrifier
aux dieux; je vous renvoie absous (ie tous
les crimes ([u'on vous impute ; j ■ n'écoute-
rai ni les remontrances de toute une ville,
ni les accusations des vénérables prêtresses
de Diane et de Minerve : je vous réponds de
la faveur de nos nv incibles princes; ils vous
honoreront de leurs lettres, et ils recevront
les vôtres agréablement : enlin, si vous comp-
tez mon amitié pour quelque chose, je vous
l'offre, je vous la donne, et vous pouvez dès
ce moment mettre au nombre de vos amis le
gouverneur de Galalie, et pour tout cela je ne
vous dinnande ipi'une seule cliosi-, c'e^l do
renoncer a J('"sus; oui, *i rot Iminme qm* l*i-
lati- lil altach(;r /< une crtdx, pendant (|u il
ont lo ^ouveinemeut de In Judée. Faites ré-
lloxin I h ce que jn Vous pr(j|to.se; cumparez
ce que je voirs demande avec (■« que je vous
oll're. Vous me paraisse/ un homme .sage et
avisé; or, la sagesse, coinm(> vous savez, con-
siste i^ oxamiiu-r le^ choses, h en prévoir les
suites, à se dégager [noiiqilemenl d'i n mau-
vas pas, à proliloi- adrfulemriit il(;s coijoric-
luics; (ni un iiiit, h se i-'-ndre hcnireux. Vous
le pouvez, Théodote, si v<ius voulez ab.'ui-
doiinn' colti! folle et ridi(nile superstition
des chréticMis; je vous eiigige ma parole do
vous faii'o grand préire d'AiiolIon : vous n'i-
gnorez pas (pi'apios Jupiter c'est lo [dus
grand et le plus révéré de tous les dieux,
soit h cause de sa ipialité de prophète (de
devin), ce qui Halle la curiosité", soit parce
qu'il a une connaissance ()arf lito de la mé-
decine, oo (|ui s'aci ommodo à l'amour qu'on
a pour la vie. Vous seul conférerez les char-
ges et les dignit s ; vous ferez vous seul les
piètres, les sacrilicaieurs, les officiers (jui
sorvinit dans les temples, et tous les minis-
tres de la religion. Vous serez toujours dé-
Ijuté préfé.abl mont h tout autre, lorsquiî la
villo aura (lueKj l'alf .ire d'imjioi tance à sol-
liciter à la cour; toutes les grâces passeront
par vos mains. Voulez-vous des terres, un
})alais, de riches meubles, j'ai ordre de vous
donner tout cela : en un mot, vous verrez
les honneurs, les richesses, la puissance et
le crédit se disput r les uns aux autres la
gloire de vous rendre le plus heureux de
tous les hommes. Ccsmagniii [ues promesses
allirèront au goiivorneur les acclamations
de toute l'assemblée, et mille conjouissances
à Théodote. On i.e pouvait se lasser ne louer
la générosi.é de l'un, et d'admirer la bonne
fortune de l'autre.
« On attendait donc avec impatience que
Théodote répondit, et l'on ne doutait po:nt
qu'il n'acceptât de tout son cœur des offres
si avantage. ises, lorsqu'entin il parla en ces
termes : Je jino Jésus-Christ, mon Seigneur,
que vous venez d'appeler par mépris un
homme ordinaire; je le prie, dis-jo, de me
l'aii'e la grAce de pouvoir vous convaincre de
la vanité, du riiicule, de la turpitude et de
la fausseté do votre religion, et en même
temps de la solidité, uq la grandeur, de la
sainteté et de la vérité de celle que je pro-
fesse, qui est celK» de Jésus-Christ. A l'égard
de votre religion, on ne saurait presque ea
parler sans rougir; je n'en dirai doir.3 que
peu de choses, et seulement pour vous en
donner de l'horreur. Celui de vos dieux que
vous appelez Jupiter, et que vous reconnais-
sr-z pour le maître des autres, n'est en eflet
que le plus infâme de tous. Orphée, le plus
ancien de vos poètes, qui sont aussi vos théo-
logiens, écrit ([ue Jupiter tua son père (Sa-
turne), qu'il fut le mari de sa mère (Rhéa),
de sa tille (Perséphoné), et de sa sœur (Ju-
non). Apollon, un autre de vos dieux, celui-
là même do;:t vous m'offrez le souverain sa-
cerdoce , viola sa sœur (Diane), jusqu'au
il5S
THE
TïlE
im
pied des «uIpIs. Mars et Vnlrain b^rtl^^ent
tous (Jeux dun amour d(^ti\st;>ble |iour lonrs
propres sœurs, Vt^nus (>i Mi-icrve. Voilà
quels sont les dieux que vous adorez. Quel?
dieux ! (les ailullères, des assassins, des in-
coslueiix !
<i Détournez lesyoux, seigneur, de ces abo-
rai'iabifs diviniés, et arrAlez-les sur le Dieu
des chréiiens, sur J.^sus-dlirisl ; tout est pur,
tout est chaste, tout est divin dans ses mys-
tères, dans son inrarnation, dans sa nais-
sance : la pudeur ne soutire rien h en par-
ler ; tout est grand, tout est vrai dans ses
mir.irles. Les prophètes ravnient annoncé
au monde plusieurs siè( les avant qu'il y
parût. Ils ont tous rendu un lémoi;J[nage uni-
forme de sa divinitt^. Ils ont tous prédit rpiM
naîtrait et vivrait parmi les hommes, qu'il
guérirait leurs maladies, qu'il les rendrait
dignes de pouvoir régner eux-mêmes un
jour dans le eiel. Ils s'accordent aussi tous
dans les prédictions qu'ils ont faites des cir-
constances de sa passion, de sa inoit et de
sa résurrection. Les astres mèm« s l'ont fait
connaiire; et sur la t'ni d'une étoile, les ma-
ges, ces sages jthilosoplies de Per-e, sont
venus l'adorer < oiume le Dieu de l'univers,
et en cette (pjalité lui ont olfert des présents.
J« ne vous parltnai point do ce grand nom-
bre de miracles (jui ont signalé le cours de
sa vie. 11 a changé l'eau en vin ; il a rassa-
sié 0 nq mille personnes avec c nq pains et
deux poissons; on l'a vu marclier sur les
eaux qui s'étaient atl'ermies sous ses [)as. La
nature l'a recoimu pour son auieur : par une
seule de ses paroles il a rendu la vue h un
av.nigle de naissance; la mort entin, toute
fière et tout inexorable (ju'eile est, a paru
plus d'une fois soumise à ses ordres, et il
l'a contrainte de rendre h la vie un homme
quele touihenu enfermait depuis quatre jours.
S'd n'avilit été Dieu, aurait-il [)U l'aire de si
grand.5 prodiges, et la nature |ieul-cllc obéir
à un auiro qu'à son eiéaltur?
« Ce mu:^i^semenl (pie la mer fait entendre
lorsque les vents soulèvent ses Ilots et les
j)0 sicnt vers les rochers, oi!i ils se brisinit
avec un gr.tnd fracas, n'a rien d'aussi af-
feux <jue le bruil (pii s'éleva tout h coup
parmi ces idoliUres, h ce discours de Théo-
dole. l^s pfètre>ses, secfiu;<nt leurs cheveux
et les arrachant, resxeiubhncnt aux finit s ;
elles dé. hiniient leurs habits, et nu liaient
en pièces 1rs «oiiirMines (pi'elle"* poitaienl
sur leur u>l»« Le peu| le jetait des (ris coiimie
dan» une calamité publique: il s'en |ueiiait
même au gi-uvr-nieur, el seiublait l'aci user
d'une l.lt lu- pri-vancaliou • nver> les dieux.
Pouniuoi, disait-il, n'imposail-il pas sdence
à (et homiue qui les li.ul.iit avec tant din-
dignité?un hnciuue (pii luéiilail la iiuut, et
dont In rhétorifpie impie n'avait | our but
que d'éleindre dans les ((purs le respect et
la vén«^r«tioM qu'un bnir diut : que ces n)é-
uies dieux, traités d'une manière si outra-
geuse, demandjuent qu'on les venj.'e,1t, et
qu'il i>e Jallail pas différer davantage à les
MtisfAir»*, d« nenr de se rendre complice
d'un fi horribl'» «arrilége. Le gouterneur,
naturellement enclin h la crnauté, n'avait pas
besoin d'y être encore porté par les clameurs
de ces furi(nix ; aussi édala-t-il avec tant
d'emporlcment, que sans avoir égard h son
rang, et >(> d'''gradanl en qiiel<[ue sorte lui-
même, il descendit de son tribunal avec pré-
cipitation, pour être le bourreau du sflint.
Mais t.indis (pie l'on prépare le chevalet et
les ongles de fer; que le peuf>le altéré de
s ing attend avec impatience (ju'on répande
celui du martyr ; que les crienrs publics font
enteiidre leur voix enrouée, le martyr, tran-
quille, r( garJe sans émotion tous ces pré]>a-
rat fs, comme si c'était pour un autre que
l)Our lui qu'on les fit.
« On le guinda sur le chevalet, et alors on
mil en usa:;e tous ces instruments dont la
^U(» seule faisait frémir. On ( inpioyn le fer
el le feu, les ongbs el les peignes' d'acier,
les plom!)caux et les courroies de cuir cru :
tous ceux oui se trouvaient là, voulant se
faire un nieiite auprès de leurs dieux, ôtè-
rent leurs robes, et, se séparant en deux
bandes, ils se rangèient des d(.ux côtés du
chevalet. Chacun s'etfon'nit de se signaler
dans cet etl'roynblc combi.t de cent contre
un ; chacun mettait sa gloire à être plu> in-
humain que son compagnon. Le saint tour-
nnit ses regards, tant(M d'un côté cl tontôt
d'un aiitie, (omme pour les encourager à
ben faire. 11 les regardait avec un visage
riant, sans se plaindre, ni du tyran, ni des
douleurs qu'il endurait. Il ne faut pas s'ima-
giner, au reste, qu'il prit dans son propre
fon Js cette raisible situation où il se trou-
vait ; il la devait à Jésus-Christ, qui le for-
tifiait da; s un combat si inégal, el dans le-
quel, bien loin de succomber sous le nom-
bre, il mit plus d'une fois ses ennemis hors
dérat de le continuer. Ils étaient tous hors
d'haleine, ce qui obligea le gouverneur, pour
leur lai^stM- 1 rendre de nouvelles forces, d'en-
voyer chercher d'excellent vinaigre, qu'il lit
verser le long des c(*)lés du m.irtyr, après que
des tlambcaux allumés v eurent fait de lar-
ges escares. Alors ro(ieur de cette chair
grilh'-e et de ce vinaigre ayant fait faire au
saint un léger mniiveuient de lêle. (jui mar-
quait (\\iv son odorat en ét.ut blessé, le gou-
vermnir, qui s'en aper(,nil, saut i de son tri-
bunal oTj \l était r(nnonti', et comme insul-
tant ,iu martyr, il lui dit : Eh ipioi, Tliéo-
dole, tu te rends déjà, el le voil.'ï à dtiiui
v,iin(U?Tu luuis bravais il n'y a (ju'un mo-
ment; (ju'est devenue (elle noblf lierlé ciuc
tu fais-is paraître? N'cs-tu courageux (ju on
paroles? De qiuù l'avisais-tu, aussi, daller
nu-dire des dieux? PouKjuoi le mo^uais-lu
de leur (ouvoir? Tu le ressens maintenant
malgré toi. Veux-tu m'en croire? .^ois h l'a-
venir plus sag»', et n'étanl qu'un misérable
cabarcljer, ap[tre ids.qu'il le sied mal de l'é-
riger en docleur. el qu'on ne d ùt jamais par-
ler de> souverains en des Itn uies qui puis^
sent offenser ces hautes majestés. Apprenoi
vous-même, répartit le marhr, que vous el
vos empereurs n'êtes à mes yeux que les
derniers des botiimes. de vils esclaves, ijour
qui jf n'ai que du mépris. Ne craignez ooint,
) tel > l'ois pi
lir)7 TIIR
au rc.std, que nun ((im.i.^o s'diïnihiissc; jo
VOUS nvi'i'lis st'iiJfini'iU (|in< vus hoiii-rtwiiix
s;» n li^clh III 01 on'ils ii ai;;is.s('iil plus mvoo
in luAllU! vii;ui'Hi'. I'M-cimivcccmU^ iir^llgcicn
qu'ils CMMUlciil vos ordiivs? Voulez - vous
Ui'tli cioiiT /lusi? I ivciilc/. (!(» iiouvoiiiix
•supplicos (jui soicnl (liigiH's d (Urc^ «'iimlow-s
co lire moi; (MMix-ci o U pcnlu Iciir ioiro ;
mais plulvM l'ccoiiM.iissc/. (pic c'csl JtSiis-
(lliiist, mon SrigiH'ur, (pli leur ùiv loiil ce
(pi'ils o'il (l'Apre ol de in(»itel ; (pie c'est lui
(i.i me doone ce coiir.ige iii^iinuoiiliilili' h la
{foiikuu', Cl (pii allume dans mou Ame cc^le
ardi'ur euipresseS* (pic je ressens do sonllrir
pour sa yloiie. Le lyrau lui lit nuiiore les
inAclioires et (asser les deiils avec de jj; os
eailloux. Mais TIk^oIoI»? , articulant avec
teine ses païujes, lui dit : (Jua iil vous me
'eriez encore eou|)(M' la langue, Dieu enlo'ul
e silence des clirtWiens.
« l]i'|)endaM| les bourreaux n'eu pouvant
pins, In }:;ouveriieur (Oinmanda (pi'on r(M.U
de dessus le chevalet, et (pi'( n le coiidnisll
en prison, pour cMre remis une soco ul - l'ois
à la (pieslion. Comme il traversait la place
publique, ilans un étal (jui taisait horreur,
ayanl tout le corps brisi!' et couvert de sang,
il ilis.iil h une Ibule de peuple (pii accourait
de toutes parts pour le voir, en leur mo i-
trant ses ^)laies : Telle est la puissance de
Jùsus-tMu'ist : crovez-vous ipic sans son se-
cours j'eusse pu r(''sist(>r h la violence des
tourments qu'on m'a lait souH'iir? Non, ne
le croyez pas, c'est lui, c'est ce Dieu tout-
puissant qui a donné h mou corps celle im-
]iassibilitt5 ; c'est lui cpii m'a lait surmonter
le l'eu qui (l(5truil tout; c'est lui (|ui m'a
donné le courage de méi)riser les menaces
de votre gouveiueur et les éJits impies de
vos empereurs. Ne vous étonnez donc pas
de voii- en moi des s. nliments si élevés, et
un cœur si haut et si grand dans un homme
d'une condition si at)jecte ; c'est que Dieu
ne l'ait acc.'j tion de [jcrsonne, et (ju'é.ant le
Seigneur de tous, il donne indilléremment
sa gr;\ce h tous, aux esclaves comme aux
priiues, aux barbai'es aussi bien qu'aux
Romains. Puis un nioraent aptes reprenant
la j arole, et faisant remarquer à ceux qui
étaient les plus prOL-hes ue lui, les traces
sanglantes que les bourreaux avaient lais-
sées sur son corps : \"oil;'i, leur dit-il, le sa-
crilice qu'on doit l'aire à Jesus-Christ, quand
on croit en lui; et nous ne taisons, après
tout, que lui rendre ce qu'il a donné le pre-
mier pour nous.
« Au bout de cinq jours, Théotecne ayant
fait dresser son tribunal dans la grandeplace,
il se lit amener Ttiéodote. Dès qu'il rapei\nJt :
Anprochez, lui d:t-il, Théodoie, ai)prochez,
el ne craignez rien. Nous avons appris avec
joie, qu'instruit par ce qui s'est passé, j'ose
dire malgré moi, vous aviez pris des sen-
timents meilleurs et, plus laisoniiaoles, et
que vous n'ôles plus cet homme lier et in-
traitable. A la vérité, vous auriez pu vous
éj argner de si grands maux, en donnant un
peu moins à votre s^ns, el un peu plus aux
conseils de vos amis. Je vous proteste que
TIB
1161
p< n'eu suis venu a de ni Kcindêttltréiiiitôii
qn iivo(; une oKliéiiio lépUijnanuu i litaik ou»
blioiis le |,jisîi(''; je mii>» pièt u I • réiiarei par
t()U-> lis lions Iniiienieiit.H (pio je pOuri'U
imaginer, (;! (pio voin» pourrez boulunler. Ju
vous li.'iidrai lide!(nii< ni Itjulci lt>> pio-
messH (pie je voilh lis l'autre j'iur, *l j y
ujoulorui, s'il est nécesH.,ji'u, de iiuuvuuux
prt''sciils (U (le nouvelles Ki'.ilili. ai ioiiH. ite-
C(Miiiaiss('/ scuhniieul le pouvo r ^^)Uve|•Mlll
dos dinux, eu leur sncriluml. l/upinu)liel()
ne sied à per.soniic, m.iis moini, a un sagu
(pi'à tout autre. Nu mo niriiuz pas dan» la
nécessité do vous traiter encore plu» mal
(jue II |»reiiii(Me l'ois ; car t iiliii, je ne dois
pas vous le dissimuler, les loui'menls (juo
vous avez éprouvés no sont quo des tour-
ments (m ptniilure, au prix de ceu\ ipiOn
vous fera soullrir, si vous ne les prévenez
par un(> parfaite soumission aux volontés
des eiiipennirs. I!li (pioi, 'rii(''ote(;ne, répon-
ilit le mart_>r, uie f. ioz-v(nis croire (ju'il est
en vclre pouvoir d'inventer (piei(jue sup-
(pae Jésus-(^lirist mon SingiK iir ne
pui.>-se lendre vain et sans etl'el V Quoi(pio
vous ayez réduit mou coips en létal où
vous le voyez, (juo cpie mes membres ne
ti(Minent presque plus les uns aux autn s,
vous pouvez toutefois faire une seconde
épreuve ; essayez un peu si vous pourrez
nie vaincre.
« Le gouverneur ne dilléra pas longtemps
à le satisfaire; il le lit mettre tout de nouveau
sur le chevalet, el placer ù dioite et h gau-
che des bourreaux qui lemiienl le fer (jans
les mêmes blessures qu'ils lui avaient faites
cinq jours auparavant. Le saint n'en élevait
que plus haut sa voix [)our confesser Jésus-
Lh, ist. Ce que voyant le pré-idont , il le ht
descendre de dessus la machine et élondie
sur des morceaux de tuile qu'on avait fait
rougir au feu. Ce tourment a quelque chose
de si vif et de si pénétrant , qu'il porte
la douleur jusqu'au fond des entrailles.
Aussi le martyr, la ressentant dans toute sa
for(>e, eut recours à Jésus-Christ, et le pria
de l'adoucir un j)eu ; ce qui lui fut accordé.
Théotecne le Ut reniettie pour la troisième
fois sur le chevalet, et ht retoucher pour la
troisième fuis à ses | laies ; mais Jésus-Cnrist
tempéra encore de telle sorte ce tourment,
que le saint paraissaii ne pas soulfiir beau-
coup: l'on eût ditque ce n'était (ju'une repré-
sentation, et non une (exécution eifeciive,
et que les bourreaux n'étaient tout au plus
que d'excellents acteurs d'une pièce tragi-
que. Cependant, de tontes les pat lies de son
corps, la langue seule lui restait entière.
Le tyran la lui laissait, dans l'espérance
qu'il s'en servirait pour renoncer Jésus-
Clirist, et il ne voyait pas que le saint s'en
servait, au contraire, poar le conièsser plus
longtemps.
« Il fallut enfin que le gouverneur en vînt
au dernier acte de cette tragédie, c'est-à-
d.re à une sentence de mort, n'y trouvant
point d'autre dénouement, à cause de la fer-
meté extraordinaire du saint et de la lassi-
tude de ses bourreaux. Il la pronon^^a donc
1159
THE
THE
1160
en ces termes : « Suivant le pouvoir que
« nous nvo is reçu des empereurs, uou-j cui-
« d.uuiions Tlv'odott'ci avoir l;i tèle tranchée,
n pour s'être docl.irc le prfjlocteur des Gali-
« Icp is et r»'nneuii des dieux, et pour avoir
« refusé d'obùir aux ordonnances de nos in-
« vincihles princes el aux nôtres. Nous or-
« donnons aussi que soi corps sera brûlé,
a de peur que les chrétiens ne le prennent
« et ne l'ensevelissent. » Une multitude
iiuiombrable de peuple l'accompagna jus-
qu'au 1 eu de l'exéculinn. Lorscju'il y fut
arrivé, ij se mit à ^eno i\, "t lit cette prière
à Jé>us-Chrisl : « Sei^'neur Jésus, créateur
« du ciel et de la terre, qui n'abandonnez ja-
« mais ceux ([ui espèrent en vous, je vous
n rends grâces de ce que vous m'avez choisi
« pour être un des citoyens de la Jérusalem
« céleste, et l'un de ceux avec qui vous par-
« tagez les ho'nieu s de la royauté. Je vous
« rends gr.kes de ce que vous avez bien
« V(julu vous servir de moi pour vaincre le
.( diagon el lui écraser la tète. Accordez en-
« (in, Seigneur, à vos serviteurs, un peu de
« re(ios: que les ennenns de volte nom éjjui-
« sent sur moi leurs derniers liails; (juc leur
« fureur contre votre Eglise s'éteigne dans
« mon sang. » Et ccunne d eut dit Amen, il
se tourna vers les fidèles qui l'avaient suivi,
et les voyant tous en [deurs, il Icuidit : Pour-
quoi pleuiez-vous, m s iVeros? Bénissez plu-
tôt N 'trc-Se gneui- Jésus-Clirisl, de ce (lu'il
me fait la gcAcj de terminer glorieusement
ma co .rsc par ia victoire. Je vais au ciel, où
je vous servirai à l'avenir d'intercesseur au-
près de Dieu. En disant cela, il reçut le coup
qui mit lin à sa vie.
On éleva ensuite un fort grand bûcher
pour brûler le corps du saint ; mais comme
on était sur le (toinl d'y mettre le feu, une
lumière parut tout à coup au-dessus du bû-
cher, qui lampant de tous cùlés des éclairs,
écartait tous ceux qui voulaient s'en appo-
clier. La nouvelle de ce prodige est ausbilc»t
poitée h Tliéoiecne, qui duiine ordre que
des soldats restent là pour garder le corps et
pour empêcher (pie les chiéliens ne l'enlè-
vent. O.', il arriva que ce jour-la même le
prêtre Fronton était parti de chez lui [l),
jiour se reu'ire h Aucyre, selon ([uil en était
convenu avec Théodote. il n'avait pas man-
qué dapporlt-r l'anneau que ce saint lui
avait lai>bé lorsqu'ils se séparèrent, alin (|u'a
cette ma. que un lui do niAt les reliques qu'il
demanderait. 11 co: duisait aussi une ;^nesse
charg«''ede deux outres d'excellent vn vieux
(|ui était de soii ( rù. (k)mme il approchait
de la ville. Dieu permit nue l'Anesse s'abat-
tit tout proche le lii u eu élail le corps du
saint. Les soldats y accouruieiil, et vm.iIiI
ce "On vieillard fort embirrassé h relever sa
b«He. ils lui aidèrent ei hii diieiit ensuite : l-.l
où alez-vous si lar i, iioii eboii | ère'.' demeu-
rez avec nous; votre ânes>e liouveia iii de
(juoi iiinuer; el si vous voulez la laisser al-
ler dans les bl s, n'a,»ez pa.s peur q.e per-
soDue vous dise rieiit tant (|uc vous serez
(I) Du bourg uouiuic Mains, tiuiil il clan cure.
en notre compagnif? .Ne vaut-il pas mieux
que vous passiez ici la nuil, que d dlez vous
faire rançonner dans quelque mauvaise hô-
tellerie?
« Leprètrelescrul,etquittantlegrand che-
min, il les suivit dans une barraqiie qu'ils
s'étai nt faite de branches d.> saules entre-
lacées de joncs, jour se mettre à couvert du
mauvais temps. Fronton y trouva du feu el
le sou[)'r prêt. Après «pie les soldats eu-
rent pris le bain dans une petite nvière (pii
n'est pas éloignée de ce lieu, ils éttndirent
leurs casaques sur I herbe, et s'y couchèrent
pour manger à leur aise. Ils commencèrent
î)ar quelques rouges-bords qu'ils avalèrent,
exhorlani leur hùte d'en faire autant. Fron-
ton crut qu'il ne pouvait se dispenser de leur
donner (le son vin; il demanda donc une
tasse, et la remplissant jusqu'aux bord», il sa
présenta à celui qui éiaii proche de lui. Goû-
tez un peu de celui-ci , lui dit-il ; vous ne le
trouverez pas, je crois, trop mauvais : en di-
sant cela, il souriait modestement. Les sol-
dats le voyant pétiller dans la tasse, et sen-
tant l'odeur agréable (jui s'en exhalait, s'é-
crièrent tous: Ah! l'excellent vin! De com-
bien de feuilles est-il? De cin(| , répondit
Fronion. Buvons-en, répliquèrent les sol-
dats; nous mourons de soif. Tiè^-volontiers,
enfanis, répartit le prôlre, et ne l'épargnez
pas. Un jeune soliial, nommé Métrodore, ^e
mil à (lire, après en avoir avalé une rasade :
Par Jupiter, cette liqueur commence à me
faire oublier la mauvaise nuit que nous pas-
sâmes au bord du lac, quand nous fûmes
commandés | our garder les corps d.- ces
femmes chrétiennes. Je croyais que toute
l'eau du fleuve Lélhé y\} ne pourrait jamais
reda>eide mon souvenir, tanlelle me parut
longue el tAcheuse, et plus fâcheuse encore
j>ar ses suites ^vo.^ ez ci-dessus). Mais je m'a-
perçois que le vin de notre hôte a plus de
vertu (jue l'eau du lleiive Lélhé, n en dé-
plaise aux poèies. Donne/.-en (Muore autant,
mon [)ère, alin ({ue j'achève d'oublier cette
malheureuse nuit. De ([uelles femmes par-
lez-vous ?ie, rit Fronton. Prends gard.- aussi,
Méiiodoit', interronqul un de ses camara-les,
110 limé Apohonius, que celte lique.injue lu
trouv es si agréable 1,0 te fasse oiibliciniue nous
>ommes comman lés aujourd'hui j)0.r garder
le cor^-sde let liomiU(> (l'airain; car ce fui lui
(pli enleva les coips (je ces feinni s, et «pii
lui cause (pif nous fûmes ensuite si b;en
étrillés par l'ordre du go ivemcur; prenons
garde qu'il ne nous en arrive autant celte
nuit.
« Ce sont \h pour moi autant d'é ligines,
repnt Fronion, elje suis bien fà» ht' de n'a-
vo.r pas amené avec moi un inlCipiète.
Quelles femmes donc ont été enlevées Uu
lac. el quel e>l ccl homme d'«iraii dont vous
parlez? E t-(e quelque sialue de bronze
(lu on a fait venir de loin , el qu'on vous a
(ioiinée en garde , ou bien ne voulez-V(jus
(I) Fleuve de lenfiT «les poelos, dont l'eau fait
HtMilir a cni\ ipii en Imum'hi lo soiiviniir de loul
ce (ju'il» oui lall uu appri» iluraul leur vie.
Hfil THE
point vous divertir nu\ dc^pciis d'un jiKiivro
rliaii^^cr (Hii ii'csl pas le plus lin du inondn?
MiHrodnicjdlail répondro; luiiis unaulro, ap-
pelé (Janccncc, prit la parolo (>t dit h l'ron-
1(111 : Il n'y a riiMi do plus vrai (|iir ci; ipio
vous disciil mes r«niaiados; r'(''liiil vrainimt
un lioininc de l)ron/(> nii d(^ IVr.ipic relui
dont nous (gardons le corps, el plus dur en-
core q\w lo fer el le luon/.e, plus dur (pn;
tout ce (pi'il y a de plus dui' an iiKUide, liU-
cii lo diauianl. (lar enlin ces nuManv saniol-
lissoMt an l'eu ; le diainaiil se coupo, so taille,
se polil ave(- le secours de Tari , et se hrisc»
(pielcinelois ini^mo, h ci- (pi'on dil : mais pour
cet lionune, ni le fer, ni le fen, ni les cail-
loux, ni tous les inslnimenls (pie l'art de
lourim>nt(M' les lionunes a pu inellreen usa|^e,
n'ont pn l'ébranler ; tout cela n'a fait cpic blan-
chir contre lui. Je n'y comprends eneoro
rien, dit ImouIoii ; est-("(^ d'un lioinnu! dont
vous parlez, ou de (jnehprautre chose? J'au-
rais bien de la i)eii»e nioi-nu^ine, reprit aussi-
t(M Cilauceuce, ^ vous ré|)ondre juste liVdes-
sus, et .^ vous oxpli'iuer la nature de celui
dont jo vous fiarle; il n'est i)as si facile do
le dcMinir. Car enlin, si je l'appelle un honune,
jamais lioinmo n"a combattu connue celui-lh.
On sait bien ([ue c'est un de nos citoyens;
toute la ville connaît son nom el sa famille,
qui n'est pas même des nlus illustres; mais
que ce ne fiU qu'un simple homme , c'est ce
qu'on ne pourra jamais croire, si l'on en
juge par les choses qu'il a faites. Imaginez-
vous, notre hcMe , que , quoiqu'on le battît,
qu'on ledécliirAt, qu'on lui appliquât le feu,
il paraissait insensible atout; pas un mot
d'impatience, pas la moindre plainte , pas le
moindre mouvement qui piU faire connaître
q^ue son corps soutirait : mais ainsi qu'un ro-
clier battu des Ilots , il est toujours de-
meuré ferme et immobile au milieu de ceux
qui le tourmentaient , sans avoir jamais
voulu démordre de son sentiment.
Si vous voulez savoir son nom , il s'appe-
lait Théodote, et de la secte des chrétiens.
C'était celui qui, par je ne saisquelle adresse,
avait enlevé du lac qui est proche d'ici les
corps de sept femmes qu'on avait noyées et
que nousÇardJons, et qui les avait enterrées
proche une de leurs églises. Mais comme il
eut appris qu'on arrêtait tous les jours et
qu'on envoyait au supplice plusieurs chré-
tiens, parce qu'on les soupçonnait de cet
enlèvement, la crainte qu'il eut qu'ils n'a-
bandonnassent leur créance, l'obligea à aller
se livrer lui-même au magistrat, et peut-être
aussi pour n'être pas cause que des inno-
cents fussent punis pour le coupable. Le
gouverneur eut beau lui promettre des char-
ges honorables, des richesses, jusqu'à la sou-
veraine sacriticature, s'il voulait renoncer à
son Jésus-Christ, il rejeta toutes ces belles
olfres, et, se moquant et du juge, et des
édits, et des empereurs, et des dieux mê-
mes, à peine pul-il se résoudre à honorer
notre gouverneur d'une réponse. On ne peut
dire les tourments qu'on lui lit endurer ;
cependant il disait qu'il n'en sentait rien :
il insultait même ceux qui le tourmentaient;
I)IGTIO^î(. DES Persécutions. II.
llli:
Itot
il leur reprochait leur laiblos.sft ; puis il so
nuMtait à (hanter des hymnes ut des c/irili-
(pies, jnsfpi'a c(i ipie enlin le f^ouvenicur fût
obligé de lui inivt) couper la têl(! : il av/iit
aussi oidoniK* (pie son corps lOt brOh* ;
mais... Il pourrait bien encor'5 nous «riiv(jr
(piehpie malheur à cause de lui, et v avoir
i( I (pu'hpu! ( hose d(! semblable Ji raventiire
du lac. Car il faut (pie vous .s'ichiez que,
comme on allait le poser sur le bi"i( lier-, ntio
graihh' lnmi(''r(! est venue .'i païailre, (jui a
fait fuir ceux (pii devaient y inellre h; f(.'U.
Ainsi, de peur (pie les chi'étiens ne viefineiit
(h'-rober le corps, nous av(Hi.s ordr(i de lo
uarder ; tenez, voyez-lo , il est sous ces
lenillages.
« Fronton, ayant compris [lar cv, récit (jue
c'était \h le saint homme Théodote, remer-
cia Dieu de l'avoir conduit en ce li(!U,(;t
lui demanda son secours pour pouvoir Vim-
lev r. Contndaisant donc riioinme de bonne
humeur, il faisait aux soldats de p(!lils con-
tes joyeux, les excitant de temps on temps
à remplir leurs tasses de ce bon vin vieux ,
(lu'il leur versait à bonne mesure. Ils les
remplirent si souvent, qu'ils s'enivrèrent et
s'endormirent. Alors le prêtre se levant,
alla prendre le corps du martyr, et le met-
tant sur son Anesse, il lui dit, comme sil
eût été vivant : Courage, grand saint, voici
le moment venu d'accomplir votre pro-
messe : reconnaissez-vous cet anneau, je
vous le rends ; et en disant cela, il le lui
mit au doigt : c'est à vous d'achever le reste.
Ensuite il remit les feuillages qui cou-
vraient le corps, au même état qu'ils étaient
auparavant, alin que les soldats ne s'aper-
çussent de rien. Le jour vint , et le prêtre
feignant de s'éveiller, et ne voyant point
son ânesse , se leva avec empressement,
comme pour la chercher : il ne la trouve
point, il crie, il pleure, il fait semblant de
s'arracher les cheveux ; les soldats , qui
ignoraient ce qui s'était passé durant leur
sommeil, et qui croyaient que son affliction
était sincère et sa perte véritable, le conso-
laient le mieux qu'ils pouvaient. Cependant
un ange conduisait l'ânesse chargée du pré-
cieux dépôt, et la mena par des chemins dé-
tournés jusqu'au bourg de Malus. Quelques
habitants du bourg, ayant rencontré le prêtre,
lui dirent en secret que son ânesse avait
apporté des reliques, et qu'elle s'était arrêtée
d'elle-même en un certain endroit qu'ils lui
dépeignirent. C'était le même oii, quelques
jours auparavant, le saint martyr avait dit à
Fronton : Mon père, que ce lieu-ci serait
propre à y mettre des reliques I Le prêtre
prit donc congé des soldats, paraissant fort
triste pour la perte de son ânesse, et il se
hâta de se rendre à son bourg. Il eut bientôt
élevé une chapelle, telle qu'on la voit au-
jourd'hui, où il plaça le plus honorablement
qu'il put les reliques du bienheureux mar-
tyr Théodote.
« Cette relation a été mise par écrit, par
moi l'humble Nil, avec toute la fidélité et
l'exactitude dont je suis capable ; j'ai été ea
prison avec le sa-int martyr , et j'ai été té-
37
fin THE
moin des fait* «^«^IC jo donne ici lo réci! ,
que j»' prolrsto ^tr*» tiTs-vf^ritcihle. Piii<'spnt
tous ceux <jni le Mroni, avoir |)art avec le
saint martyr Thf^ndott* pt avec tous les
antres i|ui ont ronibaUti pour la foi de Jésns-
Chri"<t NotnvSeivtneiir. aïKpiel apparlimiioiit
la puissanee et la gloire, avec le Père et le
Saiiil-l-sprit. Ameu. »
THEODOTK fsaint) , martyr, reriieillit la
painiedu martyrcen Alriqne.Ili'iit [loiircnm-
pagions de so'i triompht» les saints Aquiliii,
(irhiine, KugèMe. Marriofi. Qninrtus et Tri-
plion. Dans le Martyrologe romain, on nevoit
anrun détail sur leurs sou tîrances ; l'époque
de leur martyre n'y est môme pas marquée.
L'E^list' célèbre leur mémoire le V ja-ivicr.
THEODOTK (saint), reçut la couronne du
martsre J» Tomes en Scythie. Il eut pour
roMipagnonsdt' sa gloire les saints .>îarin et
St'îlophe. L'Eglise fait collectivement leur
fét»» le 5 juillet.
THÉODOTE (saint), martyr, souffrit à Cé-
snrée en Cappadoce. Il eut pour compagnons
de son m.'^r'' re sainte Rutine, sa mère, qui
le n)il au monde en prison , et sainte Am-
mie, sa nourrice. L'Eglise honore la mé-
moire de CCS saints martyrs le 31 août.
THÉODOTE saint), martyr, soulfrit le
martyre h Ht'racléc en Thrace, avec les saints
Cléiricntin et Philomène. On n'a aucun dé-
tail sur leurs comliats. L'Eglise tait leur mé-
moire le ik novembre.
THÉODOTE (sainte) , mourut pour la foi
chrétienne en l'an de J 'sus-Christ 318 , du-
rant la persécution de l'empereur Licinius.
Le préft'l Agi'if>pa ayant ordonné, dans la
ville de Philippe, en Thrace, que Ions les ha-
bitants se rassemblasseiil pour olfrir un sa-
criliie h l'occasion de la fèfe d'ApfilIon. Théo-
dote déclara qu'elle ne pouvait pas partici-
per à une telle impiété. Cette feuune avait
anciennement fait le métier de proslifnée.
Conduite devant le juge, elle avoua sa con-
duite antérieure, en ajoutant que pour rien
nu monde elle ne consentirait à y mettre le
condde en se souillant par un sacrilège. Tou-
chés de cet exeni|ile, beaucoup de ciiretiens
refusèrent, comme elle, de se rendre au sa-
criliee : on e i pnite le iiond)re à sept cent
cinquante. Enfermée dans une prison, Théo-
dote y resta vuigt jours : elle passa tout ce
temps en prières. Quand on la ramena de-
vant leju'^e, »'lle pleura amèrement ses an-
ciens péchés, et pria Dieu f» haute voix d»;
lui pardonner, et de lui accorder la force d(>
résister avee courage aux tourments qui
l'attendaient. Elle «voua ou'elle avait été as-
sez malheureuse |)our lairo le métier de
[)rostituée , mais que Dieu lui avait accordé
la faveur de devenu- i 'tréfienne, bien cpi'elle
ne mérit.'^t pas d'en |>orier le nom. Agrippa
\a lit fouetter avec barbarie. Les païens qui
as.<<istaient h son supplice étaient lonehés
de commisération : ils l'pthortaifnt à se
soMslr.iiir .Hi\ tourments en ol.cissani ;\ux
ordres «lu juge; mais elle j)rotesta nue ja-
mais elle n'abandonnerait le mile (lu vrai
Dieu pour adorer des idoles et des statues
MHS vie. Agiip|>a la fit étendre sur le cheva-
THK
fir>4
let, où on lui déchira lès cAtés rtvec les on-
gles de fer. Voyant ([u'an lieu de céder elle
remerciait Dieu, rpii la jugeait digne de soiiif-
frir pour lui. Agrippa la ïit j-lus eruellement
encore déchirer a»ec les j)ei,.;nes di- fer, et
fil verser dans ses plaies du sol et du vinai-
gre. Ce nouveau supplice n'a,>ant pu la vain-
cre, on lui arracha les dents les unes après
les autres, puis Agrippa la rondamna à être
lapidée, ce qui fut exécuté hors de la ville,
en l'an 318 de Jésus-Christ. Sa fête est cé-
lébrée par l'Eglise le 20 septembre. Vou.
Etienne Assemai i, Acta sinrrra mort. Ocriâ.)
THEODOTE sainte), fut martyri>é- à
Constanlmople sous l'empereur Léon L'Ico-
noclast». L'Eglise fait sa fôle b' 17 juillet.
THEODOTE (sanite), souffrit le martyre à
Nicée en Bitliynie avec ses trois fils, dont
l'ainé , nommé Evoile , confessant généreu-
sement Jésus-Christ, fut d'abord meurtri de
coups de bAton , par l'ordre du consulaire
Nicet , qui les fit ensuite brûler tous trois
avec leur mère. L'Eglise honore collective-
ment leur mémoire le 2 août.
THÉODULE (saint) , mourut martyr dans
la capitale de Tempire , dans cette Rome si
souvent abreuvée du sang des disciples du
Christ. Ce fut durant la persécution de l'em-
pereur Trajan qu'il cueillit la palme du mar-
tyre avec saint Symphronius et les saintes
Olympe et Exujiérie. Nous manquons de do-
cuments sur ce qui les concerne. L'Eglise
les h'-nore le 26 juillet.
THÉODULE (saint) , fils de saint Hespère
et de saiite Zoé, était frère de saint Cyria-
que. Tous quatre étaient esclaves chez un
nommé Catale , naicn , demeurant .^ Attalie
en Pamphylie. Ce jeune saint et son frère ,
ne pouvant souffrir les hommages qu'on
rendait aux idoles chez leur maître, se dé-
clarèrent chrétiens. Catale leur ayant fait
endurer divers supplices, les fit mettre, avec
leur père et leur mère, dans un four, où ils
moururent. Ces faits eurent lieu sous l'em-
[lire d'Adrien. L'Eglise fait la fête de ces
saints le 1 mai.
THÉODULE (saint), fut martyrisé durant
la }H'rs('»(Mition (pie suscita l'empereur Adrien,
avec saint Evence et saint Alexan're. ^Votj.
Ai.FX4\DnK.] On n'a de lui (jue des Actes inca-
pables de faire autorité. Sa fclea lieu le 3 mai.
THÉODLLK ,-aitil*. martyr, eut la gloire
de soutl'rir la mort pour J(''sns-Chrisi , en
Crète, dans la ville de (lortyiie , sous lo rè-
gne de Dèce, durant la [lersécnfion que ce
prince alluma confreJ'Eglise. Il fut décapité
après av(ur soutVerl d'horribles touimenis. Sa
fêle arrivt» le 23 décembre. Saint Théodule est
l'un des dix martyrs de Oète. (y^y. Martyrs
PK C.H^TF )
THÉODULE (saint), martyr, était lecteur
Ji l'église de rhessaloni(|ue. Il fut marf\risé
sons l'fMnpereur Maxrmien et le président
Kaiisiin. ave(" Agathopude, (pii était diacre à
la iiK'ine (•gliso. Ils fiir(<Mt jetés ,^ la mer avec
une pierre au cou. On ignore l'éi'oque de
leur mnrtvre. L'Eglise fait b-ur fête le 4 avril.
THÉODULE ^saini martyr, était l'un des
domestiquev de Firmilren. Ce goaTerneur
ih;'; tiii';
le pnMV'rnil à loiis los aulros, pnrrtMiu'il (Unit
|.r(il)(« cl vcrtiMMix. (,)"""•' •' •'^nl <l""' '''l'<^"-
(liilc riail chivlicii, il I(^ (011(1,111111.1 11 (Mr«
(•nicilK'' le joui- iii(^iii(^(l'('lail le l»i IV'vncr .'HH>.
{Voi/. I';iis('^lt(<, (le Miirl. l'ulfsl.) Sa l"(H(« ,1 lieu
li> 17 (cviicr,
TIM'lODl'M'; (sniiil), iiwirlvr. l'iiii des iiiia-
raille iiiailyrs (l(>S('l)a,sl(', sous Li(iiiius.(r«//.
M.\UI\I«H l)i: Sl'.HASIK.)
'l'il^'ionil.l'' (sailli), iiiarlyr, cikmIIiI la
paliiu" (lu iiiail.vi'd (Ml Arii(|U(', avec Icssaiiils
Au^so, Vî'Vw, (loriuMic cl Icuis coiiiiia^^doiis,
dont 011 ignore jns(iiraii nom. l/lvj,lisc lio-
noi»' Unir iiuMiioiio le M mais.
Tllf<:()l)ll|,l': (saini), rci.ul la coiiromic du
mail.Mc ^ Mi^i'i'^ ♦■11 lMinr;i«' avec les saints
ÎNIacôdnne vl Talicn. Apirs diverses lorlures
(|no je pri^sidcnt .\lmai|U(' leur lit soull'rir.
sDiis le rt^'^ne de Julien l'Apuslat, ils furent
C()uelit'>s sur des yiils ardciils , et y aeeom-
]ilire d leur martyre avec joie. L'hglise lait
leur ("(Me le 12 septembre
rilfioDliLK (saint) , prfdre , fut martyrise^
^ Antioehe : on ignore .^ ([uelle (.'^|)0(iue et
dans quelles eirconslances. L'Eglise honore
sa nu^iiioirc» le !23 mars.
'rHÈOCÈNK (saint), (^iViue et martyr,
mourut pour la foi sous l'emiiire de N'alé-
rie'i, h (,aitliage en Africpn» , avec trente-
six autres chrétiens dont l'histoire n'a [las
gardé les noms. L'Eglise fait leur f(ite le '2ù
janvier.
THÉOr.ÈNES (saint) , eut le glorieux pri-
vilège de donner sa vie pour la religion chré-
tienne. Son martyre et celui de ses deux
compagnons , Prime et Cyiin , arriva dans
rilellespo'it. L'Eglise fait collectivement leur
fôte le i janvier.
THÉOGONE (sainte), martyre, eut la gloire
de verser son sang h Edessc en Syrie pour
la confession de sa foi. Ce fut durant la per-
sécution de Maximien. Il souffrit le martyre
avec ses deux frères , saint Agape el sant
Fidèle, après y avoir été exhorté par sa mère,
sainte Basse, qui fui décapitée quelque temjis
api'ès eux, dans la même persécution. L'E-
glise honore leur mémoire le 21 août.
THÉONAS (saint), fut martyrisé durant la
persécution de l'empereur Dioclétien, avec
saint Théopempte. Ils sont inscrits au Alar-
tvrologe romain le 3 janvier.
" THÈONAS ( saint ), martyr, recueillit la
palme du martyre durant la persécution que
l'impie Dioclétien fit souffrir à l'Eglise. 11
eut pour compagnons de ses glorieuses souf-
fratices les saints Victor, Zotique, Zenon,
Césaire, Sévérien, Chrysophore et Antonin.
L'Eglise honore leur mémoire le 20 avril.
THÉONAS, l'un des trente-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur sang pour la
foi en Egypte, et desquels Ruinart a laissé
les Actes authentiques. Voy. Martyrs, ( les
trente-sept) égyptiens.
THÉONESTE (saint), évêque, fut marty-
risé ti Albino. 11 fut tué par les ariens, en
haine de Jésus-Christ. L'Eglise fait sa fête le
30 octobre.
THÉONILLE (sainte), martyre, eut le bon-
heur de mourir pour Jésus Clirist, à Egée en
Kill
(iilicie, en l'aniK'-i) 2K!», au rfjmmencenn'nl
du règne de Dioch'-heii. I''.ll(t avait élu air(^-
lée avec saillie l>oiiiinnc et les sainlHOIiiude,
Aslcrc cl Ncon. \.r proconsul J,ysia.s lui tii
suliir (liv(M-s supjiliee.s, après le.s(|iiels il In
lit lier dans un s«c el jeter h l'eau. Voy. les
Actes, (pli sont connnuns h tous lei> .Si'ints
i|U(^ nous venons do noniiiier, h l'aji-licle
(.1 \M)i;. L'Eglise f.iit la frMo de >ninle Tliét»-
nilleet de s('s compagnons le -l'A aoi'it.
TIIÉOIM-MPIE (.sainl), rei.ul la palme du
martyre avec saint TlK-oiias, sous Ji; rè-
gne de l'cMiipereur Dioclétien. L'^.;li.se fait
colji'clivemenl h.'ur fùt(; le 3 janvier.
TIILOPIIANK ( .saint ), clianibcllaii .'1 la
cour de l'empereur d'Orient Léon 1\', fui ar-
rêté par ordre de ce prince iconoclaste, avec
le papias ou porlier du nal.iis, J/icipies LéoT
et 'riiomas, Ions deux cfiamb.llans, et (jiiel-
(pKvs autres (|ui honoraient les images. L'em-
pereur les lit londre, foueller el mener hon-
teusement par la ville dans la priso'ulu l*i-é-
toire, Tliéophani! y mourut ; tous les autres
embrassèrent la vie monaslifjue, après la
mort de Léon IV, qui eut lieu (pielques mois
a[)rès, en l'an de Jésus-Christ 780. ( \ oy.
Iconoclastes.) L'Eglise fait leur fête le k dé-
cembre.
THÉOPHILE, nom de l'un des officiers
persécuteurs de saint Pione el de ses com-
jiagnons, martyrs à Smyrne, sous le règne
de rem()ereur Dèce et sous le pi'ocoi.sul Ju-
lius Proculus Quintilianus. Il est qualifié
connnandanl de la cavalerie dans les Actes
de saint Pione. Ce fut lui qui dit aux saints,
avec une voix terrible ( disent les Actes ) :
« Voilà Eudémon, votre évêque, qui a sacri-
fié ; obéissez aussi. » Ce fut lui qui, un jieu
plus tard, voulant faire sortir de prison les
saints qui s'y refusaient, parce qu'ils savaient
qu'on les voulait conduire au temftie, vint
leur dire que le proconsul avait donné l'or-
dre de les conduire h Ephèsé. Saint Pi(jne,
qui se doutait du mensonge, lui dit : « Que
celui qui est chargé de cet ordre vienne le
faire exécuter. » Alors Théophile, outré de
fureur, lui dit : « Si tu refuses d'obéir à l'or-
dre, tu sentiras mon pouvoir. » En même
temps il lui mit lui-même une corde au cou,
et le serra si fort qu'il pensa l'étrangler ;
après quoi il le mit entre les mains des gar-
des, qui le conduisirent à la place, avec S$ -
bine et les autres. ( Voy. les Actes de saint
Pione. à son article.)
THÉOPHILE (saint), martyr, souffrit pour
la foi à Césarée en Cappadoce, sous le règne
de l'empereur Dèce, avec les saints Germain,
Césaire et Vital. Le Martyrologe romain ne
donne pas de détails sur leur martyre. L'E-
glise les honore le 3 novembre.
THÉOPHILE (saint), fut martyrisé pour là
foi avec saint Trophime, sous le règne de
l'empereur Dioclétien. Ils furent meurtris à
coups de pierres, mis dans le feu, puis dé-
capités. L'Eglise fait leur fête le 23 juillet.
THÉOPHILE (saint), martyr, l'un des qua-
rante martyrs de Si^^iaste, sous Licinius.
{Voy. Marty:is de Sébaste. )
THÉOPHiLS, empereur d'Orient, succéda
î
ilG7 THE THE 1168
i son pèn^ Michel le Bègue, on 829. « 11 lé- beaucoup d'injures, l'appela idolâtre, et lui
moigiia d'abord un graïul zèJe pour la justire, rapporta le discours d(? son fou. Seigneur,
et inômc pour la religion ; mais il se déclara dit-elle, c»' n'est pas re (juc vous pensez :
bientôt plus ouvertement que son pèrecon- c'est que je me regardais à mon miroir avec
tre les saintes images. Car il ne défendit i)as mes femmes, et il a vu dedans nos images.
seulement de les honorer, mais d'en faire et Elle apaisa ainsi l'empereur, et fit ensuite
d'en garder. On eiïaga donc encore une fois bien fouetter Denderis, pour lui apprendre à
les peintures des églises pour y représenter ne plus parler des belles poupées.
des bétes et des oiseaux, on brilla pultli(pie- « Il se trouva des catholi(]ues qui résistè-
ment quantité d'images ; les prisons furent rent courageusement à l'empereur pour la
reraplii'sde catholiques, de peintres, de moi- défense des saintes images, entre autres les
nés, d'évé(pi('S. L'empereur en voulait par- moines du monastère de Saint-Abraham. Ils
ticulièrement aux mnines. Il leur détendit lui montraient par les Pères, comme saint
d'entrer dans les villes, ni de paraître à la Denis, saint Hiérothée, saint Irénée, que la
campagne; en S'irte que, ne pouvant avoir vie monastique n'est pas une invention nou-
les choses nécessaires à la vie , plusieurs velle ; et, pour prouver que les images
moururent de faim et de misère : d'autres étaient reçues dès le temps des apôtres, ils
-quittèrent leur habit pour sortir, sans toute- rapportaient le portrait de la sainte Vierge,
uis abandonner leur profession; d'autres fait par saint Luc, et l'image miraculeuse de
enfin tombèrent dans un entier relAcliement Jésus-Christ, qu'il avait lui-même imprimée
Ainsi les monastères devinrent les cimetiè- sur un linge ; car ces faits n'étaient pas
res des moines qui y demeuraient morts, ou contestés alors. L'empereur, irrité de leur
des logements des séculiers. Cependant il y hberté, les chassa de Cunstantinople, après
avait dans tous les villages des receveurs leur avoir fait souffrir plusieurs tourments.
pour charger d'impositions ceux qui ne re- .lisse retirèrent près le Pont-Euxin, et y
nonçaient pas aux saintes images. moururent des coups de fouet qu'ils avaieirt
« Toutefois, l'empereur Théophile ne put reçus. Leurs corps demeurèrent longtemps
y faire renoncer Théodora, sa femme, ni sans sépulture; mais ils se conservèrent, et
Théoctista, sa belle-mère. Il avait cinq filles, depuis on les honora comme des reliques de
que leur aïeule appelait souvent chez elle, martyrs.
leur faisant de petitsprésents, et, les prenant « L'empereur Théophile persécutait sur-
en particulier, les exhortait à résister coura- tout les peuitres qui faisaient les images. 11
geusement à l'hérésie de leur père, et à hono- attaqua donc un moine, nommé Lazare, qui
rer toujours les saintes images. En disant était alors célèbre en cet art ; ne l'ayant pu
cela, elle [)renait les siennes, ({u'elle gardait gagner par caresses ni par menaces,' il le fil
dans un coffre, les portait h son vis ige et les déchirer à coups de fouet, en sorte que la
baisait. L'empereur demanda un jour à ses chair tombait avec le sang, et que l'on ne
tillesce(iueleurgrand'mère leur avait donné, croyait pas qu"il en put guérir. Toutefois,
et quelles caresses elle leur avait faites. La s'élant un [)eu remis dans la prison, il recom-
plus jeune, nommée Pulehérie, raconta tout, mença ;\ peindre des saints : ce que l'enifie-
nomma les fruits dont elle les avait régalées, reur ayant appris, il lui lit brûler le dedans
puis ajouta : Elle a dans son coffre quantité des mains avec des lames de fer rouges, et
de poupées ((u'elle met sur sa tèle, et les on le laissa demi-mort. Enfin, h la prière de
baise. L'empereur comprit bien ce que c'é- l'impératrice et d'autres personnes de crédit,
tait, et en fut fort irrité, mais il n'osa le té- il sortit de prison, et se retira à l'église do
moigner, par le respect (pi'il [lOrtait h sa Saint-Jean-Phobéros, où il se cacha. L^, no-
br'lle-n)ère, et la crainte de ses reproches, nobstanl ses [)laies, il peignit une image do
Car elle lui parlait av(>c liberté, lo reprenait saint Jean, (pie l'on gardait longtemps après
j>ubli(piemenl de la persécution (ju'il faisait et (pii guéri^sall des malades. Lazare survé-
aux c.itholiques, cl était pres(pu' la seule cul quehiuesaïuiées ,^ l'empereur Théophi-
qui os.U lui direcond)ien il était liai de tout le. » (Fleury, vol. III, p. 288. )
le monde. Il se contenta donc, d'empêcher Cet empertnir mouiut en 8V2.
ue ses filles allassent si soiiveiu chez TlUiOl'HILE ^ saint, soulfrit le marlvre à
elle. Rome, avec les saints .>[acaire, Uiilin et Juste ;
« Il avait un petit homme ridicule, nom- nous m.unpions d(> détails sur leur compte.
mé Dendens, qui le divertissait [)ar ses fo- L Eglise fut colleclivenKMil la mémoire do
lies. Etant entre dans la diaiiibre de riinpi'*- ces saints comhaltai.ls le 2S février.
ratrice Théodora. il la trouva ipii baisait les THIlOPIlILK^sainl), diare et martyr, versa
saintes images, et les portail à ses yeux par son sang en Lil)yt> pour la (l('»fense de la re-
dévolion. Il lui deiuanda ce (|ue c'élait. et ligioii. Il eut pour compagnons de son triom-
s'np[)ro( ha pour les voir. Ce sont, dit-elle, plie saint Hellade; ces deux saints combat-
mes belles poupées. .Vussilôt Denderis alla tants furent d'al)ord déchirés h coups de
trouver l'cMupereur, (pu élait î» table, et ipii fouet, puis piiiiiés avec des tels aigus de pots
lui demanda d'où il venait. Il dit qu'il venait cassés, on les jeta enfin dans un nrasier ar-
de chez sa maman, c.aril nommait ainsi l'im- dent, où ils rendirent leur Ame h Dieu. L'E-
>ératrice, et <pi'il l'avait vue ijrer dti belles glise l'ait leur mémoire le 8 janvier.
toupées do derrière son chevel. L'empereur THIiOPHII.E ( saint ), évèque et martyr,
"entendit, et. sitôt ([u'il fut sorti de lal)le. il mourut ;"! Nicomédie. où il avait été exilé
alla chez l'impératrice l'orl en colère, lui dit pour la défense dos saintes images. Nous
ilOî) TIIK
t»';iv(ins pus d'/iutrcs iliHails sur lui. f/I'lj^liso
lail s;\ mt'iiKiini If 7 iiinrs.
'l'Ilf'lOI'llll.l'; (sailli), rorul \i\ |»aliii(' iiii-
moili'llc (lu martyri' avec; saint SaliU'iiiii ol
sainlci lUWocnh». Nous i^iioroiis le lieu, la
(laie (U ivi (lillÏMciilcs circoiislauciîs df leur
roiiihal. I/K|;;liso l'ail collcclivciiicul la r<Ho
(le CCS courageux coiiiltallaiils de la loi le G
l'cviicr.
THf<:()IMIII,K (sain! ). niarlyr, cueillit la
palme du martyre h Alexandrie; ou ig'iore à
(piell(\ t''pO(pie. L(î iMarlvTolng(5 romain dit
souloinent (|u'il eut pour com|iagM(uis do ses
<'ombats saint Animon, saint Néoli^n» et
vingt autres (pi'il ne nomme [»as. (;'(>sl \{' H
soi)ti>ml)re ijuo l'Kgliso honore la mémoire
de ces saints martyrs.
TIltOPlilM: (saint), inscrit au Martyro-
loge romain connue soldat, martyr, Jsous la
date du 20 décembre. (Vo//. Am'\i()n d'Alexan-
drie. ) De i)lus, saint Tlu''o|)lule n'était pas
soldat : lo passage de saint Denys, aucpiel
nous venons de renvoyer le lecteur, distingue
entre ceux cpii étaient soldats, et le vieiJlard
Théophile. L'exactitude est la vertu de l'his-
toire.
THÉOPHILE (sainte), martyre, eut le glo-
rieux privilège de verser son sang pour la
foi h Nicomédie, durant la persécution du
cruel Dioclétien. Elle eut })lusieurs compa-
gnons de ses soullrances, entre autres un des
odiciers du palais, et les vierges Agape ,
Domne, ainsi que plusieurs autres dont les
noms ne sont point inscrits au Martyrologe"
romain. C'est le "28 décembre que l'Eglise
honore leur mémoire.
THÉOPHYLACTE (saint). Voy. Théo-
phile.
THÉOPISTE (sainte), femme de saint Eus-
tathc. Elle donna sou sang pour Jésus-Christ
sous le commencement du règne de rem{)e-
reur Adrien, avec son mari et ses deux en-
fants saint Agape et sainte Théopiste. ( Vojj.
EusTATHE. ) La fête de cette sainte a lieu le
20 septembre.
THÉOPISTE (sainte), (ille de la précédente,
fut martyrisée avec elle à Rome. Sa fôte est
célébrée avec celle de sa mère, le 20 septem-
bre. Voy. l'article pré(;édent.
THÉOPOMPE ( saint), fut martyrisé avec
saint Synèse : on ignore en quel lieu, à quelle
époque et dans ({uelles circonstances. L'E-
glise fait collectivement leur fête le 21
mai.
THÉOPRÉPIDE (saint), martyr, versa^son
sang pour la foi avec saint Philet son père,
sainte Lydie sa mère et saint Macédo son
frère. Il eut encore pour compagnons de ses
combats saint Amphiloque, chef de milice,
et saint Coronas, grefïïer. L'Eglise honore
leur mémoire le 27 mars.
THÉOSTÉUICTE (saint), prêtre du monas-
tère de Pélicite, eut le nez coupé et la barbe
biûlée avec de la poix et du naphte, sous
Constantin Copronvme, violent iconoclaste
qui persécuta cruellement les catholiques en
Orient. Ce saint n'est pas au Martyrologe.
THEOTIME ( saint }, souffrit le martyre
sous l'empereur Maximin, avec les saints
Tiii;
1170
Domniu, Pliilolée, Silvaiu et d'nutres saints
aussi dont les tioms s<inl ignorés. L'Kgliso
loiiiaine l'ail leiu' miMiioire le 5 novoiilbre.
IIIÉOIIMI': (sailli), lut mailvrisé h Laodi-
cée en Syrie avec, saint Hasilien. Nous n'a-
vons point de détails authentiques sur leur
(Muiipto. L'Eglise l'ail leur félo lo 18 décem-
bre.
TIlÉoriME ( saint ), versa .son sm\^ eu
riionueiir de la foi avec hîs saints Lucien,
Métrope, Paul, Z('riobe, et Drusiis. Ce lut <i
Tripoli (pi ils souH'i irent l(! martyiiî. L'Egliso
célèbre leur mémoire le 2V (iéc(iiibre.
TlIÉOl'iOLE (saint), martyr, périt (tour la
foi (UiNolre-SeigiMMir J(Vsus-(;hrisl. Il i'iil pré-
cipité dans la mer avec sainl Arien, jirési-
dent. On |)réten(l (|ue des dauphins rappor-
tèrent leurs corps au rivage. La date de leur
martyre est ignorée. L'Eglise célèbre leur
mémoire le 8 mars.
TIIÉKÉSE (la princesse), femme de Fran-
çois Xavier, lils aine de Sounou-Peylé ( ré-
gulo de troisième ordre) à la cour de Pékin,
fut baptisée (pehiue temps après son mari,
et partagea 1 exil auiiuel l'cnnpercur Yong-
Tching condanuia toute sa famille pour la foi
en 172V. On sait que toute cette famille si
nombreuse fut exilée h Yeou-Oué, poste mi-
liîairc en Tartarie, h 90 lieues de Pékin, a\i
delà de la grande muraille. La veille du dé-
part pour l'exil, cette princesse communia
avec son mari Xavier, Pierre leur second hls
et la princesse Agnès, leur belle-tille. (Pour
les détails, voy. les articles Sounou et Chim: .)
THÉRÈSE, jeune vierge chrétienne, fut
arrêtée en Chine en 17i6 , dans la persécu-
tion du Fo-Kien, où moururent l'évoque de
Mauricaste , les PP. Diaz , Royo , Alcober et
Serrano. Le 1" ou le 2 juillet^ tous les chré-
tiens prisonniers à Fou-Ngan comparurent
devant le gouverneur, sur la convocation de
l'olficier F««. «Qui vous a conseillé, dirent
les juges à Thérèse, de garder l'état de vir-
ginité ? — Moi-même, répondit-elle. — Dites-
nous au moins , reprit-on , combien vous
êtes de jeunes tilles destinées à servir les
Européens et à vous prêter à leurs plaisirs ?
— Cette infâme idée que vous avez de leur
conduite prouve bien , dit Thérèse , que
vous ne les connaissez pas. Jai en horreur
de telles indignités. » L'officier Fan tît mettre
la jeune chrétienne à la torture. S;^s compa-
gnes, ayant été interrogées, dirent toutes que
personne ne les avait empêchées de choisir
l'état de mariage; qu'elles avaient librement
préféré celui de la virginité, à cause de l'es-
time toute particulière que Thérèse leur
avait inspirée pour cette vertu. « Oui , dit
Thérèse, c'est moi qui leur ai donné ce con-
seil , et , s'il y a crime en cela , c'est à moi
seule qu'il est imputable. Je dois seule en
porter la peine ; mettez toutes mes compa-
gnes en liberté. » Le 10 du mois de juillet,
Thérèse partit de Fou-Ngan pour être con-
duite à Fou-Tchéou-Fou , capitale du Fo-
Kien. On la mit enchaînée sur une charrette,
avec les missionnaires et cinq chrétiens.
Elle eut à subir la torture devant les nou-
veaux juges que le vice-roi de Fo-Kien, cas-
1171
THE
sant l'arrôl dus premiers, avait commis, pour
fnoiioncer dans celte aiïairo. Ici se bornent
cs documriils que nous j)Oiivons fournir
sur cette sainte jeune lille. Malheureusc-
nient l'his'oire ne sait pas tout ce f|in' le
ciel voil cliaiiue jour de wrlus, de soulTran-
ces , de niériles en un mot sur la terre. Ce-
jiondant il est présiitual)!'' (lu'clle fut ren-
voyée dans sa l'amille. La relaliou (jue nous
avons du martyre de l'évôcjue de Mauricastro
et de ses compagnons, nous dit qu'ini caté-
chiste fut condamné à perdr • la vie avec
eux. Or si Thérèse, qui parait beaucoup j)lus
dans 1 hisloiro de leurs soulfrances que ce
catéchiste , avait été condiuunéo à la même
I^eine que lui , le narrateur de Unir martyre
n'iurait pas manqué de nous en instruire;
du reste, il faut croire que, n'étant accusée
directement (|ue de christianisme, et la j)ro-
cédure n'ayant pu établir contre elle aucune
preuve qu'elle eiU prêché la religion chré-
tienne, elle fui renvoyée faute de ch.irges
sullisantes. Quoi qu'il en soit, elle nous a[)-
])arnît avec des droits pleinement sullisants
au titre de confesseur. Il y a dans la primi-
tive Eglise considérablement de saints et de
saintes inscrits dans les Martyrologes, et(]ui
n'ont pas soulfert autant quelle pour la foi.
Pour bien apprécier les soulfrances de celle
jeune fille , il faut tenir compte des mœurs
de la Chine, voir ce qu'y sont les femmes.
Pour elles, c'est un malheur innnense (jue
d'être forcées à aller aux yeux de t lUs subir
en justice des accusations semblables à celles
qu on articu'a contre Thérèse. Les ferumes
de la Chine ont une réserve, une timidité de
mœurs qui se trad lit dans toutes les rela-
tions. Les missionnaires eux-mêmes sont
obligés de respecter les usages qu'im[iosenl
a!!x fennues leur éducation, leui s habtuies,
on un mot toutes les idées reçues. Ainsi les
feunnes , en Chine , ne sont tenues d'aller
publi(iueuient à l'église ipie deux fois l'an,
et encore les cérémonies du culte sont faites
pour elles seulement dans un grand nombre
de lieux. Les Chinois se montrent fort scan-
dalisés quand par hasard il en est autrement.
C'était pour cette raison surtout (pu* les
])rinces de la famdle de Sounou , nar exem-
ple, faisaient b;Uir des chapelles iians leurs
palais. D'après cela, il est aisé de conrevoir
quelle immense douleur celte jeune iille
chrétienne dut éprouver, quand des satel-
lites, que leur chef s'étudiait .^ rendre bru-
taux et féroces, vinrent larracher de la de-
meure paternelle; (piand elle fui conduit(>
devant des tribunaux où il lui fallut être
torturée publiipiement. Qu'on pense îi ce
qu'elle dut ressentir quand on lui adressa
ces questions outragiantes qui hérissent la
pudeur de l'.'^me «le toute f lume bien me;
qu'on In voie exposée h toules les insidtes
d'un misérable tel que l'oHii ier Fan, ipii di-
rigeait o son gré le (irocès. Qu'où la suive
tur celte charrette (ju'entourait la populace
♦•D Tins dlant. II y a dans tout cela plus (pi'il
" ^lut pour mériter à une ftnnme le titre
iT de rof-^ tir. Los premiers clné-
licns l'eu^senl appelée martyre.
i
THE 1172
'rHf!;u^:sE dk saint Augustin , était
prieure d'un niou.ialère de religieuses car-
mélitc'-, a Compiegne. Klle avait été élevée
dans la maison de Saint-Denis , avec sœur
Louise de France , et sa «lot avait été payée
par a reine Marie Lec/inska. En t7«.)2 , les
Carmélites de Co npiègne ayant été chassées
de leur mon.i>tère, q .atorze d'entre elles
s'établirent dans des maisons particulières
et y suivirent la règle de leur ordre dans
toute sa riginnir. Steur Thérèse était du nom-
bre. Elles furent arrêtées dans les premiers
ours de mai 179'* , transférées à Paris vers
e milieu de juin, et enfermées à la Concier-
gerie. Le t7 juillet, elles furent appelées de-
vant letiibunal ré- oluliouiaire etacxusées,
1° d'avoir renfermé dans leur monastère des
armes pour les émigrés : '1° d'exposer le
saint sacrenient les jours de fête , sous un
pavillon (|ui aviit à peu près la forme d'un
manteau royal ; 3" d'avoir des correspon-
dances avec les émigrés et de leur faire pas-
ser de l'argi nt. Malgré les réponses victo-
rieuses de Thérèse à fous ces chefs d'accu-
sation dont elle montra le ridicule et la l'aus-
sefé, elle fut condamnée à périr sur l'éclia-
faud avec ses compagne- ; elles subirent Knir
martyre le 17 juillet 179V. (Tiré de l'abbé
Caron, Confesseurs de la foi, t. II.)
THESPÈSE [saint], Tlicsprsiits, martyr en
Capp.uloce , sous l'empereur Alexandie et
sous le préfet Sim.il ice L'Eglise fait sa fêle
le 1" juin. ;Extiait du Martyrologe romain.)
THIv-^PÈSK ^saint), martyr, originaire de
Nicée en Hilhynie, y souiTrit le martyre du-
rant la [)ersécution de Maximin : on ignore
en (pielle année ; le Martyrologe romain dit
seulement qu'il eut pour compagnon de ses
combats saint Eustache et saint Anatole. L'E-
glise honore leur mémoire le 20 novend)re.
THESSALONICE (sainte), martyre, rénandit
son sang ponr Jésus-Christ à Anïphi})olis, en
Macédoine. Elle mourut avecsainl T.turiouet
saint Aucte.Le Martyrologe romain ne donrm
pas de reiiseigntnnents sur leur martyre. L'E-
glise célèbre le ir mémoire le 7 novembre.
TIIESSALONIQUE, d'abord Tlirrmn , ini-
jourd'hui .S'fi/oniA/ , ville de Macédoine en
.Mygdonie,sur le golfe Thciniaïqucfutappe-
lée Thessalonique, en l'honneur de Thessalo-
nica,s(euinr.\le\andrecf fennnedeCassandre.
En 52, saint Paul et saint Silas logeaient
dans cotte ville chez un chrétien nommé Ja-
son dont les Juifs vinrent alta«[uer la mai-
son, avec grand tumulte. Les deux saints ,
qu'its voulaient prendre ne s'y étant pas
trouvés, ils se saisirent de Jason, et le con-
duisirent devant h's magistrats : mais ceux-
ci , plus justes que n'auraient désiré les
Juifs, relâchèrent Jason et les autres chré-
tiens arrêtés avfc lui, en recevant cet homme.
énéreux connue caution pour saint Paul.
ason s'engageait h re|>rés(nUer saint Paul ,
si l'on réussissait h prouver (pielque chose
contre lui. Ihessalonique a vu le martyre
des saints Domnin, Victor et autres dont'les
noms ne sont point parvenus jusqu'î\ nous.
THEUSÉTAS ^saini . martyr, mourut pour
la fui à Nicée, avec saiut Uorrez son ûls ,
î
H7:>
TIIO
illO
117*
^ai'll M/irt' , ol los .sninlfs TlK-udoid , Nym-
jiliodoia cl .\nil)ii'. Ils ruinil Imi.s livn'isniix
ll.iuMjics ; on iuiKtrt» ii (iin'lji- (''(tiKiiit'. L'IC-
j^li.sci v(''iH>ro liMir .saillie luûiuoii»' If 13
Jii.'irs.
TIIIHAUM, villr il(> rArii(|iu' l'iocoiisii-
laii'c. Sous Didclrlicii, Ma.;iiili"*ii, (jiii l'ii ('lail
inagistrul , rtwiiil rcru les ctlils (iiii uiddii-
ii.iitml aux iliiiHioiis do livriir Us sainlrs
l'icrilurcs, til antMiT saiiil l'idix. (Hii v.w ('-lail
rv(V|iii', cl n'ayaiil pu le coiilraiiidrc à les lui
(loinior , il Tnivoya à (^arlliaj^c ;iu inocoii-
sul.
THIEN (Thomas), niissionnaire vu Cocliiii-
cIjIiu', y cui'illil la j^loiieusc |>aluw' du mar-
tyre, avec M. Jactiuaid, .[ui avait (Hv laiipclij
<!(> sou exil daus le Laos. Leur touiljal l'Ut
lieu lo 21 sophMuhio 1838.
TIIOMAIDI''. (Saiiilo), vorsa son san;.; pour
îa loi, à Alovaiidri(> ; ou ii^nori^ h (piulhi épo-
que ol daus (juolios cii('0ustauc(>s. L'E^liso
tait sa uiiHnoire lo 'i avril.
THOMAS (saini), (.Mail cliaiuboUan à la cour
do l'oiuperour (rOficut Léon IV. Co prince
iionoclaslo le lit arriHer avec le papias ou
jiorlier du palais, Tlioophano, Léon, eliain-
brllans, et (pielqucs autres qui restaient ii-
dM"s au culte des images. LVnupereur les lit
tondre, f lu.tter et mener honteusement par
la ville dans la prison du prétoire. Théoiihano
y mourut , tous les autres cmbrassi^^rent la
vie monasti(iue ajirùs la mort de Léon IV,
((ui arriva ijuelqe.es mois après , en l'an de
Jésus-Christ 780. L"Eg'lise fait leur fùte le 4
dénMulire. ( Voi/. Iconoclastes.)
THOMAS HÈCKET (saint), archevêque de
llantorbéry ■ l martyr, naquit à Londres le 21
décembre 1 1 17. Son père, Ciilbort Becket, était
un gentilliomme très-peu riche, qui, dans sa
jeunesse, se croisa et alla faire la guerre en
terre sainte : fait prisonnier par les Sarra-
sins, il fut l'esclave d'un de leurs émirs, du-
rant l'espace de dix-huit mois. Cet émir avait
une tille unique : curieuse et avide de savoir
comme toutes les jeunes tilles, elle lit con-
naissance avec le jeune prisonnier, qui l'ins-
truisit des mystères de notre sainte religion.
La beauté des dogmes que lui enseignait le
jeune Anglais, et peut-être aussi un com-
mencement d'amour qu'elle éprouvait pour
lui , la rendirent docile à ses leçons. Bientôt
elle lui manifesta l'intention de se faire chré-
tienne. « Je souhaite , lui dit-il , que Dieu
vous accorde cette faveur, dût-elle vous coû-
ter la perte des avantages auxquels votrenais-
sance vous a destinée. «Gilbert trouva moyen
de fuir avec la jeune Sarrasine et d'autres
esclaves chrétiens : ils gagnèrent heureuse-
mont l'Angleterre. Quand la jeune fille eut été
sufiisammentinstruite, elle reçut le baptême;
on la nomma Mathilde : bientôt Gilbert l'é-
pousa; ce fut l'évoque de Londres qui les ma-
ria dans l'église Saint-Paul. Peu après , Gil-
bert repassa en terre sainte , où. il guerroya
trois ans et demi. Lajeuiie Mathilde était
enceinte lorsque son mari quitta l'Angle-
lerre ; peu après son départ , elle accoucha
d'un fils. Ce fruit de leur union fut Thomas
Becket , celui duquel nous écrivons la Vie.
I)ès sa plus Iciidn* eiil nier, su iih'm'i; lui ui<»-
|iirji les ,s(>n(uiicnts lie lapluHVJvn dévotion.
Auss^i'il que le père du saint lut de rutour
en An;^|tilen(' , d lui n<nnuié srliérif de la
cillMle l.nndl'eH. l'ji ll.'iH d Miourut, jaihNiUll
.Sun lils exposé à tous les dangers (jue j'inoi'
pcMience du monde l'ait rourir au jeun<! J^ge.
i.e jinine Thomas, indiu des principes irunu
religion fervente cl éclniréc; , ne fnisail v'uui
sans demander conseil h c(nix (pie h^ur .sa-
voir et leur e\p('ri(nice rc-ndaieid aiites h la
(lii-(>ction d'aiitiui. Il avait étiidii't d abord h
Oxford , puis h Paris, où il étudia avec les
sci(mces la langue française;, (pii était celle,
(le la cour d'Angleterre à ceU(î époi|ae.Ouand
i. revint h Londres, il fui attaclu' en ipialité
de secrétaire;! la cour de ville. Dans ces fonc-
tions il montra une très-grande aptitude pour
les alfaires. Au bout de tpieKpn! temps, il so
retira clie/. un jeun(! seign(nir (jui deimnirait
îi la caïujagiie : p(ni à peu il prit ses goùls et
ses habitudes, et devint passionné pour la
chasse. Ces plaisirs l'éloignèrent des prati-
ques de la piété ; mais Dieu le ram(Mia mi-
raculeusement à lui : du moins le fait que
nous al.onsdire, et qui Ojjéra sa conv(.'rsion,
fui considéré comme un miracle.
U!i jour qu'il chassait an vol, son faucon
s'abattit sur un canard et ()longea avec lui
dans la livière. Craignant de le perdre, il se
jeta i\ l'eau après lui : Je courant l'entraîna
res[)ace de |)lus d'un mille. Il arrivait à la
roue d'un moulin, qui l'eût infailliblement
broyé, si elle ne so fût tout à coup ariétée.
Thomas, pleinde reconnaissance envers Dieu,
résolut de mener une existence p us chré-
tienne, et s'en revint à Londres. Comme il
était bien fait , de belle taille et d'un esprit
excellent, ses amis le firent connaître à l'ar-
chevêque Thibaud , qui le retint auprès do
lui, le mit dans son conseil , et l'envoya }>lu-
sieurs fois à Rome pour les afîaiies de l'E-
glise qu'il y conduisit avec succès; et pour
s'en rendre plus capable, il étudia quelque
teuips le droit civil à Boulogne. Roger , ar-
chidiacre de Cantorbérj, ayant élé élevé à
l'archevêché d'York, en 115i, l'irchevèque
Thibaud donna son archidiaconé à Thomas
Becket , qui le posséda avec la prévôté de
Beverley, plusieurs cures et quelques pré-
bendes. Ensuite le roi Henri II étant venu à
la couronne, l'archevêque Thibaud, pour re-
tenir ce jeune roi peu affectionné aux inté-
rêts de.l'Eglise et réprimer les entreprises
de ses officiers , fit en sorte qu'il prît pour
son chancelier l'archidiacre Thomas. En cette
place, il s'appliqua à gagner les bonnes grâ-
ces du roi par toutes sortes de complaisan-
sances : il chassait avec lui, se conformait à
ses heures pour le repas et pour le sommeil;
sa table était magnifique, ses meubles somp-
tueux ; il était entouré (l'une grosse cour et
cherchait à se faire estimer des gens du
monde. Toutefois , au milieu des délices et
de la vanité , il se conserva toujours pur à
l'égard des femmes. Il eut beaucoup à souf-
frir de la part des courtisans , en sorte qu'il
disait souvent avec larmes à l'archevêque et
à ses amis, qu'il ne souhaitait rien plus que
n
<•■»
THO
}>ouvoir sortir (io la cour sans se ilëshonoror.
Copciuiant il gagnait de plus en plus la coii-
tîancedu roi par ses grands services, entre au-
tres par la nc^gociation du mariage entre Irs
enfants des deux rois de France et d'Angle-
terre, (}ui lit revenir au dernier (iisors et
quatre autres places importantes. Kniin , ce
prince lui conlia l'éducation du jeune Henri,
son fils et son héritier présomptif. Tel était
Thomas Becket quand il fut élevé sur le siège
de Cantorhéry.
Mais sitôt qu'il fut élu , il fit de sérieuses
réflexions sur la sainteté de l'état où il allait
^'engager; il résolut de ch.inger de vie, et
allant de Londres à Cantorbéry pour son sa-
cre, il dit à Hébert, un de ses clercs, homme
de grand mérite : « Je veux (juc vous me di-
siez désormais ce que l'on dira de moi ; car
il ni arrivera, comme aux autres, principale-
ment aux grands, dont on dit bien des cho-
ses qui ne viennent jamais à leur connais-
sance. Avertissez-moi aussi des fautes ((ue
vous me verrez faire , puisque quatre yeux
voient plus que deux. » Quand il eut reçu
l'onction sacrée, il devint un autre homme,
il se convertit entièrement et commença par
se revô ir de l'habit monastique avec un
rude cilicc par-dessous , mais par-dessus il
})ortait un habit propre et convenable h sa
dignité. (Fleury, vol. IV, p. 6i7.)
Le pape Alexandre était à Montpellier,
quand Thomas, nouvel arche vè(iuc de Can-
torbérv, lui envoya des députés chargés de
lui demander le pallium. L'archevè(iue Thi-
baut était mort après une longue maladie.
Se voyant près de mourir, il avait écrit au
roi pour lui donner sa bénédiction , et lui
recommander le choix de son successeur.
Le roi et toute la cour avaient jeté les yeui
sur Thomas Becket, ipii pour lors remplis-
sait les fonctions de chancelier, et (jui était
en même temps archidiacre de Caniorbéry.
Le peuple était dans les mêmes disposi-
tions que le roi et ceux de la cour. Le roi
dissimula pendant quelque temps le dessein
qu'il avait de l'élever au siège de Cantor-
béry : il lui laissa le soin de cette église
suivant l'usage qui en Angleterre confiait à
la garde du chancelier les abbayes et les
évè( hé's vacants. La cour était alors en Nor-
mandie. Le roi envoya Thomas en Angle-
terre pour certaines atfaires du royaume, et
en [irenant congé de lui h Falaise, il lui dit :
n Save,c-voiis, Thomas, (jue j'ai linlenlion
de vous faire archevêque de Cantorbéry ?
(Juoi 1 lui dit le rlianceher, ou lui montrant
rh,d)it qu'il portait, et (|ui était très-peu ec-
clésiastique, c'est moi (jue vous voulez met-
tre en si liant»' position ? Vous aurez, vrai-
ment placé quelqu'un de bien édifiant à la
tête de ce clergé et de ces moines si .saints
♦'t si réguliers. Du reste, si vous persistez,
sacluz que l'amitié' ipii nous lie se change-
ra bientôt en une haine niortello ; car vous
faites déjh contre rKgli*ie des entreprises que
je ne pourrais soutl'rir. Les envieux en pro-
fiteront et mettront entre nous une haine
irré'MiMi iliable. » Le roi di ineura dans ses
intentions, et le» fit savoir ou clergé et aux
THO 1176
moines de Cantorbéry. Thomas refusa du-
rant quelque tenqis ; mais enfin, sur les ins-
tances de ses amis et du légat du pape,
le cardinal Henri de Pise, il finit par ac-
cc()ler.
Aussitôt (ju'il fut arrivé en Angleterre, les
moines de la métropole se réunirent pour
procéder à son élection. Les avis furent parta-
gés: les uns prétendaient que sous un prélat
chéri du roi la paix se rétablirait entière-
ment entre l'Fitat et le sacerdoce ; les autres,
au contraire, disaient que sous un tel arche-
vêque les gens de courpilleraient à merci l'E-
glise ; (jue d'ailleurs il était absurde et con-
tre toutes les coutumes ecclésiastiques , de
donner pour chef à ce vénérable monastère
et h toute l'Eglise d'Angleterre un lauiue
courtisan et ami du faste. Malgré cette Oji-
position il fut élu par la majorité desévêques
et des moines de Cantorbéry. L'élection se
fit à Westminster auprès de Londres. Tho-
mas, depuis cinq ans chancelier, était alors
âgé de quarante-cinq ails. Aussitôt il fut
présenté au jeune roi Henri, dont il avait
été le précepteur, et qui était présent à l'as-
semblée, chargé de représenter le roi son
père. Le roi déclara immédiatement Tho-
mas libre de tous les engagements de la
cour. Alors le nouvel élu quitta Londres,
pour aller se faire sacrer à Cantorbéry. 11
fut ordonné prêtre le samedi d'après la Pen-
tecôte, 2 juin 1162. Le lendemain, dimanche
de l'Octave , il fut sacré évêque par Henri ,
évê(jue de SVinchester. Ce lut alors qu'il
envoya des députés au pape, qui était à
Montpellier, i)Our lui demander le pallium.
Thomas fut le premier Anglais qui oc-
cupa le siège de Cantorbéry depuis la con-
quête des Normands. Comme les chanoines
de sa cathédrale étaient moines, il prit im-
médiatement leur habit , cju'il i>orta cons-
tamment depuis sous celui qui aj»partenait
h sa dignité. Le genre de vie qu il ado|tta
était excessivement austère. Chaque jour il
se levait à deux heures du matin ; après
avoir récité l'otlice de la nuit, il lavait les
pieds à treize pauvres , auxquels il donnait
ensuite une somme d'argent. Bien n'était
plus édifiant (lue do le voi-r jirosterné de-
vant eux et Je l'entendre implorer avec
larmes le secours de leurs prières. A l'heure
lie priiiie , son aumônier lavait les pieds à
douze autres [>auvres et leur distribuait du
pain et des Mandes. Après matines, l'ar-
chevê(|ue prenait un peu de repos; mais il
se levait toujours de graiiil matin pour prier
et pour lire l'Ecriture sainte. H avait tant
de respect pour ce livre divin et y trouvait
tant d onrlion (pi'il le portait toujours avec
lui, même dans ses voyages, et »ju'il eôt dé-
siré vivre dans la solitude pour en faire l'u-
nique objet de sa lecture et de ses médila-
lioii>. Il avait continuellement auprès do
lui une personne instruite (]iii lui eu expli-
(piail les passages dilliriles ; et il ne crai-
gnait rien tant ([uo de s'en rapporter à ses
propres lumières, quoique tout le monde
adniir.U son savoir et sa sagesssc. Lors-
qu'il avait fait la méditatiou du maliu»
1177
1110
il visitait les nuiladcs ((u'il y av.iit parmi ses
inoincs nii (la-is .son (:)('i}^(''. A nciil' iieiircs,
il (lisait la iiicssc, ou il j'iMilriKlail , (iiiaïul
par r('s|M'('l ou par humiiili' il ne (•('•Iclnail
point. .\ (liv liciiKVs, il l'iisait uiin iiouvi'lli)
(lisli ii»uliniurauiuAiu's, ciisoito (pi'il assis-
tait ('(Mil pauvres tous les joiiivs. Il doulila
les cliariti^s or(litiair(>s de soi prédc-ccsscur.
Il dinail h trois Iumuos cl se l'ai^-ail lii(î à
lalile (iu('l(pu> livrt! d(^ piéti^. Jamais ou ik;
lui présciiiail (l(> mets rtM'IuM'c.iii's. Sa tahic
('>tait ('.((piMidaiil servit' avec découce. à causo
de (!(ni\ (lu'il y invitait. lN)urlui, il iio man-
geait (|ue ce (pi'il y avait de plus commun,
et il se ronl'ermait dans les horiies de
la plus oxnclo sohritUù. Un moine l'ayant
vu un jour en compai;nie mander (pu'lque
clu)S(> de délicat, il en fut scandalisi', comme!
le pharisien, et dit qu'il It^ croyait pins nior-
tdié Le saint archeviVpu' lui ri'poncM avec,
douceur (lue comme ou pouvait se rendre!
coupable (le gourmandise en nian^îcant les
choses les plus communes , on pouvait aus-
si mangei' les plus elélicates sans tomber
dans ce vice, et munie en l'aire usage* avec
indiir(^rence. Après le dîner, il s'entretenait
(piehiue temps avecdesecclésiastiquiis [>ieux
et savants sur des matières relatives à la reli-
gion. 11 était fort sévère dans l'examen de
ceux qui se présentaient |)Our recevoir les
saints ordres, et rarement il s'en rapportait
aux autres j)our cet objet L'ordre établi
dans sa maison |)révenait tous les abus ; et
aucun de ceux qui lui étaient attachés n'osait
recevoir des présents, sous quelque prétexte
que ce l'ùt. 11 regardait tous les pauvres
ce.mme ses enfants, et ses revenus parais-
saient leur a[)paitenir bien plus qu'à lui. Il
reprenait avec une courageuse liberté les
vices des grands et retirait de leurs mains
les biens de l'Eglise qu'ils avaient usurpés.
Le roi l'aimait toujours et le protégeait
contre les injustices des seigneurs [)uissants.
L'archevêque de Cantorbéry fut obligé de
venir en France pour assister au concile de
Tours que le pape Alexandre lil assembla
en 1163. Il obligea le roi de nommer aux
évôchés de Worcester et de Héréford ; Henri
les laissait vacants depuis longtemps pour
s'en approprier les revenus. Ces églises eu-
rent enlin de dignes pasteurs , et Thomas fit
la cérémonie de leur sacre.
Bientôt la bonne intelligence qui régnait
entre l'archevêque et le roi commença à se
refroidir. Thomas, ne croyant pas les fonc-
tions de chancelier compatibles avec sa nou-
velle dignité, renvoya les sceaux au roi, qui
en fut très-mécontent. Depuis longues an-
nées les rois d'Angleterre laissaient des
évêchés vacants pour attribuer au trésor les
revenus qui y étaient attachés : le roi actuel
n'imitait ([ue trop en cela ses prédécesseurs ;
d'un autre côté il prétendait attribuer aux
juges laïques la connaissance des crimes
commis par les clercs. Thomas ne voulait
pas souffrir tous ces abus, pas plus que les
exactions que se permettaient les seigneurs
et les gens en place contre les biens ecclé-
siastiques. L? roi prétendait maintenir sous
TIK» 1178
le nom (le coutumes du roy/itime les abiiM
(lue rarclievè(pi(t attatpi/iil : il réunit \t>s
cvèipies poiii' leur faire jincr (1(! les obncrvcr;
il en g.igii.'i un certain nombre (|ui cédèrent
par f/iiblesse, soit (pi'ds espéras>,()iil ain.si
(tbleiiirses bonnes grAces ; soit (Ui'ils crai-
gnissent les «illets (l(> son re.ssjîiilimenl : ils
nromirenl donc d'olx'ir, et c(da ji l'insii do
rarc'ievèipK!, (pii demeura flV(!(; lics-p(!ii
d'évéïpies dans son parti. Le roi pres.snit
Thomas d(! céder, employant tous les moyciiis
pour 1(! gagner, agissant iiersoniicllcnient
[très de lui, et hî faisant travailler par l(;s
hommes les plus habiles et l(!s plus inlluents
(lu rityaume. L'arcli(!V(\pi(! disait (pi'il no
ferait le serment (pi'avec cette restriction,
sauf Ir (Irvoir ri t(i cotiscicnce. L'abbé do
l'aumône hi pressait d(! h; fair(! disant avoir
été chargé par le pape de le faire! consentir
au désir du roi. Cédant à toutes ceîs iiistin-
ces, Thomas vint trouver 1(! reji à Oxford et
lui |)romit elo ne^ plus tenir h cette restric-
tion (pii les divisait. Le roi en montia uiio
très-grande satisfaction. L'année suivante,
llC'i-, enjanvier, le roi tint à Clarendon une
assemblée générale, pour y faire! lédiger et
accepter l(>s coutumes que le e;lergé lui con-
testait. Il pressait vivement l'archevêepie de
tenir la |)re)m(}ss(! e[u'il lui avait faite ; mais
celui-ci ne pouvait s'y résoudre craignant
epie le roi ne gardAt pas de mesures dans
l'exécution ele ces coutumes. Les évoques
ele Sarisbéry et de N )r\vick conjuraient aveci
larmes l'archevêque atin eju'il se rendît aux
désirs du roi, dont ils craignaient l'indigna-
tion. Aye'z pitié de! votre clergé, lui disaient-
ils, ne l'exposez pas à être détruit ; évitez
qu'on vous emprisonne , que jieut-être on
vous mette à mort. Il était encore pressé
par deux comtes très-|)uissaiits dans le
royaume, qui disaient que, s'il n'acquiesçait
à la volonté du roi, il les contraindrait d'user
de violence, qui attirerait au roi et à eux
une infamie éternelle. Richard, maître des
tem|)liers, homme d'un grand nom, vint à
la charge pour la troisième fois, et avertit
l'archevêque de prendre garde à lui et d'a-
voir pitié du clergé. Il leur semblait à tous
voir les épées déjà levées sur sa tête.
Il se rendit enfin à leurs conseils et à leurs
prières, et s'obligea le premier à observer
les coutumes royales de bonne foi, sans au-
tre addition. Il y joignit le serment, promet-
tant en parole eie vérité de le faire ainsi, et
tous les autres évêques le jurèrent en la
même forme. Aussitôt quelques seigneurs
qui devaient savoir ces coutumes en dictè-
rent la reconnaissance ; et comme la plu-
part furent rédigées par écrit, l'archevêque,
voyant que l'on en voulait ajouter beaucoup
davantage, interrompit, et dit qu'il ne pou-
vait être bien instruit de ces coutumes, n'é-
tant ni des plus anciens du royaume, ni ar-
chevêque depuis longtemps, ajoutant qu'il
était tard, et que l'afi'aire était assez impor-
tante pour la remettre au lendemain. Cet
avis fut suivi et chacun se retira à son lo-
gis.
Le lendemain, on se rassembla et on acheva
H. 9
TIIO
THO
4iS0
de rédigor les coutumes royales, dont le m»'-
moire fut dressé en ces termes : « L'an de
l'inrarnnlioii de Nofrc-Soiguonr 116'», le ciii-
(Iiiième du pontilicat d'Alexandre, du très-il-
lustre roi d'Angleterre Henri le dixième, en
présence du nièmc roi, a été faite la recon-
naissance d'une partie des coutunit's, liber-
tés et dignités de ses prédécesseurs, savoir,
du roi Henri, son aïeul, et des autres, les-
(luelles doivent ètit> observées et tenues dans
le royaume. Et à cause des dissensions qui
se sont élevées entre le clergé, les justiciers
du roi et les barons du royaume touchant
ces coutumes, la reconnaissance en a été
faite en présence des archevêques, des évè-
ijues, du clergé, des comtes, des barons et
des grandsdu royaume. Ces coutumes, recon-
tuies par eux et par les plus nol)les et plus
anciens du royaume, ont été accordées par
Thomas, archevêque de Cantorbéry, Roger,
archevè(iuc d'YOrk , Gilbert , évèifiie de Lon-
dres, Henri, évè<iue de Winchesti r, Nijicl,
évèque d'Eli, (luillaume de Norvick, Roi»ert
de LiiK^oln. Hilaire de Chichester, Josselin
do Sarisbérv, Richard de Chester, Barthé-
lémy d'Oxford, Robert d'Ertord, David de
Metièv.', et Roger, élu évèque de Worches-
'i;r. » Ce sont douze évoques outre les d« ux
archevêques. L'acte continue : « Ils ont pro-
mis de vive voix, en parole de vérité, de te-
nir et observer ces coutumes au roi et à ses
héritiers, de bonne foi et sans artlice, en
présence de ces seigneurs, Robert, comte de
l.ochcster, Reinaud de Cornouaille, Conan
de Bretagne » et des antres seigneurs qui
sont nommés au nombre de trente-neuf. On
met ensuite les coutumes dont il s'agit, ré-
digées en seize articles, savoir:
1. S'il s'émeut un dilférend louchant le pa-
tronaoC el la préseiUalion des églises, soit
entre lait|ues, soit entre clercs et lanfues, il
sera traité et terminé dans la cour du roi.
— 2. Les églises du lief du roi ne peuvent
être donuées h perpétuité sans son consen-
tement. — 3. Les clercs cités et accusés de
quelque cas que ce soit , étant avertis par
le ju^ticier du roi, viendront h sa cour pour
v répondre sur ce qii'c lie jugera à propos,
tn sorte t^ue le justicier du roi enverra à la
cour de 1 église pour voir de (juelle manière
l'fliraire s'y traitera; et, si le clerc est con-
vai'icu, iéglise ne doit plus le protéger. —
U. Il n'est pas permis aux archevè(|ues, aux
évèqueset aux personnes consliluées en di-
gnité de sorlu' du royaume sans la [U'iinis-
sion du roi ; et en i e cas ils donneront as-
surance qnf> pendant leur voyage ils ne fe-
ront rien au préjudice du roi ou ilu ro\aume.
— 5. Les excommunies ne doivent point don-
ner caiilioti pour le Mirplus, alin il'ètre ab-
sous, ni prêter.sermeiit, mais seulement don-
ner caution de se mé.senler au jugement de
l'église. — 6. Les lanjucs ne doivent être ac-
cusées devant l'évêti'ue que par des accusa-
teurs certains el légitimes, en sorte t|ue l'ar-
chidiacre ne perde poinlson droit. El si ceux
dont ou se plaint soûl tels que personne
n'ose les accuser, le vicomte r»'qni>; par Vv-
vêque fera jurer douze hommes loyaux du
même lieu devant l'évêque, qu'ils en décla-
reront la vérité en conscience. — 7. Per-
sonne qui tienne du roi en chef, ou qui soit
son ollicier, ne sera excommunié ni sa terre
mise en interdit, qu'auparavant on ne s'a-
dresse au roi s'il est dans le royaume, ou
s'il en est dehors à son justicier , afin qu'il
en fasse justice; en sorte que ce qui ap-
partient h la cour du roi y soit terminé , et
ce (pii regarde la cour ecclésiastique lui soit
renvoyé. — 8. Les a[)pellalions doivent aller
de l'archidiacre à l'évêque, de l'évêque à lar-
chevêque; et si l'archevêque manijue à laire
justice, on doit venir entin au roi, pour
terminer l'airnire par son ordre dans la cour
de r.u'chevèciue, en sorte qu'on n'aille point
plus avant sans le consentement du roi. —
9. S'il s'éimmt un ditl'érend entre un clerc et
un lai(jue, ou au contrair.' pour queUjue té-
nemeni, que l'on prétende èire aumônes et
que l'autre soutienne être fief laïque; sur
la reconnaissaice de douze loyaux hommes,
le gran) justicier du roi déterminera ce qui
en est. Si c'est aumône, la cause se pour^ui-
vra devant la cour ecclésiastique; si c'est
fief, la cause se poursuivra devant la cour du
roi, à moiis que les deux parties ne relè-
vent ce teiiemenl du même évèque ou du
même baron, auquel cas ils plaideront en sa
cour, s.tns que pour cette reconnaissance ce-
lui qui el était déjà saisi perde sa saisine.
— 10. Celui qui est d'une ville, d'un bourg
ou d'un manoir du domaine du roi. s'il est
cité par l'archidiacre ou par l'évêque pour
quelque délit dont il doive lui répondre, et
qu'il ne veuille passatisfaire à leurs citations,
peut bien être mis eu interdit, mais non pas
excommuuié , sinon après s'être adressé au
principal ollicier royal du lieu pour le faire
venir à satisfaction; si l'ollicier y uianque,
il se rend à la miséricorde du roi, et l'évêque
dès lors pourra réprimer l'accusé par la jus-
tice ecclésiastique. — il. Les archevècjues,
les évêques et les autres qui tiennent du roi
en chef relèver(»nt leurs terres du domaine
du roi comme baronies , eu répondront aux
justiciers el aux olliciers du roi, suivront tou-
tes les ( oulumes el les droits du roi, et as-
sisteront comme les autres barons aux juge-
ments de la cour du roi, jusqu'à sentence de
mort ou mutilation de membres. — 12. Va-
cance avenant d'un archevêché, évêché, ab-
baye on prieuré du domaine du roi, il sera
en sa main, et il en recevra tous les reve-
nus comme domaniaux. Et ijuand il faudra
pourvoir;! cette église, le roi en inandtTa les
princif)ales personnes, et l'élection >e fera en
sa chaoelle, de son consentement et par le
conseil des |iersoiines qu'il y aura appelées
de sa part. Et là même, l'élu fera hommage-
lige au roi avant «pie d'être sacré, promet-
tant sauf son ordre, lui conserver la vie, les
membres el sa dignité l«Mnporelle. — 13. Si
(luelquun des grands du royaume refuse de
reiulie jn>tice à un évèque ou à un archidia-
<Me, le roi la doit faire Im-nième; et si quel-
(|u'un dénie au roi son droit, les évêtjues el
les archidiacres doivent l'obliger à y salis-
fane. — l*. L'Eglise ne retiendra point les
1181
TIK»
iiiciililt's ilo ceux t|iii oui lorl/iil i\u roi , |);u'(;i^
(|irilsliiia|)|);irlii>iin(>iil,i|ii()i(|irilss()ii>iit txMi-
Vt'sd.iiis iiii(M''j4lis(' 011 iiii(iiiii'li(''n'. l.'i.I.tvs
ai'lioMs |H)tii- (Icllus s(>|iniirsiiiveMl en la «our
(lu roi, soil (|ii'il y ail soriiiciil iiileipost^ ou
iio'i. - IG. l-cs cnlaiils des itaysaiis iir ddi-
vt'iil poiiilôlrc oi'doiiiK'S saiisIccdnM'nUmKiiil
(lu .scif^iit^ur dans la Iciro (lii(|Uol ils sou! nos.
(Ifllo rocoimaissaiicc d'iiiii' pailin des coii-
tmuos d'Aii^lcUîne Itil ainsi l'aile à (llaicn-
don lo ( ualiiiMMc jour avant la Purilicalion,
c'esl-Ji-( iro le .'lO janvior. L'acte en ayant ('-h''
dr(>ss(S u roi demanda à rarc.iuiv(V|U(! et aux
iWô(|nes (l'y nic^tlre leurs sceaux jxnir plus
grande surotc';. L'arelieviSpu', dissnnulant sa
douleur pour no pas alllii:,('r lo roi, dit (pi"(Mi-
core, (pi'ils lussent résolus .\ Uî l'aire, la e.lioso
(Mail assez importante pour nrendre un [)e-
lildi^lai, et la i'aire av(M' pins de décence,
après y avoii- un pcni [tonsé. Il pi it lonlcfois
un exemplaire do l'acte, rarcliov(\pu! d'Vorck
en [irit un autre , et lo r'oi prit le troisièmo
j)oui" 1(> mettre dans les ai'dnves du royaume.
Ainsi Thomas se relira ()Our aller îi Winches-
ter. Pendant le chemin, il s'émut une dis-
j)ulc entre ceux de sa snile, dont les uns di-
saient (ju'il n'avait pu faire autrement, vu la
circonstance du temjts; les aulres témoi-
gnaient leur indignation de ce que la libiïrté
ecclésiasti(iue périssait par la lantaisie d'un
seul honnne. Un de ceux-ci, (|ui portait la
croix du prélat, parlait avec plus d'ardeur
(juc les autres, se plaignant (juc la puissance
séculière troublait tout ; que l'on n'estimait
plus que ceux qui avaient pour les princes
une complaisance sans bornes ; et il conclut
on disant : « Que deviendra l'innocemu» ?
Qui combattra pour elle après que le chef
est vaincu? Quelle vertu a gardée celui qui
a perdu lu constance ? — A qui en voulez-
vous, mon lils? dit l'arclievèquo. — A vous-
luème, reprit le porte-croix, qui avez aujour-
d'hui perdu votre conscience et votre répu-
tation, laissant un exemple odieux à la pos-
térité, quand vous avez étendu vos mains sa-
crées pour promettre l'observation de ces cou-
tumes détestables. » Le prélat dit en soupi-
rant : « Je m'en repens, j'ai horreur de ma
faute, et je me juge désormais indigne des
fonctions du sacoi-doce et d'approcher de ce-
lui dont j'ai si lâchement trahi l'Eglise; je
demeurerai dans la tristesse et le silence jus-
qu'à ce que j'aie reçu l'absolution de Dieu
et du pape. ^ Dès lors il se suspendit du ser-
vice de l'autel, et s'imposa pour pénitence
des jeûnes et des vêtements rudes; et peu
de jours après il envoya au pape en diligence.
Le pape, qui était à Sens, lui envoya par sa
réponse l'absolution qu'il demandait, le con-
solant etl'exhortant à reprendre ses fonctions,
et à s'acquitter courageusement des devoirs
d'un bon pasteur. Mais le roi d'Angleterre fut
outré de colère quand il apprit que l'archevè-
cj[ue voulait revenir contre la convention
faite àClareadon, et quand il vil lui-même
iiu'il refusait en sa présence de sceller lacté
qui y avait été dressé. Le roi commença à
le charger de grandes exactions, et il parut
qu'il en voulait même à sa vie.
TIIO 116^
L'arclievèijue, voyant qu'il ne j)0uvnit plus
f.'iire aucun nuit dans soiiéglisr', voulut pas-
sei' en l''rance pour- alhi- Irnnver le [Kipe, et
s'(!ml)ar(pia secrèli'mi.'ul ; mais il l'ut njclé
|)ar lo vent cfjiilraircî , cl le r^n , nyaul su
qu'il /ivait Voulu sortir sans congé, en fut
encor(! plus irrité contre lui. (!i-pendant llo-
liou, évi^ipie d'Kvreux, truvaillail h réconci-
li<'r le roi et l'archevéïpn! ; et conum h; roi
ne voidait rien écouter sans la (onlirmation
des coulunuiS, rar(;li(!vè(nM3 envoya /lu pa|ie,
comme poin- le prier di' l(!S coidirmer, mais
en ell'et pour Vcm lair(; juge;, cin décharger sa
consc'ience sur son supérieur, et apaiser
ainsi le roi. Le pape ne se laissa |)as sur-
prendre, et refusa deconlirmer les coutumes;
ainsi lo roi, voyant (ju'il n'avançait rien do
ce c(Mé-l^, enti-eprit, par le conseil de gens
mal inlciutionnés, d(î fair(! passer la légation
d'Angleterre à Roger, archev6(iuo <i'Vork ,
d(! tout temps jaloux de Thomas. Le pape lo
l'olusa une i)remièro fois , ne voulant pas
ôter ù l'église de Cantorbéry cet ancien j)ri-
vilége ; mais le roi lui ayant envoyé une se-
conde dépulation sur ce sujet, le pape crai-
gnit de le trop irriter en lui refusant tout,
et (jue Thomas lui-même ne ressentît les ef-
fets de son indignation. C'est pourquoi, te-
nant ferme pour le refus des coutumes, il ac-
corda à Roger le titre de légat, mais avec des
restri(îtions qui le rendaient i)resque inutile ;
car il ne soumettait ni la personne de Tho-
mas ni son diocèse à la personne du nou-
veau légat ; et il avait tire parole que les let-
tres de légation ne seraient point rendues à
Roger sans un nouveau consentement de sa
))art. C'est ce que l'on voit par ses lettres à
Thomas , dont la première est datée du 5
mars, à Sens. Par cette lettre, et par une au-
tre encore, il l'exhorte à se conduire envers
le roi avec grande circonspection, et à faire
tous ses efforts pour recouvrer les bonnes
grâces de ce prince, sans préjudice de la li-
berté de l'Eglise. « Gardez-vous bien, ajou-
te-t-il, d'user d'aucune rigueur contre le roi
ni son royaume jusqu'à Pâques prochain.
Dieu nous donnera alors un meilleur temps,
et nous pourrons, vous et moi, agir plus sûre-
ment eu celte affaire. » Il semble qu'Alexan-
dre prévoyait la mort de l'antipape. Il
écrivit aussi au roi d'Angleterre, l'exhortant
à abandonner ses coutumes contraires à !a
liberté de l'église , par la considération du
jugement de Dieu et par les punitions que
Dieu a exercées contre les rois qui ont en-
trepris sur le, sacerdoce.
Le roi ne laissait pas de soutenir sa pré-
tention, et faisait poursuivre devant les ju-
ges séculiers les clercs accusés de vol, d'ho-
micide ou d'autres crimes, atîn qu'ayant été
convaincus ils fussent déposés et livrés à la
cour laïque. Mais l'archevêque, considérant
ce qui est permis à chaque juge, ne trouvait
point que la puissance séculière eût aucun
droit dans une cause ecclésiastique crimi-
nelle suivant cette constitution : « Si le
crime est ecclésiastique, la cause sera exa-
minée par l'évêque, et la peine imi)osée se-
lon les canons, sans que les autres juges
us:
TIIO
TlIO
1181
prennonl aucune {larl îi ces sortes de cau-
ses. » Ainsi parle (luillaunio de Cantnrbéry,
un des auteurs de la Vie de saint Thomas.
Or, la rouslitnlion (|u'il rite rst ra|)i)orî6e
de môme, mot pour mol, par Gratien, et ti-
rée d'unr uovcllc de Jusiinicn, et il est évi-
dent qu'elle parle dos crimes ecclésiasti-
ques, comme la simonie, l'usure et les au-
tres, (pii du temps <lc Justinicn n'i-taicnt
point cnnlre les lois, mais seulement contre
les canons. Mais cette constitution est tron-
quée dans l'extrait de Gratien, et dans l'ori-
ginal renq)ereur dit (!xpres>ément (jue si le
crime est civil, c'est-h-dire de la compétence
(lu juge séculier, il fera le procès au clerc
accusé, et, s'il le trouve coupable, il le fera
déposer par l'évéque avant que de le punir
selon les lois.
C'est justement ce que i)rétendait le roi
d'Any;leterre ; au contraire, larchevèque vou-
lait que, même pour les crimes contre les
lois, un clerc ne piltètre poursuivi (|ue de-
vant le juge ecclésifistique qui ne pouvait
imposer de plus grande peine que la ilé-
position, sans que le coupable jiùt ensuite
être puni corporellement, sinon pour un nou-
veau crime. Se fondant sur la r(\^le .Von bis
in idem, r'est-à-dire (pion no [lunit pas deux
fois une mémo faul(>, et craignant que, si les
ecclésiastiques soulfraient double |)eine, ils
ne fussent de pire condition (juc les lanjues
criminels. C'est ce (|ui irritait le roi de plus
en plus; et les évé((ues, loin de lui résister,
se soumottaii ut à toutes ses volontés.
On venait tous les jours rapporter au roi
«pie l'aicltevêifiie n'observait [)oint les cou-
tumes (ju'il avait jurées; d'autres se |)lai-
gnaient ipiaftpuyé de son crédit il les avait
(iéfiouillés de leurs biens, et les courtisans
jaloux exagéraient son ingratitude ajM'ès tant
d'- bienfaits du roi. On empoisonnait même
ses vertus et le changement de ses nucurs.
Son Z('\o pour la justice était traitédecruautc',
son application à procurer l'utilité de l'Kglise
était avarice ; c'était jtar orgueil ([u'il mépri-
sait l'estime du monde pour ne s'attacher
(pj'à la volonté d(î Dieu ; c'était ti-mérilé de
vouloir soutenir les droits de son siège au
delà de ses |)rédécesseurs ; il ne pouvait plus
rien due ni rien faire (pii iu> fût mal inter-
prété. Enlin, on persuada au roi (jue sa puis-
sance allait s'anéanlir si celU^ de rarchmé-
que continuait de ( roitri> , et (^ue , s'il n'y
(onnait ordre, il n'y aurait plus à l'avenir
de roi en AnghMerre que celui ipii serait élu
par le clergé , etjvuliint (pi'il plairait h l'ar-
clievéfpie.
Le rni, dont la Imine cr(»issait de )tlus en
plus contre rarchesèi[ue de Caulorlu-ry , lo
lit citer devant un concile qu'il assembla h
Northampton, en la nième année IKlV. Tous
les prélats et seigneinsdn royaume y furent
convoqués. Thomas y fut aci^'usé de ne s'ô-
tre pas r(Midu h une cilaiion prérédonte du
roi : d eut beau dire (piil av.iit donne pro-
curation h une personne de se présenter et
de répondre en son nom, tous ses meubles
furent conli.>qué-. au prolii du r(»i. Le lende-
luain, le roi lui rérlaun cinq cent livres d'ar-
gont f(u'il disait lui avoir prêtées durant
(ju'il était chancelier. L'archevêque adirina
que le roi lui en avait fait le cadeau. Comme
il adirmait cela sans preuve, et que, d'un
autre côté , il confessait avoir reçu cette
somme, il fut condamné à payer et obligé
de fournir caution, pour éviterd'être arrêté.
Le jour suivant, le roi, qui le tenait enfermé
.^ clef dans une chambre séparée avec les
évêques, lui demanda compte des revenus de
plusieurs évêchés et abbayes qu'il avait ré-
gis pendant qu'il était en fonctions comme
chancelier. On trouva que la somme monta
à deux cent trente mille marcs d'argent.
Tout le monde fut stupéfait : on disait
qu'il no restait plus qu'à arrêter rarch(.'vô-
que. Il répondit qu'il voulait prendre con-
seil. Henri, évêque de Winchester, qui le
favorisait en secret, émit une tin de non-re-
cevoir et dit : « Souvenez-vous que , lors-
qu'éfant archidiacre de Cantorbéry et chan-
celier du royaume, il fut élu archevêque, on
le donna à PEglise, libre de tous les enga-
gements (pi'il pouvait avoir envers la cour.»
("était si notoire que les autres évêques n'en
purent disconvenir. Sans élever aucun doute
sur la |)robité du saint archevêque, nous re-
grettons qu'en telle circonstance on ait cru
devoir répondre par une lin de non-rece-
voir. Vn homme qui a été en fonctions , un
administrateur, doit avoir h fournir l'emploi
de sommes aussi considérables. Il est éton-
nant qu'il puisse être ainsi pris au dépour-
vu , et ne pas avoir à répondre sur d aussi
graves allégations par des preuves directes
(pii le décharge t. On opina ensuite. Gil-
boit de Londres lui dit : « Mon Père, songez
d'où le roi vous a tiré, aux biens dont il
vous a comblé, e', j'en suis sur, vous ferez ce
(pi'il vous deman(le ; vous laisserez l'aiche-
vèclié , vous laisseriez mille fois davantage.
Puis , si vous le faites, vous le savez géné-
reux, il vous rendra peut-être tout. » L'é-
i(ue de Winchester dit avec raison que cela
ne pouvait nas être ainsi; que s'il dépendait
du caprici^ du roi de faire et de défaire les
archevê pieset l(>S(''vêques, plus rien ne serait
en sûreté datis lEglise. L'évê(]ue de Lincoln,
homme siin[>le et (pii disait brutalement sa
pensée, parla ainsi : « Il est clair tpi'cui (>n
veut J» la vie de cet homme, il faut (ju'il re-
nonce h l'archevêché. » Roger (l(> Worchcs-
ter dit (juc l'an hevêque ne devait pas (juit-
ter la place où Dieu I avait mis.
On siégea en(or(> (|uolipi(>s jours sans rien
decidtn-; eiilin les ('vêtpies vinrtMtt le trou-
ver, lui conseillant de se soumettre en tout
,^ Il vnlonlt' du roi, «^t lui disarit (pie s'il ne
le faisait on pourrait l'accuser de parjure ,
vu (pi'il refusait maintenant d'obéir aux cou-
tumes ipTil avait jiirt^ d'observer par un ser-
ment particulier. Il leur ré|)onilit : n Mes frè-
res , le monde , comme vous voyez , frémit
contre moi , mais ce qui m'est le plus sen-
sible, c'est que vous mêt»>s vous-mêmes con-
traires. Quanil je me tairais , les siècles fu-
turs raconteront comment vous m'avez aban-
doniK' dans le combat. Vous m'avez (k^jà jug«':
pendant deux jours de suite , moi qui suis
tm
TIIO
TflO
HKC
Vdirc ;ir('lH>v^|iu> cl voIit ix'to, ot jo fonjoo-
luic l'iicttrc par vos discniirs (iiir vous (M<'S
|ti(M.s ft iiio jiJgc"!' (Iniis l(^ Ibr siMMilin-, iioii-
sriilcim'iil ,'111 civil , mais an ciiiiiiiii'l. Or, je
vous (li'lcuds h l()Us , (Ml vcilu ilc l'obcis-
saiico et sous poiiic de i)(M'dn» volrc ordre ,
d'assislcf au juîJ,ciuciil ou ou prcicud me ju-
m'i', et de peur tpir vous iic le l'assic/, j'ai -
|iellt» h l'Kglise roiuaiue. (,)uo si les si^culicis
mellcul la main sur uioi, Je vous ordonne do
im^nii; d'emplo\er pour ma délcuse les ciin-
surcs eccl(Vsiasli(iucs. Saclic/ , au reste ,
(prencore i\no le monde iiémiss(>, <pie l'eu-
iiemi s'clùve , cpi'il hrOlo mou cm-ps, toulc-
l'ois, nvoc l'aide d(^ Dieu, je ne céderai point
mon lrou|)eau. » I/évtVpu' de Londres ap-
pela aussitôt de cell(^ ordonnance de l'arclie-
V(\pn\ et ils le (piitlérent tous pour se ren-
di'c à la cour; seulement , il y en eut deux
(pii d(Mueuréreul encore cpudcpu' temps avec
lui pour le consoler et l'encourager secrù-
tenuMit, savoir, Henri, évé(pu' de Winches-
ter, et Jossclin de Sarisbt'r\ . (Fleury, l. 1\',
j). (i()l.)
(Juandlesév(\]uesso furent retirés, Thomas
céléhra la messe de saint Ktionno , premier
martyr ; nuis, se revêtant do ses habits épis-
coi)aux, il vint h la cour portant à la mani sa
croix pastorale. Le roi , sachant ipio l'arche-
vOq^uo venait avec sa croix, se relira, disant
qu'il ne lui convenait pas do se présenter
tlevanl Thomas , puiscju'il venait armé. 11 se
plaignit vivement décela, disant qu'il était
venu ainsi |)Our lui fau-e atl'ront. Tous les
seigneurs prirent i)ar[i contre le prélat , le
traitant de traître, d'ingrat et de parjure. Les
assistants, saisis d'horreur, se retirèrent. Ro-
ger d'York en sortit en disant : « 11 ne nous con-
vient pas de voir ce qu'on va faire à l'arche-
vêque de Cantorbéry. » Alors des huissiers,
descendant de la chambre où était le roi ,
vinrent vers Thomas, le menaçani avec force
gestes et méchantes paroles, Barthélémy ,
évéque d'Exester, se jeta aux pieds du pré-
lat et lui dit : « Mon Père, ayez pitié de nous
et de vous-même. Nous allons tous périr au-
jourd'hui à cause de vous. » En elfet, le roi
avait ordonné que quiconque demeurerait
avec l'archevêque serait regardé comme en-
nemi public et puni de mort. On faisait cou-
rir le bruit que les évoques de Sarisbéry et
(le Norwich, qui étaient restés près de lui, al-
laient être conduits au supplice et mutilés.
Ils suppliaient l'archevêque de les sauver.
« Retirez-vous d'ici, dit-il à l'évêque d'Exes-
ter ; vos discours ne sont pas de Dieu. Les
évêques , qui ne voulaient pas se joindre
aux seigneurs pour condamner leur arche-
vêque comme criminel , se décidèrent à le
déférer au pape comme parjure , en ce qu'il
avait juré au roi d'observer les coutumes,
et que maintenant il refusait de le faire. Ils
vinrent lui signitier leur résolution. Ce fut
Hilaire de Chichester qui porta la parole et
qui lui dit que dorénavant ils ne le considé-
raient plus comme leur archevêque. Les sei-
gneurs et quelques prélats ne laissèrent pas
de le condamner comme traître et parjure.
Robert, comte de Leicesler, vint le trouver
ot le somma de la p/ut <lii roi de venir lui
leuilif compte sur (c dont d ('-tait accusé ,
ou di iiteiidre .son jugement. « Mon juge-
ment ! » l'epi'il l'(U"clievê(pie , et s élntll
levi', il ajouta : « (lomle, mon liU, écoulez
vous-mêmi! /lupnravaiil. Lu roi m'a fait ar-
clievêipie de (laiitorbéry parce <pie j«! l'avais
bien servi. Il l'a l'ait iiiidgré moi , Dieu le
sait, ot j'y ai corisonli pour l'amour de lui
|ilus (pie pour l'amour de Dieu, (pii m'en pu-
nit aujourd'lini. l'oiilelois, loisipi'oii |irocé-
dajt à mon éhution en présence du princ»
Henri, cl par ordr(î du loi , ou déclara ipi»!
l'on im; rendait à l'Eglisi! di; Cantorbéry li-
bre et (piilte de tout engagement diî la c uir.
Je ne suis donc point tenu de i('pondre sur
co sujet. M Le comte dit : « Ceci est diiri'reiit
de ce (|ue l'évêcpuî d(ï Londres avait dit au
nu. » L'archev(''(pie ajouta : « Kcoiile/ en-
core, mon tils : autant (pie I'Aiih! est |)lus
digne que le cor|)s , autant devez-vous plus
olx'ir h Dieu et à moi t|u';\ un roi lerresuo ;
d'ailleurs, ni la loi, ni la raison ne pcrmit-
tent que des enfants jugent leur père. C'est
pourquoi, je décline sa juridiction et la V('>tro
pour être jugé de Dieu seul par le ministère
du pape, à (pii j'en appelle on présence de
vous tous, et mets sous sa protection l'Eglise
de Cantorbéry, ma dignité et tout ce qui en
dépend. Et vous, mes confrères les évèques,
qui obéissez à un homme plut(jt (ju'à Dieu,
je vous appelle aussi au jugement du pape,
et ainsi je me retire par l'autorité de l'E-
glise et du saint-siége. » Cette dernière
séance fut tenue le mardi 13 octobre. (Fleury,
loc. cit., p. 6(r2.)
Comme il sortait , il fut accablé d'iijurcs
par les seigneurs qui le nommaient parjure
et traître ; mais au dehors la foule était im-
mense pour recevoir sa bénédiction. Les {)au-
vres surtout étaient en très-grand nombre :
c'était à j)eine si son cheval pouvait fen Ire
les flots de cette foule qui se pressait autour
de lui. On le conduisit comme en triomphe
jusqu'à son logis, qui était au monastère de
Saint-André. Il ordonna qu'on fit entrer tous
les pauvres et qu'on leur donnât à manger ;
puis il envoya au roi les évèques de Wor-
chester, d'Herford et de Rochester, lui de-
mander sûreté pour sortir du royaume. Sur
l'avis qu'on voulait l'assassiner, il quitta le
royaume, et ayant débarqué en Flandre , il
se rendit à Saint-Omer et logea dans l'abbaye
de Saint-Bertin. 11 envoya des députés à
Louis Vil, roi de France, qui les reçut très-
bien, et lit inviter le saint archevêque à ve-
nir dans ses Etats. Le roi d'Angleterre dé-
fendit à tous ses sujets de lui faire parvenir
la moindre des choses pour ses besoins.
Gilbert, abbé de Sempringham, ayant été ac-
cusé de l'avoir assisté, fut mandéà Londres,
avec tous les procureurs de son ordre : il fut
vivement persécuté pour cela.
Le pape était toujours à Sens. Ce fut là
que les députés du roi d'Angleterre vinrent
le trouver : ils gagnèrent plusieurs caiMi-
naux,et,dansune audience particulière qu'ils
obtinrent, ils lancèrent les plus graves accu-
sations contre le saint. BieuKJt l'ali'aire ayant
{18?
THO
tM(^ mi^romont oxamint^c , on roronnut Tin-
noccnte de Thoiuas, ol on d '(.lara qu'il s'était
toujours conduit en vénérable et digne évo-
que. 11 quitta bientôt le couvent qui lui avait
donné asile pour venir h Soissons , prés du
roi «le France , qui vint le visiter aussitôt
qu'il sut son arrivée, et lui offrit tous les se-
cours des(iuels il pourrait avoir besoin du-
rant l'exil. Peu après il nuitta Soissons
pour ailer ?\ Sens, où il tut très -froide-
ment reçu par les cardinaux; mais bien-
tôt ils revinrent à de meilleurs sentiments
pour lui ; car ayant obtenu une audience
particulière du pape, il y exposa sa cause
avec tant de force et en mémo temps d'hu-
milité , qu'il amena tout le monde à lui.
11 lit voir, en lisant la copie de la pièce dont
Je roi exigeait l'adoption , ({ue les coutumes
qu'il voulait faire recevoir ne tendaient à
rien moins qu'au renversement de l'Eglise.
Dans la seconde audience qu'il obtint du
pape, il se démit entre ses mains de son ar-
chevêché, disant que son élection lui laissait
des scrupules , parce qu'il était contre les
règles qu'on passAt tout à coup de l'état de
laïque à d'aussi hautes fonctions. Après avoir
remis son anneau pastoral , il se retira. On
délibéra sur ce qui venait de se passer, après
quoi le pape le fit rentrer, et lui rendant
l'anneau, lui dit qu'il le réintégrait dans sa
dignité, avec défense de s'en démettre, parce
que ce serait abandonner la cause de l'Eglise
elfe-mème. Puis il chargea l'abbé de Ponti-
gny de prendre soin du vénérable exilé. Co
fut dans le monastère que dirigeait cet abbé
que le saint se retira.
La douceur de cette retraite fut troublée
quelque temps aj)rès par les exilés ([ui ve-
naient trouver rar(hevè(iue; ear le loi d'An-
gleterre, irrité de la bonne réception ijue le
roi de France et le pape lui avaient faite, et
de la protection qu'ils lui donnaient, ht
confisquer tous lesDiens de l'archevèiiue et
des siens, et bannit tous ses i)arents, ses do-
mesti(}ues et ceux qui avaient (juclque liai-
son avec lui, sans épargner ni les vieil-
lards décrépits, ni les enfants au berceau,
ni les femmes en couches. Il lit jurer h tous
ceux (jui étaient en Age de le faire , d'aller
trou\er l'archevêque en (piohpie lieu (|u'il
iù\, pdur l'aflliger par leur pré.sence ; entin,
il détendit de prier pour lui dans l'Eglise. 11
venait do^ic tous les jours , au >ai'U prélat ,
grand nombre de ces exilés, duiit toutefois
plusieurs demeureront en Flandre, ayant été
al)sous par le nape de leur serimMit. en con-
.<;i(Jéiation de leur s(>xe, de leur Age et de la
rigueur de la saison. Les autres venaient h
Pontigny, fatiguer rarchevè({iie par leurs
cris et leurs plaintes des maux qu'ils souf-
iraienl pour sa c.aus(>. Ne pouvant h'S gar-
der aii|)rès de lui , il les envoyait en divers
pays avec des lettres di; recommandation ; et
ils trouvaiinl partout du secours, tant |>ar la
compassion t|ue l'on avait d'eux , que par
l'inflignation qu'excitait la cruautt- du roi
d'An jeterre. Il y eut même do ces bannis qui
se trouvèrent mieux au lieu do leur exil que
Uaus leur patrie.
TllÔ \m
thomas, de son côté, touché de ce que les
siens soutTraient ;i cause de lui, commença à
Pontigny de mener une vie plus pénitente.
On!re le cilicerpi'il portait continuellement,
et les disciplines qu'il se faisait souvent don-
ner en secret, il ordonna au moine qui le
servait à table de lui donner tous les jours,
sans (lue l'on s'en aperçût, avec les mets les
plus délicats (pi'on lui servait, la portion de
la communauté , ayant résolu d'en faire sa
seule nourriture. Ainsi , ()endant quelques
jours, il ne vécut que de légumes secs et in-
sipides, suivant qu'on l'observait alors dans
l'ordre de Citeaux. Mais cette nourriture, si
différente de celle à laquelle il était accou-
tumé de jeunesse, lui causa une griève ma-
ladie , et il fut obligé de revenir à des ali-
ments plus convenables
Cependant on portait des paroles entre le
pape et le roi d'Angleterre pour tenir une
conférence où l'on traitAt de la paix. Le roi
dit ([u'il s'y trouverait, mais à condition que
Thomas n'y serait pas, autrement qu'il ne
verrait pas le pape même. Thomas, au coii-
traire , manda au pape de ne point entrer
sans lui en conférence avec le roi. Je con-
nais, disait-il , ses manières, il lui sera plus
facile de vous sur|)rendre , s'il n'y a un in-
terprète exact qui puisse pénétrer ses senti-
ments. Sur cette réponse, le pape manda au
roi : « 11 est inouï que l'Eglise romaine ait
éloigné quelqu'un de sa compagnie au gré
du prince, particulièrement un homme exilé
pour sa justice ; au contraire , le saint-siége
est en droit de protéger les opprimés, même
contre l'indignation des jtrinces. » Ainsi la
conférence fut rompue. (Fleury, pnssim.)
Sur ces entrefaites, en llGo.leoape Alexan-
dre écrivit à Gilbert , évê(iue ue Londres ,
une lettre en laquelle , entre autres choses
qu'il reprochait au roi d'Angleterre , il se
montrait très-aflligé et mécontent de la iier-
sécution iju'endurait l'archevêque de Can-
torbér-y. L'évêiiue de Londres lui répondit :
« Ayant reçu votre ordre , très-cher Père ,
avec le respect convenable, nous avons été
aussitôt trouver le roi, l'évêque d'Herford et
moi , quoiciu'il fût déjh dans le pays de Gal-
les , à la tête de son armée. Il a reçu votre
correctii>n avec action de grAces , et a ré-
pondu avec beauciujp de modestie. Premiè-
rement, il déclare (ju'il n'a jamais cessé de
vous aimer comme son père et d'obéir à vos
ordres; que si depuis longtemps il ne vous
a pas rendu tant de respect , c'est qu'après
vous avoir aidé au besoin de tout son pou-
voir, il a reçu des refus presque en t'Hii n}
qu'il vous a demandé. Toutefois, il demeure
lerme dans votre obéissance, et ilédare qu'il
n'em|>ê( luM-a pr^rsonne })ar force d'aller h
Rome ni ne l'a empêché jusqu'ici. Ç)uant aux
ap|tellalions, il prétend avoir droit d'emi»'''-
clier aucun clerc de sortir de son royaumo
pour aui une cause civile, s'il n'ci aupara-
vant essayé de s'y faire rendre justice. Il sa-
vait bien que l'empereur était schismatique,
mais jusqu'h présent il n'a pas su r^uo vous
l'eussiez excommunié. Il dit qu'il najama s
chassé l'archevêque de Canlorbéry; c'est
il Ht)
TMrt
Tllo
i\m
|i(.nii'(|n<)i,<Timmo il s'csl irlir(< (l(< liii~ni('*inr>,
il |i(Mil l'ciiln'i- (liiiis son I^i^lisi' <|u;iii(l il lui
plnir.i, en Siilislnisiinl au mi sur ses (iJuiiiKis
•>l }^ai(l«iit livs contmnos royahvs (jn'il n lui-
iiu'^int' juri^cs. Si (|ii('l(|iic i^j^lisr on (|iit'l(|ii('
|t(>i'sonii(* ('ccUVsiasIiciiic se plaint d^Mi'c inal-
liail(^(S il osl |ir<^l îi y salislniio au ju^fMUont
(io loulc rKi;;lis(>.
« \o\\h It's i(''|)()ns('S (lu roi, sur Icsquclltvs
nous vous prions du C(>usi(i(^r('r (pn-llc lin
vous voulez nu'Krr h (('llf alVaiic : cju- Ii-
roi oroil l'aii'o beaucoup pour sa juslilicalion
on se rapporlant de loul ce ([ui rt ôtô dit au
juu;(MU('nl de ri''i:,liso de son royauint». C'est
poui'(pu»i nous vous supplions de nH)der<'r
voiro /èlo pour un temps, de pour (lu'eu |)ro-
noneant un interdit on nue exeonnnunica-
lion! vous n'ayez, la douleur do voir une in-
linilé (i'éi^lises renversées, et lo roi, avec un
peu,.U> iMii()nd>ral)le, éloi;4ru'> sans lo'.our de
voire olxMssance. Il vaut nneux ipiun uieni-
l)re, luc^uie hlossé, demeure attaché au chef
avec eS|)éranco de i^uérison , (pie d'en éli'e
séjiaré et retranché du corps poui- toujouis.
Oiioi ! si vos reiuoutrancos ne sont pas bien
reçues, laut-il déses[)ércr de la grAce ûo Dieu
pour les taire mieux recevoir en un autre
temps? lo sanjr royal se laisse vaincre quand
on lui a cédé quelque chose , il faut le j.|;a-
gner par la douceur et par la patience. Per-
mettez-moi de le dire; c'est la charité sincère
(jui me fait parler ; si la tin de cette affaire
est que l'arclievôque de Cantorbéry demeure
en exil perpétuel, dépouillé de ses biens, et
(|ue l'Angleterre, ce qu'à Dieu ne plaise, ne
vous obéisse plus , vous verrez qu'il elU
mieux valu souiîrir pour un temps qu'user
d'une si grande sévérité. Je crois bien que
[dusie'M's d'entre nous demeureront dans vo-
tre obéissance, malgré la persécution ; mais
il se trouvera quelqu'un qui reconnaîtra
l'anti-pape et recevra de sa main le pallium
jiour le siège de Cantorbéry : il s'en trou-
vera qui lui obéiront pour usurper nos siè-
ges. Plusieurs forment déjà de tels [irojets
et désirent le trouble pour s'en prévaloir.
Ce n'est pas notre intérêt particulier qui
nous touche, mais le triste renversement de
l'Eglise dont nous sommes menacés et ({ui
nous ferait désirer la mort plutôt que d'en
être spectateurs.... » Ainsi parlait i'évèque
de Londres.
Le roi d'Angleterre , ou plutôt le même
évêque en son nom , écrivit dans le même
sens au collège des cardinaux. Il représente
ce qu'il a fait pour le pape Alexandre , et
que , loin de se faire prier pour le recon-
naître, il lui a attiré les autres. II se plaint
(jue le pape le traite de persécuteur de l'Eglise,
et proteste qu'il ne laisse pas de vouloir de-
meurer dans son obéissance et se conserver
son affection, pourvu qu'il le traite comme
les autres papes ont traité ses prédécesseurs;
entiii il déclare qu'il se rapportera toujours
au jugement du clergé et des seigneurs de
son l'oyaume dont il veut conserver les droits
et les anciennes prérogatives. (Fleury, t. IV,
A|M*^s ces évétieini'nls, et, «u.ssitAl apr'''s sr»ii
arrivée, il décl/na rarchcvéïpie de Caiitor-
Ix-ry son légal dans toute rAiigl'ierre. Celui-
ci sigiMlia sa nomination h l'évêquo de Lon-
dres, le charge.'iiil de la fori' s.ivoir h l(,ule
l'Angleterre. Il cciivit succes.sivfMiu'nl au roi
deux htltres cpii reslérenl .sans e(r«l : in [irc-
nnèi'e, pleine de douceur, t'Iail une s ulo
d'aveilisseuKMit ; la seconde, un il le inena-
çail de In colère divine, annonçail (pi'il .so
disposail à user contre lui des pouvoirs t\\i\
lin avaient él('' conféiés. Les évê(pM;s du
parti du roi lui eons(dllèreiUde fornu-r appel
au pap(^ contre la nomination du nouveau
légat, lui disant (pie cet a;'pel serait susp n-
sif des j)0uvoirs ((ue le pnp(î lui avait doi-
nés. L(> roi envoya l'archevê |ue d(! Ilfxien
pour sigMilier ra|t|)el à 'l'homas; mais celui-
ci était absent de Pontigny. Le loi étant
tombé malade, rarchev(^(jue retarda de lari-
cer rexcommunication contre lui ; mais il
usa de ses nouvoirs contre Jean d'Ovfoi
acihéré au
•tzbourp'. Fort peu de temjis a|ir(';s, les
(lui avait
schisme ;i l'assemb l'e
rab-
669.)
Le pape se rendit à Rome immédiatement
(lui a va
de Wirt
évêqucs réunfs à Londres en concile inter-
jelèrent. appel au pape et à rarcliev6(|U(\
,La lettre au pape est ainsi conçue : « Nous
croyoïs qu'il vous souvient que vous avez
averti il y a longtemps le roi, notre maître,
par les lettres dont furent chargés les évo-
ques de Londres et d'Herl'ord , de corriger
quelqu(>s abus dans son royaume. Il a re(;u
vos ordres avec le respect convenable, dé-
clarant qu'il corrigerait ces désordres sui-
vant le jugement de son Eglise, comme en
etfet tous ses vœux ne tendent qu'à ôter les
scandales de son royaume et à y faire ré-
gner la paix. Or, voyant qu'elle était trou-
blée par les crimes énormes de quelques
ecclésiastiques, il a rendu à leur profession
l'honneur qui lui est dû, les déférant aux
évoques, qui sont demeurés dans les bornes
de leur pouvoir en punissant un homicide,
par exemple, par la seule dégradation du
criminel. Mais le roi est persuadé que cette
peine ne répond pas à la grandeur du crime,
et que la sûreté publique n'est pas bien éta-
blie si un lecteur ou un acolyte, après avoir
tué quelqu'un, en est quitte pour perdre
l'exercice de ses fonctions. Le clergé vou-
lant donc s'en tenir à l'ordre établi du ciel,
et le roi voulant affermir la paix, il s'est
élevé une pieuse dispute, excusable devant
Dieu, comme nous croyons, par la bonne
intention des deux parties. De là est arrivé
que le roi a voulu faire rédiger les ancien-
nes coutumes de son royaume, observées
par les ecclésiastiques sous ses prédéces-
seurs, et les rendre publiques, atin qu'on
n'en disputât plus à l'avenir. C'est ce qui a
été exécuté, et voilà cette persécution contre
l'Eglise dont on accuse le roi par toute la
terre.
« Si toutefois, dans ces coutumes, il y a
quelque chose de dangereux pour la cons-
cience ou de honteux pour l'Eglise , ce
prince, touché de vos avertissements et de
votre autorité , a promis il y a longtemps et
pniinet c core de le cor.'iger. Et nous au-
1191
THO
rions d^jh obtenu la paix que nous d(^sirôn.>,
si l'arrlu^vôquo di> Canlorbéry n'avait rnllu-
ni(^ sa colère ('•teinto; mais ce pr(''lat, au lieu
do l'apaiser par ses avertissements et de lo
vaincre par sa douceur, vient de l'attaquer
durement par des lettres tristes et terri-
bles, le menaçant d'excommunication et son
royaume d'interdit. A ces menaces il a ajouté
<les elTets plus fâcheux; car d a exconuuuniô
et dénoncé publitiuement des seigneurs du
premier rang et (]Qfi j)ersonn('s en ipii le roi
a le plus de confiance et ([uil admet h ses
conseils les plus secrets, sans les avoir cités
ni convaincus, ni donné li<ni de se défendre.
Il a de môme suspendu de ses fonctions no-
tre confrère l'évéque de Sarisbéry, sans pro-
cédure juridique et sans notre participation.
Quelle suite pouvons-nous attendre d'inic
manière d'agir si irrégulière, vu j)rincipale-
ment la malheureuse circonstance du temps,
sinon que la concorde entre le royaume et
le sacerdoce soit rompue, et que nous al-
lions en exil avec notre clergé, ou, ce qu'à
Dieu ne plaise, qu(> nous nous relirions de
votre obéissance pour tomber dans le schis-
me? C'est pour éviter do si grands maux
que nous en avons appelé à Votre (Irandeur,
de vive voix et par écrit, contre les mande-
ments de l'archevêque de Canlorbéry, qui
portent quelque préjudice au roi , à son
royaume, .^ nous ou h nos Eglises; et nous
avons marqué le terme de notre appel h
l'Ascension, aimant mieux être humiliés en
tout ce qu'il plaira h Votre Sainteté que de
sentir de jour en jour les elfets de la passion
de l'archevêque. » Ce terme de l'appel s'é-
tendait h près d'un an.
Voici la lettre adressée h l'archevêque par
ses sutîraganls : « Nnns espérions que vous
répareriez par votre humilité et votre pru-
dence le trouble qu'a produit votre retraite
inopinée dans un pays éloigné, et nous nous
consolions, parce ([no nous entendions dire
de tous côtés que vous portiez avec modes-
tic la pauvreté où vous vous êtes volontai-
rement réduit, vous appliquant h la lecture
et à la prière, et réparant le passé par les
jeûnes, les veilles, les larmes et les exercices
spirituels. Nous espérions tpie, par une telle
conduite, vous attireriez d'en haut la grAce
(fans le cœur du roi, pour lui faire onldirr
son ressentiu)ont contre vous, et vos anus
trouvaient ouverture pour lui parler en vo-
tre faveur. Maintenant nons apprtMions (pie
vous avez |)ublié contre lui un mandement
où, sans ini'ltre de salutation ni aucun té-
moignage (ramitii', vous le menacez d'inter-
dit ou dexromiMiinieation prochaine. Si vous
l'exécutez, nous n'espérons plus de [)aix, et
il est de la prudence de considérer la lin do
ce q-ie l'on entreprend.
« Faites donc, s'il vous plait, réllexion h
quelle lin vous ten<lez, et si vous prenez les
moyens pour y parviMiir. Pour nous, nous
vous cf»nseillf)ns, comme h notre Père, de ne
pas ajouter de nouvelles dillieulti-s, de lais-
srTles menaces et de vous conduire avec pa-
tience et humilité, et de remettre vi><5 inté-
rêts à la miséricorde de Dieu et à la clé-
THO il 9-2
mcncc du roi. Il valait mieux faire louer vo-
tre pauvreté volontaire que de vous exposer
à être universellement bl.'mié d'ingratitude ;
car tout le monde se souvient h quelle gloire
le roi vous a élevé d'une fortune médiocre,
en quelle faveur et en quelle familiarité
vous avez été auprès de lui, comme il vous
a soumis tous les pays de son obéissance
qui s'étendent depuis l'Océan jusqu'aux Py-
rénées, en sorte (pie l'on n'estimait heureux
que ceux qui pouvaient vous plaire. Pour
vous assurer une gloire plus solide, il vous
a mis au rang que vous tenez dans l'E lise,
et cela contre lavis de sa mère, quoique le
royaume en murmurât et que l'Eglise en g'*-
mît. Epargnez donc votre réputation et votre
gloire , et ne songez h vaincre le roi (|ue par
l'humilité et la charité.
« Si vous n'avez pas égard h nos conseils,
faites-le du moins pour l'intérêt du fiape et
de l'Eglise romaine. Car que sera-ce si le roi,
à qui tant de peuples obéissent, aigri par
vos duretés , se retire de l'obéissance du
pape, qui lui refusera peut-être son secours
contre vous? Par combien de prières, de
promesses et de présents sollicite-t-on lo
roi h prendre ce parti? Il a résisté jusqu'à
présent, mais nous craignons que lindigna-
tion ne lui arrache ce que la considération
de ce qu'il y a de plus grand dans le monde
n'a pu obtenir de lui. Et si vous en êtes
cause, vous aurez de quoi fondre en larmes.
Quittez donc, s'il vous plaît, une résolution
si nuisible au pape, h 1 Eglise romaine et à
vous-même, si vous voulez y faire attention.
Mais peut-être que ceux qui sont auprès tle
vous vous exhortent h taire sentir votre
puissance au roi e à ses Etats. Cette puis-
sance est véritab'ement h craindre pour ce-
lui qui pèche et qui ne veut pas satisfaire;
mais quant au roi, notre maître, quoinuo
nous ne disions pas qu'il n'a jamais péché,
nous disons hardiment qu'il est toujours
prêt à satisfaire h Dieu, qui, l'ayant établi
jiour maintenir la paix entre ses sujets, veut
h cette lin qu'on lui rende la même défé-
rence qu'on a rendue aux rois ses prédéces-
seurs. S'il s'est ému, sur ce sujet, quelipie
ditlerend entre vous et lui, il a promis au
pape de se soumettre au jugement de lEgliso
de son royaume. Il est prêt d'exécuter cette
promesse, de satisfaire et d'en donner des
sûretés s'il est besoin. Après cela, de quel
droit et en vertu de (piel canon le frappez-
vous d'interdit ou d'excommunication? 11 ne
faut pas agir par emportement , mais par
raison. >- l.es évêques se plaignent ensuite,
comme dans la lettre au pape, de la sus-
1)ense prononcée contre l'évêque de Saris-
)éry, et concluent en signiliant leur appel.
Le saint archevê(pie répondit par une lon-
gue lettre, où il marque d'abord qu'il no
croit pas que cet écrit soit de tous les évê-
ques dont il porte le nom. et (pi'il le regarde
comme un elfet de l'autorité du roi. Il leur
reproche leur peu de zèle pour la liberté de
IKglise et p(Mir leurs véritables intérêts, et
la faiblesse avec laipielle ils l'abandonnent
lui-même dans la persécution qu'il souffre
nos
THO
TIIO
l<94
|ionr In cnuso conimiimi. Kiitnml m inalitVo,
il juslilii» sa sorlii' (rAii^ii'UMTr , (m'il sdii- '
fiiiiil avoir «Mi^ iii^iessairc, aprrs l'iiijii^lico
ol In violcnct* (ju'il a soiill'crlcs h Noriliamn-
Im?i, pour mcllro sa vio on sOrcli' cl pDiir-
Miivio SOI) appel au |iap(*; |Mii.s il ajuuto :
« Si ma sortie a produit du trnul)l(>, c'est h
celui (pii CM n élc cause à se riiiiputer. Au
resl(\je ino suis pr(Vsoiiléà la cour du pape;
j'y ai exposé lo tort (|ue j'ai soullert aveo
inou Kj^lise, et les causes do mon appel.
Personne n'a pai'U |)Our me rénondre, pour
rien [iroposer (-onlre moi. PenuanI (pie j'at-
fendnis en cotte cour, on est venu de la pari
(lu roi dc^fondro h mes ollioiers de m'ohéir
<^n rien poiu- le temporel, et de rien l'ouruir
h moi ni anx miens à l'insu du roi. Sans ju-
f;on)ont iirononcé, sans raison, au |)réju(lico
de mon ap|)el , on m'a dépouillé ei mou
tj^lisc; ou a proscrit les clercs, les laupies,
ios lennuos ol les onl'aids an berceau. On a
«•onlistiué les biens do rK;.;lisc; une |)artio
de l'arf^ent a tourné au prolit du roi, une
])arlic à votre prolit, mon frère, l'évoque do
Londres, et de votre Eglise, si ce que j'en
ai ouï-dire est véritable : auquel cas je vous
ordonne, en vertu de l'obéissance, de le res-
tituer dans quarante jours après la réception
do celte lettre. De quel droit [)cul-on soute-
nir de toiles usurpations? Est-ce par le pré-
texte d'un appel ? Voyez à quoi vous vous
c\posez, vous et vos Eglises, si ceux qui les
auront pillées se mettent à couvert par ce
moven. »
Et ensuite : « Voi'S dites que ma promo-
tio'i s'est faite malgré les muruiures du
royaume ot les gémissements de l'Esliso.
Consultez votre conscience; voyez la firme
de l'élection, le consen'euient de tous ceux
qui y avaient droit, l'agréme'it du roi donné
par son tiis et ses coinniissairos. Si quel-
qu'un s'y est 0[)posé, que colui qui en a
connaissance Je dise. Voyez aussi les lettres
du roi et les vôtres pour demander mon pal-
îium. Que si quelqu'un a été a.'iligé de ma
promotion par envie et par ambiUon, Dieu
îiu pardonne, comme je fais, ce péché qu'il
n'a [)as honle de rendre puijlic. » (C'est
lévêque de Londres do-^t il veuf pa-^ler.) Il
contiime : « Vous dites que le roi m'a élevé
d'une fortune médiocre : je ne suis pas né
de sang roy.d, mais j'aime nii.^ux ne pas dé-
générer de ma noblesse. Je suis p ut-étre né
dans une pauvre cabane; mais dans ma mé-
diocrité, avant que je vinsse au service du
roi, je ne laissais pas de vivre, comme vous
savez, honorablement. Saint Pierre a été tiré
de la pêche : nous sommes ses successeurs,
et non pas d'Auguste. Vous m'accusez i'in-
gralilude; mais c'est lintention qui fait le
péché, et je prétends nnidre service au roi,
quoique malgré lui, en le détournant de pé-
clier par la sévérité des censures, puisqu'il
n"a pas écouté nos avertissements paternels.
Entin, je crains encore plus d'être ingrat en-
vers mon vérit.-ble maître, Jésus-Christ, (jui
me n.enace de son indignation si je n'em-
ploie le po-jvoir qu'il m'a donné pour corri-
ger les pé -heurs.
DiCTioNN. DES Persécutions. IL
' « Vous nio firoposo/. le péril do l'Ef^lun!
romaine, cl la menace que le roi m; s'en sé-
pare. A Dieu ne plaise qu'il nrionco /i l'uiiilc'i
pour un intérêt temporel, lui dont le criini^
serait d'aul.uil plus ^rand, (|u'il onlrHinornit
plus do monde ajirès lui. A Diou ne plaiso
(pio colle pensée vicniio h aucun de so.s .ser-
viteurs, pour ne pas dire à un évêrpic. Pre-
110/ garde mêiiK; «pn; ce (pio vous en dites
ii<! soit un poison mortel pour plusieurs
Ames, (!t (pie vns pensées les plus socrèlos
no so découvrent. OuanI à l'Eglise, elle s'af-
fermit par les persécutions ; il n'y a ri(;n <'i
craindre pour elle, mais pour vous, (pii Irn-
vaille/ à sa ruine. A l'égarrl de la suspense
d(> l'évêciue do Sarisbory et rexcommunica-
tion de Jean d'Oxford, vous ne devez fias
ignorer (pie, selon b:s canons, l'ordre judi-
( iaire n'est pas rtiquis (!ans les crimes no-
toires. Or, revê(pie a confiTé le doyenné do
son Eglise h Jean d'Oxford après la défense
du pape ot la iiêtro. »
11 montre ensuite la nullité de leur appel,
en ce qu'ils n'ont rien h craindre pour eux,
et n'ont aucun intérêt d'afipeler au nom du
roi contre la liberté de l'Eglise. Entin il dé-
clare (lu'il ne peut les reconnaître pourjuges
entre le roi et lui, « premièrement, dit-il,
parce que vous devez être ses parties aussi
bien que moi, puisqu'il s'agit de l'intérêt
commun de l'Eglise; ensuite, parce que
nous ne trouvons point qu'un supérieur
puisse être jugé par ses inférieurs, priiici-
{lalement un métropolitain par ses suffra-
ganls. » Il insiste sur la .eslitution des biens
et des ( r.)ils de son Eglise, et cono ut eu
exhorlont les évê([ues à faire r. ntier le roi
en lui-i;iênie et l'extuter à pénitence.
Saint Thoi^ias é rivit si;r le niême sujet à
l'évèque de Londres, qui lui i vait é^^rit en
particulier. Il lui reproche d'abord qu'il se
contredit, commerçant sa lotti-. par une pro-
testiîtion d'obéi.-saa-;e, et 1 1 finisoant par un
appd qui tend qu'à ne lui pas obéir. « E: le
terrn'^ lie cet appel, ajoute-t-il, est de près
d'une année, ahn de faire durer pi. s long-
temps notre exil, ks maux de l'Eglise et le
péril où est le roi pour son ûme. » Au fond,
il réponrl aux objections d:- l'évêoue comme
duns la lettre ['récéucnle; ot, sur ce que l'é-
voque disail que le roi était prêt à satisfaire
l'Eiliso, l'archevùque répond : « Commert
l'enteiidez-vous? Vous v.'yez que l'on pros-
crit les veuves, les orphelins, les innocents,
ceux qui ignorent absolcmeMt le sujet de
noire diff'rend; qu'on bannit les clercs, on
les dépouille de leurs biens, on les traite in-
dignement, on tieat mes serviteurs dans les
fers, on pille les biens de l'Eglise de Cantor-
bv.ry, votre mère. Est-ce satisiaire que de ne.
pas réparei- le mal et l'augmenter tous les
jours?» 11 l'exhorte enfin à représenter au
roi qu'.l n'est point juge des éveq les.
Ce fut tres-peu de temps rprès que lo roi
d'Angleterre écrivit ai cha[)ilre général de
Citeaux qu'il abolirait son ord.e en Angle-
terre, si le saint ne quittait pas le monas-
tère do Poutigny. Le saint en partit aussitôt,
ne voulant pas être cause d'un malheur aus^i
38
•If)5
TITO
THO
11%
grand. Lp roi de Fnnco, auquel il s'adressa,
lui (Il (lire quo qm^lqur part qu'il voulût se
rt'iirer dans ses Klals, il tiKuveiail priH le
lieu qu'il aurait désigné. Le saint prél.it
rlioisit la vil!»' de Sens. Il resta doux ans h
Pnuligny et en sortit vers la Saitil-Marlin
1166. Comme il prenait congé des moines,
il versait d'abondanlps larmes. I/ahlté lui
dit : « J'admire tettu faiblesse dans un
homme si ferme. » Alors rarclievtqne dit à
l'alib»' qu'il ne pleurait pas paire ipiil par-
tait, mais parct^ qu'd avait tu la révéhiton de
son futur martyre. Il lui en raconta les dé-
tads; il les dit aussi (>Ius tard à l'abbé de
Vauluisant. Tous drux le rae«int«:'renl après
sa mort. Vne chose remarquable que lui dit
l'abbé de Pontigiiy à celte occasion est la })a-
rolo suivante : « Comment! vous serez mar-
tyr, vous noiirris'ianl délicatement comme
vous faites I » (Fleury. IV, p. 677.)
A Sens, le saint logea au monastère de
Sairde-Colorabe : il y passa qualre ans, li-
béralement défrayé par le roi Louis, (}ui le
visitait avec graiûle vénération (ju md il ve-
nait à Sens. Durant ce temps, Jean u'Oïlord
était allé h Rome, où il avait séduit la plu-
part des cardinaux, avec l'or que lui avait
donné le roi d'Angleterre; il avait aussi
réu«si h tromper le pape, en lui allirmant
avec serment qu'il n'avait pas tenu en Alle-
ma.^ne la conduite qu'on lui im|)utait. Il lui
donna une lettre de la part du roi, (|ui s'en
remettait à l'autorité papale à propos de
l'aifaire des coutumes et de la paix à
établir entre rarclievô.jue et le gouverne-
ment. Le pape donna h Jean l'absolution de
la sentence portée contre lui, et le continua
dans le doyenné de S,<riSi>éry. Le pane en-
vova en Angleterre deux légats, ('luillauiiie
de' l'avie, cardinal-prètre du titre de Saint-
Pierre-aux-Liens, e' Otiion, cardinal-diacre
du titre de Saiiit-Nirolas-de-la-Prison. Il
écrivit (ju'il les envoyai' spécialement pour
terminer le ditférentl qui existait entre le
roi et l'arelievCqiie, exhortant Thomas, h
qui elle était adressée, à se montrer facile,
atte-^dii la circonstance des temp5, et le
b'soi 1 que son église avait de sa présence.
Il l'eng.-.geait à ne jias se (b-lier de (iuillaume
de Pavi«'.
Les légats étant arrivés, on tint h Gisors
une tonléience où 'riiomas so rendit; mais
il .s'apen;ut bieutùt (lue le cardinal de Pavie
empUtyad l'artiliee p iir le taire tomber dans
le piégi! : il t;li ('«(rivit au jiape. Le eardj'vd
Oifion représenta au roi qu'd était tenu de
l'Hitu'r les binis «le rr'',.;lise, desquels il
<- i.iil emparé, ainsi que les revenus de \'H-
ul se d(f «.nntorbéry. Le roi ayant répondu
qu'il n'avait aneun scrupule l\ col égiid,
pn ce qn'd donnait aux pauvres ou ft légiise
tout cet Argeni, le cardinal lui répondit :
» Cette ettus'' ne sera [loint regiie nu tri-
bunal de Jésus-Christ. »
Les dent rois de Franco et d'Angleterre
se réunirent ?i (lisorg pour t.leher d'opérer
c lie [>ai\ SI diflicilo. Celui d AuglelorK^ af-
frrla de la désirer beaucoup : il exnosa ses
raisons, que le roi do France trouva bonnes;
ce prince bl;1ma mémo Thomas qu'il trouva
trop intU'xible, parce qu'il ne voulait abso-
IiMiienf ri n cé<ler au roi d'Angleterre; mais
bientôt il comprit nuil avait eu tort d^ jir^er
ainsi le pélat : il f't'nvova chercher h Sens,
et lui dt'inanda pardon de lavoir mal jugé.
Deux autres légats, Gratien et Vivien, fu-
rent de nouveau envoyés, et ne purent par-
venir h terminer celle grande atlaire : le roi
ne voulait pas restituer les biens des églises.
Mais Dieu, rpii tient ilans sa main le eœur
des hommes, opéra une révolution soudaine
dans celui du roi d'Angleterre, qui tout h
coup montra un très-grand désir de se ré-
coiH-iliei' avec le saint. L'archevêque de
Sens le lui conduisit, et Thomas fut re(;u par
le roi avec les marques do la plus vive af-
fection. Dès que Henri l'aperçut, il se dé-
tacha de sa troupe, alla au-devant de lui et
le salua le premier, la tète nue. Après s'être
donné la main et s'être embrassés tout à
cheval, ils se retirèrent à part, le roi, l'ar-
chevé [ue de Cautorbéry et celui de Sens. Le
premier se plaignit au roi des torts qu'on
lui avait fails cl à son église, usant de pa-
roles touehantes et convenables au sujet.
Ensuite, l'arehevéque de Sens se retira et le
roi s'entretint seul avec Thomas, si fandliè-
reiiunit, (ju'il ne paraissait pas qu'ils eus-
sent jamais été mal ensemlde; ce (fui surprit
agréablement les assistants jusqu'à leur fa re
verser des larmes de joie; mais la convt>r-
sation fut si longue (}ue quelques-uns s'en
ennuyèrent. L'archevêque représenta au roi
1110 ,est''ment la ma ivaise co iduite qu'il
avait tenue et les périls où il s'était exposé,
et l'exhorta à rentrer en lui-même, î» satis-
faire h l'Lglise, décharger sa conscience et
rétablir sa réputation, attribuant ses fautes
aux mauvais conseils nlutOt (|u'à sa mau-
vaise volonté. Le roi l'écoutait non-seule-
ment avec patience, mais avec bonté, pro-
UK liant de se corriger, et l'aic'ievê jue
ajouta : « Il est nécessaire pour votre salut,
pour le bien de vos enfants et la sûreté do
votre puissance, (jue vous réparie' le tort
que vous venez de faire k l'église de Can-
loibéiy en faisant couronner votre (ils par
rarchevê(pie d'York. » \.c roi résista un peu
à cette propo>ition, et proieslanl qu'il ne
dirait rien [tar res[)rit de dispute, il ajouta :
a (Jui a couro uiéGuillanme le Con(piêiant "l
les rois suivants? n'est-ce pas rarrhevêi]ue
d'Vork ou tel autre évêipie (pi'il a plu ; u
roi (pli (leva t être couronne?» L'archevê^jue
répondit pertinemment il cette objection par
la déliMion historique de ce ipii s'était
passé en .\n.-;h'lerr • uepuis la «'on(piél • d('S
Normands, et montra que. hors ceiiiins cas
extraorlin lires, les archevê(pies de Cantor- i
béiy avannit toujours sicré les rois, sans I
que ce dmit leur fût dis|nilé par les arche-
vêipies d'York.
Après (pie rhomas eut longtemps parlé
sur ce sup't, lo roi lui dit : « Je no doute
point ipie l'K-Iise de Canlorb'''rv no soit la
plua nob'e (io toutes celles d"t)ccident, et
loin do la vouloir priver do son droit, je
suivrai votre conseil ot forai en sorte que
1197
'JIIO
iUo
iim
sur cf point cl en ttml nutn», pIIi' rcciuivro
so 1 ,')iii icirn" t!i,^i.i(i'. M.iis |M)iir ceux mii
il|S;|M'lCI IIUMS (ml ll'jlllis VnlIS fl llUli, je k'S
ttaii(M-((i, Dieu (lidiiiit, ('iiMiiiii' ils iiiriiliiit. »
A ns ii'dis, Tliiiiii;!^ (lis. (Midil (io cheval
Itoiir Se jcl(>r nnx niiMls du roi; mais Io roi,
IMciuiiil li-triiM", rol(li;^(ia tlo rcinoilcr. il
l'anil iikMiic r(V'"i '"' "'"^ lariims et lui dit :
" Ivili'i, soip'Mi'Ui ,'nihcv(\jmî, rcndoMs-iious
de |»arl Cl d'aiilrc notii» aiifit'ii'io amilu';
laiSM is-'U)US Iniil le hit'ii t|U(> nous |>(iuriuiis
cl ouhli n>^ cntièiiMiicnl Io [uissi'. Mai.^, jo
vous |)rio, lailcs-iTioi hom: ur devant ceuv
ijut MOUS roj^aruTi' (\v l(tin. » V.l comme il
voyait onlr(> les sitcrlaU-urs (iU(''(|Uts-u'is du
c«'iix (jui l'omoMlaii-nt la division, il s'ajj-
rroi'lia d'eux cl dit pour leur fermer la
1)()U( lie : a (lommcje Louve l"; rclievi\|uo
p irl'aitemont bien dispos(^, si, do mon colé,
jp 'l'en use pas h en avec lui, je serai le plus
mé( liiuil (h' Ions les hommes, el je mon-
trerai In v(^rilé do tout Io mal ({u'on dit do
moi. Mais jo uv vois point de i arti plus
lio UK^e ni plus ulile que do mi^ludier ù le
surpasser on amiiié et en bons oinces. »
'J'ous les assistants donnC'ri iit de giands a|)-
|)laud;ssemcr.ts à ce discours du rou Alois
il envoya h l'ari-hovôque des évOquos do sa
suite lui dire d»' proposer publiiiuemonl sa
demande, et {iueh|ues-uns lui coiiseiliaicnt
do remollre t mt à la discrétion du loi; ma:s
Thomas ne jugea pas à propos do compro-
mettre la ca'ise lie l'Eglise. A_\ ont donc te.iu
conseil avec l'archevéipie de Sens et les
com|)agnons do son exil, il résolut do ne
point remettre à la discrétion du roi la (|ues-
tio!) des coutumes, les connuages que son
Eglise avait souiïorls, ni la jilainle louchant
le sacre du jeune yv nce. Ainsi, se rappro-
ciiani du roi, il le p:ia humblemenl, pjr la
bouche do l'archevêque de Sons , de lui
rendre ses bonnes grâces, de lui donner la
paix et sûreté à lui et aux siens, do lui res-
tituer l'église de Cantoibéry et les terres de
sa déjJO'îdanco dont il avait lu l'étal dans un
pa[)ier, et de rapporter rentiepriso du sacre
de son ti s. A ces conditions, Thomaà [:ro-
Uicltaii l'amour, l'honneur et loui le seivice
qu'un archevêque peut rendre à son roi,
selon Dieu. Le roi ncce.ta la [)roposition, et
r eut à ses bo mes çjrÀcos Thoiuas et ceux
de sa suite, qui étaient présenis; mais la
roslilulion d. s biens l'ut diU'érée, parce que
le [.-ape ne l'avait pas ordo niée expressé-
moiit. Le roi s'entielint encoio longtemps
ttvec l'archevêque, suivant leur ancienne la-
m;l arité en sorte que leur conf ronce d..ra
I tc.>q le j squ'au soir. L;' roi voulut l'em-
mener a\oc lui, disant qu'il lui était avan-
tag ux que leur pa x fût connue de toi.t lel
inonde; mais le i)rélat réponuit qu'il passe-
rail pour un ingrat s'il ne prenait cotigé du
roi de France ei de ses autres bienfaiteurs;
et le roi d'Angleterre en convint.
Comme Thomas était prêt à se retirer,
Arnoul, évêque de Lisicux, le pressa vive-
ment en présence du roi, des évoques el des
seigneurs, d'absoudre les excommuniés, di-
sant : « Comme le roi a reçu en grâce tous
roux qui vous ont suivi, vous dnve/. nustti
reecvoir eu ^rrtce tous eeiix qui ont él<; at •
lai Ih'vs au roi. u Thom.is lui lépniiiil : « Il
l'aut nécessaireiiienl lairu di.stiiieliou : eiilro
(■eux pour qui Vous parle/., les uns sont plus
coupables «pie les autres; les un» sont UX-
ct>nnnuniés diruc leuienl, leN aulre.t par ottm-
inunicalion ; l(;s uns par nous ou par leurii
évêcpies, les autres par le pape, «;l <ou\-là
ne p(»'.venl ÔLo absous que |»ar son nulo-
rilé. (.)uanl à nous, comme nous avruis de ]n
charili' pour eux lous, (juand nous aurons
<mi le conseil du roi, nous uspéroris tra-
vailler de telle sorl(,' h hiur rét oik iliation,
(lue SI (jnelipTun n'y est pas compris, il no
a vra 1 imputer (ju'a soi-môme. » (leollroy
Udel, archidfacro de Canioibéiy, un des
( Xi (unmuniés, répondit à ce discours avec
Ii.iuleui, et le roi, craignant (ju'on ne s'é-
cliauirAl de part i t d'autre, lira à |iart l'ar-
chevêque et le pria de ne point s'arrêter aux
discours de toiles gens. Ainsi on so sépara
doiiceme il, après ([uo Thomas eut donné sa
bénédu lion au roi.
Ce lécil est tiré do la lettre que Thomas
éenvil au pa[)o pour lui .aire part de sa
réconciliation avec le roi, où il ajoute : « J'ai
appris depuis, i|ue rarchevê(juo do Uouen et
l'évêquo de Nevers ont chargé l'évéquo de
Séez, qui passe on Angleterre, d'al)30ud.a
ceux (jue j'ai excommuniés; mais je ne sais
s'ils lui ont prescrit la loi mule que vous
leur avez donnée, ou s'il la suivra. S ils sont
absous autrement, il sera nécessaire que
vous y nielliez remède, car rien n'atlaiblit
tant l'Eglise que l'impunité de tels attentats
par la tolérance du sainl-siége. » 11 av.iit dit
auparavant : .(J'attendrai ( n Franco jusqu'au
retour do ceux que j'ai envoyés pour rece-
voir la restitution de nos domaines, néiant
pas d'avis do retourner auprès du roi tant
qu'il aura un pied de lerri3 à l'Eglise , car
c'est par cette restitution que jo verrai s'il
agit sincèrement avec moi. Je ne crains pas
toutefois qu'il manque ii tenir s.^ parole, s'il
n'en est empoclié | ar les conseils do ceux à
qui la conscience ne permet pas de se tenir
en re os » Il parait en ed'et que le roi
éta.t bien ii.ten io îii.'' pour l'e.xéiuiion de
cotte {)aix, par j'ordre qu'il envoya au jeuue
roi son tils.
En écrivant au pape, Thomas écrivit aussi
à quatre cardinaux do ses amis, pour leur
faire part de cette heureuse nouvelle, mais
surtout au sous-diacr ■ Gratien, qui s'était
bien conduit dans sa nonciatuie, et à qui il
dit en conlidoiice ces paroles remanpu.bles :
« i'arce(iue l'iiglise romaiiie a nus sa liberté
dans la crainte, ele a égard aux personnes
et ne s'0[)pnse point aux injustices; c'est
pour ce sujet que les Uéaux do Dieu les plus
ludes et les plus insupportobles viennonl
sur elle; eu sorte qu'elle est erianle, qu'elld
fuit devant ses persécuteurs et subsiste à
peine dans les maux qui raccabient. » Et
ensuite : « Ayez soin que les ielires lirs plue
pressantes et les plus oliicaces que le pape a
écrites au roi d'Angleterre pour la cause à9
l'Eglise soient insérées dans le registre, aûD
\m THO
do servir «loxomple à la postérité. » (Fleury,
IV. nai:.' 700.)
Tliomns vit encore deux fois le roi d'An-
phMcrre : preniioremciit h Tmirs, où le roi
«'•lait venu ronférer avec Thibaut, comte do
Blois. Le roi vint au-devant de l'archevôcpie,
mais il ne parut pas le regarder de bon œil;
et lo lendemain il lit dire dans sa chapelle
une messe des morts, ce que l'on crut qu'il
avait fait, de prur (jne l'archevcVpie ne lui of-
frit le baiser de paix. Ils aller» rit ensuite à
la conférence avec le comte Thibaut , et le
roi , pressé par ce comte et par le prélat,
])roinit positivement la restitution des te;res
de l'Eglise; mais il voulait que l'archevôque
retournAt aufiaravant en Angleterre pour voir
comment il s'y conduirait. Quelques jours
après, Thomas vint encore trouver le roi à
Chaumont, entre Blois et Amboise, non pour
lui rit'ii demander, mais pour essayer de re-
gagner ses bonnes grAces. En etfet, le roi lui
fit moins d'honneur et lui témoigna |)lus
d'amitié, et ils convinrent qu'il irait inces-
samment prendre congé du loi de France
pour passer au plus tôt en Angleterre. Il
partit dès le lendemain pour retourner à
Sens faire ses adieux et se préparer à son
voyage. Cependant il reçut une lettre des
agents qu'il avait envoyés en Angleterre, et
qui lui rendaient ainsi compte dt; leur com-
mission : « Nous nous présentâmes au jeune
roi, dans sa chambre, h Westminster, le
hmili d'api es 1-5 Saint-Michel : c'était le 5 oc-
lobrr, c tie année 1170. Avec lui étaient assis
le comte Renaud, i'orclndiaci e de C'-.ntor-
béry, ceiui d<; Poitieis, (iuillaunie de Saint-
Jeaii et plusieurs aube?. Quelques-ins, du
nombre desipals étaii le comte Renaud,
ayant oui la nouv .Ile de la pai:v, en i ei. di-
rent dévotement g. âcrs à Dieu. Après que
les lettres d i roi eurent été Kies, le roi son
fils dit qu'i en prendr. it lonse I, et on nous
fil retirer. Ensuie on nous rappela, et votre
arcîii.liacre nous dit de la pari ilu jeune roi :
« R.'ioul Mt; liroc et ses serviteuis .so sont
mis en possession, i>ar ordr • du roi mon
|)èie, <les terres de l'archevôché et des reve-
nus des clercs le l'archevè jue. Nous né | ou-
vons savoir l'état des lieux que par le rap-
port tie ers ollieieis; c'est poni(|uoi nous
vous iiiai(|uon> lejeudi, le'ulem.iin ne S.iiiit-
Calliste, pour l'exécu' on plus en.iere déco
mandenv fil. » Ce jeudi était k-Soitob-e. l.n
lell o ajoute ensu le : « Le roi a mainié a
l'Riclievéïue d'York , aux évé.jues de Lon-
dres et de Siu isbéiy, et a qtiatre ou six per-
sonnes de toutes les éoli>ea va( a t» s , d'é-
lire des évoques suivunt le cunsc.l de ces
trois prélnls, et de les civcHer au pape | our
1.3 sa' rt.r au préj ilicc 'le voire Egii>e. » Les
agents conolueul en priant instamiiienl Tiio-
uias de nt; point revenir t"i .Vn^leterre (lue
sa p.iu avec le roi ne sut mieux alfermie.
TiiOtiiHS envoya au pape c«tle lellre de ses
flgen'N, lui de i «'ida' l de nouveaux pouvoirs
pour presser le rui d'Anghtor.e.
Il écrivit aussi h ce prince, se plaignant
cpie les elf Is ne r(^,i'»|ldan lU pis A SCS pro-
laviktts ui à I ordre (iu'il avait euvuyu au rui
THO
i200
son fils. « La restitution, dit-il, a été diffé-
rée au dixième jour, sous pn'lextede Raoul,
qui cependant ravage les biens de l'Eglise et
serre publi(|uemcnt nos provisions de bou-
che dans le ch;Ueau de Saltonde. 11 s'est
vanté devant plusieurs personnes que je ne
jouirais pas longtemps de votre paix, et que
je ne mangerais pas un pain entier en An-
gleterre avant qu'il m'ùte la vie; mais je lui
présenterai ma tète à lui et à ses complices
plutôt que de laisser périr l'Eglise de Can-
torbéry. J'avais résolu, seigneur, de retour-
ner vers vous; mais la nécessité de cette
pauvre Eglise me presse de m'y rendre,
peut-être [.our y périr si vous ne me don-
nez promptement une autre consolation.
Mais soit (jue je vive ou que je meure, ie
suis toujours à vous, et je prie Dieu qu il
répande ses bénédictions sur vous et sur vos
enfants. »
C'est la dernière lettre que nous ayons de
ce saint |)rélat au roi son maître. 11 envoya
devant Jean de Sarisbéry, qui arriva le quin-
zième de novembre. Il trouva que trois jours
auparavant on avait saisi les biens de l'ar-
chevêque, en ayant ôté la saisie à ses agents,
et que l'on avait publié dans les ports une
défense de passer aucun des siens pour sor-
tir d'Angleterre. D'ailleurs les ofiiciers du
roi avaient donné ordre que l'archevêque et
les siens ne trouvassent à leur retour que les
maisons vides et en décadence et les gran-
ges ruinées, et avaient pris au nom du loi
tous les rêve lus jusqu'à la Saint-M iriin ,
quoique la [)aix enl éie f 'ile h la Ma < leine.
Cepe..uanl l'an hevèqi.e n'York, l'évêiiue de
LoihJres et les autres ennemis de llium.iS
avaient envoyé au loi jiour le prier de ne le
pas laisser revenir en Angleterre tpi'il n'oilt
reiioucé à la légation, (ju'il n'iOt lendu au
roi toutes les lettres (ju'il avait obtenues du
pape, et promis d'obs' i wc inviolablemonlles
droits tiu ro,\aumj, voulant ainsi l'engager
h rol)servatioa ats coulunies c(mteslees Ils
(lisaient (pie sans ces préiauliuns son retour
serait prejudic.able au roi. Ils avaient fait
au si apjieler de chacune des églises vacan-
tes six |)ersoiine> ayant pouvoir d'élire lU
évéque au nom de ïa commu laulé, alin de
faire les élot lions au gré du roi, . t que si
Thomas s'y opposait , il encourût sa dis-
gn'.ce.
Tiiomas était venu à Rouen par ordre du
roi, espérant, comme on lui avaii promis, y
ae piilter .;es dettes et être renvoyé en An-
gleterre avec honneur. Mais Jean d'Oxl- .rd
lui iipi'orla une lelir.' du roi, par l.iquelL- il
le priait de reiourner inccssaaimenl en An-
gltleiie (>t lui donnait le nu' me Jtan pour
l'accompagner. Thomas obéit et apjtril en
ch-'iuin les mauvais desseins de ses enne-
mis (jui étaient déjà vm.is à la mer et atten-
daient le leuips favorable comme il i a ten-
dait do son côté. Ces enn mis étaient l'arche-
vêijue d'York et les évêijues de Loiures et
de Sarisbery, et, pour leur prêter main-for. e,
Gervais, vicomte de Ken', Raoul «le Bi;oc et
Renaml de >an'nnes, pii mei nç.uenl hau-
leiuculde lui couper la têU » il usait passer.
laoi Tiio 'iiio ri()i
(,)ii'>lqii(vs ainis coiiscMlInieiil ^ 'l'Iioinns (|(> 110 son l'',«lis(! nu smcic «lu jfiiiH' roi, et ••mpô-
|)()iiil .s't'\|>(is('r ?i ('(^ pjissaj^i» (HIC la |i;ii\ m^ cher (|iic celle eiilrc|iris(< ne ti^l tin'*») h coii-
l'iU mieux Hlloniiio; miiis il n''|iuii(lil : « hi siMiiieiice. I,c iiniii du roi riMiiit les rjfjicicrs;
vois rAii^lcIcriM* (<l j'v ciilienii , Dicii ni- ils coiiimeinèieiil h |i;irlei' |i|il.H moijcslo-
(l.inl, (]ii()i(|ile je sjiclie ceilameiiietil (|iie J'y iik iil , (leiii.'iinl.iiil loiilcfoi.H iiVfîc ilist.ince
vais soiillVir \o luarlyre. » La veille dn son l'aUsoÎMlion des év(^i|iies. I/Mnliev(V|iii' rc-
ciul)ai(|iicm(Mil, il envoya Ii's lellres du pape, mil h en dt-liln-rcr à Cjudorhcry , où d scniil
porlanl suspense coiilie r.ii'clievt^ipie d'^■ol k le lendemain, cl les (dVicier-s so retirèrent.
(>l r«W(Vpic de Dnrliam , cl d'aulros lellres Ln lendemain, mardi, premier joim' do dc';-
(pii icmcllaicnl dans rcvconnminicalio 1 l'c- ren\l)re , Tliomas parlil de Sandwich pour
vtVpie de l.o'idres cl celui de Sal si) u'y, cl aller à <!anlorl)éry , ipii n'ci esl (pi'e'ivn-oti
portaient suspense conlro tous les «WAques h six milles. A peine piil-il l'aire In jour
(pii avai(Md assiste'' au sai-re du jeune roi. Ces tnAme ce peu de chemin, tant le |)euple et
lellres t'urenl rendues aux prélats di'is le pri'icipalemeil les pauvrets s'cMupressaicul
port do Douvres, oTi ils croyaieU que Tho- autour do lui; les curés vonai(îul au-devaiil
mas dill aborder. Le tenïps ('tani d(>venu l'a- en pror(>ssioii aven les [nroisscs entières,
vorable. il s'cMuharqua i\ (iuissand la iniil du Mlaid .irivé à (laiilorhèry , il y l'ut n'iya par
second jour de l'Avenl, c■esl-^■dire du lundi, les moines avec l'honneur convenable , au
jour (l(>Sainl-A'ulrè, dernier iiovend)re 1 170, sou des cloches et des or.;ues, et avec les
la septième année de sou exil , cl il arriva chants (h; joie;; il leur donna à tous le baiser
heureusemont nu porl di^ Sandwich pour évi- de paix, ayant |)ris la précaution d.i faire au-
ler ceux (pii l'atlendaient h Douvr >>. Le vais- parav.'nt absoudre ceux qui avaient coinmu-
soau qui le |)ortail élail remarquable par la nlipu'; avec, les excommunii'S. Les olliciers
croix archié[)iscopale qui y était dressée, cl du roi vinrent le jour suivant savoir sa ré-
quand on l'apore^ut , une multitude de pan- ponsi>, et avec eux les clercs des ti'ois pré-
vres (jui étaient venus aa-devanl ilu saiîU lais exconnnuniés , demandant l'airsolulion
prélat se mit i\ crier : Béni soit celui nui de leurs maîtres. Thomas répondit qu'il n'a-
vinit au nom du Seigneur, le père des orplie- vait pas le pouvoir de lever les censures im-
lins cl le juge des veuves. Ils plein^aient , les posées par le pape, et toutefois, comme ils
uns de compassion, les autres de joie; les le pressaient et le menaçaient de l'indigna-
uns se |)roslernaient à terre , les autres, tioii du roi, il répondit (pie si les év6(|ues do
ayant leurs habits retroussés, s'avançaient Londres et de Salisbury juraient, sehjn la
pour le prendre au sortir du vais<;eau et re- forme do l'Eglise, d'obéir au mandement du
cevoir les premiers sa bénédiction. Mais les pape, il ferait pour la paix de l'Kglise, par le
gentilshommes, qui avaient cru qu'il aborde- respect du roi et par le conseil des autres
rail <i Douvres, apprenant son arrivée, accou- évoques, tout ce ([ui dépendrait de lui, ol
rurent promptement à Sandwich. Ils s"ap- traiterait les tiois .rélatsavec toutes sortes de
prochèrent, armés, du bAtiment où était l'ar- douceur et de charité, se confiant en la clé-
chevôque comme pour lui faire violence. Ce menée du pape. Les deux évoques étaient
que voyant Jean d'Oxford, il craignit que la prêts h accepter la condition et à venir se
honte n'en retombAt sur le roi et qu'on ne faire absoudre, mais l'archevêque d'York les
l'accusAt de trahison; c'est pourquoi il s'a- en détourna et leur dit : J'ai encore huit
vança et leur défendit de la part du roi de mille livres d'argent comptant que j'emploie-
faire aucune insulte à l'archevètiue ou aux. rai, s'il est bosoin, pour réprimer l'arrogance
siens, et leur persuada de poser les armes, et l'opiniAtrelé de Thomas ; ne vous laissez
Ils demandèrent toutefois que les étrangers jias séduire : allons [ilutôt trouver le roi, qui
qui étaient venus avec l'archevêque tissent nous a si fidèlement protégés jusqu'ici. Si
serment de lidélité au roi et au royaume. Il vous le quittez pour vous attacher à son ad-
ne paraissait d'autre étranger (jue Simon, ar- versaire, car il n'y aura jamais entre eux de
chidiacre de Sens, qui aurait facilement con- réconciliation parfaite , il vous regardera
senti ,\ prêter le serment; mais Thomas ne comme des transfuges et vous chassera de
le permit pas, craignant les conséquences de vos terres. Que deviendrez-voiis alors? En
ce serment pour le clergé d'Angleterre, et quel pays irez-vous mendier votre paiti? Au
dit qu'il était contre les bonnes mœurs et le contraire, si vous demeurez avec le roi, que
droit des gens d'exiger des étrangers de tels peut faire contre vous Thomas plus que ce
serments. Or, il voyait bien que les officiers qu'il a fait? Les deux évoques furent tou-
du roi étaient en trop petit nombre })our faire chés de cette remontrance, et ils partirent
violence, parce que le peuple, qui était ravi tous trois aussitôt pour aller trouver le roi
de son retour, avait pris les armes et aurait en Normandie ; en même temps ils envoyè-
élé le plus fort. rent au roi son fils, qui était k Londres,
Ces officiers, ayant à peine salué l'arche- Geoffroy Ridel et quelques autres pour lui
vêque , lui demandèrent, en colère, pour- persuader que Thomas voulait le déposer,
quoi à son entrée dans le pays, qui devait Mais rien n'était plus éloigné de sa pens(^e,
être pacifique, il avait excommunié et sus- comme il l'assure lui-même dans la lettre
pendu les évoques du roi, ajoutant que quand qu'il écrivit alors au pa|ie, contenant la rela-
ie roi l'apprendrait il en serait fort irrité. Le tion de son retour en Angleterre, et qui est
prélat répondit doucement (|u'il ne l'avait sa dernière au pape Alexandre,
fait que par la permission du roi, pour ne Peu de jours après son arrivée à Cantor-
pas laisser impunie l'injure faite à lui et à béry, il envoya à Londres Richard, prieur
l-iOS
THO
TIIO
4204
de Saint-Martin de Douvres, qui fut do[)uis
son successeur, donnir part au jeuue roi de
son arrivi^e, et lui fit faire ses excuses tou-
chant la suspense dc^ prélats. Ce dt'iHilé
fut mal reçu par le jeun*î prince dont les
niinistros ne regardaient que la volontt^ du
roi son père. Thomas ne laissa pas de se
mettre en chemin pou de jours a[)rès, vou-
lant voir le jeune roi (pii avait éié son dis-
ciple, et ensuite visiter sa provi-ice aban-
doniK^e depuis si longtemps. Connue il ap-
prochait de Londres, Ions les bmirnOois
vinrent au-devant de lui et le reçurent avec
grande joie; mais il vint deux chevaliers
de la part du roi lui défendre de passer
outre et lui ordonner de retourner à s m
éylise. Ses ennemis en deviment plus fiers,
et Robert de Broc, frère de Renoul, pour in-
sulter au prélat, co ipa la qurue d'un cheval
qui portail queliuos ustensiles de sa cui-
sine. Le jour de Noël, l'archt'vécpie monta
en ( haire, et fit un s^Tmon à la fin duiucl il
prédit sa mort prochaine, fondant en larmes
et attirant celles d-» l'auditoire ; mais il prit
un ton d'indignation et parla avec véhé-
mence contre plusieurs courtisans du roi
père. 11 les excomunniia et nommément les
deux frères Renoul et Robert de Broc. Après
la messe, il tint table comme il avait accou-
tumé les grandes fêtes, avec gaieté, et quoi-
que le jour de Noël filt celle année-là le
vendredi, il mangea de la viande comme les
autres. On voit ici 1', nliquité de cette dis-
pense de l'abstiience an jour de Noël.
Cependant , l'archeviViuo d'York et les
deux évèipies étant arrivés en Normandie
peu de jours avant la fête, se jetèrent aux
pieds du roi, imploiant sa ju.>tice et se
plaignant amèrement que Thomas abu>ait
de la paix (ju'd lui avait accordée, et que,
dès qu'il était arrivé, \\ avait troublé lo
rovaume par les censures qu'il avait pu-
bié. s contre eux. Le roi dit : « Si lou^ ceux
qui ont consenti au sacre de mon fils sont
excommuniés par les yeux de Dieu, je le
suis aussi, i> et il entra dans une furimise co-
lère ; or il était sujet h s'y laisser emporter.
Un jour, irrité contre un seigneur (pii lui
semblait pn-niiie l'intérêt du roi d'Kiosse,
il l'appela Iraitre et lui dit |)lusieurs autres
injures; puis il jeta .«on bonnet, ôta son
ceinturon, jeta loin de lui s(m manteau et
ses habits, d. 'couvrit son lit, et s'élanl assis
dessus, se mit à t n uulcher la padie. Une
autre fois, il voulut airacher les yeux h un
garçon qui lui av.iil appoilé une lettre désa-
gréable, et lui mit le visage en sang. Pierre
de Rlois, d'ailleurs son adinirateur. dil irie
dans sa i olère il ét.iil jilus furieux ipi un
lion. Etant donc excité jiar les trois prélats,
il rommeiiça ?i niau.lire inus ceux qu il avait
nourris el coiiibl' s de b e-ifuls, dont aucun
ne le vengeait u'un prêtre qui troublait son
royauino't le voulait dé oniller lui-même
de sa dignité, ajoulmt ,lu>uurs re roches
rontro Ibomas. Alors quatre chevaliers de
SI elianibie, cro\nnl 'U» pouvoir ri, i f.uro
qui lui lill plus a^^it' il) e (jue de Iuli i'ar-
cherè^ue, en foru-ôaiit ensemble la résolu-
lion. Ces quatre étaient : Renaud, Fitz-
Iri^e, Hugues de Moreville, riuillaume de
Tracy el Tticliard le Béton. Us firent leur
copjuratio'1 la nuit di- Noël, s'engageant par
serment h ce meurtre, el le jour même de la
fêle ils. *e retirèrent secrètement de la cour. Ils
fire'it telle diligence et eiire'".» le tt mjs si
favorable, qu'ils arrivèrent en A^gb-lerre le
lundi, jour des Uniocents, et logèrent au
chàleaii de SaKonde (jui était h 1." garde de
Raoul de Broc, à six milles de Cantorbéry.
Us p^s^èrent l.i nuit ^ concerter l'cxéeMMon
de leur edrepiise, et le lendemain maidi 29
dérembre, ayant ass mblé une troune de
ge'^s du pays, ils vinrt nt h Can orbérv, en-
trèrei t au m"'na<;tère de Sai'ii-Augustin et
conférèrent avec (>lairemb ud qui en était
élu abbé, ernemi déclaré de l'archevêque.
Us allèrent ensuite h l'arch-vêihé, où ils
trouvèrent le prélat qui avait déjà diné et
s'entretenait de qiiehpies alfaires avec ses
moines et ses clercs. Le< quatre cheval ers
entrèrent dans sa chanibre et sans le saluer
s'assirent 5 terre h ses pieds. Après un peu
de silence, Remud dit au nom de tous :
« Nous venons de la part du roi vous apporter
ses ordres. Vonlez-vous les entendre en Se-
cret ou en public ? Comm-^ il vous plaira,
dit l'archevêque, et Renaud reprit : Nous les
dirons donc en seiTct. » L'archevêipie fit re-
tirer ceux qui étaient avec lui : mai> Ihuis-
sier laissa la porte ouverte, afin que cuit
qui (laienl dehors pussent voir ce (]ni se
passait. Après que I s ihevalicrs eurent -lit
ce ((u'ils vonlure: t, le prélat dit qu'il vou-
lait que I lusieurs person-^es l'enten ;issert,
et fil ranpider les moines et bs clercs, n ais
non les laïques. Alors Renaud dil :« Nous vous
ordo'inons, de la part du roi, d'aller trouver
le roi son fils et lui rendre ce (pie vou^ lui
devez. — Je crois l'avoir fait, dit l'archevê-
que. — Non. dit Ren nid, ]>uisque vous nv(^z
susp:^ndu les évê]ues, ce qui fait croire que
vous lui vondiie?. Aler la (ouronne de des-
sus la tête. » L'.irchevêque dit : « Au con-
traire, je voudrais pouvoir lui donner en-
core d'autres couioimi's. Et quant aux évê-
ques, ce n'est pas moi qui les ai suspendus,
c'est le paie! — C'est bien vous, dit Re-
naud , puisque c'est h vttfre poursuite. »
Thomas reprit : « J'avoue que je ne suis pas
fiM lié' si le pape venge les injures faites h
mon Kglise. » Knsuile il se plaigiitdes torts
et des insultes qu'ils avait ivçus de|mis la
conclusion de la paix, et dit h Renaud :
« Vous eliez présent, vous et plus de deux
cents chevaliers, ipiand le roi m'accorda de
ronlraindre par li*scensures ceux (|ui avaient
tniuble rUglive, à lui faire sali-taelion ; et
jt> ne me |>nis dispenser de remplir mon de-
voir de pasteur. » .\ c«'s mots les chevaliers
se levèrent en criant : « > Dilà di's mena-
ces I » F.t rlirenl aux moines : n Nous vous
coiinv ' - de la part du roi de le garde ;
s'il sis -u r '• on s'en jirendra h vous. » Us
sortirent aussitôt et riiomas les suivit jus-
qu'à la porte de son n'iiiehaïubre en disant :
o Sachez qiiejenesuis jias venu pourm'en-
fuir et que je fais peu de cas de vos mena-
lîOK
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f«'s. >> Ils r<'[>on<lir(Mil : « Il y "'""" n\\\rf rliosn
«]iM' <li's iiKMiJtccs 1 » l'At\\\\ sdrlis du |i,'\l;ii.s, ils
Ali'M'ciil It'iirs cluiix»*» ri Inirs nihcs i>t on
vil l(»s (•()lt(<s (le mailles duiil ils (''iMiciil ro-
Vt^lns. (Iciiv (lo leur suite s*,iniièreiil aussi,
cl (Mllre leili'S «\|té(>s ils poilaieiil des arcs,
d 'S Huches, «les liarlies el d'anire.s iiislni-
iiie-ds I (iiir rompre les portes. Tliomas de-
ineiirail tr.'in(|uille dans sa cliamhre, et loin
de s'eid'iiir, h peine se laissa-l-il persuader
d'aller h l'église ef)l(>ndre li's v(^pres ; mais
il no venait cpie d'y eiiti-er (piand les (luatri^
chevaliers y oiilrèrenl aussi par le cloilre,
l'i^ ;«''o h la main. I.e pi'cmier s'('^cri.'i : « Où
est ce traître? » Kt conuiu' |)ersotini» ne n'--
nondail, il ajouta : « Où est i'archevô(pio? »
l'Iiomas, desceiidant d(\s dei^rés (pi'il avait
lUtintés, répondit : u Me voici ! » l'A il ajouta :
« Ucnaud, llenaud, je l'ai i'ail beaucoup de
hien, el tu viens aiMué mo clieichei- dans
ré,-;lise! »> llonand. |)reu mt le pallium îles
mains de ^.•lrt•hov(^t^ue, dit : « 'l'u vas le voir;
sors, tu mourras tout h l'heiu'e. » Tliotuas
retira le pallium de sivs mains et dit : « Jo
ne sortirai point ; mais si vous nie cherchez,
je vous détonds, de la part de Dieu, sous
peine d'anathèmo, do faire aucun mal aux
miens 1 »
Renaud recula un peu, et voyant que ses
couipagnoiis étaient veiuis, il voulut doinier
un grand coup d'épée sur la tète de l'arche-
vêque; mais un clerc, nomin(5 Edouard
Grim, étendit le bras pour lecevoir le coup,
dont il eut le bras presque emporté : le
reste du cou[> porta sui- h- prélat, abattit
son botmet et le blessa à la tète. Alors Ue-
naud s'écria : « Fra;>pez, Frapjjcz ! » Tho-
mas baissa la lAte pour ia prière et dit : « Je
mo rocouimiuide, moi et la cause de l'Eglise,
à Dieu, à la sainte Vierge, aux saints pa-
trons de celte église et au martyr saint De-
nis. » Et ce furent ses don-ières {)aro]es.
Alors il se mit à genoux devant l'autel, les
mains jointes, et lovant les yeux, il allendit
le second coup qui entra [)lus avant juscpi'au
cerveau, et tit tomber le prélat prosterné
comme en prière ; le troisième acheva de
lui couper la tète, qui t ;mba en devant sur
son visage. Enfin, un nommé Hugues Mau-
clerc, enfonça la pointe de son é|)ée dans 'a
tète ouverte, et ré[)andit la cervelle sur le
pavé, puis il s'écria : « Il est mort, sortons
d'ici ! »
Ainsi mourut Thomas , archevêque de
Canlorbéry, dans la cinquante-troisième an-
née do son âge, le mardi 29 décembre 1170,
Sûr les cinq heures du soir. Il reçut tous ces
coups sans parler et sans faire aucun mou-
vement des pieds ni des mains. Pendant
qu'on le massacrait dans l'église, d'autres
pillaient son palais. Ils rompirent les portes
et les serrures , enJevèrent ses chevaux,
battirent ses domestiques, ouvrirent ses
coffres, partagèrent entre eux l'argent, les
habits et les autres meubles. Us emportèrent
même les titres de l'église de Canlorbéry et
les donnèrent à Renoul de Broc pour les
porter au roi en Normandie, alin qu'il pût
supprimer ceux qu'il trouverait contrai-
res h s(»s prét(«(dions. A la nouvelle de rti
nH'urtr(!, toute la ville de Ciuilorlx-ry fut
coiisteirM^e; mai» les riche»», .saisis «fn crajnlfl,
demenrèrenl dans lenrs maisons : il n'y eut
(lin* les pauvres (pli accoinureut niiH-SitAl h
I église ileurer b ur jière. Il» lui hni.naiJînl
les mains el les pieds, ils r/nnassaient son
sang dont ils .si; frottaient les yeut, et y
trempaient des morceaux <le leurs habits,
(!e (]ui en di-mcura sui' le pavé fut reciiedli
soigiMMiscnient et nus dans lu) vase Irès-net
pour le garder dans l'église. Lr's moines mi-
rent le cor[is sur un brancard devant l'au-
tel, et
en
•t passèrent la nuit au|»rès en l«rmes ot
jrieres. Mais le len<lemain malin on
leur vint dire (pi'il y avait hors de In ville
une grande troupe d • gens armés r]ui vou-
laient enlever h; corns du saint prélat, lo
tramer par les rues h la queue di s chevaux,
le p(nidre au gibet ou le mettre en pièces et
le jeler ei (jui'lque bourbim". Les moines,
alarmés de ce bruit, n'soluient de l'initeirer
promptemeril. Ils fernièieit les portes de l'é-
glise et (toi terent lecorj)sd;ui><la(ha[)(;lle sou-
terraine, où, l'ayant (le|»ouillé,ils trouvèrent
(]uo sous son hc\bit monastique il portait un
rude ciliée, et, ce qui était sans exemph;, des
fémoraux do même étolfe. Ce spectacle at-
tira de nouveau des torrents de larmes, car
on avait ignoré juscpie-lîi qu'il nrati juiU
celte austérité. On le revêtit par-aessus de
ses habits pontificaux, on le mit dans un
tombeau de marbre tout neuf, qui se trouva
dans cette cliapclle, ot on en ferma soigneu-
sement les portes. L'église demeura interdite
pendant près d'une année ; on couvrit les
croix, on dépouilla les autels comme au
vendredi-saint, et les moines récitèrent l'of-
fice dans leur chapitre sans chanter. (Fleury,
t, IV, p. 709.)
THOMAS DE FOLIGNO ( le bienheureux),
franciscain, souffrit le martyre dans la ca-
pitale des Bulgares avec quatre autres bien-
heureux de son ordre, nommés Ladislas de
Hongrie, Nicolas de Hongrie, Grégoire de
Trau en Dalmatie, et Antoine de Saxe. Bussa-
rath, prince schismaticiue, qui régnait au deià
du Danube, surprit la ville où étaient nos
saints, aidé par les schismatiques qui l'habi-
taient il'unde cestnartyrsfut massacré dans le
premier tumulte, elles quatre autresfurentdé-
capitéssurleborddu fleuve le 12février 1369.
L'endroit du rivage où gisaient les corps des
martyrs fut illuminé d'une clarté splendide.
On y entendit une musique qui semblait
provenir des chœurs célestes. Quand on ra-
conta ces prodiges à B ssarath, il se rendit
immédiatement sur les lieux. Mais quoiqu'il
pût faire, son cheval, n'obéissant ni aux coups
ni à l'éperon, refusa d'anprocher du corps
des saints. Alors, descendant de cheval, il
voulut s'en approcher; mais une terrible ap-
parition lui en défendit le chemin, il fiit
obligé de se reti-rer l'épouvante dans le
cœur. Les moines du rite grec, qui crai-
gnaient qu'on rendit les honneurs accoutu-
més pai'mi les catholitjues aux reliques des
sa.nts, amenèrent dos cliiens pour les dé-
vorer. Quand ces animaux voulurent ac-
4Î07
THO
TFIY
1208
complir cette horrible ciirf^e, la main do ce-
lui qui commande à toutes rlioses ici-hns,
les frappant d'une fa^-on invisil)lc pour les
siiectateurs, les força de fuir en jetant des
hurlements épouvantiblos. L'un d'eux, ayant
mordu un u»- ces corps sacrés, parut inirué-
dialement la gueule en feu aux yeux des
spec 'aleursremoiis i'»^pouvante. Cf f'it alors
que Dieu, mettant le coir.bie à ces prodiges,
fit sortir le tleuve do son lit ; ses vagu^^s vin-
rent soulever sur la rive les corps ipie trtUt
de miracles avaient sloritiés, et Ils placè-
rent dans des cercueils qu'a|>portôrent des
anges. Quand cet tns'jvelisseiii''nt miracu-
leux fut terminé, le lleuve s'ouvrit pour don-
ner aux martyrs une sé|)ullure non moins
miraculeuse au sein de ses tlots. Les véné-
rables reliques n'ont pas été retrouvées.
Voilà ce que raconte Wadding, et, d'après
lui, Henrion ; nous aimons à croire que dos
faits de cotte nature ont été étayés de preu-
ves sulFisanles pour que des auteurs recom-
mandal)les en aient accepté la responsabi-
lité.
THOMAS (le bienheureux), chevalier hon-
grois, avait emb.assé la loi de Mahomfit
alin de se concilier la faveur du sultan d'E-
gypte. Poussé par un secret mouvement de
la grAce divine, il vint, pendant la semaine
sainte, visiter les sanctuaires de Jérusalem,
et entra par hasard dans un couvent de
franciscains, qui était voisin. Le frère Nico-
las de Monte-Corvino lui ayant reproché son
apostasie et l'ayant exhorté à revenir h Dieu,
il fut touché de la grAce, et résolut d'allor se
rétracter publiquement au Caire, accompa-
gné de Nicolas et des frères François et
Pierre. Ce fut le dimanche de PAques 1358
'lu'ils furent admis en présence du sultan.
Ils lui parleront avec une si généreuse li-
berté que ce prince, rempli de colère, les li-
vra au cadi qui les condamna à être coupés
])ar morceaux, puis consumés par le feu, le
4 avril 1358. (Wadding, an. 135'*, n" 9.)
THOMAS DE TOLENTINO, le bienheu-
reux), fran(iscain, partit avec trois autros
moines de son ordre, nommés Pierre de
Sionne, Démétrius de Tillis ol Jacques de
l'adoue, pour aller prêcher l'Evangile dans
le Kathai, dirigés par uii^élé dominicain
français nommé Jourdain Catalini. Forcés
par ilivorsos circonslancos daborderh Tana,
capitale de l'ile Salsette, ils y versèrent leur
sang pour la défensodu nom do Jésus-Christ.
[Voy. pour les détails l'article Martyrs de
Taxa.)
THOMAS lo bionhfMiroux'^ ot ses compa-
gnons Malhias son frère, Marthe sa mère,
furent déca|)ités, le 28 janvier 1613, pour la
foi chrétienne dans !»« royaume d'Ariina. qui
fait partit- du Japon. Thomas et Mathias
avaient deux enfants : Jacques et Just qui
})artagèrent la gloire i\r h'ur martyre. 11 n'est
pas dit de qui ces doux jeunes enfants
étaient los fils.
THOMAS, (le bienhouroii\\ fut martyrisé
en H»08, au Ja[>on, dan» lo royaume de
Fingo, avec Faciémon son père, «liro/.ayé-
mon Joachim, Jean Tingoro, et Pierre, tils
de ce dernier. On peut voir les détails de
leur martyre au titre GiROZAVÉMoy. Notre
bienhoureux n'avait que douze ans. Ayant
appris sa condamnation, il courut se revêtir
de SOS plus beaux habits, et vint spontané-
ment au-dcv.'-n du cortège funèbre, qui se
dirigeait vers le lieu du supplice. Il sauta
au cou de son père en lui témoignant sa joie
d'èlre associé a son sort. Lorsqu'on fut ar-
rivé au lieu du supplice, les saints confes-
seurs attendirent quelque temps que l'autre
enfant arriv;U ; mais comme il ne venait
pas, ils furent décapités en son absence.
THOMAS lie princej, tils de la |)rincesse
Agnès, potit-Qls de Jean, fils de Sounou, ré-
gulo cfiinois, fut baptisé en 1721, avec son
frère Matthieu ei ses deux sœurs, sa mère
Agnès et sa grand'raère Cécile. Il partagea
Icxil que l'empereur Young-Tching pro-
nonça en 172'», contre toute sa famille, cou-
pable presfpie tout entière d'avoir em-
brassé la foi chrétienne, et fut envoyé à
Yeou-Oué, petite place militaire de la Tar-
tarie, à 90 lieues de Pékin, au delà de la
grande muraille. Peut-être fut-il de ceux que,
l'année suivante, atteignit le jugement qui
condamnait plusieurs des petits-tils de Sou-
nou à être mis à mort. On croit que l'empe-
reur commua la peine. iPour les détails de
cet exil, voy. Cbine et Sounol.)
THOMAS, ancien aumônier de l'hôpital
de Château-Gonlhier, fut guillotiné à Laval
lo 21 janvier 179i, avec treize autres prêtres.
Les facultés de ce saint ecclésiaslimie
étaient très-affaiblies, au point que pailois
sa tète s'égarait com|)létement. Le jour de
sa mort. Dieu lui rendit la plénitude de sa
raison, et il répondit avec beaucoup de pré-
sence d'esprit à toutes les questions qui lui
furent adressées. Peu après son interroga-
toire, sa tète roulait sur l'échafaud. (Tiré
dos Mémoires ecclésiastiques , etc., j>ar
M. Isidore Boullier, curé de la Sainte-Tri-
nité de Laval, 18i6.)
THONIUS, l'un des trente-sept martyrs
égyptiens qui donnèrent leur sang pour la
foi en Egypte, et descpiels Ruinart adonné
los Actes authoiitiquos. Voy. .Martyrs ^los
trenle-sopt) égyptiens.
THRASÉ.\S'( saint), évêque d Euménie,
fut martyrisé à Smyrne, dans les domières
années du règne de .NLarc-.\urèle. L'Eglise
vénère sa mémoire le 5 octobre.
THUASON isaiiil\ martyr, employait son
bion à nourrir no!i-seulemoiit les clirélioiis
qui travaillaient aux bains et autres ouvrages
publics, mais aussi ceux (uii otaiont en pri-
son. Il fut donc airèté par Vordro do l'empe-
reur Maximien, et reçut la couronne du mar^
tyre avec Pontien et Prétextât, ses doux com-
pagnons. L'Eglise fait sa mémoire le 11 dé-
cembre.
THYRSE [saint), diacre, disciple de saint
Polycarpe. fut envoyé par lui dans les (iau-
les, avec saint Bénigne et saint Andoche,
piètres, pour y prè» lier l'Evangile. Heureu-
srincnl arrivé h .Marseille, il vint l\ Lyon,
|tuis h Autun, où de nombreuses conver-
sions eurent lieu ; puis il vint, avec saint
vim
Tl!l
TIC.
r^io
Andoclio, ?i Sn>ili(Mi, pi^s (rAuhiii, clio/, un
niarcliaïKl iioiiiiik'' Im-Ux, (|iii les t-cnil et leur
oiVril sa nuiisoii pour y iiistniirc les pirsoii-
iics (pii voiidiait'iil l(»s rcoiilcr. |Iii (dlicicr
du t;<)iiv('iiiciir, (Hniit venu (In-/. I''(''li\ pour
y lo^cr, (>l y ayaul tfouvc'i lus saiiils, (pii y
i'aisaitnil leurs iiislrnclions, s'oii l'ut les dé-
iiiMicor. \ai gouvcnifiu' les lil arrcHcr avec
Kélix.cpii voulut <Mr(' \o ((Mupa^iion di^ leurs
(lanj^'ers el de lours li-ioinplies. D'alxud on
les lit foueller, susiieiidrc^ pendant loul un
jour par les mains ;\ des nrhres, les pi(>(|s
(■liarf;és (le f^rosses |)ierres, el ensuilojeler
(lins lo rou,(|ui iw les hrAla point. K«'s |)er-
sécutiMirs, voyant cela , les assouinu-renl j\
coups de hAlons. L'l']^iis(> célèbre la l'Ole de
cos saints uiai'lyrs le liV seplend)re.
TIIVUSK ^sainl), eut la j;loire (l(> donner
sa vie |)our Jésus-l-luist en llilliynic», sous
l'empire d(>Dèce, avec saint ('ail ini(pieel saint
Leuce. Nous tie savons ri(Mi de positif sur
ces trois saints ; ce qu'on en raco'ile (;ounno
détail n'a aucun caractèn^ d'aulhtMiticiié ;
mais de tout lem[)s ils ont été on li'ès-grando
vén(''ration dans l'Kglise qui célèbre leur
fôte le :28 janvier. Saint Tliyrse et saint Cal-
liniquo eurent la lèle tranchée ; quant à
saint Loue ', il expira au moment oCi l'on
cessait de le tourmenter.
THYUSE (sauili, fut martyrisé avec saint
Prix, dans un lieu, à une époque et dans
des circonstances qui nous sont inconnues.
L'Kglise fait collectivement leur mémoire le
2'i. janvier.
THYUSE (saint), fut martyrisé à Alexan-
drie, avec les saints Saturnin et Victor. Nous
ignorons à quelle époqui^ et dans quelles
circonstances. L'Eglise fait collectivement
leur sainte mémoire le 31 janvier.
TIBÈRE ou TiBERY (saint), habitait Cesse-
ron ouCessarion, dans les environs d'Agde,
à peu de distance de Béziers (12 kilora.). 11
était très-jeune : son père, voulant le con-
traindre à adorer les idoles, lui fit endurer
plusieurs tourments et la prison, et enfin le
dénonça. 11 fut arrêté avec un chrétien
nommé Modeste, et mis avec lui en prison.
Tous deux eurent à soulTrir des tourments
atroces ; mais rien n'ayant pu abattre leur
constance, on les condamna à être décapités,
et ils furent mis à mort au lieu même oii ils
demeuraient. Vers la fin du vm' siècle, on
fonda en leur honneur, en ce lieu, une ab-
baye régulière de Bénédictins. L'Eglise fait
leur fête le 10 novembre. Le martyre de ces
deux saints eut lieu dans le commencement
du IV' siècle, sous l'empire de Dioclétien.
TIBÈRE (Claudius Nero), successeur d'Au-
guste, deuxième empereur romain, monta
sur le trône en l'an 14. Nous n'avons à par-
ler ni de l'habileté gouvernementale, ni de
la cruauté, ni des débauches de ce prince ;
Nous ne trouvons dans sa vie que peu de
chose qui ait rapport à l'Eglise et à ses
persécutions. PiJate ayant adressé à Tibère
un rapport détaillé de tout ce qui s'était
passé en Judée relativement à Jésus-Christ,
à ses miracles, à sa résurrection, et aussi
relativement aux apôtres et à la doctrine
(pi'ils prêchaient, ce princo «e aontit porté
\\ r.ivonser les chrétiens. Il demanda au
se; al (h; meltr<! J(Vsus-('.hiist au noudjie des
dieux. Ayant été refusé pnrcoll(î compagnie,
il délendit, sous pcunit (h; mort, qui; l'on
conlirni.lt de |>ers('culer l(!S chrétiens. 11 est
très-probable rpie cet ordrc! donné ()/ir Ti-
bère; arriva après la conversion de saint F'aul
ot la persécution ([ui sévissait lï Jérusalem.
TIMEUV (saint), h; même que saint Ti-
bère.
TIIUIRCE (saini), fui martyrisé [)Our la
défense de la ridigion chriHienne, à tronto
milles d(; Rome, dans h» pays d(!S Sabiiis.
Nous n'avons pas (h; détails a\ilh(;nli(jues sur
lui, sinon qu'd soull'rit avec hîs saints Hya-
cinthe et Al(!xandre. L'Eglise; fait leur mé-
moire (•olleclivement le 1) septembre.
TIRllIU'-E, (pialilié président dans le Mar-
tyrologe romain, lit mourir par le glaive,
durant la persécution de Dèce, dans la viilo
d'Are/./.o en Toscane, les deux jeunes frères
Laurenlin et Pergentm , qui avaient fait
beaucoup (h; mirae^les durant la [xjrsécutiot;,
et (jui donnèretit l(;ur vie pour la foi mal-
gré leur extrême jeunesse.
TIBURCE (saint), martyr, frère de Valé-
rien, le mari de sainte Cécile, fut converti à
la foi par les' exhortations de cette sainte.
Il fut arrêté avec Valérien pour cause do
christianisme, et, par ordre du préfet Alma-
que, il fut d'abord frappé à coups de bâtons,
puis décapité. Maxime, l'un des officiers du
préfet, louché du courage des deux saints
martyrs, se convertit, et fut lui-même mis à
mort. On le frappa avec des cordes garnies
de plomb jusqu'à ce qu'il rendît l'Ame. L'E-
glise fait la fête de ces saints le 14 avril,
[Voy. Cécile.)
TIBURCE (saint), fils de saint Chromace,
préfet de Rome, en 284, sous l'empereur Ca-
rin, se convertit avec son père, que saint
Tranquillin et saint Polycarpe, prêtre, gué-
rirent de la goutte , après l'avoir baptisé.
Tiburce étudiait le barreau : il quitta la pro-
fession d'avocat, e' fut ordonné sous-diacre
par le pape saiit Caïus ; peu de temps après,
il fat arrêté par les païens pour cause de
christianisme. Après avoir subi plusieurs
tortures, il fut ùéca^nté sur la voie Lavicane,
à trois milles de Roue, où depuis une église
fut bàti^ el placée sous son invocation. La
cathédrale de Soissons possède une partie
des reliques do saint Tiburce. 11 est honoré
par l'Eglise, avec saint Chromace, son père,
le 11 août. {Voy, les Actes de saint Sébastien,
à son article.)
TIGUIUS (saint), martyr, versa son sang
k cause de l'intérêt qu'il avait pris à saint
Chrysoslome. On le dépouilla de ses habits,
on le fouetta sur le dos, on lui étendit les
mains et les pieds sur le chevalet avec tant
de violence, que ses membres en furent tout
disloqués. Il souffrit ce supplice vers la fin
de Tan 'î04. L'histoire ne dit point qu'il soit
mort dans le supplice, et il n'y a pas lieu de
le croire, puisque Pallade dit que le prêtre
Tigrius fut relégué dans la Mésopotamie.
L'Eglise honore sa mémoire le 12 janvier.
mi
TIM
TIM
1212
TlMf'E (saint), martyr, mourut pour la
foi ( hn'-lienno, en l'.in 3»3 di' Jc'sus-Christ,
50US li^ règne «lo Sapor dit Lon^'ii.>-Vio. Il
«^lail laiqup ot liabiJait 1.» iirovi'ire de»; Huzi-
tos. Sa iV'le c.^f iiiscrilo le 30 noveiiil»te au
Marfvrnlogp romain.
TIM» )L A US (saint), martyr, fut dé.-npih' h
Césaréo eu Paleslinc, sous le prt'-sidcut Ur-
bain, dans la persécution de Dioelc^-tion. fi
ouf pour compagnons de son martvre les
deux saints Dinvs, les deux sai'Us AlexaM-
dre, saint P.ui>«lde, saint Romule * t saint
Agapo. C'est le i't mars que l'Eglise honore
leu.' mt^mnire.
TIMON (saint), «^tait l'un des sept premiers
diacres. Il fit ii'altor.l sa résid<'ncc à Biuée,
de là, cont.Miiant h répanlrt? la précieuse
semence de la parole de Dieu, il vi-^t à Co-
rinthe, oïl, selon la tiadilion, les Juifs et les
Grecs le jetèrent dans le feu ; mais n'en
ayant reçu aucune atteinte, il fut eutin atta-
ché à une etoix, où il accomplit son mar-
tyre. L'Eglise l'a mis au nombre des saints,
et honore sa mémoire le 19 avril.
TIMOTHÉE (saint), disciple de saint Paul,
évèpie d'Kjjlièsc, martyr, était de Derbe ou
plutôt de Lyslre, toutes deux villes de Ly-
caonie ; son père était gentil , mai> sa mère
était juive et j)eut-étre j)arente de saint Paul.
Elle s'ai)pelait Eunice ; sa grand'mère se
nommait Loide, et elles avaient toutes deux
embrassé la religion chrélien;ie nva'U saint
Timotiiée. Saint Paul les loue pour la sincé-
rifi' de leur foi. Lorsque cet apôtre [lassa à
Derbe et à Lysfre, il y avait, disent les Ac-
tes, un discijtle nommé Tiinolliée (ce qui
marque qu'il était chrétien dès au})aravant)
h qui les frères de Lystre et d'I( oie ren-
daient uu témoignage avantageux. Il avait
appris les saintes lettres dès son enfance.
Sanit Paul voulut qu'd le suivît, et Timothée,
préférant à tout s ciioses la compag :ie de
cet ai)ôlre, abandonna son pays, sa maison,
son père et sa mère, afin de le suivre. Ainsi,
dit Chry>o>tome, Dieu rendit à saint l'aul, eu
Timothée, ce qu'il lui avait ôlé [)ar la re-
traite de saint Runa.ié. Il était |)auvre aussi
bien (jue sainr Paui, et il n'eût pas pu èfic
son disciple, s'il n'eôt aiyié la (tauvrelé, les
sou(Tran<;es el tnulfs les autres peines dont
celui (ju'il prenait pour maître l'aisait sa
gloire el sa joie. Saint Paul le circoncit à
Lysirt' avant que de le prendre en sa com-
pag'ue. Saint Cliry>o^toine admire la [)éné-
tralion d'esprit avec laquelle saint Timothée
couipiil les laisK'is de sagesse el de {)ru-
«lence qui ubligi-aient saint Paul à le faire
circoncire, et on peut encore admirer lliu-
mililé avec la piel.e il s'y soumit. Saint Paul
raéme nous apprtnd (ju'il s'était fait diver-
ses |»rophélies sur son sujet, par où il nous
manjuc peut-èlre qu'il ne l'avait pris avec
lui et ne l'avait circoMi is ipie par un ordre
exprès idu Saint-Espril. Après qu'il fut cir-
concis, saint P>Mil lui coniia, dit saint Clirv-
sostoiue, tout'' l'économio el le minislùre île
la pMilication, quoiqu'il fût emore bien
jeune ; de sorte qu'il fut l'ail < u mèiuf temps
Uisciplu el Diailiu, sa vcttu eilraurdinairo
suppléant au défaut de l'âge; et aussi il pa-
raît que le seniime it de saint Chrysosfome
a été que Timothée fut fait évéque aussitôt
après sa circoncision. Ou ne peut dmitorau
moins qu'il ne le fût, lorsque saint Paul lui
écrivit, puisqu'il lui parh' de l'imposition
des mains et des accusations coitre les prê-
tres. Il ne fui l'ail évè que ((iie par u'^e pro-
phétie el un ordr • particidiei- du Sainl-Es-
jtrit. Ce fut saint P.nil (\>n lui imposa les
mains, et, en reeevnnl larcetb' imposition la
grâce du Saint-Es[irif, il reçut le [touvoir
non-seuleme'it de gouverner l'Eglise, ni.iis
encore de faire des mirachs. Aussi, saint
Chrysostome dit qu'il ressuscitait ménie les
morts. 11 travaillait avec saint Paul |>our l'E-
vangile, comme in fils avec son père; et
cet a|»ôtre l'appelle non-seulement son (ils
très-cher et très-ûdèle, mais aussi son frère,
le coiiipngi.on de s s trnaiix, en un mot,
un homme de Dieu. Il assure <|u'il n'avait
personne qui f;">l uni avec lui d'es[>rit el de
cœur comme l'était son Timothée. Il recom-
mande aux Corinthiens de ne le pas mépri-
ser, ]inrce qu'il travaillait i>our le Seigneur
aussi bien que lui, et il le joint avec lui
dans le titre de plusieurs de ses lettres. Cette
affection ipie saint Paul avait pour lui .'■uf-
tii }iour ju^erde l'estime que nous en devons
avoir. Cet apôtre, après avoir pris avec lui
saint Timothée, passa de l'Asie en Macé-
doine, où il prêcha h Phiiippes, à Thessalo-
niqneet à Bérée. En quittant Bérée jour al-
ler i\ Athènes, il y laissa Si as et Timothée,
et lorsqu'il fut h Athènes, il leur mand.i, , ar
quei(pies chrétiens, de l'y venir proiiipti-menl
trouver. Saint Timothée y étant venu, saint
Paul le renvoya d'Athènes h Thessalonique
lour y fortifier la foi dos chrétieus cunlie
es persécutions qu'ils soufi'iaient alors. 11
'appelle diaere ou ministre de Dieu, et il se
peut bien faire ipi'il re fôt eneore que dia-
cre. Timotiiée trouva l'Eglise de Thessaloni-
que en fort bon état el revint, avec Silas,
tro iver saint Paul à CoriiiHie.
Peu de lem|>s après, rA[>ôtre écrivit sa
première Fpitrc nus Thrssnlouicinis. où il
j: iiit avt'i' lui ces deux saints dans l'inscr n-
tion, el il fait la même chose dans la seconde
le;tre h la même Eglise; ce ([ui suflil pour
monlrer (lue saint Timothée n'a porté ni
l'une ni l'aulre, quoiuue quel«iues-uns le
prétt'ndenl. De Ciu-inllie saint Paul fil uu
vowige à Jéiusalein, d'où il revint prêcher à
Eplièse, et après y avoir passé environ deux
ans. comme il était dans le dessein de cpiit-
ter l'Asie pour retourner e^i Macédoine et
en Achaie, il envoya devant lui. en Macé-
doine, deux deceux(jui le servaient, savoir,
Timotiié'c et Erisie. C'était apparemment
pour faire préparer les aumônes qu'îl re-
cueillait pour les chrétiens de Jéiu>alcm. U
tlouna aussi ordre à Timollié-r d'aller .^ Co-
rinthe pour y repréaentcr aux chrétiens
l'exemple de sa vertu, pour leur remettre
dans l'esprit la doclr.iit^ qu'il leur avait ap-
prise comme il renseignait partout ailleurs,
el'peul-êlre au^si pour leur faire de sévères
réprimandes. Ecrivaul peu après aux Corin-
ms
TIM
TIM
ï-iU
tliicMs, il leur tcdommMiulc^ d'/wnir soin ((iio
'IiiikiIIh'c Ii'iI dit'/ eux en assiii;iii((\ ni tl<'
In i'0('(iii(ltiii'o un |i/iix. On cioil (jms lors-
que sninl 'l'iiii()lli('(' l'nl venu h ('niinilit', les
chnWicns lo |)i'iôi'ciil ilc «iriii.uiili'i- t\ti Icin*
part h .sainl l'an! lo panioii (l(^ l'intostiiuiix
(lu'il jiviiil cxcominiiiiit', cl il lil ce tprils
.Noiiii.iiiaicnl. Apiè^ (pi'il ciU vv^^ïi'' luiilcs
<'lu>sos » (iorinllic, il idonnia en Asie limi-
ViT s.'ii'U l'iiiil (|. I rall(Miil,ii(, <'t (pu ;i\aii(
mis ortlni avec lui, dil sain! (llir. >osl(mH',
«n\ adaiics do l'Asie, passa en iSlaeédoine
{n\ il le mena avec lui. Il joinl son nom au
sitv) «laus le (ilre de la seconde épilre anv
Cofinlliie Ks, (''Cl ile peu do mois aprcVs , el il
lail ses recomiiiaiidalions aux Humains ,
dans kl h (tre iin'il leur éeiivil, lorsipiil lut
venu do Maiédoin • «^ ('orinlho. Sainl Timo-
tiic^o l'aecompa^j^iia (Uieoce jusiprà IMiilippes,
J(M's.pio de (lorinllie il voulut lelouiiier i\
Jc^rusalem, ot l'ayanl laissé h Flnlippes, il
l'alla altendi'e à 'IVoadooù sainl Paul le vint
l'ejoindro ipieJijues jours apr(''s.
On no (iil point oc (pio devint saint Timo-
Ihéo duiaid les deux années que saint Paul
lut piis.)nnu'r;iCé>ai'éo en Palestine, il peut
néaiunuins ùlre denunu'é d;vns ce temps-là
méiue au|tiès de lui. O'i présume aussi (pi'il
l'aecompagna lorsqu'il fut mené prisonnier
à Uonie. 11 est eeiiain en eiïet que saint Ti-
niolhéi! élait à Uome lorsijue cet apAli'e éeri-
vil à Philénmn, auX Philifipiens et au\ Co-
lossiens, f)ui3quil est nommé eonjointoment
avec; lui dans le litre «le ces trois lettres.
Sainl Paul mande aux Pli lippieus qu'il es-
pérait de le leur etvo.yer bientôt, alin d'ap-
piendre par son moyen en quoi état ils
étaient. 11 y a apparence qu'il le fit et que
Timotliée eut le bonheur, dans ce voyage,
d'être l'ait prisonnier pour le norn de Jésus-
Christ; car saint Paul, é(U'iva.:t aux Hé-
breux l'année suivante, leur mande que Ti-
luuthée était sorti de prison, et il est cer-
tain qu'avant l'an Gi il avait confessé glo-
rieusement la vérité en présence d'un grand
noujbic de témoins, il n'éiait pas encore
revenu trouver saint Paul, lorsque cet apo-
tie écrivit aux Hébi'oux, à qui il mande que
s'il revenait bientôt il les irait voir avec lui.
C'était comme un mérite qu'il se fais it au-
près d'eux, car il y a ajjparence que saint
Timothée n'était (jos odieux aux Juifs, en
faveur desquels il avait bien voulu se sou-
mettre à la circor.cision.
11 revint apparemment assez tôt pour ac-
compagner saint Paul en Orient. Au moins,
nous savons que saint Paul, passant d'Asie
en Macédoine (an 6i), le laissa à Ephèse et
le pria d'y demeurer pour corriger quel jues
])ersounes qui semaient une fausse docîriiie,
pour y régler les prières de l'Eglise, y pren-
dre soin de la conduite de toutes sortes de
personnes et de la subsistance des prôtres,
y reprendre publiquement les pécheurs, y
juger les prêtres mêmes, y imposer les mains
à ceux qu'il faudr.it élever au niinisière de
l'Eglise, y ordonner des diacres et même
ûos évoques ; car il lui remettait le soin de
toutes les Eg'ises (i'.-.3ie Ainsi, saint Paul
l'élaldil évArpie d'l'",plicse, ot rVst lui qui se
(l'Olive le piiMiiin- en avoir j^ouvoilié l'I'glisr!
on eello (piaillé. On voit dans lo concilu do
Calci''i|oiiie que saint 'riiiioiliée étrdt alors
coiisidt'-ré (Miilliie le picmier des év/'qiies
d l'ipliéso, dont on en comptait 17 jusql^^
lilnnine déposé par ce corK^ite. Maxime é ail
proconsul d'Asie, selon li's Actes de 'ainl
'l'imothée, lorsque ce saint en fut établi évô-
(pio par sailli l'.ml. On (•roil iiiie l'a, 'tlrr*
ir(''tait pas encore parti do Macédoine ondes
environs, lorsqu'il lui écrivit sa priniiièc
i''j)lln', où il lui donne divers piéceples laiil
pour se régUr liii-iiiiMiie ipie pour gouV(M'-
iier les autres, alin (pie, s'il ne pouvait nns
le i( voir sitnl, il sùl do qn» lie nianic'-re il se
devail Cl nduirodans roxircice de sa charge.
Il espérait né inmoins aller bientôt le revoir.
Nous appro-'oiis do celle; lettre ipie saint 'l'i-
niolliée ne buvait t]uv de l'eau. Mais coiiiine
il l'tait souvisnl malade et qu'il avait l'oslo-
niac Iros-raible, se l'étant gAté jiar sos gran-
des austérités, et ayant bien voulu éire in-
lirine peur plairt; h Dieu, saint Paul lui or-
donna d(! boire un peu de vin, alin (pi'il ré-
tablit sa santé ; mais il ne lui ordonna pas
d'en boire beaucoup, parce qu'il nous est
utile (pie la chair soit faible afin que l'esprit
en soit |)lus fort el plus vigoureux. 11 lui
eût été aisé de le guérir })ar miracle, comme
il en guérissait tant d'autres ; mais la foi de
Timothée était trop forte pour av(nr booin
de cette faveur extérieure et tem[)Oielle. Il
élait encore alois assez jeune, ce fpii ne
nous oblige pas né;>nraoins de dire qu'il
eût moins de quarante ans. Rien ne nous
empêche de croire que saint Paul le vint re-
voir à Ephèse, comme il le lui avait fait es-
pérer, il ne le quitia cette dernère fois que
pour retourner à Rome et y aller recevoir la
couronne du martyre. Saint Timothée, qui
était attaché à lui par un amour extnhne-
mont tendre, ne le put laisser aller s ins ré-
pandre beaucoup de larmes. Saint Paul n'ou-
blia jamais cctie mannie de sa tendresse. 11
se souvenait continuellement dans ses priè-
res de ce cher disciple dont il aimait si fort
la foi sincère, et il regardait mèine ce sou-
venir comme une grâce qu'il avait reçue de
Dieu.
Il ne perdit jamais aussi le désir de le
voir encore, dans l'espérance que cette vue lui
donnerait à lui-même une pleine joie. C'est
pourquoi, étant arrivé à Rome et déjà fort
proche de sa mort, il lui écrivit une seconde
lettre qui était toute pleine de tendresse et
de consolation, et comme son testament, par
laquelle il lui manda de le venir prompte-
mont trouver avant l'hiver ; car il souhaitait
de le voir, non-seulement pour avoir celte
consolation avant sa mort, mais peut-être en-
core pour lui recomniander et lui coniier
beaucoup de choses. 11 lui mande d'amener
Marc avec lui, et de lui apporter diverses
choses qu'il avait laissées à Troade, ce qui
marque fpie sainl Timoihée pouvait être
alors dins l'Asie, quoiqu'apparemment ii ne
fi1t pas à Ephèse ; et saint Paul pouvait l'a-
v(»ir charge, eu le quittant, de visiter les
tîl5 TIM
Eg1ise<: d'alentour. Il lui mande nii'il avait
eiivové Tvquique h Ephèse, et i[uel(jues-uns
croiint que c'était pour y tenir sa place du-
rant qu'il ferait le voyai^è de Kome.
Ci'si tout ce que nous avons d'assuré sur
saint ïiniothée ; car pour le reste de sa vie
nous n'en trouvons rien dans les auteurs au-
thentiques. Tout re que nous en pouvons
dire, c'est que comme Eusèbe l'appelle évo-
que d'Ephèse, et (pie cette E;.^lise commen-
çait par lui la liste de ses évoques, nous
avons lieu de croire qu'il s'est particulière-
ment em[)l'>yé h sanctifier les f>euples [vir
l'exemple de sa vie et par la force de ses
exhortations. Car, quoique saint Jean l'E-
vangéliste y demeurAt en même temp?, néan-
moins il n'en était pas évoque particu'ier ;
mais il avait soin en générât de toutes les
Eglises de l'Asie, par une autorité supé-
rieure h celle même des évoques. Nous li-
sons dans les a Iditions faites aux Hommes
Uluslrcs de saint Jérôme, que saint Timo-
thée linit sa vie dans la même ville par un
glorieux martyre. Le Martyrologe romain
dit qu'il fut lapidé lorsqu'il reprenait ceux
qui sacrihaient à Diane, et qu'il expira peu
après. Tout cela est assez conforme à ses
Actes écrits apparemment par un ecclésias-
tique d'E|)hèse, peut-être dans le v ou vi'
siècle, et dont Photius s'est donné la peine
de nous faire un abrégé. Ces Actes portent
que sous l'empire de Nerva et le proconsul
Pérégrin, lorsque saint Jean était encore à
Pathnios (et ainsi en Tan 97), les païens fi-
rent, le 22 de janvier, une f^ète appelée par
les Asiatiques Catagogès, ou conduite, en
laquelle ils portaient les images de leurs
dieux et commettaient mi'le insolences avec
d'autant plus de liberté qu'ils étaient mas-
qués et armés de grosses massues ; que saint
Timothée s'étant jeté au milieu d'eux pour
empêcher cette fête abominable, ils le bat-
tirent k coups de pierres et de massues jus-
qu'à lui ôter la vie, et qu-* ses disciples,
l'ayant retiré de là à demi mort, le portèrent
sur une montagne proch'' de la ville, où il
mourut. « 11 fut enleré. ajoutent ces Actes,
dans un lieu appelé Pion, et s.iirit J 'an, ayant
aj)pris sa mort lors [u'il revint à Ephè-^e, se
chargea du gouvernement de son E;lise. Les
Grecs semblent ineltre le tombeau de saint
Timolln'e auprès do celui de saint Jean, sur
une montagne ap[)elée Libate. IN ra[)portent
son martyre à peu près comme nous le lis(Uis
dans ses Actes. Ils en font leur grand oftice
le 22 janvier, l'snard et quehpies autres la-
tins le mar(iueiit le même jour ; mais la plu-
part, après Bède. Kaban et Adon, le mettent
le 2'*. auquel l'Eglise romaine et beaucoiif)
d'autres en font Inflice. Les anciens marty-
rologes, qui portent le nom de saini Jérôme,
mettent sa mémoire le -27 seplemlire. Bède
et Adon, dans leurs martyrologes, lui don-
nent le litre «l'anùtre ; cela est encore plus
onLnaire parmi les (Irecs. O-i ne sait pour-
quoi ils (lisent dans leurs Mmiées (ju'il a
non-.seul»Muent prêché l'Evangile. mais(pril
l'a aussi écrit. .S'd n'est mort (pi'en l'an 97,
il Mmblo nécessaire de dire que c'est l'ango
TIM
1216
de l'Eglise d'E|)hèse, auquel saint Jean a
écrit dans l'Apocalypse. Onésime, (pii a mé-
rité les éloges de saint Ignace, remplissait
le siège d'Ephèse en l'an 107, et rendait lui-
mêuîe un témoignage avantageux à la piété
de son Eglise. Les reliques rie saint Timo-
thée furent transférées d'Asie et d'Ephèse à
Constantinople , sous Constance , et tirent
beaucoup de miracles en chemin. Elles furent
reçues avec toutes sortes d'honneurs à Cons-
tantinople, le 2'* juin, ou le 1" du même
mois, sous le huitième consulat deConstance,
et le preniier de Julien, qui est l'an de Jé-
sus-Christ 356. On ra|tporta encore à Con-
stantinople, le 3 mars de 1 année suivante,
les corps de saint André et de saint Luc, et
le Martyrologe romain fait une mémoire
commune de la translation de ces trois saints
le 9 mai, auquel quelques antres ne parlent que
de celle de saint Timothée. Les corps de ces
trois saints furent mis sous l'autel de l'é-
glise des Ap(Mres, où les démons témoi-
gnaient par leurs rugissements combien ils
ressentaient leur présence. Saint Chrysos-
tome, dans la [iremière de ses homélies au
peuple d'Antioche, où il fait un grand éloge
de saint Timothée, dit que ses os et ses re-
liques chassaient les démons. Ceux qui ac-
compagnèrent son corps lorsqu'on le trans-
porta à Constantino[)le eurent de ses reli-
({ues pour leur récompense ; et la moindre
partie de ses cendres faisait partout de
grands miracles. Il semble qu'on en ail porté
à Rome et qu'on les ait mises dans une cha-
pelle du saint , près de l'église de Saint-
Paul, et que cela ait donné occasion d'en
faire la fête à Roir.e et en Afrique le 22 août.
Son corps fut trouvé à Constantinople sous
Jusiinien, et ensuite remis en terre comme
il était. (Tillemont. t. Il, p. 1V2.)
TIMOTllflE ^s.unt), martyr, fut mis à mort
dans la ville de Rome, sous le règne de
1 emper(^ur M.trc-Aurèle. L'Eglise vénère sa
mémoire \ • 2i mars. L'Iiistiure ne fournit
surson compte aucun document ([u'on puisse
accepter comme aullienlique.
TI.MOrHÉE (saint), l'un des nombrtnix
martyrs de la Pa esti.ie, mourut pour Jésus-
Christ, en l'an 30'* de l'ère chrétienne, par
les ordres du gouverneur Urbain, l'un des
plus ardmits à persécuter les chiétiens, et
à exécuter contre eux les édits terribles de
Dioclétien. Ce juge fit cruellement fouetter
Timotlu'e, le lit ensuite étendre sur le clu^-
valel, où il eut les côtés déchirés avec les
jKMgnes de fer. Après qu'il eut enduré ce
suiiplice, on le brôla à p(>(il feu, dans la
ville do (ia/a, le 1" mai 30V. L'Eglise ho-
nore sa mémoire le 19 août. (''oy. Eusèbe,
de Miirt. Pnlrsl., c. 3; Assemani, Acln .<in-
crra, t. II. p. 18V.)
TLMtvmEE .saint), marivr à Reims, y fut
arrêté comme il y prêchait la foi, et ciniduil
devant le magistrat. On lui lit souffrir do
cruelles tortures, (pi'il supportai avec un cou-
ragt» si grand, (pr.Apoiluiaire, un de ses
bourreaux, se convertit avec plusieurs au-
tres |)ersonnes. Ces nouveaux chrétiens fu-
rent baptisés en prison peudaut la nuit, et
1117
ïl^
JIT
1218
inirunl lii l(H<> tiancluW) In li>ii(li'iii.iiii, (|iii
(Mait 1(1 -22 ani^l. Dans Ir Marlyrulu^r i-diiuiiii
la WHo (Iti ( t's .saillis ('.-.l iii.ii(|m'Mi In 2;j du
nu^iiic mois.
TIM(>rill<]K(.saiiil), mailyr, vimiii d'Aiitio-
clio .'i Udiiic, V |ii'(V'lia la lui cliicliciiu' dn-
r/iiil l'cspaco il'iuio aiiiirf, ci y cul la KM»
Ir.'incluS' , (Ml l'un de Ji'«.Mis-('lii'isl .'Ml, par
ordro di> Maxcncc, (ils do Maxiinicu Ilci-
Ciilo. Sa ïùlcs csl iiiscrild au Mail} inluj^c lo-
uiaiii, h la date du 22 aoiU. (>'«//. l'illcnioiil,
t. Il, iiotiî sur la vi(! de saiiil V\r.)
riM()'rnjf';i"> tut utuunu' ^ouvcnuiur do
Caiu{)auic, par DiocliMicu, eu .JOli, ù la plac(!
(lo DiMconco. (1(^ dernier déleiiail eu |iri.s(>u
h Pouzzoles sailli Sosie, diacre de Mis(''ue ,
salut Pi oeuli', diacre, Aeaco et Kutice, bour-
geois do l'ouz/.olcs, lous Irois coupables d'i)-
tre venus visiter Sosie dans sa |)rison. Tinio-
théo leur adjoignit bienlAl saint Janvier,
éviViue de Uéniivenl, puis Fesie el Didier,
le premier diai;rt>, le second lecteur de son
«église. 11 avait l'ait arrcMer saint Janvier à
Bt^névent. On le lui avait amené à Noie ;
c'est dans cette ville (lu'il avait l'ait arrôter
les deux derniers, qui y étaient venus pour
visiter leur évôcjuo. Il les lit tous conduire
à Pouzzoles, pour y être, avec les prisoiniiers
qui y étaient déjh, exposés aux bôles ; celles-
ci n'ayant pas voulu leur faire de mal, Ti-
niolhée les lit tous décapiter.
TIMOTHÉE (saint), évèciue , souffrit le
martyre h l'ruse en Bitliynie, sous le règne do
Julien l'Aiiostat. L'Eglise f;ut safételelO^uin.
TI.NiOTiiÉE (saint;, martyr, est inscrit au
Marlyi-ologo romain le G avril. 11 soullrit en
M.iédoinc, avec saint Diogèao : on n'a aucun
détail sur le mariyre. L'ii^'i^^ f^'i^ 'i* ''*<^-
nioire de ces valeureux combattants de la
foi h; 0 avril.
TIMOTHÉE ( saint ), diacre, fut jeté dans
lelen, où il expira après une longue el cru» Ile
prison ({u'il avait soullerte pour Jésus-Christ.
Sju mariyre arriva en Mauritanie. L'Eglise
fait sa fête l^e 19 décembre.
TlMO'l'HÉE ( sainl j, lut martyrisé à An-
tioclie , avec saint Fauste. Les Actes des
martyis ne nous marquent aucun détail sur
leur compte. L'Eglise fait leur fêle le 8 sep-
tembre.
TIMOTHÉE (saint) , fut martyrisé en Thé-
baïdt, avec sa femme, sainte .>laure, par l'or-
dre d'Arien, gouverneur de la province.
Après plusieurs autres tourments, ils furent
mis en croix, oiî ayant vécu pendant neuf
jours, se foitifiant l'un et l'autre dans la foi,
ils accomplirent leur martyre. L'Eglise fat
la mémoire de ces saints combattants le 3 mai.
TlNiiOKO (le bienheureux Jea> j , lut
rrjart} iisé en IbOS, au Japon, dans le royaume
de Fingo, avec Girozayémon Joachim, Mi-
chel Faciémon, Thomas, tils de ce dernier,
et Pierre, son propre tils. Jean Tingoro ,
Girozayémon et iaciémon comptaient par-
mi l'es plus puissants seigneurs uu royaume
de Fingo. Tous trois étaient directeurs
d'une confrérie qu'on avait iondée dans ce
royaume, sous le nomdelaiJ/iieVtcorde. Lors-
<iue le roi de Fingo commença ù persécuter
les clinUnins, il lit cmprisonnor nos trois
saints. A ré;i(j(pn« de 1(08, il y avnil près
de (pialrc ans i|u'il les tenait en prinon. l./i
noiinilure y élaii m mauvaise, le carliot
élait M iiialsaiii, lus soins de toutes sortes
niani|iiai<iii i( llcriiciit aux saiuls conres-
seurs, (pie diiozaycmou iikiuiiiI de iiiiscrc.
A la nouvelli! de sa mort, le roi donna l'or-
dre de (li'-capiler ses deux compa;^i]o'is /linsi
ipie leurs enfants. lùi ap|trcii/i:ii celle sen-
tence, tous deux dé( IaKMent (pi'ils on étaient
ravis, et cpie s'ils avaiofit un souliail .*i l'or-
mer, celait celui de voir les bourreaux épui-
ser sur eux toutes les lortures ipio Uîur art
piMiiiail leur suggérer. L(! r(ji, (pii craignait
(\\U) le peuj)le se soulevAl, commanda do
presser 1 exécution. On en peut voir le dé-
lail au titre GiuozAviiMON. On les conduisit,
une corde au cou, hors des murs de Ja-
loux iro, où ils furent d(''ca|»ilés.
'i'IPASE, ville de la .MauiilanieCésari(;nn<»,
a été célèbre par raltachciiient (h; ses habi-
tants pour la fui calhcditpie. Les ariens, pour
perdre les <)mes, y ordonnèrent un évèqiio
de leur secte, nommé Cyrille, (pii avait été
secrétaire du roi, ou plut(H, selon une autre
version , un secrétaire de Cyrille, leur pa-
triarche. Je ne sais si ce serait ce Bulimande,
évoque arien , cjue les Grecs disent avoir
allumé, avec Cyrille, la persécution de Gu-
néric. Dès qu'on sut à Tipaso l'ordination
de ce faux évèque, toute la ville se mit en
mer, et se retira en Espagne , à la réserve
de fort peu de personnes qui ne purent trou-
ver moyen de s'ouibarquer. L'évèque arien
employa au commencement les caresses et
)uis les menaces pour faire changer de re-
igion ù ceux qui étaient restés ; mais Dieu
es .0. liha de tclie sorte, qu'ils se moquèrent
de sa foiie. Ils s'assenibièient mènio lous
dans une maison où ils clébrèrenl les di-
vins mystères sans se cacher. La générosité
de celte Eglise est d'autai-t plus remarquable
que Réparai, son évèque, s'était perdu par
sa lâcheté.
L'évèque arien, voyant cette fermeté iné-
branlable des catholiques , en duiina secrè-
tement avis à Cartilage, et Hunéric, tout en
colère, envoya un comte avec ordre de faire
venir dans la ville toute la province, et de
faire couper ensuite, ac milieu de la place,
à ces généreux catholiques, la main droite
et la langue jusqu'à la racine. Cela fut exé-
cut.^ : mais, par un effet de la grâce toute-
puissante du Sainî-Espnt, ilj parlèrent, « et
parient encore, dit"\ ictor, comme ils faisaient
auparavant. Que si quelqu'un trouve ce mi-
racle incroyable, qu'il aille à Constantinople,
continue le même auœur, et il y verra l'un
d'eux, nommé Réparai, qui est sous-dicicre
et qui t.arle parfastem-nt bien: il est res-
pecté de tout le monde dans le palais de
l'empereur Zenon, et l'impéialilce même
aune vénéra lion touteparliculière pour lui. »
TITE ( saint ), martyr, l'un des quarante-
huit ^dnrieux combattants qui, à la suite de
saint Pothin, lo vénérable évèque de Lyon,
furent rais à mort en J77, sous le règne de
l'empereur Anlonin Marc-Aurèle. Comme
1219
TOM
TOM
1-2-20
co saint évr'quo, et conmiG \mo foule d'nu-
trcs i;cn>riu\ mnrtvrs, snin! 'T'\Ui n'ont | as
!.. force de résister jusfjn'au bout aux cru.iu-
ti's, fUi\ snpi-liros (jno les porst'rulfurs lui
firent eudiirer : il fut attirô au ciel par Dieu,
qui mit fin à ses soulTrances en le faisant
mourir en piison. I/\ frlede tous ces saints
marl.vrs a lieu le 2 juin.
TITE (saint), eut la gloire et le bonheur
de donner sa vie pour la foi chrt^licine,
durant la persécution c^ue le cruel empereur
Déco souleva contre 1 Eglise du Seigneur.
II fui un des compagnons dts saints Lu-ien
et Marcien ; ce fut h Nicomédie qu'eut lieu
son martyre. Le proconsul S^.binus le con-
damna à étro bn'dé vif ainsi que fous ses
co.upagnons. L'Eglise célèl»re la fête de tous
ces saints martyrs le 26 octobre.
TITE (saint), diacre à Home, ayant été
surpris comme il distribuait de largo'ît aux
pauvres , pendant que les Golhs étaient maî-
tres do la ville, fut tué | ar l'un des tribuns
de ces barbares. L'Eglise honore sa mémoiie
le 16 aotU.
TIVOLI (TiBinl, ville dos Etats de l'E-
glise, est célèbie clans les annales des mar-
tyrs pai les tourments et la mort qu'y endura
saint Généreux.
TOBIE (saint), cueillit la palme du mar-
tyre dans la ville d'Edesse, durant la persé-
cution (|ue l'eniporeur Licinius, viulant la
foi jurée, fit soulfiir aux chrétiens. Les com-
pagnons de son glorieux triomphe furent les
saints Cartère, Styria([ue, Eudoxo efAga.e.
Le Martyrologe romain marque leur fête au
2 novembre.
fODI, Juf/fr/»m,arfuclIoment aux Et.-^ts de
l'Egli.se, eut pour premier évoque, et a au-
jourd'hui pour patron saint Tirentien, qui y
fut martyrisé sous Adrien : le proconsul
Lucien lui fit trancher la tète.
TOGOLANDE, ile d'entre les Moluques,
fut, le 28 juin Kilo, témoin du martyre do
Sébastien de saint Joseph, franciscain espa-
gnol. Ayant été pris par les corsaires hol-
landais, ce aiissionnaire fid abandonné par
eux dans une île déserte. On raconte qu'il
fut transjjorlé miraeul. usement tlans C' Ile
de Togolande : là il fut pris par des musiil-
mans, auxquels ilentrejtrit de moidr. r l'ab-
surdité do r.VIcoran et la subliunlé de l'E-
vang.lo. Il fut décapité par eux.
lOLËDE, Tolctum ( Nouvello-Castillo en
Espagne j, ville d'origine phénicienne, ('tait
puissante au tom[)s des Romains. Au com-
mencement du iV siècle, sous le régne de
Di clulii'ii et durant la |)ersé(Ulion qi>e cet
euipertur suscita contre l'Eglise, sainie Léo-
(adio, arréti'e nar l'ordre du gouverneur
Da.Men, fut cruel lemen loirmeult eeliiunirut
en pii&on des suites des supplices qu'elle
avait endurés. Depiiis 1' rs, Tolèdo a pour
palionno telleglorMMi>e fille de Jesus-Ghrist:
elle [«ossède ses reliques. Trois églises sont
sous snn invocation.
'lO.MBLS. On applait ainsi, dans les pre-
miers siècles de 1 Eglise, les chrétiens qui
avaient eu le malheur de succomber durant
la ptrséculiou , ut qui, ayant reme leur foi ^
sacrifié aux idoles, ou enfin consenti h quoi
que ce filt (pii étiit une renonciation ilo 1 . foi
chrétienne, en avaient après cela du repen-
tir, et demnnd.iioni à rentrer d.ms h- s- in de
l'Eglise. On gaiJat la dénomination d'apos-
tats, de renégats pour ceux qui, après avoir
renié la foi, restaient imiiénitenfs 'ians leur
péché, et no faisaient riun pour rentrer dans
le sein de l'Eglise. Les tombés étaient admis
h la communion d'après certaines règles dis-
cif>linniies qui étaient appliqué» s par les
évèqucs ; mais presque toujours c'était en
faisant l'exonudM^èse , c'él lil en se soumet-
tant aux pénitences (|ui leur étaient impo-
sées. II arrivait fréqu unnenl quo quand dos
martyrs étaient dans Ks piisons, ou même
dans les tourmonls , ils sollicitaient lin-
dulgence de l'Eglise pour ceux ues tombés
qiii le leur demandaient ; et d'ordinaire l'E-
glise se mouliôit empressée d'obt( mpérer
aux désirs des saints , comptant (jue Dieu ,
dans sa bonté , voudrait bien appliquer une
partie de leuis mérites à ces malheureuses
victimes de la persécution. Cependant, il
f;\ut en convenir , ces cas-là étaient excep-
tionnels , et la plupart 'des tombés devaient
se conformer à la discipline ecclésiastique.
Ce fut en l'année 2o0 que certains confes-
seurs d'Afrique abuseront d'une façon vrai-
ment dé[)loiable du privilège que ^Egll^e
avait parfois bien voulu actoider: ces con-
fesseurs , et plus particulièrement Lucien ,
donnèrent à profusion des billets d'inuul-
gemc; ils s'airogerent même comme un
droit ce qui n'éiait qu'une siuiple tolérance
de la part de l'Eglise ; et quand les évoques,
et surtout saint Cypiien , voulurent redres-
ser les abus à cet égard , ils se montrèrent
obstinés et indociles , au |)oint i(u'o.i fut
obligé de prendre contre eux dos décisions
sévères. ( > oy. Cyprikn. j Ce fut surtout Lu-
cien qui tomba dans cette faute : il écrivii à
saint liypiieii une lettre vraiment uisolenlo,
dans laciuelle il lui sigiiiliait qu'il eiU à tenir
coniftfe des volontés ues confesseurs. Il pré-
tendait quo saint Paul nn.uant , celui ([ui
était mort à Caithage en soi tant de la ques-
tion, en :i50, lui avait recommandé de don-
ner la paix à tous ceux (}ui la lui den.an-
doraient. Saint Cyprion nie la vérité de celte
allégation ; mais Idl-ello, du reste, pacifl to-
ment exacte , ce n'eiU point été une raisnn
suffisante pour que Lucien se criU dûment
auloiisé à agir ainsi à l'enoontre do laulo-
rilé é[»iscopale et de la discipline de lEglise.
Lue semblal)lc recomuia idation aurait élé
simp'emeîil une erreur du saint martyr cpii
la faisait.
Cctlo résistance do Lucien aux volontés
de son évèque jeta du s»andale dans 1 E-
glisc. Comme cela a lieu uans tous les con-
flits d'autniilé, les uik> prirent paili pour Lu-
cien, les autres pour saiiii Cvprion : on ac-
cusait celui-ci d'outrer la siveiilé. P usieurs
saints confesseurs, iiolammonl ceux do Uoiiio,
puis à Cartilage saint Numidi(|uc, saint 1U>-
galien , adressèrent aux autres confesseurs
des atlmou> stations et dGi, conseils. II fallut
uu tuucilo puur terminer cette allairo. Du
I.>«1
TON
TON
1M2
Icmps (\o sailli C.vprioi» , l(vs (oinltrs ('■Inioiit
rMini|)n>n\ .l.iiis ri\J,li''(( : I» |)i'is('.iitiMii dit
\)(''((i ftv.iil ni (•(•! iiircnial ciiai Uii- tin'i Ile
visail iiiuiiis h lairc iiKnirir'li's cliii'liuns f|u7i
les l'orccr iVr.ilijiiiatinii. (,>ii('ltjii('!t)is on .'il-
lail (cd (pK^ l'hisUiiri' di' la cIiitIk iiiin iioiii-
iiM'c IloiiTU' nous pi(»uv(') jii.s(pr/\ laiio .sciii-
Mail, par un iiiriison^r, d'avoir (il)lrnii des
al)|iiralit)ii.s do pcisonncs (pii i\v s'imi i taiciil
on auciim> l'aron rtMiducs conpahlos. ( l'onr
pins (le di'iaiis, ri>tf. (lYi'nir.N.)
rONOl'IN , ro>KiN (lu r<>>a-KiN(; , aussi
«ipp»>l('' l)iiA\(.- ruo\(; , piovinc.c du royaunn)
d'Annain , lui. pidis nu rovaunni iiidi'jifii-
daiil. Il (>st siln'r par I0l'-I0(i" Inii^. M., IH -
2'i" lai. N. Il a pour hnrncs la (^liiiic au noi»!,
lo gnlo de 'rtniipiin à I est, f"» rmicsl l.- La-
tins, au sud la (iochinciniic. Li> 1*. Jnlicn
Haldiiiolli lui lo priMuicr qui «'iilra dans lo
'roii,'-Kinji; , l'an l(i-i(>. l/aniu''»^ siiivailo,
lieux aniros Jt'suilos allrronl k- joindre. Jùi
moins de (piatre ans, ^raml nombre «le 'l'oiii;-
Kinois, lonveiiis A la loi, rorinèreiil. unecliré-
tie.ili^ noiUDiouse. Des proj^r» s rapides alar-
mèrent les prèlros dos nli^les ; à l'oreo d'iii-
tritA'uos et de lalouinies , ils vinrent .^ bout
de faire chasser du 'J'ony-King les mis-
sionnaires que l'on conduisit à iMaeao; leur
exil calma l'orage. Li^ 18 lévrier de l'au-
iiée lli;?! , arrivèrent de nouveaux mission-
naires (|ui trouvèrent le nomb.e des chré-
tiens augmenté do 2J00 néophytes. Ivi i'ai-
née 1G3;> , on comptait :i80,500 ehréliens, et
dans la province tie (ihean, soixante-donze
bi)ur;;ados où il ne restait presque plus d'in-
lidèles. La mission du royaume de To!i^-
Kuig a été longtemps uno des plus tlonssan-
tes missions de l'Oiienl. Les PP. Alexandre
de Rhodes et Anlouie .Maniuès, de la Compa-
gnie de Jésus, furent les [)remiers cjui la fon-
dèrent e'î 16i7. En moins de trois ans, i,s
baptisèrent près de six nulle p. rsonnes.
Trois bonzes , qui avaient beaucoup du cré-
dit parmi ces peuples, furent de ce nombre,
et rendirent des services inlinis aux mis-
sionnaires. Les piètres des idoles, alarmés
de voir que leurs disciples embrassaient
comme h 1 envi la religion chrétienne, tirent
tous leurs eilorts pour lu déciéditer et pour
rendre les missionnanes suspects au roi. Ils
y réussirent , et les Pères àiieut chassés du
royaume, aj)rès trois ans de séjour. Les trois
bonzes convertis eurent soin de [à nouvelle
chrétienté, et ils la cultivèrent avec tant de
zeio, que les missionnaires, était retournés
l'année suivante , trouvèrent leur troupeau
augnu'uté de 'i-,000 néO|)b,vtcs. Le roi les lit re-
ve;nr, parce ({u'il reconnut l'imposture des
prêtres des idoles , et il leur accorda la per-
mission de prêcher l'Evangile dans ses Liais.
Ils le hrent avec tant de succès , que bientôt
il y eut dans Tong-iCing jusqu'à 20 ',000 chré-
tiens. Les grands du royaume se plaignirent
au roi du progrès que faisait celtij nouvelle
religion, et lui remontrèrent avec tant de
fôi'ce les maux inévitables que, selon eux,
Ijouvaie-.it causer ces étrangers , qu'il tinit
par proscrire le christianisme et chasser une
seconde fois les missionnaires. Depuis , on
<i persécuté les clirélien.s, et les (irédicnli'urd
de rilvannile oui ('•!('• obligés di- hO tenir «a-
cIk'-s; imu.s le iimiibre de.s néo|iIivli 5 n'fl pa«
dimiinié. Les |ieuples du Toiu-kiui^ oui d«;
res|iiil, d- la polil»!vsi>, de la bouté ; ils ont
peu d'allnrlicinent pour b-urs pa^;odes et en-
core moins d'itstimi' pour leurs prêtres. Leurs
iiKi-iirs sont pures; iK ne coiinaissciil point
les vices ^rossi(!i.s auxijuels les» auties na-
tions de l'Orient iio livrent; la polygamie est
él.iblif parmi eux , et ehaeiin ; «lU i('|iudier
la f.'inme dont il n'est paseonleiit. Ils ont la
barbare couluinu di; fair(> des eiiniiquis, et
ils les allaclie it au servietî de;, personnes d»i
(juiliié. Lu l'année 1G%, il s'éleva une nou-
velle persécution conire les chrélbus; lo
roi lit un édit [lar le(piel il déb-n j;nl h ses
sujets irembia>ser la religion des Portugais
(e'e^t 11! nom qu'on donne au 'lo ig-King à la
religion chrétienne). Ce prince ordonna à
toiLs ceux <jui en faisaient piob-ssiou de ne
pb s s'assembler p(mr prier, et de ne plus
|)Orler d'innées ni de médailles. Il voulut
aussi (pion airètd ces étiangeis. Le chef de
nos catéchistes fut emprisonné et ebargi' de
fers. Deux l*ères de notre Coniijagnie , aux-
(piels le roi avait donné une permission par-
ticulière de demeurer dans le T ong-King ,
eureil ordre , comme tous les autres , d'en
sortir iiicessamment ; ils furent même Irai-
lés avec rigueur ; car l'un d'eux , malade à
l'exti'émité , fui obligé d(,' partir sana délai :
il mourut ou bout de trois jours dans le ba-
teau où on bavait mis éta it moribo'id.
Ledit du i'oi alarma les chréiens et jeta
les missicmnaires dans la consternation ; ils
ne tnjuvaienl perso uie qui osât les rece-
voir. Je demeuiai près de deux mois dans
un fort obscur (tout ce récit est empru. té aux
Lettres édifuintcs ; ce qui explique cette forme
de style) ; on abattit presque toutes les égli-
ses et les maisons des catéchisies dans la
province du nord , et l'on maltraita même
les chrétiens dans quelques endroits; mais
il y eut des provinces où les gouverneurs
furent plus modérés : ils se coitentère-it
d'envoyer l'édit du roi aux chefs des villa-
ges , atin que les chrétiens se tinssent sur
leurs gardes. On ma assuré qu"uii gouver-
neur de province osa faire des représenta-
tions au roi , et qu'il peignit les chrétiens
comme des sujets très-Udèies ; que ce prince
leur répondit qu'il ne pouvait révoquer son
édit, mais que c'était aux gouverneurs d'en
user, dans les rencontres particulières , se-
lon qu'iis le jugeraient à propos. Aussi cette
persécution n'a pas eu les suites fâcheuses
qu'on appiéhe idait.
Cette chrétienté jouissait d'une paix pro-
fonde, loîsqu'un édit du roi, publié en 1712,
l'a mise dans une agitation extrême. Les
missionnaires ont été obligés de se cacher ;
quelques catéchistes ont éié bâtonnés , em-
prisonnés, et ont reçu des coups de massue
sur les genoux; c'est la mère du roi qui l'a
engagé a donner cet édit ; elle est très-dé-
vouée aux pagodes , et femme d'un manda-
rin lettré qui a beaucoup de crédit. MM. les
évoques d'Auren et de iJasilie , dont on n'a-
lias
TON
TON
1224
▼ait jamais parlé dans les ('nlits précédents,
ont ru aussi ordre de sortir du royoume; ils
ont fait dp grands pri'sonts à des personnes
qui promettaient de It'S servir, mais inutile-
ment. On n'a eu aucun égard à l'âge de
M. révéque d'Auren , qui passait quatre-
vingts ans. On a construit deux barques
pour transporter ces deux prélats; on s'est
ensuite saisi de quantité de terres et de mai-
sons qu'ils avaient en diirérents endroits.
On promet dans cet édit certaine somme h
ceux qui pourront découvrir des chrétiens.
Comme tous les édits n"ont jamais nommé
la loi chrétienne, mais (piils l'ont défen-
due sous le nom de la loi portugaise , les
mandarins qui ont voulu nous servir ont
fait la distinction de ces deux lois. Une dame
chrétienne ayant assemblé plus de cent chré-
tiens pour accompagner le corps de sa mère
au lieu de la sépulture, le chef du village la
dénonça au gouverneur de la province, et
l'accusa de suivre la loi [lortiigaise que le
roi venait de proscrire. Elle répondit au tri-
bunal (pi'on ne prouverait pas (pi'elle eOt
suivi d'autre loi que celle du Dieu du ciel.
Le gouverneur se contenta de sa réponse, et
il fit fustiger le dénoncialeur (fui ne pouvait
donner aucune preuve qu'elle eiU suivi la
loi portugaise.
Cette persécution s'apaisa peu îi peu; mais
en l'année 1721 il s'en alluma une des plus
cruelles; elle fut causée par une femme
chrétienne dont le cœur était corrompu. Elle
demeurait dans la bourgade de Késut , où il
y avait une chrétienté nombreuse : sa li-
Derté y causait du scandale. Les avis, les
re;iro(hes, les menaces dont on se servait
pour lui faire changer de mœurs furent inu-
tilt's; enfin ses «lésordres montri-ent à un tel
excès, que les chiélieus ne voulurent plus
communiquer avec elle. Celte femme outrée
résolut de tout ontr<'| rcnlrc pi»ur détruire
le christianistne ; elle s'unit a un apostat, et
ils présentèrent une requiUe au régent du
royaume, uomiuv Chna , qui ((fUmait les
accusations suivantes : 1° (pj'lùnmanuel
Phaocet ses parents, contre l'obéissance due
?» ledit d'i loi (}ui proscrit la lui des Portu-
gais, étaient les [)roteit,urs doclai é.-. de deux
Européens «pli enseignaient celte foi , et
qu'ils les tenaient i-achés dans leurs mai-
sons; i'qunces d^-ux Européens avaient éri-
gé dans leur village une église où ils enjei-
g'iaient leur reli ,ion au peuple , et que de
t'>ul le royaume on accourait a cette église;
3" que les Eur«','écns avaient des églises
dans plusieurs autres bour^adt•s, et ipie les
man larins ferma cnl i s yeux .sur ce désor-
dre Celte requ^^le fut suivie d'une se-
conde, plriiio de c.'lo .wiies lonlre les mis-
si(»nnanes et leurs néophytes.
Le P. Bucliarelli lésidàil à Késat. Ayant
appris que la cour avait t'aii partir tiois
mandarins el une c <ntaui<! de soldats pour
s'assurt-r de cette bourgade, il en donna avis
aux chrétions : ses CTléchisti-s et lui n'eu-
rent (pio l« temps de sortir de la bourgade ;
le» Holilals arrivèrent ri rmvestircnt. Kn
oiôiiie temps les mandarins lirent publier
une défense de sortir du village, sous peine
de mort. Ainsi lès chrétiens se trouvèrent
assiégés. Au point du jour, les mandarins y
entrèrent et s'assemblèrent dans la maison
du conseil; ils ordonnèrent à tous les habi-
tants de s'y rendre. On appela ceux qui
avaient été dénoncés comme chrétiens. On
connnença par Emmanuel qui avait disparu;
on nomu)a ensuite six de ses parents , et à
mesure (j l'ils paraissaient, ils étaient pris
et garrottés par les soldats. On leur donna
pour prison la salle du conseil, et on congé-
dia les autres; après quoi les mandarins,
suivis de leurs soldats, allèrent tout sacca-
ger dans l'église et dans les maisons des
chrétiens. Ils allèrent d'abord chez Emma-
nuel, qui passait pour très-riche; mais il
avait pris des précautions qui trompèrent
leur avarice. Après avoir tout pillé , ils re-
tournèrent à la salle du conseil , et firent
traîner dans les prisons les six chrétiens
avec les fers aux pieds. Trois jours après ils
les conduisirent à la cour. On les présenta
au tribunal ; on étala à leurs yeux des chaî-
nes d'une pesanteur énorme, et tous les ins-
truments des plus cruels supplices. Le man-
darin jeta par terre un crucilix , et leur dé-
clara que le seul moyen de sauver leur vie
était cle le fouler aux pieds. Trois néophy-
tes, effrayés par ce spectacle de terreur, ra-
chetèrent leur vie par une criminelle obéis-
sance ; les autres s'offrirent généreusement
aux tortures et à la mort. Aussitôt on les
enchaîna , et on les mit dans une rude pri-
son. Les manoarins lirent leur i apport au ré-
gent , el lui présenlè'-enl ce qu ds avaient
trouvé à Késat, comii.o servant au culte di-
vin.
On envoya à deux différentes fois k Ké-^at
pour faire de nouvelles rtaherches , et Us
soldats n'épargnèrent ni les insultes ni les
violences ; ils se répai dirent ù \ns touies les
maisons , iiappan! tou.s ceux qu'ils rencjn-
traient. Toute la bourgade était dans la cons-
ternation ; une femme, -:^isie de liayeur,
aceoucha avant toruie ; une autre, de do es-
poir , se donna la mort. Tout le peuple en
mouvement vint [)orti r s-s plaintes aux
mandarins , et leur autorité U'odéra h l'ins-
tant la fureur el l'aviuité du soldat. Le ré-
gent envoya pour la quitriènle fois des m<tn-
darins à Késat. avec ordre d'abattre les égli-
ses , et d'en faire transporter les matériaux
h la cour , po.ir servir j\ des pagodes. Ces
nouveaux mamlari ns, gagnés par une somme
d'arme U «mon leurtlonna, usèrent de mo-
iltMaiiiui «l.ris re\«''cution de leurs i rdres.
Ce. endant iu)lre égli-e lut enii«'n>ment dé-
molie. La désolation l'ut d'autant plus gra i^e,
(|ue la bourg.tii." de Késat ne s éta.t jamais
r. ssentie «les persécutions, et qm dailltuis
elle n'y reiifermo «|u«' six familles idol.U.es,
tamiis (pi'eile a dans ses murs plus de deux
mille « bréti»"is , «'t que les missionnaires y
ré-idaient dans un asile assuré.
La [iersé«ution s'éttnidif bientôt dans les
aiitr«*s [>rovinces: la «ié> latioj fut gémnale;
de tmites parts on sai.sisv,,ji j^.s chrétiens.
Les PP. Bucharelli et .Messari furent arrùlés
t2i5 lOL TOL tMA
sur It's conl'ms du royftuin»^ o\ rlrtonus dnivs dn I'('uuu(|U(> ; on pi il Irsnrtiics: il se forma
une (Mi-dilc |ins(iii, oCi l(i \'. Mf.sNiii inoiirul. divers |i/iilis , cl cliai un l/l( li/iit d'nlhn i- h
Lo P. Hncliarclli Tiil si danj^iTOUscmonl nia- soi los villes et les villages. Do là lo pllln^()
l«(ie (|u'(m déses|i(^rai( de sa vie. I,e manda- df ces piiees el la di'solalion de I/i canii)/!-
rin piépost^ poni' sa ^aide le nul dans un jj;ne ; les lencs n-stèrenl sans cullnre, la fa-
liiMi plus (Oininode ; enliii, apn'^s une auiiéo iniuu s'en suivit , et la pe.slo so joignit h \n
(le la pins dKnionrense délenlion , If IN're el rainiiie; de soile (ine , (lan^ l'espace de huit
les ilnéliens apprirent (pie le tribunal vu- aninii-s , la iiKulie des liahilants du Tonwç-
iiail (lo los condanuHM" h mort. Lo 11 oclo- Kin^ p(''rit parées trois ll(''aux. Parmi tous
lire, ils fiir(vit condnils dans une» plac(! , vis- cvs di-sordres , le fr(Nre du |)riti(0 assassin*^
j\-vis le palais du lyran : o'i les rangea sur avait (''l(; (i('clar('! imm; il lAclia do premJro dos
w:io mômo ligne, le P. Iln(-iiarelli h la ttHo. mesures pour metiro h la raison l(\s rd-vol-
\h\ oriicier soilil du palais, | ulilia h hante li-s ; niais il n'avait pas sur pi(!d les iroupcs
voix ipu' le rcr^enl, |»ar un ellel.de sa haute sullisaiitus. Les rolxdles marchaient par p(^-
piiH(^, faisait (jçrAc(! h ceux (pii, (Hanl (ils uni- lotoris ; s'ils étaiofit poursuivis par rarm('îO
ques , pourraient racheter leur vie par uikî royale, ils se r('fn^iaieiit dans les mrjniagnes
sonnue d'argent. Il en ('«ciivit les noms, et ol liss ibrôls ina(;cessiljles , et reparaissaient
porta la liste h ce prince. Un moment après , dans d'autres parties du- royaume. Plusieurs
il reviiU to'iaiit h la main la sentenc(! de anniM's se sont (''couh'tîs dans ces troubles et
mort de tous les autres. 11 s'a|)pro(ha du ces guerres intestines. Le roi imagina (juo
P. Bucharelli , et lui dit : « Vous, (''Iranger, (t'ijlaiont leschr(Hiens (jui avaient suscité les
parce ([ue vous avez pr{^ih('> la loi ciné- (l('>sordres de son l'itat , et il n'attendait (pie
tionno , qui est proscrite dans ce royaume , le monuMit où ils seraient pacili(''s pour faire
vous ^tes coiidamiK'i h avoir la tôle Iran- la })lus exacte recherche de ceux (jui pro-
clu^o. » Le Pure baissa modestement la tcHe, fessaient cette religion. Un événement im-
el dit d'un air content : « Dieu soit béiu ! » prévu occasionna un changement favorable
L'ofticier adressa la parole h un autre : « Vous au christianisme.
êtes condamné au miMue sup|)lice, parce que Ce prince visitait , sur la fin de 1748 , un
vous êtes diiciplo de cet étranger , et que arsenal où il trouva des pièces de canon avec
vous suivez sa religioi. » Il continua à lire des inscri[)tions qui excilèrcni sa curiosité;
aux autres leur sentence molivé(î de la même mais comme les caractères en étaient euro-
manière. 11 li\iit [)ar la lecture de la sentence péons, personne n'y connaissait rien. Il de-
qui condauHia t plusieurs autres chrétiens à manda ce qu''étaient devenus deux mission-
avoir soin des éléphants , les uns pendant naires qu'il avait vus dans sa capitale. On
leur vie, les autres un certain nombre d'an- lui dit (ju'ils avaient été exécutés. 0 ciel 1
néi^s. On conduisit ensuite au lieu du sup- s'écria-t-il, comment les ministres peuvent-
plice les chrétiens condamnés à moi t. Le ils se permettre, sans ordre, ces actes aibi-
P. Bucharelli, qui n'était pas rétabli de sa traires ? Nous aurions pu tirer de grands
maladie, tomba en défaillance : on fut obligé avantages de la science de ces deux élran-
de le soutenir. Arrivé au lieu fatal, il se gers ; ils nous auraient expliqué les insciip-
prosterna. Les bourreaux se saisirent alors tiovis des canons. Et il commanda qu'on lui
de lui et des autres prisonniers , les atta- cherchât un Européen pour cela. Un chrô-
chèrent à des |)ûteaux et leur tranchèrent la tien qui entendit ce discours s'offrit à en
tête. Ainsi périrent ces glorieux martyrs de trouver un. On lui donna copie des inscrip-
la loi. tions , et il les fit communiquer au P. Vin-
La mort du pasteur et de ses disciples ne ceslas Paleceuk, supérieur de la mission des
mit pas fin à la persécution; cependint elle jésuites. L'explication qu'en donna ce Père
se ralentit un peu. En 1735, quatre jésuites fut envoyée à la cour. Le roi parut satisfait
osèrent entrer secrètement dans le royaume; d'avoir trouvé un homme dont il espérait ti-
ils furent encore les victimes de leur zèle, rer d'importantes co uiaissances. Plusieurs
et payèrent de leurs tètes leur amour pour mandarins furent dépêchée pour l'aller trou-
la pr()pagation de la foi. Nonobstant ces exé- ver, et il fut traité avec distinction pendant
entions cruelles el les continuelles recher- le voyage , qui dura cinq jours. Durant ce
ches des soldats qui répandent partout la temps, le roi ordonna qu'on mit hors de pri-
terreur, la foi des fidèles est plus ferme que son sept chrétiens. «■ Il ne convient pas, dit-
jamais , et leur nombre s'accroît tous les il, que ces malheureux languissent dans les
jours. fers pendant que nous avons recours au
Peu après cette époque, le Tong-King n'a maître de leur loi. » A l'arrivée du Père, on
presque pas cessé d'ôlre en proie à la fureur le mena au palais, et , après un court entre-
des guerres civiles. Le roi, prince etféniiné, tien qu'il eût avec le monarque, il fut mené
avait laissé à un premier ministre l'exercice dans l'arsenal. On lui demanda comment il
absolu de son autorité. Ce crédit sans bornes fallait se servir de ces canons. 11 dit ce qu'il
excita la jalousie des courtisatis : ils intri- en savait. Le tout finit par un souper magni-
guèrent; un eunuque l'assassina, gouverna fique que le roi lui fit (donner. Depuis ce
sous son nom, en faisant accroire qu'il était temps, les chrétiens viennent a-ux fêtes, en
malade et qu'il ne voulait être vu de per- triomphe, avec des tambours et autres ins-
sonne. Ce prince, n'ayant point laissé d'en- truments. Ce prince demanda encore un ma-
fant, c'étaient sonfrère et ses neveux qui de- thématicien el un canonnier , et déc'ara de
valent lui succéder. Ils découvrirent le crime plus qu'il souhaitait qu'un vaisseau de Ma-
DiCTiONN. DE» Persécutions. II. 39
l-2i7
TOL
TOR
au
r^io vtnl commerror dans ses ports , avec
rnssurance qu'il MO paverait aucundroit. Pon-
•larit qw'h Macao on se préparait à le satis-
faire , l" P. Pali'ccuk faisait beaucoup do
prosélytes. Les bonzes , jaloux de ces pro-
grès, voalurenl y mettre obstacle. L'un d'eux
eng.igea un eunuqui' h accuser le mission-
naire de déterrer les morts , de piler leurs
os , et d'en composer une poudre qui était
un véritable poison. Ln mi répondit : « Cet
Européen est d'un naturel pnc.ilicjue ; il ne
Teut faire du mal ni aux morts ni aux vi-
rants : retirez-vous. »•
Cependant les l)on/es no cessaient d'irri-
ter les esprits contre le P. Paloceuk. Les
choses allèrent si loin, que le Père n»* se
crut plus en sOreté. Le roi , informé , pensa
à arrêter cette effervescence ; il fit appeler
J'eunuque, et le for(;a de déclarer h l'instiga-
tion de qui il était venu accuser l'Européen.
Il fit mettre en prison le bonze (fui lui fut
nommé, avec oidre de lui faire son procès.
Les juges le condamnèrent h mort. Le P. Pa-
leceuk demanda sa grâce et l'obtint. Ce
prince fit publier que quiconque parlerait
contre l'Européen aurait la langue coui)ée.
Tout cela donnait au missionnaire les plus
grandes espérances pour la religion ; mais
les effets n'ont pas répondu h une si douce
attente. 11 avait fallu du temps à Macao pour
satisfaire aux demandes du roi. Aussitôt
qu'on eut des sujets propres h lui être pré-
sentés en qualité de mathématiciens, et tou-
tes les choses nécessaires pour une pareille
expédition, on se mit en roui»! pour une
mission si ilésirée. Ce fut le 6 mars i".'il (juo
le P. Simonelli et quatre autres jésuites de
la province du Japon partirent de Macao.
Ces missionnaires, arrivés auTong-King,
donneront à la cour avis de leur arrivée. Ils
s'attendaient que le roi , (]ui les avait de-
mandés avec tant d'ardeur, les accueillerait
avec plaisir. Ils furent bien surpris lors-
qu'ils reçurent l'ordre de ne pas quitter le
rivage. Ils envoyèrent ce|>endant les pré-
sents dont ils étaieiH chargés pour le prince.
Ils furef)t acceptés ; mais les missionnaires
n'obtinrent pour toute faveur que la permis-
sion de bAtir une maison sur le bord de la
mer. Le roi parut oublier (]tie les missin?i-
naires uiathémaliciens n'étaient venus (ju'à
.sa demande. On attribue le peu de réus>ite
do celte affaire ,'i In jalousie des ministres
que le P. Paleceuk avait négligé tie consul-
ter avant d'appeler ses confrères. Quoi (jii'il
en soit, le P. Siuinnolli . âgé de soi\ante-dix
ans , voyant (juil n'y avait rien h faire dans
ce royaume , voulut s'en retourner à Macao,
Il demanda 'On con.;é, cl l'oldmt san-; (M>ine ;
sf.s quatre compagnons se glissèrent f'uili-
vernenl dans les provir^es oi'i ils exercent
leur ministère envers les •<im[»les et les pau-
vres nvor plus desiireès qu'ils n'en auraient
eu auprès des riches et (les grands. (Choix
drs Lrtlrm /ilifianlm, vol. II. p. .11.)
Depui.s cette éj)oque juscpien 1T7.1 , le
Tong-Kingjouit d une assez graiid<> Iranquil-
îilè ; mais en celte «nnée une iwTsécntinn
violente s'alluma : trois missionnaires fu-
rent rais h mort; un catéchiste fut décapité.
Knlin, en 1782, le prince j»erséculeur mou-
rut, et, en 1788, leTong-King fut conquis par
les Cochinchinois; aussi terminerons-nous
ici cet article, renvovant pour la suite le
lecteur h 1 article CocBincnnK.
TOUCHK.*^, tmlff, flambeaux de bois, faits
de petits morceaux de pin ou d'autres ma-
tières combustibles. On s'en servait pour
brOler les cotés des martyrs pendant qu'ils
étaient appliqués sur le chevalet.
TOUPES (saint), martyr. On croit généra-
lement qu'il fut martyrisé à Pise : ce fut
sous l'empire de Néron. Ses Actes sont sans
autorité: voici cr' qu'on trouve de lui au
Mai tyrologe romain sous la date du 17 mai :
« A Pise en Toscane, saint Torpes, martyr,
homme considérat)lfi entre les principaux
officiers de Néron, et l'un de ceux dont parle
saint Paul, écrivant de Rome aux Philip-
piens : Tnus les sninls vous salueiJt, maisfirin-
cipnlrment ceux qui sont de la maison de
César. Après avoir été snullleté pour la foi
de Jésus-Christ, et cruellement ballu de ver-
ges par l'ordre de Salellicus, il fut exposé
aux bètes pour en être liévoré; mais comme
il n'en reçut aucun maf, il eut !a tète tran-
chée ]r 29 avril. On fait toutefois sa fêle en
ce jour, à cause de la translation de sou
corps. »
TORQUAT, Torquatus, fourbe et hypo-
crite qui, ayant abjuré la fin, se disait néan-
moins chrétien fervent. 11 fréquentait le pape
saint Caius, et ceux desquels ce saint homme
faisait sa compagnie. Il est dit aux Actes
de saint Sébastien que Tiburce ne pouvait
souffrir de le voir ajuster proprement ses
cheveux sur son front, manger rontinuello-
raent, boire avec excès, jouer durant les re-
pas, avoir des gestes et une démarche molle
et elTéminée , se faire voir trop librement
aux femmes, se dispenser des prières et des
jeOnes, dormir pendant que les autres Teil-
"laient et passaient les nuits h clMiler les
louanges de Dieu. Il le reprenait sévèrement
de tout cela, et Tonjuat faisait semblant
de prendre toutes ses réprimaiules en bonne
part; mais il eut la h\chetéde dénoncer saint
Tiburce, et l'astuce de se faire arrêter avec
lui, |>our lui laisser croire ipi'il était étran-
ger h son arrestation. Ce traître étant inter-
rogé, répondit qu'il était chrétien, et queTi-
burce étant son maître, il ferait tout ce <iu'il
lui verrait faire. Tiburce ne init soulfrir tant
de fausseté et d'hypocrisie : il f>arla avec une
très-grande véhémence à Tortpiat, lui témoi-
gnant toute son indignation , et répudiant
tout)' espèce de solidarité à son égard. Ou
ne dit pas cependant ce que devint ce Tor-
qual ; on sait seulement que plus tard il fil
arrêter «aint t^aslule , et fui cause de son
mart\re, comme il l'avnif été de celui de
saint Tiburce. ; Koy. S^bastik?».)
TOUOI ATUî^, gouverneur de Spolète,
sous le règne de l'empereur Mnrc-.^urèle,
fil mettre à mort dans celte ville saint Con-
i-orde et sainl Ponlien. On s'explicpie peu,
en lisant les Acte-* de ces saints martyrs, la
coiulmte (to ce gouverneur. Il faisait mourir
1220
illA
1KV
urA
.sMiiil (loncoiile |ioui' funsc ilo i lnisli.ini.sin»;,
ri, il i\\i\'\\ ]H)\\v iiiili r(''V(Vjili' (le S|inlr|i' All-
lliiiiio, il (|iii il /icctirtiail de KiiidiT (loiicordu
vhoA lui |i«>ii(laiil (|iii>l(Mi«« Iciiips. D'un iiuli'Q
(•A|(^, lii'ii 11(1 (lit (lu'il iiil iKMiisiiivi lùily-
cliiiis, chr/. (|iii (JniiuMirail .saiiil Ooiiconlu.
Ces l'ails, icImIcVs clans lus Aoles, pioiivcnl
(•(in!n' la (•(iiitltiil{«,.ui moins lorl ia|tri(itMiso
(In t^ouvornour.on hit'nconlio kis Aclu.scav-
in»>ni(*.s.
'l'OUTONI':, Dn-toiui (Ali'x;ni(lri(>) , acliu'l-
lonionl ilr|i('n(laiilo tli.'s liluls-Saitliis. Sou
(''vcVjno sanil Maccicn y l'ul niarljiisù sous
10 roi;no (l'Adiicii,
TOUrULANi jrALTlNO (Joskhii), »a|iu-
ein, l'ul a|tpt'|(^ en Ahys.sinio, dans l'annéo
l(»'i"i, par le 1'. IN'Iia-Sanla, dont le coiniia-
\i,inn\, Iv V. Niigoli>la, venait do inonrir. 1 or-
tnlani vint doiu'. icjoindio co niissionnaiio
avec Ft'liv do Sainl-Scvoiin, lelii^itHix du
nuMne onii'(>, ol tous doux iurenl décapiléi»
par les ordres du pacha de Sonakiin.eoinnie
on peut lo voir aux articles Pktha-Santa et
SéVKHIN.
TOTILA, roi des Osirogolhs en Italio
monta sur le trOne en 5'fl, et mourut on 552.
11 lit un grand nombre de con(]uôtes, dont il
fut ensuite dépouillé par liélisaire, qu'il
vaincpiit ensuite. 11 mourui queU|ues jours
après avoir perdu contre Narsès, la bataille
de BustaG(iltor\wi.l\ persécuta les chrétiens,
et til mourir jt Narni révé({ue saint IMocul.
TOTNAN (saint), était diacre. 11 lut mar-
t^'risé à Wurtzbourg , en Allemagne , avec
l'évêque Kilicn et lo prùtro Cloman. On
ignore les circonstances et la date de leurs
courageux combats. L'Eglise l'ait leur mé-
moire le 8 juillet.
TOULOUSE , eut la gloire de voir marty-
riser dans ses murs, en 250, saint Saturnin,
son premier évèque, sous l'empire et durant
l'horrible persécution de Dèce {voy. Satur-
nin), suivant les uns, de Valérien suivant les
autres.
TOURNUS, Castrum Tinurtium, plus tard
Turnucium, ville du déparlement de Saùne-
et-Loire, oii saint Valérien fut décapité après
avoir soulfert le supplice du chevalet et des
ongles de fer sous l'empire de JVIarc-Aurèle,
dans le temps où sévissait la fameuse per-
sécution de Lyon.
TOUSSI-SUR-YONNE, petite localité du
département de l'Yonne, à un peu plus de
16 kilomètres d'Auxerre. C'est en ce lieu que,
sous l'empereur Aurélieu , les deux saints
Prisque et Cot furent martyrisés. Voy. leurs
articles.
TUAJAN, Ulpinus Trajanus Crinitus, trei-
zième empereur romain, naquit à Italica,
près de Séville, en Espagne, le 18 septembre
de l'an 52 de Jésus-Christ. Sa famille était
fort ancienne, mais jusqu'à son père rien ne
l'avait illustrée. Le père de Trajan avait ob-
tenu les honneurs du triomphe sous Vespa-
sien, qui l'avait nommé sénateur et consul ;
le fils marcha glorieusement sur les traces
du père : ses talents militaires, son caractère
et son aptitude décidèrent Nerva à l'adopter.
A la mort de cet empereur, en 98, Trajan,
(|ui élail h C(ll()^nl^ ftil proclamé euifiHreiir
et rrconini dans (oui l'empire.
A m- considérer (pic la j^loire d<' «on iV--
tjnc, sa jiislice dans rc qui coiienruail le« ftC-
niircs ordin.iircs de V\:li\\ et des p/irtini-
liers, la bonté ci la généntsité de son ((fur,
ses tahnts niililair(!K et ndininistiotifs , rm
regardera Trajan comme un des plus ginnds
enqxMcurs (pTaii ni (!us les lUtmainH. Noire
devoir ici est di; lo coiisidérei- loueli int la
condiiilc (|n'il a Iciiuf cnvfîrs les chré(i(!ns.
— Eh bien ! c'est [KTiiblc h dire, mais la vérité
le y<!Ul, cet empereur h l'esprit énnnciit, an
(•(iMir si noble et si bon, ('(■! enipcrcui- dont
la mémoire est restée; clie/. les nations eii-
tourée d'une auréob; do gloire et de justice,
fui un (l(\s plus ardetUs [)ersé(nleurs du
chrisiianismo. Son prédécesseur avait l'ail
un édit (jui défendait de poursuivre l(!S chré-
tiens, el (jui ouvinil h tous h-s exilés le sol
de la pallie el le seuil du foyer domestique.
Il ) avait dans cet exemple de (luoi s'inspi-
rer de générosité. Trajan devint pei'sécutcur :
il soutl'rit (jue sous son règni; on appliquait
les anciennes lois et les anciens édits aux
disciiiles de Jésus-Christ. Or, ((uds étaient
ces lois et ces édits? C'était l'œuvre de Né-
ron, de ce prince, la honte de la pourpre el
du trcuie des Césars, de ce monsirt!, la honte
et l'horreur de l'humanité. Uien (pie la
source d'où venaient ces lois aurait dû en
inspirer la haine à Trajan. Non-seulement
il souiïril que ses gouverneurs , que ses lieu-
tenants, que ses magistrats les appliquas-
sent, mais encore il les appliqua lui-même,
comme nous le voyons par l'histoire du
martyre de saint Ignace. {Voy. Ignace.)
Oii a prétendu (jue Trajan n'avait que très-
peu persécuté ou laissé persécuter l'Eglise:
c'est une eri-eur. Tout son règne a vu cou-
ler le sang chrétien; toutes les parties de
l'empire en ont été arrosées. Saint Siméon
-de Jérusalem, saint Ignace d'Antioche, saint
Barsimée d'Edesse , saint Césaire de Terra-
cine , saint Pérégrin et ses compagnons en
Albanie, saint Phocas à Synope , saint Sym-
piironius el ses nombreux compagnons à
Rome, saint Maur et ses comjiagnons en
Pouille, saint Victorin à Amiterae, sont-ce
là des jalons suflîsants pour suivre dans sa
voie sanglante et persécutrice le règne du
grand empereur ?
Assez u'historiens ont amnistié sa gloire,
dont les rayons les éblouirent; laissons-lui
l'ombre que la vérité lui fait. Si cette ombre
est un stigmate, qu'importe ? ne sacrifions
pas la vérité à la gloire. Dans cette énumé-
ration rapide, nous n'avons nommé que les
sommités : de même, des hauteurs oii il est
placé, levt)yageur, quand un vaste horizon
se déroule à ses regards, ne les arrête et ne
les attache que sur ces arbres séculaires et
gigantesques qu'on voit de distance en dis-
tance pyramider vers la nue.
Des milliers de martyrs périrent dans les
différentes provinces de l'empire, suivant le
caprice des gouverneurs , suivant qu'il leur
convenait d'appliquer plus ou moins sévère-
ment les lois en vigueur. Il est pefïBis de
Ii5i
TRA
TRA
i25i
croire ijuils le faisaient avec sévérité quand
on lit la lettre (It^ Pline ?i Traj.Ti (Voy. Punk!;
de Pline, que les priiplfs de Pont et de Bi-
thvnie , dont il fut nommé gouverneur, re-
çurent comme un bienfait d»' Tempereur; de
Pline qui, [larmi tous, a laissé une si grande
réputation d'équité, de justice; de Pline le
sago, le philosophe. 0'i''<'"l O'^ l'I celte It'I-
tre, et qu'on y voit (pielle conduite Pline
tient h l'égard des chrétiens, on est stupéfait.
Il envoie h la mort par provision, dit-il, les
chrétiens sur le sort desquels il a consulté
lerapereur, les chrétiens cjuMl avoue ne pas
savoir innocents ou coupables. Que faisaient
donc les autres gouverneurs, quand Pline
agissait ainsi ? Lnréponse de l'empereur à
son lieutenant doit trouver place ici.
Lettre de Trajnn à Pline.
« Vous avez agi comme vous le deviez,
mon cher Pline, dans l<i discus-^ion des cau-
ses de ceux qu'on vous a déférés comme
chrétiens; car il n'est pas possible d'établir
une loi générale ni une forme de procéder
qui soit applicable à tous les cas. Il ne faut
point faire de recherches pour les dt'cou-
vrir : s'ils sont amenés à votre tribunal et
conv.tincus, vous devez les punir, avec cette
restriction néanmoins ((ue si que'q l'un nie
qu'il soit chrétien, et prouve sa déclaration
j)ar des elTets, c'est-à-dire en adorant nos
dieux, quand même il Si-rait suspect pour
son passé, son repentir doit lui procurer le
pardon. Pour ce qui est d 'S mémoires ano-
nymes , il ne faut y avoir égard dans aucun
genre d'affaires; c'e>t une chose de trop
mauvais exemple et qui ne convient point
à notre temps. » « Trajan. »
On a cité cette lettre comme une preuve
de la modération et de la justice de Trajan.
Ijuiconqne en pèsera les termes, K'S leom-
mandiilions, verra qu'elle est loin d'èlre un
pro luit de sagesse, de justice et de modéra-
tion. Un seul raisonm^nent en montre le
vice. Trajan lecouuuande de ne pas recher-
cher les chrétiens , mais de les punir s'ils
sont amenés devant son lieutenant et con-
vaincus. Si le fait de christianisme constitue
un criino, rechcrchez-le, c'est votre devoir,
c'est de la iuslice; sil ne constitue pas un
crime, pourquoi ordonner de punir ceux qui
sont amenés et convaincus? Entre ces deux
termes extrêmes il n'y a pas de milieu.
Du reste , Trajan resta-t-il toujours dans
les bornes (le celte modiTation (ju'il recom-
mande à Pline de garder? Ne til-il |>as lui-
raûme com[)araitre saint Ignace à Anlioche?
Ne condamna-t-il pas ce saint personnage,
un vieillard blanchi par les armées , i"» être
conduit a Koun^ pour y élro dévoré par les
bétes féroces , pour y servir, dans l'amphi-
thé.Ure, aux cruels div»Tlissptnents du p(>u-
ple-roi ? Apj>eller,i-i-nn cela de la justice,
de la modération, de riiumanilé?
Un autre fait Irés-grave, c est (lue, sons le
régne de Trajan , la persc^cution fut inces-
sante. Nous avons vu des martyrs au coiu-
moncement de son règne : Plinr f.ul mourir
par prnvùion l*»s rhrétieïis de Hilhytne en
l
l'année 103; nous voyons le prince lui-môme
envoyer saint Ignace* au supplice quelques
années ^ilus tard. A la fin de son règne, saint
Barsimee, évèque d'Kdesse, y est martyrisé;
Bome, dans les derniers ft>mps, voit mouiir
saint Symplironius et ses coni|)agnons. Ainsi,
toutes les années de ce règne sont tachées
du sang des chrétiens. L'hi>toire est une ba-
lance : l'un des plateaux est chargé des pal-
mes du grand empereur; celles des martyrs
ses victimes pèsent dans l'autre. La foi sait
combien sont légères les palmes de la gloire :
le héros ne peut pas sauver le persécu-
teur.
On s'est engoué de Trajan; il existe ?» son
sujet un conte absurde que quelques auteurs
n'ont pas hésité h accefiter. Vn écrivain de
nos jours, un homme recommandable , a
écrit cette phrase étrange : « Trajan, ce saint
empereur, (jue saint Grégoire le Grand de-
manda à Dieu de faire enirer par exception
en paradis » Nous ne le nommerons pas ici :
rju'il rétléchisse, il effacera celte erreur
'chappée au courant de la plume. Non, Tra-
an n'était point un saint :*cenx qui, comme
'auteur dont nous parlons, ont adopt» cette
'ahie qui; saint Grégoire le Grand avait ob-
tenu que Dieu le mit en p.iradis , tombent
dans l'absurde et le ridicule. Trajan persé-
cuta l'Eglise, Trajan eut des vices honteux
que nous ne noiiimons pas : l'histoire , et
surtout (elle que nous écrivons , doit avoir
la pudeur de passer sous silence certaines
débauches. Oui, Dieu peut avoir sauvé Tra-
jan, si, soudainement illuminé , le cœur de
ce prince s est re[)enti et humilié. Nous ne
savons pas les mystères de la m Si'nicorde
d'en haut; mais arrêtons-nous au doute.
Quand Dieu ferme sur une Ame les portes
de l'eiernité, h lui seul le plus souvent a|i-
parlient le secret du sort ipii lui est gardé.
A Dieu donc le secret tJ'uutre-lombe en ce
qui (concerne Trajan ; h l'histoire le secret
des punitions que cet empereur subit sur la
terre.
Heureux suivant le monde, Trajan, l'un
des plus grands honunes de l'antiquité, vil
usque dans la dernière année de son règne
es événements couronner ses désirs, ses
projets, ses entreprises. Il réussit suivant ses
vœux : dans toutes les guerres qu'il entre-
prit, il fut vainqueur; il agrandit remftire
romain par de uinnbieuses comjuêtes ; il le
ilota de travaux, de routes, de monuments
de toute sorte : il mérita l'amour de ses su-
jels et l'admiration des étrar)gers. Dieu lui
laissa les années d'un long règne prospères
et glorieuses pour récomnense de ses vertus
et de se> talents; mais il prit pour lui les
deux dernièris. et, dans ce court espace de
d(Mix années, il l«> frappa de fa(;on à le pu-
nir, autant (pi'un mortel p<nit l'être, dans
ses atl'ertions terrestres, pour le chAlier de
son orgueil et des maux qu'd avait faits à
son Eglise.
Dans ]«• courant de l'année 115, Trajan
étant h Antioclu'. ville où il avait fait le pnv
ces ^ sailli Ignace, et où il avait fait mouiir
de nombreux chrétiens, éprouva un do» plu*
\
I»3
IIIA
lUA
ir.4
^ninds iiwiIIkmus (|in |Mii.s.sr fni|i|M'i' un
ins (Miipircs mil (MI riiiinvs crlli' ln-lli- riir, cil
lil |>(''rii-, /ivcr (les miriicis (rii;ilnl;iMls, des
sold/ils, des g('ii(''r«ii\, des |)('rsniiiiMm's dis-
tin,mi(''s de l'ciiipifc, dc^ Miiihass.idciirs ('"Ir.'m-
gci's (jiic le s<''j(>iir de I'('1ii|»ci(mii- y .iv.iil al-
lift^s. bo fui nii (loml)l('iiicnl <!(' Icrro (|iii fut
ninnifcsla pai' des sctotisscs acromiJa^tM'w.s
de l()iiiit'n'(>, (k) vtMils im]i(''liicn\, cl .ivre.
tanl (Je violoncc, quo les (''diliccs élaicnt
(•oiiiin(\jtM(Vs hors d(^ leurs f()iid(Mn(Mils. I,a
terri' stMlt''cliii'iil , et les déeliirures vouiis-
sai<>iil des leux souterrains (jui (hWoraieiil
ceux (|ue la élude ties (Sliliees n'avait pas
(W'rasés. Il péril ainsi une inullilude de per-
sonnes. Trajnn s'élanl échappé par la l'enétro
de la eh;u\d'>re où il t'Iait lo;;é. se relii-a dans
l'hippodronu-, (\\ù ii'élail environné d'aucun
biUinient.
Ce qu'il y (>nl do plus néuiblo pour Tra-
jan, c'est (/u'il fut t'rapt)é dans sa [lassion do-
minante. A'a'iittMix h l'excès, il voulait lais-
ser un em|)ire consiilérablemcnt augmenté
par ses conquêtes. Il vécut assez longtemps
pour voir les pays que ses victoires avaient
ajoulés h l'empire romain s'en délacher par
la révolte. Ses trou|)es lurent prescpie par-
tout surfirises cl massacrées, et il tul obligé
de recommencer la gueri-e. IMa\ uie, l'un de
ses lieutenanls, l'ut vaincu et tué par les re-
belles; lui-même courut mettre le siège de-
vant Alra, ville arabe, (pii persistait dans la
révolte, (-elle ville était située au milieu d'un
désert aride, où, sans eau, sans bois, sans
fourrages, les soldats romains virent leurs
efforts se brider contre les obstacles. Ayant
enlin fait brèche, Trajan donna l'assaut; mais
il fut repoussé avec perle, et, n'ayant pu ral-
lier ses troupes, faillit être tué ou blessé.
Les moustiques s'en mêlèrent, la saison des
pluies arriva, les soldats furent décimés
par la maladie, et il fallut enfin lever le
siège.
Trajan se retira en Syrie, oii il eut une
attaque d'apoplexie qui le laissa paralysé et
languissant. Le sénat l'invitait à se rendre à
Rome pour y triompher et y goûter le repos
si bien dû à ses ex])Ioits. Û se décida à en
prendre le chemin, et laissa en Syrie Adrien
avec son armée , le chargeant de continuer
la guerre contre les Parthes. Mais, le conqué-
rant parti, les Parthes profilèrent de l'inca-
pacité d'Adrien, chassèrent le roi que Trajan
leur avait donné, et rappelèrent Ohosruès,
qu'il avait déposé. L'Arménie et la Mésopo-
tamie secouèrent le joug et revinrent à leurs
anciens maîtres.
Ces nouvelles furent poignantes pour Tra-
jan; mais son plus grand chagrin fut de mou-
rir sans revoir Rome, où l'attendaient les
honneurs du triomphe, et d'adopter ou de
subir pour successeur Adrien, qu'il n'aimait
pas, Adiien, qui venait d'é ablir d'une ûi-
çon si flagrante son incapacité, et qu'il soup-
çonnait d'avoir voulu lui donner du poison.
Ainsi finit ce prince persécuteur , avec la
récompense de sa gloire et la punition de
sts crunes envers les chrétiens. IMuutard, il
appartenait i\ Dieu.
•I Dodw cl avoue que Traj.'ui lit mourir s/iinl
iKnaccd'Aiiiidclic, cl Unlus cl /.o/imcdc Phi-
lippes, mais <pic la persécution s'/irrêln Ih,
et (pi'clhf se coutcnla, du moins dan.-> la Sy-
rie , <lu sarig de ces trois martyrs : ce ipi'il
prétend prouver |)ar la lettre (pu- saint l'oly-
car|ic écrivit aux chréiiens rpii demeuraient
à Pliilipjics, d/ins la(pielle il rioMuiic (es Ikjis
saints. Il y n de l'apparence, dit Dodwel, (pie
si d'iiulics eussi ni souHert le martyre , ce
saint (■vê(pi(! n'(!Ûl pas maïupic de les nom-
ni(!r aussi. Mais connU' ni un homme si
éclairé n'a-t-il pas pris garde (pie celle mémo
lettre parle posilivcmenl d'aulics maityrs?
« Je vous exhorte , dit ce .saint év<^què de
Smyrne, je vous conjure d'obéir ave(' amour
A vos supérieurs; exercez-vous h la patience,
il celte vertu dont vous venez d'avoir de si
beaux exemples, non-'-eulement dans Ignace,
dans Zo/.iine et dans IJul'us, mais encore ilans
vos autres citoyens » La vi.Tsion
d'Ussér us porte': « C( ux d'entre vous (pii,
ayant souffert avec le Seigneur, sont allés au
lieu qu'il leur a marqué pour y recevoir la
récompense qui leur est duc. » Les Actes de
saint Ignace (|u'on vient de citer sont tout à
fait favorables il notre opinion. On y l.t que
« la seule givlce (ju'on pouvait espérer de
Trajan était de choisir entre mourir ou sa-
crilier. » Sur quoi Eusèbe remarque que ce
procédé do l'empereur excita une persécu-
tion particulière dans chaque ville où le peu-
ple, autoiisé par l'exemple du prince, s'ani-
mait contre les chrétiens et aimait h trem-
per ses mains dans leur sang. « C'est ainsi
que saint Siméon , évoque de Jérusalem,
après avoir confessé Jésus-Christ avec une
constance admirable, fut enfin attaché h une
croix par un jugement rendu contre lui. »
« C'est dans ce temps de cruauté et de per-
sécution que l'auteur de la Chronique [)as-
cale ou d'Alexandrie fait arriver la mort de
saint Marc : « Saint Marc , dit-il , évoque
d'Alexandrie, ayant été pris et lié par des
bucoliens (une espèce de valets de sacrifi-
cateurs, qui avaient soin de conduire à l'au-
tel les taureaux qu'on y devait sacrifier), fut
traîné hors la ville, dans un lieu nommé les
Anges, où il fut brûlé, le premier jour du
mois Pharmulhi, et finit ainsi sa vie par le
martyre. » C'est encore sous cet empereur
que le.s habitants d'une ville de Rilhynie,
qui était toute chrétienne, vinrent se présen-
ter devant le tribunal du gouverneur, lequel,
étonné de leur nombre, en envova quelques-
uns au supplice et renvoya les autres en leur
disant : « Misérables, si vous avez une si
grande envie de mourir, vous avez des cor-
des et des précipices ! » Ce serait ici le lieu
de rapporter la relation que Tibérien, gou-
verneur de la première Palestine, envoya à
Trajan, où il avoue ingénument à l'empe-
reur que, dans le désir qu'il a de satisfaire à
ses ordres , il s'est plusieurs fois lassé à
tourmenter les chrétiens et à les faire mou-
rir. Il est vrai que les savants doutent de la
vérité de cette pièce; mais nous avons, dans
1235
TRA
TRE
li36
la It'Ure Je Pline au lu^me empereur, un té-
moi;?nage de cette pers«*riitioii qui n*' |>put
Mro m plus cfrtaifi ni moins suspect. Plu-
sieurs chrétiens de son gouvernement ayant
été dénonrés h son Irihuiial. il se les Ht ame-
ner; mais, roti>i(li''rant celle multitude com-
posée de [Kîrsonnes de tout sexe , de tout
.îge et de toute r.ondiUon. qui n'aftondait »pii'
le moment d'être envoyée au supplice, il en
fut etfravé, et, se contentant d'en condam-
ner quelques-uns, et repoussant les autres
de son tribunal, il écrivit k Traian pour le
consulter touchant la manière dont il devait
tr.iiter ceux (|uil n'avait pas voulu condam-
ner. L'empereur api»rouva la conduite de
Pline; il loua l'ordre qu'il avait gardé dans
l'instruction de cette affaire, et il lui ré-
pondit enfin qu'il fallait cesser les poursui-
tes contre les chrétiens, mais qu'on devait
punir ceux i}ui seraient dénoncés. Cette rt-
ponse lit gagner à plusieurs tidèles [)lus
d'une fois la couronne du martyre; car elle
doima aux peuples et aux juives une licence
ouverte de dresser impunément des embû-
ches aux chrétiens. Au r^ste, cette lettre de
Pline nous apprend <|n'il y avait un é iit de
Traian qui défendait toute sorte de société
et d'assemblée. » — (Rninart. Dii>r. prélim.)
TRANI, ville du royaume de Naples, a vu
les soutl'rances qu'y endura Nicolas le Pèlo-
rio pour la foi de Jésus-Christ, qu'il conft.'ssa
avec courage.
TRANQLILLIN fsain ), prêtre, eut la gloire
de mourir pour la foi clirélienne sous l'em-
pire de Dioclélien. Ce saint avait deux fils
nommés .Marc et Marcellien: ils furent arrê-
tés comme tels. Carii étant encore maître
de Uouie. Trampiillin et sa femme Marcio
étaient païens tous les deux : ils obtinrent
du [)réfet de Rome, nommé Cliromace, un
délai de trente jours pour le supplice le leurs
enfants; ils espéraient, durant ce temps,
pouvoir vaincre leur constance, qui avait
résisté aux plus cruels tourments. Ils tirent
donc tout ce qu'ils purent pour les tléclnr :
peut-être y eussent-ils réussi; mais saint
Sébastien, qui était venu visiter les martyrs
dans leur prison, ratfermit leur couragi^ et
ayant opéré de grands miracles en présence
de tous les assistants, tous se convertirent.
Tranquiilin et Manie sa femme furent de ce
nond)re : sauil Poivcar|>e, irétre, les bap-
tisa. Tranqudiin, ipii avait la goutte depuis
onze ans, et (pii ei, souffrait beaucoup, en
fU' iiumédialemeiit guéri. I,e délai qu'avait
accordé le préfet Cliromace étant expiré,
Tranquiilin se rendit auprès de ce magistral
et lui apprit qu'au lien d'avoir amené ses
enfants h abjurer leur religion, il avait lui-
même été converti au eliri«ilianismc. Il lui
dit sa guérisuii mirai nlniise. Chromaee le lit
arrêter et conduire en |»rison; mais, la nuit
vernie, il se le lit amener ««errètement et lui
demanda de lui taire part du m'-yrn cpii l'a-
vait guéri, lui offrant pour rein une grande
somme d'argent. Chromnr«> et lit bii-même
atteint de la goutte, rranquilliii lui dit qu'un
pareil marché serait indigne de la sainteté
du Dieu auipipl il devait ta guéridon. Il lui
2
en dit assez pour que Cliromace désirât voir
le prêtre saint Polvcarpe, déclarant que si
ce prêtre pouvait îe guérir , il se ferait im-
médiatement chrétien {vny., h l'article Chro-
M\CR, la suite des événements qui le con-
cernent). Quant h Tranquiilin, il se retira
avec Chromaee, devenu chrétien, dans la
Campanie, accompagné do beauioup d'antres
chrétiens. Au bout de quelque temps, le
pape saint Caïus, étant venu chez Chromaee
vi>^ile^ le<* chrétiens , ordonna prêtre saint
TraïKpiillin, et ses enfants, Marc et Marcel-
lien, diacres. Ici les détails nous manquent
sur saint Tranquiilin : nous voyons seule-
ment ([u'ayant cTiipris la mort de sainte Zoé,
femme du greflier Nicoslrate , qui comme
lui avait été convertie par saint Sébastien
dans la prison de ses enfants, il s'écria qu'il
était honteux pour eux que des femmes les
prévinssent. Il sortit en disant cela; c'était
le jour de l'octave des Apùtres. Il s'en alla
prier au tombeau de saint Paul : là , il fut
pris par le peuple, ainsi qu'il le désirait, et
tué à coups de pierres. Son corps fut jeté
dans le Tibre. L'Kglise honore la mémoire
lie ce saint le H juillet. Pour plus de dé-
tails, voy. les Actes de saint Sébastien, ii son
article.!
TRANSUCCO, nom d'un lieu voisin dn lao
Celano, dans l'.Vbruzze ultérieure : c'est là
ue saint Céside, prêtre, fils de saint Kutin,
vêque des Marses, fut martyrisé sous le
règne de l'empereur Maxirain I"
TRAVANC()RE, royaume de rHindoustan,
sur les côtes du Malabai. était, en l'an 1600,
évangélisé avec beaucoup de fruits par les
PP. André Bucério et Emmanuel de Veiga.
jésuites. Ce fut dès cette époque que lo ml
de ce pays commença à se montrer défavo-
rable aux chrétiens. Quatre ans après, il les
persécuta vivomenf, au [mini qu'ils furent
iorct's d(» se dis[)or»er au nombre d'environ
vingt milli". Mais en I(i07. le P. Nicolas Spi-
nola, qui était à la tôle du colléaede Colam.
parvint h ramener ce prince à île meilleur8
senliiuenls, et, grâce à son intervention, les
églises qui avaient été abattues se relevè-
rent ; il 11: mémo des dons considérables k
l'aide desquels on en éleva do ncuivelles.
TRAVAZOS ,1e bienheureux Jean). Por-
tugais, lie Tordre de Sainl-Doininiipie, fut
massacre d uis lîle Solor avec le frère coii-
vers Melcluor. Leuis prédications trompant
la cupidité dos prêtres idolâtres , ceux-ci le
tirent ma>sacru.'. i Fonlana , MonumciUu Do-
uiiiiinina, année 1599.)
TRKBI, nom d'un lieu illustré |>ar les souf-
Iranccs du confesseur sainl Pierre. Le Mar-
tyrologe semble le désigner comme ville;
lions ( rovons qu'il vi-ul marquer la rivière
de Tn-bie, la même où Annibal défit Sem-
proniiis. lau 218 avant Jésus-Christ.
TUf-lCn AN fie bienheureux), seigneur an-
glais qui fui cond.nniié , sous la reine Eli-
sabeth, i\ voir conli.squer ses biens et à la
pi ison pour avnjr fait dire la messe dans sa
maison, par un nrêlre catholique nommé
Cûthbert Maine, leipiel . pour cette cause,
mourut martyr. Tous deux furent condam-
1Î37
Tni
MU
\r>n
ui^a ou iiuV('iiil)ro l!i77. Tinf^uiait uiDurut
(Ml prison. {Voy. OnTiiiiKin- M ainu cl Ki.isa-
111:111.)
TUf«:VKS. villo lit) la rriissi' lUn'naiif, vf'-
lM»n> par Jo mnrlyrc (U)s saints Maxt-nco,
(loiislaiiid, (j-csccncc , Jusiiii et irnnlrcs
dont li>s noms nous soiil incuiiinis, et (lui
sonllVircnl iluiatil la |)('rs('(iilioii de Diocm-
licli sous le |i|'iVsi(lciil Ilicliovai'c.
lUlCIlATliVll, ou Saint-Pai i-TUoisCiu-
TiMiix, ville illustri''o par le niarl)r(î quy
soulIVil saini l'iorcnl; on ignore h (pullu
epoipio el (laus (pielles cireonslaiiees.
TUIMSTF, dans l'ill^rie, ap|iarlieul niaiii-
leuaul .^ rAulricho. (le lui. ilaus ci Ile villo
([ue sainl Priuu', prôlri', el saiul Maïc , dia-
cre, l'uri'Ul luarh risés, sous 1(> r^gne de l'ein-
perour Adiieu. Sous Marc-AurMe , M(»us y
Irouvoiis saint La/are, diacre, marlyr. Les
docuuionls (pii nous soni parvenus sur ce
sainl personnage sont insu^l^auls : nous no
pouvons donc donnei' aucun détail sur son
marlyie.
TÙlPlIÈNli; (saillie), après avoir snrnionlô
tlusicurs tournu'uls ;\ Cyzicjue, dans l'Hel-
I
espont , l'ut mise ^ moii par un lain'can, et
méi'ita ainsi la palme du martyre. On ignore
la date de son cou>bat. L'Eglise fait sa fùlo
le 31 janvier.
TlliPIUNE (sainte), martyre, compagne du
saint martyr Agatlion , mourut nour la foi
chrélieinie en Sicile. La l'été iic ces deux
saints est inscrite au Martyrologe leSjuillet.
TlUPHON (sainl), martyr à Nicéc on Bi-
thynic sons le règne do rcmperour Dèce, eut
pour compagnon de ses glorieux combats
saint Ucspice, honoré connue lui par l'E-
glise le 10 novembre. Ce que nous allons ra-
conter est commun à ces deux saints, nous
ne les séparerons pas dans notre narration.
Ils étaient tous deux natifs de Phrygie, d un
village nommé Sansore, dans le lerVitoirc de
la ville d'Apamée. Leurs familles étaient
aisées, sans cependant être de celles qu'on
appelle fortunées. Ils étaient célèbres dans
le pays et par leurs vertus et par la favem*
toute spéciale qu'ils avaient de recevoir
toutes sortes de dons et de grâces de la part
du Seigneur. Ils honoraient vraiment le titre
de chrétiens autant qu'ils en étaient honorés.
Quand Déco arriva à l'empire ei qu'il eut
lancé contre l'^^glise les édits cruels qui ti-
rent tant couler de sang, saint Respice et
saint Triphon ne purent pas rester igno-
rés des i)ersécnteurs : ils furent dénoncés
au gouverneur de Bilhynie, qui se nommait
Gracchus Claudius Aquilinus. Ce gouverneur
envoya un nommé fronton avec quelques
gardes pour les arrêter. Ce Fronton, da:.s
leurs Actes , est qualifié d'irénarque. Ils
furent amenés chargés de chaînes au gou-
verneur, qui, étant occupé h d'autres af-
faires, les Ut mettre en prison. Quelques
jours après il les lit amener devant son tri-
bunal, où les saints confessèrent Jésus-Christ
aveu une ardeur et un courage indicibles.
Quand on leur demanda quelle était leur
fortune : «Des chrétiens, répondit saint
Triphou , ne connaissent point de fortune,
.sacliunt que (-'est l'onlii- de DuMi qui ii-kIu
tonl.ol'n olllt'jcr, rrnynnl len <<ponvnnl<T,l»*ur
dil (pi'on bn'llail ceux dt- Ir-nr soi to qui r»'-
ru>,ii«'nl de sncrillcr el d'obi'ir nii\ oruresdn
rcnipcnnii . « HIcn, lui dil nes|ii«'P, ri*» pftut
iHMis .Oliver (pii nous soit jilus /if.^iénl)le. »
Aipiiliii leur a^.'inl «lit, de ro Ion (pii vi^c \
llaller, (ju'ils parals.saionl avoir n-^sfr d*rtg«
pour savoir se <nndnire et prnir Aire sngrs :
i< Oui , dil 'l'riplion , nous sommes «nges,
parce <pie nous suivons Jésus Christ. Nous
souhaitons d'arriver h la perfection de celte
sagesse, et [«mr cida d'aller jus(pi';iu liout
dans le comnat (jne nous avons entrepris. »
A(piilin n'en pouviuit rien obtenir de |ilu.«!,
leur lit doinier la (puistion avec les ongles
fie fer. Les d((ux saints se dépouillèrent
tnix-inèmes :](> leurs liabits, et pen<l;inl trois
heiiies (pie dura cette cruelle torture, ils no
poussèrent pas un gémissement, ne firent
tas cnlendiT un seul mol pour se nlaindre.
Is lie parlèrent (|ue pour menacer le juge et
es bourreaux de la colère du Dieu (|ui les
soutenait dans le combat ({u'ils livraient
j)Our lui.
Le gouverneur partit pour aller à la chasse
et donna l'ordre de laisser les saints, qu'il
venait do faire couvrir de plaies, exposés à
la violence des frimas • il faisait alors exces-
sivement froid. Bient(jt les saints eurent les
})ieds gonflés et gercés en plusieurs endroits.
A son retour, Aqnilin se les étant fait ame-
ner, leur demanda s'ils étaient devenus nlus
sages : « C'est ce h quoi nous travaillons
sans relAche, lui dit Triphon, par le culte
incessant que nous rendons à Dion. » Il les
renvoya en prison, en leur faisant de gran-
des menaces pour le cas où ils persiste-
raient à lui désobéir.
Durant quelques jours Aquilin fit une
tournée dans la province. Quand il fut re-
venu, il essaya de faire fléchir les saints, en
les prenant par de fausses marques de dou-
ceur, en leur montrant de l'estime et de
l'atreclion. « Prenez pitié de votre jeunesse,»
leur disait-il. Thriphon lui dit : « Nous ne
saurions mieux faire ce que vous nous con-
seillez, qu'en demeurant inébranlables dans
la confession de Jésus-Christ. » Aquilin ,
outré de colère, leur fît enfoncer des clous
dans les pieds et les fit en cet état traîner
au milieu de la ville par un froid excessif.
Dieu fortifiait de plus en plus ses servi-
teurs : ils protestaient qu'avec ces clous ils
étaient comme avec la chaussure la plus
commode. Le gouverneur les fit fouetter
jusqu'à fatiguer les bourreaux ; ensuite, on
les déchira avec les ongles de fer, on leur
brûla les côtés avec des torches ardentes.
Leurs Actes racontent qu'alors un ange
parut, qui fit tomber les bourreaux demi-
morts de frayeur, et qui donna aux saints /
un nouveau courage en leur plaçant des cou-
ronnes sur la tête. Les saints, ajoutent les
Actes, dirent, en levant les yeux au ciel :
« Seigneur Jésus, exaucez-nous, que le diable
ne nous surmonte point; mais exaucez-nous
et faites-nous acîTever notre course, afin que
vous combattiez en nous, et que vous vain-
«39
TRI
TRO
liit»
i|uioz en nous. » Aquilin continua à les faire
tourmenter : il les pria on( oro d'.ivoir pitié
de leur jeunesse. « Lli quoi ! lui dit Respice,
ce ser.iit donc en nous abaissant h adorer du
bois et des pierres? Jamais nous ne le fe-
rons. » Le lendemain, il furent battus lon,;-
temps et très-cruellement avec des fouets
garnis de plond). Aquilin, voyant l'inutilité
de toutes ses fureurs, les condamna à avoir
la tête tranchée. Les saints martyrs regurent
avec joie cet arrêt, et donnôienl leurs .•Imes
à Jésus-Christ en bénissant leurs boirreaux.
Leurs reliques sont maintenant dans deux
églises de Rome, celle de S.iint-Augustin et
celle du Saint-Esprit in Suxia. Sn.ria est le
nom d'une rue qui est entre Saint-Pierre et
le Tibre. Ce nom vient de ce ([ue Charle-
magne établit en cet endroit la colonie de
Saxons qu'il avait déportés en 805^, à peu
près, pour les faire instruire dans la foi
chrétienne.
TRIPHON (saint), martyr, eut la gloire
immortelle de doni;er son sang pour la foi
du Christ. Le Martyrologe romain nomme
les compagnons de son triomphe, les saints
Géminé, Aipiilin, Eugène, Marcien, Quin-
clus et Théodote. On ignore l'année de leur
martyre. L'Eglise célèbre leur mémoire le
k janvier.
TRIPHON saint), fut martyrisé à Alexan-
drie avec douze autres compagnons dont
les noms nous sont ignorés. L'Eglise fait
collectivement leur fête le 3jiiillet.
TRIPODE (saint), re(;ut la couronne du
martyre à Rome sur la voie Aurélienne, avec
les saints Rasilide, Mandale et vingt autres.
Ce fut sous l'empire d'Aijrélien ({u'eut lieu
leur glorieux sacrifice, en l'année 273 ou 274.
Les Actes de ces saints ne sont pas de na-
ture à inspirer une grande conliance. Pierre
de Natalibus et Mondjritius nous en ont
donné de fort dillerenls : ceux du {)remier
surtout sont pleins de récits fabuleux, ce qui
n'empêche |)as Baronius d'y renvoyer ses
lecteurs. On y marque, et le Marlyrologo
rouiain les a suivis, tpi'ils soulfnrent sous
un préfet de Rome, nommi' Platon, lequel
ne se trouve pas dans la liste de R.ieche-
rius. L'Eglise lait la fête de ces saints le
1 0 j u i M .
TRIPOLL le |ilus oriental des pays bar-
barcsqiies, est célèbre dans les annales des
martyrs par les soulîr.inces (ju'y endurèrent
pfiur la foi les saints Luiien, Mi-lrope, Paul,
Zeliobe. riiédtime et Drusus. On ignore h
(pielle époi|ue arriva leur martyre.
TRIOl'ERIE , franciscain , et chapelain
d'un couvent de Laval, fut guillotiné dans
celle ville le 21 janvier 171)'». avec treize
autres j)rêtres. Lorsfjnon lui demanda, a»j
tribunal révolulionnaiie, s'il voulait r<nion-
cer h la religion cathf)lique. « Ah l vrai-
menl non, ntoyen, s'et na-l-il, je serai ti-
ilèle h Jésus-Christ jUMpia mon dernier
soupir! B Ses treize compagnons suivirent
.son glorieux exemple, et tous périrent sur
l'érhalaud. ^Tiri'' des Mi'inoirrs tccUsintli-
tfurji, etc., par M. Isidore Rouiller, curé de
la Trinité de Laval. 1846.)
TRO A DE (saint), martyr à Néocésarée, en
2o0, sous le règne de l'empereur Dèce. ter-
mina glorieusement sa vie en la donnant
i)Our la foi chrétienne. Il était à la fleur de
l'/lge, et appartenait à une des principales
familles de la ville. Ni l'amour de la vie, (|ui
s'ouvrait devant lui, riche de toutes les illu-
sions de la jeun -sse et de la fortune, ni la
crainte des tourments qui allaient la lui
Ater, rien ne peut l'ébranler. Amené de-
vant le gouverneur, il confessa sa foi avec
un grand courage, et a[)rès avoir soulfert
divers tourments, il finit par un illustre
martyre. L'Kglise vénère sa mémoire le 28
décembre. Ses Actes racontent que pendant
qu'il endu.ait le martyre, saint Grégoire
'rtiaumaiurge lui apparut pour l'encourager
dans le saint c»ml)at qu'il soutenait.
TROPHIME (saint), fut martyrisé pour la
foi chrétienne sous l'empire de Probus.
Quoique ce prince n'ait pas persécuté l'E-
glise, il y eut des martyrs sous son règne :
notre saint fut du nombre. Il avait témoigné
sa douleur en voyant les folies sacrilèges
des cérémonies païennes. On l'arrêta à An-
tioche de Pisidie, avec saint Sabbace ; le
Ménologe d'Ughellus le dit positivement. On
les conduisit devant Héliodore, vicaire de la
province. Ce magistrat n'avant pas l'autorité
suprême pour juger les deux saints, ne les
condamna j)as l\ mort : il leur fit seulement
donner la question. Sabbace mourut au mi-
lieu des tourments; Trofihime fut renvoyé
devant Dyonisius Pérennius, gouverneur de
la Phrygie, qui se trouvait alors à Synnade,
cl trois journées d'Antioche. On lui conduisit
Trophime avant aux pieds des cliaussures
garnies int(?rieurcment de pointes. Péren-
nius, lui ayant fait soutfrir [)lusieurs sup-
plices, le lit mettre en prison, où un séna-
teur (le la ville, nomme Dorymédon, qui
déjh était cîirétien, ou i|ui, suivant d'autres,
lot converti dans la prison même par saint
Trophime, venait visiter le saint martyr. Ce
devoir de charité (|u'il remplissait fut cause
qu'on l'arrêta. Saint Trophime eut les yeux
crevés, et fut ensuite exposé aux biHes avec
Dorymédon : les bêtes ne leur ayant fait au-
eun mal, on leur trancha la tête à tous dfeux.
le 19 septtnnbre. jour auipiel ils sont ho-
norés par l'Eglise grecque et par l'Eglise
latine.
TROPHIME (saint), fut martyrisé à Lao-
dicée en Syrie durant la persécution de l'em-
pereur Ditielélien. Il soulTrit de cruels tour-
ments avec saint Thaïe. Ils sont inscrits au
Marivrologe romain le 11 mars.
TliOPHlME ^sainl\ martyr, reçut la palme
des gi«>neux combattants pour la foi de Jé-
sus-Christ. Il eut \HM\v com|)agnon de sa
gloire saint Eucarpe. Les Artes des martyrs
ne nous ont laissé aucun détail sur le lieu,
la date et les circonstances de luur martyre.
L'Ei;lise t'ait leur f ê e le 18 mars.
TROPHIME ^saini). versa son .sang pour
la foi avec saint Théophile. Ayant été meur-
tris ,^ coups de pierres, mis dans le feu, el
enlin dec ipités, ils reçurent ainsi sous l'em-
pereur Dioclélien, la couronne du martyre.
Iï41
TSI
TCR
1i4i
L'I''L?liso fait folleclivriiiciit Inir lï^lc le 'i.'l
juill.'!.
l'IlOIMIlMI'; (.s«int('), iiDiiIvri'. lut misf h
moil iliii.iiil lii |MM-st''ciili(Mi (II- riMii|M'i('iir
Ar.loiiiii M,'«rc-Aiir('>l(', en l'a-MH'-f 177, dans
In ville tic Lyon, Coiimir If vrin-rahlc' iWÔ-
(jiic sailli l'olliin cl une iimlliliiilr d'aiilics,
t'Ilc iiKMiIra lin coiirai^r (|ii(' irr^alcrciil |ias
SOS forccvs |)livsi(|iii's. I.a violence des lonr-
nients doiil l'arcihlèreiil les pefséciilein"^ la
lil monter au ciel avant (|n'elle eiU snhi tout
ce (jne leur raj;:e lui réservail dc^soiillrance.
K|)uis(^(>, mais non vaincue, elle s"étei,i;iiil
en p:-ison dans la paix du Seij^Mcnr. lille
«lin recevoir an ciel le prix de son coura.uio
et la riW'omptMisi' de ses comhats : Dieu la
riMiradela nuMcW», converte de hiessnies, et
mil sur ses plaies le hauuKMles lélicilés éler-
nelies.
TUOYKS, anci(Min(» capitale de la Cdiam-
pagne, aujourd'hui cliel'-lieu du département
de l'Aube, eut l'IioinuMir d'avoir |)our mar-
tyr, sous le ri>i;ne de \alérien, mi do ses
habilanls nommé Palrocle, ([ui demeurait
à environ deux cents pas des murs de la
ville, en dehors, dans mie maison isolée.
Ce fut le tiouveinenr Aur.'li'Mi (pii le con-
damna h ôtre (iéca|)i!é. {Voy. Patuoci-i;.) La
môme ville eut l'honneur d'avoir jtour mar-
tyr saint Sivinien ou Sabiiiion, (juc l'empe-
reur Aurélion fit mettre h morl pour la foi.
On ne sait pas au juste les circonstances do
son martyre, les histoires que nous en avons
n'étant rien moins qu'authentiques. La ca-
thédrale de Troyes possède les reliques de
saint Savinien. Ce saint ne fui pas le soûl
que l'empereur Aurélien fit martyriser à
Troyes : quelque temps après lui, nous
trouvons sainte Julie, avec les saints Claude,
Juste et Jucondin; puis, bientôt, saint Vé-
iiérand et sainte Vénérande , doux person-
nages qui, à vrai dire, n'en font qu'un seul.
{Voy. VÉNÉRANDE.) Los Aclcs de tous les
saints que nous venons do nommer ne va-
lent pas mieux , et pout-otre moins encore
que ceux de saint Savinien.
TSI-TCHING-CiO , chef commissaire du
tribunal des mathématiques à Pékin , en
1768, ennemi déclaré du christianisme, pré-
senta à l'empereur un libelle d'accusation
contre cette religion sainte, l'accusant de ne
reconniître ni divinité, ni esprits, ni ancê-
tres ; et de n'être que tromperie, superstition
et mensonge. « J'ai fait, disait-il, des re-
cherches pour ariiver à savoir si les euro-
péens qui sont dans le tribunal dos mathé-
matiques n'ont pas séduit quelques mem-
bres de ce tribunal, et j'ai trouvé que vingt-
deux mandarins n'avaient pas rougi d'em-
brasser celte superstition. Sans doute, ajou-
tait Tsi-Tching-Go , les autres tribunaux
sont infectés comme le mien ; il est temps
de mettre un terme à cet envahissement du
mal ; je demande donc que les mandarins de
mon tribunal soient jugés selon les lois, et
qu'ensuite on prenne le moyen d'empêcher
le mal de s'étendre. » L'empereur renvoya
l'aifaire aux tribunaux compétents. On dé-
cida parmi les missionnaires qu'on ferait
une réponsi' h ce lilndle : ce fut h; IV llnnn-
lain, pi't'sident du tribunal (hs iiiatlM-iiifid-
ques, et ses doux collêKues i|ui le présontù-
reiil. On pciil voir h-s di'tails do celte aU'an'»'
dans larlnlr ;:én<''ial Ciiim:.
KhllUti:, ville de J'Alriipie l'roconsu-
laiir, vil, sr)us le règne et diir.iiil la per-^r^-
cution (le Nah'iien, le marlue d<'s saintes
Maxime, Donalille et Seconde, Co martyre
fut un dis plus j;|()ri(Mix combats ipi'aient
livri's de laiiiles femmes pour la foi. (Voy.
DoNATiii.K.) Tuburbo vil encore le martyre
de saint Serf, sous I(î règne de Hunéric, roi
des \ andales.
TUNIS, ville d'Afrique, capitale de l'F'tal
de Tunis, a été témoin du iiiart\re du do-
minicain (iniilo Loiigimel, (pii fut massacré
par les Musulmans, en 1270, lorsqu'il leur
prêchait l'Ivangile. Sa niortarrivah l'éixxpie
de la croisade de saint Louis. [Voy. Fontana,
AfoDunif'utd Domiuinnia.)
'rriUU)N (s.iiiii), L'ioflier Irxcrptor) du
jugo(pii condamna à la morl saint Speusippe
et ses frères, sous l'empire de Marc-Anrèle,
dans la ville de Langres, écrivait avec saint
Néon le procès-verbal do ce; qui se passait
devant le juge. Ayant ajjpris ce que c'était
(pie le clnisliaiiismo par les discours et [lar
roxom|)le des trois saints martyrs, il se con-
vertit aussilôl. Peu après, ayant été pris
par les persécuteurs, il termina ses jours
par un glorieux martyre.
TUUCIUS , officier ou magistrat, qui fut
envoyé par l'empereur Aurélien en Toscane
pour y rechercher les chrétiens, et pour les
ifaire mourir. A Sutrii il fit mettre h mort
saint Félix, prêtre, de la fa(jon la plus cruelle;
il le fit frapper sur la bouche avec une pier-
re, jusqu'à co qu'il fût mort. Saint Irénée,
diacre, ayant pris soin d'enterrer les restes
du saint martyr, Turcius le fit arrêter, et
comme il se rendait à Chiouli, il le tlt char-
ger de chaînes et le força de marcher ainsi
nu-pieds devant son chaV. Arrivé dans celte
ville, il le fit mettre en prison avec beaucoup
de chrétiens qu'il y fit arrêter. Ayant appris
qu'une dame, nommée Mustiole, cousine de
lompereur Claude, se rendait tontes les nuits
auprès des prisonniers pour les exhorter
et pour leur porter les choses qui leur
étaient nécessaires dans le dénùment ab-
solu où on les laissait, il la fit amener de-
vant lui par ses gens. La beauté de sainte
Mustiole le frappa si vivement, qu'il lui té-
moigna les plus grands égards et la renvoya
chez elle avec honneur. Pende temps après,
il alla la visiter, espérant la pouvoir déter-
miner h l'épouser. 11 s'enquit avec grand soin
de sa noblesse; mais Mustiole lui dit que la
première noblesse était Ihumilité des chré-
tiens. Enfin, comme il insistait beaucoup
pour la décider à renoncer au christianisme,
elle lui dit que ses propositions étaient une
folie et un blasphème. Outré de colère, Tur-
cius fit décapiter immédiatement tous les
confesseurs ; il ne garda que saint Irénée,
qu'il fit amener devant Mustiole, afin que la
vue des sup])licos qu'il endurerait lui fît
changer de résolution. Irénée fut étendu sur
<il3
ucu
NCl]
1244
le chevfllet ; il eut les c<M(^s d<^chirés avec
les onde^ de fer ot fut bnllé nvcc les torrhes
et les laïues ardentes. Il imiurut dans res
horribles sun|»lices. Mnstiole , loin d'être
ébrankV par lii vue delà cniaulé de Turcius
et du grand courage du saint martvr , se
sentit de plus en plus aiïeruiie dans sa réso-
lution {Ai^néreuse. Elle re|)rocha éner.;iquc-
nuMit à Turcius sa barbarie. Ct'lui-( i, hors
rie lui-même, dicta une sentence (|ui con-
damnait la sainte h être battue avec des fouets
armés de plomb, jusqu'à ce qu'elle e\pir;U :
celte sentence fut exécutée l(> 3 juidet, le
jour nii'iiie de la mort d'Irénée.
niIPlN DU COF^MlliU, curé de la Tri-
nité de Laval, fut guillotiné dans cette ville,
le 21 janvier ITOi, av^e treize autres prêtres.
Pour parvenir au tribunal, les victimes du-
rent passer au pied de l'échafaud, qui était
en permanence. A|)rès les (|ueslions d'usa-
ge, les juges dema-idèrent à chacun des ac-
cusés : « As-tu fait le serment de 1791,
prescrit par la Constitution (ùviledu clerj^é?
As-tu fait le serment de liberté-égalité? Veux-
tu prêter ces serments? Veu\-tu jurer d'être
fidèle à la république, d'observer ses lois,
et, en conséqueice, de no professer aucune
religion et notamment la religion catholi-
que? » Tous les saints martyrs ré|)ondireiU
négativement. Le président du tribunal de-
manda ensuite à M. Turpin du Cormier :
« N'est-ce pas toi qui as empêché tes prêtres
de faire le serment ? — Quand on nous le
demanda, répondit-il, nous nous asserablA-
mes pour en délibérer, et nous reconnûmes
que notre conscience ne nous permettait
pas de le prêter. » Quand l'inteirogatoin; fut
achevé, l'accusateur public, prêtre intrus,
conclut h la peine de mort, et ajrjuta : « Quant
à Turpin du Cormier, curé de cette com-
mune, c'est lui (pu a fanatisé son clergf''; jo
demande ciu'il soit exécuté le dernier. >» Le
président du tribunal sanctionna la peine, et
l'on se prépara à l'exéculio'i. Pendant les
préparatifs, on Ht retirer les quatorze prê-
tres dans une salle du greffe, et là, dit-on,
ils eurent le temps de se cunfesser nniluel-
lement. Au sortir du jialais |)our aller à l'é-
chalàud, M. Turpin du Cormier marchait à
la tête des victimes, et quand on fut arrivé
au pied de la guillotine, les bourreaux le
repoussèr<'nt [)nr derrière p(»ur être rxcMuté
le dernier. Il monta eu elfet le dernier à l'é-
chafaud, a(>rès avoir récité le Te Deum, ot
avant qu'on le liAt sur la planche ensan-
glantée du sang de ses frères, il la baisa
avec respect. (Tiré des Mémoires ecclésiasti-
ques, etc., par M. Isidore Boullier, curé de
laTrinitédeLaval,18'»f).)
TLY (PierreK prêtre tonquinois, fut dé-
capité le 11 octobre 1833, pour la foi catho-
li(|ue. Il fut martyrisé après la promulgation
d'un édit porti' le 6 janvier de la même an-
née, qui ordonnait a tous les chrétiens de
renoncer à la religion chrétienne , en fou-
lant aux pieds une croix, <le détruire les
églises et les maisons religieuses : cet édit
ordotuiait en paniculitr de rechercher acti-
vement les prêtres et les catéchistes.
TYR, Sour, ville de Phénicie, illustrée par
le mnrtyre de saint l'ipien, qui, sous l'empe-
reur (ialère-Maximien, fut cousu dans un
sac avec un as[)ic et un chien, puis jeté dans
la mer.
TYRANNION (saint), évêque de Tvr, fut
martyrisé pour la foi catholique en l'an de
Jésus-Christ 310. Il fut mené de Tyr h An-
tioclie avec le prêtre Zénobius. On lui fit
soulTrir divers tourments; enfin on le jeta
dans l'Oronte. L'Eglise célèbre sa fêle le 20
février.
TYRO, ville située dans une île mainte-
nant engloutie, du lac Ralsène en Toscane.
Sainte Christine y fut martyrisée au com-
mencement du IV' siècle, sous l'empire et
dur nt la persécution d>^ Dioclétien. Cette
ville n'est pas indiquée par la plupart des
géographes.
TYSENHAUZ (Ei.isibktiO. lune «les reli-
gieuses de Saint-Basile, établies à Minsk en
Lithua'ii(>, (>t connues sous le nom de Filles
de la Sainte-Trinité, qui furent expulsées de
leur couvent et livrées aux persécutions les
plus violentes dans le courant de l'année
1837, par le czar Nicolas, et Siemaszko, évê-
que schismali(jue et apostat. On les employa
à la eo'islruction d'un palais à Spas, pour
Siemaszko. Un éboulemeni étant survenu,
Elisabeth Tyseidiauz et quatre de ses com-
pagnes furent ensevelies vivantes sous les
d 'coinbrcs, sans cpi'on permît à celles qui
étaient témoins de ce malheur, de chercher
à délivrer les victimes. Les quatre autres
S(eurs se nommaient Euphémie Gurzynska,
Clémentine Zebrowska, Catherine Korycka
et Irène Krainlo. (Voy. l'article Miec«y«-
I.\>\SKÀ.)
L
rCUNT)ONO fJr«T), soulTrit l'exil en IfilV,
au Japon, pour la toi chn'-lieime. En ccMte
année, le cubo^ama pul)l .i un second édit
conlirmatif dii premier. Il avait pour but,
par ce dernier, de [>river ri',gli«;e du Japon
de Ions l»>s chré'iens qui appu iinn'ent a la
noblesse du pays. Il i rononçail la peine du
bannissement contre Jnst Vi undono. eonire
l'ancien roi de Taïuba, Jean Najladono, le
prince Thomas, son fils. Julio, sa sneur,
Tliomas Uquienda, l'un des seigneurs les
plus puissants du royaume de Ruygen, et
beaucoup d'autres, parmi les personnes les
l>lu«! (pialiliées do l'empire. L'édil portait
qu'ils seraient tous conduits à Méaco, et que
le gouverneur de relie ville les livrerait k
celui d(> N uignznqui , rh.irgé de les faire
sortir du Japon. Le roi de Tamba écrivit à
1Ï4&
lieu
ni
1144)
un lVr(\iiVsiiil(' on rva Icnncs : « l.r vent do
la |KM'S(Vnli(>n s'cMf'^vc <l(i |tlns tni |iliis, ol
J)ioii, inoiitiaiil sa niis('ii(()i(li\','y voulu ipio
nous fussions un h'rand noiiiltrc (lis|Mis(Vs à
vcrscM- noIiT sauf; pour la loi. 'l'oulcs les a|)-
paroncos l'ont croirez (pu? ci'llo t(Mnp(Mi' du-
rera lonf;l(>nips. J'os(» csprrcr (pic Ji'sus-
(lluist voudra liicn pcruicllro ipu' nous par-
lassions on (jucicjuo (;lios(î .ses soullVanccs.
Si ce hoidicui" [tcul nous ;u-rivor, nous aurons
\d j:,|oir(t d(> niarclicr dans la voie (pi'nni.
ouvcrto avant. nous les niarlvrs de In prinii-
tivi' Kgliso, ceux (pii l'ont illuslr/'c h (•i'tl(3
époque si hollc, ceux qui oui vcrsi^ pour cllo
le sang nui a éiiS la spuu'nco de la moisson
dont on fait depuis des si6clos la r(^collo pour
l'iMernité. (]her IN^'rc, piiez poiu' nous, de-
mandez h Dieu (pi'il nous fasse j)ers(îv»5rcr.
Oui l'eiM pu croire! Des pcVheurs connue
nous, doinier leur vie pour Jcsus-Chrisl,
notre patrie lui fournir des martyrs 1 A cette
pensée, mon Aiue s'enivre de joie; mes yeuv
verseni des laruu's abondanti's dans le siîiili-
ment de reconnaissance que j'énrouve pour
toutes les gr;lces dont je suis l'objet de la
)art de mon Sauveur. Nous avons aussi du
irince Thomas deu\ lettres qui font voir (^ue
e fds ne le cédait au p(^re, ni en zMe ni en
bons sentiments. Nous donnons ici la se-
conde qii'il envoya aux habitants de Cuma-
Moto. Klle était datée de sa prison. Il était
pour lors renfermé dans une forteresse tlu
Fingo. Sa foi y était tous les jours soumise
aux plus dures épreuves : « Mon ca)ur a bien
sontiert, mes très-chers frères, en apprenant
que plusieurs ont courbé la tôle sous la
violence de la persécution. Mais j'ai été bien
consolé par la coîistance et par la persévé-
rance du grand nombre. Que je voudrais
être au|)rôs d'eux, s'ils meurent martyrs !
baiser le sang qu'ils verseraient, les conju-
rer de m'oblenir de mourir comme eux !
Priez pour que je l'obtienne, mes frères,
priez, car je me sais bien indigne. Je suis
ravi, mais non surpris, que ces généreux
martyrs aient renoncé à tous les biens de la
terre. Qui peut préférer ces biens à Dieu ?
Ceux qui les leur prennent les enrichissent.
Ils leur ôtent ce (ju'il faut quitter un jour,
ce qui est l'obstacle du salut; ceux qui les
donnent prêtent à usure de la boue contre
de l'or. Jadis je m'occupais de ce saint traiic,
depuis ma tiédeur a tout perdu. Que mou
martyre lachète ce défaut. On dit (jue vous
n'êtes pas assez fervents pour mériter le
martyre. Que sera-ce donc de moi? Pourtant
je pressens que Dieu recevra le sacrifice de
mon sang! Je ne puis prétendre vous diri-
ger; cependant, je vous le dis, foulez tout
aux pieds jjour Dieu ; quitter les choses du
ciel pour celles de la terre, c'est agir en in-
sensé. L'épreiive arrive, le ciseau taille la
pierre, le marteau et le feu façonnent le fer,
ainsi fait Jésus-Christ pour construire son
Eglise. Il a commencé par lui, pierre angu-
laire; le feu des tribulations a éprouvé ceux
qui devaient servir de base. Soyons dignes
d'être traités comme ses disciples chéris. S'il
veut pour nous l'attaque , il nous garde la
(^ouroruH*. Oi'''>'d ^> ukm, j ai subi ici uutaiit
d'assauts qu(? possiblr; mft jmneji.so , m«
naissance, iiies cnf.mts, les perds qui nie
menacent, oti m'a tout mis devant les yeux.
A di'faiit d'amis pi^s do moi pfuir mo souto-
nii', j'ai eu la ^;rAci' du cir'ljjo vols nu repos
ipi'on iiK» laisse (pi'on n'oMjtère plus mo
vaincre. Dieu aidant, nous sommes invinci-
bles. Mais une ou ih-ux vii-loires ne sont
rien sans la persévérance jus([u'au bout.
Demandez (pieje l'oblieniie. Ceux qui étaient
bannis on vertu de cei édit élaioiit nu nom-
bre (le plus de milh;. Parmi eux élaionl tous
les religieux de Saint-Augustin, les domi-
nicains, les franciscains et ving-lroisjésuilos.
Ils furent transportés h Manille, cnjtitale dos
il(!s IMiilippiiies. A peine y arrivaient-ils «luo
Just l'cundono tomba gravement malade : h
son lit de mort, il dil h son confesseur : « Je
ne recommandi' ma famille h personne; mes
jiarents ont ainsi rpie nnu l'honneur et l'a-
vantage de sonfVrir pour .lésus-Christ; cela
doit leur suflire. » Parlant h ses enfants, il
leur dit : « De[)ui3 mon bas âgejusqu'h mon
pionnier exil, j'ai servi h la guerre mes sei-
gneurs et uK^s empereurs. Durant tout ce
temps-là, j'ai été plus souvent sous la cui-
rasse (]ne sous la robe de soie ; mes cheveui
ont blanchi sous le cas(]ue, et mon épée ne
s'est pas rouillée dans le fourreau. Plus do
cent rois, j'ai joué ma vie sur les champs do
bataille. Que m'est-il donné pour tout cela?
vous le savez comme moi. Mais si les
hommes m'ont manqué, il n'en pas été do
même de Dieu. Au temps de ma puissance,
ai-je eu davantage ce qui m'était nécessaire
que dans cet exil, oij une si généreuse hos-
pitalité nous accueille? Ce n'est pas tout. Je
sais quelle récompense m'attend au ciel ; ne
[)leurez donc pas, félicitez-moi. Quant à ce
qui vous concerne, je ne saurais vous croire
malheureux; je vous laisse à la garde de
Dieu. Vous savez que sa bonté, que sa puis-
sance sont infinies, soyez-lui lidèles, il ne
vous abandonnera pas. » Après cela il (it son
testament; la principale clause portait qu'il
regardait comme ne faisant pas {lartie de son
sang quiconque dans sa famille aurait le
malheur de renier Jésus-Christ. Il mourut
dans ces admirables dispositions. Sa moi t fut
cause d'un deuil général : Espagnols et Japo-
nais y prirent part
UHANAM (saint), prêtre et martyr, fut mis
h mort pour la foi, en l'an de Jésus-Christ
3i3, sous le règne de Sapor, dit Longue-Vie,
par ordre d'Ardacirus, prince persan, gou-
verneur de l'Abiadèue. Ce prince ordonna
à des femmes de Beth-Séleucie, qui avaient
apostasie, de le lapider : elles eurent la lâ-
cheté de le faire. Sa fête a lieu le 30 no-
vembre.
ULFRID ou WoLFRED (saint), évêque en
Suède, martyr, naquit en Angleterre. Ce
sainî, plein d'ardeur pour la conversion des
iniidèles, vint d'abord annoncer l'Evangile
dans les pays septentrionaux de l'Allemagne,
et vint entin en Suède, gouvernée alors par
un prince chrétien nommé Olaûs II. Bientôt
les vertus d'Ulfrid le firent élever à l'épisco-
iUl
L'LR
l!KB
im
pat, Pl il profita des pouvoirs qup lui donnait
sa nouvello dignité pour étendre davantage
le régne de Jésiis-Cnrist. Un jour qu'il des-
cendait df chaire, où il avait fait un discours
filein de force contre les idoles, il prt une
lache, soutenu qu'il était par l'autorisation
du roi, et voulut briser la principale idole
du pays, Loniniée Tlior ; mais les paicns lo
massacrèrent (1028). Son nom est inscrit au
Ma'tyrologe romain le 18 janvier.
ULPIFIN, célèbre jurisconsulte romain,
était natif de Phénicie, préfet du prétoire
sous Héliogabale et sous .Mcxandre Sévère :
il fut toujours très-ennemi df's chrétiens.
Pen lant qu'Alexandre, dont il était le conTi-
dcnt, les favorisait d'une manière toute spé-
ciale, il ftusait, lui, tout ce qui était en son
pouvoir pour leur nuire. Outre plusieurs
ouvrages de droit romain fort remarquables,
Ulpien est auteur d'un recueil de toutes les
lois, édits, ordonnances qui avaient élé por-
tés contre lesjuifs et contre les chrétiens. Il
assemblait ainsi pour les persécuteurs un
arsenal où ils pussent choisir leurs armes.
Ulpien fut massacré sous l'empereur Alexan-
dre, au sein d'une émeute populaire. Ce qui
reste de ses œuvres a été publié on 15V9 par
Tilius, sous le titre île Tiluli ex corpore
i'Ipiani. Sous l'empereur Alexandre, il fit
mourir à Ostie les saints Quiriace, évèque,
Maxime et Astère, prêtres, le diacre Art'he-
laiis, et un certain nombre de fidèles. On
manque de détails bien authentiques sur le
martyre de tous ces saitits.
ULPIEN ou ViLPiEN (saint), martyr, habi-
tait la Ville de Tyr, en Phénicie. La mort cou-
rageuse d'Appien et de plusieurs autres
saints martyrs enilamma son cœur et lui lit
confesser généreusement Jésus-Christ h Cé-
sarée, devant Urbain, gouverneur de Pales-
tine à (>ésaréc. Il soullrit avec une inébran-
lable fermeté les fouets et les tortures de
toutes sortes; puis il fut jeté dans la mer,
cousu dans un sac avec un chien et un ser-
pent. Sa mort arriva vers l'année .'Î06. L'E-
glise honore sa mémoire le 3 avril.
ULKIK le bienheureux), frère mineur,
)afcourait. vers l'année I.'IVO, avec un autre
'rère nommé .Martin, les terres voisines de
a mer Balti(pie et du golfe de Fudande,
pour y sen)er la parole de Dieu. Ils s'arrêtè-
rent eu un lieii fortilif- du duché de Livonie,
et, taudis que .Marlui disait la luesse, notre
^aint alla [)rècher la parole de Dieu sur la
place p ihli(pie. Les idolâtres, irrib's de son
audace, rameiu''r(Mit à leur duc, cpii, après
j'avo r interrogé, ordonna qu'on lui fît subir
de grandes tortures. On lui coupa les tuains
et les bias par luorceaux, ensuite le m'/ et
les oreilles, après quoi oti le lia h un arbre,
et on laccnbla d ouira-;e-;. Il fut jeti- ensuite
dans le lleuvc avec plusieurs habitants (pi'il
av.iil converlis, et le til de l'eau les conduisit
jusqu'.*! uno ville habitée par des chrétiens,
où ds furent inhumés avec pompe. Cepeti-
dnnl Marlm, que le duc avait f.»il arrêter et
conduire k sin tribunal. snullVit aussi do
f^randcN tortures; entre autres tourments, on
It pénétrer par sou gosier un lony tissu de
soie qu'on retira ensuite avec violence, de
nianièrequ'ilentratnAtavec lui les entrailles.
Il fut enfin pendu. Une sœur du duc. qui
était chrétienne, recueillit son corps, et le
fit ensevelir dans son monastère, oii elle
était abbesse. — Vers la mèiiie époque, les
habitants de la Livonie tirent encore soutlrir
le martvre h cinq autres frères mineurs,
U.MEKAND fsaini . martyr, l'un des qua-
rante martyrs de Sébasic , sous Licinius.
(VO}/. MxnTYRS DK SKBAiSTE.)
UFU5AIN (sainti, martyr, eut la gloire de
répandre son sang pour la foi. Il fut massa-
cré par les juifs et les gentils avec saint Am-
l)liat et saint Narcisse. Saint Paul parle de
ces martyrs dans son Epitre aux Romains.
L'Eglise célènre leur mémoire le 31 octobre.
UUBAIN saint), pape, succéda à saint Cal-
liste Tan 3 d'Alexandre, sur la fin de l'an -223
de Jésus-Christ. 11 était Romain et fils d'un
nommé Ponlien. Il tint le siège durant près
de sept ans. jus(pie vers le milieu de l'an 2-30.
Ainsi il peut bien être mort le 25 mai, au-
quel sa fête est marquée dans le calendrier
du P. Fronto, dans le Sacramentaire de saint
Grégoire, dans Bède et dans plusieurs autres
martyro'oges. Quelipies Pontificaux mar-
quent expressément (jue c'est le jour de sa
mort. On prétend que saint Urbain, martyr,
dont Nicolas I" donna des reliques aux moi-
nes de Saiiit-tiermain d .Vuxcrre, en l'an
<SG2, est le môme que saint Urbain, pa e, et
on remarque ([u'il apparut habillé eni évê-
(pio, de quoi on soutient néanmoi'is qu'on
ne [leut jias conclure qu'il le fût véritable-
ment. Ces reliques fire il alors divers mira-
cles. L'an 865, les moines de Saint-Ccrmaia
d'.Vuxerre les donnèrent en tout ou en partie
à Herchenraùs, évêque de ChAl^ns - sur-
.Marne, etcetévêrpie les mit dans un mon s-
tère qu'il avait fait b.ltir dans le Pertois, sous
11" titre de la Sainte- Trinité ; mais qui (lorla
ensuite le nom de Saint-Urbain , et elles y
ont fait un grand nombre de miraides. Mais
Bollandus soulicit (pie ce s^aint Urbain est
quehpie autre saint ditférenl du pape, parce
(pi'on trouve dans divers mimuments ipie le
cor[)s de ce paiie ayant été transféré eu 821
par Pascal 1", (lu cinu^tièrc de Prétextât dans
l'église de Sainte-Cécile, il y a été trouvé
en 15î)0, et laissé entier dans la môme église,
sous l'autel. Bollandus ne doute pas néan-
moins (jU(> le pape Nicolas 1" ne crùl de
bonne roi que le corps ipi'il envoyait à
.\u\(>rr(^ ne Ml celui du pape Urbain. (Tille-
monl, passim.)
UBBAIN saint), confesseur, fut arrêté sous
le règnt» de l'empereur Dèce, en 250, avec
saint Moyse, saint Maxime et ses com|>a-
gnons, pour cause de christianisme. 11 par-
tagea [lendanl dix-huit mois de prison h'ur
gloire et leurs soullrances. .\près sa sortie
de prison avec eux, il tomba dans la même
faute (pie Maxime, prêlr(\ Macaire et (piel-
(pies autres. Entraîné par Nnvat, il suivit lo
schismi» de Novatieii ; mais cpiand l'homme
(pii l'avait t» itrafné , Noval , fut |">.trti de
Uome, comme tous les confesseurs tombi'S,
il rentra dans le sein ,de l'Eglise. Eusèbe
1i4U
iiitn
IlilH
«MO
(1. VI, eh. h:\) (lit (iii'il ml dfiix lois la kIdiio
irillKMlIlIslll^ (•((llfossioil. {Volf. M(»YSK.)
HUIIAIN (sailli), marlvr à Anlidcln' ci -iSO,
sons r('iii|Mro de \h\'v, rlail un di-s rlrvc-s
pliilôl tiiic (l(is (lis(i|tl('s (1(( sailli Ualtvlns,
iW(V|ii(Ml(M'cllt' ville ;(;ai- il rlail cxIitMiir-
niotil jtMini'. Il lui mis ?i iiiorl |i(iiir la lui
nvoc le sailli ('v(^i|ii('. Ses A(;li'S rariinloiil
(|ii'il l'iil (hW'apili''. Il lui ( iilt-nr dans la iiii^iik!
Imiihr (|iit' sainl llahylas, cl par cniiMMiiKMit
sos r('li(pi('s (Mil , coiiiiuc le dit d'aillriirs
TliiVidorol, suivi (•elles de <•(! sain! dans leurs
diverses Iranslalioiis. I/Mi^ilisi^ l'ail sa l'Ole lu
iiV janvier.
IIIUIAIN él.iil président en Isanrie, sons ](<
r^};i)ede l'emperenr Dioclélion. Il lil souU'rir
le inarlyre h sainl 'l'atioii.
IIKIIÀIN (sailli), l'iil in.ir(yriséhSar;\K<)Sse
en Kspa;j,n(\ par les ordres do Daeien, ipii
en cHail gouveriUMn-, en l'an de Jésns-Clnisl
30'i-, dnraiil la ptMséenlion de Dioelélien.
Di\-Sepl antres l'nreiil luarlvnsés avec lui :
on Ironveia lonrs noms h l'arlichî Dacikn.
Les dix-linil martyrs de Saragnsse soiil Irès-
lionorés en Kspagne. C'esl Prndenee (jni
rapporte ce qu'on sait d'eux. Ils sont inscrits
au Martyrologe romain sons la date du 10
avril. {Voy. Prudence, de Cor. Iimu. V; Til-
lemont, vol. V, }). ±29; Vasseus, BcUja.)
UKBAIN (saint), martyr, s'était converti ?i
la loi chréiieune en même temps que les
saints Ariston, Crescenlicn, Eutychien, Vi-
tal et Juste. Ils y avricnt été déterminés par
saint Tranquillin, leur ami commun; mais
ce fut surtout h saint Sébastien qu'ils (lurent
leur conversion, puisque ce saint oflicier du
palais de Temperour Dioclétien fut l'instru-
ment principal de la conversion de Tranquil-
lin. Ils furent baptisés par le prêtre saint
Polycarpe, s'élant retirés en Campanie dans
les terres de saint Chromace, qui, pour s'a-
donner à la pratique des vertus chrétiennes,
avait quitté sa charge de préfet de Rome.
Ils furent martyrisés avec saint Félix, saint
Félicissiine, sainte Marcie, mère de ces deux
saints, et sainte Symphorose. L'Eglise fait la
fête de saint Urbain, avec celle de ses com-
pagnons, le 2 juillet. [Voy. Sébastien.)
Cubain (saint), remporta la couronne du
martyre à Saragosse eu Espagne, avec les
saints Optât, Lupcrque, Successe, Martial,
Jules, Quintilien, Pubiius, Fronton, Félix,
Cécilien, Evence, Primitif, Apodème et qua-
tre autres appelés Saturnin. Ces saints fu-
rent cruellement tourmentés tous ensemble,
et mis à mort sous Daeien, gouverneur d'Es-
nagne. Le poète Prudence a décrit en vers
1 ur glorieux martyre. L'Eglise honore leur
glorieuse et sainte mémoire le 16 avr.l.
URBAIN (saint), martyr, fa:sait partie des
quatre-vingts députés ecclésiastiques qui
fuient envoyés à l'empereur Valens, au com-
menceraeiit de 370, par les catholiques de
Coiistanlinople, pour se plaindre à lui de la
cruauté que les ariens montraient h les per-
sécuter. Valens fut extrêmement irrité en
entendant leurs plaintes ; mais il dissimula
et donna l'ordre à Modeste, préfet du pré-
toire, de tout arranger pour les faire périr.
Modesle lit semblant de les envoyer en e\il,
et li*.s «•inbanpia sur un bAlimciit aii(|uel ton
iiialeliits mireiit le feu (piaiid il l'ul arrivé
dais la liante mer. Ces inalelols sa saiivi'-
reiil sur une chaloupe, (le nnviro, dérivant
sous le vent (pii s((iilllail d'fnietil, alla liiiir
de l)rOler dans le liAvre de l)a( idi/.e. Ainsi
périrent ces (inaire-viiigls martyrs qui; l'K-
glise lioïKdc l(î Yi septembre.
IJBBAIN (saiiil), évê(pie, conressa la foi do
Jésns-dhiisl à (lliieli, ville (hi royauine de
Naples : on ignoiM! à (pielle (''poipie et dans
ipielles circonstances. Il est insi rit au .Mai-
tyrol()g() romain le 7 décembre.
UiUiAIN (sainl), martyr, soiilViit jionr la
foi du Ciirisl avec les saints évè(pi(!s Vah^-
rien, Crescent, Eusiaclie, Crescone, (^roscen-'
li(Mi, F('lix, llortulan el Floi( iitiii. Ils fuient
condanmes h l'exil, et y lermini-renl leur vi(.'.
L'I'lglise les honore h; 28 novembre.
UKBAIN, gouverneur de Palesline on .10V,
sous les (nnpereiirs Dioelélien el .Maximien,
se nu)nlra l'un des plus acharnés, parmi les
goiiV(n"nenrs, à lair(.' exécuter conlre les
chiéiiens les édils impériaux. 11 lit meUre
ù mort, à Gaza, saint Timolhée, exposer h
(lésarée, dans l'amiihithéAlre, sainte Thèclo
et saint Agape. ( Voy. les articles de ces
saints.) Beancou() d'autres [icrirent encore
par son (^irdre. [Voy. Eusèbe, (le Mart. Pa-
lu'sl.) En 300, ce même gouverneur (il mar-
tyriser à Césarée saint Appien, ieuiie homme
de dix-neuf ans, fjui avait eu le courage de
venir le braver jusque dans le temple oiî il
s'apprêtait à sacritier. Comme il levait le
bras pour le faire, Appien lui avait dit : « Ar-
rête, on n'adore que le vrai Dieu ; tout sa-
crifice qu'on fait aux idoles est sacrilège. »
Urbain le fit horriblement tourmenter et en-
lin jeter dans la mer. (V^o?/. Appien.) En 308,
il lit mourir cruellement sainte Théodosie,
jeune vierge lyrienne. {Voy. l'article de cette
sainte.) Cet atroce persécuteur des chrétiens
fut décapité par ordre de Dioclétien, qui le
punissait ainsi pour certains crimes, quand
Dieu le punissait réellement des maux qu'il
avait fait souil'rir à son Eglise.
URBICUS, nom d'un magistrat cité dans la
seconde Apologie de saint Justin, comme
ayant fait mourir à Rome saint Ptoléméo.
Comme ce document est le seul que nous
possédions, il est impossible d'entrer dans
aucun détail, soit à propos du martyr, soit à
propos du magistrat persécuteur.
URREA (Michel de), de la compagnie de
Jésus, naquit à Fuentès en Espagne. A son
arrivée à Lima, en 1585, il était prêtre et
docteur en philosophie. On l'envoya prêcher
la foi chez les Ciunciens, dont le pays était
presque inaccessible, à cause de ses hautes
montagnes et de ses nombreux cours d eau.
Dès son arrivée, il se fit de nombreux enne-
mis en condamnant la pluralité des femmes;
les piètres des idoles surtout cherchèrent
avidement à le perdre. Sur ces entrefaites,
le fils d'un cacique du pays étant tombé ma-
lade, Michel fut prié de "lui administrer un
remède : il lui fit boire un peu d'eau sucrée.
Le malade étant mort, notre bienheureux
1251
VAC
VAC
13o2
lui trnitf^ dVrapoisonnour. Doux Ir^res «lu
mort. arrtK^s do massues ol de flèches, lui
firent <len\ blessnies niorfelh^s à In tf^le. le
28 aoi^t 1507. Il était alors Agé de ((iiaranle-
deux ans. A In prière du provincial des jé-
s\iites du Pérou, le rommamlant e<<pai-{nol
Dclamala lii transférer les reliques dan-^ celte
ville , d'où l'année suivante elles furent
transportées h Paz , dans le collège qnn la
compagnie possédait. Tanner, Sonetnn Jmn
usque ad sanguinis et vitœ profusionem mi-
litnns. p. i5H.)
UKSK'.E (saint), souffrit le martyre en Illy-
rie, sous l'empereur Maximien et le prési-
dent Aristide. Après divers tourments, il fut
mis à mort par le glaive. L'Eglise honore sa
mé noire le 14 anftt.
l'RSICIN saintU avait déj?i beaucoup souf-
fert ()our la foi. lorsqu'il fut co'idamné h être
décapité par Paulin, magistral de Ravenne,
durant la persécution de Néron. Tout h coup
il fut saisi d'une telle frayeur, qu'il allait
peut-être renoncer à la foi, lorsque Vital,
ami intime d»* Paulin, qui jusque-là s'était
contenté d'assister serrètemont Tes chrétiens,
l'encouragea et l'exhorta tellement qu'Ursi-
cin, retrouvant son intrépidité tout entière,
fut décapité et reçut ainsi la couronne du
martyre. La plupart des anciens martyrolo-
ges mettant sa fête le 19 juin.
UK3IC1N (saint), évèque, souffrit de grands
tourmentJihSens en confessant la religion de
Jésus-Christ. Oii ignore h rpielle é[)0(pie et
dans quelles circonstances. L'Eglise lait sa
fête le 2V juillet.
URSIN (saint), confessa Jésus -Christ à
Bourges, à une époque et dans des circons-
tances qui nous sont inconnues. Il fut or-
dotmé h Home par les successeurs des aiiù-
Ires, et désigné par eux premier évéque de
Bourges. L'Eglise fait sa mémoire le 9 no-
vembre.
CRJ^ISCÊNE (saint), évéque, confessa sa
foi h Pavie, h me époque et dans des circons-
tances qui nous sont inconnues. L'Eglise
fait sa fête le •2\ juin.
THSILE saiide), martyre, donna sa vie
pour la conléssion de sa foi vers le milieu
r,
• lu v* siècle. A cette énoipie les Saxons, en-
core païens. ravageanirAngleterre, une foule
de Bretons rpii habitaient cettr île s'enfui-
rent dans les (laules et s'établirent dans le
ays appelé depuis Bretagne, d'autres dans
es Pays-Bas, auprès de l'embouchure du
Rhin. Ce fut cette dernière retraite que sainte
Ursule choisit, ainsi 'que plusieurs de ses
compagnes rpTelle dirigeait et soutenait de
ses encouragements. L'armée des Huns ra-
vageait alors le pays où elles s'étaient reti-
rées; elles furent massacrées par ces baiba-
res. Suivant la coutume de ces temps-là, on
bAfit tnie église sur leur tombeau, où plus
tard il s'opéra plusieurs miracles. Sainte Ur-
sule est la patronne et le modèle dos person-
nes qui se vouent h l'éducation de la jeu-
nesse chrétienne.
USPIE (saint), l'un des quarantohuit mar-
tyrs (le Lyon, sous l'empereur Marc-.Vurèle,
en 177, fut décapité dans cette ville avec
plusieurs de ses compagnons. Ce fut sa (jua-
lité de ( itoyen romain qui lit qu'on ne 1 ex-
posa pas aux bêtes, comme plusieurs de ces
saints martyrs. L'Eglise célèbre sa fête, avec
celle de saint Pothin, évêque et martyr, et
de tous ses compagnons, le 2 juin.
USUSMARIS le bienheureux Pierrb), de
l'ordre do Saint-Dominique, fut massacré
dans le Malabar en 151)7, avec le P. Simou
de la Pitit', du même ordre.
UTIQUE, ville d'Afrique, actuellement
dans la régence de Tunis, tut, aprè.s la prise
de.Carthage, la capitale de la province d'A-
frique. Sous lo règne do Valérien. en 2S7 ou
2.58, trois cents marfvrs, ilil martyrs d Cli-
que ou la Mnitfe blanche, y furent niis A mort.
La circonstance du four h chaux, dans IcMpiel
on préten«l qu'ils furent jetés, indintierait si
ce |)oint était parfaitement justifié, que ce
ne lut pas à L'titpie même, mais bien à cAié,
qu'eut lieu ce martyre : on n'établit pas de
four <\ chaux dans une ville.
rZALi:, ville d'Afrique, est célèbre dans
les annales des martyrs par les soutfrances
qu'y endurèrent les saints Félix et Gennade;
on ignore h quelle époque.
V
VA», MER Jfvn î,f\ i\oh Ecouen. en 1(>10,
fut le premier Lazariste qui ait répandu «^nn
sangh Algci pour la t'ni de Jésus-Christ. S.iint
Vinrent ne Paul, durant sa captivité h Tunis,
avait vu romb'cn le sort des esclaves était
mdhe'iretix. Il fonda l'institut des [trêlres
de 1,1 Missif)!! ou La/arisies rhargés d'aller
répandre la lumière de l'Evangile dans les
F ays étrangers. Ayant reçu do Louis XIV
invitation d'envoyer quelipies-uns de ses
i)r/*fres en Barbirie, il fit partir en \(\\^ Louis
Guérin, enf|unlitéd'aurnAnier du eonsul fran-
çais k Tunis, et en 16V8 Le Vacher vint rem-
plnrerce <,iinl missionnaire, quelapesto avait
enlevé. Malgré leurs nombreuses occupa-
tions h Tunis, notre bienheureux et ses com-
pagnons venaiiMit le long des ctMes et un
peu avafit dans les terres pour otTrir leurs
services ,tux malheii eux «pli en av.iient b(î-
soin. Ils parcouraient les fermes situées qu( 1-
nuelo s h 10 ou \1 lieues de Tunis . au mi-
lieu lies numtagnes. au riàiine d'être dévo-
rés par les bêtes féroces. I.e Vacher, «près
f'i avoir obtenu la permission des jtalrons,
rnsstnnblait les «'sclaves , les instruisait, les
confessait . et leur donnait la communion.
Avant été envoyé de Tunis h Alg'-r. il y
retira chez lui lès esclaves (pie la peste de
1677 avait attaqués. Kn 168.1, quand I>0-
quesne parut devant Alger avec sa flotte, on
im
VAL
Vai,
ll'SI
In cliargcn ilo siiivn; Ioniens l(>s Ii«'^(i(-i<ili<iii4
UVtT. l'amiial liaïK.iii.s. Sur (m-s ciilicrjnlcs,
UMO hôdiliuii (Uaiil vt'iiuo i\ l'cljiti'i' dans la
vilU«, los'i'urfs iJ'iKtiict'iiMil à Idiil «(■(•iimmo-
duMM'iil l'I vouluiciil liticor Ir .saiiil d»' rt'iiou-
cor au rlin^lianisiiu'. Sur sa ;;rnnn'UMi nnsis-
idiH'.o, il lui allacliù h la Ixiiirlx^ d'un canon,
ol un Ixinlol cniipa miu corps lut iltMix.
\ AIÙNA ^1(1 l)it'iili(Mii(MU Ai.i-'uNsi:), do la
l'onipat^iiic de Jésus , espagnol d^' la Ncui-
vell(»-(las(illt' , faisait p.iilit^ des soixaiilo-
Uttul' luissioiuiaiics (|Uo le I*, A/.cvcdo ('Mail
V(Miu ri'iTUlcr h Uonu^ poiu' le Hicsil. {Voi/.
l'ailirlc A/i.vHDo.) l,»Mir naviic lui pris lo lij
iuillcl 1<)7I, par des t;(»rsairi's calviuisU's (pii
li's nu»ssat'ior«'nl ou les jiUùrtMii au uiilu'u
des Ilots. Nolio hionluMircux subit U' nu^uu!
sort. (Du Jarric, llislairc (/es cliosm {il us iné-
Vioritbhs, Ole, i. Il, p. 278. l'auuor, Socirlas
Jcsu ns(iuv ad saïu/itinis et tilu' profusioiiein
militons, o. l(>() cl 170.)
VAH.VN , prince aiiucuien de la famille
Anuulouiiik, fui l'un de ceux (|ui soulfriront
voloulaireuiciil la caplivitc pour .Icsus-dluisl,
sous lo règne d'IlazjAuord, deuxiènio du nom,
roi do Perse, el (pii lu; furent remis en li-
borlé el renvoyés en leur |).iys que liuit ans
après la mort de co prince, sous le règne do
son lil.s Bérose. (Pour plus de ilélails, voy.
PllINCES AllMKNlENS.)
VALDIVIIÎJO (Antoine de), évèque do
Nicaragua, élait noble caslillan. Il fut associé
par ses supéiieurs aux courageux domini-
cains que Ion envoyait chaque année à Haïti
pour y porter la foi : la province de Nica-
ragua fut le lieu où il travailla S[)écialement
à gagner des âmes à Jésus-Christ. 11 y lit un
bien inuuense. Sur ces entiefailes Rodrigue
de Contreras, gouverneurdoNicaragua, ayant
été dépossédé de son gouvernement, Uer-
nand et Pèih-e ses deux tils se maintinrent
en étal de révolte et iiieni subir les plus in-
dignes tourments aux indigènes. Notre bien-
lieureux passa en Espagne et avertit Charles-
Quint de tout ce qui se passait au Mexi({ue.
L'empereur lui promit d'y porter remède,
et le renvoya à sa mission avec le titre d'é-
vèque, alin de rcm})lacer Diego Alvarez Oso-
rio qui venait de mourir. De retour au Me-
xique, Antoine attendit Telfet de la promesse
de lempereur ; usais Chailes-Quint, préoc-
cupé d'autres sollicitudes, ne put interrompre
le cours des vexations des deux frères révol-
tés contre l'autorité royale. Pemiant cinq ans,
noire saint eut donc à lutter contre leurs pas-
sions elîrénées, et toutes ses menaces, toules
ses exhortations furent inutiles. Les vdles
de Léon et de Grenade refusèrent de rece-
voir ses missionnaires. Antoirie s'y rendit
lui-même et renouvela ses etlorts. Tout fut
inutile; alors il fulmina contre les autours
du désordre une sentence d'excommunica-
tion et fit fermer l'Kgli.se. Hernand de Con-
treras, devenu furieux, se rendit, suivi de
plusieurs conjurés, dans la chambre de lévè-
que et le • [)erça de deux coups dépée. Il
souffrit ainsi le martyre pour la délense de
la justice et de la liberté publique le 2Ô fé-
vrier 15i9. Il fut enterré par les tlominicains
dans leur é^lis() de S.iinl-Paul. fFonlnn.i, ^/o^
iiuiitnitii Ihniiiniiiiiiu, .ui. L>»0.j
\ ALAltONSi; iftainl), martyr , ôlnil natif
d'IUèple. Son père , qui avait éiiou.Hé une
jeuue lille arabe , la convertit h la r('ll^ion
cl:reln-nne : pour celte raisou il fut obligé
de quitter son pays. 11 eiiu eu diHVM'onts
liinix , et s'arrêta eiilin à l'ionion, p(!lilo
ville M tuée dans les monla^nos, h \n:\i du
distance de Cordoue. Ui sa jeune fernme
nioiirul, lui laissant deux (Mifantii, V'ahibonse
et Marie, Il j)liica Valabonse dans lu "ijiivent
de Saint-Kelix de Fronien , ipm dirigeait
l'abhé Sauveur, i;t mit sa tille dans lu mo-
nastère de Sainte-.Marie do Cult-dar, auprès
d(! (îordoue. C'était l'abbe l-'rugelle qui diri-
geait ce moiiastèro de femmes : il demeu-
rait non loin de là avec ses moines. (Juand
l'abbé Sauveur fui mort , Valabonse revint
auprès de son père , et fut oidonné diacio.
L'abbé Fruge'lo le cliargea , avec lo prèlrc
Pierre do diriger le monastère tb; Saint(!-Ma-
rie de Culéclar. Lu 8o0 , Valabonse vint do
liii-mème avec; Pierre Sabinien, Visln'iiiond,
Habenlius et Jérémie , se présenter au cadi,
en criant : « Nous confessons (pie Jésus-
Christ est Dieu: nous tenons votre prophète
pour précurseur de l'Anteclirisl, et nous dé-
plorons votre aveuglemerd. » lis furent im-
médialemo'it condamnés à être décapités :
Valabonse fut exécuté d'abord avec Pierre.
Leurs corps furent durant quelques joursat-
tachés à de grands |)ieux et ensuite brûlés.
On jeta leurs cendres dans le tleuve. L'E-
glise fait la mémoire de ces saints martyrs
le 7 juin.
VALENCE, ville du Dauphiné , célèbre
dans les annales des martyrs par les souf-
frances qu'y endurèrent les saints Félix prê-
tre, Fortunat et Achillée, diacres. Us soulfri-
ront sous le général Corneille.
VALENCIENNES, ville de l'ancienne Bel-
gique, a vu le martyre de saint Sauve, évè-
que d'Angoulème, et de saint Supéry : On
ignore à quelle é[)oque.
VALEiNS( Flavie^ ), empereur romain, na-
quit en Pannonie, vers l'an 328. Son frère
Valentinien l'associa à lempire en l'ai 364.
11 embrassa les erreurs d'Arius et persécuta
l'Eglise catholique. A la sollicitation d'Eudoxe
de Constantinople, il écrivit aux évèques qui
voulaient tenir un concile à Tarse, et leur
défendit avec menaces de s'assembler. Il
donna l'ordre aux gouverneurs de provinces
de chasser de leurs sièges les évèques dé-
posés sous Constance et que Julien avait
rendus à leurs diocèses. Ainsi en Egypte, le
gouverneur voulut chasser d'Alexandrie saint
Athanase. Les chiétiens s'y opposèrent ; il y
eut un commencement de sédition. Durant
la nuit, le saint évêque se retira dans une
maison de campagne et quand les persécu-
teurs se présentèrent ie lendemain pour l'ar-
rêter, ils ne trouvèrent plus personne. Le
saint resta pendant quatre mois caché dans
le sépulcre do son père ( on sait qu'en Egypte,
les sépulcres contenaient de véritables loge-
ments. ) Au bout de ce temps, l'empereui'
\'alens le lit revenir. L'ordre qu'il donna
1Î55 VAL
pour col.i fut dû h rintorvfntion do Valen-
tinieii. ()iielque temps après, Valons reçut
le baplOine des mains d'Eudoxe, évoque
arien, qui lui fit jurer de rester toujours
dans son opinioii et de poursuivre h outrance
et partout ceux qui lui seraient opposés.
Durant deux ans il fit la guerre aux Golhs
et ne put pas songer aux choses religieuses;
mais ayant rôdiiit ces peu[)les h lui deman-
der la paix, il vint à Tomi, ville c.ipitale de
la Scvliiie, vers lembouchure du Danube,
dans le Pont-Euxin. L'évéque Brclannion ou
Vt'Iranion y résidait; il était très-aliaihé au
calholicisnie. Valens vint dans l'église prin-
cinale de la ville où d trouva le saint évùi|ue.
Il lit tout son possible pour l'engager à com-
muni(iuer avec les ariens; m.iis le saint
évoque résista courageusement, et, suivi de
son clergé, se retira dans une autre église.
Alors Vulens, au comble de la fureur, le lit
prendre et l'envoya en exil, d'où pouriant
il le rappela bieiilùt, craignant il'irriter les
Scythes, ()euple puissant et qu'il ne voulait
pas avoir pour ennemis.
Ceci se passait en 3t)9, Au coamiencement
de 370, Valens vint à Anlioche pour s'y oc-
cufier de la guerre contre les Perses, (jui
durait depuis trois ans. Il n'était encore
rendu qu'à Nicomédie quand il aj)prit la
mort de l'évoque arien de Constanlinople,
Eudoxe. Les ariens lui avaient donné |)Our
successeur Démophile, évèque de Bérée ;
mais de leur côt;'! les catholiciues, protitant
de l'occasion, nominf'rcnt Evagre, qui fut
ordonné [)ar un évèipie nommé Euslalhe. A
celte nouvelle, Valens envoya des troupes
de Nicomédie à Constantinople, avec ordie
de prendre Evagre et Euslathe, et de les
envoyer en exil. Evagre, qui mourut dans
son exil, est honoré par l'Eglise le 6 mai. Les
ariens , se sentant soûle lus, persécutaient
violemment les catholiques; dslesfra[)i>aient,
les trainaieni devant les magistrats, et leur
faisaient payer de fortes amendes. Ou compte
au nombre des saints martyrs que tirent ces
fuiieux, saint Euloge. Pour se plaindre de
ces violences, les caltiolKjues (leputèrrnt à
rem[)ereur quatre-vingts ecclésiasiicpics, h
la léle desquels étaient Url)aiii, 'riiéoilore et
Ménédème. Arrivés à Nicomédie, ils expo-
sèrent leurs plaintes à l'empereur. Celui-ci
fut trés-irrité contre eux, mais il dissiimda,
et donna secrètement ses ordres à Modeste,
préfet du prétoire, pour qu'il les fit périr.
Modeste lit semblant de les vouloir envoyer
en exil, et les lit melire dans un vaisseau
pré[)aréde manière ((u'il dev.iit nérir en mer.
Au milieu du golf.» d Astaque, les mariniers
mirent le feu au b.Uiment ei se retirèrent
sur une chaloupe, [jn grand vent cjui souf-
fl.iil de l'orieiil pouss,\ lo vaisseau jiiscpj'au
havre d.- Dacidi/.e, mi \\ acheva de se consu-
mer. Ainsi périrent (es (pialrc- vingts mar-
tyrs. L'Eglise hitnore l;\ mémoire do ces
saints martyrs le o septembre.
Peu de temps après, Valens passa cnGala-
lie, où il lit soutirir dt< gaiids maux h l'E-
glise. Il espérait [)Ouvoir faire la même chose
en Cappauoco, h cause du dilîérend survenu
VAL 1Î56
entre Eusèbe de Césarée et saint Basile, dont
les personnes les plus recommandab es
avaient pris le parti. Saint Basile demeurait
tranquille dans la solitude du Pont, s'appli-
quant aux exercices de piété. Eusèbe invi-
tant saint drégoire de Na/.ianze h se trouver
aux assemblées ecclésiasti(pies, ce saint pré-
lat lui répondit : « Je ne puis souffrir l'in.iure
que vous faites ;i mon frère Basile; m'Iio-
norer et le maltraiter, c'est comme si vous
caressiez quelqu'un d'une main, et le souf-
fletiez de l'autre. » Cette lettre fit quelque
peine à E isèbe, mais saint Grégoire l'adou-
cit ensuite, et la persécution étant venue, il
s'offrit d'aller h son secours. Puis le voyant
tout à fait bien disposé, il en avertit saint
Basile, l'exhortant a le prévenir et à ne pas
se laisser vaincre en combat de vertu. Bisile
revint de sa soltude et s'unit à l'évèque
Eusèbe pour résister à l'empereur Valens et
aux évèques ariens qu'il avait toujours à sa
suite. Valens fit lous ses efforts pour gagner
saint Basile, il alla même jusqu'à lui propo-
ser le gouvernement de son église. 11 le me-
naça, il le flatta, mais Basile au contraire
lexhorta à faire pénitence, et à cesser de
persécuter les vrais serviteurs de Jésus-
Christ. Il s'unit h Eusèbe pour combattre les
ennemis communs. Valens fut obligé de se
retirer avec son cortège d'hérétiques sans
avou" |)u rien obtenir. Quand Valens fut ar-
rivé h Anlioche, il y persé>uta violemment
rE,j,lise. Saint .Mélèce, princi[)al chef des
calholicjues, fut b mni pour la troisième fois
et envo. é en Arménie, sa patrie. Les lidèles
qui eurent défense de s'assembler dans les
églises, se réunissaient près d'Antioche au
pied d'une montagne où il y avait des caver-
nes qui leur servaient de lieu de réunion.
Valens en fit mourir un certain nombre,
plusieurs furent jetés dans l'Oronte.
La persécution continuant toujours, Va-
lens fut harangué h Anlioche par un pliilo-
so})he nommé Thémistius, qui lui représenta
(|u'il ne devait |)as persécuter les chrétiens
à cause des différences d'opinions cpii ré-
gnaient e lire eux. Leui's divisions ne sont
rien, lui dit-il, si on les compare h (elles
(pii, à nombre égal d'individus, existent en-
tre les païens. >alens d'après (cla se borna
à bannir les hérétiques, au lieu de les faire
iiKûirif. La [)ersécution ne s'éteignit donc
pas. SeuhMuenl elle s'adoucit : à partir de
ce moment, elle s'étendit dans la Syrie, et
saint Pelage, évètpie de Laodicée, fut au
nombre des évèipies qui furent b:^nnis. L 'S
Eglises de Chalcide et de Béiée, se sentir, nt
aussi de la |)erséculi(»n. L'Eglise d'Iùlesso
a\ail pour ('vèqiie s.iint Barsis ou Barsin;
Valens le relégua d abord dans l'île d'A-
rade en Plié lii ne; ma. s bie. t(M après appre-
nanl (piil gueiissait les malades et faisait
beaucoup de miracles, il l'exila i^ Oxyrynquo
(Ml Egypte, et beiit(M après, pour les mêmes
molli-., en Theb.iide dtiis un lieu nommé
Philo, sur la frontière des barbares. A la
place du s ont évèque, Valens envoya un arien;
mais tout le peuple sortait de la ville et s'as-
semblait avec les pasteurs, sans vouloir com-
1257 VAI.
VAI. «tn»
iniini<nior nvoc rii(^i(^li(|ii('. Nnlnis, nvniil ('•(rt qiif nrirri, vnr le siôi^t- tl' Ah AninliH'. P/i1Ih'I .
(('•iiiniti «riiic tlt' ers nsscinlilfcs, .srm|Mirla |ti<-l.'l (ri';-v|il<' «'l l'aio'i, n-Mit l'dnlic d m-
jusiiuà Irappn- In pn'IVl MiidcsU- parci? (|ir.l Kir au^si lui «Jniis le m^^inc ««-ris. Co prôlcl
hn les nviiil pas cinpc^lircs. || lui dmi a nsscmlda irx' lrii<i|ic <!i' iiiils cl de paiciis,
rorilrc (I nssi'iiihl''!- des soldais cl «le punir cl, cMVinmiaiil l'c^lisc ilr. S;tiiil-'rii<'oiia.s, lit
(iui( (impie scrail (l'soiinais lioiiviU CCS rcii- duc à l'iciit' d'en .sortir .s'il iio voiilail y
iiici s. Mo Icsli', ipioKpic ancii. lil avertir les <5irc coiilrainl pir la lorc"-. I'ii;rrc ipiilla lYf-
rallio iiMit s. iiour (ju'ils eussent à se tenir ^lisi', cl ansv,iiùt celle hantli* iidViinc se pré-
II marcha cc|i(V)danl avec ;;,raM(ll'iacas vers le 1» coinlt! Ma^nns. Ce comte Ma;^'Mis (';lait
)i(>u (tù les tidèles élaieiU rcuii-;. Il csi»crait celui qui, sons Julien, ny.'Jil hrrtic l'i'Kliso
les (^punvailer cl le^ forcer h lu r. Coniiiie il il»' Servie, avait été, son.s Jovi'"i, forcé df»
Iravcrsrtil la ville, nn(> pauvre fenuiic soilit ii recon-iruire h ses (lé|)ens. Il lil prendre h
préeipila:iiii:o«il d'uniMnaisoi, et, coiipaii' la .\le\andric dix-neuf tant i»r<^lrcs (pio dia-
lile des soldais, [lassa devant li> préfel. Il la crcs. dont (pi(M(pies-nns avaie-il plus de (pia-
lil arcélci-. « Où vas-tu? lui dit-il. — Je nu; trc-viigls a-is. Les ayn-it lait aiuenor de-
hàlc d'arriver où les callioliiuivs sont réunis, vaut son Irihnual, il leur disait h haute voix :
— Tu o(> sais donc pas (pie le préf/l s'y leiid « (lédcz, niisérahles, cédez aux oidrcs de
jiour faire mourir ceux (pi'il y trouvej-n? l'enipercur. Quaid l)ieti inèuuî votre icli-
~ C'est bien |)our cela (juc j'y cours, ne gion serait la véiitahle, Dieu vous panloinc-
voulant pas mampicr r()C.a>ioii du martyre, rail d'avoir cédé à la iiéccs<;ité. » lis lui ré-
— lill cet cnl'aitl, ponr(]iioi l'y mùies-tu? pondirent avec un gi'and coura^^e (ju'il ce -
— Pourciu'il pailagelel) inh(>ur de sa mère. » sàt lui-nu'^uK' de vouloir leur faire abandon-
Modeste, déconcerié, revint au palais, et, ner leur loi ; rpi'ils s'en tenaient au synd)ole
racontant ces faits h rem,ioreur, le dissuada de Nicée (pie leurs pères en Jésus-Christ
de persister dans celtt; enlreprise. Valcns lui avaient adoplé^ en anaihétn.ntisant ceux qui
donna l'ordre d'épar;j:;iier le peu;ile; mais lui refuseraient d'y souscrire. Ma.L:;niis les (il en-
dit de prentire les piètres et L's diacres, de suit(; mettre ci pris .n, où il les tint plu-
ies inviter à communii(uer avec lesévôi|ues sieursjours. Eu suite deqtioi il les fil fouetter
ariens, et, s'ils refusaient, de l(>s env.iyer et tourmenter devant le pmiple assemJ)!é qui
aux cxlréinités d,' r(nnpire. Modeste, les gémissait en vo>ant celle persé;;ulion. Aurès
ayant tous ass(nnblés, les invita, suivant les cela il ies bannit tous en Phé.ic e, à Ili'lio-
oi'drcsciuil avait reçus, h communiquer avec pcilis. Parmi les assistanis plusieuis a.ant
les ariens. Tous gaidèrent le silence. Alors lémoigié, parleurs larmes, la peine qn'iU
s'ad.essant à Eulo.;e ([ui paraissait leur chef : éjirouvaient en voyant conunenî on (raitait
« Pourquoi, lui dit-il, ne me réiioiidez-vous le^seiviteursile Dieu, Palla.ie les [:t prcr.dre,
pas? — Pace-- qu • vous parliez h tout le déchirer de cou[iS, et ensi-ite les envoya tra-
ni'«nde, dit Kulo^e. Dès que vous m'inter- vailler aux mines. Ainsi Fuzoius avait réussi
pelhz nom nativemeni, je vous dirai ma dans son entreprise. Toutes les églises
pensée. — lîh bien, dit Modeste, coimnu- d'Alexandrie étaient aux mains don ariens,
niquez avec l'empereur. — Est-ce qu'a- li revnit à Antioche, laissant rE;jypte dans
vec ]'em[)ire il a reçu le sacerdoce ?» dit la dés dalioii.
Euloge. Piqué de cette réponse, le piéf -t Quoique t-nnps après l'arrivée de Luciiis,
repartit : « Impertinent, je ne dis pas cela, il vint de la part de re.iioereiir un édiî qui
Je Vous dis de cour.nuniquer avec ceux qui ordonnait de chasser u'E^vple et d'Alexan-
s )nt en communion avec remj)ereur. — drie tous ceux qui croyaient au ronsubsian-
Nqus avons un [)asteur, dit Euloge, et nous liel, en un mot, tous ceux que Lucius indi-
luiclevous obéissance. » Alors le préfet les querait. Magnus bannit ou lit m' Itre Ji la
exila eu Thrace au nombre de quatre-vingts, torîurt un grand nombre d'évônues.Onzo de
Les honneurs qu'ils recevaient sur la route ces derniers furent relégués "a Diocésarée
portèrent ombrage à Valeiis. il \^s lit sépa- de Palestine : les jinncipaux étaient Euioge,
rer deux h deux. Les u is furent envoyés en Ade]p?iius, évèqne d'Oiiuphis, et Ammonius,
Thrace, d'autres en Arabie, d'autres en évoque de Pachnémoun, Isidore, évèqne
B.u'barie. Euloge et Prologèie fure.t en- d'Hermopole, que l'Eglise latine honore le
voyés dans la petite ville a'Anlinous. Ils y 2 de janvier. Des clercs et des moines cr-
reslèrent jusqu'à la mort de Valens. Son ne- Iholiqucs qui se trouvaient à Antioche i-nnit
vcu Gratien les lit revenir d'exil. h Valens des représentations sur la persécu-
bur ces entrefaites, saint Athanase éfint lion qu'on faisait endurer aux catholiques;
mort, les ariens, qui vou aient lui donner un mais Valens envoya ces catholiques en exil
successeur de leur parti, en avertirent V'a- à Néooésarée dans le Pont. La rigueur du
lens. Ils voulaient qu'on chassAt Pierre, qui climat et la misère les y firent bient(M mou-
avait immedia ement été donné [lour suc- rir. Dans ce tenv)s-]à aussi, Lucius, évèque
ces^eue a Aihana^e. L'eraiereur envoya le arie i de la ville d'Alexandrie, persécuta
comte Magniis avec des trouj)es pour ac- vio emmenl les moines de la Thébaide et do
coinpagner Eu/.oïus et mettre Lucius, évô- toute l'Egypte. 11 allai» lui-nième,avec le duc
Dif;Tio?<N DES PETisKcmovs. IL 40
^ îT.i
V\L
VAL
liGO
• l'E^ypto. los poursuivre jusque dans leurs
nionnslores où il eiiiploy;nl conlro eux les
fouils. los [)icrres el les ormes. Il fit exiler
les deux Macnire el saint Isidore, tous trois
nlibi^s (!»* ces nioinos, dnns uni* petit*' lie
(/uni ils eonvertirenl tous les hiibilanls. Mais
bientôt il les fil rappeler parce (ju'il crai-
gnait une s'dilion du iieuple.d'Alcxaiidrie à
leur sujet. La per^é(•uti(tn conlrc les callio-
lirpies continua jusipi'h la lin du règne de
Valens. Ainsi, vers l'iui 376on 377,un noiinné
l)(^mosliir!ies, vicaire du prél'el du prétoire,
vint en Cappadoce, h Césarée, où il soumit
tous les ecclés astiques aux charges publi-
(jues. A Schast" il !;l la rnènie chose. Vn
nommé AscU''pii."^ y fut tellement battu do
verges qu'il en m -urut. Ensuite ce vicaire
autorisa les ariens à mettre un esulave fugi-
tif pour évèque sur le siège de Doares, ptUite
bourgade df la Cappadoce. Il voulut mettre
un «''vè(]uc arien à Nico{)olis, à la place de
Théodore qui venait de mourir ; mais cette
Eglise refusa courageusement.
Au rommenceuient de 378, Valens, s'étant
engagé dans une guerro avec les (ioths, lit
tous ses pré|iaraiifs f>our les combattre. Le
11 de juni il |)artit de Ccnstantinople pour
marcher contre eux et réparer les échecs
(jue ses olliciers avaient épiouvés. Il passait
devant la cellule d'un moine nounné Isaac,
avec sa suite. Ce moine lui cria : « Kmpciciir,
où allez-vous? Vous avez, en irritant Dieu,
fait la force des barbares. Si vous persistez
dans votre conduite, vous n'en reviendrez
pas et vous jienlrez votre armée. » Irrilé,
l'empereur ordonna (ju'on le mit en prison,
le menarant de le punir à son retour. .< Oui,
lui dit Isaac, punissez-moi si vous me trou-
vez faux propliète. » Après une baladle dans
laquelle \'alens fut détail, bl(»ssé d'un Ir.it,
il se relira dans un" })auvre cabane. Les
fioths arrivant l'allafpièrenl. Les Uomains
s'y barricadant ia détendirent. Pour ne pas
j)enlre de temps, les barbares, l'enlfunanl d<^
fascines, y mirent le feu. \'alens fui brûlé,
et |)orla ainsi dès ici-bas la peine de la jier-
sécution qu'd avait faite h l'Eglise.
VALEMIN ^sai il), était maître ne la mi-
lice à Uavenne, du tenqts de l'empert ur
Maximien. II versa son sang |)our la foi chié-
tienno, avec saint Coneorde son fils, sant
Naval el saint .Xgricole. L'Eglise honore
colleetiveinenf leur mémoire le l(i décembre.
VALEMIN sanit), prètn". fut martyiisé'.^
Viterbe,aveclediacr«' sauit lldane, durant la
persécntion de l'empereur .MaAUun'U. Ils fu-
ri'ni pr'M ipil(-s dans le libre avec iine grosse
jtierre au cou ; mais, en avant éle tirés mira-
culeusement par n-i ange, ils eurent eniin la
tète IrnuelK-e. L'Eg!ise lionoriî collectiv.inent
leur mémoire le 3 novemlire.
VALENTIN (sau»l), reçut la couronne du
martyre.^ Havenne, avec les saints Eeliiien
fit Victorin, Ce fut sous la p'-rsecuiiou do
I)ir)clé'lien «pie leur martyre arriva. L'Eglise
fait leur lèle b^ 11 novembre.
NALENIIN sailli . V(uci ce rpie nous
l'Ouv<ms dans le Martyrologe romain. l\ pro-
pos do lui : « A llom*'. .-ur la voie Flami-
nienne, la fête de saint Valenlin, prôlre et
martyr, «jui, afirès avoir donné de grandes
preuves de sa science profonde et du pou-
voir qu'il avait de guérir les maladies, fut
meurtri de coups de bAlon, puis décapité
sous l'empereur Claude. » L'Eglise fait sa
fêle le IV février.
VALEMIN saint). A la dite du li fé-
vrier, nous trouvons au .Maitvrologe ro-
main, qu'à Terni saint Valenlui, évêque et
martyr, après une longue ilagtllalion, fut
mis en prison, et, qu'étant demeuré inébran-
lable, on l'en tira au milieu d'une profonde
nuit, et qu'il eut la tête In-nchée par ordre
lie Placide, préfet de la ville. Ses Actes oit
fort peu d'autorité.
VALENTIN ( saint), confesseur, souffrit
pour U défense de la religion chrétienne.
On ignore le lieu, la dale el les circonstances
de son triom})he. L'Eglise fait sa mémoire
le 29 octobre, ainsi ijue celle de l'évèque
Miximilien, qui fut martyrisé le môme jour
(jue celui où noire sa inlcon fessa.
VALENTIN (saint), évèque, reçut la cou-
ronne du martyre à Trêves. L'Eglise l'a mis
au nombre de ses saints et honore sa mé-
moire le 16 juillet.
VALENTINE (sainte), martyre, fut brûlée
viveeii Palcst ine, avec sainte thée, en r.inde
Jésus-Christ 308, ()ar ordre du gouverneur Fir-
milien.Ce barbare exécuteur des ordres des
empereurs faisait horriblement tourmenter
sainte Thée. Valenlinccjui était dansla foule,
ne put retenirson indignation el lui reprocha
h haute voix sa cruauté. « Jusqu'à quand,
lui dil-ello , tourmenterez- vous ainsi ma
sœur? » Immédiatement elle fut arrêtée et
conduit!^ au pied du tribunal. On voulut la
contraindre à sacrifier, mais inutilement ;
rien ne put vaincre son énergique résis-
tance. Alors Firmilien, voulant qu'au moins
elle eût l'air d'avoir obéi à ses ordres, com-
maiulaiju'on la mit île force près de raulel.
La saintvse débattit tellement iiuelle fit rou-
ler cet autel h terre. Firmilien, exaspéré, fit
attacher Valentine avec sainte Thée. el les
condamna à être toutes deux brûlées vives,
(^.elte sentence fut exécutée le 2.'i juillet,
jourauipiel la fêle des deux. saintes est ins-
crite au M irl> rologe. [Voy. Eusèbe, (1rs Mari,
de Pairst. Voy. aus.si l'article de sainte TiibE.)
V.VLEN IlON saiiiti, reçut la palme du
martyre à Doiostore en Mysie. Il eut pour
compagnons de son martyre, saint Pasicraie
et deux autres tlo il les noms ne nous sont
point parvenus. L'Eglise fait leur fêle le '2'6
mai.
VALÎ'MIE saint), mourut pour la foi avec
saint Uiiliii. du leiiips de l'empereur Diodé-
tieii, vers la fin du m' siè.le. fous deux gé-
raient. (Ml (piaillé de suriiitendanls.les biens
du domaine impérial, sur les bords de la
> i'nIc. au territoire de S)issfms. L'emi)ereur
Ma\imieii-Uercule, ayanl ilomplé les Bagau-
des près Pans, laissa l'ordre à Hiclius Va-
rus, piéfel du prétoire, de loul faire pour
(léiruire dans le pays le nom chrétien, Ce fui
dabord la ville deÙeim.^ (|ui ressentit les ef-
fets d - la rage du pntel du pr-'loire, qui fit
i!2fH VAF,
iijonrir loiil r.> qu'il y pul tli'nuivrir du 11-
«1M('><. De lii,s(» rcinlrtiil ii Soissoiis, il lit ;i(iic-
ncr (l('\aiit son liihun.il Vidric ri Uiilio, (|ili
s'rtlniciil caclit's, à son a|i|ii(>, lie, dans un
l)()i.s (lù (in les «vail airiMi's. I.c |i(rs('(ul('iir
ii'S lit (iciKirc sur lo chi'Vftlcl, on on les di'i-
chira i\ (•«)n|is dcronds plonilM-s.Cc supplico
ii<? les avant |>;is alciltus, ils liiicnt (••tn luils
sur 1(.' iMM'd d\i Kiand clicniiii (|iii u\i"\r h
Soissons , (M là Icrniinc'rrni leur ^lorii-uv
(•on)lial |).ir le ^laivt>. l/l-'-j^hsi' (•élùhic! leur
l'(Ht' !<' IV juin.
N'AlJ-'dlK (saint), tMil Ir t;l()ri(Mi\ privili-^o
iU\ do mci- sa vie pnur Jcsus-Cilnisl en MVi-
quc, avec les sainis Marc, lUilin ol d'anlics
(i:i('0,"(' dont nialhcui'cnscincMl les noms
nous so'il i'U'onnus. Ils sont insciiis au.Mar-
lyn)'o,^(' romain le ((> iioviMnhrc.
>'ALfCiU': (sainti'), niartyro, nioiirnl ou
oourtssaul sa loi à (lôsarrc on l'alcsliiuï. li lo
ont pour comitai^ncs do son martyre Ii's
saint i>s Zrnaidc, ilyvv et Marcic. On iiï'iorc
la daliMît li's cirron^tanccvs de leur luaitjrt'.
L"l"'.;lis(' fait li-ur niénioiro lo 5 juin.
NAI.f'MlK (sai'di'), vierge, versa son sang
x^ Limoges pour la déTense di^ la religion
chrélieu'u». Nous n'avons |)oint do détails sur
son eompto, L'Eglise fait sa mémoire lo 9dé-
ocnd)r(\
VALÎiUK (Sébastien), qualifié juge dans
les Actes de sanit Kirmin d'AniioDs, |)ersé-
cutait violemmenl les chrétiens à Beauvais
quand ce saint évèque y vint prôclicr la foi
avant de se rendre à Amiens, ^'aléro le fit
touiuicitor et fouetler eruellemcnt. Plus
tard, sous l'empire de Dioclélien, en Tannée
2S7, étant vetni à AmieiiS, il y lit arrêter lo
saint évèque et le lit décapiter dans sa pri-
son. La vengeance d'en haut ne se lit pas
hv^gtomps attendre : A'alère fut tué par ses
propri's soldats quehiui^ tem})S après.
NALÈKK, proconsul d'Asie sous l'empire
de Dèce, en l'an -251. II succéda à Oplime,
qui lu -môme avait succédé àQumlilien. Cet
homme est au nf)mbre des plus féroces per-
sécuteurs de l'Eglise. Etant venu à Thyatires,
il lit arrêter saint Carpe, évoque do c€lte
vil e, et saint Papyle,son diacre. Après avoir
vainement cherché, par ses raisonnements,
à les faire ahjurer, il les fit cruellement tour-
menter; ensuite il les fit mener à Sardes,
où il se rendait. Il les lit attacher, pendant
tout le voyage, sur des chevaux excessive-
ment rudes, croyant que la fatigue dans la-
quelle il allait jeter ainsi leurs corps rendrait
leurs âmes plus faciles à vaincre. Mais rei-
dus h Sardes, les deux sainis confessèrent
leur foi avec autant d'ardeur et de courage
que s'ils n'eussent pas souffert déjà. Valè.e
conimit alors une de ces actions qui désho-
norent le cœur d'un homme, parce que, in-
dépendamment do toute opinion politique
ou religieuse, elle dénote rahscnco complète
do coque nous appelons le cœur, de ce que
les anciens appelaient pectus. L'homme qui
com.net de tels actes est un hlcho et un vil
scélérat. Les deux sainis avaient été suivis
par un domestique fidèle, nommé Agatho-
dore, qui ne les avait pas quittés depuis
VM.
liM
leur départ, et (pu hnr prodiguait les soins
les plus toucli/iMls. Loni de comprendre tn
dév(uienienl f^rtuéreiix el d'en éiro touché,
> alèrc, viiid.nd priver 1rs saint-, des sorviccs
qu'Agalhodoii- leur rendait et les faire souf-
fiiron lunnt celui (pii, h cause d'eux, nvait
quitté sa ville cl sn faiiiille , fil lelleriicnt
liatlre Agalhodore à coiqi-. de nerf de hn-ul,
(|ue ce saint serviteur expira sous les coups.
\'alère tlitiMia l'urdi'e (le jeter son corps à la
voirie, alin nud servît de pâture aux chiens ;
mais des lideles viiu-eid nuitamment l'eiise-
velir, l't \o. déposèrent dans luie caverne.
Après cet indigne exploit, le uKUistre. rpii
.s'nuagiuait avoir épouvanté les (hnix hom-
mes de Dieu, voulut e icfu'e hvs faire renoii-
c(>r à Itnw loi. Leur fermeté fut im-hranlalde.
Alors, fiu-ie\ix d'être vaincu parce prand cou-
rage, il ordonna (pTon les conduisît à pied
jusqu'à l'(M'gaun', où lui sf.'rc-ndait à cheval.
Le second jour du voyage, ne trouvant |)as
hnu' fatigue assez grande, il les lit charger
d(> chaîiu's. lJn(> fois arrivé, il les fit jeter on
|)rison, puis battre avec des hAlons garnis
d'(''pines. Il leui' fit Iirùler les cùti-s avec des
torches, loin* fit subir la torture du cheva-
l(;t, et reconduire en prison: peu de jours
après, il ordonna (]iTon les coucIkU toul nus
sur des j)ointes de for. Enfin, voyant (pTil ne
pouvait vaincre ces deux admirables clné-
tiens, ils les fit jet(M' dans un bûcher, au ils
furent consumés. Sairle Agatluinicine, (\u'\.
avait aussi suivi son frère, voyant les llain-
mes le consumer, se jela au milieu et fut
biûlée avec lui.
VALÉKIE (sainte), femme de Vital , de-
niiMirait avec lui à Milan. Ayant appris qu'il
avait été martyrisé à Ravcnnc, elle se hAla
d'y venir. Queli|uos jours après, s'en retour-
nant à Milan, elle trouva en route des [)ay-
sans (jui célébraient la fêle do leurs idoles.
Ces hommes, ne pouvant la contraindre à
prendre part à leurs réjouissances, la batti-
renl si cruellement qu'elle en mourut au
bout de trois jours. Les plus anciens marty-
rologes indiquent la fête de sainte V.lérie
pour le lOjuin, ainsi que celle de saint Ursi-
cin, de saint Vital, et d'un saint Marcel sur
le(|uel on ne possède aucun document cer-
tain; mais l'Eglise lomaino fait leur fête le
28 avril.
VALÉRIEN (saint), fut martyrisé à Tour-
nus, sous le règne de l'empereur Marc-Au-
rèle. Il habitait Lyon avec saint Marcel quand
la persécution s'y déchaîna avec une vio-
lence indicible. Il quitta la ville et s en fut
prêcher l'Evangile dans les provinces voi-
sines. Arrêté près de la petite ville de Tour-
nus, il y souffrit d'a-bord le supplice du che-
valet et dos ongles de for, puis y f .1 déca-
pité le 15 septembre. L'Eglise honore sa
mémoire le i du môme mois, en même
temps que celle de saint Marcel.
VALERIEN (saint), martyr, mari de sainto
Cécile, fut converti j)ar elle à la religion de
Jésus-Christ , avec Tiburce son frère. Le
préfet Almaque, les ayant fait arrêter, les
fit d'abord battre à coups de bâtons, et en-
suite décapiter sur la voie Apiiienne. Maxi-
VAL
VAL
f-:ci
me, ui dos oTiriers d'Aiinaqn^, loiirhé do
leur roulage, se cou vorlil aussi, et fut frappé
flvec (If s pl()nil>ean\ jiisipi'h ro qu'il on in »u-
r.U. L'Kglisc fait leur fie Ir IV avril. Leurs
ArU'S sont sans autorité. ^Voij. Cécile.)
VALKlllEN, commissaire iles g\jcrrcs on
Afri'î'ic avec Fabius Victor, en 296, sous
1 cinpiro de Dioclolien, jirésenln nu tr.bu-
nai de Dion , proconsul , saint >LTximilien
de Thébe^te, qui n fusait d"(Mro enrôlé
au service de romporeMP, parce ipio, disait-
il, il l'était déjà h celui de Jésus-t^.hrist.
Ayantpersis!é (I ins'^on refus, Maximilien su-
bit le lie; nier supplice. (Toy. Maximilien de
Thébeste.V
VALÉUiEN (?ai-U\ mourut pour la foi à
Antiociie nvc.^ les saints Re.-lilut, Dunat,
Fructuose et douze autres dont les noms sont
ignorés. Us reg irent la [)alme du martyre
dans des cirrou.stnnccs et à une époque que
nous ne connaissons pas. L'E^^lisc fait leur
fêle le 23 aoilt.
VALfLPviEN (saint), reçut la couronne des
glorieux combatlanls de la foi h Nyon. II
eut |;our compagnons de ses souifrances les
saints .Mair^rin et (j')rdien. L'I-^glise fait col-
lectivement leur fêle le 17 septembre.
VALÉHIEN (saint), iut martyrisé à Alexan-
drie, sous l'empereur Maximin. II fut préci-
pité au milieu des flots avec les saints Hié-
ronide , Léonce , Sérapion , Sti afon et un
autre. L'Ej;Iise fait collectivement leur mé-
moire le 12 scpicmitre.
VALÉRIEN (sauit), martyre, donna sa vie
pour Jésus-Cluist avec les autres saints évo-
ques Urbain, Crescent, Eustaclie, Crescone,
Crescrnlien, Félix, Hortalan et Floienlien.
Ils furent condamnés à l'exil et y terminè-
rent leurs jours. L'Eglise les honore et les
fête le 2S novembre.
V'ALÉiilEN (saint), martyr, l'un des qua-
rante martyrs de Sébasté , sous Licinius.
{Voy. MvRTYC.S DE SÉDVSTE.)
VALÉUIEN , nom d'un juge qu'on dit
avoir condamné saint Flocelh' h être dé-
chiré par les bètes, dans la ville d'Aulun,
sous l'empire de Mirc-.Vurèle.
VALÉHIEN [P. Licinius Valrrinmis), em-
pereur romain, naquit en l'an 190. So i père
se nounnait Valère et anpnricnail à une fa-
mille illustre de sénateurs. Singulière d(^sli-
uée ((ue celle de ce [irince ! Tant qu'il fut
an-dessous du rang siiprôiue, il en parut le
plus digne; h |)eine fut-i! monté sur le trùno
de l'empire (pj'il révéla son insullisanre do
In fa^on la [>Ius funeslo pour li-s grands in-
térêts qui lui étaient conliés. Naturcllenunl
bienveillant, surtout par savoir-faire, Valé-
rien s'était acquis 1 estime et l'amitié de
tout le nu)nde. Ses mœurs furtnU sans re-
proches : il était grave, modéré, ami de la
vertu, ennemi des méclianls; voiià ce qu'on
n »u5 ni>prend <ie lui. En éludianl ce carac-
tère dans son intimité, et par les faits qui
s'accomplirent quand Valerien fut monté
sur le trône, nous sommes purlt- à du'i- ipiil
eut toutes les vertus passives, qin sont plu-
tôt Tabseire des vit es et des pas»ir.;i,s que
la vcr.u n'ellf et active. Que d'insuilisancfs
dans ce bas monde décorées ainsi du titre
de vertus ! En g'néral, nous nous défions
beaurouf) des vertus, des capacités, du génie
de ces hommes qui plaisent h tovit le inonde,
cpie toutie monde dit vertueux, et que l'en-
vie ne dénigre pas. L'envie est en quelqtie
sorte la [>iorredc touche qui sert h recon-
naiire la vertu, le nu-rite, le génie. Heureux
riiommo que les passions n'ont pas agité !
Ce |iOurra être un honnête homme : qu'il
borne là son espéra ne •. Du reste, ce doit
être assez pour une ambition saine, [tuisquo
c'est assez pour le ciel.
V'alérien [)assa successivement par toutes
les charges et par Ions les grades. A me«;u e
qu'il montait un échelon, on le jugeait digne
de monter encore. Il et ut p-ince ilu scnal.
C* corps ayant, sur l'invitition de Dèce, à
élire un censeur, choisit Valerien. Quand
Emilien, en 253, se révolta contre Gallus,
Valerien fut choi?i pour commander les
troupes que l'empereur envoyait chercher
d ms les Gaules pour combattre son compé-
titeur. Mais tlid'us ayant été tué par ses sol-
dats, Emilien demeura maître de lltalie.
Les trou[)es que Valerien commandait, refu-
sèrent d'obéir à un autre qu'à leur chef, et
le proclamèrent empereur. Aussitôt il se
mit en marclie pour aller co iiltaltrc Emi-
lien; mais les soldats de ce dernier le massa-
Cièrenf, jugeant Valerien plus digne du rang
suprême, .\ussitot sa puissance é ablie sur
tout l'empire, Valerien s'associa Ga lien son
n s, en le nommant Auguste. De tous côtés
les barbares attaquaient l'empire, et le vieil
empereur voulait partager le jioids de son
fardeau. Les deux nouveaux empereurs fu-
rent insudisanîs à la lArhe.
Il ne nous a[)pirtient pas de dire les fai-
blesses, les inlial)iletés, les lAchelés même
de ce règne. Notre | lan nous est tracé par
notre sujet, nous écrivons une S[iécialilé de
1 histoire et non l'iiistoiie en général. Qu'il
noussuflise de dire que l'empire fut dévasté
j>ar les barbares. La puissance qui régnait
au dedans n'avait pas li maui assez, forte
ftour opposer ihs bariiùres suflisanles à ar-
rêter les ennemis du dehors. Ainsi nous
voyons Chrocus, roi des Allrmaiuls, prome-
ner ses phalanges dans les tiaules comme en
pays co U(nis, les ravager sans coup férir et y
faire périr une grande cpiuntiié de chrétiens.
D'abord rous le trouvons pi es d(^ .Nh-nde,
assiogi'ant le cliAleau di» Grèze où les habi-
l liUs du pays s'étaient renfermés, cl faisant
mourir l évê(iuo saint Privai, (pii ne veut
liah r ni sa patrie ni sa .oi. IMus lard nous
le retrouvons à Albi. dan* la piemière Aqui-
taine (Languedoc, Tarn), c est-a-dire jus-
(pi'aux extrémités do la tiau!c. Encor.e un
jour, il enjam'ie les Pyrénées ou les Alpes.
A Vians ou V ieux, près d'Albi, il fait mou-
rir saint Ama:aud ou Amaranllie qui refuse
d'adorer les divinités leuloniques.
Passons les ineis, nîhuis au rivage afri-
cain. Que voyons-nous? Li charité des tidè-
le.s do Gariha'ge onvover aux barbare*, par
les m.iins de saint Cyi""''*"' ^^ rançon des
ca^tlii'^ que les iriues romaines, raccourcies
iiiùS
VAL
\\l
iiW
dnns les iiiniiis du i'iililr cnipcnMir. n'ont
Iwis (Ml II» lune <1(! |)rol(''-(r. P.iiloul la_ lai-
►losso et 1)1 liM'ilc. L'IimiukHp lionniic, l'fipn-
llii(Hi(i \'.'\l(''ii(Mi. ii'ost pas h |,i laillc di' la
t(».çn iinpt''iia!(«. H use .ses minces l'arullés
ilans 1rs nctilos clmsrs, dans lus inlri^urs
(lo cour, dans les meMpiincfies adini'iislia-
lives, tandis cpu' les ciuieiius rava^^ienl l'c-in-
j)iro ol ahaissent l'iiuinieiir de ses armes.
(Vost (]M'nni> main ne snlllt jias pimr tenir
l'i^péo d'nn(î naiion ii la lianlenr (pie i'li(ei-
iicur commande; il faut tiHe el cvjinr l\ celui
qui la tient. Plus tard nous vernins Nalérien
sous le pied de Sapur, el (piand un om-
jVM'onr peut C'iio \l\, c\sl qu'il v est h sa
plaro.
Dans le connnenciMuent de son r('>^n(\
Valt^rion so montra e\lr(^menn'nl lavurahlo
nn\ fin éliiMis : le |)ropi'e de la faihlesse est
de s(! tenir toujours dans les extrcimes. Il
les traita d(5 laijon (pi'on poul dire; do lui
qu'aucun de ses prédécesseurs ne les avait
autant l'avorises. Il y avait, dit un auteur con-
lem[/orain, tant de chrétiens dans son palais,
qu'on aurait pu lo prendre pour une é-iliso.
Si celle douceur, celle j)ropensi()n h favori-
ser les chrélions, sonl e\lraordinaires, la
violence avec lai]U(dle il les [xn-sécula de-
puis ne l'c'st pas moins. Celui (]ui chant^ea h
ce point l'esprit do Valérion l'ut Macrien,
qui des derners raui^s de la milice s'était
i>eu h peu élt'vé jusiiu'aux })romiers grades.
l audjitionnait le ran,^ suprême et s'adon-
nait h la ma;j,ie. Les imposteurs lui avaient
prédit rem[)ire. En attendant que ses {)ro-
jets pusscnl se réaliser il porta Valérien à
avoir comme lui conliancc dans les sortilè-
ges et dans les magiciens ; il lui persuada
que son règne serait heureux s'il s'adonnait
aux pratiques de la magie. Valérien l'ut as-
sez faible pour commeltie le crime qu'avait
autrefois conmiis Adi'ien : il lit des sacriii-
ces humains ; il égorgea des enfants [)our
parvenir à connaître les secr^-ls de l'avenir
et pour obtenir des révélations sur la réus-
site de ses projets. Ce fut ei l'année 257, la
quatrième de son règne, qu'il commença h
j)t'rsécuter les chrétiens. On peut voir à
î'article Pi-«sécitions avec quelle violence
il le lit. 11 s'est placé par ses horribles
cruautés au rang des plus mauvais empe-
reurs qu'aient eus les llomains. Saint Denys
d'Alexandrie lui applique ces paroles de
l'Apocaljpsc : Il lui fut donné une bouche
gui se glorifiail insolemment et qui blasphé-
mait ; et il reçut le pouvoir de faire la guerre
durant quarante-deux inois {Apec, xui, o).
La punition de ce prince fut terrible. En
l'année 2G0, il se décida à marcher contre
Sapor, roi des Perses, que depuis quelque
temps il avait laissé ravager tout h son aise
les provinces de l'emoire. Un échec que Sa-
por venait d'éprouver devant la ville d'E-
desse, qui s'était défendue avec autant de
succès que de courage, décida Valérien à
marcher enfin contre son ennemi. Après les
péri|)6lies d'une campagne qui fut honteuse
pour les armes romaines, une grande ba-
taille fut livrée : Valérien la perdit. Une
P'uliedi' son nrmt'i' In! t dlléci rn piécrs par
Sip(»r. (Jn prétend «pie .Macrien, c'iar'^tr pnr
\ ;dérien du |irinci'<al connnan'lenK'nt, lu
trahit, et ipie s.i (raliisu i fut en partie caiiM)
delà petto de la baladle. Cela peut C-lre ;
mais quel est lo vnincu qui cu' .so dise trahi T
Presque pas qui ne vjMiillent i\'\us\ couvrir
leur IkjmIo o I leur mallieiu'. L'n onqjcreiU'
doit savoir choisir ses .surbordonnés : on no
trahit guèic les hommes d(! gi'nie. Aussi lA-
clio (piinliabile, Nalérien amassa de l'or
itour acheter la |)aix, cl députa h Sn[)or, qui
longtemps l'elinl les andiassad^iurs s(jus di-
vers prétextes, et eiilin les n.'iivoja on leur
disant (pi'il voulait traiter avec Valérien
Ini-mèuie. Valéritni se rendit au lieu di'si-
gné pour la conférence. S qior s'em|)ara do
lui cl d(î toute sa suiU;. Lo faible onnierour,
iirobableinent pour mieux adoucir le bar-
i),ne, avait mené l'impérali ice .Marinienne
avec lui : c'était sa seconde fenune. La ven-
geance! du ciel fut terrible: Sapor,orgiu.'illeux
d'avoir abaissé la [)uissanco romaine d-ins
la persoiîno de l'empereur, usa de .«•a vic-
toire de la fagon la plus odieuse et la plus
lAch(\ Il se déshonora par sa conuude;
mais Valérien mérita l'infamie h laipielle il
fut condamné. Sapor le traînait par ont à
sa suite avec l'impératrice. Il forçait le vieil
cm[)ereur à être témoin des outrages de
toute nalure qu'il prodiguait h sa fennne.
(Juand il monlail il cheval il fallait que Va-
lérien , les mains el les genoux à terre,
souillant de boue la pour[)re im[HTiale dont .1
était vêtu, lui prôtAt son dos en guise de mar-
chepied. Valérien obéissait. El voilà l'homine
dont les historiens ont fait l'élo-^e : Ver-
tueux, onl-ils dit, de mœurs irréprochables,
ami de la justice. Eh 1 qu'im] o.te tout cela?
nous concevrions mieux un de ces hommes
que la passion ég-ire, un débiuché.nn despote
bravant toutes les lois, mais tuant Sapor ou
so faisant tuer, que ce lAche qui dans sa
personne prostitue l'hoiin ur de tout un
peuple, qui avilit le trône des Césars, el la
majesté de la plus grande nation du monde.
Il y a des crimes personnels qu'on peut con-
cevoir, tout grands qu'ils sont. A la ri-
gueur, nous concevons Néron et Caracalla ;
ce sont des monstres ou des fous furieux ;
mais ce que nous ne comprendrons jamais,
c'est la lâcheté de Valérien. Quoi ! l'homme
quia été jugé par tous, sénateurs, peuple
et soldats, lo plus digne du rang suprême,
avilit à ce point devant l'univers la majesté
de la nation dont il est le chef, qu'il sert de
marchepied à un roi barbare qui l'a vaincu,
et (fu'il obéit aux ignominieuses brutalités
qu'on lui coraman .e ! Ah 1 celui qui avait
pu faire tant de martyrs de la foi n était })as
digne d'être martyr de la patrie et de l'hon-
neur. iMettez votie front d'emp.ereur sous le
talon de Sapor, ô Valérien ! Rampez dans la
fange pour qu'il monte à cheval en vous
marchant sur le dos ; avilissez la pourpre
romaine, la pourpre de César, d'Auguste et
de Trajan. Dieu sait se venger et venger
ses saints. Rappelez-vous les chevalets des
martyrs, le gril de saint Laureut, tous ets
liOl
VAL
VAL
1-268
instrumonls do supplirosque vos hourroaux
em[tln\ .lient por vos ordres, l.o lit (le feu du
saint arcliidiacre nest pa» si brOlant que
votre lit de fange ; les ongles de fer et les
torrlies nrdenles ne vont p.is si loin flnns
les entrailles que la sandale do >npor.
El des années entières vous subissez re
5H[>pIi(p ! Ah ! vous êtes l)ifn la plus
grande infamie des siècles, la [)lns incniupa-
rable des lAclietés! Quand V'alérien fut mort
Sapor le (if écoreher, et lit corroyer sa peau
auon teignit cm rouge pour la suspendre
ans un des temples de Ctésiphon, comme
monument d'opprobre et do Iklieté. Il n'y
eut qu'un opprobre aussi grand, ce fut ce-
lui de Gallien, qui, resté seul empereur, ne
prit pas la |)eine de songer ^ son père du-
rant les longues années (ju'il resta captif.
Ce fils dénaturé n'eut ni le courage de le
venger, ni l'amour filial suffisant pour son-
ger à finir d'une autre fa(;on que [)ar les ar-
mes les longues douleurs du vieil empereur.
Pas lUie démarche, pas une tenlalive, pas
un trait qui révélât l'empereur ou le tils.
Du reste, le fils était digne du pèro, et le
père méritait lievant l'histoire et devant
Dieu d'avoir un tel fils. Gallien ne rede-
nian la pas même les restes de Valérien.
Dodu cl ayant prétendu que sous les em-
pereurs romains il y avait eu fort j)cu de
martyrs, voici ce que Uuinart lui répond
relativement à ce que le prince dont nous
venons d'esquisser la vie, tit endurer à l'E-
glise de Jésus-Christ.
« La troisième persécution que saint Cy-
I)rien ail vue allumée dans l'Kglise el dont
il a été lui-mènu! entin consumé est celle de
Valérien. Ce |)rince, au conunenremenl de
son régne, était assez bien intentionné en-
vers les chrétiens, mais il changea ensuite
de senliments, et se laissant aller aux mau-
"rais conseils de .VLicrien, fameux magicien,
et le chef des magiciens de l'Egypte, il per-
sécuta les i\ lèles avec tant de fureur, ipi'il
mérite de tenir un des premiers rangs |)armi
les persécuteurs les plus cruels de l'Eglise.
Lactance dit qu'en très-peu de lenqts, d ré-
pandit beaucoup de sang; d'où Doilwel con-
clut (jue, puis([ue la persécution fut courte,
le noml)re des martyrs ne fut pas grand;
nous , au contraire , nous disons que le
nombre des martyrs fut très-grand, (pioi([uo
le lenqis de la persécution bit court.
Il cnI ct-rtain qu'elle fut violente ilès son
conuncnicoment : cela se voit par une lettre
de saint Cyprien, écrite aux coid'esseurs
con<lamnés aux métaux; il les félii ite do ce
«jue, par les njauvais traitements qu'ils en-
durent, ils se frayent un ( hemin au niailyre :
M Une partie, njouie-l-d, y est déjà parvenue
avec beaucoup de gloire, el l'autre partie,
CiiftTMiée dans des caihots et reli'guée dans
les mines, marche, quoique plus lentement,
i\pus cette glorieuse carrière. » (Juu Dodwel
nous dise tant (pi'il lui plaira qu'il n'y eut
que les évéques et les ecriesiastnpies qui
souirrirent alors; saint Cypiien nous aisun^
du contraire. « La plus grande et la plus
iaine partie du trouneaii, continue co suinl
a suivi rcxemiile de ses |)asteurs; le peuple
a confessé Jésus-Christ aussi bien que les ,
évéques, et la mémo main a couronné les
uns et les autres. Les jeunes enfants et les
vierges n'ont pas rrii rpie leur Tige ni leur
sexe pussent les exempter de mourir avec
leurs frères » Au reste, saint Cyprien
é( rivait ceci la nreraière année de la persé-
cution (l'an 2.'i7 . Mais un nouvel éJit de
Valérien la porta l'année suivante jusqu'h
l'excès. Ce iut pour lv»rs que le pa|)e saint
Sixte bit martyrisé h Rome, et qu'entin saint
Cyprien lui-même perdit la tête h Carthage.
L'orage alla fondre ensuite sur la Numidie
et sur les autres provinces d'Afrique où il
enleva saint Jacques, siinl >LTriPD et saint
Montan, tous diseiple.s de saint Cyprien. On
dit ipie saint Montan humilia f^uelques hé-
rétiques qui disputaient à l'Eglise son heu-
reuse fécondité en martyrs , qu'il les con-
fondit ft qu'il les convaintpiil d'erreur.
Saint Denys d'Alexandrie fut aussi arrêté
avec quelques autres, (irégoire de Tours
nous a donné l'histoire de quelques mari. rs
qui périrent <lans une irruption que des
barbares firent dans les (iaules (en .Au-
vergne) entre lesquels il nomme Cassius et
Victorin, Antolien el Limien el Stiinl Privai,
évèque. »
VALftUIUS (saiut\ martyr, l'un des qua-
rante martyrs de Sébaste, sous Licinius.
[Voy. yiMKTxns nt: Sî:baste.)
VALLE Jkvn i>e , naijuit l'an Ld76, îi Vic-
toria en Espagne. On l'envoya prêcher les
Tépéguans avec le P. Louis de Alabes. Ils
firent une grande moisson chez ces peuples
dont ils s'étaient faits les domestiques autant
ne les pères. Notre bienheureux était plein
e zèle el de charité, l'n jour comme il des-
cendait de l'autel un indigène lui donna un
souille», lui disant «pie c'était .'i cause du sa-
crifice (pi'il viMiail d'oll'iir : En ce cas, frappe
encore, dit le Père Il passa ainsi 12 au-
nées, calmant les haines et rélablis<a U hi
paix parmi les ennemis; aussi mérila-l-il lo
glorieux surnom de Jean de la Paix. Le>
deux compagnons riMjiirent la révélation do
leur mart.vre. Nous avons vu nux arlicles
DlDACE DE OrOSCO, BeR>.4RD VR CiSNF.ROS,
Ffrpinvm) oe Ciii\c\>. etc., que les Tépé-
guans avaient résolu le uLissacre de leurs
missionnaires. Le 18 novembre 161(), ils so
portèrent sur le bourg de Saint-Ignace, que
dirigeaient Jean de Valle et Louis de Alabr-s.
Nos deux bienheureux furent massacrés au
moment où ils se dis|)osaienl à céUVirer les
divins mystères, l'ii jeune enfant et un do--
minicain nommé Sébastien du Mont, à qui
Lniiis de Alabes avait annoncé leur martyre,
subirent le même sort.
VALLfeE (P\ii. DR la), jésuite mis.sion-
naire h la côle de la P»Vherie. dans les Indes
orientales, fut pris par les Hadages, ennemis
féroces des Paravas et de la religion chré-
tienne (pi'ils avaient embrassée. Pendant
longtemps (»n le tint en prison, où il no
vécut que d'un peu d'eau el de ri/.. Il y
mourut de «^onifranees.
VALVERDE vVi?ice:st de , naquit à Oro-
3
>Osî», villi» (rF.s|i»Uiui. Kii l'an VVM), il s'cm- <|ir<'ii 'lO'.» luuti's les nroviiiCf^H do l/i <l(iiil»'.
);ir(i'ii;i coiimit' niis.-iioniiMiiT avrc ImiihiikI cl au iimis de n<'|iI(MiiI)I(' Me n'tt»! niiiK'c, lU
.);ir(|iia (•(miiiic
ri/aric, (Hli allail i^ l.i cuiitiin'lc «lu l'rioii. ciilrn fiil en Msiki^uiv \:i\ VIH, h'S \ aii.l.ilc'»
il liilla' incnssammoiil pour cmix^licr Ins iioiiiiiK's SiIiiikcs, v/uriciis «-l en ftnrli») <l<'-
nuaiilrs dont m-s comialiinli-s se n-H'Iaicil tniils |>;\r \'.ill';i, nii «les Mollis, iiiii^i (|iu' \i'.h
rdupahlcs envers les l-idicii-;. Km l'annc^o Alams d'l':s|i;inm', liiicid oltli^^ivs de se soii-
l.'i.'IV, il revint h la mt'InuMili-, |iiMir v pi<»- inrlin- ,niv Vjiiid.iles, (pii ('aicnl (iffiieuréH
lester cnnlre leur eoiidiiile .dunul'i.dile. dans l.i (lalici', cl d(! se soiiinetlic à (ioii-
(Jn.'iIrcwiniK^cs «près, il revint au l'i-inn drrie, iein- roi.tpinnincjUMpralors les Al.ii n
«ver le titre (i'(Wi\pii> de Cuseo. Kn l!>'».'l. il eiissoiit été plus puissants (pie los Vandalos.
vovaif, •r^nU'o à son dévonene'nt el à ses soins A p.ulir lUt cette époipie, tinndi'rir, pnn/iiil
incessaiils, le cliristianisuie llorissjinl dans le (itrr di' roi des \ .md.iles et des Alanrs,
son iuuiieiise diocèse. Il avait constitué un pass;i di- l,i (i.ilice (l;uis l.i lléli(pjc, où il
clerj^é, un peuple iiuineusi» suivait la loi do s'f'-lalilil coinpléleineiit en 'il->, après l;i dé-
Jésus-Clirisl. Mais \{\ c.ieur du saint évèipK! laite de Castiu, (^('ni'ral de raniiée romaine.
saif^Ma't de voir (lue les liahitaïUs d'utuî ile Iv» (r27, il y mourut «près .s'èlre eiu|iaié dtj
lioininé(> l'uiia, dans la province d(^ (jiiilo, Mérida.
roulassent ndraclaires à la parole divine, et Après la mort de fiond('ric, s(»m l'rère liA-
ne suivissent pas ce couianl universel (iiii tard (Jizéric ou (len.-»éric monta sur le tnjue.
e (traînait vers Dieu et la connaissance dvs Ce riil loi (ini, au mois do mai V2H, aim-na
vérités évan^éli(pu\s les autres iudi^'ènes. Il eu Aliicpie les \'andales et les Alains. Uoin-
résolut d'aller au milieu d'eux pour les con- face, comte d'AlViciue, et l'un des plus grands
verlir : lud n'avait osé lenlor celle enire- liomnies de ceth! épo(]uo, étant venu eu
prise. Ces naUu-els étaient d'une tVrocilé Kspa.i^ue, y avait é|»ouse une parente du roi
incroyable : ils manj:^eaient la chair lui- des Vandales : de lA, [)rélexte à ses ennemis
maini». I/(''vè<jue (I(> Cusco (Milrepreiiait uiu! de !e rendre suspect h la coni-. l'iacidie l'n-
douhlc lAclie : avant de faire ces sauva^^es vait l'ait général, l-'élix, grand maître de la
elnétieus, il fallait en faire des hommes, et niilice, cotiçut de son agrandissement une
c'étaient d(>s hiHes féroces. La charité ne jalousie eliVéniM» : il s'unit h Aéliiis |)our le
calc(de ni les obstacles ni les dangers; Val- perdre. Quand Bonilace lut parti |)Our re-
verde vint à Puna. Les conmiencements fii- tourner en Afrirpuî, Aélius intrigua contro
rent heureux : déjà le saint évècpie avait lui el persuada à Placidie (|uo ce comte vou-
planlé siu" celte terre l'étendard du salut, lait s'emparer de la puissance souveraine en
fe>ous l'ombre (le la croix, il avait édilié une Afri(]ue, aux dépens d'elle et de son fils;
petite chapelle; déj>^ il y olfrait h^ saint sacii- (lu'elle [)()uvail parfaitement se rendre cer-
fice, (]uaiul il fut massacré par les habitants, taine de ses mauvais desseins en le mandant
qui mirent son corps en pièces et le dévo- à Home où il refuserait sans aucun doute de
rèrent. Le caractère de Valverde a été sin- se rendre. Placidie crut .Vétius, et (il ce qu'il
gulièrement outragé par certains écrivains lui disait; nuiis celui-ci prit les devants et
du siècle dernier. iMarmontel, entre autres, écrivit secrètement à lîoniface que Placidie
l'a dénaturé. Ce nom si saint de Valverde est voulait le j)erdre, qu'elle devait le mander
resté coninn,» un nom odieux de fanatisme près d'elle atin de le faire soi-tir d'Afrique,
et de persécution, dans la mémoire de ces où il était puissant et ca[)able de résister,
vollairiens de bas étage, qui lisent l'histoire Boniface ayant en elfet reçu l'ordre de l'im-
dans les romans, étudient la religion dans le pératrice, refusa d'obéir : on le déclara ea-
Dictionnaire i/hilosopltique, el qui semblent nemi public. Mavorce Galbion et Sinex fu-
prédeslinés, en qualité d'esprits foils, h se rent envoyés contre lui; mais Boniface de-
draper de toutes les vieilles défroques de la meura vainqueur. Alors on coniia le soin de
sottise et de la niaiserie philosophiciues. Un la guerre à Sigisvult, qui la poussa active-
historien peut sans risque imprim:'r un nien- ment. Voyant qu'on s'obstinait à le vaincre
songe, un romancier une chose ordurière, et qu'il serait à la longue incapable de ré-
les esprits forts ne laissent rien perdre de sister, Boniface demanda le secours et la pro-
semblable. Chacals à la suite de la société, tection des Vandales. Genséric était alors le
ils sont toujours là pour dévorer les im- roi de ce peuple en Espagne. Il passa en
mondices : libre à eux de les trouver de Afrique au mois de mai 428. En deux ans
leur goût. Ils juslirient le proverbe Marga- ils devinrent maîtres de toute celle belle
ritas ante porcos. Qu'une perle roule à terre province, à la réserve de Carthage, de Cir-
auprès d'une ordure, ce n'est pas la perle the et dHippone. Boniface voulut vainement
qu'ils choisiront. les en faire sortir; vaincu par eux ainsi
VAND.\LES (nom qui vient de Wendes), qu'Aspar, célèbre général de l'empire d'O-
peuple de la grande famille des Slaves, qui rii'Ut, il fut obligé de se retirer en Italie;
habita d'abord entre la Vislule et l'Oder, Aspar s'en alla en Orient. Quand les Van-
sur les côtes de la Baltique, entre l'Oder et dales demeurèrent entièrement maîtres de
l'Elbe. Au H* siècle, les Vandales se porté- l'Afrique, ce pays avait pour principal évêque
rent davantage au sud, parmi les Hermun- Capréole de Carthage. Saint Augustin venait
dures et les Quades, et se transportèrent, de mourir (28 août 430). Pourtant ce ne fut
au m' siècl(î, dans le sud de la Dacie Tia- qu'en 439 que Genséric s'empara de Car-
jane, à l'orieiit du Ti bisque inférieur. En thage. QuodvuUdeus en était alors évêque.
<t06, ils passèrent le Bhin, ravagèrent jus- Dieu ditféra jusqu'à ce temps-là la ruine
12TJ VA^I VAN 127i
(Je cclto ville suporDo; nnis ellp no j^ront.i f>lus nbominnhlcs. noii-senlempnl 1rs adul-
guùre de ce dt'lai. Elle avait foules «sortes fie tèips, mais aussi les sim|)lfs fomiralions
ina,4is!rals. d-s écoles do pliiioso ihos, tout qui élniont porniise>5 par les lois romaines.
ce qui la | ouvail régler el 1 1 faire aussi hie i Us oLli^èronl toutes les f -mine^ puhlifjues
fleurir pour les mœirs que pour les scien- à se marier et fireil dfs lois sévi^res co ilro
CCS. el I ion n'élait si rorrorn u m(^mo au les im[>iidicités par les piel'rs il<; comlam-.
milieu des barbares. On onlondait, dit S.d- naieiil tout ce que la I .i di; Jésus-C irisl
vien, les cris insensés des chrétiens de celle conlamnaif, el punissaient de mort ce x
ville dans le cirque, et leurs inf.unos bouf- (j'H tombaient dans ces dérèjlouienls cirai-
founories dans le théàiro, en même lemps iicls.
que les muraillosde la villo rolenlissiionl du Salvien on parle comme s'ils eussent
bruit d(>s cnnomis qui les cnviro:uiaioiit de obligé tout lt> monlo h se marier. Mais il csX
toutes paris. Pendint qu'on é;or.;t'ait les cert.iin qu'ils soullraiont quo les caholiques
lins an dehors, les autres s'abandonnaient eussent des monastères d'hommes et do
nu dedans aux ciimes de l'impureté. Los lill s. Ils avaient ou\-mCmes dos moines,
uns étaient faits prisonniers par les cimenis Dimi condamnait parce moyon les péch -s
et les ajitres se rendaient les esclaves des des Romains el les f>orlail h on rou;4ir «t à
vices. Car ceu\-]?\ n'étaienl-ils |)as v aiment en faire pénitonr^o , par e qu'il vouldl les
esclaves non des Vandales, mais desdémons, s.iuver. Mais pour les Van l.des, toute leur
qui se diverlissaiont ainsi durant (}ue leurs chasteté lour était assez inutil", puisqu'ils
prodios, leurs amis et leurs concitoyens gé- demouraiout opiniAir 'ment dans leur héré-
niissaiont dans l'esclavago? Ceux-là n'é- sie et s'eiron;aient même d'y allircr tous les
laionl-ils pas vraimcnf captifs de cœur el de autres.
sentiment, qui se réjouissaient dans leurs Ils ne persistèrent pas même longtemps
folies au milieu des tourments qu ■ l'on fai- dans cette vie si)bre et réglée, el ils ont
sait soulfrir h leurs amis, qui ne conq)ro- i>assé depuis pour la nation do toutes la plus
naient pas (pi'on les égorgeait eux-mêmes voluptueuse et la i>lus eiféminée. Car do-
cn égorgeant leurs concitoyens, et qui no puis qu'ds se furonl n-ndus maitr-^s de l'.X-
pensaient pas que la mort de leurs parents frique, ils s'accoulumèrenl h prendre le bain
élait la leur propre? Le bruit dvs spectacl s tous b's jours ol à avoir uno fible garnie de
dans la ville, et le son des arnus hors de la mois délicieux qu'on envoyait chercher par
ville, les cris des mourants d'un côb'", et de terre et par nior. Ils se pareront do dorures
l'aulro les clameurs dos baladins el do leurs cl d'habils de soie. Ils devinrent passionnés
spectateurs se confondaient de telle sorte, jiour les jinix du cicpio et l 's autres divor-
qu'on avait jjcine à discerner les lamenta- lissemenls, et surtout pour l's comb ils d s
lions de ceux qui périssaient dans le corn- biHos. On ne vit plus p nui eux que d.m-
bat, du bruit (jue faisait le peuple en criant seurs et qu»^ biladins, (|ui donnaient .^ leurs
dans le cirque. Et que faisaient ces mallieu- yeux el à leurs oreilles lous los plaisirs que
roux par uno telle conduite, sinon d'obliger les concerts et les spectacles peuvent leur
Dieu de les perdre lorsipi'il n'auraii peut- fair» goûter. Ils se logère 4 dins dos nni-
élre pas encore eu la volonté do le faire? sons do campagne b en arrosées el bioi
NouS trouvons les mémos plaintes dans un iilanlées. Ils et dent |>ros:|ue toujours dnis
.sermon fait en ce temps-là h Carlhage ou à les festins ; et après cola il m' faut nas s".-
Cirlhe. toinier s'ds se livraient à tons le^ aéré J — ^
11 no faut |ias douter que ces dérèglements niinits do l'impureté. Dos l'an V»0 ou pou
n'aient encoie augmonlé dei^m s (pio ceux de après, ils s'étaient déjÀ aL)and rinés jusipi'à
Cartilage el ilo Cirthe se vnonl vn ((uohpie violer b-s vierges.
.sorte on sûreté par la paix qui fut signée le Bientôt les Vandales persécutèrent TE-
11 févri-r W-'i, entre Valonlinien ot tlinisé- pHso. (KMi^éric, qui élait arien, e i reprit do
rie. Autant (ju'(»n on peut juger, Cniiséric ruiner la foi calliobquo mi Afrwpi -, pour y
p«irda par ce traité ce qu'il avait coni[uis établir l'hérésie à Lupiolle il a ip.irto lail. Il
dans la Numidie, la Proconsulairo el la My- débuta par porsécut r divers évéques, leur
zacèno, à condition d'en paver <pjel(|ue tri- ôtant leurs églises, et les chassant do le rs
but à lemporeiir h qui il laissa ou rendit le villes épiscopalos. On co niito parmi ces gé-
re^te, c'ost-.'i-dire (îarlhago, Cirlho, la Tri- néroux comballanls de la foi. Tossitlc, No-
politaine el les trois M.niritanios. Los dérè- nat ol S,'véri(ni : le prennor. évècpie do Ca-
glements de ceux de Carthago étaient d'au- lame ol doyini de la Numidie; le soioid,
tant plus cajablos d'irriter Dieu que les Van- évéqin' do Slèfo, ot S'-vécio t, de Corame. Lu
dales nièmos bnir d-'iniaiont \\\ oxomplo r..i barbare avait à sa cour (jualrc calholi-
tout dillorenl. Car ces barbares, parmi leurs (pies d Espagne, auxqtuds \\ était tort alta-
cruaut. s, noiaissaioni pas do sofaiie cstinu'r (hé : celaient Pasihise, rio!)e, Luiyjue et
par leur frugalité .1 [)ar leur mo.bialion .Xivado. Ces doux derniers ét.-.tonl frei es. Le
dans les plaisirs. Non-soidoment ils étaient roi ci ut qu'il poinrait compter davantago
chaMos dans tin pavs do déliros et parmi sur lour tidélilé, s'ils cndirassaienl 1 aria-
dos peuples accoutuinés Moules sortes d un- lusini' et se laissaient robiptisor. On voit
pureHis, mni.s ce qui est, dit Salvien, une (jue durant tome cotte persécution, les \ un-
ch.iso nnnvrlh'. inouïe et incrovibl -.ilscon- «lalosrobaptisaionllescith on lucsipiiavaiont
traignnent les Uomains mémos .l'être chas- la l.Uli(<té de roi>oncer h loiii lo . Lo> saints
te», lis (Mèf.nil non-seulement le? péchés les que nous venons do nommer ne se laisse-
1473
VAN
VAN
1i7i
roiit l'IIS v.'iiiicic |iJii (i('U.s(^iic, cl (Iciin'iir^-
rt'iil im-lir'.>iil;>lilrs (la"is la lui ('.'iIIimIuiiu'.
'rniis (iiialic l'iiii'il liaiiiiis.
(',•> lui à (• Ile (!(•(••. sidii i|ii(> r(W(^(|ii(' (le
(ji|Ih>, Aiilonii, ('t rivil à Ai(viili'>a laiiii'iisn
Icllii', |Hini- lo-iconra^cr cl pour le Ibriilicf
(l.uis sa ^i''iii''it'ii'^c |•c^i^ta it'c. Ocltc Icllic,
llimiail la duiiic Inul ciilicrc diiis soi lis-
Idiic (le la (iers(''enliniMli's \ an laies. Aiito-
iiiii I i piélisail II- mail\f'', ((Miiiiic (levant
coiinuriei' sa |»ersé\ ('rance; cl, en 'ilel, les
«ainls coiiresseiirs pe(;ureiil la coiiron')!' glo-
rieuse, a|ir(''s divers toiirnieiils (|iiMs svip-
porU'reiil avec lUie eonsiaiice li(''ioi(|iic.
(Toy. leurs nrliiles.) Pnse'uiso cl l'".iit\(|ue
avau'nl un jeu "c rr(''re iu)uuu(' l'aiddlc, cu-
eoie eut'.ud. (ie'»s(''rie l'aiuiail lieauioup h
cause de sn Iteaulù cl de sou cspril. Il (il
Idiit ('(> (pi' I put pour lui taii'e (piitler la re-
lii^ion eallioli(|''e. Aprc's les sollu ilalio is cl
les nuMiacos vi-u'enl les supplices : ou le
hUtil lou,j,tenips à coups de hAlOKS, ui.iis il
fut iu(''lM'.iu al)le. (leusérie, n'osail ou ne
viulanl pas le laiio mourir, le condauuin h
iinc l)o-Ui'U>e servitude. Ces fa Is se pas-
saient en V37. lui -i^i), (ieusiu-ic, en di'pit
des irailc^s, ayail surpris Carthago , s'y li-
vra h loufi* In fcW'ocilé de son naturel. Cette
ville l'ut pill(''(\ sacL'au;é(' e 'li('i('uu>,it. Les
olliciers iuiptuiaux , les si^ualeins furent
di^i'ouillés (l(> louis hions, et chass's de la
>ille, et (Miiiu do l'Afriipie. La uuùson do
Gordi.Mi. aïeul de saint Fulg-i'iop, fut d n éa
à des prti os aiiins. (Jue!(|nos-u'is veulent
que sainte Jidie, dont !c uiart re est ciMè-
bro d/ns l'ilfî de C(U'se, ait élé faite ca[)live
h la prise d- Caithage. Il n'y a là-dessus
rien de posiliv miumiI asnu'é.
Gens<5ric îraila avec beaucoup de C'uaid6
tous les liab la^ts de Cartha-;e, nui's parti-
cidièrement la noblesse et bs ecdésiasti-
q ics, de sorte qu'il semblait vouloir non-
seubMiient déclarer la guerr,- au\ houuues,
mais à D eu UK^ne. Cailliage avait pour é\ù-
que Quodvull ieus , aimé de Dieu et des
buumies, peut-(>trc m ine celui ijui, (Haut
diacre de Carlba^.^e, avait prié sa ut Augustin
d écrire stir les bérésies vers l'an k'id. Cen-
séric, d(''s qu'il eut piis Cartba-;e ei avant la
lin de l'atiuée ^39, le lit mettre avec un
grand nombre d'ecclésiastiques nus et dé-
pouillés de toutes clioses sur des vaisseaux
bi-isés, et le lit ebasscr eu cet étal du port do
Cartilage. Mais la miséricorde divine les lit
aborder heureusement à Naples, où l'on
croit que Quodvultdcus mourut glorieux
c nfesseur. Il faut qu'il soit mon avant l'an
ko'i, auquel saint Deogratias fut fait évèipie
do Cartilage, après que cette Eglise eut (Je-
meuré lo-^gtemps abandonnée. Adon et quel-
ques M.utyrologes mettent sain Quodvult-
(leus le 28 novembio, avec divers autres
saints martyrs ou confesseurs de ce temps-là.
Le Martyrologe romaiîi le marque on parti-
culier le 26 octobre, mais le vrai jour de sa
mort est sans doute le Sja-ivier, auquel son
Kglise r.bonorait. Oi conserve ses reliques
à Na()les dans l'église de Saint-Caudiose.
Dès que Gensoric eut cbassé Quodvult-
dcus, i! s'ompnrn (b- bi grande église oii les
é\ épies de (;aitba,.çe (ivjiicul /w'couluuié do
résider, appelée l<t Hr»titni'i\ ou S.ii'ite-l*or-
|)(''lue, cl i/i (!(» uui h ceux d.- va secte. Il b;»
iiid d • même e \ piissc>.siou de la Ci'-I riiic,
de (elle d(!s saints Scilliiaiiis et de* outres
(pi'il Me voulut I as di'tiiiiic.
La prise deCarlIwige porta le dernier coup
à la puissance des Uomain^cui Abiipie. Hieri
(pi'ils y iiossi'' lassent ciK orc la Maui il/nie,
la l'ripolitauu', une partie de la Numi lie,
leur puissance y demeura pres(|U(î nulb;;
car les piovi'ices (pie le laicnl les Vandales
étaient les plus i-iclies, les plus pojudeu^es,
et en même temps celb.'S oi'i étale it toutes
les grandes villes. Geuséi ic dsliibui les
terres à s<s soldats ; il [dai'i la plus gran le
jiarlie autour de (^irlbago, ali i de les avoir
toujours |)iès de lui et h sa disposition. Co
l'ut alors (pie ces barbares deiiian elèrelit
toutes les villes d'Ab'i(pie, à l'exception de
Cartilage. Ils ciaignaieiit (j le ces places ue
fournissent aux iloiuai is d.'s poi'its d'appui ;
d .'S lieux fortiliés, s'ils venaient lesatta(pier:
mais ce fut la cause do leur i iiino; car (piaiid
Itéhsaire vint Uvs alla pier, il ne s:î trouva
aucune idace foito qui \)C\[ arrêter sa marcbe.
Il enl(H les \a idales, à (pii o i avait distribué
les iorros, regureiit oidre d ' chasser du pays
1 s évèques et les personnes do ((ualité. ou
bien de les gardi.r comnio esclaves, s'ils re-
fusaient de s'en aller. Ce fut .dors que plu-
sieurs évèques et qmdques pecsonnages
considérable> du pays al èron^ b'ou>'rr Gen-
séric. pour ob.enuMlo lui quoique gr.ko.
Quand ils l'abordèrent, il se (iromonait sur
le boid de la niôr; il leur lit cet e ré[)onsô
barba. e : « J'ai réso u d'exlormiicr voire
nom et votre nation ; que le de uande venez-
vous me faire? » U voulait à l'heuie môin(ï
les faire j ter dans la mer : ceux qui l'ac-
compagnaient eurent beaucoup de peine à
l'eu emjiècher. Ls se reiirèront, et furent
obligés de célt''brer secrètement les saints
mystères; car Genséiic faisait des édits ter-
ribles |)oui ùler toute liberté auxcatholiques,
pour ompècber qu'ils [lussent trouver aacua
end.oit pour prier et pour otlrir le saint
sacrilice. Dans les provin.jos tribulaiie-, il
n'osait pas persécuter ouvertement la foi
calliol que; mais il trouvait toujours moyen
d • bannir ((uolques évèques, tanttit sous un
prétexte, lant(jt sous un autre.
C'est en cette manière (|ue Genséric bannit
un grand nombre u'évèqués entre lesquels
on marque Urbain de Girbe ou Gilbe dans
la Numiuie. Crescent d'Aqua, métropolitain
de cou vingt évoques, apparemment de la
Numidie, ou do la Jiy/.acène, Habotdeumde
Teu lale, vilie as.sez" célèbre mais dont on
ignore la provi ico, Eustrace de Sutfcs dans
la By^acèno, Crescone d'Ooa dans la Tripoli-
taine, et l'évèque de Sabrai dans la même pro-
vince?, dont le nom est corrompu. Ces deux
derniers ne furent apparemment bannis
qu'après l'an 455. Car il ne paraît pas que
les S'anilalos aient été maîtres paisibles de
la Tripulitaino avant la mort de Valentinien.
Et cela s'accorde bien avec ce qu'on trouve,
ii:
VAN
VAN
i276
que l'un do? deu\ au raoins vivait encore
»'M »8'*. Eustrare et Crosronc assisteront en
W» à la conf(Vonce do Carthago ot niéritôront
ensuite tout de nouveau le titre de ronfos-
sonrs. FtMi\ d'Adruniet.dans la Ryzarèiio.fut
banni aussi pour avoir roou un ino iie étian-
gor nommé Jean. On préiond quil y avait
en i-29 un monastère h Adrumet (jiii avait
toujours dos [irôlrcs érangors et non or-
domés par rt'v<^que du lieu. On en nomme
quatre, mais Jean n'en est pas.
Cos saints évè(}.ues, Urbain, Cro-^cont. Ha-
betdeum, Eustrace ou ICustacho, Grescone et
FtMix, sont inarqui^s avec quelques autres
dans Adon et da'is le Marl\ rologo romai-i le
28 novembre, comme avant achevé le cours
diî leur vie dtns la conlossioa de la vérita-
ble foi; saint Eustrace et ses compagnons
sont encore marqués le 15 décemijre dans
un ancien calendrier.
(ionséric banni encorebeaucoupd'évéquf^s
que l'histoire ne nomme pas. Et ce qu il y
avait de plus c uol, c'est que quand un de
ces évéqu(>s était mort dans l'ovd, il n'était
pas permis d'en ordonner un autre h sa place.
On ne dit f)oint s'il le pormottait h 1 égard
des autres. Euric, roi dos Visigoths, tra-
vailla j)resque en mémo tf'm|)S h ruuier aussi
par ce moyen la foi catholique dans une
])arlie des Gaules.
Quelques-uns des évéques chassés d'Afri-
que allèrent chorcher du secours à b-ur
pa ivreté jusipie dans les extrémités de l'O-
r ont. Théodorot reconniiandc à la charité
d'Ibïs d'Edesse et d^ Sophrono do Consian-
t ne ui évoque d'Africpie nommé Cypriei,
que la cruauté des barbares avait contrai-it
de chercher sa retraite dans les pays éîran-
gors. Eusèbe de Galatie l'avait roconnna'idé
h Théodorot; et il prie ces deu\ [irélats do
lui donner aussi des lettres pour les éyé-
ques h qui il voudrait s'adriîssor, alin d'en
recevoir quelque consolation et quoique
assistance teniiiorello connue les autres ou
avaioU autrefois re(;u de lui, et de leur
donner en échange des biens célestes et
été nels.
Théodorot, faisant réflexion sur la ruine
de l'Afrique, admire la bonté de Dieu (pii
fiormot dos accidonls si funestes on ap|^)a-
renio poiir l'avantage de ses élus. « (,os
c'iAtinjenls, dit-il, sorve-it aux [)é<lieurs do
romèdo pour se purilior, exorront la patioiu^o
dos bons et donnoni à ceux (pu les anpro-i-
nonl une sainte frayeur de la justice diviuo.
Je vois, dit-il encore, dans un changomont
si prodigieux fl si subit, combii'n \\ se faut
peu attachera toute la félicité humaine ot
(pio tous les malheurs (p;i nous peuvent ar-
river no doivent poiit nous paraître extraor-
dinaires cl insupporial)les. Cela nu' renu't
aus>i mes pêches devant les ycnix, dans la
crainte que j'ai (piils nome fassent tomber
dans de pareils nccid nls. »
Au miiiou lie tant de porséculions, le
peuple (idèlo de 1 Abique >'airermis.sait de
plus en plus dans la foi. En iiuoi l'on
voyjiit nreomplir cette parole de l'Eeri-
liipj : l'Int on (rx nffîiijrait, pluf il» anjntcn-
tnient en force et en nombre, Voilh l'état
où fut l'Eglise d'.\fri(pie jusque vers l'an
15 V.
2
Saint Gaudioseesl célèbre parmi les évô-
ues que Genséric chassa il'Afrifjuo. Il était
véque de Bitine et se nommait Septimus
Ciolius Gaudiosus. Il vint h Naples vers le
même temps que l'évoque Quodvultdeus.
Gaudiose fonda près de Naples un monastère
qui subsista longtemps après lui ; saint Agnel
en fut abbé au vT siè< le. .\ mesure que Gen-
séric s'agrandissait en .Vfrique, et devenait
plus puissant, il devenait aussi plus en'repre-
nant contre l'Eglise ; sa rage augmentait avec
son [Kjuvoir. En kïO, commri il pillait Id
Siei'e, .Maximi"!), évèque arien de ce pays,
étant venu se [)laindre à lui d'avoir été cim-
(lamné parles évèques catholiques, il entra
dans une telle fureur, qu'il voulut forcer
tous les cat oliques de cette île à se faire
ariens. Quehpies-uns cédèrent aux menaces
ou aux tourments; mais le [dus grand nom-
bre (lersévéra dans la foi, et reçut la cou-
ronne du martyre. V est très-|)robable que
ce Maximi'-n est celui que saint xVu.uslin
avait réfuté en i-28.
Sur es onlrofailos, le comte Sébastien,
gendre du célèbre comte Boniface, étant venu
en .Vfrque se mettre sous la protection de
Genséric et lui olbir ses services, ce prince
voulut le forcer h embrasser l'arianisme.
Sebastien r. fusa courageusement, et, depuis,
le roi barbare devina un prétexte pour le fairo
mourir. En iVl, l'empereur Théodoso til la
guerre h Genséric; mais par ses temporisa-
tions, le piince barl)aro sut éviter une dé-
faite, et r innée suivante lit la paix. Si ty-
rainiie et son orgueil cn)issaient toujours.
Des seigneurs vandales conspirèrent contre
lui : il les punit en faisant mourir la plu-
part d'entre eux. A la prière de Valentinien,
il |tormit ([u'on nonim.U un évèijue à Car-
tilage, dont le siège é()iscopal était vacant
depuis longtemps. Ce fut en 45i que Deo-
gratias fut élevé sur le siège de cette ville.
L'année d'après, Valentinien ayant été tué,
l'etrinus .Maximus, son meurtrier, s'empara
non-seulement do l'empire, mais même de la
femme de >'alenlinien.
C'était Eudoxio,niledoTliéodosele Jeune.
Cette priîicesse écrivit <à (jonsoric de la venir
(b'iivror. Ee roi barbare marcha droit sur
I\om(>, d'oii tout le monde prit la fuite à son
appnxjio. Maxime fut mis en pièces par le
peuple. Gensoricrostaipiatorzejours.^ Kome,
où il pilla h son nrolit toutes les richesses
do la ville éternelle. Il emmena une grande
(piantité do captifs, et revint on Afrique, ra-
iii- nant avec lui Eudoxio, et ses dtnix tilles
Eudocie et Plai idie : il conserva Placidie
pour Olybre. ampiel elle était dejh liancée,
et maria Eudo\ie h son fils Hunéric. C'est
de ce mariage ipie naipiil Hiltléric, le pé-
iniltième roi des Vandales, (pii montra eu
lui la noblesse et on mémo temps la bonté
excessive «pii caractérisaient les enfants du
grand Thoodose. Il lit rosser la persécution
contre les catholiques. Sous prétexte des
droits de sa belle tille, Genséric ravagea
iî77
V\N
VVN
!i78
I
ihisicurs fuis rilaliti. A|>r('>s l/i moil de \'a-
.(•Mliiiii'il, il .s'i'iii|i;ir« de loul ce tiiic Irs
Romni'is possiMliiicnt m Arii(|iii'. Oii.iikI il
ml pill('' ol rav.ij;;!' rOcciih'iil, il su jol.-i sur
rt>iii|iirc (rOiiciil, an il (h'v.isl.i l( s cnlcs do
l.( Ciiôcc. Il lil pins lard des maux iiicntvn-
h'(>s (ja'is rMs|ia^;nt', l'Ilalic. la Daliiialic,
l'I'lpirt' cl li(viui'(m|) d'aulics lii'uv. Il s'cm-
paia «Misuilti d(> In Sici e, dti Ij\ Sardai.^iic,
de la (loisc, dos llalrart's cl de plusieurs
autres des.
\'[\ reveiianl de l\on»(>, (îens(''ric a\ail |)ar-
1;,,^,'. (.Mil-,, les \ aiid.des el 1rs Miures Ions
les prisuM'iiers cpTil avail auieués. Les uiaris
lurent s(^parés di» leurs lenuues, et los |)èros
(|i> leurs (vd'anls. Siinl l)(>o-;i-alias v'U.lit
Idus les vases d s (^f;lises, euiplo/'i loules
l(\s rich(>ssos (pii leur appai teiiaieul h rache-
ter los captil's. 11 reuiil les uiai'is avec leui's
leuunos, los c'tranls avec leurs nùros. Il lo-^ea
tous cos nialhcui'OMX capliis dans deux
^:r;ri<lcs hasiliipu's, celle de Kausie et crlh;
d(vs ISciivos. Saiul l)c()_,ialias mourut au
milieu do ces saiulos occupations. Après sa
Uiortjpiiarriv.i eu 'iii7 ou en V5S .ui plus lard,
(loiistWic dél'o'idil d'orchuuier aucun évè(pie
dans la Proconsulaire cl dans la Zcugiînno.
Ainsi, de cent soixanle-i]uatre (Wi eues (pii
cMai ni lians ce pays eu VST, il n'en r-stait
pl"S ipie trois.
Celte persécution de fienséric fit considé-
rableuH'nt de martyrs el de confesseurs.
Nous rapporterons ici l'iùsloire do saint Mar-
tinien, de sainte jM;uime et de IlMU'S cora-
)agnons. C'est N'icior (|ui nous l'a conservée.
Il mil d'abord les quatre frères, Martinien
qui ('tait aruunier, Saturien el deux autres
qui ne sont pas noimnés, esclaves d'un de
ces Vandales millenaii'(>s dont nous avons
parlé plus haut. Ils étaient, ce semble, ou
ariens comnie leur maître ou païens. Mais
au moins ils n'avaient que des |)ensées bas-
ses et terrestres. Il y avail dans la môme
maison une tille nommée Maxime, q i était
une excellente servante de Jésus-Christ et
dont la beauté oxléiieure était accompagnée
de celle de l'Ame. Quoiqu'elle fût esclave,
elle avait n('anmoins la conduite de toute la
maison, tant son maître avait de contiance
en sa fidélité et en sa sagesse. Et comme il
était aussi fort satisfait de Martinien il crut
que [)Our reconnaître leur fidélité et s'en as-
surer encore davantage à l'avenir il fallait
les marier ensemble.
Martinien, qui n'avait point d'autres pen-
sées que celles qui sont ordinaires aux jeu-
nes gens du monde, reçut cette proposition
avec joie ; Maxime, au contraire, qui s'était
déjà consacrée à Dieu, ne voulait point
avoir d'autre époux : mais elle n'osait pas
.se déclarer. Ainsi le mariage se fait et l'on
mène les deux époux dans la chambre où
ils devaient rester seuls. Martinien ne son-
geait qu'à user de la grâce qu'il croyait avoir
reçue de son maître et il ne savait pas quo
Dieu le destinait à une |)lus grande. Maxime,
qui priait Dieu, dans le secret et dans son
cœur, de lui conserver le trésor que lui-
luéine lui avait confié, le voyaut approcher
I
d'i'lle, lui dit d'ini Ion animé par la rliarili)
(pi'elh» seulail dans «-on rtme : «< .Marlituen,
mon frère, J'ai consacré mou corps h Jé-
sus-ChrisI ; je l'ai pris pour- mon époux el,
après m'iMre duiMiée a mon Dieu, je ne [tins
consoMiir Ix nie marier avec un homme.
Prenez, ihuic pari à la ^rAce (pn^ j'ai iceu»',
.sonfiie/ (|ue je i|(>nM'ure l'épousc! de Jésus-
Ch isi el c ■nsacre/.-vous h .son s(«rvice. Vous
pouvez, mainlenanl vous procui-er ce grand
i)ien et il ne Uenl qu'à le vouloir. »
Dieu [larlait olus ipn; la sainte, et la grAco
a;-;issanl dans le ((nu' de Maitinien, il léso-
lul dès lors de suivre le co!is(i| (h; Maxiuu",
do lui conserver le titre de vierge, en agis-
saU au dehors comme sou mari pour ca-
clier C(î secret à leur maitro, (M de sauver
lui-même son Amo en se donnant tout en-
tier' à Jésus-Christ. Mais il no voulut pas
garder pour lui seul le trésor q.i'il avait
ti'ouvé. 11 (Ml lit voir l'excellenco à ses frères
et leur persuada d'y |tr(nidro part. Ils le cru-
rent, et tous (piatre se lésolurenl de re:.on-
vov entièrement au siècles [lour ne servir «pie
Dieu seul. Ils jugèitnit sans doute (pi'ils ne
le pouvaient pas faiio dans la maison de
leur maître. Ainsi, ils en sortirent sec.èle-
mcnil uii(> nuit avec Maxime et se retirèrent,
les ipia Ire frères dans le monastère de Tabi'aca,
gouverné alors par André, pasteur illustre
entre les pasteurs, el la servante de Dieu
dans un monastère de vierges qui en était
proche
Le Vandale sut l)ienlùt ce qui était arrivé
chez lui. Il fit chercher i)arloul les quatre
frères et Maxime. Il y employa los pro-
misses (^t les présents, et (;nllu il découvrit
où ils étaient. Il les fil aussitôt ramener chez
lui où on les enferma dans une prison el on.
leur y lit endurer divers tourments, pour
obliger Mai-tinien el Maxime à [lasser les
bornes qu'ils sétaienl proscrites dans leur
mariage, eî pour les contraindre eux et tous
les autres à violer la pureté de leur foi par
un second baptême qui de chrétiens les eût
rendus ariens. Ainsi ils eurent la consola-
lion de soutfrir non comme dos esclaves
fugitifs, mais comme des martyrs de la chas-
teté et mémo de la divinité de Jésus-Christ.
La chose vint à la coiuiaissaiice du roi
(le iséric qui, au lieu de tempérer la dureté
de ce maitre impitoyable |)ar la clémence
naturelle aux grands monarques, ordonna
que les saints ne cesseraient f)oinl d'être
tourmentés jusqu'à ce qu'ils se fussent sou-
mis à la volonté de leur maître. On fit donc
faire de gros bâtons pleins de dents comme
une scie , et de pointes aisées à rompre
comme celles qu'on voit au bout des feuilles
de palmier. Ai isi ces bâtons brisaient les os
par leur pesanteur et laissaient dans la chair
des pointes qui faisaient une douleur très-
cuisante. On voyait le sang des serviteurs
do Dieu couler de toutes parts el leur chair
toute déchirée laissait à nu ce qu'il y a de
plus caché dans le corps. Mais après qu'ils
avaient souffert cos horribles tourments, ils
se trouvaient guéris 1-e lendemain par Jê-
sus-Cliïisl, sans qu'il parût sur leurs corps
1279
VAN
VAN
1^80
l'
nnrune trace de li^urs blessures. Ce mirado
n'arriva pis pour un»' fo'S, rar los linmiiiosfii-
it'iit loii^temits ()pit>i;UiP-> ;ih>>lo!irmrnl!'r. cl
le Sa nl-Ksj ril ronliruia ilf môme J» les '^in'rir.
>'a\ime ('prmiva la môme i;rAoo. Kllc fut
resserrée dais uno [insoii foit rmle et »'te i-
duc sur uif [)oulro qui lui tenait les piods
fitrt «'cartt'S l'u i de l'autre. Dansoi^ supplice,
qu'un {^raid -^oiuhrc de martvis avaicnl au-
trefois éprouvé, elle él.iit consolée parbeiu-
coup de serviteurs de Dieu qui la vinaient
visiter : et u'i jour qu'ils y étaient, cette
pou're, (]ui était extrêmement forte, se ron-
»it à leurs yeu\ comme un morceau de
_)ois pourri. Ce miracle fut su de tout le
monde : mais Victor, par qui Dieu l'a con-
servé h la posli-rilé. lapprit de la l)OU(:lic
même de celui (|ui avait la sainte en ^arJe
el qui le lui assura avec serment. I.e Van-
dale qui faisait tourmenter les saints ne céda
Iiointà des iniracles si visibles; de sortecpu;
) eu dont il ne voulait point reconnaitr»! le
jiouvoir. appesantit enfin sa main sur lui el
sur toute sa fimill". Il le lit mourir lui et
ses enfants et tous les animaux de prix (|ui
étaie:.t dans sa maison; ai isi sa femme se
trouva seule, sans mari, sans enfants et sans
bien. Elle fit un présent des servi tiurs de
Dieu k Sésaon, parent du r i, qui K;s reçut
a\ec joie. Mais, parce (ju'il éiait indij,ie
d'avoir chez lui des hùtts si saints, le dé-
mon commença h tourmenter en d lleren-
tis manières s s enfants et ses doiuesli-
qucs. 11 rapporta au roi ce qui se passait
chez lui. Ce prince, ((uelipie endurci qu'il fi'it.
céda en (pi<|quo chose à Dieu connu ■ Tlia-
raon, et ayant honte de combaitre (ontre une
fille (ju'il vo.ait bien ne pouvoir vain re,
il lai>sa aller Maxime en liberté. Ainsi la
sainte, ayant conservé la pureté de sa foi et
de sa virginité-, devint mère île b aucouixie
vierç^es, et ellj vivait encore e i '>87, lorsque
Vii; or, qui témoigne l'avoir connue, écr vait
Ihisloiie de la persé/ulion d 'S Vand.les.
Les (jUatre frères, qui ét.uent ég.di'ment ou
innocents ou cou|)ab!es comme elle, méri-
taient de recevoir la mèm • lib;'rté. Ce; en-
dant (îens-ric ordonna (pi'on les rel'guU
dans les élats d'un (irince païen nouuné Ca|>-
siir. qui était rr)i d'inie nation des Maures,
mais (pli reconnaissait l'auloiité d< s N'anda-
les. Son \)!\\ s était un cnidioit des déserts d'.\-
fri pieqn'rui appelai! C lèvrcpeinle. Les saints
furent donc conduits en ce désert et là mis
Cl. Ire les mains de Capsiir: c'était un pays
dont tous les h.tbil.mts étaient |)aiens et
a loraiivil le démon p.ir des sacrifices sacri-
lèges, cl même ils n'avaient jama s entendu
lailer de nom des chrétiens. C'éttit pour
,eur potier la lumière de la ïn que Dieu y
envoyait les sai 'Is; car ayant commencé h
donner h ces Lubues la cf)nnai^s,\ ice du
vrai Dieu, cl leur vie appuyant leurs piio-
les, ils en convertirent un fort grand nom-
bre qui embra*isèreut le nom et la foi de
Jé>us-(^hnst. Mais comme ils travaillaient
pour Dieu et non pour eux, et que la disci-
pline de IK^li^e siHiffcail eiiroie mnins alots
«juaujourdiiui que le baptême bU adminis-
I
tré par des laï(]ues, ils cherchèrent le moyen
d'avoir Quelques ecclésiastiques qui pussent
cultiver le champ qu'ils avaient débiché, et
arroser ces nouvelles plantes par la pluie
sacrée du saint ba:itéme. Ils donnèrent cette
charge à (juelques personnes, qui, après
avoii' longtemps marché par «les chemins
détournés, arrivèrent enfin h Home et rap-
portèrent au [»ape b^ progrès (jue l'Kvangilô
avait fait parmi les l)arb.ires. Il en eut une
exlrèm ' joie et eovova aussitôt un prêtre et
plusieurs ministres qui s acquittèrent de leur
commission avec la prom;»litude que la chose
demandait. On dressa une église, on ba 'tisa
\i ^ nombre infini de barbai es et l'eau sacr/fr
fit de cette multitude de loups un troupeaa
d'agneaux.
Capsiir fit savoir tout cela h denséric. et
le diable, irrité par la gloire de Jésus-Christ^
ralluma dans le cœur de ce tyran la htino
?|u'il avait eue autrefois contre les quatre
lères qui avaient été les ministri'S de ce
miracle. 11 ordonna donc qu'ils fussent at-
tachi'S par les pieds deirière des chariots,
ayant le visage tourné les uns vers les au-
tre-, afin t| l'outre leur propre supplice ils
eussent encore le déplaisir (le voir celui de
leurs frères; et puis tiu'on fit couiir les cha-
riots par les lieux les pîus ploi/îs de bois et
(ré|)ine^, afin (pie Imirs corps fussent dé-
chirés en mille pièces. Ce cruel arrêt ayant
don,' été exécuté, et les Mnures commençant
déjà à fiire courir les chariots, on entendait
les martyrs se dire l'un à l'aulie le dernier
adie',1 par ces paroi .s : « .Mon frère, priez
pour m li. Dieu accomjdil enfin notre «lésir,
c'est n r ce chemin que l'on monte au ciel. »
Ils aciievèrentai isi. ( n « hantant et en priant,
ce (pii leur restait (ie vie, à la vue des an-
ges qui se réjouissaient dans leur triomphe,
et rendirent i(Mirs Ain's viclorituses h celui
)ar qui ils avaient vaincu. Dieu honora
ur martyre par beaucouj» de grands mira-
cles (pi'il lit au lieu où ils avaient souffert :
et un saint évècpic pio;esta q l'une b-mme
aveugle y avait recouvré la vue en sa pré-
sence. M lis. el le courage et les mira( les dos
martyrs et la conversion de tant dinliJèles
ne tirent ((u'augmentcr la fureur de Genséric
co'tre IKglise.
Le Martyrologe romain met la fête de ces
«piatre illustres martyrs le !(> octobre, avec
celle (le sainte Maxime do'it Dieu s'était
servi pour leur coiiuniini(p»er sa gnlce. C'est
ce que les Martyrologes du ix' siècle avaient
fait i\(';i a»q)aiàvaTit. Haronius croit qu'Us
étaient (le.< captifs de Itome. |»uis qu'ils en-
voyèrent à Uome demander un prêtre. Ht
d'ailleirs toutes les Kglises d'Abiipie étant
aflligéi's par la persécution do> ariens, celles
d'hspigne ou sous les Suèvos cl les Coths,
ou piiliMS par (Mix. el u'ie partie de celles
de;i daules soiuuises aussi aux (îolbs ariens,
il ne faut 'pas s'étonner (jue ces saints aient
ciivoy(' jus(pi'à Home, (.omme on ne sait
point précisément le temp^ de leur martyre,
on lie peut pas dire à (picl pape ils s'adres-
sèrent.
Il e«;l remarquable ijuo quel(|ue cruelle
<3SI
V\N
VAN
i2S2
qui' fiU la |)('r*.«''.Milioti (les N'itiitl.ili'S, ilssoiif-
fi\iit!iil iii'';iiiiii<ii"i.s MiU' les calliolitiiii's Jilliis-
stiMi visiUM' Itvs coiifossours (.1 ms Ion prisi» is,
()l Mirils (Ml.s>('lll (I s liinii.isti'lTS (riioiiimt'S
Ol (1(1 rcmm-'S. () » vuil [uir h-aiiroiiiurc i-
(Iroils (|U(i les mniiics y fiirc il [(nijuiirs li-
bres, t'I (III (nuivc |M).ssilivciii('iil dans un c iii-
t'ilo (l(i (larllia;^!' en ti:5. (|iii' la pcLsiMiiluiu
pViéraic» dos lv;l;S(.'S MO s'ciail poiiil • t 'inliio
j(is(|irî» eux. io [HMisc (pic c'csi (in'iM I -s
rt'f;ai\lail coiiiiiu' l.u(|ii(!,s. Car les Naidal»--,
(|iii vovaijMil rArii(|ii»' loiitc |i(mi|iIùi' jIo vn-
lli()li((ii('s, irnsi'-r.'iil jamais la ic d'tVlil ,m'-
lu'iral |)(iiir les (ihii^cr d'tMn' ancMis, siiia »
on 'i8V dans la dcriiit'ic aiiiu-c dllu n-r c. lis
se coilliMilaiciit (II' |»(MS(''( iiior les O'C i''s:as-
tii]ins, ou (1(3 ii'S iliasscr, ('S|)(''raiil (iu<^ io
poiipic, priv('! (lu socdurs ol de rni>lrucliu;i
(I. s |)ast(niis, ci'iK'rait ciisuilo.
Dcî plus c"i plus iriiU' coMlrc ri'^lis.'\ (ien-
sév.c envoya Procuhi dans la Zen^ilaiie pour
co'ilraiiulre lous les c^V(Vjues à lui li^rel• les
livres sacri'S d tous les or'euu'iils des (!'gli-
ses, ainsi (juo les vas<'ssacr(^s serv.intau culln
divi'i. Les niinislres de Dieu ayant ictusé
d'obéir il cel ordre iniiiue, l'roL'uh' pil alput
lui-nicMne, et porta des mains sacril(''^es sur
les choses sai'itesdans toutes lcs(.''j!,iises.II se
lit des cliomisesol descak^ons avec l s nap-
pesdu saint aul(!l. La vengoanco de Dieu no
tarda pas h châtier ce sacrih\AO. Il tiiiit mi-
sérab einent sesj(Kirs. Cet ordre don i(3 par
Ge iséric fut la cause du lu irtyrc de saint
Valériei, t*V(>(|uo d'Abes ou (rAhlicizo. <'e
saint, ayant donc rc'^sislé généreusem nt à
tous ceux (pli voulaient (|u"il leur liviAl les
choses saintes, l'ut chassie dj la v lie ; dJ'lense
fut faite à toutes sories de personnes de le
r.cevoirel de rien lui fournir. Ce saint vieil-
lard, Ag(^ de quatre-vingts ans, fut obligé
de coucher longtemps sur le grand chemin,
n'ayant d'autre abri que le ciel. « J'ai été as-
sez heureux, dit Nictor, [)our le saluer du-
lant qu'il était en cet état. »
Dans un lieu nommé Rége,dans la Mawti-
tanie (Césarienne, les catholiques ayant ou-
vert, le jour de Pâques, une église" que de-
puis longtemps les héréti pies avaient fer-
mée, et voulant y célébrer cette grande
fête, les ariens en eurent avis, et Aiidiol, un
de leurs [)rôtres, ayant assemnlé des soldats,
J.'S exhorta à aller exterminer cette troupe
do c.ithiiliques. Les uns entrèrent par les
portes réj)ée h la main; les autres, montant
sur le toit, tiraieni des tlèohes à ceux des
calrioli([ui'S([ui étaient dans l'église. \] ^ lec-
teur qui était au jubé, et (pii ciiantait l'ulle-
liiia, fut frapi)é à la gorge f)ar une de ces
Uôches. Le livre s'écha()pa de ses mains, et
il tomba mort. Plusieurs, fra|>pés à coups
d'épée ou de javelots, |)ériront au pied mémo
des autels. Ceux (jui ne furent pas massai rés
furent emmenés prisonniers; et presque
lous moururent dans les sup[)lices par l'or-
dre du roi. La fête de tous ces martyrs est
marquée au Martyrologe romain le 5 avril.
Dans d'auties lieux, à Thunazu les, à Ca-
les, à Ammonie, les ariens, enlrant furieux
dans les églises, ptindant qu'on y distribuait
les s.icrciiiPiils, y ji-'j^-nnit ynr lorre p| r(,iil('!-
rciit au\ pieis les saillies liustics,
l'enda )(quecesaboiiiinnli(iiis se [inssajenl,
les ('.(Vpii's arie is, ailt<'UlS des cfuaillé* do
<ieiis(''iic, lui dicîèrent une loi (jiii «ji-crélail
(pjc le» ariens .soiil'.sornienl/Khiii.s aux cliar-
g's laiit adiiiini-lralives (pi'ii celles du palais,
(j'ite loi lin l'orcasio 1 de h rliule' d'uT
granil nombre; mais elle fit beaucoup do
martvrs; car il y • ut iuk* muliiliidede Ibnc-
lio r)air(!s ipii p((''|V'r{''rent la perle de leurs
places et la mort même à la p('rl(! de leur
foi. .\ii nomh.c d ■ ces sairiK di-l'i-iseiirs (b-
la (Il vinil('' de J(''Mis-Cliri-t fut -aiiil Armo-
gaslo, (pli était de \ ite. ()!li ier de Tliéodo-
rie, lils ,ie ('ieii.s(''ric, il av.iil h' tilic de comte.
Non-seuleinciit o i le priva de sa charge,
mais en.ore on lui lit s()uirrir divers tour-
ments; on lui séria 1 -s jambes et le front
av c des cordes excessivement forUîs, puis
on Io tr:t pendu par un pieil la léte en bas.
Da )s et étal, il gardait un calme et une
traKphllité aussi {>arfait • (pie s'il eilt et •?) i o
poser dans son lit. Théodoric voulait lui
laire couMer la l(Me; mais son p: être nommé
Jnioiidc lui dit : a Princ, si vous le faites
mourir ain>i, il sera honoré comme marlvr,
tandis cpie si vous le fdtes périr par des
tou nienls successiîs cl lents il n'en sera
pas ainsi. Ne le laissez pas conquérir la
gloire d'élre honoré i)ar les siens conune
u'i m irtyr de sa caus(!. »
Ce Joconde, qualilié prêtre de Théodoric,
est très-certainement Joconde, patriarche
des Vandales, attaché à la maison de Théo-
doric. Ce [)rincc, suivant le conseil de Jo-
conde, envoya Armogaste creuser la terre
dans 1 1 liyzacène. Dejiuis il ordonna qu'on le
pré^;Osàl à la gardj des vaches dans les envi-
rons de Carthage. »ienl(jt après le saint
homme mourut, et Félix, intendant de la
maison du lils du roi cl secrètement catho-
lique, l'initerra au pie 1 d'un arbre, que le
saint lui av, lit indi({iié dans un toinb.'au m.i-
gniiiqiie en marbre blanc, qu'il y trouva e:i
creusant la terre.
Victor raconte ensuite îo co nbat ('e Mas-
cule , chef do comédiens. Quelques-uns
veulent qu'il se noinm t Arquinime, et fût
de la ville de Mascule en Numidie. On em-
ploya tous les moy^ens possibles pour le por-
ter à abandonner la leligion catholique. Le
roi lui-même lui tilde grandes promesses :
rien ne |iut l'ébranler. Le roi donna alors
l'ordre que s'il montrait de la crainte et vou-
lait abjurer quand il verrait l'épé." levée p.»ur
le frap[)er, o 1 1 exéjutat immédiatement;
qu'au conlraire s'il se montrait ferme et ré-
soh), on ne le f.t p. s mourir. Au moment
du supplice, il montra un courage que rien
ne i)ut ébi-anler; alors on le ramena sa s lui
faire aucun mal. Ainsi, le roi, diabolique-
ment inspiré, put bien lui ravir li couronne
du martyre, mais ne put l'empêcher d'être
un des plus glorieux confesseurs de cette
épo jue lamentable et illustr.'.
Sature était intendant o'Hunéric. Rien ne
pouvait l'eng'.ger à dissimuler sa loi. Un dia-
cre arien , nommé Marivadc , ne pouvant
Ii83
VAN
VAN
f28i
5iipporl»T II sniiil(> liberU' di^ cet o.Ticicr,
s'en plaignit. Huiirric vo ilut le coitraimlro
h ombr.i>ser l'iiria lismojiii prometla il hnn-
iii^rs et ricJit'sses s'il a((ej>(ait, et le nip-
Maganl,en cas Je refus, dos plus cruels sup-
plices, rt Je c()iifis(]ner.'ii vos hieis. lui dit le
prince, si vous n'obéissez : je vendrai (Oinine
esclaves vos enfants, et n)arierai voire fciume
en votre prés(«nco h un conduiteur de rha-
nioaux. » Sature les pressait devi-cutcr leurs
luen.ices ; sa fiMume les supplia de dilférer;
puis, démon tentateur, elle vint vers son
mari, accompagnée do ses ont'anls.ct (it
près de lui tout ce qu'elle put pour le porter
a obéir au prince. Tout lui mutile, Sat ro
roslii inébra ilable. Alors on le (h'-poudia de
ses vêtements, et après lui avoir fait souf-
frir divers tourments, on le i' nvoya connue
u"i mendiant, et on lui défendit do parailio
jamais en public (Toy. son article.)
Saint Seivo, homnio considé.ablo do la
ville de Tnburbo, (Jans la grandie IMo.o'.isu-
laire, soulfritau-^si de très-grands tourments
sous (lOnséric. Hnnéiic lui fournit aussi [)!u>
tard la glon-e de confeiS^r giori usemei.l le
romdeJésus-Clirist.ll.y eutdeseonfessi'urset
dos (iiartvrs jus(|ue parmi les V^indalcs »mix-
mèmes. De ix frères vandales confessèrent à
plusieurs reprises la foi sous Genséric. Di-
gila, mariée à un maître d'lh'»tel du roi, con-
lessa à plusieuis fois b- nom de Jésus-Christ
sous (lenséric, et cueillit sous son succes-
seur la p;dme du martyre.
Après avoir ainsi peiséeuté avec acharne-
ment les oITioiers de son palais, Genséric fit
ferau'r les églises dos catbolepies à Cartilage
et envoya en divers 1 eux d'exil les prêtres
qui le^ desservaient. L'Iiglise deCarlhage de-
meura dans cet état (léplor.ibie jnsipi'on
l'année i77. L'empereur Zenon, ayant dé-
puté en .\fri(pie le patricc Sévère , ohtint
qu'on I ouvrit ces églises. Les prêtres funnit
r.i()pelés d'exil. En i77 la paix fut conclue
entre Genséric et Zenon.
Peu après, Genséric mourut dans tont l'é-
clat de sa gloire et de ses succès. Dieu fait
doue bieo peu de cas des couronnes et des
gia ideiirs de ce mond(>, puistpi il acionle la
jjraiideur, la ()U ssauce, la gloire, d s triom-
p:ies incessants, e i un mol, toutes les |) os-
périlés qu'un roi pt'ut dé-sirer en ce monde
à un b ul)a;e f toci» et perlido, à im arien fu-
ribond, à 11 i onn.'mi acharné do la religion
sainte i|u'd a do:in'>e au monde. Il mil da°'s
son le>l.iiu(!nt une loi ipii portait que ce se-
rait toujours le |(lus Agé de sa descendance
en ligno masculine qui serait riu des Van-
dales.
Uunéric monta sur le trône. Il alTecla d'a-
|)or I la p us gr.iii le douce. ir : les caltu)li-
ques eux-mêmes ourml tenir do gra..dos
assemblées; ma s bienlôl il le leur défendit,
et prit occasion de lil pour les persi-culer vio-
lemment. Il commença neamuoins par persé-
cuter particulièremeul les manichéens. A la
suil«î d'un traité de paix el dalliauco (jui fut
fdit entre llunéiie et Zenon, par I intermé-
diaire d'Alexandre, intendant lie l'Iai idie,(iui
i^lail alors h (>)nslanlinople, on nomma uu
évèqueà Carlhage. Il y avait vingt-quatre ans
que ce siège en était privé. Zenon obtint
d'Hunéricfpi'il en laissât nommer un. Comme
les tidèles étaient aNsem.di'-s dans l'église, le
18 juin, qui était le jeudi en 481. Huné-
ric y envoya Alexandre pour faire élire un
évêque, avec son secrétaire nommé Vitha-
red, qui portait un édil pour l'élire publi-
quement. Il leur (bVlarait par cet édit qu'il
trouvait l)on qu'ils élussotit un évêtpjc h.
Carlhage, et que de môme dans loules les
églises d'\frii|no, ceux de leur communion
eussent lib nté d > célébrer la messe, de prê-
ch r en telle langue qu'ils voudraient, et do
faire comme ils voii Iraient tons les aultes
exercices de leur religion. Il ne parle point
d'élire d'évèque dans les autres églises. Fl il
soiuble en oifet ([uo colles do la Proconsu-
l.iire el de la Zengilano n'aient plus eu cette
liberté depuis la mort de saint Doogratias.
Il ne se trouva on iSV que citKpiante-ipiatrc
évê quosdans In Proconsulairo,où l'oncompie
I)lus de cent é. êchés et même cent soixante-
quatre en y comitromnt la Zengifane. Cotte
partie de l'édit d'Hunérie fut sans doute bnn
agréable aux catholiques. Mais Hunérir ajou-
tait que c'(''tait h condition (]uo les évoques
do sa communion auraient aussi, à Conslan-
linople et dans tout ri)rient, la liberté d'en-
seigner le peuple en telle langue (pi'ils vou-
draient et de faire tous les exercices de
leur rel'gion ; et (]ue si on ne leur donnait
pas celle liberté, l'évêijue do Carthago avec
son clergé et même tous les autres évêques
d'Arri(]ue, el leurs ecclésiastiques seraient
enoyés parmi les Maures.
U le condition >i importante et si fAcheuso
partagea les esprits d ns l'assemblée. Le peu-
ple, sa is songer h autre chose, voulait un
evêiiuo. .Mais Victor de Vite, présent à tout
ceci, elles autres cpii avaient plusde lumiè-
res et plus de prinlence, gémi>saienl entre
eux et se d.saient tout bas que celait assu-
rément un piège qu'on leur tendait pour
faire une perséi ution. El comme d'ail'ours
ils no pouvaieU pas consentir .^ la liborlé
(pi'Hunéric voulait qu'on donuAt aux ariens,
(ians rOiionl.ce (pii était un bi>'n plus grautl
mal que tio laisser l'Eglise do Carlhage sans
évêque, ils direnl à l'ambassadeur : Si ceito
église lie peut avoir un évêqiio qu'à des
( ouilitioiis >i dangereuse^ , elle non veut
point avoir; Josu>-Chrisl la gouvernera, s'il
lui plail, lui-même, comme il l'a gouvernée
juxpi'a |>ré>ont.
L ambassadeur no se mil pas en peine do
ci'tio |)ioiesi,ition , ce ipii |v»uvait donner
lieu .^ \ uior et aux «ulres «pii s'elaionl d"a-
bord opj)Osés à réic.îlion, déjuger ([u'Huné-
ric se ile^-i^tait d(>s condilion^; qu'il avait de-
mandées, ou qu'au moins «Ml ne pouvait plus
M'élendre de les y obliger. Et de plus, tout
0 peuple demandait avec tant do cris el avec
une ardo'.ir >i vioiento qu'on procé.iAl .^ l'é-
lection d'un évê<|vie, (piil ne lut pas possible
do faire auUomenl. Ainsi on éleva h colto
dignité Eugène, (pu inaii un homme saint el
sol.)n le cœur de Dieu : ce qui combla l'E-
gliseralholiqiicd'unelello joie, qu'il semblait
I
1i>S.'?
VVN
VAN
mn
»|ir('ll(' m> scnlît plus les mniu qn'iino (î.)-
ininalion l),'irl);ii't! lui lais.nl sniillVii'. Uu lirs-
l^raïul houihic de jeunes i;mroiis cl (|(> jeu-
(tt's lillcs, (|ui u'avaicMt j.iiiiais vu ({'('Vt^tiim
assis sur sa cliaiit' (''pisioitalc, claicnl ((mix
(|ui iMcii/iiiMil II' plus (le pail h celle réjouis-
^au('e puhliipu*.
(le ipii y (((iitrihuail heaiicoui) el avec' plus
(le rniKjcineiil h ré^ar.l des autres, (Uail la
verlu (l'MuiAèMe. I.epape (li'lasc daus sa Icl-
(re aux év(\pu's de Daida'iic, pai'la'il d(! la
^éuéntsilé «vec laipielle il souliid la vérilé
(-outre Iluuéi'ic, le qualilic un ^laud linuuue
et iiu e\celleiil pic'lat. Saint (Icéf^nire de
'l'ours l'appelle un lioinnu; d(> grande pru-
dence, d'une aihnirahie saiiilel(', et le plus
giaml orneuieiit de ia d gnilt' épisiopale.
r.el houinie do Dieu se rendit hientot vé-
nérahle à ceux nuMues (pii n'élaient pas de
la connuuMion île rivj,lise, |)ar la sainteté do
sa vie ol par réclat (le ses bonnes œuvics.
Pour les i'alIioli(pies, il i;a,u,na lelleiueni tous
, ..j-,,.^-,..
les eu'iu's, (jue eliaiun se l'i\l est un' heureux
(le pouvoir perdre la vio pour lui. On ne
saurait assez louer riiuaiililiS la clKirilé, la
rietô et la bonté (jue Dieu lui avait d.inné> s.
,a Providoncedivino lui proeura des moyens
de taire tant de chantés et d'auniùno-;, qu'on
ne concevait jtas eonuucnt il pouvait fournu'
h tant de dé|)enses, en un temps où riîglise
n'avait pas la disposition libre d'un écu,
les barbares tenant tout. Il est certain (luo
l'argent ne demeuiait point entre ses mains,
que lorsqu'on le lui oH'rait si tard, qu'il ne
pouvait plus sortir [tour le distribuer à
d'autres. 11 ne s'en réservait qu'autant qu'il
lui sidlisait pour chaque jour, et non au-
tant que la convoitise l'eilt demandé. Dieu
se plaisait aussiàhii envoyer dejourenjour
de plus grandes sommes d'argent à dis-
tribuer.
Les catholiiiues avaient bien eu raison de
craindre les arrière-pensées d Hunéric leur
accordant l'édit qui i)ermettait l'élection d'un
évoque : car ce piince se mit presque immé-
diatemcnt h persécuter les catholiques. Il
condamna (jamath, un dos principaux, de sa
cour, à travailler aux vignes, et à être fouetté
tous les mois, sans avoir d'autre nourriture
qu'un peu de pain et d'eau. Ce malheureux
[)assa ainsi cinq ans. On vit immédiatement
après le prince barbare faire mourir, en l'ac-
cusant d'un crime supjiosé , la founue de
Théodoric, puis ensuite le lils aine de ce
prince. Mais la stupéfaction IVit bien plus
grande encore, quand il fit publiquement
brûler au milieu de Carthage le patriarche
arien Joconde, sous prétexte qu'il était trop
ami de la maison de Théodoric. On jugea
alors ce qu'on devait attendre d'un pareil
l'orcené. Cyrila ou Cyrille succéda au pa-
triaicho arien Joconde. Après la mort de sa
femme 1 1 de son lils, Théodoric fut lui-même
envoyé en exil, dépouillé de tout, sans même
un valet pour le servir. Ainsi les persécu-
teurs d'Armogaste et de Sature trouvèrent
leur punition. Après cela, Hunéric fit mou-
rir pour des crimes supposés un grand nom-
bre de comtes et de personnes qualifiées de
In cour. Il l'il <b'iapiler lli-ldicn, minislic de
son père, «pie Ir vieuv roi inouiaril lui avait
parliculièremenl recommandé. Ln f(!mme dd
ce iiiiiii.slie fut brOléi vive avec, iin(! aulro
daiiii-,
HienlAt la sainleléde .sninl Kii^i'^rK! jela un
si viféclal, (pie les ariens en coiiçiirent urm
exiréiiie jalousie, (lyril.i, paili( iiliereiiienl,
inventai! chaipie joiuMpu-lipH' calomnie con-
tre le sai'U. lluiK-iic lui dél'mdil eiilin, h
leur instigation, di; s'assccur sur sou lrùn(5
épisco|)al, de prêcher et de soulliir daris son
église aucune personne, lio c on fcniiiK!,
ipii \'ù[ velue a la vandale. Le saint ('-vêipio
répondit (pie la maison du Seigneur dt-vait
être ouverte h t(»ut le moinle, sans que nul
pot en ( hasser ceux ipii y V(judraient en-
trer.
Hunéric, ayant su cetle réponse, fil rnellre
des bourreaux aux portes de r(''gli.s(;, (jui,
(piand ils voyaient venir des hommes ou des
femmes habillés en vandales, les tiraient
avec violence par la lête avec d(!s bâtons
pleins de dents (]u'ilsentor.illaienl dansleurs
cl.eveux, et leur arrachaient ainsi avec les
cheveux toute la peau de la tète. Cetle
cruauté lit perdre la vue h (piel;|ues-uns
(•t on lit mourir plusieurs autres. l'A pour les
femmes, après (pi'on leur avait ainsi ariaché
la peau, on les conduisait par la ville avec un
huissier (lui marchait devant afin (pie tout
le monde les pilt voir en cet état. Mais elles
trouvaient k-ur gloire dans celte dilfamation
publique. Beaucouj) d'hommes et de femmes
furent liailés de la sorte. Mais nous n'en sa-
vons point, dit Victor, à qui la rigueur de
tant de tourments ait pu rien faire faire con-
tre son devoir.
Hunéric, voyant qu'il ne pouvait ébranler
par ce moyen "la fermeté de leur foi, défendit
de donner ni gages, ni vivres, ni quoi que ce
filt aux catholiques qui étaient dans sa cour;
et outre cette inhumanité, il les fit accabler
par des ouvrages pénibles. Ainsi, il envoya
des personnes de condition et f trt délicates
faii'O la moisson dans les plaines d'Utique,
durant la plus ardente chaleur du soleil.
Mais au lieu de s'en aftligor, ils y allaient
giiement et se réjouissaient au Seigneur de
souffrir {)our lui. Il s'en trouva un qui, ayant
depuis plusieurs années une main paralyti-
que dont il ne se pouvait du tout aider,"re-
présenta qu'il était absolument inca[)able du
travail qu'on lui demandait; et on l'en pressa
encore (lavantage. Lorsqu'ils furent arrivés
dans le champ, tous se mirent en prières et
particulièrement pour celui qui avait cetle
main paralytique ; et Dieu par sa bonté gué-
rit à rinstanl même ce confesseur de son
saint nom.
Tel fut le coramenc ^ment de la persécution
d'Hunéric et des maux que lEglise souffrit
sous lui. Ce tyran, après s'être défait en peu
de temps de ceux (lu'il appréhendait, croyant
avoir bien afï'ermi une couronne qu'il devait
bientôt perdre et n'avoir plus rien à craindre,
tourna alors comme un lion rugissant toute
sa fureur contre l'Eglise, apparemment en
482. Il commença par faire une expresse dé-
«i87
VAN
TVN
n88
fon<;c î> tous ceux qui ne sernienl pas nrions,
rt't'iorrcr aucune charge dans son palnis, ni
•].' faire auriinc fonrliMU imlilipio; ce qui
fui cause ipiii i grand iionihit'dt' oalhnliqiics,
par une constance invincible dans la foi, ro-
nonrèrrnt h leurs niplois. Mnis n"n ronloiit
de retraitement, ri les chassa d. 'puis de leurs
maisons, les dépouilla de tous leurs biens et
les relégua dans les îles de Sicile et de Sar-
daiççne.
Il ordonna ou fut près d'ordonner que par
trtulc l'Afrique, quand un (l^vèque serait mort,
son bien serait appl (pié au hs. ; et que ce-
lui qui lui succéderait ne pourrait être or-
donn»' qu'après nvoir pnyé une certainesom-
me d'argent. Mais ses oiliciers lui remontrè-
rent que si cela avait lieu, les évèques de
1. ur secte seraient traités encore plus mal
dans la Thrace et dans 1 • reste de lOiien».
Ain^i Jésus-Christpar sa boité détruisit aus-
sitôt cet ouvrage que le démon tâchait d'é-
lever.
Hu'>éric fit depuis assembler les vierpes
consacrées à Dieu ; et, contre toules les lois
de la j)U(lei.r, commit des \"a!i(lales et (h s
sages-femn)es de sa nation pour les visiter,
sans que leurs mères ni au( une dame cn-
tholiipie fussetil présentes ; puis on les
suspendit en l'air avec des ftoids fort pe-
sants aux {)ieds ; on leur a[)pli(pia des lanus
de fer toute rouges sur le dos, sur le veiitre,
sur les mamelles et sur les cotés, et au milieu
deces épo.vantables supplices, on I urdisait:
« Avouez donc de quel e sorte vos évêques et
vos ecclésiastiques abusent devons. »Car
ce tigre espérait poT lUrouver un n oyen de
déslmnorer l'Eglise et avoir un prélexie | our
colorer la lersécution générale qu'il voulait
faire et (ju'il fit bientôt après à ses mini.'tres.
Mais il ne pu! rien trouver de ce rpiil dit r-
chait et juslili.» ainsi la sainteté de ceux dont
il piéle. dait découvrir les crimes. La plu-
nait de ces saintes vierges mouiu;eiil dans
les tourments, et celles qui survéïuienl,
ayant la [)eau toute giillée. oemeurèn nt
courbées durant le reste d(^ leur vie.
Cette cruauté d'Hunéric l'ut donc une il-
lustre pr(njve de la pureté des ministres de
l'Eglise dans l'Aiiifi .e. Mais innocents ou
coujiables, il fallait ks (lersécuter. Le tyran
fit [trentlre justpi'îi irès de cin(| mille persrci-
nes. évéïpits, ji êtres, di.icits on autres
membres de l'Eglise, c'est-à-dire apparem-
nunil des ec( lésiiisli(pies ; car il .semble qu'il
n'y eut pas de têmmes. Kt les enlaiils liont
il y est parlé pouvaii ni être des le. tiMU's. Ils
étaient lou> apparemment ci»m| nbles davnir
célébré uu aidé à < éléhr.r 1 'S divins mystè-
res d.ins les terres des Vandales, cfuilre les
défenses d Huiiér c, fni au moins contre et 1-
les tjt; st»n père. Qutu ipi'il en soit, Hunéric
condamna tout il'un ct)U|> près de cint| mill(>
personnes h être reléguées dans les déserts.
Qiii pourra t, dit Victor, rappi>rlt>r sai s
larmes une hislttire si tr.i.;i(|u<! ? Parmi ce
grand nombre «le cofifess.ur'. il y en avait
0'act;ablé.s il.: gtiulte>, d'autres si j^gés qu'ils
éiaienl devenus aveug'cMle vieillesse ; et
entre les autres, saint léiit, évêque ilAbbir
ou d'Abder dans la Proconsulairc, «lepuisi^
ans, était tellement paralytique qu'il n'avait
plus ni sentiment ni f>.'iroIe. Victor tie Vile
et d'autres, voyait ipi'il ne pouvait pas même
aller h cheval, tirent prier le roi de trouver
bon que, puisf|u'on ne prmvait l'emmener
en exil et ouil ava;l si p u à vivre, il de-
meunU à Carihage. A tpioi on dit que ce
jirinre répondit en fureur : « S'il ne [,eu( al*
1 ir à (heval, ipi'on l'attache avec îles cor.ies
h des bœuls qui le tiaheronl où j'ai com*
mand '• qu'il aille. » Ainsi on f t contraint île
le mettre "n travers sur un mulet, comme ttn
ferait un tronc il'arbre et on le mena de la
sorte durant tout le chemin. Vit tor île Vile
et divers autres qui n' talent pas du nombre
«les co-^fesscurs, les accompagnai- nt pour
leur rendre tous les services po^sil les. El
ainsi on ne peut désirer te plus fidèle té*
moin de leurs souffra-^ce^ que ce saint évè-
que qui en continue l'histoiie en ces ter-
mes :
n On assembla tous ces fidèles confesseurs
du nom de D eu dans les vi les deSitque et
de Lare | our les meltie entre les mains des
Mtures. qui les devaie-^t m ner dans le dé-
sert. 11 vi 11 \h par un ar ilice du diable dei.x
comtes vandales i|Ui s elfor. en nt par de bi lies
paroles de les tmiler. Pourquoi, leur disaient-
ils. Ôles-V( us si opi'iâties, et refusez-vo s
d'obéir h notre roi, dont vi,us f)Ouvez en-
core «voir les boni es grAres et être en liOi,-
mur auprès de lui si vn»is failes pronq te»
ment i e qu il vous ordonne ? Sur cela, t ha-
ciin s'écri I dune seule voix et f.vec grand
liruit : n Nous sonunes chréliins: nous S( lû-
mes catlol tpies ; nous cenfi sons la Trinité,
un seul D eu immortel et inviol.ib'e 1» Après
celle réponse, on h s enferma dans une pri-
so 1 assez rude, mais qui n'était [)as si étroite
qu'elle fui depiii-. Car on permettait h leurs
nm s d'y entrer, d'v faire des exhorlations
et tl'y célébrer les dfvir<smy>tères. 11 y avail l.\
plusieurs enf nls, que leurs mères suivaimit
pai' celte atleclio-i tpii leur es! si naturelle,
mais avec des sentiments bienditVérenls. Car
les unes se réjf)uis^aienl d'avtur mis au
monde des martyrs, et les autres, pour déli-
vrer de la mort linirs tnifanls, l.UliaitMil tIe
leur persuader de se faire rebaptiser et do
renoncer parce moyin d la vraie foi. Toutes
leurs llalteries et leurs caresses ne pureiil
néanmoins en gagner un sind ; et celle len-
ilresse cl arnelle ne fut pascapable dallaiblir
leur courage. »
Victor rapp' fie sur cela une histoire dune
mère b endiirérentc de celle-ci et vrainunt
ailiiiirabb'. Ltdstpie l'armée tics serviteurs
de Dieu était en inar.he, plus dur.inl la nuit
que dînant le jour, à cause de l'exlrême ar-
tieur tlu solinl, nous vime<, tlit-il, une femme
fort .'igée tpii,trunc main, j'orlait un sac et
quehpies I anies, et ten.iil île 1 autre un en-
fant auquel, pour l'encouiagtv- .'j marcher, elle
parlait on c«'tte sorte : <« Courons, mon (ils,
car vous voyez ave.' qiiell' joii; tous les
saints se hAlt*nl d'allt>r recevoir des couron-
nes. » El sur ce que nous la rcpiiinesconiino
une imporluiie de ce tpi'elle venait ainsi so
i2«a V\N VAN liOO
joiiiilrc ?\ niic lr()ii|ir (riinnimcs cl liuiiMcr dt» gi'nrrnix «oiilV^snirs : son firsir fui hich-
1
a «•niii|i.ij;Mi('tlcs Miiiils, elle i(''i»()U(lil : "Dnii- liU .ictumiili ; <-.ir il souHiil itliisinirs looi-
110/ -lions v(Mn> lu'>ii('Mli( lion, mes IN^rcs, cl nicnls, odln; loulcs I«*h iti<:oinnioilil<'*H (l'un»
prie/, poni' iMoi, je vous sii|i|)lic, cl pour cfl ci iidlc piison, cl s'en .ill.i iivfr joie dans l'i-iil
oiifanl qui est nioii |tclillil>; car, lonic |m'- aiii|uc| on lo comlanina cl t|n'il av.iil tant
cluTcssc (|n(«jo suis, j'ai on pour prio l'cvâ- ih-sin^. Cela arriva en '»HV, aprc» la vanté-
i]\\(\ (le Znrilc. —('onunciil tloiic, Ini icpar- rciicc pour l/cpn-llc il clait venu /i ('arlliaj;p,
linics-iions, (Mcs-vons en si inanvais cipii- cl l'I'lj^lisi' l'Iionoie le 12 octolirc, avec In
j)aj4;(\ cl pounpKii vonc/.-vous ici do si loin ? c(Mnpa(j;'no d('s cin(| inillo conlcsseurs h lo-
— J'y vi«Mis ponr aller en exil .ivcc cel (Mi- (piellc il avail sonliaih- si fo, l d'èli»' uni.
fnni, rc'pontlil-cUc, i\c. <'rainl(> qno U'. déiiiou J)(î lonlivs parts les cat'ioliipn-s accoii-
\o Ironvanl soil ne lo fasse sortir «in clio- raient pnnr voir les saiiils niarl,>rs do la foi,
min (le la vcrilé pour lo pn'cipiler dans une I. es paroles de coiisolalion ipTils leins adrcs-
niorl (Mcrnello. » Nous adinirAnnîs la foi (;l saicnl , nuMoes aux nlainles (ju'ils ne ixiu-
ia oonslance de cclhï gt'iUtVouso founne cl no vaienl s'oinpAchor (l'exhaler contre fours
pi^nios dire autre clioso, sinon : « La volonté pcrsi'cuteurs , irrih'-renl liès-foilenienl les
do Ditni soit faite ! « ariens, (|ui d('>fi'iidir(.'nt (jue per.soinie doré-
Quaud les onnouiis do J('sus-Chrisl virent navanl a[)prochAt dos saints ooiifesseurs.
(pi'ds no pouvaionl corrompre la foi d'ancun Quant h ceux-ci, on les faisait parcourir à
de SOS serviteurs, ils les resserr('rcnl tous niarclios forcé-es la (lislance (jui les s(''|»arait
dans do nuM'hanles ohaniL»ros trùs-peliles, du j^iito de clwupie soir, Los vi(!illards et les
oh on leur rofus.i la oonsolatio-i do recevoir enfants (pie leur faiblesse et la f.iti;^n(.' em-
auciino visilo;o.ir on donnait (piantilii de pôcliaicnt do suivre avec fornu'lé, les njala-
tonps do hAion à leurs gardes lorscju'ils le dos, étaient l'objet dos plus indignes traite-
soulfraiiMil. Mais de plus, comino les lieux monts : on les piipiait avec des javelots, on
où l'on avail ronferiné les saints étaient très- leur jetait dos pierres pour les forcer h mar-
étroils , ils s'y trouvaient réduits h être cher vite ; (juanl à ceux qui ne pouvaient
comme di'S troupes do sauterelles ou pour ])lus maichor du tout, on ordonna aux Man-
parlor phis pro|>roinout, connue dos grains res (}ui les conduisaient de les attacher par
d'un froment tros-|)nr, entassés les uns sur les jtiods et de les traîner connue on fait
les a'itros. Et ou n(; leur [>ennottail |)as d'on dos bûtes mortes qu'on mètie à la voirie,
sortir i)Onrsatisl"air(> aux nécessités delà na- Bionttjt, les habits étant déchirés, les ron-
lure, de sorte qu'il s'y forma une corrup- ces, les pierres déchiraient la chair, et de
lion dont la puanteur iîisnppoitable surpas- bingues traces de sang maïquaient l'alfreuse
sait tous les autres genres de supplices. A route. Aux uns, quand les chevaux s'em-
poine pi^mos-uous obtenir, dit >'i(tor, par portaient, les i)ierres brisaient la tête ou les
de grands présents que nous fimos aux membres. Quand on fut arrivé au désert où on
Maures qui les gardaient, d'aller visiter ces les conduisait, on les nourrit avec de l'orge
saints durant que les ^'andalos dormaient, et comme on en donne aux chevaux ; plus tard,
e'i entrant nous enfoncions dans l'ordure on leur ùta mome ccti.e nourriture,
jusqu'aux genoux. Alors on vit l'accomplis- Victor de Vite accompagnait ces saints
soiuoîitdo cotte [larole de Jérémie : « Ceux confesseurs de la foi ; quand on le lui per-
(|ui ont été élevés délicatomont sont main- mit, il revint à Caithage, où il fut témoin
tenant plongés dans le fumier,» d'une nouvelle abomination. Cyrila, patriar-
Après qu'ils eurent passé quelque temps che arien, ri>is|)irateur de tous les crimes
on cet état, les Maures leur diront enfin dHunéric, lui persuada que, s'il voulait que
avec un grand bruit de se préparer pour son règne fût heureux, il fallait qu'il exter-
achever le voyage qu'on leur avait ordonné minât, dans ses Etats, jusqu'au nom des ca-
do faire. Ils sortiront lojour du dimanche on tholiques. li demanda une conférence : Hu-
Tétat que l'on se peut imaginer, après avoir néric donna un édit dans lequel il disait que,
croupi si lo igteinj>s dans une telle corrup- désolé de voir la division régner entre les
lion. Los Maures ne laissaient pas néai- chrétiens de ses Etats , il voulait qu'une
moins de les maltraiter encore en les me- conférence eût lieu pour mettre tout le
nani, et, au milieu de tant de maux, ces il- monde d'accord, et qu'il ordonnait que tous
lustres confesseurs cliantaienl avec joie au les évèques catholiques s'y rendissent. Saint
Soigneur : « Tous vos saints vous gloritient, Eugène présenta un mémoire dans lequel il
mon Dieu, en cette journée. » Le bienheu- disait que, comme il s'agissait de la foi, il
reux Cyprien, évoque dUniziber,daus la By- désirait, pour accepter celte conférence, quo
zacène, les consolait d'une manière admira- toutes les autres Eglises y fussent aussi invi-
blo, car il les aimait tous comme s'ils eussent tées. C'était un concile que voulait le saint évè-
élé ses propres enfants. La compassion qu'il que. Hunéric, qui voulait absolument exé-
avait de leurs soulfrances lui faisait verser cuter son détestable dessein, lui lit répondre
des ruisseaux de larmes. Si on le lui eût per- par Obade , qui gouvernait sous lui tout le
mis, il se serait rendu le compagnon do leurs royaume : « Assujettissez toute la terre à mon
peines, et aurait donné pour eux sa propre empire, et alors je ferai ce que vous me de-
vie, comme il avait employé ses biens à les mandez. » Saint Eugène représenta qu'oQ
assister; et étant déjà de coeur et par sa vertu lui demandait une chose impossible, au lieu
confesseur du nom de Jésus-Christ, il ne d'\me très-facile qu'il avait proposée. « Car
cherchait que l'occasion d'être associé à tant tout ce que je dis, ajouta-t-il, c'est que si le
DicTioNN. DES Perskcitions. IL 41
1*01
VAN
V\N
iï?î
roi <l(^sirc ronn;\tIre notro f«»i, qui osl la scnic
vf^ritablo, il n'a qu'h mander ceux qui sont
dnn*; ces scnlinuMit'î. JtVrirni aussi ,'i mes
ronfrôres, et parliruli^renicTit à rEj^lisp ro-
maine, qui est le chef de toutes les E-çUses;
et ainsi nous pourrons tous ensemble vous
d(^eiarer quelle est la foi que nous tenons
tous. — ^ ous vous <^;.ialez donc an roi mon
inaifre, repartit (^hailo? — Nullement, r«''[)on-
dit Eiiiï(-ne ; mais pnisque notre cause est
celle de toute l'H^Iise catholique, je puis de-
niandiT que toute cette E^li.se rc/onde avec
nous. »
Hunéric, qui n'avait cherché qu'une occa-
5ion de persécution, tourmenta de diverses
manières les plus lialules parmi les évèques
catholiques. Donatien avait été banni, pour
1.1 sei onde fois, dans un lieu appeh'' A'ibiane.
Avant d'v ùtre r.'^l»''ij;ué, il avait rrM-u cin-
quante coups de bAton. Préside de Safetule,
dans la Byzar^ne, fut relc^ué au infime lieu.
Mansuel d'At'ut. (iermain de Pérédame, Fi-
litiose d'A;j:a;ar, furent bannis au môme en-
droit. Il dMV'ndit qu'aucun catholique man-
geAt avec les ariens.
Félix, qui venait d'être élové h la papauté,
en vovant ce que souffrait l'Eglise (rAiri(|ue,
écrivit h ce sujet aux l('';.^als qu'il avait k
Constantinople auprès d;; l'empereur Zenon.
Celui-ci prit h cneur cette alfaire, et envoya
des députi''S h Huiiéric , mais ils ne purent
réussira rien.
Cep-ndint les t^è {'ics avaient consenti h
la fatale conférence : on les y Oal traîné en
cas de refus. La conférence était déjh ou-
verte depuis plusieurs jours : on n'avait c(?-
pendant paih" encore ûc rien, parce (lueHu-
néric voulait intimider les défenseurs de la
foi. Il lit emprisonner et mfxirir. pour des
crimes supjtos'S, plusieurs évè(pies. Le|)lus
célèbre est saint Lœlus, qu'd (it brû'er vif.
La confiMcnc» conimença enlin ri'elhnnc t
le 5 fi'vrier. Les catholiipies avaient noiumi'
dix d'entre eux pour prendre la parole au
nom de tous les aulre-^. Cyrila arriva avec
SOS satellites et d.'s soldat*, et monta sur un
trAne riche et élevé, les catholiques restant
debout. Il snmltlait venir ccinnuc .juge et non
pas comme nieiubre d'une contérence. Les
cathiliipies alors demandèrent «piel serait le
juge chaciié d'examiner ce qui se dirnit de
part et d autre ; alors le secrétaire du roi
prit la parole et dit : « Le patriarche C.yrila
dit » Les catholiques, indigiii's. deman-
dèrent de (piel droit Cyrila prenait un tilre
qui lui appartenait si peu ; alors les nriens
firent taraud bruil. Les ca holiipies deman-
dèrent qu'au moins le |)euple liU ju.;e de ce
qui .«îe (lirait de part et d'autre et (pi'on le
laiss.U entrer. Tli ii loin d'y ct»nseiilir. les
nriens liient donner cent cou^'fs de bAton à
tous les laïques qui étaient présents. Saint
Eugène s't'cria: t Voyez,, mon Dieu, de quelle
nnrU) on no»is opprime, et soyez, leju^i* d(>s
violences que nos persécuteurs nous font
.^oiilfrir. n
Ensuite les catholiques demandèrent h
Cyrila de vouloir bien préciser les questions
.^ur lesquelles il d<''sirait qu'on enlrAI en dis-
cussion. Il s'excusa, disant qu'il ne parl.-il
l)as latin. Le fait est, et on le lui dit, qu'il
articulait un mensonge. Enfin, on en vint
au mot consuhslnnliel, (pie les ariens veil-
laient absolument qu'on hnir montrât dans
l'Ecriture sainte. Voyant hs catholiques
mieux préfiarés h lui répondre qu'il ne l'a-
vait su[»posé, Cyrila évita par toutes sor:es
d'artiliecs de leur laisser le temps de parler.
Les ariens publièrent que les catholiques
avaient tout brouillé par leurs violences.
Hiinéric onlonna dès lors que toutes les
églises catholi(pies , h partir du 7 février,
fussent fermées dans Carlhage.
Les catholifjues, rpii avaient prévu les vio-
lences qu'on leur ferait dans l'assemblée,
avaient rédigé un écrit contenant l'exposi-
tion entière de leur foi, et non contents do
l'avoir présenté aux ariens dans le cours de
la conférence, ils le leur envoyèrent encore
pir quatre des leurs, le 18 février : Viclor
de Vite a inséré cette pièce dans son His-
toire de la persécution dL-s Vandales. L'écrit
ne fut pas présenté au roi, il ne le fut (pi 'h
ses évoques, c qui revient absolument au
même. Les ariens, ayant lu l'écrit des catho-
liques, entrèrent en fureur, et ne jurent
soutfrir que leurs adversaires y prissent le
titre decatholiques. Ils persuadtVent de nou-
veau h Hunéric (jue les catholi<]ues fuyaient
la conférence et troublaient tout par leur
mauvaise volonté.
.Mors le roi publia son édit de persécu-
tion générale, daté du 2'* ou 2o de février.
Dans cet édit, ilonlonne que les catholifjues
n'auront aucune églisi- , et ne pourront
s'assembler en (piehjue lieu que ce soit. 11
dispose de leurs églises et de tous les biens
(pii en dépendent en fn-eur de ceux de sa
s.'cte. Il veut que les évèques soient chassés
des villes, ne [missent faire aucune fonction,
pas même bajitiser. S'ils ordonnent (}uel-
(pi'un , dit ledit , l'ordinateur et l'urdonné
payeront chacun dix livres d'or, et s'ils
persisIcMil à soitenir cette ordination, ils se-
ro 11 bannis. I! ne viMit pas (jue les laïques
puissent rien donner ni recevoir entre vifs
ni par t'stamenl. Il y est dit qu'ils seront dé-
pouillés do leurs charges, soit h la cour, soit
dans ladministratim ; ijuils seront com-
damn(''>^ h diverses amendes, chacun suivant
sa condition et sa fort me, dépouillés de
leurs lïiens, et bannis en casq l'ils persistent
dans leiirreligio i. Les livres pii soiiiieninnit
la doctrine de la consubstantialité doivi ut
èlre brOlés, L'édit exceptait de ces rig leurs
ceux qui 1 énonceraient ù leur foi.
Le l'juin de cetip année, avant de faim
pub iercet édilk (^irlhage, Hunéric l'envoya
d ms toutes les prininces. alin qu'il panll
et fit exécuté* partout en n\èine temps. Ainsi,
le même jour vit toutes les églises d'Afrique
frim^vs, et leurs biens donnés aux anens,
durant (pie les évênues étaient h Carlhage.
On mura les portes «le toutes les églises.
Après la pubhc ition de let édit, Htnéri(^
envoya dans les maisons rl'e la ville où lo
He lient les évêques. leur tit enlever tout ce
qu'ils posH^laient , ne leur laissant ni cho-
1203 VVN VAX H"4
val, ni sorvilrMir, pas iiir^iiic d'Imliils, liiti-inis * Jure/, (put \(»iis il.siit / ipi'n;!!/*"* l/i rriori
t('U\ (pi'ils jwaiciil sur eux. l'Jisiiilc il Irs du ini, iiolic iiiailic, IIiIi|<'tic, soi lils, lui
lit cliavscr (le la villi', avec ([(''rcii^c à luiil hî suc. rilc à K-i (••Mirniirir, cl mic nul (!•• voiiH
monde d ' les rcrevoir, di' les lo;-,'i'r, de Icin* n'écriiM /niciHH' Icllic dans (es pays d oiilro-
ricn l'oininr ponr leurs hesid-is. (.) licon pie nier; rar pourvu (pie vous le juriez, Sa Mn -
l'ei^l l'ail liai! iiieMaci' d'iMre liiillé vif .ivec. ,i<'slé vou-i H'Ialilii/i dans vos ^'•^lis(■s. » l'Iii-
toute sa faiiiillo. Tous ces prélals, (| oiijiie sieurs évi^ipics, dniil la piélé «'"lait plus siiri-
n''diiils à mendier leur eNisleiifi-, r('vsnlineiil pie, crurent pouvoir faircf (te seriiniil, iio-
de ne pas s'éloigner, parce (pu- s'ils l'eussenl. nolistanl la déleiisi' ipie Ji^sus-rinisl Inil du
lait, on les «'lit ramenés de force, el lesaiiiins jiu'er, île crainte de (humer suifl aux lid(''!e«
n'auraient pas maïupié de dire ipTils s'iMoi- de dire ipie, rmic de l'avoir lail, les ('•vi^pies
gnaieiil de crainle liii c(unhal. auraiciil (''li'* cause (pi'cui i:o leurautail point
Pondant i^uo dai s cel ('tal déploraUli» ils restitué leurs églises; mais d'antres, plus
(étaient réduits .^ s('jouiner hors des murs de prmleTits et plus avisés, ju;^^earit Itien (ju'il
la ville, e\pos('s h toules les injures de l'air, y avait s(mis cela (piehnie iiiaiic(t cachée, rc-
Uuiu'ric sortit pour «lier voir des ré^(M•voirs. il'us(''renl absolument do |)r('^ler co >eriiient,
lis allèrent tous ensemble ?» sa i-enco-ilre, ot et dii(>nt, poiu's'en dispenser, que l'autorité
lui direni : « (,>u 'avons-nous donc lait pour (hU'Kvan^ih; y ('tait contraire, nuisipieJésiis-
niériler d'(Mro traités de la sorte? (Jnello <ihrist a dit de sa propre bmiclic : « Vous no
lanU" avoiis-iieus commise? Si on nous a jurerez point. » A riieurc hm'-uw les minis-
nssemblés pour coih'rer , pouKpioi nous très du roi tirent séparer d'avec les autres
dé()ouille-l-on ? p(uu-(jnoi nous maltraite- ceux cpii avaient témoigné do vouloir bien
t-on? pouripioi ikÎus |)iive-l-on (1(> nos é.;lisis faire le seiinent , et d's tn-elhers écrivirent
et de nos maiso'is ? poniupioi nous fait-on leurs réponses, leni- nom el de cpu-lh; vi lo
périr par la nudité et par la faim, 0'\ nous ils étaient. Ils lii-ent mettre d'un autre côté
chassant hors de la ville et nous ré, luisant ceux (pii refusaient de jurer, el nussilAt on
à coucher sur le fumier? » Ce barl>are les envoya les uns et les autres dans des prisons
rej;arda d'un ù}A de fureur, et sans se don- séparées.
nor la peine d'écouter ce (jn'ils voulai(Mit On reconnut bientôt h quel dessoin Hu-
diro, il'conmianda à ses i^ardes h cheval de néric avait fait proposer ce serment aux
se jeter sur eux, ne se mettant pas en peine évèciuos ; car l'on vint dire <i ceux qui vou-
(ju'ils fussent estropiés ou tués, lî y en eut laienl bien le faire: « Pnis(jnc, contre le
en etlet |)lusie.irs , et j)arliculiéremenl des précepte de l'Evangile, vous ôles prôts à
vieillards et de ceux qui étaient faibles, qui jurer, le roi vous défend de voir jamais vos
furent forluiés, (jui em-ent des membres églises, el vous relègue dans les fermes, oîi
brisés el horriblemenl coiilus. Ion vous donnera de la terre h cultiver ;
Ensuite on ordonna à tous ces saints dvê- mais à condition que vous ne chanterez
ques do seriMidre au temple de la Mémoii'o : point, que vous ne prierez point avec d'au-
ils ne se doutaient pas du guet-apeiis (pi'on très, cjue vous n'aurez aucun livre, que vous
leur tendait. Ce temple n'était autre chose ne baptiserez, n'ordonnerez et ne réconci-
(|u'une ruine de cel ancien édifice que h.'s lierez personne. Et quant à ceux qui n'a-
\andales avaient détruit. Quand ils lurent vaient pas voulu faire le serment, on leur dit :
réunis, on vint leur présenter un papier « Vous ne voulez pas jurer, parce que vous
j)lié, en disant ces mots évidemment ins- ne désirez pas que le fils de notre prince
pires par le diable : « Quoique noire roi règne après lui : c'est pourquoi on vous re-
Hunéric soit fort mécontent de ce que vous lègue en l'île de Corse, où vous travaillerez
avez jusqu'ici résisté au commandement à couper du bois pour les vaisseaux de Sa
qu'il vous a fait d'embrasser sa religion. Majesté. » Il est remarquable que ce jirince,
néanmoins, pour vous témoigner qu'il lui qui servait de prétexte h la persécution de
reste de la bonté [lour vous, il vous promet l'Eglise, esl ce même Hildéric, qui, élant
de vous renvoyer dans vos églises et dans pai'venu à la couronne près de quarante ans
vos maisons, pourvu que vous juriez d'exé- après la mort de son père, lui rendit entiè-
cuter ce qui est contenu dans cet écrit. » rement sa liberté. »
Tous les évè(iues répondirent : « Nous avons Dans la Notice d'Afrique il n'est question
toujours dit, nous disons encore, et nous ne que de quarante-deux évèques relégués dans
cesserons jamais de dire que nous sommes la Corse. Elle en met trois cent ceux relé-
chrétiens ot évoques, et que nous tenons gués ici, dit le texte. Quelques-uns l'enten-
l'unique et véritable foi apostolique. » Après dent de Constantinople. Mais avec Constan-
cette confession de lour foi, on demeura tinople on joindrait encore tout l'Orient. Il
durant quoique temps de [)artot d'autre dius est plus croyable q^ie ces trois cent doux
le silence; el ensuite ceux qui parlaient de la évêqucs étaient ceux qui avaient consenti à
part du roi commencèrent à les presser de prêter serment, et qui furent relégués en di-
faiie le serment qu'on leur demandait. Sur vers endroits d'Afrique. Quanta ceux qui
cela les évoques Hoitidan et Valontinien, ne sortirent pas d'Afrique, Hunéric les ban-
diront au nom de tous, et avec tous : « Smn- nit assez proche des églises dont ils avaient
mes-nous donc des bêles brutes, pour jurer été dépouillés, s'imaginant |)ar là leur ron-
ce qui est dans un écrit sans savoir ce qu'il dre leur exil plus sensible, et les forcer plus
contient? » Aussitôt les députés leur mon- aisément à renoncer Jésus-Christ. Parmi eux
trèrent ce captieux écrit, le(inel portait : fut le saint évoque Fauste, dont il est parlo
HO.i
VAN
VAN
isrc
d«ns la \io do saint Fulji<nri>. II l'-lail évf-
mio (l;n)>i la Bv/n(»'no. ProlialtlciiM'iit f}uo
c est Fau>tt' , évt'^que île Préside. Il «''lait rr-
]r^\i6 dans le diocèse Mutité, lieu que nous
ii»> pouvons i'i(li(|nt>r. A|)r("'s la ino l d'Hii-
nt-rio il y fonda un nionaslrre ; lO lut là (jue
saint Fuliieni'p alla vivre, en so retirant du
monde. Les saints évèijues Horlulan, Flo-
rentiuienou Florentien. ijui avaient deniandi'
si on les prenait pour des hrutes en voulant
leur faire jur(M- une cliose dont ils ij;noraient
le contenu, sont uian|ués au 28 novembre
dans A don et le Martyrologe romain. C'é-
taient |)rol>;d)lenient les évèques de IJenèfc
dans la Byzaeène elde Midite en Nuniidic.
>'ictor de Vite , compte vingt-huit évù(iues
qui évitèrent la persécution en preimiit la
fuite. On estime ([ue lui-même fut de ce nom-
l»re: nous en parlerons |>lus tard. On a vu
déjà que 0'i'"'i<*'i dUrci dans la Proconsu-
laire, se relira à Edesse dans la Macédoine
et quil y était encore en W7. L'évéque Ra-
linien tle la llyzacène était réfugié , en l'.in
500, dans une petite île voisine de la Sicile,
où il se livrait avec une grande ferveur aux
exercices d-* la vie monastique. Il est proba-
ble, daprès la notice, qu'il y tu eut ipiatre-
vingt-liuit qui succombèrent et qui cédèrent
nialheureusemciî aux e\i,;.:onces d'Hunéric:
»ar elle dit (ju'ils sont péris. Or, si cela eût
du s'entendre de la mort du corps, on so se-
rait exprimé avec |ilus de respect sur le
compte lie ces saints confesseurs, qui alors,
étant entrés dans la gloire de Jésus-Christ,
Auraient mérité (pi'on dit d'eux autre chose
que ce mot : ils sont péris.
Nous n'avons pas jusqu'ici parlé des souf-
frances du saint évèipie Habeldeum de Ta-
mallume dans la Bvzacèue. On dit ([u'il fut
hatifii (iaiis une vilfe nommée aussi famal-
iume. Il faut eioire (ju'd y a eu confusion
dans «-es i.ouis de villes ,peut-étre y avait-d
drux villes de ce nom dans la Rvzacènr);
«•el e oij le saint fut i'elt'>j;ué avait ouiu- évè-
que un arien nonuné .Antoine, célèbre par
.«i»'s cruanlévs inouïes envers les catholiques,
quoi(pie pourtant tous les ecclésiasli(pies de
.sa siM te , évèques ou prétn-s , se montras-
sent tous également cruels envers leurs ad-
versaires, de façon même (pi'ils dl''[>.■^ss.lient
îiouscera|)[iorl Huilerie lui-même. Cet lionime
fit altacliiT Ilaheldi'um et lui lit fermer la
b'UK lif pour (pi il ne pi1t crier ; alois d versa
.sur lui de l'eau, et piéieiidit l'avoir n bap-
tisé: [MUS, il lui dit : « Maintenant vous ap-
pailciir/. à ma rrligion ; vous voilà chiétien,
et vous ne s.iuiir/. dcsoiniais tlésnbéir il la
volonté du roi. » Le saint répond l avec gé-
nérosité : f< pour que la culpaliiliti' existe, il
faut (pi'il y ait conscntiuie il de la volonté;
or, vous m'avez fcmiéHa bouche, je n'ai pu
protester de vive vuu ; mais j'ai protesté
dans mon c«i.'ur (lontie vos indignes violen-
ces. » Après cela Ilabetdcum, voulant, pour
éviter le scandale que son silence aurait pu
produire, prolester ostensiblement, s'en vint
trouver le roi Ilunéric h Carlliai^e. et lui pré-
senta un»! reipiélo i-xlrêiiiemenl » nergiipie,
ilans laquelle il se plaignait d's indigues trai-
tements que les persécuteurs faisaient subir
à lui et aux autres. HirK'ric, pour toute ré-
ponse, l'envoya aux évêipies ariens, qui, lui
dit-il, avaient tout pouvoir. On croit que les
A'aiidales linirent par le f.iire décapiter.
Hunéric ne se contenta pas de bannir tous
les évéques ; il voulut étendre la persécution
sur tous les catholiipies et faire un grand
nombre de martyrs, même narini le peuple,
par les divers supplices qu'il faisait endurer
à toutes sortes de personnes pour les con-
traindre d'être ariens. Ainsi, avant mémo
que les évoques eussent été conduits en exil.
il envoya en même tem[)s des bourreaux
très-cruels dans t)utes les provinces de l'A-
frique, afin qu'il n'y eût aucune maison ni
aucun li(Mi qui ne retentît de cris el de plain-
tes ; car ils avaient ordre de n'épargner ni
âge ni sexe, mais seulement ceux qui seré-
souilraient de faire tout ce qu'il voulait.
Pour obéir donc à cet ordre, ils assommaient
les uns h coups de bâton, pendaient les au-
tres ou les brûlaient.
Il y avait des ^'andaIes disposés de tous
côtés sur les chemins pour arrêter les pas-
sants, et les aiiuiier A leurs évêques qui, après
leur avoir fait pcrilrc la vie de l'âme pir
leur faux baptême, leur en dnnnaienl par
écrit un cerlilicat. (ju'on pouvait appeler le
certilicat de leur daiuiiation et de leur perte,
afin qu'ils pussent, avec cet acte aller partout
sans lien craindre. Sans cette attestation pnr
écrit, ni marchand ni aucun autre n'avait li-
berté d'alh>r nulle part. Ainsi, on voyait .'c-
com|dir à la lettre ce (pie Jésus-Christ dit à
saint Jean dans l'Apocalypse : 7/ ne sera per-
mis d'acheter ni de vendre quà ceux qui por-
teront sur h' front et dans la main le carac-
tère de la be'tc.
Les bourreaux envoyés de tous côtés par
Hunéric n'é[>argnai(>nt pas les femmes plus
que les homiiies, el ei.core moins, princi|)a-
lement ctdies (pii étaient de plus grande con-
dition. Contre les lois de la nature et de la
>udeur, ils les dépouiliaienl toutes nue> » l
eur faisaient soulFrir en public, au milieu de
mille touriuinits, une ho'ile (pii leur était
beaucoup plus insupportable que les tour-
ments mêmes. Le tyran lit donner aux Mau-r
res (pii étai(nit [>aiens tous les monastèies
d'hommes et de vierges avec ceux (pii les
habitaient, ce q^i semble néanmoins n'a-
voir |>as éli' exercé parhuil , puisque sainti»
Mavime était encore Mère de beaucoup de
vierges e;i 487.
Les évê(pies et les ecclésiastiques arit^ns.
eiicnre plus cruels (pie leurs l.iKpies, comme
nous avons déjà dit, couraient parloul l'épéo
à II main pour |>ers(''cuter h s callioli(pies.
Leurs viobnices tirent sortir quehp.es cor-
beaux de l'arcne de l'Eglise, mais leur nom-
bre n'égala pas celui des colombes (pii y de-
nu uièreiil attachées. C'est pounpioi, alin
d augmenter , au moins en apparence , le
n(Uiibiedes apostats, ils (Muployaient la même
illusion dont Antoine s'était servi à l'égard
d'Habetdeum. Car les évèijues et les prêtres
aruMis, accompagnés de gens armés, cl |K)r-
tanl tout ensemble l'eau et le fer, nllaicnl
I
«i07
VAN
\ \N
liO»
\i\ IMlil loiit ^ rciitoiir (les vill.t^i'S et tlfS
bourgs, («iidaicnl dc' U>\rv dims les iiinisoiis
|)Our y V(tl(M' ri rrtvir l(<s Aiiirs, «>l soil (pi'ils
iionv.issciil les |ii'isi>n'ii'S (''vcillri's ou cii-
dtinnics , ils les jiiTds.iiciit de <t||i' r.iii sa-
crih^^r, leur i»'lai»Mil sur lt< nirps (^ucliiuc
liu^i^ ou (|Ufli|nt> lialtit Itl.iiic. , cl puis avec,
(les caresses ilc tlciiinii , ils les saliiaic'il
roMuuo (l(< vrais cliriHiens cl rKinine leuis
l'I'ères , léiU(ti^;ii,iii( pai" là iiu'ils i'ei;ar(l;iiciil
cux-iiu'^UM's U'ui' rclij;i(>ii pliilùl chiiuik! une
l»(ilili(|uc cl uii jeu (|uo corunie un eulle siu-
{.(•Vi^ cl sérieux de la luajeslé divine.
Kulre ceux sur (pii ils (>\eiraieiil celle
iiii|)i(Mé , les siiuples cl les lAchcs s'inia^i-
iiaieiit (pie l'on «vail accompli eu eux un sa-
crilège (pii souillait leur Ame, cl ci(»_vanl
avoir élu faits ariens, ils lo<levenaicut eUcc-
tivemoul. Mais les |»lus linlMles se réjouis-
saient de ce (pit> tout ce (pi'ou avail iail con-
tre lourgré no leiu' pouvait nuire, et no lais-
saient pas de léiiioi;j;uer en diverses niani(>-
res l'horreur cl la lituileur (pi'ils avaient du
sacrilégo (|u'on avail prétendu conunctlro.
JMusieurs se jetaient h l'Iioure même de la
cendj-e sur la télé , d'aulrcs so la couvraient
d'un cdice, d'autres do boue, et tous avec une
loi vive déchiraient les linges dont on s'<î-
tail servi dans celle aclion et les jetaient dans
des cioacjues.
Victor de Vite vit exercer devant ses yeux,
à Cartilage une violence de celle nature. Cy-
rila, leur prétendu patriarche, Ut arracher un
enfant de se[)t ans d'entre les bras de sa mère
qui était une dame de condition ; elle cou-
rut après ces ravisseurs , au milieu de toute
la ville , les ciieveux épars et l'eid'ant criait
de toute sa force : k Je suis chrétien 1 Je suis
chrétien! Ces impies lui fermèrent la bou-
che et iiloiigèrent celte petite innocente créa-
ture dans l'eau de leur taux baptême. On fit
la même chose , comme nous verrons, aux
enfants de saint Libéral. 11 y a des martyro-
loges qui mettent ces enfants au nombre des
.saints, le 22 mars.
L'appréhension des horribles violences des
ariens lit que plusieurs j)ersoniies de l'un et
de l'autre sexe s'allèrent cacher, les uns dans
des cavernes et les autres dans des déserts
où on ne pouvait les découvrir. Comme ils
y manquaient de tout, ils mouraient de faim
et de froid après avoir soutîert mille autres
incommodités, mais avec cette consolation
et ce témoignage que leur conscience leur
rendait d'avoir conservé à Jésus-Christ une
inviolable foi. On trouva entre autres dans
une caverne de la montagne de Zique le corps
de Crescone , prêtre de la ville de Myzente,
qui était déjà tout corrompu. Quelques mar-
tyrologes marquent sa fête le 23 mars. On
ne trouve rien de la ville de Myzente; quel-
ques manuscrits ra|ipellent Quize , et on
croit que c'est une ville de la Césarienne.
Toute l'Afrique était donc alors dans l'af-
iliction et dans le deuil. Ce n'étaient partout
que cris, que gémissements et que larmes,
qui ne faisaient néanmoins qu'allumer dans
les catholiques une ardeur générais, mais vive
et parfaite, de mourir pour Jésus-Chrisl. Plu-
sieurs pt-rsoiiiii-s di- ipialiti- il di- di'-luiclion,
qui a\.iii'nl de uramle-, possessions, ne |ju-
laiicèrcnt pas h donner la tcTre pour lu ciel.
cl ils ahilidoinèiejil mêiiie ^énéreiiseuienl
n\\\ peisiM iili'ui s leurs ( orps avec tous leurs
hiens. Keaucoiip de daines illustres, nonobs-
tant la laililesse de leur coiiipl 'xion, rein-
poiléreiil de uloiieiix lropliéesd,iiisce> saillis
coiiilials où elles ruicnl l)atlues de V(Tr;ns ù
l.i vue de loul le inonde, pour faire honte i\
la iialnre, el lonrmeiiir'es par divi'ises sortes
desiipplices. Ouanlilé'de (lelits enfants mémo
S(! miMpièreiil de ees édils de inorl, et liié-
|>i isèreni h> monde avant que; d'être (•nlré.s
dans SOS voies Iroinpeuses. lOnliri, on ne sau-
rait C(»ncevoir h; nombre des mailyis rpie lit
c<'lleperst''culioii. L'Afrique seule, (pii les en-
voya au ciel, pourrait eu rendre témoignage
aussi bien (pie la main de J(''siis-Cliri>l, (pii
leur distribua à tous des couronnes immor-
telles.
('<'tle alfreus)» recrudivscence (h; la persé-
cution lit plusicnirs saints martyrs , parmi
les(|uels siint M.ijoric , saint Serve, sainte
^'icl()ire, sainte Deiiyse et |)lusieirs .iiilres.
{y'oy. leurs articles.) Puis vint après saint
Victorien , proconsul , et ses deux frères.
Mais i-ien , dans cette aiïreuse persécution,
n'est [il us célèbre (pi(> ce qui eut lieu à Ti-
pase , dans la Mauritanio Césarienne. Les
ariens y nommèrent évê(iue un nommé Cy-
rille, qui avait été secrétaire du roi, ou plu-
tôt do leur patriarche Cyrila. Quand on sut
cl ïipase l'ordination de cet évê({ue, toute la
ville fut dans la désolation : les liabitant.'»
se mirent en mer pour se retirer en Espagne,
à l'exception d'un fort petit nombre de per-
sonnes qui , n'ayant }m trouver moyen de
s'embarquer, furent forcées de rester. D'a-
bord l'évêque arien employa les promesses,
puis les menaces, pour faire changer ceux
qui étaient restés; mais Dieu les rendit tel-
lement forts qu'ils ne purent aucunement
être ébranlés : ils s'assemblaient secrète-
ment dans une maison où on célébrait les
divins mystères. Le courage de ces fidèles
babitants est d'autant plus digne d'éloges,
que Réparât , leur évè(pie , avait ai)0slasié.
Voyant ce courage invincible, l'évêque arien
en fit avertir le roi , qui , entrant dans une
grande fureur, donna l'ordre qu'on fît as-
sembler tous les habitants de la province
dans la ville , et qu'on coupât la main droite
et la langue jusqu'à la base à tous les ca-
tholiques. Cela fut exécuté; mais jiar la
grâce du Saint-Esprit, dit Victor de Vite, ils
gardèrent et ont encore l'usage de la parole.
Bientôt après , deux marcbands , nommés
tous deux Frumence, furent martyrisés glo-
rieusement à Cartilage , ainsi que saint Li-
béral, médecin, et saint Libérât, abbé. {Voy.
leurs articles.)
Après que saint Eugène eut été banni,
tous les ecclésiastiques de Carthage , au
nombre de cinq cents , eurent à souffrir la
faim et d'indignes traitements; puis ils fu-
rent envoyés en exil , saus en excepter les
enfants , qui étaient lecteurs. Les noms do
tous ces saints martyrs sont restés ignorés,
IÎ03
VA^
VAN
1300
à l'exception ue ceux des sflinls confesseurs
Snliilairo cl Miiritte. luii «Trcliidi.icre cl l'au-
Ire . (lisent les nvjils do Vict-r do Vile, lo
premier apr^s lei. 11 no faut pas passer sous
silence la lil)erté géiu^reuse que Miirilte lil
l»araîlre sur lous les auîres lors<fti'nn les
touimenl.iil au milieu de Carlhag-. Flpidi-
fore. l'un des plus cruels e\é( uteurs de la
fiireu'- du Ivran , avait été choisi pour faire
soulïrir h ces saints confesseurs de Jésus-
Christ toutes sortes de supplices. Il avait été
l)aplisé par les catfioli((ues dans l'église de
Fausle , et .Muritte l'avait reru au sortir des
fonts : mais depuis il avait quilli'' la foi, et nul
autre n'était si acharné ([ue lui îi persécuter
l'Eglise de Dieu. Afirès que les |»rètres eu-
rent élé tourmentés l'un aiirès l'autre, et
ensuite l'archidiarro Salutaire, o!i fit venir
Murille. parce qu'il était le second en ordre.
Lors((u"on nllait dépouiller ce vénérable
viediard pour l'étendre sur le chevalet, il
tira les linges dont il avait autrefois couvert
Elpidifoie au sortir des fonts . les d'plova
atin que chacun les vil, et adres>a la parole
à cet apostat (|ui était assis sur son tribunal,
tout transporté de ra;.;econtie les défenseurs
de la vraie foi : « Voici , ù Elpidifore , vous
qui êtes le minisire de l'erreur, voici d 'S
linges (|ui vous accuseront d 'vant la majesté
de Dieu , lors(ju"il viendra juger les hom-
raes. Je les ai gardés avec soin pour être
contre vous un témoignage de l'apostasie
(jui vous précipitera daris l'abiuie de feu et
do soufre. Ces linges qui vons ont environné
lorsque vous êtes sorti |)ur de l'eau du ba|»-
téme , redoubleront voire supplice quand
vous serez enseveli dans les llnmmes étei^
nelles. » Ces paroles tiienl fondre en ph'urs
toute la ville , et il ajouta encore [«lusieiirs
autres ch ses de celte force, sans qu'lMpidi-
fore , qui sentait déjà dans lo feu dont sa
«"onscience le bnVail, l'ardeur des feux éter-
nels, osAl répondre un seul mot.
Quan(l l'ordre eut été dnnné d'eiivovor
les conlessinirs en exil, ils partirent do (Jar-
thage [)réparés à toutes sortes de rigueurs,
saiis que la vue de l'exil si cruel au((uel ils
étaient condamnés les ]\ùl ein[)é(hor do se
réjouir en Dieu. Ils furent bannis en un lieu
fort éloigné, et avant qu'ils y arrivassent ou
envoya, h la persuasiim (Jes évèijues ariens,
des liouuues violents et impitoyables pour
leur ôler, avec une cruauté barbare, le peu
<le vivres nue la compassion d' s ehrétiens
leur avait donnés. Sur (|ui>i chacun d'eux
disait et di' tout S(m cieur : « Je suis sorti
nu du venir»' de ma mère , et je m'en vais
tout nu eu e\i| : Duni sait bien nourrir ceux
qui ont faim et vêtir bs nus dans le désorl. »
Deux frères vandales qui , dès le règne de
Gcnsi-ric , avaient diverses fois été eonfes-
.seurs, abandonnèrent toutes leurs richesses
pour suivre ces ecclésiastiques dans leur
exil , et leur mèro eut aus>i assez de courage
pour faire la même rhoso. L'Eglise honor^-
tous ces saints conjiuntenx'Ut avec saint
l'Eugène leur rhef, le l'ijuillol, dans les mar-
tyrologes d'I'suard et d'Adon, cl tians quel-
ques autres.
Il y avait, comme nous avons dit , entre
ces ccc!ésiasti(p)cs , beiucoup d'enfanls lec-
teurs que l'on élevait ainsi dès le bas Age
dans le clergé, pour les rendre c qiabhs d'en
remplir un jour les premières charges. Nous
on avons déjà vu d'autres dans cette his-
toire, dit Victor do Vile, ( l nn en trouve do
même plusieurs exem()les d.ins l'Eglise d'O-
rient, comme de saint Eulhyme , qui fui fait
lecteur à trois ans par l'évéque de Mélitène.
Cet endroit seul de Victor suftit pour mon-
trer qu'ils étaient regardés comme du corfs
du clergé , et assurément on ne les bannis-
sait (pie par cette seule raison.
De ce grand nombre donc que l'on exilait
avec le reste du clergé de Carthage , un
nommé Teucaire, alors apostat, qui avait
élé lecteur et leur maître, en (il séparer
douze qu'il savait avoir meilleure voix et
avoir mioix appris le chant. Ces enfants
voyant qu'on les voulait séparer des autres
confesseurs et les faire retourner, conjure ^t
nie telle crainte de loiiib r dans les |)réci-
pices de l'erreur, (pi'ils embrasNTiont avec
soupirs et avec larmes les genoux de l.urs
coMipagnons , ne voul.int point absoiumer t
les (luiller. Mais les hérétques, mettant l'é-
l)ée à la main , les lirèrenl par force et les
rameiièroîit à Carllwge,
On usa d'abord clo caresses envers eux
pour les gagner comme d s enfants, mais ils
liront voir (ju'ils nT-taienl [)oinl enfants et
(pie leur cœur, érluré de la lumière de l'E-
vangile, ne s'endormait point dans les om-
bres de la mort. Les ariens, plus irrités que
confus , les déc.hirèrenl à force do b-s fouet-
ter, et peu de jours après , avait (jue leirs
plaies fussent guéries , ils leur en tirent de
nouvelles, non plus avec des verges n.ais a
grands coups de b.Uon. Dieu losfortili.i m'-a i-
moins de telle sorie (pie la faiblesse de leur
<^ge ne succoinbi | oint sous les tourments,
et leur es, rit s'alfermit nu contraire de plu>
en plus dans la foi. (Carthage les hoiiore
maintenant, dit Victor, avtM- une alfeclion
non |)aretHe , et regarde comme les douze
apiUres celle lrou[)e de douze )tnmes enfants.
Ils (hniieurenl ensemble, mangent oixemiile,
chantent ensemble et glorilient \o Seigneur
ensemble. Ces douze enfants sont marij .es
par ipichpies-uns au nombre des s.»inls K- 2."t
mars.
Ainsi que nous l'avons vu déjà , Huu' rie
n(^ traitait pas mieux ceux des Vandales (pii
étaient calholiipies (pie les autres : on ne
p(Mil mieux faire ii i «luo de s'en tenir au ré-
cit d ' Victor de Vile.
fl IMusiiMirs d'entre eux, dit-il, étant con-
vertis, (bnueuièrent Irès-ferines dans la loi.
Ou ne saur\it exprimer les diverses sortes
de tourments que les autres \ andales leur
lirtnit soulïrir. Quand on s'arrêterait à ce
(pli s'est passé scuhnuent à Carthage, on ne
pourrait |ias mémo taire unolisle toute sim-
ple des noiiiN d(\s iiislrumenls ([u'^n (Miiplova
[tour les tourmenter. Les ciTels en parais-
sent encore mainl(Mianl aux yeux de tous,
dit Victor, car on \oit les uns sans mains,
les autres sans yeux, les autres sans pieds.
ir,(ii
\AN
N V.N
Coi
les /iiili'cs sans nez <'l sans oii-illi-s, t-l tl'jiu-
Ircs ont Im I(M(> cnruncri' dnns les (''pinili'S îi
forcer d'avoir v\{S snsprndns cm l'air par Ifs
mains;. n luuil des maisons, où ilsscrvaiciit do
iourl à CCS Iiarhati's ipii se les punssaicMil
les ins niix nnires. OiiclipH'fnis les cordes
o''i ils ( Inicnl allarln-s se rompaieiil , cl,
eoiume ils iondtaieiil de lorl liant, pliisieius
se ('.■issairiit la l(Me, d'aiilics se crcvaienl les
von\, d'antres se hrisaieni les os, et ainsi
cxpiiaiont sin'-l(>-eliamp on Itienlôl après.
.( (Jne si (pn'hni'n'i considère cela comnn;
une fahie, coMtuinc >'icl(»r, il n'a (pi'à s'en
informer (ITrane , (pii était alni-s and)assa-
denrdo l'empereur Zenon anprès d'Ilnnéric,
car la plupart de ces cli(»ses su sont passées
CMi sa pr(''scnt'c, parce (jue s'cl inl vnnlé, lors-
(|u'il ariiva h Caitlia^e , ([u'il vcnail en l'a-
vcnr des éj;lises catliolitpuvs , c(^ tyra'i , |)our
Ini montrer (|u'il ne craii:,nail ([ni (pie ee l'iU,
ilispos(î plusieurs bourreaux, el les plus
cruels , (fans l(>s riu's (>l daas les places par
oh cet ambassadi'ur devait [tasser eu allant
jui[) 'laisetens'cji relournant.C'('tail taire nue
étrange iMJur(> h l'empire romain et insulter
bien insolenunent ?i sa l'aiblesse. Mais la ré-
volte d'illus contre Zenon , ([ui arriva celle
année selon Mareelliu , [Kmvait remlre Hn-
néric assez lier [)our no le craindre en au-
cune t'a(;()'i. »
^■ict()r n'entre dans des di-tails circnnstar.-
ciés qu'à propos de l'Iiisloire de sainte Da-
gila , de laquelle nous avons déjà |)arlé , et
dont on yianl voir l'histoire complète à son
article. 11 (>st évident , d'a|)rès ('c que nous
dit Victor de \"itc de celte persécution, qtie
jamais aucune ne fut |)lus cruelle, [)as même
celle de Diocléticn. Elle s'étendit jus([u'à la
Sardaigne et au\ autres îles que possédaient
les ^'an(lales. 1! ajoute ([ue (icnséi'ic persé-
cuta violemment les catholiques [xu'tout où
il j)orta ses ravages , de sorte qu'on [)eut
considérer les Vandales et leurs princes
nioins encore comme des cnneniis de l'em-
pire romain, comme des ennemis des catho-
liques, que connne des monstres acharnés à
détruire le geme humain.
Les horribles cruautés que commettaient
les A'amiales ne pouvaient [)as rester impu-
nies : les clameurs des saints [Kn'sécutés, la
voix de leur sang réjiandu, montaient au
ciel et appelaient les vengeances de Dieu.
Elles ne se tirent pas attendre : l'Afrique fut
fra[)pée d'une elfroyable sécheresse qui dé-
vora tout ce que la terre a de biens et de
richesses dans ses moissons. Tout fut sé-
ché, brûlé; les bestiaux moururent, et bien-
tôt les hommes, privés de nourriture, pâles
squelettes errants sur un sol dévasté, mou-
rurent aussi dans le déses[wir, après avoir
é|)uisé les d(!:nières el tristes ressources
([ue la faim leur faisait trouver. Chacun
quittait sa bourgade ou sa campagne, imagi-
nant qu'ailleurs il trouverait (Je l'eau pour
étancher sa soif, du [)ain [)0ur se nourrir.
Cartilage était pleine de ces émigrants et de
toutes [)arts on y accourait encore. Ces mal-
heureux faméliques jalonnaient de cadavres
les chemins où ils [lassaient, et la ville elle-
nx'^nie cl ses environ'» en élincut n iiqiliK.
I,es c.lwicals cl les aulrcH ïtdlus iûiinvn nu
siiliisan-nt pas h dév(»rer ceU<' proie que la
famine leiu- jetait : l'air en était infecte. Ilu-
néri(; , craignant i|U(j l/i pcsl(j envalill Car-
tilage , donna l'ordre h ces mallienreiix do
s'en rctiniriier t(Mis aux lieux d'où ils vc-
luiient; presipie tous ifiourureiil en route.
La d('\solali(iii l'-tait an comble. I.e ^rand
nombre d'esclaves, (|ui était la forlnur? dcu
riches, deviiil alors iiii(! cause; d'allreuse mi-
sère; chaiini renvoya les sien.s , ne jxiuvanl
h's nonnir. Ces iiil'orlunés, crraril dans les
camjiag'ies ([u'ils [larciuH-aient [lour gagner
un sol on fi'it la lil)erl('', mourin-eiil dina'ii-
lioi sur la terre d'csclavai^e. Ce fut ainsi quu
|)éril le plus grand nombre; do ces mallicu-
renses familles (|U(î (ienséric avait enlev('ci
sur tous les |)oints (](• l'empire. C'est ainsi,
disent les auteurs du tenijts, (pie Dieu inniit
les [lersécuteurs. Seiilemcnt ils ne (lisent
[)as ([ue les malheureux |)ers(''(ulés aient ùiù
exem|tts d(» ces eH'royabl"s désaslies.
Au milieu d(! celle désolalion , Hunéric
conlinuait à persécuter violemmenl les ca-
lholi(]ues : il semblait (jue Dii'ii voulût l'en-
lever à l'ajjogée du crime. Une horribh- ma-
ladie s'empara de lui et il mourut, dit Victor
de Vite, ilévoré |iar les vers. Quoi([u'il eût
fait tant d'eUoi-ts et de cruaulés [tour laisser
la couronne à son lils Hildéric, Dieu se mo-
qua de ses desseins : il eut donc [)0ur suc-
cesseur Ciontamond ou Ciondamond, son ne-
veu, lils de Genzon, que le [)rivilége de l'âge
a[)pela à celte dignité. Ce prince eut de
grandes guerres contre les Maures , dont on
ne dit point révénement. On remarciue seu-
lement en général que, durant que les Van-
dales régnaient en Afri(jue, les Maures rem-
[)ortèrenl sur eux beaucoup de victoires, se
rendirent maîtres de la .Maui'itanie , depuis
le détroit de Gibraltar jusque vers la viiled**
Césarée (qui donne hî nom à la Césarienne),
et occu[)èrent encore la plupart des autres
[irovinces de l'Afrique. Néanmoins ceux qui
cominan laient les Maures dans la Nuraidie
et dans la Byzaeène , prenaient encore les
marques du commandement du roi des Van-
dales.
Un auteur cité par le P. Cliiitlet dit que
Gontamond , ayant ra[)pelé d'exil saint Eu-
gène , fit donner aux catholiques de Car-
thage le cimetière de Sainl-Agilée , dans la
troisième année de son règne, c'est-à-dire en
/i-87. C'est sans doute ce qui a donné occa-
sion à Viclor de Tune de dire qu'il avait
rappelé d'exil les catholiques dès qu'il avait
commencé à régner. Saint Isidore de Séville
l'a dit après lui ; el [. eut-èlre avec saint
Eugène Gontamond rappela-t-il encore les
laïi[ues. 11 ne rajtpela les évoques el ne fit
ouvrir les églises ({u'en l'année iOi.
Saint Eugène fut ra[ipelé, comme nous ve-
nons de le voir, en l'an 4-87. Depuis cette
année juseju^en i9i- , nous ne voyons rien
d'intéressant concernant l'Eglise d'Afrique.
Ce fut alors seulement que Gontamond, à la
prière de saint Eugène , ouvrit les églises
des catholiques et fit revenir d'exil tous les
no3 vAu VAU noi
évoques. Ce fut le 10 août quon ouvrit les incaux de l'armée : on le dépouilla do ses
églises, environ dix ans et demi après ([n"Hu- vétenit-nts et on ne lui laissa qu'un morreau
néric les avait fait fcrnier. Après C(»Ia (Ion- de toile pour se couvrir Ns renis. Il nioiirul
tamond régna encore deux ans , un mois tt dans cet ignoble emploi. Quant h Suanès, le
trois jnnrs. Thra'^imond , son frère, lui sur- roi s'enquit de lui quti était le |>lus mé-
céda. C'était un prince naturclleiuenl gêné- chant de li»us ses esclaves : ce seigneur va
reux , ami des lettres et studieux. Procope possédait mille. Sur sa réponse, Varanes
dit qu'il travaillnit h pervertir IfS cdlioli- donna h cet esclave et son propre maître et
ques , non par la rigueur .des su|ipli(es, tout ce (pii lui appartenait; il le maria avec
comme ses prédécesseurs, mais en rioniuint l'épouse de Sunnès. Atroce supplice, qui ne
î» ceux (pii changeaient de religion de lar- put ébranler lecouraged\i saint servitcurde
gent, des honneurs , des charges et l'impu- Dieu. (Voy. Hormisdas et Si,\>Ès.}
rite des crimes qu'ils pouvaient avoir corn- Ce fut le même roi qui, en i21. fil marty-
mis. Du reste il ne faisait pas semblant de riser d'une façon atroce saint Jacques ùit
connaître ceux qui ne lui obéissaient pas en Vlnlrrcis. [Voy. son article.)
ce point. Mais les autres historiens n'en VAUAZKEN, prince arménien de la fa-
parlent point de la même manière. Victor mille Aravéléiank, fut l'un de ceux qui souf-
de Tune dit cpie ce prince , rempli de la fo- frirent volontairement la captivité pour Jé-
lie de l'arianisme, persécuta lescatholi((ues, sus-Christ, sous )e règne d'Hazguerd, deu-
fit fermer les églis;'s et relégua en Sardaigno xième du nom, roi de Perse, et qui ne fu-
cent vingt évéques de toutes les provinces rent remis en liberté et renvoyés en leur
d'Afri(pie. La vie de saint Fulgence nous pays que huit ans après la mort de ce prince,
apprend qu'avant l'an 508, et ai)parcmment sous le règne de son fils Berose. (Pour plus
dès le conunencement de son règne , il J(''- de détails, voy. Princes abmémens.)
fendait d'ordonner des évèques ; ce qui, VAKDZ, [irince arménien de la famille
n'ayant pas laissé de se faire, malgré ses dé- Gamsaragank, fut l'un de ceux rpu". comme le
fenses, il bannit tous ces évèques nouvelle- précédent, soulîrirent volontairement la ca|>-
ment ordonnés, en relégua plus de soixante tivité f)Our Jésus-Christ sous le règne d'Hai-
dans la Sardaigne et d'autres en divers en- guerd, deuxième du nom, roi de Perse. {Voy.
droits de l'Afrique. Elle recoimait qu'il cm- Princfs arméniens.
)loyait les promesses, une feinte douceur, ^'AHE ,saint), était soldat. Il remporta la
'adresse et l'artifice pour séduire les catlio- palme du martyre en Egypte, sous l'empe-
iques , mais elle assure qu'il y joignait la reur Maxim;en. il était allé visiter sept moi-
terreur pour les y contraindre, de rudes per- nés qu'on avait mis en prison et subvenait
sécutions et le reste de ce qu'on pouvait at- h h^urs besoins. 11 voulut prendre la place
tendre d'une haine imi)lacable contre la de l'un d'eux qui était mort, et, ayant en-
vraie religion, et d'une colère terrible con- duré avec eux clés tourments Irès-cruels, il
tre ceux qui la défenilaienf , arrêté se\ile- remporta ainsi la palme du martyre. L'E-
ment par l'amour de sa ré,>utation. 11 faut glise fait sa fête le 19 octobre.
en effet qu'il fiU étrangement ennemi des VAUfiAS (Jean de), de l'ordre de la Merci,
catholiques, puisqu'éiant près de mourir, en naquit .^ Xérès dans l'Andalousie. Dans le
52i , il lit jurer Hildéric , son successeur, premier vovage (]u'il lit pour aller prêcher
qu'il ne les rétablirait point et n'ouvrirait l'Evangile, le navire qui le portait fit nau-
point les églises. frage aux environs de lile (le Panama. Les
Saint Eugène fut banni dans les Gaules et matelots l'tMigagèrent à faire connue eux, h
y mourut. Saint Vindenual , .saint Octavien se dépouiller <le ses vôlemenls, afin de se
et beaucoup d'autres furent martyrisés. Nous soiilenir plus facilement sur les fiots ; mais
trouvons aussi saint Castreu.-e et (piolques notre bienheureux refusa par modestie, et
autres confesseurs. On peut voir à ces dilfé- mit toute sa confiance en Dieu, (jui l'en ré-
renfs articles les détails nui les conctTiient. comnensa ; eu-, au moment où tous les nau-
Thrasimond étant n\orl, llildéric lui succéda fragés approchaient de terre, persuadés cpi'il
en 52.1 et fut assez juste |>onr laisser entière était mort, ils l'aperçurent priant sur le ri-
liberté aux catholi(pies. Gt-limer. son sue- vagi*. II fit \\u gr.nnd nond^re «le conversions
ccsseiir en .'i.'lO, fut. en .'iSV. vaincu par Uéli- «lans Panama, où soji ascendant devint Irès-
saire. En lui finit la monarchie des Vanda- grand. Les Espagnols s'en servirent |>our ra-
ies , qui furent ané-antis par ce conquérant, mener h l'obéissance des esclav(>s noirs c^u'ils
VAh.\NES. roi des Perses, monta sur le avaient fait venir du Cap-^'e|•t et des côtes
trAne en i20, après la mort de son père Yes- d'Afrique, et cpie leurs mauvais traitements
«lerlgerfl. Il continua la persécution que ce avaient portc's h s'enfuir. Ils s'étaient joints
prince avait commencée contre les chrétiens, aux corsaires anglais et hollandais, avec les-
Les detix premiers martyrs que nous trou- (juels ils ravageaient les («Mes des posses-
vions sons lui sont saint Hormisdas et saint sionses| agnolos. Notre bieidieureux, accom-
Suanès; encore ne devraient-ils avoir que le j>agné d'un seul Espagnol, les alla donc trou-
titre de confesseurs, car ils m* furent pas mis ver sur la niontagne de Vallano. Il com-
h mort, mais eurent h soulfiir dos tour- mença par célébrer l«>s divins mystères, et
nients dont la bizarre cruauté caractérise les (pudiques noirs y accoururent au son de la
persécutions des rois de Perse. Hormisdas. cloche. Le lendemain ils vinrent en plus
llls de satrape, homme d'une grande dis- grand nond)re, et au bout de quelques jours,
tinclion, fut condamne è conduire les clia- Jean les ayant amenés au repentir, ils se
i:.o:;
VAIl
VAH
VJXi
<lis|)ns(>n>ii( h roloiirncr au|U('»s de leurs m/i!-
trtvs, sur l'assiiiviiicc ipril li<ni- iloiiiui t\uh
l'uvriiir ils s(>iiin'iil hiin tiaili'-s : il ne res-
tait plus qu'h (li^teriiiiiier le jour du (h'part,
l(trs(Hie nriiilaiil la messe (|iie ( l'Ii'-lirail no-
tre liieimeureiu, niie Iroiipe espn^iioh», <|ui
if;tiorait sa mission, vint surnreiidrn les
noirs et en Ina unelqiies-uns. (.eiix-ci, [ter-
suadcVs (lue le niissioiuiaiio les avait Iroui-
i)tVs, se jrlùrent sur lui, ratla(l)t''rent h un ar-
l)re. oil il servit de l»iM à l((urs llèelies eni-
|)()isonnéos. Ils le pendirent ensuite et ne
prireid la fiiili' <|u'aprù.s s'Oln» assurés do sa
mort, l'n mois après, le conseil do Panama,
})lein du désir ih' coiniaîlre lo n'-sullat de la
niission do Joan do Varias, envoya unocoiu-
lia^nie de soldats h la découverte. ('eu\-ci
trouvèrent lo corps du martyr aussi irais ot
aussi vormoil (|ue s'il venait d'expirer, ot lo
transporlèrent h Panama, où plusieurs mira-
cles eurent lieu sur son lumbeau. Les noirs
ayant appris l'innoconcc do leur mission-
naire, et vu l(>s miracles (pii s'opéraient |)ar
son intercession, viiu-ent d'eux-mêmes se
soumollro îl leurs maîtres. Le martyre de
Jean de Vargas eut lieu sur la lin du xvi'
siècl(>.
VAllTAN, prince de la maison de Mami-
f:;onien, commandai I le soulèvement national
de l'Arménie chrétienne, au v' siècle, contre
la loi de Zoroasfre, ipie Hazguerd, roi des
Perses, voulait lui imposer. Ce fut datis la
onzième année de son règne (jue co prince
se déclara l'ennemi du christianisme et pu-
blia un édit très-violent, (jui sonnnait tous
SOS sujets do suivre la loi de Zoroaslro.
L'Arménie, qui avait été partagée entre les
Romains et les Perses, et qui était chré-
tienne, protesta hautement et refusa de se
soumetire à cet ordre. Hazguerd, furieux de
cette résistance, dicta à son grand chancelier
un manifeste fiar leciuel il ordonnait nomi-
nativement à dix princes de ce pays de se
rendre immédiatement à la cour. Ces dix
])rinces étaient : A'artan, prince de la maison
de Mamigonien; Vassag, de la maison de
Sunik; Nerchabouh, de la maison d'Arzrou-
nik ; Ardag, de la maison de Richedunik ;
Katechau, de la maison Korkorounik; Ardag,
delà maison Mogli; Manegli, de la maison
d'Abahonnic; Valian, de la maison d'Aba-
dounik; Kide, de la maison de A'ahevounik;
Chemavon, de la maison d'Andzevazik. Us
arrivèrent à la cour de Hazguerd, et n'y fu-
rent point honorés du cérémonial ordinaire.
Le roi leur jura par le soleil que si le len-
demain matin ils n'adoraient point cet astre,
il leur forait subir les plus grands supplices.
Us lui demandèrent si leur religion les avait
empêchés de le servir avec fidélité, et mieux
peut-être que leurs ancêtres, qui avaient
rendu tant de services aux siens. Mais Haz-
guerd, pour toute réponse, les lit charger de
chaînes. Bientôt un eunuque de la cour, qui
était chrétien à l'insu du prince, vint leur
dire en secret que les habitants du couchant
avaient déjà dévasté plusieurs provinces de
l'empire persan ; que le roi ayant dès lors un
grand besoin d'eux et do leurs forces, ils fei-
Kniss«»fit (h> so rondro h son onirnit, et (pi'il
s'empresserail de les délivrer. Les dix prnires
arméniens .suivirent ce conseil, el le roi,
plein do Joii?, les combla d'Iioiniciirs ol les
renvoya dans leur pays h la tête d'uni)
^ross(> troupe de cavalerie, et sept cents nin-
j^es (pii devaient établir lo culte do Zoroaslro
dans r\rméiii(! et dans les provinces otivi-
ronnantes. Ces mages commencèrent h [tor-
séculor les chrétiens et h les l(Mirmenler do
tontes les laçons. Les Aiiiiénioiis ipii avaient
appris la |)ri''tendu(! apostasie de \ arlan vin-
rent le trouver nu cnm|) avec leurs évêipio*,
et le sommèrent do leur dire s'il était chré-
tien ou aposlal. Notre prince hsur réprmdit
(pi'il avait apostasie, on oirel, mais exlérieu-
remont senlomont, afin do sauver sa vi(; ot
celle des autres princes ses compagnons,
mais (pi'au fond du ((rur ils étaient toujours
restés lidèlos à Jésus-Chiist. Los évêfpies
leur donnèrent leur bénédiction. Co fui lo
signal de l'insurroclion. Les Arméniens cou-
rurent aux armes , se divisèrent en trois
corps, et bal liront complétomcînl l'armée ([uo
Varlan avait amenée de la Perse. Us j)rirent
la grande cité d'Aidacliad, avec ses bourgs,
puis la ville de Karni, avec sa forteresse;
l'Anic, l'Ardakorsse et ses bourgs; Jergai-
nort et .\rh uni, avec ses bourgs; Pardza-
liougne, Khoiaiiisde, Dzakhanisde, Tinacces-
sible Olagan, avec leurs bourgs; Arpanial et
A'anavan, avec ses bourgs; Kirial et (îaboud,
Oroden, Vasagachad et ses bourgs. Us ré-
duisirent en esclavage les Persans qui en
étaient maîtres, détruisirent leurs édilices
{)ublics. En une année ils purgèrent ainsi
toute l'Arménie du culte des idoles.
Sur ces entrefaites , l'intendant général
d'Albanie, ainsi que l'archevêque du pays,
vinrent prier Varfan d'y envoyer une armée,
afin d'en repousser les Perses, qui venaient
d'y pénétrer. Yartan leur dit de patienter, et
envoya un ambassadeur à Théodose le
Jeune, empereur de Constantinople, afin de
lui demander du secours, olfrant de se ran-
ger, avec l'Arménie, sous sa puissance. Ce
l)rince répondit favorablement à la demande
des Arméniens ; mais il mourut peu de
temps ai)i'ès, sans pouvoir réaliser sa pro-
messe. Bien plus, Marcien, son successeur,
loin de les secourir, fit alliance avec les
Perses, poussé par ses conseillers. Les Armé-
niens ne perdirent point courage ; ils ras-
semblèrent toutes les troupes qu'ils purent
lever, et les partagèrent en trois corps : le
premier commandé par Nerchabouh Rirapos-
tian, le second par Vartan, et le troisième
par Vassag, qui avait apostasie une fois, et
({ui fut chargé de défendre l'intérieur du
pays.
Quand les deux premiers corps furent
partis au-devant de l'ennemi, le traître Vas-
sag envoya un message au marzban Sépoukt,
où il lui disait d'alter contre Vartan, qu'il
le vaincrait facilement h cause du petit nom-
bre de soldats qu'il commandait, et que pour
lui il saurait bien empêcher les troupes qu'il
avait sous ses ordres de nuire aux armées
du roi. Lo marzban partit donc à la rencou-
1507
\AR
YEN
1328
tre dt^ Varl.in, cl les deux aniK^es se Iroiivè-
rent en n:(^seni'f' près de la ville de Khnlkal,
près de la frouiière de (léurgie. Après avoir
adressa' imo fervenle [irièro au ciel, les Ar-
méniens fondirenl iinpétueusemenl sur leurs
adversaires, et en firent une bouelierie ef-
frovable. Vartan ap{)ril bientôt après la tra-
liisoii de Vassaj^ et ses cruautés conlie les
chr 'tieris de l'intérieur de l'Arménie. Il re-
vir)i donc; mais le traître, h son a;)|)roihe,
s'enfuit dai'S ses forteresses du Siouiik ,
dont noire brave prince se rendit maître
successivement. Vassag envoya alors un
messager h Hnzguerd. afin de l'iustiuire des
îristes événements de cette campaj^ue. Ce
prince, devenu i)lus prudent par l'écliec qu'il
venait de subir é-;alemenl dans la guerre
d'Orient, ap[)ela la ruse h son secours, par le
conseil de ses favoris. Il combla les chré-
tiens d'honneurs, leur rendit leurs pensions
ei lit publi r u^^ édit dans l'Arménie, par le-
quel il oi-donnait de rendre aux disciples du
Cht ist leurs biens qui avaient été confisqués,
lui relOMp de ces concessions, il ne deman-
dait (fu'une chose : qu'ils le servissent avec
fidélité. Les Arméniens ne se laissèrent pas
prendre k ce piège; alors Ha/guord leva une
grande armée, dont il confia ie conuuande-
ment au satrajie .Mdiernerseh, commandant
et intendant général de toute la Perse. Ce
satrape partit pour subjuguer l'Arménie. 11
s'attacha, jiar des promesses fallacieuses et
par de grands honneurs, le traître Vassag,
qu'il méprisait intérieurement, lui faisant
entendre que, pour prix de son secours, il
pourrait lui faire obtenir le litre de roi d'Ar-
ménie. Poussé par son amb t:on, ce prince,
traître h sa (>atrie et à son Dieu, mit tout en
œuvre pour détacher beaucoup de cliréliens
de la cause i ationale, et il gagna un grand
nombre de nobles, de princes et d'ecclesias-
ti(pies.
\ arlan ne perdit point courage; il rassem-
bla le [»eu de Iroiqtes ([ui re>»taienl sous son
obéissance, et leur fit une harangue digne
d'un héros; ensuite il les dissémina en dillé-
renls <'ndroils, les exhoitanl h se |>r(''paier
au cond)al |)ar le ieûne et la prière. Le 2 juin
451 , un samedi, les deux arnuTS s'ébranlè-
rent et en vuuent aux mauis. Dfs deux cùlés
on combattit avec une fureur égale. Vartan
fil des prodiges de valeur, et culbuta même
le cor[»s si célèbre des Immortels. Le carnage
était ho rible, et les Perses, bien supérieurs
en nombre , conunenraient h se ilébander.
Leur général ranuna le (oui âge des Immor-
tels, qui cernèrent alors noire héros. >'nincu
par le nondtre, il l(»iid)a couvert de blessu-
res. Les Perses restèrent maîtres du rliarrq)
de bataille ; mais ils n'eurent pas llioirneur
de la victoire, h en jugrr par h-s considéra-
tiou> suivantes : jls pendirent trois fois plus
de monde que les Ar menions, qui n«î se dé-
lerrnirièroril .'i la retraite que par la mort do
b'ur général, et ajirès avoir vaincu loule la
jouriu^e les Perses sur lous les points. Vnrian
MUTile-l-il d(' (igiuer au nondtr»' des marivrs
lie la loi chrétienne? LvidtMiunent oui. Touio
son exi«;tence politique fui consacrée h la
d< fe ise du christianisme, que l'imiue Haz-
guerd voulait exlir|ier dt- l'Arménie. Il mou-
rut sur le fhamp de bataille en héros, mar,t>-r
tout h la fois de la patrie et de noire sainte
rel gion. Il y eut dans sa vie une grande
faule : il donna à la cour de Perse le scan-
dale d'une aifoslasie, bien (ni'au fond son
cœur restiU pur; mais cette taule fut rache-
téi' [)ar tout le reste de sa conduite et par sa
mort glorieuse,
VAKTUANES, prêtre apostat, eut le mal-
heur d'obéir aux ordres d'Aidacii-us , i^rinoe
persan, gouverneur d»^ l'Abiailène , qui lui
commanda de tuer de sa main le saint piètre
Vhannin. Cet événement eut lieu sous le rè-
gne de Sapor. (Koy. Nahsks.)
VAS ( saint), évècpie, soulfrit le martyre à
Casai; on ignore à quelle époque et dans
quelles circonstances. L'Eglise honore sa
mémoire le 1" décembre.
VECCHl Horace dej, de la compagnie de
Jésus, naquit à Sienne en Italie. Il fut en
voyé par le P. Louis Valdivia, pour évangé-
liser la trilwi des Elicuriens, avec les biru-
heureux Mnrtin d'Aranda, \ aldivia et le co-
a ijuteur Diego de Montalvan. Peu d- tem>s
au|)nr ivant, le P. Louis Valdivia avait baplisé
trois des ferumes d'Anganomon, cacique des
Araucan ^s. Ces femmes s'étaient évadées
avec leurs enfants, to.it jeines encore, et ré-
fugiées auprès des Es[)agnols. Anganomon,
les ayarit réclamées en vain, résolut de se
venger. Ayant ap[)ris le départ de nos trois
missionnaires, il les suivit avec deux cents
cavaliiTS, et fondât sur eux au luoruenl où.
ils faisaient leur première exhortation aux
Elicuriens. Ils turent assommés h coups de
massues, percés de flèches, et eirent ensui e
la tète tranchée, le 14 décembre 11312. 1) au
très auteurs [)rélondenl qu'ayant été li«''S h
un arbre pour èlre écorclu-s vifs, on leur
arr-acha le ca*ur, et q l'ils furent achevés à
cou s do massues. (Tanner, Socirtns Jrsu
usf/ne ad san/juinis rt ritœ profusiotiem mili-
lans, p. 4l)i.)
^ Eti.V iJean de), frère convers chez les
Dominicains, reçut la palme glorieuse du
martyr (' h Valdivia Chili:, pour l.i défense
des saintes images. Les naturels s'élant sou-
levés en 16>).'i,c'» cause des atrocités (juo
connui'tlaient les Espagnols, s'enqiarèrcnt do
plusieurs villes et couvents, ^■aldivia tomba
en leur |)ouvoir. Notre bienheureux ayant
a lerçu 1 un d'eux «|ui nuXd.iil do saintes
images, lui rej)ro,'ha son crime: mais le bar-
bire, loin de l'écouler, le | erç:i de sa larrce.
(Koirl.in.1. Mnniimnila Dominirnna, an. KiOo.)
\KN.VNT (saiîil), mar'lyr, cul la gloin* do
moiuir sous le règne do rem[»iTeur Dèce,
pour la religion chrétienne. Ce fut à Camé-
rino ipi il accomplit son maityre, avec dix
airlrt's de ses compagnons. t)ii prétend qu'd
eut la lèle tranchée. Lo juge (]ui lo condamna
se nommait Antiorhus. Dt-jà , depuis long-
temps, les Uomains donnaient des charges h
des Kcns d'origme étrangère. Des soldats d'o-
rrgiue barbare avaieni plusieurs fois monté
les degrés «lu Irône iiujn rial. Du reste, on
sait que In Palestine, In S^rie, d'où pouvait
i:,M
\i:n
vin
tz\n
(^lr(> (-("l Aiilidclms.nv/iiciil (Icpiiis loti^lcmps
(li'o l (le ('il(''.(,)M;(iiil sniiil N'cii.iiil lui iiinil.v-
r\s6, on |ir(''t('iiil ipi'il ii'.iv.iil i|iir (|ni'i/.i' a'is.
l/l',j;lis(« l'ail sa ItMc le IH mai.
\KN.\N'r (sailli) , alilh-, coiircvsa la lui h
Tours; nous i;.;'ioioiis (l.ins inicllcs rinoiis-
tnnros. Il ost iiisciil au Marlyrologc conuiiu
K> l.'l ocIoImc.
VI'INDOMI'", ville siturii sur le l.oir. i-st
«uMC'hro poi' It's souHVanci's i|U" saiiil Hii'u-
lu'Uic^ y 0 xlura m lOMtVssaiil la loi.
N ^:N^;H.\NI) ^sailli), au diocrsr (ri'lviciix,
fut tnarl.yrisr pour la loi clin'ticunc en uK^tiio
tcuips (|U(> sailli Maxiiii", (^cViiir. I.c papi)
J)auiasi', leur asaiil coit't'rr les ordres sacrôs,
les cuvnyji pri^'li r la loi clic/, lt>s idol.Urcs.
Ils pr(\licrciil (l'ahortl ci I oiiihaiilic.où 1. ur
zùic n'cul aucun l'csullat, sinon ilv leur alli-
rw (le iioiiihrcux lourMiciils. Noy.int loues
(Mlbrls iiilVucliKMix , le diacre \i'ii(''ia''d »>l
l'c»(\pu' Maxime viurcMl catérliiscr les (lau-
los, «vcc deux saints prOlres nonuués iMarc
cl l'illiérius. Ils piM^'Iu^^reut à Au\erro,à Sons
Ol à l*aris ; ils se diri,-:,('>reiit onsuile vors
Kvrcux. Arrivés auprès du villa^^o d'Accpii-
^ny, une tioupc d'idolAlios les arriMa et hmr
coupa la liMc, dans une île formée' par les
rivières d'Euro et d'ilon. Trcnle-huit sol-
dats convertis jiar les saints martyrs subi-
rent les inèines lourmoUs. Kes deux prètros
qui les avaient accompagnés, et qui avaient
réussi ,^ .s'échapper, revi'irent au lieu du
su|»plico des deux saints martyrs, et enseve
liront leurs cor|)s dans une vieille église si-
tuée près do là. Ce fut un nommé Amalbert
qui trouva <îos ro icpK^s, vers l'an 9()0, h Ac-
qnigiy. Léglise qui les renfermait tombant
ei ruines, M. de Kocliecliouart, évèqiie d'E-
vroux on 1750, les lit transférer dans l'église
paroissiale. L'Eglise honore la mémoire de
Ces doux saints le 25 mai.
VÉNÉIIAND (saint), fut martyrisé à Troyes
sous l'empereur Aurélien. Le Martyrologe
rimain indi(iue sa fête le ik novombre. Sou
histoire est tellement mauvaise ([u'il est iiu-
poss ble d'y rien fonder.
\ ÉNÉRÀNDE (sainte), est mise au même
jour que le précédent par le Martyrologe ro-
pain, (|uoiiiue le Mariyrologc indi(iue qu'elle
souffrit sous JMarc-Au"èle (Aiitonin). 11 y a
tout lieu de cro're que les historiens ont
fait double emploi, et que sainte Vénérande
et saii.t Vénérand sont un seul et même per-
sonnage. Pierre de Natalibus donne de l'un
et de l'autre des histoires invraiseaiblablos,
mais dont certaines circonstances concor-
dent assez pour qu'on puisse porter le juge-
ment que nous venons d'émettre.
VÉNÈRE (sainte était un honuîie d'une ad-
mirable sainteté, qui mena la vie érémitique
dans l'Ile Palmaire. Il confessa la foi : nous
ignorons en quel lieu,àquelleépoqueetdans
quelles circonstances. L'Eglise fait sa mé-
moire le 1.3 septf^nibro.
VENOUSE, ville de la Pouille, où saint Fé-
lix, évoque de Thit)are,fut décapité, sous
remf)ire de Dioclétien, en l'année 303. (Toy.
FÉLIX de Thibare.)
VENTUKIUS, général romain sous Dioclé-
tien, mais immédialemenl souini.s h (î/ilère,
|ici s ■( iilail, il'.ipi es les oïdies do ce dernior,
les clui'iiens UNI ('t/iienl parmi les soldils
qu'il commanilait. Il les niellait tous dans
I alleruative, ou de re-wcirer il |(>ur foi. ou
d'i^'re (h'-clius de; leurs emploi-. Plusieur»
soiiinireiil le martyre, parce (pi'ils ne voulii-
reiil pas re'ioncer h leiu' foi. (yoi/. (ivi.iiii.)
> l'iN ri;S sainl), iiiartNiii (iarllia^e en 2o(),
sous 1(! règne et durant la porséculion do
roiiipeieiir Dère. (le saint l'ut eulermé avec
beaucoup d'autres cliri'liens dans un cachot
où, [)ar l'ordre do l'omperour, on I s laissa
l(Mis mourir de faim. iVoi/. \i(:\uni\.) L'I'!-
glis(» l'ait la fcle de; tous ces suints le 17
aviil.
\ ENrS'I'E (saint), reçut la glorieuse palme
du martyre on Al'ri(pie avcjc, sainl li(''li(»dor('
et soixante - (juinze autres dont les noms
nialhourcu.somenlnesontpf)int paiv(niiis jus-
(pi'à nous. L'Egl se fait coilectiveinent leur
miniioire le 0 mai.
VIONrsriEN (saint), gouveriunird'Ombrio
etd'Erurie, sous les eujpoiours Dioclé.ien
et Maximiori , s'(nn|)ressa, dès l'an 31)3 , do
faire mettre h oxécu ion, dans tons les lieux,
de son ressort, les édils des empereurs con-
tre les chrétiens. A Assise on arrêta saint
Sabin, éyè(|uc, avec ses deux diacres Marcel
et Exupérance. Vénustion y étant venu les
lit comparaitre, et saint Marcel et saint Exu-
pérance, ayant étéélen.lus sur le chevalet, fu-
rent déchirés avec les ongles de fer. Ils mou-
rurent au milieu (les su[)[)lices. Saint Sabji
eut les deux mains coupées. Plus lar<l , le
sainl évô((uo rendit la vue à un aveugle, et
guérit Vénustion lui-môme d'un mal d yeux
qui le faisait soutfiir beaucoup. Ce persécu-
teur, touché de ses miracles se convertit. Il
donna sa démission, ne voulant pas être plus
longtemps ministre des fureurs sanguinai-
res (ios em[)ereurs. Les Actes de saint Sabin
portent que depuis il fut décapité pour la
foi. Le .Martyrologe romain ne le men-
tionne pas.
VEUCHIÈRE (Elis.\beth) , religieuse du
Saint-Sacioment à Bolèno, périt sur l'écha-
faud, le 13 juillet 179i, à Orange, avec Anas-
tasie de Rocard , su[)érieure des Ursulinos
de Bolène ; Marie Anne Lambert , converse
au même couvent; la sœur Sainte-Françoise,
converse chez les Ursulinos à Car|ieitras;
Alexis iMincette et Henriette Laforge, reli-
gieuse du Saint-Sacrement de Bolène.
VERDA (sainte), vierge et martyre, mou-
rut on Perse pour la religion chrétienne avec
saint Daniel en l'an de Jésus-Christ 3V'i., du-
rant l'atroce persécution de Sapor. (Voy. Da-
niel, Actes connnuns.) Le Martyrologe ro-
main marque la fête de sainte Vorda le 21
février.
VERDUN, ville située dans le département
de la Meuse, est célèbre dans les annales des
martyrs par les soutl'rances qu'y endura l'é-
vêque Maur, en confessant le nom de Jésus-
Christ.
VERECONI (saint), évêque, confessa Jé-
sus-Christ à Vérone; on ne sait pas à quelle
époque; les documents authentiques maiv-
1511
VER
Vie
1312
quent sur «on complo. L'Eglise honore sa
mt'nioire le 22 octobre.
VKKCiES, rirgiT, |)oign<'e de petites bran-
ches extrcMnciueiit llexiblos et liées ensem-
ble. Les blessures occasionnées |)ar cet ins-
trument (le su[)plice (^talent excessivement
douloureuses, mais peu dangereuses.
VKIUA (l'ancienne Bérée), ville de Macé-
doine, vil, vers l'année 173i, le glorieux
martyre d'un jeune Français (pii avait eu le
malheur d'aposlasier la religion chrétienne,
et qui s'était fait mahométan. Pris de re-
mords pour son détestable crime, il montra
publiquement combien il le détestait. A Ve-
ria, il n'y avait pas de prêtres calholiques :
ce jeune honnne confessa son crime h un
prêtre grec et reçut la communion; mais le
scandale de son apostasie ne lui semblant
pas sudisamment réparé, il voulut se sou-
mettre à une pénitence ostensible : il se mit
aux jambes des pointes excessivement pi-
quantes, sur la tête une couronne d'é[)ines,
et au cou une petite croix ; ensuite il vint,
demi nu, se montrer on cet état sur la place
publique, se fra|tpant à coups redoublés
avec une grosse corde, et criant (ju'il avait
eu le malheur d'aposlasier, mais (pi'il vou-
lait que tout le monde fiU témoin de sa pé-
nitence. Le cadi le fit arrêter, et employa
vainement tous les moyens imaginables pour
l'amènera apostasicr une so^'onde fois. Priè-
res, menaces, promesses, tourments, rien ne
put l'y décider : il niotitra une constance in-
vincible, et périt dans les tourments. Ce fait,
glorieux pour le christianisme, est ripporté
dans une lettre du P. Souciet, datée du 20
mars 173V.
V'ÉHIEN (saint), martyr, mourut pour la
foi chrétienne, sous l'ernpire de Dèce, par
ordre du consulaire Promote. Les Actes
qu'on a de lui et de ses compagnons, saint
Secondien et saint Marcellin, ne sont rien
moins qu'authcnli(jues. Arrêté dans la ville
de Home, il y subit divers su|in)lices ; il fut
ensuite envové en Toscane, où il fut déca-
pité L'E.^lisc fait sa fêle le 9 août.
VtlUSSIME (saint), fut martyrisé h Lis-
bonne en Portugal, durant la cruelle |>or.-é-
cution de l'emperour Dioelélien. Il eut pour
compagnes de son martyre ses deux sœurs
MaxMue et Julie. L'Eglise fait collectivement
leur fèie le 1" octobre.
VEHMAND, chef-lieu de canton, ancienne-
ment Auffusln Vrromnnduonim. Cette ville
était considérable et siégod'un ('vêché. Ell(>
fut détruite pnr les Huns. Aujourd'hui elle
n'est plus .|uin petit village. <:'(vsi \h qM(>
Kictius Vanis lit martyriser saint Queului,
qu'il avait déjà fait "soulfrir h Amiens, et
(ju'il avait fait amener de cette ville.
Vf;K()M:. Vrron'i ei l.itin et en italien,
ville considérable du royaunu- Lombard-Vi'-
liitien, est célèbre par le marlvre de saint
Zenon, son évêcpie, soii.^ le règne de (lal-
lien. Ce saint évoque avait gouverné son
Ki^lise avci; un grand courage durant la per-
so, iilion.
vEHILK saint), eut le glorieux privilège
de réj'iUKhc son sang pour la foi, h Adru-
mèle en Afrique. Les compagnons de sa
gloire furent les saints Secondin, Sirice, Fé-
lix, Servule, Saturnin, F'ortiniat et seize au-
tres dont les noms malheureusement ne sont
point parvenus jusqu'à nous. Leur martyre
arriva durant la persécution des Vandales
contre la religion catholique. On ignore la
date et les ditlérentes circonstances de leur
combat. L'Flglise fait collectivement leur mé-
moire le 21 fi'vrier.
VESPASIEN ( r//M.«f Flavius), empereuF
romain, né l'an 8 ou 9 de Jésus-Christ, fut
l'uistrunient dont Dieu se servit pour punir
les Juifs. (Voy. Juifs.) Son règne fut un rè-r
gne de bonheur pour les Romains, l/histoire
a consacré la mémoire de Vespasien couime
celle d'un des meilleurs princes qui aient
passé sur le trône des Césars. L'opinion com-
mune est que Vespasien n'a pas pxîrsécuté
l'Eglise; nous ne pensons pas qu'on puisse
ainsi amnistier com|ilétement ce prince d'un
pareil fait. Un ouvrage d'un intérêt puissant
(Roma soterranca, 1. lu , ch. 22\ qui nous
donne la description de Rome souterraine,
nous fournil une inscription dont voiei la
traduction fidèle : C'est du Christ nue tu tirns
toutes choses, et tu fais mourir Gaudcntius.
C'est ainsi, cruel Vcspitsicn, que tu fais voir
ta reconnaissance : mais le Christ lui a gardé
MM/? place au ciel. Il est évident, d'après cette
inscri[)tion, que, sous le règne de Ves[)asieM,
il y eut {\es chrétiens persécutés. Probable-
ment ([u'il y en eut peu, et que ceux qui le
furent soutfrirent en vertu dos lois ancien-
nes (celles portées par Néron) qui leur
étaient appliquées. Q\uA était ce Cauden-
tius?on l'ignore. Vespasien mourut en 79,
laissant la réputation d'un bon prince, et lé-
guant son trône à son lils Titus, qui avec la
pourpre hérita de ses vertus.
VESTINE (sainte), reçtit la couronne du
martyre ;\ Cailhage, en l'année 20). sous le
règne de l'empereur Si'-vère. Elle était au
nombre des martyrs soillitains. Sa fête a lieu
dans l'Eglise romaine W 17 judlet. (Pour plus
de di'tails, voij. Spkhat.)
VIALLE, missionnaire en Cochinchine, y
mourut do misère et de privations avec
M. Candalh.
VI ANS, ou Vieux, petit village près d'Albi,
où saint Amarand ou Amaranlhe fut marl\-
risé sous l'empire de V'alérion, lors do l'ni-
cursion que le barbare Chocus, roi des Al-
loiua'ids, lit dans les (iaules. où il lit mour.r
une grande ipianlilé dt> chrétiens.
VIAI'ELIV (saint', évêque, endura do vio-
IfMites tortures h Bm-game. en confessant sa
toi. L'EaIiso fait sa mémoire le 1» décembre.
VICIOIRE ^ sainte), vierge et martyre,
était lianeée à nu jeune homme nonnné Eu-
gèni;; sa soMir An iloli(> l'était h un autre,
nommé Aurélien. Eugène ayant su aiie Vic-
toire, par une dt-termination nouvelle, vou-
lait deiiu'iMMT vierge, et par conséquent re-
noncer à l'état du mariage, pria Anatolie de
la faire revenir à ses nremiers |)rojets ; mais,
loin que ce fût Anatolie <pii ameuAl \ icioire
à ce qu'on désirait d'elle, ce fut celle der-
nière (jui convcriil ^^a sœur ô ses propres
1:>15
vin
vu;
i:>\i
iih^cs, cl loulcs deux n'vsoliirftil de ne pas
s»» iiiarirr, (»l do c()nsn(;r<>r Icnr vir^^iiiih! au
Sci^uciir. l'infî»"-!!!', alllifAÔ di- vctir (jiic sa
liai)('(''(^ ]^^ (|iiilliiil, cl (juc par sa IhiiIc
celle d'AiirclicM If laissail aussi, ollVil de
liicKi'c \i(;l(»ii(! cii jii;^^i'iiicii(, coiiiiik^ clilc-
licmic ; mais Aiin'lii'ii s'y rcCiisa, et lui c.oii-
fi(MlIa d'ohlcnir d(< Dt'^cn ipic les deux lilles
lotir fiissiMil liviérs. |)rc(> y ('(niseiil il . Vvo-
halilemciil (jiie fcs deux jeunes gens élaioiil
puissauls, 0 esl du moins ce (iiie eello eir-
eonslance lend à prouver. Ils les men^it-iil
loules doux .^ la eampaj^^ne, où ils U\[\v (ireiit
souffrir loules sortes de (ournienls cl dt; pri-
valions, sans jjouvoir vaincre leur amour
pour la cliasleU^. Leurs Arles discul (pj'ils
alU^'reid Jus(|u'à les orivci- d'aliments. INmi-
daul (prelles élaienl tlans les terres des deux
jeunes ^eiis, elles lirenl henucoup de mira-
cle;» (pii eoiivertirenl un j^rand iiondue de
vierges h .hVsus-Cluisl. lùiliM, par ordre de
Di^ce, (pii a|)piil leur gi'uére (S(> o|)ini<Urelé,
elles furent loules deux mises à mort. Le
juge, noiunu'i raustirnen, n'ayant pu déler-
niiner A'icloire ù sa(M'ilier ou h épouser Ku-
gùno, lui lit |)ercer le e(LMn" avec une é|)ée.
La jeune épouse du Seigneur mourut sui-le-
diamp de celle blessure, eu l'année 250. L'K-
glis(> fait la fêle de sainte Victoire le 23 dé-
cembre.
VICTOIRE (sainte), était originaire de Cu-
cuse. Kilo coid'essa sa foi au milieu des dou-
leurs les plus atroces. On la suspendit en
l'air et on alluma du feu au-dessous de son
corps, rendant ce tem[)s-là, son mari, qui
avait apostasie, lui parlait de la manière la
plus cai)able de la séduire. Il la conjurait
d'avoir pitié de lui, de ses enfants, et de sau-
ver sa vie en obéissant au roi. Cette géné-
reuse clirétienne ferma ses oreilles pour ne
j)oint entendre son mari, et n'arrêta point
ses yeux sur ses enfants, afin de tenir son
cœur plus parf;\itement élevé au ciel. Les
l)Ourreaux, voyant que ses épaules élaienl
disloquées, qu'elle avait la plupart des os
brisés, et qu'elle ne respirait plus, crurent
qu'elle était morte, et la descendirent. Mais
elle revint à elle-même, et elle raconta de-
puis qu'une vierge lui était apparue, et l'a-
vait guérie en louchant les différentes parties
de son cor[)S.
VlCTOllŒ (sainte) , fut au nombre des
quarante-huit martyrs m s à mort avec saint
Saturnin, en Afrit{ue, sous le proconsul Anu-
lin, en l'an de Jésus-Christ 305, sous le rè-
gne et durant la i)ersécution que Dioclétien
suscita contre l'Eglise du Seigneur, [Voy. Sa-
turnin.) L'Eglise honore la fête de tous ces
saints le 11 février.
VICTOIRE (sainte), martyre, sœur de saint
Aciscle, martyr, habitait avec lui Cordoue,
sous le règne et durant la persécution de
l'empereur Dioclétien. Le président Dion les
lit cruellement tourmenter. Tous deux cueil-
lirent la palme du martyre. L'Eglise fait leur
fête le 17 novembre.
VICTOR (saint), soldat, fut martyrisé à
Damas de Syrie, avec sainte Couronne, sous
ie règne de l'empereur Marc-Aurèle. Leurs
Al 1rs, dont Hcdc dnnn(! ini abrégé dans smi
Martyrologe, srml loiri d'avriir les carartèrci
(l'.Mdlienlicilé désnabies. !,cs Latins font la
fêle de saint \'i(-lor le \k mai.
VICl'OK (sainlj, pape, (pu mourut en 202,
sous ri-iii|iiie de Si'Vère, est regardé par
(piel(pies écrivains comiiK! mai (\ r, par d'au-
tres simpleiiicnt comme confesseur. Le doiiln
est au fniid de cclh; (meslii)n, nous n'osons
pas la dt'cider. Dans les addilions du Mar-
tyrologes d(« Rèdc, f)u trouve ces tiiol.s : /)p-
jxisitio sdiirli Victoiis rpisco/ii, et /xissio Uo-
nali iiKirti/ris. I*rcs(iue lotis les exenipi/iire.s
dvs martyridoges de saint Jérôme poitent
également : Dvposido savrli Virloris. Il est
vrai (pus dais la piimilive l-lgiis", Irès-soti-
ve'il on donnait le nom de conlessetirs aux
martyrs; mais ce ipii ici contiibiie ,'i nous
faire croue tpi'à profios dt; saint Victor co
mot n'avait pas la même signilicalion, c'est
l'opposilidii qui s(> trouve dans Rède. Saint
Victor, Africain dt; naissance;, succéda <à saint
Eleiilhère en 193; il combatlil avec vigueur
les hérésies nombreuses qui s'élevèrent do
son temps : ainsi il excommunia Théodolo
de Ry/ance, tpii prêchait h Rome que Jésus-
Chiisl élail un homme. Peu de tenqis après,
un nonnné Montan, qui, ayant aspiré aux
premières places d(î l'Eglise, avait vu son
ambition déçue , devint enthousiaste par
sinle d'orgtieil. Deux femmes de mauvaise
vie, Priscille et Maximille, imitant ses excès
et ])arlageant ses erreurs, se joignirent à lui.
Il prétendait avoir le don de prophétie, se
disait supérieur aux a[)ôtres, et disait qu'il
avait reçu le Saint-Esprit promis par Jésus-
Christ pour perfectionner entièrement sa
doctrine ici-bas. Il déniait à l'Eglise le pou-
voir de remettre les péchés d'idolAlrie, d'ho-
micide et d'impureté. II condamnait les se-
condes noces comme impures, et ne voulait
pas qu'on se retirât des lieux où sévissait
la pe.sécution. Les montanistes, disciples de
cet énergumène, devinrent nombreux : ils
furent condamnés par l'Eglise. D'abord saint
Victor avait envoyé des lettres de commu-
nion à ces prétendus prophètes, qui rési-
daient in Asie, àPepuzium ; sa foi avait été
surftrise ; mais, éclairé par Praxéas, il les
révoqua. Enflé d'orgueil , ce Praxées lui-
même devint hérétique, enseignant, à Rome
même, qu'il n'y avait qu'une personne en
Dieu, et que le Père avait été crucifié aussi
bien que le Fils, Saint Victor le retrancha
de la communion des fidèles, 11 fut obligé
de faire la même chose pour Talien, chef
des encratiles ou continents. Ce célèbre dis-
ci[)le de saint Justin en était arrivé à dire
qu'il y avait deux principes, un bon et un
mauvais, et que le mauvais était le créateur
du momie. Il soutenait qu'Adam était damné,
et que le mariage n'était pas moins coupable
que l'adultère. Ses disciples n'employaient
que l'eau dans la consécration eucharistique,
ce qui leur avait fait donner le nom d'açua-
ricns ou d'hydroporastates. Il eut à régler de
graves différends avec L^s Eglises d'Orient,
qui, pour la célébration de la fêle de Pâques,
ne voulaient pas suivre l'usage de l'Eglise
romaine. Sa fermeté, et en m^mc temps sa
donccur, mf'èrent les rho>cs h bion. il
mourut on l'nn !2.)2 do Jrsus-Christ. Les
donlos (jiK- nous .'ivons si^nU s en cuoi-
racn(.anl plane it sur la lin (le sh vie.
VICTOU sninli, évtVpic et qunl fu^ mar-
tyr au MartvMjlo^o roui lin h la date du 10
st'ptomhre, jour auqutl l'Kglise ct'lôhre sa
ftHf, «'lait l'un dis m-uf ùvô([ue.s cifcriuivs
dans les mines, et à i[ui saint Cypr en écri-
vit ?a 76' lettre. 11 avait été d('[)orlé iinmé-
dialement a[)rès sa première ronfession ,
aussitôt après avoir éti' cruellement frap:ié h
coups de bAton. Cet évèque avait assisté
au grand concile de Carthage. [Voy. Nèmé-
SIE>.)
VICTOR ^saints confessa généreusement
la foi chrétienne h Corinlhe, en 2V9, sous
l'empire de Dèce , avec les saints Vic-
torin, Nii'éphore, Claudicn, Dio^core, Séra-
pion et Papias. Tous sept furent exilés en
£.;yple , ou s'y retirèrent vnlonta renient.
No .s les retrouvons en raiinée 28V, souf-
frant la mort pour Jésus-Christ sous l'em-
pire de Numérieii. [Voi/. Victorin.) Après
que saim Virlorin fut mo.t broyé dans un
mortier où le juge Sabin l'avait fait jeter,
l'un dos bourre.iuK montra ce mortier san-
gla it à Victor. « C'esl-là, dit-il, uù je trou-
verai le salut et la véritable fél cité. » Aus-
sitôt on l'y jota lui-même, et on le fia :|)a
jusqu'à ce (piil lût mort. L'Kglise fait sa
fôle le 2.J février.
VICTOU ,'sainl), martyr, mourut on 2o0,
sous l'empire de Dèce, à Carthage. II fut
enf -rmé dans un cachot avec saint \i( Icrin
et une foule d'autres saints, où on le laissa
mourir de soif et do faim par ordre (\i^ l'em-
pereur, yoy. VicToRix.) L'E^dise fait la fêle
de saint Vielur et de ses com[)agnons le 17
avril.
VICTOR (saint) , martyr, versa son sang
our la foi à Rome, sous la persécution do
. nipereur Valérien. Il eut pour compa-
gnons de son martyre les saints Irénée,
Antoine, Théodore, Saturnin et di\-sepi au-
tres tiont on ignore les noiiis. La date de
leur martyre c>t inco uiiio. L'Kglise célèb, e
leur mémoire le l.'i décembre.
VICTOR :saint\ fut martyrisé à Sobnire,
V lie de Suis«;e, avr'C son couipagiiou Ours.
Ces deu\ soldats, (pii f.iisaieul paitie de la
lésion Tln'béoime , soulfrirent d'abord de
nuels supj>lices sous l'enii ereur M;i\imien;
mais unt; lumière céleste brdiant sur eux,
les exéculi'urs lonibêront par ((mm'o, et ils
furent délivrés : jrti's ensuite dans le fou,
el n'en ayant reçu aucun mal, ils périront
ontin p;ir le gl.nve. L'Kglise fait leur m»'-
inoire h- 'M) sepleuibre.
VICTOR (sainl), martyr, était un onicior
rlirélion ré^id;1!ll5 Marsiillo. Il eut le bon-
rieur de soulfrir le mari, lo pour Jésis-
Clirist avec les saints Alexandre, Kéiicion cl
I.ongin. Rion mieux (pic ses Actes, (pd s(Uit
adiiiii;ibles , iK* put iio;iver ni ».a place.
Comme ils sont longs, nous forons pour les
trois saints (pie nous veinuis do n(Mnmer d<*
vir.
i'IG
F
simples renvois. Les voici en entier, d'après
D. Ruinart.
Marti/rc dr sninl Victor, de saint Alr.randre,
de aaint Félicien et de saint Lonyiu.
Mai se lie est une grande ville que la m--
gniliconoe et la solidité de ses b.'itiuunts ont
r "n 110 aufiefiis très-fameuse. Kdo est si-
tuée dans un beau pays, à l'entiéodes Gau-
h'S, d'où ell- éle-id son commerce de terre
el de mer jusque chez les peuples les plus
éloignés. Ses richesses, 1 abord et le con-
cours du toutes les n.itions qui se rendent
en son [)orl, le coiirag" même et la valeur
nainrello de ses habitants , l'avaient fait
choisir aux Romains pour êire dans l'Occi-
dent u'ie de hnirs ca[)itales : au^si porta-
l-el!e plus loin qu'une autre lo culte super-
stiti(Mix et sacrilège des divinités romaines.
Rendue orgueilleuse et féiOL-o par ses avan-
tages, elle semblait avoir perdu toute ombre
d'hiimaniié d.ans la iierséculiiin qu'el e dé-
(;larait au*; fidèles. Se-, citoyens surtout, à
l'approche des i [n|«oieurs, ah'ectaiont de se
jeter comme des loups atlamés sur les trou-
peaux de saints qu'ils ramassaient soign^u-
soment de tous côtés. Elle n'épargnait pas
ses j)ropres enfants; et sans dittérence d âge
ni de sexe, tous ceux ipii se trouvaient en-
gag- s chez elle dans le ihrislianiMne étaient
menés comme en triomphe a-.x autels do
ces démons , où , après toutes sortes .. 'in-
sultes et de tourments, ils étaient égorgés
avec moins de compassion (jue des ani-
maux.
Lnli c ces r récieuscs victimes , lo très-
saint martyr A'ictor, (omnie une étoile plus
brillante (pie toutes les autres, fut particu-
lièrement remaiqual)le, soit par la nolilesse
de son origine, soit par ses lumières et sa
ferveur dans noire religion, soit enlin par
cet ordre de la Provideiu o qui. l'ayant com-
nds avec remi>eieur .Maximien, le'plus bru-
tal et le plus délosl.ible des persécuteurs,
voulut (lue sa constance véritiAt lo nom do
vaiiKpieur ({u'il avait leçu en naissant.
Cet (MU| ereur Viiit lui-même h .Marseille.
Il ne s'était (h'-jà rendu que trop redoutable
à [ilusieurs d'entre nous par le sang des
chréti(Mis ipi'il avait répaidu. surtout dans
les daules, avec plus d ;ibondaiice que Imis
ses prédécesseurs, mais parliouliereiue it
par ce fameux ii:assacre do la légion l'né-
Ix-enno qu'il avait fait périrh Agaiine ,Saint-
.Mauricoi. Cet impie, pour agir encore avec
impiété, selo'i le langage de l'Ecriture, et
jutur combli-r la mesure de ses crimes av;inl
la tin de sa vie, se déclara d'aboid persécu-
liMir infatigable de la vertu ; et comme s'il
n'avait f.iii alors (pie commonror, il résolut
d'oxtncer toute lelendvie de sa rage contre
les chrétiens (pii refuseraient de se rendre,
on les faisant passera um» n.oit cruelle |)ar
les tmirme ds les plus r(>cliert liés. Au mi-
lieu de cet orage do maux (|ui ébranlait et
nnivor-ail la plupait dos nôtres, \ icior pa-
rut toujours intrépide. Inutcs les nuits il
visitait pour ainsi dire le eanip des chré-
lioris. allant d-^ mai^nn en mnison in':pir»T
ir.i7
\\c
vir.
r.n
/iii\ srrvil(Mirs de Dieu le im'pris d'iino mort
jiassa^;,*''!»', cl .'illiiiiitr cii ni\ r.iiiioiir tic la
vio (''it nielle.
Il lui hiciilAl sur|iiis (l.iiis cet cxcicicn
(laiijj,ci'cii\ I l ('(induii tlr^ani les Inluiiuiiix.
Les ju^cs rinvilciciil ir.ilKiid avci- ddiiceur
h ne point iiliandonnci' ainsi la lavenr de
]'(Mn|)ci cin' ponc .s'all.'iclicrà nn lionuiic nnut
(l(>puis IdMfAlcnips. Mais Vietor, animé de
l'cspiil de Dicn, leur prouva d'.'ilioid (pn^
leuis (iivinili's n'6laienl (pn- des dcnii/ns
impurs. Il leur déclara eiiMiile (pi"é(anl sol-
dai de Jésus-dhi isl il i-e-io-'cail à |ou( ran^
dans rarmée el lians la cour de l'empt renr,
si riionucur de stm premier el vcrilahlo
mallre y était intéressé, l'iilin il lein' ensei-
gna jv liante voix, avec une torce et uikî li-
berté nnrveilleusc, (pic le Scigrunn- Jésus,
l''ils du Dieu 'rrcs-llaul, s"(''lail h la vérité
i'ait liomiiic uioilel par amour pour la na-
ture humaine ; (|u'il avait nu'^me élé mis ii
mort par les im|)U's, de la mauièio (juc liii-
nièuu' avait (h'-siiée; mais (pu! par sa v(Mtu
loutediviue il était ressuscilédés le Iroisièmo
Jour, et ensuite monté au ci( I, où il avait
re(;u de son Tère un royaume éternel et iiu'3-
biaidable. A ces paroles les assistants jetè-
rent des eris furievix. Oi accable d'injures
b' saint cout'esseur. (lependant, coinuie il
(jtait honuno consiilérable, les juyes trouvè-
rent h pro, os dt renvoyer sa eausi! h César,
qui , la, ant a[ipris , ordonna, tout trans-
porté de rage, (ju'on anienût sans délai ce
saint athlète devant lui.
Le l)ienluineux Victor, étant donc pré-
senté au crut 1 empereur, est accablé d'accu-
sation.» violenti'S et reiioublées. On le jiresse
encore par toutes sortes de promesses et de
menaces de sacrilicr aux démons. Mais
rendu |ilus fort par ces éj reuves, avec les-
quelles il s'était lamiliarisé , et lassé du
séjour (ie la terre par l'espérance et le droit
qu'il avait déjà au ciel ; en un mot, comme
rafraidii el enivré d'un breuvai$e céleste, il
confondit [)ar sa sagesse et sa fermeté le
baibare empei'eur, et tous les princes qui
l'assistaient, en faisant voir churement la
vanité des idoles, et prouvant invincible-
nicrit la divinité d;' Jésus-Chiist.
Alors le tyran ini})ie, plus furieux qu'un
lion et plus malin qu'un serpent, se laissa
aller aux derniers cmpoilements que le dia-
ble lui Hispirait, etcoidamna le saint mar-
tyr à élre traîné dans la boue avec des cor-
d^es dans lout^ s les rues d.- la ville, afin de
venger parcelle ignominie ses dieux offen-
sés, et nous épouvanter })ar cet exemple.
La nouvelle de celle sentence attira une
multitude effroyable de j)euple à ce specta-
cle, qui, voyant ainsi rouler ce généreux
coinballaut, les pieds et bs mains liés,
augmentait ses soullrances avec les coups
qu'il lui donnait, ou du moins avec ses
injures, s'il ne poiivait faiie davantage,
s'estima ni heureux de contribuer en quelque
chose à son supplice.
Le généreux Victor, ayant ainsi rempli la
barbare curiosité d'une [lopulace effrénée,
fut ree<jnduit tout brisé et tout sanglant au
Irihiiiinl tic «ic« juges, (m'i l'on lui Ht ilc nou-
velles uislai.ces lie renoncer Jésus-(ihi ist el
d'atioicr les faux tlieux. (a'h iinnieii, «'imngj.
liant ipie las tics toiirnienls (ju il avait souf-
b I Is, des injuii's tprou lui aviiil diles, des
sei les huét s ilu pf-uple ipi'il av«it essuyées,
il songciail h sauver ce peu dt; vie tpii lui
restau, sans plus ih'reiitlie sa religion, lui
repK' ( iitèrcnt tout ileiioiive.u I injure (pi'il
faisait à (It'sar et à la répuhlitpie. Ils exagé-
rait ni la Iblic ipi'ils littuvaiinl en bu du
sacrilicr la favei.r el l'amitié des dieux ul
des princis, les plaisirs 1 t les honneurs du
monde, son corps el sa vitr, h 1 espi'-r.Mico
d'un bien (|ue personne n'avait jamais ni vu
ni i onnu ; il'atiirer sur lui dt; g ieté de creur
tt)ul te tpie la vengeance el In colère hu-
maine peuvent inventer de clwllimenls cl tlo
sup[)lices, de s'y exposer, cl de les subir h
la vue tie ses amis et dt; ses pifjches déses-
pérés. Ils ajoi.taieut tiue la funeste expé-
rience (pi'il venait de taire tievail fort I ai-
der h reiiresser situ jugi'iiieiii ; iprenlin il
cessa de mépriser les tlieux dont la majesté
brillait dans les temples, ijoul les bienfaits
se répaidaie-it sur tous, ipie la vénérable
antitpiilé avait reconnus, el qui étaient ado-
rés encore aiijoiirtriiui par les plus grands
d'entre les honuui.'s ; des(iuels la bienveil-
lance faisait tout prospérer, et dont le cour-
roux était cap.dile d'anéantir le monde en-
tier. Qu'il rei om;;11 à un Dieu t{ui avait vécu
pauvre et misérable, et dont la mort iifAmo
découvrait assez l'impuissance. Qu'à ces
conditions non-seulement il cchapperail au
dernier supi)lice qui latlendail, mais qu'il
serait hientol en état d'être congratulé }iar
eux-mêmes des richesses et des dignités
dont César 1 allait combler. Que si au con-
tiaire il refusiiit de pareilles offres, on allait
achever sur lui les opprobres el les tour-
ments dont il avait déjà vu quelque ébau-
che, [;our le faire passer à la gloire préten-
due el chimérique de son Maître, par le
même chemin que lui.
A ces n;ois, le martyr, soutenu par la vic-
toiie qu'il venait de 1 emporter, plein de la
grâce el de la force de D eu même, devenu
l'oracle i.u Saint-Lspril, prononça ce dis-
cours au mil eu de celte assemblée :
« S'il ne s'agissait ici que de l'intérôt de
César et de la réjiublique, qu'on mêle dans
l'accusai on qu'on iniente contre iLoi, ma
défense consisterait à ]>rotester que je n'ai
jamais olfensé l'emfjcieur, ni manqué au
lespect que je lui dois, m même cessé de
le servir dans ma [)roféssion et selon mon
ministère. Tous les jours j'offre avec mes
frères un précieux sacrifice pour son salut
et celui de l'tmfiire, j'immole une hostie
non sanglante el spirituelle pour la coi.ser-
valion de la république. Mais enfin est-il
quelqu'un qui n'attribuât au dernier excès
ne démence et d'illusion, de s'attacher telle-
ment h un bien qu'on, le préfère à un autre
cent fois j)lus grand ? Que serait-ce donc
encore, si ce premier bien que vous avez
n'élait jamais lel que vous le souhaiteriez ;
que vous ne le pussiez retenir sans crainte ;
131!)
TIC
Vie
1320
qu'enfin toutes vos crainfos ne pussent vous
rassiiror? Kl q\i'aii ronlnirc U* bien qui fait
le C('-Uu|)lo du pnMuitT fût eu vf>lrf dispo-
sition toutes les fois que vous le voudriez?
quf vous on pussiez jouir Ir.riquilleuie'it et
sans remonls? qu'onlin il no fi^t ni diminu-
tion de sa part, ni dé;-;oiU de la vôtre, ni vio-
lence (^trnn^^re qui \n\l J.uuais le foire per-
dre ? Or il "n'est point dlionuue sa.^e et de
rédexion qui ne sache q le la faveur du
prinro, les plaisirs du monde, la gloire, les
honneurs, les amis, la s.inlé et la vie niOine,
sont des biens qu'on n'ac(|uiert pas quand
on veut, (pi'on ne poss^de pas silreincil,
qu'on ne conserve pas longtemps; qu'ainsi
il leur faut préférer les joies ineffables et
solides qui naissent de la jouissance du Dieu,
auteur de toutes choses, que l'on possède
aussitôt qu'on l'aime, avec lequel on pos-
sède tout, qui récompense d'un trésor im-
mense et éternel les frivoles et courts avan-
tages du monde présent qu'on abandonne
pour lui. Ce n'est donc pas une mort, mais
un passage délicieux, que le chemin qui
nous mène à une telle vie. Comme Us souf-
frances (lui éteignent les feux de l'enfer ne
sont point des sup[)lic(S, mais de véritables
rafraîchissements; rien aussi d'un autre
côté n'est plus insensé, rien n'est' plus
bas que de s'olistiner à regarder son ennemi
comme son Dieu, et s'attirer par Ih après
celte vie une mort éternelle et des tour-
ment"; qui n'ont [)oiiit de mesure dans leur
rigueur ni dans leur durée. Kt (piel est cet
ennemi dont je parle, si ce n'est celui qui
appt-end et ipii invite |)ar sou exemple h
faire des choses honteuses, et qu'on punit
même très-injustement parmi 1(!S hommes
du dernier supplice? Vous ne nierez pas
que les vers que vous faites réciter et chan-
ter publiquement ne S(»ient une manière
d'enseigner les hommes. Or tout et- (jueje
viens de dire se rapporte à vos dieux, dont
les crimes horribles non-seulement reten-
tissent sur vos théâtres, mais sont célébrés
par vos canti(|ues, et comblés de louanges
dans vos temples.
'< Qui de vous ignort^ les brigandages de
votre Jupiter, et les |)arricides (ju'il a com-
mis, du moins autant qu'il était en lui? .V
qui est-il |)ermis d'ignorer ses adullèr(>s s(>-
crels ou publics, fruits de ses Inunperies
ou de ses violences? Ne voit-on pas la
cruauté maligne et l'inceste perpétuel r|e la
reine dos dieux, sœur et fenuue île Jupiter?
l'implacabli' férocnlé de Mars; les infamies
du sale Priape et de l'impndiipie X'énus?
Que dirai-je de la fièvre et de la pAleur de
cette mnltitiide de dieux et de déesses (pie
vous-mêmes appelez fiuiesles, et (|ue vous
reconnaissez pour ennemis de la nature hu-
maiiu'? Je rougis piesipie de vous repro-
cher vos divinités des cloaques, monstres
qui réduisent leurs vils ailoraleurs à so
prosterner d.uis des lieux doni on ne peut
soutenir la vue et la proxinuti'-. Il parait
donc bien h (juel point sont vos eniunnis ros
grands dieux, dont la majesté de bois, de
pierre ou de euivre, ouvra<je de vos propres
mains, est souillée dans vos temples par les
oiseaux et par les animaux les plus im-
mondes; dont vous avez jieut-ètre reçu des
lufluxj mais dont vous n'avez certainement
re(;u aucun bien; qui ont abandonné vos
ancêtres, malgré fout leur zèle et toute leur
dévotion, aux malheurs (|ui les ont altaiïués;
et que vos princes enfin devraient abattre
pour leur propre gloire, puisipie ceux qui
suivent leur exemple sont conduits par vous-
mêmes sur l'échalaud; et (jue ce nest qu'en
détestant hnir vie et leurs actions (pie l'in-
nocence, l'honnêteté et la justice peuvent
être ramenées sur la terre. Cependant ces
dieux n'auront garde de favoriser ceux qui
s'opposeront ainsi h eux, puisque enfin on
n'aime que ses semblables; et si on se ha-
sartle de les imiter, non-seulement on s'ex-
pose h la rigueur de vos jugements, comme
je viens de le dire, mais encore on s'assure
après cette vie des tourments infinis. Car il
n'est personne qui ose promettre la béati-'
tude à des scélérats. Or on sait qu'il n'y a
que deux états l\ attendre après notre mort,
un bonheur ou un malheur éternel ; d'où je
conclus que vos dieux devant être toujours
contraires h ceux cpii haïssent leurs désor-
dres, et nuisibles h ceux qui s'y confor-
ment; que leur imitation ne pouvant con-
duire qii'.'i la honte en cette vie, et aux en-
fers en l'autre, personne ne doit les hono-
rer; et que rpiand ils auraient quelque pou-
voir, leur faveur serait intinuueut plus à
craindre que leur indignation.
« Mais au- contraire; quelle vénération,
fpiel ardent amour ne devons-nous pas avoir
pour celui qui, lorsque nous étions ses en-
nemis, nous a chtTchés, nous a aimés le
i)r(Mnier ; cpii nous a découvert l'abus de
lidolAtrie. et qui, pour nous retirer de ce
culte |)rofane, s'est revêtu de notre huma-
nité sans rien perdre de sa divinité; (pii,
tout Dieu qu'il était, a habité comme homme
parmi nous ; (pii, pour n(nis enrichir des
trésors (piil possi^hùi, s'est rendu pauvre
par conformité à notre indigence; dont la
vie humaine a ('lé un ex(Muple et un modèle
d(! toiit(> honnêteté et de loute vertu, et dont
la mort injuî>t(> nous a rachetés de la mort
éternelle que nous méritons : pendant que
vos dieu\ et vos démons (pii 1 ont si cruel-
lement persécuté , caché «juil était sous le
vi»ile de mtlre infirmité, ont perdu les hom-
mes après les avoir si'duits? Ohl (pic C(>lle
|)auvreté que vous lui reprochez était al)on-
(laul(>, lorsqu(> par son seul commaïKbnui ni
elle a rempli des barques entières de pois-
sons, et (pi'avec cin(| pains elle a rassasié
sept mille hommes 1 (),\v sa faiblesse était
puissante, lorsqu'elle guérissait de toute in-
firmité l Que sa nature mortelle était une
h(Mir(nise source de vie, lors(pi'elle ressus-
citait tant de morts 1 Et os»>ri(>z-vous douter
de la vérité de ces miracles, attestés par le
témoignage de loulcs les créatures, vous qui
(Il voyez faire encore aujourd'hui un si
grand nombre par ses disciples, selon ses
promesses et ses |)rédiclions ? Oh ! cond)ien
^çrand doit être celui 'pii commande h toute
r.2i
vir
\u:
\7rli
la iialiiic! (l()iiil)ii-ii o>.l soiili.iil.ihlf ccliii
(taiis li'(|ii('l liiiit (>sl sans (ir-laiit, totil est
hmahlc; iliiiit la mis(^iic()i(l(> csl oiivrrle à
Idiis, (Mii l'ail justice! à luiil lu mniuji- I Qu'y
a-t-il (lo plus sailli (|ut' sa vie, do plus pur
(pi(> sa (loclriiic, de plus av,iiilaj:;('u\ (pic sos
pionicsscs, (l(! plus Icnihic ipio ses lUciia-
oos, de plus M^r (pu* sa prolcrtifMi, de plus
lidiiniahli' 'pii' smi ainilii', de plus |•avis^a'll
(pic sa f;l(Mi('? <Jui'l Dieu lui csl siiiuhlahle,
«'I lui pciil (Mrc ( oîiiparahic!? Tous les dicuK
t\os naiioiis sdiil des d(''iii(>iis, mais iiolr»!
Dieu a l'ail l'univers.
« C.'esl pom^pioi eux cl hMirs adoialeurs
soiil ('(tiidaïuiiiVs aux llaiiiuics (•IcrMcllcs, sc-
loM l'oracle d'un saint pr(ipli("'l(! : Que les
(iint.v (/ni )i'on( pas fuit le ciel et la terre
soient extermines. \<A dans un autre endroit :
(Jue eeiix qui (tdorenl les idoles soient con-
fondus. [<A ailleurs : Vous les jetterez dans le
feu, et vous les ferez pi'rir dans lu misère.
.Mais au C(nitrair(! le nuMiie proplH'lo dit de
notre Dieu , (ju'j/ est élevé au-dessus de tous
les eieux : (pi'/Z <i fuit tout ce qu'il lui a plu
duns le ciel, dans la terre, dans la mer et dans
les ahimes. Il s'i^crio encore : Heureux ceux
qui craignent le Seiqneur , et qui marchent
dans ses roies ! lui ctlel, les sujets liilèles
parlagonl la gloire de leur prince. C'eslaussi
ix\ ce (jui iKuis a animés l^ soutl'rir pour son
Moni ; et vous pouvez conclure, de notre
constance dans les tourments, quelle est la
liaulenr et Ja cerlilude tle notre espérance.
A'ous do'ic, è lioiumes illustres, hommes sa-
vants, hommes sensés, daignez suspendre
pour un monuMit voire haine et voire pré-
vention, et examinez avec é([uité les rai-
sons des deux parties. Ne vous livrez [tlusà
ces implaealtles démons (jui ont déjà re(;u
leur arrêt. N'avilissez pas l'image de la Divi-
nité qui esl dans vous, en vous assujeltis-
sanl à leur culte infâme, qui vous entraîne
avec eux dans la même condaimation. Re-
connaissez voire créateur, voire bienfai-
teur, si saint, si beau, si juste, si clément,
dont l'humililé vous éh.'vera, dont la pau
vrelé vous enrichira, dont la mort vous res-
suscitera, dont les avertissements salutaires
vous a[)i)ellenl, dont les récompenses vous
invitent : aciiuérez dès à présent son ami-
tié, et metlez-vous en état de jouir enfin de
sa gloire. »
Le martyr ayant achevé ce discours, les
juges accablés de ses raisons lui dirent : Eh
quoi 1 tu prétends encore dogmatiser? Choi-
sis promptemenl, ou d'apaiser les dieux, oi>
de mourir. Puisqu'il est ainsi, répondit Vic-
tor, je dois appuyer de mo i exemple ce
que j'ai avancé par mes paroles. Je méprise
l(;s dieux, el je confesse Jésus-Christ; me
voilh prêt à tous les tourments que vous
voudrez me faire soutfrir.
Les deux préfets, outrés de ses réponses,
el souhaitant de se surpasser l'un l'autre
dans la cruauté qu'ils avaient envie dexercer
sur lui, se disputèrent d'abord entre eux. à
(jui devait le juger. Eutichius cédant enlin,
Astérius son confrère se vit avec plaisirseul
arbitre de ce jugement. Pour pro'iter de son
DicTijNN. DES Peusécitio^s. h.
avantage, il l'ail lueltre e i«'r(dt le soldat d<t
Jé.siis-Chrisl. C(Uiiiimi il soiiirrnit lienucoup,
et (pic, levant les \cnx au ciel, il deinandail
la p dieiic(! au Dieu de niis('-ricordc, d'i'il il
savait biiui (pTello devait venir, le Seii^çneur
Jésus, ne voidanl pas le laisser la'l^uil plus
lorigl(Miips, lui apparut pour le ( onsoler,
lorla il entre ses mains l'élendard du roiii-
)at et le si,;nal de la victoire, c'est-à-dire sa
croix, et lui-dit : << ic suis Je'vsus, cpii sou-
tiens moi-iiK^iiK! dans mes saints l(;s maux
(]u'ils endurent ; soyez courageux el cons-
lanl. Je viens être votre h.'nne appui dans
le combat, comme jo dois être votre kIo-
riiMise récompense après votre victoire. »
A celle voix du Sauveur, toutes l(>s doidciirs
du martyr cessèrent; et prenant un visago
gai (îl serein, il remerciait avec, un épanchc-
mciil de cnnir admi'able son Dieu, ([ui ve-
nait ainsi le visiter el le consoler.
Ccpefidanl les bourreaux s'(''lant lassés
inutilement contre un martyr ([ui se réjouis-
sait dans ses soulVrances, ils le détachèrent
de la croix, et h; jetèrent, par l'ordre du pré-
fet, dans le plus piol'ond (l'une prison, où on
le faisait même garder par des soldats. Lo
Scig'ieur Jésus, se souvenant de sa pro-
messe, lui envoya des anges vers l'heure de
minuit; et les portes s'étant ouvertes tout h
coup, une lumière [)lus brillante cpie celle
du soleil rcmj)lil aiissibjt ce heu, J.e saint
chantait avec ces esprits célestes les louanges
du Seigneur; et les soldats, voyant cette
clarté miraculeuse, se prosternèrent devant
leur prisonnier, le prièrent de leur pardon-
ner, et lui demandèrent le l)a|)têiiie. Aussi-
tôt les ayant brièvement instruits, selon le
peu de tenqis qu'il en avait, et ayant fait
venir des jirêtres, il les mène à la mer celle
même nuit; et lorsqu'ils furent baptisés, il
les tira lui-même de l'eau. La conversion de
ces soldats, (jui s'appelaient Alexandre, Lon-
gin et Félicien, s'étant divulguée dès le ma-
tin, le barbare Maximien entra en fureur, et
ordonna sur-le-champ qu'on rendît Victor
responsable de tout cet événement dont il
était l'auteur; et pour les trois soldats, qu'on
les fît incessamment sacrifier aux dieux, ou
qu'on les punît de mort.
Le bienheureux Victor» (jui devait envoyer
ces nouveaux chrétiens avant lui dans le
ciel, les anima parce discours : « Courageux
compagnons, leur dit-il, vous qui allez com-
mencer le combat, il faut recueillir toute
votre constance et toutes vos forces, el gar-
der à noire Dieu la foi que vous venez de
lui promettre. L'ennemi veut surprendre les
premiers moments de votre apprentissage,
espérant que votre peu d'expérience lui
laissera enlever une victoire aisée. Mais en-
fin, mes amis, Jésus-Christ est déjà plus en-
raciné dans vos cœurs qu'il ne croit. Vous
n'êtes pas si nouveaux qu'il pense ; puisque
enfin, élevés depuis longtemps dans la
guerre, vous n'avez fait que changer d'objet.
Faites en sorte que Dieu soit content de
vous avoir confié, au sortir de votre baptême,
l'honneur de sa religion , et de vous avoir
choisis pour ouvrir le combat. Que vos eii-
i:*3
VI r.
VIK
43i4
iirniU appronrir-nt que vous ii'i'^'ps p.is dc-
vtMjiis nioitis brnv(\s g(MJS pitur avoir pris un
ni<*ill<Mir parti. Que des terreurs pa-sagères
IIP vous enlèvent pas un bien éterMol déjà si
proche. Il ne s"ag't (jue d'un dernier ctlort
pour le ravir; de passer au travers de (juel-
ques «''pées nues pour y allrindre. Le che-
min même, s'il vous [)arait dillicile, vous a
été frayé i>ar voire Roi, (]ui l'a fait avant
vdus. Fcoulez-le (pii dit lui-nièine : Vous
aurez à souffrir de la part du monde; mais
ayez confiance, foi vaincu ce monde. Invo-
quez-le de f'teur et de bouche contre toutes
1rs adversités. Celui (pii a dit : Je suis avec
vous jusqu'à la consommation des siècles, ne
reieltera pas vos prières. J'oserai me citer
ici moi-même jtour exemple : lors(juf» j'é-
tais hier attaché h la croix, et (ju'au fort de
mes douleurs j'implorais sa miséricorde, il
m'ap[)arul portant le glorieux instrum-nit de
notre rédemption et il me dit : « Victor, la
« |)aix vous soit donnée ; je suis Jésus, qui
o prendssur moi les injures et les tourments
n qu'on fait soutl'rir à mes saints. » Et cette
paiole divine a jeté dans mon Ame une telle
force, que tous mes maux ont paru s'éva-
nouir tout d'un covqi. C'est pounpioi, mes
ch Ts frères, rappelez votre courage, et por-
tant vo!rc pensée sur Jésus-Christ, auteur de
notre salut, sur la voie qu'il a prise, et suric
terme où elle l'a conduit, méprisez ces vaines
menaces des hommes morte s, vous (pii èies
sur le point d'être adnns dans la société des
anges. Uésolvez-vousîi des soulfranc s d'un
moment , j)our tiiompher des peines éter-
nelles ; et puisque autrefois vous auriez pré-
féré la mort h la honte d'une défaite, (pioicjue
l'une ou l'autre ne dût eilin vous conduire
qu'à l'enfer, daignez aujourd'hui acce.ter
une victoirerpii va vous procurer un royaume
qui ne finira jamais. »
Le saint les exhortait ainsi, lorsque des
satellites vinrent les prendre tous ensemble
po ir les conduire à !a cliaud)re haute , où
toute la ville se rendit encore comme la pre-
mière fois. Les uns y étaient amenés par la
haine qu'ils portaient à notre religon, cl
(piel(|uf,s autres par le picnix désir qu'ils
avaient de voir le démon combattu et sui-
monti! des «'Inéliens. Cependant une popu-
lace tumidtueuso riniiplil le palais de ses
hurlements, et accable le saint d'injures et
de rt^proihes; mais lui demeura insensible
k tous ces traits, et lorscj :e les impies le
pressaient de rendre au culte des dieux ces
soldats qu'il en avait détoiu'ués : Je ne [uiis
E as détruire, leur dil-il, ce cpiej'ai éddié.
,à-<lessus Alexandre. Longiu et Félicien,
étant interrogés, persévérèrent dans la con-
fession (le Jésus-Christ, et avant eu sur-le-
champ la tête Iranehi'e par l'ordre de l'ein-
f)ereur, ils sauvèrent leur dme en perdant
eur corps.
Le très-illustre ■\'iclor, témoin de cette
exécution, priait le Seig-ieiir, avec des lai-
nie-s ardente^, ipi'il daign.H Icenlôl l'associer
nu martyre et à la rountun'- d^ c nix (( ti lui
devaient, après Dieu, leur convers.on et leur
foi. Aussitôt le peuple »lemanda sa mort
avec des cris otTroyab'es. On le su'spendit,
et on brisa cruellement son corps h coups de
bâton et de nerf de bœuf. Ensuite de quoi
lesl)ourreaux lassés le reconduisirent en pri-
son, où, durant trois jours (ju'il passa en
prières, il recommandait son martyre à Dieu
avei; une grande comjionction de cœur , et
des larmes (|ui ne tarissaient point.
L'emj)ereur, ayant appris la constance du
martyr , le lit enfin amener devant lui ,
connue s'étant réservé l'honneur d'être son
dernier bourreau. \ ictor, interrogé par lui-
même, ne démentit point devant 1 empe-
reur la fermeté qu'il avait témoignée devant
les autres juges. La fureur et la rage se re-
nouvellent de fous cotés contre le saint. On
redouble les menaces et les injures. Cepen-
dant .Maximien fit ai)|)orler un autel de Ju-
l»iler; on le place devant le saint, et un prê-
tie idolâtre se disposait aux cérémonies si-
criléges. L'emj>ercur dit à Victor : Prends de
rencens, sacrifie à Jupiter, et sois notre
ami. A ces paroles, le généreux soldat, rem-
pli ilu feu du ï^ainl-Esprit, (t ne pouv.mt
plus contenir son zèle, s'approche de l'autel
comme |)Our sacrifier, et le jette à terre d'un
coup de pied, so is les yeux et sous la main
du prêtre. Le détestalde empereur lui l'ait
aussitrt cou[)er ce [ued-lh, et le saint m r-
tyr l'otlrit à Dieu comme les prém ces de
tout s m corps, qu'on allait bientôt immoler.
Enfin, pour lui faire consommer son sa-
crifice, ou le mena dans un moulin; il y alla
avec autant de légèreté et de joie que s'il
n'avait rien soutfeit. Là, les sanglants exé-
cuteurs des ordres de l'empereur étenilirent
le martyr sous la meule, où, comme un
froment de Dieu, ses os furent bientôt broyés.
Cependant la machine s'étant démontée par
miracle, et le saint respirant encore, pour
achever sa victoire, (jui avait été précédée
de tant de combats, et de la confession du
nom de Jésus-Christ si souvent réitérée, on
lui trancha la fêle; et aussitôt on entendit
une voix du ciel (jui dil : Vous avez vaincu,
Victor, vous avez vaincu.
Mais l'impie >'aximien, toujours possédé
du démon de l'idol.Urie. et espérant (le vain-
(re, du moins après leur mort, ceux ({ui l'a-
vaient vaincu lui-même pendant leur vie, par
un demier trait d'inhumanité, qui tonrna
nourtani à la gloire des maityrs, th'tendit de
les ensevelir, et ordonna que leurs corps
fusstnit précipités dans ce bras de nier qui
environne Marseille du côté du midi. >tais
Dieu, (pii, par un conseil plus favorable,
1>ourvo\ait à l'hoiuitnir d<^ ses saints et au\
)csoins de l'Eglise, fil poussa aussitôt ces
corps, par le min .stère des anges, sur le ri-
vage op[)osé, où les chri'tiens les iiihumè-
nnit dans une caverne lailhn' exprès, et avec
beaucoup de soin, dans la pierre vive. 11 s'y
fait encore aujourd'hui beaucoup de mira-
cles en favtnir de cmix qui y vienneni avec
dévotion (h mander des grÀcés, par l'inler-
ces«.ion de ces saints marlws, à notre Dieu
et Seigneur Jesus-Chri»t, auquel soit louange
étern«.'lle, puissance, h(Mineur et empire, avec
n-2r; vie vie r/26
le Prro et le S;ti'il-ICs|iiit, dans lous les sift- sons le t^^^iir' rie r('m|M'r<iir Diorlt'-ticn. Il
des. Ainsi s<iil-il. 'ul ni.irlyriM' h MriiiJa eu l'isp/iKni*, avcr ses
Nir.'IOU isainl), (|ualilii'' li'-vilc il.ins les di'iix IVrics Sicnacr cl Anlino,^<''nc l.'K^liso
Act(vs (ir ^a^ll \ini^rnl «l tic s.unl Oiuiilc, l'a mis .ni rioinhrc «li'i s.iuils, cl f.'iil sn liHu
îiahilait Uoila, |>r»>s ilc (îironni! en l'^|ta;<iic, li' •iV^inilJcl.
<liuMiil la |M'rs('(iili() \ (|ni' I(ï i^onvcr'icnr >'l(,roil (sai'il), fut rnassacr('j on I''Ht)n;5no
Itniin avait cxcilcc .untic les rlnv'licis, ci par les M nircs, c-i haine ilii noirï «li* Jésijs-
2iH, snus l(> rf^'f^mi de DiochHic'i. I-es di-nv r.lnisi. Il c-,1 nisiiit «u Marl\ roln^c romain
.sai ils (|iie nous venons de nommer ('tant le 2!> aoOt.
Venus chez lui, il lenr <ltnna riinsjtilalih^. \l('. lOll fsainli , versa son sa n;^ |if)nr I.i
An 1(0 il de (|neli|nes jnnis , les den\ IVères lui fln|irès de la ville de (;f)|o;;;tie, avec d'an-
> inceni cl Omnle allèrcil snr nnc monla- très comp tenons dont les noms sont ignores,
tç'ie voisine pour s'v l'orlilicr par la prière L'K^liso lail collcclivenienl Icin- l(Mc le 10
t>t ponr éviler la porst'n'nlinn de lln'.in. (le- oclohie.
Ini-ci, étant venn trouver Niclor, Ini lit de VKirOll (saint •, père do saint Maximiiicri
Irès-^rands reproches d'avoir r'çu che/ lui de 'rhi'hesle cm Nmnidit; [Voij. Maximiiikn),
Oronic et Vincent , (pi'il traitait de st'- assislait au marlvre de son lils, qni arriva
dnctcnrs du peuple ; mais \ictnr lui répon- on '2:Hi, sous l'cnipiiO de Dioch'ticn. Kn son
dit avec un généreux coura;^^e tpie ceux relournant che/ lui, il rendait h Dieu millo
qu'il nonnnail des sédu'leurs ('taient dos actions de gr ces do ce (juil avait hien vou-
servihMM's du vrai Dieu, des lionnues pleins lu recevoir de sa main celte chère et pré-
do sonlinients élevés, ipii no ( onsentiraienl, cieuse victime, en altendant qu'il pût s'of-
dans aucu 10 circo'istanco, à oMompéior à i'iir lui-mémo, ce (jui arriva pou (h.' temps
SOS ordres inipies et h adorer les idoles, après. Voil;"! le seul document (juo nous
Uidin ayant trouvé h's deiiv sai-its Vincent ayo'is à propos de ce saint porsoMiiaj^e.
et Oroiito, connue on |)OUt le vor «i leurs ar- Connue tant d'autres, il mourut pour Jésus-
lides, les lit di''capiter. Victor cacha leurs Christ sans laisser d'hisloricn de sa mort et
corps et leur donna la sépultun». Iluli'i , en doses lïlorieux combats,
ayant éé informé , lo lit venir et lui doMna N ICTOK j saint] , inaityr, répandit son
l'ordre de sanitier ; voyant (pi'il no pouvait sang pour la foi durant la j)ersécution du
venirh bout de vaincre sa lésistance, il le sarii^uinaire Dio;léiion. Il eut pour compa-
fil d'abord hoiribleme'U (liH-hirer (luis divers gnons de sci martyre les saints Zotique,
supplices, et ontin !e lit décapiter. Ainsi Zenon, Césaire , Sévérien, Chrysophore ,
qu'on peut le voir à l'article Ayi ii.i\e , son Théonas et Antonin. L'Eglise célèbre la l'Ole
pore el sa inèro, ipii assistaient à son inar- de ces glorieux martyrs le 20 avril,
tyro, reçurent aussi la même couronne. L'K- VICTOR, nom d'un chrétien qui fut ar-
gliso romai ie fait la fèt" do tous ces saints roté à Ancyre, en même tem[)S que s.iint
le 22jaivi(,r. {Voy. Vincknt et Ouontic.) Théodot >, cabarotier , [lar ordre du gouvor-
ViCTOIl (saint 1, fut marlyrisé à Havo'ine, noar Tliéojtène, en l'an 303 de Jésus-Christ,
sous le règne de l'eii^iereur J)iocléli(!'i. Il Victor, engagé par les païens et [)ar les prè-
eut pour compag'ions lie ses souin-anccs les très des idoles, allait faiblir dans la foi,
.saints Valentin et Soluteur. L'Kglise fait quand ThéoJoto, qui lui portait une vive
co lectivemeit leur fête le 13 novembro. amitié, Toxhorta dans les termes les plus
VlCTOK (saint), soulfrit lo mai-lyre en vifs, à ne j)as commoUre un crime si lâche
Afrique. On ignore les dilférentes circons- et si horrible. Victor se laissa toucher,
tances qui illustrèrent sou martyre. Saint mais au milieu des tourments, son courage
Augustin a fait un sermon au peuple pour faiblit, il demanda relâche aux bourreaux,
le jour de sa fête. L'iiglise honore sa mé- On cessa de le tourmenter et on le condui-
moire le 10 mars. sit en prison, où. il mourut des suites de
VlCTOll (saint), Maure donation, et chré- ses blessures. Ou est dans riiicertilude sur
tien dès son enfance, servait dans les trou- son salut. N'a-t-il été que faible ? A-t-il été
pos impériales et demeurait toujours forte- apostat dans le cœur? Dieu seul le sait,
ment attaché à Jésus-Christ, malgré les ef- {yoy. Théodote.)
forts que faisait Maximion pour l'engagera VICTOR (saint), reçut le martyre à
sacriliei-aux idoles. 11 fut cruellement meur- Alexandrie, avec les saints Thyrse et Satur-
tri de coups de bâton : mais, par la protec- nin ; nous ignorons à quelle époque et dans
lion de Dieu, il n'en ressentit aucune dou- quelles circonstances. L'Eglise honore col-
leur. Ayant été ensuite arrosé de plomb lectivement leur mémoire le 31 janvier,
fondu san< en recevoir aucun mal, il eut la VICTOR (saint) , reçut la palme d:i mar-
tèle tranchée. Son martyre arriva à Milan, tyre en Afrique, avec les saints Castor et
L'Eglise fait sa fête le 8 mai. Rogatien ; nous ignorons l'époque et les
V ICTOR (saint), encore catéchumène, re- circonstances de leur combat. L'Eglise fait
fusant d'adorer les idoles, et confessant Je- collectivement leur fête le 28 décembre.
sus-Christ avec une fermeté inébranlable , VICTOR (saint), soutfrit le martyre en
endura plusieurs tourments à Rrague en Afrique pour la défense de la religion chré-
Porlugal, {)uis eut la tête tranchée. 11 reçut tienne. Il eut i)our compagnons de son mar-
aiiisi le baptême de sang. L'Eglise fait sa tyre les saints Cresceniien, Rosulo et Gêné-
mémoire le 12 avril. rai. Du reste, nous manquons de détails sur
VICTOR (saint), était homme de guerre l'époque précise et les différentes circons-
1327
Vie
Vin
4 --28
tances (W Ifiir mnrtyro. I/Kglisc fi^it collor-
tivonitMil IcurtVte U' 1'» s»'[)f(Mnl)ro.
VKyrOR (sailli), rerut la |>nlme du ni;ir-
tvrp en K^^ypto. Il cul pi>ur coni|»;\i;non de sa
ploiro sailli Klionno. Nous n'avons aucun
rrnsoignonuMil sur la date, le lieu et les cir-
runslaiircs de leur martyre. L'Eglise fait leur
fêle le 1" avril.
VICTOR (saint), martyr, eut le glorieux
privilt^ge de verser son sanj; |)Our la foi, h
>'irouiédie. avt>r saint Victorien, saint Cl.iu-
dieu et sainte Basse, épouse du dernier. Ils
furent liMuiuentés penlanl trois ans, et ache-
vèrent leur glorieux martyre en [irison. L'E-
glise honore leur nn-moire le 6 mars.
VICTOR (sainte martyr, versa son sang en
Afriqiie, pour la di'-fense (le la religion, avec
les saints Dominique, Primien , Lybose,
Crescent, Second, Honorai. La (late et les
circonstances de leurs combats sont incon-
nues. L'Eglise honore leur mémoire le 21) no-
vembre.
VICTOR (saint\ reçut la palme du mar-
tyre à Thessalonique, avec les saints Dom-
iiin et d'autres dont nous ignorons les noms.
L'Eglise les honore le 30 niars.
VICTOR (saint\ fut martyrisé en Afrique
à une é|)oque et dans des circonstances ([ni
nous sont complètement inconnues. Il eut
Eour compagnons de sa gloire les saints Pu-
lie, Hermès et Papias. L'Eglise fait leur
sainte mémoire le 2 novembre.
VICTOR ^saint), (luc le Martyrologe ro-
main inscrit h l,i date du 1" octobre, donna
sa vie pour la foi des chrétiens avec saint
Alexandre et saint Marien, h une époque et
<lans des circonstances que l'histoire a mal-
heureusement laissées oliscures.
VICTOR saint;, martyr, habitait la ville
(Je ISicomédie. Ce fut \h rpi'il cueillit la palme
glorieuse du martyre avec les saints And)i-
Mue et Jul 'S ; on ignore en quelle année.
L'Eglise fait la fête de ces trois saints le 3 dé-
ceml)re.
VICrOR (saint), martyr, était f)riginairc
de Samarie. Il mourut [tour la dt-fcnse de la
religion avec sainte Photinc sa mèie, Joseph
son frère, Sébastien, ollicier de l'armée, Ana-
tole, Photius, Piiotide, les saintes Parascève
et Cyriaipie, sœurs. L'ICglise honore la mé-
nu)irf de ces saints mailyrs le 20 mars.
VIi.TOR saint), martyr, cueiMil la palme
du martyre durant b>s persécutions (pi(> les
empereurs romains tirent souiVrirà l'Eglise.
Coiul sjir la terre d'Afriipie, qui fournit tant
«le courageux marl\rs, qu'il rt''|)andil son
sang avec les saints \ it lur, Adjulenr, N'ic-
lorin, (juart et trente autres ipii ne sont
pf»inl noMunés dans les martyrologes. C'est
le 18 di'cend)re (pie rEgli>e bonoie leur mé-
moire.
VICTOR (saint), était évr,pie (le Vile. Il
est célèbre par son Histoire ilr la prr.si'tutinn
de» Vandnlnt. Il n'y a guère dans l'antiquité
• hiétieiuie d'hiNpiire plus Ijilèle ni plus glo-
rieuse au Kils de Dieu et à son Eglise. L s
sentiments que Victor y fait paraître l'ont
fait appi.'Ier un évèipie plein de la prudence
ft de la sagesse de Dieu, qui \ maïquail
partout sa piété et son zèle pour a vraie foi
aussi bien (jiie son érudition. (Vest donc avec
beaucoup de raison que le .Martyrologe ro-
main le met, le Hi aoili, au nombre des saints
évècpies. Au titre do saint, il faut encore
ajouter ceux de primat et do confesseur, si
c'est lui dont parle saint Fulgence, comme
le P. Cliilllet, le croit sur le rang fpi'il avait
en Wi entre les évèques de sa province. Et
il pouvait être revenu en Afrique en l'an '»9l,
aucpiel (iontamond rappela tous les évèques.
Celte Vie porte que Tlirasamond,(pii ré-gnait
alors en Afri(jue, ayant défendu d'ordonner
de nouveaux évê(iues, ceux (pii restaient,
après avoir observé quelque temps cette d»'--
fense, ne laissèrent pas de résoudre entre
eux ,o07j que Ion en ordonnerait, et l'exé-
cutèrent etfecti veinent. Cette adion irrita
Thrasamond. Il commanda (jue tous ces nou-
veaux évèques au moins fusst?nl menés ei
exil avec Victor, qui, étant le primai et le
plus ancien de sa province, les avait or-
donnés.
Victor fut pris en effet pour être mené à
Cartilage. Celte persécution n'empêcha pas
(pie saint Fulgence ne fiU alors élu évèque
(le Ruspe. Victor ne put pas lui imposer les
mains h cause de sa captivité. Mais avant
(jue d'arriver h Carihage, il donna pouvoir
aux évêijues voisins de le faire. 11 fut relé-
gué en Sard 'igné avec plus de soixante au-
tres de sa province, entre lescpiels était saint
Fulgence, dont il écoutait et suivait avec joie
les sentiments, quni(|u'il eilt le dernitT rang
par la séance. 11 mourut sans doute en Sir-
daigne, avant que les confesseurs fussent
rappelés, en 32;{. jinisque Libéral se trouve
a\issit('>l après chef des évèques de la Ryza-
cène, et môme avant l'an 517, auciucl Roni-
face de Gratiane était en possession de ce
rang.
Le fondement qu'a le P. Chilllet, pour
croire que > ictor. primat de la Ry/acène en
ÎJ07, est celui de Vit(>, c'est qu'entre les cent
onze évêipies de celte province, qui vivaient
en 'i8V, il n'y a (pie trois Victor, celui de
Naremis,le I.'J'; celui de Vile, le VG'.et celui
de (iauvar, le Hi2'. Il n'y a assurément au-
cune apparence (pie le premier vécOt encore
en o07. Le P. Clulllel tiouve aussi qu'il e^t
dillicile de croire tpic les cent un qui précé-
dai(Mit le premier fussent tous mctrts en
vingt -trois ans de temps. J(> ne vois pas
néanmoins ipic cela soit fort dillicile paiiui
tant de persécutions et de peines que ces
évèipies avaient h soutfiir. Il est certain (jue
tons les cfMit onze étaient morts en 52.3. aii-
(juel Libéral élail primat de la Hyzacènc. Car
ce Libéral n'est aucun des deux marqut's
par la iiutice dans celte provinc(>, puisqu'ils
avaient Ions péri, c'est-^-dire morts ou apos-
tats. Il n'avait ('té ordonné ipiaprès Vs'»,
c'esl-.Vdiie en V.)'» pour le |>Ius lAl.
Nous pourrions avoir plus de lumière sur
la primali(> de notre saint, si la notice n'a-
v.iil oiil)li('' Ronilac(< de Cratiane, qui était
assurémement évêipie en V8V, et primat de
la Ryzacène vu 517. On voit néanmoins qu'il
élaii po.slé'riw'ur h Boniface de Forace, compté
\7,t\)
Vie.
\i<\
iSTiO
i
jtour h* sf»ix;iiil(^Iiiiili(''iiii', dr sniin (|iril
l^('In|l<^^•ll(^ p.is (l(^ cfoirc t|ii(» lo |)i'iiiwil N'ic-
l(ir ne soil coliii de \ili'. Il n'cmix^chcr.i point
iioli |iltis (|iit" Cl' ne sDil (('Iiii (le (iiiiiviir, s'il
lui a rlc'i itosh^riciir, c'csl-à-diio riiii des
iiciil' drniicrs de la province en VH'i. Mais
loiilt^ ri'l^lisc d'MViipic aiirviil-cllc choisi un
liommo lotil nouvel ('NiVpie pour aller iiré-
.senlerson iuiporlanl ('cril suy la loi ? S'il n'y
a dtuic point de certilude (pie > ict(M' de \ ile
ail (Hé primai, c'est au moins unu conjoo
liii'(> lrès-|)ien l'ondéo.
\ Ul roim'AHii s\ conunissalredes^jmMres
en Al'ri(pici en '29(5, du temps de l'empiMcui-
Dioclélien, présenta au proconsul Dio'i nn
jeune homme de Tliéheste, noMunt' Maximi-
ien, (pii fut coutJaunié à moil pour n'avoir
pas voulu s'enrAler au service do l'empe-
reur, l'élanl déjh, disait-il, au service de Je-
sus-f,lu'isl. [Vol/. MvMMiiiiA d(» 'l'ht'hosle.)
\l(',r()Kl(4 (.saint), mailyi-, l'ut mis;'» mort
h (^<a'thai;o, av(>c les sainis Monlan, Leuce,
Mavien, Julien, Primole, Uenus cl Donatien,
(le l'ut en 25'.), sous l'empire de N'alérion et
sous lo t;ouvorn(Mnont intérimaire de S(doM.
(Pour plus de détails, il faut lire les .Vclos
do saint Mom'.vn, à son article.) L'Kglise l'ait
la l'été de tous ces saints le 2'i- février.
VlCrOlUC (saint), martyr, fiit un des
compagnons de saint Denis de Paris. Pen-
dant cpie saint (Jueutin allait répandre la pa-
role évangéliipie, notre saint, en compagnie
de saint Fuscien, alla |)Oilerlo christianisme
au\ Morins; c'est ;\ Térou(>nne que les saints
nussioiuiaires lixèrenl leur principale rési-
dence. A celte époque Kictius "N'arus, que
Maximien avait fait préfet du prétoire, vers
l'an -286, avait excité une violente persécu-
tion coîilre les disci[)les de Jésus-Christ.
Saint Victoric et saint Fuscien, se rendant
à Paris, passèj'cnt par Amiens pour y voir
saint Quentin et pour s'y rcyouir avec fui dos
progrès du christianisme; no l'y avant pas
trouvé, ils reprirent leur chemin. Non loin
d'Amiens, ils furent arrêtés par un vieillard,
nonmié Gentien, qui était encore païen,
mais disi)osé a se convertir à la religion
chrétienne. Il leur raconta comment saint
Ouentin avait été martyrisé, et les invita à
loger chez lui, ce qu'ils acceptèrent. Rictius
Varus étant arrivé sur ces entrefaites, donna
Tordre qu'on s'emparAt des doux saints. Gen-
tien, indigné qu'on viol.lt ainsi l'hospitalité
dosa maison, tira l'épée contre le préfet;
celui-ci l'ayant fait prendre, lui demanda la
raison d'une action si hardie; le saint vieil-
lard lui répondit : « J'ai agi ainsi parce que
je suis chrétien et que je désire mourir pour
Jésus-Christ et pour ceux qui sont ses ser-
viteurs. » Alois Rictius Varus lui dit : Vous
ne tarderez pas h avoir ce que vous désirez;
et en elfet il le ht décapiter. Ensuite il lit
amener les deux saints devant son tribunal
et, les ayant trouvés inébranlables dans leur
foi, les fit charger de chaînes et conduire à
Amiens pour que la sentence qu'il prononça
contre eux filt exécutée. En effet, presaiie
a'issilùt après leur arrivée dans cette ville,
lis furent jetés quchpie temps en prison,
ensuite dé'cai)ilés. Auparnvnrit ils avaient
soull'erl, de l/i pari du prél'i-l du pn-lone,
des toiM'menIs iiliores. Ils furent d'abord
enlerriVs lrès-huud)lcimMit, «U biinilAt l/i ni<^-
moire du lieu uii on !(■■> nut se perdit; mais
liois cents /uis après, leins corpsn\;nil été
trouvés par saint Honoré, évèque d'.Vniietis,
on les apporta dans celte vilh-; plus lard ils
furent transportes il Heauj^ency sur la l.oirc,
et ils v sont encore. L'Kghse romaitw fait In
fêle (ie ces sainis et du saint (îentien le 11
di'-i embre.
NICTOHII-;, feuniH' d'un prêtre; d'Afrique,
nommi'- iM'lix, eut le mallieur, comme son
mari, de r(Miier Jésus-Christ dans un [ire-
mier intei-rogntoire; mais bientôt le icpiMitir
s'elant emparé de son c(r'ur, elle compaiMJt
|)our ^1 seconde fois avec Félix. Tous dcmx
{lonnèi(;nl les preuves d'un grand courage :
ils ne se laissèrent ni séduire ni intimidiT.
Le juge pronon(;a contri! eux et contre un
simple lidèhs nonnné Luce, (pii s(; trouvait
dans le même cas, la peine du bannissement.
Leui's biens lurent conlis(jués. Ces événe-
ments eurent lieu en Africjue, sous l'empire
de Dèce et en l'année 250.
VICTORIEN (saint), lils de saint Simplice,
fut martyrisé avec son père et son frère
Constance, au pays des Marses, sous le règne
derem|)ereurMarc-Aurèle;toustroisenrent la
tète tranchée. L'Eglise l'ait leur l'ète le 2() août.
VICTORIEN (saint), l'un dos compagnons
du saint martyr Cyriaque, diacre de l'Eglise
romaine, mourut en 303, à Rome, sur la voie
Salaria, où il fut enterré. Ils furent vingt-six
dans le même jour mis h mort au môme en-
droit. L'Eglise célèbre leur fôte collective le
jour de leur translation qui eut lieu le 8
août. ( Voy. Cyriaque. Voy. aussi l'abbé
Grandidier, Hist. de rcglisc de Strasbourg.)
VICTORIEN (saint), fut l'un des quarante-
huit martyrs mis à mort avec saint Saturnin
en Afrique, on l'an do Jésus-Christ 305, sous
le règne et durant la i)ersécution que Dio-
clélien suscita contre l'Eglise du Seigneur.
[Voy. Saturnin.) L'Eglise célèbre la i'ète de
tous ces saints le 11 février.
VICTORIEN (saint), martyr, était procon-
sul de Cartilage. Genséric, roi des Yandales,
qui, dans le commencement de son règne,
avait toléré les chrétiens, leur suscita une
persécution générale en i8i. 11 engagea Vic-
torien, qu'il estimait beaucoup et qui lui
était très-dovoué, à embrasser l'arianisme;
mais notre saint lui ht répondre qu'il mour-
rait plutôt pour sa foi. Son maître entra en
fureur, lui ht endurer les plus cruels sup-
plices, qui furent suivis de la mort. L'Eglise
lionore sa mémoire le 23 mars.
V1CT0RIF:N (saint), martyr, reçut la cou-
ronne du martyre on Isaurie, avec saint
Aquilin ; on ignore à quelle époque et dans
quelles circonstantances. L'Eglise célèbre
leur sainte mémoire le 16 mai.
VICTORIEN (saint), martyr, recueillit la
palme du martyre à Nicoméclie avec saint
Victor, saint Claudien et sainte Basse, épouse
du dernier. On les tourmenta cruellement
pendant (rois années entières, et ils achevé-
1331
Vie
Vie
renf ontln leur martyre en prison. L'EyIise
c(^l('brf loiir m(^moirc le 6 mars.
VK-TOKIN (snini), m.irlvr, doTTia sa vio
pour la fwi sotisj'nnpire de Dèct>, à C.irlfi.tj^o,
en l'année 250. Il ont pour compagnons de
son martyre les saints Virlor, Hérén<''e, Df>-
nat. Firme, Venfus, Frnde, Martial et Aris-
ton. et les saintes Fortune, Hérène, Crédule
et Julie. D'aprùs Usuard, A. Ion et les Marty-
rologes de saint Jérôme, il faut encore .(jou-
ter .'i la liste de ces saints, Biruc, Quinte,
Janvier, Marore et Gallus. Tous ces saints
furent, par ordre de l'empereur, cifernu'-s
dans deux cachots, où ils étaient si h l'étroit
fjue la chaleur et la mauvaise odeur y étaient
irisupportiibles. On les y laissa mourir de
faim et de soif. Certes, ce supplice est bien
un des plus atroces qu'on |)uisse in)aainer.
Mieux valent les croix, les ongles de icr et
les bûchers, (pi'une mort paredle. L'Eglise
célèbre la fête de tous ces samts, avec celle
do saint Ma[)puli(pie, le 17 avril,
A ICTORIN ^sainl), reçut la couronne des
glorieux cond)attants de la foi avec les saints
Maron et Ewlyehès, (jui d'.ibo:d avaient été
exilés pour la fui dans l'ile de Ponce, avec
la bienheureuse Flavie Domitille, et ensuite
rappelés sous l'empereur Nerva. Ayant, de-
puis leur retour, fait jilusieurs conversions,
ils furent, durant la persécution de Tia.jan ,
rais à mort par divers supplices, suivant la
sentence du juge Valérien. L'Eglise fait leur
fête le 15 avril.
VICTORLN (saint), évoque d'Amiterne, fut
martyrisé dans cette ville, durant la persé-
cution de Trajan. II est vrai (jue l'histoire
ne nous a pas gnrdé d'.Vctes aulhenti(pn^s do
ce martyr; (juehpies auteurs ont môme nié
qu'il eût été évéïjue d'Amiterne, et qu'il fiU
moit martyr; mais la tradition la \)\us cons-
tante établit la vérité do ces faits. Amiterno,
autrefois ville importante, aujourd'liui bourg
assez peu con>idérable, se nomme Saint-Vic-
lorin. La tradition a survécu à l'histoire; la
vérité, vivant dans les souvenirsdu p.iys, n'a
pas eu besoin d'historien pour rester. Saint
Vidorin est fêté par l'Eglise le 5 seo-
tend»re.
^ ICTOBIN (saint') , martyr, confessa la foi
chrétienne à Cor intne, au commencement du
règne do Dèce , sous le proconsul Terlius ,
en 'iiO , avec les saints Victor, Nicéohore ,
Claudien , Dioscore, Sérapion et ra|iias.
Après cela ils j'assèrent en Egypte, ou y fu-
reiit reh'gué-^, et en l'an 2H\ , sous l'empire
deNumérion, ils dotmèrenl leur vi»'|)our Jé-
sus-Christ. Voil.h ce que no\is racontent leurs
Actes, prétendus aulhentiques. [ Artu mar-
(i/rum Orcitirnt., l. Il , p. (iO. Henschenius ,
25 février.' Nous croyous qu'il y a 1,^ une er-
reur de date, du moins en e(> (|ui lom ho la
première , h moins (pie tous no fussent cx-
îrèmemenl jeunes quand eut lieu leur con-
fession h (.orinthe. Encore est-il qu'après
trente-cinq ans il est assez extraordinaire
que sept liMinmes aient enscmbli- véi ni sarrs
«pie la mort ail f.iit au milieu d'nu sa mois-
son. Tous tant que nous sommes , souve-
nons-nous, si nos souvenirs peuvent remon-
iôoi
ter aussi loin, do ceux qui nous entouraient
il y a trente-cinq ans. parents ou amis du
même î\<^o rjuc nous : compton--en sept.
Combien aujourd'hui nv so' t plus ! Hélas !
presque cha(pie année le tiépas moissonne
quelques-unes de nos affections. Pour moi,
qui éi ri> ces lignes, quand je reporte ai ssi
loin mes souvenirs, ils revi.-ni ent.^i rnf»i voi-
lés de deuil. Lh.rbe a bien d.vs fois venli
sur ilcs tomb aux où mes alfeclio \s sont cou-
chée-^. Que d'étoiles éteirrtes dans mon ciel
d'au refois ! (pir d'amitiés qui ne so-^t plirs
de ce monde ! Et si je parlais de ci-ux (pii
m'avaient devancé dans la vie, et que pour-
t.irit j'espérais y voir marcher longtem|»s
près do nioi I Plus rien bienlùt sur la terre ;
ni père ni mère; morts jeunes encore tous
deux. Encor-e un coup «le la faux inqnloya-
ble, f t je I attends tous les jours, o mort , et
je serai seul des miens l Pardon, lecteur, jo
vous oublie pour parler de moi. Mai^ mou
histoire, c'e^t ou ce sera la vôii'e. La conver-
sation qu'on fait avec la tombe n'est du reste
jamais stérile : il y a toujours là pour le
caiir et pour Tàme le double trésor des ^ou-
venirs et de l'espérance. Du sein de la mort
sortent des voix qui [tarlent un mystéiitux
langage à celui (jui cro t en Dieu ; en Dieu
qui permet que, dans la vallée aride du pré-
sent, arrivent à mon c(rur comme au vu re,
et les souvenirs parfunn's du i une ilge , et
les révélations sublimes de reiernité. Nous
avons fait comme un passant qui, par ha>ard,
côtoyant le chanq» des morts, a voulu y en-
trer pour s'y distraire un instant de la vie.
Reprenons no(i-e chemin.
Saint Victoiin et ses compagnons furent
martyrisés à Diospolis, dans la Théliaïde. Le
gouverneur Sabin leur fit soullrir la que>t:on
du chevalet et plusieurs auti'es lf)urments ;
mais rien ne put él)ranler leur cour ige. Lo
gouverneur, irrité, onlimia qu'on mit Vic-
torin dans un grand rnorlirr ou on lui éc.asa
les pieds et les jambes. .\ chaque coup qu'on
lui donnait, on lui disa t : « .\ie pitié de t(»i,
malheureux ; lu peux éviter la mort en re-
nonçant h ton nouveau D.eu. » Le saint m.ir-
tvr. persistant toujours (lans sa résolution
de mourir nour sa foi, fut assommé.
VICTORIN ( saint 1, frère de saint Claude ,
geôlier de la prison dans laquelle, sous l'em-
pereur Cariti et sous le préfet de Rome Chro-
mace, on avait renfermé les chrétiens , fut
pris avec lui, et les saints Niioslrate. Cas:oio
et SymidioruMi. en s'occupant h cher-cher les
corps (le sainte Zoé et de saint Traïupiil-
lin. (pie les persécuteurs avaient lail mou-
rir. I.e nouveau préfet, noninié Fabnii. .^ ipii
on les amena, employa dix jours ^ chercher
h les intimider par les menaces, h les cor-
rompre par 1.1 douceur, sans pouvoir venir à
bout de les ébraribn-. Enfin il les lil. sur l'or-
dre lies empen urs Dioclétien et Maximien,
appl quer trois fois à la queslion, et ensuite
les lit précipiter dans la mer. Les Actes do
saint Si'itastien norlent (pie ce fut un ITjuil-
Ift. Le Martyrologe rom.tin met Itnir fèlo le
7 du nièiii(> '.iiois. [Voy. Skhastien.)
^ ICTORIN (saint), était attaché au serTic»
iyZ vie vie I3S4
(lu |ti<Mr<' ilii l('in|il(i farnoiu iKimim' rnijcron |iicsi|iii< Imm (pi'il soiilFrit sons Diorli'-lMMi,
ftilli(|m'. Il t'iil It" hnnlinic ilc rciinnln-r h» iM !<• cilctil t|(> s;mil Jt'-rùnir'. (le IN'tc io dit ifi
sailli |)itMi(< (liissiiis. (,)iirl,|iics (■unri''ri'iici'S cllfl jisscz , ru iiicllaiil (•<• s/iiiit , dans nom
(juM cul avec lui li- (Irlacliciriil du ciillc des i'ntahti/ur tlis nnlnir» rrrlhiinitnjHra , «'lllra
idiilcs, t't I aiiKMirn'iit \\ I,m rt>li;;i(Ui clin-- saint Aiialulc , riiii ;i vi'«u jusiiu'au rZ-^MU' do
lifiiiit'. Sa iccoinaissauir lit <|u'il sr ha llarus, (;t sniiil Paiii|ilulc , ijui a soulicrl en
(MiniliiMciit à saiul ('.as«»ius. Il l'aida dans ses \W^, sous Maxiiuin. Il a eu riioiuu'ur d'eii-
(ravauv <'Vaii|;t'lii|Uf'S , ri ri'(;ul avec lui la lirliir des |in'iiiit'is rr',;^lis(' laliin' par ses
('miroiiiu' du mai t\ ic, (piaudCliiocus, roi d.'s ouvrages; car t|ijui(jiril siK cficorr niu'iix lo
Alii'iiiands, viiil ravager les (iaulcs, ouviroii Krcc. cjuc le Inlin, iicTuiiMins saiul Jc'm-Aiiu! Io
l'ail 'i()(). Ou lail la liMc de ci'S deux saints iiirl au iiniultn' des j'i^ics lali'is, cl c'est |icul-
Ic 15 mai. Ivi Auvergne, surtout , ils sont <''lrc |>uur ((! sujet (|u'il i'a|»|ielk' notre V\c-
rolii(>l d'une grande vénération /or/rt , si l'on n'niiiio niimix duo f|uc c'est
N'ICTOUIN i sai'it \ fil l'un des (|uaranle- parce (pTil ('-tail évéïpie dans la l'annnnie,
iiiiit marlus uiis h nmrl avec saint Salurnin, donl saint Jérôme était nalil'. Il lui donno Io
en AlViipio , sous Io nrocoMsul Aniilin, eu troisième ran.^ entre les Latins, le lueitanl
l'an de Ji'sus-C.lirisl IIO.") , sous le rè^Mie et avant Aniohe, ipii par. lit avoir ('ciil l'an -i'.)?.
durant la [lerséculion si lerrilde ipu» Diocié- Saint \ iciorin a l'ait un Commcnlnirc sur ta
tien suscita contre l'Ki^lise du Sei.Ltiieur. ^/r/»ô-e , et sainl Jérôme cilo son sentimei.t
(Vo//. Satihmn.) l/lv-;lise célèbre la l'été do sur la héiiédiclion (pi'Isaac donna h Jacd).
tous ces saints le 11 janvier. 11 a aussi commeiitt' l'I-lxodc , le Lévilicjuc ,
\ ICrOUIN ^saini\'martvr h lU)nu> en .'Wi, Jsaie , dont saiul Jérôme cite un endroit,
sous le légiit^ et durant la persiCulicMi de l^zécliicl , Hahacuc , l'iv'clésias'.e, donl jiarlo
Diodélien. ) otj. (Ji Arm:-(]oi honm.s ^les). C.assiodore (;l dont saint Jérôme lire une ex-
MCTOUIN (saint ), évéi|ue de Petaw, est |>lication. Il a encore écrit sur le Cantique
rej;ardé [)ar saint Jérôme comme une des des canlicpies et sur l'Kvang le de .^aiïif Ma-
colonnos de l'KgHse 11 savait mieux le f;rec tliieu, comme (lassiodore le témoi^^iie du dcr-
que le latin, ce ipii doune lieu de croire (ju'il nier, et il a fait ce Conimenlaire, sinon avec
était (liée (le naissance. Cassiodore dit que la même éloqu(Mtce, au moins avec la ni^mo
d'ora-teur il devint évé(iue ; uvus il le con- gr;\ce que saint Hilaire a fail le sien. C'est
fond apparemuient en ce jinint avec Marins peut-éire de cet ouvrage qu'Helvide voulait
"N'ictoiiius d'Afriipu', dont parh^ saint Au- se servir lorscpi'il ]irélendait que, selon, saint
gustin , puisque ce (pie saint Jérôme dit de Victorin , la sainte Vierge r.vait eu d'autres
son sty e ne convient point Ji une persoinie enfatitsque Jésus-Christ; mais saint Jérôme
(jui aurait autrefois fait profession de Télo- souîie'U h Ilelvide que ce martyr avait seu-
quence : car il iious assure qno dans les di- hnnent parlé des frères de Jésus-Cinist ,
vers ouvrages que saint Victorin avait coni- comme l'Evangile.
posés, on ne voyait pas beaucoup d'érudi- Saint ^■ictorin a encore écrit sur l'Apoca-
tion séculière, ni les lumières des It'ttres liu- lypse de saint Jean, et Cassiodore parle de
niaines; qu'il était, connue saint Paul, énii- cet ouvrage; mais il semble dire que c'était
nenl en science , et rabaissé dans ses paro- seuleme-it ine explicinlion de quelques ou-
ïes ; qu'il était })lein de pensées grandes et droits difliciles de ce livre. C'est ce qui fait
relevées, en même temps qu'il ne paraissait douter à quelques-uns si l'ouvrage que nous
rien que de commun et de simple dans la avons aujourJ'hui sur l'Apocalypse, sous le
composition de sa phrase ; enfin qu'il ne pou- nom de saint A'ictorin , est véritablement de
vait pas ( xprimer les choses aussi noblement lui. 11 y a encore quelques autres sujets d'en
qu'il les concevait, ce qui venait de ce uu'il douter; mais il semble qu'il y en ail encore
savait peu la langue latine dans laquelle il davantage de croire que c'est un véritable
écrivait. Nous savons donc seulement qu'il reste de tant de travaux de ce saint martyr,
était évèque, comme saint Jérôme et Cassio- pourvu seulement qu"on avoue qu'on a
dore le maniuent. On ne convient pas môme changé ce qu'il y disait en faveur de l'opi-
du lieu de son évèché , et plusieurs moder- nion des millénaires, laquelle il suivait aussi
nés veulent qu'il l'ait été évèque dePoitiers : bien que plusieurs grands hommes de ces
ce qui lui donnerait rang entre les Pères de premiers siècles. Outre ses Commentaires
l'Eglise gallicane. Néanmoins , l'opinion la sur l'Ecriture, saint Jérôiiie nous assure qu'il
mieux fondée est qu'il était de Pétaw, ville composa encore beaucoup d'autres écrits :
du duché de Styrie en Autriche , sur la ri- il ne les marque pas en particulier, hormis
vière de Drau , mais qui appartient aujour- celui qui était contre toutes les hérésies. Cet
d'hui à l'archevêque de Salzbourg, privée de écrit paraît avoir été fort célèbre, et avait
l'honneur de l'épiscopat et moins célèbre fait passer le nom de saint Victorin jusque
qu'elle ne l'a été dans l'antiquité , sous le dans l'Afrique : car saint Optât, qui a parlé
nom de Poetabio ou Petavio. Ammien Mar- le premi-M* de ce saint, le met entre les dé-
cellin la met dans la Norique ; d'autres la fenseurs de la vérité catholique qui ont ruiné
placent dans la Pannonie supérieure. Saint les hérésies. La plupart des manuscrits attri-
V'ictorin a été couronné par un glorieux mar- buent à saint Victorin de Pétaw, une hymne
lyre , et saint Jérôme le désigne assez sou- sur la croix ou sur la pâque et sur le'bap-
vent sous le titre de martyr. Usuard, Adon, tême, qui est parmi les œuvres de saint Cy-
Vandelbertet divers autres martyrologes qui prien , et on marque que Bède la cite sous
marquent sa fête le 2 novembre, ajoutent son nom. Elle est belle , et peut-être trop
^oo
\l(.
vie
135e
pour tUrodo lui. Dupin ne la nu'l [loinUlmis
le Catalogue de ses ouvraj^es : on y voil
qut^ l)t'au(oii|)(le personnes ipii prétendaient
embrasser la relij^ion rhrétitMine ne persévé-
raient pas jusfpi'au bapléiiio. L'a|>|)endice
de saint Isidore dit que Viclorin , évéque,
roniposa en \ers doux petits ouvrages ex-
Irènienienl courts, l'un contre les mani-
chéens, l'autre contre les niarcioniles. Nous
ne connaissons point d'autre Victorin, évé-
que, qui ail écrit, que celui de P^law . Ainsi,
il semble qu'on lui pourrait attribuer le
f)oénie contre les marcionites, ([ui est parmi
es œuvres de Tertullien ; et cet ouvrage ne
démentirait (las le pou de facilité que saint
Jén'iuie attribue à nuire saint dans'ia langue
latine; mais il est d'une assez juste lon-
gueur. Saint Jérôme cite un ouvrage de Vic-
torin sur les Dialogues de Cicéron ; mais un
sujet de celte natuiv convient mieux à Vic-
torin d'Afrique, (pii avait été professeur de
rhétorique. Il ne faut pas oublier que saint
Victorin a tiré et traduit diverses choses d"0-
rigènc. mais seulement sur ce qui rfgardait
l'exidiration des saintes Ecrituies. Il ne h>
tradnisait pas comme un interprèle, mais il
en faisait comme un nouvel ouvrage ijui lui
était propre , corrigeant ou passant ce qu'il
y jugeait de mauvais. L'opinion des millé-
naires, qui se trouvait en différents endroits
des Comuienlaires de sainl Viclorin , a fait
mettre ses écrits au nombre des apocryphes,
par (lélase. Il y a un >"iclorin, évè(jue, con-
danuié et anathématisé dans le second con-
cile d(^ Kome, sous Silvestre, parce (pi'il re-
jetait les cycles ordinaires dont l'Eglise se
.servait pour régler la fête de PAipies ; mais
les savants n'ont pas graudc croyance pour
^cs sottes de conciles , cpiiis soutiennent
être tout à fait supposés. Haronius même
n^oiie que cet endroit est faux ou regarde un
autre Victorin. (Tillemont, vo.. ^', p. .111.)
\ ir.TOlUN (sainte martyr, répandit son
sang pour la foi durant les persécutions ([ue
les chrétiens soulfrirent sous les empereurs
romains. Ce fut aussi sur la terre il'.Vfricpie
qu'eut lieu son martyre , ainsi*(|ue celui de
ses compagnons, saints Victor, Victur, Adju-
teur, Quart et trente autres cpie les marty-
rologes ne nomment pas. L'Eglise célèbre
leur mi'moire le 18 décembre.
VICTOIUN (^ saint), fut honoré de la cou-
ronne du martyre, en Afrique, avec les saints
Sévère, Sécur el Janvier. Les Actes des mar-
tyrs ne nous ont conservé aucun document
relatif h eux- L'Eglise fait leur mémoire le 2
décembre.
VICTOIUN (sainl) , fut martyrisé h Nico-
méilie avec Pasteur el plusieurs autres dont
les noms ne nous sunt point parvenus. Les
détails nous uianuuent sur leur compte. Ils
sont inscrits au Martyrologe romain le 2i>
mars.
NK.TOHIN (saint), reçut la palme dtvs glo-
rieux combattants de la foi , h Havenne. Il
eut pour compagnons do son triomphe h>s
saiut.s Valenlm ,et Felicieu. Nous ne possé-
Jon* pas d'autres «lélails. L'Eglise fait sa
fête le 11 novembre.
VICTORIUS l'saint). fui martyrisé pour la
foi h Léon en Esjiagne, avec ses deux frères
Luperque et Claude, (loy. l'art. Clalde {louf
}»liis de di'la'l"!.)
VICTOUllS saint ), souffrit le martyre à
Césaréc en Can|»adoce. 11 eut pour compa-f
gnons saint Poiyeucle et saint Donnai. Of>
n'a |)as de détails authentiques sur eux. L'E-
glise fait leur fête le 21 mai.
VICTKICE (saint), évèque de Rouen el
confesseur, iviqiiil dans <pielque extrémité
de l'empire romain ; on ignore dons quelle
ville. Il servit d'abord dans les armées da
l'empereur. Ayant été converti à la foi de
Jésus-Christ, un jour de revue, il vint dé-
poser ses armes au pied du tribun, lui disant
(juil était résolu h servir désormais le Dieu
des chrétiens. Ce tribun, qui était idol.itre,
en fut jilus irrité que surpris. Il lit fouetter
le saint et le fil déchirer h coups de bito'i,
el en cet état on leouchadans li prison siir
des pièces de (ots cassés, ses plaies n'étiie-it
pas encore guéries, lors(iu'oii le lit compa-
raître devant un co'.iile (pu était ce semble
venu exprès j.our cette affaire. Comme cet
ennemi était plus considérable que le pre-
mier, ce fut au^si un triomphe plus illu-tre
que notre saint remporta sur lui. On ignore
s'il reçut la (jueslion une seconde fois; ce
(ju'il y a de si^r, c'est qu'on n'osa pas le
tourmenter davantage, voyant bien qu'on ne
le déterminerait point à rentrer dans la mi-
lice. On le cond unna à avoir la tète tranchée.
Pendant ([uon le menait au lieudu su[)plice»
le bourreau, qui allait devant, lui ayant mis
la main sur le cou pour lui i-isulter et comme
voulant choisir déjà l'endroit où il donnerait
le coup, les yeux lui tombèrent de la tète (>l
il demeura aveugle. On avait lié notre saint
avec lies cliaiues ([iii le serraient fortement.
11 pria qu'on le dess.rr.U un peu, mais on
le lui retnsa. S't'tant alors adressé di'vant >es
gardes ,^ Jésus-Christ liu-méme, ils vue <l
ses chaînes se délier d'elles-mêmes et lui
laissiT les mains entièrement libres. Le^ sol-
dais n'osèrent pas le lier de nouveau. Ils
coururent tout saisis de peur rapporter au
coiiile les miracles dont ils venaient d'ètro
témoins. Celui-ci, (piittanl par la puissance
de Dieu cette fureur qu'il avait fait parailr»^
justpi'alors. crut le rapport des soldats, ol
manda ù l'empereur tout ce (pii s'était [ia>sé
en celle all'aire, puis laissa le saint en li-.
berté.
Les suites de la jtiété de sainl Viclrice ré-
pondirent k la gloire d'un couuuençem.^nt si
illustre. Dieu voulant réconqieiser sa granilo
vertu, le lit élever sur le siège apO!>lolique
de l'église de Rouen, avant l'année .'J'.H). Il
ajtpoi ta d.uis rac(-omplisseinent îles devons
de l'episiopat toutes les vertus et ledévoue-
uient ipie Dieu léguait de siècle en siècle,
dans ces temps apostoliques comme l'héri-
tage de JéMis-Chrisl et des apôtres à ceux
qui étaient «liargés de répandre sur la teiro
la seiutMice ('vangi'licpie. Il rassembla ouloiir
de lui des troupes innombrables de saint>do
lun et de l'autre sexe qu'il avait engendrés
à Jésus-Christ par sa sage conduite et h qui
iM7 v:i':
il s(^rvi\i( il«^ tnndiM»' d'uiin loi et (rmn» vcutii
|Kirf;iilcs, juissi voyjul i>ii llriiiii' ddiis suii
iv^lisr loiiti's sortes <l(i Vfiliis.
La ii(''|;li};;(«ii(;(Ml(>s|t«sl(Mirs nu les i'MV)ij:;(fS
lies harh/iri's avaiciil ('iii|i<^cli(' li's |ii-om'rs do
riùaii^ilcdaiis le pays ilrs Moriiis ci îles Nim-
viciis (l-'iaiidrc, Hialtaul , llaiii/iiil, cl (lamhre-
sisl : Dieu dioisil iiulic saiiil |ioiii- y (airr ht il-
Icr le divin llainl)(au de ri';vaii^ile.(',(>s lieux,
(|iu auparavaid n'élaienl ((u'uti d('is(>rl li.diiU^
par des voleius el roui'U sans eesse par hvs
harliares, l'ureul hienliM ((uiverls de villes ,
d(» bourgades, (r»''^lises et de nionaslùr(>s.
\ (>rs l'aniH'(> ^OV, noli-e saint lil lui voyage ?i
ilonie : on pense (pu> ce lui à cause de la
persi^rution (lue la calonniit» lui suscita,
connue nous 1 appiuMions de saint l'aidin ; il
i)ai'ait n»(Mne qwc ce fui au sujet de sa loi.
)i(>u ne permit cette lenïpcMe ({u'alin (|u'il
eût encoi't" la i;Ioire de la vaincre, ipu' ce lui
fût une matière de remporter une n^mvelh»
couronne et (|iril |>iU dire, avec sajnl Paul,
(pi'il ctMnhallail h droite et à t^anclie par les
armes (h> la justice, parmi riionueur ol l'i^
f^iuMuinie, dans la mauvaise et dans la ho'ine
l'épnlalion. (-ar les (rails d(>s mauvaises lan-
gues no purent trouver d'endroit pour bles-
ser un corps tout environne^ des armes do
Dieu, ni fnre voir aucune tache dans ce so-
leil. Le moyen, eu ellt't, de douler si hi foi
de la vt^rité était dans l'esprit d'un évùifue,
lors(]ue la vei'lu da la loi paraissait da is ses
actions? Ainsi, personne n'eut la confusion
d'avoir eu trop bomio opinion de lui, et c;'tte
nouvelle preuve de la pureté de sa foi, jointe
<i Texemph^ de sa veiln, servit même an pro-
giùs de l'Kvangilc.
L'histoire ne nous ajiprend rien davantage
touchant saint Victrice. Un ancien manus-
crit parle de sa grande charité envers les
pauvres ; on prétend cjne les anciennes
chioniques mettent sa mort l'an 4-17. On as-
sure (jue sesreliques furent conservées dans
le piieuré de Saint-Uemi, aux environs de
Kouen, jusqu'en 150-2, époque à la(iuelle elles
furent brûlées par les calvinistes. L'Eglise
fait sa fête le 7 août.
yiCTUR (saint), martyr, eut la gloire de
répandre son sang j>our la foi, durant les
perséeutions que les empereurs romains fi-
rent subir aux chrétiens. Il cueillit la palme
du martyre en Afrique, où Genséric et Hu-
néric son fils répandirent tant do sang chré-
tien, à ré,>oque où l'arianisme faisait une
guerre acharnée aux disciples du Christ. Les
saints Adjuteur, Victor, Victorin et Quart, et
trente autres que les martyrologes ne nom-
ment pas, partagèrent ses souifranccs et al-
lèrent avec lui en recevoir le prix au ciel.
L'Eglise fait leur l'ète le 18 décendjre.
VIENNE, ville des Gaules, anciennement
capitale des Allobroges,fait maintenant par-
tie du département de l'Isère. Sous l'empire
do Marc-Aurèle, une furieuse persécution
s'étant élevée contre les chrétiens, cette ville
fut le théâtre du martyre des saints Séverin,
Félicien et Exupère. Beaucoup d'autres dont
les noms ne sont pas venus jusqu'à nous, y
donnèrent leur vie pour la foi.
VIN
r>7.8
\ l(ilLI''. (saitd), év(V|U(' d«i Trente et uwir-
lyr. lui ('-lu évèquc m '.IH'.',. L"l';;;lisc élail <«ri
plruM' paix sriiis h« sceptre pniss/inl r-l pn-
li-rncl ibi ^raiid 'l'héodose, ce modèh' de»
souverains, (pu rmul à un si haut point (Jn
giandciH' Truquii! romain ipi'il Irouva si af-
faibli, si déchu, si déchiré, et rpii cicatrisa
la |tlus grande partie di-s plaies (pie les hé-
ri'sies av.iient laites à l'I-iglise du Scngnmir.
Saint Vigile «ml le honlunir rare h crMlc é|ir)-
(pie d'iMre év(%pie(|'iMie conln'i! où evislaienl
encoi'e de noiiibieiix païens. 'l'oule la parlie
de son diocèso située dans les Alp(vs était
peuplée d'idoMlres. Anssilùt ipTil bit promu
a son siège, il comprit les devoirs (pie lui
imposait cotte sitiinlion excoptifumelle. Il
songea ?i porter le nambean évangi'liipie au
niilien de ces p(niples inicore déshérités de
\a croyance qui sauvait le monde. Il envoya
dans les Alpes les saints Sisinnius, Marty-
rins et Alexamlre. Quand ces trois saints
prédicat(nirs eurent été mis à nif)rt par les
paie is, >'igil(>, tpii ambitionnait d'avoir bj
même sort, ne cessait de |irier Dieu de le lui
accorder. Ses priè.es furent enfin exaucées :
il fut mailyrisé pour la foi par des paysans
iilol.itres qui se saisirent de lui connue il
parcourait le [)ays pour y continuer l'cEuvre
apostolique connnencée par les saints pré-
dicateurs (pie nous venons de nonnuer. Ce
fut en iOOou en'i-05 qu'il re(;ut la glorieuse
couronne (pi'il avait été si désireux de con-
quérir. L'Eglise fait sa fête le 2G juin.
VILLABANO (le bienheureux Àlt.istin),
capucin, paya de sa vie, en l'année 1666,
l'honneur de prêcher Jésus-Christ aux infi-
dèles de la Nouvelle-Grenade.
VILLALOBOS (le bienheureux Louis de ),
frère mineur, appartenant à la custodie de
Zacatecas, étant parti envoyé en mission par
son supérieur, fut tué en route |)ar les Clii-
chimèqu(>s, qui le percèrent à coups de llè-
ciies. ( Chroniques des Frères-Mineurs, t. IV,
p. 600.]
VINt^ENT ( saint j, reçut la palme des glo-
rieux combattants de la foi de Jésus-Christ à
Rome, avec les saints Pontien, Eusèbe et
Pérégrin. Ce fut sous l'empereur Commode
qu'ils endurèrent successivement les tour-
ments du chevalet, des entraves, dos coups
de b;Uon ; ensuite, après avoir eu les côtés
brûlés, comme ils ne cessaient point de louer
Jésus-Christ, on les fi'ap[)a avec des fouets
garnis de plomi), jusqu'à ce qu'ils rendis-
sent l'esprit. L'Eglise fait la fête de ces glo-
rieux combattants le 25 août.
VINCENT (saint), diacre et martyr, fut mis
à mort en 258, sous Valérien , avec saint
Sixte, en même temps que les saints diacres
Félicissime, Agapet, Janvier, Magne, Vin-
cent, Etienne. Ils furent tous décapités. L'E- ,
glise honore la mémoire de tous ces saints
le 6 août.
VINCENT (saint), avec son frère saint
Oronte, cueillit la palme du martyre 'sous
le règne de Dioclétien, à Gironne en Es-
]iagne, en 291. Tous deux étaient issus
de race illustre , et même on dit dans
leurs Actes qu'ils étaient de sang royal.
i:.:o
VIN
VIN
13.iO
Un nommé Uufin , gouverneur ae la par-
tie de l'Espagne où liahitaicU les dont
sai'ils, ayant suscilé une vioionto persécu-
lion co'Ure les chrél'ens, lii couler des ilils
de >an^ et cojim t de gra 'des iruauk^s. Co
fu; [)en .ant quil >évis'ait ainsi eonire I -s
disriples de J "^us Christ, qii les deux fr«'-
rcs viirent h Rcdi, [»et;te v,ll • située à (piel-
quo dista lee de (iironne. Ils recuroil V' os-
pitidité chez \ ictor. h'-viie et i hrél en fer-
vent. U i jour qu'ils étaient allés sur une
nionia,^ie voisine, pour se forli(ier [tar la
prière et po ir évit r 1 s p )ur*uites de Uulin ;
celui-t i vint clez Victor, et lui reprocha
avec ui.e extrême violence île ne vouloir |»as
ad'irer les dieux de l'empire, et de duuier
a-ile à Oronte et à \incent, d'jux séducteurs
du peuple, disait-il. Victor lui répondit (jue
ceux qu'il nommait des séducteurs et lient
des serviteurs du vrai Dieu, honunes de
graille naissance, pleins de gé léreux senti-
ments, et iiicapaWcs d'obtempérer à ses in-
jo'ictions im(»ies et de s'incliner dev.mt ne
vaines idoles. Outré de f.reur, Hu'.in, avec
des espions qu'il avait amenés, gravit la
montagne, et ayant trouvé les deux frère'^,
voulut les for -èr à sacrilier. Sur leur géné-
reux refus, il les lit conduire dans la plaine
et décapiter. Victor cactia leurs corps et les
ensevelit honorablement. Rufi i ayant ap[»ris
cette circonsla-ice, tU décapiter aussi Victor,
ainsi que sainte .Vquiline sa mère, et son
père, (pie les Actes ne nomment pas. L'K-
glise romaine fait la fête de tous ces martyrs
le 22 janvier. ( Voy. Victor et Aqliline.)
VINCENT (sai'it), diacre de V.deixe, fut
ma tyrisé pour la foi clnétienne en Espagne,
sous l'empire de Dioclétien, en l'an de Jé-
sus-Christ 30V. IMuilence nous a donné ses
Actes authentiques, que nous copions tex-
tuellement, d'après D. Ruinart
Que ce jour, illustre Vincent, qui éclaira
votre triomphe, et ipii mit sur votre tète vic-
torieuse u'ie cOiMO ine de lauriers arrosés
de votre sang, so t pnur nous un jour serein
et sans nuages. Il tut le témoin de votre
gloire, JorS(jue, a[)rès avoir abattu a vos pieds
la cruauté des tyrans et des bourreaux, vous
vous élevjUes du uulieu des ténèbres de ce
monde vers le ciel où Jésus-Chist vous at-
tendait [>our vous couronner d'une im nor-
telle . larté. Nous y prîtes votre place parmi
les anges, revêtu dune robe où vos victoires
élai<'r)l re|trésenlées avec votre profire sang.
Permellez-moi, géni-reux martvr, de les re-
tracer dans mes vers, et de vous dresser un
trophée flvec ma |)lume dans le souvenir de
la postérité. On v verra le tyr.ni prendre
en vain le parti dt/sesdeux, et armé de lois
et d't'dils sacrilèges, emjiloyoi' sans sui'cès
la p ison et les tortures pour vous obliger
de doiHicr de Toacens aux démons. Il est
vrai qu'il p.irut d abord que sou dess(>iu
était de vous ménager; \\ ( rut devoir com-
mencer par la douce persuasion, et il se llat-
lail que vous ne pouviez résister aux chir-
mes de sa parole; semblal)leau crml enneu)i
des innocentes brebi*, qui prêt h faire curée
d'un agneau simple et sans malice , l'amu»»*
par un jtu simulé, ou l'intimide par un cri
menaç.int. Car voici comme le tyran Dacien
parla au saint martyr
n Les maiires du monde, lui dit-il, nos au-
g istes princts.ont fat nue loi qui ordonne
h tous les honunes de fléc'iir le genou de-
va it les anciens dieux de Rome. Ils en réta-
blissent le culte dans tous les lieux de leur
domination. Nous ne doutons point que
vous autres N.izaréens ne soyez ravis de
donner en cette rencontre des manpies de
votre soumission. Quittez donc votre nou-
velle superstition, c< tte religion informe, et
venez sacrilier aux dieux du prince. » Alois
Vincent, animé d'un zèle digne de la sain-
teté (le son ministère i car il était du nom-
bre des diacres de la tribu sacrée (Ij, et l'une
dessepicolonnesderE-,lise ; Vincent, dis-jr»,
transporté d'une sainte jalousie pour l'hon-
neur de son Maître, répondit ainsi à Da-
cien : « Nous vous laissons vos dieux; ado-
rez si vous voulez du bois et des pierres ;
soyez souverain pontife des morts, nous ne
nous y opposerons pas; [^our nous, nous ne
reconnaissons pour Dieu que le créateur ue
la lumière, le Père, et Jésus-Christ son Fils,
qui n'.'St avec le Père qu'un seul et vérUdbie
Dieu. » Le tyran, à ses i)aroles. se sentit ému.
« .Malheureux, s'écra-t-il, est-ce ainsi que
vous osez violer, \<ar un discours impie el
sacrilège, le respect (jui est dCi h la maje>té de
nos princes et de nos dieux? El comment
a vez-vou5raudice( l'attaquer en même tenij-s
et les lois et la riligicr) de tous les peuples de
la terre; ne craignez-vous point le péril où
vous peuvent entraîner les saillies d'uie
jeunesse inconsidérée '? Modérez cette ar-
deur, si vous m'en croyez; recevez l'éuil
avec soumission; enlin' chois sse/, ou de
briller de l'encens sur cet autel , ou de l'ar-
rosi-r de votre sang. »
« Mon choix isl tait, répliqua le saint dia-
cre, ma main ne fera point tumer d'encens ;
employez maintenant tout voire pouvoir
pour l'y contraindre. Ecoutez, voici ce que
je confesse haulenieil : il n'y a {ju'un Dieu
et qu'un Jésus-Christ. Je le publie sans
crainte : arrachez si vous pouvez crtte loi
(le mon cieur ; mais sachez que les lourmenis
les plus horribles, les ongles de fer, les lames
ardentes, la mort enlin; sachez , dis-je , que
cela nest ([u'un jeu pour les chrétiens. Oh 1
que cet édil que vous me présentez est peu
sensé, et (pie vos Césars sont dignes (le ri<éo
avec Itnirs vaines ordonnai ces I Tels dieux,
tels adorateurs. Oh! les plaisants dieiix, ijui
doivent leur divinité à l'art d'un oifèvre <ui
diiii sculpteur 1 Les plaisants dieux, dont la
snbstance se prépare dans un creuset, riu'on
fait (Miire dans un fourneau, el (ju'on lorge
sur une enclume 1 Quels ditnix. (pii n'ont ni
voix ni mouvement ; (|iii sont sans \eux el
sans langue ! El cependant l'or et le marbre
('(latent de tous C(.Més dans les tenqiles (juo
vous leur élevez ; mille taureaux tombent
(H (''cst-à-dirc li>vilo. I.c poêle fait .illusion aux
S!-pl premier» (lucres, qui fiirctu dus a Jeru&aleiu.
An. m.
r.H
VIN
VIN
tStl
(levant riiT rn imi^iss/mt , frapiM 's <lii cou-
li'im sacrc^ (|iii li-s iiiniiolc. \ tiis iiii< drc/.
|)rnl-(Mi(' (|ii(' (les csiuits luil) le ni dans cos
tfiniilcs cl ronipl sscn' (-(«s vai 's .snnnluirs.
Kl (-. ()sl cela uK^nir i|iii d'il vous cm l'indiu.
Savcz-vniis (Hicccs c^|»nls son lics dcuinn.s,
rsprils iinpiiiN, cnanls , r.iil)lcs, tioiii|iciir.s,
inipuissants, les inxli.^a'curs des ciini-s, les
(> T'cinis lie vnlic s.diil. Co soi! r\i\ i|iii vous
jiii'', i|iil('ni cans uiillc (\^ari'nn'nl.s, (|in viiu^
I vs|)ii('i l rinjuslicc, <|ui vous i-culr d < dii ii\
les j;in«> de bien, (pii vous lo 'l Ircnipcr vos
niains da'>s I iir sa f;. Ils n'i.^i.oirni pas, an
rcslc , i|U(^ Ji'sns-(<liii>l csi viv.ml, (|u"il
vèfiH\ (Ja \s l(» eiid cl dans .-o i l\>;.ist!; (jn •
bicnlôl les nicrlianls iccnnnailioiil nial^^ic
(Mi\ le pouvoir (pi'il a snr tons hs lioinnu s.
(l'cul ce ipu' (CS nianvais ^t«niiîs no pt uvi"il
s'enip(^(lu )• d'avoncr, lors.jne les clu' liens
leur coiiinia. denl, au nom île J(''sus tlhiisi,
u'a^ifl, (lo'imr les corps donl ds sélaienl eiii-
paics. »
l.ejii^e fniienx nopni sonllVircc discours
(lu niailyi'. « (Ju'on lui iV'rnio la boudie, s'é-
ei'ie-t-il, et (pie nos ori'illes i c so cil p'us
frappi'os de ses liorribKs blasplieuies; (j l'on
iass(! vonir des bourreaux, oui, de ccu\ (jui
ne >'enr;ia sseU (p.o du sa 'i^doscriiiiinels et
qui save t lo luioux I <ij"l de les louriiieuti'r;
(pi'ds approche il. il scnliia , rini|>io, qu'on
ne se mixpie p.is iui|); iiéiuo U d.'s dieux, et
que lo pieuiur oevoir d"uiijUc;o est ue vcn-
yer leurs injuios. Tu astru sans d 'Uto tiuo
je te soullVi ais 1' nier aux pied> les sacr. s
mystères du Capilolo, lou ner en ridic lo la
piék! du sénat, ..e llouie (Mitiero ; ^\u^ dis-je?
des euipereuis mêmes. Q.i'om lui atl.iclie les
bias d(.ri'i(l'ro le dos, el ([u'ensuiie on l'élève
fort haut, tt quon le laiss>' lelombor lude-
mo'il, ji s,|u"à ce qu ■ tous ses os so déboi-
tont par la violence redoublée de ses mou\e-
nients opposés. (Ju'ou ajoute à ce lour-
mont les ongles dv. Ici', qui .le leurs poii.tes
recourbées aillent au travers des côtes
décharnées cheicher les entrailles palpi-
tantes. »
L'iiitiépidesoldat de Jésus-Christ insultait
copend nt au tyran. -< Ces ongles do fer,
lui disait-il en lui rcp;o>hant sa cnaulé,
n'enlronl pas encore assez avant, » • ais les
bouireaux n'e 1 i)Ouvaieni plus, leurs lurces
étaient épuisées, et loiirs bras tombaitm de
I ssitude. Vincent neu était que plus gai.
Votre vue, ô Jésus! qui le Ibrtiliait, réjian-
dait sur son front une lumière vive, sem-
blable à celle qu'un beau jour répand dans
l'idr, aj.rès en avou- écarté tous les nuages,
a Quelle joie tranquille bnlle sur ce visage,
s'écriait le tyran tout confus 1 quelle ho Ue
pour nous ! Le misérable rit au milieu des
su])plices, il nous bravo; et par sa résistance
il uevient à son tour lo Jjourreau de ses pro-
pres bourreaux. Uici ne peut surmonter
cette lierté ; la douleur et la mort ont beau
l'attaquer par mille endroits, elles ne sau-
raient l'abattre : il triomphe de la douleur et
lie la mort. Mais vous, chers ministres de
Uia fureur, vous (|ui, nourris parmi les hor-
reurs d'une prison , ne respirez que le sang
vl lO cnrnnKf, nrconh*/ (juejque rtdjlcho h
vos liielidires r/ilij^iié>, et donne/ le temps h
une nouvelle vigueur de s'insniuer dan> vos
neiis. Uepicne/. do nouvelles joncs, et lû-
clio/. de ra-iiuier celle Ki'-iéreusc ardeur qui
m'a toujours si |)ic»i .scivi Anns loui( s les
lorliircs (pu' j'ai fiiil donner. Attende/ .seu-
lenie il (pie hs cicalrn es commencent h su
lormer sur les plaies (|iie vous ave/ laites, • l
ipie l(! sang soil refioidi; ipie votrt! main
alors remeUe 1»; ï v dans les mêmes li'essu-
ifs, et (pi'(dle ouvre a la iiioil et à la douleur
ce'l portes tout h la fois. - Si vous croye/,
dit le sai il lévite, (pie les lidiles ministres
(h) Votre fureur maïKjuenl d'Iialeim* et do
f Mce, veno/, achevé/ vmjs-mênie ce (jii'ils
ont SI heuieuseinent coinmenci'. Ne(r.iig'iez
lien, vous êtes encore plus criK.'l (ju dix.
Aiiprenez-lour à fouiller dans les entrailles,
el moiiire/-leur par votre exemplt! (Kjiiime ils
(liiivenl boire le sang des mari \ is encoie lout
l'uiiia. t. Tu te trompes, tyran Jii lolrom(»os,
SI tu penses (pie j eiduro (piel(jue youllianco
loisque tu décimes ces memores; lu leur
don les la mort, eh I no sonl-ils pas destinés
h mourir? Ma s il (>st au dedans un autre
homme, un autre Vincent sur io(|uel tu n'as
aucun pouvou'. il est libre, malgré tes chaî-
nes ; il jouit d'un |i«ifait re, os, tu n'as pu
encore 1 entamer, avec tous les instrumenis
doni ta cruauté so sert : il est ini>e 'sible à
la douleur.^ Ce que tu t'ellorces de dél.uiro
avoclanl d'opiniàirelé n'est rien qu'un vais-
seau do teiie déjà l'èlé, qui tût ou tard doit
être mis . n p oces. C'(-si cet autre homme,
cet homme intérieur et invisib e qui méi iie
toute l'aiiplication de ta lurour; essaye, si
tu poux, do lui en faire sentir hs edols ;
[)orlejusque-la tes cigles de fer, les lames
ardentes. Insensé I ne vois-tu pas qu'il se rit
(Je t i i'olio; va,croiS-moi, tes ellorts seraient
vains, il est impénétrable à tes traits , il ne
craint ni les bourreaux ni les tyrans; Dieu
seul est celui qu'il peut craindre. »
A peine eut-il achevé de pailer, qu'on
recommon(:a tout de nouveau à le tourmen-
ter. Co|)endant Dacien , mêlant rartdice à la
cruauté, lui fait entendre ces paroles, qui ne
pouv.ie U lui être inspirées que t>ar l'ancien
serpent : « l^uisquo la durolé do votre cœur,
lui dit-il, et laioreur où je vois votre os[)ril,
vous font rejeter les soulagements que ma
main \ous pii^cnte, et que ma compassion
vous av.it prép, rés, j'eiitonds que vous me
mettiez tout présontoiutnl en mam ces livres
que ^ous appe ez sacrés , et qui sont p<.rmi
vous c nservés avec tant de respect. Je parle
do ces livres qui contiennent celle pomi-
cieuso doctrine qi.e les geits de votre secte
vo 't semant partout. Je veux que le feu on
abolisse jusqu'à la mémoire. »
A peine le martyr eut-il entendu celte
demande du tyran, qu'il lui repartit ainsi :
« Tu prétends que je te livrerai lo sacré dépôt
des saintes Ecritures, et lu lais déjà prépa-
rer le feu pour les consumer ; apprends que
ce n'est pas leur destinée de brûler, mais la
tienne Oui, la justice divine vengera sur
toi l'injure que tu leur voulais faire , et cetîo
r»43
VIN
VIN
13il
langue qui a prononcé ooiitiM^ ollc cfftn son-
tcMoo itupio Sf'ra frappro do la foudre. Que
ces éliriccllfs (pic tu vois s'»''Icver te fassent
souvenir des rrinics de (lumorrhe, et que
cette cendre te remette en mémoire celle où
Sodoine fut réduite. Voil.'i ton sort, A serpent
artilicieu\ ! voilh le .supi»lice qui t'attend.
Bientôt un nuase épais , t"envelf)ppant dans
la noire vapeiir dont il est forini' , te prt'ci-
pilera au fond dun étang de soufie, de
poi\ et do hitume, que la colère de Dieu a
allumé dans les enfers pour [tunir les tyrans
comme toi. «A ces niDfs, la piUeur se fait
voir sur le visage de Dacien ; un rouge obscur
s'en empare à son tour cl en chasse la pA-
leur; ses yeux étincellcnt d'un feu mena-
Î;ant , lancent sur le martyr des regards
oudroyants; ses lôvres trrnnblantes s'en-
tr'ouvrent et donnent passage à une écume
enflammée : tout son corps est trem{)é de
sueur. Enfin , après avoir gardé (pielque
temps un morne silence, le môme mouve-
ment de fureur qui lui avait ôlé la voix la
lui rend, pour commander ([u'on ap[ili(pie h
la (piestion le diacre di3 ^'alence, et ([u'on
y emploie le fer et le feu. Alors Vincent,
plein de joie , et oubliant la faiblesse où le
réduisaient les |)remiers tourments qu'il
avait soufferts, court, vole où on lui en pré-
pare de noiiveaux.ll se |)resse d'y arriver, et
il ne craint qu'une chose, c'est que les bour-
reaux ne le préviennent. Enfin ce généreux
athlète descend courageusement sur l'arène;
l'espérance et la cruauté y descendent avec
lui, et dans ce fameux combat l'espérance
soutient le martyr, et la cruauté anime les
bourreaux. Là on (iressc un lit de fer; les
barres qui le composent sont hérissées de
pointes et garnies de dents ; cl un brasier
ardent sur hvpiel il est i)osé a déjh fut per-
dre au fer sa couleur [)Our lui donner celle
du feu. Vincent, luoniranf un visage assuré,
monte de lui-même sur celte funeste couche.
Tel aux jeux olympiques un vaiiupunir
monte plein d'allégresse siir l'échafaud des
jug(>s (pii y président, pour recevoir le prix
qu'il vient de remporter. On jette d'abord
sur le sanit martyr du sel à pleines mains;
le sel pétille et (Mitre dans milte ouvertures
«luelui font en mille endroits des pointes de
fer qu'on loi enfonce dans la chair. On loi
verse encore sur tout le corps du suif fondu,
qui, s'insinuant dins cett(> infinité de [daies
•pie le fer et le feu ont faites , les p(''nèlr<\
et y attire la llamme ipii les agramlit, les cau-
térise et eu fait autant d'ulcères. Cependant
l'invincible dincre ne f.iit pas le moindre
mouvement, il symbleavoir oubli(' (pie c'est
son corps qui est expos » h do si horribles
tourment-*. Il tourne seulement les \eux
vers le ciel, car ses mains sont enchalni'es.
11 se lève enlin, mais pins vigoureux et plus
fort ; il quitte ce lit atl'renx, pour un autre
(ju'on lui a préparé dans un antre souter-
rain et inaccessible k la bnnièro. Car on
craint qne la vue du ciel n'au ;tnente encore
celle grandeur d'Ame (pii confond le tyran
et fut gémir l'enfer.
Dans l'endroit de la prison le plus creux ,
on a pratifiué un caveau, dont la voi^te et
b»s cf»tés s approchent et se serrent de telle
Sorte, qu'à peine lais'^eiit-ils assez d'espace
pour y [dacer un homme, l'ne nuit éternelle
en d('fend constamment lentrée au soleil.
C'est dans ce sépulcre destitK' |>our les vi-
vants qu'on jette saint Vincent , et l'on ren-
ferme encore dans des ceps ses deux jambes
('•cariées. L'on sème la terre de morceaux
de pots cassés, qui, par Imirs angles poin-
tus et leurs inégalités aijwës ou raboteuses,
se pla(;ant dans ce grand nombre de bles-
sures dont ce saint martyr est couveit, y
entretiennent la douleur, l'y retiennent, et,
si l'on ose le dire ainsi, lui fournissent une
nouvelle vivacité. Ce sont connue autant
d'aiguillons dont ce triste lit est armé, qui
ne laissent prendre aucun repos à celui (pii
y est attaché, et qui chassent bien loin de
ses paupières appesanties la douceur du
sommeil. (]e fut ce nouveau genre de sup-
plice, inconnu aux tyrans des siècles passés,
et incroyable aux siècles à venir, que le
démon inspira h ce savant artisan de tortures.
Mais enlin Jésus-Christ renversa en un
instant tous ces noirs attentats de l'ennemi.
Car tout h coup l'obscurité de ce cachot se
dissipe, une lumière céleste le remplit, les
entraves se brisent. Vincent, votre espé-
rance ne vous a pas lromi»é; voile» celui que
vous attendiez avec tant dim[)atience ; re-
connaissez au travers de ces rayons qui
vous éblouissent, reconnaissez Jésus-Christ
qui vient lui-même vous couronner. Le
martyr charmé jette ses regards avides sur
ce grand obj(>t. Il sent, (^ merveille surpre-
nante ! il sent que tous ces morceaux de pots
cassés se changent en fleurs, et que cette
couche armée (le dards v{ de pointes est de-
venue un lit doux et mollet; un parfum ex-
quis en s'exhale et flatte agréablement Ko-;-
(!orat;un(> troupe d'anges l'environne, lui
parle, le félicite de sa victoire, l'n de ces
i)ienheureux esprits, dont l'air majestueux
faisait assez connaître (pi'il était d'un des
premiers ordres, lui parla aifisi : « Levez-
vous, illustre vainqueur, quittez ces lieux
si |)eu dignes de vous, ne craigniv.-rien, ve-
nez : et (iésormais associé aux neuf ordres
des anges, augunnite/. le nombre des heii-
reux citoyiMis du ciel; vous avez assez fait
connaître Votre valeur et votre constance,
et assez essuyé de travaux, il est temps
ipi'une mort glori(ni<;e nu^tte fin .H vos pei-
nes. O soldat invincible ! plus vaillant (pie
la v,ih>nr même, les tourments les plus hor-
ribles tremblent maintenant d(>vant vous,
et depuis (jue vous les avez v.nn. iis ik n'o-
sent plus vous atiaipier.
« Ji''sus-Chri>t, ipie vous voyez., et (pii n'a
pas dédaigné dtMre spectateur de votre com-
bit, veut ipn^ l'iHeruité bienheureuse en soit
le prix; (>t après vous avoir fait l'honneur
de vous (huuKM- part h ses soutlrances, il
vous fait celui de partager avec vous sa
gloire. Abandonnez donc ci^ corps mortel,
(piittez cette demeiwe ipii tombe en ruine,
celte maison de terre entrouverte de tous
ctMés; et, ilégagé de cet importun fardeau,
iTii:;
VIN
VIN
17>4C
vcllr/. ri SUIVI'/ 11' Sri,;iiriir M.'ins soii roynii-
liir. » Il ilil: ('r|ii'iiil'illl ci'lli' liliiili'ir (|iir la
jii('vsi'iinM|(> Jésiis-dlil'ist i'r|iniiilail (huis r(i
lieu SI' r.iil jiiiir h travi'is !,• };iii(ln<l (|iii m
Icriiii' rcMlrcc, cl va ria|i|MM- de sciii (m lai 1rs
\tMi\ lin soldat qui U; Kaidail. Duc voix uir-
loiliciisf vient l'U iiu^mc l(«iu|ts cliaihicr sou
oreille ; c'est celle du .s.iiul mai I \ r ijui ( liaiit(!
un canli(|uc h la louan^u ilo son liIxTaloiir.
I,a \()ù\i' du carliol, dcvcinu» scnsildc, vO-
|ièlc aprc^s lui lc> iiii'^iucs paroles. Le suidai
s'a|>|)ro(^lio de la |)(«lo on Irenihianl, il clier-
cli(« avec eiupiessciuenl une (mivimIuic (|ui
luiisse douncr |)assa;.;e î» ses yeux curieux.
l\l«is (juel speclacio surprenant se orésenti)
?i sa vu(>l II voit loutes les lleiirs (lu prin-
leiu|is (pii loriuciit une nuaic(> vari(''(; do
mille couleurs, cl radmirahk' Vinconl au
milieu.
(IcpendaiU la nouvelle d'un si ^raiid mi-
racle est l)ienUM porl(^o au |)alais du gouver-
neur; il en IVl^iuiI de ra^e, il en pleure d(;
(lépil; la coK'ie, le cliagriii et la honte aj^i-
Icnt tour à tour par des secousses violentes
soM .'^nie furieuse. « Qu'on h; fasse proniple-
nuMit sortir ihï prison, s"(;crie-l-il ; (pie pa-r
de douces fomentations et un bon traite-
ment on lAclie de lui redonner des forces ;
(ju'oii [)renne enti'i un si grand soin de lui,
que, rcMahli d.ins son premier é'ial, il four-
nisse h ma juste fureur de (]Uoi se rassasier,
en e\er(j;ani sur lui de nouvelles cruaut(^s. »
JNlais, d'un autre côté, les lidèles, ayant
api)ris ce qui se passait au jialais, y accou-
rurent en foule. Les uns s'empressent h re-
muer la plume sur hKjuelle on avait couché
saint Vincent |)ar l'oi'dre de Dacien; les au-
tres essuient ses plaies; ceux-ci baisent avec
respect les sillons que les ongles de fer o!it
creus(3S dans sa chair, ccn\-là portent leurs
l(?vres et leurs langues sur quelques ^'Oultes
do sang qur coulent encore de ses blessures;
il y eu a enfin qui le recueillent dans des
linges [)uur le déposer ensuite dans leurs
maisons, connue ce qui en doit être la sauve-
garde, et le laissent à leurs héritiers comme
un des plus riches etlets de leur succession.
Nous apitrenons m(jine, i)ar des relations cer-
taines, ({ue ce fortuné guichelier, touché de
la vue do tant de merveilles dont il avait été
le témoin, se convertit sur l'heure, et em-
brassa la foi de Jésus-Christ.
Cependant, dès que le saint a commencé
à presser le (iuvct et la laine tine du lit que
le gouverneur lui avait fait préparer, ce re-
pos lui devient à charge, il ne peut plus
soulfrir la vie, et il soupire après celte heu-
reuse mort qui doit achever de mettre en li-
berté son Ame et le faire jouir de la présence
de son Dieu. Cette âme, dis-je, puritiée de
toutes ses taches dans son })ropre sang, se
co'isume du désir de s'immoler à Jésus-
Christ. Ce désir ardent s'accom[)lit enûn ; et
cette grande âme, victorieuse du tyran, lui
laisse son corps, et s'élève d'un vol rapide
dans le sein de la Divinité, suivant les mômes
traces que l'innocent Abel marqua autrefois
de son sang lorsque, péi'issant de la main
impie de son fière, il alla chercher dans le
ciel ini ven^?eur. Des Iroiijies de mai lus re-
V. lus de Kibes blanches viennent /lU-dev/i'it
do >i!icent, il l'accuiiipag i(!nl r/in^é.s .sur
(leiiv lignes, JiMii It.iplisle esl h leur lèl(!; il
a cumule lui perdu la vi(.> dans une prison
pour riub'-ièl (le la vérité.
Mais d'ailleurs un poison brillant d('vor(î
le coMir du l'uiieii\ bacieii : cet ennemi du
nom chrélien siuil ses enlrailles li(»ublée.s, et
son esprit agih- par les vains soiileveiiieiils
d'une ragi! impuis^.inte; tel o i a vu (pnlque-
fois une vipèi-c! li (pii on a arraché les dents
se jel(!r ?i la main de (•(•lui (pii l'a ainsi ih-s-
ariiK'O, ol faire d'inutiles eU'oi Is |Miur lui
porteries coups (lui ne sont plus mortels. Il
s'est donc dérobii a notre venge uice, cet in-
soleiil rebelle, dil-il. Son onibic Iriomplii!
mainleiiaiil, mais sa victoire n'est pas en-
tière; il reste encore entre nos mains une
partie (1(3 lui-même, à (jui nous ferons por-
ter la peim' (pie mérite celle (pii n'est plus
en noire puissance. Il faut (pie h s bêles so
rempliss(!nl de ces malheureux restes, et (jUe
le ventre des chiens serve de tombeau à un
cadavre dont la terre serait souillée. Je ne
veux i)as (ju'il en d(,'meure le moindre osse-
nu'nl, qui puisse être à l'avenir à une popu-
lace superstiiieuse l'objet d'une solU; véné-
ratii n. 11 ordonne aussiUjt, le profane qu'il
e>t, (pie ce corps sacré soit jeté parmi des
joncs marins. 0 crime! ù impiété digne de
renier ! Mais, ô prodige 1 ù [)rovidence adoi-a-
ble I il sort de ce cor[)s d(is rayons de gloire
qui jettent l'épouvante, ou [)lut(')t qui impri-
njenl le res[)ect dans l'âme des anunaux les
plus farouches. On aperçoit des vautours
qui, (iuoi(pu; pressés de la faim, n'osent y
toucher. Un corbeau, peut-être le môme qui
fut donné au i)rophète Klie pour le servir
dans le désert, devient le gardien de ces pré-
cieus(>s reliques. S'il remarque que ({uelque
oiseau de proie semble s'en approcher, il i é-
carle de son vol et de son croassement; puis
re[)renant son [iosle, il s'y fixe, et le garde
jour et nuit avec une tidèlité admirable. Ce
fut pour lors qu'un loup d'une taille ])rodi-
gi(Mise, sortant d'un taillis peu éloigné de ce
lieu, et faisant mine d'en vouloir à ce sacré
déi)ôt, ce tidèle et vigilant oiseau se peiche
sur sa tète, et ne cesse de lui enfoncer son
bec dans les yeux, et de le frapper de ses
ailes, qu'il ne lait contraint de prendre la
fuite et de rentrer dans son fort. Où sont
ceux qui se font honneur de ne rien croire ?
qu'ils nous disent i)ar quel charme inconnu
une bète accoutuiuée au carnage, que dis-
je '? une bête qui ose se mesurer avec les
plus furieux taureaux, cède toutefois à un
oiseau qui ne se sert contre elle pour loutes
armes que de ses plumes et de son bec? Ce-
pendant il faut que cet animal vorace aban-
donne une proie qu'il ne croyait pas lui pou-
voir être disputée par un autre ; il a beau
gronder et pousser des hurlements, un seul
corbeau l'arrête, l'épouvante et le réduit à
fuir.
Quelles furent alors tes pensées, cruel Da-
cien, lorsqu'un récit lidèle t'apprit des évé-
nements si peu communs ? A combien de
1347
VIN
VIN
r)48
serpents la rago livn-l-cUo ton supprnc rncnr,
lorsque lu lo vis vainru par ui coriis privé
d<' VIO, (in(!(les niiMubrosin -ris Iromphaicnt
enron^ (le toi. cl (pio d'S os insonsihl s et
inanimés somblaient te braver jusq le sur
ion lril)nnal ? Mais qu >\ 1 lanl de m rv.-illes
ne seront-eile? point ca tables d'abaissci- ta
li''rté ? reconnais du moins 'a faiblesse ; to-i
0,>i'iiAlrc funMir n'aura t-elle point de tin ?
Non, dit-il, on ne verra pont Darien se ren-
dre, et SI la f'rocité d s loups et d-'s vau-
tours s'adoueil en faveur d un enieiui des
die X ; si les corbeaux, renonçant h leur na-
turel carnassier, ont si mal servi mon zelo,
la mer peut-ôtre me sera plus favora de, et
répondra mieux h mes désirs ; cet éléuienl
i iipitoyable ne fit jamais -înke à perso me,
et l'on n"a jamais pu le rassasier de naulVa-
ges.Qiie si 1. sondes ne veulent point recevoir
d ms leur sein ce misé .able cadavre, il ile-
viendra du moins le jouet des Ilots, et la pA-
tuie enlin des monst,es manns. Ou bien
élant porté au |)ie i de (pielqii ■ falaise es-
carpé<! , il ne pourra résister à 1 1 violence
des va^'ues, qui, le poussant contre la pointe
desé'ueils, le meitcont en [léees; et ses
nieiujres épais n'auioit |»our toute sépu-
lure que le creux de quelq le rucher iiiac-
cessibic. Mais qui de vo is, l)rav.'S soldats;
sera assez hardi ou as-ez dévoué a votre
commandant ? qui de vous sera assez habile
pour conduire une barque «ni haite m t,
manier la rame, et faire une maïKCuvre à
propos, atin d'aller donner aux po'ssons ce
c ) ps ([ue vous voyez encore tout (entier par-
mi ces joncs, et i}ue les bêles carnass.eres
ont épar^nié? Mdsav.int toutes choses , il
faut le renfermer dans une corbeille faite de
genêt, et y attacher une pierre exlrêmeme il
|»esante, alin que son poid- la retienne au fond
d-' la mer.
Alors un nommé Eumorphion s'olfre h
Dacie ^. Celait un ho.n.ne déierminé, b. ulal
ju-Nipj'iï l'excès, ne connaissant ni pé.il ni
lio,,neiir, au resle, <i'uii naturel inliumaiu
et tirant sur I • li^^re. Il emorasse avec ar-
dnir CfUe oc(;asion de >atisraire son huaieur
b irb ue. Il |)rend doiK- le corps du saint mar-
tyr, le m t dans une longue corbeille faite
Ue hianches de (^eiiêl, et se jetant dans un
esquif, ga^ne la pleine mer. Lorsqu'il eut
perdu la lerre de vue, il crut ([uil était tem|)S
de s'a quiter de sa dél stanle coinniissioo ;
il liâC le tor,>s d.» l'exiuif, et le pré.njdle
dans on abtuie d'eaux. Alais, ô puissaïKO
siiiiv rai ne do i Dieu auteur île l'univers !
celui qui aiferiiiit aiilref 'is les [tain s liqui-
des .sous Us pas d'un apùlre, et ijui, |)lusieurs
sièilcs .lup.iravaiit, avait commandé a la mer
Hou.;e de s'ouvrn pour laisser passfM- h pied
sec les enfants d'Israël ; ce même Dieu or-
donne aojiiiird'iiui a Ce inêiiie élément d'a-
pa ser ses ilois, et de pousser re-^pectueiise-
inenl eu saint rort^s sur son rivage. Il se
5'niinet aux ordnvs «le ««on cré ileur ; la pCi r»!
iia^c c'imme uu peu irecum , ei l.i corbeille
est porlé'o sur les aux coiiiaiu un vaisseau
qui n le vent e i poupe.
Cependant le riv.i^e se rouvre de peuple»
qui y accourent en foule ; chacun est dans
1 l'ionnement en voyant ce bAtimon' d'une
nouvelle fabrique courir légère nent sur la
surface il.'s i>aux, et traînant après soi une
pièce de marbre ; le vent et la marée le pous-
sent il l'envi vers le bord. >'in,.;t chaloupes
se détachent du port, la mer blancint sous
les rames, on s'elforce de joindre ce miracle
lloltanl, m lis on s'etforce en vain; il fuit
d vant les barques les pins légères avec une
vitesse iMconcev;ible ; enlin il touche la terre,
et laisse bien loin derrière lui la petite llotlo
de ces pieux matelots.
Il'ureuse la terre qui reçut cet illustre
martvr! heureux le riv,ij;e (im lui serv t île
port! heureux le sable qui le couvrit et lui
fournil un loinbeoi! Alors les fidèles s'en
a|)proc!ièrenl avec un res|)ect religieux, ils
jetèrent dessus force poignées de fleurs,
qu'ils arrosèrent de leurs l.irme*, et ils l'or-
nèrent st.don que letenijis présent et la trislo
c;\,tlivité où gémissait l'Eglise le leur purent
permeitie. Mais il ne resta pas longlenii s
dans un état si peu digne le lui : car les en-
nemis de Jésus-Christ a» anl été vaincus (1)
peu de tem[)5 a[)rès. et la paix donnée à ses
serviteurs, on éleva sur ce tombeau rusti-
que un autel, sous lequel on rail re noser les
os sacrés de ce saint diacre. .Vinsi Dieu vou-
lut bien partager son tn^ne ^2 ave>' lui sur la
terre, comme il l'avait déjà partagé dans le
ciel.
tirand saint, nous remettons vos vœux
entre vos mains, alin que vous les otiriez
5 notre Père céleste; soyez aiqtrès de lui
notre intercesseur Z'Ié, pressant, q lo i ne
puisse refuser. Défendez-nous au tribunal du
souverain juge, |)rolégez-nous auprès du
grand roi, obtenez-nous le pardon de nos
crimes, nous vous en conjurons, grand saint,
par votre prison, ce thé.Ure de votre gloire;
par vos chaînes, q;!i ne {lureiit jamais asser*
vir votre Ame; par les llamm s qui ne vous
br lèien! q le pour vous puritier; par les on*
gles de fer qui écrivirent sur votre corps en
caractères de sang vos victoires ; par ces mor-
ceaux de pots cassés qui furtnit changés en
Heurs ; par ce lit doidoureux que les lidèles
baisent aujourd'hui avec une frayeur respec-
tueuse. Priez, pressez , rendez-nons Jéstis-
C!iri>t propice. Si nous célébrons c 'j'Uirso-
len el d • votre triomnh.» avec un cctnir pur
et se ijiibie h Viitre gliire ; si nos voix |)ii-
bl enl vo» Vertus et chantent vos lo;ianges ;
si nous nous prosternons avec joie devant
vus s.iinies reliipies; si toutes ces marques
d'un culte religieux ont de quoi vous pi, lire,
faites-le nous connaître en nous procurant
les grAces du Sauveur; soUicitez-les po .r
nous, neciaignez point «le vous rendre im-
{)orlun en notre faveur, et revenez dan.s
ces lieux qui furent autrefois les téindiis
de vos vicitii.es, et qui le sont aujourd'hui
des honneurs que nous vous rend-ms; re-
venez, d.s-je, vous-même, chargé des béné-
dictio is du ( lel, les distribuera ceux (jui
I) P;u le granit Const.inlitu
i) Àllart teJe$ lh%.
1340
VIN
VIN
fSM
vous invO(HWMit. Ainsi puisse le joiinlii Si'i-
gnoiir lni'iilùl |»;iiaiti(', ali-i que vnlii' lii-llii
(\[\\r M' irm i>siiiil h v.ilrc r<ii|is, ce cdriis no
soit p.'is plus |onKli'in|is piivr (le la IV'licilé
«nril M iiiérilt''t> en lui scivaMl di' second
dans It^s cdMiltals (pi'elle n soutenus; ri
(ju'ayiuil essuyc^ les iu(^uies tiavaux, il re-
(;oiv(i avec elle la iiuMiie récompe ise.
\ INCI'lN'f (saiiiT, niailvr, iiioiinil pour la
foi h Avila en l';S|ia;;iie, avec les saiiJes Sa-
biuo ci ()hri.sli''l(\ Ils liinMil (rabonl éli ndus
sur le chevalet avec (aul (1(^ violence, (pie
(diitos lesjiiihlures deleuis nninhres se dis-
hxiu^reiil ; | ui>, leur avani mis la l(Me sur
«les pierres, on les i'iappa h grands coups do
Jevie s. jus(priï c(> (pi'oii en lit soriir la cer-
velle. Ils accoinplireiil ainsi leur inarlyre
ttar l'ordre du presideni Dacieii. L'ivj^lisel'.iit
leur iiK^iiioire le '11 oclohre.
\ INCKN T ( sa nt ), l'ut l'un des (]uaranlo-
huil inarivrs, iiiis^ iiKU't ave(; saint Saluriiiii
eu AlViijuo, sous le proco'isul Auiilin, (vi
l'an de Ji^us-Clirist 305, sous lo r(''g'Uî et
dura-d la perséculio'i (pie rmf.liue Diocléiien
suscita contre rKglise du Seigneur. ( To//.
Sau'umn. ) L'Kglise l'ait la l'Ole de tous ces
sai'it.s martyrs lo 11 février.
VINCKNT (saint), ahinS souiïril le martyre
Ji LcH)!! en Espagne. L'Kgliso l'ail sa mémo, le
le 1 1 septembre.
VINCI.M vsai'it), fut m.irtyrisé h Coliouro
en Catalogne. Nous ignorons en quelles cir-
coiLstances. L'Eglise honore sa mémoire le
19 avril.
VINCENT ( saint ), martyr, reçut la cou-
ronne du marl\re en Afri(jue avec les saints
Julien, Datif, Vt vingt-sei)t autres (jui nous
sont inconnus. L'Elglise lait leur mémoire le
27 janvier.
VINCENT ( saint ), reçut la couronne des
glorieux combattants de la foi ci E-|)agnc.
11 eut pour coiufiagnon de sa gloire saint
Liède. L'Eglise les honore comme martyrs
le 1" septembre.
VINCENT (Saint), versa son sang pour la
foi à Kouie sur la voie Tiburtme; oa i(^nore
h quelle époque. L'Eglise faii sa fête le :2i
juillet.
VINCENT, catéchiste tonquinois, ayant
été [)ris le 12 avril 17JG h Batxa, avec les
saints missionnares Jean-Gaspard Craiz, Al-
lemand, Barthi lemy Alvarez, Emmaïuel dA-
breu et Aince-it da Cunha, fut ame é avec
eux devant le tribunal, présidé par un des
eunuques du roi ; cet eueuqueleur ordon la
de fouler aux pieds U'i crucdix (ju'oi leur
présenta ; ils refusèrent, remplis û'horreur,
et furent mis en prison. Vincent y mourut
saintement, le 30 juin 1736. Les missionnai-
res en furent tirés le 12,)ui'i 1737, pour être
décapités ; l'autre catéchiste, nommé Marc,
fut seulement exilé pour avoir introduit les
missionnaires dans le royaume.
VINCENT LIÊM, doniin cain tonquinois,
eut la tête tranchée pour la foi le 7 novem-
bre 1773, dans le royaume du Tonquii. Il
fut décapité avec un autre dominicain, le
P. Castanc'da, Espagnol.
VINDÉMIAL (saint), évAque et martyr,
riioiinil en .\rii(pie pour la (b'Tfnse de In re-
ligion. Il eut pour comoag'ion.s de sn gloire
les saillis év(\pies lùi^ieii»? et l.ongin. Aynnt
cominliu les /(liens et les nynni <-oiit'iiid>i!i
par sadocliKie cl |iar ses miracles, il lui dé-
capité par l'o dr ■ du roi lluiiéric, ainsi rnin
ses doux compagnons. L'Eglise l'ail leur lélo
le '2 mai.
VINDENE, petite vilh; de l'Ombiie, où,
SOI. s l(! regn • d'Adrien, sainte Si'-rapie fut
(l(''ca;>itée iiaro.drede Hi-rvlle, gouverneur,
et un an plus tard, sainte Sabine jiar ordre
du prélel lle'piile. ( Voy. Saiiim:, Skhapie,
lilCKVi i.i:, lli.i.riDi:.)
NTNE.M.Mt, vassal du comte Haudoui'!, était
le chef des assassins de Eouhpies. arclirvfi-
(jiiede Ueims. Eoulipies s'était attiré la liaiiio
de Haudouin pour les rais(»iis (pie l'on rxiut
voir <i l'artich! d(; ce saint. Ce (irinco étant
maître d'Arras, .s'ét lit aussi mis cm posses-
sion de ralibayc de Saint-\aast, (jue le ici
Charles h; Simple lui ùla pour son inlidélilé,
et (pi'il donna à rarihev(''qne. .Mais c(dui-c.i,
trouvant plus à sa bienséan. e l'abbaye do
Samt-Médaid (pae j)Ossédait un autr>; comte,
nommé Altinar, ei hangea avec lui celle de
Sai..l-Va isl, afirès avoir assiégé et pris Ar-
ras sur le comte Baudouin. Le dépit (pie ce
dernuT e-i eut {)assa à toute si cour, et ses
vassaux, cherchant à h; ve iger, feignirent
de vouloir se réconcilier avec le prélat ;
ayant épié l'occa-ion , ui jour (|u'il allait
trouver le roi avec une très-petite escorte,
ils l'abordèrent dans le chemin, a>ant à leur
téfe Vmemar, Evrard et Bolfel. ils lui par-
lèient d'.ibord de la récoiciliatiou avec le
coiiiie Baudouin; {)uis, lo.squ'il s'y attendait
le moi is, ils le chargèrent <i coups de lances,
le liient tomb.-r et le tuèrent. Li même jour
ou Hervé fut élu succe.-seur d • l'illustre
mort, «t en présence des douze prélats qai
asi.istèrent au sacre du nouvel archevêijue,
on lui dans 1 églisede Notre-Dame deUeiius,
comme on l'a ii dé'_^à vo.rà larliclede Foul-
ques, u-i acte d'excommunication contre les
meurtriers ; on y en nomme trois :\'inemar,
Evrard etUotfcI, va-saux ducouUe Baudouin,
et leurs com, /lices en général. On les déclare
séparés tiei'Eglise et chargés d'un [)er,)étuel
ai.athème, avec toutes les malédictions ex-
primées dans l'Ecriture el dans les canons.
Défense à aucun chi-étien de les saluer, à au-
cun prêtre d' dire la messe en leur présence;
et s'ils toin.^eiit malades, de recevoir leur
co•lf,'s^iJn, ni leur donner la communion,
même à la li i, s'ils ne viennent à résipis-
cence; défense de leur donner sépulture
En prononçant ces malédictions, les évêques
jetèrent des lampes de leurs mains et les
éteignirent. Et c'est le premier exemple,
ajoute Eieury, que nous citons, d'une telle
excommunication.
Nous liso s dans Longueval que Vinemar,
priici])al chef des meurlr.ers, reçut visible-
ment de la ma:n de Dieu la peine due à son
forfait : il mourut rongé tout vivant par des
vers qui s'étaient formés dans un ulcère.
VINTIMILLE, ville des Etats Sardes, a été
témoin du martyre de saint Second, person-
insi
VIT
VIT
135Î
nage deronsiih'rnlion et l'un dos cliofs di^ la
légion Tlu'bt^enne ; on igiore l'éponuo prc-
cist>.
VIRGULETAN ^lo bienhcnrtMix Antoi>f),
franciscain de la [)rovinco dos réfornios, fut
envoyé par le pape |)oiir priH-her l'Evangile
en Abyssinie. Ayant été jeté dal)ord en pri-
son, il fut ensuite déporté dans l'ilede Soiia-
kin, où il mourut do faim. Son corps fut
transporté à Diu par des marchands portu-
gais, et fut inhumé dans l'église dos Francis-
cains do l'Observance. Son martyre arriva
dans le x\i' siècle
VISSE ^sainto\ viorgo, répandit son sang
h Foriuo dans la Marche d'Ancùne. pour la
défense do la religion chrétienne. Les docu-
ments nous manquent sur celte sainte. L'E-
glise l'a mise au noud)ro dos saints et fait sa
mémoire le il aviil.
VISTKEMOND (saint), martyr, moine de
Saint-Zode d'Armilat, habiiait ce monastt-re
avec saint Sabinien. Ce monastère se trou-
vait dans un désert ad'reux, à dix lieues en-
viron de la ville de Cordoue. Vers raiui''e
830, ces deux saints vinrent en cette ville se
Erésenler au cadi, avec Pierre, prêtre, Vala-
onse, diacre, Habentius, moine et Jérémit%
moine aussi et qui avait fondé le monastère
do Tabanes. Ils lui dirent : « Nous sommes
disciples de Jésus-Christ; votre prophète
Mahomet est le précurseur de IWntechrist,
et votre aveuglement nous remplit de dou-
leur! "Ils furent décapités ; a[)rès être res-
tés (juolquo tem[)S attachés à des pieux, leurs
corps furent brûlés, et les cendres jetées
dans le fleuve. Les noms de ces glorieux
coujbattants de la foi sont inscrits au Mar-
tyrologe romain le "juin. Voy. Valabonse,
Ml siLMws {Persécution drs^.
VIT (saint;, martyr, habitait la Sicile, où
il était né, quand éclata la |iersécution de
Dioclétien, au commencement du iv' siècle.
Il avait ou pour nourrice une femme chré-
tienne, nommée Croscenco, (pii l'avait élevé
dans 11 foi chrétienne. Quand son père, (pii
se nommait Hylas, découvrit cela, il en lut
violemment irrili-, et employa tous les
moyens imaginables pour le contraindre à
embrasser le cidto idolAtrique. Voyant t[iio
rien ne pouvait vaincre la constance de son
lils, ce père sans entrailles le livra au gouver-
neur de la province. C'était un nommé Va-
lérien, qui usa aussi, lui, dotons les moyens
que la cruauté peut suggt'-rer pour amo;ier
le jeune soldat de Jésus-Christ <» obéir aux
ordres de son père et de l'empereur. Uien
ne fut capabli' dt< l'ébranler. Sauil \ it aurait
soulfcrt en Sicile la peine capitale, si Cros-
cenco et son mari ^iodeste ne l'eussent en-
levé des mains des perséculours. Ils se sau-
vèrent avec lui en Italie, mais relto terre ne
leur bit pas hospiinlière, roMimo ils l'avaient
pensé, lui Lucani»', sur le^ br)rds do la ri-
vière de Silara, ils fuient arrêtés et reçurent
ï'nsi'inblo la couronne du martyre. Le .Mar-
tyrologe romain porte qu'on les niit dans
tïne chaiulièro pleine do plomb fondu, qu'on
les exposa aux bètes, étendus sur le cheva-
let, et qu't'nlin, viclorioux de ces lorlurcs.
ils achevèrent leui glorieux combat. L'Eglise
honore la méuioiro de tous ces saints le 13
juin. Saint Vit est le même que Saint (iuv.
[Voi/. le P. Papebroch, t. II Jiinii, p. 101.3.)
VITAL (saint), habitait M dan ; on ne sait
|)Ourquoi il se trouvait à Uavcnno «luand son
martyre eut lieu. Il était ami intime du juge
Paulin, et chrétien secrètement. Saint Ursi-
cin, ayant été condamné à être décapité, et
se trouvant pris de frayeur, au i>oint qu'il
allait peut-être renoncer la foi ; ce fut V ital
qui, par ses exhorlations, sut lui rendre le
courage et qui fut cause (pi'il cueillit la pal-
me du martyre. 11 prit soin de .son corps et
lui lit donner la sépulture. Paulin l'ayant su,
en fut tellement irrité qu'il tit prendre Vi-
tal, lui lit donner la torture du chevalet, et
ensuite le lit enterrer vivant à Ravenno, au
lieu dit In Palme. Ces faits sont attestés par
Fortunat Jiv. i, ch. 2, p. .33 », qui avait été
élevé à Ravenne. Il parle du tombeau du
s.iint dans cette ville, et dit qu'une, église
de Saint-.Vndré, bâtie par un autre Vital,
évéque de Ravenno, possédait do ses reli-
ques. Le martyre de saint Vital eut lieu sous
la persécution de Néron. La plu|»art dos mar-
tyrologes mettent sa fête le lOjuin; ri-.gliso
romaine la fait avec celle de sainte Valérie,
le 28 avril. ,
ViT.VL (saint\ un des sept fds de sainte
Félicité, fut martyrisé à Rome, avec sa mère
et ses frères, sous le règne de l'empereur
Marc-.Vurèlo, en l'an IGi. Le préfet Publius
l'ayant fait venir à son tribunal, où déjJi
avaient comparu cinq de ses frères, lui dit :
« Pour vous, mon tils, vous ne venez pas ici
comme vos frères, chercher follement à mou-
rir ; je connais que vous avez l'esprit trop
bien fait pour no pas préférer une vie heu-
reuse et comblée do toutes sortes de biens,
à une mort triste et honteuse. » Vital lui ré-
pondit : « II est vrai, Publius, j'aime la vie,
et c'est pour en jouir longtemps que i'adore
un seul Dion, et (pi(\j'ai en horreur les dé-
mons. — Et (jui sont-ils ces ilémons? répli-
(jua le jiréfet ? — Ce sont les dieux dos na-
tions, ilit \'ital, et ceux ijui les roconnais-
seiit pour di'sd;eux. »Pul)lius rendit com|>te
de l'interrogatoire i» reiiiperour, qui commit
un juge [lourconnaitrodii procès do Vital, (^e
juge le condam la à avoir la tète tranchée,
ce (pii fut exécuté le 10 juillet, jour aïKpicl
l'Eglise fait la fête do saint Vital.
VITAL (saint), l'un des quarante-huit mar-
tyrs do Lyon, sous Marc-.\urèle.en l'an 177,
fut décapité avtM' un certain nombre de ces
généreux xildats de Je>us-('hr:st. Sa qualité
de citoyen louiain lui valut <lo n'être pas
exposé aux bêtes. L'Eglise honore sa mé-
moire avec celle de saint Polliui et de tous
SCS compagnons, le 2 juin.
Vri'AL (saint), est eompris |»ar les anciens
martyrologes et par le .Martyrologe romain,
au nombre des saints martyrs qui, h Or-
tliage. sous l'ompiri' do Sévère, furent brù-
b's vifs pour la fi>i, et dont il est question
dans le récit do la vision de saint Sature,
aux Actes de sainte Pkbpkti k. (IV>y. ce nom.)
L'EjjIi^o honore sa mémoire le 0 janvier.
iy:^
VIT
VOT,
ir.4
VITAT. (sailli), martyr, rccncillil la |t.'\Ini('
(lu nuirtyrc à CrsariM^ ijii (lapiiailocc, sdiis In
nNj^iiic (In rnm|>nrniir D^cc, avec, lus sninls
(Inniiaiil, Tliniil'llil*' «'l <'nS'>ii-n. [/K}^lisu cé-
It^hrn Iniir mnmoim In .'< iiovniiihro.
VITAL (sailli), iiiail\r, s'nlail «-ouvcrli h
In foi jlii'iHiomio en lll(^llln Iniiips (|tio Ins
.saints Aiisloii. (Irnscniilinii, Mnlyrhinii, Ur-
bain (>l Juste. Ils y avaient rln (Inlnrniini'îs
jiar saint 'rran(|nillin, loin- ami comniun ;
jnais en lui h saint Sébastien ([n'ils diucMit
snrloul leur conversion, |Miis(ine ce saint (jt-
licier liu palais do rem|MM'eur DiocUHion fut
riMstrnmenl orincipal dt! la conversion de
TraïKinillin. Ils l'nreiil ba|)lisés par le prêtre
saint l'olycarpe, s'élnnt r(>tir(^s on Campanie
dans les terres de saint ('hromace, qni,|ioiir
s'adonner il la praticpie des vérins clirelieii-
ncs, avait quitté sa chargede jirélet de Homo.
Ils furent martyriscVs avi'c saint Félix, saint
FcMicissime, sainte Marcie, mère do ces deux
saints, et sainte Sympliorose. L'Kglise fait la
f(Mo de saint Vital, avec celle de tous ses
coiniiagnoîis, le 2 juillet. ( V'oy. Séhastien.)
VITAL (saint), martyr, habitait Bologne,
où il était domestique d'Agricole, habitant
de cette ville, et qui soullrit le martyre avec
lui. Vital fut tellement tourmenté, que son
corps n'était plus qu'une plaie ; Agricole
mourut sur une croix où on l'avait attaché
avec des clous comme notre Sauveur. Saint
Ambroise dit qu'étant })résent k la transla-
tion de leurs corps, il mit sous l'autel les
clous et le bois do la croix avec le sang du
saint martyr. L'Eglise honore la mémoire de
ces deux saints martyrs le k novembre.
VITAL (saint), UKsrtyr, soullrit pour son
attaiJiement à la reJigio'i de Jésus-Christ. 11
mourut en prison avec les maints Arator,
prêtre, Forlur.;Tt, Félix et Silvm : on ignore
à quelle époque. L'Eglise célèbre leur mé-
moire le 'il avril.
VITAL (saint), fat martyrisé k Smyrne,
avec les saints Révocat et Fortunat. Los Ac-
tes d'S martyrs ne nous ont transmis aucun
détail sur eux. L'Eglise fait leur fête collec-
tivement le 9 janvier.
Vri'AL (saint), reçut la couronne du mar-
ty-re à Rome, avec sainte Félicule et saint
Zenon. Les A^tes des martyrs ne nous don-
nent pas de détails sur la date et les ditîé-
renles circonstances de leurs combats. L'E-
glise fait leur fête le 14 février.
Vri'ALIEN (saint), pape, reçut la palme du
martyre à Rome, et l'Eglise honore son il-
lustre mémoire le 27 janvier.
VFfALIEiN (saint), évoque, confessa sa foi
dans la ville de Capoue. Les détails nous
manquent sur son compte. Il est inscrit au
nombre des saints le IG juillet.
VITALIQUE (saint), était un jeune enfant.
Il soulfrit le martyre à Ancyre en Galatie,
avec deux autres jeunes enfants, nommés
Rntin et Silvain. Ils sont inscrits au Marty-
rologe romain le 4- septembre.
VITELLIUS, est qualifié de président dans
les Actes de saint Jules, martyr. Quoi qu'il
en soit, il est connu dans les annales des
DiCTIOîiN. DES PeHSÉCUTIONS. II.
martyrs pour avftir fait sfuifTrir la mort au
.saint dont il est (lueslion.
M'II-:KUK, ville de IKlat e<(lésinsti(|ue,
on eut lien le marlyre dn prêtre N'alenlin (ri
{\u diacre liilaM(> , durant la per.sécntion du
l'empereur Maximinn.
VIVENT (sanil ) , coid'essa Jésns-Cliiist /m
monastère de V'ergy. Il est inscrit au Mar-
tyrologe romain h; i.'l janviiîr.
VIVIEN (saint), martyr, l'un des ipiarante
martyrs de Séhaste , sons Licinius. ( Voi/.
RIautvus I)K S/chastk.]
NTVIEN (saint), évê(pie, soiiiïritde grands
tourments h Saintes, en confessant sa foi.
L'Eglise fait .sa féto le 2H août.
NOISEL (saint), de l'ordre des Frères Mi-
neuis, fut martyrisé pour la foi avec un au-
tre frère nommé Conrad , dn mônn; ordre.
Les Mahométans les lièrent h dos poteaux,
et leur dépouillèrent le crAne. Comme ils
continuaient, malgré ce supplice, h chanter
h pleine voix le Snlvc Rryinn, les bourreaux
les noyèrent. {Voy. Wadding, an. 1284.,
n" 11.)
VOLTAIRE (François-Marie Arouet de),
naquit à Chatonay, près de Sceaux, en IfiOi.
Son père , qui se nommait François Arouot,
était notaire et trésorier h la cour des comp-
tes. Sa mère, Marguerite d'Auraart, apparte-
nait h une riclie famille du Poitou. Les com-
mencements du jeune Arouet furent comme
marqués d'un sceau fatal de prédestination.
Il eut pour parrain le trop célèbre abbé de
Châtcanncuf, qui lui apprit à lire dans le li-
vre le i>ius infâme et le plus ordurier qui
ex'stât alors. Ain.^i les prenrères semences
d'éducation jetées dans ce jeune eœur furent
djs semences de corruption ; elles y |,ro-
duisirent avec abondance et au centuple. Le
vied abbé, dernier amant d'une vieille cour-
tisane, Ninon de l'Enclos, lui conduisit son
jeune élève. Arouet plut tellement à Ninon ,
Qu'elle lui légua 2000 francs pour acheter
des livres. Par reconnaissance , .sans doute ,
Voltaire, j)lus tard, ima^i la de faire le por-
trait de l'héroïne de la France, de l'illustre
et pudique Jeanne d'Arc , sur le modè'e de
la prostituée, sa bienfaitrice. Il devait bien
à sa mémoire, ne pouvant la hausser, d'a-
baisser à son niveau quelque réputation vé-
nérée. Les gens qu'on n • peut plus honorer
aiment qu'on en salisse d'autres auprès d'eux.
L'abbé de Châteauneuf était un de ces
nobles qui , sous les dernières années de
Louis XIV, préludaient au règne de Louis XV.
Comme le vieux roi, dominé par madame de
Maintenon, exigeait qu'on affichât partout
autour de lui la dévotion et la pureté des
mœurs, personne n'osait faire autrement.
Louis XIV croyait sf.ns doute que ses exi-
gences réparaient ainsi le mal que ses scan-
dales avaient causé , et qu'elles étouffaient
les fruits de ses mauvais exemples. Il s'abu-
sait étrangement. Los hommes aui avaient
appris de lui à se jouer de toute pudeur, à
fouler aux pieds toute retenue , à prendre
leurs passions pour règle , ne pouvaient pas
changer ainsi tout à coup au bon plaisir du
monarque. Ce qu'ils n'osaient paraître pu-
43
|.>o5
TOL
3
liliaupinoni, ils rotaieiit dans leurs salons,
ils ['(Waioul Pil spcret. On sortait de se si-
gntM- chez nialniue de Mainlorion pour aller
faire des orgies et tenir des propos scanda-
ient et grivois chez Ninon. A la tôlo «les
mauvais sniels de bon ton qui jouaient ainsi
douhle jeu d'hypocrisie etded(?baathe «'laient
les princes de Conli , de Vendi^ine, le gr ind
prieur son fr^re , h; duc de Sully, le mar-
quis do la Fare , l'abbé de Chaulieu , l'ahoé
Courtiti , ra!>b.3 Servieu , l'al»!)!^ de Chlfeau-
neul', le digne parrain et institut ur de no-
tre jeune Arouet. Le vieux libertin se char-
gea de produire dans ce luo nd • corrompu
le disciple qu'il avait déjà eonduit chez Ni-
non. Il y fut reçu à bctis (luvorls. Il avait de
r.'sprit,*et de [dus une éducation soij;ncc,
qu'il mit [>romptemenl au service des mau-
vaises passions de ses niiuvelîes connaissan-
ces. Ses saillies, ses plaisanteries, lui valu-
rent les honneurs des salons oij on le pro-
duisit; puis il v avait à ces p eniier^exploits
dut'uturij and liomme déjà comme un païf un
d'apostasie morale au moins, c'était piquant.
Arouet avait é'udié au collé^^e Lonis-l'-
Cîrand , sous les jésuites. Il avait eu pour
maîtres les PP. Lejay et Porù^!. Dans ce con-
tras'o d.'S noms de ses maîtres et di' Tusige
u'il taisait des leçons (pi'ils lui avaient
onnées, il y avait le p(tnent nécessaire [tour
pi pi'T le pal lis alTxli des vieux libertins
qui le lançaient dans le vice. Ils s'aidèrent
mutuellement : l'élève des jésuites cl les
roués des salons où brillaient , sur le ;r dé-
clin , b's |)rostilué.is d' la grande époqie,
se donnèrent la main. C'était l'clé^ance du
vice ancien , la délicatesse du blasphèaio
lancé avec grAc", qui s'acciiuplaient av*.'(3 le
raisonnement philosnphicjue. De ce mariage
du cynisme et do l'erreur devait naître, dans
la përs.)nue d'Arouet, l'esprit phiioso[>hique
ou l'incrédulité moderne, dont il fut, sinon
le père , du moins l'envoyé sur terre et 1',»-
]>ôtro incessant iluranl sîi longue et fatale
existence.
Ce qu'd y avait de plus piqmnt à fout
cela , c'«.'st (pio le respectable ai)bé île Clià-
teuuneuf introduisait son élève dans ce cer-
cle corrompu, alors qu'il était enc(»reau col-
lège Ai isi .\rouet avait h l'aire double toi-
lette h chaqut^ sortie : il menait manteau
d'aiio-^tat |)our «nUrer chez le digne abbé do
(^fïHteauncuf , et manie. ui d'hy|M>crile pour
revenir à son collège : double m tl'f l'ai! \> \iv
égayer les amis comnnujs do l'élève et du
mailre. On garde tout • la vie l<'s habitudes
jirises étant jeune. Aussi nous ne serons
pas le moins du moutle tUonués quand nous
Vtîrrons Voltaire , lidfle à sCv-» souvenirs de
jcuues.se, écrire ùlaiil vieux, au lointe il Ar-
gental, en 17(11 : • Si j'avais cent unlU> hoiu-
•ije"^ , jo .sais bien c«» quo je ffr.us ; mais
"oiumo ji' uo lésai \m^ , j.> connnuuierai à
"^.liu»», el vous ut'apjH lierez hypocrite tanl
fj-' ■ ,s voudrez. » Kn elt 'l . il couunuiiii.
iii> , M- |)hi> lard,»'n I7(kS, d doiuia le pou
bém, cl |>(«}t.'ba h Tt^glise, on qualilc de sei-
P' ' ioi<NS(>. Pour .^''^ '. il disait :
• ut taire les sa,
lud ils sont
VOL i3o6
environnés d'insensés ? Imiter leurs contor-
sions et parler leur langage. » Nous revien-
dons plus tard sur (es faits honteux pour
les commenter. Si nous les avons rappro-
chés, e'cst qu'il est b «n de voir ain>i les
ignominies du jeune li^c se marier aux igno-
minies de la vieill sse dnri«; le rapproche-
chemenf fatal qu'a né.essité 1 habitude pri>e.
Arouet, en fréquentant ces hommes, ac-
quit une célébrité firéroce de m dignité. A
vingt et un ans, il fut accusé d'avoir fait
contre Louis XIV une satire célèbre, tinis-
sant par ce vers :
J'ai v(i ces maux, el je n'ai pns vingt ans.
On le mit à la B:\slille, où il rr":fa plus
d'un an. Ce fut à la suite de cela (ju'il quitta
son nom d'Arouet , pour prendre celui de
Voltaire. Sous h- premier, disait-il. il avait
été trop m^l'nnireux. Etait-ce supers(iln>n ?
éfait-ce orgueil? Nous croyons plus facile*
men» au dorni r motif; maïs , qnel qu»- soit
le réel d'entre les deux , il ne saurait faire
tomber l'accusalion d'ingratitude et de mau-
vais cœur. Kn elVet , le nom , c'est la famille
en queliiue sorte, c'est \o souvenir du j»^une
Age. \ l'appel de son nom , Thrunine sent
s'éveiller dans son cœur connue uti écho, la
reconnaissance pour les soins q l'il a reçus ,
pour le.s tendresses dont il a été l'objet. Il
revoit la figure de son père et la douce ima^o
de sa mère, ange gardien du berceau. Le
nom, c'est tout le passé avec ses enseigne-
mmiis , ses exemples , ses joies et "ses
don eurs. Le nom , c'est le compagnon de
l'nommB associé h toutes les phases de sa
vie : le répudier parce qu'on l'a porté da is
des jours d iutorlune , c'est n'avoir pas de
cœur. Vous êtes né avec ce nom, qui couvre
votre |»ère et votre mère dans leur tombeau;
ils vous l'ont légué comme le ir hérila.Jie le
plus précieux , et vous le répudiez comme
un" déropio jetée au revendeur, comme un
usiensile hors do service : vous n'êtes ijuiui
ingrat. Arouet faisant l'anagramino des let-
tres Aroui't L.-J., eu forma le ooiu de Vol-
taire. Plus lard il y ajoiita la particule <lr. |,e
voilà donc motixicur de Voltaire. Nous avons
eu raison de le dire : son nom d'Arouet, il
l'a jeté comme une d-d'io que usée (pion ré-
pugne h mettre. Kn 17»1, il écrivait , le 17
mai : « Je vo.is envovai ma signature on
|>archeiiiin , dans la pielir^ j'oubliai le nom
^\.\rourt , que j'ouidie asse^ volontiers. Je
vous (M»voied*<»utri spnr.'hemins.où sel ouve
ce non», malgré le peu d»' cas que j'en tais. »
C'était en 17 IS qu'il avait répuiliii le nom de
ses parents, lu honune doit êire jn,n> quand
il l'ail de pareilles rh t.ses, et q inud il a l'in-
solimte etironler e de l<»s iVrire. Pouvait-on
atbnidre de cet homme, ipii nu'pri.saU à ce
point le nom de sa l'.imille. <| i li fdl un bon
(iioyen. (|u'd ai m.'U sa patrie .* FiédéricH,
roi de Prus.so . a.ant battu I .s Française
Uosbacli, Noilaire lui écrivit pour l'en féli-
citer, il 1 oiutiie .'«i>s compatriotes Welrhrs, SO
mo(]ue d'eux dans [diisu-urs lelfre.s *lres-
séos à ce prince. Il les n •■ - sot> , lAche^r,
et leur prodige des t [ • > orduriôres.
1
i:^rj7 voi.
(•_>« m.'irs 177:> 7 (It'c.-iiihni 177V- 27 nvril
17";.'), fie. ) (,>iir (lue de lui , t|iiMiHl nii xul
qu'il simliaùo h un ollirii r priissicM do vo-
iiir .'»s.sir'^(M' cl (ii'i'ikIii' iii.c villu fiaiiraisc?
(A d'Ar^ciilal, 2.>iiiai l'hu .) <« llcj^ardiv-iiioi,
«^rril il au roi du Prusse, couuuii le sujet Ih
plus allai M i|U(> Vdus ayez ; ( ar ji' u'ai poiiil
i\l ue vinix jiui II avoir d'autre luailre^ lé-
vrier n.'H). (Vesl diiucà uKiM loi (|iu) j't^cris
(mars 17.17). » Après avoir ansi ré| >idié sa
lalrio pour se faiii» Pliissieu, d se lil llusse.
.(> 18 octobre 1771 , il écrivail h CnllMiriiio
(l(« Kussie . Irailanl de fous cl de grossiers
les Kraiiçais (pii élaieui allés nu secours do
]a Polo;.;ue : « Ce s(vil les 'l'ai lares, dil-il ,
qui soiil polis, cl les Français (pii sonl dc;-
venus des Scyllips. l).;i^Hv/. oliscrver, Ma-
dame, (j\ie je lie suis |ias Welclio : je suis
Suisses ; et si j étais plus jeune , je nu' ferais
Russe. » Ct> molli' ue l'ompéclia p.is d'é-
crire, le 7 juillel 1775 : « J'igiK-K» absolu-
meul eu qiuds termes esl actuelle. luuil votre
(Mupire avec le pdil pays dos NVohdies , (pii
|)rcleiideul toujours élro Fraiçais. Pour moi,
j'ai riiouueur d'élre u'i vieux Suisse, ([ue
vous ave. naturalisé voire sujet. » Le 9 août
177'i. , il sigia au has de sa lettre : « Votre
vie\ix Russe d(? Ferney. »
Un inotencoi'eh [iropos de ses injures aux
Français tpii étaient allés au secours de la
Pologne. Croyez-vous que ce fill tout ? Non.
Apiùs avoir, (ians son Diciionnuirc phlluso-
pliitjue ( vol. \'li , p. "loi ), l'ail l'élOcje du loi
de Pr sse en termes de basse tlaterie qu'au
lioamie , et surtout un Fianç;;is , devait ne
jamais écrire, il arrive à celui dt la lUissie;
puis il dit des Polc^ais ((ui détendent leur
patrie : « Si les couleilé es de Pologne avaient
un peu de pliilosojjliie , ils ne meitraient
pas leur pairie, leurs terres, leurs maisons
au pillage ; ils îi'eusa-iglanieraieut pas leur
{\iys ; ils ne se reudiaieut |)as les plus lual-
leureux des hommes. » Eh quoi 1 les nobles
défenseurs d'une sainle cause, les héros qui
uieurenl pour leur ualioualité , voilà comme
on les traite! Ce sont des fauatiqui^s. S'ils
avaient un peu de philosophie, q.ie f» raient-
ils? Voltaire le dit; les motifs Ue leur con-
duite, il les donne : leurs terres, leurs mai-
sens, voilà ce qu'ils n'exfiO-eraieni jias au
])illage. L'aveu est trop isaïf. .Messieurs les
ihiiosophes lie.inent à ce qLi'ils ont; n'allez
)i.s leur (icmander de sacritier leur avoir sur
'autel de la i)alrie : la voix de l'égo-sme ,
c'est celle qu'ils écoutent. Pou.- ne [as se
rendre malheureux , ils ."«onge'U à sauver
leurs terres , leurs maisons du pillage. M( ure
la patrie! périsse la natio '.alilél Qu'im-
porte 1 ils ont sauvé leur fortune et mis
leurs jouis à l'aiji-i du malheur >ous la do-
mination étrangère. Sur les bords des lleu-
ves ennemis , ce n'est pas le Super Rumina
qu'ils chanteront : ils entonneront le TeDeum
pour le vainqueur génère ix qui leur laisse
leur bien-être. Honte et dégoiU , voilà donc
où tombent ces esprits forts! Ils se mettent
au-dessus de tout, disent-ils. Hélas! nous le
voyons bien; ils foulent sous leurs pieds
tout ce que les hommes ont de sentijuents
V(U,
1S»8
rnrncinés au ro-ui . Préju;-'('s, disent-ils. Fai-
les-iioiis la màci', A moi Difii ! d'y cro rn
liiti^lenipti. Amour di; la pntrin , r<^>lez diin»
nos Allies pour tpie uou'. pu;s' ions les inau-
dii'i-, ci'U\ qui vous metti ni ti b/isl
Quand lonle rKurope ^émi.ssnil rt pleu-
rait au r/'cil (les doiili'iii s Me la Pologne, celle
giamle mail re des hniips iiioilcrms , celle
iialion cheval nsque (pii posa sa poitrinn
comme iMi lemjiai'l coiilre li bni b:irii- des
'l'urc.N pour iMUis siiuvint u*;, celle digU" vi-
vanl>' (pii sauva la civilisation, rv. furent Vol-
taire et '■es discifiles ipii ap[ilaudire"t : il eut
le II isle courage d'applauilir a .se^ dél.iiles et
de félii'iter ses bouireaux. A ct'o éporpio ,
comiiu; aujourd'liir , il f.diail deux clio.es
loiir lie pas sym; atiliser avec celle rialioa
léroï.pie, nnn-S(nd(niient n'être (las Fian-
çais , mais encore avoir le co'iir et les ins-
liucls d'un hirbare. Ks!-ce ass •/ ? Non, ;I
fallait (pn^ Voltaire descendît jus(pj'au-des-
sous de l'ignoble. Citons. Non content de
dire au roi de Prusse ijuc les Frariçais qui
ont secouru la Pologne assassinée sont ';es
extravagints (jui niiTilent pun tioii, il lui
dit (13 novembre 1772) : »• On prétend rpie
c'est vous. Sire, qui avez imaginé le pailage
de la Polog->e. Je le cr nis, [ ar*:e (ju'il y a là
du génie, cl que le traité s'est fait à Post-
dam. » Voilà la basse llatterie; A va faire de
la ra llerie sur les corps sanglants des Prjlo-
nais égiirp^és fie 13 du même mois) : « C'est
dans le Nord (|ue tous les arls tleurissent
aujourd'hui ; c'est là qu'on fait les plus bel-
les écuelles en p ircelaino, ([u'on partage des
provinces d'un trait de pluiu -, (pi'on dissipe
des confédi^ralions et des sénats en deux
jours, et qu'on se moque surtout très-plai-
samment des confédérés et de leur Notre-
Dame. » Les malheureux Polonais , aban-
donnés de t,ms, réduits à une lutte désespé-
rée, traqués par trois puissances coalisées,
levèrent les yeux au ciel , et , se recomman-
dant, eux et leur patrie, à la mère du Christ,
lui dédièrent leurs étendards. Voltaire se
moque de cet amour sacré de la patrie qui
éJate dans la {)rière et dans la foi sublime
(le ces hommes qui pour tUe vont mourir.
11 tiouve qu'on se moque u'eux et de leur
foi très-plaisamment. E\ effet , })lusieurs de
ces héros , prisonniers des Russes , furent
l'oljet d'atroces cruaut. s. Les vainqueurs
l,s faisaient, après dîner et pour l'amuse-
ment du dessert , dé. !iir:'r sous le knout ou
tuer de diverses manières non moins barba-
res. La plaisanterie diail plus loi'^. Les fem-
mes p l'Uiaises n'avaient pas taild à leur
cause hé.oique; elles aussi, elles avaieiit
suivi leurs époux sur les i;liani[)S de bataille;
comme leur Not. e-Dame, elles avaient assis-
lé à la mort de ce qu'elles aimaient le plus ,
prodiguant leur amour et leurs soins à ceux
qui prodiguaient leur sang. Plusieurs, prises
})ar les Russes, furent éventrées; en aira-
chait à celles qui étaient enceintes leurs en-
fants vivants ; â la [)lace on mettait des chats
furieux; on recousait le ventre , et ces hé-
: roïques victimes mouraient dans les plus
. abominables tortures. Voltaire trouve qu'on
I5:>9
VOL
VOL
1360
se ni(>t]nnit (rès-pinisammont des conféilt^rés
et (le leur Nolre-D.ime. Une telle parole , en
de telles rircnnstanees , met le vil flatteur
lies bourreaux au-dessous des bourreaux
en\-niômes.
L'apAtre de la philosophie moderne, le
}M>re de rincr(''dulitt.^ , le fétiche des esprits
forts de nos jours, ne trouvait pas avoir fait
assez : il écrivait à Damilaville, le 10 mars
ITiKi : « Il est h propos que le peu[)le soit
guidé, et non (ju'il soit instruit : il n'est ()as
digne de l'tMre. » Au même ( le 1" avril) :
« Il me paraît essentiel qu' 1 y ait des gueux
ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi
une terre, et si vous aviez des charrues, vous
seriez de mon avis. Ce n"ost pas le manœu-
vre qu'il faut instruire, c'est le bon bour-
ueois , c'est l'habitant des villes. » Il «lit à
d'Alembert (4- février 1757) : « La raison
triomphera , au moins chez les honnôtes
gens : la canaille n'est pas faite pour elle ; »
au roi de Prusse ( 5 janvier 1767 ) : « La ca-
naille n'est pas digne d'être éclairée, et tous
les jougs lui sont propres. » Voilà avec quel
cynisme Voltaire se faisait insulteur de l'hu-
manité , divisant les hommes en deux clas-
ses : les honnêtes gens, c'est-h-dire les bour-
geois et les riches; la canaille, c'est-à-
dire les manœuvres, les pauvres. C'est quand
on sait tout cela qu'on est révolté d'enten-
dre chaque jour l'ignorance sotte et fron-
deuse fure l'éloge d'un t"l homme, et le con-
sid''rer quasi coiuuwî un sal-il. Il n'est pas
de prétendus esprits forts qui ne regardent
Vr)l,aire co.nme un bitMifulcur de l'huma
nilé , comme le r>ifor;naleui- de la |)hiloso-
phie , comme le père de l'ém mcipaliou so-
ciale. Imbéodes, (jui ne savent pas que Vol-
la. le, s il vivait , au lieu de les pl.iuivire,
comme nous faisons, les aurait tout bonne-
ment ra!\..;i'S dans la seconde rnli'go.-ie de
riiumanilé, In ranaillr. Oui, voilà ce qu'il est
bon dappreidre à tous ces niais ipii se dra-
pent (la is les vieux I unbeau\ de la défro-
(jue philos >phi|Ue. Voilai e oulrage.iit à ce
point l'es-'èce humai le ; mettant de côté la
morale évangéli(jiie qui proclame l'égalité
de tous , et qui veut que tous aie l part
égale au ba'i.|uet ; il pirq 'C les hommes
d.uis rignoraiiie et d.ins rabtulisseuieiil ; il
admei une da-.se inférieure, qu'il 'lomme la
canaille, et pour la(}uelle , dit-il, tous les
jougs so'it propre*.. Lui cpii f.ut travailler et
(pji possède lies charruo , au lieu d'el ver
son cœur h ce spectacle , et de conjprendre
(jue le Iravadleiir es! la tê e du monde, que
cciUi (jui féconde le sol de ses su urs , qu<f
lf)uvrier cpii prculuil, sont les premiers de
ce inonde, il les regarde <lu h.M\it de l'orgueil
de sa richesse, il les n unme de la canaille
bonne à rester ignorante, a être exploitée, h
Cire mi^e sous n'iui[)oile ipiel iou;;. Ah!
nous le concHVoi.s, le peunle lui devait b.en
ce qu'il a fait [)0ur lui : il s'est «Itelè h son
rhar morluaire ; il a porté ses restes au Pan-
théon.
A\ant do montrer Vollairc persécuteur mo-
ral de la religion chrétienne, nous devions
le juger comme fds, comme citoyen, comme
homme. Il nous semble que nous en avons
assez dit pour montrer que si ce père de
l'incrédulité a reçu du ciel un génie fécond
et puissant , comme nul n'en doute , il en a
fait le plus vil et le plus (h'-testable usage.
Certes, si lious avions à juger ^'oltai^e comme
écrivain, comme [)oëte, comme historien,
nous aurions souvent à lui prodiguer des ad-
mirations. Nous ne méconnaissons pas son
talent ; nous savons qu'il fut un des plus
puissants génies des temps modernes ; qu'il
a laissé des chefs-d'œuvre nombreux ; mais
précisément à cause de cela, nous avons le
droit d'être sévère ; et quand nous trouvons
que cet homme, si magnitiquement doué , a
traîné son esprit, son cœur, son génie, dans
toutes les ignominies , qu'il les a prostitués
à toutes les lAchelés, et cela en haine de la
religion chrétienne , nous avons le droit de
le s igmatiser et de croire que, pour qu'une
perversité si grande pût s'allier à tant d'émi-
nentes facultés , Dieu avait laissé peut-être
un coin de ce vaste cerveau vide ou incom-
plet , et que chez lui le chaînon fait pour
unir le génie et le bien n'existait pas.
Voltaire sembla n'avoir toute sa vie qu'un
but à atteindre : la ruine de la religion cliré-
tienne , qu'il nommait Vinfâme. « Serait-il
possible, écrivail-il (à d'Alembert le 2V juil-
let 1760) que cinq ou six hommes de mérite
n'y réussissent pas, après les exemples que
nous avons de douze faquins qui ont réussi? »
C'est ainsi qu'il nommait les douze apôtres. Il
disait un jour à ses amis : « Je suis las de
leur ente idre répéter (jue douze hommes
ont suiii [lOur établir le christianisme, et jai
envie de hnir prouver ipi'il n'en f ut qu in
jiour le diHiuir '. » ( Condor, et , \ie de Vol-
tiire, p. 112, 115.) Il écrivait à Damilav-He,
le 2i) janvier 1762 : « C'est bien domm.ige
que les philoso,ihe.s ne soient ni assez nom-
breux, ni assez zélés, ni assez riches, p.jr
aller liélruiie par le fer et la llamiuc c s en-
nemis d'i genre hu.naiu et la secte abomi-
nable (pli a pro luit tant d horieurs. » Sa fu-
reur contre la religion chrétienne devint si
gruide, que, dans ses leures , il ne la nom-
mait olu> (pie Vinfàme. Ces mots : Ecrasons
I in filme , écrasez l'infâme! y sont à chacpio
insia'>t prodigués. Avec les premières let-
tres de C(vs deux mots, il sétail composé un
nom duqu,l il se servait souvent pour >i-
^Mier : Ecrlinf. Une fois , il eut la bêtise de
signer Chrisl mmjne. Quand un homme des-
ceiiil liais un tel dévergoiidag«> de sens cl de
ciD.ir, (pie dire sur son compte? Faul-il ap-
prouver le président de Ilrosses de lui avoir
écrit ail. si : « Souvt nez-vous, Mon^iinir, des
avis prudents que |e vous ai ci-devanl dnii-
nt's en conversation , lorspi'en me raion-
tanl les Inverses de votre vie, vous ajoutd-
los que vous étiez d'un carattère naturelle-
ment insolent. Je vous ai «lonné mon amdié,
parc ' ipiil y a des jours où vous en êtes di-
%nQ. Une marque que je ne l'ai pas retirée,
c'est raverli-semont que je vous donne en-
core de ne jamais écrir» dans vos moments
d'aliénation d'esprit, pour n'avoir pas à rou-
1301
VOL
VOL
iiat
jçtr, (Iniis v(»tro iioii simis, do cv (jiKi vous «u-
ric/ lail dans vnlic drlirc^ »
llciiicux N'ollairo, s'il crtl suivi vii v(m-
scil ! Mais sa haine l'avcni^la cl lin lit cnni-
nu'ltrc de cfs cIkiscs ijn'ini li(minic de i^^^"-
nio, (in'un lionn^lo liiunnic, aurait iU\ nu
pas conniicltro , cdl il l'alln iloinicr sa vie
sur rt''.liafa\id. On sait (|U(I!(' v(''n(''iali(»n la
Franco n pour Jeanne d'Arc, sa lilu-ralrict;.
On sait avec ([uel respect les siècles ont
toujours re^aide l'aurculc i\r gloire vl de
sniiitetô qui enviroiuie la l<^le de celte lié-
rouie, si po(Mi(pn' el si nol>le. Jeainie d'Arc
avait , aux yeux de \ DUaire , deux criuies à
oxpier : elli> était chrétienne feivcnte et, do
})lus, tille du peuple. V.Wv. ap|)arlenail h 1'/»-
fdmc eu t'ait de religion , el en t'ait d'esiièce
h la canaille, cette elasso imaginée par N'ol-
taire. Il a eu rii^noble courage de composer
un poéiue (jue tout le monde connaît do
nom au moins , /<j Pucclle , amas d'outrages
et de turpitudes cjui déshonorent l'écrivain.
Ce livre est telknu'ut ordurier (pi'il est à
Vimiex, iion-soulement de l'Eglise, mais en-
eoro do la pudeur [)ublique. Son nom est
une ignominie; on ne le voit (ju'aux mains
des libertins , des vieux débauchés, do cotte
classe, en un mot, d'êtres dégradés aux(]uels
Voltaire a volé leurs litres pour le donner
indignement aux pauvres, aux malheureux,
aux amis do Dieu , à ces déshérités d'ici-
bas qui ont tant de uuh'ites sur terre et tant
d'espérances dans les cieux. Dans son Dic-
tionnaire philosophique , Voltaire mont im-
pudemment à propos de Jeanne d'Arc. 11 de-
vait, dans sa personne, outrager tout ce qui
est respectable , la pudeur, la vérité histori-
que, la reconnaissance. Celui qui trouvait si
plaisantes les moqueries à la russe, faites
aux femmes polonaises , était bien digne
d'écrire la Pucelle.
A côté de cette ordure. Voltaire a mis un
autre ouviage : le Dictionnaire philosophi-
que , œuvre détestable où. l'esprit abonde,
quoique de mauvais aloi ; œuvre faite pour
produire intinimcnt de mal. Dans ce livre,
tout ce qui est saint, vénéré, tout ce que le
respect des peuples et des temps a consa-
cré est indignement outragé , conspué. Vol-
taire discute, apprécie. Il fait de l'érudition.
Au fond , tout ce qu'il dit n'est que men-
songe, tout ce qu'il cite , fausseté. Pour un
homme instruit , ce livre nauséabond ne
sup[)orte pas l'examen. C'est une œuvre d'i-
niquité faite avec la conscience du men-
songe pour abuser les simples et les igno-
rants. Voltaire le savait bien, et, dans cer-
tains moments, il en avait honte. Le 13 juil-
let 176i , il écrivait : « Dieu me préserve
d'avoir la moindre part au Dictionnaire phi-
losophique! Ce livre est reconnu pour être
d'un nommé Dubut , petit apprenti théolo-
gien en Hollande. » Le IG juillet, écrivant à
son ami d'Alembert, il disait : « J'ai oui par-
ler de ce petit abominable Dictionnaire; c'est
un ouvrage de Satan. Heureusement je n'ai
nulle part à ce vilain ouvrage; j'en serais
bien fiiché. » Ce livre , vade mccum des es-
prits forts d'estaminet, des commis mar-
chands éuuuici|iés , de Ions ces niais qin so
dlNcnt des hommes pensards , fie tous ces
r;obe-niouchesraits pcunavalerbouclM- béante
es plus éuoinies bélises , pourvu qu'elles
soient assaisonnées d'impiété , a iiaiCaili!-
meiil aU(> ut son but. NOIlaire l'érriMiil
pour les imbécdes : il a visé juste. Hon-
neur h. S(ni coup d'd'il ! 'Idutes les bévues,
toutes les stupidités, toutes l(>s impudences
(pie ce livre ((Uilient sont devenues In
monnaie courante des espr ts foits de bas
éta;:e ipii glapissent dans le sillage vol-
taiiien. l'xonte/ nu de ces |)hilosophes do
cairel'oiir ou de cabaret , ou i>ien cuvrez l»j
Diclionuairv plnlosophiijuf , c'est tout un :
mêmes bêtises sur la Saint-Barthélerny, sur
limpiisition, sur Jeanne d'Aïc, etc. ; mêmes
impiétés saciiléges et sottes sui- les 'logmcs
de noire sainte r(digion. Ils sntit aussi forts
(pie Voltaire; nue seule < hose les dislin-
gue : Voltaire savait bien (ju'il mentait, lui,
tandis (jue beaiicou[) de nos esprits forts font
parfumés d'une naïveté de conviction rpii
désarme toute colère et fait place ou h la pi-
tié, ou au dédain, ou au fou rire, liéates
créatuios, qui posent sérieusi ment devant
le genre humain en réformateurs, qui pren-
nent en pitié dix-luiit cents ans de cioyan-
ccs, et (Jécident qu'il est temps de changer
les bases sur les(juollos pivote le monde.
Uien n'est curieux comme les prétentions
outrecuidantes de ces hommes qui prodi-
guent le dédain à ouiconque ne pense pas
comme eux et n'incline pas le genou devant
l'idole.
Voltaire fut jusqu'à la fin de sa vie fidèle à
SOS haines contre la religion chrétienne. Sur
son chemin, il eut souvent de tristes déboires,
de rudes leçons à subir. Deux hommes ,
l'abbé Nonotie et î'abbé Guénée, lui donnè-
rent de terribles étrivières. Il faut lire les
ouvrages de ces deux savants pour s'initier
à celte guerre acharnée qui eut lieu entre
eux et le vieux séide de l'incrédulité. Vol-
taire fut loin d'y avoir l'avantage : presque
toujours son honneur restait sur le champ
de bataille ; mais il était de ceux qui ne se
corrigent pas. Dieu l'avait frappé d'incrédu-
lité linale pour le punir de son incrédulité
première; il y persévéra jusqu'à la fin dt
ses jours. Vainement on a tenté de faire ,
dans plusieurs ouvrages, de Voltaire un cliré-
tien,un catholique ; les témoignages extraits
de ses livres ne sont que des passages tron-
qués ou détournés de leur sens par les au-
teurs : ce n'est point sur des passages ainsi
décapités, écourtés, qu'on peut juger du vé-
ritable sentiment d'un écrivain. En prenant
dans un livre passim des passages, des phra-
ses, on peut presque faire dire à un homme
ce qu'on veut. Quand on a un ennemi dé-
claré, pourquoi ne pas l'accepter comme tel?
Pourquoi vouloir , à toute force , trouver
quelques traces d'amitié au milieu de ses hai-
nes? A l'égard de Voltaire, on a montré celte
prétention : on a voulu absolument trouver
dans ses écrits des apologies de la religion
chrétienne, de la foi catholique, et souvent,
pour en faire des citations qui répondissent
«63 WAL
à ce dtVsir, on a tron jué : pourquoi faul-il
que nous soyons oblii^é de dire ? on a faisi-
hé. M. lie fienoude., dans son ouvra^^o inli-
tuir- la Raison du christianisme , s'fst rendu
toupahie do ce crime liltéraire au pre-
mier chef. Knlre autres exemples, nous don-
nerons ccl'ji-ci : vol. III, pa^. 508, il dit,
citant Voltaire : « Des philosophes qui [»en-
se'il seuls être raisonnables, et quelques
sots que ces gens-lh dirigent , se déchaînent
contre la v(^rité : ce sont des chiens île did'é-
rento espèce , qui hurlent tous h leur ma-
niJ^'re contre un b'au cheval qui pait dans
une verte [trairie, et ^ui ne leur dispute au-
cune des charognes dont ils font leur nour-
riture et pour lesquelles ds se battent entre
eus. » Or voici le tfxle de Voltaire ( Dic-
tionnaire philosophique , vol. Vil, [). 233) :
« L'empesé ludiérien, le sauva,.;e calviniste ,
l'ogueilleux anglican , le lanalique jansé-
niste, le jé>uile qui croit toujours réj^enler,
même dans l'exd et sous la i otem e , le s r-
boniste, (pai prétend èlie père d'un concile ,
et fjuelqucs sottfs que tous ces ge-is-la di-
rigent, se déchaînent tous contre le philoso-
phe : ce sont des chiens de diifi'ren e espèce,
qui hurlent tous h leur manière contre un
beau cheval qui paît dans une verte prairie,
et qui ne leur dispute aucune ties charognes
dont ils se nourrissent, cH pour lfS(pieil;'S
ils se battent entre eux. » Connu;' on le voit,
M. de Geuoude kait dire à Voltaire préc-isé-
ment le contraire de ce qu'il dit : il lui lait
aftirmer en faveur de la religion , de la vé-
rité , ce qu'il afirme contre la religion, eu
faveur du |)hilosophe.
Comme nous le disions plus haut , Vol'
taire persista jusqu'à sa mort dans ses sen-
timents anli-clnéiicis. Il n'eut |>as toujours
le courage de montrer dans sa conduite ce
qui était dans son cœur : la fiauchi^^e n'(^st
pas donnée à tout le monde. Nalurellenit-nt
Voltaire était menteur et hypocrite. Nous
aviins vu ce (ju'il écrivait au comte d'Argen-
tal relalivemeul àsescomiuuniois h Piipn'S.
Il y a là queliiue chose de tellement vil et
de tellement lâche, (ju'on man(jue d'ex] res-
sions pour le cu'actonser. Un an plustanl,
étant malade, il se lit apporter le viatiipie
devant un notiure qu'il pria il'en rédiger aile
aulh> ntiipje. Le 8 mai, il écrivait à monsieur
et à madame d'Argent d : a Mes chers anges
sont tout ébouriifs d'ini déjiuVu;r [tar-de-
vant notaire... On ne peut donner une plus
grande manpie do mépris pour (;es facéties
que de les jouer soi-uième. » Kvideuuuent
on ne peut lien voude plus ignoble (pie tout
cela. Que ceux qui 1 osent admirent Vol-
taire ; quant h nous, nous réserverons notre
admiration pourles chefs-d'œuvre qu'il nous
WAL
i364
a légués : pour lui i)ersonnellement , pour
son caractère, nous n'aurons que du mépris,
et le mépris le plus pioiVmd.
Pour dire ipi -Iles ont été les attaques de
Voltaire contr.' la religiftn, il faudrait pren-
dre tous les dogmes, toutes les croyancps
du catholicisme, jtnsser en revue tous les
personnages de l'hisl »ire sacn e et «le l'his-
toire de i'Kglise. A projios «le chaque nom,
on trouverait une profanation, une insulte,
un sacrilège. C'est princ [)alemenl aux jé-
suites que Voltnire s'attaquait avec le plus
d'a(;harn(Muent : il sentait que cet ordr.- re-
ligieux était en quelque sorte la lèle du
clergé; il voulait décapuer le clergé. L'auto-
rité du pape, l'unité de l'Eglise, furent aussi
l'objet de ses attaques ino-ssaTites, deses in-
jures sans cesse renouvelées.
Pour liuir cet article, nous citerons l'opi-
nion de Jean-Jacques sur cet homme célè-
bre. « Ainsi donc, la satire, le noir mensonge
et les lib dles «-ont devenus les armes des
})hilosophes et de leurs partisans! Ainsi paye
M. de Voltaire l'hospitalité dont, par une
funeste indulgence, (ienèv« use envers lui !
Ce fanf.îou d'impiété, ce beau génie et cette
Ame basse, cet lumime si grand par ses t<»-
lents, et si vil par leur usage, nous laissera de
longs et cruel> souvenirs de son séjour par-
mi nous. La ruine des mteurs, la perte de
la liberté, qui en est la suite inévitabl",
seront chez nos neveux les monuments de
sa gloire et de sa reconnaissance. S'il reste
d uis leurs cœurs quelque amour pour la
l»alrie, iU détesteront sa mémoire, et il en
sera plus maudit qu'a uniré. »
Voltaire vint mourir «^ Paris, en mai 1778.
S.-^ principaux émits contre la rpligion, sont :
la Philosophii' de l'histoire; la liihle commen-
léi' ; Viîxnmen important de mylord Boling-
hrohr ; VfJ istaiie ilr l'rtdhiissement du chris-
tianisme : le Dictionnaire philosophique.
VOLVIC, bourg du département du Puy-
de-DAme, où saint Amarin et saint Prix,
(pie l'Eglise honore comme martyrs le 25
jinvier, furo'^t assa'^sinés en revenant de la
cour du roi Childéric II, où >aint Prix s'était
rendu ) our alfaire concernant son iliocèse.
{Voy. Prix.)
AU EN, prince arménien de la famille Da-
chrad/.ick, lut l'un de ceux qui soutfrireut
vol.mtairi'iaent la captivité pour Jé^us-
Chrisl, sous le rc^ne d Ha/guerd, deuxième
du nom, roi de Perse, et ciui ne furent remis
en liberté et rcnvo>és en h ur pays que huit
ans aj)rès la mort do ce prince et sous le
règne de son lils Herose. (Pour plus de dé-
tails, voy. Princics ah.mémkns.)
VULPIEN. Voy. Ulpien, martyr.
w
WALin II, fils de Yésid II et neveu d'Hi-
thain, était calife en Orionl. Hi» Inm était
mort l'an de l'h.gne \2S, de Jésus-Chrisl
7*3, après avoir réjjné plus de Uix-ucuf ans.
Après sa mort, la maison d'Ommia tomba
tout h coup et ne subsista (|uc .sept ans,
pendant lesouels il y (miI (jualre «alifes. Le
premier fut le inince qui nous occupe, qui
iM5
wi:n
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110 r('«;;;ii;i (|n(^ (|uiii/.(( nxtis, et iul (l(''|i()S(^
puiir S((S (IiIkuicIu's ol son iiii|M(''l(^ «•uiili'o so
jji'oiirc rcli^idii. Il no liiis.s.'i |tiis de pursôou-
it;r los cliiiHiciis : il lil coujinr l.i l.iiiytin' h
riiM'i'O, iiit''lr(i|)(i|itjiiii (In Damas, où il i.ii.sait
.sa i'i'.sidi«ii(i', |iai'c(; (|ii"il i('rtilail (nncrUiincnl
l'iiii|»i(''l(' (Itts Arnlw's ol dns iiianiflinon.s ; il
l't'iivova t'i» exil dans l'Araliii" lltiiiroii.>.o, où
il iiiouinl.
l'u'iTc de Majumc s'allira aussi le marlyro
dans l(t iiK^nio i(Mn|is. IClanl malade, il a|)|it'la
les m.'i^islials di'S Arjd)i\s (lui rlaionl sos
amis; car il avait la roccllc des impAls pu-
l)lio>, el It'inilil : « Jo |>ru' Dion d(> vous rr-
« «îumpcnsiMilo lu visiUi cpio v«)us nu' t'ailcs ;
« mais ji> v(Mi\ (|uf vous sovd/ trmoins do
« mon leslaiiuMd (juo voici : « Oui«-on(|U(\ ne
« croit pas nu l'ùi-i-, an l<"ils et au Siint-Ks-
« piit, et h la Trinili^ consnhsianlicllc, csl
« aveu;Alc de l'Ame, et dij,n(! du supplice
« éternel, comme Mahonu't, votre faux pro-
« plii^te, pi'étMU'seur de l'anJeclirisl. lliMion-
« ci>/ do'U! ii ces iahles, je vous cncvcijure
« anjourd hui, et j'en prods à témoin le ciel
« el la terre. » Il leur dit plusieurs autres
choses sur ce sujet, el, bien cju ils en fussent
irrités, ils résolurent de prendre paticice, le
rei;"arila'it coiume un nialadt^ en (lélire. Mais
(]uand il l'ut i;uéri, il counnença à crier [_)lus
haut : « Analhème f» Mahomet, et h son livre
lal)uleu\, (^t à tous ceuv (jui y croient! »
Alors o'i lui coupa la ItMe. Sain! Jean Da-
niascène lit son éloge ; l'Eglise l'honore
connue martyr le '21 février, et Pierre de
Damas le V octobre. (Fleurv, t. III , passim.)
WKNCESLAS (saint), martyr, était fils
d'Uraiislas, duc de Boîu^me. So!i père était
vei'tueux et chrétien, mais samèreDrahomire
de liUcsko joignait à une hauteur insuppor-
table une grande cruauté. De plus, el'e se
donnait pour païenne et n'avait aucun sen-
timent de religion. Notre saint fut élevé par
so;i aïeule Lndmille, et fut initié aux secrets
de la science et di^ la piété par Paul, aumô-
nier de celte |)rincesse. 11 fut mis ensuite
dans le collège de Budweis, auprès de Pra-
gue, où il se rendit habile dans toutes les
sciiMices qui convenaient h sa iiaissance il-
lustre. Son père était venu h mourir, Drano-
mire s'empara du gouverneniLMit sous le
titre de régente. Prolitant de sa toute-puis-
sance, elle lit abattre les églises et défendit
de pratiquer en aucune manière les devoirs
de la leligion. Lndmille, désespérée de ces
tristes événements, pressa notre saint de
prendre les rênes du gouvernement ; mais
comme il avait un frère nommé Bideslas, le
royaume fut partagé entre eux deux. Draho-
mire , furieuse de ces arrangements qui
dérangeaient ses intérêts, s'unit à son tils
Boleslas, qu'elle avait élevé dans l'idolâtrie.
Bieniôt elle fit assassiner Lndmille da-is si
cha})elle même, et ses si.^aires Téiran^^Ièrent
avec son prrtpre voile. Sur ces entrefaites,
Ladislas, prince de Gurime, vint fondre sur
les Etals de notre saint, sans aucun motif
plausible. Wenceslas , après avoir essayé
d'ariKMier son ennemi à un accommodement,
fut forcé de marcher contre ce prince ; mais,
voui/uil éviter l'elfusion du sang di- m-s
sujets, il proposa h nom fMincrni u'i condi'it
.siii^idier (pu lui accepté. Des hislori<")s
ra( onli'nt (pi(< Ladislas, ayant vudeut aii^tts
(pii d' Ic'id ù<»ril s<»n ««Ivcrsaire, mil Ixo» les
armes, cl se jiMa /ui\ genoux (le noli'(< >>ainl,
lui promiïUanl d'accepter toutes les condi-
Immis (ju'il dicleiail lui-niAine. >Verw('sla.s
oblinl de l'emfK'reur <M|io'i, dans une dicte
g(''néial(5 tenue h >>'orm'>, les reli(pn's do
saint \ il el de saint Si^ismo id, roi de Hour-
gogin;. Olhon lui accorda l'galemcnl le lilK-do
roi, et allïanchil ses doiuaiues (h- triub; vc-
(levan(!e. Son zèle h répiiuier les exaclifins
de In noblesse lui allir/i des (ennemis (pji
s'unirent h Drahomiic et A Holeslas : ce dei--
nier avait un tils. On invita noire sainl <'i
venir partager la joie générale (jui régnait à
in coin- de son frère, et la nuit suivanie, «les
sicaires, conduits par Boleslas, l'assassioè-
roiit dans l't'glise où il faisait ses dévotions
ordinaires. Il fut ainsi niai'tyr de son zèlo
pour la religion, h; !2H sephiubre '.).'{(}.
L'ein|)ereur Olhon, qui aimait beaucoup
notre saint, vengea sa mort en faisant une
guerre violente h Boleslas. C(;lui-ci l'ut
vaincu, et l'empeieur lui dicta ses condi-
tions. Il dut lélablir la religion chrétienne
dans ses Etats el pa\ er un liibul a'nuel ;
Diahomire mourut misérablement f)eu après
avoir fait assassinei- son (ds Wenceslas.
Boleslas ayant été témoin des mii-ach s opé-
rés sur le loud)eau de son frère, Ut trans-
porter ses reliques à Prague, dans l'église
de Saint-Vit. On l'y voit encore dans une
châsse niagnific{uc. Le tils de ce prince fra-
tricide, Boleslas II, mérita par ses vertus le
nom de Pieux, et lit le bonheur de ses su-
jets. L'Eglise fait la mémoire illustre de
notre sailli le 28 septembre.
WÊNliFRlDIil (sainte), vierge et martyre,
honorée par l'Eglise le 3 novembre, eut
pour père Théwith, un des seigneurs les
plus riches et les plus puissants de Nord-
"NVales. Comme elle était encore toute jeune,
saint Beunon vint s'établir dans le voisinage :
il était moine et i»rètre ; sa vertu était
recoinmandable. Quelques-uns prétendent
qu'il était oncle de Wéiéfride du côté de sa
mère. Théwith, enchanté de sa venue, lui
donna un terrain i)our y bâtir une église,
et le pria de se charger d'élever saillie dans
l'amour de Dieu et dans la pratique de la
vertu. La jeune fille répondit tellement aux
instructions du maître, que bientôt elle prit
la résolution de consacrer à Dieu sa virgi-
nité. Elle prit le voile entre les mains de
Beunon , puis elle s'en alla vivre avec quel-
ques vierges, dans un monastère que son
père avait fait construire à quelque di^:ancG
de Holy-Well. Saint Beunon retourna dans
son monastère de Clunnooh, où il mourut
quoique temps après. Quand saint Beunon
fut mort, sainte Wénéfride quitta son mo-
nastère, et se confia à la direction de saint
Déifer. Bientôt après elle se retira à Guthe-
rin, dans le Denbigshire, où elle eut pour
directeur le sainl abbé Elérius, qui était ïà
à la tête d'un monastère d'hommes et de
1367
WIS
WL'T
i5C8
femmes (deux maisons séparées). Quand
l'ahbcsse des femmes fut morte (elle se nom-
mait Théonie), notre sainte fut appelée h lui
succé.ler. Ce f^ut \l\ qu'elle trouva la rouronne
du martyre. Caradocou Crador, (ils d'Abain,
prince d » la contrée, étant devenu excessi-
♦ emei.l amoureux d'elle, ot ne pouvant par-
venir à l'amener h ses désirs, lui oupa la
t(Me, comuie elle cherchait h se réfugier dans
l'ét^lise que Beunon av.iit fait bâtir h Holy-
Well. Bob' ri de Sclirewsburs^ et plusieurs
autres auteurs prétendent (juc la terre s'en-
trouvrit et dévora Cradoc à l'endroit où il
avait commis son crime. Une fonliiinc sortit
de terre h l'endroit où tomba la t(Me de la
sainte. D'autres ont ajouté que la sainte
ayant éié ressuscitée par j'intercession de
saint Beunon, elle porta toujours une mar-
que rouj^e autour du cou, indication du mar-
tyre qu'elle avait souffert. L'histoire ne
donne pas précisément la date à laciuelle
vivait la sainte; mais tous les historiens qui
en ont parlé s'accordent à dire (ju'elle vivait
vers la fin du vu' siècle. Ce qui nous tran-
quillise infiniment, (|uand nous avons à
à écrire ce que nous dicte ainsi la tradition,
c'est que ses récils ne sont pas articles de foi.
WERNER ou Wrrnher (saint), jeune gar-
çon, martyrisé par les Juifs h cause desafoi,
naquit au village de Mammeralh, dans l'ar-
chevêché de Trêves. Dès l'âge le plus tendre
il se faisait déjà remarquer par ses vertus
chréliennes et par son grand amour pour les
j.>auvres. Il vivait chez son beau-père, qui
le tounnenlait si fort qu'il fut obligé de se
mettre en condiliûn chez des étrangers. Il se
rendit à Ober-Wesel, sur la rive gauche du
Rhin, entre Mayence et Cobleiit/, et entra
au service d'une famille juive. Le jeuili «;ainl
de l'année 1287, Wernèr ayant communié,
les Juifs chez qui il était le prirent i\ son re-
tour, et lo suspendirent par les pieds afin
de lui faire rendre la sainte hostie. N'ayant
pu réussir, ils lui firent endurer des suppli-
ces horribles, après quoi ils le transportè-
rent dans une caverne entourée de buis-
sons près de Bacharach. Lo corps ayant élé
bientôt découvert, il fut enterré dans la
'haf^ellefieSaint-Cunibert, près de Mayence.
VVe ner fut ainsi martyrisé le 19 avril 1287.
Il s'opéra de grands miracles sur le tomb(>au
de ce saint, et les habitants du Hunsrùck
ont une grande dévotion pour lui. L'Eglise
fait sa mémoire le 18 avril.
WILGEFORTE sainte , vierge, souiïrit le
martyre m Portug.il. Ayant sonlemi de rudes
atla(pies pour la ronst>rv,Tlif»n de sa foi et de
sa chaileté. elle mérita, en mourant sur une
croix, (le remporter la glorieuse j).ilme du
martyre. Elle est inscrite au nombre des
saints lo 20 juillet.
WISTAN(s.iint},princcde Mercie, était pe-
tit-fils deWitlas, qui fut roi de Mercie depuis
l'an 82G jusqu'en 830. Notre saint ayant été
privé de la couronne par les Danois, parce
qu'il était tout jeune encore lors de la mort de
son aïeul , fut remplacé sur le trône par
Bertulphe. frère do Wiilas. Wistan s'adonna
à la ; iété et il l'exercice des vertus qui con-
duisent au royaume de Dieu. Il fut bientôt
troublé dans ses œuvres de piété. Bertulphe,
qui craignait d'être supplanté par notre
saint, chargea son fils, nommé Berferl, et
qui (levait lui succéder, de donner la mort à
Wistan. Celui-ci s'élanl rendu sansdéliance
à une entrevue qu'il crovait être offerte par
l'amilié, reçut un coup de sabre de la main
de l'assassin, et expira aussitôt (1" juin8i9).
Sa mère Enflède le fit enterrer à Repton, et
quelques années après son corps fut trans-
féré dans le monastère d'Eveshani Pour
Bertul[)he, il subit bientôt la peine de son
infamie : il fut déposé, avant la Un de l'an-
née 849, par Ethehvolph, et remplacé par
Barrhed, dernier roi de Mercie.
WULFÈRE, roi de Mercie en Angleterre,
vers la fin du vu' siècle, fit inhumainement
massacrer ses deux fils Wulfliad et Rufin,
qui s'étaient fait bafUiser par saint Chad,
évêque de Litciifield. Ce prince imitait son
nère Penda, qui avait cruellement persécuté
les chrétiens. De|>uis il embrassa le chris-
tianisme; en G75, peu de temps avant sa
mort, il fut baptisé, s'il faut en croire Flo-
rent de Worcester. Bradshaw prétend que
l'assassinat des deux jeunes princes fut com-
mis par des courtisans païens, et sans la
participation du roi. On serait vraiment
heureux de pouvoir admettre une telle
explication en présence d'un pareil crime.
[Vot/. Wll.FHAn.)
Wl"LKH.\D (saint\ martyr, frère de saint
Rufin, ('tait fils de Wulfère, roi de Mercie.
L'an G70, saint Chad, évêque de Lichtield,
baptisa en secret ces deux jeunes princes.
Leur père l'Ayant appris, les fit massacrer
tous les deux, un jour qu'ils étaient en priè-
res. Ce prince était ami outré de l'idolâtrie.
Son père Penda avait violemment persécuté
les ( hrétiens. Emmelinde, reine de Mercie,
mère des deux jeunes princes, les lit enter-
rer dans un lieu iiomiué Stone, à cause
d'un grand monceau de pierres et de teno
qu on accumula sur leur tombeau, ainsi que
les Saxons avaient coutume de faire. Plus
tard elle lit bâiir une église avec ces mêmes
pierres. On la pla(;a sous l'invocation d»>s
deux saints. L'Eglise honore la mémoire de
notre saint le 2'» janvier.
WURTZROrRC. vill." du royaume de Ba-
vière, sur le M»Mii, à 232 kil. N. O. de Mu-
nich, a été illustrée par les soulfrances qu')^
endura le saint évêque Brunoii pour la foi
de Jésus-Christ ; on ignore il quelle épo-
que.
1300
TES
TES
1370
X
XANTf'M'l (s;iinl), nuirlyr, l'uti dt's (|iih- roi dr Sintn, cl mo nvcc son (:orni)ngnon,
rOMli' iiuifl.yfs (le Sc'hiisic, sous Liciiiius. Jean MiiMotiat, du m^^iiic ordre!.
(V'o//. MvirrvHS i)\: SiaïAsric.) XIS'I'l'l (siiinlj, disci|(l(! do saint Pierre, ,iil
XllMl'lNf'lS (1(> hionluMirt'Ux Ai.roNsi:), lis- martyrisé h Ucniis, sous la pcMséculinM du
paj^Miol, de 1 oi'dro de Sainl-I)(>iniiii(|uo, so Néron. On n'en sait pas davantage! sur co
r(Midait, l'an KJOO, des îles IMiilipnines dans martyr, (pii doit éirt; Iti premier martyr des
le (]and)ot;e, alin d'y répandre la lumièr(! do (Jaules. Sa Tûto tombe lu 1" septembre.
l'Evaiiijile, lorsqu'il lut pris par l'ordre du
YESDEDr.ERD, roi de Perso, monta sur le
trône en l'an .'11)9, et l'occMipa jus((u';\ sa
moi't, en l'an de Jésus-(]hrist kH). Il persé-
cuta violenuuent rKglisc. Depuis quelque
temps les chréliens vivaient en |)aix, ol les
plaies faites par latrocc [)erséculion si lon-
gue et si terrible de Sapor se cicalrisaieiit.
Rien n'annonçait que Yesded.^ord vonhlt
la rocommcnier. Ce fut la conduite d'un
évoque, nommé Abdas, (jui la détermina : cet
évéque, empoi'lé par un faux zélé, mit le fèu
au temple nonuné Pyrée (leuiple du feu). Le
roi le tit venir devant lui et lui ordonna de
le rebAtir sons peine de voir démolir par re-
présailles toules les éj^lises des cbréliens.
Abdas refusa. Presque tous les auteurs con-
veiiant qu'au fond il avait eu tort de détruire
ce temple, disent qu'il eut raison de ne vou-
loir pas le reconstruire : car, disent-ils, il
n'y a pas de dilféronce entre adorer le feu
ou lui éditier un temple. C'est là jouer sur
les mots. Editier un temple par dévotion,
c'est adorer l'être auquel on l'éililie ; mais
le reconstruire, simplement parce qu'on l'a
brûlé, c'est réparer un dommage causé à la
propriété d'antrui, c'est faire un acte de jus-
tice, de restitution, et nullement un acte re-
ligieux. Le point de droit est complètement
séparé de la question religieuse. Cela est
tellement vrai, que de nos jours, en admet-
tant qu'un pareil temple existât, l'évèque
qui le brûlerait passerait en cour d'assises,
et nul n'y trouverait à redire. Le rôle de
l'avocat serait de plaider les circonstances
atténuantes en faveur du zèle mal entendu
qui aurait dirigé l'incendiaire. Dans tous les
cas il serait condamné à la réparation du
dommage. Yesdedgerd lit raser toutes les
églises des cbréliens. Après cet acte arbi-
traire de représailles, Yesdedgerd, lit persé-
cuter directement les fidèles. Beaucoup fu-
rent arrêtés, mis en prison ; un grand nom-
bre suppliciés. Quelques-uns étaient atta-
chés à des poteaux, et là servaient de but à
des archers qui leur lançaient, en guise de
flèches, de petits morceaux de roseau poin-
tus. Bientôt ils en étaient tout hérissés : on
leur en enfonçait sous les ongles des pieds et
des mains ; puis on arrosait d'huile ou de
poix tous ces morceaux de roseau, et on y
niellait le feu. On sait (pu; la persécution,
chez les Perses, fut touj.ours remanpiablo
par l'étrangeté des supplices qu'on faisait
subir aux chrétiens, et par um; férocité
toute particulière. Beaucoup de saints, cpii
furent arrêtés sous Yesdedgerd, ne furent
martyrisés (pie sous son lils Varanes ou Va-
raraiïes, la mort ayant empêché ce premier
prince de poursuivre ses desseins . la per-
sécution qu'il lit à l'Eglise ne commença (jue
quelque temps avant sa mort. {Voy. Vaua-
NEs. Voy. aussi JacqvesV Intercis, Hormispas,
et les autres martyrs de Perse de ce temps-
là.)
YiiSID, fils d'Abdelmélic et frère de So-
liman, lui succéda au califat. Son règne dura
quatre ans. La seconde année de son règne,
il parut un imposteur syrien qui trompa les
Juifs en se disant le Messie, fils de Dieu.
Deux ans après, c'est-à-dire en 723, un autre
imposteur trompa le calife Yésid. C'était un
Juif de Laodicée en Phénicie, demeurant à
Tibériade, surnommé Saranta Péchys, c'es.t-
à-dire, en grec du temps, quarante coudées,
apparemment à cause de sa grande taille. Il
vint trouver le calife, dont il connaissait la
légèreté, et lui parla ainsi : «L'affection que je
vous porte, seigneur, m'oblige à vous propo-
ser un moyeu facile de vous conserver trente
ans dans cette dignité. » Le calife, qui ai-
mait la vie et le plaisir, promit de faire tout
ce qu'il lui proposerait. Le Juif reprit : « Fai-
tes écrire incessamment, par tout votre em-
pire, une lettre circulaire, portant ordie d'ef-
facer toutes les peintures qui sont dans les
églises des chrétiens, soit sur des planches
de bois, soit en mosaïque sur les murailles,
soit sur les vases sacrés et les ornements
d'autel, de les supprimer entièrement , et
même toutes sortes d'images qui sont dans
les places publiques pour l'ornement des
villes. Il ajouta malicieusement ce dernier
article pour cacher sous celte défense géné-
rale la haine particulière contre les chré-
liens : le calife crut cette promesse, et en-
voya l'ordre, par toutes les provinces, pour
ôter les saintes images et les autres figures.
Comme les chrétiens s'enfuyaient plutôt que
1371 ZAF
de ronversor de leurs propres ni.iins los snin-
tes iiii<i-,>\^, les t^mirs ou L;ouv<»rn('iirs, en-
voyés pour ce sujot, y employaient des Juifs
et lies Arobes, qui hn^lniful l.-s imn^es et
enduisaient ou gi-'laiml les niuradles des
églises. Le calife Yi'sid innirul l'.unéo sui-
vante, 12'*, di! Ihégire 105, et son fds Wa-
lid. i(ui réj;na vin;t an*; aprè<, fit mourir
lionteusement lr> Juif qui l'avai l fronipé. Ce-
pendaU le suoccssour immédiat d'Vésid fut
sou frère Hiclinni, tilsd'Ah Itdmélu-, qui per-
lu.l de rétablir les saintes images ; et il y
ZEB
1372
avait plusieiirs lieux oi'il'ordred'Yésid n'avait
j)as encore été porté. Fl-'ury, t.III, pnssim.)
YON (saint), prôtre, martyr au diocèse de
Paris, était disciple de siint Déni'*. Il vint
établir la foi dans la pelilc ville d(> CliAlr»'s,
appelée aujourd'hui Arpajon. Il fut bientôt
ariôtéot déraiiitéj»ar l'ordre du préfet Julien.
On pardait ses r<'lirjues dans li''j;li>e de Saint-
Clément, à CliAtres, et dans celle de Nolie-
Daini^ de Corheil. Il est inscrit au Martyro-
lo ,0 romain le 2 sciitcmbru ; h Cliàtres on
l'honore le 5 août.
ZACHARIE (saint), évi^que, souiïrit le
martyre à Vienne, sous l'empereur Trajan.
L'P>^li-e f it «^a tète le 2l) mai.
ZACHAIIÎE (saint), l'un des quarante-huit
martyrs de Lyon, sous Marc-Auièle, en 177,
fut déca|)ité en (jualité de citoyen romain.
L'Kglise fait sa fêle 1.' 2. juin, avec .elle de
sainl Pothii e de tous ses compai^nou'^.
, ZACHAl'klE (sainl), versa son >ang à Nico-
médie pour la dt-fcnse de la relif^io?! chré-
tien-ie. Il est iiisorit au Martyrologe romain
le lOjuiu.
ZAi'HÉE (saint), fut martyrisé pour la foi
chrétienne, le 17 novend)re 303, sous le rè-
gne et durant la persécution de l'er.UH'rt'ur
Dioclétien. On cél brait celte année-là les
jeux des vinconnales, (-'('s'-à-dire de la ving-
tième année du lègne de ce prince. Le gou-
verneur de la Palt.'Sline, résidant «» Césarée,
obtint de l'em ereiir la grâce de tous les
coupables que la justice publique n tenait
dans les prisons. Les chrétiens seuls funuit
exceptés; on les regirdait coinni" |)lus cou-
pabk's que les assassins, les voleiu'S et autr»'S
criminels. Zaulié", (|ui t'iail diacre à (iadare,
au delà du Jourdain, fut arrêté, cliacé de
fers et conduit devant le gouverneur. Il fui,
par ordre du juge, cruellement battu de ver-
ges, et déchiré avec les ongles de fer. Après
ce supplice, leï> bouireaux le conduisirent »;n
prison, où on le mit dans les entraves, les
jambes écartées jnsipi'au quatrième t. ou.
Pans celle horrible silualion. le cor|)S pres-
que enlièremenl écartelé, il ne cessait do
loutM' le Seigneur ride ehant< r ses louanges.
Bieiilùl î^on parent Al[)hée, leelenr tl exor-
ciste de l'Eglise de Césarée, vint le rejoinib\s
et tous deux, a|)rès divers siqtpliees et plu-
sieurs inleriogattiros, furent condamnés à la
peine capitale. La sentence fut exécutée le
17 novembre : \ mv imnnoireest lion >r('e p;'r
l'LgliX! le 18 du luèine mois. Assemani a
donné leurs Actes authentupies, traduits sur
le (•haldaïqufî [Àcta mnrt. Ocrid., t. II, p.
ZAFIIA f Jkan dk ) , l•',^paglu)l de To-
lède , de la compai^fiie de J»<sus , fai-^ait
parlio des nus.siunnan'es que le V. A/.evedo
était allé rniruter h Rome pour évangéliser
le Brésil. {Vou. l'arlirli» A7p\ki>o.j Leur na-
viie lut pris, le 15 juillet 1571, par de-; cor-
saires caiviuistes, qui les massacrèrent ou
les précipitèrent à la mer. (Du Jarric, Uix-
toire des choses plus mémornhles, etc. , t. H,
p. 278. Taiitier, Societns Jesn usfjue a^i san-
(fuinis et vitœ profusionem militons, p. 166 et
170.)
ZANIÏAS (saint), fut cruellement massa-
cré en Perse, sous le roi Sapor, avec les
saints Lazare, .Marotas, Narsès et cinq au-
tr-^s dont on ne nous a pas conservé les
noms. L'Ej;lise fait leur fêle le 27 mars.
ZARA -CHRISTOS (le bienheureux^, prr^-
tre al)>ssinien, fut mis à mort pour la foi
catholique, on Abyssinie, sous le W'gue et
durant la persécution du tyran Basilides,
Mégous de ce pays, le 21 octobie 1647.
ZARON (sain'), martyr, eut la gloire de
mourir [iotir la foi chrétienne, en l'an 3'i3 de
Jésus-(^,hrist, so is le règne de Sapor dit Lon-
gue-A'ie. Il était laiqu • . t habitait la province
des Huzit'S. Sa fête est inscrite au Martyro-
lu_;e romain le 30 novembre.
ZAWKCKL religieux de l'ordre de Saint-
Basile, l'ut une des victimes de l'atroce per-
sécution ipie le czar Nicolas lit subir en l'^-'H
h tous les catholiques qui n(^ voulaient point
abuidonner leur foi pour embrasser la reli
giou russe. .Vprès avoir subi mille tortures,
ce saint martyr, qui était plus que seplua-
gé.iain', fut placé sous une pompe dont l't-au
qu'on lAcha Nur lui, se congelaid au contact
de l'air, l'tniveloppa bientôt comme d'un
luanteau de glace, sous lequel il trouva une
ailreuse mort. (Je//, l'article Mikczvsi.a>\sk v.)
ZÉHINAS saint), martyr, fut décapité à
Césarée en Palestine, sous Calère Maximien,
avec les saints Anlonin.tlermain, j)arce qu'ils
accusaient il'impiélé le président Firmilien
et le reorcnaieiii dt> ce (pi'il sacriliail aux
faux dieux. Ils eurent pour compagne de
bnir martyre sain'e Ennathe, vierge, qui fui
meurtrie de coups et brrtli'e ensuite. L Eglise
h moie la mémoire de ces saints martyrs le
1.3 novembre.
ZERINE (siint\ martvr en Per^e. mourut
pour la foi e i 327, sous :>apor. Vny. les .\i les
de saint Jo?i4S et de saint R^nAciiiSE à leurs
aili'le^.)
ZEHROWSKA (Ci.émk>ti'«e\ l'une des re-
ligieuses de Saint-Basile, établies Ji M.nsk
en Liih lanie, et co uiu<'s sous le nom de
Filles de la Sainte-Trinité, qui furent ex-
pulsées de leur couvent et livrées aux per-
1373
im
ZEN
r,74
srnilions les plus violentes, d/ms Ir coiinnil
(,\v I'hiiikm' \KM, \\i\\ le «v.ar Nicohis cl S\v-
iiiiis/k(i, ^\^^(|lM» M;liisiiuili(|iiti cl ii|m»sIiiI. On
l(>s t jnployii .'I l.'i ciiiisti iiclioi) (l'un l'iilois à
Spiis |i(Mir Sii'um.s/.kt>. In t'Iinnli im-nl cliuil
sni'viMMi, (".Irnirnliui" /rljiowska ul (|Uiilrt)
antres de s(>s cuniii.it^nes InreMl ensevelies
vi vailles sons les ilocuniiii es, sans (|n'on per-
inil h ctrljcsmii «^laie'.l It'Mnoin.sdi' ce malheur
de chercher h dt'liv rer l(>s victimes. I,es (jualro
anirts so'nrs so n<inimaieiM lMi|iln''mie (inr-
/ynskn, (lalhernie Kor^cka, l'ilisaheth 'r^sc-
nhanz et Ii('>n(< Kralnto. ( Yoij. l'artirle
AIii:c./vsi.\\\sK.v.)
Zf'lNAIDK (sainte), luarlyro, ré|)an(lil son
sani; |)()nr la loi ;i (lésart'(> i n Paieslim , avec
les sairtli s V.yio., Na'ière et Manie. L'Ki^jliso
('é!t''hre leur mémoiio le 5 jui;i.
ZKNOHK (s.Mnl). i^vcViue, lut marlyris(!
avect .sa steur Zéiohie ^ Xi^va en (liluie, s(»ns
{"■'mporonr Dioé'lélion et le prôsidenl Lysias.
L'l'!;;lise fait leur IVMo h; 'U) oclolire.
ZtlSOHK (saint), mait,\r, était picMre do in
ville do Tyr. Il lui conduit h Anlioche avec
saint lyrannion, son éviVpie, et (>nt h sn.hir,
en 310, pour la loi cinviienne, divers lour-
nuMits, au milieu descpiels il expira sur lo
chOYalet. L'K-lise céU bio sa fiMe le 20 le-
vri( r. avec celle de saint T_)raunion.
ZÉNOIJE (saint), martyr, reçut la couronne
du martyre à Tripoli, pour la défense de sa
foi. Les comj)ag!ions de suii martyre lur(^nl
les saints Lucien, Métrope, Paul, Théolime
et Drusus. Nous n'avo is [y,\% de détails au-
thentiiiues sur ces saints. L'IîgLse lait leur
mémoire lo2i décembre.
ZÉNOBE (sai'tt), prêtre, fut martyrisé à
Sidou en Phénicie, dans le cours de la der-
nière persécution. 11 exhortait les autres au
martyre, et fut jugé lui-même digne d'en
L'Ire honoré. L'Eglise honore sa mémoire le
29 octobre.
ZÉNOIÎIE (sainte), sœur de l'évêque Zé-
nobe, fut martyrisée avec lui k Egée en Ci-
licie, sous l'empereur Dioclétien et le prési-
dent Lysias. lis sont inscrits au Martyrologe
romain le même jour 30 octobre.
ZENON (sainlj, fut martyrisé en Arménie,
sous rem|)ire deTrajan, en l'année 107. Les
Actes de ce saint, qui sont communs à saint
Eudoxe et ù saint Macaire, portent que Tra-
jai fit martyriser à la fois onze mille soldats
à M(''litine, ville d'Arménie, parce qu'ils n'a-
vaient pas voulu I énoncer au christianisme.
Ces Actes n'ont point un caractère assez sé-
rieux pour que, sur leur autorité, on adopte
l'opiiiion que Trajan ait pu faire foire un
aussi gra'id massacre. Les Menées des (Irecs
disent que les onze mille soldai s furent mis
à mort sous Trajan ou sous Adrien, son suc-
cesseur. Nous ne devons adopter que des
opinions certaines; celle-ci est loin d'être
établie sur des preuves. Baronius se fonde
probablement là-.iessus pour dire que ces
soldats sont les chrétiens crucifiés sur le
mont Ararat, sous Adrien, et dont l'Eglise
fait la fêle le 22 juin : rien ne le démontre.
Nous regr'etlons de n'avoir pas de documents
plus précis sur le saint dout nous parlons.
ZENON (saint), évéïpie. «pii Kouveiimil
avec une coMsIance /iduurable llydise «li- Vé-
rone duiant les tempêtes (pie l/i perséeulion
Jiv;ul excilées, obtint l/i couroiMie du marl\io
(lu leiiips de l'euiitereur (iallieii. L'E lise fall
sa lête l(^ 12/ivril. (Miirîiiruloqr rotnnni i
ZENON fsiiinl), marl> r, cikuIIiI ia palme du
mariyre diiranl ralïieuse persécnlion (put Ich
(îhréiicns soulliiicnl sous Dio' h'Iieii. H cul
pour compagnons les saints \ ielor, Zoujuc,
(".(•saire, Sévérieii, Chrysoplioii; , Tliéonas et
Aiilonin. L'Ivgiisi! honore hnir illn^-tre mé-
moii'(> le 20 avril.
Zt'lNON (saint] , .soldat et martyr, Koullrit
pour la foi de Jé.sus-dhii.st à Méliluu' (Mi Ar-
imniie, avec ses compagnons Eudoxe et Ma-
caire, el (piatre ceiil (pialre aulr< s (hml l(!S
lunws sont ignorés. Ces saints soldais ayant
(piilh" le baudrier durant la | erséculion (h;
1),(M léli(>n , ds rur( lit mis à mort. L'E^^lise
jionore leur mémoir(.' le li sepb'iiibi-e.
Zf':NON (saiiit), martyr, habitait (iaza, avec
ses deux frères saint Eùsèbe et saint Nesia-
ble, sous .Julien l'Apostat : il fut mis h mort
av(MMnix au sein d'une viohmle émolion |io-
jmlaire. l/lvglise téUbre la fête de ces Irris
saints le 8 seplcinbr( . {Voy. saint EtsKuu.)
ZftNON (saint) , fut martyrisé h Philadel-
phie en Arabie, avecZénas, son esclave, qui,
baisant les chaînes avec les(pielles son maî-
tre était lié, et le priant de trouvt r bon qu'il
})aiticii)àt il ses tourments , fut pris j)ar les
soldats, et reçut par le martyre une couronne
parei.le à celle de son maître. L'Eglise fait
îeu: nii'moiie le 23 juin.
ZENON (saint), fût martyrisé h Rome au
lieu nommé la Goutte qui coule toujours,
avec dix mille deux cent trois autres com-
battants, ils sont honorés collectivement
dans l'Eglise le 9 juillet.
ZENON (saint) , ayant été écorché et en-
duit de poix, fut jeté dans une fournaise ar-
dente. Son nom est inscrit au Martyrologe
romain le 5 avril.
ZENON (saint), martyr, souffrit à Rome
pour la défense de la religion chrétienne. H
eut pour comjiagnons de sa gloire sainte Fé-
lirufe et saint Vital. L'Eglise célèbre leur
glorieuse mémoire le ik février.
Zf'iNON (saint), souffrit le martyre à Nico-
raédie, avec les saints Concorde , Théodore
et ses enfants. L'Eglise fait leur fête le 2 sep-
temi,)re.
ZENON (saint), martyr, souffrit pour la dé-
fense de la religion. Il fat jeté dans une chau-
dière j leine de plomb fondu, tandis que son
compagnon, saint Carilo i , était i)récipité
dans une fournaise ardente. L'Eglise fait la
ménvire de ces glorieux combattants le 3
se])tembre.
ZENON (saint) , fut martyrisé à Alexan-
drie, avec les sanits Philippe, Narsée el dix
autres qui nous sont inconnus. Nous n'avons
aucun détail autheniique sur eux. L'Eglise
honore leur sainte mémoire le 15 juillet.
ZENON (saint), porté au Martyrologe ro-
main comme soldat mai tyr sous la date du 20
déci nibre.(Fo;/.sainl xVmmon d'Alexandi-ie.)
ZÉPiiYHE, ville de Gilicie, a été illustrée
1575
ZEP
ZIL
1576
par \f martyro de saint Du. as, qui y souffrit
sons If président Maxime : on ignore l'année
pr«^rise de son martyre.
ZÈPHYIUN ,>^aint>, pape, surcMa au pape
Victor lan Ode Sévère, sur la lin de l'an 201
ou au rommenrement de ^OS. Il était Romain,
disent les nouveaux Pontificaux , fils d'un
Ahundis ou Abondanre. Rufin dit que quel-
ques-uns lui attribuaient l'élection miracu-
ieuse(|u'Euséhe rapporte de saint Fabien, (li*
fut dans la première année de son pontifi-
cat, qui était la dixième de Sévère que ce
nrince publia dos édits (|ui excitèrent une
horrible persécution contre i'Kj^Iise. Zépliy-
rin eut la consolation de voir revenir la paix
après la mort de Sévère, et passa le rest«; de
son épiscopat dans un g^ud calme «i l'égard
des ennemis étrangers. Les théodolicns
condamnés par Victor continuaient toujours
dans leurs erreurs, et il y a apparence (pie
Zépliyrin les combattit avec l)eaucou|) de
force et de vigueur, puisqu'ils lui faisaient
ce reproche si glorieux d'avoir été le premier
qui eût, disaient-ils, corromj)u la vérité, en
soutenant contre eux la divmité de Jésus-
Christ : flussi saint Optât le met entre ceux
qui on! combattu les hérésies et le joint en
cela avec Tertullieu , saint Viclorin et les
autres défenseurs de l'Eglise catholique. Ce
fut de son temps «pi'arriva cette hisloire si
mémorable du confesseur Natalis, qui, s'é-
tant laissé enq>orter par avarice h se faire
chef des théodolicns, en fut chAtié rigoureu-
sement une nuit par les anges. 11 vint dès le
matin se jeter aux pieds de Zéphyrin, im-
plora l'intercession tant du clergé ([ue des fi-
dèles, et obtint enfin la grAce de rentrer dans
la conimunion de l'Eglise. Baronius attribue
à saint Zéphyrin la première condamnation
de Praxéas, suivie de sa rétractation, et il est
connue certain (pie cela arriva ou sous lui
ou sous Victor, son prédécesseur; mais il y
a sujet de croire que ce fut en Afiiquc et
non pas h Rome. Ce fut a|>paremment dans
les dernières années do Sévère que Cécile
fut converti h Ostie par le discours d'Octave,
qui fait le sujet du (lialo.^ue c.'lèbre de Mi-
nuce Félix. On peut voir dans ce dialogue
quels étaient alors I état ( l la vertu du trou-
peau coiifii'- aux soinsdeZéphvrindont Minuce
Félix ('tait un illustr.' memlue. Ce fut cer-
tainement sous Zéphyrin, (pi'Origène vint
d'Alexandrie h Rome pour voir, comme il dit
lui-même, celte église si an(nenne et si illus-
tre. Il y demeura (pielque temps t>l puis s'en
retourna à Alexandrie. La suite d'Eusèbe
s<Mni)le marqu(M (pu» ceci arriva an connnen-
cement du règne de Caracalln, en -211 ou 212.
Il arriva encore h Rom»» une ( hose fort re-
marquable s(tus lepunlilicalde Zéphyrin. vers
ran2l2,(pii fulla dispuif entre Canis ,prètr(;
célèbre (le l'Eglise romaine elProcle, l'un des
rhet's (je l'hérésie des montanisles. C'est dans
les umnumentsde cette contV'rence que nous
apprenons que l'on voyait «Inrs h Rom(>, au
Vatican, et sin* le chemin d'Osiie. les trophées
des aptMres, t'ondnieurs «le cetie église. On
du que ce Caïus fut depuis ordoiuié évèque
des nations.
Mais parmi toutes ces satisfactions Zéphv-
rni eut le déplaisir de voir la chute de Tertul-
lieu; car elle parait avoir eu lieu vers p^n 205;
et celte alTlielion comnujne h toute l'Eglise,
lui fut sans doute d'autant plus sensible que
saint J(''r(*)me en rapporte la cause au mau-
vais traitement et h la jalousie des ecclésias-
tiijues de Rome contre un si grand person-
nage. Baronius dit que Zéphyrin voyant
depuis (pi'il demeurait obstiné dans son
schisme, il le frapfta d'analhème ; mais cela
n'est pas fondé. Pour ce (pii est des actions
parliculières de Zéphyrin, nous n'en avons
aucune connaissance. Baronius lui attribue
la déclaration que Tertullien dit qiruu évè-
c(ue avait faite en ces termes : « Pour moi,
je pardonne h ceux r^ui sont tombés dans la
fornication et dans I adultère pourvu qu'ils
aient fait pénitence. » Néanmoins, nous ne
voyons rien qui nous oblige de rapporter
cet endroit plut('>t au pape rfu'à tout autre
évoque; car pour ce qui est des termes de
Tertullien qui appelle cela un édit définitif,
digne assurément d'un souverain pontife et
de l'évoque des évoques, il faut faire peu
de réfiexion sur le style ironique de cetau-
t' ur pour en voulnir rien inférer. On attribue
à Zéj)hyrin quelques décrets dont quelques-
uns sont très-obscurs, et c'est fort inutilement
qu'on se donne beaucoup de peine pour
trouver un sens h des choses qui n'ont au-
cune autorité. Barcmius a pris le meilleur
parti en n'en parlant point du tout. On lui
attribue aussi deux Epines dont il suflTit de
dire qu'elles sont du nombre des dérrétales.
Il tint le sainl-siége durant environ 17 ans,
et mourut en l'an 218. On croit que ce fut le
20 décembre , au(iuel sa fête est marquée
dans les martyrologes de saint Jér»!tme et
dans d'autres anciens. Usuard et d'autres
plus nouveaux, suivis par le Martyrologe et
par le Bréviaire romain, la mettent le 20 août.
Ou présume ijue ce peut être le jour de quel-
(pie tran>liUi'ni de son corps. Nous n'avons
vu aucun nuirtyrologe hors le romain ni au-
cun auteur mi peu ancien qui dise qu'il ait
souinM'l le martyre. Baronius reconnaît en
elf't qu'il est liillicile de juger par (publie
occasion il aurait été martyri>é d ms la paix
dont l'Eglise jouissait ah^rs : à qioi il ajoute
qu'il est assez ordinaire de voir appeler
tnartjfis ceux qui n'étaient que confesseurs.
Un Ponlitical dit (pie saint Zéphyrin fut en-
terré dans son cimetière, près celui de ('al-
jislo, sur le chemin d'Appius. Saint (Milli^sio
fut son successeur, frillemont. t. III. p. 2-11).)
ZILEWICZ, religieux de l'ordre de Saint-
Basile, fut une des victimes de l'abominable
p(M'S('cution ipi(> le czar Nicolas fil subir en
1837 à tous les cathi>liques qui ne voulaient
j>oint abandonner leur foi pour embrasser
la religion russe. Après avoir subi mille
tortures, ce saint martyr, (pii était plus i^ue
septuagéna re. fut placé sous une nompe
dont l'eau (pi'on lAcha sur lui. se congelant au
contact de l'air, l'enveloppa bient('»l comme
d'un manteau de glace sous lequel il trouva
la mort. ^ >'(»»/. rarlieh» Mikczvslawska.)
ZIKAN (le bienheureux François), croire.
i:.77
zoi-;
ZOS
r.7H
religieux de l'onlrc des rr^rcs IMinnirs dn
r()|)S(>rvaiici', iiaiiiiil m S.'inl/iiKiir. Il lui oii-
V()\('' |);if |{« loi (ri'',s|i,i^,MH' cniiiiiic (iiiihass;!-
(Iciir iwvr \{^ lirir Malliini A(|iiii.'i, au roi du
(loiico, (Ml Arii(|ii('. IN'iidjiiil (|ii(> son <'oiii|»a-
glioii (•(niliimail sa i<nilc, il s'ancMa aliii d'y
raclicicr nu cousin ikiiiiiiiô Kraiirois Sciia,
(|ui y (Mail oscinvi». Sur i;us ciilicrailcs, un
clinMicii, (jui lui apimilail des Icllrcs de la
pail d(' MalliiiMi, lui saisi coiuiiic csiiiftii ci
l'ciidu; huit autres clir/'hcus furent eiii|ial(''s,
et Ziian n'eul (|ue le tcin|)s de s'eid'iiir au
Conco. Le inince de ce pays le reuvoy.i eu
Esp«gne coinuio nnibassadcur. Notre hieii-
lieiireux parlil le I" janvier lOO.'J. Tu jour
cpi'il cùtoyail les bords de la nu^r, une Irou-
[»e do soldats alj;6riciis altn(|ua son escorlo
et s'enipaia de lui. Aprc'^s inilU» outrages, il
fut enniKMK^ il Alg(>r les mains liées derrière!
lo dos (10 janvier). Le 18 janvier, le prinocî
lo condamna h <>tre (H'orclu^ vif, et ordoinia
que sa peau remplie il(> paille fiU mise sur
la porto Bab-Azoun. L'un dos bourreaux
j)ronanl un rasoir, incisa la peau du saint
martyr lo long do la colonne vorlébrale,
puis d'une épaule à l'autre on forme d(î croix ;
ensuite, ils s'emparèrent de lu tôle, et y
tirent une autre croix. Pendant cet alFrcux
supplice, il ne cessa point do chanter les
litanies de la sainte Vierge. Pour dernier
supplice les bourreaux lui arrachùrent vio-
lemment la peau do la i)artie supérieure
qui tombait déjci au nombril; il ex[)ira aus-
sitôt A peine était-il mort qu'une tem-
pête eilVoyable so déchaîui et força les
Maures épouvantés h s'enfuir. Le cousin uo
noire saint, Frantjois Serra (jui avait été ra-
cheté par ses soins, prolita de la tourmente
pour enlever le cadavre et l'inhumer. Les
inlidèli's voulant ensuite élever un bflcher,
s'aperçuroîit do col enlèvement ; ils se con-
tenlèîcnt de f)ren(ire la peau, l'emplireU
de paille et rallochérent à la poite li^ib-
Azoun selon l'ordonnance du prince. Mais
le vent l'emporta, et elle fut pieusement
recueillie par Ls chrétioîis. {Chroniques des
Frères Mineurs, tom. iV, pag. 1203 ; Férol,
Abrégé historique de la rie des saints des trois
ordres de Saint-François, tom. IH, pag. 326 )
ZOÉ (sainte), femme de saint Hespère, et
mère de saint Cyriaque et do saint 'Jhéo-
dule, était, avec son mari et ses eniants,
esclave d'un païen nommé Catale, à Allalie
en Pamphylie. Les deux enfants ne pouvant
souffrir, dit leur histoire, le culte qu'on
rendait aux démons dans la maison de leur
maître, se déclarèrent chrétiens. Catale leur
lit d'abord endurer divers supplices, et en-
suite les fit enfermer, avec leur père et leur
mère, dans un four où ils moururent. Ce
fu. sous l'empire et durant la persécution
d'Adritn, que cette sainte famille donii.i sa
vie pour la religion de Jésus-Christ. L'Eglise
fait la fête do sainte Zoé, de saint Hespère
et de leurs enfants, le 2 mai.
ZOÉ (saintej, femme de Nicnstrate, pre-
mier grellier de la préfecture, sous les em
perours Carin et Dioclétien, fut convertie
par saint Sébastien, qui était venu voir les
saints Marc et Marcellicn, qui élaieni in
prison et conllés )\ \a Karde «le snu mari II
y avait m\ h is qu'uim maladie lui av.iit fait
pcrilrc la p/irole : saint Sébastien la niiéiil
miraculeuseiiKMil ; elle fut au bout do <piel-
<pic liMiips baptisée par le prélrc sainl Po -
ly carpe, avec sou mari cl loiili' sa famille,
qui so composait do trenlo-Irois f)ersoiines.
(,rlte sainte lut une des premières victimes
de la pei s(''cuiiou d(! Dioclétien; étant allé»
prier au lombeau d»? l'aprMre saint l'ierri!,
elle y fut arrèlé(! par les persécuteurs, jelét!
dans un cachot, ou p(Mid/inl ciu<j jours elle
fut privé(! d(î nourriture! ol d(! lumière; do
lem|is en temps on vcnail h la poil(! do 'on
cachot et on la menaçait do la faire; mejurir
de faim si elIc! no voulait pas renoncer h
Jésus-Christ : sainte Zoé fut inébianlabb;.
L(î sixième jctur le piéfet de Home ordonna
(pi'oii la pendit à un arbre par lo cou et par
les cli(>veux, et (pi'on alliiniiU dessous un
grand feu avo'^ du fumier. La sainte, ad'ai-
l)Iio |)ar le jeiVie (pi'elle avait subi en pri-
son, ne su|)|)orta pas loiigt('m[)S ce su|)plicc :
bientôt la fumée rétoulla. 11 est convenable
de remareiuer (pie sa conversion ont lieu sous
Carin, en 281*, ce i)rince étant maître de Home,
et qu(! son martyre arriva sous Dioclétien,
en 285 ou 286. L'Eglise honore la mémoire
do sainte Zoé le 5 juillet. {Voy. Sébastien.)
ZOEL (Saint), martyr, reçut la palme du
martyre en Istrio, avec les saints Servila,
Félix, Silvain et Dioclès : on manque de
détails sur les circonstances qui illustrèrent
leur martyre. L'Eglise, notre mère, fête leur
sainte mémoire Ie2imai.
ZOILE (saint), versa son sang à Cordoue
pour la défense do l<i religion chrétienne,
avec dix-no. if autres saints août les noms
nous sont inconnus. Ils sont honorés col-
lectivement dans l'Flglise le 27 juin.
ZONAREN, prince Arménien, de la fa-
mille Anzevadzik, fut l'un de ceux qui souf-
frirent volontairement la captivité pour
Jésus -Christ sous le règne d'Hazguerd ,
deuxième du nom, roi de Perse, et (pii ne
furent rerais en liberté ei renvoyés en leur
pays que huit ans après la mort de ce prince,
sous le règne de sou (ils Bérose. (Pour plus
de détails, voy. Princes auméniens.)
ZOSIME (saint), fut martyrisé durant la
persécution de Traja i. 11 y a lieu de croire
qu'il fut compagnon du martyre de saint
Ignace d'Antioche; mais ce «lu'il y a de cer-
tain, c'est qu'il fut compagnon de ses liens.
On manque sur saint Z-osime de renseigne-
ments positifs. L'Eglise fait sa fête le 18 dé-
cembre.
ZOSIME (saint), martyr, Tun des qua-
rante-huit qui fui ont mis à mort à Lyou eu
l'an 177, sous lo règnn de l'empereur An-
toninMarf;-Aurèle, Il fut du nombre de ceux
qui ne purent i)as rés'ster aux mauvais trai-
tements, à la violrnce des supplices que les
persécuteu:S fiiisa'ont endurer à ces géné-
reux sold.its de Jésus-Christ. Il mourut en
prison comme saint Pothin, le vénérable
évêque de Lyon , et une foule d'autres
\7,19
ZOT
7.m
!380
saip.ts mnrtyrs. L'Eglise fait sa fôtc avec la
leur \f' '2 juin.
Z(^SIMK s.iinte), fut raartyriséo avec «a
stiMir, sflinft' Rono.sr, sou*; Itî poiilifi-at du
pnye saint Félix, sous le rogne de rerii} e-
renr Aurélien, en l';uin(^c 273 ou 27i ; son
martyre imiI lien h Porto (d'Itidio). Les dent
sainies Zozime et Bonose sontlrircMl oQ
nii^tne temps que le saint marl.vr Kutrope.
Nkus n'avons sur leur «filo-irn^ sarrificc que
di s Artcs exlrcm(^me'il r/'cents, et (|iii so it
loin d otlrir les caractères d'anthentiuilé dé-
sir.'.ides. L'Eglise fait l.i f(He dos dt'iix sain-
tes en même temps que relie de leur glo-
rieux ro(npagnon, le lo juillet.
ZOT.Ol'E (saint), martyr, fat un des qua-
rante-huit généreux comb.iltants de Jésus-
Christ, (pii donneront leur vie pour la foi à
Lyon, en 17", sous le régiiC de r(uiq>er(Mir
Aiitonin Marc-Aurèle. Ainsi que saint Po-
tliin et une foule d'autres martyrs, saint
Zotiquc n'eut pas la forci! de sufipnrler jus-
([uau bout les tourments et les mauvais
traitements que les persécuteurs lui firent
soutl'rir. LE-;,liso honore sa mémoire le 2
jun, avec celle de lo;is ses couipagnous.
ZOilQfE (saint), fut martyrisé à Comane
en Arménie, sous l'empire de Seplime-Sé-
vère. Le Martyrologe romain fait niimtiou
de iiii au 21 judlet.
ZO l'IOLE ;saiMt), martyr, eut la glo're de
soulfcir la mort pour Jésus-Christ, en Crète,
dai.s la ville de (lortyne , sous le règne de
Dèce, durant la persécution si lerrihie que
ce piince féroce alluma contre les chré-
tiens. 11 fut déc.qiié, après avoir souîl'ert
d'horribles tourments. Sa fête acrive le 23
décembre. Saint Zoti(iue est l'un di's'dii
martyrs de Crète. {Vojj. Mvhtvus dh Cr^tk.)
Z()TIQL'K (s;nnt), martyr, fut mis à mort
pour la foi chrétierme , à Nicomédio , <lu
t(>mps de l'empereur ."'iaximien, par ordre
du président Eutholome, avec saint Agatiio-
nique. Tous deux sont honorés par l'Eglise
h la date du 22 a(»Qt
ZOTIOUE (saint), martyr, cueillit la palme
du martyre ijiuant la sanglante |)Oisé<utiou
(pie le cruel Diodélien lit subir aux disci-
ples du Chri>t. Il eut pour compagnons de
son glorieux martyre les saints Victor, Ze-
non, (]é>,iire, Sé\ erie!i, Chrvsoiili(»re, Tliéo-
nas et Antonin. C'est le 20 avril qr»M'E<iIiso
cé!^h^e leur sainte mémoire.
H)IH)\ V. isaintj. Voy. (iiVrui.E.
ZOIIUI'E (sai'it), soulfrit le martyre
avec les sauUs Tharsice , Cyria<pje et plu-
sieurs autres (pie neus ne connaissons
pas. On igi.ore le lieu, la date et les cir-
roiisiances de leur m utyre. L'Egliso célè-
bre leur f<^'e le 31 jninier.
Z()TiyrKi'saini),rép;indit son sang pour la
foi ;»Tivoli. l. Eglise fait -a fête le 12 janvier.
î^nîKjUE (saint), uiailyr, endura divers
tourments à Nicoinédie avec les saints Dase,
CniUH et douze autres soldats dotit le Mar-
lyr^ logo roiiiaui ne nous a p.-js conservé les
nouki. Ou les précipita enliu dans les Ilots,
ou i1s cueillirent la palme du martyre. On
ignore ré(>oque <»ù eut lieu l(Mir coiubat.
L'Eglise fait leur fèf^ le 21 octobre.
ZOTIQUK, l'un des lrenle-se|>t martyrs
égyptie s qui donnèrent leur sang pour la
foi, en Eg\ f.le, et desquels Huinart a laissé
les Actes autiieiiliques. Voy. .Martyrs (les
tre'Me-se()t) éctptiens.
ZOTIQCE ^saint), fut martyrisé en Afri-
que avec les saints Rogat, \lo;lc>^le, Cas-
tule et (juaranli; soldats martyrs. Les cir-
constances qui il!ustr»^rent leur martyre sont
comi'léteme it ignorées. L'Eglise fait leur
fête le 12 janvier. ,
ZOZL'tîE /saint), versa son sang pour la |
rHigion chrétienne avec saint .\thanase, que
l'Eglise honore avec lui le 3 janvier. Leur
martyre eut lieu en Cilirie.
ZdZIME saint!, soiitfiit le mart}TO ^ So-
zapolis, sous l'empereur Trajan et le |)ré-
sident D -mitien. Après avoir souffert de
cruelles tortures, il eut la tête coupée. Il est
honoré dans l'Eglise le lOjuin.
ZOZLME (saint), pape, confessa Jésus-
Christ h Hoinc au milieu des tortures. L'E-
glise l'a mis au nombre des saints et ho-
nore sa mémoire le 26 déeeTbre.
ZOZl>re (-oint), souffrit le mart^'re h An-
tioche pour .lésiis-Christ, avec samt Druse
et un autre. Les Actes (Us martyrs ne nous
ont conservé aucun document relatif ,\ ces
saints combattants. L'Kglise célèbre leur
mémoire le IV di-cembre.
ZOZIME (saint), ma tyr, versa son sang î>
Car linge pour la déf use de la religion
chr tienne. U eut pour compagnon de snn
martyre saint Héracle. Les délais nous man-
(pienl sur eux. L'Eglise fait collecliveraenl
leur m 'moire le U mars.
ZOZJME fsaiiit), martyr, ont le glorieux
privilège de mounr pour la défense de la
religion avec les saints Davius, Paul et Se-
cond. Leur ma; lyre, dont on ne connaît
pas les circonstances , eut lien h Nicée.
L'Eglis»» fait leur mémoire le 10 décendire.
ZOZIME (saint\ frère de saint Varc, ber-
gr'r. ( t des saints .\lexandre et Alphe, fit
martyrisé pour la foi chrétienne avec saint
Ni'on et saint Héliodore, plus trente soll.its
que les miracles de saint Marc avaient cou-
vert s. Le lieu ti'^ leur martyre fut .Vntioche
de Pisidie. L'Eglise vénèi'e leur mémoiro
le 27 septembre.
ZrZAlUE Je bienhoiireux ETiE?f5K), de la
compagnie de Jésus, était Bisrnyen. Ava il
de<piitler Placencia en Es()agne, où il lési-
daii. il avait dit à son confesseur qu'il ga-
gnerait la I aime du ni.irlyr(\ En effet, étant
|>arli avec les autres coitrageux miss o U); i-
res (jue le P. Azkvkdo {voy. son titre) était
allé recruter <i Rome poiu' le Brésil, leur
navire fut pris le 15 juillet ir>7l |vir des
corsaires calvinistes t^ui les massacrèrent
ou les jeter 'Ut .^ la mer. (Du Jarric, Ilisloire
drs rhnsis plus mémornftlrt , etc., t. Il ,
p. 27H. Tanner. Socirtns Jean usque ad sanqui-
ni.i ft vidr profusioiirm militans , p. ItiGet 170.)
FM nu oitTioNNAinr.
i\'OTi<: .ii»Di'rio\M:i.i.!i{ iii<:i..itiv0: % i. tiiiii i.i^ nii.\B.
LU f;\TiM»ii'".isMr. KN c.iiim;.
r.n Ttrviii' ilrs Driir yioudi'x vient «Ir piililior, sur
I;\ l'oUrniiir fiifojn'i-niic m <'.ltiiii\ un ;irlii le ('ciil |»:i|-
M. C. I-;\voll('(». <'<"l iirliclc |irisciil<' le rcsiiiiK' lifs
t'vt'nnui'ills (fii se sdiil ari()in|ilis, depuis |»liisieiirs
années, iUi<('Mn'inil('s de l'Asie, el il em.ipare le n\l(«
(pi'V ont joiK' les p;iiieip;ile-i nations île IKnntpe,
Ii(>raniineiil l'Ani-lelerre el la France. Nous repiiMJni-
sons re\lrail rnivanl, iela(i('à la silnalion aeliielîe
dn oallioliiisn>e en Cliine :
Nnns ptnirrions. pnnr notre pnlilinne et noirn
ooniineree. iniiliM' la eomlnile, à la lois prnileiile et
intri'piile, des missions ealliorniues, ipii dt>p!iis pl\is
(le deux eents ans ont lenlé de si noM(>s elVorls jninr
la eause de la relij^ion. Tour à l:>;ir prolt-^cs el pros-
crits, honorés et persi'rnlés, appelés nn jour aux di-
j^iiiles (le la oonr impériale |)our iMre le lendemain
jeles dans les cailiols on condiils an supplice, les
missionnaires onl poursuivi leur j;loriense taclio sans
s > laisser nn seul momeni exalli-r pai' les perspecli-
V(>s d'imo favenr passagère, on aballre par les coups
(les plus- reiloulaliles persécutions. Toiis les peuples
oatholiiiues de l'Iùirope,— Framjais, Ksitau^uols, Ita-
liens, Ponu<{ais. — lou'es les eon:;ri';îalions, — la-
zaristes, dominicains, franciscains, j/suites,— sesont
lignés dans cette lointaine croisa fe, pour prendre
r.\sio à revers el conquérir ;\ la d.nnination spiri-
tuel'e de l\ouw la plus antiipie, la pl.is civilisée, mais
aussi la plus ct^rronipue des nations asiati.pies. Au-
jourd'hui la Chine est déconp(>e en (hèclu's on vica-
riats aposlorui'ics, où les nouveaux apôtics se sont
parta»»;' le rude l.t1)enT de la conversion. Les pro-
grès soui lents, mais celte lenteur n'a point lassé
lespérance; la foi n'avance que par degrés prcsqriC
insensibles, mais elle ne recule jamais. Dien seul
sait combien il faudra encore d'années el de siècles,
de dévouements et de martyres pour que la conuuele
soit accomplie.
La France a de tonl temps tenu à honneur de fi-
gurer au premier rang des nations cbréliennes : en
Chine, elle n'a point failli aux devoirs que lui impo-
sent ses traditions et que lui conseillerait au be-
soin sa politique. Que ce soit du moins une com-
pensation (in rang inférieur (pii nous est «^chn (Ums
loidre des intérêts matériels, et si nous sommes
forcés de reconnaître à quel point l'Anglelerre el les
Klals-Unis nous etl'acent par l'exlonsion toujom's
croissante de leur conunerce et de leur navigaîion,
no:!;> piiuvons ansi njus enorgueillir des services
é lalanls que les missions catholiques de la France
ont rendus à la civilisation el à la foi.
Les diverses sectes de la commimion protestante
possèdent égulennuit di^s prédicateurs qui ont entre-
pris la conversion desChino's. Ces missionnaires, ou
plutôt ces agents, ne {|uiller\l point les poits légale-
ment ouverts à l'étranger : ils arrivent av(?c leur fa-
iniiL'; ils sont assurés de recevoir un salaire élevé;
ils exercent la inéiiecine on se livrent au négoce, et
le prêche n'est pour eux qu'un incident de leur exis-
tence confortable el paisi le. Sans doute, en guéris-
Siint sratnilenienl les mulades, ils inspirent aux po-
pulations chinoises une haut' idée de la science eu-
ropéenne, ils servent l'humanité, mais où est le nvl-
rile? quelle est la gloire de ces fonctions sans péril?
Coini)are/ le pasteur méihodislc expédié de Londres
par une société d'actionnaires apportant une cargai-
son de bibles, comparez-le avec ce jeune prêtre (pii,
à peine débarqué sur la terre de Chine, part, plein
d'ardeur et de foi, pour les provinces les plus recu-
l(;es. où rallcndent, après les dangers d'un long
VoyaRO, des piM-ils [dus (jrainlH encore et len pri-
Valions de lonle sinle et de tout instant atladicH i
l'apiislolal ! Sorlanl la nuit, se crKh.inl le i'iur, ex-
pose sans ce«.se aux soupi-ons d niU' pupuiaiitut mt.n-
raille (Ml d'un iu.iiid.,riM riiiaii(pic, le iiiisHioiiiiairo
l'iaïK-ais n'a d'aiilK! reciuiipense ipie la salisfai lion
(In devoir <u'coiiipli, d'anlrc esp(»ir (|ne le marlvie.
Voilà, s'il esl permis de s'exprimer ainsi, les jini-
diiils (pie ntnis iiilro luisons en IJiine : ils nierileiit,
à coup '-nr, de noire pari iino proleetioii an inoinH
égale à celle (pie l'orgiieillease Anj-lelerie accorde à
uni; caiss(^ d'(q)iiiin (mi à nue balle de colon.
.\nssi, Im-sipie rainhassadeur de la France, M. do
Lagrenée, s(« Iroina en pn-senee du vice roi de Can-
ton, le s(Hl de nos mi siiuinain's e| l'avenir de la
pro; a^andi? catlioliipie fiirenl-ils l'objet de sck plus
vives préoccupations. Il eoin|>rit (iiie la naiieui h!
longtemps appeli-e la (ille aiiiee de rFglise avait nu
pieux (cvoir à remplir, et (pie l'occasion s'ofl'rait
(MMir elle de repreiidi(î soleiin. Ileineiil Ihonoraldo
pioteetoral de la foi clin-tienne. L's mandarins char-
gés de suivre les i.cgocialions ne inaiii(estaieiit au-
cun sentiment d'aversion eoiiiro l.i r li;.;iou du Sci-
(jnfur ^/h f/(!/ (c'est ainsi que les Chinois designeiif la
religion calholiipie), mais ils craigiiaienl, en autori-
sant l'exeie ce d'un culte jusipi'alors sévèrement
proscrit, de heurter le préjugé populaire, de mécon-
tenter la classe innuentc des lellrés, el snriout de
perdre la faveur de la cour d(! Pékin, qui vovait déjà
de fort mauvais œil et ne subissait (fu'à regrettes
concessions faites à l'esprit eiiropécn. vin ne pouvait
donc espérer que la reconuaissaiice formelle de la
religion ca.holi(iuc serait inscrite au non^.re des
articles du traité, el, d'ailleurs, n'cnt-c(! pas été en
(jnelipie sorte une profaiialion de stipuler, dans nn
seul et nieiiie acte, pour les intérêts du commerce
et pour ceux de la foi, d'abaisser une cause si sainte
au niveau d'un aflVanchissemeMt de droit de ton-
nage ou d'une réduction de tarif? Ou éluda la dilïi-
culié par l'ailoptioii li'une formule qui devait ména-
ger les snsccplibililés de l'orgueil chinois et donner
satisfaction à nos légitimes exigences. Le vice-roi
Ky-ing adressa, en juillet 1855, à l'empereur Tao-
kvvang, une pétition tlans laquelle il proposait de ne
plus considérer comme crimineiles aux yeux de la
loi les principales pratiq;ies de la religion chrétienne.
Eu signant de son pinceau ronge cette pétition ,
l'empereur lui Imprimait le caractère d'un décret.
C'était d(jà un grand pas, et noire diplomatie pou-
vait se féliciter du résultat qu'elle venait de conqué-
rir après taat d'elîo; ts. Cependant le document olli-
ciel ne d>jlinissail pas encore assez nettement, au
gré un pi. nipotenliaire français, les libertés que ré-
clamait l'iiiloM religieux. Les n('giicia' ions furent
reprises : chaque liberté, chaque droit fui discuté de
nouveau avec une insistance qui alleslait, dune part,
le vif désir de brioor à jamais et d'un seul coup les
derniers obslacles, — d'autre part, la crainte de
trop céder à l'influence étrangère. Eulin, après nn
mois de pourparlers, on parvint à s'entendre sur une
rédaction plus explicite, qui consacre la liberté du
cuite catholique dans le Celesie-Eiupire. Nous nous
bornons à citer le passage le plus r< marquanle de ce
docu iient curieux et peu connu : c ... Bien qu'en
général ce soifde l'essence de la religion du Seigneur
du ciel de conseiller la vertu et de dé.feniîre le vice,
je n'ai cependant pas clairement établi dans ma dé-
pêche antérieure en quoi co.'isistail la pratique ver-
tueuse de cette religion, el craignant que dans les
dilTérentes provinces on ne rencontre des xliilicultés
sur ce point d'administration, j'examine maintenant
15S3
NOTE ADDITIONNELLE.
i38A
la rrliçion (\\\ Soigneur du ci»M. et je trouve qie s'as-
éemhler à cenaini's l'puqiir'i, ndnrrr 17 Sriçiiitur du
fiel, intrrcr la croix ri les imigei, lire drs livres
pieux, sont autant de régies propres à rette religion,
lellement que, sans elles, on ne peut pas dire que
ce soit la religion ilu Seigneur du ciel. Par eonsé-
quent, sont désormais exempts de toute eulpabilité
ceux qui s'assemblent pour ailorer la relijjion du
Seigneur du ( iel. vénérer la eroix et les images, lire
des livres pieux et prèelier la doctrine qui exhorte
ik la vertu; rar ee sont là des pratiques propres à
l'exercice vertueux de cette religion qu'on ne doit
en aucune fa(,on prohiber, el, s'il en est qui veuil-
lent ériger tles lieux d'a.ioralion du Seigneur du ciel
pour s'y assembler, .idorer les images et exhorlcr
au bien, ils le peuvent ainsi suivant leur bon plai-
sir. >
Cette proclamation ne laisse subsister aucune
équivo(]ue : elle nous est acquise. Dans la lutte en-
gagée, au nom de la libcrt" des cultes, contre les
préjugés traditionnels du Céleste-Empire, à nous
seuls revient l'honneur de l'inilialive et du succès,
et, malgré le penchant de noire siècle à ne respec-
ter, à n'admirer que les conquêtes de la force, nous
pouvons, avec quelque fierté, placer celte victoire
toute morale en parallèle avec le triomphe remporté
par les canons anglais sous les murs de Nankin.
Aussi l'Angleterre n'a-t-elle pas vu sans une émolion
jalouse la publication du document émané du pin-
ceau de Ky-ing. Après avoir ouvert la Chine au com-
merce étranger el obtenu, pour les cinq ports ins-
crits au traité de 184"2, le libre exercice du culte
chrétien, elle pensait avoir atteint, dépassé même
la mesure des concessions, et elle se flattait de ne
plus rien laisser à faire aux nations «pii viendraient
après elle. Ne soyons pas injustes pour le grand acte
q'i'elle a accompli : c'est l'Angleterre qui a porté
aux préjugés chinois le coup décisif, elle a rendu h
la civilisation, à la religion, à l'humanité un écl il iiit
ser\ice; mais son succès ne doit point effacer le
nôtre.
Il con\ient désormais que la proclamation de Ky-
ing ne deiiieure pas lettre-morte. En la provoquant,
nous avo.is pris envers h'S missions calliolirjues et
envers iioiis-incnies leiig igemeiil d'en surveiller la
stricte exéculion, et il ne tant pis nous dissimuler
que nous pourrons, dans l'exercice de celle surveil-
lance, lenconirer parfois de graves eiiibarr.is. La
léffislatioii cl siirlniit les niir'irs de tout un peuple
ne sauraient se . odifier d'un jour à l'aulre.
L'n princip»' nouveau a été proclame; il existe un
nouveau droit qui bie.sse de vieilles antipathies et
qni réveille d'antiques défiances. Assurénienl, ce
principe et ce droit subiront, pendant les premières
années, de regrellabl.-s atteiiiles. 11 siiflira qu'une
conversion trop édatinte vienne réveiller le ii-le
d'un mandarin, sectateur fervent de Confucius, pour
motiver un acte de persécution, l'n fait de celle na-
ture s'est produit récemment dans un district de la
province de Canton, sur les limites du Fokien. Un
missionnaire frençais a été arr.ic, et le mandarin
Wan a cru devoir, .i celte occasion, fulminer contre
la religion chrétienne une proclamation dans la-
quelle se révèle énergiquement l'intolfrance connue
du lettré chinois. < Bien qu'une ordonnance récente,
dit ce mandarin en rappelant la circulaire de Ky-ing,
ait reconnu aux barbares le droit de disscrler'enlre
eux sur leurs livres religieux, elle ne leur a cepen-
dant pas permis de s'établir dans l'empire du Milieu,
de se mêler à sa population, de propager leur» doc-
trines parmi ses habitants. Si donc il est quelques-
uns de ceux-ci qui appellent les étrangers, qui se
liguent avec eux pour agiter et troubler l'esprit pu-
blic, pour convertir les femmes ou violer la loi de
toute autre manière, ils seront punis, comme par le
passé, soit de la strangulation immédiate, soit de la
déportation , soit de la bastonnade : la loi n'ad net
pas de rémission... » Heureusement le représentant
de la France, M. Forlh-Rouen, se trouvait encore
à Macao, lorsque l'on a reçu la nouvelle de Parrcsla-
lion du missionnaire et la copie de la proclamation,
et il. a pu adresser au vice-roi do Canlon dcnergi-
qiie^ représentations, qui ont amené la mise en li-
berté immédiate du prêtre français; mais il faut s'at-
tendre à voir, pendant quelques années encore, se
renouveler de semblables Incidents. La circulaire de
Ky-ing, tout en recovn:\iss3nt la liberté du culte ca-
tholique, n'a point autorisé formellement l'iniroduc-
tion des prêtres européens dans I intérieur de l'em-
pire; il était impossible, en 1844 , li'obtenir cette
cession, puisque, aux termes du traité, la présence
des étrangers n'était autorisée qu>' dans les ci; q ports
ouverts ai commerce. Notre poi tique doit ten ,re à
lever ce dernii-r s. rupiile du giniveriieinent chinois,
et à protéger les mi.ssionnaires cniboliques contre
toute chance de persécution. Celte p<ilitiqiie. .on-
forme aux traditions du passé, est oigne de la solli-
cil'ide du gouvernemenl, et lut? n'- me que, par nn
oubli regrettable, nous persisterions à ne ;li:;er les
intérêts commerciaux qui s'agileni à rexlréinile de
l'Orient, nous ne saurion-^ abandon-. >'r à d'autre; un
patronage qui honore rinfltience ei le nom de noire
pays. »
C. LAVOLi.^r.
(Revue des Dcux-M ondes.)
FIN DU SECOND ET DERNIER VOLUME.
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